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L Veuillez agréer, etc. H. Saranin. ———— _ DE TUNIS AUX VILLES DE LA CÔTE JUSQU'À EL-DJEM. Départ de Tunis, le 23 novembre; nous gagnerons Sousse par - Hammam-Lif, Groumbelia, Hammamet et le littoral. ‘C4 BELED-DJEDEIDA. 21 : Entre Groumbelia et Hammamet, à droite de la route, au milieu e champs de figuiers de Barbarie, ruine d’une exploitation agri- MISS. SCIENT. — XIIT. 1 IMPRIMENIE RATIONALE, — 2 — cole de l'époque romaine. Citerne enduite de pouzzolane faite avec des débris de briques gâchés avec de la chaux (). À l'époque musulmane, on a élevé dans ces ruines et à l'aide des débris qu'on y a trouvés une mosquée dont le minaret octo- gonal, construit en briques avec des chaînes en pierres de taille aux angles, repose sur le soubassement d’un mausolée antique. Mau- solée carré de 4",93 de côté; la partie qui sort de jerre a 1,98 de haut. DE HAMMAMET À HERGLA. KASR-MNARA. Mausolée circulaire décrit par M. Cagnat dans sa précédente mission. KNATIR (LES PONTS). Pont romain, sur une rivière desséchée au moment de notre passage. Il est bien construit en blocage, les arcs sont extradossés parallèlement, et les voussoirs ont 0",60 de haut; ils sont exé- cutés en grand appareil, ainsi que les piles dont les avant-becs et arrière-becs sont en pierres de taille. Le reste de la construction est exécuté en blocage, et, sur la surface, enduite d’un mortier de chaux très finement broyée, on a figuré un appareil rectangulaire de 0,13 de haut sur 0,20 de long. Les abords de ce pont sont reliés à la construction par des rampes d'accès encore très recon- naissables, surtout du côté occidental, où elles sont encore munies de leurs parapets. HERGLA. La ville d'Hergla est située dans une position pittoresque. La ville arabe occupe le sommet d’une colline, sur le bord de la mer; les flancs de cette colline forment à l’est une sorte de () Ce mortier se rencontre dans toutes les ruines romaines, soit de l'Italie pro- prement dite, soit des provinces de l'Empire; nous le désignerons sous le nom de ciment de tuileaux. En Tunisie, il est employé surtout dans la construction des citernes et des réservoirs, concurremment avec un ciment brun-jaune qui forme le dernier enduit. Ce ciment est probablement celui qui est indiqué par Colu- melle (1, 6), formé de chaux gâchée avec de l'huile. Ge ciment, connu actuel- lement sous le nom de ciment tunisien (Chateau, Techn. du bâtiment, V, p. 726, 329), est encore employé en Algérie. RS falaise, où des carrières ont été pratiquées pour l'extraction de la | pierre à batir. Ces carrières remontent au moins à l’époque ro- maine, Sur le bord de la mer, au nord de la ville, on remarque un puits antique à seclion carrée et à revêtement fait en gros matériaux (on s'en sert encore actuellement), des citernes et des souterrains ayant servi de magasins et formant l'étage inférieur de _ maisons; le sol au-dessus de ces constructions voûtées est couvert de débris de mosaïques de pavage, dont quelques fragments sont icore en place. La route qui conduit à Hergla coupe une de ces mosaïques, dont on nous découvre un morceau (fig. 1). C’est un semis de croix formées de cubes noirs, verts, blancs et rouges: ces cubes sont en marbre et ont en- viron 0",01 de côté. Plus loin, à côté d'une citerne à demi comblée, de grandes amphores antiques en terre cuite noyées dans du mortier. Ce sont peut-être des remplissages de reins de À voûte comme on en \oit encore à Pom- Hote Fig. 2. — Mosaïque à Hergla. péi dans la grande salle des thermes de Stabies. Dans la ville même, de pareil. Quelques inscriptions, des ruines de murs de fortifica- tion en grand appareil (époque byzantine). Dans un mur, nous … remarquons un fragment de marbre blanc, où sont représentés deux paons buvant dans un vase; des éléments de rinceaux et - une croix : le tout de fort basse époque et d’un caractère byzantin _très accusé. DE HERGLA À SOUSSE. a On franchit la Sebkha Djeriba au sud de Hergla sur un pont appelé Halq-el-Menjel; la route est une ancienne chaussée romaine. SOUSSE. … Le très court séjour que nous avons fait dans cette ville ne nous Le: EE corinthienne de marbre blanc qui sert de première marche à un escalier de maison, indiquent, par la beauté de la matière, la splendeur ancienne de la ville. Au Kasr er-Rebat, couvent musul- man, un vestibule a été construit au moyen de débris antiques{), parmi lesquels on remarque des colonnes de granit rose, des co- lonnes corinthiennes cannelées, des bases, des consoles de marbre blanc (nous retrouverons les analogues de ces consoles à Feriana, à l'Henchir Goubeul) de l'époque byzantine, un fragment de sar- cophage avec des rinceaux en très bas relief, un fragment d’archi- trave placé en guise de linteau sur la porte intérieure (il est décoré d’un soffite sculpté d’une facon fort élégante et qu'on peut attribuer à l'époque de Trajan). La ville doit contenir, en bien des points, des restes intéres- sants; mais la visite des mosquées est fort diflicile : les musulmans ne se prêtent qu’à contre-cœur aux recherches qu'on veut y faire. Dans la Kasbah, on remarque, à différents endroits, des chapi- teaux, des colonnes ou des fragments antiques cachés sous une épaisse couche de badigeon. Au camp occupé par les chasseurs à pied, à l'ouest de la ville, des recherches entreprises l’an dernier ont mis au jour des mo- saiques intéressantes. L'une, d’un assez bon travail, représente, dans des médaillons, des Génies sur des chars traînés par des poissons. Une autre, très dégradée, montre des rinceaux au travers desquels passent Tombe es Sousce, ES animaux : c'est l'analogue (au point de vue de la composition) de la célèbre pein- ture décorative du musée de Naples. Plus loin, on a découvert, tout près d’un tombeau phénicien remanié à l’époque romaine et connu depuis longtemps, une tombe composée de deux gradins de maçonnerie enduite de chaux très finement broyée (fig. 2) 0, Au moment où l’on se décidera à pratiquer des travaux de voirie à Sousse, il sera intéressant de suivre attentivement la marche des déblais dans les rues; c’est alors seulement qu'on pourra se faire une idée exacte de la topographie de la ville antique.Il est à sup- () Une inscription arabe indique que cette entrée a été remaniée en 1848. @ Comparer cette tombe avec les tombes arabes modernes et les tombes des nécropoles d'Haouch Taächa et de Bir el-Hafeï (voir plus loin, p. 40). Loir D ns poser que les grandes artères de la ville n'ont pas changé depuis l'époque romaine %); les maisons actuelles ont été rebâties sur les anciennes fondations. On retrouvera probablement une, voie qui traverse la ville du nord au sud parallèlement à la mer, en pas- sant près de la grande mosquée et de la porte actuelle. Cette voie serait le prolongement de la route qui suivait la côte. Les ports antiques situés entre la porte de la Marine et la quaran- laine sont maintenant ensablés. MONASTIR. Un peu avant d'arriver à Monastir et à gauche de la route, dans 4 le marais formé par la sebkha, impraticable pendant la saison d’hi- k. … ver, on distingue des ruines qui semblent celles d’un pont romain . (EI-Kantara). . À Monastir, chez M. Irisson, agent consulaire de France, dont a complaisance pour la mission nous a permis d’exécuter quelques fouilles à Lamta, nous voyons quelques dalles tumulaires en Fig. 5. — Mosaïque Fig. 4.— Torse d’empereur romain, _ (coll. Irisson). marbre (coll. Irisson). 0) Cf: le plan de Salonique, avec la grande rue dont le parcours suit la direc- antique, et celui de Damas, où la rue Droite ou rue Es-Soultany est une voie antique. @) Cf. R. Cagnat, Archives des Missions scientifiques, XIK, Rapport sur une : M: he fragments trouvés dans les environs de Monastir ou de Lamta : figure 4, un torse d'empereur romain (un tiers plus grand que nature); figure 5, un torse de Vénus (un quart nature); figure 6, un torse de Bacchus (grandeur nature) (). 5 Nous faisons une excursion aux îles qui ferment le port de Monastir. Elles sont, comme toute la côte, formées d’un calcaire jaunâtre, tendre et contenant d'énormes coquilles d'huîtres fos- siles. Cette formation, analogue à la pierre de Malte et à celle de Sicile, se compose à Monastir d'un banc assez dur surmonté d'un banc beaucoup plus tendre. Celui-ci a été rongé par les lames qui déferlent sur les îles, et le banc dur, ayant résisté, forme autour d'elles une banquette naturelle à 0",30 environ du niveau de la mer, et de 0",70 à 1 mètre de largeur. ;: On à creusé de tout temps, dans cette pierre si tendre, des ré- duits et des sépultures; jusqu’à la fin du siècle dernier, on venait faire la pêche du thon dans ces parages, et les pêcheurs s'étaient construit des habitations auprès de ces grottes. On voit dans la plus grande de ces îles, où est une petite mosquée, des silos en forme de bouteille (fig. 7) analogues à ceux que l'on a trouvés à Fig. 5. — Torse de Vénus, Fig.6.— Torse de Bacchus, Fig. 7. — Silo, marbre (coll. Irisson). marbre (coll. Irisson). ile Adamsi. Kittim, près de Larnaca, dans l'ile de Chypre, et que nous y avons vus en 1879 ©); nous en avons vu aussi d’analogues à Ce- falù, en Sicile, dans l'Acropole. Sur le plateau nord-ouest de celte île nommée Adamsi, if y a des ruines fort peu étendues, ‘ d'apparence romaine, où l’on retrouve une construction en tufet en morlier, une aire couverte en ciment de tuileaux et des frag- ments de marbre à cassure cristalline. Autour de l'île, des traces d'exploitation de pierres, qui me rap- pellent les carrières au bord de à mer avant d'arriver à Es-Zib, ( D'après une photographie de M. Caguat. @) Ces silos sont creusés dans le roc. ES au sud de Saint-Jean-d’Acre. À l’ouest, des marches taillées dans : le roc; à d’autres endroits, des grottes de dimensions restreintes. Auprès d’un bâtiment moderne en ruine appelé la Tonnara (lieu où l'on prépare les thons), on remarque une porte (fig. 8) taillée . dans le roc, analogue à celle qui est dessinée dans la mission de - M. Renan en PhénicieU); elle communique à une grotte murée | en partie maintenant. - Dans l'île des Pigeons, deux séries de grottes. Dans la Kasbah et la ville de Monastir, quelques fragments de colonnes antiques. = On ne peut pas entrer dans les mosquées. Au sud-est de la ville, sur la côte, à la Karaïa, villa du général Ë _Osman, construite sur des restes antiques, nous AeRarquons des “_ fragments d'architecture de l'époque chrétienne, qu'on nous dit - provenir les uns de Lamta, les autres des ruines d'El-Kantara, au mord de Monastir, sur le bord de la mer et actuellement couvertes pär les eaux. (Voir p. 5.) Ce sont : | ù y 1° Un fragment de corniche en marbre rouge, blanc et violet, de texture analogue à celle de l’albâtre oriental du Caire (fig. 9). Ce TT di Î d { 1 | ; f HG £ 3 1É ÿ En S Qi re FE M: FAIR 1 if À: £ À là F u 1 AS :° pi r4 / RE. G Coupe. Façade, Coupe. Face infcrieure. . Fig. 8. — Porte à la Tonnara. Fig. 9. — Corniche à la Karaia. Dnmenc est d'un travail très énergique, de l'époque byzantine probablement; il rappelle, comme caractère, certains morceaux d'architecture de la Syrie centrale; 2° Une base avec stylobate (fig. 10); 4 | U) Mission de Phénicie (Renan, pl. XXVII), entrée d'une tombe à Gébal. — 8 — % Se | - 3° Un chapiteau d'époque byzantine: avec croix sur les faces ? (Big. 12); | PAR " < 4 ca li SR au Fig. 10. — Base à la Karaïa. Fig. 11. — Chapiteau à la Kaas se E Fig. 12. — Grottes de Ja Karaïa. 7: À | ment d'origine antique. Dans la mer, on voit des traces d'exploi- | À talion de carrières avec des excavations régulières ; elles sont à peine £ recouvertes par les eaux. Le sol antique était donc ici autrefois : plus élevé, et il y a eu le Jong de la côte un affaissement, tandis | Me qu'à Lamta les eaux sont si basses à une grande distance de Ha qu'on peut croire, dans cette partie, à un relèvement du sol. A9 _ Avant d'arriver à Lama, au bord de la mer, nous voyons une 7 citcrne antique auprès d’un marabout. L LAMTA. En arrivant à Lamta, à droite, on remarque de nombreuses _ carrières antiques pratiquées dans les rochers, et de nombreuses _excavations. Arrivés dans les premiers jours de décembre à Lamta, nous . pouvons, grâce à l'obligeance de M. Irisson, qui nous procure des lue, commencer mere recherches. M. Pellerin, com- . mércant francais établi à Lamta depuis plusieurs années, nous offre l'hospitalité et nous guide dans nos recherches par les quel- ° ques renseignements qu'il a pu se procurer auprès des Arabes. … Nous décrirons d'abord Lamta; nous donnerons ensuite quelques t: détails sur les fouilles que nous avons faites. Amphithéätre. — En arrivant de Monastir, le premier édifice dont on trouve, à gauche de la route, les ruines perdues dans les jardins et devenues un amas de débris presque informe, est l'am- phithéâtre construit en blocage.et dont les dimensions restreintes offrent peu d'intérêt. Des fouilles pourraient être faites pour dé. . gager les gradins et les vomitoires dont deux sont visibles hors de - terre. À droite de la route, dans un vallon formé par une rivière, des ruines de citernes, que l’éboulement des berges a éventrées en partie. Plus haut, des ruines indéterminées sont attribuées _ aux thermes, sans que d’autres raisons nous l'indiquent que les À _ ruines d’un aqueduc orienté du N.N.E. au S.S.O. qui y abou- . . tissent. Un peu plus bas, des ruines énormes comme dimensions, _ des pans de murs entiers, sur lesquels on voit l’appareiïl exté- _ rieur en pelits matériaux réguliers, tombés avec les voûtes qui Sy appuyaient, des colonnes de cipolin de 0,50 de diamètre; il | n en à Lrois ou quatre presque intactes, des fragments de chapi- . téau et un chapiteau en marbre blanc très bien conservé (fig. 13). Bonne le pays, on a donné à ces ruines le nom d'église. Auprès _ el de l'autre’ côté de la route, le cimetière chrétien découvert par M. Irisson. Ce chapiteau en marbre blanc dont je viens de parler est d'ordre corinthien et presque complet, excepté aux angles du iailloir, où les volutés des caulicoles sont brisées; il est 010 = d’un fort beau travail, de la première époque de l'art byzan- tin. I rappelle le beau chapiteau du sérail à Constantinople et Fig. 13. — Chapiteau à Lamta. celui de l’ordre de l'église de la Nativité à Bethléem construite par sainte Hélène et terminée par Constantin, de 327 à 333. Nous en avons vu d’analogues à la grande mosquée de Kérouan (fig. 14)süls portent les mêmes fleurons, et la façon dont la sculpture des feuil- lages a été traitée est la même. Nous en donnons un dessin paral- lèlement à celui de Lamta (fig. 14). Plus haut et plus au nord- nord-ouest, fragments de chapiteau corinthien en marbre blanc, ANt. Æ : fragments de colonnes à grandes cannelures de 0", 10 de diamètre, rinceaux en morceaux (le tout en marbre blanc), fragments de revêtement; plus vers Lamta, sur la hauteur, grands fragments de blocage orienté N.-S. , 146" nt 1 EN her, hf Ji a ñ Le | | EST EN ie Lu ) «| Pr Fig. 14. — Chapiteau de la mosquée de Sidi-Okba à Kérouan. . Le village de Lamta, peu considérable, est bäti en grande partie de matériaux antiques retaillés quelquefois; la kasbah est une an- cienne forteresse byzantine remaniée par les Arabes au commen- cement de la conquête et maintenant en ruines. Le village est con- struit sans grande recherche, quoique les grands magasins pour les olives et les moulins à huïle soient voütés; ces voûtes arabes _ procèdent par filiation directe de la voûte en berceau romaine; on _y voit donc des voûtes en berceau simple, des voûtes d’arête, des __ voûtes en arc de cloitre. r Les colonnes de granit gris et rose et les fragments de por- - phyre vert et rouge ne sont pas rares à Lamta; une colonne de granit sert de linteau à une porte de la kasbah. - Autrefois, dans beaucoup de moulins à huile de la côte, on _ utilisait les fragments de ces colonnes pour en faire des rouleaux destinés à écraser les olives. Actuellement les indigènes, ne sachant plus travailler le granit, font venir ces rouleaux d’Alexan- _ drie d'Égypte. * Lamta est entouré de jardins très bien cultivés, au milieu desquels _ on rencontre des fragments nombreux de marbres de couleur, Jaunes, gris, cipolins, verts, roses, violacés, blancs; des fragments . de colonnes, de bases et de chapiteaux sont employés pour faire les margelles des puits qui fournissent l’eau pour arroser les jardins. = Nous y avons trouvé aussi des fragments de stuc blanc fait de y poussière de marbre blanc, comme on en voit tant d'exemples à Pompéi. Fouilles sur la colline. — Le 4 décembre, nouscommençons nos fouilles sur la colline, à côté d’un chapiteau dorique en calcaire tendre et jaunatre, recouvert d’enduit sur lequel il y a encore des traces de peinture très peu déterminées; nous suivons un mur et nous atteignons un sol en ciment. Nous nous arrêtons en présence de fragments d'enduits peints qui nous indiquent l'époque ro- maine impériale; dans les terres nous ramassons des fragments de marbre et un fragment de verre ocellé (taches jaunâtres sur un fond vert dans la pâte, analogue aux millefori de Venise). Le sol du haut de la colline se compose en partie de citernes à moitié effondrées; quelquefois le sol antique est visible sur une assez grande étendue; le sol est en mortier et ciment de tuileaux. Fouilles à Bir el-Daklani. — À mi-côte, à côté de Bir el-Daklani, une excavation nous montre une disposition qui éveille notre at- tention ; elle me rappelle exactement les couloirs souterrains trouvés par la Mission de Phénicie(), La fouille faite nous montre un cou- loir couvert par deux pierres inclinées (fig. 15); il est revêtu inté- rieurement d’un enduit de ciment de tuileaux sur lequel est appli- quée une couche plus fine de chaux presque pure; ces deux enduits étaient recouverts d'un dépôt continu noir à cassure brillante. Serail-ce un enduit résineux? Cela est assez difficile à déterminer. Deux conduits, Fun cylindrique, l'autre voûté en berceau, se di- rigent de ce couloir vers l'extérieur. Au fond, une épaisseür consi- dérable de boue infecte, au milieu de laquelle sont noyés des frag- ments de charbon, empêche de continuer la fouille. Cette boue remplie de charbons peut faire croire que ce conduit aurait con- stilué avec d’autres semblables une citerne à eau ©), Dans ce cas ce couloir serait la petite citerne où l’eau se clarifie et dépose ses im- puretés, avant de se rendre dans la citerne proprement dite. À côté de Bir el-Daklani, nous remarquons un silo analogue à ceux de (1) Dans le Ouada Amrän. @) L'habitud: de jeter de temps en temps des fragments de charbon de bois pour désinfecter l'eau est générale dans les pays où l'on se sert de ci- ternes. LÉ re à D … Monastir, avec enduit en ciment. Il a la forme d’une carafe debout (voir fig. 7). È PF] 2 ER DUR LE» hd: Res Son ANTIQUE SR Mo = - = = 7ANTIQYE CovhE | — LoniTvbiNALE Num DE ON ar IR Ni À HÉSÈSNN N Ve AU Da TT OUT LE AS Ne - — eus all ou ES ol + x SNS NS | N à TERREMÉLANGEE NN N NN | avec debris de charbon, | , . \ | Hal i Î Fig. 15. —- Fouilles à Bir el-Daklani. | Fouilles à Bin eu D'AKLANI Le sol antique se trouve en plusieurs endroits à 45 ou 50 centi- mètres de profondeur; c’est généralement un sol en mosaïque noire et blanche (fig. 16), d’autres fois en mosaïque de couleur. Sur . le bord de la mer, la profondeur à fouiller est moindre qu’à mi-côte; néanmoins nos fouilles au cimetière chrétien ne nous ont fait ren- contrer le sol antique qu’à 1,20 à peu près. Les Arabes, qui boule- . versent le sol en fouillant pour trouver de la pierre toute débitée qu'ils emploient pour leurs maisons, ont souvent éventré les ci- 144" ternes, violé les tombes, et c'est parmi des fragments tirés de ces fouilles au lieu dit Dar el-Kaïd que M. Irrisson a remarqué les Fig. 16. — Détail d’une mosaïque de pavage; ruine sur le bord de la mer. o D Lamta. — Plan de la chambre où se trouve la mosaique. fragments de mosaïques tombales qui lui ont indiqué l’emplace- ment du cimetière chrétien. Les nécropoles ont fourni aux Arabes une grande partie des matériaux de leurs maisons; cela se com- prend quand on connaît le mode de construction de ces sépultures (fig. 18). Le propriétaire du champ que nous avons fouillé ne s'était laissé décider à nous en donner la permission qu'après avoir recu l'assurance qu'il pourrait garder pour lui les pierres brutes qui seraient relirées des fouilles. Aussi les carrières qui sont au nord de Lamla et qui donneéraient de si beaux matériaux sont-elles ac- tuellement absolument abandonnées. Fouilles dans le cimetière chrétien. — Le 5 dé- cembre, sur les indications de M. Pellerin, nous nous rendons à Dar el-Kaïd et nous faisons fouiller le champ où ont été trouvés les frag- ments que nous avons vus chez M. Irisson. Parmi les fragments épars sur le sol on remar- que une base de colonne avec stylobate (époque | ee _ byzantine) de 0",35 de haut (fig. 17). Deux points sont sondés, où l'on trouve également à une assez grande profondeur un sol formé SEL moderne à 1230 ÉLIRE EN Sa ee es Ÿ LL Wie PEL cs = EX LE LR TT DD T0 722 NN NN AU LR AIN N ZT D DL 0 LOT ZN AN . 1 77 CELL ass ds A a AS ee el # Ù Vas fre 4 etes ko TENTE _ SR ” re Lurr al Vars Sven A7 Dr Le tu fra. (ler) Ps Fig. 18. — Tombes à Lamta, coupes HE érbales k et longitudinales. ‘44 Vases servant de sépulture à des cadavres d’ ne - de dalles tombales recouvertes de mosaïques plus ou moins con- … servées; sur le premier point, nous trouvons sous un lit de béton - de o”,35 des sépultures d'enfants (fig. 18); ces petits cadavres ‘1 1 . … sont placés dans des vases en terre cuite. Il ne reste que des . 2" fragments des os du crane et des bras ou des jambes; ces vases de terre cuite, de la même forme que les amphores, sont fermés TE D ENLE R ” — 16 — par un couvercle luté (1) avec du mortier, ils sont posés horizon- talement et dans un bain de mortier mélangé de cailloux. Un de Ven ARE 14 Steé Le = NN ss 0 NN il } d { | Fig. 19. — Lamta, fouilles au cimetière chrétien. ces vases était recouvert d'un enduit verdâtre, non vitrifñé. Il me- surait 0",30 de diamètre et 0",75 de long. Il était percé à son sommet d'une ouverture de 0",25, et k partie inférieure se ter- . minait en pointe. (1) Comparer avec les vases d'argile trouvés à Mougheïr servant de cercueils en Assyrie (Perrot et Chipiez, Hist. de l'art assyrien, p. 373, fig. 166). On a trouvé aussi en Espagne des sépultures analogues. Sous ces sépultures d'enfants , dans lesquelles on n’a découvert - aucun fragment intéressant, nous trouvons deux ou trois tombes —. d'époque chrétienne avec mosaïques analogues à celles que nous rencontrerons plus loin. Nous laissons ces fouilles pour mettre toute À notre équipe de travailleurs sur le second point où nous avons dé- 4 couvert une suite de tombes. À 1",20 de profondeur, nous dé- — blayons en partie un sol formé de tombes juxtaposées. Ces tombes, | orientées au nord-ouest, sont disposées en rangées parallèles dont la première s'appuie sur un mur en moellons. Il serait intéressant de connaître, par des fouilles plus complètes, si ce mur de clôture était celui du cimetière, ou bien si plusieurs tombes étaient réunies —_ dans une enceinte commune. La première tombe que nous rencon- — trons, couverte de pierres plates, ne nous donne aucune indication 4 intéressante ; la tête du cadavre est orientée au nord-ouest; à la tête est un pot brisé. Sous ce tombeau, une tombe () dont la partie supé- …—. rieure est formée d’une dalle en mosaïque; à gauche, une dalle en mosaique de fragments de briques au milieu de laquelle est scellée une inscription gravée sur une dalle de marbre blanc. Cette dalle, celle de MAVRVSIVSP), est un fragment de revêtement; c’est un — ‘morceau d’archivolte d’un travail médiocre et d’une basse époque. 4 . La face sculptée a été placée en dessous, et sur l’autre face, qui a D crc polie, on a gravé l'inscription funéraire. Nous découvrons succes- ; sivement l'espace indiqué par le dessin (fig. 19) avec les tombes dis- posées les unes à côté des autres. Les mosaïques sont en mauvais 3 - état et les dalles abîmées et fendues ou 1 | recouvertes d’un enduit de chaux très difficile à nettoyer. Il est impossible d'en prendre un dessin exact, mais un croquis peut donner une idée de leur disposition. Seule la mosaïque du tom- beau de Medden est intacte (fig. 21); on la démonte soigneusement; nous la recouvrons d’une couche de plâtre sur 4 A la face de la DORA ue, das ue Ne dde Lans tas de ciment sur l'autre face, après l'avoir D. entourée d'un cadre en planches, et nous la transporterons nous-mêmes sur une voiture à Monastir, WT] ya donc eu au moins deux cimetières superposés. @®) Cagnat (mission), n° 9. MISS, SCIENT. -— XIII. 2 INPRIMERIE NAMONALF. De PE Ar A LL ? Den A quand nous retournerons à Sousse {celte mosaique est actuellement déposée au consulat de France à Monastir). Les autres dalles tom- bales ont été retournées avec précaution la face contre terre, de facon à être moins exposées aux détériorations de la part des Arabes. Chacune des tombes a été visitée, et elles nous ont donné les résul- tats suivants : les squelettes intacts sont couchés sur le dos, la tête au nord-ouest et un peu inclinée, les mains sous le corps, les jambes étendues. Dans la tombe ASTERIVS() deux vases oblongs en terre grossière sont placés entre les jambes du cadavre (voy. fig. 18). Dans uneautre tombe, la tête repose sur un vase bas et large en forme de bol. Il ne reste pas de traces des tissus dans lesquels étaient en- veloppés les cadavres, pas de tr aces de bijoux ni d'ornements mé- talliques. Ils étaient donc enveloppés dans des étoffes fort simples qui ont été consumées par la putréfaction. La tombe est formée par des dalles de pierre posées de champ sur un sol en béton; sur ces dalles ®), d’une épaisseur de 0",08, d’autres dalles sont posées horizontalement et forment le couvercle sur lequel une couche de béton ou de blocage, de 8",40 d'épaisseur, supporte la dalle en mosaique, sur laquelle sont représentées diverses figures accom- pagnant généralement l'inscription funéraire. Ces mosaïques sont de deux espèces. Les unes sont en cubes de verre formant des des- sins colorés sur un fond blanc de petits cubes de marbre); les noirs y sont aussi de marbre. Les autres, d'un travail plus riche, sont entièrement de cubes de marbres de différentes couleurs, comme celle de la tombe de Medden. Les ornements qui déco- rent ces dalles sont des croix ou des chrismes ou des étoiles que circonscrit un encadrement circulaire plus ou moins orné. Dans la tombe de Medden (‘) par exemple (fig. 21), l'inscription est en- cadrée d’une tresse tricolore d'un bel effet. Les rubans de cette tresse sont alternativement rouges, roses et blancs; verts, jaunes et blancs; verts, gris et blancs, sertis dans une cernure noire; au- dessus, dans un encadrement carré dans les écoinçons duquel sont ( Cagnat (mission), n° 5. @) Dans la tombe de Medden (fig. 21 ) ces dalles sont remplacées par de grandes tuiles (fig. 20). (3) LE cubes de marbre ont à peu près 11 à 15 millimètres de côté, ceux de verre sont plus pelits. (5) Cf. Cagnat (mission), n°10; Bulletin monumental ,1884 ,et Comptes rendus de l'Acadénuie pet inscriptions et belles- lettres, juillet 1883. | — 19 — À D. = [a] DEA M O! 0) Dédogace a [TE f : ; U r eo l TR - en 1 CD _ ; 3] Hi 1 CE L Ci LI a [] 4 Q &, B F Hp) \ He DUC F9 # [Fi] L rt 9, : Han00 , sen0 4 * eu) 4 Cu : 4 2 " FQ N. j D 2% y Co G d ‘4 VVTS \ (SES ©: s (4 Fe q % , he ; , Fi OSEO E Ü F À ü DM RE TO Le BED UERC 4 L ERA er er feel 2 ) A0 D 02" SC S BUORD) : À À “ er | dl LI To pad er 4 SUD DA D E a) Le ; D: L “€ , Ms A J E t Dex L À 4 Fig. 21. — Tombe de Medden. LAB pTEE disposées deux branches fleuries, est une couronne où se retrouvent le noir, le jaune, le vert et le blanc; cette couronne se termine à sa partie inférieure par deux rubans verts. Au centre de cette cou- ronne une croix grecquede couleur rouge; dans les angles supérieurs deux ornements vert-bleu, dans les angles du bas l’& et l'w en rouge. Cette dalle était intacte quand nous l'avons découverte. Cette application de la mosaïque à la décoration des tombes () est fort intéressante et indique à quel point s'était généralisé l'emploi d’un mode de travail aussi élégant et qui se prête si facilement à la décoration des surfaces, puisqu'on l'avait appliqué, non seulement Fig. 22. Fig. 23. Chapiteau dorique. Lamta. Seuil de porte. Lamta. aux façades), au pavage des atriums et des salles 6), aux co- lonnes, aux niches des fontaines ‘), mais encore aux tombes elles- mêmes. Nous avons encore trouvé à Lamta un chapiteau do- rique en pierre grossière (fig. 22) et un seuil de porte où se voient distinctement les scellements des chambranles et la gâche d'un verrou vertical fermant les deux vantaux (fig. 23). 9 D'apresuneinscription rapportée par M. R. Cagnat (mission), n°6 (tombe de Billatica), on aurait encore au vri° siècle construit des tombes en mosaique dans le cimetière de Lamta, L'emploi de la mosaïque dans la décoration des dalles tombales s'est maintenu assez longtemps en Occident; nous citerons comme det- nier exemple de ce genre de décoration conçu à l'antique la tombe de l’évêque Frumuauld dans l’église Saint-Vaast à Arras; ce monument, qui remonte au xx siècle (Gaïhabaud, L'Architecture et les monuments qui en dépendent, etc., Paris, 1858, t.II1) est exécuté suivant les traditions des mosaïstes de l'antiquité romaine. ®) Thermes de Titus et de Caracalla à Rome. (5) Presque toutes les constructions romaines. (1) Pompéi. Set HENCHIR MEXBA.: A l'ouest de Lamta, nous avons visité, à quelques heures de marche de la côte, l’'Henchir Mexba; on y a fait des fouilles qui n'ont pas donné d’autres résultats que de faire découvrir dans les sépultures des vases de verre d'une pâte blanc-bleuâtre, en forme de coupes sans pied, décorées de côtes saïllantes, des lacryma- toires sous la tête des cadavres (tournée vers l’est) et quelques pe- tits vases en terre. Nous y avons vu de nombreuses traces de constructions, des fragments de marbre, un édifice de forme rec- tangulaire, avec des débris de voûte en blocage. Il mesure 50 mè- “ires sur 35 mètres environ et occupe l’ouest-sud-ouest de la ville. MEHDIA. La ville est entourée d'une enceinte antique remaniée au moyen äge par les Arabes et les Espagnols. Elle repose en partie sur des arasements pratiqués dans la roche tendre qui forme le sol. On y remarque de nombreuses traces d'encastrement de pilotis verticaux ayant servi à maintenir un coffrage en bois lors de la construction des substructions en blocage. À d’autres endroits, surtout vers l'extrémité de la presqu’ile, des tranchées creusées dans le roc ont reçu la base des fortifications. Au port antique creusé dans le roc, on s'est servi, pour consolider les murs qui for- ment l'entrée de la passe, de colonnes antiques postes horizonta- lement et formant deux ou trois lits M. Ces colonnes sont en marbre. Plus loin, dans un cimetière musulman, on remarque des traces de sépultures antiques creusées dans le roc et où la place de la tête est marquée ©). C'est là l'emplacement probable de la partie la plus ancienne de la ville. On y voit les ouvertures d’une grande citerne romaine dont la disposition est intéressante {fig. 24 et 25). Elle sert encore aujourd'hui à fournir de l'eau excellente. Dans la mosquée principale de Mehdia, des colonnes antiques en pierre dure et en marbre, en granit et en porphyre, autant que . l'on peut en juger par les parties où le badigeon arabe a disparu, supportent des chapiteaux romains et byzantins en marbre blanc. 1), Ce mode de construction rappelle celui des murs byzantins à Constanti- nople, en Syrie et en Asie Mineure. ®) On nous montre chez M. Lombroso, consul d'Itali:, des pierres gravées antiques, qu'on nous dit y avoir été trouvées. Un chapiteau ionique d’un travail très laché rappelle un fragment de chapiteau de pilastre ionique trouvé à Lamta. Tous ces frag- a Lecce RL È SÈSESS IINNONS Fig. 24. — Coupe transversale d'une citerne romaine à Mehdia. ments sont employés comme les fragments antiques de la grande mosquée de Kérouan et offrent la pius grande analogie avec eux. TEBOULBA. On nous y montre des ruines romaines de peu d'importance ap- pelées Bir el-Hammam. II semble que ce soient les restes d’une villa romaine. On y reconnait encore une petite citerne à son en- duit de pouzzolane, et parmi les décombres épars on remarque quelques fragments de mosaique de pavage. RAS DIMAS (RUINES DE THAPSUS). Nous y remarquons de nombreux fragments romains, des ruines sous lesquelles sont des citernes voütées; mais, dans la partie que nous avons pu visiter (vu le peu de temps que’nous avions pour le faire), pas de fragments pouvant donner lieu à une recherche intéressante. Des carrières fort considérables, qui me rappellent en petit celles de Syracuse, indiquent cependant que la ville a dû être assez importante au point de vue monumental. La chaussée, qui formait une jetée dans la mer, est une con- struction en blocage, où les traces des boulins et des bois servant à maintenir les coffrages sont restées apparentes. La chaux qui en forme le mortier est souillée par de nombreux fragments de char- bon. La face supérieure de la chaussée est pavée de moellons irré- guliers non taillés, mais choisis de même grandeur à peu près; des fragments de brique noyés dans le mortier permettent de SRE croire que cet quvrage ne remonte, au moins tel qu'il est, qu'à l'époque romaine; c’est du moins la conclusion que nous pou- vons tirer des faits suivanis : La face supérieure du barrage de Kasrine, celle du pont-aque- duc de Sbeïtla et celle d'un fragment de pont au nord-est de Sbeïtla sont absolument analogues à ce genre de travail et appartiennent, sans conteste, à l’époque romaine, d'après l'appareil des parties construites en grands matériaux ou les fragments incrustés dans la masse de l'édifice et le mode de construction de celui-ci. Dans le pont-aqueduc de Sbeïtla, par exemple, une inscription gravée sur un bloc encastré dans une des piles indique que la construc- tion de ce pont-aqueduc est postérieure à l'époque des Antonins (Guérin, Voyage en Tunisie, I, n° 150). Dans la région qui s'étend au sud de Kérouan, tous les bâtiments d'exploitation agricole, toutes les citernes, beaucoup d’aqueducs sont construits en blocage analogue à celui de la chaussée de Thapsus, et tout indique que nous sommes en présence de con- siructions romaines des bas temps. Il ne faut donc pas voir dans Vemploi de ce mode de construction une caractéristique de l'époque phénicienne. Les modes de construction tiennent au moins autant à la région qu’à la population qui l'habite. Les caractéris- tiques fournies par la sculpture d'ornement ou de figure et l'ar- chitecture ont plus de valeur déterminante, mais seules les inscrip- tions peuvent donner la certitude absolue. Pour la chaussée de Fhapsus, nous regarderons donc comme indéterminée l’époque de sa construction. La campagne est tellement cultivée à Thapsus que, plus encore qu'à Lamta, les ruines ont disparu de la surface du sol. Le seul moyen de pouvoir faire des fouilles profitables sur ces emplace- ments antiques serait de ne commencer les recherches qu'après avoir fait suivre, par un habitant du pays, les quelques découvertes . que le hasard aurait fait faire aux agriculteurs lorsqu'ils labourent. Rien des fragments épars sur le sol ne peut guider sûrement les recherches. BENI-HASSEN. On y voit dans le village des fragments de chapiteaux doriques en pierre grossière, des fragments de colonnes en marbre épars dans les différentes rues. Dans un marabout, un pilastre en LORS marbre blanc, deux colonnes antiques, un chapiteau composite dont la sculpture n'est qu'épannelée, un autre byzantin très brisé. Dans le haut du village s'étendent des champs d’oliviers et des jardins. On nous montre un emplacement où des fouilles ont mis au jour des sépultures romaines. Auprès, un édifice de l’époque chrétienne dont le plan n’est pas reconnaissable, avec une mo- saique détruite malheureusement en grande partie. On y distingue encore des rinceaux de couleur, Fig. 26.— Base à Beni-Hassen. au milieu desquels se jouent des oiseaux. Cette mosaique, qui con- tient dans sa partie supérieure une inscriplion dans un car- touche, porte, un peu plus bas, les noms des quatre fleuves | qui arrosaient le Paradis terrestre 0) {Gehon, Fison, Tigris, Eu- frates), au milieu de rubans sinueux qui les figurent. Plus loin, à droite, d’autres fragments de mosaïque de couleur représen- tent des cercles qui s’entrelacent. L'état de dégradation de cette grande mosaïque va en s'agoeravant chaque jour, et il est bien probable que ce monument intéressant s'émiettera peu à peu à chaque visile qu'on y fera; rien que l’action de balayer la terre qui la recouvre en détachera chaque fois quelques cubes. Si l’on ne peut pas faire les frais de l'enlèvement de cette partie de mo- saique, dans quelques années elle aura complètement disparu. Ce n'est pas ici seulement que nous aurons à déplorer la destruc- uon en Tunisie de monuments antiques. Nous y dessinons une base de colonne en pierre calcaire (fig. 26). HENCHIR EL-LOUZA. Restes de citernes voütées en berceau sur une longueur de 25 mètres. HENCHIR SIDI-AZOUB. > Restes de constructions indéterminées. Ü) Cagnat (mission), n° 13 7: En Li f BOU-MERDÈS. Village arabe avec quelques fragments antiques utilisés dans la zaouïa de Sidi-bou-Merdès et dans l'abreuvoir qui est à côté. EL-DJEM (THYSDRUS). Les ruines de l’amphithéâtre d'El-Djem, le monument romain le plus connu jusqu'ici de la régence de Tunis, ont été étudiées en détail par M. Trémaux, architecte, et ont fait l’objet de tra- vaux fort exacts publiés depuis longtemps. Pour en faire après M. Trémaux une nouvelle étude et en reti- rer des résultats intéressants, il faudrait pouvoir faire dégager par des fouilles l'intérieur de cet édifice, encombré maintenant d'im- mondices et de décombres de toutes sortes qu'y apportent jour- nellement les Arabes. Il est à désirer que des mesures soient prises au plus tôt pour sauver de la lente destruction dont il est menacé cet énorme édifice, fort curieux par sa conservation, et qui donne un exemple complet des méthodes de construction usitées à la fin de l'empire romain. Les Arabes y viennent prendre des matériaux pour leurs constructions, car la pierre dont est bati . = l'amphithéâtre est fort belle. Le côté de l'édifice qui a été éventré par ordre du bey, pour empêcher les révoltés de s’y réfugier, est ouvert par une brèche de plusieurs mètres, qui s'agrandit tous les jours. L'appareil de la construction est soigné comme exécution, mais le tracé est défectueux et laisse voir de tous côtés combien les bonnes méthodes romaines étaient déjà perdues à cette époque; nous retrouverons à Haïdra, sur un édifice d'un assez beau carac- tère, des bizarreries d'appareil qui devancent de beaucoup celles d'El-Djem et qui paraissent, pour Haïdra, n'avoir été faites que pour éviter l’acuité trop prononcée des angles. On remarque exté- reurement, sur beaucoup de pierres de l’amphithéâtre, des traces des opérations faites pour mettre ces matériaux en place; les trous faits par les crochets de levage se voient particulièrement sur tous les voussoirs, ce qui tiendrait à prouver qu'ils étaient posés direc- tement au moyen d'une chèvre; dans les parties démolies, des marques à la sanguine, marques faites pour désigner les lits de pose. Les nombreux fragments antiques trouvés à El-Djem, le beau Re chapiteau corinthien en marbre blanc (fig. 27), les énormes frag- ments de colonnes de cipolin (l'un de 5 mètres, l'autre de 2",50), Fig. 27. — Chapiteau corinthien à El-Djem. la mosaïque trouvée sous la route au lieu dit Mhaïra sur un hypo- causte (à l'endroit même où l’on dit avoir été découverte une statue en marbre qui a été envoyée au Khasnadar), les immenses blocs de marbre que l'on a mis au jour à l'endroit nommé Gasr-el-Rey, la statue équestre dont il ne reste que le cheval, tout indique qu'il y à eu à El-Djem un centre très important à l’époque romaine, centre important et riche, car les fragments de marbre, surtout le cipolin, indiquent des dépenses de transport et de travail très con- sidérables. Le style du chapiteau corinthien que nous avons men- tionné plus haut rappelle absolument l'époque des Antonins. Il est à supposer que l'édifice auquel il devait appartenir n’a pas été ter- miné; car, au Gasr-el-Rey, il y a encore d'énormes blocs de marbre à peine dégrossis et qui indiquent l'existence d’un çhantier dont les travaux ont été brusquement interrompus. Plus loin, on a dé- gagé, dans un jardin, un sol antique recouvert de très grandes dalles de calcaire dur; serait-ce l'emplacement d'une voie ou d'une place publique? Nous donnons (fig. 28) un fragment de corniche trouvé non loin de l'amphithéâtre. D: HÉRON EE Il y aura donc des fouilles intéressantes à faire à El-Djem. Mais, comme à Lamta et à Ras Dimas, on doit être guidé par l'histoire journalière des travaux faits dans les jardins. Les offi- L ciers des troupes qui y séjournent sont souvent à même de donner de précieux renseignements sur ce sujet. Lorsque je donnerai le catalogue du musée du Kef, j'insisterai particulièrement sur le profit que la science archéologique peut retirer du concours de nos officiers. Au moment de notre départ d'El-Djem, on nous montre une oscille de marbre d’un travail assez bon, dont un croquis est joint 4 - à ce rapport. Le marbre est blanc, d'un aspect analogue à celui ‘4 ; HR NN Ÿ AL il ft \ | REY SN Fig. 29. — Osaille trouvée à El-Djem, face et coupe. (Diomede enlevant le Palladium. | du marbre grec. Il se pourrait qu’on füt là en présence d’un ar- ticle d’exportalion, car le travail semble plutôt grec que romain. (fig. 29). ROUTE DE SOUSSE À KÉROUAN. SIDI-EL-ITANI. Nous partons de Sousse le 21 décembre pour gagner Kérouan ct laréoion inexplorée qui s'étend au sud-est de cette ville. À Sidi el-Hani, de nombreux fragments de colonnes de marbre, une nécropole contenant des tombes en forme de demi-cylindres reposant sur des gradins (les analogues des tombes d'Haouch Taà- cha et de Bir el-Hafei), un théâtre en blocage, déblayé en partie par les troupes (la mission de M. Cagnat [1882] le signale), et is 98" un mausolée romain en blocage appelé Kasr Talga indiquent une station romaine d’une certaine importance (fig. 30, 31, 32). Fig 30. — Elevation de Karsr Talga. o e ‘ L ÿ e Emaa de todlmminns, mans mr ns fe Érupit : Fig, 31. — Détail de la base Fig. 32. — Pian de Kasr Talga. d'une colonne engagée. Ces édifices (mausolée sur plan carré avec colonnes engagées au premier étage, colonnes en blocage dont la base est indiquée par des assises en briques), ainsi que les tombes en demi-cylindre sont semblables aux types que nous retrouverons dans toute celte contrée, depuis Haouch Taächa jusqu'à Djilma et Bir el-Hafeï. Toute cette région, où nous n'avons trouvé que des restes de con- structions en blocage et en petits moellons, ne présente que d'an- ciennes exploitations agricoles, des citernes, des ruines d'aque- ducs, des murs avec des traces de portes, des pressoirs, des fortins, des mausolées et des tombeaux. Ces derniers édifices sont les seuls où l'on ait déployé une certaine recherche; ils affectent la dispo- sition de ceux du nord de la Tunisie : massif carré où rectangu- laire, premier étage décoré de colonnes ou de pilastres engagés avec niche unique, couverture figurant soit une pyramide à faces À * NO ONE planes, soit un toit à deux pentes, soil une pyramide à faces courbes convexes. On les rencontre isolés souvent; mais, à Haouch Taàcha et à Bir el-Hafeï, on peut étudier la variété des différents types sur un grand nombre de ces édifices. KÉROUAN. Le séjour que nous avons fait dans cette ville n’a été que de courte durée; mais un voyage précédent nous y avait fait remar- quer un certain nombre de fragments intéressants soit pour l'étude de l’art antique, soit pour celle de l'art byzantin. Au nord de la ville, un double réservoir circulaire , qui s’en- _ plit d’eau aux grandes pluies, nous offre le type, que nous ren- contrerons si souvent dans le sud, des deux citernes circulaires associées deux par deux. Ce iype a été attribué, par M. Daux, à l'époque phénicienne. Rien de ce que nous avons trouvé autour de ces édifices ne nous permet de leur assigner une origine aussi reculée. À Kérouan, dans beaucoup de constructions arabes, on a em- ployé des fûts de colonnes : 4 1° Pour amortir les angles des maisons; 2° Pour former les seuils des maisons ou des mosquées; 3° Pour soutenir des arcs dans les mosquées ; 4° Pour former des grilles aux débouchés des égouts à travers les murs de fortification ou à l'entrée des eaux dans la grande fesguia des Beni-Aglab, au nord de la ville. On a employé des bases en marbre blanc qu'on a percées pour en faire des margelles de puits (mosquée du Barbier, grande mosquée, citernes de la ville et maisons particulières). DR = CGhepieanionique Outre les nombreux chapiteaux et à la grande mosquée de Kérouan. Colonnes antiques (fig. 33) employés PE () Ce réservoir a été construit, lan 248 de l'hégire, par Abou Brahim ben T ia | * re de a dal 5 À x bai 2: "Or dans les mosquées, surtout à celle de Sidi-Okba, nous avons re- marqué dans la grande mosquée : 1° Au-dessus de la porte du minaret, un soffite () de l'époque des Antonins et un fragment de plafond servant de pavage dans le couloir du même minaret; 2° À Ja porte du trésor, deux fragments de frises en marbre blanc formant chambranles, et deux fragments d’'architrave formant lun le seuil, l’autre le linteau de la baie (fig. 34); 3° Les colonnes de porphyre rouge qui viennent'{rapport de MM. Houdas et Basset) de Kaisariya, au nord de Kérouan. Fig. 34. — Frise antique formant chambranle à la perte du trésor, = ‘ AE Ne pres mosquée de Sidi-Okba à Kérouan. Les fragments byzantins sont aussi en très grand nombre dans Kérouan. À la mosquée du Barbier, nous remarquons, entre autres fragments byzantins, un petit chapiteau avec quatre aigles aux quatre angles. Dans la mosquée de Sidi-Okba , un très grand nombre de chapiteaux byzantins (fig. 35, 36, 37) de différentes époque; Fig. 35, 56, 37. — Chapiteaux byzantins à la grande mosquée de Kérouan. et qui sont du plus grand intérêt, à cause de leur conservation. Ils permettent de comparer l'école africaine à l’école orientale et de Mohamed ben el-Aglab, I fit construire la coupole qui domine le mihrab de la grande mosquée, et fit venir de Bagdad les bois précieux dont fut construit le mimber ou chaire de la même mosquée (d'après les renseignements communi- .qués par M. J. Abribat, interprète judiciaire à Sousse), () Analogue comme composition aux soflites des temples de Sbeïtla, * Let 1 retrouver ici, comme en Asie, les dégénérescences du corinthien el de l'ionique : les chapiteaux à corbeille comme à Jérusalem et à Constantinople, et les feuillages secs et repercés seulement que l’on retrouve jusqu'en Égypte, à la mosquée d'Amrou, par —. exemple. Le faire de beaucoup de ces chapiteaux (un d'eux res- 1 semble tellement à celui que nous avons trouvé à Lamta que … nous les avons mis en parallèle lous deux), la matière dans laquelle 4 ils sont sculptés, tout nous porte à croire que plusieurs d’entre eux sont l'œuvre d'artistes grecs. Il ne serait pas surprenant que des plus beaux morceaux eussent été apportés de Constantinople | à Sousse ou à une des villes de la côte . Devons-nous chercher à Sidi-el-Hani ou à Sabra (?) l'emplacement de la ville d'où l’on a tiré ces fragments si divers? Nous ne le pensons pas. Nous croyons — plutôt que c'est Sousse qui les a fournis, Sousse si riche et si prospère jusqu'à la conquête arabe, et où l’on retrouve encore à chaque pas des fragments de marbres de toute beauté. Nous ne quitterons pas Kerouan sans nous arrêter un inslant sur la chaire à prêcher ou mimber de la grande mosquée, chaire composée de panneaux rectangulaires sculptés à jour et exemple unique de ce genre de décoration. Ces panneaux sont fixés sur un bäti au moyen de barres sculptées assemblées par des appliques de tôle découpée. Sauf deux ou trois morceaux de remplissage, la face latérale de la chaire est exclusivement composée de panneaux dont la sculpture a le caractère byzantin des premiers temps) et rappelle —. _mémeles clathri romains (autant qu'on peut en juger par les rares fragments qui sont arrivés jusqu’à nous ou les représentations figu- rées antiques). I semblerait que cette chaire ait été décorée à l’aide de panneaux faits à l'avance et assemblés d'une facon arbitraire les uns à côté des autres. Les uns ne sont que de simples décou- pures à peine modelées, les autres, au contraire, en bas-reliefs %) Rappelons ici que, depuis le xvn° siècle, la Tunisie a importé à nouveau . des marbres étrangers ; on voit à Mehdia, dans la grande mosquée, et dans de Ÿ. nombreuses maisons à Tunis, des colonnes en marbre de Carrare, dont les cha- l piteaux doriques ou feuillus indiquent bien 1e travail italien; ici même, à Kérouan, à la mosquée du Barbier, nous avons remarqué, non seulement des colonnes et des chapiteaux, mais même des encadrements de fenêtres et de portes en barocco du plus pur italien. @) Comparer ces entrelacs avec ceux figurés sur les monuments de la Syrie centrale, tombeau de Deir Sembil, par exemple. (Duthoit et de Mogué, La Syrie ; centrale) et les clathri de marbre de Saint-Mare, à Venise. F1 na très peu sentis, sont traités à la facon de certains ivoires byzantins auxquels on ne peut s'empêcher de penser lorsqu'on a ces sculp- tures sous les yeux. Il se pourrait que ces panneaux provinssent de clôtures d’églises (analogues à l’iconostase grecque), clôtures dé- montées par pièces et dont on aurait choisi les plus beaux mor- ceaux pour composer ce mimber, contrairement à ce que dit la tradition arabe {p. 29, note 1.). L DE KÉROUAN A OUED DJILMA. Départ de Kérouan le 26 décembre 1882. OUED ZEROUD Après avoir passé l'Oued Zeroud, nous voyons les restes d’une cilerne construite en blocage. Elle a 8 mètres de côté et la forme d’un carré cantonné de huit contreforts demi-cylindriques. KASR CEDRIYA. Restes d’une ferme. À 3 kilomètres de là, une citerne auprès de laquelle se trouvent des champs de cactus, et plus loin une con- struction rectangulaire et une butte de décombres de près de 300 mètres de long. HADJEB EL-AÏOUN. Petite construction carrée et ruines autour de la source. Mau- solée en blocage avec des enduits en mortier et des cordons de briques figu- rant un fronton et des cor- niches; ces parties étaient recouvertes de mortier; cette construction de mou- MS L lures en saillie à laide TA de la brique recouverte d’enduit est essentielle- ment romaine (1). Ce mau- solée est composé de deux étages sur plan carré, l'étage inférieur on + Fig. 38. Construction à Hadjeb el-Aïoun (plan). (M) Comparer : ruines à la via Appia, villas antiques des environs de Rome, ruines de Pompéi, etc. gd SNS s. . voüté en voüle d'arête, l'étage supérieur voûté en berceau dont - l'axe est perpendiculaire à la face où se trouvait le fronton. Plus loin, une construction en blocage; elle est ruinée actuellement, mais il reste des traces de voûtes et les murs subsistent en grande partie (fig. 38). Cette construction était probablement un établis- sement agricole, ou ferme. Voie romaine à 3 heures 15 minutes | d'Hadjeb el-Aïoun. Elle a été signalée par M. Cagnat. Elle se dirige . vers le sud-ouest. HENCHIR BIR CHAOUCH-HAMOUDA. D Autour du puits nommé Bir Chaouch-Hamouda, des sarco- … phages en pierre dure (fig. 39) servent d’abreuvoirs. Nous remar- Fig. 39. — Sarcophages à Bir Chaouch-Hamouda. _ quons aussi un petit chapiteau dorique ayant appartenu à une colonne engagée (fig. 4o). . Fig. 40. — Chapiteau dorique à Bir Chaouch-Hamouda {plan et élévation). MISS. SCIENT. — XIII: 3 EMPRIMERIE NATIONALE. ES QUE BIR MISKIN-ECH-CHEICK-ABDES-MIA. Autre puits avec des fragments identiques aux précédents. SIDI-ABD-EL-KADER. Foudouk, auprès duquel nous trouvons une base analogue à celle de Beni-Hassen. SI-AMOR-BOU-HAGELA, Tombeau d'un marabout, quelques fragments antiques in- formes. Tout le plateau environnant est un cimetière arabe. Dans une enceinte carrée entourant une sépuliure arabe, nous distin- guons, parmiles débris qu'on a entassés sur la tombe, un fragment de mosaïque analogue à la bordure de la tombe de Medden, à Lamia. BIR OULED-ACHEUR. Puits autour duquel il y a des sarcophages antiques en pierre dure. ZAOUÏA DE SIDI-MOHAMMED-EL-GEBIOUI. Fig. 41. — Plan de Sidi-Mohammed-el-Gebioui. Celte zaouïa est une petite chapelle musulmane établie dans 3 DO _ une construction antique. Cet édifice, qui mesure environ 5 mètres _ dans sa partie centrale, ala forme d’un carré couvert par une voûte d'arête dont les arcs de tête s'ouvrent sur trois absides demi-circu- laires (fig. 41). I présente l'aspect d'un ouvrage romain , surtout Fig. 42. — Vue intérieure de Sidi-Mohammed-el-Gebioui n. : ; par l'appareil des arcs en segments de cercle qui forment les fe- … nètres (fig. 42, 43). Les voûtes, faites avec une grande solidité, ‘+ : à 44 nn. | TIRE N à 4 | NN À ; 4 À ERKKNNN\ () À 9 SOL ACTVEL ” # - Fig. 43. — Coupe longitudinale de Sidi Mohammed el Gebiou! ‘ sont construites sur une croûte faite de tubes de poteries (fig. 44), Fig. 44. — Poterie des voûtes de Sidi-Mohammed-el-Gebioui. semblables à celles que nous avons trouvées dans nos fouilles faites Ge 2= GOUE à Sbeïtla sur les emplacements des églises (0. Les musulmans at- tribuent la construction de cel édifice à un marabout. Il vaut mieux dire que ce marabout a converti en chapelle cet édifice abandonné. La construction est, très enterrée, puisque les naissances des arcs Fig. 45. — Vue extérieure de Sidi-Mohammed-el-Gebioui. des absides sont à moins d’un mètre au-dessus du sol (fig. 45). On pourrait y voir l’abside d’une église. HENCHIR TOUIL. Puits entouré de grosses pierres, colonnes engagées et frag- ments de moulures taillées grossièrement (fig. 46). HENCHIR MAÏZHRA. Puits antique de près de 4o mètres de profondeur; il est taillé dans le roc. La margelle est formée de pierres arrachées à des con- structions antiques. L'une d’elles porte deux croix grecques (fig. 46) entre lesquelles on voit une rosace à six branches entourée de dentelures. Autour du puits, des auges et des fragments antiques. ” Au nord de ce puits, un fortin byzantin à peu près carré. Sa partie inférieure paraît byzantine à cause de l’alternance des pierres minces debout formant boutisses (fig. 47, 48) et des parpaings rec- tangulaires presque régulièrement disposés. Au-dessus, après une destruction partielle de l'ouvrage, on a reconstruit une partie du () Dans les oasis du Djerid tunisien, au sud de Gafsa, on se sert encore de poteries analogues pour construire les voûtes. Ne Capa ecrit Case — C a HOME fiprecsts sue Knc% Vel | D [4 . * 119 2e fn pe Re + 4 Î E Fig. 46. — Fragments provenant de Henchir Touil, Kasr Maïzhra : et de la région au nord-est de Kasr Maïzhra. 4 { EL. LL 3 ë ce : 3 D Q Ù \ : # … Fig. 47. — Mur de Kasr Maïshra, Fig. 48. — Mur de Kasr Maïthra , k. face extérieure. face intérieure. Le # 0 - D à EUR mur avec des fragments romains parmi lesquels on distingue les fragments d’une niche et des jambages de porte. Le revêtement Len ess ii D te Fig. 49. — Façade de Kasr Maïzhra. intérieur est fait de gros moellons (fig. 48); l'intervalle entre les Fig. 50. — Plan de Kasr Maïzhra. deux revêélements est rempli par un blocage. [I mesure 13 mètres sur 11,30 (fig. 5o). HAOUCH TAÂCHA, De Kasr Maïzhra, nous faisons une pointe sur Haouch Taâcha, nécropole considérable où il nous a été impossible, à notre grand regret, de séjourner plus de trois heures, à cause de la distance du campement et du manque d’eau (fig. 51). Cette nécropole est d’au- tant plus intéressante que tous les types de tombeaux et de mauso- lées qu'on rencontre d'ordinaire dans cette région y sont représen- tés: mausolées quadrangulaires avec ou sans colonnes engagées, avec ou sañs niches, mausolées formés de quatre niches adossées et cantonnées aux angles par des colonnes engagées. Enfin des tombes EME EUR demi-cylindriques reposant sur un ou plusieurs gradins. Toutes ces constructions sont en blocage enduit de mortier; sur certains “4 : Fig. 51. — Vue de la nécropole d'Haouch Taâcha. de ces monuments, nous avons remarqué des traces de couleur à l'intérieur. Sur d’autres, des ornements très barbares, gavés dans _ l’enduit à l'endroit des moulures, figurent des oves ou des denti- _ cules ou des raïis de cœur. Nous donnons ici (fig. 51, 52, 53) Fig: 52. — Plan de l'étage inférieur Fig. 53. — Plan de l'étage supérieur du mausolée ci-après (fig. 54). du même mausolce. les plans et l'élévation perspective d’un de ces mausolées. L'élage inférieur est vouté en voûte d'arête, et quatre défoncements …. (fig. 52) forment des columbaria dans lesquels étaient scellées les urnes cinéraires. Sur la façade, cet étage portait une inscription indiquant les noms et qualités des personnages auxquels ce mo- —. nument était élevé (nous en verrons une en place à Bir el-Hafeï). 4 L'étage supérieur (fig. 53, 54), décoré de sept colonnes engagée et de quatre frontons, forme une niche profonde, où était probas ET Une blement dressée une statue (voir plus loin Henchir Zourzour). La silhouette extérieure du couronnement est une pyramide à faces pl Tete 270 TE re (y Fig. 54, — Vue perspective d’un mausolée à Haouch Taâcha. courbes, telle que serait par exemple lextrados d'une voûte en arc de cloître sur plan carré. Quelques traces de peintures dans Fig. 55. — Plan du grand réservoir d'Haouch Taâcha. PET SSSR SD D OUT 2e Em ee EN Fig. 56. — Coupe sur la longueur A, B,C, D du réservoir ci-dessus, ils Mi EE, MP ‘a l'étage supérieur (encadrement vert foncé). À l’ouest de la nécro- - pole se trouve une grande construction demi-circulaire qui a servi de réservoir d’eau (fig. 55, 56); plus loin, un puits tout en - … pierre de taille de près de 30 mètres de profondeur. 7 Le type de tombe dont j'ai parlé plus haut, en forme de demi- _ cylindre reposant sur une suite de gradins (fig. 57), est analogue % Fig. 57. — Tombe à Haouch Taächa, vue de face et vue de côté. à celui que j'ai mentionné à Sidi-el-Hani. Ce genre de sépulture …— ressemble tellement aux tombes arabes en général et à celles de _ Palestine en particulier, qu'on pourrait rapporter ce type à un …. type de tombe importé par les Phéniciens (1). u ; GW En Phénicie et en Palestine, on a d’abord enseveli les corps dans un sarco Al phage en pierre (fig. 58) dont le couvercle était arrondi. Cette forme était tradi- Li , 10 l ! k: lise. 5 J à de My6 les LÈ & L ee Conxre De S : Ÿ — TE . RCE (Ter Se lon) = Cu Fig. 58 bis. — Sarcophage du tombeau des rois (Jérusalem). (Musée judaïque du Louvre.) ‘4 .