CRE HARVARD UNIVERSITY LIBRARY OF THE Museum of Comparative Zoology Dot À ANR er et nt CUBRART JUN 1 21959 | HARVARD mi Gin LP Al QUE, ARCHIVES DE RASITOLOGIE PUBLIÉES PAR .RAPHAËL BLANCHARD PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS MEMBRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE TOME DIXIÈME contenant la Table générale des dix premiers volumes. Nr PARIS F. R. pe RUDEVAL, IMPRIMEUR-ÉDITEUR 4, RuE ANTOINE DuBois, VI' 1905 n Le î ACTES APOICCE CO EURO CAN EOUREN RO" [ PAG re: NAN À - à é ji ke EX À FA de £ : DS AE . 3 A Nr DE de DE ) ; k) ROUES Sue hrs UE l PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE ee Hd : î LEGS HAE . NS os PARIS | DE RUDEVAI, IMPR TMRUR. Évireun sue Rue Antoine Dubois, fe \E de SOMMAIRE 2 REA ir: Skvouré. — Recherches expérimentales sur les mycoses internes et leurs | parasites (avec 20 fig. dans le texte) PRE re A RE RRQ RARE LA ST A P. Méenix. — Sangsues parasites des Palmipèdes (avec 4 fi 18. dans le texte). 71 FERRIER. — Trois cas d’uncinariose en Algérie : ... . . . . : . . . LIFE AA R. BLancHARD. — Substances toxiques produites par les parasites : animaux 84 Revue bibliographique . . . - . SR te o ee CURE FE OS EN RE 405. Notes et informations : . : . . : . - . ANNE UNE PAC ces voa 107 Ouvrages repus se. "7. "nes FR DUR eee ere SRE VE dE F.R. pe RUDEVAL, Imprimeur-Éditeur %, Rue Antoine Dubois, PARIS (VI:) PUBLICATIONS DU LABORATOIRE DE PARASITOLOGIE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS 407 Les Moustiques. Histoire naturelle et médicale, par le Professeur R. Bcancrar». Un volume grand in-8° de xur- 673 paste avec 316 figures ë dans le texte. Prix, cartonné : 25 francs. Histoire zoologique et médicale des Téniadés du genre Hymenolepis Weinland, par le Professeur R. BLancaaRD. Un volume in-8° de 112pages,. avec 22 figures dans le texte. Prix : 3 francs. Précis de Parasitologie animale, par le D' M. Neveu-LEMAIRE, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Lyon, avec une préface par le Professeur R. BLancarp. Deuxième édition. Un volume in-18 grand jésus de 11-220 pages avec 301 figures dans le (exe cartonné. Prix : 4 francs. | De l'Échinococcose secondaire, par le D: F. DÉvÉ, Professeur sup- pléant à l'Ecole de médecine de Rouen, Médecin des hôpitaux. Un volume grand in-8° de 256 pages, avec T fig. dans letexte. Prix : 6 francs. Les kystes hydatiques du foie, par le Dr F. DÉvé, Professeur sup- pléant à l’École de médecine de Rouen. Un volume in-18 de in-197 pages. Prix : 3 francs, Ann PA // 24 1906 ARE RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES PAR Le D' Pierre SAVOURÉ Licencié ès-sciences naturelles, Préparateur à la Faculté des sciences de Rennes. L'étude des lésions anatomiques et des troubles pathologiques provoqués chez l'Homme et les animaux parla présence de Champi- gnons, introduits soit spontanément, soit expérimentalement dans leur organisme, a suscité dans ces dernières années, et à juste titre, de très nombreux et très intéressants travaux. En effet, après les découvertes de Pasteur, et sous l'impulsion de ses doctrines, les savants livrés à l'étude des maladies microbiennes envisagèrent surtout celles qui sont produites par des Bactéries, laissant un peu de côté celles qui sont dues à la présence d'un Champignon : les mycoses, ainsi que les avait si bien dénommées Virchow dèsl'année 1856. Heureusement, quelques communications curieuses etrelati- vement récentes ont ramené l'attention sur ce sujet déjà vieux de près d'un siècle, puisque la première observation de mycose re- monte à 1815 et fut publiée par Mayer (1). Les mycoses peuvent, au point de vue pratique se diviser en deux groupes : 1° les dermatomycoses, 2° les mycoses internes. Les dermatomycoses sont les mieux connues. Ce serait sortir de mon sujet que d’énumérer la quantité d'excellents travaux parus sur ce sujet depuis la moitié du siècle dernier. Quant à l'histoire des mycoses internes, elle est plus obscure et les travaux actuels font prévoir que le nombre des Champignons capables de produire des lésions anatomo-pathologiques viscérales est plus grand qu'on ne l'a pensé jusqu'ici. (1) A. C. Mayer, Verschimmelung (Hucedo) im lebenden Kôrper. Deutsches Archiv für die Physiologie, 1, p. 310, 1815. 6 P. SAVOURÉ On concoit facilementcombien l'étude des mycoses internes peut présenter d'intérêt spéculatif et aussi de conséquences pratiques, puisque ces affections peuvent simuler à sy méprendre d’autres affections produites par des Bactéries. Mais il est vraisemblable, comme nous le verrons ultérieurement, que le mécanisme des affections causées par les Bactéries et les Champignons n'est pas le même. Tandis que les Bactéries agissent surtout par les toxines qu'elles sécrètent, poisons solubles qui tuent les cellules d'un organe situé quelquefois fort loin du lieu où végètentces Bactéries, les Champignons, au contraire, semblent plutôt supprimer la fone- tion de l'organe en l’envahissant et en altérant par leur mycélium les éléments de ses tissus. : L'étude des mycoses est d’ailleurs une question fort complexe, qu'il serait imprudent d'aborder dans son ensemble; il vaut mieux, me semble-t-il, s'attacher à éclaircir les faits principaux et à les décrire séparément. La synthèse de ces résultats ne pourra être faite que plus tard, lorsque nous posséderons un plus grand nombre de documents relatifs à ce sujet. Ce sont quelques-uns de ces points que je désire présenter en ce travail, qui comprendra trois parties. Dans la première, je cher- cherai à donner des figures exactes et des détails précis, relative- ment à la morphologie des parasites, de façon à faciliter la dia- snose des espèces. La deuxième aura trait à la biologie encore peu connue de ces végétaux. Quant à la troisième, elle sera consacrée à l'étude du rôle pathogène,au moyen desinoculations expérimentales et à la description des lésions anatomo-pathologiques chez l'animal. Les Champignons dont je m'occuperai appartiennent tous aux genres suivants : Mucor, Rhizopus, Rhizomucor, Aspergillus. J'apporte la description d'une variété nouvelle de Rhizopus voisine du Rhizopus equinus de Lucet. Je me suis servi pour les expériences et les inoculations d’une ou plusieurs espèces appartenant à chacun de ces genres, prenant de préférence les plus pathogènes pour le Lapin et le Cobaye, animaux qu'il est facile d'avoir constamment à sa disposition dans un laboratoire. I. — MORPHOLOGIE J'ai d'abord observé macroscopiquement et très soigneusement les cultures, dans les différentes conditions de température où elles MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES Navy avaient été placées, en notant chaque jour les progrès du dévelop- pement du mycélium sur différents milieux nutritifs. Pour l'étude microscopique, j'ai employé deux procédés : 1° l'examen extempo- rané après dissociation des filaments mycéliens dans l'acide acé- tique : 2° l’étude du Champignon dans la cellule humide, les ense- mencements étant faits sur bouillon en gouttependante, d’une façon aseptique, pour éviter que les Bactéries ne viennent gêner la végéta- tion du mycélium. J'ai observé toutes les cultures chaque jour, quelquefois heure par heure, surtout dans les premiers stades du développement. Toutes les figures que je donne ont été dessinées à la chambre claire. Je n'ai pas l'intention de m'occuper, dans ce travail, de l'étude systématique des familles auxquelles appartiennent les Champi- gnons que j'ai étudiés. Je me suis contenté d'examiner avec détail quelques espèces plus particulièrement intéressantes au point de vue pathologique, dans le but d'établir leur diagnose aussi rigou- reusement que possible. Toutes ces espèces appartiennent aux gen- res suivants : Mucor, Rhizopus, Rhizomucor, Aspergillus. Genre Mucor. Pour le genre Mucor, mes observations ont porté sur les espèces suivantes : M. racemosus, M. corymbifer, M. Truchisi et M. Regnieri. 14° Mucor RAcEMoOSuS Fresenius, 1850. Saccardo (1) donne la description suivante du WMucor racemosus : « Hyphis sporangiferis septatis, bifurcatis vel irregulariter ramosis, 0,5 — 0,4 em altis; sporangiis terminalibus, globosis minutis, 40-68 « diam., pallide luteis, vix perspicuis, columella ovali ; sporis numerosis, globoso-ovoïdeis, 5-8—4-5, hyalinis; zygosporis globosis, episporio flavo brunneo, striato, 70-84 » diam. » L'exemplaire que j'ai étudié a des caractères absolument sem- blables : en effet, arrivé à maturité, il se présente macroscopique- ment sous forme de filaments enchevêtrés, formant un duvet blanc très serré à la surface du substratum ; sur ce mycélium s'élèvent des hyphes sporangifères verticales, très peu enchevêtrées ; les spo- ranges sont d’une couleur gris jaunâtre. (1) P: A. SaccarDo, Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum. Pata- vii, 1888; cf. VIT, p. 192. P. SAVOURÉ (o») Au microscope, on remarque que le mycélium est formé de fila- ments enchevèêtrés, non anastomosés, ramifiés seulement dans la partie supérieure des pédoncules sporangifères et aux environs des chlamydospores. Le diamètre de ces filaments varie entre 3 » 2, 6% et 9», suivant l'âge de la culture; ces dimensions ont été mesurées sur une culture en cellule humide sur bouillon, du troisième au cinquième jour après l'ensemencement. / Î Fig. 4. — Mucor racemosus. — 1,2, 3, diverses modes de ramifi- cation des hyphes sporangifères; 4, deux sporanges dont la membrane n’est pas encore complètement liquéfiée. La ramification des hyphes sporangifères est très variable et très irrégulière : quelquefois on ne constate qu'une simple bifureation ou une trifurcation, mais, dans ce cas, jamais les trois filaments ré- sultant de la division du filament principal ne prennent naissance au même point, en un motje n'ai jamais vu de ramification en forme MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 9 d'ombelle ou de corymbe; d’autres fois, assez loin de l'extrémité d'un long filament terminé par un sporange, naissent de nombreux filaments assez courts, terminés eux aussi par un sporange (fig. 4, 1-3). Les sporanges sont sphériques et de petite taille; le diamètre de ceux que j'ai mesurés varie entre 37 y et 60 y. Ils sont de couleur jaune pâle et la membrane est très peu transparente. Cependant, lorsqu'ils sont arrivés à maturité complète, on distingue facilement les spores à travers la membrane. C&, membrane est diffluente, elle disparait par liquélaction lorsque res sont mises en li- berté, mais elle peut se liquéfier plus rapidement dans une partie # Fig. 2. — Mucor racemosus. — 1, têtes sporifères jeunes; 2, têtes spori- fères adultes: 3, têtes sporifères müres ; 4, spores en liberté ; 5, une columelle. quelconque du sporange que dans d'autres; alors quelques spores s'échappent d’abord par cette ouverture, tandis que les autres con servent l'aspect d'une masse sphérique, parce qu'elles sont encore maintenues en place par le reste de la membrane incomplètement liquéfiée. Ceci pourrait donner lieu à une erreur et faire croire à la persistance d’une portion de la membrane et à une sorte de dé- hiscence poricide(fig. 1, 4). On peut facilement éviter cette erreur 10 P. SAVOURÉ en laissant le sporange qui présente cette particularité sous le champ du microscope et en portant le tout à l'étuve à 25°, le lendemain sénéralement, la membrane est complètement. liquéfiée et on voit les spores disséminées irrégulièrement autour de la columelle. La columelle est ovale, elle mesure 18 y à 50 s en hauteur et 9 y à 15 z en largeur (fig. 2, 5). Les spores sont ovoides; elles mesurent 6 à 8 z de long sur 5 à 6 : de large; ellessonttransparentes et très nombreuses (fig. 2, 4-5). Je n'ai pas observé de zygospores; par contre, j'ai vu de nombreu- ses chlamydospores dans les cultures en cellule humide : ces chlamydospores, qui apparaissent surtout dans les cultures âgées de trois ou quatre jours, sont Ce forme sphérique avec, quelque- fois, un prolongement en forme de boudin; leur diamètre est en général voisin de 20 # ; on voit à l'intérieur de nombreuses granu- lations protoplasmiques (fig. 3, 5). Saccardo ne parle pas des chlamydospores. Quant aux figures de ces organes données par les autres auteurs, elles me paraissent n'’of- frir qu'une idée imparfaite de leur forme et de leur disposition. J'insiste sur ce point, parce que de nombreuses observations m'ont permis de constater les deux principales formes qu'affectent ces chlamydospores. En effet, dans les figures, elles sont généralement représentées sous forme de corps ovoides, d'un diamètre à peine supérieur à celui du filament sur lequel elles ont pris naissance ; elles sont en outre beaucoup trop rapprochées les unes des autres et affectent une disposition en chapelet. De plus, les auteurs ont toujours omis de représenter le petit prolongement en forme de boudin que possèdent quelques-unes d’entre elles, ainsi que la cloi- son transversale qui existe assez souvent sur le filament dans leur voisinage (fig. 3, 1 et 5-7). Après avoir répété ces observations un grand nombre de fois, j'ai conclu que le Champignon que j'avais étudié était bien le Mucor racemosus. Ce Cryptogame provient de lésions cutanées observées dans ces dernières années chez un grand nombre de Chevaux d'un régiment de cavalerie d'une armée étrangère. Les poils de ces animaux, examinés au microscope, ne présen- taient pas de lésions trichophytiques. Ensemencés en milieu. stérile, ils n'ont donné comme culture de Champignon que le Mucor racemosus; mais il ne s'ensuit pas que la présence de ce Champignon MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 11 dans les lésions observées sur les animaux en question soit la cause de la maladie. En effet, s'il n'existe aucun doute sur l'existence de ce Cryptogame comme parasite dans le conduit auditif ex- terne, par exemple dans les cas d'otomycose, son rôle pa- Fig. 3. — Mucor racemosus. — 1-4, chlamydospores sphériques; 5, prolongement en forme de boudin ; 6, chlamydospore terminant un filament; les autres dessins représentent diverses formes de ces organes. thogène comme producteur de mycoses internes reste encore à démontrer, me semble-t-il, quoique Bollinger cite un certain nombre de mycoses de l'appareil respiratoire chez les Oiseaux, 12 P, SAVOURÉ dues à ce Champignon (1). Les inoculations de spores de Mucor racemosus que j'ai pratiquées sur le Lapin et sur le Cobaye ont tou- jours été négatives; ce qui tient, je crois, à ce qu'il y a trop de difié- rence entre la température optima, qui est de 25° pour ce Cham- pignon, et celle du sang des animaux mis en expérience, qui est de 38° au moins pour le Lapin et le Cobaye et certainement supé- rieure pour les Oiseaux que cite Bollinger. Le Wucor racemosus, qui végète très bien à 25°, produit à peine quelques filaments mycé- liens à 370, sur les milieux nutritifs qui lui sont le plus favorable. On peut en conclure qu'il lui est difficile, sinon impossible, de végéter dans des organes qui sont à une température d'au moins 31°, au milieu desquels il se trouve constamment en lutte avec les phagocytes. Ainsi son rôle comme producteur de lésions parait devoir être écarté. 20 Mucor coRYMBIFER Lichtheim, 1882. Voici la diagnose de ce Champignon telle que la donne Saccardo : « Mycelio niveo demum pallide griseo, hyphis mycelicis in subs- trato vel per aerem exeuntibus,hyalinis ; hyphis sporangiferis non erectis (verticalibus), racemose ramosis, apice 1-12 sporangia race- mosa gerentibus; sporangiis etiam maturitate hyalinis, piriformi- bus, majoribus usque ad 70 z diam, mediis 55-60 y; minoribus 10-20 y». Tunica levi hyalina; columella conica, sursum expansa, subinde papillata, brunneola; sporis ellipticis 3 = 2, hyalinis.» L'exemplaire dont j'ai utilisé les spores pour les inoculations m'a été communiqué par Lucet. Ses caractères sont les mêmes que ceux que donne Saccardo. Les spores, toutes de forme ovoiïde, dont j'ai pris les dimensions, mesuraient en moyenne 9 & de long sur 6 ÿ de large. Il faut aussi signaler une particularité des chla- mydospores: ces organes, dont le diamètre oscille aux environs de 39) », peuvent affecter deux formes différentes : 1° La chlamydospore se présente sous forme d'une verrue pédi- culée, à protoplasma homogène, naissant sur un filament mycélien non loin de son extrémité. 20 L'organe prend naissance au point de bifurcation d'un filament; en ce cas, une portion du protoplasma est très homogène, tandis (1) BocunGer, Ueber Pilzkrankheiten hôherer und niederer Thiere. Aerztliches Dutelligenz-Blatt, Heft 9-11, 1880. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 13 que l'autre peut être creusée de vacuoles. Les filaments mycéliens sont toujours assez grêles (7 à 8 de diamètre), on constate souvent des vacuoles dans leur protoplasma. 30 Mucor Trucaisi Lucet et Costantin, 1901. Le Mucor Truchisi,qui, par ses caractères généraux, se rapproche beaucoup du Mucor corymbifer, en diffère cependant par certains détails dont l'importance a permis à Lucet et Costantin d'en faire une espèce nouvelle. Je ne puis donc iei que résumer en quelques lignes les principaux caractères du Champignon, que ces auteurs ont décrit avec tant de soin (1). _ Le Champignon a été isolé de croûtes épidermiques provenant d'un Cheval atteint d'une teigne produite par le Trichophyton mini- mum. Lucet et Costantin font remarquer judicieusement que le Mucor Truchisi ne jouait probablement aucun rôle pathogène dans la lésion. On pourrait rapprocher cette observation de celle que j'ai faite plus haut à propos de la présence du Mucor racemosus dans des lésions cutanées observées sur les Chevaux d'un régiment de cavalerie. Macroscopiquement, les cultures sur les milieux so- lides d’un usage habituel se présentent sous forme de filaments blane grisâtre, qui deviennent légèrement bruns quand la culture vieillit. La culture devient rapidement grisâtre, dans la partie qui est en contact avec l'air. Dans les tubes de pomme de terre, le mycélium se dirige vers le compartiment inférieur et ne tarde pas à l'envahir complètement. L'extrémité terminale des hyphes est en forme de corymbe, ten- dant fréquemment à prendre la forme d'ombelle, par suite de l'al- longement exagéré des filaments les plus extérieurs. La membrane des sporanges est translucide, sans ornements; les sporanges sont sphériques. La columelle est piriforme, colorée en brun. Les spo- res sont ovoiïdes, un peu allongées. Les dimensions des différents organes de ce Champignon sont les suivantes : pédicelles, 2 à 7 de diamètre ; sporanges, 35% de diamètre ; columelles, de 20 à 30% de large ; spores, 4z de long sur 245 de large. (4) Ad. Lucgr et CosranrnN, Contributions à l’étude des Mucorinées pathogènes. Archives de Parasitologie, IN, p. 262, 1901. 14 P. SAVOURÉ 49 Mucor REGNIERI Lucet et Costantin, 1901. Le Mucor Regnieri est voisin du Mucor Truchisi, cependant les différences qui existent entre ces deux Champignons sont assez importantes pour que Lucet et Costantin aient cru bon d'en faire deux espèces. Le feutrage formé par le mycélium du Mucor Regnieri est moins serré que celui du Mucor Truchisi, par contre lafructification s'étend dans toute la longueur du tube, aussi la couleur de la culture est- elle uniformément grisätre. De plus la culture n’envahit pas le compartiment inférieur des tubes de pomme de terre. Genre Rhizopus. Dans le genre Rhizopus, j'ai étudié deux variétés d'une même espèce. 10 Raizopus EQUINUS Costantin et Lucet, 1903. L'exemplaire que j'ai étudié est typique, il m'a été communiqué par Lucet. Je ne ferai donc que reproduire la diagnose de ce Champignon, telle que l'ont établie Costantin et Lucet (1) « Champignon présentant au début des pédicelles simples d'ordi- naire sans rhizoïdes, droits ou courbés, et plus tard des bouquets de pédicelles fréquemment (mais pastoujours) pourvus derhizoïdes. Cutinisation ocracée pâle des pédicelles. Columelle de teinte pale. Spore arrondie, quelquefois un peu anguleuse, lisse, 4». Espèce pourvue de chlamydospores. » Ce Champignon présente les particularités suivantes, que j'ai toutes constatées et qui correspondent bien à la description de Costantin et Lucet. Sur milieu solide, le mycélium, d'abord blanc et floconneux, donne de petites têtes noires correspondant à des sporanges situés au sommet de pédicelles très courts. La culture prend alors un aspect grisätre, puis les filaments situés au-dessus du substratum prennent un plus grand développement; ils s'entremélent et forment un feutrage épais, qui finit par remplir le tube de culture. Si la culture à été faite dans un matras à fond plat, ce feutrage peut avoir jusqu'à plus de 2°" d'épaisseur. En (1) Cosranrix et Lücer, Sur un Rhizopus pathogène. Bulletin de la Société mycologique de France, XIX, p. 200, 1903. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 1, vieillissant, la culture prend une teinte brune ocreuse et s’affaisse sur le substratum. Les différents organesde ce Champignon que j'aimesurés avaient les dimensions suivantes : le diamètre des filaments mycéliens a) = \ Fig. 4. — Rhizopus equinus. — 1-4, columelles de for- mes et de dimensions différentes, après la mise en liberté des spores ; >, une hyphe sporangifère âgée de cinq jours. varie entre 8 et 12», les sporanges de forme sphérique ont en général leur diamètre compris entre 60 y et 70, les columelles sont sphériques ou subsphériques : elles mesurent de 20 y à 50 de diamètre (fig. 4). Le plus souvent ces columelles ne sont pas Fig. 5. — Rhizopus equinus. — 1, 2, chlamydospores dans une culture âgée de trois jours ; 3, spores. exactement sphériques et le plus grand diamètre est toujours le diamètre transversal, c’est-à-dire le diamètre perpendiculaire à l’axe de l'hyphe sporangitère, les spores ont un diamètre qui varie entre # # et 8 y (fig. %, 1). Les chlamydospores sont très 16 P. SAVOURE nombreuses dans les cultures en cellule humide, surtoutà la température de37°et vers le troisième jour après l'ensemencement ; elles se trouvent pour ainsi dire constamment au sommet d'un angle droit formé par un coude brusque du mycélium, elles sont sphériques et donnent un ou deux filaments très courts, rampant à la surface du substratum ; leur protoplasma est granuleux et le filament mycélien qui leur adonnénaissance produitassez souvent dans leur voisinage quelques filaments analogues à ceux qui donnent les chlamydospores (fig. 5, 1). 20 RHIZOPUS EQUINUS Var. #. Cette espèce a été isolée d'un moût de pommes au laboratoire de bactériologie de l'Ecole de médecine de Rennes. Elle se 1 2 Fig. 6. — 1, Rhisopus equinus ; 2, Rhizopus equinus # — Cultures sur moût de bière gélosé âgées de huit jours. rapproche beaucoup du Rhizopus equinus par certains caractères morphologiques, en diffère notablement par ses caractères biolo- giques : en effet, si on ensemence le même jour deux matras de moût de bière gelosé, l'un avec le Rhizopus equinus type, l'autre avec MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 17 le Rhizopus equinus z et qu'on les place à l’étuve à 37, au bout de deux jours on peut constater que le Rhizopus equinus donne à Fig. 7. — Rhizopus equinus &. — 1, un jeune sporange naissant à l’ex- trémité d’un long filament recourbé ; 2, 3, rhizoïdes ; #4, thalle. 2 Fig. 8. — Rhizopus equinus #. — 1, 2, Fio. 9. Rhizopus equinus >. sporanges jeunes ; 3, sporange à maturité ; — Sporange en voie de déhis- 4, 5, rhizoïdes ; 6, thalle. cence ; 1, columelle ; 2, spores. peine quelques filaments rampants à la surface du substratum, tandis que le mycélium du Rhizopus equinus : se présente déjà sous forme d'un léger duvetfloconneux blanc. Au quatrième jour, la dit- Archives de Parasitologie, X, n° 1, 1905. 2 48 P. SAVOURÉ férence s'accentue encore plus; le Rhizopus equinus « commence déjà à produire des têtes sporangifères grises, alors que le Rhizopus equinus est encore à l'état de duvet blanc. Les jours suivants, la différence entre les deux espèces s’accentue encore : en effet, tandis que le Rhizopus equinus se présente sous forme d’un duvet blanc, quelquefois haut de plus de deux centimètres et à peine sporulé, le Rhizopus equinus z, au contraire, reste affaissé à la sur- face du substratum et prend rapidement une teinte gris foncé, due à la présence de nombreux sporanges complètement développés (fig. 6). Fig. 10, — Rhizopus equinus &. — 1-4, chlamydo- spores sphériques en différents points du mycélium ; 5, chlamydospores oblongues. Au point de vue morphologique, les rhizoïdes sont bien déve- loppés; souvent les sporanges naissent à l'extrémité d'un filament MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 19 recourbé en. forme de boucle et prenant naissance en un point quel- conque du mycélium (fig. 7). Le diamètre des filaments mycéliens varie entre 15 et 25 ». Les sporanges sont sphériqués, leur diamè- HER tale 50 dv ie 7 fie 282 -3)1;rlandéhiscence se fait par liquéfaction progressive de la membrane. Les columelles sont sphériques ou presque, leur diamètre oscille entre 20 et 50 & (lig. 9). Les spores sont sphériques, ariant ventre 5 et 7 ÿ de dia- mètre. Les chlamydospores naissent en généralsur de petits diver- ticules du filament mycélien principal (fig. 10,12); elles sont en général sphériques et présentent quelquefois un ou plusieurs petits prolongements en forme de boudin (fig. 10,1) ; d'autres fois, elles sont allongées et se présentent simplement sous forme de renfle- ments du mycélium, à protoplasma fortement granuleux (fig. 10,2). Leurs dimensions varient entre 20 et 40». On remarque rare- ment la présence de cloisonnements sur le filament mycélien aux environs des chlamydospores. Genre Rhizomucor. Dans ce genre, qui ne fut d’abord qu'une simple section créée dans le genre Mucor par Lucet et Costantin, j'ai étudié une seule espèce, le Rhizomucor parasiticus, décrit en 1900 par ces auteurs (1). C'est Gedoelst qui à élevé cette section à la hauteur d’un genre, en raison de son nom spécial, qui indique bien ses caractères transi- sitoires entre les genres Mucor et Rhizopus. RxIZOMUCOR PARASITICUS Lucet et Costantin, 1900. Cet exemplaire typique m'a été communiqué par Lucet, qui donne de cette espèce la diagnose suivante, que je reproduis tex- tuellement : ” «Rhizomucor. — Section nouvelle du genre Mucor.Mucorée à sto- lons et à rhizoïdes irréguliers et à pédoncules fructifères ramifiés ; columelle entourée à la base de débris de membrane du sporange, cette dernière s'insérant en haut du pédoncule. « Rhizomucor parasiticus. — Espèce nouvelle gazonnante, de cou- leur brun fauve, grisâtre, gris de plomb ou gris de souris. Pédon- cules fructifères de 12à 1% 4 de large sur 1 à 2 tm de long, le plus sou- (1) Lucer et CosraxriN, Rhizomucor parasiticus, espèce pathogène del’Homme. Revue générale de botanique, XIT, p. 81, 1900. 20 P. SAVOURÉ vent en grappe simple ou corymbe, seulement au sommet sur une longueur de 300 #; sporanges de 80 à 37 , columelle ovoïde, piri- forme, cutinisée, légèrement brunâtre, de 70 à 30 » de haut, spo- ranges latéraux semblables, mais plus petits. Pédicelles rarement une deuxième fois ramifiés. » Ce qui différencie le genre Rhizopus du genre Mucor, c'est que les stolons rampants, qui permettent à ces Cryptogames d'envahir très rapidement la surface des milieux nutritifs, présentent de place en place, dans le premier genre, des digitations en forme de racine qui s'enfoncent dans le substratum : ce sont les rhizoïdes. C'est aux points où se trouvent ces rhizoïdes que s'élèvent les hyphes ou fila- ments sporangifères; de plus, le pédoncule fructifère ne se ramifie pas. Dans le genre Mucor, au contraire, les pédoncules fructifères sont quelquefois très ramifiés, mais, par contre, on ne trouve pas de rhizoïdes. Le Champignon décrit par Lucet et Costantin présente des caractères communs à ces deux genres: il a des rhizoïdes comme les Rhizopus, mais il a des pédoncules fructifères ramifiés comme les Mucor; c'est ce qui leur a permis, à juste titre, d'en faire une espèce nouvelle sous le nom de Rhizomucor parasiticus. En effet, ce Champignon est essentiellement parasite, 1l tue rapidement les Lapins et les Cobayes auxquels on l’inocule et il est même nocif pour l'Homme, car il a été isolé par Lucet des crachats d'une ma- lade soignée par le D' Lambry, de Courtenay (Loiret), malade qui présentait à l’'auscultation des signes évidents de tuberculose pul- monaire. Je cite ici l'observation de cette malade, telle qu'elle est consi- gnée dans le travail de Barthelat (1), d'abord à cause de sa date récente et ensuite parce qu'elle fait prévoir que les mucoro- mycoses ne sont peut-être pas si rares qu'on est porté à le croire. « Madame N. A..., 30 ans, mariée, pas d'enfants, malade depuis dix- huit mois, a subi sans succès divers traitements pour une maladie dite d'estomac ; de taille moyenne, plutôt maigre, peu colorée, physionomie mobile, agitée par un tic des paupières et un spasme des commissures des lèvres, regard fuyant, aspect hystérique. Régulièrement réglée, sujette au moment de ses époques à des poussées congestives de la face. Cinquième enfant de père et mère vivants et bien portants, a perdu une (1) G. J. BarraeLzar, Les Mucorinées pathogènes et les mucoromycoses, chez l'Homme et les animaux. Archives de Parasilologie, NI, 1903. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 21 sœur mariée, morte à 35 ans de tuberculose à marche rapide, les autres enfants n'ont aucune tare apparente. Pendant l'hiver 1889, cette femme est tombée à l’eau : il en serait résulté un gros rhume guéri sans aucun traitement. De 1889 à 1895 n'a plus jamais toussé. En avril 1895, à la suite d'une violente émotion, Madame N. ÀA..., ayan dù accomplir un long trajet, à pied, la nuit, dans la neige, a été prise de vertiges, d'étouffements, de palpitations. Lentement l'appétit a disparu, faisant place à un état nauséeux persis- tant, avec sensation de pesanteur à l'épigastre. La toux apparait en juin 1895, le matin seulement ; elle estsèche, quin- teuse accompagnée d'une expectoration très rare. A aucun moment de sa maladie, Madame N. A... n’a eu de frissons, de sueurs ni de fièvre. La malade accuse une gêne récente en avant, du côté droit de la poi- trine, entre la clavicule et le sein. Elle souffre d’une douleur spontanée au niveau du bord spinal de l'omo- plate du même côté. Elle définit ainsi la gêne qu’elle éprouve : c'est un chatouillement con- tinuel, « quelque chose qui m'aiguillonne dedans », et elle porte la main au-dessus du sein droit. Quelques mois plus tard, ces mêmes symptômes s'étendront à la même région du côté gauche. Pas d’enrouement : le pharynx et l’amygdale droite sont le siège d’une rougeur diffuse peu intense, pas de granulations pharyngées. Cette malade n'a jamais eu d’épistaxis ni d'hémoptysie, même à l'épo- que des congestions menstruelles qui lui causent des bouffées de chaleur à la face. La langue est étalée, saburrale, l'appétit capricieux; les quintes de toux du matin occasionnent des nausées qui ne se reproduisent jamais dans la journée ; la dentition est en bon état. A la percussion, pas de modification appréciable de l'élasticité ni de la sonorité. A l’auscultation, à droite, dans le tiers supérieur, l'inspiration est rude, nettement saccadée, divisée en deux temps égaux ; l'expiration est à peine perceptible et n’est pas sensiblement prolongée. Quelques sibilances se font entendre en avant; quelques râles fins, secs, à l'inspiration seulement, en arrière, entre l'angle supérieur de l'omoplate et la gouttière vertébrale. Je constate en avant et en arrière à droite, une pectoriloquie aphone manifeste; elle existe également à serres mais moins accentuée et de ce côté ne s'entendent ni râles ni sibilances. Les crachats sont rares, expulsés le matin seulement par quelques quintes de toux qui n'ont lieu ni le jour ni la nuit; ils sont compacts, 29 P. SAVOURÉ très mobiles, faits de mucus dense, peu aérés, et colorés par de petits ilots d'un gris bleu pâle. Ces symptômes, rapprochés des antécédents héréditaires, imposent l'idée d'une tuberculisation à marche lente, accompagnée de troubles gastriques chez une névropathe. Cependant, la toux se manifeste le matin seulement, elle est suivie de l'expulsion de crachats très rares et d'un aspect et de coloration insolite. Le D' Lambry s'adresse à Lucet pour l'examen microscopique et la recherche du Bacille de la tuberculose. Les examens sont négatifs pour le Bacille de Koch, mais décèlent la présence de spores et de fragments de mycélium. Les crachats, ensemencés sur le liquide de Raulin, donnent à plusieurs reprises des cultures de Rhizomucor parasiticus. Le D’ Lambry termine ainsi son observation: «Les crachats recueillis fréquemment, parfois en ma présence, dans des tubes stérilisés, bouchés à l’ouate, et restant négatifs quant au Bacille de Koch, le traitement n'aura plus en vue que le Mucor, toujours très abondant, et l'état de neurasthénie. » L'iodure de potassium administré au début, étant mal toléré, il fallut y renoncer et le remplacer par diverses préparations arsénicales : gra- nules d'arséniate de soude, d'acide arsénieux, sirop de phosphate de chaux arsénié, liqueur de Fowler ; préparations associées aux amers et à l'hémoneurol Cognet, jusqu'au retour de l'appétit et au relèvement de l’état général. Lente au début, l'amélioration s'accentua après deux mois de tàtonne- ments ; l'appétit revint, la toux fut moins quinteuse, plus rare, les cra- chats perdant progressivement leur coloration vert bleuâtre. La malade, en décembre, pesait 49 kilos; elle atteignait 54 kil. 500 et et 58 kil. enfin. Elle se remit à l'ouvrage qu'elle avait abandonné depuis plusieurs années. A la fin de juin, je recueillis plusieurs crachats très teintés de noir, M. A. Lucet n'y trouva que des particules de charbon et de très rares filaments très grêles de Mucor. En juillet, l’état de la respiration peut être considéré comme satisfai- sant, les bruits anormaux ont entièrement disparu et la pectoriloquie aphone n'est plus perceptible. Non seulement la malade suffit aujourd'hui aux soins de sa maison, mais elle a repris l'alimentation habituelle de, nos campagnes. » Genre Aspergillus. J'ai employé pour les inoculations trois espèces d’Aspergillus : 10 À. fumigatus, 2 À. oryzæ, & À. sulphureus. Je n'ai pas étudié la morphologie de ces trois espèces, qui m'ont été communiquées par M. Lucet. Je me contente de reproduire ici la diagnose de l'Aspergillus fumigatus, d'après Saccardo : MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 23 ASPERGILLUS FUMIGATUS. — (€ Hyphis sterilibus parcis; fertilibus assurgentibus, cylindricis, 1/6-13mm long., sursum sensim crassio- ribus, fumoso-griseis ; vesicula sphæroidea, 16/30 ». diam., basidiis crebris radiantibus subfuligineis ; conidiis sphæricis, levibus, 2,5 » diam., viridulis. Hab. In lingua humana et in pulmonibus Otidistardæ in Germania (1). En eftet, ce Champignon se trouve souvent dans des lésions pul- monaires à type tuberculiforme observées chez les Oiseaux ou chez les personnes qui vivent en contact avec certaines espèces de ces animaux, les gaveurs de Pigeons par exemple. D'ailleurs, et c'est ce qui est le plus intéressant, l’origine saprophytique de l’aspergil- lose ne fait aucun doute aujourd’hui, car on sait que les spores d'Aspergillus fumigatus se rencontrent fréquemment sur les graines dont se nourrissent les Oiseaux et aussi sur les pailles et fourrages que manipuient tous les jours les gens qui sont chargés du soin des animaux de basse-cour. Tout cela a été démontré par Rénon (2). Il. — ÉTUDE BIOLOGIQUE L'étude de la biologie des Champignons qui font l'objet de ce mé- moire m'a retenu assez longtemps, à cause de son importance.lJ’ai d'abord recherché quelle était la température la plus favorable au développement de chaque espèce, non pas que j'aie eu l'intention de déterminer l’optimum de température à un degré près; je vou- lais seulement voir si cet optimum était voisin de la température normale du Lapin et du Cobaye, animaux sur lesquels j'ai pratiqué les inoculations. Pour cela, j'ai ensemencé des spores provenant de cultures récemment et abondamment sporulées sur un bouillon artificiel qui convient bien à ces Champignons. J’expliquerai plus tard pourquoi j'ai abandonné l'usage du bouillon de bœuf, qui m'a- vait donné, au début, des résultats si satisfaisants en apparence. Ce bouillon artificiel se compose de 100€ d'eau, 1 gr. de peptone sèche et 3 gr. de glycérine. Les ensemencements sont faits à la surface du liquide, dans des matras à iond plat, de même forme et de même contenance, pour (1) Saccarpo, Sylloge Fungorum, IN, p. 65. (2) Rénon, Études sur l’aspergillose chez les animaux et chez l'Homme. Paris, 1897. P. SAVOURÉ 19 HS que les dimensions des cultures soient les mêmes. Je mets dans chaque matras 50° de milieu nutritif, et je stérilise à l’autoclave à 1150 pendant un quart d'heure. Les ensemencements étant faits, les cultures de chaque Champignon sont mises à l’étuve à une tem- pérature déterminée, puis pesées après un certain temps, ce temps étant toujours le même pour chaque espèce cryptogamique et pour chaque série d'expériences. Ensuite, j'effectue les pesées de la façon suivante : chaque culture est filtrée et lavée à l'eau distillée sur un filtre, préalablement séché à l'étuve à 100vet taré au dixième de milli- gramme, puis placée à l'étuve à 100v et pesée de nouveau. Je crois qu'il est très important, pour obtenir des résultats comparables, de dessécher les filtres et les cultures avec le plus grand soin, car, lors- qu'ils’agit d'apprécier des différences de quelques milligrammes ou même moindres, on voit combien la présence d’une petite quantité d'eau, si minime soit-elle, peut être une cause d'erreur. Il faut aussi prendre plusieurs matras pour une même expérience; de cette facon, en établissant la moyenne d’après un plus grand nombre de matras, on atténue les erreurs inhérentes à ces sortes d'expériences, erreurs qu'il est impossible d'éviter et qui viennent de ce qu'on mesuredifficilement la quantité de spores ensemencées, ensuite de ce que toutes les spores, ou une partie d’entre elles, peu- vent tomber au fond du liquide et par conséquent germer moins vite que celles qui surnagent. La série de cultures qui donne le poids de culture le plus élevé répond vraisemblablement à la température optimum. L'étude des milieux nutritifs les plus favorables au développe- ment des Champignons intéresse au plus haut point l'expérimen- tateur, car elle permet de composer un milieu tel qu'il est possible d'obtenir en un temps très court une culture abondamment spo- rulée et végétant dans les meilleures conditions. J'ai d’abord utilisé les milieux les plus usuels, tels que bouillon de bœuf, lait, pomme de terre, carotte, chou, etc.; puis j'ai additionné le bouillon de sac- charose, glycose, acide tartrique, soude, ete. Puis, il faut déter- miner quelle quantité de ces différentessubstances il faut employer pour obtenir une végétation très abondante. Pour cette dernière étude, j'ai évité de me servir du bouillon de bœuf, préférant un bouillon artificiel à base de peptone et voici pourquoi : au début de mes expériences, je me servais de bouillon de bœuf. Or, ayant MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 25 répété par hasard la même expérience, pour le même Champignon, expérience qui consistait en la recherche du poids de culture sur bouillon additionné de saccharose à raison de 5 gr. pour 100, après un temps déterminé, les résultats furent très comparables pour les trois matras employés dans chaque série, mais entre les deux sé- ries la différence des poids de culture était tellement considérable (1 gr.) que je renonçai immédiatement à l'usage de ce bouillon qui, quoique préparé toujours de la même façon, présente for- cémient une composition chimique variable. Toutefois, si l'on veut obtenir seulement une culture très abondante, il faut employer le bouillon de bœuf; au contraire, si l'on veut effectuer des pesées, il faut employer le bouillon artificiel à base de peptone qui, s'il donne des cultures de poids moins considérables, fournit certaine- ment des résultats plus comparables entre eux. Voici la formule de ce bouillon: eau 1000gr.; peptone 10 gr. ; chlorure de sodium 2 gr. 50. On y ajoute une quantité déterminée de la substance nutritive à expérimenter, puis on stérilise le liquide obtenu comme le bouil- lon de bœuï. J'ai cherché ensuite à mettre en évidence la valeur nutritive de certains aliments, en opérant par la méthode des pesées comme pour l'étude de la température optima, en employant le bouillon artificiel à base de peptone d’abord pur et neutralisé, puis addi- tionné de soude, d'acide tartrique, de glycérine, de glycose, de saccharose, de maltose et de lactose. Je me suis servi aussi du lait sur lequel les différentes espèces végètent très bien. Quant au li- quide de Raulin, il ne m'a donné que des résultats très médiocres, sauf pour l’Aspergillus niger. LesChampignons qui consomment des aliments si variés doivent produire des diastases capables de Les transformer pour les rendre assimilables. J'avais songé à démontrer la présence de quelques-unes de ces diastases et à mesurer leur activité, d'après la quantité d'ali- ment transiormée pendantun temps déterminé; j'ai dû me borner à étudier la production de sucrase et de caséase par quelques espèces, réservant l'étude d’autres diastases pour un travail ultérieur. Sucrase. — Il est facile de prouver qu'un Champignonconsomme de la saccharose, et de déterminer, dans le milieu nutritif, la quan- tité de sucre disparue au bout d'un certain temps, ce qui revient à 26 P. SAVOURÉ mesurer grossièrement l'activité de la diastase. Je fais usage d'une solution stérilisée composée de : eau 1000 gr.; peptone 10 gr., sucre candi 30 gr. J'ensemence les spores du Champignon à la sur- face de matras de même forme, placés pendant un même temps à l'optimum de température pour chaque espèce cryptogamique, cha- que matras contenant exactement cinquante centimètres cubes de solution mesurés au matras jaugé. Il faut avoir soin de conserver un matras témoin pour doser exactement la quantité de sucre candi contenue dans le liquide. Le moyen le plus simple pour faire ce dosage est d’intervertir d'abord le sucre candi dans la liqueur, en la faisant bouillir pendant dix minutes, après addition d'un centimètre cube d'acide chlorhydrique ; on laisse refroidir, puis on ajoute de l'eau distillée pour remplacer l'eau perdue par évaporation et on dose le sucre interverti avec la liqueur de Feh- ling. On répète la même opération sur le liquide de culture; après un temps voulu, la quantité de sucre contenue dans le matras témoin et dans celui de l'expérience donne la quantité de sucre consommée par le Champignon. Caséase. — 11 faut d'abord se rendre compte si le mycélium se développe sur le lait. Je prends donc du lait de Vache écrémé à la centrifugeuse, j'en mets 50€ dans des matras à fond plat, que je stérilise à 1159 pendant une demi-heure; j'ensemence ensuite les Champignons et je place les matras dans l’étuve, à la température optima pour chaque espèce. Je note ensuite jour par jour les caractères de la culture et du liquide, pour constater s'il se produit un coagulum indiquant la présence de présure et si ensuite le coagulum se liquéfie par suite de l'existence de caséase. Pour mesurer l’activité de la diastase sécretée, je prends une série de matras contenant 25 de lait écrémé stérilisé; j'y ajoute la même quantité de liquide de culture, stérilisé par filtration à la bougie Berkefeld et je porte le tout à l'étuve à 409, J'ai préalablement dosé la caséine contenue dans 25° de lait, en la précipitant par addition de 5e d'acide trichloro- acétique. Je filtre sur un filtre taré ; le précipité est ensuite dessé- ché à 1000 pendant douze heures, puis pesé au dixième de milli- gramme: c'est le matras témoin. J'arrête les expériences à différents intervalles et je répète la même opération que pour le lémoin. La différence entre le poids de la caséine restante et le MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 27 poids de la caséine du matras témoin donne le poids de la caséine disparue. La comparaison des nombres donnés par les différents .matras d'une même expérience renseigne sur la plus ou moins grande activité de la diastase sécrétée. Cette technique est celle dont se sont servi Bodin et Lenormand pour l'étude de la caséase pro- duite par un Streptothrix. Mes observations ont porté sur les espèces suivantes, apparte- nant toutes les cinq aux genres Mucor, Rhizopus, Rhizomucor et Aspergillus. Ce sont : Mucor racemosus, M. corymbifer, Rhizopus equinus var. #, Rhizo- mucor parasiticus, Aspergillus fumigatus. Genre Mucor. Mücor RACEMOSUS Le Mucor racemosus pousse très bien sur les milieux solides, tels que tranches de pomme de terre, de chou, de carotte, sur moût Fig. 11. — Mucor racemosus. — Formes oïdien- nes, mycélium âgé de six jours complètement im- mergé dans le liquide de Raulin. de bière et bouillon de bœuf gélosé; en revanche, il pousse mal sur les milieux liquides, car les spores tombent rapidement au fond du récipient et, en germant, donnent d'abord des formes oïdiennes (ig. 11). Ce n’est qu'au bout d'un certain temps que le mycélium 28 P. SAVOURÉ peut atteindre la surface du liquide et encore reste-t-il très chétif. Au centre de la culture, les hyphes sporangitères sont très courtes; cependant, à la périphérie, on voit quelques filaments plus élevés grimper le long de la paroi du matras et se terminer par une orappe de sporanges étalée à la surface du verre. Sur les milieux solides, à l'étuve à 25°, on voit après vingt-quatre heures, un léger duvet formé de filaments blancs enchevêtrés, le long de la strie d'ensemencement; les jours suivants, on voit ce duvet s'étendre en gazon à la surface du substratum. Vers le troisième jour, commen- cent déjà à apparaître les hyphes sporangifères, qui sont d'abord de couleur blanche et atteignent leur complet développement vers le sixième jour; elles prennent alors une teinte gris clair. À partir de ce moment, le Champignon commence à vieillir : les filaments mycéliens et les hyphes sporangifères ont une couleur ocreuse et finalement s'affaissent sur le substratum. Recherche de l'optimum de température. — Le Champignon est ensemencé dans quatre matras à fond plat, contenant chacun 50cc de bouillon artificiel composé de : eau 100€; peptone sèche 1 gr. ; glycérine 3 gr. Les poids des cultures, desséchées à 1000, après huit jours de vé- gélation sont les suivants : à 400. ON 00 EN ODOD À MO ANTENNES à 250. RE LS tu 210) à la température du laboratoire variant entre : 100 CAD MS AO AD 50 Il est donc évident que la température la plus favorable au déve- loppement du Mucor racemosus est 25° environ; ces chifires mon- trent en outre que le poids de la culture donnée par le Champignon est moindre au-dessus de 25° qu'au-dessous, ce qui permet de pré- voir immédiatement que cette espèce cryptogamique ne trouvera pas, chez les animaux dont la température est voisine de 37°, un milieu favorable à sa végétation. Affinités nutritives du Mucor racemosus. Les nombres contenus dans le tableau suivant indiquent le poids moyen des cultures obtenues après quinze jours de végétation, ces cultures ayant été ensuite lavées, puis pesées après dessication à 1000. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 29 MOYENNES DE TROIS EXPÉRIENCES MILIEUX. Poids de récolte D] Cr JL Peptone : 0488 Soude pour neutraliser. Peptone Mnear nr. 1948 Glycérine Ù CC Peptone 1902 Glycose aus IPN NE Peptone ‘ r. 1894 Saccharose ge) Peptone A Acide tartrique = WESIL Peptone Acide tartrique On ons Peptone 568. Acide tartrique . 056$ Peptone Acide tartrique r. 0515 On | ©A On peut voir, d'après ce tableau, que les hydrates de carbone sont les aliments de choix pour ce Champignon, puisque ce sont la saccharose, et surtout la glycose, qui donnent les poids de culture les plus élevés. Le bouillon à base de peptone, addi- tionné d'acide tartrique, est aussi favorable à la végétation, à con- dition qu'on n'exagère pas la dose d'acide ; c'est en effet avec O0 gr. 10 pour cent d'acide tartrique qu'on obtient le poids le plus élevé. Sucrase. — Le Mucor racemosus, consommant la saccharose, pro- duit évidemment de la sucrase pour l’intervertir et la rendre assi- milable. Cette assimilation de la saccharose est même assez rapide, comme le prouve l'expérience suivante : le Champignon est ense- mencé sur un milieu contenant : BEDIONE SECHE MARNE 1 gr. pour cent. SUCRE EE RES 3 gr. 02 pour cent. La saccharose étant dosée en sucre interverti, au bout de quinze jours de végétation à 25°, on ne trouve aucune trace de sucre réduc- teur dans le liquide de culture, après avoir soumis ce liquide à l'ébullition avec l'acide chlorhydrique, pour intervertir le sucre qui pourrait se trouver dans le liquide. 30 P. SAVOURÉ Caséase. — Il faut d'abord examiner les caractères des cultures sur lait. Le Champignon est ensemencé sur lait de Vache écrémé à la centrifugeuse et placé à l’étuve à 25°; les deux premiers jours, on voit des filaments blancs nager à la surface du liquide ; le troi- sième jour, les filaments s’enchevêtrent et deviennent plus élevés, surtout au voisinage des parois du matras ; pendant ce temps, le mycélium croît surtout immergé dans le liquide, cependant quel- ques têtes sporifères commencent à apparaitre au sommet des filaments qui sont à la surface ; à partir du cinquième jour le mycé- lium devientde plus en plus abondant et le lait se coagule : le Cham- pignon produitdone de la présure J'ai poussé l'observation jusqu'au huitième jour, époque à laquelle le Champignon était complète- ment sporulé et le coagulum en partieliquéfié : le Mucor racemosus produit donc de la caséase. Afin de mettre en évidence l'existence de cette diastase, j'ai fait l'expérience suivante: on filtre le liquide d'une culture âgée de vingt-quatre jours, ensemencée, sur un milieu com- posé de : AU, Le eee SR RME ere 100 gr. Peptoner 6e: 0 RENERNRREnRRE VIT GIVcose EEE Tee 3 gr. On met 25€ de ce liquide dans un certain nombre de matras, contenant 25€ de lait écrémé, que l'on place à l’étuve à 40°; la ca- séine est dosée dans un matras témoin, puis l'expérience est arrêtée successivement dans les différents matras, après un temps plus ou moins long, et la quantité de caséine disparue est recherchée comme il a été dit plus haut. Le tableau suivant donne les résul- tats obtenus. Le témoin contient 4 gr. 4536 de caséine pour 100. Caséine restant Caséine disparue après 1% h. k gr. 2920 0 gr. 1616 — 17h. k gr. 1321 0 gr. 3215 —. 23h.1/2 3gr. 9290 0 gr. 5246 — 39 h.1/2 3 gr. 8264 O‘gr. 6272 — 53h.50 3 gr. 3684 A or. 0852 On voit que la diastase secrétée est peu active, quand on la compare à celle du Streptothrir étudié par Bodin et Lenormand (1). (1) E. Bonix et C. LexorManD, Sur la production de caséase par un St{replo- thrix parasite. Annales. de l’Institut Pasteur, 1901. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 91 Mucor CORYMBIFER Le Mucor racemosus étant une espèce non pathogène, j'ai tenu à répéter quelques-unes des expériences précédentes avec le Mucor corymbifer, qui est très pathogène. Recherche de l'optimum de température. — Le Champignon est ensemencé sur bouillon artificiel, à base de peptone et de glycé- rine, dans les mêmes proportions que précédemment. Le poids des cultures desséchées après huit jours est le suivant : à 400 0 gr. 2283 à 370 . . Ogr. 3155 à 250 | . Ogr. 1985 à la température du laboratoire variant entre 400 et 150 . 0 gr. 0000 On voit donc que l’optimum de température est de 37; cependant on peut remarquer que le poids des cultures est beaucoup plus considérable qu'avec le Mucor racemosus. Cela tient à ce que les spores du Mucor corymbifer ont moins de tendance à tomber dans le fond du liquide, par conséquent la partie aérienne du Champi- gnon se développe plus rapidement et plus abondamment. Les cultures sur milieu acide, desséchées et pesées après douze jours, ont donné les poids suivants : MOYENNE DE TROIS EXPÉRIENCES D'ATRES MILIEUX POIDS DE RÉCOLTE cu ne : nie RATES 0 gr. 1358 de ÿ. 0.10 0 gr. 153% ii 3 0.20 0 gr. 1482 Ces cultures ont été, naturellement, obtenues à 37°, température optima du Champignon. Les nombres obtenus prouvent que, comme pour le Mucor racemosus, c'est le liquide contenant 0 gr. 10 p. 100 d'acide tartrique qui est le plus favorable au développement. Sucrase. — Dans le liquide d'une culture ensemencée sur Île même bouillon que le Mucor racemosus, on ne trouve plus de sucre au bout de quinze jours. Le Champignon secrète donc de la sucrase, 32 P. SAVOURÉ Caséase. — Les cultures à 379, sur lait écrêmé, présentent les deux premiers jours quelques filaments blancs nageant à la surface du liquide; le troisième jour, les filaments se développent surtout au milieu du liquide, quelques-uns seulement commencent à s'élever; le quatrième jour, le lait est en partie coagulé; le cinquième, le coagulum forme une masse remplissant tout le fond du matras: à sa surface, le Champignon à l'aspect d'un duvet blanc très serré; la liquéfaction du coagulum commence alors et elle est complète au huitième jour. Le Champignon sécrète donc de la présure et de la caséase : dans un matras témoin, contenant 4 gr. 7996 de caséine p. 100, en répé- tant la même expérience que pour le Mucor racemosus, on a : Caséine restant Caséine disparue après 2 h. 35 4 or. 6492 0 gr. 1544 — 8h. 25 4 gr. 1464 0 gr. 5632 En comparant les chiffres précédents avec ceux du Mucor race- nwsus, on voit que la diastase secrélée par le Mucor corymbifer est beaucoup plus active. Genre Rhizopus RHIZOPUS EQUINUS Var. z. J'ai déjà indiqué plus haut, en étudiant la morphologie de ce Champignon, les principaux caractères qui le différencient du Rhizopus equinus typique de Costantin et Lucet ; au point de vue de la rapidité avec laquelle se développe ce Champignon, on peut dire qu'il arrive à maturité dans un temps moitié moindre que le Rhizopus equinus; seulement, tandis que les filaments sporifères de celui-ci forment un duvet assez épais, ceux de la varieté z s’affais- sent à la surface du substratum et prennent une teinte plus grise. Recherche de l'optimum de température. — Les poids des cultures obtenues sur liquide peptonisé et glycériné, après huit jours de végétation sont les suivants : | 4 4002.25 RERO one AO 100, 1 LP ENG Ro) A ADD S ER RMO OI RAS IST à la température du laboratoire variant entre : 109et 150, = RU SEAL MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 99 L'optimum de température est donc 37, mais les chiffres mon- trent que les températures les plus élevées sont les plus favora- bles : ce résultat peut faire prévoir que l'espèce est pathogène. Affinités nutritives du Rhizopus equinus var. #. — Le tableau sui- vant donne les poids des cultures obtenues à 37°, après huit jours de végétation sur bouillon de bœuf salé et peptonisé, additionné de diverses substances. MOYENNES DE TROIS EXPÉRIENCES. Bouillon neutre Ogr. 2932 Bouillon + soude 0 gr. 03 p. 100 O gr. 2167 Bouillon + acide tartrique 0 gr. 03 p. 100 O0 gr. 2949 Bouillon + glycérine 3 gr. p.100 Noos Bouillon + glycose 3 gr. p. 100 Ocr "5257 Bouillon + saccharose 3 gr. p. 100 0 gr. 5911 Les milieux contenant de la glycérine ou des hydrates de carbone sont donc les plus favorables; quant aux milieux neutres, alcalins ou acides, ils donnent des cultures de poids très voisins, cependant le milieu acide paraît le meilleur et, comme pour le Mucor race:.- sus, c'est avec 0 gr. 10 p. 100 d'acide tartrique qu'on obtient la culture la plus abondante. Le tableau suivant donne les poids des cultures sur bouillon additionné de 0 gr. 50 seulement de peptone et d'une petite quantité d'acide tartrique. : MOYENNES DE TROIS EXPÉRIENCES : Bouillon + acide tartrique 0 gr. 05 p. 100 O0 gr. 1677 Bouillon + acide tartrique 0 gr. 10 p. 100 0 gr. 2700 Bouillon + acide tartrique O0 gr. 20 p. 100 0 gr. 1474 Sucrase. — Le Champignon consomme le sucre candi, mais la _diastase secrétée est peu active : en effet, si dans un bouillon de peptone contenant 59 gr. 63 p. 100 de saccharose, on ensemence des spores, elles donnent une culture abondante: cependant, après quatorze jours, on trouve 2 ? gr. 70 p. 100 et après vingt-deux jours 2 gr. 20 p. 100 de sucre dans le liquide. Caséase. — Le Champignon pousse bien sur lait de Vache écrêmé ; au bout de huit jours on obtient une culture qui pèse 0 gr. 3193 après dessication. Le premier jour, on voit seulement quelques fila- ments blancs à la surface du liquide, les deux jours qui suivent on trouve au contraire un duvet court et serré et un caillot com- Archives de Parasitologie, X, n° 1, 1905. 3 34 P. SAVOURÉ mence à se former dans le liquide; le quatrième jour, la culture est abondamment sporulée et le coagulum qui avait rempli tout le fond du matras commence à se liquéfier dans sa partie supérieure, la liquéfaction est complète au huitième jour, le Champignon secrète donc de la présure et de la caséase. Pour un matras témoin, contenant # gr. 4536 p. 100 de caséine, le tableau suivant donne la quantité de caséine disparue pendant une expérience qui a duré un peu plus de vingt-six heures. Caséine restant (Caséine disparue après 3 h. 34 3 gr. 9652 0 gr. 4884 — 7h.25 3 gr. 4096 1 gr. 0440 — S$8h. 50 3 gr. 3140 1 gr. 1396 -— 24 D. 3 gr. 2100 1 gr. 1830 — 26 h. 40 2 gr. 0440 2 gr. 4096 En comparant ces nombres avec ceux du Mucor racemosus. on voit que la diastase secrétée par le Rhizopus equinus est beaucoup plus active. Genre Rhizomucor RHIZOMUCOR PARASITICUS Le Rhizomucor parasiticus pousse bien sur tous les milieux solides dont on se sert ordinairement : tranches de pommes de terre, de carotte etc., sur les milieux liquides solidiliés par la gélose; sur les milieux liquides et les bouillons ïl se développe, mais néan- moins donne des cultures assez abondantes; sur le liquide de Rau lin, le Champignon végète moins facilement. Le mycélium a l'aspect d’un gazon très court et très serré, d'abord gris elair,qui brunit en- suite et prend une teinte café au lait lorsqu'il est arrivé à maturité. Recherche de l'optimum de température. — Des cultures ense- mencées sur bouillon de peptone glycérine, pesées après huit jours, donnent les résultats suivants : AA RES ST ER SN RAS DS ART NES RC en OR ER GO SU AMD ARE PS 1, SR Eee 10 Poe ET) 0) à la température du one variant entre DUPUIS, Ver ea Tr a0UUD on voit que l’optimum est 37°, mais le Champignon donne encore des cultures abondantes à 400, tandis qu'à 25°, le poids des cultures MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 3) est extrèmement réduit ; on peut en déduire que le Champignon est essentiellement parasite et accoutumé depuis longtemps à la vie parasitaire ou bien qu'il est originaire des pays chauds. Affinités nutritives du Rhizomucor parasiticus. — Le tableau ci- dessous donne les poids de cultures âgées de huit jours obtenues à 37° et pesées après dessication, le milieu nutritif étant à base de bouillon de bœuf salé et peptonisé. MOYENNES DE TROIS EXPÉRIENCES MILIEUX POIDS DE RÉCOLTE Bouillon neutralisé 0 gr. 1405 Bouillon + soude 0 er. 03 p. 100 0 gr. 0989, Bouillon + acide tartrique 0 gr. 03 p. 100 O gr. 1919 Bouillon + glycérine 3 gr. 00 p. 100 O0 gr. 2991 Bouillon + glycose 3 gr. 00 p. 100 O0 gr. 8851 Bouillon + saccharose 3 gr. 00 p. 100 0 gr. 7538 On voit que, pour ce Champignon comme pour les précédents, ce sont les sucres et la glycérine qui sont le plus favorables au déve- loppement. J'ai répété, par hasard, l'expérience sur la consom- mation de la saccharose mais avec un bouillon fait avec la viande d'un autre animal ; voici les résultats obtenus : MOYENNE DE TROIS EXPÉRIENCES MILIEUX POIDS DE RÉCOLTE Bouillon + saccharose 3 gr. p. 100 1 gr. 7489 on voit donc qu'il y a 1 gr. de différence avec l'expérience précé- dente ; j'en conclus que, pour une même série d'expériences sur un Champignon, il faut toujours opérer avec le même bouillon, ou ce qui est préférable avec un bouillon artificiel à base de peptone, ce que j'ai fait depuis; ce dernier mode de procéder est obligatoire, si l’on veut avoir des résultats comparables, dans une longue série d'expériences, pour un même Champignon. On remarquera, d'après les nombres qui suivent, que les milieux légèrement acides, surtout l'acide tartrique à 0 gr. 10 p. 100 favo- risent le développement du mycelium. | MOYENNES DE TROIS EXPÉRIENCES Cultures sur bouillon de bœuf peptonisé âgées de huit jours MILIEUX POIDS DE RÉCOLTE Bouillon + acide tartrique 0 gr. 05 p. 100 O0 gr. 6027 Bouillon + acide tartrique 0 gr. 10 p. 100 0 gr. 9166 Bouillon + acide tartrique 0 gr. 20 p. 100 O0 gr. 8102 36 P. SAVOURÉ Parmi les matières sucrées, la glycose et le maltose donnent les cultures les plus abondantes, le tableau suivant résume les expé- riences que j'ai faites à ce sujet : MOYENNES DE TROIS EXPÉRIENCES Cultures âgées de huit jours. MILIEUX Poids de récolte Peptone Osr 50 p. 100| Soude pour neutraliser | 0sr 0380 Peptone 50 à Saccharose O0 0887 Peptone D 200 Glycose 0 4598 Peptone Maltose Peptone Lactose Le Champignon utilise donc les sucres dans les mêmes propor- tions que ceux que j'ai étudiés précédemment et le poids considé- rable des cultures obtenues avec le maltose explique la rapidité avec laquelle il se développe sur le moût de bière. Sucrase. — Le Champignon consomme le sucre candi plus rapidement que le Rhizopus equinus + ; en effet si, dans un milieu composé de 1 p. 100 de peptone et de 5,63 p. 100 de sucre candi, on ensemence le Rhizomucor parasiticus, après quatorze jours il ne reste plus que 1 gr. 219 p. 100 de sucre et après vingt-deux jours 0 gr. 05 p. 100 seulement. La diastase qu'il secrète est donc plus active que celle du Champignon précédent. Caséase. — Le Champignon pousse bien sur lait de vache, au bout de huit jours à l'étuve à 37°, dans un matras contenant 50cc de lait, on obtient une culture qui pèse 0 gr. 8255 après dessication. Pendant les deux premiers jours, la culture ressemble à un léger duvet blanc; le quatrième jour, la culture, qui végète toujours en surface, se plisse et des têtes sporifères commencent à apparaître dans sa partie centrale; le cinquième jour, le lait est complètement coagulé et la culture sporulée dans toute sa surface; le huitième jour, le coagulum est à moitié liquéfié. Le Champignon produit MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 31 donc de la présure et de la caséase, cette dernière diastase est d’ailleurs peu active, car la caséine disparaît lentement, comme l'indique le tableau suivant : Le matras témoin contient 4 gr. 7996 °/, de caséine. Caséine restant (Caséine disparue après 2 h. 25’ 4 gr. 7120 6 gr. 0876 — S8h.1ÿ 4 gr. 5936 0 gr. 2060 — 95 h. L gr. 2872 0 gr. 5124 : None 3 gr. 1028 l'gr. 0168 — 32h. 3 gr. 6428 1 gr. 2368 Genre Aspergillus ASPERGILLUS FUMIGATUS. Cette espèce pousse bien sur tous les milieux : sur les liquides, les spores germent rapidement parce qu'elles surnagent et ont peu de tendance à tomber au fond des matras, si l’on opère l'ensemen- cement avec soin. On voit, dès les premiers jours, un fin duvet blanc le long de la strie d'ensemencement; ce duvet s'étend lentement en surface et reste très court. Peu après, il se couvre de têtes sporifères, d’abord de couleur vert de gris puis brun verdâtre lorsqu'elles sont complètement mûres; si on laisse le Champignon végéter longtemps sur les milieux liquides, la culture se plisse et devient mamelonnée. Recherche de l’optimum de température. — A différentes tempéra- tures, les poids de cultures âgées de huit jours, sur bouillon de peptone glycériné, sont les suivants : à 400 . 0 gr. 7376 à 370 . 0 gr. 7080 à 250 . 0 gr. 6082 à la température du laboratoire variant entre TOC DO ER Oo 0000 L'optimum de température est donc 40°, ce qui explique la fréquence de l’aspergillose chez les Oiseaux, dont la température normale est plus élevée que celle des Mammifères; mais le Champignon donne encore une culture presque aussi abondante à 31°, aussi est-il très pathogène pour le Lapin et le Cobaye. Affinités nutritives de l'Aspergillus fumigatus, — Comme pour les 38 P. SAVOURÉ Champignons précédents, ce sont les milieux glycérinés et sucrés qui conviennent le mieux au Champignon; cependant l'acide lartrique paraît plus favorable à cette espèce qu'aux autres, c'est en eftet avec 0 gr. 10 p. 100 de ce corps que l’on obtient la culture la plus abondante. Le tableau suivant donne les résullats obtenus à ce sujet : MOYENNES DE TROIS EXPÉRIENCES Cultures à 37° àgées de huit jours MILIEUX Poids de récolte he neutraliser . EE De 081 0899 | A Ne D 0.125 a 0.7425 Se) 06064 Sarcharose. - : : 8 06247 Cultures à 37° âgées de cinq jours Pepione Enr Ame) Li Ac. tartrique. . . O0 0ÿ 0.075 Peplole trs er) À Ac. tartrique. . . 0 10 0.0617 Pepione ae NE A) a AGAATILIQUE 00 0.064 Sucrase. — Le Champignon consomme assez rapidement la sac- charose ; si on l'ensemence sur un milieu à base de peptone, conte- nant 5 gr. 63 p.100 de sucre candi, après quatorze jours on ne trouve plus que 15, IT de sucre dans le liquide de culture et au vingt- deuxième jour il a complètement disparu. Caséase. — Le Champignon pousse bien sur le lait; les cultures MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 39 commencent à sporuler au troisième jour, et le lait est déjà en par- tie coagulé ; le coagulum commence à se liquéfier au cinquième jour, et au bout d'une semaine la liquéfaction est complète; d'ail- leurs les chiffres suivants prouvent que la caséine disparaît rapi- dement et que par conséquent la diastase secrétée est assez active. Le matras témoin contenant 4 gr. 4608 pour 100 de caséine. Caséine restant Caséine disparue après 3/4 d'heure 422884 O2r 1784 — 2h.1/4 4 O280 O0 4328 — 16h. 3 6460 O0 S148 — 2% h. 3 0896 1 3752 Si l’on reprend, dans une vue d'ensemble, les faits dontle détail a été donné ci-dessus, on arrive à cette conclusion que les princi- paux types cryptogamiques parasites des mycoses internes : Mucor, Rhizopus, Rhizomucor, Aspergillus présentent entre eux au point do vue biologique de grandes analogies. Tous ont une affinité nutritive remarquable pour les hydrates de carbone tels que la saccharose, la glycose et un alcool triatomique connu : la glycérine, qui, en des proportions diverses, mais tou- jours d’une manière très nette, déterminent dans les milieux arti- ficiels une augmentation du poids de récolte. IL est à noter, en outre, que la réaction qui convient le mieux à ces végétaux est la réaction faiblement, mais nettement acide qui correspond en moyenne à 08r, 10 p. 100 en acide tartrique. Au point de vue des secrétions diastasiques, je n'ai pu pousser aussi loin que je l'aurais voulu l'étude de ces divers Champignons ; j'ai dû me borner à constater qu'ils sont d'actifs producteurs de présure et de caséase, chez tous également j'ai noté la production de sucrase. Ce dernier fait mérite particulièrement d'être remar- qué, car, sous ce rapport, les Mucor, Rhizopus, Rhizomucor, Asper- gillus se distinguent nettement des Trichophyton, Achorion et Mi- crosporum chez lesquels la sucrase n'a pas pu être mise en évidence jusqu'ici. Un dernier fait doit être noté en cette étude, il est relatif à la température optima de végétation des parasites. Sous ce rapport, il est très certain que les Champignons pathogènes ont tous un op- timum de température élevé, se rapprochant de 37°; sans vouloir faire de cette particularité la condition de leur pouvoir nocif pour 40 P. SAVOURÉ les animaux ou l'Homme, il est évident qu'elle intervient dans une certaine mesure au moins, dans les questions de virulence de ces parasites. III. — LES CHAMPIGNONS DANS LEUR VIE PARASITAIRE Dans l'étude du rôle des Champignons comme agents pathogènes, le point capital est l'expérimentation sur les animaux. L'inoculation des animaux mis en expérience peut se faire suivant plusieurs modes: par exemple, par l'inhalation des spores, en faisant respirer à l'animal un air contenant un grand nombre de spores en sus- pension. Cette méthode est peu recommandable car elle n’est pas rigoureuse; en effet, l'air inhalé par l'animal contient presque à coup sûr et malgré toutes les précautions prises, les spores de plusieurs espèces cryptogamiques et certainement de nombreuses Bactéries. Le meilleur procédé est l'inoculation, en un point déter- miné de l'organisme, d'un liquide préalablement stérilisé, conte- nant des spores en suspension. L'important est que le liquide à inoculer contienne l'agent pathogène à l'état de pureté ; ceci offre relativement peu de difficulté pour les Bactéries, car, avec une seringue stérilisée, on peut assez facilement prélever une certaine quantité de liquide dans un tube de culture. Avec les Champignons, les inconvénients sont plus nombreux : il faut en effet inoculer seulement des spores, en évitant la présence de gros fragments de mycélium, qui pourraient provoquer des embolies, dans une ino- culation intraveineuse par exemple. Il faut opérer différemment pour obtenir une émulsion de spores bien homogène, suivant que l’on a affaire à des Champignons à my- célium formant un feutrage lâche et à hyphes sporangifères élevées, comme dans les genres Mucor et Rhizopus, ou à des Champignons à mycélium dense et serré, dont les pédoncules sporifères sont très courts, comme les Aspergillus. J'ai toujours employé l’eau physiologique à 7 gr. 50 de sel marin pour 1000 gr. d'eau, comme liquide devant tenir en suspension les spores à inoculer. Voici comment je prépare les émulsions de spores. Dans le cas des Champignons à mycélium lâche, je mets dans un grand verre de montre, préalablement flambé, quelques centimètres cubes d'eau physiologique stérilisée et je recouvre le MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 41 verre de montre avec un eristallisoir flambé. Je prélève, avec un til de platine recourbé à angle droit, une assez grande quantité de mycélium arrivé à sporulation, je le porte dans l’eau physiologi- que stérilisée et tandis qu'un aide soulève légèrement le cristalli- soir, tout en le maintenant au-dessus du verre de montre, pour empêcher les poussières de l'atmosphère de venir contaminer l’'émulsion, je dissocie le mycélium avec deux fils de platine re- courbés. Je repousse ensuite sur les bords du verre de montre les iragments du mycélium, de sorte qu'il ne reste dans le liquide que les spores qui ont été mises en liberté pendant la dissociation. Avec l’Aspergillus fumigatus, qui a un mycélium très dense et très peu élevé, l'émulsion de spores est plus facile à obtenir. On prend une culture en tube sur moût de bière gélosé, d'autre part on stérilise l'eau physiologique dans un tube dont le diamètre est plus petit que celui du tube de culture; ceci fait, on enlève les bouchons de coton des deux tubes et, en les tenant le plus hori- zontalement possible, après avoir flambé leurs extrémités, on fait pénétrer de deux ou trois centimètres le tube d'eau physiologique dans le tube de culture, puis on verse l’eau à la surface de la cul- ture. Avec un fil de platine, on frôle légèrement les têtes sporifères, les spores se détachent et viennent nager à la surface, on porte ensuite cette eau dans le verre de montre flambé, placé sous un cristallisoir ; il ne reste plus qu'à agiter quelque temps avec un fil de platine pour avoir une émulsion homogène. J'ai fait toutes les inoculations avec une seringue de Pravaz, en difiérents points de l'organisme: dans les veines, le péritoine et le tissu cellulaire sous-cutané, en ayant soin de toujours raser la région à inoculer. Pour aseptiser cette région, le moyen le plus simple est de cautériser au thermocautère et d'enfoncer l'aiguille de la seringue au centre de la pointe de feu. Dans ce chapitre, réservé à l'étude de l'anatomie pathologique, j décrirai d'abord les lésions macroscopiques observées dans les au- topsies, je passerai ensuite à l'examen microscopique de coupes pratiquées dans les organes lésés, en essayant d’élucider la genèse de ces lésions, comme je l’ai fait avec Bodin pour les mycoses du foie, dans un précédent mémoire (1). Les colorations qui m'ont (1) E. Bonn et P. SavouRé, Recherches expérimentales sur les mycoses internes. Archives de Parasitologie, VIH, p. 110,.190%. 42 P. SAVOURÉ donné les résultats les meilleurs sont : l’'hémalun et l'éosineau- rantia pour l'examen des lésions cellulaires; le bleu polychrome de Unna et l'orange tannique quand j'ai voulu colorer le mycélium pour étudier ses rapports avec les cellules des tissus. Toutes les pièces qui m'ont servi pour les coupes ont été fixées au sublimé acétique quand l'autopsie avait lieu aussitôt après la mort. J'ai employé simplement la fixation à l'alcool à 90° lorsque l'animal était trouvé mort dans sa cage, et qu’il était impossible de savoir l'heure exacte de sa mort. Etudions d'abord l'allure générale des mycoses internes, après inoculation intraveineuse. Chez les animaux morts, à la suite de ces inoculations, dont j'ai fait l'autopsie, j'ai toujours trouvé les lésions. accentuées dans le rein; ensuite les organes les plus malades sont, en suivant l'ordre d'intensité des lésions, la rate et le foie ; jamais je n'ai constaté de lésions dans le poumon, ce qui ne veut pas dire qu'il n'en existe pas. Ceci s'explique assez facilement, car les capil- laires du rein sont très petits, ceux de la rate et du foie ont un volume plus considérable, quant à ceux du poumon, ils sont en gé- néral beaucoup plus volumineux que ceux des organes précédem- ment cités, voilà probablement pourquoi le poumon reste indemne, quoique ce soit dans cet organe que passent d’abord les spores à leur sortie du cœur droit, où elles arrivent directement après l’ino- culation dans la veine de l'oreille. D'ailleurs, les spores des espèces pathogènes, qui sont relativement petites, comme celles de l’Asper- gillus fumigatus, du Rhizomucor parasiticus et du Rhizopus equinus qui forment avec l'eau physiologique une émulsion bien homogène, demeurent peu de temps dans le poumon. En effet, dans une expérience faite à un autre point de vue (1) j'ai constaté que si l’on ensemence sur moût de bière des fragments de poumons d'animaux inoculés avec ces Champignons, la rétro- culture reste négative, même après un temps très court(quarante- huit heures) après l’inoculation, tandis qu'avec l’Aspergillus niger, qui n’est pas pathogène, le poumon des animaux inoculés donne encore une culture du Champignon huit jours après l’inoculation ; il est vrai que les spores d’Aspergillus niger sont un peu plus grosses que celles des Champignons cités plus haut, de plus elles s'émul- 1 E. Boni et P. Savouré, Loco cilalo, p. 1147-18. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 43 sionnent mal et forment de petits grumeaux, ce qui doit favoriser leur stagnation dans les capillaires du poumon, sans toutefois pro- duire d'embolies graves, à cause du volume relativement petit de ces grUumeaUux. Quoi qu'il en soit, après toutes les inoculations intraveineuses de spores de Champignons pathogènes que j'ai faites au Lapin, les choses se sont passées de la facon suivante : pendant les trois ou quatre jours qui suivent l’inoculation, l'animal, semble bien por- tant et continue à manger comme à l'ordinaire, puis, brusquement l'appétit disparaît, l'animal semble triste et reste pelotonné dans le coin de sa cage, enfin la mort arrive du troisième au sixième jour, avec des symptômes dont la nature varie suivant l'espèce du Champignon inoculé. Avec le Mucor corymbifer et les deux espèces voisines, Yucor Re- gnieri et Mucor Truchisi, les symptômes qui précèdent la mort sont des convulsions avec contracture du cou et déviation latérale de la tête, quelquefois la violence de ces convulsions peut être telle que j'ai vu des animaux projetés hors de leur cage par des soubresauts et se dresser sur la tête avant de mourir; ces phénomènes sont sujets à des périodes de rémission, qui deviennent de plus en plus rares et de plus en plus courtes aux approches de la mort. Avecle Rhizomucor parasiticus, les symptômes morbides apparais- sent généralement vers le quatrième jour et se manifestent par de l’inappétence et de la tristesse; la mort arrive ordinairement dans les vingt-quatre heures qui suivent, après une période de convul- sions prédominant surtout dans les membres, tandis que l'animal reste couché sur le côté, l'œil terne, et ne réagissant plus quand on le touche et quand on l’effraye. En tous cas les symptômes n'ont ja- mais été accentués et les convulsions si violentes qu'après les ino- culations de spores de Champignons du type Mucor corymbifer. Avec les deux espèces de Rhizopus que j'ai inoculées, la mort arrive presque toujours dans les mêmes délais que pour le Rhizo- mucor parasiticus, quelquefois même après un temps moindre, mais les troubles qui précédent la mort sont toujours plus graves, tou- tefois sans atteindre la gravité de ceux que produisent le Mucor corymbifer et les espèces voisines. Quant aux Lapins inoculés dans le torrent circulatoire avec des spores d'Aspergillus oryzæ et d’Aspergillus sulphureus, ils meurent au LA | P. SAVOURÉ quatrième jour, avec des phénomènes convulsifs particulièrement violents. Les crises sont très nombreuses et très rapprochées, les convulsions portent particulièrement sur les membres et le globe oculaire et prédominent sur un côté du corps; pendant la courte période de rémission qui existe entre les crises, l'animal est en opisthotonos et la contracture musculaire persiste, puis les crises se rapprochent de plus en plus et enfin l'animal meurt. Après les inoculations intrapéritonéales la mort, arrive générale- ment plus tardivement qu'avec les inoculations intraveineuses, ce n'est généralement que vers le sixième jour, pour le Rhizomucor parasiticus, que l'animal succombe, les lésions des principaux vis- cères abdominaux sont identiques macroscopiquement, mais, de plus, la séreuse péritonéale est rouge et congestionnée. Avec le Rhi- zopus equinus, les Cobayes inoculés dans la cavité péritonéale succombent vers le sixième ou septième jour après l'inoculation. Les reins et la rate sont particulièrement atteints et on constate aussi quelques tubercules blanes sur le péritoine. Quant aux ino- culations sous-cutanées, les animaux résistent à ce mode de con- tamination pour le Rhizomucor parasiticus (1); mais si l'on prend soin, au moment de l’inoculation, d'injecter sous la peau de l'animal une certaine quantité de teinture d'opium, on constate, au bout de quelque temps, la présence d'un nodule sous-cutané induré, rempli d'un pus crémeux et bien lié, lequel donne une culture pure de Rhizomucor parasiticus ; on met ainsi en évidence le rôle défensil des phagocytes qui, paralysés par la teinture d'opium, ne peuvent détruire les spores du Champignon inoculé.Cependant, dans le cas de cette espèce cryptogamique, l’action nocive des spores se borne à la formation d'un abcès sous-cutané bien limité et on ne constate pas de lésions en d’autres points de l'économie. J'avais pensé que cette action de l’opium, après inoculation intraveineuse, aurait pu favoriser le développement de lésions viscérales chez le Chien, ani- mal réfractaire au Rhizomucor parasiticus, mais malgré l'injection sous-cutanée d'une grande quantité de teinture d'opium, l'animal a toujours continué à se bien porter. L'action antiphagocytaire de la teinture d'opium est encore plus probante avec les Rhizopus; en effet, de deux Cobayes inoculés dans le péritoine avec des spores (1) Lucer et CosranriN, Contribution à l'étude des Mucorinées pathogènes. Archives de Parasilologie, & IV, p.352, 1901. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 45 de Rhizopus equinus, le premier, sans teinture d'opium, meurt au bout de six jours, tandis que le second, qui a recu 3° de teinture d'opium en injection sous-cutanée, meurt au bout de quatre jours. Si on inocule l'animal sous la peau de la cuisse, dans cette région la dissémination des spores dans l'organisme se trouve entravée par la présence des ganglions de l’aine, qui forment une puissante barrière phagocytaire. En effet les spores du Rhizopus equinus ne produisent rien dans ce cas, mais si l'on prend soin de traiter en même temps l'animal par la teinture d'opium, la mort arrive au bout du troisième jour. Avec le Rhizopus equinus +, point n’est be- soin de teinture d'opium, une simple inoculation de 2 ce. d'émulsion de spores sous la peau de l'abdomen suffit pour faire périr l'animal au bout de sept jours, ce qui prouve que le Rhizopus equinus z est certainement plus nocif pour le Cobaye que le Rhizopus equinus. Mais, en somme, quelque soit le mode d'inoculation, avec ou sans teinture d'opium, sous la peau de l'abdomen ou sous la peau de la cuisse, les lésions des principaux viseères : rein, rate, foie sont les mêmes que dans les inoculations intraveineuses; on constate de plus que le péritoine et l'intestin sont congestionnés et présentent souvent des lésions tubereuliformes, quelquefois l'intestin nécrosé est même perforé. Dans le cas des inoculations sous la peau de la cuisse, la masse des ganglions inguinaux, infiltrée de sérosité, est le siège d’un œdème gélatiniforme; la présence d'organes cryp- togamiques : mycélium ou spores, est certaine dans ces viscères, dont un fragment prélevé et ensemencé aseptiquement donne tou- jours une culture pure du Champignon. IV. — ÉTUDE DES LÉSIONS ANATOMO-PATHOLOGIQUES Si l'on observe macroscopiquement les organes atteints, on con- state que la lésion est toujours formée de tubercules, quel que soit le Champignon inoculé. Je me contenterai de donner ici une des- cription rapide des lésions macroscopiques, devant donner dans un chapitre suivant une relation complète des autopsies que j'ai faites, avec tous les détails concernant les lésions observées. L'aspect des tubercules est variable suivant l'espèce cryptoga- mique inoculée. Les différences portent surtout sur la saillie plus ou moins grande que font ces tubercules à la surface de l'organe et aussi sur la facon dont ils se comportent au milieu du paren- 46 P. SAVOURÉ chyme. En effet, avec quelques espèces, on peut voir le tubercule se prolonger de la surface vers le centre en une longue traînée ou bien au contraire rester en surface, sous forme d'un seul point blanchà- tre, tandis qu'on constate la présence d'autres tubercules iden- tiques plus ou moins nombreux, isolés au milieu de la substance de l'organe. La couleur de ces tubercules est grisàtre ou blanc jaunàtre, tranchant bien sur la couleur des tissus restés sains. J'é- tudierai les organes d’après l’ordre suivant : d'abord le rein, puis le foie, la rate, ete., c'est-à-dire en commençant par ceux qui ont, en général, le plus à soufirir de la présence du Champignon. Dans le rein, avec le Mucor corymbifer, les tubercules sont blancs, non saillants à la surface de l'organe, mais ils pénètrent en forme de coin dans la substance corticale. Avec le Mucor Regnieri, au contraire, ils ne pénètrent pas dans le parenchyme; cependant on peut en trouver quelques-uns isolés au milieu de la substance corti- cale et même dans la substance médullaire. Quant au Mucor Truchisi. les lésions qu'il provoque ressemblent au premier abord à celles du Mucor Regnieri, mais si l'on coupe le rein longitudinalement, on les voit se prolonger en traînées vers le centre, comme celles du Mucor corymbifer. Avec les Rhizopus, les lésions rénales sont peu nombreuses, en général, à la surface de l'organe, surtout après les inoculations intra- péritonéales ou sous-cutanées. On remarque seulement la présence de quelques tubercules blancs, aplatis et isolés, se prolongeant à l'intérieur des tissus ; ce qui paraît surtout atteint est le centre de l'organe, qui semble transformé en un amas de tubercules con- fluents. Quant au rein des aninaux morts après inoculation de spores de Rhizomucor parasiticus, il est surtout congestionné et augmenté de volume : j'en ai vu un qui pesait près de trente grammes ; à la surface, on aperçoit un assez grand nombre de tubercules miliai- res, confluents en certains points, entre lesquels apparaissent des zones de congestion. | Avec les Aspergillus, les tubercules sont plus petits, bien délimi- tés et rarement confluents. Après le rein, c'est le foie qui est le plus atteint par ces sortes de mycoses: les lésions se présentent sous la forme de tubereules plus ou moins volumineux, groupés par lots, entre lesquels le paren- MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 47 chyme hépatique paraît intact. A la coupe, on constate la présence de lésions identiques dans la profondeur de l'organe. Cependant, avec les Rhizopus, les lésions hépatiques affectent souvent la forme de longues traînées assez larges, rubanées, de couleur jaune, rappe- lant l'aspect du foie cancéreux ; alors les tissus de l'organe sont très friables et se déchirent facilement. Dans tous les cas, l'organe, très congestionné, est toujours augmenté de volume et les lésions sont toujours prédominantes dans la partie postérieure. La rate est toujours fortement augmentée, quelquefois même doublée de volume et très congestionnée; le parenchyme de couleur lie de vin présente à sa surface de nombreux tubercules arrondis, rarement confluents. Le poumon paraît normal macroscopiquement ; la congestion d'un des poumons, qui se rencontre quelquefois, paraît due au dé- cubitus de l'animal pendant l'agonie et après la mort. Après les inoculations de spores de Champignons appartenant au genre Rhizopus, sous la peau de l'abdomen et sous la peau de la cuisse, les ganglions inguinaux et les ganglions mésentériques se trouvent congestionnés et augmentés de volume; ils forment une masse dure qu'on isole facilement des organes voisins. Les lésions péritonéales se manifestent par la présence d'une petite quantité de liquide et de quelques tubercules peu nombreux disséminés sur la séreuse. Cette séreuse est fréquemment conges- tionnée et marbrée de plaques rouges; dans certains cas même, on peut voir des adhérences s'établir au moyen de fausses membranes entre les viscères et le feuillet pariétal de la séreuse. V. — ÉTUDE MICROSCOPIQUE DES LÉSIONS Si l’on examine au microscope des coupes pratiquées dans les organes malades, on constate que, au point de vue histologique, il n'existe que des différences d'ordre tout à fait secondaire entre les lésions produites par les différentes espèces de Champignons ino- culés. Cette ressemblance des lésions tient à ce qu'on ne rencontre jamais d'organes reproducteurs du Champignon dans les organes examinés au microscope; le Cryptogame se présente toujours sous la forme de filaments plus ou moins enchevêtrés et de diamètre variable suivant les espèces, mais ne portant jamais de têtes fruc- tifères. ‘48 P. SAVOURÉ J'étudierai d'abord le rein, parce que c'est l'organe qui est tou- jours atteint le premier et de la façon la plus intense. Sur des coupes faites suivant le plan médian, on voit que l'organe est pres- que complètement envahi par les filaments mycéliens. À un faible grossissement, les lésions les plus importantes apparaissent dans la substance corticale sous forme d'îlots plus ou moins grands et plus ou moins irréguliers. Si l'on regarde les mêmes îlots à un fort grossissement, on voit que la substance rénale a complètement disparu; le parenchyme est absolument méconnaissable, il est rem- placé par un amas de noyaux qui affectent les formes les plus variées; Ces noyaux sont caractérisés par une très grande affinité pour les colorants nucléaires, ils les absorbent d'une façon très in- tense et se détachent nettement au milieu de la préparation. La structure de ces noyaux ne ressemble en rien à celle des autres, on n'y constate pas la présence de filaments chromatiques, ce sont simplement des blocs plus ou moins irréguliers qui ont fixé en masse les matières colorantes. Leur polymorphisme peut les faire prendre au premier abord pour des leucocytes à noyau polymor- phe. Ils forment le centre des tubercules et se détachent sur un fond granuleux, qui se colore facilement en jaune par l'orange tan- : nique ; on ne voit pas dans le protoplasma de lignes de démarca- tion indiquant la division en cellules, c'est une simple plage pro- toplasmique au milieu de laquelle sont groupés les noyaux poly- morphes. Quand on s'éloigne du centre de l’amas, apparaissent de nouveaux éléments qui deviennent plus nombreux à la périphérie ; ces éléments sont des noyaux arrondis ou ovalaires, ressemblant à ceux du parenchyme rénal; ils sont colorés en violet clair et pré- sentent à leur intérieur des granulations plus fortement colorées. Dans la substance corticale du rein, cette région du tubercule est parfois caractérisée par la présence de cellules géantes, de diamè- tre souvent très considérable (50 à 55 ), contenant des noyaux ar- rondis, rangés en cercle à la périphérie de la cellule ou réunis en amas à l’une des extrémités ; à l'extrême limite de la lésion, on voit encore quelques noyaux polymorphes infiltrant les tissus du rein, puis ils disparaissent graduellement et le parenchyme reprend son aspect normal ; il y a donc une transition assez marquée entre les parties malades et les parties saines. Au centre de ces tubercules, on voit quelquelois des éléments it dti: MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 49 parasitaires qui revêtent l'aspect de petits filaments plus ou moins contournés et ramifiés, ayant pour point de départ un petit corps sphérique ou ovoïde, qui n’est autre chose qu'une spore, ainsi que l'on peut s'en convaincre en mesurant ses dimensions au micro- mètre (fig. 12). Fig. 12. — Coupe de rein de Lapin après inoculation de Rhizopus equinus #.—c, ca- pillaire rempli d'hématies ; f, filaments mycéliens ayant pour point de départ une spore ; #, noyaux polymorphes. Dans la région des tubes urinifères, l'aspect n'est plus le même ; là on ne voit pas de lésions tuberculiformes, mais, en revanche, les filaments mycéliens sont très nombreux et très serrés, (fig. 13); Archives de Parasitologie, X, n° 1, 1905, 4 50 P. SAVOURÉ on les voit se diriger longitudinalement dans la lumière des canaux du rein. De place en place, un de ces filaments émet un prolongement qui se dirige transversalement à angle droit et perfore la paroi du canal pour se rendre dans le canal voisin, où il prolifère à son tour et s'entremêle avec d'autres filaments qui végétent déjà dans ce tube ou sont venus des tubes voisins; la substance médullaire du rein est done remplie d'un feutrage de filaments mycéliens. Dans la lumière des tubes urinifères et dans Fig, 13. — Coupe de rein de Lapin inoculé avec le Rhizomucor parasi- licus. — f, filaments mycéliens dans les tubes urinifères ; 2, noyaux po- lymorphes. l'épaisseur de leurs parois on remarque constamment la présence de noyaux polymorphes fortement colorés, se détachant sur un fond de protoplasma granuleux sans cloisons cellulaires (fig. 13). Après le rein, l'organe le plus malade est le foie; il est toujours atteint, quelle que soit l'espèce du Champignon pathogène inoculé. Les lésions méritent d'être observées avec le plus grand soin, car ce sont elles qui permettent de comprendre le plus facilement la MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES d D1 genèse des mycoses internes. À première vue, elles se présentent comme des tubercules d’un diamètre un peu plus considérable que ceux du rein (80 à 100 z), disséminés plus ou moins régulièrement dans la substance du parenchyme. Ces tubercules ressemblent parfois à s'y méprendre à ceux de la tuberculose bacillaire ; ils forment une masse bien délimitée, enchâssée dans le tissu du foie. Le protoplasma qui forme le fond de cette masse est moins coloré que celui des cellules hépatiques; sur ce fond se détachent un grand nombre de noyaux polymorphes et des fragments de noyaux for- tement colorés, très semblables à ceux que j'ai décrits plus haut Fig. 14. — Foie de Lapin après inoculation de Rhizopus equinus. — f, cellules hépatiques ; h, hématies; S, spore du Champignon dans le protoplasma d’une cellule géante mononucléée. dans le rein; mais la lésion y est mieux délimitée. Elle est bien entourée d'une zone où les cellules hépatiques sont creusées de vacuoles et présentent des phénomènes de dégénérescence, seulement cette zone n'est formée que de deux ou trois ran- gées de cellules au maximum. En un point indéterminé de ce tubercule, on trouve une ou deux cellules géantes de même forme et de même structure que celles qui se rencontrent dans les lésions rénales; on pourrait donc prendre ces tubercules pour des tuber- cules d’origine bacillaire, si l’on ne trouvait dans quelques-uns de nombreux filaments mycéliens. J'ai dit plus haut que c’est dans le foie que l’on peut le plus faci- 52 P. SAVOURÉ lement reconstituer l'histoire de la formation de ces tubercules et à ce sujet je ne puis que répéter en le résumant ce que j'ai ditavec M. Bodin dans un précédent mémoire (1). L'étude du mécanisme suivant lequel se forment ces lésions se fait plus aisément dans le foie, parce que la structure de cet organe est relativement simple et que ses éléments cellulaires sont de grande taille. Il faut prendre des foies d'animaux inoculés avec des espèces qui tuent rapidement ou bien sacrifier les animaux peu de temps après l’inoculation, par exemple après 24, 36, 48 ou 72 heures. On trouve alors, assez fré- quemment, dans les capillaires du lobule hépatique, des spores qui Fig. 15. — Foie de Lapin après inoculation de Rhizopus equinus . -f, cellules hépatiques; h, hématies ; s, spore du Champignon en voie de ger- mination dans une cellule géante plurinueléée. n'ont pas encore germé ou dont la germination est peu avancée (fig. 14). On remarque que ces spores, entraînées par le torrent cir- culatoire dans les vaisseaux du foie, s'arrêtent généralement dans un coude sur le trajet d’un capillaire. Supposons une spore arrêtée: elle provoque comme corps étranger une réaction défensive du côté des cellules endothéliales du vaisseau, qui peuvent jouer le rôle de phagocytes. Une ou plusieurs de ces cellules englobent la spore et se détachent de l'épithélium, les noyaux de ces cellules se mul- tiplient plus ou moins rapidementet le tout constitue alors une cel- (1) E. Bonn et P. Savouré, Recherches expérimentales sur les mycoses internes, Archives de Parasilologie, NTIT, 1904. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 53 lule géante (fig. 15). Si la spore englobée appartient à une espèce non pathogène, elle disparaîtra par phagocytose et tout rentrera dans l’ordre, après un temps plus ou moins long; si, au contraire elle appartient à une espèce pathogène, elle germera et produira un ou plusieurs filaments (fig. 16, c) en forme de tubes, de volume variable suivant les espèces : c’est Le point de départ du mycélium Fig. 16. — Foie de Lapin ; tubercule mycosique apres inoculation de Rhizomucor parasiticuse. — «a, cellules hépatiques ; b, vacuoles de la zone de dégénérescence autour du tubercule ; €, organes du Champignon; d, centre du tubercule. qui, en se développant, envahira complètement la lumière du capil- laire et fera subir au vaisseau une distension considérable. On voit alors les cellules hépatiques voisines de la cellule géante subir des altérations très profondes, quoique n'étant pas en contact immédiat avec les filaments cryptogamiques : le protoplasma de ces cellules se creuse de vacuoles (fig. 16, b) qui s'agrandissent de plus en plus jusqu'à remplir presque en entier la cavité cellulaire. Les quelques 54 P. SAVOURÉ parties de protoplasma sain qui subsistent sont reliées entre elles par des ponts protoplasmiques, réduits à l'état de simples filaments non granuleux et faiblement colorés en jaune par l'orange tannique ; or, comme je l'ai dit plus haut, cette zone de dégénérescence péripa- rasitaire se borne à deux ou trois couches de cellules au plus, ce qui prouve que les toxines du Champignon, s'il en secrète, ne diffusent pas loin du lieu où il végète ; peut-être même, et c’est fort probable, mais difficile à prouver, ces lésions de dégénérescencesont-elles dues uniquement à l'action mécanique du Cryptogame, exerçant une pression trop considérable sur les éléments des tissus. Pendant que leprotoplasma subit des modifications si profondes, le noyau, lui non plus, ne reste pas indifférent : il devient homogène et les diverses particularités de sa structure disparaissent; on n'y distingue plus de filaments chromatiques ni de granulations, il fixe vivement les colorants nucléaires et apparaît comme une masse uniformément colorée en bleu foncé par le bleu de Unna, puis il se fragmente en un nombre variable de morceaux plus ou moins irréguliers; en un mot, il subit la dégénérescence du type caryorrhexis. Dans la rate etles ganglions, leslésions sont toujours caractérisées par la présence de filaments mycéliens plus ou moins développés, ayant pour point de départ une spore; autour du mycélium s'étend une zone plus ou moins considérable, au niveau de laquelle la structure normale de l'organe est absolument détruite et mécon- naissable. Les tissus sont remplacés par un amas d'éléments à noyaux fortement colorés et très polymorphes; ces noyaux se fragmentent souventen morceaux très petits et irréguliers; à la périphérie, quand on approche de la région où le parenchyme tend à reprendre sa structure normale, on peut rencontrer des cellules géantes multinucléées. Dans l'intestin, les lésions sont les mêmes, mais le nombre des élements irréguliers et polymorphes est de beaucoup réduit; ce qui frappe le plus, c'est une congestion très active et une infiltration très abondante, prédominant dans la couche glandulaire, sous laquelle végètent de nombreux filaments mycéliens. Quant au pus des abeès qui se forment au point des inoculations sous-cutanées, lorsqu'on l'examine, après coloration, sur une lame de verre, on remarque qu'il est formé uniquement de leucocytes mono ou polynucléaires, dont quelques-uns ont englobé des spores. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 55 Que l'espèce inoculée soit pathogène ou non, quelques spores, qui n'ont pas été phagocytées, apparaissent de-ci de-là, dans le champ du microscope entre les éléments leucocytaires (fig. 17, s). L'étude du liquide péritonéal est très importante, car elle permet de comprendre le mécanisme suivant lequel les spores inoculées se disséminent dans l'organisme. Il est facile, comme on le sait, de prélever aseptiquement une certaine quantité de liquide péritonéal sans sacrifier l'animal; on peut ainsi suivre heure par heure, ou même plus souvent, ee phénomènes qui se produisent dans ce liquide. Fig. 17 — De d’abcès sous-cutané au point d’inoculation avec PAs- pergillus niger chez le Cobaye. — /, leucocytes ; s, spores d’Aspergillus niger. On inocule donc, en même temps, plusieurs Cobayes dans la cavité péritonéale, les uns avec des spores des espèces pathogènes étudiées précédemment, et d'autres avec des spores provenant d'espèces reconnues généralement comme inoffensives : l'Aspergillus niger et le Sterigmatocystis pseudonigra par exemple. On observe le liquide péritonéal au bout de la première, de la deuxième et de la troisième heure, ensuite de quatre en quatre heures jusqu'au cinquième 56 P. SAVOUREÉ jour. Voici le résumé des observations que j'ai faites avec le pro- tesseur Bodin à ce sujet : Pendant la première heure, le liquide péritonéal, très limpide, présente son aspect normal; au microscope, on ne trouve que quel- S LCL OST 4 Fig. 148. — Liquide péritonéal de Cobaye, 22 heures après l’ino- culation de spores d’Aspergillus niger &.—h,hématies; /, leuco- cytes ; S, spores englobées par les leucocytes. ques-unes des spores inoculées et un petit nombre de leucocytes mononucléaires. Cette leucocytose devient très abondante à partir de la troisième ou de la quatrième heure et se prolonge jusqu'au troisième jour environ (fig. 18). Fig. 19. — Liquide péritonéal de Cobaye, une heure après l’inoculation de Rhizomucor parasili- cus. Leucocytes ayant englobé des spores. Les éléments cellulaires que l’on trouve dans le liquide sont des leucocytes polynucléaires nombreux et quelques mononucléaires ; jusqu'au deuxième jour, le nombre des mononucléaires augmente MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 57 beaucoup et, au troisième jour, les mononucléairesetles polynucléai- res sont en nombre sensiblement égal ; puis laleucocytose diminue graduellement et, à la fin du troisième ou du quatrième jour, le liquide péritonéal reprend des caractères normaux aux points de vue macroscopique et microscopique. Il est nécessaire de pousser l'examen plus loin, pour voir com- ment se comportent les leucocytes vis-à-vis des spores pathogènes et non pathogènes. Les phénomènes leucocytaires se passent de la même façon avec toutes les spores, de quelque nature qu’elles soient; peut-être cependant avec l’Aspergillus fumigatus, espèce très pathogène, la leucocytose est-elle moins abondante. La phagocytose, elle aussi, suit les mêmes phases avec toutes les spores ; les leucocytes traitent ces spores comme des corpus- cules inertes, des grains de charbon par exemple. Au D EN Er E ide penitoueall de Goraye, cocytose (fig. 19), les spores 38 heures après l’inoculation d’Aspergillus sont d'abord englobées par Ho RE du les polynucléaires ou micro- des microphages; d, macrophage ayant phages : plus tard, lorsque ee un microphage contenant une les gros mononucléaires ou macrophages deviennent plus abondants, il n'est pas rare de les voir phagocyter quelques spores; ensuite, tout-à-fait à la fin de la période de leucocytose, lorsque les leucocytes disparaissent rapidement et que le liquide péritonéal redevient normal, les macrophages englobent fréquemment des polynueléaires ayant eux-mêmes déjà phagocyté une spore (fig. 20). Quand les leucocytes, de quelque nature qu'ils soient, ont accompli leur rôle phagocytaire, ils rentrent dans la circulation et transportent ainsi les spores, comme des corps inertes, dans les viscères de l'animal. Mais ces spores n'ont pas perdu leur faculté germinative; on peut s’en ren- dre compte en sacrifiant des animaux inoculés avec des spores pathogènes et non pathogènes, au moment ou la leucocytose péri- PTE, 58 P. SAVOURÉ tonéale a cessé d'exister : des fragments des viscères sont prélevés aseptiquement, après cautérisation au fer rouge de la surface, et ensemencés : ils donnent toujours des cultures positives. Ce n’est que plus tard que les spores non pathogènes disparaissent de l'économie ; en effet, comme elles se trouvent dans des conditions de température défavorables, elles ne peuvent résister à l’action des cytases sécretées par les phagocytes qui les digèrent complète- ment. Les spores pathogènes, au contraire, qui sont dans de bonnes conditions de température, sont phagocytées en bien moins grand nombre et celles qui germent suffisent pour produire de graves désordres et les lésions décrites précédemment. En somme, il ressort des faits précédents que les divers parasites que j'ai étudiés: Mucor, Rhizopus, Rhizomucor, Aspergillus, déter- minent, dans les organes et tissus des animaux sensibles, des lésions tuberculiformes caractérisées par la dégénérescence de ces tissus et organes, vraisemblablement sous l'influence des sécrétions para- sitaires qui ne semblent pas diffuser beaucoup autour des éléments cryptogamiqueset, d'autre part, par l'afflux de cellules phagocytaires d'origine diverse, parmi lesquelles il faut noter la présence, en un * certain nombre de cas, de cellules géantes. Il est possible, en outre, de préciser, jusqu'à un certain point du moins, le mécanisme de la résistance des animaux à divers Champignons et de montrer que, dans ces cas, le rôle important revient à la phagocytose par les cellules endothéliales des vaisseaux. Aussi ne puis-je donner de meilleure conclusion à cette étude que celle que nous avons formulée, le professeur Bodin et moi, dans une note précédente sur ce sujet, c'est-à-dire que, pour les Cham- pignons comme pour les Bactéries, le problème de l’immunité doit recevoir la même solution: celle qui a été donnée et soutenue par Metshnikov et ses élèves. VI. — INOCULATIONS EXPÉRIMENTALES Observations faites sur les animaux inoculés. 19 MucOR RACEMOSUS. Les inoculations intraveineuses etintrapéritonéales que j'ai faites au Lapin et au Cobaye avec les spores de ce Champignon n’ont jamais provoqué aucun phénomène morbide, MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 59 20 MUCOR CORYMBIFER. Inoculation au Lapin. Lapin [. — Inoculé dans la veine margi- nale externe de l'oreille avec 2 de suspension de spores dans l'eau physiologique, spores provenant d'une culture sur carotte âgée de six jours. Ce Mucor corymbifer représentait la variété type et provenait de l'Institut Pasteur. Le sixième jour après l'inocu- lation, l'animal est pris de phénomènes convulsifs avec contracture du cou et déviation latérale de la tête; il meurt dans la nuit et l'autopsie n’est faite que le lendemain. Le foie est gros, mais il présente peu de lésions, sauf en quelques points où on aperçoit de petites plaques jaunâtres, irrégulières, à peine apparentes. La rate et l'intestin sont d'apparence normale. Les reins sont très malades, gros, parsemés de lésions très nombreuses, en forme de plaques blanchâtres non saillantes et pénétrant sous forme de trainées dans la substance corticale. 30 MucoR REGNIERI. Inoculation au Lapin. Lapin [. — L'inoculation a été faite de la même manière que pour l'animal précédent, avec des spores de Mucor Regnieri. L'animal fut pris de convulsions le troisième jour après l'inoculation et mourut pendant la nuit. A l’autopsie, faite le lendemain matin, on trouve un foie gros et congestionné, mais sans lésions apparentes. La rate, l'intestin et le poumon paraissent normaux. Les reins sont les seuls organes qui paraissent très altérés macroscopiquement : tous les deux présentent, sur chaque face, environ vingt-cinq à trente petits tubercules gris jaunâtre. A la coupe, on remarque que ces tubercules ne pénétrent pas en forme de coins dans le parenchÿyme. Quelques-uns cependant se trouvent au milieu de la substance corticale. 4° Mucor TRrucuIstI. Inoculation au Lapin. Lapin I. — L'animal est inoculé, comme précédemment, avec des spores de Mucor Truchisi. L'autopsie donne les mêmes résultats que celle du Lapin inoculé avec le Mucor Regnieri; cependant les lésions rénales sont encore plus accentuées, car on constate un plus grand nombre de trainées se dirigeant des lésions périphériques vers le centre de l'organe; de plus, les gan- glions mésentériques sont gros et rougeàtres par places. 60 P. SAVOURÉ 5° RHIZOPUS EQUINUS. Inoculation au Lapin. Lapin I. — L'animal reçoit dans la veine marginale postéro-externe de l'oreille 3° d'émulsion de spores de Rhizopus equinus dans l’eau physiologique ; ces spores provenaient d'une culture sur carotte âgée de cinq jours. Le matin du quatrième jour après l'inoculation, l'animal présente des phénomènes convul- sifs, qui augmentent dans la matinée et amènent la mort dans l'après-midi. A l’autopsie, on constate que le foie est gros, congestif; il existe quelques petits points blancs, tuberculiformes, gros comme une tête d'épingle, bien ronds et isolés à la surface ou dans la profon- deur du parenchyme hépatique. La rate ne présente pas de lésions macroscopiques. Les reins sont gros, un peu congestionnés; ils sont couverts de petits tuber- cules non saillants, analogues à ceux du foie, toujours bien isolés et régulièrement disséminés : à la coupe, chaque tubercule répond à une trainée blanchâtre pénétrant en coin dans la substance corticale. Dans la région des ganglions mésentériques, on trouve un paquet dur, bosselé, avec de nombreux petits tubercules blanes. L'intestin paraît indemne. Les poumons sont congestionnés, sans lésions apparentes. Des fragments de foie et de rein ont donné des rétrocultures positives. Inoculations au Cobaye. Cobaye I. — L'animal reçoit en injection intrapéritonéale 2 ce d'eau physiologique tenant en suspension des spores provenant d'une culture sur pomme de terre âgée de quatre jours. Six jours après, on trouve l'animal à l'agonie, couché sur le côté, en proie à des convulsions violentes. L'’autopsie est faite immé- diatement après la mort. La séreuse péritonéale est d'apparence normale, ainsi que les poumons. Les reins présentent deux ou trois tubercules blancs assez gros, se prolongeant dans la substance cor- ticale. Le foie est très malade; il est volumineux et présente de pe- tits tubercules blanchâtres confluents, ressemblant aux lésions de la tuberculose bacillaire. La rate est un peu grosse, mais paraît nor- male. Les rétrocultures de foie et de rein ont été positives et pures. Cobaye I. — L'animal reçoit en injection sous-cutanée 2e d'émulsion de spores provenant d’une rétroculture sur moût de bière âgée de vingt et un jours. L'animal n'a jamais présenté aucun symptôme et a continué à se bien porter. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES GT Cobaye LIT. — L'animal, inoculé dans les mêmes conditions que le précédent, S'est comporté d'une facon identique. Cobaye IV. — L'animal recoit une injection sous-cutanée de 2°c de teinture d'opium, puis je lui injecte dans le péritoine 2° d'eau physiologique tenant en suspension de nombreuses spores provenant de la même rétroculture qui avait servi à inoculer les Cobayes IT et IL. Deux jours après, nouvelle injection sous-cutanée de 1 de teinture d'opium. Le quatrième jour après l’inocula- tion, l'animal meurt dans l'après-midi. On constate une perfora- tion du côlon grande comme une lentille, avec péritonite généra- lisée. Le foie est gros, sa surface estrecouverte d'un semis de petits tubercules grisâtres. La rate est énorme et farcie de petits tubercules blanchâtres, confluents en certains endroits. Les reins ne présen- tent pas de lésions macroscopiques. Les poumons sont congestion- nés. Des fragments de foie et de rate, ensemencés sur moût de bière et sur bouillon, donnent des rétrocultures positives et pures. Cobaye V. — L'animal recoit une injection sous-cutanée de 1° de teinture d'opium; je lui injecte ensuite dans le péritoine 2° d'émulsion de spores dans l'eau physiologique, spores provenant aussi de la même rétroculture que précédemment. Deux jours après, nouvelle injection sous-cutanée de teinture d'opium, mais cette fois 0,5 seulement. L'animal est trouvé mort le sixième jour après l'inoculation. A l'ouverture de la cavité peritonéale, on constate la rougeur de la séreuse qui paraît épaissie; 1l y a quel- ques fausses membranes, mais pas d'exsudat liquide, ni de perfora- tion intestinale. Le foie est gros avec, en un ou deux points, un certain nombre de petits tubercules blancs, formant un semis discret. La rate est grosse, avec des points blanchâtres assez abondants. Les reins présentent chacun deux ou trois points tuberculiformes, de couleur blanche et pénétrant en coin dans la substance corticale. Le poumon est congestionné. Des fragments de foie et de rate, ensemencés sur moût de bière et sur bouillon, ont donné des rétrocultures positives et pures. Cobayes VI et VII. — Ces deux animaux ont été inoculés sous la peau de la cuisse avec 1€ d'émulsion de spores provenant d'une rétroculture de foie de Cobaye âgée de quatorze jours. À aucun moment, les animaux n'ont présenté de symptômes morbides. P. SAVOURÉ er] 19 Cobaye VIIL — L'animal est inoculé sous la peau de la cuisse avec 2€ d'eau physiologique contenant un grand nombre de spores d'une rétroculture âgée de vingt jours, après avoir reçu une injection sous-cutanée de 2° de teinture d'opium. Le deuxième jour, l'animal semblait bien portant; cependant, on le trouve mort le matin du troisième jour. A l'autopsie, on constate un œdème gélatiniforme considérable, au point d'inoculation et à la racine de la cuisse; le paquet adipeux de l’aine est tuméfié. Les ganglions inguinaux sont gros et congestionnés. Le péritoine présente un épanchement quelque peu abondant. L'intestin est congestionné en plusieurs endroits, avec de petits points hémorrhagiques. Le foie, la rate et les reins ne présentent pas de lésions macrosco- piques. 6° RHIZOPUS EQUINUS VAR. &. Inoculation au Lapin. Lapin I. — L'animal est inoculé dans la veine marginale postéro-externe de l'oreille, avec 3° d'eau physio- logique contenant de nombreuses spores provenant d'une culture sur carotte âgéc de cinq jours. Le cinquième jour après l'inocula- tion, l'animal est pris de convulsions dans la matinée, puis appa- raissent des contractures, enfin il meurt dans l'après-midi. L’autop- sie est faite immédiatement après la mort. Le foie est gros, très congestionné; le parenchyme hépatique crie sous le scalpel et se déchire facilement. Les lésions sont beaucoup plus nombreuses en profondeur qu'à la surface. La rate est couverte de points blancs, gros comme des têtes d'épingles, disséminés et jamais confluents. Les reins sont un peu congestionnés, couverts de tubercules blanes non saillants et non confluents, se prolongeant en trainées dans la substance du rein. Au niveau des ganglions mésentériques, on trouve un paquet dur, couvert de petits points blancs tuberculiformes. L'intestin n'a pas de lésions visibles à l'œil nu; les poumons non plus, cependant ils sont un peu congestionnés. Des fragments de foie, de rate et de rein, ensemencés sur moût de bière, ont donné des rétrocultures positives et pures. Inoculations au Cobaye. Cobaye [. — L'animal reçoit dans la cavité péritonéale 2° d'eau physiologique tenant en suspension des spores provenant d'une culture sur moût de bière à 3 °/, de maltose âgée de six jours. Sept jours après, l'animal est en proie à de vio- MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 63 lentes convulsions et succombe avec les mêmes symptômes que le Cobaye I, inoculé avec le Rhizopus equinus. L'autopsie, faite immé- diatement après la mort, donne les résultats suivants : Le péritoine présente quelques tubercules blancs. Les reins sont de couleur pâle et présentent huit ou dix tubercules blancs bien limités, péné- trant en coins dans la substance corticale. Le foie estvolumineux; à sa surface on voit de petits tubercules blancs confluents, donnant l'im- pression de lésions tuberculeuses par Bacille de Koch; ces lésions, en somme peu marquées (elles existent en un ou deux points seule- ment}, sont moins graves que celles occasionnées par le Rhizopus equi- nus. La rate et les poumons n’ont pas de lésions macroscopiques. Des fragments, prélevés sur les organes malades et ensemencés sur moût de bière, ont donné des rétrocullures positives et pures. Cobaye IL. — Avec une seringue de Pravaz contenant 2 d'eau physiologique émulsionnée de nombreuses spores, provenant d'une rétroculture sur moût de bière âgée de dix-huit jours, je fais une inoculation à l'animal sous la peau de l'abdomen. Le Cobaye meurt dans la matinée du septième jour après l’inoculation. L'autopsie faite immédiatement, prouve que les lésions portent sur la cavité abdominale et sur les viscères qu'elle contient. Au point d'inocula- tion, il n'y a aucune lésion, sauf la brûlure produite par le thermo- cautère pour stériliser le point à inoculer. Le foie est très atteint, augmenté de volume, parsemé de marbrures jaunâtres, pénétrant dans le parenchyme et lui donnant l'aspect d'un foie farci de noyaux cancéreux. La rate, très volumineuse, elle aussi, présente également des marbrures et des îlots blanc jaunâtre fareissant sa substance. Le volume des reins est un peu augmenté; en trois ou quatre points, on trouve des lésions jaunâtres tuberculiformes, peu saillantes, pénétrant en coin dans la substance corticale. Dans la cavité péritonéale, on trouve un exsudat rougeâtre peu abondant ; partout la séreuse est épaissie et de couleur rosée; sur le péri- toine diaphragmatique, on trouve quelques points blanchâtres tuberculiformes, formant un semis discret. L'intestin grêle paraît peu malade; le gros intestin, au contraire, est très atteint; il est rouge brun dans toute son étendue et très friable, avec des plaques de couleur un peu jaune, faisant penser aux marbrures du foie. Les poumons sont d'apparence normale. Les rétrocultures de foie, de rate et de rein, faites sur moût de bière, ont été posilives et pures. 64 P. SAVOURÉ Cobayes IIT et IV. — Les animaux sont inoculés de la même fa- con que le précédent, mais après une injection hypodermique de 2c de teinture d'opium. Ils sont trouvés morts, le matin du huitième jour après l’inoculation. A l'autopsie, on voit la cavité péritonéale remplie d'une sérosité abondante; il y a aussi quelques exsudats membraneux. La rate n'est nullement augmentée de volume et paraitnormale macroscopiquement. Le foie est un peu volumineux, très congestionné, mais les lésions sont peu nombreuses, sauf sur le bord inférieur du lobe postérieur, où il y a trois ou quatre îlots blanc jaunâtre, formés de petits tubercules confluents, du volume d'une tête d'épingle. L'intestin, les poumons et les reins paraissent normaux; cependant le poumon et le rein du côté droit sont congestionnés ; cette congestion est probablement due au décubitus de l'animal pendant l’agonie et après la mort. La rétroculture de foie sur moût de bière a été contaminée par des Bactéries et le Champignon n'a pas poussé. Cobaye V. — L'animal est inoculé sous la peau avec 2€ d’émul- sion de spores, après avoir reçu en injection hypodermique 1 € seulement de teinture d'opium. Le neuvième jour aprèsl'inocula- tion, l'animal meurt. La cavité péritonéale contient une sérosité abondante; des adhérences membraneuses existent entre le péri- toine, la rate, le lobe postérieur du foie et l’épiploon. La rate est très volumineuse, farcie d'ilots marbrés d’un blanc jaune. Le foie est gros etcongestionné; dans lelobe postérieur, il y a quelques lésions formées de tuberculesconfluents, gros comme des têtes d'épingles. Les reins sont volumineux ; en quelques points, on voit des lésions tuberculiformes, jaunâtres, saillantes, pénétrant en coin dans la substance corticale. Au milieu du mésentère, il y a une énorme masse de ganglions indurés. La partie de la vessie recouverte par le péritoine présente quelques lésions tuberculiformes. Le poumon paraît sain. Les rétrocultures de foie et de rein ont été positives et pures. Cobayes VI et VIT. — Ces deux animaux ont été inoculés sous la peau de la cuisse avec 2€ d’eau physiologique contenant de nom- breuses spores, provenant d'une rétroculture de rein de. Cobaye âgée de dix jours. Les animaux sont toujours restés bien portants. Cobaye VII. — L'inoculation intra-péritonéale est faite avee 2° d’eau physiologique tenant en suspension des spores provenant MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 65 d'une culture sur moût de bière âgée de dix-huit jours. L'animal meurt sept jours après. Le foie est gros, avec des lésions très marquées, parsemé de marbrures jaunâtres, étendues, pénétrant dans la profondeur du parenchyme. Sur la rate, les lésions ont un aspect tuberculiforme; elles existent dans toute l'étendue de la surface de l'organe, qui est peu augmenté de volume. Les reins sont gros; le rein droit porte à la partie supérieure une large plaque blanche paraissant n'intéresser que la superficie de l'organe; à la coupe, on ne voit pas de lésions macroscopiques. : L'intestin et les ganglions mésentériques semblent normaux. Les poumons sont congestionnés ; le poumon gauche présente à la base une plaque blanche superficielle. 7° RHIZOMUCOR PARASITICUS. Inoculations au Lapin. Lapin 1. — Un Lapin de forte taille est inoculé dans la veine marginale postéro-externe de l'oreille avec {°c de solution physiologique contenant en suspension un grand nom- bre de spores, provenant d'une culture sur carotte âgée de quatre jours. Les trois premiers jours après l’inoculation, l'animal ne pré- sente rien d'anormal; le quatrième jour, l'animal ne mange pas; le cinquième jour, à dix heures du matin, il est à l’agonie et reste couché sur le côté : l'œil est terne, les pattes sont agitées de mouve- ments convulsifs, il est incapable de se relever. À deux heures après-midi, il ne réagit plus quand on l'effraye en frappant du pied le sol autour de lui ; enfin surviennent des convulsions, puis la mort. L'autopsie est faite immédiatement : le foie est gros et conges- tionné,; en deux ou trois points, on observe un semis de nodules jaunâtres, très petits et superficiels. La rate présente quelques petits tubercules disséminés, gros comme une tête d’épingle. Les reins présentent des lésions très marquées; l'un d'eux pèse 30 gr. 50; l'organe est recouvert de petits tubercules miliaires con- fluents en certains points et entre lesquels on trouve des zones rou- getres. Le lobe inférieur du poumon gauche présente quelques petits points tuberculiformes non saillants. Le cerveau et le bulbe ne présentent aucune lésion macroscopique. Lapin II. — Un Lapin de forte taille reçoit dans la cavité périto- néale une injection de 1° de solution physiologique contenant en suspension des spores de Rhizomucor parasiticus provenant d'une Archives de Parasitologie, X, n° 1, 1905. à) 66 P. SAVOURÉ culture sur carotte âgée de quatre jours. Les jours suivants, rien d'anormal ne se produit et l'animal continue à se bien porter. Trente jours après, je reprends le même Lapin et je lui injecte dans le péritoine 6° d’émulsion de spores dans l'eau physiologique. L'animal meurt six jours après. A l'autopsie, on constate, sur toute la surface de l'intestin, la présence de lésions diffuses, blan- châtres, en forme de petits points, d'un millimètre environ de diamètre. Le foie est gros, congestionné; les tubercules sont peu abondants, sauf dans le lobe postérieur. Sur la rate, les lésions sont plus discrètes. Les reins sont gros, congestionnés et présentent de nombreux tubercules. Sur le poumon, on ne constate aucune lésion macroscopique. Lapin IT. — Un Lapin de taille moyenne recoit en inoculation intraveineuse un demi-centimètre cube d'eau physiologique, chargée de spores de Rhizomucor parasiticus provenant d'une rétro- culture de foie de Lapin, sur moût de bière à 3 0/0 de maltose, âgée de seize jours. L'animal meurt le troisième jour dans la soirée; l'au- topsie n’est faite que le lendemain, à trois heures de l'après-midi. Le foie est gros, congestionné ; à la surface, on voit de-ci de-là quel- ques points blancs gros comme des têtes d’épingles. La rate paraît normale à la coupe. Les reins sont augmentés de volume et pré- sentent de nombreux tubercules à la surface; on constate que ces tubercules, de couleur blanchâtre et non saillants, pénètrent en- trainées dans la substance de l'organe. Les poumons paraissent sains, cependant le poumon droit présente dans sa partie médiane une lésion ecchymotique de couleur foncée. Lapin IV.— Un Lapin pesant1kg.320gr.recoit une injection sous- cutanée de 3° de teinture d’opium, puis dans un autre point du corps une inoculation sous-cutanée de 2€ d'émulsion de spores dans l’eau physiologique, provenant d’une culture de Rhizomucor parasiticus sur moût de bière âgée de neuf jours. Le troisième jour, nouvelle injection de 2€ de teinture d'opium. Le sixième jour, l'animal présente, au point d'inoculation, un noyau induré de la grosseur d'une noisette; le seplième jour, le nodule semble avoir diminué de grosseur el de consistance. Le quinzième jour, le nodule est excisé: il est formé par un abcès contenant du pus extrêmement épais, de couleur jaunâtre et de consistance caséeuse. MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 67 Le pus est ensemencé aseptiquement d’abord sur gélose glycé- rinée, puis sur bouillon de bœuf. Les rétrocultures ont été positives, et comme le bouillon ne s'est pas troublé, c'est donc une preuve que le pus était amicrobien et ne contenait que des globules blancs et des spores du Champignon. Six jours après, l'animal est atteint de paralysie accompagnée de contractures; ces syptômes disparaissent rapidement. L'animal a été sacrifié, mais l’autopsie n’a pas été faite. Lapin V. — Un Lapin pesant 1 kg. 340 gr. a été inoculé de la même manière que le précédent, sauf que le sixième jour et le quinzième jour il reçoit d'abord 2, puis 5 de teinture d'opium en injection sous-cutanée. Le nodule de pus évolue de la même manière jusqu'au quinzième jour; alors on trouve deux nodules au lieu d’un. Le vingt et unième jour, l'animal est sacrifié, mais cette fois l’autopsie est faite. Le foie, la rate et le poumon sont in- demnes; cependant le foie présente des lésions de coccidiose qui ont été diagnostiquées à l'examen microscopique. Les nodules de pus sont excisés; et le pus, ensemencé sur moût de bière et sur bouillon, de la même facon que précédemment, donne des rétro- cultures positives et pures. Lapin VI. — L'animal est inoculé sous la peau de la cuisse, après cautérisation au thermocautère du point d’inoculation, avec 2cc d'émulsion de spores provenant d'une culture âgée de douze jours. Le septième jour, l'animal meurt de coccidiose, sans présenter la moindre induration au point d’inoculation. Inoculations au Cobaye. Cobaye I. — Un Cobaye est inoculé dans la cavité péritonéale avec 2c° d'eau physiologique tenant en suspension des spores provenant d'une culture sur tige de chou âgée de huit jours. L'animal paraît bien portant pendant quatre jours, puis meurt, A l’autopsie, on constate que le péritoine est rouge, congestionné, mais ne présente pas d’exsudats. Le foie est gros, rouge brun, sans tubercules visibles à l'œil nu. La rate est un peu grosse, sans lésions macroscopiques. Le rein est gros, congestionné, sans tubercules visibles. Le poumon ne présente aucune lésion. Cobaye Il. — L'animal reçoit dans la cavité péritonéale 2° d'’é- mulsion de spores de Rhizomucor parasiticus. I est trouvé mort le matin du sixième jour après l’inoculation. A l’autopsie, la séreuse 68 P. SAVOURE - péritonéale ne présente pas de lésions. Le foie est gros, sans lésions tuberculiformes, sauf un seul petit point blanchâtre à la surface. La rate est volumineuse et présente une grande quantité de points blanchâtres translucides, très petits. Le rein gauche est gros etcom- plètement recouvert de petites lésions blanchâtres, irrégulières, alternant avec de petits îlots rougeàtres, représentant la substance saine ; à la coupe, on voit des trainées blanchâtres en forme de coin, pénétrant dans la substance corticale et ayant pour point de départ les lésions de la surface. Le rein droit paraît sain à sa partie supérieure, mais présente les mêmes lésions qu'à gauche à sa partie inférieure. Les poumons sont indemnes. Cobaye IT. — À onze heures du matin, l'animal reçoit dans le péritoine 2 de bouillon stérilisé et à quatre heures de l'après- midi 2 d'émulsion de spores dans l’eau physiologique. Le matin du sixième jour, on trouve l’animal mort. A l’autopsie, on constate la présence d'un liquide péritonéal abondant et d'une grande quantité d'exsudats à la surface du foie; ce dernier organe est très gros et présente de nombreux tubercules très petits. On voit sur la rate quelques tubercules disséminés. Les reins sont augmentés de volume, mais n’ont pas de lésions macroscopiques, de même que l'intestin et les poumons. Inoculation au Chien. — Lucet indique que le Rhizomucor parasi- ticus n'est pas pathogène pour le Chien. J'ai voulu voir s'il n'était pas possible d'obtenir des lésions chez cet animal, en accompagnant l’inoculation d’une injection de teinture d'opium. Le Chien suppor- tant très bien la teinture d’opium, j'en injecte 12° sous la peau d'un animal du poids de 16 kg.; puis j'inocule dans la saphène droite 10€ d'eau physiologique tenant en suspension un grand nombre de spores de Rhizomucor parasiticus, provenant d’une rétroculture sur moût de bière âgée de onze jours. L'animal n’a jamais présenté aucun symptôme morbide : il a vécu plusieurs mois et a été enfin sacrifié pour une expérience de physiologie. L’autopsie n'a révelé aucune lésion viscérale. 80 ASPERGILLUS FUMIGATUS. Inoculation au Cobaye. — L'animal recoit dans le péritoine 2cc d’eau physiologique tenant en suspension des spores d'une culture sur moût de bière âgée de quatre jours. L'animal est trouvé mort, MYCOSES INTERNES ET LEURS PARASITES 69 le matin du neuvième jour après l'inoculation. A l’autopsie, on constate que toute la séreuse péritonéale est congestionnée. Le foie est augmenté de volume, avec quelques petits points blanchâtres disséminés à sa surface. Les reins sont gros et congestionnés. Les lésions se présentent sous forme de tubercules de couleur blanche, pénétrant dans la substance de l'organe et ressemblant aux lésions produites par le Rhizomucor parasiticus. La rate et le poumon ne présentent pas de lésions macroscopiques. .90 ASPERGILLUS ORYZÆ. Inoculation au Lapin. — J'injecte dans la veine marginale posté- rieure de l'oreille de l'animal 2€ d'émulsion de spores provenant d'une culture âgée de trente-huit jours. Quatre jours après, l’ani- mal ne mange plus; dans l'après-midi, il présente quelques phéno- mènes convulsifs ; il meurt à huit heures du soir. L'autopsie n’est faite que le lendemain matin. Le foie est gros, avec quelques petites lésions peu nombreuses, de couleur jaunâtre et tuberculiformes. La rate, l'intestin et le poumon ne présentent rein d’anormal à l’exa- men macroscopique. Les reins sont couverts d'un semis de points jaunes très serrés et très petits qui, à la coupe, se continuent dans la substance corticale sous forme de fines traîinées blanc jaunâtre. 10° ASPERGILLUS SULPHUREUS. Inoculation au Lapin. — Deux centimètres cubes d'émulsion de spores d’une culture âgée de trente-huit jours sont injectés dans la veine de l'oreille d'un Lapin de forte taille. Dès le lendemain, l'animal ne mange pas; le matin du quatrième jour après l’inocu- lation, il est pris de phénomènes convulsifs violents portant sur les membres et sur le globe oculaire, prédominant d'un côté et se produisant par crises qui se renouvellent à quelques minutes d'intervalle. En dehors des crises, 1l persiste de la contracture musculaire avec opisthotonos. Dans l'après-midi, les convulsions augmentent de violence, l'animal à des soubresauts qui le retour- nent complètement; les crises deviennent de plus en plus nom- breuses et de plus en plus rapprochées jusqu'à quatre heures de l'après-midi, heure à laquelle l'animal est sacrifié. L'autopsie est faite immédiatement. Le foie est un peu gros et présente quelques petits points jaunâtres tuberculiformes, peu nom- 70 P. SAVOURÉ. — MYCOSES INTERNES breux, enchàässés dans le parenchyme et plus visibles à lacoupe qu'à la surface. La rate, l'intestin et le poumon ne présentent pas de lé- sions à l'œil nu. Les reins ont l'air normaux; cependant le rein droit présente des trainées et des petits points blancs, légèrement teintés de jaune, d'aspect tuberculiforme, très nets, mais peu nombreux. TABLE DES MATIÈRES Pages INTRODUCTION Le 20 rene LE EPP ME eee RE à) LS Morphologie... tie RSR EE RACE SR ECS 6 NE Htüde biolosique RM ET TEE 23 III. — Les Champignons dans leur vie parasitaire................ 40 IV. — Étude des lésions anatomo -pathologiques.................. 45 M =Étude microscopiquerdes lésions 4 D Re 417 VI. — Inoculations expérimentales (observations faites sur les ani- MAUX INOCUIÉS) SR ee NE a Ne AT AE 58 SANGSUES PARASITES DES PALMIPÉDES PAR Pierre MÉGNIN Membre de l'Académie de Médecine. Nous avons signalé, dans un précédent travail (1), des accidents arrivés à des Oies, causés par des Vers trématodes du genre Mono- stoma. Ce ne sont pas les seuls Vers qui recherchent les Palmipèdes ; plusieurs espèces de petites Sangsues s'attaquent aussi aux mêmes Oiseaux, soit comme parasites cutanés, soit comme parasites des Fig. 1. — Coupe schématique de la tête et du cou d’un Canard. — A, bouche; B, œsophage; C, trachée; D, cerveau; E, bulbe; KF, cervelet; G;H, moëlle épinière; &, Sangsues dans les cavités nasales; D, Sangsues dans le larynx; c, Sangsues dans la trachée. voies aériennes, et nous avons été témoin d'un remarquable acci- dent de ce genre arrivé à un Canard domestique. Le 16 décembre 1904, M. Faure Adrien, propriétaire à Pons (Charente-Inférieure), nous envoyait un Canard mort, pour en faire (1) La médecine des Oiseaux, Vincennes, 1893; cf. p. 138. 72 P. MÉGNIN l’autopsie et déterminer les causes de la mort. Il joignait à son envoi les renseignements suivants : Jeune Canard d'un an, maladif, devenu étique et mort subite- ment. On supposait qu'il ne mangeait pas assez. L'an dernier, il en était déjà mort un dans les mêmes conditions, mais il était plus agé. A l’autopsie de ce jeune Canard, nous le trouvâmes très maigre, mais il avait tous les organes internes du tronc parfaitement sains. Les poumons seuls présentaient des macules sanguines comme dans le cas d'asphyxie. L'Oiseau. en effet, avait été asphyxié par des pa- rasites se présentant sous forme d'une petite masse noirâtre ma- melonnée, semblable à un coagulum sanguin arrêté au milieu de la trachée et l’'obstruant complètement (fig. 1). Cette petite masse san- guine, extraite de la trachée après l’incision de ce tube, était cons- tituée par la réunion de quatre petits corpuscules arrondis, aplatis, gluants, lisses, difficiles à saisir avec une petite pince anatomique, paraissant complètement inertes; mais, projetés dans un verre d’eau, nous ne fümes pas peu surpris de les voir se mouvoir len- tement, s'étirer, projeter en avant une extrémité conique ou tête, prendre enfin la forme de petites Sangsues piriformes, gorgées de sang (fig. 2, A, B). Poursuivant nos recherches dans le larynx et les cavités nasales, nous trouvämes plusieurs autres parasites semblables, fixés dans le pharynx, sur les côtés de la fente laryngée et dans les cavités nasales, entre les cornets. Il y en avait de tout petits, rouge clair ou à peine rosés, fixés depuis peu, n'ayant encore que peu ou point sucé. Les petites Sangsues, à jeun ou presque à jeun (fig. 2, C, D), avaient à peine la forme et la taille d’une toute petite graine de Lin un peu étroite. Ces parasites sont évidemment la cause de l'épuisement, puis de l’asphyxie du Canard qui les nourrissait; ils appartiennent à une espèce de Sangsues naines, qui nous a présenté les carac- tères suivants : Vivantes et à l'état de replétion, au moment où elles ve- naient de se détacher et placées sur une lame de verre, elles ont pris l'aspect et la forme d'une petite pastille, arrondie, molle, gluante, de couleur rouge noirâtre, mesurant au maximum 11mm sur 9, d'une épaisseur centrale de 2 mn (fig. 2, A). Mises dans l’eau, 1 SANGSUES PARASITES DES PALMIPÈDES dans un petit verre à réactifs, elles s'allongent (fig. 2, B), atteignent une taille de 48m, nagent en ondulant ou rampent sur les pa- rois du verre comme le font les grandes Sangsues. Mises dans l'alcool pour être conservées, le corps de ces petites Sangsues s’est contracté, durei, est devenu rigide et, tout en conservant sa forme piriforme arquée, s’est réduit de dimensions et n'a eu plus que 12 à 4m dans sa plus grande longueur et 5m dans sa plus grande largeur (fig. 3). Des sillons transversaux se sont mis en évidence, en dessinant des anneaux principaux, au nombre d'une quinzaine, entre lesquels se voient des sillons moins profonds, plus visibles et presque seuls apparents dans la partie conique qui constitue l'extrémité antérieure. La bouche est représentée par une fossette tout à fait terminale à l'extrémité antérieure, peu profonde et même souvent effacée, dépourvue de mà- choires. En dessus et en arrière de la cavité buccale sont huit yeux en deux ran- gées parallèles et longitudi- nales, constitués par des points noirs arrondis (fig. 2, E). A l'extrémité postérieure, qui est large et globuleuse, existe une ventouse cupuli- forme saillante, à bord fes- tonné (fig. 2, F). Le tégument, qui paraissait lisse et gluant à l'état vivant, se montre ferme et gre- nu; vu au microscope et surtout sur des sujets à jeun, ses grains sont constitués par de petits galets plats, chitineux, ovales, bruns, ayant souvent l'apparence d’avoir le milieu creux ou percé. Ils sont semés sans aucun ordre et ne forment ni quadrillage ni mosaïque (fig. 4). Nous insistons sur ce dernier détail; en effet, une espèce très voisine, trouvée aussi sur le Canard a été nommée Hemiclepsis tessellata (O.K. Müller) parce que, précisément, elle portesur le corps de petits points jaunes disposés en carrés ou en mosaïque (en la- tin tessellata), ce que ne présente pas notre petite Hirudinée. L'ayant soumise à l'examen de M. le Professeur R. Blanchard, bien connu P. MÉGNIN 1 [ST par ses travaux sur ce groupe de Vers, il l'a néanmoins regardée comme devant être rangée dans l'espèce Hemiclepsis tessellata. C'est, au moins à notre avis, une variété granata. Bien que le fait ne soit pas commun, ce n'est pas la première fois qu'on rencontre des Sangsues parasites sur des Oiseaux aqua- tiques. Dès le XVe siècle, les auteurs d'ouvrages de fauconnerie en signalent des cas : Jehan de Francières, qui vivait sous Louis XI, dans son livre de fauconnerie (liv. Il, chap. HI), dit : (Il arrive qué les Oiseaux, en se baignant en eau croupie, ou coyes. ou fontaines limonneuses, boivent ou avalent de petites Sangsues qui s’arrè- tent dans la gorge ou les narilles, se gonflent du sang de l'Oiseau qui bien souvent en meurt, si On n'y apporte promptement remède. On reconnaît le mal en voyant la Sangsue se remuer dans la gorge, lorsque l'Oiseau man- ge, ou se montrer par les narilles. » Guillaume Tardif, auteur d'un Livre de faulconnerie et du Chien de chasse (Paris, 1493), parle des Sangsues au gosier; la Sangsue s'agite dans la sorge et quelquelois se montre hors par les narilles. Causes : quand l'Oi- seau se baigne en eau coye, une petite Sangsue entre dans la bouche ou les narilles et s’enfle du sang de l'Oiseau. Divers auteurs signalent comme remède : mettre sur un charbon quatre ou cinq Punaises vives et faire respirer la fumée à l'Oiseau, de facon qu'elle entre ès bouche ou nez et les Sangsues tombent. Mettre de la moutarde sur les narilles. Instiller ès narilles deux ou trois gouttes de jus de limon. Les deux notes qui précèdent nous ont été communiquées par M. le Professeur Raïlliet, qui les avait reçues, ily a quelques années, de M. Moulé. M. Raïlliet nous transmet encore la note suivante : Fig. 3. SANGSUES PARASITES DES PALMIPÈDES 1 Rudolphi, dans son Entozoorum Synopsis, 1819, page 625, cite une observation publiée dans le Journal économique de Halle (n°3, p. 23, 22 janvier 1819). IL s'agit d'une mortalité des Oïes, fréquente de juillet à octobre et causée par des Sangsues qu'on trouvait dans la profondeur des cavité nasales. On en à vu jusqu'à 30 à 50 dans une seule tête; contractées, elles sont de la grosseur d'un grain de mil ; allongées au maximum, elles attei- gnent jusqu à 2 pouces (52mm), Rudolphi considère qu'il est peu admissible qu'on ait eu affaire à des Sangsues et pense devoir plutôt rattacher ces Vers à son Distoma lineare, qui s'attaquerait alors aux Anatinés comme aux Gallinacés. Mais cette manière de voir est inacceptable, car des Tré- matodes ne se contractent pas à un pareil degré; d’ailleurs, ce Distoma lineare, qui ne répond à rien de pcs nat quentin an Some de longueur. Diesing (Systema hel- minthum, 1, p. 324) rapporte ces Sangsues au Monostoma mutabile Zeder, idée quil à évidemment empruntée à Dujardin (cf. p. 647). Dans tous les cas, cette opinion n’est guère plus vraisemblable que celle de Rudolphi, pense M. Raiïlliet. M. Railliet a encore résumé, dans l'article Œil du Dictionnaire de Bouley, un cas curieux observé Fig. 4. par Small (1), vétérinaire anglais. L'observation à été recueillie en Irlande : les Oies d’une basse- cour devenaient toutes aveugles et languissantes; l’une d'elles ayant été sacrifiée, on ouvrit le globe oculaire et il sortit un petit Ver noir, semblable à une jeune Sangsue; ce Ver était doué d’une (1) Smazz, Worms in the eyes of Geese, The Veterinarian, (4), VII, p. 19, january 1862. 76 P. MÉGNIN. — SANGSUES PARASITES grande vivacité et nageait avec aisance dans l’etu. Les symptômes observés sont les suivants : l'œil s’enflamme d’abord, de sorte que la cornée perd sa transparence et devient blanche; puis l'organe augmente peu à peu de volume et arrive ainsi à faire saillie hors de l'orbite, en provoquant une douleur intense. L'affection ne portait que sur un seul œil. Small ajoute que ces Oies avaient accès dans un ruisseau à fond vaseux, ou existaient de nombreuses Hiru- dinées. És Dujardin rapporte aussi, d'après Guyon, qu'une autre espèce, trois fois plus petite que la Sangsue de Cheval, se trouve fréquem- ment sous les paupières et dans les fosses nasales d’un Héron (Ardea virescens) à la Martinique (1). Le Dr Weltner à montré à la Société des amis de l'histoire natu- relle de Berlin, en 1887, que la Glossosiphonia tessellata s'attaque volontiers aux Palmipèdes. Dans une ferme de Wanzenau, près de Strasbourg, une bande d'Oies et de Canards fut presque détruite par cette Sangsue. Les Oiseaux, amaigris et inquiets, portaient, solidement fixés dans l'æœsophage, un certain nombre de ces Vers. Weltner croit que les Sangsues, recherchées comme nourriture par les Palmipèdes, n'avaient pas été dégluties assez vite et s'étaient attachées au passage. Signalons encore le cas du baron J. de Guerne (C. R. de la Soc. de biologie, 5 février 1892), qui a récolté des petites Sangsues tombées du corps d'un Canard tué à la chasse, ou recueillies entre les plumes d’un autre Canard tué dans de semblables circonstances. Ces Sangsues étaient, d’après la détermination de M. R. Blanchard, des Glossosiphonia tessellata (2). (1) Article Sangsue du Dictionnaire de dOrbigny, XI, p, 339, à la fin du para- graphe consacré à l’Hemopis. (2) R. BzaxcHan», Description de la Glossiphonia tessellata. Mémoires de la Soc. Zool.de France, V, p. 56, 1892. — Présence de la Glossiphonia tessellata au Chili. Description complémentaire de cette Hirudinée. Actes de la Soc. scientifique du Chili, I, p. 177, 1892. TROIS CAS D'UNCINARIOSE EN ALGÉRIE PAR Le D' FERRIER Médecin major de 1" classe, Médecin-chef de l'Hôpital militaire de Mostaganem. La multiplicité des travaux récemment publiés sur l’uncinariose témoigne de l'intérêt qui s'attache à l'étude de cette affection para- sitaire. Très répandue dans certaines régions, cette maladie y représente parfois un véritable danger social, méritant d'appeler l'attention, non seulement des médecins et des hygiénistes, mais même des pouvoirs publics. Lorsqu'on étudie la répartition de l’uncinariose à la surface du globe, on remarque qu'elle se trouve plus spécialement cantonnée dans certaines régions; on l’observe surtout &ans les pays miniers et dans la zone tropicale ; mais, fait digne de remarque, à côté de régions notablement contaminées, existent des régions totalement préservées. C’est ainsi que, si l’on considère la distribution de l'uncinariose dans le nord de l'Afrique, on voit que l'Egypte est profondément atteinte, tandis que la Tunisie, l'Algérie et le Maroc paraissent indemnes, tout au moins si l’on s'en rapporte à l'ab- sence de faits relevés par les médecins exerçant dans ces pays. Ces dernières contrées seraient-elles véritablement réfractaires à l'évolution du parasite? Trois cas que nous venons de constater sembleraient démontrer le contraire. En raison de l'avertissement qu'ils comportent, nous avons jugé utile de les signaler. OBSERVATION I Le 29 mars 1905, entrait à l'hôpital militaire de Mostaganem le nommé Louis SAMPÉRÉ, âgé de 15 ans, né à Mostaganem et n'ayant jamais quitté la région. Il se plaignait d'un sentiment de lassitude extrême et d'ædème des membres inférieurs. Comme seul antécédent, on relevait des fièvres palustres ayant débuté en juillet 1904, ayant tout d'abord nettement présenté le type tierce; depuis septembre, les accès s'étaient espacés, et actuelle- ment ils ne surviennent plus que par intervalles de 3 à 4 semaines, et sous une forme très légère. 78 FERRIER Les principaux symptômes présentés étaient les suivants : teinte jaune sale des téguments; muqueuses päles et décolorées; bouffissure de la face; ædème des membres inférieurs, remontant jusqu’à la hauteur des genoux ; rate légèrement hypertrophiée, mesurant 11 centimètres à la percussion et atteignant le rebord des fausses-côtes; foie augmenté de volume, débordant les fausses-côtes d'environ un travers de doigt; souffle systoli- que très net, à la partie moyenne du cœur et sur le bord gauche du sternum; pas d'hypertrophie cardiaque. Rien à l’auscultation des poumons; dans les urines, ni albumine, ni sucre, ni pigments biliaires. Comme syptômes fonctionnels, on relevait uhe céphalée assez vive et presque constante; un état très marqué de lassitude physique et intellec- tuelle se manifestant par de l’essoufflement sous l'influence du moindre effort, par la lenteur des réponses; l'aspect indifférent et apathique du malade; en outre, quelques troubles digestifs; appétit très médiocre; assez souvent vomissements; pas de constipation ni de diarrhée; au côté gauche de l'épigastre, près du rebord du foie, existence d’une douleur constante, exagérée par la pression. L'examen du sang dénotait une anémie extrême avec diminution mar- quée de la valeur globulaire. En effet, on trouvait : Nombre des globules rouges . . . . . . |. |. 4.060.000 Hémoglobine mesurée avec l'hémoglobinimètre de Sahli. . 12°/, Valeur globulaire. LAURE CE OMR DUO RERO TA EE DES LEUCOCYICS EE ER AR D PRE EVA ee EE GO ()() Quoique la rate de notre malade fut peu développée, nous inclinions à penser chez lui à un état cachectique d'origine palustre, justiciable du traitement par la quinine, de préférence en injections sous-cutanées, de façon à agir plus rapidement, tout en ménageant l'estomac. Le 2 avril dans la matinée, il se produisit un événement qui nous mit sur la voie du diagnostic. Le malade eut un vomissement de quelques matières glaireuses, qui nous fut présenté, ainsi qu'à notre aide, M. le médecin major Huber, et dans lequel nous trouvämes un filament blan- châtre, bifurqué, dont l'aspect nous sembla suffisamment suspect pour que nous l’examinions au microscope. Il nous fut facile de constater que ce filament était composé de deux helminthes accouplés, dont le signalement nous parut correspondre assez exactement à celui de l'Uncinaire duodénale. L'un d'eux mesurait 15"" de longueur, l'autre à peine 10"" ; le plus petit reposait par une extrémité légèrement évasée sur le plus long, à la jonction des deux tiers antérieurs avec le tiers postérieur. L’extrémité caudale du Ver le plus long se terminait en pointe. L’extrémité buccale des deux parasites était un peu renflée en cupule et munie de crochets incurvés (1). L'examen que nous fimes des selles du malade ne fit que confirmer (1) M. le professeur R. Blanchard, auquel nous exprimons nos bien sincères remerciements,a bien voulu examiner ces deux parasites; il leur a trouvé tous les caractères de l’'Uncinaria duodenalis. datent cmt tits TROIS CAS D'UNCINARIOSE EN ALGERIE 79 nos soupçons sur la nature de ces deux parasites. En effet, elles conte- naient un nombre considérable d'œufs (une demi-douzaine environ par champ de microscope), ayant une forme ovoïde, à contour transparent, anhiste, contenant dans leur intérieur le plus souvent deux à quatre blastomères, mais se trouvant encore assez fréquemment à un état plus avancé de segmentation. Notre diagnostic se trouvant ainsi orienté dans une direction nouvelle, nous commençons aussitôt le traitement de l'unci- nariose. Le 5 avril, après avoir préparé la veille notre malade par le régime lacté, nous lui donnons sept grammes d'extrait éthéré de fougère mâle, et 35 grammes d'huile de ricin ; deux heures après l'absorption du pur- gatif, se produisit un vomissement qui ne püt nous être montré et qui renfermait, d'après ce qui nous füt rapporté, une certaine quantité de globules huileux, indiquant le rejet d’une partie de l'huile de ricin et peut-être d'une certaine quantité d'extrait de fougère mâle ; le malade n'eut que trois selles. Le 10 avril, notre malade absorbe 4 grammes de thymol avec 35 gram- mes d'huile de ricin ; il eut cinq.à six garde-robes, dans lesquelles on trouva un certain nombre de Vers avec des filaments blanchätres de même dimension, que l’on reconnut aisément au microscope pour des Vers ayant subi un commencement d'altération sous l’action des sucs digestifs. Le 13 avril, l'examen microscopique des selles dénote une diminution assez notable des œufs. Cependant, l’état général du malade reste tou- jours médiocre ; l'appétit fait toujours défaut ; vomissements assez fré- quents. Le 1% avril, on donne au malade Ia médication préconisée par Jorissenne au Congrès international d'hygiène de Bruxelles, comme spécifique de l'Uncinaire (1). Cette médication, à laquelle nous nous étions arrêté pour ménager les forces du malade, ne donne pas de résultat. Le 16 avril, nous trouvons dans les selles autant d'œufs que le 13; le 17 avril, malgré tous nos efforts pour essayer de le faire revenir sur sa détermination, le malade réclame son exeat. Vers le 10 mai, nous appre- nions son décès. OBSERVATION II. Mise en éveil par ce résultat, que nous avions laissé entrevoir, la famille nous envoya un des cousins du décédé, le nommé Michel Navarro, âgé de 18 ans, exerçant également la profession de jardinier. Sauf l’ædème des jambes, il présentait le même aspect que le malade précédent au moment de son entrée à l'hôpital : teinte extrêmement pâle et blanc jaunâtre des téguments, décoloration des muqueuses, état de fai- blesse extrême rendant tout travail impossible, souffle systolique à la base (1) Soufre, 2 gr. ; terpine, 0 gr.50 ; poudre de condurango, 2 gr. Cette dernière substance, qui nous faisait défaut, fut remplacée par une quantité équivalente de poudre de gentiane. 