AR,^ K^"' HARVARD UNIVERSITY LIBRARY OF THE Museum of Comparative Zoology ARCHIVES DE BIOLOGIE ARCHIVES DE BIOLOGIE PUBLIEES PAR Edouard VAN BENEDEN, PROFESSEl R A l'uMVERSITÉ DE LIÈGE, et Charles VAN BAMBEKE, PROFESSEUR A L' UNIVERSITÉ DE GAND. TOME II. GAND & LEIPZIG, Librairie GLEMM , H. KiNGRLCKK, Succ\ PARIS, G MASSON, éditeur, 120, Uoulevard S'-Germain. 1881 Q'f\ TABLE DES MATIÈRES DU TOME II. Fascicule ^^ Recherches sur Tapparcil excréteur des Trématodes et des Cestodes (deuxième partie), par Julien Fraipont (PI. I et 11) i liber eine lebeiidiggebarcnde Synaplide uud zwei andere Holothurien- arlen der Brasilian'schen Kûsle; von D*" Hubert Ludwig (PI. 111). Ai Ueclierches sur rorgauisation des Ascidies simples. — Sur Tliypophyse et quelques organes qui s'y rattachent; par Charles Jllln (PI. IV à VU) 59 Contribution à l'élude de la structure de l'ovaire des mammifères j par Jules Mac Leod (Pi. Vili et IX) J27 Sur Tapparci! excréteur des Turbellariés Rhabdocœles et Dendro- cœles; par P. Francotte (PI. X) . l-iîi Fascicule II. Hecherches sur la fistule péricardique chez le Lapin, par Paul IIeger et Emile Speiil (PI. XI) 154 Recherches sur le développement embryonnaire de quelques Ténias, par Edouard Van Beneden (PI. XII et XIII) ....... 185 Recherches sur Torganisation des Ascidies simples.— Sur l'hypophyse cl quel((ues organes qui s'y rattachent. (Deuxième partie), par Charles Jllln (PI. XIV) 2H Recherches sur le déveloj)pement du Sterlet {Accipcnscr rulhenus), par \V. Salensky (PI. XV-XVIll) 253 Fascicule IH. Sur la Icrminaison des nerfs dans les muscles volontaires de la Sanj^suc (avec 1 figure), par Armaier Hansen 542 Recherches sur quelques Infusoircs nouveaux, parasites des Ccj)ha- lopodesjpar Alexandre Foettinger (PI. XIX, XX, XXI, XXII). ôâM riecherchcs sur les substances alburninoïdes du sérum sanguin. (Deuxième partie): Le pouvoir rolatoirc de ralbuminc de Chien, par LÉON Fredericq . 570 Le canal Naso-palatin chez Thomme, par H. Leroucq (PL XXÎII) . . 580 Note sur les perles épithéliales de la voùlc palai ine, par le même (PI. XXIIl) 599 Recherches sur le développement du Pctroiityzon Pianori, par P.-J. NuEL (PI. XXIV, XXV). 405 Fascicule IV'. Sur la structure des Pédicellaircs gemmiformcs de Spliaercdiinus (jrawilaris et d'autres Échinides; par Alex. Foettinger (PI. XXVÏ, XXVIl et XXVIIl) 435 Recherches sur la structure et le développement de Tappareil repro- ducteur femelle des Téléostéens; par Jules Mac Leod (PI. XXIX et XXX) 497 Sur les relations des Plalyehnes avec les Cœlentérés d'un côte et les Hirudinécs de l'autre; par le D"" Arnold Lang (8 figures) . . . o55 Untersuchungcn ùher die entwickeluiig der Cephalopodcn; von D"" M. Ussow(Pl. XXXIel XXXII) 555 Sur l'appareil excréteur des Turbellariés Rhabdocœles et Dendro- cœles; par P. Fr.vncotte (PI. XXXIll) 056 RECHERCHES SUR L'APPAREIL EXCRÉTEUR DES TRÉi^ATODES ET DES CESTODES. DEUXIÈME PARTIE. Par Julien FRAIPONT- (Planches I et II). LABORATOIRE DE ZOOLOGIE ET D'ANATOMIE COMPARÉE DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE. INTRODUCTION. Dans un précédent ménioire (1), j'ai fait Tetiide de l'appareil excréteur du Distomum squamula, du Dîploslomum volvens et du Caryophylleus mutabilis. Des observations chez d'autres Tré- matodes et chez différents types de Cestodes étaient néces- saires pour vérifier les généralisations que j'avais établies à la suite de mes premières éludes. Pendant un séjour de trois mois à l'institut zoologique de Kiel (juillet-août-septembre 1880), et pendant les mois d'octobre, novembre et décembre de la même année, au laboratoire de zoologie à l'université de Liège, j'ai poursuivi cette étude et j'ai cherché à en combler les lacunes. Le résumé de ces nouvelles recherches a été communiqué à l'Académie royale do Belgique en août et novembre 1880. Je remercie mon affectionné maître, M. le professeur Edouard Van Beneden, qui a bien voulu continuer à me diriger t,l) Arch, de Biologie, vol. 1, fase. 3, août 1880. 2 JULIEN FHAIPONT. dans ces nouvelles recherches. Il m'a prodigué ses conseils et ses avis éclairés. C'est en grande panie à lui que je dois les vues synthétiques et générales auxquelles je suis arrivé sur l'appareil excréteur des vers. Qu'il me soit permis aussi d'adresser mes remercîments à M. le professeur C. Môbius, directeur de l'inslilut zooîogique de Kiel, pour l'hospitalité cordiale qu'il m'a donnée dans ses laboratoires et pour les facilités de travail que j'y ai trouvées. PARTIE DESCRIPTIVE. eiSTOMUM DBVEKGEIVS (Rtd). {Diesing. Syst. Helm., I, p. 544.) Ce petit distome vit dans l'inteslin de Zoarccs viviparus que l'on pêche communément dans la baie de Kiel. Son appareil excréteur est fort inléressanl (pi. î, fig. 5). Il y a lieu d'y distin- guer une vésicule terminale volumineuse siluée sur la ligne médiane du côté dorsal et s'élendant depuis l'exlréniilé posté- rieure du corps jusqu'à une petite dislance en arrière de la ventouse ventrale. A la coupe optique, elle a la forme d'un triangle à sommet tronqué et à base antérieure. Le sommet se prolonge souvent en deux petites cornes latérales et irrégulières, séparées par un petit canal qui met l'organe en communication avec l'extérieur, à l'extrémité postérieure du corps. Les parois de la vésicule sont très minces; le contenu est un liquide clair, tenant en suspension de petits corpuscules calcaires très réfrin- gents unis à une base organique. Des angles de la base de la vésicule partent deux gros canaux plus ou moins sinueux, qui se dirigent de dedans en dehors et d'arrière en avant; ils gagnent l'extrémité antérieure du corps en suivant ses bords latéraux jusqu'au niveau du bullie pharyngien; là ils se terminent en cul-de-sac. Ces deux troncs sont plus rapprochés de la face dorsale que de la face ventrale du ver. Leur mode d'insertion sur la vésicule est particulier. Ils ne débouchent pas directement TRÉMATODES ET CESTODES. 3 dans celle-ci, mais ils y pénètrent jusqu'à une certaine profon- deur en conservant leur diamètre extérieur. Le bord libre de leur orifice et leur paroi interne sont complètement couverts de cils vibratiles. Cette couche ciliaire s'étend dans le canal jusqu'à une certaine distance en dehors de la vésicule (pi. I, fig. 5 et 6). Le mouvement des cils est dirigé de dehors en dedans par rap- port à la vessie de façon à faire progresser vers l'intérieur de celle-ci les corpuscules contenus dans le canal. On peut voir progresser ces corpuscules. Ceux qui se trouvent déjà dans la vésicule sont aussi mis en mouvement au voisinage des orifices des deux canaux. Ils sont chassés du fond de l'organe vers son sommet; de là ils passent à l'extérieur par suite des contractions du corps, car la vésicule n'a pas de paroi propre contractile. A une petite distance du point d'insertion des deux gros troncs longitudinaux latéraux sur la vésicule, naissent de chacun de ceux-ci deux canaux secondaires. L'un se dirige d'avant en arrière et fournit à l'une des moitiés postérieures du corps; l'autre chemine d'arrière en avant et donne à la moitié antérieure. Les deux canaux secondaires antérieurs suivent à peu près la même direction que les canaux latéraux principaux; ils sont situés du côté de la face ventrale; ils passent cependant à la face dorsale dans le voisinage de l'extrémité aveugle des troncs principaux. Des deux canaux secondaires antérieurs naissent quatre cana- licules tertiaires qui se terminent chacun en quatre points presque symétriques deux à deux par une paire d'entonnoirs ciliés (pi. I, fig. 4). Les deux canaux postérieurs secondaires fournissent trois canalicules tertiaires qui, eux aussi, débouchent individuellement dans une paire d'entonnoirs ciliés, en trois points presque symétriques deux à deux. En totalité, il n'y a que sept paires d'entonnoirs pour chaque moitié du corps, en tout quatorze paires. La constitution des entonnoirs est la même que colle de ces organes chez le D. squamula. La paroi latérale est creusée d'une petite fenêtre ovalaire qui met l'inlérieur de l'entonnoir en communication avec les lacunes inlerorganiqucs. La cellule qui constitue le couvercle ou chapeau a la même apparence et la même forme que chez le D. squamula. L'enton- 4 JULIEN FHAIPONÏ. noir est entouré plus ou moins complètement par de petites lacunes d'où parlent des canalicules. Rarement ils affectent vis-à-vis de Fentonnoir une forme d'étoile ayant Tentonnoir pour centre, comme nous Pavons vu chez le D. squamitla. Cependant j'ai observé plusieurs fois ces ligures. Les lacunes et les canalicules sont remplis par un liquide transparent tenant en suspension de petits corpuscules. Au voisinage d'un entonnoir on trouve quelquefois une ou deux lacunes plus importantes que les autres; un des entonnoirs ou bien même tous deux sont com- plètement immergés dans une mémolactìne. l/appareiî urinaire du D. clivergens se caractérise donc parsa grande simplicité, par le nombre restreint de ses entonnoirs ciliés et enfin par les prolongements tuhulaireset ciliés des deux troncs latéraux à l'intérieur de la vésicule terminale. Chez le Distomitm soleaeforme de l'intestin de Trigla gur- nardiis les enlonnoirs se trouvent aussi réunis par paires. J'ai encore observé l'existence des enlonnoirs ciliés chez le Bisto- mum appendiculalum (intestin de Trigla gurnardiis, Gasle- rosteus aciilealus, etc.) et chez quelques autres Trématodes marins endoparasites. J'ai enfin constaté leur présence chez plusieurs Cercaires qui vivent dans Limneus slagnalis, Biit- schli {]), le premier, trouva ces entonnoirs ciliés chez la Cercaria armala. ®€OLES TKYGOîiilS PASTIIWACJE (WaGENER). Nov. Act. Nat. Cur., XXIV, supp., p. 49.) On rencontre ce scolex à tous les états de déveioppemeîit et en grande abondance dans l'intestin de Trigla gurnardus et de Trigla liiriuido. Prenons, pour la description de l'appareil excré- teur, un individu de grande taille (pi. J, fig. \). A l'extrémité postérieure du corps se trouve une vésicule lubiilaire, à contours sinueux et puisant d'une façon rhythmique. (1) BiiiscuLi, Zool. Anzeiger. Cams, n» 42, 1879. TRÉMATODES ET CESTODES. 5 Elle s'élargit en avant et se prolonge en deux gros troncs laté- raux qui cheminent dans toute la longueur du corps; arrivés dans la tête, ils se recourbent en anse, diminuent de diamètre et regagnent Textrémité postérieure, où ils se résolvent en un réseau vasculaiieà mailles polygonales entourant la vésicule pul- satile. Nous appellerons canaux ascendants les deux troncs qui prennent leur origine dans le réseau et canaux descendants les deux vaisseaux qui s'ouvrent dans la vésicule. Il n'existe pas d'anastomoses transversales entre les quatre canaux. F.es deux canaux ascendants sont souvent remplis de corpuscules; leur paroi n'est pas contractile. Les canaux descendants sont plus ou moins sinueux. Chacun d'eux peut se dédoubler sur un cer- tain trajet, pour redevenir simple ensuite et ainsi donner nais- sance à des espèces de boutonnières. Ils sont contractiles. Ils fournissent de cl is lance en distance une branche latérale et externe qui traverse la cuticule et met le canal en communica- tion avec V extérieur (pi. î, fig. i,o et fig. %o). Toutefois, je n'ai jamais observé ces points de communication dans le tiers posté- rieur du corps, c'est-à-dire dans le voisinage delà vésicule pulsa- tile. G.Wagener (1) a, le premier, renseigné l'existence d'orifices semblables chez Tœnia osculata, chez Dibothrium claviceps et chez Triœnophorus. Leuckart (2) et Kôlliker (o) ont observé ce fait à la base des bothridies de certains Tseniadés. Steu- dinger (4), il est vrai, a nié les faits chez les Taenia. Enfin, îloek (5) les a décrits dans la tête du scolex du Tétrarhjnque de Gadus morrhua. j'ai pu étudier avec l'objectif M à immer- sion de Plôssl (correspondant à peu près au 15 immersion de Hartnack) la constitution et le fonctionnement de ces diverticules des canaux descendants, que nous appellerons canaux de (1) G. Wagfnek, Enlwicklung der Cesloden, p. 16. Breslau, 1854. (2) Leuckart, Die Me:isciilicheii Parasilen, I., p. 173. (3) KÔLLIKER, Zeilsch. fur tviss. Zool.y IX, S., 139. (4) Stkudinger, Vntersuchungen Uber den feineren Bau d<'r C<'stoden. Abhandl. d. nat. Gesellsch. zu Halle, Bd. XllI. 1877. (3) HoEK, Niederlandisches Archiv. fiir Zool.^ Dand. V, 1879. 6 JULIEN FRAIPONT. décharge. Un canal de décharge ne suit presque jamais une direc- tion recliligne. Le plus souvent il forme une courbe à convexité anléi'ieurc ou postérieure, quelquefois plusieurs sinuosités; arrivé dans la couche corticale, il prend une forme conique, quelquefois il se bifurque en deux branches. Au niveau de la couche granuleuse sous-cuticulaire, le canal se résout en un tube étroit, à direction rectiligne, qui va s'ouvrir à la surface de la cuticule par un petit orifice circulaire. Quelquefois la culi- cule est invnginée à ce niveau. La paroi du canal de décharge est contractile et extensible. Quand elle est distendue par Taccumulation de liquide, elle est si mince qu'on ne lui dis- tingue pas de double contour à la coupe optique; mais à l'état de contraction, elle apparaît sous forme d'une membrane transpa- rente à double contour, délimitant une lumière bien nette. Les contractions du canal de décharge ne correspondent pas avec celles de la vésicule terminale. L'onde de contraction s'étend de dedans en dehors dans toute la longueur du vaisseau ; elle a pour résultat l'expulsion du liquide contenu dans la lumière. Ce con- tenu ne se mélange pas avec le liquide dans lequel est plongé le ver (eau salée à 1 7o); expulsé, il se preiid en une gouttelette sphérique qui reste accolée à la surface de la cuticule, au niveau de l'orifice. Ce phénomène n'est pas à confondre avec le boursou- flement du corps à la surface. II se forme, en effet, par suite d'une compression trop forte du couvre-objet ou d'un séjour trop long sous le microscope, une altération des couches sous-jacentes à la cuticule. 11 apparaît alors dans ces couches des vacuoles de toutes tailles qui soulèvent la cuticule par leur accumulation en un grand nombre de points. Cette cuticule elle-même ne tarde pas à s'altérer profondément; elle donne alors passnge à ces vacuoles qui s'accumulent en grande quantité sur toute la surface du corps. A première vue, on pourrait confondre ces deux phéno- mènes. Mais dans le cas qui nous occupe, la sortie des produits d'excrétion par des orifices latéraux n'est pas le résultat d'une compression mécanique, car j'ai pu observer le fait à l'aide de plus faibles grossissements, chez des individus qui n'étaient nullement comprimés et qui pouvaient se mouvoir librement TRÉMATODES ET CESTODES. 7 sur le porle-objet. Ce n'est pas davantage le résultat d'un phéno- mène palhologique à la suite de rimmcrsion du ver dans un liquide défeclucux, car j'ai pu conserver des scolex en vie pen- dant plus de vingl-(jualie heures dans celle eau salée à 1 7o. D'ailleurs, les conlraclions rhylhiniques des vaisseaux latéraux, la direction de ces conlraclions, l'cxlrémilé externe lubulaire des canaux au niveau de la couche granuleuse sous-culiculaire, leur prolongement sans changement ni de diamètre ni d'aspect à travers la cuticule pour déboucher à l'extérieur, prouvent à l'évidence que les orifices sont prél'ormés et que l'expulsion de liquide par ces orifices est normale. Par opposition au foramen caudale, nous appellerons ces orifices : foramina secundaria. Dans la partie générale, je reviendrai sur ces faits. Dans le voisinage et sur le trajet des quatre canaux ascen- dants et descendants, on peut voir, à l'aide de forts grossisse- ments, des groupes de dix à trente entonnoirs ciliés disposés souvent dans la même direction, mais placés à différents niveaux. Ils se prolongent individuellement dans de fins canalicules, qui se jettent les uns dans les autres et qui paraissent déboucher indifféremment par un ou deux petits troncs, soit dans un des vaisseaux descendants, soit dans un des canaux ascendants. De gros corpuscules calcaires sont logés dans l'épaisseur des tissus à différentes profondeurs. Claparède (1) avait reconnu que chez les Diplostomum volvens et Diploslomum rachieum, ces corpuscules sont situés dans des dilatations terminales des cana- licules de l'appareil excréteur, qu'il considéra comme points d'origine du système. Mes observations chez le D. volvens ont confirmé complètement celles de Claparède; mais j'ai prouvé, d'aulre part, que ce n'étaient pas là les points d'origine de l'appa- reil (2). Leuckart (o) et Pagenslecher (4) ont confirmé chez un Ecliinobolliriam de la raie cette manière de voir de Claparède. (1) Claparède, Zeilsch.fiir iciss. ZooL, Bd. IX, 1856. (2) Fraipost, Archives de Diologie, t. I, fase. 5, 1880, p. 451 (5) Leuckart, Parasiten, 1. 1, p. 175. (4) PÀGE>sTECHEn, voir Leuckart, Parasiten, 1. 1, p. 175. 8 JULIEN FRAIPONT. Mais ici CCS corpuscules calcaires ne sont pas à Tintérieur des vaisseaux de l'appareil urinaire. Ils se trouvent, au contraire, dans les lacunes ou dans les canalicules plasmatiques inlercellu- laires. Si nous comparons l'appareil excréteur de notre scolex avec celui du Caryophylleiis mutabîlîs (1), nous pouvons faire les rap- prochements suivants : les deux canaux ascendants correspon- draient aux quatre vaisseaux de même nom du Caryophylleus , les deux descendants aux dix descendants du Caryophylleus, le réseau postérieur au réseau superficiel du Caryophylleus y enfin, es canalicules à entonnoirs ciliés aux mêmes parties du Caryo- phylleus. BOTHBIOCEPHAI.IIS PSIMCTATrS (RuD.). Diesing. Syst. Helm.l, p. 607. — P.-J. Van Beneden , Cestodes, pp. 161 ei sufvantes. Le Bothriocephalus pîinctatus s>e rencontre en quantité colos- sale dans l'intestin et dans les appendices pyloriques de Rhombus inaximus. J'ai conservé pendant neuf jours de ces vers dans de l'eau salée à 1 7o. C'est le plus beau type que nous connaissions pour l'élude de l'appareil excréteur des Cestodes. Celui-ci est admirable de clarté, malgré sa complication. Comme chez le C. mutabiiis, on peut distinguer un système de fins canalicules à entonnoirs ciliés, un réseau superficiel et un système de gros troncs longitudinaux {canaux descendants). Décrivons d'abord l'appareil dans un des segments médians du corps (pi. II, fig. 7). Les fins canalicules à entonnoirs ciliés. — On trouve les enton- noirs tantôt au-dessous du réseau superficiel, tantôt au-dessus, ou bien encore entre les mailles. Ces entonnoirs ont la même structure que ceux du C. mutabiiis. Ils sont entourés par de petites lacunes et canalicules interorganiques, qui affectent rare- ment, à ce niveau, une disposition étoilée comme chez le Dis- ti) Fmaipo>t, Arch, de BioL, î. î, fase. 3, 1880, pp 457 et Fuiv. TRÉMATODES ET CESTODES. 9 tomum squamula. J'ai observé quelquefois une de ces lacunes intéressant toute la hauteur de l'une des faces latérales de l'enton- noir; d'autres fois il y en a deux ou trois autour de cet organe. !^e couvercle ou chapeau de l'entonnoir est formé par une cellule globuleuse différienciée, comme chez le Caryop/iy liens. De ces entonnoirs parlent descanaiicules disposés et réunis par groupes, qui s'ouvrent dans les canaux du réseau superficiel, de distance en distance, par de petits troncs. Leur répartition semble plus uniforme que chez le C. mutabilis. Le réseau superficiel. — Il se trouve dans la couche corticale du corps. 11 forme un système de canaux anastomosés entre eux de façon à former des mailles polygonales irrégulières et de dimensions variables. Les angles des polygones, formés ordinai- rement par la réunion de trois vaisseaux, se présentent à la coupe optique sous forme de petits espaces triangulaires, dans lesquels sont accumulés des corpuscules de taille variable. On rencontre aussi ces éléments sur le trajet des canaux. Ce réseau s'étend sur les deux faces du ver et sur ses bords, c'est-à-dire qu'il est continu. Il se prolonge aussi, sans interruption, d'un proglottis dans l'autre. Sur chaque face il débouche, en certains points, par de petites branches dans deux canaux latéraux (l'un est à droite, l'autre à gauche de la ligne médiane). Ceux-ci s'éten- dent dans toute la longueur du segment et passent d'un pro- glottis à l'autre. Ils sont plus ou moins sinueux et ils possèdent un diamètre plus volumineux que les branches du réseau. A leur tour, chacun de ces canaux se met en communication, de distance en distance, avec les gros canaux descendants par de petites bran- ches latérales. Je crois pouvoir identifier ces vaisseaux aux quatre canaux ascendants du Caryophy Ileus. Les canaux descendants. — Ils sont au nombre de douze, six pour chaque face. Ils semblent situés à la surface de la couche médullaire. Ils passent sans interruption d'un proglottis dans l'autre. Examinons-les sur l'une des faces. Deux sont médians et présentent le plus fort diamètre. Ils communiquent l'un avec Tau Ire par deux à cinq branches anastomotiques transversales ou obliques, simples ou bifurquées. Ils ne suivent pas une direc- 10 JULIEN FRAFPONT. tion rectiligne, mais ondulée. En dehors de ces deux canaux médians, il existe de chaque côlé deux autres troncs longitudi- naux de diamètre moins considérable. C'est sur le trajet de ceux-ci que débouchent les branches latérales des canaux ascen- dants. Les deux troncs de droite et les deux troncs de gauche communiquent respectivement entre eux par un grand nombre de branches transversales ou obliques. Comme ces vaisseaux sont souvent très sinueux et qu'ils peuvent quelquefois, aussi bien que leurs branches anastomotiques,se dédoubler, l'ensemble de cette partie du système prend alors l'aspect d'un véritable reti- culum. De ces quatre canaux, les deux externes fournissent des branches laléralcs qui traversent la couche corticale du corps, la couche musculaire, la cuticule et qui mettent ainsi le système des canaux descendants en communication avec Vexté^ rieur par un grand nombre de « foramina secundaria. » Dans chaque segment, on trouve plusieurs pores latéraux placés à différentes iiauteurs, mais il y a certainement une tendance à la symétrie dans la répartition des orifices, en ce sens qu'il s'en trouve toujours de deux à quatre vers la base de chaque segment, à droite et à gauche de la ligne médiane. Il est possible qu'il existe de ces orifices non-seulement suivant les bords, niais aussi suivant les faces du ver; mais je ne suis jamais parvenu h en observer. Tout le système des canaux descendants, leurs bran- ches anastomoliques et leurs branches transversales externes sont contractiles. J'ai éludié avec le plus grand soin ces bran- ches transversales et leur fonctionnement. Tout se passe comme chez le Scolex Trygonis pastinaca; et encore ici j'ai pu observer directement l'expulsion du contenu de ces canaux par les « fora- mina secundaria. » Dans la tète, le système des fins canalicules à entonnoirs ciliés et le réseau superficiel se comportent comme dans les pro- glottis médians. Je n'ai cependant pas pu poursuivre à ce niveau les quatre canaux ascendants. Quant aux douze canaux descen- dants, ils s'anastomosent entre eux, se contournent dans tous les sens, ils forment des anses comme chez le C. mutabilis. Chez un sujet qui a déjà perdu des proglottis, les gros canaux TRÉMATODES ET CESTODES. 1 1 longitudinaux sont rompus au niveau du bord libre postérieur du dernier segment. Les uns communiquent directement avec l'extérieur, les autres se sont refermés et se terminent en cul- de-sac. Les autres parties de Tappareil n'offrent rien de remar- quable. Chez un individu qui n*a pas encore perdu de proglottis, Tappareil excréteur présente, au sujet de la répartition des gros canaux longitudinaux (canaux descendants) des modifications importantes dans les deux derniers segmenis, quelquefois dans les quatre ou cinq derniers. Tandis que le système des lins canalicules à entonnoirs et le réseau superficiel semblent affecter les mômes rapports que précédemment, tous les canaux descen- dants se résolvent en un reticulum à mailles irrégulières (pi. lï, fig. 8). Les deux canaux descendants externes peuvent seuls élre poursuivis; dans toute la longueur du dernier segment, ils envoient un nombre plus ou moins considérable de branches latérales qui vont déboucher à Texlérieur. A l'extrémité posté- rieure où ces deux canaux se confondent, il existe une branche latérale communiquant avec l'exlérieur, d'un calibre un peu plus fort que la majorité des autres. Cette branche est, penl-ètre, un rudiment de vésicule pulsatile terminale. En effet, je n'ai jamais trouvé celle-ci repréi-enlée par autre chose. En résumé, l'appareil excréteur du B. punctalus se con- stitue : 1° D'un système de fins canalicules à entonnoirs ciliés; 2" D'un réseau superficiel ( n comniunicalion d'une part avec le système de fins canalicules, d'autre part avec quatre canaux ascendants; 3" De douze canaux descendants qui s'anastomosent en anses dans la tête, qui s'étendent dans toute la longueur du corps plus ou moins parallèlement entre eux et qui se résolvent en un reti- culum dans les derniers proglottis. Ils communiquent entre eux par des branches transversales, avec les canaux ascendants par des branches latérales, avec l'extérieur par des foramina secun- ânriase répétant presque symétriquement danschaque segment; 4° Il n'y a pas de vésicule pulsatile terminale. 12 JULIEN FRAIPONT. Bothriocephalus infundibuliformis (Rud.). — 11 vil dans Tin- testin et les appendices pyloriques de Trutta trutta. La vésicule terminale est pelile. Le système des canaux descendants est fort compliqué; ils fournissent des branches latérales de volume très variable : les unes volumineuses , les autres excessivement grêles. Ces branches forment un réseau à mailles très inégales. Des canaux très fins peuvent partir directement des gros troncs. Dans la lete, les canaux descendants forment un reticulum très compliqué. Certaines ramifications très fines se terminent par des entonnoirs ciliés idenliques à ceux du B. punclatus. J'ai encore observé les entonnoirs ciliés chez le Bothrioce- phalus rugosus (Rud.) qui vit dans l'intestin de Motella cimbrîa. Trkiispidaria nodulosa (Rud.). — Sur un exemplaire recueilli dans l'intestin d'un Brochet, j'ai pu constater une complication des canaux descendants plus grande que chez le C. mutabilis. Je crois avoir retrouvé aussi chez ce Cestode les quatre canaux ascendants qui dépendent du reticulum. Celui-ci ressemble à son correspondant chez le Carijaphylleus. Des canaux du réseau parlent de petites branches qui se terminent par des entonnoirs ciliés. C'est le système des fins canalicules à entonnoirs. TMT^iA irCIBIMSJsCOCeUS (DiES.) Pendant mon séjour à Kiel, j'ai pu observer de jeunes Tœnia cchinococcus on vie, grâce à l'obligeance du docteur Heller, pro- fesseur et directeur de Finstilut pathologique de celle ville. Chez des individus recueillis dans l'intestin d'un chien infesté depuis quatorze jours, on peut distinguer quatre gros canaux longitu- dinaux, deux à droite et deux à gauche de la ligne médiane; ils cheminent parallèlement les uns aux autres et semblent indé- pendants dans toute la longueur du corps. Dans la tête, ils paraissent déjà réunis tous les quatre en un anneau transversal. A l'exlrémilé postérieure du corps, leur réunion alTecte la forme d'une petite ampoule. Déjà il existe un grand nombre d'enton- noirs ciliés, se prolongeant dans de petits canalicules. C'est sur- tout à Textrémilé postérieure qu'ils sont en plus grand nombre. TRÉMATODES ET CESTODES. 15 Je n'ai pu voir leurs rapports avec les gros canaux. Un réseau superficiel paraît faire défaut. Chez des sujets âgés de trois semaines, le nombre des gros canaux longitudinaux est encore de quatre. Deux sont plus volumineux ; dans leur trajet, ils se subdivisent sur une étendue plus ou moins considérable, pour redevenir ensuite simples et former ainsi des boutonnières. Les deux autres canaux sont plus grêles et suivent un trajet plus sinueux, ils sont internes par rapport aux premiers. Ils communiquent entre eux par des branches transversales traversant toute l'épaisseur du corps, et avec les deux troncs externes respectivement par une ou deiix anastomoses très courtes. Un peu au-dessous des ventouses, les quatre canaux longitudinaux se réunissent deux à deux; ils forment alors un tronc unique à droite et à gauche de la ligne médiane, pour aller donner naissance à un anneau vasculaire transversal au-dessus des bothridies. A l'extrémité postérieure du corps, les quatre canaux longitudinaux semblent aussi se réunir deux à deux et s'ouvrir dans une vésicule globuleuse à paroi épaisse et contractile. Il existe un système assez compliqué de fins canalicules qui prennent leur origine dans de petits entonnoirs ciliés. Quant aux rapports de ce système avec les gros canaux, ils m'ont encore échappé. Un réseau superficiel parnît manquer. 11 ne m'a pas été donné de pouvoir faire l'étiide de l'appareil excréteur du T. echinococciis adulte. 8COÏ.B0X DU TETR.%lieYI«CBSaJS TEilitJlS (Van Ben.). Ce scolex vit enkysté dans le péritoine de la vive (Trachiims draco). On le trouve à tous les étals de développement. Mon ami, M. P. Francotte, professeur à l'Athénée de Namur, avait étudié cet été, à Ostende, l'appareil excréteur du scolex; il a observé les entonnoirs ciliés terminaux et il a bien voulu me communiquer ses observations. J'ai repris moi-même complète- ment cette étude. L'appareil est difficile à déchiffrer dans son ensemble, chez un individu complètement développé, à cause de la présence des i4 JULIEN FRAIPONT. quatre trompes, eie leurs gaines et des annexes. II y a encore lieu de distinguer ici : i° un système de fins canalicules à entonnoirs ciliés; 2** un réseau superficiel; 5° des gros troncs longitudinaux (pi. il, fig. 9 et JO). Les fins canalicules à entonnoirs ciliés. — Ils semblent dis- posés irrégulièrement dans la tête et à Textrémilé postérieure du corps, landis que, au niveau des gaines et des quatre vésicules qui leur font suite, ils présentent au contraire une répartition caractéristique. Pour la facilité de la description, admettons une face supérieure et une face inférieure par rapport à l'observateur et décrivons le système sur l'une de ces faces au niveau des quatre vésicules. Il existe une dizaine de fins canalicules à droite etàgaucbede la ligne médiane, se terminant chacun non loin de celle-ci par un entonnoir cilié. Tous ces entonnoirs ont leur sommet dirigés vers les côtés latéraux du corps, leur base vers la ligne médiane. Ils sont relativement volumineux. La cellule qui recouvre la base est globuleuse comme chez le D. squnmula et le jB. piinclaïus ; elle porle à sa face interne une flamme vibra- tile assez longue. La paroi latérale est pourvue d'un orifice cir- culaire ou ovalairc qui met l'intérieur de l'entonnoir en commu- nication avec des lacunes plus ou moins développées, quelque- fois relativement considérables. Celles-ci afl^eclent rarement avec les canalicules plasmatiques une disposition étoilée autour de l'entonnoir. Le canal qui part de chaque entonnoir se dirige vers le bord latéral du corps, en suivant un trajet presque rec- tiligne. Là il se jette individuellement ou après s'êlre uni sur son chemin à un ou deux canalicules, dans une branche d'un réseau superficiel. Il existe de plus quelques-uns de ces canalicules à cnlonnoirs le long des bords latéraux presque immédiatement sous la cuticule. A l'intérieur de ces petits canaux se trouvent des corpuscules très réfringents (pi. II, fig. 10). Le réseau superficiel. — II est manifeste au niveau des quatre vésicules. Il constitue un réseau vasculaire à larges mailles polygonales. Les parois des canaux sont très minces. Au point de réunion, ils forment à la coupe optique des espaces triangu- laires. Dans la lumière des canaux se trouvent des corpuscules TRÉMATODES ET CESTODES. i5 plus OU moins nombreux. Le réseau communique avec deux des quatre ironcs longitudinaux par de petites branches laté- rales. Le système des gros canaux. — Il a élé décrit chez un grand nombre de Téfrarhynques par P.-J. Van Beneden (I), par G. Wagcner (2) et un grand nombre d'aulres observateurs. La disposition de ces vaisseaux varie beaucoup chez les différentes espèces. Dernièrement Hoek (5) a décrit celte partie de l'appa- reil chez le scolex du Tétrarhynque du Gade; elle a beaucoup d'analogie avec sa correspondante chez le scolex qui nous occupe. Il existe ici quatre troncs longitudinaux, deux pour chaque face. De chaque côté de la ligne médiane on peut distinguer un canal plus volumineux, plus clair, moins chargé de corpuscules calcaires, et un vaisseau de moindre diamètre et plus chargé d'éléments calcaires. A l'extrémité postérieure du corps ces canaux semblent se réunir deux par deux, en formant chacun une petite ampoule au niveau de l'invagination postérieure du corps. Je n'ai pas trouvé de vésicule terminale propremenl dite. Dans la tête, les quatre canaux se résolvent en un reticulum qui se proionge sur toulcs 1rs laces et dans l'épaisseur des bolhridios; sur les faces ils délimitent des espaces polygonaux; dans les ventouses ils forment un réseau plus serré, à mailles plus irrégulières et fournissant quelques diverticules en cuî-de- sac (pi. lï, (ig. 9), Hoek avait observé à l'extrémité antérieure de la tête chez son Tétrarhynque que le reticulum communiquait avec l'extérieur par des prolongements canaliculaires lagéni- formes. Lors de ses observations il n'a pas fait de dessins exacts de ses organes et dans son travail il n'a pu en donner qu'une ligure schématique (4). J'ai trouvé ces points de communication (1) P.-J. Van Be>e[)en, Cestcdcs, I80O. (2) Wage>er, D'e EnliL'icldang der CeslO(Icn.]}vesiau, 18o-l. — Deitrage ziir Enlw. der Elnjetreideiciirmer, 1857. Hrûirlem. (5) Hoek, Ueber d^.n Encijslirlen Scolex von Telrarhijnchus. Niederl. Arch, far Zool. Bd. V, Heft. I, 1879. (4) Hoek, Loc. cit. p. 8. Î6 JULIEN FHAIPONT. avec lexlérieur en grand nombre à l'extrémité de la tête du scolex dont nous nous occupons (fig. li, pi. II). J'ai pu étudier ces organes à l'aide de très forts grossissements (objectif M à immer- sion de Fiòssi et oculaire 2 Hartnack). Ces prolongements ont en effet une forme de bouteille (pi. II, (ig. i2j. Ils sont remplis de très fines granulations fort réfringentes, animées d'un mouve- ment brownien très caractéristique. J'ai vu sortir des orifices de ces canaux des gouttelettes de liquide contenant ces mêmes corpuscules animés des mêmes mouvements. L'existence des foramina secundaria est encore indéniable ici. Vésicules cystiquesdeTetrarhynchus tenuis. — Dans déjeunes vésicules, qui ont encore une forme globuleuse, on voit, dans l'épaisseur de leur paroi, courir deux canaux volumineux, com- muniquant à un pôle avec un petit réceptacle terminal ;à l'autre pôle, ils se recourbent en dedans et en arrière pour pénétrer dans l'épaisseur du renflement qui constitue l'ébauche du scolex. Wagener avait déjà observé ce fait. Indépendamment de ces canaux, on trouve dans la paroi de la vésicule de nombreux entonnoirs ciliés qui se prolongent dans un système de fins canalicules dont je n'ai pu voir les rapports avec les gros canaux. Dans des vésicules cysliques plus âgées, qui ont pris une forme allongée, suivant le diamètre qui passe, d'une part, par la vésicule terminale, de l'autre, par le scolex en voie de développement, la vésicule terminale se présente sous forme d'une petite ampoule d'où partent deux canaux latéraux qui s'étendent dans toute la longueur de la vésicule cystique. Sur leur trajet, ils se scindent quelquefois en deux branches qui cheminent plus ou moins parallèlement entre elles, puis qui se réunissent de nouveau pour reconstituer un canal simple. De là, la formation de larges boutonnières dans les canaux longitudi- naux. A l'autre extrémité, les deux canaux se recourbent en dedans et en arrière j)our pénétrer dans le scolex. Dans l'épais- seur des tissus de la vésicule cystique, il existe encore, à ce moment, un grand nombre de canalicules à entonnoirs ciliés; mais encore ici les rapports entre les fins canalicules et les gros canaux m'ont échappé. TKÈMATODES ET CESTOUËSJ. 17 PARTIE GÉNÉRALE. MOUPUOLOGIE DE L'APPAREIL EXCRÉTEUR DES VERS. Dans un précédent travail, nous basant sur de nombreuses données bib!iograj3hiques et sur nos propres recherches, nous sommes arrivé à identifier Tappareil excréteur des Cestodes à celui des Trématodes, comme l'avait déjà fait P.-J. Van Beneden, Gegenbaur, Huxley et d'autres. Modifiant la caracté- ristique typique de l'appareil, par suite de nos observations per- sonnelles confirmées par nos dernières recherches, nous disons : « L'appareil excréteur des Trématodes et des Cestodes se constitue d'une vésicule terminale débouchant à Vextérieur. De cette vési- cule partent de gros canaux qui s'étendent dans toute la lon- gueur du corps. Dans ces canaux débouche un système de fins canalicules qui prennent origine dans de petits entonnoirs ciliés en communication avec un système lymphatique lacunaire. j> Toutes les complications résultant du nombre des vaisseaux, de leur disposition, de la formation de réseaux, etc., peuvent se ramener à cette forme simple. Mais nous voyons chez cerlains Cestodes des déviations impor- tantes se faire : telle est l'apparition i]cs foramina secundaria et la disparition de la vésicule terminale. Ce sont ces déviations que nous allons chercher à interpréter ici. Elles se rattachent à rinlerprétation du Cestode lui-même. le Cestode représente-il une véritable colonie animale dont le scolex serait l'individu primitif agame et dont les proglottis seraient les individus sexués provenant du premier? Chaque pro- glottis représenterait alors une individualité comparable à celle d'un Trémalode, par exemple. En présence des transitions que nous trouvons depuis IcCeslode simple et non segmenté [Archi- getes Siebotdii et Caryophylleus) jusqu'aux plus compliqués [Tœnia), nous croyons que celte opinion n'est pas exacte. Chez VArchigetes Sieboldii (Leiick.) et chez le Caryophylleus, nous voyons les organes sexuels simples, le corps non segmenté et au i8 JULIEN FRAIPONT. point de vuederindividualilé, nous pouvons comparer ce Ceslode à un Trémalodc. La Ligula présente un nombre considérable d'organes sexuels, mais la peau ne forme pas des re|)lis mul- tiples autour d'eux et la Ligula nVsl qu'un Carijop/njllens dont les orgmes sexuels se sont mukipliés; c'est donc encore une individualité au môme titre que le Trémalode. Entre la Ligula et le BolhrioccphaluSf qncWe diflerence voyons-nous? : allongement du corps et formation de replis de la peau autour de chaque groupe d'organes sexuels. Et le Bolhriocephalus est une individualité comme la Ligula et partant comme le Canjo- phylleus, comme le Tréma tode. Enfin, quelle différence voyons- nous entre le Tœnia et le Bolhriocephalus^ c'est que, chez le premier, les replis de la peau deviennent plus profonds, et que, à un moment donné, un segment peut se séparer de la souche et même, comme chez un Echeinobolhrium, vivre isolément pendant un certain temps et augmenter de volume. En résulte- t-il que ce proglottis possède une individualité au même titre que le Trémalode? Absolument pas ; à notre avis le proglottis est un groupe d'organes qui s'est séparé tout comme le bras sperma- tophore d'un Céphalopode. Au point de vue de l'individualité le Cestode est pour nous l'équivalent d'un Trémalode, plus altéré encore que celui-ci par suite du parasitisme, et qui s'est considérablement allongé, et s'est progressivement compliqué à cause de la répétition des organes sexuels et la tendance à la mélamérisalion. Cela étant admis, voici comment nous expliquons les déviations de l'appa- reil excréteur. Primitivement, l'appareil excréteur du Cestode non segmenté communique avec l'extérieur comme celui du Trémalode, par un orifice unique et postérieur le « foramen caudale. » Mais, par suite de l'allongement considérable du corps, suivi par le système excréteur, il arrive un moment où la vésicule piiKsalile terminale ne suiïit plus pour l'expulsion des produits excrélés. Alors apparaissent les foramina secundaria. Ce n'est jamais dans le voisinage de celle vésicule qu'ils se forment, mais ils se montrent d'abord à l'extrémité opposée, c'est-à-dire là oii l'action de la vésicule pulsatile se fait senlir TRÉMATODES ET CESTODES. 19 avec plus de difficulté, cl où la conlractilité du vaisseau ne suffît plus, probablement, pour faire progresser le contenu vers la vésicule terminale. Leuckart (I) cl Kolliker (2) nous les montrent chez les Tœnia dans la région du cou, à la base des bolhridies; ou bien on les rencontre dans la téle, comme Hoek (5) et moi (4) nous les avons observés chez les Tétra- rhynqucs; ou bien seulement dans la partie antérieure du corps, comme je Tai vu chez Scolex Trygonh paslinacœ (5). Par suite d'un aliongement encore plus considérable du corps, toujours suivi par le système excréteur et par la tendance à la métamé- risalion , l'insuflisance de la vésicule pulsatile et de son fora- men caudale devient encore plus marquée. Nous voyons alors, comme conséquence de ces nécessités d'organisation, les canaux de l'appareil urinaire se mettre en communication avec l'exté- rieur par un plus grand nombre de pores latéraux. On n'en trouve plus seulement à l'extrémité antérieure du corps, mais dans chaque proglottis. Leur répartition devient même symé- trique. En suite de l'apparition de ces orifices dans chaque seg- ment, l'appareil excréteur tend aussi à s'individualiser dans chacun d'eux. Plus ces foramina secundaria deviennent nom- breux, moins la vésicule terminale a un rôle à jouer. Ainsi la voyons-nous cesser de puiser, comme nous l'apprend G. Wa- gener (G), chez les trois Cestodes où il a observé les pores laté- raux. Et comme tout organe devenu inutile, elica une tendance à l'atrophie, et nous la voyons disparaître chez le Bothrioce- phalus punclalus (7). îl est possible que cette tendance à l'individualisation de l'appareil excréteur dans chaque segment aille encore plus loin. On pourrait trouver un Ceslode chez lequel l'appareil urinaire serait scindé et serait isolé complcte- (1) L^vcKxm, Parasiten, I, p. 175. (2) KÔLLiKKR, Zdt. fur wiss. Zco'., IX. S. Ì39. (3) Hoek, Mederl. Arch., Dd. V. Hest. I, 1879, p. 8. (4) F«AipojiT, dans ce travail, p. 15. (o) Idem, p. 5. (6) G. Wagemer, Entw. der Cestoden, p. 16. Breslau. (7) Dans ce travail, p. 10. 20 JULIEiN FKAIPONT. ment dans chaque segment. Il deviendrait alors un appareil excré- teur métamérique. Admellons même qu'il se subdivise en une partie de gauche et une partie de droite dans le proglottis. Alors poiinions-nous considérer ces orgnnes comme homo- logues aux organes segmentaires des Annélides, des Hinidinées, des Géphyriens? Nous ne le croyons pas. Comme nous le ferons remarquer plus loin, les données actuelles que nous possédons sur le développement des organes segmentaires des vers supé- rieurs, prouvent que ces organes segmentaires ne peuvent pas être identifiés à ceux possi i)Ies des Ccslodes. Mais pouvons nous identifier l'appareil excréteur des Turbel- lariés à celui des Trématodes et des Cestodes? Comme nous 1% disions dans notre précédent travail, chez les Rhabdocœles la distribution des gros canaux, les rapports des fins canalicuîes avec ceux-ci ont une ressemblance frappante avec le système excréteur de certains Trématodes. Les points d'origine sont pro- bablement les mêmes. Déjà Ani. Schneider (i) avait vu chez le Mesoslomum Erhenbergit, que les plus fines ramifications étaient munies d'appendices infundibuliformes pourvus chacun d'un fouet vibratile. Quoiqu'il n'ait pas trouvé d'orifices mettant ces organes en communication avec les tissus ambiants, nous pensons que ce sont là indubitablement les entonnoirs ciliés des Trématodes. P. Francotte (2) a trouvé récemment chez un Dérostome que les points d'origine de Tappareil excréteur étaient de petites am- poules en forme de massues en communication avec un système lacunaire lymphatique. Francotte n'a pas trouvé de cils vibraliles ni de fouet à ces organes, mais ils correspondent bien probable- ment à nos entonnoirs. Quoique de telles observations n'aient pas encore été faites, quant aux points d'origine de l'appareil excréteur des Dendrocèles y nous croyons pouvoir dire que le type de cet appareil est le même chez ces vers que chez les Tréma- todes et les Cestodes. Comme nous l'avons déjà dit, il ressort de l'étude comparative (1) Ant. ScnivEiDER, Plailielminthen, p. 29. Giessen, 1873. (2) P. Frakcotte, Bulletins de V Académie royale de Belgique, ô« série, 1.1, 1881. TRÉMATODES ET CESTODES. 21 des Rolifères que leur appareil excréteur est idenlique à celui des Trémalodes; seulement chez les premiers les entonnoirs débouchent dans une large cavité du corps, tandis que chez les seconds, ils sont en communication avec do petites lacunes lymphatiques. Mais vis-à-vis des autres groupes de vers, quelle est la signiO- calion, qu'elle est la position de l'appareil urinaire des Tréma- todes et des Cestodos? Quels rapports y a-t-il entre Torgane excréteur d'un Cestodo et d'un Trématode et les organes segmentaires des Annélides, des Géphyriens? Si nous établissons les rapports entre l'appareil urinaire des Rotifères et celui des autres vers, parle fait que nous connaissons le rapport de cet appareil des Rotateurs avec celui des Trématodes et des Ces- todes, nous connaîtrons celui de ces derniers avec les autres vers. Orde précieux matériaux ont été apportés par Hatschek, dans ces derniers temps pour la solution de ce problème, par l'édification de sa Théorie-Trociiozoon (1). Établissons d'abord cette théorie. Déjà Huxley, Ray-Lankester et Gegenbaur avaient reconnu aux Mollusques une forme-souche, représentée par le stade larvaire que Ray-Lankester (2) désigne sous le nom de « Tro- chosphère ». Sous ce nom , ce savant rangea aussi la larve des Chœtopodcs et des Némerliens. A ce nom de Trochosphère accepté dans la suite par Semper, Hatschek, pour éviter des confusions, substitua celui de « Trochophora ». Il a établi d'abord que la larve de tous les Annélides, celle des Mollusques et celle des Rotateurs peut être ramenée à cette forme « Trocho- phora ». Puis il a montré que phylogénétiquement les Anné- lides, les Mollusques et les Rotateurs se laissent dériver d'une forme ancestrale-souche qu'il appela : Trochoznon. Ce type pré- senterait d'une façon permanente les caractères de la phase Trochophora. Ce seraient les Rotifères qui, à 1 état adulte, se rap- (1) Hatschek, Entwickl. der Amieliden, 1878. — Entwkkl. von Echiurus 1880. — Entwickl. von Teredo^ 1880. (Arbeilen des Zool. Inst. zu Wieii). ^2) R*t-Laskesteb. Notes on Embryology and Classi f.. 1877. 22 JULIEN FRAIPONT. piocheraient le plus de celle forme-souche. Certains dVnlre eux prcscnleraient les caraclères du Trochozoon presque inlacls (Trochosphœra œquatovialis , Microdon clavus , ^cme Seison). Enfin il a Icnlé de rallaclier au Trochozoon les Ccphalolrichcs, les Nematodes, les Platocles par les Rhabdocœlcs, les Némcr- liens par les Annélides, les Bryozoaires, les Brachiopodes, les Arthropodes comme dérivant des Annélides, les Géphyriens, les Tuniciers et Amphioxus et les Vertébrés. Nous n'avons à nous occuper ici que de l'évolution de l'appareil excréleur. Pour com- prendre celle évolution et avant d'examiner les fails sur lesquels se base lialschek pour rétablir, nous avons à connaître la consti- tution de la Trochopfiora et surtout la constitution et la position de l'appareil urinaire chez elle. Celle-ci a la forme d'une toupie dont Sa partie globuleuse constitue la région céphalique (Kopfre- gioii) et la portion amincie, la région du U one (Rump frer/ion). Le corps est délimité par une rangée de cellules eclodermiques qui au pôle supérieur constituent un épaississemenl caractéristique, la plaque \ioh\ve(Scheile!p{atic) : c'estle système nerveux central. La bouche est latéralement placée vers le tiers supérieur du corps sur la face que l'on peut apjjeler ventrale, tandis que la région opposée peut s'appeler : face dorsale. L'anus se Irouve à l'extré- mité inférieure du tronc du côté de la face dorsale. Il existe un bourrelet circulaire préoral eclodermique s'élendant dans toute la longueur du corps et pourvu d'une double rangée de longs cils vibraliles insérés sur une double rangée de cell u les (p^'teora/ Wim- per/craîî::); c'est l'organe locomoteur. Il y a aussi un bourreletcir- culaire vibratile simple postoral (postoral Wimperkranz) qui sert surtout à diriger les matières alimentaires vers la bouche. Enfin une portion intermédiaire à ces deux organes. Le tube digeslif est complet et subdivisé en trois parties: un intestin antérieur et un intestin postérieur eclodermiques; enfin un intestin moyen endodermique: l'épilhélium du tube digeslif est vibratile. Dans la région céphalique et dans celle du tronc une large cavité déli- mitée par l'ecloderme de la paroi d'une part, par l'endoderme du tube digeslif de l'autre, c'est la cavité du corps. Elle montre à son intérieur dans la région céphalique un faisceau musculaire longi- TRÉMATODES ET CESTODES. 23 tudinal dorsal et un ventral [Làmjmnskeln). Dans la partie infé- rieure de la région céphalique se trouve un organe iowi cnraclé- rhliqney l'organe urinaire primordial, le rcincéphalique. Celui-ci débouche dans la cavité du corps par |)lusieurs entonnoirs, il s'ouvre à l'extérieur, par un orilice situé à la f;ice ventrale à la limite antérieure de la région du tronc. Enfm dans cette région du tronc se trouvent les deux lignes ou bandelettes mésodermi- ques (Mesodcrmstrcifen) si caractéristiques aussi de la Troc/io- pfiora, provenant de deux cellules mésodermiques primitives qui se trouvaient à l'extrémité tout à fait postérieure du tronc, sous l'anus. Ces lignes mésodermiques s'étendent depuis l'extrémité postérieure du tronc jusqu'à son extrémité antérieure. Voilà la constitution de la Troc/iophora typique , celle que devrait réaliser le Troc/io'oon , celle que l'on retrouve presque intacte chez le Rotateur. iMais ce rein céplialique primordial, nous le retrouvons dans la larve de tous les Annélidcs, des Échiures, des Mollus- ques; c'est donc lui qui est homologue chez ces animaux à l'ap- pareil urinaire des Tréma Iodes et des Cestodes. Nous devons voir maintenant quels rapports existent entre le rein céplialique et les organes segmentaires proprement dits. Si ces rapports sont établis, nous aurons par là ceux existant entre ces organes segmentaires et l'appareil urinaire desTréma- todes et des Cestodes. Hatschek, par ses magnifiques études sur le développement de Poli/gordius et du Cnodrilus, est par- venu à ce but. Il a démontré l'origine des organes segmentaires chez les Annélides. Pohjfjordiiis est le plus inférieur des Anné- lidcs connus; c'est lui qui, parmi eux, se rapproche le plus de cette forme : Trodiozoon. Son développement est lent, allongé, si on peut s'exprimer ainsi, c'est lui qui va nous donner la clef de l'origine des organes segmentaires. Suivons les observations de Hatschek sur ce sujet. Chez les plus jeunes larves Trochophora de Polt/Qordiiis qu'il ait examinées il trouve le long du faisceau musculaire longitudinal ventral, à la partie inférieure de la région céphalique, un tube cilié à son intérieur. Ce canal débouche antérieurement dans la cavité du corps par un enton- noir; il communique avec l'extérieur, à son autre extrémité, 24- JULIEN FRAIPONT, du côté de la face ventrale au niveau de la limite anté- rieure de la ligne mésodermique du tronc (Mesodermstreifen), L'entonnoir consiste en une membrane mince, portant des côtes longitudinales; la surface interne est munie de cils vibraliles. Dans le protoplasme de cet organe on trouve un ou deux noyaux de cellules. Le canal consiste en quelques cellules perforées; en d'autres termes, la lumière du canal est intracellulaire. C!aparède(l) avail vu que le canal de l'organe segmentairc d'un Lumbricus a une origine intracellulaire. C'est là la branche primaire du rein céphalique. Il se forme ensuite une seconde branche dépendante de la première, placée perpendiculairement par rapport à celle-là. Elle chemine le long de la portion antérieure du tronc et se termine dans la cavité du corps par un entonnoir. Il se forme ensuite un nombre d'entonnoirs plus considérable, peut-éire par division des pre- miers, peut-être par formation nouvelle. A un moment donné on trouve deux entonnoirs à l'extrémité de chacune des branches. Les rapports de ces entonnoirs avec les branches rappellent ceux que j'ai observés chez le Distomum divergens (5). Quand le rein céphalique est complètement développé, il existe cinq entonnoirs. Voilà le rein céphalique typique tel qu'il existerait chez le Trocliozoon. A une phase plus avancée du développement de Pohjgordiiis on trouve dans l'épaisseur de la plaque musculo-cutanée des premiers segments du tronc un canal longitudinal dont la paroi est en continuité de substance avec la paroi du canal du rein céphalique; il en est de même de sa lumière dans laquelle on voit un mouvement ciliaire ondu- latoire. Ce canal se développe d'avant en arrière dans toute la longueur du tronc. Son extrémité antérieure se différencie progressivement en un entonnoir semblable à ceux du rein céphalique; il débouche dans la cavité du corps; mais la lumière du canal est encore en continuité avec celle du rein céphalique. Secondairement, il y a solution de continuité entre (t) Claparéde, Zeitsch.fur wiss. ZooL, 1869. (2) Daîis le présent travail, page 5. TRÉMATODES ET CESTODES. 25 ces deux élémeiUs. De plus, vers rextrémilé inférieure du segment la lumière du canni se met en communication avec Texlérieur, mais elle se prolonge encore dans celle du canal longiiudinal qui intéresse la partie postérieure du tronc. Enfin il y a séparation complète. Par le même j)rocc.ssus le canal lon- gitudinal se scinde dans chaque segment. Cette transformation s'opère d'avant en arrière. A la lin du déveloj)pement le Polygor- dius possède un rein céphalique et une série d'organes sogmen- laires devenus indépendants et se répétant identiques dans chaque métamère. Les rapports entre ces organes segmentaircs et les dissepiments sont ceux des Annelides en général. Mais un fait curieux, c'est la différence considérable existant entre la forme et l'aspect des entonnoirs du rein céphaliriue et du pre- mier organe segmcntaire d'une part et de tous les organes segmcntaires du tronc de l'autre (1). Ainsi donc, les organes segmentaircs du tronc sont primitivement une dépendance du rein ceplialique chez le Poh/gonliìis, Nous voyons là chez ce ver le développement typique de l'appareil urinaire d'un Annélide inférieur. Pour les Annélidcs supérieurs nous pouvons prendre le développement de l'appareil chez Criodrilus comme typique. Suivons encore les recherches de Hatschek sur ce point. Nous avons ici un exemple de développement raccourci. A aucune phase du développement, le rein céphalique n'apparaît, pas plus que le canal longitudinal ou canal segmentaire du tronc. Ces deux premiers stades du développement de l'appareil urinaire sont sautés. Les organes segmentaircs se développent aux dépens de groupes de cellules de la plaque musculo-cutanée (Jiesor/erm- strcifcn primitives) situées sous l'ectoderme et recouvertes par les cellules endothéliales de la cavité du corps. Dans chaque segment, l'organe segmentaire se constitue d'une grosse cellule mésodermique placée au-dessus du dissepiment qui délimite inféricuremenl ce métamère. Puis vient une masse cellulaire qui traverse le dissepiment et qui s'étend le long de la paroi du seg- (1) Hatschkk, Entw. der Anneliden, pp. 33, 38,39 à il et partie générale. 2d julien fraipont. ment jusque vers son milieu. Progressivement ce cordon cellu- laire prend la forme d'un S. Bientôt on peut y dislinguor trois parlies : une porlion antérieure engngée dans le dissepiment, une portion moyenne en forme de bandelette et une portion termi- nale dirigée vers Texlériour. Ces observations ne correspondent pas avec des recherches faites antérieurement chez le Luwbricus par Kowalevsky (1) qui faisait dériver l'organe segmentaire tout entier du dissepiment. Le cordon proemine de plus en plus dans la cavité du corps en s'enlouranl d'un revêtement endothelial. Les cellules mésodermiques constituant le cordon se multiplient. Il se creuse une lumière à l'intérieur de celui-ci dans toute son étendue; sur le vivant, on y observe un mouvement ciliaire. La grosse cellule antérieure se résont en un certain nombre de petites, mais Hatschck n'a pu observer le mode de dévelop- pement de l'entonnoir. Enfin, par formation d'un orifice à travers l'ectoderme, la partie postérieure de la lumière du canal se met en communication avec l'extérieur. Voilà le développement de l'organe segmentaire de Crio~ drîlus d'après Hatschck. JMais encore ici comme chez la larve de Polijgonliiis, le développement des organes segmentaires se fait d'avant en arrière, c'est-à-dire qu'à un stade déterminé de l'évolution embryonnaire, les organes sont d'autant plus développés qu'on les examine dans un segment plus rapproché de la région céphalique. Ms sont déjà très avancés dans les pre- miers segments, qu'ils sont encore à l'état d'ébauche dans les derniers. Chose remarquable, on ne trouve pas d'organe seg- mentaire dans le premier metanière du tronc, mais des éléments mésodermiques que Hatschck considère comme représentant le rudiment de ce premier organe segmentaire. Comme nous venons de le voir, ce premier organe est différent des autres chez le Polygordius; son entonnoir a la môme constitution que ceux du rein céphalique lui-même, tandis que les entonnoirs des autres néphridies ont une forme tout autre. Il y a peut-être (1) KoWAiEvsKT, Embryofog. Slu4ien. TRÉMATODKS ET CESTODES. 27 lieu de considérer ce premier organe segmenlaire du tronc chez le Polygorclius comme faisant partie du rein ct'plialiquc lui- même. D'où sa disparition ici, alors que le rein céplialique lait défaut. Si l'histoire de l'évolution ontogénique d'un organe est en raccourci son histoire phylogénétique, il s'ensuit que chez la larve du PolijgorcUus, le plus primitif des Annélides connus, elle représente cette évolution de Tappareil urinaire de ces vers. Mais la connaissance de ce développement chez le Poly- gorclius nous permet de déterminer avec Hatschek la signification des organes segmentaires du Criodriltts. Ils se sont formés aux dépens du canal longitudinal du tionc, qui est primitivement une dépendance du rein céphalique et qui ap()araît encore indivis dans un stade du développement de Polygorclius. Mais ce mode do développement de l'appareil segmen taire du Criodrilus, qui est un des [)lus inférieurs parmi les Chœtopodes, peut être consi- déré comme typiijue pour ce groupe d'Annélides. Nous pouvons donc appearing in the simplest worms as the pair of segmental D organs or « ciliated excretory tubes » persist in all the sub- » sequent modifications of the type (Echinoderms, Arthropods, » Mollusks, Vertebrates) (1). » Ce serait chez les Platodes qu'apparaîtrait, d'après Ray- Lankester, la forme la plus simple du système sanguino-lympha- tique. il serait représenté par les canaux de l'appareil excréteur qui serait le commencement de la différenciation de ce système. « A blood-lymph-system or series of channels appeares in its » simplest form in the flat-worms, where the main portion of » those channeiings in the mesoblast, sometimes spoken of as a w^ater-vascular-system » must be regardet as the commencing » differentiation of the blood-lymph- vascular system (2). » Pour lui, les canaux de l'appareil excréteur des Trématodes et des Cestodes ne sont que des excavations partielles du tissu mésoblaslique qui, en prenant un volume plus considérable, for- ment, chez les Némertiens, l'espace perivisceral, celui des Géphy- riens, des Chœtoj)odes, des Échinodermes. Quant aux oritices de l'appareil excréteur des Planaires, des Trématodes et des Ces- todes, il les considère comme représentant exactement les orifices des organes segmentaires. Si l'espace sanguino-lymphatique est tabulaire (Platodes), l'organe segmentaire n'est alors que sa con- tinuation vers l'extérieur. Si, au contraire, la cavité du corps devient plus vaste, alors l'organe segmentaire se met à flotter dans cette cavité et il y débouche par un entonnoir. Telle est la théorie de Ray-Lankester sur l'origine des espaces sanguino-lymphatiques appliquée aux Platodes. Quand Ray- Lankester dit : le système sanguino-lymphatique existe chez tous les Triploblastiques, à différents degrés de développement, peut- 0) Ray-Lankester, loc. cit., p. 350. (2) ID., p. 352. TRÉMATODES ET CKSTODES. 35 être a-t-il raison. Mais quand il considère l'appareil excréteur des Trémalodes et des Ceslodes comme homologue de la cavité du corps des autres vers, il fait une interprétation complètement fautive, à notre avis. L'appareil urinaire des ïrématodes et des Cestodes ne représente pas plus le cœlome que les organes seg- mcntaires d'un Chœtopode. Et peut-on considérer lorgane seg- mentaire comme le prolongement de la cavité du corps? Nous ne le pensons pas. Toute cavité lymphatique est creusée entre des cellules, elle est intercellulaire ; au contraire, l'histoire de la for- mation des organes segmentaires du Lumbricus (Claparède) (1), des Bryozoaires (Hatschek)(2),du Po%or6/n/s (Ha ischek) (5), des Géphyriens (Halschek) (4), des Mollusques (Rabl) (o), les observa- tions de Ray-Lankester lui-même chez les Hirudinées montrent que ces organes possèdent des c^\\iés intracellulaires, c'est-à-dire que les cellules qui constituent ces canaux sont perforées. Peut-on assimiler une cavité intracellulaire à une cavité intercellulaire? Nous ne le pensons pas. Sans doute, chez les Platodes, on n'a pas fait de semblables observations au sujet des canaux excréteurs; mais il est à supposer que leur développement est le même. D'ail- leurs nous avons trouvé le vrai système lacunaire lymphatique des Trématodes et de Cestodes (dont Ray-Lankester n'avait pas connaissance lors de la publication de sa note). Mais ce système lymphatique n'a rien à voir avec l'appareil urinaire, il s'arrête là où commencent les canaux de l'appareil excréteur, c'est-à-dire au niveau des entonnoirs ciliés. De la même façon que chez les Annélides, le canal segmentaire qui prend son point d'origine dans l'entonnoir et qui va s'ouvrir à l'extérieur par son autre extrémité, est un organe tout différent de la cavité générale du corps; de la môme façon chez un Trématode ou un Cestode, tout (1) Claparède, Zeitsch. f. Wiss. ZooL, Bd. XX. (2) Hatschek, Zeitsch. f. Wiss. ZooL, C. XXIX. (3) In., Arbeiten des Zool. zu Wien, Bd. I. Heft.3, 1878. (4; Id., ibid.,Bô. III. Hel't. I, 1879. (S) Rabl, Morph. Jahrb, Bd. V. 36 JULIEN FKAIPONT. le système de canaux qui prennent leur origine dans les enton- noirs ciliés et qui vont s'ouvrir à l'extérieur par un ou plusieurs orifices, doivent être considérés comme pnrfailement distincts du système sanguine-lymphatique. Et il est probable que l'ori- gine de ces deux formations est différente. Nous avons donc à faire la même distinction chez les Platodcs entre le système sanguino-lymphatique et l'appareil excréteur que chez les Anné- lides entre la cavité perivisceral et les organes segmentaires. Tout dernièrement a paru un travail important de Sommer (1) sur l'anatomie du Dislomum hepaticum. Cet observateur a fait une étude assez complète de l'appareil excréteur de ceDistorae. Dans ses investigations, il a suivi surtout la méthode des injec- tions. Il a fait deux espèces d'injections : les unes par la vésicule terminale, les autres interstitielles : il est arrivé au même résultat par les deux méthodes, il a vu la matière colorante pénétrer dans un système de gros et de fins canaux. D'oii il est arrivé à cette conclusion qui n'est autre que celle de Ray-Lan- kester, c'est que l'appareil excréteur constitue un véritable système lymphatique, j'ai repris les observations de Sommer. En comprimant progressivement l'individu vivant, sous le couvre- objet et en me servant de très forts grossissements (obj. M. à imm. de Fiòssi et oc. 2, Harînack), je suis parvenu à voir les entonnoirs ciliés qui ont complètement échappé à Sommer. J'ai observé aussi de petites lacunes autour de ces entonnoirs et de fins canalicules qui en partent. Donc l'appareil excréteur du D. hepaticum est identique dans ses parties essentielles à celui des autres Trématodes (2) et rentre dans la caractéristique que j'en ai donnée précédemment. Je me résume. D'une part, le système des canaux de l'appa- (1) Sommer, Zeilsch. fur iciss. ZooL, XXXIV. Hefl, 4, 1880, p. 585 et suiv. (2) .le crois que tout le système des fius canalicules à entonnoirs ciliés et que les vraies lacunes ont échappé à Sommer. J'ai fait aussi un certain nombre d'injec- tions à pression constante de l'appareil. Ces résultats, au point de vue de la conliguration générale du système des canaux, sont assez divergents de ceux de Sommer, mais je ne suis pas encore en mesure de les publier. TRÉMADOTES ET CESTODES. 37 reil excréteur des Trémalodes et des Cestodes ne constituant pas, ni en partie, ni en totalité, un système sanguino-lympha- tique quelconque, c'est un appareil parfaitement défini aux mêmes litres que les organes segmentaires des Annélides. D'autre part, le système sanguino-lymphatique des Trématodes et des Cestodes se constitue exclusivement d'espaces intercellu- laires, de lacunes et canalicules plasmaliques interstitiels. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche L Fig. 1. Scolex Tvygonis pastinaca; vu à un faible grossissement. Ensemble des gros vaisseaux u = vésicule; r = reticulum; v.a = canal ascen- dant; i\d = canal descendant; o = foramen secundarium ; f= fora- men caudale. Fig. 2 Moitié d'une portion du corps montrant le vaisseau ascendant {v.a) chargé de corpuscules calcaires et un groupe de canalicules à entonnoirs terminaux — le vaisseau descendant {v. d.) avec deux branches latérales externes le mettant en communication avec l'ex- térieur par les foramina secundaria {o); c = cuticule; e = enton- noir cilié; p = couche granuleuse — (gross, obj. M à imm. de Plessi ocul. 2 Hartnack.) Fig. 3. Distomum divergens. — Ensemble de l'appareil excréteur (détails étu- diés à Paide de Tobj. 10 à imm. ocul. 2 Hartnack). Fig. 4. Une paire d'entonnoirs (fortement amplifiés) (obj. 10 à imm. oc. 2 Har- tnack). Fig. 5. Terminaison de l'un des gros troncs latéraux dans la vésicule, vue à la surface et fortement ampliûée (obj 10 à imm., oc. 2 Hartnack). Fig. 6. Idem, vue à la loupe optique. Planche II. Fijï. 7. Un segment médian, du corps du Bothriocephalus pitnctatus montrant l'ensemble de l'appareil excréteur observé à l'objectif 10 à imm. ocul. 2 Hartnack (Dessin réduit.) o = foramen secundarium. 58 JULIEN FRAIPONT. Fig. 8. Exlrémité postérieure du corps de B. punctatus. Ensemble du système de gros vaisseaux (même réduction du mèmegrossissement.) o = fora- men s ecundarium ; f = foramen cauclale{?) Fig. 9. Scolex de Telrarhynchus tenuis. Ensemble des gros vaisseaux (obj. 8 ocul. 2, Hartnack.) o = foramen secundarhim. Fig. 10. Détails de l'appareil excréteur: une moitié de l'une des faces au ni- veau des vésicules (obj. M à imm. de Plôssl, oc. 2 Hartnack.) é = reti- culum; r = entonnoir ; c = cuticule. Fig. 11. La tète vue à la surface montrant les orifices secondaires de l'appareil excréteur (obj. 8, oc. 2 Hartnack.) o = foramen secundarium. Fig. 12. Un canal latéral lagéniforme mettant l'appareil excréteur en communi- cation avec l'extérieur (ocul. 2, obj. M à immersion de Plôssl) figure fortement amplifiée, c = cuticule ; e = liquide expulsé. SUPPr.ÉMENT. J'avais complètement terminé le présent travail et mes plan- ches étaient déjà depuis quinze jours chez le lithographe lorsque je reçus , le 22 du mois de janvier de cette année, un travail de M. Théodore Pintner (i), élève de M. le professeur Claus, de Vienne. Cet auteur me consacre la dernière page de son mé- moire et dit n'avoir eu connaissance de mes observations sur l'appareil excréteur des Trématodes et des Ceslodes qu'après avoir complètement achevé les siennes. Encore ne cite-t-il que ma première note préliminaire, publiée dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2*^ série, t. XLIX, n° 5, mai 1880. Dans la première partie de son travail, M. Pintner traite de l'appareil excréteur des Ceslodes. Je n'ai à m'occuper ici que de cette partie. Comme point important, il a confirmé mes obser- vations quant aux origines des canaux de l'appareil exciéteur chez un certain nombre de Cestodes voisins de ceux que j'avais (1) PiNTiMîR, Untersuchungen Uber den Bau des Bandiourmknrpers Arheil der Zool. înst. Wie)i, t. IH. Heft. II, 1880. TRÉMATODES ET CESTODES. 39 étudiés et chez quelques types que j'avais déjà décrits. Mais pour lui les entonnoirs terminaux vibraliles sont complètement clos et ne communiquent pas avec des lacunes. La cellule qui délimite supérieurement chaque entonnoir serait une cellule à prolongements étoiles qui s'anastomoseraient avec les prolonge- ments d'autres cellules ayant les mêmes caractères et appartenant au parenchyme. Pintner paraît ignorer que Walter défendit une thèse analogue en Ì857 chez le D. hepaticum et D. lanceo latum. Pintner appuie dans son travail, à de nombreuses reprises, sur ce fait que les entonnoirs ciliés sont complètement fermés, et dans la page qu'il me consacre comme épilogue, il attaque mes observations. Je maintiens à ce propos ce que j'ai dit dans mes différentes notes : les entonnoirs ciliés communiquent par un orifice latéral creusé dans leur paroi avec des lacunes interorga- niques représentant un système lymphatique, Pintner nie aussi l'existence de ce système lacunaire. C'est là le point essentielle- ment différent entre mes observations et les siennes. Il a trouvé cependant un epithelium bien marqué aux gros vaisseaux , ce que je n'ai pu observer d'une façon certaine. A part la différence que je viens de signaler entre ses observations et les miennes, Pintner ne fait que confirmer les données fournies par mes tra- vaux antérieurs. Cependant il soutient qu'il n'existe d'orifices secondaires mettant en communication l'appareil excréteur indé- pendamment de la vésicule terminale que chez le Triœnophorus nodulosus. Je lui oppose les observations de G.Wagener (I) chez Tœnia osculata et Dtbolhriuin claviceps , de Leuckart (2) et de Kolliker (o) chez les Tœniadés, celles de Hoek (4) (qu'il parait ignorer) chez le Scolex du Tétrarhynque du Gade. Personnelle- ment, comme on l'a vu dans la partie descriptive de ce mémoire, je suis en mesure d'affirmer cette existence dans la tète de Telrarhynchus tenuis^ chez Scolex Trygonis pastinacœ et chez (1) G. VÌAGEìiZR,Entw.der CeslO(ien,i>. 16. (2) Ledckakt, Parasiten, I. (5) KÔLI.1KER, Zcilsch. fUrzciss.Zool. IX. S. iôO. (4) Hoek, Nieclerlandesclies Arch, fur Zool.^ Bd. V., 1879. 40 JULIEN FRAIPONT. — TRÉMATODES ET CESTODES. Bothriocephalus punctatus (\). J'ai montré chez le B. punctatus que dans les individus qui ont perdu des segments, tous les canaux longitudinaux ne débouchent pas à l'extrémité postérieure du dernier segment, mais qu'un certain nombre d'entre eux peu vent se fermer en cul-de-sac à l'enconlre de ce que dit Pintner De plus j'ai établi le premier que, chez les Cestodes aussi bien que chez les Trématodes, le système de fins canaux à enton noirs ciliés est nettement séparé du système des gros troncs e que les canaux de ces deux systèmes ne changent pas progressi vement de diamètre pour se jeter les uns dans les autres Enfin , je revendique surtout la priorité sur M. Pintner en ce que : fai établi, huit mois avant la publication de son travail , que chez les Cestodes aussi bien que chez les Trématodes l'appa- reil excréteur prend ses origines dans de petits entonnoirs ciliés. D'après Pintner, Schneider aurait émis cette idée avant moi. Schneider a en effet, à l'article Wassergefàsssytem de ses « Pialhelminthen », renseigné des appendices infundibuliformes clos et ciliés comme terminant l'appareil excréteur, mais il les a vus non pas chez les Trématodes ou les Cestodes, mais chez un Rhabdocœle, le Mesostomum Erhenbergii (2). La priorité sur M. Pintner, au sujet des faits précités, m'est acquise : 1° Par une première note publiée dans les Bulletins de l'Aca- demie de Belgique, 2""^ série, n" 5, mai 1880; 2" Par une deuxième note publiée dans les mêmes Bulletins, n° 8, août 1880; 5° Par mon premier mémoire sur : l'Appareil excréteur dos Trématodes et des Cestodes. — Archives de Biologie. — Éd. Van Beneden et Ch. Van Bambeke, 5^ fascicule, 22 août 1880; 4° Par une troisième note publiée dans les Bulletins de V Aca- démie royale de Belgique, 2^ série, n° 11, novembre 1880. (1 ) Dans le présent travail. (2) A. ScHjiEiDER, Untersuchimgea uber Platkelminthen, Geissen, 1875, p. 29, que j'ai cité dans mon précéd^iU mémoire, p. 448(Archiv. de Biol., fase. 3. 1880K UBER EINE LEBENDIGGEBÀRENDE SYNAPTIDE UND ZWEI ANDERE NEUE HOLOTHURIENARTEN DER BRASILIANISCHEN KUSTE, VON Dr. Hubert LUDWIG, DIRECTOR DER NATURWISSENSCHAFTLICHEN SAMMLUNGEN IN BREMEN. (Tafel HI.) L — UeBER EINE LEBENDIGGEBÀRENDE SyNAPTIDE. Unlàngsl batte Herr Prof. Ed. Van Beneden die Giile mir eine Anzahl Echinodermen aus der Ausbeute seiner brasilia- nischen Reise zu ùbeisenden. Eine Dnrchsicbt derselijen fiihrte mich zu dem Funde einer lebendiggebàrenden Chirodota, deren Junge frei in derLeibeshòbiedes miitterlichenThieresliegen(i). Obscbon ich nur ein einziges Exemplar des inleressanlen Thieres zur Verfiigung batte, so geslatlete dennocb der gule Eibailungs- zustand desselben eine genauere Unlersucbung. Aucb die jungen Tbiere sind glùcklicberweise so gut conservirt, dass sicb die Grundziige ibres Baues feststellen liessen. Da aber sàmmllicbe Jungen anf dem gleicben Enlvvicklungsstadium sicb befìnden, so musste icb micb begniigen, dies eine Stadium nàber kennen zu (i) Eine kurze vorlàufige Notiz daruber gab ich bereits im Zoologischen An- zeiger, n" 66, p. 492. 42 D'' HUBERT LUDWIG. lerncn. Hoffentlich sieht sich der eine oder andere der amerika- nischen Forscher durch meine Mitlheilung veranlasst diesem Thiere seine Aufmerksamkeit zuzuwenden. Seine Miihe wird sich hier sicherlich lohnen, denn es scheint diese lebendiggeba- rende Chirodota fur entwicklungsgeschichtlicheUnlersuchungeD eines der giinstigsten Objekte zu sein. Auch die Fragen, wie die Eier in die Leibeshohle gerathen iind auf welehem Wege die jungen Thiere die Leibeshohle verlassen, werden sich wohl an reichHcherem, lebendem Materiale lòsen lassen. Im Folgenden gebe ich zunachst eine moglichst genaue Beschreibung des Thieres selbst and dann eine Schilderung des einen von mir beobachteten Entwicklungsstadiums. Beschreibung des erwachsenen Thieres. — Das einzige vor- liegende Exemplar ist 18 Mm. lang und etwa 4,5 Mm. dick, von cylindrischer Cestai t, an beiden Enden gleichmassig abgerundet. Die Farbe ist weisslich; die Haut ist ein \i>enig durchscheinend; die fiinf Langsmuskel sind schon von aussen deutlich als schraale undurchsichtige Streifen kenntlich. Die Oberflache des ganzen Korpers ist mit Ausnahme der Radien mit undurchsichligen Warzchen bedeckt, deren grosste kaum 0,5 Mm. breit sind; die Warzchen sind ziemlich gleichmassig, jedoch ohne eine bestimmte Anordnung, vertheilt; der Abstand zvveier Warzchen von ein- ander iiberlrifft ihre eigene Grosse um das anderthalb bis zvvei- fache. In jedem liegen zahlreiche, oft mehr als hundert, Kalk- radchen von der fiir die Gattung Chirodota charakterislischen Form. Die Radchen (Fig. 10, \\) sind von ungleicher Grosse; die grosslen haben einen Durchmesser von 0,07 Mm. Sie haben sechs Speichen und einen mit feinen Zahnchen besetzten Innen- rand; ich zahlte ringsum zwischen siebzig und achtzig Zahn- chen. Ihre grosse Uebereinstimmung mit den Radchen anderer Chirodoten zeigt, wie sehr begriindet die Bemerkung Semper's ist, dass den Kalkradchen dieser Gattung nur eine sehr geringe Bedeutung fiir die Artunterscheidung beizumessen ist (1). (1) C. Semper, fieisen im Archipel der Philippinen, II, 1, Hololhurien. 1868, p. 24. UBER EINE LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIDE. 45 Ausser den Ràdchen finden sich in den Haulwàrzchen, jedoch stets in sehr geringer Anzalil, Icicbt gebogene Kalkstàbchen, die circa 0,04o Mm. lang sind; ihre Enden sind knolig verdickt und ihr Millelsliick zeigt cine leichle Ansch\vel!»ng(Fig. 12). Es sind zwòlf gleichmassig entwickelte gefiederte Tentakel voihanden; jeder tràgt zwòlf Fiederlàppchen, von welchen die zwei mittleren die iibrigen an Lange ûbertreffen ; die Fieder- làppchen kònnen nacb aussen zusammengeklappt werden. Die Tentakel sind so gelbeilt, dass dem mittleren dorsaien Inter- radius soAvie den beiden ventraien Interradien je zwei, den bei- den seitlichen dorsaien Interradien aber je drei derselben ange- bòren. Es ist das dieselbe Vertheilung wie sie nach Baur bei Synapta digitata und nacb M. Sars bei Oiigotrochus vitreiis vorkommt (1). Der Kalkring bestebt aus zwòlf Gliedern. Die ziim Scblund- sinus fiihrenden Oeffnungen sind sebr klein und liegen ganz dicbt binter dem Kalkringe. An die Radialia des Kalkringes inseriren sicb fiinf kurze Retractormuskel, welcbe sicb in ganz derselben Weise von den Làngsmuskein abspalten wie bei den Dendrochiroten. Selenka und Semper stellen das Vorkommen der Retractoren als durcbaus cbarakleristiscb fiir die Dendro- chiroten bin. Und wenn aucb Lelzterer die Molpadia chilensis Milli, als einzige Ausnabme anfiibrt (2), so sind docb beide For- scber darin einig, dass bei den Synaptiden niemais Retractoren vorkommen. Sie liaben dabei otTenbar iiberseben, dass scbon Grube bei Chirodota discolor Retractoren gefunden und deut- lich abgebildet und bescbrieben bat (5). Die Retractoren unseres Thieres unlerscbeiden sicb von jenen der Chirodota discolor (1) A. Balr, Beilrage zur Naturgeschiclite der Stjnapta digitala. Dresden, 1864 (Nova Acta Acad. C. Leop. Car., T. XXXI), Taf. II, Fig. 7. — M. Sars, Nije Ecìiinodermer in Fauna lilloralis Norvegiœ, udgivet af J. Koren og Dr. D. C. Danielssen; 3. Heft. Bergen, 1877, Taf. VII, Fig. 6. (2) Loc. cit., p. 156. (5) E. Grlbe, Ueber Chirodota discolor in A. Th. v. Middendorff's Reise in den aussersten Norden u. Osten Sibiriens, Bd. II, Zoologie, Theil I. St. -Peters- burg, 1851, p. 59, fig. 1, 44 D' HUBERT LUDWIG. durch ihre Kiirze und durch den Umstand, dass sie durch ein bindegewebiges Septum mit der Korperwand in Verbindung bleiben, almlich wie das z. B. von Selenka bei Phyllophorus perspicillum (= Urodemiis pcrspicillum Selenka) abgebildet worden ist (1). Am Wassergefassringe ein einziger nach vorn veiiaufender und bis auf das Endkopfchen im dorsalen Mesenterium feslge- legter Steinkanal (Fig. 9); das Endkopfchen selbst liegt links vom dorsalen Mesenterium. Am Wassergefassringe hângen fer- ner vier grossere, elwa 2 Mm. lange, und drei kleinere, kugelige Poli'sche Blasen. Rechls und links vom dorsalen Mesenterium, dicht hinter dem Steinkanal, beflndet sich je ein kurzer und wenig verastelter Genitalschlauch (Fig. \A). Der rechls gelegene ist 5 Mm. lang und besilzt ausser der kurzen Endgabelung vier Seitenasle, der linke ist etwas kiirzer und tràgt nur zvvei Seitenaste. Eine àhn- liche Unglcichmassigkeit in der Ausbildung der beideu Genital- schlauche hat schon Grube bei Chirodola discolor beobachtet (2). In der Wand der Genitalschlauche kommen vereinzelte leicht gekriimmte Kalkslabchen vor die an ihren beiden oder auch nur an einem Ende gegabelt und durchschnitllich 0,075 Mm. lang sind (Fig. 15); an der Basis der Genitalschlauche sind die Kalk- stabchen elvvas dichter gelagert, bier fìnden sich unter ihnen auch einige wenige radchenformigen Gebilde, mit vier Speichen. Im Innern der Genitalschlauche entstehen Eier und Samen- fàden nebeneinander. Es scheint als wenn die blinden Enden der Genitalschlauche und ihrer Seitenaste vorzugsvveise der Erzeu- gung von Samenfaden dienten; denn in ihnen vermisse ich die Eizellen, wahrend das der gefalteten Innenwand aufsitzende Epithel in der Bildung von Samenfaden begrifTen ist. Querschnitle durch weiter abwarts gelegene Parthien der Genitalschlauche lehren, dass von der Wandung fiinf Langs- falten in das innere Lumen vorspringen, welche verschieden (1) Loc. cit., Taf. XX, Fig. HO. (2) Loc. cit. iJBER EINË LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIDE. 45 grosse Eizellen belierbergen. Das ganze Biki crinneit lebhalt an den Querschnitt, welclien Baur von dern Genitalschlauche der Synapla digitata gcgeben hat (1). Der Darmkanal macht die gevvohnliche WIndung; die vordere Schlinge ist 9 Mm. vom Vordcrende, die hinlere Schlinge 4 Mm. vom Hintercnde des Tbicres enlfernt. Yon den Mesenlerien verlauft dasjenige des zweilen absteigenden Darmabscbnitles hart am rechten unteren Langsmuskel und ist durchaus frei von Wimperorganen. Das dorsale Mesenterium aber, sowie dasjenige des aufsteigenden Darmabscbnitles sind insbesondere in der Nahe ihrer Insertion an die Korperwand mit zahh-eichen Wimperor- ganen beselzl. Die beiden zulelzt genannten Mesenlerien bilden hinler der hinteren Darmscbb'nge den z. B. auch bei Synapta Beselii und Synapta rjlabra vorkommenden und von Semper (2) als Mesenterialkanal bezeichnelen Raum. Aucb im Bereiche des Mesenterialkanales, der hier bis an das hinlere Korperende sich erstreckt, sind zahlreiche Wimperorgane vorhanden. Ein Ueber- treten der Wimperorgane auf die Korperwand, wie es Semper (5) bei Synapla similis beobachlete, kommt bei der vorliegenden Art nicht vor. Die Wimperorgane haben die gewohnliche Form (Fig. 15); einen Kanal in ihrem Stiele konnte ich ebenso wenig wie J. Millier und Semper wahrnehmen. Bei den Chirodoten silzen die Wimperorgane gewobnlich in grosserer Anzahl einem gemeinsamen Stiele auf und bilden dadurch sogenannte Wim- perbaumchen; nur Chirodota rigida wird von Semper als Aus- nahme angefiihrt, indem bei ihr, ahnlich wie in der Gatlung Synapla. die Wimperorgane einzeln dem Mesenterium auCsilzen. Lêlzîeres ist nun auch bei der vorliegenden Art der Fall und schei nt iibrigens auch bei der von Gru be unlersuchlen Chiro- dota discolor vorzukommen. An den Fnddarm trelen fiinf feine Muskelbiindel heron, welche sich von den l'unT Langsmuskeln der Korperwand abspallen. (1) Loc. cit., Taf. Ill, Fig. 10. (2) Loc. cit., p. ÔÔ. (3) Loc. cit., pp. 10, 34. 46 D"^ HUBERT LUDWIG. Gefunden wurde unser Thier in (1er Hai von Rio de Janeiro in einer Tiefe von mehr als 30 Faden zu Anfang des Monats September. Was die Bestimmiing dei' im Vorigen beschriebenen Chiro- dola anbelangl, so zweifle ich nicbt, dass sie mit der von Pour- lalès beschriebenen Cliirodota (Synapla Pourt.) roti fera identisch ist. Bei dem Interesse, welches diese Art durch die nachher nàher zu besprechende Brutpflege verdienl, erlaube ich mir bier alle auf sie beziiglichen Angaben zusammenzustellen; es recht- fertigt sich das umsomehr als die belreffenden Angaben sich in weniger verbreiteten Zeitschriften behnden. Die Pourtalès'sche Beschreibung (1) laulet folgendermassen : a Synapta rotifera. Twelve short, thick, palmated tentacles, divided into eight or ten branches, of which the middle ones are the longest. Skin transparent, of a light purplish color, covered with white, wartlike spots. Tentacles whitish, with similar spots on their base. The five longitudinal muscles are seen as purple bands. A very young specimen has only four branches to its tentacles, and his white warts arranged regularly in longitudinal rows, alternating with the muscles. The skin contains, in the white warts, great accumulations of calcareous bodies, in the form of very regular wheels, each having six spakes. Each wart contains about eighty or one hundred of them, of all sizes; the largest having a diameter of about j^ of an inch. The skin also contains small calcareous, elongated bodies, in the form of those we have observed in the conical papillae of Hololhuria floridana î> [== Holothuria atra Jagerj. «This species lives in the interstices of the branches of a coral, which occurs on shoals in Biscayne Bay, Florida. I have kapt alive this species in a glass jar, along the sides of which they would climb, actively, by means of the tentacles; the body han- ging down in the water. » Dass Pourtalès die Gròsse der grossten Kalkradchen mit (1) Proceedings of the American Association for the Advancement of Science, 5^1» Meeting, held at Cincinnati, May 1831. Washington C, 1831, p. 15. iJBER EINE LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIDE. 47 5-^5^ engl. Zoil aiigibl, Iialte ich fiir einen lapsus calami; es soil Avohl heissen j^, Denn Kalkràdclieii von so geringer Grosse ^J^ = 0,008 Mm. sind bis jelzt von keiner Chirodola bekannt, wabrend die Grosse 7^ = 0,075 Mm. den Grossenverballnissen, wie wir sie von anderen Cliirodoten kennen , enlspricbt. AVaren die Radeben der Chirodola roti fera wirklich so klein, also kein Scbreibfebler bei den Pourlalès'scben Ziffern mit untergelaufen, so wiirde Verrill in seiner Beschreibung derselben Art diesen auffalligen Umstand gewiss erwabnen und aucb Pourtaiès selbst wiirde denselben wobl niobi unbetont gelassen baben. Pourtaiès batte seine Art in die Gattnng Syiiapta gestellt. Der nacbste Autor aber, welcbe dieselbe gelegenllicb erwabnt, W. Siimpson (1), reibt sie der Gatlung Chirodola ein. Aucb von Selenka (2) wird die Synapta rotifera Pourt. zur Gatlung Cin- rodota gestellt und von Semper, womit icb micb indessen nicbl einverstaiiden erklaren kann, als Synonym zu Chirodola pellu- rida Vabl gezogen (o). Es folgt dann die Bescbreibung von Yerrill (4) : « Elongated and slender, ibe wbole surface tbickly covered wilb small >vbite sligbtiy prominent verrucae. Tentacles 12, sbort, witb about bve digilations upon eacli side, tbe two terminal ones longest. Color, in alcobol, ligbt purplisb brown. Tbe specimens, wbicb are not entire, are two or tbree incbes long, and about 0,25 in diameter. Tbe calcareous, wbeelsbaped bodies in tbe skin, are all very minute, but variable in size, provided with 6 spokes, wbicb are often tbinner along tbe middle, so as sometimes to appear almost as if double, rim narrow, centre not perforated. (1) W. Siimpson iu einem Referale iiher Woodwarl u. Barrett's Abhandlung On the fjenus Synapta in American Journal of Science and Arts, vol. XXIX, 1860, p. 154. (2) E. Selenka, Beitrage zur Anatomie und Systematik der Holothurien (ZElTâCHRIFT FiJR WISSENSCH. ZooL., L5cl. XVII, 1867, p. 367). (3) Loc. cit., p. 266. (4) A. E. Verrill, Notes on Radiata, n" 4. Notice of the Corals and Echino- derms collected by Prof. C. F. Hartt, at the Abrolhos Reefs, Province of Bahia, Brazil, 1867. Published February 1868 (Transact. Connecticut Academy, vol. 1). New Haven, 1866-1871, p. 571, pi. IV, fig. 9, 9a. 48 D' HUBERT LUDWIG. With these there are larger, oblong, irregularly shaped, calca- reous bodies, mostly enlarged and truncated at the ends. — Abrolhos Reefs, in the shallow tide pools and holes in the reels under dead corals. » Die beiden Figuren von Yerrill stellen zwei Radchen dar bei ISOfacher Vergròsserung; berechnet man danach die wirkliche Gròsse der von Verrill abgebildeten Radchen so erbài t man fur das grossere 0,06, fur das kleinere 0,04 Mm. Auch dies spricht fiirdie Richtigkeit meiner oben geausserten Vermuthung, dass die von Pourtalès angegebene Gròsse aus j^ in -^ Zoll zu corrigiren ist. Ob der Innenrand des Ràdchens gezàhnt ist, làsst sich leider aus den V^errill'schen Figuren nicht erkennen; der Gesammthabitus slimmt aber ganz mit den Radchen unseres Thieres iiberein. Endlich erwahnt neuerdings Ralhbun (1) das Vorkommen der Chirodota rotifera in der Bay of Bahia. Mòglicherweise haben wir in unserem Thiere auch die Oer- sted'sche Synaplida vivipara vor uns. ïm Jahre 1850 demon- strirte der genannte Forschen der naturhistorischen Gesellschaft in Kopenhagen « Zeichnungen von einer neuen Galtung der Synapta-Gruppe : Synaptula vivipara, gefunden in VVestindien in seichlem Wasser; Farbe griinlich. Er erlauterte den inneren Bau (Augen, Hautdriisen, Enlwicklung der Kalkanker) und die Hauptzuge der Entwicklung dieser lebendig gebârenden Holo- thurie, vvelche ein intéressantes Gegensliick zu der Entwicklung bietet, wie sie durch J. Miiller bei den echlen Holothurien beob- achlet wurde (2). » Dies ist der ganze înhall der fragmenta- rischen Notiz von Oersted. Weder von ihm selbst noch von (1) R. Rathbun, a List of the Brazilian Ecliinoderms, willi Notes on their Distribution etc. (Transact. Connecticut Academy of Arts and Sciencls, vol. V, part 1). New Haven, 1880, p. 141 : « Plataforma, Bay of Bahia; buriedin the sandy mud of tide pools. » (2) In Obigem babe ich die Noliz von Oersted, soweit meine minimalen Kennt- nisse des Danischen es geslalleten, nach ihrem ganzen Wortlaute zu uberselzen versucht. Dieselbe fmdel sich iu Videnskabelige Meddelelser fra den nalurhis- toriske Forening i Kjobnhavn for Aarene 1849 og 1850, p. vii. UBER EINE LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIOE. \V anderer Seite ist irgend elwas genaueres iiber die Sijnaptiila vivipara bekannt geworden. Da Ocrslod niclu einmal eine Dia- gnose seiner neuen Gattung und Art gcgcben hat, so ist ein sicheres Wiedererkennen derselben unmòglich. Da er aber aus- driiclvlich von Kalkankern spricht, so scheint cs doch \vahr- sclieinlich, dass cr eine andore Art als iinsere Chirodola vor sich gehabt hat. Auch die griinliche Farbiing will zìi unserer Ghiro- dota nicht passen , wohl aber der Fundart. Was Oersted mit den « Augen » meinl, ist gleichfalls bei dem Mangel nâlierer Anga- ben unsicher (1) und daruni fiir das Wiedererkennen der Art ziemlich unbrauchbar. Unler diesen Umstanden kommt man beziiglich der Sìjnapliila vivipara aus blossen Vermuthungcn nicht heraus und es ist gar kein Grund vorhanden jene durchans mangelhaft oder eigenllich gar nicht charaklerisirtc Gatlung Synaptula zu acceptiren wie es von Bronn (2), Selenka (5) und Semper (4) geschehen ist, es sei denn dass man das Lebendig- geb'àren schon an un*] fiir sich als Gattungsmerkmal gelten làsst. Offenbar ist unser Thier identisch mit der lebendiggebarenden Chirodola, welche Selenka (5) in der Bai von Rio de Janeiro beobachtel aber bis jetzt nicht nâher beschrieben hat. Beschreibimg des in der Leibeshohle gefundenen Jugendsta- diums, — ìm Innern des oben beschriebenen Exemplares von Chirodola rolifera und zwar vòllig frei in der Leibeshohle l'anden sich scchszehn junge Thiere, alle auf demselben schon weit vor- geschrittenen Enlwicklungssladium. Dieselben lagen nicht etwa beisammen in einem bestimmten Abschnitte der Leibeshohle, sondern an verschiedenen Stellen; einigc lagen im Umkreise des (1) J. MùUer seheinl fiir siclier zu hallen, dass Oersted dieselben angenarligen Organe meint, welche bei anderen Synaptiden an der Basis der Tenlakel vor- komnien. Cf. J. MOller, Ueber Synapta digitata und iìber die Erzeugung voìì Schnecken in Holothurien. Berlin, 1852, Anmerkung auf pag. 2. (2) Klassen u. Ordnungen desTliicrreiches, Aclinozoa. 1860, pp. 588, 405, 406. (5) Loc. cit., p. 36d. (4) Loc. cit., pp. 8, 24, 267. (b) E. Selenka, Keimhlcilter- und Organanlage bei Echiniden. Vorlaufige Mittheilung (Sitzungsber. d. physik.-medicin. Societat zu Erlangex, Silzung vora 12. Mai 1879, p. 8). 4 so 1)' HUBEUT LUDWIG. Scili undkopfcs, andere im hintersten Korperende, wieder andere in dem Mesenterialsinus. Eines der Jiingen hing an einer der kurzen Yerzweigungen der Zwilîerdruse; icli glanbte dadurch vielleiclu eiiien Fingerzeig fur die Erkennlniss des Weges zu erhaken, auf welchem die Jungeii in die Leibeshohle gerathen; indessen zeigte die genaue Untersuchung der Anliaftungsstelle, dass an ihr die Wand der Zwilterdriise sich durchaus intact und mit ihrem sonsligen Baue ubereinstimmend verhall; sonach kann icli jenes Anhaften nur als ein zufailiges hetrachten. Es muss den weiteren Untersuchungen iiberlassen bleiben feslzu- stellen, auf welchem Wege die Eier in die Leibeshohle hinein und die jungen Thiere aus ihr hinaus gelangen. Bei anderen fiololhurien ist ausser der oben erwahnten, vielleicht mit unserer Art identischen Synaptiila vivipara Oer- sted, nur noch ein einziger Fall bekannt, in welchem die Jungen sich in der Leibeshohle des miïtteriichen Thieres ent- wickein. Leider aber sind wir auch iiber diesen Fall bis jetzt nur diirftig unterrichtet. Kowalevsky beobachlete (Neapel, im Sommer), dass bei Phyllophorus urna die jungen Thiere frei in der Leibeshôhlenflûssigkeit des miitlerìichen Thieres umher- schwimmen, war aber verhindert die Sache genauer zu ver- folgen (I). Im April und Mai dieses Jahres habe ich mich in Neapel bemiiht die kowalevsky'schen Beobachtungen zu wie- derholen, jedoch vergebens; es wird das wohl darin seine Erkla- rung linden, dass ich zu einer anderen Jahreszeit als Kowalevsky meiue Untersuchungen vornahm. Die Gestalt der jungen aus der Leibeshohle entnommenen circa I Mm. langen Chirodoten ist in Figur 1 wiedergegeben. Die Korperwand ist durchscheinend, sodass man sowohl die funf radiâren L'ângsstreii'en a!s auch den in der Mitte seines Verlaufes ein wenig gewundenen Darmkanal von aussen wahr- nehmen kann. Am Yorderende befinden sich fiinf Tenlakel, von (Î) A. Kowalevsky, Beitrcige zur Enticicklungsgcschichte der Holotliurien (Mem. de l'Acad. împéb. des sciences de S'-Pétersbourg, VII'^ sér., T. XI, n° G, 1867, p. 7). ÏIBER EINE LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIDE. 51 welchen jeder an seiner Spitze ein Paar kleine AusbuclUungen (spâtere Fiederlâppchen) besitzt. In der Kôrperwand hemerkt man Gruppen von theils in der Bildung begriffenen, Uieils sclion fertigen Kalkrâdchen. Ausser einigen wenigen zerstreut vorkommenden und meist mit 8-11 Speichen verselienen Kalkrâdchen z'âhlt man im Ganzen zehn Gruppen von sechsspeichigen Hâdchen , die aile in den Inter- radien liegen, fiinf davon am Vorderende, fûnf andere starker entwickelle am Hinterende; die R'âdchen (Fig. 7) haben eine Gròsse von 0,052-8,04 Mm. Aniânglich haben die Rildchen die Gesîalt eines sechsstrahh'gen Sternes (Fig. 5), dessen Strahlen dann an ihrer Spitze redits und links einen Fortsalz bilden (Fig. 6); spâter verwachsen je zwei benachbarte Fortsàtze und lassen so den Reifen des Rddchens entstehen. Damit slimmen die Beobachtungen iiberein, weiche Baur(i) und MetschnikofT(2) ûber die Bildung der Kalkrâdchen bei den Auricularien ange- stellt haben; âhniiche Entvvickelungssladien land Théel (5) bei Troc/ìoderma. Zuni Zwecke genauerer Untersuchung wurden die vorhan- denen Jungen theils in tato aufgehellt, theils in Langs- und Querschnitle zerlegt. Ueber den Bau liess sich das Folgende l'eststellen. Es sind nur scheinbar erst lûnf Tentakel vorhanden ; in Wirklichkeit besitzt das junge Thier deren bereits sieben. Die Kleinheitdes sechsten und siebten Tentakels und ihre versleckte Lage sind Schuld daran, dass dieselben bei der Ansicht von aussen nicht wahrgenommen wurden. Wâhrend die fiinf schon oben erwâhnten grosse ren Tentakel eine Lange von 0,5 Mm. haben, sind die zwei kleinen nur 0,1 Mm. lang; sie ragen nach aussen noch gar nicht hervor, sondern liegen ganz im Inneren des den Mund umgebenden Hautwulstes. ihre Lage ist mit (1) Baur, loc. cit., p. 46. (2) E. Metschmkoff, Studien Uber die Entwickelunrj der Echinodermen und Nemertinen (Mém. de l'Acad. impér. de S'-Pétersuourg, V1I« sér., T. XIV, n" 8, 1869, p. 5). (5) Hj. Théel, Note sur quelques Holothuries des mers de la Nouvelle-Zemble. Upsala, 1877. p. 13, pi. II, lig. 5-6. 52 D"^ HUBERT LUDWIG. Bezug aiif die Regionen des Kôrpers eine ganz constante. Wie Figur 4 zeigt liegen sie einander gegenijber, (Ìqv cine rechts, dor andere links von der iMedianebene des Thieres. Der rechte liegt dorsahvarts von dem lechten ventralen Radius iind der linke dorsalvvarts von dem linken ventralen Radius. Wahrend also der mittlere dorsale und die beiden ventralen Interradien nur je einen grossen Tentakel besitzen, haben der rechte und linke dorsale ïnterradius je zwei, einen grossen und einen kleinen Tentakel. Es sind also, wenn vvir dieses Verhalten niit dem ent- sprechenden des ervvachsenen Thieres vergleichen , hier schon dieselben beiden [nterradien in Bezug auf die Tentakelzahl bevorzugt, welche sich auch im erwachsenen Thiere durch die grossere Tentakelzahl auszeichnen. Man braucht nur die fiinf grosseren Tentakel des jungen Thieres sich verdoppelt zu denken urn das Verhalten des erwachsenen Thieres vor sich zu haben. Es ist intéressant zu sehen, dass die durch die Zwolfzahl der Tentakel des erwachsenen Thieres ausgesprochene Abwei- chung von der fiinfstrahligen Anordnung schon bei den sieben Tentakeln des jungen Thieres zum Ausdrucke gelangt und dass die Symmetrieebene der sieben Tentakel des jungen Thieres ebenso w^ie bei die der zwolf Tentakel des erwachsenen mit der dorsoventralen iMedianebene zusammenfallt. In der Wand der Tentakel konnte ich nur Langsmuskelfasern, keine Ringmuskelfasern wahrnehmen. An seinem inneren Ende theilt sich der Hohlraum des Tenlakels in einen blindgeschlos- senen kiirzeren Abschnitt, welcher der Aussenflache des Kalk- ringes anliegt, und in einen bedeutent verengten Kanal, den sogenannten Tentakelcanal, welcher an der Jnnenflache des Kalkringes hinzieht und schliesslich in den Wassergefassring einmiindet (vergi. Fig. 2). Der Wassergefassring ist in den radiâren Bezirken von dem Kalkringe getrennl durch die Eingangsoffnungen zu dem als Schlundsinus bezeichneten Abschnitte der Leibeshohle. An dem Wassergefassring hângt ventral eine kleine rundliche Poli'sche Blase, dorsal entspringt von demselben der Steinkanal, den wir elwas genauer betrachten mussen (vergi, auch Fig. 8). Derselbe UBER EirSE LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIDE. 55 verlauft in einem Bogen , die Leibeshòhle diirchselzend , zur Kòrperwand. Dort angekommen setzt er sich kniefòrmig umbie- gend in einen von vorn nach hinten verlaufenden Kanal lort, welcher in seiner ganzen Ausdehnung zwischen der Endoderra- schiclit und der Eclodermschicbt der Kòrperwand, also im Mesoderm liegt und dicbt unter dem Ecloderm mit einem etwas angeschwollenen Endsliicke blindgeschlossen aufhòrt. Bekannl- lich miindet aucb bei den Hololhurien der Steinkanal anfanglich durch den Riickenporns nacb aussen. Bei den erwacbsenen Holotburien aber hat der Steinkanal jede Verbindung mit der Aussenwelt gewòhnlieh {]) aufgegeben, so auch bei unserer Chirodota. Mir scbeint nun in dem eben erwàhnten Yerbalten des Steinkanals des jungen Thieres ein Uebergangssladium zu dem Zustande, wie wir ihn bei dem erwacbsenen finden, vor- zuliegen. Die Einschniirung des Steinkanals an seiner Umbie- gungsstelle in das in der Kòrperwand gelegene Sliick (Fig. 8) deutet offenbar darauf bin, dass an dieser Stelle im nàchsten Stadium cine vòllige Ablòsung des Steinkanals von der Kòrper- wand staltlinden wird. Der Nervenring sowie die von ihm abgebenden radiàren Ner- ven sind deutlicb aus zwei Scbicbten, einer àusseren zelligen und einer inneren feinfaserigen zusammengesetzt (vergi. Fig. 2 und 5). Nacb innen von den radiàren Nerven liegen die Làngs- fasern der fiinf radiàren Muskel. Nach aussen von dem Nerven- ring und dem Aniangstbeil der radiàren Nerven befindet sich ein eigenthiimlicber Raum, der besonders zwischen je zwei Tenta- keln eine betràchlliche Ausdehnung gewinnt, indem er hier den ganzen sich bis zur halben Lànge der Tenlakel erhebenden Hautwulstausfullt. Er beherbergt einige, an meinen Piàparaten nur undeutlich erkonnbare, zellige Elemente, die durchaus den Mesodermzellen anderer Kòrperstellen gleiclien. Wabrschcinlich (1) Dass es Holothurien gibt, bei ^Yelehen die anfanglichtì Verhindurg des vSteinkanals mit der Aussenwelt durch das ganze Leben erhalten bleibt, haben wir neuerdings durch Danielssen und Koren erfahren; vergi. 0. C. Damelssen og J. Koren, Fra den norske Nordha vspx pedi t ion, Ecbinodermer (Xyt M\r.A7,. F. Naturvid., 23. Bd., pp. 8.5- UO, 187fl). 54 «"■ HUBERT LUDWIG. ist dieser mesodermale Raurn ein Rest der Furchungshohle (« Gallertkern »). Da ich weder fiiihere noch spàtere Stadien untersuchen konnte, so muss ich einstvveilen auLeine vveilere Discussion dieses Raumes verzichten. Schliesslich habe ich noch die kleinen 0,032 Mm. grossen Bias- chen zu erwahnen, die man zu je einem Paare an dem adoralen Abschnilte eines jeden radiàren Nerven wahrnimmt (Fig. 4). Es sind das augenscheinlich dieselben Gebilde, we!che von anderen Synapîiden als fragliche Gehòrblàschen bekannt sind. II. — ZWEI NEUE HOLOTHURIENARTEN DER BRASILIANISCHEN KUSTE. Die Sendung des Herrn Prof. Ed. Van Beneden enthielt noch zwei andere Hololhurien-Arten, die ich nach sorgfaltiger Ver- gleichung mit den bis jetzt bekannlen Formen fiir neu halten muss. Die eine derselben gehort in die Gattung Thyonidium, die andere in die Gattung Synapla. \. — Thyonidium parviim, n. sp. Das eine Exemplar ist 26 Mm. lang, hinten starker verjiingt als vorn, in der Mitte des Korpers 8 Mm. dick. Die Fiisschen iiber den ganzen Korper zerstreut, jedoch vie! zahireicher auf den Radien und hier eine deutliche Doppelreihe bildend. Farbe blassrothlich. Achlzehn Tentakel, von denen neun grosserc mil neun kleineren abwechseln. Die Kalkkorper erfiiiien dicht nebeneinander liogend die ganze àussere Haulschicht und haben alle die gleiche Gestall; sie bestehen aus einer langlichen Scheibe, welche in der Regel von acht grosseren und zwei kleineren Oeffnungen durchbohrt ist, und auf deren Mille sich zwei kurze senkrechl zur Scheibe slehende Slabe erheben, die durch eine in der Langsrichlung der Scheibe vcrlaufende Briickc mileinander verbunden sind und mil jener Briicke zusamjnen in circa achl kiirze Doriicn iJBER EINE LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIDE. 55 endigen (vergi. Fig. 16, 17, 18). Die Kalkkorper haben eine Lange von 0,098 x\Im. Ganz gleiche Kalkkorper iiegen auch in der Wand der Fiisschen , reichen aber niemals bis zu der aiis fiinf Stiicken bestehenden grossen Endscbeibe derselben. Der Kalkring besleht aus zebn scbmalen , scblanken Kalksliicken, von welchen die fiinf 5 Mm. langen, Radialia nacb binten sich in zwei, 1,5 Mm. lange, aus kleinen Ralksliickchen gebildete Fortsatze verlangern. Am Wassergefassringe zwei nebeneinander sitzende, o,5 Mm. lange Poli'sche Blasen und ein im dorsalen Mesenterium fest- gelegter, ganz kurzer, nur 2 Mm. langer Steinkanal mit win- zigem, rundlichem Kopfchen. Die Ansatzstelle der jederseits vom dorsalen Mesenterium ein kleines Biischel mebrfach gelheilter Schlauche bildenden Geschlecbtsorgane liegt 10 Mm. hinterdem Vorderende des Tbieres (bei eingezogenem Schlund- kopfe). Die Insertion der kràftigen Retractoren 9 Mm. vom Vor- derende. Die Kloake ist 6 Mm. lang. 2. — Synapta Benedeni, n. sp. Es Iiegen mir drei Exemplare von 22, 30 und 55 Mm. Lange vor; das mittlere derselben lege icb der folgenden Beschreibung vorzugsweise zu Grunde. Dasselbe bat einen Durcbmesser von 8 Mm. Die zwolf Tentakel gleichen in ihrer Gestalt denjenigen von Synapia digilata; ^usser einem kiirzeren terminalen besitzen sie jederseits an ibrer Spitze nur zwei langere Fiederlappchen. Die Farbe ist weisslicb. Die diinne Haut iàsst die Muskelstreilen durchscbimmern. Der ganze Habitus erinnert an S. digitala. Die Anker sind 0,62 Mm. lang und an den Spitzen mit einigen kleinen, slumpfen Zabnchen besetzt (Fig. 19). Die Ankerplatten haben eine Lange von 0,48 Mm. fn ibrer Gesialt schliessen sie sich an diejenigen von S. psoudodirjilala Semper und S. similis Semper an; docb sind die Locher der Ankerglatlen mit verein- zelt und unregelmassig stebenden Dornen vcrseben (Fig. 20). Ausserdem fmden sich in der Haut sehr zahlreiche, banlelfor- 56 D"^ HUBERT LUDWIG. mige Kaikkòrperchen, sog. Hirseblàttchen, von 0,025 Mm. Lànge (Fig. 19). Die Langsmuskelslreifen verschmalern sich von der Korper- milte nach clem Hinterende zii; im vorderen Korperabschnitte sind sie fast so breit vvie die ïntermuscularrâume. Am Wasser- gefassringe sechs Poli'sche Blasen von 2-4- Mm. Lange. Im dor- salen Mesenlerium feslgelegt ein einziger, in einigen Windungen nach vorn verlaufenden, Sleinkanal mil rnndlichem Kopfchen. Rechls und links vom dorsalen Mesenlerium ein kleines Biindel hochslens einmal gelheilter kurzer Genilalschlauche, die an dem untersuchlen Exemplar nicht in Funclion sind, da sich weder deuliiche Samenfaden noch Eizellen in ihnen wahrnehmen lassen. Die Eingangsoffnungen ziim Schlundsinus sind verball- nissmassig gross, sie nehmen die ganzen Zwischenraume zwi- schen den Tenlakelkanalen ein. Der Darm isl gewunden und die Windungen reichen bis in das vordere und hinlere Korperende. An dem Mesenlerium des ersten absleigenden Darmabschnitles kann ich keine Wimper- organe flnden ; auch an demjenigcn des aulsleigendcn Darm- abschnilles linde ich nur sehr vereinzelle; zahlreich dagegen sitzen sie an der Basis des Mesenteriums des zweilen abslei- genden Darmabschnitles; ein Ueberlreten der Wimperorgane auf die Korperwand scheinl nirgends statlzufmden. iJBER EfNE LEBENDIGGEBARENDE SYNAPTIDE. S7 ERKLARUNG DER ABBILDUNGEN. Tafel III. Fig. 1-15. Chirodota roti fera. Fig. 1. Fines der aus der Leibeshohle von Chirodota roti fera entnommenen Jungen; "/j. Fig. 2. Vorderer Abschnitt eiues Langsschnittes durch das junge Thier; **°/i- In der iinken Halfie geht der Schnitl durch einen Tenlaiiel, in der reclilen liegt er zwischen zwei Tentakeln. Ect. das Ectoderm; Mes. das Mesoderm; Mes\ mesodermaler Raum rings urn den Mund; Ent. das Entoderm; £"71^'. derdeniDarnieanliegendeTheil des periloneaien Entoderms; L die Leibeshohle; D. der Muuddarm; Ss. der Schinnd- sinus der Leibeshohle: Ss', eine der Eingangsoffnungen zum Schlund- sinus; IV. der Wassergefassring ; Tc. der TenlaJvclcanal; T. der Teniakel; Kr. der Kalkriug; N. der Nervenring; At. der radiare Nerv ; M. der radiare Lëugsmuskel. Fig. 3. Schnilt durch Nervenring und radiiiren Nerv, eUvas sliirker vergrosscrt; man erkennl die Zusammensetzuog der Nerven aus einer ausseren Zellenschicht und einer inneren Faserschicht. A^'. die Zellenschicht; A'^". die Faserschicht; h'r. u. M. wie in Fig. 2. Fig. 4. Schema uber die Anordnuug der Tentakel des jungen Thieres, von der Mundseite gesehen. Mit D. ist die dorsale, mit V. die ventrale Mittel- linie bezeichnet. Md. der Mund ; A^. der Nervenring; Nr. die radiàren Nerven; B. Blaschenpaare an der Basis der radiiiren Nerven; T. die grossen, T'. die kleinen Tentakel. Fig. 5, 6, 7. Drei Entwicklungssladien der Kalkradchen des jungen Thieres. Fig. 8. Langsschnilt durch den Sleinkanal des jungen Thieres; ""Z^. St. der Sleiukanal; St', das in der Kôrper^vand gelegene blinde Ende des Steinkanales ; W., Ect., Mes., Ent. wie in Fig. 2. Fig. 9. Sleinkanal der erwachsenen Chirodota rotifera; *^li. Fig. 10 u. Fig. 11. Zwei Ansichten eines Radchens von Chirodota rotifera. Fig. 12. Zwei slabformige Kalkkorperchen aus der Haul. Fig. 1.5. Kalkstabchen aus der Waud der Zwilterdriise. 58 D' HUBERT LUDWIG. Fig. 14. Die Zwilterdriise; */i- Fig. 15. Zwei Ansichten eines Wiraperorganes am Mesenteriura. Fig. 16-18. Thyonidium parvum n. sp. Fig. 16. Ansicht eines der Kalkkorperchen der Haut von der Sei te; ^'"/i. Fig. 17. Ansicht eines ebensolchen von unlen; ''"/i. Fig. 18. Ansicht eines ebensolchen von oben; *"'/i- Fig. 19-21. Synapta Benedeni n. sp. Fig. 19. Anker; daneben drei hantelfòrmige Hirseplattcben ; ""/,. Fig. 20. Ankerplatte; '"/i- RECHERCHES SUR L'OUGANïSATiON DES ASCIDIES SIMPLES. SUR L'HYPOPHYSE ET QUELOUES ORGANES QUI S'Y RATTACHENT, DANS LES GENRES CORELLA, PHALLUSIA et ASCIDIA; PAR Charles JULIN, Assistant du cours d'embryologie à l'Université de Liège. Planches lY, V, Yl et YU. ' L'étude de l'organisation des Ascidies a été fort délaissée durant ces dernières années. S'il est vrai que depuis les mémo- rables recherches de Savigny, qui ontété faites à une époque où la connaissance des invertébrés était à peine ébauchée, les Tuniciers ont été l'objet d'un certain nombre de travaux qui nous ont dévoilé les faits principaux de leur organisation, il n*est pas moins certain que leur fine anatomie a été à peine abordée. On n'a guère appliqué à l'analyse des Tuniciers les méthodes perfectionnées de la technique moderne. Les travaux de Hertwig, de Ussow et de Nassonoff n'ont pas embrassé l'ensemble de leur organisation et, dans ses recherches sur les Molgules, de Lacaze- Du thiers n'a guère essayé d'appliquer à l'élude des Ascidies simples les procédés histologiqucs. 60 CHARLES JULIN. Il y a d'autant plus lieu de s'étonner de l'abandon dont l'étude des Ascidies a été l'objet, que les remarquables travaux de Kowalevsky, q'ii démontraient les affinités entre les Tuniciers et les Vertébrés, réclamaient comme complément nécessaire une étude comparative approfondie entre l'anatomie des Ascidies et celle des Vertébrés inférieurs. Les lacunes que présente encore la connaissance des Ascidies m'ont engagea m'occuper de ce groupe si intéressant. Sur les conseils de mon maître, M. le professeur Edouard Van Beneden , je me suis appliqué, pendant un séjour de quelques semaines à Lerwig (Nor\vège),à étudier un organe sous-jacent au cerveau que Hancock] a découvert et dont Ussow a démontré récem- ment la nature glandulaire. J'y ai joint l'analyse de quelques organes peu connus encore que l'on rencontre dans son voisinage. Si réellement les Tuniciers se rattachent à la souche des Vertébrés, il y a lieu de supposer, à priori, que l'on pourra trouver chez eux à l'état d'activité fonctionnelle des parties homologues à certains organes que l'on ne trouve qu'à l'état rudimentaire chez les Vertébrés adultes. L'un de ces organes est l'hypophyse. Jusqu'à quel point la glande de Hancock est-elle comparable à l'hypophyse? Son organisation, sa structure, sa position, ses rapports permettent-ils ce rapprochement? Telle est la question que M. Van Beneden m'a engagé à élucider. Mes recherches ont été faites sur quelques espèces que je pouvais me procurer assez facilement et en assez grande abon- dance, en draguant à des profondeurs de seize à vingt brasses. Je pouvais me procurer du matériel frais tous les jours et même plusieurs fois par jour. Les espèces que j'ai étudiées sont : Corella parallelogrammay Àscidia scabra ^ Phalliisia mentula et Pli. venosa. J'ai terminé cette étude au laboratoire d'embryologie et d'anatomie comparée de l'Université deXiége. Une partie du matériel était étudiée sur le vivant; le reste fut conservé par l'une ou l'autre des méthodes suivantes. Les ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 6i Ascidies étaient tuées par une solution d'acide osmique à 1 pour 200, que je laissais agir pendant quelques minutes; puis, elles étaient lavées à l'eau et traitées ensuite successivement par de l'alcool à différents degrés de plus ^'en plus concentrés : par exemple, pendant douze heures par de l'alcool à 40" G. L.; puis, douze heures par de l'alcool à 65° G. L.; puis enfin, placées dans de l'alcool absolu. Une autre méthode consistait à les tuer par l'acide picrique de Kleinenberg ; puis les traiter par les alcools successifs comme dans la méthode précédente. Enfin, une troisième méthode, que j'ai aussi employée, consiste à traiter les Ascidies tuées par l'acide osmique et lavées ensuite à l'eau, par l'acide picrique de Kleinenberg, puis par les alcools successifs comme dans les méthodes précédentes. Ces trois méthodes m'ont donné d'excellents résultats et je les considère comme également bonnes au point de vue de la conservation des tissus. CHAPITRE I. DESCmPTIOiX ANATOMIQUE. Avant d'aborder l'anatomie des différents organes dont l'étude fait l'objet de ce travail , il est indispensable, pour éviter toute confusion, de définir la position que je pense devoir attribuer aux Ascidies. Les auteurs qui se sont occupés de l'étude de ces animaux leur ont donné des positions très diverses, ce qui dépend des opinions qu'ils se sont faites sur les affinités des TunicitTS. Savigiiy (1) et Hancock (2), qui rattachent les Ascidies aux Mollusques et par- ticulièrement aux Lamellibranches, considèrent l'animal placé (1) Savig.ny, Mémoires sur les animaux sans vertèbres, Paris 1816. (2) Hancock, On the Anatomy and Plujsiologij of the Tunicata, 18G7. (The Journal of the Liuueao Sociely Zoology. London. 1868, vol. IX.) 6â CHAULES JULIi\. de telle sorte que l'orifice buccal étant dirigé en haut, l'orifice cloacal est dirigé en avant et l'endostylc en arrière. Pour Milne-Edwards (i), roriflce buccal est dirigé en haut, l'orifice du cloaque en arrière et l'endostylc en avant. Kvpffer (2) semble aussi considérer l'Ascidie comme placée normalement dans cette même position. Pour de Lacaze-Duthiers (5), qui rattache aussi les Tuniciers aux Lamellibranches, l'Ascidie doit occuper une tout autre position. Tandis que Savigny, Hancock, Milne-Edwards et Kupffer croient l'animal fixé par le bas, de Lacaze-Duthiers, au contraire, le considère comme fixé par le haut, de sorte que, pour lui, l'orifice buccal est dirigé en bas, l'orifice du cloaque en arrière et l'endostylc en avant. Enfin, les côtés droit et gauche de Savigny et de Hancock sont aussi les côtés droit et gauche de Lacaze-Duthiers, tandis qu'ils sont respectivement les côtés gauche et droit de Milne-Edwards et de Kupffer. De Lacaze-Duthiers a figuré de bons schémas représentant ces diffé- rentes positions de l'Ascidie (4). Huxley (5) place l'Ascidie de telle sorte que l'orifice buccal se trouve dirigé en avant, l'orifice du cloaque en arriére et l'endos- tylc en haut. Pour moi, qui pense avec Fol (6) et Gegenbaiir (7) que, par l'ensemble de leur organisation, la position relative des diffé- rents appareils, principalement chez la larve, et surtout par leur développement embryonnaire, que le mémorable travail de Kownlevsky (8) notamment a si bien fait connaître dans ce qu'il (1) MiLNEj Edwards, Observations sur les Ascidies composées des côtes de la Manche. V ans iSU. (2) Kupffer, Entiv. d. einf. Ascidien. (Arcbiv f. Mikr. Anat. Vili, Bd.) (5) H. DK Lacaze-Ddthiers, Les Ascidies simples des côtes de France. (Arch, de Zool. exp. et gén., vol. III, Paris 1874.) (4) Loc. cit., pp. 148 el 149. (5) Huxley, A manual of the Anatomy of inverlebrated Animals. Louùon 1877. (6) H. Fol, Études sur les Appendiculaires du détroit de Messine. Genève 1 872. (7) G. Gegenbaur, Grundriss dervergleichendeii Anatomie. Leipzig 1878. (8) KowALEvsEY, Enwick. d. einf Ascidien. (Mém. Acad. imp. de S'-Péters- bourg, t. VII, sér. X.) ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 65 a de caractéristique, les Ascidies doivent être rattachées direc- tement aux Vertébrés, je crois devoir rapporter l'Ascidie com- plète à la larve et lui considérer : une face ventrale sur la ligne médiane de laquelle se trouve Tendostyle ou gouttière hypo- branchiale; une face dorsale comprise entre l'orifice buccal et celui du cloaque; un orifice antérieur ou buccal et un orifice postérieur ou cloacal. Il était indispensable de définir nettement cette position à donner à l'Ascidie, afin de légitimer les différents termes dont je me servirai dans le cours de ce travail. Si, après avoir pratiqué une incision le long de la gouttière hypobranchiale(l), on étale avec précaution une Ascidie, quelle que soit l'espèce, de façon à ce que la face interne de la cavité branchiale soit dirigée vers l'observateur, on constate : I. La portion de la cavité branchiale, caractérisée par Texistence des fentes branchiales, est nettement séparée de la région qui avoisine Torifice buccal , par un contour circulaire, suivant lequel règne un bourrelet creusé en gouttière. Cette gouttière constitue le sillon péricoronal de Lacaze-Duthiers, et j'appelle bourrelet péricoronal, la saillie dans laquelle se trouve creusé le sillon. Je [)ropose de donner le nom de région coronale ou région buccale à cette partie de la cavité branchiale qui s'étend de l'ori- ûce buccal jusqu'au sillon péricoronal. La région buccale a donc une forme circulaire : dans ce cercle se trouve inscrit le cercle coronal de Lacaze-Duthiers, suivant lequel sont insérés les tentacules. Le long de la ligne médio-dorsale, à partir du sillon périco- ronal, s'étend un repli, dépendance de la paroi de la cavité branchiale; ce repli fait saillie dans cette cavité et constitue le (1) Sillon dorsal deSavigny; Raphe antérieur de Lacaze-Dulhiers; Endostyle des auteurs. 64 CHARLES JULIN. raphe postérieur de Lacaze-Dulhiers. Je l'appellerai raphe dorsal, en raison de la position différente que j'attribue à l'Ascidie. La partie antérieure de ce raphe présente une gouttière, à laquelle je propose de donner le nom de gouttière êpibranchiale , pour des raisons que j'exposerai plus loin. Près de l'extrémité antérieure du raphe dorsal, se trouve l'organe, que la plupart des auteurs ont considéré comme un organe olfactif et qui dépend exclusivement de la région buc- cale : c'est le tubercule antérieur de Savigny ou organe vibratile des auteurs. La cavité péribranchiale se constitue de deux moitiés symé- triques communiquant l'une avec l'autre par une portion médiane qui porte le nom de cloaque. Celte cavité se trouve placée entre la paroi du corps et la paroi du sac branchial, et s'étend : en avant, jusqu'au sillon péricoronal; en bas, jusqu'à la gouttière hypobranchiale. Du côté de la face dorsale , il y a lieu de distinguer : tout à fait en avant, les deux moitiés de la cavité péribranchiale ne communiquent pas l'une avec l'autre : elles sont séparées par cette partie antérieure du raphe dorsal, où règne la gouttière épibranchiale, et par les organes que nous trouvons sur la ligne médiane, dans la portion antérieure de cette région, à laquelle de Lacaze-Dulhiers a donné le nom de région interosculaire. Au niveau de la partie postérieure du raphe dorsal, de même qu'au niveau du cloaque, les deux moi- tiés de la cavité péribranchiale communiquent l'une avec l'autre. Enfin, en arrière du cloaque, elles s'étendent jusqu'aux parois latérales de l'intestin qui les sépare de nouveau. La paroi du corps est donc unie au sac branchial, suivant le sillon péricoronal, la gouttière hypobranchiale, la portion anté- rieure de la région interosculaire et suivant l'intestin. IL — BOURRELET PÉRICORONAL ET SILLON PÉRICORONAL. La manière dont le sillon péricoronal se termine du côté de la gouttière hypobranchiale, d'une part, et du côté du raphe dorsal, de l'autre, est encore très imparfaitement connue. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 63 [I y a lieu de distinguer, au bourrelet péricoronal, deux parties séparées l'une de l'autre par le sillon péricoronal. Ces deux par- ties forment : l'une la lècre inlerne^ l'autre la lèvre externe de ce sillon. Nous examinerons successivement comment se comporte chacune des deux lèvres, puis le sillon lui-même. La lèvre interne constitue un repli membraneux, qui n'est nullement interrompu, ni du côté de la gouttière hypobranchiale ni du côté du raphe dorsal, de sorte qu'il forme une saillie circu- laire complète. Au niveau de la gouttière hypobranchiale, il s'applique sur le cul-de-sac antérieur de cette gouttière, en s'unis- sant intimement à la paroi de ce cul-de-sac. Au niveau du raphe dorsal, il se continue soit immédiatement, soit médiatement, en avant avec la surface de l'organe vibratile. La lèvre externe du sillon péricoronal se comporte tout diffé- remment. Sur les côtés, elle constitue, comme la lèvre interne, un repli membraneux. Au niveau du cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale, il devient beaucoup moins élevé et se continue directement avec les bourrelets marginaux de cette gouttière. Près du cul-de-sac, les deux lèvres se confondent et le sillon qu'elles délimitent vient se perdre insensiblement, sans se continuer avec la gouttière hypobrancbiale (i)l. V, fig. 4). Au niveau du raphe dorsal, la lèvre externe de la gouttière périco- ronaledevient de moins en moins élevée et vient mourir, en même temps que le sillon qu'elle délimite en dehors, sur les faces laté- rales du raphe, soit directement (pi. IV, fig. 2), soit après s'être unie à la lèvre interne (pi. IV, fìg. 1 et 5). De cette disposition des lèvres de la gouttière péricoronale, il résulte que le sillon péricoronal se compose, en réalité, de deux gouttières, une de droite et l'autre de gauche, ces deux gout- tières venant mourir insensiblement, d'une part au niveau du cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale, d'autre part au niveau du raphe dorsal. 66 CHARLES JULIN. HI. — RAPHE DORSAL ET GOUTTIÈRE ÉPIBRANCHIALE. Le raphe dorsal présente à considérer deux parlies bien dis- tinctes : l'une antérieure, l'autre postérieure. La parlie anté- rieure seule mérite, à proprement parler, de porter ce nom : en effet, ce n'est que dans l'étendue de celte portion que nous trou- vons un vrai raphe séparant les deux moitiés de la cavité péri- branchiale. Cette partie du raphe dorsal constitue un bourrelet intimement uni supérieurement à la paroi du corps, suivant une surface assez large en avant et qui va en se rétrécissant au fur et à mesure que l'on s'écarte de l'ouverture buccale. Ce bour- relet présente, dans toute son étendue, une gouttière longitudi- nale très nettement dessinée. Cette gouttière, que Hancock (1) a signalée pour la première fois, sans lui donner de nom spécial , se termine en cul-de-sac en avant et en arrière, et est tapissée par un epithelium vibratile notablement épaissi. On trouve toujours un peu de mucus dans cette gouttière, de même que dans les gouttières péricoronales. Comme on le voit, la gouttière épibranchiale, quoique moins apparente et moins développée en longueur, présente des carac- tères analogues à ceux de la gouttière hypobranchiale : elle se comporte, en outre, de la même manière que cette dernière vis- à-vis du sillon péricoronal. C'est pourquoi je propose de la dési- gner sous le nom de goullière épibranchiale. Quant à la partie postérieure du raphe dorsal, elle est moins proéminente que la partie antérieure et consiste en un repli membraneux, qui n'est autre chose qu'un repli méridien du sac branchial considérablement développé. Ce repli, tantôt, est continu; tantôt, au contraire, il est discontinu et décomposé en languettes. (1) Loc. cit. ORGANISATION DKS ASCIDIES SIMPLES. 67 IV. — TUBERCULE HYPOPHYSAIRE. li existe sur la ligne médio-dorsale, en avant de la lèvre interne de la gouttière péricoronale, un organe particulier que Savigny (1) a signalé pour la première fois et auquel il a donné le nom de tubercule antérieur, par opposition au cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobrancliiale et qu'il appelle tuber- cule postérieur. Depuis Savigny, tous les auteurs qui se sont occupés de l'organisation des ïuniciers en ont signalé la pré- sence et lui ont attribué une fonction olfactive: c'est cet organe que l'on appelle organe vibratile. Mais si tous les auteurs sont d'accord sur la fonction de cet organe, ils ne paraissent pas tous en avoir exactement compris la forme. Savigny avait parfaitement reconnu que ce n'est autre chose qu'un tubercule, faisant saillie dans la cavité bran- chiale, au niveau de la région buccale. J'accepterais très volontiers le nom de tubercule antérieur, de préférence à celui d'organe vibratile que lui donnent ordi- nairement les auteurs modernes, n'était que le qualificatif « antérieur y> ne lui est pas applicable. Je montrerai plus loin que cet organe n'est que l'embouchure assez compliquée d'une glande sous-jacente au cerveau et que je considère comme homo- logue à l'hypophyse des Vertébrés. Pour ce motif, je propose de désigner l'organe sous le nom de tubercule hypophy saire. Ce tubercule présente à son intérieur une cavité infundibuli- forme, à base antérieure et à sommet postérieur, aplatie de haut en bas et s'ouvrant à la surface du tubercule [)ar un orifice, dont la forme varie quelque peu d'une espèce à l'autre. Cette forme est cependant caractéristique pour chaque espèce; c'est ainsi que Savigny, et après lui Hancock et de Lacaze-Dulhiers(2) s'en sont servis pour la diagnose spécifique. (1) Loc. cit. (2) Arch, de zool. exp. et gén., t. VI. 68 CHARLES JULÌl>. On peut dire d'une façon generale que la forme de cet orifice est celle d'une fente transversale, dont les extrémités sont recourbées en avant, de manière à représenter un croissant ; chez quelques espèces, ces extrémités sont enroulées en volute. La cavité infundibuliforme est tapissée par un epithelium épais qui se continue en avant, selon les lèvres de la fente, avec l'épilhé- lium superficiel du tubercule hypophysaire; en arrière, il se continue avec l'épithélium du canal excréteur d'une glande, dont je vais parler. V. ~ GLANDE HYPOPHYSAIRE. Entre les deux ouvertures buccale et cloacale, dans celle zone que de Lacaze-Duthiers appelle interosculaire, et situés sur la ligne médiane, dans l'épaisseur de la paroi du corps, se trouvent deux organes placés toujours dans les mêmes rapports l'un avec Taulre, mais dont la siluation, par rapport aux deux orifices, varie quelque peu d'une espèce à l'autre. L'un de ces organes est le ganglion nerveux; l'autre une masse glandulaire, que Hancock (1) a signalée pour la première fois et dont Ussoiv {^) le premier a démon Iré la nature glandulaire, il l'a appelée : glande olfactive, nom que lui a conservé N assono ff (ù). En con- sidération de la situation, des rapports, de la texture et de l'origine probable de cet organe, je crois qu'on doit le considérer comme homologue à la portion glandulaire de l'hypophyse des Vertébrés et je propose en conséquence de l'appeler glande hypophysaire. La situation du ganglion nerveux varie quelque peu d'une espèce à l'autre : tantôt il s'étend jusqu'au sillon jiéricoronal, (1) Loc. cit. (2) Vs&ow, Contribulion à la connaissance de l'organisation des Tuniciers (Communicat. de la Soc. impér. des amat. de se. iiat., d'Anthrop. et d'Ethnog, t. XVIII, fase. 2). Moscou 1876. (Écrit en russe). (3) Nassonoff, Anatomie des Ascidies. Molgula et Circinalium. (En russe.) ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 69 tantôt un peu plus en arrière, tantôt enfin il est plus rapproché de Forifice du cloaque que de l'orifice buccal. Mais, quelle que soit la situation du ganglion, la masse glnndulaire est toujours placée à la face inférieure de cet organe. Celle masse glandu- laire est mise en continuité avec le tubercule bypopbysaire par un canal excréteur étroit, dont la longueur varie considérable- ment d'une espèce à l'autre. Chez les espèces où les orifices buccal et cloacal sont à une grande distance l'un de l'autre, le système nerveux et la glande hypophysaire peuvent se trouver à une grande distance du tubercule hypophysaire, auquel cas le canal excréteur est très long et peut être vu à la loupe. VI. — SYSTÈME NERVEUX. Le ganglion nerveux se présente sous forme d'une bande- lette cylindroïde, allongée dans le sens antéro-postérieur et aplatie de haut en bas. Ses dimensions ne croissent pas en raison de Taugmenlation de la taille des différentes espèces; c'est à peine s'il est plus volumineux chez les espèces de grande taille que chez celles dont la taille est beaucoup plus réduite. Je n'ai constaté la présence de nerf périphérique latéral que sur une seule espèce : Pli. menlula. Mais toutes les espèces que j'ai examinées présentent des nerfs périphériques antérieurs et postérieurs. Les troncs d'ori- gine, émanant tant de l'extrémité antérieure que de l'extrémité postérieure du ganglion, sont toujours au nombre de deux. Les troncs postérieurs se divisent fréquemment, tout près de leur origine, en plusieurs branches nerveuses, dont le nombre est variable, tant chez des espèces différentes que chez la même espèce. Mais, pour ce qui concerne les deux troncs antérieurs, ils restent presque toujours indivis et vont innerver la région buccale; dans quelques cas cependant, j'ai constaté la présence entre ces deux troncs, et provenant de la division de l'un d'entre eux, d'un mince filet nerveux, que j'ai pu suivre jusque dans la paroi de la région buccale. Dans aucun cas, je n'ai 70 CHARLES JULIN. constaté le moindre rameau nerveux se rendant au tuber- cule hypopbysaire. Les nombreuses coupes longitudinales et transversales que j'ai faites me permettent d'affirmer qu'il n'existe pas de filet nerveux^ se rendant au tubercule hypophy- saire. En revancbe, on voit presque toujours par transparence ou sur les coupes, l'un ou l'aulre ou même parfois les deux troncs antérieurs, longeant la paroi supérieure du tubercule, au dessus de la portion anbysle de la cbarpente de cet organe. Telle est la disposition générale des différents organes des Ascidies, dont l'étude fait l'objet du présent travail. J'entrerai maintenant dans une description plus détaillée des particularités qu'ils présentent chez les différentes espèces soumises à mon examen. (PI. lV,iig. 1.) Chez cette espèce, les deux orifices buccal et chacal sont très rapprochés l'un de l'autre. Ils sont garnis de petites lèircs de forme triangulaire, en continuité par leur base avec la paroi delà région buccale et libres dans tout le reste de leur étendue, c'est-à-dire selon les deux autres côtés et le sommet du triangle. Ces lèvres sont au nombre de six à Torifice cloacal et huit à l'orifice buccal; elles sont disposées de telle sorte que le plan médian du corps passe entre les bases d'insertion des deux lèvres voisines, de façon qu'il existe de chaque côté de ce plan quatre lèvres à Torifice buccal et trois à l'orifice cloacal. Quand elles se rapprochent, elles ferment à peu près complètement l'orifice qu'elles circonscrivent. La région buccale présente une largeur à peu près égale au tiers de la région interosculaire. Autour de l'orifice du cloaque se trouve une zone semblable à la région buccale, dans les limites de laquelle sont disposés les muscles circulaires entourant l'orifice cloacal. La limite externe de celte zone est nettement indiquée par la présence du muscle ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 71 circulaire le plus externe. Cette région n'est pas aussi large que la région buccale. Dans la région buccale, et à peu près à égale distance du bour- relet péricoronal et de roriOce buccal , se trouve disposé con- centriquement à ces organes le cercle coronal, suivant lequel sont insérés les tentacules dont le nombre est variable, mais généralement assez considérable. Tous ces tentacules sont sim- ples et n'ont pas tous la même longueur : les uns sont courts, les autres beaucoup plus longs ; ils ne présentent aucune disposi- tion régulière. Le bourrelet péricoronal fait saillie dans la région buccale, à la limite entre celle-ci et la cavité branchiale. Ce bourrelet circu- laire présente de chaque côté de la ligne médiane du corps une gouttière ou sillon demi-circulaire, constituant le sillon périco- ronal. Pour la façon dont se comportent les lèvres de ces sillons, je renvoie à ce que j'en ai dit dans ma partie générale (I). Ces lèvres ne sont pas déchiquetées sur leurs bords chez l'es- pèce qui nous occupe. Parfois chez certains individus, la région buccale ainsi que le bourrelet péricoronal présentent une quan- tité considérable de petites taches pigmentées jaunâtres. Les fentes branchiales ont la forme d'une volute plusieurs fois enroulée sur elle-même : les plus antérieures n'arrivent pas jus- qu'au bourrelet péricoronal, mais un peu en dehors de la lèvre externe du sillon, de sorte que, entre la circonférence formée par la limite antérieure des fentes branchiales les plus anté- rieures et le bourrelet péricoronal, il existe une bande étroite, circulaire, dans l'étendue de laquelle ne se trouvent pas de fentes branchiales et suivant laquelle le sac branchial est soudé au manteau. C'est suivant le pourtour externe de cette bande que s'insère le sac branchial. Le raphe dorsal présente à considérer deux parties bien dis- tinctes. La partie antérieure, relativement peu étendue^ n'occupe qu'environ le quart de la dislance comprise entre le bourrelet péricoronal et la limite externe de la zone circulaire entourant (1) Page 60. 