… tionnelle en Syrie et en Palestine, comme l'indiquent les nombreux sarcophages antiques qu'on y a trouvés, entre autres celui du tombeau des rois (fig. 58 bis) 2 Pro Au nord-est de Kasr-Maïzrha, auprès d'une longue citerne, nous défait he lan \ À ! AIRE À De // | QE HN ANA AATARARIAEENT L n SLA Y Détas 4 ter Fig. 59. — Citerne Henchir el-Hamel. à Jérusalem. Actuellement encore, en Syrie, on donne celte forme aux tombes arabes (fig. 58 ter).* Qu'on fasse abstraction des ornements et qu'on pose les ligures 58 bis et 58 sur une où plusieurs dalles de pierre, et l'on aura à peu de chose près notre tombe africaine. Fig. 58 ter. — Tombes au cimetière du faubourg Salahieh à Damas. Mb EE trouvons une excavalion en forme de quatre feuilles (fig. 46); elle est maçonnée et enduite à l’intérieur d’un mortier très fin. C'est probablement le baptisterium d’un bain particulier construit dans une villa. À l’ouest de Kasr Maïzhra, à 4 kilomètres, une nécropole analogue à celle d'Haouch Taàcha, mais moins considérable. HENCHIR EL-HAMEL. Ruines de nombreuses maisons, citerne sur plan rectangulaire avec contreforts demi-cylindiques à l'intérieur. Elle est en parfait état. Elle a ses angles arrondis dans leur partie inférieure; les murs sont enduits d’une épaisseur de À centimètres de pouzzolane sur laquelle est appliqué un enduit de ciment brunätre fort lisse et assez dur ©). Nous en donnons l’ensemble et les détails (fig. 59). L'eau amenée dans un canal parallèle à la grande dimension de la citerne y pénètre par le soupiraïil HH'; des ouvertures : servent à l'aération; des soupiraux carrés G étaient fermés par des dalles en feuillure et servaient à puiser l’eau. AÏN MHROTA. C’est un lieu de campement entouré de jardins de figuiers de ; Barbarie , au milieu desquels s’abritent quelques tentes arabes ou quelques gourbis en pierres et en = AN Ne 2 KE É NN - N branches. Comme son nom lindi- CR que, cet endroit possède une source. DIRE Le ruisseau qu'elle forme coule au jh fond d’une gorge abrupte. À la source même, à quelques kilomètres en re- montant dans la montagne, on re- Dar marque les travaux faits par les Romains pour capter ces sources (4, fig. 60}, qui sont au nombre de trois. Deux sourdent à ciel ouvert; la troisième a été l’objet d’un travail assez considérable. Un tunnel a été creusé dans le roc (fig. 61). Il a plus de 15 mètres de long (on ne peut pas en atteindre l'extrémité), 2 mètres de haut et 1 mètre de large à peu près: à côté de ce tunnel, quelques murs en moellons (B, fig. 60) indiquent qu’un bassin devait probablement retenir Fig. 60. Plan des sources de Aïn Mhrota. } Probablement le ciment à base d'huile déjà mentionné. — ll — " ces eaux, pour qu'elles pussent atteindre le niveau de l'aqueduc dont le départ {C, fig. Go) est visible à une petite distance des sources. Cet aqueduc franchit à trois reprises les petites vallées qui lui barrent le passage sur des ponts dont la naissance des arcs est encore visible. Sur tout son parcours, il est accompagné NA Fig. 61. — Source de Aïn Mhrota. d'un deuxième aqueduc plus petit, qui lui est parallèle. Ces aque- ducs sont construits, le plus grand en moellons maçonnés et en- duits, le deuxième en béton de mortier et enduit de mortier de tuileaux. Ces aqueducs ne sont à proprement parler que des ri- goles maçonnées presque au niveau du sol. Les caux étaient pro- bablement amentes jusqu'à l'Henchir el-Hamel. Nous donnerons plus loin (Henchir Tefel) le tracé d’un aqueduc construit dans des conditions absolument semblables. Toute cette partie du massif montagneux jusqu’à Fedj el-Kebara est coupée de filons puissants de marnes grises contenant en grande abondance des cristaux de gypse (pierre à Jésus); ce terrain rap- pelle d’ailleurs complètement les formations que traverse en Si- cile le chemin de fer qui va de Palerme à Girgenti, où lon re- marque aussi des cristaux de gypse. Nous trouvons aussi de beaux morceaux de gypse saccharoïde et une grande quantité de pierre à pltre. |: ge er MISE Beaucoup de parties de maconnerie antique sont faites de ce plâtre cuit d’une facon imparfaite; des cristaux s’y remarquent encore par places, ce qui permet de distinguer ce mortier du mor- tier de chaux. À l'henchir qui se trouve à l'entrée de la vallée de l'Oued Tefel, près de Gafsa, on remarque aussi des constructions de ce genre. Dans les constructions hydrauliques de cette région, aqueducs ou bassins, on trouve des échantillons de ce mortier qui ont par- faitement résisté. Cela ferait supposer que ce plâtre a des proprié- tés analogues à celles des chaux hydrauliques, propriétés dues cer- tainement à la présence de la marne, qui donne à ces mortiers une couleur brunâtre(). Ce plâtre, imparfaitement débarrassé de sa gangue marneuse, a été cuit tel quel, et, grâce à cette imperfec- tion dans sa préparation, a donné un résultat auquel certaine- ment ceux qui l'ont fabriqué étaient loin de s'attendre. HENCHIR CHEÏFA. Cet henchir (fig. 62) présente une enceinte irrégulière entou- _rant un fortin carré de 18 mètres de côté. Les murs (fig. 63) de ce L Fig. 62. Fig. 63. . Plan de Henchir Cheïfa. Détail de l'appareil des murs du fortin. fortin sont construits en béton revêtu à l'extérieur d’un parement en pierres de grand appareil rectangulaire, de dimensions irrégulières. (@) Nous n’avons pas besoin de rappeler qu'on a récemment importé d'Angle- terre un ciment séléniteux consistant tout simplement en plâtre mélangé avec de Vargile et porté à une température très élevée. LUE TER I ne reste malheureusement que la trace des murs de l'enceinte. Au nord, une nécropole avec des tombes analogues à celles d’'Haouch Taâcha (fig. 64). À 1 ki- lomètre au nord, on remarque sur le flanc de la montagne trois puits qui se trouvent en ligne Fig. 64. — Tombe à Henchir Cheïfa. droite, à côté d'un fragment d’a- queduc qui se dirige vers l’'Hen- chir Cheïfa. Les puits (fig. 65, 66) ont 2",50 de diamètre et s'élar- gissent dans leur partie inférieure. Ils traversent un banc de pierre calcaire de 7 à 8 mètres d'épaisseur. Ce banc, comme la coupe l'in- Fig. 65. — Plan des puits Fig. 66. — Coupe sur l'axe à Henchir Cheïfa. de deux des puits à Henchir Cheifa. dique, est séparé de la couche de pierre suivante par une épais- seur de terre perméable et inclinée où pouvait se réunir une assez grande partie des eaux qui s’écoulaient des pentes de la montagne en temps de pluie. Ges eaux, réunies entre les deux couches im- perméables, se concentraient dans les espaces vides creusés au bas des puits, en filtrant à travers les terres. La disposition naturelle des strates relevées a produit plus d’une fois un effet analogue, et à Ras el-Aïoun, près de Gafsa, par exemple, nous aurons à remarquer, à J'intersection du sol de la plaine et de la couche calcaire relevée, une rivière formée par l'apport des eaux de la montagne dans la déclivité pro- duite. 25 minutes avant d'arriver à Henchir el-Mouica, aqueduc ro- main (1). @) Nous entendons par aqueduc toute conduite d’eau, même celles formées par une rigole en mortier ou en béton posant sur le sol. HENCHIR EL-MOUÏÇA. Ruines de village. FEDIJI EL-KEBARA. Ce défilé est défendu par un petit poste auprès duquel est un puits carré analogue aux puits d’Henchir Cheïfa. Dans cette partie ‘de la montagne, d’énermes filons de pierre à plâtre. 4 ne. ILE KSOUR EL-HADEB. Un mausolée comme ceux d'Haouch Taächa et de Hadjeb el-Aïoun «…. (fig. 67, 68, 69, 70, 71), en moellons avec cordons et fronton à MAUSOLÉE DE KSOUR EL-HADEB. L. 9 GPA: 68 69 79 | 7 D Ris. 67, plan, étage inférieur. — Fig. 68, étage supérieur. — Fig. 69, élévation, 3 h état actuel. — Fig. 70, coupe Testituée. — Fig. 71, élévation restituée. “4 4 en pyques. Il est entouré de Da. de toute sorte sur une étendue de près de 300 mètres. À l’est de Fed} el-Kebara et un DE au Fig. 72. — Plan d’un réservoir “circulaire pres de Fedj el-Kebara. Fig. 73. — Coupe de ce réservou. ord, à:5 kilomètres du pied des montagnes, on remarque un ré- senvoir de 10 mètres de diamètre entouré de douze contreforts _ demi-cylindriques (fig. 72 et 73). ma HENCHIR EL-ROUÏBA-MTA-DAR-EL-HAMPA. Ruines sans caractère. Fragment de pressoir. HENCHIR EL-HEUDBA. Au milieu de nombreux fragments, on remarque les restes d'une construction en blocage et en moellons; au soubassement, l'enduit est décoré de joints feints indiqués en creux dans l’enduit de mortier, comme ceux que j'ai décrits au pont entre Hammamet Fig. 74, — Fragment de moulin à farine, meule inférieure. et Hergla. Nous y trouvons un fragment de meule à moulin en pierre dure (la partie inférieure, meta, fig. 74), un réservoir à ciel ouvert, bâti en moellons et en plâtre gris enduit de ciment de tuileaux. KSIAR ER-RAÏAT. Ruines informes au sud-ouest de Henchir el-Heudba. KOUBBA SIDI-EL-HAFEÏ. Autour de la koubba de Sidi-el-Hafeï, tombeau d’un saint mu- sulman, fragments nombreux de constructions; des colonnes an- tiques ont été employées dans la construction de la koubba. SIDI-KHALIF. Koubba auprès de laquelle se trouvent quelques fragments antiques. L'entrée de la gorge de Sidi-Khalif est défendue par un fortin carré (fig. 55) construit en gros moellons irréguliers et en blocage (fig. 76). Le mortier qui joint les matériaux paraît être fait avec du plâtre. Le défilé de Sidi-Khalif, qui est très long et très difficile à franchir, nous présente des bancs très puissants de très belle pierre. — Marnes à gypse. HENCHIR GATRANA (fig. 77). Après avoir passe le défilé, on se trouve dans une plaine séparée de celle de Djilma par de petites collines (Djebel Amra-Gamouda); LRO TES à gauche de la route, nous apercevons des ruines assez étendues pi RSR Ÿ \\Y \ KES AU MREX A se 1? K V . IS x re Le K FAN LUY CS NS 2 Fig. 77. — Plan de Henchir Gaträna. i comprennent deux mausolées rectangulaires, un autre analogue ux d’'Hadjeb el-Aïoun et Haouch Taâcha, et une construction | MISS. SCLENT. — XIII. | 4 LUPRIMERIE NATIONALE» PA Le AD se composant d'un réservoir à contreforts, plusieurs salles À en- duites intérieurement de ciment de tuileaux. La figure 78 repré- sente un conduit servant de trop-plein au réservoir À, au point E; la figure 79 (un angle de la salle À) montre sur la maconnerie de moellons, une couche de mortier de tuileaux, une couche de Fig. 78, 79 et 80. — Henchir Gaträna. Détail des contreforts de l'édifice AA. Fig. 81. — Détail de l'angle de la salle 4. chaux et une couche de ciment très fin; interieurement, l'angle est arrondi par un triangle curviligne. Figure 80, angle F avec conduit latéral. Figure 81, angle D. Près du plus grand mausolée est un édifice rectangulaire dans l'étage inférieur duquel nous trou- vons deux fragments d’une statue de marbre blanc d’un travail très médiocre. À 2 kilomètres au nord, un forlin carré en ruines. HENCHIR AÏN HAMEÏMA. Kasr en blocage et revêtement de pierre, Au nord-est d’Ain Hameïma, Kasr Hadaouch, fortin en ruines (fig. 82). Les murs sont construits en blocs de béton B, B, B, pi- lonnés dans un coffrage en planches que retenaient des bâtis dont les pièces horizontales ont laissé leurs traces en E. Une assise achevée, en D par exemple, on reconstruisait le bâti au- dessus en EDE E, on répandait sur la face supérieure une couche de mortier Fig. 82. — Kasr Hadaouch, Pour unir le bloc suivant au précédent détail de construction. et l'on pilonnait une nouvelle assise. Les joints en mortier ainsi déterminés sont encore parfaitement visibles, ils se détachent en blanc sur le ton gris du béton; un mur en grand appareil irrégulier revêt tout l'ouvrage. AE RUE OUED DJILMA. Camp français situé sur un emplacement antique. Toute la campagne est couverte de restes de constructions agricoles. Ruines de maisons, ruines de très longs murs de clôture entourant probablement des jardins, nombreuses ruines de citernes et réservoirs d’eau. Une forêt d’oliviers _ devenus maintenant sauvages est un Fig. 83.— Chapiteau reste manifeste de la culture antique: 2 (Oie IDjiuer Dans les ruines que je vais examiner successivement, nous citerons des fragments de meules à broyer les olives (1. Je vais suivre, dans la suite des henchirs que je décris, l’ordre dans lequel mon collègue M. Cagnat les énumère dans son rapport. À Djilma, on a construit à l'entrée du bordj ©) une sorte de fronton soutenu par trois colonnes, et on a employé des fragments de frises (époque chrétienne) et des chapiteaux antiques pour la décoration de cette construction. On a même remanié certaines parties des chapiteaux. J'ai dessiné un chapiteau ionique qu'on a fixé sur un fragment de colonne antique, au-dessus d’un escalier conduisant aux terrasses du bord} (fig. 83). u HENCHIR EL-BAROUD (fig. 84). Ruines d'exploitation agricole; citerne revêtue d’un enduit de mortier de tuileaux (fig. 85), sur lequel on a donné des coups d'outil de façon à figurer des traits en forme de feuilles de fougère ê, crea LL Fig. 84. Fig. 85. — Citerne à Henchir el-Baroud. Plan d'Henchir el-Baroud. () Meules en forme de rouleaux que nous a\ons mentionnées sur la côte. . @) Bordj, réduit fortifié. 4e PULL TT RIRES CNET LLC SP A LR Pa LR SN? KA RTE ET à FL TS. Up ra j ‘ PS PE À NS — (peut-être pour simuler de opus spicatum). Au nord de l’henchir, une abside en moellons et blocage où cinq niches sont encore vi- Fig. 86, 87, 88. — Üglise à Henchir el-Baroud (Abside). Le] sibles (fig. 86, 87, 88). C’est probablement un reste de basilique chrétienne (analogue à celle de Sbeïtla). On remarque aussi un N D e 7 nn 3 SNS Fig. 89. — Réservoir à Henchir Baroud, Fig. go. — Réservoir à Henchir Baroud, plan. coupe entre deux contreforts. grand réservoir à ciel ouvert, construit sur plan polygonal, auquel est adjoint un petit réservoir où l’eau déposait ses impuretés (fig. 89, 90, 91). Un aqueduc y paraît aboutir. Les eaux de la plaine y ont amassé une telle quantité de terre que les murs sont à peine visibles au-dessus Fig. 91. — Réservoir à Henchir du sol. Tout auprès, en revenant vers on ions Djilma, restes d’un moulin à huile, plateau de moulin à huile, plateau de pressoir (fig. 92). Ce pa- à 53 2e : . teau de moulin à huile {mortarium) possède encore à son centre 14 le miliarium sur lequel tournait le pivot qui portait les meules. { ts 45 25, 45 «ne Le E: DE Fig. 92. — Plateau de moulin à huile, Fig. 93. — Plateau de pressoir à huile 2 plan et coupe, Henchir el-Baroud. à Henchir el-Baroud. f — Le plateau de pressoir (fig. 93) porte les rigoles pour l’écoule- - mentde l'huile. x a KASR EL-AHMAR. CE 4 Mausolée en blocage avec corniche du rez-de-chaussée en pierre …. et cordon en briques au premier étage. Niche dans la partie supé- rieure. À côté, deux réservoirs conjugués dont le conduit de communication existe encore (fig. 94). L'eau amenée au point E Réinveirs cnsqurt meet Tnt en nd & Clan, Cnam — Élienges h. Fig. 94. — Réservoirs conjugués à Henchir Kasr el-Ahmar, ensemble et détails. à à … déposait ses impuretés dans le petit réservoir F et se rendait en- Je suite en G. Ces réservoirs étaient voutés, ct la voûte de F existe Se D eucore. Jess lo, # A L Æ ù hu ; ND HENCHIR FENIDECK-GUERROUA ET HENCHIR DEBDEBA. Restes d'une grande exploitation agricole. Le plan joint à ce rap- port (fig. 95) indique les positions relatives des restes d'édifices. Rése rvoir. Eraces d'encuinte Constrcorrée | | abside CHERS avvoûle d'arete ansturectangulaire Fig. 95. — Plan de Henchir Debdeba. La partie la plus curieuse de ces ruines est un grand réservoir Ra SES LAN ET Sa GE RE ——. Poe PS par Et AO 1 Lever a In RESTE n— (| \ ne 1h NT —_—— NET TE nn LE QE= D a mm TT =: Ô mL ——_— a EE. Fig. 96. — Réservoir à Henchir Debdeba. nr Le eau arrivant en A 4/, . on voulait alimenter le ». » 10 95 ?0 {x xx rit aN Coupe AB: Coupe CD: Coupe EN: ue GH: Fig. 97. — Coupes sur le mur du réservoir. L] aquedoil u, - — ! — SIL NE N . Neil Fig 98. — Réservoir de Henchir Debdeba, détail de la disposition des vannes. nouveau l'aqueduc alimenter des réservoirs situés plus bas, mais Fig. 99. — Coupe en travers de ce réservoir. une meule () en pierre très poreuse et très dure (fig. 100). On voit ncore He cette ruine un puits, un kasr ou fortin carré, des Fig. 100. —— Meule (meta) de moulin à blé à Henchir Debdeba. La partie inférieure qui reste fixe. 15, HET restes d'édifices voütés, des citernes, une construction rectangu- laire voûtée en voûte d’arête (fig. 101, 102), une abside ruinée. , Fig. 101. — Henchir Debdeba. Conduit d'arrivée de l’eau 4 dans la construction rectangulaire (voir plan général). * à t LEE EG Sa en. ÈS NN à . É à Fig. 102. — Coupe de ce conduit d'arrivée. \ ; Le Kasr Debdeba (fig. 103) est bâti avec de nombreux frag- à ; ments de constructions antiques; le blocage est fait par lits hori- zontaux de béton de la hauteur des blocs de revêtement; entre ur + —» L/2/7072771 2e Delail del Constrnclion do 2 | nant po priraus 4 T0. =B LA de Aile de l'ip niAnaar Des Rbeiss Sa mur da tedlt Ce CA desk fiponds list Las nuls jan Cornahe. Le nds de 01 d'éponitaus— dm lu paan. dotaaqass tomphannites van lée dlte trffie A D ef ot RUE AS DR Fig. 103. Fig. 104. Plan du Kasr Debdeba. Détail de la construction d’un angle du kasr. LA chaque lit de béton, un lit de mortier de chaux de 1 centimètre d'épaisseur (fig. 104). EE A HENCHIR EL-KERMA. Citerne taillée dans le roc. La couche de roche a été percée, et au-dessous, la terre qui la séparait de la couche suivante a été en- levée de facon à élargir la partie inférieure. Au nord de ces ruines, . un réservoir en moellons avec huit contreforts demi-cylindri- D ques (fig. 105). Fig. 105. — Coupe entre deux contreforts du réservoir à Henchir el-Kerma. KASR EL-HAMAR. D. Ruines d’un assez grand village avec restes de moulins à huile (plateaux etmeules). Construction voûtée, citerne et ruines d'église, Cette église (fig. 107, 108, 109), dont les murs en moellons sont parfaitement conservés, a été, croyons-nous, abandonnée avant d'être achevée, car les voûtes n’ont pas été construites, puisqu'on Enr ersamRS Sn n'en retrouve pas trace dans les espaces ménagés pour incruster . EL LEE Ses les arcs de têle. Le sol, uni à l'intérieur, ne laisse pas voir de Fig. 108. — Kasr el-Hamar. Plan de l'église, fragments des voûtes qui se seraient écroulées. La construction est faite suivant un mode dont nous trouverons de fréquents Fig. 109. — Kasr el-Hamar. Vue intérieure de l'église, du côté du chœur. exemples dans tout le pays qui entoure Sbeiïtla et à Sbeïtla même; l'ossature de la construction est faite en grands inatériaux; Îles remplissages sont faits en moellons. À Gafsa, de nombreuses mai- Fig, 110: — Kasr el-Hamar, réservoir. Fig. 111. — Détail des contreforts es de ce réservoir. sont ménagés à peu près au droit des retombées des voütes. Plus Reservocr centre Masr ol Lhsnar Ferre detail À À RSS SNS ù — ARE ee = DR dr De EL A. V0 sport D'EVet De Fig. 112. 00 loin, sur la route de Djilma, un réservoir avec huit contreforts demi-cylindriques (fig. 110, 111). Nous donnons ici (fig. 112) d’autres exemples de réservoirs avec le caniveau de sortie de l’eau, un chapiteau dorique, une pierre assez longue, creusée d’entailles qui peuvent y faire voir un seuil de porte. Ces différents morceaux, tirés des environs de Djilma montrent quel a été le caractère de l’occupation romaine dans cette partie de la plaine, occupation purement agricole et n'ayant pas laissé de constructions bien intéressantes. HENCHIR ZOURZOUR (fig. 113 et suiv.). En revenant de Sbeïtla, sur les rives de l'Oued Zourzour, un peu avant d'arriver à Djilma, il y a quelques ruines de moulins à Fig. 113. — Plan de Henchir Zourzour. À D. Mausolées. — CC. Tombes demi-cylindriques comme à Haouch Taâcha. — B. Tombe. Ve Meme J'me “ose « mn Fig. 114. — Henchir Zourzour. Fig. 115. — Élévation. Mausolée, plan. huile, deux tombeaux en blocage () dont l’un porte à sa partie an- térieure une cavité en forme de demi-sphère (fig. 116-117) ). Un (Nous n'avons pas pu obtenir de nos guides le nom de cette ruiñie. Nous la désignons par le nom d'Henchir Zourzour. ®) Cette cavité B contenait peut-être une plaque de marbre ou de pierre por- tant l'inscription funéraire, . mausolée en blocage avec une niche au premier étage: dans l’étage en ln 7 + 7 _ inférieur, emplacement d’une grande amphore qu'on y avait scellée en guise d'urne (fig. 114, 115). Devant ce mausolée À, une statue mutilée, brisée en deux parties et sans tête Cette statue, d’un travail grossier, n’était sculptée que sur sa partie antérieure; la partie postérieure, qui ne pouvait être vue, puisque cette statue devait être placée debout devant la niche du mausolée, n’était Fig. 116. — Henchir Zourzour. Fig. 117. — Élévation. TombeB, plan. | même pas dégrossie et élait restée plate. Un peu plus loin, dans la direction . l'est, une autre ruine avec un reste de mausolée. ROUTE DE DJILMA A SBEÏTLA (. L'orientation de la route est entre parenthèses. (Les indications de la route sont faites en heures, le pas du cheval faisant à peu près 6 kilomètres à l'heure.) Départ : 8° 50" (N. O.).— 10 heures, petite huilerie à droite, ferme (N.O.).— 10" 15",oued.—11"15" (0. N. O.), Oued el-Bhim, henchir à droite. — 11" 30" {N.N.O.), mausolée à gauche, à 1 kilomètre ; à droite, maçonnerie en blocage dans le ravin. — 12 heures (Nord), henchir à gauche de l’oued; à droite, débris d’huilerie, — 12} 5", à gauche, ruine, blocage. — 12! 45%, Foum el-Guelta, petite cascade, halte. Les bassins qui … donnent leur nom à ce lieu sont formés de deux grandes exca- vations naturelles creusées dans le roc (118, 119). Ces excava- @ En passant par Foum el-Guelta, non suivie par M. Cagnat; c’est pourquoi nous la donnons en détail. 02 tions ou failles, perpendiculaires à la direction du ruisseau qui les remplit, lui servent de réservoirs; un conduit antique dont il reste Fig. 118. — Vue de Foum el-Guelta. des traces amenait ces eaux dans un très grand réservoir qui se trouve un peu plus loin et plus bas. Il mesure 35 mètres sur 28; Fig. 119. — Coupe perpendiculaire à la vue 118. ABC. Fentes ou failles formant réservoirs. — H. Caniveau formé de grandes dalles (détail 1), encastrées dans une feuillure (2). il est construit en moellons et en mortier et est renforcé intérieu- rement par des contreforts demi-cylindriques. Le chaperon du mur Æ Fig. 120. — Chaperon du mur du réservoir de Foum el-Guelta "avec le caniveau d’arrivée. (fig. 120) est un dallage de 95 centimètres sur 90; le conduit qui y SN, br … amenaït l'eau est encore visible; à l’époque romaine, un barrage rete- nait les eaux au delà des rochers, et un canal (fig. 119)0) dontnous donnons le tracé, creusé en partie dans le roc et en partie formé de dalles verticales incrustées dans une rainure, les recevait pour les conduire au réservoir dont nous avons parlé plus haut. Aujour- d’hui le ruisseau, après avoir alimenté les deux bassins naturels, va se perdre à quelques dizaines de mètres de là et disparaît dans le sable (c’est ce qui arrive aux fleuves arabes qui débordent en hiver et qui, en été, vont se perdre, quelquefois à une centaine de mètres seulement de leur source). La montagne sur le flanc de laquelle est Foum el-Guelta est le massif montagneux du Djebel Mbrila. ROUTE DE FOUM EL-GUELTA A SBEÏTLA. Départ : 8"15" (S.0.). — 8" 40" (S. O.), à droite, henchir et moulin à huile, petit défilé. — 9" 15" (Ouest). — 9" 30" (0. S. O.), henchir et huïlerie à droite, construction en blocage et huilerie au bas du Djebel Mhrila. — 9" 50", kasr au bas du Mhrila. — 9" 55" (0.S. O.), Oued Zourzour, voie romaine de l’est à l’ouest de 22,50 à 37,50 de large; l’'empierrement et les accotements sont visibles sur l’oued, qu’elle traversait à 3 kilomètres environ de la montagne. — 10" 15", voie romaine visible sur une longueur üe 200 mètres. — 10"20", voie romaine, fermes. — 10" 30, fin de la voie romaine. À droite, à 1,500 mètres, ruine en blocage sur la colline. — 10" 50", ruine à gauche. — 11" 10", la Voie ro- maine reparait sur une longueur de 60 mètres. Direction de la _route : E. N. E. vers Djilma et ©. S.O. vers Sbeïtla, à 3 kilo- mètres de la montagne. — 11" 15", voie romaine de 100 mètres. — 11/20", la voie romaine oblique à droite. — 11" 35", à droite et à 3 kilomètres de la route, huilerie et kasr près des collines for- .mant les derniers contreforts de Mhrila. — 12 heures, Oued el- Vilaya-bou-Khil, henchir. — 12} 20", à gauche de la route, hen- chir,. petit kasr, huilerie, citerne rectangulaire en blocage. — 12? 25%, en vue de Sbeïtla. — 12} 35", huilerie. — 12! 4o”, tra- versée de l'Oued Sbeïtla. Cette deuxième route donne une partie intéressante de la voie romaine qui allait de Sbeïtla à Aquæ Regiæ. ® Nous verrons l’analogue à l'Oued Tefel, près de Gafsa. # O1 — SBEÎTLA (SUFFETULA). a Avant d'étudier les ruines de Sbeïtla (fig. 121) dont la deserip- tion a été donnée par M\V. Guérin, Cid Shaw, S. Grenville “4 se SKK >. rt Ü NY s (Le k Ne ù HAN 12 1! RN 2 mn ù. \ L { | Tr * , -1 / # | à Ÿ Ë \sS ; H-latadgs LEZ Mum 555 4e ET 2% Er ; Fig. 121. — Plan de Sbeïlla. Ÿ S, G, signal géodésique. 12. Les trois temples. 1. Amphithéâtre. 15. Abside d'église (?). : 2,18,11,13,14. Édifices indéterminés, 16,17, 18, 19, 28. Fortins byzantins. grand appareil. 21. Théâtre. 5,6. Églises. 22. Arc de triomphe. 7. Temple isolé. 23, 24. Fortins. 8. Construction arabe. Ne. Nécropoles. 7. Pont-aqueduc. 25. Villa (mosaïques). Temple, Bruce, Playfair, elc., je dois mentionner, sur la rive gauche de l'Oued Sbeïtla, des ruines de villas (dans l'une d'elles on a dégagé voi nptil Pr PA FC des mosaïques, fig. 122, 123, 124), des restes de barrages dans les nombreuses petites vallées formées par les torrents à l'époque ; *% Le res Ne EC 12 123 FT Ent 114 4 Fig. 122, 123, 124. — Mosaïques : villa près de Sbeïtla (plan n° 25), un des moüfs de chaque pavage.' des pluies, enfin un fragment d’un pont, auprès de ces mo- saiques. Ce pont franchissait une de ces petites vallées si es- carpées. L'appareil est composé de gros moellons, et l'arc de pierres de taille; de chaque côté du tablier du pont (pavé de petits moellons, comme la chaussée de Thapsus et le barrage de Kasrine) | s'élèvent deux parapets de 80 à go centimètres de haut; le pont a … à peu près 1,80 à 2 mètres de large; il ‘semble que ce n’est pas —… un pont-aqueduc, car il n’y a sur le pavage aucune trace de sédi- ment, cé qui se serait certainement présenté dans le cas où l’on aurait été en présence d’un aqueduc. UE Les ruines de Sbeïtla ont été souvent décrites. Après avoir re- 4 connu l'exactitude des descriptions de Playfair, de S. G. Temple et surtout de V. Guérin, nous pensons néanmoins, en les décrivant MISS, SGIENT. — XIII. 5 IMPAIMENIE NATIONALE. — 00 — après eux, ajouter, par l'indication détaillée et technique des édi- fices que nous avons étudiés à Sbeïtla, à l'intérêt que présente cette ville. Elle sera avec Haïdra et Kasrine, dans la région que nous avons parcourue, un des centres d'étude les plus curieux. Sbeïtla, d'après Ibn Khaldoun, était le dernier boulevard de la résistance des Roum ( contre les Arabes, et sa conquête n'eut lieu qu’en 646. En 645, Grégoire, préfet d'Afrique, s'était établi à Suffetula (Sbeïtla), dans cette partie de la Byzacène qui n'avait pas encore beaucoup souffert de l'invasion. En 646, les Arabes l’assiègent, et, après avoir défait et tué le patrice Grégoire, la détruisent de fond en comble. Cependant, comme les moyens de destruction dont ils disposent ne sont pas assez puissants, les principaux monuments, quoique mutilés, restent debout. Nous les étudierons plus loin. Le monument le plus ancien qui soit daté à Sbeïtla est l'arc de triomphe qui s'élève devant les temples (139 de l'ère chrétienne), mais les temples lui sont très probablement antérieurs. L'existence de Sbeïtla est donc constatée pour une période de plus de cinq cents ans, et sa prospérité, due à sa position centrale dans une région riche par la culture des céréales, de la vigne et des oli- viers s'est traduite par la construction de nombreux monuments : des temples, des portiques, des arcs de triomphe, un amphi- théâtre, un théâtre, des églises, sans compter le grand nombre de constructions auxquelles nous n'avons pu donner d'attribution, faute de ressources suffisantes pour opérer des fouilles. Quand on arrive à Sbeïtla par le sud-est, on rencontre d'abord le grand arc de triomphe, dont les détails sont incorrects, mais la masse très imposante; puis, au milieu de débris de toutes sortes, après avoir marché sur les dalles d’une voie encore presque intacte, on passe entre plusieurs fortins carrés construits de fragments arrachés à divers édifices, (probablement au moment de l'inva- sion arabe); on arrive dans la ville ; on distingue depuis longtemps, d’un côté, les murs de la scène du théâtre, de l’autre, les restes d'un portique amorcé contre une grande construction carrée, enfin () Trad. de Slane, Alger, 1852, passim. — Roum (Romains), nom donné par les Arabes non seulement aux Romains proprement dits, mais encore aux Grecs de Byzance, héritiers de l'empire romain. ®) Nous aurons fréquemment à mentionner la présence des pressoirs à huile dans les ruines que nous décrirons dans la suite de ce rapport. ÉPRR deee la porte triomphale qui donne accès dans le péribole ou temenos des temples. À Toute la surface du sol, même au delà des trois temples, est couverte de débris de toute sorte. Combien avons-nous remarqué de fragments intéressants à dessiner et que nous n’avons pas eu le temps de noter par un croquis ou une photographie! De tous côtés, on aperçoit des pierres debout : ce sont ou des montants de porte (on voit la trace des dispositions adoptées pour la fermeture de celles-ci au moyen de loquets ou de verrous), ou des pierres de grand appareil formant l'ossature de la construction dont les remplissages en blocage (comme dans l’église de Kasr el-Hamar, fig. 107) ont été détruils, ce qui se remarque fort bien en certains endroits qu'on a fouillés; à partir du niveau du sol, le mur en blocage est intact. Le sol antique se trouve à 1",20, à peu près, au-dessous du sol moderne. Les villes de la côte ont re été peuplées, et les monu- ments antiques y ont souvent servi de carrières, même après la conquête arabe, ce qui explique leur destruction; les villes de l'intérieur, au contraire, comme Sbeïtla, Haïdra, Kasrine, Haouch Khima et Feriana, que nous verrons plus loin, ont été abandon- nées. La destruction brutale des édifices et des plantations d'oli- viers, les massacres et la misère, les ont dépeuplées presque subitement. Tout a été ruiné, sauf un petit nombre d’édifices. Les ruines ont été recouvertes peu à peu par la terre, les sables apportés par le vent ou par les pluies. Insensiblement le sol s’est exhaussé en protégeant ces restes, comme les cendres et les boues du Vésuve ont préservé Pompéi. Les populations qui habitent cette contrée étant essentiellement nomades et ne demeurant que peu de temps au même endroit, les ruines n’ont pas servi de carrières comme dans le Nord ou sur la côte {à Haïdra, à Sbeïtla, à Kasrine, on n’a con- siruit qu'un très petit nombre de maisons et dans ces temps der- niers seulement); les ruines de ces willes ont donc été respectées et sont à peu près restées telles qu’elles étaient à l'époque de l’in- vasion arabe. La principale cause de destruction des monuments qui étaient restés debout après l'invasion arabe a été probablement une suite de tremblements de terre. C’est à cette cause que j'at- tribue le déversement en dehors des murs"des faces latérales des temples de Sbeïtla, les fissures qui existent du haut en bas dans leurs façades postérieures (pl. I) et la ruine d’une partie de la ville. = D. Lr'OME Nous avons trouvé le sol antique à des profondeurs variant entre 2 mètres {théâtre), 2",50 (face postérieure des temples), et 1",20 (rue à 138 mètres de la façade postérieure des temples). Il est donc vraisemblable que des fouilles à Sbeïtla, conduites avec mé- thode et avec des ressources suflisantes, permettront de trouver, conservés intacts, des plans de maisons et d’édifices; les directions des rues sont absolument visibles encore, et, si nous n'avions été forcé par le peu de temps dont nous disposions, de nous attacher aux temples, aux arcs triomphaux, au théâtre, nous aurions pu présenter un tracé complet des rues de Sbeïtla..Il faudrait, pour y faire des fouilles, disposer de trois ou quatre mois et de cent cin- quante à deux cents travailleurs au moins. Avec ces ressources, les oulils nécessaires, des crics pour enlever les gros matériaux, des brouettes pour transporter les terres, on pourrait déblayer une partie de ces ruines et oblenir des résultats intéressants. Pour nous, nous avons dû nous contenter d'étudier ce qui est encore debout à Sbeïlla, et si nous avons pu déterminer exactement cer- tains points, c'est à l’obligeance du commandant du 125° de ligne, le commandant Villot, que nous le devons. Les neuf hommes d'in- fanterie qui sont restés à Sbeïtla avec nous pendant notre séjour ont pu faire, avec les quelques outils qu'ils avaient, les fouilles indispensables pour que je pusse relever les plans exacts des trois temples, des portes triomphales et du théâtre. Qu'il nous soit donc permis d'exprimer ici une fois encore toute la reconnaissance que nous avons gardée au commandant Villot, auprès duquel nous avons non seulement trouvé l'accueil si aimable et si cordial qui ne nous a manqué nulle part en Tunisie, mais encore l'appui matériel qui nous était si nécessaire. ÉPOQUE ROMAINE. — HAUT-EMPIRE Temples de Sbeïtla (pl. Let ITet fig. 125 à 140). — Le monument le plus remarquable de Sbeïtla est un ensemble de trois temples juxtaposés; ces trois édifices sont précédés d’une place où l'on pénétrail par une porte triomphale. Le mur de cette enceinte offre généralement l'aspect d’une construction refaite; mais l'examen des façades postérieures (pl. I), qui, jusqu’à près de la moitié de la bauteur des pilastres des temples latéraux, se raccordent par des harpes au mur d'enceinte, les côtés de la porte triomphale sur lesquels on lit la même disposition, l’aspect enfin du mur qui Archives des Missions scientifiques , L. XII. PI. L — Facade postérieures | Page 68. {rcliives des Missions scientifiques Le XII Page 68: ÏS temples de & bles de Sbeïtla, état actuel PI. II. Plan des temples de Sbeïtla. ASIBE UC: Temples. 1, 2, 3. Fouilles derrière les temples. 4. Église. 5. Construction voûtée en voûte d’arête. 6. Fouille entre les temples B et C. 7- Fouille devant le temple B. 8. Fouille dans la cour (égout ). 9+ Dépression indiquant probablement un étage inférieur sous les portiques qui entouraient le temenos. 10. Porte triomphale. Léger L ‘1 Page G9. Archives des Missions scientifiques, &. XIII. eu = “ Æ E j 0 Se e NS A, B, C. Temples. Lo / 1, 2, 3, Fouilles derrière les temples. 5. Construction votée en voûte d'arête. 6, Fouilleentre les temples Bet C: Lee 7. Fouille devant le temple B: 8. Mouille dans Ja cour (égout). 9. Dépression indiquant probablement un étage inférieur sous les portiques qui entouraïent le temenos. 10. Porte triomphale, == 69 == _ s'étend à droite des temples, sur la face postérieure et latérale de l'enceinte, prouvent que cette enceinte est de la même époque que les temples; seulement elle a été remaniée à différentes re- _ prises. On pourrait fixer l’époque approximative de deux de ces ; remaniements au lOInS. Le premier (établissement du christianisme à Sbeïtla) : le mur du sud-ouest de l'enceinte des trois temples est fermé complè- tement (pl. IT, parties teintées en gris); on construit près du temple de gauche une église (4) dont l’abside est en place et une salle (5) dont les voûtes ont été encastrées dans desentailles gra- … vées dans la face latérale du temple C. Le second remaniement « (à la conquête arabe) : on met en état de défense l'enceinte, qui est alors remplie d’édifices divers (des colonnes encore debout … ct confusément dressées l'indiquent bien); on mure toutes les —…._ baies : C’est alors qu'on emploie des matériaux de dimensions À: relativement petites; ils sont maçonnés pour la plupart avec du 1 _ mortier. Dans l'angle sud du mur, on remarque, parmi ces ma- - Lériaux, des pierres qui portent des fragments d’inscriplions très visibles encore. Entre le temple À et le temple B, traces de voûte en blocage s'appuyant sur les murs des temples et la porte qui s'ouvre sur la façade postérieure. | fl nt el } QT { Fig. 125, — Façade des trois temples, état actuel. Le temple du milieu, décoré d’un ordre composite d’une grande élégance, est plus élevé que les deux temples adjacents; ceux-ci sont d'ordre corinthien. Ces trois temples sont tétrastyles et pseudo-Périptères; la cella du temple du milieu B() est ornée () Comparer le plan de ce temple avec celui du temple de la Fortune virile, à Rome, L ee pie extérieurement, sur les trois faces, de colonnes engagées; celles RS Fig. 127. — Partie inférieure du même chapiteau. su TUE des temples À et C de pilastres. L'appareil de la construction se compose de beaux blocs dé pierre de taille superposés sans ad- L s DT RE PT + n Fig. 128. — Partie supérieure du chapiteau Fig. 129. — Partie inférieure corinthien, temple C, vu en dessous. du même chapiteau. LL: …_ jonction de mortier. La taille des lits est remarquablement bien ; exéculée. La sculpture des entablemenis est assez ordinaire, mais D : Re NES Er PTT RS PR M NOT y? Fig. 130. — Soflite du temple 4. les soffites et les chapiteaux (fig. 126 à 133) sont d’un beau ca- ractère (1 et rappellent beaucoup ceux des temples de Baal- %) On ne pourra déblayer cette partie que si l'on peut disposer de crics et de chèvres, de façon à déplacer les colonnes tombées et les architraves. mi: FO rs beck (Héliopolis), dont les ruines sont en Syrie à une journée et demie à l’ouest-nord-ouest de Damas. Les pilastres et les colonnes SBEIT LA soffüte du Tem Le À Fig. 131. — Soflite du temple 4. ne sont pas cannelés; la taille des bases est faite d'une façon assez rudimentaire; les fûts des colonnes engagées du grand temple sont seulement épannelés, sauf pour les deux colonnes engagées qui, sur la façade, reçoivent les architraves et qui sont ravalées en entier; les colonnes de la façade sont tombées à terre et brisées en morceaux. Du temps où Bruce visita Sbeï- la), une de ces colonnes était à peu près debout contre la fa- çade antérieure du temple B. Ces colonnes engagées offrent une (1) CT. Travels on the footsteps of Bruce. - — 73 — disposition particulière comme appareil, disposition peu com- mune dans l'antiquité. Sauf pour les colonnes d'angle qui sont Fig. 132. — Corniche du temple 4. faites par tambours égaux, les füts sont composés de trois demi- colonnes posées en délit, comprenant chacune, dans leur hauteur, Lrois assises, et réunies par des boutisses formant en quelque sorte bague et faisant partie du mur. C’est là de la construction ration- nelle qui fait penser à certains exemples du moyen âge. Nous retrouverons le même principe appliqué à la porte triomphale devant les temples (0). Malgré le luxe de taille et de Stulpture, la disposition de l'appareil est en beaucoup d’endroits vicieuse. Les facades pcstérieuses presque inlactes sont d’un bel aspect; elles 4) Cette disposition se retrouve dans d’autres monuments tels que la porte triomphale d'Uzappa, et celle de Trajan à Macteur. Cf. Poinssot, Bullelin trimes- triel des ant. afr., 1884. 2 Fee sont réunies par des arcs qui décorent l'entrée des passages ménagés entre les temples (pl. 1). Fig. 133. — Soffite du temple B. Sur la partie antérieure des temples, les colonnes et les enta- blements écroulés pêlemêle laissent à peine deviner la dispo- sition antique des façades (fig. 125). Au milieu de tous ces débris, des fragments de chapiteaux ( et de soffites gisant à terre nous Fig. 134. — Fronton postérieur du temple B, vu intérieurement. 1,2,3,4, 56,7, 8. Trous pour rece- A. Architrave. voir les pelites solives du plafond. R. Entailles pour les pannes. F, Frise. £. Entailles pour les fermes. ® On pourrait croire que des artistes ont été appelés soit de Carthage, soit d'une des grandes villes de la côte, pour exécuter les chapiteaux et les soffites, et que le reste de la construction, appareïl, ravalement, corniches, a été fait par des artistes de Sbeïlla; de là cette différence dans l’exéculion. D EURE ont permis d'étudier de près la sculpture de ces parties essen- ” lielles. La cella du temple du milieu, de plan rectangulaire, ne laisse voir aucune trace de décoration. À la partie supérieure des pignons . intérieurs et. postérieurs (fig. 134) se voient des entailles qui in- diquent bien nellement la disposition de la charpente; sur les murs latéraux, intérieurement (lig. 135), on reconnaît parfaite- ment la disposition des fermes qui reposaient dans de grarides au Th ( LÉkKNN is NS Ni NN |. a NN * Fig. 135. — Coupe transversale du temple B. * enlailles pratiquées dans le haut des murs. Dans les temples latéraux , les traces des fermes existent aussi en 3, 3,3 (fig. 138); Le temple central avait trois fermes; les deux autres, deux. : Voici (figures 135 et 136) un essai de restitution de la charpente = ! = 96 == du temple B. A ,côté restitué. B, état actuel. F, entailles pour rece- voir les fermes composées de deux arbalétriers À, portant le faîtage P, les pannes P. fixées par'des échantignolles H portant un FR nage T couvert des tuiles RRR'; les entraits T' sont soulagés par un sous-entrait L (comme dans les charpentes anciennes de Sicile et d'Italie). Ce sous-entrait était décoré probablement d'une console et d'une rosace (voir plus loin, console à Henchir Goubeul) et fixé à l'entrait par une bande de _ (indication donnée par la forme de certaines de ces consoles à è l'église de Taormine); un poincon J et une jambe de force K ‘complétaient cette charpente. E sont des chevrons ru sur l'entrait, sur r lesquels était cloué le plafond. 2 HS lates DO 4 $ ENT Es C 7 3 3 %e Metres : Fig. 136. — Coupe longitudinale du même temple. Nous avons ici le type d’une charpente décrite par Vitruve (lib. IV, cap. n) où nous retrouvons en Æ les sc en P le co- lumen, en J les templa, en T les asseres. La façade nous montre que le pronaos n ‘avait pas un plafond de pierre; maïs, comme les entailles (B, fig. 125) sont identiques à celles du fronton postérieur, nous avions ici un plafond en bois (fig. 136) SS, semblable à celui de la cella du temple. Les temples étaient éclairés Fiv. 13 par l’arcade qui s’arrondit au-dessus ig. 137. — Linteau de la porte d du temple B , vu de l'intérieur. du linteau M (fig. 135). Des con- soles G (fig.137),encoreen place, sont prises dans la même pierre et creusées de deux trous qui servaient de crapaudines pour les gonds de la porte. En C (fig. 135) on dis- LAS tingue deux scellements, probablement scellements des crampons maintenant sur l'ouverture de l’arcade un grillage, soit de bois, soit de métal, dont la partie inférieure reposait sur les deux con- soles G. En N, chambres voütées. Les temples latéraux sont décorés de six niches rectangulaires (fig. 138), trois sur chaque face intérieure; sur la face posté- ’ Fig. 138. — Vue intérieure de la cella du temple A. 1. Base d’une des colonnes du pronaos. — 2. Ghapiteau corinthien. — 3. Emplacement des fermes de la toiture. — 4. Niches rectangulaires. Y “(eproqs) seduy ston sap sape5ey sap uonninsos op ressq — ‘6e t Su ILSIU 3Q IVSSA V'ILI3EG = JO = « 0 — rieure, une grande niche demi-circulaire formant abside (D. Nous donnons (fig. 139) l’ensemble restitué des trois facades des temples. De chaque côté du temple B on distingue les arcs en plein cintre qui relient les trois temples sur leurs lee posées et au premier plan, les arcs en segment de cercle dégagés à l'extrémité de la fouille 6 (pl. Il), arcs établissant entre les portiques anté- * rieurs des trois temples une communication de plain-pied. La cour intérieure est encombrée de fragments de toutes sortes. Des fouilles, qui avaient été exécutées avant notre arrivée, ont mis au jour le pavé antique composé de grandes dalles de pierre de 0",10 d'épaisseur; dans le canal qu'on a creusé presque dans l'axe de cette cour, on a rencontré un égeut qui coupe diagonale- ment celte tranchée (pl. Il, n° 8) ©). Porte triomphale (fig. 140). — Passons maintenant à la porte Fig. 140. — État actuel de la porte triomphale devant les temples. @) Les linteaux qui ferment les niches rectangulaires (fig. 138, n° 4) sont dé- gagés de la plate-bande appareïllée qui les couvre par un vide de 2 à 4 centi- mètres de haut sur toute la largeur de la niche. @) Signalons les actes de vandalisme accomplis tout dernièrement devant ces — 80 — É triomphale qui donne accès dans cette cour. Le parti est composé + SB BEÏITLA ss o RESTITUTION où ca x PORTE TRIOMPHALE DÉVANT TEMPLES | Fig. 141. — Essai de restitution de la porte (fig. 140). d'une grande arcade accostée de deux autres plus petites qui sont temples, des sofites percés de trous de barre à mine, d'autres brisés en mor- ceaux, des colonnes dont la cassure blanche et nette indique que peu de temps s'est écoulé depuis qu'elles sont brisées, des fragments d'ornements ou de cha- piteaux mutilés à plaisir, cà êt là, dans les ruines, Playfair rapporte ( Travels in the footsteps of Bruce, passim) que «feu Sidi Mustapha ben Azouz, riche Arabe de Nefta, chercha, il y a une vingtaine d'années, à fonder à Sbeïtla un village arabe. Il envoya son gendre, Sidi Ahmed ben Abd el-Melek, de Siliana, pour commencer les constructions. Une très grande maison fut commencée (fig. 121, n° 8), mais la tentative n'eut pas de succès »; et plus loin: «les pierres taillées étaient sous la main des Arabes, et les débrisles plus petits pouvaient leur servir à faire dela chaux. Tssemblent avoir eu une préférence marquée pourles plus beaux morceaux de sculp- ture qu'ils ont pu trouver (la cour des temples et ses alentours en sont pleins), chapiteaux , corniches et architraves, tous fragments de choix, qu'il a (Sidi Ahmed sl — surmontées de niches rectangulaires sur la face qui regarde la ville. Cette face est décorée de quatre colonnes corinthiennes, dont les Fig. 142. — Plan de l’état actuel avec la fouille sur l’angle de gauche. füts sont seulement épannelés(Ü), mais dont les chapiteaux sont is, n Fig. 143. — Plan du même monument, + essai de restitution d’après les colonnes encore en place et des fouilles. < + ben Abd el-Melek) brisés impitoyablement; quelques-uns, non brisés, sont per- cés à) la barre à mine et sont prêts pour l'exploitation»; plus loin encore: «les … fragments prêts à être calcinés sont disposés en tas.» On s’explique la préférence — donnée par les Arabes aux morceaux de sculpture: on connaît assez leur fureur : Ve “ iconoclaste. e _ (® Cette façon de dégrossir seulement la colonne par un épannelage est parti- culière à cet ensemble de monuments (les temples et la porte triomphale) et rappelle l'aspect de la porte Majeure à Rome. Seulement ici les chapiteaux sont completement terminés comme sculpture. MISS. SCIENT. — XIII. 6 IMPRIMERIE NATIONALE: RD d'un assez bon travail, ainsi que l'entablement (fig. 144). Nos fouilles nous ont permis de dégager la partie inférieure de cet arc Fig. 144. — Chapiteau et entablement Fig. 145. — Face postérieure de cette porte. de la porte triomphaie. et de déterminer la hauteur des piédestaux et les quatre marches d'un escalier qui rachetait la différence de niveau entre le sol in- térieur de la cour et le sol extérieur. Devant cet escalier, des traces de dallage indiquent le niveau de la voie antique à 1",90 du sol actuel. La façade de l'arc est terminée par un atlique à moitié détruit; les décrochements de l'attique à l’aplomb des colonnes extrêmes et celui qui se trouve à l’aplomb des colonnes du milieu sont décorés de trois inscriptions connues. On a donc la date de ce monument. Comme sa construction remonte à l'époque d'An- tonin le Pieux (), celle des temples®) pourrait être portée à l'époque d'Adrien ou de Trajan, car le caractère de la sculpture des chapiteaux des temples est bien plus fin et se rapproche bien plus de la belle époque que la sculpture de l'arc triomphal que nous venons de décrire #). Les auteurs du Corpus ont supposé que cet arc était surmonté d'un quadrige et de deux statues. Le peu d'épaisseur de l'arc el la construction de la partie postérieure de ces édifices, où l’on ne remarque aucune trace d’arrachement qui ® 139 de l'ère chrétienne ( Descr. de l'Afrique d'Avezac, Paris, 1844). Guérin, Voy. arch., n°° 155-156. @ Aucune inscription relative à ces temples n'a été trouvée dans nos fouilles. ) Les artistes chargés de l'exécution des chapiteaux et des soffites ont sculpté ces morceaux avec une perfection et une verve qui contrastent avec la façon un peu naïve dont les entablements et les bases ont été traités. LENS _ puisse indiquer la construction d’une voûte (comme à l'arc de Tebessa, par exemple), empêchent de considérer cette hypothèse comme plausible. Des scellements E, creusés au droit de l’archi- trave, indiquent seulement qu’il y avait un plancher à cette hau- teur (fig. 145). Il se pourrait que les colonnes encore en place derrière cet arc, colonnes placées très régulièrement par rapport à son axe, fussent les colonnes soutenant ce plancher ct se reliant avec deux portiques longeant les murs de l'enceinte (fig. 143); nous n'avons pas pu nous en assurer, faute des moyens nécessaires pour déplacer les énormes blocs de pierre qui obstruent cet emplace- ment. On peut donc dire que l'espace situé immédiatement derrière l'arc a été couvert, mais d’un plancher et d’une terrasse qui n’au- raient pu supporter ni quadrige, ni statues. Les niches rectangu- laires n'ont pas pu recevoir de statues, vu leur peu de profon- deur (0",40). On pourrait imaginer ces statues à l’aplomb des colonnes ex- trêmes, sur les décrochements de l’attique qui portent les inscrip- tions. Mais des fouilles faites sur toute l'étendue du sol qui pré- _cède l'arc pourraient seules en indiquer l'existence. Théâtre (fig. 121, n° 21). — Sur les bords de l'Oued Sbeïtla, à l’est-sud-est à peu près des trois temples, se trouvent les restes d’un grand édifice : deux murs en blocage, perpendiculaires l'un à l’autre, trois ou quatre colonnes à terre, un chapiteau et un frag- ment d’architrave, sont tout ce qui en reste. Une fouille (fig. 146, F, F, F,) pratiquée par nous a mis à découvert un stylobate assez élevé (de 3 mètres de haut), avec les bases des colonnes encore en place. La forme de cette partie de la construction indique bien nettement la scène d’un théâtre (). L'aspect du terrain envi- ronnant les parties de mur courbe (fig. 146, F, F,) découvertes par nos fouilles et qui pourraient être le mur extérieur du théâtre confirment cette hypothèse. Le sol de mosaïque (fig. 146, en M M M), de fragments de marbre blanc, est à 1",84 au-dessous du sol actuel. Sur les points F,, F, etle symétrique à F, s’ouvraient les portes donnant entrée sur la scène. En R, abside d’un monu- ment indéterminé. Le caractère de la sculpture du chapiteau composite dénote 0) Théâtre d'Herculanum par exemple. De (fig. 147) une époque de décadence() et confirme la date donnée SSBETTRA \ « -\TNÉA + L Ve , Lans. 23 HSEN ST ARS à LEE Le Ce Fig. 146. — Plan du théâtre. (Les bases pochées en noir sont seules en place.) par l'inscription de l’architrave. Nous n'avons pas trouvé de frag- Fig. 147. — Chapiteau composite du théâtre. 8 7 P P ® Cagnat (mission), n° 29. Inscription reportant la date de la construction du théâtre au règne de Dioclétien. RS — ment de frise ou de corniche (). D'ailleurs, cette fouille, comme les autres, ne peut être considérée que comme un sondage. Les moulures du stylobate ne sont pas très soignées comme exé- cution, quoique la taille des joints soit très bien faite. à Arc de triomphe (fig. 121, n° 22). — Cet arc de triomphe qui s'élève dans la partie méridionale de la ville est tout à fait d’une époque de décadence; nous en donnons ici (fig. 148) le plan. Les Fig. 148. — Plan de l'arc de triomphe. colonnes sont restituées ; sur la face qui regarde la ville un des fûts est encore appuyé contre la construction; les bases sont en partie en place. L'intérêt qu'il présente au pointde vue archéo- logique est surtout dans la tra- dition conservée d’une forme architecturale très africaine: l'arc de triomphe de Tebessa, celui de Djemila | fig. 149), ce- lui deMacteur, celuideHaïdra, quenous verrons plusloin,tous semblent dérivés d’un même Fig. 149. — Vue de l'arc de Djemila. type : arc précédé de deux A] : SE JC ps. DIEMIL4 Qaursse Ixni) Prov-de. Coms fawutine, LEE PRESS NES Se S à 7 Le = CPEUS U2FI 4 ® Cet édifice n’a probablement pas été achevé; à droite de son emplacement -et sur le bord du ravin, on voit couchées à terre cinq ou six colonnes inachevées qui avaient probablement été destinées à orner le théâtre. LE RES avant-corps composés chacun de deux colonnes détachées de l'arc et supportantun entablementcomplet avecun plafond fermé au-dessus. mé æ L 1] =; ls BI GS Es] A L || =} Fig. 150. — Facade de l'arc de Sbeïtla regardant la campagne, état actuel. L'appareil de cette construction est défectueux, les détails des corniches, des frises et des chapiteaux plus défectueux encore. Et cependant les proportions générales ne sont pas mauvaises (fig. 150). Il se compose d’un arc (sans archivolte moulurée, comme beaucoup des arcs de l'Afrique romaine); cet arc a ses pieds-droits décorés sur chaque face de quatre pilastres corinthiens correspondant à quatre colonnes formant deux à deux un avant- corps de chaque côté de l'arc. L'imposte règne autour du monu- ment, sauf du côté des niches, entre les pilastres, où il s’inter- rompt. L'inscription est gravée sur l’attique, façade du côté de la campagne (), Il se sera* probablement passé à la fin de l'empire romain ce qui se passe encore de nos jours dans les pays arabes. Des tradi- üons de tracés généraux se transmettent malgré la décadence des arts, et l’on est tout étonné de voir qu'un édifice grossier élevé de (1) Le monument est élevé à Dioclétien, à Constance et à Maximien; il remonte donc à la fin du mr° siècle ou au commencement du 1v° (Guérin , Voy. arch. , n°159). LEONE nos jours par des ouvriers inhabiles est disposé sur un plan d’une —. saveur presque antique. L'architecte qui a élevé l’arc de Sbeïtla 1 NN 0 dhSeriin À ESSAI ne RESTE TION Ne: : L'ARC de ee ° à Fig, 151. — Essai de restitution de l'arc (fig 150). avait vu celui d'Haïdra, il en a reproduit l'aspect général (en y ajoutant les niches); mais comme la copie est grossière à côté du “— modèle! L'Oued Sbeitla. — L'Oued Sbeïtla coule entre deux murailles de rochers à pic, et, à un endroit, le lit de la rivière est formé …. de rochers polis ressemblant à du marbre. C'est évidemment cette — partie qui a servi de carrière à Sbeïtla; les pierres se détachent en … blocs énormes, les failles qui se produisent dans ces roches rendent plus facile encore le déhit de la pierre. Plus bas on rencontre le »_ pont-aqueduc (fig. 152). Vs Lac Re ET Te Horn | Rep Pont-aqueduc (fig. 152). — I s'élève sur la rivière qui /contourne Sbeïtla (fig. 121, n° 9); il est au nord des.temples. Il se compose de trois arches reposant sur des piles énormes. La construction, dont la partie inférieure est exécutée en blocage, est en petits moellons dans la partie supérieure et la partie qui regarde la ville. La base des piles repose sur le roc, qui a été entaillé pour les recevoir, et on y aperçoit encore les trous (fig. 153, À À) où ont été scellées les pièces de bois qui ont servi à construire le bâtar- Fig. 153: — Plan inférieur du pont-aqueduc. deau au moyen duquel les piles ont été maconnées. La construction est renforcée à sa base par de grandes pierres de taille; lune d'elles porte une inscription datée() (A. D. 145 ou 146) et provient d’un monument détruit, probablement au temps où l’aqueduc a été construit. Celui-ci est donc d’une époque relativement récente. L'appareil de la partie supérieure de l’aqueduc {celui qui forme le sol horizontal sur lequel repose le canal de maçonnerie qui forme l’aqueduc) offre une grande analogie avec celui de la chaus- sée de Thapsus, qu'on a voulu attribuer aux Phéniciens (voir plus haut Ras Dimas, p. 22). Le canal del'aqueduc, visible en partie (fig. 154, coupe sur X Ÿ), mesure 0,65 de section; il amenait à Sbeïtla les eaux de la mon- tagne qui s'élève au nord et à l’est de la villé ; sur la rive gauche de l'Oued Sbeïtla, on voit des traces de barrage qui semblent aussi avoir alimenté cet aqueduc. La roche sur laquelle repose l’aque- duc est taillée en aval (fig. 153, TT), pour régulariser le cours de (U) Guérin, Voy. arch., n° 150. l'eau. En amont de cet aqueduc il y a encore deux traces d’aque- ducs antiques et un aqueduc refait par les Arabes et bien con- SBEÏÎTLAŸ. AQV EDVC FRS de \ Fig. 154. — Plan supérieur du pont-aqueduc. 8 Ï servé, qui devait prendre ses eaux à la source principale de l'Oued Sbeïitla, source qui a été entourée d’un mur de clôture. Temple isolé (fig. 191, n° 7). — Une construction rectangu- laire () qui a tous les caractères d’une cella de temple s'élève au nord-ouest des temples. L'appareil du soubassement est assez beau. Ce temple mesure 6 mètres sur 12 mètres à peu près; le premier étage est fermé de tous côtés, sauf du côté de la porte formée par un grand arc détruit en partie. Les moulures du soubassement accusent une époque intermédiaire entre celle des temples et celle du théâtre. On a construit à côté de cet édifice une maison arabe qui, avec une sorte de caravansérail (fig. 121, n° 8), est le seul gite qui puisse abriter les voyageurs. . ÉPOQUE CHRÉTIENNE. Vers le nord-ouest de Sbeitla on remarque les ruines de deux églises (fig. 121, n°5). Dans l’une (fig. 155), de petites dimensions, les piédestaux et les bases de colonnes sont encore debout. Dans les bases on voit très nettement les rigoles creusées dans la pierre pour faire le scellement en plomb des goujons qui les assemblaient avec les colonnes (fig. 156); les piédestaux portent des rainures (Grande analogie avec le temple de Medeïna, qui possède aussi un linteau sous une porte en arcade (comme les temples de Sbeïtla). Fig. 155. — Plan de l'église n° 5 à Sbeitla. 