80 FERRIER du cœur, légère hypertophie de la rate débordant très légèrement les faus- ses-côtes. Rien aux poumons. Appétit assez bon, pas de coliques, ni con- stipation, ni diarrhée. Comme seul antécédent, accès de fièvres palustres en juillet 1904; les accès, d'abord assez fréquents jusqu à la fin septem- bre, s’espacèrent de plus en plus ; le malade n'a plus maintenant que deux légers accès au plus par mois. Les selles, examinées au microscope, ren- fermaient des quantités considérables d'œufs d'Uncinaires : quatre ou cinq par champ du microscope. Sur notre conseil, le malade entre à l'hôpital, le 26 mai 1904. Mieux docu- menté que précédemment sur la médication de l'uncinariose, nous em- ployons tout de suite le traitement recommandé par Malvoz, de Liége, c'est-à-dire l'emploi à intervalles rapprochés de l'extrait éthéré de fougère mâle, combiné à l'eau chloroformée et à l’eau-de-vie allemande. Le 29 mai, notre malade prend 20 grammes d'eau-de-vie allemande et est soumis au régime lacté; le lendemain, il absorbe, dans l'intervalle de quatre heures, 5 grammes d'extrait éthéré de fougère mâle, 400 grammes d'eau chloroformée et 20 grammes d'eau-de-vie allemande. Cette première partie du traitement amène l’évacution d'un nombre considérable d'Unci- naires, dont beaucoup ayant subi un commencement d’altération sous l'influence des sucs digestifs. Le 31 mai et le 1" juin, repos. Le 2 juin, purgation à l’eau-de-vie al- lemande. Le 3 juin, même traitement que le 30 mai; les Uncinaires expul- sées sont très peu nombreuses. Le malade sort de l'hôpital le 7 juin, plusieurs examens de selles étant restés négatifs. OBSERVATION III Jean Navarko, âgé de 15 ans, jardinier, né à Mostaganem, est le frère du malade précédent. Son observation est identique. Comme son frère, il fut atteint de fièvres palustres à type tierce, au mois de juillet 1904; de temps en temps, encore quelques accès. IT présente les symptômes évidents d'une anémie extrême : souffle systolique à la base du cœur. Rate dépas- sant légèrement le rebord des fausses-côtes. Pas de lésions organiques, ni constipation, ni diarrhée, appétit médiocre. L'examen du sang donne les indications ci-après : (GIODULES MOULES PE SO UIDU0 CNODUIES DIANCS RC PC I 7.750 HÉMOSÏODINC ER ERP ER AE RER DA L'examen du sang après coloration indique une forte proportion d’éosi- nophiles. OEufs nombreux d'Uncinaires dans les selles. Le traitement de Malvoz est commencé le 5 juin et terminé le 11. Le sujet sort le 15 juin; on ne retrouve plus d'œufs dans les selles. Les trois cas d'uncinariose que nous venons de relater sont bien d'origine autochtone, puisqu'ils ont été observés sur des Algériens rothytéer Co TT ” yat ri és A » AE TROIS CAS D'UNCINARIOSE EN ALGÉRIE 81 de naissance, n'ayant jamais quitté leur pays, par conséquent ayant certainement contracté sur place le germe de la maladie. Il est évidemment impossible d'indiquer avec précision quelle fut la voie de pénétration du parasite; cependant la profession des sujets offre peut-être à ce point de vue quelqueséclaircissements. Nos malades étaient des jardiniers occupés à la culture maraîichère, dont l'arro- sage était exclusivement exécuté au moyen de canaux d'irrigation ; d’après les renseignements qui nous furent donnés, nos malades travaillaient généralement nu-pieds; or, on sait actuellement que, d'une part, la transmission de l’'Uncinaire peut se faire aisément par l’'épiderme et que, d'autre part, le sol humide, et plus parti- culièrement la boue, représente le milieu le plus favorable pour la conservation du parasite. Dans ces conditions, on ne peut s'’em- pêcher d'établir un rapport étroit entre la contamination des su- jets et leur profession, et de penser qu'ils ont peut-être contracté leur maladie en marchant nu-pieds dans la vase contaminée des canaux d'irrigation. Quoi qu'il en soit, ces observations témoignent de l'existence de l'uncinariose en Algérie. Cette constatation paraît avoir une réelle importance. En effet, d'après les recherches bibliographiques que nous avons pu faire, dans le classique Traité de Zoologie médicale du Professeur R. Blanchard, dans la récente monographie des Drs Calmette et Breton (1), dans la collection complète des Archives de médecine et de pharmacie militaires, dans les Archives de Parasito- logie, etc., il semblerait que l’uncinariose n'existe pas en Algérie. En réalité, notre colonie ne posséderait point cet heureux privilège et, à notre avis, il y aurait d'autant plus lieu de tenir compte de l'avertissement, que l'Algérie n'est peut-être pas un terrain défa- vorable à l'extension de la maladie. En effet, ce que nous connaissons actuellement de la biologie de l'Uncinaire et de sa répartition à la surface du globe n'est cer- tainement pas fait pour nous rassurer, et il nous semble bien que, si l'Algérie n’est pas une contrée d'absolue prédilection pour le parasite, celui-ci ne doive pas y trouver d'obstacles très réels à son développement. (1) A. Cazmerre et M. BrReron, L'ankylostomiase, maladie sociale {anémie des mineurs); biologie, clinique, traitement, prophylaxie. Paris, in-8° de vrrr-246 p., 1905. Archives de Parasilologie, X, n° 1, 1905 6 82 FERRIER Si nous consultons les travaux publiés pendant ces dernières années sur l’uncinariose, nous voyons que les conditions prinei- pales de la conservation et du développement des œufs et des larves du parasite dans le milieu extérieur sont : d'abord une tempéra- rature suffisante, puis l'humidité. « La température la plus favora- ble à l'éclosion des œuîs est de 25° à 280. À 400, Boycott a vu naître quelques larves, mais leur vitalité reste très faible. Au-dessous de 12, l'évolution n'a plus lieu; elle peut s'effectuer, quoique lente- ment, à partir de 15°{1). » La température moyenne du littoral algé- rien est de 16010 pour Oran, 20063 pour Alger, 21074 pour Bône (2); elle réalise donc des conditions avantageuses pour la conservation de l'Uncinaire et, lorsqu'elle s’en écarte, ce n’est que pendant une durée insuffisante pour atteindre le parasite dans son développe- ment. Pourvu qu'elles soient à l'abri dela lumière, les larves résis- tent jusqu'à 300 jours, d’après Looss; on conçoit donc qu'elles puissent ainsi traverser sans encombre la période très courte de l'hiver algérien. Le sol humide, fortement imprégné d'eau, semble être le milieu le plus favorable à l'Uncinaire, qui, par contre, à l'état d'œuf ou à l’état larvaire, succombe rapidement lorsqu'elle est soumise à la dessiccation. À priori, le sol algérien, réputé très sec, ne saurait donc pas lui convenir; cependant, pour soutenir cette opinion, il faudrait tenir peu de compte des modifications importantes que la culture peut apporter dans le sol à ce point de vue. Les colons algériens usent, en effet, le plus possible du système des irrigations; c'est exclusivement au moyen de celles-ci qu'ils pratiquent la culture maraichère, qu'ils entretiennent leurs oran- geraies et même, toutes les fois que la configuration du sol et les ressources en eau le permettent, ils emploient cet excellent moyen de fertilisation pour les terres ensemencées en céréales. Or, les irrigations, partout où elles existent, entretiennent forcément dans le sol l'humidité favorable à la conservation de l'Uncinaire. Le milieu algérien, climat et sol, paraît donc apte à recevoir et à conserver le parasite; et, ce qui peut augmenter les craintes à ce sujet, c'est l'extrême fréquence de la maladie en Egypte. Au Caire, Bilharz et Griesinger, étudiant la maladie connue sous le (1) Cazuerre et Breton, Loco cilalo. (2) Rocuarp, Climat. Dictionnaire de méd. et de chir. pratiques. ee” TROIS CAS D'UNCINARIOSE EN ALGÉRIE 83 nom de chlorose d'Egypte, la rattachèrent à l'Uncinaire; en recher- chant systématiquement le parasite au cours des autopsies, ils le trouvèrent chez le quart des sujets. Enfin, d'après les relevés établis par Patrick Manson et Oswald Baker, l'anémie uncinarienne serait un motif extrêmement fréquent d'exemption dans les conseils de revision égyptiens. Les conditions climatériques de l'Egypte, dont la température moyenne est de 22° (Rochard), ne sont pas tellement différentes de celles de l'Algérie que l’on puisse admettre que l'Uncinaire, fréquente dans l’un de ces pays, puisse difficilement vivre dans l’autre. Il est donc assez probable que le milieu algérien se trouve, à l'égard de l’uncinariose, dans un état suffisant de réceptivité. Par conséquent, à notre avis, il y a lieu de ne pas envi- sager avec indifférence sa contamination et de suivre avec une certaine attention l’évolution des foyers qui peuvent se produire. Pour arriver à ce résultat, il est utile d’être prévenu. La chose est d'autant plus indispensable que, dans un pays comme l'Algérie, où le paludisme sévit parfois avec une réelle intensité, on se trouve naturellement tenté de rapporter exclusivement à cette cause la plupart des anémies que l’on constate. La publication des cas que nous avons observés a pour but principal d'éveiller l’atten- tion sur ce point et de faire songer qu'en Algérie les anémies graves ne sont peut-être pas toutes d'origine palustre. SUBSTANCES TOXIQUES PRODUITES PAR LES PARASITES ANIMAUX © PAR le Professeur R. BLANCHARD Par leur découverte de la toxine diphtérique (1888-1890), Roux et Yersin ont fait faire à la Bactériologie et, d’un facon plus géné- rale, à la pathogénie des maladies infectieuses un progrès consi- dérable. De cette manière a été acquise une notion nouvelle, dont la portée pratique et philosophique est inappréciable, à savoir que les phénomènes complexes, jusqu'alors très confus, qui constituent le cortège symptomatique d’une infection, reconnaissent au moirs deux origines distinctes : les uns, locaux ou se faisant sentir à fai- ble distance, sont dus à l'action directe de l'agent infectieux et à la défense de l'organisme envers celui-ci; les autres, généralisés ou lointains, résultent de l’action de certaines substances excrétées par les microbes. Ces substances, encore mal définies chimiquement, sont communément appelées toxines, dénomination qui a le double mérite dénoncer qu’elles sont douées de propriétés délétères et de ne préjuger en rien de leur constitution. Elles sont déversées par les microbes au sein même des tissus ou à la surface même des membranes où pullulent ces parasites : absorbées par la circula- tion, elles se disséminent dans tout l'organisme et, suivant leurs affinités particulières, exercent leur nuisance sur tel ou tel organe, exactement comme le ferait un poison minéral ou organique, in- jecté dans les veines ou sous la peau. Cette notion, aujourd'hui classique, a éclairé d'une vive lumière les coins les plus obscurs de la pathogénie. Par une exagération com- mune, on a estimé que la production des toxines était caractéristi- que des bactérioses, c'est-à-dire des maladies infectieuses propre- ment dites, et on a pensé qu'elle n'existait ni dans les mycoses ni dans les zooses ou maladies produites par des parasites animaux. (1) Rapport présenté à la troisième section (Pathologie) du 8° Congrès interna: tional de Médecine vétérinaire, réuni à Budapest du 3 au 9 septembre 1905. SUBSTANCES TOXIQUES 89 Mais il y à de sérieuses raisons de penser, encore que la démons- tration n'en soit pas péremptoire, que les mycoses elles-mêmes peuvent s'accompagner de la formation de toxines plus ou moins actives. Pour ma part, j'ai fait connaître un Blastomycète capable de végéter dans le péritoine de l'Homme, tout en causant une émaciation progressive de celui-ci; inoculé expérimentalement à divers animaux, il provoque chez ces derniers une mycose viscé- rale généralisée et les fait également maigrir d'une façon très mar- quée. Voilà, semble-t-il, le résultat d'une intoxication progres- sive de l'organisme; le fait était particulièrement frappant chez le malade, puisque le Champignon vivait dans sa cavité péritonéale comme un véritable saprophyte. Divers auteurs, entre autres Savouré, se sont également préoccupés de la production de toxines par divers Champignons pathogènes; leurs résultats ne sont pas concordants, mais le fait même de l'élaboration des toxines ne peut plus guère être révoqué en doute. Des substances toxiques peuvent-elles de même être produites par les parasites animaux”? À ne s'en tenir qu'à des considérations de physiologie générale, la réponse doit être affirmative. Les toxi- nes microbiennes ou mycosiques ne sont, en somme, que des produits d’exerétion ou de désassimilation rejetés par les organis- mes parasitaires; or, on sait que les excreta des animaux supé- rieurs sont chargés de substances vénéneuses. Ce phénomène bio- logique est général; les animaux inférieurs, à quelque groupe qu'ils appartiennent, ne peuvent donc manquer d'y obéir; ils ne diffèrent entre eux que par l'abondance relative des substances nui- sibles élaborées et par la nature chimique, c'est-à-dire par le pouvoir toxique de ces dernières. Or, dans le cas des parasites internes, ces substances sont déversées dans l'organisme de l'hôte; elles doivent done avoir sur celui-ci une action nocive plus ou moins manifeste. Telle est la conclusion à laquelle nous conduisent les considéra- tions théoriques. Il nous reste à établir jusqu à quel point elle est corroborée par les faits actuellement connus. Nous suivrons, pour cette démonstration, l'ordre zoologique. HÉMOSPORIDIES On a émis diverses théories pour expliquer la genèse des accès fébriles au cours du paludisme; aucune d'elles n'est acceptable. S6 R. BLANCHARD Je crois avoir donné la seule explication rationnelle, en attribuant ce phénomène à la production de toxines par les Hématozoaires (Plasmodium vivax de la fièvre tierce, PL. malariae de la quarte, PI. falciparum de la pernicieuse). « La fièvre, ai-je dit (1), est le résultat d'une intoxication et non d’une réaction spontanée de l'organisme. Les schizontes, dont l'évo- lution est si rapide et qui détruisent un si grand nombre de globules rouges, sont le siège d'échanges nutritifs très intenses : comme tout être vivant, ils éliminent des déchets chargés de sub- stances toxiques. Tant que les schizontes sont confinés dans les hématies, les toxines s'accumulent à l'intérieur de ces dernières; donc aucune répercussion possible sur l'organisme. Mais voici les mérozoïtes en liberté : les toxines sont alors déversées dans le sang et les phénomènes d'intoxication s'ensuivent. L'accès fébrile prend donc naissance : il est d'autant plus violent que les toxines sont déversées dans le plasma en plus grande abondance, autrement dit que les hématies parasitées sont elles-mêmes en plus grand nombre; il dure tant que les substances toxiques n'ont pas été éli- minées par la sueur et l'urine. La toxicité urinaire augmente, en effet, à la suite des accès de fièvre, ainsi que Brousse, puis Roque et Lemoine l'ont reconnu dès 1890. «Cette théorie de l'accès fébrile est la seule conception qui puisse mettre d'accord les données actuelles de la science avec les faits cliniques et expérimentaux; elle explique d’une façon très satisfaisante la périodicité des accès. Depuis sept années, nous l'enseignons dans nos cours publics et il nous est arrivé aussi de l'exposer par écrit (2). Elle a été reprise plus récemment par J. Regnault (3). » En outre de la toxine pyrétogène, dont l'existence ne saurait être contestée, Regnault admet aussi une toxine hémolytique. Cette hypothèse est très acceptable; toutefois, la diminution du nombre des hématies s'explique suffisamment par l'action destructive des (1) R. Bzancuar», Les Moustiques, histoire naturelle et médicale. Paris, FE. R. de Rudeval, grand in-8° de xu1-673 p., 1905; cf. p. 459. (2) R. BLancanp, Climat, hygiene et maladies, in Madagascar au début du XA° siècle. Paris, F. R. de Rudeval, 1902; cf. p. 419. — Les Moustiques propaga- teurs de maladies. La Nature, I, p. 163, 15 août 1903. (3) J. ReGnauzr, Toxines pyrétogènes dans le paludisme. Revue de Médecine, XXII, p. 728, septembre 1905. SUBSTANCES TOXIQUES 571 schizontes, qui ne sauraient mettre leurs mérozoïtes en liberté sans l'éclatement des hématies; les débris de celles-ci sont alors saisis, puis digérés par les phagocytes. SARCOSPORIDIES L'æsophage du Mouton est très fréquemment parsemé, à sa face externe, de nodules blanchâtres pouvant atteindre la dimension d'un haricot ; ils sont constitués par une Sarcosporidie (Balbiania gigantea Raïlliet). Pfeiffer (1) a reconnu que l'extrait aqueux ou glycériné de cette formation parasitaire, inoculé au Lapin, produit à faible dose des accidents fébriles et à dose plus forte le collapsus et la mort. Laveran et Mesnil (2) ont repris cette étude, tant avec l'extrait aqueux ou glycériné qu'avec une poudre obtenue par la dessiccation du kyste parasitaire; ils appellent sarcocystine la toxine inconnue que Pfeiffer avait mise en évidence. Le Lapin est d'une extrême sensibilité à l'égard de ce poison; il est tué par une dose d'un demi-milligramme (9 gr. 0005) de Sarco- sporidie fraîche ou d'un dixième de milligramme (0 gr. 0001) de poudre sèche par kilogramme d'animal, ce qui représente une dose infime de toxine. Les autres animaux sont beaucoup moins sensibles : le Cobaye résiste 200 fois plus que le Lapin; le Rat et la Souris résistent davantage encore. L'extrait aqueux, chauffé pendant cinq minutes à 1000 ou pendant vingt minutes à 85, perd toute son activité; une température de 55 à 57°, agissant pendant deux heures, atténue notablement sa virulence. Par ses propriétés générales, la sarcocystine se rapproche donc de certaines toxines microbiennes et des venins. Il est particuliè- rement intéressant de la rapprocher de la toxine des Hémosporidies, dont elle partage l'action pyrétogène; son pouvoir hémolytique mériterait d'être contrôlé. CESTODES La question de la toxicité des Cestodes se présente sous divers aspects, suivant que l’on envisage l'état larvaire ou l'état adulte de ces helminthes. (4) L. Prerrrer, Die Protozoen als Krankheitserreger. Tena, G. Fischer, 2. Auf- lage, 1891; cf. p. 123-127. (2) A. Laveran et F. Meswir, De la sarcocystine, toxine des Sarcosporidies. C. R. de la Soc. de Biologie, p. 311, 1899. SS R. BLANCHARD Cestodes à l’état larvaire. — Le liquide des Hydatides (Echino- coccus polymorphus) contient une leucomaïne, ainsi que l'ont établi Mourson et Schlagdenhauften. Dans les conditions normales, la cuticule stratifiée s'oppose à ce que ces toxines filtrent à travers son épaisseur et se répandent dans le sang en suffisante quantité pour causer des accidents. Mais que, pour une raison quelconque, la poche parasitaire vienne à se rompre, les toxines sont absorbées par les lÿmphatiques et les capillaires et passent dans la circulation générale. En 1886, j'ai trouvé dans ces données l'explication des accidents consécutils à la rupture, traumatique ou chirurgicale, des kystes hydatiques, accidents jusqu'alors incompris et au premier rang desquels figure l’urticaire (1). Mon opinion à ce sujet a été confir- mée ultérieurement par divers observateurs, notamment par De- bove (2), Achard et Roy. Il est donc établi que les Hydatides élaborent des substances toxiques; il en est sans doute de même pour les Cysticerques. Dans l’un et l'autre cas, il semble bien que ces substances s'accumulent dans le liquide de la vésicule et soient, dans les conditions nor- males, sans action sur l'organisme parasité. Les autres Cystiques des Téniadés se comportent d'une façon identique et le fait de la toxicité du liquide vésiculaire acquiert ainsi la signification d’un phénomène général. Mourson et Schlagdenhauffen (1882) ont également trouvé chez le Cysticercus tenuicollis, larve du Tænia marginata, une leucomaïne qui provoque des phénomènes d'intoxication très semblables aux précédents : urticaire, péritonite, entérite, anémie; injecté dans les séreuses d'un Lapin, le liquide vésiculaire cause l’anémie et la mort. On comprend maintenant pourquoi un Chien, auquel Leuckart avait fait ingérer une vésicule de Cœnurus cerebralis, a pu succomber en moins de vingt heures à une grave inflammation de l'estomac et de l'intestin. De même, ces observations physiolo- giques donnent la clef d'une pratique usitée par les Kirghises, qui, (1) R. Bcaxcaro, Trailé de Zoologie médicale. Paris, 2 vol. in-8°, 1885-1888 : cf. I, p. 423 (fascicule 2, paru le 10 juillet 1886). (2) M. Deeove, Pathologie de l’urticaire hydatique. C. R. Acad. des sc., CV, p. 1285, 1887. — De l’intoxication hydatique. Bull. et mém. de la Soc. méd. des hôpitaux de Paris (3), V, p. 113-118, 1888. - SUBSTANCES TOXIQUES 59 au dire de O. von Linstow, empoisonnent les Loups et les Moutons avec le liquide vésiculaire du Cœnurus serialis. Les sues qui imbibent le corps même du Cysticereus pisiformis et de l'Echinococcus polymorphus, extraits par compression, sont capables de tuer la Grenouille en paralysie. Vaullegeard (1) y a reconnu l'existence de deux substances : l’une est un alcaloïde soluble dans l'alcool, l’autre est une sorte de toxine-ferment insoluble dans l'alcool. La plupart des accidents causés par les Vers cystiques sont locaux et de nature mécanique; mais parfois éclatent des accidents généraux, tels que l’anémie, et Vaullegeard est enclin à y voir une action chimique, tenant à ce que la toxine- ferment diffuse à travers les membranes et agit sur le sang et sur le système nerveux. Cestodes adultes. — Les helminthes intestinaux sont munis d'un appareil excréteur bien développé; ils déversent dans l'in- testin leurs produits de désassimilation. Ceux-ci sont apparem- ment expulsés en proportion notable avec les matières fécales, mais une quantité plus ou moins grande peut aussi être absorbée par la muqueuse intestinale, soit d’une façon régulière et perma- nente, soit avec des recrudescences passagères, tenant ou bien à une moindre résistance de l’organisme, ou bien à une plus grande activité vitale de l’helminthe. Ces toxines excrétées par les Cestodes, quelle est leur action? D'après certaines observations cliniques et des expériences encore peu nombreuses et d’ailleurs contradictoires, on a attribué aux Cestodes une action bactéricide et une action toxique; examinons ces deux points. Action bactéricide. — C'est à G. André, actuellement professeur à la Faculté de Médecine de Toulouse, que revient le mérite d'avoir, le premier, attiré l'attention sur l’action bienfaisante des Cestodes et spécialement du Tænia saginata au cours de la tuber- culose pulmonaire : en 1878, il rapporte 17 observations où le Ténia a favorablement influencé, à des degrés divers, l’évolution de la phtisie (2). (1) A. VAULLEGEARD, Étude expérimentale et critique sur l’action des Helmin- thes. — I. Cestodes et Nématodes. Bulletin de la Soc. linnéenne de Normandie, (5), IV, p. 84-142, 1901. (2) G. Anpré, Contribution à l'étude de la contre-fluxion dans la phtisie pulmo- naire. De l’utililé du Ténia dans cette maladie. Paris, Masson, in-8° de 34 p., 1878. 90 R. BLANCHARD Près de vingt ans plus tard, Grancher (1) signale des faits ana logues; il rapporte trois observations de tuberculeux « auxquels le Ténia semble avoir été beaucoup plus utile que nuisible ». La question entre dans la voie expérimentale avec Picou et Ramond, qui signalent l’action bactéricide de l'extrait de Tænia saginata à l'égard de divers microbes intestinaux saprophytes ou pathogènes, en particulier du Bacille de la tuberculose (2). Cette action bactéricide est confirmée par Jammes et Mandoul : elle constitue une propriété commune à tous les Ténias et résulte d'une sécrétion spéciale; cette substance, injectée au Cobaye, exerce sur la marche de la tuberculose expérimentale une action retardatrice très marquée (3). Le pouvoir bactéricide des Cestodes est donc bien établi. Il s'ex- plique par divers travaux de physiologie : Weinland (4), puis Dastre et Stassano (5) ont montré, en effet, que les Vers intesti- naux se défendent contre l’action digestive en secrétant une anti- kinase, comme le fait la paroi intestinale elle-même; d'autre part, Delezenne et Nicolle (6) ont établi que la paroi intestinale se défend contre les microbes par les propriétés bactéricides du mélange de suc pancréatique et de suc intestinal; Jammes et Mandoul (7) ont confirmé l'ensemble de ces faits. Action toxique. — Divers médecins finlandais et russes ont constaté l'existence d'une forme particulière d'anémie pernicieuse chez des individus porteurs du Bothriocéphale large (Dibothrioce- phalus latus) et la rapide guérison de cette anémie par une cure x anthelminthique. Signalés d'abord par Hoffmann à Dorpat et (1) GRancHER, Bulletin médical, 1897. (2) R. Prcou et F. Ramoxp, Action bactéricide de l'extrait de Ténia inerme. C. R. de la Soc. de Biologie, p. 176, 1899. (3) L. James et H. Manpouz, Sur quelques propriétés des sucs helminthiques. Bulletin de la Sac. d'hist. nat. de Toulouse, 6 juillet 1904. — Sur les propriétés bactéricides des sucs helminthiques. C. R. de l’Acad. des sc., 5 juillet 1904. (4) E. WeIxLanp, Ueber Antifermente. Zeilschraft für Biologie, XLIV, p. 1-16, 1902. — Zur Frage weshalb die Wand von Magen und Darm während des Lebens durch die proteolytischen Fermente nicht angegriften wird./bidem, p.45-60, 1902. (5) Dasrre et Srassaxo, Existence d’une antikinase chez les parasites intestinaux. C. P. Soc. de Biologie, LIV, p. 130, 1902. — Antikinase des macérations d’AsCaris et de Tænia. Ibidem, LV, p. 254, 1903. (6) DELEzENNE et Nicozze, cités par MercaniKkorr, Les microbes intestinaux. Bulletin de l’Institut Pasteur, 1, p. 227-228, 1903. (7) L. James et H. Manpoux, Sur la biologie des Cestodes. C. R. Acad. des Sciences, CXL, p. 271-273, 1905. SUBSTANCES TOXIQUES 91 Botkine à Saint-Pétersbourg, puis par Runeberg à Ielsinglors (1) et par Reyher à Dorpat (2), ces faits ont pris une importance considérable à la suite des observations de Schauman à la clinique médicale d'Helsingfors (3). Dans sa magistrale monographie, le médecin finlandais décrit les phénomènes cliniques et la symptomatologie de l’anémie bothriocéphalique; nous ne pouvons entrer ici dans le moindre détail à cet égard. Il se livre en outre à une étude comparative du sang chez trente-huit malades. Les altérations de ce liquide sont les mêmes que celles observées par Ehrlich et d’autres dans la vraie anémie pernicieuse : diminution de la densité, chute consi- dérable du nombre des hématies, dont le diamètre est devenu variable et qui perdent plus ou moins la faculté de se disposer en piles. En somme, l'anémie bothriocéphalique et l'anémie perni- cieuse de Biermer ne sont qu'une seule et même maladie. Divers faits plaident en faveur de cette doctrine. Par exemple, Askanazy a observé une femme atteinte d'une anémie grave, qui revint à la santé après expulsion de soixante-sept Bothriocé- phales (4). Et pourtant, Biermer lui-même, Quincke, Immermann, Litten, Neubecker (5) et d’autres, contestent cette assimilation : ils ont observé l'anémie pernicieuse en certains pays d'Allemagne ou le Bothriocéphale est inconnu; l'helminthe ne peut donc jouer aucun rôle dans l’étiologie de l'affection. D'ailleurs, les porteurs de Bothriocéphales se chiffrent par milliers, alors que l’anémie pernicieuse se montre rarement; on peut rencontrer un plus ou moins grand nombre d'exemplaires de l’helminthe incriminé, (1) J. W. RuneserG, Ueber Bothriocephalus latus und perniciôse Anämie. Tageblatt der 59. Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte, p. 147, 1886; Deutsche med. Woch., p. 702, 1886; Wiener med. Woch., p. 1377, 1886; Munchner med. Woch., p. 710, 1886; Allgemeine med. Central-Zeitung, p. 1424, 1886. — Bothriocephalus latus und perniciôse Anämie. Deutsches Archiv für klin. Med., XLI, p. 304, 1887. (2) G. Revner, Entozoa and pernicious anæmia. Lancet, 1, p. 234, 1887. (3) O0. Scauman, Zur Kenntniss der sogenannten Bothriocephalus-Andinie. Berlin, 1894. (4) Askanazy, Bothriocephalus-Anämie und die prognostische Bedeutung der Megaloblasten im anämischen Blute. Zeitschrift für klin. Med., XXII, p. 492, 1894. (5) O0. NeuBEecker, Bothriocephalusanämie ohne Bothriocephalen. Kônigsberg, Inaug. Diss., 1898. 92 R. BLANCHARD chez des individus qui continuent à jouir d’une santé parfaite. Dans le Holstein, où le Bothriocéphale n'est pas rare, Heller n’a jamais observé un seul cas d'anémie; il cite le cas d'une femme atteinte d'une affection mentale, mais non d'anémie, qui portait dans son intestin jusqu'à soixante-dix-huit Bothriocéphales. Pour concilier ces deux thèses contradictoires, Shapiro admet que, dans certaines conditions, le Bothriocéphale sécrète une toxine qui pénètre dans la circulation et y provoque l’hémolyse. Vlaiev a voulu mettre en évidence cette toxine supposée, mais divers extraits du Ver, injectés au Lapin et au Pigeon, sont demeurés sans effet. Schauman et Tallquist, reprenant ces expériences, ont obtenu un tout autre résultat (1); ils ont provoqué une anémie grave chez le Chien, mais non chez le Lapin. Rosenqyist confirme enfin la production d’une toxine par le Bothriocéphale (2) : cette substance, dont la nature chimique est inconnue, dissout en masse les hématies, décompose les albumi- noïdes et produit la dégénérescence graisseuse de divers organes. Il n'en reste pas moins à expliquer pourquoi le Ver est inofïen- sif dans un grand nombre de cas et se montre pathogène dans un petit nombre d'autres. Avec Shapiro, Viltshur et Ehrlich, on peut admettre que c'est seulement l'helminthe malade ou mort qui produit en quelque abondance la toxine anémiante. Chez douze malades qui furent guéris par l'expulsion du parasite, Viltshur a constaté que ce dernier était mort, en état de décomposition ou simplement malade, ce qui se reconnait à l'altération des œufs. Courmont et André ont fait la même observation. Commune et grave en Finlande, fréquente aussi dans certaines parties de la Russie, l’anémie bothriocéphalique passe inaperçue dans la Suisse française, où pourtant le parasite est très commun. Mais ce serait une erreur de croire à son absence : depuis que Fédorov a attiré l'attention des médecins français (3) sur cette (4) O. Scuaumax und T. W. Taccovisr, Ueber die blutkôrperchenauflôsenden Eigenschaften des breiten Brandwurms. Deutsche med. Woch., p. 312, 1898. (2) E. Rosenovisr, Ueber den Eiweisszerfall bei der perniciôsen, speciell der durch Bothriocephalus lalus hervorgerufenen Anämie. Berliner klin. Woch., 1901.— Ucber den Eiweissstoffwechsel bei der perniciôsen Anâmie, mit spezieller Berücksichtigung der Bothriocephalus-Anämie. Zeitschrift für klin. Med., XLIX, p. 193-320, 1903. (3) N. Féporov, L’anémie bothriocéphalique. Archives de Parasilologie, VI, p. 207-244, 1902. SUBSTANCES TOXIQUES 93 forme clinique, Bard en a observé deux cas à Genève (1), puis Courmont et André en ont étudié à Lyon un cas très intéres- sant (2). Elle a été constatée aussi en Suède, en Roumanie par Babès (3) et aux Etats-Unis par Meyer et Thomson (4). Cette action toxique n’est pas spéciale aux Bothriocéphalidés, mais se constate aussi chez les Téniadés; il est du moins tout un ensemble de faits qui peuvent s'expliquer de la sorte. Mingazzini chez Dipylidium caninum et chez Moniezia expansa (5), Calamida chez D. caninum et chez Tænia cœnurus (6), Messineo chez T. solium et T. saginata (1), observent que la surface du corps excrète une substance active qui, injectée aux animaux sous forme d'extrait alcoolique, glycériné ou aqueux, produit des accidents marqués. L'extrait de Tænia cœnurus, par exemple, provoque une intoxi- cation aiguë, qui amène rapidement la mort. Injecté à faible dose sous la peau ou dans le péritoine du Chien, du Lapin ou du Cobaye, il amène une chute brusque de la température, puis de la parésie du train postérieur, des convulsions toniques et de la contracture. En moins de huit heures se manifeste une leucocytose intense, avec abondance d'éosinophiles; en même temps, les globules rouges (4) L. BAR», L’anémie bothriocéphalique. Semaine méd., p. 241, 1902. (2) J. CourMonr, Anémie pernicieuse à Bothriocéphale. Semaine méd., p. 6, 1903. — J. CourMont et ANDRÉ, Sur un cas d’anémie pernicieuse à Bothriocéphale. Journal de physiol. et de pathol. générales, NV, p. 353, 1908. (3) V. BARBES, Sur le Bothriocéphale et l’anémie bothriocéphalique en Rou- manie. Bulletin de l’Acad. de méd. (3), XXXIV, p. 214, 1895. — A vrai dire, l'observation rapportée par Babès est un peu sommaire et ne démontre pas indubitablement qu'il se soit agi d’anémie bothriocéphalique. (4) A. MEYER, Two cases of pernicious anæmia due to Dibothriocephalus latus. Medical News, LXXXVI, p. 633, 1905. — W. G. THomsow, À case of Dibolhrio- cephalus latus infection, causing pernicious anæmia; with complete recovery. Ibidem, p. 635. (5) P. MixGazzinr, Trattato di zoologia medica. Roma, in-8, 1898; cf. p. 310. — Ricerche sul veleno degli Elminti intestinali. Rassegna internaz. della med. modern«, Il, n° 6, 1901. — Sull’esistenza di una secrezione emessa dalla super- ficie del corpo dei Cestodi adulti. Rendiconti della R. Accad. dei Lincei (5), X, p. 307-314, 1901. (6) D. CazamipA, Ulteriori ricerche sul veleno delle Tenie; memoria preventiva. Riforma med., IT, p. 364, 1901. — Weitere Untersuchungen über das Gift der Tânien. Centralblatt fur Bakteriol., XXX, p. 374, 1901. (7) G. MEessiNeo, Sul veleno contenuto in alcune Tenie dell Uomo, Ricerche sperimentali. Rassegna internaz. della med. moderna, I, 1900. Atti dell’Accad. Gioenia di sc. nat. in Catania (4), XIV, 1901. — G. Messineo e D. CaLamipa, Sul veleno delle Tenie. Ricerche sperimentali. Riforma mmed., NI, p. 171-173, 1901. Bollettino della R. Accad. di med. di Torino, VII, 1901. — Ueber das Gift der Tanien. Centralblalt fur Bakteriol., XXX, p. 346, 1901. 9% R. BLANCHARD ‘commencent à se dissoudre. En moins de deux jours, les cellules hépatiques ont subi presque entièrement la dégénérescence grais- seuse. D'autre part, Dirksen a cité récemment (1903) le cas d'un individu atteint d'anémie grave, qui fut guéri très rapidement après l'éva- cuation de douze Tænia solium. Vaullegeard s'est également préoccupé de la question. L'extrait aqueux de Moniezia Neumanni, du Mouton, injecté dans le péritoine du Cobaye, produit de l'agitation, puis de l'abattement et des frissons, mais l'animal se rétablit. L’extrait de Tænia serrata dans le sérum de Hayem cause des troubles marqués et même la mort chez la Grenouille, mais la macération de 70 grammes de ce même Ténia ne provoque chez le Chien que quelques frissons et de la dilatation pupillaire, qui durent peu de temps. Les phénomènes sont plus accentués avec un Bothriocéphalidé du Turbot (Bothriocephalus punctatus Rud.). L'extrait aqueux est filtré, puis injecté à la Grenouille : il la tue en paralysie, par arrèt respiratoire et avec affaiblissement des battements du cœur. Cet extrait est légèrement opalescent ; l'alcool en précipite, en même temps que des albuminoïdes inertes, une sorte de ferment soluble, doué d’une toxicité énergique. Il reste en dissolution dans la macération une substance alcaloïdique qui, après filtration et éva- poration dans le vide, s'obtient sous l'aspect d'un résidu jaunâtre, très soluble dans l’eau. La toxine, en solution aqueuse, n’est pas notablement modifiée par l’ébullition ; en injection hypodermique, elle tue la Grenouille ; elle agitsur les centres nerveux et provoque d'abord une excitation intense, puis une phase d'activité, une respiration saccadée et intermittente, enfin la paralysie et l'arrêt de la respiration. L'alca- loïde à plutôt une action curarisante; la Grenouille y est très sen- sible, mais le Rat se montre très résistant. D'après Vaullegeard, ces deux substances à fonction chimi- que et physiologique si différente se retrouvent en quantité plus ou moins grande chez tous les Cestodes, aussi bien à l'état larvaire qu'à l’état adulte. Il estime que certains symptômes observés chez les animaux parasites sont dus à l’action de ces substances. En regard de ces faits, nous devons rappeler maintenant l'opi- % SUBSTANCES TOXIQUES 95 nion ou les observations de Cao (1), de Lynch (2) et de quelques autres, qui n'admettent pas l’action toxique des Cestodes. Jammes et Mandoul (3) font observer que les parasites de ce groupe sont fréquents chez les animaux domestiques, sans que ceux-ci présentent la moindre altération de leur santé. II en est de même dans l'espèce humaine : en compulsant les registres du dis- pensaire de Toulouse depuis décembre 1890, nos deux auteurs arrivent à conclure que les troubles observés chez les enfants et pouvant être imputés aux helminthes sont très rares et ne dépas- sent pas 2 pour 100 des cas de parasitisme constaté. L'action toxi- que des helminthes leur semble donc difficile à admettre. Pour trancher la question, ils entreprennent diverses expérien- ces. Ils obtiennent par trituration le suc des Tænia saginata et ser- rata, ainsi que du Moniezia expansa, en variant les méthodes d'extraction. Ce suc est injecté sous la peau, dans le péritoine, les veines, le rachis ou le crâne de divers animaux (Chien, Cobaye, Lapin, Pigeon), mais sans jamais produire aucun phénomène d'in- toxication. Nos deux expérimentateurs admettent donc que les troubles observés chez des individus porteurs de Vers intestinaux ne peuvent être dus qu'à des actions mécaniques, aux variations de la sensibilité des hôtes et au nombre des parasites; ils ne sauraient être rapportés à des propriétés toxiques habituelles des helminthes. Par une méthode différente, Isaac et von den Velden relèvent la doctrine de la toxicité des Cestodes (4) : ils voient se former une précipitine dans le sérum d'individus traités par un extrait de Bothriocéphale large. Cette observation est bientôt confirmée par Fleckseder et Stejskal, mais presque aussitôt Le Dantec (5) vient affirmer que le sang de l'individu parasité par le Tænia saginata ne (1) G. Cao, La pretesa tossicilà dei succhi degli elminti intestinali. Riforma med., III, p. 795, 1901 ; IV, p. 593, 1901. (2) R. Lyncu, Vers intestinaux in Grancaer et ComBy, Traité des maladies de l'enfance. Paris, 2 édition, 1904 ; cf. II, p. 404-453. (3) L. Jammes et H. Manpouz, Sur l’action toxique des Vers intestinaux. C. R. de V'Acad. des sciences, CXXXVIIT, p. 1734, 1904. — A propos de l’action toxique des Vers intestinaux. Bulletin de la Soc. d’hist. nat. de Toulouse, 1904. (4) S. Isaac und von DEN VELDEN, Eine spezifische Pràäzipitinreaktion bei Bo- thriocephalus latus beherbergenden Menschen. Deutsche med. Woch., XXX, p. 982, 1904. (5) A. Le Danrec, Recherches expérimentales démontrant la non-toxicité du Ténia inerme. C. R. de la Soc. de Biologie, I, p. 151, 1905. 96 R. BLANCHARD contient aucune précipitine spécifique et ne possède aucun pouvoir spécial vis-à-vis du parasite : d'après nos conceptions actuelles de l'immunité, cela revient à dire que le parasite lui-même est sans action sur le sang. Tel est l'état de la science, en cette question de la toxicité des Cestodes. Deux écoles sont donc en présence : l'une admet la toxi- cité de ces parasites, l’autre repousse cette doctrine. Il serait pré- maturé de conclure en faveur de l’une ou de l’autre opinion. Nous dirons simplement que la question des précipitines est encore si ueuve et si peu claire qu'il nous semble hasardeux d'en tirer, en l'espèce, une conclusion ferme. TRÉMATODES Le Mouton, quand il héberge dans ses voies biliaires un très grand nombre de Fasciola hepatica et de Dicrocælium lanceatum, est atteint d'un état anémique plus ou moins grave, que les vétéri- naires connaissent bien sous le nom de cachexie aqueuse. L'Annamite ou le Japonais, dont le foie renferme également un très grand nombre d'Opisthorchis sinensis, est atteint d'un état cachectique tout semblable, souvent mortel, Dans l’un et l’autre cas, le paren- chyme hépatique est le siège de lésions anatomo-pathologiques absolument identiques (1). A ne considérer que l’anémie, on peut soutenir que celle-ci résulte simplement de la perte de sang causée par les parasites ; on sait, en effet, qu'ils se nourrissent non pas de la bile dans laquelle ils sont plongés, mais de sang qu'ils puisent directement, par succion, dans les capillaires des canaux biliaires. On peut admettre aussi, non sans vraisemblance, eu égard au degré de l’anémie, que celle-ci est la conséquence d’une intoxication. Je ne sache pas qu’on ait encore fait des numérations de globules du sang, des dosages d’hémoglobine ou toute autre recherche tendant à établir la cause et la marche de l'anémie. Je dois dire toutefois que, à mon sens, la Bilharzie (Schistosomum hæmatobium), qui vit dans les veines et, par conséquent, est dans les conditions les plus favorables pour agir directement sur les hématies, ne me semble pas exercer d'influence particulièrement néfaste sur ces dernières. (1) R. BLancnarp, Lésions du foie déterminées par la présence des Douves. Archives de Parasitologie, IV, p. 581-589, 1901. SUBSTANCES TOXIQUES 97 NÉMATODES . Les Nématodes sont entourés d’une épaisse cuticule chitinoïde (1), qui les protège efficacement contre les agents chimiques, ainsi que je l'ai montré, voilà plus de vingt-cinq ans (2). En particulier, cette cuticule les rend inaccessibles à la destruction phagocytaire : aussi les Nématodes viscéraux, qui viennent à périr dans l'intimité des organes, subissent-ils la dégénérescence calcaire et persistent- ils indéfiniment, dans leur forme et leur taille, sous l'aspect cré- tacé. Une enveloppe douée d'une telle résistance met également ces helminthes à l'abri de l'action microbienne ; aussi le pouvoir bactéricide fait-il défaut chez eux. En est-il de même pour le pou- voir toxique ? C’est ce que nous devons examiner. On sait depuis longtemps que certains Nématodes produisent une irritation de la peau ou des muqueuses. En 1888, nous résu- mions en ces termes nos connaissances à cet égard (3) : (D’après von Siebold, l'humeur exhalée par la Filaire de Médine serait acide et les Nématodes ne seraient pas tout à fait inoffensifs sous ce rapport. En étudiant Ascaris megalocephala, Miram fut atteint à deux reprises d'accidents morbides : éternuement, gonfle- ment des caroncules lacrymales, abondante sécrétion de larmes, vives démangeaisons et gonflement des doigts. Des accidents ana- logues ont été éprouvés par Cobbold, Bastian et Huber. « Bastian a observé que le Ver est capable de produire des acci- dents, même lorsqu'il est conservé dans l'alcool depuis un certain temps. Nous avons pu nous-même constater la réalité de cette assertion : une étudiante en médecine, en disséquant des Ascarides du Cheval, conservés dans l'alcool depuis quelques jours, eut le iront couvert de vésicules séreuses qu'on eût prises pour des bulles d'urticaire ; ces vésicules disparurent rapidement et, le lendemain, : il n’y en avait plus trace. » Nuttall admet aussi l’action toxique des Ascarides (4); il rappelle {1} Chez les Ascarides, les Géphyriens (Sipunculides) et les Oligochètes (Lumbri- cus), cette cuticule serait formée d'une matière albuminoïde ; chez les Hirudinées, elle serait constituée par de la vraie chitine. — Cf. Ad. RercaArp, Ueber Cuticular- und Gerust-Substanzen bei wirbellosen Tieren. Heidelberg, in-8° de 46 p., 1902. (2) R. BLancxaRp, Sur la préparation etla conservation des organismesinférieurs. Revue internationale des sciences, I, p. 245, 1879. (3) R. BLancrar», Traité de zoologie médicale, 1885-1889 ; cf. I, p. 673, nov. 1888. (4) G. H. F. Nurrazz, The poisons given off by parasitic Worms in Man and animals. American Naturalist, XXXIII, p. 247, 1899. Archives de Parasitologie, X, n° 1, 1905. 7 98 R. BLANCHARD les observations de Miram et celles de von Linstow. Ce dernier note que l’Ascaris megalocephala, du Cheval, exhale une forte odeur poivrée, qui provoque les larmes ; il touche son œil et aussitôt se déclare une forte conjonctivite avec chémosis. D'autres, dans des conditions analogues, ont éprouvé de la pharyngo-laryngite avec aphonie. Les Ascarides renferment donc un liquide organique trèsirritant. Mingazzini extrait par compression le suc de l’Ascaride du Porc et expérimente son action sur divers animaux. De son côté, Vaullegeard entreprend des recherches semblables, mais plus complètes. Il comprime un certain nombre d'exemplaires de ce même parasite et obtient un liquide jaune ambré, légèrement rougeûtre. À la dose de 2°, ce liquide tue le Cobaye en 30 à 40 heu- res, avec congestion des poumons; à celle de 10€, il produit du sommeil, puis de la tristesse, de la fatigue et des vomissements chez le Chien, mais non la mort; tout accident disparaît en 24 heures. A l’aide de précipités, de filtrations et de lavages successifs, Vaullegeard isole deux toxines : l'une, soluble dans l’eau, mais insoluble dans l'alcool, agit sur le système nerveux; l’autre, solu- ble dans l’eau et l'alcool, mais insoluble dans l’éther, est curari- sante, mais à un moindre degré que la substance analogue rencontrée chez les Cestodes. Les Ascarides sont le plus souvent inoftensifs et ne manifestent leur présence par aucun signe clinique; mais il n'est pas rare d'observer chez les individus qui hébergent de tels parasites un ensemble très varié de symptômes nerveux que l'on désigne sous le nom d'helminthiase. On les considère généralement comme des phénomènes réflexes déterminés par les Vers, qui excitent les plexus nerveux de la tunique intestinale; on pourrait aussi les envisager comme le résultat d’une intoxication, et Vaullegeard adopte résolument cette interprétation : « Il est certain, écrit-il, que les symptômes qui font la base du diagnostic ordinaire sont bien dus aux parasites, car ces troubles (dilatation de la pupille, irrégularité de la respiration, sommeil agité, irrégularité de la circulation, convulsions, paralysies) sont précisément ceux que j'ai pu produire dans mes expériences sur le Chien, le Cobaye, la Grenouille. J'en conclus que ces désordres cat 000 . . = 5 SUBSTANCES TOXIQUES 99 sont dus à l'action chimique. Les produits toxiques pourraient même, en agissant sur la respiration, expliquer la croyance populaire que les enfants peuvent être étouffés par les Vers. » Quelque ingénieuse ou séduisante que puisse paraitre une telle théorie, nous ne l'admettons pas volontiers; elle est évidemment exagérée, sinon totalement inexacte. Guiart a reconnu que l’Ascaris conocephala du Dauphin produit des érosions de la muqueuse : par celles-ci le parasite entre en contact avec le plexus qu'ilirrite, tout comme il ouvre la porte aux infections. En effet, la présence des Ascarides dans l'intestin grêle de l'Homme coïncide assez souvent avec l'explosion d'accidents typhoïdes, qui s’'amendent plus ou moins promptement après l'expulsion des parasites. Ces symptômes sont incontestablement le résultat d’une intoxication, mais il reste à décider si celle-ci est d'origine microbienne ou de nature helminthique. Nous penchons vers la première opinion ; l'absence de roséole, invoquée en faveur de la seconde, ne nous paraît pas être un caractère suffisant, attendu que les taches rosées abdominales sont loin d'être toujours très apparentes dans la vraie fièvre typhoïde. Il est encore démontré par Guiart que la fièvre typhoïde n’est pas uniquement sous la dépendance de l’Ascaride, mais peut trouver aussi son point de départ dans des piqüres effectuées sur la muqueuse intestinale par un autre Nématode, le Trichocephalus trichiurus. D'ailleurs, l’action toxique que Mine gazzini et Vaullegeard attri- buent aux Ascarides et aux autres Nématodes est formellement contredite par d’autres expérimentateurs. Cao (1) inocule asepti- quement à divers animaux les sues et extraits de Moniezia expansa et de l’Ascaride du Porc : il n’observe aucune action toxique ou hémolytique. Jammes (2) constate aussi que les extraits organiques provenant de Nématodes intestinaux (Ascaris lumbricoides, A. suilla, A. megalocephala, Oxyurus vermicularis) ne sont pas toxiques dans les conditions normales, mais possèdent, au contraire, un pouvoir antitoxique manifeste; ces produits peuvent cependant, sous cer- taines influences (abaissement de la température, action de l’eau, irrilation de la paroi du corps, etc.), subir de telles modifications (1) Cao. Riforma medica, III, p. 795, 1901. . (2) L. James, Recherches expérimentales sur la toxicité des Vers intestinaux. Assoc. française pour l'avancement des sciences, XXXI, 1, p. 241, 1902. 100 R. BLANCHARD qu'ils puissent devenir toxiques; de là les accidents qui s'observent parfois chez ceux qui manipulent les Ascarides. Jammes et Mandoul confirment ultérieurement ces données. Allaria (1), opérant in vitro sur divers Ténias et Ascarides, n'obtient aucune action hémolytique. Cependant, divers auteurs font jouer un rôle important à une telle action, en certaines affections parasitaires. Par exemple, dans l'uncinariose, les uns estiment que l'anémie s'explique suffisam- ment par les petites hémorrhagies intestinales que le malade subit d'une façon incessante ; c'est la thèse que j'ai toujours défendue et que Vaullegeard adopte également. Les autres, au contraire, admettent qu'à cette cause initiale d'anémie vient tôt ou tard s’en ajouter une autre, d'autant plus prompte et plus efficace que les Vers sont plus nombreux, à savoir une action hémolytique, résul- tant de l'absorption d'une toxine spéciale. Lussana émit l'un des premiers cette doctrine : il put extraire de l'urine des malades atteints d’uncinariose une ptomaïne qui, injec- tée au Lapin, provoqua une hémolyse intense ; maisl'urine contient normalement beaucoup de toxines et tout porte à croire que la substance hémolysante ainsi mise en cause n'avait aucune relation réelle avec les parasites de l'intestin. Leichtenstern ne méconnaît pas l’action directe de ceux-ci, mais il pense que la marche progressive de l’anémie est finalement due à une action toxique. Zinn et Jacoby vont même jusqu'à dénier toute action anémiante appréciable aux Uncinaires elles-mêmes, malgré les multiples hémorrhagies capillaires dontelles sont cause ; ils admettent que l'anémie est uniquement due à l'absorption de toxines élaborées par ces helminthes : suivant ces auteurs, les indi- gènes des pays tropicaux, par exemple les nègres d'Afrique résistent très bien aux attaques du parasite, par suite de l’accou- tumance ou d'une immunité naturelle. Mais l’assertion que les nègres africains ne sont pas atteints par l’uncinariose est très con- testable; les nègres d'Amérique, mieux connus que ceux d'Afrique au point de vue pathologique, mais d’ailleurs de même race que ceux-ci, sont atteints d'anémie uncinarienne dans de fortes pro- portions. (1) G. B. Aczanria, Ricerche sulla tossicità degli elminti intestinali. Seritti med. in onore di C. Bozzolo, Torino, 1904 ; cf. p. 785-798. SUBSTANCES TOXIQUES 101 Est-ce à dire que l'Uncinaire soit réellement dépourvue de toxi- cité? Deux grosses glandes, apparemment venimeuses, courent sous son tégument et viennent s'ouvrir au dehors dans la région du cou : il n’est pas impossible qu'elles secrètent une substance active, que la muqueuse intestinale est capable d'absorber. Ce n'est là qu'une hypothèse, mais elle est d'autant plus digne de con- sidération que des organes glandulaires de cette sorte sont très peu répandus chez les Nématodes. Peut-être les larves sont-elles douées elles-mêmes, sous une forme non encore définie, d’une toxicité analogue? Looss a constaté (1897) qu'elles provoquent des vomissements et de la diarrhée chez les animaux soumis à l'infes- tation expérimentale. Tout bien considéré, nous ne pouvons pas admettre que les Nématodes soient, dans les conditions normales, capables de pro- voquer des intoxications appréciables. Une substance toxique ne peut agir sur l'organisme qu'autant qu'elle est en dissolution ou en dilution dans le sang : l'absorption d’une telle substance reste évidemment incomplète, quand celle-ci est produite par des helminthes intestinaux; elle est totale, au contraire, quand les Vers qui la produisent vivent dans le tissu conjonctif ({Filaria medi- ménsis), dans les vaisseaux lymphatiques (Filaria Bancrofti) et sur- tout dans les vaisseaux sanguins (Filaria nocturna, F. diurna, F. perstans, F. immitis, Sclerostomum equinum, etc.). Or, malgré l’opi- nion de Vaullegeard en ce qui concerne la F. immitis du Chien, il ne me semble aucunement démontré que tous ces Vers, qui sont parois excessivement nombreux et dont les produits d’excrétion ou de sécrétion circulent dans le sang, soient effectivement la cause de troubles imputables à une intoxication. ACANTHOCÉPHALES Mingazzini broie et comprime le corps de l'Echinorhynque du Porc (Gigantorhynchus gigas) et obtient ainsi un extrait qui, en in- jection sous-cutanée, tue le Lapin et le Cobaye, en provoquant des symptômes comparables à ceux produits par l'extrait de Ténia. Il admet que la substance toxique ainsi obtenue est celle-là même qui est éliminée par les parasites vivants et, par conséquent, que de telles expériences reproduisent avec plus d'intensité l’action pathogène exercée normalement par les parasites. 102 R. BLANCHARD CONCLUSIONS. La question traitée en ce rapport est encore trop nouvelle pour qu'il soit possible d'en tirer des conclusions bien probantes. Nous croyons pourtant pouvoir formuler les propositions suivantes : 10 Tous les animaux excrètent des toxines ; l’action exercée par celles-ci chez les animaux d'expérience doit varier dans des pro- portions notables, d'une part, d'après la composition chimique des toxines, d'autre part, suivant la résistance spécifique ou indivi- duelle des animaux. 2° Les parasites animaux ne peuvent échapper à cette loi géné- rale. Ils excrètent donc normalement des substances toxiques et il est certain, au point de vue absolu, que celles-ci agissent sur l'organisme de l'hôte. Toutefois, plusieurs cas peuvent se présenter. 3° Les parasites de l'intestin (Cestodes, Nématodes, Acantho- céphales) et des voies biliaires (Trématodes), considérés dans les conditions normales de leur parasitisme, ne produisent aucune intoxication certaine, les substances toxiques qu'ils rejettent étant éliminées par la voie intestinale et n'étant absorbées qu'à trop faible dose pour exercer une action délétère. 40 Les helminthes sanguicoles (Bilharzie, Filaires, Sclérostomes) ne causent de même aucune intoxication appréciable : leurs to- xines sont déversées dans le sang d'une façon permanente, mais elles s’en échappent de la même façon par le filtre rénal ; elles ne s'accumulent pas dans le plasma sanguin en quantité suffisante pour causer des accidents perceptibles. 90 Il en est de même pour les Protozoaires sangüicoles, tels que les Trypanosomes, qui sont libres dans le plasma sanguin et dont, par conséquent, les produits de désassimilation sont éliminés par le rein, au moins dans une large mesure, au fur et à mesure de leur arrivée dans le sang. 6° Les Hémosporidies du paludisme accomplissent leur schizo- gonie à l’intérieur des globules rouges et accumulent autour d'elles leurs toxines. Le phénomène achevé, les globules éclatent et mettent les mérozoïtes en liberté ; en même temps, les toxines sont déversées dans le sang. Cette arrivée soudaine de substances toxiques dans le sang détermine une réaction fébrile plus ou moins IAE: SUBSTANCES TOXIQUES 103 intense, qui dure jusqu'à ce que le poison soit complètement éli- miné par l'urine et par la sueur. L'arrivée par à-coups des toxines dans le sang a pour conséquence une réaction intermittente de l'organisme : d'où le caractère périodique de la fièvre. 70 Certains Protozoaires parasites sontlimités par une membrane propre plus ou moins épaisse, autour de laquelle se condense en- core le tissu conjonctif : tel est le cas pour les Sarcosporidies en général et pour les Balbiania en particulier. Le parasite accumule en lui-même, dans son kyste, ses produits de sécrétion et de désassimilation; ceux-ci échappent à la diffusion osmotique ou ne la subissent que dans une trop faible mesure pour pouvoir provoquer des accidents. La toxicité de ces produits, et spécialement leur ac- tion pyrétogène, est pourtant très grande : elle peut être mise en évi- dence par des expériences qui consistent à les inoculer aux animaux de laboratoire. 8° Le cas est absolument le même pour les Cysticerques et les Hydatides : entourés d'une cuticule qui s'oppose dans une large mesure aux échanges osmotiques, ces parasites ne déversent en dehors d'eux qu'une quantité négligeable de leurs toxines ; ils les accumulent, au contraire, dans leur liquide vésiculaire. Ces toxines sont donc, dans les conditions normales, sans action sur l'hôte; mais que, par suite d’un traumatisme ou d’une intervention chirur- oicale, les vésicules se rompent, leur liquide se répand dans les séreuses ou dans le tissu conjonctif: il est absorbé avec ses toxines et celles-ci provoquent des accidents morbides plus ou moins graves. 90 Un phénomène analogue se produit à la suite de la rupture de la Filaire de Médine : le liquide qui remplit le vaste sac utérin et dans lequel nagent des myriades d'embryons, se répand dans la plaie et y cause une irritation plus ou moins vive. Celle-ci n’est point imputable au frétillement des embryons vivants, comme Davaine l’a prétendu, mais ne peut tenir à une autre cause qu'à la présence de substances toxiques, du groupe des leucomaïnes ou des lerments solubles (1). 10° La Filaria medinensis, même quand l'Homme en porte un certain nombre d'exemplaires, n’est vraiment dangereuse que dans le cas susdit et qu'au moment où se forme l’abcès sous-cutané qui (1) R. BrancHARDp, Traité de zoologie médicale. Paris, 2 vol. in-8, 1885-1889 ; cf. II, p. 34, 1889. 104 R. BLANCHARD, — SUBSTANCES TOXIQUES doit assurer son élimination. La toxine qu'elle contient n'agit d'aucune manière sur l'organisme en toute autre circonstance, même au moment où le Ver croît, s'accouple, se déplace à travers le tissu conjonctif, en un mot, au moment de sa plus grande activité physiologique. 110 Les toxines organiques des Nématodes, celles qui deviennent libres par simple rupture de leur corps (Filaire de Médine, Asca- rides) ou qu'on obtient soit par macération en diversliquides (eau, glycérine, etc.), soit par compression, soit encore par extraction au moyen de l'alcool, ne sont pas éliminées par les Vers en quan- tité suffisante pour exercer une action malfaisante. Les expériences qui démontrent la nuisance de semblables préparations sont tout artificielles et ne renseignent aucunement sur l'action réellement exercée par les Vers sur l'organisme parasité. 120 Une conclusion toute semblable s'impose à l'égard des Acan- thocéphales, des Trématodes et des Cestodes. 439 Une telle opinion est peu compatible avec la théorie bothrio- céphalique de l'anémie pernicieuse progressive. Malgré les nom- breux travaux dont elle a été l'objet, l’étiologie de cette affection reste très obscure. Toutefois, on peutadmettre que le Dibothrio- cephalus latus, soit dans les conditions normales, soit sous des influ- ences spéciales, excrète une toxine particulièrement active, douée de propriétés hémolytiques. Si l’on tient compte des observations de Viltshur et de Courmont et André, l'hémolysine en question serait produite par les Bothriocéphales malades ou morts. 14° Le Bacille du tétanos, le Bacille pyocyanique, le Staphyloco- que, d’autres microbes encore, fabriquent des hémolysines très actives, qu'ils ne laissent pas diffuser, en sorte que ces microbes ne produisent pas d'une façon sensible la destruction des globules rouges du sang. Le Streptocoque exerète, au contraire, une hémo- lysine qui détruit les hématies dans l'organisme même, du vivant de l'animal. Des variations toutes semblables peuvent s'observer chez les Vers; elles sont d'accord avec les conclusions formulées plus haut et donneront sans doute l'explication qui nous manque actuellement, quant à l’étiologie de l’anémie bothriocéphalique. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Major A. BucHANAN, Malarial fevers and malarial parasites in India. Calcutta, 2° édition, in-8 de x-216 p. avec 16 planches, dont 12 en cou- leur, 1903. — Prix, cartonné : 7 sh. 6 pence — 9 fr. 40. Ce livre est un guide pratique pour l'étude des Hématozoaires du palu- disme. Les trois formes parasitaires sont admises et successivement dé- crites. Les méthodes pour l'examen du sang et la recherche des parasites sont bien exposées; elles sont un peu vieilles, vu la date de publication, et l'auteur en est resté à la méthode de Romanovsky; mais on sait que celles de Leishman, Giemsa et autres plus récentes n’en sont, en somme, que des dérivés. Les relations des Hématozoaires avec les Anophelinae sont l’objet d'une bonne étude. L'auteur est ainsi amené à donner d'assez longs détails sur ces Insectes, leur anatomie et leurs métamorphoses, le tout en se plaçant constamment au point de vue de la recherche de laboratoire. Cet ouvrage, rapproché de ceux de Giles, de James et Liston, de Christophers, etc., témoigne, chez les médecins de l’armée des Indes, d'une culture scientifique à laquelle on ne saurait trop rendre hommage. F. Dévé, Les kystes hydatiques du foie. Paris, F. R. de Rudeval, in-18 de EAP D, 1905. "Prix, broché: 3 fr. Les lecteurs de ces Archives connaissent les remarquables travaux que le D' DÉvÉ poursuit, depuis plusieurs années, au sujet de l’'échinococcose. Ils se rappellent le mémoire, publié ici même, où le professeur rouennais a établi sur des preuves définitives la réalité de la métamorphose vésicu- laire du scolex. La connaissance de cette évolution, si inattendue et si intéressante au point de vue zoologique pur, est venue éclairer d'un jour tout nouveau une série de faits cliniques inexpliqués et de complications opératoires dont la pathogénie était, Jusqu'à présent, restée des plus obscures. Le livre que le professeur DÉvé publie aujourd'hui et dans lequel il étudie la forme commune et la localisation la plus habituelle du parasite échinococcique — les kystes hydatiques du foie — constitue la mise au point à la fois la plus documentée et la plus originale de cet important chapitre de pathologie humaine. Après un résumé clair et précis de l'histoire naturelle du parasite, où se trouvent exposées les notions zoologiques nouvelles auxquelles nous venons de faire allusion, l’auteur entre dans la description des lésions 106 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE déterminées dans les tissus par le développement des vésicules parasi- taires. Il insiste sur la fréquente multiplicité des tumeurs hydatiques chez les malades, en précise la pathogénie et montre la part importante qui revient, dans ces lésions, au processus qu'il a si justement décrit sous le nom d’échinococcose secondaire. Il étudie ensuite, de façon approfondie, les conditions étiologiques de l'affection. Ce chapitre extrêmement docu- menté doit être lu et médité non seulement des médecins, mais aussi des vétérinaires et des hygiénistes. Il est, d’ailleurs, complété par un chapi- tre de prophylaxie, qui lui sert en quelque sorte de corollaire et dans lequel le professeur DÉVÉ, après avoir précisé les conditions du problème, en indique la solution simple et rationnelle. Les autres chapitres, consacrés à l'étude clinique, au diagnostic et à la thérapeutique chirurgicale des kystes du foie, ne sont pas moins remar- quables. Il nous est impossible, dans une aussi brève analyse, d'en donner un résumé, même rapide; leur lecture s'impose aux praticiens et aux chirurgiens. Comme le dit le professeur R. BLANCHARD à la fin de la préface qu'il a écrite à ce travail: « Le présent ouvrage résume de la façon la plus claire et la plus méthodique non seulement les observations capitales du savant professeur de Rouen, mais aussi l’histoire tout entière du Tænia echino- coccus…. Ce livre est le seul qui expose, suivant le point de vue moderne, ce très important chapitre de pathologie. Il a été rédigé aussi bien pour les étudiants que pour les praticiens; il ne peut manquer d'obtenir un vi succès auprès des uns et des autres.» NOTES ET INFORMATIONS L'Enseignement de la Médecine coloniale. — Nous reproduisons ci- après deux lettres qui touchent à cette importante question. A Monsteur LE D' RAPHAEL BLANCHARD Professeur à la Faculté de Médecine de Paris. Rio de Janeiro, le 44 juin 1905. Très honoré Confrère, Le gouvernement du Brésil se préoccupe en ce moment de la réorga- nisation des études médicales de ses Facultés. Etant donnée la haute compétence dont vous jouissez dans le monde scientifique et la très juste renommée qui entoure votre personnalité, particulièrement dans mon pays, je prends la liberté de m'adresser à vous, spécialement dans le but d'obtenir une réponse à la question suivante : En l’état actuel de nos connaissances médicales, la création, dans les Facultés de Médecine du Brésil, d'une chaire spéciale de clinique des maladies tropicales, à laquelle serait adjoint un laboratoire, vous paraîit- elle nécessaire ou non ? Vous parait il que l'on puisse penser à faire une réforme dans l’ensei- gnement médical d'une Faculté d’un pays tropical, comme le Brésil, sans se préoccuper très attentivement de ce qui a trait à la pathologie tropi- cale ? | Je vous serais très reconnaissant si vous vouliez bien, dans l'intérêt supérieur de la science, donner une réponse à ma question. Veuillez agréer, etc. D' MiGuez Couro. RÉPONSE A MonsiIEuR LE D' MiGuELz Couro Professeur à la Faculté de Médecine de Rio de Janeiro. Briançon (Hautes-Alpes), le 16 août 1905. Très honoré Collègue, La question au sujet de laquelle vous me faites l'honneur de me consulter est i'une de celles qui m'ont le plus préoccupé ; elle est encore l’objet de mes soucis constants. Ma réponse, j'ose le dire, est donc müre- ment réfléchie ; elle tient en cette déclaration formelle : oui, il est indis- pensable que le Brésil organise, dans ses diverses Facultés de Médecine, un enseignement clinique de la pathologie tropicale, ainsi que des labo- ratoires pour l'étude expérimentale des maladies des pays chauds. Il serait facile d'appuyer cette affirmation sur de nombreuses raisons, 108 NOTES ET INFORMATIONS mais ce serait donner trop d'extension à une simple lettre ; cela me con- duirait d'ailleurs à répéter ce que j'ai déjà dit et écrit dans maintes occa- sions. Je me borne à vous rappeler que la fondation d'un Institut de Médecine coloniale près la Faculté de Médecine de Paris est due à mon initiative ; c'est vous dire à quel point je suis convaincu de la nécessité de mieux connaître les maladies des pays chauds et de répandre, parmi les médecins coloniaux, les notions fort importantes que nous avons récemment acquises au sujet de ces maladies. L'intention de votre gouvernement serait de créer, dans les Facultés de Médecine du Brésil, une chaire spéciale de clinique des maladies tro- picales, à laquelle serait adjoint un laboratoire. Pour ma part, j'estime que la proposition doit être renversée : il est nécessaire de créer dans chaque Faculté un laboratoire ou plutôt un institut, auquel serait adjointe une clinique. Les maladies tropicales sont essentiellement parasitaires ; les parasites qui les produisent sont essentiellement de nature animale. Ils appartien- nent d'ailleurs à des groupes très variés: Protozaires, Vers, Acariens, Insectes. Les parasites des deux premières catégories sont fréquemment transmis par la piqüre de divers Acariens ou Insectes; l’étiologie se résume donc en une question de zoologie pure, tendant à la détermination précise des espèces animales qui transmettent et disséminent les germes pathogènes. La prophylaxie consiste elle-même en une question de z00- logie, tendant à la connaissance exacte des mœurs et des métamorphoses de ces mêmes animaux. Le problème est plus complexe encore, puisqu'il importe d’élucider les transformations que le parasite peut subir dans l'organisme des animaux qui l’hébergent transitoirement. Ces questions capitales ne peuvent être tranchées avec toute la rigueur voulue que par des savants ayant une éducation zoologique très com- plète. Elles comportent de nombreuses expérimentations, qui ne peuvent être entreprises, avec quelque chance de succès, que dans des laboratoires spécialement organisés dans ce but. Quand l'étude d’une maladie para- sitaire prend une telle ampleur et s'avance si-loin dans le domaine de l'histoire naturelle, on peut dire que le côté clinique de la question devient véritablement secondaire. Cela justifie pleinement mon opinion quant à la nécessité absolue de ne pas subordonner le laboratoire à la clinique. L'étude des maladies tropicales, déjà si brillamment entrée dans la voie expérimentale, se fera de plus en plus au laboratoire, par des méthodes que le clinicien ignore ou connait mal ; l'expérience de labo- ratoire est seule capable de préciser les conditions de l'infection, d'indi- quer la prophylaxie et de déterminer le traitement. J'ai parlé uniquement des zooses, parce que ce sont les maladies qu'on connait le mieux à l'heure actuelle; mais la nosographie tropicale com- prend aussi des bactérioses et des mycoses. Leur étude expérimentale est tout aussi importante que celle des précédentes ; elle exige d’ailleurs des connaissances techniques d’un autre ordre. NOTES ET INFORMATIONS 109 Un Institut de Médecine tropicale doit donc consister essentiellement en un Laboratoire de Parasitologie comprenant plusieurs sections : Bacté- riologie, Mycologie et Parasitologie animale. Cette dernière section ne tar- dera pas à prendre une importance considérable, eu égard aux problèmes très complexes qu'elle sera appelée à résoudre. On ne peut espérer obtenir de résultats sérieux, qu'autant qu'on placera à la tête de chaque section des savants qui, outre les connaissances médicales indispensables, soient pourvus de solides notions d'histoire naturelle. La Parasitologie animale est dès maintenant si différenciée, qu'un même homme ne peut plus la suivre dans toutes ses branches. L'Ecole de Médecine tropicale de Londres l’a parfaitement compris, puisqu'elle a créé récemment une chaire de Protozoologie et une chaire d'Helminthologie. Je crois qu'il faut aller plus loin encore et qu'il est nécessaire, sinon de créer des chaires nouvelles, tout au moins d'attacher au Laboratoire de Parasitologie animale des assistants spécialisés dans l'étude des Acariens et des Insectes. Le programme que je formule n’est pas une utopie. Je ne puis malheu- reusement pas dire quil soit appliqué, ni même espérer qu'il puisse jamais être en vigueur à l’Institut de Médecine coloniale de Paris ; mais il est plus ou moins réalisé en d'autres villes. D'abord à Londres, comme je viens de le dire; puis à Washington, où mon éminent ami le docteur Ch. WARDELL STILES à organisé, d'après ces mêmes principes généraux, la division zoologique du Marine Hospital Service. La réforme que la vieille et routinière Europe ne va sans doute jamais tenter, le Brésil doit l’ac- complir : il est jeune, en pleine poussée; il a l’inestimable bonheur de n'être pas écrasé par les charges militaires dont nous mourons; il ne saurait faire un meilleur usage de ses richesses que de créer un Institut modèle de Médecine tropicale ; il en retirera prolit et gloire. Veuillez agréer, etc. R. BLANCHARD. Impressions d'un Médecin colombien voyageant en Europe. — On lit dans El Porvenir de Carthagène, numéro du 11 décembre 1904 : «… En cuanto 4 las escuelas, me bastarä decirle que al frente de las] de [Londres y de] Liverpool estän SamBox, Maxson y Ronald Ross, quien por sus sorprendentes trabajos sobre paludismo merecié que se adjudicara el premio de Nobel, de Suecia. Pero esta mencién me obliga también à decirle que al frente de la de Paris estân WurTz, CHANTEMESSE, JEANSELME, Le DenTu, GAUCHER y otros principes de la ciencia francesa entre los cua les se destaca, como figura culminante, el fundador del Instituto, profesor BLANCHARD. ( BLANCHARD merece un aparte. « Son ya algunos los hombres sabios y eminentes que me ha tocado ver en mi vida, pero nunca he visto uno como BLANCHARD que sepa exponer lo que sabe con tanta precisién y elegancia. Es un sabio y un retérico : su memoria es un archivo; en él la palabra y la idea son uni- 110 . NOTES ET INFORMATIONS sonas como las notas de un acorde; su manera es dôn de Dios y n6 facul- tad adquirida. Le of el otro dia. Tenia de visita al profesor SAMBON quien habia venido de Inglaterra con el änimo de visitar la clase del profesor francés. Que mäs estimulo! Lo que dijo no es para narrado. Dos horas segui- das hablando con interés siempre creciente, sobre Esporozoarios y Cocci- dios, es cosa que sôélo BLANCHARD lo puede hacer. Desentrañar del fondo de la naturaleza aquellas particulas de vida, microscépicas, hacer su des- cripcion anatémica, historiar su evolucién y desarrollo, señalar su acciôn patégena en el Hombre, es hacer de lo infinitamente pequenño, lo infinita- mente grande. « À quel hombre citando fechas, acumulando citas y proyectando la luz de su inteligencia por la trama de los tejidos para arrancarle secretos à la naturaleza, me traïa el recuerdo de ABELARDO en la célebre discusion de la Sorbona. Su rara y extraordinaria conferencia fué un portento que bien merecio el aplauso de tres repeticiones con que, transportados de entu- siasmo, cerraron el acto los alumnos... » — EMErE. Les lettres et mots placés entre crochets ne se trouvent pas dans le texte ; ils ont été ajoutés pour donner à celui-ci une précision qui lui man- quait. | Médailles concernant Raspail. — Dans mon étude sur Raspaiz (1), j'ai décrit ou mentionné jusqu'à vingt médailles concernant cet homme célèbre. Cette liste n'est pas complète, car je trouve dans le catalogue de la collection Fieweger (2) l'indication de plusieurs autres pièces ren- trant dans cette même catégorie. Je crois utile de les signaler ici, avec leur numéro d'ordre. 1° (n° 434) Face. — L'EMBARRAS DU CHOIX | CA NA RD * | ÉTENU | . Sabre, trois-mâts sur des bottes à genouillère, bouteille. Les lettres de la seconde ligne forment le mot canard, dont on saisit l’allusion empreinte de scepti- cisme ; elles sont disposées d'autre part de manière à indiquer le nom des principaux candidats à la présidence de la République : ca(vaignac), Louis NA(poléon) et r(aspail). L'auteur anonyme du catalogue de la vente Fieweger estime que les lettres RD doivent se lire Raspail docteur; mais cette interprétation est inexacte : le p se rattache à la ligne suivante et complète le mot détenu. En effet, Raspail était prisonnier à Vincennes, lors de l'élection présidentielle du 10 décembre 1848, Revers. — ENFANTEMENT LABORIEUX D'UN PRÉSIDENT | CHOISISSEZ | LE SA- BRE OU | LES BOTTES | EH CANFRONS NOUS | 1848 | . 4 . | La formule EH CAN- L FRONS Nous est à double sens : elle peut se lire «eh! camphrons nous ! », tout (1) R. BLancuarp, Notices biographiques. — XVI. François-Vincent-Raspail. Archives de Parasitologie, VIT, p.5-87, 1904; cf. p. 75-80. (2) Collectio Fieweger. Katalog Ssatyrischer Medaillen und Miünzen aus dem Nachlass des am 8. October 1885 verstorbenen Professor C. Fieweger. Berlin, in-8° de 11-132 p., 1885. NOTES ET INFORMATIONS il aussi bien que QC eh! qu'en ferons-nous? » L'allusion à Raspail et à sa mé- thode de traitement par le camphre est des plus transparentes. Jeton en cuivre, 1848. Module 239, Vendu un mark à la vente Fieweger (22-23 avril 1885). 2 (n° 456) Face. — PUISSANCE DE LA DÉMOCRATIE | VENDREDI | | 17 — MARS 1848 | æ | MANIFESTATION PACIFIQUE | DE | 200.000 PROLÉ- TAIRES | CONTRE | LES ARISTOCRATES | LE PARIS | — | Revers. — CH. LOUIS NAPOLÉON BUONAPARTE | n1r | NAPOLÉON I, | | SERGENT — DE —VILLE ANGLAIS; | AcH FOULD, | ÉLEVEUR DE JUMENTS ET LORETTES | F. V. RASPAIL, | DÉBITANT DE CAMPHRE | ET | DORVIÉTAN. Médaille en cuivre, 1848. Module 3799, Vendue 2 mk. 3° (n° 457). — Même médaille, en bronze, vendue également 2 mk. 4° (n° 496). — CH. LOUIS NAPOLEON BUONAPARTE. | DIT | NAPOLEON III, | SERGENT-DEeVILLE ANGLAIS; | ACH. FOULD, | ÉLEVEUR DE JU- MENTS ET DE LORETTES | F. V. RASPAIL, | DÉBITANT DE CAMPHRE | ET | DORVIÉTAN. | IGNORANCE — MISÈRE — CRÉDULITÉ. | GLORIEU- SES | ELECTIONS DU 18 78RrE | 1848. | — 9J.C — HONNEUR A LA VILLE | DE | PARIS! Dans un petit cercle perlé, une croix dont les quatre bras portent chacun une des lettres B, \R, C et Z. Médaille en bronze, 1848, avec bélière. Module 37°", Vendue 3 mk. 5° (n° 516) Face. — RÉPUBLIQUE (triangle et fil à plomb) FAUBOURIENNE | si | Rat trainant un épi de Blé attaché à sa patte (Rat se paille, Raspail) | EST ÉLU*PRÉSIDENT | PAUVRES SOCIALISTES, | VOUS COUCHEREZ SUR | LA PAILLE ET | MOURREZ DE FAIM | 10 Xbre 1848. Revers. — RÉPUBLIQUE — SOCIALE (triangle et fil à plomb) | PENSERIEZ | VOUS ÉCHAPPER A | LA PAILLE ET A LA FAIM, | PAUVRES ÉLECTEURS | EN NOM- MANT | A SA PLACE | CE GRAS COQUIN | LD — R:N (Ledru-Rollin) + LIBERTÉ * ÉGALITÉ * FRATERNITÉ * Médaille en plomb, à seize pans, 1848. Module 42", Vendue 2 mk. Bibliographie. — F. nE SauLcy, Souvenirs numismatiques de la Révolu- hon de 1848; cf. pl. LIIL, fig. 7. La légende de cette figure est ainsi conçue : « Nous recommandons à l'attention du lecteur la curieuse mé- daille d’étain à laquelle nous sommes arrivés. Elle ne témoigne pas d'une tendresse ineffable et d'une estime indicible pour les citoyens Raspail et Ledru-Rollin, de la part des républicains socialistes qui ont fait fabriquer la pièce en question. » Cette médaille a été déjà décrite dans mon travail sur Raspail, sous le n° 10; j'ai omis de donner la référence ci-dessus aux Souvenirs numisma- tiques. D'après les dimensions de la figure citée, je lui ai attribué un dia- mètre de 48MM, mais il faut croire qu’elle n'en mesure que 42, d'après le catalogue de la collection Fieweger; ni cet ouvrage ni celui de F. de Saulcy n'indiquent qu’il en ait été coulé de deux modules difiérents. Enfin, dans la légende du revers, il faut lire CE GRAS COQUIN el non ce Gros coquin. — R. BL. 4112 NOTES ET INFORMATIONS Présence des œufs de parasites intestinaux dans les matières fécales des typhiques. — Intéressé par les travaux du D' J. GurArT, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, relatifs au rôle pathogène des Vers intestinaux, j'ai essayé de vérifier certains faits annoncés par lui et, notamment, la présence des œufs de Vers intestinaux dans les matières fécales des typhiques. J'ai eu l’occasion d'observer tout récemment une épidémie très intéres- sante de fièvre typhoïde, dans la ville de Doubnitza, près de la frontière turque. En présence des résultats frappants que J'ai constatés, je suis heureux de pouvoir contribuer à l'étude de cette question. Avant tout, quelques mots sur l'épidémie même. Doubnitza est une ville de 9.000 habitants, composée en partie de familles immigrées de Macédoine, vivant dans les conditions hygiéniques les plus lamentables, Dans l’espace d'un mois, il s’est déclaré dans cette partie de la population environ 60 cas de fièvre typhoïde. Lorsque je fus délégué par la Direction de la Santé pour contribuer à l'étude bactériologique de cette maladie, j'ai trouvé, réunis dans l'hôpital de Doubnitza, 13 cas d'une ressemblance frappante avec le typhus exanthé- matique par leur tableau clinique. Dans presque tous les cas, après une période prodromique très courte, on observe un accroissement rapide de la température, un développement rapide de l'état typhique complet et, au troisième ou quatrième jour, l'apparition d'un exanthème très abondant sur le dos, la poitrine et les membres. Les symptômes du côté du système digestif sont rares; la température baisse vers le quatorzième ou le seizième jour, après quoi survient rapidement la convalescence. Un soldat de la garnison, mort de cette maladie puis autopsié en pré- sence de tous les médecins de la ville, a présenté les lésions caracté- ristiques de la fièvre tvphoide. Deux cas autopsiés plus tard, par le prosecteur de l'hôpital Alexandre, de Sofia, ont présenté, le premier: de la pharyngite, de la laryngite, de la trachéite et de la bronchite catharrale aiguë, de la trachéite diphtérique superficielle, de la dégénérescence des parenchymes cardiaque, hépatique et rénal, de la splénite aiguë; le deuxième : de la dégénérescence parenchymateuse cardiaque, rénale et hépatique et de la splénite aiguë. Un quatrième cas, autopsié le 24 avril, aurait présenté les lésions de rénotyphus. Je n'ai pu savoir s'il a été recherché des parasites dans les intestins. Sur les 13 cas que j'ai vus à l'hôpital de Doubnitza, 12 ont fourni la réaction de Widal, positive, au 25°. Dans cinq cas, j'ai pu examiner les matières fécales en vue d'y rechercher des parasites de l'intestin ou leurs œufs. Ces cinq cas examinés m'ont donné cinq cas positifs à savoir : 1° J. Dimrrrov, 12 ans, au quinzième jour de la maladie, tempéra- ture 38°; réaction de Widal positive; a présenté des œufs de Trichocéphale en quantité très abondante, visibles déjà dès la première préparation. NOTES ET INFORMATIONS 113 2 J. Krsrev, 60 ans, habitant une maison déjà infectée. Au sixième jour de la maladie, température 38° 8; réaction de Widal positive. Dès la première préparation, nombreux œufs de Trichocéphale et d’Ascaride; nombreux Ascarides constatés dans les matières fécales. 3° G. JANEVA, femme du précédent, 50 ans, sans température, réaction de Widal positive, nombreux œufs d'Ascaride et de Trichocéphale, visi- bles dès la première préparation. n & N. C. NeDELTsHoOV, 27 ans. Température 38° 5; réaction de Widal positive, nombreux œufs de Trichocéphale facilement constatés dès la première préparation. 5° J. G. TsHorLev, 22 ans, atteint depuis 15 jours. Température 38° 7; réaction de Widal positive; présence de nombreux œufs d'Ascaride et de Trichocéphale. , Je ne sais si, dans ces cas, il y a une relation de cause à effet, mais je m2 permets d'attirer l'attention sur les faits suivants : D'après les observations de médecins de cette région, grâce aux condi- tions hygiéniques locales, les cas de parasites sont ici très fréquents. La fièvre typhoide, de son côté, y règne d'une façon permanente, endé- mique. Comme l'infestation peut se faire directement par les eaux de boisson souillées ou les aliments végétaux, il est fort possible que, dans ce cas particulier, l'eau servant à l'alimentation de la ville de Doubnitza, que j'ai étudiée bactériologiquement, soit la cause de la fréquence de ces cas parasitaires. _ En effet, cette eau provient de la rivière Bistritza, qui a sa source au Rilo, traverse le village de Bistritza dont toutes les ordures sont char- riées dans la rivière même, et une partie du cours de cette rivière sert de route; elle est exposée sur tout son parcours à toutes sortes d'infections, telles qu ordures déposées à 10 mètres de son bord, matières fécales, cadavres de toutes sortes d'animaux, etc.; sans aucune filtration, cette eau est amenée au moyen de tuyaux en grès à Doubnitza pour l'alimentation de cette ville. Pour que le tableau de la qualité de cette eau soit plus complet, j'ajou- terai qu'elle renferme une moyenne d'environ 9.000 germes par centimètre cube, et que, par le procédé de Cambier, j'ai pu isoler un Bacille qui agglu- tine sous l'influence du sérum sanguin provenant des malades de Doub- nitza, ayant fourni la réaction de Widal. Il est donc hors de doute que l'étude des eaux d'alimentation, au point de vue du rapport de leurs germes parasitaires avec certaines épidémies de fièvre typhoïde, présente un intérêt tout particulier, et mérite d'at- tirer notre attention. — D' Docrorov, de l'Institut antipesteux de Sofia (Bulgarie). Archives de Parasilologie, X, n° 1, 1905. 8 414 NOTES ET INFORMATIONS La cysticercose humaine à Madagascar. — Le D'JourprAN, Directeur de l'Ecole de médecine de Tananarive, m'adresse l'observation suivante, ré- digée sous son contrôle par le D' ANprIANJAFY, chef de clinique à l'hô- pital indigène : | « Homme de 45 ans, originaire de Tananarive, décédé dans le service du professeur Jourpran. Cet individu était entré plusieurs fois à l’hôpi- tal pour des troubles cérébraux qui avaient fait penser à de la syphilis cérébrale. Il était atteint de cécité presque absolue et d'une hémiplégie bizarre, accompagnée de symptômes d’épilepsie jacksonienne. Malgré un énergique traitement antisyphilitique, la maladie continua son évolution, jusqu'à ce que le malade fut enlevé par l’aggravation de ces symptômes. « À l’autopsie, on ne trouve aucune lésion syphilitique, mais bien des Cysticerques. Les parasites siègent notamment dans le muscle grand dentelé, dans le muscle pectoral, ainsi que dans l'hémisphère gauche de l’encéphale : ils ont détruit en grande partie la circonvolution de Broca et le pied du sillon de Rolando. » Quelques-uns de ces Cysticerques m'ont été envoyés ; il s'agit du Cys- ticercus cellulosae, larve du Tænia solium, ainsi que le D'Jourpran l'avait lui-même reconnu. Les crochets sont au nombre de 28: le plus grand est long de 188 z, le plus petit mesure 148 », dimensions un peu supérieures à celles généralement admises, mais ne sortant pas des limites des varia- tions possibles. Ces Cysticerques ont pris place dans les collections de mon laboratoire (collection R. Blanchard, n° 867). L'observation ci-dessus constitue le premier cas de cysticercose humaine à Madagascar. — R. BL. Présence du Tænia marginata chez le Chien, en Rhodésie. — Le D' A. Lorr, ancien Directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, a recueilli à Bulu- wayo, en décembre 1902, deux Ténias du Chien, il s’agit du Tænia marginata Batsch. Le rostre comprend 36 crochets, mesurant 167 pour les grands, et 114 # pour les petits. L'œuf est à peu près arrondi et mesure 30 z. Ces helminthes sont incorporés à la collection de mon laboratoire (collection R. Blanchard, n° 872). — R. BL. Le « type » en histoire naturelle. — La question du type a pris en his- toire naturelle, et spécialement en zoologie, une importance capitale. Le type, c’est, à proprement parler, l'objet d'après lequel a été faite la première description, celui d'après lequel ont été établis les caractères spécifiques ; il devient ainsi une sorte d'étalon auquel doivent être comparés tous les objets similaires. Ceux-ci sont de diverses catégories, parmi lesquelles il importe d'éla- blir des distinctions : HuGnes, ScaucaerrT, Cossmanx et d'autres ont poussé fort loin ces distinctions et ont établi une terminologie très précise. Nous la reproduisons ici,na dim tenexple vœu que les collabora- teurs des Archives veuillent bien en faire désormais usage dans leurs descriptions. » se à di matt, NOTES ET INFORMATIONS te TYPES PRIMAIRES. — On appelle ainsi l'ensemble des spécimens ayant servi à l'auteur de l'espèce pour la diagnose ou les figures. Is sont de trois sortes : a. — Cotypes = tous les spécimens décrits ou figurés par l’auteur de l'espèce. b. — Holotype — l’un des cotypes, choisi et indiqué par l'auteur. ce. — Paralype — tous les spécimens décrits, moins l'holotype. TYPES SUPPLÉMENTAIRES OU Hyporypes. — On appelle ainsi les spéci- mens décrits ou figurés postérieurement à la diagnose originale pour compléter ou corriger celle-ci. Ils sont de trois sortes : a. — Topotype — spécimen provenant de la même localité (et des mêmes couches géologiques) que le type. b. — Métatype — spécimen provenant de la localité type, et, identifié par l’auteur lui-même. ce. — Plésiotype — spécimen provenant d'une localité quelconque, et identifié à l'occasion d'une nouvelle description ou figuration de Fespèce. La lutte contre le paludisme. — J'ai donné ailleurs (1) des indications sur la Ligue corse contre le paludisme. Le D'F. Barresri, de Bastia, fondateur de cette ligue, m'a envoyé récemment divers documents, entre autres une LIGUE CORSE contre le Paludisme SIÈGE A BASTIA La Ligue a l'honneur d'informer !e public qu'elle a chbtenu pour ses adhé- rents une très grande réduction äe prix sur la vente de ia Quinine. Tout adhérent peut se procurer un fiacon de Sulfate de Quinine de 30 grammes (600 grains) garanti pur, pour la modique scmrae de 3 fr. 50. Pour être adhérent il suffit d'acheter une carte spéciale qui coûte Un franc; ces cartes sont ven- dues aux guichets des gares du chemin &e fer, pour l'arrondissement de Sar- tene s'adresser à M. Souchard, arcien Maïiro de Sartene. En remettant cette carte à n'importe quel pharmacien, ceiui-ci délivre un flacon de QGuinire au prix sus indiqué. La Ligue engage vivement les person- nes qui doivent habiter ou traverser des Iscalités palustres à faire usage de Quinine conformément aux indicaticns contenues dans une notice délivrée gratuitement avec la Carte: elles seront ainsi presque sûres d'éviter la fièvre paludéenne avec une dépense insignifiante. N: B. — On peut aussi se procurer des Cartes d'aghérent à Bastia en s'adres- sant à M. le docteur THIERS, boulevard du Palais, 7, ou à M. le docteur BAT- TESTI, place Saint-Nicolas, 13. mais alors il faut envoyer 1 fr. 15 à cause des frais de poste. : : Tmprimerie et Librairie Ollygieg » . 7 # û . Ê affiche qui est placardée abondamment en Corse et dont je crois utile de donner un fac-simile. — R. Br. (1) R. Brancanrp», Les Moustiques ; histoire naturelle et médicale. Paris. EF. R. de Rudeval, grand in-8° de XII1-673 p. avec 316 fig. ; cf. p. 598. 116 NOTES ET INFORMATIONS Médecins de colonisation en Afrique occidentale française. — Le Gou- verneur général de l'Afrique occidentale française, commandeur de la Légion d'honneur. Vu le décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du Gouverne- ment général de l'Afrique occidentale française; Vu le décret du 14 avril 1904, relatif à la protection de la santé publique en Afrique occidentale française; Vu les décrets des 3 juillet 1897 et 6 juillet 1904 sur les concessions des passages et indemnités de route et de séjour ; Arrête : Article premier. — Il est créé en Afrique occidentale française un ser- vice d'Assistance médicale indigène, dont le but est de procurer gratui- tement aux populations indigènes des soins médicaux et des conseils d'hygiène générale. Art. 2. — Le service de l’Assistance médicale indigène est assuré par des médecins des troupes coloniales hors cadres ou des médecins civils recrutés en France par engagement individuel. Les médecins civils doivent être Français ou naturalisés Français et munis du diplôme français de docteur en médecine. Ils doivent, en outre, être pourvus du brevet spécial délivré par les Instituts de médecine coloniale, tels que ceux de Paris, Bordeaux, Marseille, ou présenter des garanties équivalentes. Avant d'entrer en fonctions, ces médecins pourront être attachés à l'hôpital principal de la colonie où ils sont appelés à servir, ou dans un hôpital d'une autre colonie, pour y accomplir un stage de trois mois. Art. 3. — Les médecins civils de l’Assistance médicale indigène sont engagés pour une durée de cinq années, divisées en deux périodes de deux ans, suivies chacune d'un congé de six mois. L'ensemble des congés de toute nature afférents à l'engagement de cinq ans ne pourra excéder une année. Art. 4. — Les médecins de l'Assistance médicale indigène reçoivent une solde annuelle de 10.000 fÎr., ils ont droit, en outre, mais seulement pendant le temps de leur présence en service en Aîrique occidentale française, à une allocation annuelle de 2.000 fr. leur tenant lieu de toute indemnité de déplacement, de cherté de vivres ou autres. Les moyens de transport pour leur service en Afrique occidentale française leur sont fournis en nature. Ar. 5. — Au point de vue des passages par mer, ils sont assimilés aux fonctionnaires de deuxième catégorie et sont régis par les mêmes règle- ments que ceux-ci. Art. 6. — Les médecins civils de l'Assistance médicale indigène ne sont nommés qu'après avoir signé le contrat d'engagement qui leur est soumis par l'Administration. Dans le cas où, pour des raisons personnelles, un médecin résilie son engagement, il supporte les frais de son rapatriement. # li 4 NOTES ET INFORMATIONS 117 Art. 7. — Les médecins de l’Assistance médicale indigène ont droit au logement, suivant les ressources de la résidence qui leur est attribuée. Art. 8. — Ils sont placés sous les ordres directs de l'administrateur du cercle et correspondent, par son intermédiaire, avec le chef du ser- vice de santé de chaque colonie. Art. 9. — Dans chaque ville indigène ou chef-lieu du cercle où est créé un poste de l’Assistance médicale indigène, une infirmerie ou un dispen- saire peut être ouvert, dont la gestion appartiendra au médecin, sous le -controôle de l'administrateur commandant le cercle. Art. 10. — Des arrêtés des lieutements-gouverneurs règleront : L'exécution du service : L’affectation des locaux ; L'approvisionnement en matériel et médicaments ; L'administration intérieure des infirmeries et dispensaires ; L'organisation des séances de consultations gratuites, de vaccinations et des tournées d'hygiène. Art. 11. — Les articles 2, 3, 4, 5,6 du présent arrété sont applicables aux médecins chargés des services municipaux d'hygiène et de la vacci- nation. Art. 12. — Les lieutenants-gouverneurs des colonies sont chargés d'assurer l'exécution du présent arrêté, qui sera enregistré, inséré et communiqué partout où bésoin sera. Gorée, le 8 février 1905. E. Roue. MODÈLE DU CONTRAT D'ENGAGEMENT A signer par les médecins civils demandant à servir en Afrique occidentale française Engagement Je, soussigné , docteur en médecine, demeurant à : m'engage envers le Gouvernement général de l'Afrique occidentale fran- çaise, à servir pendant cinq ans dans les colonies et territoires de l’Afri- que occidentale française, aux conditions énoncées dans l'arrêté du 8 février 1905, dont je déclare avoir pris connaissance. Lieu et date : L Signature : Arrêté relatif aux eaux stagnantes dans l'intérieur des villes. — Le Lieutenant-Gouverneur du Dahomey ; Vu l'ordonnance organique du 7 septembre 1840, ensemble le décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du Gouverenment général de l'Afrique occidentale française ; Vu le décret du 14 avril 1904 relatif à la protection de la Santé publique en Afrique occidentale française ; Vu l'arrêté du Gouverneur général en date du 4 février 1905, portant création d’un service d'Hygiène au Dahomey ; 118 NOTES ET INFORMATIONS Vu l'avis émis par le Comité local d'Hygiène ; Vu l'approbation du Gouverneur général, après avis du Comité supé- rieur d'Hygiène et de Salubrité publique ; Arrête : Article premier. — Dans les villes, ports ou agglomérations où, par arrêté du Lieutenant-Gouverneur, l'institution du service d'hygiène est rendue applicable et, pour chacune de ces localités, dans les limites des zones prévues ci-dessous, article 13, les prescriptions ci-après énoncées sont imposées aux habitants, européens ou assimilés et indigènes, en vue de supprimer la stagnation des eaux et d'empêcher le développement des Moustiques. : TITRE 1 Obligations des Particuliers en ce qui concerne le service de La voirie. Art. 2. — Les occupants des immeubles attenant à la voie publique devront, au moins une fois par jour, assurer le nettoyage des caniveaux couverts ou découverts situés sur la voie publique ou au-devant de leurs habitations. Il est interdit de jeter ou de déposer dans les caniveaux, ruisseaux, situés sur la voie publique, des décombres, de la terre, du sable, des ordures et, d'une façon générale, toute matière susceptible de gêner l'écoulement des eaux. Il est également interdit de déposer sur la voie publique des boites de conserves, bouteilles vides et, en général, tout récipient capable de rete- nir de l'eau de pluie. TITRE. II Mesures relatives aux immeubles et nécessitant des travaux dont l'exécution incombe aux propriétaires. Art. 3. — Il ne peut être procédé à aucun creusement du sol, en vue d'extraire les matériaux de ce sol, sans autorisation préalable de l'autorité administrative. La demande d'autorisation doit spécifier les dispositions prévues pour empêcher la stagnation de l'eau pendant le cours des tra- vaux et pour combler, après l'achèvement des travaux, les dépressions creusées. Dans les immeubles bâtis et leurs dépendances, cours, terrasses, jardins et, dans les terrains non bâtis, les dépressions ou irrégularités du sol seront régularisées ou comblées. Dans les terrains non bâtis, des disposi- tions seront prises et maintenues pour assurer l'écoulement des eaux de toute provenance, sans stagnation, jusqu’au dehors de l’immeuble. Les gouttières des toits seront en bon état d'entretien et leur pente telle qu'elle permette l'écoulement facile des eaux de pluie. Art. 4. — Les orifices de puisage des puits et citernes doivent être munis d'une margelle en maçonnerie permettant l'adaptation exacte d'un couvercle plein ou grillagé, emboitant l’orifice de la margelle. Ce couver- ; j | NOTES ET INFORMATIONS 119 cle sera de nature à empêcher le passage des Moustiques, et les dimen- sions des interstices du treillis ne dépasseront pas 1 millim. 5, au carré. Les couvercles seront en bon état d'entretien. Tous les autres orifices à air libre des citernes seront munis de cou- vercles de nature à empêcher le passage des Moustiques. Art. 5. — Les bassins et réservoirs à air libre, tels que lavoirs, abreu- voirs, recipients destinés à l'arrosage, etc., devront étre munis d’un orifice d'écoulement déclive, permettant l'évacuation complète de l’eau, après usage. Les bassins et réservoirs enfoncés en terre et auxquels la disposition du paragraphe précédent n'est, par suite, pas applicable, devront être modifiés de façon que leur fond soit au niveau du sol ou, à défaut, doivent être supprimés et le sol nivelé à leur endroit. TITRE III Dispositions relalives aux immeubies nécessitant des travaux dont l'exécution incombe aux occupants. Art. 6. — Les baïilles, barriques, enfoncées en terre, utilisées pour l'arrosage des jardins, sont interdites. Art. 7. — En dehors des zones prévues par l’article 18, il est interdit de constituer pour la culture, notamment pour l'arrosage des Bananiers et la culture du Cresson, des nappes d'eau permanentes épandues sur le sol. Art. 8. — Tous les récipients d'une contenance supérieure à vingt-cinq litres et contenant de l’eau, devront être munis d’un couvercle recouvrant complètement l'ouverture du récipient et de nature à empêcher le passage des Moustiques. Ce couvercle, en bon état d'entretien, sera constamment maintenu en place, quand il ne sera pas fait usage du récipient. Art. 9. — Les embarcations sur la plage ou dans les cours des maisons doivent être maintenues la quille en l'air, ou dans toute autre situation capable d'y éviter la formation de collections d'eau stagnante susceptible de donner lieu au développement des Moustiques. Art. 10. — Les occupants des immeubles, cours et dépendances, sont tenus de prendre des dispositions pour éviter dans les cours, les caniveaux des cours, sur les terrasses, la formation de collections d’eau stagnante provenant de l’eau de pluie, de lavage ou d'arrosage et pouvant donner lieu au développement de Moustiques et ils doivent faire disparaitre, par balayage, dans les vingt-quatre heures, les flaques qui se seraient formées dans les cours, dans les caniveaux et sur les terrasses. Art. 11. — Dans les appartements privés, dans les cours et dépendances des immeubles, dans les terrains non bâtis, les occupants ou usufruitiers sont tenus de prendre des dispositions pour éviter le développement des 120 NOTES ET INFORMATIONS Moustiques et la formation des larves dans les récipients de toute sorte placés dans l’intérieur de l'immeuble ou de ses dépendances. Ils sont tenus de débarrasser les abords des maisons, les murs, les cours, des récipients inutilisés comme tels et des débris de récipients, susceptibles de retenir l’eau de pluie, tels que boites de conserves vides, débris de vaisselle, bouteilles cassées, etc., de maintenir constamment abaissés, quand il n’est pas fait usage des puits ou des citernes, les cou- vercles adaptés à leurs orifices conformément aux prescriptions de l'article 4. | Les barriques et ponchons seront maintenus dans des conditions telles que ces récipients ne puissent conserver de l'eau stagnante. Art. 12. — La constatation de la présence de larves de Moustiques, dans les cas visés aux articles 8, 9, 10, 11, et résultant de l’inobservation des prescriptions de ces articles, constituera une contravention. Art. 13. — Après avis du Comité local d'hygiène, sur la proposition de l’Administrateur ou Commandant de poste et le rapport du Chef de service de santé, le Lieutenant-Gouverneur détermine, par des arrêtés spéciaux, les villes, ports ou agglomérations-où le service d'hygiène est institué et, pour ces mêmes localités, la zone ou les diverses zones où tout ou partie des dispositions du présent arrêté ne sont provisoirement pas applicables. TITRE IV Pénalites. Art. 14. — En cas d’inexécution, ou d'exécution non conforme aux dis- positions des articles 3, 4, 5, ou à défaut d'exécution dans les délais accordés par l’'Administrateur ou Commandant de poste, il sera dressé procès-verbal contre les propriétaires des immeubles visés, qui seront poursuivis conformément à la loi. Art. 15. — En cas d'infraction aux dispositions des articles 2, 6, 7, 8, 9, 10, 11, il sera dressé procès-verbal contre l’occupant de l’immeubie ou le détenteur du récipient visé. Art. 16. — Les pénalités applicables aux infractions ou contraventions aux dispositions du présent arrêté sont celles prévues au titre IV du décret du 14 avril 1904. Art. 17. — Un délai de trois mois est accordé pour l'observation des pu dispositions des articles 3, 4, 5. Art. 18. — Les Commandants de cercles et Chefs de postes sont char- gés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera communiqué partout où besoin sera et inséré aux publications offi- cielles de la Colonie. Porto-Novo, le 12 avril 1905. LIOTARD, Approuvé : Le Gouverneur Général, E. Roume. fn acte shine NOTES ET INFORMATIONS 121 Méfaits de la Fourmi Quissondé. — Au cours de sa traversée de l'Afrique, en 1878, le major SerPA PiNro a observé une Fourmi redou- table. Il l'a rencontrée en diverses localités, mais spécialement à Bembé, vu/ sur la rivière du même nom, affluent du Couito, par 15° 55” de longitude Est et vers 12° 40’ de latitude Sud. Il décrit ses méfaits en ces termes (1): « Au moment où l’on se mettait à couper le bois pour le campement, je vis tout à coup mes nègres prendre leurs jambes à leur cou et fuir de tous les côtés. Ne comprenant rien à leur panique, je courus voir de suite ce dont il s'agissait. A la place même que j'avais indiquée pour le camp sortaient des millions de cette formidable Fourmi que les Bihénos appellent Quissondé. La vue de ces terribles ennemis avait mis tout le monde en fuite. La Quissondé est une des bêtes féroces les plus redou- tables de l'Afrique. Elle attaque et même tue l'Éléphant, tant elle s’in- troduit en foule dans ses oreilles et dans sa trompe. L'ennemi, par suite de son innombrable quantité, ne peut pas être combattu; on na de chance de salut contre lui que la fuite. Cet Hyménoptère est de six à huit millimètres de longueur. Sa couleur châtain clair reluit au soleil ; ses mandibules ont une force complètement hors de proportion avec la taille de son corps, et les blessures qu'elles font à l'Homme donnent passage à de petits ruisseaux de sang. Les chefs de ces belliqueuses pha- langes les mènent à de grandes distances et attaquent tous les animaux qu'ils rencontrent sur leur chemin. Il m'a fallu plus d’une fois fuir devant eux... C'est ici le lieu de donner quelques renseignements sur d’autres Fourmis africaines qui sont plus communes que les Quissondés... Aucun de ces petits Insectes n’attaque l Homme, hormis la Quissondé qui l'attaque toujours et le réduit à fuir, comme mes porteurs y furent contraints sur les bords de la Bembé. » Francia despierta. — Al fin la Academia de medicina de Paris despierta à la realidad. EL Dr. CHANTEMESSE ha discutido en dos sesiones consecu- tivas, durante el mes pasado, la cuestion de la propagaciôn de la fiebre amarilla, presentando como cosa nueva los puntos de vista que ya en nuestro pais, asi como en los Estados Unidos é Inglaterra son ya ruti- narias. — Revista de medicina tropical, VI, p. 63, marzo 1905. La France se réveille ! L'auteur de cette courte notice se trompe : la France ne se réveille pas, elle est réveillée ou plutôt n'a jamais dormi. Elle n’ignore pas le grand mouvement d'idées et les découvertes capitales qui se sont accomplis récemment dans le domaine de la pathologie des pays chauds ; elle y a même contribué dans une certaine mesure. Les graves questions de parasitologie, d'épidémiologie et de prophylaxie qui en découlent font, chaque année, l’objet d’un enseignement détaillé à la Faculté de médecine de Paris : les auditeurs du cours d'histoire naturelle (1) Major SerpA Pinro, Comment j'ai traversé l’Afrique. Paris, Hachette, 2 vol. in-8°, 1881 ; cf. I, p. 318-319. 122 NOTES ET INFORMATIONS médicale (parasitologie) ne l’ignorent pas ; ils y prennent même un intérêt manifeste. L'importance de ces questions nouvelles a paru si considérable qu'il a même été jugé nécessaire et urgent de leur consacrer un organe spécial, les Archives de Parasitologie, ainsi qu'un enseignement nouveau, de per- fectionnement, d’où la création de l'Institut de médecine coloniale (1). Les Hispano-Américains savent tout cela, puisqu'ils viennent en nombre, tant au cours magistral de parasitologie qu'à l'Institut de médecine colo- niale, pour se familiariser avec ces nouvelles doctrines médicales, si importantes pour eux. L'enseignement régulier auquel nous faisons allusion est d’ailleurs condensé dans un livre (2) qui paraissait précisément, à trois ou quatre jours près, au moment où l'Académie venait d'entendre la lecture visée plus haut : on y trouve, sous une forme plus brève, mais non moins pré- cise, les mêmes arguments et les mêmes faits que dans la lecture susdite. Ce qui prouve bien à quel point, chez nous aussi, toutes ces notions sont depuis longtemps banales. Mesures contre le paludisme. — Le Gouverneur général de l'Algérie vient de faire publier un intéressant opuscule relatif aux mesures à pren- dre pour combattre et prévenir les fièvres paludéennes. On se souvient des ravages que causa l’année dernière cette épidémie dans les centres réputés jusqu'alors inaccessibles au paludisme. Des fa- milles entières furent terrassées, les indigènes furent décimés, et la main-d'œuvre agricole fit défaut dans de nombreuses régions. Les recommandations contenues dans cet opuscule comportent deux parties principales : la préservation contre les Moustiques, et l'usage de la quinine à petite dose comme remède préventif. Afin de vulgariser l'emploi de la quinine chez les indigènes, M. JoNNART a décidé qu'une instruction en langue arabe serait rédigée et répandue dans tous les douars par l'intermédiaire des adjoints indigènes. Les essais de quininisation préventive tentés dans certaines tribus seront poursuivis. Des auxiliaires indigènes vont d'ailleurs être mis à la disposition des mé- decins de colonisation pour effectuer des tournées régulières dans les douars. — Le Temps du 25 août 1905. (1) R. BLancuarp, L'Institut de médecine coloniale ; histoire de sa fondation. Archives de Parasitologie, VI, p. 585-603, 1902. (2) R. Brancuanp, Les Moustiques ; histoire naturelle et médicale. Paris, F. R. de Rudeval, grand in-8° de xu-673 p., 1905 ; cf. p. 505-525. sale bérn % mcm dir stéiél Dee, - a OUVRAGES REÇUS Tous les ouvrages reçus sont annoncés. Généralités. Gouvernement général de l'Afrique occidentale française. Comilé supérieur d'hygiène et de salubrité publiques. Session du 17 au 21 juin 1904. Paris, Im- primerie nationale, in-8° de 79 p., 1904. The third report of the Caroline Brewer Croft cancer Commission of the Harvard medical school. Boston, in-8° de 124 p., 11 pl., 1905. E. Berté, L'hygiène à bord des bateaux-câbles. Thèse de Paris, F R. de Rudeval, in-8& de 68 p., 1905. R. BLancHarp, La médecine coloniale. Archives de Parasitologie, IX, p. 95-121, 1905. R. BLANCHARD, Zoologie et médecine. Archives de Parasitologie, IX, p. 129-144, 1905. R. GauLrier, Essai de coprologie clinique. De l'exploration fonctionnelle de l'intestin par l'analyse des fèces. Thèse de Paris, in-8 de 226 p., 1905. E. JEANSELME, L’habitation coloniale. Gazette des hôpitaux, in-8° de 20 p., 10 décembre 1904. H. G. GayLzorp,G. H. A.CLowes and F. W.Barscack, Preliminary report on the presence of an immune body in the blood of Mice spontaneously recovered from cancer (adeno-carcinoma, Jensen) and the effect of this immune serum upon gro- wing tumors in Mice infected with the same material. The medical News, in-12 de 4 p., jan. 14, 1905. B. Grass e L. MunaRow, Ricerche preliminari dirette a precisare le cause de 20720 e del cretinismo endemici. Rend. della R. Accad. dei Lincei, (5), XI, p. 571- 5176, 1904. G. L. Hécre, Influence des rayons X sur l’évolution des néoplasies cutanées. Thèse de Paris, in-8° de 124 p., 1905. J. Horus, Contribution à l’étude de la nature et du traitement du cancer. Thèse de Paris, in-8° de 99 p., 1905. J. Huzsnorr Por, Beri-beri. Voorkoming en genezing door toedining van kat- jang-idjo (Phaseolus radiatus L.). Amsterdam, de Bussy, in-8° de 266 p., 1904. S. Jaccoun, Villemin. Eloge prononcé à l’Académie de Médecine dans la Séance annuelle du 15 décembre 190%. Paris, in-4° de 18 p., 1904. J. Leiny, Researches in Helmintology and Parasitology by Joseph Leidy. Smith- sonian miscellaneous Collections, XLVI, in-8° de 281 p., 1904. J. Lemanissier, L'étude des corps ultra-microscopiques. Thèse de Paris, in-8° de 63 p., 1905. H. Lerourneur, Les hôtes habituels denos appartements, Chiens, Chats, Oiseaux, et du danger qu'ils présentent. Thèse de Paris, F. R. de Rudeval, in-8& de 135 p., 1905. A. Looss, Von Würmern und Arthropoden hervorgerufene Erkrankungen. Handbuch der Tropenkrankheiten von C. Mense, p. 77-209. Leipzig, 1905. W. D. Mc Caw, Walter Reed. À memoir. Walter Reed Memorial Association, in-8° de 411 p., Washington, 1904. G. Onin, La lutte entre la cellule et le milieu. Considérations Sur quelques- unes des variations de la cellule sous l’influence du milieu. Thèse de Paris, in-8° de 84 p., 1904. 124 OUVRAGES REÇUS A. Perpomo, Estudio sobre el beriberi. Thèse de Bogota (Colombie), in-8° de 43 p., 1904. C. J. SazomowseN, Carl Weigert. Berliner klin. Wochenschr., in-8° de 6 p., 1904. Cu. W. SriLes and A. Hassazz, Index-catalogue of medical and veterinary zoology. U. S. Department of agriculture, Bureau of animal industry. Bull. n° 59, VII-XI, p. 511-838, 1904-1095. Protozoaires. J. Carroz, The etiology of yellow fever. An addendum. Journal of the american med. Association, in-8° de 11 p., 1903. O. FunHRMaANN, Une maladie parasitaire des Palées et des Bondelles. Bulletin suisse de pêche et de pisciculture, in-8° de 4 p., n° 7, juillet 1903. E. Hesse, Thelohania Legeri n. sp., Microsporidie nouvelle, parasite des larves d’Anopheles maculipennis Meig. C. R. Soc. biol., LVII, p. 570-571, 1904. E. Hesse, Sur le développement du Thelohania Legeri Hesse. C. R. Soc. biol., LVII, p. 572-573, 1904. - E. Hesse, Sur Myxocystis Mràzeki Hesse, Microsporidie parasite de Limnodrilus Hoffmeisteri Clap. C. R. Soc. biol., LVHE, p. 12-15, 1905. L. Lécer, Un nouveau type cellulaire de Grégarine à cytoplasme métamérisé. C. R. Acad. des sciences, CXL, p. 524-526, 1905. L. Lécer et E. Hesse, Sur un nouveau Protiste parasite des Oliorhynques. Annales de l'Université de Grenoble, XVII, n° 1, in-8° de 3 p., 1905. A. Lesace, Culture de l’'Amibe de la dysenterie des pays chauds. Annales de l’Institut Pasteur, XIX, p. 9-16, pl. 1-11, 1905. L. Rocers, Further work on amæbic dysentery in India. The mode of formation of secondary amæbic abscess of the liver, with a note on the serum test for dysenteries. British medical Journal, in-4 de 7 p., 1 pl., 1903. J. Srecez, Untersuchungen über die Aetiologie der Pocken, der Maul- und Klauenseuche, des Scharlachs und der Syphilis. Med. Klinik, n° 18, in-8° de 5 p., 1 pl., 1905. J. Srecez, Untersuchungen über die Atiologie des Scharlachs. Anhang zu den Abhandlungen der k. preuss. Akad. der Wiss., in-4 de 14 p., 1 pl., 1905. J. Siece, Untersuchungen über die Atiologie der Syphilis. Anhang zu den Abhandlungen der k. preuss. Akad. der Wiss., in-4° de 15 p., 2 pl., 1905. J. See, Untersuchungen über die Atiologie der Pocken und der Maul- und Klauenseuche. Anhang zu den Abhandlungen der k. preuss. Akad. der Wiss., in-4 de 34 p., 2 pl., 1905 H. B. Wan», Protozoa. Wood’s Reference Handbook of the medical sciences, VII, p. 527-549, 1904. Hémosporidies et Moustiques. Service sanitaire de Saint-Paul (Brésil). Travaux touchant la prophylaxie de La fièvre jaune /1901-1905). Sao Paulo, in-8° de 122 p., 1904. F. Barresri, Troisième campagne de la ligue corse contre le paludisme (1904). Bastia, in-8° de 24 p., 190%. F. Berancourr V., Contribuciôn al estudio del paludismo en Antioquia. Thèse de Medellin, in-8° de 44 p. 1904. C. Bourrouz, Mosquitos do Brasil. Bahia, in-8° de VIII-32-16-7-3-6-5-4 pages, 190%. — Par une lamentable innovation typographique, cet ouvrage a une pagi- nation spéciale pour chaque chapitre, ce qui rend les citations bibliographiques particulièrement difficiles. L. Dyé, Les parasites des Culicides. Archives de Parasitologie, IX, p. 5-77, 1905. L. O. Howarp, Mosquitoes and Fleas. United States Department of agricul- Lure, division of entomology. Circular n° 15, second series, in-8° de # p., 1896. De EU CR Ye: CNE OUVRAGES REÇUS 125 M. Lesrepo, Algunas observaciones sobre la anatomia del Mosquito, con di- bujos originales. Revista de med. tropical, in-8° de 39 p., 14 pl., 1904. N. Leo, Vorläufisge Mitteilung über den Saugrüssel der Anopheliden. Zoolog. ANz zeiger, XXVII, p. 730-732, 1904. J. B. MoxroyA Y FLOREZ, Parasito del paludismo en Colombia. Memoria della Acad. de med. de Medellin, in-8° de 3% p., 2 pl., 1904. PRessar, Le paludisnre el les Moustiques. Paris, in-8° de vur-180 p. avec 11 pl, 1905. J. W. Srepaexs, Anew Hemogregarine in an african Toad. Thompson Yates and Johnston laboratories Report, VI, p. 115-117, 1905. Flagellés. BRODEN, Trypanosomiasis et maladies du sommeil. Publications de la Société d’études coloniales de Belgique, in-8° de 15 p., 1904. A. BronEen, Les Trypanosomes des Grenouilles. Archiv für Schiffs- und Tropen- Hygiene, IX, p. 18-21, 1 pl, 1905. BRopEN, Un nouveau cas de trypanosomiasis chez l’'Européen. Soc. d’études coloniales de Belgique, in-8 de 7 p., 1905. C. Carisry, The cerebro-spinal fluid in sleeping-sickness (trypanosomiasis)- Thompson Yates and Johnston laboratories Report, VI, p. 57-71, 1905. _J..E. Durrox, J. L. Topp and C.Cuarisry, Human trypanosomiasis on the Congo. Thompson Yates and Johnston laboratories Report, NI, p. 1-45, pl. I-IT, 1905. J. E. Durrox, J. L. Top and C. Curisry, Two cases of trypanosomiasis in eu- ropeans. Thompson Yales and Johnston laboratories Report, VI, p. 89-97, 1905: A. Foi, Ricerche sulla riproduzione dei Flagellati. II. Processo di divisione delle Triconinfe. Rend. della R. Accad. dei Lincei (5), XIIT, p. 618-625, 1904. G. FrinxiN, La fièvre récurrente et les spirilloses en général. Thèse de Paris, F. R. de Rudeval, in-8 de 72 p., 1905. J. Konsrcer et Cu. Ginesre, Note sur un Spirille. C. R. de l’Assoc. des Anato- mistes, in-8 de 5 p., VI, 1904. L. LÉGER, Sur un nouveau Flagellé parasite des Tabanides. C. R. Soc. biol., LVII, p. 613- 615, 1904. L. "Lécer, Sur les affinités de l’'Herpélomonas subulata et la phylogénie des Trypanosomes. C. R. Soc. biol., LNII, p. 615-617, 1904. L. LÉGER, Sur les Hémoflagellés du Cobitis barbatula L. Annales de l’Université de Grenoble, XVII, n° 1, in-8° de 5 p., 1905. M. Lüxe, Flagellate Blutparasiten als Krankheïitserreger bei Tieren und Men- schen. Sifzungsberichte der physikal.-œhkon. Gesellschaft, XLV, p. 48-53, 1904. M. Lüe, Neue Untersuchungen über Trypanosomen und ähnliche Blutparasiten. Sitzungber.der physikal.-ükon. Gesellschaft, XLV, p. 85-88, 1904. J. ReGnauir, Traitement de l’ulcère des pays chauds. Archives gén. de méd., p. 2268-2275, 190%. L. RoGEr, Preliminary note on the developmeni of Trypanosoma in cultures of the Cunningham Leishman-Donovan bodies of cachexial fever and kala-azar. Lancet, in 8° de 4 p., july 23, 1904. EL. Rocers, On the development of flagellated organisms (Trypanosomes) from the spleen pr otozoic parasites of cachexial feversand kala-azar. Quar terly Journal of micr. science, XLVIII, p. 367-377 pl. XXV, 1904. F. ScxaupiNN und E. HorrmANx, Vorläufiger Bericht über das Vorkommen von Spirochæten in syphilitischen Krankheïtsprodukten und bei Papillomen. Arbeiten aus dem kais. Gesundheitsamte, XXIL, p. 527-534, 1905. F. ScxauDINN und E. HorrMANN, Ueber Spirochætenbefundeim Lymphdrüsensaft Syphilitischer. Deutsche med. Wochenschrift, in-8 de 8 p., 1905. Tairoux, Recherches morphologiques et expérimentales sur Trypanosoma paddae (Laveran et Mesnil). Annales de l’Institut Pasteur, XX, p. 65-82, pl. IV, 1905. 126 Ù OUVRAGES REÇUS H. W. Taomas and S. F. LiNToN, À comparison of the animal reaction of the Trypanosomes of Uganda and Congo Free State sleeping sickness with those of Trypanosoma gambiense. Thompson Yates and Johnston laboratories Report, VI, p. 75-86, 1905. A. ZIEMANN, Beitrag zur Trypanosomenfrage. Centralblatt für Bakteriologie, Originale, XXXVIII, in-8° de 26 p., 1905. Infusoires. L. Lécer et O. Dugosco, Notes sur les Infusoires endoparasites. I. Les Astomana représentent-ils un groupe naturel ? Archives de Zoologie exp. et gén. (4), Notes et revue, n° 6, p. 98-100, 1904. P. MrrropHanov, Etude sur la structure, le développement et l'explosion des trichocystes des Paramécies. Archiv für Protistenkunde, V, p. 78-91, 1904. Helminthes en général. Report of the Commission for the study and treatment of « Anemia » wn Porto-Rico. English-español. San Juan P. R, in-8° de 240- LXXI p., 1904. L. Boyer, Ÿ a-t-1l une petade d’origine helminthique? Etude critique. Thèse de Paris, in-8° de 60 p., 1904. M. KowaLzewski, Materialy do fauny helmintologicznej pasorzytniczei polskiei, IV. Sprowazdan Komisyi fizyograficznej Akad. Umiejet. w Krakowie, XXXVII, p. 18-26, 1904. 0.vox Lixsrow,Neue Helminthen.Centralblatt für Bakteriol.,Originale,XXXVII, p. 678-683, 190%. 0. von Lixsrow, Ueber zwei neue Entozoa aus Acipenseriden. Annuaire du Mu- sée zool. de l’Acad. imp. des sc. de Saint-Pétersbourg, IX, in-8° de 3 p., 1904. Cestodes. P. BaRBAGaALLO, Il Cyslicercus cellulosae Rud. nei Suini dal punto di vista dell’igiene in questi ultimi anni. Rassegna internaz. della med. moderna, NV, in-8° de 12 p., 1904. F. Dévé, Sur quelques caractères zoologiques de l’échinococcose alvéolaire ba- varo-tyrolienne. C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 126, 1905. F. DÉVÉ, Echinococcose hépatique secondaire, d’origine biliaire. C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 246-248, 1905. F. DÉvÉ et M. Guerger, Cholélithiase d’origine hydatique. C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 248-249, 1905. F. DÉVÉ, Grefte hydatique et rayons X. C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 30% 305, 1905. L. James et H. Maxpour, Sur la biologie des Cestodes. C. R. Acad. des sc., CXL, p. 271-272, 1905. M. Kowazewski, Studya helmintologiczne. VIII. O nowym tasiemeu: Tatria biremis gen. nov., sp. nov. Rozpraw Wydz. mat. przyr., Akad. Umiejet. w Kra- kowie, (B), XLIV, p. 284-304, 2 pl., 1904. M. Kowazewsktr, Helminthological studies, VIII. On a new Tapeworm: Tatria birenris, gen. nov., sp. nov. Bulletin de l'Acad. des sciences de Cracovie, p.367- 369, pl. IX-X, 1904. Er. LôNNBERG, Ein neuer Bandwurm (Monorygma chlamydoselachi} aus Chlamydoselachus anguineus Garman. Kristiania, in-8° de 11 p., 1899. W. Ruener, Contribution à l’étude des kystes parasitaires du cerveau causés par le cystique du Ténia echinococcus. Thèse de Paris, in-8° de 55 p., 1904. CH. WaRDELL SriLes, The dwarf Tapeworm (Hymenolepis nana) a newly recognized and probably rather common american parasite. Maryland medical Journal, in-8° de 9 p., 1903. — New-York med. Journal and Philadelphia med. Journal, LXXVIII, p. 877-881, 1903. en: je ee de OUVRAGES REÇUS 127 Trématodes. P. BaArBaGALLo, Il Distomum hepalicum Retz. nei polmoni dei Bovini di Ca- tania. Rassegna internaz. della med. moderna, V, n° 21, 1904. Az. Kaouri, Le Halzoun. Archives de Parasitologie, IX, p. 78-94, 1905. O. von Lisrow, Ueber eine neue Art der copula bei Distomen. Zoologischer Angseiger, XXVNII, p. 252-254, 1904. M. Lüne, Ueber die Entstehung der Perlen. Sitzungsber. der physikal.- æœkon- Gesellschaft, XLV, p. 79-82, 1904. W. G. Mac Cazzum, Echinostomum garzetlae n. sp. (Voyage of D' W. Wolz). Zoologische Jahrbücher, Abth. für System., XX, p. 541-548, 190%. _ À. E. Surzey, Cladorchis Walsoni (Conyngham), a human parasite from Africa. Thompson Yates and Johnston laboratories Report, NI, p. 129-135, pl. IV, 1950. Nématodes. G. ALESSANDRINI, Sulla patogenesi dell’anemia da Anchylostomu.Tl Policlinico, Sezione medica, XI, in-8° de 11 p., Roma, 1904. G. ALESSANDRINI, Brevi osservazioni sullo sviluppo e eiclo evolutivo del l’Anchy- lostoma /Uncinaria) duodenale {Dub}. Soc. zool. ilaliana, in-8° de 20 p., 1904. R. BLANCrARD, Sur un travail de M. le D! J. Guiart intitulé: Rôle du Trichocé- phale dans l’étiologie de la fièvre typhoïde. Archives de Parasitologie, IX, p. 122-128, 1905. L. Brraxcon, L'ankylostomiase {maladie du Ver des mineurs). Paris, in-8° de 399 p., 1905. L. R. Cassiezur, Sobre dos casos de Anguillula intestinalis observados en la Republica Argentina. Semana medica, Buenos Aires, in-8° de 15 p., 1904. J. E. Durron, The intermediary host of Filaria cypseli (Annett, Dutton, Elliott). Thompson Yates and Johnston laboratories Report, NI, p. 139-147, pl. V, 1905. Cu. Honoré, Recherches sur la formule leucocytaire dans l’ankylostomasie. Archives internat. de pharmacodynamie et de thérapie, XIT, p. 383-398, 1903. D. Isora, Esiste in Italia l’Ucinaria americana? Atti della Soc. ligustica di sc. nat. e geografiche, XN, 3 p., 1904. J. LAmBner, Recherches sur le mode d'infection de l'organisme animal par les larves d’Anchylostomes. Bull. de l’Acad. de méd. de Belgique, in-8° de 20 p., 1905. é M. Lanxceron, Note sur l'emploi du lactophénol de Amann pour le montage des Nématodes. C. R. Soc. biol., LNIIT, p. 749-750, 1905. R. Penez, Les Filaires du sang de l'Homme. Paris, F. R. de Rudeval, in-8& de 157 p., 1904. L. Sac4a, Intorno ad una particolarità di struttura delle cellule epiteliali che tappezzano il tubo ovarico e spermatico degli Ascaridi. Archivio per le scienge mediche, XXNIIT, p. 301-317, pl. XII, 1904. CH. WARDELL STrILES, Address on Hookworm disease or uncinariasis, with special reference to its eradication. Journal of the Mississippi State med. Association, IX, p. 123-135, 1904. H. ZrEeMaNN, Beitrag zur Filariakrankheït der Menschen und Tiere in den Tro- pen. Deutsche med. Wochenschrift, n° 11, in-8 de 13 p., 1905. Acanthocéphales. M. Lüne, Geschichte und Ergebnisse der Echinorhynchen-Forschung bis auf Westrumb (1821), mit Bemerkungen über alte und neue Gattungen der Acantho- cephalen. Zoologische Annalen, I, p. 139-353, 1904-1905. Hirudinées. P. Mantez, Des accidents déterminés chez l'Homme par certaines espèces d'Hirudinées (Hirudo officinalis, Hæmopis sanguisuga, Limnatis nilotica). Braine-le-Comte (Belgique), Zech, in-8° de 95 p., 1905. 128 OUVRAGES REÇUS Crustacés. M. Micuuicicu, Weitere Mitteilungen zur Kenntnis der Gattung Brachiella Cuv. Zoologischer Anzeiger, XXVIIT, p. 733-736, 1905. Acariens. P. Merci, Sur la biologie des Tiques ou Ixodes. Journal de l’anatomie et de la physiologie, XL, p. 569-590, 190%. L. G. NEuMawx, Notes sur les Ixodidés. IL. Archives de Parasitologie, VIN, p. 444-464, 1904. L. G. NEuMaANx, Notes sur les Ixodidés. III. Archives de Parasitologie, IX, p. 225-241, 1905. Insectes. E. E. Ausrex, Supplementary notes on the Tse-tse-flies. Thompson Yates and Johnston Laboratories Report, NI, p. 101-112, 1905. E. E. Austen, A new subspecies of Glossina palpalis Rob. -Desv., the dissemi- nator of sleeping sickness. Annals and Magazine of nat. history, (1), XV, p. 390-391, 1905. Bactériologie. Rapports de la Commission nommée par M. le Préfet d’'Ille-et-Vilaine à l'effet d'étudier la salubrité des parcs ostréicoles de Cancale. Etude lopographi- que, chimique et bactériologique. Rennes, in-8° de 82 p., 1904. G. Bourcarr, Recherches sur l’agglulination et en particulier sur l'agglulina- tion du Streptocoque dans la scarlatine. Thèse de Paris, in-8° de 107 p., 1904. P. Carxor, Maladies microbiennes en général. Nouveau Traité de médecine et de thérapeutique par Brouardel et Gilbert, I, p. 1- 232, Paris, 1905. P. CHazaraix- WerzeL, Recherches bactériologiques sur les associés du Bacille de Koch dans la tuberculose pulmonaire. Thèse de Paris, in-8° de 264 p., 1904. M. Dusreuizn, De la Périlonite gonococcique chez l'enfant. Thèse de Paris, in-8° de 59 p., 1904. L. FornNeAuU, L'Erythrobacillus pyosepticus et les Bactéries rouges. Thèse de Paris, in-8° de 16% p., 1904. R. Gammier, Contribution à l’étude des eaux alimentaires. Méthode de recher- che du Bacille typhique. Stérilisation par filtration sur lits oxydants insolubles. Thèse de Paris, in-8° de 75 p., 1904. E. JEANSELME, Frankreich und Kolonien. Verhandl. und Berichte des V. inter- nat. Dermatologen-Kongresses, in-8° de 40 p., 1904. — Lèpre. A. KerMorGanr, Historique sommaire de la lépre dans nos diverses possessions coloniales. Annales d'hyg. et de méd. colon., in-$° de 48 p., 1905. A. LemMiERRE, L’ensemencement du sang pendant la tie. Procédé d'investigation «dlinique. Thèse de Paris, in-8° de 275 p., 1904. G. LequerRé, La défense sanitaire maritime d'un port contre la peste. Thèse de Paris, in-&° de 71 p., 1905. Tu. Mapsex, Toxines et antitoxines. Sur le poison du botulisme et son anti- toxine. Bull. de l’Acad. des sciences et des lettres de Danemark, p. 3-10, 1904. Tu. Mapsen et L. WazBum, Toxines et antitoxines. L'influence de la tempéra- ture sur la vitesse de réaction. I. Bull. de l’Acad. des sciences el des lettres de Danemark, p. 425-446, 1904. L'EÉditeur-Gérant, F. R. DE RUDEVAL. École Professionnelle d'imprimerie, à Noisy-le-Grand (S.-et-0.) Minime di La Fièvre récurrente et les spirilloses en général, par le Dr G. FRIDKIN, Un volume in-8° de 72 pages. Prix : 3 francs. Les Babésioses, par le Dr E. CaauverotT. Un volume grand in-80 de 95 pages. Prix : 4 francs. | Ladrerie ou Ro orcste chez l'Homme, par le Dr E. Vocovarz. Un volume grand in-8° de 184 pages, avec 9 fig. dans le texte. Prix: 3 francs. Les Filaires du sang de l'Homme, par le Dr R. PENEz, Médecin . colonial de l'Université de Paris. Deuxième édition. Un volume grand in-8° de vir-163 pages, avec 20 fig. dans le texte. Prix: 6 francs. : Les Hôtes habituels de nos appartements (Chiens, Chats, Oiseaux) et le danger qu'ils présentent, par le Dr H. Lerourneue, Un volume in-8° | de 14% pages, avec 12 fig. dans le texte, broché. Prix : 4 francs. Bibliothèque des Congrès coloniaux français. Compte rendu de la Section de médecine et d'hygiène coloniales du Congrès de 1904, publié par le Professeur R. BLAncHARD, Président de la Section. Un volume grand in-8° de 294 pages. Prix: 8 francs. _ Règles internationales de la Nomenclature zoologique adoptées par . les Congrès internationaux de zoologie. International Rules. of zoological Nomeaclature. Internationale Regeln der zoologischen Nomenklatur. Un volume sranei in- : de 65 pages. Prix : 3 francs. sous presse : À £ A Précis de diagnostic, par le Dr L. GrimBerr, Docteur ès sciences, Professeur agrégé à l’ École supérieure de Pharmacie de Paris, Pharma- * cien en chef de l'hôpital Cochin, et le D'J. Gurarr, Docteur ès sciences, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. Un volume in-18 -colombier de 600 pages environ, avec un nent nombre de figures ANNE le texte. _ Envoi franco de ces ouvrages contre un mandat- -poste adressé à F. R: DE RUDEVAL Imprimeur- -Éditeur, 4, xue Antoine Dubois, Paris, VI‘. ARCHIVES DE PARASITOLOGIE | Rédaction : 15, rue de. l'École de Médegine, Paris, ve ABONNEMENT: RUE ee 4 Paris et Départements : 80 fr. — Union postale : 32 fr. par volume. 4 Ees Ar he de nas louer publient des 1 mémoires originaux écrits Fee One D ou . Fautre des six langues suivantes : français, allemand, anglais, espagnol, italien et latin. Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE LACTYLOGRAPHIÉ (écrit. à. la machine), afin.de réduire les corrections au minimum. 5 At Re Ce texte doit être conforme aux règles suivantes: : SR #Æ On appliquera strictement les règles de la Nomenclature ologtanc ou 1 botanique UE adoptées par les Congrès internationaux de zoologie et de botanique: ns 2% On fera usage, tant pour les noms d'auteurs que pour les indications bibliogra- re £ phiques, des abréviations adoptées De ces mêmes congrès ou par le Zoological Record - sde Londres; = 3% Les noms géographiques ou les noms propres empruntés à des langues qui n’ont re - - pas l'alphabet latin seront transcrits conformément aux règles internationales adoptées. HE par les Congrès de zoologie; 4 Tout nom d'être vivant, animal ou plante, commencera par une première lettre capitale; : 7 B° Tout nom scientifique latin sera HApTiRe en italiques (souligné une fois sur Je : manuscrit), Dans l'intérêt de la publication et pour assurer Je maximum de perfection dans la: reproduction des, planches et figures, touten supprimant des dépenses inutiles, nos 10e collaborateurs sont priés de se conformer aux règles + : ER 1°: Dessiner sur papier ou sur bristol bien blanc. Ed 2°. Ne rien écrire sur les dessins originaux. £ “ RÈRRE 3 Toutes les indications (lettres, chifires, explications de figures, etc. seront placées : . sur un calque recouyrant la planche ou le dessin. RUE se: 4 Abandonner le plus possible le craÿon à la mine de plomb pour le crayon Wolf ou l'encre de Chine. # Les auteurs d'articles insérés aux Archives sont instamment priés de renvoyer à M. le D'J. Gurarr, Secrétaire de la rédaction, dans un délai minimum de huit jours, les épreuves corrigées avec le manuscrit ou l’ épreuve précédente. Ils recevront gratis 50 tirés à part de leur article. Is sont invités à faire connaître sans délai s'ils désirent en recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), à leurs frais etconformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l'impression) typographique; ilne concerne point les planches, dont le prix peut varier considérablement. Toutefois: il importe de dire que, pour les exemplaires d'auteurs, les planches seront compiées strictement au prix de revient. Les tirés à part ne peuvent être mis en vente. y - TARIF DES TIRÉS A PART Une feuille entière. Trois quarts de‘feuille Une demi-feuille Un quart de feuille. Un huitième de feuille L'Éditeur-Gérant : 4 2 19 2 4 y £ æ +23 F. R, pe RuDEVAL. w Le École Professionnelle d’Imprimerie, à Noisy-le-Grand (Seine-et-Oise). CAT I IS PTS NT ET Êr RAPHAËL BLANCHARD JR'A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE P CADÉMIE DE MÉDECINE … - E MÉDECINE t tous les trois mois = R. BLANCHARD. — Spirilles, Spirochètes et autres microorganismes à corps + SPIP A URSS OS CR Aa An RE uns AIR AVR LAS] RE TES RATS 67 EEE 4 M. LEeBREDo. — La Parasitologie à Cuba . RAR NT à PS Te UE 0 P. Van Durme. — Contribution à l'étude des try panosomoses. Répartition PNR des Trypanosomes dans’/lés organes Re LR, Nate AG EE FE. Luns. — Trypanosoma Theileri in NS ets (Tafein L ne Il). US TE NES FE -R. BLANCHARD. — Accidents causés par. une Graminée américaine (Stipa NOESTONO NAS RS ER AR nee RS ne PATES TÉL RAS IE RCA OTS : L.-G. NEUMANN. — Notes sur es Tronnies. PS A AR CRT AU D 0 LOUE L.-G. NeuMANN. — Note sur Spelæorhynchus præcursor Nn. . . , : :3,7020 Corniz-et Auvray. — Examen anatomique d’un Cy SEE De ee AP DD Foxroynonr. — La Médecine à Madagascar : : . : : RP PEN ASS Dre M. Neveu-LeMaiRe. — Mission du Bourg de. Bozas en tre tropicale. Ftude des Culicidos africains Fe ON Te RS Aer FRE DDR 0 Revue bibliographique... 2 + | “ LEA A NAS Notes 'etinformations (+ 7 ee ne ne AE Duvrapes| FRQUSe 0. AN MN eee RS D SA RS UD. AVIS Les Archives de Parasitologie son publiées, à partir de ce jour, par MM. ASSELIN et HOUZEAU, Éprreurs, Place de l'École de M decine, Paris (6°). On est prié de s'adresser aux Editeurs pour tout ce qui concerne l'administration (abonnements, achat des volu- mes antérieurs, elc.). | Les quatre premiers volumes ne sont plus représentés en magasin que par un pelit nombre d’ Hu Leur prix sera prochainement élevé. Les planches I, II et VI paraïîtront ultérieurement. SPIRILLESZ SPIROCHÈTES ET AUTRES MICROORGANISMES À CORPS SPIRALÉ PAR Le Professeur R. BLANCHARD La morphologie est l’un des fondements les plus sûrs de la science des êtres vivants, à la condition expresse d'être contrôlée par les données de l'anatomie : l'étude pure et simple de la forme permet sans doute, dans nombre de cas, d'établir des rapprochements ju- dicieux entre des organismes ayant même aspect; elle mène à de déplorables erreurs, quand on l’accepte comme unique crilérium, sans tenir compte de la structure, souvent très différente, des or- ganismes rassemblés, d'après leur seule similitude de forme, dans un même groupement arbitraire. Dans la première moitiédu dix- neuvième siècle, on considérait comme des Céphalopodes micros- copiques les Foraminifères dont la coquille est enroulée en spirale, à la facon de celle des Nautiles etdes Ammonites. Cuvier donnait le nom d'Hectocotylus octopodis à un organisme trouvé dans le sac branchial du Poulpe femelle; 1l le considérait comme un Helmin- the et Kôülliker allait jusqu'à lui décrire un tube digestif, des viscè- res, des appareils circulatoire et reproducteur, etc.; Dujardin fit voir quil s'agissait tout simplement d'un des bras du Poulpe mâle, curieusement transformé en appareil copulateur et devenu libre. Nous pourrions citer encore d'autres exemples d'erreurs tout aussi singulières, résultant d'une exclusive interprétation des apparences morphologiques. LES Nous en sommes exactement à ce point, én ce qui concerne les microorganismes à corps spiralé. Les termes de Spirillum et de Spirochæta sont connus de quiconque est quelque peu au courant de la microbiologie, mais quelle est leur signification précise? S'ap- pliquent-ils à des êtres réellement dissemblables, comme la diffé- rence des dénominations tendrait à le faire admettre? Sont-ils, au contraire, synonymes”? Assurément, celte dernière opinion est la plus répandue ; elle est pourtant de tous pointsinexacte. Bien que Archives de Parasilologie, X, n° 2, 1906. 9 130 R. BLANCHARD rapprochés par leur morphologie, en ce sens que leur corps est contourné en spirale, à la façon d'une vrille ou d'un ressort à boudin, les Spirillum et les Spirochæta diffèrent si profondément par leur structure, qu'ils ne rentrent même pas dans un mêmegroupe natu- rel : les premiers sont des Bactériacées, c'est-à-dire des plantes in- férieures; les seconds sont des Flagellés, c'est-à-dire des Protozoai- res. À côté des Spirochæta viennent prendre place les Treponema, qui sont également des Flagellés. Sans m'attarder davantage à ces considérations préliminaires, j aborde la description systématique des différents genres dans les- quels doivent rentrer les microorganismes dont le corps est con- tourné en spirale. Je donnerai une brève caractéristique de cer- taines formes, soit nettement microbiennes (Spirosoma, Vibrio, Spirobacillus), soit nettement flagellés (Trypanosoma, Trypano- plasma),genres que d’ailleurs je n'ai pas directement en vue dans la présente note; puis je ferai une étude plus détaillée des trois genres Spirillum, Spirochæta et Treponema, sur la structure et les affinités desquels on est loin de s'entendre. J'espère justi- fier ainsi l'opinion émise plus haut quant à leur véritable place dans la classification, opinion que j'ai déja formulée plus d’une fois dans mes cours publics, notamment les 13 et 20 novembre dernier. I. — SPIROBACTERIA Cohn, 1875. Synonymie. — Vibrionida Ehrenberg; 1838; Spirillaceæ Migula, 1890. Diagnose. — Bactériacées plus ou moins incurvées en vis, l'in- curvation ne formant parfois qu'un arc de cercle, formant dans d'autres cas des tours de spire plus ou moins nombreux. Organis- mes peu ou pas flexibles, se multipliant par division transversale. Formation de spores endogènes constatée dans nombre d'espèces. Quatre genres : Spirosoma, Vibrio, Spirobacillus, Spirillum. 1. — Genre Sprrosoma Migula, 1900. Diagnose. — Organismes incurvés en virgule ou en vis, rigides, non flexibles, isolés ou réunis en petites zooglées. Pas de flagelles. Un très petit nombre d’espèces connues, dont deux se trouvent chez l'Homme. sd Atte” A SPIRILLES, SPIROCHÈTES 131 19 Sp. nasale (Weibel, 1887). — Dans le mucus nasal. Courbé en croissant ou plus ou moins rectiligne. 20 Sp. linguale (Weïibel, 1888). — Dans les dépôts chargeant la langue. Contourné en S. 2, — Genre ViBRIO O. F. Müller, 1773 ; Ehrenberg emend, 1838. Synonymie. — Microspira Schrôter, 1886 ; Migula, 1900. Diagnose. — Organismes rigides, contournés en virgule ou en éroissant, se réunissant parfois en plus ou moins grand nombre et prenant alors la forme d’un S ou d'une spire. Mouvements très actifs, grâce à la présence d'un, plus rarement de deux ou trois flagelles ondulés, à l’une des extrémités. Sporulation inconnue, sauf chez V. roseus (Macé). Espèces nombreuses; plusieurs sont pathogènes ou parasites, telles que : 1o VW. comma (Schrôter, 1886). — Vibrion du choléra asiatique. 90 V. Massauah (Migula, 1900). — Trouvé par Pasquale dans une entérite cholériforme, en Erythrée. 30 V. Finkleri (Schrôter, 1886). — Longtemps considéré comme l'agent du choléra nostras. 40 V. Metshnikovi Gamaléia, 1888. — Dans l’eau; cause une enté- rite épidémique des Poules. 50 W. helcogenes Fischer, 1893. — Trouvé dans les déjections dans un cas d’entérite choléritorme, en Allemagne. 3. — Genre SPIROBACILLUS Metshnikov, 1889. Diagnose. — Bactériacées de forme spiralée, atteignant de grandes dimensions. Spores endogènes. Pas de flagelles polaires, mais fla- selles disposés, en petit nombre, sur les côtés de chaque segment, comme chez les Bacillus. Deux espèces actuellement connues. 10 Sp. Cienkovskyi Metshnikov, 1889. — Parasite dans le sang et la cavité générale d’un Ostracode (Daphnia magna), à Odessa. Met- shnikoy lui attribue un haut degré de polymorphisme. La sporula- tion n'a pas été constatée. Cette espèce donne aux Daphnies une teinte rouge vif et tue tous les individus attaqués. La culture pure ne semble pas avoir été faite, en sorte que les caractères de l'espèce restent un peu incertains ; c’est d'après l'espèce suivante que nous avons établi la diagnose du genre. 192 R. BLANCHARD 20 Sp. gigas Certes, 1889. — Trouvé dans des cultures de Con- ferves desséchées, provenant.des citernes d'Aden. La longüeur des spirales atteint 55, 50, 100 et même jusqu'à 400 »; la largeur des spires est de 7 à 8 », l'épaisseur des cellules de 1 z à 1 y 4. Se frag- mente en un grand nombre de cellules, dans chacune desquelles il se forme deux spores volumineuses, une à chaque pôle. Très mobile, grâce à des flagelles latéraux. Espèce non pathogène pour les animaux de laboratoire. = 4, — Genre SprriLLUM Ehrenberg, 1830. Diagnose. — Corps spiralé, à section cylindrique, non effilé aux extrémités. Pas de membrane ondulante. Un ou plusieurs flagelles infléchis en courbe régulière, soit aux deux extrémités, soit seule- ment à l’une d'elles. Formation de spores endogènes constatée chez nombre d'espèces. Organismes de taille relativement considérable, se cultivant assez aisément sur divers milieux usités en bactério- logie. D'après ces caractères, les Spirilles sont donc très nettement des Bactériacées. Ils vivent en saprophytes. dans les puits, les eaux stagnantes, la terre, le purin, etc., et, d'une façon générale, dans les milieux très faiblement oxygénés. On doit peut-être rattacher à ce genre quelques formes qui ont été trouvées dans le pus, mais il est douteux qu’elles y aient joué un rôle actif : jusqu à présent, on ne peut considérer aucune espèce comme sûrement pathogène. Voici, par ordre de dates, la liste des principales espèces qui doivent rentrer dans le genre Spirillum : 10 Sp. undula (0. F. Müller, 1773). — Eaux corrompues, purin. Type du genre. 20 Sp. serpens (0. F. Müller, 1786). — Eau corrompue et purin. 30 Sp. rugula (0. F. Müller, 1786). — Eau stagnante. 49 Sp. volutans Ehrenberg, 1833. — Eau dormante, liquides putré- fiés. Espèce incultivable jusqu'à présent. 50 Sp. tenue Ehrenberg, 1838. — Eaux corrompues, purin. 6° Sp. amyliferum Van Tieghem, 1879.— Dans la masse glaireuse du Streptococcus mesenterioides (Cienkovski, 1878). 70 Sp. rubrum von Esmarch, 1887. — Dans le corps d'une Souris putréfiée. So S. endoparagogicum Sorokin, 1887. — Dans le liquide accu- SPIRILLES, SPIROCHÈTES 133 mulé dans le tronc creux d'un Peuplier en putréfaction (Populus nigra). La culture n'a donné aucun résultat. 90 Sp. concentricum Kitasato, 1888. — Trouvé dans du sang pu- tréfié. 100 Sp. terrigenum (Günther, 1894). — Dans le sol. 110 Sp. Kutscheri Migula, 1900 (— S. undula majus Kutscher, 1895). — Dans des liquides putréfiés. 120 Sp. coprophilum Migula, 1900. — Purin. 130 Sp. subtilissimum Migula, 1900. — Purin et excréments du Porc. 1%0 Sp. mobile Migula, 1900. — Purin. 150 Sp. giganteum Migula, 1900 (— Sp. volutans Kutscher, 1895; non Ehrenberg, 1838). — Purin. aq 16° Sp. sporiferum Migula, 1900. — Dans des fèves cuites et putré- fiées, à réaction fortement acide. {70 Sp. colossus Errera, 1901. — Trouvé en Belgique dans des fossés d'eau de mer ou d’eau saumâtre. Cellules épaisses de 2 » 5 à 3 », formées d'un demi à deux tours et demi de spire, dont chacun est haut de 14 à 15 & et large de 5 # 6. On voit # à 8 gros flagelles soit à une seule extrémité, soit aux deux. Organisme deux fois plus grand que Sp. giganteum et trois fois plus grand que Sp. volutans. On peut encore placer ici un certain nombre de Bactériacées sulfuraires colorées en rouge, telles qu'Ophidomonas sanqguinea Ehrenberg, O. ienensis Ehrenberg, Spirillum Rosenbergi Warming, Sp. violaceum Warming, etc. Certaines formes, rapportées aux Spirilles et imparfaitement connues, doivent sans doute occuper une tout autre place dans la classification : Beauregard a trouvé dans un morceau d'ambre gris, recueilli depuis quatre ans environ et conservé en cave depuis plus de deux ans, un organisme très mobile, facile à cultiver, incurvé en vir- gule comme le Vibrion cholérique, long de 1 y 4 à 4 » 2, large de 025 à 028. Il lui donne le nom de Spirillum recti physeteris, 1897. Nous ne pouvons y voir qu'un Vibrion saprophyte, ne présentant aucun intérêt spécial. Spirillum Milleri, des dents cariées, est également un Vibrio. Il en est de même pour Spirillum sputigenum Migula, qui se rencon- 1434 R. BLANCHARD tre dans la salive et le tartre dentaire d'individus sains ; Plaut veut, contre toute évidence, l'identifier à Spirochæta Vincentin. sp., qui se trouve associé à Bacillus hastilis Seitz, dans les cas d’angine à « Spirilles » et à Bacilles fusiformes, dite angine de Vincent. Spirillum nasale Weïbel, 1887, et Sp. linguale Weibel, 188$, appar- tiennent tous deux au genre Spirosoma. Spirillum roseum Macé, 1897, trouvé dans une culture de pus blennorrhagique, est un Vibrio; il ne semble pas être pathogène. Perty a fait connaître, en 1852, un Spirillum rufum provenant de l’eau d’un puits, qui peut-être n'est pas distinct de Sp. rubrum von Esmarch. Vejdovsky a observé un Spirille dans l'intestin de la Crevette d'eau douce (Gammarus sp.?); Künstler et Gineste en ont trouvé un autre dans l'intestin de la Blatte (Periplaneta americana). Ces espè- ces sont mal connues. IT. — TRYPANOSOMIDÆ Doflein, 1901. Diagnose. —— Flagellés contournés en spirale, les tours de spire étant plus ou moins nombreux. Organismes flexibles, à forme plus ou moins fixe, se multipliant par division longitudinale. Pas de spores endogènes. Appareil locomoteur constitué soit par une membrane ondulante seulement, soit par une membrane ondu- lante et un ou deux flagelles. Ne se colorent pas par la méthode de Gram ; ne se laissent pas cultiver sur les milieux usités en bacté- riologie. Quatre genres : Spirochæta, Treponema, Trypanosoma, Trypano- plasma. 1. — Genre SpirocHÆ&TA Ehrenberg, 1833. Synonymie. — Spirochæte Cohn, 1875 ; Sænolophus Leuckart, 1862. A l'exemple de Cohn (1), tous les auteurs modernes écrivent Spirochæte. Malgré son universalité, cette orthographe est fautive ; elle n'est conforme ni aux règles de la transcription latine, ni à celles de la nomenclature zoologique ou botanique. On doit, avec Ehrenberg (1838), écrire Spirochæta, comme on dit déjà Hetero- chæta Westwood, Perichæta Rondani, Achæta Vejdovsky, etc. Le (1) F. Conx, Untersuchungen über Bacterien. Beiträge zur Biologie der Pflan- ZM, 1, 2, 18195101. p. 180: SPIRILLES, SPIROCHÈTES 135 genre Spirochæta Ehrenberg, 1838, en passant du règne végétal dans le règne animal, entraîne la déchéance d’un autre genre Spi- rochæta, créé en 1856 par Sars pour un Ver, ce genre plus récent devant recevoir un nom nouveau. Diagnose. — Corps excessivement grêle, spiralé, aplati, l’ecto- plasme s'étalant en une étroite membrane ondulante qui entoure en spirale tout le corps. Pas de flagelles; pas de spores endogènes. Un noyau très allongé, filiforme, occupant l'axe du corps, avec grains de chromatine distribués à sa surface. La multiplication se fait, selon toute apparence, par division longitudinale. La culture de ces organismes ne réussit sur aucun des milieux usités en bac- tériologie. D'après cette diagnose, les Spirochètes sont des Flagellés à mem- brane ondulante, mais sans flagelles; de même, les Acinètes sont des Infusoires sans cils, les Pédiculides sont des Hémiptères sans ailes et l'Orvet est un Saurien sans pattes ; l'absence des flagelles est un caractère peu important, attendu que les Spirochètes se ratta- chent nettement aux autres Flagellés par l'intermédiaire des Tre- ponema et des Trypanosoma. Quelques Spirochètes sontlibres dans les eaux stagnantes ou dans la mer. La plupart vivent soit en saprozoîïtes (1), soit en parasites, chez l'Homme et divers animaux; quelques-uns sont doués d'un haut degré de virulence et causent des maladies infectieuses à marche plus ou moins rapide. Voici, par ordre chronologique, la liste des principales espèces qui doivent rentrer dans le genre Spirochæta : 4° Sp. plicatilis Ehrenberg, 1833. —- Commun dans les eaux sta- gnantes. Atteint souvent une longueur de 100 à 200 y, pour une largeur de 0 » 5. Type du genre. 20 Sp. buccalis Cohn, 1875. — Long de 15 à 20 », effilé à ses deux extrémités. Fréquent dans le tartre dentaire et la salive. 30 Sp. Obermeieri Cohn, 1875. — Long de 15 à 40 », très mince, effilé aux deux bouts. Cause la fièvre récurrente; se trouve alors dans le sang en très grande abondance. Le parasite, puisé dans le (1) De serpè:, pourriture et £5s, animal : animalcule vivant dans la pourriture. Le terme de saprophyte, vu son étymologie,ne peut être employé que pour les plantes; le terme de saprozoite, que nous employonsici pour la première fois, dési- gnera les animaux qui, sans être parasites, vivent dans les matières organiques en décomposition. 136 °R. BLANCHARD sang par la Punaise des lits, est encore vivant chez celle-ci au bout de soixante-dix-sept heures, mais a disparu au bout de cent trois heures; Tictin suppose d'après cela, toutefois sans en donner la preuve, que la contamination se fait par la piqûre de cet Insect. L'inoculation expérimentale réussit à coup sûr chez les Singes de diverses espèces; elle donne toujours un résultat négatif chez les autres animaux. La «tick fever » du centre de l'Afrique, depuis longtemps signa- lée par Kirk et attribuée par lui à la piqûre de certains Acariens, est une spirochétose, ainsi que Dutton et Todd l'ont reconnu dans l'Etat du Congo. Elle consiste en une fièvre à rechutes, dont la marche semble être identique à celle du typhus récurrent; le sang renferme en abondance des Spirochètes longs de 13 à 43 , très semblables à Sp. Obermeieri, colorables par la méthode de Roma- novsky. L'injection sous-cutanée de sang infectieux ne donne pas la maladie au Rat, au Cobaye ou au Lapin; chez les deux premiers, on peut constater un léger malaise et voir apparaître quelques Spirochètes dans le sang, mais ceux-ci ne tardent pas à disparaître et tout rentre dans l'ordre. La maladie cause une faible mortalité chez l'Homme; elle est inoculée par les Tiques (Ornithodorus moubata): une Tique, qui s’est infectée en suçant le sang d’un malade, est capable d'infecter à son tour le Singe. La transmission de la spirochétose serait même possible par le moyen de jeunes Tiques, récemment nées des œuis pondus par des femelles infectées. Si ce dernier point se confirme, on ne peut manquer d'y voir une analogie frappante avec la trans- mission des babésioses, spécialement de la fièvre du Texas, qui peut s'accomplir dans des conditions identiques. Peut-être même serait-on en droit d'y voir une indication concernant des relations possibles des Babésies (ou Piroplasmes), dont l'évolution est tou- jours mystérieuse, avec les Spirochètes et les Flagellés en général. : Les observations de Rogers, qui a vu le Leishmania Donovani, de l'ulcère des pays chauds, passer dans le plasma sanguin par un cycle flagellé, ne sont pas en contradiction avec cette interpréta- tion. Des fièvres à Spirochètes, également assimilées à la fièvre récur- rente classique, ont été observées encore en d'autre régions. Hod- ses et Ross en ont étudié 12 cas dans l'Ouganda, dont 1 cas chez SPIRILLES, SPIROCHÈTES lot un Européen; un seul cas fut mortel. Le parasite avait jusqu'à 36 et 42 & de long, sur 4 » de large (pour la spire, sans doute); il put être inoculé a un Cercopithèque, qui eut trois accès fébriles, puis guérit. Dans la même région, Cook observa # cas, chacun avec une grande quantité de parasites dans le sang. A Angola, Wellman put étudier 1 cas ; les parasites mesuraient30 4 sur 0 y 1 ; il croit à leur transmission par l'Ornithodorus moubata. À Benguela, Massey 0ob- serve aussi 1 cas, chez un Européen; la Tique en question est très répandue dans le pays; elle attaque très ordinairement l'espèce humaine. À Pakhoi, dans le sud de la Chine, Hill note également 2 cas. Powel assure, du reste, que la fièvre récurrente, à Sp. Obermeieri typique, est très fréquente à Bombay. Elle est encore signalée en Malaisie par Rômer et Godefroy, en Palestine par Crop- per, en Tunisie par Lafforgue, dans la province de Constantine par Friant et Cornet, le diagnostic hématologique ayant été fait dans tous les cas. Quoi de surprenant, dès lors, à ce qu'une maladie infectieuse aussi répandue puisse également se contracter à Gilbraltar? Sir Patrick Manson en rapporte une observation remarquable. Une dame de trente ans, habitant cette localité depuis trois années, sauf un court séjour en Angleterre, est piquée à la joue; on attri- bue cette piqüre à un Moustique, mais rien ne justifie cette opinion. Quelque temps après, cette personne est prise d'une maladie fé- brile ayant les caractères généraux de la fièvre récurrente, mais présentant jusqu'à six rechutes successives, après des intervalles de 14, 8, 11, 1% et 13 jours. Un tel nombre de rechutes est sans exemple; les Spirochètes, d'ailleurs, étaient très rares dans le sang et se distinguaient du Sp. Obermeieri, tel qu'on le décrit ordinai- rement, « par leurs courbes peu nombreuses et gracieuses». Aussi Sir Patrick Manson se demande-t-il s’il ne s'est pas trouvé en pré- sence d'un type parasitaire particulier. Il ne semble pas, toutefois, qu'il en soit ainsi. Les courbes peu nombreuses et gracieuses qui ont frappé l'éminent parasitologue anglais n'ont rien de spécifique; elles ont été vues et figurées par divers observateurs, notamment par Soudakevitch (1), dans la fiè- vre récurrente classique. Powell a vu à Bombay des centaines de (1) J. Soupaxevircx, Recherches sur la fièvre récurrente. Annales de l’Instilut Pasteur, VI, pl. XIV, fig. 2, 1891. 138 R. BLANCHARD cas où les Spirochètes présentaient l'aspect décrit par Sir Patrick Manson; il explique la multiplicité des rechutes, dans le cas de ce dernier, par la multiplicité des infections. À Nowshera, dans le Punjab, Browse a observé chez un cavalier une affection fébrile attribuée au paludisme, mais le sang ne renfermait pas de Plasmo- dies; on y trouvait, au contraire, un petit nombre de Spirochètes semblables à ceux qui ont été vus par Sir Patrick Manson, comme cela ressort de la comparaison des photographies jointes au texte de l’un et l’autre auteur. 40 Sp. dentium Koch, 1877. — Très petite espèce, trouvée dans la salive et le tartre dentaire. 50 Sp. gigantea Warming, 1875. — Vit dans l'eau saumâtre, sur les côtes de Danemark. 6° Sp. Eberthi (Kent, 1880). — Rapporté d'abord au genre Try- panosoma, puis par Leuckart au nouveau genre Sænolophus (1). Habite l'intestin de divers Oiseaux (Poule, Canard, Oie); se loge de préférence dans les glandes de Lieberkühn. 1° Sp. Balbianii (Certes, 1882). — Décrit d'abord sous le nom de Trypanosoma Balbiani; vit dans l'intestin et la baguette cristalline de divers Lamellibranches (Ostrea edulis, O. angulata, Tapes. decus- sata, T. pullastra). Certes a reconnu, dès 1882, la multiplication par division longitudinale. 80 Sp. anserina Sakharov, 1891. — Cause une septicémie mortelle des Oïes, au Caucase. Le sang infectieux, inoculé à l'Oie et au Ca- nard, leur transmet sûrement la maladie; la Poule s'infecte quel- quefois, mais guérit toujours; le Pigeon et le Moineau jouissent de l'immunité. Cette même infection a été retrouvée en Tunisie par Nicolle et Ducloux. 90 Sp. Theileri (Laveran, 1903). — Découvert au Transvaal par Theiler chez deux Bœufs atteints de babésiose (fièvre du Texas), il a été revu par Ziemann au Cameroun, chez le Veau. Injecté sous la peau de divers animaux, le sang infectieux ne communique pas la maladie, pas même au Bœuf lui-même. Chez des Bœufs également atteints d'hémoglobinurie et provenant du Caucase, Diatshenko a trouvé dans les frottis de rate fraîche un organisme mobile, qu'il appelle Spirillum tschichir. Ce microbe est droit, incurvé en virgule ou contourné en S; il se cultive facile- (4) R. Leuckanr, Parasilen, 1, p. 140, 1862; 1, p. 312, 2* édition, 1880. SPIRILLES, SPIROCHÈTES 139 ment. Les flagelles n'ont pas été observés; on peut penser néan- moins qu'il s’agit d'un Vibrio. En tout cas, ce n'est certainement pas le parasite découvert au Transvaal par Theiler. 100 Sp. pyogenes (Mezincescu, 1904). — Trouvé à Bucarest, dans un cas de pyélite tuberculeuse ayant évolué normalement. Cet organisme abondait dans le pus; il est immobile et formé de 2 à 9 tours, sa longueur variant de 3 6 à 8, 10 et 12 y; par la méthode de Romanovsky, on met en dence l’amincissement marginal du corps en forme de membrane ondulante; le corps nucléaire allongé se colore en bleu, les grains de chromatine en rouge violacé. Il ne se cultive en aucun milieu et n'est pas pathogène pour la Souris, en injection intra-péritonéale. | Ce même Spirochète a été retrouvé à Vienne, par Doerr, dans une inflammation purulente du péricarde et des plèvres, chez un individu atteint d'autre part d'hépatite interstitielle. Cette fois, l'injection du pus chargé de Spirochètes, dans le péritoine de la Souris, provoqua chez celle-ci une péritonite purulente, avec une énorme pullulation des parasites. Partant de cet exsudat, on put obtenir une culture en bouillon, mais non dans d'autres milieux. Les cultures pures, obtenues par des réensemencements successifs en bouillon, ne sont pas pathogènes pour le Lapin, le Cobaye et la Souris. Cette espèce, ou du moins une forme très voisine, a encore été vue par Moritz, à Saint-Pétersbourg, chez un individu de vingt- neuf ans, mort d'une anémie grave, compliquée de pleurésie, de pneumonie catarrhale, de lymphangite et d'un état diarrhéique persistant. Les selles ne contenaient ni Spirochètes, ni œufs d'Hel- mintes. L'autopsie, faite seize heures après la mort, ne révéla aucune lésion organique qui püt expliquer un tel état général. L'estomac. et l'intestin présentaient de nombreuses ulcérations; les follicules étaient gonflés, ramollis. La musculeuse de l'intestin grêle était littéralement farcie de Spirochètes; ces parasites se retrouvaient en grand nombre dans la moelle des os, maison n'en voyait ni dans le foie, ni dans la rate, ni dans le rein. Ils étaient gros, trapus, longs de 2 à 6 , formés de 3 à 10 tours de spire. Bien qu'il n y en eût aucun dans le foie, cet organe était le siège d'une dégénérescence lobulaire très marquée. | 119 Sp. He R. Blanchard (in De din, Thèse de Paris, 140 R. BLANCHARD 1905). — Cause au Brésil une septicémie de la Poule, inoculée par la piqûre d'un Argas, chez lequel les Spirochètes restent très long- temps vivants, tout en conservant leur virulence. La maladie se transmet facilement au Lapin, à l'Oie, au Pigeon, à l'Alouette et à quelques autres Oiseaux, par simple injection hypodermique de sang chargé de parasites. Une première attaque confère l'immunité; celle-ci s'obtient aussi par divers autres procédés, notamment par injection de sérum de Poule malade, filtré sur la bougie Berkefeld. 120 Sp. refringens Schaudinn, 1905. — Trouvé en même temps que Treponema pallidum dans les lésions syphilitiques ulcérées. On peut le rencontrer aussi dans les lésions profondes et même dans les bulles de pemphigus syphilitique des nouveau-nés, mais il y est très inconstant, en sorte que son rôle pathogénique est loin d'être démontré. 13° Sp. pallidula Castellani, 18 novembre 1905. — Forme trouvée à Ceylan dans les lésions non ulcérées du parangi (1). Effilée aux deux extrémités, mince et délicate, longue de 7 à 20», cette espèce est très semblable à Treponema pallidum, auquel Castellani la croyait identique; mais Schaudinn la considère comme distincte. Sa spécificité est d'ailleurs démontrée par le fait que le pian, mal- gré ses évidentes analogies avec la syphilis, ne peut en aucune manière être confondu avec celle-ci. Les lésions ulcérées du pian renferment encore deux autres Spirochètes, qui sont apparemment de simples saprozoïtes et que Castellani, d'après la forme de leurs extrémités, désigne sous les noms de Sp. tenuis obtusa et de Sp. tenuis acuminata. 140 Sp. vaccinæ Bonhoff, 1905. — Petit organisme trouvé dans les pustules de la vaccine du Veau. La description en est très confuse et ne prête pas à une interprétation certaine. 159 Sp. ovina R. Blanchard, n. sp. — Trouvé par Martoglio et Carpano, en Erythrée, dans le sang d’un Mouton de race abyssine. Formé de 3 à 10 volutes larges et régulières, atteignant une lon- gueur de 10 à 20 sur 0 y 2 à 0 » 4 de large. Les extrémités sont (1) Synonymie : frambæsia, pian, yaws, boubas, etc. — Wellman (Journal of tropical Med., 4% déc. 1905) aurait trouvé, lui aussi, des Spirochètes dans les papules de pian, à Benguela, vers l’époque où Castellani les découvrait à Colombo. SPIRILLES, SPIROCHÈTES 1AT effilées ; l'organisme ne prend pas le Gram et ne se laisse cultiver sur aucun milieu; on n’a constaté ni flagelles, ni spores, ni chro- matine, bien que la méthode de Romanovsky ait été employée. On voit souvent deux Spirochètes juxtaposés sur toute leur longueur et même fusionnés à l’une de leurs extrémités, comme s'ils prove- naient d’une division longitudinale; les deux observateurs italiens admettent cependant que l'espèce se reproduit par division trans- versale. Ce parasite existait dans le sang, en même temps que les globu- les rouges renfermaient un corpuscule dont la nature n'est pas indiquée. L'animal mourut au septième jour d'une infection fébrile que Martoglio et Carpano attribuent au parasite endoglobulaire indéterminé, mais qu'il nous semble plus rationnel d'attribuer aux Spirochètes. Comme il arrive pour Sp. Theileri, on ne reproduit la maladie chez aucun des animaux d'espèce variée auxquels on inocule du sang parasité, pas même au Mouton lui-même. Toutefois, un Cerco- pithèque (Cereopithecus sabæus) a présenté un accès fébrile unique, sans qu'on ait pu trouver les Spirochètes dans le sang. Au Transvaal, Theiler a vu des Spirochètes dans le sang de Don tons et de Chevaux atteints d'accès fébriles. 160 Sp. Vincenti R. Blanchard, n. sp. — Découvert par Vincent dans l'angine dite à « Spirilles »; retrouvé dans la stomatite, la gin- vitite, le noma, la diphtérie et même dans certains abcès de la cuisse (Silberschmidt). Plaut a voulu, à tort, l'identifier au Spirillum spu- tigenum, qui est un véritable Vibrio. Par une symbiose encore inex- pliquée, ce Spirochète se montre le plus souvent asssocié au Bacillus hastilis Seitz (1), microbe mobile, fusiforme, aérobie, long de 5 à 12 z, ayant une largeur maxima de 1 p 5. L'infection («{uso-spirillaire », comme dit Vincent, est fréquente: sur 221 soldats traités au Val-de-Grâce pour angine, on l'observe 5 fois, soit dans 2. 26 o/, des cas. Il existe des cas où l'angine n'est due qu'au Bacille fusiforme, les Spirochètes faisant défaut; c'est ce que Vincent appelle les formes pures; Niclot et Marotte les ont égale- ment rencontrées. Le même Bacille s’observe aussi dans la pourri- ture d'hôpital, seul ou plus ordinairement associé aux Spirochètes. (1) Synonymie : Bacillus fusiformis Moritz. Deutsches ArGhuv für klin. Med., EXXXIV, p. 466, 1905. 142 R. BLANCHARD Ceux-ci ne se cultivent pas; le Bacille n'a pu encore être obtenu à l'état de pureté. La culture impure, injeetée dans les muscles ou sous la peau des animaux de laboratoire, produit des abcès avec trajets fistuleux ou des foyers de nécrose. Introduit dans le tube digestif, l'exsudat contenant les organismes détermine la dysente- rie, et on les y retrouve abondamment. Niclot et Marotte les ont observés, d'autre part, dans le mucus intestinal d’un Chien atteint de dysenterie spontanée. Eu égard à sa coexistence habituelle avec le Din à à ses caractères particuliers et, notamment, à ce qu'il ne prend pas le Gram, Silberschmidt ne pense pas que le Bacille fusiforme soit une vraie Bactériacée ; il prétend avoir constaté toutes les formes de passage entre les deux microorganismes associés. Ce n'est pas le lieu de discuter ici une telle manière de voir. Nous devons étudier maintenant un certain nombre d'aftections au cours desquelles on peut observer des Spirochètes. Ceux-ci sont trop peu connus ou leur rôle pathogène est trop incertain pour qu'il soit légitime de leur donner un nom scientifique et de classer au nombre des spirochétoses les affections qu'ils accompagnent. 18° Dysenterie à Spirochètes. — En 1900, Le Dantec a fait connaître une forme particulière de dysenterie qu'il n'hésite pas à considérer comme spécifique : les selles liquides renferment une quantité con- sidérable de Spirochètes très ténus, généralement formés de trois tours de spire, longs de 6 à 14 », mais atteignant parfois jusqu'à 30 et 40 y. Observée d'abord à Bordeaux, dans 3 cas de dysenterie nos- tras et dans 2 cas de dysenterie des pays chauds, cette forme par- ticulière de catarrhe intestinal est fréquente dans le sud-ouest de la France et se rencontre également en d’autres pays. C'est, dit Le Dantec, une diphtérie Cspirillaire » du gros intestin; l'épithélium ést gravement lésé et se desquame; on en trouve les débris dans les déjections ; «la cellule épithéliale est disloquée, creusée comme un vieux tronc d'arbre vermoulu », les Spirochètes s'enfoncent plus ou moins profondément dans son protoplasma. Troussaint et Simonin ont vu souvent les Spirochètes de Le Dantec dans la dysenterie d'été, chez les soldats de la garnison de Paris. Ils estiment que ce n’est qu'un saprozoïte banal, dont le dévelop: pement est favorisé par un microbe pathogène préexistant, tel que le Bacillus japonicus Migula (Bacille de Shiga). SPIRILLES, SPIROCHÈTES 143 190 Spirochètes de l'estomac. — Suivant Bizzozero, il existe cons- tamment, dans l'estomac du Chien, des « Spirilles » excessivement grèles, formés de 3 à 7 tours, longs de 3 à 8 set logés à l'intérieur des cellules bordantes. A Kiel, Salomon a cherché ces organismes dans diverses espèces animales : ils n'existent pas chez l'Homme, le Singe la Taupe, la Musaraigne, la Souris, le Lapin, le Cobaye, l'Écureuil, le Porc et le Bœuf; en revanche, on les observe chez le Surmulot, le Chat et le Chien; ils sont constants chez ce dernier (30 fois sur 30 animaux examinés). Ils ont de 2 à 24 tours de spire, ordinairement de 9 à 11; on pourrait mettre en évidence des flagelles par la mé- thode de Nicolle et Morax (?). Ils sont libres dans le mucus, dans le fond de l'estomac et près du pylore; ils s'accumulent de préfé- rence dans le fond des glandes, sans y produire aucune lésion; ils pénètrent aussi dans les cellules bordantes et celles-ci peuvent en contenir de 4 à 9 exemplaires. Introduits dans l estomac de la Sou- ris, ils s'y multiplient. 