72 CHARLES JULIN. l'orifice cloacal. Cette partie du raphe dorsal constitue une saillie volumineuse très large en avant, au niveau du bour- relet péricoronal, et qui va en se rétrécissant progressivement de son extrémité antérieure vers son extrémité postérieure où elle atteint son minimum de largeur. Cette extrémité postérieure du raphe est libre sur une très petite étendue. Le raphe dorsal constitue en réalité un bourrelet qui est soudé au manteau sui- vant une espèce de pédicule large en avant et qui va en se rétré- cissant d'avant en arrière. Dans la majeure partie de son étendue, le raphe dorsal pré- sente une gouttière, très largement ouverte en avant et très étroite au contraire en arrière, où elle est en même temps plus profonde. Cette gouttière, que j'ai appelée gouttière épibranchiale, est terminée en cul-de-sac à ses deux extrémités : le cul-de- sac antérieur est moins net et moins profond que le cul-de-sac postérieur : ce dernier constitue la partie libre du raphe, que j'ai signalée plus haut. De plus, dans sa partie antérieure élargie, on constate chez une foule d'individus, en observant avec l'ob- jectif 4- de Hartnack, par exemple, que le fond de la gouttière épibranchiale présente une espèce de rayure longitudinale, ce qui dépend très probablement de la disposition régulière des éléments cellulaires dans cette partie de la gouttière. Enfin, la gouttière épibranchiale ne s'étend pas jusqu'au bourrelet péri- coronal, mais à une petite dislance de ce dernier, de sorte que à l'extrémité antérieure du raphe dorsal, il y a un petit espace suivant lequel la gouttière épibranchiale n'existe pas. De cette disposition des gouttières hypobranchiale péricoro- naleet épibranchiale, il résulte que ces différentes gouttières ne communiquent pas directement l'une avec l'autre, en ce sens qu'elles ne se continuent pas directement l'une dans l'autre. La partie postérieure du raphe dorsal est représentée par une série de languettes constituant des saillies filamenteuses très nombreuses disposées en une rangée. Ces languettes sont des dépendances du sac branchial et flottent librement dans la cavité branchiale. Elles sont situées sur la ligne médiane dorsale. ORGANISATION DES ASCIDIES SrMPLES, 73 Le sac branchial qui, ainsi que nous l'avons vu, est soudé au manteau suivant certaines lignes déterminées, notamment le long du bourrelet péricoronal et un peu en dehors de lui, selon la gouttière hypobranchiale, et selon la partie antérieure du raphe dorsal, est, dans tout le reste de son étendue, réuni à la paroi interne du manteau par des fdaments tantôt grêles, tantôt assez volumineux, auxquels Huxley donne le nom de trabecules vasculaires (1). Ces filaments qui traversent aussi la cavité péribranchiale sont généralement assez disséminés. Cependant, ils sont très nombreux et peu espacés sur la ligne médio-dorsale et il est notamment une partie de cette ligne médiane où ils sont plus nombreux encore et pour ainsi dire serrés les uns contre les autres. Cette partie de la ligne médio-dorsale est comprise entre l'extrémité postérieure de la partie antérieure du raphe dorsal et un point de la région interosculaire, assez rapproché de l'orifice du cloaque. Ce point est nettement déterminé, parce qu'il est caractérisé, chez Cor. parallelogramma, par l'entrecroi- sement d'une foule de petits muscles, qui constituent là comme une sorte de chiasma musculaire. Cette disposition est tout à fait caractéristique de celte espèce. Le tubercule hypophijsairey situé sur la ligne médio-dorsale, dans la région buccale, et en avant du bourrelet péricoronal ainsi que de l'extrémité antérieure du raphe dorsal, fait saillie dans celle région. Sa surface est lisse et présente des taches pig- mentées jaunes chez les individus qui présentent ces mêmes taches dans la région buccale et dans le bourrelet péricoronal. L'orifice de la cavité infandibuliforme a la forme d'un croissant dont les angles seraient fortement émoussés. Cet orifice est relati- vement assez large. On dislingue nettement le contour de la cavité en entonnoir, grâce à l'aspect sombre que présente la paroi de celle cavité; mais on ne peut distinguer le canal excréteur de la glande /ìfjpopfììjsaire qu'à son origine; il est impossible de voir sa terminaison ni son trajet, ce qui dépend de ce qu'il est court et (i) Loc. cit, p. 603. 74 CHARLES JLLIN. complètement caché par la partie antérieure élargie du raphe dorsal. La glande iiypophysaire et le ganglion nerveux placé au dessus d'elle sont très nettement visibles et faciles à distinguer. Ils sont situés sur la ligne médio-dorsale, dans l'épaisseur de la paroi du corps; leur extrémité antérieure aboutit immédiate- ment en arrière du bourrelet péricoronal. La glande hypophy- saire s'étend aussi loin en arrière que le ganglion nerveux. Tous deux occupent un peu plus du tiers de la longueur de la région inlerosculaire; ces deux organes sont donc plus étendus que la partie antérieure du raphe dorsal. 11 en résulte que, chez cette espèce, la cavité péribranchiale s'étend au-dessous de la partie postérieure de la glande hypophysaire et du ganglion nerveux. Le ganglion a une forme cylindroïde, allongée dans le sens antéro-postérieur. Vers le milieu de sa longueur, il présente un léger étranglement. De son extrémité antérieure partent deux troncs nerveux, qui, après avoir passé au-dessus du tubercule hypophysaire, se divisent en rameaux de plus en plus tenus qui vont innerver la région buccale. Très fréquemment, sans cependant que cela soit constant, l'un des troncs émet tout près de son origine une mince branche qui, elle aussi, passe au-dessus du tubercule hypophysaire et va finir à la région buccale. Jamais il n'est permis de voir de rameau nerveux, si mince qu'il soit, se ren- dant à ce tubercule. La catité péribranchiale s'étend donc chez Cor. parallelo- gramma: en avant, jusque près du bourrelet péricoronal; en bas, jusqu'au bourrelet marginal de la gouttière hypobranchiale. Du côté de la face dorsale, il y a lieu de distinguer : dans toute la région où règne le raphe dorsal proprement dit, c'est-à-dire la partie antérieure de ce raphe, les deux moitiés de la cavité péri- branchiale ne communiquent pas l'une avec l'autre et sont sé- parées par lui; plus en arrière, elles communiquent entre elles au-dessous de la partie postérieure de la glande hypophysaire et du ganglion nerveux, ainsi qu'au niveau du cloaque; enfin, en ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 7^ arrière da cloaque, elles sont de nouveau séparées par l'intes- tin, auquel s'insèrent le sac branchial d'une part et le sac péri- brarichial d'autre part. La cavité péribraucliialeest donc en réalité formée de deux cavités communiquant entre elles au niveau du cloaque et un peu en avant de ce dernier. {PI. IV. fig. -2.:, La région interosculaire est un peu plus développée chez cette espèce que chez Cor. parallelogramma : les deux oritices buccal et cloacal sont donc un peu plus distants l'un de l'autre. Vorifice buccal est entouré de huit lèvres; Vorifice cloacal n'en présente que six, de même que chez Cor. parallelogramma. Ces lèvres ont d'ailleurs les mêmes caractères que chez cette dernière et sont disposées de la même manière par rapport au plan médian du corps. La région buccale est aussi étendue que chez Cor. parallelo- gramma; mais vu la longueur plus considérable de la région interosculaire chez l'espèce qui nous occupe, il en résuite natu- rellement qu'elle ne présente qu'une largeur égale à environ le quart de la région interosculaire. Là zone circulaire qui entoure l'orifice du cloaque et dans les limites de laquelle se trouvent les muscles annulaires, est aussi étendue que la région buccale, contrairement à ce qui existe chez Cor. parallelogramma. Le cercle coronal, situé à égale distance de l'orifice buccal et du bourrelet péricoronal, présente un nombre de tentacules notablement plus restreint que chez Cor. parallelogramma. Tous ces tentacules sont simples, renferment souvent une quantité de petites taches pigmentées noires et sont enroulés à leur extrémité libre. Les deux lèvres du bourrelet péricoronal ne sont nullement déchiquetées sur leur bord, mais la façon dont elles se com- portent par rapport au cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale, d'une part, et par rapport au raphe dorsal, d'autre 76 CHARLES JULIN. part, est un peu différente de ce qui existe chez Cor. parallelo- gramma. Du côté du cul-de-sac antérieur delà gouttière hypobran- chiale, la lèvre interne du bourrelet péricoronal se réunit à la lèvre externe en un point plus éloigné de la ligne médiane, de sorte que, du côté ventral, les deux gouttières péricoronales demi- circulaires sont moins étendues que chez Cor. parallelogramma, et leur extrémité ventrale se trouve par conséquent à une plus grande distance de la gouttière hypobranchiale. La membrane provenant de la réunion des deux lèvres se comporte ensuite par rapport au cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobran- chiale identiquement de la même façon que chez Cor. parallelo- gramma. Mais du côté du raphe dorsal les différences sont plus mar- quées. La lèvre interne est continue et constitue, comme chez l'espèce précédente, un repli membraneux qui fait saillie dans la cavité buccale. La lèvre externe ne se réunit pas à la lèvre in- terne; mais au fur et à mesure qu'elle se rapproche de la ligne médio-dorsale, elle devient de moins en moins élevée et se perd insensiblement, tout près de la ligne médiane, directement dans la partie antérieure du raphe dorsal. La gouttière Ipéricoronale vient donc mourir insensiblement tout près de la ligne médiane; mais encore ici, tout comme chez Cor. parallelogramma, il existe, non pas une seule gouttière péricoronale, mais deux ; car les extrémités dorsales de ces deux gouttières demi-circulaires ne se continuent pas Tune dans l'autre, Tépithélium vibratile qui en tapisse les lèvres s'arrètant à une certaine distance de la ligne médiane, pour se continuer insensiblement avec l'épithélium qui recouvre la surface du raphe dorsal. La différence essentielle qui existe donc ici entre Cor. paro/Ze- logramma el Àsc. scabra, c'est que tandis que, chez la première, la lèvre externe du bourrelet péricoronal s'unit au préalable à la lèvre interne, les deux réunies venant se continuer avec le raphe dorsal, chez la seconde au contraire, elle s'unit directe- ment au raphe dorsal comme le fait la lèvre interne. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 77 Les fentes branchiales sont recîilignes, très allongées dans le sensantéro-poslérienr, leurs lèvres élanl parallèles entre elles. De même que chez Cor. parallelogramma les plus antérieures n'arrivent pas jusqu'au bourrelet péricoronal, mais un peu en dehors de la lèvre externe du sillon. Il existe donc ici aussi, entre la circonférence formée parla limite antérieure des fentes branchiales et le bourrelet péricoronal, une bande étroite circu- laire dans rétendue de laquelle ne se trouvent pas de fentes branchiales et suivant laquelle le sac branchial est soudé au manteau. La partie antérieure du raphe dorsal est très développée chez cette espèce; elle s'étend sur la ligne médiane dorsale depuis le bourrelet péricoronal jusqu'à l'union des deux tiers antérieurs avec le tiers postérieur de celte zone comprise entre la limite externe de la région buccale et la limite externe de la zone cir- culaire, dont j'ai déjà parlé, et qui entoure l'orifice cloacal. Elle est donc beaucoup plus développée que chez Cor. parallelo- gramma; mais elle est moins large surtout à son extrémité anté- rieure; elle présente dans toute son étendue une gouttière épi- branchiale^ profonde et étroite terminée en cul-de-sac à ses deux extrémités, le cul-de-sac antérieur étant moins développé que le postérieur. Cette gouttière s'étend très loin en avant et elle arrive jusque sur la face latérale gauche du tubercule hypophysaire. La gout- tière péricoronale gauche contournesonexlrémité antérieure ainsi que le montre la figure 2, planche IV. 11 en résulte que la partie tout à fait antérieure du raphe dorsal, celle dans l'étendue de laquelle la gouttière épibranchiaîe n'existe pas, est chez cette espèce extrêmement réduite, cette dernière gouttière atteignant parson extrémité antérieure la gouttière péricoronale. L'extré- mité postérieure de la gouttière épibranchiaîe n'est pas libre dans la cavité branchiale, ainsi que cela existe chez Cor. paralle- logramma; mais elle se continue directement avec la portion postérieure du raphe dorsal. Celle-ci consiste ici en un repli membraneux unique, qui n'est qu'une dépendance du sac bran- chial et que l'on peut considérer comme un des replis méridiens 78 CHARLES JULIK. de ce sac, lequel aurait pris un développement plus considé- rable. On voit en effet que, de même que cela existe pour tous les autres replis méridiens, cette partie du raphe dorsal donne insertion à une foule de petites bandelettes transversales, tout à fait semblables à celles qui s'insèrent aux replis méridiens voisins. Je ferai remarquer encore une fois ici que de même que chez Cor. parallelogramma^ et nous verrons qu'il en est de même aussi chez Ph. venosa et Ph. mentula, les gouttières hypobran- chiale péricoronale et épibranchiale ne communiquent pas direc tement l'une avec l'autre. Les trabecules vasculaires sont surîout très nombreux sur la ligne médiane dorsale depuis l'extrémité postérieure de la gout- tière épibranchiale jusqu'au niveau du cloaque. Ici, cette limite du cloaque n'est pas donnée comme chez Cor. parallelogramma par un entrecroisement de muscles; cette limite, qu'aucune sition particulière des éléments n'indique, se trouve à peu de dispodislance du dernier muscle annulaire du cloaque. Le tubercule hypophy saire est lisse à la surface et présente la même situation que chez Cor. parallelogramma, situation qui d'ailleurs est la même chez toutes les Ascidies. Uorifice de la cavité in fundibuli forme a la forme d'un crois- sant dont les deux extrémités, complètement émoussées, seraient contournées en volutes de façon à être dirigées en arrière. La lèvre la plus postérieure de l'orifice constitue une ligne parfaitement régulière, tandis qu'au contraire l'autre lèvre est plissée et ondulée, ce qui donne à cet orifice un aspect irré- gulier. 11 n'est pas possible de distinguer chez cette espèce ni la forme en entonnoir de la cavité, ni le canal excréteur de la glande hypophysaire, ce qui dépend de ce que le tubercule hypophy- saire se présente complètement de face, et non de profil, comme cela existe chez Cor. parallelogramma. La glande hypophysaire et le ganglion nerveux sont placés immédiatement en arrière du bourrelet péricoronal, au-dessus du raphe dorsal. La glande, très développée, apparaît comme con- ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 7^ stituée d'un nombre considérable de petits lobules, ce qui lui donne un aspect fortement granuleux tout particulier. Ses bords irréguliers dépassent de toutes parts le bord du ganglion nerveux, de sorte que quand on examine l'Ascidie ouverte par la cavité branchiale, on ne peut distinguer le ganglion nerveux que la masse glandulaire cache complètement. Le ganglion nerveux affecte ici la même forme que chez Cor. parallelogramma et il émet des troncs nerveux identiques en nombre et comme dis- position. Le ganglion nerveux et la glande sous-jacente occupent environ le 7» de l'étendue de la région interosculaire. ]1 en résulte que, dans toute leur longueur, ces deux organes sont situés au-dessus du raphe dorsal. Les rapports de la cavité péribranchiale chez Asc. scabra sont donc quelque peu différents de ceux qui existent chez Cor. parallelogramma, en ce sens que, du côté du dos, sur la ligne médiane, cette cavité ne s'étend jamais au-dessous du ganglion nerveux et de la glande hypophy- saire, contrairement à ce qui existe chez Cor. parallelogramma. 3. — PH A 1.1.1] •§1.4 IV1EMTCI.A. (Pi V, fig. 1, 2, 3 et 4.) L'exemplaire qui m'a servi pour cette description mesurait 8 centimètres de longueur; j'entends par là qu'il mesurait 8 cen- timètres de l'orifice buccal à son point de fixation, La région interosculaire est ici relativement développée : les deux orifices buccal et cloacal étant distants l'un de l'autre de 4 centimètres. L'orifice buccal est entouré de six lèvres, très allongées, ayant une forme triangulaire; elles sont pigmentées en jaune-orangé, principalement vers le sommet libre du triangle. Vorifice cloacal est aussi limité par six lèvres, mais dont la forme est toute différente : elles sont quadrilatères, très peu éle- vées, leur largeur étant plus considérable que leur hauteur; elles constituent de petites membranes pigmentées aussi en jaune- orangé ;'Jeur bord libre est à peine moins large que leur base d'insertion. Les lèvres buccales, de même que les lèvres cloa- 80 CHARLES JULIN. cales, quand elles se rapprochent, ferment à peu près Torifice qu'elles circonscrivent. Le plan nnéclian du corps les répartit de telle sorte que trois sont situées à droite et trois à gauche. La région buccale est relativement peu étendue; elle ne pré- sente pas plus de A millimètres de largeur. La zone circulaire qui entoure rorifice du cloaque est plus étroite encore: elle ne dépasse pas 5 millimètres de largeur. Le cercle coronal est plus rapproché du bourrelet péricoronal que de l'orifice buccal. On y compte un assez grand nombre de tentacules effilés à leur extrémité libre, les uns très longs, les autres, au contraire, très courts. La lèvre externe du bourrelet péricoronal est irrégulière, déchi- quetée sur son bord, tandis que la lèvre interne est très régu- lière et ne présente pas ces inégalités. La façon dont se com- portent les gouttières péricoronales , par rapport au cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale et par rapport au raphe dorsal, est identique à celle dont se com.portent ces organes chez Cor. parallelogramma. Toute la zone comprise entre le cercle coronal et le bourrelet péricoronal, toute la surface du tubercule hypophysaire, ainsi que la lèvre interne des gouttières péricoronalcs, sont pigmen- tées en jaune et présentent, de plus, une quantité de petites papilles qui font saillie dans la cavité buccale. Les fentes branchiales ont la môme forme que chez Ascidia scabra et \es plus antérieures arrivent aussi, comme chez les espèces précédentes, un peu en dehors de la lèvre externe du bourrelet péricoronal. La partie antérieure du raphe dorsal est longue de 6 milli- mètres et présente une gouttière épibranchiale étroite et pro- fonde, terminée en cul-desac à ses deux extrémités. De même que chez Cor. parallelogramma., l'ex tremi lé antérieure de cette gouttière reste un peu en retrait sur la lèvre externe du bourrelet péricoronal; son extrémité postérieure se continue avec un repli membraneux complet, constituant la partie postérieure du raphe, tout comme cela existe chez Ascidia scabra. Ce repli a la même signification que celui que présente cette dernière espèce. ORGAiMSATION DES ASCIDIES SIMPLES. 8i Les trabecules vasculaires se comportent ici comme chez Ascidia scabra et la limite du cloaque est indiquée delà même manière que chez celte espèce. Le tubercule hypophysaire fait assez fortement saillie dans la cavité buccale. Voriflce de la cavité in fandibuli forme est très régulier et présente tout à fait la forme d'un fer à cheval dont les extré- mités seraient très légèrement recourbées en dehors. Ses lèvres sont régulières et ne présentent aucune plicature, aucune ondu- lation; elles sont très rapprochées l'une de l'autre et constituent ainsi une fente très étroite. On peut distinguer très nettement la forme en entonnoir de la cavité dont les parois se montrent très clairement, et le canal excréteur de la glande hypophysaire peut être suivi sur une longueur de 2 centimètres environ. Le gan- glion nerveux et la glande hypophysaire sous-jacenle sont, en effet, situés dans la région interosculaire, de telle sorte que leur extrémité postérieure arrive à l'union des deux tiers anté- rieurs avec le tiers postérieur de cette région. Ces deux organes, nettement distincts l'un de l'autre, ont une longueur de 2 '/a millimètres. Quanta la forme du ganglion, elle est la même que chez les espèces précédentes; mais la disposition des branches nerveuses qui en émanent est particulière. Tandis que chez Cor. parallelo- gramma, Asc. scabra et Ph. venosa, je n'ai jamais constaté la présence de nerfs périphériques latéraux; au contraire, chez P/i. mentida, il en existe une paire. Ces nerfs latéraux sont situés l'un à droite et l'autre à gauche du ganglion nerveux, dans le voisinage de son extrémité postérieure. En outre, un nerf émane de la face inférieure du ganglion, presque au même niveau que les ù^xw précédents. Ce nerf prend son origine par deux racines qui, après avoir entouré étroitement le canal excré- teur de la glande hypophysaire, se réunissent pour constituer un tronc unique, de telle sorte qu'à la coupe transversale le canal semble traverser le ganglion nerveux (fig. 5, pi. Vil). Les rapports de la cavité péribranchiale sont donc encore différents chez Ph. mentala. Du côté de la ligne médiane dor- sale, cette cavité est étendue non-seulement au-dessous du 6 82 CHARLES JULIN. ganglion nerveux et de la glande hypophysaire, mais encore en avant de ces organes sur une étendue de 14 millimètres environ. 4. — PBALE.US1A VËMOIS.%. (PI. IV, fig. 3.) Le spécimen dont je vais faire la description mesurait 8 Y^ centimètres de longueur, c'est-à-dire depuis l'orifice buccal jusqu'à son point de fixation. . Comparativement à la grande taille de cette Ascidie, la région interosculaire est peu étendue; elle mesure à peine 2 72 centi- mètres. Elle est donc notablement plus réduite que chez Ph. men tuia. Vorifice buccal est limité par six lèvres, de forme quadrila- tère, un peu moins larges du côté de leur bord libre qu'à leur base d'insertion. Ces lèvres rappellent complètement l'apparence de celles qui limitent l'orifice cloacal chez Ph. mentula. L'orifice cloacal est pourvu de six lèvres tout à fait semblables. Le plan médian du corps se comporte, vis-à-vis d'elles, comme chez Ph. meniula, et quand elles se rapprochent, elles ferment aussi à peu près complètement l'orifice qu'elles circonscrivent. La région buccale est large d'environ 5 millimètres, ce qui fait qu'elle intéresse à peu près le quart de l'étendue de la région interosculaire. La zone circulaire qui entoure forifice cloacal est notablement moindre, elle atteint à peine 3 millimètres de largeur. Le cercle coronal, très nettement marqué, est situé à égale distance de l'orifice buccal et du bourrelet péricoronal. Il pré- sente un grand nombre de tentacules de dimensions variables. Contrairement à ce qui existe chez Ph, mentula ^ la lèvre interne du bourrelet péricoronal est régulière, n'est pas déchi- quetée; il en est de même d'ailleurs de la lèvre externe. Quant à la façon dont se comportent les deux gouttières péricoronales à leurs extrémités, elle est ici encore la même que chez Cor. parallelogramma. De même que chez Ph. mentula^ on trouve toute la zone ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 83 comprise entre le cercle coronal et le bourrelet péricoronal, ainsi que la surface du tubercule hypophysaire, pigmentées en jaune et présentant de petites papilles. Toutefois ces papilles, contrairement à ce qui existe chez Ph. menlida, n'existent pas ici sur la lèvre interne du bourrelet péricoronal. Les fentes branchiales ont la même forme que chez Ph. men- tula et les plus antérieures sont aussi légèrement en reirait sur le bourrelet péricoronal. La partie antérieure du raphe dorsal est longue de 15 milli- mètres; elle est donc relativement très développée et son extré- mité postérieure arrive en arrière de l'extrémité postérieure du ganglion nerveux et de la glande hypophysaire sous-jacente. La gouttière épibranchiale présente tous les mêmes caractères que chez Ph. mentula. Il en est de même d'ailleurs de \sl portion postérieure du raphe dorsal qui consiste en un repli membra- neux continu, lequel représente, en réalité, un repli méridien du sac branchial considérablement développé. Pour la disposition des trabecules vasculaires et la limite du cloaque, elles sont les mêmes que chez Ph. mentula. L'orifice de la cavité in fundibuli forme a la forme d'un fer à cheval, dont les branches seraient un peu onduleuses, et les extrémités légèrement recourbées ; il constitue une fente assez étroite. Les parois de la cavité infundibuliforme se distinguent très aisément par transparence et permettent ainsi de constater la forme de cette cavité. Le conduit excréteur de la glande hypophysaire est très nette- ment visible sur une longueur de 2 millimètres environ. Les extrémités antérieures du ganglion nerveux et de la glande sous-jacente se trouvent situées à environ 1 ^2 milli- mètre du bourrelet péricoronal. La longueur de ces organes est de 2 72 millimètres. Ils peuvent aisément être distingués l'un de l'autre. Enfin , pour la forme du ganglion et la disposition des bran- ches nerveuses auxquelles il donne naissance, je renvoie à ce que j'en ai dit chez Cor. parallelogramma et Asc. scabra. Les rapports de la cavité péribranchiale sont , chez cette espèce, tout à fait les mêmes que Ascidia scabra. 84 châkles julin. CHAPITRE II. DESCRIPTION eiSTOLOGïQUE. Pour étudier la texture de ces différents organes, j'ai pratiqué des coupes longitudinales et des coupes transversales à travers des individus conservés par Tune des méthodes que j'ai exposées plus haut (p. 60). Après avoir détaché le manteau, j'incise un lambeau quadri- latère, comprenant le tubercule hypophysaire, le ganglion nerveux avec la glande sous-jacenle et le raphe dorsal, et je l'enchâsse dans un mélange de graisse de bœuf et de paraffine en parties égales. Mes coupes ont été pratiquées à l'aide du microtome du D*" Long, de Breslau, et j'ai pu obtenir par celte méthode des coupes de moins d'un centième de millimètre d'épaisseur. 1. — Bourrelet péricoronal. (PI. VII, fig. 2.) Si on lait une coupe transversale menée perpendiculairement à la gouttière péricoronale, on constate que le bourrelet périco- ronal présente à considérer une charpente conjonctive et un epithelium reposant sur elle. La charpente conjonctive se con- tinue sans ligne de démarcation tranchée avec celle de la région buccale. Le tissu conjonctif qui entre dans sa composition affecte une structure toute particulière. Il offre à distinguer, comme tout tissu conjonctif, une masse fondamentale dans laquelle se trouvent disséminés les vaisseaux sanguins et des éléments cellulaires. La masse fondamentale est pour ainsi dire complètement homogène, anhysle; elle résiste à l'action des matières colo- rantes et présente par-ci par-là de très fines fibrilles extrême- ment ténues. Les vaisseaux sont ici remplacés par de petites ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 85 lacunes disséminées dans la substance fondamentale; ces lacunes sont limitées par une rangée de cellules très aplaties, consti- tuant un endothelium. Les cellules conjonctives que Ton y ren- contre sont différentes. Les unes sont relativement grandes, assez régulièrement spliériqucs; leur protoplasme est très finement granuleux et elles possèdent un grand noyau, très réfringent, se colorant très faiblement en rose par le picrocar- minate; il en est de même, d'ailleurs, du corps de la cellule. D'autres, plus nombreuses, notablement plus petites, sont arron- dies également et leur protoplasme granuleux se colore nette- ment en rose par le picrocarminate : ces cellules possèdent un noyau très petit qui se colore fortement en rouge sous l'action de ce réactif. Outre ces deux espèces de cellules qui ne montrent jamais de prolongements, on trouve par-ci par-là quelques rares éléments cellulaires ayant tout à fait l'apparence d'amibes. Leur forme est irrégulière; elles présentent des prolongements semblables aux prolongements amœboïdes, leur contour n'est nullement net, nuilementarrélé. f.eur corps proloplasmique finement granuleux se colore peu dans les matières colorantes et renferme un noyau arrondi qui se colore en rose par le picrocarminate, en bleu pâle par rhématoxyline. F:]nfin , chez certains spécimens de Cor. parallelogramma et (TAsc. scabra, ainsi que chez la plus grande majorité de Ph. men- tula et Ph. venosa, il existe encore dans le tissu conjonctif des globules colorés en jaune, arrondis, qui restent indifférents à Faction des matières colorantes. Ces globules sont assez réguliè- rement alignés et leur pigment est soluble dans l'alcool. Sur la charpente conjonclive ainsi constituée, repose un epithelium dont les caractères varient selon l'endroit où on le considère. Dans toute l'étendue de la gouttière péricoronale cet epithelium est épais, formé d'une seule couche de cellules cylin- driques munies d'un petit noyau ovalaire, situé dans la partie profonde de la cellule. Mais tandis que dans le fond ainsi que sur les lèvres de la gouttière cet epithelium présente sur sa face libre une quantité 8D CHARLES JULIN. de cils vibratiles courts, au contraire, sur les parois latérales de la gouttière répilhélium n'est pas cilié. Toutes les cellules de cet epithelium présentent sur leur face libre une espèce de plateau relativement épais. Là oii l'épithélium est vibratile, ce plateau paraît canaliculé, les cils semblant traverser ces canalicules. Il en résulte une apparence fortement granuleuse (pi. Vlî fig. 3) qn'aiîecte la face libre de la cellule, chaque granulation correspondant précisément à l'espace compris entre deux cils voisins. Là où l'épithélium n'est pas cilié les plateaux réunis semblent constituer une membrane non interrompue (pl.YII, fig. 2). L'épithélium cylindrique vibratile des lèvres de la gouttière péricoronale se continue sur une petite étendue à la surface des lèvres du bourrelet, avec un epithelium cylindrique, dont la face libre des cellules ne présente plus de plateau ; cet epithelium devient de moins en moins élevé, cubique d'abord, puis enfin tout à fait aplati. C'est cet epithelium plat qui tapisse la plus grande partie de la surface du bourrelet péricoronal. Il se continue avec l'épithélium plat qui recouvre la surface de la région buccale. Chez Ph. mentula, la lèvre interne de la gouttière périco- ronale présente par-ci par-là une petite papille (pi. V. fig. 2) qui est aussi constituée d'une charpente conjonctive, identique à celle du bourrelet péricoronal lui-même, et tapissée par une couche d'épithélium plat. Il existe toujours au niveau des lèvres de la gouttière une petite quantité de mucus ; mais je n'ai rien constaté qui ressem- blât à des cellules caliciformes. II. — RAPHE DORSAL. (PI. VJI, fig. 1.) Une coupe transversale pratiquée perpendiculairement à la gouttière épibranchiale, dans la partie antérieure du raphe dorsal, montre que ce dernier consiste dans un bourrelet dont la surface est irrégulière ; ce bourrelet est relié au manteau ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 87 par un pédicule plus ou moins large. La texture du raphe dorsal est tout à fait analogue à celle du bourrelet péricoronal. Il présente aussi à considérer une charpente conjonctive, qui, par l'intermédiaire d'un pédicule, se rattache à la partie de la tunique interne du manteau dans laquelle sont logés le cerveau et la glande hypophysaire. Un epithelium dont les caractères varient selon l'endroit où on le considère, recouvre toute la surface de la charpente conjonctive et délimite la gouttière épibranchiale. La texture de la partie conjonctive du raphe dorsal est identique à celle de la partie conjonctive du bourrelet périco- ronal avec cette différence toutefois qu'ici les globules pigmen- tés font complètement défaut. L'épithélium de la gouttière épibranchiale est cylindrique et présente tous les mêmes caractères que celui de la gouttière péricoronale, avec cette différence toutefois qu'il est vibratile dans toute son étendue. Il se continue au niveau des lèvres, comme celui de la gouttière péricoronale, avec un epithelium cylindrique non vibratile, qui devient peu à peu cubique, puis complètement plat. Toute la gouttière est remplie par du mucus, mais il n'y existe pas non plus de cellules caliciformes. III. — TUBERCULE HYPOPHYSAIRE. (PI. IV, 6g. 4 et pi. VII, fig. 4.) Pour étudier la texture de cet organe, qui est identiquement la même chez les différentes espèces que j'ai examinées, le mieux est de pratiquer des coupes verticales et antéro-posté- rieures. Une coupe ainsi menée (pi. YII. fig. 4) démontre qu'il faut considérer au tubercule hypophysaire une charpente con- jonctive et un epithelium qui en tapisse la surface. La charpente conjonctive est relativement fort réduite. Elle présente elle môme deux parties bien distinctes : une couche nettement délimitée de substance anhyste, sur laquelle repose répithélium de la cavité infundibuliforme, et en dehors de celle-ci une portion conjonctive proprement dite. 88 CHARLES JULIN. La portion conjonctive proprement dite présente identique- ment la même texture que celle que j'ai décrite plus haut pour la charpente conjonctive du hourrelet péricoronal. D'ailleurs elle est extrêmement réduite. La partie anhyste de la charpente conjonctive diminue pro- gressivement d'épaisseur au fur et à mesure qu'elle se rapproche du sommet de l'entonnoir; elle se comporte de même en se rapprochant de la hase de celle cavité. Celle enveloppe est limitée extérieurement par une mince couche de cellules plates, dont les noyaux proéminent quelque peu dans la charpente con- jonctive proprement dite. L'épilhélium présente des caractères variables suivant le point du tubercule où on le considère. Dans toute l'étendue de la cavité infundibuliforme, depuis les lèvres jusqu'au sommet de celte cavité, il présente les caractères suivants : c'est un epithe- lium cylindrique, formé d'une seule rangée de cellules allongées dans le sens perpendiculaire à la cavité. Ces cellules, très fine- ment granuleuses et munies d'un noyau ovalaire allongé dans îe sens du grand axe de la cellule et plus rapproché du fond de la cellule, présentent au milieu de leur face libre un petit épais- sissemeiU d'oii part un très long fouet vibratile. Ces fouets vibra- tiles, dont les vibrations semblent se faire de telle sorte qu'elles permettent à l'eau d'entrer dans la cavité en entonnoir, sont assez longs pour que ceux de l'une des parois de la cavile viennent toucher l'autre paroi, de sorte qu'ils s'entre-croisent entre eux de mille manières. Cet epithelium se continue en avant avec un épilhélium cubique qui tapisse toute la surface du tubercule; ces cellules cubiques finement granulées renferment un noyau sphérique, qui prend dans le picrocarminate d'ammoniaque une leinle rose tout à fait semblable à celle que prennent les noyaux allongés des cellules vibratiles de la cavité en entonnoir. Gel épilhéiium cubique lui-même, en dehors du tubercule, se continue avec l'épilhélium plat qui tapisse la surface de la région buccale. En arrière, répilhélium cylindrique vibratile de la cavile infundibuliforme se continue brusquement avec l'épilhélium ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 89 cubique constituant le canal excréteur de la glande hypophy- saire. Au-dessus du tubercule bypophysaire , la coupe pratiquée comme nous l'avons indiqué, montre fréquemment la section longitudinale d'un rameau nerveux, qui est très nettement délimité, court dans le tissu conjonctif ambiant et ne se divise jamais à ce niveau. La figure 4, planche IV, montre cette dispo- sition. IV. — GLANDE HYPOPHYSAIRE ET SON CONDUIT EXCRÉTEUR. (PI. VI et VU, fig. 4 et o.) Sur une coupe verticale et antéro-postérieure intéressant le conduit excréteur de la glande bypophysaire, il est facile de voir que l'on peut iictivemenl distinguer à cet organe deux parois, l'une supérieure et l'autre inférieure. La paroi inférieure se continue avec Tépithélium glandulaire en un point plus rap- proché de l'extrémité antérieure de la glande que celui au niveau duquel se fait la continuité entre la paroi supérieure du canal et le même epithelium glandulaire. Si, au lieu de pratiquer des coupes verticales et antéro-poslérieurcs, on pratique des coupes transversales et verticales, on constate alors que ce canal excréteur ne constitue un vrai canal, dans le sens propre du mot, que dans la partie antérieure seulement de son trajet. Cette partie, qui est très réduite chez Cor. parallelogramma et Ascidia scabra, est plus considérable déjà chez Ph. venosa et énormément développée chez Ph . menfiila, Vins en arrière, c'est- à-dire dans la partie postérieure de son trajet, le canal excié- teur de la glande bypophysaire ne constitue plus à {)roprement parler un canal, mais une gouttière, ainsi que le montre la planche Vï. Cette gouttière est ouverte du côté de la masse glandulaire et sur ses bords son epithelium cubique se continue avec l'épi- théîium glandulaire. On constate alors que la paroi inférieure du canal qui était, dans la partie antérieure, constituée par l'épi- thélium cubique du canal, est dans cette région constituée par des diveriicu!es tubulaires de l'épithélium glandulaire. 90 CHARLES JULIN. Toute celte disposition dépend exclusivement de ce que, lors de la formation de la glande, la paroi inférieure de la portion postérieure du canal excréteur a seule donné naissance à des diverticules glandulaires. Ce canal présente un rapport constant sur lequel je tiens à insister tout particulièrement. Dans la région où le ganglion nerveux existe, le canal excréteur est toujours situé immédia" tement au-dessous de lui, sans interposition de tissu conjonctif, étant placé là entre le ganglion nerveux et la masse glandulaire. Ce rapport constant du canal excréteur a une très grande impor- tance au sujet de sa signification et de la signification de la masse glandulaire. Dans la région où le canal est complet, il se présente comme aplati de haut en bas, de sorte qu'il a à la coupe une forme ova- laire à grand axe transversal. Là où il constitue une gouttière, cette gouttière est aussi fortement aplatie. Ce canal excréteur est constitué par une simple rangée de cel- lules cubiques, finement granuleuses et munies d'un noyau arrondi; ces cellules se colorent très fortement dans les matières colorantes. Il se continue en avant avec l'épithélium vibratile de la cavité infundibuliforme et en arrière avec l'épithélium glandu- laire. Il ne présente pas de membrane propre. La texture de la glande hypophysaire est extrêmement difficile à déchiffrer. Cette difficulté tient d'une part à l'exiguïté des élé- ments cellulaires de son epithelium et ensuite à l'existence dans les cavités glandulaires d'un nombre considérable de cellules qui remplissent cette cavité. C'est chez Ph. mentala que la texture de cette glande m'a paru la plus nette et la plus facile à analyser. Elle me paraît être à peu près la même chez Ph, venosa, et elle diffère très peu de celle de Cor. parallelogramma. Chez A se. scabra, enfin, la texture de l'épithélium glandulaire est assez différente. Quoi qu'il en soit, la glande hypophysaire est tubuleuse, com- posée, et elle présente à considérer une charpente conjonctive et des tubes glandulaires tous réunis entre eux et plongés dans le tissu conjonctif. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 91 La charpente conjonctive est très développée chez Ph. venosa et Ph. mentula; elle l'est très peu au contraire chez Cor. paral- lelogramma, oil les tubes glandulaires sont beaucoup plus serrés les uns contre les autres, ce qui augmente encore les difficultés que Ton rencontre à en étudier l'histologie. C'est là la seule dif- férence qui existe entre la texture de cette glande chez ces diverses espèces. Chez Asc. scabra, la charpente conjonctive est aussi peu développée, quoiqu'elle le soit davantage que chez Cor. parallelogramma. Mais quelle que soit l'étendue de cette charpente conjonctive, elle présente les mômes caractères dans ces différentes espèces. Elle est extrêmement riche en lacunes sanguines, lesquelles sont délimitées par un endothelium de cellules plates. C'est là le seul caractère particulier que présente le tissu conjonclif dans cet organe. Chez Ph. venosa, Ph. mentula et Cor. parallelogramma, les tubes glandulaires sont constitués par un epithelium cuboidc dont les cellules sont un peu plus volumineuses que celles qui forment la paroi du conduit excréteur, et elles se colorent moins par l'action des matières colorantes. Ces cellules, tinement granu- leuses, sont pourvues d'un noyau sphérique qui se colore en rose par le picrocarminate, en bleu par l'hématoxyline. Dans la lumière du tube glandulaire se trouvent une quantité de cellules bourrant littéralement le tube. La plupart de ces cellules ont un contour assez irrégulier, peu marqué, semblent plus ou moins arrondies et sont pourvues d'un noyau tout à fait semblable à celui des cellules de l'épithélium glandulaire. De plus, on trouve dans le même tube glandulaire toutes les phases de transition entre les cellules épithéliales nettement caractérisées comme telles et ces cellules irrégulières dont je viens de parler. Non-seulement ces éléments se rencontrent dans tous les tubes glandulaires qu'ils remplissent complètement, mais on en trouve aussi constamment dans le canal excréteur de la glande. Chez Asc. scabra, les cellules de Tépilhélium glandulaire pré- sentent toutes des vacuoles plus ou moins considérables. Dans beaucoup de cellules, il n'existe qu'une seule grande vacuole 92 CHARLES JULIN. arrondie qui a rejeté à la périphérie de la cellule le protoplasme avec le noyau. Cette vacuole semble formée par un liquide hyalin, clair, tout à fait indifférent à l'action des matières colo- rantes. Dans d'autres cellules, on trouve un certain nombre de petites vacuoles, dont les dimensions sont variables et qui tendent à se réunir poîir envahir à peu près toute l'étendue de la cellule. Sur aucune des coupes que j'ai pratiquées à travers la glande hypophysaire de cette espèce , je n'ai trouvé de cel- lules où ces vacuoles faisaient défaut. Enfin, dans la lumière du tube glandulaire et du canal excréteur se trouvent aussi des élé- ments semblables qui se sont détachés, et, encore une fois ici, on en trouve de différentes formes comme dans les espèces pré- cédentes. V. — GANGLION NERVEUX. (PI. VI et VU, fig. 4.) La texture du ganglion nerveux des Ascidies est essentielle- ment la même chez les différentes espèces que j'ai étudiées. A la coupe transversale, cet organe se présente comme assez régu- lièrement ovalaire, aplati de haut en bas, de telle sorte que ses faces supérieure et inférieure sont parallèles au grand axe de l'ovale. Une telle coupe transversale, pratiquée chez Cor, parallelG- gramma, montre que l'on doit distinguer dans le ganglion deux espèces d'éléments : des cellules ganglionnaires et des fibrilles nerveuses. Les cellules ganglionnaires occupent la périphérie de l'organe et peuvent même se voir par transparence, quand on les examine avec de forts grossissements, sur des individus qui ont été traités par l'acide osmique. Elles sont disposées assez ré- gulièrement sur trois ou quatre rangées concentriques et consti- tuent ainsi sur toute la périphérie du ganglion une couche assez épaisse qui délimite cet organe. Les cellules des couches les plus externes sont les plus volu- mineuses; au fur et à mesure qu'elles se rapprochent de la partie centrale du ganglion, elles deviennent de plus en plus petites et ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 93 celles qui constituent la couche interne sont même, en général, extrêmement réduites; par-ci par-là cependant on en trouve une qui a encore des dimensions assez considérables. Toute cette partie périphérique , constituée exclusivement de cellules gan- glionnaires, forme ce que Ton pourrait appeler la substance grise du ganglion. Toute la partie centrale, constituant ce qu'on pour- rait appeler la substance blanche, est formée de fibrilles nerveuses et de quelques cellules très petites disséminées dans cette masse fibrillaire. La direction des fibrilles varie considérablement; la plupart cependant ont une direction longitudinale et se présentent par conséquent à la coupe transversale sous forme d'un pointillé très net; d'autres cependant ont, au contraire, une direction transversale ou radiée, ainsi que le montre la planche VF. Les éléments cellulaires que l'on rencontre dans cetlc masse fibrillaire et qui sont relativement très rares, sont sans contredit des cellules ganglionnaires; elles présentent tous les caractères des petites cellules ganglionnaires formant la couche interne de la substance grise. Voyons maintenant quels sont les caractères des cellules gan- glionnaires. Ce sont des cellules de forme globuleuse ou arron- die, présentant un seul prolongement. Je n'en ai jamais trouvé qui fussent bipolaires. Tandis que le contour des grandes cellules externes est nettement accusé, celui des petites cellules est, au contraire, très irrégulier et fort peu marqué. Toutes ces cel- lules sont finement granulées et possèdent un grand noyau très réfringent se colorant en rose pâle par le picrocarminate , et pourvu d'un nucléole relativement volumineux, fort réfringent aussi et prenant par le picrocarminate une coloration rouge foncée. Le prolongement de ces cellules est assez épais, fibril- laire; les fibrilles semblent prendre origine insensiblement dans le protoj)lasme cellulaire et se conlinuent avec les fibrilles de la substance blanche. Quant aux petites cellules que j'ai signalées dans la substance blanche, ainsi que celles (pii constituent les couches les plus internes de la substance grise, elles présentent identiquement les mêmes caractères, sauf cependant que leur contour n'est pas 94 CHARLES JULIN. net et elles sont aussi munies d'un noyau avec nucléole, ceux-ci se comportant vis-à-vis des matières colorantes identiquement de la même façon que le noyau et le nucléole des grandes cellules. Il ne peut y avoir aucun doute sur la nature ganglion- naire de ces éléments. On trouve donc là, de la périphérie vers le centre, toutes les phases de transition entre les grandes cel- lules ganglionnaires et les fibrilles nerveuses. Si, au lieu d'examiner une coupe transversale, nous étudions une coupe longitudinale intéressant l'origine d'un des troncs nerveux, nous constatons la continuité entre le nerf el la sub- stance blanche du ganglion. On peut poursuivre ainsi sur cer- taines coupes les fibrilles dont se compose le nerf, et^qui sont onduleuses, sur une assez grande étendue à l'intérieur de la sub- stance blanche du centre nerveux. Toutes ces fibrilles décrivent de petites ondulations. Enfin sur une telle coupe, on peut encore s'assurer que l'origine du tronc nerveux présente aussi à sa périphérie un plus ou moins grand nombre de cellules ganglion- naires; parfois on rencontre une de ces cellules'à une distance déjà assez considérable de l'origine du tronc nerveux. J'en ai vu ainsi une chez Asc. scabra dont le prolongement, légèrement onduleux, s'étendait sur une très grande distance parallèlement au nerf, et se dirigeait vers le cerveau. Telle est la structure du ganglion nerveux chez Cor. paral- lelogramma. La seule différence qui existe chez Asc. scabra , Ph. mentida et P/i. venosa, et cette différence est surtout accen- tuée chez Ph. mentula, c'est que chez elles on trouve en dehors du cerveau une quantité de cellules ganglionnaires très volumi- neuses et complètement isolées dans le tissu conjonclif ambiant. Ces cellules, dont les caractères sont parfaitement identiques à ceux des autres cellules ganglionnaires, envoient un prolonge- ment fibrillaire assez volumineux, qui est toujours dirigé vers le centre nerveux et s'insinue entre les cellules des couches péri- phériques pour se continuer très probablement avec la masse fibrillaire centrale. Enfin, chez Ph. menlula , les petites cellules de la substance blanche sont beaucoup plus nombreuses que chez les autres espèces. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 95 Il résulte de [cette étude que dans le ganglion nerveux des Ascidies'ion peut distinguer : une couche périphérique de sub- stance grise et une masse centrale de substance blanche; que ces deux substances se continuent insensiblement l'une dans l'autre et qu'il n'existe pas de névroglie ou de tissu conjonctif quel- conque entrant dans la composition de cet organe. Les seuls éléments dont il est formé sont des éléments nerveux : cellules ganglionnaires et fibrilles nerveuses. CHAPITRE 111. HISTORIQUE. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. J. C. Savigny, dans son beau mémoire sur les animaux sans vertèbres (1), après avoir établi les analogies entre les Ascidies composées et les Ascidies simples, fait un rapprochement entre ces animaux et les Mollusques, auxquels il les rattache. Il élablit que le manteau des Ascidies est en réalité formé de deux couches. Voici comment il s'exprime à ce sujet : « Le polypier, c'est-à-dire le corps cartilagineux qui contient les polypes (2), est leur man- teau; c'est du moins un manteau analogue à celui des Ascidies et nourri des mêmes vaisseaux. On ne peut trouver deux corps dont la substance, la contexture soient plus semblables. Mais je crois que le véritable manteau des Ascidies est leur tunique inlé- rieure et musculeuse et que le sac cartilagineux et extérieur, auquel on donne communément ce nom, est, de même que le polypier des Alcyons, plus analogue au test des Mollusques bivalves » (5). Et il ajoute en note: « M. Cuvier compare aussi le sac extérieur des Ascidies à la coquille des Bivalves. » (1) J.-C. Savigny, Mémoires sur les animaux sans vertèbres. Paris 1816, vol. -2. (2) li s'agii ici des Ascidies composées. (3) Loc. cit., p. 34. 96 CHARLES JULLN. Milne-Edwards (1), dans ses Observations sur les Ascidies composées f dislingue trois tuniques auxquelles il donne res- pectivement le nom de tunique extérieure, seconde tunique et troisième tunique. Huxley (2) compare celte troisième tunique membraneuse de Mììne-EdwiìYds a un j)ériloine, et lui distingue deux feuillets: uu feuillet viscéral et un feuillet pariétal : « Cette membrane, dit cet auteur, se continue au niveau de l'orifice du cloaque avec la paroi du corps; les deux feuillets se continuent entre eux au niveau de la bande péripharyngienne (3) d'une part, suivant une ligne parallèle à Fendostyle dans une autre direction, et suivant les organes digestifs et génitaux, dans une troisième direction. De ces différents points elle se réflécbit sur le sac branchial, dont elle forme la paroi externe. Aux bords des stigmates elle se conlinue avec l'endoderme du pharynx et, au niveau de l'ou- verture du rectum, avec l'endoderme de l'intestin » (i). Alb. Hancock (5), qui rapproche les Tuniciers des Lamelli- branches et en fait un groupe de Mollusques, établit une division analogue. « Dans toutes les formes variées que j'ai examinées, dit-il, il n'est pas bien diflicile de déterminer la présence de trois tuniques ou enveloppes : le test ou tunique externe^ le manteau ou tunique interne et la memhranc délimitante (lining (1) Milne-Edwards, Observations sur les Ascidies composées. Paris 1841. (2) Hdxley, a manual of the Anatomy of invertebrated animals London, Î877. (3) La bandé péripharyngienne de Huxley constitue ce que j'ai appelé bow- relet péricoronal. (4) « This membrane has a parietal and a visceral layer. The former is conti- nued from the atrial aperture on to the parieies of the body, to the level of the peripharyngeal band in one direction, to a line parallel with the endostyle in another, and to the aiimenlary and genital viscera in a third direction. Fiom these various lines, it is reflected on lo the branchial sac, of which it forms the outer wail. At the margins of the stigmata it is continuous with the endoderm of the pharynx and, at the aperture of the rectum, Vvith the endoderm of the intes- tine. M Loc. cit , p. 603. (5) Albany Hancock , On the Anatomy and Physiology of the Tunicata 20 juin 1867. (Jouru. oi' the Linn. Soc. Zoology. London 18Ô8.) ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 97 membrane), celle-ci correspondant à la tunique interne du pro- fesseur Huxley. La membrane délimitante et le manteau sont toujours, sur une étendue plus ou moins considérable, adhé- rents l'un à Tautre, et excepté là où l'abdomen se trouve déve- loppé, tous les viscères et la portion lacunaire du système sanguin sont interposés entre eux. » (1) Pour ce qui concerne le man- teau et le test, ils sont, d'après l'auteur, nettement séparés l'un de l'autre chez Ascidia et Molgula, excepté toutefois à l'entrée de l'appareil respiratoire où ils sont unis; mais il n'en est plus de même dans le genre Slycla {Cynthia de Savigny) où ubtunical; C, charpente con- jonctivo-musculaire ;2Z> et G, epithelium péribranchial; E, trabecules vasculaire; F, cavité péribranchiale; H, charpente conjonctivo-vas- culaire du sac.;branchial ; J, epithelium branchial; A', cavité bran- chiale; L, vaisseau sanguin; 31, muscle; .Y, système nerveux central ;0, conduit excréteur de la glande hypophysaire, P; Q. gout- tière épibranchiale; R, gouttière hypobranchiale. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. i 05 La paroi du corps est constituée ici identiquement de la même manière que chez l'Amphioxus. Nous pouvons aussi y distinguer : la peau, une charpente conjonctivo-musculaire et Vépithélium de la paroi externe de la cavité péribranchiale ou feuillet pariétal de la troisième tunique de Milne-Edwards. La peau présente chez TAscidie comme chez l'Amphioxus : un épidémie représenté ici par la couche de cellulose et l'épi- thélium plat sous-jacent (epithelium subtunical) (1) et un derme représenté par une mince couche de tissu conjonctifsous-jacente à cet epithelium et se continuant sans ligne de démarcation tranchée, tout comme chez l'Amphioxus, avec la charpente con- jonctivo-musculaire, laquelle comprend aussi le tissu sous-cutané. Cette charpente conjonctivo-musculaire , constituée, comme chez l'Amphioxus, de tissu conjonctif, renferme sur la ligne médio-dorsale le système nerveux central avec la glande hypo- physaire sous-jacente , et latéralement les muscles du tronc. La paroi du corps des Ascidies présente donc la même con- stitution que celle de l'Amphioxus. Je propose en conséquence d'employer les mêmes termes pour en désigner les différentes parties et j'appellerai : épidémie, le manteau proprement dit (couche de cellulose) réuni à Fépithé- lium sous-jacent ou subtunical; derme, une mince couche con- jonctive sous-jacente à l'épiderme et que je distingue fictivement ainsi que le tissu sous-cutané de la charpente conjonctivo-muscu- (!) Il résulte en effet des études de 0. Hertwig et de Semper sur l'origine de cette couche de cellulose, que l'on appelle communément le Manteau des Ascidies, qu'elle se forme aux dépens de l'épithélium sous-jacent. On sait que cet epithe- lium, représentant l'épiderme, a chez les Appendiculaires la propriété de sécréter une masse gélatineuse considérable, dont l'animal se débarrasse avec la plus grande facilité. Mais tandis que l'on trouve, dans la couche de cellulose des Asci- dies, des éléments cellulaires indiquant qu'il s'agit là réellement d'un vrai tissu, le produit gélatineux des Appendiculaires est, au contraire, un simple produit de sécrétion. Néanmoins, dans son Traité (TAnalomie comparée (1878), Gegenbadr établit, avec raison selon moi, un rapprochement entre celte masse muqueuse des Appendiculaires et la couche de cellulose des Ascidies. 0. Hertwig, Ueher den Bau ttncl die Entwkkelung des Tunicaten Mantels. (Jenaische Zeischr. Bd. Vil). — Se.^per, Ueber die Enstehvng der geschichteten Cellulose-Epidermis der Ascidien. (Arb. aus dem Zool-Zoot, Inst. in Wûzburg. 1875. Bd. H.) 104 CHARLES JULIN. laire. L'épiderme et le derme constitueraient la peau des Ascidies. La charpente conjonctivo-musculaire proprement dite est caractérisée en ce qu'elle renferme les muscles et les organes que l'on rencontre sur la ligne médio-dorsale : le ganglion nerveux et la glande hypophysaire. La seule différence qui existe donc entre une coupe trans- versale d'Ascidie pratiquée au niveau du cerveau, et une coupe transversale d'Amphioxus pratiquée au niveau de la cavité branchiale, c'est que chez l'Ascidie, il n'existe plus, chez l'adulte, ni cavité générale du corps, ni corde dorsale. Que doit-on considérer comme constituant la bouche chez les Ascidies ? Voici comment s'exprime Savigny sur cette question chez les Ascidies composées : « o — > o rt o « .- ^ 'O >- « O) « 3 c: s te es C3 C te M) C5 6- t- nJ O O 124- CHARLES JULIN. Je ne terminerai pas sans adresser publiquement mes remer- cîmenlsles plus sincères et l'expression de ma reconnaissance à mon dévoué maître, M. le professeur Éd. Van Beneden, qui, après m'a voir donné l'idée d'entreprendre cette étude, n'a cessé de m'éclairer de ses savants conseils et a contribué pour une large part à l'accomplissement du présent travail. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 125 EXPLICATION DES PLANCHES. Planche IV. Fig. i. Core lia parallelogramma. — Ensemble des organes situés sur la ligne médio-dorsale, du côté de Torifice buccal. Fig. 2. Ascidia scabra. — Idem. Fig. 3. Pliallusia venosa. Idem. — La glande hypophysaire et le ganglion ner- veux ne sont pas représentés. Fig. 4. Cor. parallelogramma. — Coupe verticale et antéro-poslérieure mon- trant la texture du tubercule Lypopbysaire. Ch. Cl. obj. 5. Hartn. Planche V. Fig. 1. Phallusia mentula. — Ensemble des organes situés sur la ligne médio- dorsale dans la région interosculaire. Fig. 2. Idem. — Partie antérieure plus fortement grossie. Fig. 3. Idem. — Le ganglion nerveux, la glande hypophysaire et son conduit excréteur, la partie postérieure du rapbé-dorsal et la paroi du sac branchial. Fig. 4. Cor. parallelogramma. — Figure représentant la façon dont se com- portent les gouttières péricoronales au niveau du cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale. Planche VI. Ph. mentula. — Courte transversale montrant la texture du ganglion nerveux et de la glande hypophysaire. Cette coupe est |)ratiquéc au niveau du point d'origine des deux nerfs périphériques latéraux, dont l'un, celui de gauche, est coupé à la surface, et l'autre, celui de droite, est coupé moins superficiellement. Ch. Cl. obj. 5 de Hartn. Planche VII. Fig. 1. Ph. mentula. — Coupe transversale de la portion antérieure du raphe dorsal, montrant la gouttière épibranchiale. Ch. Cl. obj. 4 de Hartn. 126 CHARLES JLLLN. Fig. 2. Mem. — Coupe transversale du bourrelet péricoronal montrant le sillon péricoronal. Même grossissement. Fig. 3. Idem. — Quelques cellules de l'épithélium vibratile de la gouttière épi- branchiale. Ch. Cl. obj. 10 imm. de Hartn. Fig. 4. Corella parallelogramma. — Coupe verticale et anléro-postérieure inté- ressant la gouttière épibranchiale, le tubercule hypopbysaire, la glande hypophysaire avec son canal excréteur, et le ganglion nerveux. Ch. Cl. obj. 4. Hartn. Fig. 3. Ph. mentula. — Coupe transversale montrant le canal excréteur de la glande hypophysaire entouré par l'origine du nerf périphérique infé- rieur. Ch. Cl. obj. 5. Hartn. CONTRIBUTION A L'ËTUDE DE LA STRUCTURE DE L'OVAIRE DES MAMMIFÈRES SECONDE PARTIE: OYAlRi: DES PRIMATES; Par Jules MAC LEOD , Docteur en sciences naturelles, préparateur à l'Université de Gand. Planche YIII et JL'"'' Nous avons eu Poccasion, dans le courant de Tannée qui vient de s'écouler, d'examiner les ovaires d'un certain nombre de singes Catarrhinins et d'un Lémurien. La disposition générale de la glande génitale de ces animaux, par rapport aux organes voisins (ligament large, oviducte, etc.), nous a semblé présenter quelque intérêt, d'autant plus qu'il s'agit de formes voisines de l'homme, chez lesquelles la moindre par- ticularité anatomique mérite d'être signalée au point de vue des comparaisons possibles avec ce qui existe chez l'espèce humaine. De plus, quelques-uns des ovaires que nous avons étudiés nous ont permis de faire des observations hislologiques qui, elles aussi, ne manquent pas d'un certain intérêt. Les espèces dont nous avons eu l'appareil reproducteur femelle entre les mains sont : L'Orang-outang (P^7/iec^^ç satijrus) ; l'Entelle (Semnopilhecus entellvs)\ le Patas (Cercop27/iec?«5 ruber)\ un Macaque [Macacus rhesus) ; un Cynocéphale {Cynocephalus leiicofea); un Maki (Lemur [Nigrifrons ?]). 128 JULES MAC LEOD. Tous ces individus proviennent du jardin zoologiqne d'Anvers. Nous sommes heureux de saisir celte occasion pour adresser nos meilleurs remercîmenls à M. le professeur Kemna-Van Beers, à l'obligeance duquel nous devons ces matériaux inté- ressants. Nous consacrerons un premier chapitre à la description macroscopique de l'ovaire, et de ses rapports avec les organes voisins. Un second chapitre sera affecté à la description histologique de l'ovaire et à l'exposé des résultats que nous avons obtenus concernant le parovarium, les villosités vascuîaires du ligament large, l'épithélium ovarique et les ovules. CHAPITRE PREMIER. RAPPORTS DE l'OVAIRE ET DE l'oVIDUCTE. Quoique nous ayons parcouru avec soin la bibliographie de la question, nous n'avons trouvé qu'une seule indication rela- tive à l'ovaire des quadrumanes. Parmi les primates, l'espèce humaine est la seule dont la glande génitale femelle ait été étudiée avec quelques détails. La description macroscopique de l'ovaire de la femme a été faite d'une manière très complète par Waldeyer (II). Cet auteur (loc. cit.^ pi. î.) donne six ligures de l'ovaire de la femme, pris à six âges différents. Il résulte de ces ligures et des descriptions qui les accompagnent que (fig. 1, pL 1) : l"* L'ovaire de la femine est simplement inséré sur le liga- ment large, sans être en aucune façon enveloppé par lui ; 2^ Les circonvolutions de l'oviducte sont peu marquées, au moins chez l'adulte; 5° VOathim tiibœ se trouve situé très près de l'extrémité supérieure du pavillon ; 4° Une frange du pavillon {fimbria ovarica) se dirige vers l'ovaire, en longeant le bord externe du ligament large. Le plus OVAIRES DES MAMMIFÈRES. 129 souvent, cette frange n'atteint pas Tovaire; il existe d'ordinaire un petit intervalle entre l'extrémité de la fìmbria ovarica et la glande. Ce n'est que dans la minorité des cas qu'on trouve une continuité entre l'épitliéliiinide l'ovaire et celui du pavillon. Parmi les dix quadrumanes que nous avons étudiés, nous pouvons distinguer trois dispositions principales : La première, qui est très semblable à celle que l'on observe chez la femme, se rencontre chez l'Orang-outang. La seconde se rencontre chez l'Entelle, le Patas, le Macaque et le Cynocéphale. La troisième existe chez le Maki. ORAMG-OVTAWG. (Fig. 2 et 2a) (1). L'individu que nous avons disséqué avait à peu près atteint la moitié de sa taille. L'ovaire est plus épais du côté externe que du côté interne ; il est comprimé d'avant en arrière ; sa ligne d'insertion sur le mésovarium est un peu concave, le bord opposé est convexe; l'extrémité interne de l'ovaire est libre sur une petite dislance. Sa surface est entièrement lisse (2). La trompe, très grosse, va en s'élargissant à mesure que l'on s'approche de son orifice, comme chez la femme. Elle ne présente que peu de courbures, et peut être considérée comme formée de trois parties, à peu près égales en longueur : une première, dirigée en dehors; une seconde, moyenne, dirigée en arrière et un peu en haut ; une troisième, externe, dirigée en dehors. UOsthtm tubae est situé, comme chez la femme, vers la partie supérieure du pavillon, mais un peu plus basque chez l'espèce (1) Voici ce que Mayer (I, pages 295-296) dit de l'ovaire de l'Orang : « Das )> Ovarium derb, am unteren Ende Irei, gelappl, gewolbt, mit feinen Graaf- c schen Follikeln beselzl. Die Fimbriae klein, ohiie Bursa, das Ostium fein. » Voici comment il s'exprime au sujet du Chimpansé : « Das Ovarium lànglich, piati und glati. Die Tuba eng. Die Fimbriae kleiu Kein Beutel derselben zugegen. (2) Il existait d'un côté un petit ovaire accessoire sessile, inséré sur le ligament de l'ovaire, près de l'extrémité interne de celui-ci. 9 i30 JULES MAC LEOD. humaine. Le pavillon a la forme générale d'un triangle, il va en se rétrécissant peu à peu vers le bas, et une fimbria ovarica peu étendue se dirige vers l'ovaire. Chez notre individu, elle s'arrêtait à une certaine distance de celui-ci, du côté droit comme du côté gauche. On ne peut évidemment généraliser les notions déduites de l'étude d'un seul individu, car nous savons que les rapports de la frange ovarique et de l'ovaire sont variables de l'un individua l'autre; cependant il est permis de conclure que chez l'Orang, comme chez la femme, la fimbria ovarica n'est pas en continuité avec l'ovaire d'une manière constante. SEitlIVOPETBECIJS, CERCOPITHËCUS, illACACVâ et CYNOCEPHAI^VS. (Figures 3, 4, 5; flgures 4a, 5a, 6a.) Nous pouvons comprendre dans une même description l'ovaire de ces quatre espèces. En effet, les différences que l'on observe entre elles sont très peu importantes ; et si l'on tient compte de ce fait que nous n'avons eu à examiner qu'un seul échantillon de chaque espèce, il se pourrait bien que les différences que nous avons constatées constituent simplement des variations indi- viduelles. Chez toutes ces formes, l'oviducte, qui est assez grêle, présente de nombreuses ondulations : ceci rappelle ce que l'on observe chez la femme dans le jeune âge. Ces ondulations varient énormé- ment en nombre et en importance, non seulement de l'une espèce à l'autre, mais même de l'oviducte droit à l'oviducte gauche du même individu. Il ne faut donc attacher aucune importance aux caractères qu'elles présentent. Les flgures 3, 4, S, 6 en donneront d'ailleurs une idée suffisante pour qu'il soit inutile de s'y arrêter plus longtemps. L'orifice de la trompe ne se trouve pas, comme chez la femme et l'Orang-outang, situé près de l'extrémité supérieure du pavillon, mais beaucoup plus bas, parfois plus près de son extrémité inférieure. La place de cet orifice divise ainsi le OVAIRES DES MAMMIFÈRES. 131 pavillon en deux parties : une portion supérieure et une portion inférieure. En outre, toute la portion supérieure du pavillon se replie en dedans et s'insère sur le bord d'un ligament qui la relie à l'oviducte. L'inspection des figures 4a, 5a et 6a [i) rend cette disposition aisément compréhensible. Ce ligament (désigné sur toutes les figures par /./.), qui relie l'oviducte au pavillon n'est autre chose qu'un prolongement du ligament large : les deux feuillets de ce ligament, après s'être écartés pour enve- lopper l'oviducte, s'appliquent de nouveau l'un sur l'autre au- dessus de ce dernier, jusqu'à l'insertion de la portion réfléchie (supérieure) du pavillon. D'ailleurs, ce ligament ne se trouve pas seulement au niveau de cette insertion, mais se prolonge en dedans jusqu'à l'origine de la trompe (le point u dans les figures). Une disposition semblable à celle que nous venons de décrire a déjà été signalée, notamment par Waldeyer (II) chez la Vache (2), le Lapin , le Cochon d'Inde et la Chatte. La position inférieure du pavillon, qui est ordinairement à peu près verticale, se replie en arrière et un peu en dedans, en entraînant le bord externe du ligament large sur lequel elle est insérée, et recouvre ainsi partiellement la partie externe de l'ovaire. D'autre part, tout le système, formé : 1" par le ligament situé entre l'ovaire et la trompe; 2° par le prolongement de ce ligament situé entre la trompe et le pavillon et 5° parla partie supérieure du pavillon, à direction horizontale; tout ce système est entraîné par là en arrière, de manière à aider à recouvrir partiellement la portion supérieure de l'ovaire. Il se forme ainsi une capsule ovarique incomplète. Chez les quatre formes dont il est question ici, le rapport entre l'extrémité inférieure (frange ovarique) du pavillon et (1 ) Ces coupes sont faites de manière à comprendre à la fois l'ovaire, l'oviducte, le pavillon et le ligament large. (2) Waldeyer, loc. cit.y planche l, ligure 7. Nous avons trouvé une disposition semblable chez le Guépard. i52 JULES MAC LKOD. Fovaire sont bien plus étroits que chez la femme et l'Orang- outang. Chez les quatre individus examinés, il y avait toujours, du côté droit comme du côté gauche, continuité directe entre la surface de la glande génitale et celle du pavillon. Chez le Ma- caque (fig. 5), cette continuité a lieu sur une étendue considé- rable. Chez tous, la surface de l'ovaire est parfaitement lisse; l'ex- trémité externe de la glande est ordinairement un peu plus épaisse que l'interne, et celle-ci est le plus souvent libre sur une petite longueur. La portion externe de la capsule ovarique renferme, chez ces espèces, une grande masse adipeuse contenue dans son épais- seur; elle a la forme d'une pyramide triangulaire, donila base, concave, correspond à la face externe du ligament large. Cette masse adipeuse est constante; nous la retrouverons à la même place chez le Maki. liEMUR (MlGRIFROi^'S?) L'appareil reproducteur femelle de cette espèce présente une disposition sensiblement différente de celles que nous trouvons chez le Catarrhinins. L'utérus est bicorne (comme chez tous les Lémuriens) et l'origine de l'oviducte n'est pas située au niveau de l'extrémité de chaque corne, mais un peu en dehors de celle- ci (1). Tandis que chez les Catarrhinins, l'ovaire est attaché sur presque toute sa longueur au mésovarium, celui du Maki est libre à ses deux extrémités : l'insertion n'occupe guère que son tiers moyen. L'oviducte, assez grêle, a un trajet flexueux, et décrit une grande circonvolution à concavité tournée en dedans avant de se terminer au niveau du pavillon. Celui-ci, comme chez les animaux étudiés plus haut, présente une portion supérieure réfléchie en dedans, sur un prolongement du ligament (1) Comme c'est d'ailleurs le cas chez presque tous les animaux à utérus bicorne. OVAIRES DES MAMMIFÈRFS. 133 large au dessus de l'oviducte (1), et une portion inférieure, dont l'extrémité s'insère sur l'ovaire, mais beaucoup plus en dedans que chez les formes précédentes, à égale dislance des deux ex- trémités de la glande génitale. Il se forme ainsi une capsule largement ouverte, il est vrai, mais beaucoup plus importante que chez les formes précédentes, et assez ample pour envelopper l'ovaire tout entier. C'est encore une fois la portion externe de l'ovaire qui est surtout cachée par cette capsule. Nous trouvons, chez le Maki comme chez les Catarrhinins, une masse adipeuse volumineuse située à la face externe de la capsule ovarique. Cet amas dégraisse était assez nettement déli- mité chez noire individu; il avait la forme ordinaire, c'est-à-dire celle d'une pyramide dont la base est située en dedans et le som- met fortemenl étiré en dehors. Des bourrelets adipeux de ce genre ont déjà été signalés; Éd. Van Beneden (III) a décrit dans la capsule ovarique du Ves- pertilio Murinus un épaississement formé par l'interposition, entre les deux feuillets de cette capsule, d'une masse de tissu adipeux se prolongeant en arrière et en haut sous forme d'un éperon triangulaire. Waldeyer (II) a attribué la formation de la capsule ovarique que Ton observe chez beaucoup de Mammifères à un reploiement du ligament large, causé par l'allongement du canal de Mijller. Nous croyons que l'allongement de l'oviducte ne joue qu'un rôle tout à fait secondaire dans l'accroissement de celte capsule. En effet, ce conduit a souvent un trajet très flexueux, sans avoir pour cela aucune influence sur l'accroissement de la capsule. Chez le Macaque, par exemple, aussi bien que chez le semno- pihèque, l'oviducte est bien plus long que chez le cercopithèque, et cependant, chez ces trois espèces, la capsule ovarique incom- plète recouvre sensiblement au même degré la portion supérieure et externe de l'ovaire. Nous croyons pouvoir conclure de nos (1) Ce ligament, au Teu de se terminer à Torigine de Toviducte, se prolonge jusqu'au niveau du point de bifurcation des cornes de l'utérus. 134 JULES MAC LEOD. observations que la formation de la capsule ovarique est en rap- port: 1** Avec la position que Y ostium tubae occupe par rapport au pavillon de la trompe. L'orifice abdominal de Toviducte, en débouchant vers le milieu du pavillon, oblige toute la partie supérieure de celui-ci à se replier en dedans ; il se forme de cette manière un ligament entre loviducte et cette portion réfléchie du pavillon. Chez les formes où Vostium est situé à la partie supérieure du pavillon {femme et Orang-outang), la portion réfléchie du pavillon manque, et la capsule ovarique n'existe pas. 2° Avec la position plus ou moins interne que la frange ova- rique occupe à la surface de l'ovaire. Ce point d'insertion, en se reportant de plus en plus en dedans, entraîne toute la portion proximale du pavillon, et l'amène à envelopper de plus en plus la partie externe de l'ovaire. La capsule ovarique se fermerait donc, dans notre hypothèse, de dehors en dedans et, entraînant ainsi l'oviducte, obligerait celui-ci à décrire une circonvolution autour de l'ovaire. Une cir- convolution de ce genre existe d'ordinaire chez les carnassiers qui ont une capsule ovarique complète ou presque complète. Enfin, la capsule ovarique devrait, dans notre hypothèse, se fermer en dernier lieu du côté interne. C'est ce qui a lieu chez le Chien et l'Hermine, où cette capsule présente du côté interne un petit orifice. Les deux séries de modifications que nous venons de citer expliquent d'une manière assez satisfaisante les formes de cap- sules complètes ou incomplètes que l'on observe chez les carnas- siers, les ruminants, les rongeurs et les primates. Cependant, chez les insectivores d'une part, chez les Marsu- piaux et les Monotrèmes de l'autre, on observe des capsules ovariques ayant une forme et des caractères entièrement difl*é- rents. Nous comptons consacrer un autre travail à l'étude de ces capsules. Nous voyons, d'après tout ce qui précède, que la femme et POrang-outang (sans doute aussi les autres anthropomorphes, OVAIRES DES MAMMIFÈRES. 135 le Chimpanzé d'après Mayer) (I) sont, de tous les primates, ceux dont Tovaireale rapport le moins étroit avecToviducie et la posi- tion la plus indépendante. Chez ces deux espèces, la continuité entre Tépithélium ovarique et celui du pavillon est inconstante; chez l'un aussi bien que chez l'autre, il n'y a aucune trace de capsule ovarique. C'est tout au plus si l'on peut admettre, avec beaucoup de bonne volonté, une dépression du ligament large, une fossa ovarica. Si l'on descend la série des primates, on trouve chez tous une continuité constante entre l'épithélium ovarique et l'épithélium tubaire; chez les Catarrhinins, il existe une ébauche de capsule ovarique; chez les Lémuriens (s'il est permis déjuger d'après une espèce), cette capsule devient beaucoup plus ample et plus complète, et s'approche davantage de ce que l'on observe chez la plupart des quadrupèdes (notamment les carnassiers). Nous n'avons malheureusement eu sous les yeux aucun ovaire de Pla- tyrrhinin. CHAPITRE SECOND. I. — Parovarium. Le parovarium de la femme est constitué (Henle (IV), Lusch- ka (V), Owen (VI), etc.) par un système de tubes logés entre les deux feuillets du ligament large, dans la partie de ce ligament qui est comprise entre l'oviducte et le mésovarium. Un tube longitudinal, parallèle à l'oviducte, et situé près de celui-ci, reçoit une série de tubes d'un calibre moindre, à trajet sensible- ment vertical, n'atteignant ordinairement pas le hile de l'ovaire, vers lequel ils ont parfois une tendance à converger. Un de ces lubes, ordinairement le plus externe, se renfle sou- vent à son extrémité libre, qui se détache alors de la surface du ligament large avec une partie plus ou moins longue du tube, et constitue ce que l'on a appelé Vhydalide. Chez l'Orang-outang, nous avons trouvé un parovariun analo- gueà celui de la femme, ayant les mêmes dimensions par rapport i36 JULES MAC LEOD. aux organes reproducteurs. Le tube horizontal, comme les tubes verticaux, est ondulé. Le nombre de ceux-ci est de huit environ. 11 n'y avait, chez l'individu examiné, aucun autre reste du corps de Wolff, ni aucune trace d'hydatides. Chez de grandes espèces, comme la femme et l'orang, il est facile de disséquer le parovarium. On peut enlever aisément, au moyen de ciseaux fins, Tun des deux feuillets séreux entre les- quels il se trouve compris, et étudier parfaitement tous ses rapports. Il n'en est pas de même chez les autres formes beaucoup plus petites. Chez celles-ci, une dissection macroscopique ne donne guère de résultats. Des coupes transparentes à travers le liga- ment large peuvent, seules, permettre l'étude du parovarium. Nous avons trouvé cet organe chez le Patas et le Macaque, seuls parmi toutes les formes examinées (fig. 12). Il se présente chez ces deux singes sous la forme de quelques petits tubes à direction variable, situés dans l'épaisseur du liga- ment large, à la même place que l'organe de Rosenmiiller chez la femme. A en juger d'après nos coupes, il n'y a pas de canal horizontal. Les canalicules du parovarium sont cylindriques, à epithelium cuboidc, à lumière centrale large. Nous n'avons jamais trouvé aucun reste du corps de Wolff ni au niveau du bile de l'ovaire, ni dans l'épaisseur du parenchyme de celui-ci. IL — ViLLOSITÉS VASCULAIRES DU LIGAMENT LARGE. Kehrer (XII), cité d'après Waldeyer, a décrit sur le feuillet supérieur du mesometrium de la Vache desvillosités vasculaires. Waldeyer [loc. cit. page 13) a trouvé des formations de ce genre dans un assez grand nombre de cas. Nous avons rencontré des villosilés vasculaires chez l'Orang- outang et le Cynocéphale. Chez l'Orang, ces productions sont au nombre d'une dizaine environ ; presque toutes sont situées à la surface de la séreuse qui enveloppe l'oviducte. OVAIRES DES MAMMIFÈRES. 137 Elles ont la forme de petites massues, longues de 3 à 4milli- mètres environ, et épaisses de 1 '/a millimètre au niveau du pédicule, de 1 millimètre ai ^2 millimètre au niveau delà partie terminale renflée. Ces villosités contiennent une anse vasculaire, dont les deux branches sont tournées en spirale Tune autour de l'autre. On observe chez le même animal, à la surface du ligament large, au niveau de l'extrémité interne de Tovaire, deux ou trois villosités, très fines, formées de trois ou quatre branches qui naissent séparément de la séreuse et se rejoignent à quelques millimètres au dessus de la surface de celle-ci. Chez le Cynocéphale, il n'existe qu'une ou deux de ces villo- sités, placées près de l'extrémité interne de l'ovaire, sur le liga- ment ovarique. Elles sont sensiblement claviformes, très grosses en propor- tion de leur longueur; elles mesurent 5 à 4 millimètres de long, et 2 à 3 millimètres d'épaisseur au niveau de leur partie termi- nale renflée. IIÎ. — Structure générale de l'ovaire. L'ovaire de tous les primates que nous avons examinés pré- sente la même structure générale que la glande génitale de la femme. On y distingue une albuginée assez épaisse, existant d'une manière constante, et formée le plus souvent de trois couches de fibres conjonctives, à directions perpendiculaires entr'elles (fig. 10). Le stroma de l'ovaire est formé de tissu con- jonclif ordinaire et ne présente pas la division en comparti- ments que l'on observe chez certaines espèces (Hermine, etc.). Il peut se diviser assez régulièrement en deux régions, une masse centrale, médullaire, renfermant les gros vaisseaux san- guins, et une partie périphérique, corticale, dans laquelle les follicules sont disposés assez régulièremont en trois couches, qui sont, en allant de la périphérie au centre : couches des follicules primordiaux, des follicules secondaires et des follicules défini- tifs (fig. 2a, 4a, 5a, 6a). 138 JULES MAC LEOD. IV. — Epithelium ovarique. Chez la plupart des individus examinés, il n'y avait plus de trace d'un epithelium ovarique proprement dit à la surface de la glande génitale. Chez le Macaque seul, nous avons trouvé un epithelium ova- rique véritable, qui nous a présenté quelques particularités assez intéressantes (fig. 8, 8a, 9, 10, 11). Ce revêtement est d'ordinaire formé de cellules cylindriques fort allongées. Sa surface est unie, et il est assez nettement déli- mité du coté des tissus sous-jacents. En certains endroits (fig. 9) ces cellules, en s'abaissant de plus en plus, deviennent cuboïdes, puis finalement aplaties pa- vimenteuses. Une transition semblable entre un epithelium véritable (par la forme) et un endothelium à la surface de Povaire a été signalée par Éd. Van Beneden ([II) chez certains Chéiroptères et chez le Lapin. Comme l'a déjà fait remarquer l'auteur que nous venons de citer (1), une disposition semblable indique que la distinction entre la notion d'épithélium et celle d'endothélium est peu nette, en particulier pour le cas de l'ovaire. Nous n'avons trouvé dans l'épithéliura ovarique du Macaque aucune cellule qui pût être interprêtée comme ovule primor- dial. Par contre, nous avons rencontré un grand nombre d'invaginations de cet epithelium. Cette particularité présente un intérêt d'autant plus consi- (i) Arch, de BioL, 1. 1, p. 497 : « Les laits que je viens de signaler viennent diminuer encore la valeur analomique de la distinction établie par His entre epi- thelium et endothelium. Le beau travail de Neumann, en démontrant chez la Grenouille l'identité originelle des ilôts cylindriques vibratiles et des cellules endothéliales du péritoine, en établissant qu'un epithelium cylindrique peut se transformer en un endothelium plat et vice-versâ, a enlevé toute importance principielle à la classification de His. Semper a prouvé que l'épithélium superficiel du testicule peut se transformer en un endothelium sans perdre ses vertus ger- minatives. » OVAIRES DES MAMMIFÈRES. 139 dérable qu'il s'agit d'un individu complètement adulte, et même, pour autant que l'on pouvait en juger, assez âgé. Nos figures iO et H représentent quelques-unes de ces formations. On voit sous l'épithélium une albuginée épaisse (fig. Il), mesurant en moyenne 40 p.. d'épaisseur, et formée de trois couches de fibres conjonctives, à directions perpendicu- laires entre elles. L'épithélium envoie dans l'épaisseur de cette albuginée des bourgeons pleins, dirigés parallèlement ou obliquement par rapport à la surface. Quelques-unes de ces invaginations traversent presque toute l'albuginée. Nous n'y avons jamais vu aucune cellule qui ressemblât à un ovule primordial. Le nombre de ces invaginations était considérable chez l'in- dividu examiné ; nous en avons compté en moyenne une quinzaine parfaitement caractérisées sur le pourtour d'une coupe transversale complète de l'ovaire. Certaines coupes, moins favorisées sous ce rapport, ne présentaient que quatre ou cinq de ces invaginations sur leur pourtour. Des productions de ce genre ont été rarement décrites chez des mammifères adultes. Koster (VII) a observé chez des femmes de 32 et 57 ans, mortes peu après un accouchement, et chez des jeunes filles de 16 et 17 ans, des prolongements de l'épithélium engagés dans les tissus sous-jacents. A l'extrémité de ces bourgeons se trouvaient des œufs primordiaux situés au milieu des cellules épithéliales. Nous n'avons pu répéter celte dernière observation. Nous avons trouvé des follicules primor- diaux dans le voisinage immédiat de l'extrémité des bourgeons épithéliaux, sans que nous ayons pu constater de relation entre eux. Outre les productions que nous venons de citer, l'épithélium ovarique de noire Macaque présente encore de nombreux replis, qui sont représentés figures 8, 8a et dO. Ces replis sont très rapprochés les uns des autres, et ont un développement 1res varié, comme on peut s'en assurer par l'inspection des figures. Ces replis et les invaginations dont nous avons parlé plus haut semblent être des productions de même nature, et sont 140 JULES MAC LEOD. reliés entre eux par des étals intermédiaires. ïl est probable que ce que nous avons appelé replis ne sont autre chose que des invaginations au début de leur développement. Il n'est peut-être pas inutile de faire observer que l'ovaire qui nous a présenté les particularités dont on vient de lire la description, renfermait un corps jaune entièrement développé. V. — Ovules. Zona pellucida. — Waldeyer a observé que, chez le lapin, la zoiia pellucida se compose de deux couches ; une externe que nous appellerons avec Éd. Yan Beneden, couche granulée externe, et une interne que cet auteur désigne sous le nom de couche radiée ou striée. Balfour (Vili) a également observé celte disposition ; il considère la couche granulée comme un reste de la membrane vitelline. Waldeyer (II), au contraire, la regarde comme un produit des cellules granuleuses. Le professeur Éd. Van Beneden (III, X et XI) a décrit et flguré les deux couches de la zone pellucide chez le lapin et des chéiroptères [Rhinolophus ferriim-equinum) etc. L'externe ne se présente qu'autour d'ovules mûrs ou presque mûrs, soit encore situés dans l'ovaire, soit déjà engagés dans l'oviducle. D'après cet auteur (III, p. 514), deux hypothèses entre les- quelles il est jusqu'ici impossible de se prononcer peuvent rendre compte de la formation de la couche granulée : elle est, ou bien un produit de différenciation de la couche externe de la zone pellucide, ou bien un produit de formation des cellules du disque proligère. Le fait que cette couche ne se forme qu'après l'existence de la couche radiée, ne permet d'admettre ni l'opinion de Balfour rapportée plus haut, ni l'idée de Waldeyer, d'après laquelle la couche radiée serait un produit de modilication de la couche granulée. Chez tous les primates que nous avons examinés, la couche OVAIRES DES MAMMIFÈRES. M\ granuleuse a une épaisseur considérable ; voici quelques men- surations qui en donneront une idée : Maki Ovule (diam. vitellus) 3d fx. Zone radiée 5 ^. Zone granulée. 0. — — ( — ) 65 At. — 9 fjL. - 9 fi. Cynocéphale . . — ( — ) ^7 f^. — 6 /*. — 6-9 /jl. Semnopithèque . — ( — ) 70 /* — 6 fi. — 5-4 ft. Chez tous les ovules d'un certain âge, la division en zone radiée et zone granulée peut être observée. Nous n'avons jamais vu d'une manière certaine des pores dans la zone radiée ; par contre, une striation concentrique ordinairement très nette semble diviser la membrane pellucide en diverses couches; les parties les plus internes absorbent toujours beaucoup plus les matières tinctoriales (carmin, cosine, hématoxyline etc.) que les parties externes. Il existe un passage gradué entre la couche striée et la couche granulée, et la limite entre celle-ci et la substance des cellules du cumulus proligère est fort difficile à indiquer. Vitellus. — Nous n'avons pas l'intention de nous étendre longuement sur la structure de l'ovule. Nous nous contenterons de rapporter quelques observations que nous avons faites chez les primates. Chez le Maki examiné par nous, tous les ovules contenus à l'intérieur des follicules secondaires ou définitifs présentent à leur périphérie une couche densément granuleuse, mesurant à peu près en épaisseur un huitième â un dixième du diamètre total de l'ovule. Cette couche périphérique, qui absorbe beaucoup plus les matières colorantes que le reste de l'ovule, est parfois nettement limitée du côté interne (fig. 15, ovule de droite); d'autres fois, cette délimitation interne est plus vague (id. ovule gauche). Beaucoup de ces ovules sont comme retractés à l'intérieur de la zona pellucida (1), sans avoir perdu pour cela leur forme (1) Ceci peut tenir au réactif employé. (Liq. de Miiller.) 142 JULES MAC LEOD. sphérique ni leurs contours réguliers; d'autres fois ils remplis- sent entièrement la zone pellucide, et dans les deux cas la zone périphérique existe avec les mêmes caractères. Quelques ovules isolés dans l'ovaire d'autres espèces (Orang, Macaque, etc.) nous ont présenté la même particularité. Les matériaux que nous avons eus entre les mains, ayant été traités par la liqueur de Miiller, ne présentaient par conséquent pas toutes les garanties désirables de bonne conservation; toutefois la constance de la particularité dont nous venons de parler et sa grande netteté nous ont engagé à lui consacrer ces quelques lignes. Pfluger, Éd. Van Beneden (llî fig. 19, 20et 21 delà pi. XXIÏ.) et d'autres auteurs ont décrit dans l'œuf des mammifères plusieurs couches de composition différente. Van Beneden notamment en distingue trois : inasse médullaire, couche inter- médiaire et couche corticale du vitellus. D'après Pfluger (XI), il y aurait un vitellus interne et un vitellus externe beaucoup plus fortement granuleux chez les petits ovules. Il est plus que probable que les images que nous avons observées sont en rapport avec cette division de l'ovule en zones. Mais l'insuffisance des réactifs employés ne nous permet pas d'attacher une grande importance à cette observation. LISTE DES OUVRAGES CITÉS DANS LE COURS DE CE TRAVAIL. I. D' Mayer, Zur Anatomie des Orang-Utang und des Chimpanse. Bonn, 1856. II. Waldeyer, Eierstock und Et. Leipzig, 1870. III. Ed. Van Beneden, Contribution à la connaissance de l'ovaire des Mammifères, Arch, de Biologie, t. I, 1880, p. 475. IV. Henle, H andbuch der Anatomie des Menschen. V. LuscHKA, Id., id. Vf. Owen, Comparative anatomy of vertebrates, vol. III. VII. Koster, Onderzoek omtrent de vorming van eieren in liei ova- OVAIRES DES MAMMIFÈRES.' 143 rium der Zoogdieren. Meded. der Kon. Acad. der Wetenschappen, S'i^ reeks, deel III, 4808. VIII. Balfour, On the structure and development of vertebrate ovary. IX. Éd. Van Beneden, Recherches sur l'embryologie des Mammi- fères. — La formation des feuillets chez le Lapin. Arcai, de Biol., t. I, p. 136. X. Éd. Van Beneden et Ch Julin, Observations sur la maturation, la fécondation et la segmentation de l'œuf chezles Chéiroptères. Arch. DE Biol., 1880, p. 551. XI. Pfluger, Die Eierstôeke der Sàugethiere vnd des Menschen. Leipzig, 1865. XII. Kehrer, Ueberden Pank'schen Tubo-ovarialen Bandapparat u. s. w. Henle und Pflîjger 's Zeitschrift FÏJR rationelle Medicin. 3 Reihe, Bd. 20, 1863. (Cité d'après Waldeyer, loc. cit.) EXPLICATION DES PLANCHES. '^^ iV. B. Dans toutes les figures, les lettres suivantes conservent la même signification, o. = Ovaire. lo. = Ligament de l'ovaire. t. = Oviducte. p. = Pavillon. //. = Ligament large V. = Vaisseaux sanguins. Ip. = Ligament reliant le pavillon à Toviducte. u. = Origine de l'oviducte. ad. = Bourrelet adipeux contenu dans l'épaisseur de la capsule ovarique. Fig. 1 . Ovaire de la femme (jeune fille de 19 ans, d'après Waldeyer, foc. cit., pi. I, fig. 4), X, limite de l'épitbélium ovarique. Fig. 2. Ovaire d'un Orang-outang à moitié adulte environ. L'ovaire a été déjeté vers le bas, — w, villosités vasculaires; - or, organe de Rosenmùller. Fig. 2a. Coupe transversale de l'ovaire de l'Orang-outang. L'ovaire contient des follicules de De Graaf à divers états de développement , des vaisseaux sanguins et f, follicules en voie d'atrésie. 144 JULES MAC LEOD. — OVAIKES DES MAMMIFÈRES. Fig. 3 et fig. 4. Ovaires du Semnopithecus enlellus et du Cercopilhecus ruber, vus par devant. L'ovaire, le ligament de l'ovaire et le pavillon sont en grande partie cachés. A gauche de l'orifice de la trompe {ot) s'étend la portion supérieure du pavillon ; la por- tion inférieure est presque enlièrement cachée. Le ligament {Ip) reliant la portion supérieure du pavillon à l'oviducte s'étend en dedans jusqu'à l'origine de celui-ci (a). Fig. 4a. Section transversale de l'ovaire du Cercopilhecus ruber (fait sui- vant la ligne ss de la figure 4). Fig. 5. Ovaire du Macacus rhesus, examiné par la face postérieure. Une portion de l'oviducte est supposée vue par transparence à travers l'ovaire. On peut se rendre parfaitement compte de la forme du pavillon, formé d'une partie horizontale interne par rapport à Vostium tubae, et d'une partie verticale inférieure par rapport à cet orifice. Fig. oa. Coupe transversale de l'ovaire du Macaque, cl. corps jaune. Fig. 6. Oviducte de Cynocéphale, vu par devant. L'ovaire et la portion infé- rieure du pavillon sont entièrement cachés. Fig. 6a. Coupe transversale de l'ovaire du Cynocéphale, faite de la même manière que celle qui est représentée fig. 4 a fg., follicule de De Graaf dont le contenu est tombé. Fig. 7. Ovaire du Lemur (nigrifrons'ì) examiné par la face postérieure, ut, corne de l'utérus. (La capsule ovarique incomplète est beaucoup plus ample que chez les formes précédentes.) Fig. 8 et fig. 8a. Epithelium ovarique du Macaque, avec replis. La ligne 5S de la fig. 8 indique le sens suivant lequel la coupe représentée fig. 8a a été faite. Fig. 9. Epithelium ovarique du même : transition entre l'épithélium cylin- drique et les cellules plates. Fig. 10. Id., id, r replis; i invagination; f, portion d'une invagination séparée de la surface (par un hasard de la coupe?) fg. jeune follicule de De Graaf. A. Albuginée, formée de trois couches, dont la moyenne a des fibres dirigées perpendiculairement au sens qu'elles occupent dans les deux autres. S stroma de l'ovaire. Fig. H. Id., id., i invagination ; %', id. coupée transversalement ; e renflement terminal. Fig. 1:2. Canalicule de l'organe de Rosenmùller du Cercopithèque. Fig. 13. 2 ovules du Lemur nigrifrons, œ couche périphérique du vitellus, fortement granuleuse. La zone pellucide est divisée en zr zone stradiée à striation concentrique et zp zone ponctuée ; sur cette dernière s'insèrent les cellules cp du cumulus proiiger. L'ovule de droite a subi un retrait. SUR L'APPAREIL EXCRÉTEUR DES TURBELLARIÉS RHABDOCŒLES ET DENDROCŒLES; Par P. FRANCOTTE. (Travail du laboratoire d'anatomie comparée de l'Université de Liège.) On connaissait peu, jusque dans ces derniers temps, les ori- gines des canaux excréteurs chez les Platodes. Dans un travail récent, J. Fraipont (1) a prouvé que, chez les Trématodes adultes aussi bien que chez divers Cestodes, les der- nières ramifications de l'appareil excréteur aboutissent à des entonnoirs ciliés; ceux-ci sont en communication par un orifice avec des espaces lacunaires qu'il considère comme représentant virtuellement la cavité générale des corps. Cette conclusion est importante, attendu qu'elle démontre que ni les Trématodes ni les Cestodes ne sont des vers acœlo- mates dans le sens que Haeckel (2) a attribué à ce mot. Il y avait lieu, dès lors, de se demander s'il existe réellement des vers (1) Fraipont, Arch, de Biologie, 1. 1, fase. 111. (2) H^CKEL, Die Gastrœa-Theorie. 10 J 46 p. FRANCOTTE. acœlomates. Il était important de rechercher si les mêmes dispo- sitions existent chez les Turbellariés Rhabdocœles et Dendro- cœles. J'ai entrepris , dans ce but, des études qui m'ont conduit à quelques résultats que je crois utile de consigner dès à présent. Je ne m'occuperai, dans cette première communication, que de l'appareil excréteur d'un Derostomiim que je trouve en abon- dance dans un petit ruisseau à Andenne, vivant de compagnie avec \eTubifexiivulorum dont il fait sa nourriture. Cette espèce me paraît distincte du Derostomiun unipuncta- tum d'Oersted (1), la seule espèce du genre actuellement connue. Je me réserve d'en donner ultérieurement une description complète. DéjàO. Schmidt (2) a signalé la présence de vaisseaux aqui- fères chez le Derostomum unipunctatum. Le même auteur a trouvé ce même appareil chez plusieurs autres espèces de Rhabdocœles, entre autres chez plusieurs Mesostomum et chez le Prostomum lineare. Le système ditaquifère de cette dernière espèce a été ultérieurement étudié et partiellement décrit par Hallez (5). Max Schultze (4) signala, sous le nom de canaux aquifères, le même système chez le Prorhynchus stagnalis ainsi que chez d'autres Rhabdocœles. Schneider (5) a vu chez le Mesostomum Ehrenbergii des or- ganes infundibuliformes, se rattachant à l'appareil excréteur, dans lesquels se trouvait inséré un long fouet vibratile; mais il n'a pas vu de communication entre ces appendices et le tissu ambiant. (1) Oersted, Entwurf einer system. Einth.^iSii. (2) 0. Schmidt, Die Rhabdocœlen StudehvUrmer des sUssen Wassers. Jeudi, 1848. (3) Hallez, Arch, dezool. exp., vol. II, pp. 569 et suiv. (4) Max-Schultze , Beitrage zur Naturgeschichte des Turbellarien. Greifs- wald, 1851. (5) Ant. Schneider, Untersuchungen Uber Plathelmintherifp. 29, 1873. rURBELLARIÉS RHABDOCOELES ET DENDROCOELES. 147 Chez lesDendrocœles, l'appareil excréteur a été signalé : 1° Par Dugès (1), chez les Planaires d'eau douce et chez les Trémellaires; 2° Par 0. Schmidt (2), chez la Cercira hastata; 5° Par Moseley (5), chez les Dendrocœlum, la Leptoplana tre- mellaris et les planaires terrestres; 4" Par Kennel (4), chez les Dendrocœlum et les Planaria, Toutefois, Hallez (5) nie l'existence de cet appareil excréteur chez les Dendrocœles. J'ai constaté, de la façon la plus évidente, que ce système existe chez la Planaire blanche; j'y ai vu les lobules vibratiles signalés par d'autres auteurs. Quant aux Némertiens, leur appareil excréteur a été décrit par Max Schultze (6) dans le genre Tetrastemma. Hubrecht (7) a confirmé ces observations et l'a découvert chez les Linens et les Meckelia; enfin, Kennel (8) a trouvé les mêmes canaux chez un certain nombre de Némertiens. L'appareil excréteur du Derostonmm que j'étudie est formé de deux canaux principaux placés longitudinalement de chaque côté de la ligne médiane; ils se réunissent en avant pour former une anse immédiatement au-dessus du bulbe pharyngien; les branches internes des deux anses sont en communication par une branche transversale au milieu de laquelle se trouve l'ori- fice externe de tout le système aquifère. Vers le tiers antérieur, vis-à-vis des organes sexuels, on voit de chaque côté ces vais- (1) Dugès, Recherches sur Vorganisation et les mœurs des Planariées, Ann. scient, uat., t. XV. (2) 0. Schmidt, Die Bhabdocœlen, etc. Iena, 1848. - Zeit. fiir wiss. Zool., p. 17, 1862. (3) Moseley, On the Anatomy and Histologie of the land. Planar ians of Ceijlan. (4) KeiNNEl, Beiirage zur Kenntniss der Nemertinen. Arb, ans dem Zool. Zoot. Inst, in Wiirzburg, 1878. (5) Hallez, Conlribution à I'liist. nat. des Turbellariés, p. 23, Lille, 1879. (6) Max Schultze, Loc. cit. (7) Hubrecht, Aanteekeningen over de Analomie der Nemertinen, 1874. (8) Kennel, Loc. cit. 148 p. FRANCOTTE. seaux se réunir et s'entortiller sur eux-mêmes. Postérieure- ment, ces deux canaux se réunissent encore en se pelotonnant de nouveau, de façon à former un véritable glomérule. Dans l'intérieur de chacun de ces canaux, on trouve jusqu'à trente flammes vibraliles dans la longueur du corps. Les deux paires de canaux sont en communication avec un système de vaisseaux beaucoup plus uns, s'anastomosant dans tout le corps de façon à former un réseau à mailles irrégulière- ment polygonales. C'est dans la partie antérieure, sur les côtés et vers la partie postérieure du corps que ces canalicules réticulés se découvrent le mieux. Sur des animaux nouvellement pris au ruisseau, il est impossible de rien apercevoir; l'observation des gros troncs est même difficile alors. Le tube digestif, gorgé de nourriture et surtout le grand développement des deutoplasmi- gènes rendent l'animal complètement opaque. Privé d'aliment pendant quelque temps, il devient suffisam- ment transparent pour permettre les observations. Sur des individus très jeunes, non encore sexués , alors que les deuto- plasmigènes sont à l'état rudimentaire, l'étude est possible immédiatement après sa capture; mais là encore des difficultés se présentent; c'est d'abord la grande ténuité des diff'érentes parties du système que nous étudions; ensuite, la grande déli- catesse des tissus qui fait que la moindre pression de la lamelle à recouvrir détruit immédiatement l'animal. C'est là un inconvé- nient qui se présente, il est vrai, chez Tindividu adulte, mais à un degré beaucoup moindre. Des canalicules réticulés, comme aussi des troncs principaux, partent des branches plus ténues encore qui se terminent enfin en se renflant légèrement en massues- Je n'ai jamais constaté de vibration dans ces entonnoirs termi- naux comme cela s'observe chez les Cestodes et les Trématodes et comme Ant. Schneider l'a observé chez le Mesostomum E/irenbergii, Tout ce système de canaux est rempli d'un liquide clair char- riant des corpuscules peu nombreux, mais identiques à ceux que TURBELLARIÉS RHABDOCOELES ET DENDROCOELES. 149 je trouve dans les espaces lymphatiques, dont il sera question plus loin. 0. Schmidt avait déjà figuré les gros canaux du Derostomum iinipunctatiim. Il en a vu les deux anses latérales; mais la branche transverse qui réunit les deux troncs internes des anses lui a échappé. Il n'a donc pas vu l'ouverture externe du système, qui se trouve sur le trajet de cette branche. 11 n'a pas découvert la réunion postérieure des deux troncs latéraux d'un même côté. Quant au reticulum, aux fins canalicules qui en partent et aux dilatations qui les terminent, ils n'ont été signalés par aucun des auteurs qui se sont occupés de l'organisation des Rhabdocœles. Les gros troncs paraissent formés d'une paroi anhyste extrêmement ténue; elle paraît très finement ponctuée. Tous les réactifs en usage dans les laboratoires ont été employés dans l'espoir de déceler une structure dans celte membrane; dès qu'on les met en contact avec eux l'animal se rétracte, et il devient alors impossible de retrouver aucune trace du système aquifère; sur des individus entiers, vus par tranparence et traités par les réactifs, comme aussi sur un nombre considérable de coupes transversales et longitudinales que j'ai faites, je n'ai pu découvrir la moindre trace de ces vaisseaux, même sur les spécimens les mieux conservés. Le diamètre des troncs principaux varie considérablement d'un moment à l'autre; ils présentent des étranglements et de grandes dilatations variqueuses qui changent de place, se portant d'arrière en avant, comme si une grande quantité de liquide refluait tout à coup de la partie postérieure vers la partie anté- rieure; puis les canaux reprennent leur diamètre normal pendant quelques moments. L'animal est-il inquiété par le mouvement du couvre-objet ou par une pression trop forte, aussitôt tout disparaît; des vais- seaux aquifères, on ne retrouve plus rien. Dans tout le corps, on trouve des lacunes remplies de corpuscules très-petits, sem- blables à ceux que l'on trouve dans les canaux excréteurs; un grand nombre de canalicules très ténus, sans parois propres, réunissent entre elles ces lacunes; souvent ces canalicules 150 p. FRANCOTTE. sont juste assez larges pour y laisser passer un corpuscule, de telle sorte qu'on voit d'une lacune à l'autre des traînées de cor- puscules alignés en une rangée unique. Ces espaces et les cana- licules qui les réunissent entre eux forment un réseau à larges mailles traversant le parenchyme conjonctif de l'organisme {tig. 2). C'est dans la partie antérieure , entre le bulbe et l'extrémité du corps, que ces lacunes sont les plus étendues; c'est là aussi que l'on peut le mieux étudier les mouvements des corpuscules qui se transportent lentement d'une lacune à l'autre. Quels sont les rapports de ce système de lacunes avec les canaux aquifères? Les extrémités renflées des tubes fins du sys- tème aquifère communiquent par des orifices avec les petits espaces lymphatiques qui les entourent ; j'ai vu en effet les cor- puscules déjà signalés dans le système aquifère passer par ces orifices, s'engager dans les canalicules terminaux de l'appareil excréteur. On peut suivre la communication de ces dernières lacunes par de minces canalicules avec le réseau lymphatique que nous avons décrit plus haut. // résulte de ces observations que, chez le Derostormun, de même que chez les Trématodes et les Cestodes^ les origines de l'appareil urinaire consistent dans des dilatations terminales ouvertes; celles-ci communiquent avec des lacunes lymphatiques siégeant dans le tissu conjonctif. Notre conclusion est conforme à l'opinion émise par Graaf , qui signale aussi parmi les Turbel- lariés des espèces munies d'un cœlome rudimentaire contenant un liquide périentérique. Nous avons entrepris ce travail sur le conseil de M. le profes- seur Éd. Van Beneden, notre maître; qu'il reçoive ici nos remer- cîments pour la direction qu'il a bien voulu nous donner dans le cours de nos recherches. TURBELLARIÉS RHABDOCOELES ET DENDROCOELES. Ibi EXPLICATION DE LA PLANCHE X. a — fente buccale. b = orifice externe du système aquifère. c = orifices des extrémités en entonnoir. f = flammes vibratiles dans les canaux latéraux de premier ordre. / — espaces lymphatiques, m = canalicules qui les réunissent. RECHERCHES SUR LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIN. LIGATURE DES VAISSEAUX DE LA BASE DU COEUR PENDANT LA RESPIRATION NATURELLE. ÉVALUATION DE LA QUANTITÉ DE SANG CONTENUE DANS LES POUMONS; PAR Paul HEGER et Emile SPEHL. (Planche XL) L'étude de la circulation pulmonaire a fréquemment préoc- cupé les physiologistes, surtout depuis dix ans; cependant on peut affirmer que jusqu'à ce jour il n'a pas été possible de déter- miner avec suffisante précision l'influence réelle des mouvements respiratoires sur la quantité de sang qui se trouve dans les poumons. C'est qu'en effet le réseau vasculaire qui part du ventricule droit pour aboutir à l'oreillette gauche du cœur, est presque inaccessible à l'observation directe ; on peut, chez les Batraciens, faire hernierle poumon et l'inspecter au microscope; mais alors même que l'on procède à cette expérience avec les soins minu- tieux que recommande Holmgren(l),onne peut jamais avoir sous (1) Holmgren, 1874, Méthode zur BeobachUing des Knislaufes in der Frosch lungi. Lud wig's Feslgabe, Seite XXXI II. il 154; PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. les yeux qu'un poumon distendu par insufflation d'air dans la trachée ; abandonné à lui-même quand la poitrine est ouverte, le poumon obéit à son élasticité et se dérobe complètement à l'ob- servation. Tous les expérimentateurs se sont donc trouvés jusqu'ici dans cette alternative : ou bien dans leurs recherches ils respectent la cage thoracique, maintiennent le vide pleural, et, dans ce cas, ils ne peuvent espérer que des renseignements indirects et incomplets sur les phénomènes particuliers de la circulation pulmonaire; ou bien ils ouvrent le thorax, ont recours à la respi- ration artificielle et commettent la faute de comparer les etïets de cette dernière à ceux de la respiration naturelle. Pour éviter toute erreur il faudrait pouvoir expérimenter sur les poumons sans interrompre un seul instant la respiration normale; ce desideratum a longtemps paru irréalisable et c'est pourquoi Ton a cherché à imiter le mécanisme de la respiration en soumettant au vide des poumons isolés traversés par du sang défibriné. Dans ce but ont été construits différents appareils (Lungenkasten) destinés à remplacer la cage thoracique et à placer les poumons dans des conditions analogues à celles où ils se trouvent pendant la vie; la méthode suivie en premier lieu par MM. Quincke et Pleifrer(i) fut adoptée partons les physiologistes qui, à leur exemple, admirent que la perméabilité des poumons, pour le sang aussi bien que pour l'air, dépend des pressions exercées à la surface alvéolaire et à la surface pleurale de ces organes. Les expériences faites au moyen de la Lungenkasten sont assez connues pour que nous puissions nous dispenser de les décrire ici, et d'ailleurs elles ont été résumées, à différentes reprises, par l'un de nous (2). Le seul point sur lequel il nous importe aujourd'hui de fixer l'attention du lecteur, est celui-ci : le procédé de circulation artificielle n'a été imaginé et mis en usage que parce qu'il paraissait impossible de recourir à l'examen direct de la circulation du sang dans les poumons des (1) Archiv. fur Anatomie, 1871, p. 90. (2) Heger, Expériences sur la circulation du sang clans des organes isolés. Bruxelles, 1873. LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIN. 135 Mammifères. Que la Lungenkasien fiil un appareil défectueux, exposant les poumons à des influences défavorables telles que l'isolement et le froid (sans parler du maniement toujours nui- sible d'un organe aussi délicat), personne ne l'a jamais mis en doute; mais il fallait bien recourir à cet appareil puisque sa disposition ingénieuse permettait seule de reproduire le méca- nisme complexe de la respiration naturelle. Pour améliorer le procédé primitif, on fit de nombreuses tentatives dont la plupart se proposaient de régulariser l'afflux sanguin en imitant les variations de pression du ventricule droit. Le cœur et les poumons sont en connexion si directe, leurs rapports sont si intimes et si complexes qu'il devait être réelle- ment impossible de reproduire en dehors du corps toutes les influences réciproques qui s'exercent entre ces deux organes; aussi les expérimentateurs se trouvèrent-ils bientôt divisés, et ce, au grand détriment de la question qu'ils espéraient résoudre : les uns, comparant le cœur à un réservoir passif à parois dilatables, se préoccupèrent beaucoup de l'influence du vide sur la systole ventriculaire et sur la diastole de l'artère pulmonaire; les autres, tenant compte de l'afflux sanguin que le vide thoracique déter- mine vers le cœur, envisagèrent la question à un tout autre point de vue; ainsi prirent naissance deux opinions qui comptent un nombre à peu près égal de partisans convaincus, et pourtant opposés : pour Quincke et Pfeifî"er et pour tous les partisans de leur théorie, l'inspiration naturelle ne favorise pas le passage du sang à travers le réseau pulmonaire : elle aff'aiblit l'effort systo- lique du cœur et diminue par conséquent la quantité de sang qui se trouve dans les poumons. Pour tous ceux qui ne partagent pas cette manière de voir (et nous croyons être les premiers qui l'avons combattue), Tinspiralion, tout en diminuant la force du ventricule, favorise en somme la circulation pulmonaire et, dans la respiration naturelle^ c'est au moment où les poumons con- tiennent le plus d'air qu'ils contiennent aussi le plus de sang (i). (I) Pour le développemenl de celle théorie, voir Les lois de la circulalion pulmonaire, dans ina thèse, 1875, p. 54, et les expériences complémentaires, dans mon dernier travail (Annales de l'Université), 1880, p. 117. iS6 PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. II ne s*agit pas ici d'un simple problème de mécanique dont l'intérêt serait purement abstrait, la question qui s'agite est de la plus haute importance au point de vue de la pratique médicale et il faut absolument qu'une solution définitive lui soit donnée : y renoncer, ce serait vouloir appliquer en aveugle ces méthodes ingénieuses de traitement parles atmosphères à pression variable, auxquelles les récents travaux de Paul Bert viennent d'assurer une nouvelle valeur; d'ailleurs tout ce qui se rapporte aux fonc- tions cardio-pulmonaires si souvent altérées dans l'état morbide, mérite de fixer l'attention des praticiens. Nous proposons aujourd'hui un procédé nouveau d'expéri- mentation qui, nous osons l'espérer, permettra de résoudre définitivement la question en litige; à l'exposé du procédé nous joindrons le résultat des premières expériences faites sur les poumons du lapin dans le but d'établir l'influence exercée sur la circulation pulmonaire par la respiration naturelle, ainsi que par les insufflations trachéales. La circulation pulmonaire, chez tous les Mammifères, est-elle réellement aussi inaccessible que les physiologistes l'ont pensé jusqu'ici? Ne peut-on, sanscompromettrela respiration naturelle, chez le Lapin, procéder à l'ouverture du thorax dans des limites largement suffisantes pour permettre d'explorer ce qui se passe dans les poumons? Nous n'aurions jamais peut-être songé à nous poser ces questions si, dans le courant de l'année dernière, pen- dant que nous nous livrions à des recherches par le procédé habituel de la Lungenkasten, l'un de ceux qui nous assistaient (1) ne nous avait fait remarquer certain passage de Claude-Bernard conçu dans les termes suivants : ... « Nous avons pu, sans enta- » mer la plèvre pulmonaire, pratiquer une ouverture, une sorte D de fenêtre par laquelle on pouvait suivre les mouvements du » poumon (2). » Il s'agit, dans ce passage, de la plèvre pulmo- (1) Le docteur V, Jacques, aujourd'hui agrégé à l'Uni versile. (2) Claude-Bernard, Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux, t. II, p. 567. LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LK LAPIN. 1 o7 naire seulement, et apparemment la fenêtre a été pratiquée sur les côtés du thorax, en respectant le feuillet pariétal dont la trans- parence permet d'observer directement les mouvements dos poumons; mais Claude-Bernard, un peu plus loin, remarque cependant qu'il a pu, chez le Lapin, ouvrir le médiastin antérieur sans interrompre la respiration naturelle. Cette affirmation nous amena à entreprendre quelques expé- riences préliminaires dans cette direction : ayant incisé le ster- num, par un trait de scie sur la ligne médiane, chez un petit lapin, nous constatâmes que cette ouverture du médiastin antérieur, même quand on la maintenait béante, ne gênait pas notablement la respiration naturelle. A diverses reprises il nous fut possible d'enlever totalement la portion moyenne du sternum, avec les précautions voulues pour éviter l'hémorragie , et jamais il ne fut nécessaire de pratiquer la respiration artificielle pour conserver l'animal en vie. Ce fait se comprend aisément, lorsque l'on réfléchit à la dis- position de la plèvre à ce niveau : la résection partielle du ster- num ouvre une cavité intermédiaire dont la paroi antérieure est seule lésée pendant l'opération; si l'on y met tant soit peu de prudence, la plèvre ne sera pas intéressée et l'animal continuera à respirer, bien que sa poitrine soit ouverte. L'asphyxie, au con- traire, est immédiate si l'on perfore la plèvre des deux côtés du médiastin. Par la fenêtre sternale pratiquée chez le lapin on aperçoit les organes intra-thoraciques dans leur situation et leurs rapports normaux; à travers la plèvre que sa transparence empêche pres- que d'apercevoir, on peut suivre h'S mouvements des poumons qui obéissent encore au vide et s'abaissent à chaque inspiration. Le péricarde, plus épais que la plèvre, est aussi plus opaque et l'on constate les battements du cœur plus nettement avec la pulpe du doigt que par le secours dos yeux; il en est tout autre- ment lorsque le péricarde a été incisé et laisse le cœur à nu. Malgré l'ouverture persistante du médiastin et l'écartement des parois opposées du sternum, la respiration s'effectue régu- lièrement et le jeu du diaphragme provoque une expansion pul- 158 PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. monaire qui permet de conserver Tanimal vivant pendant des heures. Parfois il arrive cependant que dans les premières mi- nutes qui suivent l'incision sternale, la respiration est anxieuse, saccadée, entrecoupée de spasmes tétaniques qui font craindre l'asphyxie; si la plèvre est intacte, cette gêne ne sera que mo- mentanée, et après quelques convulsions le calme se rétablira ; alors la respiration prend un type diaphragmatique ou abdominal très régulier et toute menace d'asphyxie disparaît. C^est après avoir dûment constaté cette persistance de la respi- ration naturelle chez un lapin dont le médiastin communique avec l'atmosphère, que nous avons imaginé un procédé nouveau d'expérience : il consiste essentiellement dans l'établissement d'une fistule péricardique qui permet de passer autour des vais- seaux de la base du cœur une forte ligature; en serrant celle-ci on emprisonne le sang qui se trouvait dans les poumons soit pendant l'inspiration naturelle, soit pendant l'expiration ; on évalue ensuite cette quantité par le procédé colorimélrique de Welcker. Inutile de rappeler ici toutes les circonstances qui nous ont amenés à améliorer lentement le procédé primitif d'incision du sternum. Pour l'intelligence de la description qui va suivre, il in)porte cependant de se rendre compte des deux inconvénients que nous avons voulu éviter en perfectionnant la méthode suivie à nos débuts : 1° La résection partielle du sternum n'entrave pas l'hématose, il est vrai; mais elle a l'inconvénient de modifier le rhythme de la respiration ; même limitée à l'interstice qui sépare deux côtes, cette résection enlève à toutes les côtes insérées plus bas le point d'appui qui leur est nécessaire pour dilater le thorax en se sou- levant; la respiration devient, par le fait, presque exclusivement diaphragmatique; sans doute la survie de l'animal prouve que la suppléance s'établit d'une manière amplement suffisante; mais nous avons bientôt donné la préférence à un procédé qui, en respectant le sternum, ne modifie en rien la respiration naturelle. 2" Un autre défaut du procédé primitif c'était la suppression du vide péricardique : le péricarde est une cavité close dans LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIi\. 159 laquelle la pression varie par suite des mouvements du thorax et du jeu des poumons ; l'ouverture du médiastin modifiait la pression péricardique en permettant à l'air d'exercer une pres- sion constante au pourtour du cœur ; les mouvements respira- toires ne retentissaient plus sur le médiastin et les conditions dans lesquelles s'exécute la révolution cardiaque normale se trouvaient donc changées; on verra, en lisant la description détaillée que nous allons faire de notre procédé, par quel moyen nous sommes arrivés à supprimer cette nouvelle cause d'erreur. Le manuel opératoire comprend quatre temps : /"■ temps. — Établissement de la fistule péricardique. 11^ temps. — Placement du fil à la base du cœur. IIP temps. — Introduction du tube obturateur et occlusion de la fistule. IV^ temps. — Ligature. Premier temps. Le lapin est fixé sur le chevalet de Czermak comme le représente la figure TIÏ, la tête tendue, les membres supérieurs relevés et maintenus de manière à faciliter le jeu des muscles inspirateurs. L'exploration digitale renseigne sur le siège précis du cœur; toute la légion précordiale est soigneusement rasée, puis on choisit l'espace intercostal à ouvrir en se guidant sur le choc de la pointe; celle-ci bat généralement dans le quatrième espace intercostal. Il faut ouvrir aussi haut que possible, donc en se rapprochant de la base du cœur, sans dépasser toutefois la troi- sième côte; en ouvrant l'espace intercostal qui correspond à la pointe elle-même, on se prépare plus de difficultés pour la suite de l'expérience. C'est donc le troisième espace intercostal que nous choisissons de préférence. L'incision se fait à partir du bord gauche du sternum, dans rétendue d'un centimètre, couche par couche, jusqu'à l'aponé- vrose intercostale interne, en évitant toute effusion de sang; il n'est pas inutile de placer à ce moment des ligatures sur les ter- minaisons sternales des troisième et quatrième côtes, on y arrive facilement avec une aiguille courbe munie d'un double fil. Dès 160 PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. que le feuillet nacré de l'aponévrose intercostale est mis à décou- vert, on renonce à l'instrument tranchant et on achève la perfo- ration au moyen du petit doigt, que l'on introduit doucement jusqu'à ce que l'on sente avec la pulpe le contact du péricarde; si l'animal éprouve à ce moment de violents spasmes respira- toires, on fera bien de maintenir le doigt dans la plaie : ilTobture complètement et s'oppose ainsi au refoulement de la plèvre et à sa déchirure. Le rhylhme respiratoire ayant repris son allure normale, on retire le doigt et, au moyen d'une pince à dents on attire le péri- carde jusqu'à ce qu'il affleure les bords de l'orifice; on l'incise au moyen de petits ciseaux et l'on applique les bords de l'ouver- ture péricardique contre les bords de la fenêtre thoracique; les aides établissent aussitôt quelques points de suture qui fixent aux côtes le péricarde incisé, absolument comme la paroi de l'estomac est fixée à l'orifice tégumentaire dans l'opération de Blondlot. On le voit, le premier temps de l'opération comprend l'éta- blissement d'une véritable fistule péricardique; il serait d'une exécution simple si la nécessité de respecter la plèvre ne le compliquait parfois et si, d'autre part, la fragilité du péricarde et la situation profonde du cœur n'amenaient aussi quelque diffi- culté. Une fois le cœur mis à nu, la partie intra-péricardique de tous les vaisseaux qui en naissent ou qui s'y rendent devient accessible et l'on pourra placer une ligature qui contournera l'aorte, l'artère pulmonaire, les veines caves et les veines pulmonaires; cette partie de l'opération constitue le deuxième temps. Deuxième temps. Le fil destiné à la ligature doit être très solide et assez épais; un fil mince pourrait couper la paroi des vais- seaux en les comprimant; nous nous servons d'un quadruple fil de soie, tordu et ciré; pour passer ce fil derrière le cœur sans soulever celui-ci, nous avons recours à un porte-fil spécial, sorte de stylet courbe à manche d'ivoire dont la courbure doit être tantôt augmentée, tantôt diminuée, selon les dimensions du LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIIH. 161 cœur; il faut en avoir plusieurs à sa disposition parce que, la tige étant rigide, un seul ne peut suffire dans tous les cas (i). Tenant le stylet de la main droite et laissant libre le fil attaché à son extrémité, on contourne le cœur de manière que le fil forme une anse dans laquelle le cœur est compris; les deux extrémités de Tanse étant ramenées à l'extérieur, on refoule Panse elle-même vers la base du cœur, le plus haut possible, de de manière qu'elle contourne les vaisseaux de la base, ou tout au moins les oreillettes, et on laisse les deux bouts de la liga- ture émerger librement de la fenêtre thoracique. Troisième temps. Après que le fil est mis en place , on intro- duit dans la cavité péricardique le tube obturateur destiné : 1° à servir de point d'appui à la ligature au moment oii elle sera serrée; 2" à mettre le sac péricardique en communication avec un manomètre et un appareil aspirateur (2). (1) La figure 1 nous montre deux porte-fils, essentiellement différents; le premier a la courbure dirigée dans le sens de son axe, tandis que, dans l'autre, la courbure est perpendiculaire à la direction du grand axe; le premier est pré- férable chez les animaux d'une certaine i aille, tandis que le second est d'un usage plus facile chez les petits lapins. (2) Pour l'intelligence du procédé, la description succincte de l'appareil repré- sentée figure 2 et que nous venons de nommer le « Tube obturateur, » ne sera pas inutile : Il présente la forme générale d'un Y dont la longue branche est constituée par la réunion de deux tubes métalliques KL, BL, séparés à leur partie supérieure et soudés dans le reste de leur étendue. Ces deux tubes ne communiquent pas l'un avec l'autre; chacun d'eux présente latéralement et en bas, un orifice I, I' de telle sorte que la longue branche de l'Y étant introduite dans une cavité close, les deux tubes communiqueront l'un avec l'autre, par l'intermédiaire de cette cavité elle-même. Le long de la soudure médiane, en N, X, N", N'" et des deux côtés de la tige droite, sont fixés de petits anneaux à travers lesquels passe le fil à ligature; grâce à cette disposition, l'anse de fil E, qui doit au moment voulu serrer la base du cœur, se trouve maintenue au niveau oli elle est placée pai' l'expérimentateur. Les deux extrémités libres du fil sortent des anneaux supé- rieurs, en N et s'entre-croisent en M sur la surface élargie et polie qui corres- pond à la jonction des deux tubes. Supposons qu'un vaisseau quelconque soit entouré par l'anse E, il suffira do serrer et d'achever le nœud en M pour comprimer le vaisseau contre l'extrémité métallique L et déterminer ainsi l'arrêt complet de la circulation. 