3 plus que deux niches dans l'abside , est de dimensions plus grandes (fig. 157). Elle paraît avoir fait partie d’un ensemble de construc- Fig! 56. Détaillde da fouille A, fe 255. . tions; devant son emplacement s'étend une grande place presque « carrée entourée de chambres ruinées; nous en avons indiqué une | 4 restitution approximative (fig. 157): C, parties au trait; CC, nefs - latérales. Les fouilles que nous avons faites auprès de l'abside n'ont . - #4 L'or amené que la découverte d’une base de colonne (4, fig. 157) ayant formé, avec trois autres probablement, une sorte de ciborium EE RE HE) | î IE g. 157. — Plan de l'église n° 6 à Sbeïtla. comme ceux qu'on voit dans les plus anciennes églises de Rome. Cette abside rappelle celle de Henchir Baroud, que nous avons mentionnée plus haut (fig. 88). La figure 158 donne l'élévation de la partie de l’abside actuellement existante; en À est la base de la colonne, La figure 159 donne le détail de la fenêtre B de l'abside : en À l'entaille pour recevoir le loquet de la fermeture, en C les scellements des barreaux, en B la gâche du verrou de la fermeture. Les voûtes de ces deux édifices étaient con- struites au moyen de petites bouteilles de terre cuite de 15 centimètres de long sur 6 de dia- Fig. 159. — Détail mètre (voir plus haut, Sidi-Mohammed-el- de la fenêtre B. Le : - ë Gebiouï, fig. 44). Une autre petite église a été LEONE construite auprès du temple de gauche. Nous en avons dit quel- ques mots en parlant des trois temples. Deux autres édifices dont nous n’avons pas parlé n'ont pas pu être déterminés par nous. Le premier est un ensemble de quatre grands piliers de maçonnerie contre l’un desquels on voit l'amorce d'un portique composite (fig. 121, n° 14). L'autre est un édifice rectangulaire lerminé par une abside (fig. 121, n° 13); un des murs qui le forment a été surmonté d’une corniche antique d’une assez bonne proportion, et qui a été empruntée à un autre édi- fice (peut-être au couronnement du mur du péribole). _ À l’ouest et au nord-ouest de l’amphithéâtre s’étendaient les » cimetières de Sbeïtla ; ils ont été étudiés par M. Cagnat (mission, n° 39 et suiv.) k- Nous avons remarqué derrière le temple isolé des fragments —… ayant appartenu à un grand mausolée, mais nous n'avons pu les re- connaître faute de crics et de leviers. Nous noterons la forme des tombes en pierre trouvées dans les cimetières: ce sont des demi- …._ cylindres posés la tranche contre terre; à une des extrémités, on gravait l'inscription funéraire: quelquefois cette inscription, gravée …_ sur une stèle, était scellée sur la partie supérieure de l’une des ex- —._ trémités de la tombe (fig. 160). L’amphithéâtre, de dimensions …._ restreintes, est à peine reconnaissable. _ Nous avons dessiné à Sbeïtla un sommier d’arc portant un chrisme, un fragment de « clathri » (fig. 160) en pierre (il appar- E_ LRBEIX j ses Ve AR Liz \|s' DEN Em y} : KES Paris Et 727 ï [ | l ï | 1 ET Fig. 160. — Tombe à Sheïtla et détail des clathri. OR — tenait probablement à l’une des deux églises mentionnées plus haut). Nous avons vu aussi entre les mains d’un officier de Djilma CT : == —- Fig. 161. — Plan du mausolée Fig. 162. — Coupe sur l’architrave. Henchir Chett. une base de colonne torse engagée; ce fragment en marbre blanc trouvé à Sbeïtla provient certainement d'un sarcophage chrétien Fig. 163. — Facade postérieure, Fig. 164. — Façade latérale, état actuel. état actuel. du 1v° ou du v° siècle. Enfin, au nord de Sbeïtla, dans une de nos excursions, nous avons remarqué dans la montagne un barrage de Fig. 165. — Corniche du stylobate. Fig. 166. — Chapiteau des pilastres. 5 mètres de long sur 1 mètre de large. De plus, dans une ruine à 3 kilomètres au nord-ouest de la même ville (Henchir el-Oust?)}, j'ai relevé le plan d'un mausolée en grand appareil (fig. 161 AU à 166), dont la sculpture est d’un mauvais travail; l'inscription a disparu; du même côté se trouve une grande ruine, avec un kasr ruiné et de nombreuses colonnes et pierres debout. ' ROUTE DE SBEÏTLA A GAFSA. HENCHIR TORDJEMAN. ° Ruines d’un grand village avec huilerie et ferme au milieu de fragments de colonnes ; nous trouvons un rouleau de moulin à huile. Ces moulins, dont nous trouverons des vestiges dans toute la Tu- nisie, au nord de la ligne de Gafsa,se composent de trois parties essentielles, le moulin, le pressoir, la cuve. Les moulins (trape- tum) consistent en une large pierre creusée en forme d’auge circulaire {mortarium) au centre de 1a- quelle une partie conique (miliarium), réservée lors de la taille, recevait le pivot autour duquel tournait le cylindre des- tiné à écraser l’olive (ce procédé est en- core employé par les Arabes). Le pres- soir se composait de deux montants verticaux en pierre reliés par une tra- verse horizontale. Des rainures et des entailles pratiquées dans les montants verticaux servaient à ajouter les pièces A Cnte enchi de bois nécessaires pour produire la Meczen-el-Ferd. pression sur les paniers qui renfermaient : la pulpe écrasée par le moulin M. Ces paniers reposaient sur une large pierre plate creusée d’une rigole circulaire où l’huile s’amassait pour s’écouler ensuite, par une rigole auxiliaire, dans des réservoirs. Ceux-ci étaient formés tantôt de dalles plates posées sur champ et assemblées à rainure et lan- guette dans des montants en pierre (fig. 167), tantôt de cuves en maconnerie enduites de ciment. Fe es 2 5% ® Voir plus loin le détail de ces opérations à ’Henchir Choud el-Battal. ; D mn - a mi Ent ER Oued el-Feullah. — Henchir au sud de l’oued: kasr, huilerie et quatre colonnes près d'une meule; au nord-est, on aperçoit, au pied du Djebel Amra, la Zaouïa de Sidi-Abd-el-Kader. Oued el-Kmime. — Huilerie et cimetière arabe. HENCHIR MEDJEN. Nous y trouvons les ruines d’un fortin ou kasr, une abside ruinée, des citernes, une construction en blocage, en somme des ruines d’une grande étendue; de plus, une nécropole avec des tombes demi-cylindriques (comme celle d'Haouch Taächa), au nombre d'une vinglaine environ. Elles ont été toutes violées, comme toutes les tombes antiques que nous rencontrons pendant tout notre voyage. J'y dessine une cuve cylindrique en pierre, composée de quatre montants et de quatre pièces s’assemblant avec eux au moyen de rainures et de languettes (fig. 167); c'est probablement une cuve de pressoir. HENCHIR MECZEN-EL-FERD. Construction en blocage, voûtée et en ruines, tout petit kasr construit avec des morceaux de pressoirs. DJEBEL HAFEÏ. Lorsqu'on est sur la rive de l'Oued el-Hatob, on aperçoit, au pied de Djebel Hafeï, une grande ruine en blocage; nous n'avons pu en approcher, mais à la lorgnette elle paraît assez considérable. HENCHIR PRÈS DE L'OUED EL-ACHINE, AFFLUENT DE L'OUED EL- HATOB. Une citerne circulaire, voûtée comme celles qui sont près de Djilma. Au loin dans la vallée, un peu à notre gauche, on aper- çoit l’'Henchir Maïzra, grand kasr qui défend la vallée de l'Oued Fekka et la route de Gafsa. \ —:97 — HENCHIR HAMEÏMA. Sur la colline, murs de clôture, kasr informe, murs ruinés; à 25 minutes plus loin, un grand mausolée en blocage comme ceux d'Haouch Taâcha (fig. 168). Fig. 168. — Mausolée près d'Henchir Hameïma, état actuel et vue perspective restaurée. HENCHIR BIR EL-HAFEI. Tombe (fig. 169, C), mausolées en blocage comme à Haouch THE À) NID Len chir BérelHafii. Curs RME Fenchir Bo FHafic Fig. 169. — Plan de Henchir Bir el-Hafei. MISS, SCIENT. —— XIII, 7 IMPRINZATE NATIONALE, Lg Taächa; nous retrouvons les différents types que nous avons étu- diés à Haouch Taâcha; lun d'eux, surmonté d’une pyramide Fig. 170. — Mausolée à Bir el-Hafeï d’après une photographie de M. R. Cagnat. à base carrée (mausolée T, fig. 169), porte encore la plaque de pierre sur laquelle est gravée l'épitaphe du défunt M. Cette plaque est scellée sur la façade au-dessous de la niche. Un autre est hexagonal et orné de six niches (fig. 169, À). Ces deux nécropoles (Haouch Taächa et Bir el-Hafei) semblent trop considérables pour n'avoir Pa. servi qu'à la population sédentaire de ces Mausolée à Bir el-Hafer, deux localités. Il est probable que les no- plan inférieur. mades y venaient enterrer leurs morts, comme ils le font de nos jours encore à Sidi-Ali-ben-Aoun (p.100). () Cagnat, ouvr. cit., n° 104. BRETON Re Un mausolée qui mérite une description est celui qui est donné par la figure 170. Il est construit sur une plate-forme carrée de 9",60 de côté. La position qu'il occupe sur un des côtés de ce carré (fig. 172) indique qu'il y avait autrefois deux mauso- lées sur cette plate-forme; la façade antérieure était proba- blement ornée de deux co- lonnes. Devant le mausolée encore debout s'élève un mas- sif qui porte des traces de gradins; c'est un type nou- veau : le mausolée précédé d'un escalier. Le type le plus complet que nous ayons vu Bigiren— Mausolée à Bir el-Hafei, est celui qui se trouve à Hen- LETTRE chir Zaâtli; nous en donne- rons la description en son lieu. Revenons à celui de Bir el-Hafeï. _ Sur la façade latérale est, une petite porte de 0",75 sur 0",52 de large donne accès dans la chambre inférieure, où se trouvent quatre columbaria (fig. 171). Dans la chambre supérieure, et —… au fond, dans une sorte d'abside (fig. 173), une voûte enduite y | figure une coquille à arêtes sail- lantes. La façon dont ce tom- beau est construit est intermé- diaire entre la construction des mausolées de Haouch Taâcha (blocage enduit) et la construc- tion de ceux que nous recontre- -rons à Henchir Zaûtli, à Kasrine et dans toute cette région (mau- Fig. 173. — Mausolée à Bir el-Hafeï, solées construits en grands ma- FHpte onsiudale tériaux taillés avec soin). Ici l’ossature est en grands matériaux bien travaillés, les cor- niches bien taillées, les marches de l'escalier en blocage étaient re- vèlues de pierres de taille. Le reste de la construction en blocage. Au sud de ce mausolée, dans la direction de Gafsa, quelques mausolées, qui affectent la forme de pyramide à base carrée, sont presque entièrement détruits. -1 — 100 — On se sert encore de nos jours d’un puits antique (la localité lui doit d’ailleurs son nom, bir en arabe signifie puits); une ar- chitrave en marbre d’un travail très mauvais a été incrustée dans la construction de la margelle du puits. Non loin de ce puits, vers la montagne et vers la gauche, les murs en blocage d’une grande construction (fig. 169, S); auprès nous remarquons un linteau de porte surmonté d'un chrisme. Après avoir rencontré un tombeau, plus loin un kasr et des ruines dans une plaine analogue à la plaine de Djilma, et où l'on voit à chaque pas des traces de culture antique, on arrive à l'Oued Sila , dont le lit est formé d’une roche comme à l'Oued Sbeitla, et à l'extrémité de laquelle une faille remplie de sable reçoit les eaux de l'Oued Sila, qui s’y perdent. SIDI-ALI-BEN-AOUN. Mausolée sur plan carré, en blocage, de 12 mètres de haut à peu près. Cxmetière arabe très considérable. HENCHIR MOHAMMED-JOUNRS. Ruine de ferme. HENCHIR MÉRKAB. Vestiges de moulins à huile; des montants peints à la chaux servent de marabouts; je dessine une con- D =) sole (fig. 174) qui paraît appartenir à un édifice de, l'époque chrétienne; nous en trouverons d’'analogues sur la route de Feriana à Sbeiïtla (H. Mzira); des tombes arabes sont au milieu des ruines; plus loin, petit tombeau antique carré et bas (ruiné). Fig. 174. — Console Henchir Merkab. og. o x à HENCHIR MRETBA. Petit kasr. En arrivant près de Gafsa, KSOUR EL-KRAIB. Grande construction carrée de 4o mètres de côté, en blocage et en gros moellons; à 500 mètres vers Gafsa, grand édifice ana- — 101 — loguc. Ce sont probablement des fortins destinés à défendre la vallée. , GAFSA, Les antiquités de Gafsa consistent surtout en fragments épigra- phiques. Le sol de la ville, exhaussé par le mode de construction arabe U), à recouvert toutes les traces des édifices romains. Les co- lonnes qui les ornaient ont été enlevées et employées, notamment dans la construction de la grande mosquée, qui en contient près de 130; quelques chapiteaux et fragments d’entablement sont in- crustés dans les murs de la Kasbah. Les piscines des thermes, sources chaudes qui alimentent la ville, sont entourées de murs antiques ou plutôt construits en matériaux antiques. Après la destruction de la ville et le bouleversement de ses édifices, on a dû reconstruire à la hâte les murs des deux piscines au moyen de matériaux pris un peu au hasard. On a bâti des salles dans la partie la plus haute, et ces salles servent de bains aux habitants de Gafsa; nous n’en donnons pas le plan, car il n’a absolument rien d'intéressant; on a surélevé des murs antiques circonscrivant un assez grand espace dans lequel on a réuni les eaux des sources, mais il faudrait faire des fouilles autour de ces deux piscines pour con- naître le plan de l'édifice auquel appartient une partie de leurs murs. En face de la Kasbah, dans une rue qui passe à côté d’une mosquée, on voit une arcade romaine d’une assez bonne époque. Elle appartient probablement au portique extérieur d’un théâtre ou d’un amphithéâtre. Les maisons arabes de Gafsa sont construites, pour la plupart, de la façon suivante :. De distance en distance sur l'emplacement des murs, on élève des piliers de grandes pierres debout, qui forment l’ossature du mur; l'intervalle est rempli de moellons maçonnés avec de la boue; nous retrouvons ici la tradition antique. N'est-ce pas le principe de la construction des murs de l'église de Kasr el-Ahmar et des “_ maisons antiques de Sbeïtla? G) El-Bekri (trad. de Slane, p. 114) disait déjà qu’elle est bâtie en totalité surdes portiques de marbre dont on a bouché les arcades avec de fortes cloisons construites en moellons. — 102 — DE GAFSA À FERIANA. M. le général Philibert et M. le général Hervé, qui lui succédait à Gafsa, nous donnèrent une escorte de hussards pour explorer toute cette contrée déserte; qu'ils recoivent tous deux l'hommage de notre reconnaissance pour l’amabilité avec laquelle ils nous ont aidés de tout leur pouvoir dans notre mission. HENCHIR EL-BENIA. Sur les bords de l'Oued ez-Zouira, restes d’une grande exploita- lion agricole, enceinte en grand appareil rasée au niveau du sol. Les blocs qui la composent ne sont pas taillés; l'intérieur de cette enceinte est pavé en opus incertum de 0" 30 à 0" 4o de côté. HENCHIR TEFEL. Ruines d'une ferme. À lentrée de la gorge, à gauche, un réser- voir auquel aboutit un aqueduc qui vient de la montagne le Djebel Tefel (massif du Djebel Seta). J'en ai relevé le parcours (fig. 175). = 70) PE M SMS MON 13 Fig. 179. — Carte du parcours de l'aqueduc de Henchir Tefel. À l'entrée du fedj ou défilé, qui s'étend presque du sud au nord, nous examinons un réservoir rectangulaire qui servait probable- ment à alimenter d’eau la ferme dont les ruines sont l'Henchir Tefel. À ce réservoir aboutit un aqueduc qui longe les parois du défilé en s'appuyant sur le flanc de la vallée et franchit, sur des arcs en petits moellons, les quelques ruisseaux qui descendent des montagnes. Cet aqueduc suit donc à peu près le cours de l'Oued Tefel, il remonte à gauche d’un mamelon qui a été occupé par un campement français, jusqu'à une sorte de petit plateau où — 103 — . aboutissent différentes pentes de montagnes. Les eaux descendant de tous côtés se réunissent sur ce petit plateau, où un barrage B en- core en place les arrête; de ce barrage l’aqueduc À conduisait les eaux jusqu’au réservoir dont j'ai parlé. Ce réservoir est construit de petites pierres de o",04 de haut, les joints sont faits en plâtre et ont o",04, le mur a o",50 d'épaisseur. Un branchement pris sur l’aqueduc un peu plus haut que cé réservoir se dirige vers le sud, pour arriver à un autre réservoir dans le même henchir. Il y a la une grande analogie avec les aqueducs men- tionnés plus haut {Aïn Mhrota). | Auprès du campement où nous nous étions établis, sur les rives de l'Oued Tefel, à 30 minutes de l'entrée du fedj, nous avons remarqué des sources analogues à celles de Foum el-Guelta; elles … se réunissent dans les bassins naturels barrés par des soulève- - ments de roches. Un canal large de 0" 50 et creusé de main d'homme permet la sortie des eaux. Après avoir franchi le Djebel Seta, nous entrons dans une grande plaine (Bahiret Douara). HENCHIR SOMÀ. Dans cette plaine, nous remarquons d’abord l’'Henchir Somä, village ruiné; nous y relevons plusieurs traces de murs, une en- ceinte rectangulaire, un mausolée sur plan _carré détroit en partie (fig. 176). Le ca- ractère de sa décoration semble le reporter vers le 1rv° siècle de notre ère. En À (fig. 176), marque faite à la pointe figu- rant un rectangle surmonté d’une croix. Non loin de l'Henchir Somà, nous relevons une enceinte irrégulière et, à côté d’une | inscription funéraire, des fragments de 1 doucine et un réservoir carré en pierres de taille M aloate à à ceux - des pressoirs. Au sud de l'Henchir Somà, et à une petite distance, — nous notons des carrières antiques auprès d’une vallée abrupte et …… sauvage du Djebel Seta. Fig. 176. … Mausolée à Henchir Somà. RAS EL-AIOUN. D C'est une gorge très profonde devant laquelle l'eau s'amassait _ contre une coche de roches inclinées. Le sable de la rivière des- — 104 — séchée cache la plus grande partie de la nappe aquifère; à une certaine distance néanmoins une source coule en toute saison. Toute cette contrée a été arrosée autrefois par de grands torrents; au fond de la gorge nous apercevons une suite de plateaux peu élevés (Beled Zeuma) dont les bords, taillés à pic par l’action des eaux chargées de sable, semblent de longues murailles, dont les lignes de stratificatiôn espacées également figurent bien les diffé- rentes assises d’un mur. Dans la gorge même, auprès des ruines d’un petit poste romain qui défendait le défilé, on distingue par- faitement des canaux creusés dans le roc et qui amenaient l’eau dans les parties cultivées (les Arabes font encore en cet endroit des travaux analogues, seguia, seulement les canaux sont formés par une levée de terre). Plus loin, auprès de la koubba de Sidi-Abd-el-Kader, nous voyons une suite de murs antiques (à 1 kilomètre et demi à peu près de Ras el-Aïoun) au milieu desquels les Arabes enterrent leurs morts. | Nous revenons dans le Bahiret Douara, où nous notons : HENCHIR GENNOUBIA. Ruines de maison et fermes. Après l'Oued el-Louza, fragment de voie romaine. HENCHIR DJELLABIA. Ruines d'huilerie et ferme (montants des pressoirs visibles). À notre campement sur lOued Dijellabia, auprès du khlifa des Ouled Sliman, nous remarquons, dans les petits ravins rapides et encaissés formés par les eaux au moment des pluies dans les Fig. 177. — Plan des barrages F ig. 2 78. — Coupe des barrages ci-dessus. sur le Djebel Bellil. flancs du Djebel Bellil, des séries de deux ou plusieurs petits bar- rages à 50 mètres au-dessous l'un de l’autre et barrant des ravins u — 105 — _ parallèles. Ces barrages B (fig. 177 et 178) ont en amont un talus fort peu rapide ; en aval ils sont presque verticaux; ils sont con- struits en pierres sèches. à Ces barrages empêchaient ne de s’écouler rapidement dans l'oued et formaient des redir ) artificiels qui servaient probable- ment à l'irrigation des plantations situées à la partie inférieure du coteau. } HENCHIR MZIRA: L Marabout de Sidi-bou-Becker construit avec des fragments an- 4 tiques (fig. 179). Nous y trouvons des morceaux d'architecture de Fig. 179. — Plan d'ensemble Fig. 180. — Fragments d'époque chrétienne d'Henchir Mzira. à Henchir Mara l'époque chrétienne (fig. 180), un kasr byzantin (fig. 181), des citernes circulaires (fig. 182 et 183), une autre rectangulaire avec contreforts demi-cylindriques; à l’in- térieur, elle mesure 14" 30 sur 29" Ao; les citernes circulaires sont construites en blocage avec enduit de ciment de tuileaux et revêtements intérieur et extérieur en ciment. La citerne rectangulaire fournis- sait probablement l’eau destinée aux animaux et aux usages domestiques; Fig. 181. — Plan du kasr(?). eau potable était fournie par les citernes (fig. 182), dans lesquelles . l'eau , avant de passer d’un réservoir dans l’autre, déposait toutes ses impuretés. _ La récion que nous Dents est à proprement parler la ré- _gion de citernes, comme la région qui s'étend depuis Haouch (1) Redir, mot par lequel les Arabes désignent les cavités dans lesquelles les caux s'amassent après Îes pluies ou les crues. — 106 — Taàcha jusque bien avant dans l’est est la région des puits (on nous a cité près de 80 puits à Bir Sultan). On concoit parfaitement quelles étaient les méthodes d’aména- gement des eaux, à l'époque où ces contrées étaient peuplées (fig. 177, 178). Par le barrage des petites vallées, on emma- gasine dans de petits réser- voirs nombreux des quantités d'eau que l’on dirige ensuite par des aqueducs (nous le ver- rons à Medjen-oum-el-Kes- seub, par exemple) jusque dans de grands réservoirs ou Jesquia. Nous n'avons malheu- Fig. 182. reusement pas pu, dans les Plan des citernes d'Henchir Mzira. exemples qui vont suivre, ob- tenir la profondeur réelle de ces ouvrages, mais le réservoir d'Henchir Guarrat, qui a encore au moins { mètres de profondeur malgré la boue et les décombres qui sont au fond, montre quelles pouvaient être les énormes quantités d'eau réunies par ce moyen (4AX14X 12, c'est-à-dire 672 mètres cubes). Les fermes avaient donc des approvisionnements d'eau suffisants, ce qui explique la présence d'exploi- Fig. 183. tations agricoles dans ces pays si dé- Coupes sur C,E, D et 4. serts maintenant. Les quelques, oli- viers sauvages qu'on rencontre çà et là prouvent que cette culture réussirait dans le pays si on lui rendait par des travaux appropriés les facilités d'irrigation qu'il avait au temps des Romains. Les restes de pressoirs rencontrés partout, et souvent dépourvus de traces de meules, indiquent peut-être des pressoirs à vin. La vigne réussirait donc aussi dans ces terres ro- cailleuses où pousse seul maintenant le halfa. Au confluent de l'Oued Oum-el-Kesseub et de l'Oued Abchira, petit henchir informe. HENCHIR OUM-EL-KESSEUB. À la source de la rivière, au nord-ouest d’un marabout et au pied — 107 — de la colline sur laquelle il est bâti, je dessine, dans une ruine sans caractère déterminé, un assez joli fragment de mosaique (fig. 18/4). re si Careers Pure D arr ee ve 1Mèbr.. Fig. 184. — Mosaïque à Henchir Oum-el-Kesseub. HENCHIR RETCHIÏA. Ruines de ferme et construction en pierres ct moellons, qui est peut-être un tombeau comme celui d'Henchir es-Zaätli ( chambre inférieure partagée en deux compartiments). HENCIHIR GUESSA-OUM-EL-KESSEUB Ruines d'huïlerie et fermes. Cilerne circulaire couverte par une voûte en segment de cercle avec des regards pour y puiser de C1 2 Fig. 180. — Plan de citerne Fig. 186. — Coupe sur l'axe à Guessa-oum-el-Kesseuh. dela citerne. Veau (fig. 185 et 186). Elle mesure 5",30 de diamètre. À 50 mètres plus loin, un puits construit de même. — 108 — MEDJEN SIDI-HABES-OUM-EL-KESSEUB. Citernes (medjen) de Oum-el-Kesseub (fig. 1 87). Une très grande citerne (fig. 190) pour le village, deux autres pour le fortin ou —_ {4 Se RNEET Fig. 187. — Plan du kasr et des citernes de Henchir Medjen-oum-el-Kesseub. kasr C, auprès duquel elles se trouvent, l'une est circulaire et à ciel ouvert (A B, fig. 187), l'autre est rectangulaire et voûte D, 2 mLTus Fig. 188. — Aqueduc de Henchir Medjen-oum-el-Kesseub. toutes ont des contreforts demi-cylindriques; la citerne D est entourée d’un double mur visible en plusieurs endroits. Comme tou- a Z jours la construction est en blo- cage avec emploi de ciment de En ES ae D pie aa tuileaux et une petite couche de | revétement en ciment brunûtre. Un aqueduc (fig. 188, 189), qui a Fig. 189. 2 mètres à peu près au-dessus du Détail de construction de l'aqueduc. sol et dont six arcades sont encore debout, alimentait ces réservoirs. Ces arcades ont été construites en deux parties, comme le montre | ex ! ms 1e mr Æ ÿ ge i AIO la figure 189; on construisait les pieds-droits, on les surmontait d'un massif trapézoïdal, ensuite on bandaïit les arcs, et quand le mortier avait fait prise, on remplissait de blocage l'intervalle com- Fig. 190. — Grande fesguia de Henchir Medjen-oum-el-Kesseub, plan. pris entre les reins de l’arc et le trapèze. Le grand réservoir (fig. 190), comme celui d'Haouch Taâcha, recevait de plus les eaux ramenées vers lui par de longs murs obliques aboutissant à une petite construction rectangulaire symétrique en À où les eaux se clarifiaient avant d'entrer dans le grand réservoir. En À, partie voûtée où venait probablement aboutir l'aqueduc. Tous ces henchirs sont très peu considérables et ne sont, pour la plupart, que des exploitations agricoles, les unes isolées, les autres formant de petits villages, comme Henchir Mzira et H. Medjen-oum-el-Kesseub. HENCHIR (OLA. Ruine d'exploitation agricole; de là on aperçoit à l’aide de la lorgnette, à 8 kilomètres environ à l’ouest et sur le penchant d'une colline, une grande ruine en blocage, qui paraît, autant qu'on peut en juger, être l'abside d’une basilique, comme à Hen- chir Baroud, par exemple. : HENCHIR EL-MELIA. Tombeau en blocage enduit comme ceux des environs de Djilma, restes d’autres en grand appareil. Citerne rectangulaire reliée à — 110 — une citerne ronde de 4 mètres de diamètre; tombe en pierre, en forme de demi-cylindre, analogue à celles que nous avons trou- vées à Sbeïtla. Dans le mausolée en blocage nous constatons la pré- sence d’un tube en terre cuite qui s'enfonce dans l'intérieur. Dans le mausolée près de Djilma, devant lequel nous avons trouvé les débris d’une statue, nous avons découvert l'emplacement d’une grande amphore qu'on aurait scellée dans le blocage en guise d’urne. Ici, comme ce conduit est assez long, serions-nous en présence d’un conduit par lequel on aurait versé les libations faites en l'honneur du défunt? Les tombes arabes ont bien un orifice par lequel les parents du mort parlent à celui qu'ils ont perdu. I Tout auprès de ces sépultures, ruines de maisons avec souter- rains voütés. HENCHIR GARRÂT. Huilerie et citernes (fig. 191). Ces citernes forment un ensemble de trois réservoirs réunis, dont deux sont circulaires; le plus grand, qui est rectangulaire, est renforcé par des contreforts demi-cylindriques et entouré d’un mur de 1 mètre de haut à peu près, qui existe encore sur la face sud. Ce mur était des- tüiné à empêcher qu'on ne jett des immondices ou des débris quelcon- ques dans le réservoir. Les grandes Fig. 191. Jfesquia arabes des environs de Tu- Citernes d'Henchir el-Garrât, plan. nis sont, dans le même but, en- tourées d’un mur. Ce réservoir me- sure encore au moins 4 mètres de profondeur; les deux réservoirs circulaires sont comblés. HENCHIR Stpr-AÏCH [), Les monuments les plus remarquables de cet henchir consistent cn deux mausolées à peu près intacts. Ils sont entourés d’autres édi- ® Cf, C. TI. L., vur, et Guérin, Voy. arch., 1°! vol., p. 29. he à fices semblables, mais ruinés (fig. 192). Ces deux mausolées, que nous désignerons par les noms de ceux qui y étaient ensevelis, sont Fee de Julius Rogatus. — 2. Mausolée de Junius Rogatus. . Mausolée de C. Valerianus (a moitié détruit). Fig.192.— Plan Anééohole deSidi-Aïch (les partiespochées sont seules debout), d'après M. Cagnat. L … tous deux construits en beaux matériaux, taillés avec soin; le rez- …. de-chaussée porte à la partie supérieure un cartouche où, est gravée l'inscription funéraire. Le pre- mier étage, dans le mausolée de Julius Rogatus (fig. 193 à 196), est composé d’une sorte de cella précédée de deux co- lonnes; les architraves sont en place, ainsi que le plafond de pierre; les colonnes sont tom- bées; mais les chapiteaux de pilastres corinthiens employés dans une construction élevée au milieu du camp français à quelques pas de là et appar- tenant, d'après leurs dimen- Fig. 199: — Vue perspective du mausolée sions, au mausolée de C. Va- de Julius Rogatus. lerianus m'ont fait restituer par analogie des chapiteaux du même ordre au mausolée de Julius Rogatus. Il est vrai que la pro- portion réglementaire n’est pas observée, mais la barbarie des _ moulures de larchitrave indique que ce petit monument est d’une époque où les bonnes traditions étaient à peu près perdues; l'architecte de ce petit monument à donc pu, sans croire mal . faire, se permettre cette dérogation aux règles recues. Les archi- — 112 — traves en place indiquent nettement l'emploi de colonnes, la largeur de ces architraves donne leur diamètre, les quatre assises, leur hauteur. Un fragment de pyramidion trouvé auprès se rac- corde absolument aux dimensions de ce monument, en supposant Fig. 194. — Plan inférieur du mausolée ci-dessus. alain 44 MAUSOLÉE & JVLVS ROCAT SES ravir ou. Fig. 195. Fig. 196. Détails de ce mausolée. Élévation restituée de ee mausolée. cinq assises à la pyramide; ce pyramidion porte une astragale, base d'un fleuron bien certainement (un autre fragment trouvé à Sidi-Aïch porte le bas d’un ornement analogue). Le mausolée de Junius Rogatus (fig. 192, n° 2) ne diffère du précédent que par le premier étage. La cella du premier étage n’a pas de colonnes, elle est décorée d’une arcade sur la face de la- quelle sont sculptées deux rosaces très grossières (fig. 198). Ce mausolée paraît étre d’une époque un peu postérieure au 'précé- dent. Les feuillages des rosaces sont peu saillants et analogues au — 113 — feuillage du bouillon-blanc (comme forme, comparer aux feuilles des chapiteaux corinthiens de l'école latine : Tivoli, Cori, Pompéi). La pyramide qui le surmonte est presque intacte. Dans ces cellas, il est bien probable que l'on avait placé les statues des défunts analogues, autant que l'on peut le supposer, à celle du mausolée qui est près de Djilma. J'ai donné dans mon dessin à cette statue la même attitude et le même costume que dans ce monument. Le mausolée de C. Valerianus, presque complètement ruiné, a dû avoir une décoration faite de pilastres corinthiens (fig. 199 à 201). Dans la Fig. 197. — Mausoléetdedulius Rogatus, partieMinférieure) cette déco- oi One Le rationïde pilastres existe. Il doit être analogue à un mau- solée que nous retrouverons à Haïdra. Nous voyonsaussi destombes demi-cylindriques (fig. 202) portant l'inscription à une ex- Fig. 198. — Détail de l’arcade trémité du cylindre, soit sur de l'étage supérieur. une plaque plus grande ré- _servée, tombe À (fig. 202) pro- fl B, soit sur une plaque ajustée dans une entaille creusée dans la partie supérieure de l’extrémité, en C (fig. 202) (comme à Sbeïtla). C’ donne une vue perspective. Au nord du campement français, à côté de ruines informes, s'élèvent des amas considérables de fragments de poterie de l'époque romaine. Nous pensons qu'il y a eu là une fabrique importante de vases en terre. Des fouilles méthodiques y feraient peut-être retrouver des fragments intéressants. Nous y avons dé- couvert de la poterie rouge, fine, décorée de dessins en creux, de la poterie brun-rouge avec engobe brillante à l’intérieur, de Cons nl 7 =D — MISS. SCIENT. — XIII, S IMPRIMERIE NATIONARE. — 114 — la poterie noire mate, et enfin de la poterie à cassure brune, mais à coloration noire à la surface; l'intérieur est recouvert d’une glaçure brillante ana- logue à l'émail des grès cérames. Ces fragments ont été ramassés par nous au fond de tranchées pro- fondément creusées dans ces amas de débris. Les fragments de pote- rie rouge sont communs dans les ruines romaines, Fig. 199. — Vue perspective du mausolée et nous n'avons pas be- de C. Valerianus. soin de rappeler quels beaux spécimens de cette poterie ont été trouvés en France. La poterie brune ou noire Fig. 200. Fig. 201. Plan inférieur de ce mausolée. Plan supérieur restitué. est plus rare. Quant à celle qui est émaillée à l'intérieur, elle a un aspect particulier, et nous n’en avons pas rencontré d’analogue jusqu'ici dans les échantillons de céramique romaine que nous connaissons. Au sud de Sidi-Aïch , on nous signale un mausolée semblable à ceux que nous avons décrits plus haut; il a été décrit par M. Guérin). L'inscription qui décore ce mausolée nous donne une indication précieuse : elle semble indi- Fig. 202. Tombes à Sidi-Aïch. 0) G. L L., vx, et Guérin, 1° vol., p. 29 (Kasr el-Achoua ). — 115 — _quer que le corps de la personne qui y était enterrée a été en- fermé dans un sarcophage de marbre; des fouilles faites autour des mausolées un peu considérables auront donc probablement comme résultat la découverte de fragments de sarcophages en marbre comme ceux dont nous avons trouvé des fragments à Haïdra. Le manque de temps nous force à passer outre et à partir pour Feriana. DE SIDI-AÏCH À FERIANA. Avant Henchir Bou-Ginéah, nous relevons un fragment qui pa- raît être l'orifice de sortie d’un barrage. HENCHIR BOU-GINÉAH. Käsr orienté du nord au sud (9",35X7",90), construit de frag- ments de moulins à huile, de pierres prises çà et là et de mon- tants de portes, comme à Kasr Maïzra. On y remarque aussi des inscriptions très frustes; le kasr est entouré de ruines considé- rables, au milieu desquelles on distingue de nombreux fragments de l’époque chrétienne et de nombreuses colonnes. HENCHIR KHANGUET-ES-SDID. Ruines de moulins à huile et nombreux fragments de l’époque chrétienne. J'y dessine une console (fig. 203) 0), des modillons ou corbeaux, des voussoirs d’arcs polygonaux décorés de caissons et Fig. 203. — Console et modillons Fig. 204. — Voussoir d'arc à Henchir es-Sdid. à Henchir es-Sdid. de coquilles (fig. 204). Nous avons à remarquer dans plusieurs de ces fragments chrétiens le caractère d’un art très particulier, où @) Cette console est absolument semblable à celle qui a été dessinée à Serdjilla (Syrie centrale) par M. Duthoit. Voir Syrie centrale, par Duthoit et de Vogüé. 8. — 116 — l'on trouve bien des inspirations dérivées d’un esprit local, ni latin ni grec; l'étude des feuillages est surtout sincère et un peu réaliste. La rapidité qui nous est imposée par notre escorte, qui ne nous est donnée que pour un temps limité, nous fait regretter ici, comme à Tamesmida, à Bir Oum-Ali et à Henchir Goubeul, de passer sous silence beaucoup de points intéressants. À droite, sur le Djebel es-Sdid, un barrage sur le flanc de la montagne. OUED BAÏECH. Sur les bords de l'Oued Baïech, nous remarquons encore un Fig. 205. — Vue du barrage près de l'Oued Baïech. L barrage qui coupe un ravin et y forme un bassin assez étendu (de près de 20 mètres de large) (fig. 205). HENCHIR HOUGUEUF. Huilerie et petite ruine. KASR EL-FOUL. Grand kasr de 32 mètres sur 21, orienté de l’est à l’ouest; on y voit quelques fragments de sculpture d'ornement très bar- bare. FERIANA. Les ruines de Telepte s'étendent sur un très grand espace de terrain, au nord de Feriana. Les Arabes les appellent Medinet-el- Khedime. Nous n'entreprendrons pas la description des ruines teiles qu'elles sont. On ne peut donner d'attribution bien exacte qu'à un édifice situé à Ras-el-Aïoun , près des sources de la rivière. On peut y voir des thermes {fig. 206 à 209) dont les salles seraient disposées symétriquement (en double pour la plupart) :13, entrée; — 117 — 12, portique; 11, cours; 10, apodyterium; 9, portique donnant & œ a ne: ee MST ND = BB PARTIESRSTITUEES CRC PA MSTATS enr, = À nn Em, ose a ur > .: me nan ÉCH «10 MÈTRES — ». : <= SSNSÈET = SE De +, Salt è = ET eu KHEDIMÉ (THELEPTEITHERMES Fig. 206. — Thermes à Telepte (Ras-el-Aïoun), plan &(les parties en hachures sont restituées). SOL MODERNE SOL ANTIQVE Fig. 207: — Coupe sur 7, 9, 8, 9, 7 (face est), état actuel. Fig. 208. — Face extérieure sud, état actuel. — 118 — dans le frigidarium 8; 7, tepidarium; 6, 5, caldarium; 1, laco- nicum; 3, sortie sur la salle de repos 2, qui communique large- Fig. 209. — Vue générale, prise du sud. ment avec le frigidarium 8. Dans une salle, au sud-est, on a dé- gagé par une fouille un angle de pavage en mosaïque, à 3",80 au-dessous du niveau actuel. Des fouilles donneront évidemment de bons résultats ici, on retrouvera des dispositions intéressantes, Fig. 210. — Détail de la construction des voûtes. 1. Mortier. 5. Enduit intérieur, 2. Blocage. 6. Dalles de pierre taillées comme de 3. Béton fin. grandes briques. 4. Tubes de poterie. 7. Remplissage en maçonnerie. des mosaïques dans toutes les salles, et peut-être dans la grande salle 8 trouvera-t-on des statues, dans les grandes niches par ‘ | — 119 — exemple. Ce grand édifice est construit en blocage, revêtu en certains endroits de pelits moellons; les angles de la croisée de la grande salle sont construits en grande partie en dalles plates tail- lées comme celles des citernes de Carthage. Elles affectent à peu près la forme des grandes briques employées au théâtre de Taor- mine (de 0",10 à peu près d'épaisseur); les arcs des niches sont construits de même; les voûtes sont faites de bouteilles ou tubes de terre cuite (fig. 210), comme à Sbeïtla. Cette première croûte est recouverte par une croûte de béton fin, de 0”,15 d'épaisseur, puis une voûte en blocage assez épaisse, enfin les reins de la voüte sont en remplissage. Les trous laissés par les boulins dans les murs et les voûtes ont été bouchés avec les tubes de terre cuite mentionnés plus haut. Plus loin, les carrières antiques d’où ont été tirés les matériaux s'étendent au bord de la rivière. On y voit très apparentes les traces de l'exploitation antique. Voici comme les ouvriers ont opéré à Feriana : une suite de trous sont creusés en ligne droite sous le bloc qu'on veut extraire, ainsi que sur la face postérieure, les extrémités sont séparées par une coupure nelte (fig. 211). On Fran. Conéres. More d'extraction Fig. 211. Mode d'extraction des pierres dans les carrières antiques de Telepte. introduit ensuite dans les trous indiqués plus haut des coins en boïs que l'on mouille; ils se gonflent et font éclater la pierre, qui se sépare du rocher en laissant les amorces des tenons qui ont été ainsi brisés. De ce côté on a trouvé quelques sépultures creu- sées dans le roc. Dans l'enceinte même de la ville, qui a plus détendue que Sbeïtla, tout a été ruiné; une immense citadelle byzantine n'est plus qu’un énorme amas confus de pierres. On y voit cependant quelques morceaux de sculpture d'ornement de l’époque chrétienne et des colonnes alignées qui ont dû appartenir _à une église. On a sondé à la place de l’abside, et on a trouvé une — 120 — sorte de niche revêtue de mosaïque blanche. Mais un sondage ne Jan des 4 colonnes LR \ N f z al] ul l& N pl LS = ) D ÉTAIL TN | dunc des 1% Colonnes AL | | l vit Fig. 2 1 2.— Plan des quatre colonnes. Fig. 213. — Détail du chapiteau et d’une des doubles consoles. 77 JHedinet Kbedime Turicrre_ less Glonnrs randel'Ouot Fig. 214. — Vue d'ensemble. donne naturellement qu’un résultat incomplet. Cette citadelle, ainsi que deux ou trois kasr qui sont auprès, doit dater de l'époque de Justinien, qui fortifia Telepte (). Plus loin encore s'élèvent quatre colonnes isolées supportant des consoles accouplées, consoles que nous reconnaitrons encore à Henchir Goubeul (0) Procope, De ædif. Just. — 121 — (fig. 212 à 213). Ces quatre colonnes ont assurément formé un atrium; les poutres soulagées dans leur portée par les consoles allaient d’une colonne à l’autre. Il faudrait aussi faire des fouilles à cet endroit pour en reconvaître la destination; tout autour émergent des murs dans toutes les directions. Auprès nous avons trouvé des fragments de plaques de terre cuite avec des reliefs, comme ceux que nous avons vus à Tebessa, au Kef et à Tunis et que nous mentionnons dans la description du musée du Kef. À l'ouest de ces colonnes, un puits circulaire de 2”,10 de dia- mètre. ll est probable qu'un de ces jours ces colonnes tomberont à terre. Elles tiennent debout comme par miracle, et l’une d’elles a reçu d'un ouvrier un tel coup de pioche que son épaisseur est _à peine encore suffisante pour la maintenir : le moindre effort la brisera. Le soir, le soleil couchant prend à revers tous les murs qui sortent de terre, et les ruines de Telepte paraissent alors entiè- rement visibles. Il semble qu'on distingue la direction des rues, marquée par de longs murs. Ici la destruction a été plus complète qu'à Sbeïtla; aucun des renseignements donnés par les officiers de la garnison ne nous a mis sur la piste d’un détail curieux ou d’un fragment inédit. Dans la partie de la ville qui regarde El-Kiss, une grande cir- conférence de blocs de pierre de taille indique un bassin antique; auprès, une source coule dans un réservoir carré de 2 mètres de côté: nous rencontrons de ce côté une canalisation fort remar- quable. Pendant plus de 200 mètres, on peut suivre un canal de 0,80 de large au moins et de 2,50 à 4 mètres de haut, creusé dans le roc et voûté en blocage; le canal est encore actuellement alimenté par une source d’eau très limpide. DE SBEÏTLA VERS TEBESSA (. En partant de Sbeïtla, on rencontre vers l'ouest des tombeaux en ruines et deux henchirs, kasr et reste d’huileries, puis () Plaine du Fouçâna, rive droite de l'Oued el-Hatob jusqu'à Khanguet-es- Sloughi. — 122 — HENCHIR EL-GALLAL, KASR KREÏMA ET HENCHIR AOUGUEUF. Ruines, kasr et vestiges de pressoirs et d'huilerie (fig. 215). EASS Fig. 215. — Meule à huile (Henchir Aougueuf), plan et coupe. HENCHIR ROURA, Kasr à droite de la route, entouré d’huileries en ruines; la porte de ce fortin est formée par un linteau sur lequel on lit une in- scription très fruste et d'un caractère très barbare (1); à côté une suite d’arcades, dont une partie sont ruinées, présente sur les vous- soirs des trous faits dans la pierre (comme à El-Djem) par les pinces qui ont servi à lever ces matériaux; puits circulaire à mar- gelle carrée. SIDI-BOU-LAABA. Voie romaine au nord de Bou-Laaba, sur la rive droite de l'Oued el-Hatob; celle se dirige vers le nord. KASR KHRIMA. Fortin carré de 8,30 sur 7,30 (fig. 216). La porte existe encore. HENCHIR EL-BERCKA. Ruine. HENCHIR EL-ARBIYA. Ruine avec fortin. HENCHIR EL-GARBA. Cette ruine est sur un mamelon, à droite de la route; on y voit des sarcophages en forme d'auges, des vestiges d’huilerie et des bases et chapiteaux de l'époque chrétienne (fig. 216). Nous y re- 0) Cagnat, ouvr. cit., n° 65. LAN gl AL PNE a 9 OS EC AE — 123 — _ marquons aussi des citernes circulaires voüûtées, analogues à celles 4 que nous avons étudiées dans la région de Djilma et dans celle d'Oum-el-Kesseub. , sfenchir Pare Flan Crises ch — [1 sde Ciara ln te) Fig. 216. — Kasr Khrima, plan et face. Henchir el-Gaxba, réservoirs conjugués. — Henchir es-Siouda , fragments divers. HENCHIR ES-SIOUDA. Un kasr carré, entouré de ruines, au milieu d’un massif de …. figuiers de Barbarie. Pressoir (les montants du pressoir sont en … place). Sarcophages, cippes hexagonaux, décorés de guirlandes dans leur partie supérieure ; colonnes debout en assez grand nombre, fragments de moulures, chéneau en pierre et chapiteau corinthien ayant appartenu à un pilier carré {époqué chrétienne) …. (fig. 216). HENCHIR OUM-EL-AOUATH. Huilerie, deux petites églises, sarcophages, ruines d’un assez À RARE EE — 124 — grand village. Cet henchir est tres intéressant à cause du grand nombre de sarcophages qu'on y trouve (fig. 217). Ces sarcophages, pv dt ft rt tt rt ee mr _Harconhrzes Oun -d-(Louatl. _ HET = — + = «1 , Z D Buse de Gnne wanbaut ds du TOR jl = = JÈE ÉTITS << BP US ©) ) à Jéute. M S x putià LE) elite dy les (8) | Fig. 217. — Henchir Oum-el-Aouath. Fragments de sarcophages. — Piliers. — Chapiteaux. — Bases de colonnes. Fragments de sculpture. — Eglises. — Tombe. d'époque chrélienne probablement, affectent la forme d’auges rec- tangulaires évidées intérieurement et arrondies aux extrémités. Quelquesuns ont un évidement caractéristique à la place de la tête. La partie supérieure porte une feuillure pour recevoir le couvercle du sarcophage. Nous trouverons de l’autre côté de lOuedel-Hatob les mêmes sarcophages (Henchir Kteuf, Henchir Chiri, etc.) Plusieurs sont hors de terre, l’un d'eux porle sur sa face antérieure une cou- ronne très fruste. Nous relevons de nombreux vestiges de l'époque chrétienne, deux églises, dont l’une a un plan analogue à la petite église de Sbeïtla; les traces de clôture par des balustrades encas- trées dans les bases des colonnes s'y retrouvent aussi. Des fouilles seraient assurément à faire sur ce point, car les Arabes n'ont pas — 125 — bousculé le terrain comme dans les grandes villes. Des tombes analogues à celles de la résidence à Tunis (stèles droites termi- nées par un triangle portant la figure du défunt et des ornements formés. de trous ronds creusés au villebrequin et disposés régu- lièrement), des fragments de sculpture de l’époque chrétienne, des chapiteaux et des bases qui sortent à peine de terre pourront être d'intéressants sujets d'étude pour ceux qui pourront s'arrêter sur ce point et y faire des fouilles. Nous citerons aussi en cet en- droit deux cuves de pressoir construites en pierres assemblées à rainure et languettes (Henchir Soma, Henchir Medjen, etc.). En allant vers Khanguet-es-Sloughi, défilé qui conduit vers Te- bessa; à droite, un petit mausolée romain; à Fedj Oum-Ouahad, - borne milliaire et son encastrement (). DE LA FRONTIÈRE DE L'ALGÉRIE À FERIANA 0). — HENCHIR HAMMAJA. Kasr, nombreuses ruines de maisons, montants de pressoirs, in- scriptions. HENCHIR CGHOUD-EL-BATTAL. Nombreuses ruines de maisons à deux kilomètres de Henchir Hammaja. Fragments de sculpture de l'époque chrétienne au mi- lieu des colonnes et piliers d’une petite église. Il y a là debout en- core quatre bâtis de pressoirs intacts (fig. 218 et 219), avec la série de linteaux B en pierre les reliant les uns aux autres et por- tant encore les entailles E destinées à recevoir les chevrons F, qui formaient appentis de deux côtés pour abriter les travailleurs; devant ces pressoirs sont les pierres circulaires O sur lesquelles on entassait les paniers IV contenant les raisins ou les olives (nous n'avons pas trouvé de traces de moulins à olives, peut-être sommes- nous donc en présence d’un pressoir à vin). Les cuves S ou réser- voirs sont devant. Elles sont formées de quatre grandes pierres reliées par d’autres. Nous donnons ici la description d’un pressoir antique d'après Dezobry (Rome au siècle d'Auguste, lettre cvir, () Cagnat, ouvr. cit., n° 69. @) En passant par le col de Dernaïa. — 126 — Henchur Choutd-; PBattal essor dues n. nn es ETF ROPOE Il Eli» œdedt Plirrl un Fl002 va Joe d Le dt RE da faur lrbéréenre Ve ctrirarement 77 meneur CHOUD4 BATTA Ô Ar ESSAI de RESTITUTIQI PT ETS. Là TORCULAIS LAVE D Dr | LOIRET, Fig. 219. — Essai de restitution du torcular. 1. Entemble, — 2 et 3. Détails du pivot du levier. — 127 — p- 148 0)), avec les indications littérales se rapportant à notre figure (219) : «Le premier (pressoir à levier) se compose de quatre poteaux verticaux M T (ici deux en pierre et deux en bois T) de 2 pieds d'équarrissage et de 9 pieds de haut (0",592 X 2°,667), surmontés de forts poitrails C et U scellés dans les murs du bâti- ment (ce n'est pas le cas ici), par-dessus lesquels se croisent d’autres poutres chargées d’une maçonnerie {c'est ici les linteaux et blocs B et D), pour ajouter au poids de cette charpente, qui n’a pas en tout plus de 6 pieds et 6 doigts de large, hors œuvre, sur 18 pieds de long (1",891 X 5,332). Une seule partie est mobile, c'est une poutre P longue de 25 pieds (7",407), engagée par ses deux ex- trémités dans l’entre-deux des quatre poteaux M et T du pressoir. On nomme cette poutre la presse (prelum); l’un de ses bouts est relenu à une hauteur qu'on fixe à volonté {des barres L, L', glis- sées dans les ouvertures F1, limitent sa course haut et bas). Des coins G, enfoncés progressivement dans les rainures R, la fixent dans des positions successives à mesure que le plateau K s’abaisse; l'autre bout X monte au moyen de cuirs ou de câbles passant dans des poulies et dans des trochlées W; la presse descend par la trac- tion exercée au point À, soit par un treuil (Dezobry, loc. cit.), soit à bras d'hommes. La presse, en s’abaissant, agit sur un poteau vertical Z placé très près de l'extrémité où elle est retenue à une hau- teur fixe. Ce poteau appuie sur un fort plateau K, de bois d'orme et de cornouiller entremélés, de À pieds de diamètre (1",185) et de six doigts d'épaisseur (0,114), dont toutes les parties, soigneu- sement assemblées par des queues d’aronde en bois d'yYeuse main- tenues par des chevilles de cornouiller, sont encore affermies par trois barres J fixées avec des clous en fer. Cette table s’ajuste sur une aire de maçonnerie de 6 pieds (1",777) (ici plaque de pierre O O) où se placentiles cabas de jonc à claire voie N {fiscinæ) con- _ tenant le marc à presser; le liquide s'écoule par les rigoles Q, Q dans les bassins S. Quand le prelum est au bas de sa course, on le relève par les poulies et les cordes À,, À;', V. Le prelum pivote autour d’un axe en fer Ÿ (fig. 3), qui se meut dans les rainures R, et bute au fond d'une d'elles en R, (fig. 2); on nomme torcular la salle où sont les pressoirs. » G) Cette description a été faite d’après les indications données par Pline, Varron, Columelle, etc. . — 128 — Quelques kilomètres plus loin, après avoir traversé le col de Dernaïa, on trouve, au sortir du défilé, un grand henchir avec un kasr; à deux kilomètres à gauche on aperçoit une grande ruine, où l'on distingue les pressoirs debout. HENCHIR GARRÂT-EN-NÂM. Pressoirs et ruine de ferme, deux henchirs à une demi-heure de distance. HENCHIR RECHEM EL-KELB. Pressoirs avant d'arriver à Feriana. HENCHIR BAROUD. . Ruines de village. HENCHIR EN-NÂM. Pressoirs, grand réservoir rectangulaire (fig. 220), à contreforts dot PA TT NE © ; n Fig. 220. — Henchir en-Näm, réservoir. 1. Plan. — 2. Coupe sur la longueur. P » ( Fig: 221. — Plan et détails du mausolée de Henchir en-Nâm. 1. Corniche supérieure. — 2. Corniche 4. — 3 Soubassement. intérieurs demi-cylindriques (6 mètres de large sur 14 mètres de long). — 129 — Mausolée en pierres de taille (fig.:221, 222, 223). 'ERSÈCÉ Fig. 222. — Mausolée de Henchir Fig. 223. — Facade postérieure en-Nâm. Façade antérieure. (la pyramide est restitue). HENCHIR GHISMÂT-EL-BAROUD. Ruines de village. HENCHIR REDIR-EL-AZAM. Ruines de village près d'un petit défilé, quelques pi et co- lonnes debout. HENCHIR OUM-ED-DEBBÂN. Ruine de village sur une éminence, pressoirs; le tout peu im- portant. HENCHIR ES-ZAÂTLI. Ruines assez étendues. Nous y trouvons de nombreux fragments de l’époque chrétienne, de curieux piliers cannelés, dont les cha- a 1 Em, === OS 6: M al 10 Fig. 224. — a : pilastre,” Fig. 225: — Linteau Henchir es-Zaätli. à Henchir es-Zaätli. MISS, SGIENT. --— XIII. 9 ANPRIMERIE NATIONALE — 130 — ! piteaux sont aussi très singuliers (fig. 224) (1), des linteaux Fig. 228. — Porte vue de l'intérieur, avec les entailles existantes. porte (fig. 225 et 226) en place, l'un avec un chrisme, l'alpha et l’oméga, l’autre avec un chrisme accosté de deux colombes Q) Ces piliers sont de section rectangulaire, et leurs chapiteaux, par consé- quent, ont des faces inégales symétriques. — 131 — qui portent un rameau d’olivier dans leur bec. Ces portes ont, comme à Sbeïtla, dans leurs montants, les trous des gonds et les Fig. 229. — Porte avec le battant et ses fermetures restituées. entailles des verrous et des loquets (fig. 228 et 229); la porte roule sur les gonds À et est fermée par les verroux B et le loquet D, qui glisse dans l’entaille C. Mausolée. Devant ces ruines et sur la déclivité de la colline se trouve un mausolée presque intact, dont je vais donner la description (). Ce monument (fig. 230 à 236), composé de deux étages, consiste en une chambre car- rée située au premier étage et Fig. 230. — Vue perspective du mausolée à laquelle on accède par un d'Henchir es-Zaâtli. escalier encore en place. Cet D'après une photographie de M. Cagnat. escalier s'appuie sur un mas- sif qui masque la deuxième chambré située -au rez-de-chaussée. LR Enr re, es DZ PURE 42 Re … Cf. Bulletin monumental, 1884., n° 2. ‘ ; : * L” — 152 — Cette chambre carrée ou cella, décorée de sept niches, est cou- Facs Post ÉNETTCES Fig. 231. — Élévation ostérieure. Fig. 232. — Henchir es-Zaâtli. Mausolée. Élévation antérieure. Fig. 233. — Henchir es-Zaâtli. Mausolée. Face latérale. verte en dalles de pierre; elle est close par une porte, dans le lin- 1 — 133 — _teau de laquelle on distingue les traces des trous des gonds; on les a Fig. 234. — Henchir es-Zaàtli."Mausolée. Coupe longitudinale. martelés (fig. 232), probablement pour faire tomber la porte et prendre les panne de bronze, dans lesquelles roulaient ces gonds ; la porte a été, à une époque postérieure, fermée en partie au moyen des pierres qui pavaient le sol du portique (fig. 232). Au-dessus de cette porte se lit l'inscription rapportée par M. Ca- gnat M), Devant cette cella devait se trouver un portique de quatre colonnes (un fragment d’architrave resté en place l'indique bien); des chapiteaux corinthiens enterrés auprès appartiennent probablement à ce monument. L’étage inférieur est encombré de pierres énormes qui formaient le sol du premier étage et qui sont tombées péle-mêle; ce plancher de pierre se composait de grandes dalles reposant sur un arc d’une part, de l’autre sur des pierres placées en encorbellement à l’intérieur . En résumé, ce monu- ment très intéressant se compose d’une cella précédée d’un escalier qui y conduit ; l'étage supérieur est décoré d’un portique et forme @) Cagnat, ouvr. cit., n° 81. @), On distingue, sur les faces supérieures des voussoirs de cet arc, les trous de louve, qui indiquent comment la pose a été faite. — 154 — une seconde chambre où sont disposées sept niches, purement décoratives, croyons-nous, vu leur peu de profondeur (0",32); au-dessus de ces niches se trou- vaient, probablement en B (fig. 234), les cartouches que nous avons retrouvés (fig. 236); nous donnons aussi (fig. 236) le détail des moulures de ce petit monument et l'indication du mode de construction du toit, dalles jointures à recouvrement. Coupe transversale de cette cou- verture au bas de la figure 234. Cette petite construction est d’une exécution excellente, l'ap- pareil est soigné et les pierres qui le composent d’une assez grande dimension; nous remarquerons ici, comme dans d’autres monu- ments que nous étudierons plus loin, l'emploi de la coudée Fig, 235. — Henchir es-Zaauli. Mausolée. Plan. comme mesure; en effet les as- sises ont sensiblement 0",50 de haut régulièrement; les mausolées de Sidi-Aïch, H. en-Nâm ont » : CT AE ELUPAUNET DafgsmneAs Mt sa sentenure rrteuvhrl ; Sie vbus lagmgrre eu Dés féeng Encore Fig. 236. — Henchir es-Zaätli. Détails du mausolée. 2 mètres de côté, elc...., C'est là probablement une tradition Fr » e LE cÉ rie. à Er Ci et ee nétuT hat dt + = Ste S7 Anna. Fr — 135 — _ remontant à l'époque punique, l'emploi de la coudée asiatique ayant été apporté de Phénicie par les fondateurs de Carthage. BIR KAMOR. Puits antique auprès de quelques ruines. HENCHIR KAMOR. À 1 kilomètre plus loin, au sortir de la vallée qui débouche dans la plaine située entre le Dj. Selloum et les Dj. Hafei et Karrouba, mausolée corinthien analogue à celui d'Henchir es-Zaätli (fig. 237), mais plus riche (il est décoré de pilastres aux quatre CZ = EE E SSS 1 N al ( | e El] | Dis a SE LEE sn à Heucher Ka. Magalie 7e 7 24 JetET— > va 2 . 