200 Spirochètes dans les néoplasmes.— Chez trois Son atteintes de tumeurs cancéreuses sous-cutanées, Borrel a trouvé des Spirochè- tes en extrême abondance dans le sang extrait de tumeurs non ulcérées. Ces parasites, auxquels il serait imprudent d'attribuer une action pathogène, étaient de deux types : rigides et à spire très longue chez une Souris provenant de Francfort; très fins, très petits et à spire très serrée, chez deux Souris de Paris. Contrairement à ces observations précises, Mulzer n'a jamais vu de Spirochètes dans le cancer non ulcéré : au contraire, ilen trouve communément, ainsi que de nombreuses Bactériacées, à la surface de carcinomes ulcérés de la peau et du col de l'utérus; il s'agit alors de saprozoîïtes vulgaires, comme ceux dont il va être question maintenant. 210 Spirochètes saprozoïtes. — On peut les observer dans des cir- constances très diverses. Le smegma d'hommes et de femmes sains n'en renfermejamais, d'après les constatations de Csillag, de Ber- dal et Bataille, de Mulzer ; Rona en a vu, au contraire, 3 fois sur 18 hommes sains et 6 fois sur 20 femmes saines; Menge-Krünig en a rencontré aussi chez la femme en bonne santé. Mulzer en trouve 8 fois, chez 29 individus de l’un et l'autre sexe atteints de maladies des organes génitaux : balanite, papillome, carcinome, à l’exclu- sion de la syphilis. 144 R. BLANCHARD Smith et Peill, à Sierra Leone, ont constaté de très nombreux Spirochètes dans un vaste ulcère tropical de la jambe; ni le sang, ni la rate n'en contenaient; l'inoculation expérimentale etla culture ne donnèrent aucun résultat. Dans un cas d'ulcère tropical observé à Aden et en bonne voie de guérison, Patton a fait une constatation toute semblable : les Spirochètes étaient nombreux à la surface de l'ulcère, mais faisaient défaut dans le sang ; ils ressemblaient à Sp. Obermeieri. Les saprozoïtes que l’on rencontre dans ces conditions peuvent ressembler plus ou moins à Spirochæta refringens ou à Treponema pallidum ; ils se distinguent aisément de ce dernier, en ce queleur spire est généralement plus longue, à courbe plus molle, et en ce qu'ils prennent une coloration bleuâtre par le Giemsa. 2, — Genre TREPONEMA Schaudinn, 26 octobre 1905. Synonymie. — Spirochæte Schaudinn, 4905, pro parte. — Spirone- ma Vuillemin, 5 juin 1905 ; non Meek, 186%; non Klebs, 1893. — Microspironema W. Stiles et Pfender, 2 décembre 1905. Diagnose. — Corps spiralé, non aplati, à section cylindrique, effilé aux extrémités. Un flagelle à chaque extrémité; pas de men- brane ondulante. Multiplication par division longitudinale, le stade initial pouvant être marqué par la duplicité du flagelle à l'une des extrémités. Une seule espèce certaine : Tr. pallidum (Schaudinn, 1905). Synonymie. — Spirochæte pallida Schaudinn, 1905. — Spironema pallidum Vuillemin, 1905. — Microspironema pallidum W. Stiles et Pfender, 1905. Découvert par Schaudinn et Hoffmann dans les diverses produc- tions syphilitiques, aux différentes périodes de l'infection ; retrouvé par un très grand nombre d'observateurs de tous pays, non seule- ment dans la syphilis acquise, mais aussi dans l'hérédo-syphilis, avant comme après la naissance. Bien que le fait n'ait pas encore été démontré expérimentalement, vu l'impossibilité ac- tuelle d'obtenir des cultures pures des Spirochètes et des organis- mes similaires, il n'est guère permis de douter que Treponema pal- lidum soit l'agent pathogène de la syphilis. Plusieurs raisons plai- dent en faveur de cette opinion : : x d gs + SPIRILLES, SPIROCHÈTES 145 1° La constance de ce parasite dans les lésions syphilitiques, à tous les degrés de l'infection ; 9% Son absence dans toute lésion de nature non syphilitique. Kiolemenoglou et von Cube prétendent l'avoir rencontré, en dehors de la syphilis, dans la balanite, le pus des abcès scrofuleux ou blennorrhagiques, le carcinome suppurant et le suc de condy- lome, mais ils ont été certainement le jouet d'une illusion. Nous avons déjà mis en garde, plus haut, contre une confusion possi- ble avec des Spirochètes d'espèce banale, qui peuvent vivre en sa- prozoïtes sur les plaies ulcérées et parmi lesquels peuvent se trouver aussi des formes particulièrement grêles; 30 L'analogie entre la syphilis et la dourine, trypanosomose du Cheval causée par le Trypanosoma equiperdum Doflein et transmise normalement par le coït, est assez frappante pour qu'on ait pu supposer de même une analogie étiologique. Pour ma part, voilà des années que, dans mes cours publics, j'énonce l'opinion que l'agent étiologique de la syphilis et de la fièvre jaune devra être trouvé dans un Trypanosome ou un organisme similaire; les ré- centes observations de Schaudinn sur des Flagellés dérivés de certains Hématozoaires de la Chevêche (Athene noctua), bien loin d'infirmer une telle hypothèse, la corroboraient de la façon la plus nette, en faisant connaître l'existence de Flagellés ultra-microsco- piques. La démonstration de cette hypothèse a été donnée par Schaudinn lui même, par la découverte du Treponema pallidum. Je considère donc comme acquis que cet organisme est la cause de la syphilis. Dans l’état actuel de nos connaissances, il est l'unique représen- tant du genre Treponema. Dans un avenir prochain, on constatera qu'un certain nombre d'espèces, rangées plus haut dans le genre Spirochæta, possèdent également un flagelle à chaque extrémité; on devra donc les transporter dans le genre Treponema. Les natu- ralistes ont l'habitude de tels transferts, qui n’ont d'autre consé- quence que de nécessiter l'emploi d'une parenthèse pour citer le nom de l’auteur et la date de création de l'espèce, symbole qui indique que cette dernière a changé de genre. C'est ainsi, par exemple, que Spirochæte pallida Schaudinn, 1905, est devenu Tre- ponema pallidum (Schaudinn, 1905). La parenthèse, que la plupart des auteurs emploient à tort et à travers, sans en connaître la si Archives de Parasitologie, X, n° 2, 1906. 10 146 R. BLANCHARD gnification exacte, mais en causant les plus regettables confusions, possède, en nomenclature zoologique et botanique, le sens précis que je viens d'indiquer incidemment. La syphilis est donc une tréponémose ; c'est actuellement la seule tréponémose connue, mais, selon toute vraisemblance, ce nouveau type parasitologique va prochainement s’'augmenter du pian et de la fièvre jaune, peut-être aussi de la variole, de la vaccine, du horse-pox, de la clavelée, de la scarlatine, de la fièvre aphteuse et de la rage. Sous le non de Cytorrhyctes, on a décrit, dans ces dernières maladies, des productions anatomo-pathologiques ou parasitaires dont la nature est encore incertaine (1), mais qui tendent du moins à établir un rapprochement entre ces états morbides; les corpuscules observés par Negri dans la rage semblent être du même ordre. Voilà quelques années, Stassano prétendit avoir trouvé des Fla- gellés « dans la sérosité sanguinolente que l'on retire par ponction du ganglion satellite du chancre ». La description et les figures qu'il en donne sont tellement confuses qu'on ne sait exactement de quoi il peut bien s'agir. En résumé, il y a lieu de distinguer désormais, parmi les mala- dies vénériennes, trois types absolument irréductibles; les deux premiers sont des bactérioses, le troisième est une protozoose ou une tréponémose, SAVOIT : 1° La blennorrhagie, causée par le Gonocoque ou Micrococcus gonorrhææ (Neisser); 20 Le chancre mou, causé par le « Bacille » de Ducrey ou Bac- terium Ricordi, nomen novum (2), « Streptobacille » long de 1 p 3 à 2 y, large de0z 3à 0p5; 30 La syphilis, causée par le Treponema pallidum (Schaudinn). (1) Cytorrhyctes variolæ Guarnieri, C. vaccinæ et C. scarlatinæ Siegel. dans le plasma des cellules épithéliales; C. aphtharum Siegel, dans le noyau des cellules épithéliales; C. luis Siegel, dans le plasma des cellules conjonctives, dansla subs- tance conjonctive fondamentale, ainsi que dans les sues tissulaires, au cours de la syphilis. Les Cylorrhycles passeraient par une phase flagellée. (2) Synonymes : Bacillus ulceris cancrosi Kruse, 1896; Bacterrum ulceris can- crosi (Kruse) Migula, 1900. Ces deux termes n'étant pas binominaux, comme l'exige la nomenclature botanique, aucun d’eux n’est valable; c’est pourquoi nous les remplaçons par une dénomination nouvelle. SPIRILLES, SPIROCHÈTES 147 3. — Genre TRYPANOSOMA Gruby, 184%. Synonymie. — Trypanomonas Danilevsky, 1885; non A. Labbé, 1891. Diagnose. — Corps mou, spiralé, de forme changeante. En dehors et à quelque distance du noyau, un amas de chromatine, dit blépha- roplaste, d’où naît un flagelle. Celui-ci sort du protoplasma, puis court le long du corps, en soutenant une membrane ondulante; parvenu à l'extrémité antérieure, ce même unique flagelle se pro- longe librementsur une certaine longueur. L'animal marche le flagelle en avant ; il est entraîné par celui-ci, ainsi que par sa mem- brane ondulante. Tous les Trvpanosomes sont parasites ; ils vivent dans le sang et les liquides organiques (liquide céphalo-rachidien). On en connait dans les cinq classes de Vertébrés, y compris l'Homme. Ils causent, chez les Mammifères et l'Homme, de très redoutables affections, désignées sous le non collectif de trypanosomoses. Telles sont, par exemple, la maladie du sommeil(Tr.gambiense Dutton) chez l'Hom- me ; le nagana (77. Brucei Plimmer et Bradford) chez le Bœuf; le surra, Causé par Tr. Evansi (Steel), chez le Bœuf, le Cheval, le Cha- meau et l'Éléphant. Certaines espèces, bien que vivant dans le sang, ne sont pas pathogènes : tel est le cas pour Tr. Lewisi (Kent) du Rat et pour Tr. cuniculi R. Blanchard, du Lapin. Ces parasites sont inoculés pas la piqûre de divers Insectes, par- mi lesquels les Diptères (Glossina, Tabanus, Stomoxys) figurent au premier rang; les Puces et peut-être aussi les Poux interviennent dans certains cas (Tr. Lewisi). Enfin, il est au moins une espèce (77. equiperdum) qui, outre le transport pas les Insectes, peut se trans- mettre par le coït, c'est-à-dire par le contact de muqueuses pouvant présenter des ulcérations; la dourine a donc deux modes d’inocula- tion. Cette notion est très importante pour nous, en ce qu'elle rend très probable l’inoculation de la syphilis, ainsi que celle des tré- ponémoses et spirochétoses en général, par la piqûre des Acariens et des Insectes; le fait est déjà connu pour quelques spirochétoses; il a, sans aucun doute, une portée plus générale. 4, — Genre TRYPANOPLASMA Laveran et Mesnil, 1901. Synonymie. — Trypanomonas À. Labbé, 1891; non Danilevsky, 1885. — Trypanophis Keysselitz, 1904. 148 R. BLANCHARD Diagnose. — Corps mou, arqué, de forme changeante. Gros noyau globuleux, situé dans la portion antérieure et près du bord con- vexe. Blépharoplaste allongé, situé en avant et près du bord con- cave ; de son pôle antérieur naissent deux flagelles : l'un est libre dès son origine et se porte en avant; ses mouvements sont assez lents; l'autre gagne le bord convexe, le suit sur toute sa longueur en soutenant une étroite membrane ondulante, puis devient libre sur un court trajet, à l'extrémité postérieure. L'animal marche le premier flagelle en avant ; il est à peine trainé par celui-ci, vu la lenteur de ses mouvements ; il est surtout poussé en avant par la membrane ondulante. Les Trypanoplasmes vivent dans le sang, parfois aussi dans l'es- tomac des Poissons ; ils y ont été découverts en 1889 par Shalash- nikov. On en connaît quatre espèces: Tr. Borreli Laveran et Mesnil, 1901, chez le Rotengle et le Vairon ; [r. Guernei Brumbpt, chez le Chabot de rivière (Cottus gobio) ; Tr. cyprini Plehn, chez la Carpe et la Tanche ; Tr. varium Léger, chez la Loche franche (Cobi- tis barbatula) ; Brumpt en a signalé encore d'autres espèces chez la Truite (Trutta fario), la Brème (Abramis brama) et le Barbeau (Barbus fluviatilis). La dissémination et l’inoculation de ces para- sites se font par l'intermédiaire des Sangsues ; Brumpt a reconnu que Tr. cyprini passe par Hemiclepsis marginata. On comprend donc que A. Labbé ait pu trouver dans une Sangsue médicinale (Hirudo medicinalis), provenant des marais des Landes, un Trypanoplasme particulier, Tr. Danilevskyi (Labbé, 1891), dont le second hôte, s'il existe, est encore indéterminé. Supposons un Trypanoplasme dont le flagelle postérieur, encore infléchi en arrière, reste court et ne soutient plus aucune mem- brane ondulante : nous aurons ainsi affaire à un Bodo, organisme à corps non spiralé, libre dans les eaux stagnantes et les liquides chargés de matière organique ou même capable de vivre en para- site chez des animaux variés. Supposons, d'autre part, un Trypa- noplasme pourvu non plus d'un seul, mais de trois ou quatre flagelles antérieurs : nous verrons ainsi se réaliser le type Tricho- monas, représenté chez l'Homme et les animaux par plusieurs espèces parasitaires (Trichomonas vaginalis Donné, 1837). Les Trypanosomidæ ont ainsi, par des transitions très simples, d'étroites affinités avec les Flagellés ordinaires, dont le corps n'est SPIRILLES, SPIROCHÈTES 149 pas contourné en spirale. Par les Spirochæta et les Bodo, dont cer- taines espèces sont libres, s'établit d'autre part une étroite con- nexion entre les formes strictement parasites et celles qui mènent normalement une existence indépendante. L'étude des microorganismes à corps spiralé nous permet donc de saisir sur le fait l'adaptation des êtres inférieurs, tant Spirobac- téries que Trypanosomidés, aux conditions très spéciales de la vie parasitaire ; elle nous montre chez ces êtres des degrés très divers de virulence ; elle nous fait comprendre le rôle très varié qu'ils jouent dans la pathologie humaine et comparée ; elle met enfin en pleine lumière la part considérable que prennent en pathologie sénérale les nouvelles études de parasitologie, qui ouvrent à la médecine un domaine immense, dont on ne peut encore évaluer toute l'étendue. LA PARASITOLOGIE A CUBA’ PAR Le D' Mario LEBREDO, Sous-Directeur de l'hôpital Las Animas, a La Havane. Je suis profondément touché de l'honneur que me fait M. le Pro- fesseur R.Blanchard, en me donnant l'occasionde prendre ici la parole. Je ne trouve pas de mots assez puissants pour lui faire comprendre le degré de ma gratitude. Je désire être clair et surtout être simple. Je veux faire devant vous un exposé général synthétique de ce que l'on pense à Cuba - sur la Parasitologie, en vous montrant de quelle manière nous mettons en pratique les méthodes que la théorie et l'expérience nous ont montré être les meilleures. Je commence par faire une déclaration que je crois être une grande vérité : la Parasitologie a désormais acquis le rang de science autonome ; le Professeur R. Blanchard est celui qui, par ses écrits, son enseignement, la création des Archives de Parasito- logie, puis de l’Institut de Médecine coloniale, a contribué le plus puissamment à l’élever à cette dignité. On ne connaît pas encore tous les parasites producteurs de maladies, mais on possède déjà des critériums assez certains pour reconnaître si une maladie don- née est de cause parasitaire, que le parasite en soit ou non connu. Il ya peu de temps, je disais, au Congrès régionalde La Havane, que la Parasitologie est une vaste étude dont les principales lois générales sont déjà parfaitement définies. Je comparais la Parasi- tologie, telle qu'elle est aujourd'hui, aux contrées encore inexplo- rées : la carte enest tracée déjà, mais elle présenteencore beaucoup de blancs, que des investigations nouvelles permettentde combler successivement. De même, nous n'avons plus qu'à remplir les espaces laissés vides dans le plan général dela Parasitologie, toutes les fois qu'un pas est fait en avant dans la recherche causale des maladies. (1) Extrait d’une conférence faite à l’Institut de Médecine coloniale de Paris, le 27 octobre 1905. LA PARASITOLOGIE A CUBA 151 La Parasitologie est éminemment pratique etexpérimentale:elle trouve en cette méthode la source du diagnostic, la source du irai- tement, la source de la prophylaxie, la source d’investigations nouvelles. Aujourd'hui tout médecin, s’il est de bonne foi, est con- traint de recourir au Laboratoire pour l'établissementdu diagnos- tic parasitologique. Nous l'avons bien compris à Cuba, puisque nous possédons un Laboratoire national pour l'examen gratuitdes exsudats, déjections, fausses membranes, etc., au sein desquels les médecins peuvent juger utile de rechercher des parasites.Ce labo- ratoire fonctionne très activement et rend les plusgrandsservices. Dans les hôpitaux aussi, des installations de ce genre sont abso- lument nécessaires. Combien de doutes dissipés, combien detemps gagné pour la thérapeutique, quand on trouve au laboratoire la cause des maladies soit par la découverte du parasite même, soit par quelqu'une de ses réactions biologiques! Certaines anémies graves, inguérissables tant qu'elles sontsupposées paludéennes par les exclusifs cliniciens, deviennent très curables dès que le mi- croscope a démontré la présence des œufs d'Uncinaire dans les tèces ; dans certaines fièvres infectieuses indéterminées, l'aggluti- nation du Bacillus typhosus dévoile la fièvre typhoïde. Dans les septicémies surtout, il est impossible de faire un diag- nostie spécifique sans la recherche du parasite. J'ai publié un tableau des erreurs commises par les médecins, pour avoir voulu faire un diagnostic exclusivement visuel: chez huità dix malades envoyés à l'hôpital des maladies contagieuses « Las Animas » avec le diagnostic de morve, je n’ai reconnu qu'un seul cas authentique de morve humaine, avec pustules et jetage caractéristiques. La morve, la streptococcie et staphylococcie ont en général une symptomatologie très semblable : fièvre à grandes oscillations, délire, abcès; la lymphangite n'est point spéciale. Il y a certaine- ment des cas où l’on incline à diagnostiquer telle infection plutôt que telle autre, mais, en fait, il est impossible de faire un diagnostic certain sans y faire intervenir le laboratoire. Et cela est facile, quand il y a des abcès. A ce propos, je dois vous faire remarquer un fait qui me paraît être intéressant : il se rapporte à ces cas mortels où l'on porte le diagnostic de fièvre typhoïde, alors que l’agglutination ne se pro- duit point ; dans ces cas, il y a eu erreur de diagnostic. 192 M. LEBREDO On peut énoncer cette loi, que tout cas où s'obtient de bonne heure l'agglutination du Bacillus typhosus est une fièvre typhoïde, qui, traitée normalement, doit guérir presque toujours; plusl'agglu- tination est retardée, plus les cas sont sévères, jusqu'à être mor- tels. Ce peuvent être de vraies fièvres typhoïdes, sans avoir donné la réaction caractéristique, mais quelquefois aussi ce ne sont point des typhoïdes. En voici deux exemples : 1% cas. — Une femme entre à l'hôpital avec le diagnostic de fièvre typhoïde au 14° jour. Torpeur marquée, fièvre stationnaire, à rémissions journalières d'un degré à un degré et demi, ballon- nement du ventre, douleur légère au creux épigastrique, pas de taches rosées, constipation, comme cela arrive souvent dans les typhoïdes, et rien de plus. Il existait pourtant au niveau de la che- ville un tout petit point légèrement rougeàtre, très peu apparent ; on le découvrit par hasard, en arrangeant la malade dans son lit ; en touchant cet endroit, on lui fit pousser un gémissement ; il n’y avait ni lymphangite, ni fluctuation. La malade mourut. La réaction de Widal avait été nulle jusqu'au moment de la mort. A l’autopsie, on trouva des infarctus petits et moyens disséminés dans les viscères ; l'intestin ne présentait qu'unelégère congestion de la muqueuse en général. Une incision profonde, pratiquée dans la cheville, donna issue à quelques'gouttes de pus. Des cultures faites avec ce pus etavec le liquide des infarctus dévoilèrent toutes le Streptocoque. 2e cas. — Mulâtre très foncé, entré à l'hôpital avec le diagnostic de fièvre typhoïde au 14° jour ; les symptômes sont ceux d'une typhoïde très toxique. Délire, douleur à la pression épigastrique. Le malade meurt sans avoir donné la séro-réaction de Widal. Nous rappelant le cas précédent, nous cherchons quelque abcès, quelque lymphangite, quelque blessure, mais sans trouver absolument rien qui ait pu servir de porte d'entrée aux Coccus pyogènes. On avait bien constaté quelques signes d'endocardite, mais sans pouvoir les imputer à rien de positif. Au reste, le cas rentrait parfaitement, au point de vue clinique, dans la catégorie des états typhoïdes. Le malade ayant succombé, on fit l'autopsie : rien dans l'intestin, si ce nest une légère congestion générale. La valvule mitrale présentait une ulcération, la rate et le foie offraient des infarctus LA PARASITOLOGIE A CUBA 153 petits et disséminés. Des préparations faites sur-le-champ avec la pulpe de ces infarctus nous montrèrent des Streptocoques et les diverses cultures de la rate et du foie nous les donnèrent à l’état de pureté. Ces deux exemples sont de nature à augmenter l'importance que prend la recherche de l’agglutination du Bacillus typhosus. Peut- êtres les cas où on ne l'observe pas, bien que signalés comme des typhoïdes, ne méritent-ils pas de figurer sous cette rubrique dans les statistiques. En effet, comment différencier eliniquement ces prétendues typhoïdes qui n'agglutinent pas. Sont-ce de vraies typhoïdes, des para-typhoïdes ou des streptococcies? Sont-elles dues au Bacillus typhosus, au Bacillus coli, aux « para-coli » ou au Strep- _tocoque? Seule, l'étude parasitologique peut asseoir le diagnostic sur une base certaine. Un laboratoireaux Antilles, à Cuba, ne diffère par rien d’essentiel des laboratoires installés dans les autres parties du monde. Les procédés employés sont les mêmes que partout ailleurs, mais il convient de les modifier dans certains détails, suivant les données de l'expérience. A Te - Si les procédés généraux d'expérience et d'investigation restent à Cuba les mêmes que dans les autres contrées, cela tient à ce que les parasites déterminent, au cours des maladies qu'ils produisent, les mêmes manifestations cliniques. Les maladies n’ont pas des manifestations différentes, selon les pays où elles se présentent : la pneumonie, d'origine pneumococcique, n'a pas d'autres symp- tômes à Cuba qu'à Paris; elle est partout identique à elle-même. Un fait pourtant est indéniable, c'est le degré plus ou moins grand d'infectivité des parasites, par suite de l’exaltation ou de la dimi- nution de leur virulence, il en résulte de grandes différences dans la gravité et la mortalité des cas, selon les climats. Je voudrais maintenant vous donner quelques conseils pratiques dont vous pourrez peut-être profiter quelque jour, sur les condi- tions spéciales du travail de laboratoire à Cuba et, en général, dans les régions intertropicales. Méthodes de coloration. — La grande intensité de la lumière nous donne l’avantage de la clarté des images microscopiques et le plus grand nombre d'heures de travail par jour, durant toute 194 M. LEBREDO l'année; elle est même, dans certains cas, un grand avantage pour la formation rapide des couleurs, dans certains mélanges spéciaux. En revanche, c'est un puissant agent destructeur de certaines cou- leurs délicates, et les préparations colorées doivent être soigneuse- ment gardées à l'obscurité. Pour l'étude du sang ou de la formule leucocytaire, ainsi que pour la recherche des Hématozoaires, on peut avoir recours à tous les procédés rapides de coloration dérivés du procédé de Roma- novsky, telles que les méthodes de Leishman, de Wright, de Gold- horn. On obtient ainsi de merveilleuses préparations, mais la cou- leur n’est pas constante dans nos contrées. Par exemple, un flacon déterminé donne des préparations étonnantes de beauté pendant 15, 20 jours; puis, le jour où l'on compte faire une bonne prépara- tion, elle rate. On constate alors, ou bien que la couleur est préci- pitée, ou bien que, tout en semblant très belle, elle ne donne plus au protoplasma des parasites qu'une teinte très légère, ayant perdu la proprielé de mettre la chromatine en évidence. Le Professeur Patrick Manson a envoyé deux fois au Dr Guiteras des tablettes de la coloration de Leishman fabriquées à Londres et telles qu'il les emploie. Nous les avons essayées plusieurs fois, mais sans obtenir de succès constants. La formule de Romanovsky, telle qu’elle est décrite dans les ouvrages classiques, bien que d'une manipulation plus longue, donne toujours les meilleurs résultats. Toutefois, pour que la coloration ait toujours du succès, il faut modifier le procédé de lavage. On doit procéder comme suit : On mélange vivement 4° de la solution classique de bleu de mé- thylène et 10€ de la solution d'éosine, quantités exactement mesu- rées, puis on y laisse flotter les lamelles, la surface préparée en dessous. Au bout d'une demi-heure à trois quarts d'heure ou une heure, on retire les préparations et on les passe vivement dans deux petits bassins d'alcool absolu. Dans le premier, la préparation laisse l'excès de couleur ; dans le second, elle prend une teinte saumon ; on arrête alors le lavage. Il faut faire vite, et pour cela on tient la lamelle avec des pinces. On sèche sur papier buvard et on monte dans le baume. Cette coloration est très bonne, quoique d'une manipulation un peu longue. Les solutions à base d'hématoxyline s'améliorent quand on les LA PARASITOLOGIE À CUBA 155 garde en pleine lumière. Je n'ai qu'à me louer d'employer presque exclusivement le mélange d'hématoxyline de Bühmer. Cette solu- tion est précieuse pour les examens de sang, au point de vue leu- cocytaire, et pour la recherche des Filaires dans le sang. La lame de sang séchée est fixée à l'alcool, puis est laissée une ou deux minutes en contact avec la solution d’hématoxyline. On lave à grande eau (plus on lave, plus la coloration est belle); on passe ra- pidement dans une solution d’éosine au millième, on sèche et on monte dans le baume du Canada au xylol. Par cette méthode on obtient des leucocytes superbes et les em- bryons de Filaires montrent leur pointillé cellulaire spécial avec une netteté remarquable. Un autre avantage précieux de cette coloration, c’est qu'elle résiste plus que toute autre au pouvoir décolorant de notre climat, et qu'elle donne de très belles photo-micrographies. Les autres colorations usitées pour les études des Protozaires dans les tissus, telles que celle d'Unna, sont très belles, mais de courte durée; cependant, en ayant soin de les tenir bien serrées dans des boîtes, on peut les garder plus longtemps. Méthodes d'enrobage. — J'arrive maintenant à un point très important de la technique de laboratoire dans les pays chauds, je veux parler de la question de l’enrobement des tissus pour faire des coupes. Peut-on employer indifféremment la paraffine et la celloïdine ? Certes, on peut les employer toutes deux, mais la chaleur élevée de notre climat fait que la paraffine n'est pas d'un emploi pratique. J'ai eu beau employer des paraffines fusibles aux plus hautes tem- pératures, c'est-à-dire les plus résistantes à la chaleur, j'ai toujours éprouvé de telles difficultés que j'ai dû l'abandonner complètement. D'ailleurs, la celloïdine en a tous les avantages sans aucun des in- convénients, en sorte que j'ai été amené à l'employer uniquement. Je ne dis pas pourtant qu'il soit impossible d'employer la paraffine, je l'ai employée, mais aux conditions suivantes : 4° Tenir dans la boite à glace, jusqu’au moment de s’en servir, les blocs de paraffine avec la pièce incluse; 20 Ne faire les coupes qu'au très grand matin, avant le lever du soleil. Et, même dans ces conditions, quand on fait des coupes en séries, 156 © M. LEBREDO les mouvements successifs du rasoir ramollissent assez la paraffine pour que les coupes ne soient pas du tout satisfaisantes. Avec la celloïdine, au contraire, on peut non seulement imbiber complètement les tissus, mais obtenir une masse tout à fait homo- gène, qui se prête à faire avec le rasoir les coupes les plus belles et les plus minces. C'est donc le procédé de choix pour nos contrées. Dans les études que j'ai entreprises, il y a trois ans, à Cuba, sur les maladies transmisssibles par les Moustiques, je peux vous assurer que je n'ai jamais perdu un seul Moustique ni une seule coupe avec l’enrobement à la celloïdine. On ne peut obtenir un tel résultat qu'à la condition expresse de n'employer que de l'alcool absolu pour la déshydratation des tissus et de la celloï- dine. | Bien que cela puisse vous paraître un peu méticuleux, voici le procédé que j'emploie pour obtenir de bonnes préparations, à triple coloration, de Moustiques infectés par l'Hématozoaire du paludisme ou les larves de Filaires. 1° On recueille le Moustique vivant dans un tube à essai; on met environ 10 € d'alcool absolu dans un autre tube à essai. On renverse ce dernier tube sur celui qui contient l'alcool : les vapeurs du liquide font tomber le Moustique qui se noie aussitôt et se laisse pénétrer complètement par l'alcool. On bouche hermétiquement; au bout de 24 heures, l'Insecte est fixé et déshydraté. 20 On verse l'alcool avec le Moustique dans une petite cupule ; -avec des pinces, on arrache soigneusement les pattes et les aïles : on place ensuite le Moustique dans un tube contenant parties égales d'alcool absolu et d’éther; on laisse 24 heures. 30 On passe le Moustique dans une solution de celloïdinede den- sité moyenne, plutôt un peu liquide; on laisse 24 heures. 4° On passe le Moustique dans la celloïdine dedensitésirupeuse ; on laisse 24 heures. Pour obtenir de belles coupes de Moustiques, il n'est pas néces- saire de ramollir la chitine, à quelque espèce que l’on ait affaire. Quand on est pressé, on peut réduire à 24 heuresle passage dans chaque solution de celloïdine; si on a le temps il vaut mieux les laisser deux à trois jours dans chaque. Pour voir si la consistance de la solution sirupeuse est convenable, on en versequelques gouttes LA PARASITOLOGIE À CUBA 197 sur un bloc; si elle sèche vite, en une ou deux secondes, lasolution est bonne. 50 Montage dans le bloc. On se sert à cet effet de pelits carrés de bois très durs et épais, dont l’une des surfaces est taillée en tronc de cône. La section du cône doit présenter une surface assez grande pour supporter aisément le Moustique. On imbibe d’abord le morceau de bois avec de l'alcool absolu, afin de chasser les bulles d'air qui y sont toujours incluses. On sèche rapidement avec un papier à filtre posé à plat sur la table, puis on déposeune grosse goutte de celloïdine sirupeuse. On laisse sécher légèrement, puis on fait sortir une grosse goutte deux ou trois fois de suite. La suite de l’enrobage se fait par les procédés connus. Quand l’Insecte est disposé comme il convient, on trempe d’un coup tout le bloc dans du chloroforme très pur. On le tient submergé dans le chloroforme pendant 20 à 30 minutes, puis on le passe dans l'alcool à 80°; 8 à 10 heures après, le bloc est prêt pour la coupe. Coloration des coupes. — Le mélange colorant que j'emploie pour l'étude des Moustiques est ainsi composé : Hématoxyline de Bühmer. Fuchsine acide, solution aqueuse 0,1 p. 100. Solution aqueuse saturée d'acide picrique. Il me semble inutile d’insister sur la technique spéciale du ma- niement des coupes; cette technique vous est bien connue et vous arriverez vous-même à la modifier suivant les circonstances. Laissant là ces questions de laboratoire, je voudrais maintenant vous montrer à quel point les études parasitologiques sont intime- ment liées à l'hygiène. La portée scientifique et pratique de ces études est considérable ; car, pour employer une formule chèreau Professeur R. Blanchard, une fois acquise l'exacte connaissance du parasite et de son mode de transmission. il en résulte aussitôt des règles prophylactiques précises et efficaces, qui font un contraste singulier avec l'incertitude et l'impuissance trop fréquente de la thérapeutique. Les récentes découvertes sur la transmission du paludisme, de la fièvre jaune, de la filariose, des trypanosomoses et des babésioses vous sont trop connues pour que je doive y insis- ter : elles confirment d'une façon éclatante la proposition que je viens d'énoncer. 158 M. LEBREDO Une telle doctrine devait avoir sa répercussion dans la pratique médicale. Elle a été l’inspiratrice de la création de l'hôpital « Las Animas » à La Havane. Destiné aux contagieux et spécialement aux malades atteint de fièvre jaune, cet hôpital sert à un double but : guérir l'individu malade et l'isoler d'une facon absolue, afin d'arrêter la propagation des affections épidémiques. Vous trouverez la description et les plans de cet établissement dans des ouvrages qui vous sont familiers (1); je ne m'y arrête donc pas davantage. On pourrait croire que les divers pavillons d'isolement sont attribués, par exemple, l’un à la fièvre jaune, l'autre au paludisme, le troisième à la dysenterie, un autre encore à l’uncinariose, etc. Il en est tout autrement : ces diverses maladies se propagent sui- vant des prodédés actuellement bien connus; on sait notamment que la contagion directe est impossible ; il n'y a donc aucun incon- vénient à les réunir dans un même pavillon, et c’est effectivement ce qui arrive. Il est inutile de procéder à une désinfection après la sortie d'un malade appartenant à l’une ou l’autre de ces catégo- ries, puisqu'on ne manque jamais de détruire par les moyens les plus efficaces le parasite éventuellement contenu dans les déjec- tions du malade ou dans tout objet qu'il aurait pu souiller. Voilà quatre ans que nous n'avons plus de fièvre jaune à La Havane; des navires venant de régions infectées amènent parfois des malades dans notre port, mais le simple fait de transporter ceux-ci jusqu'à l'hôpital, à travers toute la ville, dans des voitures protégées par des toiles métalliques, est un obstacle suffisant à l'extension de la maladie (2). L'hôpital « Las Animas » a de même toutes ses ouvertures pro- tégées par de la toile en fil de cuivre à mailles larges de 1mm5 et cette protection est absolue : il n'y à jamais aucun Moustique dans les chambres de malades. Aussi autorisons-nous les parents du malade, même non immunisés par une attaque antérieure de fièvre jaune, à partager la chambre de celui-ci sans aucune précaution spéciale et à y coucher dans un lit tout proche du sien. De même, la salle d'autopsie n’est jamais désinfectée après les autopsies de (4) L. Vincenr, L'hôpital de « Las Animas » à La Havane, hôpital spécial pour les maladies contagieuses et la fièvre jaune. Archives de Parasilologie, VII, p. 543, 190%. — R. BLancnanp, Les Moustiques, histoire naturelle et médicale. Paris, in-8° de XI11-673 p., 1905; cf. p. 586. (2) R. BLancuarp, Loco cilalo, p. 584. LA PARASITOLOGIE À CUBA 159 fièvre jaune. De même encore, on n’a pas pris la peine inutile de désinfecter les manchons de gaze où le D' Guiteras renfermait les Stegomyia calopus infectés par la fièvre jaune à l'aide desquels il à pu produire expérimentalement les cas si graves qui vous sont connus. De même enfin, en janvier dernier, plus de 70 méde- cins, venus de la République de Panama, ont pu, sans aucun péril, défiler devant trois malades sur le point de mourir de la fièvre jaune et assister à l'autopsie de plusieurs individus ayant succombé à cette maladie. Voilà quatre ans également que nous n'avons plus de variole, bien que quelques cas nous arrivent des Canaries et même de Liverpool. Mais le contrôle de cette maladie, même en adoptant les données de Councilman relativement à sa parasitologie, est très difficile et nécessite un isolement absolu. Au point de vue de la propagation des maladies infectieuses, il est avantageux d'habiter une île. Il faut en outre avoir de bonnes règles d'hygiène et les appliquer avec une vigilance inlassable. Celles-ci dérivent d’une connaissance approfondie de la Parasito- logie, cette branche capitale et chaque jour grandissante des sciences médicales, sans laquelle l'hygiéniste serait trop souvent réduit à l'impuissance. CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES TRYPANOSOMOSES RÉPARTITION DES TRYPANOSOMES DANS LES ORGANES PAR Le D' Paul VAN DURME, Chargé de cours à l’Université de Gand. (TRAVAIL DU LABORATOIRE DE MÉDECINE COLONIALE DE L UNIVERSITÉ) La pathogénie des trypanosomoses est encore très obscure. Les Trypanosomes sécrètent-ils une toxine? Les recherches entreprises dans cette voie n’ont pas permis de la mettre en évidence. Agis- sent-ils par action mécanique, en obstruant les petits vaisseaux ou en irritant les tissus à la façon d'un corps étranger ? Mais alors, pourquoi, chez le Rat, trouve-t-on des quantités énormes de para- sites sans que l'animal infecté présente de manifestations apprécia- bles? Questions complexes, auxquelles il ne sera possible de ré- pondre que lorsqu'on aura étudié séparément chacun des éléments qui les constituent. Au cours de recherches expérimentales faites sur le Lapin avec Trypanosoma Brucei, nous avons pu faire quelques observations, qui, coordonnées avec d'autres ne seront peut-être pas sans valeur pour la solution du problème. Un fait qui frappe dans l'étude de quelques Trypanosomoses, comme la maladie du sommeil, c'est la disproportion qui existe entre la gravité des symptômes et le petit nombre de parasites dé- celables cliniquement, c'est-à-dire par l'examen du sang ou de cer- taines humeurs. Bien souvent même, le microscope ne découvre rien et il faut recourir à d'autres méthodes, comme l’inoculation à des animaux réceptifs, pour établir que le sang contient des Try- panosomes. Et cependant, la maladie progresse. Il faut donc ad- mettre, ou bien que ces Trypanosomes peu nombreux sécrètent une toxine très active, ou bien que, sans passer par la circulation sanguine, ils pullulent en certains endroits de l'organisme. La recherche des Trypanosomes dans les organes est une chose importante. Malheureusement, cet examen semble avoir été L” : è D 4 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES TRYPANOSOMOSES 161 peu pratiqué jusqu'à présent. Dans la littérature que nous avons à notre disposition, nous n'avons trouvé que trois communications se rapportant à cet objet. Pour établir la relation qui existe entre les corpuscules de Leish- man et les Trypanosomes, Marchand et Ledingham (2) ont été amenés à examiner les organes de Rats naganés, morts depuis plusieurs heures. Ils ont trouvé des Trypanosomes plus ou moins altérés dans la rate, le foie, la moelle osseuse; ils n’ont rien trouvé dans les poumons. Neporojny et Jakhimov (3) ont étudié les organes d'animaux de laboratoire infectés avec les Trypanosomes du nagana et du mal de Caderas. Le résumé que nous avons sous les yeux ne spécifie pas quels sont les animaux qui ont été employés. Quoi qu'il en soit, les auteurs signalent la présence de Trypanosomes dans les capil- laires des poumons, dans les mailles de la peau œdématiée, dans le foie. Enfin Halberstädter (4) a examiné des coupes d'organes de Lapins naganés. Il a reconnu le parasite dans des préparations de peau, mais n'a pu le découvrir dans le foie, la rate, les reins, les poumons, les testicules. Ces observations sont loin d’être assez complètes pour que l'on puisse en tirer des conclusions générales. Tout d’abord, les constatations faites sur les Rats ne peuvent pas fournir d'indica - tions pour le point spécial que nous avons en vue : rechercher si les Trypanosomes pullulent dans certains organes. En effet, chez ces animaux, les Trypanosomes sont très abondants dans tout le système circulatoire et, comme on ne peut songer à vider complè- tement un organe du sang qu'il contient, il serait difficile d'établir ce qui, dans le total des Trypanosomes trouvés, revient en propre à l'organe examiné. Il faut done avoir recours aux animaux qui, comme le Lapin, ne présentent jamais qu’un petit nombre de parasites dans le sang. La moindre pullulation dans un tissu pourra être ainsi facilement décelée. Nous avons inoculé à des Lapins le Trypanosoma Brucei. Le plus souvent, une émulsion de sang nagané dans une solution de chlo- rure de sodium à 8,7 0/00 était injectée dans le péritoine ; quelque- fois nous avons fait l’inoculation à la face ventrale de la cuisse. Quel que fût l'endroit d'inoculation, une élévation de température se Archives de Parasitologie, X, n° 2, 1906. 11 162 P. VAN DURME produisait assez rapidement, quelquefois dès le second jour. Avec l'élévation de température coïncidait généralement l'apparition de Trypanosomes dans le sang, en nombre plus considérable qu'à toute autre période de l'affection. La température présentait une courbe irrégulière, mais généralement supérieure à la température nor- male. Nous n'avons jamais pu établir de relation entre la hauteur de la courbe thermique et le nombre des parasites dans le sang. Une des premières manifestationscliniques est,chez le Lapin mâle, le gonflement des testicules et du scrotum. La peau devient chaude et rouge ; bientôt se produit un épanchementséreux. Des ulcérations se forment,s’accentuent ensuite en gangrène et, si on laisse l’affec- tion suivre son cours, une perforation du scrotum avec hémor- ragie abondante peut terminer le tableau. Du côté des yeux se produit de la conjonctivite. Une injection, parfois assez intense, des vaisseaux de la conjonctive palpébrale et bulbaire est suivie d'une sécrétion purulente avec tuméfaction des paupières. D'autres fois la conjonctivite paraît rétrocéder sans don- ner lieu à cette purulence. L'inflammation des conjonctives ne tarde pas à être complétée par de la rhinite. Les narines sont tuméfiées, couvertes de croûtes. L'animal respire de plus en plus difficilement et chaque mouvement respiratoire peut s’ac- compagner de sifflements. Les oreilles présentent de l'ædème plus ou moins prononcé. Il débute par la base et s'étend progressive- ment vers les extrémités, accompagné de chaleur et de rougeur de la peau. Quelquefois on remarque également, à la base des oreilles, des plaques dénudées de poils. La transsudation séreuse et la chute des poils peuvent se produire encore à d'autres endroits du corps. Si nous ajoutons que généralement les régions anale et génitale sont le siège d’un œdème, nous aurons, sans vouloir donner un tableau complet, signalé les principaux symptômes que présente le Lapin nagané. Durant le cours de l'affection, l'animal a légèrement perdu en poids. Cette perte se produit surtout pendant les derniers jours. Le Lapin devient somnolent, il se tient immobile dans un coin de sa cage, les yeux mi-clos, la respiration pénible. Malgré tout, l'appétit reste bon. Aussi, constate-t-on à l’autop- sie un dépôt abondant de graisse, constatation à rapprocher de la lipémie signalée dernièrement par Mayer (5) dans le mal de CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES TRYPANOSOMOSES 163 caderas des Chiens, ainsi que des observations de Schilling (6) et Stähelin (7). Nos animaux ont été sacrifiés à des stades divers de la maladie. Au début, nous les saignions à blanc, dans le but de vider autant que possible les vaisseaux et d'éliminer ainsi des organes les Try- panosomes circulant dans le sang. Plus tard, nous nous sommes contenté de tuer les animaux par strangulation, au moyen d’un tube en caoutchouc. Les résultats de nos examens ont été les mêmes dans les deux cas : les Trypanosomes ne s'accumulent donc pas dans les vaisseaux de certains organes, comme par exemple la Filaria nocturna dans les capillaires du poumon. Une fois le Lapin sacrifié, nous extrayions les différents organes (*) et prélevions un petit fragment que nous portions sur un porte-ob- jet. Ce petit fragment était alors dilacéré dans une solution de chlorure de sodium à 8,7 0/00 au moyen de deux pinces fines. L'émulsion ainsi obtenue était recouverte d’un couvre-objet et exa- minée au microscope. Grâce à leurs mouvements actifs au milieu des débris cellulaires, les Trypanosomes étaient facilement recon- naissables. Nous comptions les parasites aperçus dans la prépara- tion déplacée au moyen de la platine à chariot, et pour obtenir des chiffres comparables entre eux, nous avions soin de prolonger nos recherches pendant trois minutes. Dans nos premiers examens, nos investigations ne portaient que sur un petit nombre d'organes. Nous avons été amené à étendre progressivement le champ de nos recherches : nous les avons appliquées systématiquement à un nombre convenable d'animaux et sommes arrivé ainsi à dresser le tableau ci-contre, dont nous croyons pouvoir dégager quelques conclusions. Classons les organes par catégories. Tout d’abord le sang. Les Trypanosomes ne sont jamais très nom- breux dans le sang pris dans la veine marginale de l'oreille. C’est au début de leur apparition dans la circulation qu'ils sont le plus nombreux : une fois, chez le Lapin 12, trois jours après l'inoculation, nous avons compté 17 Trypanosomes en trois minutes. Générale- ment ce nombre ne dépasse pas 3 ou 4. L'apparition des parasites (*) Nous n'insistons pas actuellement sur l’aspect des organes et leurs caracte- res anatomo-pathologiques. Cette étude pourra faire l’objet d’une autre com- munication. VAN DURME P. 16% 0 0 (( 0 0 (( (( 0 (( 0 0 0 G CO CE CRE PCR PA RP CO RC VE OT Se EC CE ee GO OM CAE EE TE EE ER EN OR ONE En) (( « 0 « (( 0 (( G LE CON ANT CO ES TS PRE PS pate CES TE GR 220) CEE D ON TO DO CNET AIT ER AE (( € 0 (( « 0 « C ‘0€ e 1-0 « (( 0 (( (CS 6I « « 0 ce (( ((( « (C (C (C & . (( ((( 0 (( (C « ()) 0 « (CC (aa « çe T 0 (( (( 120) OT « « G (C .© ({) 0 (C 0 0 0 0 () (( « (( « (( 0 « 8 0 « 0 (er) Or 8 0 raie 0 6 =) 0 « 0 « 0 0 0 0 0 | « 0 « 0 0 0 « 0 0 0 « 0 0 (( « 0 (( 0 0 0 0 @ | 0 « (( 0 (( 0 0 0 0 « T 0 ( (( 0 « 0 « 0 0 GRAN) (0) « 0 0 (A A0 0 0 0 « 0 (0) 0 « 0 | 0 0 0 0 0 0 0 0 (0) 0 0 0 (] 0 0 0 « 0 (0) 0 (]) 0 0 0 0 0 0 (( 0 (( (( (( 0 « 0 0 0 « 0 0 0 0 0 « 0 0 0 0 0 W 0: 0 « 0 0 0 « ( 0 0 0 0 0 0 Û 0 0 0 0 0 L 0 0 0 0 0 0 ‘0 0 0 0 0 0 0 0 L 0 0 a { V (a Smol gi smof yelsmol pe |snot 23 sanol galsamol gpismol yyr|smol pplsmol gplsmol prismol 67 Mo eo vo) Ô Ô Ô 0 Ô Ô Jo O EoN | ZoN | OPoN | GeN | LeN | EPoN | 9oN | FEoN | GHoN | YPoN | GuN sante © GoN OSOO000000—00006ONER sinol 4 9 8oN ( MOSDOOSO OO 000© NU) Ô GYoN * ‘UOIJE[NIOUL P JL01PU9 [ gu8}n9-SN0S 911P[N[[29 NSSLL *2U10]H94 * ordod uoryguer ‘[eumSuI uUOI[SUer) *o41epnde9s uor|Suer) ‘91IPI[IXE UOI[SUPE) * [ROIAI99 UOI[SUEr) * UII9)9SSEU UOI[SUPE) ° : * ‘2919 pPD nPoq * ‘SOIIP[N90 SUO0IJ9199S apeiqod[ed oaAnouofuon apeseu osnonbnn nee 911PAQ ‘auiods au A pipid'} ENT IIS ° : : ‘ 9Sn98$0 9[p0N RL: SNUWÂU IT, °° : : eçeuÂdoer opuren * 9118}1{10-SN0S 9PUETr) ° : “eprjoded opue|n * 91IR[[IXEU-SNOS 9puRIr) . * : * “eproiÂq} opueln * ‘ ‘aolaiuido 9[pon CR NS ATAN) A MS DOTE] * ‘Soçeugdans sopnsde”) ee + ee + sur PP RE Dee ee de ay . . . . . . . . ° SUPS — UOIJ29JULT 9P 994n( ‘SOU919U991 9p S9JNUIU SI01} Ua ‘SaueBIOPp S1JJ01j Se Suep uideT 9[ Z949 S2ANOIJ SAWOSOUEAAI], S9P 9IQUON CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES TRYPANOSOMOSES 165 est irrégulière. Ils disparaissent et reparaissent tour à tour. À exa- miner notre tableau, il semblerait que leur présence dans le sang est le plus constante entre le dixième et le quinzième jour. Toute- fois, nous basant sur un grand nombre d'examens du sang faits à diverses périodes de la maladie, nous pouvons dire qu'il n’y là qu'une simple coïncidence. Tout au plus y a-t-il une tendance à la diminution vers la période finale de la maladie. Nous n'avons jamais rencontré de Trypanosomes vivants, quelle que fût la période à laquelle l'animal parasité était sacrifié, dans le foie, les reins, les capsules surrénales, les poumons, le cerveau, la moelle épinière, l'ovaire, les glandes thyroïde, sous-orbitaire, la- crymale, le thymus et la moelle osseuse. Une fois nous avons rencontré un Trypanosome dans la rate, la glande parotide, et la glande sous-maxillaire de trois Lapins difié- rents examinés respectivement 42, 31 et 6 jours après l'inoculation. Ces organes présentent-ils des lésions ? C’est à l'examen histologi que de l'établir. N'oublions pas toutefois que des Trypanosomes circulent dans le sang et qu'il n’y aurait rien d'étonnant à rencon- trer accidentellement un de ces parasites dans une émulsion d'or- ganes où n'existerait aucune altération anatomique ni aucune pullulation. Parmi les glandes, le testicule et l'épididyme constituent une exception remarquable : ils peuvent renfermer un grand nombre de Trypanosomes. Il semble même que ce soient les organes envahis en premier lieu : nous les avons trouvés parasités dès le sixième jour. Le nombre des Trypanosomes qu'on y trouve va en augmentant jus- que vers le vingtième jour. A partir de ce moment, il y a une diminu- tion, quoique les symptômes d’orchite et les lésions concomitan- tes ne fassent que s’accentuer. C’est là d’ailleurs une constatation que nous ierons encore pour d’autres organes et que nous pouvons ériger en principe général: les Trypanosomes précèdent en quel- que sorte les manifestations cliniques; dès que les troubles sont bien installés, ils diminuent ou disparaissent, laissant derrière eux des lésions définitives qui gênent de plus en plus le fonc- tionnement de l'organe. Les constatations fournies par les testicules du Lapin 14nous ont au premier abord un peu surpris. Quoique l'animal fût au onzième jour de l'infection, nous n'avons trouvé aucun Trypanosome dans 166 P. VAN DURME les testicules. L'aspect de ces organes était d'ailleurs absolument normal. Faut-il expliquer cette intégrité par le fait que, durant tout le cours de l'affection, les testicules ne sont pas descendus dans les bourses, n'ont done subi aucun frottement contre le plan- cher de la cage ? C'est, dans tous les cas, une suggestion dont il importera de rechercher le bien-fondé. Les débutsdel’orchites’accompagnenttoujours d’un épanchement séreux péritesticulaire, qui se résorbe et fait place à un tissu d'adhérence unissant les deux feuiilets de la vaginale. Les Trypano- somes y sont très nombreux. Chez le Lapin 10, la sérosité, recueil- lie par ponction le dix-septième jour, nous laissait voir 87 Trypano- somes en trois minutes. Au trentième jour, du tissu d'adhérence. commençait à se former; nous y comptions 9 parasites. Chez le La- pin 4, au trente-unième jour, nous trouvions 17 Trypanosomes dans le tissu de néoformation entourant le testicule. Les processus qui se passent dans le testicule et l'épididyme s’'accompagnent de la destruction des spermatozoïdes. Nous avons vu ainsi des glandes où ils avaient totalement disparu. D'autre part, nous avons recueilli du sperme chez le Lapin 9, dont l'épidi- dyme fourmillait de Trypanosomes; aucun parasite ne se trouvait au milieu des spermatozoïdes. La conjonctive palpébrale peut contenir des Trypanosomes et cela surtout au début de la conjonetivite. Une fois que la purulence des sécrétions s’installe, ils commencent à disparaître. Le pus qui s'écoule des paupières ne contient pas de Trypanosomes. De même, les Trypanosomes viennent s'installer dans la muqueuse nasale : une rhinite, suivant généralement le début de la conjonc- tivite, se produit ; du pus et des croûtes obstruent les voies nasales. Encore une fois, à ce stade, les parasites deviennent plus rares. La peau est le siège d’œdèmes : dans le liquide transsudé les Trypanosomes peuvent être abondants. Nous arrivons ainsi aux constatations faites sur les ganglions. Les Trypanosomes y apparaissent en nombre considérable, du dixième au quinzième jour. Ils diminuent ensuite, mais les gan- glions restent turgescents. Tous les ganglions ne sont pas égale- ment infestés; on note, par exemple, des différences de 1 à 55, de 5 à 82, sans qu'il soit possible d'établir une prédilection constante des parasites pour tel ou tel ganglion. Mème lorsque l'inoculation CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES TRYPANOSOMES 167 a été faite aux membres, les ganglions du côté homonyme ne sont guère plus atteints que ceux du côté opposé. Enfin, le péritoine ne présente de Trypanosomes que chez les Lapins inoculés par voie intrapéritonéale. Ils sont très abondants au début, mais disparaissent vers le dixième jour. On peut faire une constatation analogue pour le tissu cellulaire sous-cutané à l'endroit d'inoculation. On y trouve d'abondants parasites les premiers jours, mais bientôt ils ont définitivement disparu à cet endroit. Si nous poursuivons l'étude comparée des différentes colonnes du tableau, nous pouvons établir en quelque sorte un schéma de l'apparition successive des Trypanosomes dansles organes. Tout d'abord, le parasite se multiplie à l'endroit d’inoculation. Une poussée se produit ensuite dans le sang, et bientôt des Trypanoso- mes se localisent dans les testicules. Les ganglions sont envahis à leur tour, puis la conjonctive, la peau, la muqueuse nasale. Dans tous ces organes, le nombre des Trypanosomes suit d'abord une progression croissante, pour décroître ensuite à mesure que les troubles s'accentuent. Cet ordre correspond donc parfaitement à la succession des symptômes cliniques. Comme conclusion de tout cela, nous pouvons dire que, chez le Lapin, Trypanosoma Brucei n'est pas avant tout un parasite du sang. Il se localise de préférence dans le parenchyme de certains orga- nes, toujours les mêmes, où on le trouve à une période variable de la maladie. Il est probable qu'il en est de même dans plusieurs trypanosomoses où les parasites sont rares dansle torrent circula- toire. Et cette constatation doit nous inciter à multiplier les recherches dans cette voie. PAR Quant à dire pourquoi les Trypanosomes se multiplient dans tel organe plutôt que dans tel autre, nos observations ne nous autori- sent pas à formuler une hypothèse. Le traumatisme peut-il, comme nous l'insinuions plus haut, jouer un certain rôle ? Il appartiendra à l'expérimentation de l’établir. Un fait que nous croyons également devoir mettre en relief, c'est que les secrétions, comme le sperme, le pus conjonctival, se sont montrées exemptes de parasites. Les organes que nous avons signalés comme infestés sont-ils les seuls à pouvoir héberger des Trypanosomes ? La technique dont 168 ù P. VAN DURME nous nous sommes servi ne nous permet évidemment de conclure que pour les Trypanosomes vivants. Mais elle ne nous dit pas si les parasites morts et plus ou moins altérés ne peuvent se collecter en certains endroits. Il sera intéressant, à ce point de vue, de superposer à nos observations actuelles l'examen histologique des organes et d'établir notamment si les tissus où se concentrent les Trypanosomes sont les seuls à présenter des lésions anatomo- pathologiques. Nous aurons ainsi approché d'un peu plus près la solution du problème qui consiste à savoir si les Trypanosomes agissent par action mécanique. En résumé, nous croyons avoir établi les faits suivants : 1° Chez le Lapin nagané, les Trypanosomes sont plus nombreux que ne le ferait croire l'examen du sang. 20 Des Trypanosomes plus ou moins nombreux se localisent, à des périodes diverses de la maladie, dans le testicule et l'épidi- dyme, les ganglions, la conjonctive, la muqueuse nasale, la peau œdématiée. 30 Sans vouloir préjuger des renseignements que nous donnera l'examen histologique, nous ne pouvons laisser de faire remar- quer que les organes infestés sont précisément ceux qui présentent des troubles fonctionnels et des lésions macroscopiques. 4° Nous avons trouvé, peut-être accidentellement, un Trypano- some vivant dans la rate, la glande sous-maxillaire et la glande parotide, 50 Jamais nous n'avons pu découvrir de Trypanosomes vivants dans les organes dont l’'énumération suit: foie, reins, capsules surré- nales, poumons, cerveau, moelle épinière, glande thyroïde, glande sous-orbitaire, glande lacrymale, thymus, moelle osseuse et ovaire. RÉSUMÉ DES EXPÉRIENCES Lapin 1 S. — Durée de l'infection, 42 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort par saignée. Poids au début de l'expérience, 3400 grammes ; poids le jour de la mort, 2560 grammes. Température oscillant irrégulièrement entre 39° et 41° 7; le jour de la mort, 38°4 (hémorragie). OEdème des oreilles. Conjonctivite. Rhinite. Orchite. Ulcération, puis perforation du scrotum : un testicule pend à l'extérieur. Hémorragie abondante : gros caillots dans le vase à urine, OEdème de la région anale, CONTRIBUTION A L'ETUDE DES TRYPANOSOMOSES 169 Lapin 2 S. — Ne figure pas au tableau. Mort pendant la nuit, après 30 jours de mise en expérience. Inoculation intrapéritonéale. Poids au début, 2175 grammes ; poids le jour avant la mort, 2590 grammes. Température oscillant irrégulièrement entre 39°2 et 40°9. OEdème des oreilles. Ulcération du scrotum. Phlegmon. Gros caillot sanguin dans le vase à urine. Mort le lendemain. Lapin 3 ®.— Durée de l'infection, 27 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort : saignée. Poids initial, 2150 grammes ; poids final, 1910 grammes. Température oscillant entre 39°7 et 41°4 ; le jour de la mort, 40'8. OEdème de la base des oreilles. Conjonctivite. OEdème de la vulve. Lapin 4 S'.— Durée de l'infection, 31 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort : saignée. Poids initial, 3820 grammes ; poids final 2820 grammes. Température entre 38°8 et 41°1 ; le jour de la mort, 40°. _ OEdème et ulcération du scrotum. Orchite. Conjonctivite (diminue vers la fin). Rhinite intense : respiration sifflante. A l’autopsie, le ganglion poplité du membre gauche est baigné dans une nappe liquide. Dans ce liquide nous trouvons 7 Trypanosomes en 3 minutes (nombre plus considérable que dans le tissu ganglionnaire : cfr. tableau). Lapin 5 ot. — Durée de l'infection, 8 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort : saignée. Poids initial, 2000 grammes ; poids final, 1975 grammes. Température entre 398 et 41°7 ; le jour de la mort, 39°2. Chute des poils à la base des oreilles. Testicules gonflés. Lapin 6 S'. — Durée de l'infection : 17 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort : saignée : Poids initial, 1980 grammes; poids final, 1810 grammes. Température en- tre 39°5 et 41°1 ; le jour de la mort, 40°6. A signaler de la conjonctivite, de l'æœdème du serotum, avec ulcération, de l'æœdème du fourreau de la verge. Lapin 7 ©. — Durée de la mise en expérience, 20 jours. Inoculation intrapéritonéale. Mort : saignée. _ Poids initial, 2260 grammes ; poids final, 2010 grammes. Température oscillant entre 39°5 et 40°5 : le jour de la mort, 40°5. Rhinite. Conjonctivite. Lapin 8 SG. — Durée de l'infection, 6 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort : saignée. Poids initial, 2760 grammes ; poids final, 2655 grammes. Température oscillant entre 39°5 et 40°6 ; le jour de la mort, 40'6. Lapin 9 SG. — Durée de l'infection, 10 jours. Inoculation intrapérito néale. Mort : saignée. Poids initial, 2575 grammes, poids final, 2520 grammes. Température entre 39°4 et 40°4 ; le jour de la mort, 40°. Lapin 10 S'. — Durée de l'infection, 30 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort : strangulation. 170 : P. VAN DURME Poids initial 2700 grammes ; poids final, 2610 grammes. Température entre 33°6 et 41° ; le jour de la mort, 40°7. Le jour de la mort : Conjonctivite : sécrétions purulentes. Rhinite. Gangrène du scrotum. Lapin 11 Q.— Durée de l'infection, 15 jours. Inoculation intrapérito- néale. Mort : strangulation. Poids initial, 2025 grammes ; poids final, 1760 grammes. Température entre 38°7 et 40°9 ; le jour de la mort, 40°9. Conjonctivite. OEdème des régions vulvaire et anale. Lapin 12 @. — Durée de l'infection, 13 jours. Inoculation intrapérito- uéale. Mort : strangulation. Poids initial, 2415 grammes ; poids final, 2130 grammes. Température entre 39°1 et 40°8 ; le jour de la mort, 40°7. Conjonctivite. Un peu de rhinite. OEdème de la région vulvaire. Ery- thème de la base des oreilles. Lapin 13 ©. — Durée de l'infection, 18 jours. Inoculation sous cutanée à la face ventrale de la cuisse droite. Mort : strangulation. Poids initial, 2770 grammes ; poids final, 2250 grammes. Température entre 39°6 et 41°4 ; le jour de la mort, 41°. Conjonctivite. Rhinite. Base des oreilles œdématiée. Lapin 14 S. — Durée de l'infection, 11 jours. Inoculation sous-cuta- née à la face ventrale de la cuisse droite. Mort : strangulation. Poids initial, 2210 grammes; poids final, 2085 grammes. Température entre 39% et 41°1 ; le jour de la mort, 41°6. Depuis le début de la mise en expérience, nous n'avons jamais pu cons- tater les testicules dans les bourses. Lapin 15 G'. — Durée de l'infection, 4 jours. Inoculation sous-cutanée à la face ventrale de la cuisse droite. Mort : strangulation. Poids initial. 2700 grammes ; poids final, 2570 grammes. Température, entre 39°7 et 41° ; le jour de la mort, 41°. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1. Laveran et MEsxiz, Trypanosomes et trypanosomiases. Paris, 1904. 2. MaArcHAND und LEDpINGHAM, Ueber Infektion mit Leishmanschen Kôr- perchen und ihr Verhältnis zur Trypanosomenkrankheit. Zeitschrift für Hygiene, XLVIT, p. 1. 3. NEPOROJNY und JAKHIMOV, Ueber einige pathologisth-anatomische Veränderungen bei experimentellen Trypanosomosen. Centralblatt für Bakteriol., Referate, XXXV, p. 467. 4. HALBERSTAEDTER, Untersuchungen bei experimentellen Trypanoso- menerkrankungen. Centralblatt für Bakteriol., Originale, XXXVIIL. p. 525. ». Mayer, Experimentelle Beiträge zur Trypanosomeninfektion. Zeit- schrift für experim. Pathologie und Therapie, 1. 6. ScxiLzinG, Arbeilen aus dem kais. Gesundheitsamt, XXXI, 1904. 7. STAEHELIN, Archiv für Hygiene, XLIX, p. 77, 1904. TRXPANONOMA THELERE IN TRANSEATRANEN VON F. LUHS Veterinärarzt, Assistent an der Rinderpestserumstation in Surnabad in Transkaukasien. (TAFELN Î un Il) Das von Theïler im Jahre 1902 entdeckte und nach ihm benannte Trypanosoma Theileri verursacht nach den Untersuchungen dieses Forschers (1) eine besondere Krankheit der Rinder in Südafrika, welche daselbst unter dem Namen Galziekte bekannt. Unsere gegen- wärtigen Kenntnisse über die Verbreitung dieses Trypanosomas und die litterarischen Angaben sind bei weitem nicht so zahlreich, wie bei anderen pathogenen Trypanosomen. Jedoch scheint das Trypanosoma Theileri ein weit grôsseres Verbreitungsgebiet zu besitzen, als man Anfangs annehmen konnte. In der Litteratur sind bis jetzt (1. Juli 1905), ausser der Publikation von Theïler, noch folgende Beobachtungen und Beschreibungen des betreffen- den Trypanosomas bekannt geworden. Laveran (2) beschrieb zuerst dieses Trypanosoma und taufte es Trypanosoma Theileri, fast gleichzeitig mit David Bruce (3). In einer tolgenden Mitteilung wollte Laveran (4)in Blutpräparaten, welche ihm Theiler aus Südafrika übersandt hatte, ausser dem Trypano- soma Theileri noch ein anderes Trypanosoma gefunden haben und benannte es Trypanosoma transvaaliense. Schilling (5) beobachtete, in der deutschen Kolonie Togo an der Küste von Guinea in Afrika, in einem einzelnen Falle bei einer anscheinend gesunden Kuh ein Trypanosoma, welches mit dem Trypanosoma Theileri identisch war. Panse (6) fand in Deutsch-Ostafrika bei einem Kalbe, welches von der benachbarten Insel Mafia stammite, ein auffallend grosses Trypanosoma, welches Martini als Trypanosoma Theileri ansprach. Robert Koch (7) berichtet, dass er auf der Versuchsstation in Rhodesia bei einem Ochsen, der von der Insel Mafia eingeführt war, das Trypanosoma Theileri getunden hat. 17 19 F. LUHS Ferner geben Laveaan und Mesnil eine Beschreibung des in Frage stehenden Trypanosomas (8). Wir sehen also, dass das Trypanosoma Theileri in verschiedenen Gegenden in Süd-, Ost- und West-Afrika gefunden worden ist. Nur für Nord-Afrika liegen noch keine Beobachtungen vor. Mit Afrika ist aber das Verbreitungsgebiet dieses Trypanosomas noch keines- wegs begrenzt, denn nach den neueren Mitteilungen kommt es auch in Indien vor. So haben Durrant und Holmes (9) im September 1904 einen Fall von Trypanosomose bei einem Ochsen der Gebirgsrace im nôrdlichen Indien beschrieben und behaupten dass das hierbei beobachtete Trypanosoma nach der Form ähalich gewesen sei dem von Theiler entdeckten. Kurze Zeit darauf, im December 1904, hat Holmes (10) wiederum drei Fälle von Trypanosomose beobachtet und auï der bakteriolo- gischen Station in Muktesar, am Fusse des Himalaya, genauer untersucht. Aus der Mitteilung dieses Autors sieht man, dass es sich hier um das Trypanosoma Theileri handelte, obgleich der Autor die Frage der Identität mit Schweigen übergeht. Eine weitere Bestätigung des Trypanosoma Theileri für Indien finden wir in der Mitteilung von A. Lingard (11). Mir ist es nun gelungen bei der mikroskopischen Kontrolle des Rinderpestblutes, welches auf der Surnabader Rinderpestserum- station in Transkaukasien zur Hyperimmunisation der Rinder benutzt wird, in sechs Fällen bei rinderpestkranken Rindern ein Trypanosoma zu beobachten, welches die meiste Ahnlichkeit mit Trypanosoma Theileri hat. Merkwürdig ähnlich sind auch die begleitenden Umstände, bei welchen ich das Trypanosoma and, mit den von Theiïler, Durrant und Holmes beschriebenen Fällen, nämlich die Complication der Rinderpest mit dem Trypanosoma Theileri. Hier will ich die einzelnen Fälle, welche von mir beobachtet wur- den, kurz erwähnen. Ochse 828. — Wurde am 13. Juli 1904 mit einer grossen Dosis (3000,0) Rinderpestblut inficiert. Erkrankte an Rinderpest und Hæmoglobinurie und fiel den 21. August 1904. Bei der Obduction konstatierte ich aus- gesprochene Veränderungen der Rinderpest und das pathologische Bild der Hæmoglobinurie. Bei der mikroskopischen Untersuchung fand ich in TRYPANOSOMA THEILERI IN TRANSKAUKASIEN 173 den parenchymatüsen Organen Babesia bovis, sparliche Babesia tropicalis und zahlreiche Trypanosomen. Ochse 798. — Der ürtlichen tatarischen Race angehôrig. Gewicht 250 kg. Bekam am 25. Mai 1904 subcutan 105,0 Rinderpestserum allein, zwecks Untersuchung der Immunitätsdauer bei Injection von Serum. Wurde am 29. Juni 1904 mit Rinderpestblut inficiert, erkrankte aber nicht bis zum 16. Juli. Am 21. Juli wurden ihm 3 Liter virulentes Pestblut intraperi- toneal injiciert, zwecks Hyperimmunisation gegen Rinderpest und Serumgewinnung. An den beiden darauf folgenden Tagen (22-23. Juli) stieg die Temperatur Abends bis 40,5°C und wurde normal. Am 28. Juli wurde blutroter Harn bemerkt. Bei der mikroskopischen Blutuntersuchung fand ich neben spärlichen Babesia bovis in grôsserer Anzahl Trypanoso- men. in jedem Gesichtsfelde zu 1-2. Meist waren es junge Teilungsformen. Die Temperatur stieg am Abend dieses Tages bis auf 40°, und hielt sich über 40° bis zum Tode. Die Zahl der Trypanosomen wuchs täglich und erreichte ihr Maximum am 1. August, wo ich injedem Gesichtsfelde etwa 10 Trypanosomen zählen konnte. Von dieser Zeit an verminderte sich die Zahl ein wenig und am Todestage, den 3. August, zählte ich etwa 8 Parasiten im Gesichtsfelde, bei einer Vergrôsserung von ca. 1000 mal. Jetzt waren Teilungsformen nur selten zu beobachten. Der Ochse fiel am 3. August 1904. Die Obduktion ergab ausser den üblichen pathologischen Organveränderungen der Hæmoglobinurie keine anderen Anhaltspunkte für eine besondere Erkrankung an Trypanosomen. Ochse 348. — Der ôrtlichen tatarischen Race angehôrig. War am 9. Au eust inficiert mit 10,0 Rinderpestblut vom Ochsen 293, zwecks Gewinnung von virulentem Blut zur Hyperimmunisation anderer Rinder. Das Tier zeigte die übliche Reaction und erkrankte an Rinderpest. Es wurde am 16. August durch maximale Blutentnahme getôtet. Bei der Untersuchung von Blut fand ich in den parenchymatôsen Organen sehr spärliche Try- panosomen : in 5 Präparaten 2 Parasiten. Die Elemente des Blutes waren normal. Ausser typischen Veränderungen der Rinderpest, waren keine anderen Symptome vorhanden.- | Ochse 360. — Der tatarischen Race angehôrig. Inficiert mit vom Ochsen 263 Rinderpestblut den 12. August. Erkrankte an Rinderpest und wurde getôtet den 21. August. In den inneren Organen spärliche Try- panosomen und Babesia bovis. Die gewôhnlichen pathologischen Verände- rungen der Rinderpest und leicht gerôteter Harn ohne andere Anzeichen. Ochse 483. — Der ôrtlichen tatarischen Race angehôrig. Inficiert am 16. August mit Rinderpest vom Ochsen 345. Erkrankte an Rinderpest und wurde am 24. August getôtet. In den parenchymatôsen Organen und im peripherischen Blute ziemlich viel Trypanosomen, etwa 2 Parasiten in jedem Gesichtsfelde. Die Elemente des Blutes normal. Ausser den typischen Veränderungen der Rinderpest keine anderen Anzeichen einer Trypanosomose. Ochse 484. — Oertlicher, tatarischer Race. Inficiert wie vorhergehende, 174 F. LUHS am 16. August mit Rinderpest vom Ochsen 345, erkrankte und wurde am 24. August durch maximale Blutentnahme getôtet. Im peripheren Blute und in den parenchymatôsen Organen reichlich Trypanosomen gefunden, etwa 3-5 Parasiten in jedem Gesichtsfelde. Die Elemente des Blutes ohne Veränderungen. Ausgeprägtes pathologisches Bild der Rinderpest und Fehlen von anderen Symptomen. Ochse 40%. — Steppenrace vom nôrdlichen Kaukasus. Hyperimmunisiert gegen Rinderpest. Erkrankte an chronischer tropischer Babesiose, welche segen das Ende der Krankheit sich verschärîte und akut wurde, indem statt der punktformigen Parasiten (z- Sporen) der Babesia tropicalis Ringsformen und Bacillenformen auîftraten. Während der letsten Krank- heitsperiode beobachtete ich am 7. und 8. December 1904 spärliche Try- panosomen, 2 Parasiten in jedem Blutpräparate. Der Ochse fiel am 12. December und bei der Obduktion fand ich ausgeprägte ikterische Färbung aller Gewebe, starke Abmagerung und Oligocytämie. Milz und Leber waren normal gross. Infiltrationen waren nicht vorhanden. Wir sehen, dass in allen den eben erwähnten Fällen das Trypa- nosoma Theileri compliciert war mit anderen Erkrankungen. Obgleich nun der Charakter einer ausgeprägten Trypanosomose, der Galziekte, nicht aufgeklärt werden Konnte, so zweïifle ich nicht im mindesten, gestützt auf die KFunde des Trypanosomas, dass diese Krankheiïit hier in Transkaukasien vorkommt. Dieses ist aber von um so grüsserer Wichtigkeit, da die hier nach der Simultan-Methode zur Bekämpfuug der Rinderpest ausgeführten Impfungen compliciert werden kônnen mit dieser Trypanoso- menkrankheit, wie solches in den Tälern des Kura-Flusses und des Araxes auf Schritt und Tritt mit der tropischen Babesiose geschieht und die traurigsten Resultate zur Folge hat. Dann hätten wir wieder eine neue Contraindication der Simultan: Methode in den von Babesiosen and vielleicht auch von Trypano- somose durchseuchten Niederungen von Transkaukasien. Denn Complicationen der Rinderpest mit Trypanosoma Theileri sind uns sgenügsam bekannt aus den Mitteilungen von Theiler (1) in Afrika und Durrant und Holmes (8, 10) in Indien. Grosse Virulenz scheint das von mir beobachtete Trypanosoma, wenigstens bei künstlicher Infection mit demselben, nicht zu besitzen. Denn von den 16 Rindern, welchen das in oben erwähn- ten Fällen gewonnene virulente Pestblut zwecks HYperimmunisa- tion in Dosen zu je 3000,0 intraperitoneal injiciert wurde, erkrankte kein einziges an manifester Trypanosomose. TRYPANOSOMA THEILERI IN TRANSKAUKASIEN 175 Das von mir beobachtete Trypanosoma zeigte die folgenden morphologischen und biologischen Eigentümlichkeiten. Im fri- schen Blutpräparate auf dem heizbaren Objekttisch war es unmôü- glich, die genauere Gestalt und Bau desselben zu ermitteln, da es eine grosse Beweglichkeiït hatte und mitauffallender Schnelligkeit das Gesichtsfeld durchjagte, so das es schwer fiel einem Parasiten längere Zeit sogar auf dem Kreuztische zu folgen. Dabeï vollführte es schnelle peitschende Schläge mit der Geissel und unterhielt die umgebenden Erythrocyten in ständiger Bewegung. Die Ortsverän- derung geschah fast immer mit der Geissel voran und nur selten um£gekehrt. Die Bewegung der undulierenden Membran war zuwei- len so schnell, dass man nur ein Vibrieren und am freien Saume derselben kleine Ringe entlang laufen sah. Mitunter trat nach län- gerer Beweglichkeit eine kurze Pause ein, während welcher das .Trypanosoma nur langsam mit der Geissel hin und her schlieg und sich bald auf die eine, bald auf die andere Seite legte, wobei man eine seitliche Abflächung des Kôrpers sehen konnte, so dass der Parasit auf dem Querschnitt die Form eines Fisches bezitzen muss, wobei die undulierende Membran einer über den Rücken verlau- fenden Flosse entspricht. In den Ruhepausen schien das Trypano- soma Kräfte zu sammeln für die darauf folgende beschleunigte Beweglichkeit. Man konnte auch beobachten, dass manche Para- siten init ihrem Hinterende sich Erythrocyten oder Blutplättchen- oruppen anhaîteten und diese in zitternde Bewegung versetzten. Desgleichen konnte man ein kurzes Begegnen und Aneinander- heften von zwei Parasiten mit ihren Hinterenden für kurze Zeit beobachten, worauf beide Parasiten wieder frei wurden. Obes sich hier um eine Conjugation von zwei verschieden geschlechtlichen Trypanosomen handelte, wie solches Holmes (12) für Trypanosoma Evansi beschreibt, war nicht festzustellen, denn beide Parasiten waren dem Anscheine nach gleich gebaut. Im Inneren der Parasi- ten sah man ausser dem Kerne noch eine kleinere oder grüssere Anzahl heller, lichthbrechender Kôrperchen, welche ihre Lage zu verändern imstande waren. Besonders zahlreich waren dieselben in manchen Trypanosomen, welche durch ihre grôüssere Dicke auffielen. Auch bewegten sich diese letzteren langsamer als die schlanken und beim Drehen um ihre Längsachse konnte man ibre runde Gestalt beobachten. 176 F. LUHS Auî diese Form von Trypanosomen werde ich noch spater zurückkommen. Die genauere Form und Construction der Trypanosomen konnte erst im gefärbten Blutpräparate studiert werden. Als Farbstofte dienten und gaben gute Resultate Giemsas Azur I und II, Reuter's A- Methylenblau und Leishman's Lüsung. Unter den erwachsenen Trypanosomen konnte man zwei ver- schiedene Formen unterscheiden : eine dünnere schlanke Form und eine dickere plumpere Form. Die schlanke Form der Trypanosomen zeichnet sich durch ihre beträchtliche Grôüsse aus. Sie hat eine mittlere Länge von 63, welche zwischen 56% und 68: schwankt. Die Dicke dieser schlanken Trypanosomen beträgt, die undulierende Membran einbegriften, im Mittel 2 8 und schwankt zwischen 1 » 70 bei den allerdünnsten und 3 80 bei den dickeren Parasiten. Die Geissel entspringt unmittelbar aus dem Centrosoma und ist mit demselben fest verbunden. Zunächst begrenzt sie den freien Saum der undulierenden Membran und läuft dann über das Vorderende der Kôrpers frei aus. Das freie Ende der Geissel misst 214, beträgt also ein Drittel der ganzen Kôrperlänge des Trypano- somas. Ihre Spitze istzuweilen kaum merkbar verdickt, besonders bei jungen Teilungsformen, in allen anderen Fällen jedoch schari abgeschnitten und niemals so spitz auslaufend, wie das Hinterende des Kürpers. Der Kern des Trypanosomas liegt im Mittel 164 vom Anfang des eigentlichen Kôürpers und folglich 37: vom freien Ende der Geissel entiernt, also am Anfang der . Hälfte des Parasiten. Er hat eine länglich ovale Form. Sein Längendurchmesser beträgt im Mittel 2:44 (Schwankungen zwischen 2:20 und 2486), seine Breite im Mittel 1:82 (Schwankungen zwischen 1450 und 2420). Seine Längsachse fällt mit der des Kürpers zusammen. Der feinere Bau des Kernes lässt sich bei diesen dunneren Trypanosomen schwer weiter analysieren. Man bemerkt in ihm jedoch zuweilen eine grob granulierte Struktur, wobei die dunkler gefärbten Kôürn- chen den Chromosomen Schaudinn's entsprechen. Das Centrosoma liegt im Mittel 8230 hinter dem Kern. Es hat eine runde bis ovale Form, und färbt sich intensiv dunkel violett. Seine Länge beträgt im Mittel 0 ÿ 55, die Dicke 0 y 43. Meist ist es mit TRYPANOSOMA THEILERI IN TRANSKAUKASIEN 477 seiner Längsachse quergestellt zur Längsachse des Parasiten. Zu- weilen kann man bei Teilungsformen Centrosomen mit hellem, ungefarbtem Centrum beobachten. Die Entfernung vom Centrosom bis zum Kôrperhinterende beträgt im Mittel 14 z 60. Vom Centrosom an, oder auch schon früher, be- ginnt der Kôrper sich zu verjüngen und zwar läuft das lang aus- sezogene Hinterende zuletzt in eine unerkennbar feine Spitze aus, was eine weitere charakteristische Eigenschaft des beobachteten Trypanosomas bildet. Die undulierende Membran ist bei den dünneren Trypanosomen pur mässig entwickelt. Ihre Breite beträgt im Mittel 0 » 55, und schwankt zwischen 0 50 und 1 #70. Sie färbt sich in einen rütlichen Ton und geht zuweilen über das Vorderende des Kôürpers hinaus. Der Kôrper der Trypanosomen färbt sich nach Giemsa und Reuter in einen mehr oder weniger blauen Ton. Die Färbung desselben ist nicht gleichmässig,sondern man sieht heller gefarbte, grüssere und kleinere Flecken, welche oft quer gelagert sind und dann den Anschein einer alveolären Construction des Kürpers erwecken. Ausser den helleren Flecken und Vacuolen sieht man bei intensiver Färbung noch unregelmässig verteilte, dunkel blau gefärbte Kôrn- chen. Ausser der eben beschriebenen, dünneren Form giebt es noch, wie schon erwähnt, eine dickere Form von Trypanosomen. Beim Beschreiben der Parasiten im frischen Blutpräparate habe ich schon darauf hingewiesen, dass die letzteren auf dem Quer- schnitt eine runde Form zeigen, mit hellen Kôrnchen reichlicher beladen sind, als die schlanken dünnen, und in ihrer Bewegung träger sind. Im gefärbten Blutpräparate ist ihre Form folgende : - Sie fallen zuerst durch ihre bedeutendere Dicke auf, welche ungefähr das Doppelte der dünneren Trypanosomen beträgt und im Mittel 5x gleich ist, wobei Schwankungen von 4y bis 5272 vorkommen kônnen. Sie sind im Allgemeinen etwas kürzer als die dûnneren, denn ihre Länge beträgt im Mittel nur 59% und schwankt zwischen 582 und 60. Die freie Geissel misst bis zum eigentlichen Kôérperanfang 172. Die Entfernung vom Kôürperanfang bis zum vorderen Kernrande beträgt im Mittel 182. Einen Hauptunterschied zwischen beiden Formen sieht man in dem Verhalten des Kernes. Dieser ist bei der letzteren Form, mit Archives de Parasitologie, X, n° 2, 1906. 12 178 F. LUHS seiner Längsachse quergestellt zur Längsachse des Parasiten, also umgekehrt wie bei der dûnneren Form. Die Länge des Kernes be- trägt im Mittel 3 » 71 und seine Breite 2 z 20, er ist also bedeutend grôsser als bei der dünneren Form. Im Kerne sieht man sehr oft bis 8 und mehr Chromosomen, welche kranzfôrmig an seinen Rändern gelagert sind. Hinter dem Kerne. liegt auf einer Entfernung von 8 das Cen- trosom, welches etwa die gleiche Grôsse mit dem der dünneren Formen hat. Die mittlere Länge beträgt 0 » 67, die mittlere Dicke 0 : 48. Die Entfernung von Centrosom bis zum Hinterende des Trypanosomas beträgt im Mittel 12230. Das Hinterende ist bei der dickeren Form fast ebenso spitz auslaufend, wie bei der dünneren. Einen besonderen Unterschied in dieser Hinsicht konnte ich nicht konstatieren. Der Leibesinhalt der dickeren Form zeigt eine starkere Granulation, wie bei der dünneren. Die Granula sind verschieden gross und im ganzen Kôrper verteilt. Auch die heller gefärbten Vacuolen sind reichlicher als bei der dünneren Form. Beim Besprechen des Baues der beobachteten Trypanosomen muss ich bei der bei einigen Autoren strittigen Frage vom Peri- plast etwas länger stehen bleiben. Laveran und Mesnil schreiben über die undulierende Membran wie folgt : « elle nous a tou- jours paru formée d'un protoplasme identique à celui du corps proprement dit ; jamais nous n’y avons distingué un protoplasme spécial, périplaste ou autre (page 25). » Ich bin auf Grund meiner Beobachtungen zu anderen Schlüssen gelangt. Zur intensiven differenzierten Färbung der Trypanoso- men griff ich zur folgenden Modification des Giemsa’schen Ver- fanrens. Bei jedesmaligem Färben mache ich in einer mittelgrossen Petrischale eine ganz frische Mischung aus folgenden Farbstoft- lôsungen : 10: einer Eosinlôsung 0,1 : 1000 (Eosin extra wasserlôslich Hôchst) 10 Tropfen einer Azur I-lôsung 0,8 : 1000. 10 — — II-lôsung 0,8 : 1000. Hierin lege ich die in Alcohol absolutus + Aether sulfuricus fixierten Deckglaspräparate, mit der beschickten Seite auf der Farbmischung schwimmend und lasse sie hier 24 Stunden. Darauf slarkes Abspülen in scharfem Wasserstrahl, Trocknen und Unter- suchen in Grübler’s neutralem, rectificierten Kanadabalsam. See TRYPANOSOMA THEILERIi IN TRANSKAUKASIEN 179 Bei Anwendung dieses Verfahrens gelang es mir Folgendes zu beobachten : Erstens färbt sich die undulierende Membran stets in einen rôtlichen Ton und unterscheidet sich deutlich von dem mehr oder weniger dunkel blau gefärbten Kôrper. Weiïiter habe ich sehr häufig auf der der undulierenden Membran gegenüber liegenden Seite des Kôrpers einen schmalen rôtlichen Streifen am Parasiten entlang laufen sehen, der sich durch seinen Farbton ebenso deut- lich vom Kérper abhebt, wie die undulierende Membrau. Ein ebensolcher Streifen war auch auf der Seite der undulierenden Membran, aber nach hinten vom Centrosom, bis zum Hinterende des Kôrpers zu beobachten. Bei manchen Trypanosomen war das ganze verjüngte Hinterende rôtlich gefarbt, wenn es keine Ein- schlüsse hatte, also homogen war. Besonders auffallend und regelmässig auftretend war diese Erscheinung bei der Querteilung der Trypanosomen, wo das Hinterende stark eingezogen wird und infolge von Verdichtung des Ektoplasmas auf diesem Kôürperteil einen rôtlichen Farbton deutlich zur Wahrnehmung bringt. End- lich war es noch auffallend, dass bei diesem intensiven Färbever- fahren der Kôrper der Trypanosomen selbst einen deutlichen Stich ins Rôtlich-violette annahm und, wenn ich so sagen dar, wie mit einem zarten Schleier überzogen war, eine Erscheinung, welche sich mit anderen Färbemethoden nicht hervorbringen liess. Auf Grund dieser Beobachtung glaube ich annehmen zu dürfen, dass der eigentliche Kôrper der beobachteten Trypanosomen, das Endoplasma, in einer hüllenartigen Umkleidung, dem Ektoplasma steckt, welches nach dem angegebenen Färbeverfahren einen rôütlichen Ton annimmt, gleich dem der undulierenden Membran, und dessen Ränder an manchen Stellen besonders deutlich sich vom Endoplasma abheben. Dieses bestätigt sich anch beim Beo- bachten der durch unvorsichtige Präparation zerstôrten Trypano- somen: wir sehen dann eine rôtliche Hülle ohne Inhalt, deren ein Rand begrenzt ist von der Geissel, die immer noch fest mit dem Centrosom zusammenhängt. An gewissen Stellen der Hülle sieht man intensiver gefärbte, zarte Fäden verlaufen, parallel der Geissel. Diese Fäâden sieht man auch bei jungen, aus der Teilung hervorgegangenen Formen, welche eine auffallend breite und gut entwickelte undulierende Membran besitzen, worauf ich noch 180 F. LUHS später zu sprechen kommen werde. Also, aus der Beobachtung der Hülle der zerstôrten Trypanosomen geht hervor, das der loco- motorische Apparat der Trypanosomen im Ektoplasma gelagert ist. Meine Beobachtungen stimmen gut überein mit den bahnbre- chenden Untersuchungen Schaudinn's über die Entwickelung des Trypanosoma noctuæ. Die von mir beobachteten Fäden sind iden- tisch mit den Myonemen und der rôtliche Färbton der undulieren- den Membran erklärt sich durch ihren Gehalt an Chromatin, da dieses Gebilde genetisch ein Kernprodukt darstellt. Eine ähnliche Erklärung wird wohl auch das Ektoplasma resp. Periplast haben. Kehren wir nun zurück zur Betrachtung der übrigen Formen des beobachteten Trypanosoma. Ausser dem schon beschriebenen geschlechtlich reifen Formen habe ich in den Fällen, wo die Trypanosomen im Blute reichlich vorkamen, Vermehrungsformen beobachtet, welche bedeutend klei- ner sind, als die ersteren. Soviel ich aus den gefärbten Blutpräpa- raten ersehen konnte, geschieht die Vermehrung der Trypanoso- men auf zweierlei Art, nämlich durch Langs- und Querteilung. Die Vorgänge bei der Längsteilung, die eigentlich eine Bipartition darstellt, sind folgende : Zuerst contrahiert sich das Trypanosoma ein wenig und wird kürzer und dicker. Dabei wird die freie Geissel und das spitze Hinterende teilweise eingezogen. Bei dieser Verkürzung und Ver- dickung nähert sich das Centrosom dem Kerne, bis sich beide berühren. Meistenteils sieht man dann das Centrosom am Rande des Kernes, zuweilen aber auch im Centrum desselben. Bei dieser Berührung geschieht ein Stoffaustausch und Verschmelzung der Kernelemente und wir sehen als erste Folge derselben die Teilung des Ceñtrosoms in zwei Teile. Darauf erfolgt zuerst die Teilung der Geisselwurzel und Bildung der neuen Geissel nebst Freiwer- den des Kôrpervorderendes. Hierauf teilt sich der Kern in zwei gleiche Teile. Die geteilten Parasiten hängen zuletzt nur noch an einer Strecke ihres Hinterendes zusammen. Bald lüst sich auch dieser letzte Zusammenhang und die erneuten Parasiten werden frei. Nur sellen konnte man beobachten die Teilung des Kernes vor der Teilung des Centrosoms. Als Ausnahme von dem beschrie- benen Vorgange sah ich zuweilen Parasiten mit 2 bis 3 Kernen TRYPANOSOMA THEILERI IN TRANSKAUKASIEN 181 und 1 bis 2 Centrosomen, wo keine Contraction zu bemerken war und Kerne und Centrosomen getrennt blieben. Die aus der Zweïiteilung hervorgegangenen jungen Trypanoso- men haben nun die auffallende Eigenschaft, dass ihr Kern und Centrosom anfangs neben einander liegen. Dieses sonderbare Ver- halten der Vermehrungsformen des Trypanosoma Theileri hat Laveran (4) Anlass gegeben zur Ausscheidung einer besonderen Art von Trypanosomen, welche er Trypanosoma transvaaliense benannte. Als weitere Eigentümlichkeïit der jungen Teilungsformen muss man ihre gedrungene Gestalt erwähnen : sie sind kurz und breit, mit sehr breiter, gut entwickelter undulierender Membran. Durch einen durch die Mitte des jungen Trypanosomen gedachten Quer- schnitt wird der Parasit in zwei sich deckende Hälften zerlegt, da die beiden Enden von der Mitte an gleichmässig spitz zulaufen. Die kürzeste gemessene Teilungsiorm betrug 19: in der Länge, welche bei anderen bis zu 384 variiren kann. Die anderen Maasse dieser kürzesten Form waren folgende : Freie Geissel 3 » 38 ; Entfernung vom eigentlichen Kôrpervorderende bis zum Kerne 6 #72 ; ; Länge des Kernes 1 z 85 ; seine Breite 1 z T0 ; Länge des Centrosoms, welches neben dem Kerne lag, 0 z 4 ; dessen Breite 0 #3 ; Von Kernhinterrände bis zum Kôrperhinterende 7 » 09 ; . Die Breite des Kôrpers 4 # 12 ; davon kamen auf die undulierende Membran 1 » 12. Die mittleren Maasse der jungen, aus der Teilung hervorgegan- senen Trypanosomen bei welchen Kern und Centrosom noch neben einander liegen, waren folgende (Mittel aus 50 Messungen) : * Mittlere Länge 31 z (variirt von 19 z bis 38 ») ; - Länge der freien Geissel 7 # 35 (variirt zwischen 3 z 38 und 12 ») ; . Entiernung vom eigentlichen Kôrperanfang bis zum Vorderrande des Kernes 10 z 86 (Schwankungen von 6 z bis 16 y) ; Lânge des Kernes im Mittel 2 » 70 (variirt von 1 - 76 bis 3 # 38) ; _ Breite des Kernes im Mittel 1-70 (variirt zwischen À z 35 und 2 » 02); Länge des Centrosoms 0 z 57; . Breite des Centrosoms 0 z 45 ; D Tune vom Hinterrande des Kernes bis Kôrperhinterende im Mittel:9.2, 182 F. LUHS Der mittlere Dickendurchmesser des Kôrpers betrug 4 y 40, davon kommt auf die mittlere Breite der undulierenden Membran 1:10. Die grôüsste gemessene Breite der undulierenden Membran betrug 1:40. Eine Merkwürdigkeit der Teilungsformen ist das Vorkommen von Kôrnchen in ihrem Vorderende mitunter auch Hinterende, welche die Chromatinfärbung annehmen und wahrscheinlich reducierte Kernteilchen darstellen. In erwachsenen Parasiten habe ich diese Chromatinkôrnchen wohl nie beobachtet. Bei diesen kommen nur dunkel blau gefärbte Kôrnchen vor. | Mit zunehmendem Wachstum werden die jungen Trypanosomen immer schlanker ; die Geissel wird länger und das Hinterende mehr ausgezogen. Das Centrosom entfernt sich allmählich vom Kern und nimmt schliesslich seinen Sitz im Hinterende des Kôürpers ein. Wir kônnen verschiedene Uebergangsformen beo- bachten , wo der Abstand zwischen Kern und Centrosom immer grôsser unä grüsser wird, bis zu den voll entwickelten Trypano- somen. | Aus der Längsteilung gehen in der Regel nur zwei neue Para- siten hervor, welche in den meisten Fällen gleich gross sind. Als seltene Erscheinung beobachtete ich ein mal die Teilung eines Trypanosomas in drei Tochterparasiten. Ausser der Vermehrung durch Längsteilung konnte ich auch eine solche durch Querteilung constatieren. Doch lassen sich scharfe Grenzen zwischen beiden Arten der Vermehrung nicht ziehen und es war zuweilen schwer zu entscheiden, ob eine gegebene Form zur Längs- oder Querteilung zu rechnen ist. | Bei der Querteilung rundet sich das spitze Hinterende des Try- panosomas mehr oder weniger halb kugelfôrmig ab, wobei es stark an Dicke zunimmt. Der Querdurchmesser solcher Formen beträgt 72 bis 829. Oft bleibt vom Hinterende nur eine kurze Spitze mit breiter Basis übrig, welche sich, wie schon oben gesagt, nach der von mir angegebenen Modification der Giemsafärbung, in einen rôtlichen Ton färbt, gleich der undulierenden Membran. isweilen fand ich auch ganz kugelrunde Vermehrungsformen, wo die undulierende Membran nicht zu sehen war. Die Teilung des Kernes und Centrosoms in derselben Art, wie bei der Längs- teilung, nur mit dem Unterschiede, dass die Teilungsachse dieser 2 ORDER ADR ET C « D TRYPANOSOMA THEILERI IN TRANSKAUKASIEN 183 Elemente quer zur Längsachse des Parasiten liegt, also umgekehrt, wie bei der Längsteilung. Die aus der Querteilung hervorgegange- nen Parasiten sind nie gleich gross. Das Muttertier bleibt immer orôsser und scheint nur einen kleinen Teil seiner Substanz als Tochterparasiten abzuschnüren. Die neugebildeten Parasiten haben Anfangs ein dickes abgerundetes Hinterende, welches sich allmählich zuspitzt. Betreffend die Lebensfähigkeit des beobachteten Trypanosoma ausserhalb des tierischen Organismus habe ich constatieren kônnen dass dieselbe je nach den Umständen verschieden lang ist. Auf Eis gehalten konnte ich noch bis zum 9. Tage Spuren von Bewe- glichkeit beobachten. Würden die Trypanosomen aus der Kälte in die Wärme gebracht, so erhôhte sich auch ihre Beweglichkeit merklich. Bei Zimmertemperatur von 20°C waren am sechsten Tage keine Lebenszeichen mehr zu sehen. Am schnellsten gingen sie, merkwürdiger Weise, im Thermostaten bei 38°C zu Grunde, wo sie schon am dritten Tage ihre Beweglichkeiït einbüssten. Bei eingetretener Degeneration zeigte sich das Centrosom nebst der Geissel als die resistentesten Teile des Trypanosomas, denn ich konnte sie in defibriniertem Blute noch bis zum 21. Tage zusammenhängend beobachten. Ueberhaupt war die feste Verbin- dung von Centrosom und Geissel auffallend, wie das auch schon Îrüher erwähnt wurde. Nur bei manchen jüngen Teilungsformen habe ich gesehen, dass die aus dem Centrosom entspringende Geisselwurzel teils ganz achromatisch, teils schwach färbbar sich zeigte. | Wurden die Trypanosomen ungünstigen Existenzbedingungen ausgesetzt, so trat regelmässig Agglomeration ein, indem sie mit ihren Hinterenden sich zusammenballten und rosettenfürmige Figuren bildeten. Die Agglomeration trat so schnell ein, dass ich sie häufig an der Stelle auf den Deckglaspräparaten beobachten konnte, wo das ausgebreitete Bluttrôpfchen aufgetragen war und wo die dickere Blutschicht nicht schnellgenug ausgetrocknet war. Agglomeration trat auch ein beim Verdünnen des Blutes mit physiologischer Kochsalzlôsung. Zum Schluss sei es mir noch gestattet Einiges über die Môglich- keit der Infection der Rinder mit dem beobachteten Trypanosoma ZU sagen. 184% F. LUHS Erstens konnte dié Infection durch gewisse blutsaugende Insek- ten stattfinden, welche aus den heissen Niederaugen mit dem Vieh oder auf andere Art auf unsere Station, welche ca. 1000 Meter hoch liegt, gelangt waren. Analog den Entdeckungen Theiïlers, welcher den Uebertrager seines Trypanosomas in den Hippobosca rufipes und maculata getunden hat, konnte dieses auch in unseren Fällen durch eine der Hippobosciden geschehen, welche häufig auf den Rindern zu finden sind. Doch scheint mir diese Art der Infec- tion in den beobachteten Fällen wenig wahrscheinlich, am wenig- sten im dem Falle in December. Eine weitere Môglichkeit der Ansteckung konnte durch Injection von trypanosomenhaltigem Pestblut stattgefunden haben. Es ist ja eine bekannte Thatsache, dass durch [Impiungen nach der Simultanmethode sowie durch andere Operation mit der Rinder- pest, wie Ansteckung und Hyperimmunisation, Trypanosomose und noch wiel häufiger die Babesiose ausgelôst werden. Da nun diese Erscheinung von den meisten Autoren einseitig gedeutet wird, so will ich näher darauî eingehen. Bei den Operationen mit Rinderpestblut haben wir mit folgen- den Môglichkeiten zu rechen : 1. — Das Impfblut von Tieren mit latenter Infection : (a) Impfling mit latenter Infection, (b) Impfling ohne jegliche Infection ; 2, — Das Impfblut von Tieren ohne jegliche Infection : (a) Impfling mit latenter Infection, (b) Impfling ohne jegliche Infection. Ad a und 2a. — Es bleibt sich gleich, ob das Impiblut latente Parasitenformen oder gar keine Parasiten enthält; denn die der Injection von virulentem Rinderpestblut folgende Reaction ist das Agens, welches den Tierkôrper aus dem Gleichgewicht bringt und bei dem Impfling die latente Infection auslôst und oîft tôtlich verlaufende Trypanosomose resp. Babesiose hervorruft. Ad 1b. — Diese Combination wird zu wenig beachtet. Sie hat aber die schlimmsten Resultate zur Folge. Denn während es sub la und 1b gelingt durch erhôhte Dosen von Rinderpestserum die xeaction bei der Simultanmethode auf einen geringen Prozentsatz herabzudrücken, und so die bôsen Folgen zum grossen Teil zu verhüten, kann die Infection hier auch ohne jegliche vorher- TRYPANOSOMA THEILERI IN TRANSKAUKASIEN 185 gehende Reaction eintreten; sie muss aber unter der Begünsti- eung der Reaction nur noch schwerer werden. Im Falle 2 b ist selbstverständlich eine Erkrankung an Blutparasiten ganz aus- seschlossen. Von allen angeführten môüglichen Combinationen halte ich für wahrscheinlich, dass in den von mir beobachteten Füällen eine latente Infection vorlag, welche durch die betreffende Operation mit Rinderpestblut verschärît wurde. Wie dem auch sein kann, bemerkenswert bleibt die Thatsache, dass es mir, ungeachtet von mehreren Tausend Blutuntersuchungen, welche ich im Verlaufe von drei Jahren bei dem Studium der Babesiose gemacht habe, ein anderes Mal nicht gelungen ist das Trypanosoma Theileri zu beo- bachten. LITTERATUR 4. — A. THriLer, À new Trypanosoma and the disease caused by it. Journal of comp. Pathol. and Therap., XVI, p. 193, 1903. 2. — LAvERAN, Sur un nouveau Trypanosome des Bovidés. C. R. de l’'Acad. des sciences, 3 mars 1902. 3. — D. Bruce, On the discovery of a new Trypanosoma. The Lancet, p. 664, 1902. 4. — LAvERAN, Au sujet de deux Trypanosomes des Bovidés du Trans- vaal. C. R. Acad. des se., 5 nov. 1902. 5. — SCHILLING, On nagana and other Trypanosomes, Journal of tro- pical med., p. 45-47, 2 febr. 1903. 6. — O. Panse, Trypanosoma Theïleri (?) in Deutsch-Ostafrika. Zeit- schrift für Hygiene, XLVI, p. 376-378, 1904. 7. — KR. Koc, Ueber die Trypanosomenkrankheiten. Deutsche med. Wochenschrift, p. 1705-1710, 1. Januar 1904. : : 8. — LaverAn et Mesniz, Trypanosomes et trypanosomiases. Paris, in-8 de 417 p., 1904. 9. — DurranT and HozmEs, À Trypanosoma found in blood of Cattle in India. Journal of comp. Pathol. and Therap, XVII, 1904. 10. — Hormes, Some diseases, complicating Rinderpest among Cattle of India. Journal of comp. Pathol. and Therap., XVII, p. 317-326, 1905. 11. — Lincar», A short account of the various Trypanosomata found to date in India in the blood of some of the lower animals. Indian med. Ga- selle, déc. 1904. 12. — Hormes, Evolution ofthe Trypanosoma Evansi. Journal of comp. Pathol, and Therap., XVII, p. 210-214, pl. V and VI, sept. 1904. 186 | | F. LUHS ERKLÆRUNG DER TAFELN Alle Figuren betreffen das Trypanosoma Theileri an. TAFEL I Fig. 1. — Grosses erwachsenes Männchen. Fig. 2. — Kleines erwachsenes Männchen. Fig. 3. — Erwachsenes Weibehen mit 8 Chromosomen. Fig. 4. — Teilungsfigur mit 3 Kernen und einem Centrosoma. Fig. 5. — Teilungsfigur mit 2 Kernen und 2 Centrosomen. Fig. 6. — Längsteilung. Die Centrosomen mit den Geisseln und unduli- renden Membranen haben sich geteilt. Der Kernist noch ungeteilt. Fig. 7. — Längsteilung. Doppelte Kerne, Centrosomen, undulierende Membranen und Geisseln. Die beiden Trypanosomen hängen nur noch an einer Stelle mit ihrem Plasma zusammen. Fig. 8. — Längsteilung in drei neue Individuen, mit besonderen Ker- nen, Centrosomen und Geisseln. Fig. 9. — Längsteilung. Fig. 10. — Junges Trypanosoma gleich nach der Teilung. Kern und Centrosoma noch neben einander. Fig. 11. — Junges Individuum mit breiter undulierenden Membran. Fig. 12. — Wachsendes Individuum. Der Kern und das Centrosom entfernen sich von einander. TAFEL II Fig. 1. — Beginn der Querteilung. Abrundung des Hinterendes. Bil- dung von 2 Centrosomen mit besonderen Geisseln. Im Vorderteil, Chro- matinkôrnchen. Fig. 2. — Teilungsform. Fig. 3. — Beginn der Querteilung ; Kern noch ungeteilt. Fig. 4. — Entwickelungsiorm. Fig. 5. — Querteilung ; Kern in mitotischer Teilung begrifien, Centro- somen und Geisseln geteilt. Fig. 6. —- Querteilung. Fig. 7. — Kugelfôrmig abgerundeter Parasit beim Beginn der Teilung. Die Centrosomen und Geisseln haben sich schon geteilt. Fig. 8.— Querteilung ; beginnende Abschnürung der neuen Individuen. Fig. 9. — Zwei junge Individuen nach der Querteilung. Fig. 10. — Zertrümmertes Individuum. Periplast mit Myonemen, Geissel in festem Zusammenhang mit dem Centrosom. Fig. 11. — Copie einer Original Abbildung nach Theiler. Fig. 12. — Der Parasit, wie er in Transkaukasien beobachtet. >< 2000. Fig. 13. — Copie einer Abbildung nach Laveran und Mesnil. Fig. 14. — Copie einer Abbildung des Trypanosoma transvaaliense S . . s . Laveran, nach Laveran und Mesnil. Diese kritische Art stellt nur ein Entwickelungsstadium des Trypanosoma Theileri dar. ACCIDENTS CAUSÉS PAR UNE GRAMINÉE AMÉRICAINE(? (STIPA NEESIANA) PAR Le Professeur R. BLANCHARD Le genre Stipa est représenté dans l'Amérique du sud par un cer- tain nombre d'espèces ; Arechavaleta en décrit 9 dans l'Uruguay (2). Elles poussent à l’état sauvage dans le (campo »argentin, c’est- a-dire dans la plaine immense qui s'étend depuis la Patagonie jusqu'à Bahia Blanca ; elles ne sont pas moins abondantes beaucoup plus au nord, dans la province de Santa Fé, en Argentine, et dans tout l'Uruguay. Elles fleurissent au printemps. Leur fruit trans- porté par la glumelle inférieure, ainsi qu’il sera expliqué plus loin, vole dans l'air par myriades, s'accrochant partout aux branches, aux herbages, etc. Là où les champs sont clôturés, ces fruits volants adhèrent en telle abondance aux « ronces artificielles » qu'ils y peuvent former un revêtement continu : un naturaliste français, M. Lucien Iches, attaché au Laboratoire de zoologie appli- quée du Ministère de l’agriculture, à Buenos-Aires, m'écrit que, dans la province de Santa Fé, il a vu ce revêtement se pour- suivre sur des kilomètres de longueur, à tel point qu'on eût pu croire que ies champs étaient limités par des clôtures de chaume. Quand le vent souffle, les glumelles de Stipa viennent fouetter les gens au visage et aux mains, en produisant des piqüres douloureu- ses; le fait est bien connu de tous ceux qui habitent la pampa; il a valu à ces aigrettes flottantes le nom significatif de flechillas, petites flèches ou fléchettes. Toutes les Stipa de l'Amérique méri- dionale produisent des flechillas, mais on redoute particulièrement (1) Note communiquée à la Société centrale de Médecine vétérinaire, le 2 novembre 1905. — La présente rédaction ne difière de celle insérée au Bulletin de la Société centrale de Médecine vétérinaire (p. 504, 1905) que par l’adjonction des figures. _ (2)J. ARECHAvVALETA, Las Gramineas PURE Montevideo, grand in-8° de 553 p., 1898; cf. p. US. 265. 188 R. BLANCHARD : Fig. 1.— Organisation de la glumelle entière de Stipa Neesiana.— A, glumelle entière, X 2; B, C, deux fragments de la même, x 6; D, union de la portion renflée avec l’arista, X 10. celles de St. Neesiana Trin. etRupr.,1849, plantehaute de 0m60 à 0m70. Voyons comment le con- tact d’une flechilla peut cau- ser de la douleur ; l'étude anatomique de l’objet en litige va nous renseigner amplement. La glumelle inférieure de Stipa Neesianan'a guère que 75mm de longueur. Elle comprend quatre parties distinctes (fig. 1): 1° une courte portion basilaire. formée d’un axe conique, effilé en pointe très aiguë et couvert de poils en rétroversion, ai- gus, rigides et d'autant plus courts qu'ils sont plus rapprochés de la pointe. 20 une seconde portion cylindrique ou légèrement renflée en fuseau, attei- gnant avec la précédente une longueur totale de 18"" et présentant une fente lon- gitudinale. Cette fente est l'indice d’un enroulement, la glumelle, très élargie à ce niveau, s'étant enroulée sur elle-même autour du grain. Celui-ci est donc entrainé avec la fléchette, qui l'enveloppe très étroi- tement et lui sert d'organe de dissémination. Par son ACCIDENTS CAUSÉS PAR UNE GRAMINÉE AMÉRICAINE 189 extrémilé supérieure, cette portion renflée s'articule avec la sui- vante et présente, autour de l'articulation, une couronne de poils. 30 une arête ou arista, longue de 70m et formée de deux portions réunies l’une à l’autre à angle plus ou moins ouvert. La portion basilaire, longue de 50 à 52m, est fortement enroulée sur elle-même en une spirale dextrogyre, mise en évidence par une cannelure dont les bords sont ornés de poils en fer de lance, très courts, mais rigides et offrant une résistance appréciable, quand on passe la flé- chette entre les doigts, du sommet à la base. La portion terminale, non spiralée, est grêle, très effilée, couverte de poils très courts, analogues à ceux de la portion précédente, soyeux quand on les passe entre les doigts de la base au sommet, rugueux et opposant une faible résistance suivant la direction inverse. Une glumelleainsi constituée peut produire à la peau des piqüres assez vives, capables de provoquer un écoulement de sang ; elle agit encore plus sûrement sur la conjonctive, la cornée;,la HHAUENSE labiale. L'Homme se débarrasse aisément des flechillas qui viennent le frapper et qui s'arrêtent sur ses vêtements, sa barbe ou ses cheveux ; néglige-t-on de les enlever, elles ne tardent pas cependant à s’en- foncer à travers les vêtements même les plus serrés et à pénétrer jusqu'à la peau. Si l’on tente alors de les arracher, l’arista se brise, tandis que la pointe barbelée de la fléchette, grâce à ses poils en rétroversion, reste enfoncée dans le vêtement et nese laisse extir Dei qu avec difficulté. On conçoit donc que les flechillas puissent être réellement dange- reuses pour des animaux incapablesde s'en débarrasser. L'élevage du Mouton étant la principale industrie des pampas de l'Argentineet de l'Uruguay, c'estsurtout à ce Ruminant que la Graminée est funeste. Certains individus meurent pour en avoir mangé, à la suite d'ul- cérations multiples du tube digestif; toutefois, ce cas semble être assez rare. Il mérite néanmoins d'être mentionné, car il se peut que l’actinomycose, qui est très fréquente dans la République Argentine (1), soit inoculée au Bœuf par de telles piqûres ; elle peut : : (4) D. J. CranweLz, Contribucion al estudio de La actinom icosis humana, sa frecuencia en la Republica Argentina. Buenos-Aires, in-8°, de vrr-186 p. et 10 pL, 1904. — E. S. DE LA Hoz, Champignons pathogènes el mycoses du continent américain. Paris, in-8° de 127 p., 1905; cf. p. 85. 190 R. BLANCHARD tout aussi bien être inoculée par la voie cutanée, notamment chez l'Homme. L’attention doit être attirée sur ce point, ainsi que sur les autres mycoses et sur les bactérioses qui peuvent avoir ce-même point de départ. Les quadrupèdes sont fréquemment atteints aux yeux : les flechil- las viennent frapper le globe oculaire déterminant une conjoncti- vite intense, de la kératite, souvent même l’ulcération de la cornée. Le Mouton, dont les yeux suppurent, finit par devenir aveugle; n'y voyant plus pour se guider, il meurt de faim et de soif. En outre de ces accidents, les Moutons de la race de Rambouillet souffrent plus spécialement d'affections aux pattes : celles-ci sont garnies de longs poils dans lesquels s'intriquent les flechillas. Ainsi se forme un feutrage hérissé d'une multitude de pointes acérées, que chaque mouvement enfonce dans les chairs : de là des ulcérations qui sup- purentet peuvent devenir l'origine de septicémies ou d’autres infec- tions, auxquelles il n’est pas rare de voir les Moutons succomber. D'ailleurs, ces accidents ne se manifestent pas seulement aux pattes, mais aussi en tout autre point de la surface cutanée. Ils causent, certaines années, une mortalité importante parmi les troupeaux. Arechavaleta attribue aux fléchettes des propriétés hygroscopi- ques qui doivent jouer un certain rôle dans leur action malfaisante. L’arista se tord et se raccourcit en milieu sec, mais se détord et s'allonge sous l'influence de l'humidité : la flechilla tourne alors sur elle-même d'un mouvement régulier; elle est donc poussée en avant et s'enfonce davantage. Normalement, c'est dans le sol que cette pénétration doit se faire, pour amener la graine là où elle doit germer ; dans le cas spécial qui nous occupe, c’est à travers les vêtements, le pelage ou la peau qu’elle s’accomplit sous cette in- fluence. Survienne la sécheresse, l’arista tend à se raccourcir; mais ses poils en rétroversion s'opposent à son retrait et tendent, par conséquent, à l'enfoncer davantage. L'animal, qui se sent piqué, se gratte et contribue ainsi à faire pénétrer encore plus la fléchette. On conçoit donc que les flechillas puissent causer parmi les trou- - peaux de véritables désastres. Pour y obvier autant que possible, on a recours à divers procédés. On n'amène les Moutons dans les champs à Stipa qu'après que ces plantes ont perdu leurs graines: elles constituent alors une pâture un peu coriace, mais abondante et que les Brebis mangent volontiers. Ou bien on ne laisse paître les ACCIDENTS CAUSES PAR UNE GRAMINÉE AMÉRICAINE 191 troupeaux qu'après avoir abattu les Stipa et les avoir couchées sur le sol par le foulage, avantla maturité des graines. Ou bien encore on procède à la tonte des Moutons quelque temps avant la maturité : on risque ainsi d'exposer les animaux aux intempéries du prin- temps ; mais les pertes qui résultent des variations atmosphériques Fig. 2- — Pelote produite par l'accumulation et l’enchevétrement de glumelles de Stipa Neesiana entre les pattes d’un Nandou. X 0,5. sont souvent peu élevées et, en tout cas, sont bien moins importantes que celles que ne manqueraient pas de causer les flechillas. Les Moutons ne sont pas les seuls animaux dans la chair vive desquels les fléchettes puissent s'enfoncer. Malgré l'absence d’ob- servations positives, on doit admettre que des ravages tout sem- blables s’exercent aussi chez d’autres espèces domestiques ou sau- vages. Le fait suivant en donne la démonstration. Je présente la photographie d’une pelote volumineuse, unique- nent formée par un enchevêtrement de fléchettes de Stipa Neesiana 192 R. BLANCHARD (fig. 2). Cette pelote est entrée récemment dans les collections du Laboratoire de zoologie appliquée de Buenos Aires; je dois ce do- cument à l'amabilité de M. Iches. Il S’agit d'une sorte de bézoard ou d'égagropile, long de 020, large de 018 et épais de 008; on juge dunombre énorme deglumelles ainsi agglomérées. Cette masse très dense s'était constituée entre les cuisses d'un Nandou (Rhea americana), dans la province de Santa Fé; elle avait déterminé une vaste ulcération, qui avait occasionné la mort de l'Oiseau. Le genre Stipa est représenté par une centaine d'espèces dissé- minées dans les régions chaudes et tempérées; la plupart sont de l'Amérique du Nord. On n’en connaît qu'un petit nombre en Europe, dont quatre en France : S. pennata L., S. capillata L., S. juncea L., L. et S. tortilis Desf. Ces Graminées ont dû rétrocéder partout de- vantles cultures, aussi ne les trouve-t-on jamais en abondance; elles sont confinées dans les rocailles et les sables. Leur glumelle a la même structure générale que chez S. Neesiana, + ce qui indique à priori qu’elle ne doit pas être moins offensive. Celle de S. pennata, par exemple, est de très grande taille : elle at- teint 265mn de longueur, le cône basilaire et la graine mesurant ensemble 17mm, la première portion de l'arista ayant 73mm de longueur et la deuxième 175mm, Le cône basilaire est très aigu et perce facilement la peau et les muqueuses, mais la nature soyeuse des poils qui le recouvrent fait qu’il lâche prise très aisément. La première portion de l'arista est faiblement rugueuse à rebrousse- poil, mais sans constituer une résistance appréciable; quant à la seconde portion, elle estornée d’une double rangée de poils blancs, longs de 5mm et donnant l'aspect d’une plume soyeuse. Grâce à cette élégante disposition, les glumelles de S. pennata sont recherchées comme ornement, sous le nom de marabout. | Que les glumelles d'autres espèces européennes, égalementaiguës à la base, aient dés poils plus rudes que la précédente, elles seront capables de produire desaccidentsidentiquesà ceux quenous venons de relater dans l'Amérique du Sud. Nous n'avons pas connaissance qu'on ait jamais signalé rien de semblable parmi le bétail français, mais il n’en est pas de même en Russie. Voilà quelques années, on a observé aux abattoirs de Paris des Bœufs et des Moutous de provenance russe, chez lesquels des glumelles d'une Stipa d'espèce indéterminée s'étaient enfoncées dans la muqueuse buccale, * ACCIDENTS CAUSÉS PAR UNE GRAMINÉE AMÉRICAINE 193 s'étaient engagées dans les canaux salivaires et, par cette voie, avaient même remonté jusque dans la glande parotide, formant en tous ces points des tumeurs d'un caractère tout spécial. Dans nos pays, des accidents tout semblables sont parfois causés par les fruits de divers Bromus. Ils ne peuvent qu'être facilités par de fâcheuses pratiques qui ont encore cours dans nos campagnes, suivant notre collègue M. Em. Thierry (1), et qui consistent à am- puter aux jeunes Poulains ou aux jeunes Veaux tombés malades les replis muqueux qui recouvrent et protègent l’orifice des canaux salivaires. DISCUSSION M. Evex. — L'exposé que vient de nous faire M. le Professeur Blanchard est, à tous points de vue, intéressant. La plante dont il nous a entretenus tend heureusement à disparaitre dans la République Argentine, devant les progrès immenses de l’agricul- ture extensive, dans les régions où cette Stipa abonde, principalement dans le sud de la province de Buenos-Aires, aux environs de Bahia-Blanco. Si les accidents rapportés sont exacts, ils ne sont pas les seuls, ni les plus graves. Les accidents les plus importants sont causés par la pénétration des flechillas dans les canaux salivaires, où ils s'accumulent en masses énormes. Ils forment aussi des plaies sous la langue, de chaque côté du frein, et leur accumulation dans ces points rend difficiles les mouve- ments de l'organe et la préhension des aliments. Ils s'arrêtent aussi quelquefois dans les diverticula du pharynx, où ils causent des désordres sérieux et des tuméfactions de la région parotidienne. Ces divers accidents ne s'observent pas seulement chez le Mouton. Ils se présentent sur tous les herbivores appelés à vivre dans la région où croit le Stipa Neesiana. Tout en déterminant de graves dommages à l'élevage, les inconvé- uients de la flechilla, bien connus en Argentine de tous ceux qui s’oc- cupent de médecine vétérinaire, ne revêtent pas une importance telle qu'ils puissent être considérés comme une grave calamité. L'amélioration rapide des pâturages par l'agriculture alternante, méthode très employée aujourd'hui, qui substitue aux herbes indigènes de la pampa, des Graminées ou autres plantes de pàture, plus alibiles, a déjà fait disparaitre en partie la flechilla. Il est à prévoir que dans un avenir prochain cette plante aura cessé d'exister dans les zones Argen- tines exploitées en paturages. (1) Em. Tarerry, Préjugés relatifs aux animaux et à leurs maladies. Almanach de la Gazelte du village, VIT, p. 143-153, 1906 ; cf. p. 147. Archives de Parasilologie, X, n° 2, 1906. 13 194 R. BLANCHARD M. Lavararp. — Ainsi que vient de le dire M. le Professeur Blanchard, la Stipa a été signalée, il y a quelques années, sur des Moutons russes. A la suite d'accidents qui s'étaient produits au Marché de la Villette, par la présence des glumelles d’une Stipa dans les toisons et les chairs de Moutons importés de la Russsie méridionale, le Comité consultatif des épizooties dut étudier les différentes espèces du genre Stipa, et il fut reconnu que c'était le Stipa capillata ou tortilia qui avait causé les acci- dents. Je ne reviendrai pas sur les caractères si bien présentés par M. Blanchard, et qui sont les mêmes que nous avons constatés à Paris, quelles que soient les espèces reconnues. Dans la séance du 21 janvier 1885 du Comité consulatif des épizooties, le regretté Professeur Proust rapporta l'observation d’un ouvrier des abattoirs qui fut atteint d'une double pustule maligne à la suite de la manipulation de viandes provenant de Moutons russes. L'inoculation avait été produite par la graine d'une Graminée du genre Stipa (Stipa capillata ou tortilia), dont ces viandes étaient littéralement farcies. Le malade, soumis à un traitement antiseptique, a pu guérir. On reconnut en même temps que les toisons des Moutons provenant de la Russie étaient criblées de ces graines aiguës et barbelées, qui tra- versent aisément la peau et S'’enfoncent peu à peu dans l'épaisseur des muscles. Quelques animaux succombent, les autres ne trouvent acheteurs qu'à bas prix. Dans cette même séance, M. Tisserand signala qu'en Nouvelle-Calé- donie il se produit un fait analogue, les prairies renfermant une herbe piquante qui traverse la peau, pénètre dans les chairs et s'oppose à l'ac- climatation des races étrangères; cette particularité a été signalée par le général Martin des Pallières, ily a une trentaine d'années, alors qu'il était question d'y importer des Moutons perfeclionnés. Il est probable que, dans ce cas, il était aussi question de la Grami- née Slipa. M. Piox. — Lorsque la Russie, il y a un quinzaine d'années, nous amenait des Mérinos vivants à Marseille et à la Villette, nos collègues de l'inspection de boucherie ont constaté les lésions causées par une Stipa toute pareille. Les Sociétés vétérinaires en ont été saisies, la flèche a été montrée et décrite. En cherchant dans les journaux de l’époque, surtout dans la Presse de M. Garnier, on trouverait des traces de cette constatation. Je crois me souvenir que la coupable était la Stipa tortilia. NOTES SUR LES IXODIDÉS. — IV. PAR L. G. NEUMANN Professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse. Grâce à la bienveillance de M. le professeur E. Ray-Lankester et de M. le Dr W. J. Calman, j'ai pu étudier l'intéressante collection d'Ixodidés du British Museum, qui comprend environ 1.825 spéci- mens. Cette étude m'a fourni d'utiles renseignements sur la répar- tition géographique des espèces connues et sur les hôtes qu'elles infestent ; ces renséignemeñts seront mis en valeur dans un autre travail. Je ne veux, dans celui-ci, que compléter ce que j'ai déjà écrit touchant la systématique de ces Acariens. Je donne donc la description de quelquesespèces nouvelles et je complète ou rectifie celle de plusieurs autres. Il reste encore beaucoup à faire pour que ce groupe d’Acariens, si longtemps négligé, soit complètement connu. Des recherches fauuistiques locales en fourniront les éléments. Nombre d'espèces ne sont encore représentées que par un seul des deux sexes et souvent, en ce qui concerne la femelle, par des individus gravides, prêts à pondre, qui sont, par certains caractères, bien différents des femelles jeunes. Je me permettrai d'appeler l'attention des observateurs sur le mode d'accouplement. Il n’a été constaté jusqu'ici que pour quel- ques espèces d’Zrodes, où l’on a trouvé le mâle fixé à la femelle par son rostre introduit dans la vulve. En raison de l'homogénéité du groupe, on a pu conclure quece mode de fécondation, où le sperme, prispar le rostre du mâle à son pore génital est introduit dans le poôre de la femelle, appartient à toutes les formes d'Ixodidés. Cette conclusion ne me paraît pas certaine. Les doutes que j'éprouve me sont inspirés par les considérations suivantes : 1° J'ai trouvé plusieurs fois, dans les collections, des Zxodes ac- couplés, quoique les mâles soient bien plus rares que les femelles, 196 G. NEUMANN et encore inconnus dans bien desespèces,tandisquedansles autres. genres, tels surtout qu'Amblyomma, où les mâles sont parfois très abondants, je n'en ai jamais trouvé d'accouplé parmi les milliers d'individus que j'ai maniés. 20 Le dimorphisme sexuel, dans Zxodes, intéresse particulière- ment l'hypostome, qui est l'organe principal de la réunion copula- trice et est, chez le mâle, comparativement à la femelle, plus court et armé d'épines moins nombreuses, mais beaucoup plus grandes, surtout les postérieures ; tandis que, dans les autres genres, le di- morphisme de l'hypostome est nul outrès peu marqué. Ilest possible que cette différence entre Zrodes et les autresgenres ait seulement pour conséquence de rendre la réunion copulatrice longue chez Zrodes et fugace chez les autres genres, ce qui expli- queraitqu'on ne l’ait pas encore observée chez ceux-ci. En tout cas, il y à là un petit problème qui mérite d'être résoluetquine paraît pouvoir l'être que sur les individus vivants et, conséquemment, par les observateurs locaux. I. — Espèces nouvelles. 1. IXODES BICORNIS n. sp. Mâle. — Inconnu. Femelle (fig. 1).— Corps ovale, rouge marron, long de 4mn (rostre compris), plus large (2mm1) vers le tiers postérieur. Ecusson ovale, long de 1mm7, large de 1mm5, brun foncé, brillant, presque lisse, à ponctuations extrêmement fines, sauf une vingtaine de grandes le long du bord postérieur; sillons cervicaux à peine visibles; sil- lons latéraux figurés par une arête peu saillante. Face dorsale pour- vue de poils très courts près des bords latéraux ; un sillon marginal profond, limitant un bourrelet saillant; pas de festons postérieurs. Face ventrale à poils longs et blanchâtres ou glabre. Pore génitai en regard des hanches IV. Sillons anaux courts, convexes, divergents, réunis en arc de cercle devant l'anus. Péritrèmes blanchâtres, cir., culaires.— Rostre long (1mn).Base pentagonale,à côtés un peudiver- gents en avant, les angles postérieurs à peine saillants; aires poreuses circulaires où un peu allongées transversalement, leur écartement presque égal à leur diamètre ; face ventrale pourvue, en arrière de chaque palpe, d’une épine forte, un peu plus longue que large NOTES SUR LES IXODIDÉS 197 Hypostome long, étroit, aigu, à huit files de dents, les files in- ternes courtes. Palpes longs (0mm85), étroits, cultriformes, le 1°* article saillantà la face ven- trale, le 2 une fois et de- mie aussi long que letroi- sième. — Pattes longues, ve He D = brun marron. Hanches I ox à deux épines, l'interne in plus longue que l’article / el recouvrant en partie la V ] : ve UE hanche IT; l'externe aiguë, N un peu plus longue que A large, presque parallèle à l'interne ; une épine courte a l'angle postérieur ex- terne des autres hanches, très réduite aux hanches IV. Tarses longs, étroits, atténués en talus. un Fig. 1. — Ixodes bicornis ©. — Rostre (face d'Atoyac, Etat de Guer- ventrale) et hanches.— Hypostome. rero (Mexique): deux, pri- ses sur l'elis onca L., l’autre sur un enfant. Nommée « Conchuda » à Atoyac, cette espèce passe pour avoir une (piqüre souvent mor- telle pour les enfants ». — Collection A. Dugès. Ix. bicornis est très voisin d'Ir. fuscipes Koch ([x. spinosus Nn.). Er 9, [XODES SIMPLEX n. Sp. Mâle. — Inconnu. Femelle. — Corps oblong, à bords latéraux parallèles, un peu res- serré au niveau des stigmates, jaune rouille, long de 4"m (rostre compris), large de 3". Ecusson ovale, plus large vers son milieu, les bords latéraux postérieurs un peu concaves, long de 1"m2, large de Omm9, brun rouge ou jaunâtre, brillant, à ponetuations très dis- tantes, fines, plus grandes dans les champs latéraux ; sillons cervi- caux obsolètes ; pas de sillons latéraux. Face dorsale revêtue de poils longs, nombreux; pas de trace de sillon marginal. Face ven- 198 12 G. NEUMANN trale à poils courts et plus rares, sauf sur les côtés. Pore génital en regard des hanches IIT. Sillons anaux relativement courts, diver- gents, formant ogive en avant. Péritrèmes brunâtres, subcircu- laires. — Rostre court. Base triangulaire, à angles postérieurs non saillants; aires poreuses un peu allongées transversalement, sépa- rées par une dépression médiane, égale à la moitié de leur largeur; face ventrale dépourvue de saillies en arrière des palpes. Hypo- stome et chélicères ? Palpes courts, le 2e et le 3° articles de même longueur, à peu près aussi larges que longs ; le premier cylindri- que. — Pattes grêles, longues. Hanches plates, toutes inermes. Tarses longs, atténués en talus. D'après une Q repue, sans indication d'origine; une® et unenym- phe, recuellies sur Rhinolophus ferrum-equinum (Schreb.) à Shang- haï ; une © sur un Vespertilio sp ? au Gabon. — British Museum. 3. IXODES UGANDANUS D. Sp. Mâle (fig. 2). — Corps long de 2mm2 (rostre compris), à contour à ovale, plus étroit > è en avant, TE de eo à Jmm2 vers le tiers . postérieur, brun marron. Ecusson convexe, brillant, glabre, laissant un bourrelet margi- 0 9 nal étroit, à peu C Re près aussi large sur les côtés qu'en arrière et dont il est séparé à par un sillon profond; sillons cer- vicaux étroits, superficiels ; pas de festons postérieurs ; ponctua- tions nombreuses, distantes, très © fines. A la face ventrale, pore gé- nital large, entre les hanches de 11 la troisième paire. Ecusson pré- Fig. 2. — Ixodes ugandanus S. génital rectangulaire, plus long Face ventrale et hypostome. : va que large, émarginé en avant; écusson génito-anal pentagonal, grand, très large en arrière, très fe, 2 e.. NOTES SUR LES IXODIDÉS 199 finement ponctué ; écusson anal, presque circulaire, formant une très courte pointe en arrière, fortement ponctué; écussons adanaux plus longs que larges, à ponctuations nombreuses. Péritrèmes grands, ovales, bien plus longs que larges. — Rostre court (0mm5), base pentagonale, plus large que longue, les bords latéraux postérieurs divergents en avant, terminés par l'insertion des palpes, les angles postérieurs dorsaux non saillants, le bord pos- térieur ventral ondulé; pas desaillie ventrale en arrière de l'inser- tion des palpes. Chélicères à doigt large, long de 133 z. Hypostome court, large, les dents fusionnées sur chaque moitié en quatre crêtes transversales à cinq denticules ; deux grosses dents mar- ginales, la postérieure plus forte; en dedans d'elles, cinq crêtes successives à 2-3 denticules. Palpes courts, le 2 et le 3e articles à peu près de même longueur. — Pattes de lon- oœueur moyenne, foncées. Hanches larges, contiguës; une FINE courte et mousse à l'angle postérieur interne de celles de la première paire et à l'angle posté- rieur externe de celles de la quatrième. Tarses de longueur moyenne, atténués progressivement. Femelle (fig.3). — Corps en ovale court, long de 6mm (rostre compris), large de 4mm, brun foncé. Ecusson ovale-losangique, plus long (13) que large, sa plus grande largeur ({mm1) un peu en arrière du tiers antérieur, brun foncé, brillant, non échancré en avant pour l'insertion du rostre, à ponctuations très fines, sans sillons latéraux, Fig. 3. — Ixodes à sillons cervicaux très superficiels et dépassant le Re A milieu de la longueur de l'écusson. Face dorsale à sale) et écusson. ponctuations nombreuses et bien visibles, à poils épars et rares, à plis tégumentaires très prononcés et ondulés; tra- ces de trois sillons postérieurs. Face ventrale à ponctuations, poils et plis semblables; pore génital petit, en regard des hanches IV ; sillons anaux formant cintre en avant, convergents en arrière et se réunissant en pointe allongée. Péritrèmes petits, un peu ovales avec grand axe transversal. — Rostre étroit, long de Omm92. Base dorsale rectangulaire, bien plus large que longue; aires poreuses ovales, obliques, un peu convergentes en avant, presque 200 G. NEUMANN tangentes au bord postérieur, séparées par un intervalle égal à leur largeur; pas de saillie ventrale en arrière de l'insertion des palpes. Hypostome long, étroit, lancéolé à deux (trois ?) files mar- ginales de dents de chaque côté, laissant libre la région moyenne. Palpes longs, grêles, le deuxième article au moins double du troi- sième.— Pattes grèles, relativement courtes, brun marron. Han- ches I prolongées par une épine interne, fine, trois fois environ aussi longue que large à la base ; hanches]Ilet IITinermes ; hanches IV avec une très petite tubérosité externe. Tarses atténués en un talus avec un léger renflement à sa base. D'après un mâle et une femelle accouplés, pris sur un Aulacodus sp. dans l'Uganda, par E. Degen. — British Museum. 4. IKODES PERCAVATUS S. sp. Mâle. — Inconnu. Femelle (fig. 4-5). — Corps oblong, à bords latéraux parallèles, brun rougeûtre, long de 6mn (rostre compris), large de 3m, Ecusson ovale-losangique, plus large un peu en avant de son milieu, long de 1nm6, large de 1mm3; sillons L14 cervicaux bien appa- e'e rents, atteignant le bord postérieur ; pas de sil- lons latéraux ; ponctua- tions très fines, abon- dantes seulement à la périphérie, où se trou- vent quelques poils courts. Face dorsale re- Fig. 4. — Ixodes Vêtue de poils courts, percavalus ©. — assez nombreux : traces Fig. 5. — Ixodes perca- Base du rostre et 3 ; ; vatus Q .— Base du rostre écusson. d'un sillon marginal. {face ventrale) et des pat Face ventrale à poils tes. moins abondants. Pore génital en regard des hanches IT. Sillons anaux longs, parallèles, réunis en courte ogive au bord antérieur de l'anus. Péritrèmes blanchâtres, subcir- culaires, un peu allongés en travers. — Rostre court. Base trapé- zoïde, plus large en arrière, les angles postérieurs formant une +" ss NOTES SUR LES IXODIDÉS 201 pointe très courte; aires poreuses très grandes, occupant presque toute la largeur, tangentes sur la ligne médiane ; face ventrale pourvue d'une saillie rétrograde, forte, en arrière de chaque palpe. Hypostome étroit, arrondi au sommet, à 8 files de dents égales. Chélicères ? Palpes courts, le deuxième article à peine plus long que le troisième, le premier triangulaire à sa face dorsale, formant une pointe antérieure interne et une pointe postérieure.— Pattes de longueur moyenne, brun rouge foncé. Hanches [ pourvues d'une épine externe un peu plus longue que large, courte, aiguë, presque transversale ; une épine plus courte à l’angle postérieur externe des autres hanches. Une épine ventrale rétrograde, postérieure, au bord distal du deuxième article. Tarses de longueur moyenne, atténués en talus, ceux de la première paire longs et grêles. D'après quatre® repues, sèches, un peu mutilées, de l’île Nightin- gale du groupe Tristan da Cunha. — British Museum. Espèce voisine d’Z. eudyptidis Mask. 5. AMBLYOMMA HIRTUM D. SP. Mâle (fig.6).— Corps en ovale court, long de 2"n7 (rostre com- pris), plus large (2mn) vers le milieu de la longueur. Ecusson convexe, à surface mamelonnée, dont les nombreuses saillies représentent en avant un écusson femelle, largement prolongé jusque vers le milieu du corps, suivi d'une autre élevation médiane, plus deux saillies latérales et onze saillies le long du bord postérieur, repré- sentées par les festons ; couleur générale blanc jaunâtre sur la plupart des saillies et une grande partie des dépressions, le reste marron clair ; dans la partie antérieure, grande tache couvrant la surface correspondant à l'écusson de la femelle ; ponctuations nom- breuses, profondes, subégales et de couleur marron sur toutes les surfaces claires ; sillons cervicaux profonds et larges; pas de sillon latéral ; festons nets, saillants, inégaux, le médian le plus étroit, ses voisins les plus larges ; yeux plats, blanchâtres, ovales, bordés de ponctuations en dedans; des poils longs, blancs, réunis par faisceaux de 2 ou 3 sur tout le bord, surtout en arrière. Face ventrale jaunà- tre, avec quelques poils, des ponctuations profondes sur le quart postérieur ; festons nets, subégaux; en avant d'eux, trois plaques chitineuses, dont une médiane ; sillon anal bordé de blanc dans 19 02 G: NEUMANN sa concavité. Péritrèmes moyens, en virgule courte, à fond laiteux. — Rostre court (0®m55), à base rectangulaire, deux fois aussi large que longue, à angles postérieurs non saillants, à surface blanchâtre Fig. 6. — Amblyomma hirlum o. Fig. 7. — Amblyomma hirlum ©. Face dorsale. Face dorsale. et ponctuée. Hypostome court, un peu spatulé, à 4 files de dents. Palpes courts, à poils longs, le 2e article près de 2 fois aussi long que le 3. — Pattes moyennes, à poils longs. Hanches petites, à deux tubérosités à peine visibles. Tarses terminés en talus. Femelle (fig. 7). — Corps presque de même forme que chez le ©, long de 3un6 (rostre compris),plus large vers le milieu (2nm3). Ecus- son cordiforme, subtriangulaire, à côtés postérieurs un peu conve- xes, l'angle postérieur large ; plus large (1mm7) que long (1mm3); à fond marron, recouvert d’une patine blanc jaunâtre, sauf dans pres- que toute l'étendue des champs latéraux et le long des bords et de l'angle postérieur; sillons cervicaux, ponctuations et yeux comme chez le g', ceux-ci vers le tiers antérieur. Face dorsale chagrinée, NOTES SUR LES IXODIDÉS 203 irrégulière, revêtue de poils blancs qui forment une frangele long du bord postérieur de l’écusson, des bouquets espacés près des bords du corps, ceux de l'extrême périphérie bien plus longs. Face ventrale comme chez le S', à poils plus abondants, à ponctuations moins profondes. — Rostre long de 0"m9, de même forme que chez le S'; aires poreuses grandes, ovales, à écartement inférieur à leur largeur ; hypostome à 6 files de dents. — Pattes plus longues que chez le &, à poils plus longs et plus abondants. Hanches à saillies encore plus petites. D'après 2 of et 5 ®, des iles Galapagos, 3 © de l'île Saint-Paul. — British Museum. Nota. — Dans? © des îles Galapagos et 2 © de l'ile Saint-Paul, les poils sont beaucoup moins abondants que dans les autres et les taches claires de l’'écusson sont très peu apparentes. 6. AMBLYOMMA SCALPTURATUM D. SP. Mâle. — Inconnu. Femelle {à jeun). — Corps ovale, long de 6m (rostre compris), plus large (3mm4) vers le milieu de la longueur. Ecusson cordiforme (à côtés convexes), un peu plus large (3m) que long (2""7), brun marron, avec petites taches blanchâtres irrégulières, réparties sur toute la surface, une plus nette dans l’angle postérieur ; yeux plats, grands, blancs, un peu en arrière du tiers antérieur de la longueur ; sillons cervicaux profonds, confondus avec les ponctuations, qui sont grandes, subégales, nombreuses. Faces dorsale et ventrale brun rouge, striées, ponctuées, glabres; un sillon marginal et des festons, ceux-ci apparents à la face ventrale. Péritrèmes grands, subtriangulaires, à fond laiteux. — Rostre long (1mm2). Base rectan- gulaire, deux fois aussi large que longue, à angles postérieurs larges et peu saillants; aires poreuses circulaires, petites, leur écartement supérieur à leur diamètre. Hypostome à 8 files de dents petites, les deux files internes plus courtes. Palpes longs, épais, le 2 article deux fois aussi long que le 3°. — Pattes longues, fortes. Hanches I à deux épines fortes, de même longueur, rapprochées, l'interne large; un tubérosité aplatie, très courte, externe, aux hanches IT et IIT; une épine aussi longue que large aux hanches IV. Tarses épais, terminés en escalier, avec deux éperons consécutifs. 204 G. NEUMANN D'après une © (sèche) d'Ega (Brésil), et une © repue (dans l'alcool), prise sur un Tapirus, en Bolivie. — British Museum. La © de Bolivie a 10m de longueur sur 6mm de largeur; les taches de l’écusson sont réduites à celle de l’angle postérieur, qui a pris l'aspect cuivré. 7. AMBLYOMMA BISPINOSUM n. Sp. ; Mâle. — Inconnu. Femelle. — Corps ovale, brun, long de 6mmÿ (rostre compris), à peine plus large (4mm5) en arrière qu'enavant. Écusson cordiforme, à côtés arrondis, l'angle postérieur ouvert, plus large (3m) que long (2mm5); jaune clair, sauf une bordure brun foncé {qui commence aux yeux, S élargit en regard des sillons cervicaux et se rétrécit à l'angle postérieur), un fond brun sur les sillons cervicaux réuni à celui de la bordure, sur la partie antérieure du champ médian, et une tache en arrière des champs latéraux; yeux pâles, grands, plats, bordés de ponctuations en dedans, situés vers le tiers de la longueur; sillons cervicaux profonds; ponctuations nombreuses, fines, plus grandes en avant du champ médian. Faces dorsale et ventrale striées, ponctuées, glabres; un sillon marginal et des festons. Péritrèmes grands, subtriangulaires, à fond laiteux. — Rostre long (1mm5), un peu taché de jaune clair à la face dorsale de la base et des palpes. Base rectangulaire, deux fois aussi large que longue, à angles postérieurs larges et à peine saillants; aires poreuses ovales, divergentes, à écartement un peu inférieur à leur diamètre. Hypostome long, un peu spatulé, à 6 files de dents. Palpes longs, le 2° article deux fois au moins aussi long que le 3. — Pattes longues et fortes. Hanches I à deux épines subégales et deux fois aussi longues que larges; une saillie plate, plus large que longue aux hanches IT etIll, aussi longue que large aux hanches IV. Tarses longs, terminés en talus, déprimés en dedans, avec deux éperons consécutifs. D'après 2 © du Venezuela. — Bristish Museum. 8. AMBLYOMMA PICTUM N. Sp. Mâle. — Corps ovale allongé, long de Smn (rostre compris), plus large (4mm9) vers le tiers postérieur. Ecusson plat, avec des saillies [e) [ ) NOTES SUR LES IXODIDÉS 20: réparties à la périphérie, plus une médiane et longitudinale dans le tiers postérieur ; à fond marron, liseré de blanc jaunâtre sur les bords latéraux et postérieurs, avec patine jaune clair irrégulière- ment répartie, interrompue surtout par les saillies et les ponctua- tions, plus rare dans le tiers antérieur, où elle forme le dessin d'un écusson femelle, couvrant surtout la plupart des festons ; sillons cervicaux courts et très profonds; pas de sillon latéral; festons nets, plus longs que larges ; ponctuations profondes, nombreuses, rares sur les saillies; yeux plats, jaunes, moyens. Face ventrale jaunâtre, glabre, à ponctuations fines; festons nets, marqués d’une tache marron ; péritrèmes grands, en virgule large, à fond laiteux. — Rostre court (1mm6), à base rectangulaire, plus large que longue, les angles postérieurs peu saillants. Hypostome court, spatulé, à 8 files de dents. Palpes courts, épais, le 2° article un peu pluslong que le 3°. — Pattes fortes, courtes. Hanches I à deux épines subé- gales, plates et un peu plus longues que larges; une épine plate et à peu près aussi large que longue aux autres hanches, plus forte aux hanches IV. Tarses courts, terminés en talus déprimé en dedans, avec deux éperons consécutifs. Femelle. — Corps ovale, brun, long de 7mm (rostre compris), à peine plus large (4m) en arrière qu'en avant. Ecusson cordiforme, sub-triangulaire, à côtés postérieurs un peu courbes, l'angle posté- rieur un peu ouvert, à peu près aussi large que long (2"m9) ; jaune clair, sauf une bordure brun foncé (qui commence en dedans des yeux et va jusqu’à l'angle postérieur, où elle est très étroite), etun fond brun sur les sillons cervicaux ; yeux pâles, plats, un peu en avant du tiers de la longueur ; sillons cervicaux assez profonds, se continuant jusque près des bords ; ponctuations nombreuses, moyennes. l'aces dorsale et ventrale striées, ponctuées, presque glabres ; un sillon marginal et des festons, ceux-ci apparents à la face ventrale. Péritrèmes comme chez le œ. — Rostre long (1mn8), jaune clair à la face dorsale de la base et des palpes. Base rectan- gulaire, plus large que longue, à angles postérieurs larges et peu saillants : aires poreuses circulaires, petites, écartées d'un peu plus de leur diamètre. Hypostome long, peu spatulé, à 8 files de dents. Palpes longs, le 2 article deux fois au moins aussi long que le troisième. — Pattes longues, fortes. Hanches I à deux épines 206 G. NEUMANN subégales, et deux fois aussi longues que larges; les autres hanches comme celles du œ. Tarses longs, terminés comme chez le cf. D'après 3 ©‘ pris sur Myrmecophaga jubata L. de l'Amérique du Sud, et2 © du Brésil (Bahia). — British Museum. | 9. :AMBLYOMMA INCISUM ND. SP. Mâle (fig. 8). — Corps ovale long de 6mm (rostre compris), plus large (3m 5) vers le milieu de la longueur. Ecusson convexe, brun foncéavecune tache blanchâtre, irrégulière, longitudinale en dehors de chacun des sillonscervicaux; ceux-ci profonds à leur origine, puis larges et superficiels ; un sillon marginal large, commençant vers le quart antérieur et s'ar- rêtant devant l’antépénultième feston; festons longs, à sépara- tions profondes et larges; ponc- tuations très nombreuses, pro- _fondes, grandes, inégales, ren- dant la surface chagrinée, sauf Fig. 8. — Amblyomma incisum ©. sur cinq éminences (une mé- Extrémité postérieure (face ventrale) diane, longitudinale, posté- as rieure, égale au tiers de la longueur; deux symétriques, obliques, dans le prolongement de chaque feston antépénuitième ; deux symétriques, longitudinales, en dedans du sillon marginal); yeux plats, moyens, brunâtres, très antérieurs. Face ventrale marron foncé, glabre, à ponctua- tions fines ; festons très apparents, longs, à ponctuations pro- fondes, prolongés (sauf l'extrême de chaque côté) par une lame blanchâtre, translucide, qui dépasse le corps, d'autant plus sail- lante que le feston est plus rapproché de la ligne médiane ; cette lame est entière sur le feston médian, et bifide sur les autres, d'autant plus qu'ils sont plus rapprochés du feston médian (1). Pé- ritrèmes grands, en virgule, à fond laiteux.— Rostre long (1mm9), à base rectangulaire, deux fois aussi large que longue, blanchâtre et pointillée à la face dorsale, les angles postérieurs peu saillants. (1) Sur un GT de Bolivie, ces lames sont restées plus courtes, entières, rétré- cies à leur extrémité. A: 4x 1 € 19 NOTES SUR LES IXODIDES 07 Hypostome très élargi en avant, à six files de dents fortes. Palpes épais, blanchâtres à leur face dorsale, pourvus de poils longs, le 2e article deux fois aussi long que le 3. — Pattes fortes, longues. Hanches I à deux épines longues, égales, parallèles, fortes; une épine plate aussi large que longue aux hanches IT et IT, plus longue que large aux hanches IV. Tarses terminés en escalier, à deux forts éperons consécutifs. Femelle. — Inconnue. D'après un G' de Cuenca (Equateur) et deux G' pris sur un Tapirus en Bolivie. — British Museum. 10. AMBLYOMMA LATISCUTATUM D. Sp. Mâle. — Inconnu. Femelle (fig. 9).— Corps ovale, long de 6mn (rostre compris), plus large vers le milieu (4m). Écusson cordiforme, à côtés postérieurs un peu rentrants, l'angle postérieur émarginé, bien plus large (1mm9) que long(1mm2); brun rougeâtre, sans tache, brillant ; yeux blancs, ovales, petits, situés un peu en arrière du tiers anté- rieur; sillons cervicaux peu profonds et courts ; quelques ponctuations, à peine visibles, dans les angles scapu- laires. Faces dorsale et ventrale blan- | ches, glabres, unies. Péritrèmes petits, re eu He ni en virgule. Pore génital un peu en avant son dorsal. du niveau des hanches Il. — Rostre court (7mm). Base rectangulaire, deux fois aussi large que longue, à angles postérieurs larges et à peine saillants ; aires poreuses, peti- tes, ovales, bien plus larges que longues, séparées par une petite dépression. Hypostome spatulé, à 8 files de dents. Palpes courts, étroits, le 2 article près de deux fois aussi long que le 3°. — Pattes courtes, faibles. Hanches petites, toutes pourvues d'une seule épine, aussi large que longue, un peu plus longue à la première paire. Tarses atténués en talus, avec deux éperons consécutiis. D'après? © aplaties, sèches, provenant d’un Python des Indes. — British Museum. 208 G. NEUMANN 11. AMBLYOMMA PROLONGATUM nN. SP. Mâle (fig. 10). — Corps en ovale court, long de 5mm3 (rostre com- pris), plus large (3m"m7) vers le tiers postérieur, près de deux fois aussi large en arrière qu'en avant.Ecussonconvexe, blanchâtre, mar- bré de marron sous forme de : 1° une bande transversale, limi- tant la figure d’un écusson de femelle, remontant en se courbant en arrière des yeux, prolongée en arrière par une bande médiane, linéaire à sa terminaison sur le sillon marginal; 2° deux bandes transversales, symétriques, vers le milieu de la longueur, reliant la première bande au bord cor- respondant et reliées aussi à celle- ei par une tache longitudinale an- térieure sur le sillon marginal ; 3° deux taches latérales, tangentes en dedans à chacun des yeux ; Fig.10.— Amblyomma prolongätumc 4° une bande médiane entre les Face dorsale. sillons cervicaux avec une bran- che transverse de chaque côté ; 5° quelques taches disséminées. Ponctuations nombreuses sub- égales, peu profondes, brunes. Sillon marginal commençant assez loin en arrière des yeux, contournant le bord postérieur en s’en éloignant beaucoup plus que des côtés. Festons bien marqués, blanchâtres, sauf le médian, dont les voisins sont les plus larges. Yeux grands, plats, blanchâtres. Face ventrale jaunâtre, glabre, à festons très apparents, marrons, prolongés chacun par une lame blanche indivise, de même largeur que le feston correspondant et dépassant en dehors les festons dorsaux. Sillon anal bordé de blanc. Péritrèmes en virgule large, à fond laiteux. — Rostre long (Immÿ), étroit, à base rectangulaire et plus large que longue, les angles pos- térieurs larges et à peine saillants. Hypostome long, non spatulé, à six files de dents fortes. Palpes plats, un peu blanchâtres à leur face dorsale, à poils courts, le 2° article plus de deux fois aussi long que 4 NOTÉS SUR LES IXODIDÉS 209 le 3. — Pattes fortes, longues, marquées de blanc à la face dorsale et à l'extrémité distale des articles. HanchesI à deux épines inégales, l'interne plate et à peine plus longue que large, l’externe aiguë et deux fois aussi longue que large; une saillie tranchante, courte et très large aux hanches IT et III, plus longue que large aux hanches IV. Tarses courts, terminés en talus, à deux forts éperons consé- cutifs. Femelle. — Inconnue. D'après un g‘ de Kandy (Ceylan). — British Museum. 12. RHIPICEPHALUS CUSPIDATUS n. Sp. Mâle (fig. 11). — Corps presque aussi large en avant qu'en arrière, long de 4mn 7 (rostre compris), plus large(3mn) vers le quart posté- rieur. Ecusson peu convexe, brun foncé, sans taches, couvranttoute la face dorsale ; sillons cervicaux profonds et très courts; pas de sillons marginaux ; festons pluslongs que larges, à séparations profondes ; ponctuations grandes, égales, rares, très distantes, la plupart occupant la place des sillons marginaux; yeux plats, jaunâtres, grands, marginaux. Face ventrale jaunâtre sale à poils ze | courtsetrares. Anus versletiersanté- 2 ete a rieur des écussons adanaux ; Ceux-Ci (face ventrale). ponctués, quadrilatères, plus longs que larges, le bord externe rectiligne, l'antéro-interne convexe, le postéro-interne concave, le postérieur sinueux et formant avec le précédent une pointe forte et longue; écussons externes à peine chitineux, à poils abondants; pas de prolongement caudal. Péri- trèmes grands en virgule, à fond laiteux.— Rostre long de Omm95, à base dorsale plus large que longue, lisse, les angles latéraux très saillants et vers le tiers antérieur de sa longueur, les postérieurs saillants. Hypostome large, peu spatulé, à 6 files de 9-11 dents for- tes. Palpes à peine plus longs que larges, plats à la face dorsale, le deuxième aussi long que le troisième et rétréci en pointe à son bord postérieur ; le premier saillant en épine à la face ventrale. — Pattes fortes. Hanches I longues, visibles à la face dorsale par leur Archives de Parasitologie, X, n° 2, 1906. 1% 210 G. NEUMANN sommet antérieur, divisées en deux épines longues; deux dents larges, plates au bord postérieur des autres hanches. Tarses relati- vement courts, à forts éperons terminaux. Femelle. — Corps long de 6m , large deAmm, brun marron, écus- son un peu moins long (2"m43) que large (2nm56), à côtés à peine si- nueux ; yeux un peuen avant du milieude la longueur de l’écusson ; sillons cervicaux profonds à leur origine, larges et superficiels ensuite, atteignant presque le bord postérieur ; pas de sillons laté- raux ; une dizaine de ponctuations de chaque côté, grandes, for- mant une ligne de trois ou quatre en dehors des sillons cervicaux, une ou deux dans le champ médian, les autres le: long des bords latéraux, en avant des yeux. faces dorsale ei ventrale presque glabres, avec les sillons ordinaires; péritrèmes subtriangulaires, à fond laiteux. — Rostre à base dorsale deux fois aussi large que longues, avec même contour que chez le «'; aires poreuses pro- fondes, ovales, écartées de près du double de leur largeur. Palpes et hypostome de même forme et un peu plus longs que chez le cf. — Pattes pluslongues, plus grèêles, avec les mêmes particularités ; le sommet antérieur des hanches I non visible par la face dorsale. D'après 1 S et 4 ® recueillis sur un Phacochærus au Sénégal. — British Museum. 13. DERMACENTOR ATROSIGNATUS D. SP. Mâle (fig. 12). — Corps en ovale court, long de 6mm5{rostre com- pris), plus large (4nm3) en arrière du milieu de la longueur, près de deux fois aussi large en arrière qu'en avant. Ecusson peu convexe, blanc jaunâtre, avec taches noirâtres formant : L°les limiteslatérales d'un écusson de femelle, avec deux bandes latérales étroites, une sur chaque sillon cervical; 2° une bande médiane impaire, oceu- pant toute la longueur de l'écusson, avec une bande courbe de chaque côté dans la moitié postérieure ; 3° de petites taches sur les côtés ; 4° une bordure marginale interrompue incomplètement en avant des festons, épargnant presque les deux festons extré- mes et le voisin de chaque côté du médian. Ponctuations nom- breuses, grandes, subégales, peu profondes en avant, brunâtres: Sillon marginal formé de ponctuations, commençant à quelque distance en arrière des yeux et s'arrêtant entre le pénultième et l’antépénultième festons. Festons bien marqués, plus longs ro NOTES SUR LES IXODIDÉS | 211 que larges. Yeux grands, plats, blanc sale. — face ventrale jaunà- tre, glabre, à ponctuations peu profondes. Festons très apparents, avec une tache brun marron rectangulaire. Péritrèmes grands, en virgule, à fond laiteux. — Rostre long de 1®m3, à base rectangu- Fig. 12. — Dermacentor atrosignatus of. — Face dorsale. laire, deux fois aussi large que longue, blanchâtre, à angles posté- rieurs saillants. Hypostome large, spatulé, à 6 files de dents fortes. Palpes courts, épais, non renflés en dehors, blanchâtres à leur face dorsale ; le premier article prolongé en auricule rétrograde à sa face ventrale : le 2 terminé en pointe mousse en arrière, et près de deux fois aussi long que le 3.— Pattes fortes, marbrées de blanc sur leurs faces dorsale et latérales. Hanches I divisées en deux dents plates, aussi larges que longues; deux dents semblables, plus petites et plus écartées aux hanches II etIIl; hanches IV grandes, bien plus larges que longues, séparées par un intervalle égal à la moitiéde leur lar- geur, avec une petite épine plate près de chacun des deux angles pos- térieurs. Tarses courts, recourbés en éperon terminal, précédé de plusieurs autres plus petits. Femelle. — Inconnue. D’après un « d'origine inconnue, probablement australienne. — British Museum. 12 G. NEUMANN [RQ Espèce très voisine de D. compactus Nn. par la conformation, en diffère surtout par les dessins de l’écusson. 14. HAEMAPHYSALIS SPINULOSA ND. SP. Mâle. — Inconnu. Femelle (fig. 13-14). — Corps ovale, un peu renîlé, brun rouge foncé, long de 2mm7 (rostre compris), large de 1mm5. Ecusson circulaire aussi large que long (0mm8), brun rouge, à ponctuations fines et distantes: sillons cervicaux étroits, peu profonds, attei- gnant presque le bord postérieur. Face dorsale glabre, à ponctuations fines ; trois sillons longitudinaux ; un sillon marginal ne contournant pas le bord postérieur ; neuf festons postérieurs, peu marqués, inégaux. Face ventrale à poils très courts et rares; pore génital petit, en regard des hanches IL Péritrèmes ne = sir petits, ovales, allongés transversale- dorsale) et écusson. . ment. — Rostre à base dorsale rectan- gulaire, deux fois aussi large que lon- œue, les angles postérieurs à peine saillants ; aires poreuses petites, et très écariées. Hypostome à 8 files longitudinales de 8 ou 9 dents. Palpes courts : 2e article aigu en dehors par son angle postérieur ; quatre soies au bord interne ventral; unesaillie courte, obtuse à chaque bord postérieur (ventral et dorsal), la dorsale plus rapprochée de l'angle externe; — article plus long à la face ven- trale, qui porte une courte épine : rétrograde; — 4° article plus long Re Cie RM que large, inséré vers le milieu de hanches I. Dr la face ventrale du 3. — Pattes : Hanches toutes pourvues, à leur angle interne, d'une épine aiguë, un peu plus longue que large. 2° article non épineux. Tarses NOTES SUR LES IXODIDÉS 213 longs, étroits, non bossus; caroncule presque aussi longue que les ongles. D'après 2 © recueillies dans l'Uganda par E. Degen. — British Museum. Espèce voisine de /. Leachi et de H. parmata. II. — Espèces anciennes. 1. APONOMMA HYDROSAUR1 (Denny) et AP. CONCOLOR Nn. La collection du British Museum contient 6 Aponomma, dont 1 ot et 5 ©, recueillis à Sydney sur un Echidna. Le S' correspond à ce que j'ai décrit (1) comme 49p. concolor, espèce dont la © est in- connue. Les 5 © correspondent à Ap. hydrosauri (Denny), espèce dont le o* est inconnu. Ces deux espèces appartiennent à l’Austra- lie et à la Tasmanie. Entre le S d’Ap. concolor et la Q d’Ap. hydro- sauri, il y a des affinités de structure et de coloration qui permet- taient d'en supposer l’étroite parenté. La rencontre d’Ap. concolor ot et d'Ap. hydrosauri sur le même hôte montre qu'il y a plus que de la parenté entre eux, qu'ils appartiennent réellement à la même espèce. 4p. concolor Nn. devient donc synonyme d’Ap. hydrosauri. 9. AMBLYOMMA COELEBS Nn. Cette espèce est connue seulement par le G', que j'ai décrit (2) d'après 3 individus recueillis par A. Dugès à Guanajuato (Mexique). Je donne maintenant la diagnose de la ©, au moyen d'un lot de 4 et de 5 © pris sur un Tapirus, dans la province de Chiquitos (Bolivie) et appartenant au British Museum. Mâle. — La description doit être rectifiée en ce qui concerne la couleur de l’écusson dorsal. Le fond est marron, moins foncé que dans les spécimens types. Les parties claires, cuivrées, plus visi- bles et plus étendues aussi, comprennent : 1° deux grandes taches (une dans chaque angle scapulaire),reliées en arrière par une étroite bande transversale, de manière à limiter la figure d'un écusson de © ; 2° deux grandes taches postérieures, limitées en arrière par le (4) L. G. NEuMANN, Revision de la famille des Ixodidés, 3° Mémoire. Mém. de la Société Zoologique de France, XII, p. 198, 1899. (2) L. G. NeumaANNx, lbidem, p. 223. 21% G. NEUMANN sillon marginal et séparées par une bande brune, longitudinale, saillante, non ponctuée ; 3° des taches irrégulières disséminées sur les côtés (séparées par des saillies presque lisses) et sur les festons. Femelle. — Corps ovale, long de 5m (rostre compris), large de 3wm, atteignant par la réplétion 12m de long sur 8m" de large. Ecusson cordiforme (à côtés un peu convexes), à peu près aussi large que long (2mm5 à 3mm), clair (cuivré) dans presque toute son étendue, sauf une bordure foncée étroite, qui contourne les yeux en dedans et s’élargit au milieu des bords latéraux postérieurs en regard des sillons cervicaux, sur lesquels elle se prolonge; yeux grands, plats, clairs, situés un peu en arrière du tiers antérieur de lalongueur ; sillons cervicaux profonds à leur origine, se prolongeant assez près du bord postérieur; ponctuations nombreuses, profondes, plus grandes dans les champs latéraux. Faces brun marron, striées, ponctuées, glabres ; un sillon marginal et des festons, indiqués sur les deux faces. Péritrèmes grands, subtriangulaires, à fond lai- teux. — Rostre long (1mm4). Base rectangulaire, près de deux fois aussi large que longue, à angles postérieurs à peine saillants; aires poreuses, grandes, ovales, divergentes en avant. Hypostome à 6 files de dents. Palpes longs, le 2° article presque trois fois aussi long que le 3°. — Pattes longues. Hanches comme chez le cd, sauf à la quatrième paire, où l’épine est à peine plus longue que large. Tarses comme chez le G', plus longs, un peu moins brusquement atténués. 3. AMBLYOMMA GEOEMYDÆ (Cantor). En 1847, Theodore Cantor (1) a donné le nom d'/xodes geoemydae à une grosse Tique trouvée solidement attachée à la gorge d'une tortue (Geoemyda spinosa Gray) de Pinang Hills (Sumatra). Voici les caractères qu'il attribue à cette espèce : « Rostre court, dépri- mé, un peu élargi vers le sommet, qui est bifide, et embrassé par les palpes. A la face supérieure et à peu de distance de ceux-ci, deux petites fossettes arrondies. Plaque céphalique tétragonale, brun rougeñtre, avec une tache jaune à l'angle postérieur. Corps ovale, gris foncé. De chaque côté et près de l'articulation des pattes (1) Th. Caxror, Catalogue of Reptiles inhabiting the Malay Peninsula and Is- lands. Journal of the Asiatic Society of Bengal, XVI, part 2, p. 608 ; 1847. NOTES SUR LES IXODIDÉSS Ai VF postérieures se voit une plaque cornée, un peu arrondie. Pattes brun rougeâtre avec une tache jaune à chaque article, sauf au der- nier. A l'état de distension où elle se montre, elle a 6/8 de pouce de longueur sur un demi-pouce de largeur. » Les deux dépressions du rostre sont les aires poreuses; la plaque céphalique est l’écusson dorsal ; les deux plaques cornées voisines des hanches IV sont les stigmates. La description donnée par Cantor a la même valeur que la pres que totalité de celles qui, à son époque et longtemps après, ont été faites pour la plupart des espèces d'Ixodidés, c’est-à-dire qu'elle ne contient aucun caractère qui permette l'identification, d'autant qu'elle n'est pas accompagnée de figure. Ixodes geoemydae serait donc une espèce purement nominale. Il est heureux que le spécimen type se trouve dans la collection du British Museum. Je puis ainsi établir sa position dans le genre Amblyomma et donner ses caractères essentiels avec la description suivante : Mâle. — Inconnu. Femelle (repue). — Corps ovoïde, renflé, long de 18mn, large de 12mm (déformé par la dessication), brun jaunâtre. Ecusson trian- gulaire (à côtés postérieurs droits), bien plus large (3nm4) que long (2nm5), brun marron, plus clair dans le champ médian, foncé dans les champs latéraux, avec taches jaunâtres (deux grandes, triangu- laires, chacune le long du bord scapulaire; une arrondie, près de l’angle postérieur ; une autre irrégulière, incomplète, dans chaque champlatéral) (fig. 15); yeux plats, : ? Fig. 15. — Amblyomma jaune sale, moyens, vers le quart anté- geoemydaeQ. Ecusson dorsal. rieur; sillons cervicaux bien marqués, longs, très concaves en dehors; ponctuations profondes, grandes, subégales, nombreuses. Faces dorsale et ventrale avec poils courts, très distants ; anus vers le milieu de la longueur. Péritrèmes grands, subtriangulaires, avec angles largement arrondis, le bord antéro- dorsal convexe, des taches laiteuses sur le fond brun rougeâtre (fig. 16). Rostre long (1mn8). Base subtriangulaire, à côtés arrondis, 216 G. NEUMANN près de deux fois aussi large que longue, à angles postérieurs non saillants, marquée de blanc aux angles ; aires poreuses, grandes, ovales, divergentes en avant, à écartement inférieur à leur diamètre. Hypostome ? Palpes épais, le % article près de deux fois aussi long que le 3. — Pattes longues. Hanches I divisées en deux épines plates, courtes, écar- tées, aussi larges que longues, subégales ; Fig. 16. une épine semblable aux autres hanches. A a ne Tarses longs, terminés en talus, avec deux droit. x 30. petits éperons consécutifs. Trois ® repues, recueillies au mont Kina Balu (Bornéo) par John Whitehead, appartiennent à cette espèce. Elles ont 19 à 25 mm de longueur, 14 à 19m de largeur et 10 à 24mm d'épaisseur. Hypostome à huit files de dents. 