162 PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. On fait passer les deux extrémités libres du fil à ligature dans les petits anneaux placés des deux côtés du tube (N, N^ N"); on fait un nœud provisoire, très léger, en M, et Ion a soin de ne pas serrer ce nœud afin de n'apporter aucune entrave au passage du sang qui doit entrer dans les poumons ou qui doit en sortir. L'appareil une fois mis en place, on le fixe solidement par des ligatures aux parois de la fistule; on rapproche les bords opposés de celle-ci par des points de suture et on achève enfin l'occlusion par des couches superposées de collodion; il n'est pas inutile d'interposer entre ces couches quelques touffes de poils em- pruntées aux parties voisines; on forme ainsi un feutrage abso- lument hermétique, adhérent et suffisamment solide pour résister aux variations de pression qu'il devra subir dans la suite de l'expérience. Le tube obturateur, fixé et solidement maintenu dans la posi- tion voulue pour que la ligature reste au pourtour de la base du cœur, on le met en communication, par l'une de ses branches, avec un petit manomètre à mercure et, par l'autre branche, avec un appareil aspirateur à déplacement (voyez fig. Ill), au moyen duquel on opère aussitôt un vide de quelques millimètres dans le péricarde. Les oscillations du mercure dans la longue branche du manomètre attestent si le vide se maintient au degré voulu (4 à 10 millimètres); on constate fort bien, dans cette partie de l'expérience, combien les changements de pression amenés par les mouvements respiratoires retentissent sur la pression intra- péricardique : chaque inspiration fait descendre la colonne mercurielle de quelques millimètres; chaque expiration la ramène près du zéro sans toutefois lui permettre de l'atteindre. La respiration devient-elle convulsive, les oscillations s'exagè- rent et l'on voit alors les fortes expirations développer une pres- sion positive. Quatrième temps. Rien n'empêche d'attendre pour exécuter le quatrième et dernier temps de l'expérience; on laisse donc s'écouler quelques minutes pendant lesquelles on s'assure itéra- tivement de la constance du vide et de la régularité du rhylhme LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIN. 165 respiratoire. On choisit le moment correspondant à une pause, soit en inspiration, soit en expiration, et brusquement on serre la ligature, puis on achève de l'assurer par un double nœud. La constriction subite a interrompu d'emblée toute communi- cation entre l'appareil cardiaque et l'appareil pulmonaire; tout le sang qui se trouvait dans les quatre cavités du cœur s'y trouve désormais enfermé et de même tout le sang qui circulait à ce moment dans les poumons s'y arrête, sans qu'une goutte puisse se perdre, sans qu'une goutte puisse venir s'y ajouter. EXTRACTION DU SANG CONTENU DANS LES POUMONS. Quelques secondes après la ligature, l'animal meurt; on ouvre avec précaution le thorax en incisant tout le sternum et sans loucher au tube obturateur ni à la ligature qui serre la base du cœur, on extirpe l'appareil cardio-pulmonaire tout entier. Ces organes offrent alors la disposition indiquée dans la figure IV de la planche annexée à ce travail. Afin d'éviter toute perte de sang, on place, de part et d'autre de la ligature unique, deux ligatures nouvelles entre lesquelles s'opère la section qui doit isoler les poumons du cœur, en conser- vant à chacun de ces organes tout leur contenu sanguin. Les poumons sont immédiatement pesés dans une capsule tarée et l'on obtient déjà par cette pesée un premier renseignement sur la quantité du sang que probablement ils contiennent. Puis on les place dans une solution de sulfate de soude à 0, 5 % et on les coupe en petits morceaux. L'extraction du sang se fait en lavant ces fragments du tissu pulmonaire avec des quantités renouvelées d'eau contenant 0, 5 7o <^Je sulfate de soude; à mesure que l'eau se colore et passe du rose au rouge, on la verse dans une éprouvette gra- duée; celte opération se poursuit tant que tous les petits caillots de sang se soient redissous et aussi longtemps que les solutions obtenues restent parfaitement transparentes. Mais il arrive un moment où la teinte rouge perd de sa netteté 164 PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. et OÙ il faut comprimer les fragments des poumons pour en extraire encore du sang; alors on cesse d'ajouter au premier liquide extrait les quantités nouvelles, teintées de rose sale, que Ton obtient encore et l'on recommence une nouvelle série de lavages successifs en plaçant les fragments dans un sachet de toile très épaisse; toutes les portions de liquide rose pâle et trouble ainsi obtenues sont réunies et filtrées de nouveau à tra- vers de la toile; on ne cesse le lavage que quand la solution extraite est devenue incolore. Il ne faut pas réunir la première solution à la seconde; il est de beaucoup préférable d'évaluer séparément les quantités de sang qui se trouvent dans chacune d'elles, sauf à additionner ensuite ces deux quantités pour avoir le chiffre total du sang contenu dans les poumons. Si la seconde solution était transparente, ce dédoublement ne serait pas nécessaire; mais aussitôt que l'on exprime le liquide contenu dans les poumons, il passe à la filtration des flocons grais- seux que l'on ne peut enlever sans altérer la teinte rougeâtre dont l'intensité doit servir de base à l'évaluation de la quantité de sang; des filtrations répétées, même à travers du papier, lais- sent encore subsister une certaine opacité due à la présence de la graisse. En mélangeant cette solution opaque à la première on perdrait tout le bénéfice de la transparence qui permet de com- parer exactement entre elles les solutions dont il faut déter- miner le contenu sanguin : il est impossible en effet d'apprécier rigoureusement le degré de coloration d'une solution ayant des reflets blanchâtres en le comparant à celui d'une solution lim- pide; c'est pour éviter cet inconvénient que nous extrayons d'abord, sans expression, tout le sang qui se laisse entraîner par la lessive aqueuse : c'est de loin la majeure partie et la seconde solution provenant du rinçage avec expression n'atteint guère que la proportion d'un cinquième; c'est donc sur cette fraction seulement que peut porter Terreur, si erreur il y a, dans nos évaluations. LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIN. 165 ÉVALUATION DE LA QUANTITÉ DE SANG EXTRAITE DES POUMONS. Le degré crexactilude du procédé colorimétrique auquel nous avons eu recours dépend évidemment du soin que l'on apporte à faire les solutions et des conditions dans lesquelles on se place pour les examiner. Nous guidant d'après les indications qui se trouvent dans les travaux de notre honorable confrère de Leipzig, M. le Docteur von Lesser, nous avons réglé comme suit le pro- cédé de dosage : An début de chaque expérience, aussitôt que l'animal est fixé sur le chevalet, on fait à la carotide, au moyen d'une seringue de Pravaz ou d'une pipette graduée, une saignée d'un centimètre cube. On ajoute à ce centimètre cube de sang pur exactement mesuré 400 centimètres cubes de solution aqueuse de sulfate de soude à 0,5 ''/o. Cette dissolution à ^/ioo^ représente la solution normale, l'étalon colorimétrique auquel les liquides colorés con- tenant le sang extrait devront tous être comparés; si nous avons choisi dans toutes nos expériences une solution type aussi diluée, c'est afin d'atteindre une précision plus grande dans l'évalua- tion : il peut y avoir certaine erreur dans la comparaison des cou- leurs de deux liquides dont le degré de coloration est intense; au contraire, entre deux solutions pâles, on perçoit de minimes différences, les nuances sont faciles à saisir et on se fait une idée très exacte du degré de concentration des liqueurs que Ion compare. C'est après de nombreux essais que nous avons choisi comme type la solution au 7^00^ • elle est encore assez colorée pour que sa teinte soit frnnche, elle est en même temps assez pâle pour admettre les nuances. Cette solution normale est introduite dans une longue éprou- vette graduée, en verre de Bohême, d'un centimètre de dia- mètre; celle-ci est fixée sur un écran uniformément blanc que l'on place vis-à-vis d'une fenêtre, en pleine lumière, de manière à percevoir nettement la teinte rose qui se détache sur le fond blanc. i66 PAUL HEGER ET ÉMILE SPEHL. A côté de la première éprouvette contenant la solution nor- male, on en place une seconde, de même dimension, calibrée avec soin et qui est destinée à contenir une partie de la pre- mière solution provenant du lavage du tissu pulmonaire. Généralement celle-ci est beaucoup plus colorée que la solu- tion normale, il faut donc ajouter de l'eau contenant 0,5 de sul- fate de soude , jusqu'à ce que les teintes des deux liquides juxta- posés correspondent exactement; lorsque l'on croit avoir atteint ce résultat, on le véride itéralivement jusqu'à ce qu'il ne reste aucun doute sur l'identité de la concentration des deux liqueurs. On possède alors tous les éléments nécessaires pour évaluer, par le calcul, la quantité de sang qui a été extraite des poumons par le premier lavage; on procède identiquement de la même manière pour le second liquide extrait par expression et l'on additionne les deux chiffres obtenus; leur total représente la quantité absolue de sang qui se trouvait dans les poumons au mo- ment où la ligature des vaisseaux a été faite. Si l'on veut com- parer cette quantité à la masse du sang contenu dans le corps de l'animal entier, il suffira d'appliquer le même procédé à la totalité des tissus réduits en fragments et soumis à des lavages successifs, selon les règles ordinaires de la méthode de Welcker. COMPTE RENDU DES EXPÉRIENCES. Nous avons fait trois séries de recherches : nous rangeons, dans la première série, huit expériences faites en liant les vais- seaux de la base du cœur sans établir le vide au pourtour de cet organe et en le laissant par conséquent soumis à la pression atmosphérique; de ces huit expériences trois sont rapportées ci- après. Dans la deuxième série se placent cinq expériences dans lesquelles le vide péricardique a été établi et maintenu entre 5 et 10 millimètres Hg. jusqu'au moment de la ligature: enfin la troisième série est représentée par une seule expérience destinée à contrôler, par notre nouvelle méthode, les résultats déjà con- nus et incontestés de l'insufflation trachéale surla circulation du sang dans les poumons. LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIN. 167 Première série. Expérience iv^ 1. — Lapin mâle pesant 1^91 grammes. On extrait de la carotide 1 c. c. de sang destiné à servir de sang d'épreuve pour les évaluations colorimétriques. — Incision dans l'étendue de deux centimètres en parlant du sternum, au- devant du cœur. Le quatrième espace intercostal est mis à nu; on passe, au moyen d'aiguilles courbes, deux doubles ligatures autour de la quatrième et de la cinquième côte; l'espace compris entre ces ligatures est perforé sans hémorragie; en écartant les fibres inter- costales, le doigt pénètre dans le médiastin; on sent la pulsation car- diaque et quand on retire le doigt, on constate que la respiration naturelle ne s'interrompt pas; la plèvre est intacte; un jet de lumière dirigé dans la cavité thoracique fait apercevoir le poumon gauche qui descend à chaque inspiration. L'établissement de la fistule péri- cardique ne présente aucune difficulté; on soulève le cœur avec le porte-fil et on insinue autour delà base le fil à ligature dont les deux chefs sont ramenés au dehors et fixés le long d'un tige de métal qui sert de support à la ligature. On attend quelques minutes, afin d'ob- server si le rhythme respiratoire est régulier; ligature à un moment où le thorax est fortement dilaté. L'animal meurt après quelques spasmes convulsifs. On ouvre le thorax; avant d'attirer les poumons hors de la poi- trine, on place des ligatures sur les veines caves et l'aorte pour éviter que les poumons ne baignent dans le sang; on extrait l'appareil car- dio-pulmonaire, attaché à la tige de métal qui porte la ligature; les poumons isolés, pleins de sang, pèsent 12^', 40; le cœur, dont les ventricules ne sont pas distendus, pèse ¥\Zò. On calcule, par le pro- cédé colorimétrique, les quantités de sang extraites des poumons, du cœur et de la totalité du corps de l'animal. Ces quantités sont res- pectivement de : 5,08 c. c. pour les poumons. 1,56 c. c. pour le cœur entier. 62,00 c. c. pour la masse totale du corps. Le rapport de la quantité de sang trouvée dans les poumons à la quantité totale du sang contenu dans l'animal entier s'obtient en divisant ces deux quantités l'une par l'autre; le quotient est ici de 12,2. En négligeant la fraction, nous dirons que les pou- mons en inspiration contenaient la douzième partie de la masse totale (lu sang. 168 PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. Expérience n^ II. — Lapin pesant 1665 grammes. L'extraction d'un centimètre cube de sang de la carotide et l'établissement de la fenêtre sternale sont pratiqués comme dans l'expérience précédente ; pendant qu'on soulève le cœur pour passer le fil à ligature, l'animal éprouve une syncope qui dure quelques secondes et se dissipe après que le fil est mis en place; la respiration est ample, la plèvre intacte; nu moment d'une pause inspiratoire, on serre brusquement la liga- ture sur la tige de métal et l'on extirpe, avec les précautions ordi- naires, l'appareil cardio-pulmonaire; on constate que la ligature a été serrée au niveau du sillon auriculo-ventriculaire; on en place aussitôt une seconde au delà des oreillettes, sur les vaisseaux pul- monaires. Poumons et cœur réunis pèsent 26«'^,50; les poumons isolés, 18 grammes. Le poids élevé du cœur est dû à ce que la ligature a été faite pendant une diastole; les ventricules sont distendus par le sang. Les quantités respectives de sang trouvé dans les différents organes sont les suivantes ; Poumons 6, 5 c. c. ( ventricule gauche 1,3 » Cœur < , , , a ( reste du cœur . . 3, 2 » Animal entier 83, 0 » Les poumons en inspiration contenant 12,7, soit, en forçant la fraction, le treizième de la masse totale du sang. Expérience n" IIL — Lapin pesant 1,619 grammes. L'expérience est conduite absolument comme les deux précédentes, mais c'est au moment où le tborax est rétréci par l'expiration que la ligature est serrée. Les poumons isolés pèsent 12^'',75. Les quantités de sang trouvé dans les organes sont respectivement de : 4, 40 c. c. dans les poumons. 3, 38 c. c. dans le cœur. 79, 00 c. c. dans l'animal entier. Comme on le voit, le rapport entre la première et la troisième quantité sont tout autres ici que dans les deux premières expé- riences : les poumons en expiration ne contenaient qu'un dix- huitième de la masse totale du sang. LA FISTULE PÉRICARDIQUE CHEZ LE LAPIN. 169 Deuxième série. Ex'périence îVIV. — Lapin pesant 2,292 grammes. L'animal subit d'abord la tracheotomie, afin que l'on puisse recourir à la respiration artificielle, si pendant les préparatifs de l'expérience, la plèvre venait à se perforer. On extrait de la carotide un centi- mètre cube de sanp; pour les épreuves colorimétriques- La peau est incisée au niveau du quatrième espace intercostal, deux ligatures placées sur la troisième côte et deux sur la quatrième. Au moment de la perforation, violents soubresauts musculaires pen- dant lesquels on maintient le doigt dans la plaie Lorsque le spasme a cessé, on constate que la plèvre est intacte; le péricarde incisé est fixé aux bords de l'orifice par quatre points de suture. Le passage du fil autour de la base du coeur s'opère sans amener aucun trouble et les extrémités libres du fil sont ramenées le long du tube obtura- teur, et fixées par un simple nœud, sans serrer. On incline le tube de manière à maintenir exactement l'anse de fil autour des vaisseaux de la base du cœur, puis on referme la fenêtre thoracique par des points de suture qui servent en même temps à fixer solidement en place le tube obturateur; on achève l'occlusion par un feutrage de collodion et de poils, puis on établit les communications avec le mano- mètre et avec l'appareil à aspiration mercurielle; la pression intra- péricardique s'abaisse à — 5 millimètres Hg. en expiration et — dO en inspiration, les oscillations respiratoires sont si bien marquées au manomètre qu'il est facile de faire coïncider la ligature du cœur avec l'expiration. Le reste de l'expérience est conduit comme pré- cédemment. Le poids total des poumons extraits et isolés = 19^^30'. La quantité de sang qu'ils renferment = 6,35 c. c. et la masse du sang contenu dans l'animal entier =1 14 c. c. Les poumons, au moment de l'expiration, contenaient donc une fraction correspondant à 17,9, soit un dix-huitième de la quantité totale du sang circulant. Expérience n^ V. — Lapin pesant 1,685 grammes. Trachéotomie, saignée d'un centimètre cube à la carotide, comme dans les autres expériences. L'établissement de la fistule péricar- dique et l'introduction du fil à ligature se font avec facilité. Après l'occlusion, la respiration est lente, les oscillations du manomètre atteignent — 4 en expiration et — 8 en inspiration. Le vide se main- 12 170 PAUL HEGER ET EMILE SPEHL. tient exactement. Au moment où le thorax est dilaté par l'inspira- tion, on serre la ligature; l'extraction du sang et le calcul faits par la méthode indiquée ci-dessus, donnent les chiffres suivants : Poids des poumons isolés et pleins de sang 146^,30. Quantité de sang qu'ils contiennent, 6,1 c. c. Quantité totale de sang contenu dans le corps, 80 c. c. Nous retrouvons donc ici le même rapport que dans les expé- riences de la première série : les poumons, en inspiration, con- tiennent 7i3 de la masse du sang. Expérience n" VI, — Lapin pesant 2,155 grammes. Trachéotomie, saignée de 1 c. c. à la carotide, incision superficielle au niveau du quatrième espace intercostal ; pendant que l'on dissocie les fibres musculaires pour pratiquer l'ouverture, une petite hémor- ragie nécessite deux ligatures; quatre ligatures sur les troisième et quatrième côtes. Aucun incident. Après l'occlusion de la fistule péri- cardique, le manomètre marque — 4 à — 6 millimètres; la respira- tion est superficielle; on met la trachée en communication avec le pneumographe. Tracé normal. Au moment d'une pause en expira- tion, on serre la ligature à la base du cœur. Les poumons extirpés et isolés pèsent 17 grammes. Le sang contenu dans les poumons = 7 c. c. La masse totale du sang est de 105 c. c. Le rapport est donc de Vi3% chiffre intermédiaire à ceux que nous avons obtenus dans les expériences précédentes et dont la justification se trouve dans le fait que les mouvements respira- toires n'étaient pas très développés à la fin de l'expérience. Expérience iV' VIL — Lapin pesant 2,180 grammes. Trachéotomie, saignée d'un centimètre cube à la carotide, incision faite un peu trop bas, au niveau du cinquième espace intercostal. Après l'établissement de la fistule péricardique, la difficulté de con- tourner le cœur à la base, en pénétrant par l'espace intercostal cor- respondant à la pointe, oblige à perforer le quatrième espace, pour pouvoir introduire le fil; l'expérience se continue ensuite sans inci- LA FISTULE PERICARDIQUE CHEZ LE LAPIN. 171 dent jusqu'au bout; la ligature est serrée au moment où le thorax est dilaté par une forte inspiration. Poids des poumons isolés 21 grammes. Quantité de sang qu'ils contiennent 9 c. c. Masse totale du sang 105 c. c. Le rapport est donc ici de l/,2^ La concordance entre les résultats 11 m'apprit que le fascicule Irailant des Cestodes ferait 186 EDOUARD VAN BENEDEN. connaître plusieurs faits nouveaux relatifs à la formation de l'embryon hexacanthe; il me communiqua quelques-unes de ses observations, ce qui me fit renoncer momentanément à mon intention de publier mes propres recherches. Je viens de recevoir de réminent professeur de Leipzig la seconde livraison de son livre ; ce fascicule traite des Costodes et renferme une foule de renseignements nouveaux sur l'histoire de ces Vers. Leuckart y a exposé de main de maître non pas seulement toutes les décou- vertes dont les travaux récents ont enrichi nos connaissances sur l'organisation et le développement des Cestodes, mais il y a consigné une quantité d'observations originales recueillies par lui-même depuis la publication de sa première édition. En ce qui concerne la formation de l'embryon hexacanthe, il décrit une partie des faits que j'avais moi-même observés. Mais il est quelques points sur lesquels mes résultats ne concordent pas entièrement avec les siens, d'autres que je crois avoir élucidés plus complètement. Je pense donc bien faire en publiant un exposé sommaire des faits dont il s'agit. L'œuf de tous les Ténias, au moment de sa formation dans l'ootype, diffère considérablement, par plusieurs caractères et avant tout par son volume, de l'œuf utérin. Au fur et à mesure que le développement embryonnaire progresse, le diamètre de l'œuf s'accroît et, quand l'embryon a atteint tout son dévelop- pement, la coque de l'œuf s'est distendue à tel point, que son dia- mètre mesure plusieurs fois ses dimensions primitives. L'embryon hexacanthe ne remplit pas, tant s'en faut, l'espace circonscrit par la coque distendue. Il est entouré d'une série de membranes, parmi lesquelles il en est une qui apparaît tout d'abord à la vue à cause de sa coloration jaune ou brune. Celle-ci, probablement de nature chitineuse, présente, chez les grands Ténias à cysticer- que vésiculaire, une striation radiée manifeste ; elle est épaisse et résistante. La coque est toujours très mince, transparente et incolore, et il en est de même d'une membrane sous- jaccnte à la coque et qui circonscrit un large espace rempli de matière albumineuse, dans lequel se voient une masse granuleuse DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 187 et trois gros noyaux cellulaires. Ces membranes s'affaissent, se flétrissent et disparaissent dès que l'embryon est arrivé à matu- rité. Aussi a t-on souvent pris Tenveloppe cbitineuse pour la membrane de l'œuf; on l'a comparée à la coque de l'œuf des Botbriocéphales, tandis qu'elle est en réalité une production embryonnaire engendrée, comme nous allons le voir, par une couche de cellules qui s'atrophient après lui avoir donné nais- sance. L'œuf au moment de sa formation se compose d'un germe, de deutoplasme et d'une coque. Le germe, encore appelé ovule ou cellule-œuf, est une cellule protoplasmique probablement dépourvue de membrane propre. Son protoplasme est brillant, homogène sur le vivant, finement granulé après la mort; il constitue autour d'un noyau sphérique, pourvu d'un nucléole volumineux et très brillant, une zone cir- culaire qui mesure la même largeur tout autour du noyau. C'est cette cellule, engendrée dans le germigène (ovaire), que l'on a prise pendant longtemps pour une vésicule germinative, l'en- semble de l'œuf ayant été comparé à une cellule. La composition cellulaire de ce germe, on peut déjà la reconnaître sur le vivant; mais elle apparaît avec la dernière évidence si l'on examine des préparations faites d'après la méthode suivante qui m'a donné d'excellents résultats, non pas seulement pour l'étude de l'œuf, mais également pour l'examen des phases successives du déve- loppement de l'embryon hexacanthe. Les œufs sont soumis sur porte-objet à l'action d'une solution d'acide osmique à 1 7o; puis traités pendant une heure environ par de l'alcool au tiers, lavés ensuite à l'eau distillée et soumis pendant deux ou trois jours à l'action du picrocarmin. Après ce temps, on remplace la matière colorante par de la glycérine picrocarminatée. Les noyaux se montrent alors colorés en rose, les nucléoles en rouge vif; le protoplasme des cellules se teinte peu ; souvent même il ne se colore pas du tout. Cette méthode donne d'excellents résultats, 188 EDOUARD VAN BENEDEN. sans qu*il soit besoin de prendre de précautions ultérieures, quand il s'agit de préparer les premiers stades du développement. Mais Tenveloppe chilineuse qui à un moment donné se forme au- tour de l'embryon ne se laisse que très imparfaitement traverser par les réactifs; il en résulte qu'il est difficile d'agir sur lembryon hexacanthe, qui d'habitude se flétrit dans son enveloppe et reste entièrement incolore au milieu de ses enveloppes cellulaires dont les noyaux sont parfaitement colorés. Avec un peu d'habitude on réussit très bien à enlever, au moyen de papier à filtrer, une quantité suffisante de liquide pour que le couvre-objet, exerçant sur les embryons une pression modérée, détermine la rupture de l'enveloppe chitineuse. Très souvent l'embryon est expulsé au moment de la déchirure de Tenveloppe, sans subir aucune altération : on le retrouve alors parfaitement intact dans l'espace circonscrit par la coque d'une part et par l'enveloppe chitineuse de l'autre (fig. 27). Ainsi libéré, l'embryon subit l'action de l'acide osmique et des matières colorantes et les cellules qui le consti- tuent se maintiennent en bon état dans des préparations per- manentes. Je conserve depuis plus de deux ans des préparations qui ne valent plusce qu'elles étaient au début, mais sur lesquelles il est encore aisé de constater tous les faits que je vais décrire. En ce qui concerne la constitution de l'œuf avant la segmen- tation, on constate avec une parfaite netteté, par l'examen des préparations colorées, la constitution du germe telle que je l'ai décrite plus haut et telle que je l'ai représentée planche XH, figures 1 et 2. Le germe est entouré par une couche peu épaisse de matière deutoplasmique homogène, hyaline, incolore et transparente, tenant en suspension quelques rares granules foncés, parmi lesquels il s'en trouve un ou deux plus volumineux que les autres, à contours irréguliers et finement ponctués. Ceux-ci ne paraissent pas formés de matières grasses, car ils ne se colorent ni en brun, ni en noir par l'acide osmique. La couche deutoplasmique n'a pas partout la même épaisseur, l'œuf présentant habituellement une forme ovoïde, quelquefois même pyriforme. Cependant cette forme n'est pas constante: un certain nombre d'œufs sont à peu DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 189 près sphériques; dans ce cas le germe occupe d'habitude, dans l'espace circonscrit par la coque, une position excentrique. La coque est probablement un produit de sécrétion de la paroi épithéliale de l'ootype. Elle est généralement ovoïde, quel- quefois pyriforme ou sphéroïdale. Elle est très mince et parfaite- ment transparente. La plupart des œufs portent les uns à l'un de leurs pôles, les autres à leurs deux pôles (pi. XII, fig, 4), un prolongement filiforme, de longueur variable. Le plus souvent ces filaments sont élargis à leur base, et s'effilent graduellement jusqu'à leur extrémité. La plupart sont pleins; rarement ils sont creux et l'on peut voir alors que leur cavité communique avec l'espace circonscrit par la coque (pi. XII, fig. 9). Dans des œufs de T. saginata, qui portent des filaments semblables générale- ment très ténus, mais quelquefois plus larges et dans ce cas tubulaires, j'ai vu des granulations du deutoplasme s'engager dans l'intérieur de ces prolongements de la coque. Un certain nombre d'œufs en sont dépourvus, soit qu'ils manquent effecti- vement, soit qu'ils aient été brisés quand on a dilacéré le proglottis pour mettre les œufs en liberté. Je pense que ces prolongements sont réellement des dépen- dances de la coque; peut-être résultent-ils de ce que la sub- stance sécrétée par l'épilhélium de l'ootype ne se dépose pas seu- lement autour de l'œuf en voie de formation, mais aussi au delà et en deçà du lieu de formation de l'œuf proprement dit , dans les canaux qui relient l'ootype à l'utérus d'une part, au germigène et aux deutoplasmigènes de l'autre. Je n'ai jamais observé plus de deux prolongements filiformes sur un même œuf. J'ai décrit il y a longtemps des formations semblables chez le Tœnia bacillaris. Cependant les filaments polaires de cette espèce m'ont paru être constamment des tubes terminés en cul- de-sac d'un côté, ouverts de l'autre dans la cavité de l'œuf. De plus ces productions m'ont semblé faire constamment défaut au début du développement et apparaître seulement dans le cours du développement de l'embryon. Comme je l'ai dit plus haut, il existe dans les œufs du Tœnia paginata (mediocanellata) des ùhmenls^ohìres identiques à ceux 190 EDOUARD VAN BENEDEN. que Ton trouve chez le T. serrata. J'ai appelé l'altenlion de Leuc- kart sur ces prolongements filiformes des œufs de Tœnia. II les a observés depuis chez le T. serrata et le T. marginata et figurés d'après ces espèces (page 413); il a reproduit aussi, dans sa nou- velle édition (pages 568) , les croquis que je lui ai envoyés des œufs de Tœnia mediocanellata. Peut-être ces prolongements sont-ils comparables aux fila- ments que portent les œufs de beaucoup de Trématodes ectopa- rasites et qui paraissent jouer le même rôle que les prolongements multiples de la coque de l'œuf des Scyllium, Pristiurus et autres Sélaciens qui fixent leurs œufs aux plantes marines ou à des polypiers. Si ces filaments que portent les œufs desCestodesont réellement une valeur morphologique, leur présence s'expli-. querait en admettant que les formes ancestrales des Cestodes actuels ont pondu des œufs constitués comme ceux de beaucoup de Trématodes ectoparasites, et qu'au moment de la ponte ils fixaient leurs œufs à des corps étrangers. Le fait que les œufs des Bothriocéphales se développent dans l'eau et exigent des semaines ou des mois pour donner naissance à une larve ciliée vient à l'appui de cette hypothèse. L'œuf ne tarde pas à prendre une forme sphéroïdale et son volume s'accroît notablement avant même que le premier plan de segmentation apparaisse. Je ne puis donner aucun rensei- gnement ni sur la disparition de la vésicule germinative, ni sur les phénomènes de la fécondation, ni sur la formation des corps directeurs. Dans trois œufs j'ai vu sur le frais un filament très long, tordu sur lui-même, qui paraissait se terminerà un bâton- net réfringent et se trouvait suspendu dans le liquide deutoplas- mique (fig. 6). Il est probable que c'étaient là des spermatozoïdes. Néanmoins, je n'ai pas vu ces filaments se mouvoir dans la coque et les trois œufs dans lesquels je les ai observés étaient déjà en voie de segmentation. Moniez dit avoir observé les globules polaires chez plusieurs Cestodes et particulièrement chez le Tœnia ciicumerina. J'ai trouvé assez fréquemment sur le vivant, aussi bien dans des œufs non encore segmentés que dans des œufs en voie de DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 191 segmentation, le plus souvent un, quelquefois deux petits corps assez réfringents, habituellement discoïdes, qui étaient peut-être des globules polaires (fig. 4, 6, 9, 11, 15, 19). S'il s'était agi d'œufs ordinaires, si le liquide enveloppant le vitellus eût été du liquide périvitellin, je n'aurais guère hésité à considérer ces petits corps comme homologues aux globules polaires. Mais les rencontrant ici dans le liquide nutritif d'un œuf complexe, liquide qui renferme fréquemment des globules deutoplasmiques de volume variable, je ne voudrais rien affirmer quant à la signi- fication de ces éléments. Je dois ajouter cependant que l'on ren- contre quelquefois sur des préparations colorées, suspendus dans le deutoplasme, tantôt un, quelquefois deux globules colorés en rose pâle, et que l'on peut supposer formés de matière nucléaire, attendu que les granules du deutoplasme ne se colorent pas par le carmin (fig. 8, 10 et 15). Mais il est impossible de reconnaître en eux les petits corps réfringents que l'on rencontre quelquefois sur le frais, et tant qu'il n'est pas prouvé que ces éléments sont lejetés par la cellule-œuf, il serait téméraire de se prononcer sur leur origine ovulaire. La segmentation. — A côté des œufs non encore segmentés que je viens de décrire, on en trouve, en grand nombre, qui renferment deux blastomères (fig. 4 à 8). Ces deux blastomères ont des caractères fort différents: l'un plus volumineux, clair, homogène ou finement granulé, limité par un contour plus pâle, est pourvu d'un gros noyau sphérique renfermant lui-même un, quelquefois deux ou même trois nucléoles très apparents; ces nucléoles se colorent en rouge vif, alors que le noyau prend une teinte rose pâle uniforme. L'autre, plus petit, est peu transparent, parce qu'il renferme un nombre plus ou moins considérable de globules très réfringents dont le volume varie beaucoup. Il est limité sur le vivant par un contour beaucoup plus foncé et l'on n'y distingue alors aucun noyau. Mais si l'on a traité par la méthode indiquée plus haut, on distingue tantôt au milieu des globules brillants, tantôt à la périphérie du blastomère, un beau noyau également sphérique, beaucoup plus petit que le noyau de l'autre 192 EDOUARD VAN BENEDEN. blastomère. Il est toujours pourvu d'un nucléole unique, qui se colore en rouge vif par le carmin (fig. 5, 7 et 8). Tandis que le premier blastomère ressemble beaucoup au germe de l'œuf non segmenté, le second a des caractères si particuliers que l'on n'est guère tenté de le considérer au début comme un globe de segmentation dérivé du germe par voie de division. Ce qui contribue à fortifier le doute, c'est que le blasto- mère homogène possède, à lui seul, le volume du germe primitif, et l'on croirait avoir affaire à un œuf non segmenté. Mais la pré- sence d'un noyau cellulaire au milieu des globules réfringents démontre la nature cellulaire de la masse granuleuse, et comme il n'existe dans l'œuf non segmenté d'autre cellule que la cellule- œuf, la cellule granuleuse ne peut avoir d'autre origine que le germe lui-même. Ce qui prouve du reste qu'il en est bien ainsi, c'est que l'on trouve çà et là, à côté des œufs à deux blastomères, des œufs non encore segmentés, mais dans lesquels le germe a subi des modifications importantes (fig. 3). Le germe considérablement agrandi est pourvu non plus d'un, mais de deux noyaux, l'un plus volumineux, l'autre beaucoup plus petit; le corps proto- plasmique homogène autour du gros noyau est fortement chargé de globules réfringents tout autour du petit noyau. 11 ressort avec évidence de l'étude comparée des jeunes œufs qu'avant de se segmenter le germe augmente beaucoup de volume, que deux noyaux se montrent dans son protoplasme, que des globules réfringents apparaissent dans l'un de ses hémisphères et que la première segmentation ne s'accomplit que plus tard. On distingue fréquemment dans la partie claire du germe en voie de segmentation un corps lenticulaire tout particulier, homogène sur le frais, se colorant en jaune brun par le picro- carmin; il est tantôt circulaire, tantôt ovalaire; après la première segmentation on le retrouve fréquemment dans le blastomère homogène (fig. 5, 5, 6, 7). Des corps semblables se retrouvent à diverses phases de la segmentation (fig. 10, 11, lo, 14, 20), et leur nombre augmente en même temps que leur volume diminue. 11 est probable quils se divisent en même temps que le noyau DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 195 quand la cellule se multiplie. J'ignore absolument quelle est la signification de ces corps. Je n'ai trouvé que deux fois un corps de ce genre dans le Llastomère chargé de globules (fig. 20). A raison du rôle très différent que jouent les deux premiers blastomères dans la formation de l'embryon je désignerai le blastomère homogène sous le nom de globe embryogène , le blaslomère à globules sous le nom de cellule granuleuse. L'em- bryon hexacanthe dérive du premier; le second n'intervient en rien dans sa formation : à toutes les phases de la segmentation on le retrouve à côté des cellules embryonnaires, et quand l'embryon hexacanthe est formé, on le voit encore, avec ses caractères primitifs, entre l'enveloppe chitineuse et la coque distendue. Cette cellule granuleuse ne subit aucune division ultérieure; elle conserve son petit noyau sphérique ; mais elle augmente de volume et se charge de plus en plus de globules réfringents. Ces globules ne se colorent j)as par l'acide osmique et ne se dissolvent pas dans l'alcool; ils ne sont donc pas formés par une matière grasse. Dans les préparations conservées depuis longtemps dans la glycérine les globules se sont fondus en une masse unique bosselée, très réfringente, brillante et à rellets bleuâtres (fig. 12, 21, 22, 25 et 24). La même cellule granuleuse se trouve chez le T. snginala, chez le T. solium et probablement aussi chez les autres Ténias à cysticerques vésiculeux. Chez les deux premiers j'ai pu m'as- surer, en faisant apparaître le noyau au moyen des matières colorantes, de la nature cellulaire de cet amas granuleux qui a été signalé depuis longtemps, à côté de l'embryon, dans les œufs de ces espèces. Je ne puis m'expliquer comment il se fait que Leuckart, qui a étudié avec soin le développement du T. serrala, et qui a figuré le développement de ce Ver (nouvelle édition page 41 5), n'ait ni signalé, ni représenté dans les premiers stades de la segmentation cette cellule granuleuse qui, à raison des globules réfringents qu'elle renferme, saute aux yeux avant tout autre détail, si l'on examine déjeunes œufs de ces espèces. Dans les figures qu'il donne des phases plus avancées du développe- ment il a représenté la masse granuleuse; il l'a signalée déjà 194 EDOUARD VAN BENEDEN. dans sa première édition, mais il n'a reconnu ni son origine, ni sa valeur hislologique. Voici ce qu'il en dit : « Aber auch da, wo dièse Hiillen im Umkreis der c!)cn erwàhnten Schale gewôhnlich fehlen, wie bei den grôssern Blasenbandwiirmern, bemerkt man besonders bei vorsicbtiger Efitleerung der Eier gelegentlich auf derselben nocb eine membranes begrenzle eiweissarlige Umhiillung, die neben dem beschallen Embryo meist nodi eine Anzahl feltig glànzeiider, oft auf einen grôssern Haûfen zusammengeballter Kôrner in sich einschliesst. » II considère bien à tort ce « Kôr- nerbaufen » comme le reste du deutoplasme de l'œuf dans lequel se seraient déposés pendant le développement de l'embryon des granules brillants et des gouttelettes d'une substance réfringente. A côté d'œufs à deux blastomères on en trouve qui en ren- ferment trois (fig. 9 à 15). Un des trois affecte des caractères tout particuliers : c'est la cellule granuleuse; les deux autres, dépourvus de globules péfringents sont semblables entre eux. Ils sont formés l'un et l'autre d'un corps protoplasmique bomogène, délimité par un contour pâle; ils sont pourvus tous deux d'un gros noyau sphériqueà un ou à plusieurs nucléoles. Souvent on trouve aussi dans chacun d'eux un corps lenticulaire de forme ovale. Quelquefois ces deux globes ont le même volume ; d'autres fois l'un est un peu plus petit que l'autre. Tantôt ils sont accolés entre eux et unis aussi à la cellule granuleuse; d'autres fois ils sont entièrement séparés l'un de l'autre. Ceci s'observe non-seulement sur les préparations conservées, mais également sur le vivant lorsqu'on fait l'examen soit dans une solution d'albumine, soit dans Tbumeur aqueuse du lapin, soit dans le serum naturel, soit enfin, dans le serum artificiel de Kronecker. Cette faculté qu'ont les cellules embryonnaires de se séparer les unes des autres et de se disséminer sans ordre dans le liquide deutoplasmique, s'observe également aux phases ulté- rieures de la segmentation. On ne peut admettre que ce soit là un indice de la mort de l'œuf; car cela s'observe sur des œufs retirés de proglottis vivants et examinés dans l'un quelconque DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 195 des liquides indifférents que j'ai énumérés. D'ailleurs, on voit sur une même préparation des œufs à cellules disséminées à côté d'autres dans lesquels les cellules sont toutes accolées les unes aux autres par des faces planes et l'on peut observer ces derniers pendant des heures entières sans voiries cellules, ni changer de forme, ni se détacher les unes des autres. Enûn, la majorité des œufs en segmentation que l'on examine sans l'addi- tion d'aucun liquide montrent la môme particularité. Sur une de mes préparations colorées j'ai trouvé un œuf montrant la cellule embryogène en voie de division (fig. 8) à la place d'un grand noyau nucléole. On y voit un large espace clair, doliforme, aux deux extrémités duquel on aperçoit un corps coloré en rose. A chacun des pôles nucléaires de la cellule en voie de division on découvre un corps lenticulaire. Cette observation démontre, ce que l'examen des caractères des cellules suflirait du reste à établir, que les deux cellules claires du stade à trois blastoraères proviennent de la cellule embryogène. A partir de ce stade il ne m'est pas possible de décrire exacte- ment la succession des phénomènes, ni surtout la libation des cellules. Jamais je n'ai eu sous les yeux de stade comme celui que Leuckart a figuré (fig. 176, n"* 3) et qui se caractérise par la présence de quatre blastomères d'égales dimensions. On trouve fréquemment des stades comme ceux que j'ai repré- sentés (fig. 14 à 19) dans lesquels, indépendamment de la cellule granuleuse et de deux grands blastomères homogènes (macro- mères), on trouve deux, trois, quatre ou cinq cellules également très claires, mais beaucoup plus petites (micromères). Tantôt ces petites cellules sont toutes d'égal volume, d'autres fois il n'en est pas ainsi; dans quelques œufs elles sont adjacentes entre elles et accolées aux macromères; dans d'autres, elles sont séparées les unes des autres. Elles ne paraissent jamais disposées suivant un ordre régulier. Les micromères proviennent bien certaine- ment des deux macromères primitifs; mais je ne connais pas l'ordre de leur filiation. 196 EDOUARD VAN BENEDEN. J'ai représenté ligure 20 un stade caractérisé par la présence de seize cellules. Ces cellules sont de trois catégories : a) la première comprend la cellule granuleuse; b) la seconde se con- stitue de trois grandes cellules claires, pourvues chacune d'un très gros noyau à nucléole unique fort apparent; c) la troisième comprend douze cellules claires, beaucoup plus petites que les précédentes; leur corps protoplasmique est aussi très clair, fine- ment granulé et chacune d'elles possède un noyau nucléole. Les petites cellules, quoique adjacentes entre elles, forment un amas irrégulier. Ces petites cellules n'ont pas non plus des dimensions identiques. Mais ce qui est caractéristique de ce stade, c'est que les cellules des deux premières catégories, toujours au nombre de quatre, forment ensemble une calotte qui par sa con- cavité se mouie sur l'amas des petites cellules. Quelque-fois, comme dans l'œuf que j'ai figuré, les trois cellules de la seconde catégorie sont adjacentes entre elles; mais le plus souvent deux d'entre elles sont séparées de la troisième par la cellule granu- leuse. Je donnerai dorénavant à l'ensemble des grandes cellules le nom de couche albuminogène; j'appellerai inasse embrijogènv le groupe des petites cellules. Leuckart a figuré un stade voisin de celui dont il vient d'être question (fig. 176, n°' 4 et 5). La cellule granuleuse n'est pas indiquée. J'ai eu sous les yeux un grand nombre de stades intermé- diaires, par le nombre des cellules, entre celui que je viens de décrire et le précédeni ; néanmoins je ne puis indiquer avec certitude l'ordre de filiation des cellules. Au stade suivant la couche albuminogène constituée toujours par trois cellules à gros noyaux sphériques, entre lesquelles se trouve intercalée la cellule granuleuse, cette coucbe s'est éten- due de façon à envelopper de toutes parts la masse embryogène (fig. 21 et suiv.). On ne distingue plus les limites de ces cellules dont les corps protoplasmiques, devenus extrêmement clairs, se sont considérablement gonflés. Aussi ces cellules ont-elles en partie envahi l'espace délimité par la coque déjà fort distendue. DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES ÏÉMAS. 197 Elles oui duniié naissance à leur surlaee à une membrane anhysle très mince. Les petites cellules se sont rapidement multipliées. Il n'est plus possible de déterminer leur nombre. Elles forment ensemble un corps ovoïde entouré de toutes parts par la couche albumi- nogène. La plupart de ces cellules ont une forme polyédrique : celles qui confinent à la surface sont seules délimitées exté- rieurement par un contour convexe. Leurs noyaux apparaissent clairement à raison de leur coloration rose sur les préparations au picrocarmin. Leur volume varie peu. Cependant d'un côté de la masse embryogène se voient quelques cellules, le plus souvent trois ou quatre, quelquefois cinq, qui affectent une forme toute particulière et qui se distinguent à première vue par leurs noyaux beaucoup plus volumineux que les autres; ceux-ci sont pourvus chacun d'un gros nucléole fortement coloré en rouge sur les préparations conservées. Les autres noyaux de l'amas embryo- gène so7it dépourvus de nucléoles. Les cellules qui renferment ces gros noyaux sont toutes superficiellement placées; elles sont adjacentes entre elles, elles sont aplaties et forment à la masse embryonnaire un revêtement incomplet. Ce revêtement qui a la forme d'une coupe ne recouvre d'abord qu'une moitié environ de l'embryon. Les cellules toutes particulières qui forment celte calotte moulée par sa concavité sur le resle de la masse embryo- gène après s'être étendues en surface, tendent à recouvrir de plus en plus complètement celle-ci qui devient l'embryon hexacanlhe, tandis que les cellules de la couche de revêlement ne prennent aucune part directe à la formation de l'embryon : elles vont produire l'enveloppe chitineuse. C'est pourquoi j'ai donné à la couche formée par ces quelques cellules le nom de couche chiti- nofjène. Leuckart ne paraît pas avoir aperçu cette couche cellu- laire dont les noyaux se retrouvent, à tous les stades subséquents, à la face in terne de l'en veloppe chitineuse, en dehors de l'embryon . Le slade suivant se caractérise par l'apparition de l'enveloppe chitineuse et la formation des six crochets de l'embryon (fig. 2G et suivantes). 198 EDOUARD VAN BENEDEN. La couche albiiminogène n'a guère changé : on distingue toujours aux côtés de la cellule granuleuse trois grands noyaux sphériques ou ovoïdes, parfaitement réguliers et pourvus chacun d'un gros nucléole très apparent. Les corps protoplasmiques de ces cellules se sont transformés en une substance albuminoïde presque homogène sur le vivant. On peut reconnaître sans peine que la matière albuminoïde est retenue par une mince membrane, déjà signalée par Leuckart (2). La couche albumi- noïde plus épaisse du côté où se trouvent la cellule granuleuse et les trois noyaux des cellules albuminogènes, est, au contraire, très mince de l'autre côté de l'embryon. La couche chitinogène, formée par trois, quatre ou cinq cellules, a complètement enveloppé l'embryon. Ces cellules ont donné naissance à une couche continue, à peu près également épaisse sur tout le pourtour de l'embryon, d'une matière homo- gène, brillante, mais uniformément teintée en jaune pâle. Les limites des cellules n'apparaissent plus; mais leurs noyaux nucléo- les ont augmenté de volume, au point d'atteindre à peu près les dimensions que présentent les noyaux des cellules albuminogènes. Ces noyaux s'observent presque toujours dans le voisinage les uns des autres. Indépendamment de ces noyaux la couche chiti- nogène renferme un assez grand nombre de petits globules réfringents (fig. 25 et 26). C'est à sa périphérie que la couche chitinogène s'est différenciée en une membrane jaune pâle. Cette membrane chitineuse, d'abord très mince, augmente rapidement d'épaisseur et sa coloration devient plus foncée; elle passe du jaune au brun. L'embryon hexacanthe se montre constitué de deux couches de cellules. La couche enveloppante se compose de cellules à limites peu distinctes, à noyaux ordinairement plus volumineux et à corps protoplasmique un peu plus foncé. La masse enve- loppée, plus claire, a des noyaux plus pâles et d'habitude plus petits. La couche enveloppante n'entoure que partiellement la masse médullaire. Celle-ci arrive à la surface de l'embryon sui- vant une zone circulaire, très nettement circonscrite chez un DÉVl-LOPPEMEiNT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 199 certain nombre d'embryons (fig. 25). Les crochels, au nombre de trois paires, se développent dans l'épaisseur de la coucbe cellulaire externe, entre les cellules qui la constituent (fìg. 2G). Ils sont dirigés perpendiculairement à la surlace et paraissent être, au début, de simples bâtonnets rectilignes très grêles, qui augmentent progressivement de largeur et de longueur. Au dernier stade (fig. 27) les noyaux de la couche albuminogène aussi bien que ceux de la couche chitinogène ont considérablement diminué de volume; ils ont perdu leurs nucléoles et ne se teintent plus que faiblement par le picrocarmin. Ceux de la couche albu- minogène paraissent s'être rétractés et n'occupent plus qu'incom- plètement des cavités ovoïdes creusées dans la matière albumi- neuse (fig. 27). L'enveloppe chitineuse a beaucoup augmenté d'épaisseur ; on voit très bien ses limites sur des œufs dont l'enveloppe chiti- neuse a été rompue par pression et chez lesquels l'embryon a été expulsé (fig. 27.) Cette enveloppe prend la forme d'un ellipsoïde de révolution dans presque tous les œufs comprimés; très rarement elle reste sphérique. Sa rupture, sous l'inlluence de la pression exercée par le couvre-objet, se fait toujours suivant le petit axe de l'ovoïde et les lèvres de la déchirure, toujours irrégulière, sont déchiquetées. L'enveloppe chitineuse est limitée extérieurement par un contour parfaitement régulier ; c'est qu'elle est constituée à sa surface par une mince lamelle homogène, tandis que, à la face interne de celle-ci, se trouve appliquée et intimement unie une couche de petits cylindres juxtaposés, qui forment ensemble une membrane striée radiairement. Ces petits cylindres s'allongent suivant leur grand axe et l'enveloppe chitineuse gagne d'autant en épaisseur. Que les éléments qui donnent à l'enveloppe son apparence striée sont bien des cylin- dres et non des prismes, c'est ce que l'on voit parfaitement en examinant la surface de la membrane. On voit alors les bases de ces petits cylindres marquées par des contours circulaires, par- faitement égaux et équidislanls. Ces bases apparaissent comme 14 200 EDOUARD VAN BEN EDEN. de petits globules brillants. La lamelle extérieure de l'enve- loppe chitineuse est formée d'une matière molle et homogène. On peut s'en assurer en examinant des œufs vivants. On observe assez fréquemment des boursouflures de cette lamelle superli- cielle. La couche chilinogène donne donc naissance à trois zones concentriques enveloppant immédiatement l'embryon: la lamelle externe, la couche des bâtonnets cylindriques et la zone interne qui paraît, elle aussi, striée radiairement (fig. 27) et dans laquelle les noyaux des cellules chiiinogènes persistent pendant longtemps. Quand l'embryon est arrivé à maturité, la coque de l'œuf se flétrit et disparaît en même temps que la couche albumineuse. L'embryon reste entouré seulement par les enveloppes qui proviennent de la différenciation progressive de la couche chiti- nogène. Les éléments cellulaires générateurs de celte couche dis- paraissent, eux aussi, pour ne persister que dans les enveloppes qu'ils engendrent. La couche des bâtonnets devient très épaisse; elle paraît se développer aux dépens de la zone interne. II. TiEHIA SSAGB.II.ITA, GOEZE. Je n'ai pas étudié aussi complètement le développement embryonnaire du Tœnia saginata que celui du Tœnia serrata. Néanmoins les stades que j'ai eus sous les yeux sont si sem- blables aux phases correspondantes du Ténia du chien, que je crois pouvoir affirmer que dans ces deux espèces l'évolution pro- cède d'une manière identique. !•' L'œuf du Tft^n/asa^mam, constitué comme celui du Tœnia serrata, montre les mêmes prolongements filiformes de la coque. Ces prolongements, généralement plus grêles et souvent plus longs que chez le T. serrata, ne présentent pas d'habitude d'élar- gissement conoide à leur base. Ils ont plutôt l'apparence de bâtonnets rigides. Ils sont quelquefois un peu renflés à leur extrémité libre; mais le plus souvent ils sont étirés en pointe. On les retrouve, beaucoup plus fréquemment que chez le T. ser- rata, sur des œufs plus avancés dans leur développement. DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 201 2** L'apparition du premier plan de segmentation détermine la division du germe en deux cellules; Tune, fortement chargée de granules réfringents, se retrouve peu modifiée à tous les stades ultérieurs de l'évolution, entre les cellules albuminogènes; l'autre est la cellule embryogène. 3° Chez le Tœnia saginala, comme chez le Tœnia serrala, une couche albuminogène, formée d'ordinaire de trois cellules, constitue, avec la cellule granuleuse, une première enveloppe cellulaire à l'embryon. 4° Comme chez le T. serrata il existe une couche chilinogène spéciale ; elle est formée d'un petit nombre de cellules. On retrouve encore les noyaux de ces cellules entre l'enveloppe chitineuse et l'embryon hexacanthe, quand déjà les enveloppes externes ont complètement disparu. IIL TiEMIA POROISA. Pendant mon séjour à Leervig (Stordô, Norwège), au mois de septembre dernier, j'ai eu l'occasion d'examiner les embryons d'un Ténia trouvé dans l'intestin d'un Larus. Je crois pouvoir identifier ce Cestode au Tœnia porosa de Rudolphi. Je n'ai pas fait une étude suivie du développement de ce Ténia ; mais l'examen de l'embryon m'a révélé quelques faits intéressants que je crois pouvoir signaler ici (fig. 50, 51 et 52). L'embryon présente une structure assez complexe que je n'ai pu débrouiller complètement. J'ai pu reconnaître cependant l*" que l'embryon possède une couche cutanée bien délimitée, dont l'épaisseur varie d'un point à l'autre de la surface du corps (fig. 51); 2° que les crochets ont leur lame dans la couche cuta- née, leur manche dans les tissus sous-jacents; 5° que les tissus qui constituent le parenchyme du corps de l'embryon sont tra- versés par des fibres que je suppose être de nature musculaire. Parmi ces fibres il en est qui s'insèrent à l'extrémité profonde des crochets ; d'autres, dirigées transversalement près de l'extrémité 202 EDOUARD VAN BEINEDEN. postérieure du corps, paraissent s'insérer à une plaque médiane qui divise l'extrémité postérieure de remjjryon en deux moitiés parfaitement semblables (fig. 30). Mais ce qui rendait ces embryons particulièrement intéres- sants, c'était leur symétrie bilatérale parfaite, indiquée par la forme extérieure du corps, par la disposition des crochets, enfin par chaque détail de leur structure interne. Ces embryons, examinés vivants, ont été ensuite traités par l'acide osmique et colorés par le carmin de Beale. Ce mode de préparations a permis de les conserver et a eu en outre l'avantage de faire apparaître les noyaux des enveloppes de l'embryon. Sous la coque de l'œuf parfaitement sphérique se voient, à deux pôles opposés de la sphère, deux noyaux de cellules colorés en rose (fig. 50). Ces noyaux décèlent l'existence de deux cellules, con- vexes d'un côté, concaves de l'autre. Le corps de ces cellules est formé par une matière très claire, finement ponctuée. Elles représentent probablement les cellules albuminogènes du T. ser- rata et du T. sagînata; par leur concavité elles se moulent sur une seconde membrane anhyste, marquée par un double contour aussi net que celui qui correspond à la coque. Cette membrane délimite extérieurement un espace assez étendu, absolument dépourvu de tout élément cellulaire et rempli d'une substance homogène. Puis vient une capsule ovoïde, formée d'une matière très réfringente, et, sous cette membrane, on trouve dans tous les œufs quelques noyaux de cellules. Le nombre de ces noyaux est assez variable. N'ayant pu étudier le développement de ces embryons, je ne puis établir de parallèle certain entre les enveloppes de l'em- bryon du Tœnia porosa et celles des espèces précédemment étudiées; néanmoins l'examen de quelques stades jeunes, impar- faitement conservés, m'amène à penser que les diverses mem- branes sous-jacentesàla couche albuminoïdesont engendrées par les cellules qui, dans l'œuf mûr, sont logées entre la capsule interne et l'embryon. Si ces cellules sont homologues à la couche chitinogène du T. serrata^ les deux membranes avec la substance DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 203 homogène interposée correspondraient à l'enveloppe chitineuse (les Ténias étudiés plus haut. Dans des stades jeunes, on ne voit aucune trace de la capsule interne et les noyaux se trouvent alors beaucoup plus éloignés de l'embryon. A aucun stade du dévelop- pement je n'ai vu de trace de la cellule granuleuse. Interprétation des faits. Nous pouvons nous demander, après avoir fait un exposé purement objectif des faits, s'il est possible de les interpréter et de rattacher le développement des Cestodcs à celui des autres Métazoaires et des autres Platodes en particulier. I. Et d'abord qu'est-ce que cette couche albuminogène dont les cellules énormément développées forment, avec la cellule granuleuse, une enveloppe complète autour de l'embryon? Il ne me paraît guère douteux qu'elle ne soit homologue à la membrane cellulaire que j'ai signalée, il y a longtemps déjà, chez le Tœnia baciUarîs. C'est là aussi l'opinion de Leuckart. Les variations dans le nombre des cellules qui interviennent dans la formation de l'enveloppe ne peuvent évidemment être invoquées contre cette manière de voir; le Tœnia serrata et le Tœnia saginata constituent du reste, à ce point de vue, des formes de transition entre le T. porosa où le nombre de ces cel- lules est réduit à deux et le T. bacillaris où il est considérable. Cette enveloppe cellulaire des Ténias est homologue d'ailleurs à la robe ciliée des Bothriocéphales. Le développement est le même, que la membrane soit ciliée ou qu'elle ne le soit pas. Mecznikow a montré que, tandis que chez la plupart des Bothrio- céphales la membrane cellulaire se recouvre de cils vibratiles, chez le B. proboscideiis la tunique cellulaire périphérique ne devient jamais ciliée. Il n'y a donc aucune différence sous ce rapport entre le développement du Bothriocephalus probosciiteus et celui du Tœnia bacillaris. Nous sommes donc autorisé à supposer que la couche albu- 204 EDOUARD VAN BENEDEN. mineuse des Ténias n'est qu'un dernier vestige d'une membrane embryonnaire primitivement ciliée, qui a perdu ces cils chez des formes dérivées des premières ; le nombre des cellules a pro- gressivement diminué, la membrane étant devenue un organe rudimentaire. Une enveloppe provisoire ciliée existait probable- ment chez les Cestodes primitifs et permettait à leurs embryons de nager dans l'eau après leur éclosion. Cette enveloppe ciliée s'est conservée chez les Bothriocéphales ; elle se retrouve à l'état rudimentaire chez les Téniens. Mais si l'enveloppe cellulaire du Tœnia bacillaris se forme comme la tunique ciliée des Bothriocéphales par voie de déla- minatioii, il n'en est pas ainsi de la couche albuminogène des autres Ténias : celle-ci se complète par épibolie. N'est-ce pas là une objection de nature à élever des doutes sur le bien-fondé du rapprochement que nous venons de faire? Je ne le pense pas. Depuis longtemps Hœckel et Ray Lankesler ont mis en lumière les liens qui rattachent l'un à l'autre ces deux processus en apparence fort différents que l'on a désignés sous les noms de délamination et d'épibolie ; l'on peut par l'hypothèse d'une diffé- renciation précoce comprendre facilement comment une mem- brane formée par délamination chez des formes ancestrales peut résulter d'une épibolie chez des formes dérivées. Il résulte des faits que j'ai exposés plus haut, que, chez les Ténias, la formation de l'embryon hexacanthe succède à une seg- mentation inégale du germe. Le caractère distinctif de ce frac- tionnement se manifeste dès le début : nous voyons en effet le germe se diviser en deux cellules très différentes : la cellule granuleuse d'une part, la cellule embryogène de l'autre. La cel- lule granuleuse, plus tard intercalée dans la couche albuminogène, est probablement, comme ces dernières, de nature ectodermique. Cette cellule présente, il est vrai, des caractères tout particuliers par lesquels elle se distingue de toutes les autres cellules qui dérivent de la cellule embryogène. Mais ce qui tend à montrer que ces particularités n'ont pas une grande portée, c'est que chez d'autres espèces (T. bacillaris^ T. porosa) il n'existe aucune cellule caractérisée comme cellule granuleuse. Nous pensons que la cel- DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 203 Iule granuleuse, de môme que les cellules albuminogônes, font partie de Tectoderme et qu'elles se forment par poussées succes- sives aux dépens de cellules mixtes. Ce fait de la formation successive de cellules ectodermiques aux dépens de globes mixtes (renfermant encore, outre la sub- stance endodermique du futur embryon, des éléments capables d'engendrer ultérieurement de nouvelles cellules ectodermiques) est extrêmement fréquent dans les cas de segmentation inégale. On pourrait citer, pour le prouver, la plupart des Gastéropodes, des Ptéropodes, quelques Acéphales (Anodon piscinalis, d'après Flemming), plusieurs Turbellariés, la Bonellie, plusieurs Anné- lides, etc. Si cette interprétation des faits est exacte, les cellules albu- minogônes qui se différencient dès le début de l'évolution et se distinguent des cellules embryogènes, notamment par leur taille, ces cellules forment, avec la cellule granuleuse, le produit d'une sorte de mue ectodermique précoce. Ces cellules tendent à enve- lopper, par épiholie, l'amas des cellules embryogènes. Chez le Tœnia bacîllaris, la différenciation de celte couche ectodermique superficielle est beaucoup plus tardive; elle ne se fait que quand l'ectoderme a déjà enveloppé complètement l'endoderme et s'il en est ainsi la mue ne peut ici se faire que par délamination. C'est probablement là le mode primitif de formation de cette membrane. Il se rencontre chez les Bothriocéphalides, oii cette mue a sa raison d'être physiologiquement parlant; mais chez des formes dérivées, la mue devenant de plus en plus précoce, s'effectuant avant que l'ectoderme ait enveloppé complètement l'endoderme, la membrane ectodermique détachée a dû être incomplète au moment de sa formation. C'est ce qui existe chez les T. serrata, T. marginata et T. saginala. Elle s'étend secondairement et tend à recouvrir de plus en plus complètement l'embryon. II. Des enveloppes provisoires, analogues à celle des Bolhrio- céphales, ne se forment pas que chez les Cestodes : le Pilidium et la larve de Desor sont comparables, à ce point de vue, à la larve des Bothriocéphales. Cette analogie a frappé plus d'un embryologiste ; mais Mecznikow a été le premier, je crois, à 206 EDOUARD VAN BENEDEN. établir ce rapprocliement. Est-ce à dire qu'il faille considérer la robe ciliée des Bolhriocéphales comme homologue de l'enveloppe larvaire de certains Némertiens? Je ne le pense pas. On pourrait invoquer plus d'une raison pour considérer le Pilidium non comme une forme ancestrale, mais bien plutôt commele produit de l'adaptation de la larve ordinaire d'un Némertien aux condi- tions de la vie pélagique. La larve de Desor est, à n'en pas douter, une réduction secondaire du Pilidium. La larve ciliée des Bothriocéphales est probablement, elle aussi, une forme adoptive et la facilité avec laquelle la couche superficielle de l'ectoderme a pu s'isoler, dans divers groupes de Platodes, pour donner naissance à une tunique provisoire, pourrait être avantageusement rapprochée de cet autre fait que nous a révélé l'étude du développement des Planaires et des Némertes, à savoir, que chez ces Turbellariés l'ectoderme donne naissance , par délamination , à plusieurs couches de cellules. Chez la Lepioplana tremellaris, d'après Hallez, Tectoderme donne naissance non-seulement à la couche épidermique super- ficielle, formée de cellules cylindriques ciliées, mais aussi à la couche des cellules à bâtonnets. D'après Barrois, les disques ecto- dermiques qui procèdent de l'enveloppe provisoire chez la larve de Desor, après s'être épaissis et s'être étendus de façon à consti- tuer les téguments du futur Némertien, se divisent en deux couches: l'épiderme et la couche musculaire sous-jacenle. Une tendance à la différenciation en couches superposées, douées de propriétés particulières, a pu être une condition avantageuse à la formation de tuniques provisoires chez des larves appartenant à divers groupes de Platodes. IIL Si les Bothriocéphalides possèdent comme les Téniens une enveloppe cellulaire provisoire, on ne connaît jusqu'à présent, chez aucun Bothriocéphale, que je sache, d'enveloppe chilineuse ni par conséquent de couche chitinogène. La couche chitinogène et les membranes qui en dérivent sont des productions embryon- naire propres aux Téniens. Il y a lieu de supposer dès lors que cette membrane doit son origine au caractère particulier du parasitisme des Ténias ou plutôt aux différences entre les con- DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 207 (Jilions au milieu desquelles se font l'exclosion et les migrations des Ténias d'une part, des Bothriocephales de l'autre. Ces con- ditions étant dilTérentes, il a pu apparaître, par suite de l'adap- tation à un mode particulier d'existence de certaines larves, des caractères spécifiques qui leur sont propres. La formation d'une membrane chitineuse, produit de sécrétion de la larve, a pu être très avantageuse en tant que moyen de préservation à un embryon de Ténia alors qu'elle eût été inutile, à l'embryon hexacanthe d'un Bothriocéphale. Si une membrane cuticulaire s'est formée d'abord aux dépens des cellules superficielles du corps, on conçoit que chez des formes dérivées une couche spéciale de cellules épidermiques ait été affectée à la formation de cette membrane cuticulaire. Ce serait là un cas particulier d'une loi générale. De là la différenciation de l'ectoderme primitif en couche chitinogène et épiderme proprement dit. La différen- ciation de plus en plus précoce des cellules chitinogènes a amené la substitution du phénomène de l'épibolie, tel que nous l'observons chez le Tœnia serrata et le T. saginata, à la délami- nation primitive. IV. Il ressort clairement de l'exposé que j'ai fait plus haut, que l'embryon hexacanthe se constitue au début de deux couches cellulaires : une couche superiicielle dans l'épaisseur de laquelle se forment les crochets chitineux et une masse médullaire incomplètement recouverte d'abord par la couche superficielle. Ces deux couches sont-elles homologues aux deux feuillets primordiaux des autres Métazoaires? Il n'est pas possible, dans Fétat actuel de nos connaissances, d'établir qu'il en est réelle- ment ainsi; mais tout au moins est-il rationnel de le supposer. Des études ultérieures sur l'organisation et le développement de l'embryon hexacanthe sont nécessaires pour que l'on puisse se prononcer définitivement sur la question de savoir si les deux couches que j'ai signalées, au début de la formation de cet embryon, sont ou non homologues aux feuillets primordiaux de la Gastrula. 208 EDOUARD VAN BENEDEN. BIBLIOGRAPHIE. (1) Edouard Van Beneden, Recherches sur la composition et la signification de l'œuf. Mém. cour, de l'Acad. roy. de Belg., t. XXXIV. Ce mémoire, déposé le 29 juillet 1868, n'a paru qu'au commence- ment de l'année 1870. (2) Leuckart, Die menschlichen Parasiten; i^" édition, 1863 à 1876. (5) G. Wagener, Beit, zur Entw. der Eingeweidewûrmer. Nat. Verhandl., Ì857. (4) Kôlliker, Beitrdge zur Entw. wirbelloser Thiere. Miiller's Archiv, 4843. (5) Metschnikow, Observât, sur le développement de quelques animaux. Bull, de l'Acad. imp. de Saint-Pétersbourg, t. XIII, 18G9. (6) Sdiubart n'a pas publié ses observations. Après la mort de l'auteur, elles ont été communiquées par Verloren , avec dessins à l'appui, au Congrès des naturalistes de Bonn. (7) Knoch, Hist. nat. du Bothriocephalus latus. Mém. de l'Acad. imp. de Saint-Pétersbourg. 7*' sér., t. V. (8) Leuckart, Jahresherichte , dans Arcbiv fiir Naturgeschicbtc. (9) V. WiLLEMOES-SuHM, HelmintliologiscJie Notizen, dans Zcits. fiir wiss. Zool., 1869 et 1870. (10) MoNiEZ, Comptes rendus, {^11 , gì Bull, scient, du départ, du iVon/, 1879, t. X. (11) R. Leuckart, Die Parasiten des Menschen. 2' édit., I^ fasci- cule, 1881. DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES TÉNIAS. 209 EXPLICATION DES PLANCHES XII ET XIII. Toutes les flgures ont été dessinées à la chambre claire. Lcsfiguresl,2, 3, 4, 5, 6,7, 8,9, 10,11,12, 13,14,15, 16,17, 18, 19,20,25, 26, 27, 28 et 29 soul agrandies 1 185 fois. (Immersion 10 de Harlnack avec chambre claire du même constructeur.) Les figures 21, 22,23 et 24 sont dessinées d'après un grossissement de 905. (Immersion 7 de Seibert et chambre claire de Hartnack.) Les ligures 30, 31 et 52 sont agrandies 603 fois. (Objectif 8 de Hartnack avec chambre claire du même.) Toutes les figures dans lesquelles les noyaux sont colorés ont été dessinées d'après des préparations faites d'après la méthode indiquée dans le texte. Les autres ont été dessinées d'après le vivant. Fig. 1. L'œuf avant la segmentation. — 2. Un autre œuf non segmenté — 3. Le germe, devenu plus volumineux , renferme doux noyaux. — 4. OEuf segmenté montrant la cellule embryogène et la cellule gra- nuleuse. — 5. Idem. — 6 Idem Dans le liquide deutoplasmique se voit un filament spermatique. — 7. Segmentation en deux. Le noyau de la cellule embryogène ne renferme pas de nucléole, mais plusieurs corpuscules réfringents qui ne se colorent guère par le carmin. — 8. La cellule embryogène en voie de division. — 9. Segmentation en trois blastomères. — 10. Indépendamment des trois blastomères, l'œuf renferme deux corpus- cules se colorant en rose par lepicrocarmin. (Corps directeurs?) — 11. Même stade. — 12. Idem d'après une préparation à la glycérine conservée depuis deux ans. — 13. Mêmes corpuscules colorés que dans l'œuf représenté figure 10. — 14. Outre la cellule granuleuse et deux macromères, l'œuf renferme deux micromères. -- 15. OEuf montrant trois micromères. — 16 et 17. Un seul et même œuf, vu suivant sa face inférieure (fig. 16) et suivant sa face supérieure (fig. 17). Cinq micromères. — 18 et 19. Deux autres œufs à cinq micromères. 210 ÉD. VAN BENEDEN. — DÉVELOPPEMENT DES TÉNIAS. Fig. 20. liidépendammcnl de la cellule granuleuse et de trois macromères (cellules albuminogènes), cet œuf renfermait douze micromères. A la coupe optique, on voyait huit micromères. — 21. Cet œuf et les trois suivants ont été dessinés d'après des préparations conservées depuis deux ans. Les trois cellules albuminogènes, entre lesquelles se trouve intercalée la cellule granuleuse, forment une enve- loppe complète autour de la masse embryogène. Celle-ci se constitue de Tembryon recouvert sur l'une de ses moitiés d'une calotte hémi- sphérique formée de quatre cellules plates. Les noyaux de deux de ces cellules se voient à la coupe optique. — 22. Idem. La couche chilinogène est encore incomplète — 25 et 24. La couche chitinogène enveloppe de toutes paris l'embryon. — 25. On dislingue les deux couches cellulaires qui entrent dans la composi- tion de l'embryon. Un ovale régulier marque la limite d'extension de la couche externe de l'embryon. — 26. Les trois paires de crochets ont apparu dans la couche externe de l'em- bryon. Les noyaux de la couche chilinogène ont atteint leur maximum de développement. — 27. Les noyaux des deux enveloppes cellulaires de l'embryon ont diminué de volume; ils ont perdu leurs nucléoles. L'enveloppe chitineuse se montre constituée de trois membranes. L'embryon hexacanihe a été expulsé de ses enveloppes. — 28. Stade un peu plus avancé. L'embryon hexacanthe est resté incolore. — 29. Un embryon ayant l'apparence d'une Gastrula. Cette apparence est accidentelle : elle e.st dét( rminée par la présence d'un corps réfringent volumineux dans la couche chitinogène. — 50. Embryon hexacanthe entouré de ses enveloppes de Tœnia porosa. (Prép. au carmin de Beale.) — 51 et 52. Embryon du même montrant une structure complexe et une symé- trie bilatérale évidente. RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES SUR L'HYPOPHYSE ET QUELQUES ORGANES QUI S'Y RATTACHEiNT CHEZ ASCIDIA COMPRESSA et PHALLUSIA MAMMILLATA; PAR CHARLES JULIN, Assistant du cours d'embryologie à l'Université de Liège. Planche IIY. I>EUXIE]ME COîMEîWETJÎSriCATIOIV. J'ai récemment publié une étude (1) sur un organe glandu- laire que l'on rencontre chez les Ascidies simples, appliqué immédiatement à la face inférieure du cerveau. Le conduit excréteur de celte glande, situé sur la ligne médio-dorsale du corps vient s'ouvrir dans la région buccale, en avant du sillon péricoronal, à la surface d'un tubercule, par un orifice dont la forme varie chez les différentes espèces. J'ai établi l'homologie qui existe entre cet organe et l'hypophyse des vertébrés crâ- (1) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3^ série, 1. 1, n° 2, février 1881. Becherclies sur Vorganisaliondes Ascidies simples. — Archives de Diologie, l. II, fasci, 1881. 212 CHAULES JULIN. niens, en me hiisant sur sa situation, ses rapports, sa texture et son origine probal)le. Depuis ma dernière note, j'ai étudié la disposition de cet appareil chez d'autres espèces d'Ascidies simples et ce sont les résultats auxquels je suis arrivé qui font l'objet du présent tra- vail. Mes nouvelles recherches ont été faites chez Ascidia com- pressa et Phallusia mammillata, en partie sur des individus préparés à Naples, par mon maître, M. le professeur Edouard Van Beneden, qui les a mis à ma disposition avec la phis grande libéralité; qu'il reçoive ici l'expression de mes remercîmenls et de ma profonde reconnaissance pour les conseils éclairés qu'il n'a cessé de me donner ! ACCIDIA COMPRESliA. L'individu que j'ai choisi pour type de ma description est adulte et mesure 5 7^ centimètres de longueur, c'est-à-dire depuis l'orifice du siphon buccal jusqu'au point de fixation de l'animal. La région interosculaire est relativement fort développée : les deux orifices buccal et cloaca] sont en effet distants Fun de l'autre de 2 ^2 centimètres. Vorifice buccal est garni de lèvres fort petites, fort peu éle- vées; V orifice chacal est pourvu de lèvres semblables. La région buccale est relativement considérable; elle constitue un tube dont la longueur est de 9 millimètres, c'est-à-dire qu'il occupe un peu plus du tiers de la distance qui sépare les deux orifices buccal et cloacal. La région qui avoisine l'orifice du cloaque et qui correspond à la zone circulaire que j'ai décrite chez les espèces précédem- ment étudiées, constitue aussi un tube; sa longueur est beau- coup moindre que celle de la région buccale : elle n'atteint pas plus de 4 millimètres. Il en résulte que la face dorsale ne mesure guère que 12 mil- ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 213 limètres de longueur, celle-ci étant comprise entre les limites des siphons buccal et cloaca!. Le cercle coronal est beaucoup plus rapproché du bourrelet péricoronal que de l'orifice buccal ; il est distant de ce dernier d'environ 7 V2 millimètres, de sorte que la zone comprise entre le cercle coronal et le bourrelet péricoronal n'a que 1 '/^ milli- mètre de hauteur. La lèvre interne du bourrelet péricoronal constitue un repli membraneux continu, peu saillant du côté du raphe dorsal, 1res saillant, au contraire, au niveau du cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale. La manière dont se comporte la lèvre externe du bourrelet péricoronal par rapport à la lèvre interne est en tout point semblable à la disposition que ces lèvres présentent chez Cor ella parallelogramma. 11 existe donc chez cette espèce aussi deux gouttières péricoronales, séparées Tune de l'autre, d'une part sur la ligne médio-ventrale et d'autre part sur la ligne médio-dorsale du corps. La partie antérieure du raphe dorsal, caractérisée par la pré- sence de la gouttière épibranchiale est étendue jusqu'à l'extré- mité postérieure du cerveau, sur une longueur de 8 millimètres. Elle est soudée dans toute son étendue avec la tunique interne du manteau. Son extrémité antérieure reste un peu en retrait surla lèvre externe du bourrelet péricoronal; son extrémité postérieure se continue avec un repli membraneux continu, dépendance de la paroi du sac branchial, et rattachée la tunique interne du manteau par de nombreux trabecules vasculaires. Le tubercule hypophy saire est très développé et fait forte- ment saillie dans la région buccale. L'orifice de la cavité infun- dibuli forme, est très sinueux, très onduleux. Sa forme est celle d'un fer-à-cheval ouvert en avant et dont les extrémités des branches sont recourbées en arrière. Les deux lèvres qui limi- tent cet orifice sont fort rapprochées, de sorte que l'on a affaire à une fente très étroite. On distingue nettement la forme en entonnoir de la cavité, et l'on voit distinctement à la loupe le fond de la cavité se continuer avec le canal excréteur de la glande 214 CHARLES JULIN. hypophysaire. Ce conduit peut èlre poursuivi sous le raphe dor- sal sur une longueur de 5 à 6 millimètres. La glande hypophysaire située sous le cerveau déhorde légè- rement celui-ci suivant ses bords latéraux. Le cerveau a une longueur d'environ 2 millimètres; il est un peu plus rapproché de l'orifice cloacal que de l'orifice buccal. Les rapports de la cavité péribranchiale sur h ligne médio- dorsale chez Ascidia compressa sont les mêmes que chez Asc. scabra et Phalliisia venosa, c'est-à-dire que celte cavité ne s'étend jamais au-dessous du ganglion nerveux et de la glande hypophysaire sous-jacente, contrairement à ce qui existe chez Cor. parallelogramma et Ph. mentala. (PI. XIV.) Chez cette espèce la glande hypophysaire présente une dispo- sition, qui à première vue paraît tout à fait différente de celle qui existe chez toutes les espèces précédemment examinées. Cette disposition est extrêmement intéressante en ce qu'elle a permis à M. Éd. Van Beneden d'émettre une hypothèse sur la fonction de cet organe énigmatique que l'on retrouve à l'état rudimen- taire chez tous les vertébrés crâniens. Avant d'aborder la description de cet appareil, j'exposerai, comme je l'ai fait pour les autres espèces, la disposition et les rapports de quelques organes qui favoisinent. Je décrirai ces organes tels qu'ils se présentent chez un individu adulte, mesu- rant il % centimètres depuis son orifice buccal jusqu'à son point de fixation. La distance qui sépare les deux orifices buccal et cloacal est de 6 V2 centimètres chez l'individu étalé, comme nous l'avons indiqué dans notre premier travail (1), la face interne de la cavité branchiale étant dirigée vers l'observateur. La région interoscu- (1) Loc. cit., p. 63. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 21 0 taire est donc bien développée relativement à la longueur de ranimai. La région buccale est peu étendue; sa largeur comprise entre Forifice buccal et le bourrelet péricoronal n'atteint guère que 7 millimètres. La zone circulaire qui circonscrit Torifice du cloaque est moins large encore , elle mesure environ 5 milli- mètres. Le cercle coronal est un peu plus rapproché du bourrelet péri- coronal que de Torifice buccal. Il donne insertion à un nombre variable de tentacules, plus ou moins longs, qui sont générale- ment pigmentés en rouge vif. Toute la zone comprise entre le cercle coronal et le bourrelet péricoronal est couverte de petites saillies papillaires arrondies, extrêmement nombreuses. Nous avons vu que de semblables papilles existent aussi chez Phallusia mentula et Ph. venosa {Ì). La façon dont se comportent l'une par rapport à l'autre les deux lèvres de la gouttière péricoronale est différente de celle que nous avons décrite chez les espèces étudiées précédemment. La lèvre interne de cette gouttière constitue un repli membraneux assez considérable, très souvent pigmenté en jaune orangé vif. La lèvre externe n'est jamais pigmentée : du côté de la ligne médio- ventrale, elle se comporte vis-à-vis de la lèvre interne, comme chez les autres espèces, c'est-à-dire qu'à une certaine dislance du cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale, elle s'unit à la lèvre interne de chaque côté de la ligne médiane, ce qui détermine une interruption de la gouttière péricoronale ; mais du côté de la ligne médio-dorsale, c'est-à-dire au niveau de l'ex- trémité antérieure du raphe dorsal, au lieu de s'unir à la lèvre interne, elle constitue comme cette dernière un repli continu (pi. XIV, fig. 2). Il en résulte qu'au lieu d'avoir, comme chez les autres espèces examinées, deux gouttières péricoronaies, séparées l'une de l'autre sur les lignes médio-ventrale et médio- (1) Loc. Ci/., pp. 80 et 85. 1.^ 216 CHARLES JULIN. dorsale, il n'existe chez Ph. mammillata qu'une seule gouttière péricoronale, interrompue seulement au niveau du cul-de-sac antérieur de la gouttière hypobranchiale. Cette disposition est donc un peu différente de celle qui existe chez les autres espèces précédemment étudiées. Toutefois pas plus que chez celles-ci, il n'existe chez Ph. mammillata de conti- nuité directe entre les gouttières péricoronale , hypobranchiale et épibranchiale. r^a partie antérieure du raphe dorsal, caractérisée par la pré- sence de la gouttière épibranchiale, est longue de 16 millimètres. Elle n'est soudée à la tunique interne du manteau que sur une longueur de 2 millimètres environ à son extrémité antérieure ; dans tout le reste de son étendue elle est unie au manteau sur la ligne médiane par de très nombreux trabecules vasculaires. Cette portion du raphe dorsal se continue en arrière en un repli membraneux continu. Le cerveau, dont la longueur est de 2 ^/^ millimètres, est un peu plus rapproché de l'orifice buccal que de l'orifice du cloaque. Son extrémité postérieure est distante de 21 millimètres du bourrelet péricoronal. Il en résulte que l'extrémité postérieure de la gouttière épibranchiale se trouve située à environ 2 milli- mètres en avant de l'extrémité antérieure du cerveau. Il nous reste maintenant à examiner la disposition de l'appa- reil hypophysaire chez l'espèce qui nous occupe. Nous l'étudie- rons successivement chez un individu de petite taille, puis chez un autre de taille moyenne et, enfin, chez l'adulte. La Ph. mammillata la plus jeune que j'aie examinée avait envi- ron 5 centimètres de longueur. La dislance entre les orifices de la bouche et du cloaque, prise sur l'exemplaire étalé, était de 21 millimètres; celle qui séparait le tubercule hypophysaire de l'extrémité postérieure du cerveau mesurait 11 millimètres. C'est sur cette étendue de 11 millimètres que se trouve réparti l'appareil hypophysaire. Il est logé dans l'épaisseur de la tunique interne sur la ligne médio-dorsale de l'animal. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 217 II y a lieu de considérer à cet appareil : un canal principal, dont l'extrémité antérieure est modifiée de façon à constituer un entonnoir ouvert en avant; un amas glandulaire; des canaux secondaires, et enfin, des entonnoirs secondaires. Le canal principal est étendu sur la ligne médio-dorsale de- puis la gouttière péricoronale jusqu'à l'extrémité postérieure du ganglion nerveux. Son trajet n'est pas complètement rectiligne; il décrit quelques sinuosités, quelques inflexions très peu pro- noncées. Son calibre est à peu près le même dans toute sa lon- gueur; il atteint en moyenne 0,05 de millimètre. Dans la plus grande partie de son trajet, c'est-à-dire jusqu'au niveau de l'ex- trémité antérieure de ganglion nerveux, il présente à la coupe transversale une forme ovalaire aplatie de haut en bas. Il est situé là dans le tissu conjonctif qui sépare l'épithélium péribranchial des muscles transversaux. Au niveau du ganglion nerveux, il est encore aplati dans le même sens, mais ne constitue plus qu'une gouttière ouverte en bas, ses bords latéraux se continuant avec la masse glandulaire sous-jacente au cerveau. Bref, comme on le voit, cette disposition est identique à celle que nous avons décrite (1). Dans toute l'étendue du cerveau, le canal principal est appliqué immédiatement contre la face inférieure de ce der- nier, saiis interposition de tissu conjonctif, ce qui est très nettement visible sur les coupes transversales pratiquées à ce niveau. A partir de la lèvre externe de la gouttière péricoro- nale, c'est-à-dire à son extrémité antérieure, il est renflé en un organe tubulaire qui se rétrécit tout à fait en avant, et fait légè- rement saillie dans la région buccale, immédiatement en avant de la gouttière péricoronale. Cet organe tubulaire, long de 0,125 de millimètre, mesure dans sa plus grande largeur 0,07 de milli- mètre; il s'ouvre dans la cavité buccale par un orifice circulaire dont le diamètre est de 0,04 de millimètre. Autour de cet orifice et sur une étendue d'environ 0,07 de millimètre répithéliuni de (1) Loc. cit. p. 89. 218 CHARLES JULIN. la région buccale présente un aspect tout particulier, ce qui résulte de ce que, au lieu d'être aplati comme dans le reste de cette région, cet epithelium est cubique dans cette limite. En cet endroit de la cavité buccale, on ne trouve pas non plus les petites papilles qui caractérisent la zone comprise entre le cercle coronal et la lèvre interne de la gouttière péricoronale. Dans la partie antérieure de son trajet, sur une longueur de 3 1/2 millimètres, le canal principal n'émet pas de branches secon- daires; toutefois on distingue çà et là un petit diverticule creux, dépendant de la paroi du canal, et terminé en cul-de-sac. Ces diverticules sont très probablement les indices de futurs canaux secondaires. Dans tout le reste de son trajet, jusqu'à l'extrémité antérieure du cerveau, c'est-à-dire sur une longueur de 6 Va millimètres environ , le canal principal émet un grand nombre de canaux secondaires. Ceux-ci sont généralement courts, plus ou moins onduleux et disposés sur différents plans dans l'épais- seur du tissu conjonctif sous-jacenl à l'épithélium péribranchial. Tantôt ils présentent très sensiblement le même calibre dans toute leur longueur et sont alors indivis, tantôt, au contraire, ils mon- trent par-ci par-là des diverticules creux, parfois peu étendus, d'autres fois constituant des branches bien développées, et leur calibre paraît alors assez irrégulier. Tous ces canaux secondaires n'ont pas la même largeur : tantôt celle-ci ne dépasse pas 0,012 de millimètre, tantôt, au contraire, elle atteint jusque 0,05 de millimètre. La grande majorité de ces canaux se renflent à leur extrémité libre en une cavité infundibuliforme, et vont s'ouvrir dans la cavité péribranchiale par un orifice, qui n'est autre que l'ouver- ture de l'entonnoir. Ces entonnoirs secondaires ^ au nombre de quatre-vingt-deux chez l'individu que nous décrivons, ont des dimensions très variables : les uns ont une largeur de 0,18 de millimètre, d'autres, au contraire, n'atteignent guère plus de 0,05 à 0,06 de millimètre en largeur. Tous ces entonnoirs font forte- ment saillie dans la cavité péribranchiale; ils constituent de véritables tubercules et soulèvent ainsi la tunique interne, de ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 219 sorte que l'épithélium péribranchial forme comme un pli sur le pourtour du tubercule. Ils sont pourvus de longs fouets vibra- tiles que l'on distingue très nettement dans la cavité, à travers leur orifice externe. Ces orifices ont des formes assez variables. Je décrirai plus loin le mode de formation de ces entonnoirs. Si nous étudions la texture de cet appareil, nous constatons que la paroi du canal principal, de même que celle des canaux secondaires, est constituée simplement par un epithelium cubique, dont les cellules sont très petites et présentent un noyau sphé- rique, qui se colore vivement en rouge par faction du carmin boracique. La texture des entonnoirs secondaires peut déjà très bien s'étudier par transparence sur la membrane étalée, ainsi que je l'ai représenté (pi. XIV fig. 3). Mais en pratiquant des coupes transversales à travers tout l'appareil, c'est-à-dire perpendicu- lairement au canal principal, on coupe ainsi les entonnoirs dans différents sens. Si l'on examine une coupe menée parallèlement au canal secondaire (fig. 7), on trouve alors qu'il y a lieu de con- sidérer au tubercule une charpente conjonctive et un epithelium qui tapisse la cavité infundibuliforme. La charpente conjonctive n'offre rien de particulier : elle n'est qu'une dépendance du tissu conjonctif sous-jacent à l'épithélium péribranchial, et présente la même texture que lui ; seulement, tandis que chez l'adulte il est bourré de corpuscules pigmentés, chez le jeune individu, au contraire, ces corpuscules manquent complètement ou sont très peu nombreux. L'épithélium affecte une apparence différente selon le point où on le considère. Dans toute l'étendue de la cavité en entonnoir il est formé d'une rangée de cellules cylindriques, disposées perpendiculairement au sens de la cavité; ces cellules, très allongées, sont finement granuleuses et pourvues d'un noyau ovalaire allongé dans le sens de la cellule; ces noyaux sont placés à peu près vers le centre de la cellule. Chaque cellule présente à sa face libre un épaississement constituant un plateau d'où part un long fouet vibratile. Tous ces fouets vibratiles sont assez longs 220 CHARLES JULIN. pour que ceux de l'une des parois s'entre-croisent avec ceux de l'autre paroi et s'enchevêtrent de mille façons, ce qui se voit surtout au centre de la cavité, [/epithelium cylindrique vibratile se continue d'une part avec l'épithélium cubique du canal secon- daire, d'autre part avec l'épithélium qui tapisse la surface du tubercule. Ce dernier, cylindrique au point où il se continue avec l'épithélium de l'entonnoir, devient cubique plus en dehors et enfin se continue insensiblement avec l'épithélium plat qui tapisse la cavité péribranchiale. La texture de l'entonnoir principal (fig. 5) est tout à fait identique à celle que j'avais décrite (1) pour le tubercule hypo- physaire chez les autres espèces d'Ascidies. Quant à la masse glandulaire, elle est considérablement réduite chez l'espèce qui nous occupe, et ce n'est guère que sur des coupes qu'il est pos- sible d'en constater la présence. Sa texture est indéchiffrable même sur des coupes extrêmement fines pratiquées à travers des individus admirablement conservés. On ne distingue qu'un amas de petites cellules, pourvues de noyaux sphériques ; ces cellules se distinguent nettement des cellules qui constituent le canal principal, ces dernières se colorant beaucoup plus forte- ment en rouge par l'action dn carmin. Cependant dans cette masse cellulaire on distingue par-ci par-là des fentes extrêmement étroites limitées par une rangée de petites cellules. Jl ne serait donc pss permis d'affirmer la nature glandulaire de cette masse cellulaire, en se basant exclu- sivement sur les observations faites chez Ph. mammillata, et si je lui attribue cette nature glandulaire, ce n'est que par analogie avec la texture que présente cet amas cellulaire chez les espèces précédemment étudiées. La texture du bourrelet péricoronal chez cette espèce est très différente de celle que nous avons décrite précédemment (2). (1) Loc. cit., p. 87. (2) Loc. cit., p. 84. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 221 La lèvre interne du sillon (pi. XIV, fig. 5) l'orme un repli membraneux mince et élevé constitué par une charpente con- jonctive, dans laquelle on rencontre fréquemment des corpus- cules pigmentés jaunes, et par un epithelium tapissant la surface de cette charpente. Cet epithelium est cylindrique sur la face interne du repli et se continue avec l'épilhélium de l'entonnoir principal; sur la face externe du repli, c'est-à-dire dans la partie qui forme la paroi interne du sillon péricoronal, l'épithélium est cubique et ne présente pas de cils vibratiles; il se continue brusquement dans le fond du sillon avec l'épilhélium qui en revêt la lèvre interne. Cette dernière est peu élevée et constitue un large bourrelet; sa charpente conjonctive, dans laquelle existent un grand nombre de lacunes sanguines sans paroi propre, est tapissée par un epithelium cylindrique très épais. Dans cet epithelium (fig. 6) il y a lieu de distinguer trois régions : 1° Un bourrelet volumineux faisant saillie dans la gouttière péricoronale : il est formé de cellules ciliées très allongées, dis- posées en éventail; la partie profonde de ces cellules est forte- ment granuleuse et se colore en rouge vif par le carmin; la partie superficielle est très finement granuleuse, claire et ne prend pas de coloration sous l'action du carmin; c'est dans la partie profonde, mais à la limite entre celle-ci et la partie super- ficielle que se trouve le noyau ovalaire de la cellule; dans cette portion de l'épithélium on ne rencontre que peu ou point de cellules muqueuses. 2" La plus grande partie du restant de l'épithélium est formée de deux espèces de cellules : d'une part des cellules cylindriques ciliées identiques à celles que nous venons de décrire, d'autre part des cellules muqueuses très claires interposées entre les cellules cylindriques; ces cellules muqueuses ne se colorent pas sous l'action du carmin; elles sont finement granuleuses. Parmi ces cellules les unes sont profondes, effilées dans leur partie superficielle et pourvues d'un grand noyau sphérique; les autres, plus superficielles, sont plus volumineuses, renflées à la surface, effilées, au contraire, à leur extrémité profonde; enfin par-ci par- là 222 CHARLES JULIN. on en voit d'autres qui viennent s'ouvrir à la surface du bourrelet : nous avons donc affaire là à des cellules muqueuses semblables à celles qui existent dans l'épiderme des poissons. 5° Enfin, le reste de l'épithélium de la lèvre externe du bour- relet péricoronal est constitué aussi de deux espèces de cellules : des cellules muqueuses identiques aux précédentes, et des cel- lules cylindriques granuleuses dépourvues de cils vibratiles. 11 en résulte que, contrairement à ce qui existe chez les autres espèces, chez Ph. mammillata une partie de l'épithélium du bourrelet péricoronal est de nature glandulaire. Examinons maintenant comment se présente l'appareil hypo- physaire chez un individu un peu plus développé, mais pas encore adulte. L'animal qui sert de type à cette description mesure 7 centi- mètres de longueur; la distance entre les deux orifices buccal et cloacal est de 29 millimètres sur le sujet étalé. L'appareil hypo- physaire est étendu depuis la gouttière péricoronale jusqu'à l'extrémité postérieure du ganglion nerveux sur une longueur de 17 millimètres. Le canal principal occupe la même position et affecte les mêmes rapports que chez le jeune individu décrit plus haut. Son calibre n'a guère augmenté ; sa forme n'a pas changé. Sa partie antérieure renflée pour constituer l'entonnoir principal a la même apparence et les mêmes dimensions que chez le jeune, spécimen ; seulement le tissu conjonctif constituant la charpente du tubercule est généralement bourré de corpuscules pigmentés en orangé vif. L'épithélium buccal subit sur le pour- tour de l'organe la même transformation que celle que nous avons signalée chez le jeune individu, mais la zone ainsi déli- mitée autour de l'orifice antérieur du canal principal est plus restreinte chez le sujet qui nous occupe. La partie antérieure du canal principal (fig. 1) qui ne présente pas de canaux secondaires est relativement plus restreinte ; elle ne comprend qu'une étendue de 5 millimètres à peine. Encore ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 223 trouve-t-on par-ci par-là dans cette région quelques rares canaux secondaires, dont les uns se terminent en cul-de-sac, et dont les autres, au contraire, s'ouvrent dans la cavité péribranchiale par un entonnoir. L'amas glandulaire existe à la face inférieure du ganglion nerveux dans la plus grande partie de l'étendue de ce dernier, c'est-à-dire sur une longueur de 2 millimètres environ; toutefois il existe encore quelques canaux secondaires avec ou sans entonnoir sous l'extrémité antérieure du cerveau. Ce qui a surtout sensiblement augmenté ici, c'est l'étendue en largeur de l'appareil, et le nombre des branches et des enton- noirs secondaires. Les canaux secondaires sont beaucoup plus nombreux et présentent un grand nombre de branches, qui peu- vent même se ramifier à leur tour. Par-ci par-là on trouve une anastomose entre les branches provenant de la subdivision de deux canaux secondaires voisins; mais ces anastomoses sont encore relativement peu nombreuses. Le calibre des branches secondaires et tertiaires varie entre 0,04 et 0,012 de millimètre. J'ai compté chez cet individu cent vingt-huit entonnoirs, complètement développés; parmi ceux-ci quatre-vingt-un étaient pigmentés en jaune orangé; les autres, moins développés, n'offraient pas de traces de pigmentation. C'est à ce stade que l'on peut le mieux étudier la formation des entonnoirs. Deux modes de formation étaient seuls possibles : ou bien les entonnoirs pouvaient se développer, indépendamment des canaux secondaires, aux dépens de l'épithélium péribranchial et se mettre subséquemment en rapport avec eux par résorption du fond de l'entonnoir; ou bien ils pouvaient se former aux dépens des extrémités aveugles des canaux et se mettre secon- dairement en communication avec l'extérieur par résorption de l'épithélium péribranchial. C'est ce dernier mode de formation qui a lieu. Parmi les branches de ramification des canaux secondaires (fig. 4), on en rencontre dont l'extrémité aveugle est constituée comme le reste de la paroi du canal par un epithelium cubique; d'autres sont légèrement renflées à leur extrémité, et en ce point 224 CHARLES JULIN. l'épithélium tend à devenir cylindrique en même temps qu'il s'épaissit. D'autres encore plus renflées à leur extrémité aveugle présentent en ce point sur tout le pourtour du canal un epithelium cylindrique, tandis que le fond même du cul-de-sac est constitué par un epithelium cubique. En même temps que ces modifications se passent dans la constitution de la paroi du canal, on constate que l'extrémité renflée s'est notablement rap- prochée de l'épithélium péribranchial, à tel point qu'il ne reste plus qu'une très mince couche de tissu conjonctif interposée entre cet epithelium et l'extrémité aveugle du canal; de plus, l'organe fait déjà très légèrement saillie dans la cavité péribran- chiale. La couche de tissu conjonctif interposée se réduisant de plus en plus, et l'organe faisant de plus en plus saillie dans la cavité péribranchiale, on rencontre alors certains entonnoirs tout à fait développés, mais ne s'ouvrant pas encore à l'exté- rieur, l'épithélium péribranchial les recouvrant encore complè- tement et étant appliqué immédiatement contre eux. Tous les entonnoirs- ainsi constitués ne présentent pas encore de fouets vibratiles, et l'on rencontre des entonnoirs s'ouvrant déjà à l'ex- térieur et non encore pourvus de ces fouets vibratiles. Ceux-ci semblent se former seulement après la résorption de l'épithé- lium péribranchial. Les entonnoirs ainsi constitués sont fort petits et ne sont jamais pigmentés; la pigmentation n'a lieu que beaucoup plus tard. En efî'et, nous avons vu que chez le jeune individu les entonnoirs n'étaient pas colorés. Il résulte de ce mode de formation des entonnoirs secon- daires de l'appareil hypophysaire que c'est aux dépens de l'ex- trémité aveugle des canaux, et non pas aux dépens de l'épithélium péribranchial qu'a lieu ce développement. Nous avons donc là afi'aire à des organes de formation secondaire. La texture des canaux et des entonnoirs est tout à fait la même que celle que nous avons décrite plus haut, avec la seule exception que, dans les entonnoirs pigmentés, la charpente con- jonctive du tubercule est bourrée de corpuscules jaune-orangé. ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 2'2o Voyons maintenant comment cet appareil hypophysaire se trouve constitué chez la Phallusia adulte. L'animal qui nous servira pour cette étude présente une lon- gueur de U,5 centimètres; les orifices de la bouche et du cloaque sont distants l'un de l'autre de 6 7^ centimètres. L'appareil hypophysaire s'étend sur une longueur de 51 milli- mètres, depuis la gouttière péricoronale jusqu'à l'extrémité pos- térieure du cerveau. Le canal principal ne présente guère de modification, si ce n'est qu'il est très sinueux et que son calibre varie assez bien d'un point à l'autre de son étendue. L'entonnoir principal a toujours la même apparence que chez les spécimens décrits plus haut; il est fortement pigmenté, mais ses dimen- sions sont très sensiblement les mêmes. Il s'ouvre toujours dans la cavité buccale par un orifice circulaire. La masse glandulaire n'occupe plus qu'une longueur de 1 ^/i millimètre. Le cerveau mesure 2 ^/^ millimètres de long, de sorte qu'à sa face inférieure, sur une étendue d'environ i milli- mètre, on trouve, indépendamment du canal principal, des canaux et des entonnoirs secondaires; comme on le voit, la masse glandulaire tend à diminuer de volume, tandis qu'au con- traire le système des canaux secondaires prend de plus en plus d'extension, au fur et à mesure que l'animal avance en âge. Dans tout le reste de sa longueur le canal principal émet en effet des branches secondaires. Celles-ci sont extrêmement nombreuses et se ramifient un certain nombre de fois. Toutes ces branches de ramification s'anastomosent entre elles de telle sorte que ce système de canaux constitue un vrai réseau déve- loppé sur la face dorsale de l'animal, dans l'épaisseur de la tunique interne. Le calibre des différents canaux varie considé- rablement; mais tous ont leur paroi constituée par un epithelium cubique. Le nombre des entonnoirs secondaires a encore notablement augmenté; j'en ai compté plus de cinq cents sur l'individu, qui fait l'objet de ma description. La plupart d'entre eux sont pig- mentés, et leurs dimensions sont beaucoup plus uniformes; ils 226 CHARLES JULIN. atteignent en moyenne 0,18 à 0,20 de millimètre de largeur. Le nombre des entonnoirs en voie de formation est relativement beaucoup moindre que dans le sujet de taille moyenne que nous avons examiné plus haul. Toute la texture de l'appareil est encore la même que celle que nous avons décrite précédemment. Je n'ai trouvé sur la disposition et la texture de cet appareil de Ph. mammillata d'autres renseignements bibliographiques que la figure qu'a donnée M. Ussow (1). Il ne me semble pas avoir constaté la présence d'un canal principal, et ne me paraît pas avoir compris la disposition des branches secondaires; il n'a pas vu non plus que le canal principal s'ouvre dans la cavité buccale, et n'a pas signalé, que je sache, l'existence de l'entonnoir anté- rieur. Cependant il a parfaitement ligure la structure des enton- noirs secondaires , qu'il considère comme des organes olfactifs. Je n'ai jamais vu, comme il le figure, de rameaux nerveux, venant se terminer dans les cellules de l'épithélium cylindrique vibratile. 11 représente aussi les cellules de la paroi des canaux secondaires comme étant ciliées; il s'est certainement trompé à cet égard. D'ailleurs son dessin ne me paraît pas avoir été fait d'après une coupe, mais d'après l'organe vu par transparence. Néanmoins, ainsi que je l'ai déjà signalé dans mon premier travail, sur cette question de l'hypophyse des Ascidies, je me fais un devoir de constater que le travail de M. Ussow sur le système nerveux des Ascidies et les organes qui l'avoisinent, est fait avec le plus grand soin, et a fait faire un grand pas à nos connaissances sur ce sujet. L'étude que nous venons de faire nous montre que chez Phallusia mammillata l'hypophyse constitue un appareil en appa- rence très compliqué, mais qui n'est que le résultat d'une modi- fication secondaire survenue dans l'appareil tel qu'il est constitué chez Corella parallelogramma, Ascidia scabra. Ph. mentula (i) M. Ussow, Contribution à la connaissance de Vorganisation des Tuniciers. Moscouy 1876. (Écrit en russe.) ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 227 et Pli. venosa. En effet, chez ces dernières espèces, tout comme chez Ph. mammillata, l'appareil hypophysaire se consti- tue : 1° d'un canal longitudinal, aplati de haut en bas, situé sur la ligne médio-dorsale du corps depuis le sillon péricoronal jus- qu'à l'extrémité postérieure du cerveau; ce canal, au niveau du ganglion nerveux est appliqué contre la face inférieure de ce dernier, sans interposition de tissu conjonctif et constitue une simple gouttière dans cette région ; 2*^ d'un organe infundibuli- forme antérieur, constituant l'extrémité élargie du canal longitu- dinal, cet organe s'ouvrant dans la cavité buccale de PAscidie en avant du bourrelet péricoronal, entre celui-ci et le cercle coronal; S*" d'une masse glandulaire située à la face inférieure du cerveau et en continuité directe avec le canal principal. Mais chez Ph. mammillata le canal principal subit des modi- fications profondes. En effet il se forme à ses dépens un grand nombre de branches secondaires qui se divisent et se subdivisent à leur tour. De plus, chez Ph. mammillata, il apparaît de très nombreuses ouvertures secondaires, en forme d'entonnoirs ciliés, mettant en communication les canaux secondaires avec la cavité péribranchiale et partant avec l'extérieur. C'est donc exclusivement sur la formation des canaux et des entonnoirs secondaires que porte la différence qui existe entre l'hypophyse des autres Ascidies et celle de Ph. mammillata. Mais nous pouvons tirer de l'étude que nous avons faite de la disposition de cet appareil chez des individus d'âges différents, des données certaines sur son mode de développement. Il est très probable que c'est aux dépens d'un diverticule pri- mitivement unique (canal principal) de l'épi thélium de la cavité buccale que se développe tout l'appareil. Ce diverticule constitue très probablement à un moment donné du développement un canal epithelial étendu depuis la région buccale jusqu'à l'extré- mité postérieure du cerveau. C'est aux dépens de ce canal princi- pal que se développent, d'abord dans sa partie postérieure seu- lement, des diverticules (jui donnent naissance à la portion glandulaire de l'appareil. A ce moment du développement, l'hy- 228 CHARLES JULIN. pophyse de Ph. mammillata est constituée tout à fait comme celle des autres Ascidies. Puis plus tard, il se développe aux dépens du restant du canal principal des diveriicules secondaires creux qui donnent origine aux canaux secondaires, et ceux-ci se forment d'abord seulement aux dépens de la partie du canal principal qui avoisine l'amas glandulaire. Enfin, ces canaux secondaires se divisent à leur tour, leurs ramilications s'anastomosent entre elles, et c'est aux dépens de leur extrémité aveugle que se forment par transformation de l'épithélium, les entonnoirs secondaires qui mettent tout le système de canaux en communication avec l'exté- rieur. Au fur et à mesure que l'animal avance en âge nous voyons se former des canaux et des entonnoirs secondaires également aux dépens de la partie antérieure du canal principal. La formation des canaux secondaires procède donc d'arrière en avant. En même temps nous constatons que la masse glandulaire se réduit progres- sivement au fur et à mesure que le système des canaux secon- daires prend une plus grande extension. Le mode de développement de l'appareil chez Ph. mammillala démontre que la portion glandulaire de l'hypophyse subit une véritable atrophie chez cette espèce et se trouve remplacée en quelque sorte par un autre organe, développé aux dépens du canal excréteur de la glande. Cet organe, constituant un système de canaux ramifiés, présente au fond la texture d'une glande tubuleuse composée et il est très probable que l'épithélium de ces canaux est glandulaire tout comme celui des tubes de la glande hypophysaire des autres Ascidies. De plus, ce mode de développement nous démontre d'une façon évidente qu'au point de vue embyologique, la disposition et la structure de l'organe hypophysaire de Plu mammillala pro- viennent d'une complication secondaire dans la disposition et la structure du même organe chez les autres Ascidies. Mais en est-il de même si nous envisageons la question au point de vue de l'anatomie comparée ? L'appareil hypophysaire de Ph. mammillata résaUe-t-W d'une complication secondaire survenue dans la structure de l'hypo- ORGAiMSAÏION DES ASCIDIES SIMPLES. 229 physe des autres Ascidies, ou bien doit-on admettre au contraire qu'il représente à 1 état permanent une disposition primordiale de l'organe qui se serait modifiée secondairement pour donner origine à Thypophyse telle que nous la trouvons constituée chez les autres Ascidies? La première hypothèse me paraît être la vraie. En effet, un organe homologue de l'hypophyse est actuel- lement connu chez tous les Tuniciers (Appendiculaires, Ascidies simples, sociales et composées, Salpes et Doliolum). Or, chez tous les Tuniciers connus cet organe présente les mêmes carac- tères, en ce sens au moins que c'est une glande qui ne s'ouvre à l'extérieur que par un seul orifice qui est l'orifice de son canal excréteur. Si le type réalisé chez Ph. mammillata était primor- dial, il n'y a pas de doute que l'on ne retrouvât, au moins transi- toirement, chez quelque autre Tunicier, des caractères qu'il présente chez Ph. mammillata. Or, jusqu'à ce jour, on n'a trouvé chez aucun autre Tunicier une disposition anatomique de l'or- gane identique à celle que l'on rencontre chez Plu mammillata. Nous voyons donc que des considérations appartenant au domaine de l'anatomie comparée viennent encore confirmer les données embryologiques. En terminant mon dernier travail sur l'hypophyse des Asci- dies, je disais que rien dans mes observations ne me permettait démettre une idée sur la fonction qu'accomplit cet organe. L'étude de l'appareil de Ph. mammillata ne nous a-t-elle pas fait faire un pas de plus à cet égard ? Je ne pourrai mieux répondre à cette question qu'en Iranscri- vant l'opinion qu'émet sur ce sujet mon maître, M. le professeur Edouard Van Beneden (1). (1) Bulktin de l'Académie royale de Belgique, ô" série, t, I, n° 6 juin 1881- 230 CHARLES JULIN. « La disposition anatomique toute speciale que présente la glande hypophysaire de la Phallusia mammillala est de nature à nous mettre sur la voie de la détermination physiologique de cet organe. Le mode de développement de l'organe glandulaire de la Ph. mammillata montre que chez cette espèce l'appareil hypophysaire primitif des Ascidies a subi des modifications secon- daires consistant dans la mise en communication du canal excré- teur par un grand nombre de diverticules secondaires qui, eux aussi, débouchent par un entonnoir cilié avec la cavité péribran- chiale infundibuliforme. En même temps nous voyons l'orifice du canal excréteur primitif se réduire considérablement. » Le produit de sécrétion de l'organe se déverse donc ici, tout au moins en grande partie, dans la cavité péribranchiale. Or dans la cavité péribranchiale, dont le cloaque constitue la partie médiane, arrivent tous les produits et résidus de l'organisme destinés à être rejetés à l'extérieur. Il est donc probable que les produits de l'hypophyse de la Ph. mammillata sont des produits excrémentitiels. Physiologiquement cet organe serait donc le rein de cet animal. S'il en est ainsi chez la Ph. mammillata, il est très probable aussi qu'il en est de même chez les autres Tuniciers et que si chez la plupart de ces derniers l'hypophyse s'ouvre dans la cavité de la bouche, l'on ne doit nullement en conclure que le produit de sécrétion de la glande soit destiné à être utilisé dans le tube digestif. En effet l'eau qui entre par la bouche sort laté- ralement par les fentes branchiales pour être ensuite directement rejetée par le cloaque. Les produits de sécrétion de l'hypophyse peuvent être ainsi éliminés. » Si nous envisageons l'organe au point de vue morphologique, nous devons reconnaître dans l'hypophyse de la Ph. mammillata des caractères qui éloignent considérablement cette glande de toute autre glande connue. Dans louie glande proprement dite, procédant d'une invagination épidermique ou épithéliale unique, le produit de sécrétion est éliminé par un orifice unique. Les seules exceptions à ce fait général se rencontrent dans la catégorie des appareils urinaires. C'est ainsi que chez quelques Cestodes, ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. 25i oulre le foramen caudal, orifice de la vésicule pulsatile, des communications secondaires peuvent s'établir avec Pextérieur en divers points du corps (G. Wagener, Leuckart, Kôlliker, Hoek, Fraipont). L'étude comparative de l'appareil excréteur des Cestodes d'une part, des Trématodes de l'autre, démontre que là aussi l'appareil primitif était pourvu d'un orifice unique placé à l'extrémité postérieure du corps, là aussi les foramina secundaria sont des formations ultérieures. » Si les observations de Hatschek sur le développement des organes segmentaires du Polygordius sont exactes, nous aurions là un second exemple d'un appareil urinaire communiquant primitivement avec l'extérieur par un orifice unique (rein cépha- lique) qui se serait secondairement ouvert par une série d'orifices de nouvelle formation. C'est encore le même fait qui a amené une complication nouvelle dans l'appareil hypophysaire de la Ph. mammillata. » Si donc les faits connus relatifs à l'histoire de l'hypophyse sont encore insuffisants pour établir d'une façon positive que cette glande des Tuniciers est réellement un rein, des considé- rations d'ordre physiologique et d'ordre morphologique nous autorisent à considérer provisoirement cet organe comme ayant rempli primitivement chez les Chordés la fonction rénale. » IG 232 CHARLES JULIN. — ORGANISATION DES ASCIDIES SIMPLES. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV. Appareil hypophysaire de Phnllusla niaiumlllata. Fig. 1. Vue d'ensemble de l'appareil hypophysaire chez un individu de laille moyenne. Grossissement 10. — 2. Individu jeune. Le sillon péricoronal; la gouttière épibranchiale avec la partie antérieure du raphe dorsal; l'entonnoir principal et l'extrémité antérieure du canal principal de l'hypophyse. Grossi' 73. — 3. Individu jeune. Disposition des canaux et des entonnoirs secondaires par rapport au canal principal au niveau de l'extrémité antérieure du gan- glion nerveux. Grossi' 73. — 4. Individu de taille moyenne. Disposition des canaux et des entonnoirs secondaires vers le milieu du trajet du canal principal. Quelques stades de formation des entonnoirs secondaires. Grossi' 73. — 5. Individu de taille moyenne. Coupe verticale et anléro-postérieure inté- ressant l'entonnoir principal avec l'extrémité antérieure du canal principal; la gouttière péricoronale et les deux lèvres qui la déli- mitent. Ch. cl., obj. 5 de Hartn. Grossi' 268. — 6. Idem. Coupe verticale et anléro-postérieure de la lèvre externe du sillon péricoronal. Ch. cl., obj. 8 de Hartn. Grossi' 603. Individu adulte. Coupe longitudinale d'un entonnoir secondaire en con- tinuité avec un canal secondaire. La charpente conjonctive est bourrée de corpuscules pigmentés. RECHERCHES SUR LE DEVELOPPEMENT DU STERLET (ACIPENSER RUTHENUS); PAR W. SALENSKY, PROFESSEUR A l'uNIVERSITÉ DU KASAN. Planches lY-XYlil. INTRODUCTION. Dans le but de rendre plus accessibles aux embryologisles qui ignorent la langue russe, mes recherches sur le développement du Sterlet publiées en 1879 dans les Mémoires de la Société des naturalistes de Kazan, j'ai accepté avec empressement la proposition qui m'a été faite par mon collègue Van Beneden de publier, dans les Archives de Biologie ^ une traduction des parties les plus importantes de mon mémoire. — Afin de ne pas donner à cette publication une extension qui serait peu en rapport avec le cadre ordinaire d'un journal périodique, j'ai abrégé certaines parties, j'en ai supprimé d'autres. J'ai cru devoir me borner aussi à reproduire les ligures les plus importantes du livre. — Quand en 1879 j'ai rédigé le texte de mon ouvrage, 254 W. SALENSKY. plusieurs travaux importants qui ont vu le jour depuis n'avaient pas encore paru. Je n'ai pas cru devoir les mentionner dans l'édition française de mes recherches atin de ne pas être entraîné à remanier considérablement le texte primitif. Mon mémoire est divisé en deux parties : la première s'occupe de l'œuf, de la fécon- dation, de la segmentation et de cette partie du développement qui s'accomplit dans l'œuf jusqu'au moment de l'éclosion du jeune poisson ; la seconde traite des phénomènes ultérieurs du développement des divers appareils. CHAPITRE 1. L'oeuf mûr. L'œuf fraîchement pondu du Sterlet mesure deux millimètres de longueur; il est d'une couleur gris foncé, à l'exception d'une petite zone de forme annulaire, qui siège à son pôle germinatif et qui est d'un gris beaucoup plus clair que le reste de la sur- face de l'œuf. L'œuf est revêtu d'une capsule épaisse qui, d'après les obser- vations de Kowalewsky,deWagneretd'Owsjannikoff, se constitue de deux membranes. L'externe peut être appelée chorion ; l'in- terne est la membrane vitelline. Au début elles sont si intime- ment accolées l'une à l'autre qu'il est difficile de les séparer; mais quand l'œuf est pondu depuis quelque temps la membrane externe se détache facilement de la membrane vitelline, de sorte que la plus légère pression exercée au moyen du doigt suffit pour rompre le chorion; après cela il devient facile de débar- rasser l'œuf de cette enveloppe externe. Kowalewsky, Ovvsjannikoff et Wagner ont fait observer que la membrane externe de l'œuf du Sterlet (chorion) présente une surface inégale, et que, grâce à une matière visqueuse qui le recouvre, l'œuf pondu peut s'accoler aux corps étrangers. En examinant des coupes transversales ou longitudinales colo- DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 235 rées de l'œuf, on peut constater que la viscosité et les aspérités de sa surface ne dépendent pas du chorion, mais sont dues à des couches particulières qui revêtent extérieurement le chorion. Ces couches au nombre de deux, sont composées de cellules. Quant à l'origine de ces deux membranes, il n'y a pas de doute qu'elles ne proviennent des deux couches cellulaires qui constituent la paroi épithéliale du follicule ovarien. Le chorion est bien probablement un produit de sécrétion de la membrane granuleuse du follicule; quand celui-ci vient à se rompre, les cellules épithéliales restant adhérentes au chorion sont expulsées aveje l'œuf, et se retrouvent légèrement modifiées à la face externe de l'œuf pondu. L'examen de coupes microscopiques faites à travers la cap- sule de l'œuf démontre que cette enveloppe qui , comme nous Pavons dit, se dédouble après la ponte en chorion et membrane vitelline, présente à considérer trois couches distinctes. L'externe et l'interne ont à peu près la même épaisseur; celle du milieu est plus mince. En détachant le chorion de la membrane vitelline on peut se convaincre de ce fait que le chorion se constitue de deux couches; la membrane vitelline, d'une seule. Au pôle supérieur (germinatif) de l'œuf se trouve un micro- pile. Les orifices du micropile sont si petits, sur des œufs durcis, qu'il est probable qu'ils se rétrécissent par l'action des réactifs qui amènent aussi une rétraction de la capsule de l'œuf. Pour cette raison il est très difficile de trouver ces orifices. Selon Kowalewsky, Owsjannikoff et Wagner, il y aurait dans la région micropilaire 7 orifices, dont Tun occuperait le centre de l'appareil micropilaire, tandis que les autres l'entoureraient en formant un cercle. En effet l'appareil micropilaire de l'œuf d'un Sterlet est composé de plusieurs orifices; mais leur nombre n'est pas tou- jours limité à 7, et ils ne sont pas toujours placés suivant l'or- dre décrit par les observateurs susnommés. Quoique j'aie observé un grand nombre d'appareils micropilaires, je n'ai pu en trouver deux qui fussent identiques ni pour le nombre, ni pour la répartition des orifices. La figure 1, A, représente trois appa- reils, qui nous offrent trois aspects différents des orifices. 256 \V. SALEINSKY. On n'en voit que cinq sur le premier, tandis que les deux autres nous en présentent, Tun huit et Tautre treize, disposés sans aucun ordre. Chaque orifice consiste en une toute petite fossette ayant la forme d'un cratère; il est entouré de petits cylindres très grêles. Le vitellus, quand il est tout frais, forme une masse ductile contenant une grande quantité de gouttelettes de graisse et de granules vitellins. En examinant soit des coupes longitudinales, soit des coupes transversales du vitellus, on peut y distinguer plusieurs parties qui acquièrent un grand intérêt morphologique, si l'on compare ce vitellus avec celui des poissons osseux d'une part, des Amphibiens de l'autre. Comme la segmentation du vitellus des œufs du Sterlet s'opère suivant un type bien remar- quable en ce qu'il est intermédiaire entre la segmentation partielle des poissons osseux et la segmentation totale des Am- phibiens, je crois qu'il est indispensable de décrire les détails de structure du vitellus, tels qu'ils se montrent dans un œuf arrivé à maturité, mais non encore fécondé. Cela est d'autant plus nécessaire, que les caractères de la segmentation dépendent, dans mon opinion, de la composition du vitellus. La distinction entre protoleucyte et deutoleucyte est beaucoup plus complèle chez le Sterlet que chez les Amphibiens (1). Les coupes longitudinales montrent que le protoleucyte (1) Je ferai observer que si je me sers de ces expressions (deutoleucyte et pro- toleucyte), je n'admets pas cependant une différence essentielle entre les deux parties du vitellus, pas plus au point de vue physiologique qu'au point de vue morphologique. Le protoleucyte n'est pas exclusivement formateur: car, au contact du deutoleucyte il renferme des granules vitellins, c'est-à-dire l'un des éléments caractéristiques du deutoleucyte. Le deutoleucyte serait, avec moins de raison encore, considéré comme vitellus exclusivement nutritif, car sa substance fondamentale qui contient les granules vitellins, la graisse et autres matières nutritives du vitellus, est constiluée du même protoplasme finement granulé, qui forme le protoleucyte. La différence entre ces deux parties ne consiste qu'en ce que dans le protoleucyte c'est le protoplasme finement granulé qui prédomine, dans le deutoleucyte, ce sont les matières nutritives, telles que la graisse, les granules vitellins, etc , qui existent en plus grande quantité. DÉVELOPPEMENT DU STEKLET. 257 occupe toute la partie périphérique de l'œuf, et qu'il présente un épaississement à son pôle supérieur. Il consiste en une masse proloplasmique, finement granulée, et contient beaucoup de pigment à sa périphérie. Le deutolencyte occupe la région centrale de l'œuf; il apparaît comme une masse grossièrement granulée ; il renferme une grande quantité de graisse et de granules vitellins. Il n'y a pas de ligne de démarcation tran- chée entre ces deux parties : le deutolencyte passe insensible- ment au protoleucyte. Le pigment existe, sous forme de granules mé^aniques, dans la zone corticale du protoleucyte. Cependant la couche tout à fait superficielle du vitellus en est à peu près complètement dépour- vue. Celle-ci apparaît sur les coupes comme une bordure hyaline sous-jacente à la membrane vitelline. La substance fondamentale du protoleucyte est entièrement transparente; elle tient en suspension une grande quantité de granules brillants, clairs et transparents. Plus près du centre ces granules s'agrandissent, de sorte que, vers la limite du deuto- lencyte, on peut constater des formes de transition entre les petits granules de la zone périphérique du vitellus, et les gra- nules beaucoup plus volumineux de la région centrale de l'œuf. L'épaississemenl du protoleucyte que l'on trouve au pôle supé- rieur a la même composition que la couche corticale. 11 intéresse le cinquième environ de la circonférence de l'œuf et devient plus grossièrement granulé à sa face profonde. Dans les stades de développement plus avancés, quoique la limite de cette partie du côté du deutolencyte soit aussi peu nette que celle de la couche corticale proprement dite, on peut facilement, sur les œufs conservés dans l'alcool, détacher cette partie-là du reste de Tœuf. Parfois on trouve, entre elle et le deutolencyte, un liquide déposé en petites gouttelettes qui forment une limite tranchée entre le protoleucyte et le deutolencyte; mais ce fait doit être attribué à l'action de l'alcool. A l'extérieur de l'œuf, la limite de la partie épaissie du protoleucyte est marquée par un mince anneau qui diffère du reste de la masse vitelline par une couleur plus claire. Le deutolencyte, qui occupe tout le centre 238 W. SALENSKY. de Tœuf, se dislingue par la présence d'une plus grande quantité de granules vitellins et de gouttelettes de graisse. Sa substance est composée de la même masse finement granulée, qui constitue la base du protoleucyte. Il est très facile de constater la présence de cette substance sur des coupes transversales et longitudi- nales. Les gouttelettes de graisse d'un œuf frais sont jaunes, d'une forme sphérique, et réfractent fortement la lumière. Sur les coupes des œufs conservés dans de l'alcool , ces gouttelettes apparaissent sous la forme de petits espaces de formes variées. Celte différence provient de la dissolution des gouttelettes répan- dues dans la masse primitive. Les granules vitellins ont une apparence fusiforme bien caractéristique; ils sont répandus en grand nombre entre les gouttelettes de graisse. A leur tour ils sont entourés d'une quantité de petits corpuscules réfringents qui ressemblent beaucoup aux granulations du protoleucyte. Dans les slades plus avancés on peut rencontrer, dans le vitel- lus, des granules de formes variées. Bien souvent les granules fusiformes perdent leur apparence primitive et, en même temps qu'ils s'agrandissent, ils prennent des contours irréguliers. Après avoir observé avec soin les modifications que subissent ces gra- nules, j'ai été amené à supposer que ces cbangements précèdent la division du granule en plusieurs fragments. Dans les cellules entodermiques qui proviennent principalement du deutoleucyte, on rencontre souvent, à côté de granules déjà modifiés, des fragments de ces derniers. Probablement la fragmentation des granules vitellins a pour but de faciliter leur assimilation. Si l'on compare les parties qui composent le vitellus de l'œuf du Sterlet à celles de l'œuf des poissons osseux, on constate entre les deux types une grande ressemblance. La couche péri- phérique ou protoleucyte correspond à la couche corticale de l'œuf des poissons osseux, couche que Oellacjier a nommée à tort membrane vitelline (Dotterhaut). L'épaississement supérieur de cette couche correspond au germe de l'œuf des poissons osseux (le Keim des auteurs allemands). Le deutoleucyte est homologue au vitellus secondaire (Nebendolter) des poissons osseux. Cependant le deutoleucyte du Sterlet participe à la seg- DÉVKLOPPEMEINT DU STERLET. 239 mentation, tandis que le vitellus secondaire des léiéosléens ne se fractionne pas. Cette différence n'est nullement essentielle : les rapports qui existent entre prololeucyte etdeutolencyte dans l'œuf du Sterlet, sont tout à fait semblables aux rapports du vitellus principal et du vitellus secondaire des poissons osseux. f.e germe dans l'œuf de ces derniers est un disque circulaire, aminci à son pourtour, dont la face externe regarde la capsule de l'œuf, tandis que, par son bord il se continue avec la couche corticale de l'œuf. Telle est la description qui en a été donnée par His et les observations de tous les savants concordent, à quelques détails près, avec la description de His que nous venons de citer. Vogt a décrit de la même manière les œufs du Core- gonns ; Kupffer a trouvé la même composition aux œufs de 5/h'- nachia vvlgaris et le Belone. Oellachera remarqué que les limites du germe dans les œufs de la Truite sont très difficiles à tracer; je puis en dire autant pour les œufs du Sterlet. De même que chez les poissons osseux, la vésicule germina- tive, chez le Sterlet, est logée dans le germe. Elle apparaît comme un corps ovoïde, liquide, limité à l'extérieur par une couche épaissie du germe. Durant les premiers stades du développement ovulaire, la vésicule germinative ne possède pas de paroi propre, de sorte que, à proprement parler, elle ne mérite pas encore le nom de vésicule. Elle est plutôt une cavité creusée dans la sub- stance du germe; cette lacune est occupée par une substance liquide, qui se colore vivement par l'hématoxyline. Grâce à ses dimensions (0,59 millimètres de longueur), on la distingue faci- lement sur les coupes ; on peut même l'apercevoir à l'œil nu. Si l'on s'en rapporte au développement de l'œuf ovarien, on est en droit de considérer le contenu de la vésicule germinative comme le produit de l'union de deux substances : l'essence nucléaire (Éd. Van Ben.) et le liquide nucléaire (Van Ben.). Les nucléoles formés par de l'essence nucléaire se dissolvent, à un moment donné, dans le liquide nucléaire, et la vésicule germina- tive reprend alors ses caractères primitifs, caractères qui sem- blent propres à tout nucleus à son début. La vésicule possède 240 W. SALENSKY. alors aussi, comme à son début, la faculté de se teinter en bleu par l'hématoxyline. La vésicule germinative, dans des œufs qui ne sont pas encore arrivés à maturité, se trouve à peu près au centre de Tœuf, tandis que, dans les œufs arrivés à maturité, elle est placée dans le germe (Keim), par conséquent dans la partie supérieure de l'œuf. De même que chez une foule de poissons osseux (Oellacher) et d'Amphibiens (Goette, Van Bambeke, Hertwig), la vésicule germinative du Sterlet gagne donc progressivement la surface de l'œuf, au fur et à mesure de sa maturation. Mais, chez le Sterlet, elle n'arrive jamais aussi près de la surface que chez les animaux que je viens de nommer. CHAPITRE II. La fécondation et la segmentation. Les œufs, au moment où ils sont éliminés par l'orifice génital de la femelle, sont recueillis dans une assiette, au fond de laquelle ils s'attachent au moyen de la couche visqueuse qui les entoure. Après avoir été fécondés artificiellement, ils s'y déve- loppent normalement et ils peuvent, après s'être ainsi fixés, être transportés à grande distance. Une demi-heure à trois quarts d'heure après la ponte, on peut remarquer d'importantes modifications dans le germe (fig. 2). Lœuf n'est pas encore fécondé, ou du moins il ne présente encore aucune des modifications que l'on considère à bon droit comme caractéristiques de la fécondation. Le changement le plus important que l'on observe, sur les coupes transversales faites à travers de tels œufs, c'est la disparition de la vésicule germina- tive. On remarque en même temps des modifications dans la substance du germe. La substance finement granulée du germe qui, dans les œufs fraîchement pondus, est compacte, contient maintenant une grande quantité de petites lacunes de forme variée; celles-ci sont remplies d'une matière homogène, qui dév»:loppement du sterlet. 