4 sp — —— = 4" — = EUR da * Fig. 257. — Mausolée d'Henchir Kamor, facade postérieure. D’après une photographie de M. Cagnat. angles). Il est aussi précédé d’un escalier et d’un portique, mais le tout est très enterré. Auprès, un kasr, huit pressoirs debout et de nombreuses ruines de maisons. KASR BOUROUHARI. Fortin isolé. — 136 — HAOUCH KHIMA-MTA-DARROUIA Ces ruines, assez étendues, sont fort intéressantes (fig. 238). La petite ville qui s'élève sur le bord d’un oued desséché est signalée au loin par une grande construc- tion (fig. 240 à 243) : c'est une église précédée d’un por- tique (les colonnes sont à terre) et d'un parvis rectan- gulaire. Cette église U) est sur plan carré et mesure 6",57 de long sur 7°,68 de large (à l'in- térieur); elle était voûtée en voûte d’arête de blocage, et Fig. 238. elle est terminée par une ab- Haouch Khima, plan d'ensemble. side en cul de four presque intacte, elle est construite en belles pierres de grand appareil. Au-dessus de la porte, qui était décorée de deux colonnes portant des entablements (dont les en- castrements sont visibles fig. 240), est une fenêtre rectangulaire autrefois fermée par une grille, des barreaux de laquelle les scellements existent encore. Au nord-est s'étend la ville, défendue à son angle sud-est par un grand kasr (fig. 243), qui mesure 4o pas sur 33 et dont les dispositions PR intérieures sont très re- TETE connaissables; ses murs Église d'Haouch Re uns longitudinale, ép Lo grand APP areil sont formés de nombreux débris de tout genre : fragments d’édifices antiques, de sculptures chrétiennes, fragments d'inscription. Au-dessus d’une des portes, un fronton barbare est décoré d’une couronne de laurier; plus loin, une petite poterne E (fig. 243), qui donne entrée dans le kasr, est taillée dans une seule pierre. A côté du kasr, un réser- voir et des pressoirs. La maçonnerie des murs intérieurs est en plâtre et moellons, celle des gros murs en grands matériaux; 4 - 724} S T5 A ages Aline mx Darrvuë \ "y, “ne ESS HU NT = Re OC M ETiren CPALIL Cr se 1, 9) La comparer à celles décrites par MM. Duthoit et de Vogüé (Syrie centrale). — 137 — tout à côté sont les ruines de la ville, esqau milieu duelles de Fig. 241. — Église d'Haouch Khima. Façade. AIT) > FPE — 138 — très nombreux fragments de sculpture de l’époque chrétienne : chapiteaux, ornements, etc. J'y distingue un piédestal de colonne (fig. 244) trouvé en C, fig. 243, portant deux rainures pour re- cevoir une clôture, comme à Sbeïtla. Les faces de ce stylobate sont décorées de pampres et de grappes de raisin d'un travail très curieux. Le vent, qui na cessé de régner pendant les quelques heures que nous avons passées en cet endroit, nous a malheureusement empêchés de photographier ces restes. L'église (fig. 239,240, 241), qui nous paraît par son exécution, purement romaine, remonte à la première époque de l'existence officielle du christianisme, c'est-à-dire à la seconde partie du 1v° siècle. La deuxième, au contraire, dont nous décrivons les fragments ici (fig. 244), doit appartenir à une époque bien postérieure. C’est, au point de vue de l’art chrétien, une des ruines les plus intéressantes que nous ayons rencontrées. Contrairement à Haïdra, Sbeïtla et Kasrine, cette petite ville n'a pas été pillée, puisqu'elle est loin de la route fréquentée. Les Arabes n’y ont élevé aucune construc- tion, ils n'y ont donc pas pris de la pierre ou des colonnes, elle est restée dans l’état où l'invasion l’a laissée, et si les murs des mai- sons se sont effondrés, les directions en sont encore parfaitement visibles. Elle est peu importante, il est vrai; mais les recherches y seraient intéressantes, si l'on en juge par les quelques fragments qui émergent du sol. Le sol antique doit être à une très faible profondeur ; un grand nom- RES bre de morceaux de mou- ; lures et de chapiteaux se voient de tous côtés surtout autour du kasr et dans le -. kasr lui-même, comme 2 nous l'avons dit plus haut. D Les fragments reproduits a fig. 244 , piédestal et abaque, Zoas à mlihetèr sont d’un art bien différent > le d'Exlire. #taho 4 de l'art antique romain ou L L Fig. 242. — Haouch Khima. gréco-romain. On n'y re- Vue perspective restituée de l’église. trouve plus les ornements de l'architecture classique. Le caractère de cette sculpture chrétienne est très particulier dans l'Afrique du Nord. On y trouve presque un accent réaliste — 139 — dans l'interprétation des feuillages et des ornements (M). C'est une transformation locale des traditions antiques, tranforma- he pe ae 5 ES Acer ee Ce lagèelle ge (rouum \pentse hr l' Cure. NL ER CEE a > D È asr- ag Fr es Se — _— AA. Piliers. D. Pressoirs. B. Porte. Æ. Poterne monolithe. G. Emplacement présumé d'uneglise F. Réservoirs. dont est tiré le piédestal (fig. 244). Fig. 243. — Haouch Khima. Plan du kasr. +tion curieuse, si J'en juge par les rares échantillons que j'ai vus dans ce voyage trop rapide. Il y a là certainement à étudier une question inconnue et toute nouvelle dans l’histoire de l’art (fig. 244). Les rues sont conservées comme alignement et bien recon- naissables. À l’ouest de la ville s'élève une porte absolument in- tacte de 5",55 de haut sur 7 mètres de large, porte sans orne- () Fragments conservés à Tebessa, notamment. Ut US ES SR TR RS RS A PE, à — 140 — ment. Au nord-est de la ville, un mausolée comme Kasr Talga (en blocage et enduit). | À À KA " 5 — (4 CC inlx #} 22044 ES £ x Chpréleaus coronlhétre jrs del É-lise TT ALU DREAM ARE ES EC Chabiélrarc entre (Herr el dédie frasrsent ce Teilloir ou adaguer?) (Ge: cha lu Re me JU ——. da Tige dont État Cr PA 2 2677 2 CU 7 CRE 4 topprs à l'as bn = nr N \ 45 hnal a —_—__ 7 Fig. 245: — Chapiteau Fig. 246. — Console à Henchir Mzira. à Henchir Mzira. S ; Fig. 247. — Meule Fig. 248. à Henchir Mzira. Porte en pierre à Henchir Mzira. une église, au moins autant qu'on peut en juger par les colonnes en place. De l'Henchir Mzira à l’'Henchir Sidi-Achmed-ben-Nas- ser, mous rencontrons cinq henchirs, sur 16 kilomètres par- courus (à peu près). IL est à remarquer que les ruines sont rarement dans la plaine (); sauf les kasr, les villages sont sur les flancs des coteaux, sillonnés de nombreux ravins, qui étaient autant de ruisseaux à l’époque où le pays était prospère et habité. Les historiens arabes rapportent qu'à l’époque de la conquête on allait de Gafsa à Te- bessa sans quitter l'ombrage des forêts, des plantations d’oliviers, _ ou des jardins. Cela explique l'existence à cette époque des nom- breux cours d’eau dont des lits sont toujours visibles et qui ont été desséchés dès que le déboisement a eu rendu les pluies plus rares. @)' Les kasr sont placés, en général, soit près d’un village ou dans le village pour servir de refuge aux habitants, soit en plaine, en contre-bas, pour défendre * rs e> 2 » — 142 — MARABOUT DE SIDI-ACHMED-BEN-NASSEUR. Sur les bords de l'Oued el-Hatob, sur la rive nord. Autour du marabout s'étend un grand henchir avec moulins à huile (nous retrouvons une des meules inférieures). Constructions en blocage, conduits souterrains maçonnés en plâtre gris très dur. Kasr au nord, construit avec des fragments de toule espèce et même de constructions de l'époque byzantine. De là à Sbeïtla, pas de ruines intéressantes : deux henchirs seulement, restes informes de vil- lages. DE FERIANA À KASRÎNE Nous nous dirigeons vers le sud-ouest; après avoir rencontré une ruine sur une colline, ruine assez étendue, et plus loin un kasr, nous nous arrêtons à HENCHIR GARRÂT-EL-HARRAR. Ruine d'exploitation agricole, réservoirs en pierre ayant appar- tenu probablement à des: pressoirs. HENCHIR SARRAGUIA. « Ruines de petit village. HENCHIR GOUBEUL. Ruines sur une colline, village assez grand, quelques colonnes enterrées: on traverse l’'Oued Goubeul, et l’on se trouve au milieu de ruines assez considérables. Puits antique remanié et consolidé par les Arabes (fig. 249); à noter l'emploi de 4 corbeaux pour soutenir les blocs qui forment la margelle de façon à passer de la forme circulaire (section du puits) à la forme carrée (margelle). Enceintes de toutes dimensions, nombreux fragments sculptés, édifice circulaire ou demi-circulaire, détruit en partie; peut-être est-ce l’abside dont on retrouve à terre les chapiteaux (fig. 250) et les consoles (fig. 251). Ces consoles, analogues comme en- semble à celles de Feriana et de Kasr er-Rebat (Sousse), sont l'entrée d'une vallée ou l'accès d’une gorge (Fedj el-Kebara, par exemple). On comprend qu'ils soient alors placés dans la partie la plus basse pour barrer le passage. — 143 — " Fig. 249. Fig. 250. Puits à Henchir Goubeul. Chapiteautà Henchir Goubeul. AS ST Den Cou su G toussau#A oo Cut Jumple Fig. 251. — Consoles à Henchir Goubeul. d'un très beau travail. Les feuillages sont traités avec une grande fermeté et rappellent la belle sculpture du chapiteau corinthien de Lamta, sur les faces latérales, s’enroulent des rin- ceaux avec des fleurons; plusieurs beaux fragments de chapi- teaux et de moulures sont tout auprès; plus loin, une construc- tion formée de trois salles parallèles G), longues, voûtées en ber- ceau (fig. 252, 253 et 254). La salle du milieu présente de chaque côté une suite de neuf niches circulaires, séparées par des pilastres corinthiens ; à une des extrémités de cette salle, on re- trouve des linteaux de porte, décorés sur leur face de moulures traitées avec beaucoup de soin {fig. 255). De chaque côté de cette salle, les deux salles voûtées aussi en berceau sont complètement () Peut-être une église. Lu rrPY SE ESS NN SIDE" RSA ER « ON DOTE PR LE — lan — détruites. Plus loin encore, d’autres consoles (fig. 256) analogues à celles citées plus haut, de nombreux fragments de chapiteaux, Fig. 252. — Henchir Goubeul. Plan de la salle longue. Pr | : t* at. bn le pr SOS FA PAL | NE 6110) Fig. 253. — Henchir Goubeul. Détail de deux travées dela salle longue (fig. 254). 0 RRRRSSSSIK NN NÈ Fig. 254 . — Henchir Goubeul. Coupe transversale de la salle longue: (fig. 254). FRE ) ‘1 Ÿ 4 el AS qi \ 4 ob train beton 4 HinssorsÆ ‘1 es AE F: 15h sldx À Se Un. f 1 ï & CITCOTI 1 EE 4 AU L d Le. 4 n. L IN rte î PR TANT ON Fig. 255. REA RARE Henchir Goubeul. Détails des moulures des portes de da salle longue (fig. 254). | de Moulures des, portes, face antérieure eb postérieure. A 2. Coupe et plan du soffite des portes. MISS. SCIENT. — XIN. 10 XMPRIMERIE NATIONALE. — 146 — de colonnes, des stylobates (fig. 258) sculptés et des sofites (fig. 257) décorés de feuillages. Cette ruine, de peu d’étendue, 77 HT U PORT GU0, LÀ Fig. 256. Henchir Goubeul. Consoles avec feuillages. Face latérale et coupe. EE FC S2\ AE AN ZAR INA Na SIN) PAS NS A pa Fig. 258. — Henchir Goubeul. Piédestal Fig. 257. — Henchir Goubeul. Soflite. avec base de colonne. renferme les plus beaux morceaux de sculpture d'ornement de l’époque chrétienne que nous ayons rencontrés depuis Kérouan. Il est probable que nous sommes en présence d’un ensemble d’édi- fices religieux formant un couvent. Le temps et les tremblements de terre ont bouleversé cet édifice; mais on n’a jamais exploité celte ruine comme carrière. C’est probablement l’analogue des con- structions religieuses signalées par MM. Duthoit et de Vogüé (Syrie centrale) à Es-Seraï et à Kalaat-Simän, etc. Quand on pourra passer un ou deux mois en cet endroit et y faire des fouilles métho- diques, il est presque certain que l’ensemble qu’on mettra au jour sera très intéressant, à en juger par le beau caractère des mou- lures et des fragments d'architecture, qui nous rappellent à la fois l'antiquité et les beaux spécimens d'architecture romane du midi de la France. Cette ruine est donc à classer, et il est à désirer que les recherches soïent dirigées un jour sur ce point. Les fouilles faites à la grande église de Tebessa ont prouvé à quel point les édifices chrétiens de ces régions peuvent être intéressants. Auprès du campement, sur les rives de l'Oued Goubeul, à une heure à peu près au nord de l'Henchir Goubeul, nous notons — 147 — quelques fragments et une tombe faite d’une longue pierre debout, à l'extrémité de laquelle on a sculpté en bas-relief les portraits en pied des deux défunts (tombes analogues à Kasrîne, dans la plaine du Fouçana et jusqu’au Kef). HENCHIR SOMA -OUM-ALI. Vu différents henchirs dont notre guide ne peut nous donner les noms. Nous arrivons, après avoir noté trois bornes milliaires CV XVI EX VIT partir du sud), à Henchir Soma-oum- Ali; un ensemble de pressoirs P (fig. 259) encore debout, qu'un fragment de moulure encastré dans la con- struction permet de dater d’une époque postérieure au 1v° siè- cle, ajoute encore, par ses dispositions nouveiles, aux docu- ments que nous avons Fig. 260. — Mausolée près de Bir Oum-Aki. recueillis sur ce genre de constructions. On y voit aussi une grande citerne rectangulaire voütée, En avant de la borne milliaire XVII, je relève un petit mausolée carré (fig. 260), analogue, comme détails, à celui d'Henchir Soma (dans le Bahiret Douara); en face de la porte d'entrée est une petite niche carrée. Avant d’arriver à Bir Oum-Ali, nous notons un grand henchir avec ferme et pressoir; plus loin, colonnes dans un champ et construction rectangulaire avec colonnes. HENCHIR BIR OUM-ALI. Cette ruine, d'une grande étendue, offre peu de vestiges carac- téristiques hors de terre; les murs, rasés près du sol, laissent voir les directions des rues. Nous notons cependant quaire mausolées @ Voir le rapport de M. Cagnat, v, n° 125. — 148 — carrés (avec pyramides comme ceux de Sidi-Aïch}, ruinés, un autre rectangulaire avec cella carrée, ruiné aussi; une nécropole nous montre de nombreuses tombes demi-cylindriques, avec des re TS, ET À & & 1 Ne Xe {24 à & | A 2 Lee, TES NN MN CU RSS sx NPA MT Ê (S)] 77YT 7277 TA 7 7 Z — MW [l LL Fig. 261. — Chapiteaux Fig. 262. — Bir Oum-Ali, de colonne engagée à Bir Oum-Ali. plan de l'église. (Parties noïres seules existantes au ras dussol.) inscriptions funéraires à toutes; une autre nécropole, des sarco- phages en pierre (ils ont été ouverts); les inscriptions sont nom- breuses et d'une époque assez ancienne (). Au contraire, les frag- ments d'architecture que j'ai pu dessiner sont relativement très Fig. 263. — Chapiteau Fig. 264. — Moulure de l'église dans l'église de Bir Oum-Ali. de Bir Oum-Ali. récents : ce sont des chapiteaux (fig. 261 et 263), un voussoir décoré (fig. 265) ©), un fragment de corniche (fig. 264) de l'époque () Cagnat, ouvr. cit., n°127. @) Comparer avec celui d'Henchir es-Sdid (fig. 204). J'ai donné celui-ci à une plus grande échelle, pour qu'on puisse bien se rendre compte de sa décoration, d'un côté sur la douelle, de l’autre sur la face pour remplacer l'archivolte. Le — 149 — - chrétienne latine (0:,J'ai pu relever aussi le plan d’une petite église. de-16, mètres de long sur 12,40 de large (fig. 262); l'abside-est reconnaissable, ainsi que le mur extérieur. Il semble que cette église. était non pas voütée, mais bien plutôt couverte en charpente, comme l'étaient probablement celles de Sbeïtla, de Oum-el-Aouath, etc. Le chapiteau bizarre que je donne ici (fig. 266) est probablement d'une époque plus récente que les Fig. 265. Fig. 266. Voussoir de l'église de Bir Oum-Ali. Chapiteau à Bir Oum-Ali. précédents; il doit être de la même époque ©) que celui d'Henchir es-Zaàtli (fig. 224), avec lequel il présente de grandes analogies de style (les caulicoles, par exemple). | -Un puits antique sert encore actuellement aux Arabes. C’est lui qui a donné le nom actuel à cette localité (puits de la mère dAli, Bir Oum-Ali). Nous avons trouvé à Bir Oum-Ali un dépôt très caractérisé de silex taillés, percuteurs, pointes de flèches, dont nous avons rapporté des échantillons. Ces objets se rencontrent surtout à l’ouest et au sud-ouest de la ville antique, sur une très grande étendue de terrain. Ils nous avaient été signalés par M. Pallat, lieutenant au 11° hussards, qui commandait noire es- corle et qui nous a accompagnés jusqu'à Kasrine. De Bir Oum- Ali à Henchir el-Ktib (?), nous notons un grand kasr ruiné où sont très reconnaissables les dispositions des magasins et une huilerie. HENCHIR EL-KTIB (?). Grand henchir, kasr et mausolée. Ce mausolée rectangulaire (0): C'est-à-dire du 1v° au v° siècle. : @) Peut-être da v° siècle. — 150 — est fort curieux ; il se compose d’une chambre recouverte par un toit à deux pentes, composé de dalles de pierre qui posent sur un des pignons ( et sur un arc qui sépare l'intérieur en deux par- ties (fig. 267 et 268). Quatre colonnes devaient probablement Fig. 267. Fig. 268. Plan du mausolée de Henchir el-Ktib. Coupe transversale du même mausolée, (Parties noires seules existantes.) vue de À. décorer la façade de ce petit monument. Sur la porte du kasr, on remarque un chrisme. Dans le kasr, des traces de murs de magasins, des pressoirs. Le kasr mesure, dans sa dimension est- ouest, 65 pas; dans la direction nord-sud, 95 pas. HENCHIR TAMESMIDA. u Puits de 4 mètres de diamètre, nombreux vestiges romains, castellum ou poste fortifié très intéressant À (fig. 269), grand réservoir avec construction adjacente D (fig. 269), poste fortifié entre ces deux édifices C (fig. 269), village ruiné B (fig. 269). 1° Castellum.— Le castellum (pl. III), dont l'enceinte est presque intacte, est défendu du côté de la plaine par quatre tours, deux rectangulaires aux angles du fort, deux demi-tours octogonales au centre de la façade et flanquant la porte (fig. 273). L'édifice est orienté, exactement et sa face sud est celle qui regarde la plaine. Il mesure 55",70 sur 90",30. J'ai indiqué sur le plan (pl. HI) les () Ces dalles ont leur grande dimension parallèle au faîtage; à Henchir es- Zaàtli, au contraire, cette dimension lui est perpendiculaire. Page 151. NCHIRTAmMmESMIDA CAS 7. l RNA AU \ \ [l | ' | i \ : ta ( \ ; n ! 14 / ? — ArDe lan du castellum. O. Tour rectangulaire. P. Ecuries (les mangeoires sont indiquées à leur place). Q, R, S. Bätiments divers, MEL MUN t. XII. Bises don de forre x cc Bus vhs durer PI. IL. — Henchir Tamesmida, A. Potcine, G. Entrée principale intérie: B. Entré. H, I. Demi-tours octogonales.k GC. M, N. Potemes. D, K. Grande porte, ÆE. Vourpectangulaire, J, L. Portes, NAT LEA TPE — 151 — murs reconnaissables actuellement, ceux encore debout en nûGir, Fi) na 0 AS LS NT EN ) AD On San | : Fig. 269. — Plan d'ensemble Fig. 270. — Poterne 4. d'Henchir Tamesmida. se a Fig. 271. — Porte K, vue intérieure. 4 (Avec les crapaudines en pierre dans lesquelles tournaient les gonds des portes, : comme dans les portes du temple B, à Sbeïtla (fig. 188). ceux dont la trace est visible au ras du sol en teinte grise (ha- chures). Dans ce fortin, à l'angle sud-est, existe très apparent un torcular D avec tous ses pressoirs C debout, au nombre de huit. Les murs ont résisté sur la face sud, la face est et la face nord, sauf entre la tour O et la tour 1, et sur la face ouest, où ils sont abattus. Ils sont ni d'une mhege construits en pierres de bel Apparel, près de la tour O. de 50 centimètres de haut, décorées de bossages rustiques (fig. 270 et 273); on a le niveau supérieur de cette muraïlle, car deux des merlons qui en couronnaient le faîte sont encore en place sur la 0 — 152 — face ouest, près de la tour, O, Le mur OE, mur méridional, est 6 d'archères assez espactes (fig. 274). Pendant les quelques heures que nous avons pu nous arrêter en ce lieu, nous:avons perc pau SE F4 à — 153 — relevé le, plan et quelques détails de ces-trois édifices. Je:donne (fig: 274) un essai de restitution de la façade du castellum. La tour de vigie que j'y ai figurée s'élève en À du plan (pl: I); la quantité de décombres en ce point ma fait supposer quercette partie était, plus élevée que le reste du castellum. Le fort:a été abandonné et s’est ruiné peu à peu; les murs qui sont détruits sont tombés tout d’une pièce, soit par suite d’un tremblement de térre, soit par suite d’un affaissement de terrain. Presque tous les (En: 13 | si A 2 HENCHIR TAMISNMIDA sv éir0o D'LA D) GRAN DRESTRVOIR: af. ! { a TE ; = # ( niq 25h î : 1! E. ne Là Fs à eV Faure Dire: LE ñ = == pi. DRE tt 1 ANT 1: Ye ; ” ! f SA OM Le per CAT RSS Me À = DPANr dh ER N ) ê Le = ve { « DES E ” 77e Fe) = LENS L AIRES ui RES ET e Ga PMibes AT (l | Fig: 279. — Plan du réservoir de Henchir Tamesmida. murs de constructions intérieures ‘affleurent le niveau actuel du sol; c'est ce qui m'a permis d'en tracer un plan exact. Des fouilles — 154 — permettraient d'indiquer les portes, les fenêtres, et par consé- quent les cours ‘et la disposition ‘intérieure de l'édifice, qui, situé en dehors des routes connues, n’a pas été détruit violemment; on ne pourra manquer, en y pratiquant des fouilles, de retrouver là des indications intéressantes. Le sol antique doit se trouver environ à 2 mètres au-dessous du sol actuel. | 2° Grand réservoir (fig. 275, 276,269 D).—Ce grandréservoin circulaire mesure 52",30 de diamètre intérieur; il est défendu par une tour de 6",05 sur 3°,50, qui lui est jointe par un hémi- cycle décoré d'un portique d'ordre corinthien; cet hémicycle mesure 19,5 dans œuvre. Deux bases de colonnes en place donnent l’entre-colonnement, qui est de 2",65 d’axe en axe. L’architrave, la corniche sont à terre; dans le mur de l’hémycicle, les traces des chevrons permettent de rétablir par la pensée l’ap- pentis qui devait reposer sur les colonnes indiquées plus haut (fig. 275); ces colonnes étaient probablement au nombre de dix. Trois merlons demi-circulaires et encore en place donnent la déco- ration du faîte du mur; à l'intérieur, la tour montre quatre cor- beaux, destinés à porter les lambourdes sur lesquelles posaient les solives du plancher. Le bassin a encore actuellement 2",50 de profondeur en moyenne; on y voit en S (fig. 275) l'orifice d'un conduit en pierre qui devait y amener de l’eau. 3° Entre ces deux constructions, un édifice carré (fig. 269 C}, dont le sommet des murs porte aussi des merlons, est auprès d'une enceinte rectangulaire en ruine. Il est à vingt pas du réser- voir circulaire et à sept cents pas du castellum. De Henchir Tamesmida, deux ruines à une demi-heure de dis- tance l’une de l’autre (huiïleries}, jusqu'à : Er = Re 11 4 4 1 Ua une | MS { L 14 — 155 — HENCHIR HERBOUCK. Pressoirs et tombeau carré comme celui de Bir Oum-Ali. Nous repassons à côté de Henchir Garrât-en-Naam. HENCHIR GOCE. Ruines de maisons, arcade (peut-être église ). HENCHIR CHERCK. Mausolée en ruine, village et pressoirs. HENCHIR OULED-DIENNÀ. Ruine. HENCHIR GARRÂT-MTA-EL-AFIAL. Henchir et mausolée ruiné. HENCHIR MEGSEM Ruine. HENCHIR MAGDOUDECH. Mausolée à escalier antérieur (); il est décoré de pilastres corin- _thienset paraît d’une assez basse époque. Il se compose d’une cella de 3",58 de côté décorée de trois pilastres corinthiens sur chaque face. Les deux pignons antérieur et postérieur sont encore en place. L’escalier est en partie détruit. HENCHIR GARRÂT-EL-BEGLA. Ruines. KASRÎNE (CILLIUM). — Les ruines de Kasrine (fig. 277) ont été décrites par V. Guérin avec une grande exactitude. Le court séjour que nous y avons fait pe nous a permis que de relever le mausolée, déjà connu par des descriptions, et l'arc de triomphe; nous noterons seulement les édifices que nous avons remarqués, en désignant les recherches à faire. W)\ Comme celui de Henchir Zaâth. Re Ils sont indiqués sur le plan ci-joint (fig. 277). = —— EE Ra Afaé = EN ASY draàe" À 2 NES Ÿ < RTE MR s Fi) (3x LAC (LL "711 om KASRINE SIA GCoubbasrt cuméliers araën LÉ) Nul FC “ ny \ Ca Fa; mate Sa TIR Fig. 277. — Plan de Kasrine. Mausolée carré (pl. IV et fig. 279 à 287). — On sait que le Fig. 278. — Vue du mausolée des Flavius, face postérieure et latérale. état actuel. Archives des Missions scientifiques , t. XIII. Fig. 279. — Vue du mausolée des Flavius à Kasrine, face principale, état actuel. D'après une photographie de M. Cagnat. roi 15510 enbJique , XI. Archives des Missto S SOL üfiques, & I de KASRINE ESSAI DE RESTITV TION MAVS0 LÉE ss 1] LAVIVS | ln du rez-de- Dig: 279: — Vue du mausolée des Flavius à Kasrine, face principale, état actuel. D'après une photographie de M. Cagnat. chaussée. — 157 — monument le plus intéressant de Kasrine est le mausolée romain qui porte une longue inscription en vers, mausolée des Flavius. Il a déjà été décrit; néanmoins nous en donnerons une étude plus complète. Nous n'avons pas pu faire de fouilles ici ni monter dans les deux étages du mausolée pour en étudier la disposition intérieure ; nous nous bornerons donc aux parties visibles. _Cemonument sur plan carré repose sur trois gradins (fig. 279); son-étage inférieur, percé de deux portes, une sur la face prin- cipale sud-ouest, l’autre sur la face latérale de gauche nord-ouest (fig. 282), est décoré à sa base d’une doucine renversée et d'un tore , à sa partie supérieure d’une doucine d’un beau caractère, sup- portée par: une gorge ornée de canaux (fig. 283). La face sud- ouést est presque entièrement remplie par une inscription mé- trique intacte. La porte sud-ouest est entourée d’un chambranle mouluré et donne entrée dans la partie inférieure du mausolée (fig. 283), chambre carrée de 2,15 de côté, appareillée avec grand soin. Cette ouverture était fermée par une porte (fig. 285), probablement en pierre (1), qui glissait dans deux rainures laté- t1en h zuez: EI DE 4 Fig. 284. — Mausolée des Flavius.” Fig: 285. —. Mausolée des Flavius. . Détail de construction, plafond du Détail de la fermeture de la porte, rez-de-chaussée. vue de l'intérieur. rales de 17 centimètres de large: elle se fermait au moyen d'une serrure à verrou, dont les gäches dans la pierre sont encore vi- sibles en AA (fig. 285). La serrure ouverte, on soulevait la porte, qui se logeait alors dans une partie creuse ménagée au-dessus de l'ouverture. Au-dessus s'élève un premier étage orné de,pilastres corinthiens {quatre sur chaque face) ; cet étage sans fenêtre est ac- cessible par un irou percé dans le plancher en pierre qui en forme le sol; nous n'avons malheureusement pas pu y atteindre; ce trou, percé grossièrement, a été pratiqué par les Arabes, lorsque le tom- () Portes en pierre, Syrie centrale, Duthoïit et de Vogüé, passim. — 158 — beau a été violé; les deux étages ont un plancher en pierre por- tant sur un encorbellement intérieur (fig. 284). Au-dessus, le. deuxième étage se termine par une niche sur plan carré, mais ou- verte en arcade dans sa parlie antérieure. Cette niche, analogue à celle qui surmonte les mausolées de Sidi-Aïch, etc., était sur- montée d’une pyramide, (Comparer ce mausolée avec celui des mausolées de Makteur qui est presque intact Ü),) Nous avons re- trouvé au pied du mausolée un fragment de soffite que nous croyons avoir appartenu à l’ordre supérieur. D’après ce fragment, il est probable que douze colonnes dégagées ornaient cet étage (); trois ouvertures carrées, pratiquées dans les parois de la niche à 1,20 environ du niveau de la corniche de l'ordre inférieur, ont été destinées à laisser pénétrer les abeïlles dans l’intérieur du mausolée; du moins Finscription le dit (v. 87 et suiv.) : Na ee DR EE Lapis ecce foratus Luminibus multis hortatur currere blandas Intus apes et cerineos componere nidos. Cette niche recevait la statue) de T. Flavius Secundus, père du Flavius par les soins duquel le monument a été construit : « Qui cum militiae titulos ipsumque parentem ...». Autour de cette partie du monument étaient probablement d’autres statues, si l'on en croit les mots suivants de l'inscription : « Mobilibus si- gnis hilaris sculptura novatur; » peut-être aussi ces statues étaient- elles disposées à l’intérieur de cette cella supérieure. Au-dessus de la pyramide qui couronnait l'édifice, se dressait un coq, les ailes ouvertes : « /n summo tremulas galli non diximus alas, ete.» (v. 13 et 14 de la deuxième inscription, Guérin, p. 319). Ce petit édifice mesure 3”,70 de large sur 3",64 de profondeur. Il est donc sensiblement carré. Il a une hauteur totale (mesurée Cf Poinssot, Bulletin trismestriel des ant. afr., août 1884, pl. XXIV. @) A Ja fin du xyrmr° siècle, Shaw a vu encore ce mausolée orné d’un «balcon », dit le traducteur français , il faudrait plutôt dire loggia. Comparer avec la facade du mausolée d'Haïdra; l'inscription en fait d’ailleurs mention : « Lucentes slupeat pariter pendere columnas.» Vers 48, Guérin, Voyage en Tunisie, p. 316. Dans la restitution (fig. 280 et 283, pl. IV), je n'ai supposé qu'une statue. On pourrait cependant à la rigueur avoir placé une statue dans chacun des entre-colonnements médians des trois autres faces; elles auraient correspondu aux personnages mentionnés dans les inscriptions du premier étage, face princi- pale et face de droite. — 159 — _optiquement) de 8,26. L'ordre corinthien du premier étage se compose de; pilastres dont les chapiteaux sont d'un travail assez fin, mais d'un dessin peu ferme; l’entablement qui les surmonte se, compose d'une architrave décorée de trois moulures ; un talon à feuilles, un rang de pirouettes, un talon à feuilles d’eau en forme de rais de cœur. La frise est unie; la corniche porte un rang de denticules, de canaux en rang d’oves, des perles et une doucine ornée de feuilles d’eau. Les pilastres sont cannelés et les canne- lures remplies par une baguette. Les Arabes ont pratiqué des en- tailles pour enlever dans le soubassement les crampons en bronze qui devaient retenir les morceaux de l’assise moulurée. La con- struction est en fort belle pierre, très soignée comme taille et comme appareil. 11 semble qu'on peut attribuer ce petit monu- ment à l’époque des Antonins, du moins si l’on compare sa mou- luration et la sculpture des chapiteaux à celles de la porte de l’en- ceinte des temples “de Sbeïtla, qui ont absolument le même caractère. Arc de triomphe. — Ce monument (fig. 286 et 287), composé de deux parties bien distinctes, a été remanié ; la partie inférieure, jusqu'à la deuxième assise au-dessus de la moulure de soubasse- 3 Fig. 286. — Vue de l'arc de triomphe dé Kasrîne, état actuel. D’après une photographie de M..Cagnat. ment est la seule partie qui subsiste de l'arc ancien. On reconstruisit au-dessus avec les matériaux du monument primitif jusqu’à l'im- — 160 — poste (fig: 286). Au-dessus on continua avec des matériaux neufs, dont l'appareil est soigné. Cette reconstruction date de l’époque de Constantin (comme l'indique l'inscription de la face nord-est) (1). Les corniches sont d’un style assez négligé : le seul intérêt que présente ce monument, c'est de nous montrer, ce que nous verrons d’ailleurs à Haïdra, une sorte de renaissance dans l’art de la con- struction, à partir de l’époque chrétienne, renaissance accusée surtout par le soin et la ‘beauté de l'appareil. Cet arc de triomphe se compose d’une arcade, surmontée d’un attique décoré de quatre pilastres carrés, portés sur des modillons très saillants et formant un encorbellement (fig. 286). Il a 4",20 d'ouverture et la hauteur totale du monument est de 7",90. 287. — Plan de l'arc de triomphe au-dessous du niveau 4 B. À partir de ce point, les ruines de Kasrine s'étendent sur la colline. À gauche, en regardant vers le sud-ouest, on découvre deux koubbas, entourées de tombes arabes qu'on a formées de dé- bris antiques; à droïte la ville antique, deux kasr écroulés; au mi- lieu des énormes pierres dont ils sont construits, on remarque des fragments de corniches et d’entablements. Ces fortins sont con- struits en blocage de plâtre révêtu de pierres de grand appareil; près de là, une église, de époque de Justinien probablement. Les portes ont leurs tympans circulaires décorés de sculptures très grossières, représentant des paons buvant dans un vase. Cette église est sur un plan rectangulaire, et les murs sont d’un appareil fort grossier et composés de morceaux de toute provenance. Dans le cimetière arabe qui s'étend autour des koubbas, nous rencon- trons au contraire des fragments fort curieux, un chapiteau corin- thien en marbre blanc, analogue à celui que nous avons trouvé à Lamta, un morceau d’architrave en marbre blanc, une colonne en pierre calcaire décorée d'un semis de losanges sculptés en creux. 0) €. L L., vur, et Guérin, oùvr. cit., n° 86. — 161 — La ville n’est pas très étendue, mais à certains endroits on re- connaît, comme à Sbeïtla, la direction des rues. Dans les ruines de da ville, qui s'étendent jusqu’à l'Oucd ed-Derb à gauche, peu de morceaux intéressants; tout est détruit, quelques pierres seulement debout, comme à Sbeïtla; ce sont des montants de porte ou de ces ossatures de pierre dont les remplissages de moellons sont tombés. Des fouilles faites par les soldats ont dégagé, sur la pente du ravin qui sépare l’arc de triomphe des ruines de la ville antique, quelques pierres tombales avec figures; ce sont des sièles analogues à celles du musée de Tunis et à celles que nous décrirons dans la plaine de Foucana et au musée du Kef. M. Ca- gnat en a donné les inscriptions (); ce sont des monuments inspirés certainement des traditions puniques. On en a souvent décrit de semblables dans les mémoires des sociétés savantes de l'Algérie. Plus près de l'Oued ed-Derb, nous remarquons les traces d’un théâtre, malheureusement fort ruiné; trois gradins en place et les ruines du mur de la scène sont parfaitement visibles et recon- naissables. L'axe de ce monumenfest dirigé vers le nord-est. Arrivons à l'Oued ed-Derb, sur les rives duquel nous remar- quons des excavations de 2 mètres de long sur 80 centimètres de largeur et.70 centimètres de profondeur, creusées dans un grès lé- Fig. 288. — Canaux et tunnel , Fig. 280. — Coupe sur l'axe du tunnel. dans les rives de l'Oued ed-Derb, plan. gèrement ferrugineux. Elles ont dû servir de sépulture; elles sont orientées de l’est à l’ouest sur la rive gauche de l'Oued ed-Derb (fig. 277). Sur la rive droite, au contraire, elles sont orientées du Q) Cagnat, ouvr. cit., n° gA et suiv. MISS. SCIENT. —- XIII. 11 INPRIMERIE NATIONALE» PE RS EE — 162 — nord au sud. Les berges de la rivière, fort escarpées, sont littérale- ment criblées de fossés et de sortes de petits tunnels creusés dans le roc (fig. 288-289) ; ces ouvertures avaient pour destination de per- mettre l'écoulement rapide des eaux en temps de pluie; le travail humain s’y reconnaît trop bien en maint endroit pour qu'on puisse joe 1e Bloe ent eetg Art AIT PA RMEDAN 7 RU Fig. 290. — Vue des restes du barrage sur Oued ed-Derb. D'après une photographie de M. Cagnat. ne voir là qu'un travail produit par l'effort des eaux. Plus loin enfin nous découvrons un grand barrage (fig. 290 à 294) en forme de segment de cercle qui traverse la vallée en présentant sa con- Fig. 291. — Plan du barrage. vexité sur l’'amont de la rivière vers le sud-ouest; il est haut de près de 10 mètres et long de 100 à 150 mètres; il est construit ver- ÉD E vis. dr — 163 — ticalement en amont et sensiblement en talus en aval, surtout aux extrémités, qui s'appuient sur le roc. Cette construction, faite de AMONT RocHER Fig. 292. — Coupe du barrage. | beaux moellons maçonnés avec soin, était terminée à sa partie su- périeure par une sorte de route de 4°,90 de large, pavée de petits matériaux (fig. 294). Nous retrou- vons là l'aspect de la partie supé- rieure du pont-aqueduc de Sbeïtla et de la chaussée de Thapsus. Dans la partie inférieure, une ou- verture large d'environ 2 mètres donne passage aux eaux de la ri- vière. La partie sud-est du bar- rage est intacte, celle du nord-ouest est tombée. On concoit faci- lement quelle énorme quantité d’eau était en réserve en amont de cet ouvrage, quand d’un coup d'œil on embrasse la double vallée qui y aboutit. Cet ouvrage est probablement l'œuvre à laquelle fait allusion l'inscription du mausolée des Flavius (1) : « Etnemus exornat revoca- ts saepius undis », et plus loin : « Diximus et Junctis saxa potita locis, Circuitus nemorum currentes dulciter undas:» ces travaux auraient Fig. 293. — Face du barrage en amont. donc eu pour but l'irrigation de la campagne environnant Cillium, Q), Guérin, ouvr. cit. , n° 77: V. 53, et deuxième inscription, v.9, et C.E L., vin. 11. — 164 — où T. Flavius Secundus avait introduit la culture de la vigne (v. 51). Quæ quondam dedit ipse loco, dum munera bacchi Multa creat primasque cupit componere vites. Ce barrage ne daterait donc dans l’état actuel que de l'époque des Antonins, puisque le mausolée paraît dater de cette époque. Ex Do SNS f AUX NU PRE ARS A Fig. 294. — Détail du barrage et de la chaussée qui le couronne. Les eaux amassées en amônt ‘élaient probablement conduites le long des flancs des collines qui forment la rive droite: de l’'Oued ed-Derb, et ensuite répandues dans les champs; peut-être une partie de ces eaux était-elle aussi conduite dans la ville elle- méme. Nous n'avons pas trouvé cependant de traces d'aqueducs à l'appui de ces deux hypothèses. Voici le dernier type d'ouvrage établissant le système de con- structions hydrauliques des Romains en Tunisie. | Nous avons successivement rencontré : Des puits (Henchir Maizhra); Des citernes, de Haouch Taâcha à Gafsa et de Gafsa à Feriana et à Oum-el-Kesseub; Des réservoirs d’eau vive, Gafsa; Des barrages avec aqueducs, région au nord-ouest de Gafsa-Aïn- Mhrota; Des barrages de peu d'importance avec pont-aqueduc, Sbeïtla; Des canaux creusés dans le roc, Feriana; | Un barrage donnant un écoulement régulier à une rivière arrêtée en amont, Kasrine. PAPE — 165 — Les barrages en pierres sèches que nous avons rencontrés de Gafsa à Feriana servaient à retenir une certaine masse d’eau et n'en laissaient filtrer qu'une petite partie à la fois, alimentant ainsi d’une'façon régulière les petits ruisseaux des ravins (lors- qu'on ne prenait pas la peine, comme à l'Henchir Tefel, de con- duire les eaux par un petit aqueduc loin de la montagne): Ici, à Kasriîne, l'exécution est plus savante, mais le procédé est le même. La rivière coule toujours, mais au lieu de couler à pleins bords en hiver et d’être à moitié desséchée en été, elle coule régulièrement, son débit est réglé par l’orifice du barrage (1), et l'immense bassin formé en amont de celui-ci, rempli par les pluies d'hiver, assure pour toute l’année un débit constant et un arrosage régulier à la plaine. Toute cette plaine, arrosée par l'Oued ed-Derb, serait très belle, si elle était cultivée. La petite partie qu’en cultivent les Arabes, arrosée par des dérivations qu'ils pratiquent au moyen de levées de terre, donne d'excellentes récoltes. Que serait-ce s'ils avaient presque toute l’année une réserve d’eau à leur disposition ! _. On remarque dans cette plaine, à.droite de l’'Oued ed-Derb, des fragments d'un mausolée ©) analogue à celui que nous avons dé- crit plus haut. Celui-ci a été détruit par les Arabes, qui y ont pris des matériaux pour construire les zaouia de la tribu des Fra- chiches qui sont auprès. Nous insistons ici sur l'intérêt que présentent les ruines de Kas- rine, et nous leur donnerons rang après Sbeïtla et Feriana. Départ de Kasrine pour Haïdra. DE KASRIÎNE À HAÏDRA. HENCHIR BOU-ASLAÏ. En remontant vers Haïdra, nous repassons à Henchir Bou-Aslai, qui est un peu avant la zaouïa de Bou-Laaba; une enceinte for- 4) À Antioche, Justinien fit exécuter des travaux analogues pour régulariser le cours de l'Onophietes, torrent descendant des deux montagnes qui dominent An- tioche. H fit barrer le torrent par un barrage percé d’un certain nombre d’ouver- tures de facon à forcer l’eau à s’écouler d’une facon régulière (Procope, De ædificus, 11 che x). @) À J'époque où Shaw visita Kasrine, ce monument était encore debout, et son premier étage était décoré de pilastres comme celui que nous avons décrit plus haut. — 166 — mée de débris de pressoirs, de montants de portes et d’autres dé- bris antiques entoure la tombe de Sidi-Aslai, Nous y notons deux bornes milliaires. Nous remontons la plaine de Fouçana à l’est de l’Oued el-Hatob, après l'avoir remontée à l’ouest lors de notre voyage à Tebessa (fig. 215 et suiv.). HENCHIR CHIRI+ Ruines d'huïlerie. HENCHIR BOU-LAHIA ET EL-GALLAL. Huilerie, marabout à droite, huileries à gauche et marabout. HENCHIR KTEUF. Nous y remarquonsun chapiteau corinthien grossièrement traité comme ceux de Haouch Khima. Une stèle sans inscription, une dalle terminée par un triangle, et deux stèles funéraires por- tant deux personnages sculptés : l'une est très fruste et l'indication des formes tout à fait primitive, l’autre est mieux traitée (fig. 295 et 296). À côté, un grand nombre de sarcophages comme à Oum- él-Aouath, les uns avec l'indication de CAN. "po: l'emplacement de la tête, d’autres sim- Stele à Henchir Kteuf. L _ ? plement en forme de cuve. Les ruines d’une huilerie nous montrent les dalles I qui recevaient les paniers contenant les [AA olives, avec les rigoles conduisant le liquide aux réservoirs; plus loin, une con- struction carrée dont deux portes, formées chacune par une arcade, sont encore debout (les trous des pièces employées pour le levage sont apparents). Fig. 296. Stèle à Henchir Kteuf. HENCHIR CHIRI. Ruines informes, chapiteau enterré (époque chrétienne), auprès d'une base analogue à celle d'Haouch Khima et à celle que nous avons vue à Beni-Hacen. Il y a donc eu là une petite église, ana- L u L — 167 — logue à celle de Oum-el-Aouath (Oum-el-Aouath est dans la plaine et sur l’autre rive de l'Oued el-Hatob). Quelques pas plus loin, cimetière avec de nombreux sarcophages en pierre. HENCHIR ZIDD. - Kasr, puits antique, village ruiné; nous y notons un plateau de moulin à huile; à quelque distance vers le nord, des ruines de mausolée avec une corniche sculptée. HENCHIR DJEBBANA. Moulins à huile ruinés, ruines de maisons. OUED GUERGOUR. L'Oued Guergour sort des flancs du Djebel Rhala, montagne aride; en remontant un peu vers la montagne, nous relevons l’emplace- ment d’un barrage romain, composé d’un mur maçonné de 2,50 environ d'épaisseur et dont la partie supé- rieure va en diminuant, par deux retraites successives, la première de 1*,50, la seconde de 0",45 (fig. 297). Ce barrage, oblique à la direction de la rivière, a été détruit en grande partie par l'effort des eaux; il se dirige de l'est à l’ouest. Fig. 297. — Coupe transversale du barrage de l'Oued Guergour. HENCHIR RHALA. Contre la colline, ruines informes et kasr. OUED KOURIEB. Quelques ruines informes. HENCHIR KRIB. Ruines informes; ce sont des ruines de petites fermes. HENCHIR OUM-TODRA. Maisons et fermes ruinées; j'y note un linteau décoré d’une ro- sace sculptée (époque chrétienne probablement). — 168 — HENCHIR ZAOUAIROUHOU. Ferme, kasr, village en ruine; quelques inscriptions funéraires, l'une sur une iombe formée par un demi-cylindre, dont une face latérale porte un tablette verticale sur laquelle est gravée l’in- scription funéraire (type que nous reverrons à Haïdra) (fig. 310, n° 1). HENCHIR EL-HASSAN, Dans la région montagneuse, au nord de Sidi-bou-Ghanem, les ruines sont peu importantes ; nous y trou- vons un grand nombre de cippes assez élevés, de section rectangulaire, sur- pe ne montés de deux coussinets (forme Cippe à Henchir el-Hassan. d'autel) (fig. 298). Ces cippes portent sur leur face principale un cartouche où se trouve gravée l'inscription funéraire (Cagnat, ouvr. cit., n° 189 et suiv.). HENCHIR TBAGA. Kasr, mur de 0,50 d'épaisseur, pierres taillées en bossage. Il a été refait en partie à l'époque byzantine, avec des débris de toute sorte. II mesure 9",20 (est-ouest) sur 8",48 (nord-sud). Deux henchirs sans nom jusqu’à HENCHIR TOUILA. Sous cette dénomination, on comprend trois ruines différentes . 1° Un kasr, auprès d'un village et d'un cimetière arabe; le kasr, qui mesure 7,20 sur 5",40, est construit de morceaux de toute espèce (dont deux portent des in- scriptions funéraires); sur sa face sud-est, il est percé d’une porte ir- É régulière, à côté de laquelle on dis- TETE. tingue encore une meurtrière munie Fig. 299. — Bassin en pierre de la plate-forme sur laquelle on à Henchir Touila. se tenait lorsqu'on voulait regarder par cette ouverture. Plus loin, un bassin en grandes pierres assemblées, à rainure et languette (fig. 299), et une base de colonne de l’époque chrétienne. — 169 — 2° Une ruine, à côté de laquelle se trouve un mausolée dont quelques assises sont encore debout (fig. 300). Ce petit édifice devait être analogue au mausolée de Sidi-Aich, mais il est d'une meilleure époque : la corniche dont les fragments sont - sur le sol est d'un caractère très fin, elle est ornée de pirouettes, d’oves, de canaux et de denticules. Nous avons relevé un fragment de la pyra- mide qui couronnait ce petit mau- Fig. 300. solée; l'inscription était gravée dans Mausolée à Henchir Touila. un cartouche sculpté sous la cor- (Les colonnes et la pyramide? è 7 Me AS (1) SonC rustita cos. ) niche de l'étage inférieur U). 3° Un village assez étendu, sur le sommet d'une colline. Un grand nombre de colonnes et de montants de portes y sont encore debout. Nous y remarquons une chambre souterraine formée de pierres d’un seul morceau de 6 mètres de long, reposant sur deux murs latéraux et une suite de points d'appui médians. À Medeïna nous retrouverons des dalles d'une semblable dimen- sion; on conçoit qu'avec la possibilité d’avoir de pareilles dalles de pierre, on ait accepté généralement le parti des plafonds en pierre pour les mausolées (Kasrine, Haïdra) et les avant-corps des arcs de triomphe (Sbeïtla, Haïdra). ( HAÏDRA (AMMÆDARA) (fig. 301). Nous avons été guidé dans l'exploration de cette ruine par la description fort exacte de M. V. Guérin (vol. I, p. 349 et suiv.). S. G. Temple et Pellissier en ont parlé avant lui, et Bruce y a des- siné (Playfair, ouvr. cit.) une perspective de l'arc de triomphe de Septime-Sévère. La description de cette grande ruine va nous amener à faire, comme à Sbeïtla, une division par édifices. Ici malheureusement, nous n'avons pu, faute de temps étudier tout ce que nous avions (1) Cf. Cagnat, ouvr. cit., n° 155. — #00 = sous les yeux. Nous avons donc choisi les points les plus intéres- sants parmi ceux que nous pouvions déterminer sans avoir de fouilles à faire. Nous examinerons d’a- bord la ville en général, puis les tombeaux et mau- solées, les arcs de triomphe, la citadelle. La ville s'étend sur une grande surface de terrain comprenant trois collines distinctes, sur la rive gauche de l'Oued Haïdra. Cette ri- vière, qui coule sur un fond composé de grandes tables Fig. 301. — Plan général d'Haïdra. de pierre (comme l'Oued Sila à Sidi-Ali-ben-Aoun et l'Oued Sbeïtla), est encaissée, du côté de la ville, par un quai en grandes pierres de taille. Comme l'édifice le plus considérable est la citadelle byzantine qui défend la ville du côté du sud-ouest, nous prendrons cette construction pour point de repère auquel nous rapporterons les autres édifices. 1 Les voies romaines (1 qui forment les deux principales rues de la ville (decumanus et cardo maximus) , parfaitement visibles encore, l’une depuis l'arc de triomphe jusqu’à l’ouest d'Haïdra, l’autre au sud de la citadelle, sont pavées de grandes dalles disposées obli- quement, comme à Sbeïlla. Description générale. — À l'ouest de la citadelle, sur les bords d’un affluent de l’oued, un mausolée hexagonal ; au nord de la cita- delle, un édifice d'époque chrétienne, une église en ruines et un temple dont une colonne seule est encore debout, un fortin en ruines, puis, encore au nord de la citadelle, un grand édifice dont l'intérieur est décoré d’un grand nombre de colonnes brisées au. ras de terre, probablement une basilique (plan, fig. 302). @) Ce sont les voies romaines qui conduisent de Carthage à Theveste et de Haïdra vers le sud et vers Gafsa. — 171 — Nombreuses ruines de maisons et de rues, quais sur la rivière; à l'est, deux églises, un petit pont qui permet à la voie romaine | de franchir un ravin, un théâtre. | Un mausolée décoré de pilastres et de guirlandes. Un grand arc de triomphe, une église. Un mausolée carré, décoré de guirlandes et de génies dont il ne : reste que des débris. Un mausolée rectangulaire à deux étages presque intacts. Un petit arc de triomphe. Un pont qui réunissait le port de la citadelle à la rive opposée de l’oued. Vombes et cippes en pierre. 1%, Citadelle (pl. V et VI, et fig. 301). — Cette citadelle, con- struité par Justinien, occupe le versant méridional d’une petite colline (fig. 302). Elle a la forme d’un quadrilatère irrégulier dont les faces est et ouest sont brisées. La grande dimension du nord au sud'est à peu près de 200 mètres de long, et celle de l’est à l'ouest de 110 environ. Le front septentrional a été refait complè- tement, à une époque récente, par les Tunisiens; il se compose de deux gros-bastions demi-circulaires J J”, reliés par une épaisse courtine au milieu de laquelle se trouve un petit réduit rectangu- laire J”. | Le front oriental, construit avec soin, se compose de deux tours carrées À et B\{les hauteurs d'étage sont distinctes dans la seconde, couverte en voûte d’arête); une de ces tours (À) se trouve formée en partie par l’angle de la basilique qui est au nord de la citadelle; viennent ensuite des contreforts intérieurs épaulant la courtine, et une porte P; ces contreforts sont reliés entre eux ou par des lin- teaux ou par des arcs et supportent le chemin de ronde, visible encore en certains endroits 0). Comme la déclivité du sol est très prononcée, les différences de niveau sont rachetées par des marches de la largeur du chemin de ronde; suivant le mur, nous trouvons une poterne murée P’ (fig. 304) 0), puis nous arrivons à une tour cir- 4 1 3 () Comparer avec les fortifications d’Antioche en Syrie. 4 @) Nous remarquerons que l'arc de cette poterne a ses deux pieds-droits À, À en saillie sur l'intrados de l'arc (fig. 304); cette disposition, qui se retrouve dans tous les arcs de la citadelle d'Haïdra (fig. 305 et 305), avait pour but de servir de point d'appui aux jambettes soutenant la partie supérieure du cintre, Tete en ET ere eee HAIDRA cirapeuie BvzanTiNe KG LRREREEEES Canstructions ûlis * | [Gent ar cmtinnt nn min de ronde , rt Fig. 302. — Plan de la citadelle byzantine d'Haïdra. ep 4 HAÏIDR A CITADELLE BYZANTINE FAÇADE EST vu mréxius œ La Lo do 0 5° Matrs PI. V. — Citadelle 1 PI. VI. — Citadelle (Les lignes ponctuées indiquent la silhou MANU S MTL 7 HAIDRA ciTADELLE BYZANTINE FAÇADE EST me eur. ss û o 1 __1e ] 2 er S'mtres. av ant les destructions partelles). is HA IE PNA Î Archives des Missions Soientifiquessute XI. HAÏDR À ciTADELLE BYZANTINE FAÇADE EST Was o mn Fa Jo EE hde est, vue intérieure: ee 0 #— HAIDRA ciTADELLE BYZANTINE FAÇADE EST me mit re je 2e NES ne Fes hde est, vue extérieure, [2 e onslruclions avant les destructions partielles), k — 173 — | culaire C, presque dégagée du mur (laligne du parement extérieur du mur, prolongée, est tangente à la circonférence intérieure de l'étage supérieur de la tour). Cette tour a deux. étages indiqués par une retraite sur le mur, au pre- mier à l’intérieur; nous arrivons ensuite à une porte et à une large brèche et enfin à l'angle sud de la forteresse, terminée au bord de la rivière par une tour carrée dans laquelle s'ouvre une grande CNE d'He dra porte surmontée d’une arcade fer- Porte D' sur l'oued, vue intérieure. Mmée par un linteau (fig. 303). Le remplissage de l’arcade est faït en pierre de grand appareil. À une époque postérieure on a fermé grossièrement cette baie par une petite porte formée de fragments divers; devant cette porte se trouvait un pont d'une : seule arche de 30 mètres de por- tée qui franchissait l’oued, les voussoirs de l’arc de tête de ce pont mesurent 1 mètre de long sur 0",60 de large et 0,45 d'épaisseur (pl. V et VI). À ce F Der in — Détail de l'appareil pont complètement ruiné aboutit un arc. Citadelle d'Haïdra. £ ÿ ; Poterné D”. une partie de voie antique () dont le dallage en grandes pierres est parfaitement visible. Au-dessous de cette porte, une arcade en ber- ceau de 3",50 soutient la partie supérieure de la tour. Le Tinteau en pierre de la partie qui donne sur la rivière est muni encore des deux cavités qui recevaient les gonds des deux vantaux de la porte. La courtine longe ensuite l’oued sur une longueur d’en- viron 100 mètres et aboutit à une tour d'angle E, à la partie supé- rieure de laquelle on accède par un escalier (fig. 305) qui s'appuie sur un assez fort massif et une arcade. Remontant ensuite la col- line en suivant toujours les murs, nous rencontrons successive- ment, à 53 mètres une tour carrée F, puis une autre G plus ® Cette voie, dont nous avons déjà parlé, se dirige vers le sud. RP LT À ne 28 ge re © | onggsen era nie don harpe" rt — 174 — petite à 57 mètres, et 6o mètres plus loin une troisième H qui aboutit au bastion arabe J. eE3CALIEX courrier Sad dule CÂTADEURE HAÏDRA: Fig. 305. — Escalier de la courtine sud. Tout ce côté occidental est presque complètement ruiné; il a été construit en grande partie avec des matériaux empruntés à des édifices d’une époque antérieure; on y distingue des fragments nom- breux d'inscriptions et de bases de chapiteaux (fig. 306), de corni- = ches ou architraves, ainsi que des Fig. 306. — Chapiteau de pilasre tombeaux du type que nous décri- près de l'angle sud-ouest de la Gi- rons plus loin. C'est dans ces nom- tadelle d'Haïdra. : breux débris que les Arabes ont entassés, là et un peu plus au nord-ouest de la citadelle, qu'on peut faire d’utiles recherches au point de vue épigraphique. A l'intérieur de la citadelle, occupé par des enceintes de pierres brutes construites par les Arabes pour y dresser leur gourbis ou parquer leurs moutons, on distingue en maint endroit des traces de murs, de voûtes, de citernes. En déblayant tous les matériaux qui l’encombrent, on retrouverait certainement presque intactes les dispositions intérieures. A la hauteur de la deuxième tour de la courtine ouest, on re- marque une petite église dont l'abside est en place (fig. 304). Cette abside était décorée de sept niches circulaires soutenues par des colonnettes qui ont disparu, ainsi que presque toutes les voûtes; les tailloirs des chapiteaux de la niche du milieu, qui sont à terre, portent deux inscriptions latines, qui sont les premières paroles du Gloria). L'abside est formée par deux colonnes corinthiennes en marbre cipolin; l’une a conservé son chapiteau de marbre = Ÿ A EST dre) (0) Cagnat, ouvr. cit., n° 254. — 175 — blanc. À gauche, une construction de 6®,30-de long sur 2",80 de large a conservé son premier étage, avec porte et fenêtres en place, etles corbeaux pour soutenir les lambourdes du plancher. L'église était formée d'une nef de 5”,60 de large sur 137,20 de long, et deux bas côlés de 2,90 de large sur 13%,20 de long, formés par une suite d’arcades dont l’'amorce se voit près de l'abside. Cette église avait probablement une couverture en char- pente. Au nord de cette citadelle et à son angle occidental se trouvent les ruines d’un grand édifice. Une partie de ces murs, ceux de l’est, a été enclavée dans la citadelle M). La face septentrionale, décorée d'une ordonnance de grandes fenêtres comprises entre des pi- lastres, est malheureusement tellement dégradée qu’on ne peut pas en déterminer exactement le caractère architectural. La silhouette de l’épannelage des chapiteaux des pilastres subsiste seule; on peut assurer que l’ordre adopté était corinthien ou composite. Les tableaux des fenêtres portent les traces du grillage qui devait les clore. À l'intérieur un grand nombre de colonnes de marbre gris sont en place; il semble, d’après leur disposition, que l’on est en présence d’une basilique analogue à celles de Rome (forum de Trajan par exemple). Ces colonnes sont brisées à 0,60 à peu près du sol. | C’est là le point qui sera le plus intéressant à fouiller à Haïdra; on y trouvera probablement le pavage intact, puisque les colonnes sont encore debout et n'ont été brisées qu'à 50 à 80 centimètres du sol actuel. Derrière cette construction et un peu à gauche, un temple dont il ne reste qu’une colonne debout (faite de tambours super- posés); nous ne l'avons pas étudié. Une église avec nef, bas côtés et abside. Nous n'avons pas non plus pu en faire un dessin. À côté, une construction d'époque chrétienne avec fenêtres appareïllées avec grand soin. Édifice d'époque chrétienne, où nous trouvons, comme dans une église que nous décrirons plus loin, des fenêtres appareïllées avec un soin extrême et une grande précision davs la taille des joints; nous pensons qu’il date d'une époque antérieure au _ y“ siècle. La conquête vandale ayant dévasté toutes ces riches @) Tour 4. () Cette construction, celle qui la précède et l’église dont nous donnerons mann. LÀ prit page GE let PRE gone 2 * CE SES rt er pp — 176 — provinces, les constructions qui furent élevées dans la suite ne furent, pensons-nous, depuis ce moment jusqu'à la conquête byzantine (534), que de peu d'importance, car nous n’en con- naissons aucune qui soit remarquable et qui soit datée certai- nement de cette époque; à partir de 534, l'administration de Constantinople fut surtout occupée à rétablir les fortifications dé- truites par les Vandales, à fortifier certains points comme Hadru- mète, Mamma, Telepte (Feriana), Kouloulis, Ammedera (Haï- dra)(), et à créer sur toute l'étendue de la province ces kasr ou réduits fortifiés élevés à la hâte avec des débris de toute sorte, et qui portent si bien dans leur stucture ce caractère hâtif de la con- struction militaire byzantine. Nous en avons énuméré un grand nombre dans ce rapport. Si l'on a quelques fragments remarquables d'art byzantin à citer, ce n’est plus que dans les grandes villes du nord de la Régence ou dans celles de la côte. Mausolée hexagonal. — Tout à fait à l'ouest, un mausolée Ci QE = ST DS Fig. 307. — Élévation du mausolée hexagonal à Haïdra. (fig. 307 à 309), qui consiste en une tour hexagonale présentant plus loin le plan (fig. 312), ainsi que celle au sud de l'arc de triomphe, sont du iv° siècle très probablement : leur appareïl est absolument semblable, comme tracé et comme soin d'exécution, à la partie supérieure de l'arc de Kasrine (fig. 288), qui date, comme on le sait, du règne de Constantin. (1) Procope. ER ee — 177 — extérieurement deux étages reposant sur un massif en blocage. Une porte de 0",60 sur 0",80 de haut y donne accès. Ce seul détail nous a fait donner cette attribution à ce monument. À l'intérieur il n’y a qu'unétage, et il est couvert par un plafond en grandes dalles de pierre soutenues par une double poutre en pierre reposant sur un pilier carré (fig. 308 et 309). Auprès, dans le ravin et à côté du ravin, deux cippes hexagonaux et un grand fragment d’architrave, sur lequel on remarque une inscription en grands caractères qui semble avoir été garnie de caractères en bronze; la gravure des lettres ne forme pas un biseau, mais bien une section carrée. Fig. 308. — Haïdra. Détail de con- Fig. 309. — Plan supérieur struction du plafond en pierre de du mausolée hexagonal. ce mausolée. Cippes et tombes. — Sur la voie romaine, en revenant de ce mausolée à Haïdra, on trouve de grands débris de colonnes aban- données, des fragments de cippe. Ces cippes sont hexagonaux et sont décorés d’une doucine à la partie supérieure; des guirlandes ornent quelquefois une seule des faces ou toutes les six; plus bas Fig. 310. — Tombes. 1. À Henchiwr Zouairouhou. 3. À Haïdra. 2. À Henchir Khima. 4. À Haïdra, se trouve l'inscription; enfin la base est formée par une doucine renversée et une plinthe. On en rencontre de très nombreux exemples à Haïdra. | \ MISS. SCIENT. —— XIII, 12 IMPRIMERIE NATIONALE, f [4 Lg, ete er en LES PO rene mer 4 — 178 — D'autres monuments funéraires très intéressants sont aussi à signaler : ce sont des tombes en pierre qui affectent une assez grande variété de formes. Elles se composent d’un demi-cylindre reposant sur la face plane parallèle aux génératrices; l'inscription se lit sur un ou plusieurs autels (fig. 310, n° 3) encastrés dans ce demi-cylindre et dont les ornements supérieurs se prolongent sur le haut de la tombe en pénétrant dans la surface courbe du demi-cylindre ; quand celle-ci est faite ou préparée pour plusieurs défunts, il y a plusieurs autels revêtus d'inscriptions au fur et à mesure des inhumations. D’autres fois, ces faces portent des figures debout ou couchées et des guirlandes (fig. 311). Les nécropoles Fig. 311. — Tombe à Haïdra. ont été pillées pour construire certains édifices de l’époque chré- tienne et la citadelle byzantine. C'est là que se trouvent les quelques types que nous avons remarqués (1). Un autre mausolée se trouve aussi au nord de la citadelle, mais beaucoup plus à l’est. Il est orné de pilastres corinthiens et de guirlandes. Nous avons trouvé beaucoup de fragments de sculpture à Haï- dra. Notons d’abord des fragments d'un grand sarcophage en marbre blanc brisé en mille morceaux, puis des stèles de pierre avec des figures en bas-relief (cavalier tenant son cheval par la U) De plus, nous avons trouvé, dans la berge d'un ravin, un bloc de chaux dans lequel on distinguait l'empreinte d'un corps humain enveloppé dans son linceul. On posait donc le cadavre dans une fosse remplie de chaux vive; on l'en recouvrait ensuite, et sur le tout, après avoir rapporté et pilonné de la terre, on posait la pierre tombale. | | À | KK — 179 — bride, à l’est de la citadelle) et des figures en bas-reliéf sur des tombes demi-cylindriques citées plus haut (fig. 310). Disons ici que dans les ruines d’Haïdra on trouve des marbres variés, gris, jaunes, violets, cipolins et blancs. Cette présence du marbre indique une ville riche; il y a donc bien des chances pour que des fouilles bien dirigées donnent de bons résultats à Haïdra. Eglise et couvent. — Plus loin vers l’est, un édifice religieux | e ® |] » ÿ el | (0e L) | [] Durs LL . 