4. HYALOMMA HIPPOPOTAMENSE (Denny). SYNONYMIE. — Jxodes hippopotamensis Denny (mâle). Ixodes bimaculatus Denny (femelle). Amblyomma hippopotami Koch. Amblyomma hippopotamense (Denny) Neumann. En 1899, j'ai donné (1) d'Amblyomma hippopotamense (Denny) une description basée sur celles de Denny et de Koch et sur les figures qui les accompagnent. Deux ans après, ayant étudié au Muséum de Berlin la collection de Koch, j'ai constaté que la description de cet auteur est conforme à ses spécimens et j'y ai ajouté (2) quel- ques détails. Mais il en est un, extrêment important, qui a échappé à mon attention, probablement distraite; les dessins si nets de l'Ambl. hippopotami Koch avaient rapidement satisfait ma vérifica- tion, sollicitée ailleurs par des types plus difficiles et très nom- breux pour le peu de temps dont je disposais. En examinant la collection du British Museum, j'y ai trouvé 24 et39 d'A. hippopotamense et sur les œ j'ai constaté, à la face ventrale, la présence d'écussons adanaux très nets, qui avaient (4,L. G. NeuMANN, Revision de la famille des Ixodidés, 3° mémoire. Mém. de la Soc. Zoologique de France, XII, p. 256, 1899. (2) L. G. Neumanx, Revision de la famille des Ixodidés, 4° mémoire. Mém. de la Soc. Zoologique de France, XIV, p. 308, 1901. CN | NOTES SUR LES IXODIDEÉS 21 x cependant échappé à mon examen, aussi bien qu'à ceux de Denny et de Koch, sans doute parce qu'ils étaient cachés par les volumineuses pattes de la 4° paire, repliées sous le corps dans les spécimens secs. À ma demande, M. le professeur Dahl (du Mu- séum de Berlin) a bien voulu vérifier si le type de Koch possède aussi les écussons. Sa réponse affirmative montre qu'ils sont un caractère constant du mâle de cette espèce. Or, l’absence des écussons adanaux chez lies œ d’Am- blyomma est le caractère es- sentiel qui sépare ce genre me omis sontcon Fig. 17. — Hyalomma hippopotamense S stants comme chez Rhipice- Extrémité postérieure (face ventrale). phalus. En conséquence, il faut donc mettre l'espèce parasite de l'Hippopotame dans le genre Hyalomma sous le nom de H. hippopotamense (Denny). Les écussons adanaux sont grands, larges, triangulaires, près de deux fois aussi longs que larges, à bord interne concave, l’ex- terne et le postérieur convexes (fig. 17) ; leur couleur est marron foncé ; quelques poils grossiers hérissent leur partie postérieure. Une autre particularité de l'espèce est fournie parles péritrèmes, qui, chez le G' et chez la ® sont marrons, pluscelairs àla périphérie, en forme de virgule, et reçoivent dans leur concavité, près deleur extrémité externe, une petite plaque supplémentaire, ivoirine. D. HÆMAPHYSALIS AMBIGUA Nn. En décrivant Hæmaphysalis ambiqua (1), je lai indiqué comme provenant de France, d’après les indications de la collection E. Simon. Dans la collection du British Museum, j'ai trouvé une femelle du même âge que celles qui m'ont servi de types, c'est-à-dire à jeun, et qui les rappelle presque trait pour trait. Les seules difé- rences consistent dans le tégument, qui est plus foncé, plus chiti- nisé, plus profondément ponctué sur le nouveau spécimen, dans (1) L. G. NEuMANN, Revision de la famille des Ixodidés, 4 mémoire. Hém. de la Soc. Zoologique de France, XIV, p. 265, 1901. 218 G. NEUMANN une vague esquisse d'yeux latéraux un peu en avant du milieu de la longueur de l'écusson, et enfin dansle rostre, qui est ici un peu plus long. Tous les autres détails, très caractéristiques, sont les mêmes; aussi, considérant les différences comme individuelles, je n'hésite pas à rattacher le spécimen du British Museum à Haema- physalis ambiqua. Il fait partie d'un lot qui comprend encore 11 S' d'Haemaphy- salis flava Nn. et 2 © mutilées d'une espèce d’Ixodes restée indéter- minée en raison de l'absence du rostre et des pattes. Or, ce lot a été pris sur un Naemorhedus crispus Temm. au Japon. Il est donc pro- bable que l'origine européenne attribuée d'abord à A. ambigua est erronée et que l'espèce est réellement de l'Asie orientale et peut-être aussi de l'Océanie. 6. ARGAS TRANSGARIEPINUS White et ArGas Koci Nn. J'ai décrit (1) comme une espèce distincte (Argas Kochi) un mâle rapporté du Basoutoland par Christol et faisant partie des collections du Muséum de Paris. Dans la collection du British Museum se trouvent deux femelles, inscrites sous le nom d’Argas transgariepinus White et provenant de l'Afrique du Sud, probablement du Nord du fleuve Orange (Gariep), comme leur nom l'indique. Cette espèce, signalée par White en 1846 (2), est décrite dans ces quelques mots: « Body ovoid, minutely verrucose, upper surface, except on the edges, pitted, margin entire. This Argas is of a brownish red; the legs rather paler ». Deux figures repré- sentent l’Argas par sa face dorsale et par sa face ventrale. Pas plus que la description, elles ne permettraient de reconnaitre l'espèce, si les spécimens types n'en avaient été conservés. Argas Kochi me paraît de la même espèce qu'A. transgariepinus. La seule différence, outre les dimensions du pore génital caractéris- ques des sexes, consiste dans la présence d’une saillie dorsale subterminale des tarses, presque aussi développée, chez A. (4) G. NEUMANN, Revision de la famille des Ixodidés, 4 mémoire. Mémm. de la Soc. Zoologique de France, XIV, p. 254; 1901. (2) H. H. Mernuen, Life in the wilderness, or vanderings in South Africa; 1846. Appendix. List of Annulosa (principally Insects) found on the journey of Henry H. Methuen, Esq. Draiwn up by Adam Wurre; p. 318, pl. I, fig. 4. LT 32 NOTES SUR LES IXODIDÉS 219 transgariepinus, aux trois dernières paires de pattes qu'à la pre- mière paire, tandis qu'elle n'est bien appparente qu'aux tarses I pour À. Kochi. Je présume, tant il y a de concordance entre les autres caractè- res, qu'il s’agit là d'une différence sexuelle et qu'Argas Kochi Nn. doit tomber en synonymie avec À. transgariepinus White. Si l'examen d’autres spécimens d'A. transgariepinus venait à montrer la même disposition des tarses chez le Get chez la 9®, A. Kochi devrait passer au rang de variété : 4. €. Kochi. NOTE SUR SPELÆORHYNCHUS PRÆCURSOR NN. PAR L.G. NEUMANN, Professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse. En 1902, j'ai décrit (1), sous le nom de Spelæorhynchus præcursor, des Acariens très particuliers, trouvés dans la collection d'Irodidæ du Muséum de Berlin, et quine portaient pas d'autre indication que « ohne Vaterland ». Comme ils étaient accompagnés d'un Hyalomma ægyptium (L.) © , j'ai supposé provisoirement, avec bien des réserves, qu'ils étaient originaires de l'Afrique et peut-être parasites du Bœuf. Cette supposition était erronée, car la réunion des Spelæorhynchus et d'un Hyalomma était toute fortuite et le résultat des manipula- tions, comme il appert d’une nouvelle rencontre du même Acarien dans la collection du British Museum. Ici, son origine est nettement indiquée par une étiquette portant (From Carollia brevicauda. Pernambuco. — J. F.G. Smilh Esq. ». Bien que cet Acarien ait le rostre mutilé, son identité avec les premiers Spelæorhynchus ne fait pas de doute. Il faut en conclure que Sp. præcursor est originaire de l'Amérique tropicale et se trouve sur les Chiroptères. (1) G. NeuMaANN, Spelæorhynchus præcursor n. g.,n. sp., nouvel Acarien para- site. Archives de Parasitologie, V, p. 31, 1902. EXAMEN ANATOMIQUE D'UN CYSTICERQUE PAR le Professeur CORNIL et le D' AUVRAY OBSERVATION CLINIQUE PAR LE D' AUVRAY. Le sujet avait vu se développer dans la région du sein droit, dans l'épaisseur du muscle pectoral, une nodosité qui avait augmenté progressivement de volume, jusqu à atteindre les dimen- sions d'une petite noix. Cette tumeurn'avait jamais été douloureuse, et c’est par hasard que la malade en avait constaté la présence. Au palper, on reconnaissait sa forme ronde, régulière, sa consistance ferme et sa mobilité sur le squelette thoracique. Lorsque le bras pen- dait le long du corps, elle répondait exactement à la partie externe du sein droit et au bord inférieur du muscle grand pectoral ; quand le bras était écarté du tronc, elle s'élevait de plusieurs centimètres vers l’aisselle et se dégageait nettement de la région du sein; elle suivait, en somme, le grand pecloral dans ses mouvements, et pouvait être considérée comme faisant corps avec lui. Les ganglions de l’aisselle étaient indemnes. Nulle part ailleurs de semblables tumeurs n'étaient appréciables. L'insensibilisation fut obtenue par l’anesthésie à la cocaïne. Une incision de #4 à 5 centimètres, faite sur le relief de la tumeur mit à nu le bord inférieur du grand pectoral. Les fibres du muscle furent incisées parallèlement à leur direction, et la petite tumeur décortiquée. Au cours de la dissection, le bistouri perfora sa paroi ; il s’en écoula un liquide légèrement trouble, puis un petit corps étranger de consistance molle, que je pris pour une vésicule hyda- tique et qui avait un aspect flétri. La dissection de la poche fut terminée ; celle-ci fut enlevée en totalité; la brèche faite au muscle fut suturée avec du catgut et la peau au crin de Florence. La réunion était parfaite au bout de huit jours. La paroi du kyste et la petite vésicule unique qu'elle renfermait ont été soumises à l'examen histologique du Professeur Cornil. CORNIL ET AUVRAY EXAMEN ANATOMIQUE PAR LE PROFESSEUR V. CORNIL. J'ai examiné d'abord le kyste intramusculaire et sa paroi, puis la vésicule qui y était contenue. Sur les coupes comprenant toute l'épaisseur de la paroi, on voit Fig. 1. — Coupe de la membrane adventice du kyste.— A la surface de cette membrane, on voit de grandes cellules géantes à, f, qui forment une couche ininterrompue ; la cellule b est expulsée de cette couche à laquelle elle ne tient que par des filaments; d, cellule géante devenue libre; m, grands mononu- cléaires libres dans le liquide à la surface du kyste ; €, mononucléaires ; {, tissu conjonctif présentant des fibrilles, des vaisseaux capillaires v, et des cellules conjonclives €. X 350. à la périphérie des faisceaux musculaires striés normaux, séparés par de la graisse et du tissu conjonctif. Lorsqu'on se rapproche de la poche qui contient le Cysticerque, les faisceaux musculaires sont EXAMEN ANATOMIQUE D'UN CYSTICERQUE 2D; séparés les uns des autres par une plus grande quantité de tissu conjonctif. Beaucoup de ces faisceaux musculaires sont en dégé- nérescence vitreuse et entourés de cellules conjonctives munies de de plusieurs noyaux qui appartiennent au sarcolemme. Cette lésion reconnaît pour cause une inflammation chronique des muscles. La surface interne de la poche qui contient le parasite est formée d'une couche de tissu inflammatoire très riche en cellules géantes. Là, les faisceaux musculaires n'existent plus; le tissu conjonctif enflammé qui entourait les fibres musculaires se continue directe- ment avec un tissu conjonctif très vascularisé, fibrillaire, conte- nant des cellules de tissu conjonctif ou fibroblastes ovoïdes ou étoi- lés, des leucocytes mononucléaires et de grands mononucléaires à noyau rond ou ovoïde. Les capillaires, de nouvelle formation, situés entre ces cellules sont formés d'une seule couche de grandes cel- lules endothéliales. Cette membrane adventice du kyste ne difiérerait pas du tissu des bourgeons charnus des plaies ou inflammations bourgeonnan-. . tes banales du tissu conjonctif, s'il n’y avait à sa surface une quan- tité considérable de cellules géantes. Nous avons représenté (fig. 1) une coupe de cette membrane. On remarque, dans le bas de la figure, un tissu conjonctif fibrillaire riche en vaisseaux capillaires (v) possédant de grandes cellules conjonctives très nombreuses, pourvues de noyaux ovoïdes et d'un protoplasme fusiforme et étoilé; on voit aussi des grands mononu- cléaires (n). À la surface de cette membrane, c'est-à-dire à la par- tie supérieure de la figure, les noyaux ovoïdes des cellules conjonc- tives se multiplient pour former de grandes cellules multinucléées, cellules géantes (a,f),qui se disposent en une couche ininterrompue, limitant la surface interne de la membrane adventice. L'une de ces cellules géantes (b) est en voie d'expulsion de cette membrane et près de devenir libre ; une autre (d) est tout à fait libérée et se trouve dans le liquide qui lubréfie la surface de la membrane, entourée de quelques leucocytes mononucléaires de grandes dimensions. Cette tendance constante de la membrane adventice à se recou- vrir de cellules géantes est très remarquable. Aussi en donnons- nous un autre dessin qui montre également ce même processus avec des détails un peu difiérents. 22% CORNIL ET AUVRAY Dans cette autre partie de la coupe (fig. 2), on observe une ligne de clivage entre la partie profonde de la membrane et sa surface. Cette dernière (s) est formée par des fibrilles de fibrine retenant dans leurs mailles des leucocytes mononucléaires et quelques gran- des cellules multinucléées. Entre cette fausse membrane inflam- matoire fibrineuse et la membrane cellulaire (t), il existe un espace vide, où l’on voit des cellules géantes libres (d), avec des Fig. 2, — Coupe de la membrane adventice du kyste. — {, tissu conjonctif très riche en cellules conjonctives et présentant à la surface, en @, des cellules à deux ou plusieurs noyaux. Une grande cellule géante (b) est en train de s’énu- cléer et de devenir libre; d, cellule géante libre ; mn, leucocytes ; S, surface de la membrane adventive, présentant au milieu des filaments de fibrine, des leuco- cytes et des cellules géantes. X< 350. leucocytes. L'une des cellules géantes (b), qui est en train de s'exfo- lier, est encore retenue au tissu conjonctif par un long prolonge- nent terminé en pointe. La cause de cette irritation constante de la membrane adventice et de la formation de cellules géantes à sa surface est facile à com prendre : le réaction du tissu inflammatoire conjonctif aboutit en effet toujours à des cellules géantes, toutes les fois qu’une mem- brane à bourgeons charnus enserre un corps étranger. Il y a plus de vingt ans que j'ai montré ce fait autour du séquestre du musele pectoral, dans la choléra des Poules. En rapport avec la cuticule ; = EXAMEN ANATOMIQUE D'UN CYSTICERQUE 25 LE du Cysticerque, la membrane adventice a d'autant plus de raisons de réagir par des cellules géantes, que la cuticule est garnie d'une infinité de petites papilles dures (fig. 3). La surface papillaire de la cuticule est en rapport immédiat avec la membrane adventice vivante et enflammée, appartenant au sujet porteur du parasite. Meet Après avoir étudié la membrane musculo-celluleuse qui entou- rait le Cysticerque, nous avons fait des préparations du parasite lui-même. La membrane de sa vésicule était plissée et revenue sur EE LE Ris. 3. — Coupe mince de la cuticule du Cysticerque. — A, section mince de la cuticule qui est plissée en ce point ; p, papilles ; {, tissu conjonctif fibrillaire, contenant des cellules étoilées, c. << 80.— B, deux papilles plus grossies. >< 350. elle-même ;elle avait été mise dans l'alcool aussitôt après l'opéra- tion, ce qui rendait difficile l'orientation des coupes. Sur ces der- nières, la cuticule était très facile à étudier avec son tissu conjonc- tif fibrillaire, ses cellules conjonctives et ses papilles externes (fig. 3). Sur deux préparations, nous avons pu voir la tête enfoncée au mi- lieu des plis du receptaculum capilis. Elle présentait quatre ventou- ses et une rangée de gros crochets. Sur une des coupes nous avons compté dix crochets, mais il y en avait assurément davantage. Le corps du parasite contenait une grande quantité de corpuscules cal- _caires. Le Dr J.Guiart, à qui nous avons montré la préparation, nous a confirmé dans l'opinion qu'il s'agissait d’un Cysticercus cellulosae, larve du Tænia solium. Archives de Parasitologie, X, n° 2, 1906. 15 296 CORNIL ET AUVRAY Si nous publions aujourd'hui cette note, c'est dans le but de décrire la structure de la membrane adventice et de ses cellules géantes. Des formations de ce genre ne sont pas spéciales aux Cys- ticerques, nous en avons vu plusieurs fois autour des kystes hyda- tiques, surtout quand la membrane hyaline du parasite est en voie de destruction et réduite à de minces et petits fragments. C'est ainsi que, dans deux cas d'ablation de kystes hydatiques du foie, opérés par le D' Schwartz et suivis de récidive de kystes sous-cuta- nés au niveau de la cicatrice, la paroi adventice cellulaire de ces kystes présentait de très nombreuses cellules géantes. Celles-ci sié- geaient surtout autour des petits débris de membranes hydatiques qu'elles entouraient et dont elles hâtaient la résorption. On peut même trouver, au milieu de cellules géantes, des fragments de membrane hydatique. A on 1 ‘4 & rx Un. + LA MÉDECINE A MADAGASCAR #. $ è L PAR 4 le D' FONTOYNONT + Professeur à FEcole de Médecine de Tananarive Se ‘Æ Notre maître, le Professeur R. Blanchard, m'a demandé de vous … parler de la médecine coloniale et de vous dire, en particulier, — l'organisation des services médicaux à Madagascar qui, plus avan- —. cés dans cette colonie que dans aucune autre de nos possessions, vous permettra de comprendre mieux le rôle dont vous pouvez quelque jour être les acteurs. J'ai accepté et ma seule excuse est un séjour de huit années à Madagascar, pendant lesquelles j'ai assisté à l'organisation médicale actuelle. Pour bien saisir les choses, il faut regarder ce qui se passait, il y a quelques années. Alors existait le corps des médecins de . la marine qui, à lui seul, assumait la lourde tâche de fournir de médecins et les navires de la flotte et les hôpitaux des colonies. Un jour vint, où l'expansion coloniale nécessita un dédoublement. Il fut donc créé un corps de santé militaire colonial. Dès lors, les médecins de la marine furent affectés exclusivement aux ser- vices de la marine et le corps de santé colonial aux colonies. Bien- tôt après, l'infanterie dite de marine, devenue l'infanterie coloniale, passa au ministère de la guerre et les médecins du corps de santé colonial devinrent ce qu'ils sont à l'heure actuelle, leurs attribu- tions restant d'ailleurs les mêmes. Toutefois, dès 1898, ou commença à penser que des médecins ». civils pourraient trouver aux colonies à exercer utilement leur savoir et leur activité. Deux médecins obtinrent même du ministre . des colonies d'être envoyés, en quelque sorte à titre d'essai, dans une de nos colonies. Ce furent Manceau, à l'heure actuelle encore à Nossi-Bé, et moi-même, depuis cette époque à Tananarive. Peu après, des maitres à l'esprit large et au courant des énormes (1) Conférence faite à l’Institut de Médecine coloniale de Paris, le 14 décembre 1905, ’ 228 FONTOYNONT progrès faits par les Anglais dans la médecine coloniale, grâce à leurs admirables écoles de Liverpool et de Londres, entreprirent de doter notre pays d'institutions du même genre. Ils suppléèrent aux ressources insuffisantes, aux laboratoires trop étroits, par un dévouement etune patience inépuisables, auxquels je crois pouvoir, profitant de l'occasion et en votre nom, rendre hommage en les assurant de toute notre gratitude. C’est, vous le savez, notre mai- tre le Professeur R. Blanchard qui, avec enthousiasme, conçut la chose et le premier fut sur la brèche. Malgré sa modestie il voudra bien nous permettre de lui dire que nous lui sommes tous profon- dément reconnaissants de l'intiative généreuse et patriotique qu'il a prise en fondant l'Institut de médecine coloniale, qui a déjà ren- du d'éminents services à la cause de la science et de la colonisa- üon. L'utilité d'une telle création est d'ailleurs attestée par l'impor- tante subvention que lui donne chaque année le Gouvernement de l’Indo-Chine, ainsi que par la fondation des Instituts coloniaux de Marseille et de Bordeaux. Vous-mêmes, mes chers camarades, venus de tous les points du monde pour goûter les cours et les travaux de l'Institut colonial de Paris, donnez là une preuve vivante et certaine de l'utilité et de la nécessité de l'institution. C'est la plus belle récompense, la seule d'ailleurs, que souhaitaient nos éminents maîtres, si j'en juge par leurs confidences. Les Instituts de Paris, de Marseille et de Bordeaux ont rapide- ment acquis la prospérité que vous leur connaissez. Ils ont vu, cha- que année, le nombre de leurs élèves s'accroître, et cela parce que l'expansion coloniale augmente chaque année et qu'ils répondent à un besoin. C'est alors que toutes nos colonies commencèrent à suivre l'impul- sion et à organiser une véritable assistance médicale indigène, suivant ainsi l'exemple donné par Madagascar. La véritable for- mule de cette sorte de colonisation médicale est encore à trouver. Pour résoudre la question, il faut poser en principe qu'à cette organisation d'ordre purement civil il fautadjoindre un corps médi- cal également civil. Comme l'indiquait déjà M. le Professeur Blanchard de la façon la plus expresse (1), c'est précisément dans (1) R. BLancnarp, Création à Paris d’un Institut de médecine coloniale. Archi- ves de Parasilologie, IV, p. 462, 19,01. LA MÉDECINE A MADAGASCAR 29 IE nos Instituts de médecine coloniale que l'on peut trouver les méde- cins nécessaires pour doter peu à peu chaque colonie d’une organi- sation médicale complète. Vous le voyez, nous entrons donc depuis peu dans une phase nouvelle de la question. Comment à Madagascar ont été organisées les choses médicales et comment fonctionnent-elles à l'heure actuelle ? Sachez d'abord qu'elles sont encore en voie de transformation. L'organisation est encore presque purement militaire ; mais il est facile de voir déjà une différenciation. En effet, le directeur du service de santé, méde- cin principal des colonies, exerce son autorité sur deux formations sanitaires juxtaposées en quelque sorte et essentiellement différen- tes, le service de santé des troupes coloniales et l'assistance médicale indigène. Le jour n’est pas loin où chacune des deux institutions aura son indépendance. Le service de santé des troupes coloniales est aux colonies ce qu'est dans la métropole le service de santé de l’armée. Il est le même dans toutes nos colonies. L'assistance médicale indigène, au con- traire, est une œuvre toute spéciale, unique en son genre, pouvant différer dans chacune de nos colonies, devant, en tout cas, s'adap- ter aux besoins des populations pour qui elle est créée. Voyons ce qui revient à chacun de ces organismes bien distincts et commençons par le service de santé. Le service de santé des troupes coloniales est payé par la métro- pole, à l'encontre des autres formations sanitaires locales qui, elles, _sontentretenues par les budgets locaux. Disposantd'hôpitaux pour la troupe, il les met en partie à la disposition des fonctionnaires civils etdes colons, à charge pour le budgetlocal de reverser à la métropole les frais de séjour et de traitement de son personnel civil. De ce fait se trouve réalisée une grande économie, puisqu'il n'est pas néces- saire de construire des hôpitaux. C'est dans ces conditions que fonctionnent à Madagascar les quatre grands hôpitaux de Tanana- rive, Tamatave, Diégo-Suarez et Majunga. Il ne reçoivent donc que des Européens ou des assimilés. En outre le service des troupes en campagne dispose d'ambulances où la population civile peut trou- ver des soins et l'hospitalisation ; ces ambulances sont au nombre de six : Fianarantsoa, Fort-Dauphin, Analalava, Maevatanana, Moron- dava, Tulear. - Du service de santé relèvent encore les infirmeries de garnison, 230 FONTOYNONT qui ne reçoivent exclusivement que des malades militaires; elles sont au nombre de six : Antsirane, Cap d'Ambre, Ankorika, Cap Diégo, Sakaramy, Maintirano. Les cinq premières sont situées dans le territoire de Diégo-Suarez. Cela résulte de ce que Diégo, point d'appui de la flotte, est l'endroit où se trouve massée la plus grande partie du corps d'occupation. Ajoutons encore une Infirmerie régimentaire, analogue à nos infirmeries de régiment de France; elle est jusqu'à présent unique et siège à Tananarive : elle est exclusivement réservée aux mili- taires. | Enfin, nous arrivons à une formation spéciale provisoire, destinée à disparaître au fur et à mesure que la pacification des provinces aura permis d'installer l'assistance médicale indigène. Je veux parler des postes médicaux, formation essentiellement mobile, ne comprenant pas d'hôpital et destinée simplement à donner des consultations et des médicamments. Ces postes sont au nombre de neul : Midongy du Sud (district de Midongy, province de Farafangana) ou cercle de Fort-Dauphin Tsivory, Manja, cercle de Morondava Ankavandra, cercle de Maintirano Besalampy, cercle de la Mehavavy Tulear, province de Tulear C'est tout pour les formations militaires. Les formations civiles constituent, dans leur ensemble, l'assis- tance médicale indigène, à laquelle se trouvent en quelque sorte an- nexés deux organismes : l'Institut Pasteur de Tananarive etle pare vaccinogène de Diégo, d’une part; l'Ecole de médecine, de l'autre. L'Institut Pasteur fut inauguré à Tananarive en 1899. C’est à l'un des anciens élèves de l’Institut de médecine coloniale de Paris que revient l'honneur de l'avoir organisé de toutes pièces, au Dr Thi- roux. Il répondait à un besoin impérieux, à la lutte contre la va- riole et contre la rage. En effet, il y a quelques années seulement, la variole était pour Madagascar un véritable fléau : les épidémies revenaient presque chaque année ravager le pays, tantôt en un point, tantôt en un autre. Depuis 1899, grâce à l'excellent vaccin LA Sa +5 FT" Fr > À gs A ni ‘ PUS MAR me LE APS ARS ANNEES * id J LA MÉDECINE À MADAGASCAR 2 fourni par l'Institut Pasteur de Tananarive et aux nombreuses ino- culations faites à la population indigène, la variole a partout cédé; en certains points même, comme le plateau central, elle n'existe plus. C'est un exemple à donner à nos compatriotes de France ; _ c'est une véritable lecon de choses. Il est vrai que les vaccinations ont été nombreuses, puisqu'elles se chiffrent à l'heure actuelle à deux millions environ, c’est-à-dire plus de la moitié de la popula-. tion totale de l'île. A côté de la variole, la rage mérite malheureusement une place d'honneur. Elle a quelques particularités qui méritent d'attirer votre attention : sa fréquence d’une part, sa gravité de l'autre, La fréquence n'a rien d'extraordinaire, si l’on songe à la quantité de Chiens errants qui infestent l'ile. Les indigènes n'aiment pas les Chiens et ne les gardent pas autour d'eux, ce qui explique peut-être, malgré leur nombre, l'absence totale du kyste hydatique à Madagascar. En quatre annéesseulement, 400 individus ont été mordus par des Chiens reconnus atteints d'hydrophobie, dont 88 Européens et 312 Malgaches. D'ailleurs, voici les chifires par année : | En 1901, on compte 74 individus mordus, dont 0 mort, soit 0 0/0. DO 186 . _ — À — — 0,530/0. BnM008 0 — 95 = —— =. 0 = — ot, EUR 45 — — = en 22e au total 400 ayant donné 2 morts, soit 0,50 0/0. Cette statistique, établie conformément aux usages des Instituts Pasteur, ne contient pas les cas de mort survenus pendant le traitement ou moins de quinze jours après ; pour avoir le nombre exact de victimes de la rage, il faut ajouter chaque année deux ou trois morts de ce genre. Les Lapins, inoculés par trépanation avec le bulbe des Chiens, meurent, en général, dans un délai de 12 à 17 jours. Enfin, les personnes atteintes sont souvent des enfants gardant les troupeaux dans la brousse et les blessures sont fré- _ quentes au visage. C'est pour cela que le traitement classique, usité à l'Institut Pasteur de Paris, a dù être modifié à Tananarive.” J insiste sur ce fait, parce que vous pouvezétreobligés quelque jour de procéder comme l’a fait à Madagascar le Dr Neiret, directeur 232 FONTOYNONT actuel de l'Institut Pasteur. Ilemploie un traitement très intensif: toutes les personnes en traitement reçoivent de la moelle N°1 et de la moelle N° 0. S'il s'agit d'enfants mordus à la face, on arrive au bout de quelques jours seulement à ces moelles virulentes. Depuis que le traitement est ainsi modifié, les résultats sont bien meilleurs. Outre la variole et la rage, l'Institut s'occupe de toutes lesrecher- ches bactériologiques. , Vous savez tous que le vaccin, quand il est soumis à des tempé- ratures élevées ou à des variations de température, s'atténue ou même sestérilise. Ilarrivait donc que le vaccin, fait pourtant dans de bonnes conditions à Tananarive, n était plus aussi virulent une fois arrivé à la côte. Pour y remédier, il fut créé à Diégo-Suarez un parc vaccinogène. La mesure fut excellente, puisque sur 370.000 indigènes inoculés depuis 1902 avec du vaccin de Diégo, on compte 245.000 succès. Le vaccin peut, en effet, être transporté dans les olacières des bateaux et arriver ainsi en bon état de fraicheur et de virulence aux différentes escales de la côte est et de la côte ouest. L'Ecole de médecine fut fondée au commencement de 1897. Son but est de former des médecins indigènes pour en doter les forma- tions de l'assistance médicale indigène. Son utilité a été et est encore discutée. Beaucoup ont prétendu qu'en créant des médecins indigènes on fermait un débouché aux médecins français et que c'était ainsi se préparer des déboires pour l'avenir. Je ne le crois pas, pour ma part; car, de bien longtemps, l'indigène ne sera pas assez riche pour rémunérer suffisamment un médecin européen. Le praticien établi à Madagascar ne devra compter que sur la clientèle purement européenne et escompter les postes officiels que lui procurera le gouvernement de la colonie. Dans ces conditions, il n'y a pas à redouter la concurrence faite par le médecin indigène, d'autant plus qu'employé généralement par l'administration il devient l'aide et le sous-ordre du médecin européen dans les dif- férentes formations sanitaires. Quoi qu'il en soit, l'Ecole comprend, comme personnel fixe, un médecin militaire directeur, un médecin civil européen, un médecin indigène depuis longtemps docteur en médecine de la Faculté de Lyon auxquels se trouvent adjoints trois autres médecins ou pharmaciens militaires fréquemment changés. L'enseignement comprend cinq années d'études: à Pàques et à la fin de l’année, ° LA MÉDECINE À MADAGASCAR 233 des examens sont subis par les élèves qui, s'ils sont refusés, se trouvent obligés de redoubler leur année. Un trop grand nombre d'ajournements entraîne l'exclusion. A a fin de la scolarité, un diplôme de médecin est décerné, donnant le droit d'exercer dans toute l'étendue de Madagascar et dépendances, mais avec des res- trictions analogues à celles de nos anciens officiers de santé. En outre des élèves médecins, l'Ecole comprend aussi des élèves sages-femmes. | Depuis sa création, l'École a fourni 120 médecins et 96 sages- femmes. | | La plupart de ces médecins sont devenus des médecins de colo- nisation ; plusieurs des sages-femmes sont également au service de l’administration. Médecins et sages-femmes sont employés par le service de l’assistance publique médicale indigène. C'est qu'en eftet dans chaque province, a été ou sera créée une formation sanilaire qui n'a son analogue nulle part ailleurs. A la tète de cette formation se trouve un médecin européen ayant le titre de médecin-inspecteur de l'assistance médicale indigène, ayant sous ses ordres directs autant de médecins de colonisation indigènes et de sages femmes qu'il est nécessaire, surveillant un plus ou moins grand nombre d'hôpilaux indigènes, suivant que la la population de la province est plus ou moins dense, renseignant l'administrateur sur tous les points d'hygiène, faisant à tout mo- ment des tournées d'inspection, résidant au chef-lieu de la pro- vince, mais devant fréquemment aller se rendre compte sur place de ce qui peut se passer d’anormal. On comprend combien est inté- ressant un tel rôle pour quelqu'un d’aetif et quelle mine inépuisa- ble de choses nouvelles peut y glaner celui qui sait voir, regarder et faire travailler sous ses ordres. Ce sont ces situations qui, je . l'espère bien, seront quelque jour toutes occupées par d'anciens élèves des Instituts coloniaux de France. A l'heure actuelle, l'assistance médicale fonctionne dans les pro- vinces suivantes : Ville de Tananarive, provinces de l'Imérina centrale, de l'Anga- vo-Mangoro, de l'Imérina du nord, del’Itasy, du Vakin'Ankaratra, d'Ambositra, de Fianarantsoa, de Maroantsetra, de Fénérive, de Tamatave, d'Andévorante, de Vatomandry, de Majunga, de Man- dritsara, de Tulear, Cercles d'Analalava et de Maevatanana. 234 FONTOYNONT Le nombre en sera certainement augmenté. Envisageons quelques-unes de ces formations, celles du plateau central, par exemple, et vous verrez combien leur importance est grande. Dans l'Imérina centrale, il y a 7 hôpitaux, 1 maternité, 2 léprose- ries, 7 postes médicaux; dans l’Angavo-Mangoro, 2 hôpitaux, » postes médicaux, une maternité ; dans l’Imérina du nord, 2 hô- pitaux et 2 postes médicaux ; dans l'Itasy, 5 hôpitaux, 2 léproseries, un poste médical, 3 maternités ; dans la province de Fianarantsoa, 6 hôpitaux, 4 postes médicaux et 4 léproseries. Ne pensez pas, toutefois, voir dans ces hôpitaux des immeubles comme ceux de l'Assistance publique de Paris; ramenez-les à des proportions plus modestes : quelques pavillons en pisé ou en bri- ques, abritant en moyenne une cinquantaine de lits. N'empêche que, même réduits à ces proportions, ils n'en rendent pas moins de très grands services et n’en sont pas moins remplis de malades très intéressants. Je n'ai pas parlé des villes de Tamatave et de Majunga; c est que la situation y est tout autre que dans le reste de l'île. Ces villes, déjà anciennes, comptent beaucoup d’Européens ou assimilés et peu d’indigènes. Le médecin qui y exerce se trouve done dans une situation qui tend à se rapprocher de celle de l'Europe. Ces villes, par raison d'économie, se contentent de l'hôpital mili- taire, devenu mixte par ce fait. Quand elles seront riches, elles auront, sans nul doute, un hôpital municipal, leur appartenant en propre. A Tananarive, c'est encore autre chose : il y à 60.000 habitants, dont 4.000 Européens, y comprisles militaires et les fonctionnaires. Cette agglomération et la juxtaposition des deux éléments eu- ropéen et indigène, qui vivent porte à porte, ont obligé de perfec- tionner les institutions de l'assistance médicale et de la mettre sur un pied qui se réalisera peut-être un jour partout, quand les res- sources le permettront. Tananarive a deux hôpitaux distincts. L'u”, l'hôpital militaire, est mixte, c'est-à-dire qu'on y traite non seulement les militaires, européens ou indigènes, mais encore les civils européens de toute catégorieet de tout sexe, fonctionnaires et colons. L'autre hôpital est purement indigène; il a ses infirmiers et ses infirmières indigènes, nn ë # RES D ET Rs Te Le F: Le ne. di # LA MÉDECINE A MADAGASUAR DA et ne traite que des indigènes. Il sert, vu sa situation, d'hôpital d'application à l'Ecole de médecine et c'est là que siègent les deux cliniques médicale et chirurgicale. Ce n’est pas un de ces superbes hôpitaux comme on en voit en Europe.Supposez une série de maisons réunies les unes aux autres simplement parce qu'elles étaient proches et englobées dans une enceinte circulaire. Voilà l'hôpital, avec ses maisons utilisées le mieux possible, assez grand toutefois pour contenir deux cents malades : il est divisé en quatre groupements séparés : service de médecine, service de chirurgie aseptique, service de chirurgie septique et pavillon d'isolement pour les maladies contagieuses. Quelques lits du pavillon de chirurgie aseptique sont réservés, en cas de besoin, aux accouchements. Il existe en outre, en un autre point de la ville, une maternité privée, appartenant au Dr Villette, lui-même professeur d'obstétrique à l'École de médecine. Je ne saurais tropinsister sur la nécessité, dans les colonies, d’avoir deux services de chirurgie distincts. C'est plus important encore qu'en Europe, car là-bas on se trouve souvent aux prises avec des infections, pour ainsi direinconnues maintenant chez nous, telles que la pourriture d'hôpital, les septicémies gazeuses et le tétanos. Il est donc indispensable de séparer complètement les ma- lades du personnel infirmier et même, s'il est possible, du person- nel médical traitant. Une telle séparation est réalisée à l'hôpital indigène de Tananarive. Un autre point des plus importants est la salle d'opérations, dont la construction aux colonies pourra rencontrer de grandes difficul- tés. Nous avons, je crois, réalisé à Tananarive un des meilleurs modèles. Laissez-moi vous en parler, caril ne faudrait pas, en pays tropical, vouloir procéder comme en pays d'Europe. Là-bas, un point fondamental domine toute l'hygiène en matière de construction, c'est le besoin de segarantir, non seulement du soleil, mais aussi de la lumière diffuse. Aux colonies, nous demandons de la lumière maisle minimum nécessaire pour trèsbien voir. Les photographies que je fais circuler vous montreront comment nous avons résolu la question : | Une large vérandah à toit très incliné, pour bien garantir du so- leil, fait le tour d’une pièce octogonale, dont chaque face est percée. d'une fenêtre donnant sur cette vérandah. Seuls, les aides du chirur- 236 FONTOYNONT gien pénètrent dans la pièce; les élèves restent sous la vérandah et | regardent par les fenêtres. Comme ils interceptent la lumière, on a ménagé au-dessus de chaque fenêtre, entre la vérandah et le toit, une imposte vitrée, munie d'un store à l'intérieur. La lumière arrive donc de haut par desimpostes, en quantitésuffisante pour bien éclai- rer, mais insuffisante pour provoquer une insolation ou même un simple mal de tête. A l'intérieur, les murs sont enduits de ripolin; ils peuvent donc être lavés aussi souvent qu'il est néces-: saire. Le sol est recouvert de ciment. J'ai déjà fait allusion aux léproseries. C'est qu'en effet il en existe plusieurs, de même qu'il existe de très nombreux lépreux. Les léproseries officielles (je ne parle que de celles-là) ont à leur tête un médecin indigène, sous la surveillance du médecin inspec- teur. Ce sont des cases agglomérées, formant un véritable village qui ressemble totalement à une autre agglomération malgache, avec la seule différence que les habitants sontinternésetne doivent en sortir sous aucun prétexte. Une telle organisation est toute à l'honneur de la colonie de Madagascar. Trop souvent, il n'en est pas ainsi. Rappelez-vous ce que nous disait notre maître, le profes- seur Gaucher, lorsqu'il déplorait la liberté laissée aux lépreux, pour le grand malheur des gens indemnes. Vous connaissez maintenant sous toutes ses faces la question médicale à Madagascar. Permetlez à mon expérience de vous dire combien notre profession est plus attrayante dans ces régions que dans les pays d'Europe, où toutes les questions ont été étudiées et ressassées, où il faut un travail acharné pour trouver quelque chose de nouveau. En pays exotique, presque tout est neuf et je ne crois pas exagérer en assurant, à tous ceux qui voudront aller s'y installer quelques années, la certitude de faire une moisson abondante de documents intéressants; peut-être même y trouve- ront-ils une célébrité justement acquise! Je crois vous avoir convaineus de l'intérêt intellectuel que vous avez tous à vous expatrier et à aller au loin chercher du nouveau; reste l'importante question matérielle. Il ne faut pas se faire d'illusions : presque partout la clientèle vous sera d’un maigre appoint et il ne faut pas compter sur les indigènes pour suffire à remplir votre porte-monnaie. Il faut donc que les colonies vous procurent un fixe suffisant pour que vous 91 LE LA MÉDECINE A MADAGASCAR puissiez y vivre honorablement. Ce fixe doit-il être une simple indemnité ou un traitement? Doit-on vous allouer, dès le début, une somme assez ronde et non progressive ou, au contraire, une somme relativement minime, avec des augmentations successives et progressives ? Je me range pleinement à cette dernière idée. A mon avis, la solution la meilleure, permettant aux colonies d’avoir un cadre de médecins sérieux et instruits, est l'avancement pro- gressil avec relraile; car, à celui qui s'établit aux colonies, se trouvent à l'heure actuelle complètement fermées les associations de prévoyance de toutes sortes qui existent en France. Je fais le plus chaleureux appel à l'esprit d'entente et de solida- rité qui doit tous nous unir. Profitons du moment où nous sommes ensemble, depuis trois mois travaillant chaque jour côte à côte, pour sceller une véritable entente cordiale! Qu'une fois égrenés dans tousles coins du monde nous sachions qu'ici, à Paris, l'Institut de médecine coloniale doit être notre point de ralliement. Restons en cohésion et n'oublions pas que l'union fait la force. M. le Professeur R. Blanchard nous à dit maintes fois que, toutes les fois que nous serions en France, nous serions chez nous dans son labo- ratoire. De même la Sociélé de médecine tropicale nous ouvre tou- tes grandes ses portes. Vivifions l’Institut de médecine coloniale, en apportant ou envoyant des documents scientifiques à nos mai- tres, qui nous ont donné tant de preuves de dévouement: nous ne pouvons leur témoigner notre reconnaissance d’une facon qui leur soit plus agréable qu’en leur montrant que nous avons profité de leurs savantes leçons et qu'ils nous ont rendus capables de contri- buer à notre tour au progrès de la science. _ Enfin, si quelques-uns de nous restent en France, qu'ils se rappellent leurs camarades exilés! qu'ils mettent à leur service leur influence, leurs relations, et qu'ils les défendent par la plume et par la parole. RE AD ed Ce EN RS Ù Sn MISSION DU BOURG DE BOZAS EN AFRIQUE TROPICALE ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS PAR le D' M. NEVEU - LEMAIRE Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Lyon Le Dr Brumpt, médecin et naturaliste de la Mission du Bourg de Bozas, recueillit, durant son voyage à travers l'Afrique équato- toriale (1901-1903), une importante collection de Culicides, dont il voulut bien me confier l'étude. Ces Culicides proviennent d'Égypte (Port-Saïd, Ismaïlia, Suez, Le Caire), de Djibouti et de ses environs immédiats, d'Harar, de l'Ogaden (Imi, rivière Kolkolé), de la région située au nord du lac Albert (Nimulé, Doufilé, Faraty), de Matadi, sur le Congo, et de Léopoldville. & Nous donnerons dans une première partie la liste des espèces recueillies, en indiquant la localité, l’époque de la capture et le nombre d'individus capturés ; puis nous dirons quelques mots ; de chacune de ces esp'ces, en insistant particulièrement sur les espèces nouvelles, qui sont au nombre de huit. Enfin, dans une seconde partie, nous exposerons la répartition géographique des differents Moustiques observés jusqu'ici sur le continent africain et dans les îles voisines. CULICIDES RECUEILLIS PAR LE D' BRUMPT Liste des espèces. Culex sp. ? (indéterminables), 3 Q recueillies à Djibouti le 7 janvier 1901 (conservées dans l'alcool). Tæniorhynchus africanus nov. sp., 1 © recueillie à Port-Saïd le 16 janvier 1901 (conservée dans l'alcool). Culex pipiens Linné, 1758, 6 ® recueillies à Port-Saïd le 16 janvier 1901 (conservées dans l'alcool). 1 D ME PEARL £ US Fée À ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 239 Tæniorhynchus africanus NOV, Sp., À ® recueillie à l'hôpital indigène du Caire le 20 janvier 1901 (conservée dans l'alcool). Culex pipiens Linné, 1758, 4 ® recueillies à l'hôpital indigène du Caire le 20 janvier 1901 (conservées dans l'alcool). Culex pipiens Linné, 1758,8 Q recueillies à Port-Saïd le 21 janvier 1901 (conservées dans l'alcool). | Culex pipiens Linné, 1758, 4 © (en mauvais état) recueillies à Ismailia le 21 janvier 1901 (conservées dans l'alcool). Culex pipiens Linné, 1758, 10 © recueillies à Suez le 22 janvier 1901 (conservées dans l'alcool). Culex pipiens Linné, 1758, 2 ® recueilies à Suez en janvier 1901 (con- servées à sec). Tæniorhynchus africanus nov. sp., 1 © recueillie à Suez en janvier 1901 (conservée à sec). ù Stegomyia calopus (Meigen, 1818), 3 ® (en mauvais état) recueillies à Djibouti en février 1901 (conservées à sec). Culex somaliensis nov. sp., 6 © recueillis à Djibouti en février 1901 _ (conservés dans l'alcool). Culex pipiens Linné, 1758, 2 S' et 6 Q recueillis à Djibouti en février 1901 (conservés dans l’alcool). Culex sp. ? (indéterminables), 4 © recueillies à Djibouti en février 1901 (conservées dans l'alcool). Mansonia uni[ormis (Theobald, 1901), 2 ® (en mauvais état) recueillies à Djibouti en février 1901 (conservées dans l'alcool). _ Myzomyia funesta (Giles, 1900), 2 @ (en mauvais état) recueillies à Galmaen dans une chambre de fiévreux le 20 février 1901 (conservées à sec). Culex somaliensis nov. sp., 13 © et 15 © provenant de l'élevage de larves récoltées à Ambouli, près Djibouti, le 24 février 1901 (conservés à sec). Culex pipiens Linné, 1758, 2 ' et 4 © provenant de larves récoltées à Ambouli le 24 février 1901 (conservés à sec). Stegomyia calopus (Meigen, 1818), 4 St et À © provenant de larves récoltées à Ambouli (conservés à sec). Myzomyia funesta (Giles, 1900), 8 S'et 8 ® provenant de larves récol- tées à Ambouli (conservés à sec). Culex somaliensis nov. sp., 11 S' et 2 © provenant de larves recoltées _ à Djibouti (conservés à sec). Anopheles sp. ? (indéterminable), 1 G* provenant d’une larve récoltée à Djibouti (conservé à sec). Stegomyia calopus (Meigen, 1818), 6 Q provenant de larves récoltées à Harar le 26 avril 1901 (conservées à sec). Siegomyia Brumpti Neveu-Lemaire, 1905, 6 &' et 2 @ provenant de larves récoltées à Harar le 26 avril 1901 (conservés à sec). - Myzomyia funesta (Giles, 1900), 1 Set 5 ® provenant de l'élevage de 240 M. NEVEU-LEMAIRE larves récoltées à Harar en mai 1901 (conservés à sec); 5 nymphes et 79 larves récoltées dans la même localité, à la même 7 ARQUE (conservées dans l'alcool). Culex pipiens Linné, 1358, 6 Set 12 © provenant de larves récoltées à Harar en mai 1901 (conservés à sec). Culex Zelineri nov. sp., 10 Set 5 © provenant de larves récoltées à Harar en mai 1901 (conservés à sec). Culex Zeltneri nov. sp., 15 © recueillies à Harar en mai 1901 (conser- vées dans l'alcool). Culex Zelineri nov. sp., 1 © recueillie à Crnnentesa. près Harar, le 20 avril 1901 (conservée dans l'alcool). Un lot comprenant environ 250 nymphes et 250 larves de toutes dimen- sions récoltées au Camp de rivière Cabenaona, aïfluent du Herrer, le 2 juin 1901 (conservées dans l'alcool). Pyretophorus costalis (Læw, 1866), 11 ST et 27 9 recueillis à Imi en août 1901 (conservés à sec). Ryretophorus costalis (Læw, 1866), 31 © recueillies à Imi en août 1901 (conservées dans l'alcool). Pyretophorus costalis (Læw, 1866), 25 d' recueillis à Imi en août 1901 (conservés dans l'alcool). Culex pygmæus nov. sp., 1 Get 23 © recueillis à Imi en août 1901 (conservés à sec). Culex somaliensis nov. sp., 23 O' et 10 ® provenant de larves récoltées à Imi en août 1901 (conservés à sec). Culex sp. ? (indéterminable), 1 ® venant d'éclore, 122 nymphes et 300 larves de toutes dimensions provenant de la rivière Kolkolé, près Imi, le 21 septembre 1901 (conservées dans l'alcool). Mansonia uniformis (Theobald, 1901), 19 © recueillies à Nimulé le 30 septembre 1902 (conservées à sec). Myzomyia funesta (Giles, 1900), 3 S et 35 9 TEUTEUNE à Nimulé le 30 septembre 1902 (conservés à sec). Mansonia uniformis (Theobald, 1901), 2 et 8 9 recueillis à Doufilé le 10 octobre 1902 (conservés à sec). Myzomyia funesta (Giles, 1900), 2 S'et 52 © recueillis à Doufilé le 10 oc- tobre 1902 (conservés à sec). Nyssorhynchus Bozasi Neveu-Lemaire, 1905, 4 © recueillies à Doufilé le 10 octobre 1902 (conservées à sec). Aëdeomyia africana nov. sp., 1 © recueilli à Doufilé le 10 octobre 1902 (conservé à sec). Mansonia uniformis (Theobald, 1901), 12 © recueillies à Faraty le 4 no- vembre 1902 (conservées à sec). Myzomyia funesta (Giles, 1900), 8 Set 29 9 recueillis à Faraty le 4 no- (vembre 1902 ‘conservés à sec). Culex sp.? (indéterminable), 4 @ recueillie à Matadi en février 1903 conservée dans l'alcool). US NU 0 ui ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 241 Culex pipiens Linné, 1758, 15 St et 13 9 recueillis à Léopoldville le 10 février 1903 (conservés à sec), :Culex Didieri, nov. sp., 10 © recueillies à Léopoldville le 10 février 1903 (conservées à sec). Pyrelophorus costalis (Læœw, 1866), 1 ® recueillie à Léopoldville en fé- yrier 1903 (conservée à sec). Mansonia uniformis (Theobald, 1901), 3 ® recueillies à Léopoldville en février 1903 (conservées à sec). I. — Sous-famille des ANOPHELINÆ. Cette sous-famille comprend tous les Moustiques rattachés au- trefois au genre Anopheles ; sa danse peut être donnée en deux lignes : Trompe droite; palpes maxillaires sensiblement égaux à la trompe dans les deux sexes, à trois articles chez le mâle, à quatre articles chez la femelle. Réceptacle séminal unique chez la ©. Larves ne possèdant pas de siphon respiratoire. La sous-famille des Anophelinæ est représentée dans la collection du D: Brumpt par trois espèces appartenant aux genres Myzomyia, Pyretophorus et Nyssorhynchus; une espèce est nouvelle. 1. — Genre Myzomyi4 R. Blanchard, 1902. Synonymie. — Grassia Theobald, 1902 (non Fisch, 1885). Le genre Myzomyia comprend les Anophelinæ, dont le thorax et labdomen sont ornés d’écailles étroites en forme de faucille et dont les ailes, généralement tachetées, portent des écailles longues, étroites et recourbées; ces Insectes sont le plus souvent de petite taille. Nous n'avons eu entre les mains qu'une seule espèce : MyYzoMYIA FUNESTA (Giles, 1900). Synonymie. — Anopheles funestus Giles, 1900. Bibliographie. — R. Blanchard, Les Moustiques, p. 180. Description. — « Coloration générale noire. Téte noire avec une crête d'écaiiles blanches éparses. Yeux avec un petit bord blanc. Antennes noires; chez le ç', vérticilles denses de poils noirs, qui montrent pourtant un éclat plus pâle sous certaines incidences ; chez la © , maigres verticilles blanchâtres. Trompe noire, un peu plus pâle à l'extrémité. Palpes noirs, très lisses; chez le 5, sommet du Archives de Parasilologie, X, n° 2, 1906. | 16 A PS A Le MOT PE ANS TPS TOO ENTER UE cr La £ NM Ex" Lee VAN 249 M. NEVEU-LEMAIRE dernier article gris, suivi d'un étroit anneau blanc, puis d'un anneau pâle encore plus étroit; chez la ©, deux étroites bandes blanches sur les articulations et sommet blanc. Thoraxr noir, revêtu d’écailles blanches sur la plus grande partie de sa face dorsale. Abdomen noir, glabre, avec des poils blancs très clairsemés, chez la ©. Ailes cunéiformes, à racine assez longue. Costa marquée de » taches noires allongées, s'étendant jusqu'à la nervure subcostale, les deux basales réunies l'une à l’autre par des écailles noires sié- geant sur l’auxiliaire. Ecailles sombres sur le trajet des autres nervures, interrompues par des zones blanches. Nervures trans- verses dépourvues d'écailles noires et présentant une disposition carastéristique. Ecaïlles de la frange noires, sauf aux points où aboutissent les nervures longitudinales. Chez la © , nervures trans- verses surnuméraire et moyenne assez longues, sur une même ligne, la postérieure plus courte. Chez le G‘, fourchette antérieure 2 fois plus longue que la postérieure. Balanciersnoirs, à pédoncule plus clair. Pattes noires sauf des anneaux pâles à peine perceptibles sur le tibia ; tarses d'un noir uniforme. Formule unguéale du G: 4.0. — 0.0 — 0. 0. Longueur : 2m, 6, la trompe non comprise. » R. Blanchard (1). Habitat. — Myzomyia funesta a été rencontré au Sierra-Leone, dans l'Afrique centrale anglaise (Mashonaland), à Lagos, en Gambie et aussi dans l'Inde. Brumpt en a recueilli 237 exemplaires, dont 22 c, 131 ©, » nymphes et 79 larves, répartis de la manière suivante : 8 g'et8 ©, ont été capturés à Ambouli près de Djibouti. 1,5 ®, 5 nymphes et 79 larves à Harar, au moi de mai. 3 get 35 © à Nimulé, en septembre. 2 Jet 52 © à Doufilé, en octobre. 8 S'et 29 © à Faraty, en novembre. 2 ©, récoltées à Galmaen (près Djibouti}, dans une chambre de fiévreux, bien qu'en mauvais état de conservation, me semblent appartenir à cette même espèce. Observations. — Sans parler de sa présence dans l'Inde, Myzomyia funesta est peu-être le Moustique le plus répandu dans l'Afrique (1) BLancaanp (R.), Les Moustiques. Histoire naturelle et médicale. Paris, 1905, in-8°; cf. p. 180-181. ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 243 équatoriale. On le réncontre en effet depuis la mer Roüge jusqu’à l'Atlantique, en Ethiopie, dans le centre africain, au Congo, en % Guinée, etc. Ë Ce Moustique, de très petites dimensions, est assez variable pour ; que Theobald (1) ait reconnu en lui deux variétés parmi les indi- vidus recueillis dans l’ouest africain ; ces deux variétés, wumbrosa et A subumbrosæ, diffèrent surtout par la nuance de la troisième nervure f longitudinale, qui est foncée dans la variété umbrosa et pâle, avec —. des écailles en son milieu dans la variété subumbrosa. Cette espèce est une de celles qui propagent le plus activement le paludisme en Afrique. On la rencontre en abondance dans les huttes des indigènes sur la côte de Gambie; Dutton a signalé sa présence à la prison de Bathurst et dans la maison du gouverneur ; enfin Brumpt l’a trouvée à Galmaen dans la chambre d’un fiévreux. La petite taille de ce Moustique le rend très redoutable, car il peut passer à travers les toiles métalliques ou les moustiquaires, dont les mailles ne sont pas très étroites ; il faut pour l'arrêter que ces mailles n'aient pas plus d'un millimètre de largeur. - :: 2, — Genre PyreTopHoRus R. Blanchard, 1902. Synonymie. — Howardia Theobald, 1902 (non Dalla Torre, 1897). Le genre Pyretophorus comprend les Anophelinæ, dont le thorax est orné d’écailles en serpette, tandis que l'abdomen, dépourvu d'écailles, porte seulement des poils. Les ailes sont tachetées et | présentent des écailles lancéoléés ; les palpes maxilliaires de la | femelle sont assez écailleux. Le type de ce genre est P. costalis, rapporté en abondance par le D' Brumpt. PYRETOPHORUS COSTALIS (Læw, 1866). + Synonymie. — Anopheles costalis Læw, 1866; A. Gambiæ Giles, 1902. | Bibliographie. — R. Blanchard, Les Moustiques, p. 186. Description. — « S. Antennes brun jaunâtre, à poils plumeux plus sombres. Trompe mince, d'un brun sombre, jaune à la pointe. Palpes sombres à écaillure pâle; un très petit cercle blanc sur l'ar- (4) TaroBALp (F. V.), 4 Monograph of the Culicidæ or Mosquitoes. London, 1903, in-8° ; vol. III, p. 34. DEN LE TE & ND) 44 M. NEVEU-LEMAIRE ticulation du 2e article avec le 3°; les 2 derniers claviformes, en grande partie blancs, ornés au dehors d'une forte toufte de poils jaune brunâtre en dedans et noirâtre en dehors. Abdomen orné de très longs poils, d'une ligne médiane brune et d'une ligne latérale plus pâle de chaque côté; les segments un peu plus pâles à la base. Armature génitale à écaillure jaunâtre. Formule unguéale : 2.0 — 0. O0 — 0.0. Longueur : 20m, 5 à 3mm, 5. (« ®. Couleur d'argile. Téte couverte de larges écailles en vis, blanches sur le front et l’occiput, noires sur les côtés ; une touffe de poils blanc en antéversion. Antennes brun pâle, à pubescence pâle, à écaillure blanche sur les 175$ articles, les deux 1e brun clair ou jaunes. Trompe mince, noire, pâle à la pointe. Palpes aussi longs que la trompe, noirs, à écaillure blanche; dernier article blanc jaunâtre ; extrémité distale des 2 précédents ornée d'un étroit cercle blanc. Thorax brun, à reflets ardoise et testacés, avec une ligne médiane sombre, parsemé d'écailles en faucille jaune crème et de poils pâles. Scutellum à écailles crème pâle, presque blanches. Flancs mouchetés de gris cendré. Les individus frottés présentent à lignes sombres sur le thorax. Abdomen noir, couvert de longs poils dorés. Ailes vitreuses. Costa marquée de 6 taches noires, les 2 médianes étant les plus longues au niveau de la ner- vure auxiliaire; la 4e et la 5° sont interrompues soit à l’une de leurs extrémités, soit plus ordinairement vers le 2° quart de leur longueur. Nervures transverses à disposition carastéristique. Frange noire, tachée de jaune à la terminaison des nervures. Celles- ci portent chacune une tache noire à leur extrémité, sans préjudice d'autres taches répandues le long de leur trajet. Pattes brun sombre; fémurs et tibias tachetés d'écailles jaunes. Des cercles jaunes à cheval sur les articulations de la {re paire de pattes; sur les 2° et 3° paires, Ces anneaux sont moins marqués et ne se voient pour le plupart qu'a l'extrémité distale des articles. Longueur : 3m à £ mm, 5. « Larve brune, pointillée de blanc, quand elle est jeune ; d'un blanc sale uniforme, quand elle est plus âgée ». — R. Blanchard(1). Habitat. — Pyretophorus costalis est aussi très répandu sur le con- ünent africain. On l'a rencontré en Cafrérie, dans le centre de (1) BLancHanD (R.), loco cilalo, p. 186-187. IP. # es + Der RE 4 Mn PE Me out ET + EF ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 245 l'Afrique, au Mashonaland, en Nigéria, à Sierra-Leone, à Lagos, en Gambie, au Cameroun, dans l'Ouganda, dans l'Afrique occidentale française, à Kayes, à Laïma et à Toukoto, en Abyssinie, à Mada- gascar, à la Réunion, à Maurice. On a aussi signalé sa présence sur la côte de Calabar, dans l'Inde et à Hongkong. Presque tous les exemplaires recueillis par Brumpt proviennent d'Imi et ont été capturés au mois d'août; ils sont au nombre de 94, dont 36 S'et58 ©. Une seule femelle a été prise en février, à Léo- poldville. Observations. — En se reportant à ce que nous avons dit relati- vement à la distribution géographique de Myzomyia funesta, on voit que cette espèce se trouve dans bien des localités en compagnie de Pyretcphorus costalis, mais cette dernière espèce est plus rare dans les habitations, bien qu'elle transmette également le paludisme. Sa coloration est très variable et Theobald (1) a décrit une variété presque noire : P. costallis var. melas. Cette variété, décrite d'après une seule femelle, se distingue surtout par l'absence de taches pâles costales et par la nuance plus foncée de l'aile tout entière. Dans la collection de Brumpt se trouve un lot de 25 oT, provenant d'Imi et présentant une teinte beau- coup plus pâle que tous les autres exemplaires provenant de la même localité. Ces exemplaires ont été, il est vrai, conservés dans l'alcool, mais il est difficile d'attribuer cette décoloration au liquide conservateur, car un lot de femelles, conservées par le même procédé, présente une coloration aussi foncée que celle des individus conservés à sec. Il ne semble pas non plus que ce soit un caractère sexuel, car les mâles conservés à sec ont la même teinte que les femelles capturées en même temps. Il y au- rait peut-être Den d'établir une variété pâle : P. costallis var. pal- lidus, opposée à la variété noire créée par Theobald. 3. — Genre Nyssorayncaus R. Blanchard, 1902. Synonymie. — Laverania Theobald, 1902 (non Grassi et Feletti 1890). Le genre Nyssorhynchus comprend les Anophelinæ, dont le thorax est orné d'écailles fusiformes et en serpette et dont l'abdomen pré- (1) Turorap ([F. V.), loco citato, p. 76-71. at bis ee OR en L'EST re PE NES AS y SAT EAP) îe SET ENT? CN) 1 246 M. NEVEU-LEMAIRE sente des écailles ventrales et des touffes d’écailles situées latérale- ment. Les ailes portent des écailles lancéolées ; les palpes maxillaires sont très écailleux; les pattes sont généralement annelées ou tache- tées de blanc. La collection du D' Brumpt comprend une seule espèce de ce genre et cette espèce est nouvelle; je lui ai donné le nom de N. Bozasi, en souvenir du regretté vicomte du Bourg de Bozas. NyssoraYNCHUS Bozasi Neveu-Lemaire, 1905 (L). Description. — Elle concerne seulement la @ (fig. 1), le o' étant inconnu. Tête fauve en dessous et sur les côtés, nuque de couleur F4 Fig. 1. — Nyssorhynchus Bozasi ©° gris perle avec quelques écailles argentées et une touffe de longs poils entre les yeux. Antennes brunes, sensiblement plus courtes que la trompe. Trompe forte, uniformément brune et couverte d'abondantes écailles plus grandes et plus nombreuses à la base qu'à l'extrémité, qui se continue par deux palpes labiaux assez longs. Palpes maxillaires à peu près de la même longueur que la trompe, de couleur fauve clair plus foncés à leur base, formés de quatre articles d'inégale longueur; le 2 est le plus long, puis (4) NeveU-LemaIRE (M.), Sur un nouveau Moustique appartenant à la sous-fa- mille des Anophelinæ (Nyssorhynchus Bozasi nov. sp.). C. R. de la Soc. de Bio- logie, LIX, p. 32, 4" juillet 4905. apparents sont situés de chaque côté de — ETUDE DES CULICIDES AFRICAINS 247 vient le 1°, ensuite le 3° et enfin le 4°; chacun des articles, mais surtout les deux premiers, portent de longues écailles lancéolées, ce qui leur donne un aspect plumeux très particulier; ces écail Puce His ; Terroir, eg EEE ES Le (Be, AR PSN LES Vel ET ; wi | < ce ter Fig. 2. — Nyssorhynchus Bozasi, tète les font défaut aux articulations qui sont plus claires que le reste, et cette teinte pâle se prolonge à la base des articles surtout du dernier (fig. 2). Thorax gris perle en dessus avec deux bandes parallèles plus foncées au milieu ; deux points noirs très : cette double ligne médiane et un troisième point noir se trouve situé à l'extrémité pos- térieure de cette ligne (fig. 3); côtés du tho- rax de couleur fauve. Ailes de la même longueur que l'abdomen, présentant quatre taches noires le long de la nervure costale; ces taches sont formées à la fois par des écailles brun foncé et par une pigmentation plus grande de la membrane alaire: la plu- pire des autres nervures longitudinales présentent par endroits des petites touffeS tation du thorax. d'écailles plus foncées et apparaissent à un faible grossissement comme autant de petites taches brunes. 248 M. NEVEU-LEMAIRE (fig. 4). Pattes fauve clair, parsemées de blanc; fémurs et tibias ti- Fig. 4. — Nyssorhynchus Bozasi, aile droite. grés ; à IOUrEe les pattes, les trois premiers articles du tarse sont I Il Il Fig. 5. — Nyssorhynchus Bozasi, 1, patte et ongles de la 1° paire ; II, patte et ongles de la 2° paire ; IL, patte et ongles de la 3° paire. annelés de blanc à l’extré- mité distale, le premierar- ticle présentant une partie plus claire dans la région médiane ; à la première paire, les deux derniers articles du tarse sont en- tièrement fauves ; aux deux dernières paires le quatrième article est an- nelé de blanc au niveau de son articulation avec le cinquième article qui est entièrement blanc; ongles égaux et simples aux trois paires de pattes. Formule unguéale : 0.0 —0.0 — 0.0: (fig. 5). Abdomen fauve avec des reflets verdàätres sur les derniers anneaux; sa face dorsale présente de nom- breuses écailles en forme de poils, sa face ventrale quelques écailles argen- tées ; enfin latéralement et IN ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 49 à la partie postérieure des segments se trouvent des touffes d’écailles plates et larges, caractéristiques du genre k: (fig. 6. . Longueur totale : 8mm, y compris la trompe. Diagnose différentielle. — Cette espèce diffère 4 de tous les autres Moustiques du même genre, A soit par sa trompe, soit par ses palpes maxil- laires, soit par la disposition des taches blanches et des annelures de ses pattes. Par sa trompe, elle se distingue de AN. fuliginosus, _N. Jamesi, N. Kochi, N. punctulatus et N. Theo- …. baldi; par ses palpes maxillaires, elle est difté- 2 rente de N. maculatus ; enfin la disposition des taches blanches et des annelures de ses pattes permet de la différencier de AN. albimanus, N. cubensis, N. Stephensi, N. Lutzi, N. maculipalpis, N. Mastersi et N. leucosphyrus. 1 Habitat. — Brumpt a recueilli 4 © de cette | espèce à Doufilé au mois d'octobre. Observations. — La plupart des Moustiques du genre Nyssorhynchus sont répandus en _ Asie, particulièrement aux Indes, en Austra- lie, à Bornéo, à Java, à Sumatra, ainsi qu'en Fig. 6. Nyssor- —. Amérique du Sud et aux Antilles. Outre Re OS ie terminale de l’ab- Nyssorhynchus Bozasi, on ne connaît que deux domen. espèces africaines : N. maculipalpis, trouvé au . Mashonaland (Aîrique centrale anglaise) ainsi qu'à l'île Maurice et N. pretoriensis signalé à Prétoria. ANOPHELINÆ INDÉTERMINÉS. Dans un lot de Moustiques provenant de Djibouti, se trouve un individu o*', appartenant à la sous-famille des Anophelinæ, mais que son mauvais état de conservation ne permet pas de détermi- ner. - II. — Sous-famille des CuLIcIN. Cette sous-famille comprend les Moustiques précédemment ran- gés dans le genre Culex. Ceux-ci sont caractérisés par une trompe ; Re #, 250 M. NEVEU-EEMAIRE droite, des palpes maxilliaires aussi longs ou plus longs que la trompe, et à 3 articles chez le S'; beaucoup plus courts que la trompe, et à 3, 4 ou 5 articles chez la ©. De plus la fourchette antérieure de l'aile est égale ou plus longue que la fourchette postérieure. Les Culicinæ renferment de nombreux genres dont quelques-uns sont représentés dans la collection du Dr Brumpt ; ce sont les gen- res : Culex, Stegomyia, Mansonia et Tæniorhynchus. 1. — Genre Cuzex Linné, 1758. Le genre Culex a été démembré durant ces dernières années et l’est encore tous les jours ; aussi est-il assez difficile de lui fixer des limites précises. Nous comprendrons dans ce genre les Moustiques caractérisés comme il suit : Palpes maxillaires plus longs que la trompe, effilés et à 3articles chez le SG, beaucoup plus courts que la trompe et généralement formés de 3 articles chez la © ; têteavec des écailles en serpette, en vis et en bêche; thorax présentant des écailles en faucille ou fusiformes; ailes rarement tachetées avec la fourchette antérieure plus longue et plus étroite que la posté- rieure et la nervure transverse postérieure plus près de la base de l'aile que la transverse moyenne ; écailles des ailes petites et min- ces, plus ou moins allongées ; abdomen avec des écailles en bèche ; son dernier segment renferme chez la ® trois réservoirs séminaux ovoïdes. Les larves présentent un long siphon respiratoire. Brumpt a recueilli cinq es pèces de ce genre, dont quatre nou- velles, l'autre, C. pipiens est une des espèces les plus communes. 1. — CuLex prPiexs Linné, 1758. = Synonymie. — C. ciliaris, C. vulgaris, C. alpinus Linné, 1767. — C. communis de Geer, 1776. — C. domesticus Germar, 1817, — C. rufus Meigen 1818. — C. agilis Bigot, 1889. — C. phytophagus Fical- bi, 1890. Bibliographie. — R. Blanchard, Les Moustiques, p. 340. Description. — S'. Antennes plumeuses, annelées, de couleur châ- tain clair. Palpes maxillaires plus longs que la tr mpe, effilés à leur extrémité et couverts de poils foncés. Abdomen formé de segments clairs à la base des anneaux et couvert de poils. Ailes présentant des écailles moins nombreuses que chez la ®. Formule unquéale : 4.1 —14.1— 0.0. dl _ ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 251 ©. Tôte présentant en avant et au milieu des écailles en serpette brun doré et des écailles en vis plus foncées ; sur les côtes larges écailles blanches. Antennes brunes, à poils verticillés. Trompe et palpes maxillaires brun foncé. Thorax brun avec trois lignes de soies noires. Abdomen annelé de jaune pâle à la base des anneaux et présentant des écailles foncées ; la partie ventrale est entièrement jaune. Ailes présentant de longues écailles brunes, excepté sur la cinquième nervure longitudinale ; la fourchette antérieure est beaucoup plus longue et plus étroite que la postérieure. Pattes brunes ; les hanches et les fémurs sont plus pâles ; anneaux blancs à l'extrémité des fémurs. formule unguéale : 0.0 — 0 0 — 0.0. Longueur totale : 4mm, 5 à 6 mm. Habitat. -— Cette espèce est cosmopolite MONA rencontre dans toute l'Europe, même très au nord (Laponie), dans l'Amérique du Nord (Etats-Unis) et dans l'Amérique du Sud (Brésil), en Aïrique (Algérie, Egypte), dans les îles voisines du continent Africain (Ca- naries, Réunion), en Asie (Palestine, Sibérie), enfin en Australie, où elle est extrêmement abondante. La collection du Dr Brumpt contient plusieurs exemplaires re- D. dans les localités suivantes : 4 Q ont été capturées le 16 et le 21 janvier 1901 à Port-Saïd ; 4 à l'hôpital indigène du Caire le 20 janvier; 4 £ à Ismaïlia le 21 janvier ; 12 © à Suez en janvier ; 2 St et 6 © proviennent de Djibouti et ont été récoltés en février ; 2 get 4 $ à Ambouli, près Djiboati, à la même époque ; 6 'et 12 $ à Harrar en mai ; enfin 15 ot et 13 ® à Léopoldville le 10 février 1903. Observations. — C. pipiens vit habituellement au voisinage des habitations et y pénètre par la moindre ouverture ; il s'attaque aussi bien aux animaux qu'à l'Homme et pique les Oiseaux, aux- quels il transmet certaines Hémosporidies (Hæmoproteus Danilevs- kyi et Halteridium Danilevskyi). C'est chez ce Moustique que Ban- croît a étudié l’évolution de Filaria Bancrofti. 2. — CULEX ZELTNERI noOVa species. Description. — Coloration générale brungrisâtre. — o*. Antennes brunes et plumeuses ; l'avant-dernier article est très long. Trompe brune, plus claire à sa partie moyenne. Palpes maxillaires plus longs et plus clairs que la trompe ; le premier article est court et foncé, 19 52 M. NEVEU-LEMAIRE le second, plus long que tous les autres, est jaune à sa base et au milieu ; les deux derniers, à peu près d'égale longueur, sont bruns, un peu plus clairs à leur base; l’avant-dernier article porte de nombreux poils et le dernier est effilé à son extrémité. Thorax brun foncé, présente la même ornementation que chez la femelle, mais beaucoup moins marquée. Ailes plus petites que celles de la fe- melle ; la fourchette antérieure est beaucoup plus courte et naît Fig. 7. — Culex Zeltneri, nervation de l'aile gauche chez le Get la ©. un peu plus près du sommet de l'aile que la fourchette postérieure; cette dernière est à peu près deux fois plus large que la fourchette antérieure (fig. 7). Pattes brun fauve avec des parties plus claires au niveau de certaines articulations. Abdomen avec des écailles jaunes à la base des segments. Formule unguéale : 4. 0. —?.? —0.0, Longueur totale : 5mm à 6mm, y compris la trompe. Q. Antennes brunes aussi longues que la trompe; celle-ci est brune à la base et à la partie sub-terminale, avec un large anneau médian plus pâle; les palpes labiaux qui terminent is # CE PIRE FN AI TERT FN TI à ie “" ; o] ss Lé “ ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 253 la trompe sont plus clairs que l'extrémité de celle-ci. Palpes maxil- laires bruns ; le troisième article est plus long queles deux précédents et porte un quatrième petit article, à peine visible sous les écailles qui le recouvrent. Thorax présentant une large bande grise mé- diane ; antérieurement, sur cette bande grise se trouvent deux lignes noires médianes, très étroites. De chaque côté de la bande grise médiane se trouvent des lignes courbes, brun foncé qui se rejoignent sur les côtés du thorax, limitant des zones brun jau- nâtre parsemées d'écailles dorées ; ces écailles sont plus abon- ÿ}: Il )} [Il )) Fig. 8. — Culex Zetineri, Fig. 9. — Culex Zeltneri, ornementation du thorax. griftes de la ©. dantes en avant qu'en arrière ; elles existent aussi latéralement. A la partie postérieure du thorax, se trouvent deux bandes noires, courtes et larges et entre elles une toufle d'écailles jaune d'or qui existent également sur le métathorax (fig. 8). Ailes présentant la nervation de C. pipiens, mais avec des écailles plus abondantes (fig.7). Pattes brun fauve, plus claires à la face interne des fémurs et à la base de certains articles du tarse. Abdomen brun avec des écailles jaunes à la base des segments, blanchâtre, surtout chez les femelles gorgées de sang, à sa partie ventrale. Formule unguéale : 0.0 — 0. 0 Die 0). Longueur totale : 6 à 8 mm, y compris la trompe. 29 - M. de 7 NAN SRI NEVEU-LEMAIRE Habitat. — Cette espèce à été recueillie par Brumpt à Harrar et à Comboltcha près Harrar. 10 Set 5 © proviennent de larves éle- vées à Harrar au mois de mai 1901; 15 © ont été récoltées à la même époque, dans la même localité ; une ® seulement a été capturée le 20 avril à Comboltcha. 3. — CULEX SOMALIENSIS nOVa species. Description. — Coloration générale brune. ot. Antennes fauves; les deux derniers articles sont longs et Fig. 10. — Culex somaliensis, trompe et palpes maxillaires du & et de la ©. légèrement renflés. Trompe élar- gie à son extremité, brune à la base et à la partie terminale avec un anneau fauve clair en son milieu. Palpes maxillaires plus longs que la trompe et de cou- leur fauve; le second article plus long que tous les autres présente deux anneaux pâles, le 3° et le 4e sont jaune clair à leur base ; le 3° article présente en outre de longs poils à son extrémité; le 4e est jaune clair et effilé à sa partie terminale (fig: 10). Thorax brun, parsemé d'écailles jaune d'or; à la partie antérieure, se trouvent trois bandes noires parallèles, moins marquées en arrière ; touffes d écailles blan- ches en arrière du mésothorax et sur le métathorax tout entier. Côtés brun foncé. Ailes plus peti- tes que chez la femelle ; la four- chette antérieure naît à peu près au même niveau que la fourchette postérieure ; transverse postérieure plus rapprochée de la base de l'aile que la transverse moyenne; elle en est distante d'environ trois fois sa longueur (fig. 11). Pattes fauves faiblement annelees. Abdomen brun, avec des bandes jaunes à la base des segments. Formule unguéale : 4. 0 — 7,9 — 0.0. ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 255 Longueur totale kmm, 5 à 5mm y compris la trompe. ©. Antennes fauves à peu près de la longueur de la trompe. Trompe brune, annelée de blanc et légèrement rétrécie dans le mi- lieu. Palpes maxillaires de même coloration (fig. 10). Thorax comme Fig, A. — Culex somaliensis, nervation de l'aile gauche chez le & et chez la ©. chez le mâle. Ailes transparentes, la fourchette antérieure n'est pas beaucoup plus longue que la postérieure et elle naït à peu près au même niveau ; la transverse postérieure est plus près de la base de l’aile que la transverse moyenne et éloignée d'environ quatre fois sa longueur de cette dernière. La branche postérieure de la cinquième nervure longitudinale est plus foncée que les autres (fig. 11). Pattes fauves avec des anneaux plus pâles à la base des tarsiens. Abdomen brun, avec des écailles fauve clair à la base des segments. Formule unquéale : 0. 0 — 0.0 — 0. 0. Longueur totale : um à 5mw, 5 y compris la trompe. Habitat. — Brumpt a rencontré ce Moustique dans le pays So- mali. 6 S'ontété recueillis à Djibouti en février 1901 ; 11 &' et 2 © proviennent d'élevage de larves recueillies dans la même localité ; 13 Set 5 © proviennent également de larves élevées en 256 M. NEVEU-LEMAIRE février à Ambouli, aux environs de Djibouti ; enfin 23 & et 10 ® proviennent de larves récoltées à Imi au mois d'août. Observations. — Ce Moustique semble très répandu dans le Soma- liland. 4. — CULEX PYGMÆUS nova species. Description. — Espèce de petite taille à coloration générale fauve. o*. Antennes plus courtes que la trompe de couleur jaune très pâle. Trompe jaune clair légèrement renflée à son extrémité. Palpes maxillaires un peu plus foncés que la trompe; le dernier article est effilé à son extrémité (fig. 12). Thorax fauve, avec des écailles jaune d’or. Ailes plus courtes que l’ab- domen ; la fourchette antérieure est plus longue que la postérieure et son point de bifurcation est plus rapproché de la base de l'aile. Pattes fauves ; fémur jaune pâle. L'extrémité manque sur la plupart des Æ exemplaires, de sorte qu'on ne peut voir Ÿ les grifies. Abdomen brun, annelé de È jaune à la base des segments. ne x ‘4 ; Longueur totale : kom à 4mm 5, y coM- pris la trompe. N ©. Tête fauve semée d'écailles blan- # châtres. Antennes jaunes, de la même longueur que la trompe qui est d’un jaune un peu plus foncé que chez le mâle. Palpes ma.rillaires fauves, courts, ne présentant pas beaucoup d'’écailles (fig. 12). Thorax comme chez le mâle, mais on observe Fig. 12. — Culex pygmæus, sur les côtes une toufte d'écailles d'un trompe et palpes maxil- j laires du etdelao. beau blanc d'argent. Ailes dépassant légèrement l'abdomen; leur nervation est la même que chez C. pipiens. Pattes comme chez le mâle ; les extré- 1 mités manquent également, de sorte qu'on ne peut donner la for- mule unguéale. Abdomen brun, jaune clair à la base des anneaux ; touffes d'écailles jaune pâle sur la face ventrale. | ne TE ER ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 257 Longueur totale : 5mm à 5mm, 5, y compris la trompe. Ilabitat. — Brumpt a recueilli 6 Set 22 Q de cette espèce à Imi, au mois d'août 1901. 9. — CULEX DIpIERI nova species. Description. — ®. La femelle seule a été observée ; sa coloration générale est brun foncé. Antennes brunes, un peu plus longues que la trompe ; celle-ci est très foncée, presque noire ; les palpes labiaux Ÿ que la terminent sont plus pâles. ; \ Palpes maxillaires courts, très foncés et couverts de nombreuses écailles brunes (fig. 13). Thorax brun foncé, parsemé d'écailles jaune d'or et présentant deux lignes parallèles et médianes noires ; ces lignes sont d'ailleurs plus ou moins marquées suivant les individus. Ailes comme chez C. pipiens, toutefois la branche postérieure de la cinquième ner- vure longitudinale est plus foncée que les autres. Paites brunes, non : annelées, plus foncées à leur extré- \ AË mité; la partie interne des fémurs est plus pâle; enfin il existe des par- ties claires au niveau de certaines articulations. Abdomen brun avec des bandes basales jaunes ; le _ Fig.13. — Culex Didieri, trompe : ct palpes de la ©, dernier segment est entièrement Pare jaune, ainsi que la face ventrale. Formule unguéale : 0.0 —0.0 —0.0. Longueur totale : 7nm à 8mm, y compris la trompe. Habitat. --- Cette espèce a été trouvée à Léopoldville, le 10 février 1903 ; 10 © ont été capturées. ARTS DS MERE 6 os M ARRET CULEX INDÉTERMINES. Parmi les lots de Moustiques recueillis à Djibouti, se trouvent quelques spécimens conservés dans l'alcool et hors d'état d’être déter- minés ; on peut dire néammoins qu'il s'agit du genre Culex ; 3 @ Archives de Parasitologie, X, n° 2, 1906. : 17 NE PA EU L'OVeS er BUS VON LEUS UNS 07/0 à Ÿ De 258 | M. NEVEU-LEMAIRE ont été recueillies, le 7 janvier 1901, sur le plateau du Serpent 4 © ont été prises en février de la même année. Des centaines de nymphes et de larves de toutes dimensions ont été récoltées, le 2 juin 1901, pendant un campement établi sur le Cabenaona, affluent du Herrer ; il est impossible d'en donner la détermination. PRES La collection de Brumpt renferme encore un lot comprenant de nombreuses larves et nymphes de Culex, provenant de la rivière Kolkolé, sur la rive gauche du Ouebi, près d'Imi, le 21 septembre 1901. Dans ce lot se trouve une seule femelle adulte, à peine sortie de son enveloppe nymphale, ainsi qu'une nymphe sur le point . d'éclore. L'adulte est brun foncé, mais la trompe est cassée, les ailes et les pattes sont pliées, de sorte qu'il est impossible d'en faire la détermination. ; RES br Enfin, un Culex ® a été récolté en février 1903 à Matadi ; il est très petit et mesure seulement 2mm, sans la trompe ; son mauvais état de conservation ne m'a pas permis de le déterminer. 2, — Genre Srecomyia Theobald, 1901. Les Stegomyia sont des Moustiques de couleur très foncée, pré- sentant deslignes ou des taches d’un beau blanc d’argent. La tête, le scutellum et l'abdomen sont revêtus d’écailles en bêche; les pal- pes maxillaires ont 3 articles dans les deux sexes; les ailes sont semblables à celles des Culex, tant au point de vue de la nervation qu'au point de vue de la forme des écailles. Les larves sont pour- vues d’un siphon respiratoire court, large et de couleur noirâtre, Deux espèces ont été recueillies par le D' Brumpt: l'une, la plus commune de ‘toutes, est Siegomyia calopus; l'autre est nouvelle et je l'ai désignée sous le nom de Stegomyia Brumpti. 1. STEGOMYIA cALOPUS (Meigen, 1818). Synonymie (d'après R. Blanchard). — Culex fasciatus KFabricius, 1905; Wiedemann, 1828. — C. calopus Meigen, 1818. — C. frater, C. mosquito Robineau-Desvoidy, 1827. — C. tæniatus Wiedemann, 1828. —C. kounoupi Brullé, 1832. — C. annulitarsis Macquart, 1846. — C. viridifrons, C. formosus, C. excitans, C. inexorabilis Walker, 1848. — C. eragitans Walker, 1856. — C. impatibilis Walker, 1860. Ps $ mi ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS Lo 9 — (C. zonatipes Walker, 1861: — C. Bancrofti Skuse, 1888. — C. elegans Ficalbi, 1889. — C. mosquito Arribalzaga, 1891. — C. Rossi Giles, 1899. — Stegomyia fasciatus Theobald, 1901. — $S. fasciata Theobald 1901 ; Giles, Neveu-Lemaire, Dyé, 1902. Bibliographie. — R. Blanchard, Les Moustiques, p. 249. Description. — Dans les deux sexes : « Thorax brun foncé ou brun rouge avec deux lignes médianes parallèles pâles et une ligne courbe argentée de chaque côté; il existe une autre ligne étroite entre les deux médianes Abdomen noir avec des bandes basales blan- ches et des taches latérales. Pattes noires avec des anneaux blancs à la base des articles; dernier article du tarse des pattes posté- rieures d’un blanc pur. » — THEoBALD (1). ot. Antennes plumeuses, plus courtes que la trompe. Palpes mazxillaires un peu plus longs que la trompe, mesurant 2mm, for- més de trois articles, le premier plus long que les deux autres réu- nis, le second un peu plus grand que le troisième; ce dernier présente quelques poils à son extrémité. Ils sont bruns et couverts en partie d'écailles, celles-ci manquant sur les parties blanches disposées de la façon suivante: il existe un anneau blanc au milieu du premier article et un autre plus petit à la base du second arti- cle ; la base du troisième article est à peine plus claire que le reste. On remarque aussi une toufte d’écailles blanches à la base des pal- pes. Trompe mesurant 1mn, 90, brune, plus foncée à son extrémité qui est presque noire, couverte de nombreuses écailles et de petits poils. Ailes petites, transparentes, ne dépassant pas l'abdomen; leur nervation est la même que chez la ©. Balanciers fauves, plus fon- cés à leur partie renflée. Pattes annelées de blanc comme chez la ®. La première paire présente des ongles inégaux dont le plus grand possède une griffe, le plus petit étant simple; la seconde paire a des ongles simples el inégaux, la troisième paire des ongles égaux et simples. Formule unguéale : 4. 0 — O. 0 — 0.0. Longueur totale du S: 6 mm, y compris la trompe. ®. Antennes un peu plus courtes que la trompe, mesurant Amm, 71; de couleur brune. Palpes maæillaires plus courts que le. (1) THEoBALD (E. V.), À Monograph of the Culicidæ of the World. London, 4901; cf. vol. I, p. 289. 260 M. NEVEU-LEMAIRE tiers de la trompe, mesurant Omm, 47, bruns et formés de trois arti- cles sensiblement égaux, le troisième article est couvert d'écailles blanches. Trompe mesurant 1mm,92, brune, un peu plus claire vers sa partie médiane et plus foncée à son extrémité qui est presque noire, entièrement couverte d'écailles et de petits poils. Ailes dépassant un peul’abdomen, transparentes, mais présentant une accumulation d'écailles vers le milieu de la nervure costale, de l’auxiliaire et de la première longitudinale. La première cellule submarginale est plus longue et plus étroite que la deuxième posté- rieure, mais ces deux cellules sont petites; la nervure transverse postérieure est située beaucoup plus près de la base de l’aile que la transverse moyenne, elle en est éloignée d'une distance d'environ une fois et demie sa longueur. La troisième nervure longitudinale se continue dans la première cellule basale, partant du point d'union entre la transverse surnuméraire et la transverse moyenne. Les écailles diffèrent peu de celles des Culex. Balanciers fauves et bruns à leur partie renflée. Pattes brunes et en partie annelées de blane, couvertes d'écailles ; hanches fauves; fémurs blanchâtres à leur base, bruns à leur par- tie terminale, ceux de la troisième paire sont renflés à leur extré- mité; tibias bruns; tarses de la première paire bruns, ceux de la deuxième sont bruns, sauf à la base des deux premiers articles qui ont un anneau blanc peu marqué; ceux de la troisième paire sont brun plus foncé avec une bande blanche à la base des deu- xième, troisième et quatrièmearticles; cette bande est plus grande au troisième article qu'au second, au quatrième qu'au troisième puisqu'elle occupe déjà les trois quarts du quatrième article, enfin le cinquième article est entièrement blanc, sauf au niveau de l'implantation des ongles. Ongles des deux premières paires égaux et possédant chacun une griffe, ceux de la dernière égaux et sim- ples. Formule unguéale : 4. 4 — 14. 1 — 0. 0. Abdomen brun sur la face dorsale, avec quelques écailles blan- ches basales et des bandes jaunes à l'extrémité apicale des quatre avant-derniers segments ; face ventrale également brune avec d'étroites bandes apicales jaunes. Latéralement se trouvent des taches d'un blanc pur, produites par accumulation d'écailles. Longueur totale de la @ : 7mm, y compris la trompe. Larte à siphon respiratoire court, large et de couleur noire; De. CS ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 261 tête plus ou moins quadrangulaire et parfois aussi grande et aussi large que le thorax. (NEVEU-LEMAIRE) (1). Habitat. — Stegomyia calopus est un des Moustiques les plus répandus à la surface du globe. On le trouve dans le sud de l'Europe (Portugal, Espagne, Gibraltar, Italie méridionale et îles voisines), en Afrique (Maroc, Algérie, Egypte, côtes occidentale et orientale), à Madagascar, à la Réunion et à Maurice. On le rencontre en Asie (Palestine, Inde, Indo-Chine, Annam, Japon), en Océanie (partie orientale de l'Australie, Célèbes, Nouvelle-Guinée, Tahiti, Nou- velle-Calédonie), enfin en Amérique, au sud des Etats-Unis (Géor- gie, Louisiane, Floride), dans l'Amérique centrale, aux Antil- les (Cuba, la Jamaïque, Porto-Rico, etc. ) et dans l'Amérique méri- dionaie (Guyanes, Brésil, République Argentine). Les exemplaires recueillis par Brumpt proviennent des locali- tés suivantes : 3 © ont été capturées à Djibouti en février. 4 Set 1 ® à Ambouli, près de Djibouti, et 1 © à Harar, au mois d'avril (en même temps que St. Brumpti). Bien qu'il n'ait recueilli que peu d'échantillons de cette espèce, Brumpt a constaté qu'elle était excessivement commune à Djibouti. Observations. — Cette espèce présente d'assez grandes variations dans la couleur et l'ornementation, et Theobald (2) distingue trois variétés : 1° Stegomyia fasciata var. mosquito (Robineau-Desvoidy, 1827). 20 Stegomyia fasciata var. luciensis Theobald, 1901. 30 Stegomyia fasciata var. queenslandensis Theobald, 1901. Je rappellerai que Stegomyia calopus peut transmettre Filaria Bancrofti et que c'est aussi le Moustique qui joue le rôle le plus important dans la propagation de la fièvre jaune. 2. STEGOMYIA BruMPTI Neveu-Lemaire, 1905 (3). Description. — Dans les deux sexes, couleur générale brun foncé, (4) Neveu-LEMaAIRE (M.), Description de quelques Moustiques de la Guyane. Archives de Parasitologie, VI, 1902, p. 16-20. (2) TaeoBaLp (F.V.), loco cilato, 1, p. 297. (3) Neveu-LemaiRE (M.), Mission du Bourg de Bozas. Description d'une nou- velle espèce de Stegomyia recueillie par le D' Brumpt à Harar. Bullelin de la Société zoologique de France, XXX, 10 janvier 1905, p. 8-11. 262 M. NEVEU-LEMAIRE presque noire. Tête brun foncé, avec quelques écailles blanc d'’ar- gent sur la ligne médiane et autour des yeux. Thorax brun foncé, avec trois taches circulaires d'un blanc pur, situées dorsalement de chaque côté de la ligne médiane (fig. 14). Abdomen brun foncé, avec des écailles argentées sur le bord des anneaux et des taches latérales blan- ches. Pattes noires, annelées de blanc à la base des articles du tarse ; le dernier article du tarse des pattes pos- térieures entièrement blanc (fig. 15). ot. Antennes plus courtes que la Æ trompe, très plumeuses, à l'exception des deux derniers articles qui sont presque glabres et allongés. Palpes maxillaires un peu plus longs que la trompe et formés de trois articles ; le premier, plus long que les deux autres réunis, présente un anneau blanc en son milieu ; le second et le troisième sont annelées de blanc à leur base. Les parties foncées sont presque noires et recouvertes, ainsi que la trompe, de nombreuses écailles brunes. Ailes petites, dépassant à peine l'abdomen ; les écailles sont plus foncées sur la nervure costale que sur les autres. La première cel- lule sub-marginale, ou fourchette antérieure, est plus longue et plus étroite que la deuxième cellule postérieure ou fourchette posté- rieure ; la nervure transverse postérieure est plus près de la base de l'aile que la transverse moyenne. Pattes noires et annelées de blanc. Les fémurs présentent une étroite bande blanche, oblique, située vers leur tiers inférieur ; les tibias présentent une bande blanche, plus large à la troisième paire qu'aux deux premières, vers leur tiers supérieur. Aux deux premières paires de pattes, les articles du tarse ont un anneau blanc à leur base, et ces anneaux deviennent de plus en plus étroits à mesure qu’on se rapproche de l'extrémité, le dernier arti- cle est même entièrement noir. À la dernière paire de pattes, la disposition est inverse ; la bande blanche s'élargit à mesure qu'on se rapproche de l'extrémité et le dernier article du tarse est complètement blanc (fig. 17). 7 fo AAA 1 ! Fig. 14 — Stegomyia Brumpti, ornementation du thorax. \ F "4 Rs re, 4 & ; fn, £ f * nur NS # & | “# | Er 4 n # ÿ ( : ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 263 énéralement les ongles sont inégaux et munis d’une grifte aux \ fe. \| Fig. 415. — Siegomyia Brumpti, S\ et ©. : \ T mières paires de pattes: ils sont égaux et l’un est simple 264 M. NEVEU-LEMAIRE tandis que l'autre porte une griffe à la troisième paire, disposition indiquée par la formule suivante : 4. 1 — 4. 1 — 1.0. Mais cette formule n’est pas constante. A la seconde paire de pat- | : mi ES CE CR D Se. Fig. 16. — Stegomyia Brumpti, ongles du © ; 1, à la 1'* paire de pattes ; Il, à la 2° ; II, à la 3°. tes, certains individus présentent deux griffes à l'ongle le plus développé et l’on a : 4. 1 — 2. 1 — 1. 0. Enfin chez d’autres individus, ce sont les ongles de la troisième paire de pattes qui varient et l'on observe parfois deux ongles égaux munis chacun d’une grifie : 4. 1 — 4.1 — 1.1, ou deux ongles égaux et simples : 4.1 — 4. 1 — 0. 0. La figure 16 représente ces différentes dispositions. Longueur totale du S': 5mm,5, y compris la trompe. ®. Antennes plus courtes que la trompe. Palpes maxillaires plus courts que le tiers de la trompe comprenant trois articles sensible- ment égaux. Trompe très foncée et recouverte d’écailles brunes. Ailes plus grandes que celles du &, dépassant l'abdomen; les nervures sont disposées comme chez le oc, mais on trouve des écailles plus foncées à la base et sur plus de la moitié de la longueur de la nervure costale, ainsi qu'à la base de l’auxiliaire et de la pre- mière longitudinale. Pattes noires avec des anneaux blancs disposés comme chez le &. Les ongles sont égaux et portent chacun une dent aux deux pre-, ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 265 mières paires de pattes; ils sont égaux et simples à la dernière (fig. 17). La formule unguéale est donc : 4, 4— 1. 1 — 0.0 Longueur totale de la $ : 7m, y compris la trompe. Diagnose différentielle. — Deux autres espèces de Stegomyia pré- Il Il Il Fig. 17. — Stegomyia Brumpti ; 1, patte et ongles de la 1'° paire ; IT, patte et ongles de la 2° paire ; III, patte et ongles de la 3: paire. sentent des points blancs sur le thorax, ce sont : S. Nigeria Theo- bald, 1961 et S. sugens (Wiedemann, 1828). Mais le premier présente SR dE A NE RE NO DOS PDT CP Ce ST ON NP AU PE te DO TROIE & un De) æ k nc CHEN: > De É 266 M. NEVEU-LEMAIRE seulement deux taches blanches, le second quatre, tandis que S. Brumpti en présente six parfaitement nettes. Il est donc impossible de le confondre avec les deux espèces précitées. Habitat — Les exemplaires rapportés par le Dr Brumpt sont au nombre de 8, dont 6 Set 2 ©, plus quelques débris. Ils provien- nent d'Harar et ont été récoltés au mois d'avril. Observations. — Stegomyia Brumpti sé trouve à Harar en compa- gnie de Stegomyia calopus. Ces deux: espèces ont été capturées à l'état larvaire, et les adultes, que j'ai examinés, proviennent de l'élevage de ces larves. Malheureusement toutes celles-ci s'étant métamorphosées, je ne puis en donner la description. 3. — Genre Mansonia R. Blanchard, 1901. Synonymie. — Panoplites Theobald, 1901 ‘non Gould, 1853). Le genre Mansonia se différencie très nettement de tous les au-. tres Culicinæ. Il comprend des Moustiques généralement de grande taille; la trompe est courte et trapue; les palpes maxillaires sont plus longs que la trompe et à 3 articles chez le 5; ils sont plus courts que la trompe mais dépassent le tiers de sa longueur et sont composés de 4 articles chez la © ; les ailes sont ornées de larges écailles en étendard tout à fait caractéristiques. La femelle possède deux réservoirs séminaux, au lieu de trois comme chez les Culex, ou d'un seul comme chez les Anophelinæ. Les œuîs ont la forme d'une petite bouteille. Une seule espèce de ce genre a été recueillie par le Dr Brumpt. MANSONIA UNIFORMIS (Theobald, 1901). Synonymie. — Panoplites uniformis Theobald, 1901. — P. africanus Theobald, 1901. — P. australiensis Giles, 1902. Bibliographie. — R. Blanchard, Les Moustiques. p. 379. Description. — J'ai eu la bonne fortune de trouver au milieu de nombreuses femelles deux exemplaires mâles; ce sexe n'ayant pas encore été observé dans cette espèce, j'en donnerai de suite la description. . Tête brune, avec quelques écailles blanches et noires. Antennes plus courtes que la trompe, plumeuses, de couleur brune avec des annelures plus claires entre les articulations; les deux LED FES AL dat V ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 267 derniers articles sont presque glabres; l’avant-dernier est très long, le dernier environ moitié moins; au niveau de leur articula- 4 tion se trouvent quelques poils. Trompe brune, avec quelques écailles foncées dans sa moitié proximale; la moitié distale pré- 4 À É Dee - É sente une zone pâle qui part du milieu dela trompe, puis une £ Fig. 48. — Mansonia uniformis, tète du ©. partie sub-terminale presque noire ; les palpes labiaux sont de couleur jaunâtre. Palpes maxillaires jaunâtres, parsemés d'écaiiles brun foncé et formés de trois articles : le premier est presque aussi long que la trompe; il est couvert d’écailles brun foncé à sa base, en son milieu et à son extrémité et ces trois parties sombres sont |. séparées par deux bandes pâles presque glabres; le second article n'atteint guère que le tiers de la longueur du premier; il est de 268 M. NEVEU-LEMAIRE couleur brun foncé, sauf à sa base, et couvert de nombreux poils; le dernier article est très petit, pâle et caché en partie par les poils qui partent de l'extrémité de l'article précédent (fig. 18). Thorax brun avec des écailles jaune d'or et quelques écailles blanches; taches sombres en avant du scutellum et sur les côtés; scutellum brun, parsemé d'écailles blanchâtres ; pas d'ornementa- tion bien nette. Ailes non tachetées, revêtues de larges écailles brunâtres en forme d’étendard; première cellule submarginale Fig. 19. — Mansonia uniformis, aile droite du G. un peu plus longue et plus étroite que la deuxième cellule posté- rieure; nervure transverse postérieure sensiblement plus rappro- chée de la base de l'aile que la transverse moyenne; les écailles situées sur la nervure costale sont un peu plus foncées que les oo. Fig. 20. — Mansonia uniformis, ongles des deux premières paires de pattes du œ. autres; les écailles de la frange sont allongées et lancéolées (fig. 19). Pattes ocracées, marquées de blanc, ce qui leur donne un aspect marbré. Les ongles des deux premières paires de pattes sont inégaux; le plus grand est muni d’une griffe (fig. 20); ceux de la dernière paire manquaient. Formule unguéale : 4.0 — 4.0 — 7.7. Longueur totate de S : 6mm,5, y compris la trompe. ?. Tête avec la même écaillure que chez le S'. Antennes un peu plus courtes que la trompe, brunâtres avec une zone pâle au som- ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 269 met de chaque article, excepté au dernier. Trompe sensiblement plus longue que celle du 5", brune à sa base et presque noire à son extrémité, à l'exception des palpeslabiaux qui sont jaunâtres ; toute la partie médiane est jaune pâle, dépourvue d'écailles et ne pré- sentant que des poils. Palpes maxillaires ayant un peu plus du tiers de Fig. 21. — Munsonia uniformis, tête de la ©. la trompe, à 4 articles, jaunâtres, parsemés d’écailles et de poils; Les deux premiers articles sont petits, le premier est pâle et presque glabre ; le troisième est plus long que les deux autres réunis et présente une zone pâle à sa base; le dernier article est très petit et caché en partie par les poils du troisième (fig. 21). Thorax comme chez le &. Ailes plus grandes que celles du c' et plus abon- damment sqameuses ; nervation semblable. Pattes marbrées comme celles du & ; aux trois paires de pattes ongles égaux et simples. 270 M. NEVEU-LEMAIRE à Formule unguéale : 0.0 —0.0 — 0.0. Longueur totale de la @ : 6 à 7mm, 5, y compris la trompe. La nymphe de cette espèce a été observée par le D: Low; elle a une forme assez particulière et diffère sensiblement des nymphes des autres Culicides, surtout par la forme de ses siphons respira- toires et par celle de ses palettes natatoires (fig. 22). Habitat. — Mansonia uniformis a été rencontré dans l'Afrique centrale anglaise, dans l'Ouganda, à Zomba; il est très commun aux alentours des lacs Albert et Vic- toria Nyanza; on l'a aussi observé au Soudan, dans le Bahr el Ghazal, sur la côte de Guinée, à Lagos, en Gambie, à Kayes, en Algérie, sur les rives du Nil bleu et du Nil blanc, au Natal et à Madagascar. En dehors de l'Afrique, on l'a trouvé dans le sud de l'Inde, à Ceylan, à Dacca, à Perak, dans la presqu'ile de Malacca et en Australie. Brumpt en a recueilli 46 exemplai- res, dont 2 o'et 44 © provenant des localités suivantes, situées pour la _ plupart au nord du lac Albert : 19 ® ont été capturées à Nimulé, en septem- Fig. 22. — Mansonia uniformis, Dre ; 2 et 8 ? à Doufilé, en octobre; nympbhe, d'après Theobald. 12 © à Faraty, en novembre; 3 © à Léopol:lville, en février. 20, recueil- lies à Djibouti en février, appartiennent sans doute à celte espèce; malgré l'absence d'écailles aux ailes, la grande taille de ces Moustiques, la longueur des palpes et la marbrure des pattes, permettent de supposer qu'ils’'agit de Mansonia uniformis. Observations. — L'espèce qui nous occupe à une répartition géo- graphique très étendue, puisqu'on l'a rencontrée en Asie, en Aus- tralie et dans presque toute l'Afrique. C'est, avec Mansonia major Theobald, 1903, observé dans l'Afrique centrale et au Babr el Gazal, la seule espèce africaine appartenant à ce genre. Mansonia uniformis habite les endroits marécageux, les forêts et sa pipüre est très pénible. Ce Moustique est très importun au Natal pendant la saison des pluies ; dans la région du Zambèze et Æ LL Ra RTE « à OS AE FOR ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS DTA lac Nyassa, Daniels a constaté qu'il pouvait héberger Filaria nerofti. Theobald (1) admet une variété australiensis, qui se distinguerait ‘espèce type par l'ornementation du thorax et par les marbrures 4. — Genre TæntoRHYNCHUS Arribälzaga, 1891. _ Legenre Tæniorhynchus se distingue surtout par la tête et les ailes. t très petits. Les aïles ont une nervation analogue à celle des x, mais la forme des écailles diffère; celles-ci sont larges, isses, ovales, terminées par un bord oblique, par une ligne convexe ou par une pointe plus ou moins émoussée, mais ces cailles ne sont jamais aussi asymétriques que celles des Mansonia. Dans la collection du Dr Brumpt se trouve une seule espèce qui st nouvelle. a | le n'ayant pas encore été observé. Q. Tète recouverte d'écailles jaune d'or avec une touffe d’écailles très endommagées chez tous les spécimens examinés. Trompeun peu plus longue que la tête et le thorax réunis, de couleur brun 272 M. NEVEU-LEMAIRE foncé, à extrémité presque noire. Palpes maxillaires bruns, écailleux, a cinq articles, les deux derniers très petits et cachés sous les écailles. Thorax brun avec écailles jaune d'or et jaune pâle, surtout sur les côtés, au milieu bande glabre ; scutellum et métathorax entière- ment recouverts d'écailles jaune pâle. Ailes de la longueur de l’abdo- men, non tachetées, très larges relativement à leur longueur; bifur- cation de la fourchette antérieure un peu plus EN rapprochée du sommet de l'aile que la bifurcation CR de la fourchette postérieure, bien que cette der- ; nière soit moins longue et plus large que l’anté- : rieure; nervure transverse postérieure plus près GR de la base de l'aile que la transverse moyenne; GREN nervure costale plus foncée que les autres (fig.23); u écailles brunes, larges et épaisses, caractéristi: ques du genre, parfaitement visibles à la loupe. CR, Pattes marbrées, brunes, parsemées d'écail- Se © les jaune pâle, plus foncées à leur extrémité; écailles jaunes surtout abondantes à la base des Fig. 24. — tarsiens de la troisième paire, ce qui leur donne TæniorhynchRUS in aspect annelé; le dernier article de la troi- africannus, ongles de la @. Sième paire presque entièrement jaune. Ongles égaux et présentant une griffe aux deux premiè- res paires de pattes, égaux et simples à la troisième (fig. 24). Formule unguéale : 1.1 — 1.1 — 0.0. Abdomen : Face dorsale brune et parsemée d'écailles jaune pâle, surtout abondantes à la base des segments et empiétant sur le milieu, recouvrant presque entièrement les deux derniers anneaux. Face ventrale jaune pâle, avec un peu de brun.à peine marqué au sommet des anneaux, poils nombreux. Longueur totale : 8mm, y compris la trompe. Diagnose différentielle. — Ce T'æniorhynchus diffère de presque tous les autres par sa formule unguéale qui, chez la plupart des espèces, est 0.0 — 0.0 — 0.0. Il se distingue encore de T. ager, T. tenax et T. perturbans, qui ont la trompe annelée, et de T. acer, espèce bril- lante à reflets métalliques et pourprés. Habitat. — Brumpt a recueilli 3 ©, qui proviennent l'une de Port-Saïd, l’autre de Suez et la troisième de l'hôpital indigène A RS RME Or Un Ten RER UN AT PUR, shui) Ru ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS DAT du Caire. Ces trois exemplaires oui été capturés au mois de jan- vier. | Observations. — La plupart des Tæniorhynchus vivent en Améri- que, quelques espèces seulement sont africaines, c'est parmi ces dernières que vient se placer T. africanus. III. — Sous-famille des AËDEINX. Cette sous-famille comprend les Moustiques, dont les palpes maxil- laires sont beaucoup plus courts que la trompe, aussi bien chez le mâle que chez la femelle. Les Aëdeinæ ne sont représentés dans la colletion du Dr Brumpt que par un seul exemplaire mâle, appartenant au genre Aëdeo- myia. Genre AëËpEoMytA Theobald, 1901. Le genre Aëdeomyia se distingue facilement de tous les autres Aëdeinæ par la forme et la dimension des écailles de l'aile. Ces écail- les sont grandes, très nettement visibles à la loupe, et ont une forme en étendard, comme les écailles de l’aile des Wansonia. L'unique exemplaire rapporté par Brumpt est le type d'une espèce nouvelle, à laquelle je donne le nom d’Aëdeomyia africana, pour rappeler son habitat. AËDEOMYIA AFRICANA NOVa species. 147 Description. — Il s’agit seulement du 5, la © n'ayant pas été capturée. Coloration générale brun foncé. Tête brune sur les côtés, à écaillure jaune pâle sur la nuque. Antennes brunes, plumeuses, sensiblement plus courtes que la trompe, formées de 15 articles, dont les 2 derniers sont renflés ; touffe d’écailles à la base de cha- que antenne. Trompe plus longue que la tête et le thorax réunis, écailleuse, de couleur brun foncé, avec un étroit anneau blanc vers le milieu; les palpes labiaux qui la terminent sont jaune clair. Palpes maxillaires très courts, beaucoup plus courts que la trompe, brun foncé et recouverts d'écailles qui empêchent de compter le nombre des articles dont ils sont formés (fig. 25). Thorax brun foncé sur le dos et sur les côtés, avec de nombreu- ses écailles jaune clair sur le mésothorax. Ailes densément squa- Archives de Parasitologie, X n° 2, 1906. 18 DTA - M. NEVEU-LEMAIRE meuses, écailles en étendard, comme celles des Mansonia, bien qu'un peu plus petites (fig. 26); ces écailles sont réparties sur toutes les nervures sauf en quelques points; elles sont plus foncées sur la costale, le long de laquelle il existe quatre interruptions ; le som- met des fourchettes est également glabre ; le bord marginal pré- sente deux sortes d'écailles : une rangée d'écailles en étendard, Fig. 25. — Aedeomyia africana, tète du g. disposées régulièrement mais manquant là où se terminent les nervures longitudinales, et une rangée de longues écailles fili- formes plus claires aux points d’intersection des nervures longi- tudinales. La nervation de l'aile est semblable à celle des Aëdes (fig. 27). Pattes brun foncé, parsemées d’écailles blanches, ce qui leur donne un aspect tigré; touffe d'écailles foncées au sommet des fémurs ; tarses annelés de blanc. aux trois paires de pattes, sur- tout à la troisième, dont le dernier article est entièrement blanc. Formule unguéale : 4.9 — 4.0 — 0.0. Abdomen brun foncé, à peine annelé, quelques écailles jaunes à la base des premiers anneaux. Lonqueur totale : kmm, 5, y compris la trompe. connues. Chez A. squamipennis (Arribäl- Zaga), la trompe présente deux étroits an- neaux blancs et les palpes sont blancs au sommet; chez Aë. venustipes (Skuse), les pattes sont cerclées de blanc et non tigrées: enfin chez Àë. americana Neveu-Lemaire, les pattes sont brun foncé et ne présentent aucune tache blanche. Habitat. — Brumpt a recueilli cette espèce au centre de l'Afrique, à Doufilé, durant le mois d'octobre. Observations. — Aëdeomyia africana n'est pas la seule espèce de ce genre qui vive en Afrique ; on a également rencontré au Soudan Aë. squamipennis, mais cette dernière espèce est encore répandue en Amérique du Sud, dans l'Inde, la presqu'île de Malacca et à Ceylan. Les autres Aëdeomyia n'ont jamais été observés en Afrique : Aë, venustipes est une espèce australienne et Aë. americana provient de la Guyane. ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 27 # © Diagnose différentielle. — Aëdeomyia africana se différencie très nettement des trois autres espèces d’Aëdeomyia actuellement . Fig. 26. — Aëdeo- myia africana, écail- les de l’aile. RÉPARTITION DES CULICIDES SUR LE CONTINENT AFRICAIN ET DANS LES ILES VOISINES Après avoir étudié la remarquable collection du D' Brumpt, il Fig. 27. — Aedeomyia africana, aïle droite du &. m a semblé intéressant de réunir les différents matériaux relatifs A PARA LAN PANNES ES 7e h ÉPEREONRR ES RCE LUE TT : + + 276 M. NEVEU-LEMAIRE à la distribution géographique des Culicides africains et d'en don- ner une liste aussi complète que possible. Après le nom spécifique nous indiquons le nom de l’auteur qui a décrit l'espèce et la date de cette description, puis toutes les fois que nous le pouvons, nous donnons le nom des personnes qui ont capturé les Moustiques. Les noms spécifiques précédés d’un astérisque (*) sont ceux des espèces qui n'ont encore été rencontrées qu'en Afrique ou dans les îles voisines; les noms qui ne sont pas précédés de ce signe sont ceux des espèces plus disséminées à la surface du globe et que l’on rencontre à la fois en Afrique et dans d’autres parties du monde. Lorsqu'une espèce est particulièrement abondante dans une loca- lité, son nom est écrit en caractères gras. AFRIQUE SEPTENTRIONALE Maroc Stegomyia calopus (Meigen, 1818). Algérie … Anopheles maculipennis (Meigen, 1818). . *Anopheles algeriensis Theobald, 1903. — Sergent. Myzomyia superpicta (Grassi, 1899). — Soulié. *Pyretophorus Chaudoyri Theobald, 1903. — Billet, Culex pipiens Linné 1758. — Lucas, Soulié, Ed. et Et. Sergent, Billet. Culex lateralis Meigen, 1818. — Sergent. Culex fatigans Wiedemann, 1828. *Culex maculiventris Macquart, 1846. *Culex Mariæ Ed. Sergent 1903. *Culex Sergenti Theobald, 1903. Theobaldia annulata (Schrank, 1776). Theobaldia spathipalpis (Rondani. 1872). — Ed. Sergent, Chaudoye. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Chaudoye. Tunisie Anopheles malculipennis (Meigen, 1818). Culex rufinus Bigot, 1888. Egypte *Anopheles antennatus Becker, 1903, *Anopheles maculicosta Becker, 1903. ÉTUDE DES GULICIDES AFRICAINS 277 nt cela pharoensis (Theobald, 1901). Culex pipiens Linné, 1758. — Becker. _ Culex fatigans Wiedemann, 1828. *Culex pusillus Macquart, 1850. *Culex melanorhinus Giles, 1900. — Bové, *Culex longefurcatus Becker, 1903. _ Stegomyia calopus (Meigen, 1818). Canal de Suez | Anopheles multicolor Camboulin, 1902. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). É Port-Said | Culex pipiens Linné, 1758. — Brumpt. *Tæniorhynchus africanus Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. : À Ismaïlia _Culex pipiens Linné, 1758. se Brumpt. Suez 4 D pipiens Linné, 1758. — Brumpt. +Tamiorhynéhs africanus Néveu- Lemaire, UE. = JL Le Caire | Culex pipiens Linné, 1758. — Brumpt. _*Tæniorhynchus africanus Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. te Nubie | 7 Fi ses Cu 1828). Basse Egypte (Wadi Natrun) | D mu impuncta (Dônitz, 1903). *Myzorhynchus mauritianus (Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900). — Dôünitz. 3 Khartoum | *Culex Cumminsi Theobald, 1903. De ou mediolineata Theobald, 1904. c Nil ame omis Nili Theobald, 1904. Mansonia uniformis LUE UNE 1901). ÈS AT Ne > La ÿ AE NT PNEU ! ne z2 y PRE I 0 Te, re Ra LE ot 7 Lo 3 he Ce A* fra ÿ SFA ve UE Ce nr ” ©" a r CAMES. CE # Je a À fe ue # Je 278 M. NEVEU-LEMAIRE Nil bleu Cellia pharoensis (Theobald, 1901). Culex pallidocephala Theobald, 1904. | =} Mansonia uniformis (Theobald, 1901). : #0 AFRIQUE ORIENTALE Ethiopie Pyretophorus costalis (Læw, 1866). — Brumpt. *Culex dentatus Theobald, 1904. Djibouti Pyretophorus costalis (Læœw, 1866). — Brumpt. *Culex somaliensis Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. Culex pipiens Linné, 1758. — Brumpt. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). — Brumpl. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Brumpt. *Tæniorhynchus perturbans (Walker, 1856). Ambouli (près de Djibouti) Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Brumpt. *Culex somaliensis Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. Culex pipiens Linné, 1758. — Brumpt. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). — Brumpt. Harar Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Brumpt. | 4 Pyretophorus costalis (Læw, 1866). — Brumpt. fs, *Culex Zeltneri Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. % Culex pipiens Linné, 1758. — Brumpt. 2 Stegomyia calopus (Meigen, 1818). — Brumpt. F3 *Stegomyia Brumpti Neveu-Lemaire, 1905. — Brumpt. ns. 3 Imi En Pyrethophorus costalis (Læw, 1866). — Brumpt. 4 *Culex somaliensis Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. . *Culex pygmæus Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. | x Ouganda | 4 *Myzomyia Rhodesiensis (Theobald, 1901). — Daniels. f *Myzorhynchus mauritianus (Daruty de Grandpré et d'Emmerez de ; Charmoy, 1900). — Mofat. | 4 ; ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 279 *Cellia squamosa (Theobald, 1901). — Low. *Christya implexa Theobald, 1904. Do Culex ligripes Daruty de Grandpré et Thu de ones 1900. …_— Low. | *Culex Cumminsi Theobald, 1903. — Low et Mofiat. _ *Culex quasigelidus Theobald, 1903. _ *Culex Guiarti R. Blanchard, 1905 — C. viridis Theobald, 1903; non | Robineau-Desvoidy, 1827. — Low. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). y xTæniorhynchus fuscopennatus Theobald, 1903. — Low. _ *Mucidus africanus Theobald, 1901. — Moffat. *Uranotænia cæruleocephala Theobald, 1901. — Low. Entebbe (lac Victoria Nyanza) . Pyretsphorus costalis (Loew, 1866). — Moffat, Low, Christy. _ Mansonia uniformis (Theobald, 1901). _ *Uranotænia cæruleocephala Theobald, 1901. — Low. … *Mymomyia splendens Theobald, 1903. — Low. Dar es Salaam : *ysomyia hebes (Dinitz, 1903). — Zupitza. _*Pyretophorus merus (Dônitz, 1902). Fe Mombassa »Ù Culex fatigans Wiedemann, 1828. — J. C. Johnson. _ Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. Baie de Delagoa — *Mucidus mucidus (Karsch, 1887). AFRIQUE MÉRIDIONALE Transvaal : bonus cinereus (Theobald, 1901). — Theiler. _ “Myzorhynchus mauritianus (Daruty de Grandpré et d'Emmerez de | Charmoy, 1900). — Theiler. *Nyssorhynchus pretoriensis Theobald, 1903. — Theiler. *Cellia squamosa (Theobald, 1901). — Theiler. Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. _ … XCulex annulioris Theobald, 1901. — Theiler. _*Cule Salisburyensis Theobald. 1961. — Theiler. 280 - M. NEVEU-LEMAIRE *Culex Theileri Theobald, 1903. — Theiler. *Culex transvaalensis Theobald, 1903. — Theiler. | Zoulouland Pyretophorus Pitchfordi Power, 1904. Natal *Toxorhynchites brevipalpis Theobald, 1901. Culex fatigans Wiedemann, 1828. Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. Culex luteolateralis Theobald, 1901. Culex univittatus Theobald, 1901. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). Mansonia uniformis (Theobald, 1901). Mucidus alternans (Westwood, 1835). *Grabhamia durbanensis Theobald, 1903, — Christophers. Caîfrerie FPyreiophorus costalis (Læw, 1866). — Lœæw. Cap de Bonne-Espérance *Pyretophorus cinereus (Theobald, 1901). — Martin Ricono, Theobaldia spathipalpis (Rondani, 1872). Sud-ouest africain (Insiza) *Myzomyia hebes (Dônitz, 1903). — Zupitza *Pyretophorus merus (Dônitz, 1903). AFRIQUE OCCIDENTALE *Culex pruina Theobald, 1901. *Stégomyia nigricephala Theobald, 1901. *Mucidus africanus Theobald, 1901. — H. A. Hanley. Asaba Myzomyia superpicta (Grassi, 1899). *Mucidus africanus Theobald, 1901. Degama *Culex invenustus Theobald, 1901. Angola Myzorhynchus umbrosus Theobald, 1903. *Culex tæniorhynchoïdes Giles, 1904. ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 281 3 Benguela *Culex tæniorhynchoïdes Giles, 1904. Cameroun *Anopheles gracilis Dônitz, 1903. Pyretophorus costalis (Læw, 1866). — ZLiemann, *Myzorhynchus Ziemanni Grünberg, 1902. Vieux-Calabar *Culex Duttoni Theobald, 1901. *Culex nebulosus Theobald, 1901. * *Culex rima Theobald, 1901. *Stegomyia africana Theobald, 1901. *Tæniorhynchus Annetli Theobald, 1901. *Eretmapodites quinquevitiatus Theobald, 1901. *4ëdimorphus domesticus (Theobald, 1901). *Uranotænia cæruleocephala Theobald, 1901. * Verrallina nigra (Theobald, 1901). Bas-Niger *Tæniorhynchus auritus Theobald, 1901. Bonny (Delta du Rss Culex digitatus Rondani, 1848. Culex tigripes Daruty de Grandpré et d' Emmerez de Charmoy, 1900. *Culex decens Theobald, 1901. *Culex invidiosus Theobald, 1901. *Cullex metallicus Theobald, 1901. *Stegomyia irritans (Theobald, 190t). *Stegomyia nigeria Theobald, 1901. *Stegomyia nigricephala (Theobald, 1901). Mansonia uniformis (Theobald, 1901). *Lasioconops pœcilipes Theobald, 1903. — Annett. *Uranotænia annulata Theobald, 1901: Lagos Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Strachan. Pyretophorus costalis (Læœw, 1866). — Strachan. Culex tigripes Daruty de Grandpré et d Emmerez de Charmoy, 1900. — Strachan. *Culex nigrochætae Theobald, 1901. Culex univittatus Theobald, 1901. — Strachan. *Siegomyia africana Theobald, 1901. 282 M. NEVEU-LEMAIRE Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Strachan. *Melanoconion rimus Theobald, 1901. — Strachan. . : à À a A Dahomey *Mucidus mucidus (Karsch, 1887). Togo *Anopheles gracilis Dônitz, 1903. È Pyretophorus costalis (Læœw, 1866). — Ziemann. 4 Côte-d'Or Myzorhynchus mauritianus (Daruty de Grandpré et d'Emmerez de À Charmoy, 1900). Côte d'Ivoire (Grand-Bassam) Pyretophorus costalis (Lœæw, 1866). Stegomyia calopus (Meigen, 1818). *Tæniorhynchus perturbans (Walker, 1856). Sierra-Leone Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Ross. Pyretophorus costalis (Lœw, 1866). — Ross. *Myzorhynchus paludis (Theobald, 1900). Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. *Culex cinereus Theobald, 1901. *Culex dissimilis Theobald, 1901. *Culex freetownensis Theobald, 1901. *Culex masculus Theobald, 1901. *Culex invidiosus Theobald, 1901. *Culex anarmostus Theobald, 1903. — Austen. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). Stegomyia sugens (Wiedemann, 1828). *Stegomyia africana Theobald, 1901. Tæniorhynchus tenax Theobald, 1901. — Austen. *Eretmapodites quinquevittatus Theobald, 1901. Guinée Stegomyia calopus (Meigen, 1818). *Lasioconops pœcilipes Theobald, 1903. | Gambie Myzomyia funesta (Giles, 1900). os Dutton. Pyretophorus costalis (Lœw, 1866). — Burdett, Dutton. Cellia pharoensis (Theobald, 1901). — Burdett. ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 283 *Culex anarmostus Theobald, 1903. — Dutton. *Culex enclastus Theobald, 1903. *Culex thalassius Theobald, 1903. — Dutton. … *Culex Guiarti R. Blanchard, 1905 = C. viridis Theobald, 1903; non … Robineau-Desvoidy, 1827, — Dutton.- … Stegomyia calopus (Meigen, 1818). — Burdett. *Stegomyia albocephala Theobald, 1903. — Dutton. … Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Burdett. . *Lasioconops pœcilipes Theobald, 1903. — Dutton. _*Catagiomyia senegalensis Theobald, 1903. . *Uranotænia annulata Theobald, 1901. — Annett. *Uranotænia cæruleocephala Theobald, 1901. — Burdett, Dutton. Sénégal *Anopheles minutus Macquart, 1834. Pyretophorus costalis (Læw, 1866). _ Culex fatigans Wiedemann, 1828. _ Stegomyia calopus (Meigen, 1818). _ Mansonia uniformis (Theobald, 1901). _*Catagiomyra senegalensis Theobald, 1903. Kayes È Pyretophorus costalis (Læw, 1866). — Conan, Cambours. … Çulex fatigans Wiedemann, 1828. — Cambours. _ Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Cambours. Po. Laïma _ Pyretophorus costalis (Lœw, 1866). — Conan. Toukoto _ Pyretophorus costalis (Lœw, 1866). — Conan. _Culex fatigans Wiedemann, 1828. — Conan. AFRIQUE CENTRALE _ Nigeria _ Pyrelophorus costalis (Læw, 1866). — Hanley. _Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. — Er *Culez invidiosus Theobald, 1901. : Stegomyia calopus (Meigen, 1818). — Hanley. -1 *Stegomyia nigricephala Theobald, 1901. — Hanley. 284 M. NEVEU-LEMAIRE Soudan *Anopheles Wellcomei Theobald, 1904. *Myzomyia Nili Theobald, 1904. *Culex Guiarti R. Blanchard. = C. viridis Theobald, 1903; non Robineau- Desvoidy, 1827. | Mansonia uniformis (Theobald, 1901). *Tæniorhynchus cristatus Theobald, 1904. Aëdeomyia squamipennis (Arribälzaga, 1891. Uranotænia Balfouri Theobald, 1904. Bahr el Djebel *Mimomyia uniformis Theobald, 1904. Bahr el Ghazal *Myzorhynchus mauritianus (Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900). — Cummins. *Myzorhynchus paludis (Theobald, 1901). — Cummins. *Culex Cumminsi Theobald, 1903. — Cummins. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Cummins. *Mansonia major Theobald, 1903. — Cummins. Nimulé Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Brumpt. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Brumpt. Doufilé Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Brumpt. *Nyssorhynchus Bozasi Neveu-Lemaire, 1905. — Brumpt. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Brumpt. *Aëdeomyia africana Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. Faraty Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Brumpt. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Brumpt. Congo (Léopoldville) Pyrelophorus costalis (Læw, 1866). — Brumpt. Culex pipiens Linné, 1758. — Brumpt. Culex Didieri Neveu-Lemaire, 1906. — Brumpt. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Brumpt. ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 28 © Ë Région du lac Tanganika *Myzomyia cinerea (Theobald, 1901). Centre africain anglais Myzomyia funesta (Giles, 1900). — Daniels. *Myzomyia longipalpis Theobald, 1903. Pyretophorus costalis (Læœw, 1866). — Daniels. *Myzorhynchus mauritianus (ben de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900). *Cellia squamosa (Theobald, 1901). *Christya implexa Theobald, 1904. *Culex Cumminsi Theobald, 1903. — Cummins. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Christy, Daniels, Low, Moffat. *Mansonia major Theobald, 1903. — Cummins. en Zomba *Myzomyia longipalpis Theobald, 1903. — Gray. Cellia pharoensis (Theobald, 1901), Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. — Gray. *Culex zombaensis Theobald, 1901. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). — Gray. Mashonaland Myzomyia superpicta (Grassi, 1899). Myzomyia funesta (Giles, 1900). *Myzomyia cinerea (Theobald, 1901). *Myzomyia rhodesiensis (Theobald, 1901). Pyretophorus costalis (Læw, 1866). — Marshall. *Pyretophorus Marshalli Theobald, 1903. — Marshall. Cellia pharoensis (Theobald, 1901). *Cellia squamosa (Theobald, 1901). *Megarhinus lutescens Theobaïd, 1901. *Toxorhynchites Marshalli Theobald, 1903. — Marshall. Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. *Culex annulioris Theobald, 1901, *Culex hirsutipalpis Theobald, 1901. — Marshall. *Culex hirsutus Theobald, 1901. Culex luteolateralis Theobald, 1901. *Culex ochraceus Theobald, 1901. *Culex plumosus Theobald, 1901. *Culex pseudocinereus Theobald, 1901. *Culex quasiunivittatus Theobald, 1901. 286 M. NEVEU-LEMAIRE *Culex Salisburyensis Theobald, 1901, Culex univittatus Theobald, 1901. Stegomyia sugens (Wiedemann, 1828). *Stegomyia africana Theobald, 1901. *Stegomyia argenteopunctata Theobald, 1901. *Stegomyia Marshalli Theobald, 1901. *Stegomyia minuta Theobald, 1901. *Heptaphlebomyia simplex Theobald, 1903. — Marshall. *Uranotænia alba Theobald, 1905. *Mimomyia mashonaensis (Theobald, 1901). Rhodesia . *Myzomyia rhodesiensis (Theobald, 1901). *Myzorhynchus mauritianus (Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900). Nyssorhynchus maculipalpis (Giles, 1902). — Marshall. ILES ILES DE L'OCÉAN INDIEN Zanzibar Culex fatigans Wiedemann, 1828. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). Ile Pemba *Skusea pembaensis (Theobald, 1901). Madagascar Pyretophorus costalis (Læœw, 1866). *Myzorhynchus Coustani (Laveran, 1900). Culex fatigans Wiedemann, 1828. *Culex insaliabilis Bigot, 1859. *Culex Grandidieri R. Blanchard, 1905 = C. flavus Ventrillon, 1904 ; non Motshulsky, 1859. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). *Stegomyia Lambert Ventrillon, 190%. Mansonia uniformis (Theobald, 1901). *£reltmapodites Condei Ventrillon, 1905. *Heptaphlebomy'a argenteopunctata Ventrillon, 1905. *Heptaphlebomyia Montforti Ventrillon, 1905. ÉTUDE DES CULICIDES AFRICAINS 287 Réunion _ Pyretophorus costalis (Læœw, 1866). — Vassal. … *Myzorhynchus Coustani (Laveran, 1900), — Vassal. _ Culex pipiens Linné, 1758. Culex fatigans Wiedemann, 1828. : Culex iracundus Walker, 1848. Culex annulirostris Skuse, 1889. Culex viridiventer Giles, 1901. — Vassal. Stegomyia calopus (Meigen, 1818). Maurice … *Anopheles sp. Daruty de Grandpré et d'Emmerez de Charmoy, 1900. … Pyretophorus costalis (Læw, 1866). — de Grandpré et de Charmoy. . *Myzorhynchus mauritianus (Daruty de Grandpré et d'Emmerez de harmoy, 1900). à Nyssorhynchus maculipalpis (Giles, 1902). — de Grandpré et de Charnog. … Culex fatigans Wiedemann, 1828. — de Grandpré et de Charmoy. Culex tigripes Daruty de Grandpré et d'Emmerez de eo 1900. … Stegomyia calopus (Meigen, 1818). _ Stegomyia scutellaris (Walker, 1839). ILES DE L’OCÉAN ATLANTIQUE Canaries (Ténériffe) _ Myzomyia hispaniola Theobald, 1903. — Grabham. _ Culex pipiens Linné, 1758. . *Culex longeareolatus, Macquart, 1838... - … Theobaldia spathipalpis (Rondani, 1872). — E. A. Eaton, Grabham. Madère _ Culex pipiens Linné, 1758. … *Culex longeareolatus Macquart, 1838. *Culex Theileri Theobald, 1903. — Grabham. … Theobaldia spathipalpis (Rondani, 1872). — Grabham. Açores (San Miguel) 14 *Culex azoriensis Theobald, 1903. 4 *Culex varioannulatus Theobald, 1903.— Grabham. _ Theobaldia spathipalpis (Rondani, 1872). — Grabham. 288 M. NEVEU-LEMAIRE TABLEAU INDIQUANT LA REPARTITION DES ESPÈCES DE CULICIDES AFRICAINS SUIVANT LES DIFFÉRENTS GENRES É NOMBRE SOUS-FAMILLES. NoMS DES GENRES. : DES ESPÈCES. [ Anopheles Meigen, 1818 Myzomyia R. Blanchard, 1902 Pyretophorus R. Blanchard, 1902 . ANOoPHELINÆ : 4 Myzorhynchus R. Blanchard, 1902. . . Nyssorhynchus R. Blanchard, 1902. . Cellia Theobald, 1902. *Christya Theobald, 1904 Total des ANOPHELINÆ : . . GS Ot Où © © = I / \ Megarhinus Robineau-Desvoidy, 1827 MEGARHININE ©) Pororhynchites Theobald, 4901 . . . . Total des MEGARHININE : Culex Linné, 1758 Theobaldia Neveu-Lemaire, 1902 . . Stegomyia Theobald, 1901 Mansonia R. Blanchard, 1901 Tæniorhynchus Arribalzaga, 1891 . Mucidus Theobald, 1901 *Eretmapodites Theobald, 1901 . . . . Melanconium Theobald, 1903 *Lasioconops Theobald, 1903 Grabhamia Theobald, 1903 *Catagiomyia Theobald, 1903 *Etorleptiomyia Theobald, 1904 . . . . Total des CuLICINÆ: . *HEPTAPHLE- BOMYINE : ! *Heplaphlebomyia Theobald, 1903 . . CULICINÆ : 2 7 3 2 1 l il fl { Total des HEPTAPHLEBOMYINÆ : . Aëdeomyia Theobald, 1901 *Aëdimorphus Theobald, 1903 . . . . Uranotænia Arribalzaga, 1891 . . . AËDEINÆ : *Mimomyia Theobald, 1903 Verrallina Theobald, 1903 Skusea Theobald, 1903 Total des AËDEINÆ : . . . TorAL DES CULICIDÆ , . . 144 & = N = = KW * L'astérisque indique les sous-familles et les genres exclusivement africains. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Alfred LinGarp, Observations on the filarial Embryos found in the gene- ral Circulation of the Equidae and Bovidae and their probable pathological significance. Fasc. I, Bursati (part 1). London, Adlard and Son, 1905. — Prix : 2 sh. 6 d. On trouvera dans ce premier fascicule tous les renseignements concer- nant la filariose des Chevaux et des Bœufs : description des Filaires adultes et des embryons qui vivent dans lé sang, anatomie pathologique, sympto- matologie. Etant données la compétence toute spéciale de l'auteur et la renommée qu'il a su acquérir dans ces questions, son travail est appelé à prendre place dans la bibliothèque du Vétérinaire et de l’'Helminthologue. Ils y trouveront particulièrement des renseignements très circonstanciés sur ces ulcérations bizarres des Chevaux et des Bœufs, qui ont reçu dans l'Inde le nom de Bursat et qui sont dues au développement dans la peau des larves de la Filaria irritans (Rivolta). Ce fascicule de 59 pages est richement illustré de six graphiques, neuf figures dans le texte et douze planches. — J. G. D’ F Noc, Technique de microbiologie tropicale, précédé d’une préface du D’ A. Calmette. Paris, Doin, in-18 de 320 p. avec 74 fig. dans le texte. Prix, cartonné ; 4 fr. Les médecins sanitaires, maritimes ou coloniaux, doivent aujourd’hui faire appel à l’entomologie, à la parasitologie, à la bactériologie et à la cytologie. Ils peuvent, dans les différentes Ecoles et dans les Instituts de - médecine coloniale, acquérir de solides connaissances sur ces différents sujets. Mais quand ils seront livrés à eux-mêmes, loin de la mère patrie, ils trouveront un très bon guide dans lelivre à la fois succinet et complet du D? Noc. Nous félicitons l’auteur d’avoir écrit un ouvrage essentiellement pratique. Tout au plus pourrions-nous relever quelques erreurs de nomen- clature et regretter, par exemple, que l’auteur maintienne les termes impropres d'Hæmamæba et de Piroplasma au lieu de Plasmcdium et de Leishmania. C'est là une critique qui paraitra sans importance à quelques- uns, mais nous arrivons à une époque où l’on risque de ne plus s'entendre si l'on ne respecte pas les lois de la nomenclature scientifique. : L'ouvrage comprend quatre parties. Dans la première sont exposés les renseignements généraux nécessaires au fonctionnement du petit labora- toire que doit posséder tout praticien aux colonies. La conservation et le mode d'envoi des produits pathologiques, les notions techniques les plus Archives de Parasitologie, X, n° 2, 1906. 19 390 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE connues pour l'étude des Acariens, Puces, Mouches, Moustiques, etc., font l'objet de développements spéciaux. La deuxième partie concerne le diagnostic microscopique et bactério- logique des produits pathologiques. La troisième est consacrée plus spécialement à l'étude du choléra, de la peste et de la fièvre jaune. Enfin la quatrième partie concerne la prophylaxie des maladies tropicales par la désinfection, la stérilisation de l'eau, la destruction des agents de transmission (Rats et Insectes) et enfin la sérothérapie. En résumé, excellent petit livre que nous ne pouvons que conseiller aux médecins partant pour les colonies. — J. GurART. B. Nocuar, Ueber Tropenkrankheiten. Leipzig, J. A. Barth, in-8° de 42 p., 4905. — Prix, cartonné : 1 mk. Conférence faite à la 77° réunion des médecins et naturalistes allemands. L'auteur y expose avec sa compétence bien connue les principales ques- tions touchant à la pathologie tropicale et aux relations de cette dernière avec le parasitisme. F. GUÉGNEN, Les Champignons parasites de l'Homme et des animaux; géné- ralités, classification, biologie, technique, clefs analytiques, synonymie, diagnoses, histoire parasitologique, bibliographie. Préface du professeur Rapais. Paris, Joanin, in-8° de 300 p. avec 12 pl. dans le texte, 1904. L'étude des Champignons a pris en ces dernières années une impor- tance toute spéciale en parasitologie. Par son article Parasites végétaux à l'exclusion des Bactéries, inséré dans le Traité de pathologie générale de BoucxaARp (II, p. 811-926, 1895), le Professeur R. BLANCHARD a fait, au point de vue moderne, la première étude d'ensemble des Champignons pathogènes. Ce travail fondamental reste comme le modèle du genre; ila établi les cadres de la mycologie parasitaire et mis pour la première fois en évidence, d'une façon systématique, la part considérable qui revient aux divers groupes de Champignons dans l’étiologie des affections les plus variées. Puis est venu l'excellent ouvrage de Gedoelst (1902). Voici maintenant un livre conçu suivant un plan différent, en ce sens que la botanique systématique et descriptive y domine presque exclusivement. Le titre, un peu long, mais du moins très clair, indique tout ce que contient cet ouvrage. Celui-ci se recommande par de nombreux tableaux dichotomiques, permettant d'arriver facilement à la détermination des genres. Des dia- gnoses précices et brèves caractérisent nettement les espèces, dont la plupart sont figurées. Il est regrettable que les figures ne soient pas dans le texte même, mais groupées en planches ; une telle disposition, toute- fois, a l'avantage de permettre des comparaisons. Tous les chapitres se terminent par une bibliographie très complète. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 291 4 Ce livre ne fait double émploi avèc aucun de cèux qui l’ônt précédé ; 14 il les complète au contraire et, à ce titre, se on vivement à % l'attention des parasitologues. — J. G. » FA H. DürcKk, Beiträge zur pathologischen Anatomie der Pest. Sechstes Sup- £ plementheft der Beiträge zur pathologischen Anatomie und zur allgemeinen Pathologie herausgegeben von Prof. D' E. Ziegler. Jena, Fischer, in-8° de 85 p., XV pl., 1904. … Dans l'Inde, l’autopsie des cadavres de pestiférés est entourée de diffi- cultés à cause des préjugés de caste et des doctrines religieuses. Aussi À l'anatomie pathologique de la peste est-elle mal connue et pauvre en do- cuments iconographiqnes. Cet important mémoire vient donc combler une lacune, en nous apportant le protocole détaillé de 16 autopsies, accom- pagné de nombreuses et belles planches en couleurs. Un court aperçu historique, les résultats de l'examen macroscopique et microscopique des cadavres, une vue d'ensemble des résultats acquis, tel est le plan de l'ou- vrage, dont voici les conclusions les plus intéressantes. Du côté de la peau, la porte d'entrée du virus est impossible à déter- miner, car on ne constate jamais de lésions spécifiques. Les bubons pa- raissent être constants et débuter dans les ganglions inguinaux. Ils for- ment des masses volumineuses, d'aspect grisàtre, nécrotique, avec des bigarrures hémorragiques : ils sont entourés d'une infiltration purulente et sanguinolente. Leur structure histologique est sous l’étroite dépendance ‘du nombre et de la virulence des Bactéries qu'ils renferment. Les produits pathologiques sont de deux sortes, exsudatifs et cellulaires. L'exsudat est d'abord séreux, puis se charge de dépôts fibrineux qui finissent par envahir les vaisseaux : la thrombose qui en résulte, et qui est due à la toxicité des Bactéries, est la principale cause des lésions nécrotiques. On remarque deux sortes de cellules dans les ganglions infectés : d'abord de grandes cellules polygonales, provenant de la prolifération exagérée du revêtement endothélial du réticulum; puis de grosses cellules, dites vésiculeuses, issues de grands lymphocytes et remplies d'une foule de dé- bris : globules blancs et rouges plus ou moins altérés, fragments nucléai- res et enfin Bacilles. Ces derniers paraissent strictement localisés dans ces cellules vésiculeuses. Dans les parties non nécrosées, les Bacilles sont extraordinairement abondants et très faciles à colorer : il n'en est pas de même dans les zones où les cellules sont détruites. La pneumonie pesteuse débute par des lésions de bronchite et peut aboutir à la formation decavernes. Les sécrétions pulmonaires renferment — de grandes quantités de Bacilles et constituent un danger permanent pour l'entourage du malade. Contrairement à l'opinion admise jusqu'ici, la pneumonie paraît être rarement primitive et plutôt consécutive à des lésions ganglionnaires. La rate est hyperplasiée et diffluente, le foie présente des dégénérescenses étendues et des abcès, enfin les reins sont E— EN à: à REY: M ? 1808 299 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE surtout atteints de lésions glomérulaires. Ce dernier fait est très impor- tant car il démontre que les Bacilles peuvent passer dans les urines : ils sont en effet très abondants dans ce liquide qui constitue, de même que les crachats, une source d'infection presque insoupçonnée jusqu'ici. Ce mémoire renferme un grand nombre de faits nouveaux susceptibles d'être utilisés au point de vue prophylactique. — M. LANGERON. R. OsterrAG, E. Joœsr et K. Wocrraücez, Zeitschrift für Infektions- krankheiten, parasitäüre Krankheiten und Hi one der Hausliere. Berlin, R. Schætz, 1905. Les professeurs OsTERTAG, de Berlin, Joœæsr, de Dresde, et WozFFHÜGEL, de Buenos-Aires, viennent de fonder un nouveau périodique destiné à tenir au courant des progrès de la médecine des animaux domestiques. Chaque fascicule doit renfermer des articles originaux, puis un résumé critique de tous lesarticles bibliographiques pouvant intéresser les lecteurs. Cette dernière partie comprend les subdivisions suivantes : bactériologie, maladies infectieuses, désinfection, immunité, parasites et maladies parasitaires, hygiène, technique. Ce nouveau périodique est certainement appelé à rendre de grands ser- vices; aussi sommes-nous heureux de signaler son apparition et de lui souhaiter le succès qu’il mérite.— J. G. E. Boni, Les Bactéries de l'air, de l’eau et du sol. Paris, Masson, Ency- clopédie des aide-mémoire, in-16 de 197 p.. 1905. Comme la Biologie générale des Bactéries, à laquelle il fait suite, ce livre ne ressemble en rien aux traités de bactériologie. Au lieu d'étudier suc- cessivement les différentes espèces microbiennes que l’on peut rencontrer dans l'air, dans l’eau ou dans le sol, l'auteur se place à un point de vue beaucoup plus général. Il passe en revue toutes les grandes questions théoriques et pratiques, notamment celles qui ont trait à l'hygiène géné- rale et à la propagation des maladies infectieuses, Le tout est dominé par cette idée générale que les Bactéries ne sont que des ferments destinés à assurer la circulation générale de la matière et à maintenir ainsi l’équi- libre entre les substances vivantes et les substances inertes : elles le font en détruisant les matières organiques, en disloquant les molécules compliquées et en les ramenant à deséléments simples. Ainsi envisagées, ces questions, débarrassées des détails techniques, prennent un intérêt très général. À propos des microbes de l'air, l’auteur résume la question de la génération spontanée et éludie la dissémination par l'air des ma- ladies microbiennes, ainsi que les moyens de défense de l'organisme. Les microbes de l’eau donnent lieu à la discusion des problèmes de la contamination et de la purification des eaux de sources, à l'examen des moyens prophylactiques que l'on peut opposer aux Bactéries pathogènes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE ‘293 Les pages consacrées aux microbes du sol constituent peut-être la partie la plus importante de l'ouvrage, car elles nous éclairent sur la destinée des matières organiques dans le sol. Partant dela molécule albuminoïde, lourde et complexe, nous passons par les phénomènes de la putréfaction et de la nitrification, qui ramènent l'azote aux végétaux, sous une forme assimilable. Un autre cycle, non moins intéressant, est celui que, grâce aux fermentations forméniques, parcourent les matières ternaires, dont les formes les plus condensées sont les celluloses. Les méthodes d’épura- tion biologique des eaux d'égout, par les fosses septiques et les champs d'épandage, constituent une des applications les plus intéressantes etles plus importantes des propriétés fermentatives des Bactéries du sol. Aussi sont-elles l’objet d'une étude toute spéciale, qui sert en même temps de conclusion à l'ouvrage, en montrant l’action des Bactéries opposée à celle de l’ensemble des êtres vivants. — M. LANGERON. F. Bezancow, Précis de Microbiologie clinique. Paris, Masson et C'', in-8° de XVI-429 p. avec 82 fig. Depuis une dizaine d'années, l'auteur fait des démonstrations pratiques de bactériologie au laboratoire d'anatomie pathologique de la Faculté de Médecine de Paris ; il était donc tout désigné pour écrire un tel ouvrage. Il y donne, à l'usage des cliniciens, de très utiles renseignements sur la bactériologie, envisagée plus spécialement dans ses rapports avec le dia- gnostic. Les quelques pages eonsacrées aux Champignons et aux Proto- zoaires parasites sont très insuffisantes; elles sont bien loin de donner une idée du rôle considérable que ces organismes jouent en médecine et de l'importance de leur détermination clinique. L. Lurz, Les Microorganismes fixaleurs d'azote (morphologie et biolo- gie). Paris, Lechevalier, un vol. gr. in-8° de 187 pages, 1904. L'auteur étudie la fixation de l'azote en elle-même, sans s'inquiéter de la nitrification, c'est-à-dire des modifications ultérieures subies par l'azote fixé. Il insiste particulièrement sur la morphologie et la biologie des microbes fixateurs d'azote, en particulier sur les Bactérides des Légu- mineuses, et signale les applications agricoles qui en découlent. Comme ilne parle pas de la nitrification, il en résulte qu’il laisse de côté les questions les plus intéressantes pour l'hygiéniste; nous ne pouvons donc consacrer à cet ouvrage une longue notice. Nous tenons du moins à insis- ter sur la clarté de l'exposition et sur l'importance de la documentation. Ce livre est une synthèse parfaite de la question; tous ceux qui s’inté- ressent aux problèmes de bactériologie générale le liront avec fruit, — J.-G. | NOTES ET INFORMATIONS Nécrologie. — Jean-Pierre MÉGnix (pl. III et IV) est mort à Vincennes, lé 30 décembre 1905, dans sa 78° année. Il a été emporté par une congestion pulmonaire, après quelques jours de maladie. Prévenu de son état par M"°MÉGnIiN, j'ai pu le voir encore l'avant-veille de son décès. Je le savais en danger, mais jene croyais pas sa mort si prochaine. A part quelques douleurs rhumatismales dans la jambe, il avait été jusque-là d’une santé robuste et d'une activité cérébrale et physique vraiment remarquable. MÉGxIN était un travailleur infatigable. Vétérinaire militaire, il a sup- pléé par un labeur acharné à l'insuffisance de sa première éducation seien- tifique, et cela dans des garnisons de province où les moyens de travail lui faisaient totalement défaut. Il était déjà très connu par ses premiers travaux sur les Acariens, quand il fut affecté à la garnison de Vincennes; il y fit un long séjour, qui lui permit de se méler aux milieux scientifi- ques parisiens et d'y prendre la place que lui réservaient ses importantes découvertes. De là date la très active production qui lui a valu sa juste notoriété. Successivement Président des Sociétés Zoologique (1885) et Entomologique de France, membre de la Société de Biologie, puis de l'Académie de Médecine, il a eu les honneurs dus à son grand mérite. Je ne dirai pas qu'il les ait eus à l'heure opportune, car sa candidature académique subit deux ou trois échecs successifs; mais qu'importe ? Son nom survivra, tandis que celui de quelques-uns de ses adversaires est déjà presque oublié. Ses travaux considérables sur les Acariens et sur la faune des cadavres, son livre sur Les parasites et les maladies parasitaires (1880), les remarquables dessins dont il a illustré ses nombreuses publi- cations, lui assurent une renommée durable et du meilleur aloi. Je connaissais MÉGnIN depuis plus de vingt-cinq ans; il entrait à la Société Zoologique de France en 1879, à l’époque où j'en devenais secré- taire général. J'avais alors 22 ans; ilen comptait 52; dès cette époque, il voulut bien m'honorer de son amitié. Depuis vingt-six ans, celle-ci né s’est jamais démentie: aussi n'est-ce pas sans émotion que j'adresse l’adieu supréme à l'ami fidèle, au savant consciencieux et sagace, au naturaliste ingénieux dont la mort laisse un grand vide dans les rangs des Parasitologues français. MÉGNINX corrigeait les épreuves d'un dernier ouvrage, Les Insectes Bu- veurs de sang et colporteurs de virus, quand il est tombé malade. Il sé : montrait très préoccupé de ce petit livre et en vint un jour à exprimer le désir que je fusse chargé de la revision des épreuves. Mis au courant de ce désir par M" MÉGniN, j'allai le voir aussitôt et le tranquillisai. NOTES ET INFORMATIONS 295 C’est ainsi que, à partir de la page 37, j'ai revu toutes les épreuves, m'en tenant autant que possible à la simple correction typographique et m'ef- forçant de respecter son texte et sa pensée. — KR. BL. Le Professeur Calmette titulaire du prix Audiffred. — Sur lerapportde M. Lrarp, l’Académie des sciences morales et politiques a décerné le prix François-Joseph Audiffred, de la valeur de quinze mille francs et destiné « à récompenser les plus beaux, les plus grands dévouements de quelque genre qu'ils soient » à M. CALMETTE, professeur à la Faculté de Médecine de Lille, directeur de l'Institut Pasteur de cette ville. — Le Temps du 29 octobre 1905. Nous applaudissons de tout cœur à cette récompense si méritée. Un prix de 10 millions. — M. Medevios ABUQUERQUE, député à la Cham- bre brésilienne, vient de faire voter un prix de 10 millions en or, quisera décerné, sans distinction de nationalité, à l'inventeur d’un remède pré- ventif ou d'un traitement efficace pour la guérison de la tuberculose, du can- cer et d'autres maladies contagieuses. Une Commission internationale sera nommée par le ministre de l'intérieur du Brésil, avec mission d'exa- miner les mémoires qui lui seront soumis et d'allouer, s’il yalieu,leprix de 10 millions. Dans tous les cas, le prix ne sera décerné au bénéficiaire qu après deux expériences nettement probantes. Vœux adoptés par le Congrès colonial français de 1905. — La septième section du Congrès colonial français de 1905 (Médecine et Hygiène colo- niales), présidée par M. le Professenr R. BLancHanrp, a formulé les vœux suivants, qui ont été adoptés ensuite à l'unanimité par l’Assemblée géné- rale du Congrès. I. — Vœu concernant le paludisme. La section de Médecine et d'Hygiène du Congrès colonial de 1905, Vu les découvertes qui, chaque jour, viennent démontrer que les Mous- tiques sont réellement au nombre des êtres les plus dangereux, en raison des maladies diverses et redoutables qu'ils transmettent : paludisme, fila- riose, fièvre jaune, etc. ; Considérant que les vœux émis par le Congrès colonial de 1904, relati- vement à la prophylaxie du paludisme, n’ont pas encore reçu la sanction pratique qu'ils comportent ; Considérant, d'autre part, que le paludisme est la principale cause de l'affaiblissement et de l’invalidité des troupes coloniales, ainsi que de la mortalité des colons ; Estime qu'il est urgent d'attirer de nouveau, et de la façon la plus pressante, l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité de mener avec vigueur la lutte contre les Moustiques ; Considérant enoutre que l’inefficacité trop fréquente du traitement pré- ventif ou curatif par la quinine résulte de ce que ce médicamentn'est pas distribué en quantité suffisante, c'est-à-dire à la totalité de la population, 296 NOTES ET INFORMATIONS tant indigène que blanche, et pendant une période detempssuffisamment prolongée ; Estime qu’il y a lieu de généraliser la médication quinique préventive, et d'inscrire au budget de chaque colonie ou de chaque municipalité les sommes nécessaires pour l'achat et la distribution gratuite du sulfate de quinine, dans des conditions analogues à celles qui ont été déterminées en Italie par les lois du 23 décembre 1900 et du 7 juin 1901; Considérant encore que les indigènes, qui sont dans une forte propor- tion atteints de paludisme, sont en quelque sorte une réserve inépuisable d'Hématozoaires et constituent la principale source de contamination pour les Européens; Vu les heureux résultats obtenus par les Anglais dans plusieurs de leurs colonies ; à Emet le vœu qu'il soit établi une séparation complète entre les villages indigènes et les villages habités par les blancs et que, dans les limites d'une même agglomération, les habitations des uns et des autres soient établies dans des quartiers différents; F- Considérant que les conditions biologiques auxquelles sont soumis les Moustiques dans les différents pays sont essentiellement variables et que, par conséquent, les mesures prophylactiques nécessaires sont soumises aux mêmes variations; Emet le vœu que, dans chaque colonie ou pays de protectorat, il soit institué une Commission sanitaire permanente, composée principalement de médecins pourvus du diplôme de Médecin colonial, ayant pour fonction de faire une enquête sur ces conditions biologiques et sur les mesures prophylactiques qui en découlent, ayant notamment mission de dresser la liste descriptive et raisonnée de tous les Moustiques et autres Diptères piqueurs qui, à un titre quelconque, peuvent être considérés comme pro- pageant les maladies ; Considérant que la centralisation à outrance ne peut donner, en matière d'hygiène publique, que des résultats insuffisants; Emet le vœu que les gouverneurs des colonies, les résidents et autres dépositaires de l'autorité civile, jouissent à cet égard des pouvoirs les plus étendus et soient autorisés à prendre, sous leur propre responsabilité, toutes les mesures nécessaires, conformément à l'avis exprimé par les Commissions sanitaires. IL. — Vœu faisant suite au rapport de M. Crespin sur un facteur de dis- séminalion de la varioleen Algérie. La section de Médecine et d'Hygiène du Congrès colonial de 1905, Considérant que l'immigration espagnole est une des causes quicontri- buent le plus à développer la variole en Algérie, parce que ces Espagnols, non vaccinés pour la plupart, sont des organismes très réceptifs pour la maladie, qu'ils disséminent à leur tour dans tout le pays, agissant comme de véritables centres de renforcement ; Considérant que les règlements internationaux de police sanitaire |: T8 NOTES ET INFORMATIONS [RQ © EX | maritime autorisent les régions menacées à prendre des mesures même contre la variole, Emet le vœu : 1° Que le gouvernement français s'entende avec le gouvernement espa- gnol pour parer aux dangers que fait courir à l'Algérie l'immigration constante d'Espagnols non vaccinés ; 2° Que cette entente permette au moins d'exiger, de chaque Espagnol débarquant en Algérie, un certificat indiquant une vaccination de date récente ; 3° Que ce certificat émane du consul de France de la province d'ori- gine. IT. — Vœu déposé par M. le professeur R. Blanchard, président de la section. La section de Médecine et d'Hygiène du Congrès colonial de 1905, Considérant qu'un très grand nombre de maladies des pays chauds sont d'origine parasitaire et que, dans ces conditions, le diagnostic ne peut être fait d'une façon certaine que par l'examen microscopique ; Emet le vœu : Que tout médecin des troupes coloniales, de colonisation ou de consulat soit pourvu d'un microscope etdes accessoires indispensables, notamment d'un objectif à immersion et des principaux réactifs; Qu'il en soit de même, tant pour les médecins de la marine militaire, que pour les médecins sanitaires maritimes ; Qu'il ne soit procédé à l'embarquement de ces derniers qu'’autant qu'ils auront prouvé, soit par la possession d'un diplôme de Médecin colonial, émanant de l'une des Universités françaises qui délivrent ce grade, soit parun examen pratique passé en présence d'une commission compétente, qu'ils sont familiarisés avec l'examen microscopique du sang, des déjec- tions et des divers tissus et humeurs de l'organisme ; Qu'il soit aménagé dans chaque navire un local convenable, autant que possible sur le pont, exclusivement réservé pour l'usage de laboratoire, IV. — Vœu rclatif à La fièvie hémoglobinurique. Après lecture et discussion du rapport du D' Jules REGNauLT sur la fièvre bilieuse hémozlobinurique, la septième section du Congrès a émis le vœu : j Qu'une enquête soit faite pour éclairer différents points encore obscurs dans l'étude de cette maladie ; que des observations précises et complètes soient prises dans les diverses régions où existe l'affection et que les documents soient centralisés. Elle croit devoir attirer tout spécialement l'attention des observateurs sur certains points et a dressé dans ce but un questionnaire. Congrès International de Médecine Vétérinaire. — Le 8° Congrès international de médecine vétérinaire s'est tenu à Budapest, du 3au 9 septembre 1905, sous la présidence de M, le professeur HuTYRaA, 298 NOTES ET INFORMATIONS recteur de l'Ecole vétérinaire de cette même ville. La réunion a été sui- vie par plus de 1500 personnes ; les communications et rapports ont été nombreux et importants. Les Ecoles vétérinaires françaises étaient représentées par MM. ARLOING (Lyon), BARRIER (Alfort) et LECLAINCHE (Toulouse); les praticiens comp- taient aussi un certain nombre de représentants, entre autres M. CAGNY (Senlis). On a beaucoup remarqué la présence de trois professeurs des Facultés de médecine, venus pour affirmer la solidarité chaque jour plus intime entre la médecine humaïne et la médecine vétérinaire; c'étaient les professeurs BABÈs (Bucarest), R. BLancHArRD (Paris) et LOEFFLER (Greifswald). Le professeur BLANCHARD a même présenté un rapport sur les substances toxiques élaborées par les parasites animaux (1), rapport dont il a donné en langue allemande un exposé oral, à l’une des séances générales du Congrès. Pour la première fois, il avait été constitué une Section de médecine tropicale, qui a tenu plusieurs séances sous la présidence du professeur PEerroncCITO (Turin). Cette section a été, de l’aveu unanime, la plus inté- ressante et la plus active de tout le Congrès. Aux discussions ont pris part, notamment, MM. le prof. BAG (Copenhague), Brnper (Le Caire), le prof. R. BLancHarp (Paris), DJuNkovsky (Transcaucasie), Duccoux (Tunis), LigniÈères (Buenos-Aires), Lirrzewoop (Le Caire), le prof. Locus- TEANU (Bucarest), le prof. LOŒFFLER (Greifswald), le prof. Motas (Bucarest), le prof. PerronciTo (Turin), Pror Bey (le Caire), le prof. von Rarz (Buda- pest),THeiLer (Pretoria), etc. Comme cela s'était déjà produit dans les récents Congrès internationaux de médecine et d'hygiène, la parasitologie en général, et d'une façon plus particulière la parasitologie animale, a témoigné de la part considé- rable qui lui revient désormais dans la médecine scientifique ; en médecine coloniale, son importance est véritablement prépondérante. Aussi M. le prof. R. BLancHaRp a-t-il rencontré l'approbation unanime, quand il a proposé à la section d'émettre le vœu suivant, rédigé par lui et soutenu par un certain nombre de ses collègues: Vœu proposé par MM. R. BLancHarD (Paris), Duccoux (Tunis), J. LiGnières (Buenos-Aires), W. Lirrzewoop (Le Caire), Moras (Bucarest), PErRoNcITO (Turin), Prior BEY (Le Caire) et THkiLer (Pretoria). La section de médecine tropicale du 8‘ Congrès international de méde- cine vétérinaire, Considérant que les Congrès internationaux de médecine et d'hygiène, réunis à Paris en 1900, ont attiré l'attention sur l'utilité, pour les pays d'Europe ayant des colonies sous les tropiques, de créer un enseigne ment de la médecine et de l'hygiène tropicales dans leurs Facultés de médecine, à l'exemple des Ecoles de médecine tropicale de Londres et de Liverpool; (1) Archives de Purasilologie, X, p. 84-404, s1 =... NOTES ET INFORMATIONS | 299 Fr Considérant que la question a été tranchée, d’une part en Allemagne par la création d’un Institut spécial à Hambourg, d'autre part en France k par la création de l'Institut de médecine coloniale annexé à la Faculté % de médecine de Paris et par celle d'enseignements similaires à la Faculté de Bordeaux et à l'Ecole de Marseille ; - Considérant que, sous les tropiques, les maladies du bétail sont très différentes de celles qu'on observe en Europe; Considérant que les maladies des pays chauds sont essentiellement parasitaires et se rangent sous trois catégories, zooses, mycoses et bac- térioses, suivant-la nature du parasite infectieux ; Considérant que, dans l’état actuel de la science, l'étude de ces mala- dies exige dés connaissances techniques très spéciales, particulièrement en histoire naturelle, connaissances qu'un seul homme peut difficilement posséder ; Considérant que les parasites sont habituellement transmis par des animaux piqueurs ou suceurs (ACariens, Insectes), dont il importe de déterminer les mœurs et|les métamorphoses, en raison des déductions prophylactiques qui en doivent découler ; Considérant enfin la grande importance économique qui résulte de la lutte contre les diverses maladies du bétail ou des animaux indigènes qui peuvent se trouver en contact avec ce dernier, Emet le vœu : Qu'un enseignement spécial des maladies tropicales soit organisé dans les Ecoles vétérinaires des pays situés sous les tropiques, ainsi que dans celles des pays possédant des colonies dans les contrées chaudes : 3 Que les divers gouvernements fassent une enquête sur l’état sanitaire des animaux domestiques dans leurs colonies et notamment sur l'exis- teuce des protozooses (maladies causées par les Protozoaires ); Que soient déterminées la répartition géographique et les conditions générales de la dissémination des diverses maladies infectieuses ; Qu'il soit créé dans chaque colonie un Institut central de parasitologie, largement subventionné et pourvu du personnel technique nécessaire, comprenant en particulier des spécialistes en bactériologie, en mycologie, en parasitologie animale et en entomologie ; Qu'il soit créé, dans toutes les colonies qui n’en seraient pas encore pourvues, un Canal de police sanitaire vétérinaire ayant sous sa dépen- dance le service des épizooties et ayant les pouvoirs les plus étendus pour organiser la lutte contre les maladies infectieuses ; Que l’Institut de parasitologie, le Conseil de police sanitaire vétéri- naire et le Service des épizooties jouissent de l'autonomie la plus complète et ne relèvent que des autorités civiles supérieures ; Que les fonctionnaires de ces diverses institutions, qu'ils appartiennent à l'ordre scientifique ou à l'ordre administratif, fassent leur carrière dans une même colonie, ou du moins dans les colonies d'une même région géographique, et puissent y. parcourir tous les. degrés de la 300 NOTES ET INFORMATIONS hiérarchie, en raison du grand intérêt qui s'attache à l'étude métho- dique et suivie des conditions sanitaires d’un même pays. Ce vœu a été adopté à l'unanimité par la Section de médecine coloniale, puis par le Congrès, dans sa séance générale de clôture. L'Egypte, sanatorium pour tuberculeux chez les anciens. — Ce n'est pas d'hier qu'on envoie les tuberculeux en Egypte pour y faire une cure climatérique. À la fin du premier siècle de notre ère, PLINE le jeune envoyait à la campagne, et notamment en Egypte, un de ses affranchis, Zosimus, atteint d'hémoptysies pulmonaires. Dans une lettre à Paulinus, il félicite celui-ci de la bonté avec laquelle il traite ses gens et avoue que lui-même traite les siens avec tout autant de bienveillance : « Video quam molliter tuos habeas ; eo simplicius tibi confitebor qua indulgentia meos tractem. Quodsi essem natura asper et durus, frange- ret me tamen infirmitas liberti mei Zosimi. Homo probus, officiosus, litte- ratus. Ante aliquot annos, dum intente pronuntiat, sanguinem rejecit, atque in Ægyptum missus a me, nuper confirmatus rediit : deinde dum per continuos dies nimis imperat voci, veteris infirmitatis admonitus tus- sicula, rursus sanguinem reddidit. Qua ex causa destinavi eum mittere in praedia tua. Rogo ergo seribas tuis ut illi villa pateat.» - Heuzer, Selectae e profanis scriptoribus historiae. Edition A. Leconte ; Paris, Hachette, 1903, p. 48. La peste de 1679 et les monnayeurs de Vienne. — La chronique raconte que, en 1679, la peste sévissant sur l'Autriche, la populat'on avait pris la fuite de toutes parts devant le fléau. Le maitre de la Monnaie, Mothias Mittermayer de Wafflenbourg, réunit alors ses employés, leurs femmes, leurs enfants, et s’enferma avec tout ce monde dans l'Hôtel des monnaies, après avoir abondamment pourvu de vivres cette forteresse d'un nouveau genre. Toute communication fut sévèrement interdite pen- dant plusieurs semaines avec l'extérieur, et quaud les prisonniers sor- tirent, ils étaient tous indemnes. C'est en souvenir de cet événement que chaque année, huit jours avant la Pentecôte, les monnayeurs de Vienne, fidèles au vœu de leurs devanciers, se rendent en pèlerinage à l’église de la Trinitc de Laino. Celte curieuse anecdote est rapportée par le Monu- tsblatt [numismatique], de Vienne (juin 1904).Revue numismatique, (4),IX, p. 105, 1905. La lutte contre les maladies infectieuses (VIII, 147). — Tuberculose. — La lutte contre la tuberculose continue de progresser ; elle revêt, suivant les pays, les formes les plus diverses. En Autriche, on n y va pas de main- morte ; les personnes qui crachent sur le plancher des gares ou des wagons sont, suivant ordonnance du Ministre des chemins de fer, pas- sibles d'une amende de 2 à 200 couronnes et d'un emprisonnement de 6 heures à 14 jours. L'affiche qui porte cette décision à la connaissance du public est répandue à profusion dans toutes les gares ; elle est, suivant °T ‘SU ‘alAOLJS] ap CHSSIIY “1 | AULIOLO ph © 910 Q CD OJSAUI 109 Ô “200409 QT © & UP UJ[RU 09 SG] OX C'L'A2CST SAOPPON QE PP fUL “AJSUNUE UZUUUIDAO | ODU090N mrund OUUBAIDA HIOSSOLOSCEE OJUOUTAUÉ js adejnds 1p ojuaueseAos opquoud 4 "ISOIO219M1 CIIED ISIVDIENS J94 JEUOIPUSU] SAO184 jp ‘AU EJ80S 1 1 | NLNISIUN-UEQUASE AH SU WOEL FT SIQ UOPURJS Q UOA JSALIY JEU JOpO UOU0IY DOS SI & UOA WJEINDIO) TU SGI'IN IN A 2EST Hubs DE OA GUNUPIOIIAFULISEUX JP Cu UAPION OPUIPUCHIIPIANTZ {UIJOUIIA SUO}S SUIS JSE UOMNASSEY 9191 SE eS0n}aqn] Jp JM m7 “OUNULTE AA VEDSII0S0D-ATEAPUS "aud "AH “RPER IS ‘CO6T efeu ‘G oup: ‘wef[qniT A "OHSLUTIM Z BPEIA EUI9Z0P “IA 9 rofaeuz ou9qo eu ofep es 0j, î Te “0A0} -L0pu'E eferyo eSeuonmod 21 0918814 1J87 “tan OHSUOACIS-OHSCAIH tu OUTPOA -odoxd oorgopa exéluras 1perez O[ ‘222€ ‘18 GOBT etude ‘Of up z nqeiSe7 À OPEIA Ou0z -ep ‘1H viueuzeu vSougyeisele] MOSEIL) "SCISZUX LE98 ‘36 GO6T 1026 ‘9 D (pogios “mas an) Buniaaigsquus ‘3 5 “{pv1qo8. aiujuu9y uauauteBpo 1? joli Qu 51€ ‘9309 190 MIIUOQV)S-UIIVOAY (pou F19461100 snig 022% nalphyod wag sn0 uawtsmpS uoa aGniui9 210 ausmpo 13Q sun] “joue sq saqunjlig usboa jl1 ‘G22'6 ‘6 ‘GOGT 11dx ‘0€ uoa 018% u1 Bunasbarsaquog ‘Biuog 129 Sunayug 22plidvabagez mo Gunpuuqunf ‘1898 © ‘GO6T feu ‘97 sup auvfiqnÊt À ‘OHSIUBCIM CZ UPE[A VU[9Z9p "IA ‘9 “aluvuz ou9qo eu ofep ‘efçael LanTtE 07 $ © ‘IQ 18 ‘COL tlude ET oup Z zexu (fusfuyn] vu wWoitzo z 98 of *OAOJIOPUU ut (TOWOuI9 ‘AIO Aofviyo qiulour 21 ogtseid rjeztAn o%sto4eIg -OHSVAIFJ tu ouvpeaoderd ogux oxsfurAs 1pez -vz of ‘6B8'E6 15 ‘COGT Efeu ‘9 sup z nqors -t7 A OPE[A OU0Z0p ‘AA SEISZEIT POISA “SUIOZUN “COGT 1U6 ‘OT 10 pogs “muvas au! Buianboigaqivs *à ‘à “por states uautawaByo ant ‘qua 1halaB 7l0as aan puutar(f afprat ‘1922 & 'CO6T made ET wmoa Suis -quny5 ‘0 ‘4 aq nv bnfags jt qiiu S21G ‘13709120 HNOQDIS 100 (pou poméloong qui jgamtoursls ‘ospiro uaqu£aq®ui@ uag snv wap uoa 14nlin19 aq jldoumips 139 squuilig 52q u3Baa alt ‘cas'ec ‘Q ‘GOGT 102 ‘9 0 Q uv8n u1 Bunra16a2 ED 1 lelie. LME RE ET APTE ER AN EE | NAGER RSR RS RS: OR MAIE TR EP ER A AUS 0 A 1 RUSSIE, LANCER TE RS ES 1 308 NOTES ET-INFORMATIONS - Les étrangers représentent donc de 43 à 44 pour 100 des élèves de l'Institut. Ces chiffres sont un peu inférieurs, mais sensiblement égaux à ceux ‘des sessions précédentes. ‘A la suite des examens finaux, vingt-neuf élèves ont obtenu le diplôme de Médeein colonial de l'Université de Paris, la plupart avec une réelle distincticn, savoir : ; MM. le D' Aceveno, colombien; D' BEcERRA, colombien; D' BENotrT; D' BLuHME y Sancxez, des Etats-Unis ; M"* de BoNDAREv, russe, étudiante à la Faculté de Paris; D' Boucuer; CaMacHo, colombien, étudiant à la Faculté de Paris; CoQuERET, étudiant à Paris; D' CorpERoO, de Costa-Rica ; D' Dupont; FLOURENS, interne des hôpitaux de Paris; D' FonNToyNonr, médecin des troupes coloniales, ancien directeur de l'hôpital de Tanana- rivé; GINEBRA, dominicain, étudiant à Paris; D' GonzALEez, colombien; D' MAEs; MENAUT, étudiant à Paris; MiseR, étudiant à Paris; D'NEvEux ; D'Orivry ; OrT, étudiant à Paris; D' Paxoras, grec; D' Paris ; D’ PIcHARD ; D' REPEZEANU, roumain; D' RogLero, du Nicaragua ; D' ScraALoM, italien: D' Tomas; D' Tovar, colombien; D' VILLEJEAN. MM. Camacuo et DuronT ont:été classés premiers ex æquo, avec la note extrêmement satisfait. Viennent ensuite MM. BLUHME Y SANCHEZ, FoxroynonT, Miser et REPEZEANU, avec la note très satisfait. La emondos des diplômes a eu lieule 24 décembre, à l'hôpital de FAs- sociation des Dames Françaises, sous la présidence de M. WEBER, attaché au cabinet de M. le Ministre des colonies et représentant du Ministre. Une photographie a été faite à l'issue de cette cérémonie; nous en donnons une reproduction (pl. V). Un ancien cas de pseudo-parasitisme ‘simulé. — «Un valet âgé de 18 ans, après avoir mangé du lait dans la chaleur de l'été, se coucha le long d'une haye, et s’y étant endormi, apparemment la bouche ouverte, un Ser- pent, attiré par les vapeurs du lait, entra dans le corps de ce garçon, et ne lui causa d’abord d'autre incommodité qu'un grand froid et un peu de pesanteur qu'il sentit dans l'estomac en s'éveillant. A peine fut-il ren- tré au logis qu'il se plaignit d'une violente colique, disant qu'il avait avalé un Serpent qu'il sentait tourner dans son corps. Après l'avoir inter- rogé je soupçonnai, comme lui, un Serpent qui, ne trouvant rien à man- ger dans l'estomac de ce garçon, y causait tout ce désordre. Pour y remé- dier, je crus que je pouvais me servir d'un remède dont j'avais oui parler en semblable occasion; c'est du lait que les Serpents aiment sur toutes choses (s'il est vrai, comme on n'en doit pas douter, qu'ils tettent les Vaches dans leurs étables). Je fis donc emplir une chaudière de lait qu'on mit bouillir. Lorsqu'elle fit retirée du feu, on suspendit le malade, on mit la chaudière au-dessous de sa tûte, et il n'eut pas plutôt ouvert la bouche pour recevoir la vapeur du lait que nous vimes le Serpent dans la chaudière où il trouva la mort par cet appt. » — BEeLLoste, 1734 (1). (1) BezLosre, Le chirurgien d'hôpital, enseignant la manière douce et facile s' NOTES ET INFORMATIONS . 