241 ressemble beaucoup à la substance de la vésicule germinalive primitive : elle se colore énergiquement par l'hématoxyline. Ces lacunes ont Taspect de petits îlots épars dans la substance du germe. Les modifications successives de la vésicule germinalive sont tout à fait analogue à celles que Fol a signalées chez les Astérides. Une heure après la fécondation on voit apparaître, au pôle supérieur de l'œuf, une tache blanche dont les contours sont indistincts; on dirait un petit nuage blanc se détachant sur le fond obscur du germe; elle voile légèrement cette partie de la surface de l'œuf. Cette tache est plus apparente au pôle même de l'œuf que vers sa périphérie, où elle disparaît graduellement. Ce fait dépend de ce que la couche de substance rejetée par Tœuf et qui se répand autour de son pôle, est plus épaisse à son milieu et s'amincit peu à peu vers ses bords. Sur les coupes transversales ((ig. 3) cette tache blanche a l'ap- parence d'une calotte formée d'une substance transparent*^ et homogène; de forme sémilunaire, elle est étroitement appliquée par sa concavité sur la surface du viiellus Au centre même de la tache, en un point correspondant exactement au pôle supé- rieur de l'œuf, cette matière transparente pénètre dans le germe; elle donne lieu à une image que l'on peut comparer à un enton- noir. A une certaine profondeur la substance qui remplit l'en- tonnoir se confond avec la substance finement granulée du germe. Cette substance transparente de la calotte véliforme est une formation nouvelle qui ne se maintient qu'autant que dure la période pendant laquelle l'œuf reste apte à être fécondé. Cela résulte de ce fait que, jusqu'à ce moment, la surface de l'œuf ne possédait pas ce voile, et que, aussitôt la fécondation accomplie, cette couche disparaît peu à peu. Les rapports qui existent entre cette couche et le germe sons-jacenl prouvent qu'elle provient de ce dernier. On ne trouve aucune limite entre les deux formations : la couche périphérique pigmentée du germe passe insensiblement à une couche transparente. A la limite entre les deux couches, les granules pigmentés deviennent rares; en d'autres termes la transition entre le germe et le corps 242 W. SALENSKY. vélil'oi me est graduelle et on ne voit aucune limite entre les deux ; ce corps affecte avec le germe les mêmes rapports que la mince zone protoplasmique claire, observée dans l'œuf mur et qui forme la partie externe de la couche corticale du protoleucyte, présente avec la zone pigmentée qui lui est sous-jacente. Sur la surface du corps véliforme, on trouve ordinairement une grande quantité de spermatozoaires qui s'attachent à l'œuf et qui se conservent très bien sur les préparations à l'alcool. Dans la matière même qui le constitue, on voit les queues des sperma- tozoaires, tandis que toute la surface de l'œuf est parsemée d'une quantité de têtes de spermatozoaires. L'étude de la structure du germe, dont nous allons parler, prouve que la fécondation a déjà eu lieu à ce moment : les particularités dont il vient d'être question n'en sont que lesmanifestationsexterieures.il en résulte que tous les spermatozoaires qui pénètrent à l'intérieur de la capsule ovulaire ne prennent pas une part active à la fécondation. Le plus grand nombre reste à la surface de la couche transpa- rente, sécrétée par l'œuf, et probablement ceux-là meurent peu à peu sans avoir pris aucune part à la fécondation. Je n'ai pas pu observer la pénétration de ces spermatozoaires dans la sub- stance du germe. Je suis donc disposé à admettre que, pour le Sterlet, ce qui paraît établi pour d'autres animaux, un seul et unique spermatozoïde accomplit à lui seul la fécondation. La couche de substance transparente rejetée par l'œuf pen- dant la fécondation a une grande ressemblance avec le corps qui apparaît dans les œufs des grenouilles au moment de la fécondation et qui a été décrit par Hertwig sous le nom de corps ve/?yòrme(Schleierfòrmiger Korper). Comme celui du Sterlet, ce dernier ne se forme que sur le pôle supérieur de l'œuf et cela seulement durant la fécondation. 0. Hertwig et Van Bambeke supposent que celte couche [la tache blanchâtre ou couche trans- parente et homogène de Van Bambeke) n'est qu'un reste de la vésicule germinative qui serait rejetée à l'extérieur. Cette opinion est principalement fondée sur la ressemblance que présente la tache blanchâtre avec la substance de la vésicule germinative. Cette ressemblance est très évidente chez le Sterlet, où le corps véliforme, qui correspond à la tache blanchâtre des Batraciens, DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 245 peut être coloré en bleu par l'hématoxyline, tout comme la substance de la vésicule germinative ; de môme que cette dernière, il ne possède aucune structure. Chez le Sterlet, cette couche présente cependant une particularité qui la dislingue de la couche transparente des Amphibiens : c'est sa liaison plus intime avec la substance du germe. Tandis que, chez les Amphi- biens, la couche transparente appliquée sur la surface de l'œuf en est séparée par un contour très net, chez le Sterlet les deux parties ne sont point séparées. C'est pourquoi je tiens pour pro- bable que la couche jaune du Sterlet provient, tout au moins en partie, du gonflement de cette couche superficielle du germe qui se trouve en dehors de la zone pigmentée. Je suis bien loin de nier cependant que le contenu de la vésicule germinative, qui se répand à certain moment dans la matière du germe, puisse participer à sa formation. Passons maintenant à l'étude de la structure intime du germe qui présente déjà, à ce stade, des modifications extrêmement remarquables. Ce qui frappe d'abord, ce sont les particularités que présente la couche pigmentée. Cette dernière s'épaissit beau- coup, surtout au pôle supérieur de l'œuf. A partir de ce point le pigment pénétre à l'intérieur du germe et se prolonge jusqu'à son centre de façon à constituer un cordon cylindrique composé d'une multitude de petites traînées pigmentaires. Au centre du germe la bande pigmentée s'arrête suivant une ligne transversale très nette. Les rapports précis entre la couche pigmentée et la couche transparente peuvent être déterminés par l'examen de coupes passant exactement par le pôle de l'œuf. On constate alors que la couche pigmentée s'enfonce en partant de la région médiane de la surface du germe, de façon à former une sorte de cratère à bords arrondis. La cavité du cratère est remplie par la matière transparente du corps véliforme; il serait plus exact de dire que la masse infundibuliforme, qui bouclje la cavité du cratère s'étale en une couche à la surface de l'œuf. La partie centrale aussi bien que les bords de la couche transparente se continuent immédiatement, comme je l'ai déjà dit, avec la couche pigmentée, sans qu'il existe entre elles aucune ligne de démar- cation nettement tranchée. 244 W. SALENSKY. La bande pigmentée aboutit, à son extrémité interne, à une tache claire et transparente, qui est entourée en partie de gra- nules de pigment. Cette tache (fig. 5, pnm) composée d'une masse finement granulée, dépourvue de toute membrane délimitante, est l'un des deux pronuclei qui interviennent dans la formation du noyau de segmentation (premier noyau embryonnaire de Éd. Van Beneden). Le rôle important que joue cet élément dans le développement ultérieur et plus particulièrement dans les premiers stades de l'évolution, nous oblige à nous y arrêter et à examiner minutieu- sement les caractères qu'il présente et les modifications qu'il subit jusqu'au moment de la formation du premier noyau de l'embryon. Les figures 5, 4, 5, 6 et 6 A montrent différents stades du développement du premier noyau de segmentation, depuis le moment où il n'existe encore qu'un seul pronucleus, jusqu'au moment de la conjugaison de deux pronuclei. Le moment de l'apparition du premier pronucleus (fig. 3, pnm), nous permet de déterminer sa signification, c'est-à-dire de décider la question de savoir s'il constitue la partie mâle ou la portion femelle du noyau de segmentation. Le pronucleus représenté à la figure 5 n'apparaît que lorsque les premiers indices de la fécon- dation deviennent apparents. On trouve alors, à la surface de la couche transparente, une quantité de spermatozoïdes. Aucun autre élément nucléaire n'existe encore à ce moment ; le second pronucleus se forme plus tard, et, comme nous allons le voir, il apparait non pas à la périphérie de l'œuf, où se forme ordinai- rement le pronucleus mâle, mais à l'intérieur du germe. Ces faits sont autant d'indices qui montrent que le nucleus qui apparaît au stade représenté par la figure 3, est un pronucleus mâle. Il existe, dans la littérature, des divergences d'opinions relativement à l'origine du pronucleus mâle des animaux en général. Éd. Van Beneden, à qui appartient l'honneur d'avoir découvert l'existence, dans l'œuf du Lapin, de deux éléments nucléaires différents auxquels il a donné les noms de pronucleus mâle et de pronucleus femelle, d'avoir démontré, que le premier DÉVELOPPEMEISÏ DU STEULET. 245 noyau embryonnaire résulte de la fusion (conjugaison) de ces deux éléments nucléaires doués de propriétés différentes, déter- mina aussi le premier la signification de ces pronuclei. Il pense que, chez le Lapin, le spermatozoïde n'entre pas à l'intérieur du vitellus, mais qu'il se soude avec la surface de Tœuf; que la formation du pronucleus mâle est le résultat de l'union de la substance qui constitue la tète du spermatozoaire avec celle qui constitue la périphérie du vitellus {Bulletin de l'Académie de Belgique 1875). Cette opinion fut confirmée par les recherches de Strasburger, de Fol et d'autres, et, comme nous le verrons plus loin, elle est parfaitement d'accord avec nos propres obser- vations. D'après Hertwig, au contraire, le spermatozoaire s'intro- duirait dans l'intérieur du vitellus; sa tête s'agrandirait et se transformerait morphologiquemeut en un noyau que Herwig a nommé Spermakern. Le noyau spermatique de Hertwig corres- pond parfaitement au pronucleus mâle de Van Beneden. D'après Hertwig on trouverait dans l'intérieur du pronucleus mâle des grenouilles, une vésicule ou plutôt une vacuole qui ne serait qu'un reste de la tête d'un spermatozoaire. Une semblable con- stitution du noyau spermatique serait la meilleure preuve en faveur de l'interprétation que nous avons donnée de ce noyau, quand nous l'avons considéré comme un pronucleus mâle. Mais nous n'avons pas trouvé dans cet élément que nous considérons comme le pronucleus mâle, la moindre trace de téle de sperma- tozoïde. En cela nos observations s'accordent avec celles de la plupart des embryologistes qui sous ce rapport n'ont pas été plus heureux que nous. Aussi je pense avec Van Beneden que le spermatozoïde ne se conserve pas en tant qu'élément morpho- logique, mais qu'il se dissout dans le protoplasme de l'œuf. Je n'ai jamais trouvé chez le Slerlet, au stade dont il s'agit, rien qui m'autorisât à supposer que la tête du spermatozoïde se con- serve et se transforme en un noyau. Dans les stades plus avancés (fig. 5 et 6) j'ai remarqué sur quelques préparations, dans l'un des pronuclei, un élément brillant qui peut-être correspond au corpuscule signalé par Hertwig et considéré par lui comme étant la tête d'un spermatozoaire. Mais l'existence toute accidentelle 246 W. SALENSKY. de ce corps nous prouve que sa présence n'est pas une condition essentielle du pronucleus mâle. Un germe dans lequel on peut observer le pronucleus que nous venons de décrire, présente très peu de modifications com- parativement à ceux du stade précédemment décrit. Il est formé d'une masse finement granulée, parsemée de petits ilôts d'une matière transparente semblable à la substance de la vésicule germinative. De semblables îlots se voient entre autres au voisinage du pronucleus mâle. Au stade suivant (fig. 4 et 5) le nombre des îlots groupés autour du pronucleus mâle est plus considérable, et, ce qui est important à noter l'un de ces îlots, celui qui occupe exactement la place où apparaît plus tard le pronucleus femelle se distingue de tous les autres par des con- tours plus réguliers; il a la forme d'un ovale allongé qui s'élargit un peu dans la direction du pronucleus mâle. La bande pigmentée, qui, au stade précédent, aboutissait au bord supérieur du pro- nucleus mâle, s'élargit maintenant d'un côté et tend à recouvrir aussi l'îlot dont il vient d'être question. Au stade suivant (lig. 6) à l'endroit même où était placé l'îlot en question on trouve main- tenant un élément nucléaire bien caractérisé, en tout semblable au pronucleus mâle (fig. 5, pnf), La bande pigmentée, en s'appro- chant de ces deux pronuclei, les enveloppe partiellement et se prolonge aux deux côtés en une sorte de queue. L'espace qui sépare entre eux les pronuclei est rempli par la substance fine- ment granulée du germe, tenant en suspension des granules de pigment. La constitution des deux nuclei est parfaitement iden- tique à celle du pronucleus mâle antérieurement décrit : ils sont composés d'une masse finement granulée. En observant diverses préparations de ce stade du développement, on constate des variations dans la forme de l'interstice qui existe entre les deux pronuclei. Sur quelques préparations il a l'apparence d'un pro- montoire très étroit formé par la substance du germe. Il résulte clairement de l'examen comparatif de ces préparations que les pronuclei se rapprochent progressivement l'un de l'autre. Au stade suivant (fig. 6A), au lieu des deux pronuclei que je viens de décrire, on ne trouve plus qu'un noyau unique. En examinan DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 247 des coupes transversales bien réussies on peut se convaincre de ce fait que ce noyau provient de la conjugaison des deux pronuclei: quelquefois le noyau a la forme d'un 8; quelquefois on peut trouver dans l'une des moitiés le corps brillant dont nous avons parlé. Les deux pronuclei, aussi bien que le noyau qui provient de leur conjugaison, se trouvent à quelque dislance de Taxe longi- tudinal de l'œuf. Après la conjugaison du pronucleus mâle avec le pronucleus femelle, quand l'enfoncement qui régnait au niveau de leurs surfaces de jonction disparaît, le noyau gagne peu à peu le centre du germe et se place dans l'axe de l'œuf. Ce changement de position est probablement produit par la rétrac- lion du germe. Le noyau qui résulte de la conjugaison des pronuclei est le premier noyau de segmentation. Les premiers indices du premier plan de segmentation apparaissent deux heures après la fécondation. Grâce à la pig- mentation très forte des bords du premier sillon, on distingue facilement, même à l'œil nu, les deux premiers globes qui se séparent d'abord au pôle supérieur de l'œuf. La segmentation du vilellus est totale; mais comme la partie supérieure de l'œuf formée par le germe se fraclionne plus tôt que sa partie inférieure (le vilellus grossièrement granulé), la segmentation de l'œuf du Sterlet rappelle beaucoup celle de l'œuf des Amphibiens et des Cyclostomes. Cependant, si on suit les premiers stades du développement d'un œuf du Sterlet, on peut se convaincre que le processus de la segmentation offre plusieurs particularités fort importantes, par lesquelles il se dis- tingue du fractionnement tel qu'il s'opère chez les animaux sus- nommés. Le premier sillon, qui apparaît au pôle supérieur de l'œuf, ne s'étend pas jusqu'au pôle inférieur comme l'ont affirmé Kowa- lewsky, Owsjannikoff et Wagner; il s'arrête à la limite inférieure du germe. Avant qu'il ait atteint la partie inférieure de l'œuf, plusieurs sillons nouveaux ont amené déjà une division ulté- rieure du germe. Les premiers stades de la segmentation chez le Sterlet intéressent exclusivement le germe. On peut le constater 17 248 W. SALENSKY. bien facilement en examinant des œufs conservés dans l'alcool. Le germe des œufs ainsi conservés peut être facilement séparé, au moyen d'aiguilles, de la partie inférieure de Fœuf, formée par le vitellus grossièrement granulé. Le premier sillon a une direc- tion telle qu'il passe, d'une part, par l'enfoncement infimdibuli- forme qui apparaît lors de la fécondation et dont il a été question plus haut, d'autre part, par le centre du germe. On peut s'en convaincre en examinant, à la surface de l'œuf, soit la forme du sillon lui-même, soit la répartition du pigment. Le sillon qui divise le germe en deux parties est élargi au milieu, à l'endroit même où nous avons signalé l'enfoncement infundibuliforme au moment de la fécondation. Comme les bords de ce dernier sont très pigmentés, nous constatons la même particularité aux bords du sillon. La bande pigmentée qui apparaît durant la fécondation, lors de la formation du premier pronucleus, se dirige suivant l'axe longitudinal de l'œuf; on peut donc s'attendre, à priori, à voir le sillon traverser la bande pigmentée, pour atteindre ensuite le centre du germe. Les coupes du germe vérifient pleinement cette supposition. Les coupes transversales d'un germe (fig. 7) arrivé à ce stade du développement sont des plus instructives: elles montrent en effet, non seulement la direction et l'étendue du sillon, mais aussi la division du premier noyau de segmentation et le mode de formation des noyaux des premiers globes de segmentation. A la surface du germe se voit une couche pigmentée beaucoup moins épaisse qu'au stade précédent ; comme précédemment elle s'enfonce vers le centre du germe en formant une bande pigmentée. Cette bande est placée juste au-dessous du pôle supérieur de l'œuf; elle est divisée par une fente ou, si l'on veut, un sillon très étroit délimité à droite et à gauche par la couche pigmentée. La profondeur à laquelle s'avance ce sillon est peu considérable: il intéresse seulement la moitié supérieure du germe. A l'extrémité interne du sillon est placé le noyau de segmentation dont la forme nous indique déjà qu'il est en voie de division. Il s'est allongé en effet, et ses deux moitiés se trouvent engagées dans les deux globes en voie de segmentation. La partie centrale du noyau, placée sous le sillon, est élargie. '1 y/x" : DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 249 Ses parties latérales prennent une forme de massue et se termi- nent par des bouts renflés dans les deux cellules segmentaires. A cet état le noyau ressemble beaucoup à ce qui a été décrit par Goette et par Herlwig, en ce qui concerne la division du noyau de segmentation chez la Grenouille. En examinant des stades un peu plus avancés, on constate que les extrémités renflées du noyau allongé deviennent les noyaux des premiers globes de segmentation. Les phases que j'ai observées de la division du premier noyau segmentaire du Sterlet permettent de reconnaître l'identité du processus de la division chez le Sterlet d'une part, chez les Ba- traciens de l'autre. Celui-ci paraît être le même, d'ailleurs, chez les Vertébrés et chez les Invertébrés tels que les Échinodermes qui, à raison de la transparence et des faibles dimensions de leurs œufs, se prêtent tout particulièrement à ce genre d'obser- vations. Mes recherches sur la fécondation et la division du premier globe de segmentation du Sterlet suffisent à établir que les choses se passent ici à peu près comme chez les Batraciens, si l'on s'en rapporte aux observations de Hertwig. Le premier indice de la fécondation consiste dans la formation de la bande pigmentée qui se dirige de la périphérie de l'œuf vers le centre du germe, où elle aboutit au point occupé par les deux pronu- clei. Ces pronuclei se confondent bientôt et donnent naissance au premier noyau segmentaire. Simultanément avec la formation de cette bande pigmentée, peut être même avant, il apparaît à la surface de l'œuf des Amphibiens aussi bien que chez le Sterlet une couche transparente qui, chez ce dernier, sert probablement à retenir ceux des spermatozoaires qui ne participent pas à la fécondation. Il y a pourtant des différences entre mes recherches et celles de Hertwig, relativement à la composition et à la for- mation des deux pronuclei. D'après Hertwig, le pronucleus mâle aussi bien que le pronucleus femelle présenteraient des vacuoles, et le premier résulterait de la transformation d'une tête de sper- matozoaire. D'après Hertwig il se formerait aussi une mince membrane protoplasmique autour du pronucleus mâle. Chez le 250 W. SALENSRY. Sterlet, au contraire, les deux pronuclei sont formés l'un et l'autre d'une matière finement granulée ; ils sont dépourvus de membrane et ressemblent à ce champ protoplasmique {Protoplas- mahof) décrit par Hertwig autour de son noyau spermatique. Pour 0. Hertwig la tète du spermatozoaire se transforme direc- tement en un noyau ; quant à moi, j'ai observé, chez le Sterlet, que la tète du spermatozoaire se dissout et provoque secondai- rement la formation du pronucleus mâle. Mes observations relativement à la composition du noyau s'accordent bien plutôt avec les recherches de Van Beneden sur les mammifères et celles de Van Bambeke sur les Amphibiens qu'avec celles de Hertwig. A mon grand regret je n'ai pas pu observer la formation du pronucleus mâle au moment même de son apparition ; mais à en juger par la présence de la bande pigmentée, et par la parfaite identité des premiers stades du développement de l'œuf d'un Sterlet avec ceux des Amphibiens, il n'y a pas lieu de douter que la formation du pronucleus mâle ait lieu ici aussi à la périphérie de l'œufet qu'elle dépende de la pénétration d'un spermatozoaire dans l'intérieur même de l'œuf. Le pronucleus mâle renferme quelquefois, il est vrai, un corps qui est peut-être le reste de la tête d'un spermatozoaire. La présence d'un pareil corps, alors même qu'il serait prouvé qu'il est le reste d'une tète de spermato- zoaire, ne prouverait nullement que la tête d'un spermatozoaire se conserve en tant qu'élément morphologique, pour devenir le pronucleus mâle. On ne trouve pas toujours, tant s'en faut, ce corps brillant dans le pronucleus, et s'il était un reste de spermatozoïde, cela montrerait seulement que la tête du sperma- tozoaire ne se fusionne pas toujours d'une façon également rapide, avec le protoplasme vitellin. La plupart des observateurs récents admettent, au contraire, à la suite de Éd. Van Beneden, que le spermatozoaire se fusionne avec le protoplasme vitellin, et cette fusion est prouvée par les recherches de Fol sur les œufs des Astéries. J'ajoute que je n'ai trouvé ce corps brillant dans le pronucleus que dans des stades relativement avancés; jamais je n'ai réussi à l'observer dans les phases primitives. Si la présence DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 25i de ce corps était essentielle, s'il était réellement un reste de la tête d'un spermatozoaire, on le trouverait plutôt au début du développement du pronucleus que dans des stades plus avancés. Toutes ces considérations me portent à croire que la tête du spermatozoaire du Sterlet se fusionne avec le vitellus de l'œuf de la même manière que chez le Lapin et chez les Astéries, et que le pronucleus mâle apparaît à l'endroit où la fusion se produit. La segmentation d'un œuf de Sterlet marche rapidement; il en est de même, du reste, de tout le développement. Un œuf placé dans des conditions normales se segmente complètement en un seul jour. Une demi-heure environ après la division du germe par un premier sillon, il en apparaît un second qui divise en deux par- lies l'un des deux premiers segments. En même temps le sillon précédent s'approfondit, et dépassant la limite du germe, il atteint le vitellus grossièrement granulé. Bientôt après, le germe se trouve partagé en quatre parties par un sillon nouveau qui apparaît dans l'alignement du second. Au stade représenté figure 8, chacun des quatre segments s'est divisé, à son tour, en deux parties; les sillons de nouvelle formation ne sont pas tous dirigés de la même manière. Dès que le germe est divisé en quatre segments, les sillons s'étendent sur l'hémisphère inférieur de Pœuf. Le premier sillon qui apparaît à la surface du germe atteint d'abord le pôle inférieur de l'œuf, et divise son hémisphère inférieur en deux moitiés hémisphériques. Cet état de la partie inférieure de l'œuf se maintient pendant assez longtemps. Les stades de la segmentation que nous venons de considérer, diffèrent des stades subséquents : 1° en ce que, jusqu'ici, tous les plans que nousavons vus apparaître, sont des plans méridiens; les premiers sillons transversaux n'apparaissent qu'après la divi- sion de l'œuf en huit segments; 2° en ce que les premiers sillons méridiens sont peu profonds et n'intéressent d'abord que la par- tie supérieure du germe; celui-ci est déjà segmenté quand, dans l'hémisphère inférieur, tons les segments sont encore réunis en une seule masse. Cette particularité des premiers stades du deve- 252 W. SALENSKY. loppement a une grande importance en ce qu'elle constitue le trait le plus caractéristique de la segmentation du Sterlet : la segmentation des Amphibiens et des Cyclostomes, qui présente de nombreux points de ressemblance avec celle du Sterlet , s'en distingue en ce que, chez ces derniers, la segmentation est totale dès les premiers stades du développement. Quand la partie supérieure de Tœuf (germe) est divisée en dix parties, il apparaît dans le germe des sillons transversaux. Ils se montrent dans la partie centrale du germe. La figure 9 représente une coupe longitudinale, faite à travers le germe à cette phase du développement. La coupe montre que les sillons transversaux s'engagent dans le germe, mais sans séparer complètement, tant s'en faut, les segments qu'ils délimitent de la couche profonde du germe. Ces segments restent en continuité de substance, les uns avec les autres, dans la profondeur du germe. On pourrait croire, à ne considérer que cette coupe, que ces segments résultent d'une sorte de bourgeonnement. Cela provient de ce que tous les sillons, les transversaux aussi bien que les méridiens, ont une direction verticale, c'est-à-dire parallèle à l'axe de l'œuf. La séparation complète des premiers segments ne se fait que plus tard, lors de l'apparition de sillons horizontaux. La particularité de la segmentation que nous venons de signa- ler n'est pas propre seulement au Sterlet. On connaît, dans d'au- tres ordres de poissons, des faits analogues. Les premiers stades de la segmentation chez les poissons osseux et chez les Plagio- stomes, sont très semblables aux stades correspondants de la segmentation d'un œuf de Sterlet. D'après les recherches de His (1 ), les sillons qui divisent le germe des poissons osseux ne pénètrent que jusqu'au milieu de cette partie de l'œuf; c'est pourquoi tous les segments restent réunis entre eux, dans la profondeur; une coupe faite à traversées germes est très semblable à la coupe de l'œuf d'un Sterlet, que nous venons de décrire (fig. 9). Chez les Plagiostomes nous (1) Zeitschrifl fiir Anatomie und Entwickl. Bd. I, p. 6. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 253 voyons le même mode de segmentation se reproduire. Balfour, dans sa belle monographie du développement des Élasmo- branclies (1), décrit très exactement la segmentation de ces poissons. Il y donne une figure qui ressemble beaucoup à notre figure 9. Il fait observer, avec raison, que « the furrows which are visi- ble on the surface merely form a pattern, but do not isolate a series of distinct segments (loc. cit., p. 590). » A. Schulz décrit la segmentation de la même manière que Balfour. II dit expres- sément que le premier sillon, chez les Élasmobranches, ne pénè- tre que jusqu'au milieu de l'épaisseur du germe (2). Dans la coupe de l'œuf du Sterlet, que nous venons de consi- dérer (fig. 9), un noyau était reconnaissable dans la plupart des segments. Les segments centraux possèdent chacun un noyau ovalaire; un des segments marginaux contient un nucleus en voie de division; la division du nucleus des cellules segmen- taires précède toujours, comme nous allons le voir, la division des cellules mêmes. Le nucleus en voie de division se constitue de deux moitiés triangulaires, séparées l'une de l'autre par un étranglement dans lequel s'avance une raie pigmentée. Sur une autre coupe du même œuf, faite immédiatement après celle dont il vient d'être question, la même raie pigmentée passe à travers tout le segment, et le sépare de la masse du germe placée en dessous. Comme cette raie pigmentée n'est que la coupe transversale du sillon horizontal qui tend à isoler le segment, on peut conclure, de l'examen successif de ces deux coupes, que la séparation des segments s'achève aussitôt après que le noyau s'est divisé en deux parties. Les noyaux sont dépourvus de membrane à ce stade du déve- loppement : ils sont formés d'une masse finement granulée, et ils ressemblent parfaitement au premier noyau de segmentation. (1) Balfour, On the developmeìU of Élasmobranch Fishes. 5 ournù] of Anatomy and Physiology, vol. X, part. II, vol. XV, figure 6. (^) Arch, fiir mikroskop. Anatomie. Bd. 13, p. 467. 254 Vi. SALENSKY. Pas plus que ce dernier, ils ne possèdent de nucléoles. Ce point est important à noter; car dès le stade suivant, les conditions changent, et les noyaux des segments présentent invariablement des nucléoles. Si j'ai fixé mon attention sur l'élude des noyaux des cellules segmenlaires à ce stade et aux stades précédents du développement, c'est afin de décider la question de savoir si la formation des nucléoles se rattache à celle du premier noyau seg- menlaire, ou s'ils sont le produit d'une différenciation des noyaux des segments ultérieurs. Comme je n'ai jamais trouvé de nucléoles dans les noyaux des premiers segments, je suis arrivé à la conclusion que les nucléoles ne sont que les produits d'une évolution propre aux noyaux des stades plus avancés. Après la division du germe en huit segments, la segmentation marche beaucoup plus rapidement au pôle inférieur de l'œuf. Les sillons méridiens s'étendent dans l'hémisphère inférieur, et le divisent d'abord en 6 parties ; puis on en compte 7, plus lard 8, etc. La forme de ces segments rappelle celle de quartiers d'orange. Lorsque l'on peut distinguer douze segments dans la partie supérieure de l'œuf, sa partie inférieure n'en montre encore que 6. Les différencesque l'on constate entre le nombre des segments supérieurs et inférieurs dépendent de ce que tous les sillons apparaissent d'abord au pôle supérieur, et qu'ils ne s'étendent que peu à peu et les uns après les autres dans l'hémisphère inférieur. Tous les sillons complètement développés convergent vers le centre de la partie inférieure de l'œuf. Après l'apparition des premiers sillons horizontaux sur le germe, le fractionnement de cette partie de l'œuf continue dans les deux sens : par suite de la formation de nouveaux sillons, les uns horizontaux, les autres verticaux, le germe se montre bientôt divisé en une quantité de segments tétraédriques; ceux du cen- tre sont beaucoup plus petits que ceux de la périphérie. A l'hémisphère inférieur de l'œuf, on ne distingue, pendant assez longtemps, que des sillons méridiens, et ce n'est que lorsque la partie supérieure de l'œuf s'est transformée en un grand nombre de petits globes, à peine perceptibles à l'œil nu, que l'on voit DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 255 apparaître des sillons équatoriaux surla partie inférieure. L'ordre suivant lequel apparaissent ces sillons, est inverse de ce que l'on constate à la partie supérieure de l'œuf. Les premiers sillons n'apparaissent pas au pôle inférieur, mais, au contraire, à la limite du germe segmenté. Comme les sillons équatoriaux sont parallèles au bord du germe, il se forme bientôt, entre ce dernier et la partie inférieure de l'œuf, une zone composée de cellules quadrilatères, plus petites que les autres cellules de la partie inférieure de l'œuf (fig. iO). De nouveaux sillons équatoriaux apparaissent de plus en plus près du pôle inférieur, jusqu'à ce que toute la partie inférieure se soit divisée en une quantité de segments quadrilatères. Les modifications internes qui s'accomplissent pendant cette période sont beaucoup plus importantes à considérer que les modifications externes dont nous venons de parler. On peut très bien les étudier sur des coupes. Les faits les plus intéressants qui ont fixé mon attention sont relatifs, d'une part, aux modifi- cations que subissent les segments et leurs noyaux, d'autre part, à la formation de la cavité segmentaire. La figure ii représente la coupe d'un œuf au moment de l'apparition de la cavité segmentaire. Cette cavité siège dans la partie supérieure de l'œuf, dans le germe même. Sa voûte est constituée par les cellules qui proviennent de la segmentation du germe. Le fond de la cavité segmentaire est constitué par la cou- che profonde du germe qui n'est pas encore totalement fraction- née, et qui est si intimement unie aux segments de la partie inférieure de l'œuf, que de prime abord on pourrait croire que la cavité de segmentation se développe sous le germe. Mais en exa- minant attentivement la préparation, on remarque que le plan- cher de la cavité est formé par un protoplasme finement granulé, identique à celui qui constitue les segments du germe. Les seg- ments inférieurs consistent, dans le reste de leur étendue, en un vitellus grossièrement granulé; on distingue entre les deux par- ties une limite bien nette, qui apparaît comme une ligne claire. Les cellules segmentaires qui forment la voûte de la cavité segmentaire sont d'une forme polyédrique; elles sont à peu près 256 W. SALENSKY. d'égale grandeur, et toutes sont plus ou moins pigmentées à leur surface. La couche profonde du germe, qui forme le plancher de la cavité segmentaire, se soulève par places, de façon à former des tubercules de diverses dimensions et de formes variées. A Tin- térieur de quelques-uns de ces tubercules, on peut voir s'engager la matière vitelline grossièrement granulée. Les autres sont, au contraire, séparés du deutolécyte par une ligne très nette. En exa- minant toute la série des coupes d'un même œuf arrivé à cestade du développement, on peut se convaincre de ce fait que les tuber- cules sont des segments qui s'individualisent à l'intérieur de l'œuf, et qui sont formés, en partie de la substance du germe, en partie de matière vitelline grossièrement granulée. Sous ce rap- port ils diffèrent de tous les autres segments : ceux-ci se consti- tuent exclusivement, soit de la substance finement granulée du germe, soit de la matière grossièrement granulée qui forme le deutolécyte. Certaines coupes permettent de reconnaître claire- ment comment se fait la séparation des segments internes. La figure li, A, représente deux cellules du fond de la cavité seg- mentaire, à des stades différents de la division. La cellule de gauche n'est séparée de ses voisines que par des sillons parallèles à l'axe de l'œuf; c'est pourquoi elle reste encore en continuité avec le vitellus grossièrement granulé. La cellule de droite est complètement libérée : elle est séparée de la masse vitelline par un sillon horizontal; elle a une forme tétraé- drique et se montre composée de deux substances. Sa partie supérieure consiste en une matière finement granulée qui pro- vient du germe, sa partie inférieure en unemasse grossièrement granulée, qui dérive du deutolécyte. On peut distinguer, au milieu du segment, la limite entre les deux substances, marquée par une ligne courbe dont la concavité est dirigée en bas. La présence du vitellus grossièrement granulé dans les seg- ments qui, dans la suite de l'évolution, interviendront dans la formation du feuillet externe de l'embryon, mérite d'être signalée car ce fait nous explique la présence du vitellus grossièrement granulé dans les segments qui sont dérivés, pour la plupart, de la substance finement granulée du germe. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 257 Les noyaux des premiers segments ne présentent ni nucléole, ni membrane; en cela ils ressemblent au premier noyau de seg- mentation. Au stade dont nous nous occupons (tig. 11,11 A), on observe dans les noyaux des formations que, pour plusieurs rai- sons, nous considérons comme des nucléoles. Leur forme n'est pas constante; quelques-uns sont ovalaires, tandis que la plupart ont une apparence bosselée, qui les fait ressembler à des rosettes. A mon grand regret je n'ai pu étudier ces nucléoles que sur des préparations conservées dans l'alcool; il en résulte que je ne pourrais pas dire quelle forme ils présentent quand ils sont vivants. Peut-être leurs différences de forme dépen- dent-elles de ce qu'ils sont capables de mouvements amœ- boïdes. La substance constitutive des nucléoles ressemble beaucoup à celle du noyau lui-même, avec cette seule différence qu'on trouve ordinairement, dans les nucléoles, plusieurs vacuoles qui réduisent la masse finement granulée primitive à un réseau formé de filaments anastomosés. Les noyaux et les nucléoles se colorent parfaitement de la même manière sous l'action de l'hé- matoxyline, de sorte que cette matière colorante ne rend guère de services dans l'étude de ces noyaux. La figure 12 nous représente une coupe faite à travers l'axe d'un œuf, au moment où sa partie supérieure est composée d'une quantité de cellules rondes, à peine perceptibles à l'œil nu, tandis que la partie inférieure se constitue de segments beaucoup plus volumineux. La partie supérieure représente à peu près le tiers de la surface de l'œuf; elle est plus claire que la partie inférieure, ce qui dépend de ce qu'elle est moins pigmentée. Entre les deux régions polaires règne une zone composée de seg- ments qui, pour leurs dimensions, tiennent le milieu entre les segments supérieurs et les segments inférieurs. Évidemment ces cellules proviennent de la division des segments constituant la zone intermédiaire signalée au stade précédent. Les deux parties de l'œuf diffèrent tout autant entre elles, si on les observe sur des coupes, que si on considère l'œuf entier. Les différences sont surtout apparentes sur les préparations colo- 258 W. SALENSKY. rées par Phématoxyline. Les cellules de la partie supérieure prennent, dans ces conditions, une teinte violette très prononcée, tandis que les cellules de la partie inférieure restent parfaite- ment incolores. Les cellules de la partie supérieure forment la voûte et les parois latérales de la cavité segmenlaire; le plancher de cette cavité se constitue de cellules grossièrement granulées. La disposition des cellules de la partie supérieure est fort diffé- rente de ce que nous avons vu précédemment. Ces cellules sont beaucoup plus nombreuses aux parois latérales de la cavité seg- mentairequ'à sa voûte; mais l'épaississement de la paroi se fait vers l'intérieur et non vers l'extérieur; d'où il résulte qu'il n'est pas visible à la surface de l'œuf. Il constitue le bourrelet margi- nal, qui joue un rôle important dans les phases ultérieures du développement. La voûte de la cavité segmentaire est formée de trois ou quatre rangées de cellules et elle est peu étendue; c'est à cause de sa faible épaisseur qu'elle s'affaisse et proemine dans la cavité segmentaire, quand les œufs ont été conservés dans l'alcool. Le bourrelet marginal est notablement plus épais d'un côté qu'au côté opposé d'où résulte une constitution asymétrique de la partie supérieure de l'œuf. Dans la suite, cette asymétrie devient beaucoup plus marquée; le blastopore se développe en dessous de la partie la plus épaisse du bourrelet marginal ; il présente au début une forme semi-lunaire. Les cellules de la partie supérieure de l'œuf diffèrent beaucoup par leur structure de celles de la partie inférieure, et comme chacune de ces parties est employée à la formation d'un feuillet embryonnaire déterminé, ces différences de structure ont beau- coup d'importance. Dans les cellules de la partie supérieure le protoplasme est finement granuleux; les granulations vitellines qu'il renferme sont très ténues ; elles se trouvent empâtées dans une gangue transparente et il en est de même des éléments pigmentaires. Le nombre de ces granulations varie d'une cellule à l'autre; mais, dans la plupart d'entre elles, tout le protoplasme en est chargé, sauf une mince zone corticale, qui leur forme une couche périphérique hyaline. Quelquefois cette couche marginale DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 259 se soulève à la surface de la cellule, en formant de petites bosse- lures qui ressemblent à des pseudopodes lobés. A mon grand regretje n'ai pu observer ces particularités que sur des préparations conservées dans l'alcool. A en juger par leur forme, ces bosselures sont bien réellement des élévations pseudopodiques, et il est probable que les cellules exécutent des mouvements amœboïdes. Il ne faut pas les confondre avec d'au- tres inégalités superficielles qui dépendent, elles aussi, de la cou- che périphérique du protoplasme, mais qui ont la même signifi- cation que les crêtes d'empreinte, et ne servent qu'à réunir les cellules entre elles. Celles-ci sont filiformes et s'unissent toujours à des prolongements semblables portés par des cellules voisines. Leur nombre sur une cellule varie de 2 à 4. Les granulations pigmentaires sont maintenant disséminées dans toute l'étendue du corps protoplasmique de la cellule. Les granules vitellins se distinguent bien du protoplasma qui les entoure parce qu'ils réfractent plus fortement la lumière; ils ont souvent une forme létraédrique, et l'on reconnaît facilement qu'ils proviennent par fragmentation des granules vitellins plus volumineux qu'on rencontre intacts dans les segments inférieurs. Leur apparition dans les cellules de la partie supérieure de l'œuf, et leur disparition aux stades plus avancés, indiquent clairement qu'ils servent de substance alimentaire à l'embryon. Comment ces granules pénètrent dans les segments supérieurs, c'est ce qui s'explique, en partie du moins, par le fait de la segmentation profonde telle que nous l'avons décrite plus haut. Au stade que nous considérons maintenant, on trouve le plan- cher de la cavité de segmentation constitué exclusivement de cellules, dont le corps protoplasmique est formé de vitellus gros- sièrement granuleux. 11 n'en était pas de même au stade précé- dent. Ceci montre que les segments qui prennent naissance au fond de la cavité segmentaire se déplacent latéralement pour prendre part à la formation du bourrelet marginal. Ces cellules, comme nous l'avons vu plus haut, sont en partie formées de vitellus grossièrement granuleux. Il en est de même des seg- ments qui en proviennent. â6Ô W. SALENSKY. Mais la participation des segments profonds à la formation du bourrelet marginal n'est pas la seule cause de la présence de granulations vitellines dans les cellules de la partie supérieure de l'œuf. Comme je l'ai dit plus haut, il existe, entre le germe et le vitellus grossièrement granulé, une couche de vitellus qui ren- ferme des fragments de granules vitellins. Par sa consistance et par sa position, cette couche fait la transition entre le germe et le vitellus grossièrement granulé. Étant placée sous le germe, elle participe, sans aucun doute, à la formation des premiers globes segmentaires de la partie supérieure de l'œuf. Les seg- ments qui dérivent des premiers doivent également contenir des granules vitellins. Dans les cellules finement granulées on trouve des noyaux qui , grâce à leur affinité pour l'hématoxyline, deviennent très appa- rents sur des coupes colorées. Ces noyaux ont une forme ovale; ils sont dépourvus de membrane. A l'intérieur des noyaux se montrent des nucléoles qui, sur les préparations colorées, appa- raissent comme de petits corpuscules. La présence des nucléoles est très caractéristique pour les cellules finement granulées : dans les cellules grossièrement granulées, je n'ai pas pu en décou- vrir, malgré les recherches les plus minutieuses. Les nucléoles sont formés d'un amas de granulations suspen- dues dans une gangue commune, qui diffère très peu de la sub- stance nucléaire. La limite des nucléoles se reconnaît facilement, parce que les granules qui les composent sont disposés toujours suivant un ordre régulier. La composition des nucléoles est sur- tout manifeste dans des noyaux en voie de division. La division du noyau est toujours précédée par celle des nucléoles. Le nucléole s'allonge, prend une forme cylindrique, et, peu à peu, il se sépare en deux par étranglement. La division du noyau suc- cède à celle du nucléole. Les cellules segmentaires grossièrement granulées de la partie inférieure de l'œuf se distinguent de celles que nous venons de décrire, en ce qu'elles sont riches en granules vitellins, et par l'aspect de leurs noyaux qui n'apparaissent d'ailleurs qu'aux derniers stades de la segmentation. Peut-être existaient-ils aux DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 261 Stades antérieurs, et ne parvient-on pas à les apercevoir à raison (Je leur exiguïté. Le protoplasme des globes grossièrement gra- nulés ressemble à celui des segments finement granulés; mais, dans les premiers, il est à tel point bourré de granules vitellins qu'on ne reconnaît sa présence que dans les endroits moins chargés de granules. Quant au nucleus, il est placé au milieu du globe segmentaire; il se constitue d'une substance homogène, qui se colore fortement par l'hématoxyline. Au stade suivant du développement, par la description duquel nous terminerons ce chapitre, nous voyons se continuer les pro- cessus que nous avons fait connaître au stade précédent. La partie supérieure de l'œuf, qui est la plus claire des deux, s'étend de plus en plus vers le bas, et la cavité segmentaire gagne aussi dans tous les sens. La forme de cette partie supérieure est quel- que peu asymétrique, et cette asymétrie devient maintenant plus évidente. D'un côté le bourrelet marginal est plus épaissi que de l'autre. Au stade suivant cette asymétrie s'accuse davan- tage encore. La structure des segments et leur disposition diffé- rent si peu du stade précédent que je puis me borner à ces quel- ques indications, et passer à l'interprétation des faits que j'ai exposés dans ce chapitre. Une particularité distinctive de la segmentation du Sterlet, est qu'elle commence sur le germe, et que les premiers sillons n'in- téressent, au début, que le germe seul. En cela l'œuf du Sterlet diffère de tous les œufs qui subissent une segmentation totale. On connaît, il est vrai,des œufs chez lesquels une partie se divise avant l'autre; mais dans tous ces cas, l'œuf se divise en deux parties qui, pour être inégales, n'en sont pas moins complète- ment séparées l'une de l'autre. Il en est tout autrement chez le Sterlet. Les premiers sillons qui apparaissent sont tous des sillons méri- diens peu profonds, qui ne traversent que la partie supérieure du germe et ressemblent,en tous poinls,aux sillons de l'œuf des pois- sons osseux etplagiostomes. Lasecondeparticularitéqui distingue la segmentation du Sterlet, c'est le caractère môme des sillons. Pendant les premiersstadeslessillons sontsi peu profonds,qu'ils ne 262 W. SALENSKY. fontqu'eiilaillerla surface du vilellus, sans séparer les segmeuts les uns des autres. Dans les œufs qui subissent une segmentation totale, les sillons s'enfoncent dans le vitellus et s'ils ne séparent pas complètement les segments, ils ne ménagent en tout cas que des bandes de vilellus très minces qui les rattachent les uns aux autres. Au contraire, chez les poissons osseux et chez les plagios- tomes, où la segmentation est incomplète, on observe des sillons superficiels comme chez le Sterlet. J'ai déjà cité la description que Balfour a faite de la segmentation chez les Plagioslomes; elle s'accorde parfaitement avec les faits qui marquent le début de la segmentation du Sterlet. En ce qui concerne les poissons osseux, je m'en rapporte aux observations de His. Les premières phases de la segmentation des œufs du Sterlet, présentent une grande ressemblance avec la segmentation partielle des œufs méroblastiques des poissons osseux et des Plagiostomes. Mais si nous considérons les stades plus avancés de la segmen- tation du Sterlet, nous constatons des faits bien différents de ceux que l'on observe chez les poissons Téléostéens et chez les Élasmobranches : nous voyons en effet le vitellus grossièrement granulé, qui ne se fractionne jamais, ni chez les poissousosseux, ni chez les Plagiostomes, subir ici une segmentation totale. Les stades avancés de la segmentation présentent une analogie frappante avec ce que l'on connaît chez les Cyclostomes et chez les Amphibiens. Chez le Sterlet, comme chez ces Vertébrés, tout l'œuf se décompose en segments, et les globes segmentaires interviennent de la même manière, chez les uns et chez les autres, dans la formation des feuillets embryonnaires. Si donc la division du germe ou, si l'on veut, les premiers stades de la segmentation du Sterlet présentent une grande ana- logie avec la segmentation partielle des poissons osseux et des Élasmobranches, par son fractionnement total, l'œuf du Sterlet se comporte comme celui des Cyclostomes et des Amphibiens. // s'ensuit que la segmentation du Sterlet présente une forme de transition, entre la segmentation des poissons osseux et des Pla^ giostomes, d'un côté, la segmentation des Cyclostomes et des Am" pliibiens, de l'autre. DÉVELOPPBMEJNT DU STERLET. 265 CHAPITRE m. La formation des feuillets embryonnaires et de la cavité intestinale primitive. Nous venons de voir qu'il y a lieu de considérer dans l'œuf, à la fin de la segmentation, deux parties bien distinctes : sa partie supérieure est constituée par une calotte composée de petites cellules : elle forme à la fois la voûte et les parois latérales de la cavité de segmentation. Mais tandis que la voûte est formée par un petit nombre de rangées de cellules, les parois latérales sont très épaissies dans le bourrelet marginal, qui a la forme d'un anneau plus volumineux d'un côté et s'amincissant graduellement jusqu'au côté opposé. La partie inférieure de l'œuf est constituée par des cellules beaucoup plus volumineuses, mais dont la dimen- sion décroît progressivement à partir du pôle inférieur, tant à la surface que dans la profondeur. Sur des coupes faites suivant l'axe de lœuf, on peut voir, même à l'œil nu, une limite fort nette entre ces deux parties constitutives de l'œuf. Le blastopore et la cavité intestinale primitive apparaissent sous la partie la plus épaisse du bourrelet marginal, à la limite entre l'hémisphère supérieur et l'hémisphère inférieur. Ce blasto- pore présente, au début, la forme d'une faucille ou d'un croissant. On sait qu'il en est de même chez les Amphibiens. La figure 13 représente une coupe faite suivant l'axe de l'œuf, à travers le blastopore, au moment où il présente encore cette forme primi- tive. On y voit une fente pénétrant à l'intérieur de l'œuf; elle est délimitée, d'une part, par le bourrelet marginal; d'autre part, elle s'engage entre les globes de la partie inférieure de l'œuf. Comme à ce stade le blastopore a encore la forme d'une fau- cille, et comme il s'agrandit peu à peu en conservant la même forme, les coupes faites à travers le blastopore nous montrent une fente plus ou moins profonde suivant que le croissant a été coupé vers son milieu ou près de ses extrémités. Les figures 13a et 13b représentent deux coupes successives, faites près de 18 264 W. SALENSKY. l'extrémité du blastopore, a, plus près du bord et b, plus près du centre. Le bourrelet marginal est formé de petites cellules colorées en violet par l'hématoxyline. La partie profonde du bour- relet marginal est adjacente à des cellules de la partie inférieure de Tœuf; celles-ci se distinguent par leur couleur jaunâtre et par ce fait qu'elles renferment beaucoup de granules pigmentaires; ces cellules sont représentées dépourvues de noyaux dans les figures en question ; c'est que leurs noyaux étaient très peu apparents dans la préparation d'après laquelle j'ai dessiné les figures dont il s'agit. Mais sur des préparations convenablement colorées on peut fort bien constater que ces cellules renferment, elles aussi, des noyaux; il est cependant à remarquer que toujours ces noyaux sont dépourvus de nucléoles, comme c'est le cas pour toutes les cellules de la partie inférieure de l'œuf. La différence que Ton constate, quant à l'action des matières colorantes, entre les cellules de la partie supérieure et celles de la partie inférieure de l'œuf, nous permet de reconnaître que le premier rudiment de la cavité intestinale primitive est circon- scrit par les cellules de la partie inférieure de l'œuf. D'abord cet enfoncement a l'apparence d'un sillon peu profond (fig. 13a); plus tard il s'étend en profondeur, gagne surtout vers le haut et prend la forme d'une fente (fig. ì5b). La formation de la cavité digestive primitive, qui s'engage exclusivement dans la partie inférieure de l'œuf, nous rend compte de la valeur morphologique des cellules des deux parties qui con- stituent l'œuf segmenté. La partie supérieure, composée de cellules finement granulées qui procèdent en grande partie du germe, devient, aux stades ultérieurs du développement, le feuillet embryonnaire supérieur. Elle forme la voûte de la cavité seg- mentaire et s'épaissit vers le bas et sur les côtés pour former le bourrelet marginal. La voûte de la cavité segmentaire n'est composée que de trois rangées de cellules. Le nombre de ces rangées dans le bourrelet marginal est beaucoup plus considé- rable. La partie inférieure de l'œuf, qui est grossièrement gra- nulée et qui, au moment de la formation du blastopore, constitue DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 265 l'hémisphère inférieur de l'œuf, doit être considérée comme homologue au feuillet emhryonnaire inférieur, à cause de la part exclusive qu'elle prend à la formation de la cavité digestive primitive. Ainsi la diflférencialion des deux feuillets embryonnaires primi- tifs a lieu pendant la segmentation. La formation du mésoderme commence assez tôt et marche parallèlement avec le développement de la cavité digestive primi- tive. Mais, avant de passer à l'étude du mésoderme, nous devons considérer les modifications extérieures de Tœuf aux stades subséquents. Ces modifications sont très simples : elles consistent, avant tout, dans l'extension progressive du feuillet embryonnaire supé- rieur autour du feuillet inférieur. Ce dernier finit par être à peu près complètement recouvert par le feuillet supérieur et, vers la fin de cette période, il n'apparaît plus à la surface de l'œuf que suivant une région circulaire qui a l'apparence d'une tache fon- cée : la solution de continuité que présente en ce point le feuillet externe est occupée par un bouchon de couleur foncée. La seule différence qui, à ce stade, existe entre un œuf de Sterlet et celui d'un Âmphibien, c'est que chez les Amphibiens le feuillet supérieur de l'œuf est foncé, alors que le bouchon qui se rattache au feuillet inférieur est incolore et apparaît comme une tache blanche sur le fond coloré de l'œuf (bouchon de Ecker ou bouchon vitellin); tandis que, chez le Sterlet, tout au contraire, la partie supérieure est claire, et c'est la partie inférieure qui apparaît comme une tache foncée à laquelle nous n'hésitons pas à donner le même nom de bouchon de Ecker. En même temps nous voyons apparaître, dans la partie supé- rieure de l'œuf, les premiers rudiments des organes de l'embryon. Sur le côté de l'œuf qui deviendra le côté dorsal de l'embryon on aperçoit une tache foncée, placée juste au-dessus du bourrelet marginal. Cette tache constitue le premier rudiment du corps de l'embryon; elle s'étend de bas en haut en même temps que la cavité digestive, et vers la fin de la période de formation de cette dernière, elle présente des contours assez distincts. 266 W. SAL EN SKY. Les caractères de ce rudiment embryonnaire et ses modifi- calions ultérieures seront décrits dans le chapitre suivant. Pendant l'extension progressive de la partie supérieure de l'œuf, la fente qui constitue le blastopore gagne de proche en proche la face abdominale de Tœuf. J'appelle côté dorsal celte face de l'œuf sur laquelle apparaît tout d'abord l'enfoncement par où débute la cavité digestive, suivant laquelle cet enfoncement s'étend jusqu'à devenir une large cavité, cette face enfin qui montre le premier rudiment du corps de l'embryon. Je désigne, sous le nom de côté ventral ou abdominal, la face opposée à la première. Le blastopore, qui naît au côté dorsal, s'étend le long de la limite du bourrelet marginal pour prendre enfin une forme annu- laire. La structure de l'œuf, durant l'enveloppement, mérite de fixer notre attention; car c'est à cette période que commence la différenciation des feuillets embryonnaires primitifs et qu'appa- raît le mésoderme. La formation du mésoderme a lieu du côté dorsal. De ce côté la cavité digestive primitive, superficiellement placée, n'est recouverte extérieurement que par le bourrelet marginal tapissé, à sa face interne, par une couche de cellules du feuillet inférieur. La figure 14 montre cette partie dorsale, telle qu'elle apparaît à la coupe (Hartnack système 7). Les petites cellules qui constituent le bourrelet marginal ne mesurent pas plus de 0,013 millimètres de diamètre. Elles con- servent assez longtemps les mêmes dimensions, tandis que les cellules du feuillet inférieur grandissent beaucoup. Au pôle infé- rieur de l'œuf, dans le bouchon de Ecker, les cellules superficielles du feuillet inférieur atteignent 0,08 millimètres, et même 0,1 mil- limètre de diamètre. Vers l'intérieur de l'œuf ces cellules dimi- nuent de diamètre. Celles qui constituent la voûte de la cavité digestive mesurent à peine 0,05 millimètres. Pour plus de clarté dans la description du feuillet embryon- naire inférieur, je désignerai la partie de ce feuillet qui délimite la cavité digestive du côté du dos sous le nom de paroi dorsale DÉVELOPPEiMENT DU STERLET. 267 de la cavité digestive, le reste du feuillet entodermique formant le plancher de la cavité digestive, sons le nom de « partie ventrale de Centoderme. Cette dernière correspond au « Drûsenkeim » de Remak. La paroi dorsale de la cavité digestive ne consiste qu'en une seule couche de cellules, dont les dimensions augmentent de bas en haut, c'est-à-dire du blastopore vers la voûte de la cavité digestive primitive. Près de cette voûte leur diamètre est à peu près celui des cellules de la partie ventrale de l'entoderme. Des cellules de l'entoderme placées au-dessus de la voûte de la cavité digestive passent dans le rudiment embryonnaire, et se trouvent en ce point interposées entre les deux feuillets embryonnaires. Ces cellules, qui sont très importantes à consi- dérer pour trancher la question de savoir comment se forme le mésoderme, n'ont pas les mêmes dimensions dans les différentes parties du rudiment embryonnaire. Dans la partie supérieure de ce rudiment, c'est-à-dire Jprès de la voûte de la cavité diges- tive, elles sont assez grandes et grossièrement granulées, comme les cellules de la partie ventrale de l'entoderme. Dans la partie inférieure du rudiment embryonnaire, là où ces cellules sont adjacentes aux cellules du bourrelet marginal, elles sont beaucoup plus petites, deviennent plus finement granulées et en général ont beaucoup de ressemblance avec les cellules du bourrelet marginal. En ce point, les cellules placées entre les cellules supérieures et les cellules inférieures, par leurs dimen- sions aussi bien que par l'aspect de leur protoplasme, font la transition entre les premières et les dernières. Il est donc évident que l'entoderme pénètre très tôt dans la partie dorsale de l'embryon et qu'il occupe juste la place qui, plus tard, sera le siège du mésoderme. Avant d'émettre notre avis relativement à la formation du mésoderme nous allons examiner quelles sont à priori les pos- sibilités. Le mésoderme étant interposé entre l'exoderme et l'entoderme et apparaissant d'ailleurs postérieurement à ces deux feuillets primordiaux, il est clair que le feuillet moyen dérive, soit du feuillet embryonnaire supérieur, soit du feuillet embryon- naire inférieur. Si le mésoderme provient de l'exoderme, il 268 W. SALEISSKY. peut résulter soil d'un dédoublement de ce feuillet dans toute rétendue de Tembryon, comme Remak Ta admis pour les amphi- biens; ou bien il se forme à la suite d'un épaississement de la partie axiale de l'exoderme, par extension progressive à partir de la ligne médiane entre les deux feuillets primitifs. Kolliker soutient, pour les oiseaux et les mammifères, ce mode de forma- tion du mésoderme. IPpourrait provenir enfin d'une extension progressive vers le haut du bourrelet marginal qui n'est en définitive qu'un épaississement de l'exoderme. Si, au contraire, le mésoderme dérive de l'entoderme, il est possible d'imaginer aussi plusieurs modes de formation. Il pour- rait se former aux dépens de l'entoderme par voie de délaminalion en deux couches distinctes, dont l'une, la couche interne formée d'une seule rangée de cellules, serait la paroi dorsale de la cavité digestive, l'autre externe, placée entre celte dernière et l'exo- derme, serait le mésoderme. OwsjannikofT, Wagner et Kowa- levsky admettent que, chez le Sterlet, les choses se passent ainsi {loc. cit., p. 178); Owsjannikoff croit qu'il en est de même chez les Cyclostomes. Le mode de formation serait bien différent si les cellules de l'entoderme pénétraient de haut en bas dans le rudiment em- bryonnaire pour venir s'interposer entre l'exoderme et la paroi dorsale de la cavité digestive. Nous pouvons nous borner à l'indi- cation de ces diverses possibilités et rechercher maintenant, par l'examen des coupes transverses et longitudinales laquelle de ces hypothèses se vérifie, en ce qui concerne le Sterlet. Au stade représenté par la|figure 15, la cavité digestive a subi des modifications importantes. Du côté dorsal elle est beaucoup plus étendue que du côté ventral, et cette différence s'accuse de plus en plus par la suite (fig. 16). Bientôt la partie ventrale de la cavité devient tout à fait insignifiante, comparativement à la partie dorsale. Pour ce motif nous l'appellerons la partie supplé- mentaire de la cavité digestive primordiale. Dans la partie supérieure de l'œuf, aux deux stades que nous considérons (fig. 15 et 16), l'exoderme se constitue de deux ran- gées de cellules très semblables les unes aux autres, très diffé- DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 269 rentes, au contraire, des cellules de l'enloderme. Dans la partie inférieure de l'embryon et dans le bourrelet marginal, celle limite nette entre les deux feuillets disparaît. La cause en est évidente. Dans la partie supérieure de l'embryon, où les cellules de l'enlo- derme conservent encore leur caractère, elles ne se colorent guère autant par l'hémaloxyline que les cellules du feuillet supé- rieur. Les différences qui existent entre elles et ces dernières sont beaucoup plus apparentes que dans la partie inférieure de l'embryon, oii ces mêmes cellules s'étant multipliées par divi- sions successives, sont notablement plus petites et ont perdu par là leurs caractères primitifs. En même temps que ces cellules se divisent, les granules vitellins se fragmentent, el, par suite leur protoplasme, devenu finement granulé, est susceptible de se laisser colorer par l'hémaloxyline. Ces cellules prennent ainsi des caractères fort semblables à ceux des cellules du feuillet supérieur. Au début de la formation de la cavité digestive primitive, le feuillet supérieur élait formé de trois rangées de cellules; plus lard ces trois couches se réduisent à deux. A partir de ce moment, le feuillet supérieur conserve la même constitution jusqu'à la fin du développement de l'embryon. Les analogies que présentent ces couches avec des couches semblables que l'on trouve chez les embryons des Amphibiens et des poissons, justifient les déno- minations que nous leur avonsdonnées: l'externe, nous l'appelons lamelle superficielle ^ l'interne, couche fondamentale de Vexo- derme. Je conserve les noms donnés par Gótte, de préférence à ceux qui ont été proposés par d'autres observateurs, tels que « Umhiillungshaut » el feuillet nerveux, parce que, chez le Sterlet, les deux couches du feuillet supérieur participant à la formation du système nerveux, on ne peut pas réserver exclusivement à l'une d'elles la dénomination de feuillet nerveux. La transformation du feuillet supérieur, formé d'abord de trois couches cellulaires en un exoderme composé de deux couches, pourrait suggérer l'idée qu'une de ces couches sert à la forma- tion (lu mésoderme; c'est à dire que le mésoderme se forme par délaminalion aux dépens du feuillet supérieur, comme Remak l'a 270 W. SALENSKY. admis pour les Amphibiens. Mais l'examen minutieux des faits conduite rejeter celte supposition. Si l'hypothèse était exacte, le mésoderme devrait se trouver partout où s'observe la réduction du nombre des assises cellulaires de l'exoderme, non seulement dans Tembryon, mais aussi sur tout le reste de la surface de l'œuf et notamment à la voûte de la cavité de segmentation; or, le raésodernje n'apparaît que dans l'embryon. Si cette délamina- tion se produisait dans le rudiment embryonnaire seul, nous devrions retrouver les trois rangées exodermiques en dehors de l'embryon, ce qui n'est pas le cas. La modification que subit l'exo- derme, la réduction du nombre des assises cellulaires qui le con- stituent, doit donc recevoir une autre explication que celle qu'en a donnée Remak, en ce qui concerneles Amphibiens. Celte modification dans la constitution de l'exodermc est produite par un déplacement des cellules de l'exoderme marchant parallèle- ment avec l'extension progressive de ce feuillet, il a été dit plus haut que les cellules de l'exoderme conservent pendant longtemps leurs dimensions primitives de 0,015 millimètre de diamètre. Ce fait prouve que ces cellules ne se multiplient guère. D'un autre côté, l'exoderme s'étend toujours en surface, de façon à recouvrir de plus en plus complètement Tentoderme. Celte exten- sion n'est donc possible qu'à la condition que l'exoderme s'amincisse ou, ce qui revient au même, à la condition que ses cellules se déplacent. Les cellules rangées d'abord en trois cou- ches, se disposent ensuite de façon à en former deux. A des phases plus avancées du développement, on observe des déplace- ments analogues des éléments dans d'autres parties de l'em- bryon, dans le rudiment du système nerveux, par exemple. Nous en reparlerons dans le chapitre suivant. L'origine exodermique du mésoderme, telle que la décrit Kœlliker pour les Oiseaux et les Mammifères, n'est pas admissi- ble en ce qui concerne le Sterlet. Toutes les coupes transversales montrent que le feuillet supérieur se constitue de deux rangées de cellules jusqu'au moment oii la parlie axiale de l'embryon, s'épaissit pour donner naissance à la plaque médullaire. Mais le raésoderme ne se forme-t-il pas par extension du DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 271 bourrelet marginal? S'il en était ainsi, le mésoderme devrait se développer de bas en haut, apparaître au niveau du bourrelet marginal et progresser vers la voûte de la cavité digestive pri- mitive. En décrivant le stade précédent, j'ai déjà dit que le bourrelet est composé de cellules parfaitement semblables à celles qui constituent le reste de l'exoderme. Il n'y a de limite bien nette, entre l'exoderme et l'entoderme qu'à la partie supérieure du bourrelet marginal, et il en est de même dans le rudiment embryonnaire. Les cellules qui remplissent l'espace qui sépare l'exoderme de l'entoderme du rudiment embryonnaire, occupent exactement la place où, par la suite, on trouve le mésoderme. Leur position démontre à elle seule qu'elles interviennent dans la for- mation de ce feuillet. Mais comme elles passent insensiblement aux cellules du bourrelet marginal, il y a lieu de se demander si les cellules de ce dernier ne participent pas aussi à la formation du mésoderme. On peut décider la question en comparant entre elles les coupes représentées par les figures 15 et 16. Les cellules de l'entoderme (fig. 15) qui pénètrent de haut en bas dans le rudiment embryonnaire, n'ont ni les mêmes dimensions, ni les mêmes caractères. Dans la partie supérieure de l'embryon elles sont plus grandes : elles mesurent en moyenne 0,018 millimè- tres de diamètre environ. On voit ces cellules présenter des dimensions de plus en plus faibles au fur et à mesure qu'on les considère plus près du bourrelet marginal, et enfin, au bord du bourrelet, elles n'ont plus guère que 0,013 millimètres de diamè- tre, c'est-à-dire qu'elles ont les mêmes dimensions que les cel- lules du bourrelet marginal lui-même. Plus la cavité digestive s'étend et plus l'embryon grandit, plus le nombre de ces petites cellules s'accroît; elles formeront bientôt une couche continue entre l'exoderme et l'entoderme dans toute la longueur de l'eni- bryun. Dans la partie supérieure de ce dernier, en avant de l'ex- trémité antérieure de la cavité digestive, celle couche se con- tinue dans la partie ventrale de l'entoderme (fig. 16). Celle couche de cellules n'est autre chose que le mésoderme. Par la comparaison des figures 15 et 16, il devient donc évi- 272 W. SALENSKY. dent que le mésoderme s'étend graduellement de bas en haut, c'est-à-dire du bourrelet marginal vers la voûte de la cavité diges- tive. Son extension peut être déterminée, soit par la multiplica- tion des cellules du bourrelet marginal, soit par celle des cellules de l'entoderme avec lesquelles le mésoderme se continue à son extrémité antérieure. Si l'accroissement de ce feuillet avait sa cause dans le bourrelet marginal, les cellules du bourrelet, à rai- son de leur multiplication, devraient devenir de plus en plus petites et le feuillet moyen devrait être nettement séparé à son extrémité antérieure de la masse entodermique : les cellules de l'entoderme sont en effet, au début du développement, beaucoup plus grandes que les cellules du bourrelet marginal. En fait cette limite tranchée entre le mésoderme et l'entoderme n'existe pas. Au contraire le mésoderme, durant toute la période de formation de la cavité digestive primitive, passe insensiblement à la partie ventrale de l'entoderme. Il s'ensuit que l'accrois- sement du mésoderme se fait aux dépens des cellules de l'ento- derme, qui est tout au moins le principal facteur dans sa formation et non pas aux dépens du bourrelet marginal. Celle conclusion rend parfaitement compte de toutes les particularités que l'on observe sur n'importe quelle coupe de l'œuf, quelle que soit la phase du développement que l'on considère. Pour étudier les premières phases de la formation du méso- derme, il faut remonter jusqu'à l'apparition du blastopore et de la cavité digestive primitive. Les cellules entodermiques adjacentes au bord du bourrelet marginal se divisent bien plus tôt que les cellules centrales e( les cellules entodermiques avoisinant le pôle inférieur de l'œuf. Quand ces cellules entodermiques déjà réduites sont refoulées sous le bourrelet marginal, quelques unes d'entre elles se main- tiennent avec leurs caractères primitifs, sous les cellules entoder- miques différenciées, pour former la paroi dorsale de la cavité digestive. Ce sont ces cellules entodermiques réduites, après s'être multipliées, qui constituent le premier rudiment du méso- derme. Au fur et à mesure que la cavité digestive s'étend vers le haut, de nouvelles cellules de l'entoderme placées immédiate- DÉVELOPPEMEINT DU STEHLET . 273 ment au contact de l'ectoderme viennent faire partie du rudi- ment embryonnaire; les plus superficielles deviennent à leur tour cellules mésodermiques : après s'être multipliées, elles prennent des caractères très semblables à ceux des cellules du bourrelet marginal, et de cette façon, tant que la cavité digestive primitive s'étend, le mésoderme s'accroît de bas en haut aux dépens de l'entoderme. Nous devons examiner maintenant les modifications que subit la cavité segmenlaire, qui atteint le maximum de son dévelop- pement au commencement de l'apparition de la cavité digestive primitive et disparaît quand cette dernière se trouve complèle- ment constituée. Au début, la cavité segmentaire est limitée, d'une part, par l'exoderme, de l'autre, par l'entoderme Le premier feuillet forme la voûte, le second, le plancher de cette cavité. Plus tard, la cavité est délimitée de tous côtés par l'entoderme. Sous le feuillet supérieur qui en forme la voûte, se voit une cou- che de cellules entodermiques. La cause qui amène l'apparition de cette couche de cellules entodermiques à la voûte de la cavité de segmentation est proba- blement double : elle réside, d'une part, dans la division rapide des cellules entodermiques à la limite entre la partie supérieure et la partie inférieure de l'œuf (voir plus haut), d'autre part dans Textension progressive de la cavité digestive primitive. La mul- tiplication des cellules de l'entoderme, au contact du bourrelet marginal et au fond de la cavité de segmentation, doit amener une extension en surface de la couche de petites cellules qui résultent de celte division rapide; cette extention se fera natu- rellement vers le point de moindre résistance qui siège au pour- tour de la cavité de segmentation. La formation de l'invagination digestive se caractérise par un refoulement de l'entoderme. Ces cellules poussées de bas en haut monteront passivement le long de la voûte de la cavité de segmentation. Vers la fin de la période de formation des feuillets embryon- naires, la cavité segmentaire se réduit beaucoup. Elle gagne le côté ventral de l'embryon, perd sa forme régulière et diminue peu à peu d'étendue jusqu'au moment où elle disparaît complè- tement. 274 W. SALENSKY. Avant de terminer ce chapitre je résumerai en quelques mots les phases successives de la formation des feuillets et je les comparerai en même temps à celles des autres vertèbres. Le mode de formation de Texoderme et de l'entoderme, aussi bien que tous les stades du développement de l'embryon, présen- tent les plus grandes analogies avec ce que Ton connaît du déve- loppement des Batraciens. La comparaison de ces premiers stades de l'évolution des Batraciens avec ceux de VAmphioxus et des Cycloslomes a été faite par Balfour; je ne pourrais que répéter ici ce qu'il a écrit sur ce sujeL Je me bornerai à faire un exposé sommaire des phases principales de cette période du développement. Il ressort claire- ment de tout ce qui précède qu'après la segmentation l'œuf du Sterlet peut être ramené au type de la Diblastula ou Amphiblas- tuia; il est pourvu d'une cavile segmentaire assez bien déve- loppée. UAmphiblastula se transforme ensuite en une Gastrula. Il faudrait s'attendre, à raison de la constitution de V Amphibia- stilla du Sterlet, à la voir se transformer en Gastrula non par invagination, mais exclusivement par épibolie ou, si l'on veul, voir V Amphiblastula devenir une Amphigastrula. Contrairement à cette prévision, nous trouvons bien plutôt chez le Sterlet une Archiga'strula qu'une Amphigastrula. La Gastrula du Sterlet ne diffère de VArchigastrula typique, telle qu'elle se présente par exemple, chez [' Amphioxus, que par ce fait qu'une partie seule- ment de l'entoderme s'invagine chez notre Ganoïde. La cause pour laquelle une partie seulement de l'entoderme s'invagine réside bien probablement dans les dimensions considérables des cellules entodermiques et aussi dans leur nombre élevé. Peut- être d'autres circonstances encore inconnues interviennent-elles en même temps que celles que nous signalons. L'accumulation du vilellus nutritif dans les cellules de l'ento- derme constitue en général un obstacle à l'invagination. Cepen- dant, chez quelques mollusques, les A'a/?ca, par exemple, l'œuf est fortement chargé d'éléments nutritifs (1). Les cellules de l'ento- (1) BoBRETZKY, Avchiv, f. mikvosk. Anatomie, Btl. XIII, p. 95. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 275 derme, quoique beaucoup plus grandes que les cellules de l'exoderme, constituent ensemble un feuillet qui s'invagine véri- tablement. Une Ampkiblalula typique se transforme en une Archigastrula non moins typique. On objectera peut-être à l'interprétation donnée par moi de la Gaslrula du Sterlet que Ton trouve entre les cellules de l'ento- derme une grande quantité de cellules vitellines, que, par con- séquent, rinvagination que nous voyons se produire chez le Sterlet peut être considérée comme résultant d'un pli de la couche entodermique au-dessous de Texoderme, que l'entoderme s'étend à l'état de lamelle de l'extrémité postérieure vers la partie antérieure de Tembryon, comme cela s'observe dans plusieurs cas de Gastrula épibolique ou Amphigastrula. Je répondrai, en rappelant simplement le fait suivant : pendant la formation de la cavité digestive primitive, toutes les cellules entodermiques ont les mêmes dimensions, toutes ont une signification formative. La preuve en est que le mésoderme se forme précisément aux dépens de cette partie de l'entoderme qui ensuite sert à la for- mation du vitellus nutritif. Plusieurs travaux embryologiques récents tendent à montrer que le mésoderme apparaît tout d'abord au voisinage du blasto- pore, et qu'il a pour origine quelques cellules placées à la limite entre l'exoderme et l'entoderme. L'accroissement du mésoderme se fait à l'extrémité postérieure de l'embryon, de sorte que ce feuillet gagne progressivement d'arrière en avant. Le dévelop- pement du mésoderme du Sterlet n'est pas en opposition avec cette manière de voir, quoique son mode de formation présente, chez ce poisson, des caractères particuliers. En effet, si la forma- tion du mésoderme débute à l'extrémité postérieure de l'embryon en dessous du bourrelet marginal, si, comme chez la plupart des autres animaux il progresse d'arrière en avant, il n'en est pas moins vrai que son allongement, aux dépens de cellules endodermiques, se fait à son extrémité antérieure, il a l'appa- rence d'une lame interposée entre l'exoderme et la paroi dorsale de la cavité digestive. Ses bords correspondent à la limite de cette 276 VV. SALENSKY. dernière. L'accroissement du mésoderme aux dépens de cellules entodermiques marche simultanément avec l'extension de la cavité digestive primitive. Dans la partie antérieure de l'em- bryon le mésoderme n'est pas séparé de l'enloderme, mais il se continue avec lui; dans sa partie postérieure ce feuillet est déjà fort développé, et donne naissance à plusieurs organes, quand en avant il est encore formé de toutes jeunes cellules à peine distinctes des cellules de l'enloderme. La partie la plus âgée du mésoderme se trouve donc en arrière. Il me reste encore à comparer la formation du mésoderme telle que nous la connaissons chez le Sterlet, avec son mode d'évolu- tion chez VAmphioxus, Chez ce dernier s'observe un mode pri- mordial qui ne se trouve pas seulement chez le plus inférieur des Vertébrés, mais aussi dans plusieurs autres groupes du règne animal. Le mésoderme de VAmphioxus se développe, comme l'ont montré les belles recherches de Kowalevsky, aux dépens de deux évaginations latérales de l'enloderme. Ces diverticules latéraux se séparent plus tard de l'enloderme et se segmentent pour donner naissance aux segments primordiaux. Sur la ligne médiane, du côté du dos, sous la gouttière médullaire , se forme la corde I dorsale. On sait aujourd'hui que cet organe ne présente pas la même origine chez tous les Vertébrés : il est tantôt d'origine entodermique, tantôt mésodermique. UAmphioxus est le seul Vertébré chez lequel la formation du mésoderme ait conservé un mode aussi primitif. Chez les Vertébrés plus élevés ce mode originel de formation s'est tellement modifié, qu'on a de la peine à rattacher les uns aux autres les divers processus connus. Chez le Sterlet il n'apparaît pas de diverticules creux de l'enloderme et, comme nous le ver- rons plus loin, la corde dorsale dérive du mésoderme et non de l'enloderme comme chez VAmphioxus. En cela le Sterlet diffère de VAmphioxus. Par contre l'origine entodermique du méso- derme, sa formation du côté du dos de l'embryon, et tout d'abord à son extrémité postérieure, sont autant de points de ressemblance entre VAmphioxus et le Sterlet. Ces analogies suffi- DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 277 sent à noire avis pour considérer le mésoderme de noire Ganoïde comme homologue de celui de VAmphioxus. On peut dire en un certain sens, que chez le Sterlet également le mésoderme est un diverticule de Tentoderme, qui s'engage entre l'exoderme et la paroi dorsale de la cavité digestive. La différence entre VAm- phioxus et le Sterlet dépend du mode particulier suivant lequel se fait la séparation de ce feuillet; mais cette différence n'a rien d'essentiel. Chez XAmphioxmW apparaît deux diverlicules creux entre lesquels règne une évagination médiane formant le premier rudiment de la corde dorsale ; nous devons considérer comme mésoderme toute cette partie de l'endoderme de VAmphioxus, qui donne lieu à la formation de ces trois diverlicules, car chez d'autres Vertébrés, chez le Sterlet, par exemple, la corde dorsale n'est que la partie médiane du mésoderme. Chez le Sterlet le mésoderme se forme en déflnitive par une sorte de délamina lion ei la lame mésodermique ne se divise que plus tard en corde dorsale et segments primitifs. Ce processus de la délamination peut être ramené facilement à l'évaginalion : nous voyons, en effet, chez des animaux voisins le même organe se former chez les uns par invagination, chez les autres par épaississement suivi de séparation : n'est ce pas le cas pour la moelle épinière, qui, chez les poissons osseux, ne se forme pas comme chez les autres Vertébrés aux dépens d'une gouttière, mais aux dépens d'un bourrelet. En ce qui concerne le mésoderme, nous trouvons chez différents Vertébrés des formes de transition entre le type primitif que l'on observe chez VAmphioxus, et le mode réalisé chez le Sterlet. Chez les animaux chez lesquels la corde dorsale se forme aux dépens de l'entoderme, le mésoderme se constitue à son début de deux lames séparées l'une de l'autre sur la ligne médiane (Plagiostomes, Balfour, Batraciens, Scott). Dans ce cas il y a une grande analogie avec le mode primordial de déve- loppement du mésoderme. Néanmoins chez ces Vertébrés les (1) Morphologischer Jahrbuch, II, p. 237-265. 278 \V. SALENSKY. — DÉVELOPPEMENT DU STERLET. lames mésodermiques sont pleines et non pas creuses comme chez VAmphioxus ; il y a donc déjà là une première altération du processus primordial. Chez le Sterlet la déviation du type primitif est plus complète encore, en ce sens que la corde dorsale se forme, aussi bien que les segments mésodermiques, aux dépens d'une couche détachée de l'entoderme par une sorte de délami- nation. Cette même interprétation des phénomènes de la forma- tion du mésoderme a été émise par Calberla dans son travail sur le développement des Lamproies. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 279 CHAPITRE IV. LE DÉVELOPPEMENT DES ORGANES INTERNES ET EXTERNES DE l'embryon jusqu'au moment DE SON ÉCLOSION. Dans l'histoire du développement du Sterlet, il est très difficile de fixer les limites entre la période de formation des feuillets embryonnaires et celle pendant laquelle apparaissent les premiers rudiments des organes, comme on le fait ordinairement pour d'autres animaux. Chez le Sterlet, l'enveloppement de la partie inférieure par la partie supérieure, avec ditTérenciation ultérieure des feuillets embryonnaires, marche parallèlement avec l'appa- rition des premiers organes. C'est le mésoderme qui subit les modifications les plus apparentes, pendant les premiers temps du développement; dans ce feuillet se différencient les premiers organes. Cette période du développement de l'embryon, qui s'étend depuis le dernier stade étudié jusqu'au moment de l'éclosion, peut être divisée en deux parties. Dans la première, les premiers organes de l'embryon apparaissent à l'état de rudiments; dans la seconde, ils se développent ultérieurement. La première période commence au moment de la formation du champ embryonnaire, de la plaque médullaire ou axiale et du sillon primitif; elle se termine par l'occlusion de la gouttière médullaire. I. — Les modifications de l'œuf jusqu'à tocdiision de la gouttière médullaire. L'indication des premiers organes du Sterlet est apparente dès la fin du premier jour du développement. Le champ embryon- naire se montre alors au-dessus du bord du blastopore. Il correspond à cette partie de l'œuf qui se trouve entre la cavité digestive et l'extérieur, du côté de la face dorsale de l'œuf; sa forme est la même que celle de la cavité digestive. Son extension 19 280 W. SALENSKY. vers le haul marche parallèlement avec le développement de celte dernière; elle répond toujours à la limite d'extension du mésoderme. Au second jour du développement, quand le feuillet supérieur recouvre les quatre cinquièmes environ de la surface de l'œuf, il apparaît, au milieu du champ emhryonnaire,un sillon qui mesure à peu près 0,7'" de longueur. 11 est délimité latéralement par deux bourrelets qui se réunissent en avant (fig. 17). L'extrémité postérieure de ce sillon correspond exactement au blastopore, de sorte que les bourrelets qui le bordent se continuent en ce point avec le bourrelet marginal; c'est pourquoi le bord de ce dernier présente une légère échancrure à l'extrémité postérieure du sillon. Ce sillon, c'est le sillon primitif, encore appelé la gouttière médullaire. Son extrémité antérieure se dilate, au stade suivant. Cette dilatation de forme rhomboïdale constitue l'ébauche du cerveau. Un peu plus tard, la partie médiane du sillon s'élargit aussi. Les modilicalions ultérieures de la gouttière médullaire, perceptibles de la surface, consistent dans son accroissement en longueur et dans son occlusion. L'occlusion commence, comme l'ont déjà remarqué Kowalewsky, Owsjannikoff et Wagner, au milieu du sillon. Après la partie moyenne, c'est la partie anté- rieure du sillon qui se ferme. La partie postérieure est la dernière à subir cette transformation de la gouttière en un tube. Avant d'en finir avec la description du sillon médullaire, nous devons fixer un instant notre attention sur ses deux extrémités. La partie antérieure de la gouttière, au moment de sa différen- ciation, présente une dépression rhomboïdale; l'angle postérieur de la fossette se continue immédiatement avec le sillon médul- laire; l'angle antérieur est aigu et étiré en longueur (hg. 25). La partie des bourrelets médullaires, qui délimite latéralement cette pointe, constitue le rudiment des vésicules cérébrales antérieures; celles-ci se différencient après l'occlusion du sillon médullaire et seront décrites dans la seconde partie de ce chapitre. La partie postérieure du sillon médullaire s'ouvre directement dans la cavité digestive primitive par l'intermédiaire du blasto- DÉVELOPPEMEIST DU STERLET. 281 pore. Ce rapport remarquable a été d'abord découvert par Kowalewsky chez les Plagiostomes, et signalé par Kowalewsky, Owsjannikoff et Wagner chez le Sterlet. Kowalewsky l'a retrouvé ensuite chez d'autres Vertébrés. Cette découverte a été confir- mée, depuis, par plusieurs autres observateurs, notamment par Balfour, Gotte, Rauber et quelques autres. Chez le Sterlet, ce n'est que vers la fin du développement que l'union entre la cavité digestive et le canal médullaire cesse d'exister. Au fur et à mesure que l'enveloppement de la masse entodermique par l'ectoderme progresse, le bouchon de Ecker devient de plus en plus petit. Il prend la forme d'une poire ; son bout effilé se continue directement dans le sillon médullaire. Vers l'époque de l'occlusion définitive de la partie postérieure du sillon primitif, le blastopore apparaît encore comme une fente longitudinale dirigée suivant l'axe longitudinal de l'œuf. Les parties latérales du champ embryonnaire, avant l'occlu- sion du sillon médullaire, subissent, elles aussi, des modifications importantes. Quelque peu avant l'occlusion du sillon médullaire, il apparaît aux deux côtés de la iigne médiane deux bandes blan- ches qui divergent légèrement en arrière (fig. 18 et 25). Ces deux bandes sont les premiers indices des canaux excréteurs primitifs (canaux de Wolff). Les parties latérales du champ embryonnaire sont divisées par eux en deux parties. Les deux zones internes limitées en dedans par les bourrelets médullaires, en dehors par les canaux de Wolff, forment les plaques verté- brales; les zones externes comprises entre les canaux de W^olff et les bords du champ embryonnaire constituent les plaques latérales. Les rudiments des canaux de Wolff apparaissent d'abord dans la partie médiane du champ embryonnaire. Leur extrémité antérieure, qui conserve toujours les mêmes rapports avec les autres organes, correspond à la limite postérieure de la dilatation cérébrale. En arrière, les canaux de Wolff ne se prolongent pas bien loin, et, dans les premiers stades de leur développement, ils sont rcctilignes dans toute leur longueur. Nous terminons ici la description des caractères externes pendant la période de formation du sillon médullaire, et nous 282 W. SALENSKY. passons à l'élude de la structure interne de l'embryon aux stades successifs de cette période. Avant même que le sillon médullaire devienne visible à la surface, des modifications très importantes se montrent dans la constitution du champ embryon- naire. Par l'examen de coupes faites au moment où le feuillet supé- rieur ne recouvre encore qu'une partie restreinte de l'œuf (fig. 19), on peut se convaincre de ce fait que la partie la plus épaissie du champ embryonnaire est sa partie axiale. Suivant la ligne médiane, le mésoderme s'enfonce quelque peu à l'intérieur de la cavité digestive. Aux côtés de cette partie axiale du champ embryonnaire, Texoderme et le mésoderme s'amincissent, et au bord du champ embryonnaire les deux feuillets réunis ne se constituent plusque de trois rangs de cellules. Cet épaississemenl, qui peut être appelé épaississemenl axial, joue un rôle important dans les phases ultérieures du développement de la partie médiane du champ embryonnaire. Il prépare, pour ainsi dire, la formation des premiers organes qui apparaîtront sur la ligne médiane, c'est-à-dire du système nerveux et de la corde dorsale. C'est pourquoi nous allons le décrire en détail. Nous avons dit, au chapitre précédent, que le feuillet supérieur se constitue de deux couches de cellules. Sur toute la surface de l'œuf, sauf dans les limites du champ embryonnaire, l'ectoderme est formé de cellules aplaties disposées en deux rangées. Les cellules superficielles ne se distinguent des cellules profondes que par cette seule particularité qu'elles renferment une plus grande quantité de pigment. Dans le champ embryonnaire, ces deux couches constitutives de l'exoderme présentent une struc- ture différente; on peut le constater en se servant d'un fort gros- sissement (fig. 19). L'épaississement du feuillet supérieur, dont nous venons de parler, intéresse exclusivement la couche pro- fonde de l'exoderme (fig. 19). La lamelle superficielle consiste en une rangée unique de cellules aplaties. En dehors du champ embryonnaire, ces cellules sont plus volumineuses; à mesure qu'on les observe plus près de l'épaississement axial , on les voit devenir de plus en plus plaies, de sorte que, dans l'épaississement DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 285 même, elles constituent une couche tellement mince qu'on ne peut en constater la présence qu'en se servant de forts grossis- sements. La couche profonde de l'exoderme, au contraire, s'épaissit beaucoup et se constitue , dans toute l'étendue du champ embryonnaire, de deux rangées de cellules. Dans la plaque axiale ces cellules deviennent plus grandes ; de là un épaississement que nous nommerons la plaque médullaire (fig. 19 et 20). Les cellules de la couche profonde sont fortement unies les unes aux autres et, à cause de leur pression mutuelle, elles prennent une forme polyédrique. Dans la plaque médullaire, leur plus grande dimension est perpendiculaire à l'axe longitudinal de l'œuf; au stade suivant cette direction varie quelque peu : les cellules latérales deviennent plus grandes que celles du milieu ; toutes s'allongent normalement à la surface; cependant les extrémités effilées des cellules situées aux côtés de la plaque sont dirigées vers la ligne médiane de l'embryon. Les cellules qui touchent au mésoderme sont pour la plupart triangulaires à la coupe ; elles reposent sur le mésoderme par une base élargie. Les modifications du mésoderme sont analogues à celles de la couche profonde de Pexoderme. Le mésoderme s'épaissit aussi à partir du bord du champ embryonnaire vers la ligne médiane; il forme, sous l'épaississement de l'exoderme, une saillie proémi- nant à l'intérieur de la cavité digestive. Cette partie médiane ou axiale du mésoderme est le rudiment de la corde dorsale. Elle consiste en trois couches des cellules; aux deux côtés de l'épaississement médian on ne peut en distinguer que deux. La partie axiale du mésoderme est convexe supérieurement et infé- rieurement : elle déprime la face profonde de l'exoderme de façon à séparer la plaque médullaire en deux moitiés symétriques. La forme des cellules du mésoderme est la même que celle des cellules de l'exoderme : ces cellules sont polyédriques par pression mutuelle. L'entoderme,dans le champ embryonnaire, se constitue d'une couche unique de cellules plates et granulées. Il forme la paroi de la cavité digestive, et celte paroi ne subit aucune modification 284 W. SALENSKY. jusqu'à la fin du développement embryonnaire. Seule la partie ventrale de l'entoderme se modifie, et les changements qu'elle subit amènent peu à peu la disparition de la cavité digestive primitive; nous y reviendrons plus loin. Au stade suivant, le champ embryonnaire est encore plus épaissi; mais en outre il se produit sur la ligne médiane, tar»t dans le feuillet externe que dans le feuillet moyen, des modi- fications importantes (fig. 20). La partie axiale du mésoderme se sépare de ses parties latérales, et donne naissance à un organe impair et médian qui n'est autre que la corde dorsale. Dans l'exoderme, la plaque médullaire se différencie plus complè- tement et se montre de plus en plus nettement séparée de ses parties latérales. L'épaississement de la couche profonde de Texoderme, dans les limites du champ embryoniiaire (fig. 20), se caractérise maintenant par la concentration des éléments vers la ligne médiane. Les parties latérales de l'épaississement exodermique, qui au stade précédent étaient formées de deux couches de grandes cellules polyédriques ne consistent plus maintenant qu'en une seule rangée de cellules aplaties. A la limite de la plaque médullaire, on peut distinguer encore deux couches de cellules; mais ces cellules sont beaucoup plus petites que celles de la plaque médullaire (fig. 20 Ex, Ex'). La diminution de l'épaisseur de l'exoderme, aux deux côtés du corps, résulte pro- bablement de ce que les cellules de la couche profonde de ce feuillet se portent vers la ligne médiane. Dans le voisinage de l'axe du corps, les cellules s'allongent, mais d'autant moins qu'elles sont plus éloignées du plan médian. Celte concentration des cellules, dont l'apparition de la plaque médullaire est la pre- mière manifestation, n'est qu'une préparation à la formation de la gouttière médullaire. Comme précédemment, la plaque médul- laire se constitue toujours d'une lamelle superficielle formée de grandes cellules plates et d'une couche profonde de cellules qui ont maintenant une apparence conoide. Les cellules superficielles ont leur base dirigée vers la surface, leur extrémité effilée tournée vers l'intérieur; les cellules profondes ont une position inverse DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 285 et s'enchevêtrent avec les premières. En ce qui concerne la disposition (les cellules, la plaque médullaire présente néanmoins une différence importante, comparée à ce qu'elle était au stade précédent. Au stade précédent, en effet, les cellules de toute la plaque médullaire étaient dirigées perpendiculairement à la sur- face ou, ce qui revient au même, parallèlement à l'axe de la coupe transversale. Au stade que nous considérons actuellement, cette direction n'est conservée que par les cellules qui occupent le milieu de la plaque médullaire; à mesure qu'elles s'approchent du bord de la plaque, ces cellules s'inclinent quelque peu , et, plus elles sont éloignées de la ligne médiane, plus complè- tement leur direction devient oblique. Les cellules marginales de la plaque tendent donc à se diriger radiairement autour du plan médian de la plaque. Ce changement de direction s'accom- pagne d'un changement de forme des cellules. En même temps qu'elles s'inclinent, elles s'allongent progressivement et cet allongement se fait similairement pour les cellules des deux rangées; il en résulte que l'enchevêtrement des cellules des deux rangées devient de plus en plus complet. Les extrémités effilées des cellules supérieures Unissent par gagner la limite profonde de la plaque médullaire, et les cellules inférieures atteignent progressivement la surface. Toutes ces modifications se rapportent à la plaque médullaire elle-même, qui se forme aux dépens de la couche profonde de l'exoderme. La couche superficielle, dont les cellules, au stade précédent, étaient fort aplaties, a subi d'intéressantes modifica- tions. Ces cellules s'unissent aux cellules sous-jacentes et tendent à se confondre avec elles; elles contribuent, elles aussi, à la formation du système nerveux. Au stade suivant il n'est plus possible de les distinguer. Le mésoderme s'est subdivisé en une partie médiane et en deux parties latérales. La portion médiane placée au-dessous de la plaque médullaire de l'exoderme constitue la corde dorsale. Les parties latérales (fig. 20) sont juxtaposées par leur bord interne à la corde dorsale et donnent naissance à plusieurs organes qui, chez tous les Vertébrés, dérivent du mésoderme. 286 W. SALENSKY. La corde dorsale s'est formée aux dépens de Vépaississemenl axial du mésoderme, quenous avons signalé, au stade précédent, comme constituant l'ébauche de cet organe. Elle présente à la coupe transversale non pas une forme circulaire comme aux stades suivants, mais celle d'un carré dont les côtés inférieur et supérieur sont convexes. Quant aux cellules de la corde dorsale et des parties latérales du mésoderme, leur forme a peu varié depuis le stade j)récé- dent; mais leur disposition, dans la corde dorsale surtout, nous présente quelques particularités intéressantes qui prouvent que le mésoderme, dans sa partie axiale, est lui aussi le siège d'une concentration des cellules. Sur une coupe transverse de la corde, on distingue plusieurs cellules centrales entourées de cellules périphériques. Les cellules centrales sont pentagonales et composent un noyau autour duquel se disposent les cellules périphériques. Ces dernières sont polyédriques, effilées à leur extrémité interne et dirigées vers les cellules centrales, de façon à donner lieu à une hgure radiée. Cette image est de nature à faire supposer, comme nous le disions plus haut, que la différenciation de la corde, comme celle de la plaque médullaire, est causée par la concen- tration des cellules autour d'un axe longitudinal correspondant à la ligne médiane de l'épaississement axial. L'origine de la corde dorsale a été souvent étudiée dans ces derniers temps. Les résultats de ces recherches ont démontré que le mode de développement de cet organe n'est pas le même pour tous les Vertébrés. La plupart des zoologistes ont admis une origine mésodermique de la corde dorsale : Gotte {Bombinator et autres Vertébrés), Balfour (Oiseaux), Kôlliker (Oiseaux et Mammifères), Waldeyer (Oiseaux). Balfour fut le premier qui reconnut que la corde dorsale des Plagiostomes se développe aux dépens de l'entoderme (1). (1) Balfour, A preliminary Account of the developmenl of the Elasmohranch Fis/ies. Quart. Journ. of micr. vSc. 1874 October. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 287 Bientôt après, la mémo origine l'ut observée par Hensen chez les Mammifères (1). Les observations ultérieures sur les Plagiostomes (A. Schultz), ainsi que celles qui ont eu les Mammifères pour objet (Kolliker), n'ont pas complètement confirmé cette dernière manière de voir. A. Schultz (2) est arrivé à la conclusion que la corde se forme à la suite d'une fusion entre Texoderme et Tento- derme; Kolliker (3) admet que la corde dorsale des Mammifères est dérivée du mésoderme. Il arriva à cette conclusion après avoir été enclin, au début, à reconnaître l'origine entodermique de cet organe. Indépendamment de ces deux opinions, on en a formulé une troisième, d'après laquelle la notocorde serait dérivée de l'exo- derme. Cette manière de voir a été émise par Mihaikowics (4) (Oiseaux) et par Radvaner (5) (Poissons osseux). La diversité même de ces manières de voir suffit à établir que la question de l'origine de la corde requiert de longues et minu- tieuses recherches. Il est difficile d'admettre que la formation de cet organe varie à ce point dans un type d'organisation aussi uniforme que celui des Vertébrés. On ne peut croire que ces contradictions dans les opinions trouvent leur justification dans des différences réelles aussi profondes. Calberla a essayé de rallier les deux premières opinions, en émettant l'hypothèse que la corde se formerait, dans certains cas, avant le dédoublement d'un feuillet primordial qu'il appelle entoderme primitif, en ento- derme et mésoderme; dans d'autres cas, après ce dédoublement. Il suppose que la différenciation du mésoderme se fait aux deux côtés de la partie axiale de l'embryon. La partie axiale de Tentoderme primitif constituerait le lieu (1) He>se>-, Beobachtungen uberdie Entwickl. des Kaninchens, etc. Zeilsclir. fiir Analoniie und Enlw. lìti. 1, p. 366. (2) A. Schultz, Zur Entivickl. des Sclachiereis. Archiv fiir micr.Anal. Ikl. XI, p. 560. (3) K'ÔLUKKR, Entwickehmgsgeschichle ,etc.,p. 267, 278. (4) MiHALKOwics, Wirbelsaite und Hirnanhang, Arch, fiir micr. Anatomie Bd. XI. (d) IUdvaner, Wieuer Silzungsbericlite ÎS7Q,di{>n\, p. 1, 288 W. SALENSKY. d'origine de la corde dorsale; celle-ci, de même que les parties latérales du feuillet moyen, se détacherait secondairement de l'entoderme primitif (i). Dans l'opinion de Calberla, la corde dor- sale n'aurait donc pour origine ni le mésoderme, ni l'entoderme définitif, mais bien une couche primordiale qui contiendrait à la fois les éléments non encore différenciés de ces deux feuillets embryonnaires (loc. cit., p. 259). A notre avis, l'hypothèse de Cal- berla est vraie, en ce sens que nous pouvons considérer l'origine entodermique de la corde dorsale comme la continuation du processus de la différenciation du mésoderme d'avec l'entoderme primitif. D'après les recherches de Balfour chez les Plagiostomes (2), le mésoderme se constitue de deux masses latérales, placées aux deux côtés de la ligne médiane, suivant laquelle l'entoderme est immédiatement accolé à Texoderme. Plus tard, les cellules de l'entoderme se multiplient dans la partie axiale pour donner nais- sance à la corde dorsale. La différenciation de la partie axiale du mésoderme, d'une part, de ses parties latérales, de l'autre, ressemble beaucoup à ce qui s'observe chez les Cyclostomes. Si nous admettons Porigine entodermique du mésoderme, nous pouvons considérer la corde dorsale des Plagiostomes comme résultant d'une séparation tardive du mésoderme sur la ligne médiane de l'embryon. Au stade dont nous nous occupons, les parties latérales du mésoderme s'épaississent considérablement; c'est à elles surtout qu'est due l'augmentation de volume de tout le champ embryon- naire. Leur structure histologique n'a subi aucun changement. On peut en dire autant de l'entoderme, qui ne diffère de ce qu'il était au stade précédent qu'en ce que chacune de ses cellules '^ 7 s'est notablement accrue. Le fait le plus saillant de tous ceux qui caractérisent le stade (1) Calberla, Zur Enttvickl.des M eduUarrohres und der Chorda dorsalis. Morph. Jahrbuch, Bd. III. (2) Balfour, Tfie development of Elasmobranch Fishes, Journal of Anatomy and Physiology, vol. X, p. 5-33 and 675. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 289 que nous allons décrire maintenant, c'est l'apparition du sillon médullaire (fig. 21 Rf) au milieu de la plaque médullaire. Il con- stitue une gouttière peu profonde, qui se distingue à première vue du reste de la surface de l'œuf par une forte pigmentation. Les rapports entre le sillon médullaire et les cellules de la plaque médullaire qui constituent son plancher, aussi bien que la dis- position même de ces cellules, montrent clairement que le stade actuel du développement du système nerveux se rattache inti- mement au stade précédent, qu'il est le résultat d'une concen- tration de plus en plus marquée des cellules de la plaque médul- laire. La plaque médullaire ne se constitue maintenant que d'une seule rangée de cellules, disposées en éventail autour de l'axe du champ embryonnaire occupé par le sillon médullaire. Les cellules médianes de la plaque médullaire sont dirigées perpendiculairement à la surface; les cellules latérales ont une autre direction : elles sont inclinées et convergent vers la ligne médiane. En un mol, nous retrouvons le même arrangement des cellules qu'au stade précédent, avec cette seule différence qu'au lieu d'être formée de deux couches primitives, la plaque médullaire se constitue maintenant d'une seule couche d'élé- ments allongés, effilés et dirigés radiairement autour du sillon médullaire. Le passage de l'ébauche nerveuse de son état anté- rieur à sa constitution actuelle est facile à comprendre par les détails que nous avons donnés plus haut. Après l'apparition du sillon médullaire , on peut distinguer deux parties dans la plaque médullaire : la partie centrale où siège le sillon, et les parties latérales qui diffèrent de la partie centrale en ce qu'elles sont recouvertes par la lamelle envelop- pante. Dans la partie centrale, c'est-à-dire au fond du sillon médullaire, on ne trouve point de lamelle enveloppante. Les bases des cellules qui forment le plancher de la gouttière sont fortement pigmentées. Ce pigment provient des cellules supé- rieures de l'exoderme qui, comme nous l'avons déjà dit, se confondent avec les cellules de la plaque médullaire. Nous l'avons dit, la formation du sillon médullaire est le résultat des modifications que subit la partie axiale du champ 290 w. sàlensky. embryonnaire, et avant tout, de la croissance plus rapide des cellules latérales ; cette circonstance entraîne cette conséquence, que les cellules de la portion médiane de la plaque médullaire sont beaucoup plus courtes que les cellules latérales, ou, si l'on veut, que la partie médiane est plus mince que les parties laté- rales. La fusion des cellules de la lamelle ectodermique superficielle avec les éléments sous-jacenls dans les limites du sillon médul- laire contribue à la formation de ce dernier. A l'appui de cette manière de voir, nous pouvons citer les faits suivants : 1" la profondeur du sillon correspond parfaitement à l'épaisseur de la lamelle de recouvrement; S"* des cellules de cette lamelle qui, aux stades précédents, étaient placées là où se trouve main- tenant le sillon médullaire, il ne reste d'autre indice que le pigment accumulé au fond du sillon, tandis que les cellules elles-mêmes ont disparu. Le développement ultérieur du système nerveux consiste dans l'accroissement progressif des parties latérales, qui correspon- dent aux plaques médullaires des autres Vertébrés. Chez d'autres Vertébrés, ces plaques se soulèvent peu à peu, leurs bords s'in- curvent l'un vers l'autre, se rapprochent, et à la fin, après s'être fusionnés, délimitent le canal central de la moelle. Chez le Sterlet, les plaques médullaires se recourbent aussi l'une vers l'autre, mais elles ne se soulèvent pas au préalable; c'est pour- quoi le sillon médullaire du Sterlet ne s'approfondit pas comme celui de plusieurs autres Vertébrés; mais par contre il s'élargit. La figure 22 nous représente une coupe transversale de la portion dorsale de l'embryon, peu avant l'occlusion du sillon médullaire. Les parties latérales de la [»laque médullaire sont incurvées l'une vers l'autre, de sorte qu'entre les lèvres de la gouttière il ne reste plus qu'une fente insignifiante constituant un dernier indice du sillon médullaire primitif. Entre les parties recourbées de la plaque médullaire et sa portion médiane, on constate l'existence d'une cavité étroite, ayant l'apparence d'une fente; elle constitue le rudiment de la future cavité de la moelle. Quant à la disposition des cellules dans l'ébauche de la moelle, DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 291 elle a conservé le même caractère que précédemment. Les cellules sont disposées radiairement; elles atteignent leurs pins grandes dimensions dans les parties latérales de la moelle, où elles sont un peu inclinées relativement à Taxe du sillon, tandis que la partie médiane de l'organe se constitue de cellules plus petites et disposées plus ou moins perpendiculairement. Le stade suivant du déveloj)pement nous montre le sillon médullaire déjà fermé. Comme le processus de l'occlusion du sillon ne présente aucune particularité propre au Sterlet, je crois inutile de m'y arrêter. Je me bornerai à faire remarquer qu'au moment de l'occlusion , les bords de l'ébauche médullaire se constituent non pas seulement de la couche exodermique pro- fonde, mais aussi de la lamelle de recouvrement. La figure 25 montre très bien l'endroit même où la fusion des deux plaques médullaires a eu lieu. En cet endroit, deux cellules de l'exo- derme, un peu plus grandes que les autres cellules de cette couche, sont disposées de manière que quatre cellules triangu- laires engagées entre elles viennent boucher l'entrée du canal central de la moelle. Le reste des cellules qui délimitent le canal central de la moelle se disposent en une couche unique dirigée radiairement autour de la cavité de ce canal. La disposition et la forme de ces cellules médullaires correspondent complètement à la disposition et à la forme des cellules de la plaque médullaire, au moment de l'apparition du sillon primitif. Pendant les deux derniers stades du développement du canal central de la moelle, il s'est produit d'importantes modifications dans le mésoderme; ce feuillet s'est divisé en plusieurs organes qui sont : les vertèbres primordiales, les lames latérales et les canaux excréteurs primitifs. A l'extérieur, ces modifications deviennent apparentes grâce aux canaux excréteurs (hg. 18, 25, Wg.) qui séparent les parties latérales du champ embryon- naire en plaques latérales et en plaques vertébrales. Les premiers indices des canaux de Wolff se montrent, en même temps que les plaques médullaires s'incurvent pour donner naissance au tube médullaire (fig. 22). A une certaine distance du bord de la plaque médullaire, on aperçoit dans la masse du mésoderme un groupe 292 W. SALENSKY. de cellules séparées par une t'ente étroite du reste du méso- derme. Au stade dont nous parlons, ces groupes de cellules ont une forme quadrilatère, et dans la profondeur, ce groupe de cellules se continue avec les autres cellules du mésoderme (iig. 22 Mg). Sous chacune des ébauches du canal excréteur, on ne distingue qu'une seule rangée de cellules pour rattacher l'une à l'autre les deux autres parties du mésoderme, qui se séparent par le fait même de l'apparition des canaux de Wolff, à savoir : les plaques vertébrales (fig. 22 Sgp) et les lames latérales (flg.22Sp). Au stade suivant du développement (fig. 23), toute la masse du mésoderme est considérablement épaissie et la forme des rudiments des canaux excréteurs primitifs s'est modifiée. Leur ébauche adjacente à l'exoderme a pris, à la coupe, une forme ovalaire; elle se compose d'un petit nombre de cellules. La diffé- rence qu'ils présentent avec le stade précédent est importante. Elle ne porte pas seulement sur leur forme, mais aussi et surtout sur cette particularité que les canaux de Wolff se sont complètement détachés du mésoderme, et qu'ils apparaissent sous la forme de corps solides, entièrement séparés des deux feuillets embryonnaires entre lesquels ils se trouvent placés. IL — Développement de Vembryon après Vocdusion du sillon médullaire. Après l'occlusion du sillon médullaire, on peut distinguer dans le champ embryonnaire la partie céphalique et le tronc. La délimitation entre ces deux parties correspond aux extrémités antérieures des corps de Wolff; ces extrémités, un peu recour- bées en dedans, sont adjacentes à la première paire de segments (somites). Grâce à la transparence du champ embryonnaire, on peut observer, à sa surface, différentes modifications survenues dans la forme des organes. Parmi ces modifications visibles extérieu- rement, celles qui intéressent le tronc sont extrêmement sim- DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 295 pies, et consistent en une augmentation graduelle, en arrière, du nombre des segments primitifs. Nous avons laissé l'embryon à un stade de développement où les lames protovertébrales de la partie antérieure ne présentent que cinq segments ou somites. A la partie postérieure, les lames protoverlébrales, non encore partagées en segments primiliCs et placées aux deux côtés de la moelle, s'élargissent en arrière en s'incurvant autour du bouchon de Ecker et du blastopore (iîg. 25 Ursp). Des deux côtés, les lames protoverlébrales sont longées par les canaux de Wolff (Wg) situés dans la direction de ces lames. De même que ces dernières, ces canaux s'incurvent pour entourer le bouchon de Ecker et se rejoindre en arrière du blastopore. Quelquefois, à ce stade, le blastopore est encore largement ouvert et le bouchon vilellin situé à l'extérieur. Un peu plus tard, le blastopore se rétrécit et le bouchon vitellin pénètre à l'inté- rieur de l'œuf. Au stade qui nous occupe, nous trouvons déjà sept paires de segments primitifs, perpendiculaires à l'axe lon- gitudinal de l'embryon. Ensuite cette disposition se modifie quelque peu : les segments antérieurs conservent leur position perpendiculaire, tandis que les postérieurs, à mesure qu'ils appro- chent du blastopore, affectent une position inclinée relativement à l'axe longitudinal. Pendant un certain temps, c'est-à-dire jusqu'à la formation de la queue et l'occlusion du blastopore, cette position persiste (fig. 26). Plus tard, les segments posté- rieurs qui forment la queue reprennent leur position primitive par rapport à l'axe longitudinal de l'embryon. En même temps que le nombre des segments augmente, le tronc s'épaissit. Déjà au stade représenté figure 27, le dos se soulève un peu sur la surface de l'œuf. Au stade suivant, la croissance de la partie dorsale augmente progressivement, et, comme tout le corps de l'embryon s'applique immédiatement contre la membrane vitelline sans laisser d'espace vide entre cette membrane et l'embryon, la région dorsale embryonnaire, ensuite de son accroissement ultérieur, s'incline un peu du côté droit. Nous pouvons expliquer ainsi l'asymétrie que présentent 294 W. SALENSKY. les coupes qui correspondent aux derniers stades du développe- ment. Bientôt après l'occlusion du sillon médullaire et le retrait du bouchon vitellin, le blastopore se ferme et, à la place qu'il occupait, nous trouvons une accumulation de pigment; comme nous le verrons plus tard, ce pigment siège à la partie posté- rieure de la cavité digestive, juste à l'endroit où celle-ci se continue avec le canal central de la moelle. A ce même stade du développement, le rudiment caudal devient visible. La partie postérieure de l'embryon s'arrondit et revêt la forme d'un petit tubercule peu élevé, mais assez large, faisant saillie sur le reste de la surface ovulaire. Dans la suite, ce tubercule s'accroît vers la partie ventrale, prend une forme cylindrique et se transforme en queue. Vers la fin du développement embryonnaire, l'extré- mité caudale atteint l'extrémité antérieure du corps, et se place à côté de la tête. Au moment de l'éclosion, la queue de l'embryon est animée d'un mouvement continu. Les modifications extérieures de l'extrémité céphalique sont beaucoup plus compliquées que celles du tronc. Après l'occlu- sion du sillon médullaire, on peut distinguer deux vésicules cérébrales, dont l'une, postérieure, est large et py riforme, tandis que l'antérieure se présente sous Taspect d'une saillie assez étroite. Plus tard, la vésicule antérieure se sépare en deux vésicules qui donnent naissance à différentes parties du cerveau. Une couche mésodermique assez mince est située de chaque côté de la base du cerveau; c'est pourquoi les contours de l'extrémité céphalique sont encore indistincts latéralement. A un stade plus avancé du développement, quand le mésoderme s'épaissit (fig. 26 A), la tête apparaît sous forme d'une plaque ronde, au milieu de laquelle est placé le cerveau. Elle s'élève un peu au-dessus de la surface de l'œuf, et est limitée en avant par un petit sillon arrondi qui constitue la premiere ébauche de l'invagination buccale. Sur la partie postérieure de la plaque céphalique, de chaque côté de la vésicule cérébrale postérieure, on aperçoit deux dépressions; ce sont les rudiments de l'organe de l'ouïe, ou invaginations des otocystes. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. ^9S Au stade suivant, la plaque céphalique grandit. On peut y distinguer deux parties : la partie centrale, entourant le cerveau ((ig. 27 Kppl), et la partie périphérique, qui entoure la partie centrale (fig. 27, Schip). A ce stade, on aperçoit sur la partie périphérique qui supporte les olocystes, deux petites lignes foncées, parallèles à son bord externe; ce sont les ébauches des fentes branchiales. Elles divisent la partie postérieure de la portion périphérique de la plaque céphalique en trois plaques disposées concentriquement (fig. 27 Kb', Kb'' et Kb""), qui constituent les rudiments des arcs branchiaux. Kowalewsky, Owsjannikoff et Wagner, décrivant à peu près le même stade de développement, affirment que l'extrémité céphalique de Tem- bryon est composée de cinq cercles concentriques, le cercle le plus interne étant formé par l'extrémité antérieure élargie de la moelle épinière (loc. cit., p. 180). Je regrette de ne pouvoir con- firmer l'observation de ces savants; je n'ai pu trouver non plus les deux enfoncements qui , d'après eux, seraient situés dans la partie postérieure du second cercle de la plaque céphalique {loc. cit., p. 481). Nulle part, je n'ai vu des lignes concentriques con- tinues, partageant en cercles la partie antérieure de la plaque céphalique. Quant aux dépressions décrites par Kowalewsky, Owsjannikoff et Wagner, comme étant placées dans le second cercle céphalique, et que je n'ai pu découvrir sur la tête de l'embryon examinée à la surface, je pense, eu égard à leur siège, qu'elles représentent des cavités apparaissant à peu près à cette époque dans le mésoderme céphalique et que ces auteurs ont vues par transparence. Ces cavités correspondent aux cavités cépha- liques décrites par Balfour chez les Plagiostoraes et rappellent, par leur forme, les dépressions susdites. Pour terminer ce que j'ai à dire touchant ce stade de déve- loppement, je dois encore mentionner une petite plaque en forme d'arc, placée au devant de la tête. On peut l'appeler processus facial (fig. 27, Stf); elle subit en effet les mêmes modifications et affecte la même forme que le processus facial dos Amphibiens. Le bord antérieur de la tête, légèrement saillant, est séparé 20 296 W. SA LE N SKY. de la face ventrale de l'embryon par un pelit sillon peu profond, le rudiment de l'invagination buccale. Au stade que nous décri- vons, on aperçoit, au devant de ce sillon, une cavité elliptique assez vaste, dans laquelle apparaît bientôt le cœur; c'est pour- quoi je l'appelle cavité péricardique. L'extrémité antérieure du cœur, qui a la forme d'un canal, se continue avec le bord supérieur de cette cavité. L'extrémité antérieure du cœur est bifurquée; les deux branches issues de cette bifurcation se trans- forment en veines vitellines. Sur les parois latérales des coupes de l'embryon, on peut observer le commencement de la forma- tion des vaisseaux; ainsi, sur différents points de ces parois latérales, apparaissent des groupes de cellules de forme variée et présentant des cavités. Dans tout le cours des stades ultérieurs du développement, la tcte de l'embryon se soulève de plus en plus sur la surface du champ embryonnaire (lig. 28). Elle perd sa forme ronde, parce que les bords antérieurs des arcs branchiaux supérieurs dépassent les arcs antérieurs. Le premier arc branchial émet vers le haut des prolongements qui croissent dans la direction du processus facial, et limitent supérieurement les parties latérales de l'inva- gination buccale. Ces prolongements ou bourgeons constituent l'ébauche des maxillaires supérieurs. Dans le dernier stade du développement, a lieu la formation des organes de l'odorat et de la vue. L'organe olfactif apparaît sous forme d'invaginations de l'exoderme situées de chaque côté de la vésicule cérébrale antérieure. Les yeux sont d'abord représentés par deux évaginations creuses, en cul-de-sac, de la vésicule cérébrale antérieure. Dès l'apparition de ces vessies oculaires primitives, on peut distinguer trois vésicules céré- brales, l'antérieure, la moyenne et la postérieure. A ce stade, la vésicule cérébrale moyenne est très peu large comparativement à l'antérieure. Vers la tin du développement embryonnaire, le cœur com- mence à se contracter ; ses contractions sont d'abord très lentes, puis elles deviennent de plus en plus fréquentes. Simultanément aux contractions cardiaques, apparaissent les veines avec leurs . DÉVELOPPEMENT DU STERLET. ^97 ramilicalions. Los veines vitellines, cloni il a été question à propos du précédent stade, se montrent maintenant sous forme de troncs assez larges, bifurques à leurs extrémités. Aussitôt après la première contraction, le cœur s'incurve et affecte la forme caractéristique d'un S. Nous terminons ici l'examen des modifications externes de l'embryon pour passer à l'étude du développement des organes internes; nous croyons plus opportun de considérer, en même temps que le développement de ces organes, les modifications des feuillets embryonnaires qui contribuent à leur formation. ï. — L'EXODERME ET SES DÉRIVÉS. L'exoderme comprend deux couches et enveloppe de toute part le corps de l'embryon. Sa couche supérieure est formée de cellules aplaties et fortement pigmentées ; à mesure du dévelop- pement embryonnaire, la quantité de pigment diminue. Dans tout le cours du développement, la couche supérieure de l'exo- derme varie d'ailleurs très peu; les cellules conservent toujours leur caractère primitif. La couche inférieure subit des modifi- cations beaucoup plus importantes. C'est elle qui contribue principalement à la formation des organes des sens; ainsi elle donne naissance à l'organe de l'ouïe, au cristallin, etc., au développement desquels la couche supérieure ne prend aucune part; celle-ci n'intervient, en même temps que la couche infé- rieure, que dans la formation des fossettes olfactives. La couche inférieure de l'exoderme consiste en cellules plus hautes qne celles de la couche supérieure, transparentes, et à noyau transparent. Sur toute la région ventrale de l'embryon, la couche exodermique interne est assez uniforme; dans la région dorsale, elle présente des épaississements qui ont un caractère provisoire et disparaissent bientôt. De pareils épaississements, sous forme de bourrelets symétriques, existent dans la région céphalique au-dessus des vessies oculaires. Ils naissent sur l'extrémité antérieure de la tète, à l'endroit où apparaissent plus W. SALENSKY. lard les fossettes olfactives, et s'étendent jusqu'à l'extrémité postérieure des vessies oculaires. Ces bourrelets présentent leur maximum d'épaisseur à l'extrémité antérieure céphalique; plus en arrière, ils s'amincissent peu à peu. Dans la région ventrale, en dessous de l'extrémité antérieure de la tête, l'exoderme s'invagine. Cette invagination constitue le rudiment de la bouche et de la cavité buccale. A ce niveau, la couche exodermique supérieure s'épaissit considérablement, ses cellules deviennent cylindriques et s'allongent à mesure qu'elles sont plus éloignées de Tinvaginalion. En même temps que l'inva- gination buccale, a lieu l'évaginalion de la partie antérieure de la cavité digestive, qui se dirige en avant sous forme de cul-de-sac et constitue l'ébauche de la cavité pharyngienne (fig, 58, Schth). La paroi supérieure de l'invagination buccale s'épaissit notable- ment en arrière et prolifère, sous forme d'un tubercule compacte, dans la direction du cerveau. Je regrette de n'avoir pu observer en détail les modiiications graduelles de ce tubercule; mais je tiens pour probable, eu égard à sa position par rapport au système nerveux, que c'est le rudiment de l'hypophyse. Développemeiit du système nerveux central. Après l'occlusion du sillon médullaire, le système nerveux centrai consiste en un canal dilaté à l'extrémité antérieure, rétréci en arrière, et dont l'extrémité postérieure passe directe- ment dans la cavité digestive primitive (fig. 52). La dilatation antérieure constitue l'ébauche du cerveau qui, comme nous l'avons déjà vu, se divise de bonne heure en vésicules cérébrales primitives. Cette dilatation antérieure apparaît bien avant l'occlu- sion du sillon médullaire, de sorte que, chez le Sterlet comme chez tant d'autres Vertébrés, l'ébauche du système nerveux est partagée en cerveau et en moelle, avant même l'occlusion du sillon médullaire. Les modifications qu'éprouve la moelle, dans le cours du développement embryonnaire, sont très simples. Ce sont princi- DÉVELOPPEMKINT DU STERLET. 299 paiement des moditications hislologiques des parois du canal médullaire, modifications qui aboutissent, vers la fin du dévelop- pement embryonnaire, à la différenciation, dans ces parois, des couches périphérique et centrale. La première constitue l'ébuuche de la substance blanche, la seconde correspond à la substance grise future. Ces deux substances sont encore dans un état très primitif chez un poisson nouvellement éclos, et n'acquièrent leur développement complet que longtemps après l'éclosion. Nous avons déjà vu antérieurement que la moelle consiste en cellules cylindriques affectant une disposition rayonnante autour du canal central. Les cellules qui délimitent les parties inférieure et supérieure du canal sont beaucoup |)lus petites que les cel- lules des parois latérales; il en résulte que ces parois sont plus épaisses que les parois supérieure et inférieure. La moelle reste longtemps dans cet état, ne subissant presque aucune modifica- tion; ses cellules se multiplient, mais conservent leur forme cylindrique et leur disposition rayonnante par rapport au canal central; elles se divisent suivant la longueur, ce qui fait que les parois médullaires s'épaississent très peu. C'est seulement vers la tin du développement embryonnaire qu'on constate, dans la moelle, d'importantes moditications. Elles consistent tout d'abord en ce que les cellules se divisent obliquement de manière que, dans les parois latérales ces cellules se disposent en deux couches (fig. 29); de !