2 . à Fig. 312. — Eglise et couvent, (fig. 312) dont l’église 1), carrée avec abside, a été fouillée en partie tout dernièrement. Cette église se compose d’une nef à peu près carrée (8”,38 de long sur 8,65 de large), aux quatre angles de laquelle s'élevaient quatre colonnes dont les bases sont en place; labside est demi-circulaire et a 5",38 de diamètre; de chaque côté, deux chambres; de chaque côté de la nef, deux couloirs très bas voütés en demi-berceau; l'arc de tête de l’abside existe. Com- ment la nef était-elle couverte ? Nous pensons qu'on l'avait con- struite en poteries et en berceau contre-buté par les deux berceaux () Nous croyons y voir une église, étant donnée la grande analogie de son plan avec celui de l’église de la citadelle. — 180 — latéraux. Devant se trouve une cour C (fig. 312) de 3,30 de large sur 15 mètres de long; un escalier de trois marches est à chaque extrémité : celui de droite donne entrée dans un atrium F en- touré de colonnes torses d'ordre corinthien (ces colonnes sont tom- bées, mais sont intactes pour la plupart), posant sur un seuil de pierre F entaillé pour recevoir une balustrade; cet atrium mesure (sans le portique qui l'entoure) 22",20 de long sur 17",10 de large. Au fond de l’atrium , une citerne. Derrière la cour C, une seconde arcade est accostée de deux chambres, l’une de 4 mè- tresde large, l'autre de 2",55, accompagnée d'une petite pièce de 2",06. Le passage sous Par- cade a 4",38. L'appareil de ele construction est très soi l'exécution des colonnes t0 Fig. 313. — Côté gauche de la cour C, très “bonne, et les baies rec opposé à l'église, partie près de Û ; TPE gulaires qui sont de chaque des arcs de la cour sont tra avec la plus grande exactitude et exécutées de même, Les bas côtés sont éclairés sur la nef par une suite de huit pétités ar- cades B (fig: 314), formées d’un linteau évidé en forme d'arc, reposant sur des pieds-droits d’un seulmorceau entre lesquelsisont creusées des cuves C de 0",46 de long et de 0",38 fe ue deur; sur les faces latérales de ces arcades se voient des trous peu profonds D, à 0",40 environ du sol supérieur de ces cuves. Ces trous semblent avoir reçu les extrémités de barres de fer hori- zontales (), Le sol est dallé en grandes dalles de pierre. Ces sortes de cuves C, ainsi que les trous D, ont été creusées assez grossière- ment, et après coup assurément. Il est bien probable que, lors de la conquête arabe, on aura converti cette église en écurie et que l'on aura creusé ces cuves Cet pratiqué les entailles D pour sceller des barreaux , ainsi que les trous Æ pour attacher les brides des chevaux (cf. écurie à Deir Seta, Duthoit et de Vogüé, Syrie 0) Nous comparerions volontiers les établissements religieux de Sbeïtla, de Henchir Goubeul, d'Haïdra, à ceux qui ont été découverts dans la Syrie centrale par MM. Duthoit et de Vogüé (à Kherbet-Häs, par exemple). — 181 — . On se rappelle qu'à Otrante, lorsque les Turcs eurent ; st ml 6e" M on he À ta He à ‘eh à jus nuol à me HU 4 5 “ bé Mes on évidé Re de l'arc. D. Entailles. : ï £. Trou pour attacher les brides. el 6. ee | Petites ne B de Yéclise (lg. 313). ] (fig. 354) — Ele se compose d’une nef avec bas côtés. La nef et les bas côtés étaient couverts en charpente. L'église mesure 7 mètres de large sur 16",50 de. long, elle n’a pas d’abside. Le dallage se compose de dalles portant des inscrip- ‘üons funéraires chrétiennes. Une grande partie des bases des co- NC qui nius Fe bas côlés sont en places pets manquent | seulement. Cët édifice est d’une très a Ace ‘A trou- | MOOD 1: à 4 QI FeTe no) (Une Foro découverte de cet édifice pa M. Cagnat (ed cit., nue 257) est datée de la ROSES année du règne de Thrasamund (509- -10). (Gtte église remonte donc à la fin du v° siècle où au commencement du vi°. CPR CO RON et PE CON — 182 — vons dans üne construction arabe, à côté, un. montant de balus- trade en pierre, où l'encastrement de la balustrade est parfaite- ment visible encore. Petit pont. — Ce petit pont sur lequel passe la voie antique de Carthage à Theveste qui forme le’ decumanus à Haïdra, franchit le ravin séparant en deux parties le côté de la ville à l'ouest de la citadelle, et passe sur un égout à moitié rempli de décombres; il est presque complètement détruit. Petit arc de triomphe (fig. 316 à 318). — Situé sur la rive droite de l’oued, il se compose d’une arcade accostée de deux niches carrées, ornées à leur partie inférieure de deux con- soles sculptées de 0",37 de sail- lie. L'arc a 2",32 d'ouverture, les niches carrées 1”,10.Ce mo- nument repose sur un soubassement composé d'une baguette, d'une doucine renversée et d’un petit tore; au, pied nous, trou- Fig. 316. — Haïdra, plan du petit arc de triomphe, état actuel. Fig. 327. — Haïdra, petit are de triomphe, état actuel, Fig. 318. — Haïdra, essai de restitution du petit arc de triomphe. vons un fragment de la corniche qui se compose d’une doucine et d’une baguette au-dessus d’un larmier. L'inscriplion qui décorait la frise a été détruite en partie, et les fragments gisent à terre. Grand are de triomphe (fig. 319 à 323). — Ce bel édilice, qui L x m (a 11 ni à . à Ai L'a VA a TuRUL 1 AT ge DRE CN gd ST LS — 183 — st situé sur la rive gauche de l'oued et à l’est de la ville, est le plus beau type d'arc que nous ayons rencontré pendant notre Fig. 319. — Haïdra, grand arc de triomphe, facade vers l'est, état actuel. voyage en Tunisie. Antérieur de quelques années à celui de Te- bessa (), il est analogue à ceux de Macteur () et de Sbeïtla, de Dougga et de Djemilab. IL se compose d’une arcade ouverte sur 5,75 de large et 6,37 de profondeur. Cette arcade sans archivolte est accostée de deux avant-corps composés chacun de deux colonnes corinthiennes supportant un entablement complet; nous remarquerons ici, comme à Tebessa, la hauteur considérable de la frise, comparée à la hauteur qu'elle devrait avoir pour être en proportion avec la colonne; cette hauteur a été exagérée afin de trouver la place de la longue inscription qui décore la face est de l'arc. Des fouilles pour- raient seules nous faire savoir si le stylobate qui portait les colonnes se décrochait devant elles comme à Tebessa, ou bien comme à Sbeïtla se continuait devant elles d'une facon uniforme), Nous @) L’arc d'Haïdra a été construit en 195 de J.-C. ®) Nous ne parlons pas de l'arc de Trajan bien entendu. () Un dessin de Bruce donnerait cette supposition comme seule vraie, quoi- — 184 — avons restitué le stylobate d’après Bruce (Playfair, Travels, etc.).en lui donnant deux assises de hauteur. Ces colonnes, d’un seul mor- HAÏDRA ESSAI DE RESTITVTION be LARG DE TRIOMPHE ! | A SR V 4 2 à, Fig. 320. — Édévation restituée de cette facade. ceau de pierre, supportent un entablement composé d’une archi- trave sculptée (sur les deux faces dans les avant-corps) décorée d'un rang de feuilles d'acanthes (talon supérieur), d’un rang de perles (baguette), et d’un rang de feuilles d’eau (talon inférieur). Les faces des architraves sont inclinées, comme dans celles de qu'il paraisse singulier que ce voyageur ait vu l'are d'Haïdra complètement dé- gagé du fortin qui l'entoure, comme la vue qu'il a faite le représente. — 185 — Sbeïtla, Henchir es-Zaàtli, etc. Leur partie inférieure est décorée de soffites où sont sculptés des rinceaux de feuiliages. Au droit des colonnes, l'arc porte des pilastres de 0”, 10 de saillie; limposte de Fig. 321: — Plan du grand arc de triomphe d'Haïdra, état actuel, abstraction faite des constructions ajoutées postérieurement. Fig. 352. — Haïdra, grand arc de triomphe. Corniche de l'entablement de l’ordre. Varc est décorée de pirouettes, d’oves et de canaux (fig. 323). La corniche (fig. 322) se compose d’une doucine richement sculptée : un rang de pirouettes, un rang d'oves, un rang de canaux et un rang de denticules. Les cha- piteaux corinthiens sont d’un travail soigné et leurs tailloirs sont décorés d’un rang de ca- | | ‘ L À \ Fig. 323. — Haïdra, grand arc de triomphe. naux. Les p TE des avant 1 Moulures de l'imposte. corps sontcomposés de grandes dalles juxtaposées de 2",25 de long. L'appareil et la sculpture de ce monument sont très soignés. Une particularité de cette construction est la façon dont sont ap- pareillés les voussoirs de tête de l'arc.’Ils sont appareillés en cros- — 186 — selles, mais d'une dimension très petile, et les crossettes, au licu d’être horizontales, sont verticales (fig. 320). On a construit à une époque postérieure, autour de cet arc, un fortin en blocs de 0",50 à 0",60 de hauteur; une grande partie de ces constructions existe encore. Il est fort intéressant de reconnaître là exactement le parti adopté pour la décoration des faces ded'are de Tebessa. Retour- nez l'arc d'Haïdra de go° sur lui-même en le faisant pivoter au- tour de son axe, de façon à lui donner quatre faces, et nous retrouvons l'arc de Tebessa (sans l'édicule de la partie supérieure). Mausolée à quirlandes. — À côté de cet arc de triomphe, on remarque à terre des fragments très frustes d’un mausolée curieux (fig. 324). La sculpture de ce petit monument est traitée avec beaucoup de délicatesse et de soin. Ce mausolée se compo- sait probablement d'un massif rectangulaire surmonté d’un édi- cule cantonné de pilastres can- nelés (probablement corinthiens). Nous n'avons pas trouvé de frag- ments des chapiteaux; entre ces pilastres trouvaient place des guirlandes très finement traitées (fig. 325). Celles qui sont les plus longues sont soutenues par deux génies ailés appuyés sur des flaunbeaux renversés. Le tout était surmonté d’une corniche très or- née et d’un détail très fin, au- dessus de laquelle s'élevait une py- ramide dont nous avons retrouvé un morceau. Un autre mausolée, aussi d'ordre corinthien et décoré Fig. 325. — Détail des sculptures de guirlandes, sélève un peu plus entre les chapiteaux. loin vers l’est. Ù Un peu au sud-est de Farc, nous notons une église presque entièrement ruinée; on a em- ployé dans sa construction, comme pierres de taille, un grand nombre de tombes en pierre, analogues à celles que nous avons — 187 — décrites plus haut (fig. 310); lesinscriptions, inlactes, étaient tour- nées du côté des lits de pose et ont été relevées par M: Cagnat (), Mausolée tétrastyle. — Au sud s'élève un mausolée intact exté- or ti qui a été déja décrit sommairement. Néons: comme nous n’en avons pas encore rencontré d’analogue, nous allons en faire une description détaillée ©) (fig. 326). Il se compose d'un soubassement rectan- gulaire de 5,15 sur 4,10, formant une chambre sans ouverture sur le dehors et décoré, sur la face principale, d’un grand cartouche de 4,43 de long sur 2",38 de haut, sur le- quel était gravée une inscription funé- ire, il Fig. 326. lisible au?c sdhui. Ce : Haïdra, état actuel du mausolée tétrastyle. soubassement repose sur une doucine ren- versée et probablement sur trois gradins; il porte une cella rect- angulaire, précédée de quatre colonnes supportant un fronton. Ces colonnes, d'ordre corinthien, sont légèrement galbées. L’en- tablement se compose d’une architrave assez simple, d'une frise unie et d'une doucine qui forme la corniche; le tout surmonté d'un fronton dont les rampants sont tombés (fig. 326). Derrière les colonnes extrêmes se dressent deux pilastres corinthiens qui supportent l'architrave. Cette architrave, qui suit le nu extérieur du mur de la cella, pose donc non pas à l’aplomb du füt, mais : NON AE, DL ; () Cagnat, ouvr. cit.; n° 206 et suiv. @ Comparer avec celui que M. Poinssot a signalé à Henchir el-Khima, près de Foum el-Afrit (Bulletin trunestriel des antiquités africaines , fase. vir, janv. 1884, pl. Il, Oran, 1884), et avec un tombeau à Rouchia (Duthoit et de Vogüé, Syrie centrale). dre ad e RE TRTET RER AR EVE — 188 — à l'aplomb du tailloir, disposition qui se répète aux colonnes, ce qui rend cette partie du monument un peu lourde d'aspect. Voilà un détail qui, par la naïveté de l’arrangement, fait penser à la dis- position fréquemment adoptée par les architectes du moyen âge, disposition qui fait porter les charges au droit du tailloir au lieu de les faire porter au droit du fût, comme dans l'architecture romaine ou grecque. Il esl à remarquer que, dans les provinces romaines qui ne sont ni la Grèce ni ses colonies, l'architecture a commencé, à partir de l'époque des Antonins, à suivre une marche plus indépendante des traditions classiques : on voit poindre de temps en temps, dans les édifices, des recherches d’arrangements ingénieux. En Tunisie par exemple, à Sbeïtla, à Macteur (), à Uzappa®), ces colonnes, composées de tambours engagés, comprenant entre eux des parties de demi-colonnes en délit, montrent un emploi fort bien raisonné de la pierre. Revenons au mausolée d'Haïdra (fig. 327, 328 et 329). La cella ji. ni — Fig. 327.— Haïidra , mausolée tétrastyle, Fig. 328,— Haïdra, mausoléetétrastyle, 8927 as 5 $ fa } plan inférieur. plan de l'étage supérieur. supérieure n’a pas de plafond; elle est recouverte par des dalles de 4,10 de long, qui reposent sur les deux frontons (antérieur et postérieur). Sur chaque face latérale de la cella se voient deux consoles ornées de feuillages, qui portaient probablement deux bustes; cette cella était pourvue d’un plancher en pierre (fig. 329) fait de grandes dalles de près de 4 mètres de longueur posant sur une retraite du mur. C’est là que se dressaient probablement les statues des personnages dont les cendres reposaient dans ce mausolée. La chambre inférieure ne contient pas de fragment qui puisse indiquer le genre de sépulture adopté. Cependant des fragments de sarcophage en marbre blanc, fragments malheureu- () Porte de Trajan. ® Ksour Abdelmelek (Poinssot). — 189 — sement très dénaturés, que nous avons trouvés à Haïdra nous font Fig. 329: — Détaïl de construction du plancher en pierre du premier étage. P. Pilastre. — R. Retraite du mur de l'étage supérieur, sur laquelle posent les dalles D du plancher en pierre. croire qu'ici la chambre inférieure contenait un ou deux sarco- phages de marbre. De tous côtés, dans les ruines d'Haïdra et surtout au nord-ouest, au nord et à l'est de la citadelle, on rencontre des débris de sculp- ture, chapiteaux, fragments de bas-reliefs, etc. Aussi n’hésitons- nous pas à ranger ces ruines parmi celles dont l'exploration métho-. dique fournira le plus de documents à l'archéolocie figurée, et nous attirerons d'autant plus spécialement l'attention sur Haïdra que, par sa position frontière et sa douane, elle est amenée à être fréquentée plus que les villes de l’intérieur, que les Arabes y construisent déjà quelques maisons, et que bien des monuments intéressants ont disparu et disparaîtront encore; des fragments de sculpture ou d'inscriptions, que leurs dimensions ne permettent pas d'employer facilement, sont brisés, d’autres réduits en chaux, des pans de mur démolis pour en débiter les pierres, des colonnes arrachées aux édifices qu'elles décorent pour être employées dans quelque bâtisse barbare. Bref, si l’on veut tirer quelque profit de l'étude des ruines d'Haïdra (étude possible encore aujourd’hui et qui ne le sera peut-être plus dans quelques années), il est absolu- ment nécessaire qu'on se hâte d'adopter des mesures préserva- trices pour y empêcher la destruction des antiquités. À Haïdra, comme à Sbeïtla, nous avons remarqué des monceaux de frag- ments antiques fraîchement brisés et disposés en tas comme pour servir à des constructions nouvelles. LE ie dut du mere — 190 — D'HAÏDRA AU KEF. À 1 kilom. 1/2 à l'est d'Haïdra, marabout de Sidi-Ali-ben-Brahim, dans lequel on a employé une borne milliaire comme colonne. Tout auprès, sur la route, on voit encore, avant d'arriver au marabout, le scellement de cette borne (grande pierre carrée avec un trou au milieu). À 1 kilomètre de là, ruines d’une construction avec abside, architrave et fragment d'inscription ayant appartenu à un grand édifice. HENCHIR KHIMA. Mausolée ruiné et reconstruit de fragments divers (on en a fait probablement une maison). Dans le mur, console encastrée ornée d'une feuille sur la face et de rinceaux sur les côtés. Citerne et souterrain. Tombe géminée, consistant en deux cylindres paral- lèles, accouplés; sur le plan perpendiculaire aux génératrices se ‘trouve un encadrement avec inscription funéraire (fig. 310, n° 2). HENCHIR HADJABIED, Trois bornes milliaires et deux tombes : la première avec une, la seconde avéc deux inscriptions. Plus loin, vers l'est, une borne milliaire, et, auprès de l'Oued el-Boùm, restes d’une citerne avec l'indication de la conduite ver: ticale qui y aboutissait pour y conduire les eaux de pluie. De l'autre côté de l'Oued el-Boùm : HENCHIR EL-AOUEDI. Kasr et maisons, Plus loin, Zaouiïa Hadj. Chela et Aïn Tefla, avec mausolée ruiné, à gauche. Quelques kilomètres plus loin, défilé aride et entrée dans le territoire des Ouled Zrelma. | BAHIRET EL-KELB. De la smala des Zrelma, nous avons fait des excursions à! HENCHIR MZARA. Ruines peu considérables. Un peu plus loin : Kasr en ruines de 35 mètres à peu près de côté. A droite de Ja route, Koubba Sidi-Achmed. OR : 21, ASE re Su slitus ERORP ENT — 191 — HENCHIR EL-GUERRIA. Borne milliare, deux koubbas, murs arabes en ruines. Ces deux koubbas sont celles de Sidi-Ali-ben-Amor et de Sidi- Derra. HENCHIR EL-HATIBA. Kasr de 15 mètres de côté; dans les murs de ce kasr byzantin sont encastrées les pierres tom- bales ou stèles, portant, en bas- reliefs très grossiers, la représen- tation du ou des défunts enterrés au-dessous (fig. 330 et 331). Ce sont des représentations analogues à celles que nous avons trouvées à Kasrine et dans la plaine du Foucäna. Ces sépultures, très pri- mitives, sont les premiers tàtonne- ments de l’art autochthone, plus ; réaliste que l’art importé de Rome; ns nous en trouverons au Kef quel- Steles à Henchir el-Hatiba. Pi à , ques spécimens mieux conservés 331 et plus soignés. La plupart des pierres employées dans la con- struction de ce kasr sont des morceaux de marbre noir grossiè- rement taillés. HENCHIR ZRIFA. Henchir assez étendu. Ces ruines ont été bouleversées par la construction de masures arabes; on y retrouve d'assez nombreux . fragments de constructions antiques de tout genre, des fragments de bornes milliaires, un fragment d'époque chrétienne (rinceaux avec pampres), un fragment d’entablement corinthien avec co- quille entre les modillons (époque postérieure aux Antonins), et enfin une stèle funéraire brisée avec un personnage debout. HENCHIR SOUK. Ruines informes. HENCHIR BELEDA. Grande construction rectangulaire de 14,65 sur 35",15 de long. Les murs, de 1°,50 d'épaisseur, sont construits en pierres 9 , È £ per AT es — 192 — d’un gris bleuàtre, et comprennent, entre deux faces de revête- ment, un massif en blocage (appareil byzantin); une stèle funé- raire porte deux personnages à mi-corps, sculptés grossièrement. HENCHIR SIDI-YAHIA. Koubba de Sidi-Yahia sur une hauteur; puits antique. Kasr sur colline et assez grand village, À fleur de terre, nous relevons une triple abside sur plan trilobé; les absides extrêmes mesurent de l'une à l’autre 21 mètres. HENCHIR ZOUACHE. Ruine peu importante. Un peu plus loin, au delà de lOued Zrifa, deux stèles funéraires dans une mai- son arabe; l’une porte gravé un triangle surmonté d'un croissant (fig. 332). Voici le premier monument à tournure franche- mént punique que nous rencontrons. À partir de ce point, nous entrons dans une région où les recherches de monuments puniques ne manqueront pas d'être cou- ronnées de succès, pour peu qu'on puisse faire quelques fouilles. Fig. 332. Stèle à Henchir Zouache. HENCHIR ELLA-MHAIZEUR. Grand bassin carré en pierres de taille avec contreforts inté- Fig. 333. — Réservoir à Henchir Ella-Mhaïzeur. rieurs (fig. 333); il mesure 4o mètres de côté. Plus loin, trace — 193 — d'aqueduc amenant l'eau dans ce réservoir; cet aqueduc est com- posé d’un canal en mortier et cailloux, revêtu d'un enduit en ciment qui va jusqu'à la source. t HENCHIR MEDEÏNA (ALTHIBURUS). Les ruines de Medeïna sont réparties sur les deux rives de lOued Medeïna, et particulièrement sur la boucle que forme cette rivière. Ces ruines sont assez considérables et demanderaient un temps assez long pour être étudiées en détail. On y remarque surtout les ruines d’un théâtre, celles d’un temple, une porte triomphale d'une basse époque, des cippes, un mausolée, de Mrdrrva, Maurel Cure Woneaie Fig. 334. — Plan du mausolée Fig. 335. — Mausolée à Medeïna. à l'ouest de Medeïna. nombreux fragments de marbre, des ruines de maisons en grand nombre. De plus, sur une colline à l’ouest de la ville, un petit mausolée (fig. 334, 335), dans l’intérieur duquel se trouve le bloc qui porte l'inscription () : SESTERTIS XVI..... ; au-devant se trouve un grand -piédestal. Ce petit mausolée se compose d’une cella de 3",17 de large sur 2",5o de long avec une petite abside carrée. Il était précédé d’un portique de colonnes supportant un entablement dont les archi- traves sont soulagées, du côté de la cella, par deux consoles sur- montant deux pilastres. Les Arabes le nomment Kasr ben-Announ. Le théâtre (fig. 336, 337 et 338). — Ce monument assez étendu mesure 577,00 de diamètre, la scène mesure 33",60 de largeur sur 9,90 de profondeur. Il est enterré assez profondément, à peu près à la hauteur des naissances des arcades du rez-de-chaussée. Q) Cf. GC. I. L., vur, et Guérin, ouvr. cit., n° 284, 2° vol. MISS. SCIENT. — XIII. 19 IMPAIMERTE NATIONALE. per = Dern — 194 — Au rez-de-chaussée, ces arcades, au nombre de 19, subsistentencore en grande partie; au pre- mier étage, il n’en reste que cinq. Ces arcades ne sont décorées que par l’ap- pareil ; il n’y a pas d'ordre de colonnes ou de pilas- A À | res, ni au rez-de-chaussée unis LS n1 au premier étage. Cet édifice était donc construit avec une grande simpli- cité, puisque les arcades Fig. 336. — Plan du théâtre de Medeïna. n'ont même pas d'archi- voltes ni d’impostes. Néan- moins il est intéressant par ses grandes dimensions. Il est d’ailleurs relativement bien conservé quant aux parties essentielles. La fi- gure 338 montre comment les arcades B s'incrustaient en E dans le mur; sur ces arcs et sur les élégissements À des arcs de tête s'appuyaient des voûtes d’arête en blocage qui supportaient le sol DM, Les façades extérieures n'étaient décorées que par l’ap- pareil. On remarque deux précinctions et quelques gradins qui sont encore en place. Les gradins de l'étage inférieur sont sup- MED£LINA THÉÂTRE. Fig. 337. — Vue du théâtre de Medeïna. portés par des voûtes en berceau, en blocage. L'intérieur de ce monument est tellement encombré qu'il faudrait faire des fouilles assez considérables pour pouvoir en reconnaître toutes les dispo- sitions. Le mur du premier étage porte des entailles C qui ont dû recevoir des pièces de charpente et des solives pour faire () Comme à l'amphithéâtre d'El-Djem. — 195 — n étage de gradins en charpente, probablement dans la partie supérieure; plus haut d’autres entailles étaient destinées à soutenir les pièces de charpente auxquelles le velum était suspendu; mais nous ne pouvons faire que des conjectures sur ces deux points, vi les traces laissées n'étant pas assez nombreuses et assez claires pour qu'on puisse restituer avec certitude ces dispo- silions. Néanmoins ces traces de l'emploi de parties en bois sont intéressantes, en ce qu’elles nous prouvent l'emploi de charpentes assez considérables dans les édifices antiques de cette région, Fig. 338. de même que du côté de Sbeïtla, etc. — == k Le temple (fig. 339). M4 Ce temple, dont la cella est peu pro- Ar MT A L NN \ SI RE me . = Fig. 339. fonde (8",50) est appelé par les Arabes Goussä-mta-Medeina, La __ cella, dont le mur de face est percé d’un grand arc (analogue à l'entrée du temple principal de Sbeïtla), était précédée d'un por- nee — 196 — tique tétrastyle d'ordre corinthien; deux pilastres sont encore en place. Cet édifice est relié par des murs de refend à d’autres constructions dont il ne nous a pas été possible de détermi- ner le caractère. Les voussoirs de l’arc portent les traces des ap- pareils de levage employés pour les mettre en place (comme à El-Djem et à Sbeïtla). Cet édifice est analogue au temple isolé de Sbeïtla. | Porte triomphale (fig. 340 et 341). — Elle se compose d’un arc de 5",25, ouvert dans un mur de 1",50 d’épais- seur; la corniche formée d’une simple doucine est surmontée d'un petit at- tique. Ce monument est dé- coré de deux colonnes engagées, probablement d'ordre corinthien (les chapiteaux ont disparu); ces colonnes supportent me. l'imposte de l'arc et, au- en | dessus de cette imposte, ras | un pilastre carré auquel ; Plan de l'arc triomphal de Medeïna. le chapiteau manque: Ce monument, d'après son or- donnance, sa mouluration, le style d’une rosace sculptée au-dessus d'un des deux chapiteaux, nous paraît appartenir au 1v° siècle ou au commencement du v°. À Medeïna nous avons trouvé plusieurs fragments sculptés, entre autres la partie supérieure d’un autel dont les coussinets sont très or- nés sur leur face antérieure (fig. 342). Un petit mausolée s'élève uñ peu plus loin. De plus des ruines très nom- breuses de maisons, des alignements, et enfin des souterrains formés par de grandes dalles au lieu de voûtes, rendent l'étude de cet henchir très intéressante. Fig. 340. … a D à nés 6 dt ie - DES ÿ h ù | % d — 197 — L'inscription phénicienne trouvée par M. de Sainte-Marie à Medeïna nous indique l'importance ancienne de cette ville, et sa longue prospérité nous est accusée par les monuments que nous venons d’'énumérer et dont le plus récent est du v° siècle. Nous donnons à ce point, comme importance relalive, un rang analogue à celui qu'occupe Kasrine dans la nomenclature des ruines que nous avons étudiées. La situation de Medeïna au bord d’une rivière en permettra l’é- tude en tout temps. KSOUR: Dans ce village, le premier village habité que nous rencontrions depuis que nous avons quitté Feriana, nous remarquons un assez grand nombre de fragments antiques, des inscriptions libyques ; dans une petite mosquée à peu près abandonnée, cinq colonnes an- tiques; non loin de la mosquée Sidi-Brahim, un souterrain creusé dans le roc et que nous croyons antérieur à la conquête musul- mane, le travail en est trop régulier pour ne pas rappeler les excavations de la Karaïa à Monas- tir, nous remarquons d’autres ex- cavations semblables. Plus loin un cippe funéraire très fruste, et enfin dans la mosquée de Sidi- Brahim, incrustés dans les murs, deux chapiteaux d’un aspect carac- DT a M co téristique nous présentent les pre- mières traces d'art punique que nous ayons aperçues depuis que , nous avons quitté Tunis. | Le premier de ces chapiteaux, | encastré dans un des murs de la sl cour intérieure de la mosquée, Fig. 343. est un chapiteau de pilastre, cha- Chapiteau de pilastre à Ksour.. piteau ionique en pierre dure, q ui porte encore des traces de colo- ration rouge. Nous en donnons ici un dessin à grande échelle (fig. 343). Il semble qu'il ail appartenu à un sarcophage, il est dé- coré de quatre cannelures, dont une longueur de 1 1 centimètres à partir de l’astragale du chapiteau est remplie par une baguette. — 198 — Les oves, qui sont placés d'ordinaire sous les coussinets et qui apparaissent entre les volutes, sont ici extrêmement allongés et surmontés de quatre palmettes, de chaque côté desquelles deux ornements en forme de plumes s’abaïissent sur les volutes, en rap- pelant de loin les ornements figurant des palmettes ou des gousses qui raccordent les volutes aux oves dans les chapiteaux grecs ou romains; le profil de ce chapiteau est très camardé. II est tel- lement engagé dans la maçonnerie qu'il est impossible de se rendre compte de sa forme sur le côté, et par conséquent on ne peut savoir si c’est un chapiteau de pilier dégagé, ou s’il appartient à un pilastre adossé, et, dans ce cas, si c’est un chapiteau d’angle ou un chapiteau ordinaire. L'autre chapiteau appartenait à une colonne; c'est un chapiteau composé, analogue à celui qu'on a trouvé à Pæstum (Castor et Pollux). II se compose de quatre cornes en volutes entourées à leur base d’une ceinture de feuilles grassement sculptées; ces feuilles sont serrées par un astragale composé de pirouettes d’un profil élégant (1), Dans les murs de la mosquée de Sidi-Mahjou nous relevons un fragment de clathri de l'époque chrétienne. II figure un cercle au milieu duquel deux lignes se croisent (fragment analogue trouvé à Sbeïtla, fig. 160). EBBA. Village arabe, moins grand que Ksour; il s'étend sur les flancs d'une colline fertile, Nous y avons remarqué près d’une source une base de colonne antique, un peu plus loin, à gauche, et servant de montant à la porte d’un jardin, un fragment de linteau de porte) d'un caractère absolument phénicien (fig. 344). I se compose d'une grande doucine de 0",35 de haut, surmontant un larmier de 0",03 seulement. Sur cette doucine sont sculptés deux croissants entre lesquels se voit un disque solaire radié accosté de deux fleurs de lotus. Ces symboles nous rappellent les attri- buts des divinités syriennes, et la fleur de lotus indique bien cette influence égyptienne qui paraît dans les œuvres des artistes phé- niciens. La pierre est un calcaire très dur, d’un grain très fin; les fleurs de lotus sont sculptées aux dépens de la moulure, le disque 1) Pirouettes analogues à Cori et a Pompéi. ®) Perrot et Chipiez, Histoire de l'art. — 199 — _ radié et les croissants sont au contraire réservés en relief. On voit sous ce linteau les trous ménagés pour les gonds de la porte. Au bas du village nous remarquons des ruines assez étendues, des murs à fleur de terre, des amas de pierres, au milieu desquels nous distinguons les en- ceintes de deux fortins d'époque by- zantine. Parmi les fragments dont ces ou- vrages sont construits, nous notons des 3 fragments de colonnes de marbre rose —- — et de granit gris, un chapiteau de pi- Fig. 344. lastre, un fragment (très fruste) de cor- Linteau punique à Ebba. niche d'ordre corinthien d’une belle é époque, de nombreux puits antiques et de grandes excavations (citernes ou magasins). Tout auprès, dans la chambre nord-est d’une maison arabe en ruine, un fragment attire notre attention. C’est un morceau de corniche en pierre assez dure (fig. 345). La mouluration est très fine et rappelle l'élégance 1 des profils grecs; une ran- Fix gée de denticules sur- monte un talon décoré de rais de cœur dont les fleu- rons sont remplacés par Tr TT 3 UP 07/1 Ÿ des fleurs de lotus; au- ù . X È Kerr Tiensiref dessous, un rang de pi LT RENE Ar rouettes. Nous devons re- | Fig. 345. — Corniche à Ebba. connaître là encore une 3 influence phénicienne : ja- 1 mais l'architecture romaine de province n'aurait eu cette déli- catesse de détails. La maison où se trouve ce fragment se nomme Dar Achmed-ben-Edeli, au nord-est d'Ebba. Auprès se trouve un marabout en ruines dans la construction À duquel les Arabes ont employé des matériaux, des colonnes et des -. chapiteaux antiques et byzantins. HENCHIR DJAMA-SIDI-AOUN. Cette ruine se trouve au nord-ouest d'Ebba, à une petite dis- — 200 — tance d’une voie romaine orientée du nord-ouest au sud-est et qui passait par Ebba. HENCHIR MOHAMMED-SALAH. Ruine peu importante. HENCHIR SIDI-ABDEL-ATEK. Deux koubbas à côté l'une de l’autre, auprès d'un très grand rocher. On y voit deux colonnes antiques et un chapiteau, un for- tin ou kasr en ruine. HENCHIR BOU-ALEM. Kasr et maisons ruinées. BORDJ BIR-BOU-AHMED. Dans cette grande maison arabe, où nous recevons l'hospitalité, nous découvrons dans une cour un cha- piteau d’un travail très barbare qui se compose de 4 volutes très petites formant lextrémité des pans cou- pés qui rachètent le carré du tailloir pour arriver à l'octogone et enfin au Fig. 346. — Chapiteau cercle de la section de la colonne à Bordj Bir-bou-Ahmed. (fig. 346). Il a un astragale composé de deux baguettes comprenant entre elles deux rangs de pirouettes très allongées. C’est peut-être un fragment punique. HENCHIR AÏN-ES-ATFIA. Ruine de peu d'importance. HENCHIR DJEZZA. Cette ruine assez considérable s'élève sur le bord d’un petit ruis- seau, dans le lit duquel nous trouvons un cippe hexagonal dont les faces sont décorées de sculptures représentant des rinceaux et des guirlandes de feuillages (fig. 347). Sur la face principale se lit l'inscription (1), au-dessus de laquelle on a sculpté une couronne ornée de bandelettes. La partie supérieure du cippe était décorée 0) CF Cagnat, ouvr. cit., n° 337. ris f « La Van Mie 6 Par -7 — 201 — _ d'une pyramide hexagonale assez aiguë que nous avons retrouvée à côté. Les parties À BCD et E F G H existent seules actuellement ; nous avons restauré les autres par analogie, au moyen des, parties correspondantes des cippes hexagonaux que nous avons trouvés à Haïdra. Au milieu des champs de cactus qui couvrent la colline, s'élève un fortin d'époque byzantine dans les murailles duquel beaucoup Fig. 348. Fig. 349. Fig. 347. — Cippe à Djezza. Face latérale de ce même chapiteau. de fragments de construction d’époques différentes sont incrustés; ces murailles sont encore assez élevées, elle circonscrivent un carré de 20 mètres de côté. Dans ce kasr, un puits existe encore auprès d’une citerne; plus loin, un autre souterrain très grand. L'étude de cette ruine est très difficile, à cause de la quantité de figuiers de Barbarie qui s’y trouvent. À l'intérieur de ce kasr, nous avons trouvé un chapiteau à vo- lutes qui présente de très curieux détails (fig. 348 et 349). Il est taillé dans une pierre assez dure et à quatre faces : trois d’entre elles 5 — 202 — sont semblables et sont décorées de volutes dont les spires font deux tours et demi sur elles-mêmes et sont réunies par deux ornements qui affectent la forme de palmettes sortant d’une gaine; ces pal- mettes unies se confondent et ne se dégagent qu’à leur partie infé- rieure; le tout repose sur un rang d’oves d’un profil très lourd et à peine détachés les uns des autres. Sous le listel qui supporte les oves est creusée une rigole circulaire qui recevait probablement un astragale de métal, car le fond de cette rigole est assez fruste (ces astragales de métal ont été employés quelquefois par les an- ciens; l'exemple le plus rapproché de nous se trouve à Constanti- nople, à Sainte-Sophie, où presque tous les chapiteaux des colonnes sont cerclés d'un astragale de bronze). Sous la partie du chapi- teau où les volutes se rejoignent aux angles, le vide généralement creusé à cet endroit pour dégager les volutes l’une de l’autre est dé- coré par une rosace à six pétales. La quatrième face du chapiteau a ses palmettes détaillées, et une fleur très fruste en orne la partie médiane (fig. 348). Le tailloir est peu saillant et formé d’un talon. Ce chapiteau nous paraît appartenir à l’art punique et être anté- rieur aux fragments d'Ebba. Dans ces ruines, un peu plus loin que le fortin byzantin, nous avons encore à noter une construction en moellons de petit appa- reil avec chaînes aux angles et arcs en pierres d'appareil. Con- struction du premier siècle probablement. Plus loin, de l'autre côté du ruisseau, une citerne avec contreforts. KASR BOU-HALLOU. Kasr sur le chemin qui mène d’Ain-Djezza au Bordj du Caïd. Construction byzantine. En face, une petite ruine où se voient des corbeaux sur la face des- quels sont des chrismes et des colombes (fig. 350). Ce dessin a été fait au moyen d'un pon- cis, car le chrisme est alternati- Fig. 350. — Face latérale d'une console vement dessiné à l'endroit et à à Kasr Bou-Hallou d'après une pho- lonxers) Caen e OE tographie de J. Poinssot. : , d’une couronne de lauriers, est environné de feuillages et de rosaces; au bas, deux cornes d’abon- — 203 — _ dance, d'où s'échappent des grappes de raisin que becquettent deux colombes (un de ces corbeaux est dans la collection de M. Roy au Kef). \ HENCHIR EL-ADOUED. Ruine de peu d'importance et kasr. | HENCHIR ALLÈGE. Petit kasr, église avec abside, plan reconnaissable, grand sou- terrain (cimetière arabe). HENCHIR GUERRARIA. Ruines confuses et peu importantes. Koubba Sidi-Amba, Bordj Ben-Zouarim et Koubba Guellatia. - Sur le plateau où s'élèvent ces constructions, on distingue de nom- breux silos creusés dans le roc. LE KEF (SICCA VENERIA). Petit amphithéätre. — Situé près de la Kasbah. On le déblayait partiellement lors de notre arrivée. Il est construit en belles pierres de grand appareil. J Théâtre. — Le chapiteau ionique du grand ordre du théâtre “— (fig. 351). Les volutes ont un grand nombre de spires, et les oves Fig. 351. — Chapiteau ionique du théâtre antique du Kef. À qui sont au-dessous sont très profondément sculptés; il appartient probablement à la fin du 1° siècle de notre ère. Le tailloir mesure BU 2/Hsur.1",05. Citernes (fig. 352). — Ces citernes sont situées au delà de la sd = 90h ville, plus haut que la Kasbah. Elles comprennent douze salles voûtées en berceau, mesurant 28 mètres de long et 6 mètres de large, juxtaposées sur leur grand côté. Elles sont percées de regards circulaires, et sur la Fig. 352. — Citernes du Kef. face sud de regards carrés ser- vant à l’arrivée de l’eau. Elles communiquent entre elles par une ouverture assez basse, percée dans un mur de 1 mètre d'épaisseur. s Dar el-Djir (lg. 353).— Cet édifice, dont le plan nous a été com- muniqué par M. Roy(), consul de France au Kef, est une salle hexagonale ouverte sur cinq côtés et sur la sixième face précédée d'un double portique; nous n'avons pas pu nous rendre compte du niveau du sol antique, cet édifice étant comblé en partie. La salle cen- trale paraît avoir été couverte par une cour- Fig. 353. M) k Dar iel-Djfl an KE pole, car les épaisseurs des murs ne seraient pas aussi fortes et la disposition des berceaux ne serait pas la même si la couverture avait été en charpente. Elle mesure intérieurement 8 mètres de côté environ, et le rayon du cercle circonscrit à Fhexagone extérieur (dont les augles sont brisés) est de 11,50 environ. On peut y voir un baptistère. Thermes (fig. 354). — La construction à laquelle on attribue cette destination, et dont nous de- vons le plan de l'étage inférieur à l'obligeance de M. Roy, offre des souterrains comprenant quatre salles voûtées en voûtes d’arête, et de nombreux couloirs voutés en berceau. Les voütes sont appa- reillées avec le plus grand soin en pierres de 0",50 de haut. L'étage du rez-de-chaussée est occupé Fig. 354. — Thermes au Kef. Œ Nous sommes redevable à M. Roy de ces différents documents sur le Kef. Grâce à son obligeance, nous pouvons publier des plans que la brièveté de notre séjour au Kef ne nous aurait pas permis de relever. — 205 — par une maison arabe dont la disposition permettrait peut-être de déterminer la destinalion précise de cet édifice. Malheureuse- ment nous n'avons pas pu y pénétrer. Il mesure 29 mètres 1. Coupe sur un regard. de profondeur sur 44 mètres de edf ren façade. dé Un aqueduc passant près du 2. Plan. théâtre amenaït l’eau dans ces thermes (d’après la direction suivie). Des regards (fig. 355) disposés tous les 5o mètres à peu près, et affectant la forme d’un puisard cylindrique de 0",55 de diamètre sur autant de profondeur, permettaient à l'eau de dé- poser ses impuretés. Fig. 355. — Aqueduc des thermes. Édifice près de la fontaine romaine (plan de M. Roy, | fig. 356). — Portique double, vouté Ca ns ne ue > D. x M) en voûtes d’arête et maintenant occupé : par une tannerie; il a 4o mètres de Bæs long sur 6 mètres de largeur inté- rieure. Fig. 356. Kasr el-Foul ee de M. Roy, fig. 357). — Église sur plan ——— de basilique, terminée par une abside | A“ demi-circulaire; elle mesure 23 mètres | de long sur 16 mètres de large, y com- pris les bas côtés dont une colonne res- tée en place permet de mesurer la lar- geur, qui est de 3°,50 pour chacun. | Dans l'abside, une petite crypte a Fig 36. __ plan de l'église été tout dernièrement convertie en HÉRasc el houl, chapelle catholique. Grande église ou Dar el-Kous (fig. 358 et 359). — Ce grand édifice, déjà signalé par M. Cagnat, était, au moment de notre passage au Kef, dégagé du côté de l’abside par des fouilles qu'on y pratiquait. - Ilse compose d’un narthex Fe 5 mètres de large sur 13,70 de _ long (largeur totale de l’église). Il donne entrée dans la nef par — 206 — trois portes, dont deux débouchent dans les bas côtés 0); l'église a 13",70 de large, la nef a 11°,80 de long sur 6",12 de large, les bas côtés ont 3,79 de large environ, y compris les colonnes. L’abside s'ouvre derrière un arc de 6",12 de diamètre soutenu par deux colonnes. Cette abside a cinq niches de 1",20 de dia- DEN" REA ALIMENT M: Ë F è TE Fig. 358. — Plan de la grande église du Kef. mètre; ces niches demi-circulaires ne sont pas arrêtées dans leur partie supérieure par une arcade et une voûte en cul de four, mais la voûte demi-sphérique qui forme l’abside, au lieu d'être une sur- face continue, est une coupole à côtes creuses dont chaque côte, à la naissance de la coupole, a pour section le plan de la niche. Ces sortes de nervures reposent sur une moulure servant d’im- (9 Ce portique est voûté en voûtes d’arête appareïllées avec grand soin; les sommiers et un rang de voussoirs sont encore visibles en place en V (fig. 358). — 207 — poste à la coupole, et cette moulure elle-même, composée d’une doucine au-dessous de laquelle se développent un tore et un ca- vet, était soutenue par une colonne, en marbre probablement, colonne dégagée du mur en C (fig. 358). Ces colonnes ont disparu. Lors de notre séjour au Kef, on n'avait pas encore atteint le sol de l'abside. Cette disposition d’abside est absolument analogue aux voûtes de certaines petites églises de Constantinople, voûtes en coupole à côles (1) reposant sur un tambour à côtes. Ici c’est une semblable disposition; mais, au lieu de voir un tambour à côtes et une coupole soutenus sur des pendentifs, nous avons la moitié seulement de ce motif appliqué à une abside (ana- logie de ce plan avec l’église de la citadelle d'Haïdra). M. Ca- gnat a donné un dessin de l'ornement du linteau de la porte À (fig. 359), qui se voit dans la cour d’une maison voi- sine de Dar el-Kous. On peut penser que cette église avait Fig. 359. — Porte extérieure de la la nef couverte en charpente grande église du Kef, d'après une et les bas côtés voûtés en photographie de J. Poinssot. À Si voûtes d’arête. Les murs pré- sentent encore ce système de construction par ossature et rem- plissages que nous avons signalé à Kasr el-Hamar, Sbeïtla, etc. (fig. 359). Musée du Kef. — Ce musée, dont la fondation est le résultat des efforts de M. Roy, consul de France au Kef, et des officiers qui ont fait successivement partie de la garnison de cette ville, a été formé par les dons de ces messieurs et installé à Dar el-Bey dans un escalier et deux salles du premier étage. Nous désirons montrer par cet exemple de quelle utilité pour la science serait le concours régulièrement organisé des adminis- trationsmilitaire et civile, puisque, sans aucune aide, les recherches de M. Roy et des officiers de la garnison ont réuni déjà tant de x () Analogie des tours à coupole de la grande mosquée de Tunis avec celles des églises grecques de Constantinople, Khairyé Djami par exemple. 4 _ ; ACT K — 208 — documents précieux. Aussi nous allons en donner une brève des- cription, sans pouvoir donner la reproduction de tous les objets que nous mentionnons. Nous espérons attirer l'attention sur cette œuvre intéressante accomplie avec des ressources très minimes et où le soin et la diligence des fondateurs ont réussi à réunir déjà des morceaux fort curieux. Escalier. Entrée à droite, sarcophage en marbre blanc de l’époque ro- maine (fig. 360). Ce grand fragment comprend la partie inférieure du monument, très peu haute à droite, et ayant à gauche la hauteur complète de la cuve. Les sculptures dont il est couvert repré- sentent un combat de Grecs et d'Amazones (1), A droite, un archer, un genou en terre, puis un guerrier mort, deux figures de : 2.6 e « esrssätidtin Fig. 360. — Sarcophage au musée du Kef. femmes en partie accroupies, la jambe d’une figure détruite; plus à gauche, le torse d’une femme derrière laquelle on distingue les jambes et la partie inférieure d’un torse de guerrier (les ptéryges qui pendent au bas de la cuirasse sont très nettement visibles, ainsi que les ocreæ qui défendent la partie inférieure des jambes); puis un guerrier accroupi se défendant avec son bouclier; derrière lui, une figure de femme sur un cheval qui se cabre; l'épaule seule du cheval est visible, ainsi que la partie antérieure d utorse de la femme, le reste est détruit. Enfin, à l'angle de gauche, une figure debout et drapée qui sonne de la trompette. Côté de l'escalier à droite en montant, Bas-relief funéraire à trois rangs de personnages superposés. () Ces représentations sont, on le sait, très fréquentes sur les monuments funéraires. — 209 — Grandes tuiles romaines. Inscription funéraire romaine. Fragment de moulure. Inscription funéraire romaine. Fragment de sarcophage (bas-relief funéraire). Fragment de stèle punique. Ce fragment (fig. 361) est, pensons- nous, de style punique. Il mesure 0",50 de large, et sa partie in- férieure existe seule; ia partie supérieure a été perdue. C'est une stèle votive à Baàl-Ammon, comme l'indiquent 1es deux béliers sculptés en basrelief dans la partie inférieure. Ils sont compris dans un cartouche rectangulaire défoncé très lége- rement. Fig. 361. — Stèle punique au musée du Kef. Au-dessus d'eux, dans un encadrement figurant deux pilastres soutenant probablement un fronton, se dressent deux persoñnages debout. Celui de gauche a disparu ; il ne reste que son pied gauche. Celui de droite laïsse voir ses deux pieds, sur lesquels pend une robe à plis verticaux; cette robe est décorée de deux bandelettes de couleur ou brodées tombant verticalement à l’aplomb des pieds et figurées par des stries horizontales; c'est la dalmatique que MISS. SCIENT, — XIII. 14 IMPRIMERIE NATIONALE. — 210 — nous retrouvons plus loin, vêtement dont l’origine asiatique est évidente quand on se rappelle certains détails du costume syrien; le personnage s’appuyait probablement de la main droite sur un objet dont la partie inférieure subsiste seule et consiste en un cy- lindre décoré de spires hélicoïdales, terminé par une partie plus mince et recourbée. La forme des chaussures, la robe à longs plis et le travail de la sculpture(), si différent des œuvres grecques et romaines, nous font rattacher cette stèle votive à une influence asiatique de sentiment presque assyrien. N'est-pas là en grande partie le caractère connu de l’art phénicien ? Stèle avec les attributs de Tanit. Stèle funéraire de l'époque romaine. Côté de l'escalier à gauche en montant. Grandes tuiles romaines de 0",57 sur 0",60. Stèle funéraire libyque (fig. 362, n° 6). (ll S Fig. 362. — Fragments divers au musée du Kef. Inscription punique. Fragment funéraire en marbre (époque romaine). ®) La sculpture chaldéenne, assyrienne, égyptienne, asiatique, grecque ar- chaïque est une application à la pierre des procédés de la glyptique et de la toreu- Le DEN Stèle punique (fig. 362, n° 5). Deux petites cuves rectangulaires en pierre. Te élage. À droite du vestibule. Fragment de sarcophage, bas-relief en marbre blanc. Fragment d'inscription romaine. Stèle funéraire. Trois chapiteaux : 1° époque romaine; 2° époque chrétienne; 3° époque byzantine. 1° Époque romaine. 2° Époque romaine chrétienne. Ce chapiteau , semblable à un chapiteau d'Haouch Khima-mta-Darrouïa, présente la plus grande analogie avec certains chapiteaux de nos édifices français du xr° siècle (fig: 362, n° 3). I mesure 0",35 de diamètre supérieur au tail- loir et 07,30 de haut. Il se compose d’un tailloir à faces concaves dont de milieu est décoré d’un dé; au-dessous la corbeïlle tronco- nique du chapiteau est décorée de quatre volutes ou cornes, quatre feuilles d’angles et quatre feuilles de milieu, ces feuiliages seule- ment épannelés. Fi Époque byzantine. Ce chapiteau provient de Bordj Mes- saoudi (fig: 362, n° 4), ainsi que des fragments que nous mention- nerons plus loin. Il se compose d'un tailloir dont les faces con- caves sont supportées aux angles par des oiseaux, dont les pattes reposent sur deux rangs de feuillages traités avec une précision et unesécheresse toutes byzantines. Entre les oiseaux sont figurées grossièrement des têtes de béliers. En somme, fragment inté- ressant, malheureusement très abimé. 1° étage. À gauche du vestibule. Fragment de bas-relief appartenant à un sarcophage de marbre blanc. Cadran solaire, tique, arts qui procèdent du dehors au dedans, c'est-à-dire en ornant par des ciselures, des gravures ou des défoncements une masse dégrossie d’abord, puis amenée à une sorte de poli uniforme, et à travers laquelle Vartiste cherche à faire deviner le corps. La statuaire des Grecs aux belles époques de l'art et celle des Romains, qui héritèrent de leurs méthodes, procède au contraire du dedans au dehors, c'est-à-dire revêt de draperies ou de costumes le nu préalablement étudié consciencieusement. Cette distinction est indispensable pour discerner de caractère exact des monuments figurés. 14. — 212 — Chapiteau de colonne engagée (époque chrétienne). Amphore. Chapiteau romain. Fragments byzantins (fig. 362, n® 1 et 2) provenant de Bordj Messaoudi; ces fragments sont des sommiers d'arcs, très probablement. Sur l’un sont figurés, au milieu d’entrelacs en losange, des oiseaux grossièrement sculptés. Sur l’autre, des cercles, joints entre eux par des rinceaux barbares, renferment chacun une aigle les ailes éployées. Petite salle à droite. Fragments de mosaiques et vases. Salle du musée (de gauche à droite ). Stèle avec symboles puniques (fig. 362, n° 8). Triangle ouvert avec losange au sommet; au-dessus, une barre horizontale terminée par deux parties verticales; au milieu, un croissant surmonté du disque solaire (analogue aux stèles votives de Carthage à la Biblio- thèque nationale). Phallus en bas-relief. Stèle punique représentant un homme debout (fig. 362, n° 7), derrière lequel s'étendent des-branchages frustes; au-dessus, deux disques en creux dont l'un a la forme d'un fleuron; au milieu, un croissant; au-dessus, un globe solaire; la figure est debout sur le sommet d’un tri- angle, au-dessous duquel s’étendait probablement un cartouche avec une inscription; cette partie est brisée. La partie supérieure de la stèle se termine par un triangle (stèle vo- tive à Eschmoün). Inscription funéraire romaine. Stèle en pierre dure (don de M. Roy), évidée dans sa partie supé- Fig. 363. — Stële punico-romaine rieure en forme de niche. Dans au musée du Kef. cette niche, un enfant tenant dans sa main gauche un objet informe et posant sa main droite sur un autel (fig. 363). Il est vêtu d’une robe sans manches; on y remarque deux raies verticales (comme dans le bas-relief décrit plus haut (fig. 361); c'est une dalma- — 213 — tique. Au-dessous de cette figure et en très bas relief, le bélier (sacrifice à Baâl-Ammon). Dans le haut de la niche au milieu de laquelle se trouve le personnage, à gauche, un losange, avec un point au milieu. À droite, une portion de cercle (globe solaire). Ce monument a 0",28 de large sur 0",57 de haut. C'est un tra- vail de l'époque romaine plus large et plus lourd que celui que nous avons cité plus haut. C’est une œuvre punico-romaine. Il a été trouvé, ainsi que la statuette que nous décrirons plus loin, derrière la Kasbah actuelle, sur l'emplacement présumé d’un temple de Vénus. Inscription funéraire romaine. Figure analogue à la précédente, tenant un raisin à la main. Au- dessous, un taurobole (don de M. Roy). Deux urnes cinéraires en plomb, ayant 0",25 de hauteur et au- tant de diamètre; elles ont la forme de vases légèrement arrondis en dessous, recouverts par un couvercle plat. Devant dla fenêtre au nord. Sur un bloc rectangulaire, une fortune nautique d’un très bon travail, bas-relief très bien conservé (don de M. Roy). Quatre vases en terre. Fragment de soffite de l'époque des Antonins. Fragments de chapiteaux et de sommiers d'arc provenant de Bordj Messaoudi. - Clathri en pierre. Au delà de la fenêtre. Bas-relief funéraire d’une basse époque, stèle funéraire (partie supérieure) en forme de triangle; au sommet, un disque solaire; au-dessous, un croissant des extrémités duquel pendent des guir- landes; figure humaine très fruste et très barbare. Au-dessous, un cartouche dont la partie supérieure seule existe, le reste est brisé. Les vitrines contiennent de nombreux objets de petite dimension. 1° vitrine. Petits vases en forme d’alabastrum, patère, deux vases renflés munis d’une anse. 2° vitrine. Lacrymatoires en terre cuite (comme à Henchir Mexba, près de Lamta). Vases en terre cuite, fossiles et minéraux. Devant et à — 214 — droite, des fossiles, un vase en terre rouge, deux vases à anses, une poterie. 3° vitrine. Lampes romaines, parmi lesquelles je remarque : ° Victoire écrivant sur un bouclier {terre rouge). 2° Figure tenant deux cornes d’abondance; elle est vêtue d’une tunique talaire (terre grise); 3° Panthère: à gauche, un thyrse; à droite, un canthare; au- dessus, une branche de vigne (terre grise); 4° Chèvre broutant à un arbre (terre grise); 5° Deux hommes arrêtant un taureau furieux qui vient d’en- corner un homme et en menace un autre (terre grise); 6° Gladiateur (mirmillo) debout sur son bouclier (1erre grise); 7° Figure d'homme jouant de la tibia longa. La figure est dra- pée (terre grise); 8° Lampe à deux becs (terre rouge); 9° Fragment de poignée de lampe en forme de feuille (terre grise). 10° Petite lampe en terre noire; 11° Figure de femme drapée (bacchante) chevauchant une pan- thère {terre grise). D'autres lampes en terre grise ou rouge avec ou sans ornements ou figures indistinctes. Fossiles. Devant les fossiles, fragments de marbre; à droite, vases de terre d’un brun grisâtre, un en terre rouge dont le col est brisé, patère en terre rouge de 0,13 de diamètre. 4° vitrine. Clous en fer, trois strigiles de bronze, intacts; fragments d'autres strigiles; nombreux fragments de mi- roirs en bronze; petit vase à couvercle en bronze; petit vase à col en bronze. Pierre ponce en fragments. Miroirs circulaires en bronze; ils sont com- plets, mais en morceaux. Fig. 364. — Anneau en plomb, Anneaux plats ne plomb (g- 364)- dû HO RER Ces anneaux, très minces, sont ornés de losanges et de cercles alternés, sé- parés par des croix de Saint-André, et sertis entre deux rangs — 215 — formés de petites perles en relief, ainsi que les croix de Saint- André et les cercles. Ils ont 0",06 de diamètre et 0,005 d'épais- seur. Ils servaient probablement d'ornements cousus sur le étoffes, comme nos plombs du moyen âge. Vases de terre grise à droite. 5° vitrine. Monnaies de bronze romaines, byzantines et arabes. Figure en terre cuite (bœuf supportant une colonnette). Vase en terre cuite. Deux vases en terre cuite rouge, de 0,18 de diamètre. Ün vase en terre cuite noire, de 0",14 de diamètre. Aïvuille en os, fragments de vases de verre. Main de statuette en marbre blanc. Trois patères de terre rouge. Une patère en verre bleu. Un plat en terre rouge, avec ornements peints en blanc et en rouge. Fenêtre sud. Inscription funéraire. | Petite amphore en terre grise. Bas-relief funéraire, stèle punique. Cinq plaques carrées en terre cuite rouge provenant d'Haïdra (don de M. Roy). Ces plaques, dont nous avons vu les analogues entre les mains de M. le curé de Tebessa et à Tunis, représentent en reliefs d’un caractère barbare : 1° Le sacrifice d'Abraham. Les noms paraissent inscrits à l’en- vers; l’ouvrier qui a gravé le moule ayant écrit à l'endroit le nom gravé, il s’est retourné à l'envers dans l'épreuve (ectypus) ; 2° Deux oiseaux affrontés; 3° Une rosace; 4° Une chèvre: 5° Un lion passant devant un arbre. | | : Tuyaux de poterie servant à la construction des voûtes, comme à Sbeïtla, Feriana, etc. Deux fragments de pilastres cannelés en marbre. Torse d'homme {bonne époque). Sur la table, une plaque carrée en marbre, avec six cases ft Li RS "eh dt rune) à ne “Oh ant. MENU EL Laets 4 NL 267271 — 216 — rectangulaires creusées dedans (tablette à offrandes); elle mesure 0%,27 de côté. Un carton contenant de nombreux dessins, dont une grande quantité sont exécutés avec exactitude et représentent des monu- ments du musée ou des environs du Kef. Malgré les attributions souvent erronées données aux objets qu'ils représentent, ces des- sins publiés fourniraient un assez grand nombre d'objets inédits. Le long du mur (vitrine). Fragment de mosaïque. Plat en terre cuite rouge (poterie samienne) de 0",40 de dia- mètre et fragments d’autres plats semblables. Tous sont décorés au moyen d'empreintes en creux représentant des figures géomé- triques, des feuillages où des croix. Nous avons trouvé à Feriana, à Sbeïtla et à Sidi-Aïch des spécimens intéressants de cette fabri- cation. Petit sarcophage en pierre de 0",50 de long sur 0",30 de haut et 0",33 de large. Il est recouvert par un couvercle en forme de prisme droit, à base triangu- laire isocèle, posé sur la face cor- respondant à la base de la sec- tion. Mentionnons encore un torse de femme nue, fragment de- puis la moitié du torse jusqu'aux genoux. Fravail d’une bonne époque. Fragments d’arcatures prove- pant de Bordj Messaoudi et cou- verts (les pieds droits et Far- cade) de rinceaux représentant des grappes de raisin et des feuilles de vigne entrelacées; ces rinceaux s'échappent d'un vase analogue au travail des fragments de Haouch Khima-mta-Darrouia; ces fragments ont peut- être appartenu à une fenétre. Chapiteaux de pilastre. Une figure votive donnée par M. Roy (fig. 365). Cette figure en bas-relief, contenue dans une niche demi-circulaire, est debout ; la Fig. 365.