309 Cet ancien cas de pseudo-parasitisme simulé est à rapprocher de celui que jai publié ici même (1), ainsi que de celui dont le prof. C. ParonA a fait mention (2). — R. Br. Sur une dermatomyase observée en Bulgarie. — On ne sait encore que très peu de chose sur les maladies parasitaires qui sévissent dans la Princi- pauté de Bulgarie. On peut croire «a priori qu'elles sont fréquentes, eu égard à la variété des races, aux conditions de la vie et à la situation géogra- phique du pays. Leur variété m'est d’ailleurs signalée par plusieurs de mes confrères et je me propose de leur consacrer désormais une attention toute spéciale. Pour aujourd'hui, je signale la fréquence de cette ee de myase cutanée que les Anglais appellent creeping disease, la maladie rampante. Elle porte en Bulgarie les noms de nova bolest et pulziasia bolest. Les ressources bibliographiques dont je puis disposer sont malheureu- sement très limitées; je ne puis donc faire une revue complète des pays où cette maladie s’observe. Je connais néanmoins sa fréquence assez grande en Écosse et aux iles Shetland, ainsi que son existence accidentelle en France (3). Je sais aussi qu'on l’observe assez souvent en Russie (4) et ce fait est pour nous d'un intérêt tout spécial. Dans l’ouest de l'Europe, on l'at- tribue à la larve d'Hypoderma lineata, en Russie à celle de Gastrophilus hæ- morrhoidalis ; dans l'un et l’autre cas, il s’agit donc d’une larve d'OEstride. . Comme on sait, la maladie s’observe surtout en été et en automne, parmi les paysans. Elle se manifeste par un tracé filiforme, semblable à une éraflure d'aiguille : d'abord droite, cette ligne s'incurve, se coupe, s’en- chevêtre; toujours unique, elle produit des démangeaisons très vives. En fouillant son extrémité, on en peut extraire une larve vivante. . Divers cas ont été observés en Bulgarie. 4% cas. — Il a été publié par le D' Alex. Diceva (5), qui put ice à l'hôpital Marie-Louise, à Varna, chez un enfant d'un an. La ligne rouge caractéristique se voyait à la nuque : elle était en relief, inégale, enche- vétrée; on eùt dit qu'un fil était placé sous la peau. Les parents du petit malade déclarèrent que la ligne rouge s’allongeait de 10 à 15"" par Jour. Le D' Drreva ne put malheureusement pas suivre ce cas intéressant. de guérir promptement toutes sortes de Playes, et le moyen assuré d'éviter l’exfo- hation des OS... Paris 1734; cf. p. 538. Cité par H. Foret, Les petits prophètes de la chirurgie : ‘Augustin BELLOSTE (1654-1730). France méd., LIT, p. 441, 1905. (A) R. Franco, L'Homme aux Serpents. Cas de pseudo- parasitisme simulé chez un hystérique. Archives de Parasitologie, 11, p. 466-479, 1899. (2 C. PARoNA, Il ragazzo delle Tarantole acquatiche. Un vecchio caso di pseudo- parassitismo supposto di due Tarantole acquatiche nell’intestino di un ragazzo. Ibidem, II, p. 631-632, 1899. (3) E. ToPsENT, Sur un cas de myase hypodermique chez l Homme. 4rchives de Parasitologie, IV, p. 609, 1901. (4) N. KHOLODKOVSKY, Sur quelques rares parasites de l Homme en Russie. Ibi- dem, I, p.354, 1898. (5) Méditzinski Sbornik, n°6, p. 339, 1896. 310 NOTES ET INFORMATIONS 2° cas. — Il a été publié par le D' V. GaeorGiEv (1). Un garçon de 4 ans présente à droite du pubis le commencement d'une trainée foncée qui se dirige vers le triangle de Scarpa, puis se porte en haut, en bas, à gauche, à droite, sans aucune régularité, pour s'arrêter finalement sur la crête iliaque supérieure. À 40 ou 50"" de là, la ligne redevient apparente : elle marche vers la région inguinale droite en formant de nombreux enche- vêtrements et circonvolutions, puis se dirige vers l’ombilic, remonte vers l'épigastre, pour redescendre, se porter en dehors, remonter encore vers l'ombilic et enfin disparaitre. Sur toute cette dernière partie de son trajet, elle devient de moins en moins nette; elle présente beaucoup de ressemblance avec une trainée dermographique ou un long fil emmêlé. L'enfant aurait eu tout d'abord du gonflement des organes génitaux et des parties environnantes, qui aurait duré 2 à 3 jours ; on ne s’est aperçu que plus tard que « quelque chose de vivant » errait sous la peau. Le petit patient avait des démangeaisons, surtout pendant la nuit. Il y avait par- fois des arrêts de 15 à 20 jours, puis la ligne continuait à s’allonger. Après une absence de trois mois, l'enfant fut présenté de nouveau au médecin. La ligne s'était considérablement allongée : elle avait envahi tout le corps, la poitrine, le cou, l'épaule gauche, la main droite. La ligne constatée précédemment avait disparu. 3° cas. — En février 1905, j'ai eu moi-même l'occasion d'observer un cas tout semblable, à la 1° ambulance de la ville de Sofia, chez une petite paysanne de # ans. J'ai examiné la petite malade en présence des D Mr- KHALOV, KERMEKRTSHIEV, STAMBOLSKY, G. ZLATAREV et SHISHKOV, profes- seur de zoologie à la Faculté des sciences de Sofia. Le cas était des plus frappants. On constatait, à la région dorsale gauche, une trainée dirigée de bas en haut, assez régulière; après un trajet d'une vingtaine de centi- mètres, elle devenait de plus en plus enchevétrée, de plus en plus accen- tuée, rouge et saillante. Persuadé de l’origine parasitaire de cette lésion singulière, j'avais décidé de faire une incision pour chercher la larve d'OEstride, mais les parents ne ramenèrent pas l'enfant au jour convenu et je n'ai pu suivre le cas. 4° cas. — Il a été communiqué à la Réunion médicale de Sofia, le 8/21 mars 1906, par le chirurgien I. Kosusxarov. D’après notre confrère, ce serait le même cas que le précédent. La portion de peau contenant le pa- rasile a été enlevée sous narcose; après ce traitement radical, les trainées rouges n'ont pas reparu et la guérison fut définitive. Au cours de la discussion qui suivit cette intéressante communication, le D' Kirov fit connaitre qu'en 1899, étant médecin de la ville, il observa un cas tout semblable, qui était certainement de même origine. Tels sont les cas de myase hypodermique actuellement constatés en Bulgarie. La maladie doit étre répandue dans nos régions; je ferai connaitre tous les faits nouveaux que je pourrai recueillir sur elle. — Chr. Docrorov, Directeur de l'Institut antipesteux de Sofia. (1) Meditzinski Napridak, n° 21-22, p. 370, 1900. hé < NOTES ET INFORMATIONS 311 Le «type » en histoire naturelle (X, 114). — Nous avons attiré déjà l'attention sur l'importante question du type zoologique. La question s'est élargie récemment, par suite de la publication d’une-note que nous croyons devoir insérer ici, d'après la traduction qui en a été donnée par M. L. Brasiz, préparateur de zoologie à l'Université de Caen (1). LA NOMENCLATURE DES TYPES D'HISTOIRE NATURELLE par Charles ScaucHerT et S.-S. BucKkMAN. Le travail fait par nous dans les musées pour le classement et pour l'établissement de catalogues de « types » et autres échantillons de col- lections, nous a montré que la nomenclature actuelle ne suffit pas encore pour distinguer d'une façon critique toutes les différentes catégories de ces objets. D'autre part, quelques-uns des termes proposés dans ce but ont déjà été employés ailleurs : par exemple, homotype est usité en biologie ; monotype est le nom d’une machine à imprimer; autolype désigne un procédé d'impression. Nous croyons donc devoir offrir le présent système de nomenclature et, en le faisant plus complet, nous avons l'espoir d’avoir fourni un schéma qui rendra un service réel dans l'étiquetage et l'enregistrement des types et du matériel qui s’y rapporte. Les termes imprimés en capitales indiquent les additions et les modifi- cations introduites par nous. On trouvera d'ailleurs une explication plus complète de tous les termes dans le Catalogue of the type and figured Specimens of Invertebrate Fossils in the U. S. National Museum, travail de Charles SeHUcHERT en ce moment à l'impression. Le présent article donne simplement un synopsis des termes qui ont été jugés nécessaires pour la confection d’un semblable travail. Nous ferons maintenant une autre remarque. Après les différents termes, nous avons placé, en les encerclant, les abréviations dont nous proposons l'usage pour les petits échantillons auxquels il serait impossible ou imprudent de fixer une étiquette entière. Pour l'établissement de ces abréviations, notre plan a été le suivant : pour les types de la première classe, deux lettres majuscules ; pour ceux de la seconde, une lettre majuscule et une lettre minuscule ; pour les échantillons typiques, deux lettres minuscules. Dans les définitions qui suivent, l'expression « description » indique qu'il s’agit d'une description faite soit par mots, soit par une figure, soit par les deux procédés à la fois. Par souci de l'exactitude, nous proposons d'appeler PROTOLOGUE la description originale par mots (description-type), PROTOGRAPHE la description originale par figure (figure-type). Il est évidemment plus facile d'identifier les types actuels d’après le proto- graphe que d'après le protologue. (1) Archives de Zoologie expérimentale et générale, (4), IV, Notes et Revue, p. xIV-xvI, 4905. 312 NOTES ET INFORMATIONS. — Types primaires : PRorTÉRoTYPES. Matériel sur lequel sont basées les descriptions originales des espèces. Holotype (HT. fe ). — Le seul échantillon possédé à l'époque par Von teur de l'espèce; l'échantillon définitivement et exclusivement choisi ou indiqué comme type par l’auteur de l'espèce; l'échantillon qui a seul servi poUE l'établissement d'un protographe donné ou cité. Cotype (plus proprement Syntype) (Sr) — bin échantillon de la série originale quand il n'y a pas d'holotype. Paratype (P. Eu — Un échantillon de la série PE UE il y un holotype, -. LECTOTYPE (LT L ) — Un syntype choisi ultérieurement à la ie tion originale pour prendre la place que dans Éauirs nu cas holotype occupe (2:74, choisi). _— Types supplémentaires : APOTyYPES (à la place de Hypotypes déjà en usage). Matériel sur lequel sont basées des descriptions supplémentaires d'espèces. Héauroryre (à la place de Autotype déjà en usage) (H.t.). — Un échantillon identifié à une espèce déjà décrite et nommée, choisi de plus par l’auteur de l'espèce lui-même pour servir de base à une description supplémentaire, un tel échantillon n'étant pas un des protérotypes. Plésiotype (P. t.).— Un échantillon identifié à une espèce déjà décrite et nommée, mais non par l’auteur de l'espèce lui-même. Néotype (N.1.). — Un échantillon identifié à une espèce déjà décrite et nommée, choisi de plus pour être le nouvel étalon dans le cas où les protérotypes seraient perdus, détruits ou trop imparfaits pour la détermination : un tel échantillon venant de la même localité et du même horizon que l’holotype ou le lectotype de l'espèce originale. — Echantillons typiques : Icorypes (ii: (1), qui est comme). Matériel n'ayant pas été employé pour la littérature, mais qui sert de moyen d'identification. TOoPOTYPE Ce b À — Un échantillon d'une espèce nommée, de la même localité que l'holotype ou le lectotype, en paléontologie de la même localité et du même horizon. MÉTATYPE (m.t.). — Un topotype identifié par l’auteur de l'espèce lui-même. IDioTyPE (i. t. nt — Un échantillon identifié par l'auteur de l'espèce lui- LE mais non un topotype. | Homoorype (à la place de Homotype préoccupé) (He t.). _ Un échan- tillon identifié par un spécialiste, après comparaison avec l'holo- type ou le lectotype (£z::, ressemblant). (1) £ucs, Sen. £vxurss, sus pour er, Icotypes pour raison d’euphonie. NOTES ET INFORMATIONS 313 CHIROTYPE (x. t.).— Un échantillon sur lequel un chironyme est basé (Chironyme, nom manuscrit, Coues 1884). —._ En addition à ce qui précède, nous devons encore considérer l'emploi È de l'expression « type » par rapport à l'établissement des genres, — une EC: espèce donnée est le type d'un genre. La classification de tels types sera la suivante : : . Types de genres : Génotypes. Fe GÉNonoLorype. — L'espèce seule pour laquelle un genre est établi ; d’une série d'espèces pour lesquelles un genre est établi, l'espèce seule désignée par l’auteur comme étant le « type ». de GÉNosynrype. — L'une des espèces d’une série ayant donné lieu à l'établissement d’un genre, aucune de ces espèces n'étant le géno- holotype. . _ GÉNoLECTOTYPE. — L'espèce seule choisie après coup parmi les géno- 3 syntypes pour devenir le (type ». 4 Présence des Acariens du genre Halarachne chez les Phoques de l'Océan Antarctique. — M. Lucien H. VALETTE, attaché au Laboratoire de zoologie appliquée du Ministère de l’agriculture, à Buenos-Aires, a fait récemment une importante exploration scientifique de l'archipel des Or- cades du sud. Entre autres parasites, il a recueilli des Acariens dans les : fosses nasales du Phoque de Weddell (£eptonychotes leopardinus). : " Ces Acariens m'ont été soumis, en vue d’une détermination. Par malheur, æ il n'y avait parmi eux aucune forme adulte. Les larves hexapodes et les nymphes octopodes ont la plus grande ressemblance avec celles de l’Hala- rachne halichæri décrit par Allman (1) chez un Phoque des côtes d'Ir- 1 lande (Halichærus grypus); j'ai pu m'en assurer en les comparant avec des 4 spécimens de cette dernière espèce qui m'ont été obligeamment prêtés par ; le D' TrouEessaRrT. Toutefois, en l'absence des adultes; il me semble impos- siblé de conclure soit à l'identité, soit à la non- identité spécifique des Aca- riens de l’une et l’autre provenance. _ Quoi qu'il en soit, il est intéressant de constater qu'un même genre d'Acariens est représenté par des formes très voisines, peut-être même identiques, aussi bien chez les Phoques de l'hémisphère austral que chez ceux de l'hémisphère boréal. Les Acariens du genre Halarachne ont été rattachés par TROUESSART (2) 4 à la sous-famille des Rhinonyssinæ, qui fait partie de la famille des Gama- EE Sidæ. — R. BL. (1) G. ALLMAN, Description of a new genus and species of tracheary Arachni- dans. Annals of nat. hist., XX, p. 47, 1847. | (2) E: Trouessarr, Note sur les Acariens parasites des fosses nasales des Oiseaux. | 40 C. R. de la Soc. de biol., XLVNI, p. 723, 1894. Bull. de la Soc. entomol. de France, | p. coxLur, 1894. 314 NOTES ET INFORMATIONS Note complémentaire sur un Sarcoptide détriticole, endoparasite acci- dentel chez l'Homme. — J'ai décrit et figuré, en 1902 (1), une espèce du genre Histiogaster qui s'était trouvée, en colonie nombreuse, dans un kyste du testicule chez l'Homme, et que j'avais considérée comme entièrement nouvelle sous le nom d'Histiogaster spermaticus Trt. Dans cette description, j'avais surtout comparé cette espèce à Histio- gaster carpio (Kramer), type du genre Hishiogaster Berlese, 1883. Depuis, j'ai reconnu qu'elle se rapproche beaucoup plus d'Histiogaster entomophagus (Laboulbène). Si j'ai négligé de parler de cette dernière espèce, c'est qu'à cette époque je n'en possédais pas de spécimens en nature. J'avais bien comparé ma nouvelle espèce à la figure que Berlese donne (2) de Monieziella entomo- phaga [= Acarus (Tyroglyphus) entomophagus Laboulbène], mais cette figure est inexacte sous plusieurs rapports, notamment en ce qui concerne la forme de l'organe génital, et je n'avais trouvé aucune affinité entre les deux espèces. Récemment j'ai pu me procurer la description originale de Laboulbène et Robin (3), et constater que la forme de l'organe génital (figuré sur la pl. X)est identique à celle de l’espèce que j'avais à déterminer. Quant au genre Monieziella, il ne diffère par aucun caractère valable d'Histiogaster qui a la priorité. Cependant Histiogaster spermaticus diffère d'Histiogaster entomophagus par des caractères assez tranchés pour qu'il soit nécessaire d'en faire au moins une sous-espèce distincte. Ce sera donc : HISTIOGASTER ENTOMOPHAGUS SPERMATICUS rt. Synonymie. — Histiogaster spermaticus Trt., 1902 (fig. 1-3). Caractères. — Mâle semblable à H. entomophagus typicus (Laboul.), mais plus robuste et plus fortement chitinisé; le lobe abdominal plus large et incomplètement trilobé (il est entier dans le type). Epimères de la 2° paire se prolongeant en arrière et se recourbant en dehors pour aller rejoindre la base de la patte ; épimères de la 3° paire se prolongeant en avant jus- qu'au sillon thoracique. Rostre très large, triangulaire (dans le type, il est allongé, simplement conique). Pattes courtes, robustes, trapues, celles de la 4° paire plus fortes que celles de la 3°, n’atteignant pas la base du lobe (dans le type, elles atteignent presque l’extrémité du lobe). Caroncule du tarse courte, peu distincte de l'article; griffes beaucoup plus fortes que celles du type. D'ailleurs, la forme de l'organe génital (très caractéristique) est identique. Femelle à rostre très grand et très large ; les épimères très développés, comme chez le mâle, avec une pièce sternale en T entre les épimères de la 2° paire (cette pièce n’est pas dévelonpée chez le type). Habitat. — L'Hindoustan. (4) Archives de Parasitologre, V, 1902, p. 449, fig. 1-4. (2) Acari, Myriop. e Scorp. italiani, 1897, fase. XC, n° 1. (31 Description de l’Acarus (Tyroglyphus) entomophagus Laboulbène. Annales de la Soc. Entomologique de France, 11, p. 317, pl. X,1$62. NOTES ET INFORMATIONS 319 Remarque. — On peut admettre que les caractères diflérentiels que je viens de signaler ne sont que le résultat d’une chitinisation plus intense du derme, sous l'influence d'un climat plus chaud, comme celui de l'Inde. Cependant ils sont tellement marqués que, n’était la forme identique de l'organe génital, on serait porté à maintenir la distinction spécifique. Etant donné qu'il s’agit de spécimens conservés dans l'alcool, et que l’ac- tion astringente de ce liquide a pu modifier sensiblement les proportions . et notamment la forme du tarse (qui semble complètement dépourvu de caroncule transparente), il est plus prudent de ne considérer cette forme nouvelle que comme une sous-espèce d’'Histiogaster entomophagus. Mœurs d'Histiogaster entomophagus. — Laboulbène qui le premier a décrit cette espèce, l'avait trouvée, en France, très abondante dans les collections d'Insectes, où elle détruit surtout ceux de grande taille dont les intestins tournent au gras. Fumouze et Robin l'ont trouvée sur des Cantharides arrivant de Sicile. Il est assez curieux que Michaël, en Angleterre (1), n'ait jamais pu rencontrer cette espèce dans les collections . d’Insectes, où l’on trouve seulement Glyciphagus domesticus et Tyroglyphus longior. L'espèce serait donc plutôt méridionale. Quoi qu’il en soit, Michaël rapporte également à Histiogaster entomc- phagus le Tyroglyphus malus (Riley), trouvé par Riley, en Amérique, sur l'écorce des Pommiers, où il dévore l’Aspidiotus conchiformis, et par Lignières, en France, dans les mêmes circonstances, ainsi que l’Histio- gaster aleurophagus Sicher, que cet auteur a trouvé dans la farine. Enfin Michaël a décrit et figuré la même espèce d’après des spécimens trouvés sur de l’Ergot de seigle provenant de Russie. — D’ E. TROUESSART. (4) Micnarz, Brilish Tyroglyphideæ, Il, 1903, p. 65 et pl. XXVIT. OUVRAGES REÇUS Tous les ouvrages reçus sont annoncés SRRSTANNES R. BLANCHARD, Zoologie et médecine. C. R. du 6° Congrès international de zoologie, session de Berne 1905, p. 42-54, 1905. E. BourGuer, Contribulion à l'étude des épanchements chyleux de la cavité Denraee Thèse de Paris, in-8° de 120 p., 1905. ‘ L. Jacqueret ROUDÉAU, Le vernix caseosa, l’hérédo-séborrhée et r acné fœtales- Presse méd., 18 mars 1905, in-8° de 24 p. Je LAUMONIER, La pelade d’origine dentaire (pelade de Jacquet): Bull. dén de thérapeutique, 30 mai 1905, in- ge de 22 p. Vox Lixsrow, Die durch tierische Parasiten erzeugten toxichen Stofe. VIII. Internationaler tierärztlicher Kongress. Budapest, in-8° de 14 p., 1905. . L. Mouré, L’inspection des viandes en Allemagne, Ne la loi de 1900 et le règlement de 1902. Revue gén. de méd. vétérinaire, p. 129-136, 1903. A C. NICOLLE, Statistique des personnes traitées à l'institut Pasteur de Tunis pendant l’année 1903. Annales de l’Institut Pasteur, XVIIX, p. 654-656, 1904. C. Nicozze et J. CHaLrTiez, Quelques faits et expériences concernant la rage. Annales de l’Institut Pasteur, XVII, p. 644-653, 1904. Or, Der Krebs der Haustiere. VIII. Internationaler tierarztlicher Kongress, Budapest, in-8° de 18 p., 1905. P. Rocuxr, Les précurseurs de Pasteur, Hsre des fermentations. Thèse de Paris, in- 8 de 79 p., 1905. - RôGKL, Einheitliches Muster für die regelmassigen Ne über die V erbreitung von Tierseuchen. VIII, Internationaler tierärztlicher Kongress. Budapest, in-8° de 18 p., 1905. A. SHiPLey and J. HoRNELL, Further report ou parasites found in connection with the Pearl Oyster fishery at Ceylon. Report to the Government of Ceylon on the Pearl Oyster fisheries of the gulf of Manaar, UI, p. 49-66, 1 pl., 1905. H. Spirar, Etude sur les essais expérimentaux d'inoculation peladique à l'Homme. Thèse de Paris, in-8 de 73 p., 1905. J. SzpiLMANN, Bekämpfung und Tilgung de Wutkrankheit. VIII. Internatio- naler tieraztlicher Kongress, Budapest, in-8 de 23 p., 1905. R. Wurrzet A. Tniroux, Diagnostic et séméiologie des maladies tropicales. Paris, Masson et Ci°, grand in-8° de XII-541 p., 1905. Sporozoaires J. Krassicsrscmx, Sur une affection parasitaire des Lépidoptères produite par un Sporozoaire nouveau (Microklossia prima). C. R. Soc. biol., LVII, p. 656-657, 1905. J. Krassizsrscrix, Sur l’évolution de la Microklossiæ prima (première phase). C. R. Soc. biol., LV, p. 736-737, 1905. J. KrassizsrscmiKx, Sur l’évolution de la Microklossia prima (2° phase) C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 738-739, 1905. A. Lurz © A. SPLENDORE, Pebrina e Microsporidi simiglianti. Contribuzione alla conoscenza degli Sporozoari braziliani. Rivista di Palolagia vegetale, X, in-8° de Op, Apl-4003: A. Lurz und A. SPLENDORE, Ueber Pebrina und verwandte Mikrosporidien. Cen. tralblatlt fur Bakteriologie, Originale, XXXVI, p. 645-650, pl. I-IT, 1904. A ” OUVRAGES REÇUS 917 E. SALMoON and TH. Smirx, Texas fever, or southern cattle fever. U. S. Depart- ment of agriculture, Bureau of animal industry, circular n° 69, in-8° de 73 p., 190%. Hémosporidies Mauviez, Le paludisme à Diégo-Suarez (Madagascar) et à Touggourt (Algé- rie). Paris, Maloine, in-8° de 116 p., 1905. C. Nicozce, Un essai de campagne antipaludique en Tunisie (Oued-Zangua, Pont de Trajan, 1903). Bull. de la Direction de l'Agriculture el du Commerce, Tunis, in-8° de 21 p., 1904. GC. Nicozze et C. CoMTE, Sur la signification des corps en anneau décrits par MM. Sergent dans le sang des paludéens. C. R. Soc. biol., LVIII, p. 760-762, 1905. J. J. Vassaz, Sur un Hématozoaire endoglobulaire nouveau d’un Mämmifère. Annales de L'Institut Pasteur, XIX, p. 224 232, pl. X, 1905. Flagellés E. Bruwprr et Wurrz, Note sur le traitement de la maladie du sommeil expéri- mentale par l’acide arsénieux et le trypanroth. C. R. Soc. biol., LIX, p. 61-63, 1905. M. MAyErR, Experimentelle Beiträge zur Trypanosomeninfektion. RC für exper imentelle Pathologie und Therapie, 1, in-8 de 8 p., 1905. C. Nicozce et C. Comre, Faible réceptivité d’une Chauve-souris pour un Tigres nosome pathogène. C. R. Soc. biol., LNIIT, p. 245-246, 1905. R. OcHmann, Trypanosomiasis beim Schweine. Berliner tierarztliche Woch., in-8° de 4 p., 1905. G. QuenriN, Essai sur l’auto-inoculation du chancre syphilitique. Thèse de Paris, in-8° de 64 p., 1905. … L: Renaur, De la transmission de la syphihs par l'allaitement au point de vue juridique et déontologique. Thèse de Paris, in-8° de 78 p., 1905. A: ScxauDINN et E. HoFEMANN, Ueber Spirochæte pallida bei Syphilis, und die Unterschiede dieser Form gegenüber anderen Arten dieser Gattung. Berliner klin. Woch., in-8° de 10 p., 1905. J. SieGez, Neue Untersuchungen über die Aetiologie der Syphilis. Müunchener med. Woch. ., in-8° de 16 p., 1 pl., 1905. - THiroux, Sur un nouveau Trypanosome de la Souris domestique (Hus mUsCU- lus). C. R. Soc. biol., LVIIL, p. 885, 1905. Helminthes en général Vox Linxsrow, Helminthologische Beobachtungen. Archic für mihr. Anat., LXVI, p. 355-366, pl. XXIIT, 1905. Cestodes V. ArioLA, Î Cestodi e la metagenesi. Atli della Soc. ligustica di sc. nat. e geografiche, XVI, in-8° de 7 p., 1905. I. IsiMA, On a new Cestode larva parasitic in Man /Plerocercoides prolifer). Journal of the College of science, Imperial University Tokyo, XX, in-4° de 21 p. 4 pl., 1905. P. MARAIS pe BeaucHamP, Etudes sur les Cestodes des Sélaciens. Archives de Parasitologie, IX, p. 463-539, 1905. V. Nicarse, Des indications et de la valeur thérapeutique de la néphrectomie dans le traitement du kyste hydatique du rein (néphrectomie totale et néphrec- tomie partielle). Thèse de Paris, in-8° de 72-CIIT p., avec 3 pl., 1905. 318 OUVRAGES REÇUS S. OPPENHEIM, Contribution à l’étude des kystes hydatiques du foie commu- niquant avec les voies biliaires. Thèse de Paris, in-8° de 69 p., 1905. B. H. Raxsom, The gid parasite (Cœnurus cerebralis) : its presence in american Sheep. U. S. Department of agriculture, Bureau of animal industry, Bull. n° 66, in-8° de 23 p., 1905. L. Rinnicx, Kysies hydatiques du foie et cholémie simple familiale. Thèse de Paris, in-8° de 76 p., 1905. Trématodes M. Leruzee, Bilharziose intestinale. Archives de Parasrtologie, IX, p. 329-439, pl. I-II, 1905. Nématodes BrÉHou, Fréquence de l’Uncinaire et de quelques autres Vers intestinaux dans une région du bassin houiller du Pas-de-Calais. Archives de Parasitologie, IX, p- 540-545, 1905. M. HerMAN, Note sur la pénétration des larves de l’Anchylostome duodénal à travers la peau humaine. Bull. de l’Acad. roy. de médecine de Belgique, in-8° de 72 p., 4 pl., 1905. M. HERMAN, Le traitement de l’anchylostomasie par l'essence d'Eucalyptus associée au chloroforme et à l'huile de Ricin. Bull. de l’Acad. roy. de médecine de Belgique, in-8 de 7 p., 1905. Vox Lixsrow, Strongyloides Fülleborni, n. sp. Centralblatt für Bakteriol., Originale, XXXVNIII, p. 532-534, 1 pl. 1905. A. Maxouvriez, Mines de houille rendues réfractaires à l’Ankylostome par des eaux salées de filtration. Paris, Rousset, in-8° de 26 p., 1905. 4 C. J. Masson, Crises gastriques et pseudo-appendiculaires causées par lAS- | caris chez l'adulte. Thèse de Paris, in-8° de 67 p., 1905. F. J. Monricezri. Sul ciclo biologico dell’ Ichtyonema globiceps Rudolphi. C. R. du 6° Congrès internat. de zoologie, p. 400-401 (1904), 1905. Acanthocéphales L. pe Marvaz Monographie des Acanthocéphales d'Oiseaux. Revue suisse de zoologie, XVIII, p. 295-387, pl. I-IV, 1905. F. S. Monricezut, Sull’ Echinorhynchus aurantiacus Risso. Annuario del Mu- seo zool. della R, Univ. di Napoli, (2), I, p. 1-3, 1905. F. S. MonricEzut, Su di un Echinorinco della Collezione del Museo zoologico di Napoli (Echinorhynchus rhylhidodes Monticelli). Annuario del Museo zoologico della R. Univ. di Napoli, (2), I, in-8° de 43 p., pl. V, 1905. Crustacés A. Brian, Nouveau Copépode parasite, Caligus remorae n. sp. Archives de Parasitologie, IX, p. 504-567, 1905 Insectes E. E. Ausrex, The House Fly and certain allied species as disseminators of enteric fever among troops in the field. Jonrnal of the Royal Army Medical Corps, in-8° de 16 p., 2pl., 1904. E. Cazenpour, Un cuso di miasr da « Lucilia sericata ». Considerazoni sulla miasi. Cenno delle Specie di Muscidae finora conosciute parassite dell Uomo. Naples, in-8° de 29 p., 1904. me Fr CR OUVRAGES REÇUS 9319 P. FAgre, Le venin des Hyménoptères. Bull. de l’Acad. de Méd., in-8° de 23 p., 23 mai 1905. C. FRANÇA, Sur une nouvelle espèce de Glossine, Glossina Bocagei n. sp. Jornal de sciencias math., phys. et natures, Lisbonne, (2), VII, p. 134-136, 1905. C. FRANcA, Sobre as Glossinas da Africa oriental existentes no Museu de Lisboa. Jornal de sciencias math., phys. e naturaes, Lisboa, (2), VII, p. 137-140, 1905. … L. Genoresr, Contribution à l’étude des larves cuticoles de Muscides africaines. Archives de Parasitologie, IX, p. 568-592, 1905. E. O. Jorpan and M. HerFeRAN, Observation on the bionomics of Anopheles. Journal of infectious diseases, IT, p. 56-09, 1905. A: Lurz, Nota preliminar sobre os Insectes sugadores de sangue observados nos Estados de S. Paulo e Rio de Janeiro. Brazil medico, in-8° de 9 p., 1903. A. Lurz, Technica seguida nas experiencias feitas com Mosquitos. Revisla do Gremio dos Internos da Bahia, in-8° de 8 p., 1904. A.Lurz, Beiträge zur Kenniniss der br asilianischen Tabaniden.S. 1., in-8° de 16 p., 1905. E. Marrmi, Insekten als Krankheitsüberträger. Berlin, in-8° de 39 p., 1904. GC. Nrcorze et G. CATOUILLARD, Sur le venin d’un Scorpion commun de Tunisie {(Heterometrus maurus). C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 100-102, 1905. C. NicorLe et G. CarouIzLArD, Action du sérum antivenimeux sur le venin de Heterometrus maurus. C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 231-233, 1905. J. W. Srspnenxs, Two cases of intestinal myiasis. Thompson Yates and John- ston laboratories Report, VI, p. 119-121, 1905. M. Royer, Note sur l’éclosion de Calliphora Cæsar (L.) et sur le rôle de l’am- poule frontale des Muscides. Annales de l’Assoc. des naturalistes de Levallois- Perret, X, p. 26-29, 1904. E. VENTRILLON, Culicides nouveaux de Madagascar. Archives de Parasitologie IX, p. 441-450, 1905. H. ZiEMANN, Beitrag zur Verbreitung der blutsaugenden Tiere in West-Afrika. Archiv fur Schiffs- und Tropen-Hygiene, IX, p. 114-119, 1905. Reptiles L° Rocers, Five cases of Snake-bite Successfully treated by the local application of permanganate of potash. Intian medical Gazelte, XL, in-8° de 6 p., 1905. Bactériologie _ G. BEaurizs, Action des peintures murales sur les Microbes. Thèse de Paris, in-8° (le 60 p., 1905. P. BLonniN, Essai sur le rôle du Bacille de Koch dans la genèse de cerlaines _ cirrhoses de foie « dites alcooliques ». Thèse de Paris, in-8° de 132 p., 1905. M: Cazver, Contribution à l'étude de la virulence expérimentale du Bacille de Koch dans les pleurésres tuberculeuses à épanchement séreux. Thèse de Paris, in-8° dé 48 p., 1905. E. Caaumier, Note sur la transformation de la clavelée du Moulon en vaccin jennérien. Soc. méd. d'Indre-et-Loire, 17 juin 1905. Tours, in-8° de 6 p., 1905. R: Duponn, Le Bacille du charbon est mobile et péritriche. C:. R. Soc. biol., LVIIT, p. 911-913, 1905. A. EBER, Feststellung einheitlicher Grundsätze für die Beurteilung der Tuber- kulinreaktion beim Rinde. VIII. Internationaler tierärztlicher Kongress in … Budapest, in-8 de 8 p., 1905. Ta. GRUBER, Die Milch und deren Behandlung mit besonderer RückSicht auf die Reform des Melkens, entsprechend den hygienischen Aufforderungen. VI11. Internationaler lierarztlicher Kongress, Budapest, in-8° de 18 p., 1905. 320 OUVRAGES RECUS Lorexz, Ueber die Art.der Infektion bei dér Tubérkulose der Haustiere. VIIL. Internationaler tierarzllicher Kongress in Budapest, in-8° de 18 p., 1905. Ta. Mapsex et H. Nocuoxr, Toxines et antitoxines. L'influence de la température sur la vitesse de réaction. II. Bull. de l’Acad. des sciences et des leltres de Dane- mark, p. 447-456, 1904. Tu. Mapsex et H. Nocucur, Toxines et antitoxines. Saponine-cholestérine. Bull. de l’Acad. des sc. et des lettres de Danemark, p: 457-464, 1904. J. R. Moucer, Pathological report on a case of rabies in a woman. U. S. Depart- ment of agriculture, Bureau of animal industry, XX, p. 54-60, pl. I, 1904. L. Monier, Contribution à l'étude pathogénique des infections dentaires.Thèse de on in-8° de 87 p., 1904. L. Moucé, Les intoxications alimentaires par les viandes. R2v. gén. de méd. vélérinaire, in-8° de 12 p., 15 mai 1905. L. MouLé, Diagnostic du charbon bactéridien dans les viandes rene. Bull. de la Soc. centr. de méd. vétérinaire, in-8° de 8 p., 30 mai 1905. C. Nicoe, Reproduction expérimentale de la lèpre chez le Singe. C. R. Acad. des sciences, CXL, p. 539, 1905. C. Nicozce et M. Trioo, La fièvre méditerranéenne en Tunisie. Presse médicale, in-8° de 22 p., 22 février 1905. L. Porssexor, Valeur diagnostique de la tuberculine R; quelques remarques sur la réaction thermique. Thèse de Paris, in-8° de 103 p., 1904. P. RaniGuer, Rôle des toxines tuberculeuses locales dans les procéssus tuber- culeux. La tuberculose, maladie d'intoxication surtout locale. Thèse de Paris, in-8° de 55 p., 4 pl., 1905. E. SALMON and Ta. Surrx, Anthrax in Cattle, Horses and Men. Ü. S. Depart- ment of agricullure, Bureau of animal industry, circular n° 71, in-8& de 10 p., 190%. M. Sazomow, Recherches expérimentales sur les lésions rénales causées par les poisons tuberculeux. Thèse de Paris, in-8° de 76 p., 1904. W. SzczawixskA, Contribution à l'étude des cytotoxines chez les Invertébrés. Archives de Parasitologie, IX, p. 546-563, 1905. - Tairoux, Peste endémique, bubons climatiques, lymphangite infectieuse de la Réunion et érysipèle de Rio. Annales de l’Institut Pasteur, XIX, p. 62-64, 1905. C, TrrABoscur, Die Bedeutung der Ratten und Flôhe auf die Verbreitung der Bubonenpest Zeitschr. für Hyg. und Infectionskrankheiten, p. 512-552, 1904. W. B. Waerry, Some observations on the biology of the cholera Spirillum. Bureau of government alboratories, Biological laboratory, Manila, n° 19, in-8° de 36 p., 7 pl., 1905. Algues G. T. Moore, The contamination of public water supplies by Algæ. Yearbook of Department of griculture, p. 173-186, pl. XVIII-XIX. 1902. G. T. Moore and K. F. KELLERMAN, À method of destroying or preventing the growth of Algæ and certain pathogenic Bacteria in water supplies. U.S. Depart- ment of agriculture, Bureau of plant industry. Bulletin n° 6%, in-8° de 44 p., 1904. Mycologie G. BELGODÉRE, Traitement des folliculiles suppurées sycosiformes par les puivérisalions résorcinées. Thèse de Paris, in-8° de 116 p., 14904. L. »'HernoMez, Etude synthélique de la Levure de bière en thérapeutique. Thèse de Paris, in-8° de 69 p., 1904. E. JeANSELME, Les teignes et leur traitement. Leçons faites à la clinique du Prof. Debove. Tribune médicale, in-8° de 48 p., 1905. Archives de Parasitologie, X, 1906. AP ( ( | | F. Luhs del. | Trypanosoma Theileri. Ua 3 11h 3 L L L + NE | -Le Recueil de Mécecine vétérinaire paraît les.15 et 30 de chaque mois Le numéro du 30 contierit IN EXTENSO le Bulletin des séances de la Société centrale ” de Médecine vétérinaire. -’ Paris et Départements : SRSTies AT re de Par nr She es mémoires s originaux Ronté dans. Je: ou. l'autre des six langues suivantes : français, allemand, anglais. ‘espagnol. italien no : Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE PACTYEOGRAPHIÉ | à h machine});-afin de: réduire les corrections au minimum. 2 Ce texte doit être conforme aux règles suivantes: * = RUTS 1° On appliquéra strictement.les règles de la Nomenclature z00logique “ou botanique adoptées par les Congrès internationaux dé zoologie et de botanique; 7° -. 2° On fera usage, tant pour les noms d° auteurs qué pour les indications es -phiques, des abréviations adoptées par ces: mêmes Congres ou par le Zoological Record. de Londres; | 3 3 Les noms géographiques. ou les noms Done empruntés à des langues qui n on . pas l'alphabet latin seront transcrits COTE aux règles intérnationales adoptées . par les Congrès de zoologie; les Tout : nom d ètre. vivant, animal ou “plante, commencera par une- première lettre à capitale; : & -5° Tout nom scientifique latin SCra imprimé en italiques (souligné une fois sur. de ent É 2 : Dans l'intérêt de la. DD on et pour assurer le maximum. de perfection | “dans la reproduction des planches-et figures, tout en supprimant des dépenses inutiles, nos _ collaborateurs sont priés de se conformer aux règles suivantes : Ut 2e ER Fe 1° Dessiner sur papier où sur bristol bien blanc. PSN NAN ANSE : me 2 Ne rien écrire sur les dessins originaux. We Li FH 3° Toutes les indications (lettres, chiftrés, explications de figures, etc. } seront placées. -_ sur un calque recouvrant la planche ou le dessin, ea 4° Abandonnér le plus Speo le crayon à la mine de plomb pour. le crayon Wolf. où: l'encre de Chine = Les auteurs d'articles insérés aux Archives sont instamment priés. de. renvoyer à: Ja Réd daction, dans un délai mininrum de huit jours, les preuves tarrigées avec Les. à manuscrit ou l'épreuve précédente.” KT ls recevront gratis 50 tirés à part de joue article. Ils sont invités à faire connaitre Sans délai-sils désirent en-recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), à leurs frais et conformément au tarif ei dessous- Ce tarif ne vise que l'impression typographique; à ilne concerne-point les planches, dont le prix peut varier considérablement. Toutefois, il importe de dire que, pour les exemplaires d’ auteurs, les planches seront CRDI DH teMenL au prix de revient. Les tré és à us ne peuvent étre mis on ventes. LEE FAREE DES TIRÉS À PART 0 À Une feuille entière. Trois quarts de feuille Une demi-“euille Un quart de feuille: Un huitième de feuille ESS - Le Gérant :. | Dr J. GurART: À École ProteSsionnelle à Unprimerie, à Noisy- le-Gr'and (Seiné-et- DRE OLOGIE UF PUBLIÈES RAR Ge SERRES, EP RAPHAËL BLANCHARD PROFESSEUR ns A FACULTÉ DE MÉDECINE pe PARIS MEMBRE _DE L 'AGADÉMIE DE. MÉDRGINE = NS e . En ASSELIN ET. HOUZEAU, ÉDITEURS : PLACE DE Le ÉCOLE. DE MÉDECINE. E # s Archives paraissent tous les trois mois. | Le SOMMAIRE | Umserro DrAco, — Azione. sperimentale dei suechi digerenti sull invo= -—lucro delle ova di alcune Tenie : . . . : . RO NN NE des En PO La N. Cocoprovsky. — Cestodes nouveaux ou peu connus (pl. VIE X} e. 332 CHARLES LEBAILLY. — Recherches sur les Hématozoaires ue des Téléos- téens marins (pl. VW). LE Res ne ed 348 R. BLANCHARD. — L’appendicite et la iÿphlo: noite Sont lès fréquemment des affections VELNINÉUSS ER 2 ne VE nes 405 CHARLES NicoLLe et. Pinoy. — Sur un cas de myeétome d d’origine aspergile £ laire observé en Tunisie (pl. XI). CRT DR Re Re D A ee 497 FERRIER. — L'uncinariose en Algérie PT Ann REED A ER ESA Notes et Informations . . . . -: PE ne Some NÉE UT Are ADD Duvrapes TECUS 7. Re RATS ES SR CR ne De RP id AV IS Les Archives de Pa aluie ou + … par MM. ASSELIN et HOUZEAU, Évrreurs, Place de l'École de Médecine, Paris (6°). | re On est prié de s'adresser aux Éditeurs pour tout ce qui concerne l’administration (abonnements, achat des volu- mes antérieurs, etc.). a Les quatre premiers volumes ne sont plus représentés en magasin que par un petit nombre d'exemplaires. Leur prix sera prochainement élevé. N. B. — Le fascicule 4 et dernier du tome X comprendra les tables générales des 10 premiers volumes. La confection de ces tables sera longue. On ne sera donc pas surpris, si le fascicule 4 se fait un peu attendre et si le fascicule 17 du tome XI, qui est tout prêt, est publié avant lui. \ "A ñ \ A | Ÿ NOV141908 2% / \# 4: AZIONE SPERIMENTALE DEL SUCCHI DIGERENTI 4 SULL' INVOLUCRO DELLE OVA DI ALCUNE TENIE (‘) RICERCHE DI UMBERTO DRAGO Nel corso di alcune ricerche sull'embrione della Tænia serrata del Cane e della T. crassicollis del Gatto fui colpito dal fatto che le E- ova (1), messe a contatto con succo gastrico rispettivamente di Co- - niglio e di Topo, e mantenute alla temperatura di 37-38°, non pre- sentavano alcuna modificazione relativa all'integrità dell’involucro esterno. _ Percécosi generalizzato fra i Parassitologi il concetto che il succo + gastrico digerisca il guscio delle ova delle varie specie di Tenia, pervenute che esse siano nello stomaco degli animali destinati ad ospitarne il Cisticerco, che un risultato sperimentale, il quale de- nn ponga in senso contrario, deve essere assoggettato a prove reite- rate, e ad una critica rigorosa. D'altro canto l’asserzione dei Paras- sitologi, rispondente piu che altro a una necessità biologica per potere spiegare il ciclo evolutivo di detti parassiti, non é stata …._ fin’ora controllata da alcuna prova sperimentale (3). Fo'osservare prima di tutto che riesce incomprensibile come mai il guscio di dette ova, il quale generalmente si ritiene di natura chitinosa, possa venire piu che attacato, digerito dal sueco gastrico al quale, com'énoto, é refrattaria la chitina. Sulla costituzione chimica di questa membrana non pare esistano dei dubbi : il Cobbold (4) p. es. tra gli altri, ne sostiene la natura … chitinosa avva lendosi dell’autorita’ del Leuckart, ed afferma che. ne « The remaining part of the yolk forms a granular mass, being ke probably concerned in the formation of the true chitinous shell ». … (4) Lavoro dell Istituto zoologico della R. Universita di Catania, diretto dal Prof. À. Russo. (2) Per magsiore intelligenza, mantengo all’ambrioforo la comune denomi- - nazione di ( 0vOo )». —_ (3) V. appendice in fine. (4) T. SPENCER Cogozp, Parasites; À treatise on the Entozoa of man ie ani- mals. Archives de Parasilologie, X, n° 3, 1906. 21 322 UMBERTO DRAGO - Dopo di questi autori tutti gli altri che si sono occupati dell” argomento non hanno affermato diversamente. Per quanto concerne l’azione digerente spiegata dal succo gas- trico su questa membrana, e la consecutiva fuoruscita della larva esacanta, mi basti per tutti menzionare il Raïilliet (1) il quale serive che : « Dès qu'ils (le ova) sont parvenus dans l'intestin, leur coque est détruite sous l’action du suc gastrique et l’éclosion a lieu », e il Blanchard (2) parlando dell’ovo della T. serrata afferma che « les sucs digestifs dissolvent la coque, et l'embryon est mis en liberté ». Ma. in contrapposto a queste asserzioni, i chimici e biologi, fra cuii l'Hollemann (3) edil Luciani(4), insegnano che la chitina,"come avanti ho accennato, é refrattaria all’azione del succo gastrico. Date queste considerazioni contradittorie, e la mia osser- vazione precedentemente ricordata, ho creduto di intraprendere delle ricerche sull'argomento, non col preconcetto di distruggere un’ asserzione la quale rientra nel dominio delle necessita’ biolo- giche, ma per constatare se ne fossero esatti iparticolari e le condi- zioni invocate, ed il meccanismo cosi semplice. Tanto maggior- m Monopylidiuin soricinum. X T0. : g. 38. — Coupe longitudinale horizontale d’un anneau müùr de HMonopylidiun Dour. X 45. ï : 40 — Poches du Aout du lue d'Hymenelopis spinulosa. x 470. - 41: — Deux petits crochets du rostellum d’Hymenolepis spinulosa. X 600. 42. — Strobile entier d'Hymenolepis spinulosa. X 5. 43. — Strobile entier d'Hymenolopis diaphana. X 30. 4h. — Trois morceaux (4, B, C) de strobile d'Amæbotænia subterranea. X 5. g. 45. — Partie antérieure d’un strobile d'Ameæbotænia sublerranea avec le “scolex. X 66. RECHERCHES SUR LES HÉMATOZAIRES PARASITES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS PAR le D’ Charles LEBAILLY (Planche VII) I. — TRYPANOSOMES Genre TRYPANOSOMA. Le genre Trypanosoma a été créé par Gruby, en 1843, pour un parasite du sang de la Grenouille, vu par Gluge en 1842 et étudié par Mayer et par lui-même. On lui a rapporté en bloc tous les Hématozoaires flagellés obser- vés chez les Poissons. Maïs depuis la découverte par Laveran et Mesnil (1901) dans le sang du Rotengle d'un Trypanosome à deux flagelles, pour lequel ils ont créé le genre Trypanoplasma, on ac- quiert la conviction, en lisant les observations des anciens auteurs, et en examinant leurs dessins, que beaucoup de leurs descriptions se rapportent à des infections mixtes à Trypanosomes et Trypano- plasmes. Nos connaissances sur les Trypanosomes des Poissons se sont développées grâce aux travaux de Gros (1845), Berg et Creplin, (1845), Chaussat (1850), Mitrofanov (1883), Danilevsky (1885) Sha- lashnikov (1888), Kruse (1896), Lingard (1899), etc. Toutes ces observations se rapportent à des Poissons d'eau douce. Sabrazès et Muratet (1901) ont décrit le Trypanosome de l’An- guille ; nous insisterons plus loin sur l’étude de ce parasite. Laveran et Mesnil ont décrit en 1901 plusieurs Trypanosomes du sang des Poissons d’eau douce; entre autres sous le nom de Trypanosoma Remaki un parasite du Brochet, qui se présente sous deux aspects morphologiques tellement différents, que ces auteurs ont distingué deux variétés, T. Remaki var. magna et var. parva. Brumpt (1906 b) a fait connaître quelques espèces nouvelles pa- rasites des Poissons de rivière. LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 349 En ce qui concerne les Poissons marins, nos connaissances sont de date récente. La première indication bibliographique à ce sujet se trouve dans la thèse de Labbé (189%), où il est écrit : « Nous n'avons jamais rencontré de parasites endoglobulaires chez les Poissons; malgré le très grand nombre d'espèces, tant fluviales que marines, que nous avons étudiées nous n'avons jamais trouvé, en fait de parasites, que des Trypanosomes et des Trypano- monades. » | Dans le Traité de Microbiologie de Flügge, Kruse (1896) signale ainsi leur existence : « On doit rattacher aux Herpétomonades les _Hæmatomonas cobitis et carassii trouvés par Mitrofanov dans le sang des Poissons d’eau douce, de même que les parasites rencon- trés par l’auteur dans le sang de Poissons de la Méditerranée. » Il faut arriver jusqu’à 1901 et 1902 pour trouver des indications plus détaillées dans les travaux de Laveran et Mesnil, qui ont étu- dié à ce point de vue les Poissons de mer cartilagineux et osseux. A cette époque, où la découverte du Trypanosoma gambiense Dut- ton, cause de la maladie da sommeil chez l'homme, avait remis au premier plan l'étude de ces Hématozoaires, Laveran et Mesnil ont eu l’idée de les rechercher dans le groupe à peu près inexploré des Poissons marins. Ces études ont fourni une contribution impor- tante à la connaissance de la dispersion de ces Flagellés. A Roscoff, l'examen du sang de 38 Scyllium canicula (petite Rous- sette) et de 3 Scyllium stellare (grande Roussette) a révélé dans le premier cas seize fois, dans le second une fois, la présence d’un Trypanosome décrit sous le nom de Trypanosoma scyllii Laveran et Mesnil, 1902. C’est un parasite de grande taille, 70 à 75 », presque toujours enroulé sur lui-même et peu abondant dans le sang. Chez Raja punctata (uniquement chez les Raïes adultes), Raja macrorhynchus, Raja mosdica et Raja clavata, Laveran et Mesnil ont observé et décrit le Trypanosoma rajæ (1902). Il s'agit encore d'un parasite de grande taille (75 à 80 z), rare ou très rare dans le sang. Il ne paraît avoir aucune action pathogène. Les nombreux Pois- sons osseux examinés à la même époque étaient indemmes, à l'exception des Soles, infestées en petit nombre par le Trypano- soma soleæ (1901). - Au mois de mai 1904, M. le Professeur Dubosecq m'engagea à étudier les parasites du sang des Poissons marins. Ses recherches 390 C. LEBAILLY personnelles, poursuivies au cours de l'été précédent, l'avaient amené à découvrir chez les Téléostéens de la région de Luc un cer- tain nombre d'Hémogrégarines et de Trypanosomes nouveaux, non signalés dans la région de Roscoff par Laveran et Mesnil. M. le Professeur Duboseq m'indiqua l'existence des parasites suivants : Trypanosomes chez la Plie, le Flet et le Callionyme ; Hémogréga- rines chez la Plie, le Callionyme et le Platophrys. Pendant les mois de juillet et août 190%, j'examinai systémati- quement le sang des Poissons pêchés dans les eaux de Luc-sur- Mer (Calvados). Je retrouvai les espèces que m'avait signalées M. le Professeur Duboscq, et je fus assez heureux pour en décou- vrir quelques autres. Au moment de publier ces résultats dans une note‘préliminaire, M. Brumpt me fit savoir qu'il avait découvert à Roscoff des Hématozoaires chez des Poissons marins, et il fut con- venu que les espèces communes seraient décrites en collaboration (Brumpt et Lebaïlly, 1904). Je publiai mes autres résultats dans une note spéciale (Lebaïilly, 1904). En août 1905, j'ai trouvé dans le sang d’une Barbue un Trypanosome et une Hémogrégarine. Dans les descriptions qui vont suivre, les espèces dont l'exis- tence est signalée à Roscoff y ont été vues par Brumpt. Je ne me suis occupé que des Téléostéens marins fréquentant les eaux de la région de Luc-sur-Mer. | TECHNIQUE Avant de commencer l'étude des espèces, quelques mots sur la technique employée sont nécessaires. Le sang a été recueilli au cœur au moyen de pipettes de verre finement effilées. Après avoir soulevé l’opercule, on pique le cœur, facile à viser, lorsqu'on s’est fixé des points de repère. C'est un pro- cédé excellent qui peut être employé avantageusement pour l'exa- men du sang des animaux en cours d'expérience. Cette opération, conduite avec précision à l’aide d’une canule suffisamment fine, n’entraîne pas la mort du Poisson et peut même être renouvelée plusieurs fois. Le nombre des Trypanosomes est en général très faible et, comme on le verra dans la suite, la proportion des Poissons infestés n'est pas très élevée. Il s'agit presque toujours d'infections chroniques, LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 391 où l'on ne trouve dans une forte épaisseur de sang entre lame et . Jamelle que de très rares parasites. Dans ces cas, pour en constater l'existence il est avantageux de centriiuger pendant 10 minutes un mélange de sang provenant de plusieurs animaux de même espèce, dilué dans une petite quan- tité de solution citratée (eau 1000, chlorure de sodium 5, citrate de soude 5). En aspirant avec une pipette la portion du culot qui surmonte les globules rouges, on recueille quelques gouttes d’un liquide tenant en suspension des globules blancs déformés, et des Trypanosomes, quand il en existe. Mais en présence d’un résultat positif, l'examen isolé de chacun des Poissons par la méthode des frottis permet seul d'établir une statistique exacte. L'examen prolongé des parasites vivants a été fait entre lame et lamelle. Il importe d'éviter la contamination de la préparation par les Bactéries. Il faut pour cela recueillir le sang purement, opérer vite et aseptiquement et le déposer entre lame et lamelle flambées. Le bord de la lamelle est luté ensuite par une bordure de parat- nine. L'observation des Trypanosomes est alors possible pendant long- temps, et l'on assiste parfois à des phases très curieuses de multi- plication et de mutation de formes. L'examen après coloration, qui permet seul de prendre connais- sance de la morphologie de ces Flagellés, a été effectué à l’aide de la méthode préconisée par Laveran (1900), et de la méthode de Giemsa. Les lames recouvertes d’une mince couche de sang étaient séchées rapidement et plongées pendant dix minutes, pour la fixa- tion, dans l'alcool absolu. Le mélange de bleu-éosine était alors dé- posé sur lame après évaporation de l'alcool. Une première difficulté de la coloration (dans l'emploi du bleu Borrel-éosine) réside dans la composition du bain. Les proportions de matières colorantes ne se trouvent que par tâätonnements, en partant de solutions titrées, toujours les mêmes, et malgré cette précaution, on n'échappe pas à une cause d’insuccès due aux modifications qui se produisent dans la solution de bleu à l’oxyde d'argent en vieillissant. Un deuxième inconvénient, inhé- rent à la méthode elle-même, provient de la formation de précipité qui est partois très abondant, et peut donner lieu à de fausses in- 392 C. LEBAILLY terprétations. On s'en débarrasse, lorsqu'il n’est pas trop envahis- sant, par lavage de la lame sous un fort courant d'eau, ou bien, après séchage par un lavage au xylol, en traînant à la surface de la couche sanguine, une linge fin trempé dans le dissolvant, comme l'indique Laveran. Malgré la protection efficace que fournit aux parasites la laque sanguine qui les emprisonne, ils peuvent dans certains cas soufirir de la rudesse de ces traitements. La coloration dans une boîte de Petri ou dans une cuve ad hoc, permettant de maintenir en bas la face de la lame recouverte de sang, donne de meilleurs résultats, mais cette méthode a l'incon- vénient de nécessiter l'emploi d’une plus grande quantité de mé- lange qui précipite entièrement au bout de peu de temps. J'ai souvent employé l'artifice suivant, et j'en ai obtenu de bons résultats. Il consiste à faire adhérer le précipité à des feuilles de papier absorbant fin, de papier à cigarettes par exemple. On en découpe des bandes de dimensions un peu plus faibles que celles de la lame ; on dépose une de ces bandes sur la couche sanguine, et l'on verse par-dessus, à l’aide d'un compte-gouttes, le mélange co- lorant. Le précipité reste fixé au papier et la coloration peut être prolongée très longtemps selon le besoin. On peut aussi se con- tenter, après avoir versé quelques gouttes de colorant sur la lame, de laisser flotter la feuille à la surface du liquide. la plus grande partie du précipité lui adhère. Le lavage final entraîne le papier et l'excès de colorant, on peut l’effectuer avec beaucoup de douceur. La méthode de Giemsa, à l’aide de la solution toute préparée de Grübler, n’exige pas tant de précautions, elle ne donne en effet que très peu de précipité, et à part les tâtonnements pour arriver à la bonne dilution du colorant, elle est d’un emploi beaucoup plus facile. Mais il m'a semblé qu'elle ne permettait pas une coloration élective aussi délicate des Trypanosomes. Après lavage rapide à l’eau les lames étaient traitées par le tanin à o pour 100 ou la solution de tanin-orange de Unna et séchées ra- pidement. J'ai employé aussi la méthode de Heidenhain qui permet de sui- vre le flagelle dans les cas difficiles, mais donne de moins bons ré- sultats que le mélange bleu-éosiné dans l'étude des parasites. Il est facile de se rendre compte que les insuccès proviennent de la pré- LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTEENS MARINS 353 sence de cette laque sanguine qui prend la coloration et gêne l'ob- servation des éléments sous-jacents. Il faut pour réussir opérer sur des parasites obtenus par centrifugation et débarrassés de sang aussi totalement que possible. Voici la liste des Téléostéens marins examinés indiquant d’une part les espèces parasitées, et d'autre part celles qui ont été trou- vées indemnes. Le chiffre se rapporte au nombre d'individus étu- diés (1). Ces Poissons provenaient des eaux de Luc-sur-Mer. 1. — L'existence de Trypanosomes a été constatée chez 10 Solea vulgaris (Quens.), 30 Platessa vulgaris (Flem.), 25 Callionymus lyra (Lin.), 8 Cottus bubalis (Euphrasen), 8 Gobius niger (Lin.), 3 Blen- nius pholis (Lin.), 15 Limanda platessoïides (Faber), 20 Platophrys la- terna (Walb.), très nombreuses Anguilla vulgaris (Turt.), 3 Bothus rhombus (Lin.), 9 Pleuronectes flesus (Lin.). II. — L'existence des Trypanosomes n'a pas été constatée chez 4 Nerophis lumbricoïdes, 4 Hippocampus guttulatus, 9 Syngnathus, 10 Motella tricirrata, 9 Motella mustela, nombreux Gadus luscus (cen- trifugation), 6 Mullus surmulettus, très nombreux Conger conger (centrifugation), 20 Gunellus vulgaris, très nombreux Scomber scomber (centrifugation), 6 Trachinus vipera, très nombreux Labrus (centrifugation!, 8 Rhombus maximus, nombreuses A losa vulgaris (centrifugation), 6 Labrax lupus, 8 Zeus faber. DESCRIPTION DES TRYPANOSOMES Trypanosoma soleæ (2) Laveran et Mesnil, 1901. «Nous n'avons trouvé cet Hématozoaire qu'une fois sur quatre Soles(Solea vulgaris) pêchées dans l’Anse Saint-Martin, près du Cap de la Hague (Manche); chez la Sole infectée, les parasites étaient . extrêmement rares elle renfermait en plus des Hæmogregarina Si- mondi. (€ À Roscoff, l'existence des Trypanosomes de la Sole a été cons- tatée par nous, mais dansune proportion plus faible encore que dans lanse Saint-Martin. Dans le sang frais, T. soleæ présente l'aspect Caractéristique des Trypanosomes. Les mouvements sont très vifs, (4) J'ai eu l’occasion d’examiner le sang d’un Esturgeon (Acipenser sturio); il ne renfermait pas d'Hématozoaires. (2) Cette description est celle donnée par Laveran et Mesnil dans leur ouvrage Trypanosomes et Trypanosomiases, 1904. Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 23 3)4 C. LEBAILLY on distingue une membrane ondulante et un flagelle à l'extrémité antérieure. Sur les préparations colorées on peut constater les par- ticularités suivantes : le parasite mesure 40 & de long, dont 32 en- viron pour le corps et 8 seulement pour le flagelle, qui comme on voit est très court. L’extrémité antérieure est souvent moins effilée que la postérieure; vers la partie moyenne du corps se trouve un noyau ovalaire contenant de grosses granulations de chromatine; le centrosome, situé vers l'extrémité postérieure, est sphérique et notablement plus gros que chez T. Remaki. La membrane ondu- lante est bien développée. Le flagelle part du centrosome, borde la membrane ondulante et présente une courte partie libre en avant du corps. Le protoplasma renferme quelques granules chro- matiques vers l'extrémité postérieure, et montre quelques fines stries longitudinales. » J'ai retrouvé à Luc, chez Solea vulgaris, le Trypanosome décrit par Laveran et Mesnil avec la même fréquence, mais avec des dimensions un peu plus fortes pour le corps (pl. VIL, fig. 3) : 3) , et moindres pour la partie libre du flagelle. Sur les Trypa- nosomes bien étalés, elle ne mesurait le plus souvent que #4 à 5 u. Le blépharoplaste est distant de l'extrémité postérieure. Trypanosoma platessæ Lebailly, 1904 (pl. VIL, fig. 10). On rencontre ce Trypanosome une fois sur six environ; cette moyenne est tirée de l'examen de 30 Plies (Platessa vulgaris Flem.). A l’état frais, il présente des mouvements assez rapides au début, puis il se ralentit et devient plus facile à observer. On remarque que ses mouvements de translation sont très faibles, il ne disparaît que lentement du champ du microscope. Au contraire, sur place il se contourne de différentes manières, tantôt en 8 de chiffre, et alors le point de croisement prend une réfringence spéciale très frappante; ou bien il s’enroule en crosse ou en spirale, et la mem- brane ondulante qui occupe la grande courbure est le siège d’une ondulation qui se transmet d'une extrémité à l'autre et change parfois de sens. Cet Hématozoaire est en général peu abondant, dans une goutte de sang entre lame et lamelle on ne rencontre dans les cas d’in- fection chronique que deux ou trois individus. Une des Plies en contenait cependant davantage. " x 45 nee Re Gage co Pas” cet CE AG in 2 tt LES HÉMATOZOAIRES DES TELÉOSTÉENS MARINS 3955 Conservés en préparation lutée à la parafline, les parasites ont succombé en peu de temps à la température du laboratoire (24°). Puisés dans le sang du cœur d’une Plie vivante à dix heures du matin, ils étaient trouvés immobiles à cinq heures du soir. Après coloration on reconnaît les dimensions suivantes : lon- gueur totale 42; dont 32 pour le corps et 10 pour le flagelle; lar- seur : 3 à 4 »; blépharoplaste situé à 3 » de l'extrémité postérieure. Le corps protoplasmique se colore en bleu, sauf aux extrémités, qui restent claires. Il renferme des granulations qui ne prennent pas très fortement la couleur. On voit de place en place des espaces plus clairs qui sont des sortes de vacuoles à contour irrégulier. Le noyau situé à l'union des tiers moyen et antérieur est arrondi. Le blépharoplaste est très gros et prend fortement la couleur, en arrière de lui, l'extrémité protoplasmique terminale est pointue et - retroussée. Elle est assez fragile et manque souvent sur les prépa- rations colorées. Le Trypanosome paraît alors se terminer brus- quement au blépharoplaste; il est aisé de reconnaître que cette mutilation s’est produite pendant le frottis. Du blépharoplaste part un flagelle qui borde la membrane ondulante et devient libre à l'extrémité antérieure sur une longueur de 10 à. Le sang de ces Plies renfermait en même temps des Hémogréga- rines. Les Poissons parasités, conservés en aquarium, n'ont pas pré- senté des rechutes avec multiplication des parasites. Leur sang examiné à plusieurs reprises montrait toujours des Trypanosomes peu nombreux. Trypanosoma flesi Lebailly, 1904 (pl. VIL fig. 7). Il se rencontre chez Pleuronectes flesus (Lin.) une fois sur cinq environ. Il ressemble à l’état frais au T. platessæ avec des mouve- ments lents de torsion et d'enroulement sans déplacement impor- tant dans le champ du microscope. Au bout d'une heure, ses mouvements se sont tellement ralentis, que l'observation en devient facile; on distingue bien la membrane ondulante, le fla- gelle, et le noyau qui se présente souvent sous la forme de deux disques concentriques, dont le plus petit est de couleur sombre. Dans les préparations de sang frais lutées à la paraffine, il meurt plus vite que T. platessæ. Il mesure 47 & de long ; 38 pour le corps et 9 pour le flagelle, largeur maxima : 4 &. Le corps protoplas- 356 C. LEBAILLY mique se colore assez fortement en bleu, mais montre surtout des granulations nombreuses, assez grosses, remarquables par leur coloration intense. La grande majorité des Trypanosomes observés présentait ce caractère granuleux alors que c'était le contraire chez T. platessæ, où le cytoplasme est plus uniformément bleu pâle. Il existe des individus de dimensions plus faibles (35 ). Le blépharoplaste est gros et se colore fortement. Il est distant de 3 & 5 de la pointe pro- toplasmique postérieure. Le flagelle part du blépharoplaste, borde la membrane ondulante qui est peu plissée et devient libre en avant, sur une longueur de 9 y. Le noyau. arrondi régulièment, me- sure 3 & de diamètre. Il est situé vers le milieu du corps plus rapproché cependant de l'extrémité antérieure. Ce Trypanosome coexistait avec les Hémogrégarines. Trypanosoma limandæ Brumpt et Lebailly, 1904 (pl. VI, fig. 11). Les Limandes (Limanda platessoïides Faber) de la région de Luc sont peu infestées en comparaison des autres Pleronectes pêchés aux mêmes endroits. Une seule sur 15 examinées avait dans le sang un Trypanosome, à l'exclusion de tout autre parasite, et je n'ai jamais rencontré d'Hématozoaires endoglobulaires chez cette espèce. C’est la seule exception à ce fait général que les Poissons marins osseux renferment à la iois dans leur sang, ainsi que je l'ai montré, des Trypanosomes et des Hémogrégarines. Le parasite dont il s’agit ici est bien différent, morphologique- ment de ceux que nous venons d'étudier etil n'a de rapport qu'avec celui de la Blennie, qui sera décrit plus loin. L'une des premières Limandes examinées au mois d'août 1904, avait dans le sang un Trypanosome assez abondant que j'ai recher- ché la même année, et l’année suivante chez 15 Poissons, sans pouvoir le retrouver. Dans le sang frais il est très mobile; mais à l'inverse de presque tous les autres Trypanosomes des Téléostéens, il progresse rapidement dans la goutte de sang, quitte le champ d'observation avec rapidité, ou le traverse souvent comme une flèche, jusqu'au moment où l'état de coagulation du sang, et le ralentisse- ment des mouvements l'immobilisent. Il paraît vivre assez long- temps entre lame et lamelle, mais l'observation n'a pas été prolon- : gée par suite de l'envahissement de la préparation par les Bactéries. LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 397 Ses dimensions sont les suivantes : longueur totale 32 à 38 v; lon- gueur du corps : 23 y, partie libre du flagelle : 15 y; largeur 2 à 2 y 5. Le cytoplasme se colore faiblement en bleu et ne renferme que peu de granulations. Le noyau est quatre fois plus long que large, en rapport avec le faible diamètre du corps protoplasmique. 11 est situé à l'union des tiers moyen et postérieur et par suite rapproché du blépharoplaste. Celui-ci est une masse chromatique importante, presque aussi grosse que‘chez 1’. platessæ et T. flesi et sa taille est rendue d'autant plus frappante que les autres dimensions du parasite sont bien inférieures. Le flagelle part du blépharoplaste, borde la membrane ondulante peu plissée et faiblement colorée et devient libre sur une grande longueur. Il existait, dans le sang de cette Limande des individus de taille variable, mais dans des limites assez faibles. On ne rencontrait pas de formes de division. Trypanosoma laternæ Lebailly, 1904 (pl. VII, fig. 6). On trouve chez la moitié des Platophrys laterna (Walb.)des parasi- tes endoglobulaires parfois en assez grand nombre, mais il estheau- coup plus rare de rencontrer des Trypanosomes. Dans l'examen de 20 de ces Poissons, je n’en ai vu qu'une fois. Leur recherche ne doit pas se faire dans le sang frais, mais seulement après coloration à cause d'une particularité qu'il faut bien connaître. Ces petits Pleu- ronectes meurent très rapidement, même lorsqu'on les maintient dans de bonnes conditions après leur capture au chalut. Les Trypa- nosomes qu'ils renferment subissent le même sort peu de temps après leur hôte, et bien que leur taille soit grande, la perte de la mobilité les rend difficiles à déceler. Ce Trypanosome n'a pas été étudié vivant, mais on peut présumer d'après sa ressemblance avec celui de la Sole et de quelques autres Poissons, qu'il accomplit des . évolutions sur place et ne présente que de faibles mouvements de translation. Ses dimensions sont les suivantes : longueur totale 55 v, lon- sueur du corps 44 z, portion libre du flagelle 11 #; largeur 4 à 54. Le cytoplasme est fortement granuleux et se colore d’une manière intense en bleu, sauf dans la partie tout à fait postérieure. Les gra- nulations sont très nombreuses au voisinage du noyau et quelques- unes absorbent le colorant avec intensité. 338 G. LEBAILLY Le noyau ovalaire mesurant 3 » de large sur 3,5 à 4 y de long, est situé à peu près exactement à égale des deux extrémités. Le blépharoplaste est gros, arrondi, et occupe en largeur toute la largeur du protoplasme à cet endroit : environ 1 x. En arrière de lui, l'extrémité postérieure longue de 5 y, est terminée en pointe mousse. Le flagelle en part et borde la membrane ondulante qui se colore faiblement et ne renferme pas de granulations. Il devient libre sur une faible longueur. Cette brièveté du flagelle chez ce Trypanosome de grande taille le rapproche des deux espèces T. soleæ et T. callionymi où cette particularité est encore plus frap- pante. Le sang du Poisson parasité était pauvre en Trypanosomes. On ne trouvait pas de formes en voie de division et les différents individus présentaient une grande uniformité de structure. Trypanosoma bothi Lebailly, 4905 (pl. VIL, fig. 8). Cette espèce qui rappelle beaucoup le T. platessæ a été rencon- trée une fois sur trois. Le parasite était immobile dans le sang de la Barbue morte depuis peu de temps. Ce Trypanosome mesure 42 : de long dont 29 pour le corps et 13 pour le flagelle; ce rapport est un peu différent de celui que l'on trouve chez T. platessæ, mais le flagelle est plus long etle corps plus grêle : sa largeur ne dépasse pas 3 v. Le cytoplasme se colore fai- blement en bleu dans la partie centrale et plus faiblement encore aux extrémités. Il ne renferme que de très petites granulations pales. Le noyau de forme ovale mesure 25 de long sur sur 2 v de large, il est beaucoup plus rapproché du flagelle que de l'extrémité postérieure. Le blépharoplaste est nettement plus petit que chez le T. platessæ. I] n’occupe pas toute la largeur du cytoplasme, déjà très rétréci à cet endroit et qui se termine en s'eflilant progressi- vement en pointe aiguë sur un parcours de #4 &. Le flagelle part du blépharoplaste, borde 1x membrane ondulante et devient libre sur une assez grande longueur. Trypanosoma callionymi Brumpt et Lebailly, 1904 (pl. VIL, fig. 5). I] a été rencontré une fois sur cinq, chez Callionymus Lyra (Lin.). C'est un Trypanosome de très grande taille, facile à reconnaître dans une goutte de sang frais. Ses mouvements sont lents et consistent en évolutions sur place. Il se contourne de diverses manières et 4 css de : ! ga ja Tibet haut dx Axelle irait be ii an Es lÉ ES Re le On A SU Se VD Le (UE SN LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 3)9 présente à l'endroit d'une coudure brusque ou de la superposition de deux portions protoplasmiques, une réfrigence plus grande. Déjà à cet état on remarque que le cytoplasme et très granuleux. La membrane ondulante se voit bien, à l'occasion des mouvements, elle traverse en sautoir les différentes parties du corps et son pas- sage est marqué d'un trait sombre et flexueux. Le noyau apparaît sous forme d'un disque régulier, sombre ou centre, plus clair à la périphérie. Il est situé à égale distance des deux extrémités qui sont eflilées, et paraissent semblables. Cependant il est facile de se rendre compte que l'une d'elles est le siège de mouvements plus actiis et se prolonge par un flagelle. Les mouvements de ce Trypa- nosome sont relativement lents et lourds, ils consistent en on- dulations et flexuosités à longue courbe, mais aussi en coudures brusques, surtout près des extrémités, et détentes à la manière d'un ressort. Les mouvements de progression sont lents, le Trypano- some met plusieurs minutes à quitter le champ du microscope. Il se déplace souvent le flagelle en avant, mais parfois c’est l’autre extrémité qui fraye le chemin. Conservés entre lame et lamelle, ces Prypanosomes ont été trouvés immobiles après 20 heures et, depuis leur sortie de l'appareil circulatoire, les mouvements s'étaient de plus en plus ralentis. La coloration permet de reconnaître les dimensions suivantes : la longueur totale est de 65 à 70 », dont 65 pour le corps et 5 seule- ment pour le flagelle, la largeur est en moyenne de 5. Cette briè- veté de la partie libre du flagelle est très frappante et pas du tout évidente avant la coloration. Il faut examiner des individus bien étalés pour s’en rendre compte; il ya là une analogie avec T. soleæ. La grande largeur du parasite lui donne un acpect trapu très caractéristique. Le cytoplasme prend fortement la coloration, sauf au voisinage de l'extrémité postérieure. Il renferme de très nom- breuses granulations, dont quelques-unes plus grosses sont répar- ties irrégulièrement, et se voient surtout au voisinage du noyau; les autres sont de taille moyenne, ou très petites. Elles prennent en général le colorant avec intensité. De la partie antérieure du corps, on voit partir de longues stries de myonèmes au nombre de 5 à 8, quis’étendent jusqu'au voisinage du noyau. Celui-ci est ovalaire et mesure 5 £ sur 3 v à 3 # 5 de large; il contient des granulations irré- gulières. Le blépharoplaste rond mesure-l Z de diamètre et tranche 360 2» C. LEBAILLY très vivement, par sa Coloration, sur le fond clair en ce point. Par- fois il est entouré d'un espace peu coloré, sorte de halo, au voisi- nage duquel se détache le flagelle, qui ne paraît pas en communi- cation directe avec le blépharoplaste. L’extrémité postérieure fait suite au blépharoplaste sur un parcours de 11 elle estlonguement effilée et terminée en pointe mousse. Le flagelle est large, il borde la membrane ondulante, en général peu teintée, il n’est libre à la partie antérieure que sur un très faible parcours. Il existe des individus de plus petite taille et moins granuleux dans le sang de des Callionymes riches en parasites. La plupart des Poissons exa- minés ne contenaient que peu de Trypanosomes. Il y avait en même temps dans le sang des Hémogrégarines. Trypanosoma cotti Brumpt et Lebaïlly, 1904 (pl. VII, fig. 4). Il a été observé chez le Cottus bubalis (Euphrasen) où on le ren- contre trois fois sur quatre. La proportion de Poissons parasités est donc plus grande que pour les espèces précédentes, on trouve aussi plus facilement des individus fortement infestés. A l'état frais, T. cotti est assez rapidement mobile: il prend des formes variées, en crosse, en boucle, et s’enroule très souvent en une spirale dont le centre est occupé par l'extrémité postérieure. Dans cet état, la membrane ondulante qui occupe la périphérie flotte en produi- sant une onde qui se propage dans une sens puis dans l’autre. Le cytoplasme est granuleux, maisilest très difficile, à l'état frais, de distinguer exactement les extrémités et le flagelle. Conservé entre lame et lamelle vers 4 heures du soir, le T. cotti est trouvé mort le lendemain matin. Les dimensions prises après coloration sont de 58 à 632 de lon- gueur totale. Le corps mesurant 554 et la partie libre du flagelle 8z. De grosses granulations parsèment le cytoplasme fortement teinté par le bleu. Dans l'intervalle de ces granulations de premier ordres'en trouventdenombreuses autres de dimensions et denuance variables ; vers la partie antérieure se voient de stries de myonè- mes. Ce qu'il y a de très remarquable chez T. cotti, c'est l'extrémité postérieure, qui est d’une taille extraordinaire; du blépharoplaste jusqu'à la partie terminale, une mince bande de protoplasme s'étend sur une longueur de 15. Sa largeur à l'origine est de 2y LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 361 elle se réduit rapidement à 1 # 5, puis à 1 y ; l'extrémité terminale est en pointe mousse. Il est assez difficile, dans les préparations, de trouver des exem- plaires bien étalés et bien conservés avec cette forme typique, cela tient à ce que le T. cotti s'enroule presque toujours en spirale avec, au centre, cette mince languette protoplasmique. En outre, la très grande fragilité de cette portion terminale fait qu'elle est souvent brisée ou écrasée par le frottis. Enfin elle ne se voit bien que sur les préparations légèrement surcolorées. Quoi qu'il en soit, cette - particularité morphologique est importante, car elle ne seretrouve avec cette netteté chez aucun autre Trypanosome. Le noyau ova- laire est situé à égale distance du blépharoplaste et de l'extrémité antérieure, il mesure 4 z 5 sur 3 » 5. Le blépharoplaste mesure environ À - de diamètre. Le flagelle assez large en part, borde la membrane ondulante et devient libre à l'extrémité antérieure. Chez les animaux richement infectés, il existe à côté des gros Try- panosomes typiques comme celui qui vient d'être décrit, des for- mes de dimensions plus petites qui proviennent de division longi- tudinale et inégale. Les Cottes parasitées par les Trypanosomes renfermaient égale- ment dans leur sang des Hémogrégarines. Trypanosoma gobii Brumpt et Lebaïlly, 1904 (pl. VIL fig. 9). Il a été rencontré chez la moitié des exemplaires de Gobius ni- ger (Linné). Ses mouvements sont assez rapides sans déplacement important dans le champ du microscope. Il s'enroule souvent en spirale. On trouve des individus de taille variable, du simple au double. Les dimensions des plus grands qui se retrouvent seuls dans les infections chroniques sont : pour la longueur totale 37 à 43 »; le corps mesure 58 Let le flagelle 4 à 5 seulement. Le cytoplasme pré- sente comme particuralité de se colorer très inégalement. Il est parsemé d'espaces vacuolaires irréguliers au nombre d'une dou- Zaine, à contours mal délimités, et dont le fond se colore faiblement en bleu clair, comme la membrane ondulante. Le reste de cyto- plasme prend plus fortement la couleur et est parsemé de granu- lations fines, largement espacées. Ces caractères se retrouvent aussi, mais atténués chez les T. gobii de très petite taille. L'extré- - . Ti 47 ‘ 5 sf 362 C. LEBAILLY mité postérieure est effilée, terminée en pointe, souvent retroussée. L'extrémité antérieure est très effilée ; le flagelle reste accolé sur presque toute sa largeur à Ia membrane ondulante. On se rend faci- lement compte, sur les individus bien étalés, que sa portion libre ne dépasse pas 5 ». Le blépharoplaste est gros et souvent de forme ir- régulière, paraissant constitué par plusieurs granulations qui se colorent très fortement. Le sang des Gobies renfermait en même temps des Hémogrégarines. Trypanosoma Delagei Brumpt et Lebaïlly, 190% (pl. VIL fig. 12). 11 a été vu une seule fois sur 24 exemplaires de Blennius pholis (Lin.). A l’état frais T. Delageiest très mobile et se déplace rapide- ment dans le champ de la préparation. Ce caractère lui est commun avec le T. limandæ, ils se séparent nettement par là des autres es- pèces que nous venons d'énumérer. Le Trypanosome mesure 33 & de iong dont 21 pour le corps et 12 pour le flagelle; la largeur totale n'excède pas 2 u 5. Le blépharo- plaste se trouve à 74 de la partie postérieure qui est pointue et rec: tiligne. Le cytoplasme se colore faiblement en bleu et ne ren ferme que peu de granulations. Le noyau trois fois plus long que large est plus rapproché du blépharoplaste que du flagelle. La membrane ondulante peu plissée est presque aussi large que le COTPS. Trypanosome de l'Anguille. Laveran et Mesnil ont donné en 1902 le nom de Trypanosoma gra- nulosum, à une espèce nouvelle de Trypanosome découverte en 1901 dans le sang d'Anguilla vulgaris (Turt) par Sabrazès et Muratet. Ces auteurs avaient trouvé ce parasite auquel ils ont consacré une série de recherches dans le sang de toutes les Anguilles de 25 à 30 centimètres provenant de la Garonne et capturées à Portets, en 1900-1901. Les Anguilles de plus petite taille (16 centimètres) n'en Contenaient pas. En 1902, ils ont constaté que les Anguilles de 11 à 33 centimètres, pêchées à Villaudrant, dans le Ciron, affluent de la Garonne, ren- fermaient le même Trypanosome. Des Anguilles provenant du Bassin d'Arcachon (août 1902) étaient indemnes, de même que celles pêchées dans l'Océan pendant le = + < pr 4 hat. 0 LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 303 . mois de septembre; même résultat négatif pour d'autres, prises . dans la Loire (janvier à juin). 2 Sabrazès et Muratet ont décrit avec soin le parasite, qui se pré: _ sente dans le sang avec des dimensions variables 15 » de long … (flagelle en plus) et 0,87 de large pour les plus petits; 30 à 41 z de nr long pour le corps des plus grands avec tous les intermédiaires. <3 Ils ont reconnu qu'il s'agissait d'un même parasite à divers stades deson évolution. D Les Trypanosomes conservés dans le sang pendant 9 jours se . sont activement multipliés in vitro, à la température de 10 à 15°. 4 Le Trypanosome fille est beaucoup plus petit que le Trypanosome 4 - mère 1,3 en longueur 1/4 en épaisseur; plus tard les dimensions va- …. rient seulement du simple au double. La reproduction se fait par —._ segmentation longitudinale mais inégale. - Laveran et Mesnil ont vu le T. granulosum chez six Anguilles — sursix pêchées dans la rivière de la Sarthe près Sablé, au mois de …. juillet. Ils l'ont retrouvé à Roscoff, en août 1902, chez une seule An- e guille sur 9 examinées; d'autres achetées sur les marchés de Pa- M ris ou provenant des étangs de Garches n'en contenaient pas, et il - est à remarquer que dans tous les examens dont le résultat a été positii,les parasites étaient en petit nombre. Ces auteurs donnent des dimensions un peu plus fortes pour les grands Trypanosomes, 70 à 80 », ils font remarquer la netteté du —. flagelle sur les préparations colorées, et la présence de nombreuses . granulations assez grosses se colorant en violet foncé. - J'airetrouvéle T. granulosum chez toutes les Anguilles d'un même lot provenant du marché de Caen. Il avait les caractères très nets : # indiqués par Sabrazès et Muratet et Laveran et Mesnil, mais trois M autres Anguilles pêchées dans la Manche que j'ai eu l'occasion | d'examiner renfermaient un Trypanosome rappelant beaucoup le — L granulosum par son aspect général et la mobilité, mais de dimen- | sions beaucoup plus faibles et très constantes. J'ai pensé qu'il y avait là quelque chose d'analogue à ce que —_ Laveran et Mesnil ont observé chez le T. Remaki du Brochet et, ? à l'exemple de ces auteurs, je décrirai pour l'Anguille deux variétés 4 magna et parva de Trypanosoma granulosum. 36% C. LEBAILLY Trypanosoma granulosum Laveran et Mesnil, 1902, variété magna (pl. VII, fig. 1). C'est celui que l'on rencontre le plus fréquemment chez l’An- guille et qui est visé dans les descriptions de Sabrazès de Muratet et Laveran et Mesnil. Il existait en assez grande abondance chez les Anguilles provenant du marché de Caen que j'ai examinées en juillet 190%. Sur 25, toutes étaient parasitées maïs, contrairement à ce qu'ont obsersé Sabrazès et Muratet, les Anguilles de petite taille renfermaient en abondance des parasites avec de nombreux indi- dividus de dimensions variables depuis les très grands Trypano- somes jusqu'aux plus petits, provenant d’une division active. Au- dessus de 30 centimètres, le sang des Anguilles s’est montré beau- coup moins riche en parasites. Ceux-ci étaient alors de grande taille, très semblables les uns aux autres morphologiquement, comme cela se voit dans les infections chroniques, ainsi que je l'ai remarqué à plusieurs reprises. Examiné après coloration. T. granulosum var. magna a des dimensions très variables suivant les stades de son évolution : de 25 » à 80 y avec tous les intermédiaires. Il a toujours une forme générale élancée contrastant avec l’aspeet trapu de T. Soleæ ou T. callionymi par exemple. Sa largeur est en effet beaucoup moindre, elle atteint 3 2 au maximum chez les individus de grande taille. Le cytoplasme se colore en bleu, d'une façon moins intense que dans le cas de la plupart des Poissons marins, mais il est criblé, très souvent, d'une multitude de granulations très foncées, comme l'ont bien indiqué Laveran et Mesnil : (elles sont parfois tellement rapprochées, que la teinte bleu violacé qu'elles prennent paraît uniformément répartie dans le cytoplasme. » Les deux extrémités sont effilées, l’antérieure longuement, la posté- rieure se termine brusquement à 1 : 5 en arrière du blépharoplaste, au niveau duquel la largeur du corps est déjà réduite. Le noyau mesure 5 de long sur 2 5 de large et renferme des granulations irrégulières. La membrane ondulante est plissée au maximum chez cetteespèce, et dessine de nombreuses franges. Elle est bordée par un flagelle assez gros et libre sur un long parcours. Le blépharoplaste est gros et arrondi. ne? CR LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 369 Dans des préparations entre lame et lamelle, lutées à la paraffine. jai pu conserver ce Trypanosome vivant pendant neuf jours à la température du laboratoire qui était de 24° en moyenne. Voici ce qu'on observe : dans une préparation ne renfermant qu'une mince couche de sang, les mouvements du parasite sont rapides, son cyto- plasme paraît plus réfringent aux points de coudure brusque; il chemine facilement entre les globules sanguins, et vient après plusieurs jours échouer dans un point de la préparation pauvre en globules et riche en sérum où ses mouvements ne sont pas contrariés. Lorsque la couche de sang est plus épaisse, il est gêné par le réseau de coagulation et évolue sur place avec une grande activité. Par ses mouvements rapides, il écarte les globules san- guins suivant un cercle au milieu duquel il s’agite alors plus libre- ment. Si la masse des globules environnants est trop compacte le Trypanosome est condamné à vivre dans l’espace restreint qu'il s'est frayé. Une seule préparation contient ainsi un nombre variable de loges circulaires dans lesquelles la même scène se reproduit. En les repérant, pour les examiner le lendemain matin, on a la surprise de constater que beaucoup d’entre ellesrenferment après celapsde temps deux Trypanosomes, un grand etun plus petit. C'est le résultat de la division qui est ainsi plus rapide à 24° qu'à la température de 15° où l'ont observée Sabrazès et Muratet. La multiplication continue activement pendant 4 à 5 jours. Le coagulum est alors disloqué, tant par rétraction que par les mouve- ments des parasites, qui réussissent à se faire un passage ; mais après ces quelques jours, dans l'espace restreint d'une culture entre lame et lamelle, où les conditions de développement ne sont pas très favorables, on voit apparaître des formes d'involution. D'abord les mouvements se ralentissent, puis le corps du Try- panosome paraît se tasser, il diminue de longueur et s’élargit; ce phénomène s’accentue encore et les spires que décrit la membrane ondulante en traversant le cytoplasme en sautoir se rapprochent et se télescopent. Le Trypanosome est très raccourci, le flagelle diminue aussi un peu de longueur, mais reste bien mobile. Au stade ultime de l’involution, le 7. granulosum est méconnais- sable, il a la forme d’une petite masse sphérique d'apparence gra- nuleuse, plus petite qu'un globule sanguin, et de laquelle se 306 C. LEBAILLY détache un long flagelle animé de mouvements oscillatoires lents. Cette forme rappelle celle que décrivent Laveran et Mesni: dans les cultures de T. Lewisi du Rat. Comme le font très Justement observer les auteurs, cette espèce parasite de l’Anguille serait avantageuse pour l’entreprise de cul- tures en série comme on l'a fait déjà pour plusieurs autres. Il n'en serait certes par de même si l'on s'adressait à la plupart des autres Trypanosomes des Poissons marins qui se périssent si rapidement in vitro. Trypanosoma granulosum var. parva (pl. VIL fig. 2). Cette variété a été vue chez trois Anguilles de 25 à 30 centimètres de long. Deux provenaient du Quihoc, rocher de la région de Luc quidécouvre aux grandes marées ; la troisième m'avaitétéobligeam- ment rapportée de Grandcamp par M. Duboscq. Les Trypanosomes existaient en assez grand nombre. Ils étaient bien mobiles, et de dimensions très constantes. Ce fait est important. On trouve sou- vent chez les Anguilles des Trypanosomes petits, à côté d’autres plus grands, c'est même la règle, pour peu que l'infection soit légèrement active. Chez ces trois Anguilles, rien de semblable ; si la taiile oscillait dans de faibles limites selon les individus, la limite maxima de 37 & pour la longueur totale n’était pas dépassée. Le corps mesurait 24 & et le flagelle 13 &. la largeur était de 2 u. Le cytoplasme se colore très faiblement en bleu et ne renferme que très peu de granulations. Ses deux extrémités sont effilées et rappellent par leur forme celles du T. granulosum var. magna. Le noyau se trouve à l'union des tiers moyen et antérieur, il est ovale et allongé et mesure 3 & de long sur 1 x 2, de large. Le blépharo+ plaste, gros et arrondi n’est séparé de l'extrémité postérieure que par une faible bande de protoplasma de 1 & 2 de long, et terminée en pointe aiguë. Le flagelle borde la membrane ondulante moins plissée que dans la variété précédente, toutes proportions égales d’ailleurs. En somme, les deux variétés se ressemblent beaucoup par l'aspect général. Parmi les caractères différentiels ,la colorabilité du protoplasma et les ondulations de la membrane sont inférieurs comme importance et comme constance à la petitesse de la taille qui est remarquablement fixe. Le tableau ci-contre résume les dimensions et les principaux LL. De 307 MARINS r , LES HEMATOZOAIRES DES TELEOSTEENS r. IN91197S0d € e XNn9[NUPIS n°94 39 uoÂour €/J l ayserdoreydo nero s018 ee ee do PN NorpPIen ë A 1109720 sop uorun ayserdoreuydorq IN9HIQUE 79 y a È JATIGE SO18 ‘XN9[NUPIS n94 u9AOU St} Inordoque SO[ON9PA ‘XNA[NULIS Nn94 39 uoÂout £/7 (oh Sap uorun ÆSSO1biU x ED INIS9 ANTIQUE 10 onb 3104 sud oyserdoxeqdorg re 5 7 XNOINUPIS ZOSSY u9AOUI S49r) cyee ndex} ‘Xn9[NuPxS JU9WO/IO u9AOU 1917 GebYy ndex] ‘Xn9[NuPIS SOL u9Aotu s01] Tr aI[9SEI] OI 19 ‘oxeudorq eI Cr 94JU9 :JSIP 91269 P HIOA P OFTOIJIp ‘oanordo/sod 9JLWI91JX9 9NSUOI SYAT inde ‘xnopnuers juowoquoy u9AOU SX91} 9 99ss1d nod ouvaquour . xnopnuexs nod Sox], u9 Aou s191} ZT inom9Js0d€/r np 39 ueAou €/y tr np_uorun SISN9IqUUOU SUOUP[NUEAIS ‘929$ -S11d Sax} ajue[npuo aurzquan | onto }S 0 ; Sa AE JU UXOAT * eg (ue 10feoq L &1 8£ c'e æpueuiT JL 11° Gi ceeg | æssojerd'I Or er % tqof ‘L 6 cy £ 1430 EX 8 L3 / ISOIF L L (ge CrY &UX9YET ‘L 9 OL g tuAUOTIIe9 L G €9 G 1909 ‘I V LY 8'£ æ9[0S JL € eAJed ‘JeA E LE € wnsopnuerf'], eufeur ‘1eA L 08 (3 unmsopnuerf"] à. | SowosouedAI], Ne Spot 368 C. LEBAILLY caractères des Trypanosomes des Poissons marins osseux. Les indi- dications qu'il renferme se rapportent aux parasites existant dans le sang à l'état d'infection chronique et le plus souvent en très petit nombre. C’est dans ces conditions, en effet, ainsi que je l'ai cons- tatésouvent, queleurs caractères présentent le maximum de netteté. C'est aussi dans cet état qu'on les rencontre le plusordinairement. Les numéros d'ordre des Trypanosomes correspondent aux figures de la pl. VIT; les mesures sont exprimés en p. 11. — TRYPANOPLASMES Il est intéressant de remarquer au début de cet historique que la première observation d'Hématozoaire flagellé a été faite chez un Poisson. On l’attribue généralement à Valentin : mais trois ans aupa- ravant, Mayer, de Bonn (1838), avait signalé dans le sang de la rétine d'une Carpe (Cyprinus carassius) des organismes problématiques qu'il a retrouvés à plusieurs reprises. Ils ont une forme allongée, comme les globules sanguins, et possèdent des noyaux. Dans un écrit paru ultérieurement, en1843, Mayer rappelle cette observation et compare les animalcules en question à des Cercaires. Il est très probable qu'il s'agissait là de Trypanoplasmes. Pourquoi cette localisation bizarre dans la rétine? C'est que cette observation a été faite au cours d'une étude sur le système nerveux, et est rapportée tout à fait incidemment dans un écrit où l'on ne s'attendait guère à la trouver. Valentin (de Berne) 1841, en examinant le sang d'une Truite (Salmo fario) a découvert et décrit un ( Entozoaire » spécial, difficile à étudier à cause de ses dimensions et de sa mobilité, mais chez lequel cet observateur avait cependant reconnu une forme allongée et des pseudopodes. La planche qui est annexée à son mémoire est d’ailleurs très explicite et rappelle tout à fait l'aspect de ces para- sites lorsqu'ils sont devenus immobiles et qu'on les examine sans fixation ni coloration. Laveran et Mesnil (1904) voient dans ce parasite un Trypanosome, Keysselitz (1906), après examen des figures annexées au mémoire de Valentin, pense qu'il s'agissait plutôt d'un Trypanoplasme. Cette opinion est vraisemblablement exacte, d'autant plus que Brumpt (1904 b) a décrit depuis un Trypanoplasmedansle sang de la Truite. chiite Bates PTS a Se DS ÉCRAN LES HEMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 369 Il est certain aussi que beaucoup des observations de Mitrofanov (1904), de Shalashnikov (1888), de Danilevsky (1885) se rapportent à des infections mixtes à Trypanosomes et à Trypanoplasmes. Il en est probablement de même de presque toutes les recherches ayant trait aux Poissons de rivière. 11 régnait donc une certaine confusion dans l'étude de ces para- sites. Elle a cessé à la suite de la découverte de Laveran et Mesnil (1901 b). Ces auteurs ont fait connaître chez le Rotengle un curieux Hématozoaire à deux flagelles; le Trypanoplasma Borreli : Ce para- site a été retrouvé chez le Vairon par Léger (1904 a), qui en a donné une description exacte, pleine de détails cytologiques d’une grande précision. | Chez les Poissons de rivière les Trypanoplasmes sont très répan- dus et bien connus depuis les travaux de Laveran et Mesnil, de M. Plehn, Léger, Brumpt, Keysselitz. Jusqu'à présent on n'a jamais trouvé dans le sang des Poissons marins de Flagellés de ce genre. Ce chapitre aurait donc pu être supprimé. J'ai cru cependant qu'il était utile de le maintenir pour signaler ici la découverte de deux espèces de Trypanoplasmes para- sites du tube digestif des Téleostéens marins. La première a été trouvée dans l'estomac et la première partie de l'intestin du Box boops par Léger (1905). Il l'a nommée Trypano- plasma intestinale. Voici la description qu'il en donne: « La plupart des individus ont la forme typique des Trypano- plasmes : un corps piriforme, plus ou moins allongé, souvent arqué, muni d'une vacuole ovoïde antérieure et terminé par un prolonge- ment caudal effilé; un fouet antérieur, libre, très fin, et un fouet récurrent bordant la membrane ondulante qui longe le corps dorsa- lement et s'étire en suivant la queue. Chacun des fouets est en relation avec le pôle antérieur par une courte baguette rigide, à la base de laquelle on trouve un petit grain diplosomique. Le blépha- roplaste est gros et souvent divisé en deux parties, parfois en quatre. « Il a tout à fait l'aspect d'un noyau. Souvent la portion la plus inférieure du blépharoplaste vient au contact du noyau avec lequel elle paraît se fusionner. « Le noyau est circulaire, pourvu d’une mince membrane et montre sa chromatine tantôt sous forme de chromosomes distincts Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 24 310 te [ C. LEBAILLY ou de grains irréguliers, tantôt condensée en un caryosome cen- tral comme chez les Trypanoplasmes du sang. Le cytoplasme est granuleux dans la région postérieure du corps et montre une file régulière de granulations le long de la ligne d'insertion de la mem- brane ondulante. Dans les formes effilées il se colore à peine, tan- dis que dans les formes plus massives et plus grosses, il est plus fortement granuleux et colorable en bleu. « Dans ces dernières on peut noter la présence d'un myonème de renforcement le long de la ligne d'insertion de la membrane on- dulante. Les dimensions sont de 14 & pour le corps sans la queue, 15 y pour le fouet antérieur, 16 & pour la queue et le fouet termi- nal. » | Il existe, à côté de ces formes activement mobiles, d’autres formes globuleuses et amæboïdes que Léger interprète comme des femelles des formes précédentes. Il a vu des figures de fécondation. Les grosses formes globuleuses se nourrissent d'une petite Chroococ- cacée, qui vit en commensale dans l'intestin de l'hôte. Keysselitz (1906)signale, avec la même localisation dans l'estomac et l'intestin d'un Cyclopterus lumpus L. pêché à Bergen (Norvège), l'existence d’un Trypanoplasme nouveau, qu'il désigne sous le nom de Trypanoplasma ventriculi. Il ne s'étend pas sur sa des- cription et indique seulement que ce parasite présente comme particularité d'avoir souvent le bléphoroplaste divisé en 2 parties. [II. — HÉMOGRÉGARINES En examinant le sang des Poissons marins, on trouve en outre des Trypanosomes, et plus fréquemment encore des Hématozoaires endoglobulaires. Si la proportion des animaux parasités est un peu plus forte, le nombre de parasitesrenfermés dans lesang reste fai- ble. Ces notions sont d'acquisition très récente pour le groupe de Vertébrés qui nous occupe. Dans les autres groupes, on les a étu- diés depuis plus longtemps. Lankester (1871) découvre dans le sang d’une Grenouille un parasite qu'il nomma, en 1882, Drepanidium ranarum. A la même époque, Laveran découvre à Constantine le parasite du paludisme de l'Homme et l'étudie avec soin dans une série de travaux qui ont eu le grand retentissement que l’on sait. LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 311 Danilevsky (1881-1889), par ses recherches dans ce groupe de parasites, a fait progresser rapidement nos connaissances. Labbé, en 1894 publie ses importantes recherches sur ces para- sites et en fait connaître de nouvelles espèces. Dans les dernières années du xix* sièle les travaux de Ross et Grassi ont fourni une importante contribution à l'étude de leur évolution. Les Hémogrégarines se trouvent dans le sang des Mammifères et des Oiseaux, des Reptiles de presque tous les ordres, on en connaît chez les Amphibiens sauf les Urodèles. Laveran et Mesnil en ont fait connaître chez les Poissons marins. Jusqu'à l'apparition de leur note, disent ces auteurs, on pouvait mettre en doute l'existence d'Hémogrégarines dans le sang des . Poissons. En effet, en parcourant la bibliographie on ne trouve que des indications peu précises. Gros (1845) s'exprime ainsi : « Valentin (Müller's Archiv, 1842), décrit comme chose rare un Hématozoaire de 0,012 mm, trouvé chez Salmo fario. Des vermicules se rencontrent dans le sang de beaucoup de Poissons, du Goujon, de la Motelle, de la Perche, du Sterlet, de la Lotte, de la Tanche, etc. L'animacule de la Motelle est de 0,045 m. de long sur 0,001 m. de large, abondant, très vif, avec des formes protéennes ayant l'air d’un ruban qui se plisse et se tord dans tous les sens. Il entrerait dans une vésicule du sang. Chez la Tanche ces vermicules sont filiformes et 3 ou 4se logeraient dans une vésicule. » - Mais l’auteur ne développe pas te ses descriptions d'Hé- matozoaires endoglobulaires et ne donne pas de figures. Leur exis- tence doit donc être, malgréces affirmations, mise en doute très sé- rieusement, d'autant plus que dans les travaux très nombreux et - très récents qui ont trait aux Flagellés du sang des Poissons de ri- vière, il n’est pas fait mention de parasites endoglobulaires. _ Wedl (1850) écrit : «... Plusieurs fois j'ai eu l’occasion, à dé- faut des parasites ci-dessus décrits, d'observer dans le sang du Goujon de très petites « Filaires ». Celles-ci sont d'une ténuité extrême, filiformes, un peu plus longues que les globules sanguins du même Poisson. Leur tête est un peu élargie et leur queue se termine en pointe. Leurs mouvements sont serpentiformes. Elles s'insinuent entre les globules du sang et les écartent en pro- gressant. Sue C. LEBAILLY « Elles continuent à vivre en dehors de l'appareil circulatoire et à se mouvoir avec un activité ininterrompue. On les trouvedansles capillaires de plusieurs organes. En outre, j'ai observé dans le sang des « Molécules » isolées, pourvues d’un cil, et animées de mouve- ments extraordinairement rapides. « Les « Filaires » existaient en grandnombre, on en trouvait sou- vent de 3 à 5 par champ de microscope à un grossissement de 900 diamètres. » Et plus loin : « Dans le sang de la Tanche (Cyprinus tinca) il m'est arrivé une fois sur deux de trouver de très petits animalcules filiformes, sem- blables à ceux queje viens de décrire chez le Brochet, constamment animés de mouvements vifs et serpentiformes. La longueurégalait Ds 0, 000 La tête était un peu renflée et la queue effilée. La transparence et Ja ténuité de l'animal ne permettent pas de prendre connaissance de son organisation intérieure. Une goutte de sang renfermait de 1 à 3 individus. » Les figures qui sont annexées au mémoire représentent de très petits vermicules très contournés, la description de Wedl doit faire penser à des Trypanosomes ou des Trypanoplasmes. Des parasites de ces deux genres ont d’ailleurs été revus depuis dans le sang de ces mêmes Poissons. Danilevsky (1889, p. 21) prétend avoir trouvé des Hématozoaires analogues au Drepanidium dans le sang d’une Tanche, mais il n’en donne pas de description, et les recherches récentes n'ont pas con- firmé cette découverte. L'existence de ces parasites, que l'on pour- rait identifier aux Hématozoaires, reste donc très douteuse. L. Pfeiffer (1890) aurait vu des parasites endoglobulaires dans le sang du Brochet et de la Tanche. Il dit avoir suivi sous le micros- cope l'infection des globules rouges et interprète ces parasites comme des spores de Myxosporidies. Au bout de 8 à 12 heures des modifications se produisent dans certains globules ; on voit à leur intérieur 2 ou 3 corpuscules au lieu du noyau unique de l'hé- matie. Celui-ci reste fortement coloré après l'action des réactifs tandis que les autres corps le sont à peine. Je crois avoir observé des figures analogues dans les globules W. Z. et la largeur des plus gros individus, 0,0001 W. Z. LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 313 sanguins conservés longtemps entre lame et lamelle avant la fixa- tion. Il s'agissait sûrement d'altérations histologiques et nullement d'Hémogrégarines ou de spores de Myxosporidies. Labhé (1894), qui a étudié à ce point de vue un grand nombre de Poissons, n’a (jamais rencontré de parasites endoglobulaires chez les nombreuses espèces, tant fluviales que marines qu'il a examinées ). En ce qui concerne les Poissons marins, cette proposition doit être modifiée, mais elle reste intacte pour les Poissons d'eau douce. Il est vraiment remarquable que des deux ordres de parasites que l'on rencontre si habituellement dans le sang des - Poissons marins, un seulseretrouve chez ceux de rivière. Plusieurs espèces, l’'Anguille par exemple, vivent dans la mer pendant une cer- taine période de l’année, et sont sans doute exposées à la contagion. Il y a là deux faits qui s'opposent nettement: la coexistence des Trypanosomes et des Hémogrégarines chez les Poissons marins, et l'absence complète d'Hémogrégarines chez les Poissons d’eau douce. C’est encore à Laveran et Mesnil (1901) que nous devons la dé- couverte des Hémogrégarines chez les Poissons marins ; ils ont dé- erit chez la Sole (Solea vulgaris) l'Hæmogregarina Simondi et chez deux espèces de Blennies (Bl. pholis et Bl. Montagui) l'Hæmogregari- na bigemina; nous en donnons plus loin la description détaillée. Voici le résultat de leurs recherches : I. PoissoNS CARTILAGINEUX. — En 1902, ces auteurs décrivent chez deux espèces de Raïes, une Hémogrégarine nouvelle et donnent la liste des Poissons examinés par eux avec ou sans résul- tat; ils ajoutent : (— Les Hémogrégarines que nous avons trouvées chez Raja punctata et Raja mosaica nous ont paru appartenir à la même espèce. Nous dédions cette espèce nouvelle à M. le Pro- fesseur Delage. » | Hæmogregarina Delagei est arrondie à une extrémité, effilée à l’autre : longueur 13 y, largeur 2 » ; il est rare de trouver 2 para- sites dans le même globule; il existe quelques granulations chro- matiques dans le protoplasma. Le noyau est parlois divisé ou en voie de division; d'autres formes de multiplication n'ont pas été vues. A. Delagei est voisine de H. bigemina des Blennies. IL. Poissons osseux. — « Malgré le grand nombre d'espèces de Poissons Téléostéens dont nous avons examiné le sang tant à Ros- 314 C. LEBAILLY coff que dans l’Anse Saint-Martin, nous n'avons trouvé des Hémo- grégarines que chez la Sole et les Blennies, des Trypanosomes que chez la Sole, où ils sont d’une extrême rareté. À Roscoff, sur 7 Solea vulgaris examinées, 4 renfermaient seulement des Hæmogregarina Simondi nobis, 2 des Hémogrégarines et des Trypanosomes, 1 n’était pas parasitée. Les très nombreux Blennius pholis et les nombreux Bl. Montagui examinés, étaient, à partir de la taille de 5 centi- mètres, presque tous parasités par æmogreyarina bigemina. Nous donnons ici la liste des espèces de Poissons osseux chez lesquels l'examen du sang a été constamment négatif avec le nombre d'in- dividus examinés. « ANSE SAINT-MARTIN. — Plusieurs Nerophis lumbricoïides, 1 Gunel- lus vulgaris, nombreux Gobius (sp.?), 2 Mullus surmuletus, 1 Cottus scorpius, 1 Zeus Faber, 2 Pagellus centrodontus, 1 Cantharus gri- seus, plusieurs Labrus, 3 Gadus luscus, 1 Gadus pollachius, 1 Motella mustela, plusieurs Pleuronectes d'espèces diverses, nombreux Le- padogaster Gouani, 3 Conger conger. « Roscorr. -— 6 Syngnathus, 1 Orthagoriseus mola, 3 Gunellus vul- garis, 2 Lophius piscatorius, 2 Mullus surmuletus, 5 Trigla, 10 Cottus bubalis, 1 Chrysophrys aurata, 5 Labrus, 6 Crenilabrus melops, 7 Am- modites tobianus, 2 Gadus pollachius, 4 Motella tricirrata, 7 Pleuro- nectes (sp. variæ), 3 Lepadogaster Gouani, 4 Conger conger. » En 1904 j'ai retrouvé H. Simondi en abondance chez la Sole, les rares Blennies que j'ai examinées ne contenaient pas À. bigemina. J'ai constaté en outre que plusieurs espèces de Téléostéens marins pêchés à Luc-sur-Mer renfermaient des Hématozoaires endoglobu- laires. Les mêmes résultats ont été obtenus à Roscoff pour certaines d'entre elles, et de même que pour les Trypanosomes, les Hémogré- garines dont l'existence est signalée dans cette région du Finistère ont été vues par Brumpt. La technique employée a été la même que pour les Trypano- somes, mais beaucoup de préparations démontrant nettement ces pasasites, sont impropres à l'étude des Hémogrégarines qui se trouvent alors surcolorées. Dans certains cas cependant, une im- prégnation très forte par le colorant met en évidence des particu- larités morphologiques invisibles sur les lames traitées normale- ment. Co ! LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS DESCRIPTION DES HÉMOGRÉGARINES Laveran et Mesnil (1901 c) donnent la description suivante des deux espèces qu'ils ont découvertes : « Hæmogregarina bigemina Laveran et Mesnil (fig. 1). Cette Hémogrégarine a été trouvée chez deux espèces de Blennies : Blennius pholis et BI. Montagui. Près du Cap de la Hague (Manche) presque toutes les Blennies de plus de 5 cm. de long que nous avons examinées étaient infectées, mais souvent un long examen était nécessaire pour découvrir quelques rares parasites. Cela est vrai surtout des BL. pholis de 10 à 15 cm. de long et des BI. Monta- gui; les individus ayant de nombreux parasites sont rares. «À. bigemina, se présente dans le sang frais sous forme de vermi- cules libres ou endoglobulaires. Le parasite des Blennies est beau- : coup plus petit que celui de la Sole. Il ne mesure que 12 de long | à sur 1,5 à 2 y de large; les deux Hématozoaires ont d’ailleurs au | “ | point de vue de la forme et des mouvements une grande analogie. a CLa partie antérieure de H. bigemina est renflée, sa partie posté- | 4 rieure Va en s'amincissant (forme en massue ou plutôt en virgule, car le grand axe du corps décrit presque toujours une courbe). | ? « Le parasite a, comme celui de la Sole, des mouvements de flexion RS et de redressement qui exagèrent ou diminuent la courbure ordi- | naire, et des mouvements de glissement. Nous avons observé en 4 outre des ondes péristalliques très allongées (la moitié de la lon- | gueur du corps }; ce dernier mouvement est difficile à constater B : et ne paraît pas fréquent. Les mouvements de H. bigemina ont | & une grande analogie avec ceux de A. ranarum; comme ce dernier parasite, H. bigemina paraît souvent traverser de part en part les hématies. « Le corps est assez réfringent, d’un aspect homogène, sans pig- ment, ni granulations, le noyau n'est pas apparent à l’état frais. « On constate facilement en examinant le sang frais qu'il existe deux Hémogrégarines dans une même hématie ; l'étude des prépa- rations colorées explique cette particularité en montrant comment | se fait la division. Sur des préparations de sang desséché en F couche mince, fixé à l’alcool absolu et coloré par le procédé que 376 C. LEBAILLY nous préconisons (bleu Borrel-éosine, tanin) on distingue facile- ment dans chaque Hématozoaire libre ou endoglobulaire, un noyau. Ce noyau situé en général vers la partie moyenne est ova- laire et contient des granulations de chromatine de différentes gros- seurs (fig. 1 À). « La fig. 1 B, représente une Hémogrégarine qui au moment où le sang a été fixé traversait probablement une hématie. « Les formes de division sont toujours endoglobulaires. L'Hémo- : Fic. 1. — Hæmogregarina bigemina. — Evolution d’après Laveran et Mesnil. — A, parasite libre arrivé à son développement complet. — B, parasite fixé pro- bablement au moment où il traversait une hématie. — C, parasite endoglobu- laire, première phase de la division. — D, parasite endoglobulaire, division du noyau.— £, F, hématies contenant de jeunes parasites provenant de la biparti- tion d’une Hémogrégarine. — G, H,1,J, hématies contenant chacune deux para- sites. — x 2000 environ. grégarine qui va se diviser prend une forme cylindrique (C) ou globuleuse, le noyau s'élargit, puis se divise (D), le protoplasma se divise à son tour et donne naissance à de jeunes éléments arron- dis (£) ou piriformes (F); ces éléments s'allongent et prennent le volume des Hémogrégarines adultes, tout en restant endoglobu- laires pendant quelque temps. On s'explique ainsi pourquoi il est si commun de rencontrer, dans une même hématie, deux Hémo- grégarines, et deux Hémogrégarines arrivées à la même période de développement. «Les Hémogrégarines sœurs sont souvent accolées (G), mais lors- LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 311 qu'elles ont atteint leur développement complet, elles peuvent pré- senter les rapports les plus variés (H, I, J). Tantôt, les extrémités antérieures et postérieures des deux parasites se correspondent, tantôt le rapport est inverse. Il est probable qu'à cette période de leur évolution les Hémogrégarines ont une certaine mobilité à l'in- térieur des hématies, d’où la diversité des rapports qu'elles pré- sentent entre elles. Le noyau des hématies qui contient deux Hémogrégarines est souvent refoulé mais l'hématie paraît très peu altérée. Il nous est arrivé une fois d'observer un commencement de division en 4; c’est là une exception qui doit être très rare. Nous n'avons jamais vu d'hématie renfermant plus de deux Hémo- grégarines bien développées. Dans les frottis de la rate, du foie et des reins l'abondance des parasites est en rapport avec la quantité de sang du irottis ». | Hæmogregarina Simondi Laveran et Mesnil (fig. 2). « Cet Hématozoaire a été trouvé trois fois sur quatre chez les Soles (Solea vulgaris) pêchées dans la Manche. Dans un cas seule- ment les parasites étaient en grand nombre dans le sang. H.Simondi examinée dans le sang frais se présente sous la forme d’un vermi- cule qui mesure 19 à 20 & de long sur 2 & de large environ. Les vermicules sont presque toujours à l’état libre dans le plasma; nous verrons plus loin que le stade endoglobulaire existe mais qu'il est transitoire. « Les mouvements sont de deux sortes : 1° enroulement du corps qui présente l’aspect d'un 6, tantôt très ouvert, tantôt presque fermé dans sa boucle inférieure, qui correspond à la partie posté- rieure du corps; 2’ mouvement de glissement rappelant tout à fait …. celui de Hæmogreqarina ranarum. La forme générale du corps du parasite est celle d'une virgule; la partie antérieure est renflée, la partie postérieure va en s'atténuant (fig. 2 A). Le corps est assez réfringent, d'un aspect homogène sans granulations de pigment - ni d'autres. Le noyau n’est pas visible à l’état frais. « Sur des préparations de sang désséché, fixé à l'alcool absolu et k coloré par la méthode préconisée par l’un de nous, on constate facilement l'existence d’un noyau situé, vers la partie moyenne, plus près de l'extrémité antérieure que de la postérieure. « Ce noyau de forme ovalaire contient une série de granulations 318 C. LEBAILLY de chromatine de différentes grosseurs. La partie antérieure du corps se colore plus fortement que la postérieure. Sur les prépara- tions colorées on peut étudier facilement les formes de multiplica- tion, contrairement à ce qui arrive en général pour les Hémogré- garines. « Le parasite qui va se diviser pénètre dans une hématie, ce qui Eric. 2. — Hæmogregarina Simondi, d’après Laveran et Mesnil, modifiée. — 4, parasite arrivé à son développement complet, libre dans le sang. La grosse extrémité est surmontée d’un mamelon arrondi constant à ce stade. — B, hématie normale de la Sole. — C, hématieaugmentée de volume.— D, Hémogré- garine en voie de division avec huit karyosomes; on ne distingue plus de l’hé- matie que le noyau comme dans les figures £ et F.— E, Hémogrégarine divisée, éléments jeunes accolés. — F, dissociation du faisceau formé par les éléments de nouvelle formation. On voit à ce stade le bouton terminal assimilable à un épimérile. — G, forme rencontrée dans les cas d'infection chronique. — X 2000 environ. paraît difficile au premier abord car l'Hémogrégarine de la Sole a deux fois la longeur d'une hématie normale de ce Poisson; mais d’une part, le parasite se contracte et se contourne, et d'autre part, l'hématie envahie augmente notablement de volume (C).Le parasite prend une forme globuleuse, il occupe la totalité de l'hématie dont le noyau seul subsiste (D). En même temps, le noyau de l'Hémogrégarine se divise en 2, 4, ou 8 parties. Le protoplasma se divise à son tour, et l’on a deux faisceaux d'Hémogrégarines ana- logues à ceux représentés en £ et F. Dans la fig. E, les Hémogré- LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 319 | pere sont encore contenues dans l’hématie réduite à une fine membrane et au noyau bypertrophié et accolé au faisceau des … Hémogrégarines. e . ( On compte d'ordinaire huit Hero ete dans chaque fais- ceau. Il arrive assez souvent que le protoplasma se divise en même temps que le noyau; ce qui donne dans les préparations colorées des formes de division dont l'aspect difière de celui des formes . représentées dans les fig. Det E. On trouve de 2 à 4 Hémogréga- -rines courtes, accolées, ou encore des rosaces de huit éléments. Ces formes de division sont endoglobulaires, comme les autres, ais l'hématie envahie, très altérée se détruit facilement, si bien El ue sur des préparations de sang desséché, on ne trouve, le plus - souvent, que le noyau hypertrophié de l'hématie à côté des élé- ments jeunes. Dans les frottis de la rate, la fréquence des Hémo- régarines n'est pas plus grande que dans le sang ; il ne semble pas que la rate soit pour ces Hématozoaires un lieu d'élection. » Chez les Soles que j'ai examinées à Luc, H. Simondi présentait à état frais les caractères de mobilité très bien décrits par Laveran tMesnil, mais il m'a semblé que les parasites étaient le plus sou- vent endoglobulaires, contrairement à ce que disent ces auteurs. - Les barillets qui remplissent et dilatent le globule sanguin en lui faisant prendre une aspect réniforme, se désagrègent très faci- a. ement dans les préparations de sang frais conservé entre ame et lamelle: plus la préparation est vieille, plus les Hémo- “grégarines libres sont nombreuses. Arrivée à son développement complet dans le globule sanguin D DRE une particularité morphologique impor- ne 1 20 none l'extrémité en forme de massue. Cet pendice se rencontre avec une grande constance, et s'observe sur voit bien que dans les-préparations très fortement surcolorées soit au bleu-Borrel-éosine ou au Giemsa, soit mieux encore à l'héma- Ce bouton terminal n’est pas analogie avec l’épimérite des Gré- zarines et rappelle particulièrement par sa forme celui de Sycia RAR) ND Es Ÿ L … È "a 380 C. LEBAILLY inopinata Léger. L'H. Simondi présente à ce stade l'aspect d'une petite Grégarine. Il existe en outre des formes parasitaires ci-dessus décrites,un stade qui se rencontre surtout chez les Soles peu infestées. Le glo- bule hôte ne renferme alors qu’un seul parasite de longueur moyenne (fig. 2 (), mais plus large et plus trapu que les autres. Le cytoplasme se colore fortement en bleu. et laisse voir près de l'une des extrémités, souvent terminée en pointe mousse, plusieurs petits espaces clairs, sortes de vacuoles, dont une estgénéralement plus grosse et très constante. Nous retrouverons constamment une forme analogue dans l'étude. des autres Hémogrégarines des Poissons, surtout dans les formes chroniques de l'infection ou entre deux récidives. On la rencontre dans les globules rouges normaux mais fré- quemment aussi dans les hématoblastes, qui se reconnaissent à leur taille un peu moindre que celle des hématies, et à la teinte bleutée que prend leur cytoplasme par la méthode bleu-Borrel- éosine. Cette coloration persiste très nettement après l’action du tanin alors que le cytoplasme des hématies adultes vire au rouge par ce traitement. Hæmogregarina callionymi Brumpt et Lebaïlly, 1904 (fig.3, 1). On trouve cette Hémogrégarine trois fois sur quatre à Luc et une fois sur trois à Roscoff. Dans tous les cas il s'agit d'une forme peu abondante. Ses mouvements sont tout à fait comparables à ceux de H. Simondi et H. bigemina. Us consistent en flexion et redressement. On les observe aussi bien sur les Hémogrégarines qui s'échappent des globules sanguins dans les préparations de sang frais que sur celles qui restent plus longtemps endoglobulaires. Les mouve-=\ ments de ces dernières débutent par une incurvation qui leur fait prendre la forme d'un croissant, dont les deux pointes s’avancent à la rencontre l’une de l’autre, puis une contraction protoplasmique intervient, qui raccourcit d'une manière appréciable la longueur du parasite tandis que sa largeur augmente sensiblement. L'aspect devient alors celui d’un Haricot. IH. callionymi (fig. 3, 1) mesure 12 y de long et 2 & 5 de larges ses dimensions ne varient que dans de faibles limites. Sa forme générale est allongée, un peu arquée, elle épouse la courbure de 3 * ” LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 381 l'hématie, mais ne se replie jamais comme cela se voit chez H. Ste- panovi Danilevsky parasite des Emys et des Cistudo. Le cytoplasme se colore assez fortement en bleu, maïs ne ren- ferme ni pigment ni granulations nettement visibles. Il n’est ce- pendant pas parfaitement homogène. Au voisinage de l'une des extrémités se voient des espaces clairs au nombre de deux ou trois, lnais ces sortes de vacuoles sont le plus souvent réduites à une seule, arrondie régulièrement, de 1 w. de diamètre, et tranchant par sa coloration sur le reste du cytoplasme beaucoup plus foncé. Les deux extrémités du corps sont arrondies et se ressemblent. Au voisinage de l’une se trouvent les espaces peu colorés, ou la grande vacuole, vers l'autre se voit le noyau. Il mesure 5 & de long et occupe la largeur du corps, sauf une mince bande protoplasmique de part et d'autre. Il se colore fortement et assez uniformément sans présenter de grains de chromatine distincts. Les globules qui renferment des parasites ne sont que très peu modifiés, parfois un peu plus grands que les autres. Le noyau ne montre même pas une légère hypertrophie. Les Callionymes qui renferment cette espèce de parasite sont nombreux, après examen prolongé du sang on trouve presque toujours des globules envahis. Le sang de quelques-uns de ces Poissons renferme en outre une autre espèce d'Hémogrégarine. - Hæmogregarina quadrigemina Brumpt et Lebailly, 1904 (fig. 3). Elle a été vue à Luc chez Callionymus lyra. Sa forme est diffé- rente suivant les phases de l’évolution. On voit des globules conte- nant deux. /1. quadrigemina de 8 v de long et 2 v de large, à pro- toplasme se colorant très faiblement, sans vacuole et à noyau en voie de division visible sous forme de grains ou de réseau (4, B). Le noyau continue de se diviser et à la fin de cette phase on dis- tingue à son voisinage un petit granule de chromatine isolé qui persiste longtemps (C et D). Les deux parasites ainsi logés dans le globule se divisent à leur tour soit en même temps, soit l’un après l'autre. L'hématie contient alors trois ou quatre Hemogrégarines réunies en un barillet. Chacune d'elles à une forme allongée, en virgule, avec une grosse extrémité et une plus effilée ou voisinage … de laquelle se voit le noyau revenu a l’état de repos. Les Hémogré- garines ainsi formées s'accroissent en longueur au point d'atteindre 382 ENGMALEPAILEY 17 y de long sur 1 & 8 de large. A cet état, la différence de forme des deux extrémités s'est beaucoup accentuée (H). Le globule sanguin qui renferme ce barillet a augmenté de vo- lume surtout en largeur et l'on constate que son noyau s’est hyper- trophié. A ce stade, les parasites sont mis en liberté, mais leur sorf F16. 3. — À à H, Hæmogregarina quadrigemina Brumpt et Lebailly. — 4, pa- rasite en voie de division. — B, la division est achevée, l’hématie renferme deux Hémogrégarines. — C, nouvelle division simultanée de chacun des para= sites. Les Hémogrégarines de nouvelle formation, situées à droite dans l’héma- tie présentent au voisinage de leur noyau un petit grain chromatique isolé. — D, une seule des Hémogrégarines se redivise, l’autre se développera sans se modifier, l’hématie ne contiendra en définitive que trois parasites (F). — E, G, stades jeune et avancé de la formation d’un barillet de quatre Hémogrégarines: . — H, parasites libres dans le sang arrivés à leur complet développement. — I, Hæmñogregarina callionymi, Brumpt et Lebaïlly. — xX 2000 environ. à partir de là est difficile à connaître, et s'ils se reproduisent par schizogonie, ils doivent changer de forme avant de pénétrer à nou- veau dans un globule rouge, car on ne rencontre pas d'hématies contenant une Hémogrégarine unique de grande taille comme Laveran et Mesnil l'ont vu chez H. Simondi de la Sole (fig. 4, C). S'agit-il vraiment de deux espèces distinctes de parasites endo- globulaires, ou bien malgré leurs différences morphologiques: H. callionymiet H. quadrigemina appartiennent-elles au même cycle? tas: LA LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 383 11 sera bien difficile de le dire tant qu'on ne connaîtra pas leur évo- lution sexuée, et à ce propos, on peut se demander s'il ne s’agit ou “pas là d'une part de schizontes, et d'autre part de formes sexuées apparaissant à la fin de la schizogonie dont l'union aura lieu dans —…. l'organisme de l'hôte intermédiaire. La même remarque peut s'appliquer à H. Simondi de la Sole, où nous avons vu, en outre des parasites allongés provenant de la dislocation des barillets, d’autres formes très analogues à celle que — nous décrivons sous le nom de H. callionymi. | Hæmogregarina platessæ Lebailly, 1904. Parasite de Platessa vulgaris, elle est le plus souvent endoglo- —bulaire mais parfois libre dans le sang, sa forme générale rap- | pelle celle d’un croissant à courbure très peu accentuée. Sa lon- —oueur totale est de 9 y, largeur 2 y. Il existe des individus de | É dimensions plus faibles. L'une des extrémités se termine en 3 _ pointe très mousse et montre après coloration une sôrte de va- —cuole claire. Parfois, ces espaces clairs sont en plus grand nombre ; on ne les rencontre pas chez les individus de petite taille. L'autre extrémité est régulièrement arrondie. Le noyau qui a la largeur | _ d'une Hémogrégarine occupe en longueur le tiers de la longueur | miotale du parasite. Il est plus rapproché de la grosse extrémité. In Fe même globule peut renfermer deux Hémogrégarines. Les Plies sont infestées dans la proportion de une sur trois. Hæmogregarina flesi Lebailly, 1904. Chez Flesus vulgaris. Sa forme est légèrement incurvée, elle imressemble à H. platessæ. La longueur est de 10 y la largeur 3 u. 11 existe des parasites de plus petite taille. Une vacuole claire se voit “à 245 de l'une des extrémités qui est un peu plus effilée que l’autre. | “Le noyau est volumineux et allongé, parfois très rapproché de l'extrémité opposée à la vacuole qui est en même temps la plus volumineuse. Je n'ai vu que des formes endoglobulaires. Les Plies en renferment dans un tiers des cas. | Hæmogregarinbailllaternæ Ly1904., a e Chez Platophrys laterna. Elle ressemble beaucoup à A. platessæ ses dimensions sont : longueur {1 y, largeur 2 w. On rencontre une, 384 C. LEBAILLY rarement plusieurs vacuoles claires auprès de l’une des extrémités. Le noyau est plus rapproché de l’autre extrémité. Le parasite est parfois replié en C dans le globule. Il existe des formes de taille plus petite. Une même hématie renferme pariois deux parasites. Hæmogregarina cotti Brumpt et Lebailly, 1904. Elle mesure 15 & de long et de 2 4 5 à 3 y de large. Sa forme gé- nérale est la même de }. platessæ on la rencontre dans les trois quarts des exemplaires examinés de Cottus bubalis. Les hématies ne paraissent pas altérées. Hæmogregarina Blanchardi Brumpt et Lebailly, 1904. Parasite de (obius niger. Cette Hémogrégarine présente une forme arquée, mais ne se replie jamais sur elle-même : les dimen- sions du corps sont : longueur 10 & ; largeur 2 & 5. Le noyau se trouve à 1 » de l'extrémité la plus arrondie et à 3 v de l'extré- mité amincie. Cette dernière partie possède au milieu du proto- plasme coloré en bleu clair une vacuole d'environ 1 & de diamètre. On trouve, assez rarement, deux parasites dans le même globule. Hæmogregarina gobii Brumpt et Lebaïilly, 1904. Elle a été vue une fois sur 10, associée à H. Blanchardi, chez (Grobius niger. Le corps est élancé et dépasse en longueur le grand axe du globule rouge. L'une des extrémités, plus mince, présente à son voisinage, le noyau qui est petit et arrondi. Au voisinage des noyaux qui viennent de se diviser, on voit, comme chez H. quadri- gemina nobis du Callionyme, un petit granule de chromatine isolé, et qui disparaît dans la suite. On ne rencontre que deux éléments par hématie; il sont parfois accolés comme dans F1. bigemina La- veran et Mesnil. Généralement ils sont placés de chaque côté du noyau. Les hématies sont légèrement distendues. Hæmogregarina bothi Lebaïlly, 1905. Elle se rencontre chez Bothus rhombus une fois sur trois. Sa lon gueur est de 10 y, sa largeur 2 y. Le noyau mesure3 à 4 y. de long et a la même largeur que l'Hémogrégarine. Dans les globules le parasite a une forme légèrement incurvée. L'une des extrémités est arrondie et montre après coloration des vacuoles claires dont LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 38) une plus grande en général. L'autre extrémité, au voisinage de laquelle se trouve le noyau, s’atténue graduellement et se termine en une pointe très mousse. IV. — LA NOTION D'ESPÈCE; ACTION PATHOGÈNE ; TRANSMISSION ET ÉVOLUTION DES HÉMATOZOAIRES DES POISSONS LA NOTION D'ESPÈCE. — La notion d'espèce est difficile à établir avec certitude, et les différents auteurs ne sont pas d'accord à ce sujet. Elle repose sur les caractères tirés des dimensions du corps et du flagelle, de l'étude du noyau, du blépharoplaste et de la dis- tance respective de ces différents organes. L'état plus ou moins granuleux du protoplasma ne donne pas un critérium spécifique, il fournirait plutôt une indication de sexualité (Schaudinn, Léger, Keysselitz) Koch (1904-1905) admettait que certains Trypanosomes, 7. Lewisi, T. Theileri par exemple, qui se distinguent par des caractères constants dans leur morphologie et dans leur virulence, étaient complètement adaptés à leur hôte et devenus des espèces fixes. Il refusait au contraire ce titre aux Trypanosomes du nagana, et du surra, etc. Pour lui, le véritable critérium devra être cherché dans l’évolution. . On distingue cependant couramment, chez les Trypanosomes pathogènes, un grand nombre d'espèces à l’aide de réactions expé- rimentales chez les animaux, alors même que les caractères morphologiques manquent de netteté. En ce qui concerne les Trypanosomes des Poissons, Laveran et Mesnil (1904, p. 400) s'expriment ainsi : « Les inoculations d’une espèce à une autre n'ont donné jusqu'ici que des résultats négatifs ce qui justifie la description d'espèces différentes de Trypanosomes pour les différentes espèces de Poissons, alors même que ces para- sites ne présentent pas de caractères morphologiques bien distincts. » La morphologie des Trypanosomes des Téléostéens marins permet, comme nous l'avons vu, de distinguer assez nettement des espèces, à condition de se placer pour tous les Poissons dans des conditions rigoureusement comparables. C'est ce que nous avons fait en décrivant les parasites rencontrés au cours d'infections Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 25 386 AOSCAUEEMELY chroniques ou en dehors de toute reproduction active. Ce sont d’ailleurs de tels cas que l’on observe le plus généralement. Les quelques expériences que j'ai pu faire, se rapportant aux Trypanosomes qui font l’objet de cette étude ont confirmé les données tirées de la morphologie. En voici les résultats. Une Anguille de 30 centimètres de long, que des examens avaient montrée indemne de Trypanosomes, reçoit un mélange de sang de Limande riche en T. limandæ, et d'eau physiologique citratée très faible. L'examen du sang, pratiqué à plusieurs reprises pour rechercher le T. limandæ a toujours été négatif dans la suite. Mais l’un des examens montra un T. granulosum var. magna bien mobile chez cette Anguille qui à la suite de 5 ou 6 examens infructueux était considérée comme indemne. Si l'on ne peut conclure de cette expérience que le 7. limandæ ne se développe pas chez l'Anguille, elle est au moins très instructive et montre qu'on ne saurait être trop réservé avant de décréter que le sang d'un Poisson en expérience est exempt de Trypanosomes. J'ai injecté à trois Congres, sous la peau et dans le péritoine, du sang d'Anguille citraté riche en Trypanosomes, sans résultat. Le sang des Congres de toute taille que j'ai examinés s’est toujours montré dépourvu de parasites, J'ai essayé aussi de transmettre par inoculation des Trypano- somes variés : T. platessæ, T. callionymi, T. granulosum, à des Pois- sons de la région de Luc qui se sont toujours montrés indemnes : les Congres, les Gunelles et les Motelles le résultat a été négatif. Parmi les Poissons injectés quelques-uns sont morts très rapide- ment dans la journée ou le lendemain. En diminuant la dose de æ citrate de soude dans la solution, et la quantité de solution ajoutée au sang injecté, ces accidents sont devenus plus rares. Enfin à des Poissons déjà infestés, Callionymes et Plies, j'ai injecté des Trypanosomes de formes et de dimensions difiérentes M (T. granulosum et T. limandæ) que l'examen aurait permis de distin- guer facilement en cas de développement. E < Tous ces résultats ont été négatifs et sans leur accorder une importance exagérée on peut dire qu'ils plaident en faveur de la spécificité des Trypanosomes des Téléostéens marins pour l'espèce de Poissons chez laquelle ils ont été rencontrés. Telle n’est pas la conclusion de tous les auteurs pour un groupe hit dai-oé cite: ss te cc ss “anal ain a ditt ES. D pi ten dE de ne dd à à NRC TAT TT PGA pie FE ape ms = - LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 387 très voisin de parasites des Poissons d’eau douce : les Trypano- plasmes. Laveran et Mesnil qui ont créé le genre (1901) ont décrit sous le nom Trypanoplasma Borelli le Trypanoplasme du Rotengle. M. Plehn (1903) a trouvé et décrit dans le sang de la Carpe, sous le nom de T rypanoplasma cyprini, une espèce qu'elle considère comme nouvelle. Léger (1904) après avoir rectifié la diagnose morphologique du genre à identifié le Trypanoplasme qu'il a étudié chez le Vairon avec le T. Borelli de Laveran et Mesnil. : Cet auteur a décrit en outre dans le sang du Cobitis etai une espèce nouvelle de ce genrele Trypanoplasma varium. Brumpt (1905-1906), décrit chez le Cottus gobio le Trypanoplasma Guernei, et signale que d’après ses observations le Trypanoplasme de la Carpe vit aussi chez la Tanche. Keysselitz (1906) étudie l’évolution du T. Borreli ramène à cette espèce les Trypanoplasmes du sang des différents Poissons d’eau douce considérés jusqu'ici comme distincts. Pour Keysselitz il serait impossible de voir des différences dans le cycle évolutif. D'après ses recherches les Trypanoplasmes des Poissons suivants seraient identiques : Perca fluviatilis L. — Acerina cernua L. — Lota vulgaris Cuv. — Barbus fluviatilis Ag. — Cyprinus carpio L. — Carassius vulgaris Nordm. — Tinca vulgaris Cuv. — Abramis brama L. — Leuciscus idus, cephalus, une rutilus L. — Esox lucius L. — Cobitis barbatula L. ; Brumpt (1906) a cependant donné une description du Trypano- plasma barbi qu'il a trouvé chez Barbus fluviatilis et du Trypano- plasma abramidis de la Brême. à Il semble résulter de ces travaux, que les Trypanoplasmes connus appartiennent à un petit nombre d'espèces. mais probable ment pas à une seule comme le veut trop exclusivement Keysselitz, Contre cette manière de voir, une observation de Léger me paraît très probante; cet auteur a observé le Trypanoplasma varium en abondance chez des Loches, alors que les Vairons pêchés au même endroit étaient indemnes. La notion d'espèce chez les Hémogrégarines devrait pour être certaine se baser sur l'étude du cycle évolutif de ces parasites. Trois d’entre eux sont nettement distincts ce sont ceux de Hæmogre- 388 C. LEBAILLY garina Simondi, de la Sole, H. bigemina des Blennies et H. quadri- gemina du Collionyme. Il est très vraisemblable, que dans les autres cas de même que pour les Trypanosomes, il s’agit d'espèces différentes d'Hémato- zoaires adaptées à des espèces différentes de Poissons. ACTION PATHOGÈNE. — L'action pathogène si redoutable exercée par certains Trypanosomes des Vertébrés est peu connue chez les Poissons. Dôflein (1901) a eu l’ocasion d'examiner des Tanches malades présentant des symptômes de somnolence et qui mouraient en grand nombre. Il y avait peut être un rapport entre cette morbi- dité et la présence de Trypanosomes dans le sang. Les Trypanoplasmes paraissent plus nocifs. M. Plehn (1903) fait remarquer que le Trypanoplasma cyprini se trouve parfois dans le sang avec une telle abondance qu'il ne doit pas être indifiérent pour son hôte. L'auteur lui attribue un rôle dans l’anémie spéciale à laquelle succombent ces animaux, en pré- sentant comme principales lésions une pâleur très frappante des branchies et des principaux viscères. Léger (1904) a observé chez les Vairons des symptômes morbides en relation avec la présence de Trypanoplasmes. Ces parasites étaient parfois en quantité innombrable aussi bien dans le sang que dans la lymphe. « Des infections aussi intenses, écrit cet auteur, amènent chez le Poisson une anémie profonde : décoloré et enflé il se tient immobile, refuse toute nourriture et finit par mou- rir. » Vis Hofer (1906) paraît disposé à accorder un rôle aux Flagellés du sang des Poissons dans ce qu'il appelle la («Maladie du Sommeil» de la Carpe. Il suppose que les Trypanosomes exercent sous une forme que l'on ne connaît pas, leur action pathogène car celle-ci coïncide avec une diminution du nombre des parasites qui s'étaient aupa- ravant activement multipliés. Hofer incrimine aussi les Trypanoplasmes (mais en faisant cer- taines réserves), des ravages exercés sur les Carpes par une mala- die bizarre, vers 1900 et 1902, dans les établissements de piscicul- ture de l'Est de l'Allemagne. Les Poissons en proie à cette consomption se tenaient immobi- LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 389 les pendant des semaines, reposant sur un côté, la tête et la queue repliées en arc de cercle. Il maigrissaient et mouraient en grand nombre sans présenter d’autres symptômes qu'une immobilité avec asthénie prononcée. On ne trouva comme parasites, après autopsie minutieuse, que des Trypanoplasmes en petit nombre dans le sang. Keysselitz (1906) critique l'interprétation des auteurs qui voient dans les Trypanoplasmes des agents de maladie. Les différents . symptômes constatés par lui sont: des épanchements séreux, des phénomènes d'anémie avec pâleur des organes (foie et rein), dimi- nution du nombre des globules rouges du sang, augmentation des globules blancs, des embolies capillaires produites parles Flagelés, Trypanoplames en général, et Trypanosomes en petit nombre. L'action pathogène des Flagellés lui paraît avoir été très exagé- rée et il lui semble qu'on n’a pas tenu assez compte dans ces obser- vations des conditions de nutrition dans lesquelles se sont trouvés les animaux. Pour lui, les symptômes de « maladie du sommeil » ne sont pas dus seulement à la présence de Flagellés dans le sang. Ils corres- pondent plutôt à une cachexie causée par la famine chez les jeunes Carpes. Il a observé trois cas de guérison sous l'influence d’une riche alimentation. | Nous n'avons pas observé chez les Téléostéens marins de symp- tômes morbides pouvant autoriser à incriminer les Trypanosomes. L'action morbide que peuvent avoir les Hématozoaires endoglo- bulaires est bien obscure. Cependant la multiplication des Hémo- grégarines dans le sang des Poissons est parfois si intense, qu'elle amène la destruction d'un grand nombre de globules rouges (Sole, Blennie, Callionyme). On peut supposer qu'elle n'est pas sans altérer gravement l'état général de ces animaux. Cepen- dant les Poissons paraissent supporter victorieusement ces as- sauts comme le prouvent le nombreux cas passés à l’état chro- nique. TRANSMISSION ET ÉVOLUTION DES HÉMATOZOAIRES DES POISSONS. L'hôte intermédiaire des Trypanosomes, Trypanoplasmes et Hé- mogrégarines doit être cherché dans le groupe de parasites qui se nourrissent du sang des Poissons. 390 C. LEBAILLY Leydig (1857) signale la présence de Flagellés dans le tube di- gestif des Sangsues (Piscicolaet Pontobdella) et d'un Acarien (Ixodes testudinis). Labbé (1891) et Rosenbach à la même époque, se sont occupés des parasites du sang, renfermés dans le tube digestif des Sangsues et de leur vitalité mais au point de vue spécial de leur culture dans ces conditions. Dôflein (1901, p. 72) s'appuie sur les observations de Leydig, pour émettre l'hypothèse que ces parasites Flagellés sont transmis aux Vertébrés par l'intermédiaire des Sangsues chez lesquelles ils ac- complissent peut-être une partie de leur évolution. H. Laveran et Mesnil (1901) émettaient la supposition que la contagion devait se faire par l'intermédiaire soit des Ichthyobdel- lides soit de parasites des branchies, ils avaient trouvé fixés à plusieurs de leurs Poissons des Infusoires Peritriches (Trichodina) et des Crustacés Isopodes (Praniza,. Siegel (1903) avait découvert le rôle des Sangsues dans la trans- mission des Hémogrégarines de la Tortue. Léger et Brumpt ont étudié simultanément et indépendamment l'un de l’autre l’évolution des Flagellés parasites du sang des Pois- sons dans le tube digestif des Sangsues et leur transmission par ces hôtes intermédiaires. Léger (1904 b) a fait sucer à des Piscicoles le sang de Loches in- festées exclusivement par le Trypanosoma barbatulæ et a vu dans leur intestin des stades appartenant au cycle évolutif de ce parasite. Ce sont d’abord des oocinètes à 1 ou 2 noyaux, puis au bout de 4 jours des Trypanosomes les uns mâles,avec un rostre allongé et un cytoplasme peu granuleux; les autres femelles de grande taille à cytoplasme fortement colorable en bleu, à flagelle court; d’autres enfin sont de formes indifférenciées, en fuseau aplati, qui se mul- tiplient activement. Léger déclare ignorer comment ils sont ino- culés au Poisson. Des Hemiclepsis marginata, qui avaient sucé le sang de Loches in- festées par le Trypanoplasma varium, ont montré dans leur intestin, au bout de quelques jours, de nombreux Trypanoplasmes les uns massifs, les autres filiformes, que Léger considère comme des élé- ments sexués. Dans les infections plus anciennes, la Sangsue renferme d'innombrables petites formes monadiennes. Le alt st sil ès at RTE NS EN OR ee VO TS EU ARS. AS 4 gr LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 391 Ce Trypanoplasme paraît susceptible d'évoluer aussi chez les Piscicoles. Brumpt (1904 a) a vu des oocinètes renfermant 1 noyau et un cor- puscule centrososomique, dans le tube digestif de diverses Sangsues parasites des Poissons marins : chez Platybdella soleæ (Krôyer), parasite de Solea vulgaris, P. scorpii (Fabricus), parasite de Cottus scorpius, Trachelobdella lubrica (Grube) parasite de Scorpæna por- cus et Branchellion torpedinis (Savigny) parasite de Squatina angelus et Trygon pastinaca. Dans le tube digestif des Hemiclepsis marginata, il a trouvé en srande quantité de petits Trypanosomes très agiles et différents comme structure de ceux des Poissons. Les embryons que por- taient les Hemiclepsis fortement parasitées étaient indemnes, l'in- fection n’est donc pas héréditaire. Ces petits Trypanosomes injec- tés à des Vairons, Poissons rouges et Epinoches n'avaient pas pro- duit d'infection au bout de 16 jours. Brumpt (1905) a remarqué de plus, que certaines espèces se développaient exclusivement dans le tube digestif des Clepsines, d'autres dans celui de Piscicoles; il a constaté qu'au cours de leur multiplication dans le tube digestif des Sangsues les Trypanoso- mes prenaient la forme Herpetomonas (T. granulosum Laveran et Mesnil, Trypanosoma cotti nobis). Lorsqu'ils restent plus longtemps dans l'intestin ils se fixent à la muqueuse et prennent une forme grégarinienne. L'inocula- tion se ferait par passage des parasites de l'intestin dans la gaine de la trompe. Le Trypanosoma granulosum de l’Anguille se développe chez les Hemiclepsis, d'après Brumpt (1906); il y devient piritorme au bout de quelques heures et se rapproche des Crithidia de Léger. Ces formes passent dans l'intestin et deviennent Her- petamonas elles peuvent ainsi résister longtemps. Puis les ÆHerpe- tomonas se transformenten Trypanosomes de petite taille qui sont inoculés à l’Anguille. Ils s'allongent alors et donnent les T. granu- losum typiques. Cette évolution complète se poursuit exclusive- ment chez les Hemiclepsis. Elle a lieu différemment chez d'autres espèces de Sangsues en ce sens qu'elle n’est pas aussi complète, plusieurs des stades pouvant manquer. Brumpt conclut que les changements morphologiques sont dus 392 C. LEBAILLY à une action vitale des parasites dans un milieu chimique spécial, chez un hôte particulier, et non au milieu physique dans lequel il se développent. Il ajoute : « Les Trypanosomes de l’Anguille conservés 24 heures dans l'eau douce, l’eau de mer, le citrate de potassium restent identiques et meurent sans changer de forme. Dans le milieu de Mac Neal et Novy.nous n'avons pu obtenir de culture, et malgré la différence de constitution du milieu avec le sang de l’Anguille, nous avons observé des formes parfaitement typiques huit et dix jours après l’ensemencement. » Les observations que j'ai pufairesurle Trypanosome del'Anguille (cf. p. 365) ne concordent pas avec ces résultats. Elles montrent : 4° qu'il est possible d'obtenir une multiplication de ce parasite in vitro, dans le sang del’Anguille, comme l'avaient déjà vu Sabrazès et Muratet; 2° qu'il peut se produire des mutations de forme dans la genèse desquelles le rôle des conditions physiques n'est pas à négliger. Brumpt a pu retrouver intacts au bout de 8 à 10 jours le Trypa- nosome de l’Anguille déposé à la surface d’un tube de sang gélosé. Il ne s’est pas produit de modification. Au contraire, dans mon observation au bout du même temps à 24° presque tous les Trypa- nosomes avaient subi des transformations profondes, ils étaient réduits une petite masse sphérique granuleuse, pourvue d'un fla- gelle lentement mobile. Il est vrai que les conditions de culture n'étaient pas les mêmes. Le sang dans lequel se faisait cette évolu- lution avait été conservé entre lame et lamelle et la préparation lutée à la paraffine, à l'abri de l'air et de la dessication. En examinant le contenu du tube digestif de plusieurs Pla- tybdella soleæ (Krôyer) fixées sur le dos des Soles, j'ai vu sur des frottis, des Trypanosomes gros et vacuolaires, paraissant en voie de dégénérescence. Je n'ai pas trouvé d’autres formes de Flagellés. Récemment, Keysselitz (1906) a fourni une contribution impor- tante à l'étude de la transmission et de l’évolution des Trypano- plasmes. Il a recherché sans succès chez les Crustacés parasites des Poissons : Arqulus foliaceus et À. coregoni, les Flagellés du sang. Il a vu au contraire que les Sangsues en renferment fréquemment dans leur tube digestif. L'auteur n’est pas arrivé à reproduire l'infection % à 4 | k - LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 393 chez les Poissons à l’aide de Sangsues infestées et prétend que l'envahissement de la gaine de la trompe, indispensable pour l’ino- culation selon Brumpt, se produit lorsque le corps de la Sangsue est comprimé mécaniquement, et n’a pas lieu dans la nature; il ne se - prononce pas sur le mode de transmission, mais il pense que les Piscicoles servent véritablement d'hôtes intermédiaires. Elles ne sont d’ailleurs pas les seules, le Tp. Borreli peut évoluer aussi chez d'autres Sangsues ; un début de développement a pu être observé chez une Hirudo medicinalis qui avait sucé le sang d’un Poisson in- festé. Keysselitz pense queles Hematozoaires hautement différenciés comme Trypanosoma noctuæ et les parasites du paludisme sont adap- tés à un hôte intermédiaire spécial, dans lequel ils évoluent exclusi- vement. Il étudie minutieusement la morphologie du Tr. Borreliet décrit avec figures à l'appui les nombreuses formes que peut pren- dre le parasite, et qui sont en rapport avec la période d'infection. Keysselitz décrit spécialement deux formes qu'il considère comme des éléments sexués ; les mâles ont un gros blépharoplaste et un petit noyau, c'est le contraire pour les femelles. Ces gamètes parvenus dans le tube digestif de la Sangsue s'unissent deux à deux. La copu- lation consiste dans l'union des protoplasmes et des deux ordres de corps chromatiques. Il y réduction chromatique des noyaux. Le produit de cette union est un oocinète avec deux masses chro- matiques provenant de l'union : d'une part des noyaux, d'autre part des blépharoplastes. De ces oocinètes proviennent des Trypanoplasmes, les uns males, les autres femelles, d’autres enfin indifférenciés. Il se fait ensuite une multiplication intense, qui aboutit à la production d'individus minces, « spirochétiformes », et d’autres trapus, capables de se multiplier activement. - Le cyele évolutif se compose donc d'une phase de reproduction par schizogonie dans le sang du Poisson, et d'une phase sexuée qui a lieu dans l'hôte intermédiaire, la Sangsue. Il est bien différent de ce que l’on a vu pour les Trypanosomes des Poissons. L'évolution de ces parasites se réduit à une schizo- gonie dans le sang de l'animal infesté et à un passage chez l'hôte intermédiaire par des formes moins élevées voisines de Crithidia et Herpetomonas. La question en est là; il est probable que ce n’est pas le dernier 394 °C: LEBAILLY mot. Ces Trypanosomes doivent avoir en outre de la schizogonie un moyen de reproduction par conjugaison. On connaît maintenant des cycles sexués chez les Trypanosomes des Mammifères. T. Lewisi et T. Brucei depuis l'important mémoire de Prowazek (1905). Bose (1904) avait déjà décrit et figuré une copu- lation chez le Trypanosome du Lapin. Actuellement le Trypanosoma gambiense, agent de la maladie du sommeil chez l'Homme, est l'objet d'importantes recherches dans ce sens (Gray et Tulloch, 1905; Minchin, 1906). L'évolution et la transmission des Hématozoaires des Vertébrés inférieurs ne sont pas connues avec précision. Il est naturel pour- tant de supposer qu'il y a une certaine analogie avec ce us se passe chez les Mammifères et les Oiseaux. C. Bürner (1901), avait déjà émis l’idée que les Acariens jouaient un rôle dans la propagation de ces parasites chez les Tortues. Cependant, d’autres faits observés depuis semblaient donner à ces recherches une orientation différente. Hintze 1902 avait cru voir le cycle complet de la Lankesterella de la Grenouille, la schizogonie et la sporogonie se seraient produites chez le vertébré; la première dans le sang, la seconde dans le tube digestif. L'infection se serait propagée par des kystes résis- tants absorbés accidentellement par d’autres Grenouilles. Schau- dinn, pensait que chez les Vertébrés à sangfroid la dissémination, à cette époque, pouvait se faire de cette manière; mais depuis il a reconnu en étudiant l'infection du Lézard par le Karyolysus que l’Zxodes ricinus propageait la maladie. Cet Acarien renferme des oocinètes fécondés dans son tube digestif et non seulement lui, mais aussi la génération suivante est capable de transmettre l'infection. Schaudinn est revenu sur son opinion primitive, et admet le rôle d'un hôte intermédiaire. Les kystes vus dans l'intestin par son élève Hintze, n’appartenaient sans doute pas au cycle évolutif des Hématozoaires de la Grenouille. La question de la transmission dans ce cas particulier reste donc ouverte. Siegel (1903) a vu l'Hæmogregarina Stepanovi parasite de l'Emys lutaria évoluer dans le tube digestif d'une Sangsue (Placobdella catenigera). I décrit des oocinètes, puis des kystes à sporozoïtes qui envahissent les glandes salivaires et pénètrent chez l'embryon OU TT D) MRC TUE PER RAIN MEN APT fonts diet or dE de et uit LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 395 infesté ainsi héréditairement. Ces sporozoïtes inoculés reproduisent la maladie. L'évolution est tout à fait comparable à celle de l'Hé- matozoaire du paludisme. Les recherches ultérieures n'ont pas confirmé ces résultats en ce qui concerne le présence des sporozoïtes chez l'embryon et dans les glandes salivaires. Billet (1904) pense que les Lézards peuvent prendre l'infection par la voie digestive en avalant des Insectes. IL paraît probable que chez les Poissons marins (la question ne se pose pas pour ceux d’eau douce) les Sangsues servent d'hôtes intermédiaires. On trouve dans toute l'étendue du tube digestif des Platybdella soleæ, recueillies sur les Sodes infestées, des formes typiques d'Hæmogregarina Simondi en grosse virgule surmontée d'un petit point. J'ai vu aussi dans des irottis, des figures rappelant beaucoup des oocinètes. Elles mesurent 22 de long sur 2 » de large, et ont deux noyaux d'aspect difiérent. : V. — RELATIONS ENTRE LES TRYPANOSOMES ET LES HÉMATOZOAIRES ENDOGLOBULAIRES Les faits que nous allons résumer en terminant se rapportent à l'évolution des parasites du sang des Vertébrés, Mammifères, Oi- seaux, Batraciens. Ils ont eu un grand retentissement, et ne sont pas tous également bien établis, mais l'intérêt qu'ils présentent est considérable, car c’est dans cette direction ques'orientent les re- cherches: il s’agit là d’un grand problème de Parasitologie générale. Schaudinn a fait paraître en 1904 un mémoire remarquable sur l'évolution de deux Hématozoaires de la Chevêche (Athene noctua). Le cycle de Trypanosoma noctuæ (Hæmoproteus (Halteridium) noc- tuæ Celli et San Felice), parasite de la Chevêche présente les par- ticularités suivantes. L'estomac du Culex pipiens, hôte intermé- diaire, renferme des oocinètes (œufs fécondés) ressemblant à …— des Grégarines. Leur extrémité antérieure est réfringente, l’autre contient les noyaux de réduction et le pigment qui sont éliminés. Le noyau véritable est gros, formé de 8 grains de chromatine avec un centrosome au milieu. Les oocinètes sont construits sur ce type, mais diffèrent morpho- _ (4) Archic für Protistenkunde, II, p. 339, note, 1903. 