à résulte aussi un épaississement notable des parois médullaires, tandis que le canal central se rétrécit et revêt, sur les coupes transverses faites au niveau du tronc, l'as- pect d'une fente verticale. Bientôt après, on peut distinguer dans les parois médullaires, deux couches : une interne, pre- mière ébauche de la substance grise de la moelle, et une externe représentant la substance blanche future. Toutes deux résultent d'une modification du protoplasma des cellules mêmes. On peut s'en convaincre en étudiant (les coupes colorées par le picrocarmin qui, mieux que les autres matières colorantes, fait ressortir cette modification du protoplasma. L'ébauche de la substance grise, formée par la plus grande partie des cellules, se colore en rouge; celle de la substance blanche, qui apparaît vers la fin du develop- 500 VV. SALENSKY. pement embryonnaire sous forme d'une mince couche périphé- rique, est colorée en jaune par l'acide picrique. Sur des coupes transversales bien réussies et correspondant aux derniers stades du développement, on peut parfaitement constater que la diffé- renciation de la substance blanche résulte d'une modification du protoplasme des cellules périphériques. La figure 51 représente une de ces coupes de la moelle appartenant à un embryon prêt à éclore. Quelques cellules se sont détachées de leurs congénères et montrent très distinctement les modifications dont il s'agit. On voit, en effet, que les cellules placées sur les bords de l'endroit déchiré consistent en deux parties : une partie claire tournée vers la périphérie, et une partie foncée tournée vers le centre; cette dernière, colorée en rouge, contient un noyau et présente un protoplasme non modifié; dans la partie claire, colorée en jaune, le protoplasme est déjà notablement modifié, comme le prouve sa manière d'être en présence du picrocarmin. Sur ces coupes, le protoplasme est grossièrement granulé. Dans les stades plus avancés après l'éclosion, cette partie de la moelle consiste, comme c'est le cas pour la neuroglie en général, en une multitude de toutes petites fibres entrelacées. Les premières phases de la différenciation des substances blanche et grise de la moelle ont été peu étudiées jusqu'à présent chez les Vertébrés, moins encore chez les Invertébrés; toutefois l'embryogénie pourra seule résoudre la question de savoir quels sont, dans la moelle, les éléments nerveux et ceux de nature conjonctive. Dans ces derniers temps, les recherches de Boll et Eichhorst ont contribué à élucider quelque peu le processus de la formation des éléments nerveux et des éléments conjonctifs; mais il n'est fait mention, dans aucune de ces recherches, des phases qui correspondent à la première apparition de la substance fondamenlale ou neuroglie, formée aux dépens des cellules mêmes. Les seules observations relatives à ce point appartiennent à Goette (1) qui observa, chez le Bombinator^ des modifications (1) Goette, Entwikl. der Unke, p. ia couche squeleliogène et les plaques musculaires de lous ces ani- maux soni formées par les segments |)rimilifs. Ainsi les diffé- rences entre les r.présenlanls de diverses classes se réduisent à des différences dans la masse de ces dérivés des segments primi- tifs. Chez les Ganoïdes et chez les Plagiostomes, les plaques musculaires sont la partie prédominante; chez les Vertébrés des classes supérieures prédomine la couche squelettogène. La pré- dominance des plaques musculaires chez les Poissons, et le fait contraire chez les Oiseaux peuvent s'expliquer à leur tour par un plus fort développement des muscles latéraux chez les pre- miers. Ces muscles se forment en entier aux dépens des placpies musculaires, et sont comparativement très peu développés chez les animaux des classes supérieures. La couche squelettogène, ()ui chez les Sterlets apparaît d'abord sous la forme d'une couche très mince placée aux deux côtés de la corde dorsale, s'épaissit beaucoup aux stades suivants. Les |)arties latérales adjacentes à la corde dorsale et à la moelle forment l'ébauche du squelette, des nerfs de la moelle el des vaisseaux sanguins inlervertébraux (arttriae et venae interverté- brales). Tous ces organes, à l'exception des vaisseaux sanguins, ne se développent qu'après l'éclosion et seront décrils dans la seconde partie de cet ouvrage. La partie axiale de la couche squeleliogène s'épaissit sous la corde dorsale el subii, pendant le développement embryonnaire, de notables modilicalions, qui conduisent à la formation des gros troncs vasculaires. Les troncs principaux des veines el des arières ne se forment pas simullanément. L'aor/c apparaît avant lous les autres vais- seaux; on la voit déjà sur les coupes transversales, apparlenanl à des stades très précoces du développement. A mon grand regret 518 W. SALENSKY. je n'ai pas en la chance de l'observer au moment de sa forma- tion. Au stade représenté figure 29, elle a déjà la forme d'un canal, dont la coupe transverse est ovale et qui est placé sous la corde dorsale. Les parois de l'aorte sont composées des cellules aplaties issues de la couche squelettogène; ainsi l'origine de l'aorte aux dépens de cette couche n'est pas douteuse. Le canal de l'aorte est encore très étroit; au moment où il s'élargit, commence la formation des veines. Les veines cardi- nales, qui se réunissent en une veine vertébrale commune dans la partie postérieure du corps, se forment sous l'aorte. J'ai déjà dit que, dans la partie axiale de l'embryon, la couche squelettogène s'applique immédiatement contre l'enloderme, et qu'à mesure que la région dorsale s'épaissit, les plaques latérales s'avancent vers la partie axiale. Au stade représenté figure 50, les extrémités internes des plaques latérales atteignent les canaux de Wolff; elles sont placées sous ces canaux, et recourbées quelque peu vers le haut. Cette progression des plaques latérales est plus apparente dans la partie postérieure du corps que dans la partie antérieure. La couche squelettogène adjacente à l'ento- derme est limitée des deux côtés par les plaques latérales. Le développement des veines commence par une évagination considérable d'une partie de l'entoderme qui, en grandissant, s'enfonce peu à peu dans la masse de la couche squelettogène. Un pareil stade est représenté figure 30. Les cellules de l'ento- derme peuvent être facilement distinguées de celles du méso- derme, grâce à la différence dans la quantité des granules vitel- lins qu'elles contiennent. Comme ces granules ne se colorent ni par l'hématoxyline, ni par le carmin, les cellules de l'enlo- derme où ils abondent restent jaunâtres sur toutes les prépara- tions colorées, tandis que les cellules du mésoderme deviennent violettes ou rouges. Autour de l'évagination proéminente de l'entoderme sont disposées les cellules du mésoderme qui déjà, à ce stade du développement, forment une espèce de gouttière renversée, remplie de cellules entodermiques (fig. 50 ve). L'éva- gination proéminente de l'entoderme est causée par la multipli- cation énergique des cellules de la partie axiale de ce feuillet. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. ÔlO Les cellules placées plus près de la paroi du canal digestii (entoderme) sont assez serrées; au sommet de l'évaginalion elles commencent à se disjoindre, prennent la forme sphérique, et ressemblent beaucoup aux globules sanguins. Leur protoplasma est rempli de granules vitellins; elles sont néanmoins pourvues d'un noyau qui devient très apparent sur les préparations colorées parl'hématoxyline. Ces cellules se transforment ensuite en globules sanguins. La transformation avance dans la direc- tion du sommet de l'évagination, de sorte que, sur ce sommet, la gouttière du mésoderme n'est pas fortement unie à l'évagination entodermique; une cavité les sépare, dans laquelle les cellules enlodermiques disjointes et transformées en globules sanguins peuvent se mouvoir facilement. Avec le temps la gouttière mésodermique se transforme en paroi de la veine. Dans l'état représenté figure 50, celle gouttière peut déjà remplir les fonc- tions d'un vaisseau, quoiqu'elle ne soit pas encore transformée en canal ; sa cavité dirigée vers l'entoderme est bouchée par l'évagination entodermique. Pour qu'elle soit mieux bouchée par en bas, l'entoderme s'élargit en s'approchant des plaques latérales et s'y applique fortement. Par suite de cette adaptation, la veine qui se forme, mais qui n'est pas encore fermée, présente aussi à ce stade un canal dont une des parois est formée par l'entoderme, tandis que les autres consistent en mésoderme. Les globules sanguins, à mesure de leur formation, s'avancent vers le cœur ; à leur place s'en forment d'autres au fond de l'évagination entodermique ; ce processus continue jusqu'à ce que tout le matériel servant à leur formation soit épuisé. Au fur et à mesure de la consommation de ce matériel, les bords de la gouttière mésodermique se rapprochent peu à peu jusqu'à ce que la gouttière se soit transformée en canal qui constitue la veine. Tout le processus de la formation de la veine est terminé vers la fin du développement embryonnaire. Vers cette époque les veines et les artères intervertébrales sont aussi formées. Leur disposition topographique sera décrite dans la seconde partie de celte étude. Gótte, examinant la question de la formation des vaisseaux 520 W. SALENSKY. sanguins, arrive à la conclusion que la divergence d'opinions relalivemenl à la manière dont a lieu celle formation chez dif- férents animaux, résulte de la grande diversité du développe- ment de ces organes. Se basant sur leur mode de formation, il distingue trois formes de vaisseaux : les vaisseaux primitifs (ironcs principaux), les vaisseaux secondaires, et les veines vitellines. Les premiers se forment comme lacunes dans le tis- sus intersticiel, sont limités par les cellules de ce tissu et ont un contenu liquide; plus tard, les cellules limitant ces interstices forment les parois des vaisseaux. Les vaisseaux secondaires, auxquels se rapportent les capillaires, résultent de la liquéfaction et de la vacuolisation des parties centrales d'une seule rangée de cellules; les parois de ces vaisseaux se forment aux dépens des parties périphériques des cellules vacuolisées. Les veines vitellines ont la même origine que les grandes veines du Sterlet. Les cellules vitellines périphériques (les cellules de l'enloderme des Sterlets) se divisent et forment des amas de cellules que Gotte appelle îlots sanguins. Llles servent de rudiment aux glo- bules sanguins. Autour de chatpie ilôt, qui comme l'épaississe- ment de l'enloderme est évaginé du côté du mésoderme, se forment des membranes; elles se transforment ensuite en parois déveines vitellines el sont une production mcsodermique. Còlte affirme que les globules sanguins sont formi'^s exclusivement par les cellules vitellines (îlots sanguins), et par la suite sont porlés vers le cœur par les veines vitellines. Celle conclusion ne me semble pas suffisamment prouvée en ce qui concerne le Bomfn- nalor ; chez le Sterlet rien ne l'appuie. Indépendamment du mode de formation des globules sanguins par l'enloderme, nous aurons l'occasion de connaître d'autres modes de formation de ces éléments dans d'autres organes, le cœur, par exemple, où ils dérivent du mésoderme. Après la séparation de la couche squeleltogène, les plaques musculaires se modifient. Leurs cellules, qui avaient d'abord une forme polygonale, s'allongent. La plus grande partie des cellules qui sont en contact avec la corde dorsale, s'accroissent perpendiculairement à l'axe longitudinal de l'embryon. Les DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 521 cellules de la couche exlerne, au contraire, croisseul parallèle- menl à cet axe. Les unes et les aulres conlribuentà la l'ormalion des fibres musculaires. L'allongemenl des cellules est déjà apparent dans la figure 29; mais dans les stades plus avancés, on peut distinguer clairement les cellules musculaires. La irans- (ormation des cellules des plaques musculaires en cellules mus- culaires résulte de la modilicalion de leur protoplasma, qui n'a lieu (jue vers là fin du développement. Ce protoplasma se diffé- rencie en couches centrale et corticale. La dernière apparaît d'abord à la surface du contenu sous forme d'une membrane très mince; elle diffère du protoplasma en ce qu'elle réfracte plus fortement la lumière; elle ne peut être colorée par l'héma- toxyline, et consiste en une substance homogène assez brillante. Vers la fin du développement, on remarque une slriaiion irans- versale dans ces cellules, slriation qui provient d(; ce que les parties claires et les parties foncées y sont disposées alteriiative- ment. Chez un embryon entièrement développé, la couche péri- phérique striée est encore très mince, et c'est la couche centrale qui prédomine. Pendant le développement embryonnaire, ce rapport des couches se modifie en sens inverse. On trouve toujours plusieurs noyaux dans la couche centrale des cellules musculaires; leur présence peut être facilement constatée sur les préparations colorées par l'hématoxyline. Ainsi chaque cellule des plaques musculaires se transforme en myo- blaste. Au moment de focclusion du sillon médullaire, les plaques latérales consistent en deux couches de cellules, et s'unissent aux protovertèbres à l'aide de deux rangées de cellules placées sous les canaux de Wolff. Nous avons déjà appelé ces rangées couche intermédiaire, et nous avons vu qu'elles disparaissent plus tard. La couche intermédiaire s'est probablement fusionnée iivec la couche squeleltogène. Après la disparition de la couche intermédiaire, les plaques latérales se séparent des segments primitifs et se développent comme parties isolées du mésoderme. Vers celle époque, une cavile apparaît enlre les deux couches 522 W. SALENSKY. des plaques latérales; c'est la cavité du corps. Dès ce moment, la couche supérieure reçoit la signification de lame somatique et la couche inférieure celle de lame splanchnique. Ces deux lames sont reliées entre elles sur le bord interne des plaques latérales; ce bord s'accroît dans la direction de l'axe longitudinal du mésoderme, arrive sous les plaques musculaires, et, dans la partie postérieure de l'embryon, se replie sous les canaux de Wolff. Pendant toute la durée du développement embryonnaire, les plaques latérales s'accroissent de la région dorsale vers la région ventrale où elles ne se rejoignent qu'après l'éclosion. La cavité (kl corps limitée par les lames somatique et splanchnique pré- sente des dimensions différentes dans le tronc et la région cau- dale. Sur les coupes transversales, elle apparaît comme une fente à peine perceptible dans le tronc; elle semble beaucoup plus large dans la région de la queue. Cela provient de ce que, dans le tronc, elle est comprimée par la masse entodermique (noyau vilellin). Dans la région caudale, où cette pression est nulle et où l'entoderme apparaît sous la forme d'un canal, la cavité du corps a des dimensions beaucoup plus grandes. Les canaux de Wolff. Quand nous avons abandonné l'ébauche des corps de Wolff, elle consistait en deux cordons compactes, placés dans la direc- tion longitudinale entre les protoverlèbreset les plaques latérales {{ig. 23 Wg.). Les corps de Wolff, ainsi ébauchés, gagnent en longueur, et leur extrémité antérieure se recourbe en crosse au niveau du segment primitif antérieur. L'accroissement des corps (le Wolff en longueur marche d'abord parallèlement avec la formation des protovertèbres; dans la suite, leur croissance est j)lus rapide, de sorte qu'au stade représenté figure 26, ils se réunissent derrière le blastopore. A ce moment, toute la masse des lames protovertébrales n'est pas encore divisée; leur partie postérieure reste encore indivise. Pendant l'accroissement des DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 323 canaux de Wolff, leur exlrémilé antérieure s'allonge, et en se repliant forme une maille qui grandit au fur et à mesure du développement de l'embryon. Le commencement de ce repli apparaît de bonne heure, avant même la formation de la plaque céphalique. La partie antérieure des canaux de Wolff occupe alors une position horizontale. Au stade suivant elle se replie en guise de crochet; dans l'épaisseur du cordon existe alors un petit canal très étroit ; en d'autres termes, les cordons se creusent. Leur cavité arrive jusqu'à l'extrémité antérieure recourbée, encore terminée en cul-de-sac; au stade représenté figure 27, Wg., on peut déjà distinguer, de la surface, que l'extrémité antérieure des canaux de Wolff s'ouvre dans la cavité du corps. Celte extrémité, d'abord arrondie, devient échancrée, et ses parois passent immédiatement dans les parois de la cavité du corps. Toutes les modifications ultérieures des canaux de Wolff durant le développement embryonnaire n'ont aucune impor- tance. Les canaux de Wolff qui se réunissent derrière le blastopore, conservent les mêmes rapports avec la partie postérieure du canal digestif pendant toute la durée du développement embryonnaire. Quand la queue est déjà formée et quand la cavité digestive [)ri- mitive y pénètre, les canaux de Wolff s'y continuent aussi, et le lieu de leur jonction reste toujours derrière le canal neurenté- rique. Quand à la partie postérieure du canal digestif s'est formée l'ouverture anale, les canaux de Wolff montrent, eux aussi, un orifice excréteur. Cet orifice est placé derrière l'anus; il présente par conséquent, avec ce dernier, le même rapport qui exisiail entre l'extrémité postérieure des canaux de Wolff et le blastopore pendant les stades précédents. Les plaques céphaliques et les plaques pharyngiennes. J*ai déjà dit que, lors de la formation de la bouche, le méso- derme de la région céphalique se divisait en trois parties séparées )l 524 W. SALENSKY. Tune tie Taulre par dos enfoncements de l'exoderme; ces parlies soni: une antérieure, une centrale et les latérales. La première, qui constitue le rudiment du péricarde et du cœur, sera examinée à part. Les deux autres représentent les ébauches du squelette, des nerfs, des vaisseaux et des muscles cépliali(iues. La partie centrale du mésoderme donne origine au crâne proprement dit, aux nerfs, aux muscles et aux vaisseaux appartenant au crâne. Les parties latérales servent à former les arcs branchiaux avec leurs muscles et leurs vaisseaux. On peut appeler la partie cen- trale du mésoderme plaque céphaUquey et ses parties latérales plaques pharyngiennes. La tête du Sterlet se développe fort peu pendant la vie em- bryonnaire. Chez un poisson nouvellement éclos, elle a la forme d'un petit tubercule. Le faible développement de Textrémité céphalique s'accompagne d'un développement également faible des organes qui dérivent du mésoderme correspondant 5 cette partie de l'embryon. Le crâne ainsi que la colonne vertébrale ne se forment qu'après l'éclosion de l'embryon, et n'ont pas atteint leur complet développement même au troisième mois de son existence post- embryonnaire. Pendant la période du développement embryon- naire, les plaques céphaliques et pharyngiennes consistent en un tissu spongieux en tout semblable à celui de la couche que- lettogène, et ne présentent aucune trace d'une différenciation ultérieure. Ainsi nous n'avons qu'à considérer la disposition topographique des plaques céphaliques, et certaines formations provisoires qui apparaissent sous forme de cavités à l'inlérienr de ces plaques pendant la période du développement embryon- naire, et que nous pouvons appeler cavités céphaliques. Les plaques céphaliques et les plaques pharyngiennes ne sont que la continuation immédiate des lames proiovertébrales. Comme ces dernières,elles consistent d'abord en un tissu méso- dermique compacte qui se transforme ensuite en une sorte de tissu spongieux. Cette transformation résulte de la formation d'une grande quantité de substance intercellulaire, en même temps que les cellules prennent une forme stellaire. Malgré DÉVELOPPEMRNT DU STERLET. 325 ranalogie qui exisle eiilie la lormalion des plaques cépliallques et pharyngiennes el celle des segments primitifs (toutes les trois dérivées du mésoderme), le développement de ces parties n'est pas simultané. Alors que les protovertèbres sont déjà partagées eu couche squelettogène et en lames musculaires, le mésoderme céphalique ne contient encore qu'un tissu non diliérencié en rudiments d'organes. Les plaques céphaliques (iig. 54 kppi) de la partie céphalique postérieure entourent la corde dorsale, et, s'épaississant de chaque côté, remplissent complètement tout l'espace compris entre l'exoderme et l'entoderme de la région céphalique. Elles accompagnent la corde dorsale dans toute sa portion crânienne, et enveloppent le cerveau latéralement et inférieurement. La partie supérieure du cerveau n'est pas recou- verte par le mésoderme; il faut en excepter pourtant la partie postérieure de la moelle allongée, au-dessus de laquelle les pla- ques latérales se rejoignent, tout comme les deux moitiés de la couche squelettogène se rejoignent au-dessus de la moelle. En approchant de l'extrémité antérieure de la corde dorsale, la partie inférieure des plaques céphaliques se soulève, monte sous forme de plaque transverse entre la vessie cérébrale postérieure et la vessie moyenne, et forme le premier rudiment de la selle lurcicjue qui restera dorénavant à l'état cartilagineux. La partie anté- rieure des plaques céphaliques, placée en avant de la corde dorsale, ressemble au fond à la partie postérieure, et, comme celte dernière, elle consiste en une partie axiale très mince et en deux parties latérales épaissies. La première est placée sous le cerveau, les deux autres occupent ses parties latérales. Les parties latérales des plaques céphaliques ne se réunissent pas en dessus, de sorte que les vésicules cérébrales antérieures sont à découvert en haut, de même que la vésicule postérieure. Par suite de la présence de la corde dorsale dans la partie postérieure, et de son absence dans la partie antérieure des pla- ques céphaliques, celles-ci comprennent deux portions, séparées par la selle turcique. Conservant les noms proposés par Gegen- baur pour désigner les parties du crâne, nous appellerons la partie antérieure des plaques céphaliques, partie préverléùrale. 326 W. SALENSKY. el leur partie postérieure, partie vertébrale. La première sert d'origine à la portion provertébrale du crâne, la seconde à sa partie vertébrale. A une période assez peu avancée du développement enobryon- naire, on voit apparaître, dans la partie antérieure des plaques céphaliques, des cavités qui sont limitées par les cellules apla- ties du mésoderme. J'ai nommé ces cavités, cavités céphaliques^ en conservant le nom proposé par Balfour pour de semblables cavités chez les Plagiostomes. Je n'ai pu observer que deux paires de ces cavités chez les Sterlets. Toutes les deux apparais- sent très tôt, alors que les yeux se présentent sous forme de vési- cules oculaires primitives. A cette époque, leur dimension est insignifiante; mais elles grandissent peu à peu, et atteignent le maximum de leur développement vers la fin de la période embry- onnaire. La figure 39 représente ces cavités en coupe horizontale kh' et kh"). Elles sont placées toutes deux exactement derrière les vésicules oculaires, ont à peu près une forme ovale et se dilatent en arrière. La cavité antérieure est la plus grande des deux; son extrémité postérieure se dirige quelque peu vers le haut; elle atteint le bord latéral de la moelle allongée et émet en haut un petit diverticule. La cavité postérieure, beaucoup plus petite que la première, a une position horizontale. Nous avons décrit plus haut les modifications des plaques pharyngiennes et la formation des arcs branchiaux. Pour le moment, nous nous bornerons à faire remarquer que la forma- tion des arcs branchiaux résulte de la pénétration des replis de l'entoderme dans leur masse. Ces replis, qui sont d'abord paral- lèles au bord de la tête (figure 29), traversent l'épaisseur du mésoderme et atteignent bientôt l'exoderme. Ils séparent les plaques pharyngiennes d'abord en deux, puis en plusieurs parties placées parallèlement les unes aux autres; ces parties constituent l'ébauche du futur squelette, des muscles et des vaisseaux branchiaux. La différenciation ultérieure du méso- derme dans les arcs branchiaux a lieu pendant le développement post-embryonnaire. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 527 Le développement du cœur. La cavité péricardique et le cœur se développent aux dépens de la partie antérieure du mésoderme céphalique, séparée delà partie centrale (plaques céphaliques) par l'invagination buccale. D'assez bonne heure, cette partie du mésoderme devient plus transparente, parce qu'il s'y forme une cavité, la cavité péricar- dique. Malheureusement je n'ai pas réussi à obtenir des coupes transversales des premiers stades de sa formation, de sorte que le mode suivant lequel cette formation a lieu m'est resté inconnu. Je n'ai pu l'observer que lorsqu'on y voyait apparaître le rudi- ment du cœur. Le cœur apparaît sous forme d'une ligne longitu- dinale traversant le milieu de la cavité péricardique. L'extrémité antérieure de cette ligne pénètre immédiatement dans la paroi antérieure épaissie de la cavité péricardique; l'extrémité posté- rieure se divise en deux branches, qui se transforment en ductus Cuvieri et en tronc des veines vitellines {venae omphalo-mesen- tericae). Dès que le cœur se contracte, il se replie et prend la forme d'une S. La ligure 35 représente une coupe transversale de l'embryon dans la région du péricarde, au moment de la formation du cœur. La cavité du péricarde, comme on le voit sur la coupe (figure 55, Pcw), se forme plus près de la partie externe du mésoderme et n'est limitée que par une seule couche des cellules aplaties. Elle se présente sous forme d'un sac dont une paroi est placée sur les cellules du mésoderme, tandis que l'autre est immédiatement appliquée contre l'exoderme. La paroi du péri- carde qui est immédiatement appliquée contre l'exoderme con- siste en cellules plates; à mesure que ces cellules s'approchent de la paroi [)Ostérieure de la cavité, elles deviennent plus volu- mineuses et elles affecleui même, dans la paroi dorsale, la forme de grandes cellules quadrilatères (ligure 55, Hzw). Le mésoderme, placé sous le péricarde, ne limite que sa paroi postérieure et finit à l'endroit où les deux parois s'unissent. Il s'épaissit beaucoup dans la partie axiale ou centrale du j)éricarde; il y forme un 528 W. SALENSKY. bourrelet longitudinal placé au fond du péricarde et soulevant une de ses parois (figure 35, Msh). Ce bourrelet constitue la prenniere ébauche du cœur. Elle consiste en deux parlies : une couche extérieure de cellules (figure 35, Hzw), continuation immédiate de la paroi postérieure du péricarde, et une masse cellulaire (figure 35, Msh) qui n'est qu'un bourrelet du mésoderme sous-péricardique. La première de ces parties représente l'ébauche de la paroi musculaire du cœur, la seconde sert à la formation de Tendothélium cardiaque et des globules sanguins. Les cellules de la paroi musculaire sont grandes et pâles, et ne se colorent pas par l'hématoxyline; celles du rudiment de l'endothélium, au contraire, se colorent très bien par cette substance, ont un protoplasma finement granulé et sont beaucoup plus petites que les précédentes. Sur les coupes longitudinales d'embryons appartenant à ce stade, on voit très bien que le rudiment endothelial acquiert son plus grand développement dans la partie postérieure du cœur; là il est épais, tandis que vers le haut il devient de plus en plus mince. Le développement ultérieur du cœur consiste en un rappro- chement graduel des bords de la paroi invaginée du péricarde. L'ébauche cardiaque prend peu à peu une forme cylindrique et finit par se transformer en tube. Nous la voyons sous cet aspect snr la figure 36, qui représente une coupe transversale d'em- bryon chez lequel les contractions du cœur étaient visibles. Le cœur s'applique fortement contre la paroi postérieure du péri- carde qui lui sert d'origine, et consiste en deux tubes emboîtés. Le tube externe (figure 56, Hzw) correspond à la paroi muscu- laire; le tube interne (Endz) représente la paroi endothéliale. On trouve entre les deux parties du cœur une assez vaste cavité, tra- versée par des travées cellulaires provenant du tube endothelial, et qui servent d'union entre l'endothélium et la paroi musculaire. Le tube endothelial est creux et dérive de la partie du méso- derme qui a pénétré au fond du péricarde sous forme de bour- relet longitudinal, encore compacte au stade précédent. Quoique je n'aie pas observé des stades intermédiaires entre ceux repré- DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 329 sentes figures 35 et 36, je liens pour probable, d'après le rapport de Tendothélium et du bourrelet mésodermique avec la couche musculaire dans chacun de ces stades, que la transformation du rudiment endothelial en tube endothelial est le résultat de la disparition du lien qui^'existait entre les cellules centrales du rudiment qui se sont transformées en globules sanguins. Le fait qu'au stade représenté figure 36 on trouve encore un groupe de cellules adhérentes à la paroi postérieure du cœur, et qui n'ont pas eu le temps de se transformer en globules sanguins (fig. 36), vient à l'appui de cette conclusion. On peut m'objecter que la transformation du rudiment endothelial en tube peut résulter de la destruction des cellules centrales. Mais, dans ce cas, on aurait dû trouver des traces indiquant la destruction des cellules, sur les préparations appartenant à des stades où la formation du tube endothelial n'est pas encore terminée. Pourtant nous ne voyons rien de pareil. Le reste des cellules du rudiment endothelial apparaît sous la forme d'un groupe de cellules par- faitement intactes, et qui ne diffèrent de leur état précédent que par la modification qu'a subi leur forme; elle est devenue sphé- rique. Ce changement de forme ne peut indiquer que l'anéan- tissement du lien qui réunissait les cellules, mais non leur destruction. La couche musculaire du cœur consiste en une série de cellules assez grandes et assez élevées; elles sont allongées et perpendiculaires à l'axe longitudinal du cœur. Vers la fin de la période embryonnaire, on ne trouve aucune trace de stries sur les cellules; elles ne ressemblent en rien aux muscles, mais néanmoins la couche qu'elles forment, fonctionne comme muscle. Bien avant l'éclosion de l'embryon, le cœur se contracte. D'abord ses contractions sont lentes et inégales; elles ont le caractère d'un mouvement péristaltique qui se dirige de l'extrémité pos- térieure du cœur vers son extrémité antérieure. A l'origine, on compte jusqu'à trente pulsations rhythmiques à la minute; plus tard, ce nombre augmente jusqu'à quatre-vingts. Les effets de certains poisons comme l'azotate de potasse, la digitaline et la vératrine sur le cœur d'un embryon, sont parfai- 550 W. SALENSKY. Icmeiil identiques à ceux que ces poisons produisent sur un cœur développé, nonobstant le fait qu'un cœur embryonnaire ne contient ni muscles ni nerfs formés. Une dissolution de nitrate de potasse à 10 7o arrête le cœur en systole après deux minutes et demie. La vératrine à 5 "/« produit le même effet. La digitaline arrête le cœur en diastole. La muscarine fait seule exception; elle ne produit aucun effet sur les contractions d'un cœur embryonnaire. Le développement du cœur du Sterlet se distingue de celui du cœur des autres Vertébrés par une foule de particularités. L'ébauche du cœur, chez le Sterlet, consiste en une masse com- pacte, tandis que, chez les autres Vertébrés, la plupart des obser- teurs (excepté Klein) (1) reconnaissent un rudiment creux. Chez la plupart des animaux, les Plagiostomes (Balfour), les Oiseaux (Kolliker, Balfour, Foster et Gasser) et les Mammifères (Hensen et Kolliker), ce rudiment est double; il est simple chez le Sterlet. Celte parlicularilé rapproche le Sterlet des Cycloslomes, des Poissons osseux et des Amphibiens, chez lesquels le rudiment du cœur est également simple. Au point de vue morphologique, la formation du cœur, qu'il apparaisse sous forme d'un rudiment simple ou double, creux ou compacte, ne présente pas de différence essentielle. Chez des espèces animales rapprochées, on voit souvent le même organe se montrer, au moment de son apparition, creux chez les uns, plein chez les autres; toute la différence se ramène à une diffé- ren( e d'épaisseur de quelque partie de l'ébauche. Le rapport du rudiment du cœur avec les feuillets embryonnaires est beaucoup plus important. La plupart des observateurs sont d'accord pour considérer la couche musculaire du cœur comme provenant de la paroi du péricarde.Quanl à l'endothélium du cœur, quoiqu'on trouve des observations contradictoires relativement à son origine, aujourd'hui tous les embryogénistes sont d'accord pour admettre qu'il se développe aux dépens du mésoderme. Le déve- loppement de l'endothélium chez le Sterlet confirme ce fait, et (1) Wiener Sitzungsberichte, G5. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 551 nous n'avons qu'à expliquer le rapport de celle partie du méso- derme avec ses autres parties dans la région céphalique et dans le Irono de l'embryon. La partie du mésoderme dans laquelle se l'orme le cœur est composée du péricarde et d'une couche de mésoderme placée entre cette cavité et l'entoderme; cette couche sert d'origine au rudiment endothelial. Ces deux parties du mésoderme diffèrent entre elles, tant au point de vue morphologique qu'au point de vue histologiqiie. Quoique je n'aie observé ni la continuité entre la cavité péricardique et celle du corps, ni le mode de formation de la cavité péricardique, je suppose, d'après l'analogie que présente son développement avec celui des autres Vertébrés, que la cavité [)éricardique n'est qu'une partie de la cavité générale du corps. Le premier stade que j'ai pu observer, correspond au slade du développement du cœur d'une grenouille, lorsque le péricarde est d(jh fermé, (voyez Gotte Enlwikl. der Unke Tab. XIH lig. 225) et quand la paroi ventrale se soulève en par- tant du fond de cette cavité. Par leur structure histologique, les parois du péricarde, surtout la paroi antérieure, correspondent complètement aux couciies somatique et splanchnique des pla- ques latérales. Le rudiment endothelial placé sous le péricarde se recourbe de chaque côté vers la face dorsale de l'embryon et se dirige vers les plaques pharyngiennes. D'après sa structure histologique, il est parfaitement sembable aux plaques pharyn- giennes. Aussi je considère comme très probable que le rudiment endothelial n'est que la continuation des plaques pharyngiennes. Cette conclusion n'est pas en contradiction avec les faits connus sur le développement de l'endothélium chez lesaulies animaux. l)'a[)rès les ob>ervations de Casser (I), qui a donné une descrip- tion des stades primitifs du développement du cœur chez le Poulet, l'endothélium apparaît dans les fovea cardiaca et se trouve placé entre la lame splanchnique (qui sert d'origine à la (I) Ueber die Entstchinnj des Ilcrzens bei Vogelcmbryonen. Archiv. f. niicr. Anat. Bd. XIV. 332 W. SALENSKY. paroi musculaire du cœur) et l'entoderme. Quoique Gasser ne dise rien relativement au mode de formation du rudiment endo- thelial, on remarque néanmoins sur ses ligures (lig. 1, 4 et 5 Tab. XXVI), le lien du rudiment endothelial avec le côté dorsal du mésoderme; c'est absolument la même disposition qu'on observe chez le Sterlet. Les Plagioslomes et les Ganoïdes,qui sont considérés comme voisins dans la classe des Poissons, représentent deux types diffé- rents au point de vue embryogénique. D'après la ressemblance de certains stades du développement, les premiers se rappro- chent des Vertébrés supérieurs, les autres des Vertébrés inférieurs. En examinant le développement définitif de plusieurs organes, nous aurons l'occasion de faire connaître d'autres faits qui indi- quent les mêmes affinités. m. — L'entoderme et ses dérivés. Après l'occlusion du sillon médullaire dans sa partie moyenne, et la disparition du canal vitellin, l'entoderme apparaît sous forme d'une vessie à paroi dorsale mince et à paroi ventrale très épaisse; elle s'ouvre par le blastopore (fig. 24 En). La paroi dorsale de cette vessie est représentée par une seule couche de cellules, la paroi ventrale s'enfonce sous la forme d'un tubercule assez grand dans l'intérieur de la vessie, et consiste en une masse de cellules très riches en granules vilellins. Par suite de l'accumulation des cellules sur le côté ventral de l'entoderme, la cavité digestive primitive, vue sur une coupe longitudinale, a une forme semi-lunaire (fig. 24 pd). Elle est placée sous l'embryon, et sa largeur peut être très bien définie de la surface, car les limites latérales du champ embryonnaire ou embryon corres- pondent complètement aux limites latérales de la cavité digestive. En même temps que le rudiment embryonnaire se divise en tête, en tronc et en queue, on peut aussi distinguer dans la cavité digestive primitive, c'est-à-dire dans l'entoderme, les par- DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 535 lies aniérieure, moyenne et postérieure. Chacune de ces parties sert d'origine à une portion donnée du tube digestif. La partie antérieure sert à la formation de la portion pharyngienne, la partie moyenne sert d'origine à la portion moyenne du tube (estomac); la partie postérieure, qui sitôt après l'occlusion du sillon médullaire apparaît sous la forme d'un canal cylindrique s'ouvrant dans le blastopore, sert d'origine au rectum. Comme chacune de ces parties présente des particularités de développe- ment, nous allons les considérer séparément. La partie antérieure de l'entoderme (la cavité pharyngienne) se différencie en même temps que la tête. La cavité pharyngienne s'étend sous forme d'un cul -de -sac sous la moelle allongée vers la cavité buccale formée par l'exoderme (fig. 58). Son extrémité antérieure en cul-de-sac a des parois plus épaisses, et en s'approchant de la partie postérieure de la bouche, l'embrasse et se fusionne avec elle (Gg. 58). Entre l'extrémité postérieure de la bouche et l'extrémité aniérieure de la cavité pharyngienne, il n'existe, pendant les derniers stades du développement,que la paroi antérieure épaissie de la cavité pharyngienne. Au débul do développement post-embryonnaire, cette paroi se détruit et la cavité digestive s'ouvre par la bouche. Les parois latérales de la cavité pharygienne servent à la formation de l'appareil bran- chial. A une période encore peu avancée du développement, elles émettent de chaque côté deux paires de diverticules à cavités très étroites, qui se dirigent vers l'exoderme et traversent le mésoderme. Ces prolongements, que nous pouvons appeler sacs branchiaux, forment les rudiments des fentes branchiales à venir. Chaque sac branchial, en pénétrant dans le mésoderme des plaques pharyngiennes, en sépare une lame qui constitue le rudiment de Parc branchial. Vers la lin du développement embryonnaire, les sacs branchiaux se fusionnent avec les parties correspondantes de l'exoderme. Au commencement du dévelop- pement post-embryonnaire, dans les endroits où celte fusion a lieu, se forment des fentes qui sont les fenles branchiales. L'en- toderme des sacs branchiaux et l'exoderme placé au dessus des 534 W. SALENSKY, arcs pharyngiens correspondants, se transforment en epithelium des arcs branchiaux. L.a partie moyenne de l'entoderme s'étend sous tout le corps de l'embryon, et consiste en une paroi dorsale mince et en une paroi ventrale épaisse (fig. 24, En, En'). La paroi dorsale de la cavité digestive primitive, dans sa partie axiale, donne origine è deux Cormalions : d'abord à la ligne sous-cordale, et ensuite au bourrelet axial qui sert à la formation des globules sanguins. La ligne sous-cordale se forme bientôt après l'occlusion de la moelle, et apparaît sous forme d'une corde assez mince, ne consistant d'abord qu'en deux rangs de cellules. La ligne sous- cordale reste dans cet état pendant tout le temps du développe- ment embryonnaire. Elle ne se modifie que longtemps après l'éclosion. On peut voir, chez des poissons âgés de trois mois, qu'elle se transforme en ligamentum longitudinale inferius. Sa modification ultérieure sera examinée dans la seconde partie de cet ouvrage. Le bourrelet entodermique qui sert à la formation des globules sanguins, a déjà été décrit à propos du développe- ment des veines. Bientôt après l'occlusion de la moelle, les cellules de la partie ventrale de l'entoderme perdent leur noyau. Une coloration des préparations par l'hémoloxyline ne fait pas ressortir ces noyaux. En même temps que les noyaux, disparaissent aussi les contours nets des cellules. Celles-ci se fusionnent, et ce n'est que sur la périphérie de la partie ventrale de l'entoderme qu'on peut tou- jours distinguer des cellules à contours nettement prononcés et munies de noyaux. La masse centrale de l'entoderme ventral s'épaissit et finit par remplir toute la cavité digestive primitive. Cette masse atteint la paroi dorsale de la cavité digestive avec laquelle elle se fusionne. La cavité digestive primitive disparaît, de sorte que l'entoderme du corps d'un embryon éclos est com- pacte et dépourvu de cavité. Durant trois semaines après son éclosion, l'embryon se nourrit aux dépens du vitellus qui remplit complètement la ci-devant cavité digestive. C'est alors seulemen t qu'a lieu la formation définitive des parois de l'estomac et de l'intestin moyen; ces organes dérivent des cellules qui, dès la DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 535 période embryonnaire, se sont conservées sur la partie périphé- rique de la cavité digestive primitive. On trouve sur la partie ventrale de l'enloderme, au-devant du blastopore, une partie appendiculaire de la cavité digestive (fig. 24, Pd'). Cette partie résulte de ce que l'évaginalion falci- forme s'est propagée du côté dorsal vers le côté ventral. Cette partie de la cavité digestive primitive ne prend aucune part à la formation des organes digestifs, quoiqu'elle persiste assez long- temps chez l'embryon. Pendant la formation de la queue, la partie appendiculaire de la cavité digestive diminue beaucoup (fig. 52). Dans les stades plus avancés du développement, je n'ai pu la découvrir; il est probable qu'elle disparaît à cause du rapprochement des cellules de la partie centrale de l'enloderme. La partie postérieure de la cavité digestive primitive a la forme d'un canal cylindrique assez court, placé d'abord parallè- lement à l'axe longitudinal de l'œuf, et limité de tous les côtés par les épaississemenls de l'embryon et par le bourrelet mar- ginal. Elle s'ouvre en arrière par l'intermédiaire du blastopore. Le bourrelet marginal entourant le blastopore est un cercle formé par l'exoderme épaissi. Nous avons déjà vu que, du côté dorsal, le blastopore s'unissait avec le sillon médullaire, et que le bourrelet marginal se transformait en bourrelet entourant ce sillon. L'occlusion du blastopore a lieu après l'occlusion de la moelle. Elle commence par le rapprochement des bourrelets qui l'entourent; il suit de là que la partie postérieure de la cavité digestive se rétrécit (figure 24). Alors la partie postérieure du bourrelet marginal, que nous pouvons appeler lèvre inférieure (lu blastopore, s'épaissit et s'avance sur le côté dorsal. Comme la partie antérieure du bourrelet marginal s'amincit en même temps que la lèvre supérieure du blastopore, toute la partie posté- rieure de la cavité digestive s'incline vers l'axe longitudinal de l'œuf. L'accroissement de la lèvre inférieure dans la direction du dos a pour résultat que son bord se rapproche de la surface dorsale de l'embryon, et finit par se fusionner avec elle (fig. 24). H se fusionne aussi avec le bord postérieur de la moelle qui était 536 W. SALENSKY. en communication avec le blastopore (flgure 24). Avec l'occlu- sion du blastopore s'établit une communication immédiate de la moelle avec la cavité digestive primitive. Bientôt après l'occlusion du blastopore, on voit se former la queue. Elle part de l'endroit où se trouvait le blastopore, et apparaît sous forme d'un tubercule qui comprend la conti- nuation de toutes les parties du corps. Nous y voyons la corde dorsale, les protovertèbres et la partie postérieure de la cavité digestive. La queue consiste d'abord en un épaississement du bord postérieur du champ embryonnaire, placé derrière le blastopore et correspondant, par sa position, à la cavité diges- tive appendiculaire (figure 24, Pd'). Cet épaississement se forme aux dépens de la lèvre inférieure du blastopore, avant l'occlusion de ce dernier. La preuve en est que, au moment où la queue apparaît sous forme d'un petit tubercule cylindrique, cet épaississement, placé sous la cavité digestive appendiculaire (figure 32), s'amincit ; il égale en épaisseur les parois externes de la queue. Pendant la formation de la queue, la partie postérieure de la cavité digestive prend une position tout opposée à celle qu'elle avait au moment de l'occlusion du blastopore. Sur la figure 24 elle était dirigée vers le côté dorsal; maintenant, se trouvant dans la queue qui est recourbée sur le ventre, elle a une direc- tion opposée à la précédente. Cette modification dans la position du rectum peut aussi être expliquée par l'épaississement externe de la lèvre inférieure du blastopore. En effet le rectum, limité du côté ventral par cet épaississement, se redresse d'abord, c'est-à-dire devient parallèle à l'axe longitudinal de l'œuf, et puis suit la direction de la queue, se recourbe, comme elle, sur le côté ventral. Sur toute sa longueur, le rectum est séparé de la moelle par la corde dorsale. A l'extrémité de la queue, en arrière de l'extrémité postérieure de la corde dorsale, le rectum s'unit à la moelle au moyen du canal neurenlérique, qui contourne la corde dorsale. La largeur de ce canal est la même que celle de la moelle et du canal digestif qu'il réunit. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 337 Ses parois contiennent quelquefois un pigment qui s'accumule sous la forme d'amas foncés granulés. Lorsque la queue atteint à peu près ^/i de millimètre de lon- gueur, a lieu la formation de l'anus. Il apparaît non loin de la base de la queue, et l'endroit de sa formation est indiqué, avant même son apparition, par un petit tubercule. Dans cet endroit là, le rectum émet un diverticule en cul-de-sac dans la direction de l'exoderme. Ce diverticule a la forme d'un tube assez court en entonnoir, et en s'approchant de l'exoderme, se fusionne avec lui. A l'endroit de la fusion apparaît un orifice qui con- stitue l'anus. La formation de cet orifice, comme celle de la bouche, résulte probablement de la destruction des cellules qui se trouvaient à l'endroit de la fusion. La partie du rectum qu'on peut nommer partie post-anale et qui s'unit à la moelle se conserve longtemps chez l'embryon. Elle ne participe pas à la formation du tube digestif et s'atrophie sur toute sa longueur. D'abord ses parois se rapprochent, d'où résulte que son canal diminue; ensuite sa cavité disparaît complètement et elle se transforme en une corde compacte, allant de l'anus jusqu'au canal neurentérique. Vers la fin du développement, cette corde disparaît complètement à ce qu'il paraît, interrompant de la sorte la communication extrêmement remarquable qui existait entre la moelle et la cavité digestive. 358 W. SALENSKY. EXPLICATION DES FIGURES. Planches XV-XVIII. Fig. Î. OEuf arrivé à maturité et sorti de l'ovaire. Eh membrane vitelline. Gr membrane granuleuse et epithelium folliculaire qui sont entraînés avec l'œuf. N vésicule germinative. Se le deutoleucyte. Sp le prolo- leucyle. Fig. 1 A. Différentes formes de l'appareil micropilaire. Fig. 2. Coupe longitudinale de l'œuf une heure après la ponte. La vésicule ger- minative a disparu, mais à sa place on trouve, dans la masse du germe, des îlots consistant en une substance qui ressemble à celle de la vésicule germinative, A^. Psch couche pigmentée du germe. La surface du germe est dépourvue de pigment. Fig. 5. Coupe longitudinale du germe dans le premier temps quisuit la féconda- tion. Sur la surface du germe se trouve une substance transparente sous laquelle est placée la couche pigmentée qui pénètre au fond du germe sous forme d'une ligne, Pnm, le pronucleus mâle. Le îlots formés par la substance de la vésicule germinative. Fig. 4. Représente le pronucleus mâle avec les parties adjacentes du germe vus avec le système 8 Hartnack. Pnm et Le signifient la même chose que sur la figure 3. Fig. 5, 6, 6 A. Différents stades de la formation du pr( mier noyau segmentaire. Fig. 7. Coupe longitudinale à travers un œuf où le germe est partagé en deux parties. Fk cavité de segmentation. Psch couche pigmentée du germe. A' substance du germe. Fig. 8. Le germe divisé en huit segments. I, II, III, IV, les quatre segments primitifs, r, IF, HT, IV', V, VF, VU', Vili", les huit segments qui se sont formés après la division des quatre segments primitifs. Fig. 9. Coupe longitudinale à travers un germe eu voie de segmenlation. I, II, m et IV sont les quatre segments du germe. D le dentoleucyte. A' les noyaux vus dans les segments I, Il et III. Le noyau du segment I se divise. Fig. 10. Stade ultérieur de la segmenlation. Elle a atteint la partie inférieure de l'œuf. Fig. Il, Coupe longitudinale de l'œuf du stade précédent, h's segments dérivés du germe. Ds segments grossièrement granulés de la partie inférieure de l'œuf. Fh cavité segmentaire au fond de laquelle on voit des évaginations qui ne sont que des segments commençant à se former. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 559 Fig. 1 1 A. Deux segments du fond de la cavile segnientaire dont un est coni- plélement détaché, tandis que l'autre est encore fixé par le bas. Gkd partie du segment grossièrement granulée. Fkk sa partie lineraent graimiée, dérivée de la substance du germe. Kn le nucleus. Knk le nucléole. Les nucleus des deux segments sont encore réunis par un fd bien lin, consis- tant en substance nucléolaire (système 8 Hartnack). Fig. 12. Coupe longiiudinale d'un œuf dont la segmentation est terminée; la coupe a traversé le centre de la cavité segmentaire. Ex l'exoderme En l'entoderme. Sh cavité segmentaire. Fig. i3. Coupe longitudinale d'un œuf pendant la formation du blastopore et de la cavité digestive primitive. Ex l'exoderme. Ra coupe du blastopore, montrant sa forme falciforme. En eutoderme Fig. 15 A et B. Deux coupes successives à travers le blastopore; les lettres ont la même signification que sur la figure 15. Fig. 14. Coupe longitudinale à travers la cavité digestive primitive dans les pre- miers stades de son développement (système 7 de Hartnack). Fig. 15 et IG. Deux stades successifs du développement de la cavité digestive primitive. La coupe est longitudinale. Formation du mésoderme par l'entoderme. Ms mésoderme. Ex exoderme. En et En' entoderme. Pd cavité digestive primitive. Fh cavité segmentaire. Fig. 17 et 18. Deux stades de la formation du sillon médullaire vu de la sur- face. Dp bouchon d'Ecker ou bouchon vitellin. Bf sillon médulhire. Md dilatation cérébrale du sillon médullaire. Kw bourrelet marginal. \Vg les canaux de Wolff. Fig. 19. Partie centrale d'une coupe à travers le champ embryonnaire avant la formation du sillon médullaire (système 8 de Hartnack). Ex" épaississe- ment médullaire. Cha épaississement du mé.soderme pour la formation de la corde dorsale. Ex lamelle de recouvrement. En entoderme. 31s mésoderme. Fig. 20. Partie centrale d'une coupe à travers le champ embryonnaire au moment du détachement de le corde dorsale. Mdv épaississement médullaire de l'exoderme. £x lamelle de recouvrement. Ex' couche fondamentale de l'exoderme. Ch corde dorsale. En entoderme. Mdpw plaque médul- laire. Fig 21. Coupe transversale du champ embryonnaire pendant la formation du sdlon médullaire. Mp plaques médullaires, lif sillon médullaire. Ex\ Ex", Ch et En ont la même signification que pour la ligure 20. Sun plaques ou lames latérales (Hartnack, système 8). Fig. 22. Coupe transversale de la partie centrale du champ embryonnaire pendant que les plaques médullaires se recourbent pour former le canal central de la moelle. Mg canaux de Wolff. Sp plaques latérales. Sgp plaques segmentaires. il/y^ [)laques médullaires. /{/"sillon médullaire. En ento- derme. Ch corde dorsale (sytème 8 de Hartnack). Fig. 25. Coupe transversale d'un embryon dont le sillon médullaire est fermé. Mr canal central de la moelle Sgp plaques sogmenlaires. fVg canaux 340 W. SALENSKY. de Wolff. Ex' lamelle de recouvrement. Ex" couche fondamentale de l'exoderme. Ch corde dorsale. En entoderme (système 8 de Hartnack). Fig. 24. Coupe longitudinale d'un embryon pendant rocclusion du blastopore, Ex exoderme. En côté dorsal de l'entoderme. En' son côté ventral, Ms mésoderme. Pd cavité digestive primitive. Pd' partie appendicu- laire de la cavité digestive. Fig. 23. Surface de la partie dorsale de l'embryon pendant la formation des segments primitifs. Hb' dilatation cérébrale antérieure, ffb"' dilatation cérébrale postérieure. Ursp plaques des segments primitifs. Wg canaux de Wolff. Sp plaque latérale. Dp bouchon d'Ecker. Fig. 26. Embryon vu du côté dorsal, après l'occlusion du sillon médullaire el pendant la formation des plaques céphaliques. Rm moelle. Urwp plaques segmentaires primitives. Ur segments primitifs. Wg canaux de Wolff, Kppl plaques céphaliques. Fig. 26 A. Partie céphalique du même embryon. Kp plaques céphaliques. Ob fossettes auditives. Fig. 27. Partie antérieure d'un embryon au moment de la formation des premiers arcs branchiaux. Wg canaux de Wolff, Hb' vésicule cérébrale antérieure. Hb'" vésicule cérébrale postérieure. Kppl plaques cépha- liques. Schlfs plaques pharyngiennes. Stf processus frontal. Kb' Kb" Kb"' premier, second et troisième arcs branchiaux. Fig . 28. L'embryon vu du côté dorsal pendant la formation de la tête. Kb' Kb" Kb'" Kb'' arcs branchiaux. Ob vésicules auditives. Wg canaux de Wolfl', Aub vessies oculaires. Hz cœur. Hb' Hb" Hb'" vésicules cérébrales Olg fossettes olfactives. Vova veines vitellines. Fig. 29. Coupe transversale du dos d'un embryon avant le début des contractions du cœur. Pb couche somatique. reb couche splanchnique des plaques latérales. Ao aorte. Mp plaques musculaires. Rm moelle. Sgs couche squelettogène. Ch corde dorsale. Wg canaux de Wolff. Fig. 30. Partie axiale de l'entoderme qui pénètre dans la couche squelettogène afin de former une veine. Ao l'aorte. Bk globules sanguins Fc cavité de la veine cave. Wg canaux de Wolff. Blsch couche entodermique participant à la formation des globules sanguins. PI lame somatique Veb lame splanchnique du mésoderme. En entoderme. Fig. 31. Coupe longitudinale d'un embryon à l'époque oii le cœur se contracte. Ch la corde dorsale. Rm moelle. £"71 cavité digestive. Vbk canal neu- rentérique. il/o6 vessie cérébrale postérieure. Msc vessie cérébrale antérieure. Fig. 32. Coupe transversale de la moelle au début de la différenciation des substances blanche et grise. Gs rudiment de la substance grise. Ws rudiment de la substance blanche. Fig. 33. Coupe horizontale de la tête au moment de la formation du cristallin. Lein le cristallin. DÉVELOPPEMENT DU STERLET. 341 Fig. 34. Coupe transversale de la tête pendant la formation des organes auditifs. Mob moelle allongée. Ch corde dorsale. En entoderme. Obs rudiment des organes de l'ouïe Kppl plaques céphaliques. Fig. 3r». Coupe transversale du péricarde pendant la formation du cœur. Pch péricarde. Pene paroi du péricarde. En entoderme. Msh ébauche endo- théliale du cœur. HJw ébauche de la couche musculaire du cœur. Paroi enfoncée du péricarde (Hartnack, système 7). Fig 36. Coupe transversale du cœur au moment de son occlusion en tube. Hzw ébauche de la paroi musculaire du cœur. Endz tube endothelial dérivé du mésoblaste (voyez la ûgure précédente). Pene péricarde. Ex et Ex, exoderme. Fig. 37. Coupe horizontale à travers le dos d'un embryon au moment de l'appa- rition de la couche squelettogène. Sgsch couche squelettogène. Mkp plaques musculaires. Ch corde dorsale. Fig. 38. Coupe longitudinale à travers la tête d'un embryon peu de temps avant son éclosion. Kppl plaques céphaliques. Aure nerf optique. Msc cerveau moyen. Mob cerveau postérieur. In infundibulum Schlh cavité pharyn- gienne. Mbch bouche. G/" vaisseau sanguin. Fig. 39. Coupe horizontale à travers la tête d'un embryon peu de temps avant son éclosion. Gh cerveau. Kh et Kh" les cavités céphaliques. /, //, ///, rudiment des fentes branchiales. Au vessie oculaire. L le cristallin. SUR LA TERMINAISON DES NERFS DANS LES MUSCLES VOLONTAIRES DE LA SANGSUE; PAR ARMAUER HANSEN Dans le recueil des leçons d'Anatomie générale professées au Collège de France en 1877-1878, Ranvier a formulé comme suit les conclusions de ses recherches sur la terminaison des nerfs dans les muscles : l*' Les muscles organiques, qu'ils soient lisses ou striés, sont animés par des nerfs qui , immédiatement avant d'atteindre ces muscles, forment un plexus ganglionnaire. 2° Lesmuscles volontaires, qu'ilssoient striés ou non, reçoivent des nerfs qui leur viennent directement des centres nerveux et il n'existe pas, sur le trajet de ces nerfs, de ganglions qui puissent modifier l'incitation motrice venant de ces centres. Ranvier a démontré qu'il en est ainsi chez les Vertébrés. Les quelques observations qu'il à faites sur les animaux appartenant à d'autres embranchements du règne animal, tendent à justifier ses conclusions en ce qu'elles établissent qu'il paraît en être de même chez les Invertébrés. C'est ainsi que dans le muscle rétracteur du corps de l'Escargot, les nerfs se terminent sans former au préalable un plexus, tandis qu'il existe un plexus dans l'intestin des articulés et aussi dans l'estomac de la sang- sue. Ranvier m'a engagé à rechercher, pendant mon séjour dans son laboratoire, le mode de terminaison des nerfs dans les mus- cles innervés par la chaîne ganglionnaire de la sangsue et à voir en particulier si, dans ces muscles, il existe ou non un plexus ARMAUER HANSEN. 545 comparable à celui doni lui-même avait démontré l'existence dans les parois du tube digestif. J'ai essayé de diverses méthodes pour lâcher d'arriver à résoudre cette question. J'ai fait des coupes après avoir fait durcir des fragments du corps, soit dans le liquide de Miiller, soit dans l'acide osmique. J'ai coloré les coupes au moyen du picro- carmin ou de Thémaloxyline; mais ces méthodes ne m'ont donné aucun résultat. J'ai eu recours alors au chlorure d'or. Mais tandis qu'il est assez facile de dorer les nerfs de l'estomac delà sang- sue en suivant les indications qu'a données Ranvier dans ses leçons, il est extrêmement difficile d'obtenir une bonne colora- lion des nerfs qui cheminent dans la paroi du corps et ce n'est qu'après avoir sacrifié un grand nombre d'animaux que j'ai réussi à obtenir de bons résultats. Après avoir injecté du jus de citron dans l'estomac où il est laissé pendant cinq ou six minutes, je place des morceaux de l'animal dans une solution de chlorure d'or à un pour cent; ou bien après le séjour de l'acide dans Testomac, le jus de citron est exprimé et remplacé par une injection de chlorure d'or, qui y séjourne pendant vingt à trente minutes; l'animal est ensuite coupé en fragments et ceux-ci sont plongés dans la solution saline pendant une vingtaine de minutes; dans l'un comme dans l'autre cas, les tissus sont conservés pendant vingt-quatre heures après l'action de l'or dans une solution d'acide formique au quart, à l'abri de la lumière. Dans ces conditions on n'obtient jamais une coloration complète des nerfs. En général les muscles sont fort bien colorés, mais les nerfs ne se montrent que par places, et encore ne sont -ce en général que des troncs nerveux assez volumineux que l'on voit apparaître^ tandis que les petits nerfs sont à peine distincts. Pas plus sur le trajet des gros nerfs que le long des petits troncs on ne rencontre des cellules ganglion- naires. J'ai prolongé de plus en plus la durée du séjour dans le chlorure d'or. Après une action du réactif continuée pendant une heure et demie, les résultats sont plus satisfaisants. 11 faut au minimum un séjour d'une heure dans le chlorure pour obtenir une coloration à peu près complète, et l'on peut se 25 344 DÉTERMINAISON DES NERFS. convaincre, par l'examen découpes faites à travers des morceaux traités de cette façon, qu'il n'y a ni plexus ni cellules ganglion- naires sur le trajet des nerfs. J'ai en vain cherché pendant longtemps les terminaisons dans les muscles. Les nerfs se divisent et se subdivisent sans s'anastomoser et se perdent dans les muscles sans qu'il soit possible de découvrir leurs terminaisons. De toutes les coupes que j'ai faites, il n'en est qu'une seule qui montre les lerminai- sons; maisje puis dire que tous les détails apparaissent ici avec une netteté qui ne laisse rien'à désirer. D'un tronc commun, composé de quelques fibres, on en voit une se séparer et, après un court trajet le long duquel elle décrit quelques sinuosités, aboutir à un muscle. Au voisinage de celui-ci elle se divise en deux fibrilles qui se terminent chacune à une fibre musculaire en formant un épalement ou, si l'on veut, une tache motrice; celle-ci se confond avec la couche corticale de la fibre. Le mode de terminaison est le même que celui que Ranvier a décrit pour les muscles de l'estomac, avec cette seule différence que la tache motrice est un peu plus volumineuse dans les fibres volontaires. Ci-joint une figure sur bois qui reproduit exactement les détails de la préparation. .^'^^■^Yf^ RECHERCHES SUR QUELQUES INFUSOIRES NOUVEAUX, PARASITES DES CÉPHALOPODES; PAR ALEXANDRE FCETTINGER, DOCTEUR EN SCIENCES NATURELLES. PI. XIX, XX, XXI el XXII. La plupart des Céphalopodes renferment dans leurs reins ou corps spongieux des animaux intéressants constituant un groupe spécial, et pour lesquels M. Edouard Van Beneden a créé l'em- branchement deslMésozoaires. Ces organismes, appelés par lui Dicyémtdes, ne sont pas les seuls êtres vivants qui existent à Tétat de parasites dans les organes rénaux de ces Mollusques. Pendant un séjour que j'ai fait à Naples, en 1880, à l'Institut Zoologique de M. le D'' Dohrn, j'ai trouvé dans les corps spongieux de deux Céphalopodes, des Infusoires possédant des caractères particuliers, et dont Texis- lence n'a pas encore été signalée. Ces Céphalopodes sont : Sepia elegans et Octpous vulgaris. Les plus anciens ouvrages relatant la présence des Dicyémides dans les reins de certains Céphalopodes, c'est-à-dire les travaux de Krohn et de Erdl , ne font pas mention de ces Infusoires, et les dessins qui y sont donnés ne se rapportent aucunement aux parasites que j'ai découverts. 546 ALEXANDRE FOETTINGER. Je parle de ces ouvrages anciens parce que certains dessins de Dicyémides semblent douteux au premier abord; mais après examen, j'ai vu qu'il ne s'agissait nullement là d'Inlusoires. Les travaux plus récents sur les Dicyémides ne parlent pas non plus de ces Protozoaires. J'ai examiné d'autres Mollusques du même ordre : Sepia offi- cinalis (sept exemplaires, tous avec Dicyema), Loligo vulgaris (quatre exemplaires sans Dicyema), Rossia macrosoma (un exemplaire avec Dicyema), Eledone moschala (un exemplaire avec Dicyema), Octopus macropus (un exemplaire avec Dicyema), Octopus telracirrhus (un exemplaire sans Dicyema) et Sepiola Rondeletii (cinquante et un exemplaires, dont cinq avec Infusoires dans le l'oie, quatre avec Dicyema dans les reins et Infusoires dans le foie, vingt-six sans parasites et seize avec Dicyema seu- lement). Je n'ai pas trouvé chez ces Céphalopodes d'autres parasites que des Dicyémides, à l'exception, toutefois, des deux dernières espèces citées, dont le foie contenait une forme particulière d'Infusoire, également nouvelle, et que je décrirai après les parasites de la Sepia elegans et de ï Octopus vulgaris. Benedenia elegans, gen. et sp. nov. Les Infusoires parasites de la Sepia elegans se trouvent dans les reins de ce mollusque, tantôt seuls, tantôt accompagnés de Dicyema. Dans ce dernier cas les Dicyema sont toujours en petit nombre; c'était du moins le cas pour les Céphalopodes que j'ai examinés. Je propose de nommer ces Infusoires Benedenia elegans : je dédie ce genre au savant embryologiste de l'Université de Liège. J'ai ouvert sept Sepia elegans; dans tous les individus j'ai trouvé des Infusoires, et cinq d'entre eux renfermaient en même temps des Dicyema dans les reins. Ceux-ci sont nouveaux, et leur description fera l'objet d'une prochaine communication. Ces Infusoires appartiennent au groupe des Hololriches et me INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 547 paraissent voisins des Opalines; leur corps est allongé, cylin- (Iroïde, enlièremenl couvert de cils vibratiles de même longueur et de même forme sur toute sa surface (pi. XIX, fig. 1). J'ai étudié ces organismes autant que possible à l'état vivant. Dans ce but je prenais au moyen d'une pipette une goutte du liquide rénal, je la plaçais sur un porte-objet et je couvrais la préparation d'une lamelle à recouvrir. Parfois, afin d'éviter l'évaporation du liquide, je fermais la préparation au moyen d'une bordure de parafine, ou bien j'ajoutais de temps en temps une petite gouttelette d'eau distillée pour remplacer le liquide évaporé. L'eau de mer a une action funeste sur ces Infusoires, elle les tue rapidement ; après s'être gonflé leur corps se désagrège. J'ai également fait un grand nombre de préparations pour être conservées. La meilleure méthode consiste dans l'emploi de l'acide osmique en solution à 1 p. ''/o, puis coloration par le picrocarmin, le carmin ou le vert de méthyle. L'éosine m'a donné d'assez bons résultats; mais la coloration est trop uni- forme, et les noyaux ne se distinguent pas toujours suffisam- ment du protoplasme environnant. Le carmin et le picrocarmin agissent encore longtemps après que la préparation est achevée et les colorations sont beaucoup plus nettes après quelques semaines que le jour même où la préparation a été faite. Comme liquide conservateur je me suis servi soit de glycérine pure, soit d'un mélange de glycérine et de picrocarmin pour les prépara- tions colorées par ce dernier réactif. Le vert de méthyle présente le grand avantage de colorer immédiatement et d'une façon intense les éléments nucléaires; malheureusement la coloration se perd à la longue, et après quelques mois les noyaux deviennent peu visibles, même si l'on a eu soin d'ajouter à la glycérine une petite quantité de la solu- tion du vert de méthyle. Ces Infusoires se trouvent parfois en nombre si considérable dans les corps spongieux des Sepia elcgans, que le liquide rénal? (l'habitude hyalin, possède alors une teinte blanchâtre opaque, assez prononcée. Une goutte de ce liquide examinée au micro- 348 ALEXANDRE FOETTINGER. scope montre dans ce cas une si grande quantilé de ces Bene- denia, que l'on ne voit, pour ainsi dire, que quelques traces de liquide. Le corps est allongé, presque cylindrique et arrondi à l'ex- Irémité poslérieure; tout près de l'exlrémilé antérieure il pré- sente un élargissement plus ou moins prononcé en avant duquel il se rétrécit brusquement, puis s'effile un peu de telle sorte que la partie antérieure du corps est constituée réellement par une tête terminée en avant par une espèce de rostre (pi. XIX, fig. 1). Dans la plupart des individus ce renflement céplialique est très accentué; mais parfois il n^exisle pas ou est très minime; ces difî'érences d'un individu à l'autre proviennent uniquement de l'état de contraction plus ou moins marqué de cette portion du corps chez les individus observés. Lorsque la partie antérieure s'allonge, elle prend les dimensions du reste du corps, ou à peu près, et l'Infusoire semble ne pas posséder de renflement céphalique. Cette tête est de volume et de forme variables, en raison même de la contractililé qu'elle possède aussi bien que les autres points du corps. Tantôt elle est plus ou moins ovalaire à la coupe transversale; d'autres fois cette coupe alï'ecle la forme d'un losange; ailleurs la tête est plus ou moins sphérique(pl. XIX, flg. 6-7, pi. XX, fig. 7, pi. XXI, fig. 4). A l'extrémité antérieure de cette tête il y a, peut-être, une petite solution de continuité qui serait la bouche. On distingue parfois en avant un petit trait noir longitudinal (pi. XXl,]fig. 5) Je ne puis cependant aiïirmer que ce soit là une bouche, car je n'ai pu observer l'existence de ce trait d'une façon constante, mais seulement sur un petit nombre d'individus. Le restant du corps est à peu près cylindrique et de même diamètre transversal; cependant ce diamètre diminue légère- ment du renflement céphalique à l'extrémité poslérieure d'un même individu. La longueur et la largeur du corps varient beaucoup d'un Infusoire à l'autre. Une des Sepia elegans que j'ai observées possédait dans ses INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 549 reins un grand nombre de parasites, qui avaient des dimensions très considérables. J'ai dessiné (pi. XX, fig. i) un de ces Bene- denia elegans. Il présentait diverses particularités, comme du reste les autres Infusoires de cette môme Sepia. Je parlerai de ces particularités lorsque je m'occuperai du protoplasme, des fibrilles musculaires, des noyaux, etc. Ici je ne veux faire mention que de la grandeur. Cet individu avait une longueur de 1,01 millimètre sur une largeur de 0,09 millimètre à la tête et de 0,05 millimètre près de l'extrémité postérieure. Le plus grand exemplaire trouvé chez cette Sepia mesurait pour les mêmes dimensions respectivement : 1,4, 0,044, et 0,022 milli- mètres; un autre : 1,09, 0,064 et 0,024 millimètre; enfin le plus petit observé avait 0,21, 0,02 et 0,01 millimètre. Chez cette Sepia on trouvait naturellement des Infusoires de toutes les grandeurs intermédiaires aux dimensions extrêmes que je viens d'indiquer. Dans les autres Sepiae leyans que j'ai examinées, ces Proto- zoaires n'étaient d'habitude pas aussi grands; parfois la lon- gueur atteignait de 1,05 à 1,09 millimètre; mais d'ordinaire elle variait entre 0,40 et 0,80 millimètre. Il est vrai que les jeunes individus avaient des dimensions moindres; mais dans les sept Sepia elegans que j'ai ouvertes, j'ai trouvé le plus souvent des Benedenia de 0,40 à 0,80 millimètre de longueur. Les individus plus petits, plus jeunes, sont en si petit nombre, que sur une préparation l'on n'en rencontre que quelques-uns (pi. XX, fig. 5). Le maximum de largeur se trouve à la tête, au renflement céphalique, et varie de 0,055 à 0,012 millimètre; près de l'ex- tiémité postérieure du corps la largeur varie entre 0,020 et 0,006 millimètre. L'aspect général de ces Protozoaires est celui de tous les Infu- soires allongés, avec celle différence qu'ici la longueur du corps dépasse celle de beaucoup d'Infusoires connus. Les Benedenia sont doués de mouvements variés qui rappel- lent à la fois ceux des Dicyémides, et d'autres êtres inférieurs. Ces animaux nagent toujours l'extrémité antérieure dirigée en 550 ALEXANDRE FOETTLNGER. avant. Jamais je n'ai vu un de ces organismes se mouvoir en sens inverse, comme c'est le cas chez beaucoup d'Infusoires holotriches. Lorsque l'animal se trouve arrêté par la tête dans son mouvement de progression, il arrive souvent que le reste du corps exécute des mouvements anguilliformes assez lents. D'autres fois, le corps étant courbé plus ou moins, en un ou plusieurs endroits, l'Infusoire avance en ligne droite sans que ces courbures disparaissent. Parfois l'animal tourne sur lui-même tout en progressant. Ces divers mouvements sont dus à l'exis- tence de cils vibratiles et de fibrilles musculaires. Les cils vibratiles couvrent toute la surface du corps, et sont partout identiques. Les fibrilles musculaires existent immédiatement sous la cuticule; à la coupe optique elles se présentent comme des points brillants, également espacés, situés- tout près de l'enve- loppe cuticulaire (pi. XIX, fig. 8). Ces fibrilles sont en fait en petit nombre. Lorsque l'on examine un de ces Infusoires on voit une striation transversale plus ou moins oblique, due aux fibrilles musculaires qui partent de l'extrémité antérieure du corps, con- tournent ce dernier un très grand nombre de fois en décrivant des tours despire fort serrés, et arrivent à l'extrémité postérieure. Les extrémités antérieure et postérieure d'un de ces Bene- denia elegans, vues de face, montrent ces fibrilles comme autant de rayons courbes partant du centre de ces extrémités. Chez cette espèce je n'ai eu qu'une seule fois l'occasion de voir de cette façon l'extrémité antérieure d'un individu; c'était celle d'un de ces grands Infusoires dont j'ai parlé précédemment. A ce point de la partie antérieure du corps, les fibrilles muscu- laires formaient un véritable tourbillon (pi. XXII, tig. 9). Mais les Infusoires du foie de la Sepiola Rondeletii (pi. XXII, fig. 12) m'ont plus d'une fois montré ces détails d'une façon extrêmement nette. Ces parasites du foie ont des fibrilles musculaires dont le trajet est à peu près le même que celui des fibrilles des Bene- denia elegans. J'aurai, du reste, l'occasion de revenir d'une manière plus spéciale sur ce sujet, lorsque je décrirai ces Protozoaires du foie de la Sepiola. INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 351 Les fibrilles musculaires des Benedenia elegans se montrent comme des lignes transversales, parallèles entre elles, et plus ou moins rapprochées. Ce ne sont pas des lignes droites allant d'un côté à l'autre de l'animal, celui-ci étant supposé couché sur le porte-objet, et examiné dans le sens de sa longueur; mais bien des lignes courbes en forme d'S très allongé. Les stries de la face supérieure sont en sens inverse de celles de la face infé- rieure de rinfusoire, lorsqu'on regarde ce dernier de profil (pl.XïX,fig. 4, 6, 7). Si le Benedenia se trouve comprimé par le couvre-objet, les deux systèmes de stries deviennent visibles en même temps, sans que l'on ait, pour ainsi dire, besoin d'abaisser ou d'élever le tube du microscope. Les fibrilles musculaires sont plus ou moins obliques par rapport à l'axe longitudinal de l'animal, non-seulement sur des individus différents, mais encore aux divers points du corps d'un même individu. Ces différences proviennent uniquement de l'état de contraction des fibrilles musculaires; lorsqu'elles se contractent, leur obliquité diminue, et la partie du corps de i'Iiifusoire où se trouvent ces fibres contractées, devient plus large et plus courte. J'ai parlé précédemment de la grande variation (le formes que présente d'un individu à fautre, la tête de ces Benedenia elegans; la cause doit en être attribuée à la contractilité de ces éléments musculaires. Lorsque la tête est large, les fibrilles sont presque transversales; si elle est étroite, ces dernières sont très obliques. Quand les fibrilles sont presque perpendiculaires à l'axe longitudinal de l'Infusoire, la partie qui les renferme se trouve à l'état contracté, ainsi que je l'ai observé maintes fois. Par contre, on peut être certain que dans tous les points où le diamètre transversal d'un de ces individus est petit, relati- vement à sa (aille et aux autres parties corps, les éléments nijîsenlaires sont obliques et dans un état de non-contraction, de relâchement et d'autant plus obliques que cet état de relâche- ment est plus prononcé. Le diamètre transversal est en raison inverse (le celle obliquité. Il arrive que la contraction de ces fibrilles est telle que ces 352 ALEXANDRE FOETTINGER. dernières, sur une plus ou moins grande étendue du corps, sont, pour ainsi dire, perpendiculaires à l'axe longitudinal de l'animal. Tel est le cas pour l'Infusoire volumineux représenté (pi. XX, fig. 1). Chez cet individu, les stries coupent presque à angle droit l'axe longitudinal et je considère cet Infusoire comme fortement contracté, parce que d'autres Benedenia de la même préparation, moins larges, montrent des fibrilles plus obliques. C'est aussi le cas pour certaines têtes larges où la strialion est presque transversale (pi. XXI, fig. 4). Les fibrilles musculaires sont visibles sur le vivant; elles apparaissent alors comme de fines stries noires plus ou moins obliques. Ces éléments sont, sur le vivant aussi bien que sur les prépa- rations conservées, plus accentués aux bords latéraux de l'Infu- soire, ce qui provient de ce que ces fibrilles, en ces points, sont, par suite de leur trajet, vues en double; elles passent en effet de la face supérieure à la face inférieure de l'animal , en contour- nant le bord latéral de ce dernier; le corps est cylindrique, comme on le sait, et les fibres sont donc vues deux fois. Je n'ai pas rencontré chez celte espèce, à part l'unique excep- tion que je signale plus loin, de trace de tube digestif, ni d'anus. Le corps de ces Infusoires est rempli par un protoplasme granuleux. Ce protoplasme renferme des vacuoles, des noyaux, et parfois des corpuscules sphériques particuliers, peut-être de nature graisseuse. La distinction en un ectosarc et un endosarcestà peine indi- quée. Les vacuoles sont des espaces clairs, sphériques ou ovoïdes parfaitement visibles à l'état vivant (pi. XIX, fig. 1), remplis d'un liquide transparent. Ces vacuoles ne sont pas contractiles; elles existent dans toute l'épaisseur du protoplasme; ce sont de simples cavités remplies de liquide et limitées par le proto- plasme. Ce dernier est donc vacuoleux et le nombre de vacuoles est parfois si considérable que celles-ci forment, pour ainsi dire, à elles seules, et avec les noyaux, le contenu circonscrit par la INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 353 cuticule de certains individus; et dans ce cas, le protoplasme se trouve réduit à un mince réseau granuleux. Sur les Infusoires conservés et colorés par les méthodes histo- logiques (pi. XIX, tig. 5, 4), ces vacuoles sont très apparentes; mais il faut pour cela que le réactif employé afin de tuer ces protozaires ait agi assez rapidement pour conserver au Proto- |)lasme tous ses caractères; sinon ces vacuoles ne se distinguent pas nettement du protoplasme environnant. Ces vacuoles se montrent dans toute l'étendue du corps de ces animaux; toutefois à la partie antérieure elles sont en moins grande quantité que dans le reste du corps. Je n'ai rencontré chez aucun de ces parasites ces vacuoles contractiles si caractéristiques qui existent dans la plupart des Infusoires. Lorsque l'on examine les Benedenia elegans à l'étal vivant, dafis le liquide même du corps spongieux de la Sepia, on trouve qu'au milieu du protoplasme granuleux il existe des espaces clairs, sphériques ou ovoïdes; ces espaces sont les vacuoles; mais il est impossible à cet état de voir quelque trace des noyaux qui se trouvent répandus en grande quantité dans toute l'étendue de l'animal (pi. XIX, fig. 1). Afin de rendre ces derniers éléments visibles, l'on est obligé d'avoir recours aux matières colorantes: carmin, picrocarmin, éosine, vert de méthyle, etc.; ils appa- raissent alors plus ou moins nets dans le protoplasme et à côté d'eux se montrent les vacuoles claires. Ce qui fait voir que ces taches hyalines à l'étal vivant ne sont pas des noyaux, c'est que sur tel Infusoire où on les voyait, on aperçoit à côté d'elles, après l'action d'une matière colorante, les noyaux sous forme de sphères, de rubans ou de bâtonnets (pi. XIX, fig. 5). Chez ces Infusoires, au lieu d'un noyau unique, on trouve d'habitude une 1res grande quantité de fragments nucléaires. Ceux-ci sont excessivement variables quant à leur nombre et à leur forme; de plus, chez un même individu, leur forme n'est pas toujours la môme dans les dilFércnls points du corps. Tantôt (pi. XIX, fig. 5) les noyassx, en nombre assez considé- rable, se présentent comme de petites masses granuleuses, sphé- o54 ALEXANDRE FOETTINGER. riques, colorées en rouge par le carmin; tantôt ces éléments sphériqiies ou ovalaires ont un contenu parfaitement homogène et les granulations nucléaires semblent s'être fusionnées (pi. XIX, rig.4). D'autres fois les noyaux granuleux ou homogènes affectent des formes très irrégulières, tout en étant très nombreux (pi. XX, iig. 7). Ailleurs les noyaux sont en petit nombre et sous forme de rubans plus ou moins contournés, et offrant les aspects les plus bizarres (pi. XIX, fig. 2). Ces cordons de substance nucléaire émettent çà et là des prolongements simples ou bifurques, reliant entre eux ces divers éléments ou tout au moins une par- tie d'entre eux. J'ai dessiné quelques-uns de ces Infusoires avec noyaux ruba- niformes. Dans l'un (pi. XX, fig. 6) les cordons nucléaires sont relativement petits et étroits, et çà et là se trouvent des fragments de noyaux en forme de bâtonnets ou de granulations plus ou moins grosses. Chez un autre Benedema{^\. XX, fig. 5) plusieurs de ces élé- ments présentent des commissures parfois très ténues les reliant entre eux; beaucoup affectent la forme de masses allongées s'effilant à l'une ou aux deux extrémités; en outre l'on peut voir que certains d'entre eux sont à la suite l'un de l'autre, comme s'ils avaient fait partie d'un noyau unique qui se serait divisé ulté- rieurement en plusieurs fragments, ces fragments restant l'un près de l'autre. Un troisième Infusoire (pi. XIX, fig. 2) montre des cordons nucléaires plus volumineux et étranglés en certains points, indice peut-être d'une division future. Ces noyaux ou fragments de noyaux affectent les formes les plus étranges. J'ai figuré (pi. XIX, fig. 10, H, 15) quelques-uns de ces noyaux qui donneront jUne idée des aspects singuliers que peuvent prendre ces éléments chez les Benedenia elegans. Ces Infusoires dessinés ont été colorés par le vert de mélhyle- Ce réactif présente sur le carmin et le picrocarmin (tout au moins pour les organismes qui nous occupent actuellement) cet avantage de colorer immédiatement en vert la substance nucléaire. Les préparations faites avec les deux dernières sub- stances colorantes ne peuvent être utilisées qu'après quelques INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 355 jours; touleCois après quelques heures, les noyaux sont déjà légèrement colorés , pas suffisamment cependant pour qu'on puisse en voir tous les détails. Il est rare que l'on rencontre un noyau unique occupant toute rétendue du corps de l'animal. Sur toutes les préparations que j'ai faites, je n'ai rencontré qu'une seule fois ce cas. Chez ce Benedenia (pi. XX, lig. 2), le noyau se présentait sous forme d'un long cordon s'éiendant de l'extrémité postérieure à l'extrémité antérieure du corps. Il était plus ou moins contourné et replié sur lui-même. En certains points il présentait des prolongements tantôt volumineux, tantôt amincis et de formes très variées. Ce noyau semblait s'arrêter à la tête et être remplacé par de fortes granulations; mais autant que j'ai pu m'en convaincre, ces gra- nulations étaient reliées entre elles et au noyau par de fines traînées de substance nucléaire. Il n'y avait donc ici qu'un seul noyau occupant toute la longueur de l'Infusoire. Les noyaux ne varient pas seulement de forme d'un individu à l'autre, mais encore d'un point à un autre d'un même Infu- soire. C'est ainsi qu'un de ces Protozoaires (pi. XXII, fig. 8) peut renfermer des noyaux rubanés dans la partie postérieure, noyaux rubanés qui passent peu à peu à des noyaux sphériques et ovoïdes, de telle sorte que dans le reste du corps l'on ne trouve plus que des noyaux affectant ces dernières formes. Chez cet individu, l'extrémité postérieure se trouvait séparée du corps par un étranglement complet, et c'était surtout dans celte partie que se trouvaient les noyaux rubanés. On pourrait objecter ici que la forme de ces noyaux lient peut-être à cet état de division de la partie postérieure du corps. A cela je répondrais que toutes les observations que j'ai faites n'ont pu me donner la certitude de l'existence d'une relation quelconque peut exister entre la segmentation du corps et la forme des noyaux. J'aurai du reste l'occasion de revenir sur ce point, lorsque je parlerai de la multiplication de ces Infusoires. On peut dire que d'ordinaire la tête contient, proportionnel- lement, moins de noyaux que le reste du corps; cependant on observe quelques cas dans lesquels c'est l'inverse qui a lieu. 5S6 ALEXANDRE FOETTINGER. Le nombre des noyaux ou plutôt la quantité de substance nucléaire que possède un de ces Benedenia elegans, varie quel- que peu d'un individu à l'autre, si l'on compare, bien entendu, des Infusoires de même taille; mais, règle générale, cette quan- tité est d'autant plus grande que l'animal examiné est plus grand. Je me sers avec intention de l'expression quantité de substance nucléaire. Je ne puis ici employer le mot noyaux, car les diffé- rents corpuscules sphériques, ovoïdes, rubanés, etc. (appelés précédemment noyaux pour la facilité de la description), qui se colorent en rouge par le carmin, sont plus ou moins nombreux suivant la forme qu'aff'ectent ces éléments. Ce ne sont point des noyaux distincts, mais bien des fragments d'un seul et unique élément nucléaire, dans le sens que M. Edouard Van Beneden a attaché à ce terme. En examinant une série d'individus bien conservés, et surtout bien colorés (et ici c'est le picrocarmin qui est préférable, le vert de méthyle disparaissant à la longue des préparations faites avec ce réactif), on trouve tousles passages entre ces Infusoires à un seul élément nucléaire et ceux pourvus d'un grand nombre de ces éléments. Chez l'un (pi. XX, fig. 2) il n'existe qu'un seul noyau sous forme d'un cordon ou d'un ruban plus ou moins compliqué; chez un autre (pi. XIX, fig. 2), ce noyau unique est remplacé par un petit nombre de corps nucléaires allongés. Un troisième (pi. XX, fig. 6) en montre une quantité plus consi- dérable; enfin un quatrième (pi. XIX, fig. 5, 4) ne possède plus que de petites masses granuleuses ou homogènes de formes variées et en nombre très considérable. L'observation fait voir d'ailleurs que dans ces divers cas il s'agit de fragments d'un même noyau. Certains Infusoires se montrent particulièrement favorables pour une pareille recherche, et l'on peut constater chez eux les passages entre les noyaux en rubans et les noyaux sphériques (pi. XXII, fig. 8). Dans cet infusoire l'on voit que des noyaux de l'extrémité postérieure, de forme plus ou moins allongée, présentent des INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 357 prolongements très ténus; ces prolongements diminuent, puis se fondent dans la masse du noyau et l'on a un élément sphé- rique ou ovoïde. Chez d'autres individus l'on observe que dans tel noyau rubane une des branches de bifurcation tend à se séparer du corps principal du noyau (pi XX, fig. 2), et n'est plus reliée à ce dernier que par un mince filet de substance nucléaire. Ailleurs cette faible commissure s'est rompue et la branche de bifurcation conserve un reste du lien qui la rattachait au noyau. Dans certains points celle portion délachée retire à elle ce mince filament nucléaire et prend une forme allongée ou sphérique. D'autres fois ce fragment du noyau se divise à son lour en deux en s'élranglant par le milieu (pi. XIX, fig. \2a); les deux moitiés tirent à elles la substance nucléaire; bienlôl elles ne sont plus réunies que par une très faible quantité de subslance (p. XIX, fig. 126), puis elles se séparent à la fin et s'arrondissent plus ou moins. 11 n'est pas rare de rencontrer des fragments de l'orme ovoïde (pi. XIX, fig. 42c) présentant en un point un petil^ro- longement, indice d'une division antérieure. Dans certains cas un ou plusieurs fragments nucléaires ont un aspect moniliforme ou sont seulement élranglés de distance en distance. Lorsque ces segmentations se répèlent dans toule l'étendue du noyau, on arrive à avoir un grand nombre d'éléments nucléaires qui ne sont en réalité que des portions d'un seul et unique noyau. Il semble donc que ce dernier, chez ces Infusoires, possède des propriétés particulières. A l'état vivant le noyau ne serait pas un élément fixe et immobile, mais un élément doué de mouvements amœboïdes en vertu desquels il s'élire, émet des prolongements, et se divise en fragments qui s'arrondissent et peuvent, sans aucun doute, se fusionner pour reconstituer un noyau unique. Le protoplasme du corps des Benedenia elegans contient enfin des corpuscules sphériques particuliers. Ils n'existent pas chez tous les individus; je ne les ai observés que chez les Infusoires de deux Sepia elegans. Ils sont visibles à l'état vivant (pi. XXI, fig. 4), et se présentent alors comme de petites sphères à con- tours très foncés et très nets. Ils sont d'habitude en nombre très 558 ALEXANDRE FOETTINGER. considérable et peuvent parfois occuper, pour ainsi dire, toute la place que devrait posséder le protoplasme. Ils sont répandus un peu partout, souvent réunis en amas, quelquefois assez clair- semés et dans les points où ils sont rares, l'on distingue des taches claires : les vacuoles. La tête en contient ordinairement peu, quelquefois même pas du tout. Ces éléments se colorent en noir par l'acide osmique, et cette réaction semble indiquer qu'ils sont de nature grasse, d'autant plus qu'à l'état vivant ils ont l'aspect de corpuscules de graisse, c'est-à-dire qu'ils ont une coloration légèrement jaunâtre, un contour très noir, et sont fort réfringents. La plupart des Infusoires volumineux trouvés dans la Sepia, qui renfermait l'individu que j'ai représenté pi. XX, fig. 1, conte- naient de ces corpuscules. L'Infusoire dessiné montre dans les deux tiers postérieurs du corps une telle quantité de ces corpus- cules, colorés en noir par l'acide osmique, que c'est à peine si l'on distingue encore le protoplasme. Dans le tiers antérieur l'on ne distingue pas un seul de ces corpuscules, on ne trouve que des vacuoles claires, disséminées dans le protoplasme; cependant celles-ci doivent exister dans toute l'étendue de l'ani- mal. Je n'ai pu, chez cet individu, apercevoir d'une façon positive des traces de noyaux. Que je n'aie pas vu ces éléments dans les deux tiers postérieurs, cela s'explique parfaitement par le peu de clarté de la préparation en ces points. Quant à la partie anté- rieure, il est possible que certains noyaux aient pris par l'action de l'acide osmique un aspect analogue à celui des vacuoles. Je dois ajouter que cette partie antérieure avait pris par l'action du réactif une teinte sombre, ce qui a pu m'empêcher de trouver les noyaux. Mais chez d'autres Infusoires de la même préparation (pi. XIX, fig. 5), j'ai parfaitement vu les trois sortes d'éléments : les vacuoles claires, les noyaux assez foncés sous forme de bâton- nets ou de granulations et les corpuscules sphériques, un peu moins sombres que les noyaux. La distinction des éléments nucléaires en noyau (endoplasle) et nucléole (endoplaslule) n'est pas possible; du moins n'ai-je pu, vu le grand nombre habituel d'éléments nucléaires, m'as- surer de la présence de ces deux corps. INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 359 REPRODUCTION. Le seul mode de reproduction que j'aie observé chez ces orga- nismes est la division transversale. Près de l'extrémité postérieure du corps apparaît un sillon transversal qui s'accentue de plus en plus et finit par séparer de rinfusoire une portion plus ou moins grande de son être. D'ha- bitude, si pas toujours, cette portion est plus longue que large. Ce segment ne se détache pas immédiatement de l'individu- mère ; mais reste adhérent à ce dernier pendant un certain temps. On rencontre fréquemment dans une préparation des Infusoires traînant après eux trois, quatre, cinq, six et même huit seg- ments situés l'un derrière l'autre. Il s'agit de savoir comment a lieu cette segmentation. Il peut se faire que les segments proviennent de la division d'un grand segment unique ou de divisions successives de l'extrémité posté- rieure de rinfusoire. Dans le cas le moins prononcé que j'ai vu (pi. XIX, fig. 2), l'extrémité postérieure présentait trois étranglements successifs, très faibles, premiers indices, sans doute, de divisions trans- versales qui sépareront de l'individu-mère trois segments. Les noyaux, rubanés, ne montraient que de faibles traces de division au niveau des étranglements. Les autres Infusoires en voie de division (à part les quelques cas particuliers que je citerai plus loin) peuvent être rangés en deux catégories. La première se compose des Infusoires dont les segments sont un peu plus longs que larges, et la seconde de. ceux dont les segments sont deux, trois ou quatre fois aussi longs que larges (pi. XIX, fig. 14 et 17). Les segments libres se placent dans l'une ou l'autre de ces deux catégories. Lorsqu'il s'est formé un ou plusieurs segments allongés, ceux-ci peuvent se diviser à leur tour et donner par segmentation un nombre double déjeunes Infusoires. Tel est le cas pour le Benedenia dessiné planche XX, figure 4. L'observation des deux derniers segments montre que 24 360 ALEXANDRE FOETTINGER. primilivemenl il y avait sans doute quatre grands segments for- més l'un après l'autre ou par division d'une portion séparée lout d'abord. Ces quatre portions se sont divisées en deux, de façon à former quatre paires de fragments. Chose curieuse, il y en a quatre grands et quatre petits alternant régulièrement entre eux. J'ai observé celte allernance deux autres fois pour six et sept segments. Parfois, mais rarement, l'on rencontre des Benedenia (pi. XXII, fig. 7), dont une grande partie du corps est séparée du reste par un sillon transversal. Ces grands segments ne se distinguent en rien des petits observés. La comparaison des différents cas que j'ai vus me fait croire que le premier sillon qui apparaît sépare, sans toutefois la détacher (pi. XXII, fig. 7), une porlion assez considérable du corps et que cette porlion se divise ultérieurement en deux, puis en quatre segments qui à leur tour subissent chacun un fractionnement en deux ; il en résulte des chaînes de jeunes Infu- soires, attachées à l'extrémité postérieure du corps de la mère. Lacas cité précédemment, où il y avait trois sillons à l'extré- mité postérieure du corps, n'a été rencontré qu'une seule fois, et dépend probablement de ce que le dernier segment s'élait acci- dentellement détaché du pénultième. J'ai cherché à voir quel rôle jouent les noyaux dans l'arte de la multiplication; mais je ne suis arrivé à aucun résultat positif. Dans plusieurs cas les segments possédaient des noyaux en forme de corpuscules sphériques ou irréguliers, tandis que l'individu-mère montrait des éléments rubaniformes et allongés (pi. XX, fig. 4). Par contre, dans d'autres cas, les segments comme l'individu-mère n'ont que des noyaux sphériques (pi. XIX, fig. 17). Ailleurs il n'existe que des noyaux en forme de cordons. Ce dernier cas n'a été observé qu'une fois (pi. XXII, fig. 8). Les noyaux sont souvent réunis en amas irréguliers et leur nombre varie beaucoup d'un segment à l'autre. Je puis dire d'une façon certaine que dans l'immense majorité des cas que j'ai observés, j'ai trouvé des noyaux sphériques et nombreux dans les divers segments, que ceux-ci fussent courts ou allongés (pi. XIX, fig. 9-17). II semble, par la comparaison des différents mFUSOJRES DES CÉPHALOPODES. 3G1 Infusoires examinés, que le noyau se fragmente en morceaux relativement petits, soit avant que la segmentation ait lieu, soit au moment même où la segmentation se fait. L'organisation des segments libres est identique à celle des individus entiers; on y trouve (jrotoplasme, noyaux, vacuoles, fibrilles musculaires, et cils vibratiles semblables à ceux de ces derniers. Ces fragments, après s'être isolés nagent librement dans le liquide du corps spongieux du Céphalopode, et l'on rencontre toujours dans une préparation un certain nombre de ces jeunes Infusoires à l'état de liberté. Parfois aussi ces segments s'obser- vent au nombre de trois, quatre, cinq et sept, encore attachés l'un à l'autre et se mouvant dans le liquide ambiant (pi. XIX, fig. 16, 13). Tantôt les segments, qu'ils soient libres ou adhé- rents à l'individu-mère, sont nettement séparés l'un de l'autre et ne sont reliés entre eux que par des traces de substance proloplasmique ; tantôt ils sont à un état de division moins avancé (pi. XIX, fig. io). Ces segments sont d'habitude ovoïdes; ils sont plus ou moins allongés et leur extrémité antérieure est généralement plus eflilée que leur extrémité postérieure. J'ignore quand ces parties séparées par étranglement se détachent de l'individu-mère. Jamais je n'ai vu l'une d'elles se séparer sous mes yeux, et il est difficile de dire d'une façon précise quand cette séparation se fait. Dans les préparations l'on rencontre toujours des segments isolés ou réunis en chaîne; mais ils peuvent très bien avoir été séparés mécaniquement lorsqu'au moyen d'une pipette on a pris une partie du liquide des corps spongieux de la Seiche. Ce qui me fait supposer qu'ils peuvent cependant se détacher naturellement lorsqu'ils ont une petite taille (pi. XIX, ii^^. 14), c'est que souvent, sur des Infu- soires pourvus de segments bien séparés du corps par des sillons transversaux, on voit le dernier segment exécuter des mouve- ments de rotation autour de son axe, tandis que le Benedenia avance sans tourner sur lui-même; ce segment semble vouloir se détacher du corps de la mère et, par ses mouvements de rota- tion, briser le faible lien qui le retient encore à celle-ci. 362 ALEXANDRE FOETTINGÊR. La division ou segmentation transversale ne se passe pas uniquement près de l'extrémité postérieure du corps. J'ai eu l'occasion d'observer (rarement il est vrai) des divisions à la partie antérieure du corps. Ces cas n'ont été vus que sur des individus conservés; mais les préparations étaient si nettes qu'il ne s'agissait certainement pas ici de division accidentelle ou apparente, résultant, par exemple, d'une torsion du corps. Un de ces Infusoires (pi. XXlî, fig. 7) montrait deux sillons complets divisant le corps en trois parties. La partie antérieure, comprenant un peu moins du quart de la longueur totale du corps, était courte, mais très large, ne présentant rien de particulier quant à ses parties constituantes. La portion moyenne était la plus longue; le seg- ment postérieur avait environ le tiers de la longueur et était semblable aux deux autres. Le petit nombre des cas dans lesquels j'ai observé la présence de divisions dans la partie antérieure du corps de ces Infusoires ne me permet pas d'en parler plus lon- guement. Chez un autre exemplaire (pi. XIX, fig. 2) la partie antérieure semblait vouloir se détacher par étranglement transversal. Cet étranglement a été observé immédiatement après l'action de l'acide osmique; je ne saurais dire s'il s'agit ici d'une division commençante ou d'une forte contraction locale, déterminée par le réactif employé. Le nombre d'individus jeunes, intermédiaires entre les seg- ments et les individus âgés, m'a toujours paru très restreint et je n'ai eu que quelquefois l'occasion d'examiner des individus tels que celui de la figure 5, planche XX. Avant d'aborder la description des Protozoaires parasites des reins de V Octopus vulgaris, je dois dire quelques mots d'un Infusoire très curieux que j'ai observé chez une Sepia elegans. L'individu dont il s'agit (pi. XXIl, fig. G) avait une longueur de 0,52 millimètre et une largeur maximum (vers le milieu du corps) de 0,12 millimètre; h la partie postérieure la largeur n'était plus que de 0,026 millimètre. La forme du corps rappelle celle de B. elegans, avec cette INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 565 différence que la moitié antérieure est beaucoup plus large et plus volumineuse que l'autre moitié. Le protoplasme non vacuoleux renferme un grand nombre de petits éléments nucléaires de diverses formes. Les fibrilles musculaires, à peu près transversales dans la partie antérieure du corps, deviennent plus obliques dans la partie postérieure qui, comme je l'ai dit plus haut, est très étroite. Mais ce qu'il y a d'étrange chez cet individu, c'est qu'à Vìnte- rieur même du corps on distingue une sorte de canal longitudinal particulier. De l'extrémité postérieure de l'Infusoire (pi. XXII, fig. 6, a) partent deux lignes à |)eu près parallèles, distantes de 0,006 millimètre, qui se dirigent vers la partie moyenne du corps. Ces deux lignes vont en s'écartant l'une de l'autre; arrivées vers le milieu du corps, elles se recourbent plusieurs fois en décri- vant une double circonvolution; entre elles existe un double système de stries identiques à la striation musculaire de l'Infu- soire. Ces stries, très obliques dans les parties rétrécies de ce canal (?), deviennent de plus en plus transversales à mesure que la distance entre les lignes augmente. Dans les circonvolutions on observe une striation plus ou moins transversale, difficile à observer en certains points. A l'endroit où se trouvent ces cir- convolutions, il semble y avoir une ouverture dans la cuticule de l'Infusoire; mais je ne puis affirmer son existence d'une façon positive, cette partie de l'animal étant assez obscure dans la préparation. Ce qui montre d'une manière certaine que les deux lignes en question se trouvent à l'intérieur même de l'Infusoire, c'est qu'on les observe entre les deux systèmes de fibrilles muscu- laires de ce dernier, en élevant, puis en abaissant le tube du microscope. De quoi s'agit-il ici? L'explication la plus vraisemblable est que ces lignes sont les bords d'un tube longitudinal s'ouvrant à la surface du corps, dans la partie antérieure de l'Infusoire. Ce canal s'étendrait dans la plus grande partie de la longueur du corps; il serait tapissé intérieurement par une cuticule pour- 364 ALEXANDRE FOETTINGER. vue à sa face exlernc d'une couche musculaire apparaissant sous forme de fibrilles semblables à celles de la paroi du corps de l'animal. En avant ce tube décrirait quelques circonvolutions (?) et déboucherait à la face ventrale de l'animal. On se trouverait donc ici en présence d'un tube digestif pour\{i d'une paroi con- tractile. Parmi les milliers d'Infusoires que j'ai observés chez la Sepia elegans, c'est le seul individu qui m'ait montré ces particu lari lés. 11 faudrait donc le séparer des Benedenia elegans, car la présence d'un tube digestif suffit pour l'éloigner non seulement de l'espèce citée, mais encore du genre et de la famille. Toutefois je crois prudent de laisser à d'autres observateurs le soin de décider d'une façon certaine s'il s'agit bien ici d'un parasite de la Sepia. Il est possible, en effet, que cet individu ail été apporté par l'eau de mer et se soit mêlé accidentellement aux Infusoires provenant de la Sepia que j'examinais à ce moment. BENEDENIA CORONATA, geu. et Sp. UOV. Je propose de désigner sous le nom de Benedenia coronata les Infusoires parasites des corps spongieux de VOctopus vul- garis. J'ai ouvert quatre Octopus vulgaris : deux ne renfermaient pas d'Infusoires, mais seulement des Dicyema\ le troisième contenait des Infusoires, mais pas de Dicyema; enfin, dans le dernier, il n'y avait ni Infusoires ni Dicyema. Cette espèce (pi. III, fig. 1) très voisine du U. elegans, se distingue à première vue par le grand développement des cils vibratiles dans la partie la plus large du renflement cépha!iqu( . Ces cils forment autour de la tête une véritable couronne parfai- tement visible à un faible grossissement (pi. XX, fig. 8 et pi. XXÏî, fig. 2). Les mouvements de ces Infusoires rappellent ceux de l'espèce INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 565 precèderne. Souvent ils sont fixés par la lète entre les cellules du rein; ils décrivent alors des mouvements anguilliformes. Le nombre des Infusoires chez cet Octopus était si considé- rable qu'il y avait, pour ainsi dire, plus d'Infusoires que de liquide dans la cavité du rein. Leur taille est à peu près celle des })arasites de la Sepia. Leur corps a une forme semblable à celle des B. elegans; toutefois la tête est ordinairement plus losangique à la coupe transversale; parfois elle présente un aspect plus ou moins poly- gonal dû à la contraction des fibrilles musculaires à ce niveau. Les cils vibralilès à la panie moyenne de la tête sont plus longs et plus nombreux qu'en tout autre point du corps. Les cils de la tête vont en diminuant de longueur à mesure qu'on les examine plus près de l'extrémité antérieure. Les cils vibratiles et les lîbrilles musculaires examinés sur le vivant, sont parfois de moins en moins visibles à mesure que l'on se rapproche de l'exlrémité postérieure. Les fibrilles musculaires sont identiques à celles du Benedenia elegans. eie n'ai pas observé de trace de bouche ni de tube digestif. Le protoplasme peu vacuolenx ne présente rien de particulier. Les noyaux affectent les formes les plus variées; ils sont s|)hériques, ovoïdes, rubanés, etc.; leurs variations sont sem- blables à celles que l'on rencontre chez l'Infusoire de la Sepia elegans. Cependant les noyaux sont rarement filiformes. Tantôt les noyaux sphériques sont répandus en assez grand nombre dans toute l'étendue du corps, tantôt il n'y a qu'un petit nombre de noyaux rubanés, disséminés çà et là. D'habitude la tête renferme peu de noyaux. La quantité de substance nucléaire chez celte espèce varie beaucoup d'un individu à l'autre; généralement elle n'est pas 1res considérable; mais parfois (pi. XXH, fig. 1) cette quantité est telle qu'on ne distingue, pour ainsi dire, plus de trace du protoplasme, si ce n'est dans le renflement céphalique. J'ai obtenu une préparation dans laquelle presque tous les Infusoires renferment une quantité de substance nucléaire à peu près aussi grande que celle de l'individu dessiné. 366 ALEXANDRE FOETTINGER. Ce dessin n'est pas entièrement exact et voici en quel sens. La préparation a été colorée par le carmin, et les noyaux se sont fortement imprégnés de ce réactif, au point de rendre peu visibles ceux d'entre eux situés dans les partie profondes; le dessin ne reproduit pas la forme exacte de tous les noyaux; autant que possible je les ai dessinés tels que je les ai observés; mais dans les points obscurs j'ai figuré des noyaux semblables à ceux que je voyais en d'autres points. Les Benedenia coronata se multiplient également par segmen- tation transversale de la partie postérieure. J'ai représenté une de ces divisions (pi. XXI, fig. 6), et quelques segments observés à l'état libre dans le liquide du rein de VOctopus, Ces derniers (pi. XX, fig. 10-11, et pi. XXI, fig. 7) n'offrent rien de particulier; à l'état vivant on distingue très bien les vacuoles non contrac- tiles du protoplasme. Les jeunes individus ont d'ordinaire l'ex- trémité antérieure plus pointue et plus volumineuse que l'extré- mité postérieure. La couronne ciliaire ne se montre que sur des individus relativement grands (pi. XX, fig. 9). Je n'ai jamais vu de chaîne de segments chez cette espèce; il est vrai que je n'ai eu qu'une seule fois l'occasion de rencontrer un Octopus vul~ garis, renfermant de ces Infusoires dans ses reins. D'après les cas de division observés, je crois que les segments, au moment de leur séparation de l'individu-mère, possèdent une taille plus grande que les segments du Benedenia elegans. Quelle place doivent occuper ces parasites de la Sepia elegans et de VOctopus vulgaris dans la classe des Infusoires? Les caractères des cils vibratiles leur assignent naturellement leur place dans le sous-ordre des Holoiriches , et l'absence de tube digestif nous détermine à les ranger dans la famille des Opalinides. Le fait que chez ces Infusoires, surtout chez le B. elegans^ il existe tantôt un seul noyau, tantôt un grand nombre de ces éléments, montre, je crois, que les caractères tirés de la présence d'un noyau unique ou de plusieurs noyaux, ne peuvent être pris en considération pour la délimitation des espèces ou des genres. INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 567 quand il s'agit, bien entendu, de cas analogues à celui en présence duquel nous nous trouvons actuellement. Les ïnfusoircs dont je vais donner ci-après la description viennent apporter une nouvelle preuve à l'appui de cette opinion. Infusoires parasites du foie DE LA Sepiola Rondeletii et de h'Octopus tetracirrhus. Opalinopsis Sepiolae. Le foie de la Sepiola Rondelelii, si abondante dans le golfe de Naples, renferme des Infusoires particuliers qui n'ont pas encore été signalés. Je propose de les désigner sous le nom de Opali- nopsis Sepiolœ. Sur cinquante et une Sepiola que j'ai ouvertes, neuf conte- naient ces Infusoires dans leur foie. Ces parasites ont une forme ovoïde à grosse extrémité dirigée en avant. Cette extrémité est tantôt arrondie, tantôt plus ou moins pointue (pi. XXII, lig. 4). La taille très variable est petite. Certains individus ont jusque 0,120 millimètre de long sur 0,062 millimètre de large près de l'extrémilé antérieure, et 0,044 millimètre près de l'extrémité postérieure. D'autres n'ont que 0,060, 0,050 et 0,050 milli- mètre pour les mêmes dimensions. Ces limites extrêmes peuvent parfois être dépassées en sens positif pour les premières, et en sens négatif pour les secondes. On trouve naturellement toutes les grandeurs intermédiaires entre les grands et les petits indi- vidus. Le nombre des Infusoires que renferme un foie de Sepiola est parfois si considérable, que lorsqu'on prend un peu de substance (le ce dernier, et qu'on examine au microscope, on distingue à peine les cellules du foie, on ne voit que des Infusoires. Le corps est couvert sur toute sa surface de cils vibratiles courts, ayant partout la même longueur. Jamais on n'observe un de ces animaux nageant ayant l'extrémité postérieure dirigée en avant. En même temps qu'un 368 ALEXANDRE FOETTINCER. de ces Protozoaires avance, il exécute des mouvements de rotation sur lui-même autour de son grand axe. Ces parasites ne montrent pas de trace de bouche, ni de tube digestif. La cuticule est mince et à sa face interne se trouve une couche de fibrilles musculaires, possédant un trajet semblable à celui de ces mêmes éléments chez le Benedenia elegans, c'est-à-dire que les fibrilles en petit nombre, partent de l'extrémité anté- rieure du corps, décrivent quelques tours de spire autour de ce dernier et s'arrêtent à l'extrémité postérieure (pi. XIÏ, fig. 4). Elles déterminent une striation oblique; les stries ont la forme d'S allongés et sont plus espacées que chez les parasites de la Sepia. J'ai eu plusieurs lois l'occasion d'examiner de face, soit le pôle antérieur, soit le pôle postérieur d'un de ces Infu- soires de la Sepiola. Les fibrilles se présentent alors comme des rayons courbes, parlant d'une même partie centrale, tout comme chez le B. elegans (pi, IV, fig. 12). Ces éléments sont parfois très nelset très volumineux (pi. XXII, fig. 10 et 11). Dans l'exemple figuré il s'agit d'une partie d'un Infusoire déchiré; les fibrilles musculaires ont été mises à nu, et comme la préparation a été colorée par le picrocarmin, elles se présentent sous forme de lignes rougeâlres très accentuées. Ce sont bien ici les fibrilles qui doivent être considérées comme les parties contractiles et non les bandelettes claires, limitées par ces stries obscures. Je ne [)uis admettre pour ces Infusoires les idées de Zeller (I), relatives à la place des élé- ments musculaires chez VOpalina ranarum. Vour lui les fibrilles ne seraient pas les éléments musculaires, mais ceux-ci seraient représentés par les bandelettes incolores , séparées par ces fibrilles. Je n'ai pas eu l'occasion d'employer la méthode de dis- sociation signalée par Zeller, mais sur une de mes préparations j'ai rencontré un Infusoire écrasé, déchiré qui montrait les fibrilles d'une façon très nette. Avec un objectif assez fort, on les voyait sous forme de lignes (1) Zeller. Unlcrs. ilb. die Fortpflanz. der Opalinen. Zeit. f. wiss. Zool. Bd 29. p. 354. INFIISOIRES DES C^.PHALOPODES. 560 obliques; mais l'examen avec l'objectif iO ïm. Harl. m'a montré que ces fibrilles sont très considérables (pi. XXII, fig. 40), trop considérables pour pouvoir être prises comme les lignes de suture des bandelettes musculaires de Zeller. Elles ne sont pas droites; tantôt elles sont ondulées, tanlôl forment des lignes brisées. A la fibrille la plus voisine de la déchirure adhérait un fragment de la cuticule et une pelile quantité de substance proloplasmique (pi. XXII, fig. 10, à). Ce qui me semble indiquer d'une façon évidenie que ces fibrilles sont bien les éléments musculaires, c'est d'abord leur aspect, leur réfringence, leur coloration en rose par le carmin, leurs fortes dimensions (dans le cas qui nous occupe), puis ce fait que leur épaisseur diminue vers les deux exlrémilés de rinfusoire, et enfin qu'à la coupe opliqneces fibrilles apparais- sent comme des points équidistanls, placés en dedans de la cuticule et rappelant les éléments musculaires, découverts chez les Grégarines par M. Éd. Van Beneden (1). La distinction en un ectosarc et un endosarc est à peine indiquée. Le protoplasme, finement granuleux, renferme beaucoup de grosses granulations foncées et des vacuoles non contractiles, visibles sur le vivant. Un caractère général est qu'à la partie antérieure ces granulations se trouvent accumulées en un amas assez considérable (pi. XXIÏ, fig. 4), divisant ainsi le contenu |)rotoplasmique en deux parties, une antérieure obscure et for- tement granuleuse, et une postérieure plus claire et finement granuleuse. Ces granulations se colorent en noir par l'acide osmique. Les noyaux montrent la même variabilité de forme et de nombre que chez les Infusoires des reins de la Sepia elegans. Ils se (olorcnl fortement en ronge [)ar le carmin et le picrocarmin ; ie veri de mélhyle est également un bon réactif pour déceler leur présence. (1) Éd. Van Beneden, Sur la siructure des Grégarines, Bull, de l'Agap. roy DE Belg. 2*= série, tome XXXIII. 570 ALEXANDRE FOETTINGER. Tantôt on trouve plusieurs noyaux sphériques disséminés dans le protoplasme; leur contenu est granuleux ou homogène (pi. XXÏ, fig. 2); tantôt ces noyaux sphériques se réunissent et s'accolent sans toutefois se fusionner (pi. XXI, fig. 5). Ailleurs la fusion s'opère et le noyau qui en résulte montre encore des indices des corpuscules qui ont servi à le former (pi. XXI, fig. 5). D'autres fois ces éléments en nombre très considérable, homo- gènes, sphériques ou en bâtonnets (pi. XXI, fig. 9, pi. XXII, fig. 5), occupent la partie centrale de l'animal. Mais la forme la plus intéressante que présentent ces éléments est la forme de réseau. Beaucoup d'individus montrent un véritable réseau nucléaire, visible seulement sur les préparations conservées (pi. XXI, fig. 11), situé en dessous de la cuticule, donc superficiel, et enveloppant de ses mailles tout le protoplasme, de telle sorte que sur l'Infusoire vu de profil on trouve une couche nucléaire supérieure et une couche inférieure. Ce réseau est constitué par des traînées de granulations colorées en rouge par le carmin. Ces traînées se réunissent en certains points, et aux endroits de réunion les granulations s'accumulent de façon à former de petits amas plus ou moins volumineux et de diverses formes. Les filaments nucléaires sont très variables quant à leur volume et à leur trajet. Dans d'autres cas, l'on se trouve en présence d'un de ces réseaux nucléaires en train de se disloquer, ou sur le point de se former (pi. XXI, fig. 8). Dans ces cas, certains amas sont sphé- riques et rappellent les noyaux des autres ïnfusoires (pi. XXI, fig. 2). D'autres amas granuleux ne se trouvent pas réunis entre eux par des filaments nucléaires. Ceux-ci sont brisés ou incom- plets, mais existent pourtant, et souvent deux d'entre eux sont excessivement voisins l'un de l'autre, comme s'ils venaient de se séparer ou étaient près de se souder. Ailleurs on se trouve certainement en présence d'un de ces réseaux en voie de dislocation. Les amas granuleux ont tous une forme polygonale, les filaments qui subsistent encore sont bien nettement caractérisés, mais les amas ne sont plus tous reliés par des traînées granuleuses (pi. XXI, fig. 10). INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 371 La comparaison des figures que je donne (pi. XXI, fig. 8, 10, 11), montrera à l'évidence ces différents points. On peut tirer de ces divers exemples la conclusion que ces înfusoires possèdent un noyau unique et très volumineux, qui jouit de la propriété de se fragmenter dans certains cas en par- ties plus ou moins considérables, sphériques ou non, homogènes ou granuleuses; que les noyaux qui en résultent passent à l'état sphérique et granuleux, puis que les granulations nucléaires qui composent ces noyaux sont douées de molilité et peuvent se grouper de façon à former un noyau unique en forme de réseau, réseau qui se fragmentera à un moment donné. Le noyau, tout comme chez le B. elegans, possède donc des mouvements amœboïdes en vertu desquels il peut se diviser en fragments capables de se souder ultérieurement, prendre les formes les plus diverses, et apparaître tantôt à l'état granuleux, tantôt à l'état homogène. Dans quelles circonstances se manifeste cette activité nucléaire? Je l'ignore, car je n'ai pu suivre complètement les phénomènes de multiplication par division directe, ni ceux de conjugaison. Je crois que l'on peut généraliser pour beaucoup d'Infusoires à noyaux nombreux et variables, les faits que j'ai observés chez les Protozoaires parasites de la Sepia elegans, de \' Octopus vul- garis et de la Sepiola Rondeletii. La quantité de substance nucléaire chez les Opalinopsis sepiolae varie beaucoup d'un individu à l'autre, et parfois l'on trouve des Infusoires entièrement bourrés de corps nucléaires. Les Infusoires de la Sepiola se multiplient par segmentation transversale du corps. Les deux moitiés ne sont pas de même longueur (pi. XXI, fig. 14 et 15), la postérieure est plus courte que l'antérieure. Les noyaux ne m'ont rien montré de spécial. Je n'ai rencontré que quelques cas de division. Dans l'un (pi. XXI, fig. 15), les noyaux homogènes, sphériques et ovoïdes étaient séparés en deux amas (un dans chaque segment) réunis par un certain nombre de petits corpuscules nucléaires au niveau du sillon transversal. Dans un autre cas 372 ALEXANDRE FOETTINGER. (pi. XXI, fig. 14), les noyaux granuleux, en bâtonnets ou sphé- riques, étaient également répartis dans tout l'individu en voie de division. Une seule fois j'eus l'occasion d'observer un cas de conjugaison chez ces Infusoires. J'avais placé dans un verre de montre contenant de l'eau de mer, une certaine quantité de ces Opali- nopsis. Le lendemain, je retrouvai ces animaux bien vivants: j'avais par là acquis la preuve qu'ils peuvent vivre dans l'eau de mer et par celle-ci se propager d'un Céphalapode à l'autre. Parmi ces Infusoires conservés j'ai trouvé deux individus en conjugaison (pi. XXI, fig. 15). Ceux-ci, d'abord réunis par une faible partie de leur corps, se sont peu à peu fusionnés de façon à former une seule et même masse présentant comme une trace de division transversale (pi. XXI, fig. 12). Je n'ai pu poursuivre la chose plus loin, l'individu étant mort à ce moment. Autant que j'ai pu m'en assurer, les deux individus étaient réunis par l'extré- mité postérieure, et pouvaient se mouvoir dans les deux sens, en avant et en arrière. Opalinopsis octopi. Le foie de X Octopus tetracirrhus renferme des Infusoires très voisins de ceux de la Sepiola. Je n'ai eu qu'une seule fois l'occasion d'ouvrir un 0. tetra- cirrhus. Le foie était entièrement rempli de ces parasites que je propose d'appeler Opalinopsis octopi. La forme, les dimensions, le protoplasme, les fibrilles muscu- laires, etc., sont les mêmes que chez les Infusoires de la Sepiola (pi. XXII, hg. 5). Je n'ai donc rien à ajouter à ce que j'ai dit de ces derniers parasites. Les Infusoires du foie de la Sepiola et de Y Octopus doivent être rangés dans la famille des Opalinides pour les mêmes raisons que les Benedenia. INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 573 RÉSUME. Les reins de la Sepia clegans et de VOctopus vulgaris renfer- menl des Iiifusoires hololriclies, allongés, presque cylindroïdes, qui peuvent y exister en même temps que des Dieyema. Ces Infusoires que j'ai appelés Benedenia elegans et B. coronala possèdent un protoplasme vacuoleux renfermant des noyaux, et parfois aussi des corpuscules particuliers qui sont peut-être de nature grasse. Les noyaux sont en nombre plus ou moins considérable ; parfois il n'y en a qu'un. L'observation permet de conclure que lorsqu'il y a plusieurs corps nucléaires, ceux-ci ne sont'que des fragments d'un noyau unique. Ce dernier capable de mouvements amœboïdes peut prendre les formes les plus variées, émettre des prolongements, se segmenter, etc. A la face interne de la cuticule il existe des fibrilles muscu- laires spirales; ce sont les stries transversales obliques, que l'on observe sur le vivant et dans les préparations conservées. Les cils vibratiles sont identiques sur toute la surface du corps des B. elegans; chez les B. coronala ils sont plus longs au milieu du renflement céphalique et y forment une sorte de couronne. La partie antérieure, chez les deux espèces, est ordinairement renflée et constitue le rentlement céphalique. Le foie de la Sepiola Rondeletii et celui de VOclopus lelracirrhus renferment des Infusoires holotriches ovoïdes, petits, dont le protoplasme, les noyaux et les fibrilles musculaires ressemblent aux mêmes éléments des parasites de la S. elegans et de l'O. vul- garis. Les noyaux des Infusoires de la Sepiola que j'ai désignés sous le nom ô'Opalinopsis sepiolaey affectent quelquefois la forme d'un réseau, et l'on trouve tous les passages entre ces réseaux et les noyaux disséminés, sphériques ou en bâtonnets. Ici aussi ou 374 ALEXANDRE FOETTINGER. doit considérer l'animal comme ne possédant qu'un seul élément nucléaire jouissant de propriétés semblables à celles du noyau des B. elegans. Tous ces Infusoires sont privés de tube digestif et très proba- blement ils n'ont pas non plus de cytostorae. Tous appartiennent à la famille des Opalinides. Tous se multiplient par division transversale. Chez ceux du foie de la Sepiola j'ai constaté le phénomène de la conjugaison. Le foie de V Octopus tetracirrhus renferme des Infusoires que j'ai appelés Opalinopsis octopi, et qui sont analogues, si pas identiques, à ceux du foie de la Sepiola Rondeletii. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche XIX. Benedenia elegans. Ocul. 2, obj. 8. Hart. coul. tiré. Fig. 1. Un individu d'après le vivant. Les taches claires sont les vacuoles. Pas de noyaux visibles. Fig. 2. Un individu tué par l'acide osmique à i p. "/o; coloré par le vert de méthyle. Noyaux rubanés colorés en vert. Fig. 3. Un individu après vingt-quatre heures dans le picrocarmin. Les taches claires sont les vacuoles Les amas granuleux foncés sont les noyaux colorés en rose. Le corps est coloré très faiblement en jaune brun. A la partie antérieure l'on distingue un petit trait noir longitudinal, la bouche (?). Fig. 4. Un individu tué par l'acide osmique coloré par le carmin. Eu un point les stries musculaires de la face supérieure et de la face inférieure ont été dessinées. La tête est à peine plus large que le corps ; celui-ci a une longueur de 0,77 millimètre. Fig. S. Portion moyenne d'un individu tué par l'acide osmique et traité ensuite par l'alcool au tiers. Les taches claires sont les vacuoles. Les corpuscules sphériques foncés sont les granulations graisseuses (?) et les bâtonnets sont les noyaux INFUSOIRES DES CEPHALOPODES. o75 Fig. 6. Tète d'un D. elegans tué par l'acide osmique et coloré par le carmin. Fibrilles musculaires de la face supérieure et de la face inférieure se croisant sur un angle très obtus. Fig. 7. Téle d'un autre individu; les fibrilles musculaires sont plus obliques. La lète est plus étroite. Fig. 8. Coupe optique de fibrilles musculaires vues à l'étal vivant ; elles se Irouvent en dedans de la culicule (a). Fig, 9. Extrémité postérieure d'un individu tué par l'alcool au tiers et coloré par le picrocarmin. Les noyaux sont colorés en rouge. Deux petits segments. Fig. iO. Noyaux en rubans, |>lus ou moins mouiliformes, de la partie moyenne d'un individu tué i»ar l'acide osmique et coloré par le vert de méihyle. Fig. 11. Noyau d'un individu tué par l'acide osmique et coloré par le vert de méihyle. Fig. 12. Portion moyenne d'un individu montrant des noyaux ou plutôt des fragments de noyaux en voie de division. Acide osmiqne. Picrocarmin. Fig. 15. Quatre segments nageant librement dans le liquide des corps spongieux, dessinés d'après le vivant. Les vacuoles sont visibles. Ces segments diminuent de grandeur depuis le premier pourvu d'un étranglement et effilé à sa partie antérieure, jusqu'au dernier. Fig. 14 Extrémité postérieure d'un individu pourvu de deux segments. D'après le vivant. Le dernier segment exécutait des mouvements de rotation sur lui-même, indépendants de ceux de l'animal entier. Ce segment paraissait vouloir se détacher de l'individu-mère. Fig. 15. Noyau d'un individu tué par l'acide osmique et coloré par le vert de méihyle. Fig. 16. Segment libre dans le liquide rénal; il nageait rextrémité (a) toujours dirigée en avant. Les vacuoles sont visibles; pas de traces de noyaux. Fig. 17. Extrémité postérieure d'un individu pourvu de deux segments allongés. Acide osmique. Picrocarmin. Noyaux sphériques ou ovoïdes. Les taches claires sont les vacuoles. Ces segments devront se diviser eu deux pour donner lieu à des individus tels que celui de la figure 16. Planche XX. Beuedenla elegante. Ocul. 2, obj. 8 Hart. coul. tiré. Fig. 1. Infusoire volumineux tué par l'acide osmique, puis traité par l'alcool au tiers, et conservé dans la glycérine. La partie antérieure volumineuse montre les vacuoles claires, mais pas de corpuscules graisseux (?). 25 576 ALEXANDRE FOETTINGER. Les deux tiers postérieurs sont littéralement bourrés de ces corpuscules colorés en noir par Tacide osmique. Les fibrilles musculaires, presque transversales dans la partie antérieure, sont obliques duns le reste du corps. Fig. 2. Individu tué par l'acide osmique et coloré par le picrocarmin. Il n'y a qu'un seul noyau rubaniforme s'étendant dans toute la longueur de l'animal. Fig. 3. Jeune individu dessiné d'après le vivant. Les laches claires sont les vacuoles. Fig. 4. Extrémité postérieure d'un individu tué par l'alcool et coloré par l'éosine. Il y a huit segments, quatre grands et quatre petits, alternant régulière- ment entre eux. Les deux derniers segments ne sont pas encore séparés, ce qui semble prouver qu'il y avait quatre segments qui se sont divisés ultérieurement en deux pour donner les huit segments actuels. Les noyaux des segments sont sphériques ou ovoïdes. Ceux de l'individu-mère sont en rubans. Fig. S. Individu tué par l'acide osmique et coloré par le vert de mélhyle. Les noyaux seuls sont dessinés. Fig. 6. Acide osmique, alcool, vert de méthyle. Les noyaux seuls sont dessinés. Fig. 7. Individu tué par l'acide osmique, traité par l'alcool et coloré par le picrocarmin. Les corpuscules ombrés sont les noyaux ou fragments nucléaires colorés fortement en rouge. Bcuedenia coronata. Ocul. 2, obj. 8. Hart. coul. tiré excepté la fig. 8 = ocul. 2, obj. 4. Fig. 8. Tête de l'individu dessiné planche XXI, figure 1, vue à un faible gros- sissement (ocul. 2, obj. 4 Hart). La couronne ciliaire céphalique est bien visible. Acide osmique. Fig. 9. Jeune individu déjà pourvu de la couronne ciliaire. Alcool, glycérine. Fig. 10. Tout jeune individu libre dans le liquide rénal; d'après le vivant. La tache claire est une grande vacuole. Fig. 11. Jeune individu d'après le vivant. L'extrémité antérieure est plus claire. Fortes granulations répandues dans le protoplasme. Planche XXL Ocul. 2, obj. 8, Hart. couL tiré. Fig. 1. Benedenia coronata. A la partie moyenne de la tête, les cils sont plus longs et plus nombreux. Les noyaux sphériques et granuleux sont rares dans la tête. Acide osmique INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. 377 Fig. 2. OpaÀ7iopsis sepiolae. Acide osniique. Carmin. Noyaux sous forme de masses arrondies granuleuses, répandues çà et là dans le protoplasme. La partie antérieure contient des granulations colorées en noir par l'acide osmique. Fig. 3. Opalinopsis sepiolae. Noyaux sphériques granuleux accolés, après vingt-quatre heures dans le picrocarmin. Fig. 4. Benedenia elegans d'après le vivant. Tout le corps, sauf la partie anté- rieure de la tête, est chargé de corpuscules sphériques, réfringents, légèrement jaunâtres, à bords très noirs; çà et là ils sont moins nombreux, et l'on aperçoit alors les vacuoles sous forme detaches claires. Fig. 3. Opanilopsis sepiolae. Picrocarmin. Le noyau granuleux est coloré en rouge; le protoplasme est jaune-brunâtre. Fig. C. Extrémité postérieure d'un Benedenia coronata, pourvue d'un segment allongé. D'après le vivant. Fig. 7. Segment libre de Benedenia coronata. D'après le vivant. Opalinopsis sepiolae. Fig. 8. Individu tué par l'acide osmique et coloré par le carmin. Noyau en rouge sous forme de réseau granuleux. Chez cet individu le réseau n'est pas complet. Fig. 9. Acide osmique. Carmin. Noyaux en bâtonnets, nombreux, situés dans la partie moyenne de l'Infusoire. Fig 10. Acide osmique. Carmin. Noyau en réseau en voie de dislocation. Fig. 11. Acide osmique. Carmin. Noyau en réseau bien complet. Fjg. 12. Deux individus en conjugaison, réunis par le pôle postérieur (?). Peuvent avancer dans les deux sens , après vingt-quatre heures dans l'eau de mer. Fig. 13. Les mêmes après quelque temps. Fig. 14. Un individu en voie de division. Acide osmique, alcool vert de méthyle. Fig. 15. Un individu en voie de division. Acide osmique. Carmin. Noyaux colorés en rouge et formant deux amas réunis par une traînée de petits corps nucléaires. Planche XXIL Ocul. 2, obj. 8. Hart. coul. tiré, à Texceplion des figures 6 et 10. Fig. 1. Benedenia coronata. Acide osmique. Carmin. Noyaux en quantité con- sidérable, seuls dessinés. Fig. 2. Benedenia coronata. Tête vue à la surface pour montrer la couronne ciliaire. Fig. 3. Opalinopsis octopi. Acide osmique. Granulations noires nombreuses occupant une grande partie de l'animal. 578 A. FOETTINGER. — INFUSOIRES DES CÉPHALOPODES. Fig. 4. Opalinopsis sepiolae. D'après le vivant; les vacuoles soni visibles, pas de traces de noyaux. Fig. 5. Opalinopsis sepiolae . Acide osmique. Carmin. Noyaux sphériques, en rouge, occupant le centre de l'Infusoire. Fig. 6. Infusoire pourvu d'un lube digestif, trouvé sur une préparation où il y avait des Benedenia elegans. Tube digestif avec circonvolutions (?) à son extrémité antérieure, terminé en cul-de-sac dans sa partie posté- rieure, et pourvu de fibrilles musculaires dans toute sa longueur. La moitié antérieure de l'individu montre des fibrilles musculaires presque transversales. Dans la moitié postérieure celles-ci sont obliques. Quelques noyaux dessinés, colorés en rouge par le carmin. Tout l'animal est rempli de noyaux semblables. 