— Stèle au musée du Kef, d’après une photographie de M. Cagnat. — 217 — tête esl fruste. Ce personnage tient dans sa main droile une grappe : de raisin (1), dans la main gauche une colombe. Il est revêtu d’une robe (stola), sur laquelle on remarque, enroulée autour du cou en passant sous l'épaule gauche et retombant ensuite derrière l'épaule droite, une longue bande brodée couverte d’ornements. Remarquons ici le réalisme du rendu des plis des draperies. Ge fragment est, pensons-nous, une œuvre punico-romaine {la grappe de raisin et la colombe, attributs de Tanit). Il est à remarquer qu'auprès de l'emplacement où cette stèle a été trouvée, derrière la Kasbah (emplacement présumé d’un temple de Vénus), existe une petite mosquée, dans laquelle, au dire de M. Roy, les Arabes ont encore coutume d'offrir des colombes lorsqu'ils font un vœu dont ils demandent l'accomplissement par l'intercession du saint musulman qu’on y honore. D'autres morceaux de sculpture se trouvent encore dans la ville du Kef ou dans les jardins qui l'entourent; nous nous contente- rons de mentionner, dans le jardin de M. Roy, un fragment d’ar- chitrave très richement sculpté, sous la face inférieure de laquelle un soflite, entouré d’un rang de feuilles d’eau, est décoré d'une chimère et d’un griffon affrontés, ailés tous les deux, appuyant une patte sur le vase qui les sépare. Ces deux animaux, dont la aueue s'épanouit en rinceaux enroulés, sont un motif fréquem- ment employé dans la décoration antique. Ici, malgré une exé- cution un peu barbare, la facon dont les animaux et le feuillage sont massés, le beau mouvement de l'ensemble, font de ce mor- ceau un exemple intéressant à noter. En quittant le Kef, nous rentrons à Tunis. Je terminerais ici mon rapport si je ne tenais pas à signaler : à la résidence de France, parmi les fragments qui ont été réunis par les soins du Gouvernement et qui sont malheureusement abandonnés, les deux objets suivants. D'abord un bétyle ou pierre sacrée. (Rappelons que, dans le sud de la Tunisie, les Arabes nomades, lorsqu'ils font leur prière, se passent de main en main un caillou arrondi qu'ils baisent dévo- tement. Cette tradilion, qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours en Q) Figures en terre cuite représentant un personnage debout tenant une colombe et une grappe de raisin. Sainte-Marie, Mission à Garthage; Cagnat, Mission de 1882. — 218 — Tunisie, est évidemment une transmission directe du culte des bétyles, elle nous fait penser à faire un rapprochement entre la main de Fatma (amulette arabe) et la main ouverte qui figure sur les stèles votives de Carthage; les figures symboliques repré- sentant un homme en adoration au moyen du triangle barré ét surmonté d'un cercle, qui sont gravées sur les stèles de Carthage, se retrouvent encore aujourd’hui comme motif d'ornement sur les étoffes tunisiennes; c’est cerlainement un exemple fort intéres- sant de la persistance des traditions malgré deux changements de religion. Ce bétyle a la forme d’un ellipsoide aplati. Il est en granit poli, de couleur grise et mesure : DILVATL: SON DTA ALBI ere eee 0,32 SUIVANT SON PÉLTIARE PE eee ee re IE LA 0,28 Dans le sens de l'épaisseur, environs. ........:. 0,10 Sur une face, on lit l’inscription suivante (1) : AS oAy Sur la face supérieure se voit une figure indiquée d’une façon fort grossière à l’aide d’un trait creusé au moyen d’un instrument contondant, et non à l’aide d’un burin ou ciseau; le fond des traits est fruste, ainsi que celui des caractères ci-dessus; la figure représentée est une face imberbe. L'autre morceau intéressant est un chapiteau ionique en marbre de Chemtou (fig. 366); on n'en a malheureuse- ment que la partie qui de- vait être adossée au mur, devant lequel était dressée la colonne, car la volute n'est pas indiquée, et la face en est à peine ébaur- chée. Le coussinet, d'un travail très fin, est retenu par trois bandelettes de faible saillie. Le tailloir est orné d'oves d’un travail absolument grec. Nous Fig, 366. Chapiteau ionique à la résidence à Tunis. Ce bétyle appartenait autrefois à la collection de la Manouba et a déjà été gravé. — 219 — - n'avons pas pu savoir d’où provient ce chapiteau. Il serait très in- téressant de savoir à quel édifice de Carthage il appartenait. La perfection avec laquelle il est traité permet de penser qu'on trou- verait à un édifice fort intéressant comme style. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Comme conclusion à ce rapport, nous pouvons donc, je crois, établir les poinis suivants comme certains : 1° Caractère de l'occupation romaine (région située au sud de la ligne qui passerait par Sousse, Kerouan, Sbeïtla, Kasrine, s’éten- dant à l’ouest jusqu'à la route de Gafsa à Ras-el-Aïoun et au delà de Bahiret-Douara, et à l’est jusqu’au Sahel, en mettant à part les villes de la côte) : occupation surtout agricole. Cette ré- gion, qui a toujours été aride, n'a été habitée que par des no- mades et de rares habitants sédentaires. Haouch Taàcha et Bir el-Hafei, qui ne sont que de tout petits villages, ont probablement servi de nécropoles aux tribus nomades {comme actuellement Sidi-Ali-ben-Aoun, au sud de Bir el-Hafeï, sert de cimetière à toutes les tribus nomades des environs). Les villages, très rares dans cette région, n’ont été fondés qu'aux points où l’eau pouvait être captée au moyen d'aqueducs, soiten rigoles en maçonnerie comme à Ain Mhrota et à Henchir Tefel, soit sur arcades comme à Medjen-oum-el-Kesseub. Les ré- servoirs alimentés par ces aqueducs sont circulaires, carrés ou rectangulaires, avec contreforts intérieurs ou extérieurs; ils sont construits en blocage et enduits de ciment à l'intérieur, et peuvent être simples, doubles ou multiples (Henchir Garrat). Les citernes sont souvent conjuguées, car elles sont plus particulièrement con- sacrées à recevoir l'eau destinée à l'alimentation. Les maisons de ferme ou constructions agricoles {Hadjeb el- Aiïoun et H. Gatrana) sont en blocage de peu d'importance. Ce n'est que dans la partie montagneuse qui entoure Feriana qu’on rencontre des villages un peu considérables et:même des petites villes comme Bir Oum-Ali à l'ouest et Haouch Khima à l'est. Au nord de ceite région, on rencontre un plus grand nombre de grandes villes : Kasrine, Sbeïtla, Haïdra sont d'un grand in- = Gate térêt , et, à partir de là, en remontant vers le nord , l'emploi de la pierre est général, et les monuments sont plus abondants. Dès que la conquête byzantine eut replacé l'Afrique sous la do- mination des Grecs de Constantinople, le premier soin des nouveaux occupants fut de barrer toutes les vallées par des fortins (les kasr que nous avons rencontrés partout), de construire dans tous les vil- lages de ces réduits carrés où, en cas d'alerte, on pouvait se mettre à l'abri des maraudeurs, et dans les grandes villes d'établir des défenses, soit comme à Haïdra et à Feriana par la construction d'une grande citadelle, soit comme à Sbeïtla par des fortins massifs à petite distance les uns des autres et placés sur le front le plus exposé, soit comme à Sbeïtla encore, en se servant d'un monument déja construit (le péribole des trois temples) et en le convertissant en forteresse. Les villages de la région aride à l’est de la route de Gafsa ren- ferment, nous l’avons vu, des citernes ou des réservoirs {Henchir Debdeba, etc.), des constructions agricoles et quelquefois des pres- soirs, presque toujours un ou plusieurs mausolées, des tombes et rarement une église (deux seulement, l'une à Kasr el-Ahmar, l'autre à Henchir Baroud); les constructions sont en blocage, sauf les mon- tants des pressoirs. A l'ouest et au nord-est de cette route, les villages et les petites villes sont construits en pierre; on y rencontre des pressoirs (H. Somä-oum-Ali), des mausolées en pierre de taille (Sidi-Aich, H. Bir-Khamor, es-Zaàtli); les murs des maisons sont construits en blocage avec chaines de pierre, les réservoirs et les citernes en blocage et avec contreforts intérieurs (Medjen-oum-el-Kesseub). De nombreux fragments de sculpture de l'époque chrétienne indiquent la présence des églises, dont souvent le plan est reconnaissable (Henchirs Bir-oum-Ali, es-Zaatli, Choud-el-Battal, es-Sdid). Ce caractère de la sculpture de ces églises est très particulier. Souvent des chrismes sont sculptés sur des linteaux de porte de maisons (Birel-Hafeï, H. es-Zaatli), d’autres fois sur des clefs d’ares (Sbeitla, Kef). Mais la présence d’un chrisme n'indique pas nécessairement l'emplacement d’une église, Des colonnes alignées, une abside, le ca- ractère de la sculpture des consoles et des chapiteaux l'indique mieux. Les fortins construits à l’époque byzantine sont construits em gros matériaux, pierres de taille, montants de pressoirs, mon- tants de portes, etc., provenant d’édifices détruits. — 221 — 2° L'aménagement et la distribution de l'eau. — Nous avons exa- miné successivement les différents modes de construction des aque- ducs, barrages et réservoirs. Dans les pays dépourvus de végéta- tion , comme la région que nous avons parcourue de Kerouan à Oued Djilma et les environs de Gafsa, les colons se sont contentés de capter les sources (Aïn Mhrota) aux points où elles sortent des montagnes et de les amener par des aqueducs à des réservoirs, ou bien ils ont réuni les eaux des pluies par des murs inclinés pour les amener dans de grandes fesquia (Haouch Taàcha). Ils ont même, au moyen de barrages (Henchir Tefel), concentré les eaux des ravins environnants et les ont conduites ensuite vers les villages au moyen d’un aqueduc. De même, du côté d'Oum-el-Kesseub, dans une grande plaine, où a cherché à amener les eaux jusqu’au village au moyen d’un aqueduc sur arcades. Souvent les réservoirs étaient voütés, et non pas seulement les réservoirs circulaires, mais encore ceux qui avaient la forme rect- angulaire {H. Medjen-oum-el-Kesseub et H. el-Hamel). Je n’ai pas rencontré dans ces régions de citernes analogues à celles de Car- thage ou des villes dela côte. Ce n’est qu'au nord de la ligne Sousse- Tebessa qu'un rencontre de ces grands réservoirs; les citernes du Kef.en sont un bel exemple. Sbeïtla nous montre un aqueduc qui va chercher l’eau de lOued Sbeïtla à quelque distance de la ville et franchit l’oued sur de pontaqueduc; Kasrine, un barrage qui régularise le débit de la rivière et remonte le niveau des eaux de facon à pouvoir les diriger sur les flancs des coteaux et dans la plaine. À Gafsa, on s’est contenté de réunir les eaux des sources dans. de grands réservoirs, complètement remaniés après la con- quête arabe. À Tamesmida, les eaux étaient. amenées par un aqueduc sou- terrain dans le grand réservoir. À Telepte (Feriana), la canali- sation est en grande partie souterraine et pourrait servir encore. 3° Monuments funéraires. —Les monuments funéraires que nous avons décrits, tombes et mausolées, sont d’une étude très intéres- sante. On à pu remarquer que les tombes ont des formes bien ca- ractéristiques, surtout dans la région qui entoure Haïdra. L'origine orientale probable de cette forme de tombe demi-cylindrique peut faire croire qu'on trouvera des tombes puniques de cette forme. — 222 — Les mausolées (soit en pierre, soit en blocage) dérivènt aussi d'un type oriental. Ils sont généralement sur plan quadrangulaire et surmontés d'une pyramide. Ce type est certainement d'importation orientale. Cette origine me paraît suffisamment prouvée par l'analogie qui existe entre ces mausolées et ceux de Bordj el-Bezzak à Amrith, celui de Kamowu’at el-Kurmel 1), ceux de la vallée de Josaphat à Jérusalem (tombeaux d’Absalon et de Zacharie), et ceux que MM. de Vogüé et Duthoit ont décrits dans la Syrie centrale (tombeaux à Dana, à Hàss et à El-Barah). Ces derniers nous con- duisent jusqu’au vn° siècle; ils nous démontrent la continuité pendant un temps considérable de la tradition de cette forme funéraire (mausolée carré surmonté d’une pyramide), puisque nous trouvons déjà des représentations de ces monuments sur les hypogées de Thèbes (Lenormant, Histoire de l'Orient, t. IE, p. 291). Les arcs de triomphe que nous avons rencontrés dans le cours de ce voyage se réduisent à un type très particulier à l'Afrique du Nord : ce type consiste en un arc cantonné de quatre colonnes corinthiennes sur chacune des deux faces; ces colonnes, dégagées de Farc luimême, correspondent à autant de pilastres et soutien- nent un entablement complet (Sbeïtla et Haïdra). Ce type se re- trouve plus ou moins modifié à Djemilah, Timgad, Macteur, ete.; à Tebessa un arc, détruit presque complètement et situé au nord de la ville était construit sur ce type; l'arc quadrifrons qui existe encore dans la même ville, et qui sert de porte actuelle- ment, n'est que la répétition de ce motif sur quatre faces. La sculpture de ces monuments est soignée à Haïdra; maïs l’arc de Sbeïtla, concu sur un plan absolument semblable, à une époque de décadence, est d’une exécution imparfaite. La porte triomphale devant les temples à Sbeïtla est un type spécial dont nous n'avons rencontré qu'un exemple pendant ce voyage; d'autres villes de Tunisie présentent des monuments ana- logues, Uzappa (Bordj Abd-el-Melek) et Macteur entre autres. La construction monumentale offre généralement une appa- | rence assez satisfaisante, quoique l’on ait presque toujours déter- miné le tracé de l'appareil sans tenir compte de la nécessité de faire chevaucher les joints verticaux (Sbeïtla) : la taille des lits () Renan, Mission en Phénicie. = pe est toujours très soignée, et, dans les constructions de grand appa- reil, les blocs sont superposés sans adjonction de mortier. Le tracé de l'appareil des arcs est souvent négligé et les angles sont sou- vent très aigus, sans que les constructeurs aient pris le soin de disposer les voussoirs soit en tas de charge, soit en crossettes. La bizarrerie du tracé des voussoirs du grand arc d'Haïdra peut s'expliquer peut-être en supposant qu'ils ont été ainsi disposés afin d'éviter l’acuité des angles supérieurs. La sculpture d'ornement, chapiteaux, corniches, architraves et soffites, est très soignée à Haïdra. À Sbeïtla, les chapiteaux et les soffites sont d’une exécution plus parfaite encore, mais celle des architrayes et des corniches est inférieure. CLASSEMENT DES MONUMENTS PAR STYLES ET PAR ÉPOQUES. 1° Époque punique primitive : chapiteaux de Ksour, de Djezza, chapiteau de Bordj Sidi Achmed, bas-relief punique du Kef, mausolée de Dougga. A9 Époque punique secondaire (influence grecque) : corniche à Ebba, linteau. d'Ebba, chapiteau à la résidence de Tunis. 9° Époque romaine, haut-empire : temples et porte triomphale de Sbeïtla, amphithéäire d'El-Djem, arc de triomphe d'Haïdra, mausolée d'Haïdra, Kasrine, Sidi-Aich, Henchir es-Zaâtli, Henchir Kamor, théâtres de Sbeïtla et de Medeïna, basilique romaine d'Haïdra, pont-aqueduc de Sbeïtla et barrage de Kasrine, castel- lum et réservoir à Tamesmida, thermes à Medinet-el-Khedime (Feriana). 4° Époque romaine, bas-empire : arc de Medeïna, les quatre colonnes à Feriana, mausolée à Medeïna, partie supérieure de l'arc de Kasrîne. — Mausolée de Henchir Somà. — Architecture chré- tienne, période latine : établissements religieux et églises de Sbeïtla, Henchir Goubeul, Haïdra, Haouch Khima-mta-Darrouia (fig. 240), tombes en mosaïque. 5° Conquête des Vandales, architecture chrétienne, période remarquable par un art tout spécial dont le caractère participe à la fois de traditions latines et de traditions autochtones; les monu- ments de cette époque que nous avons mentionnés sont les frag- ments à Haouch Khima-mta-Darrouïa (fig. 246), les églises de SNOORES Henchir Bir-oum-Ali, H. Zaàtli, H. Choud-el-Battal, H. es-Sdid, H. Oum-el-Aouath, les fragments dessinés à H. Mzira, H. Merkab, H. es-Siouda et, dans la plaine du Fouçàna, l'église d'Haïdra (fig. 319), chapiteau au musée du Kef (fig. 363, n° 3), tombes en mosaique, église de Kasr Bou-Hallou. 6° Époque byzantine : églises de Sousse et des villes de la côte, église de Lamta (la plupart des colonnes et des chapiteaux des mosquées arabes proviennent de ces monuments), église de la citadelle d'Haïdra, grande église (Dar el-Kous) au Kef, église de Kasrine, citadelle d'Haïdra, fortins ou kasr dans presque toutes les villes et villages, forteresse à Medinet-el-Khedime (Feriana), tombes en mosaïque à Lamta, fragments de Bordj Messaoudi au Kef. Nous insisterons tout spécialement sur l'intérêt que peuvent présenter les découvertes de monuments des deux premières pé- riodes (puniques) et de la cinquième période, pendant laquelle se sont développées les tendances d’un art tout particulier qui est à l’art romain de l'Afrique du Nord ce qu'en Syrie l'art dés mo- numents du 1° au vu* siècle est à celui des monuments gréco- romains de cette partie de l'Asie. En terminant ces études sur les monuments que j'ai décrits dans le cours de ce rapport, je désire, Monsieur le Ministre, meltre sous vos yeux la liste de ceux qui sont les plus intéressants, par leur caractère et leur conservation : 1° L'amphithéätre d'El-Djem; ° Les temples de Sbeïtla; 3° La porte triomphale de l'enceinte de ces temples; 4° L'arc de triomphe de Sbeïtla; 5° Les mausolées de Sidi-Aïch ; 6° Le mausolée de Kasrine; 7° L’arc de triomphe de Kasrine; 8° Ras-el-Aïoun et les quatre colonnes à Feriana ; 9° Henchir Goubeul; 10° Le castellum de Tamesmida; 11° La citadelle d'Haïdra; 12° L'édifice indéterminé qui se trouve au nord de cette cita- D — 995 — 13° Les mausolées d'Haïdra; 14° L’arc de triomphe d'Haïdra; 15° Les églises d'Haïdra; 16° Le théâtre de Medeïina; 17° La porte et le temple de Medeïina. J'ose attirer l’attention de Votre Excellence sur ces édifices si intéressants et malheureusement destinés à être, dans les temps à venir, autant menacés par la colonisation, qu'ils le sont dans le temps présent par la barbare incurie des Arabes. En demandant qu'on prenne à leur égard toutes les mesures de préservation nécessaires, je crois remplir un devoir qui me semble imposé par le souvenir d'actes de vandalisme que j'ai pu . observer moi-même pendant mon voyage. Je connais assez de _ faits de ce genre pour craindre la destruction successive de tous ces beaux monuments, si je considère que les précautions les plus élémentaires n'ont pas toujours été prises pour préserver de la destruction bien des monuments aujourd’hui entièrement perdus. Il est à désirer que, sur ce point, on puisse donner une sanc- tion pénale à la loi édictée l'an dernier, sur ce sujet, par le Gou- vernement heylical. Sans pénalités, sans surveillance, nous ver- rons continuer les destructions par les Arabes, pour extraire des édifices des moellons et de la chaux, et les destructions par les chercheurs d’antiquités, qui, par leurs fouilles, détruiront des monuments intéressants ou les laisseront périr en les laissant exposés aux atteintes de tous. Veuillez agréer, etc. Henri SALADIN, Architecte. MISS. SCTENT. — Xiti. nb IMPRIMEZIE NATIONALE. RAPPORT SUR UNE MISSION EN BASSE BRETAGNE AYANT POUR OBJET DE RECUEILLIR . LES MÉLODIES POPULAIRES, PAR M. N. QUELLIEN. 4 . Monsieur le Ministre, La mission que vous m'avez fait l'honneur de me confier, par arrêté du 13 mai 1881, avait pour objet de recueillir, en basse Bretagne, les mélodies sans paroles, c’est-à-dire les airs de biniou et de bombarde. | Je n'ai eu garde de négliger les airs soutenus d'un texte, ce que j'étais venu chercher l’année précédente, ce qu’on appelle de leur vrai nom les chansons populaires. Du reste, celles-ci m'ont, pour ainsi dire, accompagné tout le long de ma route; en plus d'une circonstance, elles m'ont remis en mémoire les bardes mendiants de jadis, que j'ai vus, dans mon extrême jeunesse, suivre la maile-poste par les côtes et chanter aux voyageurs un sonn pour quelques liards; cette fois-ci, elles s'offraient comme d’elles-mêmes, sans les pénibles invitations de ma première tour- née, soit que les chanteurs fussent moins effarouchés, ayant subi l'habitude de pareilles visites, soit que j'eusse moi-même appris à les interroger habilement. Un seul endroit est resté muet et rebelle à toute investigation. Cest à Guilvinec que j'ai trouvé ce coin de terre ingrat, à deux lieues de Penmarc’h,.où les légendes foisonnent entre les rochers. 15. — 228 — M. Luzel avait bien voulu m'aider de son expérience ce jour-là. Vainement sommes-nous entrés chez tous les aubergistes de la contrée (au sens restreint du mot breton correspondant, ar c’hontre); on n'avait idée ni de kanen ni de gwerz: . . Cependant, il y avait eu par là certain maître chanteur; mais on ne savait plus même son nom; il s'en était allé, et il avait tout à fait disparu, tout comme les sardines, qui avaient pris un autre chemin cette an- née, et qui, dit-on, ne sont revenues}depuis que rarement wers ces malheureux bords. Nous nous sommes demandé comment ces braves gens passaient les heures libres du dimanche et les veillées de la mauvaise saison. Notre voyage à Guilvinec aurait été abso- lument infructueux, si notre insuccès même ne nous avait mis en train de médire; après nous être occupés, pour tuer le temps, à vérifier, en face de l'Océan, l'exactitude et à reconnaître l'ori- ginalité des expressions les plus courantes, en bas breton, sur la mer et ses fluctuations, le chapitre est venu de certaines légendes produites au jour par un tel ou un tel, et nous avons dû faire bon marché de plus d’un mythe popularisé à la manière de ces poul- piquets restés célèbres depuis Émile Souvestre. Notre retour nous a valu, de la part d'un jeune avocat de Quimper, M. Lebail, deux ou trois sonn fantastiques de Plozévet et de Pouldreuzic, J'avais l'espoir de rencontrer ma revanche de Guilvinec à Quimperlé, le lieu de Bretagne où la littérature locale tient le plus de place. M. de La Villemarqué, secondé par son ami l'abbé Henry, mort récemment, y a provoqué la rénovation littéraire que Jon connaît; à la tête d’un mouvement scientifique dont l’archéo- logie fait le principal objet, était le juge de paix, M. Audran; la librairie Clairet publiait seule, il y a quelques années, autant de productions bretonnes que l'éditeur Lédan, de Morlaix, et la maison Anger, de Lannion, et les autres ensemble. Et du reste, Quimperlé est surtout une ville bretonnante; les jours de mar- ché, c'est le rendez-vous des costumes les plus variés, ainsi que Quimper, et le point de contact de plusieurs dialectes; entre les paysans de Guidel, ceux d'au delà d’Arzano et les gens de Ban- nalec, il y règne comme une confusion des langues; il est vrai que le moins rusé de ces campagnards s'en tire mieux que ne le ferait le plus fort linguiste. Dans les environs de Quimperlé, qui sont d’un aspect si romantique, naquit Brizeux; là, tout le monde chante. Dans un restaurant, près de la gare, j'ai recueilli les plus = po = charmants sonn d’amour que j'aie jamais entendus : il est bon d'ajouter que la couturière de qui je les tiens appelait cela des imbécillités, et qu'elle avait un goût prononcé, par contre, pour la Valse des roses et d’autres chansons françaises de la même va- leur poétique. Voilà que j'étais au pays de Mathurin l'Aveugle, ce ménétrier dont da renommée est parvenue jusqu’à Paris, où il fut même aitiré pour des représentations dramatiques. Mais la bombarde de Mathurin ne mène plus grand bruit chez ses compatriotes; le maitre sonneur n’a pas fait école. J'arrivais au fond de la Bretagne bretonnante, après avoir fait route, depuis Guingamp jusqu'à Brest et de Landerneau à Quimperlé, en suivant la ligne des chemins de fer; j'avais entendu le biniou une fois seulement, à Quimper; encore les ménétriers qui jouaient sous les halles, à des noces, montraient-ils leur préférence pour des airs modernes ou parfaitement étrangers à leur instrument : sur les quatre mor- ceaux dont se compose de véritable quadrille breton, deux ou trois élaient généralement des ritournelles en honneur dans les cafés- concerts. 3 + Pour ceux qui prétendent que le biniou est l'instrument na- tional des bas Bretons, il y aurait donc eu un recul de la musique populaire devant la civilisation; et celle-ci, en coupant de ses voies ferrées la basse Bretagne, de Chatelaudren à Brest, de Lan- derneau à Lorient et à Pontivy, ne fait-elle pas songer à ces voies romaines qui contribuèrent tant à la conquête de la vieille Gaule? Quelle que soit la réflexion à laquelle on est amené par le fait, ou la cause plutôt,.que je mentionne ici, cette sorte d’invasion aura produit cet effet incontestable : les ménétriers ont été refoulés à l’intérieur des terres; les collines et les bois de la Cornouaille sont devenus leur refuge; le mot de Tacite sur leurs ancêtres de Calédonie leur serait, à leur tour, applicable : ir penetralibus siti. C'est dans l'antique forêt de Brocéliande, d'où sont sorties les légendes du Cycle d'Arthur, qu'il faudra chercher les der- nières traditions de la Bretagne. Les ports et les stations bal- néaires sont encombrés d'étrangers; le littoral, étant ce qu'il y a de plus fertile dans la presqu'ile armoriçaine, a été de bonne heure envahi. Il est constant et avéré que, dans toute occupation, les conquérants ont rejeté les indigènes vers les régions pauvres et déshéritéés. Ce n’est pas la Domnonée, par exemple, qui recè- — 230 — lera un jour ce qui sera resté des Bretons : les landes de l'Argoat seront leur dernier asile. Et c'est pour cela que déjà l’on n’a plus le biniou dans les quatre coins de la région. Le surnom que l'on donne aux ménétriers en certaines contrées dit bien d'où ils viennent: lorsqu'ils entrent dans un bourg, la veille du pardon, en sonnant ‘un air qui les annonce, les enfants d’accourir et de s’écrier : « Potred bro-ar-c’hoat! — (Voici) les hommes du Pays du bois!» Ou bien : « Potred Kernew ! » En Tréguier, par cette locution, bro-ar-c'hoat, on désigne la Cornouaille. Quant à Kernewiz, potred Kernew (les Cornouaillais), cela n’a pas besoin de commentaire. J'ai mis la main sur un ménétrier de mérite; il est de Rostre- nen, en Cornouaille, quoique son nom, Louis Gilbert, ne décèle pas une origine incontestablement bretonne. Dans ma précédente excursion, j'avais eu la bonne fortune de rencontrer un komedian- cher célèbre, Kerambrun de Pleudaniel. M. Luzel aussi avait sa conteuse attitrée dans une mendiante de Pluzunet. C'est que, pour qui cherche bien, il y a dans chaque contrée quelqu'un qui a su à son propre profit accaparer l'illustration locale; au- tour de son nom à celui-là se forme alors comme une légende, et il devient une sorte de Roland ou de Lézobré, en son genre. Mon ménétrier passe pour le plus habile dans cette partie de la Cornouaille qui s'étend aux Côtes-du-Nord, au Morbihan et au Finistère, de Saint-Nicolas-du-Pélem à Gouarec et à Carhaix; Thoraval tenait le haut du pavé avant lui. Le biniou pourtant n'est pas son gagne-pain; le vieux Kerambrun non plus n'était komediancher qu'à ses heures, et il est tisserand de son métier; M. Louis Gilbert est instituteur, et je l'ai trouvé à Cavan: C'est une opinion générale que la plupart des musiciens :ambulants «ne savent pas leurs notes»; en Bretagne, les meilleurs des bardes mendiants sont des illettrés; même cette ignorance-là sert quel- quefois de recommandation auprès du public. Mais le contraire aussi n’est pas impossible. M. Gilbert avait pris quelques notions de musique au collège; du reste, il poussa jusqu'au bout ses humanités; comme il avait une prédilection nur la bombarde et le biniou, l'éducation n'a dû que développer‘àl Soût €, un talent d'avance éveillés. Toutes les fois que l'enseignement lui 15 P»des — 231 — loisirs, à toutes les vacances, il retourne au pays natal, et l’on revoit, comme ils disent là-bas, « le loup dans ses bois », où le bi- niou ne chôme pas encore. | * Il me vient à l'esprit que cet instituteur conduisant les danses de'ses compatriotes, dans un mariage, à une aire-neuve, manque- rait peut-être de décorum. Mais, dans toutes nos petites villes, levdirecteur de l'école, qui est aussi le chef de la musique muni- cipale, ‘en fait autant, lorsqu'il en est prié, à la tête de son or- chestre. Et il faut bien songer qu'on est là-bas en Bretagne, où la conduite opposée semblerait plutôt un contre-sens. Pour moi, je n'ai été frappé, chez M. Gilbert, que de son réel talent, aussi bien que de sa complaisance et de sa modestie. Llart comporte des genres secondaires, même des genres infé- rieurs, sur lesquels tombe un dédain souvent exagéré : ainsi, pourtciter des classiques, les Romains avaient relégué les Atel- lanes impitoyablement hors des murs ou dans les faubourgs. La chorégraphie populaire passe sans doute au même rang, et j'en- courrais le reproche de futilité si je n'évitais quelques détails, pourtant pleins d'intérêt. Dans certaines Etudes sur la Bretagne, dont l’auteur persiste depuis cinquante ans à garder l'anonyme, j'ai souligné une formule devenue proverbiale pour exprimer l'ir- résistible tentation dont est saisi le sonneur : « C'est que les tré- passés se dèveraient pour sauter eux-mêmes, :s'il allait à minuit jouer de la bombarde dans le cimetière. » Simplement, cela signifie qu'älrexiste une parfaite convenance entre cette musique et ces instruments, entre ces musiciens surtout et çe public; ce dont on se rend compte dès la prémière fois qu’on a vu les ménétriers sur Jeur tonneau, marquant du pied bruyamment chaque temps de la mesure, tout le corps penché suivant la cadence et l'ex- pression qu'ils savent y mettre, guidant de l'œil les ébats, souf- flant un continuel allegro vivace à se rompre les veines, s'ils ont aperçu quelqu'un qui «mène la ronde à la guise d'autrefois ». On n'est pas étonné que le passe-pied ou la ronde des Bretons aient ew de même renom que le menuet sous l'ancien régime, lorsqu'on en'a constaté la tradition en quelques coins de la Cornouaille. “Pour sonner une danse bretonne, deux instruments sont de rigueur : la bombarde et le biniou. Dans les Côtes-du-Nord, vers Pédernec, l'habitude est d'ajouter un petit tambour, dont le rôle est de battre le temps et le demi-temps, sans les roulements ni rien — 232 — du brio dont un musicien serait tenté de faire parade. Avec le biniou, c'est une tout aulre exécution. I y a, dit-on, plusieurs facons de sonner du cor, et au simple #ayauté on distingue un sonneur de rencontre d’un bon piqueur; de même, un vrai mé- nétrier se reconnait aux petites notes dont il a soin d'agrémenter son air, ad libitum. Aussi la même mélodie n'est-elle pas nuancée deux fois de la même manière; et jouée deux fois de suite, avec ces nuances et ces variations, c'est comme deux airs apparentés. Il arrive donc que de telles mélodies deviennent difficiles à saisir et à noter; j'avoue que plusieurs m'auraient à peu près échappé, si M. Gilbert ne les avait reprises, devant moi, sur la bombarde ou sur la clarinette, dans leur simplicité originelle. Au souffle seul et sans le doigté, le biniou produit une note uniforme, un ré, qui sert de tonique; l'air est généralement en la dominante : c'est le premier ton du plain-chant. Quelquefois on a fa dièse et même ut dièse. Le biniou est percé de cinq trous, et la bombarde, de huit. Une chose curieuse, c'est que ces deux instruments , qui sont faits pour jouer et forcés de vivre ensemble, ne sont pas d'accord du tout : ils vont à l'unisson, mais à la distance à peu près d'un demi-ton; l’un donnant ut, l'autre dit si naturel. À première audition, l’on est évidemment frappé de cette dissonance. Eh bien, si l'on poursuit l'exécution, la distance s'efface. On se demande si les ménétriers n'obtiennent pas ce résultat parce qu'ils faussent la note à force de poumons ; sous un pareil effort, le ré fondamental se dégageant avec un wvo- lume si considérable de son, comme la note d'un bourdon, il est probable que cette basse monotone enveloppe de sa sono- rité ces dissonances, de manière à les rendre de moins en moins perceptibles à l'oreille. Du reste, les deux sonneurs alternent la plupart du temps; autrement, ils n'y résisteraient pas, avec le mal qu'ils se donnent, chaque danse étant interminable, et les re- prises sans autre loi ni règle que l’entrain de la foule. Lorsque le musicien n'en peut plus, il arrête court par une note aigué et discordante. Le quadrille dure au moins trois quarts d'heure. C'est ici qu'il vaut bien son nom, puisqu'il ne contient que quatre figures, au lieu des cinq dont on a la coutume ailleurs. /Pour- tant, voire en basse Bretagne, l’on en introduit parfois une cin- quième, à la réclamation générale, et l'on joue alors une ronde pour finir. — 233 — Voici l'ordre en usage et les noms de ces figures pour la Cor- nouaille des Côtes-du-Nord et le voisinage : 1° Ronde; 2° Bal; 3 Contredanse ou ronde; 4° Passe-pied. La ronde est loujours un deux-quatre; le bal, un deux-qualre ou un siæ-huit, comme la dérobée; la contredanse et le passe-pied, un deux-quatre; et toute figure, en seize mesures et en deux motifs. Le-jabadao et la gavoite remplacent la ronde etle bal à Quimper. Entre - Guingamp et Lannion, la dérobée, mentionnée plus haut, est devenue l’intermède obligé des bals champêtres, la danse de caractère qui succède à tout quadrille. Au nom seul, on de- vine que cette dérobée n’est pas issue de basse Bretagne; elle est venue du pays gallo. Elle n’a rien de compliqué ni d’artistique, n'exige guère la science du pas et de la mesure, se compose bon- nement d'un mouvement de marche et d’un balancé, parfaitement déterminés par la mélodie même; c'est la farandole des bas Bre- tons, avec quelque chose de-gracieux, mais rien qui rappelle’le _ passe-pied ou le jabadao. De même pour l'air, qui convient mieux à un orchestre qu'a un biniou et qui a tout juste autant d'origi- nalité qu'une chanson gallaise transportée en basse Bretagne. Pour ces raisons, je n'ai pas jugé à propos de consigner des déro- béessavec les mélodies sans paroles qui suivent. L'ordre des quatre premières seulement est celui-là même où le ménétrier les jouerait. Toutefois, il nv a pas, à proprement parler, de quadrille breton. Chacun de ces airs n’est pas un morceau détaché d’une composition musicale, il est indépendant de tout autre; chacun est une mélodie à part qu’on ajoute à d’autres, dans un certain ordre, lorsqu'on est réuni sur une aire (war eul leur) dans une intention de s’ébattre, Le bal et la ronde l'emporteront par le nombre; c’est la faute aux ménétriers, dont le répertoire était peu garni de passe-pieds. Estce une preuve que le temps de ceux-ci sera bientôt passé? — 235 — — PASSE:PIED. ue o N° 3. — CONTREDANSE. N — 236 — N° 5. — RONDE. E — ROND — 237 — N°7. — RONDE. — 239 — N° 12. — BAL. N° 11. — RONDE. SE OPEN CON RES CSS) DRE: CARE MU ON DR URE DREN SRE EPS ER COUR CON Gin 720 ARE Re WREC U RCE (EN LOS CORRE nie FRERE LSBUE IE INSEE DAS RSC TE 17 LT TRS MS RRQ ER TEE POLE — 241 — NOT EN PAT 16 IMPRIMERIE NATIONALE. MISS, SCIENT. —— XIII. —…— Se N° 19. — BAL. — 24h — N° 21. — BAL. POS END GES m7 mm 2 N°92, BAEX se OM tn N° 23. — PASSE-PIED. N° 24. — PASSE-PIED. PT — 246 — N° 25. — PASSE-PIED. N°:26.-PASSE-PIED. {I TA il Al! il TT Un — 247 — Voilà les mélodies les plus connues, de Saint-Nicolas-du-Pélem à Carbaix, de Cléguérec à Tréguier. Quelques-unes sont si popu- laires qu’elles ont un nom en propre, un surnom plutôt, acquis par la vulgarisation : le bal n° 12, c’est l'air fameux de « Finis- tère»; dans la ronde n° 5, qui ne reconnaît la chanson d'ann hini goz ? Et par ces trois derniers mots, répandus comme un dicton, tout 1e monde , même hors de Bretagne, désigne un bretonnant. Tel air est plus affectionné en certaine région, sans doute parce qu’il enest natif: ainsi la ronde n°6, surnommée «la Trécorroise », est tout à fait en vogue dans tout le Tréguier, et ne se joue guère ni à Plounévez-Quintin ni à Gouarec. Si j'ai dit tout à l'heure que voilà les mélodies les plus con- nues, je ne conteste pas qu'il n’y en ait d'autres à entendre là- bas, même plus souvent, de cellesdà que j'ai signalées à propos des ménétriers quimpérois, ou de celles encore qu'ont sonnées au Trocadéro et au Châtelet, en 1881, les « Sauveteurs » venus à Paris lors de leur anniversaire. Et tous les « quadrilles bretons », tous alors avec les cinq figures devenues de règle, et les « fan- taisies »de musique militaire! J'ai sous les yeux L’Armoricain, de Pachot, et le Retour de pardon, par Léon Chic. Ces titres, au moins, sont déjà de quelque effet. Au cours de ces compositions on retrouve, ceries, des airs populaires, adaptés, arrangés. . . Je n'insisle pas. Je n'aurais qu'à faire l'application à ce sujet de ce que j'écrivais, il y a un an, sur l'usage que MM. Colin et Thie- lemans ont fait des chansons populaires. Les productions de cette sorte sont répandues à flots sur le pays. Qu'on ne s'y trompe pas : la musique et la poésie bretonnes n'ont ici que peu de chose à voir. Les aïrs anciens se vulgarisent, parce que des « musiques communales » se fondent partout. M. Fi- chet, instituteur à Pommerit-Jaudy (Côtes-du-Nord), m'a confié des’cahiers et des répertoires qui sont pleins de ces morceaux de réminiscence ou d'imitation. Mais doit-on en vouloir à ces braves gens, qui consacrent à un art d'agrément leurs rares instants de répit, quand même ils croiraient avoir accompli l'acte d’un artiste non moins que d’un Breton après avoir exécuté, avec toute leur bonne volonté, les élucubrations de Chic ou de l'abbé Mordellès ? Je n’ai constaté que chez M. Gilbert le respect absolu, éclairé, des vieilles mélodies, d'une tradition nationale. Iraïje plus loin ? Peut-être n’étonnerais-je pas grand monde, si — 218 — j'afBrmais que ces mélodies anciennes sont moins en faveur que la jolie « fantaisie » tirée d'elles et faite de leurs débris. C'est, comme toujours êt comme partout, l'influence de la virtuosité sur le gros public; or, s'il y a du mauvais goût là dedans, les maîtres de mu- sique sont les premiers à le développer; et s'il s'agissait d'un crime, eux ne seraient pas les complices, mais les coupables. La réparation, si c'en était une, ne serait pas loin de la faute, et, qui mieux est, l’une serait dans l’autre : justement, il arrive que ce ménétrier tombé en discrédit est dans l’âme un virtuose; mieux il «agrémente » un air, plus il passe pour savoir son métier; le biniou n'a de vertu sur les danseurs qu’en raison de la virtuosité du maïtre sonneur, Cependant les ménétriers sentent que le vent tourne, et ils vont aux nouveautés, espérant qu'ils sauveront un art déchu du jour où le biniou est sorti des landes natales. Serait-il vrai de dire des mélodies populaires ce dont il est con- venu, et non sans preuves, pour les chansons et les contes, à sa- voir que ious les peuples en général, principalement ceux d’une même race, vivent sur un fonds commun dont chacun s'est ap- proprié ce qui était le mieux à sa convenance ? À juger si ce fut une question de nationalité, il y aurait autant de chances en fa- veur de la musique que pour la littérature. Les lieux et les gens ont leur physionomie propre : c'est affaire à un œil exercé. Mais qu'est-ce qui distingue un air bretoh de tout autre, d’une mélodie russe, je suppose? Il paraît qu'on a remarqué dans les chansons que J'ai notées l’année dernière, jusqu’à des cadences judaïques; quant aux affinités avec la musique grecque, cela est bors de doute. La Bretagne étant restée tant de siècles fermée, ayant en- core conservé tant de traditions dans une langue particulière, n’est- il pas admissible qu'elle ait gardé, en toutes choses, quelque per- sonnalité? a fortiori pour l'art, pour la musique, chez un peuple qui fut de tout temps tourné vers l'idéal. Après tout, je n'avais qu'à tout recueillir sur mon passage, si le choix offrait du mal. J'ai pris sans hésiter ce que je n'avais pas oui hors de Bretagne, les. airs qui me revenaient après quinze ou vingt ans et qui ne sont pas encore passés de mode chez mes compatriotes; je suis sûr que, dans ceux-là du moins, l’on trouvera quelque chose de breton. Le peuple ne danse pas toujours au son des instruments. À un pardon, pour une aire-neuve, après le banquet de la moisson, — 249 — l'envie peut. venir d’une ronde ou d’un: jabadao, sans qu'on ait pourtant un biniou sous la main; mais, dans tout ce monde-là, quelqu'un a certes appris à « siffler dans la feuille de lierre » entre les dents. Et si l'on n’a pas à sa disposition cette espèce de mir- liton, on entonnera une chanson, un sonn sur un métier : les uns chanteront , pendant que les autres danseront , ou bien chacun fera les deux à la fois. | | Ce rôle de la chanson dans la chorégraphie populaire serait bien curieux à étudier. Il y aurait tant d'exemples à produire, depuis la berceuse jusqu'à la ronde des moissonneurs ! La nourrice fait sauter l'enfant sur ses genoux, ou elle l'endort avec ce refrain : Pater noster dibi doub Man ma c'has o neza stoup. Traduire en français de pareïlles choses est quelquefois impos- sible et. souvent futile : ou cela ne signifie rien du tout, ou toutes les interprétations se valent, dans les cas difficiles; plus c’est ré- pandu dans le peuple, plus le sens s'en est obscurci; l'usage a remanié ces choses-là et les a tellement transformées que vou- loir en tirer une idée logique et suivie serait «exiger de la pierre qui roule qu’elle amasse de la mousse ». Dans le premier vers du distique plus haut cité, Pater noster, m'a-t-on dit, aurait été sub- stitué à une formule druidique; pour ma part, j'ai vu si peu de traces des druides, en Bretagne, que je me suis décidé à ne les y suivre qu'en toute défiance. — « Mon chat est à filer de l’étoupe. » Voilà pour le second vers. Les enfants, à l’âge des salles d'asile, ont une ronde traïnante : Troïk mezo Bara lez | ‘Nn hini gouezo the C'hai e-mez. «Petite ronde ivre — pain au lait — celui qui tombera — ira dehors.» De huit à dix ans, ce sont, sur le même air, d’autres paroles : Barzig ha barzig a Goneri Ari mab ar roue gand daou pe dri, Gand eur bagad a bichoned. . . — 250 — « Petit barde et petit barde de Gonéri — il arrive, le fils du roi, avec deux ou trois — avec une bande de pigeons. . . » Quel que soit le sens de barzig a Goneri, quelle autre allure et quel ho- rizon nouveau! Troik mezo était une série de spondées entre- méêlés d’iambes à peine accentués; le mouvement était andante, Il est devenu allegro dans barzig ha barzig; et maintenant, rien que l'iambe et lanapeste; l'imagination s’est ouverte au merveil- leux : « Le fils du roi vient avec ses pigeons rouges et blanes et violets. .. » La chanson et l'air sont à l'avenant de l'âge. #7 Les filles de quinze ans tournent encore en rond:'Toujours la ronde. Il y a dans leur sonn un prélude significatif; à travers une insouciance avec peine déguisée, on pressent comme un symptôme des prochaines amours : Plac'hig euz ann Douar Newe. .. « Jeune fille de la Terre Neuve. . . » Cette chanson est déjà in- sérée et la mélodie en a été notée dans mon premier rapport de mission. | «gl Et puis, les jeunes gens avec les chants de guerre et de table, . ! H suflit qu'on indique cette alliance et cet emploi de la mu sique avec la poésie pour qu'on saisisse les rapports de la choré: graphie, chez le peuple, avec les äges différents. La question vaudrait la peine qu'on s'y arrêtàt, et les documents, ai-je dit, ne manqueront pas à qui voudra bien la traiter. soul L'année dernière, j'avais insinué que la métrique offrirait, aussi bien qué des lignes topographiques, une base de délimita- tion entre les dialectes de la basse Bretagne: Cette opinion n'était pas une témérité; je me réserve de l’appuyer sur de bonnés ét s0- lides preuves, un jour venu. Ce n’est pas au hasard non plus que j'ai mentionné l’iambe et l’anapeste, au sujet des rondes enfantines : la musique relèverait le démenti contre quiconque récuserait la poétique, comme dans troik mezo et dans barzig ha barzig. Est- ce qu'il ne faut pas, d’ailleurs, qu'il en soit toujours ainsi, dans notre idiome néo-celtique, où la chanson ne va jamais sans, son air? À ce propos j'ai retenu beaucoup de doléances sur la tolé- rance excessive de notre poétique particulière. Et il y à aussi tant de gens qui écrivent en vers bas bretons sans avoir la moindre idée de l'harmonie ! La plus simple assonance leur suffit; ils alignent leurs syllabes en nombre réglementaire, de même — 251 — qu'un cantonnier entasse des pierres sous le boisseau, et ils ne se sont pas une fois doutés qu’une âme palpite fatalement dans un beau vers. ; Jamais la plainte que j'exprime ici, ainsi que toutes celles qui touchent au même sujet, ne fut plus fondée qu'a notre époque, où la décadence est manifeste dans la chose purement bretonne. Par un contraste frappant, ce sont les vieillards qui nient cet abaissement et ces pronostics funèbres; les jeunes gens d’aujour- d'hui sont d’un enthousiasme assez platonique pour la petite pa- trie. J'avais tâché de décider quelques-uns à continuer mes re- cherches en mon absence: à part des prêtres et quelques maitres d'école, ils ont manqué à toutes leurs belles promesses. Un ancien camarade de collège que j'avais réussi à pousser dans la bonne voie, M. H. de la Monneraye, m'est resté fidèle le plus longtemps : il avait un peu de ce qui est requis pour notre longue et patiente besogne, de la curiosité, du sens critique; il a recueilli aux envi- rons de Carhaix des devinailles et des proverbes, dont l'envoi était parfois accompagné d'excellentes paraphrases; malheureuse- ment, je crois que l'indifférence générale l’a depuis gagné aussi. Cependant il faudrait se hâter : comme l’on dit, quand le temps est à l'orage, si la moisson n’est pas ramassée bientôt, il sera trop tard. L'âge moderne est un rude niveleur, il sera funeste aux . mœurs locales; lorsqu'il aura tiré la Bretagne de son isolement, Voriginalité de la région résistera, mais celle de la race aura dis- paru : l'ethnographie n’a plus là de temps à perdre. Il y aurait à dire sur la musique bretonne bien des choses encore : je n'ai écrit qu'un sommaire. Quant à ma collection de chansons populaires, commencée à mon précédent voyage, elle est maintenant considérable. Pour le premier jour où le permettront mes travaux habituels, je médite, comme complément à ces deux premiers rapports, une nouvelle étude sur nos mélodies de basse Bretagne. J'ai l'honneur d’être, Monsieur le Ministre, de votre Excellence le très respectueux et très obéissant serviteur. N. Quezuren. on Tee LEP sf Tee ésretq/sbrocébirs + inrdiess 11 np tatiqheg arf srepebtoh #08 01 484 Yrége dE: node 291108 s0p émis, foi son ivq ro" | she | eu. g pdt nf oo iles io | les soubirals 1 Labo! 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Pour les traditions orales, surtout ces légendes religieuses qui concernent l’émigration des Bretons en Armorique, je m'attendais bien à n'en pas découvrir un grand nombre (s'il en restait toutefois) du premier coup. Si l'on veut engager les gens du peuple dans une voie, rien ne vaut comme de donner soi-même l'exemple; souvent je n'obtenais une chanson qu'après avoir chanté tout le premier : le chant soulevait l’en- thousiasme et entraïnait la confiance. Il y a donc bien des motifs pour que ma collection de récits n’ait pas encore limportance de mon volumineux recueil de chansons bretonnes. Je crois pouvoir, cette fois, laisser de côté les mélodies; je n’en finirais pas, si je m’arrétais à les transcrire. — 254 — À mesure qu'on tire du peuple ses chansons et ses récits, on est frappé de l'inépuisable fécondité des sources populaires; plus on à creusé, moins on s'aperçoit, qu'on ait touché le fond. Devant la variété de telles productions, AR devient curieux d'en dé- couvrir les lois générales; car toute œuvre sortie de l'esprit humain subit quelque règle, si elle a des prétentions ou si elle veut obtenir des chantes AT Ohse fait bien l'idée ue! ce n’est pas une facile entreprise de classer ces légendes semées à à l'infini et venues de partout, ces chansons de tant de sortes. Peut-être est-il permis d'en‘aflirmer seulement que la même chosene sejdit pas; où que le ménié événèment ne se raconte guère sous la double forme du chant et du récit;, ce qui est tombé, dans le domaine, de la narra- tion prosaïque est par cela même SR désormais de la chanson. Les choses qui touchent au surnaturel, les faits dont la date est perdue, passent dans la légende et dans le conte; les actions des contemporains restent à l'appréciation des chanteurs et des bardes. Très peu de chansons en basse-Bretagne remontent à plusieurs siècles; à part deux ou trois, Lézobré, La Fontenelle, . . . les gwerz . qu'a transmis la tradition orale ne se rapportent pas à des époques absolument disparues, et la raison en est que le peuple écoute ayec indifférence et laisse peu.à peu tomber dans J’oubli ce, dont il n'& pas retenu le sens. Du reste, le chanteur m'éprouve. pas Je besoin de comprendre toujours ce qu ‘il dit: il répète sincèrement une leçon apprise par cœur; tant pis s’il a entendu de travers. Parfois il en résulte de singulières variantes, Voici deux couplets, par exemple, d ans une Pic de naufrage que je tiens de Fu Le Guluche, un couyreurde la Roche Erwoan ar Bouc'her a lere, eunn den a’ gour Hi vd” Pini savaz ben ter gWech ter’ EWech' War bon he \ag An euz Laret d'ar Bouc’ her a 04 beuet he vag. Ha fraillet dre ann. anter € bord ann enez Koat. e 102 19an0b 9f Yves Le! ue disait un UE ‘de ul courage — ne ‘88 leva par trois fois, ttois fois sur le bord.de;sonbateau 4,1, 14 : \IHoatdit à Le Bouber que son bateau était noyè — de Feñdi PE la moitié près de l'ile Cont. 13 Uné autre version , qui est: la bonne, dit, au liew de’ Erwoan ar Bouc’her, Pipi ar: Bouder (Pierre: :Le : Bouder). . D'après! Le — 0H Guluche, le matelot Le, Bouher; qui a périlet le patron-de da barque, à qui l’on annonce le’sinistre, seraient :un seul:et même homme: c'est .qu'«on avait: chanté comme cela “devant Je: coù- vreur dela Roche. of 409 9961 10 Puisqu'il s'agit de désuétude, ajoutons que là ei dut ne,s’applique pas exclusivement à la longue coimplainte, à da can- tilène historique; le sonn 1yrique, ou élégiaque, ou facétieux vierit à s'effacer danses souvenirs pour.des motifs à peu près identiques! Un gwerzsurvit, tant que persiste en lui une, certaine universalité qui .en -est, comme le caractère, propre. Le fait du sonn est. une manière de particularisme, Ce qui n’est pas-du toutrune-condition dewitalité. Une action: toute locale, parce qu ‘elle la suscité un rimeur, n'est pas pour provoquer l'enthousiasme au délà de l'ho- rizon! circonscrit au:clocher de l'endroit:-et:s1 elle. obtient la bonne fortune:d’une notoriété hors de coutume, il arrivera:que, le sol natal;çune, fois quitté, c’est en. raison de l’intérêét:même qu'elle aura-entrainé après elle, qu'elle subita dans sa a célébrité lès trans- formations et la décadence. Le gwerz.et. le sonn sont les formes les plus usitées de la poésie SR et même toutes se ramènent à ces. deux-la : Ja ronde n’est autre chose qu'un sonn; le cantique qui n’est pas accompagné dudiskan: ou refrain, comme la complainte à centscouplets sur lasvie d’uncsaint, comme tout récit en vers, devient un gwerz. On: rencontre dans les livrés d’autres désignations; maisnelles n'existent pas dans la langue vulgaire, ‘et le peuple les ignore.Le seul, mot kanaouen est aussi en vogue; c'est un tèrme purement générique, qui se trouve dans les mêmes relations avec le verbe kana qu’en.français: le vocable équivalent chanson-avec chanter. Toutefois, kanaauen et sonn sont pris souvent l’un pour l’autre, et même, danse dialecte de Tréguier, hanoenest. ar sans aucun synonyme, dans le sens de sonn: « A Est-ce qu'il se réduirait donc à si peu dé De ‘qu'on: den -mât en deux simples mots, cet art des chanteurs stars, vanté des uns à l'excès, méconnu:et nié de beaucoup qui n'ycompren- nent rien? Déclarer qu'il est très savant, qu'il est d’une science consommée, serait une exagération; mais il existe:et il estimani- feste jusque dans la moindre improvisation, cet art populaire; avec ses subtiles recherches à côté d’une naïveté, malgré les défaillances d'inspiration survenant au bout d’un brillant essor et ces négli- — so — gences associées à des beautés de premier ordre, dans ces inversions et cesreprises, sous ces rappels et ces retourset ces repos du refrain. On en est surtout frappé dans les chansons où l’on croit reconnaître quelque trace d'ancienneté; certes, l'originalité manque aux mélo- dies que l’on sait d'invention récente : est-ce parce que l'éducation musicale, étant plus compliquée, se néglige désormais plus que l'éducation poétique? La chanson qui a traversé plusieurs généra- tions n’a pas gagné que des années : ce qu’elle avait de bon est resté, et à ce texte primitif s'est ajouté, dans le même sens, le travail des âges successifs. Aujourd'hui, comme de temps immé- morial, les complaintes nouvelles ne font pas défaut; mais le don de poésie est rarement le propre des aveugles et des mendiants qui les débitent dans les foires et dans les pardons; parmi les tis- serands, les tailleurs ou les meuniers, on compterait plus de bardes qu'entre tous ceux qui font profession de l'être : le baleer-bro n’est pas un poète par cela même qu'il est vagabond. Plus encore que ces indigents qui riment pour vivre, les lettrés qui composent des poé- sies bretonnes sans inspiration aucune, les clercs qui transforment en cantique un vieux gwerz pieux, s’égarent loin des sources popu- laires. S'il ne s'agissait que de ces insanités ou de ces prétentieuses élucubrations, il n’y aurait pas même à en parler; mais c’est qu’elles gâtent le goût public, et le peuple, n’entendant que cela, oublie ses légendes héroïques et ses anciennes chansons d'amour. Entre ces poésies qui tendent à disparaître, parce qu'elles per- dent de leur portée courante, les chants de Æloer furent célèbres. Le kloarek était un écolier du temps où les collèges étaient rares et les étudiants libres; aussi bien les classes vaquaient-elles plus que de règle. Les. jeunes gens que leurs pères, bons paysans, avaient envoyés à l’école pour en faire des prêtres fuyaient volon- tiers les livres, s’en allaient sous un petit bois derrière une cha- pelle antique, rêver d’une pennherez, et, dans la langue de’leur enfance, contaient à la dousik-koant leur peine poétique; quelque- fois l’héritière n'était pas une inhumaine , et le séminariste ne-pous- sait pas alors jusqu’à la prétrise. L'internat partout a mis-fin à la vie libre et aux chansons du kloarek. | Dans ce genre de poésies, en voici une, jusqu'à ce jour très répandue dans le pays de Tréguier. = DM = : lee à KLOAREK KOATREVEN a, Kloaregik Koatreven an euz groet Ar pez na rafe mab ebed (bis); ’N euz groet eur pak douz he levrio | ’Toull porz he dad ouz ar baro, Evit mond d'ober al lez Da Goatgoure d'ar bennherez. Pa n’an da studian d’ar skol, Saludan ma dous war doull he dor, Saludan ma dous a diabell : à Salud d'ach, ma dousig Izabel. , — Ha d'ach, em'ehi, ma dousik kloarek ; Nemet ma goadisan n'a red. ù — Me, 'm'ehan, n’ho koadisan ket Nag en zell da ober pa n'on ket; Name Fes ann ardianz D'ho koulenn douz hoc’h oblans. — Mar deud d’am goulenn, deud, fplese Diesed gan-ac "h markiz Koadane : : Hennez zo eunn den a galite, x'h C'houfeo parland ouz ma ligne. Kloaregik Koatreven a lere, En Koadane pa’narie: Salud ,'m'ehan, markiz Koadane. C'houï deufe gan-in da Goatgoure Da c’houl eur bennherez ac “hane : RQ) — Biken j jamez na predfenn me . Az pe te pennherez Koatgoure, Perc'hen pemzek mil skoed leuve, Ha te n'at euz CA AE “az AE () Rapprochez ce gwerz de L' Haitère de Crec igouré, dans les Gwerziou Breiz- Lel de M. Luzel. ét _ (@) Le second vers de chaque EE étant bissé,. cela Pit que la phrase mu- _ sicale est composée de trois membres; il est donc indifférent, au point de vue 4 _ de la mélodie, que Île couplet, au lieu de rester le distique habituel, devienne vs _ quelquefois un ternaire : le troisième vers fait supprimer le bis. MISS. SCIENT, — XIII. : 17 IMPRIMERIE NATIONALF — 258 — O nan, biken n'gredfenn me Mond da c'houl d'id pennherez Koatgoure. * — Goud-ouz-oc'h e-vad, otro Koadane, L Me ’z0 'n ho servich noz ha de, Ha bean ac'h on ho sekreter, 4 Ha bean on ouspen ho preur-mager. Me oa kontand da vean belek, Med ar plac'h n'a bermet ket; : Hag an euz laret mond d'he goul fete Ha kas gan-in ann otro Koadane : Hennez zo eunn den a galite Goufeo parland douz ma ligne. — Ho! mar d'e ar plac'h a lavar ze, | Me am o d'id pennherez Koatgoure; L Gant bek ma lans pe ma c’hleve Me am o ‘n-ehi ’n nespet d’he ligne, T- Se e- Gant bek ma c'hleve pe ma lans” Me am o ’n-ehi ’n nespet d'hec'h oblans. D -’Nn otro Koadane a lavare À ‘Barz en Koatgoure pan arie : ; 7 Bonjour d’ac'h, otro Koatgoure. — Ha d'ac'h ie, markiz Koadane. Diskenned ha deud en ti Ha leked ho kezeg e marchosi; | Leked ho kezeg e marchosi 4 Ha deud d’ar sal da dijunin. ‘4 — Na diskennin na n'in en ti Na lakin ma marc’h er marchosi, Ken am o klevet ma c’henvidi : Aoun ’m euz a savie fachiri. — Na savo ket a Écre "Wit maman ho koulenn “barz ma zi. ot — Ho pennherezig a choulennan D'ann otro Koatreven ” 20 aman. ( .