396 C. LEBAILLY logiquement suivant les circonstances, et évoluent suivant le cas en forme indifférente, mâle ou femelle. Le noyau se divise en deux par mitose hétéropolaire et donne un gros noyau qui reste au repos et un petit qui se divise à nouveau en deux, toujours par mitose hétéropolaire. C'est là l'origine de l'appareil flagellaire. De ces deux derniers noyaux le plus gros sera le blépharoplaste, l’autre se divisera encore pour donner le flagelle et les fibres de myonème. Les flagellés ainsi obtenus ressemblent au Crithidia de Léger et sont fixes ou mobiles dans l'estomac du Culex, selon que celui-ci est vide ou rempli de sang. C'est ainsi que se forme un Trypanosome indifférent. Les oocinètes femelles subissent une épuration chromatique du noyau et sont des formestrèsrésistantes. Ellesse reproduisent par parthénogenèse, infestent le Cousin pour toute sa vie et transmettent l'infection à l'ovaire et à toute la descendance. Leur cytoplasme est riche en réserves et se colore fortement. Il reste pâle au contraire chez les oocinètes de caractère mâle. Ceux- ci se forment par réduction chromatique analogue à celle des fe- melles, mais sont incapables de se multiplier, ils meurent très vite quand ils ne se conjuguent pas. Les Trypanosonies sont injectés à la Chouette par le Moustique, et pénètrent dans le sang. Ce sont surtout les formes indifiérentes qui résistent et se multiplient activement. Fait très remarquable, le jour ils sont parasites du globule rouge à l’état d'Halteridium, la nuit ils redeviennent Trypanosomes. Au bout de six jours de crois- sance, ils se divisent longitudinalement et les nombreux produits de cette multiplication se fixent aux globules rouges et grandissent. De ces formes indifiérentes Halteridium proviennent des mâles et des femelles qui se fécondent dans l'estomac du Moustique et donnent des oocinètes analogues à celui dont nous sommes partis. Schaudinn a suivi aussi l’évolution d’un autre Hématozoaire de la Chevêche : Spirochæta Ziemanni (— Hæmamæba Ziemanni Lave- ran). L'oocinète du Spirochæta Ziemanni donne naissance à beaucoup de Trypanosomes d'une forme spéciale très allongée. Selon les oocinètes ces Trypanosomes sont indifférents, mâles ou femelles. Ils sont capables de se diviser longitudinalement, donnant ainsi & LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 9397 des formes de Spirochètes de plus en plus.petites, au point de devenir ultra-microscopiques. Le Spirochæta Ziemanni est parasite des tubes de Malpighi chez le Cousin. Après avoir cheminé dans le corps du Diptère, de la même manière que le Trypanosoma noctuæ il est inoculé à la Chouette et devient parasite du sang. Il présente alors des stades de repos et de mouvement. Schaudinn rapporte en outre une observations du D' Weber datant de 1900. Une Vache atteinte de fièvre du Texas montra dans son sang à cette époque des Hématozoaires flagellés. Il convient de remarquer que cette Vache était maintenue dans une étable à l'obs- curité presque complète; ce fait est tout à fait en rapport avec Papparition des Trypanosomes la nuit dans le sang dela Che- vêche. Ces très curieuses observations ont suscité de nombreux tra- vaux. | Ed. et Et. Sergent (1904) ont suivi l’évolution des Hématozoaires de la Chevêche et confirmé les résultats de Schaudinn. Billet (1904 a) a vu une évolution analogue dans le sang d’une Grenouille. — Cet animal renfermait des Trypanosoma inopinatum Sergent, très typiques, et d'autres spirochœætiformes. Certains d’en- tre eux pénétraient dans les hématies de la Grenouille pour s'y fixer après perte du flagelle. Le sang remfermait en outre des Hé- mogrégarines typiques avec tous les intermédiaires jusqu'au stade Trypanosome. Les formes endoglobulaires présentaient des stades de division schizogonique binaires dans certains cas, en ro- sace dans d’autres. Cette évolution est à rapprocher des faits concernant l'H. Zie- —manni de la Chevêche. Il y aurait intérêt à connaître l’évolution dans l'hôte intermédiaire qui est probablement une Sangsue. J. Moore (1904), observant le sang de Bovidés atteints de Trypano- somiase a vu dans le plasma des corpuscules en forme de virgule avec une extrémité plus réfringente. Ces parasites envahissent les globules rouges, grossissent, redeviennent libres et se transfor- ment en Trypanosomes après avoir expulsé le globule réfringent | ——_ deleur queue. Mais ces observations ne sont pas accompagnées de higures, et paraissent avoir été faites seulement à l'état frais. Thiroux (1904) a étudié l'infection de Padda oryzivora par le 398 C. LEBAILLY Trypanosoma paddæ et-a constaté qu'elle n’a pas de rapport avec l'injection de cet Oiseau par l’Halteridium Danilevskyi. Ce sont deux parasites bien différents, ayant chacun leur évolution spéciale. Novy et Neal (1904-1905), à la suite de leurs recherches sur les Hématozoaires des Oiseaux, ont contesté les fait annoncés par Schaudinn. Il résulte seulement de ce débat que l’évolution n'est pas la même dans tous les cas, et qu'il serait risqué de généraliser avant de connaître plus de faits particuliers. Les Hématozoaires des Téléostéers marins ont-ils un cycle analo- gue à celui que décrit Schaudinn chez la Chevêche? Leurévolution est trop peu connue pour permettre de répondre à cette question ; il ne faut retenir que le fait de la coexistence fréquente dans le sang du même Poisson des Hémogrégarines et des Trypanosomes. Mais on peut faire à ce sujet deux hypothèses et se demander d'abord si ces parasites ne représentent pas pour chaque Poisson une seule espèce d'Hémoflagellé, qui aurait une évolution analo- gue à celle de Trypanosoma noctuæ de la Chevêche. De graves objections s'opposent à cette manière de voir. Les Hémogrégarines qui nous avons observées ne possèdent pas de blépharoplaste indiquant qu'elles peuvent être la phase de repos d'un Flagellé. Dans les cas les plus favorables, avec reproduction active etnombreux parasites, on ne voit pas dans le sang de formes intermédiaires entre les Trypanosomes et les Hémogrégarines. La dissemblance de taille et de forme de ces deux groupes d'Hémato- zoaires est toujours assez marquée. Enfin, chez les Poissons d’eau douce où les Trypanosomes sont communs, On n'a pas vu jusqu'ici de parasites endoglobulaires. L'évolution des Trypanosomes serait-elle donc tout à fait différente dans deux groupes d'hôtes si voisins ? La deuxième hypothèse, beaucoup plus vraisemblable, permet de supposer qu'il s’agit là de parasites distincts, à cycle digénéti- que, et dont les deux hôtes sont respectivement les mêmes pour chaque espèce.On comprend dès lors qu’un ectoparasite, une Sang- sue par exemple, vivant sur un Poisson, s'infeste des deux Héma- tozoaires, qu'elle pourra communiquer plus tard et simultanément à un autre Poisson. NA _e n 7 Le RUE NL OT WRPEE Tee née A Mb ot ns w + 4 À L à CT pit si L SRE ESF acèr Ed 'e- ÿ LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLÉOSTÉENS MARINS 399 # CONCLUSIONS 4 1° La présence de Trypanosomes et d'Hémogrégarines dans le — sang des Poissons marins osseux des eaux de Luc-sur-Mer ou de — Roscoff est un fait fréquent. | $ 20 La coexistence des deux parasites dans le sang d’un même hôte est habituelle. Tous les Poissons examinés à Luc (exception faite pour la Limande et l'Anguille), qui avaient dans le sang des Trypanosomes, renfermaient en même temps des Hémogréga- Tines, mais la réciproque n'était pas vraie 30 Dans presque tous les cas les Hématozoaires étaient peu nom- breux (infection passée à l’état chronique ou intervalle entre deux récidives). Dans ces conditions, les caractères morphologiques des — Trypanosomes sont constants, ils peuvent être utilisés pour la dif- … férenciation des espèces. Au contraire, les Hémogrégarines se res semblent beaucoup à ce stade ; l'étude de leur cycle évolutif est nécessaire pour établir nettement des distinctions spécifiques. 40 Les Pleuronectes vivant sur le fond, où les Poissons de rochers sont plus souvent infestés que les Poissons de haute mer. 5° On peut distinguer chez l'Anguille deux variétés de Trypano- somes. 6° Le Trypanosoma granulosum var. magna de l'Anguille se mul- tiplie in vitro et prend dans certaines conditions des formes d’in- volution. — D L'Hæmogregarina Simondi présente, au stade de la dislocation — des barillets, une particularité morphologique consistant en un . — mamelon surajouté à la grossse extrémité, ce que lui donne une — grande ressemblance avec une Grégarine. —. $ Les documents que l’on possède relativement aux Hémato- Lh…zoaires endoglobulaires des Poissons d'eau douce permettent de conclure qu'il n'existe par une seule observation bien contrôlée de mm parasites de ce genre. Ce fait est à opposer à la présence fréquente —… d'Hémogrégarines dans le sang des Téléostéens marins. 90 Le dimorphisme que l’on observe chez Hæmogregarina Simondi ou A. quadrigemina nobis est peut-être une indication de sexualité. La phase sexuée se poursuivrait chez l'hôte intermédiaire. El Le aie À LA 4 FL 'a- CN TE TPE Ati 400 C. LEBAILLY 10° Les Poissons marins paraissent bien supporter les Trypano- somes, quant aux Hémogrégarines, elles sont parfois en si grand nombre et anéantissent tellement de globules rouges, que l’infec tion peut vraisemblablement devenir mortelle. 119 La transmission se fait par l'intermédiaire d’un ectopara- site, probablement d'une Sangsue. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE < 1904. — BeresiNerr, Ueber Hæmosporidien welche in Leucocyten parasitieren. 1 Centralbl. für Bact., Ref., XXXIV, p. 295-296. ä 1904. — Eine neue Modifikation der Hæmosporidienfärbung nach der Roma- nowsky-Rugeschen Methode. 1bidem, p. 496. K 1900. — Bizzer A. Sur un Hématozoaire endoglobulaire des Platydactylus. C. R. Soc. de Biol., LIN, p. 547-549, fig. q 1901. — A propos de Hæmamcæba Metchnikovi Simond, des Trionyx. C.R. Soc. de Biol., p. 257. 1904 a. — Sur le Tr? one inopinatum de la Grenouille et sa relation pos- a sible avec les Drepanidium. C. R. de la Soc. de Biol., LVII p. 161. # 1904 b. — Sur une Hémogrégarine karyolysante de la Couleuvre vipérine. C. R. de 4 la Soc. de Biol. LVI, p. 482, 1 fig. R : 1904 c. — Sur l’Hémogrég arine du Lézard ocellé d'Algérie. Comptes rendus de la d Soc. de Biol. LVI, p. 741-743. 0e - 1904 d. — Culture d'un Trypanosome de la Grenouille chez une Hirudinée, relation At ontogénique possible de ce Trypanosome avec une Hemogrégarine: Comptes rendus Acad. Sciences, CXXXIX, p. 574-576. 1845. — BErc, Hæmatozoen des Hechtes. Archiv Skandinawischer Beitrage zur Naturgeschichte, I, p. 308. E. 1887. — R. BcancHarp, Article Hematozoaires. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. 1905. — Les Moustiques. Histoire naturelle el médicale. Paris. 1904. — Bosc F., Recherches sur la structure de l’appareil nucléaire des Trypa= nosomes (à propos d'un Trypanosome observé chez le Lapin). Archiv für Protistenkunde, V, 1904, p. 40-77. 1904. — Brumpr et LeBAILLY, Description de quelques espèces de Trypanosomes et d'Hemogrégarines parasites des Téléostéens marins. C. R. Acad. des Sciences, 17 octobre 1904. 1904 &. — E. Brumpr, Contribution à l'étude de l’évolution des Hemogrégarines et des Trypanosomes. C. R. Soc. de Biol., LVII, p. 165. 190% b. — Trypanosomes et Trypanosomoses. Revue scientifique, II, p. 321- 392, fig. 1906 a. — Mode de transmission et évolution des Trypanosomes des Poissons. Des: cription de quelques espèces de Trypanoplasmes des Poissons d’eau douce. Trypanosome d’un Crapaud africain. C. R. Soc. de Biol. LX, p. 162. 1906 b. — Sur quelquese spèces nouvelles de Trypanosomes parasites des Poissons d’eau douce, leur mode d'évolution. C. R. Soc. de Biol., LX, p. 160. 4901. — C. Borner, Untersuchungen über Hæmosporidien. Ein Beitrag zur ken- tniss des Genus Hæmogregarina Danilewsky. Zeitschrift für awiss. Zool., LXIX, p. 398-416, 1 pl. LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLEOSTÉENS MARINS 401 4891. — Crzur und SanreLice, Ueber die Parasiten des roten Blutkôrperchens im Menschen und in Tieren. Fortschritte der Medizin, n°° 12, 13, 14. 1888. — CHaLzacaniKkov, Recherches sur les parasites du sang chez les animaux à sang froid et à sang chaud. Kharkov. 1850. — Caaussar, Thèse de Paris, n° 192. 1886. — CrooksHank, Flagellated Protozoa in the blood of diseased and appa- rently healthy animals. Journal of the Roy. nicr. Soc., novembre, p. 913. 1881. — Nouvelles recherches sur les parasites du sang des Oiseaux. Kharkow, p- 21. 1885. — Danizewsky, Die Hæmatozoën der Kaltblüter. Archiv für mikr. Anat., XXIV. 1855. — Biologisches Centralblatt, 1* novembre, p. 529-537. 1889. — Recherches sur les parasites du sang des Oiseaux. Kharkov. 1889: — Parasitologie comparée du sang des Oiseaux, vol. I et II, Kharkovw. 1896. — DELAGE, Y. et E. HEerouaRp, La cellule et les Protozoaires. Traité de Zoologie concrète, T, Paris. 4901. — Dôrcein, Die Protozoen als Parasiten. Tena, p. 71 et 72. 190%. — DucLoux, Sur une Hémogrégarine karyolysante du Gongylus ocellatus. C. R. Soc. de biol., LVI, 16 avril, p. 608. 4897-1900. GaDpeau pe KERvILLE, Faune marine et maritime de Normandie. Bull. de la Soc. des amis des sc. naturelles de Rouen, 2° semestre 1897, 2° semestre 1900. 1880: — Gaure, Ueber Würmchen welche aus den Frosch-Blutkôrperchen aus- wandern. Archiv für Anat. und Physiol., physiol. Abtheil., p. 57-64. 4905. — Gray, A. C. H. et Tuzcocu, F. M., The multiplication of Trypanosoma ganibiense in the alimentary canal of Glossina. — Reports of the Sleeping Sickness Comanission of the R. Society, NI, p. 282-287. 1845. — Gros, Bulletin de la Soc. impér. des natur. de Moscou, XVII, p. 423. 4843. — Grugyx, C. R. Acad. sciences, XVII, p. 1134. 4902. — Hixrzr, Lebensweise und Entwickelung von Lankesterella minima Chaussat. Zool. Jahrb., Abt. für Anat., XV, p. 693-730. 4904. — Horer, Die Schlafsucht des Karpfens, Al!{gemeine Fischerei-Zeitung, XIX, n° 3, p. 48-49, 1 fig. 1906. — Æandbuch der Fischkrankheiten. Stuttgart, 2° Aufl., 1906, p. 281. 4906. — KeyxsseLrrz, Generations- und Wiritswechsel von Trypanoplasma Borreli, Laveran et Mesnil. Archiv fur Protistenkunde, VII, 1906, p. 15, fig. 4904. — Kocx, R., Ueber die Trypanosomen-Krankheïiten. Munch. med. Wo- chenschrift, 4% novembre. 4905. — Ueber die Unterscheidung der Trypanosomenarten. Sitzungsber. der k. pr. Akad. d. Wissenschaft. , XLVI, 23 novembre, p. 958-962. 4896. — KeusE, in Früccr, Die Mikroorganismen mit besonderer Berücksichti- gung der Ætiologie der Infektionskrankheiten, p.627. 4891. — Lapgé, Bull. de la Soc. Zool. de France, XVI, p. 229. 189%. :— Recherches zoologiques et biologiques sur les parasites endoglobulaires du sang des Vertébrés. Archives zool. exper., (3), II, p. 12. 1808 @. LAVERAN AÀ., Contribution à l'étude de Hæmogregarina Stepanovi Da- nilewsky. C. R. Soc. de biol., p. 885, 889, 919, 922, 12 fig. 4898 b. Traité du Faludisme. Paris. 4903. — Hémogrégarines des Ophidiens. C. R. Acad. des sciences. 1900. — Coloration par le bleu-Borrel. C. R. de la Soc. de biol., 9 juin. 4901 &. Laveran et Mesniz, C. R. Soc. de biol., 20 juillet. 4901 b. Sur les Flagellés à membrane ondulante des Poissons : genres Trypano- soma Gruby et Trypanoplasma, n. g. C. R. Acad. des sciences, CXXXIII, p. 131. 1901 c. Deux Hémogrégarines nouvelles des Poissons. €. R. Acad. des sciences, p. 573. Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 26 C. LEBAILLY 2 a. Sur les Hématozoaires des Poissons marins. €. R. Acad. des sciences, 13 octobre, p. 567. b. Sur quelques Protozoaires parasites d’une Tortue d’Asie. C. R. Acad. des sciences, 20 octobre 1902, p. 609. 1902 c. Archiv für Protistenkunde, I, p. 475-498. 1904. — Trypanosomnes et trypanosomiases. Paris. 1904. — LeBaiccy, Sur quelques Hémoflagellés des Téléostéensmarins. C. R. Acad. des Sciences, 10 octobre. 1904 a. LÉGER, Sur la structure et les affinités du Trypanoplasme des Vairons: C.R. Acad. des sciences, CXXX VIII, p. 824-826. : 190% b. Sur les Hémoflagellés du Cobitis barbatula. C. R. Soc. de biol., 5 nov. p. 344-347; Annales de l'Université de Grenoble, XNII, n° 1. 1904 c. Sur un nouveau Flagellé parasite des Tabanides. C. R. Soc. de biol., 24 décembre, p. 613, fig. 1904 d. Sur les affinités de l’Herpeltomonas Subulata et la phylogénie des Trypanosomes. C. R. Soc. de biol., 24 décembre, p. 615. 1905. — Sur la présence d’un Trypanoplasme intestinal chez les Poissons. C. R. Soc. de biol., 18 mars, p. 511. 1857. — Levi, Lehrbuch der Histologie, p. 346. 1899. — Linxcarp, Report on Surra in Equines, Bovines, Buffaloes and Canines, together with an account of experiments conducted with T. of Rats, Bandicoots and Fish, Il, pl. 4, p. 155, Bombay. 1904. — A short account of the various Trypanosomata found to date in India in the blood of some of the lower animals and Fish. Indian med. Gaz., XXXIV, p. 445-447, 1904. 1906. — Manca, GR., Trypanosomes du Lapin et de l’Anguille en Sardaigne. C. R: Soc. de biol., LX, 10 mars, p. 494. 1901. — Marceau, Note sur le Karyolysus lacertaruwm, etc. Archives de Parasi- tologie, De p- 135-142, 46 fig. 1838. — Mayer, A. F. I. C., Die Elementar organisation des Seelenorganes. Bonn, 1838, p. 56. 1843. — Spicilegium observationum anatomicarum de organo electrico in Raïis anelectricis et de Hæmatozois. Bounæ, 1843. 1903. — Mincuin, E. A., Sporozoa, in Ray Lankester, À Treatise on Zoology, Londres. 1906. — Tsétsés et Trypanosomes. Londres, 21 janvier, 8 pages. 1883. — Mrrropaanow, Biologisches Centralblatt, TITI, p. 35, 145 mars. 1905. — Monrez, R., Trypanosome d’un Poisson de Cochinchine. C. R. Soc. de biol., LVIII, 17 juin 1905, p. 1014, fig. 1904. — Moore, Some observations pointing to an intra-corpuscular stage of the development in the Trypanosome. Lancet, 1% octobre 1904, p. 950. 1881-1891. Moreau, Histoire naturelle des Poissons de la France. 1904. — Nicorce, Sur une Hémogrégarine du Lacerta ocellata. C.R. Soc. de biol., LVI, n° 20, p. 912, fig. 1904. — Hémogrégarine du ‘Crapaud. C. R. Soc. de biol., LVI, n°8, p. 330-332. 1903. — Novy and Neaz, Contribution to medical rescarch, etc. Michig an, 1903, p. 549-577. 190%. — Trypanosomes and Bird Malaria. American Medicine, 26 nov., p. 932, 4905. — On the Trypanosomes of Birds. Journal of infect. diseases, 17 mars. 1905. — Perrie, G. F., Observations relating to the structure and geographical distribution of certain Trypanosomes. Journal of hygiene, V, p. 191- 200. 1890. — Preirrer, Die Protozoen als Kramkheitserreger, p. 41 et 48, fig. 12. 1903. — PLeun, M, Trypanoplasma cyprini. Archiv für Protistenkunde, I, p. 175-181, 1 pl., 1903. 1903. — Prowazek, S., Flagellaten-Studien. Archiv für Protistenkunde, 1. 1904. — Entwickelung von Herpetomonas. Arbeilen aus dem kais. Gesundheits- amile, XX. 1905. 1901. 1842. 1891. 1902. 190%. 1904. 1902. 1899 1899 1904. 1902. 190%. 1904. 1903. 1901. 1904. 1841. 1850. 1905. LES HÉMATOZOAIRES DES TÉLEOSTÉENS MARINS 403 Studien über Säugetieretrypanosomen. Arbeiten aus dem kais. Gesund- heitsamte, XX, 1905, 45 p. 6 pl. Popovicr A. B., Contribution à l'étude des parasites endoglobulaires du sang des Vertébrés. Bull. Soc.scient. Bucarest, XXX, p. 329-355, 12 fig. ReMax, CansStatls Jahresberichte, no 10. Rosengacx, Berliner klin. Wochenschrift, 20 août. SABRAZÈS et Murarer. Procès verbaux de la Soc. lin. de Bordeaux, LNIT, p. 82-83, 124: 198. Gaz. hebd. sc. méd. de Bordeaux, 24 janvier. C. R. Soc. de biologie, LVI, p. 159. SALMON et W. SriLes, Emergency report on Surra. Bureau of Animal Industry, Bulletin n° 42, Washington. &@. SCHAUDINN, FE., Ueber die Generationswechsel bei Goccidien und neuere Malariaforschung. Sitsungsber. Ges. Nat.lr. Berlin, p. 159-178, 1 fig. b. Der Generationswechsel der Coccidien und Hämosporidien. Zoo. Cen. tralblatt, VI, p. 765-783. — Generations- und Wirtswechsel bei Trypanosoma und Spirochæte. Arbeiten aus dem kais. Gesundheitsamte, XX, p. 387-439, fig. — Translated from the German by FaLcxe, Journ. trop. Med., NV, n° 11. — SENN, Der gesenwärtige Stand unserer Kenntnisse von den Flagellaten Blutparasiten. 4rchiv fur Protstenkunde, I. — SERGENT, Ed. et Et., Sur une Hémogrégarine parasite de Testudo inauri- tanica. C. R. Soc. de biol., LNI, p. 130. — Évolution des Hématozoaires de l’Athene noctua, d’après Schaudinn. C.R. Soc. de biol., LVII, p. 164. — SIEGEL, D., Geschlechtliche Entwickelung von Hæmogregarina Stepa-. novti in Rüsselegel von Placobdella catenigera. Archiv fur Protis- tenkunde, II. — SIMonp, Hématozoaires endoglobulaires des J'OntIsee Annales de l’Inst. Pasteur, p. 319-351, fig. — Triroux, A., L'infection du Padda orysivora par le Tr ypanosoma pad- dæn’a pas derapport avec l'infection de cet Oiseau par l’Halteridium Danilewskyi. C. R. Acad. sciences, CXL, 9 janvier. — VALENMN, Müller’'s Archiv, p. 435. — Wepz, Denkschriften der Wiener Akad. der Wissenschaften, I, 2. Abteil., — WoopCocK, p. 1. H, Protozoa. Zool. Record, XLI, Londres, 1904. 40% GC. LEBAILLY — HÉMATOZOAIRES DES TÉLEOSTÉENS MARINS EXPLICATION DE LA PLANCHE VII Tous cès Trypanosomes ont été dessinés rigoureusement dans les mêmes condi- tions, à la chambre claire, à un grossissement de 1500 diamètres. Exception doit être faite pour le T. Delagei (fig. 12), qui n’est grossi que 1350 fois. Il a . été représenté d’après un dessin de M. Brumpt. L’échelle ne lui est pas un cable. Fig. 1. — Trypanosoma granulosum var. magna. Fig. 2. — T. granulosum var. parva. Fig. 3. — T. soleae. Fig. 4. — T. cotti. Fig. 5. — T. callionymni. Fig. 6. — T. lalernae. Fig. 7. — T. flesi. Fig. 8. — T. both. Fig. 9. — T. gobii. Fig. 40. — T. platessae. Fig. 11. — T. limandue. Fig. 12. — T. Delagei. TABLE DES MATIÈRES Pages. EEE TRY PANOSOMES NN LE CRU ES UE Ve LR NE SEA TS RS M CTRY PANOPLASMESS 02 UE ENS PONTS ETES CREUSE SEE CS ME SHEMOGRÉGARINES LL 0020 00 SN RP RME tr ER te PRE Er) IV. — LA NoTION D'ESPÈCE. ACTION PATHOGÈNE ; TA SUR ON ET ÉVO- LUTION DES HÉMATOZOAIRES DES POISSONS . . . . . TOO V. — RELATIONS ENTRE LES TRYPANOSOMES ET LES nee ENDOGLOBULATRES SU CUIR AE NON IEEE CES CONCLUSIONS PACA AT MERE ReRer Et LACS Éb A ARE RER ES OS BIBLIOGRAPHLE, DU MAPS a OUEN ns ob ce EL D SLT ET A CO RE EE TT _ L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE SONT TRÈS FRÉQUEMMENT DES AFFECTIONS VERMINEUSES (1) PAR le Professeur R. BLANCHARD On sera sans doute surpris de me voir intervenir dans la dis- cussion sur les relations de l’appendicite avec la typhlo-colite muco-membraneuse. Je n'ai ni clientèle ni service hospitalier et serais mal veñu à prendre part à une discussion portant sur la seule clinique : aussi n'ai-je pas une pareille prétention. Mais la question de la nature de l’appendicite attend depuis longtemps une solution satisfaisante ; elle se trouve de nouveau posée, par la discussion actuelle, devant le monde médical et même devant l'opinion publique. Toute lueur projetée sur cet obscur problème ne peut qu'être accueillie favorablement; quiconque détient ou croit détenir ne füt-ce qu'une parcelle de la vérité a le devoir de la faire connaître. Or, des faits aujourd'hui très nombreux m'ont donné une conviction profonde quant à l’étiologie fréquente, sinon habituelle, de l'appendicite et de la typhlo-colite et je crois nécessaire de les signaler à l'attention de l’Académie. J'hésite d'autant moins à le faire que l'opportunité m'en paraît plus grande. En effet, j'ai suivi avec un intérêt soutenu la discus- sion qui s'achève ; j'ai été très frappé de ce qu'aucun des orateurs n'y ait fait allusion à l'étiologie des affections sur lesquelles portait le débat : la moindre indication à cet égard eût été pourtant fort utile, puisqu'elle eût pu avoir d'’immédiates conséquences relati- vement à la prophylaxie et au traitement. Avec quelle faveur n’eût-on pas accueilli, en particulier, toute indication pouvant amener une réaction nécessaire contre les opérations d'appendicite aujourd hui beaucoup trop fréquentes, de l’aveu même de tous les chirurgiens ! Même si elle ne devait avoir pour résultat que de (1} Communication faite à l'Académie de Médecine, le 3 juillet 1906, au cours d’une discussion sur la typhlo-colite muco-membraneuse ou sableuse et l'appen- dicite. 406 R. BLANCHARD signaler ces abus, M. Dieulafoy aurait rendu un très grand service en ouvrant cette discussion; car il n'est pas douteux, ainsi qu'il l'a proclamé, que «quantité de gens sont indûment opérés d'appen- dicite qu'ils n'ont pas ». Vu l'incertitude de la doctrine étiologique actuelle, une telle constatation n'est guère faite pour élucider l'histoire de l'appen- dicite ; elle met le chirurgien en garde contre une intervention inopportune ou inutile, et c’est là un résultat très appréciable ; mais elle laisse toujours aussi obscure la cause même de l’affec- tion. Le problème est-il donc si décevant ? Est-il donc impossible de l’élucider, tout au moins en partie, d’après les données actuelles de la science ? Pour ma part, je crois qu'un examen judicieux des faits et une critique sévère de cent observations incomprises ou mal interprétées peut nous donner une solution tout au moins partielle de cette angoissante question. Le titre donné à ma communication indique clairement la doctrine que je veux défendre ici. Ce n’est pas la première fois, d'ailleurs, que l’étiologie vermineuse de l’appendicite est portée à la tribune de l'Académie : le 42 mars 1901, M. Metshnikov l’a exposée déjà ; mais sa théorie, bien que d'une rigoureuse précision et malgré la grande autorité de l’orateur, n’a pas trouvé, dans les milieux hospitaliers et professionnels, l'accueil favorable dont elle était digne. Un très grand nombre de faits du même ordre, publiés par divers auteurs, et notamment l'importante série d'observations faites dans mon laboratoire par M. Guiart, professeur agrégé à la Faculté de médecine, parlent trop haut dans le même sens pour qu'il soit permis de n’en pas tenir compte. S'il ne s'agissait que d'une simple conception théorique, sans aucune application pratique, on pourrait tenir pour négligeable la méconnaissance des faits singulièrement démonstratifs dont nous allons parler; on pourrait attendre que le jour se levât dans les esprits. Mais la question est beaucoup plus grave : il y va de la vie des malades, et une telle préoccupation doit reléguer à l’arrière- plan toute autre considération. C'est pourquoi, animé par une con- viction chaque jour plus intime, je viens défendre à mon tour la théorie vermineuse de l’appendicite et de la typhlo-colite. Il est temps que cette doctrine soit acceptée des cliniciens. Je sais qu'on en parle parfois au lit du malade, mais pour la repousser L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 407 bien loin, comme inexacte ou insuffisante; l'écho de ces critiques _me revient à chaque instant, à l'examen de parasitologie. Il est rare, en effet, qu'un élève, interrogé sur le rôle pathogène du Tri- chocéphale, ne réponde pas cette phrase désobligeante : « On a prétendu que, on croit que, on a soutenu que ce Ver pouvait cau- ser l’'appendicite. » Souvent même, il achève sa pensée en ajoutant: « Mais cette opinion n'est pas exacte. » Inutile alors de demander au candidat quelle opinion est plus exacte ; il n’en a aucune à pré- senter, pas plus d'ailleurs que ceux qui ont détruit dans son esprit la seule doctrine actuellement capable d'expliquer, dans la majorité des cas, le prétendu mystère de l’appendicite. Je voudrais être bref et m'en tenir exclusivement à des argu- ments tirés de la Parasitologie. Maïs le courant qu'il s’agit de re- monter est tellement violent que je dois établir mes travaux d'approche sur le roc toujours solide de l'anatomie et de la physio- logie. J'espère arriver ainsi à donner une démonstration définitive de ma thèse. Si elle est vraie, mes collègues l'accepteront, car je sais qu'ils n’ont aucun parti pris et que rien ne leur tient tant à cœur que la vérité scientifique. Définition de l’appendicite et de la typhlo-colite. — Une ques- tion préalable se pose : qu'entend-on exactement par appendicite et typhlo-colite? Un individu jusqu'alors en bonne santé, le plus souvent un en- {ant ou un adolescent, est pris soudainement d'une douleur pongi- tive dans la fosse iliaque droite. Cette douleur (en coup de pisto- let » est d’ailleurs très variable dans son siège et dans son inten- sité; elle se manifeste le plus souvent en un point situé vers le milieu de la ligne qui va de l’ombilic à l’épine iliaque antérieure et supérieure, ainsi que Mac Burney l’a mis en évidence. A ce ni- -veau, se trouve ordinairement l'appendice iléo-cæcal; on en con- clut donc, dans la pratique, qu'il s’agit d'une douleur ou névralgie appendiculaire. Fréquemment, les choses en restent là ; la douleur est plus ou moins vive, elle dure plus ou moins longtemps, elle s’exacerbe, s'atténue et s’efface définitivement ou revient, au bout d'un temps variable, parfois très long, avec son même caractère initial de brusquerie et de violence. Cette seconde crise peut passer dé même, puis être suivie d'une troisième, d'une quatrième, etc., à 408 R. BLANCHARD des intervalles de quelques heures, de quelques jours ou de quelques mois. Rien n'est plus irrégulier et, en apparence, plus capricieux. D'autres fois, à ces névralgies, dites appendiculaires, s'ajoutent des phénomènes plus graves. La fièvre s'allume, variable dans son ascension et dans sa marche, sans présenter jamais aucune courbe définie. Le point de Mac Burney, déjà douloureux à la pression dans le cas précédent, devient extrêmement sensible; la peau est irritable au suprême degré, non seulement à ce niveau, mais aussi dans toute la fosse iliaque droite et même sur tout l'abdomen. Le ventre se tend, se météorise ; la palpation révèle dans la région iléo-cæcale un empâtement que l'on attribue à une vive inflamma tion de l'appendice. Le malade est pris de vomissements, son état s'aggrave; la situation paraît bientôt critique et l’on ne voit plus de chances de salut que dans une résection aussi prompte que pos- sible de l'organe incriminé. Le chirurgien intervient donc : il pratique à l'abdomen une in- cision latérale, se met à la recherche de l’appendice et l’extirpe par mesure curative. N'est-ce pas, en effet, cet organe qui cause tout le mal? L’appendice, pourtant, dans un nombre considérable de cas, paraît être absolument sain. Maïs, souvent aussi, il est épaissi, congestionné, enflammé : il est ulcéré ou perforé en quelque point de son parcours; l'abcès développé dans ses paroïs s'est ouvert dans le péritoine et a provoqué une péritonite plus ou moins cir- conscrite; ou bien les matières septiques contenues dans l’appen- dice ont passé par la perforation et ont déterminé l’inflammation de la séreuse. Dans ces cas particulièrement graves, la laparotomie et la résec- tion de l’appendice sont légitimes : c'est à ce seul prix qu'on peut sauver le malade. Il n’en est pas moins vrai que, dans nombre de circonstances, l'appendice extirpé est sain en apparence et que l'opportunité de l'opération chirurgicale en pareil cas peut pa- raître contestable. Elle a tout au moins l'avantage d'empêcher à tout jamais le retour de la crise unique ou, suivant les cas, de supprimer ces crises à répétition dont le patient avait tant à souffrir. Or, M. Dieulafoy nous a décrit les misères de ces opérés d'an- cienne date, qu'il appelle si pittoresquement les « balafrés » de L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 409 Plombières ou de Châtel-Guyon, et qui, bien que privés désor- mais d'appendice, n'en continuent pas moins à soufirir des mêmes crises qu'auparavant. Malgré toute sa rigueur apparente, le diagnostic qui a déterminé l'opération était donc inexact; le mal était ailleurs que dans l’appendice : il siégeait dans le cæ- cum , il s’agissait donc d'une typhlite ou d'une typhlo-colite, et non d’une appendicite. L'appendicite et la typhlo-colite peuvent donc reconnaître une seule et même origine; tout au moins, elles peuvent avoir une symptomatologie identique. En effet, on chercherait en vain un signe qui it vraiment pathognomonique de l'une ou de l’autre; dans sa remarquable thèse, soutenue le 27 juin dernier devant la Faculté de Paris, M. Trémolières n'en indique aucun auquel on puisse attribuer une telle signification; M. Esmonet, qui s'est éga- lement occupé de la question à une date: récente, n'est pas plus précis. C'est que ces deux affections, bien que nominalement dis- tinctes, ont une large base étiologique commune. Elles étaient con- fondues anciennement sous l'unique dénomination de typhlite, de pérityphlite, d'abcès de la fosse iliaque droite, etc., ces divers vocables ont à peu près disparu de notre langage courant, mais l'état morbide qu'ils désignaient n'a pas cessé d'exister; il a sim- plement changé de nom. Nous en revenons ainsi à l’ancienne con- ception d'il y a quarante ans. | La typhlo-appendicite n'est pas une bactériose. Défaillance de M. la Bactériologie. — Les médecins de cette époque n'avaient qu'une | notion imprécise de l'étiologie de la typhlite: sommes-nous plus avancés en ce qui concerne l'appendicite, notre typhlite BE actuelle ? b : On a trouvé dans la bactériologie l'explication d'un si grand - nombre d’affections qu'il était légitime de penser que cette nouvelle science donnerait la clé d'une maladie elle-même considéree comme nouvelle : les investigations ont été nombreuses, mais les résultats en ont été si discordants que la question n'a rien perdu de son obscurité. L'appendicite faisant son apparition prétendue vers l'époque où sévissait la grippe, M. Faisans a cru pouvoir rattacher l'un à l'autre ces deux états morbides et envisager le premier comme la forme intestinale du second; cette théorie a compté de nombreux &10 R. BLANCHARD partisans, non seulement en France, mais en Europe et jus- qu'en Amérique (Marvel); pourtant, il n'a pas été possible de démontrer une relation bactériologique certaine entre les deux affections. Les récentes recherches de Lanz et Tavel viennent encore une fois confirmer ces résultats. Sur 138 cas d'appendicite plus ou moins grave, avec accès inflammatoires suivis ou non de suppura- tion, ils ont trouvé : Bacillus coli Escherich . . : . . . . . . . . 105 fois, soit 80,8 p. 100 Entérocoques 000: ARE A 2 EE A A EN 7 Bacillus pseudotetani MU DÉC DE DE NAS OPA ER AO SITEDIOCOQUES IPNOSÈNESS APP PE NEO RE RES Bacillus æœdematis Liborius . ... . . . . . . 49 — — 37, — Bacterium pneumonicum Miadnden. DEN = A — Bacillus vulyaris (Hauser). . « . . . . DEL NES Bacterium pneumoniae Weïchselbaum . . . . Mir 2 — Bacterium pseudodiphihericum (Læffler) 2 — — 15 — Sarcina tetragena. tre À — — 0,7 — SÉAPHYIOCOQUE CNE MENT 1 L'appendice était stérile 14 fois, soit dans la proportion de 10,7 pour 100, c’est-à-dire une fois sur 10. Il contenait 18 fois une seule espèce, 24 fois 2 espèces, 23 fois 3 espèces, 35 fois 4 espèces, 15 fois » espèces et une seule fois 6 espèces. Aucune de ces Bactéries n'est spécifique, dans le sens médical du mot. Comme on pouvait s'y attendre, la flore bactérienne de l’appen- dice normal est très semblable à celle de l'intestin, au point de vue qualitatif; celle de l’appendice pathologique ne se distingue que par la réduction du nombre des espèces et la grande prédomi- nance de certaines d'entre elles, modification d'autant plus marquée que l’état morbide est plus accusé. On a voulu y voir le résultat de la concurrence vitale, certaines formes triomphant des autres et exaltant leur virulence, d'où les accidents inflammatoires. En réalité, les choses 5e passent autrement : la lutte pour la vie a bien lieu, mais elle s'exerce plutôt envers les phagocytes, que les organes lymphoïdes de l'appendice déversent en grand nombre dans celui ci, sous l'influence de certaines excitations. Ces phago- cytes s'emparent des Microbes les moins résistants, les détruisent et causent ainsi la disparition de certaines espèces bactériennes. L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 41 Leur action se poursuivant, il peut s’ensuivre la stérilité de l’or- gane. Ainsi guérit spontanément une première crise inflammatoire, et tout rentre dans l'ordre. La lumière de l'appendice se réense- mence alors des Microbes intestinaux vulgaires, et les choses se retrouvent dans le même état que devant. Que si maintenant l’ex- citation spéciale se fait de nouveau sentir, une seconde crise évo- luera de la même manière que la précédente; ou bien, comme celle-ci a pu le faire déjà, elle aboutira à la formation d'un abcès. Le pus de ce dernier n'offre rien de remarquable; il ne contient que des espèces banales, qui n'ont évidemment rien de spéci- fique. « La récidive de l’appendicite, concluent Lanz et Tavel, ne dépend donc pas d'un état bactérien, d'une flore bactérienne spéciale, et il faut chercher autre part la cause des rechutes. » Cette cause, nous la chercherons tout à l'heure. Pour le moment, tirons de ce qui précède quelques déductions : _ D'abord, nous sommes en droit de conclure que l’appendicite n'est ni une bactériose ni une maladie infectieuse, et c’est là pour notre thèse un argument de grande importance. L'appendice n’est pas un organe en voie de régression. — D'autre part, nous ne pouvons accepter l'opinion de ceux qui considèrent lappendice iléo-cæcal comme un organe en voie de régression, tout au moins devenu inutile, et dont les fréquentes atteintes morbides prouveraient le désarroi physiologique. De frugivore qu'elle était autrefois, l'espèce humaine est devenüe omnivore et même carni- vore, mais l’appendice ne s'est pas modifié de ce fait, pas plus que la dentition : l'anatomie comparée nous démontre qu'il n'est ni plus ni moins développé que chez les Anthropoïdes, qui n'ont rien . changé à leur régime alimentaire. Sa structure générale est celle du gros intestin; les glandes en tube de sa muqueuse sont assez réduites et ne jouent apparem- ment qu'un rôle très effacé, mais ses follicules clos atteignent un développement considérable. Des vaisseaux volumineux s'y distri- buent; la muqueuse est largement irriguée par le sang, notam- - ment autour des organes lymphoïdes. Les auteurs sont muets au sujet des nerfs; j'ai prié M. Branca, professeur agrégé à la Faculté de Paris, de bien vouloir examiner ce point spécial; il a reconnu que l’appendice reçoit de gros troncs nerveux. De plus, on voit 412 R. BLANCHARD très nettement, sur ses préparations, dans toute l'étendue de l'or- gane, les deux plexus sympathiques, parsemés de cellules gan- glionnaires, dont l'existence est connue dans l'intestin grèle et dans le gros intestin : le plexus de Meissner dans la sous-muqueuse et le plexus d'Auerbach, entre les deux couches de la tunique musculaire; les cellules ganglionnaires de ce dernier sont particu- lièrement développées. Tout cela démontre une indéniable activité fonctionnelle. L'ap- pendice n'est donc pas un organe en voie de régression. Si son canal se rétrécit et parfois s'oblitère, ainsi qu'on l'a constaté, cela peut tenir à deux causes : d’abord à l’âge du sujet, et l’on se trouve alors en présence d’une de ces atrésies séniles qui peuvent attein- dre le vagin lui-même, c'est-à-dire un organe qui ne semble pas prêt de tomber en régression, par défaut d'usage ; ensuite et sur- tout à ce que la muqueuse de l'appendice s'est progressivement hypertrophiée et transformée en tissu fibreux cicatriciel, sous l'influence d’excitations réitérées que nous allons mettre en lu- mière. Contenu de l’appendice : corps étrangers et parasites; leur rôle mécanique. — Normalement, l’appendice ne contient qu'un peu de mucus, chargé de débris épithéliaux ; quand sa lumière est assez large, il y pénètre aussi des matières fécales, qui restent molles et se renouvellent grâce aux mouvements péristaltiques, ou séjour- nent et se concrètent plus ou moins. Ainsi se forment ces calculs, entérolithes ou coprolithes que l’on a maintes fois observés (1). D'autres fois encore, on y trouve de véritables corps étrangers, de. nature très variée, et des parasites vivants ou morts. Sur 1600 autopsies pratiquées à Chicago chez des sujets de mé- decine légale, morts d’affections très diverses, Mitchell n’a vu que 18 fois de vrais corps étrangers; parmi ceux-ci ne se trouvait au- cun Helminthe. Les corps étrangers et les Helminthes de l'appen-. dice sont donc rares dans les conditions ordinaires; aussi doit-on leur attribuer une signification particulière, si on les rencontre (1) Un nodule calcaire, rencontré par Shaw dans un appendice ulcéré, était de la grosseur d’un pois; le centre était formé par un fragment de poil de mous- tache. Moynier de Villepoix a observé à Amiens une concrétion sphérique, sorte de calcul de phosphate de chaux, dont le centre était formé par des débris végé- taux et par de nombreux œufs de Trichocéphale. Rochaz a étudié des calculs analogues concrétés autour d'œufs d’Ascaride et d'Oxyure. Paterson a vu des concrétions déposées autour de quelques poils. L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 4138 de consulter, M!e Gordon estime que les corps étrangers et les concrétions fécales s'observent dans l'appendice malade 450 fois Pas de contenu dans l’appendice . . . . . . .. 7 cas Mébieresiecalestuides 14 tre ee 32 — CONÉRÉMONSMECAlES EMMA T EEE NE RU. LOL Borps étransers divers... ein! 18 — DGA RTE RE PR Et RS DER « l'appendicite. Voyons comment cela peut s'expliquer. Corps étrangers. — Un corps étranger, de consistance plus ou - moins solide, semble pouvoir difficilement séjourner dans l'ap- endice sans y provoquer une réaction inflammatoire ou doulou- .reuse, dont l'intensité et la durée varient suivant l'importance du . | traumatisme et la tolérance de l'organisme lésé. Des corpuscules … arrondis et extrêmement lisses peuvent agir par leur poids : Lucas Championnière a trouvé deux grains de plomb de chasse das l'appendice, d'ailleurs peu altéré, d'une femme qui, depuis cinq années, soufirait de crises appendiculaires. Un degré de plus, et … l'épithélium s'érode et ouvre la porte à l'infection : dans un cas - grave de phlegmon de la fosse iliaque, Potherat a trouvé onze “grains de plomb dans l'appendice. Ainsi s'expliquent également les cas rapportés par Mertens et Cernea, où de simples noyaux de ce- _ rise ont provoqué une intervention chirurgicale. | Ce que déjà peuvent faire des corpuscules de ce genre, à plus … forte raison des objets piquants ou coupants en sont-ils capables ? . Guinard cite deux cas où l’appendice était perforé par un petit os d'Oiseau très tranchant et par une arête de Poisson; Rochard a observé un cas semblable à ce dernier; Jalaguier à extrait d'un abcès précæcal une épingle à cheveux avalée plusieurs mois aupa- _ ravant. … La présence d’aiguilles, d'épingles et de clous dans l'organe est 414 R. BLANCHARD loin d'être rare. À propos d’une observation nouvelle, Rose (1902) fait le relevé de tous les cas antérieurs; il en cite 34, dont le pre- mier aurait été observé par Ruysch en 1691; on en a signalé nom- bre d'autres exemples dans ces temps derniers. L'appendice possède narfois une tolérance surprenante envers d'aussi dangereux objets. Bell (1902) et Quénu (1903) ont trouvé une épingle dans un appendice d'apparence normale ; Tyson (1904) a trouvé un elou long de 35 millimètres et tout rouillé dans un or- gane épaissi et induré, mais ne contenant pas de pus. Le corps étranger sommeille, pour ainsi dire, et ne manifeste sa présence par aucun symptôme appréciable, mais il peut, à chaque instant, se produire telle circonstance qui le mette en œuvre. Chez un en- fant de quatre à cinq ans, mort de péritonite généralisée, Peterson trouve l’appendicite perforé par une aiguille longue de 5 milli- mètres et encroûtée de concrétions, indice d’un séjour déjà long. Moriarta rapporte un fait plus curieux : un garçon de quatorze ans reçoit un coup de pied dans le flanc droit; tous les signes de l'ap- pendicite éclatent; on opère le lendemain et on trouve l'organe perforé par une épingle qui, avalée environ un an auparavant, était restée depuis lors sans provoquer aucun accident. Une jeune femme, dont l'histoire nous est contée par Schlum- berger, de Mulhouse, présentait tous les signes cliniques de l’ap- pendicite suppurée. Elle avait eu, l’année précédente, une première crise dont les moyens médicaux avaient eu raison; cette fois, on décide d'intervenir; on trouve dans l’appendice une épingle prête à le perforer et mesurant un peu plus de 30 millimètres de lon- gueur; la guérison fut radicale. Une observation très analogue est rapportée par Moty. Chez un jeune soldat, l’appendice était transpercé d'une épingle dont la pointe s'était entourée d’un kyste fibreux ; une première crise, res- sentie à peu près dix ans auparavant, avait dû coïncider avec la perforation de l'organe. Les corps étrangers peuvent donc, par un simple procédé méca- nique, grâce à la compression ou aux piqûres qu'ils exercent, pro- voquer la douleur typhlo-appendiculaire, ainsi que l'ensemble des phénomènes irritatifs, qui l'accompagnent ordinairement; l'infec- tion peut s'ensuivre, grâce aux lésions produites par ce même mé- canisme. L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 415 _ Voilà un premier point établi. Il est de grande importance, car _ il nous donne la clef du rôle joué par les Helminthes dans l'étiolo- gie de la typhlite ou de la typhlo-appendicite. Ténias. — On a trouvé dans l'appendice des anneaux de Tænia sagimata, mais c'est une rencontre assez rare. [Israël découvre dans un appendice deux anneaux encore vivants. Dubourg, de Bordeaux. % - fait une constatation toute semblable chez un jeune homme opéré après deux crises appendiculaires; des anneaux de Ténia avaient été déjà remarqués dans les selles, lors de la première crise. Ver- delet a vu les crises cesser après l'expulsion d’un Ténia; mais il R nest pas certain que l'anthelminthique n'ait pas expulsé en même temps un autre parasite plus agressif. Martin, de Rouen, attribue la présence de deux anneaux de Ténia dans l’appendice des crises —… répétées de coliques dont soufirait une jeune fille de vingt-trois Pons; l'appendice contenait en outre deux petits coprolithes ettrois L Oxyures qu'il nous paraît plus judicieux d’incriminer. Il importe de bien comprendre que le Ténia inerme (T'ænia sagi- …nata) ne saurait causer la douleur cæco-appendiculaire, non plus * que le cortège de symptômes concomitants. Ce parasite ne vit que dansl'intestin grêle, où il ne cause à la muqueuse que des lésions 1 peu appréciables. Il ne la déchire point, mais se fixe par un simple 4 phénomène de pression barométrique: les quatre ventouses se … posent d'abord à plat sur la muqueuse, puis, ense dilatant, la sou- … lèvent et la font pénétrer dans leur intérieur, sans que celle-ci soit … autrement lésée. Nous connaissons très mal le Tænia solium et le à Dipylidium caninum, qui sont des Ténias armés, mais rares dans à l'espèce humaine; nous ne savons rien de précis quant à leur action ….pathogène. L'Hymenolepis nana, également armé de crochets, pro- ‘4 -voque des accidents réflexes plus ou moins grayes, mais qui ne sont — pas en rapport avec l'appendicite. Aussi bien, ne s'agit-il pas ici —…. de Téniadés adultes et intacts, venant se fixer dans l’appendice, —…. mais seulement d'anneaux isolés, erratiques et agissantcomme de - véritables corps étrangers. … Les anneaux du Ténia inerme sont, comme on sait, capables —…._ d'énergiques mouvements péristaltiques; ils forcent spontanément … le sphincter de l'anus et sortent ainsi de l'intestin ; ils sont donc capables, au cours de leurs reptations obscures, de pénétrer dans l'appendice; mais leur état complètement inerme et leur plasticité 416 R. BLANCHARD relative n'autorisent guère à les considérer comme dangereux; tout au plus sont-ils suspects. Il n’en est pas de même pour l'Ascaride, l'Oxyure et le Tricho- céphale: ceux-là sont vraiment redoutables au plus haut degré. Ascaride. — L'Ascaride (Ascaris lumbricoides), vulgairement appelé du nom très impropre de Lombric, a la bouche entourée de trois nodules chitineux, qui sont capables de s’écarter et de se rap- procher. Grâce à eux, l'animal attaque la muqueuse de l'intestin grêle : 1l la broute, en quelque sorte, et lui cause des érosions plus ou moins profondes. Ces lésions sont connues depuis très long- temps, mais on les tenait généralement pour négligeables. Or, M. Guiart a fait connaître que l’Ascaris conocephala, du Dauphin, est capable de s’enfoncer assez profondément dans la muqueuse, causant ainsi des dépressions dans lesquelles il reste attaché; la muqueuse est ulcérée. Qu'on ne soit pas surpris de me voir tirer argument d'un exem- ple aussi étranger à la parasitologie humaine: en médecine com- parée, et peut-être encore plus particulièrement en helmintholo- gie, l'exemple le plus inattendu est souvent le plus lumineux. C'est ici le cas, et le fait que je viens de rappeler nous rend un compte très exact des phénomènes qui se peuvent observer dans l'espèce humaine. On comprend désormais la pathogénie des acci- dents dont l’'Ascaride lombricoïde est fréquemment la cause: d'abord une irritation des plexus nerveux, se traduisant par des troubles nerveux très variés et souvent très complexes, puis des phénomènes inflammatoires pouvant aboutir à la productiond'abcès perforants. On a longtemps discuté sur la possibilité, pour l'Ascaride, de traverser la paroi de l'intestin. Une telle possibilité n'est pas dou- teuse, en tenant compte des observations qui viennent d’être pré- sentées, et les cas bien connus d'abcès vermineux s'’ouvrant à l’'om- bilic ou au pli de l’aine en sont une démonstration suffisante. D'autre part, l'infection causée par les Ascarides est également incontestable : suivant la nature du Microbe qui intervient, elle peut revêtir des formes différentes, mais c'est de préférence le Bacille de la fièvre typhoïde qui entre en jeu. La « lombricose à forme typhoïde », pour employer l'expression même de notre col- lègue M. Chauffard, n'est nullement une nouveauté : le Traité des L'APPENDICITE ET LA TYPHLO COLITE 417 … Entozoaires, de Davaine, livre qui semble être peu connu des méde- …. cins de la génération actuelle, en renferme de nombreux exem- ples. — _ L'Ascaride habite normalement l'intestin grêle, mais aucun Hel- 10 minthe intestinal n’est plus vagabond et ne se déplace plus volon- … tiers. ll descend notamment dans le gros intestin et, pour qui connaît ses mœurs, il n'y a aucune surprise à le voir s’enfoncer . dans l’appendice. D'après ce qui précède, on ne doit pas être éton- L _né davantage de le voir causer l’appendicite. Les accidents qu'il … cause en pareil cas sont, en somme, étroitement comparables à ceux qu'il provoque communément dans l'intestin grêle : le siège de la douleur diffère, les phénomènes nerveux sont d'autre nature, mais cela tient à ce que l'excitation porte sur des filets nerveux ou des 54 cellules ganglionnaires dépendant d’autres centres; le mécanisme — physiologique reste le même; il est depuis longtemps connu, tout au moins dans ses traits généraux. Les Vers dont il s'agit sont doués d’une toxicité très manifeste … qui se traduit, chez ceux qui les manipulent ou les dissèquent, …_ par des accidents divers : éternuement, gonflement des caron- 1 cules lacrymales, abondante sécrétion de larmes, vives démangeai- 4 sons et gonflement des doigts, urticaire, conjonctivite avec ché- mosIs, pharyngo-laryngite. On a voulu y trouver l'explication des actes réflexes énoncés plus haut, et Vaullegeard, de Caen, de adopte sans restriction cette manière de voir, J'ai déjà discuté ail- …— leurs une telle théorie et j'ai montré qu'elle n’est pas acceptable : à la substance toxique produite par l’Ascaride est contenue dans ses 2 tissus; elle n’est pas éliminée et ne saurait, par conséquent, agir … Sur la muqueuse, à moins de rupture du corps de l'Helminthe. … Il n’est pas plus exact d'attribuer à cette toxicité un rôle quel- — conque dans la production des accidents cæco-appendiculaires: L- l'exemple des simples corps étrangers, celui de l'Oxyure, du Tri- + chocéphale et des Amibes suffit d’ailleurs à ruiner une pareille con- _ ception. | … … L'Ascaride cause très fréquemment l’appendicite. On a discuté 4 maintes fois ses relations avec cette dernière, mais la plupart des . auteurs, imbus de cette idée fausse, que l’appendicite était une ( maladie nouvelle, due à un Microbe spécifique, ont refusé à l’Hel- _ minthe la part qui lui revient véritablement. Ils Font considéré 1 Archives de Parasilologie, X, n° 3, 1906. 27 SN Oo DS dE So GRETA PET RE ET AIS R. BLANCHARD comme une simple coïndence et, suivant l'expression de Triboulet, iis ont cru avoir affaire à une (appendicite sous-jacente qu'accom- pagnerait l’helminthiase ». La vérité se trouve dans la formule in- verse : l'helminthiase ne « simule » pas l'appendicite, elle la pro- duit. Il suffit, pour s’en rendre compte, de relever et de peser d'après ces conceptions les très nombreuses observations où l’appendice se montre envahi, ou même perforé par l’Ascaride. Parmi les cas tout à fait modernes, les seuls dont je veuille faire état, il convient de rappeler celui de Mme Arboré-Rally, qui ne prête à aucune con- testation : un garçon de dix ans présente le tableau complet d'une appendicite très grave, compliquée de péritonite; il est au plus mal, quand il vomit un Ascaride et se trouve aussitôt soulagé; deux jours après, on lui administre de la santonine; il expulse un nouveau parasite et la guérison est complète. A Sousse, Guégan observe un homme de trente ans, atteint d'ap- pendicite caractérisée. On allait l’opérer, quand, sous l'influence de la communication faite ici même par M. Metshaikov, on décide de lui administrer la santonine et le calomel, à la dose de 15 centi- grammes chacun : il expulse alors vingt Ascarides et l’appendicite disparaît. Dans des conditions identiques, un jeune homme de dix-huit ans évacue 150 petits Ascarides et se trouve également guéri. A Tunis, Santillana observe, chez une filette de onze ans, un cas des plus remarquables. Brusquement se déclarent les douleurs caractéristiques de l'appendicite; les autres symptômes appa- raissent promptement. Le cas paraît être des plus graves et l’opéra- tion est décidée. Cependant, la malade rend vivant un Ascaride de 20 centimètres et il en résulte une amélioration subite. La guéri- son n’est pourtant pas complète; le même jour, l'administration de la santonine et du calomel provoque l'expulsion de trois nou- veaux Vers. L'état général subit alors une amélioration considé- rable, mais-les symptômes alarmants recommencent vers le hui- tième jour et l'opération est décidée pour le lendemain; dans la nuit la malade évacue des matières fécales très fétides et la guéri- son est complète. incore trois observations, entre cinquante autres. Fagon (1901) relate l'histoire d’un garçon de quatorze ans, atteint d'accidents L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 419 assez graves pour nécessiter d'urgence une opération. Toutefois l'autorisation des parents faisant défaut, on est contraint d'attendre. Le petit malade a des vomissements incessants; il rend deux Às- carides et aussitôt la fièvre s'atténue, l’état général s'améliore, les douleurs s'apaisent. Le lendemain, il rend un nouvel Ascaride; l'amélioration fait des progrès considérables ; deux jours plus tard, expulsion d'un nouveau Ver et, cette fois, la guérison est défini- tive. Ragaine (1905) cite le cas (obs. 23) d'une fillette de huit ans et demi, qui est prise d’une crise violente, terminée par la sortie spontanée d’un Ascaride par l'anus; quatre mois plus tard, nou- velle crise; on opère. Une femme de quarante-deux ans (obs. 24) est dans un état des plus graves ; elle rend par l’anus un Ascaride de grande dimension; à partir de ce moment, le ballonnement du ventre et la défense musculaire diminuent, le pouls tombe, la dou- leur au point de Mac Burney disparaît et la guérison est bientôt complète. En présence de cas aussi démonstratifs on reste confondu de l'aveuglement du médecin, qui n’a prescrit aucun vermifuge etn'a pas craint d'assumer la responsabilité d’une opération. Une dernière observation achèvera de nous édifier. Elle a été rapportée récemment par Whale : un malade présentant tous les signes classiques de l’appendicite est amené sur la table d'opéra- tion ; là, il se refuse à toute intervention; le lendemain, il rendait 24 Ascarides et tout signe d'appendicite disparaissait. Ces observations suffisent; elles mettent hors de doute que l'As- caride peut provoquer tous les symptômes de l'appendicite la mieux caractérisée. Si cet Helminthe ne sort pas spontanément ou n'est pas évacué par les vermifuges, il peut continuer son action malfai- sante et déterminer des accidents plus graves, allant jusqu'à la perforation de l’appendice, à la production d'abcès pérityphliques et nécessitant l'intervention chirurgicale. Un cas de Gouraud, déjà ancien (1893), est très frappant à cet égard. Un autre, rapporté par Brun (1901), n'est pas moins remar- quable : un garçon de douze ans est atteint d’une crise aiguë: au bout d'un mois et demi, on l’opère à froid et l’on trouve l’appen- dice perforé, communiquant avec un abcès dans lequel baigne un Ascaride en voie de macération, Dans le cas de Schwankhauss 420 R. BLANCHARD (1901), les accidents sont du même ordre, mais ont élé plus graves : l'inflammation s’est généralisée au péritoine, dans lequel se trou- vait un gros Ascaride femelle, sorti par une perforation de l’ap- pendice. L'observation de Hubbard (1903) est encore plus démons- trative : un garçon de seize ans meurt de l’appendicite; on trouve un Ascaride mort dans le péritoine et un autre à moitié sorti par une perforation de l’appendice. Il est donc incontestable, d’après tout cela, que l’Ascaride est l'un des agents étiologiques les plus habituels de l’appendicite et du syndrome symptomatique qui l'accompagne. L'homme n'est pas le seul être qui jouisse d'un aussi incontestable privilège : Weinberg a observé chez le Chimpanzé une inflammation de l'ap- pendiceet des lésions coïncidant avec la DEÉSEUEE d’un bon nombre de Vers dans le cæcum. | Oxyure. — Cet Helminthe appartient à la même famille natu- relle que l’Ascaride, c’est-à-dire à ce groupe de Nématodes qui possèdent trois nodules chitinoïdes péribuccaux. Grâce à ces or- ganes, il se comporte envers la muqueuse intestinale exactement de la même facon que son congénère, avec cette double aggrava- tion que sa petite taille, du moins chez le mâle, le laisse facilement passer inaperçu et lui permet de s pénCIReE entièrement dans la muqueuse. | Je passerai plus rapidement sur son compte, non que son rôle soit plus effacé, mais parce qu’il me semble superflu d'insister outre mesure sur les observations calquées sur les précédentes. Sa présence dans l'appendice est connue depuis longtemps, puis- que Morgagni lui-même la signale. Son rôle dans la production des phénomènes réflexes si variables, qui constituent l'helminthiase, était bien connu des médecins de la première moitié du xix° siècle, comme en témoignent de nombreux ouvrages et notamment le livre de Davaine, déjà cité; son action dans la production de 15e pendicite est une acquisition toute récente. Déjà, en 1899, elle n’était point douteuse pour Still qui, trouvant: des Oxyures dans l'organe, leur attribue une affection catarrhale avec épaississement des parois; le catarrhe s'accompagnait de tuméfaction et, dans beaucoup de cas, de douleurs dans la fosse iliaque droite qui, dit-il, peuvent donner le change avec une ap- pendicite ordinaire. Ici même, M. Moty (1901) a signalé trois L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 421 tas d’appendicite avec Oxyures. À Bordeaux, en 1902, Bégouin opère une jeune fille qui, depuis quatre ou cinq ans, était sujette à des crises douloureuses dans la fosse iliaque droite. L’appendice _renfermait 15 Oxyures vivants, ainsi que des œufs d'Oxyure et . de Trichocéphale; la muqueuse présentait de petites ulcérations, autour des follicules clos, qui étaient eux-mêmes turgides. A Dresde, Oppe (1903) trouve six fois l'Oxyure dans 60 cas d'ap- _ pendicite opérés par lui. Ragaine (obs. 22) parle d’une jeune fille de dix-sept ans, entrée à … l'hôpital pour appendicite à répétition. C'est sa troisième crise : on opère et on trouve dans l’appendice 9 Oxyures, dont 4 mâles et » femelles. La muqueuse est épaissie et comme infiltrée; sa sur- . face présente un assez grand nombre de petites ulcérations. Desaunais de Guermarquer (obs. 17) rapporte un cas identique. Un homme de vingt-sept ans souffre de sa troisième crise; onl’opère et on rencontre dans l'organe deux Oxyures femelles. _ Une observation de Galli-Valerio (1903) mérite encore une men- tion particulière, en raison de la difficulté possible du diagnostic . étiologique et à cause du jour qu'elle jette sur les prétendues épi- démies d'appendicite. Un garçon de cinq ans et demi meurt de péritonite suppurée, consécutive à une perforation de l'appendice. Cet organe est hyperhémié et présente une grande perforation, résultant de l'ouverture d'un abcès; le pus renferme en abondance le Bacillus coli. Au premier aspect, le contenu de l’appendice ne présente rien d'anormal, mais le microscope permet d'y constater la présence d’un très grand nombre d'Oxyures mâles, ainsi que des des œufs de Trichocéphales. L'organe est gorgé de sang; son épi- thélium est ulcéré; on trouve, dans la muqueuse, des sortes de u _ tunnels béants, parsemés de Bactéries et entourés d’une zone in- flammatoire. Ces lacunes résultent de la pénétration des Vers, comme le prouve une coupe sur laquelle on observe, dans l’épais- seur de la muqueuse, l'extrémité postérieure d'un Oxyure mâle. La sœur de ce petit malade était elle-même, à la même époque. atteinte d'une appendicite grave; elle entre à l'hôpital, reçoit un anthelminthique, évacue un grand nombre d'Ascarides et guérit comme par enchantement. Ainsi l'Oxyure lui-même, en pénétrant tout entier dans la mu- queuse, est capable de provoquer des phénomènes inflammatoires 422 R. BLANCHARD dont la perforation de l’appendice peut être la conséquence. Un exemple en est encore fourni par Hubbard, de Boston, qui trouva deux Oxyures dans l'appendice d'une fillette de neuf ans, opérée pour un petitabcès péri-appendiculaire. La cause que nous invo- quons ici n’est pas toujours d'une constatation facile, puisque les accidents peuvent être dus exclusivement au mâle, que sa petite taille rend difficile à voir, il n’a pas plus de 3 à 5 millimètres de long sur Onn 16 à O0 mm 20 de large et ne peut être décelé sûrement que par l'examen microscopique, à un faible grossissement, des matières contenues dans l’appendice. Une autre cause d'erreur, signalée par Moty, tient à ce que les lavages à grande eau, en vue de faire subir aux organes un nettoyage facilitant l'examen, en- traînent très ordinairement les parasites. Trichocéphale. — Les cliniciens ne voient pas souvent ce Ver, aussi le croit-on des plus rares; c'est une erreur, il est des plus fréquents. Il habite normalement le cæcum, mais séjourne au préalable un certain temps dans l'intestin grêle, où il est une cause habituelle de fièvre typhoïde : M. Guiart a fait connaître un certain nombre d'observations qui ne laissent à cet égard aucun doute et au sujet desquelles j'ai présenté à l’Académie (18 oc- tobre 190%) un rapport qu'il n'est pas inutile de rappeler en ce moment. En effet, le mécanisme que j'invoquais alors est égale- ment mis en œuvre par le parasite, en quelque endroit qu'il se fixe, spécialement dans le cæcum et l’appendice. Le Trichocéphale présente un aspect des plus caractéristiques : il est long de 35 à 50 millimètres, suivant le sexe, le mâle étant le plus petit, et a les deux tiers antérieurs de son corps fins et poin- tus comme une aiguille. [Il s'enfonce profondément sous la mu- queuse ; on a cru longtemps qu'il la transfixait simplement, comme pour y prendre un point d'appui, l'extrémité céphalique ressor- tant plus ou moins loin, afin que la bouche püût puiser de la nour- riture au milieu des matières fécales; Askanazy a prouvé que cette sortie de l'extrémité céphalique est inexistante ou rare. En efiet, l'animal attaque les capillaires sanguins et son intestin renferme, non des débris puisés dans les matières fécales de son hôte, mais du sang; le contenu de son intestin donne à coup sür la réaction du bleu de Prusse, grâce au fer contenu dans l’hémoglobine. Dans les appendices fraîchement enlevés, on constate très fréquemment SC ie Le, marée er + DR ON RE L’APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 423 ces remarquables et.instructifs rapports du Trichocéphale avec la muqueuse. À l’autopsie, au contraire, on trouve le Ver gisant sur la paroi du cæcum, mais non enfoncé dans celle-ci; cela résulte de ce que le parasite, menacé d’inanition par l'arrêt de la circu- lation, puis de mort par le refroidissement cadavérique, s'est détaché de la muqueuse, pour se mettre à la recherche de condi- tions moins périlleuses. Rien nest plus simple maintenant que de comprendre le rôle du Trichocéphale dans la production de l’appendicite. En 1900, M. Guinard communique à la Société de chirurgie l'observation d’une femme qui, tous les quinze ou vingt jours, éprouvait une poussée aiguë d’appendicite; entre ces crises, le point de Mac Burney restait douloureux. L'opération est faite à {roid : l’appendice a ses parois épaissies et vascularisées. En l’in- cisant suivant sa longueur, on y trouve un Ver doué de mouve- mentsrapides.L'Helminthe m'est remis; c'était la moitié postérieure d'un Trichocéphale mâle; l'extrémité antérieure étaitrestéeenfoncée dans la muqueuse. L'année suivante, Girard trouve deux Trichocéphales, un mâle et une femelle dans l’appendice d'une fillette de huit ans; l’un d'eux avait encore la tête enfoncée dans la muqueuse. C'est alors, le 12 mai 1901, que M. Metshnikov est venu faire à cette tribune la communication si remarquable que j'ai déjà rap- pelée. IL y relate trois cas d'appendicite vraie, guéris par le seul emploi des anthelminthiques. L'examen microscopique des selles lui ayant révélé la présence d'œufs d’Ascaride et de Trichocéphale, notre éminent collègue en était arrivé à conclure que ces parasites pouvaient être la cause des phénomènes appendiculaires; la gué- rison complète et définitive qu'il obtint, vint démontrer le bien tondé de cette opinion. Cette communication fit grand bruit; on pouvait espérer qu'elle aurait d'immédiates conséquences, au point de vue du traitement médical de l’appendicite, mais cette espérance fut déçue; les clini- Ciens, à peu d’'exceptions près, ne tinrent aucun compte de la démonstration éclatante qui leur était ainsi donnée et, comme devant, l'appendicite continua de relever de la chirurgie opéra- toire. Cependant, les faits du mème ordre se sont singulièrement mul- 42% R. BLANCHARD tipliés. M. Metshnikov a retrouvé le Trichocéphale, ou plutôt ses œuÎs, dans douze cas nouveaux sur dix-sept. | De son côté, M. Guiart a fait lui-même une importante série d'observations dans ce même ordre d'idées. Depuis ses premières publications, portant encore sur un petit nombre de cas, maïs déjà confirmatives de l'opinion susdite, il n’a cessé d'examiner à mon laboratoire les déjections d'un nombre croissant de malades. Les résultats qu’il a obtenus sont des plus significatifs : dans quarante à cinquante observations, où la présence des œufs du Trichocé- phale avait été dûment constatée au microscope, ila suffi d'adminis- trer la santonine ou le thymol pour voir les accidents disparaître sans retour. M.Guiart se réserve de faire bientôt connaître plus en détail ses observations, dont je n'indique ici que le résultat général. Je n’aurais que l'embarras du choix pour énumérer des obser- vations où le Trichocéphale a été pris sur le fait. L'une des plus remarquables est rapportée tout au long dans la thèse de Dodeuil (1906), où elle est faussement attribuée à une appendicite tubercu- leuse. Il s’agit d'une femme de trente-huit ans, opérée de l’hysté- ropexie par M. Walther à la Pitié; on trouve l'appendice d'aspect peu normal et on l’extirpe; il renfermait un Trichocéphale enfoncé dans la muqueuse. Le Ver avait provoqué des lésions profondes de l'organe, sans causer pourtant de douleur bien appréciable. Ces lésions étaient identiques à celles que Girard et Letulle avaient fait connaître précédemment dans des cas plus graves, puisqu'ils avaient nécessité une opération chirurgicale. La rencontre du Trichocéphale dans l’appendice est fréquente; il me revint assez souvent que tel ou tel chirurgien l'a constaté sur des appendices enlevés par lui, mais je ne puis rien dire de ces faits, sur lesquels je n'ai aucun détail précis. Je me borne à signa- ler que M. Ménétrier, professeur agrégé à la Faculté de Paris, m'a montré, voilà quelques mois, des coupes d’un appendice dont la muqueuse présentait jusqu'à trois sections de Trichocéphales. Les caractères anatomiques d'un tel parasite sont assez nets pour qu'il n'y ait aucune hésitation possible sur la réalité et l'interprétation du fait. La muqueuse ne présentait pas de lésions très accentuées, ce qui d'ailleurs ne signifie nullement que le malade n'ait eu à souffrir de violentes douleurs et de phénomènes réflexes revêtant une allure des plus graves. L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 425 Amibes. — Pouren finir, disons encore quelques mots des Amibes, bien qu'évidemment elles ne puissent, dans nos pays du moins, être prises en sérieuse considération ; il n’en va pas de même dans les régions tropicales. L'Entamæba histolytica cause cette forme particulière de dysen- terie des pays chauds qui se complique de grands abcès du foie. 4 … En apparence inoffensive et incapable de produire le moindre — dommage, elle est en réalité très dangereuse : par une véritable é phagocytose, elle ulcère l'épithélium du gros intestin, où elle habite, ronge la muqueuse, perfore les vaisseaux capillaires et produit _ ainsi, d’une partles coliques spasmodiques, d'autre part les hémor- Le ragies qui s’observent au cours de la dysenterie. Je ne prétends pas qu'il s'agisse d’une complication très fréquente de cette mala- die, mais je ne puis passer sous silence les cas d' appendicite ami- … bienne qui viennent parfois l’ag graver : ils nous intéressent d'autant plus qu'ils se constituent par un mécanisme identique à celui de l'appendicite vermineuse. Kartulis, d'Alexandrie, mentionne six cas de ne compli- quée d'appendiciteamibienne et d’abcès du foie. Hoppe-Seyler(1904) observe un cas analogue chez un officier de marine atteint de dysen- terie tropicale; l’appendice est enlevé; il contenait des Amibes et présentait des lésions identiques à celles que l'on connaît dans le gros intestin : ulcération et infiltration de la muqueuse par les Ami- bes, destruction et suppuration des follicules, abcès sous-muqueux. Considérations générales. — Les faits que nous venons de relater sont très remarquables; ils ont inconstestablement une significa- tion pathogénique des plus graves et il est urgent que les prati- - ciens ne les méconnaissent pas plus longtemps. Ces faits parlent … trop haut et trop éloquemment en faveur de l'origine mécanique et spécialement vermineuse de l’'appendicite, de la typhlite, de la typhlo-colite, pour qu'il ne s' ensuive pas une réaction nécessaire contre ces opérations sans nombre et trop souvent sans résultat, de l’'aveu même des médecins, qui affolent littéralement l'opinion publique. Dans quelque temps, quand la doctrine que nous défen- dons ici aura eu gain de cause, ce qui ne peut manquer, car elle É-- repose uniquement sur des faits d'observation, on ne comprendra. pas que toute une génération médicale ait si complètement mé connu ce qui est l'évidence même. 426 R. BLANCHARD Nous n'avons aucunement la prétention d'être infaillible ou de détenir la vérité tout entière, mais nous avons la certitude de posséder tout au moins une part de la vérité et nous l'opposons, escortée d'un nombre imposant d'observations toutes concordantes, aux incertitudes et aux déceptions de la pathogénie généralement admise. Nous prions instamment les cliniciens de bien vouloir ouvrir les yeux et d'attribuer aux Helminthes, dans leurs concep- tions étiologiques, la part légitime qui leur revient. Pendant tout le xviue siècle, pendant les siècles précédents, mais d'une facon plus obscure, pendant la première moitié du xix° siè- cle, on a cru fermement à l’action nuisible des Vers intestinaux ; cette même croyance était admise par tout le monde et il en résul- tait cette coutume de donner aux enfants, et éventuellement aux adultes, des vermifuges contre tout symptôme intestinal insolite. Ce n’était pas de la grande médecine, je le reconnais; le procédé thérapeutique était bien modeste, j'en conviens; mais on ne voyait pas alors ces pseudo-épidémies d'accidents intestinaux, dont notre appendicite moderne est devenue le prototype. La Bactériologie est la cause irresponsable de l'état actuel. Elle a jeté une lumière si vive dans l’étiologie d'une foule d'affections que, par un engouement bien compréhensible, on l’a crue capable de tout expliquer. De là à considérer comme absolument négli- geables, comme entièrement inofiensifs les Vers intestinaux, il n'y avait qu'un pas qui, hélas! fut promptement franchi. Voilà exacte- ment vingt-trois ans que, par la plume ou la parole, je lutte contre une aussi funeste croyance, avec les moyens insuffisants dont dis- pose un homme qui n’a pas choisi la carrière des hôpitaux et qui, par conséquent, ne se trouve pas en contact journalier avec les étudiants, dans l'esprit desquels il importe de faire pénétrer la conviction. Les faits qui s'accumulent depuis quelques années et dont je n'ai visé ici qu'une très faible partie, deviennent néanmoins assez démonstratifs pour s'imposer à l'attention de tous et pour provo- quer dans les conceptions pathogéniques une révolution nécessaire, qui ne sera qu'un retour à d'anciennes théories nosologiques. En inspirant les thèses de Ragaine et de Desaunais de Guermarquer, j'ai tenté déjà de réagir, mais une thèse n’a guère de portée; c'est. pourquoi j'ai jugé indispensable de monter à la tribune de l’Aca- ESP E SAL PERS LOVE ETS US PAPIER L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 427 démie et d'intervenir dans une discussion d'où, je ne sais pour quelle cause, le côté étiologique et pathogénique avait été exclu. En s’enfonçant dans la muqueuse soit du cæcum, soit de l’appen- dice, les Vers que nous avons précédemment désignés agissent donc, en somme, d'une facon mécanique, comme le font souvent de simples corps étrangers. D'où cette conceplion qu'il n’y a pas de Ver de la typhlo-colite ou de l’appendicite. Suivant que leur rencontre avec l'élément nerveux et particulièrement avec la cellule sanglionnaire des plexus est rare ou fréquente, se prolonge ou ne dure qu'un instant, le phénomène douloureux présente toutes les variations que l'on connaît. L’irritation des filets nerveux, qui en résulte, produit par voie réflexe les autres symptômes, et tout cela est pleinement d'accord avec l’ancienne conception des coliques vermineuses. Mais l'action mécanique des Vers ne donne pas une explication suffisante de tous les cas cliniques, particulièrement de ceux qui se compliquent d'inflammation véritable et d'abcès. M. Metshnikov d'abord, Guiart ensuite, ont fait voir que la lésion produite par le parasite dans l’épithélium ou la muqueuse est une porte ouverte à l'infection. Celle-ci résulte de l'intervention de Microbes variés, . mais dont, on ne saurait trop le dire, aucun n'est spécifique ni primitif. D'après ces faits, rien n'est plus facile que d'expliquer les réci- dives, les intermittences, les irrégularités, les caprices de l’appen- dicite ou de la typhlo-colite. On tend à attribuer à ces affections le caractère épidémique, d’une part à cause de leur existence fré- quente chez diverses personnes d'une même famille ou d'une même habitation, d'autre part à cause de leur explosion saison- nière. Les Vers qui entrent en jeu sont introduits dans l’orga- nisme à l'état d'œuf embryonné. Les eaux qui les amènent sont contaminées par les infiltrations des fosses d'aisance, comme il arrive si fréquemment à la campagne pour les puits, ou bien elles ont servi à l’'arrosage et ont été déversées sur les légumes que l’on mange crus après un lavage insuffisant. Dans un cas comme dans l'autre, on comprend que les personnes d’une même famille, d’une même maison ou d'un même quartier soient atteintes d'appendi- cite en même temps, ou à peu de distance l’une de l’autre. Quant aux variations saisonnières, elle dépendent de la température 428 R. BLANCHARD moyenne, qui agit d'une façon si directe sur le développement des œufs du Trichocéphale et de l'Ascaride: ainsi s'explique ce fait, noté par un grand nombre d'observateurs, que les plus nombreux se constatent pendant les mois d'été. On a dit que l’appendicite résultait du régime carné, mais c'est là une supposition toute gratuite. On a prétendu encore qu'elle était rare chez les Arabes et dans d'autres races humaines, où pourtant les parasites intestinaux sont fréquents. En ce qui con- cerne les Tunisiens, Guégan et Santillana soutiennent cette opinion, mais Brunswic-Le Bihan, chirurgien de l'hôpital Sadiki, de Tunis, la conteste formellement. Pour l’Extrême-Orient, Matignon signale la fréquence des Asca- rides et la rareté de l’appendicite chez les Chinois. On a dit la même chose des Annamites du Tonkin et, dans un cas comme dans l'autre, on a invoqué comme cause favorisante le régime surtout végétarien, qui entretient la liberté du ventre. Cette opinion ne manque pas de vraisemblance; toutefois, Le Roy des Barres, de Hanoï, ne repousse pas l'idée de la pénétration des Helminthes dans l’appendice, pendant la vie : cela, dit-il, € correspondrait peut-être à des douleurs vives et intermittentes de la région cæcale qu'il nous a été pariois donné d'observer chez les indigènes, dou- leurs ne s’accompagnant pas de réaction péritonéale et qui dispa- raissaient aussi brusquement qu’elle étaient apparues ». A l'appui. de cette constatation, faisons encore remarquer que les différentes races humaines réagissent de façon très inégale envers une même cause pathogène; en particulier, les Arabes et les Chinois sont remarquables par leur endurance et par leur insensibilité à la douleur. L'œuf de la Bilharzie, répandu dans la muqueuse vésicale ou rectale, détermine en celle-ci des phénomènes de sclérose et d’hy- pertrophie fibreuse, qui réduisent dans des proportions souvent considérables la cavité de l’organe; c'est un corps inerte, mais muni d'un éperon polaire. Par un phénomène tout semblable, la tête du Trichocéphale irrite la paroi de l'appendice ou du cœcum et détermine des épaississements de la muqueuse. Ce phénomène irrilatif, même prolongé pendant toute une existence, n’amène pas de modification bien appréciable dans le cæcum, qui est un organe large et spacieux, mais il n’en va pas de même dans l’ap- L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 429 idice, dont la lumière souvent très étroite se rétrécit de plus \ plus. L'épithélium se desquame, du tissu cicatriciel s'établit et est ainsi qu'on voit se produire ces travées, ces cloisons, ce « vase € s », dont plus d'un observateur a constaté l'existence. Ces lésions, en loin d’être primitives, comme on l'a pensé, ne sont que la nséquence d'une irritation chronique. Voilà quelques années, M. Dieulafoy écrivait : (Il n’y a pas de itement médical de l'appendicite; le seul traitement rationnel le traitement chirurgical. Avec un diagnostic bien fait, avec D on DRE au on voulu et suivant les règles de ce D nées par un clinicien aussi autorisé, de telles paroles ne uvaient manquer d'ouvrir à l' nn. la carrière chirurgicale -ment avec une loyauté digne des plus grands éloges. Non, il ne … faut pas proscrire le traitement médical; il faut simplement en Le traitement médical usuel donnait déjà des résullats appré- -ciables; la guérison est signalée comme fréquente par un bon noMm- re d'auteurs. Schwartz (1899) doit l'avoir obtenue une trentaine de fois. Notre collègue M. Reynier et Mlle Gordon en citent des cas. Lte g guérison exceptionnelle sera beaucoup plus fréquente, sinon Ja règle, quand le traitement anthelminthique aura pris dans la pratique médicale la place qui lui revient. _ L'intervention chirurgicale, même pratiquée avec prudence, SE | 4 2 àoklt 430 R. BLANCHARD n'est pas, en effet, exempte de danger. Les accidents mortels con- sécutifs à l'opération atteignaient le chiffre formidable de 35,6 p. 100 chez les enfants, voilà dix ans; ils sont moins nombreux au- jourd'hui, puisque M. Broca, dans une conférence récemment faite à la Société de pédiatrie de Londres, accuse 25 p. 100 de décès chez les enfants opérés à chaud, et 10 p. 100 chez les enfants opé- rés à froid, De tels chifires sont bien faits pour émouvoir et pour plaider en faveur de l'application systématique du traitement an- thelminthique dans tous les cas de typhlite et d’'appendicite quels qu'ils soient. Ceux qui résisteront à ce traitement préalable, méthodiquement exécuté el poursuivi, pourront alors, suivant la conscience des chirurgiens, être soumis à l'opération; ils comprendront tous les cas reconnaissant pour cause les corps étrangers, mais il est cer- tain que la rencontre des parasites dans l’appendice ne sera plus, dans ces conditions, qu'une rareté. | Cette manière de faire répond, j'en suis convaincu, aux préoc- cupations des chirurgiens. Dans un grand débat, qui a eu lieu de- vant la Société de chirurgie, en 1902, ils se sont montrés anxieux de « pouvoir distinguer les appendicites qui veulent bien se laisser refroidir de celles qui vont tuer sans merci » ; la temporisation leur a paru difficile, en ce qu'elle nécessite une surveillance minutieuse et de tous les instants et nombre d’entre eux se sont prononcés pour l'intervention, en raison même de cette incertitude. Or, il existe un procédé qui permet d'acquérir, sur ce point particulièrement grave, des notions très précises. C’est de procéder d'une façon mé- thodique, à l'examen du sang et à la numération des globules: si l'on constate une leucocytose manifeste, le nombre des globules blancs s'élevant à 15 ou 30.000, le pronostic devient sérieux. Si les leucocytes restent peu nombreux ou, après avoir subi une aug- mentation de nombre, tendent à se rapprocher de la normale, le. pronostic est bon. Comme l’a écrit Cabot, « une leucocytose élevée et progressive indique un cas qui s'aggrave, une leucocytose basse décroissante indique un cas qui s'améliore. » La formule leucocy- taire donne donc des renseignements de premier ordre, qu'on ne saurait négliger. Conclusions. — 1° Les états morbides connus sous les noms d ap- pendicite et de typhlo-colite, ne sont pas d'introduction nouvelle L L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 431 dans les cadres nosographiques. Ils reconnaissent une cause com- mune et correspondent à la colique vermineuse et à la typhlite des médecins d'il y a cinquante ans. 2° La douleur soudaine au point de Mac Burney est souvent pa- thognomonique d'un état morbide siégeant à l’appendice, mais, fréquemment, elle persiste ou réapparaît, avec ses caractères ini- tiaux et son cortège symptomatique, chez des individus aux- quels on a enlevé l'appendice. Le diagnostic sur lequel l'opération avait été basée était donc inexact. Dans ce cas, la douleur siège dans le cæcum, voire à la terminaison de l’iléon (1) ou dans la première portion du côlon, et c'est dans cette même portion du tube digestif qu’il faut chercher la cause du mal. 30 Les accidents imputables à l’appendicite vraie sont d'origine traumatique ou mécanique; ils reconnaissent pour cause soit un corps étranger inerte, de nature d'ailleurs très variable, soit beaucoup plus souvent, des agents animés et particulièrement des Helminthes. 4° Parmi les Helminthes de cette catégorie figurent commu- nément l’Ascaride, l’'Oxyure et le Trichocéphale. Ils n'ont rien de spécifique, mais présentent ce caractère commun d'éroder la muqueuse, de s’enfoncer dans son épaisseur et d'entrer en contact avec les cellules ganglionnaires ou les filets nerveux des plexus. 90 Les accidents inflammatoires, les abcès et autres complications de la cæco-appendicite et de la typhlo-colite résultent de ce que les déchirures et ulcérations de la muqueuse sont envahies secondaire- ment par des Bactéries banales qui n’ont rien de spécifique. 6° L’appendicite n’est donc pas une maladie infectieuse dans le sens propre du mot. 1° La douleur au point de Mac Burney, ou seule ou compliquée de phénomènes nerveux et inflammatoires, n'indique pas sûrement une appendicite,; elle révèle simplement un état morbide dans la région iléo-cæcale ou cæco-appendiculaire. Sur les indications de ce seul signe, il n’y a donc pas de certitude absolue en faveur de l'intervention chirurgicale. (4) Rocheblave et d’autres ont publié des observations très remarquables d'in: dividus opérés d'une prétendue appendicite, avec tous ses signes cliniques les plus incontestables et les plus graves; il s'agissait de pelotons d’Ascarides obstruant soit la terminaison de l'intestin gréle, tout contre la valvule iléo-cæcale, soit le cæcum et le début du côlon. 432 R. BLANCHARD 8° Le traitement chirurgical de l’appendicite doit, d'ailleurs, céder le pas au traitement médical. 90 En vue d'asseoir le diagnostic sur des bases certaines, le médecin a le devoir de procéder, avec patience et méthode, à l'examen microscopique des selles du malade. Dans un très grand nombre de cas, il y constatera la présence d'œufs d’Ascaride, d'Oxyure ou de Trichocéphale, œufs qui possèdent tous une struc- ture et des dimensions tellement caractéristiques qu'il est impos- sible de les confondre avec quoi que ce soit. La découverte de ces œufs donne au médecin les indications nécessaires et suffisantes pour établir le traitement rationnel de l'affection, c'est-à-dire le traitement purement anthelminthique. 10° Même en l’absence des œufs, ce traitement doit être appli- qué. attendu qu'il suffit d'un seul Helminthe pour provoquer les désordres les plus graves et que d’ailleurs celui-ci peut être un mâle ou une femelle jeune, non encore pondeuse. Toutefois, les parasites sont habituellement nombreux dans l'intestin et peuvent se trouver au nombre de plusieurs dans l’appendice. Ale Les relations des Helminthes avec des phénomènes cæco- appendiculaires sont établies sur des bases si solides que, dans la pratique, il est superflu de procéder à la recherche des œufs et que la première eturgente indication, en présence de tels accidents, est d'administrer un vermifuge au malade. 12° On a préconisé la santonine contre l’Ascaride et l'Oxyure, le thymol contre le Trichocéphale. En fait, ce dernier médicament agit aussi très bien contre les deux premiers Vers, en sorte qu'il est avantageux de ne recourir qu'à lui seul. On le prescrit, chez l'adulte, par cachets d'un gramme, à la dose de trois cachets par jour, à une heure d'intervalle, pendant trois jours consécutifs. Des doses plus élévées ont été recommandées, mais elles sont sans avantage appréciable. | L'estomac et l'intestin supportent très bien ce médicament, à la condition absolue que le malade s’abstienne d'alcool, d'huile et de telle autre substance capable de dissoudre le thymol et de mettre en œuvre ses propriétés toxiques. Malgré le très grand nombre de malades qui ont été traités de la sorte, tant contre les Vers de l'appendicite que contre l'Uncinaire de l’anémie des mi- neurs, on n'a encore observé aucun accident notable. L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 433 . 13° L'Ascaride et le Trichocéphale pondent des œufs non encore segmentés, dont le développement se fait à l'extérieur, dans l'eau ou les milieux humides et par une température convenable; l'Oxyure se développe déjà dans le corps de la femelle et pond des œufs embryonnés. Malgré ces différences biologiques, les trois Vers que nous incriminons se ressemblent en ce qu'ils se déve- loppent directement, c’est-à-dire sans passer par aucun hôte intermédiaire. L'œuf embryonné éclôt dans l'intestin, et le jeune … Ver y subit les diverses mues qui le font passer successivement à l'état de larve, puis d'animal adulte. Agissant déjà d’une facon identique sur la muqueuse, ces trois Vers envahissent donc aussi l'intestin dans des conditions identiques ; | 14° Les œufs embryonnés, aptes à éclore, sont introduits dans le tube digestif de l'Homme par l’eau de boisson; ils parviennent _ dans celle-ci grâce aux infiltrations qui, faisant communiquer les fosses d’aisance et les fumiers avec les puits et les citernes, livrent passage non seulement à certains Microbes pathogènes, mais aussi à des corpuscules beaucoup plus volumineux, tels que les œufs d'Helminthes.A ce point de vue comme à tant d’autres, il est donc nécessaire de n'employer en boisson et pour les usages culinaires que des eaux filtrées ou bouillies. ._ 45° Les œufs peuvent être amenés dans le tube digestif encore d'une autre façon. Les eaux d’égout, étalées dans les champs d'épan- dage, sont promptement épurées par l'actif processus de nitrifica- tion qui s'accomplit dans les couches superficielles du sol, c'est-à- dire que les Bactéries pathogènes sont promptement détruites; mais les œufs d'Helminthes résistent. Ils sont répandus à la surface, s'ag- ‘glutinent aux légumes qui se cultivent en ces champs d'épandage _ et, comme M. Metshnikov l'a signalé en 1901, pénètrent dans l’in- _testin en même temps que ces végétaux. . 16° La recrudescence certaine des accidents du cæcum et de l'ap- pendice, que l'on constate depuis une vingtaine d'années ne tient pas seulement à l'abandon complet du traitement contre les Vers, au- trefois pratiqué au retour de chaque saison ; elle tient encore à l’uti- Jisation des champs d'épandage pour les cultures maraîchères. 47° En tout état de cause, il est donc prudent de s'abstenir des légumes cultivés dans de semblables conditions, de même qu'il importe d'en revenir à la médication vermifuge périodique. Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 28 > + A EE Er É LS, dt ie : se 434% R. BLANCHARD Des conditions plus déplorables encore que celles offertes par les champs d'épandage se trouvent réalisées (le croirait-on ?) dans certaines régions de la France, où les maraïîchers ont l'incroyable habitude de placer dans leurs jardins de grandes jarres de terre cuite, qui servent de récipient pour les matières fécales humaines ; c'estavec celles-ci qu'on arrose les légumes! Une telle pratique est dangereuse à tous égards : il suffit d'en connaître l'existence pour la condamner sans réserve. Aussi ne sera-t-on pas surpris d'appren- dre que le dixième Congrès international d'hygiène et de démo- graphie, réuni à Paris en 1900, saisi par moi de cette grave ques- tion (1), a émis à l’unamité le vœu suivant : (On interdira d'une façon absolue l'arrosage des cultures avec l’en- grais humain.» Ce vœu a été transmis en son temps aux pouvoirs publics; ilest jusqu'à ce jour resté lettre morte. Quelque opinion qu'on ait sur la valeur et l'interprétation des faits que j'ai tenté de mettre en lumière, il n'est du moins personne d’entre nous qui ne recon- naisse l'importance hygiénique du vœu qui, depuis six années, attend une sanction. Je propose donc à l’Académie, comme conclu- sion de ces débats, de le reprendre pour son propre compte et de dire hautement, avec la grande autorité qui s'attache à ses déci- sions, qu'il est urgent d'interdire d'une façon absolue l'arrosage des cultures avec l'engrais humain. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE ANprikipis, Etude clinique des troubles mnorbides attribuables au Trichocé- phale de l'Homme. Thèse de Paris, 8 février 1906. C. ArBoRÉ-RALLY, Une observation d’Ascarides lombricoïdes qui avaient provoqué des symptômes d’appendicite. Archives de méd. des enfants, III, p. 738, 1900. N. Askanazy, Der Peitschenwurm ein blutsaugender Parasit. Deutsches Archiv für klin. Med., LVII, p. 104, 1896. Cu. Barpon, Quelques mots sur le rôle étiologique des maladies infectieuses dans l’appendicite. Thèse de Paris, 26 novembre 1903. Berruozer, L’appendicite parasitaire. Thèse de Bordeaux, 6 janvier 190%. R. BcancuarDp, Du rôle des eaux et des légumes dans l’étiologie de l’helminthiase, intestinale. Archives de Parasitologie, III, p. 485, 1900. Compte rendu du 40° Congres internat. d'hygiène et de démographie. Paris, 1900 ; cf. p. 1. (1) Compte rendu du dixième Congrès international d'hygiène et de démogra phie. Paris, 4900; cf. p. 51. LL. "FUIT L'APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE 435 A. Broca, Appendicites chroniques, diagnostic précoce et traitement des appen- dicites aiguës chez l'enfant. Tribune méd., p. 293, 1906. BruN, Appendicite provoquée par un Lombric. Soc. de chir, de Paris, XXVI, D311, 49000, BRUNSWIC - Le Binaw, L’appendicite chez les Arabes, XVIIe Congrès français de chir., p. 536, 1904. G. DESAUNAIS DE GUNBMARQEER, L'appendicite parasitaire, Thèse de Paris, 1906. J. L. S. M. Doneuur, Tuberculose et appendicite. Thèse de Paris, 1906; cf. p. 38 Met es. Facow, Des accidents d'obstruction intestinale et d'appendicite dus aux Ascaris lombricoides. Thèse de Paris, 1901. B. Gazzr-VALERIO, Sur un cas d’appendicite avec Oxyuris vermicularis L. et Trichocephalus trichiurus L. Centralblatt fur Bakteriol., Orig., XXXIV, p. 350-355, 1903. J. Girarp, Rôle des Trichocéphales dans l'infection de l’appendice iléo-cæcal. Annales de l’Institut Pasteur, XV, p. 440-444, pl. IX, 1901. P. Gomma et B. PEYRONIE, Appendicite vermineuse. Remarques au sujet des per- forations intestinales et abdominales provoquées par les Lombrics. Bull, de la Soc. des sc. méd. de Tunis, I, p. 217-243, 1903, MElle Gorpon, L’appendicite chez l’enfant. Thèse de Paris, 18%. GUÉGAN, Ascarides et appendicite en Tunisie, Le Caducée, 11, p. 116, 1902. Je Gurarr, Action pathogène des parasites de l'intestin : appendicite, fièvre typhoïde, dysenterie. drchives de méd. navale, LXXXII, p. 376-391, 1904. JGurar?, Les parasites de l'intestin, agents d’inoculation de l’appendicite et de la fièvre typhoïde. Bulletin des sc. pharmacol., NI, p. 264-273, 1604. GUINARD, Perforation de l’iléon et de l’appendice par une arête de Poisson et un os d'Oiseau. Soc. de chir. de Paris, XXVNI, p. 826, 1900. GuinarD, Appendicite à répétition. Opération à froid. Ver intestinal vivant (Tri- chocéphale mâle) dans l’appendice. Bull. et Mém. Soc. de chir., XXVI, p. 1009, 1900. A: Horprz, Beitrag zur Appendicitisfrage auf Grund von 114 Operationsfällen. Archiv für klin. Chir., LXXI, p. 100, 1904. J: C: HuBBaARp, Intestinal parasites in appendicitis. Boston med. and surg. Journal, CXLIX, p. 623, 1903. Karruzis, Ueber mit Appendicitis complicirte Leberabscesse, Zeitschrift für Hyg., XLVII, p. 499-511, 1904. LANNELONGUE, Sur l'appendicite et ses causes. C. R. Acad. des sc., CXXXIV, p. 1553, 1902. 0: Laxzet E. Tavez, Bactériologiede l’appendicite, Revue de chir., XXX, p. 43-58 et 215-244, 1904. LE Roy pes Barres, Lombrics et appendice. Gazette des hôpitaux, 1903. M: Lervrre, Vers intestinaux et appendicite. C. R. Soc. de biol., 1901. Lucas-CHAMPrONNIÈRE, Grains de plomb dans l’appendice. Soc. de chir, de Paris, XXVI, p. 1148, 1900. A MARmN, Appendicite par présence d’anneaux de Tænia saginata dans l’appen- : dice. Soc. de chir. de Paris, XXIX, p. 806, 1905. — Ez. Mercanikorr, Note helminthologique sur l’appendicite. Bull. Acad. de méd., (3), XLV, p. 301, 1901. L. METSCHNIKOFF, Einige Bemerkungen über die Entzündung des Wurmfortsatzes. Internat. Beiträge fur innere Med. zum 70. Geburistage von E. von Leyden, pe LP, p. 495, 1902. — L: J. Mrrcezr, A series of foreign bodies in the vermiform appendix met with in 1600 necropsies. Med. Record, LXNI, p. 935, 1904. — Mory, Appendiceetomie. Soc. de chir., XXXII, p. 196, 1906. —. Moynier pe Viccepoix, Sur la présence d'œufs d'Entozoaires dans un calcul de l’'appendice, Gazette méd. de Picardie, IX, p. 221, 1901. 436 R. BLANCHARD — L' APPENDICITE ET LA TYPHLO-COLITE Quénu, Appendice contenant une épingle. Soc. de chir., XXIX, p. 383, 1903. P: RAGAINE, L'appendicite vermineuse. Thèse de Paris, 20 déc. 1905. RocHEBLAVE, Occlusion intestinale par Lombrics, laparotomie, massage intra- abdominal. Gaz. des hôp., LXXI, p. 651, 18 juin 1898. SANTILLANA, Un cas d’appendicite d’origine vermineuse. Bull. de la Soc. des sc. méd. de Tunis, I, p. 48, 1903. | EM. SCHLUMBERGER, Des corps étrangers de l’appendice. Strassburger med. Zei- tung, 11, p. 157, 1905. A. SOLIRÈNE , Les complications nerveuses des appendicites. Thèse de Paris, 17 mai 1906. F. TRÉMOLIÈRES, L’entéro-colite muco-membraneuse (étude critique, expérimen- tale et clinique). Thèse de Paris, 27 juin 1906. Vorser, Des rapports de l’appendicite et de l’entéro-colite muco-membraneuse. Thèse de Lyon, 1898. WacrHEr, Appendice et Trichocéphale. Bull. et mém. Soc. de chir., XXXH, p. 359, 1905. SUR UN CAS DE MYCÉTOME D'ORIGINE ASPERGILLAIRE OBSERVÉ EN TUNISIE PAR le D' Charles NICOLLE, Directeur de l’Institut Pasteur de Tunis et le D' PINOY, Préparateur à l'Institut Pasteur de Paris (Planche XI) _ ÜBSERVATION CLINIQUE. — Salma ben Ali ben Mohamed Trabelsi, a 40 ans environ, nomade, entrée à l'Hôpital Sadiki le 6 mai 1905 … (service du Dr Brunswic-Le Bihan). … _ Antécédents héréditaires et personnels sans intérêt. La malade . à eu antérieurement la rougeole et des accès paludiques; elle au- rait échappé à la syphilis si fréquente chez les indigènestunisiens, _ etn'en présente aucun stigmate; 4 enfants; mari bien portant. … L'histoire clinique de la malade date de la moisson d'Orge de D l'année dernière (1904). Cette femme appartient à une tribu no- k made, elle court la campagne pieds nus. En faisant la récolte, à la … faucille, elle s’est blessée légèrement au niveau de la plante du pied droit. … Elle ne peut préciser exactement quel fut l'objet vulnérant: - pierre, tige de chaume, piquant de chardon ou autre; elle n'aurait 4 d'ailleurs attaché aucune importance à ce minime accident si, un …. mois après, n'était apparue à la plante du pied, au siège même de . la blessure, une petite tumeur du volume d’un haricot qui s'ouvrit laissant échapper un mélange de pus et de sang. A partir de ce mo- ment, son pied augmente de volume et se déforme sans que la ma- - lade éprouve de grandes douleurs,car elle continue à marcher. Puis peu à peu paraissent d’autres tumeurs semblables à la première, . qui s'ulcèrent et laissent échapper avec une sérosité louche des E. grains blanc sale ou légèrement teintés. Le pied continuant à s'hy- 438 C. NICOLLE ET PINOY pertrophier, la marche devient difficile.Un médecin indigène appelé prescrit une pommade spéciale et trace vainement des tatouages sur le pied; enfin la malade vient se faire hospitaliser à Tunis. A l'examen, on constate un état général médiocre; la malade est très amaigrie, mais les organes internes paraissent sains; pas de fièvre, urines normales. | Le pied présente un aspect caractéristique (fig 1, 2). L'avant- pied, à l'exception des orteils, est considérablement hypertrophié. Fig. 1. — Pied vu de face. La plante est déformée, convexe; elle constitue une masse globu- leuse qui se continue sans saillie osseuse avec les bords et la face dorsale également déformés et épaissis. Cette hypertrophie de l’avant-pied forme un contraste frappant avec la jambe très amaigrie et les orteils restés normaux. La peau au niveau des parties malades est d'une couleur rouge sombre qui s'étend en arrière hors des limites de la tumeur. Elle est irrégulièrement parsemée de nombreux orifices et de saïllies non ulcérées, particulièrement abondantes sur la plante et sur le bord externe. Par ces orifices sort un liquide louche, parfois épais et strié de sang, tenant en suspension des grains dont l'aspect, à la couleur près, rappelle celui du caviar. Ces grains sont de volume CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 439 variable, les uns presque microscopiques,les autres pouvant attein- dre les dimensions d’un gros pois; leur forme est arrondie ou po- lyédrique; certains amas plus gros sont en réalité formés par la réunion de grains de petit volume. Leur couleur est variable, les plus nombreux sont de teinte blanc sale ou blanc jaunâtre; mais on en voit de plus teintés, brunâtres et même franchement bruns. Il semble que les grains soient d'autant moins foncés qu'ils sont plus jeunes; les grains les plus colorés nagent généralement dans une sérosité plus teintée. A la pression, tous ces grains s'écrasent facilement. Si l’on vient à inciser une des saillies nonulcérées Fig. 2. — Le même pied, vu de profil. qui:se rencontrent entre les orifices, on crée un orifice nouveau, duquel sortent, comme des cratères ouverts spontanément, des. grains et de la sérosité. La palpation du pied donne une sensation élastique. Aucune fluctuation, aucune rénitence. Le stylet introduit dans un cratère pénètre souvent à une grande profondeur sans causer ni douleur, ni hémorragies. Il est ainsi facile de se rendre compte que ces orifices sont l'ouverture de trajets très longs et souvent anastomo- _sés, lesquels parcourent le pied dans tous les sens. Un cratère situé à la face dorsale, entre le {ex et le 2e orteil, laisse passer en- tièrement le stylet dont la pointe vient ressortir à 6 centimètres au-dessous du 5e orteil, sur la face plantaire. 440 C. NICOLLE ET PINOY - Pas de douleurs spontanées ; peu de réaction inflammatoire autour de la région envahie. Les glanglions inguinaux sont hyper- trophiés. | | - Le diagnostic de pied de Madura s'impose. Un examen micros- copique, puis des cultures sont pratiqués à l'Institut Pasteur, ils montrent la présence dans les lésions, à l'état de pureté, d'un Cham- pignon ramifié et cloisonné absolument différent par conséquent du Discomyces Madurae. Untraitement par l'iodure de potassium à doses élevées est ins- titué; il ne donne aucun résultat. Des orifices nouveaux se for- ment, donnant issue à du pus et à des grains, tandis que quelques cratères plus anciens manifestent une légère tendance à se com- bler ; la même évolution s’observait avant le traitement. L'amputation est jugée nécessaire; la malade la refuse d’abord, puis finit par s'y résigner. Le tarse postérieur semblant intact, on aurait pu songer à une désarticulation tibio-tarsienne ostéoplastique du genre Pasquier-Lefort laquelle aurait permis à l'opérée de mar- cher sur la peau du talon. Malheureusement les téguments sont suspects. D'autre part, chez une femme qui ne se soucie pas d'une jambe artificielle l’amputation sus-malléolaire n'offre aucun inté- rêt. On décide l’amputation au lieu d'élection. Cette amputation est pratiquée le 25 mai par la méthode circulaire, l'extrême mai- greur ne permettant pas un lambeau externe. L'opération permet de se rendre compte de la raréfaction du tissu osseux des deux os de la jambe par le peu de résistance qu'ils offrent à la scie. Guérison sans incident par première intention. La malade sort le {er juillet avec un pilon. EXAMEN DE LA Pièce. — Aussitôt après l'opération, le pied a été l'objet d'un examen anatomique approfondi. L'aspect extérieur est celui que nous avons décrit pendant la vie. Une coupe pratiquée entre le second et le troisième orteil et prolongée jusqu'au talon, montre qu'intérieurement l'étendue des lésions dépasse celle que l'examen externe avait fait supposer. En arrière, les parties mala- des peuvent être limitées par une ligne verticale élevée à un cen- timètre au-devant du talon; en avant la ligne de démarcation moins nette vient couper vers leur partie moyenne les corps des phalanges. La zone envahie est creusée irrégulièrement, et dans toute son CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE AAA étendue, de cavités nombreuses, les unes isolées, les autres commu niquant entre elles ou avec Lee par des canaux souvent anastomosés. Ces cavités sont de dimensions variables, les unes presque mi- — croscopiques, les autres atteignant le volume d'une amande; elles . sont généralement arrondies, mais il en existe d'irrégulières, cons- —— tituées par la confluence de cavités primitivement isolées. Elles —.. sont limitées par une membrane blanchâtre, sans existence pro- | : pre, se continuant insensiblement avec les téguments voisins dont — elle n'est qu'un épaississement. Leur contenu est constitué par …—. des grains isolés ou agglomérés, présentant les aspects que nous + avons décrits plus haut, et par une sérosité louche, purulente ou + sanguinolente, généralement peu abondante, du moins dans les cavités encore isolées. Les tissus qui entourent ces cavités et les trajets qui les font communiquer entre elles, présentent un épaississement considé- rable ; ils sont le siège d’un œdème dur, chronique, qui donne à leur ensemble un aspect uniforme, lardacé. Le tissu adipeux nor- mal de la plante du pied est en grande partie disparu, il subsiste cependant encore çà et là quelques pelotons graisseux nettement reconnaissables; les muscles sont infiltrés et pales ; Les tendons et aponévroses ont conservé presque partout leur aspect et leur con- sistance normaux ; il n’en est pas de même des os du pied dont la substance est manifestement raréfiée, dont la consistance est dimi- nuée et que creusent en certains points des cavités identiques à celles que l’on rencontre dans les parties molles. Les extrémités osseuses au niveau des articulations métatarso- DRAMNeentes sont tout particulièrement intéressées. Pour nous rendre mieux compte du degré exact d'envahissement du squelette, nous avons demandé à M. le Professeur Gascard, de … l'Ecole de médecine de Rouen, dont la compétence est très grande …—. dans toutes ces questions, de vouloir bien pratiquer la radiogra- phie du pied. Voici la notice qu'il nous a remise en y joignant des épreuves très concluantes : « Le squelette est plus transparent qu'à l'étatnormal, même pour les os qui ne sont pas envahis; partout le tissu osseux est raréfié. (Les métatarsiens sont les os les plus atteints, surtout vers leur extrémité antérieure. Celle-ci a complètement disparu, sauf pour le 449 C. NICOLLE ET PINOY premier. Le quatrième est à peu près entièrement détruit et le cin- quième déformé et gonflé est méconnaissable ; «Les extrémités correspondantes des phalanges ont subi la même altération, de telle sorte que les articulations métatarso-phalan- giennes, saui celle du premier orteil, sont anéanties. «Cette destruction des articulations présente une certaine analo- gie avec celle que produit la goutte dans ses formes les plus accen- tuées. Toutefois, dans la goutte, la destruction osseuse est plus localisée, l'extrémité de l'os est plus nette, comme coupée à l’em- -porte-pièce; ici au contraire, l'extrémité osseuse s’évanouit, se dissout sans ligne de démarcation. » | Le diagnostic clinique de mycétome ne faisant aucun doute, nous pensions trouver à l'examen microscopique des grains le Discomy- ces Madurae découvert par Vincent dans un cas algérien. Il n’en a rien été. CARACTÈRES DES GRAINS. — Mycélium. — Les grains examinés au microscope, après écrasement entre lame etlamelle(1), se montrent essentiellement constitués par un feutrage de filaments mycéliens entrecroisés dans tous les sens. Ces filaments offrent une largeur très variable. Dans les grains d'apparence jeune, leur diamètre ne dépasse guère 1 5 à 2 ou 3 »; mais, dans les grains plus âgés et plus fortement teintés, il atteint jusqu'à 10-14 ». La longueur des filaments varie également; il en est de très courts, ayant une longueur à peine trois ou quatre fois supérieure à la largeur; c’est là l'exception; les fila- ments longs de 20, 50, 100 & et davantage sont la règle (fig. 3, a-d). Ces filaments sont cloisonnés et ramifiés. En général, les articles que séparent les cloisons sont de dimensions égales. Cependant, on rencontre souvent des articles inégaux dans les parties termi- nales des tubes ou dans les filaments très courts. Il est presque de règle, dans ce cas, de constater la présence d'un renflement à l’une ou aux deux extrémités de chaque article, cequi donne à ceux-ci un aspect analogue à celui que présentent les os longs. L'article terminal est toujours renflé, et son diamètre atteint ou dépasse 4 . Les ramifications naissent sous forme de petits bourgeons augmentant peu à peu de volume : (4) On se trouve toujours bien de mettre les grains à macérer au préalable dans l’ammoniaque ou la potasse à 40°/, pendant une demi-heure. CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 443 Les tubes mycéliens sont constitués par une membrane d’enve- loppe réfringente et un contenu finement granuleux. Ce contenu RS Fig. 3. — Formes du Champignon dans le grain dissocié. >< 1000. manque dans les tubes un peu vieux qui paraissent d'ailleurs constituer la presque totalité de certains grains. EE tt D Re = Lt C. NICOLLE ET PINOY A ce point de vue, il semble qu'on puisse, un peu schématique- ment, diviser les grains en trois classes. Dans la première, où se rangent les grains les plus petits et les plus pâles, par conséquent les plus jeunes, la presque totalité des filaments mycéliens offre un contenu granuleux très net. Dans la seconde, ce même aspect se rencontre sur les tubes disposés à la périphérie du grain, tandis qu'au centre les filaments mycéliens se présentent sous l'aspect de tubes hyalins et vides. Enfin la troisième catégorie, qui semble cor- respondre aux grains les plus anciens, ne montre que des tubes offrant ce dernier aspect. Quel que soit leur âge, les filaments mycéliens conservent tou- jours une forme régulière cylindrique ou légèrement moniliforme et une disposition en feutrage; nous n'avons jamais rencontré sur nos préparations des figures dégénérées ou morcelées qui puissent être interprétées comme un stade de désintégration du Champi- gnon. En somme, il semble que dans toutes les lésions, le parasite conserve une vitalité au moins relative et que l'organisme ne s'en débarrasse qu'en l'éliminant au dehors. Si nous avons remarqué parfois, et cela surtout dans les grains à teinte plus foncée, une coloration brune de la membrane du Champignon, nulle part nous n'avons observé la formation de dépôts pigmentaires entre les fila- ments mycéliens. Les essais de coloration que nous avons pratiqués sur les frottis de grains ne nous ont fourni aucun renseignement complémen- taire important. Suivant le choix de la méthode, on parvient à co- lorer la membrane ou au contraire le contenu. La technique qui nous a donné les meilleurs résultats pour la coloration de ce der- nier consiste à faire macérer legrain pendant une demi-heure dans la potasse, la soude à 40 °/, ou l’ammoniaque. et à faire agir sur un fragment obtenu par dissociation et après lavage, une solution de thionine phéniquée. L'emploi du permanganaté de potasse à 1°/, nous a donné égale- ment d'assez bonnes préparations.L'imprégnation au nitrate d'argent permet de colorer nettement les cloisons qui séparent les articles. Formes de fructification. — En répétant nos examens, nous sommes parvenus à découvrir, sur certaines préparations, l'exis- tence de spores. Celles-ci se présentent sous forme de petits corps sphériques ou ovoïdes de 2 à 2 » 5 de diamètre et de couleur CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 445 jaune verdâtre; elles sont isolées ou disposées en chapelets; ceux- ci sont constitués généralement par un petit nombre de spores; mais un examen prolongé de la préparation suffit à démontrer que les spores que l’on rencontre au voisinage, isolées ou groupées par deux ou trois à la file, proviennent de la dissociation des chapelets (fig. 3, e-h). Il nous a été possible, en quelques points très rares, de retrou- ver l'image du mode de disposition des spores sur l'extrémité libre d'un filament mycélien. Cette image est la suivante : le filament se renfle pour former une sorte de réceptacle et sur ce réceptacle des files de spores viennentse disposer sous forme de chapelets peu nombreux et assez courts (fig. 5, f). Peut-être existe-t-il une pièce intermédiaire entre la première spore et le réceptacle. Quoi qu'il en soit, ce sont là des formes de fructifications ano- males dues aux conditions spéciales dans lesquelles se développe le Champignon parasite. L'analogie avec les formes de fructification conidienne d'un 4s- pergillus est indiscutable et des fructifications anomales du même ordre ont été décrites par de Bary chez Aspergillus glaucus. Examen des grains sur les coupes. — En dehors du parasite que nous venons de décrire, on ne trouve dans les grains aucun autre microorganisme. Les seuls éléments figurés qui accompagnent le Champignon sont des globules de pus et des hématies, celles-ci souvent altérées. Nous parlons bien entendu des grains recueillis avec pureté, après incision de nodules encore fermés, et non pas de ceux qui s'écoulent au dehors par les trajets fistuleux ouverts. Ces trajets, communiquant avec l'extérieur, permettent la péné- tration des Bactéries cutanées jusqu'au voisinage des grains. Cependant, même dans ces cas, les Bactéries associées sont très rares et leur rôle paraît nul dans la suppuration. Nous avons vu d'ailleurs qu'il n'existait au niveau des lésions qu'une réaction inflammatoire des plus discrètes et ce faitest bien en rapport avec l'absence d'une infection secondaire par des Bac- _iéries. Pour étudier d’une part les rapports des parasites et des tissus, d'autre part la disposition générale des filaments mycé- liens, nous avons eu recours à la méthode des coupes. Des fragments de tissu contenant des grains, après fixation au sublimé, ont été inclus dans la paraffine. Les coupes sont colorées 446 C. NICOLLE ET PINOY par le bleu de Unna, puis différenciées par l'alcool absolu et l'es sence de Girofle. Par cette méthode, la membrane dx CRéipicene prend une couleur bleu intense qui permet de se rendre compte immédia- tement de la structure du grain. Dans les grains, le Champignon offre la même disposition rayon- née que l'on trouve dans les colonies sur milieu solide, les zones de développement étant concentriques. Au centre, les fila- Fig. 4. — Coupe d’un grain. Coloration bleu polychromatique, vert lumière. ments, à membrane plus épaisse, sontséparés l'un de l’autre par une substance granuleuse provenant de la désintégration du tissu dans lequel s’est développé le Champignon. On peut y rencontrer parfois quelques leucocytes polynucléaires. A la périphérie, les filaments se ramifient beaucoup et forment un feutrage serré. C'est dans cette zone que se rencontrent des chlamydospores terminales (fig. #). Le grain est entouré presque exclusivement de leucocytes polynu- cléaires. Dans des grains plus développés, on rencontre après une pre- mière zone de ramification, une seconde zone concentrique à la première. On peut ainsi trouver des grains constitués par plusieurs Er ARRETE Ts PEUTT pe £ pe SC SA mr a ET re à ASS a Se PAT CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE UT zones. Ces zones sont les zones de végétation du Champignon. Par- fois, on observe une pigmentation de la membrane mycélienne dans la zone centrale. | Si l’on colore les coupes par le rouge de Magenta suivi d’une différenciation par le picro-indigocarmin, on voit très nettement que la plupart des filaments du centre desgrains sont vides de proto- plasme, tandisqu'au contraire, les ramifications des zones de déve- loppement contiennent un protoplasme vivant avec des noyaux très bien colorés par le rouge de Magenta. CuLzTuRES. — Les ensemencements pratiqués avec des grains pré- levés dans la profondeur même des tissus avant ou après l’ampu- tation, nous ont donné des cultures pures du parasite. Ils nous a été facile, en suivant son développement dans les milieux liquides en goutte pendante, de constater que c'était bien des tubes mycéliens préexistant dans les grains que procédait la culture. DESCRIPTION D'UNE DES CULTURES PRIMITIVES. — Aspect. — La cul- ture dont nous nous occupons avait été faite sur infusion de thé de foin gélosée. Le Champignon S'Y présentait à l'œil nu sous l'aspect d’un duvet légèrement jaunâtre, reposant sur une mem- brane brun rouge, appliquée à la surface du substratum nutritif. Mycélium. — Le duvet mycélien examiné au microscope, mon- trait des tubes cloisonnés et ramifiés, d'une largeur de 4 à 10 ». Ce sont des filaments plus fins (2 à 4 ») qui s'enchevêtrent de manière à former le tissu de la membrane plissée recouvrant la gélose. Le mycélium jeune est incolore; les filaments âgés sont brunâtres. Le pigment, auquel est due cette coloration, diffuse légèrement dans le milieu de culture. Ce pigment eft rouge en milieu acide et bleuit par l’ammoniaque. Chlamydospores. — Au début, nous n'avons observé comme for- mes de reproduction que des chlamydospores terminales. Elles ré- sultent du renflement de l'extrémité de certains filaments aériens, Tout le protoplasme contenu dans un filament se rassemble à son extrémité qui se dilate en ampoule. La membrane de l’ampoule s’é- paissit et, finalement, l’ampoule s’isole du filament qui l’a formée. À maturité, les chlamydospores ont une membrane très épaisse (3 v). De couleur brunâtre, sphériques, elles ont un diamètre de 8 à 16 p. Ces chlamydospores, mises en gouttes pendantes, germent de 448 C. NICOLLE ET PINOY deux manières différentes ; ou bien elles germent en deux points situés à 90° l’un de l’autre, donnant ainsi naissance à deux tubes mycéliens qui ne tardent pas à se ramifier et à se cloisonner (fig. 5, a); ou bien, elles germent en un seul point ; dans ce cas, le tube germinatif se divise à immédiatement en deux (fig. 5, b). Sclérotes. — Quelque mptes après (2 semaines), nous vimes en plusieurs points de la culture de petites masses de couleur variant du brun clair au noir, plongées dans un amas mycélien floconneux (fig. 6 et 7). Cet amas est constitué par des hyphes dont l'extrémité se ter_ mine par des renflements ovoides ou sphériques, res- semblantaux chlamydospores que nous venons de décrire, mais ordinairement plusgros, pouvant atteindre 16 à 20:de diamètre. Leur membrane, fortement brune, a une épais- seurdeprèsdeÆu.Dansl'épais- seur de la paroi, se voient en- core les canaux de communi- cation avec les filaments qui leur ont donné naissance. Le contenu granuleux, va- cuolaire, présente un contour souvent irrégulier, parfois Fig. 5. — Culture sur thé de foin; germination de chlamydospores. Fig. 6. — Sclérote dans son nid d’hyphes renflées. étoilé. Ces formations sont incapables de germer. Ce sont des chlamydospores avortées, ne jouant plus qu'un rôle de protection: Ca CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 449 Au centre de la sorte de nid qu’elles forment, se trouvent un ou plusieurs sclérotes sphéri- ques dont les dimensions varient de 30 à 300 y. Les jeunes sclérotes sont de couleur paille. En vieil- lissant, ils brunissent et deviennent noirs. Appareils conidiens.— Plus tard apparurent en quelques points seulement et surtout en haut du tube, _dansla partie la plus aérée, de petites taches gris ver- dâtre, correspondant à la formation d'appareils coni- diens. Ces appareils coni- diens appartiennent au type d'Aspergillus à basides rami- fiées dont Cramer a fait le Fig. 7. — Sclérote jeune. genre Sterigmatocystis (fig. 8). Le conidiophore d'une largeur de 4 » ë fe #1 Ë fi ï ! à ras Fig. 8. — Appareil coni- dien du Sterigmato- Cystis nidulans Nicollei. X< 800. var, et de longueur assez variable, en général 0,8 mm se termine par une tête de forme conique de 10 z de large sur 12 z de long. Le sommet du cône se continue avec le pied, tandis que sur la base arrondie repo- sent des basides d'une longueur de 8 x sur 3v de large. Ces basides sont surmontées de 2, très rarement 4 stérigmates, mesurant 4 y sur 2 y 5. Ces stérigmates portent à leur tour une chaine de conidies. Ces conidies sphériques sont petites. La plupart mesurent 3 g. on en trouve pariois de 2» à 25. Elles sont de couleur pâle, verdâtre. Leur membrane est lisse ou très finement ponctuée. AUTRES CULTURES. — Carotte. — Le meil- leur milieu de culture pour obtenir le déve- Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 29 450 C. NICOLLE ET PINOY loppement rapide du Champignon est la Carotte. Les tubes de Carottes ensemencés sont mis à l'étuve à 37°. La Carotte ne tarde pas à se couvrir d'un gazon blanc, qui devient assez rapide- ment jaunâtre. Puis il se forme, sur ce gazon, des taches diver- sement colorées suivant les régions et suivant aussi la plus ou moins grande acidité de la Carotte. Ces taches sont, au début, ordinairement grises ou saumon et prennent des teintes rouge brun, rouge pourpre, parfois rouge brique. Ces taches sont for- mées par les amas d'hyphes, terminées par les sortes de chlamydos- pores avortées que nous avons décrites. Au milieu de ces amas, plongés là comme dans un nid, sont des sclérotes de couleur variant du jaune pâle au noir brunâtre, selon leur état de déve- loppement. Dans certaines cultures, on peut trouver une évolution des sclé- rotes vers de véritables périthéces. Il se différencie en effet une membrane externe. Les épaississements des filaments dessinent une sorte de réseau à la surface de la membrane. Les filaments internes, au contraire, se sont détruits, de sorte que la coque ne contient qu'un contenu granuleux qui bleuit par l’ammoniaque. Nos cultures, en observation depuis le mois de juin 1905, ne nous ont jamais donné la forme ascosporée. Roseau. — Des fragments de roseau, mis en tubes de Roux, avec un peu d’eau et stérilisés à 1200, constituent un milieu de culture très favorable pour la production rapide des formes conidiennes à la température de 37°. En moins de 48 heures, le fragment ense- mencé se montre couvert des houppes glaucescentes des appareils conidiens. Pomme de terre. — A 36-370, la culture débute vers la 48° heure sous forme d’un duvet continu très blanc. Elle s’accroit jusqu'au 8° jour environ, Les deux surfaces de la pomme de terre sont alors envahies par un tapis blanc à duvet fin et élevé. Si l'on cherche à prélever une partie de la culture, on s'aperçoit que le duvet repose sur une membrane mince, brunâtre. La pomme de terre, elle-mé- me, a pris une teinte foncée. Ultérieurement, l'aspect de la culture se modifie. Certaines parties d'abord, puis la totalité du tapis du- veteux s'afflaissent, prenant un aspect sale et grisätre. En quel- ques pointsapparaissent des bouquets gris verdâtre, correspondant aux formes conidiennes. Il arrive parfois que le mycélium reste > + bn CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 51 stérile. Ceci arrive fréquemment avec la pomme de terre glycéri- née. pal Milieu de Sabouraud. — Sur gélose de Sabouraud, l'aspect'est as- . sez semblable à celui sur agar au thé de foin glycériné et glucosé. Le duvet, d'abord blanc, reposant sur une membrane plissée bru- nâtre, devient peu à peu jaune, mais presque toujours il reste sté- rile. Quelquefois on obtient des sclérotes noirâtres entourées dl ue _ phes renflées. Gélatine. — Le développement est très faible. Il n’y a pas liqué- faction. À … Milieux minéraux. — Dans le liquide de Raulin, iln’y a pas de déve- loppement. Dans le liquide de Cohn, le développement mycélien n'est pas très abondant et s'arrête sans que le mycélium ait donné de fructifications. … Température de développement. — Ce Champignon se développe très bien à des températures comprises entre 22° et 40°. La tem pé- rature optima est de 37°. … Pouvoir pathogène chez les animaux. — Les inoculations de spores du Champignon, faites au Singe ou au Lapin, sous la peau, n'ont . donné aucun résultat. Par l'insertion sous la peau de la patte de petits fragments de Roseau souillés de spores, nous avons obtenu, . chez certains Rats, quelques granulations grosses comme des grains … de Millet. Ces granulations, observées au bout de trois semaines, renfermaient des filaments mycéliens de 3 à 4 ÿ de large, qu'en- touraient de nombreux leucocytes mononucléaires. Ces filaments _ étaient pour la plupart déjà vides ; seules quelques ramifications contenaient encore du protoplasme vivant. Si l'on sacrifie les ani- maux plus tard, on constate que les granulations, au lieu de gros- _ sir, se sont résorbées. … Les inoculations de spores dans la veine de l dreile chez le Lapin sont restées sans résultat. Détermination du Champignon. — D'après la morphologie del'ap- pareil conidien et l'existence de sclérotes entourés d'hyphes à extrémité renflée, notre Champignon est, sinon identique, du moins très voisin du Sterigmatocystis nidulans Eidam (1). nee Champignon, trouvé pour la première fois dans des nids de 44 \ @ EipaM, Cohn' s Beiträge zur Biologie der Pflanzen, I, p. 392, 1883. 452 C. NICOLLE ET PINOY Bourdons à Breslau, a été rencontré par Siebenmann dans deux cas d’otomycose chez l'Homme (1). Siebenmann lui rapporte éga- lement les organismes décrits par Wreden (2) et par Swan Burnett (3) sous le nom d'Otomyces purpureus. - Eidam n'a pas décrit de chlamydospores; il faut tenir compte que ces productions deviennent assez rares dans les cultures successives de notre Sterigmatocystis et qu'elles se montrent sur des milieux différents de ceux que le savant mycologiste employait. Les scléro- tes, de morphologie très semblable à celle des périthèces décrits par Eidam, ne nous ont jamais donné d’asques. Or Eidarn, qui avait pu étudier d'une façon si précise la formation de l'appareil ascos- poré dans ses premières cultures de Sterigmatocystis nidulans, a vu les cultures filles ne plus lui donner de périthèces. Des faits sem- blables sont bien connus chez les Champignons; mais la cause reste ignorée. Les formes conidiennes de notre Champignon se rap- prochent aussi de celles du Sterigmatocystis versicolor, isolé par Melle Mirsky (4) de crachats tuberculeux. Le Sterigmatocystis versicolor a des spores plus grosses (3 x à 3 y 5). Il n’a donné ni selérotes, ni périthéces. Au point de vue biologique, il y a quelques différences avec le St. nidulans d'une part et le St. versicolor d'autre part. En effet, le Sterigmatocystis du Pied de Madura ne pousse pas ou pousse mal sur les milieux minéraux. Dans le liquide de Raulin, où le St. ver- sicolor se développe si bien, il ne donne pas de culture. Dans le li- quide de Cohn, on obtient un mycélium qui reste stérile, tandis que sur ce milieu Eidam obtenait toutes les formes de reproduction de son Champignon. La température optima de développement (37°) est la même que pour le St. nidulans. Au contraire, le St. versicolor ne pousse pas au delà de 35°. Nous avons vu que la variété du St. nidulans du Pied de Madura (1) SIEBENMANN, Die Schiminelmykosen des menschlichen Ohres. Wiesbaden, 1889. (2) WRepEn, Die Syringomykosis aspergillina in den Jahren 1869-73 nach eigenen und fremden Beobachtungen besprochen. Archiv für Augen- und Ohrenheilkunde, LA, 1874. ’ (3) S. Burnerr, Ofomyces purpureus im menschlichen Ohbre. Zeitschrift für Ohrenheilk. XI, 1882. (4) B. Minsky, Sur quelques causes d'erreur dans la détermination des Asper- gillus parasites de l'Homme. Thèse de Nancy, 1903. LR ee ne = nanas “du de one dé dire. de à és ÉS S S L'AL L'ILE Pre a Mon RE EE 5e PA CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 453 n'est pas pathogène pour le Lapin. Il en est de même pour le St. . versicolor. Le St. nidulans a été considéré comme pathogène par Ei- dam, Siebenmann, Heider (1). Il y a quelques réserves à faire, étant donnée la quantité considérable de spores qu'ils injectaient dans les veines du Lapin. Ainsi, provisoirement, jusqu'au moment où l’on obtiendra la forme ascosporée, le parasite rencontré dans ce cas de Pied de Madura doit être considéré comme une variété du St. nidulans dont voici la diagnose : Sterigmatocystis nidulans (Eidam), var. Nicollei Pinoy. Mycélium jeune incolore; conidiophores dressés, simples, con- tinus ou coupés de rares cloisons, glaucescents, parfois brunâtres, d'une longueur de 0""8, de 4x de large, se prolongeant en une tête conique de 124 sur 102, hérissée de basides cylindriques de 8x sur 34, portant 2, rarement 4 stérigmates de 4u sur 2y, 5, produi- sant chacun une chaïnette de conidies globuleuses, lisses ou fine- ment ponctuées, verdâtres de 2 y à 3. Chlamydospores terminales, sphériques, de 8 à 16 4, brunâtres. Sclérotes noir brun, de 50 à 300», plongés dans un nid d’hyphes renflées. Température optima de développement 36° à 38°. Ne se développe pas ou croît mal sur li- quide de Raulin, sur liquide de Cohn; n’est pas pathogène pour le Lapin. Habitat : Mycétome (Tunisie). ÉTAT DE LA QUESTION. Au point de vue clinique, on distingue actuellement deux variétés de Pied de Madura; le mycétome à grains blanes, dû au Discomyces de Vincent, Champignon voisin de celui de l’actinomy- cose, et lemycétome à grains noirs, sur l'origine duquelonn'est pas encore bien fixé. Seuls, Lewiset Cunningham, Boccaro (2), pensent que cette distinction n'est pas fondée; et ils présentent, à l'ap- pui de leur opinion, ces deux arguments que la variété noire et la - variété blanche ont une distribution géographique identique et pourraient coexister sur un même sujet. Il y a sans doute quelque chose de vrai, non pas dans cette opi- (1) Heiner, Ueber das Verhalten der Ascosporen von 4 spergilus nidulans im Thierkôrper. Centralblatt fur Bakteriol., VII, 1890, p. 553. (2} The Lancet, II, p. 797, 1898. 454 C. NICOLLE ET PINOY nion uniciste, mais dans la seconde des observations sur lesquelles elle s'appuie. Il nous paraît qu'on s'est un peu trop hâté de diviser le Pied de Madura en deux maladies distinctes, en se basant seule- ment sur la couleur des grains. Il semble en effet démontré qu'en dehors des cas à grains blancs ou grains noirs purs, il y a des cas où les deux variétés de grains s'associent. Notre observation en est une preuve, et nous ne saurions dans quelle catégorie la ranger Si nous n'avions pour nous décider que l'appréciation de la couleur des grains. Un point paraît hors de doute, c'est que le mycétome dû au Dis- comyces Madurae montre toujours des grains blanes à l’état de pu- reté. Mais, de cette constatation, il nous paraît exagéré de conclure, ainsi qu'on semble l'avoir fait, que tous les cas de mycétome à grains blancs sont dus au Champignon de Vincent. Nous croyons qu'à côté du Pied de Madura à Discomyces, il existe une ou plusieurs variétés de mycétomes dont la cause n’est pas encore bien connue et dont les grains offrent tantôt la coloration noire ou blanche ex- clusive, tantôt ces deux colorations associées. L'importante découverte de Vincent a eu cette conséquence singulière de faire oublier les travaux de plusieurs auteurs, qui, dans des cas de mycétome à grains dont ils ne précisaient pas tou- jours la couleur, ont décrit plus ou moins exactement la présence d'un Champignon parasite, absolument différent du Discomyces et par contre souvent assez voisin de celui que nous avons observé. Le premier de ces auteurs est Vandyke Carter (1860), qui donna la première étude complète de la maladie (1)... Le Champignon qu'il décrivit dans les lésions et que Bristowe (2) retrouva plus tard offre plus d’un point de ressemblance avec le nôtre. Ces auteurs trouvent en effet les grains constitués par des tubes mycéliens enchevêtrés en tous sens, quelquefois dilatés à leurs extrémités et présentant des étranglements ‘et des cloisons. Nous ne parlerons pas de la moisissure isolée par Carter et déter- minée par Berkeley sous le nom de Chionyphe Carteri. Car Chiony- phe estsynonyme de Mucor et les caractères botaniques du Champi- _ (1) The Fungus disease of India. Bombay, 1861. — Article Mycetoma in British and Foreign Med. Chirurg. Review, july 1863. — Du Mycétome ou maladie du fungus de l'Inde, traduit de The Lancet par L. Vincent, in Arch. de méd. nav, XXIV, sept. 1895. (2) Transactions of pathological Society. Londres, 1881, p. 320. CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 455 gnon dans les lésions ne correspondent pas à ceux d'un Mucor. Il est curieux de constater qu’un des auteurs qui nia avec le plus de conviction la découverte de Carter, le médecin français Coquerel, décrivit et dessina dans sa communication à la Société de Biologie{1) un réseau de fibres très serrées, anastomosées les unes avec les au- tres, dans lequel il est facile de reconnaître le feutrage mycélien du Champignon de Carter. La publication du mémoire de Vincent (2) fit oublier ces travaux, d'ailleurs très incomplets. Bientôt, plusieurs auteurs confirmèrent la découverte du Discomyces Maduræ et, pendant quelque temps, il sembla que l'agent pathogène du mycétome était définitivement connu et que c'était dans tous les cas le parasite découvert par Vincent (3). La réaction contre cette opinion exagérée fut d'abord l’œuvredes cliniciens. La variété à grains noirs fut nettement et définitivement distinguée par eux de la variété à grains blancs, qu'on continua à regarder comme due au Discomyces. Les recherches microbiologiques qui furent entreprises dans la suite eurent surtout pour objet la détermination du parasite de la variété noire. Le Dantec (4) décrivit un Bacille acido-résistant qui ne fut jamais retrouvé. Kanthack (5) (1891), Boyce et Surveyor (6) (1893) reconnu- rent, dans les cas qu'ils observèrent, la présence d'un lacis de tubes larges, moniliformeset variqueux, offrantune disposition radiée ; de petites massues se montraient aux extrémités de certains filaments, les parois des tubes mycéliens étaient pigmentées, ainsi que la substance intermédiaire entre ces tubes. Le travail de Wright (7) a été longtemps le plus important de ceux qui furent publiés sur la question. Les constatations du sa- vant américain méritent d’être résumées brièvement. Dans le cas (A) Mémoires de la Société de biologie, 1865. (2) Annales de l’Institut Pasteur, 1894. (3) Consulter en particulier les articles de Legrain : Académie de Médecine, 1" déc. 1898; Archives de Parasitologie, 1, p. 158, 1898; Revue méd. de l'Afrique du Nord. - (4) Précis de pathologie exotique. Paris, 1900; cf. p. 662. (5) Loco citato. (6) Proceedings of the Royal Society, 19 mars 1893 — Brit. med. Journal, 22 sept. 489% — Centralblatt, 1894. (7) 4rchiv fur Dermatol. und Syphil.,1900. Un résumé de l’article a paru dans le Journal of exp. med., 1898. 456 C. NICOLLE ET PINOY étudié par lui et qui concernait une italienne vivant depuis long- temps aux Etats-Unis, Wright, examinant après dissociation les grains (noirs et petits, analogues à de la poudre à canon) y ren- contra deux ordres de corps: des hyphes cloisonnées et ramifiées; des corps arrondis et réfringents portés par ces hyphes; ces élé- ments étaient unis entre eux, surtout à la périphérie, par un pig- ment ou ciment brunâtre très compact. Wright obtint des cultures du parasite sur gélose glucosée et sur pomme de terre. Il les décrit comme constituées par un mycélium blanc, velouté, formé de filaments radiés et cloisonnés, ayant un diamètre de 3 à 8 z. Il observe aussi la formation de selérotes. La description botanique et l’étude biologique du Champignon de Wright sont trop incomplètes pour que l’on puisse se prononcer. Toutefois, d’après les photographies des cultures, étant donnés aussi les milieux peu favorables sur lesquels Wright a fait ses en- semencements, il est possible qu'il ait eu une forme stérile du mycélium du Sterigmatocystis nidulans. Les recherches des auteurs qui suivirent furent moins complètes. Elles présentent néanmoins un réel intérêt. Laveran (1), dans la communication qu'il présenta à l’Académie de médecine, décrivit le parasite vu par lui sur des coupes comme formant un feutrage de filaments mycéliens, longs, rami- fiés, cloisonnés, d'une largeur de 3 à 4y, disposés par articles inégaux, ayant leurs extrémités libres, accoudées et ne présentant pas de spores. Les pièces examinées par Laveran provenaient d'un cas observé par Bouffard, Chabaneix et Brumpt (2) à Dji- bouti. | Ce dernier (3) observa un autre cas dans l'Ogaden, au cours de sa traversée de l'Afrique. I1 le décrit de la façon suivante: fila- ments mycéliens très nombreux, très larges (jusqu'à 30, 404 et plus) ramifiés ; les tubes terminau x cloisonnés offrent une largeur de 2 y à 22 5. Une tentative de culture sur moelle de Dourah et sur pétiole de Palmier stérilisés donna un résultat douteux. Depuis cette époque, Brumpt a eu l’occasion d'étudier plusieurs pièces de mycétome ; les dernières lui ont été envoyées de Madagas- (1) Bull. de l'Académie de inédecine, p. 773, 1902. (2) Archives de Parasitologie, 1901 ; Annales d'hyg. et de méd.coloniales, 1901. (3) Archives de Parasitologie, p. 151, 1902. PA. : Lin taste se CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 457 car et des Indes. Il résume ainsi les caractères qu’il reconnaît au parasite de la variété noire (1). Madurella, n. g. — Mucédinée à thalle blanc, vivant en parasite dans divers tissus animaux (os, muscles, tissus conjonctifs), possé- dant dans sa vie végétative des filaments d'un diamètre toujours supérieur à Lx et pouvant atteindre 8 à 10% . Ces filaments sont cloisonnés et se ramifient de temps à autre; ils secrètent une substance brune. En vieillissant, ces filaments s'organisent en sclérote et leur paroi s'imprègne quelquefois de pigment brun. Dans ce sclérote se rencontrent en quantité variable des corpus- cules arrondis de 8 à 30% de diamètre (chlamydospores). Récemment Bouflard (2) nous a donné une très bonne étude d'un cas observé à Djibouti en 1903, intéressant parce que c'est un cas de mycétome non suppuré. Ici, le grain noirest une sorte de sclérote constitué par un feutrage mycélien très lâche au centre, très serré à la périphérie. Le mycélium est cloisonné et ramifié. Les articles, très courts et moniliformes à la périphérie (8 à 122), sont rectilignes et très longs au centre (30 à 40 ). Très fins au centre (1 à 2 ») ils s'élargissent et arrivent à la périphérie à mesurer au maximum 4 - de large. Sur le trajet du filament mycé- lien, se voient des articles renflés, généralement ovoïdes, quelque- fois régulièrement sphériques et mesurant alors jusqu'à 20 de dia- mètre. Ils sont surtout nombreux à la périphérie du grain. À l'exa- men microscopique, le pigment parait de couleur marron; il est périphérique et ne pénètre le grain que dans une très minime épaisseur. CONCLUSIONS De l'étude de notre cas et de l’examen des travaux antérieurs, nous croyons pouvoir tirer les conclusions suivantes : 1° Sous le nom de mycétome ou de Pied de Madura, on doit com- prendre non pas une seule maladie, relevant dans tous les cas de l'action d’un seul et même parasite, mais un aspect clinique qui peut être le résultat de l'envahissement de certains tissus par plu- sieurs espèces microbiennes. | (4) C: R. Soc. de biologie, 17 juin 1905. (2) Annales d'hygiène et de médecine coloniales, 1905. 458 C. NICOLLE ET PINOY — CAS DE MYCÉTOME EN TUNISIE 20 La variété la mieux connue de mycétome est celle qui recon- naît pour agent pathogène le Discomyces Madurae de Vincent ; elle se caractérise par la formation de grains dont la couleur est tou- jours blanche. 30 A côté de cette variété, il en existe une ou plusieurs autres dans lesquelles les grains peuvent se présenter avec des teintes variables, blanche ou noire. Ces colorations peuvent être unifor- mes ou associées dans un même cas. À cette ou ces variétés parais- sent se rattacher la plupart des cas décrits par les auteurs et plus spécialement les cas observés dans les Indes et dans l'Afrique orien- tale. Les Champignons décrits dans ces formes offrent un ensemble de caractères communs : ils se présentent dans les lésions sous l'aspect de tubes mycéliens cloisonnés et ramifiés, sécrètent sou- vent un pigment brun autour d'eux et se terminent parfois par des chlamydospores ordinairement terminales. 4° Le cas de mycétome que nous avons observé semble par ses caractères cliniques rentrer dans cette seconde catégorie. Le para- site que nous y avons découvert et que nous avons cultivé est l’Asper- gillus (Sterigmatocystis) nidulans. On doit donc admettre l'existence d'une forme nouvelle de mycétome, le mycétome aspergillaire. 9° L'importance de cette forme ne pourra être déterminée que par des travaux ultérieurs. La meilleure technique à suivre pour l'isolement du Champignon, dans des cas semblables, sera d’ense- mencer simultanément avec des grains prélevés et dissociés asepti- quement, des tubes de carottes, de roseau et de gélose glycosée et glycérinée. 6° Il est possible que le mycétome aspergillaire ne constitue qu'une variété exceptionnelle du Pied de Madura. Les grandes analogies des caractères botaniques qui existent entre notre parasite et les formes observées par les auteurs, dans certains cas de mycé- tome et plus particulièrement dans les cas à grains noirs, semblent faire supposer plutôt que l'Aspergillus (Sterigmatocystis) nidulans, ou des Champignons très voisins, sont les agents pathogènes, sinon de la totalité, du moins d’une bonne partie des cas de mycétome qui ne relèvent pas de l’action du Discomyces de Vincent. PA L'UNCINARIOSE EN ALGÉRIE D . Le D’ FERRIER * Professeur agrégé libre du Val de Gràce, Médecin-Chef de l'Hôpital militaire de Mostaganem. … Nous avons déjà fait connaître (1) trois cas d’uncinariose obser- % vés par nous à l'hôpital de Mostaganem; cette affection était jusqu'alors inconnue en Algérie. - Cette constatation était-elle due au simple hasard? Etait elle _ L'expression d'une contamination purement fortuite, strictement _ limitée à quelques sujets ; ou bien au contraire venait-elle révéler “ un certain degré, ignoré jusqu'ici, de contamination du milieu … algérien ? Telle est la question que nous nous sommes appliqué à À D re et à laquelle nos recherches permettent déjà de répondre en partie. Depuis une année, nous avons systématiquement recherché l'un- … cinariose chez tous les malades de l'hôpital de Mostaganem pré- sentant un certain degré d'anémie, quelle que fut la cause présu- … mée de leur anémie. Nous regrettons de n'avoir pu tenir une comp- EL tabilité rigoureuse de tous les examens que nous avons pratiqués, 3 mais très certainement ces examens n'ont pas dépassé la centaine ; - cependant nous avons pu relever 8 cas d'uncinariose. Nous en don- _nons plus loin l'observation succincte, en faisant ressortir certaines données qui méritent plus particulièrement d'être mises en évi | dénce, telles que la profession des sujets, leur résidence habituelle et, par conséquent, le lieu d'origine probable de la contamination, — Le degré d'anémie, la coexistence ou non du paludisme. < 4 .OBSERVATION [. — Navarro Vincent, 25 ans, jardinier. Frère de deux malades traités récemment à l'hôpital pour uncinariose. Il est né à — Mostaganem qu'il n'a jamais quitté. Pas d'autres antécédents que quel- ues fièvres palustres. Teinte cireuse des téguments; se fatigue très acilement, cependant l'appétit est bien conservé. Hémoglobine dosée par l'appareil de Sahli — 40 pour 100. Dans les selles, œufs d'Uncinaire pres- - que à chaque champ de microscope. (4) Archives de Parasitologie, X, p. 717, 1905. 460 . FERRIER Le traitement de Malvoz, par absorptions successives d’eau-de-vie allemande, d'extrait éthéré de Fougère mäle et d’eau chloroformée est commencé le 12 juillet et terminé le 18. Le malade sort le 19 juillet. L'examen des selles, pratiqué avant le départ, ne fait pas découvrir d'œufs d'Uncinaire. OBSERVATION Il. — PicHon Désiré, journalier, 36 ans. En Algérie depuis six mois; originaire de la Beauce. Avant son arrivée en Algérie, il travaillait comme cultivateur dans les environs de Chartres: il jouissait d'une excellente santé et n'avait jamais eu de maladies graves. Depuis son arrivée en Algérie, a résidé quelques jours à Miliana, puis à Boufarik et Orléansville. Depuis cinq mois, il travaillait dans une ferme des environs de Relizane; deux mois après son arrivée dans cette ferme, il avait contracté les fièvres palustres. Il entre à l'hôpital de Mostaganem, le 7 février 1906, pour paludisme. Teint pâle, cireux; muqueuses décolorées, rate débordant les fausses- côtes de quatre travers de doigt. Hémoglobine — 30 pour 100. Le sujet a presque l'aspect d'un paludéen cachectique; on l’a recueilli sur la voie publique, où il était tombé par suite d'une syncope. Pendant quelques jours le traitement vise exclusivement le paludisme ; on pratique 5 injections de un gramme de chlorydrate neutre de quinine. Le 15 février, on constate la présence dans les selles de nombreux œufs d'Uncinaire. Dans la soirée du 16 février, le malade prend un cachet avec calomel 0 gr. 60, poudre de jalap 0 gr. 30; le lendemain il absorbe en cachets 6 grammes de thymol ; le 5 mars, il sort de l'hôpital, ne pré- sentant pas d'œufs d'Uncinaire dans les selles. OBSERVATION III. — BENCHERFA, 48 ans, jardinier, né à Mostaganem; habite Tidjdit, faubourg arabe de Mostaganem; a déjà été en traitement à l'hôpital de Mostaganem, du 18 janvier au 1% février 1904, où nous l’avions soigné pour anémie, L'état du sujet avait été rapporté par nous au paludisme, bien que le malade n’eût antérieurement présenté que quelques accès espacés. Entré à l'hôpital pour la deuxième fois, le 19 mars 1906. Il présente les caractères extérieurs d'une anémie assez intense. Hémoglobine = 30 pour 100. Pas de souffles vasculaires ou cardiaques. La rate, que la per- cussion démontre augmentée de volume, ne déborde pas les fausses-côtes. Les selles contiennent des œufs d'Ascaride très nombreux et des œufs d'Uncinaire en égale quantité. Le 19 mars, le malade prend un cachet avec calomel 0 gr. 60, santonine Ogr. 05, poudre de jalap 0 gr. 30; le lendemain matin, il absorbe 7 gram- mes de thymol à doses espacées de 2 heures en 2 heures. Expulsion de plusieurs Ascarides et d'une vingtaine d'Uncinaires. OBsERvATION IV. — X., 19 ans, jardinier à Tidjdit, vient à la consul-! tation de l'hôpital. Se portait bien et n'avait eu que quelques fièvres palustres jusqu'en novembre 1905. Depuis cette époque, souffre de troubles digestifs ; appétit modéré; jamais de vomissements, mais diarrhée fréquente L'UNCINARIOSE EN ALGÉRIE 461 et abondante avec coliques, jusqu'à vingt selles par jour, quelquefois san- guinolentes. Faciès anémique, amaigrissement. Rate facilement décelable par la percussion, ne débordant pas les fausses-côtes. Dans les selles, œufs d'Ascaride très nombreux, au moins un par champ de microscope; œuîs d Uncinaire en proportion moindre; quelques œufs de Trichocéphale. Sollicité d'entrer à l'hôpital, le malade n’a plus reparu. OBSERVATION V. — ALMENDROS Jean, 15 ans, apprenti carossier, né à Mostaganem, habite le faubourg de Beymouth depuis sa naissance: fièvre palustre en septembre 1904. Entré à l'hopital le 10 mai pour adéno-phlegmon du cou consécutif à une angine. Teint pâle; constitution moyenne; pas de dyspnée d'effort; pas de troubles digestifs. Rate facile à délimiter par la percussion; atteint le rebord des fausses-côtes. OEufs d'Uncinaire relativement peu nombreux, # à 5 par préparation; autant d'œufs de Trichocéphales ; quelques œufs de Lombrics assez rares. Hémo- globine —60 pour 100. Globules rouges 3.286.000. Le 22 mai, calomel et jalap; le 23 mai, thymol 6 grammes. Sortle 26 mai: l'examen microscopique ne décèle plus d'œufs d'Uncinaire dans les selles. OBSERVATION VI. — Casricco Diégo, 33 ans, jardinier, de temps en temps manœuvre terrassier, né à Mazagran, village situé à 4 kilomètres -de Mostaganem ; il y reste jusqu'à 10 ans, puis travaille à Mostaganem et dans les environs. En 1900, il travaille à Mascara comme jardinier et y reste 4 ans. Il réside depuis deux ans à Tidjdit, faubourg arabe de Mos- taganem. Pas d'autres antécédents que du paludisme; accès répétés pen- dant six mois, il y a quatorze ans ; pendant trois mois, il y a cinq ans; quelques accès en 1905. Depuis plusieurs années, se sent faible et se fati- gue par le moindre effort. Entre à l'hôpital le 27 avril 1906 pour conjonctivite granuleuse. Aspect pale, anémique; pas de troubles dyspeptiques. Globules rouges 3.565.000. Hémoglobine — 42 pour 100. Dans les selles, une quinzaine d'œufs d'Unci- haire par préparation et un ou deux œufs de Trichocéphale. Le malade est traité, le 23 et le 30 mai, au moyen de la médication recommandée “par Ehrmann: la veille, régime lacté, 40 grammes de sulfate de soude dans la soirée; le lendemain, essence d'Eucalyptus 2 gr. 5, chloroforme 3gr., huile de Ricin 40 gr. Le malade rejette une partie de sa médication; aussi on constate non pas la disparition, mais une diminution notable des œufs d'Uncinaire dans les selles. Le malade reste en traitement pour sa conjonctivite. La médication contre l’uncinariose sera reprise. OBSERvVATION VII. — TorrÉGRossA Félix, jardinier à la vallée du Naddour, à 2 kilomètres de Mostaganem. Entre à l'hôpital le 22 mai 1906, pour paludisme ; présente des accès nettement caractérisés du type tierce depuis 20 jours. Faciès pâle, cireux; pas d'hypertrophie de la rate, pas de souffles anémiques. Hémoglobine — 43 pour 100. . Le 29 mai, on constate des œufs nombreux d'Uncinaire dans les selles du malade ; le 6 juin, régime lacté; dans la soirée, sulfate de soude 40 gr; le 462 FERRIER lendemain, essence d'encalyptus 3 gr., chloroforme 4 gr., huile de ricin 45 gr. Le malade absorbe aisément sa médicatiôn; les selles, tamisées dans la jour- née, renferment un grand nombre d'Uncinaires. Le malade sort le 9 juin. OBSERVATION VIII — Bar Eugénie, ignore son âge, environ 50 ans. En Algérie depuis l’âge de 12 ans; habite Mostaganem, rue Grande, depuis cette époque. Blanchisseuse; n’a jamais eu d’autre profession ; pas de maladies antérieures, sauf le Ténia qu'elle porte depuis l’âge de 12 ans et pour lequel elle ne s’est traitée que trois fois, à 12 ans, à 18 ans et il y à une dizaine d'années. Entre à l'hôpital le 11 mai; paleur accentuée, teinte cireuse; décolora- tion des muqueuses. Hémoglobine — 20 pour 100. Dans les selles, on trouve des œufs de Ténia, des œufs nombreux d’Ascaride, des œufs d'Uncinaire moins nombreux et quelques œufs de Trichocéphale. Le traitement par l'extrait éthéré de Fougère mâle, commencé le7 juin, fait disparaitre des selles les œufs d'Uncinaire. Désireux d'étendre nos recherches au delà de la région de. Mostaganem, nous avons adressé récemment, dans le courant du mois de mai, des préparations de selles d’uncinariosés à plusieurs de nos collègues militaires. Quelques jours après, notre camarade Villary, médecin-major de 1e classe, médecin-chef de l'hôpital militaire de Mascara, avait l’obligeance de nous faire savoir qu'il venait de rencontrer parmi ses malades un cas d’uncinariose; 1l nous envoyait à titre de contrôle des préparations extemporanées et un échantillon des selles du malade. Les préparationscontenaient une proportion moyenne d'œufs d'Uncinaire, soit un œuf tous les 3 ou # champs du microscope. Le malade observé par notre camarade exerçait la profession de jardinier. Né à Alicante (Espagne), il habitait l'Algérie depuis près de six ans. Il avait d'abord travaillé dans les environs d'Oran (au Tlelat, à Valmy, à la Serna,à Misserghin). Dans cette dernière localité, il avait contracté une première atteinte de paludisme, pour laquelle il avait été envoyé à l'hôpital d'Oran. A Mascara depuis 2 ans, il fut repris d'accès intermittents en avril dernier etentra à l'hôpital le 2 mai. Les accès palustres dispa- rurent rapidement, sous l'influence de la quinine, mais l’anémie persistant, malgré l'emploi des toniques et des préparations arse- nicales, l'examen des matières fécales fut pratiqué et révéla la présence d’une proportion moyenne d'œufs d'Uncinaire. En raison de l’arrivée déjà ancienne du sujet dans la colonie, de son infection uncinarienne moyenne et, par suite, probablement M L'UNCINARIOSE EN ALGÉRIE 463 récente, on peut certainement considérer ce cas d'uncinariose comme étant vraisemblablement contracté à Mascara. Ce groupe d'observations nouvelles, joint à celui que nous avons publié l'année dernière, porte à 12 le nombre des cas d’uncina- riose relevés jusqu'ici en Algérie. Sur ces 12 cas, 11 ont été observés à l'hôpital de Mostaganem, le dernier a été constaté à l'hôpital de _ Mascara. Parmi les 11 cas relevés à l'hôpital de Mostaganem, 410 provenaient de la ville ou de la campagne environnante; un cas concernait un sujet étranger à la localité, résidant en Algérie depuis six mois seulement; cet homme habitait antérieurement la Beauce, pays où l'uncinariose n'existe pas: il était très bien por- . tant avant son départ de France et avait contracté sa maladie dans une ferme des environs de Relizane. En résumé, les cas d’uncinariose jusqu'à présent constatés en Al- gérie se répartissent ainsi : Mostaganem 10, Relizane 1, Mascara 1. Ces chiffres ont une signification évidente ; ils démontrent que Puncinariose n’est pas implantée seulement dans la région immé- diate de Mostaganem, mais qu'elle en dépasse sensiblement les limites. Cette maladie est-elle très a dans la zone où nous l’obser- ons ? Nos recherches nous permettent déjà d'émettre une opinion sur ce point. Nos 11 malades ont été découverts à l'hôpitalde Mosta- ganem, parmi une centaine de sujets au maximum, présentant sou- - vent, pour d’autres raisons (paludisme, dysepsie, etc.), un certain — degré d'anémie ; autrement dit, à l'hôpital de Mostaganem, l'uncina- … riose interviendrait comme cause d'anémie au moins 8 fois sur 100. … Cette proportion témoigne sans doute d'une contamination “régionale moins forte que celle observée en Ée gypte, dans certaines localités, par exemple au Caire, où Bilharz rencontrait des Unci- | … naires chez le quart des sujets à l’autopsie; cependant elle montre que cette contamination n'est pas négligeable et mérite d'être | prise en sérieuse considération. — L'uncinariose, au point de vue clinique, ne se distingue des autres € maladies anémiantes par aucun symptôme particulier, de telle À _ sorte que, dans un pays où son existenceestméconnue, on la confond, ê pour ainsi dire, fatalement avec les autres causes d’anémie ou de . cachexie. En Algérie, par exemple, le paludisme peut d'autant plus … facilement donner le change que, par suite de leur profession, les 464 FERRIER — L'UNCINARIOSE EN ALGÉRIE sujets exposés à l'uncinariose ont presque tous des antécédents pa- lustres; c'est ainsi que l'erreur fut plusieurs fois commise par nous, avant que notre attention ne füt attirée sur cette maladie. Notre premier malade fut pendant plusieurs jours traité pour cachexie palustre (1). Le malade qui fut l'objet de notre observation II, fut, deux ans auparavant, traité à l'hôpital pour anémie palustre; il est très vraisemblable qu'il était alors atteint déjà d'uncinariose. A notre avis, il y aurait donc lieu de ne pas accepter dorénavant en Algérie, trop facilement et sans contrôle, le diagnostic de cachexie et d'anémie paludéennes. Il serait utile que, dans diverses régions d'Algérie, des recherches fussent pratiquées dans ce sens. Ces recherches, d'ailleurs très faciles, méritent d'autant plus d'être tentées que notre colonie ne semble pas, tant s’en faut, défavorable à la propagation de la maladie. En effet, d'après les récents travaux sur la biologie du parasite, celui-ci réclame, pour sa conservation en dehors de l'or- ganisme humain, un sol humide et une température en général supérieure à 160. La température de l'Algérie, sensiblement égale à celle de l'Égypte où la maladie est très répandue, est évidemment très suffisante. Quant ‘au sol, s’il n’est pas en général imprégné d'eau comme celui de la yallée du Nil, il n’en recèle pas moins, sur certains points et dans certaines conditions, une très forte humidité; c'est ainsi que les zones marécageuses, au grand détri- ment de l'hygiène générale, ne sont encore que trop répandues; en outre, partout où le permettent les ressources naturelles, les colons pratiquent desirrigations pour la fertilisation de leur terre. Les surfaces susceptibles, en raison de l'humidité du sol, d'entre- tenir la maladie ne manquent donc pas en Algérie. Nous ajouterons même que, les irrigations étant peu pratiquées dans le voisinage de Mostaganem, il existe en Algérie des contrées probablement plus propices à la propagation de la maladie. L'uncinariose est une affection sérieuse, dont le moindre incon- vénient est d'entraîner un certain degré d'anémie. On ne peut donc envisager sans crainte la possibilité de son extension. Aussi avons= nous jugé utile d'appeler l'attention sur les nouveaux cas d’unci- nariose que nous venons de rencontrer en Algérie. (4) Cf. Archives de Parasitologie, X, p. 77, 1905. NOTES ET INFORMATIONS Nécrologie. : Le Professeur Michele Stossich. — Le professeur Michel Srossicx est mort à Trieste, le 7 mars 1906 ; il était né dans cette même ville en 1857. Elève de l'école réelle civique, puis de l'Université d'Innsbruck et du Le Professeur Micn£z Srossicx. Polytechnicum de Vienne, il passa l'examen de maturité en 1873, à 16 ans, En avril 1878, il fut choisi parmi les concurrents à la chaire de-zoologie, anatomie et physiologie comparée de l’Université de Messine, mais ne fut pas nommé, à cause de sa jeunesse. De 1878 à 1882, il fait partie, à titre de suppléant, du corps enseignant de l'Ecole moyenne supérieure de l'Etat, à Fiume. Le 2 décembre 1881, il passa l'examen de professeur à Budapest, pour entrer dans le corps enseignant en Hongrie. En 1883, _ il fut nommé suppléant au Gymnase communal supérieur de Trieste. En Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 30 De ci home es 466 NOTES ET INFORMATIONS 1889, il passa à l'Ecole réelle civique supérieure ; en 1891, il y obtint le titre de professeur effectif, en 1895 celui de professeur définitif. Elu en 1877 membre titulaire de la Société adriatique des sciences natu- relles à Trieste, il a fait bénéficier cette Société savante de la plupart de Jaune Ober Loih | Ù ee | | Ua. (en e NAIL An Ate Ve 4° Cas A . D EI AAA 1 2 JU ir ARENA Au Visas ah à A SR. a La ANAL AA ANAL PA ERRe L Ab nAA Ne, Lg 5 CONTE) } Aa © Ash ses travaux scientifiques. Ses premières recherches, inaugurées en 1876, ont porté sur l’embryologie comparée, sur la faune marine, la géologie et la botanique. Nous n'en dirons rien, nous bornant à donner la liste complète de ses très importants travaux d'helminthologie. LISTE DES TRAVAUX D'HELMINTOLOGIE DE M. STOSsICH 1883 — 1890. — 1 - 7. — Brani di elmintologia tergestina, serie I. Bollettino della Soc. adriat. di sc. nat. in Trieste, VII, 11 p., 3 pl., 1883. erie II, Zbidem, IX, 9 p., pl., IV - VI, 1885. — série III. ibidem, IX, p., PL, VII — IX, 1886. — série IV.. 1bidem, IX, 7 p., pl. X. 1887.