2-5. Hart. Chambre claire. Alcool. Picrocarmin. Fig. 7. Benedenia elegans. Alcool. Picrocarmin. Pas de vacuoles dans le seg- ment antérieur. L'individu étant trop grand, j'en ai fait deux dessins. Fig. 8. Benedenia elegans . Alcool. Eosine. Longueur de l'Infusoire 1 millimè- tre. Noyaux rubanés dans le segment et dans la partie postérieure de l'individu. Passage des noyaux de cette forme aux noyaux spliériques. Fig. 9. Extrémité antérieure de la tête d'un B. elegans vue de face, i)Our montrer la disposition des fibrilles musculaires. Acide osmique. Alcool. Fig. 10. Opa/tnopsîs sep/o/ae. Acide osmique. Carmin. Fragment d'un individu écrasé , montrant le trajet des fibrilles musculaires. Les lignes fon- cées sont les flbrilles musculaires ; (a) fragment de cuticule avec protoplasme. Ocul. 2, obj. 10 Hart. Fig. 11. Le même à un grossissement plus faible. Ocul. 2, obj. 8 Hart. Fig. 12. Pôle antérieur d'un Opalinopsis sepiolae, pour montrer le trajet des fibrilles musculaires. Acide osmique. RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES ALBUMIFSOIDES DU SÉRUM SANGUIN. DEUXIÈME PARTIE. LE POUVOIR ROTATOIRE DE L'ALBUMINE DU SANG DE CHIEN; PAR LÉON FREDERICQ. Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Liège. J'ai (lémonlré dans un travail précédent (Archives de Bio- logie, t. I, 1880, Recherches sur les substances albuminoïdes du sérum sanguin, et Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2' série, t. L, n" 7, juillet 1880, Sur le dosage des substances albuminoïdes du sérum sanguin par circumpolarisation), que les deux substances albuminoïdes qui existent en quantité notable dans le sérum sanguin, l'albumine et la paraglobuline, possè- dent un pouvoir rotatoire spécifique notablement différent : a[D] = — 47.8° pour la paraglobuline et a[D] = — 57.5" pour l'albumine. Il faut tenir compte de ce fait si Ton veut doser les albumi- noïdes du sérum par circumpolarisation au moyen du polari- mèlre. On commencera par déterminer le degré de rotation que le liquide naturel (sérum) imprime au plan de la lumière pola- risée. Le nombre que Ion obtient ainsi ex[)rime la somme de la rotation produite par la paraglobuline et de celle produite par l'albumine. Une seconde opération a pour but de déterminer la part qui revient à la paraglobuline dans cette rotation. On y 380 LÉON FREDERICQ. arrive facilement en précipitant la paraglobuline au moyen du sulfate de magnésium dans un volume connu de sérum et en redissolvant le précipité convenablement lavé (avec une disso- lution saturée de sulfate de magnésium) et égoullé dans un égal volume d'eau. La solution ainsi obtenue sert à déterminer opti- quement le degré de rotation dû à la paraglobuline. Il suffira de soustraire ce nombre du premier pour avoir la part qui revient à l'albumine. Chacun de ces nombres divisé par celui qui repré- sente le pouvoir rotatoire spécifique de la substance (respective- ment 47.8° et 57.5 pour la paraglobuline et l'albumine) à laquelle il se rapporte indique la quantité de substance contenue dans 100 c. c. de sérum. On obtient ainsi le poids de la para- globuline et celui de l'albumine. Leur somme représente le poids des albuminoïdes contenus dans 100 c. c. de sérum. J'ai publié des analyses de sérum de lapin et de bœuf montrant la concordance que présentent les nombres obtenus par cette méthode avec les résultats du dosage beaucoup plus long par l'alcool et la pesée du coagulum. Comme le pouvoir rotatoire du sérum de lapin, de bœuf, de cheval représente exactement la somme des rotations produites par l'albumine et la paraglobuline qu'on peut en extraire, j'en avais conclu que ces substances y préexistent réellement et que la paraglobuline que l'on parvient à extraire en si grande quantité du sérum de cheval et de bœuf au moyen du sulfate de magné- sium n'est pas un produit artificiel créé par l'action de ce sel, mais est contenue à l'avance dans le sérum naturel (1). (1) 11 s'est glissé page 470, Archives de Biologie l. I. Sur les subslaiices albuminoïdes du sérum, une erreur qui altère complètement le sens de la phrase. Dans le passage: « Le pouvoir rotatoire de la paraglobuliiie est de 47.8° ; celui de serine, la d'environ ^1.0°; les espèces de sérum où la première substance prédomine {Bœuf, Cheval) devront avoir un pouvoir rotatoire supérieur 47.8° -4- 57.5° d = 52.5°, powr V ensemble des substances albuminoïdes coagulées par Valcool ou la chaleur. » Le mot supérieur doit évidemment être remplacé par inférieur. De même au lieu de : ceux ou la serine prédomine dévieront moins, il faut lire : divieront plus le plan de la lumière polarisée quune solution d'égale concen- tration dont le pouvoir rotatoire spécifique serait — 5:2.5°. Le mot Chien doit être supprimé. RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES ALBUMINOÏDES. 381 Ces recherches m'ont également démontré que la paraglo- buline et l'albumine présentent absolument les mêmes pro- priétés optiques, qu'elles aient été extraites du sang de bœuf, de lapin ou de cheval. Il était naturel d'étendre ma méthode de dosage des albumi- noïdes par circumpolarisation à d'autres espèces de sérum cl notamment au sang de chien, animal de laboratoire par excel- lence. Contrairement à mon attente, les analyses faites par le pola- rimètre fournirent toutes des chiffres notablement inférieurs à ceux des pesées directes : Tableau i. — Dosage des substances alhuminoïdes du sérum sanguin de Chien. A. — Par circumpolarisation. « II .ill o ' — ' a « S 2 ï*- ° B. — Par l'alcool bouillant et pesée du coagulum. Poids du coagulum par l'alcool. Poids des cendres. gram. I. 3.22" 1.930 4.08 i.29o H. 2.60" l.OOo 2.09 d.GQo ill. 2.47* -l.OOo 2.09 1.470 IV. 3.570 1.730 3.62 i.74o 2.79 2.o6 3.03 gram. 6.33 4.65 6.65 gram. 0.350 0.3481 0.3479 0.580 0.5955 0.599 0.543 0.7835 0.775 gram. 0.015 0.0245 0.006 0.016 gram. 6.872 5.833 5.37 7.712 Ainsi dans les quatre analyses de sérum de chien dont le détail figure au tableau I, je trouve respectivement 6^',55, 4^'',88, 4^S65, 6^',65 d'albuminoïdes dans 100 c. c. de sérum en opé- rant par circumpolarisation alors que la pesée directe du caillot fournit respectivement 68^872, oSS855, 5sS57, 7^^712 d'albu- minoïdes. 382 LÉON FREDERICQ. La différence entre les deux séries de nombres se maintient dans le même sens et est d'ailleurs trop notable pour pouvoir être attribuée à des erreurs d'observation. Une assez longue expérience de deux méthodes m'a fait connaître les limites des erreurs que je suis exposé à commettre. Avec le polarimetro Laurent (grand modèle avec tubes de 5, 10, 20, 40 et 50 centi- mètres), dont je me sers actuellement, le zéro de l'instrument se détermine en peu d'instants à moins d'une minute près. Je ne crois pas que l'erreur de lecture dépasse une minute dans aucun des nombres des tableaux du présent travail (1). Les détermina- tions de poids de coagulum alcoolique ou autre sont toutes faites en triple avec toutes les précautions usitées en pareil cas (voir Hoppe-Seyier, Ilandbuch der physiologisch-und pathologisch chemischen Analyse^ Serose Flùssigkeiten). Puisque les nombres obtenus en divisant les degrés de rota- tion imprimés par le sérum de chien au rayon polarisé, par 57.5° et 47.8° (nombres censés représenter les pouvoirs rotaloires spécifiques des seules substances actives du sérum), sont nota- blement inférieurs à ceux fournis par l'expérience directe de la pesée, c'est évidemment que les bases du calcul qui fournit les premiers nombres sont inexactes. J'avais supposé tacitement que la paraglobuline et l'albumine étaient les seules substances actives existant eu proportion notable dans le sérum de sang de chien et qu'en outre ces substances étaient optiquement iden- tiques à celles du sang de bœuf, de lapin et de cheval. Mais chacune de ces hypothèses pouvait se trouver inexacte. Il était d'abord possible qu'à côté des substances albuminoides lévogyres coagulées par l'alcool et la chaleur, le sérum de chien contînt des substances dexlrogyres en quantité suffisante pour diminuer notablement les degrés de rotation à gauche et expliquer la différence trouvée. Les expériences suivantes furent instituées pour vériher cette première possibilité : 200 c. c. de sérum de chien lurent coa- (l) Les lectures se font en degrés et minutes à mon instrument. Je les ai con- vertis par le calcul en degrés et centièmes de degré. J'ai com[)lélemenl al)andonné le polarlsirobométre de Wild. RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES ALBUMINOÏDES. 385 gulés par plusieurs volumes d'alcool ; l'alcool filtré, évaporé à un petit volume, puis refiltré. Le liquide filtré réduit h environ 50 c. c. l'ut examiné dans le tube de 10 centimètres, il présentait une rotatiop insignifiante à droite. Dans une autre expérience iO centimètres cubes de sérum furent bouillis avec environ deux fois leur volume d'une solution de sulfate de magnésium légèrement acidulée par l'acide acé- tique. Le liquide filtré, examiné dans le tube de 500 millimètres (50 centimètres), présentait une trace de rotation à droite. Enfin les liquides filtrés provenant de la coagulation par la chaleur de 60 c. c. de sérum débarrassés au préalable de leur paraglobuline par le sulfate de magnésium, furent réunis, réduits à 100 c. c. environ, filtrés et examinés dans le tube de 50 centimètres. Sous cette épaisseur, ils se montrèrent absolu- ment inactifs. Le sérum de chien débarrassé des substances coagulables par l'alcool ou la chaleur n'offre donc qu'une action dextrogyre imperceptible sur le plan de la lumière polarisée et c'est dans les substances albuminoïdes elles-mêmes qu'il faut chercher la cause du faible pouvoir rotatoire de ce sérum. Il restait donc à vérifier si, oui ou non, les substances albuminoïdes du sérum de chien sont différentes de celles du sang de cheval, de bœuf, de lapin. Je commençai par déterminer le pouvoir rotatoire spécifique de la paraglobuline du sérum de chien, c'est-à-dire de la sub- stance albuminoïde précipitée par le sulfate de magnésium. Une assez grande quantité de sérum de chien parfaitement clair (animal à jeun depuis la veille) fut saturée par MgS04, le pré- cipité recueilli sur un filtre, égoutté, redissous dans l'eau et reprécipilé par MgSOi, puis la même série d'opérations répétée encore deux fois. Celte paraglobuline ainsi précipitée quatre lois servit à faire une solution opalescente qui, dans le lube de 10 centimètres, produisit une rolalion à gauche de 5"5' à o^G'. Deux échantillons de iO c. c. du même liquide furent analysés par ebullition en présence de (juelques gouttes d'acide acétique dilué; ils fournirent respectivement 0^',640 et 0^',6595 de sub- 584 LEON FREDERICQ. Stance coagulée. Le poids des cendres était insignifiant. Le pou- voir rolatoire a[D] = — 48°2 obtenu ainsi pour la paraglobuline du chien est sulìisamment voisin du chiffre 47.8° trouvé par moi précédemment pour la même substance extraite du sérum de bœuf et de cheval pour m'auloriser à en conclure à l'iden- tité de leurs propriétés optiques. La paraglobuline du chien présente d'ailleurs toutes les autres propriétés physiques et chimiques de celle du sang de lapin, de bœuf; il n'y a donc aucune raison pour les considérer comme substances différentes. Tableau II. — Détermination de «(D) pour V albumine du sérum de Chien {liquides saturés de MgS04 (1). 1 «2 Rotation dans le tube Nombre de Poids du coagulum obtenu par l'ébullition Cendres. Poids d'albumine dans D'où de centim cubes en présence de 100 cent. cub. ^(D). s z 10 centimètres. analysés. C,H,0,. de liquide. I. 4.120 40 / 40 grammes. 0.2445 0.270 grammes. 9 0.003 grammes. 2.445 44.50 II. 4.166" 40 ' 40 ^ 40 0.286 0.26o7 0.274 0.0045 0.0035 > 2.703 1 43.0» III. 4.1830 ( ^0 40 ( 40 0.275 0.277 0.283 [ 0.006 0.003 ; 2.753 42.90 IV. 1.0" l 20 1 20 ( 20 0.452 0.458 0.455 [ 0.045 2.25 44.440 V. 4.4660 1 20 ( 20 0.535 0.536 ► 0.044 2.f5 44.00 Il ne me restait plus qu'à vérifier le pouvoir rotatoire de (l) Dans chacun de ces dosages, la solution d'albumine saturée de sulfate de magnésium fui versée goutte à goutte dans l'eau acidulée par C2H4O2 maintenue eu ebullition dans un grand tube à réaction. On ne peut songer à la coagulation par l'alcool quand il s'agit de liquides saturés de MgS04. RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES ALBUMINOIDES. 585 Talbumine proprement dite, c'est-à-dire des substances albumi- noïdes qui restent en solution dans le sérum débarrassé de paraglobuline par le sulfate de magnésium. Le tableau II contient les détails de plusieurs analyses de sérum exempt de paraglobuline. La moyenne des nombres exprimant le pouvoir rotatoire spécifique de l'albumine du sérum de chien est d'un peu moins dea[D] = — 44°, tandis que pour le sérum de bœuf, de chien, de lapin la moyenne était de 57.5", chiffre très différent. L'albumine du sang de chien est donc une substance optique- ment DIFFÉRENTE dc ccllc du saug de lapin, de bœuf, de cheval. Nous pouvons, à présent que nous connaissons le pouvoir rotatoire spécifique des substances albuminoïdes du sérum de chien, aborder à nouveau le problème de leur dosage par circum- polarisation. Reprenons les chiffres des analyses du tableau I, introduisons-y la nouvelle valeur aD== — 44*' comme pouvoir rotatoire de l'albumine et nous constaterons cette fois un accord assez satisfaisant entre les nombres fournis par les deux méthodes comme le montre le tableau ÏIL Tableau III. — Dosages comparatifs des substances albuminoïdes du sérum de Chien par circumpolarisation et par coagulation {par l'alcool) (1). s en g Rotation tube Rotation due à D'où paraglobuline Rotation due a l'albumine D'où albumine Somme des albuminoïdes par Somme des albuminoïdes par pesée S de ICI cent. la paraglo- buline. («0=47.8»). (par différence). (a D = **•). circum- polarisation. du coagulum. grammes. grammes. grammes. grammes. I ;i2i>o i.930 4.08 1.29» 2.92 7.00 6.872 11 160" i.OOo 2.09 -I.6O0 3.63 5.71 5.833 ill 2.470 -l.OOo 2.09 •1.470 3.34 5.43 5.37 IV 3.570 1.730 3.62 i.740 3.9o 7.57 7.712 (1) Voir tableau I. LE CANAL NASO-PALATIN CHEZ L'HOMME; PAR H. LEBOUCQ, PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE GAND. (Planche XXllI, figures 1-5). Un point d'anatomie humaine, relativement facile à vérifier, età propos rluquel on peut s'étonner à juste titre de rencontrer des divergences d'opinions même chez les auteurs les plus récents, est celui de savoir s'il existe chez l'adulte une commu- nication ouverte entre la cavité nasale et la cavité buccale par le canal palatin antérieur du squelette; en d'autres termes, si l'homme possède un organe homologue du conduit de Stenson chez beaucoup de mammifères. Il n'est pas sans intérêt d'examiner rapidement les différentes solutions que la question a reçues. Déjà Vésale s'était prononcé pour l'existence d'une continuité des muqueuses nasale et palatine par le canal palatin antérieur (foramen jnxta posteriorem dentium incisoriorum). « Paratur » autem (hujus foraminis) gratia, connexus consensusque tunicae » palatum succingentis, cum illâ quae narium amplitudini obdu- LE CANAL NASO-PALATIN CHEZ l'hOMME. 587 » citur. Porliuncula enim illius tunicae simul cum venula el item » arteriolâ id perlransit (1). » La première description complète de ce canal est due à Slen- son (2); le nom de cet anatomiste a été conservé à l'organe. Il l'a surtout étudié dans la série; chez l'homme il est, d'après lui, beau- coup moins apparent « in brutis hic quam in homine ut arnpiior » ila et manifeslior. î> La citation de Slenson est d'ailleurs assez intéressante pour que nous la reproduisions complètement. On verra que cet anatomiste avail bien exactement observé ce qui existe en réalité : « in homine ad vomeris latera proxime inve- » nies foramen rolundum, quod licet superiori ambilu sit satis » amplum,mox tamen arctatur adeo, ut ne setae quidem transi- » turn in palatum concédât. » Le canal ne peut donc pas se démontrer directement chez l'homme, il ne mérite pas le nom de canal « nec canalis nec foraminis nomine dignandum. » Sten- son suppose cependant qu'il existe une certaine communication puisqu'il dit plus loin : « quod si palati cœlum inspexeris ad » anteriorum dentium radicem luberculum emergere videbis, » ad cujus latera modo tantillum presseris tunicam, gulla utrin- » que prosiliens, oris cum naribus commercium manifestabii. » Se basant sur les recherches de Slenson, et plus affirmatifs que lui, la plupart des analomistes qui le suivent admettent sans conteste l'existence d'une communication de la cavité nasale et buccale par le canal palatin antérieur. Telle est l'opinion de Bartholin (5); et Verheyen (4), en rapportant la citation de Slen- son, ajoute à propos de la façon dubitative dont cet auteur décrit la perméabilité du conduit : « Ego aulem ordinarie inveni exi- » lum istius Iransilus in palato salis manifeslum. » Seulement le texte renvoie à un dessin du squelette de la base du crâne où (1) Vesalii, De corp. hum. fabrica. Ludg. Batav. 1725, t. I, p. 46. Lib. i cap. xn. (2) Nie. Stenonis, De miiscuHs et glandulis. Ludg. Balav., 1683, p. 45. — Id., de narium vasis ; in Mangeti. Bibl. analom. Genev., 1685, t. Il, p. 7C3. (3) Anatomia Bartholiniana. Lugd. Batav., 1674, p. 540. (4) Corpor. him.anatom. Bruxell., 1726, 1. 1, p. 260. 388 H. LEBOUCQ. l'ouverture du canal palatin antérieur se montre évidemment d'une manière manifeste. Santorini (1) admettait l'existence du conduit comme con- stante, et le démontrait tous les ans à ses élèves. La voûte palatine présente deux orifices; on les voit si facilement même sur le vivant, que, la leçon terminée, les élèves essayaient de s'introduire mutuellement une soie dans le conduit « sibi invi- D cem per jocum, setam per ea loca adigere tentabant. » Santorini ne dit pas s'ils réussissaient dans leur tentative. Ruysch (2) signale la double ouverture dans la voûte palatine, en arrière des incisives; quelquefois il n'y a qu'une ouverture unique, laquelle peut même être à peine visible dans quelques cas. Duverney (5), Vidius, Spigeliuset quelques autres se pronon- cent également pour l'affirmative dans la question de perméa- bilité du canal naso-palatin. Tous sont d'accord d'ailleurs sur son rôle physiologique. Il sert à l'écoulement des mucosités du plancher des fosses nasales dans la bouche. Déjà vers le milieu du XVIIP siècle une série d'analomistes émirent des doutes sur la perméabilité de ce conduit chez l'homme, ou même la nièrent absolument. Morgagni (4) ne se prononce que d'une manière très dubita- tive : « Etsi autem uterque tubulus primum latior est, via tamen » infima ita denique contrahitur ut qua descendens ab naso » humor per palati membranam transmittatur, non nisi obscure » admodum incertèque, ut plurimum viderim. » Lieutaud, Bertin, Heister, Haller, Portal, Boyer, Scarpa affir- ment d'une manière positive l'impossibilité de pénétrer de la cavité nasale dans la bouche à travers ce conduit. Dans le rapport que Cuvier présenta à l'Institut sur le mémoire de Jacobson traitant d'un organe spécial, situé sur la cloison (1) Observât, anatomic. Venetiis, 1724, Gap. V, § XIII. (2) Thesaur. anatom. Amstelod. VI, p. 18. (3) Œuvres anatomiques. Paris, 1771, t. I, p. 221. (4) Adversaria anatomica. Ludg. Balav., 1741.— Advers. VI, Animadv. XC. LE CANAL NASO-PALATIN CHEZ l'hOMME. 589 nasale des mammifères (i), il rapporte l'opinion émise par Jacobson à propos du canal naso-palalin. D'après cet anato- miste le canal est imperforé; on ne peut le traverser qu'en déchirant la muqueuse palatine. Cuvier partage cette opinion; il peut y avoir une apparence de perforation, mais elle n'existe pas en réalité. « Ce qui contribue à l'illusion, dit-il, c'est qu'on » voit quelquefois aux côtés de la papille palatine deux pores qui » paraissent être des conduits excréteurs de petites glandes. » (Loc. cit., p. 416.) Nous ne sommes pas encore au bout des opinions contradic- toires. Nous voyons, en etfet, que Rosenthal (2), M. J. Weber (5), Buschke (4), Arnold, décrivent le canal comme établissant nor- malement une communication entre la cavité nasale et la cavité buccale, tout en admettant cependant que dans quelques cas, l'un des conduits peut être imperforé, ou l'orifice [)alatin de tous les deux oblitéré. Leuckart (5) décrit le canal de Stenson comme établissant d'une manière générale une communication entre les deux muqueuses chez les mammifères, et ne fait pas d'exception pour l'homme. Si maintenant nous consultons les traités classiques les plus récents, nous trouvons encore l'opinion de la perméabilité du canal, soutenue par des anatomistes d'une réputation méritée à juste litre. Luschka (6) décrit de chaque côté de la papille inci- sive l'orifice, admettant à peine l'introduction d'une soie de porc, du canal incisif (des von Zellgewebe fast ausgefulllen Canalis incisivus). Il semble donc admettre que le conduit n'est pas com- plètement bouché. HyrtI (7) décrit également le canal comme un conduit ouvert, représentant la fente palatine embryonnaire (1) Annales du Museum, 1811, t. XVllI,p. 412. (2) Ueber das von Jacobson in der Nasenhohle entdeckte Organ. Tiedemanu und Treviranus' Zeitschr. f. Physiol. 1827. Bd. II, p. 289. (3) Anatomie, t. Il, p. 355. (4) Sptanchnolog. Traduction française, Jodrdan. Paris, 1845, p. 5G1. (5) Unlersuch. iiber das Zwischenkieferbein. Stuttgart, 1840, p. 101. (6) Anatomie, 1. 111,2, p. 320. (7) Lehrb. der Anat. \U Aufl. 1870, p. 535. 390 H. LEBOUCQ. réduite à son calibre minimum. Rùdinger (1) décrit le canal incisif comme élablissanl d'une manière constante une conti- nuité des deux muqueuses; il la figure même dans son Atlas (Taf. Ill, fig. A, 15). Hoffmann (2) figure les deux orifices pala- tins du canal. W. Krause (5) décrit le canal perméable comme disposition typique. Le canal est très étroit au milieu de son trajet, mais les deux muqueuses sont eo continuité. Dans son I" volume toutefois il dit que souvent le conduit incisif est oblitéré à son orifice palatin (p. 179). Un certain nombre d'autres auteurs laissent la question ouverte sans se prononcer. Nous citerons Cruveilhier (4), Henle (5), qui pencbe plutôt vers la solution négative, assimi- lant le conduit naso-palatin aux organes plus développés dans la série, dont on ne trouve que des vestiges chez l'homme; Aeby (6) qui a trouvé le conduit fermé dans tous les cas qu'il a examinés, Pansch (7), etc. Une conclusion qui s'impose a priori ^ si l'on compare ces assertions contradictoires, c'est que les deux cas extrêmes, per- méabilité ou occlusion complète du canal, peuvent se présenter; reste à déterminer si les cas se présentent avec la même fré- quence, ou si l'une des dispositions prédomine de façon à pouvoir être considérée comme typique. Dans un récent travail sur l'organe de Jacobson chez l'homme, Kolliker (8) parle inci- demment du canal naso-palatin. Voici quelle est son opinion à ce sujet : les orifices du canal dans les fosses nasales sont assez constants; ils peuvent toutefois manquer. Chez des enfants delà première année on peut trouver le canal perméable; il ne l'est pas chez l'adulte. (1) Topogr. chirurg. Anatom. des Menschen. Stuttgart 1875, 5'^ Ablh. p. 106. (2) Lehrb. der Anat. ^2' Aufl. 1877. Bd. I, p. 526. (5) Handb. der Aiiat. 5^ Aufl. von F. Krause's Handbuch, 1879. B. Il, p. 393. (4) Anatomie descriptive, A^ édition, t. II, p. 585. (5) Eingeweidelehre^ 1866, p. 827. (6) Der Bau des menschl. Korpers, 1871, p. 488. (7) Grundriss der Anat., p. 514. (8) Ueber die Jacobsonsche Organe des Menschen. Festschr. f. Rinpcker, 1877, p. 7. LK CANAL NASO-PALATIN CHEZ l'hOìMME. 591 Il esl relalivemenl facile de s'assurer de Telai de perméabilité du conduit naso-palatin au moyen d'une soie rigide qu'on essaie d'introduire dans l'un ou l'autre sens à travers la voûte palatine. Ce procédé donne un résultat positif quand on a affaire à un canal d'un calibre suffisant. Mais lorsque la lumière du canal est très étroite, sa direction sinueuse, et qu'il faut exercer un certain efTort pour le traverser, on n'est plus sûr du tout de ne pas avoir fait une voie artificielle. Il faut donc, pour avoir des résultats tout à fait certains, recourir à d'autres moyens de contrôle. Le plus certain, mais aussi le plus laborieux, c'est d'étu- dier la région sur une série non interrompue de coupes micro- scopiques. J'ai lâché, autant que possible, de combiner les deux modes d'examen. Le squelette de la région qui nous occupe montre déjà des différences individuelles assez prononcées. En parcourant une série de crânes d'adultes, on voit que les deux conduits partant des fosses nasales sont tantôt relativement larges, tantôt n'ont que les dimensions de petits canaux vasculaires. Il en est de même en examinant du côté de la voûte palatine où les deux canaux s'ouvrent par une portion commune limitée en avant par les inter maxillaires et en arrière par les maxillaires (canal palatin antérieur) ; ou bien les deux canaux s'ouvrent isolément dans une fossette peu profonde. En examinant les parties à l'état frais, on trouve vers le tiers antérieur du plancher des fosses nasales, de chaque côté de la cloison, d'une manière assez constante, l'oriflce d'un canal légè- rement oblique en avant, dans lequel s'enfonce la muqueuse (conduit incisif des auteurs). En l'explorant au moyen d'un stylet fin ou d'une soie, on se sent bientôt arrêté dans un cul-de-sac. Ceci s'est présenté d'une manière constante chez tous les adultes que j'ai examinés. Parmi vingt-huit fœtus à terme que j'ai observés, j'ai trouvé sur deux le conduit perméable ; une fois des deux côtés, une fois à droite seulement. Même quand la communication n'existe pas, ce qui peut être considéré comme règle générale, on trouve cependant dans la 2G 592 H. LEBOUCQ, muqueuse palatine chez les très jeunes enfants, de chaque côté de la papille incisive, sous un repli de la nnuqueuse, un petit orifice ou fente transversalennent placé, conduisant de chaque côté dans un canal oblique, presque parallèle à la surface de la muqueuse. On peut trouver chez l'adulte des vestiges de ces conduits dans la voûte palatine, à l'état d'enfoncements peu profonds de la muqueuse, mais ordinairement ils ont complètement disparu. L'examen macroscopique nous apprend donc que le conduit naso-palatin, qu'il soit resté perméable (exceptionnellement) ou imperméable, est formé de deux segments distincts, de direction différente, formant entre eux un angle obtus ouvert en avant. La partie inférieure ou palatine tend à s'oblitérer d'arrière en avant; c'est ainsi que s'établit sa séparation d'avec la partie nasale qui persiste. La structure des deux moitiés du conduit est également différente; c'est ce que nous pourrons voir sur les coupes microscopiques, ainsi que la disposition relative des parties suivant que le canal est ou n'est pas perméable. Examinons d'abord le cas de canal perméable. Les figures 1, 2, 3 sont trois coupes prises dans la série (n°' 5, Ì2, 29 d'arrière en avant) d'un fœtus à terme. La première est faite au niveau de la portion nasale du canal n. A son orilice supérieur correspond l'extrémité postérieure du cartilage vomérien c. v que l'on peut poursuivre sur les coupes suivantes. L'épithélium vibratile et les glandes acineuses de la pituitaire se continuent dans la muqueuse du conduit. A la partie inférieure, sous la muqueuse palatine, se trouve un amas considérable de glandes de même structure que celles de la muqueuse nasale, mais plus volumineuses. Le conduit se perd au milieu de cet amas glandulaire, puis il s'en dégage, et sur les coupes plus antérieures, on le voit sectionné en travers, eu égard à sa direction plus horizontale. C'est dans cet état que nous le retrouvons sur la septième coupe plus antérieure (figure 2, p). Ici l'aspect du canal a complètement changé. Il est tapissé par des cellules pavimenteuses analogues à celles qui forment le revêtement corné le plus superiiciel de la voûte palatine; du LE CANAL NASO-PALATL\ CHEZ l'hOMME. 395 tissu conjonclir condensé le limite à la périphérie; on n'y voit pas déboucher de glandes. Les deux conduits augmentent graduellement de calibre, en conservant leurs caractères histologiques, et finalement s'ou- vrent de chaque côté de la papille incisive. La figure 3 montre les conduits p à ce niveau. Nous ne dirons qu'un mot d'une masse de cellules épithéliales, dont la section est représentée en e (fig. 2). Les cellules de cet amas sont disposées en couches concentriques dont les périphéri- ques, polyédriques ou cylindroïdes nucléées se colorent en rouge par le picro-carmin comme les cellules les plus profondes de l'épithélium buccal dont elles ont tous les caractères; les cen- trales, au contraire, colorées en jaune par le même réactif, ayant tous les caractères des squames les plus superficielles d'un epithelium pavimenteux. Cette masse épithéliale se rencontre en cet endroit d'une manière constante, non seulement chez les fœtus à terme et les très jeunes enfants, mais chez les fœtus depuis le commence- ment du troisième mois, c'est-à-dire depuis la fermeture com- plète de la voûte palatine. On la trouve sur plusieurs coupes successives, de sorte qu'en réalité elle est cylindrique. Nous reviendrons plus loin sur son interprétation. Une disposition analogue à celle que nous venons de décrire se rencontre dans les cas beaucoup plus nombreux, où la conti- nuité n'existe plus entre les deux segments du canal chez le fœtus à terme. Dans ces cas la portion palatine du canal s'arrête avant d'avoir rejoint l'extrémité inférieure de la portion nasale. La masse épithéliale médiane existe toujours. Examinons maintenant ce qui existe à des stades moins avancés de développement. Jusqu'à la huitième semaine, la cavité nasale et buccale sont en large communication ; avant cette époque de développement, les coupes ne nous apprennent rien au sujet de la question qui nous occupe. Sur neuf fœtus du quatrième au septième mois sur lesquels j'ai débité en séries de coupes frontales successives la voûte palatine et les parties avoisinantes, je n'ai pas trouvé une seule fois la continuité établie. Bien plus, chez les plus jeunes 594- H. LEBOUCQ. (quatrième et cinquième mois) la portion palatine du conduit était même obstruée par des cellules épithéliales dans toute son étendue. Un coup d'œil jeté sur la figure 4, formée par la combinaison de deux coupes successives de la série d'un fœtus d'environ quatre mois et demi, suffit pour saisir les analogies avec la série figurée à côté. Si nous comparons la partie inférieure des figures 2 et 4, nous retrouvons sur la ligne médiane la masse épithé- liale e. Les deux masses latérales e' rappellent par leur position les portions palatines du conduit naso-palalin (p, fig. 2); elles en sont bien les homologues puisque sur la coupe plus anté- rieure (moitié placée à droite dans la figure 4) la masse est en continuité avec la partie profonde de l'épithélium buccal. On considère généralement le conduit naso-palatin comme le dernier vestige de la communication existant primitivement entre la cavité buccale et la cavité nasale. D'après ce que nous venons de voir, la fermeture complète serait la règle chez l'homme; et même, à n'en juger que par les quelques fœtus à divers âges que j'ai examinés, l'occlusion serait primitivement complète du côté de la voûte palatine. Il ne resterait là, comme indice de la séparation primitive, qu'une traînée de cellules épithéliales. Ces cellules épithéliales enclavées dans l'épaisseur des tissus et con- tinuant à proliférer, il en résulterait une dégénérescence de celles qui occupent l'axe du cordon, et à cause de leur conti- nuité avec la surface libre de la muqueuse, ces cellules axiales seraient expulsées : d'où la formation d'un canal. La portion palatine du conduit serait ainsi de formation secondaire. C'est sur cette portion palatine du conduit que portent d'ail- leurs surtout les modifications produites par l'évolution progres- sive. A mesure que le tissu ambiant se développe, le cul-de-sac, représentant le reste de cette partie du conduit, est plus refoulé vers la surface de la muqueuse, d'où peut résulter sa disparition complète chez l'adulte. La portion nasale, au contraire, con- tenue dans un canal osseux persiste pendant l'évolution; c'est aussi la partie dont l'existence est la plus constante. La fissure palatine congénitale constitue, comme on sait, une persistance de l'état embryonnaire. Or j'ai eu l'occasion d'exa- LE CANAL NASOP-ALATIN CHEZ L HOMME. ;î)5 miner un cas où la fissure incomplète d'un côté nous montre l'occlusion de la voûte palatine arrêtée en chemin, permettant ainsi d'analyser les différentes phases du processus. La figure 5 représente la voûte palatine fen- due des deux côtés de la cloison sur un fœtus à terme. La figure schématique ci-contre en fait res- sortir les principaux détails. Du côté droit la fente palatine est complète; à gauche, la pointe antérieure de la lame palatine a rejoint la cloison au niveau de l'intermaxillaire. La jonction s'est opérée de telle façon que cette extrémité antérieure de la lame palatine a glissé sous la face inférieure de l'intermaxillaire. Dans cette soudure, deux surfaces épiihéliales se sont mises en contact; un cordon epithelial se trouve ainsi enclavé; c'est ce cordon que nous trouvons de chaque côté de la ligne médiane en e', figure 4, qui devient portion palatine du conduit naso- palatin et dont la direction est indiquée en p dan> la figure ci-contre. La limite antérieure de la lame palatine, correspondant à la partie de l'intermaxillaire restée libre dans la voûte pala- tine, se présente comme un repli transversal très évident par- tant de chaque côté de la papille incisive. C'est sous ce repli que s'ouvre la portion palatine du conduit quand elle existe. (Sur la figure 5 cet endroit est indiqué, bien que je n'aie pas trouvé d'orifice à ce niveau) (1). (1) Il esl facile de comprendre que lorsque la lame palatine n'a pas encore atteint la face inférieure de rintermaxillaire, il ne peut être question d'orifice du conduit naso-palalin, lequel est encore à cette période, de dé\eIoppement, représenté par la fente tout entière. Ceci à propos d'une assertion de Dursy qui me semble inexacte (in den Zwischenkiefertlieil der Gaumonspalte schiebt sich eine, die Miindungen der Steusonsche Giinge tradendo Platte ein) (*j Les deux orifices qu'il figure (Taf. VI, fig. 15) sur la portion palaline de rinlermaxillaire, chez un embryon humain dont la voûte palatine n'est pas encore fermée (long. 1 pouce), ne peuvent pas être les orifices des canaux de Steuson. C) Zur Entwickel. des Kopfes. Tubing, 1869, p. 172. 396 H. LEBOUCQ. Ce qui devrait devenir la portion nasale du conduit c'est la partie la plus antérieure de la fente entre la cloison et la lame palatine, limitée en avant par l'intermaxillaire. Cette partie du conduit a une direction verticale, et en admettant maintenant que la fente palatine se ferme, ce qui se ferait si le bord interne de la lame palatine venait rejoindre celle de l'autre côté sur la ligne pointillée c (figure ci-dessus), la portion nasale se présen- terait comme un cul-de-sac pouvant être où non en continuité avec la section palatine p du conduit. La figure montre aussi d'une manière très évidente que la masse épithéliale médiane e que nous avons vue exister d une manière constante résulte d'un enclavement epithelial produit par l'accolemeni de la surface inférieure de la cloison dans la région de l'intermaxillaire et des bords soudés des deux extré- mités antérieures des lames palatines. Que le canal naso-palatin existe à son maximum de déve- loppement, c'est-à-dire qu'il conserve exceptionnellement sa perméabilité, ou qu'il soit oblitéré, il n'a chez l'homme aucune signification au point de vue fonctionnel. Ce n'est que le vestige d'une disposition embryonnaire se retrouvant à l'état normal chez certains mammifères. LE CANAL NASO-PALATIN CHEZ l'hOMME. 397 EXPLICATION DES FIGURES. Planche XXIII, fig. 1-5. Les contours des figures 1 à 4 ont été faits au moyen de l'appareil à dessiner de His, de telle sorte que 1 à 3 sont amplifiées à 5 diamètres et 4 à 10 diamètres Les détails ont été dessinés avec Harln., ocul. 2, syst. 5. Désignations communes aux différentes figures. c = cloison nasale. c V =■ cartilage vomérien. V = vomer. / m = intermaxillaire. m = maxillaire. p i = papille incisive. Il = portion nasale du conduit uaso-palatin. p = portion palatine du conduit naso-palatin, e e' = masses épithéliales (voir l'explication dans le texte). Fig. 1 à 5, Trois coupes prises dans une série de sections frontales faites dans la partie antérieure de la votate palatine chez un enfant nouveau-né. La coupe figure 1 est la plus postérieure, g amas de glandes , au fond la portion nasale du conduit naso-palatin. La figure 2 passe par l'organe de Jacobson (o. ;".). Figure 5 a, amas de globes épithéliaux. Fig. 4. Coupe frontale de la région antérieure de la voûte palatine (fœtus de 4^2 mois). Fig. 5. Fissure congénitale de la voûte palatine chez un enfant nouveau-né. NOTE SUR LES PERLES ÉPITHÉLIALES DE LA VOUTE PALATINE; Par H. LEBOUCQ. Planche XXIll, Ogures 2,3, 4, 6, Chez l'enfant au moment de la naissance, et pendant les pre- miers mois de la vie, on trouve assez régulièrement sur le raphe médian de la voûte palatine, et sur le rebord gingival, de petites tumeurs gris-blanchâtre, du volume d'un grain de mil, formées d'amas de cellules épilhéliales. Depuis Serres qui les considérait comme des glandes sécrétant le tartre dentaire, ces petites tumeurs miliaires (Kystes épider- miques [Guyon et Thierry], Gaumenmilien, Epithelperlen, etc.), ont été différemment interprétées. Dans un récent travail, Epstein (1) résume l'étal de la question d'une manière assez com- plète pour que je croie inutile d'insister sur ce point. D'après cet auteur toutes ces productions épilhéliales reconnaissent comme origine une cause unique, l'enclaveraenlde cellules épi- théliales par soudure de deux surfaces recouvertes d'épithélium. (1) Ueber Epithelperlen in der Mundhohle ueugeb. Kinder. Pragcr Zeilsch. Heilk. Bd. I, !• Heft, 1880. 400 H. LEBOUCQ. Sur la ligne médiane ce sont les lames palatines, au niveau des gencives les deux bords du sillon dentaire, qui vont à la rencon- tre l'un de l'autre. Le processus serait donc identique dans les deux cas. Pour ce qui concerne les perles épithéliales de la région du raphe de la voûte palatine, l'enclavement de cellules épithéliales au niveau de la soudure des lames palatines entre elles et avec la cloison, ou avec l'intermaxillaire en avant, explique très bien leur mode de formation. C'est ainsi que j'ai interprété les trois masses épithéliales de la région de l'intermaxillaire se rencon- trant chez le fœtus après l'occlusion de la voûte palatine (1) (voir le précédent travail). Si maintenant on examine les abondantes proliférations épi- théliales en rapport avec le développement des germes de l'émail, on voit immédiatement qu'il s'agit là d'un phénomène tout diffé- rent. Et même le premier stade de formation du germe de l'émail n'est pas un accolement de deux surfaces primitivement séparées «die beiden Zahnwàlleverwachsen oben mileinander, d dit Epstein, mais il y a plutôt un bourgeonnement de l'épilhé- lium vers la profondeur. Ce bourgeonnement a lieu, non seulement aux dépens du cordon epithelial unissant le germe dentaire à la surface (2), mais même aux dépens des germes de l'émail des dents de rem- placement, [.es figures 3 et 6 montrent en a de véritables nuages de globes épithéliaux, ne formant plus un cordon continu, mais se prolongeant au loin dans l'épaisseur de la muqueuse palatine, et dont on voit (fig. 6) la continuité avec le germe d'une dent définitive. (1) Epstein, loc.cit., p. 14, signale également, chez un fœtus du quatrième mois, deux masses épithéliales placées profondément de chaque côté de la ligue médiane dans la région de Tinlermaxillaire. Il ne les interprète pas cependant comme les segments inférieurs des conduits naso-palatins. (2) KoLLuxNii,EntwickLd. Milch-und Ersatzzahne beim Menschen. {Zeitsch. f. Aviss. Zool. Bd. XX, 1869. Taf. XV, fig. 5), représente de ces bourgeonnements épithéliaux formant de véritables arborisations. Il les met en rapport avec révo- lution de dents surnuméraires. LES PERLES ÉPITHÉLIALES DE LA VOUTE PALATINE. 401 Ce n'esl pas seulement au niveau des sillons dentaires que Ton constate la prolifération des cellules épithéliales vers la pro- fondeur, mais en différents endroits , et spécialement au niveau des plis transversaux de la voûte palatine on voit se manifester cette tendance. La figure 6 montre en (3 la couche profonde de l'épithélium buccal proliférant vers la profondeur de façon à constituer un véritable reticulum de cordons épithéliaux. Il y a des réseaux plus compliqués encore, au point que l'en- semble affecte l'aspect d'un cancroïde. Il semblerait donc qu'il y ait dans le revêtement corné de la muqueuse palatine embryon- naire une tendance à la prolifération profonde, dont la formation d'organes épithéliaux spéciaux comme les germes de l'émail ne serait qu'un cas particulier. Les globes épithéliaux que Ion trouve en dehors du raphe seraient les derniers restes de ce bourgeonnement epithelial. Nous croyons donc pouvoir admettre deux catégories de perles épithéliales dans la voûle palatine du fœtus : 1*' Celles qui se sont formées d'une manière passive par l'acco- lement de surfaces primitivement séparées et l'enclavement du revêtement epithelial qui les recouvrait. Nous classons dans ce groupe les globes épithéliaux situés sur la ligne médiane et ceux résultant de la soudure des lames pala- tines avec l'intermaxillaire. (De la même cause dépend la formation de globes épithéliaux en d'autres régions du corps où il y a eu formation d'un raphe, au prépuce, par exemple [Epstein]). 2" Celles que l'on trouve sur la voûte palatine en dehors du raphe, et qui, soit qu'elles doivent leur origine à des restes de germes de l'émail (Waldeyer, Kôlliker) ou à des proliférations de l'épithélium en dehors des régions où se développent les dents, semblent, dans tous les cas, être l'indice d'une activité formative spéciale des éléments épithéliaux de la voùle palatine. -102 H. LEBOUCQ. — LES PERLES ÉPITHÉLIALES. EXPLICATION DES FIGURES. Planche XXIJI, fig. 2, 3, 4, 6. Voir Texplicalion des figures du travail précédent pour les figures 2 à 4. Fig. 6. Section frontale par la partie antérieure de la voûte palatine; enfant nouveau-né. Ampi. 20 diamètres. Détails Hartn.ocul. 2, syst 5. i m= intermaxillaire. d = germe dentaire (incisive médiane de remplacement). e = lacune d'où est tombée la masse de cellules épithéliales sur la ligne médiane, a = amas de globes épithéliaux en rapport avec le germe de la dent définitive. /3 = réticule epithelial proliférant vers la profondeur de la muqueuse. QUELQUES PHASES DU DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI (PREMIÈRE COMMUNICATIOxN), j. r». ivuBL. TRAVAK. DU LABORATOIRE DK PHYSIOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE GAND. Plancbes XXIY et XXT. On a signalé à diverses reprises des phénomènes de contrac- lilité et de locomotion des globes segmentaires chez différents animaux. Nulle part, peut-être dans la série des Vertébrés, ces phénomènes ne se présentent avec une évidence aussi grande que chez le Petromyzon Planeri. Ce travail est avant tout une contribution à l'étude des rôles mécaniques joués par les cellules de l'œuf en voie de développement. Ces phénomènes ayant lieu surtout vers l'époque où apparaît la première ébauche de l'embryon, nous aurons l'occasion d'envisager aussi la for- mation des feuillets et des organes primordiaux. On verra que les travaux récents qui ont paru sur ce point du développement du Petromyzon sont loin d'avoir épuisé le sujet. Nous aurons à parler d'abord d'un phénomène de contractilité survenant dans l'œuf immédiatement après la fécondation. Mais le sujet proprement dit de ce travail com|)rend la manière dont 404 p. J. NUEL. la cavité de segmentation disparait, el dont naissent le tube digestif primaire ainsi que les feuillets embryonnaires. A. — De la contraction du vitellus après la fécondation. Il est curieux de constater qu'à plusieurs reprises, les meil- leurs observateurs, s'occupant de l'œuf de Petromyzon, n'ont pas remarqué ou ont mal vu des détails très apparents, qui sem- blent devoir sauter aux yeux. Le premier exemple de ce genre nous est donné par l'espèce de micropyle, situé dans le vitellus au pôle actif de l'œuf, et décrit par Aug. Mueller (1) sous le nom de couvercle. Ce couvercle, tellement apparent que je l'ai d'abord remarqué à l'œil nu, n'est pas même signalé dans le beau travail de Max Schultze (2), qui, sur une foule de détails, notamment la segmentation, donne les indications les plus exactes. Un second point très facile à constater a échappé à l'attention de Calberla (3), et a été incomplètement poursuivi par Kupffer et Benecke (4); il s'agit de la manière dont s'opère le retrait du vitellus à la suite de la fécondation. Je ne me serais pas étendu longuement sur un sujet aussi simple si je n'avais à rectifier à cet égard les assertions d'auteurs qui m'ont précédé. Le retrait du vitellus, tel qu'on le constate environ un quart d'heure après la fécondation, ressortira de la comparaison entre les figures A et F (voir page suivante) dont la première montre l'œuf non fécondé, le vitellus étant appliqué partout contre le (1) A. Mdeller, Ueher die Befruchtungserscheinungen im Eie der Neunau- gen, Kœoigsberg, 1864. {2\ Max Schultze, Die Entwicklungsgeschichte von Petromyzon Planeri, Haarlem, 1856. Mémoire couronné. (5) E. Calberla, Der Befruchtungsvorgang beim Ei von Petromyzon Planeri, ÌD Zeitschr. f. wiss. Zoologie, t. XXX, ù^^ fase. 1877. (4) C. KopFFER et B. BENECK.E, Der Forgang der Befruchtung am Ei devNeu- naugen. Kœuigsbcrg, 1878. Dédié à Th. Schwann. DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 405 chorion (l'œuf étant dessiné de prolil, le pôle actil' en haut); la dernière montre le retrait, quand il s'est opéré sur tout le pourtour de l'œuf. L'un des auteurs qui ont décrit les premières conséquences de la fécondation, Calberla, va jusqu'à prétendre que ce retrait est le résultat de simples phénomènes endosmotiques : l'eau ambiante, pénétrant de tous côtés à travers le chorion, disten- drait ce dernier; le vitellus conserverait à peu près ses dimen- sions. L'auteur a même fait des expériences d'endosmose avec des liquides colorés, et je ne comprends pas comment, lors de ces essais, il n'a pas vu la vérité si apparente. Kupffer et Benecke soutiennent que le retrait est un phéno- mène actif. Ils établissent d'abord qu'après l'apparition de l'espace clair entre le chorion et le vitellus, ce dernier, contrai- rement à une assertion de Calberla, a uii moindre volume qu'avant la fécondation. Du reste, ils ont vu une contraction, qui avait toutes les apparences d'être active, commencer au pôle actif, et descendre de là sur l'œuf. Seulement, ils paraissent avoir abandonné le phénomène quand il est arrrivé au point représenté par notre figure C, qui reproduit en somme une de celles données par les deux auteurs. Ils n'ont pas vu la seconde phase de la contraction, dont l'observation lèvera les doutes du plus sceptique. Je me figure que ces auteurs se sont servis d'ob- jectifs un peu forts, ne permettant pas d'embrasser l'œuf d'un coup d'œil d'ensemble. Dès lors, arrêtés devant les phénomènes peut-être plus attrayants qui se passent au pôle actif, ils ont perdu de vue le reste de l'œuf. Le fait est que l'apparition d'un espace ou fente (remplie d'un liquide clair) entre le vitellus et le chorion est le résultat d'une onde contractile qui, conformément à ce que disent Kupffer et Benecke, naît au pôle actif du vitellus, peu de secondes après la fécondation, parcourt d'un mouvement lent, mais continu, toute la surface du vitellus, et finit au pôle opposé, tout le phénomène ayant évolué, selon la température ambiante, dans l'espace de dix à douze minutes. Le phénomène est d'ailleurs tellement apparent qu'on le voit à l'œil nu, et surtout 406 .1. p. NUKL. avec une simple loupe; un grossissement de 50 à 100 le rend naturellement plus manifeste. Fig. A, B, C, D, E et F. — Profils du même œuf, montrant l'onde contractile qui parcourt tout le vitellus, en partant du pôle actif (jo. a.) de l'œuf, et qui produit le retrait du vitellus, A est l'œuf avant la fécondation ; B un dixième de minute ; C six minutes; D huit minutes; E onze minutes, et F douze minutes après la fécondation; p. a, pôle actif de l'œuf; v, vitellus; ch, chorion; x, protoplasme clair, animé de mouvements amiboïdes, qui, au pôle actif, sort du vitellus pendant que ce dernier s'éloigne du chorion. DÉVELOPPEMENT DU PKTUOMYZON PLANERI. 407 Les figures A, B, C, D, E et F représentent le même œul', respectivement un dixième, six, huit, onze et douze minutes après la fécondation. La dépression annulaire qui pro- cède du pôle actir de l'œuf pour aboutir au pôle opposé est plus profonde au centre. Il ne s'agit pas d'une simple dépression de la surface vitelline qui resterait telle; on voit que derrière la dépression, le vitellus se relève un peu, ne reste pas au niveau où il était lors du maximum de la dépression; mais la surface vitelline n'arrive plus au niveau où elle était avant la contrac- tion, c'est-à-dire contre la surface interne du chorion. La progression de l'onde est d'ailleurs tellement rapide qu'à un grossissement de 50, l'œil a l'impression immédiate d'un mouvement continu, marqué surtout au moment où la contrac- tion va envahir (fig. E) un dernier reste, proéminant sous forme d'un mamelon, à l'extrémité inférieure de l'œuf. Les choses sont donc telles qu'on voit la progression de la contraction, au même titre qu'on voit celle des mouvements péristaltiques de l'intestin. Je n'entreprendrai pas ici de refaire la description des mou- vements amiboïdes si intéressants qui se passent (simultanément avec le retrait du vitellus) dans le protoplasme qui fait hernie au pôle actif de l'œuf (dans le couvercle de Aug. Mueller); ils ont été très bien décrits par Calberla , Kupifer et Benecke. J'ajoute seulement que ce protoplasme rentre définitivement dans le vitellus, bientôt (cinq minutes au maximum) après que le retrait vitellin est achevé. Le protoplasme est encore visible pendant quelques minutes après le retrait; mais il semble que, ce processus terminé, il se prépare à rentrer définitive- ment. Kupffer et Benecke, ayant observé que lors des mouvements amiboïdes du protoplasme au pôle actif, des parcelles s'en déta- chent et restent isolées entre le chorion et le vitellus, identifient le phénomène avec l'expulsion des globes polaires. Je crois que provisoirement il faudra s'abstenir d'une telle interprétation du fait. D'abord, mes observations m'ont laissé des doutes sur le point de savoir si dans tous les œufs il se détache une telle par- 27 408 J. p. NUEL. celle protoplasmiqne. Mais ce qui surlout nous engagera a elre prudent, c'est une observation que j'ai faite il y a une dizaine d'années. A l'époque de la ponte, on m'apporta une femelle dont tous les œufs paraissaient mûrs, mais adhéraient encore en grappes à l'ovaire, et n'étaient pas encore tombés dans la cavité abdominale. Sur tous le couvercle d'Aug. Mueller était très apparent. Chaque œuf présentait entre le chorion et le vitellus un ou deux petits globules arrondis, d'un blanc jaunâtre, très bien délimités, et bien visibles à l'œil nu. Leur diamètre pouvait égaler celui du couvercle. Nous savons que l'expulsion des globes polaires peut avoir lieu avant la fécondation, encore dans l'ovaire; et certes les globules en question répondent assez bien à l'idée que nous avons sur ces formations. L'observation date d'une époque où la question des globes polaires n'était pas encore à l'ordre du jour, et j'avoue ne pas avoir fait toutes les recherches qu'il faudrait instituer pour décider de la signification de ces globules. Mes observations au sujet de la pénétration des spermato- zoaires dans l'œuf ne soni pas assez complètes pour qu'elles me permettent de décider entre Calberla d'une part, Kupffer et Benecke d'autre part, dans la question de savoir si un seul sper- malozoaire pénètre toujours à travers un micropyle, c'est-à-dire à travers un canal préformé dans le chorion, ou bien si un ou plusieurs sperma tozoaires traversent le chorion en des endrciils variables, mais en dedans des limites de la « Flocke » d'Au^. Mueller. H. — Segmentation , formation du tube alimentaire et disparition de la cavité de segmentation. Pour autant que mes observations soient achevées, je ne pourrais guère que reproduire la description classique que Max Schuitze a donnée de la segmentation; je la passe donc sous silence, en faisant observer toutefois qu'un commencement bien manifeste de cavité de segmentation existe dès le troisième sillon. DÉVKLOPPEMENT DU PETROMYZON PLANKRl. 409 Dans une noie liés siiccincle, Calberla (1) avail cru devoir modifier la descriplion de Scliullze en un point essenliel. L'em- biyon sérail, d'après Calberla, isolé dès le premier sillon : des deux segmenls, le plus pelil donnerait naissance à l'embryon, tandis que le second serait le vitellus nutritif. Scott (2) a déjà relevé celle assertion comme erronée, et je me range en ceci absolument de son côlé. Les pbénomènes se passent bien comme xM. Scliullze l'a dit. Assez souvent, il est vrai, I un des deux premiers segments est notablement plus gros que le second, mais l'un et l'autre contribueni, par leur partie supérieure, à former lembryon. Je prends l'œuf où, diaprés les idées courantes, l'épibolie est sur le point d'être achevée, c'est-à-dire oii les cellules dérivant de l'hémisphère supérieur de fœuf, disons les cellules épiblas- tiques, ont envahi une grande partie de l'hémisphère inférieur ou vitellus dit nutritif. Calberla avait déjà remarqué que l'épibolie est moins intense dans un méridien de l'œuf. On exprimera l'état des choses en disant que l'envahissement du vitellus nutritif par l'épiblasle est plus rapide que partout ailleurs suivant une moitié d'un méri- dien, qu'on suppose parti du pôle supérieur de fœuf, tandis que suivant l'autre moitié de ce même méridien, elle est plus lente que partout ailleurs. Ce méridien si caractéristique est l'axe futur de l'embryon ; son extrémité marchant le plus rapidement étant l'extrémité caudale de l'embryon, la tête correspondra à peu près au pôle actif de l'œuf. La moitié, je dirai plus pares- seuse de ce méridien, donnera l'épiblasle ventral de l'œuf. L'épiblasle dorsal a envahi la moitié du vitellus nutritif qui lui correspond , dès le commencement du troisième jour, alors qu'il faut attendre la tin du huitième jour pour que l'épiblasle ventral arrive jusqu'au pôle inférieur. C'est en ce dernier point que va apparaître le blastopore ou anus de Rusconi. (1 ) Calbf.rla, Zur Entwicklung drs .Vedullnrrohres u. d. Chorda dorsalis,elc. d. Petromyzonten, in Morpliol. Jahilnieh, 1877. p. ìiiG. (-2) W.-H. Scott, Beitragezur Enlwicklunysyeschichte der Pelromijzonten, iu Morphologisches. Jalirbucli, t. VII, p. 101, 1881. MO .[. p. NUEL. Quand du deuxième au troisième jour, la cavité de segmen- tation est très bien développée (elle occupe peut-être un peu plus que la moitié supérieure de l'œuf), sa voûte est constituée par trois rangées de cellules, le fond en est constitué par le vitellus jaune, dit aussi nutritif. A ce moment, une différence assez accusée de grandeur existe encore entre les cellules de la voûte et celles du plancher, celles-là élant plus petites que celles-ci. A partir de cette période, les globes vitellins du plan- cher diminuent de calibre plus rapidement que les cellules de la voûte, surtout aux endroits où les deux espèces d'éléments sont contigus; il n'y a plus ici une limite tranchée pour ce qui regarde la grandeur des cellules. Au centre de la masse du vitellus nutritif, il y a un noyau de globes qui sont et resteront longtemps plus volumineux que les cellules de la voûte et le reste des cellules du vitellus dit nutritif. Ce noyau a été envi- sagé par Calberla comme étant le vitellus nutritif par excel- lence; il serait destiné à disparaître plus tard par voie de résorption, et ses éléments ne contribueraient pas directement à constituer l'embryon. Le fait est qu'aucun des globes segmentaires n'est destiné à disparaître par voie de résorption, et que tous indistinctement contribueront tôt ou tard à former l'un ou l'autre organe de l'embryon. L'opinion contraire semble être due à la circonstance suivante. Une fois la segmentation achevée, les divers organes embryonnaires se forment à des époques très différentes. Les globes segmentaires qui donnent lieu aux organes les plus pré- coces continuent à se subdiviser, se réduisent dans leur volume, leurs grains vitellins diminuent de calibre, et ils ont des con- tours assez bien accusés. Au contraire, les globes qui contri- bueront à former des organes dont l'apparition est plus tardive, restent provisoirement au repos, ne se subdivisent pas, et par conséquent ne diminuent pas de calibre. Quoique ce détail ne rentre pas directement dans le sujet de la communication pré- sente, disons cependant que le noyau à grosses cellules en question donnera naissance avant tout au foie et peut être à une partie du tube digestif. Or, le foie est un des organes qui, chez DÉVELOPPEMKNT DU PETKOMYZON PLANERl. 411 le Pelromijzoïi^ font leur apparition en dernier lieu. Jusque vers le douzième jour environ, les grosses cellules du noyau vilellin central restent inaclives, avec leur calibre primitif, alors qu'à peu près toutes les autres cellules ont beaucoup diminué de calibre. Jusque dans des stades très avancés, nous retrouverons ce noyau de grosses cellules gorgées de gros grains vitellins. Alors que les autres cellules sont plus ou moins polygonales par pression réciproque, et ont des contours assez bien accusés, grâce à la présence de membranes cellulaires bien manifestes, les cellules du noyau en question s'arrondissent, et leurs con- tours s'effacent plus ou moins; on dirait que ces protoplasmes confluent. Remarquons ici que cet aspect est un fait général pour les cellules qui sont depuis longtemps au repos. Mais vienne le moment ou le foie va se former, et l'activité de ces grandes cellules se réveille: leurs contours apparaissent très nettement, elles diminuent rapidement de calibre par suite de la division cellulaire, et les grains vitellins se réduisent dans leur volume. A partir du troisième jour environ, nous avons donc au centre du vilellus nutritif ce noyau à grandes cellules, ses éléments passant insensiblement à la périphérie dans les cellules environnantes, et par leur intermédiaire dans celles de la voûte de la cavité de segmentation. Il en résulte qu'à partir de ce moment (toute pigmentation faisant défaut), il devient difficile de différencier toujours les cellules dérivant de l'hémisphère supérieur de celles dérivant de l'hémisphère inférieur de l'œuf. En général cependant, les cellules de la voûte (épiblastiques) se distinguent de celles du vitellus nutritif par la petitesse de leurs grains ou cristaux vitellins. Alors que les cellules du vitellus nutritif sont gorgées de cristaux volumineux, celles de l'épiblaste en renferment de plus petits, et peut-être en plus petit nombre. iMais encore une fois, celte particularité ne suffit pas à faire la distinction dans tous les cas. La différence est toujours bien accusée entre la partie dorsale de 1 épiblasle et le vitellus nutritif; les cellules épiblastiques y sont toujours notablement plus fme- ment granulées que dans les globes vitellins sous-jacents. Ikmai (]uons tonlelois ipie ces grondeurs, assez constantes pour 11^ J. p. NUEL. les œufs d'une même femelle, ne le sont plus si on compare les œufs provenant de différents individus. Dans une série, les gros grains avaient en moyenne un long diamètre d'un centième de millimètre; dans une autre, cette valeur ne dépassait guère un cent cinquantième de millimètre. Le petit diamètre est à peu près la moitié du grand. Du côté ventral, les grains vitellins des cellules épiblastiques augmentent insensiblement de grandeur à partir de l'endroit où sera plus lard la tête de l'embryon, c'est-a-dire un peu au delà du pôle supérieur de l'œuf, ou du sommet de la voûte épiblasti(|ue. Une coupe faite suivant le méridien axile de l'embryon, dès le milieu du troisième jour, époque à laquelle la présence du blas- topore permet une orientation de l'œuf à découper, montrera bien ce dont il s'agit ici. La tîgure 1 est une telle coupe, mais d'un stade, un peu plus avancé; la cavité de segmentation s'apprête à disparaître. La coupe intéresse la cavité digestive primaire dans toute sa longueur. Les cellules de la voûte, disposées actuellement sur une rangée, par endroits encore sur deux, se disUnguenl aisément de celles qui constituent la masse du viiellus nutritif. Vers la gauche de la tigiire, on peut poursuivre ces cellules avec leurs petits grains vitellins jusque tout contre l'anus de Rusconi (bl.), peut-être un peu dans l'intérieur de la cavité digestive (t. d.). — Mais du côté ventral, à droite dans la figure, nous voyons un peu au delà du sommet de la voûte les grains vitellins s'accroître insensiblement, et à l'angle d'union de la voûte avec le vitellus nutritif, il n'y a aucune ligne de séparation du chef de la grandeur des grains vitellins. Il ressort du reste clairement de cette même figure qu'à ce stade, c'est-à-dire au moment où la cavité de segmentation va disparaître, le vitellus dit « nutritif» est encore largement à nu du côté ventral, n'y esl pas encore envahi par l'épiblaste. Le terme d'épiblaste attribué aux cellules dérivant de l'hémi- sphère supérieur de l'œuf n'a pas besoin d'explication. De même aussi nous désignerons sous le nom d'hypoblaste, ou d'hypoblaste primitif, toute la masse du vitellus dit « nutritif. » Cette masse DÉVEL0I»PEÌ\1E1NT DU PETKOMYZO.N l^LVNKUl 115 liypoblastique, comme nous le venons amplement dans la suite, va donner naissance à l'hypoblastc définitirel au mésoblasle. Arrêtons-nous un moment à une particularité de structure des cellules épiblastiques qui permet souvent de les différencier des cellules sous-jacentes. La figure 1 et diverses autres montrent à l'extrémité interne, centrale des cellules épiblastiques, des espèces de vésicules, d'ampoules proéminentes vers la cavité de segmentation, et semblant ne contenir qu'un liquide clair. Cette apparence, due à l'absence de grains vitellins, et probablement aussi de protoplasme à l'extrémité interne des cellules, existe déjà au moment où la voûte est composée de trois rangées cellu- laires; elle est bornée alors aux cellules formant paroi à la cavité. Elle se retrouvera encore très tard, alors que l'embryon est plus ou moins formé, et permettra longtemps de trouver la ligne de délimitation entre les cellules épiblasti(|ues et les cellules sous- jacentes. Quelque chose d'analogue se rencontre souvent sur les cellules formant paroi au tube digestif primitif, et jusqu'à un certain point partout entre deux formations hétérogènes qui se touchent. Ainsi la limite entre le mésoblaste et Thypoblaste secondaire apparaît sous forme d'une bande claire, due à ce que là où les celhdes d'organes différents se touchent, les grains vitellins, et peut-être le protoplasme, manquent au contact de la ligne de démarcation. Ce dernier caractère, joint à celui qui est tiré de la grosseur relative des grains vitellins, suffisent souvent à décider si une partie de l'œuf est, oui ou non, envahie par l'épi- blaste. Trop souvent on se trouve néanmoins dans l'incertitude absolue de décider si teîie ou telle cellule dérive de l'épiblaste ou du vitellus nutritif. L'épibolie est donc très tardive du coté ventral. Il en résulte que la surface de l'œuf vivant est longtemps jaunâtre et bosselée du coté ventral, contre l'anus de Rusconi, alors qu'ailleurs, dans les limites de l'épibolie, la surface de l'embryon a blanchi. Du huitième au neuvième jour, l'œuf blanchit également en ce dernier endroit, et alors on trouve sur des coupes que l'épibolie s'est complétée. Il en résulte également qu'à un stade priuïitif, la coupe méridionale de Tœuf n'offre pas deux culs-de-sac, en quel- 4-14 p. J. NUEL. que sorte deux tubes digestifs primitifs, comme cela a été figurée par les auteurs pour la plupart des Batraciens anoures. Je ferai remarquer ici, sous forme de parenthèse, que la distinction entre une partie finement granulée de l'épi blaste, et une partie à grosses granulations, existe dès les premiers sillons segmentaires.et même, d'après des observations trop incomplètes encore pour être publiées en détail , déjà dans l'œuf non seg- menté et même avant la fécondation. Ainsi une coupe méri- dionale convenable faite après l'apparition du troisième sillon segmenlaire, montre une petite cavité (de segmentation) cen- trale, losangique, recouverte en haut de deux cellules plus petites, à fins grains vitellins, et fermée en bas par deux cellules à grosses granulations. Des deux petites cellules, l'une ne ren- ferme que de fines granulations; l'autre en renferme de grandes, surtout dans sa partie inférieure, contre la grande cellule du plancher de la cavité. La première de ces cellules donne naissance à l'épiblaste dorsal, la seconde à l'épiblaste ventral. L'opposition entre l'épiblaste dorsal et l'épibiaste ventral existe donc dès le premier sillon, puisque les deux petits globes sont donnés dans la partie supérieure des deux premiers globes de segmentation ; elle ne s'efface plus dans les phases suivantes, et nous la retrou- vons encore dans la figure 1 et dans toutes les suivantes. Comme l'axe nerveux de l'embryon se formera dans la ligne médiane de la partie finement granulée, à commencer par le sommet du dôme épiblastique (ou du pôle actif de l'œuf non segmenté), on peut dire que l'axe embryonnaire est caractérisé sans le moindre doute dès le commencement de la segmentation; et si mes observa- tions venaient à se confirmer, cet axe serait caractérisé à un certain point de vue dans l'œuf non segmenté et non fécondé. En effet, les auteurs qui ont décrit la structure intime de l'œuf non fécondé ont omis certains détails qui, rapprochés de ce qui précède, acquièrent une certaine importance. D'une manière générale la calotte supérieure du vitellus non segmenté est à grains vitellins très fins; le reste, la plus grande partie, est à granulations plus volumineuses, variant toutefois entre certaines limites d'un endroit à l'autre. Il ne faudrait lou- DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANER I. 415 leiois pas se iigurer la séparalion eiilre les deux parties sous forme d'un plan transversal. Si l'on obtient souvent des coupes qui parlent en ce sens, on en trouve cependant où d'un côté les gros grains se prolongent sous forme d'un coin dans la partie supérieure, finement granulée, beaucoup plus loin que du côté opposé. Il faut en conclure que d'un coté, dans une moitié latérale, la calotte supérieure renferme beaucoup plus de gros grains que dans l'autre moitié. Si maintenant, par la pensée, nous coupons l'œuf par les deux ou trois premiers plans do segmentation, nous arrivons à cette opposition entre l'épiblastc dorsal et l'épiblaste ventral, décrite plus haut. On peut donc dire qu'à un certain point de vue, l'embryon est préformé dans l'œuf non fécondé; que telle partie de l'œuf non fécondé va donner naissance à l'épiblaste ventral, et telle autre à l'épiblaste dorsal ou au système nerveux. La position de l'axe embryon- naire futur est déjà parfaitement marquée. La distinction s'étend même jusqu'à la moitié inférieure de l'œuf, en ce sens (mais ici je n'ai pas poursuivi les détails) que la partie la plus grossière- ment granulée donnera probablement le noyau vitellin central, et par conséquent le foie. Quand la segmentation proprement dite est achevée, quand la cavité de segmentation est en son plein développement, au moment où va apparaître le tube digestif primaire, les cellules constituantes de la voûte se sont disposées sur deux rangées et s'apprêtent déjà à se mettre sur un seul plan. Le vitellus jaune, l'hypoblaste primitif, est envahi d'un côté par l'épiblaste à peu près jusqu'au pôle inférieur de l'œuf. H est composé de globes vitel- lins entourés de membranes très visibles (1), polyédriques par (1) On sail que rexislcncefrmie inenihrjuic îiiilour des globes segmentaires esl forloiiient conlestée ; que noUuiiinenl celle iiieinhrane semble faire défaut lors de la segmentation des œufs de Halraciens anoures et de Triions. La première coupe venue d'un œuf de Pétromyzon en voie de segmentation montrera qut^ chaque cellule est entourée d'une membrane, aus^i bien délimitée du côté interne que du côté externe. Celle membrane existe dès les premières subdivisions. On peut la voir isolée des parties sous-jacentes dans la plupart des coupes un peu minces Là oii diMix cellules >e louchent, la membrane paraît être uni(|ue, néanmoins en plus d'un 416 p. J NIJEL. pression récipro(iiio. Au centre de la masse existe le noyau (\o cellules plus grosses, moins bien délimitées; plus lard seulement, d'après une remarque faite déjà, elles ont à jouer un rôle actif. Depuis quelque temps déjà, à |)artir du moment oii la segmenta- lion proprement dite a été achevée et où Tépibolie a commencé, les cellules hypoblasliques étaient au repos. Plus ou moins polyé- driques par pression réciproque, et se touchant intimement, elles semblent ne plus s'être livrées à une activité de multiplication. Du côté de la cavité de segmentation, la masse hypoblastique est limitée par un plan à peu près uni, les globes individuels n'y faisant guère de saillies. Les choses vont changer notablement quand le tube digestif fait son apparition , ce qui arrive, selon la température régnante, au commencement ou vers la fin du troisième jour. L'apparition du tube digestif est précédée et accompagnée par une activité spéciale de cellules de la masse hypoblastique, consistant en des phénomènes de contractilité et de locomotion endroit on la voit se dédoubler, ses deux feuillets oft'rir une dehiscence, entre deux cellules voisines. Là oii trois cellules se touchent en un point, on la voit mani- feslemenlse prolonger en trois feuillets. Il n'en est pas moins vrai qu'entre deux cellules voisines, les deux feuillets semblent n'en faire qu'un seul et ne s'isolent pas si, par exemple, on écrase la préparation. La membrane existe au complet dès qu'une cellule s'est divisée en deux. Elle paraît du reste jouer, à l'égard de son contenu, un rôle analogue à celui que remplit le chorion à l'égard du vitellus. P^lle constitue donc une espèce d'enveloppe plus ou moins inerte, une espèce de coque qui ne contribue guère à la vie de la cellule y renfermée. Ainsi elle ne pénétre pas entre les deux cellules qui viennent de se former par division, mais une nouvelle lamelle naît ici au moment même de la division , par un processus analogue à celui qu'on a si bien observé dans les plantes. Le protoplasme peut se retirer et n'occuper qu'une partie de l'espace circonscrit par la membrane; et c'est ainsi que naissent ces ampoules claires que nous avons signalées à plusieurs reprises. Ces ampoules se développent surtout aux endroits où plus tard vont se former des creux, par exemple à l'apparition du foie. Les protoplasmes se retirent ici périphériquement, et les membranes paraissent même disparaître; la lumière d'un canal est dès lors formée. En général, les membranes des grandes cellules semblent disparaître, être résorbées, en procédant par parties, pendant qu'une nouvelle lamelle apparaît là oii deux nouvelles cellules se séparent par voie de division. DKVKLOPPKMKNT DU PETHOMYZON PLANERI. il 7 (le CCS clciìicnts, fiinsi qu'en des traclions exercées |)ar eux (riiiie manière très évidente sur des groupes de cellules voisines. Ces phénomènes offrent le plus grand intérêt, car ils vont nous per- mettre de soulever un petit coin du voile qui nous cache encore l'action des forces mécaniques intercellulaires qui interviennent dans la formation de Temhryon. En guise de parenthèse, intercalons ici quelques détails sur le rhylhme suivant lequel se fait la segmentation. Ce phénomène a lieu, comme on le sait du reste, d'une manière intermit- tente. Dès le commencement de l'évolution, lœuf, examiné à la loupe, rentre dans une espèce de repos après chaque nouvelle division ; les globes s'aplatissent par pression réciproque et l'œuf peut ressembler à ce qu'il était avant la segmentation. Après un repos d autant plus court que l'évolution est plus avancée , les globes s'arrondissent, la surface de l'œuf devient bosselée, de petites lacunes apparaissent entre les cellules arron- dies : nous entrons dans une phase d'activité, car effectivement les cellules vont se diviser; puis tout rentre au repos, pour reprendre un peu plus lard. Une fois la segmentation propre- ment dite achevée, les cellules hypoblastiques tombent dans un repos prolongé, alors que les éléments épiblastiques continuent à se diviser et à se réduire dans leur volume, et conduisent au phénomène de l'épibolie. Quand l'épibolie est arrivée à un certain degré, une partie des cellules hypoblastiques entre en activité, après un repos prolongé, activité qui conduit à la formation du tube digestif, comme nous allons le voir. Cependant , un groupe central de cellules hypoblastiques ne sort pas encore de son repos. Nous avons déjà dit que beaucoup plus tard, ces cellules vont se réveiller de leur sommeil, et donner naissance au foie notamment. Quand un groupe de cellules entre ainsi en activité, non seulement leur calibre diminue, mais aussi les grains vitel- lins y contenus semblent se fondre, se réduire dans leur calibre. Peut-être entreprendrons-nous un jour de déterminer exacle- liient l'ordre suivant lequel on observe cette espèce d'entrée en scène des différents groupes cellulaires, en nous guidant d'après les dimensions des cellules et de leurs grains vitellins. Dans une 418 p. .1. NUEL. recherche de ce genre, il faurlra loiitefois ne pas onblier qne pour un même stade de Tevohition embryonnaire, la grandeur des cellules et celle des grains vitellins varient beaucoup dans des œufs pris sur différentes femelles. La grandeur des cristaux vitellins dépend [)eut-être de la nutrition plus ou moins bonne de la femelle ; la grandeur des cellules nous paraît dépendre (comme nous le verrons plus loin) au moins en partie, de la tem- pérature ambiante. Quand cette température est relativement élevée, l'évolution est rapide, et les déplacements cellulaires se font avant que la multiplication cellulaire, et partant la réduclion du calibre des cellules, soient arrivées au même degré que si la température est plus basse. Chez le Petromyzon au moins, des mensurations du genre de celles dont nous parlons devront donc se faire sur les œufs extraits d'une seule femelle. Revenons maintenant à la formation du tube digestif. A l'en- droit où il va se former, les cellules hypoblastiques, restées au repos depuis quelque temps, s'arrondissent, puis s'allongent, et s'orientent avec leur long axe dans la direction de Taxe futur de l'embryon. L'allongement est tel que le long diamètre acquiert le triple et le quadruple du petit; les cellules commencent par devenir des ellipsoïdes à faible excentricité, puis plus forte, et leur section longitudinale finit par être un fuseau très allongé. Entre-temps les grains vitellins, orientés jusqu'ici dans toutes les directions, se placent tous avec leurs grands axes dans un des petits diamètres, transversaux, de l'ellipsoïde. Cette orientation, dont on voit des exemples nombreux dans nos figures (1,2 et 4), donne un aspect tout particulier, destination transversale, à l'élé- ment cellulaire. En même temps que s'opèrent ces changements dans l'aspect des cellules, on voit apparaître entre elles un réseau de nombreuses lacunes, un peu plus prononcées que celles que nous avons signalées pendant la segmentation proprement dite. Tout cela nous indique un réveil de l'activité cellulaire, activité consistant en des changements de forme, en une multiplication cellulaire par division, et en des phénomènes de locomotion des plus curieux. Allongement des cellules et orientation transver- sale des cristaux vitellins, ces deux phénomènes vont coïncider, DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANEKI. 419 à partir de ce moinenl, avec le réveil de Tactiviié des cellules hypoblastiques. Celte activité est cependant loin d'envaliir tous les éléments hypoblastiques à la fois. Nous verrons qu'au con- traire elle cesse dans certaines cellules alors qu'elle on atteint un autre groupe. Dès que dans un stade ultérieur, un de ces ellipsoïdes va se fixer et rentrer dans un repos relatif, nous le verrons diminuer d'excentricité, se rapprocher de la forme sphé- rique, et finir par devenir plus ou moins polyédrique par le fait de la pression exercée sur lui par les éléments voisins. Dès que l'excentricité de l'ellipsoïde diminue, nous verrons aussi les grains vitellins se désorienter de nouveau dans toutes les direc- tions. Ces modifications cellulaires coïncident toujours avec la for- mation du tube digestif; on les constate dès que ce dernier est ébauché. Mieux vaudrait peut-être dire que cette activité cellu- laire précède la formation du tube digestif. En effet, dès que la moindre trace de ce tube existe, on trouve que les cellules hypo- blastiques qui l'environnent, particulièrement vers son sommet borgne, subissent les modifications indiquées. La paroi même du canal est formée par des cellules redevenues rondes, ou plutôt polyédriques, se touchant intimement; elle est donc complète, et la lumière du tube ne communique nulle part avec le système des fentes intercellulaires. Ces détails ressortiront de la figure o, qui toutefois représente un stade un peu plus avancé que celui que nous envisageons ici. La transformation des globes vitellins apparaît d'abord sui- vant l'axe embryonnaire (déjà ébauché par l'apparition d'un petit cul-de-sac digestif). Elle commence contre l'anus de Rusconi, et de là s'étend rapidement en devançant toujours le tube digestif. On voit que c'est dans le demi-méridien où l'épibolie est la plus avancée que le processus se montre d'abord et avec le plus d'intensité. Il s'étend de là en largeur et envahit peu à peu toute la surface de l'hypoblaste, en même temps que suivant l'axe embryonnaire, il arrive au contact de la cavité de segmentation. Un noyau central de globes vitellins n'y prend cependant aucune part (fig. 1 et 7, N); nous savons déjà que ces cellules ne sorti- ront de leur torpeur que plus tard. 420 p. J. NUEL. A mesure que les choses marchent, le processus en (juestion finit donc par atteindre, suivant l'axe embryonnaire, la surface vitelline du côté de la cavité de segmentation. Nous arrivons ainsi.au stade de la figure i, qui représente une coupe longi- ludinalede l'embryon, ou plutôt du tube digestif. Dans l'angle d'union de l'épiblaste avec la masse hy[)oblastique, du côté du tube digestif, disons du côté dorsal de l'embryon, les cellules épiblas- tiques se sont allongées en fuseaux et se soulèvent le long de la voûte épiblastique, délimitant un système très développé de lacunes intercellulaires. Les cellules allongées, soulevées, offrant l'orientation typique de leurs grains vitellins, s'alignent bout à boul, l'une soutenant ou soulevant en quelque sorte l'autre. Le fait est qu'il s'agit de plans cellulaires soulevés, dont la section transversale présente naturellement une seule rangée cellulaire. La modification cellulaire commence déjà à envahir le plan su- perficiel, faisant paroi à la cavité de segmentation. Un peu plus tard, les cellules situées à l'angle ventral présenteront le même phénomène, et s'élèveront le long de la voiile épiblastique. Toujours cependant les choses sont moins avancées ici que du côté dorsal. Enfin toute la couche superficielle de l'hypoblaste subira ces modifications, non seulement du côté de la cavité de segmentation, mais sur tout le pourtour de la masse vitelline. Les cellules continuant de s'élever le long de l'épiblasie, du côté dorsal, le plan cellulaire faisant paroi à la cavité de segmen- tation sera soulevé dans son ensemble en une espèce de nappe relevée davantage aux deux angles d'union de l'épiblaste avec l'hypoblaste. Entre-temps, la couche sous-jacente de cellules s'ap- prête à évoluer dans le même sens; ses éléments s'arrondissent d'abord, deviennent des ellipsoïdes de plus en plus allongés, et les cristaux vitellins s'orientent suivant les petits diamètres des fuseaux. Nous arrivons ainsi au stade représenté par la figure 2. Plusieurs couches cellulaires se sont soulevées dans toute l'étendue du plancher de la cavité de segmentation, et parleurs cellules extrêmes, montent de plus en plus vers le sommet du dôme épiblastique. Les cellules extrêmes tendent à s'appli- DÉVELOPPEMENT DU PETROMVZON PLANER I. 121 quer en une couche coiUiniic contre la face interne de l'épi- blaste. Celte couche ne tardera pas à devenir complète; elle est remarquable en ce que beaucoup plus tard encore, quand déjà les cellules plus centrales se seront confondues en une masse compacte et seront redevenues polyédriques par pression réci- proque, elle sera distincte et assez bien délimitée du côté interne. Dans la suite, quand l'épiblaste aura envalii tout l'œuf du côté ventral, la couche en question constituera une seconde couche distincte de l'œuf, emboîtée de tous côtés par l'épiblaste. Disons, dès à présent, que la couche en question constituera le mésoblasle. Ce dernier se différencie donc dès maintenant de la masse hypoblastique ou vitelline. Nous avons déjà dit que les colonnes de cellules alignées dans notre ligure 2, entre autres, sont en réalité les coupes transver- sales de plans cellulaires. On n'a, pour s'en convaincre, qu'à déplacer le foyer du microscope. On trouve de plus que deux plans voisins se rapprochent et finissent par se rencontrer, de sorte que la cavité de segmentation est maintenant subdivisée en plusieurs compartiments par des plans cellulaires anastomosées. Les compartiments (remplis, comme la cavité primordiale, d'un liquide clair) communiquent du reste ensemble, car le plan cellulaire vu de champ présente de nombreuses lacunes de la grandeur d'une cellule environ, à tel point qu'on pourrait presque dire que le plan est composé d'un réseau cellulaire à mailles relativement petites. Nous reviendrons plus loin sur les phéno- mènes de motilité et de division des cellules soulevées. Ajoutons ici que les cellules qui approchent de la voûte épiblastique s'allongent outre mesure, ont l'air de se redresser et tendent à atteindre par des prolongements la face interne de cette voûte. Bien souvent on voit comme une forêt de colonnes (sur une coupe un peu épaisse) à pied élargi inférieur, et surmontées de chapiteaux élargis dès qu'elles ont atteint la voûte (fig. 5). Dans la coupe de la figure 2, le rasoir a bien touché l'axe embryonnaire du côté dorsal, mais il a dévié sensiblement de la ligne médiane du côté ventral. Si elle était un plan médian idéal de l'œuf, la masse vitelline serait plus volumineuse. Ainsi, on 422 p. S' NUEL. n'v voit pas le noyau de cellules plus grandes, arrondies et à grains vilellins plus gros, visible dans la figure 1. Nous reviendrons plus loin sur la manière dont disparaissent les compartiments ou subdivisions de la cavité de segmentation. Revenons un |)eu en arrière pour nous occuper de la formation du tube digestif, et envisageons à cet effet la figure l,où le canal alimentaire est coupé suivant toute sa longueur. L'extrémité borgne du canal y est arrivée contre la surface libre primitive du vitellus nutritif La manière dont il s'agrandit en longueur ressort de cette figure, ainsi que de la figure 2. C'est contre la cupule alimentaire borgne que les cellules hypoblastiques s'allon- gent en plus grand nombre. Tout contre le sommet du tube, les cellules tendent à s'arrondir, leurs grains vitellins se désorien- tent : ce sont évidemment les éléments qui s'apprêtent à former paroi au tube s'allongeant rapidement, et qui le lendemain (fig. 2) aura poussé jusque dans la cavité de segmentation. H y est précédé par les cellules vitellines qui montent le long de la voûte. Ici apparaît manifestement, sur une coupe longitudinale (mieux encore sur une coupe transversale, pi. XXV, fig. 5 M) une couche cellulaire intermédiaire entre la paroi dorsale du tube digestif et répiblaste. On voit déjà dans les figures 1 et 2, et ceci se pro- noncera encore davantage dans la suite, que cette couche est continue avec celle signalée plus haut, et qui tapisse la surface interne de l'épiblaste dans toute son étendue. C'est en un mot le mésoblaste. A ce stade très primitif, nous aurions donc déjà trois feuillets enjbryonnaires sur la ligne médiane de l'embryon. La couche cellulaire qui forme la paroi dorsale du tube digestif pour- rait passer pour une couche hypoblastique. Les figures 5 et 6 sont des coupes transversales d'un même œuf, d'un stade un peu plus avancé que celui de la figure 2. Sur une coupe longitudinale d'un œuf du même stade, on verrait le tube digestif plus allongé que dans la figure 2. La figure 5 touche la masse hypoblastique; elle passe un peu au-devant du blasto- pore. La figure 6 représente la seconde coupe (de la série) qui suit celle de la figure 5,d'arrière en avant; aussi ne touche-t-elle DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERl. 425 plus le vitellus nulritif, mais seulement le système de lacunes dans lesquelles est subdivisée la cavité de segmentation. Remar- quons dans les deux ligures la disposition du tube digestif, et l'interposition, entre lui et l'épiblaste, delà coucbe que nous avons assimilée à un inésoblaste. Dans la figure 6, prise près de la téle de l'embryon, elle entoure tout l'œuf. Dans la figure 5, contre le blastopore, elle n'existe pas encore du côté ventral de l'œuf, pas plus que l'épiblaste; le vitellus nutritif y est encore à nu. Dans la figure 5, des couches de plus en plus nombreuses de cellules vitellines se soulèvent. Leur disposition, dans les figures 5 et 6 rappelle un échafaudage compliqué, servant à soutenir le tube digestif et à le porter dans l'espace le long du plafond de la cavité de segmentation. La coupe qui dans la série de cet œuf suit celle de la figure 6 ne montre plus le tube digestif. L'espace y est traversé par un réseau de plans cellulaires. Ce qui donc est différencié maintenant dans la masse hypo- blastique, c'est la couche mésoblastique et la paroi du tube digestif. Dans un stade plus avancé, nous verrons que la paroi du tube digestif se continue sans ligne de démarcation avec la masse des cellules vitellines, alors que le mésoblaste reste longtemps isolé des cellules sous-jacentes. Nous verrons que les cellules qui forment la paroi dorsale du tube digestif se transforment en corde dorsale , et que longtemps leur rangée est continue avec la masse restante de l'hypoblaste, le mésoblaste en étant séparé manifestement. Et comme cette masse vitelline va donner naissance, par une différenciation ultérieure, à l'hypoblaste définitif, secondaire (qui n'existe pas encore comme tel) , il sera loisible de dire que la corde dorsale dérive de l'hypoblaste. Dans tous les cas, nous verrons que le mésoblaste ne contribue en rien à la formation de la corde dorsale: les deux se différencient simultanément aux dépens d'une couche embryonnaire commune, qui plus tard donnera naissance également à l'hypoblaste secon- daire. Nous voyons donc que chez le Petromyzon , le mésoblaste se forme d'arrière en avant, à peu près comme Salensky l'a décrit pour le Sterlet (voyez ces Archives, t. II, p. 255). 28 424 P. J. NUEL. Avant de quitter la ligure 6, remarquons encore Tespèce de cavité ou de canal, désigné par la lettre /, situé du côté ventral, et qui pourrait en imposer pour une autre coupe du tubedigeslif. Cette configuration se rencontre dans presque tous les œufs de ce stade. La cavité restera visible, quoique de plus en plus petite, pendant plusieurs jours. Je la considère comme la lumière cir- conscrite par la lamelle cellulaire supérieure de l'hypoblasle qui s'est recoquillée sur elle-même en haut. Ce serait donc un ves- tige de la cavité de segmentation proprement dite. Elle semble constituer un tube ventral de l'embryon, situé dans l'axe longi- tudinal; bien qu'éphémère et peut-être sans signification parti- culière, elle se remarque encore dans les séries de coupes de stades beaucoup plus avancés. Généralement sa paroi unicellu- laire touche directement à l'épiblaste ventral, n'en est pas séparée par des cellules interposées. Deux questions qui se posent naturellement ici, questions débattues à plusieurs reprises sur un autre terrain, c'est-à-dire à propos des œufs de Batraciens, sont celle de l'épibolie, de l'envahissement, par l'épiblaste, du vitellus nutritif; ensuite celle de l'origine, de la provenance des cellules qui forment paroi au tube alimentaire primitif. Voyons d'abord l'épibolie. L'absence de pigmentation dans l'épiblaste, l'absence de délimitation nette (à leurs points de ren- contre) entre Tépiblaste et l'hypoblaste au point de vue de la grandeur des cellules et des grains vitellins; en d'autres mots, la transition insensible entre les deux espèces de cellules semble rendre difficile, sinon impossible, de décider, surtout du côté ventral, si telles cellules superficielles appartiennent à l'épiblaste et ont glissé jusqu'à ce niveau, ou bien si ce sont des cellules hypoblastiques superficielles. Pour ce qui est du côté dorsal, l'inspection de la figure 1 et des suivantes, surtout la comparaison avec des préparations de stades plus jeunes, ne laissent pas de doute que l'épiblaste y a glissé jusque contre le blastopore. Du côté ventral , la chose devient plus problématique. Pendant des jours encore, on y voit à peu près ce qui existe dans les figures i, 2 et 5; c'est-à-dire DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANER I. 425 que rien n'indique que Tépiblasle ait glissé ici sur la surface de la masse hypoblastique. L'épibolie finira cependant par s'effectuer également du côté ventral. Je possède une coupe, je dirais idéale, suivant le plan médian d'un embryon du commencement du neuvième jour. Jusque tout contre le blastopore, du côté ventral, la rangée cellulaire superficielle a des grains vitellins un peu plus petits que ceux des cellules sous-jacentes; mais ce qui me semble ré- soudre définitivement la question, toutes les cellules de la rangée superficielle portent à leurs extrémités internes les vésicules claires, dépourvues de grains vitellins et de protoplasme, signalées plus haut à l'extrémité interne des cellules du dôme de la cavité de segmentation. La couche cellulaire superficielle en question^ bien que touchant intimement les cellules sous-jacentes, en est donc séparée par une bande claire très nette, analogue à celle que, dans les premiers stades, on trouve partout entre groupes cellulaires de dignité différente. Je ferai remarquer ici que dans cette préparation du neuvième jour, cette couche épiblastique produit bien une petite saillie, un mamelon peu prononcé, tout contre le blastopore, mais qu'à aucun stade je n'ai trouvé entre lui et l'hypoblaste sous-jacent un cul-de-sac véritable, une portion caudale du tube digestif, comme cela est le cas pour les Batraciens anoures. D'après les recherches de Scott et Osborn (1), les Tritons ressemblent sous ce rapport au Petromyzon, Pour ce qui est de la provenance (épi = ou hypoblastique) des cellules qui forment la paroi du tube digestif primaire, on sait que chez les Batraciens anoures, elles sont au moins en partie, c'est-à-dire du coté dorsal, et contre le blastopore, de l'aveu de presque tous les auteurs , des cellules épiblastiques; le plan des cellules épiblastiques s'étant incurvé contre l'anus et replié sur lui-même, pour quelques auteurs, et, pour d'autres auteurs, cette portion du tube digestif n'étant autre chose (1) Scott et Osiîorn, On some points in the Devel. of the Common NewtiTì^i- TON TAENiATUs); ìd Quart. Journ. of Microsc. Science, i879. 426 p. J. NUEL. qu'une fente entre l'épiblaste et l'hypoblaste. Gœlte (1) va même jusqu'à prétendre que la paroi dorsale du tube alimentaire pri- mitif est dans toute sa longueur une couche épiblastique repliée. Si, à ce propos, nous consultons notre criterium de la grandeur des grains vitellins, nous ne trouverons guère de faits parlant en faveur d'une origine épiblastique de la paroi dorsale du tube digestif (pour les parois ventrale et latérale, il n'y a pas le moindre doute à ce sujet, comme nous le verrons). Déjà, dans le bourrelet qui forme la transition entre la paroi du tube digestif et l'épi- blaste, nous voyons les grains vitellins augmenter de calibre, et cela dès la première apparition du tube alimentaire; c'est en effet à ce premier stade seulement que la question peut êlre réso- lue. A partir du bourrelet (voyez la fig. d et surtout la fig. 2), les grains vitellins de la paroi du tube alimentaire augmentent de calibre, et à une petite dislance du blastopore, surtout dans les stades primitifs, ils ont les mêmes dimensions que ceux du vitellus hypoblasiique proprement dit. La question qui nous occupe ne pourrait donc être posée, chez le Petromyzon, que pour les deux ou (juatre premières cellules à partir du blastopore. Dans tous les cas, et avant même que le tube ait franchi la limite de la masse hypoblastique, les cellules qui forment la paroi du sommet borgne du tube ne se distinguent en rien des cellules vitellines plus ou moins ellipsoïdales qui les environnent (fig. Ì). De tout ceci je conclus que si, chez le Petromyzon, il y a invagination de l'épiblaste contre le blastopore, elle est très insignifiante. Les cellules de la paroi dorsale du tube alimentaire primaire (c'est-à-dire la corde dorsale) proviennent, non de l'épiblaste, mais de la masse hypoblastique commune. Dans les stades un peu plus avancés que celui de la figure 2, les cellules de la paroi dorsale du tube digestif sont à grains vitellins plus ou moins petits, à une distance assez grande du blastopore (fig. 6). Cette petitesse relative des grains est surtout manifeste par la comparaison avec les cellules mésoblastiques (1) A. GoETTE^ Die Enltviekelungsgeschichte der Unke {Bombinalor iyueus). Leipzig, 1875. DÉVELOPPEMENT DU PETReMYZON PLANERI. 427 attenantes. Leur calibre toutefois restera encore longtemps un peu supérieur à celui des grains de l'épiblaste dorsal du même niveau (même figure). Nous sommes ici en présence d'un phéno- mène général, dont nous trouverons encore beaucoup d'exemples, et qui consiste en ce que, dans les cellules de parties qui viennent de se différencier (de la masse hypoblastique, par exemple), et sontîe siège d'une activité particulière, les grains vitellins dimi- nuent rapidement de calibre; bientôt cette particularité les mar- quera nettement au milieu des éléments|environnant auxquels ils ressemblaient tout à fait. Il en est ainsi de la corde dorsale qui est en question ici, car la paroi dorsale du tube alimentaire primaire constitue (Calberla) la première ébauche de la corde dorsale. Dans la notocorde, un des organes les plus primitifs, les grains deviendront même dans quelques jours aussi petits que ceux de l'épiblaste, et finiront par disparaître, au moins en partie. Il en sera bientôt de même de cette partie du mésoblaste qui avoisine la corde dorsale, et qui ne tardera plus beaucoup à proliférer et à s'épaissir nota- blement. Nous verrons aussi se produire le phénomène inverse. Dans certains organes dont les éléments rentrent dans un repos rela- tif pour quelque temps, dans l'épiblaste notamment, nous verrons les grains vitellins augmenter de calibre au point d'égaler ceux du vitellus. Ceci toutefois n'a lieu que beaucoup plus tard. Revenons aux parois ventrale et latérales du tube alimentaire primaire. Ici le doute n'est plus permis. Au début, les cellules de ces parois ne se distinguent en rien des cellules sous-jacentes, qu'elles touchent sans autre ligne de démarcation (fig. 1, 2, 5 et 6). Nous conclurons donc que la paroi du tube alimentaire pri- maire se différencie au sein de la masse hypoblastique, tout en admettant que les quelques cellules dorsales, contre le blasto- pore, puissent dériver de l'épiblaste. Si nous n'avions pas les faits observés sur les Batraciens anoures, nous n'hésiterions pas à considérer toute la corde dorsale comme une formation hypo- blastique. 428 p. J. NUEL. Le développement ultérieur de Tœuf est le suivant. Des lamelles de plus en plus nombreuses de cellules vitellines se soulèvent, affectant des anastomoses de plus en plus nombreuses; finalement la cavité de segmentation est en quelque sorte tra- versée par un réseau très développé de lamelles cellulaires percées elles-mêmes de lacunes, le réseau délimitant un système très compliqué d'espaces lacunaires. Celui qui verrait une coupe d'un œuf un peu plus avancé que celui des figures 5 et 6, sans avoir connaissance des stades antérieurs, ne soupçonnerait guère qu'il assiste à la dernière pbase d'un phénomène aussi curieux. Les lacunes intercellulaires deviennent de plus en plus petites, les cellules, de fusiformes deviennent des ellipses de moins en moins excentriques, pendant que les grains vitellins se déso- rientent. Enfin, les cellules s'arrondissent, se touchent, et rede- viennent polyédriques par pression réciproque (fig. 7). Dès lors il n'y a plus de trace de la cavité de segmentation (à l'exception du tube ventral dont nous avons parlé plus haut, et qui finit par disparaître plus tard). Hâtons-nous d'ajouter que ce qui précède n'implique pas une augmentation du volume des cellules hypoblastiques, comme on pourrait être tenté de l'admettre en considérant que la capacité du tube alimentaire est loin d'égaler celle de la cavité de seg- mentation. La disparition des espaces intercellulaires est en effet accom- pagnée d'un affaissement très notable de tout l'œuf, surtout de la voûte épiblastique. On observe du reste à l'œil nu, mieux encore à la loupe, qu'à cette période de l'évolution (dès ce moment surtout il est permis de parler d'un embryon) l'œuf diminue notablement de volume — approximativement d'un bon tiers. Cet affaissement de la voûte épiblastique est lié intimement à l'envahissement, par les cellules vitellines, de la cavité de segmentation; au moins pour une large part, il est le fait d'une traction exercée sur la voûte par les cellules hypoblastiques. C'est l'examen de la série d'œufs dont fait partie celui de la figure i , qui a attiré mon attention sur des phénomènes de traction exercée par ces cellules. La fécondation artificielle de ces œufs DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANER 1. 4!29 a été pratiquée très tôt dans la saison, et leur première évolution s'est faite à une lenfjpérature assez basse (5-8") et a marché très lentement. Les autres figures sont dessinées d'après des œufs fécondés plus tard; la température à Tombre n'est guère descendue au-dessous de 10°, et leur évolution a marché plus rapidement. On connaissait bien l'influence de la température sur la rapi- dité de révolution embryologique, mais ce qu'on ignorait, c'est que la température influence les phénomènes intimes de l'évolu- tion au point que celui qui aurait examiné les œufs de nos deux séries, sans connaître leur provenance, aurait pu croire qu'il s'agissait d'œufs de deux espèces voisines. Ce qui est surtout ralenti dans la première série, c'est la locomotion des éléments cellulaires. L'évolution des cellules elles-mêmes, leur division, etc., ne le sont pas au même degré. Ainsi dans la ligure % un stade d'évolution plus avancé que celui de la figure 1 , les cellules sont néanmoins plus volumineuses encore, moins segmentées que dans la dernière; par contre, celles de l'épibîaste se sont déjà disposées sur une rangée, alors que dans la figure 1 , elles sont encore par endroits sur deux rangées. Dans la figure 1, les cellules épiblastiques surtout ressemblent déjà plus à celles d'un epithelium cylindroïde, leur longueur l'emportant sur 1 épaisseur beaucoup plus que dans la figure 2. Mais ce qui marche par contre avec une lenteur relati- vement grande dans la première série, c'est l'envahissement (le la cavité de segmentation. Les cellules vitellines semblent manquer de l'énergie nécessaire pour franchir l'espace considé- rable. Aussi avancent-elles plus lentement le long de la voûte épiblastique, en rangs plus compactes. Dans les œufs de la première série (à un stade un peu plus avancé que celui de la figure i) le tube digestif a déjà dépassé le niveau primitif du vitellus, sans que la cavité de segmentation soit envahie dans toute son étendue. La formation du tube alimentaire ressemble davantage à ce que Strieker, entre autres, a décrit chez les Batraciens anoures. — Dans les œufs de la seconde série, au contraire , la migration des cellules étant corn- 430 p. J. NUEL. menccc dans l'angle (d'union de l'épiblaste avec le vitellus) dorsal, il suffît d'un quarta un demi-jour pour que les choses se trouvent en l'état de la figure 2. Du commencenient du sixième jusque près du septième jour, tous les œufs de la seconde série avaient évolué à travers les stades des figures % 5 et 6. Le phénomène est donc assez fugace. On remarquera sur la figure 1, planche XX IV, une inflexion de l'épiblaste, précisément à l'endroit où les cellules vitellines mon- tent le long de la voûte. Il ne faudrait pas croire que ce soit là un détail accidentel. Le fait est que tous les œufs de cette pre- mière série offrent pendant ce stade la même particularité. Elle se traduit sur Tœuf vivant par une échancrure transversale assez allongée (sur un sixième de la circonférence de l'œuf) parfaite- ment visible à la loupe et même à l'œil nu. Je l'avais remarquée comme un fait général sur tous les œufs de la première série (fig. H). Dès son apparition, elle était dirigée suivant l'équateur de l'œuf, ce dernier étant orienté dans l'eau avec la cavité de segmentation en haut. On voyait, grâce à la translucidité de l'épi- blaste,que l'hémisphère supérieur élait creux, l'inférieur opaque, jaunâtre. Poursuivant le phénomène, j'ai vu sur tous les œufs ce croissant échancré (qui entre parenthèse m'en avait impose d'abord pour le blastopore) remonter insensiblement vers l'hémi- sphère supérieur, pendant que la cavité de segmentation (visible à travers l'épiblaste translucide) disparaissait dans la même mesure. L'endroit abandonné par le croissant était opaque, alors qu'au-dessus de lui les parties étaient encore translucides. Arrivé près du pôle supérieur de l'œuf, le croissant s'efl'açait, et à ce moment tout l'hémisphère supérieur était devenu opaque, et notablement plus petit. Grand fut donc mon étonnement en ne voyant pas apparaître cette échancrure sur les œufs de la seconde série. Je croyais que j'avais sous les yeux des œufs gâtés, à développement irrégulier. Il n'en était rien cependant. L'apparition du système nerveux (visible à l'œil nu) me montra, quelques jours plus lard que l'évo- lution marchait même plus vite que dans la |)remièrc série, et l'éclosion de tous les œufs, l'apparition d'embryons très vivaces, DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 4o1 démon Irèrcnt qu'elle s'était faite dans des conditions au moins aussi bonnes que pour la première série (I). Fig. H. - OEuf (de la première série) vu à la loupe, au moment où l'hypoblaste commence à émigrer dans la cavité de segmentation, le long du dôme épiblastique. Ii. s. hémi- sphère supérieur, creux; e, échancrure de l'œuf produite par la traction exercée sur la couche épiblastique par les cellules émigrantes; ch, chorion; ht, endroit du blastopore. L'examen microscopique des œufs donne l'explication de la ditïérence dans l'évolution. Dans la première série, les cellules vitellines avancent péniblement, mais en rangs plus serrés, le long de la voûte. Elles exercent à leurs extrémités une traction localisée sur une partie circonscrite de la couche épiblastique, qui cède à la traction et s'affaisse. Les cellules fusiformes avançant toujours, elles attirent des parties de plus en plus élevées de la voûte; l'endroit que quitte Téchancrure reste opaque pour l'examen à la loupe; la raison en est qu'alors l'épiblaste y est tapissé par les cellules vitellines émigrées. Regardant de plus près le phénomène, présenté par les œufs de la première série, on trouve que l'opacité qui monte le long de la voûte, derrière Téchancrure, constitue une espèce de triangle dont la base est en bas, contre le niveau supérieur de la masse (t) Considérant que les œufs sont ordinairement déposés dans de minces filels (l'eau, sur un fond sablé où le soleil d'avril, souvent assez chaud, arrive libre- niciil, je tà( lierai à l'avenir d'imiter ers conditions. On voit que, sous ce rapport, les œufs de la seconde série so sont développés dans des conditions pins normales que ceux de la première. 452 p. J. NUEL. hypoblastique, et le sommel en haul, vers le milieu de Téchan- crure. Nous savons déjà que I'hypoblaste emigre aussi sur le reste du pourtour de Tœuf, mais pas aussi vite que suivant l'axe de l'embryon; c'est là la signification de Tangle en question. L'envahissement unilatéral de la cavité de segmentation pro- duit un phénomène curieux de bascule de tout l'œuf. On sait qu'après la ponte, avant et pendant la segmentation, quelle que soit la position qu'on imprimeà l'œuf, le vitellus subit, à l'intérieur du chorion, une rotation qui place le pôle actif en haut. Il faut donc croire qu'avant la segmentation, le vitellus à gros grains a un poids spécifique plus élevé que le vitellus à petits grains de l'hé- misphère supérieur; on peut en conclure que les grains vitellins sont plus lourds que le protoplasme qui les englobe. — Une fois la segmentation commencée et la cavité de segmentation déve- loppée dans l'hémisphère supérieur, il y a une raison de plus pour que ce qui correspond au pôle actif d'un stade plus jeune se place toujours en haut. Aussi la première ébauche du blasto- pore est située au pôle de l'œuf tourné en bas. L'axe longitudinal de l'œuf (et de l'embryon) est jusqu'ici vertical. Mais quand I'hy- poblaste commence à envahir le côté dorsal de répiblaste,ce côté devient spécifiquement plus lourd que le côté ventral ; l'œuf bas- cule, le côté dorsal de l'embryon tend à devenir inférieur, et l'axe embryonnaire se rapproche sensiblement de l'horizontale. Plus tard l'embryon se redresse plus ou moins, quand la cavité de segmentation a disparu et quand le tube digestif est formé dans toute sa longueur. C'est que la partie céphalique de ce tube (située à l'endroit du pôle actif de l'œuf) est beaucoup plus large, plus béante, que le reste de son étendue : la tête sera spécifique- ment la partie la moins lourde de l'embryon. Pourquoi l'échancrure ne s'est-elle pas produite sur les œufs de la seconde série? L'examen microscopique a pleinement élu- cidé ce fait surprenant. La cavité de segmentation a été envahie rapidement, et presque simultanément de tous les côlés, dans l'espace de quatre à cinq heures; la traction exercée par les cellules hypoblastiques émigrées ayant eu lieu à peu près simul- tanément sur toute l'étendue de la voûte, il n'y avait pas de raison DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZOïN PLAiNERI. 455 pour que telle partie s'affaissât avant les autres : la voiUe a cédé dans son ensemble, en même temps qu'elle est devenue plus opaque à peu près partout. On remarquera dans I echancrure de la figure 1 une disposi- tion des cellules épiblastiques qui démontrera plus péremptoire- ment encore qu'il s'agit bien là d'une traction exercée sur l'épiblaste par les fuseaux hypoblastiqucs. Les cellules épiblas- tiques n'y sont plus disposées radiairement par rapport au centre de l'œuf, comme partout ailleurs; elles sont déviées de celte direction et se placent avec leurs grands axes suivant les longs axes des cellules hypoblastiqucs : on conçoit qu'il puisse en être ainsi si les dernières exercent la traction indiquée. Encore une fois, ce n'est pas là une disposition accidentelle; elle se retrouve à ce stade sur tous les œufs de la première série , pour peu que l'échancrure soit prononcée. Quand l'émigration a commencé du côté ventral, on trouve également, au microscope, une semblable inflexion de l'épiblaste à ce niveau. Seulement, elle n'est jamais aussi prononcée que du côté dorsal. Je ne l'avais remarquée sur le vivant, ni à l'œil nu, ni à la loupe (il s'agit toujours des œufs de la première série). D'après ce qui précède, la voûte épiblastique s'affaisse d'abord suivant une partie d'un méridien; nous verrons que c'est l'axe embryonnaire, suivant lequel l'épibolie s'est déjà effectuée plus rapidement que partout ailleurs. Du côté ventral et sur les côtés (sur les flancs de l'embryon), les cellules hypoblastiqucs se sou- lèvent également, et la voûte s'y aflàissera aussi. L'affaissement y sera même plus prononcé que suivant le dos de l'embryon ; l'œuf s'aplatira suivant les flancs de l'embryon. Nous verrons plus loin que probablement la présence du tube alimentaire empoche l'hypoblaste de céder à la traction autant que dans le n sie de la surface de l'œuf. Arrivé à co point de notre expose, nous pourrons nous arrêter un moment et insister encore sur les phénomènes curieux que nous avons vu se passer dans notre œuf de Pelromyzon. Mes observations résolvent déhnitivement, pour ce qui regarde l'œuf 434 p. J. NUEL. de Petromyzon, la question de savoir jusqu'à quel point la paroi dorsale du tube alimentaire primaire, c'est-à-dire la corde dorsale, dérive de l'épiblaste. Nous venons de voir que celte corde est dans toute son étendue une formation hypoblastique. L'œuf de Petromyzon est l'objet le plus favorable pour étudier la manière dont disparaît la cavité de segmentation, et pour trouver le moteur qui fait que les cellules hypoblastiques arrivent à tapisser le dôme épiblastique. M. Strieker (i) le premier invoqua, chez les Batraciens anoures, une émigration de ces cellules en vertu de leur contractibilité propre; sa manière de voir fut défendue plus récemment par Romiti f2) et Moquin-Tandon (5). Cependant, à en juger d'après des publications qui ont paru dans les dernières années, leur interprétation des faits ne s'impose pas avec une évidence assez grande pour entraîner la conviction. Pour le prouver, je n'ai qu'à citer les opinions queGolubew (4) Gœtte (5) et Scott (6) ont défendues, les deux premiers à propos des Anoures, le dernier précisément à propos du Petromyzon Planeri. Pour Golubew, les cellules hypoblasliqucs (de Bufo cinereus) proliféreraient, s'allongeraient dans le sens vertical, et repous- seraient en haut des cellules superposées. Faisons observer ici que Golubew paraît avoir vu, chez le Crapaud commun, quelque chose d'analogue à ce que nous avons observé au sujet de nos cellules émigranles. Seulement il place les cellules allongées, non pas dans la cavité de segmentation, mais profondément dans la (1) s. Stricker, Untersuch. uebcr d. ersten Anlagen in Batrachier-Eùrn, in Zeilschr. f. wiss Zoologie, t. XI. p. 315. 1861. (il) G. Romiti, Zur Entwickelung von Bufo cinereus, in Zeilschr. f. wiss. Zoologie, XIII, p. 431, 1873. (3) G. Moqdiìv-Tandon, Recherches sur les premières phases du développement des Batraciens anoures, Annales des sciences naturelles, 6™« série, t. Ill, n" 1, Ì876. (4) A. Golubew, Beitràge zur Enttvicklungsgeschichte d. Batrachier, in Rol- lelt's Untersuch. aus cl. Institut fur Physiologie in Graz. 1870, 1" fase, p. 88. (5) A. GoETTE, Die Entwickelungsgeschichtc der Unke {Bombinator igneus). Leipzig. 1875. Ce travail d'ensemble reproduit et étend ce qui avail paru dans divers articles antérieurs. (6) Scott, loc cit. DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 435 masse vitelline, dans le blastopore. Les cellules superiicielles seraient refoulées passivement. Gœlte poursuit dans ses dernières limites une idée exprimée par Van Bambeke (Pélobate) (1), celle d'un plissement de l'épi- blaste. D'après le premier auteur, tous ces phénomènes seraient la conséquence d'une extension de l'épiblaste en étendue; il se replierait sur lui-même, et ses éléments continuant à se multiplier, surtout contre le blastopore, la partie repliée serait repoussée en haut, et glisserait le long de la face interne de l'épiblaste vers le pôle supérieur de l'œuf, refoulant lui-même en haut une partie des cellules hypoblastiques. Gœlte prétend que (chez le Bombi" nator igneus) la paroi, dorsale du tube alimentaire est dans toute sa longueur, jusque dans la lêle, la couche épiblaslique ainsi repliée et refoulée; le repli irait même plus loin, et constituerait la paroi ventrale du tube dans la portion cervicale. Enfin, Scott se borne à parler d'une invagination de l'hypoblaste à l'endroit du blastopore, dans le sens que Remak a donné à ce mot. En fin de compte, il ne s'explique pas sur la cause mécanique prochaine de cette invagination. L'auteur semble admettre que la grandeur du tube alimentaire suffît pour expliquer la dispa- rition de la cavité de segmentation. INous n'entreprendrons pas déjuger ces opinions à la lumière des faits que nous avons mis en évidence. Certes, la cause pro- chaine, mécanique, de la formation du tube alimentaire nous échappe à nous aussi. L'explication donnée par Gœtte sourit à première vue, mais elle tombe quand on considère que chez le Petromijzon au moins, l'épiblaste n'entre guère dans la consti- tution de la paroi alimentaire. Mais ce qui nous semble ressortir avec une évidence très grande de nos observations, c'est que les cellules hypoblastiques ne sont pas refoulées simplement vers le dôme épiblastique, dans la lumière de la cavité de segmentation. En vertu de leur contractilité, les cellules hypoblastiques super- (1) Ch. Van Bambeke, Recherches sur le développement du Pélobate brun, dans les Mémoires couronnés de l'Académie royale des sciences, etc., de Belgique, 1868. Présenté le 6 avril 1867. 436 p. ». NUEL. ficielles s'allongent et montent dans Tespace de la cavité de segmentation. Arrivées à se cramponner au dôme épiblastique, elles constituent un point d'appui aux cellules qui montent après elles, et en même temps elles exercent sur le dôme lui-même une traction assez forte pour l'attirer en dedans. La présence de réchancrure du dôme dans la figure 1, la direction que prennent à ce niveau les cellules épiblastiques, et l'affaissement général du dôme épiblastique constituent, nous semble-t-il, des preuves évidentes de cette traction. La cavité de segmentation avait été subdivisée en des loges nombreuses par les lamelles cellulaires qui la traversent; mais sa lumière proprement dite disparaît, avant tout par suite de l'affaissement du dôme, et pour une petite partie par la présence de la lumière du tube alimentaire. La contraction de l'œuf qui en résulte est considérable (malheureusement je n'ai pas encore pris sur le vivant des mesures exactes; comparez du reste la figure 9 avec les figures i et 2) ; j'estime que l'œuf se réduit aux deux tiers au moins de son volume. J'ignore juqu'à quel point une telle contraction s'observe chez les Batraciens anoures. D'après des observations incomplètes, elle y paraît avoir lieu en effet, mais dans une mesure beaucoup plus faible. Ceci résulte déjà de la considération que, chez ces animaux, la cavité de segmentation est relativement beaucoup plus petite, et la lumière du tube alimentaire beaucoup plus grande que chez le Petromyzon. La petitesse de la cavité de segmentation constitue aussi un obstacle à l'observation des phénomènes d'émigration des cellules hypoblastiques, puisque l'espace à parcourir est moins grand, et que partant le phénomène, une fois commencé, est plus vite achevé. (Le développement de l'œuf des Anoures marche plus vite que celui de Petromyzon). Il est vrai qu'aucun auteur n'a décrit quelque chose de ce genre chez les Anoures. Mais cela ne prouve rien, attendu que Calberla et surtout Scott, qui ont fait leur recherches sur le Petromyzon, n'en soufflent mot. Et cependant Scott donne des figures où la cavité de segmentation est en train de disparaître ; les cellules qui font irruption dans la cavité de segmentation DÉVELOPPEMEiNT DU PETROMYZON PLAiNEKI. 437 sont dessinées SOUS forme de polyèdres, de cubes, précisément comme on l'a bien souvent figuré chez les Anoures. Étant donc donnés ces phénomènes évidents de contraclilité des éléments hypoblastiques et d'une traction exercée par elles dans le sens de Taxe du tube alimentaire, on ne saurait se défendre de l'idée que cette traction soit pour quelque chose dans la production du tube alimentaire. Nous n'oserions toutefois pas trop insister sur cette manière de voir. L'aspect particulier des cellules hypoblastiques mérite de fixer encore un moment notre attention. Et d'abord, cette orientation transversale des grains vitellins, si générale et si caractéristique, est certes l'expression directe de forces intracellulaires. En pré- sence des signes évidents d'une tension des cellules et des files cellulaires dans le sens de la longueur, on se serait attendu à trouver plutôt une orientation dans le sens de la longueur. Des orientations de ce genre s'observent également lors des premières divisions de l'œuf; elles formeront le sujet d'une communication ultérieure. En même temps que les cellules émigrent, elles se subdivisent rapidement. Je conclus à cette division, non pas que j'aie vu à ce stade des signes évidents dece processus, notamment les figures nucléaires caractéristiques (figures qui se rencontrent à chaque pas au début de la segmentation proprement dite), mais parce que ces cellules diminuent rapidement de calibre. Il me paraît probable que la division des cellules se fait transversa- lement à leur grand axe. En effet, si nous fixons notre attention sur les points de contact entre cellules allongées, nous voyons ordinairement une ligne bien nette, continue avec la ligne qui représente la membrane cellulaire, séparer les deux fuseaux à leur petite surface de contact. On voit de nombreux exemples dece genre dans nos figures. Dans des cas rares toutefois, celte ligne de démarcation fait défaut, par exemple dans la figure 4 A, et en plusieurs endroits de la figure 2. Il est tout naturel de mettre ces figures en rapport avec la division cellulaire. Les noyaux cellulaires, dont l'aspect permettrait de résoudre la ques- tion, sont à ce stade complètement masqués par les grains vitellins. 458 1». J. NUEL. Cependant, le fait de deux fuseaux communiquant ensemble est passible d'une autre explication. La figure 4, G éveille l'idée que ces prolongements soient des espèces de pseudopodies, des bras émis par les éléments cellulaires à travers lesquels la masse proloplasmique avec les grains vitellins puisse s'écouler en quelque sorte et changer de place. On dirait que dans la ligure 4, B, un de ces prolongements à membrane bien accusée, arrivé contre une cellule voisine, en ait corrodé l'enveloppe au point de contact, de manière que les deux vésicules cellu- laires communiquent directement, à travers une espèces de tube très mince. Enfin, la figure A, où la même cellule est reliée à deux autres, semble indiquer qu'à l'aide de ces pseudopodies, deux cellules puissent se mettre en rapport direct, échanger leur protoplasme ; peut-être que le protoplasme de l'une peut, de celte manière, s'écouler en partie ou même tout à fait dans l'enveloppe d'une cellule voisine. Enfin, la figure 3 représente le dôme de la cavité de segmen- tation au moment où celle-ci est sur le point de disparaître complètement. Ne dirait-on pas qu'on y voit les cellules faire des efforts pour s'allonger et pour arriver à s'accrocher au dôme épiblastique? C. — Formation des feuillets embryonnaires. Deux travaux récents, de Calberla et de Scott (loc. cit.), s'occupent tout spécialement de la formation des feuillets embryonnaires et de la corde dorsale chez le Petromyzon. Je suis arrivé à la conclusion que, sous plus d'un rapport, la description de Calberla n'est pas conforme aux faits, et que celle de Scott méconnaît, ou plutôt ignore une phase, importante au point de vue théorique, de la formation du mésoblaste. Ces recherches sont achevées depuis plus d'une année, et elles allaient être publiées, lorsque la lecture de la communication préalable de DKVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANEHI. 439 Scott (1), dans laquelle cet auteur declare que pour ce qui regarde la formation des feuillels,il doit confirmer pleinement la descrip- tion de Calberla, éveilla chez moi le désir de refaire tout le travail sur une nouvelle série d'œufs (Vais. Entre-temps parut le travail étendu de Scott, fait d'après les préparations de Calberla lui-même, et dans lequel il redresse certaines erreurs de ce der- nier, conformément à la description que nous allons donner de cette évolution. A part donc la première ébauche du mésoblaste, que Scott n'a pas vue, nos descriptions concordent parfaitement. 11 est un autre point dans le travail de Scott qui démontre qu'il ne faut pas toujours accorder une trop grande importance aux communicalions préalables, faites souvent à la hâte. Dans son premier écrit, Scott signale le détail curieux que, primitivement, des cellules hypoblastiques seraient contenues dans le dôme de la cavité de segmentation. Mais dans la seconde publication, il ne revient plus sur cette assertion. Il me semble pourtant qu'il aurait dû nous expliquer la chose, ou bien reprendre son assertion, si, comme c'est mon opinion, elle est fausse. Nous n'avons pas besoin d'expliquer dans tous ses détails la formation des feuillets; nous insisterons seulement sur certains points mal décrits chez Calberla et Scott. Et d'abord, Fecloderme ou épiblaste renferme toutes les cellules dérivant des quatre seg- ments supérieurs de l'œuf, délimités par l'apparition du troi- sième sillon segmentaire. Les dérivés de ces quatre cellules ont constitué le dôme de la cavité de segmentation; peu à peu cette couche superficielle a envahi par épibolie le segment inférieur. Rappelons-nous encore que du côté dorsal de l'embryon, là où elle va donner naissance au système nerveux central, la couche épiblastique est plus finement granulée que du côté ventral ; en ce dernier lieu, les grains vilellins acquièrent presque le volume de ceux de l'hypoblaste. Scott non plus n'admet que l'épiblaste s'invagine dans le blastopore, pour entrer dans la constitution de la paroi dorsale du tube digestif. (1) Scott, ForlaUfìge Mittheilung ueher d. Entivickelungsgeschichte der Pelromyzonten, in Zoologischer Anzeiger, 1880, p. 422 et 443. 