— Otro Koadane, goudour-oc'ha-vad, fr "Wid ann dra-ze na ve ket siab | | ’N eve perchen, penzek, mil skoed leuve, Hag hen n’euz chentes deuz SRE Qi Ma vije id-oc Et poa el goulet, dus Otro Koadane, na vijec'h refuzet. F IueiQ — Otro M oe po ad. On-me eunn den veritab : ile gdir me “NET -# . HA ef | DUT SE NIOUTIRE Na draïsin ket ma | sekreter; . r _ Hag ouspen e d'in € "hoaz breur-mager. ‘Nn otro Koadane pan euz kleyet, ,, Diwar geign he varc he diskennet, | À Hag antreet”barz ar gigin : 1 Hag hen ken glaz hag eur glizinn : Matezik vihan, d'in lered, : Ho pennherezik pelec’h eo et? — Eman due? "barz” nhec hampr 91 O kozeal seu seiz baron iaouank , _O kozeal gant seiz z baron iaouank, Hag ar choaz an-he” n evo, pa no choant. — —Pachik, pachik, ma à fach as _Kes d he saludin d’ he c'hampr É a ‘tach d c'houd ober komplimant. dé AELEI fl ro Ar pach bihan a te Ebarz ar gampr, pa. n arie : : (x n° 1 OAI J KE Bonjour d'ac'h,/m tea, pennherez, :; Ha d'ach ha d'ho kompagnonez. nt dd © 0: Laretazod'ach dondentraou Da laret ouz ma mestr eur gir pe daou; Kar eman du-hont ‘barz ar gigin: | Hag ben ken glaz hag eur glizinn ; 1 ; » NN Man en eur goleur ar vrasan : anna dal den Ar bennherez pa ’n euz klevet, Traou gand ar vins e Dern ox _] al u0b «one or ie Sc d'ach, ‘otro Koadane: . he bsysqurone : 35 Pelec’h e manet ma. c'harante 2. RM MD ne he: — 260 — _— Et e, ’me-han, da Sant-Briek Da gerc’het eur gaill silaouret ; Disul laro he ofern-bred, Disul laro he ofern gent n : On deut d'ho pedin d'he achistan. Ar bennherez a lavare D'he fotr-marchosi bag a-neuze : Prepared d'in eïz a gezek Da lakad ouz ma c'hareoz chilaouret ; Ha c'hast buhon ober ze, J Me’renk mond da Sant-Briek fete Na d'hen distrei gant gras Done : Rak biken jamez belek na ve. Koatgoure goz pa 'n euz klewet, D'he bennherezik ‘n euz laret : Me am euz aman chadenno, fl Ma fennherezig, hag ho talc'ho. — Mired ho chadenno”n ho kampr, Ha deud da rei d'in treo ma mamm : Mil boellad gwiniz ha seiz 4 ‘M euz deuz beurz ma mamm 'gosle Breiz, Ha pemp mil skoed leuve barz en Bro-Gall : Ho! me na n’on ket eur fortun fall; Kement all en bro Leon : . | Me 20 dimezel bag itron. i Me oar a-vad n’euz ket hen a danve : Met mado awalc'h’zo deuz ma re. Chanté par Francoise FEuTRL, marchande foraine, de Saint-Clet (Côtes-du- Nord). LE KLOAREK DE COATRÉVEN. Le petit kloarek de Coatréven a fait — ce que ne ferait aucun . fils (bis); Les Il a fait un paquet de ses livres — à la porte de la cour de son père, qu contre le seuil (), @) Le mot baro, dont le sens est multiple et très vague, a besoin le plus sou- vent d'être accompagné d'un déterminatif, aucun chanteur ne m'a traduit ou expliqué d'une facon satisfaisante ce pluriel de bar. Pour aller faire la cour, — en Coatgouré, à l'héritière. Lorsque je m'en vais étudier à l’école, — je salue ma douce sur le pas de sa porte; È Je salue ma douce, de loin : — Salut à vous, ma petite douce Isabelle. — Et à vous, dit-elle, mon pelit doux kloarek; — vous ne faites que vous moquer de moi. — Moi, dit-il, je ne me moque pas de vous, — ni dans l'intention de le faire je ne suis pas; nJern'aurais jamais da hardiesse-— de vous demander (en mariage) à votre noblesse. =— Silvous venez me demander, venez aujourd'hui; — amenez avec vous le marquis de Coatanhai : Gelui-là est un homme de qualité — qui saura parler à ma lignée. Le petit kloarek de Coatréven disait — dans Coatanhai, en arrivant : Salut, dit-il, marquis de Coatanhai. — Viendriez-vous avec moi à Coatgouré — pour demander une héritière de là ? — Jamais, non, jamais je ne croirai — que tu obtiennes, toi, l'héri- tière de Coatgouré, Qui possède quinze mille écus de rente; — et toi, iu n'as pas un sou de cela. Oh! non, jamais je n'oserais — aller demander pour toi l'héritière de .Coatgouré. — Vous savez bien, monsieur de Coatanhai, — je suis à votre ser- vice nuit et jour; Et je suis votre secrétaire, — et je suis en outre votre frère de ait. _ J'étais content d’être prêtre; — mais la jeune fille ne (le) permet pas; . Et elle a dit d'aller la demander aujourd'hui — et d'envoyer avec moi monsieur de Coatanhai : Gelui-là est un homme de qualité — qui saura parler à ma lignée. — Ho! si c'est la jeune fille qui dit cela, — j'aurai pour toi l'héri- tière de Coatgouré ; »: Avec la pointe de ma lance ou (avec) mon épée — je l'aurai, malgré sa lignée; — 262 — Avec la pointe de mon épée ou (avec) ma lance — je l'aurai, malgré sa noblesse. Monsieur de Coatanhai disait — dans Coatgouré, lorsqu'il arriva : Bonjour à vous, Monsieur de Coatgouré. — Et à vous aussi, marquis de Coatanhai. Descendez, ‘et venez dans la maison, :— et (mettez vos chevaux à l'écurie; Mettez vos: chevaux à l'écurie, — et venez dans là salle pour dé- jeuner. | — Je ne descendrai, ni je n'irai dans la maison, — ni je ne mettrai mon cheval à l'écurie, Que je n'aie entendu Je résultat de mon message : — j'ai peur qu'il ne se lève fâcherie (entre nous). — I ne se lèvera point fâcherie, — si du moins est (l’objet de) votre demande dans ma maison. — C'est votre jeune héritière que je demande — pour monsieur de Coatréven, qui est ici. — Monsieur de Coatanhaiï, vous (le) savez bien, — pour cette chose- là, ce ne serait pas convenable Qu'il obtint la maitresse de quinze mille écus de rente, — et lui n'a pas un sou de cela. Si c'était pour vous que vous l'eussiez demandée, — Monsieur de Coatanhai, vous n'auriez pas été refusé. : | — Monsieur de Coatgouré, vous savez bien — que je suis un homme de bonne foi : Je ne trahirai pas mon secrétaire; — et de plus il est encore mon frère! de lait. Monsieur de Coatanbai, lorsqu'il eut entendu (cela), — du. haut de son cheval est descendu, Et (il est) entré dans la cuisine, — et lui (de colère) bleu comme un bleuet : Petite servante, dites-moi, — votre petite héritière, où est-elle ? — Elle ést là-bas dans sa chambre — à causer avec sept jeunes ba- rons, A caüser avec sept jeunes barons, == et le! choix elle en aura, quand elle voudra. w — 263 — … — Petit page, petit page. mon page petit, — va.la saluer dans sa chambre, — et tâche de savoir faire un compliment. . Le petit page disait — dans la chambre, quand il arriva : : Bonjour à à vous, dit- ä, héritière, — et à vous et à votre compagnie. c1 11} LuOn vous! a dit de venir en bas — pour dire à mon maîtretun! mot'ou deux; Car il est là-bas dans le cuisine, =— Ef lui (de colère) aussi bleu qu'un bleuet ; Il est dans une colère la plus: Brands : — de tuer votre père ïl a envie. L'héritière, lorsqu'elle eut entendu (cela), — en bas par l'escalier est descendue : ï Salut à vous, Monsieur de Coatanhai, — où est resté mon amour ? — Il est allé, dit-il, à Saint-Brieuc — pour chercher une chasuble dorée : — dimanche il dira sa grand’ messe, Dimanche il dira sa première messe : — je suis venu vous prier d'y _ assister. L’héritière disait — à son garçon d'écurie pour lors : Préparez-moi huit de chevaux — pour mettre à mon carrosse doré ; Et dépèche-toi de faire cela : — il me faut aller à Saint-Brieuc au- jourd'hui, Et le détourner (de la prêtrise) ayec la (See de Dieu : — car jamais, jamais prêtre il ne sera. | Le vieux Coatgouré, lorsqu'il ca Heat (cela), — à sa jeune héri- üère a dit : 7 J'ai ici des chaines, — ma petite héritière, qui vous retiendront. — Gardez vos chaines en votre chambre, ee et venez me donner les biens de ma mère : ‘ Mille boisseaux de Ronent et sept cn aie de la part de ma mère, _du côté de la Bretagne, Et cinq mille écus de rente en pays gallo (ou de France) : — ho! je ne suis pas une fortune piètre; Autant dans le pays de Léon : — je Suis nt et dame). () Itron a la double Jantes du datin bone et du français dame; ici, la dame de ces biens... PA ANS TUDIPNON dinbut h ta y Je sais bien que lui na En de KES = mais des biens assez it 3 a La chanson suivante fait encore mention d' un DA le Kloa- regik était devenu le type du soupirant évincé par le père, mais agréé de la fille. Après le gwerz, un sonn : les différences seront nettement tranchées. : xwob Pelec'h eman ‘r Bonomik, es : Ha n’ho refuzo ket. : C'houi deuio d’he ofr d'in-me, — 264 — 4 PA WT 9 SON AR BONOMIK. | CLT UT ER Debonjour d'ech, Janedik, eush +008 À Bonjour d'ec'h a lavaran, — breman ET Tree } Bonjour d'ec'h a laran; tin Sd" (948972 Pa n’eman o toma ? — breman Pelec’h eman ’r Bonomik Pa n’eman o toma? à ,ehib dll tes JE AS or À usé ! } =— : OMION — Eman du-e el liorz | Oc'h evesad ann ed, — me a gred li adopte Oc'h evesad ann ed; vdeiaat It-hu c'hardi d'he gavet . ah MÉAAERS Ha n’ho refuzo ket, — mea gred Re | n Ht-hu c'hardi d'he . ? [UE 10-39 VMEERS — Debonjour d'ech, Bonomik, Bonjour d’ec'h a laran, — breman ELA LUN ET DC GE Bonjour d'ec'h a laran; ae or lt 918" to ein Konje ho merc’h Janedik dsl Digan-ec'h a c'houlennan, — breman Konje ho merc'h Janedik Da zemezi *r bloa-man. #01 DB Z'pjeal, ma merch Janed F Na zemezo ket c'hoaz, — evit c'hoaz Na zemezo ket c'hoaz; hs xuasæiod oflii Chom a rei ’n daou pe dri bibts enéE ef ob M6 Da roul ann ebat c'hoaz, — evit choaz... cr cr SE AAN — Bez o po keun, Bonomik, Beza ma refuzet, — me a gred NEA Beza ma refuzet, Ha n’he c'hemerin ket, — me a Re de = 065 — — Taped ho sac’h: » Moaregik , ul ir - Lakid han var ho skoa, —"‘ïa da Lakid han var ho skoa: 4 ul! 19 4 _Koulz eo d ec h ben kaout breman PMMEFT DLL Evel hen en da vloa, — ia da... Neuze c’ha ‘r c'hloareg iaouank | Da gaout Janed. .. oh! — oh! oh! pu “e of te gaout Janed. .. oh! | — Eur pokik, ma dousik- koant , sintos Os oc'h a c'houlennan — breman ind e E lec’h eur pokik, ma dous, C'hoùif pezo daou ha tri - — ja,c Hout” Ho >: at Choùi pezo ’daou ba tri: nil Ein CA m'a malloz d'ar goall deodou Zo koz d'hon dispari oh! — ia, choui... dm, #10 af duo eh: d'air m0 Erro HO CE MEON OCT xüoq un ..Acbenn,eunn éiz de goude Hi dat Ab J: aned 20 chomet klany — - ia, klanv Janed z0 chomet Kanv, Ma komans ar Bonomik ET boue 2p ‘Dond d'en em ce fe: bare Hs 19: LPS (EN CRI D DID en. vu (RO LANTA RAS (a - Neue za nn once CTI ME à da Joueta bro — = ho! ho! - E za da foueta. bro, DONRENE © Da glask ar c'hloareg rare ) Da gemer Janed, ho! — ho! ho!... \ ol sq 5 Fr imé DIORU RE PTE Es HA AtI90 nee. < ao 4904 Liu FE CT re gx MT Snob to .« Bonjour d'e ech a laran, TP breman Bonjour d ec di a aran : : ae Lilo | Aboe niû € “pos oh EX M TU) su, à DELA etO NT 4 34 #4 vo (hate mn, boa, deh, noie | ul pije. ma @ ‘hlasket, — — hag abred 0 pije ma c ‘hlasket, | M E teujec'h d'he ofr Stern) RAT ME Ha n ‘he Sete Se == ne rin n kel. De (Did ho sac’ fs an JUIN] ES : Lakid-han var ‘ho skoa, — “ho: ja, das. fe Le SR Lakid-han var ho skoa : Koulz eo d’ech hen kaout ’r bloa-man Evel hen haout da vloa — ho! ia da... Chanté par le sacristain de Plougonver, chez M. Delafargue. CHANSON DU BONOMIC: Bonjour à vous, petite Jeanne, — bonjour à vous je dis, mainte- nant, — bonjour à vous je dis; — où est le Bonomic, — puisqu'il n'est pas à se chaufler, maintenant ?— Ou est le Bonomic, puisqu'il n'est pas à se chauffer ? — Il est là-bas dans le courtil — à garder le blé, je crois, — à garder le blé; — allez hardiment le trouver, — et il ne vous refusera pas, je crois; — allez hardiment le trouver, — et il ne vous refusera pas. — Bonjour à vous, Bonomic, — bonjour à vous je dis, maintenant, — bonjour à vous je dis; — le congé (la main) de votre fille petite Jeanne — d'avec vous je demande, maintenant, — le congé de votre fille petite Jeanne — d'avec vous je demande. — Par exemple, ma fille Jeanne — ne se mariera pas encore, pour encore, — (elle) ne se mariera pas encore; — elle restera dans les deux ou trois ans — à courir les ébats encore, pour encore... — Vous aurez regret, Bonomic, de m'avoir refusé, je crois, — de m'avoir refusé; — vous viendrez me l'offrir à moi, — et je ne la pren- drai pas, je crois... — Prenez votre sac, pelit kloarek, — mettez-le sur votre épaule, oui donc, — mettez-le sur votre épaule : — autant vaut-il pour vous que vous l'ayez à présent — que de l'avoir lan prochain, oui donc... Alors va le jeune kloarek — trouver Jeanne... oh! oh! oh! — trouver Jeanne... oh! — Un petit baiser, ma petite douce mignonne, — de vous je demande, maintenant... — Au lieu d'un petit baïser, mon doux (aimé), — vous en aurez, deux et trois, oui, vous, — vous en aurez deux ét trois; — et malé- diction sur les mauvaises langues — qui sont la cause de notre sépara- üon, oh!... oui, vous... Au bout d'environ huit jours ensuite, — Jeanne est restée malade, oui, malade, — Jeanne est restée malade, — (au point) que com- mence le Bonomic — d'en venir à se chagriner, han! han!... — 267 — Alors va le Bonomic — va battre la campagne, ho! ho! — (il) va battre la campagne, cherchant le jeune kloarek — pour prendre Jeanne, ho! ho! ho! Bonjour à vous, petit kloarek, — bonjour à vous je dis, mainte- nant, — bonjour à vous je dis : — depuis que vous avez été chez moi, — Jeanne est restée malade, oh! oui, malade. .. ’ — Je vous avais dit, Bonomic, — que vous m'auriez cherché, et bientôt, — que vous m'auriez cherche, — que vous yiendriez me l'of- frir à moi — et que je ne la prendrais pas : je ne le ferai pas... Voïlà votre sac, Bonomic, — mettezle sur votre. épaule, ho! oui donc, — mettez-le sur votre épaule : — autant vaut-il pour vous l'avoir cette année-ci — que de l'avoir lan prochain, ho! oui donc... Les histoires d'amour ont quelquefois un dénouement tragique; il y en a qui finissent devant la cour d'assises, et, la plupart du temps, on y constate l'intervention du merveilleux au milieu des plus brutales réalités. Le gwerz de lannig ar Gall est de ce genre; il est originaire de Lannion, où personne ne le connaît à présent : je l'ai retrouvé à quinze lieues du pays natal, à Maël- Carhaix, dans la Cornouaille. ’ f Ces chants de kloarek formeraient tout un cycle; on les attribue à une corporation, et c'est à tort. Les bardes mendiants sont une corporation, eux du moins; aussi ne produisent-ils rien qui vaille, à moins qu'ils ne décrivent précisément les occupations d’un mé- tier, ou qu'ils ne composent un type, comme le tailleur, que ses _ travers, réels ou prêtés, ont rendu proverbial. L’allure grave du récit et le moderato de l'air donnent à l'aventure d’Ar Rouzik Keme- ner quelque chose de piquant qui n’est pas dans les habitudes du gwerz. | | : Vel AR ROUZIK KEMENER. Ar Rowik kemener a Langoat Braoan mab iaonank a wisk dillad ; (bis) C'hoaz a vije braoc’h eunn anter Ma nije eunn dimezel a ger. Bet an euz merc'h, mamzel Ru-Newe, Perc'hen e da bemp mil skoed leuve; % Foueta bro, mot à mot «fouetter du pays». 40 AU EE MER ARE LT NES > — 268 — Na perc'hen e da bemp mil skoed, Hag ar Rowzik ’n euz ket pemp gwennek. Ar Rouzik kemener a lere ’Barz ar C'hoelik pa ’n antree : Na bonjour ha joa en ti-man, Ann otro C'hoelik pelec'h eman ? — Eman ‘’barz ar sal o leina: Rouzik, ed ha komzet out-han. — Me 20 deut da glask eunn abid, Eunn abid hag eunn ankane ‘Wit mond d'ober eur bale, Ewit ma c’hin d’ober al lez; Ha na n'onn ket piou vo ma lakez, ‘Med ho pach bihan deufe gan-in : Hennez zo den brao kenkoulz ha me. Ar Rouzik kemener a lere War bave Montroulez pa gerze : Na bonjour ha joa er ger-man Ann otro Ru-Newe pelec’h eman ? Ann otro Ru-Newe ’yel ma klewaz, He benn ‘barz ar prenest e voutaz : Diskenned, Monsieur, antreed en ti, Laked ho c'hoursin er marchosi ’Wit ma ai ma mewel d’hen aveurin. .. Na lered-hu d'in-me, kamarad, Hag en e ho mestr a ligne vad ? — Ho! ia, ma mestr zo a ligne vad : Bean ’n euz ter c'hadeur ’n iliz Langoat Ha ru int evel ar goad; Ha kement all en iliz Trougeri, ‘Barz iliz Peurit meur a hini; Ha peder lestr perlez war ar mor, ‘Barz e ker ar Roc’h peder stal dior; Ha da c'hortoz he dad da verwel Hen 20 rosignol Kerdaniel; Ha goude ar marw demeuz he dad Hen a vo otro en Penn-ar-C'hoat. — Ma ouifenn ve! gwir "pez a; lerez, d'i in c Me a rofe d’ehan eunn dimins low Na seiz miz anler ech eo padet … | Ar cholamite deuz ann eured;,.,, Sonerien ar bal hag ann dans, _ Ha viit bemde gand ann oblans. Nag ar Rourik koz a lavare D'he bried Janed eunn de a: oe : .C hastomp dresa hon c ‘hoz balino ;. Me a glew ari ann drompillo | ‘Wit dies ar verc'h-her d ar ro. Ha ren Roue à layare En biz Langoat pa antree : 5 Re de Pace hu d’in-me, Are à j Es e . Pchini ac’han e ho kadeur ? du — V'Antreed.: ann hini a Ra j Donne na vefed ket diblaset. OC aruout nitron r C' hoclik, _ O’krigi’n he dorn doustadik: Na sonjan ket ve groeg eur c ’hemener’ À varchfe ‘rok d'in ’barz ma c’hadeur. noel orte ppé rar pa ven groeg ‘d’eur € ’hemener, Me a zo merc'h d’eur senesal er Der pu) À varcho gan-ac’h hag ’n ho kever.. : ; ALL JT JU AE WHAT Otro Done, me-hi, n’ouienn ket tas LT _Oa eur c'hemener em oa bet,. Ken a oa d'in d'ober he wele, _Keviz he vesken pag he nadwe.. | Hu 4) Û DASTGCEC. ST Le10 Na kerse oa gand ann ätron gez . Diweet d'ar ger a Montroulez. Na pa oann er ger e ti ma zad Me a oa bevet diikat, Me a oa bewet dlikat Gant kig sie ha kig che) e 5 ‘Boe on ari ‘li ar Rouzik ‘M euz ket bet souben ar c’hig, : Nemert soubenn ar c'hernio brinik. — 270 — Ha groeg ar Rowzig a lavare ’Barz en ker ar Roch pa arie : Itron Vari ar Folgoat! Me na gavfenn ket eur vag bennak Em c’hasfe er ger da di ma zad ? Chanté par Jeanne Le Bornic, de la Roche-Derrien. LE ROUZIC: TAILLEUR, Le Rourzic, tailleur de Langoat, — (est) le plus beau jeune homme qui revêle habits (d'homme); Encore serait-il plus beau de moitié — s l avait une demoiselle de la ville. Il a obtenu fille, mademoiselle Ru-Névé (Rue-Neuve), — qui possède cinq mille écus de rente; Elle possède cinq mille écus de rente, — et Le Rouzic n'a pas cinq sous. Le Rowzic, tailleur, disait, — en entrant à Goëélic : Et bonjour et joie dans cette maison-ci. — Monsieur Le Goélic, où est-il ? — Il est dans la salle à déjeuner; — Rouwzic, allez et parlez-lui. — Je suis venu chercher un habit, — un habit et une haquenée — pour aller faire une promenade, Pour que j'aille faire la cour; — et je ne sais pas qui sera mon la- quais, A moins que votre petit page ne vienne avec moi : — celui-là est bel homme autant que moi. Le Rowzic, tailleur, disait — sur le pavé de Morlaix lorsqu'il mar- chait : | Et bonjour et joie dans cette ville-ci. — Monsieur Ru-Néwé, où est-il ? Monsieur Ru-Néwé, dès qu'il entendit, — sa tête à la fenêtre a mis : Descendez, Monsieur, entrez dans la maison, — mettez votre cheval dans l'écurie — pour qu'aille mon domestique l’abreuver. Et dites-moi, camarade, — est-ce que votre maître est de bonne lignée ? ms DU _— Oh! oui, mon maître est de bonne lignée : — il a trois chaises dans l’église de Langoat, — et elles sont rouges comme le sang; 0 Et autant dans l'église de ROBE — dans l'église de FiAAEnt plusieurs ; ‘ Et quatre navires (chargés) de perles sur la mer; — dans la ville de la Roche quatre boutiques ouvertes; ET Et en attendant que son père meure, — il est le rossignol de Ker- daniel ; uh sis | Et après la mort de son père, — c’est lui qui sera maître à Penn-ar- C'hoat. 0) je savais que füt vrai ce que tu me dis, — je jui ones un mariage. HO # À Et sept mois et demi a duré 2 a solennifé des nôces :; ; Sonneurs du bal et de la danse — et visites tous les ; jours avec la no- blesse. À Et le vieux Rouzic dit — à sa femme Jeannette, un jour CE Hätons-nous d’arranger les couettes; — j'entends arriver les trom- pettes - — pour amener la belle-fille au pays: Et la femme de Rouzic disait, — dans l’église de Langoat elle entrait :. Et dites-moi, M dico — laquelle ici’est votre chaise ? — Entrez: celle que vous voudrez, —— Madame: vous né sérez pas dérangée. gd | | D’arriver Madame Le Goëélic, — qui la prit par la main tout doucement : Je ne pense pas que la femme d’un tailleur — passerait devant moi dans ma chaise. — Ho! et quand même je serais la femme d’un tailleur, — je suis la fille d'un sénéchal, à la maison; — je marcherai avec vous et votre vis-à-vis. Seigneur Dieu, disait-elle, je ne’ savais pas — " que c'était un tailleur que j'avais eu, Li Avant que ce füt à moi de faire son lit, — (et) j'y trouvai son dé et son aiguille. Et il y avait manque à la pauvre dame — depuis qu ‘elle avait quitté 1a ville de Morlaix. , Et quand j j'étais chez nous, dans : maison de mon père, — j'étais nourrie délicatement, — 272 — J'étais nourrie délicatement — avec de la viande de perdrix et de la viande de lièvres Depuis que je suis arrivée dans la maison de Le Rowzic, — je n'ai pas eu de soupe à la viande, — (rien) que de la soupe aux cornes de berniques. Et la femme de Le Rowzic disait, — dans la ville de la Roche lors- qu'elle arrivait : Notre-Dame Marie du Folgoat! — est-ce que je ne trouverais pas une barque quelconque — qui m'envoie chez nous dans la maison de mon père ? Il y a des tailleurs partout, c’est-à-dire des chants où le héros est kemener. Dans les montagnes Noires, entre Châteaulin et Chà- teauneuf-du-Faon, la tradition en a fait un sonn, au lieu d’un gwerz; en passant du dialecte de Tréguier en celui de Cornouaille, le personnage a changé de manières et de ton; il a pris un mou- vement plus alerte, il n’a plus du conquérant que les airs; le faraud est tombé sous la risée de tous, et jusqu'aux chiens qui le poursuivent de leur aboïiement : 040, oao..... Malheureuse- ment, ceux qui savaient la chanson entière sont morts; on la vend toujours dans les foires, aux environs de Quimper; maïs elle a perdu son refrain, et on l’a transformée au point que cest à peine quelque chose du sonn primitif. Je ne connais. de celui-ci que deux couplets, que je dois à l’obligeance de M. Louis Hémon. Ar c'hemener pa ia d’ann ilis Far dibi dao oao oao Ar c'hemener pa ia d'ann ilis, A 20 gwisket ‘vel eur bourc'hiz; Pa ia da gemer dour binniget Far dibi dao 0a0 0a0 Pa ia da gemer dour binniget, A ra taol lagad d'ar meried. Rigedonda, war ar c'hemener! Rigedonda, kemener oa! Ar c'hemener pa vo interet, N'vo ket laket ‘n douar binniget; Mes vo laket d'ar penn ann ti D'ar chas mond da stota war ’n hi. — 273 — _ Le tailleur, quand il va à l’église — far dibi dao oao où6 — le tail- leur, quand il va à l'église, — est habillé comme un bourgeois (; — lorsqu'il va pour prendre de l’eau bénite — far dibi dao oao 010 — lorsqu'il va pour prendre de l'eau bénite, — il donne un coup d'œil aux filles. — Riguedonda sur le tailleur! — riguedonda, c’est tailleur qu'il était! Le tailleur, quand il sera enterré, — ne sera pas mis en terre bénite; — mais il sera mis au bout de Ia maison, — pour que les chiens aillent pisser sur lui. À quelle curieuse étude donneraient lieu ces chansons de mé- tiers! Bientôt j'en aurai recueilli assez pour en parler longue- ment. D'après une statistique récente, on a découvert que cent et quelques noms de famille en Bretagne ont été tirés de la seule industrie du lin; à tant de points de vue divers, quels renseigne- ments n'obtiendrait-on pas de ia simple poésie populaire! Une dernière réflexion sur les artisans. Entre les ouvriers en bois, le tonnelier et le sabotier, n’ont pas l'air d’être proches parents, bien qu'ils ne soient pas d’origine et de mœurs bien diverses : « le Tonne- lier » de Lanmerin, en dialecte trécorrois, est un gwerz d'amour ; « le Sabotier» de Guéméné, en vannetais, est une chanson joyeuse, sur un air de danse. La prédominance du gwerz, en Tréguier, de- vient évidente. M. Luzel, dont l'expérience en telle matière et l'autorité sont incontestables, M. Luzel déclare que les Trécorrois sont les maîtres chanteurs et les poètes de la basse Bretagne. Doit- on en conclure que cette forme de la cantilène, préférée des bardes en renom, est le genre par excellence de la poésie bre- tonne? Voilà une question qui dépasse, à mon grand regret, le cadre de ce rapport. Encore à travers les montagnes Noires, sur les confins de la Cornouaille et du Léon, cette satire du iouen « le Pauvre Paysan » est fort répandue. AR IOUEN. Setu var ann daol Souben, kig ha kaol, Jaketa : (1), Une autre version dit : vel eur markiz, comme un marquis. 18 EMPRIMERIR NATLONALR. MISS. SCIENT., — XIII. — 6 — Ar Jouen gand he koutell nt | : A troc'h aman ha kig-sal. «ri barup hd - Setu var ann daol, ps | sv li'upeel Jaketa, #0 SÙ S1bu Fe QU Ar nejôt © Souben ;-kigihalkaoli te #buobonqut — 0 Tite ITA ap 0 Pa ia louen d'ar foar E en den dispar, LS ar RE eta; e NU ee CORRE Evid ober he vourc’hiz ins © s E pren eur bara gwiniz; Rs 2 | "Ni Pai ia Rue d'ar 2 ” ni seusiiuo samples | TT EL : daniel Levotl 114 A ah a cer dpi iaiteià ont) ae] sisi | Var-dro arcelhremdeis | : she plie 2 Jaketa, Saiod* NE) aitu DETUNT D deep noi liniiNid Da kas d'he vugale d'ar gers Hen dribi a ri, . Le Hèt mr ‘4 à { noi HUodés obt8 1 sado À Errue louer 96 16 unis" as ustoe ment np Gand be femele droit as, 0rrfi8l oi AM Jaketa, detre if) Net me à. Bronduet gat taoliou dorn., LE 560 sb:1inmMTRe 11 Peur dizantet, kazi born; M stanbivè hs Erru e louen... Jaoa Yet Ho daou ’maint er fos 143 astres uoR CE [ : : ») ‘ rinno 14 Betek fin ann no7, FN 11194100; TES Co ci Kuit da uza tan, goulou, élioV Coauer, Ha da saotri liseriou ; 0q@r3.09 0h vb L e "| 3 Ho daou ‘maint er fos... :,, , 4,0 v wb do" ollig DR Pa kler ar c'horn-bout à nl (HET TOUS hot Hem. « O voudel d'ar iout, Jaketa , Anter maro gad ann naon E kers evel d'eunn anaon; Pa kler ar c'horn-bout.….. Ar iout zo chomet À vo astomet, Jaketa, FO ON N EE NAT rue LAS TU SAT TR EL ELEC RS DEA — 275 — Ha pasket gant glaour ha kranch D'ar paotr bihan leun he vanch; 3 Âr iout zo chomet... Chanté au diner celtique de Paris, par M. Cauranr: LE IOUEN. Voilà sur la table — de la soupe, de la viande et des choux, — Jac- quette. — Le iouen avec son mauvais couteau — coupe du beurre et de la viande salée (du lard). — Voïlà sur la table, — Jacquette, — de la soupe, de la viande et des choux. qu” Quand va iouen à la foire, — il est un homme sans pareïl, — Jac- quette; — pour faire son bourgeois — il achète un pain de froment; — quand va iouen à la foire... Il le mangera — vers le midi, oh Jacquette; — et il (en) gardera la moitié — à porter pour ses enfants à la maison: —ille mangera. .. Est arrivé 1ouen — avec sa femme, — Jacquette, — noircie (meur- trie) par les coups de poing, — à peu près édentée (les dents cassées), presque borgne; — est arrivé ouen. ..| : Tous les deux sont dans le fossé — jusqu’à la fin de la nuit, — Jac- quette, — quittes (pour ne pas) d’user du feu, de la chandelle, — et de salir des draps de lit; — tous les deux sont dans le fossé... Lorsque résonne le corn-bout — appelant pour la bouillie, — Jac- quette, — à moitié mort de faim, — il marche comme un trépassé; — lorsque résonne le corn-bout. .. 4) La bouillie qui est restée, — sera réchauffée, — Jacquette, — et mastiquée avec des glaires et de la salive — pour le petit garçon, plein sa manche (son ventre); — la bouïllie qui est restée. Ce iouen, qui n’est désigné que par un surnom, est tout spécial à la Cornouaille du Finistère, et ce kouer lamentable nous égaye, comme un infirme, à contre-cœur; si l’on rit à sa chanson, c’est … que l'air est dans le registre élevé et d’un allégro entraînant. Entre … les types moins misérables et plus franchement ridicules, à qui Von jette la pierre d'autant plus volontiers qu'ils portent la tête plus haute, le chiffonnier le dispute au tailleur pour la renom- mée. Ce pillaouer vient du Léon. 18. Lo , Muché Re eo dns — 276 — SON AR PILLAOUER. Va zad en deuz va demezet Da eur flacriuz pillaouer ; E Lokefret ez eo ganet À E kommanant Toul-al-Laer. Fouer, fouer, fouer d'am zammig aotrou = Gand he stoup hag he billaoul Ann devez warlerc'h he eured E oa foar e Landerne : Va Iannig evel eunn durzunel À sav pront euz he wele. A vec'h e ve ‘nn anter-noz anter Ma tan dija he gorn-butun ; Diskrouga ra he grog-poezer : Setu hen war hent Sizun. Va Jannik pa ia d'ar foariou , A vez ato mezou-dall, Prest a oa da goll he vragou E Montroulez, en deiz all, Va lannig a zo eunn aotrou He dog war goste he benn; Mar selfec'h euz he vragou, E welfec’h he groc'hen. Pa vez pignet war he azen E tousk he dammou pillaou, Evel eunn impalaer romen, Ez eo berr en he gomzou. Pa zai ann ankou da rida Toul va flaeriuz pillaouer, Me ziredo da lavaret E kommanant Toul-al-Laer : Ridet eo va zammig aotrou Gand he stoup hag he billaou. Chanté par M. Srépnan, pharmacien à Roscoff. ce Dj ee CHANSON DU CHIFFONNIER. Mon père m'a mariée — à un puant de chiffonnier; — à Loquéfret il est né — dans le convenant de Toul-al-Laer. Fi! fi! fi de mon petit bout de monsieur — avec ses étoupes et ses chiffons! Le lendemain de ses noces — il y avait foire à Landerneau : — mon Jannic (petit Jean) comme une tourterelle — se lève promptement de son lit. A peine est-il la minuit et demie — qu'il allume déjà sa pipe à tabac; — il décroche sa balance : — le voilà sur le chemin de Sizun. Mon lannic, lorsqu'il va aux foires, — est toujours ivre-mort; — il était près de perdre ses culottes — à Morlaix, l’autre jour. Mon lannic est.un monsieur — (avec) son chapeau sur le côté de la tête; — si vous regardiez à ses culottes, — vous verriez sa peau. Lorsqu'il est monté sur son âne — au milieu de ses morceaux de chiffons, — comme un empereur romain, — iül est bref dans ses propos. Quand viendra la mort rider — le trou © de mon puant de chiffon- nier, — j'accourrai dire — au convenant de Toul-al-Laer : IL est ridé (raïdi) mon petit bout de monsieur — avec ses étoupes et ses chiffons. Je me souviens que M. de La Villemarqué m'a dit un jour, au sujet de ce prillaouer : « J'ai connu l’auteur de Toul-al-Laer; c'était un tel, de mes amis.» Rien qu'aux rimes croisées, ce sonn doit être tenu pour récent; « l'Empereur romain» non plus n'est pas tout à fait dans le sens des véritables chansons populaires. Cepen- dant la vulgarisation s'est opérée autour de ce chiffonnier, qui est en train, du reste, de se corrompre déjà dans la tradition; entre Lannion et Tréguier, j'en ai recueilli une variante, dont voici les trois derniers couplets : Si la coutume venait en ce pays-ci — de briser les mariages, — je m'en irais en chantant — loin des marchands de chiffons ; Si le chariot de la mort venait — faire sa tournée par ce pays-ci, — je courrais sur ses traces — et je le pricrais de memporter;. 4) I y a peut-être un jeu de mots enire ce trou. (toul) et Toul-al-Lacr: — 278 — Si le coup de la mort venait — à frapper sur mon pillaouer, — je m'en irais en chantant — au convenant de Toul-al-Laer : IL est raidi, mon petit bout de monsieur... Puisqu'il est question de chansons modernes, celle de « la Tour- terelle », dont l'auteur est également un nom cité, n'est pas moins remarquable par l'intrusion des mots français que par la senti- mentalité des parolés et la suavité de la mélodie (voyez, dans mon premier rapport de mission, l'air n° 15). J'en ai trois ver- sions, où les différences essentielles consistent en des couplets de plus ou de moins; voici celle que j'ai entendue tout d'abord: SON ANN DURZUNEL. Kalz a amzer ‘m euz kollet o furchal ar c'hoajo, O klask surpren eunn durzunel kousket war ar branko; Dewet am euz ma amors, et e ma zenn da fal : Bis Achapet ann durzunel ha ninjet 'n eur c'hoad all. x Deuz ann noz ha d'ar beure o klewet lapoused O kanan, o fredonin, da veg ar gwe pignet, N'an euz hini anez-ho hag a bik ma c'halon Evel mouez ann durzunel o oelan d'he mignon. * — N' euz na souten, na remet, na konsolasion Ve kab da dond da galmin tourmancho ma c'halon; Fraillet on gand ar glac'har, mond a ran da verwel : Met na varwin ket kontant, ma na varvan fidel. Ma c’halon 20 ‘tizec’hin fraillet gand ar glac'har Evel d' eunn intanyez paour kollet gant-hi he far. — N'an euz hint anez-ho bag a bik ma c'halon Evel mouez ann durzunel o oelan d’he mignon. Petra, turzunel iaouang, a dourmand da galon ? — Kollet am euz, emez-hi, ma fidelan mignon. Gant ma dai ar chaseer da ober d’ in merwel! Met na varwin ket kontant, ma na varwan fidel. — Mizilour. skler ha brillant deuz ar fdelite, Ar model ar sinseran demeuz ar garanle ! — Me na varwin ket kontant, ma na varwan fidel, — Birwiken na dizonjin maro ann durzunel. Chanté par Jeanne -Yvonne LE RozLanD et Joséphine Taxeuy, de Lanmerin. — 279 — CHANSON DE LA TOURTERELLE. ! Beaucoup de temps j'ai perdu à fouiller les bois, — cherchant à à sur- prendre une tourterelle endormie sur les branches; — j'ai brülé mon amorce, mon coup est allé à mal (a manqué) : — échappée (s’est) la tourterelle et envolée dans un autre bois. Le soir et le matin, lorsque j'entends les oiseaux — chanter, ga- zouiller, perchés au haut des arbres, — il n’est aucun d'eux qui pénètre mon cœur — comme la voix de la tourterelle qui pleure son amant. «Ïl n'y a ni soutien, ni remède, ni consolation — qui soient capables de venir calmer les tourments de mon cœur; — je suis brisée par la dou- leur’ je m'en vais mourir; — maïs je ne mourrai pas contente, si je ne meurs fidèle. Mon cœur est à se dessécher, brisé par la douleur, — comme à une pauvre veuve qui a perdu son compagnon. » — IL n’est aucun d’eux qui pénètre mon cœur — comme la voix de la tourterelle qui pleure son amant. Quoi, jeune tourterelle, (qu'est-ce qui) tourmente ton cœur ?—« J'ai perdu, dit-elle, mon plus fidèle ami. — Pourvu que vienne le chasseur me faire mourir! — Maïs je ne mourrai pas contente, si je ne meurs fidèle. » Miroir clair et brillant de la fidélité; — le modèle le plus sincère de l'amour! — «Je ne mourrai pas contente, si je ne meurs fidèle,» — ja- mais je n’oublierai la mort de la tourterelle. Le sonn de cette plaintive tourterelle est une manière d’allé- gorie : double raison probablement de sa grande vogue. La foule a le même goût que les enfants pour les oiseaux, et elle ne dé- teste pas, comme un lecteur délicat, qu'on lui laisse quelque chose à deviner dans ce qu'on lui raconte : l’allégorie ouvre l’ho- rizon à chacun selon sa vue. De 1à le grand nombre des proverbes et des sous-entendus dans la conversation du peuple. C’est pour A encore que les berceuses mêmes sont des allégories la plupart du temps, et quelquefois des paradoxes sur les bêtes. Un ou deux exemples. BERCEUSE. LA Me n’am euz biskoaz laret gaou, 1e Mes bremazonn me laro daou. Me oa bet ann de all en Goudlin, Hag a weliz ann er o tenna lin; — 280 — Hag al logoden hag ar raz O tougen lin war ar c’hravaz; Ha c’hoaz a lere al logoden d’ar raz Lakat war n° hi, hag a dougje c’hoaz. Neuze weliz ar cheveulek Gant-han eur c’ horn butun ’n he veg, Hag eur gontell gant-han ’n he dorn O traillan butun da lakat n he gorn. Neuze weliz al louarn, Gant-han ’n he benn eur brid-houarn , O tremen dre eur bagad polizi ” Hep na redaz war-lerc'h hini. Ha neuze weliz ar blei Gwisket en voulous hag en sei O lampad dreist da gleut al lannek ’N he c'heno eur marc’h hag eur gazek. Neuze weliz al logoden-dall "Tougen ar bed-man hag ar bed all, Ha c'hoaz a lere al logoden gez N' da ket treo-'walc'h deuz he bec'h. Neuze weliz al laouenan, A lar ann dud n'’e ket bihan, O skrapat gand he ivino C'hesa tol Treger en Goclo. Neuze weliz war dour Runan Ann tad-moualc’h ’kludan ar vran, Ha lost ar bik war ann dresen : Cheutu achu ma c'hanoen. Je n'ai jamais dit un mensonge; — mais tout à l'heure j'en dirai deux. — J'avais été l'autre jour à Goudelin, — et je vis la coulouvre tirer le lin ; Et la souris et le rat — porter du lin sur une civière, — et encore disait la souris au rat — d'en remettre dessus, et qu'elle le porterait encore. Alors je vis la bécasse, — avec elle une pipe à tabac dans son bec, — et un couteau avec elle dans sa main, — hachant du tabac à mettre dans sa pipe. OR à cé NC ÆE. | Alors je vis le renard, — avec lui à sa tête (dans sa gueule) une bride en fer, — passant à travers une bande de poules, — sans courir après aucune. Et alors je vis le loup, — vêtu en velours et en soie, — qui sautait par-dessus l’échalier de la lande, — dans sa gueule un cheval et une jument. Alors je vis la chauve-souris — porter ce monde-ci et l’autre monde, — et encore disait la pauvre souris — qu’elle n'avait pas assez de sa charge. Alors je vis le roïtelet, — dont les gens disent qu'il n’est pas petit, — qui grattait avec ses ongles, — essayant de jeter Tréguier en Goëlo. Alors je vis sur le clocher de Runan — le mâle merle couvrir le corbeau, — et la queue de la pie sur la ronce : — voilà finie ma chanson. . Cette berceuse et la suivante m'ont été chantées par le docteur GErFroY, de Pontrieux. DISPENN (OU DISPIGN) AR C’HAZ. Me ‘’m euz du-man eur c'hazik rouz Hag a ra neubeudig a drouz Kan digadenno Videl a va. Jardin a viro Kalz a joa Wigour ra. Me raio gand he benn Eur poud-houarn d'ober soubenn ; Me raio gand he dent Minaouedo d’ober hent; Me raio gand he diou-skouarn D'eur c'har bihan diou rod houarn: Me raio gand he daou-lagad Eul lunedo da berson Prat; fric Me raio gand he gein Ps + Eur c'hastellik da dougen-mein; Me raio gand he gov Eul louar vihan da voeta moc'h; — 982 — Me rai gand he daou droad arok Eur vaz-ribod hag eur vaz-iot; Me raio gand he lost Eur prezand d’ ann otro Post; Me raio gand he daou droad adren Eur skeulik vihan da vond d’ann env. LE PARTAGE DU CHAT. J'ai chez moi un petit chat roux, — et qui fait très peu de bruit. Chante digadenno — videl a va — jardin il gardera — beaucoup de joie — wigour ra. Je ferai avec sa tète — une marmite pour faire la soupe ; Je ferai avec ses dents — des alènes pour ouvrir le chemin; Je ferai avec ses deux oreilles — pour une petite charrette deux roues de fer; Je ferai avec ses deux yeux — des lunettes pour le recteur de Prat; Je ferai avec son dos, — une petile charrue pour porter des pierres; Je ferai avec son ventre — une petite auge pour donner à manger aux cochons; Je ferai avec ses deux pieds de devant — un bâton à ribot et un bâton à bouillie; : Je ferai avec sa queue — un présent à M. Post ; Je ferai avec ses deux pieds de derrière — une petite échelle toute petite pour aller au ciel. à Ces berceuses viendront à se transformer avec les enfants à qui elles sont dédiées; bientôt elles seront devenues les rondes, et puis, une fois qu'elles auront passé dans la pure chorégraphie, l'on remarquera que la musique aura gagné en importance et pris de plus en plus la place de la poésie. Que l'on se garde bien de confondre la chanson simplement adaptée à un air de danse, tout à fait indépendante de cette mélodie, avec celle dont le seul usage est de tenir lieu de biniou et dont les paroles n'ont besoin que d’être insignifiantes, comme la « Fille de la Terre-Neuve », ou le « Passe-pied de Callac », dans le dialecte trécorrois. Autre chose est le « Sabotier de bois »,en vannetais, que j'ai déjà signalé : celui- DRE ES À 02 r ARTS : Fe FEr — 283 — ci est surtout un chant après boire, pour les jours de réunion, de pardon, d’aire-neuve, de moisson, et il oblient un égal succès sans | l'accompagnement des sabots ou sans la cadence chorégraphique. Voilà bien du rire, semblerait-il, pour un pays qu’on a coutume de voir sous un jour triste. Il y a plus, et même la grivoiserie n'est pas en horreur chez les Bretons. Ici nous sommes loin des allégories sentimentales; le plus gros sel fait la meilleure plaisan- terie. | I ANDOUILLEN AR PERSON. » nu! | : Ann otro Person en deuz c’hoantet +... à Eunn andouillen bet er moged. Diskan. — Hop! hop! hop! n'e ket gwir ann draze! i ‘O ieou da, gwir ’walc'h e voa. — Kaset ar vatez prontamant Da c'houl andouïllen vid argant. Pa oa poazet ba poazet mad, E oa digeset war ar plad; Pa oa rannet dre ann anter. N'e bade den dtgand ar flaer. 011 Pa oa deut pask en amzer vad, Annaïg ar Rouz da govesat : (Le 7 RIT C'houi n’a po ket ann absolven . Abalamour d'hoc'’h andouillen. — Otro Person, c’houi a sonj d'hoc'h, Di-me koust argant ma fe-moc’h; Dime koust argant ma fe-moc'h : Renkan gwerza stripo ha koc'h. L'ANDOUILLE DU RECTEUR, Monsieur le Recteur a eu envie — d’une andouille qui a été dans Ja fumée. ; Refrain. — Hop! hop! hop! ce n'est pas vrai, cette aflaire-là. — Ho! (oui), par exemple : c'était assez vrai. — (Fut) envoyée la servante promptement — demander une andouille pour de l'argent. Quand elle fut cuite et cuite à point, — elle fut apportée sur le plat; — 284 — Quand elle fut coupée par la moitié, — n'(en) pouvait supporter per- sonne la puanteur. Lorsque fut venu Pâques, à la belle saison, — Annaiïc le Roux (d'aller) à confesse : Vous n'aurez pas l'absolulion, — à cause de votre andouille. — Monsieur le Recteur, vous vous imaginez : — à moi me coûte de l'argent mon cochon; À moi me coûte de l'argent mon cochon : — il faut que je le vende, tripes et m.... (le reste). Tant de chansons joyeuses ici ont pour raison que j'ai tenu à transcrire plutôt des sonn que des gwerz. Mais qu'on relise les recueils jusqu'ici publiés sur la Bretagne, l’on aura la preuve que la complainte larmoyaute ou tragique en est la principale richesse. Il va sans dire que les histoires de mer abondent dans cette poésie populaire : les matelots bretons sont célèbres aux quatre coins du globe, et ils ont pour adversaires toujours les Anglais; cependant les pauvres marins ne redoutent que la mer, et ce n'est que d'elle qu'ils craignent la mort. Toute histoire de mer est un gwerz; autre chose est la chanson de bord. Le récit qui va suivre est particulier à la presqu’ile de Paimpol et de Tréguier. Est-ce parce qu’il n’atteint pas les proportions du gwerz que le chanteur l’appelait kanoen ? — Kanoen, pour sonn, en trécorrois. Il est bon de rappeler que kanaouen est un terme générique et qu'il ne répugne pas au sens de gwerz. KANOEN AR VARTOLODED. O Gwerc'hez gloriuz Vari, roed d'in-me ajistans Da ganan eur werz newe, — C'hon ’vonet d'hi c'homans — Zo groet da bewar martolod a Gemper-Gwezenek Zo et gand eur vag newe ewid ar c'hentan gwech, Zo et gand eur vag newe ewid ar c'hentan gwech : N° an euz hini an-he a gemend a ve rez. Ewit konzoli ho mammo ho deuz laret d’ez-hi : Pa c’ homp laket war ann dour retornfomp adare. Pa defaint groet ho bagad ha prest da dond d'ar ger, À savaz glao hag awel, siouaz! eur goall amzer; Ma savaz glao hag awel, siouaz! eur goall dourmant, Ma deuz renket perisan efin ho batimant. 2 68e Pipi ar Bouder a lere, eunn den a gourach vad Pini savaz benn ter gwech ter gwech war bord he vag, Pini save benn ter gwech ter gwech war bord ann dour O c'houlen ar Werc'hez Vari mamm Jezuz d'hen sikour. Ha kriz vije ar galon ha kriz neb na oelje En bord ann enezen Goad, ann hini a vije . O welet pewar gorf maro manet en est-al-lin ( O c’hortoz koat pe lien ewid ho lienin. : … Eur c'hanod deuz a Vriet o tistrei da Bontre: IN euz anonset ar c'helo an de deuz ar beure, -Aneuz laret d’ar Boucher a oa beuet he vag Ha fraïillet dre ann anter e bord ann enez Koat: Ha posub ve diand Doue me laket ma oll vad ’Wid ober eur vag newe ha beuin ma zri mab! Ha c’ hoaz ‘wit koll ma mado me na ran kel a gaz, Mes beuin ma zri bugel ze ra d'in glac'har vraz. Me wel ari ma zri bugel — mes na antreont ket — O vonet da interin da Gemper-Gwezenek. r CHANSON DES MATELOTS. Ô Vierge glorieuse Marie! donnez-moi (votre) assistance — pour chanter un gwerz ®) nouveau (j je vais le commencer), . Qui a été composé sur quatre matelots| de Quimper-Guézénec — qui sont allés (sortis) avec une barque neuve pour la première fois, Qui sont sortis avec une barque neuve pour la première fois : —il n'y a aucun d'eux qui soit sauf. Pour consoler leur mère ils lui ont dit: — Puisque nous s‘mmes mis sur l'eau (voués à la mer), nous y retournerons encore (. Lorsqu'ils eurent chargé leur bateau et (qu'ils furent) prêts à s'en aller à la maison, — se levèrent de la pluie et du vent, hélas! un ter- rible temps ; @) Est-al-lin, est-ce un nom propre de lieu? est:ce une époque de l'année, l'été du lin, le mois de juin. . .? Le chanteur lui-même n’én savait rien. (Q) C'est donc un guerz. (3) Évidemment j je ne tiens cette chanson qu'à d'état informe et fragmentaire ; autrement, ce serait là une singulière facon de consoler une mère. LES TE COR CETTE | AO mes NO AU" — 286 — Il se leva de la pluie ct du vent, hélas! une (si) terrible tourmente, — que dut (en) périr enfin leur bâtiment. Pierre le Bouder disait, un homme de bon courage, — qui se leva par trois fois, trois fois, sur le bord de sa barque, Qui se levait par trois fois, trois fois, à fleur d'eau, — en demandant à la Vierge Marie, mère de Jésus ,de le secourir ©. .…. Et inhumain eût été le cœur, et inhumain celui qui n'aurait pleuré — aux bords de l'ile Coat, celui qui aurait été À voir quatre cadavres restés à est-al-lin (?)} — en attendant du bois (des cercueiïls) ou des dinceuls pour les ensevelir. Un canot de Bréhat, retournant à Pontrieux, — a annoncéfla nou- velle, le jour, au matin, À dit à Bouher qu'avait sombré sa barque — et (qu'elle avait été) fendue par la moitié aux bords de l'ile :Coat : Serait-il possible de la part de Dieu que j'eusse mis tous mes biens — à faire une barque neuve et que fussent noyés mes trois fils! Et encore pour perdre mes biens je ne fais pas de cas; — mais noyés mes trois enfants, cela me donne une grande douleur. Je vois arriver mes trois enfants (mais ils n'entreront pas — dans ma maison) — allant (passant) pour ètre enterrés à Quimper-Guézénec. . Il me faudrait maintenant donner un exemple de la complainte populaire en son plein développement, un gwerz breton, dans la parfaite acception du mot. Je choisis celui de « l'Orpheline », parce que certaines longueurs, chères au peuple, y sont suffisamment évitées; toute la machine poétique a été mise en œuvre : il y a l'aventure et l'heureuse rencontre, le drame et le crime, l'appari- tion et l’expiation, AR VINOREZ (2). Me oa eur bugel iaouank flam Pa varwaz ma zad ha ma mamm, Pa varwaz ma mammig ha ma zad, Me oa losket da glask ma mad, () Cette phrase est incomplète, puisque les mots en apostrophe n’ÿ sont pas; mais on n'a aucune peiné à rélablir le sens. @ Mot à mot «la mineure». | : tb tel dl ni do: ee | Hu PERRET SAS RUN > : ape id z aan dl auch sou MATE , noire ouped () Karnez pour Karmez, sans doute, «Carmel». — 287 — Me oa losket da glask ma boed: 4 1 Kap d'hen c’honit me na oann ket.. Ha me ’vonet ‘barz ann hent don, O rankontr daou den a feson O rankontr daou den a feson ’Rankontr éunn otro hag eunn itron; *Vond ann otro ’laret d'ann itron : Cheteu aze eur plac'h a feson, Cheteu aze eur plac’hik koant Ma dije bet akourtamant ; FRE Diasomp n-ehi gan-imp d hof ol Eunn de bannag d'hon; jervijin. — se war-n-ugent oan d'art, - à Pa deuaz c'hoant d'in da dimin ; I NEC cyr ‘’Vont ma mestr “braz Let d'am |mestrez : : ne Poent e dimin ar vinorez. — Na vo ket dimet. ar vinorez sol? Ken vo bet pardon ar Garnez Q), Rei d' ehi oblans. ar Fantanio ns: Kaeran oblans a 20 er vro. Î : f f #} Ho-man L'her gant-hi d’ar pardon: 50 À Dre ma oa eur plact h a feson ; ; AE TT TEL RAT UE Pe oa ‘vonet sen ar hoëf braz O tond c'hoant kousket d'he mestrez Vraz; SRE NT (1 Hag int och azein war Étriohlion "Tapout he fenn war he barlenn : Ha ‘tond eunn dra da laret d'in : Lac'h da vestrez ha send ou-in.. Demeuz ann dra-ze ‘m euz sentet, Ma dorn em godell ’m euz laket; Na pa ’m euz ma c'hontell tennet Seiz tol kontell d'ehi m'euz roet. ! ù P'em a lazet ma mestrez VrAZ, Na ouienn pelec’h hen (hi) 1akat; : ; à Lite à Uhr : : 111 #8 1e A IE à Mit fi pb D — 288 — Ha me ‘vont gant-hi d’ar Poullo, O koach ann-ehi 'mesk ann delio, O koach ann:ehi ‘vesk ann delio, Mes he boto hag he loero Mes he boto hag he loero, Ar ’zeo m a lest na dizoulou. Ho-man c'hez are dar pardon; Doue ouie hec'h entansion. P'e oa ‘vonet ‘barz ann hent braz Hag hi oc'h ankontr he mestr braz : Palec'h c'hez-te ‘ta ,-minorez ? Palec'h e manet da vestrez ? — Ma mestrez vraz a zo lazet ’Barz ar c'hoat braz gand ar forbaned Barz ar c’ hoat braz gand ar forbaned ; Me vije ie, mes ‘m euz redet. — Ma vijec'h bet fidel d’ez-hi, C'houi vije lazet kenkouls ha chi. — Tewed, ma mestr, na oeled ket : Me a vo d’ac’h evel bepred, Me a vo d’ac’h evel bepred; Kousket gan-ac'h, ho! na rin ket. Na’barz ann eiz de a goude "Sevel propojo etre-he "Sevel propojo etre-he Da dimin ho daou asamblez. Pa oaint dimet hag enreujet Ha prest da vonet da gousket, ’C'h antren eur c’horf maro en ti Ha seïz tol kontell en en-hi, Ha seiz tol kontell en en-hi, Eur pilad koar ( deuz peb gouli : Pelec’h c'hez-te’ ta, minorez ? Te at euz lazet da vestrez; @) Ou goad, peut-être, pour koar ; «un caïllot de sang à chaque plaie», au lieu d'une pile de cire ». Ces altérations par assonance sont fréquentes dans la poésie populaire. — 289 — Te at euz lazet da vestrez vraz, Evel eur forban deuz ar c'hoat. — Na ma ouifenn à kement-ze, t Me rae d'id evel ive. 2— Tewed, ma fried, na red ket ze : Doue he feo goude. Chanté par LE Gurucne, couvreur, de la Roche. L'ORPHELINE. J'étais une enfant toute jeune, — quand moururent mon père et ma mère ; * Quand moururent ma pauvre mère et mon père, — je fus mise de- hors à chercher ma bonne fortune ; Je fus mise dehors : à chercher mon pain : — pour capable de : ga- gner, je ne 'étais pas ; Et moi de m'en aller dans le chemin creux, — de TÉNGONIreE deux personnes de (bonnes) façons ; De rencontrer deux personnes de (bonnes) façons, — (de) rencontrer ‘un monsieur et une dame ; (De)se mettre le monsieur à dire à la dame: — Voïlà une fille de fiçon: ; Voilà une petite fille charmante, — si elle avait eu un accoutrement (convenable) ; Emmenons-la avec nous dans notre maison, — un jour gone pour nous servir. J'arrivais à (l'âge de) vingt-sept ans, — lorsque me vint l'envie de me marier. (De) s'en aller mon maitre CAE dire à ma maîtresse : — Il est temps de marier l'orpheline. — L'orpheline ne sera cire mariée, — jusqu à ce qu'ait eu lieu le par- don du Carmel. : —._ Lui donner la noblesse (le manoir) du Fantanio, — plus belle no- 1 La qui soit dans le pays Celle-ci (l'orpheline) alla avec elle (sa maîtresse) au pardon, — parce D” était une fille de façon. - Comme elle entrait dans le grand bois, — de venir une envie de dor- mir à sa maitresse grande ; MISS. SCIENT. — XIII, * - 19 IMVRIMERIE NATIONALE. = 10 Et elles de s'asseoir sur la verdure, — (la servante) de prendre la tête de sa maitresse dans son giron : Et de venir une chose (voix) me dire : — Tue ta maitresse et obéis-moi. À cette voix-là j'ai obéi; — ma main dans ma poche ai-je mise, Et, lorsque j'ai mon couteau tiré, — sept coups de couteau à elle j'ai donnés. Quand j'eus tué ma maitresse grande, — je ne savais où la mettre ; Et moi (d') aller avec elle au Poullo,—de la cacher entre les feuilles, De Ja cacher entre les feuilles, — hormis sa chaussure et ses bas, Hormis sa chaussure et ses bas : — ces choses-là, je les avais laissées à découvert. Celle-ci retourna au pardon : — Dieu savait son intention (à elle). Lorsqu'elle en était à prendre le grand chemin, — et elle de rencon- trer son maitre grand : Où vas-tu donc, orpheline ? — Où est demeurée ta maitresse ? — Ma maîtresse grande a été tuée — dans le grand bois par les for- bans, Dans le grand bois par les forbans ; — je l'aurais été aussi, mais j'ai couru. — Si vous lui aviez été fidèle, — vous auriez été tuée aussi bien qu'elle. — Taisez-vous,mon maître, ne pleurez pas : — je serai à vous comme toujours, Je serai à vous comme toujours ; — coucher avec vous, ho! je ne le ferai pas. Et dans les huit jours après — (de) s'élever des propos entre eux, (De) s'élever des propos entre eux, — pour se marier tous les deux ensemble. Lorsqu'ils furent mariés et (qu'ils eurent) fait les noces — et (qu'ils furent) prèts à aller se coucher, D'entrer un cadavre dans la maison, — et sept coups de couteau sur le corps, Et sept coups de couteau sur le corps, — une pile de cire à chaque plaie : — 291 — — Où vas-tu donc, orpheline ? — C'est toi qui as tué ta maitresse, l C'est toi qui as tué ta maîtresse grande, — comme un forban du bois. -E : À : : Lu 2 pue — Si je savais que tout cela füt vrai, — je te ferais de même aussi. — Taisez - vous, mon mari, ne faites pas cela : — Dieu la payera plus tard. De toutes ces chansons, quelques-unes à peine, aïje indiqué plus haut, réussissent à se répandre en dehors du dialecte natal. Mais il en est une que les bas Bretons connaissent universelle- ment; cest comme leur chant national, cet ann hini goz dont on parle autant que du pays même et qu'on a traîné jusque sur des théâtres parisiens. Bien qu'il s’agisse de la question séculaire des deux Bretagnes, le patriotisme ni les armes n’ont rien à voir dans cette dispute au sujet de la jeune et de la vieille, dans cette préfé- rence à jeter à la Gallaise (1) ou à garder pour la Bretonne. Entre vingt Variantes, embarrassées de localismes, qui changent avec les endroits et dont la portée est nulle pour la plupart, — comme ann hini gaz deuz a Bempoul, — voici une version, qui m'a paru satis- faisante, de ce sonn traditionnel de la basse Bretagne. ANN HINI GOZ. DISKAN. Ann hini goz eo ma dous, Ann hini goz eo zur. Na koulskoude, war a welan, Ann hini taouang ar vraoan. Ann bhini iaouang a zo koant, Ann hini goz e deuz arc'hant. Ann hini goz am chondu mad, Ann hini goz a zo d'am grad. Ha koulskoude ebarz e ker Ana hini iaouang a garer. Ann hini iaouank zo ken sonn, Ann hini goz eunn tammik krom. ® Orthographe à la francaise du mot breton Gallez , féminin de Gall, — Gallo, ou haut Breton. 19. — 999 — Ann hini iaouank 20 lijer, Ann hini goz a zo pounner. Ann hini goz en deuz bleo gwenn, Ann hini iaouank bleo melen. Ann hini goz liou raden zech, Ann hini iaouank liou ann erc'h, Liou ann erc'h eo bag hi ken ien, N'a ra koz ha n'a sell ouz den. Ha koulskoude n’ouzonn perak Ma c'halon ra tk-tak tik-tak ; Tik-tag a ra ma c'halon baour Pa c’han da skei war doul ann nor... Tec'h alese, tec'h kuït, tec'h pell! Ann hini goz a zo kant gwel ; Ann hini goz a zo kant gwell, N'a ra ket taillo demezel. Demezelled na reont bepred Nemet goab euz ar Vretoned. Ma daolan dorn war benn he glin, Ann hini goz a c'hoarz ouz-in. Ann hini goz zo Bretonez, Ann hini iaouank zo Gallez. Fae eo gan-in gand ar Gall brein, Gant kroc’hen ann diaoul war he geign! Fae eo gan-in gand ar C'hallez, Gand he lezro en he botez |: Mar komzed a briedelez, Komzed d'in euz ar Vretonez. Na lakfenn van, pa ve laret Eo ar Vretonez groac hellet ; Evit-han da vout groac hellet, Eunn aval blaz fall n’en deuz ket. Bezed droug gant neb a garo : Troc’het ann ed, dornet a vo; Bezet droug gant neb a garo : Ma dous ha me m'eureujo. — 293 — Ni gousko en eur gwele kloz, War ar pel fresk, bemnoz, bemnor. Na pa ve ken koz hag ar bed, Gan-in a vezo gwalennet. LA VIEILLE. REFRAIN: ment. +} est de ma convenance. Et cependant en ville — c'est la jeune qu'on aime. La jeune est légère, — la vieille est lourdaude. pour personne ; Done meïlleure ; de demoiselle. La vieïlle est bretonne, — la jeune est gallaise. ie La jeune est charmante, — Ia vieille a de l'argent. La vieille me conduit bien (avec elle je marche bien), La jeune est si droite, — la vieïlle, un petit peu voütée. Je fais fi de la Gallaise — avec ses bas dans sa chaussure ! Si vous parlez de mariage, — parlez-moi de la Bretonne. C'est la vieille qui est ma douce, —- c'est la vieïlle qui l’est, assuré- Et cependant, d'après ce que je vois, — la jeune est la plus belle. — la vieille La vieïlle a des cheveux blancs, — la jeune, cheveux blonds. : La vieïlle a le teint de fougère sèche, — la jeune, teint de neige; Teint de neige et elle si froide, — qui n’a ni causerie, ni regard Et cependant, je ne sais pourquoi — mon cœur fait tic-tac, tic-tac ; ; Tic-tac fait mon pauvre cœur, — quand je vais frapper au seuil de sa Retire-toi de là, va-ten, va-t'en au loin! — La vieille est cent, fois- La vieïlle est cent fois meïlleure, — et elle ne (se) fait pas une taille Les demoiselles ne font tout le temps — que se moquer des Bretons. Si je pose la main sur son genou, — la vieille sourit vers moi. Je fais f du Gallo pourri — avec (sa) peau du diable sur son dos! — 294 — Je n'en ferais pas de cas, quand/même on dirait — que la Bretonne tire à la vieillesse; s ' da Re : AR Bien qu'elle soit ridée , — une pomme (n’en) a pas (plus) mauvais goût. S'en fâchera qui voudra : — le blé est coupé, il sera battu. S'en fâchera qui voudra : — ma douce et moi, nous nous marierons. Nous coucherons dans un lit clos — sur la balle fraiche, toutes les nuits, toutes les nuits; Et quand même elle serait aussi vieille que le monde, — c’est moi qui lui passerai l'anneau. C'est donc une manière d’allégorie encore que l’ann hini goz; c’est sous cette forme, a-t-on prétendu, que disparaissent les litté- ratures orales et populaires, de même que les littératures classi- ques s’éteignent dans l'afféterie. Ce qui est certain, c’est que tous les sentiments du cœur‘humain, sinon toutes les formes littéraires encore dans leur spontanéité, trouvent leur ‘expression. dans la poésie du peuple; on en dirait autant de ce qu’en philosophie l'on appelle les idées générales : les mêmes notions sont répandues en tous lieux, et à peu près les mêmes légendes, qui font une sorte de commun héritage dont ebaque race a tiré la part qui convenait le mieux à son génie particulier. Comment expliquer, autrement, que l’on découvre, sous des latitudes si différentes, entre des na- tions qui sont séparées depuis des milliers d'années ou dont la rencontre n'aurait laissé nulle autre trace, des instincts, des croyances et des récits analogues, la même humanité partout? J'ai entendu en basse Bretagne, sur lair tout à fait local de Ker-Is, ce fragment de la vie de saint Julien Hospitalier : JULUANIK, Juluanig ann den vaillant, Ann hini a oa puisant, Savez eunn dewez beure mad ‘Wit mond da chaseal d’ar c’hoat. Ebarz ar c'hoat pa e n° ariet, Eur c'harwik rous ’n deuz rankontret Eur charwik rous ’n deuz rankontret, Endro d'ar c'hoat ’n euz hen geuliet : — Ewit petra em c'heuliezte, Med ewid en kavout ma bue ? | Ma lezez gan-in ma bue, _ Me’laro d’id ar wirione. } Juluanik, te a lazo : $ Da dad , da vamm , e-war eunn dre, y Te a lazo da vamm ha da dad_ Kousket ho daou ’n eur gwelead. Oh! na rin ket, gant gras DT Kar me levito deuz a ze, Me’ evito deuz a ze. Me c'hai dre ar vro da vale. Sortial re demeuz ar ger Hep laret gir da den a-bed Hep laret gir da den a-bed; ?N eunn oblans ker c'heo ariet, N’ eunn oblans ker c’heo ariet, Goul da servijin en eus groet _Goul da servijin en euz groet; Seiz la kiginer hen zo bét, Seiz la kiginer ’n eur gigin wenn, E-war eunn arme kabiten (). >" Kement zo groet deuz her karet Ken e d’ar verc'h hen dimezet, À 20 roet etre ho daou Eur e’hastel ker, eunn arc'hel aour. Ho-man oa eur plac’hik modez Da itron vari a Garnez; Eunn dewez vond d'hec’h ofern-bred Daou denik koz deuz rankontret. — D. En TE di in a Jéred Pelec'h ae’h et, pe nan och bet, Pelec'h ah et, pe ’n an och bet, Pe” p euzho tezir da vonet. RUES LA 2an)9# lu eV" ER Jebx LE 0 MEL rh P DIRES L'ETAT EN he 2 RE ND CLR PTT ER EE LEE AT — 296 — Me’ zo pell en tourmant hag en poan O klask hon mabik Juluan ; Am eump torret hon c’halono Nag o vale dre ann hincho. — O Doue da vezan meulet ! Juluanik d'in zo dimet, A 20 roet etre hon daou Eur c'hastel ker, eunn arc'hel aour. Ho-man a retornaz d'ar ger; E-barz 'n he gwele ho deuz laket E-barz 'n he gwele ho deuzlaket, Hag hi zo et d’ann ofern-bred. Juluan ariez ar ger, Drouk-sonj he bried en euz bet Drouk-sonj he bried en euwz bet : He dad bag he varam ’n euz lazet. Ha pa ’n euz bet ann torfed groet En traou gand ar vins hen zo et En traou gand ar vins hen 20 et, He bried paour deuz rankontret : — Ma fried paour, d'in a lered, Piou’barz em gwele pa laket Piou'barz em gwele pa laket, Keit e oaz vond d’hez ofern-bred ? — Juluan, oa ho tad hag ho mamm, Oa pell en tourmant bag en poan Oa pell en tourmant hag en poan. O klask ho mabik Juluan. JULUANIC. Le jeune Julien, l'homme vaillant, — celui qui était puissant, — se leva, un jour, de bon matin, — ‘pour aller chasser dans le bois. Dans le bois, lorsqu'il est arrivé, — une petite biche © rousse il a Q) Le mot biche, en breton, c’est karvez, ou heiez pour ue biche qui n’est pas mère encore. Le karvik est le faon; ainsi traduisais-je devant les chanteurs, qui hochaient la tête, en répliquant : « Non, eur e’harwik rous, dans,cette histoire-là, — 907 rencontrée ; — une petite biche rousse 1l a rencontrée ; autour du bois il l’a poursuivie : Pourquoi me poursuis-tu , — si ce n'est pour avoir ma vie ? — Si tu me laisses la vie, — je te dirai la vérité. | Petit Julien, tu tueras — ton père, ta mère, d’un même coup; — tu tueras ta mère et ton père — couchés tous les deux dans un même lit. — Oh! je ne (le) ferai pas, avec la grâce de Dieu! — car j'éviterai cela, — j'éviterai cela; — j'irai courir par le pays. Il sort de la maison, — sans dire mot à personne — sans dire mot à personne ; — dans un beau château il est arrivé ; Dans un beau château il est arrivé, — il (y) a demandé à servir — il G) a demandé à servir; — sept ans il a été cuisinier, © Sept ans cuisinier dans une cuisine blanche, — sur une armée, capi- taine Re ” VOn a tait fit de aimer — qu'il s'est à la fille marié; — on a donné, entr'eux deux, — un beau château, (plein) une arche d'or. Celle-ci (la mariée) était une petite femme modeste, — (dévote) à (Notre-)Dame Marie du Carmel; — un jour, en allant à sa grand'messe, — deux pauvres gens vieux elle a rencontrés : Deux pauvres gens vieux, dites-moi — où vous allez ou bien vous avez élé, — où vous allez ou bien vous avez élé —— ou bien vous avez le désir d'aller. — Je suis (depuis) longtemps en tourment et en peine — à chercher notre cher fils Julien; — nous avons brisé nos cœurs — à force de marcher par les chemins. — Oh! Dieu soit loué! — le petit Julien avec moi est marié; — il a été donné, entre (ou à) nous deux, — un beau château, (plein) une arche d’or. Celle-ci retourna à la maison, — dans son lit elle les a mis, — dans son lit elle les a mis, — et (puis) elle est allée à la grand'messe. Julien est arrivé à la maison, — (une) mauvaise pensée sur sa femme cest une pelite biche rousse.» Slagissaitil, pour ces gens du peuple, d'une sympa- thie poétique ? ou la biche, plus que le faon, a-t-elle le:don de prophétie? En tout cas, le dictionnaire est en défaut ici avec la légende. () Est-ce sur une armée (de serviteurs), comme expliquait Le Guluche? La mutilation de ce couplet a produit une incertitude, qui n'existe pas dans da ver- sion de Guwerziou Breiz-lzel : «Et lui donna de commandement de son armée. . — 298 — il a eue, — (une) mauvaise pensée sur sa fenime il a eue : — son père et sa mère il a tués. Et lorsqu'il eut le forfait commis, — en bas par l'escalier il est allé, — en bas par l'escalier il est allé; — sa pauvre femme il a renconirée : « Ma pauvre femme, dites-moi, — Qui dans mon lit aviez-vous mis ? — Qui dans mon lit aviez-vous mis ? — pendant que tu étais à aller à ta grand'messe ? — Julien, c'était ton père et ta mère — qui étaient (depuis) long- temps en tourment et en peine — qui étaient (depuis) longtemps en tourment et en peine — à chercher leur fils Julien. C'est à la légende de Juluanic peut-être que la littérature fran- caise est redevable du joli conte de Gustave Flaubert; l’on sait du moins qu’une partie de « Saint Julien l’'Hospitalier » a été écrite à Concarneau, tout au fond de la Cornouaille. Avec ce qwuerz religieux nous sommes déjà sur la voie des saints; celui de saint Cadoc nous met absolument chez les per: sonnages de l’émigration bretonne en Armorique. + GWERZ SANT KADO. A bell a zo me ’m a dezir Da diskleria ar pez zo gwir, Trei ar galleg en brezonek (”? Eur c'hantik ker am euz kavet : Klewet ac’h euz komz dre ar vro Demeuz ann otro sant Kado ? He viraklo nag he vue N'ac'h euz klewet biskoaz ann-he. E Ragoustand e oa ganet Ha Raourach e oa hanvet4 He vamm a a Lorans Konstans, Merc'h d'eur roue braz a Irland. Eunn ermid e oa tost d'ar vro Lec'h m'a oa ganet sant Kado Deuaz d'hen goul da vadein, Hag he dad prest do gonsantin. 