— série V. 1bidem, IX., 9 p., pl. XI — XII, 1887. — série VI. Ibidem, XI, 8 p., pl. XIII-XIV. — serie VII. Ibidem, XII, 1890. » 1886. — 8. — I Distomi dei Pesci marini e d'acqua dolce. Programma del ginnasio comunale superiore di Trieste dell’'anno 1886, in-8° de 66 p. 1887. — 9. — Sunto di alcuni lavori sopra parassiti del Dr. R Moniez. Boll. della Soc. adriatica di sci. nat. in Trieste, in 8° de 6 p. 1888. — 10. — Appendice al mio lavoro « Distomi dei Pesei mariniet d'acqua dolce ». Programma del ginnasio comunale superiore di Trieste, XXV, in-8° de 14 P: ? rde ni PP. NOTES ET INFORMATIONS 467 11. — Il genere Heterakis Dujardin. Glasnik hrv. narav. druztva, I, in-8° de 25 p., pl. ITI-IX. 1889. — 12. — Vermi parassiti in animali della Croazia. 1bidem, IV, 8ip.. pl IV-V-XII. 13. — I Distomi degli Anfibi. Boll. della Soc. adriatica di sc. nat. in Trieste, in-8° de 15 p. 14. — Il genere Physaloptera Rudolphi. 1bidem, XI, in-8° de 24 p., 3 pl. 1890. — 15. — Il genre Trichosoma. Ibidem, XII. 16. — Elminti della Croazia. Glasnik narav. druztva, V,7 p., pl., IV-V. 1890-1891. — 17-18. — Elmini veneti raccolti dal D' Alessandro conte Ninni. Serie I. Ibidem, XII, 1890. — Serie Il. Bol. Soc. adr. sc. nat., XIII, 8 p., 1 pl., 1891. 1891. — 18. — Nuova serie di Elminti veneti raccolti dal D’ P. Alessandro conte Ninni. Glasnik narav. druzstva, VI, in-8° de 4 p., pl. IL. 1892. — 20. — Osservazione elmintologiche. Glasnik, VIIT, 10 p., pl. I-II. 21. — I Distomi degli Uccelli. Boll. Soc. adriatica di sci. nat., XIII, in-8° de 54 p. 22. — [ Distomi dei Mammiferi. Programma della civica scuola reale superiore, in-8° de 42 p. 1893. — 23. — Il genere Angiostomum Dujardin. Boll. della Soc. adr. de sc. nat. in Trieste, XIV, in-8° de 7 p. 24. — Note elmintologiche. Boll. della Soc. adr. di sc. nat. in Trieste, XIV, in-8° de 7 p., 1 pl. 19. — Il genere Dispharagus. Boll. Soc. adr. sc. nat., XIII. 1895. — 25. — I Distomi dei Rettili. Zbidem, XVI, in-$8° de 29 p. 26. — Notizie elmintologiche. Zbidem, XVI, p. 33-46, pl. IV-VI. 27. — Osservazioni sul Solenophorus megalocephalus. Ibidem, p, 27-32, pl. II-IIT. 28. — Il genere Ankylostomum Dubini. 1bidem, XVI, p. 21-25. 1896. — 29. — Elminti trovati in un Orthagoriscus mola. 1bidem, XVIII, in-8° de 5 p., pl. VIII. 30. — Ricerche elmintologiche. Zbidem, XVII, in-8 de 19 p., pl. HI-VI 31. — Il genere Ascaris. 1897. — 32. — Filarie e Spiroptere. Boll. Soc. adr. sc. nat., X NVIIL, p. 13-162. 33. — Note parassitologiche. Ibidem, XVIII, in-&° de 18 p., pl. I-IT. 1898. — 34. — Saggio di una fauna elmin tologica di Trieste e provincie contermini. Programma della civica scuola reale superiore pubblicato alla fine dell'anno scolastico 1898, in-8° de 162 p. 1869. — 35. — Appunti di elmintologia. Boll. della Soc. adriatica di se. nat. in Trieste, XIX, in-8 de 6 p., 1 pl. 36. — La sezione degli Echinostomi. Zbidem, XIX, p. 11-16. 32. — Lo smembramento dei Brachycælium. Zbidem, XIX, p. 7-10. 38. — Strongylidae. Zbidem, XIX, p. 55-152. 1900. — 39. — Contributo allo studio degli Elminti. Zbidem, XX, p.1-9 pl. I-I. 468 NOTES ET INFORMATIONS 1901. — 40. — Osservazioni elimintologiche. Zbidem, XX, p. 89-104, pl. VI. 1902. — 41. Il Monostomum mutabile Zeder e le sue forme affini. 1bidem, XXI, p. ‘ 40, pl. I-IX. 42. — Sopra una nuova specie delle AHodene Archives de Parasito- logie, V, p. 578-582. 43. — Œsophagostomum tuberculatum n. sp. parassita dei Dasypus. Bol- letino dei Musei di zool. e anat. comp. di Genova, n° 110. — En collabora- tion avec le Prof. C. PARONA. 44. — Sopra alcuni Nematodi della collezione elmintologica del Prof. D' Corrado Parona. Atti Soc. ligustica di sc. nat. e geografiche, XIII. 1903. — 45. — Una nuova specie di Helicometra Odhner. Archives de Parasitologie, VIT, p. 373-376. 1904. — 46. — Sopra aleuni Nematodi. Annuario del Museo zool. della r. Univ. di Napoli, I, in-4° de 4 p., pl. I 47. — Una nuova specie del genere Plagiorchis Lühe. Zbidem, I, in-#° de 2%p° 48. — Note distomologiche. Boll. Soc. adr. sc. nat., XXI, p. 193-201. 49. — Alcuni Distomi della collezione elmintologica del Museo zoologico di Napoli. Annuario del Museo z0ol. della R. Univ. di Napoli, I, in-4° de 4 p., pl. IL. Stossich laisse cinq enfants, deux filles et trois garçons: en naturaliste passionné, il a donné à deux de ces derniers les prénoms de Plinio et de Linneo. — R. BL. Fritz Schaudinn. — Le D' Fritz ScHauDINN est mort à Hambourg, le 22 juin 1906, à l’âge de 35 ans. Bornons-nous, quant à présent, à déplorer cette mort prématurée et à exprimer le très profond regret qu'elle nous cause. Nous consacrerons à SCHAUDINN et à son œuvre importante une prochaine notice. Congrès colonial français. — Le Congrès colonial français s'est tenu à Paris du 18 au 23 juin 1906. La 17e section (prophylaxie et hygiène internationale), présidée jusqu'alors par M. le professeur CHARRIN, ayant demandé à être réunie à la 7° section (médecine et hygiène), celle-ci s’est trouvée reconstituée avec le bureau suivant : Présidents d'honneur : M. le D' Kezsc, membre de l'Académie de méde- cine, médecin inspecteur des armées; M. le D' Caarnin, professeur au Collège de France. Président : M. le professeur R. BLANCHARD, membre de l'Académie de médecine. | Vice-présidents : M. le professeur Le Danrec, de l'Université de Bor- deaux ; M. le D'JEANSELME, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, médecin des hôpitaux. Secrétaire : M. le Dr F, JANIN, médecin colonial de l'Université de Paris. NOTES ET INFORMATIONS 469 A la fin de la session, la 16° section (pharmacie et matière médicale) a émis le vœu d'être réunie à la 7° section (médecine et hygiène), à la con- dition que celle-ci ajoutât à son titre le mot de pharmacie. Ce vœu ayant été adopté par les deux sections en cause, puis par le Congrès en assem- blée plénière, a été ratifié par le Comité directeur du Congrès. La fusion de la section de pharmacie avec la section de médecine et d'hygiène est donc définitive. M. le professeur R. BLANCHARD, président depuis quatre ans de la % section, conserve cette fonction. Le bureau de la 7° section élargie reste comme ci-dessus avec l’adjonction de M. le _ D' KERMORGANT, inspecteur général du Service de santé des colonies, membre de l’Académie de médecine, à titre de président d'honneur, et de M. le D’ Berze, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Bordeaux, à titre de vice-président. Quelques-uns des nombreux travaux présentés au récent Congrès ont donné lieu à des discussions importantes ou ont été suivis de vœux que nous croyons utile de consigner ci-après. Tous ont été adoptés à l'unani- mité, d'abord par la section, puis par le Congrès réuni en assemblée plé- nière. Vœu concernant le paludisme à Madagascar, présenté par M. le professeur R. BLancHARD. — La 7° section (médecine et hygiène) du Congrès colonial français, _ Justement émue des progrès du paludisme à Madagascar parmi la popu- lation indigène et européenne, Considérant que les diverses mesures prophylactiques dont l'efficacité ne saurait plus faire l’objet du moindre doute, ne sont pas encore appli- quées dans la colonie, tout au moins avec le développement qu'elles com- portent, Emet le vœu : Qu'il soit procédé d'urgence, dans tous-les hôpitaux et postes médicaux, à l'installation de toiles métalliques à toutes les fenêtres et portes, suivant les principes actuellement bien connus et qui, appliqués ailleurs, n'ont jamais manqué de donner les meilleurs résultats ; Que les flaques d’eau stagnante existant à proximité des villes, villages ou habitations isolées, soient systématiquement comblées ou arrosées de pétrole; Que les puits, citernes et récipients quelconques d’eau destinée aux usages domestiques soient maintenus hermétiquement clos; Que la quinine soit distribuée à titre préventif, tant aux indigènes qu'aux Européens travaillant au dehors, à l'approche et pendant toute la durée de la saison des Moustiques; Que la quinine soit distribuée par les autorités sanitaires et, à leur défaut, par certains représentants de l'autorité civile, dûment désignés à cet effet et responsables de l'exécution de cette mesure; Que la quinine soit absorbée en présence des distributeurs, afin d'éviter 470 NOTES ET INFORMATIONS la fraude qui consiste en l’accaparement et en la revente du médicament à vil prix; Que l'autorité civile établisse le monopole de la vente de la quinine à bas prix, ainsi que cela se pratique en Italie : Que des dépôts de quinine, constamment approvisionnés, soient établis dans toutes les localités où se trouvent des représentants de l'autorité; Que des avertissements par voies d'affiches, rédigés en langues française et malgache, soient placardés dans toutes les localités et renouvelés chaque année, au début de la saison des fièvres, dans le but de porter à la connais- sance des Européens et des indigènes les dangers résultant de la piqüre des Moustiques et la nécessité des diverses mesures préventives et cura- tives. Vœu relatif au béribéri nautique, présenté par M. le professeur Le DANTEC. — Pour prévenir les épidémies de béribéri nautique à bord des navires à voile (grande pêche et grand long cours), il y a lieu de réunir une commis- sion d'hommes compétents, qui aurait pour mission : 1° De déterminer la longueur maximum du séjour des marins à la mer sans relàche ; 2° De varier et d'améliorer l'ordinaire des équipages; 3° De rendre réglementaire l’approvisionnement à bord de certains pro- duits reconnus préventifs, en particulier le jus de citron. Vœu touchant le béribéri, présenté par M. le D' JEANSELME. — La 7° sec- tion (médecine et hygiène), considérant : . Que le béribéri prend une extension inquiétante dans toutes les régions tropicales du globe et en particulier de nos possessions d'Asie, d'Afrique et d'Océanie; Que cette maladie entrafne une mortalité considérable parmi les indi- gènes; Que tout individu même légèrement atteint devient une non-valeur et une charge pour la colonie et qu'il en résulte que la main-d'œuvre néces- saire à notre expansion coloniale est amoindrie, Emet le vœu : Qu'à l'exemple des autres puissances, une mission scientifique française soit chargée d'étudier les causes du béribéri et les moyens de s’en préserver. Vœu tendant à la création d'un Institut central de parasitologie et d'un Conseil de police sanitaire dans les colonies, présenté par M. le professeur R. BLANCHARD. — La 7° section (médecine et hygiène), Considérant que, sous les tropiques, les maladies de l'Homme et des animaux sont très différentes de celles que l’on observe en Europe; Considérant que les maladies des pays chauds sont essentiellement parasitaires et se rangent sous trois catégories : zooses, mycoses et bac- térioses, suivant la nature du parasite infectieux ; Considérant que, dans l’état actuel de la science, l'étude de ces maladies re A à RENTE at sg À Leu 5 Apr De de er x "1 | Fe, gard ‘he Dr Pts sui LAS REX D AE Re LT 5 NOTES ET INFORMATIONS 471 exige des connaissances techniques très spéciales, particulièrement en histoire naturelle, connaissances qu'un seul homme peut difficilement posséder ; Considérant que les parasites sont habituellement transmis par des animaux piqueurs ou suceurs (ACariens, Insectes), dont il importe de déterminer les mœurs et les métamorphoses, en raison des déductions prophylactiques qui en doivent découler ; Considérant enfin la grande importance qui résulte de la lutte contre les diverses maladies des animaux domestiques ou des animaux indigènes qui peuvent se trouver en contact avec ces derniers, Emet le vœu : Qu'un enseignement spécial des maladies tropicales des animaux soit organisé dans les pays situés sous les tropiques, ainsi que dans lés pays possédant des colonies sous les contrées chaudes; Que les divers gouvernements fassent une enquête sur l’état sanitaire des animaux domestiques dans leurs colonies, et notamment sur l’exis- tence des protozooses (maladies causées par les Protozoaires); Que soient déterminées la répartition géographique et les conditions générales de la dissémination des diverses maladies infectieuses ; Qu'il soit créé, dans chaque colonie, un Institut central de parasi- tologie, largement subventionné et pourvu du personnel technique né- cessaire, comprenant en particulier des spécialistes en bactériologie, en mycologie, en parasitologie animale et en entomologie; Qu'il soit créé, dans toutes les colonies qui n’en seraient pas encore pour- vues, un Conseil de police sanitaire, ayant sous sa dépendance le service des épidémies et des épizooties et ayant les pouvoirs les plus étendus pour organiser la lutte contre les maladies infectieuses; Que l’Institut de parasitologie, le Conseil de police sanitaire et le ser- vice des épidémies et des épizooties jouissent de l'autonomie la plus complète et ne relèvent que des autorités civiles supérieures; Que les fonctionnaires de ces diverses institutions, qu'ils appartiennent à l'ordre scientifique ou à l’ordre administratif, fassent leur carrière dans la même colonie, ou du moins dans les colonies d’une même région géo- graphique, et puissent y parcourir tous les degrès de la hiérarchie, en raison du grand intérêt qui s'attache à l'étude méthodique et suivie des conditions sanitaires d un même pays. Congrès international de Médecine. — Le Congrès international de médecine, réuni à Lisbonne en avril 1906, comprenait une section de médecine coloniale, qui a été particulièrement active. A la séance du 25 avril, le professeur P. S. de MaGaLzHÂes, de Rio de Janeiro, a fait adop- ter le vœu suivant : Vœu concernant l’enseignement des maladies tropicales, dans les Facultés des pays chauds. — Considérant que les maladies tropicales sont des ma- ladies propres aux pays chauds, qu'elles y sont indigènes et se confondent 472 NOTES ET INFORMATIONS avec la pathologie locale, à l'inverse de ce qui a lieu dans les pays tem- pérés, où elles sont au contraire exotiques, rares, exceptionnelles ; Considérant que les maladies tropicales sont les unes chirurgicales, d’autres médicales, quelques-unes cutanées, plusieurs oculaires, quelques autres nerveuses, etc. ; Considérant que cette diversité et cette variété des maladies tropicales exigeraient des aptitudes multiples, variées, différentes en ceux qui de- vraient les étudier et les traiter, capacités et aptitudes qu'il serait impos- sible de rencontrer chez un seul et même individu; Les membres de la 17° Section (médecine coloniale) du XV° Congrès international de médecine, réuni à Lisbonne, au mois d'avril 1906. émettent le vœu suivant : Il est à désirer, pour l'avancement de la science et la bonne organisa- tion de l’enseignement médical, que l'étude et l’enseignement des maladies tropicales, dans les pays chauds, ne soient pas considérés comme une spécialité ; ils y doivent être obligatoires et identifiés avec l'enseignement ordinaire des différentes disciplines de la médecine courante; et qu'il soit bien statué qu'il serait impossible de faire de l'étude des maladies tropicales un enseignement unique, confié à un seul professeur ; Qu'il importe qu'on profite de l'aptitude de chaque professeur dans chaque branche de l'enseignement médical, à l'avantage de l'étude de chaque groupe des maladies tropicales ; Que, dans les programmes de l’enseignement médical dans les Écoles et les Facultés situées dans les pays chauds, non seulement les Pathologies et les Cliniques, mais aussi la Parasitologie et l'Hygiène soient également professées, ayant toujours en considération capitale le milieu dans lequel fonctionnent ces Écoles. La tuberculose en Anatolie. — Si l'on se livrait à une enquête sur la tuberculose en Anatolie, on serait frappé de trois faits saillants : 1° de la progression continue de la phtisie depuis une trentaine d'années; 2° de la propagation du mal du littoral vers l'intérieur; 3° de la coïncidence des modifications des mœurs du peuple turc avec les progrès de ce terrible fléau. A part l'optimisme des gens âgés du vieux temps, tous les vieillards sont unanimes à affirmer que la tuberculose, telle qu'on la rencontre en ce moment dans le pays, était inconnue jadis. La phtisie et la scrofule exis- taient dans la contrée, mais elles se cantonnaient dans une famille, dans une maison, pour s’éteindre sur place, tandis qu'aujourd'hui le fléau social court les rues. D'autre part, on a remarqué que la progression de cette terrible maladie a commencé par les ports de mer de l’Anatolie, pour faire tache d'huile vers l’intérieur. Depuis que les us et contumes des Occidentaux s'implantent dans le pays, par suite des rapports de plus en plus intimes avec les Européens, les mœurs locales dégénèrent. En général, quand une nouvelle civilisation NOTES ET INFORMATIONS 473 à s'impose dans un pays, les indigènes commencent par adopter les vices de cette civilisation. Il m'a semblé intéressant de me livrer à l'étude des coutumes disparues 3 ou qui tendent à disparaitre et des nouveaux usages établis ou qui ï prennent peu à peu droit de cité. En ne considérant la question qu'au … point de vue de l'hygiène sociale, je suis arrivé aux considérations qui vont suivre. . D'abord, pour ce qui concerne les habitations (4). … Dans leur ensemble, les habitations turques laissent beaucoup à désirer ; | le côté hygiénique n'entre jamais en ligne de compte dans la construction d'une maison, en Anatolie. L'intérieur d'une maison bourgeoise, en Asie Mineure, se fait remarquer par la propreté et la sobriété dans l'ameublement ; j'entends un intérieur “ turc non modernisé. Dans certaines localités pourtant, cette propreté est " piutst douteuse. Si l’on se rapporte aux pratiques séculaires des ménages, …on ne peut qu'admirer leur portée hygiénique. Ainsi, c'était une pratique courante, dans toute maison qui se respectait, que d'essuyer à plusieurs … reprises les parquets à l'aide de torchons mouillés, sinon tous les jours, du moins tous les deux jours; et tous les deux ou trois mois un grand … vage et brossage des parois de tous les appartements. De plus, on m'était jamais autorisé à pénétrer dans un appartement avec ses chaus- . sures, qu'on devait laisser au seuil de la porte. On a ainsi une idée be la propreté des gens du pays. L'usage de quitter les chaussures pour pénétrer dans un appartement relève plutôt de la civilité orientale, qui exige qu'on se déchausse et qu'on se couvre la tête devant le monde, … comme marque de déférence et de respect. Quoi qu'il en soit, c'est autant è pu marque de politesse qu'une coutume de propreté, car le maitre de la maison quitte également ses souliers avant de pénétrer chez lui. - Ce qui frappe encore dans un intérieur turc, c'est la nudité des murs Le Le l'absence de bibelots, ces LISE à poussière -en si grand honneur en _ Europe. … Eh bien! à l'heure actuelle, il n’est plus une maison qui ait conservé cette rigueur dans la tenue; il n'y a plus que les mosquées où il soit dé- 3 fendu d'entrer avec les chaussures. On a remplacé volontiers l'essuyage 4 au torchon mouillé par des coups de balai; les grands lavages et bros- . sages des appartements ne s'effectuent qu'une ou deux fois par an; les E murs ont perdu leur blancheur virginale : on accroche des tapis, on cloue “des photographies, des images, autant de réceptacles à poussière. Si l'on envisage les mœurs sociales et individuelles, on est tout d'abord ‘frappé de la misère croissante du pays; le peuple subit passivement l’op- pression inique d'un gouvernement qui a adopté le Système d'exercer sa «tyrannie en entravant toute liberté d'action, tout commerce, toute exploi- … lation. D'autre part, le peuple s'est créé des besoins factices, en désaccord fn Ki “ E SL tn Lee asc pe DES PR 4 (4) Inutile d'entrer dans le détail des modifications qu'ont subies les construc- tions au point de vue architectural. Zee h. 47% NOTES ET INFORMATIONS avec sa fortune et sa contexture héréditaire; les boissons alcooliques, frelatées, faites sur place avec de l'alcool à brüler, ont remplacé les vinset l’eau-de-vie (raki) qui se faisaient exclusivement avec du jus de raisin. La lutte pour la vie ést devenue plus àpre, les moyens d'existence plus pré- caires. La mentalité du peuple, son genre de vie privée ont subi une évolution trop complexe pour être résumés en quelques lignes. Qu'il me suffise de dire que le terrain physiologique des gens de l'Ana- tolie est en tout apte à la germination de la tuberculose, et si l’on consi- dère les conditions également favorables à la pullulation des germes dans le milieu de l'existence journalière du peuple, par suite de l'abandon de ses coutumes hygiéniques de premier ordre, on comprendra sans peine l'extension du mal. _Il'est curieux de remarquer que la tuberculose a reçu son coup de fouet dans les ports de mer où il y a le plus d'Européens, à cause de l'activité commerciale exclusive des villes du littoral. C’est aussi précisément dans ces ports de mer que sont écloses ces modifications hybrides dans le genre de vie de l'Anatoliste, pour faire route ensemble vers l'intérieur avec ce fléau social. Conclusion. — En écartant la question de la réceptivité individuelle pour la tuberculose, réceptivité héréditaire ou acquise, qui se présente toujours sous le même aspect partout, il me semble évident que ces innovations, mal comprises dans l'intérieur ture en Anatolie, sont pour beaucoup dans l'extension du mal qui ravage le pays. Quoi de plus absurde, en effet, que le colportage incessant dans les ap- partements, par les chaussures, des poussières et des ordures de la rue? Si l'on se donne la peine de réfléchir, n’est-il pas illusoire de se frotter les chaussures sur les décrottoirs pour se croire débarrassé des ordures sur lesquelles on a marché toute la journée? On entre dans les appartements avec des souliers encore salis par ces ordures, qu'on frotte complaisam- ment sur les parquets, les tapis et sur les meubles. Ce dépôt d'impuretés plus ou moins moites, recélant des légions de microbes nocifs, imprègne en fines poussières tous les meubles des appartements. Les microbes qui, au grand air des rues et sous l’action des rayons solaires, manquaient de pouvoir pathogène, en pénétrant dans l'obscurité et l'humidité des appar- tements recouvrent leur virulence première. Par suite du colportage in- cessant de la poussière des rues dans les demeures; par suite de la multiplicité des coins, des objets accrochés aux murs; par suite de l'abandon de leur routine de propreté, les habitants d'une maison turque plus ou moins modernisée vivent constamment dans une atmosphère méphitique. Pour peu que leur organisme soit en état de faible résistance, ils sont bientôt attaqués par les germes répandus à profusion autour d'eux et tombent victimes de l'abandon de leurs coutumes séculaires. Les germes diphtériques, pneumoniques et d'autres microbes pathogènes, qui pullulent dans les rues, pénètrent dans les appartements par ce mode de transport. NOTES ET INFORMATIONS 475 On doit donc être aussi sobre que possible dans le décor des apparte- ments. Les tentures, les tapisseriés sont au premier chef des foyers de — poussières suspectes. Je ne vais pas jusqu'à demander leur suppression — complète, mais on doit les désinfecter aussi souvent que possible: toute- fois, la création d'un système de désinfection pratique pour les ménages ! 4 reste à l'étude. Par contre, le nettoyage quotidien des appartements à —…. l'aide de torchons mouillés ou humectés n'est pas dans l'ordre des choses - impraticables ; on devrait à tout jamais renoncer aux balais qui ne servent qu à déplacer la poussière. Quant à l'habitude de pénétrer avec ses …— chaussures dans les appartements, on ne peut astreindre les gens à se « déchausser; ce qu'on pourrait faire pour tourner la difficulté, c'est d'in- venter un système de semelles en caoutchouc, se fixant aux souliers à l'aide de ressorts et de porter des galoches quand il y a de la boue dans les 4 rues. — D’ V. Mepini, interne à l'Hôpital Saint-Vincent de Paul, à Ismailia. …—. Ô Poésie! — Le Ministre de l’Instruction Publique a créé l'an dernier 4 en vue d'encourager de jeunes littérateurs, une bourse de voyage de — 3000 francs, qui doit être décernée annuellement et dont le premier titu- —… laire vient d'être désigné. C'est un tout jeune poète, M. Abel BonxaRD, qui est appelé à en bénéficier. Il a publié récemment un volume de 260 pages, les Familiers ; l'inspiration n'en est pas trop puissante, c’est de la versi- … fication plutôt que de la poésie, mais l’auteur est jeune et le souffle lui viendra ; d’ailleurs, il est bien connu que les voyages forment la jeunesse. . Les Familiers, ce sont les animaux qui vivent dans la maison, dans le … jardin, dans le bois et qu’on rencontre à chaque pas. Les animaux les plus m… divers sont ainsi mis en cause ou en scène et nous trouvons dans ce vo- [M Jume quelques passages qui nous intéressent. É Nous les transcrivons : LE CHANT DES MOUSTIQUES DE VENISE (page 79). L'étranger dort ; alors, stridents, sur ses paupières, Nous faisons nos chansons et tirons nos rapières ; Nous sommes spadassins, danseurs, musiciens. I1 a gâté sur l’eau les reflets anciens, Et tout le jour, le long des palais presque arabes, Sa gondole fàächeuse a dérangé les crabes, Mais maintenant touché par nous aux mains, au Cou, Notre homme exténué ne ronfle plus beaucoup. Nous lui chantons : « Comment, amateur de la ville, La laisses-tu la nuit comme une chose vile ? Viens ; ta fenêtre a droit à ton coude rêveur; Lève-toi ; nous t'avons éveillé par faveur. Tu ne pouvais rester les yeux clos sans scandale. Comme la lune est fraiche au liquide dédale. 4 6 NOTES ET INFORMATIONS Au carrefour marin son rayon s’est brisé ; Surprends le flot, qui rit comme un enfant frisé. Nous te piquons afin de te tenir alerte. » — Ainsi, tant que la ville est d'étoiles couverte, Nous lardons l'Allemand ingrat, et jusqu'au soir, Les Titiens l’auront demain pour repoussoir, Et nous élargissons dans sa chair massacrée La plaie, et son malaise irrité nous récrée, Et maigres, nous goütons la saveur de son sang, | Jusqu'à l'heure où, lointain, pavoisé, grandissant, j Et fier, devant la ville et déjà plus près d'elle, ; Comme s'il revenait de vaincre l'Infidèle, . Le matin plein de cris, de gloire et de rougeur, 4 Arbore ses drapeaux sur Saint-Georges-Majeur. W , * ? , LE CHANT DES MOUSTIQUES (p. 81). C'est l'heure ; notre essaim hérisse ta bougie. ke Nous sommes les buveurs de nuit, et notre orgie, C'est ton sang; à ta chair nous sommes attachés. Hommes, quand dans vos lits vous vous êtes couchés, Et que déjà sur vous le repos pend ses grappes, 4 Ce que vous appelez draps, nous l’appelons nappes, # Et nous nous attablons au dormeur, entamant La bouche que la belle eût gardée à l'amant. Gare à toi; nous craignons l'Hirondelle, non l'Homme. Nous sommes les archers venimeux de ton somme, Et défaillant, criblé de nos traits qu'il retient, Ton rêve est tout pareil à saint Sébastien. Celui que nous piquons portera nos trophées. Nous laissons au vieillard nos marques agrafées, Et nous goùtons aussi l'enfant, et nous mettons Des barbes de boutons aux imberbes mentons. Etoiles, grâce à nous l'Homme vous voit. L'horloge Sonne minuit. Quand l'aube à la fin nous déloge. Tes yeux seront tirés à ton carreau blémi, Et tu t'éveilleras, mais n'auras pas dormi. Tout honteux tu fuiras le jour et l’'embrassade Du franc soleil avec ta figure maussade, Et nos traces cuiront à tes poignets chagrins ; Demain tu plairas moins aux femmes, je le crains. Tu te froisses toi-même aussi ; tu te mutiles ; Ne nous pourchasse pas de tes mains inutiles ; N'irrite pas nos dards rancuniers ; nos défis Te narguent, sur ta joue et sur tes yeux bouffis. NOTES ET INFORMATIONS Nous sommes des buissons cruels aux pieds des songes. Nous sommes les pillards soupçonneux : tu t'allonges, Tu te crois sauf; tu veux risquer tout l'appareil De ton rève, à travers le désert du sommeil. Tu risques, plus furtif que l’air que dans les platanes, Mille Chameaux, portant au moins mille sultanes, Et des gemmes, et des trésors turcs et persans. Tu veux n’entendre plus nos tourbillons perçants. Mais tant que l’un de nous dans ta chambre susurre, Tremble, ta caravane immense n'est pas sûre. LA PUNAISE (p. 99). Je t'attends; au penchant des monts que tu soumets, Tu grimpes, tu prétends talonner les sommets, Puis, quand tu redescends à l'auberge, bonhomme, Tu souris déjà d’aise en pensant à ton somme ? Tu veux dormir ? Essaye et te voilà couché. Sur ton corps chatouilleux qu'est-ce qui t'a touché ? Tu frémis ? Ce n'est rien, repose une minute. Mais voici le combat nocturne, aux armes, lutte, Repousse nos assauts sur ton lit soulevé. Non, tu cèdes, tu fuis vers le fauteuil crevé, Ruine abandonnée où quelque Mite ronge, Et nous t y laisserons à ton pénible songe. Tu ne graviras pas de montagne demain. Et nous, flairant encore l'odeur d’un être humain, Grasses, pleines de sang dont tu nous désaltères, Sans plus garder nos rangs comme des militaires, Tandis que le fauteuil étroit te rompt les bras, Nous promenons notre victoire entre tes draps, Puis, après mille tours, fières de tes désastres, Quand Orion, navire immense gréé d'astres, Sombre à demi déjà daus l’aube qui pâlit, Nous rentrons en triomphe aux fentes de ton lit. LES MOUCHES (p. 221). Entre. Ne sois pas fier avec le paysan. Assieds-toi sur la chaise et demeure. À présent Te voilà barbouillé d’un tourbillon de Mouches. Nous sommes sur ton nez même, et si tu te mouches Nous emplissons les plis de ton mouchoir. Parler Est dangereux pour toi, car c'est nous avaler. Partout, sous le plafond bas, aux coins de la salle, Nous écœæurons l'air fade avec notre essaim sale, 477 478 NOTES ET INFORMATIONS Tu nous vois, tellement nous raffolons de toi, Comme sur un morceau de sucre, sur ton doigt. Sur tes genoux aussi nous sommes appâtées. Subis-nous. Le jour luit dans les vitres heurtées Il ne faut pas plisser ta bouche avec dédain, Car tu mortifierais le rustre, citadin. Lui, portant notre essaim qui le chatouille et grouille Il ne bouge pas plus qu'un couteau sous la rouille ; Et nous trainons aussi sur sa pipe à côté. Il t'offre du raisin que nous avons goûté ; Prends-le ; ce sont ici les coutumes agrestes Que les Hommes à table aient pour repas nos restes, Et nous sommes sur vous comme sur un bétail : Nous sommes le fâcheux et le morne éventail ; De tous les essaims d’or nous sommes l'ombre obscure, Nous n'avons ni le miel ni même la piqure, Et les buflets de nous voudraient être essuyés ; Mais nous étourdissons les Hommes ennuyés. Parmi tant de présents le printemps nous apporte. Nous moussons sur le seuil et recouvrons la porte, Et toi, pour voir l’air pur avec les Châtaigniers, Tu regardes dehors, comme les prisonniers. — Et maintenant, allons relire Les Sonnets du Docteur, de Camuset. Un nouveau piège à Puces (VII, 169). — Le piège à Puces que nous faisons connaître par la présente note est dù à l'esprit ingénieux du D'F. LaiLce, chef du Bureau de Zoologie appliquée du ministère de l'Agriculture de la République Argentine. Nous n’en ferons qu’une des- cription sommaire, le dessin ci-contre le reproduisant avec fidélité. Une petite lame de bois, longue de 60 mm, large de 20 mm, épaisse de 2 à 3 mm, est enduite de glu; celle qu'on emploie pour le papier tue- mouches convient très bien, parce qu'elle reste longtemps sans sécher. Cette lame de bois glisse à frottement, par chacune de ses extrémités, NOTES ET INFORMATIONS 119 dans la rainure dont est creusé un cube de liège, maintenu écarté de son congénère par des fils de fer qui forment la carcasse de l'appareil et ont d'autre part l'avantage d'empêcher les vêtements d’être salis ou tachés par le contact de la glu. Les quatre fils de fer des angles donnent à l’appa- reil sa solidité ; ils sont plus forts que les autres; celle des faces par où la lame de bois est introduite ou extraite, en est dépourvue. Ce piège est très léger et très facile à construire. Introduite dans les vêtements, la glu se ramollit à la chaleur du corps et les Puces ne tar- dent pas à venir s'y coller. — Lucien Îcxes. Moustiquaire électrique. — L'appareil que je décris ci-après a été désigné par son inventeur, M. CHauLiN, sous le nom de Moustiquaire électrique. Il est destiné à détruire dans les appartements, au moyen du courant électrique, les Moustiques, les Diptères en général et les autres Insectes capables de vol, importuns ou dangereux. Cet appareil consiste en une sorte de lanterne cylindrique, formée de deux cercles horizontaux superposés, rattachés l’un à l’autre par une série de chaines parallèles et verticales. Celles-ci sont reliées par deux bornes à une source d'électricité; elles sont disposées de telle manière quune chaine communiquant avec le pôle positif du courant se trouve entre deux chaines communiquant avec le pôle négatif, et réciproquement. Au milieu de l'appareil on place une lumière, lampe électrique ou autre, qui attire les Insectes; en cherchant à passer entre les chaines, dont l'écartement est très faible, ils les touchent avec leurs pattes ou leurs ailes, ferment le circuit électrique et tombent foudroyés. En installant cet appareil le soir dans sa chambre, quelque temps avant d'y séjourner, on détruit la plus grande partie, sinon la totalité des Insectes. On doit veiller à ce que les chaines pendent bien parallèlement et sans contact. Le mode d'installation de l'appareil varie suivant la nature du courant électrique dont on dispose : 1° Le courant est continu, à 110 volts, par exemple. L'électrocution des Insectes n’est infaillible qu'avec un courant alternatif; il s'agit donc de transformer le courant continu en courant altzrnatii. On y arrive de deux manières : Ou bien on charge à l’aide du courant continu un petit aceumulateur ; par l'intermédiaire d'une bobine d’induction, comme celles dont on se sert pour les automobiles, cet accumulateur fournit alors un courant alternatif au circuit spécial de la moustiquaire électrique; Ou bien on installe, dans une partie quelconque de l'immeuble, un appa- reil inverseur de courant, qui transforme le courant continu en cou- rant alternatif, et une bobine d'auto-induction, surélevant le voltage . obtenu; > Le courant est alternatif. Il suffit alors de monter en dérivation la . moustiquaire, avec une lampe à incandescence placée sur le circuit, « comme résistance, pour éviter que les plombs du coupe-circuit ne soient 480 NOTES ET INFORMATIONS fondus par suite du contact éventuel de deux chaines ou de l’interposi- tion accidentelle d'un corps étranger. Si le courant alternatif est d’un voltage insuffisant, on relève ce voltage par une petite bobine d'auto-in- duction ou survolteur. La moustiquaire électrique est conçue dans un esprit essentiellement pratique. L'inventeurts’est attaché à n'employer que des éléments pou- PT Ur RS vant se rencontrer partout, notamment sur les automobiles. Un accumu=« lateur de deux volts est suffisant; or, sur les automobiles, les accumula=« teurs sont généralement doubles, donnant un total de quatre volts; il suffit donc de les découpler pour avoir sous la main l'accumulateur né cessaire. Quant à la bobine d'allumage, réglée à quatre volts, il est facilex par un Simple réglage du trembleur à l'aide de la clef, de la faire fonc tionner sous deux volts. Le voyageur peut aisément transporter bobine et accumulateur dans sa chambre et, avec quelques mètres de fil souple, relier le toutfaux deux bornes de la moustiquaire. L'emploi de la moustiquaire électrique est tout aussi facile pour le VOYa geur sans automobile. II suffit de réunir dans une méme boîte une bo= À x 4 À #7 NOTES ET INFORMATIONS 481 bine et un accumulateur ; une telle cassette ne dépasserait pas 0"20 de hauteur sur 0"12 à 0"15 dans les deux autres dimensions: elle serait d'un poids très peu considérable et, par conséquent, facile à transporter comme bagage à la main. Certains accumulateurs de petit volume et d’un prix très réduit peuvent marcher d'une façon régulière pendant douze heures environ. On peut maintenant, dans la plupart des villes, les faire charger pour un prix modique dans les garages d'automobiles. Si l’on dispose du courant continu, on peut charger soi-même son accumulateur. Avec une seule bobine et un seul accumulateur, on peut actionner plu- sieurs moustiquaires à la fois, montées en dérivation. Cet appareil très simple, d’un poids et d'un volume négligeahles, peut rendre de grands services dans une foule de circonstances. Nous le croyons appelé à jouer un rôle important dans la lutte contre les Mous- tiques. N'aurait-il que l'avantage d'être aisément transportable et de pro- curer des nuits paisibles aux personnes qui voyagent dans les pays où ces Insectes sont abondants, il mériterait d’être signalé ici. — R. BL. Un brin d'humour. — Dessins d'Henriot dans la Revue comique de l'Ilustration : . Un bambin montre à son grand'père un petit Chien qu'il tient dans ses mains : € Viens donc voir le petit Chien, comme il est gentil! Il n’a que trois jours et il a déjà des Puces. » — 21 avril 1906. — Un Marseillais à son interlocuteur : « Oui, Monsieur, dans ma jeunesse j'avais les yeux tellement brillants que, quand la nuit venait, j'étais obligé de fermer les paupières pour ne pas attirer les Moustiques ! » — 14 juillet 1906. Proverbes haïtiens. — M. CHENET, éditeur à Port-au-Prince, vient de publier un recueil de proverbes haïtiens, avec leur traduction ou équiva- lent en français. Cueillons-y quelques perles : Caca yé pas zalinettes. — La cire des yeux n'est pas des allumettes. Gnou sel douette pas jam tué pou. Un seul doigt n’a jamais tué des Poux. Caca bef pas gateau. La bouse de Vache n'est pas du gâteau. Documents curieux ou inédits (V, 189). — Nous avons quelque peu négligé cette rubrique, pour laquelle nous avons pourtant rassemblé d'assez nombreux documents ; nous lui donnerons désormais plus d’im- portance. Nons publions ci-après le fac-simile, légèrement réduit, d'une notice de deux pages in-4°, publiée en germinal an XII (mars-avril 1804). Ce document avait pour but de faire connaitre la vaccine en France, de la propager et d'amener des adhérents à la Société, nouvellement créée, pour l'extinction de la variole. L'original mesure 245"" sur 199; les lignes ont une largeur de 120"" Archives de Parasitologie, X, n° 3, 1906. 31 PROSPECTUS SOCIÉTÉ pour l'extinction de la petite Vérole en France, par la propagation de la Vaccine. L.£s nombreuses expériences faites en France depuis quatre 4 ans, établissent, d'une manière incontestable, que la vaccine préserve de la petite vérole, par un procédé aussi sûr dans “ ses effets qu'il est doux et simple dans son action. $es succès sont établis sur plus de cent mille faits vérifiés Fe le comité éentral. | | Depuis quatre ans que ce comité suit, avec autant de ile que d’impartialité, les progrès de la vaccine, il ne s’est pas offert un seul fait qui puisse ébranler la confiance publique ; cf il a été prouvé que tout ce qu’on a dit ou écrit de contraire; 11 était l’œuvre de la mauvaïse foi ou de l'ignorance. 5 Il s’agit maintenant de s’occuper-.des moyens de répandre les bienfaits de cette méthode salutaire, et de parvenir; 4 k. comme on en a l'espoir, en rendant cette pratique. pee (4 à à bannir entièrement la petite vérole. | F Tel est le but de la nouvelle société qui vient de se former à Paris, sous les auspices du Ministre de l’intérieur, etqui, forte déjà de tous les moyens que le Gouvernement peut mettre à sa disposition, desire y réunir le concours de toutes. ! les lumières, de tous les talens, de tous les genres de crédit & et d’autorité. È 43 L'arrêté ci-joint du Ministre de l’intérieur fera connaître Je plan et l’organisation de la Société. L L'extrême importance du projet dont elle s'occupe, le u * , rec: re … bien incalculable qui résulterait de son exécution, ne per- pi PSTR CPI Ur g War sd Kg: mettent pas de douter que tout ce qu’il y a de citoyens amis de l’humanité et de leur pays, n’applaudissent à cette entre- prise et ne s’empressent d'y prendre part. Des faits innombrables ont démontré que l’inoculation de la vaccine met à l'abri des atteintes de la petite vérole les individus qui y sont soumis. Des exemples non moins (1 3 . mcontestablés ont appris en même temps qu’en la multipliant … suivant le besoin, on peut éloigner la contagion des habita- tions les plus nombreuses, et même de l’enceinte d’une bour- . gade et d’une ville. Des hospices contenant un millier et plus d’enfans, ont été ainsi préservés des épidemies varioleuses, en vaccinant tous ceux d’entre eux qui n’avaient point encore eu la petite vérole. Dans quelques communes où la contagion épidémique venait d’éclater, on a pu parvenir à la bloquer, à l’écoufter dans les premières maisons où elle existait, en vaccinant tous les enfans du voisinage. Enfin on a vu la contagion répandue sur une vaste contrée, s'arrêter à la porte des villes où la presque totalité des indi- … vidus avait été antérieurement Vaccinée. Ces exemples mémorables donnent lieu d'espérer qu’en …_ propageant l’inoculation de la vaccine sur tous les-points, en la rendant générale , on pourra également parvenir à bannir entièrement de la France la petite vérole. C’est à ce résultat, dont la possibilité rigoureuse est évidente, qu'il s’agit d'arriver ; et si toutes les volontés concourent à son. exécution, ainsi que tous les pouvoirs, ce grand exemple sera donné au monde par la nation française. À PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE LA RÉPUBLIQUE. Germinal‘an XII. 484 NOTES ET INFORMATIONS Le Touring-Club de France et les Moustiques. -— Le Touring-Club, qui mène avec tant d'intelligence et d'activité une campagne des plus utiles en faveur des voyages et de la vie en plein air, ne pouvait se désintéres- ser de la question des Moustiques. Sous la signature de son énergique et avisé président, M. A. Bazzir, sa Revue mensuelle a publié récemment un article sur cette question (1). J'ai eu tout à la fois la surprise et la satis- faction d'y voir citer mon travail sur les Moustiques de Paris, quiest pris comme point de départ d'une lutte à engager contre ces redoutables In- sectes : « Cette note, d'une vingtaine de pages, écrit M. BALLtr, serait à citer tout entière. Elle est, en effet, du plus haut intérêt : elle passe en revue les dangers que font courir à la santé publique les Moustiques, véhicules des fièvres paludéennes, de la lèpre, de la fièvre jaune, et, sous le titre + « Mesures de préservation », indique les moyens efficaces de combattre ces dangereux et insupportables Insectes. « Les conclusions, en particulier, approuvées par l’Académie de Méde- cine, sont à lire en entier; nous les plaçons ici sous les yeux de nos ca- marades. » | Suivent les conclusions du travail cité (2). Puis, l'auteur continue : « À toute campagne, il faut donner une sanction pratique. « Nous prions instamment nos délégués, les maires, les autorités so- ciales et chacun d'entre nous, de faire connaître autour d'eux et en par- ticulier aux hôteliers de leurs localités, les mesures de préservation indiquées dans cette note. Elles sont, comme on le voit, des plus simples, des plus faciles, des moins coûteuses. « Au nom de la santé publique, au nom de tous les voyageurs auxquels ces mesures assureront la paix de leurs nuits, nous demandons instam- ment aux hôteliers, et en particulier à ceux des régions chaudes, de prendre ces mesures. « Nous en ferons, d’ailleurs, l'objet d’une note spéciale que nous com- muniquerons à tout hôtelier affilié au Touring-Club. » Grâce à l'impulsion du Touring-Club, nul doute que la question des Moustiques n'entre promptement dans une phase nouvelle. Nous aurons soin d'en noter ici les élapes. — R. BL. (4) A. Bazur, Mouches et Moustiques. Revue mensuelle du Touring-Club de France, XVI, p. 303, juillet 1906. (2) R. BLancHarp, Les Moustiques de Paris; leurs méfaits; mesures de préser- vation. Archives de Parasitologie, IN, p. 615-635, 1901. té PER D vo à PES NS DS te +: <= 7 S OUVRAGES REÇUS Tous les ouvrages reçus sont annoncés. Généralités, Indéterminés. DL: Aupain, La boussarolle. Lanterne médicale, Port-au-Prince, in-8° de 31 p., 1905. BABEs, Rapport sur les recherches plus récentes concernant la transmission des maladies des animaux domestiques chez l'Homme. VIII Congrès internat. de méd. vetérinaire à Budapest, in-8° de 28 p., 1905. R. B£ancHarp, Substances toxiques produites par les parasites animaux. VIII Congrès internat. de méd. vétérinaire, Budapest, in-8° de 18 p., 4905. — Archives de Parasitologie, p. 84-104, 1905. J° Brauzr, Pathologie et hygiène des indigènes musulmans d'Algérie. Alger, Jourdran, in-8° de 200 p., 1905. E: CHaUMIER, Des dangers de la vaccination de Génisse à bras. L'institut vaccinal du D: E. Chaumier, 2, in-8 de 8 p., 1905. G. Dugos, Des appendicites kystiques, Bactériologie générale. Formes stériles. Thèse de Paris, in-8& de 9% p., 1905. H. Dürcx, Ueber Beri-beri und intestinale Intoxications-Krankheiten im malais- chen Archipel. Munchener med. Woch., in'8 de 14 p., 1905. B'GArui-VALERI0O, L'Institut d'hygiène expérimentale et de parasitologie de l'Uni- versité de Lausanne. Centralblatt für Bakteriol., Ref., XXXNI, p. 731-743, 1905. -B. Garzi-Varerio, Notes de Parasitologie et de technique parasitologique. Cen- tralblatt fur Bakteriol., Originale, XXXIX, p. 230-247, 1905. B. Gazur-Varerro. Les découverles de la parasitologie etles progrès de l'hygiène. Lausanne, in-8° de 23 p., 1905. B. Garzr-VALERIO, Einige Parasiten von Arvicola nivalis. Zoologischer Anzeiger, XXVIIT, p. 519-522, 1905. C. O. JENsEN, Der Krebs der Haustiere. /L11. internat. tierärztlicher Kongress in Budapest, in-8° de 8 p., 1905. E. LECLAINCHE, La sérothérapie des maladies infectieuses des animaux domes- tiques. VIII: Congrès internat. de méd. vétérinaire à Budapest, in-8° de 11 p., 1905. A. Le Roy pes Barres et M. Cognaco, Lecons de pathologie interne à l'usage des élèves de l'Ecole de Médecine de l’Indo-Chine. 1'° série. Hanoï, in-8° de 97 p., 1905. E. Liénaux, Le cancer chez les animaux domestiques. VILI Congrès internat. de med. vét. Budapest, in-8° de 12 p., 1905. J. Licnières, Les maladies tropicales des animaux domestiques. VILIe Congrès internat. de méd. vétérinaire à Budapest, in-8 de 38 p., 1905. J. Lianières, La sérothérapie des maladies intectieuses chez les animaux domes- tiques. VIII: Congrès internat. de méd. vét. à Budapest, in-8° de 24 p., 190». LoerFcer, Die Schutzimpfung gegen die Maul- und Klauenseuche. VIII. internat. tierarztlicher Kongress in Budapest, in-8 de 16 p., 1905. B. Nocar, Ueber Tropenkrankheiten. Verhandlungen der Gesellsch. deutscher Naturforscher und Aerzte,in -8° de 21 p., 1905. G: H° F. Nurrazz, An address on scientific research in medicine delivered at the opening of the London School of tropical medicine. British med. Journal, in-8° de 9 p., 21 octobre 1905. E. PerroNciro, Les substances toxiques produites par des parasites animaux VIII: Congrès internat. de méd. vétérinaire, Budapest, in-8° de 5 p., 1905. E. PERRoNGITO, Vaccination contre la fièvre aphteuse. VIII: Congrès internal. de méd. vétérinaire à Budapest, in-8° de 9 p., 1905. L 486 | OUVRAGES REÇUS J. B. Prior Bey, Note au sujet des maladies du foie en Egypte. Ie Congrès égyp- tien de médecine, section de pathol. interne, Le Caire, in-8° de 7 p., 1904. J. B. Pior Bey, Maladies tropicales du bétail observées en Egypte. VIII: Con- grès internat. de méd. vétérinaire à Budapest, in-8 de 11 p., 1905. J. B. Pior Bey, Epizootie de fièvre dengue sur l'espèce bovine en Egypte. Bull. de l'Institut égyptien, in-8° de 16 p.,s. d. | J. Reenauzr, La fièvre bilieuse hémogiobinurique. Archives de médecine navale, in-8° de 32 p., 1905. J. ReGxAuLT, Le Congrès colonial de 1905. Arch. de méd.navale, in-8° de 27 p., 1905. J. Tamis, Praventivmassregeln gegen die Infektionskrankheiten und Epide- mien. Budapest, in-8° de 7 p., 2 pl., 1905. A. THEILER, Tropische Krankheïten der Haustiere. VIIL. internat. tierarztlicher Kongress in Budapest, in-8° de 29 p., 1905. Protozoaires. P. BarBAGALLo, L'Entamæba hominis (Casagrandi e Barbagallo, 1897) e l’En- tamæba kistolytica (Schaudinn, 1903) in rapporto con la cosidetta dissenteria ame- bica. Rassegna internaz. della med. moderna, VI, in-4 de 6 p., 1905. L. Bras, Nouvelles recherches sur la reproduction des Grégarines monocys- tidées. Archives de zool. expérimen. et génér., (4), IV, p. 69-99, pl. IX-X, 1905. L. Brasiz, Recherches sur la reproduction des Grégarines monocystidées. 47- chives de zool. expérim. et génér., (4), IT, p. 17-38, pl. II, 1905. ( O. Casacranpr @ P. BARBAGALLO, Sulla trasmissibilità dell’infezione altericida per mezzo del sangue infetto. Rassegna internaz. della medicina modern«a, VI, in-8° de 10 p., 1905. A. CasrELLant, Diarrhæa from Flagellates. British med. Journal, in-8° de 5 p., 11 nov. 1905. A. Foi, Due nuovi Flagellati parassiti. Rendiconti della R. Accad. dei Lincer, XIV, p. 542-546, 1905. l A. LAvERAN et VALLÉE, Rôle des Protozoaires dans les maladies des animaux. VIII: Congrès internat. de méd. vétér. à Budapest, in-8& de 32 p., 1905. M. G. LeBreno, Hespedes de infecciôn protozoarica. Revista de ned. y cirur- gia de la Habana, VII, in-8° de 12 p., 1 pl., 1903. | E. J. Mac WEzney, On the relation of the parasitic Protozoa to each other and. to human disease. Transaclions of the epidemiol. Soc. of London, (2), XXIV, in-8° de 30 p., 1905. C. S. Moras, Le rôle des Protozoaires dans les maladies des animaux. VILI® Congrès internat. de méd. vétér. à Budapest, in-8° de 18 p., 1905. Pror Bey, La malaria bovine en Egypte. Bull. de l’Institut égyptien, in-8° de A p., 1900. B. H. Ransom, Preliminary note on a Protozoan (Chaos acarophila) occurring in the eggs, larvae, nymphs, and adults of Ticks. U. S. Department of agricul- ture, Bureau of animal industry, cire. n° 76, in-8° de 2 p., 1905. Hémosporidies. Comment employer la quinine à titre préventif et à titre curatif contre le pa- tudisme. Ligue contre le paludisme en Algérie, Alger, in-12 de 8 p., 4905. Ligue contre le paludisme en Algérie. Compte rendu de ses travaux. Alger, in-8° de 11 p., 1905. Recommandations pour se défendre contre les fièvres. Gouvernement général de l'Algérie, Alger, in-4° de 8 p., s. d | A. Bazrour, À Hæmogregarine of Mammals, HA. jaculi. Journal of trop. med., in-42 de 12 p., 3 pl., 1905. P. BArBAGALLO, La profilassi chininica della malaria nella Piana di Catania. Ras- segna internaz. della medicina moderna, VI, in-4 de 6 p., 1905. OUVRAGES REÇUS 487 _B. Gazur- VaLERI0, La lotta contro la malaria in Valtellina. Afti della Soc. per gli studi della malaria, VI, p. 161-165, 1905. B. Gazr-VALERIO, Il focolaio malarico di Sorico e Gera. Atti della Soc. per gli _Studi della mularia, VI, p. 467-172, 1905. BB: GALLI-VALERIO, Focolai malarici del cantone Ticino. Bellinzona, in-8° de 31 TR carte, 1905. EC 6. S. GRAHAM- SMITB, A new form of parasite found in the red blood corpus- À cles of Moles. Journal Of hyg., V, p. 453-459, pl. XIII-XIV, 1905. J. M. Trurgr, Contribucion al estudio de l& fiebre amarilla en Venezuela. Thèse de Caracas, in-8° de 229 p., 1904. _ C. LeBaïzzy, Sur des Hématozoaires nouveaux parasites de la Barbue (Bothus rhombus L.). C: R. Soc. biol., LIX, p. 304-305, 1905. RTS dre tt Flagellés. _ Reports of the sleeping sickness Commission of the Royal Society, VI, in-8° de 281 p., 4 pl.,3 cartes, 1905. “# A. Barrour, Trypanosomiasis in the anglo-egyptian Sudan. Edinburgh med. …— Journal, p. 202-212, pl. V, 1905. D E. Brumpr, Les Trypanosomes chez les Vertébrés. Revue critique. Arch. de - med. expérimentale, p. 743-779, 1905. É E. Brumpr, Au sujet du traitement de la maladie du sommeil, réponse à M. le Professeur Laveran. C. R. Soc. biol., LIX, p. 316-318, 1905. … E. Brumpr, Trypanosomes et trypanosomoses. Revue scientifique, (5), 1V, p. 321- 392, 1905. THIROUX, Recherches morphologiques et expérimentales sur Trypanosoma Duttoni Thiroux. Ann. de l’Institut Pasteur, XIX, p. 504-572, pl. XVI, 1905. … HW. Tuomas, The experimental treatment of trypanosomiasis in animals. — Proc. Roy. Soc., B., LXXVI, p. 589-591, 1905. H. W. Tuomas and À. BREINL, Trypanosomes, trypanosomiasis and sleeping . Sichness. Pathology and tr eatment and gland puncture in trypanosomiasis à by J. E. Durron and J. L. Top». Liverpool School of RES medicine, Me- D moir XVI, in-4 de 102 p., 7 pl., 1905. TE Spirochétoses. - F. BureT, Analyse de deux documents du xm° siècle relatifs à la syphilis. … Journal des maladies cut. et syphil., in-8° de 8 p., 1905. …_ A. CasTELLANI, Further observations on parangi (yaws). British med. Journal _in-8° de 4 p., 18 nov. 1905. — J. E. Durron and J. L. Ton», The nature of human tick-fever in the eastern part of the Congo free State, with notes on the distribution and bionomics of …. the Tick and an appendix on the external anatomy of Ornithodoros moubata #3 el R. Newsrean. Liverpool school of tropical medicine, Memoir Aa in-# de 26 p., 4 pl., 1 carte, 1905. LB: GALL VALERIO etrA’. Han Sur la présence des Énhochetée dans les lé- - sions syphilitiques. Revue méd. de la Suisse romande, XXV, in-8° de 7 p., 1905. 3 _ EF. Soxaupnn, Zur Kenntnis der Spirochæte pallida. Vorläufige Mitteilung. à Deutsche med. Woch., in-8° de 8 p., 1905. . MW. SonuzzE, Impfungen mit Luesmaterial an Kaninchenaugen. Ælin. Monats- blätter für Augenheilkunde, XLIT, in-8° de 16 p., 1905. …_ … H. Souuié et E. Garpow, Fièvre récurrente et paludisme observés chez un Eu- -ropéen, à l'Hôpital civil d’ Alger. Bull. méd. de l'Algérie, in-8° de 7 p., 1905. PP. VuILLEMIN, Sur la dénomination de l’agent présumé de la syphilis. CR: — Acad. des Sc., in-4° de 2 p., 5 juin 1905. ‘24 488 OUVRAGES REÇUS Helminthes en général. B. Gazui-VaLERIo, Die Verbreitung und Verhütung der Helminthen des Mens- chen. Therap. Monatshefte, XIX, in-8° de 9 p:, 1905. J. Horxezz, The biological results of the Ceylon pearl fishery of 1904. Reports from the Ceylon marine biological laboratory, X, in-4 de 39 p., 15 pl., 1905. Vox Lixsrow, Helminthen aus Ceylon und aus arktischen Breiten. Zeitschrift für wiss. Zool., EXXXII, p. 182-193, pl. XIII, 1905. Vos Lixsrow, Neue Helminthen. Archiv für Naturgeschichte, LXXI, p. 267- 275, pl. X, 1905. Von Lisrow, Helminthen der russischen Polar-Expedition 1900-1903. Mém. Acad. imp. des sc. de Saint-Pétersbourg, (8), classe phys.-math., XVIII. in-4° de 17 p., 3 pl., 1905. E. LiNron, Parasites of Fishes of Beaufort, North Carolina. Bull. of the Bureau of fisheries, XXIV, p. 321-428, pl, I-XXXIV, 1904. P. S. ne Macazuies, Notes d'helminthologie brésilienne. Archives de Parasi- tologie, IX, p. 305-318, 1905. M. Neveu-LEeMAIRE, Sur les parasites des Poissons du genre Orestias. Bull. de la Soc. philomathique de Paris, in-8° de 5 p., 1905. A. E. Surzey, Notes on a collection of parasites belonging to the Museum of University College, Dundee. Proceed. Cambridge philos. Soc., XIIT, p. 95-102, 1905. A. E. Sarpzey, On ento-parasites from the zoological Gardens, London, and elsewhere. Proc. zool. Soc. London, I, p. 248-253, 1905. Cestodes. J. BourquIN, Contribution à l’étude des Cestodes des Mammifères. Le genre Bertia. Zoologischer Anzeiger, XXVNIII, p. 417-419, 1905. J. BourquIN, Cestodes de Mammifères, le genre Bertia. Revue suisse de zool., XIII, p. 415-507, pl. VII-IX, 1905. F. DÉvé, Echinococcose multiloculaire du Bœuf et échinococcose alvéolaire humaine (bavaro-tyrolienne). C. R. Soc. biol., LIX, p. 297-299, 1905. F. DÉvé, Echinococcose des ganglions lymphatiques chez un Mouton. C. R. Soc. biol., LIX, p. 299-300, 1905. M. KowazewsKi, Studya helmintologiczne, ezesc IX. O dwoch gatunkach tasiem- cow rodzaju Hymenolepis Weinl. Rozprawy Wydzialu matematyczno przyrod- niczego Akademii Umiejetnosci w Krakouwie. XLV, p. 222-238, pl. VII, 1905. M. Kowazewskr, Helminthological studies. IX. On two species of Tapeworms of the genus Hymenolepis Weinl. Bull. de l’Acad. des sc. de Cracovie, classe des sc. math. etnat., XLV, p. 532-534, pl. XIV, 1905. H. KraBBe, Ueber das Vorkommen von Bandwümern beim Menschen in Däne- mark. Nordisk med. Arkiv, IL, in-8° de 12 p., 1905. E. Lixrow, Notes on Cestodes cysts, Tænia Chamissonii, new species, from a Porpoise. Proc. of the U. S. National Museum, XXVIII, p. 819-822, pl. XXXV, 1905. A. Mrizek, Ueber Tænia acanthorhynchæa Wedl. Ein Beitrag zur Kenntnis der Gattung Tatria Kowalewski. Sitzungsber. d. k. bohm. Gesellschaft der Wiss., in-8° de 24 p., 2 pl., 1905. G. NEUMANN, Les Echinocoques des os chez les animaux. Les Echinocoques du cœur chez le Bœuf. Revue vétérinaire, p. 546-554, 729-750, 1905. H. Pezcerier, Contribution à l'étude de l'ouverture des kystes hydatiques du foie dans les veines cave et sus-hépatique. Thèse de Paris, in-8° de 63 p., 1905. \ # * * \ es de Farasitoloqie, X. 1906. PLV. 12: lui AnskvÆ Afunke, Leïnziq Tryvpanosomes des Téléostéens marins. * | | , À. , Archives de Parasitologie, X, 1906. BVAXT P. Ex Cas de mycétome aspergillaire observé à Tunis. EM ANE DV ER ASSELIN et HOUZEAU, Éditeurs Place de l'École-de-Médecine, PARIS (VI') : PAR A. RAILLIET F e Professeur: à l'École vétérinaire d'Alfort, Membre de l'Académie de- Néde Cine DEUXIÈME ÉDITION. -Un-vol, grand in- 8 de 1305 pages avec -802 figures dans le texte, cartonné. D D nn. re SE A RE da 20 francs. a ne EU PARASITAIRES. NON. MICROBIENNES ‘DES ANIMAUX DOMESTIQUES à re 5 Re Es ; PAR 2 LG NEUMANN Professeur à PEcole vétérinaire de Toulouse DEUXIÈME ÉD EETO ET Fe LES VIPÈRES. DE FRANCE 2 NT Rae Professeur à l'École vétérinaire d’Alfort MÉDECINE VÉTÉRINAIRE Le. CO LE D'ALEFORT A vec le concours Œ un gr and mombre de Professeurs et de Vétérinair es praticiens Civils et Militaires, Æ \E |’ Pour Paris, Seine, Seine- et-Oise. — LE 44 50 PRIX DE L ABONNEMENT \ Pour les autres Départements........… AIO OS partant foujours du 45 Janvier (Pour l'Union postale... ne en dt de Le Recueil de Médecine vétérinaire paraît tes 15-et 30 de chaque mois À Le numéro du 30 Foro IN EXTENSO le Bulletin. des séances de la Société centrale : LT 7 de Médecine RHETEURE En vol. grand i in- 8 de 180 pages, avec 364 figures intércalées dans le texte, - ? Un ob: ne 18 de 180 pages avec une e planche en couleurs, cartonné. Prix 2 fr. 50 _ ARCHIVES DE PARASITOLOGIE RÉDACTION : 15, Rue de l'École de Médecine, PARIS ABONNEMENT: _ Paris et Départements : 50 fr. — Union postale : 32 Îr. par volume. Les 4rchives de Par asilologie publient des mémoires originaux écrits dans l’une ou l'autre des sept langues suivantes : français, allemand, anglais, espagnol, ésperanto, ita- ._ lien et latin. Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE LACTYLOGRAPHIÉ Ÿ {écrit à la machine), afin de réduire les corrections au minimum, Ce texte doit être conforme aux règles suivantes : ( 1° On appliquera strictement les règles de la Nomenclature DS Siche ou botanique. adoptées par les Congrès internationaux de zoologie et de botanique; 9 On fera usage, tant pour les noms d’ auteurs que pour les indications bibliogra- phiques, des abréviations adoptées par ces mêmes Congrès ou par le Zoological Record de Londres; 3° Les noms géographiques ou les noms propres empruntés à des langues qui n ont pas l'alphabet latin seront transcrits conformément aux règles internationales adoptées Fa par les Congrès de-zoologie ; ne Sue % Tout nom d'être vivant, animal ou plante, commencera par une première lettre à capitale; À 5° Tout nom scientifique latin sera imprimé en italiques (souligné une fois sur le manuscrit). Dans l'intérêt de la publication. et pour assurer le maximum de perfection re la reproduction des planches et figures, tout en supprimant des dépenses inutiles, nos collaborateurs sont priés de se conformer aux règles suivantes : : 1 Dessiner sur papier ou Sur bristol bien blanc. 2% Ne rien écrire sur les dessins originaux. $ - 8° Toutes les indications (lettres, chiffres, explications de figures, té }seront placées. Sur un calque recouvrant ja planche ou le dessin. 4 Abandonner le plus possible le crayon à la mine de plomb pour le crayon Wolf ou l'encre de Chine. Les auteurs d'articles insérés aux Archives sont instamment priés de renvoyer s : la Rédaction, dans un délai minimum de huit jours, les épreuves corrigées avec le manuscrit où l'épreuve précédente. Ils recevront gratis 50 tirés à part de leur article. Ils sont invités à faire connaître sans délai s'ils désirent en recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), à leurs frais et conformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l'impression typographique; ilne concerne point les planches, dont le-prix peut varier considérablement. Toutefois, … il importe de dire que, pour les exemplaires d'auteurs, les planches seront comptées strictement au prix de.reviont. Les tirées & part ne peuveni être mais en vente. TARIE DES TIRÉS A PART 5 5 ex. 5Qex, — — } Une feuille entiere RE MES A PAR NT AA NN AE LS) Crorstquartsnde entier. Sn RS En dE 10 50 Une: demiteule re VINS Sn RES mA OR TE 9, » 4 Un'quant de rabille ER RS SE Rare AAA NE 7.5 QE: Haihuitième de eurent PER APR 5 6 » | Le Gérant : Dr RE GUIARE. Lt ten M École Protessionnellé d'Imprimerie, à Noisy-le-Grand (Seine-ct-Oise) PUBLIÉES PAR | RAPHAËL BLANCHARD : PROFESSEUR A LS FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS - MEMBRE DE. L° 'AGADÈMIE, DE MÉDECINE EL ES nn ASSBLIN ET HOUZEAU, CÉDITEURS PLACE DE L’ ÉCOLE DE. MÉDECINE À; 4 Les Archives de Parasitologie « sont. - par MM. ASSELIN. et. HOUZEAU, Évrreuns, Place de - _ l'École de e Médecine, Paris (69. . ee 4 _ >: = +. On est prié ; de S 2 aux Éditeurs 4 pour a ce > qui. concerne l'administration (abonnements, achat des volu-. mes antérieurs, etc. ): ee 2 à > Le quatre premiers nn ne ont plus représentés = en magasin que par un petit nombre d ‘exemplaires. Leur prix sera prochainement élevé. . du tome X, comprenant la table-générale des 10 premiers volumes. | La confection de cette table demandera un certain temps. On ne. sera donc pas surpris, si le fascicule 5 sé fait un peu attendre et si le fascicule 4% du tome XI, qui est tout prêt, est publié ayant lui, À a a PA M PM EU red f a) PO 1 Li Cat F4 LA lé dt Le AU ee Et DE EN it TA eme DV Oh Gin QT LS LES MYCÉTOMES Émile BRUMPT Docteur en médecine, Docteur ès-sciences Préparateur au Laboratoire de Parasitologie Chef de travaux à l’Institut de Médecine coloniale. (PLANCHES XII à XXI) TRAVAIL DU LABORATOIRE DE PARASITOLOGIE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS Il suffit d'envisager d’où vient le progrès pour se convaincre que, réduite à la seule clinique, la médecine retomberait fatalement dans l’empirisme, dont les savants ont eu tant de peine à la tirer. Les sciences que l’on désigne sous le nom dédaigneux de sciences accessoi- res sont en réalité la base solide sur laquelle repose l’art médical. C’est à elles, et à elles seules, que la médecine doit d’être entrée dans la voie du progrès et d’avoir abandonné les . systèmes pour adopter résolument la méthode expérimentale, qui seule peut conduire à la conquête de la Vérité. | (R. BcancxaArp, Lecon d'ouverture du cours d'histoire naturellemé- dicale à la Faculté de médecine _ de Paris, 7 mars 1898.) ” a Au cours d’un récent voyage à travers l'Afrique tropicale - (1901-1903), où nous accompagnions, en qualité de médecin et de naturaliste, le regretté vicomte Du Bourg de Bozas, nous avons …— eu l'occasion d'observer et de prélever des pièces d'un certain nombre de cas, d'une affection connue sous le nom de Pied de . Madura ou plus exactement de mycétome. … Depuis notre retour à Paris, grâce à l’obligeance d’un grand nombre de médecins français et étrangers, nous avons pu nous procurer des pièces anatomiques de nouveaux cas provenant de difiérents points du globe. L'idée nous est done venue de faire une étude d'ensemble de cette maladie et de classer les formes parasi- Archives de Parasitologie, X, n° 4, 1906. 2 32 490 E. BRUMPT taires, actuellement connues, qui donnent l'aspect clinique mycé- tome. Avant d'exposer les résultats de nos recherches, nous nous faisons un devoir d'adresser à notre maître, M. le Professeur R. Blanchard, qui a guidé nos premiers pas en Parasitologie et dont nous avons l'honneur d'être le préparateur depuis sept ans, ne même temps que l'hommage de ce présent travail, l'expression - de notre profonde gratitude pour les conseils éclairés qu'il nous a donnés au cours de nos études. Qu'il nous soit permis d'adresser aussi nos plus sincères remer- . ciements au Professeur Sir Patrick Manson et au Dr Daniels, de l'École de Médecine tropicale de Londres; au Professeur Nuttall et au D: Griffiths, de Cambridge; au Professeur H. Vincent. du Val-de- Grâce; au Dr Reynier, chirurgien des hôpitaux; au D: Jeanselme, médecin des hôpitaux ; au Professeur agrégé Legry ; au D: Ch. Nicolle, Directeur de l'Institut Pasteur de Tunis; au Dr Chabaneix, médecin des troupes coloniales; au D: Martel, inspecteur du service vétéri- naire à la Préfecture de police, pour les précieux documents qu'ils ont bien voulu nous fournir et qui nous ont permis de faire ce. travail. Nous n'avons pas encore cité notre excellent ami Bouflard, médecin-major de 2° classe des troupes coloniales, car nous tenions à le remercier tout particulièrement des matériaux et des observa- tions cliniques inédites qu'il nous a donnés, ainsi que du dévoue- ment dont il a toujours fait preuve à notre égard, depuis le jour où nous avons eu le grand plaisir de faire sa connaissance sur la rude côte des Somalis, à Djibouti. Nous avons l'intention, dans ce travail, de donner une mono- graphie aussi complète que possible des tumeurs inflammatoires produites par des Champignons et connues sous le nom de mycé- tomes. Nous définirons les mycétomes : («des mycoses inflammatoires produisant des grains formés exclusivement par un feutrage mycélien et devant être éliminés à l'extérieur par des fistules plus ou moins développées. » Cette définition nous permet d'éliminer du cadre de notre étude les blastomycoses et les mycoses superficielles ou profondes LES MYCÉTOMES 491 ne produisant pas les grains caractéristiques des mycétomes. Les mycétomes actuellement connus sont produits par des Champignons appartenant soit à l'ordre des Ascomycètes et à la famille des Périsporiacées (Aspergillus, Sterigmatocystis), soit au groupe essentiellement artificiel des Mucédinées ou Fungi imper- fecti. On désigne sous le nom de Mucédinées (du latin Mucedo, Moi- sissure) des Champignons à thalle filamenteux, généralement cloi- sonné, dont on ne connaît que le mode de reproduction par conidies. Les Aspergillus et beaucoup d'autres espèces, mieux connues actuellement, étaient rangées autrefois dans cet ordre. La découverte de leur appareil reproducteur (périthèce) a permis de les ranger dans les Ascomycètes. Beaucoup de Mucédinées pas- seront dans les autres ordres de Champignons le jour où elles seront mieux connues. Les parasites des mycétomes, tels qu'ils appa- raissent dans les tissus et tant que l’on ne découvre pas d'appareil reproducteur qui permette de les classer définitivement, doivent être rangés par prudence dans l’ordre des Mucédinées, quoique dès maintenant, par suite de leurs caractères botaniques, on puisse pressentir leurs affinités avec d'autres genres pathogènes bien connus. Nous reconnaissons huit espèces de mycétomes : 1° Mycétome actinomycosique ou actinomycose produit par le Discomyces bovis (Harz, 1877) ; 20 Mycétome blanc de H. Vincent produit par le Discomyces Ma- durae (Vincent, 1894) ; 30 Mycétome blanc de Nicolle produit par l’Aspergillus (Sterig- …. matocystis) nidulans (Eidam, 1883) ; 40 Mycétome noir de Bouffard produit par l'Aspergillus Bouffardi n. sp., Brumpt, 1906; 50 Mycétome noir classique produit par le Madurella mycetomi (Laveran, 1902); 60 Mycétome blanc de Manson produit par l'Indiella Mansoni n. g. n. Sp., Brumpt, 1906; 1° Mycétome blanc de Reynier et Brumpt produit par l'Indiella Reynieri n. sp., Brumpt, 1906 ; 8° Mycétome blanc de Bouffard produit par l'Indiella Somaliensis n. sp., Brumpt, 1906. 492 E. BRUMPT Les mycétomes des types 1 et 2 sont produits par des Discomyces, Mucédinées très iniérieures en organisation ; tous les autres mycé- tomes, qu'ils soient à grains blancs ou noirs, sont produits par des” Mucédinées à thalle cloisonné. Les types 3 et 4 ont pu être séparés de ce groupe et être rangés dans les Ascomycètes, l'appareil végéta- tifdesautres, bien qu'indiquant la plus grande parentéavec les À sper- gillus, ne permet pas de les classer autrement qu’en leur donnant des noms génériques et spécifiques provisoires comme cela se fait en paléontologie, noms provisoires qui jettent un peu de lumière sur notre sujet et qui disparaîtront d’ailleurs, le jour où des cul- tures de ces parasites pourront être obtenues. On a signalé à diverses reprises, dans l'Inde et en Égypte, des mycétomes à grains rouges ; il s'agit vraisemblablement d'une affection mycosique, mais nous ne possédons aucune description microscopique de ces cas (1). Nous allons étudier successivement les huit espèces de mycétomes que nous venons de classer; mais avant de commencer cette des- cription, nous croyons bon de faire une étude critique de nos con- naissances sur les Champignons et sur leur rôle pathogène. Caractères généraux des Champignons. Les Champignons sont des végétaux inférieurs dépourvus de chlo- rophylle, qui ne peuvent assimiler directement le carbone de l’acide carbonique, ils sont obligés de le prendre à des composéscomplexes, provenant de la décomposition des matières végétales ou animales, . ou, dans le corps de l'individu parasité. Manquant de chlorophylle, les Champignons n’ont nullement besoin de lumière pour croître, c'est ce qui explique comment ils peuvent se développer dans l'obs- curité la plus profonde ou au sein de tissus végétaux ou animaux. (1) Pendant que ce travail était sous presse, nous recevions de notre ami Bouffard, le 12 juillet 1906, une carte venant du Sénégal que nous transerivons ICIE « Voyage bien lent ; pas d’eau dans le Sénégal. Je dois quitter Saint-Louis le 3 juillet; en attendant je travaille un peu dans le Laboratoire de Thiroux. J’ai observé à l’hospice civil un cas de mycétome du genou à grains rouges. J’aï isolé un Penicillium qui donne de superbes cultures rouges. Je l’expérimente actuellement chez les animaux .» Nul doute que, d'ici à quelques semaines, notre excellent confrère ne nous fasse connaitre, d'un façon complète, cette curieuse mycose qu’il est particulièrement apte à étudier, élant données ses études spéciales sur cet intéressant sujet de pathologie exotique. LES MYCÉTOMES 493 4 , d _ L'appareil végétatif des Champignons ou thalle est toujours fort à . simple, il est quelquefois formé d’une seule cellule, ordinairement … ramifiée à divers degrés, et dont les filaments ou hyphes s’entre- - croisent dans toutes les directions (Mucorinées). Le plus souvent, ce thalle est pluri-cellulaire, composé de cellules qui se divisent à mesure qu'elles s'accroissent, parfois ces cellules s'isolent après leur division et le thalle est dit dissocié (Levures); ordinairement — elles demeurent unies en séries linéaires, le cloisonnement ayant toujours lieu dans une même direction, et forment des filaments — articulés à croissance terminale, ramifiés soit en dichotomie, soit -… latéralement, et dont les branches s'enchevêtrent en un feutrage — plus ou moins dense, ayant parfois la consistance d’une toile ou —. d'une membrane. Ces filaments mycéliens ou hyphes se juxtaposent . quelquefois en assez grand nombre et s’allongent en commun par leurs sommets accolés; le thalle se compose alors de cordons plus … ou moins gros (blanc de Champignon). Le tissu de ces cordons est issu à la fois par cloisonnement et par accolement de filaments in- …— dépendants, il constitue ce que l’on appelle un pseudo-parenchyme, - pour le distinguer du parenchyme vrai des végétaux supérieurs, à produit exclusivement par voie de cloisonnement. : Le thalle est dépourvu de membrane chez les Myxomycètes, — Champignons amiboïdes. Le plus souvent, les hyphes sont revêtues d'une membrane de cellulose qui rend le Champignon immobile et . Jui assigne une forme déterminée. Il arrive fréquemment, chez les L Champignons, que deux filaments voisins s’accolent, leur membrane - cellulosique disparaît au point de contact et le contenu des deux … filaments communique. Cette anastomose se produit fréquemment . chez les Mucorinées; elle difière, bien entendu, du phénomène de la “ conjugaison qui est un phénomène sexuel. … Quelle que soit la structure du thalle, celui-ci se développe tan- …—. tôt à la surface, tantôt à l'intérieur du milieu nutritif; dans le pre- … mier cas il plonge dans le milieu certaines de ses branches plus - courtes et plus rameuses que les autres qui jouent le rôle d'organes absorbants et parfois même digestifs (c’est, par exemple, le rôle que nous prêtons aux massues de l'actinomycose). Reproduction. — Les Champignons se reproduisent par un grand . nombre de procédés. Chez les Oomycètes, il existe des œufs ou Zygospores produits par une fécondation véritable. 494 E. BRUMPT Les Champignons qui ne forment pas d'œufs, et même ceux qui en ont, se reproduisent le plus fréquemment par des spores d'ori- gine asexuelle. Ces spores présentent les plus grandes variétés. Les spores mobiles, pourvues de cils vibratiles, prennent nais- sance dans des zoosporanges ce sont des zoospores. Les spores pro- prement dites sont celles qui prennent naissance dans un organe déterminé et caractéristique, telles sont les spores qui se déve- loppent dans le sporange des Mucorinées, telles sont celles qui prennent naissance à l'intérieur des asques des Ascomycètes (ascos- pores) ou sur les basides des Basidiomycètes (basidiospores). On dé- signe sous le nom de conidies, les spores terminales qui naissent par bourgeonnement, isolément ou en groupe, sur un support, par exemple, les spores de la tête d’Aspergillus, du Penicillium, etc. On désigne, sous le nom de chlamydospores, des kystes, généralement intercalaires, quelquefois terminaux, plus gros que les filaments normaux du Champignon, à membrane épaisse et dans les- quels le protoplasme se condense ; ce sont des formes de résis- tance du Champignon, elles naissent aux dépens d'une cellule préexistante et non pas par bourgeonnement comme les conidies. Enfin on désigne sous le nom impropre de spores mycéliennes des sortes de boutures qui se forment par division des filaments mycé- liens sans augmentation de volume, c'est ce qui se produit par exemple chez les Trichophyton et chez le Champignon de l’actino- mycose, dans les vieux filaments. Ces productions se cultivent et donnent un thalle identique à celui dont elles dérivent, ce sont de véritables boutures. Les Mucorinées produisent dans certaines con- ditions des sortes de spores mycéliennes ayant la forme de cellules de Levures et pouvant comme elles produire diverses fermentations, ces cellules se nomment oïdies. Au moment de la production des spores, le thalle se résorbe peu à peu, il perd son protoplasme qui vient se condenser dans les appa- reils reproducteurs. Il est facile de se rendre compte de ce phéno- mène dans les cultures artificielles de Moisissures, telles que les Aspergillus ; le point de départ de la culture est résorbé, tandis que ses bords s'étendent et présentent un contour polycyclique tout à fait caractéristique. Nous verrons l’application de ces notions essen- tielles quand nous étudierons les divers Champignons des mycé- tomes. LES MYCÉTOMES 495 Sclérotes. — Quand le thalle du Champignon se trouve dans des conditions défavorables, ou quand il commence à être âgé, sa subs- tance protoplasmique se retire de certains filaments pour se con- denser dans d’autres, chez lesquels s'opère une ramification très ‘abondante et très serrée ; les branches s’enchevétrent en une masse ordinairement arrondie, quelquefois allongée, qui devient de plus en plus compacte et qui forme en définitive un pseudo-paren- chyme. C'est dans ces sortes de tubercules que s’accumule et se met en réserve toute la substance protoplasmique du thalle. La couche cellulaire externe durcit et cutinise ses membranes, les colore en rouge, en brun, en noir, et forme un tégument protecteur autour de la masse centrale incolore. Le tout se dessèche enfin, passe à l'état de vie latente, et constitue un corps de consistance cornée auquel sa dureté a fait donner le nom de sclérote (ex. Ergot de Seigle). La formation du selérote se rencontre dans les Champignons les plus divers (Basidiomycètes, Ascomycètes), quand des conditions physiologiques identiques se rencontrent; d'autre part, un même Champignon peut, suivant les circonstances, en former ou non. Cer- tains sclérotes ne présentent qu'un stade particulier dans la forma- tion de l'appareil reproducteur définitif (Ergot de Seigle; futurs perithèces de certains Aspergillus, etc.). Mis dans des conditions favorables, certains sclérotes germent et produisent soit un nouveau thalle, soit leur appareil reproducteur, d’autres sclérotes mis dans les mêmes conditions, restent à l’état de vie latente, quelquefois pendant plusieurs mois, et végètent ensuite. Mycoses. — Nos connaissances mycologiques sont maintenant suffisantes pour aborder l'étude des mycétomes qui ne représentent qu'une partie de la grande famille pathologique des mycoses. Le mot de mycose a été créé, en 1856, par Virchow pour dési- sner toutes les maladies produites par des Champignons. Les mycoses cutanées produites par les Dermatophytes sont connues sous le nom de dermatomycoses. Notre maître, le professeur R. Blanchard (92), établit la gra- dation suivante dans la pathogénie des affections mycosiques : Dans un premier degré, le parasite se fixe dans les cavités natu- relles, facilement accessibles aux spores, ou sur les téguments. Dans un second degré, le Champignon attaque des organes moins 496 E. BRUMPT superficiels et se circonscrit en foyers d'une étendue moins variable, par exemple dans les poumons. Enfin, dans un troisième degré, la mycose se généralise : les spores ayant été introduites dans le torrent circulatoire par une voie encore ignorée et s'étant répandues à travers l'organisme, germent dans certains organes et provoquent des lésions assez graves pour que la mort s'ensuive. R. Blanchard admet également que l'intensité de la mycose est en raison directe de la quantité de spores injectées. Tous les auteurs sont d'accord pour considérer les spores comme l'unique agent de la transmission des mycoses. Dans la remar- quable thèse de Barthelat (91), je relève les indications suivantes, qui résument l'opinion de tous les savants qui se sont occupés de ces questions : «Les spores sont seules nocives : elles donnent en germant dans l'organisme des filaments mycéliens dont l'accroissement est la cause déterminante des lésions. L'introduction directe des fila- ments, même dans le système sanguin, reste absolument sans effets, sauf le cas où il survient des phénomènes emboliques. » Un peu plus loin, on lit le passage suivant : («Aucune Moisissure n'a été vue avec des organes de reproduction, quand elle végète dans les tissus compacts. L'accès de l'air étant indispensable à l'apparition de la fructification ordinaire, celle-ci n’a été observée que dans les poumons. » Dans-le livre fort documenté de L. Gedoelst (96), je relève, au sujet des mucormycoses expérimentales, le passage suivant : «L'infection ainsi réalisée par la voie expérimentale se différen- cie très nettement desinfections microbiennes; tandis que l’inten- sité de celles-ci est en grande partie indépendante de la quantité d'éléments virulents introduits dans l'organisme, l'intensité de celles-là, au contraire, est exactement proportionnelle à la quan- tité de spores injectées. Chacune de celles-ci en effet germe, mais ne se reproduit pas. Dans les infections mycosiques, il n'y a pas de multiplication de germes et, par conséquent, pas de généralisation secondaire. Il n'y a pas davantage transmission de l'infection d'animal à animal : les colonies mycosiques ne sont pas directement inoculables et, pour pouvoir infecter un nouvel organisme, il faut qu'elles aient produit de nouvelles spores au contact de l'air. » CT Le. AL LES MYCÉTOMES 497 Barthelat (91) a fait une découverte intéressante : il a constaté à | que les Mucorinées pathogènes possèdent des spores de dimensions . . inférieures à 6 set toujours plus petites que les hématies des ani- maux inoculés. On s'explique dès lors comment elles peuyent …. pénétrer dans les capillaires les plus fins. Barthelat fait également remarquer que, chez les Mucorinées comme chez les Aspergillus, il - yaunrapport entre le pouvoir pathogène et la température optima à laquelle se fait la culture, les Champignons pathogènes ont un . optimum de croissance entre 36 et 40°. K. Guéguen (97), dans son travail très complet sur les Champignons parasites de l'Homme et . des animaux, paru en 1904, fait remarquer, au sujet des Aspergil- lus, qu'il serait intéressant de voir si toutes les espèces ayant des spores au-dessous de 6 de diamètre et ayant un optimum cultural voisin de 37° peuvent être pathogènes. . Nous trouvons dans Gedoelst au sujet des infections aspergil- -Jaires les notes suivantes : « L'infection aspergillaire est de même | nature que l'infection mucoréenne, elle diffère comme celle-ci de l'infection microbienne en ce que son intensité est exactement pro- _portionnelle à la quantité de spores injectées, il y a germination de celles-ci mais non reproduction duChampignon par fructification et 4 par conséquent pas de généralisation secondaire ni transmission un d'animal à animal. Les Aspergillus, dans l'organisme, n'arrivent à | …—… iructification que lorsque les hyphes parviennent dans une cavité à en communication directe avec l'extérieur. ce qui est plutôt excep- tionel et dans tous les cas négligeable au point de vue de Ia trans- mission de l'infection. » Comme on a pu le voir par les citations précédentes, toutes les …. notions acquises sur les aspergilloses expérimentales ont été — obtenues par l'emploi des spores conidiennes. Certains Aspergillus n. ayant une seconde forme de spores, les ascopores, il était inté- ressant de rechercher le mode d'action de ces derniers sur les - animaux. Heider (98) y est parvenu avec les ascospores de l’4s- …. pergillus nidulans. Il à réussi à obtenir une émulsion presque pure - de ces formations, puisqu'elle ne contenait qu'une conidie pour . 115 ascospores, proportion de conidies inoffensive pour les ani- . maux inoculés. Or ceux-ci ont succombé dans le même laps de temps et avec les mêmes lésions que les témoins inoculés avec des conidies. A l’autopsie, Heider a retrouvé des fragments d’ascos- or MU dit CNT, RAS M Ou A Er ram fi ÉE0 ie 498 E. BRUMPT pores germées, faciles à reconnaître grâce à leur membrane violette. En résumé, nous pouvons dire que tous les auteurs classiques sont d'accord pour admettre les faits suivants : 1° Les spores seules sont nocives; les injections de filaments, même dans le sang, sont sans effet, sauf quand il se produit des embolies; 2 L'intensité de la mycose est en raison directe du nombre de spores injectées; 3° Pour qu'un Mucor ou un Aspergillus soient pathogènes, ils doivent avoir des spores ayant un diamètre inférieur à 6 & et présenter un optimum cultural voisin de 37°; 4° Les Champignons pathogènes ne présentent pas d'appareils re- producteurs dans les tissus, l'accès de l'air étant indispensable, ils ne peuvent fructifier que quand les hyphes atteignent la surface de la peau ou une cavité naturelle ; 5° Il existe une différence fondamentale entre les infections mi- crobiennes et les infections mycosiques ; 6° Les colonies mycosiques, pour pouvoir infester un nouvel orga- nisme. doivent avoir produit de nouvelles spores au contact de l'air. Nous allons reprendre en détail chacune de ces propositions. 1° Il est parfaitement démontré, par des expériences nombreuses, ayantportésur des Mucorinéesetdes Aspergillus, queles sporesseules sont nocives, mais il est bon de savoir aussi que l'inoculation de l'appareil végétatif seul de certains Champignons est capable de pro- | duire des mycoses internes, c’est le cas des Blastomycoses (Ex. Cryp- tococcus). Les cultures d’actinomycose vraie d'Israël, de Ligniè- res, de Wright, ne produisent pas des pores ; on ne rencontre, dans les cultures inoculées, que des filaments végétatifs dichotomisés ou dissociés et cependant on obtient avec elles de l'actinomycose ex- périmentale. 2° J1 semble démontré également, surtout pour les aspergilloses expérimentales, que l'intensité de la mycose est proportionnelle au nombre de spores injectées, dans l'appareil circulatoire; quand le nombre de spores est faible, le mycélium qu'elles produisent en- tre en dégénérescence et est détruit en quelques jours. Dans des con- ditions identiques les Mucorinées semblent produire des lésions plus stables et réagissent mieux contre l'organisme. Les blastomy- coses semblent indépendantes du nombre de parasites inoculés qui bourgeonnent et se généralisent facilement. D'autre part, tous les LES MYCÉTOMES 499 mycétomes débutent par une lésion très petite (pl. XIX, fig. 5); cette lésion s'étend peu à peu et il estévident que si sa marche était moins lente elle gagnerait de proche en proche une grande partie de l’in- dividu. 9° Barthelat a bien fait d'insister sur les dimensions des spores dans les mycoses expérimentales. Mais ce fait n’a d'intérêt que pour les mycoses inoculées par la voie sanguine. Ce qui domine l’histoire des mycoses, c'est certainement l'optimum cultural du Champignon pa- rasite. Quelle importance peut-il y avoir, en effet, pour un Champi- gnon inoculé par une épine ou une écharde de bois, d'avoir des spores de 6 ou 10 y, ou même des chlamydospores beaucoup plus volumineuses, l'important est que, une fois introduit dans l’orga- nisme, il puisse trouver une température qui permette son déve- loppement. 4° Les auteurs s'accordent également pour dire que les Cham- pignons parasites ne donnent pas d'appareils reproducteurs dans les tissus et qu'ils sont réduits à leur simple appareil végétatif, l'accès de l’air étant indispensable à la production de ceux-ci. Cette donnée est encore démontrée manifestement inexacte par l’obser- vation des mycétomes. Nous avons été le premier à signaler dans le mycétome à grains noirs, produit par une Moisissure appartenant probablement au genre Aspergillus, l'existence de chlamydospores volumineuses. . Nous avons même introduit les caractères présentés par ces spores dans la diagnose de notre genre provisoire Madurella (21), que nous avons créé tout spécialement pour ce Champignon parasite. Tout récemment, Ch. Nicolle et Pinoy {65) ont retrouvé aussi des chlamy- dospores dans les grains volumineux qui caractérisent le mycétome à Aspergillus nidulans; de plus, ils ont fait une découverte d'une importance capitale : ils ont trouvé dans les grains de véritables conidies, quelques-unes portéessur des hyphes fertiles ; ces conidies sont d’ailleurs rares, leur couleur est la même que celles que l’on obtient dans les cultures, autre particularité dont nous trouverons l'utilisation plus tard, au sujet de l’Aspergillus Bouffardi Brumpt. Dans un mycétome à grains noirs étudié par Bouftard et dont nous avons repris l'étude, nous avons été assez heureux pour ren- contrer, dans les grains âgés, des amas considérables de conidies et en plusieurs endroits de véritables fructifications d’Aspergillus 500 E. BRUMPT (pl. XXI, fig. 2 et 4). Bouffard n’a pas réussi à cultiver ce para site, qu'il est impossible d'identifier en tant qu'espèce; aussi l’'avons-nous désigné sous le nom d’Aspergillus Bouffardi, le dédiant à notre ami, quia donné de ce cas de mycétome une étude des plus complètes et des plus intéressantes (12). Les chlamydospores existent également chez Zndiella Reynieri et Indiella Mansoni. Tous les grains dans lesquels ces formes de reproduction ont été observées se trouvaient totalement isolés de l'extérieur et dans la profondeur des tissus. Voilà donc, au point de vue mycologique, une série de découvertes du plus haut intérêt, qui doivent modifier profondément la con- ception que l’on se faisait des mycoses profondes. 90 Une croyance que nous tenons essentiellement à détruire, c'est ce fait qu'il existe une différence entre les infections micro- biennes et les infections mycosiques. Les Microbes se reproduisent dans les organes, les Champignons ne s'y reproduiraient pas. Les faits ci-dessus énoncés nous montrent le cas que l'on doit faire d'une pareille assertion. D'autre part, quelle différence peut-on établir entre l’évolution d'une tumeur blanche, d'une blastomycose, de l’actinomycose ou d'un mycétome quelconque? Dans la tuber- cuiose, les Bacilles se divisent, c’est très vrai, et d'une façon plus ou moins régulière, mais les Blastomycètes bourgeonnent, ce qui revient au même, et quant à l’actinomycose et aux autres mycé- tomes, les touffes mycéliennes initiales, inoculées accidentellement, abandonnent à des macrophages des fragments que nous pourrons comparer aux bourgeons des Levures; ces fragments, entraînés plus ou moins loin, formeront une nouvelle colonie et ainsi de suite. Dans certains cas même, les mycoses peuvent se généraliser, ou tout au moins aller coloniser bien loin du foyer primitif (nodules ou abcès métastatiques de l’actinomycose, des blastomycoses etc.). Ces faits suffisent, je le pense, à détruire l’idée qu'une différence quelconque existe entre les mycoses et les maladies microbiennes. 6° On n'est pas en droit de dire que les colonies mycosiques, pour pouvoir infester un nouvel hôte, doivent avoir produit des spores au contact de l'air, car l'étude des inoculations expéri- mentales de l'actinomycose montre que le Champignon inoculé, a végété dans les cultures sous la forme filamenteuse dichotomi- que, comme dans les lésions, et qu'il ne produit pas de spores. Les LES MYCÉTOMES 501 …. Blastomycètes sont pathogènes, même quand ils n'ont produit ni Æ asques ni chlamydospores. Enfin, des inoculations positives d'acti- . nomycose ont été obtenues par Mayo (102), parRotter(10%)etd'autres auteurs, en partantde grains extraits de tumeurs actinomycosiques. Dans ces cas, les Champignons pathogènes ont continué à végéter … chez leur nouvel hôte, comme ils l'avaient fait chez le premier. …_ Nous inclinons à croire que, dans les mycoses spontanées, dans .Jes mycétomes en particulier, le Champignon doit être inoculé sous une forme déjà assez résistante pour pouvoir lutter avec . avantage contre l'organisme envahi; cette forme de résistance doit se rencontrer rarement dans la nature ou tout au moins l'orga- _nisme se laisse rarement parasiter par elle. Je me base pour … appuyer cette idée sur le fait que les spores donnent en germant … du mycélium jeune facilement détruit, de là les insuccès obtenus pas les injections sous-cutanées ou intramusculaires. De plus, dans “à lV'Aspergillus Bouffardi, les nombreuses spores formées dans les grains ne semblent jouer aucun rôle dans la propagation de la ; maladie chez l'individu même, car ces conidies germent et sont “ rapidement détruites à l’intérieur des grains; c'est le mycélium … bien vivant, pourvu déjà d’une membrane plus ou moins épaisse, ; -qui. dans ce cas comme dans les autres, semble être le véritable propagateur de la maladie. … Nous terminons cette critique, que nous avons condensée autant … que possible, en disant que les Mycétomes doivent être pris comme type des mycoses internes, ce sont eux quinous montrent le mieux - la biologie de ces curieux Champignons parasites dont nous allons # entreprendre maintenant l'étude détaillée. Mycétome actinomycosique. … L'actinomycose est caractérisée par une inflammation chronique …. destissus, produite par un Champignon du genre Discomyces. L'in- - flammation, localisée au début, gagne de proche en procheets’'étend ; dans certains cas, de nouveaux foyers mycosiques se forment assez à loin de la tumeur primitive. Quand les nodules parasitaires ar- : rivent à la peau, ils l’ulcèrent, les grains sont mis en liberté et une . fistule se trouve constituée, mettant en communication les lésions profondes avec l'extérieur. Ces fistules peuvent s'ouvrir sur une 502 E. BRUMPT muqueuse et quelquefois simultanément sur la peau et sur une muqueuse. L'actinomycose est donc un mycétome typique et répond à la définition que nous en avons donnée au début de notre travail. Nous ne saurions entrer dans de nombreux détails sur cette aftec- tion très répandue dans toutes les contrées chaudes et tempérées, chez l'Homme et les animaux. Le parasite trouvé dans les lésions a reçu de Harz, en 1877, le nom d'Actinomyces bovis. Des cultures faites en partant de ce parasite ont introduit une certaine confusion dans la nomenclature, mais actuellement, après les travaux de Lignières et Spitz et de J. H. Wright, nous croyons pouvoir donner la syno- nymie suivante : Discomyces Bovis (Harz, 1877). SYNONYMIE. — Actinomyces bovis Harz, 1877. — Discomyces bovis Rivolta, 1877. — Bacterium actinocladothrix Afanasiev, 1888. — No- cardia actinomyces de Toni et Trévisan, 1889. — Streptothrix actino- myces Rossi Doria, 1891. — Oospora bovis Sauvageau et Radais 1892. — Actinomyces bovis sulphureus Gasperini, 1894. — Nocardia bovis R. Blanchard, 1895. — Streptothrix Israeli Kruse, 1896. — Cla- dothrix actinomyces Macé, 1897. — Discomyces bovis R. Blanchard, 1900. — Streptothrix Spitzi Lignières et Spitz, 1903. Nous avons eu l'occasion de voir des préparations d’un mycé- tome actinomycosique de l'Homme, opéré par Fontoynont à Mada- gascar et très complètement décrit par Jeanselme; d'autre part, nous avons étudié, aussi minutieusement que possible, un cas d’ac- tinomycose de la mâchoire du Bœuf. Cette pièce nous a été envoyée par notre camarade Martel, inspecteur du service vétérinaire à la Préfecture de police. ASPECT CLINIQUE. — Tous les mycétomes dont nous allons entre- prendre l'étude dans ce travail siégeaient au pied, il est donc inté- ressant d'en donner une reproduction (pl. xt, fig. 6). Ce cliché montre la déformation considérable d'un pied atteint d'actinomy- cose ayant débuté depuis plusieurs années. Le pied, de consistance dure et élastique, est tuméfié et presque doublé en épaisseur; la plante, au lieu d’être concave, est convexe et les doigts ne peuvent plus reposer sur le sol. En examinant la surface du pied, on voit que la peau est fortementaltérée; chez les gens de couleur elle est en LES MYCÉTOMES 503 partie dépigmentée. À sa surface se rencontrent des nodosités pa- rasitaires, les unes intactes, les autres ulcérées, donnant passage à un pus épais, crémeux, dans lequel se trouvent les grains caracté- ristiques de cette maladie. Le stylet introduit à travers ces orifices peut aller profondément et on se rend compte que le système osseux est toujours très altéré. Tandis que le pied s’hypertrophie, la jambe maigrit et fait un contraste frappant avec la tumeur. Au point de vue purement clinique, il est impossible de distinguer le mycétome actinomy- cosique du mycétome produit par le Sterigmatocystis nidulans ou par l'Indiella somaliensis; l'examen du grain, seul, nous permet de faire ce diagnostic. Dans le pus épais de l'actinomycose, on rencontre des grains de petite taille, atteignant au maximum 0,75 millimètres de diamètre; ces grains sont difficiles à séparer du pus; de plus, en les examinant avec une loupe assez forte, on - peut voir qu'ils sont de forme irrégulière; leur couleur peut être blane jaunâtre, jaune vif ou jaune brun. Les grains du mycétome à Sterigmatocystis nidulans sont volumineux, ils peuvent atteindre le volume d’un Pois, leur couleur est blanc jaunâtre. Les grains du mycétome à Indiella somaliensis sont jaunes, faciles à séparer du pus séreux dans lequel ils baignent; leur consistance est assez dure et leur forme toujours arrondie rappelle celle des grains de Millet. Au microscope, le diagnostic s'impose et ne présente aucune difli- culté. ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Le Champignon de l’actinomycose se développe également bien dans tous les tissus de l'organisme. Une tumeur initiale du pannicule adipeux de la sole pédieuse, par “exemple, se propage aux os qu'elle détruit presque entièrement en produisant une ostéite raréfiante; les tendons et les neris sont gé- _ néralement respectés. La fig. 1 de la planche XIV, qui représente une coupe horizontale de la branche montante de la mâchoire inférieure d’un Bœuf, montre … nettement cette destruction du tissu osseux; il ne reste de la branche montante qu'un petit fragment, resté au milieu de la coupe, et quelques rares ilots osseux néoformés en quelques autres points. Cette coupe nous montre également comment l’actinomycose pro- cède : les ilots circulaires de la coupe représentent des sections de cordons inflammatoires ramifiés, qui s'étendent de tous côtés; le 504 | E. BRUMPT centre des plus volumineux est ramolli et s'ils arrivent en contact avec l'extérieur, ils formeront de gros trajets fistuleux, dont les ramifications nombreuses mettront un grand nombre de points de « la tumeur en communication avec l'extérieur. E A la périphérie de ces cordons, le tissu conjonctii s’est condensé et forme une gaine fibreuse assez épaisse. Ce mode d'invasion des tissus ne se rencontre dans aucun autre mycétome; on ne trouve qu'une ébauche de ce processus dans les mycétomes à Zndiella somaliensis. Si nous faisons des coupes transversales fines d'un de ces trajets, M nous constatons la structure typique de l’actinomycose. La fig. 2 È de la planche XV en donne une idée très nette. Au centre du trajet, on constate généralement un certain degré de ramollissement, sur- F tout dans les trajets volumineux, et assez souvent des hémorragies provenant de la rupture des nombreux capillaires néoformés qui existent dans ces tissus. Les grains parasitaires sont toujours dis posés à la périphérie, presque en contact avec le tissu scléreux qui : sépare les trajets les uns des autres. Autour de chaque gros grain, il y a une couronne de polynucléaires, séparée du reste du tissu inflammatoire par un espace qui se voit très nettement dans la photographie d'ensemble et dans les clichés de détail fig. 3, 5, 6, 4 planche XVIT. Le tissu inflammatoire est constitué par un tissu con- | jonctif à mailles lâches, dont toutes les cellules sont hypertrophiées M etdesquamées ; on rencontre tousles passagesentreleslymphocytes, | les cellules épithélioïdes à un ou plusieurs noyaux et les vraies cellules géantes, que l’on trouve disséminées un peu partout, tan-M tôt solitaires, tantôt en rapport avec un jeune tubercule. ; Bien que l'on ait écrit beaucoup au sujet de l'anatomie patholo- L gique de l’actinomycose, nous croyons bon, pour mettre un peu. d'ordre dans la question, de dire comment se constitue le grain d’actinomycose. La figure 1, ci-jointe, permettra de bien suivre notre description. Les figures 1, 2 et 5 montrent les colonies de Discomyces tout à fait à leur début. En 1, une cellule ayant toutes les apparences d’un jeune macrophage renferme dans son protoplasme,’ à côté de son noyau, quelques filaments de mycélium ordinaire et quelques filaments elaviformes. Cette cellule se rencontre dans une lacune du tissu conjonctif, à une distance plus ou moins grande dé toute autre lésion actinomycosique. Comment les filaments 1mMMO\« ” CR doc. LA 40 at CURE OUT LEUR CARPE TETE ENCORE RE AT ns Fr LES MYCÉTOMES 505 biles du Champignon ont-ils pu arriver aussi loin du grain qui leur a donné naissance ? Voici l'explication que nous croyons pou- … voir en donner. Le phagocyte est venu probablement lutter contre la srosse masse parasitaire initiale, qui était arrivée dans l'orga- - nisme à la suite d'un traumatisme quelconque. Ce phagocyte ayant … englobé un fragment de mycélium, dans le but probable de le . détruire, a ensuite émigré en un autre point de l'organisme, à _travers les mailles du tissu conjonctif; là il a livré la lutte au … Fig. 1. — Actinomycose. — 1 et 5, macrophages avec début de colonie parasitaire dans leur protoplasme; 2,3, 4, cellules géantes plus ou moins dégénérées entou- rant de jeunes colonies pourvues ou non de massues ; 6, Colonie entourée du résidu de la cellule géante (m) et de trois cellules épithélioïdes (cé); 7, 8, 9. 10, divers types de massues nettement dichotomisées ; 11 fragment d’un grain dumycétome actinomycosique étudié par Jeanselme, p, polynucléaire. x 1000. « parasite qui a remporté la victoire ; le phagocyte a été dé- - truit et voilà comment le défenseur de l'organisme est devenu, “dans l'espèce, l'agent actif, le propagateur de la maladie à dis- AP à © a tance. . Ilest probable que quelquefois le phagocyte sort victorieux de la lutte, mais, dans bien des cas, c’est le parasite qui l'emporte et qui se nourrit à ses dépens. Quand d’autres phagocytes viennent se “réunir au premier, on obtient une cellule géante, ayant rarement plus de cinq à six noyaux ; ces noyaux sont souvent de volume iné- gal, ce qui plaide en faveur de la fusion des cellules plutôt qu'en Archives de Parasitologie, X, n° 4, 1906. 33 506 E. BRUMPT faveur d'une multiplication nucléaire. Quand le parasite sort victo- rieux de l'attaque de la cellule géante, il la détruit ; les noyaux de la cellule se ne colorent plus (x), ses contours deviennent flous et son protoplasma se colore en rouge vif par l'éosine (fig. 1,3et4). Quand la cellule géanteest morte, des cellules épithélioides viennent se dispo- ser autour de la jeune colonie; certaines de ces cellules possèdent plusieurs noyaux et forment une transition insensible entre les cellules épithélioïdes mononucléaires et les cellules géantes. D'ail- leurs, toutes ces cellules semblent lutter avec peu d'efficacité contre le jeune parasite, qui s’accroit et se nourrit à leurs dépens; on voit très nettement les filaments périphériques de la jeune touffe mycé- lienne pénétrer entièrement le protoplasma des cellules (fig. 1 et pl. XX, fig. 3) et les faire dégénérer peu à peu. D'autres cellules macrophages viennent remplacer celles qui sont mortes et la colo- nie grandit toujours. Nous avons remarqué que les polynucléaires plus ou moins dégénérés qui entourent les colonies ne semblent jamais être pénétrés par les filaments du parasite; ceux-ci vont quelquelois assez loin, à travers la couche des polynucléaires, pour atteindre les cellules macrophages, à protoplasme jeune et abondant, aux dépens desquelles ils se nourissent. Les colonies de Discomyces, en grandissant, deviennent serpigi- neuses, le point le plus âgé semble constituer le hile, où les mas- sues manquent habituellement; cette structure, qu'il est facile de voir sur les photographies (pl. XVIII, fig. 3, 5 et 7), est tout à fait caractéristique et permet de diagnostiquer, même en l'absence de massues, le mycétome actinomycosique de toutes les autres espèces que nous étudierons ultérieurement. En même temps que les grains grossissent, on peut observer des phénomènes assez curieux. Les parties vieilles du parasite se cal- cifient très souvent et ne renferment plus que des formes de my- célium fragmenté, ressemblant à s'y méprendre à des chaînes de Streplocoques; ce sont des spores mycéliennes, ces grains ne possèdent plus que quelques rares massues. Si l'on examine un grain âgé, on constate que les massues, S'il en existe encore, se rencontrent vers les extrémités envahissantes, où la colonie est encore en voie de végétation active. Quelle est la signification des massues? — Les massues qui se eh Sr CO OT St CONS Dé PONS er 3 TANT DA t LES MYCÉTOMES ï 507 rencontrent dans la majorité des cas d'actinomycose vraie, ont attiré depuis longtemps l'attention des bactériologistes. Au début, certains auteurs les ont considérées comme des spores, comparables en quelque sorte à ces chlamydospores terminales que nous étudie- rons dans d'autres mÿcoses. Actuellement, la majorité des auteurs est d'accord pour considérer ces formations comme constituant des formes de dégénérescence, d’involution, du Champignon ; elles se produiraient par gélification de la membrane des extrémités pé- riphériques des filaments mycéliens. Cette transformation patho- logique s'observerait principalement dans l'économie, là où le Champignon rencontre des conditions peu avantageuses à son développement normal et où il a à lutter contre les éléments cellulai- res des organes envahis. Les massues font défaut dans les cultures en milieux artificiels où le Champignon ne rencontre pas d’obsta- cles à sa végétation. Les deux travaux les plus récents à ce sujet sont ceux de Lignières et ceux de J. H. Wright (90). Lignières (99) considère les massues comme constituées par un protoplasme bien vivant capable de bourgeonner. D'après lui, ce protoplasme tirerait son origine du protoplasme du filament qui prendrait ainsi des caractères et des propriétés nouvelles pour lutter plus efficacement contre l'orga- nisme. C'est également notre avis. | J. H. Wright, dans les conclusions de son très important mémoire, déclare ne pas pouvoir établir si les massues sont réellement pro- duites par le Champignon, comme la capsule des Bactéries, ou si elles correspondent simplement à un dépôt formé par les fluides ou les tissus de l'hôte. Il est arrivé à produire des massues typiques dans des cultures, en les additionnant de liquides animaux riches en fibrine comme le plasma sanguin ou le liquide pleurétique ou ascitique. On assiste alors à la formation de massues, en même temps que la végétation se ralentit. Il semble donc que de pareils milieux de culture ne soient pas très bons pour le parasite. Wright, se basant sur cette curieuse expérience, confirme donc les vues de Bostrôm et des auteurs qui considèrent les massues comme se pro- duisant seulement quand l'organisme se défend contre le parasite. Notre opinion, voisine de celle de Lignières, est que les massues représentent une forme de défense du Champignon dans les organes; nous ne saurions d'aucune facon les considérer comme des 508 E. BRUMPT produits dégénérés ou en voied'involution. Les massues représentent simplement une hypertrophie des rameaux périphériques jeunes et nullement dégénérés, puisque ceux-ci conservent bien souvent leur structure dichotomique, alors que les filaments qui leur font suite ont déjà perdu cette structure. On peut voir en 4, 7, 8, 9, 10, fig. 1, la justification de cette thèse. On trouve, répandue dans tous les ouvrages, cette assertion que les massues ne prennent parle Gram. On dit également qu'elles sont traversées par un filament colorable par le Gram ; ce filament serait la partie protoplasmique du Champignon; la massue représente- rait simplement une hypertrophie ou une gélification de la mem- brane d’enveloppe. Il faut avouer qu'il est difficile, sinon impossible, de montrerles limites entre le protoplasme et la membrane du Discomyces. Que se passe-t-il, quand on colore par le Gram une coupe d'organe envahi par l’actinomycose ? Le violet de gentiane commence par colorer tous les tissus, la solution iodo-iodurée fixe ensuite la couleur; quant au décolorant, il enlève successivement la matière colorante aux parties qui la fixent avec le moins d'énergie, sans qu'on puisse rien préjuger de la valeur vitale des tissus qui se décolorent plus ou moins rapidement ou qui ne conservent pas la couleur. En faisant agir sur notre coupe l’alcool-acétone, le violet aban- donne successivement le protoplasme des cellules, puis leur noyau; les massues commencent à se décolorer à la surface d'abord, don- nant à la matière bleue qui reste à leur centre l'apparence d’un fila- ment claviforme emboîté à leur intérieur. Ce filament s'amincit d’ailleurs progressivement. Si on laisse agir le décolorant et si on n'arrête pas la décoloration à ce moment, le mycélium lui-même se décolore. Si réellement le prétendu filament central de la massue faisaitsuiteau protoplasme,oncomprendaitmalcommentil pourrait se décolorer le premier, alors qu'il est entouré d’une enveloppe épaisse, qui devrait le protéger plus longtemps que le protoplasme mycélien lui-même des atteintes du décolorant. Il est donc impos- sible, par un procédé aussi artificiel que le Gram, de prétendre que la massue représente une hypertrophie de la membrane. La massue, pour des raisons osmotiques ou chimiques, garde moins énergique- ment la matière colorante que les éléments plus âgés, c’est tout ce que l’on peut dire. Pt "ei E sa ” Spies AE ES my _s . AU ends > en GA PUR 44 +" # PE ag PR TRES du RS On TRE NES GNT SEE # LES MYCÉTOMES 509 En colorant les coupes par l’hématéine-éosine, on constate que les massues, ainsi que les filaments jeunes qui les avoisinent, se colorent en rouge vif comme le protoplasme des cellules des or- ganes actifs, celles du foie par exemple, ou comme le protoplasme jeune des cellules géantes et épithélioïdes. Les parties anciennes des filaments et les spores mycéliennes se colorent très mal et prennent une teinte violacée difluse qui ne permet pas de reconnaître le pa- rasite. Nous concluons en disant que les massues représentent simple- ment des filaments jeunes, encore plastiques, hypertrophiés par suite du rôle très actif qu'ils ont à jouer dans la végétation du pa- rasite, dans un milieu de composition chimique spéciale; c'estune réaction vitale du parasite contre un milieu chimique animal, commele démontre l'expérience de Wright citée plus haut ; nous les comparons au chandeliers faviques. Les massues sont constituées entièrement par du protoplasme jeune; ce protoplasme, qui les remplit entièrement, garde moins bien la matière colorante du Gram que les filaments âgés et en désagrégation partielle. Les mas- sues disparaissent dans les grains très âgés et leur protoplasme est utilisé dans la formation des spores mycéliennes. Le prétendu filament central est un simple artifice de préparation, mal inter- -prété par les auteurs. Il est impossible d'affirmer que ces massues se forment unique- . ment dans des conditions défavorables, car, dans les tissus, dans des conditions qui semblent presque identiques, à l'intérieur des cellules géantes par exemple, elles se forment ou bien ne se forment pas ( 2 et 4, fig. À). Quand on examine une lésion jeune, végétant activement et en- tourée de cellules épithélioïdes, on peut voir que le pédicule de celles-ci (pl. XXI, fig. 1 ; 6, fig. L) est envahi par des massues qui se nourrisent à leurs dépens ; les massues transmettent les aliments qu'elles accumulent aux filaments qu’elles laissent derrière elles et en lesquels elles se transformeront plus tard en se réduisant, tandis que leur extrémité bourgeonnera de nouvelles massues. Les massues sont des filaments nourriciers du Discomyces, elles ne sont en rien com- parables aux formes d’involution claviformes rencontrées dans les Mucormycoses et aspergilloses expérimentales. Ériococie. — La théorie saprophytique de l’actinomycose a été 510 E. BRUMPT. soutenue par Bostrôm et bien d'autres auteurs; le parasite, vivant dans la nature sur les végétaux, est inoculé à l’occasion d’un trau- matisme. J. H. Wright, se basant sur ce fait que le parasite en cul- ture est plutôt anaérobie et qu'il ne végète pas à la température ordinaire, pense qu'il ne peut avoir une existence libre dans le milieu extérieur, Il considère le Discomyces comme un habitant fréquent de la cavité buccale ou du tube digestif, où il peut exis- ter sous une forme bacillaire qui pourrait masquer sa véritable nature. C’est à la faveur d'un traumatisme que le parasite serait inoculé. Cette hypothèse peut contenir une partde vérité, mais on ne sau- rait expliquer facilement, à mon avis, comment un parasite de la bouche ou du tube digestif pourraitse rencontrer si fréquemment au pied, parexemple,surtoutdansles paysoüles individus marchent nu pieds et où l'origine traumatique de la lésion est des plus mani- feste. Le fait que le parasite se cultive plus facilement en culture anaérobie ne signifie pas grand'chose, car ces conditions peuvent se trouver dans la nature et, d'autre part, dans les lésions qu'il produit, il vit dans les mêmes conditions que des parasites aussi nettement aérobies que les Aspergillus, qui produisent certains my- cétomes. x Enfin, nous considérons le fait que le Champignon ne se déve- | loppant pas à la température ordinaire ne peut vivre dans le | milieu extérieur, comme n'ayant aucune valeur pour soutenir l'hypothèse de Wright. Quel est en effet le pays tempéré où la température n'atteint pas pendant certaines saisons celle à laquélle nous cultivons le Discomyces. Pendant cette saison favo- rable, le parasite se développe et passe ensuite à l'état de vie latente, pour reprendre de la virulence le jour où il aura l’occa- sion de végéter de nouveau, comme saprophyte ou comme para- site. CuLTurE. — I] résulte des travaux de J. H. Wright que le véritable parasite de l’actinomycose est celui qui a été cultivé par Wolf et Israel, le Discomyces Israeli (Kruse), qui doit par conséquent tomber en synonymie. Un grand nombre d'auteurs ont retrouvé le même parasite chez l'Homme et chez les animaux; Lignières l'a désigné sous le nom de Discomyces Spitzi, nom qui doit encore tomber en synonymie. Enfin, J. H. Wright est arrivé à isoler le rats En L EE M LES MYCÉTOMES o11 parasite de Wolf et [Israel dans 13 cas d’actinomycose humaine et dans 2 cas d'actinomycose animale. Ce parasite pousse plus vigou- reusement en anaérobie et est toujours inoculable aux animaux, | . chez lesquels il reproduit les lésions typiques de l'actinomy- cose. Dragnosric. — Le diagnostic de l'actinomycose est à faire avec la syphilis tertiaire, telle qu'on la rencontre souvent dans les pays exotiques, où les indigènes ne savent pas se soigner (pl. XIII, fig. 3); on peut confondre également cette maladie avec la tuberculose osseuse et enfin avec divers mycétomes. L'aspect macrosco- pique et microscopique des grains permet de lever tous les doutes. Pronosric. — Le pronostic est plutôt grave; cependant le traite- ment médical à l’iodure de potassium, associé au traitement chi- rurgical a donné des guérisons définitives. Fait intéressant, l'iodure de potassium n'a aucune action sur les cultures du para- site, ce médicament agit donc probablement dans l'organisme en stimulant les phagocytes. PROPHYLAXIE. — Isoler ou traiter autant que possible les gens et les animaux malades qui peuvent répandre leurs parasites sur le sol où ceux-ci peuvent trouver les conditions de végétabilité qui leur conviennent. Mycétome blanc à Discomyces Madurae (Vincent, 1894), DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. — Autant qu'il peut en résulter des études faites au point de vue anatomo-pathologique et cultural, ce mycétome est la forme la plus commune et la plus répandue dans le monde entier. Néanmoins nous devons faire au sujet de son identifi- cation les plus grandesréserves. Beaucoupd'auteurs,ayanteuaffaire à un mycétome à grains blanes, ont considéré leur cas comme iden- tique à ceux étudiés par Vincent; d'autres ont cultivé un Discomyces qu'ils ont cru pouvoir identifier avec le Discomyces Madurae. L'étude des associations microbiennes, que nous avons rencontrées dans plusieurs cas de mycétome, nous faitexprimer quelques doutes au sujet de la valeur des cultures obtenues par certains auteurs. La description typique du grain, tel qu'il se présente dansles tis- sus, offre desgaranties infiniment plusconsidérables que lescultures 912 E. BRUMPT que l'on peut obtenir. Il n'existe pas de meilleur milieu de culture que l'Homme ; quelles que soient les races auxquellesil appartienne, on retrouvetoujoursle même aspect du parasiteetles mêmes lésions. Nous avons constaté les mêmes grains, les mêmes réactions et les mêmes caractères morphologiques du parasite dans des infections à Discomyces Madurae provenant d'Arabes, d'Indou, de Somalis, de Gallaset de Sénégalais. Les caractères morphologiques dansle milieu humain ont bien une valeur égale aux caractères présentés par une culture dans une gélose plus ou moins acide et surtout dont la provenance et la composition peuvent encore être assez variables. Le Discomyces Madurae existe en Algérie (Gémy et Vincent, Le- grain); dans l’île de Chypre ( Williamson); en Afrique: à Djibouti (Boufiard), en Abyssinie (Brumpt),peut-être au Sénégal (1) (Brumpt); dans l'Inde, il est très commun (Boyce et Surveyor, Cornwalls, Brumpt); en Amérique : République Argentine (Sommer y Greco), à Cuba (Desvernine et Albertini). Il est d’ailleurs bien probable que beaucoup de mycétomes à gros grains blancs sont produits par ce même parasite, mais des descriptions suffisantes nous manquent. Legrain, de Bougie, a eu l’amabilité de nous dire que, dans l'arrondissement de Bougie, en Algérie, il avait eu l'occasion de voir plusieurs cas de mycétome à grains blancs, siégeant au pied; il en a même observé un à la main chez une femme kabyle de la commune de La Fayette. Dans certains cas, le Discomyces Madurae a été cherché et trouvé. ASPECT CLINIQUE. — On trouvera dans Vincent (87) une excellente description de l'aspect clinique du mycétome qui fait l'objet de ce chapitre. La tumeur qu'il étudie datait de 13 ans environ; le pied était volumineux et parsemé de bulles et de nodosités, les unes très dures et douloureuses, les autres ramollies et limitées par un sillon très net. Les tumeurs ouvertes laissaientsourdre du pus, dans lequel se trouvaient les grains caractéristiques. Malgré le volume du pied, il n’y avait pas de réaction inflammatoire des ganglions lympha- tiques de l'aine. À Au point de vue de son aspect, ce pied ressemblait un peu à celui que nous représentons (pl. XII, fig. 6), mais à un degré moins accentué. (1) L'exemplaire du Musée Dupuytren, où nous avons décelé le Piscomyces Ma- dure, semble provenir de ce pays. ) i N 06 me hot ed tt Pre. DONNE T ITS OT EU PORT UT Loin HOT de Dore Mod Fri nc bat alt de ns L'on End Er re Le ail ds PET ET RSR UE in) 10 = ti nn M 61 NP OS PNEUS PET RS Ze FE Lars FN a Bu DR DU 25 n EEE PE TOO A VOTRE A A Or Ou JOE TN SLT LES MYCÉTOMES 513 . La présence des tumeurs superficielles que signale Vincent in- dique probablement que le cas est très ancien, mais ce caractère se trouve rarement signalé par les auteurs. Généralement, après l'apparition d'une petite tumeur en un point quelconque du pied, indiquant le début de la maladie, le pied grossit progressivement, s'hypertrophie et présente à sa surface de petits cratères, non surélevés, saignant facilement et par lesquels sont éliminés les grains blancs volumineux et caractéristiques. Les figures 4 et 5 des planches XII et XIIT montrent l'aspect le plus habituel des mycé- tomes à Discomyces Madurae. ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Tous les tissus du pied peuvent être envahis par le Discomyces Madurae, néanmoins le tissu osseux est généralement respecté, ce qui présente au point de vue clinique un intérêt considérable; en effet, l'examen radiographique ne . montre d'altération que dans des points localisés en contact avec des grains parasitaires. Le pied (pl. XII, fig. 4 et 5), qui est au Mu- sée Dupuytren et que nous avons pu examiner grâce à l'obligeance du Dr Legry et dans lequel nous avons décelé le Discomyces Madurae, est envahi de tous côtés par des grains volumineux; cependant l'examen radiographique, que nous devons à M. Carvalho, nous a démontré l'absence complète de lésions osseuses, différence con- sidérable avec l’actinomycose ou avec d'autres mycétomes qui semblent avoir une affinité toute spéciale pour les os. A la coupe, les tissus du pied se montrent le siège d’un œdème chronique et sont parcourus de nombreux faisceaux de sclérose. Entre ces faisceaux on rencontre des loges isolées, qui sont de volumineux tubercules, occupées chacune par un grain plus ou moins gros. Ces grains, de couleur blanc jaunâtre, ont un volume variant de celui d’une tête d'épingle à celui d'un Pois, la surface en est müriforme; ils sont caséeux et s'écrasent facilement entre les doigts. | Nous avons pu faire personnellement l'examen histologique de grains isolés, où en place dans les tissus, de cinq cas différents de cette mycose. Les photographies jointes à ce travail ont toutes été faites d’après les coupes que nous avons pratiqués dans des pièces qui proviennent des cas étudiés par Vincent et publiés par lui, ces documents ont donc une importance toute particulière. Il ne nous a pas été donné de rencontrer dans les tissus le début 514 | E. BRUMPT du grain initial; le plus petit grain que nous ayons rencontré isolé avait déjà Omm 5 de diamètre, en sorte que nous ne saurions dire s’il débute ou non, comme dans l'actinomycose, avec une auréole de cellules épithélioïdes et géantes. Mais si nous n'avons pas pu voir le début de cette affection, il nous a été facile de voir comment le grain initial se transforme en grain volumineux. Son mode de croissance est absolument typique et ne se rencontre que dans cette mycose, qu'il permet de déterminer à coup sûr par le simple examen histologique. L'aspect du jeune grain est facile à voir à droite, sur l’une de nos photographies (pl. XVIIL, fig. 1). Les filaments dichotomiques du Discomyces forment une feutrage très dense qui secolore intensément par l’hématéine et, dans certains cas, par le Gram, qu'ils prennent d’ailleurs d’une façon tout à fait inconstante. Le jeune grain primitif diffère un peu du jeune grain secondaire que nous voyons sur la photographie, il envoie sur toute sa périphérie des filaments qui ont une direction nettement rayonnante; entre ces filaments radiés, se trouvent un certain nombre de lymphocytes à protoplasme plus ou moins abondant, qui sont également disposés en séries radiales. Entre ces séries de lymphocytes, se trouve une substance amorphe, probablement protoplasmique, et que nous considérons, par analo- gie avec ce que nous avons vu dans l’actinomycose, comme les restes du protoplasme des cellules épithélioïdes, des macrophages ou des lymphocytes, dont le mycélium doit se nourrir, après les avoir fait dégénérer comme cela se rencontre dans le Discomyces bovis. Cette couronne de rayons amorphes qui entoure le grain a été signalée par Vincent et est tout à fait caractéristique, on ne la re- trouve avec cette netteté dans aucune autre espèce de mycétome; elle se voit non seulement sur les coupes, mais encore par simple compression du grain entre lame et lamelle. Autour de cette zone radiée, on rencontre un nombre plus ou moins considérable de leucocytes polynucléaires, quelquefois dégénérés, et faciles à recon- naître (pl. XVIIL, fig. 1). Le grain jeune ne grossit pas indéfiniment; dès qu'il a acquis un diamètre d'environ un millimètre ou un millimètre et demi, il émet des petits bourgeons qui s'isolent du grain initial et grossissenten reproduisant la même structure rayonnante que le grain dont ils LES MYCÉTOMES 19 dérivent; ils ne s'entourent pas, comme dans l’actinomycose, de cellules épithélioïdes ou géantes et restent dans la zone radiée. D'autres grains se forment également, et, après un certain temps, on observe la structure typique que nous avons réprésentée (pl. XV, Had} | En grandissant, le feutrage mycélien initial s’est étalé en cercle, comme le font également les cultures : le centre est mort et a été résorbé, la périphérie seule est bien vivante et envahissante. Les cercles, en se touchant, se soudent; la partie libre convexe reste vi- vante, la partie soudée entre plus ou moins vite en dégénérescence, de sorte qu à la coupe on peut voir le nombre de grains qui se sont réunis pour former le volumineux grain définitif. Celui-ci continue d'ailleurstoujours à s'accroître par temême procédé, ce qui explique son aspect müriforme. Ce mode de végétation se trouve à l'état d'ébauche dans les jeunes grains d'actinomycose, qui se soudent quelquefois les uns aux autres, mais en donnant aux grains définitifs cet aspect serpigi- neux que nous lui connaissons. Un pareil phénomène se rencontre aussi dans le mycétome à Indiella somaliensis (pl. XIX, fig. 3), mais, dans ce cas, nous avons une coalescence de jeunes tubercules ayant encore leurs cellules géantes ou de grains relativement jeunes; les grains qui se soudent se sont développés ici simultané- ment et ne dérivent pas d'un grain initial, comme dans le mycétome de Vincent. La genèse et l'aspect sont d’ailleurs très difiérents. e Même dans les grains volumineux, comme celui que nous avons représenté (pl. XV, fig. 1), la structure de la zone radiée péri- ; phérique se retrouve dans les points où la culture est jeune et …—. progresse bien; mais ici on ne retrouve plus, comme dans -le jeune grain initial, une infiltration de lymphocytes; ce sont des polynuéléaires qui entourent le parasite, et le pénètrent même un peu par places. On trouve quelquefois au milieu du grain quelques polynucléaires. Le grain est isolé au milieu d'une cavité provenant du ramollis- |” sement du tubereule primitif; les cellules libres dans cette cavité sont des polynucléaires, il n'y a jamais de Bactéries. Le reste du nodule est formé de tissu inflammatoire banal. On y rencontre, comme dans tous les autres mycétomes, du tissu Avr = 516 E. BRUMPT conjonctif à larges mailles, dont les cellules desquamées pré- sentent toutes l'aspect de lymphocytes; les macrophages sont très rares, les cellules géantes se rencontrent encore plus rarement. Tout ce tissu est infiltré, surtout dans les vieux nodules, d’un nombre plus ou moins grand de polynucléaires; enfin on y ren- contre d’une façon normale de nombreux capillaires néoformés. Le follicule est limité par une coque fibreuse assez peu résistante, autour de laquelle les tissus montrent les traces d’une inflamma- tion chronique. Les artères et les veines présentent souvent un cer- tain degré d'inflammation, quelques artérioles sont presque obli- térées. On trouve des îlots de lymphocytes disséminés un peu partout jusque dans le tissu adipeux, qui d’ailleurs a disparu en grande partie. Cuüuzrure. — Vincent a réussi, le premier, à cultiver le parasite de ce mycétome; il a obtenu un Discomyces typique, aérobie. Sur les vieilles cultures sur pomme de terre, le parasite devient rouge. Ce même Discomyces a été retrouvé par les auteurs qui se sont oc- cupés de cette espèce de mycose. On trouvera dans le travail de Vincent (87) un exposé très complet des caractères culturaux de ce Champignon qui n’est pas pathogène pour lesanimaux. Tout récemment, J. H. Wright (90) a émis l'opinion que le Dis- comyces étudié par Vincent était peut-être simplement une impureté et que le cas de mycétome de Vincent était probablement de l'ac- tinomycose. Nous pensons qu'après avoir vu les photographies jointes à cet ouvrage le savant américain changera sa manière de Voir. ÉTIOLOGIE. — À l’origine de cette mycose, le malade se souvient généralement avoir été piqué ou avoir eu un traumatisme quel conque ; c'était le cas pour le malade que nous avons observé en Abyssinie (20). Cet individu avait eu, sept ans auparavant, UND phlegmon du gros orteil du pied gauche. Généralement les indigènes ne peuvent pas dire exactement à quel moment ils se sont inoculé le parasite, car les traumatismes des pieds, chez des gens ayant les téguments endurcis, passent souvent inaperçus. Chez les nègres qui marchent pieds nus, nous avons pu observer que la couche dermique de la plante des pieds est remplie de corps étrangers, dont quelques-uns, comme des bouts d’épines de Mimosas, sont faciles à identifier. Parmi ces LES MYCÉTOMES 517 . multiples corps étrangers, qui élisent domicile à peu près jour- nellement sous les téguments, quel est celui qui a véhiculé le Dis- comyces ? : DraGnosric. — Le diagnostic est à faire, ici encore, avec la tuber- Sons LÉ ANCT » Gide Pie NE Caen à À É culose, la syphilis (PI. XII, fig. 3) et avec les autres mycétomes. LE L'aspect clinique ne donne que peu de renseignements, mais le | — grain est ici suffisamment typique pour éviter toute confusion, il L* est blanc-jaunâtre et volumineux, gros comme un petit pois et — müriforme. On peut le confondre avec celui du mycétome à Asper- ES gillus nidulans, qui présente les mêmes dimensions, mais ce dernier HA - est lisse à sa surface; d'autre part, en écrasant le grain, et en le re- à gardant au microscope, on verra, dans le Discomyces Madurae, la e couronne radiée périphérique et des filaments dont le diamètre . n'excède pas 1 y; on ne pourra les confondre avec les volumineux filaments cloisonnés de l’Aspergillus nidulans. Les grains de tous les - autres mycétomes blancs sont beaucoup plus petits; le diagnostic, si l'on ne possédait que de jeunes grains, se ferait par l'examen microscopique qui établirait rapidement l'espèce mycosique en cause. ; … Pronosric. — Le mycétome à Discomyces Madurae a une marche 1h 1 lente; il n'agit pas directement sur la santé, mais il rend le ma- | — lade impotent, il le réduit souvent à la misère et à la cachexie. —…. Cette maladie est incurable par les traitements médicaux. L'opéra- … tion s'impose. | PROPHYLAXIE. — Éviter les traumatismes, faire porter des chaus- sures etengager les indigènes à se servir d'instruments aratoires, au lieu de travailler quelquefois le sol avec leurs mains. a HR D ur Pre PE re en Mycétome blanc à Aspergillus (Sterigmatocystis) nidulans (Eidam, 1883). DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. — Le seul et unique cas de ce mycé- tome vient d'être découvert, en Tunisie, par Ch. Nicolle et — Brunswic-Le Bihan. Il est d'ailleurs bien probable, étant donnée la … vaste distribution géographique de l’Aspergillus nidulans, que …— d’autres cas seront signalés, si l’on se donne la peine de faire un | examen microscopique de tous le mycétomes blancs à gros grains. ASPECT CLINIQUE. — Les photographies jointes au mémoire de T5 7128 à FE ue 518 E. BRUMPT MM. Ch Nicolle et Pinoy (65) montrent bien l'aspect de ce mycé- tome. Nous citons ci-dessous l'observation telle qu'elle est pré- sentée par ces deux auteurs : « Salma bent Ali ben Mohamed Trabelsi, 40 ans environ, nomade, entrée à l'Hôpital Sadiki le 6 mai 1905 (service du D: Brunswic-Le Bihan). « Antécédents héréditaires et personnels sans intérêt. La malade a eu antérieurement la rougeole et des accès paludiques ; elle au- rait échappé à la syphilis, si fréquente chez les indigènes tunisiens, et n'en présente aucun stigmate; quatre enfants; mari bien por- tant. «L'histoire clinique de la malade date de la moisson d'Orge de l'année dernière (1904). Cette femme appartient à une tribu n0o- made, elle court la campagne pieds nus. En faisant la récolte, à là faucille, elle s’est blessée légèrement au niveau de la plante du | pied droit. « Elle ne peut préciser exactement quel fut l'objet vulnérant : pierre, tige de chaume, piquant de Chardon ou autre; elle n'aurait % d’ailleurs attaché aucune importance à ce minine accident, Si, un mois après, n'était apparue à la plante du pied, au siège même de la blessure, une petite tumeur, du volume d’un Haricot, qui s'ouvrit laissant échapper un mélange de pus et de sang. A partir de ce mo- ment, son pied augmente de volume et se déforme, sans que la ma= lade éprouve de grandes douleurs, car elle continue à marcher. Puis peu à peu, paraissent d’autres tumeurs semblables à la première, qui s’ulcèrent et laissent échapper avec une sérosité louche des grains blanc sale ou légèrement teintés. Le pied continuant à s'hy- œ pertrophier, la marche devient difficile. Un médecin indigène ap- à pelé prescrit une pommade spéciale et trace vainement des tatoua- ges sur le pied ; enfin la malade vient se faire hospitaliser à Tunis. (A l'examen, on constate un état général médiocre; la malade est très amaigrie, mais les organes internes paraissent sains ; pas de fièvre, urines normales. « Le pied présente un aspect caractéristique, dont les photogra: phies ci jointes (pl. XI, fig. 5; pl. XIII, fig. 2) donnent une idée très exacte. L'avant-pied, à l'exception des orteils, est considéra- blement hypertrophié. La plante est déformée, convexe, elle cons- titue une masse globuleuse qui se continue sans saillie osseuse ri LES MYCÉTOMES 519 avec les bords et la face dorsale également déformés et épaissis. Cette hypertrophie de l'avant-pied forme un constraste frappant avec la jambe très amaigrie et les orteils restés normaux. « La peau au niveau des parties malades est d'une couleur rouge sombre qui s'étend en arrière hors des limites de la tumeur. Elle est irrégulièrement parsemée de nombreux orifices et de saillies non ulcérées, particulièrement abondantes sur la plante et sur le bord externe. Par ces orifices sort un liquide louche, parfois épais et strié de sang, tenant en suspension des grains dont l'aspect, à la couleur près, rappelle celui du caviar. Ces grains sont de volume variable, les uns presque microscopiques, les autres pouvant attein- dre les dimensions d'un gros Pois; leur forme est arrondie ou po- lyédrique ; certains amas plus gros sont en réalité formés par la réunion de grains de petit volume. Leur couleur est variable, les plus nombreux sont de teinte blanc sale ou blanc jaunâtre; mais on en voit de plus teintés, brunâtres et même franchement bruns. Il semble que les grains soient d'autant moins foncés qu'ils sont plus jeunes ; les grains les plus colorés nagent généralement dans une sérosité plus teintée. À la pression, tous ces grains s'écrasent facilement. Si l'on vient à inciser une des saïllies non ulcérées qui se rencontrent entre les orifices, on crée un orifice nouveau duquel sortent, comme des cratères ouverts spontanément, des grains et de la sérosité. ( La palpation du pied donne une sensation élastique. Aucune fluctuation, aucune renitence. Le stylet, introduit dans un cratère, pénètre souvent à une grande profondeur, sans causer ni douleur, ni hémorragies. Il est ainsi facile de se rendre compte que ces orifices sont l'ouverture de trajets très longs et souvent anastomo- sés, lesquels parcourent le pied dans tous les sens. Un cratère situé à la face dorsale entre le 1er et le 2me orteil laisse passer entiè- rement le stylet dont la pointe vient ressortir à 6 centimètres au- dessous du 5e orteil sur la face plantaire. «Pas de douleurs spontanées; peu de réaction inflammatoire autour de la région envahie. Les ganglions inguinaux sont hyper- trophiés. « Le diagnostic de pied de Madura s'impose. Un examen micros- copique, puis des cultures, sont pratiqués à l'Institut Pasteur; ils montrent la présence dans les lésions, à l'état de pureté, d'un Cham- 520 E. BRUMPT pignon ramifié et cloisonné absolument différent par conséquent du Discomyces Madurae. « Un traitement par l'iodure de potassium à doses élevées est institué ; il ne donne aucun résultat. Des orifices nouveaux se for- ment, donnant issue à du pus et à des grains, tandis que quelques cratères plus anciens manifestent une légère tendance à se com- bler ; la même évolution s'observait avant le traitement. « L'amputation est jugée nécessaire; la malade la refuse d’abord puis finit par s’y résigner. Le tarse postérieur semblant intact, on aurait pu songer à une désarticulation tibio tarsienne ostéoplastique du genre Pasquier-Lefort laquelle aurait permis à l'opérée de mar- cher sur la peau du talon. Malheureusement les téguments sont suspects. D'autre part, chez une femme qui ne se soucie pas d’une jambe artificielle, l'amputation sus malléolaire n'offre aucun inté- rêt. On décide l’amputation au lieu d'élection. Cette amputation est pratiquée le 25 mai par la méthode circulaire, l'extrême mai- greur ne permettant pas un lambeau externe. L'opération permet de se rendre compte de la raréfaction du tissu osseux des deux os de la jambe par le peu de résistance qu'ils offrent à la scie. « Guérison sans incident par première intention. La malade sort le 1er juillet avec un pilon. » ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Après l'opération, le pied a été coupé entre le second et le troisième orteil jusqu’au talon. La zone malade est creusée irrégulièrement et dans toute son étendue de cavités nombreuses, les unes isolées, les autres confluentes, qui communi- quent quelquefois avec l'extérieur par des fistules anastomosées. Ces cavités, de volume variable suivant leur âge, peuvent être microscopiques ou atteindre le volume d'une amande. Leur con- tenu est constitué par des grains isolés ou agglomérés, baignant dans une sérosité louche, purulente ou sanguinolente, généralement peu abondante, tout au moins dans les cavités encore isolées. Les tissus qui entourent ces cavités sont sclérosés et le pied est le siège d'un œdème dur chronique. Le tissu adipeux de la plante du pied a, en grande partie, disparu. Les os sont attaqués, leur subs- tance est raréfiée et ils sont creusés en certains points de cavités identiques à celles des parties molles. Les articulations métatarso- phalangiennes ont été entièrement détruites. Les grains trouvés dans ce mycétome sont caractéristiques, leur s D SR 0 ES ES nd por sad nn Par L ps ri Ne 2e ci Fr RTE EPL ES NERO EE D EL On NE PUS ER TR ti Er veu . re 4 F a LES MYCÉTOMES D2 volume peut atteindre celui d'un pois, leur surface plus ou moins sphérique est lisse ; ce caractère les éloigne des grains muriformes - du mycétome de Vincent. Ces grains sont constitués par un feutrage de filaments mycéliens. Le passage suivant, extrait du travail de Nicolle et Pinoy, nous indique leurs caractères généraux : « Les tubes mycéliens sont constitués par une membrane d’enve- loppe rétringente et un contenu finement granuleux. Ce contenu manque dans les tubes un peu vieux qui paraissent d'ailleurs — constituer la presque totalité de certains grains. «À ce point de vue, il semble qu'on puisse un peu schéma- tiquement diviser les grains en trois classes. Dans la première, où se rangent les grains les plus petits et les plus pâles, par conséquent les plus jeunes , la presque totalité des filaments mycéliens offre un contenu granuleux très net. Dans la seconde, ce même aspect se rencontre sur les tubes disposés à la péri- phérie du grain, tandis qu’au centre les filaments mycéliens se présentent sous l'aspect de tubes hyalins et vides. Enfin la troi- sième catégorie, qui semble correspondre aux grains les plus an- ciens, ne montre que des tubes offrant ce dernier aspect. (« Quel que soit leur âge, les filaments mycéliens conservent tou- jours une forme régulière, cylindrique ou légèrement moniliforme, … et une disposition en feutrage; nous n'avons jamais rencontré sur 1 nos préparations des figures dégénérées ou morcelées qui puissent être interprétées comme un stade de désintégration du Champi- onon. En somme, il semble que, dans toutes les lésions, le parasite conserve une vitalité au moins relative et que l'organisme ne s'en débarrasse qu'en l'éliminant au dehors. Si nous avons remarqué parfois, et cela surtout dans les grains à teinte plus foncée, une . coloration brune de la membrane du Champignon, nulle part nous n'avons observé la formation de dépôts pigmentaires entre les fila- ments mycéliens. » M. Charles Nicolle a été assez aimable pour m'envoyer trois grains volumineux, afin d'en faire une étude comparative avec ceux que je possédais des autres espèces de mycétome. Nous avons étu- dié les grains par dissociation, après action de l’eau de Javel, et sur coupes. La figure 2, ci-jointe, montre quelques-uns des aspects présentés par le mycélium de l'Aspergillus nidulans. Les filaments !, 2, 2’ et 2’ Archives de Parasitologie, X, n° 4, 1906. 54 E. BRUMPT [RO dt DEA sont pris dans le milieu du grain; les filaments 3, 4, 4’; 4" et 5, qui présentent un aspect moniliforme ou qui portent des chlamydos- pores terminales ou intercalaires, proviennent de la périphérie du grain. En 5, on pourra observer une chlamydospore cloisonnée. Les filaments jeunes (1) ont un diamètre minimum de 1 y, le dia- mètre moyen des filaments centraux est de 3 ». Les filaments péri- phériques peuvent atteindre 5 à 6 & et les chlamydospores jusqu'à 10 ». Dans les filaments grêles (1), les cloisons sont éloignées les unes des autres; dans les filaments normaux du centre les cloi- sons, légèrement bombées, sont distantes de 20 à 30 en moyenne. Sur les coupes (pl. XVIIL, fig. 4; pl. XX, fig. 4), on peut voir que le grain est formé d’un feutrage partant d’un point central; ces fila- ments se dirigent, aussi directement que possible, vers la périphé- rie. On aperçoit des zones concentriques, identiques à celles quise produisent dans les cultures. Il est facile de se rendre compte, sur les coupes, que les filaments mycéliens sont très longs ; dans cer- tains cas on peut les suivre sur un trajet de 2 ou 3 millimètres, et il est probable que s'ils n'étaient pas coupés brusquement à un niveau quelconque,on pourrait les suivre depuis le centre jusqu'à la péri- phérie, dans certains cas tout au moins. Entre ces filaments, existe une substance granuleuse provenant vraisemblablement de la des- truction des tissus ambiants. Dans le gros grain que nous avons étudié, il existait au centre une production assez curieuse, que nous considérons comme l’'homologue du périthèce qui se forme dans les cultures. On voit nettement, au centre des coupes, un cercle noir qui repré- sente la section d’une masse sphérique ayant un diamètre de 120 y. Cette masse est limitée à la périphérie par des filaments épais moniliformes (fig. 2, 6), se continuant vers le centre avec des fila- ments plus ou moins dégénérés et à la périphérie avec les fila- ments du grain, dont ils ne représentent qu'un simple épaississe ment. Le paroi du mycélium est épaisse, elle s’imprègne de pig- ment brun et celui-ci semble même cimenter les divers filaments entre eux. À l'intérieur de ces filaments hypertrophiés, que nous considérons comme des chlamydospores internes typiques, on reu- contre des masses protoplasmiques sphériques de 4 à 5 » de dia- mètre et de couleur brun foncé (p). Il est très facile de voir sur la coupe le vide qui existe au milieu RITES Re CT RS PR PC SUR, RTS Æ 4 LES MYCÉTOMES 523 Ë ._ decette sphère pigmentée; ce videest produit par la résorption des — filaments qui devaient s'y trouver au début et qui sont dégénérés. a … Fig. 2. — Filaments mycéliens de l’Aspergillus nidulans trouvés dans les grains. 4, filament jeune ; 2, 2’, 2” filaments plus âgés constituant presque en totalité le feutrage des grains volumineux; 3, filaments moniliformes de la périphé- rie; 4, 4’, 4°, divers types de chlamydospores périphériques ; 5, une chlamy- dospore cloisonnée ; 6, un point du cercle noir central du grain (cf. pl. XX, fig. 4) montrant les chlamydospores intercalaires avec leur contenu (p) con- densé et pigmenté. x 1000. —_ Ch. Nicolle et Pinoy ont fait dans les grains de ce mycétome une découverte capitale qui, comme je l’ai signalé plus haut, a révolutionné les conceptions que nous nous faisions des my- 52/ E. BRUMPT coses profondes, que les auteurs considéraient comme dépourvues de fructifications. Or, en répétant leurs examens ils sont parvenus à mettre en évidence, sur certaines préparations, l'existence de spores. Ces spores se présentent sous forme de petits corps sphéri- ques ou ovoides, de 2 & à 2u 5 de diamètre et de couleur jaune verdâtre; elles sont isolées ou disposées en chapelets ; ceux-ci sont constitués généralement par un petit nombre de spores; mais un examen prolongé de la préparation suffit à démontrer que les spores que l’on rencontre au voisinage, isolées au groupées par deux ou trois à la file, proviennent de la dissociation des chapelets. (Il nous à été possible, disent les auteurs, en quelques points très rares, de retrouver l'image du mode de disposition des spores sur l'extrémité libre d'un filament mycélien. Cette image est la sui- vante: le filament se renîfle pour former une sorte de réceptacle et sur ce réceptacle des files de spores viennent se disposer sous forme de chapelets peu nombreux et assez courts. -« Peut-être existe-t-il une pièce intermédiaire entre la première spore et le réceptacle. Quoi qu'il en soit, ce sont là des formes de fructification anormales, dues aux conditions spéciales dans les- quelles se développe le Champignon parasite. « L'analogie avec les formes de fructification conidienne d’un. Aspergillus est indiscutable et des fructifications anomales du même ordre ont été décrites par de Bary. » CULTURE. — Ch. Nicolle, en partant des grains trouvés au centre des tumeurs, a pu obtenir d'emblée une culture pure du para- site. En suivant les cultures en goutte pendante, il est facile de voir que la culture procède des tubes mycéliens préexistants dans le grain. Les caractères présentés par les cultures en divers milieux sont exposés très complètement dans le travail de Ch. Nicolle et Pinoy j y renvoie le lecteur. Pinoy, se basant sur les caractères botaniques et sur les réac- tions expérimentales chez les animaux, donne du Champignon de ce mycétome la diagnose suivante : « Sterigmatocystis nidulans Eidam, 1883, var. Nicollei Pinoy, 1906. Mycélium jeune incolore; conidiophores dressés, simples, continus ou coupés de rares cloisons, glaucescents, parfois brunâtres, d'une longueur de OmmS, de 4» de large, se prolongeant en une tête conique de,12 sur LES MYCÉTOMES 5925 10z, hérissée de basides cylindriques de 8 z sur 3», portant 2, rarement stérigmates de 4 z sur 2 5, produisant chacun une chainette de conidies globuleuses, lisses ou finement ponctuées, verdâtres, de 2 » à 3. Chlamy- dospores terminales sphériques de 8 à 16 , brunäâtres. Sclérotes noir brun de 50 à 300, plongés dans un nid d'hyphes renflées. Température optima de développement 36°-38°. Ne se développe pas ou croit mal sur li- quide de Raulin, sur liquide de Cohn ; n’est pas pathogène pour le Lapin. » Chez le Rat, cependant, il y a un début d'infestation. Par l'in- sertion sous la peau de la patte de fragments de Roseau souillés de spores Nicolle et Pinoy ont réussi à produire quelques granula- tions grosses comme des grains de Millet. Ces granulations obser- _vées au bout de trois semaines renfermaient des filaments mycé- liens de 3 à 4 v de large qu'entouraient de nombreux leucocytes mononucléaires. Ces filaments étaient, pour la plupart, vides; seules quelques ramifications contenaient encore du protoplasme vivant. Si l’on sacrifie les animaux plus tard, on constate que les granulations au lieu de grossir se sont résorbées. Conczusrons. — Nous avons tenu à exposer tout d'abord ce cas inté- ressant, car c’est la première étude complète d'un mycétome produit parune Moisissure à thallecloisonné. Cette étude va servir de base à la discussion que nous ferons au sujet des divers mycétomes pro- duits également par des Champignons cloisonnés, dont l'étude va être entreprise dans les chapitres suivants. Mycétome noir de Bouffard à Aspergillus Bouffardi, n. sp. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. — Le seul et unique cas de ce mycétome a été découvert à Djibouti par Bouffard (12); un cas présentant quelque analogie au point de vue macroscopique avec celui qui fait l’objet de ce présent chapitre, semble avoir été vu par Lewis (60, p. 322, spécimen II et fig. 11, p. 367), mais il est impossible de se prononcer à cet égard. : à ASPECT CLINIQUE. — Nous reproduisons dans les lignes qui suivent l'observation du malade, telle qu'elle a été publiée par Bouffard ; elle mérite, par l'intérêt qu'elle présente, l'extension que nous lui donnons. OBSERVATION CLINIQUE. — « Le 13 janvier 1903, entre à l'hôpital un Dan- kali âgé de 20 ans, originaire des environs d'Obock : il est porteur d'une 526 E. BRUMPT tumeur du pied gauche; le début de l'affection remonte à quatre ans; cet indigène, fils de chef, a beaucoup voyagé dans le désert; il n’a aucune idée sur la cause de sa maladie et quand nous attirons son attention sur les blessures possibles par les épines de Mimosa qui jonchent le sol du désert, il ne se rappelle pas avoir été sérieusement blessé. L'état général est excellent : il n’a jamais de fièvre, il n’a point maigri; son pied seul, dit-il, est malade. La marche est devenue difficile la deuxième année etsi elle est encore possible, elle ne peut se faire qu’à l’aide d'un bâton; le point d'appui sur le pied malade est le talon. « La tumeur siège à la partie antérieure du pied qui, globuleux à ce niveau, est normal dans son tiers postérieur. A la face dorsale, au niveau de la tête du troisième métatarsien, se voit une tumeur très dure, grosse comme un œuf de Poule: à sa surface, la peau est saine et nullement amincie. Sur les faces plantaire et dorsale, dans l'épaisseur de la peau, on observe une quinzaine de petites tumeurs dures, ovoides, grosses comme des petits pois : à leur niveau, la peau est très tendue, amincie, et elle se déchire par la légère pression du stylet; chaque tumeur contient un ou deux grains noirs. «Les grains extirpés, nous explorons ces différents cratères, pensant que nous nous trouvons à l’orifice de trajets fistuleux qui vont conduire notre stylet jusqu'au centre de la tumeur. Il n’en est rien; notre instrument est constamment arrêté par une paroi fibreuse très résistante; il n'existe aucune trace de trajets fistuleux ; ces petites tumeurs périphériques sont indépendantes les unes des autres et l’incision exploratrice seule pourra nous renseigner sur la nature de l'affection. L'état globuleux du pied, dont la circonférence mesure au tiers antérieur 8 cent. 5 de plus que celle du pied sain, indique évidemment que la maladie ne se limite point aux quelques grains enkystés dans l'épaisseur du derme. Nous prenons done nos dispositions pour que l’incision exploratrice se transforme selon les besoins en une intervention plus importante. Notre malade est chloro- formé le 20 janvier; c'est à la plante du pied que nous opérons. Incision cruciale de 8 centimètres sur cette tumeur dure de consistance pierreuse. La peau est naturellement très épaisse; dans toute l'étendue de la tumeur, elle est adhérente aux couches profondes. « Après incision du derme, le bistouri pénètre en criant dans un lissu fibreux parsemé de nombreuses petites loges contenant chacune un grain noir. Aucune trace de tissu cellulaire et de tissu adipeux qui ont été transformés en tissu fibreux. « Pas une goutte de pus. Nous procédons à l’extirpation du parasite par un curettage total de la plante du pied, qui exige quatre heures d'un travail très minutieux. Nous ne nous arrêtons qu'au muscle interosseux. « La peau, le tissu cellulaire sous-cutané, le tissu adipeux ont été seuls envahis par le Champignon; les muscles, les tendons, les vaisseaux, les os sont sains. Ce caractère clinique a une grande importance; les diverses observations du mycétome à grains noirs mentionnent toutes une désor- LES MYCÉTOMES D ganisation complète de la région atteinte, une destruction musculaire, une ostéite raréfiante. Ici rien de semblable, mais tout simplement une transformation du tissu graisseux en tissu fibreux ; le parasite semble être impuissant par lui-méme à franchir les aponévroses musculaires et tendineuses, le périoste; ilest fort possible qu'il ne puisse le faire qu’aidé par une bactérie pyogène. Dans cette observation on se rend compte que le Champignon a suivi la voie facile du tissu adipeux pour envahir le pied dans toute son épaisseur. «Nous fermons le champ opératoire par des points de suture, en laissant cependant la place suffisante pour un drainage à la gaze. Pansement com- pressif. Suites excellentes, sans fièvre et sans suppuration; pas d’élimina- tion de grains noirs; un mois après l'intervention, la plaie est totalement cicatrisée ; la peau est souple et on ne trouve au palper aucune induration pouvant faire craindre la reproduction du Champignon. « En présence d'une tumeur à évolution aussi lente, il n'était point néces- saire de débarrasser rapidement notre malade de son peu encombrant pa- rasite. Aussi n'est-ce qu'un mois après la première opération que nous intervenons une seconde fois. Le 22 février, incision cruciale au niveau de la tumeur ligneuse siégeant sur la face dorsale à la hauteur de la tête du troisième métatarsien ; nous trouvons cette tumeur grosse comme un œuf de Poule constituée exclusivement par du tissu fibreux farci de grains noirs enkystés, chacun dans sa loge et sans aucune communication fistu- leuse entre eux. La couleur du grain facilite beaucoup l’extirpation totale de cette tumeur et le nettoyage complet de la région également envahie par le parasite : les métatarsiens sont sains ; les muscles, tendons et gaines vasculaires ont été épargnés par le Champignon. L'intervention n'est en somme qu'une fine dissection; nous ne pümes, en une seule séance, terminer le curetage complet de la face dorsale et après trois heures de chloroforme, sans suturer, nous pansons la plaie opératoire à la gaze iodoformée et trois jours après nous intervenons une troisième fois, enlevant à la partie antéro-interne du pied de nombreux grains noirs toujours enkystés dans du tissu fibreux. Les suites opératoires furent excellentes ; exsudation séreuse; pas d'élimination de grains noirs ; la cicatrisation est complète le vingtième jour. « Nous sommes alors à deux mois de la première intervention ; le pied opéré a repris le volume du pied sain; les cicatrices sont solides; l’impo- tence fonctionnelle disparaît peu à peu; avec le massage et l'électricité, nous redonnons de l’élasticité à ce pied inutilisé depuis plusieurs mois et notre malade peut rentrer dans son village paraissant complètement guéri de son affection parasitaire. 11 est entendu qu'il reviendra, tous les trois mois environ, nous montrer son pied. « En juin, cinq mois après l'opération, notre sujet Had très bien ; il ne soufire pas; les cicatrices sont solides. Sur la face dorsale, au niveau de la tête du 2° métatarsien, à un demi-centimère de la cicatrice, se voit une petite tumeur, dure, grosse comme un petit pois, qui incisée, laisse 528 5 E. BRUMPT échapper deux grains noirs; le stylet ne révèle aucun trajet fistuleux; nous curettons puis cautérisons au chlorure de zinc ce petit nodule para- sité. À un centimètre en arrière de la saillie de l'extrémité postérieure du »° métatarsien. on trouve une tumeur grosse comme une noisette, qui incisée, contenait sept grains noirs ; aucune trace de trajets fistuleux, cautérisatiou au chlorure de zinc de la paroi fibreuse. « En octobre, nous revoyons notre opéré dans son village, à Tadjourah; il se dit complètement guéri et a fait plusieurs fois à pied le voyage de Tadjourah en Abyssinie, qui dure quinze jours. Nous examinons son pied qui présente à la face dorsale deux petits nodules indurés. N'ayant aucun instrument, nous conseillons à cet indigène de venir nous voir à Djibouti. « En janvier 1904, il se rend à l'hôpital et nous lui enlevones les deux petites tumeurs dermiques contenant chacune trois grains noirs, enkystés dans du tissu fibreux. «En juillet, dix-huit mois après la première intervention, notre indigène, toujours heureux de pouvoir suivre dans le désert, pendant de longs jours, ses caravanes de Chameaux, ne présente plus aucune trace de son affec- tion mycélienne. On ne trouve aucune induration dans l'épaisseur du derme révélant la présence de grains noirs. « Cette observation montre que nous nous sommes trouvé en présence d'une forme non suppurée du mycétome à grains noirs. » Notre ami le Dr Bouffard nous ayant envoyé, à diverses reprises, de Djibouti, des pièces anatomiques provenant de ce malade, nous avons pu en faire une étude détaillée, qui confirme entière- ment, et complète, à certains égards, la description qu'il en a. donnée. ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Comme nous l'avons vu dans l'ob- servation clinique précédente, les grains se forment toujours dans le tissu cellulaire, où ils se trouvent isolés au milieu d'une petite loge. La photographie ci-jointe (fig. 3) montre l'aspect de la tu- meur sur une coupe transversale; cet aspect est totalement difié- rent de celui que présente le mycétome à grains noirs ordinaire (fig. 6 et 7). Nos figures (pl. XVI, fig. 4 et 2; pl. XV, fig. 4) montrent l'aspect typique que présentent au microscope les coupes fines passant par les grains; ces derniers, toujours isolés dans leur nodule in- flammatoire, se montrent sous des aspects divers que l'on re- trouve facilement dans nos planches. Ailleurs (pl. XIX, fig. 7), le follicule est représenté tout à fait à ses débuts : au centre se trouve le Champignon, fortement pigmenté à la périphérie; en suivant la série des coupes, on constate que le grain possède un . lules chargées de volumineux grains de PT e ET TT EP MT EAN OR 10 EU \ ee: 1 N # " : \ LES MYCÉTOMES 529 hile par lequel des leucocytes polynucléaires, assez nombreux, ont pénétré. Autour de lui se rencontre une série de volumi- _ neuses cellules géantes et des cellules épithélioïdes de toutes di- mensions, qui établissent une transition insensible entre les cellu- les géantes, les macrophages et les lymphocytes qui abondent dans le tissu inflammatoire qui entoure le grain et dans lequel on rencontre aussi quelques rares Ca- pillaires néoformés. Autour de ce no- dule inflammatoire, le tissu conjonctif fibrilllaire s'est condensé pour former la coque caractéristique. Aux environs de cette capsule, on rencontre des cel- pigment brun; on les distingue très nettement sur la photographie. Nous avons retrouvé ces cellules dans plu- sieurs autres cas de mycétome. Autour du nodule, quelques artères sont en voie d'oblitération; certaines sont en- tièrement oblitérées par suite du déve- loppement extrème de la couche élas- tique, qui forme une série de zones concentriques dépourvues de capillai- res. Dans les tubercules un peu plus pis 3. __ Aspect macroscopique âgés, les cellules épithélioïdes et géan- d’une coupe dans les tissus di ae) envahis d'Aspergillus Bouf- tes onttout à fait disparu; il ne reste fardi. Les grains volumi- que le tissu inflammatoire avec ses neux et lisses sont encha- ïh ] Fu tonnés dans leur follicule. nombreux lymphocytes, ses macro- Lo. phages, ses capillaires nombreux et présentant, en certains points, des amas de polynucléaires beau- coup plus abondants que dans les grains jeunes. L'épaisse zone de polynucléaires qui entoure chaque grain est très manifeste (pl. XVII, fig. 5 et 6). ÉTuDE pu GRAIN. — Les grains du mycétome à Aspergillus Bouffardi sont tout à fait caractéristiques. Leur couleur est noire, ils sont élastiques et se cassent quand on veut les écraser. Leur volume varie — entrelagrosseur d'une tête d’épingle et celle d'un plomb de chasse n° 0. Le grain est müriforme, brillant et lisse. Sa structure, bien 530 E. BRUMPT étudiée et bien décrite par Bouffard, est des plus curieuses. Si l’on met les grains tirés de l'alcool à macérer dans l’eau pendant 24 heures, on constate que le grain se déroule. Il est en effet formé par l’enroulement d'une masse que l’on peut comparer assez exacte- ment à une Limace enroulée en spirale et d’une façon plus ou moins complexe sur elle-même. Ce grain curieux est pigmenté sur toute sa surface, sauf sur un point plus ou moins étendu qui constitue le hile; c’est par ce point que sortent les jeunes filaments mycéliens qui permettent au grain de s'accroître. Cette forme enroulée du grain explique com- ment il peut être coupé en cinq ou six endroits différents par le rasoir. La photographie 4 de la planche XV : montre un grain en- roulé en spirale régulière et présentant en plusieurs points des solutions de continuité de la couche pigmentaire, ces solutions de continuité représentent le hile. On peut étudier ce très curieux Champignon par dissociation ou sur les coupes. En dissociant simplement avec des aiguilles un grain ramolli dans l’eau, on constate que, à l'exception de la cou- che périphérique qui est pigmentée, le reste du grain est cons- titué par un teutrage mycélien très dense d’une coloration blanc argenté. L'ébullition dans une solution de potasse caustique permet de mieux étudier le Champignon, car elle détruit le cément noir qui unit d’une facon intime les filaments périphériques. La figure #4, ci-jointe, donne l'aspect du mycélium. La masse mycélienne cen- trale blanche est formée de filaments presque rectilignes (1, fig. 4), à peine ondulés, ayant 1 v 25 de diamètre en moyenne; les cloi- sons y sont relativement rares et se voient beaucoup plus diffici- lement que dans l’espèce étudiée dans le chapitre précédent. Vers la périphérie, les filaménts deviennent irréguliers, moniliformes, leur paroi s’imprègne de pigment brun et les cloisons se rappro- chent (2, 3, 4, fig. 4). Sur le trajet des filaments, on trouve quelque- fois des renflements qui sont des chlamydospores intercalaires (5, fig. 4); généralement ces formes de reproduction se rencontrent à la périphérie dans la zone pigmentée (6, 7, 8, 9, fig. 4). En disso- ciant le grain dans l’eau, on trouve également, surtout au-dessous de la zone corticale, des amas de granulations blanches de 1 y 5 à 2 y de large; ces granulations sont les conidies du Champignon. LES MYCÉTOMES 31 Des coupes transversales faites dans les grains complètent l'étude de ceux-ci. Certaines figures (pl. X VIIL, fig. 5 et6) nous renseignent à ce sujet; on y aperçoit nettement le feutrage central lâche formé par les filaments blancs et grêles, et on reconnaît, à la périphérie, la zone pigmentée où abondent les chlamydospores terminales à parois pigmentées réunies les unes aux autres par un ciment brun _intersticiel. Quand on examine les coupes de grains volumineux, on estfrappé par la coloration intense que prennent certains petits ilots granu- leux, qui sont particulièrement abondants au-dessous de la couche Fig. 4. — Filaments mycéliens de l’Aspergillus Bouffardi constituant les grains parasitaires. — 1, filament du hile ou de centre du grain; 2, 3, 4, filaments irréguliers de la périphérie; 5, chlamydospore intercalaire; 6, 7, 8, 9, chla- mydospores périphériques ; 10, conidiophore trouvé dans un grain; 11, cha- pelet de conidies ; 12, conidies de diverses dimensions. X 1000. corticale. Ces îlots ont été vus par Bouffard (12) qui en donne la description suivante : « À l'immersion, on observe généralement à la périphérie du selérote, quelquefois au centre, des granulations mal définies, qui sont polymorphes et toujours extramycéliennes ; elles se colo- rent en bleu avec le bleu coton, en violet avec le violet de gentiane, en rouge avec le bleu Borrel, la thionine phéniquée, le Ziehl, le Giemsa, le bleu Marino. Nous ignorons ce que peuvent être ces granulations. Leurs formes si multiples nous ont fait renoncer à l’idée de Bactéries qui, pénétrant par le hile du sclérote et chemi- nant le long du filament, seraient venues se grouper près de la pé- riphérie. » En multipliant les coupes et les examens de grains de ce mycé- tome, nous avons fini par élucider ce point laissé en suspens par D32 E. BRUMPT Bouffard, ces amas de granulations sont des amas de conidies détachées des appareils reproducteurs et s’accumulant en certains points. Ces îlots sont faciles à voir sur plusieurs de nos microphoto, graphies : ici, les grains en sont bourrés (pl. XVI, fig. 1); là, abondent les îlots de conidies (pl. XXI, fig. 2); ailleurs, on voit avec la plus grande netteté trois têtes tout à fait caractéristiques d'Aspergillus (pl. XXI, fig. 6); la tête du milieu présente son hyphe sporifère aboutissant franchement au milieu de la toufte de spores. L'identification est donc absolument certaine, même sans Culture : nous avons affaire à un Aspergillus. Les conidies sont blanches, quelquefois en chapelets de huit ou dix; leur diamètre varie entre 1 w 35 et 2 w. Mais quelle est cette espèce d’Aspergillus? Dans la monographie classique de Wehmer (107), on trouve la description de 11 espèces d’Aspergillus à spores blanches. Il est de toute évidence que notre espèce doitse cultiver et pouvoir se reproduire à 37; or, parmi les espèces à spores blanches qui ont été étudiées au point de vue de leur optimum cultural, au- cune ne peut végéter à cette température, il est bien probable que nous avons affaire à une espèce exotique non décrite et, de toutes façons, en l'absence de cultures, nous nous voyons obligé de lui donner le nom provisoire d'Aspergillus Bouffardi, le dédiant à notre aimable confrère, qui a fait déjà de si intéressants travaux sur plusieurs sujets de pathologie exotique. Nous donnerons de cette espèce la diagnose suivante : Aspergillus Bouffardi, n. sp. Mycélium jeune blanc argenté, mycélium périphérique brun, formant une zone corticale; conidiophore dressé, simple, continu, blanc, de 2 de large, terminé par une tête claviforme de 4 z 1/2 de large sur 6 de haut, portant des conidies en chapelets de 1 z 1/3 à 2 z de diamètre, rondes, lisses et blanches. Chlamydospores terminales sphériques de 5 à 10 y de large, brunâtres; chlamydespores intercalaires non teintées. Le grain ne constitue pas à proprement parler un sclérote, puisqu'il donne des coni- diophores dans son intérieur. Champignon parasite de l'Homme, ayant par conséquent la faculté de croître à 37°, non pathogène pour les animaux. Ce parasite n’a pu être cultivé. Distribution géographique : Djibouti; pays somali. Les nombreuses conidies qui sont produites dans le réseau my- célien tombent entreles mailles de celui-ci et forment des amas où leur forme est facile à reconnaitre. Après un temps impossible à LES MYCÉTOMES D évaluer, elles germent, puis sont résorbées en devenant méconnais- sables. CuzTure. — Bouflard a essayé en vain de cultiver ce Champignon sur les différents milieux; il pense que ses insuccès sont dus à ce qu'ilsemait le grain entier au lieu de le dilacérer au préalable dans une solution stérile, pour mettre le mycélium en liberté. Des inoculations de grains à divers animaux: Singe, Chien, Chat, Gazelle n'ont donné aucun résultat. DraGnosric. — Avec des caractères cliniques et microscopiques tels que nous les avons décrits, le diagnostic s'impose. À cer- tains égards, on peut rapprocher de ce cas une observation publiée par Paolo Bovo (93), qui a observé chez un vieillard ita- lien une mycose superficielle du pied, produisant des nodules. Comme, dans cette observation, il y avait uneinfestation secondaire du ganglion de l’aine correspondant à la tumeur, on avait fait le diagnostic de mélanosarcome. L'examen histologique a démontré que le tissu noir, analogue à du feutre, qui constituait les tumeurs, était constitué par les filaments d’un Champignon que cet auteur n'a pas cultivé et qu'il considère comme un Aspergillus. Les figu- res qu'il donne et les explications du texte ne nous semblent pas suffisamment démonstratives pour autoriser une pareille identifi- cation. L'excision des tumeurs a produit dans ce cas comme dans celui de Bouffard, une guérison radicale. Pronosric. — Il semble peu grave, à en juger par les résultats obtenus par Bouffard, mais à condition que l'intervention chirugi- cale ne soit pas trop tardive et que le Champignon n'ait pas eu le temps d'envahir des organes plus profonds, ce qui pourrait néces- siter l’amputation du pied. Mycétome noir à Madurella mycetomi (Laveran, 1902). SYNONYMIE. — Mycétome noir à Streptothrir mycetomi Laveran, 1902. _ DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. — Ce mycétome a une distribution géographique très considérable. Le Champignon quile caractérise a été découvert et fort bien figuré par Carter en 1860; il a été retrouvé par Bristowe en 1871, Hogg, en 1872, Lewis, en 1875, Bassini, en a tube a de Re LR Pirate ue 534 E. BRUMPT 1888, Kanthack, en 1892, Boyce et Surveyor en 1893, Cunningham, en 1895. À part l'observation de Bassini qui est faite en Italie, toutes les autres viennent de l'Inde. Le même parasite est trouvé aux Etats-Unis chez une Italienne résidant depuis longtemps dans le pays par J. H. Wright en 1898. En mars 1901, avec Chabaneix et Bouffard, nous avons démontré qu'il existait en Afrique. Nous- même retrouvions le même parasite dans le centre du payssomali quelques mois plus tard. En 1902, Laveran, examinant des pièces de notre cas de Djibouti retrouva le même Champignon et lui donna le nom de Streptothix mycetomi. J'ai trouvé ce même parasite dans des pièces aimablement données par le D: Jeanselme et prove- nant d’un pied amputé par le Dr Bruas à Madagascar, ainsi que dans des matériaux venant de l'Inde, que je dois à l’obligeance du professeur Nuttall, de Cambridge. Enfin Bouffard a signalé ce même Champignon dans divers cas provenant du Sénégal et du Soudan français, il a été assez aimable pour nous en remettre quelques préparations que nous avons eu l’occasion d'examiner et qui figurent dans notre collection. ASPECT CLINIQUE. — Nous ne pouvons faire mieux que de citer l'observation que nous avons publiée en collaboration avec Chaba- neix et Bouffard (18), observation que nous compléterons avec les documents recueillis un an plus tard par Boufiard, au moment de l'intervention chirurgicale. OBSERVATION I. — Ahmed, Soudanais de Souakim (22 ans environ, taille de 1"90, musculature puissante), se présente à nous, porteur d'une tumeur de la plante du pied gauche (pl. XII. fig. 1). Cette tumeur, arrondie forme saillie sous le pied, elle empiète sur le bord externe. Son diamètre est de 80"". Comprise dans le deuxième quart antérieur du pied, elle correspond aux 5", 4° et 2° métatarsiens, et sa limite postérieure à l'articulation de Lisfranc. La saillie qu’elle fait sous le pied est d'envi- ron 15°". Ses bords sont nettement surélevés au-dessus des téguments voisins. Sa surface est de couleur rouge vineux, tendue, rénitente, par- semée d'une quinzaine de cratères par lesquels s’échappent, au milieu d'un liquide ichoreux, d'odeur fétide, des grains noirs, truffoides, de forme irrégulière, dont le diamètre ne dépasse pas 1""5. Le stylet pénètre très facilement dans les cratères. Au centre de la tu- meur, il s'enfonce d'abord sans résistance, puis dans le tissu friable des métatarsiens à une profondeur de 6 centimètres. L’exploration provoque l'issue de liquide sanguinolent et de grains noirs; elle est peu doulou- reuse, En dehors de la tumeur, les téguments du pied sont en bon état; LES MYCÉTOMES 535 on n'observe rien d'anormal à la face dorsale. Le malade marche, quoique avec difficulté, sur la pointe et le bord interne du pied. Les douleurs spon- tanées sont nulles: provoquées, peu intenses. Pas d’engorgement gan- glionnaire ; pas de fièvre; état général très bon. La tumeur a débuté, il y a quatre mois, par un petit bouton à la plante du pied. Le Soudanais était alors, dans le désert somali, employé aux travaux du chemin de fer. Quand ce bouton s’est ouvert, des grains noirs sont sortis avec du pus. Sa tumeur a grossi peu à peu, des abcès successifs se sont ouverts et, par les cratères ainsi formés se sont échappés les grains noirs caractéristiques de la maladie. Nous avons recherché vainement, dansles antécédents du malade, la cause de sa maladie. Notons seulement que cet indigène marchait nu-pieds, sans défense contre les nombreuses épines qui jonchent le sol, il est arrivé de son pays depuis six mois. Un an plus tard, ce malade se présentait à la visite du D: Bouffard, à Djibouti. Nous extrayons de son rapport (11) les notes suivantes : « Nous avons peine à reconnaître le superbe Soudanais que nous avions vu entrer, il y a un an, dans notre infirmerie, ce colosse est considérable- ment amaigri, il ne peut marcher et son état général paraît mauvais. Ce- pendant il ne se plaint point; il prétend qu'il ne souffre pas et que s’il a maigri, c'est parce qu'il ne peut prendre d'exercice ni travailler : son appétit est conservé, il n y a point d’engorgement ganglionnaire. « De vieux linges enveloppent son pied gauche malade, et sur les plaies se voient des dattes écrasées: en les enlevant il s'écoule. un pus fétide, tenant en suspension de nombreuses masses noires dont la grosseur varie de celle d’un plomb de chasse 00 à celle d'un petit pois. Le pied est glo- buleux, il mesure comme circonférence en son milieu 0," 32, tandis que le pied sain ne donne que 0," 26; la longueur est la même pour les deux pieds; pas d'œdème du cou de pied. ù « À première vue nous constatons que l'affection limitée l’année der- nière à la face plantaire, a envahi la face dorsale du pied. Il y a un an, nous nous trouvions en présence d’une tumeur arrondie faisant saillie sous le pied d'environ 1 centimètre et demi, et empiétant sur le bord ex- terne. Actuellement, cette tumeur n'existe plus ou plutôt s’est éliminée par la fonte purulente, et à sa place se voit une perte de substance formant une plaie de 1 centimètre de profondeur et de 5 centimètres de diamètre. La surface en est rouge vineux, parsemée d'ilots de tissu grisàtre. En arrière de cette plaie, qui, par pression latérale, laisse sourdre de nombreux grains noirs se voit une tumeur violacée, grosse comme une petite noix; en son milieu un cratère et quatre sur ses bords. Cette tumeur arrondie, qui n'existait pas il y a un an et qui présente 2 centimètres de diamètre, représente le nouveau domaine envahi par la tumeur dans la région pos- térieure du pied. « Ce sont surtout les faces plantaire et dorsale dans la partie anté- rieure du pied qui ont été atteintes par la tumeur. 536 E. BRUMPT « Face plantaire. — Deux nouvelles tumeurs siègent au niveau du tiers antérieur des 4e et 5° métatarsiens; elles sont nettement surélevées {1/2 centimètre) et présentent neuf cratères donnant tous issue au pus truffé. Ainsi donc, à la face plantaire, l'affection S’étend en largeur sur les deux tiers de la plante, épargnant le tiers interne, et, en lon- gueur, de l'articulation médio-tarsienne aux orteils, qui paraissent in- demnes. « Face dorsale. — On voit, entre les 4° et 5° métatarsiens, une tumeur circulaire de 7 centimètres de diamètre, surélevée sur son bord interne; la peau intacte, mais violacée, présente sur le bord externe, où la tumeur semble affaissée trois solutions de continuité; la plaie antérieure mesure 4 centimètres de long sur 3 centimètres de large, et présente une dizaine de cratères ; les deux plaies postérieures sont très petites (1 centimètre sur À centimètre et demi) et n’offrent que six orifices. « La face interne du pied est saine et ne parait pas avoir été atteinte. «Examen de la tumeur. — Le stylet qui, l’année dernière.ne s’enfonçait que de 6 centimètres, traverse aujourd'hui le pied, ressortant par un des cratères de la face dorsale; l'examen n'est point douloureux; par certains cratères on tombe sur les 4° et 5° métatarsiens nécrosés. Dans la petite tumeur située en arrière de la large plaie de la face plantaire, le stylet, ne s'enfonce que de 2 centimètres et demi; dans la région antérieure, au contraire le stylet traverse tout le pied. « Dans tous les cratères le stylet s'enfonce facilement perpendiculaire- ment à l'axe du pied, mais latéralement il est de suite arrêté par des tissus sains. » Les figures 2 et 3 de la planche XII donnent l'aspect clinique du pied au moment où ces deux observations ont été rédigées. OBsERvATION II (personnelle). — Ibrahim Mohou, de race Djeberti, âgé de 25 ans, habitant depuis sa naissance le village d'Iddi, sur la rive gauche du Webi Chebeli. Antécédents héréditaires. — Père scrofuleux, mort à l’âge de 45 ans mère morte de maladie indéterminée; une seule sœur scrofuleuse, ayant une tumeur blanche du pied droit et des cicatrices de ganglions suppurés au côté gauche du cou. Antécédents personnels. — A eu quelquefois des accès de paludisme; n'a jamais quitté son pays natal. Histoire de la maladie (1). — II y a deux ans et demi, en exécutant devant un chef Galla la danse de bienvenue des Djebertis, le malade s’est enfoncé dans le pied gauche un morceau de bois (probablement une tige de Dourah coupé). Le morceau s'est cassé dans la plaie, et un énorme abcès très douloureux s'est formé, obligeant le malade à garder le lit et évacuant une quantité considérable de pus, de sang et de fragments de bois. Au bout d'un mois, les phénomènes aigus cessèrent et il resta un (1) En Djcberti, le mycétome se nomme Dirri, mot sans autre signification. s RP a TRUE CEE: ss. Wir 7: j ré Pur ad ou LES MYCÉTOMES 537 peu d'induration; des petits boutons se formèrent sur la face plantaire; en crevant ces boutons, le malade vit sortir des grains noirs. Depuis lors, ces phénomènes n'ont fait que gagner en intensité, si ce n’est que la douleur est allée en décroissant depuis trois ou quatre mois. Les masses de pus se sont fait jour simultanément sur les faces plantaire et supéro- externe du pied. État actuel. Signes physiques. — La tumeur ne fait pas saillie sur la face plantaire. La peau est mortifiée tout autour des orifices par lesquels est évacué le pus; la face supéro-externe du pied est au contraire un peu enflée, Surtout à la partie antérieure où un abcès de 3 centimètres de diamètre, qui a évolué depuis un mois, est sur le point de s'ouvrir. On compte sur la surface plantaire neuf cratères, dont quatre seulement sont en activité et rejettent des grains noirs; à la face supéro-externe, onze cratères, dont six en activité. et de plus l’abcès signalé plus haut : au- tour des orifices, la peau manque et il existe une zone d’inflammation sans tendance au bourgeonnement. Sur la face plantaire, la peau est de couleur bleu noirâtre, tandis que les tissus normaux sont simplement basanés. En pressant en certains points que le malade connait très bien, il sort un mélange de pus, de grains noirs et de sang, par des orifices quelquefois assez éloignés. Le stylet ne pénètre pas profondément; ül semble que l'os ne soit pas trop altéré; l’aponévrose plantaire résiste. Engorgement ganglionnaire dans l’aine gauche, depuis le début de Ia maladie. Signes fonctionnels. — Douleur faible, sauf pendant l'exploration; le malade boite très légèrement, mais peut: se livrer à ses occupations habituelles. OBsERvVATION III (personnelle), — 1° Iusuf Ahmed, Djeberti, âgé de 40 ans. A l’âge de 15 ans environ, il a reçu sur la face supérieure du pied gauche, à la base des orteils, un coup de pied de Cheval; il s’est formé un abcès très douloureux et le mycétome, le Dirri, comme on l'appelle, s’est développé peu à peu, débutant cette fois par des fistules à la face dorsale. Le pied a été si enflé et si douloureux, que le malade est resté couché plusieurs mois. La sécrétion s’est tarie au bout de trois ou quatre ans et la déformation du pied s’est amoindrie peu à peu. Actuellement, les seuls vestiges de cette maladie sont un épaississement et une induration assez considérables des téguments, l’écartement des orteils au point où la tumeur avait débuté et la présence de six petites cicatrices étoilées sur la face dorsale ; celles de la face plantaire ont dis- paru par suite de l’usure. Le malade qui fait l'objet de cette observation, malgré une três bonne santé apparente, était venu à la visite pour un abcès froid du cou. OBsERvATION IV (personnelle). — 2° Ahmed Ali, Djeberti, 35 ans. La maladie a débuté spontanément, sans phénomènes violents comme Archives de Parasitologie, X, n° 4, 1906. 5 39 538 E. BRUMPT dans les deux cas précités. Il s’est formé des fistules par où s écoulèrent beaucoup de pus et de grains noirs. C’est probablement à la suite d'une piqüre d'épine, accident auquel les indigènes font à peine attention. La maladie remonte à douze ans et en a duré cinq. Elle a commencé par la face plantaire et a laissé à peu près les mêmes vestiges, un peu plus étendus toutefois, que dans le cas précédent. De ces observations il résulte, au point de vue de l’étiologie, qu'un terrain scrofuleux est favorable au développement du parasite, puisque cette diathèse, qui est rare chez les Djebertis, s’est rencontrée dans deux cas sur trois; en second lieu, qu'une suppuration prolongée semble créer un bon milieu pour le parasite. Le bois de Dourah coupé, les tiges de Palmier en s’enfonçant dans la peau créent un milieu suppurant très favorable. Mes recherches à ce sujet ont été négatives; j'ai cultivé plusieurs Moisissures que l’on trouve sur ces végétaux, sans jamais rencontrer la Mucédinée du mycétone à grains noirs. Au cours d'une reconnaissance dans le pays Galla-Aroussi, vers les sources du Ganalé, notre collègue de la mission du Bourg de Bozas, notre excellent ami Golliez a eu l’occasion de rencontrer un mycétome à grains noirs ressemblant beaucoup à celui qu'il m'avait vu soigner pendant plu- sieurs semaines à Imi (observation II). ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Le pied de l'observation I a été amputé par Bouffard, nous lui laissons la parole : « L’amputation de la jambe fut faite au lieu d'élection; nous avions d'abord essayé la sous-astragalienne, mais la section au bistouri de la plante du pied à 3 centimètres et demi en arrière de la plaie, nous a montré une tumeur noire de la plante indiquant que tout le pied avait été envahi par le mycétome. « Disséquant le pied, nous continuons l'incision plantaire de la sous- astragalienne, et nous tombons sur une tumeur en boudin de 4 centi- mètres de diamètre, pleine d’une matière compacte rouge brique noircis- sant rapidement au contact de l’air. Cette tumeur en fuseau se loge dans la voute plantaire formée par les deux rangés du tarse. Elle s'insère : en haut, sur la face inférieure du scaphoïde; en avant, aux extrémités posté- rieures des 4° et5° métatarsiens, se trouvant là en contact avec une deuxième tumeur et ne paraissant pas communiquer avec elle; en arrière, elle se fixe à la tubérosité antéro-inférieure du calcaneum. « Elle a détruit tout le cuboïde, dont il ne reste que les surfaces arti- culaires latérales et la face supérieure ; la face inférieure et le tissu spon- gieux ont été détruits par la tumeur. « Cette tumeur fusilorme de la région moyenne du pied a une enveloppe celluleuse et mesure 4 centimètres dans son plus grand diamètre et5 cen- timètre et demi de longueur; sur la face inférieure de cette tumeur passe le tendon du long péronier latéral... » « Vers la région antérieure du pied on trouve une tumeur accolée à la Mr ae "ab LES MYCÉTOMES 539 précédente par sa face postérieure et sans communication apparente avec elle : elle part de cette tumeur plus volumineuse que la précédente, com- muniquant avec l'extérieur et éliminant ses nombreux grains noirs par les orifices cutanés que nous avons décrits plus haut. « Le 4° métatarsien qui était en contact avec cette grosse tumeur a diver- sement réagi; en certains endroits il s’est formé des exostoses, en d'au- tres, la tumeur à déprimé l'os, creusant des excavations, mais nulle part cet os ne s'est laissé pénétrer par des ramification de la tumeur mycé- lienne et il ne présente ni alvéoles ni tunnels donnant passage aux grains noirs ; la consistance osseuse paraît normale. » On trouve dans les auteurs qui se sont occupés de ce mycétome des descriptions qui se rapprochent beaucoup de celle-ci. Nous donnons ci-joint (fig. 5\ une figure extraite du mémoire de Lewis (60). On: voit bien les gros amas noirs qui semblent trufter le pied. Lesos sont aussi manifestement altérés en certains points. CARACTÈRES DU GRAIN. — Le grain qui caractérise cemycétome est noir ou brun rouge foncé. Il est toujours dur et cassant, générale- ment assez petit : de 1 à 2 millimètres de diamètre; les grainsplus gros sont formés par l’accolement artificiel de plusieurs grains, ou par du tissu envahi qui est éliminé en morceaux plus ou moins irréguliers. On trouve au centre des tumeurs, des amas vo- lumineux qui ne sont pas arrivés encore à leur complet dévelop- pement. La surface du grain mûr, éliminé à l'extérieur, est irrégulière; des saillies pointues s'y rencontrent parlois, carac- tère qui permet de le distinguer d'emblée du mycétome noir à Aspergillus Bouffardi où les grains sont plus volumineux et lisses. On peut étudier ces grains par dissociation et par coupes. La dissociation ne peut être faite qu'après ébullition dans une solution de potasse caustique ou après action de l'eau de Javel concentrée. Par ces procédés on retrouve avec la plus grande facilité le Cham- pignon découvert par Carter en 1860. La figure 6, ci-jointe, mon- tre bien l'aspect du mycélium telqu'on le rencontre dans les grains. Les filaments 1, 2, 3, 4, proviennent de l'observation 2, ainsi du reste que ceux que l'on aperçoit sur toutesles microphotographies; en), 10, 11, 12et 13 nous retrouvons les mêmes filaments dans le cas de l'observation I, enfin en 14, 15, 16 et 17 des formes mycéliennes d'un cas venant de l'Inde. Nous pourrions multiplier les figures, mais nous avons condensé ici les formes les plus typiques. En 5, 6, 7, 8, 10, 12, 13, 16 et 17 on peut voirles chlamydospores volumi- 540 E. BRUMPT neuses qui avaient été désignées sous le nom de capsules par. Carter. La photographie 5 de la planche XXI, montre bien l'aspect du mycélium entouré de la masse pigmentaire qu'il secrète ; le mycé- lium apparaît en blane sur le fond noir; à l'extrémité de la masse mycélienne se trouve une belle cellule géante. Ce sont ces mêmes filaments cloisonnés et ramifiés latéralement, que Laveran a revus après nous dans les grains noirs du malade Fig. 5. — Coupe d’un pied atteint de mycétome à Madurella mycetomi, d'après Lewis. de Djibouti et auxquels il a donné le nom de Streptothrix mycetomi en 1902. Il est impossible de conserver une pareille dénomination qui pourrait induire en erreur, ce parasite n’a rien de commun avec un Streptothrix, c'est-à-dire avec un Discomyces, c'est probablement un Aspergillus ainsi que son appareil végétatif et la formation abon- dante de chlamydospores terminales semblent l'indiquer, néan- moins en l'absence de culture il serait inexact de le désigner sous le nom d'Aspergillus mycetomi(Laveran, 1902) ; aussi avons-nous créé pour lui le genre provisoire Madurella, dont nous donnions la dia- gnose suivante à la Société de biologie, en juin 1905 (21) : Genre Madurella Brumpt, 1905. — Mucédinée à thalle blanc, vivant en parasite dans divers tissus animaux (os, muscles, tissu conjonctif), possédant dans sa vie végétative des filaments d'un diamètre toujours D AIRES d Dee LES MYCÉTOMES : 541 supérieur à 1 z et pouvant atteindre 8 à 10 ». Ces filaments sont cloi- sonnés et se ramifient de temps à autre, ils sécrètent une substance brune. En vieillissant, ces filaments s'organisent en sclérote et leur paroi s'imprègne quelquefois de pigment brun. Dans ce sclérote, se rencon- trent en quantité variable des corpuscules arrondis de 8 à 30 s de dia- mètre (chlamydospores). Le Streptothrix mycetomi Laveran devient donc le Madurella mycetomi (Laveran). Comment se forme le grain et comment végète le Champignon dans l'organisme? Les nombreuses microphotographies jointes à ce tra- vail permettent de répondre à la question et d'éviter une longue etminutieuse description. A l’origine (PI. XIX, fig. 8), on rencontre au milieu du tissu conjonctif, un nodule inflammatoire entouré de tissu conjonctif condensé qui lui forme une coque. Dans ce nodule on trouve un ou plusieurs fragments mycéliens de petite taille et fortement chargés de pigment, ces blocs parasitaires sont contenus dans un plasmode formé par la fusion de plusieurs cel- lules géantes ou bien semblent libres et simplement entourés par elles (PI. XX fig. 2). La figure 7 de la planche XX montre, à un plus tort grossissement, l'aspect d'un grain jeune appartenant au nodule de la fig. 8 (PI. XIX) : les filaments avancent résolument et repré- sentent exactement en gros ce que nous verrons se reproduire dans -l'Indiella somaliensis, mais avec des filaments beaucoup plus petits. La figure 5 de la planche XXI montre un coin de ce jeune grain à un plus fort grossissement; on voit nettement les filaments moni- liformes tranchant en clair sur le fond noir du cémentpigmentaire. Quand le grain a suffisamment réagi contre les cellules géantes et autres phagocytes et qu'il en a détruit un bon nombre dont il s’est nourri, il s’accroit et la figure 3 de la planche XVIII en donne un exemple remarquable. On voit nettement les zones successives qui marquent les diverses étapes d'envahissement du parasite, les fila- ments tranchent en clair sur le fond noir du cément interstitiel. On voit encore autour du parasite des cellules géantes et des cellules épithélioïdes mais en moins grand nombre. Si pendantcette crois- sance le tissu ambiant réagit vite en produisant une enveloppe scléreuse pauvre en éléments cellulaires (PL. XVII, fig. 1), la végétation du Champignon s'arrête, la substance pigmentaire se condense, les grains s’arrondissent, le Champignon est passé à l’état de vie latente il est devenu sclérote et c'est sous cette forme qu'il ÊTRE RTE ER PRE 12 NT Non nn = PDP PT ER te à p EL ES PEN REA ÈE ot RU Re CREME Ê BA see PI ct 549 E. BRUMPT sera éliminé à l'extérieur après un temps plus ou moins long. Cette assimilation du grain noir du mycétome à un selérote de Champignon n’est pas nouvelle; elle à été soutenue par Carter en 1860 et par plusieurs des auteurs précédemment cités. L'étude comparative que nous avons faite entre les grains noirs et l’ergot de Seigle nous font ranger entièrement à cette opinion. Quelle est la nature de la substance noire qui unit entre eux ces filaments ? Les premiers auteurs pensaient qu'elle provenait du sang ou d'un de ses dérivés, mais l'analyse chimique et spectrosco- pique n’appuie pas ces vues. Nous croyons beaucoup plus simple d'admettre que cette substance est sécrétée par le Champignon. La Truffe et l'Ergot de Seigle peuvent produire du pigment même en l'absence d’hémoglobine. Les grains noirs se forment rapidement dans les tissus; dans un cas que j'ai observé, de semblables grains étaient rendus en abon- dance un mois après le début de la maladie. La structure de ces grains noirs varie suivant leur âge, ce que l'on peut très bien suivre sur les coupes. Quand le grain est très vieux, le centre se résorbe en partie, le pigment se porte à la périphérie et il ne reste dans les lacunes que quelques filaments mycéliens dépourvus de protoplasme. Les chlamydospores sont surtout abondantes au pourtour du grain. La figure 6 de la planche XIX nous donne l'aspect typique d'un grain noir, prêt à être éliminé; le pigment est abondant, condensé, ce qui rend le grain difficile à couper, le milieu du grain est résorbé, les chlamydospores y sont abondantes. La figure 6 de la planche XV nous montre un foyer sous-cutané “amolli, contenant un certain nombre de vieux grains presque vidés en leur milieu, et, à droite, quelques grains encore en voie de végétation peu active. En se ramollissant, ce nodule deviendra une pustule qui s'ouvrira et se cicatrisera, ou bien deviendra l'origine d’un trajet fistuleux. Les figures 3de la planche XV et5 dela planche XVImontrentavec une extrême évidence le mode de progression du Champignon dans les tissus. Chaque jeune grain parasitaire est devenule point de dé- part d'une culture active qui se fait sur tout son pourtour; tant que le tissu scléreux n'intervient pas, cette végétation s'étend, dé- truit les tissus et peut arriver à former, toujours par le même Ve. CH ' MA ë A 1 LES MYCÉTOMES 543 processus, ces tumeurs volumineuses signalées par Bouflard. Les lobes qui forment le Champignon rencontrent quelquefois de \ 3 4 : 5 AT À4 A7 Fig. 6. — Eléments constituant en entier les grains du mycétome à Madurella mycetomi. — 1 à 8, observation IT ; 9 à 13, observation I ; 14 à 17, cas de l’Inde. 1, 2, 3, 4, 9, 11, 14, 15, éléments mycéliens ; 6, 7, 8, 10, 12, 13, divers types de chlamydospores fixées au mycélium ; 5, 16, 17, volumineuses chlamydospo- res libres. X 1000. mauvaises conditions de développement, leur évolution s arrête, ils se séparent du reste de la culture par résorption et constituent un grain; la figure 2 dela planche XVIII nous montre nettement un 544 E. BRUMPT grain vieux, caractérisé par sa couleur foncée et ses lacunes cen- itrales, separé des lobes voisins avec lesquels il était en contact auparavant. Ce mode de végétation, tout à fait caractéristique du Champi- gnon, imprime à l'aspect macroscopique des lésions jeunes un aspect typique en rosace, que l’on trouve nettement surune coupe du tissu (fig. 6 et 7). L'aspect, comparéà une coupe macroscopique du mycétome à Aspergillus Bouffardi (fig. 3), est totalement difiérent. Wright (89) a étudié un cas de mycétome noir qui semblait avoir une marche un peu spé- ciale, les grains étaient toujours isolés dans les tissus et entourés de cellules géantes. C'était pro- bablement une infection récente, avec une réaction défensive con- sidérable de l'organisme ou une » espèce parasitaire différente. Le tissu inflammatoire qui entoure le parasite est limité à FER la périphérie par une capsule Ér A fibreuse et présente les carac- me tères ordinaires : tissu conjonc- Fig: 7 Aspect macroséopique MST randes mailles avec sus envahis par de jeunes colonies de o ë Madurella mycetomi dans le cas re- cellules desquamées, hypertro- 1Até s PoneraonqR eee phiées, des lymphocytes, des ma- crophages, quelques rares cellules géantes et enfin des polynu- cléaires, qui sont surtout abondants autour des grains anciens. ErioLoGiE. — Les malades ont généralement souvenir d'un trau- matisme, la lecture des observations nous renseigne à cet égard. CuLruRE. — Aucun auteur ancien ou récent n’est parvenu à cul- tiver le mycétome noir typique, tel que je viens de le décrire. Wright (89), dans le cas un peu atypique qu'il a observé, est par- venu à cultiver un Champignon cloisonné, blanc, produisant des sclérotes noirs en culture étouffée ou vieille. Il ne donne aucun au- tre détail botanique ; peut-être a-t-il eu affaire à des Moisissures banales,commeles autres auteurs qui ont essayé de le cultiver. Des études ultérieures nous renseigneront à cet égard. Peut-être ” LS A Ce EE oO CEA LE RE EE ES À LE LES MYCÉTOMES 545 que les sos du Madurella mycetomi ont besoin de rester plu- sieurs mois à l'état de vie latente pour pouvoir être cultivés. Les “noculations de grains aux animaux ont toujours été négatives (Brumpt, Bouffard). Le Dantec (59), en cultivant des grains d'un cas venant du Sénégal, a obtenu un Bacille acidophile ; ce Bacille était un para- site accidentel du grain, comme on en trouve dans les grains éli- minés par des fistules ouvertes depuis longtemps à l'extérieur ; il n’a rien à faire avec le mycé- tome, dont les grains caractéris- tiques sont uniquement formés par un feutrage de filaments _ mycéliens. … Dracnosric. — Le diagnostic de mycétome s'impose; le grain noir de cette espèce, petit, dur, arrondi, verruqueux, ne sera pas confondu avec le grain du my- cétome à Aspergillus Bouffardi tendre, lisse et plus volumineux. L'examen microscopique tran- cherait d'ailleurs immédiate - ae ment la question. par le Madurella mycetomi, la réac- _ PRONOSTIC. — Si les observa- D nn tions de (Dirri » des cas III et IV | sont dues à ce même Champignon, la guérison spontanée pourrait se produire. Peut-être étaient-ce des cas à Aspergillus Bouffardi, dont la guérison semble s'obtenir assez facilement. Le pronostic est généra- lement funeste, la tumeur s'accroît et ne semble avoir aucune ten- dance à guérir. Le traitement chirurgical dès le début de la tumeur …. devra être employé et donnera certainement des cures définitives. ee * Mycétome blanc à /ndiella Mansoni n. g., n. Sp. D DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. —Le type decette description, qui est le seul cas connu, provenait de l'Inde. Il appartient à la collection 546 E. BRUMPT du Professeur P. Manson, de l'Ecole de Médecine tropicale de Londres, qui a bien voulu m'en envoyer des fragments pour en faire l'étude. ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — À en juger parles piècesquenousavons euesà notre disposition,letissuinflammatoirequirenferme lesgrains caractéristiques est distribué d'une manière diffuse dans les tissus ambiants légèrement sclérosés, et montrant, en divers points, les traces d'une inflammation chronique. Les traînées de tissu inflam- matoire sont longues de plusieurs centimètres et de couleur brune, elles ne sont pas creusées de logettes visibles à l'œil nu, carles grains Re 199F00€ Fig. 9. — Eléments constituant les grains du mycétome à Indiella Mansoni.—1, forme très rare de mycélium ; 2, 3, 4, forme habituelle des filament mycéliens; sur la rangée inférieure divers types de chlamydospores terminales vues en coupe optique. >< 1000. sont microscopiques et de dimensions variant entre Omm20 et Owm25, ils sont très abondants dans le tissu. CARACTÈRES DES GRAINS. —-Lesgrains dece mycétome sont blancs, de petite taille, leur forme est lenticulaire; certains sont réniformes et aplatis, ils sont durs et ne s'écrasent qu'après avoir été traités par une solution de potasse caustique ou l’eau de Javel. Pour étu- dier leur structure, il est indispensable d'en faire des coupes ou de les dissocier après ébullition dans une solution de potasse causti- que. La figure 3 de la planche XIV montre bien l'aspect du grain sur une coupe; c'est un type parfait dece que l’on appelle en botanique un pseudo-parenchyme. Les filaments du Champignon sont larges d'a ù ‘ {> LES MYCÉTOMES 547 et accolés intimement les uns aux autres, sans que l’on puisse voir la moindre substance cémentaire entre eux. Ce grain, tel qu'il se montre à nous, représente un sclérote de Champignon ; le mycélium est passé à l’état de repos et attend des conditions meilleures et nouvelles pour végéter. Le thalle est presque entièrement trans- formé en chlamydospores terminales ou intercalaires, il n'existe qu'une très faible proportion d'hyphesnormales. On voit nettement, sur la périphérie de la coupe, de grosses chlamydospores remplies de protoplasme. En faisant bouillir le grain dansla solution de potasse, on observe des formes représentées dans la figure 9, ci-jointe; en 1, un fila- ment mycélien normal cloisonné; en 2, 3 et 4, des filaments moni- liformes déformés, à ramification latérale et produisant déjà, en certains points, l'ébauche de chlamydospores. Enfin, les figures de la rangée inférieure nous montrent diverses Îormes de ces chlamy- dospores définitivement constituées; elles mesurent de 5 à 12 y. leur paroi est épaisse et le protoplasme central est condensé. Ces chlamydospores terminales ressemblant à celle que nous avons rencontrées dans les grains du mycétome à Aspergillusnidulans et dans ceux du mycétome à Aspergillus Bouffardi, nous montrent que nousavons affaire à un Champignon dumêmegenre. Néanmoins, en l’absence de forme de fructification typique, il nous est interdit dela classer dans le genre Aspergillus ; aussi avons-nous créé pour lui le genre provisoire Zndiella, dans lequel rentrent tous les Champi- gnons parasites de l'Homme formant des grains ou sclérotes dé- pourvus de pigment et répondant à la diagnose suivante : 5 Genre Indiella, n. g. — Mucédinées à thalle blanc, vivant en parasites dans divers tissus animaux (os, muscles, tissu conjonctif), possédant dans leur vie végétative des filaments de dimensions variant de 1, et même moins, à » et 10 ». Ces filaments sont cloisonnés et se ramifient de temps à autre latéralement, ils ne secrètent jamais de matière pigmentaire. Ces filaments forment toujours en se réunissant des grains, comparables quelquefois à des sclérotes, qui caractérisent les dif- férentes espèces du genre. Dans ces grains se rencontrent, en nombre plus ou moins considérable, des chlamydospores, le plus souvent termi- nales. Les grains du mycétome à /ndiella Mansoni sont toujours nom- breux dans le tissu inflammatoire, on les rencontre souvent en as- 548 E. BRUMPT sociation avec une Bactérie droite, large, qui se trouve par petits amas au milieu des interstices laissés par les filaments mycéliens, on rencontre quelquefois des colonies de cette Bactérie autour du grain, Mais nous n’en avons jamais trouvé dans le tissu inflamma- toire lui-même. Il semble y avoir un véritable parasitisme de la Bactérie, qui vit aux dépens du Champignon ou des substances qu'il élabore. Encore une erreur qui pourra être faite dans les cultures où probablement une culture plantureuse de Bactéries se substituera à celle du Champignon que l’on voudrait obtenir. Dans l'espèce, cette confusion ne pourra se produire, car le Champignon pos- sède des caractères suffisamment tranchés pour se laisser recon- naître. HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Le tissu inflammatoire est brun et tranche par sa couleur sur le fond blanc des tissus légèrement sclérosés qui l'entourent. Ce tissu inflammatoire n’est pas entouré d'une capsule conjonctive nettecomme celà se voit dans presque tous les autres mycétomes. La figure 7 de la planche XVImontre l'aspect de la lésion, les grains sont fortement colorés en noir et autour d'eux on aperçoit leur auréole depolynucléaires. Quelquefois quel- ques-uns de ces derniers pénètrent à l’intérieur des grains. Le tissu inflammatoire renferme peu de lymphocytes et de ma- crophages, il est surtout infiltré de polynucléaires. Les vaisseaux capillaires néoformés abondent et les hémorragies capillaires ne manquent pas. Il est probable que l'aspect du tissu inflammatoire, dans les points récemment envahis par le parasite, doit être bien différent, malheureusement nous n'avons pas eu l’occasion de pouvoir faire cette étude ; nous ignorons également de quelle facon se développe le grain. Nous donnons de l'espèce de Champignon qui caractérise ce my- cétome la diagnose suivante : Indiella Manson, n. sp. — Mucédinée connue seulement à l'état de parasite chez l'Homme. Mycélium blanc, assez gréle quand il est jeune et mesurant alors de 1 » 5 à 2», possédant des cloisons dis- tantes de 15 à 20 ». Les filaments âgés deviennent irréguliers, de 3 à 5 de diamètre, les cloisons se rapprochent et sont distantes de 5 à 10 z seulement. Les filaments donnent un grand nombre de chlamydo- spores terminales, rarement intercalaires, de 5 à 12 » de diamètre, géné- - 18 ÿ Le LES MYCÉTOMES 549 LE. ralement sphériques et unicellulaires, quelquefois, mais rarement, seg- mentées. Les grains ou sclérotes formés dans les tissus sont très petits, aplatis, d'un diamètre variant de 0"" 2 à 0"" 25. Ces grains sont souvent parasités par une Bactérie. Habitat : Inde. Mycétome blanc à Zndiella Reynieri n. sp. à DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. — Le seul et unique cas de cette espèce de mycétome vient d’être trouvé à Paris par le D’ Reynier, chirurgien des hôpitaux, membre de l'Académie de médecine, il a bien voulu nous en confier l'étude. OBSERVATION CLINIQUE. — Voici l'observation clinique, telle que | Reynier l’a présentée à l'Académie de médecine, dans la séance du 19 juin 1906. «Messieurs, je viens aujourd'hui, en mon nomet en celui de M. Brumbpt, vous apporter la première observation qu'on ait recueillie en France de « Pied de Madura », la seconde qu’on ait publiée en Europe. Re: (Il s’agit d'un homme de 51 ans, très intelligent, ce qui m'a permis d’avoir 4 une histoire de la maladie aussi complète que possible. Cet homme a - toujours été valet de chambre, et n’a jamais quitté Paris, il n’a jamais marché pieds nus, si ce n’est dans sa chambre en se levant et en se cou- chant. Et quand on l'interroge pour savoir s’il a souvenance d'une plaie au pied, il répond qu'il n'en a eu aucune. Il quittait quelquefois son soulier, conservant ses chaussettes pour frotter. Est-ce dans cet exercice que l'inoculation à pu se produire. « Toujours est-il que c’est en 1892 que le mal a débuté par un petit point rouge de la grosseur d’une lentille au milieu de la plante du pied, point qu'il prit pour un iuroncle. Il perça, il s’écoula un peu de sérosité puru- | lente et il ne s’en inquiéta pas tout d'abord, mais peu à peu se formait : un petit durillon, qui ne lui faisait mal que quand il mettait le pied sur È —_ un Caillou. Ce durillon augmentant et le pied commençant à ce niveau à . … se tuméfier, il entra dans le service du D' Ducastel à Saint- È - Louis, qui lui mit de l’emplâtre de Vigo et quelques pointes de feu qui E 4 ne firent rien diminuer. Deux ans après, en 1896, il entrait de nouveau | dans le même hôpital chez le D' Danlos, qui mit des compresses de sublimé mm. et fit faire cette reproduction en cire par M. Baretta, reproduction que | j'ai trouvée au Musée de l'hôpital Saint-Louis, et que je vous présente aujourd'hui. « En 1901 le pied se mit à enfler, il doubla de volume, il resta ainsi nous dit le malade pendant 5 ans, pendant lesquels le malade soufirit, d’après son dire, des douleurs atroces. En 1903, il entrait dans mon ser- D90 E. BRUMPT = vice ; j'avais alors comme assistant notre regretté collègue M. Bouglé. «Nous fümes frappés de l'aspect œdémateux, dur, de ce pied, doublé de volume, de la peau qui était à la face plantaire épaissie et formant des plis, à la face dorsale tendue et semblant infiltrée. Si le pied avait l'aspect æœædémateux, cependant l'impression du doigt n'y laissait pas de trace. Ce gonflement dur s’arrêtait alors au niveau des malléoles. L’articulation tibio-tarsienne était mobile. («A la surface de la peau se voyaient de petites saillies verruqueuses violacées ressemblant à des dilatations superficielles. Certaines saillies, quand on les pressait, laissaient sourdre un peu de sérosité songuinolente. Au niveau de la malléole interne existaient des veines variqueuses qui donnaient l'aspect de certains pieds violacés à dilatations veineuses succédant à des thromboses veineuses. «Devant cette lésion, nous avons pensé tout d'abord à la tuberculose. Mais bien vite nous rejetâmes ce diagnostic, car la radiographie nous montra des os sains et nous n'avions là aucun caractère d'une tubercu- lose des parties molles. «Après avoir discuté tuberculose et syphilis, nous pensämes à l'actino- mycose et nous demandämes au D'Josué de nous faire des examens histo- logiques et bactériologiques qui, malheureusement, ne nous renseignèrent qu'imparfaitement. Dans une série de préparations on crut voir des débris d'actinomycète. Mais cependant, M. Josué ne voulut pas être affirmatif. «Nous fimes prendre au malade de l’iodure de potassium pendant deux mois sans résultat. Le malade nous quitta à ce moment, soufirant moins, cette diminution de douleur était due au repos. En eflet, dès qu'il es- sayait de marcher, les douleurs revenaient, et, ne pouvant travailler, il se décidait à rentrer de nouveau à Saint-Louis, dans le service du D’ Hu- delo, qui de nouveau, comme nous, eut recours aux pansements humides et à l'iodure de potassium et, comme nous, n'en obtint aucun résultat. «Au mois de juin 1905, il fut vu par Poncet, de Lyon, qui en fit de l'actinomycose et l'envoya à Schwartz qui de nouveau remit à l'iodure de potassium le malade pendant deux mois sans obtenir plus que ses collè- gues. C’est alors que le malade souffrant toujours, desespéré, revint me trouver et me demanda de lui-même l’amputation, dont j'avais parlé devant lui avec mon pauvre ami Bouglé. (CL'amputation s'’imposait encore plus lorsqu'il entra à la fin d'avril de cette année dans mon service. «Le pied avait augmenté, la lésion paraissait plus diffuse. Lorsqu'il était venu la première fois, le maximum du gonflement correspondait au tarse. Lorsqu'il revint, l'æœdème dur du pied était remonté au-dessus des malléoles. La région tibio-tarsienne était dure, infiltrée, la peau laissait voir des veines variqueuses; le pied était violacé, comme il le serait dans une jambe dont, par le fait d’une phlébite, la circulation veineuse se ferait mal. «Sur le pied existaient toujours des petites élevures violacées ; par quel- ques-unes, en pressant, il sortait un peu de sérosité. LES MYCÉTOMES Do « Le 26 janvier, je l'opérais. « Tout d'abord, j'essayai de faire une désarticulation tibio-tarsienne, mais, la peau coupée, je me trouvai sur un tissu fibreux, dans lequel 4 étaient englobés, confondus, les tendons, les vaisseaux, les nerfs, dont la dissection était impossible. Incisant la peau de la jambe verticalement, j'essayai de voir où s’arrêtait le processus fibreux, et je vis que les tissus : ne reprenaient leur aspect normal qu'à 3 centimètres de l'articulation tibio tarsienne. C'est là que je me décidai à amputer la jambe, faisant en î somme une amputation au tiers inférieur. Les suites opératoires furent simples, le malade ne suppura pas, et, un mois après, il quittait le ser- à vice ne soufirant plus, muni d'un pied artificiel. » 2 É Note sur le mycétome opéré par M. le D' Reynier. > Pas de nee ro Le pied opéré présentait à sa surface un certain nombre de boutons " arrondis, d'un diamètre moyen de 3 millimètres (PI. XIII, fig. 1). Ces bou- ‘ tons sont au nombre de 65 sur la face plantaire et de 20 sur la face in- terne du pied, au-dessous et en avant de la malléole. Presque tous ces boutons sont percés à leur sommet d'un orifice ayant environ 1 millimètre de diamètre. A cet orifice fait suite une cavité de 2 ou 3 millimètres de profondeur, ou bien un trajet fistuleux très gréle pouvant aller assez loin dans le pied en s’anastomosant de temps à autre avec d'autres canaux (PL. XVII, fig. 3). Ces fistules ne renferment qu'une quantité insignifiante de pus, et on comprend que le malade n'ait jamais éprouvé la nécessité de porter un pansement. Ces boutons représentent simplement des tubercules parasitaires sous- cutanés, ayant anémié et distendu la peau (PI. XVIE, fig. 2). Ceux qui sont fermés contiennent leur grain caractéristique, ceux qui sont ouverts l'ont évacué à l'extérieur (PI. XVII, fig. 3). Certaines de ces minuscules fistules sont en voie de cicatrisation. Il est probable que, depuis le début de l'affection, la trace de beaucoup de tubercules vides a dü disparaitre après cicatrisation. Pour étudier la topographie des nodules parasitaires dans l’intérieur du pied, nous avons effectué dans celui-ci une coupe sagittale médiane passant entre le deuxième et le troisième orteil. On aperçoit sur la coupe (PI. XIIT, fig. 6) trois foyers malades. Le pre- mier est situé sur la sole plantaire, au niveau de nombreuses fistules signalées ci-dessus (foyer plantaire); le second se trouve à la base du second métatarsien (foyer tarso-métatarsien) ; le troisième, de petite taille, est placé au-dessus de la tête du second métatarsien (foyer métatarso- phalangien). Tout le reste du pied est sain. Dans les points envahis par le parasite, le tissu conjonctif est partout sclérosé et le bistouri le coupe en criant; le tissu adipeux, si abondant Surtout sur la sole plantaire, a disparu au point malade (PI. XIII, fig. 6). Tous les autres tissus du pied, os, cartilages, muscles, tendons, nerfs, semblent sains, malgré la longue durée de l’aftection. RAS RE RON 592 E. BRUMPT Le foyer tarso-métatarsien semble ancien, car on y rencontre de nom- breux trajets fistuleux anastomosés entre eux,ayant de 2 à 5 millimètres de diamètre, et dans lesquels se trouvent des grains parasitaires assez vo- lumineux (fig. 11) baignant dans un liquide purulent peu abondant. Ces différents foyers semblent communiquer entre eux par des trajets passant entre les tendons et les aponévroses. Nous avons incisé le pied sur sa face interne, au-dessous de la malléole, au niveau des fistules signalées précédemment; l'aspect est le même que sur la coupe sagittale; les nodules parasitaires nombreux sont séparés les uns des autres par des faisceaux scléreux denses, le tissu adipeux a dis- paru et la malléole interne est intacte. c Anatomie pathologique. — Nous avons effectué de nombreuses coupes, sur dix fragments prélevés en divers points malades du pied. Certaines de ces coupes passent par des fistules (PI. XVIL fig.3) en voie de cicatrisa- tion, d’autres, au niveau de tubercules superficiels encore intacts. Malgré nos recherches, il nous a été impossible de trouver des tuber- cules au début de leur développement. Dans un seul nodule, qui semblait vidé de son grain, nous avons rencontré un certain nombre de cellules géantes disposées irrégulièrement, et entre lesquelles il nous a été im- possible de rencontrer des filaments mycéliens. Dans certaines autres mycoses, ces filaments sont faciles à mettre en évidence au milieu de cel- lules géantes. Tous les nodules que nous avons observés présentaient à peu près la même structure. Leur diamètre, quand ils sont isolés, est d'environ 3 ou 4 millimètres; au centre du nodule se trouve le grain (pl. XX, fig. 5), en- touré d'un peu de pus formé de polynucléaires et de quelques grands mononucléaires ; autour de cette masse se trouve un tissu friable, formé d'un réseau conjonctif très lâche infiltré de cellules embryonnaires, de macrophages et de polynucléaires; ce tissu est fortement vascularisé par de nombreux capillaires néoformés, qui se déchirent facilement; les petites hémorragies sont communes. Autour de ce tissu vascularisé, le tissu conjonctif se tasse; il est réduit aux seuls éléments fibrillaires et forme une enveloppe scléreuse résistante. Certains nodules, formés par la fusion de plusieurs autres, renferment plusieurs grains. Grains. — Les grains parasitaires qui caractérisent les mycétomes sont, dans ce cas particulier, petits et blancs. Leur taille varie de 1/10 à 1 mil limètre au maximum (fig. 10); les gros semblent d’ailleurs formés par l'agglutination de plusieurs petits. Ce qui frappe au premier abord, quand on les examine au microscope, à un faible grossissement, c'est leur forme, qui rappelle les excréments des Vers de terre. Un aspect semblable, quoique différent à certains égards, a déjà été signalé par Bouftard (12). dans une étude fort complète sur un cas de mycétome à grains noirs. Les grains du cas que nous examinons sont formés par l’enroulement d'un cordon de 1/4 à 1/5 de millimètre de diamètre; ils sont mous et se laissent écraser facilement entre lame et lamelle. Ils sont constitués par un feu= LES MYCÉTOMES 556 trage très serré de filaments mycéliens cloisonnés, qui se terminent gé- néralement par un renflement périphérique. Ces filaments sont réunis entre eux par un cément peu abondant, dont il est facile de se débarras- ser par l’ébullition dans une solution de potasse caustique. Sur les coupes, les grains se montrent sous forme de petites masses circulaires, elliptiques ou rénifocmes (pl. XVI fig. 6; pl. XVII, fig. 2 et 3), suivant le point du grain par lequel passe la coupe. Ils sont consti- tués par un feutrage dépourvu de pigment et ne possèdent pas de hile. Mycélium. — Les filaments du Champignon qui constituent les grains sont gréles, leur diamètre moyen est de 1 z à 1 5; ils présentent des cloisons faciles à voir (1, fig. 11), distantes de 10 à 15 z. Vers la périphérie, Fie. 10. — Grains âgés du mycétome à Indiella Reynieri. — 1, grain montrant le début de l’enroulement. X 45. comme dans tous les autres mycétomes que nous avons étudiés précédem- ment, les filaments deviennent irréguliers, moniliformes, leur paroi cellu- losique s’épaissit (2, 3, 4, 5, 6, fig. 11); en se réunissant ils forment un feutrage qui donne au grain sa forme caractéristique. C’est également dans cette couche périphérique que se rencontrent les chlamydospores terminales ; quelques-unes sont divisées en deux et même en trois loges (1, 8, 9, fig. 11). Leur diamètre oscille entre 5 et 20 ». Les chlamydo- spores intercalaires situées sur le trajet des filaments se rencontrent aussi en divers points du grain, elles sont toujours rares. Sur les coupes, les filaments ne prennent pas le Gram et ils se colorent très mal par l’hématéine-éosine. Par contre, on arrive à bien colorer le contenu protoplasmique des filaments par le bleu Borrel ou le bleu coton dissous dans l’acide lactique. Ces dernières méthodes permettent de mon- trer que les sclérotes, ou grains, observés sont bien vivants puisqu'ils ren- ferment un grand nombre de filaments et de chlamydospores remplis de protoplasme. On ne constate jamais dans ces grains d'association bacté- rienne, comme cela se rencontre dans d’autres mycétomes. A quelle espèce de Champignon avons-nous affaire? Le Champignon Archives de Parasilologie, X, n° 4, 1906. 30 594 E. BRUMPT que nous venons d'étudier est ramifié latéralement et pourvu decloisons, il s'éloigne considérablement du parasite de l’actinomycose ou de celui du mycétome à grains blancs de Vincent. Les caractères du grain ou sclérote, la disposition et la structure des chlamydospores terminales, le mode de ramification des filaments lui donnent les plus grandes res- semblances avec les Champignons de l'ordre des Ascomycètes et de la famille des Périsporiacés dans laquelle se rencontrent les Aspergillus et Fig. 11. — Eléments constituant les grains du mycétome à Indiella Reynieri. — 1, forme filamenteuse jeune du centre des grains ; 2, 3, 4, 5, 6 filaments péri- phériques ; 7, 8, 9 diverses formes de chlamydospores terminales vues en coupe optique, les formes eloisonnées sont très communes. X 1000. le sous-genre- Sterigmatocystis. Comme nous n'avons pas pu faire de culture du Champignon en question, et quoique notre impression est qu'il appartient au genre Aspergillus, nous le faisons rentrer dans le genre provisoire Indiella, que nous avons créé pour classer provisoirement tous les Champignons cloisonnés dépourvus de pigment que l’on ren- contre dans les mycétomes. Comme l'espèce que nous étudions est abso- lument nouvelle comme parasite des mycétomes, nous nous faisons un plaisir de la dédier au docteur Reynier. Le Champignon de ce mycétome parisien deviendra donc l'Indiella Reynieri n. sp. Il est probable, pour ne pas dire certain, que cette espèce est l’une des nombreuses Moisissures que nous avons l’occasion de rencontrer autour de nous; le jour où un nouveau cas de mycétome identique à celui que nous venons d'étudier se présentera, la culture permettra peut- ètre d'identilier le parasite avec un des nombreux Aspergillus ou Sterig- LES MYCÉTOMES 55 matocystis qui nous entourent; ce jour-là, notre espèce devra tomber en synonymie; elle aura eu tout au moins l'avantage de mettre un peu _ d'ordre dans cette question encore si complexe des mycoses spontanées de l'Homme. _ Voici la diagnose de cette espèce : Indiella Reynieri n. sp. — Mucédinée à thalle blanc, vivant en pa- rasite chez l'Homme. Le mycélium jeune est grêle, d'un diamètre de 1u à Tu 5, les cloisons sont distantes de 10 à 15 v. Les filaments pé- riphériques, irréguliers, moniliformes, acquièrent un diamètre de 4 à 5 y et les cloisons sont plus rapprochées que dans les filaments centraux. Les filaments se terminent presque tous à la périphérie par une chlamy- dospore, souvent divisée en deux ou trois loges, d’un diamètre variant de 5 à 20 y. Les chlamydospores intercalaires sont plus rares. Les filaments restent toujours accolés les uns aux autres et forment un grain ou sclérote tout à fait caractéristique, arrondi quand il est jeune; il se transforme,en vieillissant, en un cordon enroulé ressemblant à des excréments de Ver de terre; les dimensions de ce grain ne dépassent pas 1 millimètre de diamètre. Habitat. — Paris. Mycétome à Indiella somaliensis n. sp. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. — Autant qu'il nous a été permis d’en juger par les descriptions anatomo pathologiques macroscopiques _desanciens auteurs, et par quelques études microscopiques récentes très insuffisantes, ce mycétome blanc semble plus commun dans l'Inde que le mycétome blanc de Vincent. Nous verrons un peu plus loin les réserves que l’on doit faire sur les résultats des cultu- res de Discomyces obtenues par divers auteurs en partant de certains cas de mycétomes à grains blancs. Les mycétomes types de cette affection que nous avons l’occasion de décrire en détail proviennent du pays Somali et ont été observés par notre ami Bouffard dans le pays Somali, d'où le nom donné au parasite que nous y avons découvert. OgserRvarTION I (D' Bouftard). — « X*** femme Dankali, âgée de quinze ans environ, nomade vivant dans le désert à quatre jours d'Obock. « Antécédents héréditaires et personnels sans intérêt. L'histoire cli- nique de la malade a débuté il y a quatre ans. En l'espace de quelques jours il s’est développé sur le bord externe du pied gauche une grande et une petite pustule qui furent ouvertes, et par lesquelles s’échappa du pus et des grains blancs. La malade ne peut préciser à la suite de quel trau- matisme elle a eu ces boutons mais il ne faut pas oublier que le sol du 556 E. BRUMPT désert est jonché d’épines et que les indigènes ne font attention à leurs piqüres qu’en cas de blessure sérieuse. | «Depuis le moment où ces boutons ont apparu, le pied a augmenté pro- eressivement de volume, et, depuis un an, bien qu'il n'existe pas de douleurs spontanées, l'impotence fonctionnelle est absolue, la malade reste couchée; l’état général a toujours été bon. « À l'examen on constate un état général satisfaisant, pas de fièvre, pas de réaction des ganglions de l’aine. « Le pied présente un aspect dont la photographie (pl. XIV fig. 4), donne une bonne idée. Le pied malade est hypertrophié et déformé, sa circonférence au niveau de l'articulation tarso-métatarsienne dépasse de 15 centimètres celle du pied sain. Au toucher les téguments du pied sont plus chauds que ceux de la jambe, ils sont durs, ligneux et le doigt en- foncé ne laisse pas de godet. On observe sur la face supérieure et ex- terne du pied de nombreux pertuis par où les grains s’échappent à la pression. La tumeur est douloureuse quand on le comprime. « La surface du pied ne présente pas de tumeurs saillantes, il existe simplement des pustules qui, une Îois ouvertes, donnent passage au pus et aux grains. La peau de la sole pédieuse est saine. « Le stylet enfoncé par les pertuis ne pénètre pas à plus de 1 centi- mètre, il est arrêté par la résistance des tissus. L’amputation est jugée nécessaire et acceptée. La désarticulation tibio-tarsienne essayée d’abord est impraticable par suite de la propagation de la tumeur en arrière; la jambe est amputée au niveau du tiers supérieur. Anatomie pathologique. — « Après l'opération, le pied a été disséqué ; le bistouri entame en criant les parties périphériques de la tumeur qui sont fortement sclérosées. La zone malade est constituée par un tissu scléreux blanc parsemé d'ilots assez nombreux, d'une couleur brune, sortes de petits nids contenant un ou plusieurs grains blanc jaunâtre. Ces ilots ne paraissent pas communiquer entre eux. « Tous les éléments du pied : os, muscles, tendons, tissu cellulo-adi- peux ont été envahis par la tumeur, on ne trouve pas de trace recon- naissable de tissu musculaire. Le tissu osseux des phalangettes des or- teils est seul respecté. La surface articulaire du tibia parait saine mais le bistouri l’entame facilement, le tissu est manifestement raréfié. L’as- tragale a l'apparence d'une éponge et s'écrase facilement, le calcaneum est envahi dans sa partie antérieure seulement. Le tissu des métatarsiens est raréfié, mais ceux-ci ont néanmoins doublé de volume. Le Champi- gnon a pénétré dans l'os qui est parsemé d'ilots grisàtres contenant en leur centre des grains jaunes. « Ces ilots qui se trouvent dans toute la tumeur, aussi bien dans les os que dans le tissu fibreux,ont généralement le volume d’un grain de Mil; mais en certains endroits, surtout au niveau des troisième et qua- trième métatarsiens, les ilots atteignent le volume d’une noisette. » OgservaTION II. — Le D' Bouffard nous a rapporté de Djibouti un pied volumineux opéré par lui chez une femme Somali ou Dankali. La maladie LES MYCÉTOMES 557 avait débuté neuf ans auparavant. La photographie 6 de la planche XII 3 donne une idée des lésions énormes présentées par ce mycétome. 4 Au lieu de présenter quelques fistules à la surface de la peau restée À saine en apparence comme dans le cas précédent, ce pied est couvert sur toute sa surface, même sur la face plantaire, de tumeurs à différents degrés de développement. C’est grace à l’examen de ces jeunes tumeurs cutanées que j'ai pu faire une étude aussi complète que possible de cette intéressante mycose. La photographie 2 de la planche XIV qui représente une coupe passant par le milieu du pied montre les lésions typiques produites par le: Champignon parasite dans Ce cas absolument remarquable. Le tissu osseux du pied a à peu près entièrement disparu, les métatarsiens sont détruits et, seuls, des vestiges plus ou moins reconnaissables de tissu osseux néoformé se rencontrent par places. Les limites entre l’astragale, le calcaneum et les autres os du tarse sont impossibles à tracer, ces os sont creusés de vacuoles comme une éponge, il en est de même du tibia dont la partie inférieure est fortement raréfiée. Comme dans le cas pré- cédent, à l'exception de quelques lobules de tissu adipeux faciles à recon- naître au niveau du talon et quelques lames aponévrotiques encore visibles sur la face plantaire, tout le reste : muscles, tendons, os est trans- formé en tissu scléreux plus ou moins homogène dans lequel se ren- contrent par place des ilots osseux anciens ou néoformés. Dans ce tissu scléreux on rencontre des cavités faciles à voir sur la coupe, ces cavités dont quelques-unes atteignent le volume d’une petite noisette sont rem- plies d’un grand nombre de grains jaunâtres agglomérés ensemble comme des œuis dans un ovaire de Poisson. Ces cavités s’enfoncent profondé- ment et représentent de larges sinus qui font communiquer entre eux des points plus ou moins éloignés du pied. Tout le reste du pied est rempli de petits nodules InhaneQnes au centre desquels se trouvent un ou plusieurs grains. Sur le dos du pied on peut voir la coupe d’une volumineuse tumeur non ulcérée. Le tissu inflammatoire a une teinte brune due probablement à la vascularisation intense et aux hémorragies capillaires qui s’y produisent. La tumeur dorsale que nous avons étudiée au point de vue histologique (pl. XV, fig. 5), présentait de nombreux grains isolés les uns des autres, nul doute qu'à la longue tous les grains ne se soient réunis entre eux pour former des masses semblables à celles que l’on trouve dans les parties profondes du pied, à moins qu'ils n'aient été éliminés à l'extérieur par l’ulcération de la tumeur. A certains égards ce mycétome présente un aspect clinique voisin de celui que nous connaissons dans l'actinomycose. Etude du grain. — Autant qu'on peut en juger par les pièces conservées dans l'alcool, les grains caractéristiques de ce mycétome sont durs, ils roulent sous le doigt mais ne s'écrasent pas comme ceux d’autres mycé- tomes même après leur conservation dans les mêmes milieux. La couleur de ces grains varie du blanc au jaune rougeûtre, leur volume est toujours er sg A ru re # 558 E. BRUMPT petit, leur diamètre atteint 1 millimètre en moyenne, leur surface est lisse. On en trouve parfois de gros, mais en les lavant dans l’eau on voit qu'il s'agissait simplement d'un accolement accidentel de plusieurs grains. Ces grains sont sphériques quandils sont seuls dans un nodule, ils de- viennent polyédriques par pression réciproque quand ils sont accolésles uns aux autres. HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Dans les deux mycétomes dont nous venons de relater l'histoire nous avons retrouvé le même parasite. Les nom- breuses microphotographies ayant trait à ces cas vont nous permettre de suivre facilement la description. C’est dans les tumeurs jeunes, en voie de croissance à la surface du pied, qu'il est le plus aisé de débrouiller la genèse des néoformations inflammatoires. C'est ce qui se rencontre éga- lement dans l’actinomycose. D'ailleurs, l'allure des lésions dans cette espèce de mycétone ressemble presque en tous points àce que nous avons décrit au sujet de l’actinomycose bien que le Champignon qui produit ces différents mycétomes soit totalement différent. - Le jeune parasite se présente toujours au milieu d'une cellule géante, sous forme d'une masse irrégulière se colorant d'une façon plus intense que le protoplasme de la cellule qui l'entoure. Les photographies 3 et 4 de la planche XXI montrent cet aspect. À un examen attentif cette masse parasitaire se montre formée par un Champignon cloisonné ramifié laté- ralement ayant un mode de végétation nettement radié, et, de dimensions très faibles, atteignant 0 45 de diamètre, sauf au niveau de certains ren- flements disséminés d’une façon assez irrégulière et que nous comparons aux chlamydospores du Madurella mycetomi, dont ce Champignon se rap- proche d’ailleurs assez étroitement. La figure 12, ci-jointe, nous montre l’évolution de la lésion. En 1, une cellule géante renferme un fragment parasitaire formé déjà d'un assez grand nombre de filaments mycéliens unis entre eux par une substance cementaire amorphe analogue à celle qui unit entre eux les filaments du Madurella mycetomi. Cette substance interstitielle se colore d’une façon in- tense par le bleu Borrel. En 2 nous voyons un bloc mycélien plus volumi- neux, la cellule géante est réduite à quelques noyaux périphériques.Quand le grain est isolé dans les tissus il continue à s’accroitre en prenant une forme de plus en plus sphérique, mais généralement deux (en 3), trois ou quatre (en 4) cellules géantes se réunissent, les parasites qu'elles ren- ferment se soudent entre eux et l’ensemble du nouveau parasite d'abord. à contours irréguliers s’arrondit, et, après quelques temps, on obtient une petite masse ronde (pl. XIX, fig. 3) dépourvue de cellules géantes et noyée au milieu du tissu inflammatoire plus ou moins ramolli. On peut dès le début du grain constater qu'il est formé de deux parties très nettes, l’une centrale qui est formée exclusivement par le parasite qui se colore d'une façon intense, l’autre périphérique formée au début par les lambeaux de protoplasme des cellules géantes et qui dans la suite semble se produire par une fonte des éléments du tissu inflamma- y “ L LES MYCÉTOMES 559 toire qui l'entourent. Cette masse qui se colore par toutes les couleurs de fond, est comparable à la zone amorphe qui entoure les masses d'acti- nomycose, elle est également comparable à la zone radiée que l’on trouve dans les grains du Discomyces Madurae. Quand le grain grossit (pl. XIX, fig. 4 et 5), le parasite présente 3 zones absolument caractéristiques. Une zone périphérique amorphe, effilochée comme un pompon, puis une zone plus colorée, qui représente la partie jeune du Champignon placée, comme dans les milieux de culture, toujours à la partie la plus externe, enfin au centre une masse se colorant moins fortement mais dans laquelle on trouve encore de nombreux filaments mycéliens. La figure 5 de la planche XIX nous montre un grain formé par la réunion de quatre jeunes grains, la soudure a été complète, l'aspect du parasite rappelle par son mode de végétation ce que nous avons décrit dans le Discomyces Madurae. : Fait curieux et dontnoussignalerons l'importance au sujet de laculture, nous avons rencontré dans presque tous les gros grains, dans les parties profondes des tissus, au milieu de la zone amorphe périphérique et quel- quelois méme en contact avec le Champignon caractéristique de la maladie, un micro-organisme se présentant généralement sous la forme bacté-: rienne mais que nous avons vu, assez rarement il est vrai, se présenter sous la forme dichotomique caractéristique des Discomyces. L’envahisse- ment de la couche périphérique par ce parasite est quelquefois assez pré- coce, puisqu'il peut débuter dès la cellule géante (St., 3, fig. 12). Il peut d'ailleurs manquer; en tous cas le grain caractéristique de cette maladie, dont on peut suivre l’évolution dès la cellule géante, est exclusivement formé par un Champignon tout à faitdiflérent en organisation de ce Discomyces. Les grains ne se présentent pas dans un tubercule, comme cela se ren- contre dans certains mycétomes; ils affectent absolument l'allure de l’actinomycose; la photographie 3 de la planche XVI qui montre une coupe faite verticalement dans une jeune tumeur cutanée nous en donne une bonne idée. Il existe sous la peau une tumeur inflammatoire qui peut être volumineuse, à son niveau la peau est amincie mais ne semble s’ulcérer qu'assez tardivement. Le centre de la tumeur est évidemment la partie la plus âgée, puisque c'est à son niveau que nous trouvons de gros grains dont quelques-uns ont été arrachés et ne se retrouvent plus dans les lacunes qu'ils occupaient. Cette tumeur cutanée venait évidemment de la profondeur. Sur toute la périphérie, on peut voir des nids de celulles géantes, ayant toutes à leur centre un jeune bloc mycélien. Les pho- tographies 1 et 2 de la planche XIX montrent bien ces cellules, la partie foncée représente le Champignon. Sur la photographie 3 de la planche XVI on peut voir, à gauche et en haut, un tout petit grain de cou- leur foncée, presque en contact avec le tissu sain; ce grain avait une struc- ture particulière : toute sa masse était divisée en petits blocs mycéliens à peu près égaux, ayant environ 15 » de diamètre, autour de ce grain en voie de fragmentation, entouré de ses bourgeons, le tissu était absolument 560 E. BRUMPT = dégénéréet faisait un contrasteavec le tissu inflammatoire à éléments jeunes et riches en protoplasme. Comme ces blocs mycéliens avaient la même 1 dimension que ceux que l’on rencontre à l'intérieur des plus jeunes cellules Fig. 12. — Evolution du grain du mycétome à Indiella somaliensis. — 1, cellule géante ayant dans son protoplasme une jeune colonie parasitaire, on aperçoit en clair sur un fond fortement coloré les filaments ramifiés et cloisonnés du pa- rasite ; 2, la colonie est plus grosse ; en 3, deux cellules géantes se sont sou- dées, leur protoplasme renferme également quelques fragments mycéliens de Discomyces, St.; L, colonie parasitaire plus développée provenant de la fusion de quatre ou cinq cellules géantes. X 1000. géantes parasitées, nous considérons ce grain comme étant en voie de re- production par segmentation totale, les différents segments devant être pris ensuite par les macrophages, pour former dans cette lacune un nid de cellules géantes parasitées, comme ceux que l’on voit dans les autres points de la coupe. Le tissu dans lequel baignent ces grains est un tissu inflammatoire, pas LES MYCÉTOMES 561 sant insensiblement aux tissus chroniquement mais plus discrétement al- térés. Autour de chaque grain on observe un cercle de polynucléaires, puis, autour du tissu conjonctif à très larges mailles avec un grand nombre de capillaires néoformés, des Iymphocytes, des macrophages, enfin des cellules géantes rarement isolées, le plus souvent avec un bloc parasi- taire en leur milieu. CuzTure. — Dans les deux cas qui viennent d'être décrits, Bouf- fard est arrivé a obtenir d'emblée une culture pure de Discomyces. Cette culture ne se produit pas sur du bouillon de foin alors que le Discomyces Madurae aime tout particulièrement ce milieu. Elle ne pousse pas davantage sur le bouillon de Dourah. Elle se déve- loppe normalement et très vite sur pomme de terre où elle donne une culture blanche plissée ressemblant à un Lichen, cette culture jaunit vers le 5e ou le 6° jour. Cette culture ne devient jamais rouge, ce qui la distingue de la culture de Vincent. À l'examen micros- copique, on constate un Discomyces typique. Cette culture est cer- tainement celle du parasite associé généralement aux grains et que l'on peut voir sur les coupes colorées au bleu Borrel. Il est très possi- ble que les auteurs qui ontobtenu, dansl'Indeouailleurs, des cultu- res homologuées par eux avec le Discomyces de Vincent et des cultu- res provenant d’un mycétome à petits grains semblables à des œufs de Poisson, ont fait une faute d'interprétation. Quel est le rôle joué par de Discomyces dans le développement du parasite typique de la tumeur ?... Le Champignon qui produit les grains semblables à des œufs de Poisson est très difficile à étudier, par suite de ses faibles dimen- sions. Quand on fait bouillir le grain dans la potasse, la couche périphérique disparaît mais le feutrage mycélien reste cohérent, il en est de même avec les autres liquides dissolvants. Avec l'eau de Javel concentrée, on obtient un meilleur résultat, mais les fila- ments ne veulent pas se séparer les uns des autres et par écrase- ment le grain se brise. Pour mieux le voir, le meilleur moyen est de faire des coupes à travers les grains et de les surcolorer soit à l'hématéine soit au bleu Borrel, on teint de cette façon le cément interstitiel et les Champignons apparaissent plus nettement. Nous donnons la diagnose suivante de notre Mucédinée : PP PSE TES OS CET PO Indiella somaliensis n. sp. — Mucédinée connue seulement à l’état de parasite de l'Homme. Mycélium jeune très grêle de 0 z 5 de large, blanc à Fu nie x LÉ Æ 4 562 E. BRUMPT ramifications latérales et pourvu de cloisons assez rares. Les filaments plus âgés restent blancs, mais leur forme est plus irrégulière, ils sont souvent moniliformes et l’on rencontre sur leur trajet des ampoules qui sont probablement des chlamydospores intercalaires de 1 z 5 à 2 » 5 de diamètre. Le Champignon pousse radialement, les parties jeunes, tou- jours périphériques, sont séparées du tissu inflammatoire par une zone hyaline prenant les couleurs de fond et probablement de nature proto- plasmique; dans cette zone, on rencontre fréquemment un Discomyces qui vit en association ou en parasite. Le grain formé par le feutrage mycélien est dur, difficile à ramollir par les agents habituels, par suite de la com- position chimique du cément qui unit les filaments entre eux. Ce cément incolore doit avoir une nature chimique voisine du pigment noir que l’on rencontre dans les autres mycétomes, car il fixe le bleu de méthylène avec la même intensité que ce dernier. Distribution géographique: Djibouti est probablement très abondant dans l'Inde, si on considère l'aspect clinique décrit ci-dessus et les quel- ques examens bistologiques qui ont été faits (Unna et Delbanco (86)). DraGnosric. — Le diagnostic de mycétome s'impose quand on a pu faire sourdre à travers les fistules des grains jaunes ou blanc jaune. Ces grains sont absolument caractéristiques par leur forme et leur consistance, il est impossible de les confondre avec les grains des autres mycétomes étudiés précédemment. Du reste, le microscope lèvera tous les doutes en montrant un aspect identique à celui que nous avons représenté sur nos photographies. L'examen radiographique montrera toujours une altération pro- fonde du tissu osseux pour lequel le Champignon de ce mycétome semble avoir une affinité spéciale qui le rapproche de l’actinomy- cose et l’éloigne du Discomyces Madurae qui n’attaque que faiblement et localement le tissu osseux. Tous les mycétomes blancs de l'Inde ayant les grains en œuis de Poisson et dans lesquels on trouve une désorganisation du squelette (voir les planches et les descriptions de Lewis (60), appartiennent certainement à cette espèce. Proxosric.--La maladie abandonnéeàelle-mêmeestlentement mais sûrement envahissante. Surla figure 6 de la planche XIT, on peut voir que les tubercules parasitaires cutanés remontaient au dessus de la cheville et comme la propagation se fait de proche en proche, nul doute que la maladie ne soit montée plus haut encore. Comme il ne semble pas y avoir de traitement médical l'opéra- tion s'impose, et il est certain qu'au début cette opération pourrait se faire sans grands délabrements. L ee LES MYCÉTOMES 563 CONCLUSIONS 10 À l'exception des deux premières espèces de mycétomes décri- tes dans ce travail et qui sont produites par des Discomyces, les six autres espèces sont occasionnées par des Champignons difiérant spécifiquement les uns des autres, mais ayant les plus grandes affi- nités génériques. Comme pour deux d’entre eux la culture ou l'observation anatomo-pathologique ont permis de savoir qu'ils appartenaient au genre Aspergillus les autres rentreront à coupsür dans ce genre quand on aura réussi à en obtenir la culture. Actuel- lement nous les groupons, suivant la présence ou l'absence de pig- ment, dans nos genres provisoires Madurella et Indiella. 20 L'étude des mycoses spontanées de l'Homme appartenant au groupe des mycétomes nous a permis de mettre en évidence la biologie de ces curieux Champignons parasites. Il peuvent, à l’en- contre de ce que l’on croyait, même dans lestissus, non seulement montrer des formes de résistance comme les sclérotes et Les chla- mydospores, mais encore des appareils sporifères caractéristiques (Aspergillus nidulans et Aspergillus Bouffardi). 3° Nous pensons que la production du mycétome doit demander de la part de l'hôte et de la part du parasite, des conditions assez difficiles à rencontrer dans la nature, autrement le nombre de ces affections serait immense. Les indigènes, marchant pieds nus dans les régions désertiques et qui payent d’ailleurs le plus lourd tri- but à cette maladie devraient tous être contaminés. 4° Etant donnée la faible résistance des spores conidiennes dans les tissus et le peu de succès des injections sous-cutanées expéri- mentales de spores, nous pensons que le Champignon doit être inoculé dans les téguments sous une forme de résistance capable de mieux lutter contre les agents destructeurs de l'organisme que les filaments issus des conidies. 0 Nous avons insisté à plusieurs reprises dans notre travail, sur le rôle que semblent jouer les cellules géantes et épithélioïdes, à protoplasme abondant et fluide, dans la nutrition du jeune parasite. Nous avons signalé également à propos de l'actinomycose en parti- culier, le rôle actif que jouent les macrophages dans la dissémina- tion de la maladie à distance, les défenseurs de l'organisme sont devenus les agents de sa déchéance. 264 E. BRUMPT 6° Nous avons montré, à propos de chaque mycétome, que l'exa- men macroscopique de la tumeur est en général assez peu caracté- ristique et dépend beaucoup de l’âge dela lésion. Le grain au con- traire est absolument typique dans les huit espèces que nous avons décrites comme capables de déterminer cette affection; d’ailleurs, en cas de doute, l'examen microscopique éviterait toute confusion. 70 Nous avons dans ce travail signalé quatre nouvelles espèces de Champignons du groupe des Moisissures capables de donner l'aspect clinique «mycétome », cette nouvelle acquisition scienti- fique porte à huit le nombre des espèces mycosiques capables de donner cette maladie. Nul doute que des recherches systématiques analogues à celles dont nous avons essayé de donner une idée dans notre mémoire ne permettent de découvrir encore de nombreuses espèces dont le rôle pathogène serait démontré. S° Enfin, on aura des chances d'identifier les espèces parasites rencontrées dans les tumeurs, même en l'absence de cultures, quand on aura étudié d’une facon plus précise que cela n’a été fait jusqu'à présent la morphologie et la biologie des Aspergillus ou des autres Moisissures à thalle cloisonné qui ontun optimum cultural voisin de 37°, quel que soit d’ailleurs le volume de leurs spores. L'inoculation traumatique qui donne les mycétomes ne nécessite pas en effet de spores d’une dimension déterminée, elle exige un parasite pouvant vivre et se développer à 370. Les Moisissures qui présentent ces caractères sont certainement plus communes dans les régions tropicales que dans les régions tempérées. Leur étude est facile à entreprendre; elle serait du plus grand intérêt scien- tifique. BIBLIOGRAPHIE 4. Anami J. G., et Kirckparricx B. A., Notes upon a case of Madura foot occuring in Canada. Trans. of the Assoc. of Amer. Phys., 1895. 2. ALBERTINI et DEsveRNINE, Nola preliminar sobre dos casos de pie de Madura. Revista de med. trop., H, p. 73-87, 1901. 3. BaBes, Der Madurafuss (Actinomyces des Fusses, Perical, Mycetom). Hand- buch der pathogenen Mikroorganismen von Kolle und Wassermann, I, P. 454-470, 1903. 4. BacuiNGar,… Trans. med. and phys. Soc. Bombay, p. 273, 1855. 9. BerkeLey, On the so-called fungus foot of India. Med.Press. and Circe., dec. 6, 1876. 6. BLancnanp R., Rapport sur un mémoire de M.le D'G. Legrain (de Bougie) intitulé : «Notes sur un nouveau cas de Pied de Madura observé en Algérie ». Bull. Acad, méd., p. 753, 1896. LES MYCÉTOMES 565 7. — Sur le Champignon du mycétome à grains noirs. Bull. Acad, méd. p. 46, 1902. 8. Bocarro, J. E., An analysis of one hundred cases of Mycetoma. Lancet, 30 septembre 1893. 9, — Mycetoma. Lancet, 5 janvier 1895. 10. — Pied de Madura.d Arch. de Mé. nav., t. 64, p. 149, 1895. 11. BourrARp, Pieds de Madura observés à Djibouti. Annales d’'hyg. et de méd. col., V, p. 636-652, 1902. 12. — Du Mycétome à grains noirs en Afrique. Annales d'hyg. et de méd, col., VIII, p. 579-590, 1 pl., 1905.) 13. Boyer et SuURVEYx0oR, Upon the existence of more than'one fungus in Madura disease. Philos. Trans., CLXXXV, sect. B, 4 pl. ; Rep. and Proceed. R. Soc., LIII, 1893. 1%. — The fungus foot disease of India. Brit. med. Journ., p. 638, 1894. 15. Boycr, Eine neue Streptothrix-Art gefunden bei der weissen Varietät des Madurafusses. Hyg. Rundschau, VI, p. 529, 1894. 16. Bristowe, Fungus foot of India. Trans. of path. Soc. London, p. 320,1871. 17. Bruas, Pied de Madura observé à Madagascar. Annales d'hyg. et de méd. col., NI, p. 602, 1903. 18. Brumepr, BourraRp et CHABaANEzIx, Notes sur quelques cas de paludisme et sur un cas de mycétome observés à Djibouti. Archives de Parasitologie, IV, p. 564-567, 1901. 19. Brumpr, Mycétome à grains noirs. Archives de Parasit., V, p.151-156, 1902. 20. — Mycétome à grains blancs. Archives de Parasitologie, V, p. 156-158, 1902. 21. — Sur le mycétome à grains noirs, maladie produite par une Mucédinée du genre Madurella n. g. C. R. Soc. biol., LVIIT, p. 997-999, 1905. 22. Brumpr et REYNIER (voir Reynier et Brumpt). 23. Brunswic-Le Binax et Cu. Nicozce, Mycétome aspergillaire. Bull. Acad. de méd., 1906. 24. CarRtTER Vanpyxe, The fungus disease of India. Pathol. Trans., (2), XXIV, p. 169, Bombay, 1861. 25. — On the nature of Mycetoma or the fungus disease of India. Lancet, 11 et 25 juillet 1874. 26. — On Mycetoma or the fungus disease of India. Londres, 1874. 27. CHapaneIx et Bourrarp, Pied de Madura observé à Djibouti. Annales d'hyg. et de méd. col., IV, p. 152 456, 1901. 28. CoquEerez, Note sur l'examen microscopique des lésions que a observe dans l’affection connue sous le nom de pérical ou pied de Madura. C. R. Soc. de Biol., XVII, p. 191-197, 1865. 29. CoRNWALL, J. W.. Notes on the cultivation of Streptolhrix Madurae. Indian med. Gaz., XXXIX, p. 208-209, 1904. 30. Corre, A., Trailé clinique des maladies des pays chauds, 1887. 31. — La maladie de Ballingal (Pied de Maduré) d’après des notes inédites du D: Collas. Arch. de méd. nav., 1883. 32. CRooksHANK, E., Actinomycosis and Madura disease. Lancet, 1897. ; 33. CuNninGHaM and Lewis, The fungus disease of India: a report of observa- tions. Eleventh Annual Report of the Sanitary Commasioner with the Gover- nement of India. Calcutta, septembre 1875. _ 34. CunniNGnaM, Rapport. Sc. mem. by the Med. off. withthe army in India, n° 9, 18%5. 35. DerBanco, E., Ein americanischer Fall von Mycetoma pedis. Deutsche med. Zeit., n° 18, p. 497-500, 1897. 36. — Ein americanischer Fall von Mycetoma pedis; eine neue Strahlenpilz- art. Deutsche med. Zeilt., 17 juin 1897. 37. — Ein neue Strahlenpilzart nebst Bemerkungen über Verfetiung und hyaline Degeneration. Münch. med. Woch., p. 82, 1878. 38. DESvERNINE, C. M. and ALBERTINI, A. D., of Habana, CALNEK of San José 566 E. BRUMPT de Costa-Rica, DEBAYLE, of Leon, Nicaragua, MorÉNo of Habana. Madura foot. Pan-american Congr.Med. Record, 1901;Journal of trop. med., p. 106,901. 39. Down, Madura foot disease, mycetoma of India.WMed. Press and Circ., p.190, 1876. 40. Fox, Theso-called fungus foot of India. Lancet, p. 190, 1876. 41 .— Fungus-foot of India. Trans. path. Soc. London, XXII, p. 320, 1871. 42. GÉmy et ViNcENT, Sur une affection parasitaire du pied non encore décrite (variété de pied de Madura). Annales de derm., n° 5, 1892. 42. — Afiection parasitaire du pied analogue sinon identique à la maladie dite de Madura. Congrès de dermat. et syph., 25 avril 1892. 43. GÉMY et VINCENT, Sur un nouveau cas de « Pied de Madura ». Annales de dermat., p. 1253, 1896. 4h. Harcn and Cie, A remarkable case of mycetoma. Lancet, p. 1271, 1894. 45. Hewzerr, On actinomycosis of the foot, commonly known as Madura foot. Lancet, II, p.18, 1892. 46. Hirsc, Der Madura-Fuss. Virchow’s Archiv., XXVII, p. 98, 1863. 47. Hocc, Fungus foot disease of India. Trans. of the path. Soc., XXII, p. 294, 1872. 48. — The Madura foot of India. Med. Times and Gaz., p. 93, 1871. 49. Huxrzy, Case of Madura foot in its initial stage. Glasgow med. Journ., nov. 1889, mai 1890. 50. Hype, SENN and Bisxop, A contribution to the study of ymcetoma of the foot as it occurs in America. Journ. of cut. and gen.- ur. dis., 1896. 51. JeanseLzue E., Cours de dermatologie exotique. Paris, in-8° de 403 p., 1904 ; cf. p. 286. 52. Kamprer. Amænitatum exoticarum, fasciculus III. Lemgoviae, 1712. 53. KanrxAcx. On actinomycosis of the foot commonly known as Madura foot Lancet, 16 juillet 1892. 54. — Madura disease (mycetoma) and actinomycosis. Journal of path. and bact., octobre 1892. 55. KEMPER, À case of podelcoma ; with microscopical examination of the disea- sed structure. Ann. pract., Louisville, XIV, p. 129-135, 1876. 56. Kirkparriok, Mycetoma pedis. Brit. med. Journ., 1, p. 1545, 1900. 57. LAVERAN, Au sujet d’un cas de mycétome à grains noirs. Bull. Acad. méd., 24 juin 1902. 58. Le Danrec, Etude bactériologique sur le pied de Madura du Sénégal. 4rch. de méd. nav., LXII, p. 447, 1894. 39. LeGRAIN (E.), Le mycétome, ses formes cutanées, son traitement rationnel. Archives de Parasitologie, I, p. 158, 1898. 60. Lewis and CunniGnaM, The fungus disease of India : a report of observa- tions. Calcutta, 1875. 61. Manpex, Two cases of the pink variety of Mycetoma. Records of the Egyptian. Gov.School.of med., 1901. —Journ. of. trop.med., V, p. 243-244, 1902. 62. Marrcann, J., Case of Mycetoma of the abdominal wall. {ndian med. Gaz. p. 57, 1898. 63. MonroyA y FLorez, Micetoma o pie de Madura. Anales de la Acad. de med. de Medellin, XII, p. 379-381 1904. 64. Neirer, Notes médicales à Mayotte. Arch. de méd. nav. LXVII, p. 453, 1897. 65. Nicozze (Ch.) et Prxoy, Sur un cas de mycétome d’origine aspergillaire observé en Tunisie. Archives de Parasitologie, X, 1906. 66. OPpeNnerM, Vortrag über Mycetoma pedis. Arch. f. Schiffs- und Trop. Hyg., VIT, p. 446-365; 1903. 67. — Die pathologische Anatomie des indischen Madurafusses (Mycetoma pedis). Arch. f. Dermat. uw. Syph., LXXI, p. 209, 1904. 68. Pazraur, Ueber Madurafuss. Internal. klin. Rundschau, n° 26, 1894. 69. Pocverini, Ricerche e osservazioni sul pede di Madura. Arch. di biolo- gia normale e pathologica, Firenze, 1903. — Journal trop. med., VII, p.63, 1905. de 3 L v. ] à 1 D 44 - ; : ( # © LES MYCÉTOMES 567 70. PozveRinr, Untersuchungen über den Madurafuss. Lo Sperimentale, n°6, 190%. — Monat. f. prakt. Derm., XXXNVNIIL, p. 575, 1904. ; 71. Pope and Lams, New York medical Journal, 19 septembre 1896. 72. RaynauD, R, Madura foot (Pied de Madura). Pratique dermatologique, III, p. 448-454, 1902. 73. REyNIER et BruMmpr, Observation parisienne de pied de Madura. Bull. Acad, de méd.. (3), LV, p. 709-723, 1906. 74. RoBiN, Pied de Madura. Gaz. méd., p. 461, 1863. 75. Roux, Traité pratique des maladies des pays chauds. IIT, p. 353, 1888. 76. Ruezze, Contribution à l’étude du Mycetoma. Thèse de Bordeaux, 1893. 71. ScnaAtrock, Mycetoma papillomatosum. Brit. med. Journ., p. 622, 1898. 78. SHeuBe, Article « Maduraîuss ». Die Krankheïiten der os Länder, p. 619-631. lena, 1900. 79. Sxax, Mycetoma ; varieties ; its clinical adspects; with cases. Med. Report, Calcutta, il, p. 225, 893. 80. Suyrx, J., Notes on a case of Mycetoma of the neck. Indian med. Gaz., p. 56, 1898. 81. SOMMER y GRECO, Primer caso de Mycetoma o pie de Madura en la Répu- blica Argentina. drgentina medicw, 1904. 82. SurvEYOoR, Madura foot in India. Brit. med. Journ., septembre 1892. 83. Unxa, Die Histopathologie der Hautkrankheiten. Berlin, 189%; cf. p. 469. 8%. — Aktinomycose und Madurafuss. Deut. med. Zeit. med. Woch, p. 150, 1897. 85. — Ueber Aktinomycose und Madurafuss. Münch. med. Woch., p. 150, 1897. 86. Una und DELBANCO, Beiträge zur Anatomie desindischen Madurafusses. (Mycetoma, Fungus disease of India). Monat. für praktische Dermat., p. 545 2 pl., 1900. 87. Vincenr, H., Etude sur le parasite du «Pied de Madura ». Annales Inst. Pasteur, VIII, p. 129, 1894. 88. WizcrAMSON, G. A., Interesting case of mycetoma in Cyprus. Journal of trop. med., VIII, p. 81-82, 1905. 89. Waricur, J. H., À case of Mycetoma (Madura foot). Journ al of exp. med., New-York. III, ke Ee p. 421, 1898. 90. — The biologie of the microorganism of Actinomycosis. Publications of the Massachusetts Gener al Hospital, Boston! I, 1905. DIVERS. 91: BARTHELAT, G. B., Les Mucorinées pathogènes et les mucormycoses chez les animaux et chez l'Homme. Archives de Parasitologie, NII, p. 5-16, 1908. _92. BraxcHarp, R., Parasites. Traité de pathologie générale de Ch. Bouchard, Il, p. 649-932. Paris, 1895. 93. Bovo, P., Micosi del piede da Aspergillo. 1! Policlinico, XTIL, p. 97-119, 1906. 9% COSTANTIN (J.), Les Mucédinées simples. In-8° de 210 p., Paris, 1888. 95. De LA Hoz, E., Champignons pathogènes et mycoses du continent américain. Paris, in-8° de 125 p., 1905. 96. Gepozzsr, L., Les Champignons parasites. Bruxelles, in-8° de 199 p., 1902, 97. Guéeuen, F., Les Champignons parasites de l'Homme et des Animaux. Paris, in-8° de 292 D. 190%: 98. Heiner, Ueber das Verhalten der Ascosporen von nanas nidulans (Eidam) in Tierkôrper. Cent. f. Bakt. w. Par., NII, p. 553, 1890. 99. JEANSELME, E., Le tokelau dans l'Indo-Chine française. C.R. Soc. Biol.,1901. 99. Lrenières et Srrrz, Contribution à l'étude des affections connues sous le nom d’actinomycose (2° mémoire). Archives de Par asitologie, NII, p. 428-479, pl. V. 1903. 100. Lucer, A., De l’Aspergillus fumigatus chez les animaux domestiques et chez les œufs en incubation ; étude clinique et expérimentale. Paris, 1897. 568 E. BRUMPT 101. MAG, Ch., Etude sur les mycoses expérimentales (aspergillose et saccha- romycose). Archives de Parasitologie, VIL p. 313-369, 1903. 102. Maxo. Journal Comp. Med. and Vet. Arch. XIV, p. 163, 1893. 103. Reno, L., Etude sur l’uspergillose. Paris, 1897. 104. ROTTER. Centralblat. {. Bakt., III, p. 446, 1888. 105. Sauvaceau et Rapais, Sur les genres Cladothrix, Streptothrix, Actino- myces, et description de deux Streptothrix nouveaux. Annales Inst. Pasteur, VT, p. 242, 1892. 106. Saxer, Fr., Pneumomycosis aspergillin«. Tena, 1899. 107. WEMER, C., os. Aspergillus. Mém. de la Soc. de physique et d'hist. nat. de Genève, XXXIII, n° 4, 1901. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE XII Fig. 1. — Mycétome à Madurella mycetomi, observation I. se 2, — Le même cas vu un an plus tard (photographie du D' Boufiard). Fig. 3. — Mème cas que dans la figure 2, vu de profil (photographie du D: Bouffard). Fig. 4. — Mycétome à Discomyces Madurae, cliché de l’auteur fait au cours de la Mission du Bourg de Bozas. Fig. 5. — Mycétome à Aspergillus nidulans, cliché emprunté au travail de Ni- colle et Pinoy. Fig. 5. — Mycétome à Indiella somaliensis n. sp., observation II (photographie du D' Boufiard). PLANCHE XIITI Fig. 1. — Mycétome à Jndiella Reynieri, n. sp., observation Reynier et Brumpt. Fig. 2. — Mycétome à Aspergillus nidulans, cliché emprunté au travail de Nicolle et Pinoy. Fig. 3. — Jambe d’une femme Gabonaïse atteinte de syphilis tertiaire sou- vent prise pour une afiection mycosique (cliché de l’auteur). Fig. 4. Mycétome à Discomyces Madurae (face dorsale) exemplaire du Musée Dupuytren, la peau macérée dans l'alcool faible manque sur une partie du pied (cliché de l’auteur). Fig. 5. — Le même pied vu de profil. Fig. 6. — Mycétome actinomycosique opéré par le D' Fontoynont à Madagascar et étudié par Jeanselme. Cliché communiqué par la Librairie Masson. .PLANCHE XIV Fig. 4. — Actinomycose de la mâchoire du Bœuf. Coupe transversale passant au niveau de la branche montante. On voit au centre des traïînées horizontales qui sont les restes du tissu osseux. Les trajets fistuleux et les trainéesde tissu inflam- matoire se voient nettement. Pièce réduite d’un tiers. Fig. 2. — Coupe médiane du pied représenté dans la figure 6 de la plan- che XII. La partie inférieure du tibia est en partie résorbée ainsi que l’astragale qui est creusé comme une éponge; le calcanéum a presque entièrement disparu. Le reste des tissus est parsemé de cavités remplies de grains ressemblant à des œufs de Poisson. Fig. 3. — Microphotographie d’un grain de mycétome à Zndiella Mansoni n. sp. Onaperçoit, surtout à la périphérie du grain, de volumineuses chlamydospores; le grain est entouré de nombreux polynucléaires. X 365. LES MYCÉTOMES 569 Fig. 4. — Mycétome à Indiella somaliensis n. sp., observation I (photographie du D' Bouffard). Fig. 5. — Main observée au cours de la mission du Bourg de Bozas;ils'agissait probablement d'un mycétome non ulcéré. Fig. 6. — Coupe médiane du pied représenté dans la figure 4 de la plan- che XIII. Les os ne sont pas altérés. Le tissu adipeux normal du milieu de la sole pédieuse a disparu et a été remplacé par du tissu inflammatoire et du tissu scléreux. PLANCHE XV Les figures de cette planche, celles de la planche XVI, ainsi que les figures 1, 2 et4 de la planche XVII sont à la même échelle. x 11. Fig. 4 — Grain du mycétome à Discomyces Madurae en place dans son volumineux follicule. On aperçoit nettement l'aspect polycyclique du grain pro- duit par l’accolement de grains secondaires issus du grain initial. x 11. Fig. 2. — Coupe transversale d’un des trajets inflammatoires vus dans la figure 4 de la planche XIV. Les grains d'actinomycose sont groupés à la périphérie, en contact avec le tissu scléreux. Les grains, à contours irréguliers, sont tout à fait caractéristiques. x 11. Fig. 3. — Mycétome à Madurella mycetomi. Coupe au niveau d’un point envahissant. En contact avec la capsule scléreuse se trouvent les parties jeunes, digitées, du Champignon qui apparaît en noir, grâce à son abondant pigment intermycélien. Des grains se sont formés en divers points; les vieux grains montrent de nombreuses vacuoles à leur intérieur. X 11. Fig. 4 — Mycétome à Aspergillus Bouffardi, n. sp. La coupe montre deux grains, faciles à reconnaître, isolés chacun dans leur logette fibreuse qui limite le follicule. Le grain supérieur montre bien la structure helicoïdale typique de ce Champignon. Le pigment noir se trouve à la périphérie seulement ; les points où ce pigment manque représentent le hile. x 11. Fig. 5. — Mycétome à Indiella somaliensis n. sp. Cette coupe est faite dans la tumeur du cou-de-pied visible sur la figure 2 de la planche XIV. Les grains ne sont pas isolés dans des follicules, ils sont disséminés dans tout le tissu inflam- matoire. Ces grains ont une forme tout à fait typique. X 41. Fig. 6. — Mycétome à Madurella mycetomi. Coupe d’un point voisin de la surface du pied, en voie de ramollissement. Le Champignon est presque entière- ment transformé en grains, la peau va s’amincir, une pustule va se former et les grains vont être rejetés à l'extérieur en produisant peut-être une fistule per- manente. X 11. PLANCHE XVI Toutes les figures de cette planche ainsi que celles de la planche précédente et les figures 1, 2 et # de la planche XVII sont à la même échelle. Fig. 1 — Mycétome à Aspergillus Bouffardi, n. sp. Les trois grains que l’on voit sur la coupe sont intéressants par les amas de conidies qu'ils renferment. Le grain du milieu montre les amas disséminés dans sa masse surtout à droite, au-dessous de la couche pigmentée corticale. X 41. Fig. 2. — Mycétome à Aspergillus Bouffardi, n. sp. On voit au milieu de la figure un follicule très jeune, de petite taille. Le grain déjà très pigmenté est en- touré de cellules géantes. Le grain placé en bas et à gauche montre très nette- ment le hile. Les grains âgés sont entourés d’une zone de polynucléaires assez importante. X 11. Fig. 3 — Mycétome à Indiella somaliensis, n. sp. Coupe verticale de la peau au niveau d’une jeune tumeur. Au milieu de la figure, dans la partie la plus ancienne, on reconnait les grains âgés concentriques, identiques à ceux de la figure 5 de la planche XV. Les lacunes blanches de la figure étaient occupées Archives de Parasitologie, X, n° 4, 1906. 37 970 E. BRUMPT par des grains qui ont été arrachés de la coupe. Il n’existe pas à la périphérie une capsule fibreuse bien nette, on passe insensiblement des tissus sains aux tissus morbides. La peau est très amincie au niveau dela tumeur et on trouve en contact avec elle ainsi que sur toute la périphérie de la tumeur des îlots de cellules géantes ayant toutes en leur centre un amas parasitaire plus ou moins volumi- neux. Ces nids de cellules géantes sont HÉDTÈSEn ES à une plus forte échelle dans la planche XI (fig. 1 et 4). x 11. Fig. 4. — En du mycétome à Aspergillus nidulans. Ce grain aussi volumi- neux que celui du mycétome à Discomyces Madurae est facile à reconnaître aux gros filaments mycéliens qui le parcourent radialement. Au centre on aperçoit un cercle noir que nous considérons comme une ébauche de périthèce. X 11. Fig. 5. — Mycétome à Madurella mycetomi. Cette coupe montre l’allure typi- que du Champignon envahissant les tissus sains. En haut de la figure on aperçoit un grain âgé qui s’est séparé du reste du mycélium. X 11. Fig. 6. — Mycétome à Indiella Reynieri, n.sp. Coupe du foyer métatarso-pha- langien montrant en place un certain nombre de follicules parasitaires renfer- ment des grains. Le follicule qui se trouve au milieu de la coupe renfermait quatre grains jeunes n’ayant pas encore leur forme caractéristique. Chaque grain se trouve dans un nid de polynucléaires. Le follicule est constitué par du tissu inflammatoire. L'aspect circulaire net du grain permet de le distinguer à première vue des grains de l’actinomycose qui sont toujours plus ou moins serpigineux. Fig. 7. — Mycétome à Indiella Mansoni, n. sp. Le tissu inflammatoire ne possède pas de limites nettes. Les grains de petite taille, en noir sur la figure, sont entourés d’une zone de polynucléaires. X 411. PLANCHE XVII Les figures 1, 2 et 4 de cette planche sont à la même échelle que les figures des deux planches précédentes. Fig. 1. — Mycétome à Madurella mycetomi. En bas et à gauche, près du bord de la figure, se trouve une région récemment envahie par le Champignon, on y rencontre de jeunes grains et de nombreuses cellules géantes (fig. 8, pl. XIX). Le reste de la figure montre des follicules remplis de grains jeunes qui ne peuvent se développer à leur aise par suite de la résistance que leur opposent les tissus. X 11. Fig. 2. — Mycétome à Indiella Reynieri, n. sp. Coupe au niveau de deux bou- tons plantaires non encore ulcérés. Ces boutons sont desfollicules sous-cutanés au niveau desquels la peau est amincie. Dans le follicule de droite, on aperçoit un grain entouré de sa zone de polynucléaires et de tissu inflammatoire. Les ilots noirs que l'on voit dans les tissus représentent des amas de lymphocytes. XAAE Fig. 3. — Mycétome à Indiella Reynieri. La coupe passe au niveau d’une fis- tule cutanée. La fistule est presque entièrement remplie par du tissu inflammatoires elle met en communication avec l'extérieur un certain nombre de follicules profonds. On voit deux grains entourés de leur follicule. Le grain de droite commence à prendre la forme que nous avons représentée dans la figure 41 de notrestexte 14 Les figures 4, 5 et 6 de cette planche, ainsi que toutes celles des planches XVIII et XIX, sont à la même échelle, à l'exception de la figure 8 de la planche XIX. Fig. 4. — Grain âgé d'actinomycose en place dans un trajet fistuleux. L'aspect est absolument typique. Au centre du grain, on aperçoit des masses blanches sphériques qui sont des granulations calcaires. x 60. Fig. 5. — Grains jeunes d’actinomycose situés dans une lacune du tissu in- flammatoire et baignés dans des polynucléaires. X 60. sin sit dde thin uné fs iséts QC ne AEXS ee cg die à cc Hi SÉSQUS lé. ES LES MYCÉTOMES 514 Fig. 6. — Grain agé d’actinomycose. On voit au centre de la masse parasitaire des granulations calcaires. X 60. PLANCHE XVII Toutes les figures de cette planche, ainsi que celles de la planche XIX, à l’ex- ception de la figure 8, et les figures 4, 5 et 6 de la planche précédente sont à la même échelle. Fig. 1. — Portion de os du mycétome à Discomyces Madurae. Au milieu de la figure, on voit un grain secondaire, dans lequel la structure radiée est bien nette; à sa droite, un jeune grain secondaire à feutrage mycélien dense x 60. Fig. 2. — Mycétome à Madurella mycetomi. Grain âgé, vacuolaire, qui s’est séparé du mycélium plus jeune qui l'entoure. Les lacunes blanches moniliformes que l’on voit sur le fond noir du pigment représentent les filaments mycéliens. Ces filaments sont mis en liberté quand on dissout le pigment noir dans l’eau de Javel ou la potasse. X 60. Fig. 3. — Mycétome à Madurella mycetomi. Mycélium jeune en voie d’ac- croissement dans un tissu qui résiste fortement. Le point de départ du Champi- gnon est en bas de la figure et à gauche, il a progressé par zones successives dont on voit les traces sur le milieu de la figure. Les filaments mycéliens sont grêles et le pigment très abondant. La masse parasitaire est entourée de nom- breuses cellules géantes. X 60. Fig. 4 — Mycétome à Aspergillus nidulans. Le même grain que dans la fig. 4 de la planche XVI. On voit nettement le feutrage Haraelt en formant également des zones concentriques autour du point de départ central de la culture parasi- taire. X 60. Fig. 5. — Mycétome à Aspergillus Bouffardi, n. sp. Le grain enroulé en spirale a été coupé plusieurs fois par le rasoir. Dans le fragment placé en bas et à gau- che on trouve dans le feutrage mycélien des amas volumineux de conidies. x 60 Fig. 6. — Mycétome à Aspergillus Bouffardi, n. sp. Grain isolé dans son folli- cule et montrant le réseau mycélien central, très lâche, entouré de la couche pé- riphérique pignientée. Les points où cette zone Disrnentee manque, constituent le hile. x GO. PLANCHE XIX Toutes les figures de cette planche, à l’ex ception de la figure 8, ainsi que celles de la planche précédente et les figures 4, 5 et6 de la planche XVII sont à la même ‘échelle, Fig. 1. — Mycétome à {ndiella somaliensis, n. sp. Un nid de cellules géantes parasitées dans du tissu inflammatoire. X 60. Fig. 2. — Mycétome à Indiella somaliensis. Un autre nid de cellules géantes parasitées. X 60: Fig. 3,4 et 5. — Divers aspects des grains du mycétome à Indiella somaliensis. Fig. 6. — Mycétome à Madurella mycétomi. Grain âgé. On ne rencontre jamais de cellules géantes autour des grains présentant cet aspect. x GO. Fig. 7. — Mycétome à Aspergillus Boufjardi, n. sp. Début de la lésion. Le jeune grain n'est séparé du tissu inflammatoire que par des cellules géantes. La couche pigmentée est abondante. X 60. Fig. 8. — Mycétome à Madurella mycetomi. On aperçoit trois jeunes grains du Champignon parasite entourés de cellules géantes et noyés dans du tissu in- flammatoire jeune. X 32. 72 E. BRUMPT. — LES MYCÉTOMES PLANCHE XX Toutes les figures de cette planche, ainsi que la figure 7 de la planche XXI sont à la même échelle. Fig. 4. — Mycétome à Aspergillus Bouffardi, n. sp. Début de la lésion, le grain jeune, très pigmenté, est entouré de cellules géantes. X 165. Fig. 2. — Mycétome à Madurella mycetomi. Début de la lésion; le grain jeune, très pigmenté, est entouré de cellules géantes. Il: semble que la production abondante de pigment soit un mode de résistance du Champignon. X 165. Fig. 3. — Début d'une petite colonie d’actinomycose. Le grain jeune est en- touré d’une zone de cellules épithélioïdes. X 165. = Fig. 4 — Portion de grain du mycétome à Aspergillus nidulans. On voit nette- ment l’enchevétrement des filaments mycéliens. En bas l’anneau noir constitue ce que nous considérons comme l'ébauche du périthèce. Le milieu de cette formation est dégénéré, les filaments sont résorbés. C’est dans cette zone pigmentée que se rencontrent les curieuses chlamydospores représentées dans la figure 2 de notre texte. X 651. Fig. 5. — Grain du mycétome à Indiella Reynieri, n. sp. X 165. Fig. 6. — Grain du mycétome à Indiella Mansoni, n. sp. X 165. Fig. 7. — Mycétome à Madurella mycetomi. Au centre masse mycélienne à filaments blancs verticaux, entourée de cellules géantes, et noyée dans le tissu inflammatoire jeune, pauvre en polynucléaires. X 165. PLANCHE XXI Fig. 1. — Jeune masse mycélienne d’actinomycose. On aperçoit nettement au- tour d'elle des cellules épithelioïdes pédiculées et, surtout en haut età droite, quel- ques massues qui envahissent les cellules. X 365. Fig. 2. — Fragment de grain du mycétome à Aspergillus Bouffardi, mon- trant les îlots de conidies, isolés dans le feutrage mycélien et confluents sous la eouche pigmentée corticale. X 120. Fig. 3. — Mycétome à Indiella somaliensis, n. sp. Une cellule géante isolée dans une logette du tissu inflammatoire. On aperçoit à gauche de cette cellule les nombreux noyaux qui la caractérisent, et à droite une masse triangulaire noire qui est la masse parasitaire. X 365. Fig. 4. — Mycétome à Indiella somaliensis. La mase ere occupe ici la partie supérieure de la cellule, on voit déjà la structure radiée qu'elle présente à la périphérie. X 365. Fig. 5. — Mycétome à Madurella mycetomi. On voit nettement au milieu de la figure une cellule géante à contours indécis surmontant une masse parasitaire noire au milieu de laquelle se détachent en blanc les filaments moniliformes du Champignon parasite. X 365. Fig. 6. — Mycétome à Aspergillus Bouffardi, n. sp. Cette photographie mon- tre, au mileu d’un feutrage mycélien, des amas noirs qui sont des têtes sporifères d’Aspergillus. On voit nettement, surtout au milieu, l’'hyphe fertile ou conidio- phore qui aboutit au centre de l’amas conidien. X 800. Fig. 7. — Actinomycose. Coloration au Gram. On voit, à la périphérie du petit amas de droite, les massues volumineuses qui entourent le grain. X 165. en Re = = æ Rp %. F rennes TABLE DES MATIÈRES AuvrAy et V. Corniz. — Examen anatomique d'un Cysticerque (avec 3 fig. dans le texte). R. BLaAncrARD. — Substances toxiques produites par les parasites animaux. R. BLancHaRD. — Spirilles, Spirochètes et autres microorganismes à corps spiralé . ARTS : : ER RTE AE R. BLANCHARD. — Accidents causés par une Graminée américaine (Stipa Neesiana) (avec 2 fig. dans le texte) . R. BLancnarD. — L'appendicite et la typhlo-colite sont très fréquemment des affections vermineuses. E. Brumpr. — Les mycétomes {avec 12 fig. dans le texte et pl. XII-XXI). N. Caocoprovsxy. — Cestodes nouveaux ou peu connus (pl. VIII-X). V. Corniz et Auvray. — Examen anatomique d'un Cysticerque {avec 3 fig. dans le texte). . U. DrAGo. — Azione sperimentale dei succhi digerenti sull’involucro delle ova di alcune Tenie. DRE RETRO NET RE RO Tor ane P. van DüurME. — Contribution à l'étude des tryÿpanosomoses. Répartition des Trypanosomes dans les organes . FERRIER. — Trois cas d’uncinariose en Algérie. FeRRIER. — L’uncinariose en Algérie . FoNTOyNONT. — La médecine à Madagascar . hr $ Cn. Leparccy. — Recherches sur les Hématozoaires parasites des Téléos- téens marins (avec 3 fig. dans le texte et pl. VIT). M. Lesrepo. — La Parasitologie à Cuba . . Sr AE Re AE E. Luns. — Trypanosoma Theileri in Transkaukasien (pl. L et I: P. MÉéGniN. — Sangsues parasites des Palmipèdes (avec 4 fig. dans le texte. G. Neumann. — Notes sur les Ixodidés. IV (avec 17 fig. dans le texte) . G. NEuMaANN. — Note sur Spelæorhynchus præcursor Nn . M. Neveu-LeMaiRe. — Mission du Bourg de Bozas en Afrique tropicale. Étude des Culicides africains (avec 27 fig. dans le texte). . Cn. Nicozze et Pinoy. — Sur un cas de mycétome d’origine aspergillaire observé en Tunisie (avec 8 fig. dans le texte et pl. XI). Poy et Ch. Nicozce. — Sur un cas de mycétome d'origine aspergillaire observé en Tunisie (avec 8 fig. dans le texte et pl. XI). . . . : . . . Archives de Parasilologie, X, n° 5, 1907. 38 221 84 | FES TABLE DES MATIÈRES P. SAvouRÉ. — Recherches expérimentales sur les mycoses internes et leurs parasites (avec 20 fig. dans le texte). . Er. b) Revue bibliographique. Er SE A 105, 289 Notes et Informations (avec 8 fig. et un fac-simile d’autographe dans le texte CLACS DL. AHEVI) TM Te EN ER M NM ee RE 07 20 EE Ouvrages reçus. 123, 316, 485 Le présent volume comprend 21 planches hors texte, % figures et un fac-simile d’autographe dans le texte. Il renferme en outre, ci-après, la table générale des tomes I à X. Il a été publié en cinq fascicules : 1% fascicule, comprenant les pages 1 à 128, paru le 1* septembre 1905 ; 2* fascicule, pages 129 à 320, paru le 1° mai 1906; 3°: fascicule, pages 321 à 488, paru le 15 octobre 1906; 4° fascicule, pages 489 à 572, paru le 25 novembre 1906; ° fascicule, pages 573 à 610, paru le 15 octobre 1907. HOUZEAU, Éditeurs 1 ASSELIN et ; RAA re à _ Place. de l'École” de Médecine, PARIS (VI!) - r Te PAR AE NES RES ROME de Le ee A. RAILLIET | | Dr | Professeur CU dÉcole vétérinaire d'Alfort, Membre de l Académie de Médécine : PU _ = _DeuvxrÈve ÉDITION : 1 grand i in- # de 1308 pages avec “802 figures dans le texte, D EE ve RE SU MU 20 Lens 7 ALAS PARAITRE OX MICROMEMES DES ANIMAUX DOMESTIQUES PAR, 1 6. NEUMANN. Professeur à École vétérinaire de Toulouse È RS _ DEUXIÈME. ÉDITION. 2 Un- . ; grand à in-8 . 780 pages, avec 364 figures intercalées dans 15 texte, LÉRCRS artonné. == se. SN Re de ee tendre cu ne LOL LEONCS. me . ; 2e MORSURES 2 TRAITEMENT A o Pan & M. KAUFMANN. a. - Professeur à. l'École. YÉeEMae d'Attont TA REDS Ne FD ÉDECINE | na L'ÉCOLE D'ALEORT Civils et Wititair es PRIY NE L’np F 2 Pour Paris, Seine, Seine-et- a 4% 50 PRIX DE L ABONNEMENT j Pour les autres Départements MOUTE Ne 46 >. pute toujours - du 45 Janvier - E Pour PUmon postales ie AE LE Recueil de Médecine DERÉTRUS peste les a gt 30° nes chaque 1 mois - de Médecine vétéri inaire, RÉDACTION : 15, Rue de l'École de Médecine, PARIS VI: ABONNEMENT : Paris et Départements : : 30 Îr. — - Union postale : 32 tr. par volume. : Les Archives de Parasitologie publient des one originaux écrits dans Pane où. l’autre des sept langues suivantes : français, allemand, anglais, espagñol, esperanto, ita- lien et latin. Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE DAGTYLOGRAPHIÉ (écrit à la machine), afin de réduire les corrections au minimüm, | Ce texte doit être conforme aux règles suivantes: 1° On appliquera strictement les règles de la Nomenclature zoologique ou botanique adoptées par les Congrès internationaux de zoologie.et de botanique; 2 On fera usage, tant pour les noms d'auteurs que pour les indications bibliogra. phiques, des abréviations adoptées par ces mêmes Congrès ou par le OGC Record de Londres; : 3° Les noms 2éographiques ou les noms propres empruntés à des. langues qui p’ ’ont pas l’alphabet latin seront transcrits conformément aux règles internationales adopiées par les Congrès de zoologie; Re nom d'être vivant, animal ou plante, commencera par une première lettre capitale; 5 Tout nom scientifique latin sera imprimé en tee (souligné une fois sur le manuscrit). Dans l'intérêt de la publication et pour assurer le maximum de perfection ans) la. reproduction des planches et figures, tout en. supprimant des dépenses inutiles, nos collaborateurs sont priés de se conformer aux règies suivantes : 4° Dessiner sur papier ou sur bristol bien blanc. 2° Ne rien écrire sur les dessins originaux. . 3° Toutes les indications (lettres, chiffres, explications de figures, etc. | seront platée sur un calque recouvrant la planche ou le. dessin. 4 Abandonner le plus possible le crayon à la mine de plomb pour le crayon w ou l’encre de Chine, : Les auteurs d'articles insérés aux Archives sont instamment priés de renvoyer la Rédaction, dans un délai minimum de huit jours, les épreuves corrigées avec 1 manuscrit où l'épreuve précédente. Ils recevront gratis 50 tirés à part de leur article. Ils sont invités à faire connaître sans délai s'ils désirent en recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), à leur frais et conformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l'impression typographiqu ilne concerne point les planches, dont le prix peut varier considérablement. Toutefois, il importe de dire que, pour les exemplaires d'auteurs, les planches seront comptées strictement au prix de revient. Les tirés à part ne peuvent être mis en vente. TARIF DES TIRÉS A PART | 25 ex. 50 ex. Uné'feuilleéntière: T6: LA DE NE se ERA A) Trois quarts de fées, MENU CONNUE ER 10 50 Uné:deméienttler Sin RM A RE re RER 9 » Un: quart. Diptères; — à Terre-Neuve, IH, =. 202; — larves, pseudo-parasites, IT, 251; — larves occasionnant une affection typhoide, IV, 353. 2 Dipylidium caninum.— Anomalies, D D 354. Discomyces, II], 193, — Coloration, IV, 161. —_ Distomes. — Parasites d’une _ Méduse, V, 199. — Sous-famille des Haploporinæ, VI, 129. < Distomum pancreaticum, 1, 30. _ Documents curieux ou inédits, Do D, 189. _ Dorreix. — Revue bibliographi- que, V, 608. PDONIDERNICIER, 11022; 11, 438. ANALYTIQUE DES MATIÈRES Chez les Inver- 200. — Deux espèces : TES JON Tr M de 7 MY, 599 Dourine, IT, 124. Douves; — du pancréas, [, 30. — Lésions du foie, IV, 581. Dovox et Courmonr. — Revue ‘hi- bliographique, I, 350. Dracontiase à Bender-Bonchir, NAME: Dromadaire. Larves dans les fosses nasales, I, 513. Dugini. — Nécrologie, V, 611. — Notice biographique, VI, 138. DusarniN. — Notice biographique, UNE Duncerx (Von). — Revue biblio- graphique, IX, 319. Durek. — Revue bibliographique, X- 289: Dysenterie, VIE, 451; nia saginata, IX, 151. Eaux. — Leur rôle dans lhel- minthiase, II, 485. — Examen au point de vue des Insectes par les Bouddhistes, VI, 633. Echinocoque. — Evolution kys- tique du scolex, VI, 54. Echinorhynchus ; — tenuicondutus, 11,291 ; — rheæ, V, 414; — peer tutus, V,419; — rostratus,V, 420 ; segmentatus, V, 423. Echinorhynques. — des Célacés, — par Tæ- Il, 262; IT, 208; — des Oiseaux, V, 412. Egypte. — Parasilologie de lan- cienne E., IV, 481; V,461. — Sa- natorium chez les Anciens, X, 300. Elections. — Laveran, IV, 475. Eléphant. — Helminthes intesli- naux, III, 509. Eléphantiasis — en Algérie, 1,151 ; — du scrotum, LV, 498. Emphysème général du fœtus chez la Vache, HE, 316. Endoparasites. — Vitalité après la mort de l'hôte, IV, 531. 600 Enfant attaqué par des Fourmis, IL, 645. ExJoy (P.d'). — Revue bibliogra- phique, V, 187. Enseignement. — de la médecine tropicale, III, 185, 359; IV, 159; — de la médecine coloniale à Mar- seille, IT, 316, V, 190; — à Bordeaux, V, 190; — à Paris, V, 1493; — des maladies des pays chauds, I, 8; — des maladies tropicales en Grande- Bretagne, II, 318; — en Angleterre et en Allemagne, V, 493; — à Liver- pool, IT, 138. Epidémie.— Théories anciennes, No ERCOLANI. Biographie, V, 504. — Portrait, V, 505. Eretmapodites Condei, IX, 444. Ergates faber. — Larve dans les fosses nasales, I, 543. Errata, I, 184, 359, 637 ; Il, 635; I GE5S VS 630-635 0635: VII, 634. Espagne. — Projet de loi contre le paludisme, IT, 541. Etats-Unis. — Parasitologie ani- male, VI, 320. Ethiopie. — Paludisme, IV, 575. FABRE-DOMERGUE. — Revue biblio- graphique, Il, 484. Fasciola hepatica, IX, 78. Fasciolidæ, 1, 81. Favus de la Souris, V, 5. Fièvre jaune; — prophylaxie, IX, 161; — lutte, V, 195, IV, 328:. V, 20%; — Hôpital de las Animas, VIE, 43. Mévretyphonle MINS 26 par larves de Diptères, IV, 353. — Trichocéphale, IX, 122, 322. Filaire. — de Médine ; — au début du xviut siècle, VE, 509. — à Bendes- Bouchir, V,-498— l'Homme, IX, 187. — du Crapaud sang de TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES de Colombie, IX, 146. -— en Nou- velle-Calédonie, VII, 377. < Filaria. — voloulus, Il, 451. IV, 301. — reticuleta, IV, 63. — loa, I, 50%. — columbi, IX, 148. — parvomu- cronata, VI, 37. Filariose. — Chylurie, VI, 574. — du ligament suspenseur du boulet chez le Gheval, IV, 58. — transmis- sion par les Moustiques, IIT, 280. — en Algérie, I, 451. Flore et faune des cavernes pul- monaires, J, 217. Focreu. — Nomination, [, 622. Fœtus. — de la Vache : Emphy- sème général, IE, 316. Foie. — Lésions causées par les Douves, IV, 581. — Helminthes, VE, 161. — Kyste hydatique, IT, 479. Formol, 1, 629. Fosses nasales. — Larves de Co- léoptère, [, 513. Fourmis. — Attaquant un enfant, IL, 645. Frambæsia. — en Algérie, IN, 308. Frambæsiforme (lésion). — simu- lant le pian et la bothriomycose, F, #10. France. — Médecine tropicale, VIII, 475. Frien, I, 503. — Mal du f 503. Frienite, [, 503. Gale sarcoptique et démodectique du Porc, VII, 370. GALLI-VALERIO. — VIT 413; GARNAUET, V, 160. — Tuberculose bovine, VI, 152, 297,510: Garrulus glundarius. — Monosto- num faba, FL, 628. Gastro-entérite. — CONS A Te Enr 0 Gastrophile du Cheval, IV, 4169. Nomination, Oidivum abli Geai. — Monostomum faba, 1, 628. 361. Gordius. — G. et les sorciers, VI, CE - Goundou, IX, 269. GRAssr. — Expériences dans le _ paludisme, IV, 233; V, 401. Grégarines. — Sue Groënland. — Pou et Puce, VII, 156. _ GRuBY. — Notes sur —, III, 187. — Nécrologie, I, 622; — Notice biogra- phique, IT, 43. GurarT.— Nomination, IV, 477.— Fièvre typhoïde, IX, 122. Guyane. Moustiques, VI, 5, 613. Guvor. — Nécrologie, IV, 636. Hœmatopinus præœcitus, V, 600. Halzoum, IX, 78. Hambourg. — Clinique de Unna, IV, 326. — Médecine tropicale, IT, 185. HaAMEAU, J. — Monument, Il, 316. — Fêtes à la Teste, III, 333. Hameau, G. — Nécrologie, IV, 636. Haploporinæ, VI, 129. Harrar. — Paludisme. [V, 571. Havane (la). — Hôpital de las Animas, VIII, 543. — Académie des sciences physiques et naturelles, V, 196. Helicometra, VIL, 373. Helminthes. — Kystes, 1,583; III, 134. — action pathogène, IX, 175; — de l'Eléphant, IT, 509. — du foie, VI, 161. — de l'Homme en Nor- mandie, [, 352. Trachéates, VI, Helminthiase. — causée par les _ eaux et les légumes, I, 485. _ Hématozoaires. — des Téléos- téens, X, 348. — des Lézards, IV, 135. — du paludisme, VII) 152 — Gigantorhynchus moniliformis, 1, TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 601 du paludisme 44. Hémiptères. — Piqûres, V, 139. intertropical, H, Hémogrégarines. — des Téléos- téens, X, 348. Hémorrhagie intestinale. — par larves de Diptères, IV, 353. Heptaphlebomyia. — argenteo- punctata, IX, 446. — Montforti, IX, 448. Herculus Myagrus, VIII, 88. Hirudinées. — chez le Canard, 1, 627. Histiogaster spermaticus, V, 449. Homme. — Filaires du sang, IX, 187. — Mucorinées et mucormyco- ses, VIT, 5. — Myriapodes pseudo- parasites, VI, 245. — Cestodes à Milan, II, 198. — Saccharomycose, MP STE Hôpital Pasteur, IT, 354. Hydatide. — Evolution kystique, VI, 54. — prophylaxie, IX, 451. — cf. Kystehydatique. Hygiène. — chezles coiffeurs, VI, SAN Hygiène urbaine. — Acarien du Platane, ILE, 115. Hypoderma lineata, IV, 609. Hystricopsylla Narbeli, I, 96. Ichthyotænia Calmettei, Il, 34. Indo-Chine. — Lèpre, IX, 242. — Paludisme, IX, 249. Institut antituberculeux, III, 184 Institut bactériologique de Na- mur, VI, 320. Institut de médecine coloniale à Paris.— Création, IV, 414.— Orga- nisation, V, 561. — Histoire de sa fondation, VI, 585. — Deuxième session, VIII, 629 ; —troisième ses- sion, IX, 3323 ; Institut Pasteur, IIT,184.— Cours 602 d'analyse chimique et bactériolo- gique II, 542. —de Bordeaux, VI, 508; — de Lille, [, 622. à Institut sérothérapique danois, VI, 295. — de Milan, IV, 158. Intestin. — Helminthe d’un Élé- phant, IT, 509. — Larves de Dip- tères, IT, 251. — Obstruction par des Ascarides, If, 634. — Pseudo- parasites, IT, 251. — Parasites, IX, 175. — Bilharziose, IX, 329. Intoxication par les parasites ani- maux, X, 84. Invertébrés. — Cytotoxines, IX, 546. Italie. — Enseignement de la médecine coloniale, VIT, 168. IveaGx (lord), IT, 138. Ixodidés. — Anomalies, II, 463. — notes sur les [., VI, 109, VII, &hk: IX, 225 : X, 195. JANEs el GLEN LisTox. — Revue bibliographique, IX, 635. Japon. — Parasitologie, I, 5. JEANSELME. — Revue bibliographi- que, VIT, 474. JONES, Il, 138. Kabylie. — Actinomycose, IV, 409. KAISERLING. — Liquide conserva- teur, IT, 361. Kaxrmarc. — Nécrologie, IE, 138. — Médaille, VITE, 140. Kariolysus lacertarum, IV, 135. KerscaBaumer. — Revue biblio- graphique, V, 396. Khartoum. — Collège VIT, 486. KLENCRE, VII, 152. Kzynexs el BERTRAND. — Revue bibliographique, VIF, 165... Kozze et WaAssERrMANx. — Revue bibliographique, V, 609; VI, 507; IX, #40. Krimer. — Revue bibliographi- que, VIT, 165. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Kyste hydatique du foie, IF, 479. Kystes des Helminthes; I,583; IT, 134. A Laboratoires de bactériologie dé- partementaux, II, 138, 139. Labrocytes et thrombocytes, VI 508. LABOULBÈNE. — Notice biographi- que, [, 343. < Lagos. — Paludisme, V, 195. Langue noire pileuse, IV, 262. Lapin. — Tuberculose strepto- bacillaire, 1, 100 ; IT, 127. — Périto- nite actinomycosique, If, 535. Larves. — de Mouche, II, 23. — — Muscides africaines, IX, 568. — Gastrophiles du Cheval, IV, 169. — Coléoptères, I, 513. — Diptères, I, 23, 251. LAvVERAN. — Election, IV, 475. — Revue bibliographique, VITE, 138. LecLaince et Nocarn. — Revue bibliographique, IE, 321. Le Danrec. — Nomination, VE, 152: LEGRAIN. — Nomination, V, 189. Légumes. — Helminthiase, IT, 485. | Leipy. — Notice biographique, TITI, 269. Leiognathus Blanchardi, VII, 558. Lèpre. — À Madagascar, IV, 162. — en Indo-Chine, IX, 242. Lerenpe. — Revue bibliographi- que, II, 324. LeucrarT. — Notice biographique, PASSE 1 Leucocytaire (Formule — dansles infections), VI, 520. Lézard. — Kariolysus rum, IV, 435. Lichtheimia ramosa, VIT, 562 ; — conymbilera, VIT, 562. Lille. — Fêtes de Pasteur, IT, 30. Linguatula rhinaris, HT. 199, lacerta- ….. Médecins indigènes, IV, _ Maladies Linguatulidæ. — Revision, I, 52. Liquide de Kaiserling, I, 361. Liverpool. — Enseignement des maladies tropicales, IT, 138. — La- boratoire de l’École de médecine tropicale, VIIT, 139. Loborchis mutabilis, V, 579. Lombric. — Nématodes, VI, 619. Lumorieus terrestris, IT, 23, Lyctocoris campestris, V, 141. Lurz. — Revue bibliographique, _X, 289. Mâchoire. — Actinomycose, IV, 409. Madagascar. — Présence de la Chique, I, 627 ; III, 206, ; IV, 320. ID == La médecine à —, X, 227. — Mous- tiques, IV, 256. — Proverbes, VII, 637. — Culicides, IX, 441.— Lèpre, IV, 162. . Marzcor, I, 532. — Centenaire, VIII, 633. DE MAGALHAES, Il, 144. Mal du frien, 1, 503. Maladies contagieuses. — Loi pour combattre les — en Allema- gne, II, 532, Maladies infectieuses. — Lutte contre les —, III, 359, 545, 633 ; IV, 320, 636: V, 194, 204, 398, G11 ; ” VIN, 447. Maladies des pays chauds, I, 8. tropicales. — Lutte contre les —, III, 359. — Prix sur des sujets de —, IV, 327. — C. f. Enseignement. Maladie du sommeil. IV, 326, — Transmission, VITE, - 573. — Etiologie et pathogénie, [, 369. — Distribution géographique, pro- phylaxie, IX, 205.— Mission Brumpt, VII, 632. | Mammifères. — Porocéphales, IT, 356, be d DRE | € ne ts, TAN" NA re x Bud re '"s TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 603 Mansox (Sir P.). — Nomination, VIH, 153. — Revue bibliographi- MQUE A5 17e Manson (P, Th.). — Nécrologie, VAIO IUr Marmotte. — Acarien, VILLE, 558. Marseille. — Médecine colo- niale, T[, 316; IL 359. — Maladies exotiques, IV, 96. MarriNr. — Revue bibliographi- que, XI, 625. Marrucor, — Nomination, IH, 182. Marzuscira. — Revue bibliogra- phique, VIT, 165. Médecin colonial. — Diplômes, Ne 1907 Médecine et zoologie, IX, 129. Médecine coloniale. — Marseille, PAR ACEN EMI OEM NUQUE Création d’un [Institut à Paris, IV, 414, — Institut de —, IX, 323. — En Italie, VII, 172. Médecine populaire en Roumanie, 1354: Médecine tropicale, Il, 626; VIE, 139, 475. — Cf. Enseignement. Médecine vétérinaire. — Patholo- gie du chien à Djibouti, IV, 565. — Parasitologie préhistorique, V, 417. Méduse. — Distomes, V, 199. MÉGxiN. J. P. — Revue biblio- graphique, X, 294. Mécnin. M., Il, 144. MExse. — Revue bibliographique, IX, 632: Mersaxikov. — Revue bibliogra- phique, IT, 325. — Un philosophe optimiste, VIIT, 148. Microsporum du Cheval, I, 379; IL, 362, 606. — forme Oospora. Miooexnore. — Revue bibliogra- phique, [, 621. Milan. — Cestodes, III, 198. -— Institut sérothérapique, IV, 158. PRE E 604. MiqueL et CamBrer. — Revue bi- bliographique, V, 607. Mission du Bourg de Bozas, IV, 563; V, 145, 460. Molluscum contagiosum, IX, 145. Momification des te I, 39. Montrez. — Nomination, [, 622; IT, 1188 Monostomes, II, 258. Monostomum ; — mutabile, 1, 627; faba, 1,628.— chez Le Canard, IE, 258 Monuments. —Nocard, VII, 632. — Pasteur, VI, 630: VII, 594, 629: — Pelletier et Caventou, III, 531. Mort (Parasites de la) I, 39. Moustiquaire électrique, X, 465, Moustiques, IV, 256. — de Guyane, VI, 5, 613 — de Paris, IV, 615. — Lutte contre les —, VI, 629. — Toiles métalliques, VI, 319. — Le Touring-Club, X, 484. — Transmis- sion de la filariose, III, 280. Cf. Culicides. Mouton.— Coccidiose, VI, 82. Mucorinées pathogènes, IV, 362; VIT, 5 Mucormycoses, VIT 5. Mucor ramosus, VIIT, 562. Müzcer J. — Notice biographi- que, V, 95. — Appendice à sa biographie, V, 198. — J. M. était-il français ? V, 203. Mus decumanus, 1, 361. Muscides africaines, IX, 568. Myase. — en Roumanie, |, 314, 316. — en Abyssinie, IV, 572. — hypodermique en France, IV, 609. — des Bovidés au Brésil, V, 612. — cutanée en Bulgarie, X, 309. Mycétome. — en Algérie, [, 158. — à Djibouti, IV, 564. — à grains blancs, V, 156, 460. — aspergillaire en Tunisie, X, 437. — Étude géné- X, 489. — à grains noirs, V, rale, (Ale PRIRENT GTS 300, (ECES PR pes fi = È he NE AN TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Mycoses. — en Algérie, I, 167. — dans les voies respiratoires, VII, 353. — internes, VIII, 110. — expé- rimentales, VIT, 313 ; X, 5. Myers, VIIT, 139. Myriapodes ; — pseudo- parasites, 1,452, 4916 N0,- 2#5 t681- Ne ecie \Caldos, 4: 180 Camara Pestana, Il, 623. — Cohn, |, 622. — Dubini, V, 611. — Gruby, L, 622.— Guyot,I[V,636,— G. Hameau, IV, 636. — Kanthack, Il, 138. — P. Th. Manson, V, 611. — Myers, IV, 157. — Nepveu, VII, 483. — No- card, VIT, 631.— E. Parona, VI, 508. — Schaudinn, X, 468. — Sonsino, V, 611. — Stossich, X, 465.— Villot, IE, 182.— Zürn, IT, 644. Nématodes.— du poumon, |, 281 — du Ver de terre, VI, 619. Nocaro. — Monument, VII, 632. Nocarp el LEGLAINCHE. — Revue bibliographique, If, 321. Nocar. — Revue bibliographique, II, 289. Nodules parasitaires, IV, 288. Nomenclature helminthologique, RUE 2107 Nominations. — Artault, IV, 157. — Barthelat, VIII, 475. — Beh- ring, IV, 157. — Brault, [, 180; IV, 157. — Brumpt, V, 190. — Buffard : et Schneider, V, 189. — Calmette, I, 622, — Fockeu, I, 622. — Galli- Valerio, 1, 180. — Guiart, IV, 477. — Le Dantec, VI, 152. — [Legrain, V, 189. — Manson, I, 180. — Mo- niez, |, 622; I, 138. — Neveu-Le- maire, IX, 145. — Schneider, IV, 157. — Treille, I, 180. — Woo- dhaed, If, 138. — Yersin, IV, 157. Normandie. — Entozoaires de l'Homme, I, 352. Notes et informations, I, 4180, 11,438, 316; IIR 182,354, Es a à D dub 2 Er ts SEE RRS TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 605 534, 644: IV, 157, 475, 636: V, 188, 398, 557, 611; VI, 152, 295, 508, : 624; VII, 168, 483, 631; VIII, 139, 19, 16295 1X; 145, 322, 636 ; X, 107, 294, 465. Notices biographiques. — Bas- si, VI, 42. — Cobbold, IIT, 163. — Davaine, VII, 1422. — Dubini, VII, 138. — Dujardin, IV, 5. — Ercolani, V, 50%. — Gruby, IT, 43. — Laboul- bène, Il, 343. — Leidy, IT, 269. — Leuckart, 1, 185. — J. Müller, .V, 95, 198, 203. — Paget, III, 4111. — Raspail, VIII, 5. — Redi, I, 420. — Rivolta, Il, 377. — Rudolphi, LIT, 547. — Woodhaed, II, 138. Nouvelle-Calédonie. — Filaires, NAN RETIE Nurenberg (Ouverture de l’'Hôpi- tal de), III, 530. Nurrazz. — Revue bibliographi- que, VIII, 472. Ouvrages reçus, I, 182, 356, 519, 634 ; II, 150, 327, 488, 636 ; III, 364, 546: IV, 166, 328, 478, 637: V, 205, 399, 559, 636; VI, 157, 517, 636; MAMIE SELS TT, 6355 NTIL 4157, 350 : 479 : IX, 152, 325: X, 123, 316, 485. Obstruction intestinale, Il, 634. ObriozoLa. — Revue bibliographi- que, IT, 610. Oestrides du Cheval, IV, 169. OEufs de Dermanysse,l V, 164. Oidium albicans, 1, 572; II, 270. Oies. — Monostomum mutabile, I, 627. Oiseaux. — Echinorhynques V, 412. — Bothriocephalide, V, 440. — Sarcopsylla gallinacea, VIT, 124. Oospora. — Forme — du Micros- porum du Cheval, Il, 362, 606. Orthogariscus molu, VI, 161. - OSTERTAG, Jæœsr et WoLFFHÜGEL. — Revue bibliographique, X, 292. Oxyure. — Forme larvaire, VII, 133. — Troubles produits, par les —, V, 557. Oyuris. — Bulgæsi, INT, 34; An- nulata, NT, 31. | PAGer (Sir J.). — Notice biogra- phique MEL AMIE Palmipèdes. — Sangsues, X, 71. Paludisme. — Conférence inter- nationale, III, 356.— Hématozoaire, VIT, 152. — à Djibouti, IV, 563. — chez les Somali, IV, 567, V, 149. — à Harrar, IV, 571. — Répartition en Algérie, IX, 263, 272; — aux Canaries, V, 201; — au Lagos, V, 195 ; — dans la Pouille, VIF, 485 ; à Barcelone, VII, 389. — intertro- pical, 1,44. — Commission d’études, I, 625. — Expériences de Grassi, IV, 233; V, 401. — Lutte contre le DRM GENN PIE GS 3 SEEN Algérie, IX, 272; — en Italie, V, 614. —Prophylaxie, IX, 233 ; — en Ethio- pie, IV, 575; — en Espagne, II, 541 ; — en Indo-Chine, IX, 249.— Traite- mentspécifique, V,569.— Parthéno- genèse des microgamètes, VII, 389. Panthéon chinois (Le D' Yer- sin au), IV, 157. Parasites. — des Crustacés, I, 548. — des Culicides, IX, 5. — de la mort, 1, 39. — de l'Homme en Russie, I, 354. — de l’intestin, IX, 175. — Vitalité apès la mort de l’hôte, IV, 531. Parasitologie. — allemande, V, 67; — de l’ancienne Egypte, IV, 481; V, 461; — préhistorique, V, 117; — roumaine, II, 228 ; — sino- japonaise, ILE 5; — aux |États- Unis, VI, 320; — au théâtre, VI, 508 ; — démonstrations pratiques, VII, 159. Paratuberculeux 305. (Bacille), VII, Archives de Parasitologie, X, N° 5, 1907. 40 are ver LT + 606 Paris. — Moustiques, IV, 645. Paroxa. — Nécrologie, VI, 508. Pasreur. — Fêtes à Chartres, VII, 587 ;— à Dôle, VI, 474; — à Lille II, 303; — à Marnes, VII, 616. — Mai- son natale de —, VI, 505. — Monu- ment, VI, 630; VII, 591, 629 Pédiculines. — nouvelles, V, 600; VI, 144. PELLETIER et CaAvENTOU. — Monu- ment, III, 531. Periplaneta americana, 1, 361 ; I, 34. Péritonite actinomycosique, IF, 999. Perse. — Filaire de Médine, V, 198. Peste.— de 1679, X, 300. — de Syrie, VI, 295. — Notes historiques, III, 589. — Parasites des Rats et des Souris, VIIT, 161, 623. — Mesu- res sanitaires, X, 306.— Rôle des Puces, IX, 300. — Le maître de la —, I, 623. — dans l'imagination populaire, IV, 102. Perir et Borne, V, 640. Phagédénisme.— sous les piques, IX, 266. Pharmacien colonial.— Diplômes, V, 190. Pharynx. — Sangsue dans le —, Il, 441, 142. Philosophe optimiste, VII, 148. Phoques. — Acariens, X, 313. Pian. — A la côte d'Ivoire, IX, 171. — Lésion frambæsiforme si- mulant le —, I, 410. Pinta. — En Algérie, I, 152. Piranha, I, 493; VII, 168. Piroplasmose bovine, VIT, 398. Piophila casei. — larves causant une affection thyphoïde, IV, 353. Platane, III, 115. PLeux, — Revue bibliographique, JE, 483; VIT, 466. tro- RECRUE EE RER 7e A RER EU OT à CDR EE Me AU CEE ta LCRE Ÿ Se en a ee LR MM \ DE - lle w Fe. " ETES RTC UE NRA LU TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES ACER À Le 1 Lit ax x Sr à Fe Poisson.— Dangers du — cru, VI, 630. — Pénétration dans l’urè- thre, I, 493. — Helminthes, VII, 408. Poxcer et BéRarD. — Revue bi- bliographique, I, 515. Porc. — (Concrétions dans la viande du P., I, 318. — Gale démo- dectique, VII, 370. Porocéphales du Chien, II, 356. Porquer. — Revue bibliographi- que, IT, 617. Portraits. — Bassi, VI, 45. — R. Blanchard, V, pl. non numéro- tée. — Calmette, II, 311. — Cob- bold, III, 165. — Davaine, VII, 123. — Dubini, VII, 139. — Dujar- din, IV, 2 pl. non numérotées. — Ercolani, V, 505. — Garnault, V, 163. — Grassi, V, 403. — Gruby, IT, 143. — Hameau, II, 317. — Ins- titut de Médecine coloniale, VI, pl. VAUT: NIET, pl M'etMIs XX; pl ee Laboulbène, IT, 345. — Laveran, IV, 475.— Leidy, II, 271. — Leuckart, 1, 185. — P. Manson, IL, 293. — Mégnin, X, pl. TII,et IV — J'MüE ler, V, 97. — Pasteur, VI, pl. non numérotée. — Perroncito, V, 603 et pl. non numérotée. — Raspail, VAT, ple tip. 6 MA Red 420. — Richer, VII, 589. — Rivolta, II, 379. — Ross, VI, pl. non numé- rotée. — Rudolphi, III, 554 =" Stossich, X, 465. — Virchow, VI, 625. — Yersin, IT, 621. — Zürn, II, 644. Possecr. — Revue bibliographi- que, V, 607. Porron. — Revue bibliographi- que; VILI-1197. Pou. — au Grœnland, VIT, 156. Pouille. — Paludisme, VIT, 485. Poule. — Ténias, [, 442. — Syn- galus trachealis, I, 260. , y M1 “ Pr mal PT PS + De © Vi, 2 Tobte dE di Gus osius dé dose ete ni de DE dd CRE 3 | | SSI RE UE Apr APE ERERR * re SRE EE TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 607 Poumon. — Mycoses, VIIT, 353. are Prisons. — Béri-béri, IX, 256. Prix. — Audiffred, IV, 157. — Bellion, IV, 157. — Châteauvillard, III, 482. — Desportes, VII, 169. — Marie Chevallier, IV, 457. — Le Sau- vase 04180 Nobel} Ross, VI, _ 516. — de Médecine Coloniale, VII, 173. — sur des sujets de Maladies tropicales, IV, 327. —. Cf. aussi nominations. Programme (Notre), I, 5. Proverbes malgaches, VIII, 637. Proust. — Revue bibliographique, MIA TT: Psittacose, V, 294. Pseudo-parasites. — Larves de Diptères, IT, 23, 251.— Lumbricus ter- restris, [[, 23. — Sangsue dans le pharynx, Il, 141, 142. — Triton cris- tatus, I, 631. — Ver de terre, II, 23. Pseudo-parasitisme. — des My- riapodes, [,452, 491 ; VI, 245, 631 ; — simulé, 308. — L'Homme aux ser- pents, IT, 466. Pseudo-tuberculose des Cobayes, IV, 288. Psoroptes, Il, 465. Ptychobothrium armatum, V, 440. PucneT, VI, 295. Puces. — d’Arvicola nivalis, I, 96. — au Grœnland, VIII, 156. — Pièges, VII, 169; X, 478. — Propa- gation dé la peste, IX, 300. Quinine. — Monopole de la vente par l’état en Italie, V, 614. Raspa. — Notice biographique, MINT: Rats. — Destruction, V, 635; VIII, 146, 631. — Rôle de leurs parasites dans la peste, VIII, 161, 623. Rep. — Notice biographique, I, 420. — Statue, V, 188. Préhistorique {Parasitologie), V, Résistance. — Cf. Vitalité. Reptiles. — Helminthes en Si- cile, VI; 26: Revue bibliographique. — Ar- neth, IX, 631. — Barruchello, IX, 350. — Beauregard, V, 185. — Behla, V, 397; IX, 319. — Bérard et Poncet, I, 515. — Bertrand et Kly- nens, VIT, 165. — Bodin, V, 605; VIII, 628. — Borthen et Lie, III, 351. — Bosc, IT, 180. — Buchanan, X, 105. — Chantemesse et Pod- wyssotsky, V, 183. — Charrin, IT, 349. — Clarke, VIIS, 628. — Cle- mow, VII, 480. — Courmont et Doyon, III, 350. — Costantin, V, 605. — Darricarère, IX, 440. — Dévé, X, 105. — Doflein, V, 608. — d'Enjoy, V, 187. — Fabre-Domer- gue,.Il, 48% — Fischer, VIT, 309. — Freiherr von Dungern, IX, 319. — von (Freudenreich, I, 516. — Ge- dœælst, IT, 181. — Giles, IX, 320, 324. — Glen Liston and James, IX, 635. — Goadby, VIT, 309. — Gold- mann, IX, 320. — Haushalter, Etienne, Spillmann et Thiry, V, 187, 605. — Hofer, IX, 631. — Ja- mes and Glen Liston, IX, 635. — Jeanselme, VIII, #74. — Kersch- baumer, V, 396. — Klynens et Ber- trand, VII, 165. — Kolle et Was- sermann, V, 609; VI, 507; IX, 440, — Krämer, VII, 1467. — Laveran, VII, 438. — Leclainche et Nocard, I 21 NU 80 = eredde; I 32%. — Manson, I, 517. — Mar- tini, IX, 635. — Matzuschita, VII, 1465. — Mense, IX, 632. — Mets- chnikoff, I, 325. — Middendorp, I, 6214. — Miquel et Cambier, V, 607. =: Nocard et Leclainche, Il, 321, VII, 480. — Nuttall, VIIT, 472. — Odriozola, Il, 610. — Petit et Borne, V, 640. — Plehn, IF, 453; 608 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES VIT, 166. — Poncet et Bérard, HI, 515. — Porquet, Il, 617: — Posselt, V, 607. — Potron, VIII, 137. — Proust UMA =EMRICRer NE 149. — Rio y de Lara, II, 621. — Sanarelli, Il, 148. Savoire, II, 622. — Schmidt, VIII, 473. — Schneidemühl, 1, 517. — von Schroen, IX, 631, — Ed. et Et. Sergent, VIII, 137. — Tenholt, IX, 320. — Treille, III, 179. — Vige- naud, 1, 621. — von Wasielewski, IX, 319. — Wassermann et Kolle, IX, 440. — Weichselbaum EI, 515. — Woodruff, IX, 634. — Ziemann, Il; 147. Rhizomucor parasiticus, IV, 384. Ricner. — Revue bibliographique, VI, 149. Rio y pe LARA. — Revue bibliogra- phique, IF, 621. Rivozra. — Notice biographique, TS 7 RocrerELLer, VII, 173. Roseau de Provence, I, 503. Ross. — Prix Nobel, VI, 516. Rouget. — La piqüre, IT, 286 461. — Pièces buccales, II, 633. Roumanie.— Myase,l, 314,316 ; — Médecine populaire, I, 351. — Para- sitologie, INT, 228. Rupozexi. — Lettre à Bremser, IV, 550.— Notice biographique, IT, 549. Ruminants. — Sclérostomiens, III, 402. — Témias, VI, 145. Runchomyia, VII, 478. Russez. — Corps de R., 1, 605. Russie. — Parasites de l'Homme, I, 354. Saccharomyces. — granulatus, NX, 267. — linguæ pilosæ, IV, 271. Saccharomycose. — humaine, IL, 237. — expérimentale, VIT, 313. SANARELLI. -- Revue bibliographi- que, II, 148. Sang.— Filaires, IX, 187. — For- mule leucocytaire, VI, 521. Sangsues. — dans le Pharynx, II, 141, 142. — des Palmipèdes, X, TA; — Pseudo-parasites, Il, 141, 142. Sarcopsylla. — gallinacea, VII, 124. — penetrans à Madagascar, Il, 627; III, 206; IV, 320. Sarcoptide. — Parasite acciden- tel chez l'Homme, V, 449 ; X, 314. SAVOIRE. — Revue bibliographi- que, II, 622. SCHAUDINN. — Revue bibliogra- phique, X, 468. Schistosomum crassum, Il, 277. Schmeisfliegen larven, II, 23. SGEMIDT. — Revue bibliographi- que, VIII, 473. SCHNEIDEMUHL. — Revue bibliogra- phique, I, 517. SCHNEIDER. — Nomination, IV, Los Von ScaRœN. — Revue bibliogra- phique, IX, 631. Sclérostomiens des Ruminants, III, 102. Selerostomum. — epistomum, WI, 515. — equinum, I, 629. Scolex echinococcique, VI, 54. Scrotum. — Eléphantiasis, IV, 598. Sélaciens. — Cestodes, V, 209; IX, 463. Serpents. — Pseudo-parasitisme simulé, If, 466. SERGENT. — Ed. et Et. Sergent, VIII, 137. Sérums cylotoxiques, VI, 321. Sicile. — Büilharzia! crassa, "I, 271. — Helminthes des Poissons, VII, 408. — Helmintes des Reptiles, NI926: Sino-Japonaise (Parasitologie), FT, Société. — allemande de patholo- | | ; k gie, 1, 624; — française d'histoire de la Médecine, V, 641. Somalis. — Paludisme, IV, 567, V,149; — Mycétome, V, 151, 156. — … Gulicides, IV, 573. Sommeil (maladie du), VII, 632. SONSiINO. — Nécrologie, V, 611. Soudan. — Parasites, VI, 604. Souris. — Favus, V, 5. — Peste, VIII, 161, 623. Souvenirs malgaches, IV, 256. Spelæorhynchus præcursor, V, 31 ; X, 220. Spirilles, X, 129. Spiroptera reticulata, IV, 62. Staphylococcie, IT, 197. Staphylocoque. — du frambæsia, IV, 308. Staphylomycose, IIT, 197. Statues. — J. Hameau, III, 335. — J. Müller, V, 103. — Redi, V, 188. — Pasteur, VIT, pl. IX à XVII. — Ras- pail, VIE, 73, 74. Stegomyia Lamberti, IX, 441. STILES C. W., VI, 320. Stipa neesiena, X, 187. STossicH. — Revue bibliographi- que, X, 465. Strepto —bacillaire (tuberculose), PACS IT 127. Strongylus. — catanensis, VI, 33 ; — sp. VI, 34. Styloprocte de l’'Uropode, IT, 28. Stylostome de larves de Trombi- dion, I, 28. Suffocation mortelle par les As- carides, I, 23. Syngamus trachealis, 1, 626; — chez la Poule, IT, 260. Syrnium aluco. — Echinorhynchus tenuicaudatus, I, 294. Système métrique décimai, VIT, 153. : Table chaullante, [,-320. Tænia. — cantaniana, I, 144, 480, TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 609 482 ; — lagenocollis, IT, 144; — mal- leus, 1, 326; — saginata, IX, 151 ; — . solium et Cysticerque coexistant, IT, 354; — serrata, développement, IV, 143; — cuneata, IX, 305. Tanqua, VIII, 478. Tarantole acquatiche (Triton cris- tatus), pseudo-parasite, IT, 631. Technique. — Méthode de Jores pour la conservation de pièces ana- tomiques, I, 629. Tenxozr. — Revue bibliographi- que, IX, 320. Teigne imbriquée, IE, 207. Ténias. — de la Poule, ], 442; — colorés par le bismuth, IV, 222; — noirs, IV, 227; — trièdres, II, 453: III, 492; — des Ruminants, VI, 445, — régurgitation matutinale d’anneaux de —, III, 578. Téniadés. — Anomalies IT, 462. Terre-Neuve.— Diptères, HI, 202. Testicule. — Kyste à Acariens, V, 449. Tetrapturus belone. — Tritsomum Perugiai sur les branchies, I, 308. Tetrarhynchus, I, 319. Thon. — Didymozoon parasite, VI, 99. Thrombocyte et labrocyte, VI, 508. Tokelau, IT, 207. Trachéates. — Grégarines, VI, 371. k Treize. — Revue bibliographi- que, IT, 179. — Nomination, I, 180. Trématodes. — Révision des Fus- ciolidæ, 1, 81; — T. monogenèses, PS2 Trichocéphale; — dans létiolo- gie de la fièvre typhoïde, IX, 122; — chez les typhiques, IX, 322. Trichodectes acuticeps, V, 601. Trichosoma Mingazanti, VI, 35. Trichophyties de la barbe, VIT,590 SUR ee AR A na M Le Lu ne LA LONG SEE NE AE À EN MA A AS TS ER a de Eee en LÈ “ # :\a tr er CANAFE Te É \ ru mu SEX 610 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Trichophyton.— minimum, IX, 218, 489; IIT, 108 ; — concentricum, I, 207. Trichosporum, V, 38. Trilocularia gracilis, VIIE, 465. Tristomum. — papillosum, 1, 354; — Perugiai, I, 308. Triton cristatus, pseudo-parasite, Il, 631. Trombidion. — Larves, IT, 28. — Cf. Rouget. Theileri, X, 171. Trypanosoma. — equiperdum, I, 124; — Theileri, X, 171. Trypanosomes, X, 160; — de la dourine, IE, 124; — des Téléos- téens, X, 348; Somalis , V, 158. Tubercules; —du cerveau, VII, 177. Tuberculose; — en Anatolie, X, 472 ; — congrès, [, 623 ; — humaine et des animaux domestiques, IX, 219; — bovine, V, 160, 251; VI, 152, 297, 510 ; — strepto-bacillaire, 1, 100, 123; II, 127. — Lutte contre la T., IV, 320, 636; V, 194, 398; VIII, 147. — Institut anti-tuberculeux, IT, 484%. — Cf. aussi cirrhose. Tunisie. — Mycétome aspergil- laire, X, 437. Typhlo-colite, X, 405. Typhoïde. — Affection typhoïde causée par des larves de Diptères, IV, 353. — Fièvre typhoide et le Trichocéphale, IX, 122. Uncinüires. — dans le Pas-de-Ca- lais, IX, 540; — des Canidés et des Félidés, II, 82. Uncinaria. — perniciosa, I, 5; — os-papillatum, I, 512. Uncinariose; — en Algérie, X, 77, 459. Unification des méthodes de cul- ture en bactériologie, 1, 194. Unna (Clinique de), IV, 326. — du bétail des ! Urèthre.— Pénétration des Pois- sons, I, 493. j Urogonoporus armatus, VIII, 465. Uropode végétant, II, 28. Vaccin. — Corpuscule, IV, 240; VII, 508, 634. Vaccine. — Société nationale, V, 189; — Réorganisation du service, VIII, 142. Vache. — Emphysème du fœtus, ILE 316: VAULLEGEARD, IL, 319. Ver de terre. — Pseudo-parasite, 11723: Verruga, Il, 610. Vétérinaire (Congrès de Méde- cine), VII, 156. ViGexAUD. — Revue bibliographi- que, I, 621, Vizzor. — Nécrologie, III, 482. Vircxow, (Mort de), VI, 624. Vitalité des Endoparasites après la mort de l'hôte, IV, 531. V,: 204 Von Wasie CErRosk. — Revue bi- : bliographique, IX, 319. WAsserMANN et KozLe. — Revue bibliographique, IX, 440. WEICHSELBAUM. — Revue biblio- graphique, [, 515. WELcu, VII, 173. Woopuæp. — Nomination, II, 138. Wooprurr. — Revue bibliogra- phique, IX, 634. YERSIN. — II, 623; V, 197.; — au Panthéon chinois, IV, 157. —. Nomination, IV, 1457. — Portrait, Il, 621. Zeitschrift für Krebsforchung, VIII, 156. Ligmans. — Revue bibliographi- que, IT, 147. Zoologie et médecine, IX, 129. Zürv. — Nécrologie, II, 644. PROFESSIONNELLE D'IMPRIMERIE rRAND (Seine-et- 1 P, ns (NI). A. RAILLIET | Professeur à l'École vétéri inaire d’Alfort, Membre de l AÇañemie dé Meédeeine DEUXIÈME ÉDITION RD EE real A ET OR Un Ro. grand in-8 de 1305 pages avec 892 figures dans le texte. CFO A Prix era EN ù A te AAC = francs. AUS AIT NA CRIE PAR L._.G. NEUMANN VAE Professeur à l'École vétérinaire de Toulouse’ DEUXIÈME ÉDITION Un ob grand in- _8 de 780 pages, avec 90% figures intercalées dans 1 He cartonné PERS PARC OURS RO 7e A A AN A AO A I SR fRAN CES ; LES VIPÈRES DE LPRANCE | MORSURES 4 TRAITEMENT He. Rues RE | PAR LES ee ue DCE KAUFMANN. d Professeur à l'École vétérinaire d'AIfOrt Un vol: in-18 de 180 pages avec une planche en couleurs, cartonné, Prix 2 fr. 4 RECGURBIL DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE PUBLIÉ A L'ÉCOLE D'ALFORT Avec le concours d’un grand nombre de Professeurs et de Vétérinair es praticiens Civils et Militaires. "I : é on DE. Ne ‘ { Pour Paris; Seine, Seine-et-Oise..1.:... 44 50 Pour les autres Départements. .........: 46 y». partant toujours du 45 Janvier | Pour l'Union postale... ............ SANTE ‘Le Recueil de Médecine vétérinaire parait les, 15 et 30 de chaque mois. _ Le numéro du 30 contient IN EXTENSO le Bulletin des séances de Ia Socie ntra.s né à de Médecine vétérinaire. : RÉDACTION: 15, Rue de l'École de Médecine, PARIS, VIe 2% ABONNEMENT : FLN FREE RE \ LFSS Paris et Départements : 30 fr. — Union postale : 32 fr. par volume. à \ < "+ (M 2 L* Ÿ it Les 4rchives de Parasttologte publient des mémoires originaux écrits dans l'une ou t2e l'autre des sept langues suivantes : français, allemand, anglais, espagnol, esperanto, ita- _ lien et latin. Les auteurs doivent, autant que possible, FOURNIR UN TEXTE DACTYLOGRAPHIE # wi (écrit à la machine), afin de réduire les corrections au minimum. x ch NX Ce texte doit être conforme aux règles suivantes : + 1° On appliquera strictement les règles de la Nomenelature zoologique ou botanique . adoptées par les Congrès internationaux de zoologie et de botanique: 2? On fera usage, tant pour les noms d'auteurs que pour les indications bibliogra- K K portes. des abréviations adoptées par ces mêmes Congrès ou par le Zoological Record < de Londres; : x 3" Les noms géographiques ou les noms propres empruntés à des langues qui n'ont SR pas l'alphabet latin seront transcrits conformément aux règles internationales adoptées par les Congrès de zoologie; à 2 Si} Ra : A ou nom d'être vivant, animal ou plante, commencera par une première lettre à: capitale: \ +4 $ A 4 5° Tout nom scientifique latin sera imprimé en italiques (souligné une fois sur le Te manuscrit). Re Dans l'intérêt de Ja publication et pour assurer le maximum de perfection dans la © reproduction des planches et figures, tout en supprimant des dépenses inutiles, nos _ collaborateurs sont priés de se conformer aux règles suivantes : \ FE SR 4° Dessiner sur papier ou sur bristol bien blanc. 11 2° Ne rien écrire sur les dessins originaux. IS _ + 3° Toutes les indications (lettres, chiffres, explications de figures, ete.) seront placées 4 & Le un calque recouvrant la planche ou le dessin. \ 13 4 Abandonner le plus possible le erayon à la mine de plomb pour le crayon Wolf LCR où l'encre de Chine, TT +1 Les auteurs d’artieles insérés aux 4rchives sont instamment priés de renvoyer à OY. _ Aa Rédaction, dans un délai mantmum de huit jours, les épreuves corrigées avec le RE manuscrit ou l'épreuve précédente. | Re: a Is recevront gratis 50 tirés à part de leur artiele. Ils sont invités à faire connaître me _ Sans délai S'ils désirent en recevoir un plus grand nombre (50 au maximum), à leurs TS _ fraiset conformément au tarif ci-dessous. Ce tarif ne vise que l'impression typographique NA il ne concerne point les planches, dont le prix peut varier considérablement. Toutefois, Ve 4 il importe de dire que, pour les exemplaires d'auteurs, les planches seront comptées .N 4 … strictement au prix de revient. Les tères à part ne peuvent être mis en vente. M. LA \ k M f - À h S } # FARIE DES TIRES A PART P\à Sd er. Ds. ? 4 LA ar | sh L : Une feuille entière, . , : MAPS TRES SES ÿ aètr » + {3 1 Trois quarts de feuille _ . AE, RE Tes 10 50 10 4 Une demi-feuille , . . De et ME 9 » à Lyisà Un quart de feuille . - à ets ET à 7 50 YS Un huilième.de fouillé Dinar 6 Mo EU AN EE AT ÿ 6 » Ÿ Le Secrétaire de la rédaction, Gérant : Dr MAURICE LANGERON. ARE AVE RER id Æ Lvule Professionnelle d'imprimerie, à Noisy-le-Grand (Seine-et-Dise) PAAU/E x LH % TR p ALT ÉRCLEEN eu DIET ITR TT, 7 DIRE Rs ie e AT ie oi id | a es, à EDT MA (RUN JT Je a th ÿ Ta FF à fn 1 re ENT Qu 11! j 11 1/72 (2 ais Au i rene DONS NRIAUU A UOTE "mm Ex pe AC HE 4 + NT Pt tte | pt É PViÉor D l GA: ) [4 We A7 He rh or te HoXe ne ne Li de Rte ae æ { /à QU au] L U Le a) ALES” o ja GX t | # 2 d où ol 0D | / | 7e . Lath. AngUv À P'urifer heïpiq = à! Ÿ D è ; È - È EU + 17 D Pr 111) NS Tith.Ansiv.E. AFunke Leipzig N.Cholodkovsky ad nat del. N:Cholodkovsky ad nat del. NE HOTTE H ü a (re 12 | Caen En (Re 2e ÉA REX | ces 7 SR Sy LOI TE ITNLE Lith Anstv.E.AFunke Leipzig \ Archives de Parasitologie, X, 1906. RIT 4 Les Mycétomes. Archives de Parasitologie, X, 1906. EE Tr 2 PART SA UN | E. BruMmPrT, PIEXILE Les Mycétomes. Archives de Parasitologie, X, 1906. À E. Brumpt phot. E. BI Les Mycétomes. SS ee . PI-SXIVE Archives de Parasitologie, X, 1906. E. Brompr, Les Mycétomes. EE Did 7e # se corne d'la ÉD + 'èn. D ms » A E a PE: XNS LEuTt Var ROSE "2 CO Los ai! \4 av Archives de Parasitologie, X, 1906. E. Brumpt phot. E. BRUMPT, PLEKVI LÉ 3 sf " Les Mycétomes. Archives de Parasitologie, X, 1906. E. Brumpt phot. E. BrumPpT, Les Mycétomes. PI. XVII. l eh SAME t d 2 = | … j Archives de Parasitologie, X, 1906. Fr 7 ne “4 E. Brumpt phot. E. BrumprT, Les Mycétomes. y PI. XVII. 6 nee RE et LS . É 4 = .. ne " n CL ; re , 4 DE fl ; ne D'AMRERN T ANS D ) ee 18 VRtat sp d ve \e 3 : D gqme ph + SSI é Archives de Parasitologie, X, 1906. E. BrumrT, Brumpt phot. E. DS LIRE D Var 2 / ru <° étomnes. Les Myc M rm me mn Gi Dm mms a mme PRE SV 29 Archives de Parasitologie, X, 1906. E. Brumpt phot. E. Brumrr, Les Mycétomes. 19 PIX (ap) es ET PRE TRE TL CNT ESS Pr "in + LL TE Fe La ES x 44 nn gen su — Archives de Parasitologie, X, 1906. E. Brumpt phot. Brumpr, Les Mycétomes. E de PXNT. AR ET aie dre em gas [l - Lu Fo r. L L 53h LUN 392 Er & à pt “ “ Lou : = - d vs F a DR OUR V4 Ÿ, D? * +. da. ; . De . p nn Li eo" ve. * * s : À "+