29 440 p. J. NUEL. Nous voyons donc qu'en somme, dans les premiers stables de l'évolution, la présence de beaucoup de vitelline dans un élément cellulaire ou dans une portion de protoplasme, semble ralentir l'activité de ces parties, en retarder l'évolution. En effet, ce qui dans l'œuf se segmente d'abord et plus vite, c'est Thémi- splière,ou plutôt la calotte supérieure,pauvre en grains vitellins. On dirait que le protoplasme, moins embarrassé de substances hétérogènes, vitellines, y est plus actif. Plus tard, quand la cavité de segmentation est développée, cette partie de son dôme qui est moins encombrée de grains vitellins envahit plus rapidement la masse hypoblastique. Enfin, il n'est pas impossible que cette pureté relative de ce protoplasme, et par suite son activité plus grande, soient la cause pour laquelle, en cet endroit, l'épiblaste prend plus tard ce développement prédominant qui conduit à la formation du système nerveux central. Les deux feuillets embryonnaires inférieurs, cela ressortira clairement des développements suivants, dérivent des quatre segments inférieurs délimités par le troisième sillon segmentaire. Les subdivisions de ces quatre grosses cellules, toujours farcies de gros grains vitellins, constituent le plancher de la cavité de segmentation, ou bien la masse vitelline, la masse de vilellus nutritif des auteurs. Nous l'avons déjà dit, aucun de ces proto- plasmes ne disparaît par résorption. D'un autre côté, la même masse donne naissance au feuillet moyen, et à toutes les forma- tions dérivant du feuillet inférieur ou hypoblaste des Vertébrés supérieurs. Nous avons préféré donner à l'ensemble de ces cellules le nom de masse hypoblastique ou à' hypoblaste primitif (Balfour), qui plus tard donnera naissance au mésoblaste et à Vhypoblaste définitif. Ce dernier ne constitue réellement un feuillet que beaucoup plus tard. Une partie de ses éléments reste encore longtemps au repos, formant l'amas de grandes cellules dont nous avons déjà parlé. Ce n'est que quand le foie et le tube digestif définitif se sont formés que l'hypoblaste est constitué par- tout par une couche cellulaire unique, ou plutôt par un tube ramifié (dans le foie, par exemple), formé d'une seule couche cellulaire. Nous reprenons donc, pour le Petromyzon, l'opinion DEVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 441 ancienne de Rusconi, de Prévost et Dumas, ainsi que de Remak, à laquelle se rallient plus ou moins clairement Strieker et Van Bambeke, et d'après laquelle tous les globes segmenlaires entre- raient, chez les Anoures, dans la constitution de l'embryon ; il n'y aurait pas de vitellus nutritif, en ce sens que certaines cellules seraient résorbées intégralement plus tard et serviraient à la nutrition d'autres parties de l'embryon. Dans une communication ultérieure, je produirai en détail les preuves de cette manière de voir. Ce qui précède ne veut pas dire que des éléments d'une cellule ne passent pas dans une autre. Bien au contraire, nous sommes déjà tombé sur des images microscopiques qui semblent démontrer que le protoplasme d'une cellule peut passer, à tra- vers des espèces de pseudopodies, dans une cellule voisine. Quoi- que cela ressorte de stades qui ne concernent pas la présente communication, nous ajouterons cependant que plus tard, quand l'embryon est ébauché dans tous ses détails, on voit surgir dans les cellules ectodermiques dorsales de très gros grains vitellins, à commencer parleur extrémité interne, là oii la membrane cellu- laire est soulevée en ampoule claire; que ces gros grains devien- nent de plus en plus nombreux , et finissent par remplir toute la cellule ectodermique, au point que sous le rapport de la grosseur des grains vitellins, il n'y a plus de différence entre les cellules ectodermiques et les cellules méso-et endodermiques. En ce sens donc, la masse hypoblastique sera un vitellus nutritif, parce qu'elle renferme le gros de la vitelline, dont une partie devra passer plus tard dans les cellules épiblastiques. Ce passage s'opère- t-il directement? Les grains vitellins passent-ils en entier, peut- être avec un peu de protoplasme, d'une cellule à l'autre? Ou bien les grains vitellins se dissolvent-ils préalablement pour passer dans les éléments épiblastiques, et se reformer à l'état solide après leur passage à travers les deux membranes cellulaires ? Pour la formation des deux feuillets inférieurs, revenons à nos figures. Nous avons vu qu'entre le tube alimentaire et l'épiblaste s'interpose une couche unique de cellules hypoblastiques, que celte couche tend à constituer une enveloppe à tout l'œuf, et 442 p. J. NUEL. restera longtemps encore distincte de la masse hypoblastique plus centrale. Presque dès le commencement de son apparition, les grains vitellins de cette couche sont plus gros que ceux de la paroi dorsale du tube alimentaire. Nous avons vu en effet que ces derniers diminuenl rapidement de calibre. Naturellement, les grains de la couche en question sont notablement plus gros que ceux de Tépiblaste du même niveau. Du reste, la couche en question est nettement séparée de l'épiblaste par la zone claire constituée par l'ensemble des ampoules ou vésicules claires qui se trouvent aux extrémités internes des cellules épiblastiques. Des ampoules du même genre ne tardent pas à se montrer aux extrémités externes des cellules qui constituent la paroi dorsale du tube digestif (fig. \ et 2). Celte particularité dénote bien que les deux espèces de cellules, du tube alimentaire et de la couche superposée, sont dès ce moment quelque chose de très hétéro- gène, et donneront lieu à des parties d'importance différente. Pour arriver à démontrer que la couche intermédiaire en question est la première ébauche du mésoblasle, nous devons envisager des stades ultérieurs, pousser jusqu'au moment oii le mésoblaste est bien caractérisé comme tel, et voir si nous trou- vons à rebours toutes les transformations intermédiaires abou- tissant à la couche de cellules hypoblastiques périphériques qui passe entre l'épiblaste et la paroi dorsale du tube digestif. Et d'abord l'état que représentent les figures 1, 2, 5 et 6 ne dure pas longtemps. On ne trouve bientôt plus de couche cellu- laire interposée entre l'épiblaste et le tube digestif. Le fait est que vers l'époque oil les espaces lacunaires, vestiges de la cavité de segmentation, vont s'effacer par suite de l'affaissement du dôme épiblastique, le mésoblaste disparaît au niveau du tube digestif. Pour celui qui se donnera la peine d'examiner soigneusement des œufs de stades assez rapprochés, il n'y aura pas de doute que les cellules intermédiaires ne soient refoulées des deux côtés, comme cela ressort de la figure 7. On ne doit pas s'attendre à trouver toujours et facilement les choses aussi claires que dans la coupe de notre figure 7; pour peu que le rasoir dérange la disposition des cellules qui forment la paroi du tube alimentaire, DÉVELOPPEMENT TìV PETROMYZON PLAN ERF. 145 la couche des cellules émigrées, refoulées , de la couche iniermé- diaire, disons les cellules mésoblastiques, semble être continue avec la paroi dorsale du tube alimentaire. De plus, tout contre le tube alimentaire, la couche mésoblaslique est dès maintenant moins bien délimitée du côté d<\s cellules sous-jacenles, peut-être en raison de la compression exercée ici par les ceihiîes refoulées. Cependant, dans des séries de cou[)es, on en trouvera de très démonstratives, où le mésohlaste reste bien délimité dn côté du tube alimentaire. Du reste, et cela ressort de nos figures, dès maintenant le calibre des grains viteilins a sensiblement diminué dans la paroi dorsale du tube alimentaire, comparative- ment à ceux de la couche intermédiaire. Jamais je n'ai rien vu qui pût faire supposer que les cellules mésoblastiques se fussent, surla ligne médiane, insinuées entre les éléments de la paroi alimentaire. En ce qui concerne cette question , un caractère assez probant est fourni par ce fait que les cellules mésoblasti- ques, déjà à grains plus gros, sont toujours allongées perpendi- culairement à la longueur des cellules de la paroi dorsale du tube digestif. On voit d'ailleurs, sur presque toutes les coupes de ces stades, que la rangée cellulaire de la paroi dorsale du tube digestif se continue clairement, non pas avec la rangée de cel- lules mésoblastiques, mais bien avec la masse des cellules vitel- lines sous-jacentes (fig, 5, 6 et 7) non différenciées. Au reste, la dilficulté en cette matière ne consiste pas à voir que les cellules intermédiaires n'entrent pas dans la paroi alimentaire, ce point est hors de doute; le nœud de la question consiste à montrer que contre le tube alimentaire la couche externe de cellules hypoblastiques, ou plutôt mésoblastiques, reste bien distincte des cellules hypoblastiques sous-jacentes, non encore différen- ciées. Nous venons de dire que probablement à la suite du refou- lement, cette limite s'efface plus ou moins. Et ici il faut l'examen de beaucoup de préparations, la comparaison avec ce qui existe plus tard, pour résoudre la question dans notre sens. Le lectt^ur qui comparera ce que nous allons dire avec les figures et la des- cription deCalberla verra que cette difficulté a induit en erreur cet auteur. Scott, dont l'attention avait été mise en éveil par ses 444 p. J. NUEL. recherches sur le Triton lœnialits (loc. cit.), donne une descrip- lion conforme à la nôtre, à savoir que, dès l'apparilion du tube digestif, le mésoblaste s'est différencié de la masse vitelline com- mune. Mais ni Tun ni l'autre de ces deux auteurs n'a vu que la couche mésoblastique passe primitivement entre le tube digestif et l'épiblasle, qu'elle est primitivement continue sur la ligne médiane dorsale. Au niveau de la tête, la couche intermédiaire est même com- posée de plus d'une rangée cellulaire. C'est là une raison potir laquelle le refoulement latéral n'y est pas aussi manifeste que dans le tronc de l'embryon. La tête toutefois ne fait pas exception sous ce rapport. il s'agit donc ici de décider si la couche unicellulaire qui enveloppe la masse hypoblastique dont elle s'est différenciée, reste distincte de cette dernière tout contre le tube alimentaire, et se transforme en mésoblaste. Pour nous en convaincre, envisageons la figure 9, une coupe à travers le cou d'un embryon du dixième jour. Nous sommes au moment où l'épibolie est achevée également du côté ventral. On n'aura pas de peine à reconnaître l'épaississement épiblastique qui constitue le système nerveux (s. n.), et au-dessous de lui la corde dorsale (c. d.) qui commence à se délimiter; on voit que la paroi dorsale du tube digestif donnera lieu à la notocorde. Sur les côtés du système nerveux, il y a des groupes triangulaires de cellules assez petites et à grains vitellins peu volumineux (v. pr.) ; ici pas de doute possible, c'est le mésoblaste renflé contre le sys- tème nerveux , bien délimité du côté de la masse vitelline de même que du côté de l'ectoderme et du système nerveux central. En dehors, il se réduit dans son volume à mesure qu'il s'écarte de la ligne médiane, et finit par se prolonger en une couche cel- lulaire unique (M), celle-ci à gros grains vitellins, qui entoure tout le reste de la masse hypoblastique. On ne devra pas s'at- tendre à trouver toujours avec une évidence aussi grande la délimitation du mésoblaste contre la masse hypoblastique, près de la ligne médiane, ni surtout sa continuité avec la couche uni- cellulaire qui recouvre la masse hypoblastique; cette couche, entre DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 445 parenthèse, est très bien distincte encore à ce stade. Ainsi dans la figure 8, une coupe à travers le tronc d'un embryon du neu- vième jour, ces détails sont plus ou moins masqués. Sur des œufs convenablement durcis, les éléments mésoblastiquos touchent, à ce dernier stade les cellules hypoblastiques; la séptiration est toutefois marquée par une ligne claire dont l'origine, expliquée plus haut, tient à l'absence de grains vitellins là où des cellules de dignité différente se touchent. Au reste, Scott donne une figure analogue d'un œuf de ce stade. Au stade de la figure 9, il n'y a donc pas de doute au sujet de notre interprétation. Il s'agit de trouver les images intermé- diaires entre lui et celui de la figure 7, séparés seulement par l'espace de deux jours. Pendant ce laps de temps, les grains vitellins du mésoblaste, primitivement assez gros dans le voisi- nage du système nerveux, diminuent de volume à la suite de l'activité de leur contenant qui coïncide avec le stade en quesiion, et dont le résultat est l'énorme épaississement du mésoblaste au contact du système nerveux. D'un autre côté, nous l'avons déjà dit, la délimitation du mésoblaste avec l'hypoblaste s'efface plus ou moins. La difficulté n'est pas minime ici ; elle a conduit Cal- berla à supposer que le mésoblaste se sépare très tardivement de la masse hypoblastique. Cependant, des préparations comme celle représentée dans la figure 8, du commencement du neuvième jour, sont faites pour lever tous nos doutes. A gauche parti- culièrement, on voit que la couche de cellules superficielles, mésoblastiques, est double contre le système nerveux. Les cel- lules de cette double rangée sont encore plus ou moins allongées dans un sens perpendiculaire aux cellules de la notocorde et des cellules hypoblastiques avoisinantes. Le pas de la figure 7 à la figure 8 n'est pas bien grand. Une fois ce point du développement passé, les choses se dessinent plus clairement, vers la fin du neuvième jour; les grains vitellins deviennent plus petits, et la bande claire apparaît entre le méso- blaste épaissi et la masse hypoblastique sous-jacente. Nous arri- vons alors à l'aspect de la figure 9. 446 p. J. NUEL. Je le répète , ce n'est qu'à force d'examiner de nombreuses préparations, de stades très rapprochés, qu'on arrive à se con- vaincre qu'après disparition de la cavité de segmentation , la couche superficielle de cellules hypoblastiques, qui primitivement passe entre le tube alimentaire et Vépiblaste^ est bien le mésoblaste. Que sur la ligne médiane , au niveau du système nerveux, le mésoblaste est bientôt refoulé des deux côtés, et qu'une proliféra- tion des cellules (probablement en partie par immigration des parties périphériques) de cette couche, d'abord unicellulaire, va donner lieu à l'épaississement proto-vertébral. D'ailleurs, à partir du stade de la figure 9, l'épaississement du mésoblaste restera toujours bien distinct des parties environnantes, témoin la figure Ì0, du douzième jour. Il n'en est pas ainsi du mésoblaste périphérique, unicellulaire, qui finira par se confondre plus ou moins, pour l'œil, avec la masse hypoblastique. Les métamor- phoses du mésoblaste, notamment de sa portion périphérique, unicellulaire, nous occuperont dans un travail ultérieur. Les figures 7, 8, 9 et 10 donneront tous les renseignements au sujet de la formation du système nerveux central et de la délimitation de la notocorde. Ces phénomènes sont au surplus très bien décrits par Calberla (si nous exceptons l'origine de la notocorde) et par Scott. Dans la figure 8, nous voyons l'épiblaste s'épaissir et s'enfoncer dans les parties sous-jacentes. Cependant, si on compare la figure 7 avec la figure 8, et surtout avec la figure 9, il serait peut-être plus juste de dire que des deux côtés de la ligne médiane, l'épaississe- ment du mésoblaste soulève l'épiblaste sous forme de deux côtes parallèles, et que l'épiblaste, tout en s'épaississant sur la ligue médiane, reste pourtant d'abord en arrière sur le mésoblaste : de là le sillon primitif de l'embryon, constituant une échancrure dorsale sur une coupe transversale. Quand plus tard l'épaississe- ment mésoblastique s'arrête, le système nerveux, continuant de s'épaissir, comblera le sillon, dépassera même les côtes latérales et constituera une côte légèrement saillante, visible dans la figure. Au niveau delà tête, le mésoblaste est plus puissant même que dans la figure 9. Ici le sillon tardera plus longtemps à se corn- DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 447 bler, et la section transversale sera encore échancrée du côté dorsal. Dans la figure 10 (du douzième jour), le système nerveux cen- tral s'est isolé tout h fait du resto de l'épiblaste qui, en véritable ectoderme, passe maintenant au-dessus de lui. La notocorde dérive donc de laparoi dorsale du tube alimen- taire primaire. Déjà dans la figure 6, cette paroi vse dislingue par le petit calibre de ses grains vitellins. Dans la ligure 9, le méso- blaste s'avançant vers l'intérieur de l'œuf, à la manière d'un coin, tend à détacher de la masse hypoblastique toute la paroi dorsale du tube alimentaire primaire. Nous n'avons pas voulu reproduire un stade un peu plus avancé que celui de la figure, c'est-à-dire une figure où la notocorde, déjà nettement séparée du reste de rhypoblasie par un angle saillant du mésoblaste, est cependant encore composée d'une seule rangée cellulaire. Un peu plus tard encore, les cellules de la notocorde, au lieu d'être disposées sur une rangée, forment déjà la section arrondie d'un cylindre. Enfin, au douzième jour, la notocorde est nettement formée et se pré- sente, sur une coupe transversale, comme dans la figure 10. Nous le répétons, c'est l'épaississement du mésoblaste qui nous paraît jouer un rôle prépondérant dans l'isolement de la corde dorsale du reste de la masse hypoblastique. A un certain moment donc, le tube alimentaire n'a plus de paroi propre du côté dorsal , ou plutôt cette paroi est constituée par la corde dorsale ayant déjà sa forme définitive. Les choses ne vont pas rester longtemps dans cet état, comme du reste Cal- berla l'a démontré. La masse hypoblastique va passer des deux côtés entre la notocorde et la lumière du tube digestif; les deux prolongements se joindront sur la ligne médiane, et le tube aura de nouveau une paroi hypoblastique complète (voyez la fig. 10). Les auteurs qui m'ont précédé insistent avec raison sur ce fait que dans la plus grande étendue du tronc, le tube alimentaire primaire se rétrécit de pins en plus. Ce rétrécissement, par endroits déjà très avancé dans le stade de la figure 10, ne va pas cependant jusqu'à la disparition absolue; les parois dorsale et ventrale sont souvent adossées, mais en principe le canal existe, et toujours on le remarquera à ce détail qu'à l'endroit où les 448 p. J. NUEL. parois viennenl à se loucher, les cellules y sont dépourvues de grains vitellins, et montrent la particularité de Fampoule hya- line. On est d'accord pour admettre que dans la région cervicale le tube digestif primaire se transforme dans l'organe définitif, dans l'étendue comprise entre l'origine du foie jusqu'à l'extré- mité antérieure de l'embryon. Pour ce qui est de la portion postérieure de ce tube, les opinions sont divisées : la plupart des auteurs admettent que le tube primaire disparaît, et qu'il en naît plus tard un autre. Scott défend la disparition du tube alimentaire du tronc chez le Petromyzon. Mes recherches ne sont pas favorables à cette manière de voir. Ainsi au moment où le foie commence à s'ébaucher, on voit très bien que le tube alimen- taire primaire existe encore dans toute la longueur de l'embryon, et que la lumière du foie en est un simple diverticulum, poussé dans la masse hypoblastique. Il existe encore au moment de l'apparition du tube définitif, et j'ai tout lieu de croire que l'un se transforme dans l'autre. Seulement les cellules hypoblasliques, amassées jusqu'ici du côté ventral du tube, et disposées sur plu- plusieurs rangées, vont émigrer en partie du côté dorsal; ainsi naît la paroi épilhéliale épaisse, mais composée d'une seule rangée cellulaire, du tube définitif, dont la lumière est incompa- rablement plus large que celle du tube primaire. Un gros noyau hypoblastique va donner les tubes glandulaires du foie. Tous ces détails rentrent dans le sujet d'une communication ultérieure. Nous avonsquittéplus haut l'embryon au moment où, par suite de l'affaissement du dôme de iacavité de segmentation, toute trace de cette dernière va disparaître. En examinant d'un peu plus près l'œuf de ce stade, on démêle certains moments mécaniques qui doivent avoir une influence sérieuse sur la configuration que va prendre l'embryon. Et tout d'abord, nous avons le refoulement du mésoblaste sur la ligne médiane. Un examen attentif de l'œuf à ce moment fait entrevoir une cause mécanique à ce refoulement. Plusieurs cir- constances paraissent pouvoir contribuer â ce refoulement. On pourrait songera une pression exercée vers l'intérieur parl'épi- blaste qui va s'épaissir sur la ligne médiane pour donner nais- DÉVELOPPEMENT DU PETKOMYZON PLANERI. 449 sauce au système nerveux central. A cela vient s'ajouter que cette pression s*exerceraitprécisément contre le tube alimentaire, dont les parois, formées de cellules maintenant plus ou moins au repos, se touchent intimement^ et offrent par conséquent une certaine résistance à toute force qui agit sur elles. La couche mésoblastique, prise comme dans un étau, céderait et se dépla- cerait latéralement. Je ne voudrais pas toutefois ajouter trop d'influence en cette matière à l'épaississement épiblastique, attendu que bien souvent le mésoblaste est refoulé sans qu'il y ait encore d'épaississement épiblastique au niveau considéré. Un facteur mécanique qui me paraît intervenir pour refouler le mésoblaste, c'est l'attraction exercée à ce moment par les cel- lules hypoblastiques sur toute la couche épiblastique , traction que nous allons invoquer pour expliquer plusieurs autres évo- lutions de l'œuf. Nous devons nous figurer en effet qu'à peu près dans toute son étendue, la couche épiblastique est attirée vers l'intérieur de l'œuf. (Ce point nous paraît bien établi par ce qui précède.) Elle cédera à peu près partout. Le tube alimentaire, plus compacte, lui opposera une certaine résistance; le méso- blaste, pris entre une résistance et une puissance qui tend vers l'intérieur de l'œuf, sera comprimé, et refoulé des deux côtés de la résistance, c'est-à-dire du tube digestif. Le moment mécanique que nous venons d'invoquer nous paraît jouer un rôle plus évident dans une autre série de phénomènes. A cette époque, l'œuf est en somme une vésicule dont la mem- brane est la couche épiblastique, sa lumière étant traversée par un système très compliqué de fentes intercellulaires. En effet, de loin la plus grande partie de la masse vitelline est entrée dans cette formation lacunaire. En deux endroits pourtant, nous avons des noyaux plus compactes, dont les cellules plus ou moins au reposse touchent intimement. C'est d'abord le noyau central de grosses cellules vitellines, qui va se transformer plus tard en foie; il est situé à la pailie déclive de Tœuf , contre le blastopore, et s'allonge plus ou moins à la partie inférieure du tube digestif. Le second noyau compacte est le tube alimentaire, dont la paroi, intimement adossée à la couche épiblastique, est formée de cel- lules polyédriques et se touchant intimement. La figure 1, qui 4ci0 p. J- NUEL. cependant est d'un stade plus jeune, donnera une idée de cette disposition. Nous savons que i'épiblaste devra s'affaisser et l'œuf dans son ensemble diminuer de volume, au point de faire dispa- raître tous les espaces lacunaires. Or, cet affaissement de I'épi- blaste se fera naturellement surtout là où il rencontre le moins de résistance à sa face interne, ou plutôt Fépibîaste ne s'affaissera pas ou s'affaissera seulement dans une moindre mesure là où il rencontrera de la résistance. De cette manière s'explique la forme particulière que va prendre l'œuf, ainsi que la première ébauche de la forme embryonnaire externe : il s'agit de l'apla- tissement de l'œuf suivant les flancs de l'embryon, de l'évase- ment ventral comparé à la partie dorsale, ainsi que de la déli- mitation antérieure (de la lêie) de l'embryon. Au mooient où l'extrémité antérieure de l'embryon va se déli- miter par l'apparition d'une dépression de l'œuf en avant de cette limite, nous avons suivant l'axe de l'embryon le cordon plus ou moins résistant constitué par le tube alimentaire, renforcé bientôt par répaississement très dense du mésoblaste contre le tube en question. Quand le tube alimentaire est arrivé un peu au delà du pôle supérieur de l'œuf, il y rencontre les cellules hypoblas- tiques qui, du côté ventral, montent le long du dôme et viennent à sa rencontre. Un peu au delà du pôle ovulaire, du côté ventral, deux courants opposés de cellules hypoblastiques vont donc se rencontrer dans leur marche, elle vont se gêner mutuellement, et je m'explique ainsi le fait qu'au niveau de la tête, la couche mésoblastiquc interposée entre le tube digestif et I'épiblaste est épaisse de trois ou quatre cellules, au lieu d'une seule, comme partout ailleurs. Si nous connaissions un peu mieux les forces qui vont se heurter en cet endroit, nous y trouverions probable- ment l'explication du fait que l'allongement du tube ne va pas au delà de cette limite. Au moins nous entrevoyons ici une expli- cation de ce genre. Quoi qu'il en soit, nous trouvons donc au-devant de l'extré- mité borgne du tube digestif le système des lacunes intercellu- laires plus développé que partout ailleurs , pins même qu'en dessous du tube digestif, c'est-à-dire dans la partie postérieure de l'embryon, où les espaces lacunaires ont déjà plus ou moins DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 45i disparu par suite de raffaisseiììent latéral de l'épiblasle. Or, les cellules hypoblastiques continuant d'attirer l'épiblaste, il est naturel que celui-ci s'affaisse du côté ventral, au-devant du tube digestif, sensiblement plus qu'au niveau du tube plus compacte et résistant. La surface ovulaire se déprimera du côté ventral, et la tête de l'embryon commencera à se délimiter en avant. Plus tard la tête, en vertu de la croissance rapide de l'axe embryon- naire, fera une saillie plus considérable, et se projettera en avant sous forme d'un mamelon qui va croissant. L'œuf s'aplatit aussi notablement suivant les flancs de l'em- bryon, tout en conservant du côté ventral, un peu vers l'anus de Rusconi, une espèce d'enflure, d'évasement. L'aplatissement transversal est donc le plus fort au niveau du tube alimentaire et un peu au-dessous. La figure 9 donnera une pâle idée de cette configuration. Encore une fois, ces particularités paraissent découler, au moins en partie,du principe énoncé plus haut. L'œuf s'aplatit suivant les flancs, parce que le tube alimentaire allongé empêche, dans une certaine mesure, la réduction de son diamètre antéro-postérieur. L'évasement ventral est l'expression de la présence du noyau vitellin encore au repos. Jusqu'ici, l'œuf vivant avait basculé de façon à placer le dos de l'embryon plus ou moins en bas. Cela tient à ce que dans la partie postérieure de l'embryon les espaces intercellulaires ont disparu, et ne sont qu'imparfaitement remplacés par la petite lumière du tube alimentaire, alors qu'en avant, du côté ventral, le système lacunaire est encore dans son complet développement. Il y aura un léger mouvement en sens inverse par suite de la disparition des lacunes ventrales. La tête toutefois, la partie la moins lourde à cause de la plus grande lumière du tube digestif en cet endroit, restera toujours en haut. Nous aurions pu poursuivre le développement au point de vue des moments mécaniques intervenant dans les transformations embryonnaires. Mais nous aurions risqué de quitter tout à fait le terrain des faits bien établis. Nous avons cru devoir nous bornera mettre en évidence quelques points de vue mécaniques nouveaux, intervenant dans le développement embryonnaire. Nous sommes ainsi entré dans la voie inaugurée si brillam- 452 p. J. NUEL. raent par His. Un grand travail de ce genre est celui de Gœtle, sur le Bombinalor igneits. Comme la segmentation de Tœuf est asymétrique chez le Bombinator, tout comme chez le Petromyzon , j'ai été amené naturellement à confronter mes résultats avec ceux de Gœtle. J'admets parfaitement, chez le Petromyzon, l'influence du moment mécanique principalement invoqué par Gœtte, à savoir l'incurvation de membranes cellulaires (surtout de l'épiblaste) qui s'étendent dans les deux directions, et je suis d'avis que ce facteur joue un rôle considérable dans l'œuf de Petromyzon. Une conclusion semble toutefois se dégager de noire travail, savoir qu'avant de vouloir formuler des lois générales découlant d'un seul principe, et qui régiraient le développement dans toute la série, il faudra suivre la marche adoptée par les autres sciences naturelles, c'est-à-dire faire encore bien des observations isolées, sur des espèces nombreuses et hétérogènes. On découvrira ainsi des moments mécaniques, je dirai d'un ordre inférieur, qui probablement jouent un rôle dans toute la série, mais qui appa- raissent avec une plus grande évidence dans telle ou telle espèce. Nous avons démontré ainsi que dans la production de plis et d'enfoncements chez l'embryon, l'accroissement en étendue de la membrane qui en est le siège (surtout s'il prédomine en une certaine zone), suivant la manière de voir de His et de Gœtte, n'est pas le seul facteur actif; il est évident, en efl'et, que dès les premiers stades, la contraction exercée d'une manière active par des cellules voisines peut produire le même effet. Comme His l'a fait remarquer avec infiniment de raison, la recherche des moments mécaniques qui agissent dans l'embryon , renchaînement causal des transformations de l'œuf et des parties de l'œuf, voilà l'objet de l'embryologie proprement dite. Une forme organique n'est pas du tout expliquée quand on en a décrit les modifications embryologiques dans toute la série, ni même , quand à un point de vue purement descriptif, on l'a suivie à travers toutes les modifications que subit Tœu (depuis le moment de la fécondation. Certes, c'est là un bel objet de recherches, qui continue à donner journellement des résultats signalés. Mais DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. 455 une tâche bien plus grande, à peine entamée, attend les investi- gateurs. II nous semble que l'embryologie, en tant que science de l'enchaînement causal des évolutions embryonnaires, est à l'embryologie évolutionniste et descriptive, si fort en l'honneur de nos jours, comme la physiologie est à la zoologie et à l'anatomie pure. EXPLICATIONS DES PLANCHES XXIV ET XXV. Toutes les figures sont dessinées à la chambre claire, le tube du microscope étant rentré, et avec l'objectif Hartnack n» S , à l'exception de la figure 4, dessinée avec l'objectif Hartnack n° 8, Fig. 1. Coupe méridionale à travers un œuf du sixième jour. Cet œuf est d'une autre série que ceux qui sont représentés dans les autres figures; sou développement a marché plus lentement, et il ne serait pas permis de le comparer aux autres sous le rapport du temps écoulé depuis la fécondation. Les mêmes lettres se reproduisent, avec la même attribution, dans les autres figures, les troisième et quatrième exceptées. Cs = Cavité de segmentation. E = Ëpiblaste. M = Mésoblaste. ff = Hypoblaste. iV = Noyau de. grosses cellules hypoblastiques centrales (fig. 1 et 1). bl = Blastopore. Id = Tube digestif. e = Échancrure de la couche épiblastique, due à l'attraction des cellules hypoblastiques en cet endroit. Fig. '1. Coupe suivant le plan médian d'un œuf de la première moitié du sixième jour. Son évolution a été plus rapide que celle de l'œuf précédent. Des lamelles de cellules hypoblastiques se sont soulevées et ont divisé la cavité de segmentation en plusieurs grandes loges. Fig. 3. Fragment de l'hémisphère supérieur d'un œuf de la fin du sixième jour, dans lequel la cavité de segmentation est subdivisée en un très grand nombre de lacunes intercellulaires. Les cellules hypoblastiques s'allon- gent verticalement et tendent à atteindre la voiite épiblastique. 454 p. J. NUEL. — DÉVELOPPEMENT DU PETROMYZON PLANERI. Fig. i. Spécimens de cellules hypoblastiques au début du sixième jour, à un fort grossissement. A. Trois cellules allongées, deux à prolongements pseudopodiques, dont un réunit deux cellules. Deux des cellules allongées communiquant ensemble ne sont pas séparées par une membrane à l'endroit étranglé. B. Prolongement cellulaire pseudopodique réunissant deux cellules, mais tellement mince qu'il pourrait tout au plus admettre un seul des gros grains vilellins, C. Trois cellules très allongées, à grains vitellins orientés transversalement, et une cellule polyédrique, à grains vilellins orientés dans toutes les directions. Deux des cellules allongées ont à une de leurs deux extré- mités un prolongement pseudopodique renflé à son extrémité. Fig. 5. Coupe transversale d'un œuf de la fin du sixième jour, prise un peu au-de- vant du blastopore. La majeure partie de I a masse hypoblastique est entrée dans la formation réticulaire. Fig. 6. Coupe transversale de l'œuf de la figure précédente. Elle est située plus en avant (plus vers le pôle supérieur) que celle-là. Elle ne touche plus la masse hypoblastique compacte. /. Lacui e que je considère comme le véritable reste de la cavité de seg- mentation. Fig. 7. Coupe transversale d'un œuf de la fin du septième jour, montrant le refoulement du mésoblaste au niveau du tube alimentaire. s. n. Échancrure de l'épiblasle à l'endroit où va se former le système nerveux central. Fig. 8. Coupe transversale d'un œuf du neuvième jour (première moitié). s. n. Système nerveux. V. pr. Début de l'épaississement protovertébral du mésoblaste. A gauche, on voit que la double rangée de cellules situées sous l'épiblaste se continue dans le mésoblaste périphérique composé d'une seule rangée cellulaire. Fig. 9. Coupe transversale, faite au niveau du cou d'un embryon du dixième jour. Le système nerveux (s. n.) est très avancé dans sa formation. La couche mésoblastique unicellulaire est bien distincte tout autour de l'œuf. L'épaississement piotovertébral (v. pr.) est considérable, bien distinct de l'hypoblaste sous-jacenl. Les grains vitellins y sont notable- ment réduits dans leur volume. Des espèces de côte des proto vertèbres proéminent vers l'intérieur de l'œuf, et commencent à séparer la noto- corde (c. d.) du reste de la masse hypoblastique. Fig. 10. Coupe transversale à travers le tronc d'un embryon du douzième jour. Le système nerveux s'est isolé de l'ectoderme. La notocorde est arrondie, ses grains vitellins sont très réduits. L'hypoblaste a passé entre la notocorde et la lumière du tube alimentaire, doni il complète mainte- nant la paroi. SUR LA STRUCTURE DES PÉDICELIAIRES GEllIFOllES DE ^PflAERECmiS GBAM'LABIS ET D'AUTRES ÉCHINIDES; PAR Alexandre FŒTTIKGER. DocUur en sciences naturelles, conservateur et prosecîeur d'anatomie comparée à l'Université de Lié^e. TRAVAIL DU LABORATOIRE DE ZOOLOGIE A GIESSEN. Les Pédicellaircs gemmifornies de SpfiŒrechinus graniilaris présenleiit ceilaines parlicularilés qui les séparent, d'une façon Il anchéc des Pédicellaires ophicépiiales et tr ici aqj tiles que possède cet Oursin. Ce ne sont pas seulement, comme ceux-ci, des organes munis d'appareils de préhension, et consistant chacun en une hampe plus ou moins rigide terminée par une tête à trois valves mobiles, mais ce sont encore des organes de sécrétion. La fonc- tion sécrétoire est acconiplie par les trois valves de la tête, et de plus par des glandes particulières existant sur la tige. Percy Sladen (1) fut le premier qui découvrit et décrivit ces glandes de la tige; toutefois, la description qu'il en donne et les figures qui accompagnent son travail, sont bien loin d'être l'ex- pression exacte de la réalité, ou pour mieux dire, l'auteur n'a (1) W. Percy Sladkn, On a remarkable Form of Pcdictlloria, aîid the Funclioìis performed tliereby. Annals and Magazine of Matlual History. August. 1880, p. 101, pi. XII et XIII. 4S6 ALEXANDRE FOETTINGER. pas SU vaincre les difficultés que présente la solution de cette question, et il n'a vu qu'une faible partie de la structure histo- logique de ces organes glandulaires. Dans le cours de ma des- cription, j'aurai soin de rectifier, autant que possible, les erreurs de mon prédécesseur, et d'indiquer la façon de les éviter. J'ai entrepris ces recherches sur la proposition de M. le pro- fesseur H. Ludwig, à Giessen,au laboratoire duquel j'ai travaillé pendant Fêté de cette année. Je suis heureux de pouvoir adresser ici mes remercîments les plus sincères à M. Ludwig pour les conseils qu'il n'a cessé de me donner pendant l'exécution de ce travail. Ainsi que l'a fait Sladen, je commencerai la description des Péd. gemmi for mes par l'examen des glandes de la tige; et je crois devoir agir de la sorte, par la raison que ces glandes, qui ont une structure analogue à celle des valves de la tête, se présen- taient dans un meilleur état de conservation que ces dernières, et par suite, je pourrai les décrire d'une façon bien détaillée et y ramener les organes terminaux du Pédicellaire. Je n'ai pu opérer sur des objets frais, et j'ai du me contenter d'individus conservés dans l'alcool. Cette circonstance m'oblige à passer sous silence, ou à n'aborder que d'une façon sommaire, certains détails de structure que j'aurais été bien aise de résou- dre d'une façon complète. Cependant, le matériel dont je dispo- sais, préparé à Naples par iM. le professeur H. Ludwig même, se trouvait dans un si bon état de conservation, que, pour ce qui regarde les organes glandulaires, il était tout à fait suffisant. Déjà à l'œil nu on peut reconnaître sur les Péd. gemmiformes une dilatation de la tige située plus ou moins près de leur base. Cette dilatation est tantôt faible, tantôt très accentuée. Certains Pédicellaires, notamment au sommet du test de l'Oursin, sont pour ainsi dire sessiles; chez eux, la tête et les glandes se tou- chent presque, n'étant séparées que par un léger étranglement, c'est-à-dire par une très courte portion de la tige. J'ai examiné plus de deux cents Pédicellaires appartenant à une dizaine d'exemplaires deSph, granulans, de toutes dimen- sions, et jamais je n'ai trouvé un Péd. geminîforme dépouv\u des LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMF.S. 457 glandes de la tige. Je ne puis, en conséquence, admeltre ce que dit, à ce propos, P. Sladen (1) : lus loin; nous nous trouvons ici en présence d'un tissu cellulaire modifié par un processus analogue à celui qui entre- prend le contenu des glandes de la tige de ces mémos Pédicel- laires. P. Sladen (1) dit à propos de ce contenu : « Within this (il s'agit du sac musculaire) a widely reticulated tissue terminating in follicular gland-cells, closely aggregated and forming a layer internal to the wall of the sac, fully one third of its diameter in breadth at the median |)art (pi. XIII, fig. 9). » Qu'est-ce que ce tissu largement réticulé? P. Sladen n'en dit rien. Pour résoudre cette queslion il est indispensable de faire des coupes de Pédicellaires de tous âges, et l'on arrive à des résultats semblables à ceux obtenus pour les glandes du pédi- cule lorsque l'on examine ces organes faiblement développés. On (1) Loc.ci/., p. 106. L\ STUUCTUUE DI.S PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 481 obtient par là la conviction que cc contenu est constitué par un tissu analogue à celui des glandes précédemment décrites, c'cst- à-dir3 composé de cellules polyédriques de formes diverses, mais allongées et plus ou moins prismatiques à la périphérie. Il n'y a pas, comme le dit Sladen, des cellules seulement à la cou- che externe, mais tout le sac est rempli par des cellules qui, à un moment donné, subissent également une sorte de transfor- mation muqueuse (?). L'aspect du contenu sera très différent suivant le degré de cette transformation. On rencontre des coupes où il a la forme d'un réseau régulier ou non, dans les mailles duquel se trouvent de petits noyaux déformés, accolés aux parois des espaces qui constituent ce réseau (pi. XXVIlf, lig. o). D'autres préparations sont encore plus satisfaisantes sous ce rapport, et montrent le contenu formé par un réseau à mailles polygonales bien nettes, à l'intérieur desquelles existent des noyaux appliqués contre ces restants de parois cellulaires (pi. XXVIII, fig. G). Si la transformation est très piofonde, comme c'était le cas le plus habituel pour les exemplaires que j'ai examinés, on obtient des coupes telles que celle figurée pi. XXVIII, fig. 2. Je dois dire que je n'ai pas souvent trouvé une préparation bien démonstrative. Cela tenait à ce que, dans l'immense majo- rité des cas observés, le contenu des valves avait été modifié d'une façon trop accentuée. J'ai dit précédemment que le sac de chacune des valves se ])ifurque à l'extrémité périphérique; il en résulte que si l'on fait une coupe transversale de ce sac à cet .endroit, on trouve sur cette coupe les sections des deux branches de bifurcation de la glande (pi. XXVIII, fig. 7). Ces deux sections sont réunies par une couche de tissu conjonctif variant en épaisseur suivant le |)oinl où la coupe a été faite. A la naissance de la bifurcation ce tissu est nul ou à peu près, les deux parties du sac étant accolées l'une à l'autre. Dans ces sections on observe |)arfois le contenu glandulaire mieux conservé que partout ailleuis. Et ici je dois faire une remarque sur un fait assez singidier. Souvent les deux branches 482 ALEXANDRE FOETTINGER. de bifurcation du sac renferment un tissu réticulé paraissant combler entièrement la cavité de ces brancbes, tandis que dans la base de la glande il y a une masse granuleuse dans laquelle il est à peine possible de reconnaître quelques traces de noyaux ou de parois cellulaires, si ce n'est à la périphérie. En outre cette partie inférieure du sac n'est pas entièrement remplie par cette matière granuleuse; il existe parfois un vide central assez important, qui semble indiquer qu'une partie du contenu a été évacué au dehors. Or, les parties par lesquelles peut s'écouler ce contenu, c'est-à-dire les branches de bifurcation, semblent bouchées par un tissu relativement compacte. Je ne sais com- ment expliquer ce fait d'une façon bien précise. Se trouve-t-on dans ce cas en présence d'une régénération du tissu glandulaire dans un sac vide depuis quelque temps, ou bien, et ceci paraît plus probable, est-ce l'alcool qui, agissant sur le contenu de la base, l'a contracté au point que celui-ci ne remplit plus toute la cavile du sac, c'est ce que je ne saurais dire. Dans la dernière hypothèse la transformation muqueuse aurait envahi la base de l'organe avant d'avoir entrepris ses parties supérieures. Je n'ai pu, faute de Sph. granulans frais, trancher cette question. Les coupes de ces portions périphériques (pi. XXVIÎÎ, fig. 1) montrent le contenu formé au centre par un tissu aréolaire avec noyaux plus ou moins déformés, situés dans les mailles du réseau, et à la périphérie par une couche de cellules proloplas- miques avec noyaux à peu près intacts. On se trouve ici devant un tissu compacte constitué par des cellules polyédriques; ce tissu a subi une certaine transformation surtout incomplète dans les parties les plus éloignées du centre de la coupe. La substance qui remplit la plus grande partie de ces glandes et qui provient de la transformation des cellules qui formaient primitivement le contenu de ces dernières, est peut-être de nature muqueuse. Elle ressemble assez bien au mucus des glandes de la tige, mais n'est pas pourvue, comme celui-ci, de ces gros corpuscules réfringents dont j'ai parlé précédemment, et qui se gonflent au contact de l'eau. La substance elle-même LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 485 n'augmente pas de volume par ce liquide, et jamais je n'ai trouvé après l'action d'une solution aqueuse, une valve brisée, comme cela arrive si fréquemment pour les glandes du pédicule. Peut- être faut-il tenir compte ici de l'influence de l'alcool; je n'ai en effet opéré que sur des Spfi. granularis conservés dans ce liquide. Cette substance semble donc être d'une autre nature que le mucus de ces derniers organes. Elle est d'habitude gra- nuleuse, et contient des noyaux cellulaires et des corpuscules irréguliers se colorant fortement par le carmin, et paraissant être des noyaux en voie de transformation; souvent elle possède un aspect fibrillaire dû, je pense, à une sorte de coagulation par l'alcool, en même temps qu'à la présence de restes de parois cellulaires (pi. XXVIH, fig. 8). Je ne me suis pas trouvé dans des circonstances suffisamment favorables pour étudier ce que P. Sladen appelle « tactile cushions ». J'ai pu reconnaître que chacun d'eux est formé par un épaississement local de la membrane épilhéliale. Cet épais- sissement est pourvu de petites papilles probablement terminées par des soies nerveuses; il contient un grand nombre de noyaux et paraît riche en libres. Au-dessous de lui se trouve une masse granuleuse et tibrillaire à laquelle aboutissent des faisceaux de fibrilles que l'on doit, selon toute apparence, considérer comme des libres nerveuses. Ces faisceaux peuvent être suivis plus ou moins loin jusqu'à la base delà tête. Les têtes des Péd. gemmiformes de Toxopneustes pileolus, Hipponoe esculenta, Strongylocentrotus licidus, Echinus micro- tuberculatus et Toxopneustes variegatus, m'ont montré la même structure fondamentale que celles des mêmes Pédicellaires de Sph. granularis, et le contenu, quand il est entièrement mu- queux, peut parfois être plus ou moins fragmenté, ce qui est du, sans doute, à l'action de l'alcool. Certains Échinides ne possèdent pas de glandes sur la tige de leurs Péd. gemmiformes, mais présentent à la base de la tête de ces derniers un organe qui est probablement l'homologue des glandes de la tige, ainsi que le pense P. Sladen. 484 ALEXANDRE FOETTINGER. Cet auteur (1) a observé cet organe chez Echinus melo, sous forme d'une cavile de laquelle semble partir un conduit arri- vant jusqu'à la grilFe calcaire, a Wilhin this expansion there is seen to occur immediately below the gland-sac of the valve an irregular, more or less coarsely cellular cavity or space, which is filled with mucous matter (pi. XIIT, fig. 13, x), and from which there appears to be an opening leading on the inner surface of the calcareous axis of the valve-frame, by which means the mucus is probably conducted on to the under (?) side of the fang (pi. XJIÏ, fig. 13). » Je crois que ce conduit n'existe pas. 11 est en effet peu probable, si cet organe est, comme il semble, homologue des glandes de la tige, qu'il s'ouvre près de la gritfe. Je crois, au contraire, que l'ouverture doit se trouver à la face latérale, comme cela a lieu pour les sacs de la tige. Je n'ai pu vérifier les données de Sladen sur Echinus melo, n'ayant pas eu cette espèce à ma disposition. Mais j'ai trouvé cet organe chez Echinometra subnngulavis (Desm\.)\]G nâ\ vu à la coupe longitudinale qu'une cavité close, à parois formées comme celles des glandes de Sph. gramdaris, et à contenu identique à celui de ces dernières; c'est-à-dire qu'au centre il y avait une substance muqueuse (?) granuleuse et à la périphérie des restants de cellules, pour autant que j'ai pu m'en assurer sur les mauvais exemplaires qui se trouvaient à ma disposition. Les valves de la tête renfermaient chez cette espèce une matière différente de ce mucus (?) et semblable au contenu des sacs céphaliques chez Sph. granularis. Je n'ai pu voir s'il y avait une ou trois cavités à la base de la tète, et je n'ai pas trouvé d'orifice; je présume que celui-ci doit se trouver à la face externe de l'organe. J'ai dit précédemment que les Péd. gemmiformes de Diadema selosum et D. mexicanum présentent aussi des glandes sem- blables à celles qui existent chez Sph. granularis. Ces glandes (1) Loc.cit.,\). HO. LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 485 se trouvent chez ces deux espèces sur des Pédicellaires qui possèdent une forme particulière et qui n'ont pas encore été signalés. Perrier (1), dans son travail sur les Pédicellaires dit que Dia- dema Savicjnyi (iMiclielin) possède une seule espèce, et Diadema turcarum (Rumphius) deux espèces de Pédicellaires pourvus de tète à trois valves mobiles. Or D. Savignjji et D. turcarum for- ment une seule et même espèce, le Diadema setosum (Gray) (2), qui donc pour Perrier n'aurait que deux sortes de Pédicellaires. J'ai trouvé que cette espèce de Diadema possède une troisième sorte de Pédicellaires munis de glandes et dépourvus de tête formée de valves articulées (pi. XXVHI, fig. 9). Ces organes existent aux parties supérieure et latérales du test. Ils se présentent sous l'aspect de petites tigelles articulées au test par une base étroite : ils ont une longueuï" d'environ deux millimètres, et sont arrondis à leur extrémité périphérique. Ils ont une forme de massue, et je crois que Ion peut les dési- gner sous le nom de Pédicellaires claiiformes. Dans chacun de ces appendices on dislingue deux parties, une partie périphérique, longue, épaisse, le corps du Pédicel- laire (e), et une partie centrale, courte, mince, le pédicule (/"). Si l'on examine à la loupe un de ces organes, on voit à sa surface trois sillons longitudinaux (s) qui partent de la base du corps, et qui arrivés vers le tiers supérieur de ce dernier, se divi- senten deux branches s'écartant l'une de l'autre sous un angle aigu. Les branches de bifurcation droite et gauche de deux sil- lons voisins vont à la rencontre l'une de l'autre et aboutissent à un petit orifice (o) situé à une certaine dislance du pôle supé- rieure du Pédicellaire. Dans chacun des angles formés par la divi- sion des sillons précités, se trouvent deux petits corps (k) plus ou moins allongés, ovalaires ou irréguliers, séparés par un sillon (1) E. Perrieb, liecherches sur les Pédicellaires et les Ambulaars des Astéries et des Oursins. Thèse, 514. Fac. Se. Paris, 1869, p. 155. (2) Agassiz, Revision of the Echini, III. Cat. of Mus. Comp. zool. Harv. Coll. n"VII, p. 103. 486 ALEXANDRE FOETTINGER. s'atlénuaiU vers rextrémité périphérique et constituant à eux seuls cette extrémité du Pédicellaire. Alin de reconnaître quelle est la structure exacte de ces appendices, il faut en faire des coupes longitudinales et trans- versales, après décalcification par l'acide chromique cl coloration par le carmin. En comparant une série de coupes ou constate que la plus grande partie de l'organe est formée par trois glandes (g) accolées et entourant la baguette calcaire centrale. Les trois sillons longitudinaux sont les lignes de séparation de ces glandes. Ces dernières se rétrécissent vers la périphérie et s'ouvrent à l'extérieur par un petit orifice (o) situé à l'extrémité supérieure de leur ligne médiane. Dans cette partie les glandes ne sont plus accolées comme précédemment; elles ont diminué de volume, et cette diminution a eu lieu aux dépens de la partie de ces glandes située contre la tige calcaire et a donné nais- sance à un espace qui est rempli par ce que je considère comme l'homologue de la téle des Péd. gemmiformes chez les autres Échinides. On trouve ici six cavités disposées par paire entre les trois glandes, de telle façon que lorsque ces parties sont également développées, on obtient à la coupe transversale, faite, par exemple, au niveau x, neuf logettes : trois sont les glandes, et six représentent la tête. Tout à fait à l'extrémité, ces six sacs me paraissent se fusionner deux par deux, de manière à donner naissance à trois cavités. Ces chambres, ou sacs, diminuent de volume, à mesure qu'on les considère plus près de la base du Pédicellaire, et, arrivées près du tiers moyen ou du deuxième quart de la longueur de dernier, elles disparaissent et les glandes ne sont plus séparées par elles. Ce sont ces chambres qui consti- tuent ces petits corps [k) que l'on voit situés par paire entre les bifurcations des trois sillons du Pédicellaire. Les trois glandes présentent une structure analogue à celle que montrent les glandes de la lige des Péd. gemmiformes de Sph. gramilaris. ici aussi on trouve chacun de ces organes formé par une paroi musculaire propre et par un contenu muqueux, et les trois sacs sont enveloppés et réunis ensemble par une couche de tissu conjonctif et une niembrane épithéliale commune. LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 487 Ces Pédicellairos de D. selosum n'étaient pas bien conservés; mais je suis convaincu, d'après ce que j'ai vu, qu'il n'existe pas la plus petite différence fondamentale entre leurs glandes et celles de Sph. grannlaris. J'ai observé que le contenu renferme des corpuscules tout à fait semblables aux gros corpuscules réfringents des glandes de cette dernière espèce. Je considère les six logettes périphériques des Pédkellaircs claviformes de Diadema selosum comme homologues de la tète des Péd. gemmiformes, à cause de leur position plus excentrique que celles des trois glandes, de leur nombre (il y a six sacs représentant les six bifurcations des parties supérieures des valves chez les Pédicellaires précédemment étudiés), de leur structure qui les montre formées d'une paroi et d'un contenu semblables à ceux de ces valves, et entin de leur position alterne avec les trois glandes, position alterne identique à celle des valves de la tète des Péd. gemmiformes de Sph. granulans rela- tivement aux glandes de la tige. Je n'ai pas vu d'orifice à ces cavités. La baguette calcaire qui occupe le centre du Pédicellaire s'arrête à une certaine distance de l'extrémité périphérique de l'organe, tout comme chez Sph. granulans elle s'arrête à la base de la tête. J'ignore le point précis où se termine cette tige chez D. selosum. Je n'ai pas trouvé, chez cette espèce, des pièces calcaires repré- sentant les trois corps calcaires des valves de la tête chez les autres Échinides. Peut-être existent-ils. Je n'ai pas eu à ma disposition un matériel convenable pour cette recherche. Une autre espèce, Diadema mexicanum, possède des Pédicel- laires claviformes semblables à ceux de D. selosum. Malheureu- sement, l'individu sur lecjuel je les ai rencontrés se trouvait dans un état de conservation tel que je n'ai pu observer aucun nou- veau détail relativement à leur histologie. Chez Sph. granularis, Tox. pilcolus, etc., les glandes de la tige et la tête ont un égal développement. Chez Echinus melo et Echinomelra subangularis ^ \es glandes sont rudimentaires, la 32 488 ALEXANDRE FOETTINGER. tête étant fortement développée. Chez les deux espèces citées du genre Diadema, nous nous trouvons en présence d'un cas tout à fait inverse; ici les glandes prennent un très grand déve- loppement, et la tête est dans un état rudimentaire analogue à celui des glandes de la tige chez E. melo et Ech. subangularis. 11 me reste à parler de la fonction de ces Pédicellaires gemmi^ formes et daviformes. Comme ces deux espèces d'organes sont probablement homologues, qu'ils ont sans doute la même fonc- tion, il conviendrait peut-être de les désigner sous un même nom, par exemple sous celui de Pédicellaires glandifères rappelant la fonction dévolue à la tête et aux glandes que ces appendices peuvent présenter sur leur tige. Quant aux fonctions que doivent remplir ces Pédicellaires, je dois pour le moment me ranger à l'avis de P. Sladen, n'ayant pas observé ces organes à l'état vivant. Cet auteur (1) dit : « Jt has previously been remar- ked that a Sphœrechinus granularis , when placed in fresh water, throws out a glairy mucous matter that envelops the lest. » Cette sécrétion abondante de mucus est-elle réelle, ou bien n'est-elle que le résultat de l'action même de l'eau sur le contenu des glandes de la tige de ces Pédicellaires? Nous savons en effet que Teau douce gonfle ce contenu fortement, même sur les échantillons conservés depuis des mois dans l'alcool, et que ce gonflement amène d'habitude la déchirure des sacs glandu- laires. Il pourrait bien se faire que l'excrétion abondante de mucus fût due à cette action de l'eau sur le contenu des glandes, et ne soit pas, comme le dit P. Sladen (2), un phénomène produit par la volonté de l'animal : « The reason of the discharge is evi- dently an attempt on the part of the animal to free itself from unpleasant surroundings. » Pour s'assurer de la chose, il faut voir si les glandes restent intactes ou se brisent. 11 est évident que, si c'est le dernier cas qui se présente, il est peu probable que l'animal ait expulsé brusquement une quantité de mucus telle que ses sacs glandulaires se soient déchirés. (1) Loc.ciL, p. 108. (2) Loc. cit., p. 108. LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 489 RÉSUMÉ. Les Pédicellaîres gemmiformes de Sphœr echinus granulans possèdent à une certaine hauteur sur leur tige, trois sacs glan- dulaires, plus ou moins ovoïdes, entourés par la membrane épi- théliale commune qui recouvre tout le Pédicellaire. Ces glandes s'ouvrent à Textérieur par un orifice situé à leur extrémité supérieure; elles sont alternes avec les valves de la tète de ces Pédicellaires. Ces organes glandulaires sont plus ou moins déve- loppés et le développement n'est pas toujours le même pour chacun d'eux. Si l'on fait une coupe transversale du Pédicellaire au niveau de ces glandes, après avoir décalcifié par l'acide chromique et coloré par le carmin, on trouve la série suivante de tissus. A l'extérieur la coupe montre un epithelium particulier possédant un grand nombi-e de corpuscules pigmentaires; cet epithelium présente des angles rentrants entre les trois glandes. En dessous de cette couche se trouve du tissu conjonctif fibril- laire plus ou moins abondant, qui sépare et réunit les sacs glan- dulaires proprement dits. Ceux-ci soni formés extérieurement par une couche de fibres musculaires transversales plates, allon- gées, pourvues d'un noyau ovalaire, aplati. Ces fibres à la partie supérieure de la glande deviennent concentriques à l'orifice de cette dernière. Le contenu du sac glandulaire est excessivement variable suivant les Pédicellaires que l'on examine. Dans la plupart des cas ce contenu est formé par une matière granuleuse, de nature muqueuse sans doute, renfermant des cor- puscules réfringents qui se gonflent par l'eau ou les solutions aqueuses et qui sont probablement des noyaux modifiés. Parfois cette substance a un aspect filamenteux dû, je crois, à une sorte de coagulation par l'alcool. Elle se gonfle elle-même très fortement au contact de l'eau et de certaines solutions aqueuses telles que celles d'hématoxyline, de carmin, d'acide chromique, etc.; l'eau de mer, contenant beaucoup de sel, ne doit pas la modifier. Cette augmentation de volume, lorsqu'elle se produit sur un Pedicel- 490 ALEXANDRE FOETTINGER. laire intact, a pour effet do faire éclater les sacs glandulaires et le mucus gonflé se répand autour d'eux à la façon d'un nuage. Si Ton fait agir ensuite l'alcool, celui-ci rétractera cette substance. A Ja périphérie le contenu présente, accolés à la couche mus- culaire, des corpuscules qui se colorent fortement par le carmin et qui s'indiquent comme des restes de noyaux cellulaires. Sur d'autres coupes transversales le contenu est au centre formé par cette même substance muqueuse, mais à la périphérie on trouve des noyaux cellulaires entourés de protoplasme et çà et là des débris de parois cellulaires. Certaines coupes font voir ce contenu constitué à peu près uniquement par du protoplasme renfermant des noyaux et des parois cellulaires plus ou moins intactes. Ailleurs on trouve des cellules entières bien délimitées, situées surtout à la périphérie. Les coupes longitudinales de glandes qui ne se gonflent pas par l'eau sont très démonstratives; elles montrent le fond et les parois de chacun des sacs tapissés par une couche protoplas- mique contenant des noyaux et des restes de parois cellulaires, en quantité d'autant plus abondante qu'on s'éloigne de l'ouver- ture et du centre de la glande. On doit comprendre les faits de la façon suivante : ces sacs glandulaires sont primitivement remplis par un tissu constitué par des cellules polyédriques formant une masse compacte. Ces cellules, à un moment donné, se transforment en mucus, et cette transformation part de l'orifice pour gagner peu à peu le fond et les parois de l'organe. Ce processus se poursuit jusqu'à ce que les cellules tout à fait externes, celles qui sont appliquées contre la couche musculaire, soient également plus ou moins entreprises. Lorsqu'on examine une préparation d'une glande se gonflant par l'eau, et montrant la couche externe du contenu étalée sur le porte-objet, on voit cette couche formée par un réseau à mailles plus ou moins arrondies; les travées de ce réseau sont constituées par de petits polygones qui ne sont que des restes de cellules dans lesquels existent souvent des noyaux et du pro- toplasme plus ou moins altérés. L4 STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 491 J'ai trouvé ces glandes sur la tige des Péci, gemmiformes de Toxopneustes pileohis (Agass.), de Toxopneustes variegatus (A. Ag.), et de Hipponoe esculenta (A. Ag.). La tête des Péri, gemmi for mes de Sphœrechinns granularis est constiUiée par trois valves qui présentent la structure suivante. Je fais ici abstraction des parties calcaires et des faisceaux mus- culaires puissants qui relient entre elles ces trois portions de la tète. Chaque valve est piriforme vue de profil, et ovoïde vue de face; elle est formée extérieurement par une membrane d'enve- loppe. Celle-ci n'est que l'épitliélium qui entoure tout le Pédi- cellaire et qui à la base de la tête se continue avec l'épitliélium de la tige. En dessous de celte membrane se trouve une couche de tissu conjonctif granuleux ou fibrillaire, généralement assez mince, mais abondante entre les valves età la partie supérieure de chacune d'elles. Sous ce tissu conjonctif existe un sac glan- dulaire qn'i est double à la partie supérieure, les deux parties étant séparées par du tissu conjonctif. Tout à fait à l'extrémité périphérique ces deux branches se réunissent en un canal unique. Ce sac glandulaire est formé par des fibres musculaires plates, longues, disposées transversalement. Le contenu de ce sac se monire de nature glandulaire; habituellement il est constitué par une matière granuleuse, plus ou moins filamenteuse, à la péri- phérie de laquelle existent des noyaux et des débris de cellules. Ici aussi l'on arrive à celle conclusion que ce contenu est composé primitivement d'un tissu cellulaire compacte, qui se change en une substance muqueuse (?) à un certain moment. Ce mucus, dû à la transformation des cellules et non à la sécrétion de ces dernières, est expulsé au dehors par un orifice qui doit se trouver près de l'extrémité supérieure de chacune des valves. Certains Échinides , tels qu'Echinns melo et EchUiometra suhangularis , possèdent à la base de la tête de ces Pédicellaires des organes qui sont très probablement homologues des glandes de la tige chez Sph. granularis. De<îx espèces de Diadema, D. selomm et D. mexicanum présentent des Pédicellaires particuliers qui n'ont pas encore été signalés. Ceux-ci, d'une longueur d'environ 2 millimètres, 492 ALEXANDRE FOETTINGER. ont une forme de massue, el se terminent à la partie inférieure par un mince pédicule très court. Ils renferment trois glandes volumineuses, allongét^s, pourvues d'un orifice à leur extrémité supérieure rélrécie, et formant presque tout le Pédicellaire. Ces glandes qui, à la partie inférieure de cet ap[>endice, sont accolées Tune à l'aulre, de façon à occuper sur une coupe transversale, chacune un tiers de l'étendue de cette coupe, diminuent de volume à la partie supérieure, et en ce point elles sont séparées par six cavités closes (?) plus ou moins allongées, disposées par paire. Je considère l'ensemble de ces cavités comme étant l'homo- logue de la tête des Péd. gemmiformes de Sph. gramilaris. Les trois glandes renferment un contenu que je regarde comme semblable à celui des glandes de la tige chez Sph. gra^ nularis. Quant aux six logettes qui représentent la tête, elles sont remplies d'une matière qui a beaucoup d'analogie avec celle que contiennent les sacs glandulaires des valves de la tète chez ce dernier Échinide. Bien que je n'aie eu à ma disposition, en fait de Diadema^ qu'un matériel tout à fait impropre pour des recherches histolo- giques précises, je suis convaincu que nous nous trouvons ici en présence de glandes identiques à celles de Sph. granulans et auxquelles sont dévolues les mêmes fondions. Je ne puis rien dire de nouveau relativement aux fonctions de ces organes, n'ayant travaillé que sur des Échinides conservés dans l'alcool, et ayant limité mes recherches à l'histologie des glandes de la tête et de la tige de ces Pédicellaires. LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 495 EXPLICATION DES PLANCHES. Sauf indications contraires, les figures ont été. dessinées avec Ocul. 2. obj. 8. Hart. Planche XXVI. Sphacrechinus g^ranularis. Fig. 1. Pédiccllaire gemmiforme de Sph. granulan's, entier, dessiné à la chambre claire. Ocul.ii, obj. 1. Harl. Longueur totale 5,5 millimètres. t, tèie du Pédicellaire; /, dilatation de la tige renfermant les trois glandes g; o, orifice de ces dernières. Fig. 2. Coupe transversale faite au niveau des trois glandes. On voit sur cette coupe que ces organes possèdent un contenu différent, a, epithe- lium superficiel; 6, tissu conjonctif ; c, couche musculaire; d, contenu. Au centre de la coupe on voit les restes de la baguette calcaire cen- trale. Ac. chrom. Carmin. Ocul. 2, obj. 4. Hart. Ch. Cl. Pour toutes les figures des glandes de la tige de Sph. granulans^ les mêmes lettres représentent les mêmes éléments. Fig. 3. Membrane superficielle, prise au niveau des glandes et vue de face ; n, noyaux; à côté d'eux les grosses granulations foncées sont les cor- puscules pigmenlaires, p. Ac. chromique; Hémaloxjline. Fig. 4. Membrane superficielle de la partie inférieure de la dilatation glandulaire, vue en coupe longitudinale. Ac. chrom. Carmin. Ocul. 2, obj. 9. Hart. Fig. 5. Corpuscules calcaires de l'épilhélium. Baume de Canada. Fig. 6. Amas de corpuscules brillants situé dans la couche conjonctive. Fig. 7. Cellule pigmentaire de Tépitliélium, chez un jeune exemplaire de Sph. granulans ayant environ un demi-centimèlre de diamètre; «, noyau; celle cellule est violette. Glycérine. Fig. 8. Idem. Fig. 9. Idem. Fig. 10. Fibres musculaires des glandes delà tige, vues de face; n, noyaux. Fig. 11. Portion contractée d'une fibre musculaire d'une glande de la tige. La partie striée est incolore. La partie homogène et ombrée est colorée, surtout au point z; Ac. chrom. Carmin. Ocul. 2, obj. 10, im. Hart. Fig. 12. Idem, seulement ici la partie contractée montre à ses diMix extrémités une portion striée. Ac. chrom. Carmin. Fig. 15. Orifice d'une des glandes de la tige, vu de face. Diamètre de cet orifice 0,04 millimètre. Ac. chrom. Hcmat. Fig. 14. Fibre musculaire d'un sac glandulaire, isolée, vue de profil; n, noyau; longueur totale de la fibre 0,5 miilimèlre. Ac. chrom. Hémat. 494 ALEXANDRE FOETTINGER. Planche XXVII. Sphaerecliinus granularis. Fig. 1 Mucus d'une glande de la tige, non décalcifiée, non colorée, examinée dans le baume de Canada. Ici les corpuscules réfringents sont plus ou moins sphériques. La substance est légèrement striée. Fig 5. Un corpuscule réfringent du mucus traité par par la solution aqueuse de Carmin ; a, i3, % J", phases successives par lesquelles passe cet élé- ment ; J", les contours sont à peine visibles. Ocul. 3, obj. 7. Hart. Fig. 3. Plusieurs de ces corpuscules réfringents du mucus d'une glande non décalcifiée, non colorée; baume de Canada. Ils sont plus ou moins homogènes et fusiformes pour la plupart. Fig. 4. Portion agrandie de la partie y, de la figure 2 de la planche XXVI. Mêmes lettres que précédemment. L'une des glandes, celle de droite ne ren- ferme que du mucus, et quelques corpuscules irréguliers à la péri- phérie; l'autre , celle de gauche, possède des cellules plus ou moins intactes. Ac. chrom. Carmin. Fig. o. Réseau superficiel formé par des cellules assez bien conservées.Ac chrom. Carmin. Fig. G. Portion d'une coupe transversale d'une glande de la tige. A la périphérie du contenu se trouvent des corpuscules irréguliers entourés d'une quantité minime de protoplasme, passant au mucus proprement dit m. Ac chrom. Carmin. Fig. 7. Réseau superficiel formé par des restes de parois cellulaires dans les- quels on ne trouve que çà et là des débris de noyaux. Les mailles sont remplies par du mucus. Ac. chrom. Carmin. Fig. 8. Portion d'une coupe transversale d'une ghnde. Noyaux périphériques bien reconnaissables entourés d'un protoplasme assez abondant et plus ou moins délimité autour de chacun d'eux. Ac. chrom. Carmin. Fig 9. Portion d'une coupe transversale d'une glande. Noyaux périphériques plus ou moins sphériques, enveloppés de beaucoup de protoplasme; plus au centre substance granuleuse avec noyaux déformés el débris de parois cellulaires. Ac. chrom. Carmin. Fig. iO Portion d'une coupe longitudinale d'une glande. Noyaux périphériques sphériques. Protoplasme très abondant avec restes de parois cellu- laires, passant au mucus. Passage des noyaux aux corpuscules réfrin- gents du mucus (?). Ac chrom. Carmin. Fig. 11. Portion d'une coupe transversale d'une glande. Les cellules périphé- riques, prismatiques, sont à peu à près intactes; quelques-unes le sont tout à fait. Les cellules plus centrales sont polyédriques. Acide chrom. Carmin. Fig, là. Portion d'une coupe transversale d'une glande moîîtrant les limites des LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES GEMMIFORMES. 495 cellules qui composent le contenu de cet organe. Noyaux plus ou moins altérés par la transformation muqueuse. Ac. clirom. Carmin. Fig. 15. Idem. Cellules polyédriques entreprises en partie par le processus muqueux. Ac. chrom. Carmin. Fig. 14. Cellule périphérique intacte, vue de face. Ac. chrom. Carmin. Fig. Io. Portion d'une coupe transversale d'une valve de la {èie ûe P éd. gemmi- forme, faite au milieu de l'organe ; c, couche mu.sculaire; d, contenu; àia périphérie protoplasme avec noyaux plus ou moins intacts, passant aune substance granuleuse irrégulière remplissant presque lout le sac glandulaire. Ac. chrom. Carmin. Planche XXVIIl. Sphaerecliinus granularis. Fig. 1. Portion d'une coupe transversale de la partie supérieure d'une valve de la tète de Péd. gemmi forme; a, epithelium; b, tissu conjonctif; c, couche musculaire; d, contenu de la Irlande. Ce contenu est formé par un réseau dans les mailles duquel sont des noyaux plus ou moins défor- més. A la périphérie les cellules sont mieux conservées et plus proto- plasmiques. C'est la partie gauche agrandie de la figure 7, pi. XXVIIl. Les mêmes lettres représentent les mêmes éléments pour les diverses figures des valves de la lète. Ac. chrom. Carmin. Fig. 2. Portion d'une coupe transversale d'une valve de la tête ; n, noyaux défor- més; d, contenu constitué par une substance granuleuse et fibrillaire. Ac. chrom. Carmin. Fig. j. Fragment du contenu d'une valve de la tête; coupe transversale d'un Pédicellaire pris sur un jeune exemplaire de Sphœr. granularis (5 centimètres de diamètre) ; n, noyaux déformés. Le contenu est représenté par des restes de parois cellulaires formant un réseau irré- gulier Ac. chrom. Carmin. Fig. 4. Coupe longit. d'une glande de la tige ; o, orifice. Le fond et les parois latérales du sac sont tapissés par une couche de protoplasme , avec noyaux et débris de parois, d'autant plus abondant qu'on s'écarte de l'orifice. Le centre est occupé par du mucus, m. A la périphérie quelques cellul(>s complètes La moitié gauche du dessin est inachevée; elle est identique à la moitié droite. Ac. chrom Carmin. Ocul. 2, obj. rî. Hart. Fig. o. Portion de cette coupe vue à un plus fort grossissement. Ocul 2, obj. 8. et montrant les passages du protoplasme au mucus, m. Fig. G. Portion du contenu d'une valve de la téle; coupe transversale d'un Pédi- cellaire sessile Ce contenu est formé par un réseau bien régulier de restes de parois cellulaires; à Tinlérieur des mailles des noyaux, n, déformés. Ac. chrom. Carmin. 496 ALEX. FOETTINGER. — LA STRUCTURE DES PÉDICELLAIRES. Fig. 7. Coupe transversale de la panie supérieure d'une valve de la lêle. Section des deux branches de bifurcation du sac réunies par du lissu con- jonclif . Mêmes lettres que précédemment. Ac. chrom. Carmin. Ocul. 2, obj.5. Ch. Cl. Fig. 8. Mucus des sacs glandulaires des valves de la tête; il a ici un aspect fila- menleux. Noyaux n, déformés ou non. Ac. chrom. Carmin. Diadema setosum. Fig. 9. Pédicellaire davi forme de D. setosum, grossi 30 fois; e, corps du Pédi- celiaire ; f, pédicule ; g, les trois glandes; 5, sillons qui les séparent; 0, orifice de ces glandes; k, les six logetles constituant par leur ensem- ble l'homologue de la tête des Péd. gemmiformes deSph. granulans. Ces logetles sont disposées par paire entre les extrémités supérieures, rétrécies des glandes ; elles sont séparées par des sillons et paraissent confondues deux par deux à leur sommet. Fig. 10. Idem, Coupe transversale faite au milieu de la longueur du Pédicellaire, pour montrer la forme de celui-ci à la section transversale. RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT DE L'APPAREIL REPRODUCTEUR FEMELLE DES TÉLÉOSTÉENS; Jules MAC LEOD, Docteur en sciences naturelles, préparateur à l'Univerâité de Gand. Travail commencé à la station zoologique de Naples et achevé au laboratoire d'histologie de l'Université de Gand. INTRODUCTION. L'appareil reproducteur femelle des Téléostéens a déjà élé l'objet d'un grand nombre de travaux. Nous possédons, au sujet de la forme extérieure et de la position des ovaires, de leur structure interne si variable, de la disposition des conduits évacuateurs des œufs, etc., des données nombreuses. Dans ces derniers temps, plusieurs auteurs ont éclairci la plupart des points relatifs à la structure histologique de ces organes ; mais le côté embryolo- gique de la question a été presque complètement négligé; on ne possède que quelques observations très restreintes et incom- plètes à ce sujet. En entreprenant les recherches que nous publions aujour- d'hui, nous avons eu surtout pour but de combler celte lacune. Nous avons été conduit à nous occuper également de la struc- ture des organes adultes, et nous avons trouvé çà et là quelques détails non encore signalés jusqu'à présent. 498 JULES MAC LEOD. Nous n'avons pas la prétention de donner ici une bibliogra- phie de la question. Il ne sera cependant pas inutile de faire précéder l'exposé de nos propres recherches de l'indication des principaux travaux publiés précédemment. Dès la fin du siècle dernier, nous trouvons dans les recherches de Cavolini (1) (*) quelques données sur la forme, les rapports et la vascularisalion des organes qui nous occupent. A ces tra- vaux, remarquables pour leur époque, succèdent les incompa- rables recherches de Rathke (2), qu'aujourd'hui encore l'on consulte avec fruit. Cet auteur nous donne des descriptions deve- nues classiques de l'appareil génital d'une foule de poissons ; nous lui devons encore la description du canal déférent du tes- ticule et la découverte du canal ovarique. Les publications de Rathke sont suivies de quelques travaux moins importants, mais renfermant encore des données intéres- santes. Treviraniis (5), Ciivier et Valenciennes (4) , Johan Mûl^ 1er (5), Prévost (6) viennent enrichir nos connaissances en appor- tant chacun quelque fait nouveau. C. Vogt (7) nous fournit une description de l'appareil repro- ducteur du Saumon qui renferme plusieurs points intéressants et inconnus avant lui. Nous ne citerons ici que pour mémoire les publications de Owen [S) et de Ciivier (9) qui ne font guère progresser la ques- tion. Hyrtl (10) a étendu ses observations à un grand nombre d'espèces; c'est l'auteur qui, avec Rathke, a contribué le plus à augmenter la somme de nos connaissances sur l'appareil génital des poissons. Pour suivre Tordre chronologique i! nous faut citer à présent Cosla (11), qui eut l'occasion d'examiner un certain nombre de formes rares; Lerebonllet (12); Siebold et Stannim (15), dont le Traité d'anatomie comparée renferme une révision des tra- vaux antérieurs, et enfin Martin S^-Ange (Î4). (*) Les numéros placés entre parenihèses à côte des noms d'auteur renvoient à une liste placée à la fin de ce travail. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 499 Les travaux de Leijdig (16), Vogt ei Pappenheim (17), Wal- deycr (18) et Uis (19), renferment de nombreuses données qui sont surtout du domaine de Thistologie. Nous aurons à revenir plus loin sur les recherches de ces auteurs. Du fossé (15) décrivit pour la première fois d'une manière exacte et détaillée l'appareil reproducteur hermaphrodite des Serrans. Les derniers travaux publiés sur la question sont ceux de BrocA-(21aet216). Dans un premier travail, Fauteur nous communique les résul- tats qui lui ont été fournis par l'étude d'un très grand nombre de formes différentes (cinquante-sept espèces, se répartissant entre quarante-quatre genres différents). 11 propose une classifi- cation des diverses formes d'ovaire connues jusqu'ici (voir plus loin). Il s'occupe également des enveloppes de l'œuf, de la com- position de la paroi du follicule, de l'épithélium germinatif, de Tovogenèse, de la structure du pondoir chez le Rhodeus amants et le Serranus hepatiis, enfin de l'hermaphrodisme et des glandes hermaphrodites chez les Serranus^ le Chnjsophrys aurata^ etc. Le second travail de Brock est plus particulièrement con- sacré à l'étude de l'appareil reproducteur des Murénoïdes. Il examine les organes femelles chez Muraena helena, Ophichtijs serpens, Myrus vulgaris , Angìiilla vulgaris , etc. Cet ouvrage contient une partie générale des plus intéressantes, sur laquelle nous aurons à revenir plus loin. Dans le présent travail nous nous occuperons d'abord de la structure de l'appareil femelle des Téléostéens à l'état adulte. Nous passerons en revue les diverses formes d'ovaire qui ont été décrites jusqu'ici, et nous examinerons les rapports entre la glande et ses voies d'évacuation. Dans le premier chapitre, nous n'aurons que peu de données nouvelles à enregistrer ; ce n'est que dans quelques cas relativement rares que nous pourrons ajouter quelque chose aux travaux si nombreux des auteurs qui nous ont précédé. Dans un second chapitre, nous ferons l'exposé de nos SOO JULES MAC LEOD. recherches cmbryogéniques : nous avons pu suivre le développe- ment des glandes génitales depuis leur origine jusqu'au moment oil leur forme définitive se trouve ébauchée. Nous terminerons enfin par quelques considérations générales. Nous passerons en revue les diverses manières de voir qui ont été exprimées jusqu'ici au sujet de l'interprélation des organes qui nous occupenl, et nous examinerons comment nos propres observations peuvent servir à confirmer ou à infirmer les idées précédemment émises. CHAPITRE PREMIER. DE LA STRUCTURE DE l'aPPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS CHEZ l'aDULTE. L'appareil reproducteur femelle des poissons osseux offre une très grande variété de forme et de structure, mais tous les étals sous lesquels il se présente, quoique différents par les détails, peuvent se rattacher aisément à deux formes fondamen- tales. I. — La première forme, celle que nous considérons avec Brock, Gegenbaur et Bridge (22), et contrairement à l'opinion de Balfour (') et de Waldeyer (18) comme représentant l'état le plus inférieur, se rencontre chez les Salmonidés et les Muré- noïdes. Chez l'Anguille, par exemple, chaque ovaire est formé d'une bandelette suspendue dans la cavité peritoneale, à côté de la colonne vertébrale. I>a face interne de cette bandelette, celle qui est tournée du côté de la ligne médiane est lisse, recouverte d'un endothelium, et ne présente pas de trace d'épithélium ger- minatif. Cette face a reçu le nom de face vasculaire (Blutgefàss- seite). La face externe est couverte de lamelles qui portent à leur (*) Balfour, /oc. cit., p. 580 (22). APPAREIL REPRODUCTEUU DES TÉLÉOSTÉENS. 501 surface un épilhélium sexuel, et renferment les ovules dans leur épaisseur. C'est la face germinative (Keimseite) ('). Il n'existe pas d'oviflucte proprement dit. Les œufs mûrs tombent dans la cavité abdominale et sont conduits au dehors par un pore spécial, situé entre l'anus en avant et l'orifice urinaire en arrière. L'appareil femelle des autres Murénoïdes et des Salmonidés diffère de celui des Anguilles par quelques caractères secon- daires, tels que le développement variable et même l'absence totale de lamelles sur la face germinative, etc. Mais chez tous, a les ovaires sont deux lames suspendues àia face dorsale de la cavité du corps, possédant une face mediale vasculaire et une face externe germinative, et dépourvues de canaux excréteurs. Les œufssont évacués par un pore peritoneal situé comme il a été dit. » IL — La seconde forme se rencontre chez tous les autres poissons osseux. Les ovaires occupent ici la même position que dans le premier type. Ils sont en effet situés dans la cavité abdo- minale, et suspendus de chaque côté du mésentère; mais au lieu d'avoir la forme de lames ou de bandelettes, ils ont, au con- traire, celle de tubes creux. La face externe de la paroi de ces tubes est recouverte d'un endothelium; nous pouvons la compa- rer avec Brock (sous certaines réserves cependant) à la face vascu- laire de l'ovaire de l'Anguille. La face interne porle, au contraire, l'épilhélium germinatif, mais celui-ci ainsi que les ovules qui en dérivent présentent la distribution la plus variée (voir plus loin). Cette face peut être comparée à la face externe ou germinative de l'ovaire de l'Anguille. Le tube qui constitue l'ovaire se rétrécit considérablement en arrière, il finit par constituer un canal évacuateur, un oviducte. (*) Nous ne pouvons mieux faire comprendre l'aspect de cet orj^ane qu'en rappelant l'expression de ^aihke {Arcliiv fiir Naturgesch. 1838, p. 299) qui com- pare l'ovaire de l'anguille à une fraise. Pour plus de détails destinés à compléter la description purement schématique que nous donnons ici, voir Ratfike et Brock \2ibj. 502 JULES MAC LEOD. L'ovidncte droit et Toviducte gauche se réunissent d'ordinaire sur la ligne médiane après un certain trajet, et le canal commun ainsi formé va aboutir à un pore situé entre l'anus et l'orifice urinaire. Les œufs qui se détachent de la face interne du tube ovarique tombent dans la cavité de celui-ci, et sont évacués au dehors par l'oviducle. Cette forme se distingue donc de la première par les carac- tères suivants: 1° L'ovaire a la forme d'un tube (et non celle d'une lame ou bandelette), S"" les œufs tombent dans la cavité de lovaire (et non dans la cavité générale du corps) ; 5° les œufs sont conduits directement à l'extérieur par un prolongement tubuliforme de l'ovaire. L'ovaire que nous venons de décrire schématiquement pré- sente un très grand nombre de variétés, qui résultent principa- lement du mode d'arrangement de l'épilhélium germinatif et des ovules sur la face interne du tube ovarique. Cette surface est presque toujours (à une exception près) considérablement accrue par la présence de replis ou lamelles (fig. 6) semblables à celles que nous avons trouvées sur la face externe de l'ovaire de l'Anguille. La surface de ces lamelles est, en tout ou en partie, occupée par l'épithélium germinatif; les follicules ovariques sont situés dans leur épaisseur. Il se peut que toute la surface interne du tube ovarique soit recouverte de lamelles de ce genre. En ce cas la cavité de l'ovaire ou canal ovarique est central (Brock 21a); il est environné de toutes parts par des œufs. D'autres fois il arrive qu'une partie seu- lement de la face interne de l'ovaire est munie de lamelles. Une autre partie plus ou moins étendue est dépourvue de pro- ductions de ce genre, ne produit pas d'œufs, mais est, au con- traire, recouverte par un epithelium cilié dont la découverte est due à Leydig (16). En ce cas le canal ovarique est latéral. Lsi disposition des lamelles ovariques est d'ailleurs on ne peut plus variable : elles peuvent être transversales, longitudinales, enrou- lées, etc. Nous empruntons le tableau suivant à Brock (21a) : on y trou- vera décrites en résumé et classées les diverses variétés d'ovaire APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 503 qu'on a trouvées jusqu'ici. On remarquera que nous avons fait subir au tableau de Brock quelques modificalions, qui ne portent d'ailleurs que sur des détails secondaires. 1. — La surface productrice des œufs est restreinte à une petite partie dvi la surface interne de l'ovaire, ou constitue une duplicature de celle- ci qui n'y est réunie que par une strie étroite. ScoRPOEXA scROPHA, Lepadogastcr biciliatus. Ophidiuìs baubatum. I. «. — La plus grande partie de la surface de l'ovaire produit des œufs. a. — Les œufs naissent dans des protubérances irrégulières de la paroi. Blennius viviparus. il. b. — Les œufs apparaissent dans des duplicalures de la paroi ayant la forme de lamelles distinctes. 1. — Les lamelles sont parallèles au grand axe de l'organe. «. Canal ovarique central. Sargus annularis, Pagellus erythrinus , Chry- sophys aurata, Sehranus, Scomber scomber, Zeus faber, MuUus sp.? Sciaena remosa, Caranx trachurus, Gadiis barbatus, Belone ACDS, Blennius sanguinolentus. IH. /3. Canal ovarique latéral. Box SALPA. IV. 2. — Lamelles parallèles à l'axe tranversal de l'ovaire. «. Canal ovarique central. Perca fluviatilis, Lucioperca sandra, Cepola rubescens, Uranoscopus scaber, Gobius niger, Alosa fìnta, Clupea harenyus. V. /3. Canal ovarique latéral. Cyprinoïdes, Esoces, Trigla, Atherina. VI. 3. — Surface productrice des œufs localisée sur la crête d'une ou deux lamelles seulement; l'une de celle-ci enroulée. VII. Lophobrancbes ('). VIII. Observations. I. — Parmi les espèces appartenant à la (*) Les noms en petites majuscules dans le tableau ci-dessus sont ceux des espèces que nous avons examinées uous-même. 33 504 JULES MAC LEOD. première forme, nous avons examiné VOphidium barbatum et le Scorpœna scropha. L'ovaire de ces deux formes nous a paru construit presque identiquement. Nous donneronsdonc une description commune pour les deux. La figure i*"^ représente une coupe transversale de l'ovaire d'un JEUNE Scorpœna scropha (de 4-5 cent, de long). Comme on le voit, la surface externe de l'organe présente une échan- crure, une espèce de hile; mais, chose remarquable, le mesova- rium n'est pas inséré au niveau de ce point, mais à une certaine distance de celui-ci. Les œufs sont portés par quelques lamelles parallèles au grand axe de l'organe, et insérées sur une saillie conjonctive, une espèce d'épaississement de la paroi de celui-ci. Cet épaississement est formé de tissu conneclif; il renferme de larges lacunes et envoie des prolongements dans l'axe de la plupart des lamelles. A côté de faisceaux de fibres qui se com- portent de cette manière, et que l'on pourrait â\)\)e\eT fibres rayon- nantes^ il y a des faisceaux longitudinaux, dont on aperçoit la coupe transversale sur notre figure. Chez les jeunes exemplaires, ces lamelles sont entièrement distinctes, mais plus tard elles se soudent par leurs extrémités, et ne restent indépendantes qu'à leur base. Notre figure l*"^ repré- sente un ovaire arrivé à ce stade de son développement. Chez l'adulte, les lamelles sont toutes confondues en une masse unique. Elles se sont soudées entièrement les unes aux autres, et il n'est plus possible de démêler la structure primitive {*). Comme on le voit aisément, cet organe n'est autre chose qu'un ovaire à canal latéral énormément développé. La surface des lamelles est recouverte d'un epithelium germi- natif : tout le reste du canal ovarique est tapissé par une couche de cellules ciliées. Ces derniers éléments sont surtout développés {*) Rathke a comparé cet ovaire à celui de la Sepia. On pourrait aussi le com- parer à la glande génitale de certains mammifères. L'ovaire de l'Hermine, par exemple (Arch, de BioL, I, pi. IX, Gg. 18), ressemble singulièrement à celui que nous venons de décrire. (En se contentant d'une comparaison superficielle, bien entendu.) APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 505 sur les parties latérales du noyau conjonctif qui sert de base aux lamelles ovigères. De là on voit cet epithelium se mettre en continuité avec les éléments qui recouvrent ces lamelles, et d'autre part on remarque que les cellules vont en s'abaissant graduellement et s'approchent de plus en plus de la forme pavi- menteuseà mesure qu'on s'écarte du hile de l'organe (fig. 3). Chez VOphidium barbatuni, on trouve un epithelium du même genre dans le fond des sillons qui séparent les lamelles ovariques les unes des autres (correspondant au point /' de notre ligure i '■^). Cet epithelium est formé de cellules cylindriques qui atteignent leur maximum de hauteur dans le fond du sillon, et vont en décroissant, à mesure qu'on s'éloigne de ce point, pour passer à l'état d'épilhélium ovarique recouvrant la plus grande partie de la surface des lamelles. IV. — Chez le Box Salpa, du moins chez les deux exemplaires que nous avons examinés (fig. 6), le canal ovarique est latéral. Cette espèce est placée par Brock dans le groupe III, comme ayant un canal central. VII. — L'ovaire des Lophobranches est rangé par Brock dans le groupe U, à côté du Blennius vivipanis. L'élude que nous avons faite de cet ovaire, nous force à lui donner une autre place dans la classificatioîi, et même à l'éloigner de tous les ovaires de Téléostéens connus jusqu'ici {^). L'ovaire de V Hippocampus bremrostris se compose d'une plaque enroulée sur elle-même autour de son grand axe, absolu- ment comme une feuille de papier dont on aurait fait un rou- leau (fig. 9). Sur une coupe transversale, un tel ovaire se pré- sente comme une spirale ou volute. L'épilhélium germinatif est localisé sur les bords de cette lame, et dans son voisinage immé- diat se rencontrent les jeunes ovules. A mesure que l'on s'éloigne de ces bords, les dimensions des ovules vont en s'accroissant (*) VoT noire communication sur ce sujet dans les Bull, de VAcaâ. royale de Belg., 1881, t. I,n°4. 506 JULES MAC LEOD. avec une assez grande régularité, de telle sorte que le milieu de la lame est occupé par les ovules les plus grands et les plus rapprochés de leur maturité. Une comparaison rendra mieux compte de l'aspect d'une coupe transversale de cet organe : on croit avoir sous les yeux deux tubes ovigères d'un articulé, contenant des œufs placés à la file d'après leur état de développement, et soudés bout à bout par leurs extrémités les plus larges, contenant les ovules les plus grands, tout le système étant enroulé sur lui-même comme une Trichine enkystée. Cette comparaison est d'autant plus juste que la lame ovarique est mince, et ne contient d'ordinaire qu'une seule rangée d'ovules. L'ovaire tout entier est contenu dans une capsule relativement épaisse, et il y est orienté de telle sorte qu'un de ses bords libres correspond à peu près à l'insertion du mesovarium, tandis que l'autre occupe sensiblement l'axe de l'organe. Une partie de la surface interne de la capsule est libre : il existe ainsi un canal ovarique latéral. D'autre part, les divers tours de spire sont indépendants les uns des autres, sauf en un point. La lame ovarique en effet, après avoir décrit un peu plus d'une circonvolution, se soude à elle-même sur un espace très court [s dans la fig. 9). De celte manière le canal primitif est secondairement divisé en deux parties : une partie latérale à peu près triangulaire, et une partie centrale au sein de laquelle la lame ovarique continue à s'enrouler librement. Comme on le voit, l'ovaire de l'Hippocampe s'écarte assez profondément de celui des autres poissons osseux. On peut cependant le rattacher à la forme ordinaire en le considérant comme un ovaire à canal latéral^ muni seulement de deux lamelles parallèles à l'axe de l'organe, Vépithélium germinati f étant localisé à l'extrémité de ces lamelles Ç). Chacune de ces couches germinatives est le point de départ de la formation d'ovules, mais cette fonction semble surtout (*) On remarquera que cette interprétation diffère notablement de celle que nous avons donnée dans notre communication préliminaire citée plus iiaut. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 507 dévolue à la lamelle enroulée. Les jeunes follicules prennent naissance à la partie interne des portions germinatives, et chaque nouveau follicule pousse devant lui ceux qui sont déjà formés, de sorte qu'ils constituent une chaîne de follicules, dont les plus développés sont les plus éloignés de la couche germinative. Comme tout cela se passe à l'intérieur de la capsule envelop- pante qui s'oppose dans une large mesure à la dilatation de Torgane, l'ovaire est forcé de prendre la forme enroulée pour pouvoir se développer. L'ovaire du Symjnalhus acus aussi bien que celui du Sipho- noslomum Rondelettii, présente une disposition qui est au fond la même que celle de l'ovaire de l'Hippotîampe. Ils sont formés par une plaque enroulée à l'intérieur d'une capsule, mais l'épi- thélium germinalif est localisé à ïune des extrémités de la lame, tandis que l'autre extrémité est fortement renflée et contient les œufs mûrs ('). Cet organe (lig. 10), peut être comparé à un ovaire à canal ovarique latéral, et à une seule lamelle longitudinale. L'enroule- ment ou mieux le plissement de celle-ci est due à la cause que nous avons déjà indiquée chez l'Hippocampe. Cette lamelle unique est très probablement homologue de la lamelle la plus développée et enroulée que nous avons vue chez l'Hippocampe, tandis que la plus petite lamelle de l'ovaire de cet animal se serait perdue chez le Syngnathe. Nous croyons pouvoir généraliser ces observations faites chez trois genres, et dire que « chez les Lophobranches l'ovaire est caractérisé par ce fait que la couche germinative est localisée, sur la crête d'une ou de deux lamelles ovariques longitudinales, d'où résulte un enroulement de ces lamelles. » Comme on le voit par cette description, la localisation de répithclium ger- minalif s'est faite au plus haut digré chez les Lophobranches. On trouve chez les Télcostéens des degrés divers d'une localisation de ce genre : (') 11 y a presque toujours deux rangées longitudinales d'œufs niùrs dans chaque ovaire. 508 JULES MAC LEOD. Chez ceux qui ont un ovaire à canal ovarique central, toute la surface interne du tube ovarique produit des ovules (figure schématique H). Une première différenciation consiste en ce qu' U7ie partie de cette surface pro- duit seule des œufs, la partie restante étant recouverte d'un epithelium ciliaire; on observe alors un canal ovarique latéral (fig. 12-13). Chez VOphidiitm barbalum, nous avons vu que Textrémité libre des lamelles porte seule Tépithélium germinatif, leur base et les sillons qui les séparent portant un epithelium cilié (fîg. 14-). Une portion encore bien plus petite des lamelles est le siège de la forma- tion des ovules chez les Lophobranches. La crête des lamelles constitue seule la couche germinative (fîg. 15 et 16). D'autres vertébrés offrent souvent des exemples d'une localisation sem- blable des cellules génitales sur une partie de la surface de Tovaire seule- ment. Les Reptiles, entre autres, présentent de nombreux exemples de faits de ce genre. Chez les Sauriens, par exemple, l'ovaire ou, pour parler plus exactement, l'ébauche de la glande sexuelle commence par être recouverte toute entière par l'épithélium germinatif. Avec les progrès du développement, cet epithelium se concentre sur les parties latérales de l'organe, et reprend sur le milieu le caractère séreux, comme sur le reste du péritoine. Leydig (2i) a déjà signalé ce fait chez les Lézards. Braun (25) a observé embryologiqucment cette particularité chez l'Orvet. Une disposition du même genre s'observe chez les Geckos et chez la Couleuvre. Hermaphrodisme chez quelques Téléostéens. On connaît déjà depuis longtemps des cas d'hermaphrodisme chez les poissons osseux. Dans ces derniers temps, Syrski (20) est venu augmenter considérablement le nombre des espèces chez lesquelles cette particularité se présente. Brock s'est également occupé de la question. 11 a complété la description donnée par Dufossé (15) des organes hermaphrodites des Serrans, et a fait la description de ces organes chez le Chrij- sophrys aurata. Cet auteur distingue deux types de glandes hermaphrodites chez les Téléostéens. 1. Chez les Serramts (fig. 5), le canal ovarique (central) est entouré en partie par des lamelles ovariques, en partie par une APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 509 portion tesliciilaire. En (raulres termes, le testicule se comporte comme s'il était formé d'un certain nombre de lamelles ovariques modifiées. 2. Chez les Sparides ((ig. 6), une cloison conjonctive s'est glissée dans le canal ovarique, entre la partie mâle et la partie femelle. Chez les individus hermaphrodites (tous ne le sont pas) du Sargus annularis (fig. 4), le développement relatif des deux parties de la glande est fort variable. Dans l'exemplaire que nous figurons la partie femelle est très petite. Dans d'autres, elle l'em- portait de beaucoup sur la partie mâle. Les glandes hermaphrodites du Sargus sont surtout remar- quables par ce fait que la limite entre la région mâle et la région femelle est très vague : des canaux séminifères se trouvent mêlés aux follicules de Graaf, et réciproquement on trouve çà et là, et souvent à une assez grande distance du noyau de l'ovaire, des follicules situés au milieu des canalicules séminifères. Mais, ce qui est beaucoup plus remarquable, c'est que l'on renconlre — assez rarement, il est vrai — des ovules placés à l'intérieur de ces canaux (fig, 8). Au milieu des cellules mères des spermatozoïdes, on trouve parfois une cellule de très grande dimension (*) dont le contenu absorbe fortement le caruiin, et qui est pourvue d'un grand noyau plurinucléolé. Une telle cellule est identique à tous égards à un des ovules rela'ivement déjà avancés contenus dans la partie femelle de la glande. Ces éléments diffèrent nettement des cellules mâles qui les avoisinent de toutes parts. Leurs dimensions, leur affinité pour les matières colorantes suffisent nettement à les caractériser. On n'observe aucune transition entre ces cellules et les autres éléments contenus dans le canal seminifere. On a déjà maintes fois appelé l'attention sur la présence d'ovules primordiaux dans ces canalicules. Balbiani (26), von (*) Une telle cellule mesure d'ordinaire 2o-30/i , tandis que les plus grands élénnenis mâles dépassent rarement 8-1 0/x en diamètre. 510 JULES MAC LEOD. Lavalelte S*-George (27), Max Braun (2o) ont décrit dans ces canaux, chez divers vertébrés, dp grandes cellules arrondies, qui furent considérées tantôt comme des ovules arrêtés dans leur dé\elo|)pement, tantôt comme des œufs mâles destinés à pro- duire des spermatozoïdes. Chez le Sargus anmdaris aucun doute n'est possible, il s'agit bien ici de véritables ovules mélangés aux cellules mâles qui forment le contenu du canalicule seminifere. Il existe une ressemblance frappante entre cette disposition et celle qui se rencontre chez un certain nombre d'invertébrés hermaphrodites. Mathias Duval (28) a figuré chez quelques Mollusques gasté- ropodes des utricules de la glande génitale renfermant des œufs mêlés aux spermatozoïdes : Quelques-unes de ses figures pour- raient s'appliquer presque littéralement à nos préparations du Sargus annularis. CHAPITRE SECOND. LE DÉVELOPPEMENT DES GLANDES GÉNITALES DES TÉLÉOSTÉENS. L'étude du développement de l'appareil génital desTéléostéens ne manque pas de présenter de grandes difïicultés. L'excessive petitesse des organes et de leurs éléments consti- tuants, jointe à la singulière marche du développement, rend cette étude très laborieuse. Ce n'est qu'en disposant de matériaux nombreux que l'on peut entreprendre la solution de la question avec quelque chance de succès. En effet, les organes génitaux des Téléostéens apparaissent généralement très tard, et ils se développent avec une lenteur extrême. Nous avons vu, par exemple, chez certains poissons appartenant probablement au genre Gobius^ les glandes géni- tales apparaître seulement quinze jours après la naissance. On observe alors quelques cellules plus grandes que les autres APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. oli situées dans rendolhélium peritoneal : ce sont les ovules primor- diaux. Un mois plus tard, ce groupe de cellules n*a pas subi de modifications appréciables. L'élevage des œufs de poissons osseux peut se faire aisément pendant longtemps. Mais à part quelques exceptions (Lopho- branches) les embryons encore contenus dans l'œuf ne fournis- sent aucune indication relative aux organes génitaux. 11 faut chercher le développement de ces parties chez de jeunes pois- sons, et il faut pouvoir observer ceux-ci pendant très longtemps. Or il est dilTicile de tenir ces jeunes animaux en vie pendant plus de quelques jours. Trop souvent, en arrivant un beau matin au laboratoire et en visitant ses aquariums, on trouve morte en une fois toute une couvée de jeune frai qu'on était parvenu à élever jusque-là sans encombre, et dont on ne peut attribuer la mort à aucune cause connue. {1 ne faut donc pas s'étonner en voyant que nous ne sommes pas parvenu à étudier le développement des organes génitaux chez une seule espèce d'une manière complète. Les données que nous avons pu réunir à ce sujet ont été fournies par plusieurs formes. Chez l'une, nous avons trouvé les premiers stades; chez une autre les stades intermédiaires; chez une troisième, les étals les plus avancés, etc. S'il est difficile de se procurer les matériaux nécessaires, l'examen de ces matériaux n'est pas moins laborieux. Ce n'est qu'en pratiquant des coupes d'une finesse extrême que l'on peut arriver à déterminer exactement la structure de l'ébauche des glandes génitales. Nous dirons ici quelques mots de la méthode que nous avons suivie pour faire nos coupes. Cette méthode a déjà été publiée plusieurs fois (*), et elle est d'un emploi général à la station zoologique de Naples, où nous avons appris à la connaître. Nous ne croyons pas inutile de la décrire ici dans tous ses détails, car malgré ses nombreux avantages, elle n'est pas encore entrée dans la pratique courante des laboratoires. (*) p. MwER, Ucber die in der Zool. Slat. z. Neapel gebrauchlichen Methoden. MiTTUEiL. ZOOL. Stat., Il B(J.. 1 Hfl., clc. 512 JULES MAC LEOD. 1° L'objet à étudier (Pembryon débarrassé de ses enveloppes on le jeune poisson après séparation de la tête et de la queue) séjourne d'abord pendant 24 heures dans l'acide picrique de Kleinenberg ou dans l'acide chromique à 2-3 °°/oo. On lave ensuite avec de l'alcool à 70 °/o, en renouvelant plusieurs t'ois le liquide jusqu'à ce qu'il reste incolore. [.a pièce est colorée in toto au carmin (de préférence le car- min boracique) et la matière colorante en excès est enlevée au moyen de l'alcool à 70 "/o acidulé d'une goutte d'acide chlorhy- drique. Enfin l'objet est déshydraté et encastré. 2" La pièce est traitée par une solution saturée de sublimé corrosif pendant un certain temps (2-24 heures) — pendant quelques minutes par l'eau distillée — colorée au carmin bora- cique etc. comme plus haut. Après avoir été soumise à une de ces deux méthodes, la pièce esl encastrée de la manière suivante : Après déshydratation soignée, l'objet séjourne pendant quel- que temps — 24 heures ordinairement — dans la créosote. Quand elle est suffisamment éclaircie, on prépare un bain de paraffine fondue au bain-marie, en ayant soin de placer la capsule ou le godet qui contient la pièce sur le môme bain, de manière à porter celle-ci à la même température que la paraffine dans laquelle on va l'introduire. Quand celle-ci est fondue, on y dépose la pièce et on l'y laisse séjourner pendant quelque temps, en ayant le plus grand soin de ne pas dépasser le point de fusion (57° — 60° ordinairement.) Quand on juge que l'imbibition est suffisante, on verse un peu de paraffine dans un petit moule en papier, on y transporte l'objet qu'on oriente au moyen d'une aiguille légèrement chauffée, et on laisse refroidir lente- ment f ) (*) Comme on le voit , celte méthode d'encaslration se rapproche beaucoup de celle que Plateau (voir Recherches sur la structure de l'appareil digestif des Aranéides, Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, l. XLIV, 1877. p. 35 du tiré à part), décrivit en 1877. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 513 I>ps coupes se font à sec, au microlome de I.eiser ou do Yung. Elles sont placées en ordre sur une lame; quand un certain nombre de coupes sont dé| osées les unes à coté des autres, on cliaulFe légèrement le porte-objet; la fusion de la paralïine déter- mine Tadhérence provisoire des coupes au verre. On peut alors, au moyen d'un petit pinceau imbibé de lérebenlbine, enlever la paraffine sans déranger les objets. On dépose enfin un verre couvrant, et on laisse une solution de baume couler lentement sous celui-ci. Telle est la méthode que nous avons suivie. Elle nous a permis de faire en un temps relativement court de nombreuses séries de coupes. Nous avons, par exemple, débité un embryon de deux centi- mètres environ de longueur en 592 coupes numérotées, rangées sur quinze porte-objets. Des personnes plus exercées peuvent atteindre des résultats encore bien supérieurs. Giesbrecht (29) a introduit tout récemment un perfectionne- ment notable dans celte méthode. Si on considère l'évolution de la glande génitale prise en elle- même, sans tenir compte de ses changements de position, on peut la diviser en trois périodes : 1" Apparition de Tépithélium germinatif ; 2** Formation du pli génital; 3** Transformation de ce pli en tube génital. Nous aurons aussi à nous occuper des changements de posi- tion de l'organe pendant son développement. Première apparation des organes génitaux. — Formation de l' epithelium germinatif. Nous avons pu étudier ces premiers stades chez Vllippocam- pus brevirostris et le Sgngnathus acus, et chez des poissons osseux indéterminés, probablement des Gohius, Si on examine une série de coupes transversales faites au tra- vers du tronc d'un embryon, on trouve en allant d'avant en arrière : d'abord le tube digestif entouré en partie par une volu- 514 JULES MAC LEOD. mineuse masse glandulaire. A mesure qu'on recule en arrière, on voit celte masse diminuer en importance, et finalement on arrive à un endroit où le tube digestif constitue le seul viscère contenu dans la cavité peritoneale. C'est dans cette région pos- térieure, au niveau de Vintestin par conséquent, que Tébauche des organes génitaux apparaît. Quand on examine une coupe transversale d'un embryon d'Hippocampe chez lequel le vitelius nutritif a encore gardé envi- ron les trois quarts de son volume primitif, les divers organes situés en dessous de la corde dorsale sont disposés de la manière suivante (fig. 17) : En dessous de la notocorde, à droite et à gauche de la ligne médiane, et à des dislances inégales de celle-ci, se trouvent pla- cés deux canaux longitudinaux que nous considérons comme les canaux urinifères primitifs. Entre ceux-ci sont situés trois larges vaisseaux sanguins, comme le montre la figure 17 Q. Dans la cavité abdominale nous trouvons l'intestin, suspendu sur le ligne médiane par son mésentère. (Celui-ci se résorbe de très bonne heure.) Toute la surface de la cavité du corps est tapissée par un endothelium à cellules plaies, dont les noyaux ont un aspect fusiforme sur les coupes. De chaque côté de l'insertion du mésentère on trouve dans cet endothelium quelques cellules plus grosses que les autres. Ce sont les ovules priniordiaux ou, pour employer l'expression plus juste de Nussbaum, les cellules sexuelles (Geschlechtszellen). Le noyau de ces éléments est relativement volumineux, son contenu est granuleux; quelques granulations plus grosses que les autres peuvent être envisagées comme des nucléoles. Le protoplasme peu abondant est clair. Ces cellules mesurent de 5-8 Li en diamètre. (*) On voit que ces cinq tubes situés en dessous de la corde dorsale sont asy- métriquemenl placés. Cela est un fait constant chez les Lophobranches. Nous l'avons constaté sans exception chez une masse d'embryons de Syngnathe et d'Hippocampe. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 515 Chez des embryons de Qobiiis^ une quinzaine de jours après la sortie de l'œuf, on trouve également quelques grosses cellules du même genre de chaque côté du mésentère (fig. 18). Primitivement, chez des embryons plus jeunes, il n'y a aucune trace de ces cellules. Elles apparaissent relativement fort tard. Pour ce motif nous croyons avec Brock (216, p. 534) que ces éléments sont le résultat d'une différenciation des cellules endo- Ihéliales, et nous ne pouvons admettre avec Nussbaum (50), qui les a décrits chez la Truite, qu'il s'agit ici de cellules n'ayant aucun lien de parenté avec l'endothéliura peritoneal. Formation du pli génital. Les organes reproducteurs restent longtemps dans cet état, parfois pendant plus d'un mois (Gobiiis). A un moment donné, un groupe de deux ou trois cellules sexuelles forme une petite saillie, une petite crête à la surface de l'endothélium peritoneal. Nous avons observé ce stade chez ÏHippocampits et le Belone acus (fig. 19). A mesure que l'embryon avance en âge, cette saillie génitale s'accroît; le nombre de ses cellules constituantes augmente et au bout de peu de temps on remarque qu'elles se disposent en une couche périphérique entourant un noyau central conjonctif peu abondant (fig. 20). En même temps, la partie basilaire du repli s'étrangle (fig. 20, 21, 22), tandis que son extrémité libre s'épaissit. L'ensemble prend ainsi, sur une coupe, l'aspect clavi- forme. La partie épaissie constituera plus tard le corps de la glande, tandis que le pédicule rétréci deviendra son ligament suspenseur. L'ébauche de la glande génitale perd rapidement sa constitu- tion primitive. Quelques-unes des cellules périphériques s'ac- croissent et s'enfoncent dans le noyau conjonctif de l'organe. Comme ce noyau est très petit, il suffit de l'immigration de deux ou trois cellules sexuelles pour le masquer entièrement. La partie centrale se présente alors comme étant formée de quel- ques grosses cellules sexuelles mélangées à quelques rares 516 JULES MAC LEOD. éléments conjonclifs beaucoup plus petits. Cette partie est tou- jours entourée d'éléments sexuels restés moindres (fig. 21, 22). C'est cet aspect qui a été très probablement la cause pour laquelle plu- sieurs auteurs ont cru que Tcbauche génitale des Téléosléens ne renferme pas de tissu conjonctif. Nous avons, au début de notre travail, partagé également cette erreur. Brock (216) a déjà démontré la présence de tissu conjonctif dans Tébauche génitale des Murénoïdes. L'organe s'accroît sans cesse, le nombre de ses éléments aug- mente; le noyau central acquiert de plus en plus d'importance, tandis que quelques cellules sexuelles continuent à immigrer dans son intérieur. En même temps, une partie des éléments de la couche épi- théliale périphérique semble reprendre l'état primilif de cel. iules plates. Ce changeuient s'opère sur toute la surface interne ou mediale (*) du repli, et sur la plus grande partie de la face externe. Les cellules ne gardent leur noyau arrondi et leurs autres caractères de cellules sexuelles que sur la partie proxi- male (**) de la face externe. Sur le reste de celle-ci on observe cependant cà et là quelques cellules ayant conservé ces carac- tères (fig. 24). Une telle localisation de Tépithélium sexuel sur la face externe du repli génital esl connue chez les Élasmobranches (Balfour, 23 6es) et a été signalée par Brock chez les iMurénoïdes (2i6). Ici cette localisation est plus parfaite en ce sens qu'elle s'est opérée sur une portion de la face externe seulement. Des faits du même genre se rencontrent chez quelques reptiles. {Voir plus haut.) D'après Nussbaum, Tébauche de la glande génitale se formerait par la réunion d'un certain nombre de cellules sexuelles entourées de cellules endothéliales ordinaires. Tous les éléments sexuels qui se forment plus tard dériveraient de ces quelques cellules sexuelles primitives. Nous croyons, au contraire, que les cellules sexuelles sont des cellules (*) Nous appelons ainsila face tournée du côté du mésentère, et face externe la face opposée. (**) La plus rapprochée du point d'inserlion de l'organe. APPAREIL UEPRODUCTEUH DES TÉLÉOSTÉENS. SI 7 endothéliales différenciées, et que des éléments de ce genre peuvent se diffé- rencier ultérieurement, alors que le repli génital est déjà formé, et aux dépens de la couche de revêtement qui entoure ce repli. L'ébauche génitale, telle que nous venons de la décrire, est assez semblable à celle qui se trouve chez les Élasniobranches et les Batraciens, abstraction faite du peu de développement du tissu conjonctif. Chez la Rana esculenta^ d'après Kolessnikow {loc. cit., pi. XXV, (ig. 1), l'ébauche de la glande génitale se com- pose, à un certain moment, d'un repli claviforme formé d'un noyau conjonctif vasculaire, et d'une enveloppe cellulaire for- mée de grosses cellules génitales encastrées dans plusieurs couches d'éléments plus petits. En supposant le noyau conjonctif fortement réduit, on arrive à une disposition qui se rapproche de bien près de celle que nous avons trouvée chez les Téléostéens. Un raisonnement semblable s'applique à ce qui existe chez les Plagiostomes. Transformation du pli génital en canal. Quand le pli génital a atteint l'état de développement que nous venons de décrire, il subit un changement d'une grande importance. Le pli, de solide qu'il était, devient tubulaire. Les divers états examinés jusqu'ici correspondent à peu près aux premiers stades qui s'observent chez les autres vertébrés. A partir de ce moment, la glande suit une route toute spéciale, propre aux poissons osseux. Chez un embryon de Belone acus de M millimètres de long environ, on observe sur la face externe de l'ébauche génitale et et près de l'extémité adhérente, à l'endroit même où nous avons vu l'épithélium conserver ses caractères primitifs, un sillon étroit et profond, qui s'enfonce obliquement dans la masse de l'organe. Le développement dece sillon ne se fait pas également sur toute la longueur de la glande. Les parties postérieures semblent être en avance sur les parties antérieures. Le sillon, d'abord plus large au niveau de son entrée, devient 518 JULES MAC LEOD. de plus en plus profond à mesure que ses lèvres se rapprochent. Il (init enfin par se fermer entièrement, et Ton observe alors dans la glande génitale un canal à lumière assez large, entouré de toutes parts d'un revêlement de cellules sexuelles, et par- tout séparé de la surface de l'organe (fig. 24, 25, 26, 27). L'organe a acquis dès maintenant sa structure tubuleuse défi- nitive, et cela d'une manière extrêmement simple, sans qu'il faille faire intervenir des processus assez peu vraisemblables comme ceux que l'on a admis pour expliquer le phénomène. Cette trans- formation rappelle le développement de beaucoup de canaux qui commencent par être de simples sillons et se ferment plus tard. Malheureusement, il nous a été impossible de suivre le déve- loppement de la glande au delà de ce point : les matériaux nous ont fait défaut. Une maladie grave est venue nous arracher à notre travail, et nous a tenu éloigné de nos occupations jusqu'à une époque où il n'était plus possible de se les procurer. Il est cependant plus que probable que l'épithélium sexuel qui s'est invaginé pour former le sillon, et ensuite le tube qui résulte de la fermeture de celui-ci, constituera plus tard l'épithé- lium interne du tube ovarique. Toutes les cellules qui le constituent pourront conserver leur caractère sexuel, ce qui amènera la production d'un ovaire à canal central; dans d'autres cas, une partie plus ou moins consi- dérable de ces cellules pourra passer à l'état de cellules épi- théliales ordinaires, ce qui produira un ovaire à canal ovarique latéral avec les différenciations variées sur lesquelles nous avons déjà appelé l'attention [voir page 11). La partie conjonctive du repli génital constituera la charpente conjonctive de l'organe adulte. Les ovules qui y ont immigré précédemment sont très probablement destinés à disparaître, tandis que les cellules plates qui recouvrent à ce stade tout le repli génital formeront plus tard le revêtement séreux de l'organe définitif. On voit par l'inspection des figures que Ton peut considérer les deux lèvres qui bordent ce sillon comme deux lamelles ovariques longitudinales APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. S19 entre lesquelles il se trouve situé (fig. 25, pp.). L'extrémité libre de ces lamelles se soude, et le sillon est ainsi transformé en tube. A ce point de vue, on peut comparer ces phénomènes à ceux qui se passent dans Tovaire du Scorpœna scropha et de VOphidium barbalum. La figure 1 montre que Ton trouve dans ces ovaires un certain nombre de lamelles longitudinales sépa- rées par des sillons] ces lamelles se soudent entre elles parleurs extrémités libres, ce qui amène la transformation des sillons en canaux (marqués c sur la figure citée). On assiste ici à une répétition du phénomène qui a préside à la formation de Tovaire entier. Si on compare entre elles les figures sché- matiques 13 et 14, on voit que chez le Scorpœna ces canaux secondaires sont entièrement tapissés par Tépithélium sexuel, tandis qu'ils ne sont que partiellement limités par cet epithelium chez VOphidium. Si le sillon originaire observé sur le pli génital se comporte comme les sillons situés entre les lamelles chez le Scorpœna, nous arriverons à un ovaire à canal central. S'il ressemble, au contraire, aux sillons secondaires de VOphidium^ nous aurons un ovaire à canal latéral. Changements de position de la glande génitale dans le cours de son évolution. Les divers changements que nous avons décrits jusqu'ici s'acconîplissent à Fintérieur de la glande en voie de formation. Pendant le cours de son évolution, Porgane quitte partiellement sa position primitive. Les rapports entre les portions posté- rieures de la glande et les parties voisines changent complète- ment. Nous avons vu que la glande apparaît d'abord sur la face dor- sale de la cavité du corps, de chaque côté du mésentère. Toute la partie antérieure de la glande garde cette position, mais la partie postérieure se déplace et devient beaucoup plus ventrale. L'apparition et le développement de la vessie urinaire provo- quent ce changement de position. La vessie urinaire se montre relativement tard : elle se forme au niveau de l'insertion du mésentère, entre le revêtement séreux de la cavité abdominale et les tissus sous-jacents. Par sa formation et son accroissement, elle refoule vers le bas le feuillet peritoneal qui tapisse le rein, et sépare l'un de l'autre 54 520 JULES MAC LEOD. les deux feuillets du mésentère. Comme il est aisé de le com- prendre, en comparant entre elles les figures 28 et 50, le point d'insertion des glandes génitales se trouve ainsi reporté en bas et en dehors. En même temps, la vessie urinaire empiète sur la cavité abdominale, la remplit de plus en plus dans sa partie supérieure. Il résulte de là qu'à ce niveau les glandes génitales perdent de très bonne heure, alors qu'elles sont encore loin de leur état déiinitif, leur position originaire à la surface des reins. Pour mieux faire comprendre le résultat de ce déplacement, nous décrirons la disposition relative des divers organes chez le Belone acus , telle qu'elle se présente chez des embryons de 5 centimètres de longueur environ. Les figures 28 à 35 représentent une série de coupes trans- versales d'un embryon de ce genre, faites depuis la partie anté- rieure de la vessie urinaire jusqu'à son orifice extérieur. La figure 28 correspond à une coupe faite immédiatement au- devant de la vessie. On y voit les organes génitaux dans leur position originaire, de chaque côté du mésentère. La figure 29 représente une coupe un peu postérieure. La vessie urinaire est encore petite à ce niveau : elle est partielle- ment comprise dans l'épaisseur du mésentère. Sur la figure suivante (fig. 50), encore plus postérieure, la vessie urinaire est beaucoup plus grande : elle occupe à peu près la moitié supérieure de la cavité du corps : l'ébauche des glandes génitales est ainsi reportée vers le bas, tandis que la vessie uri- naire est soudée largement, par toute sa face inférieure, à la face supérieure du tube intestinal. Un peu plus en arrière (fig. 31), la vessie urinaire est devenue encore plus volumineuse. Le tube digestif s'est soudé à la face ventrale de la paroi du corps, de telle sorte que la cavité perito- neale est divisée en deux moitiés, une à droite et une à gauche. Chacune de ces moitiés constitue un canal triangulaire, horizon- tal, communiquant au-devant avec le reste de la cavité générale, limité en haut par le revêtement des parties inférieure et laté- rales de la vessie urinaire, en dehors par la paroi externe du corps, en dedans par le canal intestinal. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 521 L'angle supérieur el interne de ce canal, formé à l'endroit de réunion de la vessie et du rectum, est le point d'insertion des glandes génitales. A mesure que l'on recule en arrière, ce canal devient de plus en plus étroit, s'étend au delà de l'anus, et se termine en cul-de-sac dans le voisinage immédiat de l'orifice urinaire externe (fig. 33). La glande génitale ne s'étend que jusque dans la partie anté- rieure de ce canal. Plus en arrière on n'en trouve plus aucune trace. Telle était la disposition chez l'embryon le plus âgé que nous avons pu observer. A cette époque, il n'existait encore aucun indice de pore peritoneal. En résumé, à un moment donné du développement, la partie postérieure des glandes génitales vient se placer à la face ventrale de la vessie urinaire, au point de réunion de celle-ci et du rectum. En arrière, la cavité peritoneale se prolonge sous forme de deux canaux, situés au niveau de la face dorsale de l'intestin et latéra- lement, et s'étendant jusqu'au niveau de l'orifice urinaire. Les glandes génitales se prolongent jusque dans la partie antérieure de ces canaux. Nous n'avons malheureusement pu suivre le développement au delà ; mais la disposition que nous venons de décrire permet de prévoir en quelque sorte les changements ultérieurs. En effet, nous avons vu que le repli génital se transforme en tube pendant que ces changements de position surviennent. L'extrémité postérieure du tube génital débouche donc dans les prolongements de la cavité du corps que nous avons décrits. Pour passer de là à l'état adulte, il suffît de supposer une simple soudure entre l'exlréuiité postérieure du tube génital et la paroi des canaux péritonéaux en question, la réunion de ces deux canaux sur la ligne médiane par leurs extrémités postérieures, et l'établissement d'une communication entre cette extrémité et l'extérieur, c'est-à-dire la formation d'un pore peritoneal (*). (*) Ce pore apparaît très tard chez les Téléosléens. Brock (216) Pa cherche» vainement chez des exemplaires d'anguille déjà relativement grands. 522 JULES MAC LEOD. Ces phénomènes sont aisément admissibles; ils sont des plus simples et s'imposent pour ainsi dire à l'esprit. Il ne serait guère possible de concevoir un autre mode de communication des glandes génitales avec l'extérieur. En effet, nous croyons pou- voir rejeter l'existence d'un canal de Miiller chez les Téléostéens. Depuis la première ébauche des glandes rénales jusqu'à un moment où Tappareil urinaire est déjà complètement formé, nous n'avons jamais rien vu qui rappelât en quelque façon que ce soit un canal de ce genre. 11 est d'ailleurs inadmissible qu'un canal de MûUer se développe plus tard, après le dernier stade que nous avons observé, alors que la vessie urinaire est déjà formée. On ne peut donc faire intervenir un canal de ce genre dans la formation de l'oviducte. Nous croyons pouvoir conclure de nos observations que cha- cune des glandes génitales des Téléostéens apparaît sous forme d'un repli situé à côté du mésentère. A l'origine ce repli ren- ferme une masse conjonctive peu abondante, autour de laquelle se trouvent disposées les cellules sexuelles, et dans laquelle quelques-unes de ces cellules immigrent successivement, de manière à en masquer complètement le caractère. Ces cellules perdent bientôt leur aspect d'éléments sexuels, sauf sur la partie proximale de la face externe de l'organe. A ce niveau se forme un sillon qui devient de plus en plus profond, se ferme, et se transforme ainsi en un canal tapissé par des cellules sexuelles. L'organe acquiert de cette façon sa forme tubuleuse définitive. Il n'existe, à aucun moment du développement, aucune trace du canal de Mûller. Il est impossible de concevoir la formation des voies d'évacuation des œufs chez l'adulte autrement qu'en admettant que la partie postérieure de la glande génitale tubu- leuse s'unit avecle pore peritoneal. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 523 CHAPITRE TROISIÈME. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET CONCLUSIONS. Il nous reste à examiner maintenant comment les faits que nous venons de relater peuvent servir à Tinlerprélation de la structure de l'appareil reproducteur des Téléostéens, et com- ment on peut les utiliser pour se faire une idée de l'origine de cet appareil. Deux hypothèses principales ont été mises en avant pour expliquer la forme des ovaires des poissons osseux , et pour rattacher la disposition avec canal excréteur qui existe chez la plupart d'entre eux à la forme sans canal et avec pore abdominal qui se rencontre chez les Salmonidés et les Murénoïdes. D'après Waldeyer (18) la forme la plus ordinaire, avec canal excréteur, serait la forme primitive. L'ovaire se serait replié sur lui-même, de manière à prendre la forme tubuleuse, et aurait été subséqnemment enveloppé par l'extrémité abdominale du canal de Mùller, qui formerait ainsi autour de l'organe une capsule ovarique analogue à celle qui existe chez quelques mammifères {Marsupiaux^ etc.). Le canal excréteur, l'oviducte ne serait autre chose que l'extrémité postérieure du canal de Mûller. Balfour (23) est également d'avis que cette forme est la plus ancienne. La forme des Murénoïdes et des Salmonidés dériverait de la première par réduction et disparition du canal de Mûller. Une autre idée a été surtout développée par Brock (216). D'après ce naturaliste, la forme sans canal excréteur serait la plus ancienne, et chez les autres Téléostéens l'ovaire aurait formé son propre canal excréteur. D'après Brock, en effet, l'ovaire de tous les Téléostéens peut être comparé à la plaque ovarique de l'Anguille qui se serait repliée sur elle-même vers l'extérieur et aurait formé un tube, de telle sorte que la face externe ou génitale se serait tournée en dedans, et que la face mediale ou vasculaire du repli gènita de l'Anguille constiluerait la couche externe de la paroi du lube 524 JULES MAG LEOD. ovarique. La face génitale se serait alors subséquemment plissés de manière à former des lamelles. L'auteur donne ensuite une explication des plus rationnelles des diverses formes d'ovaire que l'on rencontre chez les Téléos- téens : si toute la face génitale du repli primitif est couverte d'épithélium germinatif, toute la face interne du tube génital sera dans le même cas, et nous aurons un ovaire à canal central. Si une partie seulement de cette face est couverte d'épithélium germinatif, nous aurons un ovaire à canal latéral. Si l'épithélium germinatif est en partie mâle et en partie femelle, nous aurons un tube ovarique hermaphrodite. L'ovaire de tous les poissons osseux se trouverait donc, à l'origine, dans le même état que celui que Ion rencontre chez les Murénoïdes; plus tard seulement il prendrait la forme tubu- leuse. Le développement nous semble plaider puissamment en faveur de ridée de Brock. Nous l'adoptons donc en principe; nous n'avons qu'à y faire une légère modification. En effet, d'après l'hypothèse de Brock, l'ovaire lamelliforme serait devenu tubuliforme en se repliant sur lui-même. L'orga- nogènie nous apprend que les choses se passent autrement, que c'est par la formation et la fermeture d'un sillon sur la face externe du repli génital que celui-ci se transforme en tube. Mais on le voit, au fond l'idée de Brock est bien rapprochée de la vérité, et son hypothèse peut être considérée comme très heureuse. Nous devons faire remarquer ici que la partie de la surface du repli gé- nital qui devient la surface vasculaire (ou externe) de l'organe adulte com- prend toute la face mediale du repli et une partie distale de la face externe. Chez les Murénoïdes (Brock) la face externe du repli génital (celui-ci devient d'ailleurs l'ovaire adulte sans autre modification, par simple accrois- sement) est tout entière germinative; la région vasculaire, recouverte d'un endothelium, occupe seulement la face mediale. L'appareil génital des Téléostéens commence par présenter APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 525 dans le cours de son évolution un étal semblable à celui qui existe chez les iMurénoïdes. Chaque glande est en effet constituée par une lamelle située sur les côtés du mésentère, et dépourvue de canal excréteur. Ce n'est qu'ultérieurement que l'organe se complique pour devenir tubuleux et se munir d'un canal excréteur. D'autre part, Brock (216) a pu suivre le développement, excessivement lent d'ailleurs, des organes génitaux des Muré- noïdes, et il n'a pu observer aucune trace de rétrogradation dans ces organes, ni aucun signe d'un canal excréteur qui aurait existé primitivement et se serait perdu par la suite. Nous considérons donc comme un point démontré que la forme tubuleuse propre à la majorité des Téléostéens dérive d'une forme plus ancienne non tubuleuse (*). Voici d'ailleurs comment nous pouvons reconstituer hypothé- tiquement l'histoire de l'appareil reproducteur des Téléostéens : Chez les ancêtres de ces animaux, les ovaii-es étaient repré- sentés par deux lamelles suspendues dans la cavité abdominale, de chaque côté du mésentère. Les œufs se produisaient sur toute la surface de ces lamelles, et tombaient librement dans la cavité du corps. Ils s'évacuaient au dehors par deux pores peritonéaux (indépendants ou confluents) et ils pouvaient, dans certains cas, être conduits vers ces pores par des cils vibraliles. Parmi les poissons vivant actuellement, les Cyclostomes sont ceux qui se rapprochent le plus de cette forme ancestrale. Ils la réalisent à peu près littéralement. Une première différenciation s'observe dans le mode de dis- tribution de l'épithélium germinatif à la surface du pli génital. Cet epithelium s'est localisé sur la face externe de l'organe, la surface interne étant recouverte d'endothélium, constituant la face dite vasculaire. Cet état se retrouve encore aujourd'hui, (*) Comme le fait remarquer Bridge (22), les Téléostéens chez qui colle forme primitive est conservée semblent inférieurs par l'ensemble de leur organisation, ce qui plaide encore en faveur de notre opinion. 526 JULES MAC LEOD. modifié par quelques variations secondaires, chez \es Salmonidés et les Murénoïdes. Chez les autres Téléostéens, on trouve une disposition encore beaucoup plus écartée du type primordial. Cette disposition a été probablement atteinte de la manière suivante: A Torigine, les œufs tombaient librement dans la cavité abdo- minale. A un moment donné,il s'est formé un sillon longitudinal sur la face externe de l'organe. Ce sillon a constitué une voie d'évacuation partielle pour les œufs. Ceux de ces éléments qui étaientengagésdans ce sillon auront été conduitssùrement et rapi- dement aux pores péritonéaux. Il sera donc allé en s'accroissanl continuellement, en devenant de plus en plus profond. Les œufs qui se formaient dans le voisinage de ce sillon auront eu un avantage sur les autres au point de vue de l'évacuation, ce qui aura entraîné une localisation del'épithéliumsexuelàcet endroit, c'est-à-dire sur la partie proximale de la face externe du pli génital. De même, un perfectionnement ultérieur aura consisté dans la localisation de l'épithélium sexuel sur les parois mêmes dece sillon, c'est-à-dire à l'endroit le plus favorable possible au point de vue de l'évacuation. Plus tard encore, le sillon se sera trans- formé en tube en se fermant. La face interne de la paroi de ce tube aura continué seule à produire des œufs. Enfin, nous assis- tons à une dernière modification : la partie postérieure du tube s'est prolongée en arrière jusqu'aux pores péritonéaux et s'est réunie à ceux-ci. Nous sommes ainsi conduits à l'état qui se ren- contre chez la plupart des Téléostéens. D'autre part, la forme primitive, analogue à celle qui s'ob- serve encore chez les Murénoïdes, etc., se sera modifiée dans un autre sens par la formation d'un canal de Mûller, et sera passée ainsi à l'état qui s'observe chez les Ganoïdes et les Élasmo- branches. Le pore peritoneal se sera encore conservé pendant longtemps, quoiqu'il n'ait plus aucun rôle à joiier (du moins au point de vue de l'évacuation des produits sexuels). Nous avons représenté l'idée que nous nous faisons des rap- APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 527 ports de l'appareil reproducteur des Téléostéens par l'arbre généalogique suivant : TÉLÉOSTÉEKS (p. paitC). CAIfOIOES. ELASMOBRANCHES. etC. Transformation de la glande génitale en tube; Dédoublement du canal urinifère primitif : celui-ci s'unit aux pores péritonéaux. formation d'un canal de Millier. «al:iio]«idesi. IflUREXOtDBS. L'épithélium sexuel se localise sur la facs externe de la glande génitale. crrrosToraca. Chaque glande génitale formée d'un repli portant de l'épithélium sexuel sur toute sa surface. Pores péritonéaux. 528 JULES MAG LEOD. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche XXIX. Fig. 1. Coupe transversale de l'ovaire d'un jeune Scorpœna scropha: c. enve- loppe conjonctive de l'organe — c', noyau conjonciif, formé de faisceaux de fibrilles rayonnantes s'engageanl dans les lamelles ovariques, et de faisceaux longitudinaux dont on voit les coupes. Ce noyau conjonciif est pourvu de larges espaces lympalhiques, — V. vaisseaux sanguins, — m. mesovarium, — /. limites des lamelles ovariques. Les lamelles adjacentes sont soudées dans leurs parties périphériques, mais encore séparées à leur base par des canaux /'. Fig. 2. Porlion de la surface d'une lamelle ovarique du même animal, vue en coupe : 0. o' . o". ovules arrivés à divers degrés de développement; e. cellule épithéliaie. Fig. 3. Portion de la figure l'"^ plus fortement grossie. Le mesovarium (m) et les vaisseaux sanguins {v) situés au niveau du hile suffisent à s'orienter. On voit comment l'épithélium cylindrique se modifie pour passer à la surface de la partie germinative de l'organe. Fig. 4. Coupe transversale à travers la glande hermaphrodite du Sargus annu- laris (jeune) : d. canal déférent lacuneux; o. partie femelle; /. partie mâle de la glande; o'. ovules engagés dans la partie mâle; od. canal ovarique. Fig. 5. Id. du Serranus cabrillat faite au niveau de la partie postérieure, oii la glande droite et la glande gauche sont réunies : m. insertion du meso- varium; od. canal ovarique; l. partie mâle de l'organe. Fig. 6. Id. du Box Salpa : f. partie mâle; df. canal déférent ;o. ovaire; od. canal ovarique. La région ce' est couverte d'épithélium cylindrique. Fig. 7. Portion de la figure précédente grossie, montrant le passage de la région à epithelium cylindrique à la région germinative. Fig. 8. Portion de la partie mâle de la glande hermaphrodite du Sargvs annu- laris : e. canalicules séminifères; m. cellules mâles; o. ovule déjà rela- tivement avancé placé au milieu des cellules mâles. Fig. 9. Coupe transversale de l'ovaire de V Hippocampe; c. tunique conjonctive; t. points où se trouve localisé l'épithélium sexuel, à l'extrémité des lamelles. Une de celles-ci est enroulée en volute au centre de l'organe; s. point de soudure entre les deux lamelles; m. mesovarium. Fig. 10. Coupe transversale de l'ovaire du Syngnathus acus. Les lettres ont la même valeur que dans la figure précédente. Il n'y a ici qu'une seule lamelle. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 529 Fig. 11-16. Figures schématiques destinées à faire voir l'extension plus ou moins considérable de répithélium sexuel sur la surface inierne de l'ovaire. Les lignes foncées représentent répithélium sexuel; les lignes fines correspondent aux parties qui ne sont pas le siège de la production d'ovules. Dans toutes les figures c représente la surface externe de la paroi de l'ovaire. Fig. 11. Toute la surface interne est couverte d'épithélium sexuel : canal ovarique central. (Ex. : Belone acus.) Fig. 12. Une partie de la surface interne est dépourvue d'épithélium sexuel: canal ovarique périphérique. (Ex : Cyprinus.) Fig. lô. Une partie très considérable de la surface interne est dépourvue d'épi- thélium sexuel. Les lamelles ovariques sont entièrement couvertes de cet epithelium. (Ex : Scorpœna.) Fig. 14. Même disposition que dans la figure précédente, mais la partie basilaire des lamelles ne porte plus d'épithélium sexuel. (Ex : Ophidium bar- batum.) Fig. 15. Ici répithélium sexuel n'occupe plus qu'une portion extrêmement réduite : l'extrémité de deux lamelles en est seule recouverte (Cette disposition n'est connue jusqu'ici que chez V Hippocampe. ì Fig. 16. Ici l'épithélium sexuel en est réduit à son minimum de développement Il se trouve relégué sur la crête d'une seule lamelle. (Ex : Syngnathus.) Planche XXX. Fig. 17. Coupe transversale d'un embryon ^^ Hippocampe^ au niveau des organes génitaux. c. corde dorsale. V. vaisseau sanguin. il. canal urinaire primitif. s. cellule plate endolhéliale. es. cellule sexuelle. d. tube digestif. Fig. 18. Coupe transversale d'un embryon de Go6ms? au même Qiveau. Pour les lettres, voir fignre 17. Fig. 19. Première ébauche du repli génital, formé par la réunion de quelqui s cellules sexuelles. (Embryon d'Hippocampe); g. repli génital. Fig. 20. Coupe transversale à travers un embryon de Belone acus; g. repli génital un peu plus avancé formé de cellules sexuelles, placées autour d'un noyau conjonctif; es. cellules sexuelles qui n'ont pas pris part à la formation du repli sexuel. Fig. 21. Repli sexuel plus avancé {Belone) : quelques cellules sexuelles ont immigré dans le noyau conjonctif; m. mésentère; ce. cellules conjonc- tives; es', cellules sexuelles ayant repris le caractère séreux. Pour les autres lettres, voir figure 17. 550 JULES MAC LEOD. Fig. 22. Repli sexuel du Syngnathe à un stade correspondant à celui qui est repré- senté flgure 21. Mêmes lettres que pour les figures 17 et 21. Fig. 23. Coupe transversale à travers un embryon d' Hippocampe ^ montrant la position asymétrique (constante) des organes sexuels. Mêmes lettres que pour figure 17; g. repli génital. Fig. 24. Repli génital du Belone acus. La face mediale (qui regarde le mésen- tère) est tournée vers le bas; la face externe est tournée vers le haut; l'extrémité adhérente est à droite; la même observation s'applique aux trois figures suivantes, es. cellules sexuelles, disposées en epithe- lium sur la partie proximale de la face externe; es', cellules sexuelles immigrées dans le noyau conjonctif; ce. éléments conjoncUfs; s. cel- lules plates. Fig. 23, Id. un peu plus avancé. Mêmes lettres que dans la figure 24; oc. sillon se creusant dans la région sexuelle. Fig. 26. Id. plus avancé. Le sillon est devenu plus profond et s'étrangle au niveau de soQ entrée. (Dans celte figure et la suivante, les parties centrales du repli génital ne sont pas dessinées.) Fig. 27. Id. plus avancé. Le sillon s'est fermé, et le repli génital s'est transformé en un tube, dont la lumière est tapissée par des cellules sexuelles. (La paroi de ce tube est formée par le noyau conjonctif de l'organe qui l'enveloppe de toutes parts, et la surface externe de cette paroi est recouverte de cellules plates. Fig. 28-33. Ces figures représentent une série de coupes transversales à travers un embryon de Belone acus, de 50 millimètres de long. Pour l'explica- tion détaillée de ces figures, voir pages 520-521. Les lettres suivantes ont la même valeur dans toutes les figures : a. anus. d. tube digestif. c. notocorde. cp. cavité peritoneale. g. repli génital. n. centre nerveux. r. rein. u. canal urinaire primitif. vu. vessie urinaire. Fig. 34. Coupe du même genre , à peu près intermédiaire entre les figures 31 et 32, grossie. On voit la soudure du tube digestif à la vessie en haut et à l'épiderme en bas;d. tube digestif ; vu. vessie urinaire; cl. tissu conjonctif lâche. APPAREIL REPRODUCTEUR DES TÉLÉOSTÉENS. 531 LISTE DES GIVRAGES CITÉS DANS LE COLHS DE CE TRAVAIL. i. Cavolini, Ueber die Erzcugung von Fische und Krcbse. (Tra- duction allemande de Zimmerman, Berlin, 1792.) 2. Rathke, Ueber die Gesclilechtstheile der Fische. NeuesteSchriften der Naturf. Gesellsch. zu Danzig. Bd. I, Heft 5. Halle, 1854. — Zîir Anatomie der Fische. Mùller's Archi v, 1836. — Beitr. z. Geschichte der Thierwelt, II. Halle, 1824. 3. Treviranus, Zei7sc/ir. /'. Physiologie, Bd. H, Heft 1. Darmstadt, 1826. 4. CuviER ET Valenciennes, Histoire naturelle des poissonSj t. I, p. 531. Paris, 1828. 5. J. MiJLLER, De glandularum secernentium structura penitiori. Lipsiae, 1830. 6. Prévost, De la génération chez le Séchot. [Mulus Gobio). Ann. Se. Natur. XIX, 1830. 7. Agassiz und Vogt, Anatomie des Salmones; Neufchâtel, 1845. 8. OwEN, Lectures on comparative anatomy and physiology of vertebrate animals. London, 1846. 9 CuviER et Duvërnoy, Leçons d'anatomie comparée, 2* édition. Paris, 1846. 10. Hyrtl, Beitràge zûr Kentniss der Vrogenitalorgane der Fische. Denl^sclir. der Wien Akad.der Wissenschaften, 1850. 11. Costa, Fauna del regno di Napoli, 1850. 12. Lereboullet, Recherches sur V anatomie des organes génitaux des animaux Vertébrés. Nov. act. Acad. Leop. Carol. 1851. 13. Siebold et Stannius, Traité d'anatomie comparée, Irad. franc. — Encyclop. Roret. 14. Martin-Saint-Ange, Étude de l'appareil reproducteur dans les cinq classes d'animaux Vertébrés. Paris, 1854. 45. DcFossÉ, De l'hermaphrodisme chez le Serran. Ann. Se. Natur, 1856. 552 JULES MAC LEOD. — APPAREIL REPRODUCTEUR, ETC. 46. Leydig, Histologie comparée, (trad, franc.). 47. VoGT UND Pappenheim, Des organes de la génération des poissons. Ann. Se. Natur. IV« série, t. 2, 4859. 48. Waldeyer, Eierstock und Ei, 4870. 49. His, Untersuch. iiher das Ei und die Eientwickel. bei Knochen- fischen. Leipzig, 1875. 20. Syrski, De piscium osseorum organis genitalibus. Kosmos, I. Lemberg, 1876. 24a. Brock, Beitr. z. Anut. u. Histologie d. Geschlechtstheile der Knochen fische. Morph. Jabrb. Bd. IV, Heft 4, 4878. 246. Brock, Untersuchungen ûher die Geschlechtsorg .einiger Murœ- noïden. — Mittheil. Zool. Stat. Neapel. Bd. II. Hft. 4. 22. T. W. Bridge, Pori abdominales of Vertebrata. Journ. of anat. andphys., t. XIV, 4879. 23. Balfour, Comparative embryology. y t. II, p. 580. 23"*. Balfour, A monogr. of the development of Elasmobratich fishes. London, 1879. 24. Leydig, Die einheimischen Saurier, 4872. 25. Max Braun, Das Urogenitalsystem der einheimischen Reptilien. Arbeiten aus dem zool. zoot. Inslilut. Wiirzburg, 1877. 26. Balbiani, Leçons sur la génération des Vertébrés, 1879. 27. Mathias Duval, Recherches sur la spermatogenèse étudiée chez quelques Gastéropodes pulmonés. — Revue des sciences naturelles, t. VIII, (pi. X. fig. 4, 5, 5, etc.). 28. GiÊSBRECHT, Zur Schneide-Technik ; zool. Anzeiger, n" 92. (Sept. 4884.) 29. ^vssBkmi, Zur Differ enzirung des Geschlechts iîu Thierreich. Bonn, 1880. 50. Kolessnikow, Ueber die Eientwickelung bei Batrachiern und Knochen fischen. Arch. f. raikr. Anatomie. Bd. XV, p. 382. SUR LES RELATIONS DES PLATYELMES AVEC LES COELENTÉRÉS DUN COTÉ ET LES HIRUDINÉES DE L'AUTRE PAR le Docteur Arnold LANG. Lors dn séjour de M. le professeur Éd. Van Beneden à la Station zoologique de Naples , j ai eu l'occasion de lui parler à différentes reprises des opinions que je m'étais formées, à la suite d'une série de recherches morphologiques, sur la phylogénie des Platytlmes, et sur les relations remarquables, que quelques-uns d'entre eux présentent avec les Hirudinées. M. Van Beneden m'engagea à publier dans les Archives de Biologie, qu'il publie avec M. Van Bambeke, un exposé des faits sur lesquels j'avais basé ma manière de voir. Diverses circonstances m'ont empêché de terminer mon manuscrit aussitôt que je l'eusse désiré. Je rappellerai tout d'abord que, dans mon mémoire sur la Gunda segmentala^ j'ai proposé de dissoudre Tordre des Turbel- lariés et d'en faire trois nouveaux ayant chacun une valeur égale à celui des Trémalodes, des Cestodcs et des Némerliens. J'ai proposé pour ces ordres les noms suivants: 1° ordre des Polyclades (Turbellariés dendrocœles digonopores); 2" ordre des Triclades (Turbellariés dendrocœles monogonopores) et enfin 3", ordre des Rhabdocœles. arnold lang. 554 Les Poltclades considérés comme des Cténophores rampants. Si l'on admet l'opinion très généralement répandue que parmi les différents groupes des Platyelmes l'ancien ordre des Turbel- lariés forme le point de départ de tous les autres, il faut se demander quels sont, parmi ces derniers, les formes les plus primitives. On a répondu à cette question que les Rhabdocœles constituent, dans l'embranchement des vers, les êtres les plus simples, ceux qui se rapprochent le plus des Infusoires. Cette idée ne peut plus être admise aujourd'hui. Nous savons en effet que les Infusoires sont des organismes unicellulaires et que, dans le cours de leur développement ontogénique, il ne se produit pas de fractionnement, qu'il ne se forme pas de larve équiva- lente à la Gastrula. Tous les Rhabdocœles, au contraire, sont des êtres pluricellulaires, composés de tissus différenciés; ils se développent à la suite d'un fractionnement de Toeuf fécondé dont le résultat immédiat est la formation de feuillets embryonnaires. D'ailleurs, si les Rhabdocœles sont les formes les plus simples de la classe de Platyelmes, cette simplicité de l'organisation peut avoir été acquise secondairement et n'être que le résultat de la dégradation progressive d'une organisation jadis plus compli- quée. Je suis disposé à croire, pour ma part, que les Rhabdo- cœles proviennent des Polyclades, après avoir passé peut-être par des formes voisines des Triclades. Je crois que c'est dans les Polyclades qu'il faut chercher la souche de tous les autres Pla- tyelmes; je le crois parce qu'il me parait possible de rattacher l'organisation de ces Vers à celle des Cténophores et d'expliquer les différences, qui distinguent ces deux groupes, par la diffé- rence remarquable de leur manière de vivre. Je le crois enfin, parce que cette hypothèse permet de comprendre beaucoup plus facilement l'organisation des autres Platyelmes. (1) J'ai publié récemment dans les Mittheilungen aus der Zool.-Station su Neapel (Bd. III. Hefl I) un mémoire sur la Gunda segmentata dont l'étude révèle d'une manière frappante des liens de parenté évidents entre les Planaire^ marines et les Hirudinées. LES RELATIONS DES PLATYELMES. 535 Kotualeivsky ^ dans une noie préliminaire récemment publiée, a décrit sous le nom de Cœloplana Metschnikowii un animal fort curieux, qu'il estime être une forme de passage entre les Cténophorcs et les Planaires. J'ai exposé ailleurs les raisons qui m'empêchent de partager cette opinion et qui me font penser, que la Cœloplana est un vrai Cténophore rampant. Cependant il est de la plus haute importance d'avoir pu constater, dans le groupe même des Cténophores, quelles sont les modifications que subit l'organisation de ces animaux à la suite de l'adaptation à la locomotion rampante. Ce qui nous frappe en premier lieu c'est que le corps de la Cœloplana est tout à fait aplati comme celui des Planaires. Les petites plaques natatoires qui, dans les Cténophores pélagiques, sont disposées d'une manière si carac- téristique en huit séries méridiennes, font complètement défaut ici. Le corps est uniformément revêtu de cils vibratiles, absolu- ment comme chez les Planaires. Je regrette vivement que Kowa- lewsky ne nous ait pas encore donné de renseignements sur les systèmes musculaires et nerveux de son animal. 11 faut que, dans la Cœloplana, la disposition des muscles et des nerfs ait subi de profondes modifications; car l'organisation que pré- sentent ces appareils chez les Cténophores pélagiques n'est pas du tout appropriée à la vie rampante. La circonstance que les caractères extérieurs si particuliers qu'a affectés la Cœloplana par le seul fait de son adaptation à un genre de locomotion diffèrent de celui de la plupart des Cténo- phores démontre que nous n'avons pas grande importance à accorder à ces caractères dans la comparaison que nous allons faire entre les Cténophores et les Polyclades. Nous pourrons attacher d'autant plus de valeur aux analogies remarquables que montrent ces deux groupes, quand on considère les traits principaux de leur organisation interne. Pour justifier le rapprochement, parlons d'abord du système gastrovasculaire. Dans les Cténophores (fìg. \) la bouche située au pôle opposé à celui qui est caractérisé par la présence de l'otolithe (Sinnes- 5?I6 ARNOLD LANG. korper, /c), conduit d'abord dans une cavité formée par une inva- gination de Tectodernfie et appelée estomac (a). Sur la paroi de cette cavité il y a parfois des protubérances (6), qui font saillie dans la cavité même. Toujours chez les Polycladesla bouchese trouve primitivement i\ l'extrémité postérieure du corps. Ce n'est que secondairement qu'elle change de place et qu'elle se rapproche de Textrémilé antérieure, où se trouvent (fig. 2) le cerveau (gh) et les organes de sens. Il y a donc lieu de distinguer chez les Cténophores, aussi bien que chez les Polyclades, deux pôles opposés du corps, le pôle oral et le pôle apical ou sensitif. Le corps des Polyclades est aplati parallèlement à l'axe qui passe par ces deux pôles et qui est l'axe principal. Dans la Cœlo- plana, au contraire, le corps est aplati perpendiculairement à cet axe. Les Polyclades rampent, le pôle apical en avant; ce dernier correspond donc à ce qu'on appelle ordinairement l'extrémité antérieure du corps. La bouche de ces animaux, qui, comme nous venons de le dire, est placée à l'extrémité postérieure, con- duit comme chez les Cténophores dans une cavité revêtue par Tectoderme (hg, 1 et 2 a). Cette cavité n'est autre chose que la poche du pharynx. Sur sa paroi est inséré un ruban musculeux (6) qui parcourt la circonférence de la cavité et forme une espèce de diaphragme. C'est le pharynx des Polyclades qui peut être comparé aux protubérances de l'estomac des Cténophores et au pédoncule buccal des Méduses. Chez les Cténophores , l'estomac s'ouvre dans une seconde cavité dont les parois sont formées par l'endoderme et que l'on appelle généralement cavité en entonnoir (fig. i. c). Chez les Polyclades nous trouvons une disposition tout à fait analogue. Chez ces animaux la poche du pharynx s'ouvre égale- ment dans une seconde cavité, formée par l'endoderme et que l'on peut appeler cavité intestinale (fig. 2, c). C'est dans cette cavité qu'aboutissent les canaux gaslrovasculaires aussi bien dans les Cténophores que dans les Polyclades. On peut, dans les deux groupes, distinguer deux espèces de ces canaux. Il y a d'abord un canal impair, qui part de l'extrémité apicale de la LES RELATIONS DES PLATYELMES. 537 cavité intestinale ou de l'entonnoir et se dirige vers le pôle apical du corps (i). Ce canal se subdivise et chez les Cténophores, s'ouvre à l'extérieur au moyen de deux pores excréteurs (m) situés au pôle apical. Dans les Polyclades adultes il n'existe pas de tels pores, mais dans un certain stade larvaire le diverticule médian et antérieur de l'intestin communique avec le milieu ambiant au moyen d'une ouverture vibratile passagère, située à l'extrémité apicale du corps (m). La seconde catégorie de canaux gastrovasculaires consiste dans les canaux late- nt A .-^ raux (e), qui aboutissent à la cavité de l'enton- noir ou intestinale. Chez les Cténophores ces canaux sont ordinaire- ment au nombre de quatre. Chacun d'eux se bifurque de sorte qu'il en résulte huit canaux secondaires (f) qui se dirigent vers les huit séries de plaques nata- toires, pour y aboutir dans des canaux péri- phériques (g), situés sous ces rangées. Indé- pendamment de ces canaux, il en existe encore deux autres(rf), qui, partant de l'enton- noir, se dirigent vers le pôle oral du corps et se terminent dans le voisinage de la base des tentacules protractiles. Chez les Polyclades aussi il y a plusieurs paires de canaux latéraux (e), qui, partant de la cavité intestinale, se subdivisent ensuite et se répandent dans les régions latérales et postérieure du corps. FiG. 1, Le système excréteur, — Dans les Cténophores les deux pores, 538 ARNOLD LANG. par lesquels le canal gaslro-vasculaire impair s'ouvre à Texlé- rieur,sonl considérés comme des pores excréteurs. On ne connaît j)as d'autres organes d'excrétion dans ce groupe. Les Polyclades possèdent des pores excréteurs tout à fait semblables. Je ne parle pas ici de l'ouverture du diverticule antérieur et médian de l'intestin, qui n'est que passagère; mais j'attache une impor- tance particulière au fait suivant, que j'ai pu constater d'une manière tout à fait positive, c'est que dans certains Polyclades, les ramifications de l'intestin envoient des prolongements vers la surface du corps, où ils s'ouvrent à l'extérieur par des pores excré- teurs. Ces pores, ou bien se trouvent répandus en grand nombre sur toute la surface dorsale du corps, comme c'est le cas dans la Planaria aurantiaca, delle Chiaje, ou ils se limitent au bord latéral du corps, comme dans un nouveau genre fort intéressant de la famille des Procérides. Nous constatons, dans ce dernier cas, une analogie complète avec les pores excréteurs, qui se trouvent au bord de la cloche de certaines Méduses. Le système aquifère caractéristique des autres Plalyelmes n existe pas encore dans les Polyclades. Les organes de sécrétion de ces animaux sont formés d'après le type de ceux des Cœlen- térés: V excrétion dans les deux groupes s'exécute au moyen de diverticules de l'intestin qui s'ouvrent à l'extérieur. Les organes génitaux. — Les Cténophores sont hermaphro- dites. Leurs produits sexuels se développent dans les parois des canaux gastrovasculaires, plus spécialement dans les canaux, qui suivent le trajet des séries de plaques vibratiles. Ils occupent, dans ces parois, une position tout à fait caractéristique, les organes mâles (h) et femelles (o) étant disposés en deux rangées opposées l'une à l'autre dans les mêmes canaux gastrovasculaires. Le mode de développement des produits sexuels n'est pas encore élucidé d'une manière positive. D'après Chun ils se déve- lopperaient aux dépens de cellules épiihéliales des canaux mêmes, par conséquent ils proviendraient de l'endoderme. R. Hertwig professe une autre opinion. Cet auteur soutient que la position des organes sexuels dans les parois des canaux gaslrovasculaiies LES RELATIONS DES PLATYELMES. 539 n'est que secondaire el qu'ils sont formés primitivement par des cellules de recloderme. De même que les Cténophores, les Polyclades sont hermaphro- dites. Dans la plupart des genres les organes sexuels montrent une position ca- raclérislique relativement aux diverlicules de l'intes- tin (canaux gastrovascu- laires). Les ovaires (l]g.2,o) en effet se trouvent au côté dorsal, les testicules (/i),au contraire, au côté ventral des diverticules. Les uns aussi bien que les autres se développent (ce que je dé- montrerai dans la mono- graphie de ce groupe que je compte publier dans la Faunaiind Flora ci es Golfes von ISeapel) aux dépens de l'épilhélium de ces diverticules, c'est-à-dire du feuillet interne. Il n'y a pas encore, chez les Polyclades, de deutoplasmigènes distincts des ovaires comme c'est le cas chez tous les autres Platyelmes, à l'exception des Némerliens. Ce fait contribue, de son côté, à rendre plausible notre opinion sur la position systé- matique des Polyclades. Si, de ce que nous venons d'exposer il résulte une forte analogie dans la morphologie des ovaires et des testicules des Cténophores d'un côté et des Polyclades de l'autre, il n'en est pas de même pour le mode d'évacuation des produits sexuels mûrs. Dans les Cténophores, en effet, les œufs et les spermatozoaires tombent dans la cavité des canaux gastrovasculaires, d'où ils sont trans- portés, d'abord dans l'entonnoir, puis dans l'estomac. De l'esto- mac ils sont rejetés par la bouche et la fécondation se fait dans l'eau de mer. Les Polyclades, au contraire, exécutent une copu- FiG. 2. 540 ARNOLD LANG. lalion; ils possèdent pour cela des organes spéciaux, qui se mettent en communication avec les ovaires et les testicules au moyen de prolongements d'apparence canaliculaire. Cependant il faut noter que de semblables canaux se rencontrent aussi dans l'embranchement des Cœlentérés. Les Acalèphes nous en pré- sentent des exemples. Le système musculaire. — L'arrangement des muscles dans le corps des Cténophores est différent de celui de ces éléments chez les Polyclades; mais il me paraît que cette différence peut parfaitement bien s'expliquer par le mode de locomotion tout à fait différent dans les deux groupes. Ce qui est plus important, c'est que le caractère histologique des éléments musculaires est identique. En effet les deux groupes nous présentent des muscles essentiellement mésenchymateux (Hertwig). Le système nerveux, — Si les observations et les opinions de M. Hertwig sur le système nerveux des Cténophores sont exactes (on sait qu'elles diffèrent beaucoup de celles de Chun), ce système d'organes se constituerait, chez ces animaux, de trois parties différentes : i° d'un plexus nerveux répandu dans le mesenchyme ; 2** d'organes de sens ectodermiques ; 5° d'un plexus ectodermique dans lequel on distingue surtout huit traînées de fibres nerveuses, situées sous les séries de plaques natatoires. Or, dans mes recherches sur le système nerveux des Platyelmes j'ai constaté que dans le système nerveux des Polyclades on peut distinguer également trois parties analogues à celles des Cténophores, c'est-à-dire: d° Un plexus nerveux qui se rattache à la musculature mé- senchymateuse, et qui provient probablement de cellules du mesenchyme; 2° Des organes de sens et des nerfs sensibles d'origine évidem- ment ectodermique; 3" Un système de troncs nerveux, situés dans le mesenchyme, LES RELATIONS DES PLATYELMES. 541 mais provenant de l'ectoderme (fig. 3). Parmi ces troncs réunis partout entre eux par des anastomoses et des commissures, il en est huit, qui sont plus forts que les autres. Ils se réunissent en un centre nerveux auquel viennent également aboutir les nerfs sensibles. Il existe donc dans le système nerveux des Polyclades une centralisation, que l'on n'observe pas encore dans les Cténophores. Chez ces derniers les trois parties du système nerveux sont encore indépendantes les unesdes autres. Indépendamment de cela il existe une différence remarquable dans l'arrangement dechacune des trois parties et dans leur structure intime. Cependant, si Ton consi- dère que la disposition des nerfs moteurs est toujours nécessaire- ment en rapport avec la distribu- tion des muscles, il n'est pas difficile de concevoir que Tarran- gement en couches des muscles des Polyclades, arrangement devenu nécessaire par le mode de locomotion, ait eu pour résultat une disposition semblable des nerfs. Et comme l'action musculaire des Polyclades, pour produire les mouvements bien connus du corps de ces animaux, doit être harmonieuse, il est nécessaire qu'elle soit réglée et dirigée uniformément par un centre nerveux. Cavité du corps. — Dans les Cténophores et les Polyclades il n'existe pas de cavité du corps séparée de l'intestin. Il n'y a ni cavité, ni lacunes, ni vaisseaux sanguins entre l'ecto- derme et l'entoderme; tout cet espace est rempli par des tissus mésenchymaleux, qui contiennent quelques organes dérivés soit du feuillet interne, soit du feuillet externe (organes sexuels, troncs nerveux des Polyclades). Il y a lieu de croire que le système gastrovasculaire de ces animaux représente morpholo- giquement et l'intestin et la cavité du corps. FiG. 3. 542 ARNOLD LANG. Leuckart a le premier émis cette opinion qui ensuite a été acceptée par Metschnikow, Selenka, A. Agassiz et Chun pour les Cténophores et par Huxley pour les Cténophores et les Platyelmes. En effet, les diverticules de l'intestin de ces animaux présentent dans leurs relations avec le système excréteur et les organes sexuels une analogie remarquable avec les diverticules de l'intestin, qui forment l'entérocœle des animaux supérieurs. Développement. — M. Selenka, dans une Note récemment publiée, appelle l'attention des naturalistes sur le fait que les premiers stades du développement des Cténophores et des Poly- clades se ressemblent beaucoup. Il démontre que, d'après les observations de Hallez et les siennes propre l'embryon des Poly- clades est d'abord radiaire et qu'il ne devient bilatéral que plus tard, à la suite de la différenciation d'une face ventrale et d'une face dorsale. Mes propres observations ont fourni le même résultat. M. Selenka a été tellement frappé par les points de ressem- blance dans le développement des Cténophores et des Poly- clades qu'il exprime l'opinion qu'il pourrait exister une parenté assez intime entre les Turbellariés et les Cténophores. Mais d'après im ce seraient les Rhabdocœles qui s'approcheraient le plus des Cténophores. 11 y a là une différence importante entre son opinion et la mienne. J'en parlerai plus longuement dans la Monographie des Polyclades. POLYCLADES ET TrICLADES. Les Triclades (Planaires monogoropores) forment, dans la classe des Platyelmes, un ordre tout aussi naturel que celui des Polyclades, Trématodes, etc. Ils présentent des différences tout à fait caractéristiques qui les distinguent des Polyclades, ce qui, du reste, n'empêche pas de supposer qu'ils dérivent en réalité de ces derniers. J'ai déniontré dans mon mémoire sur la Gunda segmentata. LES RELATIONS DES PLATYELMES. 543 dst'-: que l'orgaiiisalion dos Triclades s'explique assez bien par réduc- tion des parties latérales du corps arrondi des Polyclades et par une réduction conespondante du nombre, suivi d'une simplifi- calion de la disirihulion topographique de certains oiganes. Dans les Triclades (fig. 4), le pharynx (6) acquiert une forme cylindrique; au lieu de conduire dans une cavité correspondante à la cavité de l'entonnoir des Cté- nophores il s'ouvre directement dans les branches de l'intestin (^ e) (canaux gastro-vasculaires). Des nombreux diverticules de l'in- testin des Polyclades on ne re- trouve chez les Triclades qu'un diverticule antérieur et médian [ï] et deux diverticules latéraux qui s'étendent à droite et à gauche du pharynx, jusqu'à l'extrémité pos- térieure du corps [e). De ces trois diverticules ou branches pri- maires de l'intestin partent des branches secondaires {/*) qui sont beaucoup plus courtes et moins ramifiées que dans les Poly- clades [,e système excréteur de la plupart des Triclades n'a pas été étudié assez complètement pour qu'il soit possible de le com- parer avec les organes d'excrétion des Polyclades. Je l'ai examiné dans la Gunda segmentata et j'en parlerai plus loin , quand je déciirai l'organisation si intéressante de cet animal. Les organes sexuels diffèrent notablement de ceux des Poly- clades. Les ovaires se sont différenciés en ovaires proprement dits {Keimslôcke) et en deuloplasmigènes. Les ovaires (o) sont toujours au nombre de deux, tandis que les deutoplasmigènes [rlsf) sont répandus dans tout le corps de l'animal. Les testicules [h) Fig. 4. 544 ARNOLD LANG. rappellent ceux des Polyclades; leur nombre est cependant réduit. Tous ces organes se trouvent tou- jours dans les intervalles entre les ramifi- cations de rintestin et se développent, comme dans les Polyclades aux dépens de répithélium de ces diverticules. Le système musculaire n'offre aucune différence essentielle qui permette de le distinguer de celui des Polyclades. II n*en est pas de même pour le système nerveux (fig. 5). En effet, toutes les parties latérales du système nerveux des Polyclades sont ici fortement réduites. Des huit troncs nerveux principaux, que Ton observe dans les pre- miers, il n'y en a plus que deux qui soient bien développés : ce sont les troncs lon- gitudinaux postérieurs. Le système d'anasto- moses et de commissures se limite à ces deux troncs. Le cerveau est toujours situé à l'extrémité anté- rieure du corps. Fig. 5. De l'existence de formes segmentées dans l'ordre DES TrICLADES. Différents auteurs ont cru trouver dans certains groupes de Platyelmes des traces plus ou moins manifestes d'une véritable segmentation. Ainsi Hubrecht, dans ses excellentes recherches sur les Némertiens, a démontré qu'il y a quelques organes vrai- ment segmentés chez ces animaux. Graff et Kennel ont prouvé, de leur côté, le même fait pour le système nerveux de certains Triclades. Moi-même, j'ai eu l'oc- casion de constater qu'un Triclade marin fort curieux, découvert par M. Metschnikow et appartenant au genre Gunda, 0. Sch., présente, dans tous sesorganes, une segmentation remarquable, LES RELATIONS DES PLATYELMES. 545 sans perdre pour cela, en aucune façon, l'organisation caractéris- tique des Triclades. Voici les traits principaux de ranatomie de ce Ver, que j'ai appelé Gunda segmentata. L'appareil gastrovasculaire ou cœlentérique est formé d'après le type réalisé chez les autres Triclades. Cependant les diverticules secondaires de l'intestin sont disposés tout à fait régulièrement (fig. 6). Ils sont presque toujours simples, c'est-à-dire sans rami- fications. Leur nombre est le même chez les différents! individus et le nombre des diverticules du côté gauche de l'ani- mnl correspond à celui du côté droit. Les diverticules des deux côtés sont opposésjes uns aux autres. Si l'on imagine que les diverticules se détachent de l'intestin, ils consti- tueront à droite et à gauche de l'intestin une série de cavités disposées par paires et présentant entre elles aussi bien qu'avec le|]tube digestif les mêmes rap- ports que les^segments de l'entérocœle des Métazoaires segmentés. Les organes sexuels de la Gunda segmentata se composent, comme dans les autres Triclades, des ovaires, des deutoplasmigènes et des'testicules. Les ovaires (o) sont au nombre de deux. Ils sont placés à droite et à gauche dans le dissepiment, qui sépare la première paire de diverticules de la seconde, en arrière du cerveau. Une paire de deutoplasmigènes {dst) correspond à chaque segment de l'intestin. Les organes n'existent,"^ comme du reste tous les organes génitaux, que dans la région située en arrière du cerveau. Dans chaque paire de dissepiments il y a une paire de deutoplasmigènes ; le segment ovarien ne fait pas exception. Il y a, en d'autres termes, vingt-cinq paires de deutoplasmigènes, Fig. 6. 546 ARNOLD LANG. correspondant aux vingt-cinq paires de septa et aux vingt-cinq paires de diverlicules secondaires (diverticules cœlomatiques) de l'intestin. La segmentation, si manifeste dans toute l'organisation de la Gunda se montre aussi dans la constitution de l'appareil sexuel mâle. Il y a un testicule dans chaque dissepiment (h) à l'exception des deux premiers, qui renferment les deux ovaires. J'ai fixé tout particulièrement mon attention sur le système excréteur de la Giinda segmentata et j'ai pu constater, d'une manière positive, l'existence dans cet animal des parties carac- téristiques, qui, d'après les excellentes recherches de Fraiponl, confirmées par Pintner, composent le système excréteur des Trématodes et des Cestodes. En effet, on distingue, dans le système aquifère de la Gunda segmentata, trois parties différentes, savoir: l'* Quatre gros canaux longitudinaux qui s'anastomosent les uns avec les autres et s'ouvrent à l'extérieur par des pores situés sur la face dorsale du corps. Il est plus que probable que ces pores correspondent aux segments de l'animal, de sorte que sur chaque segment on compte deux pores. (Il y a cependant assez souvent deux pores d'un coté au lieu d'un seul). Il n'existe pas de vésicule terminale dans laquelle viendraient aboutir les gros canaux. Les gros canaux et leurs oriflces extérieurs ne se rencontrent pas dans la tête de l'animal (région antérieure du corps), qui contient le cerveau et qui s'étend jusqu'au premier vrai segment; ^° La seconde partie de l'appareil excréteur est formée par le système des fins canalicules. Ces fins canalicules sont ramifiés; mais on n'observe jamais d'anastomoses entre eux. Ils ne s'ou- vrent dans les gros canaux qu'en peu d'endroits au moyen de canalicules collecteurs. Les terminaisons des branches du système des fins canalicules sont formées par les « entonnoirs ciliés s>. Chaque entonnoir cilié est formé, d'après mes recherches, d'une seule cellule creuse et renfermant dans sa cavité, qui se continue dans le fin canalicule, une flamme vibratile. Le protoplasme de la cellule présente des LES RELATIONS DES PLATYELMES. S47 vacuoles, dont le contenu, que je considère comme un produit de sécrétion et qui est un liquide clair, s'évacue de temps en temps dans la cavité, d'oii il est éconduil dans les canalicules. Le protoplasme des cellules en entonnoir se prolonge, par de fines ramifications qui se rencontrent et qui s'anastomosent les unes avec les autres. Ce système d'anastomoses correspond sans doute au système lymphatique lacunaire, décrit par M. Fraipont. Les ramifications des cellules en entonnoir qui se trouvent dans le mesenchyme s'anastomosent de même avec des ramifications de cellules tout à fait semblables qui appartiennent à la paroi des diverticules de l'intestin et qui, par conséquent, sont endodermiques. Ce lait nous autorise à considérer également les cellules en entonnoir disséminées dans le mesenchyme comme des cellules endoder- miques, mais qui se sont séparées de l'intestin et n'y restent attachées que par les prolongements sus-men tiennes. Nous arrivons ainsi à la conclusion que le système excréteur de la Gunda segmentata est formé par des canaux qui mettent en commu- nication des cellules de l'endoderme avec l'exté- rieur. Il est possible, dès lors, de comparer le système excréteur ou aquifère des ïriclades avec celui des Polyclades,qui consiste en un sys- tème de canaux dépendant du tube digestif et qui s'ouvrent à l'extérieur par des oridces dis- tincts. Ce serait évidemment là l'origine de l'ap- pareil urinaire des Platodes. Le système nerveux de la Gunda segmentata (fig. 7) montre une organisation fort remar- quable. Le système des con)njissures et anasto- moses entre les deux troncs longitudinaux des Triclades s'est réduit, chez la Gunda, au point qu'il n'existe plus chez cet animal que des com- missures transversales simples dont le nombre correspond exac- tement à celui des segments du corps. Il existe une commissure semblable dans chaque segment. Le cerveau situé dans la tête FiG. 7. 548 ARNOLD LANG. de l'animal est formé de trois parties savoir : une partie dorsale et antérieure qui ne donne naissance qu'aux nerfs sensibles et que j'ai comparée au ganglion céphalique supérieur des Hiru- dinées; ensuite une partie ventrale et postérieure appliquée intimement contre la première. Cette partie que j'ai comparée au ganglion céphalique inférieur des Vers supérieurs, donne nais- sance aux deux troncs nerveux latéraux. Enfin la troisième partie est formée par deux commissures latérales, qui, l'une à gauche, l'autre à droite, réunissent les deux premières parties. Ces deux commissuresdoivent être comparées à la commissure céphalique des vers supérieurs. En effet, si l'on s'imagine que la bouche et le pharynx de la Gunda se déplacent de façon à gagner la partie antérieure du corps, il est clair que la partie ventrale du cerveau, homologue des premiers ganglions des troncs longitudinaux, res- tera ventrale et que la partie dorsale, étant liée intimement aux organes de sens, restera dorsale. Dans ce cas, c'est-à-dire, si le pharynx vient à diviser les deux parties du cerveau, sa partie dorsale prendra tous les caractères morphologiques et physiolo- giques des ganglions céphaliques des Vers supérieurs et les deux commissures latérales deviendront la commissure céphalique. Le système musculaire, — Dans la Gunda segmentala quei- ques-unes des couches musculaires des autres Triclades font défaut. 11 n'y a, chez cet animal, sous l'épithélium tégumentaire, que deux couches musculaires, dont l'externe se compose de fibres transversales, tandis que l'interne est formée par des fibres longitudinales. Les fibres musculaires dorso-ventrales traversent les espaces situés entre les diverticules de l'intestin et sont réparties, d'une manière tout à fait régulière, ce qui se comprend facilement, si l'on se rappelle que ces diverticules eux-mêmes sont disposés régulièrement. Dans les jeunes individus qui n'ont pas encore leurs organes sexuels développés les muscles dorso-ventraux forment presque exclusivement les dissepiments qui séparent entre eux les diver- ticules cœlomaliques. LES RELATIONS DES PLATÏELMES. 549 Le parenchyme du corps est extrêmemenl peu développé. Il consiste en un tissu conjonctif réticulé, qu'on a peine à retrou- ver entre les différents organes du corps. Il n'y a de vaisseaux sanguins ni chez la Giinda segmentata, ni chez les autres Triclades. Il n'y a non plus ni cavités ni lacunes quelconques entre l'épithélium tégumentaire et celui de l'intestin, à Texception, cela va sans dire, des canaux aquifères, des oviductes et des canaux déférents. Il n'existe, en d'autres termes, ni cavité du corps provenant de l'intestin (entérocœle) ni système de lacunes mésenchymateuses (schizocœle, Hertwig). Les HmuDiNÉES et les Triclades. L'organisation de la Gunda segmentata présente des traits d'analogie frappants avec celle de cer- f taines Hirudinées, surtout des Rhyn- chobdellides : Le pharynx de ces ani- maux (fig 8, h) est contenu, comme celui des Triclades, dans une cavité particulière (a). L'intestin [i] présente des diverlicules, qui sont toujours dis- posés par paires et dont le nombre est constant dans la même espèce. Les deux derniers diverticules (e) sont tou- jours beaucoup plus longs que les autres et présentent souvent, du côté extérieur, des diverticules secondaires. On peut les comparer aux deux bran- ches latérales et postérieures de l'in- testin des Triclades. Les diverticules de l'intestin des Hirudinées correspen- dent aux segments du corps comme dans la Gunda segmentala. Outre les parties ci-devant men- tionnées, qu'on retrouve dans les Tri- f,G, 8. clades, l'intestin des Hirudinées pos- 550 ARNOLD LANG. sède des particularités, qu'on doit considérer coinine de nouvelles formations. Tels sont l'intestin ternninal (t) et l'anus (an), situé à l'extrémité postérieure du corps du coté dorsal de la grande ventouse [v). Le système excréteur des Hirudinées est formé d'appareils disposés par paires, correspondants aux segments de l'animal. Chaque appareil est formé de trois parties. La première partie, qui s'ouvre à l'extérieur, est un canal simple, formé de cellules perforées (comme c'est le cas aussi chez les Triclades). On peut la comparer aux gros canaux du système excréteur des Triclades. La circonstance qu'ici le canal n'est plus en communi- cation ni avec le même canal de l'autre côté de l'animal ni avec ceux des autres segments n'empêche nullement d'établir ce rap- prochement. La seconde partie est formée par un prolongement du même canal, dans lequel aboutissent en peu d'endroits de fins canalicules ramifiés ; ceux-ci sont formés, de leur côté, de cellules perforées et correspondant parfaitement aux fins canalicules des Plalyelmes. Cependant dans les Hirudinées , ces canalicules ne sont plus terminés par des cellules en entonnoir, ces cellules étant remplacées par un organe collecteur, formation nouvelle, qui constitue la troisième partie de chaque appareil excréteur des Hirudinées. Comme dans ces animaux il s'est différencié dans le mesenchyme des cavités lymphatiques et sanguines, le système excréteur n'a plus besoin (si je puis m'exprimer ainsi) de cher- cher lui-même les produits d'excrétion dans toutes les parties du corps : il les reçoit par l'intermédiaire d'un appareil collec- teur qui les recueille lui-même dans les espaces lymphatiques, où ils s'accumulent. Cet appareil collecteur n'existe pas dans les Plalyelmes. Il est formé par un prolongement du gros canal de la seconde partie, qui au moyen d'un grand entonnoir cilié s'ouvre librement dans le système des lacunes lymphatiques du corps. Comme on le voit, le système excréteur des Hirudinées adultes n'a plus aucune relation quelconque avec les diverlicules de l'in- testin; mais d'après des observations que j'ai faites sur des embryons de Clepsine, je suis porté à croire qu'il se développe originairement aux dépens de l'épithélium de ces diverticules. LES RELATIONS DES PLATYELMES. S5i Les organes génitaux des Hirudinées se rapprochent extrê- mement des organes génitaux de la Gunda segmentata. Il y a, comme chez le Trielade cité, deux séries de testicules, situés dans les intervalles entre les diverlicules de l'intestin, en d'autres termes, dans les dissepiments. Le nombre des testicules corres- pond au nombre des diverticules de Pinteslin moins deux. Comme chez la Gtmcfa segmentata il y a dans les Hirudinées une seule paire d'ovaires (o) situés en avant des testicules. Des deutoplasmigènes n'ont pas encore été trouvés. Les produits sexuels sont portés au dehors par des canaux particuliers, qui ne sont autre chose que des prolongements des testicules et des ovaires comme c'est le cas dans les Platyelmes. Il est bien probable que les organes génitaux des Hirudinées se développent aux dépens de l'épithélium des diverticules de l'intestin, comme chez les Polyclades et les Triclades. Le système nerveux central présente les caractères bien connus de la chaîne glanglionnaire des Annélides. J'ai déjà exposé mon opinion quanta Torigine des ganglions céphaliques. J'ajoiile ici que la chaîne ganglionnaire ventrale des Hirudinées doit être comparée aux deux troncs nerveux longitudinaux de la Gunda réunis entre eux, à des intervalles tout à fait réguliers et corres- pondant aux segments de l'animal par des commissures simples. La musculature des Hirudinées est mésenchymateuse par excellence. Les fibres musculaires unicellulaires consistent en une substance axillaire, contenant le noyau et en une gaîne con- tractile qui présente le plus souvent des stries longitudinales. Il y a dans la peau une couche externe de muscles transversaux et une couche interne de muscles longitudinaux, absolument comme chez la Gunda segmentata. En outre, il existe des muscles dorso-ventraux, ramifiés aux deux extrémités, qui traversent le corps entre les diverticules de l'intestin et forment des dissepiments musculeux qui ne se dis- tinguent en rien de ceux de la Gunda segmentata. Une paroi mus- culeuse de l'intestin lait complètement défaut aussi bien chez les Hirudinées que chez les Platyelmes. Je n'ai pas besoin d'appeler Tattenlion des naturalistes sur la grande analogie, que présentent 56 552 ARNOLD LANG. — LES RELATIONS DES PLATYELMES. les organes de fixation dans les deux groupes, mais je dois con- stater encore que la structure musculaire du pharynx des Rhyn- chobdellides correspond jusqu'aux moindres détails à celle de la trompe des Triclades, comme je viens de le démontrer dans mon mémoire sur la Gunda segmentata. Cavité de corps. — Il n'existe pas,. dans les Hirudinées d'enté- rocœle détaché de l'intestin ; mais il existe bien un schizocœle, formé par les système vasculaire et lymphatique qui sont en communication l'un avec l'autre et qui proviennent d'après les recherches de Ray Lankester que j'ai pu confirmer, d'une liqué- faction des cellules parenchymateuses du mesenchyme. Si les diverticules de l'inlestin des Hirudinées se détachaient de ce dernier, ils pourrait former un vraie entérocœle qui pour- rait alors produire la musculature épithéliale de la paroi du corps et de l'intestin. Les organes excréteurs, de leur côté, pour- raient de nouveau acquérir les anciennes relations avec les diver- ticules de l'intestin et se servir en même temps de leur appareil collecteur pour l'évacuation des produits sexuels qui, se dévelop- pant toujours aux dépens de l'épithélium de ces diverticules, tomberaient ensuite dans leur cavité comme c'était déjà le cas dans les Clénophores. C'est à peu près comme cela, je pense, que des formes sem- blables aux Hirudinées actuelles ont pu prendre un développe- ment ultérieur et donner naissance à des animaux tels que les Oligochœtes et Annélides. UNTERSUCHUNGEN UBER DIE ENTWICRELUNG DER CEPHALOPODEN VON D' M. USSOW. EINLEITUNG. Vorliegende Beobachlungen ûber die Enlwickelung der Deca- und Octo-Ceplialopoden begann ich wahrend meines erslen Anfenlhalles in Neapel iind iMessina im Jahre 1872. Allés was in Hinsicht dieser Frage bis dahin bekannl war, verdanken wir den Forschungen von A. Kolliker (1) (1844) und E. Melsc/mi- kow (2) (1867). Die Fehler, welche sichdie alteren Forscher,wie Ciivier (5) (1852), Dugès (4) (1857), Delle Chiaje (5) (1841) und Van Beneclen (6) (1841) haben zu Schulden kommen lassen, sind bereils von Kolliker (7) bemcksichligt worden, wesbalb ich hier nicht nàher daranf einzugehen branche. Bei meiner Riick- kehr veroffenllichte ich zwei vorlaufige Mitlheilungen iiber die Enlwickelung der Cephalopoden in den Arbeiten der St-Peters^ burger Naliirforschergcsellschaft (8) und eine eingehendere Abhandlung im Arcliiv fur Nalurgeschkhte (1874) (9). im selben Jahre erschienen in einigen deutschen und englischen Zeitschrilien mehrere Aufsalze iiber die embryonale Enlwicke- lung der Cephalopoden. Es erwies sich, dass diese Auloren J554. M. ussow. unabhàngig von einander und fast gleichzeitig mit mir sich mit deriselben Unlersuchungen befassten, wie es aus den Milthci- lungen und Abhandiungen von Grenacher (10), Ray-Lankes- /er (H), Fo/(i2) und ^o6rej3%(i3)ersichllich ist. Bel Erscheinen jener Arbeiten war es mir Dank dem mitgebrachlen, gut erhal- tenen Material mòglich, diejenigen Beobachtungen, welche aus irgend welchen Griinden nicht mit den meinigen iiberein- slimmten, mehrfach zu priifen. Die Resultale dieser neueren Erganzungsarbeilen habe ich vielfach in den Sitzungen der St-Petersburger und Moskauer Naturforschergesellschaft milge- theilt und dann in Form von Beilragen publicirt (14). Indem ich raich jetzt zur eingehenderen Wiedergabe des von mir iiber die embryonale Entwickelung der Cephalopoden gesam- melten Maleriales anschicke, will ich hier vorlàufig nur den ersten Theil meiner Arbeiten in Betreff dieser Frageprasentiren. Dieser eri^te Theil handelt namlich von solchen Vorgangen der ersten Entwickelung der Deca- und Octo-Cephalopoden, welche entweder gar nicht oder nur zum Theil von jenen Gelehrten beriihrt worden sind. Meines Erachtens kann dieser Theil meiner Arbeit, abgesehen davon, dass er neue Thatsachen aufzuweisen hat, zugleich als ErganzungderfruherenUntersuchungengelten. Dort wo meine Beobachlungen von denjenigen anderer wesentlich abweichen, will ich fast wortlich die Ansichten letzerer anfiihren, um sie einer eingehenden Kritik zu unterwerfen. Alle oben genann- ten Abhandiungen genau zu analysiren, sowie die Resultate dieser Untersuchungen hier aufzuzâhlen, halte ich fiir iiber- fliissig, zumai ich schon in meinen vorlaufigen Mittheilungen (*) dieselben zur Geniige erorlert habe. Ausserdem enthalten die oben genannlen Unlersuchungen von Mefschmkow{Op. cit.) und die spateren von Bobrezky (Op. cit., pag. 5-7) eine eingehende historische Uebersicht aller Arbeiten iiber die Embryologie der Cephalopoden iiberhaupt. Vor kurzem, wie gesagt, erschien die (•) Zoologisch-embryologische Untersuchungen ^ pag. 330-333. ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 555 ausgezeichnete Arbeit des letzlgenannten Forschers, iiber die ichhier einigeszu bemerken habe. Im Allgemeinen stirami die- selbe mil der meinigen vom Jahre 1874 iibeiein. Der Hauptunterschied zwischen beiden liegt 1) darin, dass die diinne Scbicbl des Dildungsdolters, welehe die ganze Ober- flache des Nahrungsdotlers bedeckt und sich von lelzterem leicht ablosen lassi, nach der Ansicht Bobrezky mil der Dolterhaut idenlisch ist; 2) dass das Mesoderm nach seiner Meinung durch Einbiegung und nicht durch Querlheilung der Ectodermzellen ensleht, wie ich dieses auf pag. 345 und 546 meiner vorlaufigen Mitlheilungen beschrieben habe ; 3) schliesslich enlslehl nach Meinung desselben Gelehrlen aus dem Endoderm der ganze Darm milDintenbeutel, Leber, Magen u. Blindsack und nicht aus dem modificirten oberen Keimblalt, wie ich es friiher milgetheill habe (pag. 360 u. f.). Jndem ich bis auf weilere Priifung diesen lelzten wichligen Punkt bei Seile lasse, eriaube ich rair in Betrefif der zwei ersten Fragen zu bemerken, dass sie, me der Leser sehen wird, auch jelzt libereinslimmend mil meinen friiheren Unlersuchungen von mir gelòsi worden sind. Der vorliegende erste Theil meiner Arbeiten iiber die Enlwicke- lung der Cephalopoden enlhalt die erste Période von Beginn der Befruchtung des Eies bis zur vollstandigen Umschliessung desganzen Nahrungsdotlers durch das Blastoderm, mil anderen Worlen bis zur Enlstehung der Organe ('). Ausserdem ist ein Capilel der Bildungsweise und dem feinercn Ban des Graafschen Follikels und des Eies und somit der Beanlvvortung einer Frage gewidmet, mil welcher sich miine Vorganger aussersl wenig beschafligl haben. Den Umstand in's Auge fassend, dass in den Arbeiten Bobrezky's sowie in denen der anderen genannten Gelehrlen (Ray-Lankesleì-, Grenacher, Fo/) die Beschreibung der ersten Enl- wickelungsvorgange lijckenhafl ist, habe ich grade jeneVerhalt- nisse in dieser Abhandlung ausfiihrlich geschildert. Ich glaube, (*) Archiv. fur Naturgesch. Bd. ^1 , pag, 31î>, Anm. -4. S56 M. ussow. dass meine Abhandiung, wenigslens theilweise jene Lûcken aus- fùllen wird, deren es in der Entwickelungsgeschichte der Cepha- lopoden auch jelzt noch zur Genùge giebt. In der Hoffnung, môgliclisl bald den Sclilusslheil meiner Arbeit, welcher die Bescbreibungder beiden iibrigen Perioden der Enlvvickelung der Cephalopoden enlballen wird, zu veròfTentlicben, gedenke ich demseii)em aile die auf die letzt erschienenen Unlersuchungen sich bezicbenden neuen Tbalsachen einzuverleiben. Entstehung der Eier und Entwickelung der Keimdruse. Von alien Forschern, deren Arbeilen ich hier anfiihre, war A. Kôlliker der erste, welcher sich mit der Bildungsweise der Cephalopodeneier eingehender beschàftigt bat. Die friihesle Ent- wickelung der Eier bei Sepia officinalis im Allgemeinen richtig beschreibend, begeht genannter Forscher jedoch den Fehier, dass er das Chorion (welches, wie wir weiter sehen werden, schon im Graafschen Follikel auftrilt), mit der Dotterhaut verwechsell, wàhrend er umgekehrt die mehrschichlige, mehr oder minder pigmenlirte Eikapsel fiir das verânderle Chorion aiisgiebt. Demnach ist es sehr wahrscheinlich, dass Kôlliker die Mikropylôffnung iibersehen hat, welche doch sogar bei alien, dem Eileiler entnommenen Eiern ganz deutlich sichlbar ist. Ferner die inneren Fallungen der Granulosa beschreibend irrt er sich auch, indem er sich vorslellt, dass die Enstehung derselben nicht von der membrana granulosa selbst ausgeht, wie es in Wirkiicbkeit der Fall ist, sondern vom Dotter und dessen Chorion, Dièse Ansichten sind, wie ich weiler unten zeigen werde, dur- chaus unbegriindet. Das erste Capile! der Arbeit des genannten Forschers enlhàlt iiberbaupt viele àusserst ungenaue Beobach- tungen; eine Ausnahmehiervon machen nur die Stellen, welche sich auf die Untersuchung des genaueren àusseren Baues des Eierstocks beziehen. Am Schiuss des ersten Cai)itels sagt Kôlliker dass die erwâhn- ten Falten der Granulosa gleichsam ein Product der Erhaben- ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 557 heilen des Dolters waren, wobei er sich die Frage stelli : « Was ist nun aber das Wesen dieser eigenlhumlichen Entvvickelungs- phase der Cephalopodcneier? > Er beanlwortet die Frage folgen- dermassen. Er nimmt erslens an, dass der ganze Enstehiings- process der Granulosafallen « auf einem nngleichen Wachslhum der Dolleroberflache » berubt, und zwar so, dnssdie Doltermasse, gleichsam die Fàhigkeit za selbslslândigen Bewegungen besit- zend, bald Erhohungen, bald spallenformige Verliefungen bildet, wobei zweilens die ihr aniiegende Dolterbaut (d. h. das Chorion) nunnechanisch den Veranderungen ihrer Oberflache folgt. Uebri- gens seiner Sache nicht ganz gewiss, fiigl Kolliker selbst hinzu : « Oder wer wird mir sagen, warum der Dolter ersi in Làngen- und dann in Querauswiichse sich erhebl? Warum bei den achtar- migen und vier Kiemen tragenden Kopffiisslern nur die einfa- cheren Langenauswiichse, bei den zehnarmigen aber beide vorkommen? Warum iiberhaupt der Dotter Erhabenheiten bildel, urn nachher wieder glalt zu werden, wahrend er bei alien andern Thieren iibsrall gleichmassiges Wachslhum zeigl? ». Auf alle diese Fragengiebt genannter Forscher keineirgend- wie geniigende Antwort, wie mir scheint nur deswegen, weil er, wie wir unten sehen werden, die vom ihm beschriebenen Thatsachen ganz falsch aufgefasst hat. Ich babe mich mil der Analyse seiner Unlersuchungen hauplsachlich deswegen verhalt- nissmassig lange aufgehalten, weil die von ihm gesammellen, nngenauen Facta iiber die Entwickelung der Kopffiissler bis zur letzten Zeil, im Verlauf von fast 50 Jahren, ohne Priifung in der Wissenschafl fort bestanden. Metschnikow nun entschul- digt sich in seiner Dissertation iiber die Entwickelung von Sepiola damit, dass er wahrend seiner Arbeiten nicht ein ein- ziges geeigneles Weibchen in Hânden gehabt halle, um die Frage iiber die Oogenese losen zu konnen. In meinen unten citir- ten Mitlheilungen babe ich die betrefTende Frage zur Geniige erortert und, die Hauplresultate meiner Unlersuchungen û!)er die EnUvickelung der Cephalopoden wiedergebend, unter ande- rem auf die Verirrungen hingewiesen, in welche die friiheren Forscher geralhen waren. Fast gleichzeitig mit meiner Arbeit 558 M. ussow. erschien im Journal of microscopical science ^ 1875, die Millhei- lung von Ray-Lankester iiber die Enlwickeking der Decapoden (hauplsâchlich Loligo), in vvelcher er âussersl kurz seine Resul- tate iiber die Eibildnng wiedergiebt. Der Autor scheint sich den Enstehungsprocess der Falten im Einklange mit meiner Beschrei- bung vorgeslelit zu haben. In Betreff einiger sehr wichligen Puncte jedoch bin ich mil seiner Auffassungnicht einverstanden, woraut' ich weiter un ten zuriickkomme. Ausser der veralleten Arbeiten von Delle Chiaje, R. Owen, Brandt, A. Krohn u. a., die sich auf den Bau und die verschiedenen Enlwickelungspbasen derGraaf'schen Follikel bei den Cephalopoden beziehen, besitzen wir also iiber diesen Gegenstand nur drei neue, eingehende Abhandlungen : die von Âo///A-er(i844), die meinige (1873) und die von Ray-Lankester (1875). Indem ich jetzt zur delaillirten Wiedergabe meiner eigenen Unlersuchungen iiber die Oogenese bei den verschiedenen Gal- lungen {Sepia, Sepiola, Loligo, Rossia, Ommastrephes , Argo^ nauta) und zur Entvvickelungsgeschichte der in dieser Hinsicht von mir untersuchlen Deca-und Oclopodenformen [Loligo, Sepia, Sepiola, Argonauta) iibergehe, will ich hier erst einiges iiber meine Unlersuchungsmethode voranschicken. Den Entwicke- lungsvorgang der Cephalopodcneier habe ich von der ersten Enstchung der Eizelle an bis zum Moment der Befruchtung zu verfolgen mich bemiiht. Vorliegende Beschreibung der Resultate dieser Beobachtungen, die schon in den Jahren 1872-1873 von mir ausgefiihrt wurde, bildet das erste Capitel dieses Theiles meiner Arbeit. In den nàchstlblgenden Capitein werde ich den Furchungsprocess, die Entstehung der Keimblàller unddie wie- tere Entwickelung der Cephalopoden beschreiben. Der feinere Bau der Eier und die verschiedenen Entwickelungsphasen wurden sowol an frischen, dem lebenden Tbiere enlnommenen Eierslocken, als hauplsâchlich an Schnittpràparalen unlersucht. Die frischen Graafschen Follikel wurden auch millelst der bel Kôlliker angegebenen Zerzupfungsmelhode beobachtet, wobei — ich wiederhole es — mir niemals jene sonderbaren Verhàllnisse zwischen Dolter, Chorion (nach Kôlliker « Dotterhaut ») und ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODES. 559 Granulosa zu Gesichte kamen, wie sie genannler Forsclier beschreibl. Die « Fallen » eines jetlen Follikels enstehcn meiner Meinung nach einzig unci allein durch Hinoinwachsen des Granu- losaepilhcls, und diirchans nicht infolge von Auswiichsen des Nahrungsdotlers ('). Icli gelie nun zu meinen eigenen Beobach- tungen iiber. Zur allgeraeinen Orientirung will ich bier einige Worle iiber den anatomischen Bau des Eierslockes und der Eileiler sagen. Der unpaare Eierslock nimml bei den Cephalopoden den unteren Theil des Rumpfes ein und hat die Form eines kiirzeren oder langeren, konischen Sackes, welcher vollkommen ausgebildel manchmal rechi bedeulende Dimensionen erreicht (Ommas- trephes). Das diinne, sehr dehnbare Banchfell gehtauf den Eier- slock iiber und bedeckt ihn allseitig in Form einer diinnen Schicht. Die reifen Eier fallen ans den Graafschen Follikeln zuerst in die Leibeshohle und werden von bier durch das Flimmerepilhel, welches das Bauchfell von innen bekleidel, zu den Eileitern geleilet. Durch anliperislallische Bewegungen dieser lelzleren werden sie in die Athemhohle und dann durch Conlraclion des Trichters ins Freie befordert. Der den Eiertock bedeckende Theil des Baucbfells ubernimml bier gleichsam die Function der Eierstockskapsel, in welche die paarigen (Octopus^ Ai^go- nauta, Ommastrephes , etc.) bald mehr oder weniger geraden, bald vielfach verschlungenen [Argonaula] Eileiler mil ihrcn Anfàngen hineinragen. Hier will ich bemerken, dass im lelzlgc- nannlen Falle w. z. B. bei Argonaula Argo bezeichnele Eileiler- schlingen meistens den Ort bilden, wo der Furchungsprocess vor sich geht, welcher bei Ablegung der Eier schon vollendet ist. Wenn wir uns den reifen Eierslock eines KopfTiisslers der Lange (*) Also nicht wie Kolliker behauplet, dass « die Maschon oder Fallen nicht in der Haut der Eikapsel, sondern im Eie selbst ihren Silz habeii » Ucbrigcns resullirt dieses auch schon daraus, dass cr z. B. iiber den Ursprung des Chorions sagt : u Die Eier im Anfange der Eileiler zeiglen noch keine Spur von Chorion . . . , » wiihrend dieses letzlerc dodi unzwei» felhaft schon im Eierslock eulsleiit. 560 M. ussow. nach durchschnitten denken, so wird uns vor allem der TJmstand ins Auge fallen, dass er aus lanler melir oder weniger von einan- der getrennten Follikeln von verschiedener Grosse bestelit, die Iraubenlôrmig an langen, anastomosirenden faserigen Stielen liângen. Die GraaPschen Follikel sird hierbei gleichsam schich- tenweise gruppii t, so dass die reiferen der Peripherie des Eier- stocks zun'àchst liegen, wâhrend der centrale Theil des letzteren mit jiingeren Follikeln oder mit Primordialciern angefiillt erscheinl (Taf. XXXI, Fig. 1). Jeden Follikel bekieidet eine besondere bindegewebige Hiille (theca follicidi), die in alien Richtungen von Gelâssen durchselzl isl. In folge der verbal In iss- mâssig diinnen Eierstockskapsel treten die reiferen, peripheri- scben Follikel deutlich hervor, wodurch die Oberflâche des Eier- slocks ein traubenfôrmiges Aussehen erhâlt. Die Blulgefâsse, welche in die Masse des Eierslocks eintrelen, nehmen ihren Ursprung von der aus dem arteriellen Herzen kommenden Geni- talarterie. Das ist in allgcmeinen Ziigen das analomiscbe Bild des Cephalopoden-Eierstockes in seiner vollen Entwickelung. Indem ich micb jetzt zu dem weniger erforschlen, feineren Bau desselben wende, so wie zur Bildung der complicirlen Cepbalo- podeneier und ihrer einzelnen Theile, will icb die ersle Anlage derKeimdriise bei den verschiedenen, von mir untersuchlen Gal- tnngen beschreiben. Bekanntlich nahmen die meisten Forscber, die sich mit der Entvvickelungsgeschichte der Cephalopoden beschâfliglhaben,an,dassdie mânniichon und weiblichenSexual- organe erst dann auflreten, wenn der Embryo das Ei verlassen bat, also wâhrend der poslembryonalen Entwickelung. Weder Kôlliker (1) noch Metschnikow (2) konnten bei dem Embryo die Keimdriisse oder einen jener enlsprechenden Zellhaufen auffînden. ïch selbsl habe es in meiner vorlàufigen Millheilung (pag. 559, AniT). 2) nicht gevvagt, etwas anderes zu behauplen, obgleich icherklàrte, beim fast reifen Embryo eine kugelfôrmige Zellgruppe gefunden zu haben, welche nach ihrer Lage fiir das plastischeiMaterial der entstehenden Keimdriise gehalten werden kônne. Nach Durchmuslcrung einer neuen Serie von Schnittpraepa- ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 561 ralen habe ich mich davon uberzeugt, dass die erste Anlage der Keimdriise wirklicli schon wahrend der embryonalen Entwicke- lungsperiode vor sich geht — (*). Die kleine Grnppe von rundli- chen Mesodermzellen, welche bei den Cepbalopodenembryonen im Anfange der drillen Entwickelungsperiode zu bemerken ist und sich in dem zugespilzten Theil des Mantels naher zur Riick- seile und gleich unter dem Magen hinter dem arteriellen Herzen befindet, verwandell sich zweifelsohne schliesslich enlweder in den Eierstock oder in die Samendriise (**). Was nun die Eileiler, die vasa deferentia und die sog. Nidamentaldriisen betrifTt, so muss man sagen, dass sie selbst bei den reifen, dem Ei entschliipf- enden Embryonen noch nicht cinmal angelegt sind. Die vollslan- dige Enlwickehmg der Geschlechlsorgane, und die Anlage der Nidamentaldriisen scheint bei den Cephalopoden weit spater wahrend der postembryonalen Entwickelung vor sich zu gehen, wobei auch die geschlechtlichen Unterschiede entslehen. Demnach ist die Ansicht, dass die reifen Embryonen der KoplTiJssler, das Ei verlassend, den Aellern schon vollkommen ahnlich sind, nicht ganz richtig, da das Geschlecht der Keim- driisse anfanglich noch nicht enischieden ist. Es ist wahr, bei den Cephalopoden kommen jeneprovisorischen Organe nicht vor, an welchen es den Weichlhieren sonst wol am wenigsten fehlt, ausgenommen die problematische sog. Schalendriise der Octo- poden, und somit kann von einer eigentlichen Metamorphose wol kanm die Rede sein, sondern nnr von einem zeitweiligen Zuriickbleiben eines Organs in der Entwickelung, welches sich in dem spaten Auflrelen der geschlechtlichen Diiïerenzirung àussert. Den Eierstock bei jungen Individiien von Loligo, Sepia (*) Dasselbe bestatigt jetzt auch Bobrezky (pag. 4-2, Fig. 57 und 58 Kd.) Dass dicse Zellgrupe gerade die Anlage der Keimdriise ist, dariiber bicibt wol kein Zweifel, wcnn man ihre Lage bcrucksiclitigt. (**) Sogar bcim jungc Thiere, welches das Ei schon vcrlasscn hat, ist es unmôglich, zu cntscheiden, ob benannte Zellgruppesich weiter in den Eier- stock odcr die Samendruse verwandelt, da sie auch jetzt noch ebenso rudi- poentar wie friiher erschcint (vergi. Bobrezky, Op. cit.^ pag. 42, u. f,). 562 M. ussow. und Sepiola unlersiichend, die sclion làngere Zeil(elwa 2 Monale oder melir) vorher dem Ei entschlûpft waren, fand ich, dass er ans zwei verscdiodenen Geweben besteht : 1) aus einer faserigen àusseren Hiille, der theca folliculi, welche zerstreute spindelfor- niige Bindegevvebskôrperchen enlhàlt, und 2) aus einer inneren Masse runder Epilhelzellen, dem Keimepilhelium, welche in Lângsreilien, richtiger in soliden Schnûren parallel der Làngsaxe des Organs angeordnel sind. Die àussere Huile sendet viele Aus- iàufer in das Stroma der Geschlechlsdriise, wo sie ein rechi dichles Netzwerk, das in alien Richtungen von feinen Gefàssen durchzogene Fasergeriisl des Eierstocks, bildet. Mit einem Worte, der Bau des Cephalopodenovariums ist zu dieser Zeit im allge- meinen dem Bau des gleichnamigen Organes der Vogel und Schildkrolen âhniich, sovveit dieses infolge der Untersuchungen von PfliigeVf His (26), Waldeyer u. a. m. bekannt geworden ist. Dass das innere, epitheliale Ovariumparenchym der Kopf- fiissler aus den Zellen des Mesoderms, richtiger des urspriing- lichen Endoderms hervorgeht, beweist der Umstand, dass das kleine rundiiche Zellenconglomerat, dessen ich eben erw'àhnt und aus welchem sich enlweder die mànnliche oder weibliche Geschlechtsdriise entwickelt, ein solides aus Mesodermzellen bestehendes Rudiment darstellljdessenElemenledurchAbschnu- rung von der inneren Manteiflâche hervorgegangen sind. Wenn wir nun verschiedene Lângs- und Querschniite durch den Eierslock der erwachsenen Cephalopoden durchsehen, so kônnen wir uns sofort eine klare Yorstellung iiber den Process der Enlstehung und des weileren]Wachsthums der Eier sowol, als auch der Graafschen FoUikel machen. In ein und demselben Eierslocke kann man zur Laichzeit recht genau die Eier in fast alien Stadien ihrer Entwickelung beobachten. Jedes Primordialei (Taf. XXXI, Fig. 1), welches anfânglich aus einem einfachen Kliimpchen nackten Plasmas mit einem grossen, hellen Kern und mehreren Kernkôrperchen besteht, nimmt aller Wahrschein- lichkeit nach aus irgend einer im Wachsthum voraufgeeillen Zelle des Keimepilhel's seinen Ursprung. Die jiingslen Eier bei den von mir untersuchten Cephalopoden beobachlend, fand ich. ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 563 dass dieselben sowohl in Hinsicht auf ihren inneren Bau und ihre Form, als selbst auf ihre Dimension (0,08 Mm.) sich anfàng- lich fast gar nicht von den Epilhelzellen des Parenchymsunler- scheiden. Nur ist das Plasma solcher Primordialeier verliallniss- m'àssig mehr dickfliissig und kornig urspriinglich ist das Plasma in den jungen Eizellen ausserst sparlich vorlianden, so dass der grosse, ins Auge fallende, helle Kern der sich im Centrum der Eizelle befindet, nur von einer sehr diinnen Plasmaschicht um- geben ist Q. Hand in Hand mit dem verslarklen Nahrungs- zufluss, also mit dem Wachsthum, geht die Zunahme dieser Zellen an Plasma und zwar so, dass dieses letztere viel schneller als der langsam wachsende Kern zunimmt (Taf. XXXI, Fig. J). Wenn das Primordiale! ungefàbr die doppelte Dimension im Verbaltniss zur friiheren erreicht und somit die benachbarlen Epilhelzellen des Ovariumparenchyms aus einander geschoben hat, umkleidet es sich auf diesem rein mechanischen Wege allseitig gleichsam mit einer Kapsel und sondert sich dadurch auf immer von den iibrigen, jiingeren, der Hiille noch entbeh- renden Zellen ab, welche im Stroma des Eierslockes eingebettet sind. So bildet sich ein Graaf'scher Follikel, welcher urspriing- lich aus einer einzigen Schicht flacher Epithelzellen bestand Taf. XXXI, Fig. 1). Infolge des Wachsthums und der Langstheilung verwandeln sich letztere bald in die characterislischen, cylindrischen Zellen der membrana granulosa des Graafschen Foliikels. Demnachst bedeckt sich ein jeder Follikel von aussen noch mit einer aus- serst diinnen Schicht des faserigen Eierstocksgewebes, welches denselben in Form eines kiirzeren oderlangeren Slides mit der Masse des Ovariums verbindet und, wie schon gesagl, die binde- gewebige Hiille der Graafschen Blaschen bildet. Im Inneren (*) Wenn wir (wie das auch oben geschehen) den directen Uebergang der rundliclicn Zellgruppe des Mesoderms (Fig. 2, 3, kd. Taf. XXXI) in die Keimdriise der jungen Gephalopoden annehmen, so muss man naliirlich glauben, dass die meisten Zellen (k) mit ihren grossen Kernen sich schliess- lich (bei den Weibchen) in Primordialeier verwandeln. Die Spindelzellen (c) bilden wahrscheinlich die theca foUkuli der Graarschen Blaschen. S64 M. ussow. eines jeden Slieles verlaufen Blulgefâsse, die sich neizartig in den Follikelhiillen aiisbreiten, wie dieses mehrere Jahre friiher sclion A. Krohn gesehen hai (*). Wenn gleich KôUiker leizlere BeobachUing in seiner Arbeit ervvâhnt, so làsst er dennoch die Frage, auf welche Weise die Formelemente des Cephalopoden- eierslocks den Nahrungszuflnss erhallen, bei Scile und zwar infolge jener vorgefasslen uririchtigen Ansehauung, dass die Gra- nulosafallendes Follikels nicht durch Einsliilpung der Granulosa enslehen, sondern irgend wie anders, durch besonderes Wachs- ihuin des Dotlers selbst. ïndessen handelt es sich hierbei um die Frage : wie gelangl das Blut zu den von der Cenlralmasse des Eierstocks gesonderlen, ani Sliele frei hangenden jungen Graafschen Blâschen, welche je ein urspriinglich nackles Pri- raordialei in sich einschliessen ? Auf welchem Wege fulll sich allmàlig jeder Follikel mil jener verhâltnissmàssig enormen Masse des Nahrungsdolters und wie kônnen die Wandungen noch ausserdem das Chorion aus sich ausscheiden? Es sel bemerkt, dass ail' dièse secundàren Theile des meroblastischen Cephalopodeneies nach einander in jedem der Graafschen Fol- likel enlslehen, deren Dimensionen zu dieser Zeil sehr schnell zunehmen. Zur eingehenden Auseinandersetzung eben dieser Erscheinungen, die iiberhaupt einen noch sehr wenig bekannten Theil der Oogenese bei den Cephalopoden ausmachen, gehe ich jelzl liber. Die Meroblasiie ihres Eies entslehl in einem der friihesten Enlwickelungsstadien des Graafschen Follikels (wel- cher bei Argonauta z. B. um dièse Zeil 0,02 Mm. niissl), wobei die Granulosa in's Innere des Blàschen's hineinwàchsl so dass die zunehmende, innere Oberflàche des lelzleren bald ein System von Làngs- und Querfallen zeigt, die mehr oder weniger in den Follikel hineinragen (Taf. XXXI, Fig. 1 ff). Da bei des Gat- tungen Loligo, Ommastrephes, Argonauta u. a. die Granulosa aus einer einzigen Zellschicht besteht, die der theca folliculi (*) Das Bild der Gefâssvertheilung im Cephalopodeneierstock wie letz- terer Forscher richtig bemerkt ist im Allgemeinen der Anordnung derselben im Graafschen Follikel z. B. bei den Vôgein sehr ahnlich (s. His, Ueber die ente Anlage etc., Taf. I.) ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 56o anliegt, so geht der Faltenbildungsprocess bei ihnen schneller von statten als z. B. bei Sepia officinalis bei welcher die Gra- nulosa zweischichtig ist : die aussere Lage isl vollkommen glatt, wahrend die innere 15 bis 15 Langs- und 8 bis 9 Querfallen bildet, die alle mit einander anastomosiren (Fig. 1, mg., mg.). Eine jede dieser Fallen ragt mehr oder weniger in den Follikei hinein und erscheint im Querschnitl schlingenlormig gewunden, aus hohen cylindrischen Zellen beslehend, die anscheinend einen driisigen Character tragen. Fast alle Granulosa fa I ten schliessen einen Gefasszweig ein, welcher sich mit anderen Gefassen zu einem den Follikei umgebenden Netzwerk verbindet (*). Als erste Andeutung der Faltenbildungan irgend einer Stelle der inneren Oberflache der Granulosa kann die verslarkle Langs- Iheilung ihrer Zellen belrachtet werden, ^vobei, wie schon bemerkt, eine jede dieser urspriinglich flachen Epithelzellen (im Querschnitt) eine hohe,cylindrischeGestaU annimmt. Zuerst treten die Fallen, wie dieses audi A'^o/Z/Zcer (")richtig beschrieben hat, am jungem Graafschen Follikei in der Langsrichtung auf, und diese Erscheinung ist fiir die erste Enlwickelungsperiode derselben bei Sepia characteristisch. Was geschieht nun inzwi- schen mit der Eizelle selbst, die in solch einem Blaschen eingeschlossen ist? Ihr heller, ziemlich grosser Kern oder das sog. Keimblaschen (***) nimmt eine centrale Stellung im Follikei (*) Um diese Gefasse alle zu Gesichte zu bekommen, muss man zur Injection seine Zuflucht nchmen. Die Caniile in die Genitalarlerie ein- fûhrend (z. B. bei Sepia), gelang es mir, die feinsten Capillaren der Follikei mit Gelalinmasse vollkommen anzufuUen, wie dieses auf der angegebenen Abbildung {vide das in russischer Sprache herausgegebene Original,) auch dargestellt ist. (**) Loc. cit.y pag. 8. (***) Bei genauere Untersuchung des Keimblâschens oder, was glcichbe* deutend ist, des Primordialeikernes ergiebt sich, und zwar bei alien von mir untersuchten Cephalopoden, dass es ein hohles ausserst elastisches Gebilde ist, mit einer klaren, stark lichtbrechenden Fliissigkeit angefiillt. Bei ieisem Drucke bilden sich nicht selten Fallen auf seiner Oberflache — meiner Meinung nach ein Beleg fiir das Vorhandensein einer ausserst feinen Kernmembran. 566 M. ussow. ein (Taf. XXXI, Fig. 1), wàhrcud das feinkôrnige Plasma, sich bis in die von den Granulosafalten begranzten Zwischcniaume erslreckend, den iibrigen Raum auslullt. Vergleicht man zu dieser Zeil die Eieria Belreff der Plasmamenge und der Grosse ihres Keimblascbens mil solcben von einer fiUheren Enlwicke- lungsstufe, so ergiebt sich dass Beides bedeulend zugenommen hat. Man muss annehmen, dass dieser Process enlweder auf Kosten der aufgesogenen Nahrungsflussigkeit, welche aus den reichlich vorhandenen Blulgei'assen der Follikel-Wandung ins Innere der Blaschen gelangt, vor sich geht odor so, dass die sich ablosenden Grannlosazellen selbst sich im Plasma des Primor- dialeies auflosen. Das lelztere, namlich die Auflosung der Epi- ihelzellen, findet schliesslich beim Verschwinden der Fallen siali, d. h. kurz vordem das reife Ei dem Graafschen Follikel enlgleitet. Zugleich mit dem Auflrelen der Langsfallen bilden sich in der Wand des Blâschens secund'àre Querfalten, wobei das ganze Blaschen von einem feinen Nelze eingehiilll erscheint. Wenn man einen Graafschen Follikel zuerst mil Karmin und dann mil Pikrinsanre farbt, so erhalt man ein deulliches Bild von der Anordnung aller, sowol Langs- als Querfalten nebst alien in ihnen verlaufenden Blutgefassen. Das feine Nelz der anastomosirenden Gefasse nimmt dabei eine gelbe Farbung an, vvahrend die 4-6 oder 8 eckigen Zwi- schenraume, wo die Langs und Querfalten zusammenslossen, rolh erscheinen f). Mil der Ausbildungunddem tieferen Eindrin- gen der Granulosafalten in das Innere des Blâschens, d. h. also mit der Zunahme der inneren Oberflàche dieses letzteren, geht der endgùllige Enlwickelungsprocess des Eies bel den Cepha- lopoden Hand in Hand. Zur Zeit der slàrkslen Ausbildung der Fallen findel im Inneren des Graafschen Fol likels eine schnelle (*) Ueberhaupt erinnert dieses Capillarnetz — wle schon bemerkt — sehr bedeutend an die Verthcilung der Gefasse auf den Graafschen Follikeln beim Huhn. Dièse Aehniichkeit erstreckt sich manchmal selbst auf die Anzahl {Z-A) der grôsseren Gefassstamrachen, die parallel der Lângsaxe des Blâschens verlaufen. ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 567 Anliaufung des Nahrungsdollers, des bekannllich so wichligen Beslandstheiles eines merob!astischen Eies, statt. Dieser der EnLslehung nach secundare Thei! des Eies erscheinl bei genaue- rer Belrachltmg als halbdurchsicbtige, opalisirende, fellarlige, zahe Masse (Nd. Fig. J, Taf. XXXI). Ueberhaupt ist es leicbt, in ein und demselben Eierslocke die Ansammlung des Nahrungs- dollers zii verfolgen, welche sich auch ausserlich durch allmalige Zunabme des Umfanges der Graafschen Foliikel bemerkbar rnachl. Somit ^vi^d der Nahrungsdoller, dieser als secundare Fiildung auflrelende nnd sich dilTerenzirende Bestandlheil des complicirlen Cepbalopodeneies, zweifelsohne von den grosseren Zellen derselben Graniiiosa, und zwar in Form einer zahflus- sigen, halbdurcbsichligen iMasse ausgeschieden, welche allmalig den ganzen Graafschen Foliikel ausfiilll. Indeni der Doller sich mehr und mehr ansammell, driickt seine Masse, welche sich niemals mit dem Plasma des Ovulum's oder anders mil dem BildungsdoUer vermischt, infolge des eigenen Gewichles diesen letzteren an den nach nnlen gerichtelen, freien oberen Pol des Graafschen Blaschens Q. Eigenlhumlichist, dass an dieser Stelle des lelzteren kcine Fallen sind, und seine Hiille, also Granulosa und Theca, bedeulend diinner ist. Bei auffallendem Lichle bemerkt man mitten im Centrum des oberen Poles einen hel- leren, rundlichen Fleck am Graafschen Foliikel, welcher nichts anderes ist als der Punkt, in welchem alle Làngsfalten zusam- menstosscn, und an dessen dunnsier Stelle schliesslich beim (*) Ucberall wo der Ausdruck a obérer Pol » des Graafschen FolUkels oder a Bildungspol » des reifen Cepbalopodeneies gebraucht ist, bat man darunter das spitzerc Ende desselben, welches bei natiJrlicher Lage des Eierstockes nach unten gerichtet ist, zu vcrstchcn, wahrend der « unlcre » oder « Nahrungspol « nach oben gerichtet und in den moisten Fallen mit einem kûrzcrcn oder langeren Siici versehen ist, der ihn mit der ubrigcn Masse des Ovariums verbindet. In ahnlicher Stcllung denke ich niir auch den Embryo selbst wahrend seines ganzen Verbleibens im Ei. Der « obcre Pol » wird demnach der sein, welchcn der Embryo einnimmt, wahrend im 0 un (cren Pol *• gewôhnlich der aussere Dotlersack licgt (Gegekbauer, Vergi. Anat., 2. Aufl., § 482 und Bobrbzky, loc. cit., peg. 7). 57 568 M. ussow. Freivverden des Eies das Blâschen platzt. Nachdem das reife Ei seine normale Grosse (*) erreicht hat, verliert der durch das eingeschlossene Primordialei und die nach innen ausgeschiedene ganze Dottermassc ausgedelinte Graafsche Follikel allniàlig aile an seiner Innenflàche befindlichen Fallen und wird wieder vollkommen glatt, sowohl von aussen, als von innen. Ini allge- meinen verlàuft der Rùckbildungsprocess der Granulosafallen, wie foigt. Zuerst gesellt sich zu den schon formirlen Bestand- Iheilen des Eies noch eine gewisse, verhàllnissmâssig unbedeu- tende Menge durchsichligen und fliissigen Eiweisses, bei dessen Absonderung aile Zeilen, die irgendwo in Form von Fallen noch ûbrig sind, sich vollkommen auflosen und verschwinden. Nun- mehr ist die Granulosa vollkommen glalt. Es bleibt kein Zweifel, dass zwischen dem Momente wo der Nahrungsdoiter seine end- giilligen Dimensionen erreicht bat, und dem Moment, v^^o die Eiweissausscheidung {*') beginnl, ein geringer ïheii Plasma des Primordialeies (oder des Bildungsdotters, welcher sich, wie wir sahen, zu dieser Zeit am oberen Pol des Graafschen Follikels befindet) allmàlig nach oben an die Peripherie des nunmehr schon etwas comprimirlen, corapacteren Nahrungsdotters ruckt unddiesen in Form einerfeinenSchicht umhullt,gleichsam einen àiisserst zarlen Ueberzug bildend. Solch eine schroffe, von mir zuerst bemerklef**)Sonderung der beiden hauptsàchlichsten Be- (*) Bei den Gattungen Loligo, Sepiola, Argonauta 1, 5 bis 2 m. m. und bei Sepia officinalis gegen 4 m. m. lang. (**) Die Bezeichnung « Eiweiss » ist hier beibehalten, natûrlich nur wegen seiner ausseren, entfernten Aehnlic.hkeit mit dem Eiweiss eines Hûhnereies. Uebrigens coagulirt es aucli sowol beim Kochen als bei Ein- wirkung schwacher Sâuren. (***) Zoologisch-embryolog. Untersuchung, pag. 3ii. Spâter habe ich oft, wâhrend der ganzen Zeit meiner weiteren Untersuchungen wieder und nun immer wieder (selbst an in Alcohol conservirten Cephalopodeneiern) diesen vom Nahrungsdotter vollkommen getrennten Theil des Bildungsdotters bemerkt, welcher als weisser Anflug sichtbar ist und gewôhnlich in âussert ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 569 standtheile des meroblaslischen Cephalopodeneies steht im direc- lem Widerspruch mil derallgemein verbreitelen Ansicht, dassder Nahrungs- uiid Bildungsdolter nichl vollkommen von einander geschieden werden konnlen, und in Wirklichkeit eins \varen. Der Nahrungsdolter nimrnl, wie wir jelzt z. B. in Betreff niancher Wirbelthiereier vvissen, zuweilen sogar an der Produeirung von Zellen der Keimblatler Theil und spielt sorait die Rolle eines plastischen Material's. Elwas ahnliches ist bei den Cephalopoden, wie von mir schon friiher bemerkt Ç) war, niemals zu finden; der Nahrungsdolter, einen Raum einnehmend, der meiner Mei- nung nach der Furchungshohle des holoblaslischen Eies anderer Thiere entspricht rechlferligt hier vollkommen seinen ihm von /^e2c/ie?7zuertheilten Namen und dient wirklich nur als Nahrstoff, welcher mit der fortschreitenden Entwickelung des Embryos allmalig spurlos verschwindet. Das eben erwàhnteVerhâllniss des Nahrungsdotters zur Furchungshohle der holoblastischen Eier, worauf, wenn ich nicht irre — Metsc/mikoio zuerst hingewiesen hat, ist allem Anscheine nach bei der vor kurzera von Grenadier beschriebenen (**), nicht genau bezeichneten Cephalopodengat- tung, welchesich ohnesog. ausseren Doltersackentwickelt, beson- ders leicht nachzuweisen. Ein wesentlicherUnterschied istjeden- falls hier nur der, dass im ersten Fall durch ). Nach meinen Beobachlungen erscheint mir diese Vermulhung unbegriindet, schon allein deswegen, weil z. B. die ervvahnten, netzformigen Unebenheilen des Chorions voll- kommen verschwinden wenn die voile Anzahl (52) der Segmente erst entsteht. Seibst wenn alle auf dem Chorion bemerkbaren, zellformigen Zeichnungen und Rinnen mit den Contouren der durch die Dottertheilung entstehenden Zellen congruiren sollten (was jedoeh niemals slattGndel) so ware auch dann noch solch ein ralhselhafter Einfluss dieser manchmal sich auf die Ober- ilache erstreckenden Chorionrinnen, auf die zukiinflige Anord- nungder Furchungskugeln und Zellen nicht erklarbar. Ein Ein- fluss also, der am oberen Pol der Eier durch die diinne Schicht (') Loc. cit., pag. 38 {* The formation of the Blastoderm «). 572 M. ussow. des fliissigen Eiweisses, welches den ganzen Raum zwischen Chorion und Bihlungsiotler ausfullt, hindurch wirken miissle, exisirt nicht. ïch habe mich bei dieser Analyse der erwahnten, meiner Meinung nach durchaus unrichligen Ansicht Rajf-Lan- kesters langer anfgehalten, weil die im allgemeinen dunkle Frage iiber die erslen Ursachen des Furchnngsprocesses zn den interessanlesten nnd zugleich bis jetzt noch am wenigslen erforschten Momenlen der Embryologie gehort. Nach dieser Abweichungwendeichmich wieder zur BeschreibungderCepha- lopodeneier und will hier erst der Bildungsweise der Micropyle nnd ihrer Strnctur bei den verschiedenen Gatlungen erwah- nen. Am oberen Pol des Eies, wo sich das Chorion gewòhniich verdickt, belindet sich eben die Micropyle. Dièse Anschwellung hat bald die Form eines trichlerfòrmig in's Innere des Eies hineinragenden Hiigel's (Argonauta), bald, und zwar in den meisten Fallen, erscheint sie als einfache nach innen volikommen gialle Erhóhung [Loligo, Sepia, Sepiola, u. a.). Milieu im Cen- trum dieser Chorionverdickung machl sich gewòhniich dieentwe- der irichler- oder einfach ròhrenlormige Micropyle bemerbar. Die Bildung der Micropyle, die man schon wahrnehmen kann, so lange das Ei noch im Graafschen Follikel vervveill glaiibe ich dadurch erklaren zu konnen, dass sich an der Stelle, wo sie schliesslich erscheint, am Graafschen Follikel immer jener, a weisse j> Fleck befindet, von welchem oben die Rede war, und den auch KolUker schon bemerkl hat. Ziehen wir nun den Umsland in Betracht, dass jener belle Fleck am oberen Pol des Graafschen Follikels dnrch das volkommene Fehlen derGranu- losafallen und wegen der diinnen Wandungen auftrill, so wird es uns klar, wiesoan dieser von der Micropyle eingenommenen Stelle die kleinen Granulosazellen aller Wahrscheinlichkeit nach nicht jene fliissige Masse ausscheiden, welche schlieslich zum Chorion erslarrt. Dieses kann der Grund dafiir sein, dass unter dem hellen Fleck (ft) eine unbedenlende Oeffnung bleibt, welche mil dem Inhalt des Eies communicirt nnd sich spater in die Micropyle umwandell. Milder vollkommenen Ansbildung dieser ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 573 letzteren erhâlt das Cephalopodenei seine deflnilive Geslalt und harrt nun der Befriichlung ('). Indem jedes heranreifende Ei die Wandungen des Graafschen Follikeis wahrend seines Wachs- lhum*s mehr und mehr ausdehnl und mil dem Herausfallen der fertigen, benachbarten Eier nàher zur Peripherie des Eierslocks vorriickt, zerreisst es schliesslich (wahrscheinlich infolge der Gewichtszunahme) die obère apicale Wand und falli dann in die Bauchhohle. Dass die Befruchlung an keinem anderen als eben diesem Orte im Leibe des Weibchens vor sich geht, dafiir liei'ern die Unistande einen Beweis i) dass Z. B. bei Argonauta Argo schon ganz im Anfange der Eileiterschlingen die Eier in der Segmentirung begriffen vorgefunden werden, und 2) dass man wahrend der Laichzeit bei den von mir unlersuchten Cephalo- (*) Ich fiige hier zwei Tabellen hinzu, von denen die erste die Grossen- veranderungcn des Eics wahrend seines Wachsthums vom Primordialei an bis zum i*eifen, den Eileiter verlassenden meroblaslischcn Ei, die zweite den Wechsel der Hôhenverhâltnisse der Granulosazellen vom Entstehen der Faiten bis zum ihrem Verschwinden Taf. XXXI, Fig. 4, bei Argonauta argo veranschaulichen soil. I. Das Primordialei, Wahrend der Pé- riode des Enste- hens und der Entwickelungder Granulosa. Wahrend der Pé- riode des Ver- schwindeu's der Faiten. Das Ei bei Ver- lassen des Ei- leiler's. 0,0042 0,1-0,8 iV2 2 Mm. I. Die Hohe der Granulosa- zellen bei Entstehen der Faiten. Bei der darauf folgendeu Vermehrung der Zellen und Faiten. I Bei Beginn ihres Ver- schwindens. 0,00.4 0,0024-0,046 0,014 bis 0,0024 Mm. u. s. w. 574 M. ussow. porlcngallungen eine Menge Spermalophoren und nicht selten (Jie Hectocolyien seibst antrelfen kaiin, die in die ausseren, peri- pherischen Thoiie des Eierslockes eindringen. Bei den meisten ijbrigen Cephalopoden {Sepia, Sepiola, Loligo, RossiOj u. a.) beginiU die DoUciTiirchung erst, nachdem das Ei schon gelegt ist und nicht iin Leibe des Mutterthieres. Dieser eine Unisland beweisl natùrlich noch nicht, dass die Eier in dieseni Falle dnrchaus ausserhalb des Eierstockes und der Eileiter befruchtet worden sind. Eher isl anzunehmen, dass zvvischen der Befruch- tung und dem Beginn des Fruchungsprocesses im Ei bei den lelzlgetianten Galtungen ein mehr oder weniger bedeulender Zeilraum liegt, wahrend umgekehrt bei einigen anderen (Argo- nnitla) dieses nicht des Fali ist, was in der That auch das schnelle Vorvvàrlsschreilen der Segmentation in den Eiern dieser lelzteren Cephalopoden beweist. Die befVuchleten Eier werden erst lang- sam in dem elwas erweiterten Anfangstheile der Eileiter durch die Flimmerbewegungen, die von den Epithelzellen des Perito- neum's herrùhren, f'orlgeleitet, dann aber durch anliperistal- tische Contraclionen der Eileiterwandungen weiter befordert. Wahrend dieser Ibrtschreilenden Bewegungen unterliegen sie dnrchaus keinen Formverânderungen, was wahrscheinlich durch die Eiasticilàt des Chorions verhiitet wird insofern das Cho- rion die im (lijssigen Eiweiss schwimmende, zàhe und nach der Bet'ruchtung kugelfôrmig zusammengeballte Masse des Nahr- ungsdotters und den diesen lelzteren allseilig umhullenden Bildungsdotter vor âusserem Drucke schiitzt. Nur beim Ver- iassen des verhaîtnissmassig engen Endlheiles des Eileiters dehnt sich ein jedes Ei in der Richtung seiner Lângsaxe aus, indem es durch Contraction des hier befindiichen, ringfôrmigen Sphincter's zur Geschîechtsôffnung herausgepresst wird, und erhàlt hiermit die definitive Form eines am oberen Pole etwas zugespitzlen Ovoides, so dass es im allgemeinen einem Hiihnereie ahnlich ist. Unmillellbar beim Verlassen des Eileiters werden die rei fen befruchleten Eier von Sepia, Sepiola, Loligo und Rossia noch von einer besonderen, im Wasserrascherstarrenden, ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 575 schleimigen Masse umgeben, die von den Nidaraentaldriisen abgesonderl wird und sicli manchmal mit dem Secret des Din- tenbeutel's (vvie Z. B. bei Sepia o/ficinalis vermischt. Werden die Eiereinzeln, in verschiedenen Intervallen ausgeslossen, so bildet die sie umgebende dunkelbraune Masse, welche sich aus den beiden bezeichneten, verschiedenen Fliissigkeilen ziisam- mensetzl, auf jedem Ei eine dicke mehrschichlige Kapsel, die zum Anheften mit einera verschlungenen Sliele versehen ist {Sepia officinalis f Rossia macrosoma). Kommen jedoch die Eier partieenweise aus dem Eileiler heraus, so nimmt die in diesen Fallen klare Schleimmasse, indem sie sich langsam iiber sie ergiesst, die Form eines kiirzeren oder langeren , schlanchfor- migen Sackes an, welcher von 8 (Sepiola) bis 120 {Loligo) und noch mehr E'ler {Ommastrephes u. a ) enthalt. Bei der vor kurzem von Grenacher {') beschriebenen, nichl genauer bestimmten Gat- tung, sowie bei Argonauta, Octopus, Tremoctopiis und vielleicht bei alien Octocephalopoden besilzen die Eier keine besondere Eikapsel. Das giiinliche Secret, welches von gewissen Eileiter- driisen bei ihnen ausgeschieden wird, dient ausschliesslich zur Verbindung und Zusammenkitlung der Stiele des vollkommen glalten Chorions. Grosse Trauben auf dieseWeise unler einander verbundener Eier (z. B. Argonauta argo, Octopus,) werden ver- millelst der namlichen, ausserst klebrigen Masse bald an die Muschel befestigt, wo sie, deren Spiralgani^e aiisfiillend, von Weibchen umhergetragen und somit gleichsam bebrutet werden, bald an verschiedene unterseeische Gegenstande. Oben erwahnle ich, dass Kolliker die Micropyle iihersehen, und die weniger wichtige und lange nicht immer vorhandene Eikapsel fur das Chorion angesehen hat, dabei das eigentliche Chorion « Dot- terhant » nennt, wahrend doch in Wirklichkeit bei den Cephaio- poden gar keine Doderhaut vorkommt ('*). Wir wissen, dass diese falsche Auffassung nicht hallbar is(, im entgegengeselzten (') Zeilschr. fur wiss, Zoolog., Bd. 24, 1874. 4 tes Heft. (**) 0/7. «Y., pag. 15. 576 M. ussow. Falle (z. B. bei den Octopoden) mùsste man die Exislenz des Chorions in Abrede stellen und die glashelle, die Eier umgebende einzige Hiille als Dolterhaut belrachten. Die raehrschichtige Eierkapsel der obenangefiihrten Decapodengattungen beslehl aus zwei Tbeiien : einem inneren die Eier unmittelbar umge- benden) und einem àusseren compacteren, aus mehreren con- centrischen Scbicblen gebildeten Theile. Die Aufgabe der Eikap- sel bestebt darin, die Eier vor schàdlichen àusseren Einfliissen zu scbiitzen, sowol vor Druck und Slossen, als vor fremden, dem unbedecklen Chorion leicht anhaflenden Korpern. Hiemit lassi sich vielleicht auch die besondere Eigenheit von Argonauta argo erklàren, dass sie ihre Eier am Ende der von alien eiten geschiitzten Muschel befesligt und ausserdem noch mit dem eigenen Korper bedeckt. Das ist so ziemlich allés, was mir in Belreff der Enlstehungsweise der Cepbalopodeneier zu eruiren gelungen ist. Zum Schiuss des Capilels will ich noch einiges iiber die Laichzeil, iiber die verschiedene Befesligungsweise der Eier und schliesslicb iiber den Ort, wo dieselben abgelegt werden, betreffs der von mir unlersuchlen Gattungen hinzufiigen. Befruchtete Eier von Sepia offlcinalis land ich in Neapel mil Ausnahme des einzigen Monals August wàhrend des ganzen Jahres vor. Daher scheinl es mir hòchst wahrscheinlicii, dass bei diesem recht vorbreileten Decapoden von einer Laichzeil im eigentlichcn Sinne des Wortes nicht die Bede sein kann, so dass die Weibchen je nach Einlritt der Geschlechlsreile .zu jeder Jahreszeit befruchtet werden und ihre Keimproducle ablegen konnen. Bei Argonauta argo fìndel, wie ich das in Messina beobachtethabe, das Laichen von Anfang Mai bis Ende August stall. Bei fé Eier von Sepiola Rondeletii, Loligo vulgaris und Ommastrephes todarus erhielt ich in Neapel von Anfang Màrz bis zum halben Jiini. Von der besonderen Befesligungsweise der Eier bei Argonauta argo war oben die Bede. Die Befesligung der Eier bei Sepia officinalis , dessen Weibchen die ersteren an verhàltnissmàssig seichlen Stellen des Meeres ablegt, ist zur Geniige bekannt. Um die Eier zu erhallen, versenkt man ins ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 577 Meer unweit voni Ufer ein Geflecht von diinnen Riilhen, an welchen die Sepienweihchen sich rei bend ihren Vorrath an befruchtelen Eiern ablegen. Auf eben dieselbe Weise laichen allem Anscheine nach aucb die iibrigen von mir untersuchlen Cephalopoden (Loligo, Sepiola, Rossia u. a.), vielleichl mit dem einzigen Unlerchiede, dass dieseThiere ihre Eier in bedeutenden Tiefen legen und sie vermitlelst der schieimigen Masse an ver- schiedene Aigen, Sleine, Muschelschalen von Cardium, Spon- dylus etc. (Rossia macrosoma, Sepia biseralis u. a.) befesligen. Die Eier dieser Cephalopoden werden durch Ziifall beini Fang der kleinen Fische {Pesca di tarlanone) vom Meeresboden lierauf- gezogen. Die Anzahl der Eier, welche ein jedes Weibchen legi, variirt sehr bedeulend bei den verschiedenen Galtungen. Im allgemeinen scheinen die Zahlen sehr hohe zu sein. Beriick- sichtigt man das Verhaltniss der Grosse des Weibchens irgend einer Gatlung oder Species zur Menge der gelegten Eier, so muss man gestehen, dass ein Argonautaweibchen (bei der verhall- nissm'assig geringen Korpergiosse) eine grossere Nachkommen- schaft in die Welt setzt, als aile iibrigen von mir untersuchlen Cephalapoden. Eine einzehie zu verschiedener Zeit gelegle Eier enthaltende Traube umfasst bei diesem Cephalopodenweibchen nicht weniger, glaube ich, als 10 bis 20 tausend Eier, woher auf den erslen Blick die geringe Zabi erwachsener Argonaulen, welche man an den Ulern von Sicilien iindet, im Allgemeinen sonderbar erscheint. Wahrscheinlich kommen die Jungen dieser Thiere durch verschiedene ungiinstigen UufSliinde sogleich beim Verlassen des Eies in Massen um,so dass nur eine geringe Anzahl von ihnen die Geschlechlsreife erreicht. In Betreff der Fruchl- barkeit muss man die iibrigen Gailungen in folgender Reihe aufzahlen : Ommaslrephes, Loligo, Sepia, Rossia und Sepiola. Bei den Weibchen der beiden ersten Gailungen enllialt der reife Eierstock, vvelcher fast die Halfle des ganzen Korpervolumen's ausmacht, eine grosse Menge kleiner Eier, die iui ausgebildelen Zustande bis 2 Mm. lang sind. Die verliàltmissniàssig grossen Eier von Sepia und Rossia. (R, macrosoma) die im Eierslock 578 M. ussow. verhàltnissmàssig mehr Raum einnehmen der Fall isl, werden daher auch in weil geringerer Zahl gelegt (nicht mehr als ca. 500-1000 kommcn auf je ein Weibchen.). Dasselbe lassi sich ùber die Eier z. B. von Sepiola Rondeletii sagen, die fast die gîeichen Dimensionen mit den Eiern eines so grossen Cephalo- poden, wie Loligo vulgaris oder sogar Onimastrephes todarus haben. Nach dem Ablogen der Eier verliert der Eierstock bel aîlen von mir unlersuchten Cephalopoden bedeulend an Umfang, denn aile leeren Graafschen Foliikel atrophiren. Im Centrum des Eierslocks seibst aber scheint immer ein energischer Thei- lungsprocess der Epitheizellen und eine forlwàhrende Um- wandlung einiger von ibnen in meroblaslische Eier, wie oben beschrieben war, slalt zu finden. Nun bleibt mir noch iibrig das iiber Enlstebung der Eier Gesagte zu resumiren und dabei ferner sowohi die Form und Slructur des reiCen Eies als auch die Anordnung aller einzelnen Theile etwas genauer zu beschreiben, wie sich dieselben von Beginn der Befruchlung bis zum Erscheinen der erslen den Bil- dungsdotler in die beiden erslen Segmente theilenden Furche praesenliren. Der unpaarige Eierstock der Cephalopoden also, welcher zuerst wàhrend der embrijonalen Lebensperiode in Form einer Gruppe von Mesodermzellen erscheint (Taf. XXXI, Fig. 2 et 5) wird im enlvvickelten Zuslande von einer Menge traubenfôr- mig angeordneler Graafschen Foliikel gebildet, deren Wandung aus zwei Hàulen beslehl : (1) aus der diinnen Ibserigen Theca foUiculi mit den sie durchziehenden Gefâssen und (2) aus der eio- oder zweischichligen membrana granulosa. Ein jedes Primor*- dialei und der aus ersterem enlslehende BildungsdoHer des mero- blaslischen Eies stelli weiter nichls als eine differenzine und slàrker enUvickelle Epiihelzelle des Eierslock's vor (Taf. XXXÎ, Fig. 1). Im liefer gelegenen Theile dieses letzleren beginnt die Entwickelung der Eier und schreilet zur Peripherie desselben weiter fort, wo die Graafschen Foliikel und die in ihnen enthal- lenen Eier ihre vollkommene Ausbildung erlangen. Mil dem Wachslhum der Eizelle nimmt auch das Graafsche Blàschen ENTWICRELUNG DER CEPHALOPODEN. 579 an Unfang zu, so dass bei Beginn fier Entwickelung das Volumen sowol deslelzterenalsdererslercngleiclimâssiggiôsserwird.Bald jedocli wirdderWnchs des Graaf'schen Blaschens diircli sliirkere Vermehrung der Granulosazellen besclileunigt, wobei die lelzlere eine Beihe von in das înnere des Blaschens inehr oder weniger hineinragenden Langs- und Queifallen bilden. Die Gefàsstàmni- chen, die man beim jungen Follikel in der bindogewebigen Hiille vorfindet treten beini fortschreitenden Wachsthnm der Gran uiosa in die Hohhaume ihrer Fallen hinein wodurch ein slat kerer Nah- riingszuflussbedingt >vii'd. Bald beginnen die vermebrtcn Granu- losa zellen mil der Absondernng von Nahrungsdoller, welcber die primare Eizellean den nach un ten gerichlelen, oberen Pol des Graafscben Blaschen's verschiebL Der bekannle Bildnngsprocess der Langs- und Querfallen bewirkl also eine Yergrossernng der drijsigen Innenflache der Granulosa, die verschicdene, niebr oder weniger consislenl werdende Fliissigkeiten (Nahrungsdoller, Eiweiss und Chorion) absondert. In diesem Znstnnde kann sowol ein jedes Graaf'sches Blaschen als eine einzelne, bis zu einem gewissen Grade sogar selbstslandig fungirende, als auch der ganze Eierslock der Cephalopoden als eine ziisammengeselzle Druse betrachlel werden. Das Chorion bildel sich erst nach vol- lendeler Absondernng des Nahrungsdolters d. h. zu der Zeit, wo das belreiî'ende Ei selbsl vollkommen ausgebildel ist. Das schnell erslarrende Chorion ist gleicbfalls ein Ausscheidungs- product der Granulosazellen. Auf diesem Stadium bildel sich die Micropyle, welche ich bei alien angefuhrlen Cephalopoden gefun- den babe. Sodann andert der reife Graaf'sche Follikel seine aus- sere Form aus einer runden in eine ovale, mil einem elwas zugespitzten oberen und einem slumpfen untcren Pol und das in ihm enthaltene Ei folgl dieser Formveranderung. Oben war bemerkt, dass die Ausscheidung des NahrungsdoUers allmaiig zum oberen Pol des Follikels vorriïckt,einen kicinen Thcil seines Plasma's, das sich iiber die kugelige Oberfiiiche des Nahrungs- dolters ausbreilel, und einen ausserst feinen, am oberen Pole sich scheibenformig verdie ken den Veberzug fur denselben zuruck- 580 M. ussow. lass (*). Das ziemlich grosse Keimblaschen irilt im Cenlrum dieser Scheibe des BildiingsdoUers deutlich hervor nnd liegt direct unter der Micropyle. Walirend der Uildung der Langs- und Quer- fallen der Granulosa babe ich nicbt sellen (bei Sepia) bemerkt, dass einegio^sere Epilbelialzelle irgendvvozvviscben den Fallen, nàber zur ausseren Oberflache des Graaf'schen Blascbens zu liegen konnmt. Die Fallen scbliessen solcb eine Zelle ringsum ein und sind mil ibren Kanlen vei wachsen, so dass an dem fast aiisgebildeten Graaf'scben Blascben ein junges entstebt, welcbes sicb allmaiig von erslerem ablosl und somit eine Selbslstan- digkeit eriangt. Demnach konnen also die Wandungen eines Graaf'scben Follikels in einem verbaltnissmassig kleinen Zeit- ranme neue Primordialeier bervorbringen, sowie sie anderseits die ganze Masse des NahrungsdoUers, das Eiweiss und das Cborion produciren. Das befrucbtete und gelegle Ei der Deca- und Oclopodcn erinnert, wenn es bebulsam aus der Eierkapsel herausgenommen isl, wie schon erwabnt, an die Form eines Hiibnereies und bat folgende Bestandlheile aufzuweisen : 1) Ein diinnes, sebr elasliscbes, glasbelles Chorion {ch\ welcbes am oberen zugespilzlen Pole veniickt ist; im Cenlrum dieses lelz* teren befindet sicb die Mikropyle in Form eines einfacben oder iricblerformigen Canals; 2) Eine unbedeulende Menge was- seriger, durchsicbliger, beim Kocben coagulirender Fliissigkeit, die bier ebenso wie bei den Eiern anderer Thiere gewohnlich (*) Der Bildungsdotler umgiebt wol die Oberflache des NahrungsdoUers und unihiillt ihn, dringt jedoch niemals in denselben ein, noch « durch- dringt er die ganze Masse des Eies, » wie dieses Bobrczky annimmt {Op, cit.y pag. 9). Woher genannter Forscher zur Vorstellung von solch einem « Durchdringen » des Bildungsdotters in den iXahrungsdottcr gekommen isl, wahrend dieser letzlere doch bekanntlich sich zum Embryo wie ein Nahrungsvorralh verhalt und ausser dieser sonst weiler kcine Function bei der Entwickelung des Eies hat, kann ich mir nicht erklaren. Hierbei sei bemerkt, dass die Furchcn, welche die einzelnen Segmenle von einander trennen, sich niemals iiber die Granze zwischen Bildungs- und Nahrungs- dotter hinaus crstrecken. (Op, cit.., pag. iO), ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 581 Eiweiss genannl wird. Diese Fliissigkeit, die auch in schwachen Losungen verschiedener Saize und S'âuren coagiilirt und erbarlel, fiillt den engen Raum zwischen Chorion und Bildungsdotler 2iUs;Z)óerBildungsdotler,der wesentliche Bestandlheil desEies besleht aus einera feinkornigen zahen Protoplasma , welches nach Art eines Ueberzuges den 4 ten und lelzlen Theil des Eies bedeckt-die dicktliissige, resistente iMasse des JSahrungsdotters, welcher zu dieser Zeit auch eine ovoide Form angenommen hat mit zugespitztem oberen (unter der Micropyle) und slumpfem, unteren Pole (*). Die ganze Masse des manchnia! gelblichen und opaken Nahrungsdotlers (Argonauta) zerfàllt enlweder in ein- zelne fettartige Kiigelchen oder in verschiedene Plâllchen unre- gelmassiger Form, wenn man den Dotter aus dem Ei heraus pressi oder ein unverletzles Ei mit erhârlenden Reagenlien bearbeilet. Im frischen Zustande erscheint der Nahrungsdotter im Ei bei durchfallendem Lichte vollkommen durchsichtig, bei auffallendem Licht aber opalisirend,homogen und stark gianzend [SepiUf Sepiola^ Loligo u. a.) Das belle Keimblaschen (der Kern der Eizelle) befindet sich am oberen Pole des Eies unter der Micropyle, mitten im verdickten, scheibenformigen Theile des Bildungsdotters. In diesem wichtigslen Theile des letzteren machen sich bei einigen der von mir unlersuchlen Gattungen {Loligo^ Argonauta) besondere, dunkele, pigmentirte Korner bemerkbar, welche im Protoplasma und hauptsachlich um das Keimblaschen herum zerslreut sind. Ich halte dieselben fur com- (*) Im Cephalopodenei befinden sich noch ausserdem (i-3) Richtungs- blaschen, welche nach der Befruchtung auftauchen. Dieses sind durchsich- tige, kernlose Protoplasmakliimpchen, an denen man nicht selten con- tractile, araoeboide Bewegungen beobachten kann. Die Richtungsblaschen schwimmen am oberen Pole des Eies (unter der Mikropyle) in der mit Eiweiss bezcichneten Fliissigkeit frei umher. Bei der Entwickeiung spielen sie eine passive Rolle (wie dieses auch fur andere Thiere nachgewiesen ist) und verschwinden am Anfange der Iltcn Période d. h. bei Aniage der Organe des Embryos. Ihre Zahl ist rechi unbestândig und hâufig vereinigen sich ihr zwei zu cinem grosseren. 582 M. ussow. paciere Anhâufungeti derselben Plasmakòrnchen , die nur an bcslimmten Stellcn ini Bilduiigsdotter sich dichler zusammen geballt haben. ïm frischen Ei sind die Giànzen zwischen Bil- diings- nnd Nahrungsdotler infolge der Durchsichtigkeit beider (Z. B. bei Loligo, Sepiola, Oinninslrepftes, Rossia und Sepia) kaum zu bemerken. An den Eiern von Argonauta argo aber, welche einen dunkeien, undurchsichligen Nahriingsdoller bcsit- zen, lassi sich die belrelìende Sonderung rechi deullich beob- achten. Vermitlelst Reagenlien Q geiang es rnir stels, mil was (') Die angevvandte Méthode besteht in Folgcndcm. Das frische Ei von Loligo vulgaris z. B. bringe ich (oline das Chorion zu entfernen) auf 2 Minutcn in cine 2 «/o Chromsaurelòsung. Sodann wird das Ei in cin Uhr- glaschen iibertragen welches Siisswasser enlhalt, dom ich enen Tropfen Essigsaure hinzufiige. Hierin verweilt das Ei nicht langer als 2 Minuten, worauf das gequollene Chorion sich Icicht abziehen làsst. Der Nahrungs- dotler ergiesst sich dabei ins Wasser, wo er auseinander fliesst und nur der etwas erhartcte Bildungsdotter, der im Allgenieinen seine frûhere Form beibchalt, bleibtiibrig. Wenn noch ein gewisser Thcil des Nahrungsdotlers in dcn Verticfungen des Blastoderms (z, B. im ccntralen Theilc) zuruck- blcibl, so branchi man das Wasser nur zu entfernen d. h. die Oberflache des Nahrungsdotlers mit der Luft in Beriihrung zu bringen, damit er sofort dermassen fliissig wird, dass er bei neuem Hinzugiessen von Wasser an die Oberflache des Jetztercn kommt. Durch Auswaschen des Prâparats erhaltcn wir, je nach dem Stadium des Eies, entweder die Schichl des Bildungsdot- ters allein oder, wahrend der Scgmentirung, mit den Zellen, ohne jegliche Beimischung von Nahrungsdotler. Nun kann das Praparat mit Karmin gefârbt und in Glycerin eingcschlosscn werden. Die energische Einwirkung der Chromsaure aussert sich zuert am Chorion, und pflanzt sich dann durch dasselbe auf die inneren Theile des Eies fort, wobei das Eiweis und der Nahrungsdotler keine Zeit haben, zu coaguliren und zu erstarren. Indesscn geniigt dem zartem Bildungsdotter die kurze, 2 Minuten dauernde Einwir- kung der Saure, uni sich zusammen zu ziehen und zu crharten, so dass er nach Entfcrnung des Chorions, des Eiweisses und des Nahrungsdotlers in Form einer dunkleren, ziemlich consistenlen Haul erschcint. Diese Bear- beilung des Ccphalopodencies ist, wie der Lescr sichl, auf dem difiercnlcn Verhaltcn seiner cinzelncn Bcslandtheile zu cin- und demselbcn erhartenden Medium begriindet, was natiirlich von der Quanlilatsverschiedenheit des Bildungs- und Nahrungsdotlers abbangt. Die ganze Aufgabe besteht eben ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 585 fur Cephalopodeneiern ich auch immer zu ihun halle, Bildungs- und Nahrunzsdoller vollslandig von einander zu Irennen. Dieser Umsland beweist, wie mir scheinl, deullich, dass Ì) bei alien Cephalopoden der Nahrungsdotler vor Beginn der Furchungs- processes von einer dunnen Schicht des BildungsdoUcrs ringsum eingehullt ist, dass 2) nur der lelztere der sog. parliellen Fur- cliung unlerliegt und dass 3) die aus ihm durch den Theilungs- process am oberen Pole des Eies hervorgehende Gruppe von Embryonalzellen, welche in der Folge zwei ubereinander gela- gerle Blaller bildel, einzig und allein von den Elemenlen des BildungsdoUers ihren Ursprung niinmt. Im nachslfolgenden Capitel hoffe ich es noch klarer zu beweisen, dass der Nahrung- doller des Cephalopodeneies an der Bildung der Keimblatler, wie dieses ersi vor kurzem noch Ray-Lankester in einer von seinen Arbeilen Q behauplet hai, durchaus keinen Anlheil nimnt. Die erste Entwickelungsperiode der Cephalopoden : von dem Beginn der Segmentation bis zur ersten Anlage der Organe. 1. Die Theilung des BildungsdoUers und die Anlage der Keimscheibe, In vorhergehenden Capitel babe ich die Bildungsweise der Eier bei den verschiedenen Galtungen der Cephalopoden und zugleich die Struclur der reifen und befruchlelen Eier beschrie- darin, den Bildungdolter etwas zu hartcn, ohne dass die Wirkung der Chromsaure auf den Nahrungsdotler sich erslrecke, welch letzerer bei anhaltenderer Einvvirkung der Chromsaure in eine compacte, tief schwarze Masse verwandelt wird. Dass man auf angefuhrtem Wege den Bildungs- dolter vom Nahrungsdotter vollkommen trennen kann, daruber zweifle ich nunmehr gar nicht und bin daher durchaus nicht geneigt, den auf diese Weise kunstlich isolirlen Bildungsdotter als Dotlerhaut zu betrachlen, wie dieses ganz unbcgriindet Bobrezky Ihut. {Op. cit., pag. 9.) (*) Observations on the développement of the Cephalopoda (Quartely Jour- nal OF MICROSCOP. SCIENCE, 1875). 58 584 M. ussow. ben. Miteinem Worte, ich kam bis zur Beschreibiing desjenigen Zìislandes derselben, wo in ihnen der embryonale Process beginnt, der sich in der Furchung des Bildungsdolters àussert. Zur Beschreibung der Furchung in ihren verschiedencn Sladien ubergehend, muss ich hier bemerken, dass der ganze Cyclus der betreffenden Vorgànge fiir alle von mir untersuchten Odo- und Cephalopoden (Sepia, Sepiola, Loligo, Argonauta) im Grunde ein und derselbe ist. Da auch die iibrigen Enlwickelnngsvorgange (Bildung des Blastoderms, der KeimblâUer, etc.) bei diesen beiden Gruppen der Cephalopoden uiiler einander sehr ahulich sind, so werde ich im allgemeinen, um unniitzenWiederholungen aus dem Wege zugehen, hier hauplsâchlich iiber die auch in anderer Beziehung von mir genauer untersuchleEnlwickelungs- geschichle von Loligo (L. vulgaris und L. Sagiltata) sprechen. Nur gelegenllich sollen vergleichsweise einige Unlerscheidungs- puncle der Enlwickelung der iibrigen von mir untersuchten Gatlungen angefiihrt werden.Ueber die Entwickelung von LoZ/gro haben Kòlliker (*), in letzterer Zeit Ray-Lankester (*') und Bo- brezkij ("*) gearbeitet. in der Einleitung zu meiner Abhandiung habe ich erwàhnt, dass die Arbeit K'òlliker's nunmehr als ziem- lich veraltet zu belrachten sei, da sie eine Menge Fehler und bedeu tende Liicken en thai t. Wenngleich Kòlliker sich einge- hender mit der Enlwickelung des Embryos von Sepia beschafligt hat, so vergleicht er mit einigen Sladien des letzteren doch auch die ihm nur selten zug'ànglich gewesenen Embryonen von Loligo vulgaris. Die Untersuchung des genannlen Gelehrten bezieht sich iibrigens mehr auf die àusseren Formverànderungen des betreffenden Decapoden, und sowol hier als auch bei Sepia und (*) Entwickelungsgcschichte der Cephalopoden^ ÌSAiy pag. 31 u. f., wo er unter anderem das Stadium mit seeks Scgmenten beschreibt. Vergi, racine Zoolog. embryolog. Untersuchungen , pag. 342 und die von Bobrezky, Op. cil., pag. 8. ('*) Quarterly Journal of microscop. science, 1873. (***) Nachriclitcn der Gesellschaft der Freunde der Naturwissenschaften, etc- Bd. XXIV, l.Heft. ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. S85 den anderen von ihm untersuchten Cephsilopoden (Argonauta , Tremoctopus) stelli er die Existenz der Keimblaller und iiber- liaupt ihre Bedeuliing fiir die Bildung der Organe des Embryo's •n Abrede (Op. cit., pag. 467). Indem er sornit die Frage iiber den hislologischen Bau der lelzleren bei Seite lassi, unterscheidet er dennoch an der Keimscheibe drei ausserliche AbschniUe und zvvei Schichten : eine aussere und eine innere f ). Der Wirklich- keil so nah kommend, bal sicb Kolliker leider docb nichl der Miihe unterzogen, diese Frage genauer zu unlersucben. Ganz anders erscbeinl in dieser Hinsichl die oben angefiihrle Abband- lung von Rajj'Lankester (**). Letzlerer Aulor hai sich bauptsach- licb mil dem SUidinm der Enlwickelung von LoUgo und Octopus befasst. Am voilendelslen erscheinen seine Unlersuehungen iiber die Enlwickelung der Augen bei Loiigo. Was jedoch seine Beo- bachlungen iiber die Bildung der Keimblaller und des Darm- kanaPs betrifft, so bal Ray-Lankester bier Fehler gema( hi, welche weiler unlen eine Eròi lerung finden werden. Den Furchungs- process hai er nur oberflâchlich unlersucht, was seine ungenaue Abbildung der Keimscheibe beweist, welche er in dem « Summary of zoological observations » gegeben hat. Oben babe ich eine andere werlh voile Arbeit Greuachers f") erwahnt, worin die Beschreibung der Enlwickelungsgeschichle einer nichl genau bezeichnelen Cephalopodengaltung aus der Gruppe der Myop- siden geliefert wird. Die Resultale, welche Grenadier z. B. in Belreff der Enlstehungsweise des Darmkanals erzielt hat, besla- ligen in mancher Hinsichl die Beobachlungen von E. Metschnikoff und slehen, wie dieses aus meinen vorlaufigen Mitlheilungen ersichllich isl, im Einklange mil einigen dori von mir beschrie- (*) a Die drei aussersten Schichten oder Lagen dieses Keimes •> etc. (pag. 27) und ferner : o . . . . das sder Keim in zwei Schichten sich son- derte, eine inncre und aussere, bildet den inncren und ausseren Doltersack und . . . letztere bildet den Embryo mit alien seinen Organe .... » etc. (pageOi). (•*) Op. cit., pag. 37-Ì6. Taf. IV-V. (•*') Op. cit. pag. 419-498. Taf. 39-42. 586 M ussow. benen Thatsachen. In Folgendem werde ich auf diese Arbeit zuriickkommen und geborigen Ortes auf die Differenzen hin- weisen, welche zwischen unseren Untersiichungen stattfinden. Nun will ich mitderDailegungmeiner Beobachtungen fortfahren, die mit der Beschreibung der Oogenese bei den Cephalopoden begonnen und bis zum Monf)ent der Befruchlung durchgefiihrt worden ist. Die baufige Erscheinung, dass sicb der Dotler nach erfolgler Befruchlung zusammenzieht, findet auch bei den Cepha- lopoden slatt, vvobei der Raum zwischen dem Chorion und der Masse des Nahrungsdolters sich etwas ausdehnt. Oben babe ich einige Thatsachen angefiilirt, welche fur die Ansicht, dass die reifen Cephalopodeneier in dem Momente befruchtet werden, wo sie aus dem Eierstock in die Bauchhohle fallen, sprechen. Wie gesagt, findet bei den Cephalopoden nur eine Theilung des Bildungsdotters stall. Das Primordialei (Ovulum) welches wie wir sahen, sich in einen dunnen, den Nabrungsdotter umgebenden plasmatischen Ueberzug verwandelt ('), ist (nach erfolgler (*) Wenn wir (unabhangig von den dargelegten Thatsachen und im Einklangc nrjit der allgemein angenommenen Ansicht) uns den Biidungs- dolter des Cephalopodencies als Scheibc, richliger Kappe, welche dem Nab- rungsdotter am oberen Pol aufliegt, vorstellen, so drangt sich uns die Frage auf, auf wesson Kostcn sich cigentlich die Blastodermzellen verniehren, die schliesslich den ganzen Nabrungsdotter ringsum cinhiillen? Von wo dij ganze Plasrnamasse dieser Zellen herriihrt, wenn wir als Ausgangspunce der Proliferation nur die runde Keimscbeibe betrachten, die auf Fig. 25 (Holzschn.) abgebildct ist? Wenn dieser Entwickelungsprocess nur auf Kostcn des aufgesogenen Nahrungsdolters vorgehen solite, so ware auch ohne ein besonderes Bildungsmaterial (welches in Form des das Ei einhiil- lendcn Bildungsdotters erscheinl) ein Wachslhum der Blastodermzellen des Proembryos und die wcitcrc Vermchrung dersclbcn iiber die ganze Oberflâche des Nahrungsdolters noch denkbar. In solch einem Falle mûsste sich eine Abnahme der Masse des Ictztcren bemerkbar machen, wahrend diese in Wirklichkeit doch nieht stall findet, selbst nicht einmal bei Bildung des ganzon Blastoderms (wahrend der ersten Enlwickelungsperiode) iiber- haupt. Mcssungcn, welche dies beziiglich an den Zellen und dem Umfange des Nahrungsdolters vorgenommen wurden, bestatigen die lelzte Annahrae nicht. ENTWJCKELUNG DER CEPHALOPODEN. 587 Befruchtung) in folgender Weise zusammengeselzt : Das fein- kornige, bald durchsichlige, bald Irubere Protoplasma nobst seinen oben bescbriebencn dunkleren Kornern hauft sich zum grosslen Thv"i! am oberen Pol des Eies (unler der Mikropvie) in Form einer dickeren, runden Scbeibe (Taf. XXXII, Fig. 18. .4. Bd.) an, in deren Centrum sich das glasheile Keimblaschen befindet. Dieser ganze iinler normalen Verhaltnissen gewohnlich recht durchsichlige, centrale Theil des Bildungsdolters zieht sich in Folge der Behandlungsweise der Eier (siehe oberi) elwas znsammen und erscheint nach Entfernung des Nahrungsdotlers als runder, dunklerer Fleck. Der peripherische, mehr diinn- flussige Theil des Plasma's der Eizelle, welcher sich auf der Oberflache des Nahrungsdotlers ausbreitet und ihn allseilig voll- kommen umschliesst, erscheint nach besagler Bearbeitung mil Reagentien als diinne Membran, die am frischen Ei kaum zu bemerken isl. Das ausserst geringe Quantum Protoplasma, durch welches das den Nabrungsdolter umgebende Haulchen gebildet wird, ist von feinkorniger Beschafienheit, bei radiàrer Anord- nung der Kornchen um die dunklere Scheibe als Centrum. Selbst bei ausserst vorsichtiger Isolation zerreisst dieser Ueber- zug, richl'ger diese plasmatische Membran, die den Nabrungs- dolter ei!jhulll, sehr leicht. Vermiltelst Praparirnadeln aul'dem Objecttragerausgebreitet, krauselt sie sich und bildet eine Reihe von Fallen (Taf. XXXII, Fig. iO). Ausser den feinen Kornchen, welche z B. bei Lolir/o nach der iiblichen Behandlung des Eies sichlbar werden, enthalt das durchsichlige Protoplasma des Bildungsdolters auch im frischen Zuslande, wie schon erwahnt, eine nichl bedeulende Anzahl dunkler Kornchen, welche sich im centralen Theile der Keimscheibe um das Keimblaschen herum gruppiren. Die grossie Anzahl solcher Korner habe ich in den Eiern von Argonauta argo und Loligo vulgaris gefunden. Ferner kommen im Bildungsdolter kleine, belle Kerne vor, die wahrscheinlich als Ueberreste der Kerne der zerfallenen, zur 588 M. ussow. Bildung des Eiweisses und vielleicht auch des Chorions (*) verbraiichlen Granulosazellen zii betrachten sind. Die Dotler- furcluing bei den von niir unlersuchlen Cephalopoden erinneii ihrer Form nach im allgemeinen an den Segmenlalionsprocess der nieroblaslischen Eier von Vogeln, Schildkiôten und Sela- chiern (**). Der Process geht gevvôhnlich so vor sich, dass aile Furchnngs- zellen zuerst nur an einem der beiden Pole des Eies (Ovula periblastica) ensleben. Die Theilungsfurchen gehen von denj cenlralen, oben beschriebenen, schei ben form igen Theile des Bildungsdolters ans und setzen sich dann erst allmàlig auch auf die benachbarten Theile des letzteren, die sich ûber die ganze Oberflâche des Nahrungsdotlers erslrecken, fort. Diesem letz- teren kommt hierbei eine durchaus passive Rolie zu, denn er nimmt, wie gesagt (im Gegensalze zur falschen Ansicht von Ray-Lankesler) bei den Cephalopoden keinen direclen Antiieil weder am Furchungsprocesse,nochebenso wenig an der Bildung des Embryo's. Die Theilung der Segmente und die Bildung der grosscn und kleinen Furchungszellen pflanzt sich, an der Ober- flâche beginnend, auf die liefslen Theile des Protoplasma's fort, wobei sich auch dieïverne (0,016 Mm) als Derivate des Keimblâs- chens vervielfàltigen. Die vollslàndige Theilung der Segmente und Zellen (durch Làngsfurchung und durch quere Abschnûrung der Spitzen) fàllt mit der Theilung und Dislocation der Kerne zusammen. Da die grossen und kleinen Theilungsfurchen auf der Oberflâche des Dotters ensleben und erst spâter allmàlig in die tieferen Plasmaschichten vordringen, so ist hieraus ersicht- lich, dass der Theilungsvorgang im Bildungsdotter anfànglich nicht nur vom Centrum (von scheibenfôrmigen Theil) zur Peri- (*) Op. cit., pag. 37 (« From the cells forming the mucous-like epithe- lium of these folds, albuminous matter is continnally added to the egg, and at a certain stage of its developement the cells themselves continually proli- ferate or bud off from the folds into the egg-mass »). Ray-Lankester. (**) Wie dieses aus den Untersuchungen von A. Kowalewsky u Balfour {Monograph, of the developement of Elasmonbranch fishes, 1878. PI. I, Fig. 2-3) ersichllich ist. ENTWICKELUNG DER GEPHALOPODEN. 589 pherie (in der Richtung zum unleren Pol) sondern auch von der Oberflache des Eies nach innen vorschreitel. Der Zeitraum zwischen der BelVuchliing des Eies und dem Erscheinen der beiden erslen Segmente daiiert bei Argonauta argo (ungelàhr) i-2 Slunden, wàhrend er bei anderen (Sepia, Sepiola, LoligOy Onimastrephes, Rossia) wahrscheinlich nicbl weniger als 5-8 Slunden ausmacht. Unler den Eiern, die mir gebrachl wurden (bei deren Aufsuchen nalurlich eine raehr oder weniger gerau me Zeit verslrich), gelang es mir, solche Eiersàcke (Loligo, Sepiola) oder Eierkapsein (Sepia) zu linden, in denen die Mehrzahl der Eier sich noch in den AnCangsladien des Furebungsprocesses befanden.Dieersle Furche trilt zuerslim Centrum desverdicklen Theiles des Bildungsdotlers als diinner, aber scbarfer Slrich auf, welcber das Keimblàschen, sowie das letzteren discoidal umge- bende Protoplasma in zwei gleiche Theile Iheilt (Taf. XXXI, Fig. 6). Nach Verlauf von 2 Stunden (*) hat diesa erste Furche, die uber der Làngsaxe des zukûnfligen Embryos (von der Riicken- zur Bauchseile) tritt, sich mehr und mehr in die Tiefe des Bildungsdotlers und theilweise auch auf den peripherischen Theil des letzteren erstreckend, diesen in die beiden erslen Seg- mente getheilt, genauer in zvvei an einander gelegle, nicht ganz getrennte halbe Ovoide, die den ganzen NahrungsdoUer umfassen (Taf. XXXII, Fig. 18. B.) Ich muss hier erinnern, dass sowol diese erste als auch die ijbrigen nach ihr enlslehenden Segmen- talionsfurchen den unleren Pol des Eies eigentlich nicht ganz erreichen, sondern gewohnlich in der Gegend des Aeqnalor*s sich im Plasma verlieren. Die glalten, scharf contourirten Innen- kanten der beiden erslen Segmente divergiren nicht an der Granze des centralen und peripherischen Theiles des Bilduni^s- dotiers, wie dies Kolliker z. B. fiir Sepia falschlich abgebildet hat. Im allgemeinen gehl der Theilungsprocess des Bildungs- dotlers anfangs ziemlich langsam vor sich, so dass man bei anf- (*) V/ie diese, so beziehen sich auch die folgenden Angaben der Zeit- raume, welehe zwischen den verschiedencn Segmentationsphasen liegen, auschlii'sslich auf LoUgo vulgaris. {Op. cit. Taf. I, Fig. 1). 590 M. ussow. merksamer Beobachlung manchinal die Orlsveianderungen der dunklcren Kornchen und dann auch das Hervorlrelen iind Wie- derzuruckziehen von plasmalischen Fortsalzen an den Furcliungs- zellen sehen kann, ein Schanspiel, welches an die bekannlen Plasmasliornungen eines Plasmodiunrs, einer Amoebe, etc. erinnert. Das nach der Befruchlung nichl veischwindende Keim- blaschen (*) (der Kern des Primordialeies) wird durch die iiber ihn verlaufende ersle Furche in zvvei glashelle, kleinere Kerne gelheill (Taf. XXXI, Fig. 6), welcheeinander gegenuber nnweit vom Rande der Segmente, in der Milte der Scheibe Siellung nehmen. Zwiscben dem erslen und dem nacbstfolgenden Sta- dium der Doltertheilung vergehen 8-10 Minutcn, ohne das die geringste Veranderung zu bemerken ware. Erst gegen Ende der zweiten Stunde erscheint auf ganz die- selbe Weise wie die erste die zvveite Furcbe, deren Ricbtung senkrecht zur ersten ist. Die beiden Furchen, welcbe sich gewohnlich gerade unter der Micropyle im rechten Winkel kreuzen, theilen den discoidalen Tbeil des Bildungsdotters in 4 gleiche Segmente (Taf. XXXI, Fig. 7). Indem die secundare Furche ((3) iiber den beiden Kernen der zwei primaren Segmente auftritt, werden auch die Kerne veranlasst, in zwei Halflen zu zerfallen (**). Als Résultat erhalten wir somit vierje einen Kern (*) Da der nunmehr bekannt gewordene s. g. kariolytische Process noeti nicht crforsctit war, so habe ich damais auf die Theilung des Kernes weniger Aufmerksamkeit verwandt, infolge dessen ich jelzt auch nicht mit Gewissheil behaupten kann, ob das Keimblaschen in den Cephalopo- deneiern vcrschwindet oder persislirl. (**) Hier sei bemerkt, dass die Anrcgung zur Theilung des Plasma's dem Anscheine nach nicht von den Kernen ausgcht, sondcrn dem genannten Pro- cesse gehen immer verschiedene Stromungen der Kornchen im Plasma voraus, welche auf dem Wege der directen Beobachlung nachgewiesen werden konnen und wahrscheinlich durch irgend welche Molocularvor- gânge hervorgerufen werden. Jene Erscheinung aussert sich darin, dass die Korncr von der Stelle, wo die den Kern und das Plasma thcilende Furche auftreten soil, in's Innere der beiden neuentstehenden Zellen sich zuruck- ziehen und zwar von zwei gcgenuberlicgenden Puncten der zukiinftigen Furche. ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 591 fiihrende Segmenle. An der Stelle, wo die Gipfel dieser vier Zellen zusammentreffen, eiitslehtein kleiner, hellerer Zwischen- raum, welcher schon walirend der nachslen Stadien der Segmen- talion verschwindet. Hier sei erwâhnt, dass nicht nnr die beiden primaren, sondern auch alle in der Folge entstehenden Segmente nicht eine Spur einer Membran aufzuweisen haben. Vomì Nah- rungsdolter isolirt, nehmen sie die Gestall eines rundlichen Plasmakliimpchens an, in welchem der belle Kern einge- schlossen ist. Kolliker, welcher von einer besonderen Membian der Furchungszellen spricht (« Ibre Menibran ist ganz durch- sichlig und zart d pag. 21 . Op. ct7.),schloss sicb augenscheinlich der seinerzeit domini renden, jedoch nicht immer ricbtigen Anschaung iiber den Bau der Zelle an. Die einzige richlige Abbil- dung in der Arbeit des genannten Forschers, welcbe das Sladiiim rail4Segmenlen (*) darstellt, zeigt deiillich, dasser Gelegenbeit gebabt, nur fliicbtig, vielleicht ein bis zwei Mai, jedes einzelne Furchungssladium zu uidersuchen, was er ja auch selbst einge- sleht(**). Ueberhaupt weist, wie wir spaler sehen werden, die Ungenauigkeit seiner Zeicbnungen, welcbe den Furcbungspro- cess im Ei, vom 5-ten bis 8-ten Stadium inlc. darstellen sollen, auch nocb aiif den Umsland bin, d;iss Kòlh'ker die Eier beiin Herausnehmen aus der Eierkapselwabrscbeinlicb stark gedriickt, dadurch die normale Lage der Segmentationszellen beeintrach- ligthat undsozn falscben Schliissen verleitetwurde. Ueberhaupt sei bemerkt, dass bei unvorsichtigem Abzieben der Eierkapsel ich selbst ofter dergleicben abnorme Piàparate erbalten babe, wie genannter Forscber sie beschreibt, und ich mich daber in ihrer Bedeutung nicht zu irren glaube, weil mir im Verlanfe meiner weit anbaltenderen Beobacbtungen, eine ganze Menge Eier der verscbiedenen Cepbalopodeiigallungen in alien Stadien der Segmentation in die Hànde gekoaimen sind. Bei Vergleichung (*) Op. cit.. Taf. I, Fig. 2. (**) Op. cit., pag. U. 592 M. ussovv. der Abbildungen, die genaue Copien der verschiedenen Segrnen- talionsstadien des Cephalopodeneies darslellen, mit den bezùg- lichen Zeichmingen von Kôlliker (*), wird man schwerlich mit dem Ausspruche Metschnikoffs (Op. cit., pag. 10) (**) einver- standen sein, dass « genannter Forscher besonders eingehend die Bildiing der Embryonaizellen studirt und daher die Thei- Inngsprocesse des Dolter's ausgezeichnet beschrieben habe. » Schon ganz anders aussert sich bieriiber Ray~Lankester, welcher sechs Jahre zurùck den Furchungsprocess im El von Lolkjo bescbrieb : , die sich anfangs (vermittelst der oben erwahnten Fnrehen) in mehrere Thcile Iheilen, welter ein jedes (in der Richlung vom oberen zum unleren Pole des Eies) in eine gewisse Anzahl sich nach- her seibslandig vermehrender Furcbnngskugeln, deren Verviel- fàllignng mit der Verminderung ihres Durchmessers und ihrer Dicke Hand und Hand geht. iMit einem Worte, der weiler zu bescbreibende Process der Ausbreilung der Blastoderms auf der Oberflache des Nahrungsdotlers geht bel alien Cephalopoden niehl auf irgend welcbem Wege der Nenbildung von plastischem Materiale vor sich, sondern einfach durcb folgerechle Theilung des schon urspriinglich vorhandenen, peripherischen Theiles des Bildungsdolters, oder des Eizellenprotoplasmas (**). Obenan- (*) Op. cil., pag. 58, 59. (« But before the superficial extension of the cap of klasloplasts has commenced, there appear in a deeper stratum of yelk pellucid nuclei, at first arranged a circle around the cap of klastoplasts, as I have figured them, » in Annals and Magaz. Nat. Hist. April, 1875). (**; Wahrend Bohrezky auf pag. 9 {Op. cit.) behauptet, dass ich » . . . die membrana vitellina^ von deren Vorhandensein bei Loligo man sich leicht iiberzeugen koniie, nicht bemerkt hâtte »...., so stelli er selbst diesc Mem- bran (auf seinen Abbildungen) im Ganzen nur zweimal dar (und zwar auf Fig. 8, A, B). Daher erlaube ich mir zu fragen, warum gcnanntcr Forscher ENTWICKELUNG DER CEPHALOPODEN. 605 gefiihrte Meinungsverschiedenheilen der Forsclicr in's Auge fas- send, scheint es mir, dass ich mich nichl unniilz etwas langer bei Beschreibung der icirkUchea Enlstebungsweise der Furchinigs- zeilen aufgehalien habe. Da so wenig Daten iiber die belreffende Frage bis jelzl in der Wisscnschaft gesammell sind, so habe ich aiich besonders auf die Erforschung des Furchungsprocesses ina Cephalopoilenei mein Augenmerk gerichtel (*). Die vorhergehende, beschriebene Segmentation im Ei der Deca- und Octopoden habe ich bei Loligo vulgaris und sagittata^ bei Sepia officinalis , Sepiola Rondeletii und Argonauta argo verfolgl. Auf dieselbe Art und Weise, wie die Segmentalions- zellen enslehen, bildet sich auch im Ailgcmcinen die Keim- scheibe oder das Blastoderm und, wie wir vveitersehen vverden, auch das Mesoderm, allem Anscheine nach, bei alien Cephalo- poden. Der Hauptunlerschied, wie ich bemerkt habe, liegl in dem Zeitraum, welchen die aufgezahlten Entwickelungsprocesse in Auspruch nehmen. Wenn hierbei die Grosse des Eies eine Bolle spielt, so zeigen die grosste Differenz im Durchmesser des Eies als auch in der Zeitdauer ihner Entwickelung die Eier von sic nicht auch] walircnd der weiteren Entwickelungslufen des Embryos aiifgczeicbnct hat, wo sie doch vcrschiedenc Verticfungen und Einbicgungeii des obercn Kcimblattcs bcdcckend, z. B. iiber der nicht geschlossencn Scha- lendruse, uber der Mundoffnung (Taf. XXX II, Fig. 25) u. s. w, welt deut- licher hcrvortreten miisste? — Was mich betrifft, so halle ich, wie auch friiher, dicse « Dolterhaut » {Bobrozh-y\ v-j. co r- 00 '3 3 2 o~ «Xi H 5^ o~ o' o" <=)• â^ sa — 3 M fc/3 C à s 2 C3 15 S a * A ^ ^ •* :2 §3 n Î5 S •^ 3 1 t 3 0 — CiA c J3 î- :5 c M • A B A ;^ • ©î 00 00 •* "=2 CN S) 3 C/3 N - - P-. .J tJ3 d .a Cd J3 • (N «* >■ > £ %^^ p< >< >< O 'Ji « T3 1