1) Un seul chanteur m'a dit ce premier couplet; les autres débutaient tou- jours par le suivant — Klewet ac'h euz... — je d (ES fe L'ART Enostant ma oant païianed, Med Doue en euz permetet. seb nn si l )‘10Y-1 d'a Ann ermid a gas ann-eban . Eunn dewez da wit tan d’ CE Da lochen ar bastored : Elec’h oant o vesa ann denve Ar joie 1 î Ar pastor, krio. Fa d’ Ai FLE Na roje ket a dan d' chan, Nemed hen lakat a raje De vonet gant-han n' he jave. \ 0 r 9 4 Sant Kado dre umilite. ! À lakaz glaou en hej jave TE Ewit kas d’ he vestr ann ermit DEEP AP poan d'he ‘gorf na dhé abits E o xt Neuze oe hanvet eur zorser, Eur majisian, eunn ‘tromper ; ; Ar mesir-pastor a fell d’ehan Mond ’n he érmitach d'hen fan! 5" En ermitach pi nt ariel, | : Dal war ar plas int bet rentet, D GR FEAR Ha mantret ho olli izili, Na ellent mui ho remuin ; Sant Kado ie gompasion Ouz ho c ‘blewet o c'houl pardon À c'heaz en orezon fervant. Hag ho greaz iach en eunn instant 5 1061%%% ÉD Fr sant Kado. en cts A fellaz d'hevamm ha d'he dad _Hen lakaet da -gomandin. Eee War he armeo ba d ho reglin; ; Mes + Kado na c'houle ket . Kombatin ewit treo ar bed ; 2 Barz ann dezert en em rentaz Ha sant Gouard hen saludaz , Jeu er pbs da welet sant Andre :0a eur mignon braz da Doue ; — 300 — Sant Kado laka batisan. War ar mor eur pond ar c'heran War eur vrec’h-vor deuz ann Indrez Pini oe hauvet revier Estez. Unan deuz ann artizaned Gand ar re all a oe lazet, Ha ma hen toljont en eur stank : Pebez maleur d'ann dud mechant ! Sant Kado emez hen tennaz, Sant Kado hen resusitaz; Daouzek bla e oa bet eno O resusitan tud varo, Ouz ho c'honvertisan d'ar fe Hag o lenn ann Awiel d’he. War-dro ’n anter-noz eo kemeret Ker gand arme ar baïaned O vasakrin ar gristenien; Dre ma o c’heyent, na vane den. Oa sant Kado en he oviz, Ec'h antrejont ‘barz ann iliz; Eur barbar kri ba digonsianz 0 treuzin dre he gorf eul lans. ‘ Eunn neubeut goude-ze oe interet Gand eunn toullad relijiuzed. . Ha m'a re miraklo ’n he vue, A re c’hoaz kalz mui goude-ze. Chanté par Guillaume QueLLieN, âgé de soixante-neuf ans, de La Roche. COMPLAINTE DE SAINT CADOC. Depuis longemps j'avais désir — de révéler ce qui est vrai, — de lourner du français en breton — un beau cantique que j'ai trouvé. Avez-vous entendu parler par le pays — du seigneur saint Cadoc ? — Ses miracles ni sa vie, — vous n'avez entendu jamais en (parler). À Ragoustant il était né — et Raourach il avait été appelé; — sa mère élait Laurence Constante, — fille d'un grand roi d'Irlande. Un ermite qui était près du pays — où élait né saint Cadoc, — vint demander à le baptiser, — et son père (était) prêt à y consentir, — 301 — r Bien qu ils (les parents) fussent des païens; — mais Dieu la per- it l'envoie — un jour chercher du feu pour lui — à la cabane des pâlres, — où ils étaient à paître les moutons ; L'homme cruel de lui dire — qu'il ne lui donnerait pas de feu — à moins qu'il ne le mit — pour l'emporter dans son giron ; Saint Cadoc par humilité — mit des charbons dans son giron — pour (les) porter à son maître l'ermite, — sans dommage pour son CORPS nl son habil : . Alors il fut appelé un sorcier, — un magicien, un trompeur ; — au maître-pâtre il prend une envie — d'aller à l’ermitage pour le tuer; À l'ermitage, lorsqu'ils furent arrivés, — dès que sur la place ils fu- rent rendus, — furent accablés tous leurs membres (en point) — qu'ils ne pouvaient plus les remuer ; Saint Cadoc, par compassion — en les entendant demander pardon, — se mit en oraison fervente — et les guérit en un instant. Quand fut parvenu saint Cadoc en âge, — voulurent sa mère et son père — le mettre à commander — sur les armées et à les conduire ; Mais saint Cadoc ne voulait pas — combattre pour les choses du monde ; — dans le désert il se rendit — et saint Gouard le salua, En place pour (ou simplement pour) voir saint André ©) — qui était un grand ami de Dieu. Saint Cadoc fait bâtir — sur la mer un pont des plus beaux, — sur un bras de mer dans les Indes, — lequel était appelé la rivière d'Estez; Un des ouvriers — par les autres fut tué, — et ils le jetèrent dans un étang. — Quel malheur pour les hommes méchants ! Saint Cadoc dehors le tira, — saint Cadoc le ressuscita. — Douze ans 11 avait été là — à ressusciter des morts, A les (ces peuples) convertir à la foi, — et à leur lire l’évangile. Vers la mi-nuit fut prise — Ia ville par l'armée des païens ; — (ceux- ci) de massacrer les chrétiens — à mesure qu'ils les rencontraient ; il n'en restait aucun (en vie). _® Encore un distique pour un quatrain. Ce qwerz est très mutilé; je n'en ai pas trouvé une version plus complète. @) Le texte est d’un mot-à-mot tout à fait obscur, à cause de l'ellipse de deux vers, probablement. — 302 — Saint Cadoc était à son office; — ils entrèrent dans l'église. — Un barbare cruel et sans conscience — de lui traverser le corps avec une lance. Un peu (de temps) après cela il fut enterré — avec un certain nombre de religieux; — et s'il faisait des miracles en sa vie, — il en faisait encore beaucoup plus après cela. Ils sont vieux et rares ceux qui connaissent aujourd’hui ce gwerz; on ne le chante plus, autour des chapelles de Saint-Cadoc, le jour du pardon. Le temps des vieilles cantilènes historiques est fini; c'est à présent le tour des cantiques, mais pas des «beaux cantiques qu'on trouvait » dans la tradition; les nouveaux sont des hymnes en l'honneur du saint, une invocation au patron bien- heureux, avec quelques conseils aux fidèles qui sont accourus à sa fête. J'extrais une strophe ou deux du querzen à sainte Triphine qu'on m'a communiqué à Cléguérec, dans le Morbihan. Eid Gomor he fried cruel Trifine quen douc avel un oen De bedein Doue e oe fidel : El-ce pedet e creis hou poën. Tremeur dehi p'en de gannet, Arlerh en trebilleu brassan, À vihanniq e zo desquet, De garein Doue hag en nessan. El-ce mameu, d'hou pugale.. . .. Pour Comor, son mari cruel, — Triline aussi douce qu'an agneau — à prier Dieu était fidèle : — ainsi priez au milieu de votre peine. Quand Trémeur lui est né, — à la suite des troubles (malheurs) les plus grands, — tout jeune il est instruit — à aimer Dieu et le prochain. De cette façon, mères, à vos enfants — enseignez.. ... Pour Iltut, le disciple de saint Cadoc et le maître, à son tour, de Tugdual et de Gildas, l'imagination s'est encore moins mise en frais; le cantique est exactement la traduction en vers de la vie du saint qu’on lit dans l’église paroissiale, aux prières du soir, la veille ou le jour du pardon. Je sais bien que la dévotion est en cause, et non la poésie. Mais — 303 — la piété du peuple est durable et belle en raison de sa naïveté. La légende ne devient-élle pas, en fin de compte, un symbolisme ? Celle qui meurt emporte donc avec elle autant de la foi que de la poésie populaire. Pourvu que ce zèle contre de prétendues idoles _ n’aille pas assez loin pour atteindre les édifices, après certaines superstitions ! En rasant la chapelle de Saint-Yves-de-la-Vérité, on à porté un grand coup à la pratique des sortilèges; mais si lon étendait la main jusqu'à Kermaria an Isquit, on détruirait un chef-d'œuvre tout en croyant n'effacer qu’une folle danse ma- _ cabre. Je ne donne pas des noms au hasard : on dit que l’église vieillie de Kermaria est menacée du même sort que les gwerz, et que les pierres, si l'on ne se hâte de les protéger, en serviront à bâtir une église moderne. * La Bretagne armoricaine fut à juste titre surmommée la «terre dés saints», ainsi que la Bretagne insulaire et l'Irlande. Elle est encore pleine de sanctuaires et d'oratoires consacrés sous des vo- cables pour ainsi dire indigènes, ou celtiques. La plupart de ces noms remontent à l’époque où les Irlandais et les Bretons, chassés par les Saxons, les Angles et d’autres envahisseurs, émigrèrent en Armorique, du v° au vn° siècle. Les personnages de ce temps-là qui nous ont été transmis par la tradition populaire et ceux de l'histoire écrite ont presque tous été béatifiés : les origines de la Bretagne actuelle seraient donc dans l’hagiographie, et les monu- ments élevés aux fondateurs de la nationalité pourraient en être les documents les moins réfutables. Autour d’une chapelle le premier venu vous racontera la vie du saint; dans la même paroisse, inter- rogez dix personnes, et vous obtiendrez dix fois le même récit; dans toutes les fermes, vous trouverez une publication en breton, où chaque soir le penn-ti, ou bien l'enfant qui va à l'école, lit une histoire édifiante; quelquefois on possèdera même un ancien «propre du diocèse » du temps des neuf évêchés de Bretagne; peut- être aura-t-on avec cela la complainte du patron de la paroisse : mais voilà tout ce qu'on sait et ce qu'on dit. En demander davan- tage, c'est frapper à des portes fermées; vouloir qu'on en débite plus que les livres, c’est inviter presque à sortir de la doctrine; votre curiosité passera au moins pour puérile, et vite à bout de patience sur un tel sujet on vous répliquera : «Nous n’inventons pas; tout cela est écrit, et si vous savez lire. ., » Oui, et c'est précisément parce que cette légende est consignée dans Buez ar — 304 — Sœnt, qu'elle n’est plus sujette aux variations de la tradition orale; maintenant c'est parole d'Évangile. Autant s'en tenir à Pierre Le- grand de Morlaix, à de Garaby ou aux Bollandistes. Cependant, lorsqu'on rencontre le culte d'un même saint, établi à des endroits différents, on reconnaît que la légende n’est pas restée, en tous ces lieux vénérés, exactement la même : une anecdote locale s'est ajoutée ici, a disparu là bas, est ignorée ail: leurs, suivant que le sens a été saisissable ou s’est défiguré pour les fidèles; jusqu’au vocable qui n’est pas uniformément main- tenu : saint Yves de la Vérité n’a existé qu’à Trédarzec, et sa cha- pelle servait de rendez-vous pour jeter les sorts aux mauvais payeurs, aux parjures et aux faux témoins. Ce saint Yves, qui est si célèbre même en dehors de la Bretagne, naquit aux environs de Tréguier, et c'est à Tréguier qu'on est le plus dévot à sa fête; voici un trait de sa vie qui est pourtant inconnu des Trécorrois. Un jour que ce « patron des pauvres » passait par Yvias, il s’interposa devant une action inique et une brutalité que les habitants allaient com- mettre, Mais sa bienfaisance ne fut pas agréée; la fureur. popu- laire seulement changea d'objet et se tourna contre lui-même; il fut pourchassé et faillit être lapidé; une pierre l'ayant atteint,à la tête, le saint se retourna vers ces forcenés, les maudit et con- damna, dans ce pays, le premier né de chaque famille à porter une corne au front, Il paraît que, jusqu'à l'avant-dernière géné- ration, les enfants d'Yvias avaient encore cette bosse de la malé- diction. Et cet Yves Hélouri n'est qu'un moderne, relativement à ces émigrés qui ont donné leur nom à la Bretagne. Des personnages qui ont vécu, il y a treize ou quatorze cents ans, et dont le peuple s’entretient toujours, ont laissé dans la mémoire des lraces bien moins précises, et des images plus flottantes que ce recteur de Louannec, prêtre et avocat, dont les moindres actes de béatification sont dûment publiés. Autour de Carhaix, où saint Trémeur est le patron de l'église paroissiale, j'ai recueilli sur le fils de Comor et de sainte Tréfine des détails qu'on ignore à Langoat, où une simple chapelle a été dédiée au jeune martyr. Mais ces particula- rités et ces diversités, dont se complète une légende, où résident- elles et d’où les retirer? Quelquefois dans le courant de la conver- sation la plus banale; un on dit est souvent la formule d’une croyance et un acte de foi : « Evel kiez sant Herve », est une facon — 305 — de désigner un mort de faim, «comme la chienne de saint Hervé. » Peut-être fautil entendre «le loup » qui dévora cette chienne :et qui fut condamné, par suite,: à servir r de guide à l’aveugle de Ménez-Bré. Quels renseignements obtiendrait-on de certaines nr are cées sous la dépendance d’un saint ? Les guérisons de cet « Arouez ar Sant » ne sontipas à confondre avec les miracles opérés du vivant ou sur la tombe du bienheureux pour sa canonisation. Entre La Roche et Pommerit-Jaudy, il y a une fontaine de Saint-Adrien dans laquelle on plonge la chemise d’un nouveau-né, quand on veut savoir si l'enfant vivra : saint Adrien, qui n’est pas un Breton, n’au- rait-il pas emprunté ce don de présage et cette vertu sur les sorts à quelque saint indigène, afin d'obtenir, pour lui-même, le droit de nationalité en Bretagne? Une homoconsonnance dans les mots a sufhi, d'autres fois, pour caractériser une influence céleste : saint Gornéli est devenu le protecteur des bêtes à cornes; cela n’em- pêche:pas que la même puissance ne soit reconnue à saint Herbaud ; comme les saints sont compatissants, aucun ne refuse son inter- cession aux suppliants. Quant à une rivalité entre les bienheureux, il n'en. est jamais question; elle exista toutefois, un temps fut; mais c'élaient les hommes eux-mêmes qui l'avaient établie, et en- core le patriotisme était-il en cause. Lorsque les Bretons abor- dèrent en Armorique, ils y trouvèrent des chapelles déjà bâties, le christianisme ayant par endroïts pénétré dans le pays; rare- ment ces sanctuaires sont devenus les centres de la colonisation nouvelle; et toutes les fois qu’il y avait, sur un territoire, une de ces chapelles sous un vocable gallo-romain, l’église de la paroisse qui, s'élevait ensuite était consacrée à un saint de nationalité bretonne. Sur la grève de Ploumanac’h est un oratoire de saint Kirek. Giut ment les amoureux en sont-ils venus à piquer des épingles dans la statue en bois, à l'effet de.constater leur fidélité réciproque ?: «On comprend mieux que l’aveugle saint Hervé soit imploré pour tous maux de tête. Autour .du tombeau de la veuve sainte Pompée, à Langoat, sont. conduits les.enfants qui sont en âge de marcher.et que leurs jambes frêles refusent encore de soutenir ; le tour de la tombe achevé, l’agilité a gagné leurs petits. membres. Et il y a de ces moines ou de ces ermites dont on dirait qu'ils MIS5, SCIENT. — XIII. 20 IMPRINERIFR NATIONALE. — 306 — sont venus de si loin, qu’on ne sait plus même leurs noms; on en est réduit à deviner et à rétablir quelque chose de leur per- sonnalité à l’aide de leur seule attitude. Ainsi, dans l'église de Pleyben, ce pèlerin qui tient d’une main son bâton et qui porte daos l’autre main un nid, où une colombe est en train de couver. On raconte qu'il s'était endormi la main ouverte, et que l'oiseau, cherchant où déposer ses œufs, trouva cet endroit bon. À son ré- veil, le pèlerin ne voulut pas déranger la colombe, et il attendit, pour continuer sa route, que les petits fussent éclos. Montalem- bert et M. Renan attribuent une action tout à fait analogue à saint Keivin. Entre Pontivy et Cléguérec est une chapelle de saint Moëlan ; cette chapelle n’a plus de pardon, et ce saint, pour lequel on n’a plus de dévotion, a totalement disparu de la tradition orale. Il est vrai d'ajouter que les sanctuaires les plus fréquentés ne sont pas les moins soustraits à la légende populaire. Sainte Pom- pée, la patronne de Langoat, avait son gwerz, il n'y a que peu d'années encore ; une femme très avancée en âge est, paraît-il, la seule maintenant qui ait conservé ce gwerz dans sa mémoire, et elle avait l'habitude autrefois de le chanter, comme un cantique de pèlerinage, en parcourant le bourg, de temps à autre; on ne la revoit plus dans le pays, et personne ne connaît ni le nom, ni la demeure de cette vieille mendiante. Sur saint Maudez et sur saint Conéri je prévois, d’après ce que j'en ai déjà entendu, qu'il y a toute une moisson de souvenirs et d'on dit à ramasser. Le fondateur de Tréguier, Tugdual, se re- trouve « dans les livres » à peu près tout entier. Aucun n’est lob- jet de controverses autant que Guénolé : tantôt c’est un seul et même personnage; tantôt l'abbé de Landévennec et l'évêque de Quimper, ami et conseiller du roi Grallon, sont deux grands saints ; de Garaby en cite trois de ce nom. La tradition s’est exercée en variantes, surtout sur Tréfine, la femme de Comor et la mère de saint Trémeur. Mon intention est de consacrer un travail spécial à cette martyre, qui a tant in- spiré d'œuvres littéraires, à la suite des hagiographes; dans les documents que j'ai mis en réserve, sont «le mystère de sainte Tryphine et le roi Arthur», publié par M. Luzel, et même la pièce de M. Leconte de Lisle, «le Jugement de Komor », dans les Poèmes barbares. — 507 — Une des plus poétiques légendes de la Bretagne armoricaine est celle qu’on raconte, tout le long de la Manche, de Paimpol à Roscoff, sur Efflam et Hénora, les deux jeunes époux séparés par un vœu. — Un roi d'Irlande était en querelle avec un roi des Saxons. La guerre duraït depuis des années et elle avait dévoré tant d'hommes, queles deux rois se proposèrent la paix réciproquement. Pour prévenir les effusions de sang désormais, ils imaginèrent un moyen de rendre la paix éternelle entre les deux nations. Le roi des Saxons avait une fille encore au berceau, et elle s'appelait Hénora; le roi d'Hibernie avait un fils également tout jeune, dont le nom était Efflam : les deux CRE EU furent fiancés D£E leurs pères, comme gage d'alliance. Lorsque les jeunes princes furent arrivés en âge, le roi d'Ir- lande et le roi des Saxons résolurent d'accomplir leurs engage- ments ; Hénora fut envoyée en Irlande, et le mariage eut lieu, malgré les scrupules d'Efflam. C'est que des ermites chrétiens étaient venus en Irlande, et le fils du roi, qui les avait fréquentés, avait juré entre leurs mains de garder sa virginité; le soir du ma- « riage, Efflam fit part de son vœu à Hénora et la pria de l'aider à le tenir : « Vivons ensemble, ajouta-t-il, comme si nous n’étions pas mariés. » Comme elle parut affligée ou surprise de ces révé- lations, Efflam profita du premier sommeil de sa jeune femme pour s'enfuir au rivage, où il trouva un bateau; il se dirigea vers l'Armorique, comme beaucoup de ses compatriotes qui s'étaient donnés à la sainteté. Près d’une vaste grève, où il avait débarqué, il y avait un dra- gon qui faisait la terreur du pays; Efflam se rendit à la caverne du monstre, auquel il ordonna de sortir et qu’il poursuivit avec le signe de la croix jusqu'à une falaise très haute, et de là le dra- son, sur un nouvel ordre du pieux ermite, se précipita dans la …. merU), avec un cri infernal. Ce dragon n'était autre que le diable. — Sur la grève, à l'endroit que la marée envahissait avec le plus de rapidité, Efflam planta une croix, pour avertir du danger les voya- geurs : tant que la croix était visible, il y avait encore espoir de ® Dans la poésie du Barzaz-Breiz «sant Efflamm hag ar Roue Arzur», c'est le fameux roi Arthur qui tue le dragon ; ; pour mon compte, je n’ai pas entendu mentionner le légendaire héros hrotéi : les/poëtes auront été plus savants et plus précis que les conteurs. 20. Pas ee EL RP RARES A je, LRO PERRET ER EN EURRE SO EREE X — 308 — devancer les flots et de sortir du chemin plat. Ensuite, il se retira dans sa solitude. Cependant Hénora eut pendant son sommeil une vision par laquelle elle apprit la fuite de son mari. À son réveil elle courut au rivage, et sur une barque en osier elle se miten mer, à la grâce de Dieu. Et elle aborda près de Koz-Geodet, où c'était en ce temps- là une grande ville). De méchantes gens qui apercurent une jeune femme seule, en pareille circonstance, s'approchèrent et voulurent s'emparer d'elle; mais Hénora s'enfuyait, invoquant Dieu et son mari Efflam; vers le soir, elle tomba exténuée sur le seuil d’un ermitage. Il se trouva que celui qui l'avait sauvée, c'était Efflam, l'époux qu'elle recherchait. Elle consentit à vivre non loin de son mari, à l’autre bout.de la grève de Saint-Michel, Ils étaient éloignés d’une lieue; une même cloche les appelait à la prière séparément, aux mêmes heures du jour; et chaque soir les deux solitaires allaient sur le rivage, d'où ils songeaient souvent à l'île d'Hibernie. Une fois par semaine, Hénora traversait la Lieue-de-Grève (Leo-Drez) pour consulter et entendre son mari, sans le voir, à travers la porte fermée de la cellule. Le reste du temps, un goëéland noir leur servait de messager. @) Le village de Vieux-leaudet, à une lieue de Lannion, aurait été une ville d’une certaine importance. Les Romains avaient fondé à cet endroit un pagus, que les érudits du pays s'obstinent à nommer Lexobie. Ce fut le siège d'un évé- ché, avant Tréguier; le premier évêque en aurait été Drennalus,, disciple ‘de saint Joseph d’Arimathie; saint Tugdual fut un de ses successeurs, Lexobie eut le sort de la ville d’Is et fut submergée. A J'entrée de l'anse, du côté de Locquirec, un banc d’écueils porte le nom de Kigner ou Ketiger, le dos ou le haut de la ville ; en face, est le phare de Treoger (les Triagos), le bas de la ville. Ces lieux dits auraïent-ils une signification ? Une femme de Lannion, Jeanne Riolay, qui n'entend pas deux mots français de suite, m'a raconté que la ville d'Is était à Ieaudet, Une fois que le Juif errant faisait sa tournée en Bretagne, il rencontra, sur la route de Koz-Geodet, un paysan qui se rendait au marché; le boudedeo accosta l'homme, et pendant Ia conversation, qui avait été vite liée, ils se trouvèrent au milieu d’une grande foire, où le paysan vit des merveilles. L'heure vint à sonner, et le boudedeo dis- parut, tandis que l'autre braye homme considérait les marchandises et le mar- ché... Sept ans après, repassa le Juif errant, et il revit le paysan où ül l'avait quitté : «Te voilà toujours à la même place ? demanda le boudedeo. Sais-tu qu'il y a sept ans que je t'ai laissé là? — Alors , répartit l'autre, on doit être chez moi bien inquiet. » Le charme cessa tout à coup, et ils se retroavèrent sur le chemin de Koz-Geodet, revenant de la ville d'Is, qui est restée depuis sous les flots. f ‘à — 309 — "On ne sait pas combien d'années ils vécurent de la sorte, heu- reux autant que EE l'être des amis séparés. Un soir, Efflam fut troublé dans ses prières par un gémissement venu du dehors; c'était un intersigne, que l'oiseau de mer apportait, en frappant de l'aile contre a porte; Efflam se leva : « Hélas! murmura-t-il, c'est que ma douce amie est à la mort.» Et il accourut à la soli- tude d'Hénora ; l’agonisante ‘était couchée sur un lit d'herbes ma- rinés; ‘elle avait attendu, pour quitter ce monde, qu’elle eût fait ses adieux à celui qu’elle n'appelait plus Efflam depuis tant d'années qu’au fond de son cœur: — Autour de la forêt de Coat-an-Noz circule la légende de saint Envel, qui protège les troupeaux contre les loups, les blés contre les oiseaux. Sa sœur Juna, ou Jeune, s'était retirée, en même temps quelui, dans le méme désert; elle allait quelquefois, comme Hénora auprès d'Efflam, consulter son frère, sur les bords du Gwic; on montre un passage où cette rivière forme un torrent qui s'écoule sans bruit depuis le jour, dit-on, où Envel, empêché par les eaux d'entendre sa sœur, leur commanda ainsi de se taire : _ Tav, dour, mik, Ma klevin ma c'hoarik. Un cheval, qui l'aidait à labourer son champ, avait été volé par un brigand; parce que saint Envel était compalissant pour les bêtes, sans aucun doute, un cerf et une biche vinrent d’eux- mêmes s'atteler à sa charrue; plus tard, un loup dut prendre la place de la biche, qu'il avait dévorée. J'ai indiqué plus haut pourquoi ces récits, épars, mutilés et connus de peu de gens, et beaucoup d’autres que j'aurais, transcrits si j'avais eu la faculté de les contrôler par des variantes, n'entrent pas dans le domaine des conteurs ordinaires. Pendant une veillée vous entendrez de tout, hormis une légende pieuse. À Pleyben, M. Luzel et moi, nous avons rencontré un de ces conteurs dont la mémoire est prodigieusement remplie; c'était l'occasion de nous rendre compte jusqu’à quel point les noms cé- lèbres dans l’histoire ou dans la littérature, ont été retenus par le peuple; nous avons demandé à ce paysan illettré s’il avait con- naissance de Merlin, de l’enchanteur Merlin : « Oui, fit cet homme, je connais Merlic.. . » Ce Merlic était un animal monstrueux, qui ravageait la contrée, de même que le dragon de saint Efflam; — 310 — l'ogre fut pris par ruse : après avoir bu trois barriques.de vin et deux barriques d’eau-de-vie, il roula ivre-mort dans un coffret de fer, où il fut enfermé par un petit pâtre. J'aurais en outre à signaler tant de choses, si elles n'étaient un peu étrangères à mes recherches actuelles, qu'on dirait, malgré tout ce qu'on a déjà écrit sur la basse Bretagne, qu'elle est en- core à découvrir. L’argot des chiffonniers et des couvreurs, par exemple, à La Roche-Derrien, est absolument inédit; il ne me semble pas qu'il en soit même question nulle part; j'en ai re- trouvé cent quarante et quelques mots, à peu près autant de lo: cutions et de périphrases : ce serait maintenant peu de chose que de reconstituer entièrement ce langage conventionnel dont lori- gine est sans date, Avec les vieux saints de la Bretagne armoricaine, l’on ne saurait se vanter d'en avoir sitôt fini; je m'aperçois qu'une vie d'homme sufhrait à peine pour accomplir la tâche que j'ai osé entreprendre. J'ai l'honneur d’être, Monsieur le Ministre, de Votre Excellence le très respectueux el très obéissant serviteur. N. QuELLIEN. DE LA TOXICOLOGIE L EN ALLEMAGNE ET EN RUSSIE, PAR M. PH. LAFON. ui. k :RAPPORT ADRESSÉ ol DE. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS. SL ——— Monsieur le Ministre, + Par un arrêté en date du 10 septembre dernier, sur la propo- sition de M. le professeur Brouardel, directeur du laboratoire de toxicologie, M.le Ministre de l'instruction publique a bien voulu me confier une mission en Allemagne et en Russie, ayant pour but l'étude de la pratique des expertises chimico-légales et de l’ensei- gnement de la toxicologie. Le présent travail a pour objet d’ex- poser le résultat de cette mission. Je diviserai ce rapport de la manière suivante : 1° Des expertises de chimie légale en Allemagne ; 2° De l’enseignement de la toxicologie dans ce pays; 3° Des expertises chimiques en Russie; 4° De l’enseignement de la toxicologie dans ce pays. M Dans ce dernier chapitre, j'exposeraÿ particulièrement les tra- - vaux que j'ai pu accomplir sous la bienveïllante direction de M. le # professeur Dragendortff, de l'Université de Dorpat (Livonie). 4 Enfin je terminerai par une exposition très succincte sur l’état actuel de la question des ptomaiïnes ou alcaloïdes cadavériques en chimie légale. Ce chapitre résumera les opinions diverses que j'ai “pu cnetie] pendant le cours de mes études, 0 de plusieurs toxicologistes éminents. | he DATE EN d'A © CN URT ART 2% en a TS D — 312 — PREMIÈRE PARTIE. DES EXPERTISES CHIMIQUES EN ALLEMAGNE. Afin de mieux connaître l’organisation des expertises judiciaires et de l’enseignement de la toxicologie chimique dans les différents États de l'Empire allemand, nous avons visité successivement les Universités de Strasbourg, Fribourg, Heidelberg, Marbourg, Gættingue, Brunswick et Berlin. Nous nous sommes attaché sur- tout à la fréquentation des laboratoires de toxicologie qui relèvent des Instituts de pharmacie et de quelques laboratoires d'hygiène et de santé (Berlin et Strasbourg) qui comptent plusieurs chimistes inscrits près des tribunaux. Nous devons nous empresser de dire que nous avons trouvé é partout l'accueil le plus bienveillant et le plus courtois. Nous ne saurions trop remercier M. le docteur Am- thor, directeur du laboratoire d'hygiène et de santé, et M. Mus- culus, pharmacien en chef des hôpitaux civils de Strasbourg, pour les précieux renseignements qu'ils ont bien voulu nous fournir sur le fonctionnement des expertises judiciaires en Alsace-Lorraine. M. le professeur Baumann , de l'Université de Fribourg, M. le pro- fesseur Schmidt (Marbourg), M.le professeur Husemann (Gœæt- tingue), M. le professeur Otto (Brunswick), MM. les professeurs Liebreich, Tiemann et M. le docteur Jeserich, expert-chimiste près des tribunaux de Berlin, ont bien voulu nous donner, avec la plus grande bienveillance, les plus utiles indications sur les études que nous poursuivions en Allemagne. Qu'il nous soit permis d'adresser à chacun de ces maîtres nos très sincères remerciements. DES EXPERTISES CHIMICO-LÉGALES EN ALLEMAGNE. L'organisation des expertises chimiques, dans les cas d'empoi- sonnement, n'est pas identique dans toute l'étendue de l'Empire allemand : aussi parlerons-nous séparément des institutions de la Prusse et de celles de la Bavière. mr JUS ri DES EXPERTISES CHIMIQUES DANS LES CAS D'EMPOISONNEMENT EN PRUSSE. ' MIE fonctionnement de deux délégations scientifiques nous semble digne de quelque intérêt. Dans chaque province il est institué un conseil médical Frs cinal collegium) ; composé d'un chimiste (medicinal assessor) et de plusieurs médecins, (medicinal räthe), qui est.appelé à donner son avis sur-les rapports médico-légaux ou chimico-légaux remis à la justice, dans le cas où ce rapport est contesté soit parle minis- _ tère public, soit par l'inculpé. Au-dessus de ce premier tribunal scientifique es! institué, à Berlin, une juridiction d’un degré supérieur connue sous le nom de députation scientifique (wissenchaftliche deputation) et qui se compose d’un magistrat comme directeur, de onze médecins et d’un chimiste, qui est actuellement M. le professeur Hofmann. … L'institution. de ces deux tribunaux ou comités scientifiques nous a paru jouir en Allemagne d’une grande faveur; on semble adresser cependant à cette institution une critique qui nous paraît très fondée, au sujet de l'insuffisance du nombre des chimistes par rapport à celui des médecins. En Allemagne, les expertises chimiques judiciaires sont géné- ralement confiées à des chimistes industriels, à des pharmaciens, à. des professeurs de chimie, quelquefois aux chimistes des labo- ratoires d'hygiène et de santé établis dans les grandes villes. Ce sont toujours les experts. assermentés, près des tribunaux qui re- coivent les expertises; le juge d'instruction a néanmoins le droit de»s’adresser à tout autre chimiste, > qu il considère comme le plus Fe * Pour tout ce qui ae les honoraires d’expertises, le rapport de Vexpert, le témoignage de l'expert devant les tribunaux, nous ne trouvons rien qui diffère sensiblement de ce qui a lieu en _ France, et qui mérite d’être signalé. : 4 Mie nation des expertises chimiques en vigueur en Bavière se trouve dans la circulaire suivante, que nous jen tex- tuellement. — 314 — 2° RÈGLEMENT GONCERNANT LES ANALYSES CHIMIQUES ET MICROSCOPIQUES DANS LES CAS CRIMINELS EN BAVIÈRE. I Dans les cas où l’on soupçonne un empoisonnement et où l'analyse chi- mique est indispensable, dans les cas où il est nécessaire de faire une recherche microscopique, à moins d’une circonstance particulière, le tribunal ne doit pas adresser l'expertise à un médecin ou à un phar- macien, mais à la commission médicale. Dans ce cas, les objets à ana- lyser doivent être envoyés au tribunal du district dans lequel se trouve le comité médical. Il Chaque comité médical, pour les cas criminels, comprend un homme compétent pour les analyses chimiques et microscopiques et, de plus, un délégué pouvant le remplacer. I Le président du comité médical doit remettre les scellés à l'expert compétent. Il doit aussi renvoyer au tribunal le rapport de l'expert, ainsi que les pièces à conviction , afin que les conclusions émises par le comité médical soient jugées d'après les règlements de la loi pénale. IV Si, dans de tels cas, un avis médico-légal supérieur devient nécessaire, cet avis devra être pris dans le comité médical de deuxième instance. Si l'expert qui a exécuté l'analyse chimique ou microscopique fait partie de ce dernier comité, il doit alors, dans cette affaire, se faire remplacer par un autre membre. Si c’est au contraire le président du comité médical qui a exécuté l'analyse chimique où microscopique, il doit, pour la déli- bération de l'affaire, remettre la présidence à un autre membre du co- mité. Il n'est pas interdit au comité médical, dans le cas où la sincérité du rapport ne serait pas mise en jeu, de laisser assister le président à la séance, pour donner aux autres membres les indications qu'ils peuvent désirer; mais, pour ce qui regarde le vote, il ne doit pas y prendre part. Si les conclusions émises par l'expert sur l’ensemble des demandes pro- posées à l'examen du comité médical paraissent douteuses el si le comité n'a pas à sa disposition un autre homme compétent ou remplaçant, il sera tenu alors d’ajourner toute décision et de renvoyer l'affaire au tri- bunal, afin que celui-ci la rende à un autre comité médical. Les tribunaux et les magistrats sont obligés de remettre l'affaire à un autre comité dans le cas prévu par l’article ci-dessous. “ Dans le cas où l’on aurait besoin d'un rapport supérieur, le conseil ê - médical doit agir selon le règlement de notre ministère de la justice du ra …— 26 mai1872. (Voir le règlement qui se rapporte à l’organisation du _ comité médical supérieur et des rapports en expertises judiciaires, année 1872, pages 165 et 166.) D écrous SATETENT VI La nomination des hommes de l’art et de leurs délégués dans les co- — mités médicaux, qui peuvent être appelés à effectuer l'analyse chimique et microscopique dans des cas criminels, nous appartient à nous, mi- . nistre... Les experts et délégués, actuellement désignés, resteront en . fonctions, sauf nouvel avis. D | VIT . Les honoraires pour les analyses chimiques et microscopiques et pour ' le rapport, seront payés aux experts : Travaux chimiques : de 20 jusqu'à 100 marks. Travaux microscopiques : de 20 jusqu'à 50 marks. Ces honoraires seront réglés selon la difficulté des cas en question. MATE D NS DEUXIÈME PARTIE. CHAPITRE PREMIER. DE L'ENSEIGNEMENT DEVLA TOXICOLOGIE CHIMIQUE EN ALLEMAGNE. IL n'existe pas en Allemagne d'enseignement officiel exclusive- - ment affecté à la toxicologie, ni de laboratoire d'État où puissent se former les experts Nr …. La toxicologie chimique est enseignée à la Faculté de philo- D sophie, d'où dépendent les Instituts de pharmacie. Comme en France, la toxicologie constitue ‘une partie de l’enseignement _ général de la pharmacie. Mais, tandis que dans nos écoles supé- _rieures cette section comporte une chaire distincte, en Allemagne, . au contraire, la toxicologie est comprise dans l’enseignement ‘4 général que donne le professeur de chimie. On comprend qu'il eût été: difficile en Allemagne d'établir une di 0 ind — 316 — chaire d'enseignement pour toutes les branches de la pharmacie, si l’on songe que les études théoriques professées chez nos voisins ne comportent qu'une durée de trois'semestres de scolarité. Sous ce rapport, la différence est considérable entre l'organisation des écoles de pharmacie en Allemagne et en France, puisque la sco- larité dépasse souvent trois années chez nous et que les chaires sont beaucoup plus nombreuses. N'est-il pas légitime d'attribuer à ces conditions spéciales la juste renommée dont jouissent à l'étranger certaines de nos écoles supérieures de pharmacie? L'organisation de la toxicologie en Allemagne soulève donc diverses critiques. Aussi une série de projets ont été formulés récemment par divers hommes compétents, projets ayant trait à la création d’un enseignement tout à fait approprié à l'instruction des experts chimistes, ainsi qu'à la question des salaires des experts, salaires qui, dans l’état actuel, sont d’une modicité exa- gérée. Comme ces divers projets paraissent encore loin de leur réalisation, nous croyons inutile de les exposer dans ce travail. CHAPITRE IL. À cause des nombreux documents qui ont été publiés dans ces dernières années sur les laboratoires de chimie de l'Allemagne, nous nous dispenserons, dans ce travail, de revenir sur ce sujet. Pour ne signaler, en passant, que les nouveaux laboratoires que nous avons eu l'occasion de visiter au cours de notre mission, nous devons dire que les laboratoires de M. Fittig, professeur à l’Université de Strasbourg, de MM. Hoppe-Seyler et Schmiedeberg, à la Faculté de médecine de Strasbourg, de M. Liebermann, au Polytechnicum de Charlottenbourg près de Berlin, ne le cèdent en rien aux autres laboratoires si remarquables de l'Allemagne que l'on a décrits dans ces dernières années(). Comme le principe du chauffage et de la ventilation pratiqué au Polytechnicum de Charlottenbourg sera probablement utilisé à l’occasion de la construction de la nouvelle morgue de Berlin, nous déposons aux Archives des missions scientifiques quatre (9) Durant notre séjour dans les divers laboratoires, nous nous sommes attaché spécialement à l'étude de quelques appareils nouveaux ou inconnus en France et nous avons recueilli divers documents qui présenteront pour les toxicologistes un intérêt pratique; mais nous croyons inutile d'insister ici sur ce point. MAT NN PE AP (4 HN dre w La — 317 — _ grandes planches pour exposer l’aménagement de. ce magnifique établissement au point de vue. du chauffage et de la ventilation; ces travaux ont été exécutés par la maison Schäffer et Walker, de Berlin. Ces documents présenteront sans doute de l'intérêt, puisque la construction d'une nouvelle morgue à Paris est un projet actuellement à l'étude. . Parmi les laboratoires qui nous ont présenté le plus d'intérêt au point de vue de la toxicologie, nous devons signaler celui de M. le professeur Otto au Polytechnicum de Brunswick. Bien que le procédé d'extraction des alcaloïdes dont M. Otto est l’auteur date déjà de plusieurs années, il ne sera pas inutile peut-être d'exposer ici le principe de cette méthode, qui n’est d’ailleurs nüirne modification de celle de M. Stas. M. Otto épuise d’abord au moyen de l’éther la dissolution acide des alcaloïdes pour extraire la colchicine, la picrotoxine, la digi- taline et la cantharidine. IL alcalinise ensuite la liqueur acide au moyen de quelques gouttes d’une solution de soude étendue, puis il épuise le mélange avec. de l'éther; il sépare ainsi la généralité des alcaloïdes, sauf la morphine, la narcéine et la curarine. ! Au moyen de l'alcool amylique, il dissout la Le en {ota- lité, et la narcéine, en partie. Enfin, par l'emploi successif de l'alcool et du Dbrofourae il sépare la curarine et la narcéine qui peuvent rester dans le mélange. Les modifications apportées par M. Otto à la méthode générale de M. Stas semblent adoptées aujourd’hui par les toxicologistes de l'Allemagne. Cette méthode se trouve longuement exposée dans le manuel de toxicologie-de M. Otto ; il serait donc superflu d’en- trer dans de plus longs développements. CHAPITRE III. Nous aurions voulu établir, dans ce travail, la statistique des empoisonnements criminels, volontaires ou accidentels, pendant ces dernières années dans l'Empire allemand. * Nous aurions voulu, par exemple, comparer le nombre des em- poisonnements produits par le phosphore dans les deux pays. On sait, en effet, que ces empoisonnements -sont très fréquents en France, où l'usage des allumettes au phosphore ordinaire a persisté — 318 — malgré les inconvénients graves qu'il présente, tandis que, chez nos voisins, l'emploi des allumettes au phosphore amorphe, non véné- neux, est devenu absolument général. Il eût été également intéressant de comparer les statistiques des deux pays relativement aux empoisonnements involontaires produits par des erreurs dans la délivrance des substances toxiques chez les pharmaciens, et notamment chez les droguistes, et d'ap- précier ainsi, avec des faits à l'appui, la valeur des prescriptions très rigoureuses que le Gouvernement allemand impose au com- merce des substances vénéneuses. Deux prescriptions, en effet, nous semblent de nature à éviter dans une certaine mesure, en Allemagne, les erreurs de phar- macie. L’une est relative au classement des médicaments qui doit être observé dans les pharmacies, l’autre aux précautions qui doi- vent être prises pour la délivrance des substances éminemment dangereuses. On sait qu’en Allemagne les médicaments sont di- visés en trois classes, d’après leur degré d'activité, en Venena, Separanda, Ordinaria. Cette division si rationnelle, et qui est reproduite à la fois dans le classement des médicaments dans Ja pharmacie, aussi bien que dans la forme des inscriptions des pro- duits, nous semble devoir être recommandée; de même que les précautions dont on s’entoure pour la délivrance des médicaments vénéneux (étiquette avec le mot Gift, poison, avec une tête de mort) nous paraissent avoir leur utilité et présenter quelques avantages sur les dispositions adoptées chez nous. Malheureusement nous avons rencontré de trop grandes diffi- cullés en essayant de nous procurer les documents nécessaires pour établir ces statistiques comparées, et nous avons dû renoncer à ce travail. TROISIÈME PARTIE. DES EXPERTISES JUDICIAIRES EN RUSSIE DANS LES CAS D'EMPOISONNEMENT. L'organisation des expertises chimico-légales en Russie rappelle celle que nous avons trouvée en Allemagne. I est établi dans chaque chef-lieu de province un comité médical NADIE qui comprend un inspecleur-médecin et un aide, un pharmacien et un vétérinaire, Ce comité est chargé de renseigner la justice sur les affaires criminelles du district se rapportant à la médecine et à la chimie légales: Un examen est établi pour être admis dans ce comité. ! | S'il y a suspicion d’empoisonnement, c'est ce comité qui exécute les premières recherches. Cétte enquête terminée, il adresse son rapport au ‘département de médecine, qui constitue, en quelque sorte, une deuxième instance pour les affaires criminelles concer- nait les empoisonnements: Le département de médecine fait exé- cutér l'analyse par son chimiste, et'si les résultats ne concordent pas avec ceux du comité médical, l'affaire est alors soumise à un _ troisième conseil, qui siège près du ministère de l’intérieur et qui . représente la plus haute instance scientifique. Ge troisième conseil a droit d'élection pour le choix de ses membres et comprend dans son sein un représentant des diverses branches de la science(®. QUATRIÈME PARTIE. ( CHAPITRE PREMIER. L'autorité scientifique que tous les toxicologistes de l'époque accordent à M. le professeur Dragendorff nous a déterminé à passer chez cet illustre maître la plus grande partie du temps dont nous pouvions disposer. Nous n’avons pas besoin de dire qu'on trouverait difficilement en Europe un centre plus actif pour les diverses études qui se rapportent à la chimie légale. La con- naissance des alcaloïdes végétaux notamment, la recherche de ces corps dans les cas d’empoisonnement, l'étude de l'élimination de ces substances, de leur transformation et de leur localisation dans l’économie, tels sont les principaux sujets qui ont fait l’objet des études de M. le professeur Dragendorff, et sur lesquels il a réalisé un ensemble de découvertes qui le mettent sans aucun doute au pre- mier rang des toxicologistes contemporains. L’analyse des plantes, G) Nous adressons à MM. Johanson et Bergholz, chimistes- -experts à Saint- Pétersbourg, tous nos remerciements du concours bienveïllant qu'ils ont bien voulu nôus prêter durant nos études en Russie. — 320 — c'est-à-dire les divers procédés auxquels le chimiste peut avoir recours pour l'extraction des principes immédiats, ont fait égale- ment, de la part de M. Dragendorff, l'objet d’un très grand nombre de recherches, dont les résultats se trouvent en grande partie consignés dans le livre que M. le professeur Schlagdenauffen vient de traduire dans ces derniers temps. C'est à l'étude de la méthode générale d'extraction des al- caloïdes recommandée par M:le professeur Dragendorff, à l'étude analytique des alcaloïdes et glucosides qu’on peut avoir à re- chercher dans les cas d’empoisonnement, que nous avons con- sacré tout notre temps durant notre séjour : à l'Université ; de Dorpat. La méthode de M. le professeur Dragendorff n’est guère. ap- pliquée en France : la traduction du livre ® où elle est exposée date de plusieurs années; depuis ce temps, de nombreux change- ments et additions ont été apportés dans les procédés de ,re- cherche. Nous avons donc l'espoir, en exposant ici avec détails les procédés actuellement suivis par M. DragendorfF, de faire un tra- vailutile et de fournir aux chimistes des documents qu'il serait difficile de trouver en France. M. le professeur Dragendorff a bien voulu, pendant toute la durée de nos études, nous prêter le concours le plus empressé et le plus bienveillant : qu'il nous soit permis d'adresser à ce maître éminent nos plus sincères remerciements et notre plus vive reconnaissance. Nous sommes heureux aussi de remercier MM. Masing, docent ct magister, de l'Université de Dorpat, MM. Birkenwald et Jürgens, assistants de M. le professeur Dragendorff, pour les gracieux. ser- vices qu'ils n’ont pas cessé de nous accorder. L'INSTITUT DE PHARMACIE DE DORPAT. Nous avons déposé aux Archives des missions scientifiques un plan détaillé du laboratoire de M. le professeur Dragendorff. Ces documents nous dispenseront d'y accorderde longs Ds sm Le laboratoire comprend trois étages. “Au premier étage se trouve, d’un côté, la salle des cours, de l'autre côté, une grande salle de travail destinée aux opérations () Manuel de toxicologie, par Dragendorff, traduit par E. Ritter, Savy, 1873. — 321 — qui nécessitent l'emploi de la vapeur. Un local y est réservé Pour. la distillation de l’éther. Le deuxième étage comprend le laboratoire du professeur, le laboratoire des assistants, une salle de travail pour les élèves qui poursuivent des recherches spéciales, et une salle pour les élèves moins avancés ; le milieu de cet étage est partagé par une salle qui demeure affectée aux balances. Enfin le troisième étage est occupé par la bibliothèque du labo- ratoire et la salle des collections. Tout à côté se trouve un local qui, peut servir à la fois aux recherches d’histologie végétale, à l'analyse de des gaz et à l'analyse spectrale. DE LA RECHERCHE DES ALCALOÏDES ET GLUCOSIDES PAR Las MÉTHODE DE M. LE PROFESSEUR DRAGENDORFF. La méthode générale d'extraction des alcaloïdes de M. Dra- pendant consiste (1) : A À épuiser successivement, par le pétrole léger, par la ben- zine et le chloroforme, les solutions aqueuses des alcaloïdes ou glucosides, préalablement acidulées au moyen de l'acide sulfurique étendu ; _2° À épuiser successivement, par le pétrole léger, la benzine, le chloroforme et l'alcool amylique, les solutions aqueuses des al- caloïdes ou. glucosides, préalablement alcalinisées avec de l’am- moniaque étendue. Si l'on essaye de déterminer l’action dissolvante du pétrole, de la benzine, du chloroforme et de l'alcool amylique sur les solutions acides, puis alcalines des alcaloïdes et glucosides connus, on verra qu'il est possible d'établir certains groupements parmi ces sub- stances. Ce sont ces différences de solubilité qui font la base de la méthode de M. Dragendorff. En ce qui concerne les diverses substances dont nous avons en- trepris les recherches analytiques, nous avons pu constater que le pétrole léger, la benzine, le chloroforme et l'alcool amylique se comportent de la manière suivante: opt @) Ermittelung von Giften; 1° édition, 1868; 2° édition, 1876. Manuel de toxi- cologie, 1873. Beiträge zur GerichtChenue, 1871. Pharmaceut. Zeitschr. für Russ- land, 1882 et 1884. MISS. SCIENT. — XIII. 21 IMPIUIMAÆNIE NATIONALE. — 322 — » Les alcaloïdes et glucosides se trouvent dans ün' milieu acidulé au moyen de l'acide sulfurique étendu. Le pétrole léger dissout : L'essence de sabine, de rue, d'absinthe et, en général, toutes les huiles essentielles pouvant exister dans le mélange. La benzine dissout : La caféine, la cantharidine, la santonine , Ja digitaline, Ja col- chicéine, la quassine, l'élatérine. Le chloroformé dissout : La théobromine, la colchicine, la digitaléine, la colocynthine, l'elléboréine pure, l'antipyrine, la picroloxine, ainsi que des traces d’atropine, de vératrine, de narcéine et d’aconitine impure ou amorphe. ° Les alcaloides et glucosides se trouvent dans un milieu alcali- nisé au moyen de l'ammoniaque étendue. . Le pétrole léger dissout : La conicine, la nicotine, l’anilne, l’aconitine pure ou cristal- lisée, la kairine, la strychnine presque en totalité, ainsi que des traces de brucine, de quinine et de vératrine. La benzine dissout au contraire L'atropine, l'ésérine, la cocaïne, la brucine , l’'émétine, la nar- cotine, le reste de la strychnine, la vératrine, la quinine, la qui- nidine, la cinchonine, la cinchonidine, la codéine et l'aconitine impure ou amorphe. Le chloroforme dissout : La berbérine, la narcéine, le reste d'atropine et d'aconitine im- pure, ainsi que des traces de morphine. Enfin l'alcool amylique dissout : La solanine et la morphine. Deux cas peuvent se présenter relativement à l'état des sub- stances à analyser. Les matières sont ou liquides (comme l'urine), ou solides. Dans le premier cas, on pourra se dispenser de l'emploi de l'alcool et étudier. directement l'action des dissolvants déjà mentionnés. Si les matières sont de consistance solide, ou bien , par l'emploi de l'alcool (comme dans le cas du sang), on peut précipiter un certain nombre de substances étrangères, on pro- cède de la manière suivante : 4 — 323 — + On acidule avec de lacide sulfurique très étendu les: matières préalablement divisées. On porte le mélange à une douce chaleur, à A5 degrés environ, pendant quelques heures ; on agite de temps en temps. On verse dans ce mélange deux ou trois fois son vo- lume d'alcool concentré) ; on laisse digérer encore quelques heures à une douce chaleur. On filtre après refroidissement. Be liquide alcoolique est alors mis à évaporer jusqu'à disparition de l'alcool, jamais à siccité, On filtre le liquide aqueux, s’il abandonne, après refroidissement, un résidu trop abondant. 'E 19 Sur la dissolution aqueuse: ainsi obtenue, on budié d’abord l'action du pétrole léger, puis de la benzine, puis du chloroforme, et lon examine successivement les résidus abandonnés par l'éva- poration de ces divers dissolvants. Dans le mélange aqueux il reste toujours, à ce moment de l'opération, une faible.quantité de ben- zine et de chloroforme en dissolution, dont on doit se débarrasser, en agitant le liquide, au moyen d'une faible quantité de pétrole léger. Ce pétrole peut être rejeté après décantation. On neutralise, au moyen de l’ammoniaque étendue, jusqu’à réaction alcaline, et on épuise successivement le mélange par le pétrole, la benzine, le chloroforme et l'alcool amylique: Quelques précautions sont indispensables pour se ‘servir avec facilité de cette méthode. . Ons’assurera d'abord de la pureté parfaite! des astibants. Après évaporation à l'air libre, le pétrole léger, la benzine:et de chloro- forme ne doivent pas laisser percevoir la moindre odeur, encore moins abandonner de résidu. Ces dissolvants doivent être employés à la dose de 5o centi- mètres cubes environ sur les dissolutions alcaloïdiques réduites au volüme de 50 ou 60 centimètres cubes. Souvent unc seule agita- tion, prolongée pendant cinq à dix minutes, suffira pour enlever à peu près ia totalité des alcaloïdes de leur dissolution. On devra répéter, selon le cas, ces traitements jusqu'à épuisement complet _ des liqueurs. Quand on cherche à filtrer le pétrole, la Pine et le chloro- forme qui ont servi à l'épuisement des solutions alcaloïdiques, il @) L'emploi de l'alcool par fractionnements est indispensable quand on traite le sang. Dans ce cas particulier, si lon ne ménage pas laddition d'alcool, on peutrobtenir un coagulam assez abondant pour vêner Fépuiséement de ce h- quide. #4 — 324 — semble souvent que cette filtration soit impossible, en raison de l'émulsion qui s'est produite. Un simple artifice permet d’obvier à ces inconvénients, On jette la masse émulsionnée sur un papier- filtre; la partie aqueuse contenue dans cette substance mucila- gineuse passe d'abord à travers; bientôt la filtration s'arrête, et la masse demi-solide se contracte d’elle-même. On attend le moment où, en promenant une baguette de verre au sein de cette masse, on arrive à séparer la partie liquide. On exprime avec soin le résidu, et l'on peut, grâce à cette précaution, recueillir sensi- blement la totalité du dissolvant employé. Les liquides ainsi obtenus (pétrole, benzine, chloroforme et alcool amylique) doivent être mis à évaporer sur des verres de montre. Ils doivent être très limpides et absolument privés de toute trace d’eau. Généralement, on fait cette évaporation.dans six ou huit verres de montre. Nous verrons plus loin les précautions à prendre quand ül s’agit de la recherche des alcaloïdes volatils. Dans le chapitre qui suit, nous exposerons la façon dontse com- portent les alcaloïdes et glucosides que nous avons étudiés selon la méthode de M. Dragendorff. Dans un second chapitre, nous nous efforcerons de mettre sous forme de tables analytiques une marche méthodique pouvant servir à retrouver et à caractériser ces alcaloïdes et glucosides dans des mélanges de composition inconnue. L'ordre d’exposition adopté n’a été soumis à aucune règle, puisqu'une classification exacte et rationnelle parmi les alcal- oïdes ou glucosides connus n’est guère possible jusqu'à ce jour. Nous avong donc choisi une classification pratique, celle qui nous a semblé la mieux appropriée à la facilité de ces études. () Pour décanjer le pétrole, la benzine, le chloroforme et l'alcool amylique, nous conseillons la forme de vase que nous avons trouvée dans le laboratoire de M.le professeur Dragendorff. On peut se représenter cet appareil comme une bu- rette de Mohr à laquelle on donnerait un diamètre d'environ 4 à 5 centimètres et une longueur de 25 à 30 centimètres. On remplacerait la fermeture à pince par un robinet de verre. Le robinet de verre doit être très près de l’orifice du tube, et la partie comprise entre le robinet et l'ouverture de déversement, légèrement effilée. Pour la décantation de l’éther, la forme de boules à robinet semble mieux convenir. I ' NICOTINE. —— CONICINE. —— ANILINE. + On sait qu’une des difficultés de la méthode Stas consiste dans l'extraction des alcaloïdes liquides ou volatils. En examinant en effet, sans autre précaution, l'aspect du résidu huiïleux laissé par l'évaporation de l’éther, on s'expose à perdre une notable quan- tité de ces alcaloïdes. M. Dragendorff a diminué dans sa méthode les inconvénients inhérents à la méthode de Stas. Au lieu de l’éther, comme dissol- vant, il emploie le pétrole léger. Ce liquide est toujours mis à éva- porer à une température très faible, à celle de l'air ambiant. Quand on opère cette évaporation, on ajoute au pétrole quelques gouttes ’éther dans lequel on a fait barboter un courant d'acide chlor- hydrique gazeux. Par cet artifice, on évite en partie les causes de déperdition des alcaloïdes volatils. Tous les alcaloïdes volatils, ainsi que la lobéline et la spartéine, se retrouvent, dans la méthode générale de M. Dragendorff, dans la solution pétrolique provenant des solutions ammoniacales; ils res- tent, à l'évaporation, à l’état de chlorhydraies. Ils peuvent être ca- ractérisés de la façon suivante : Conicine. — La conicine() se retrouve dans la solution pétro- lique ammoniacale. Le résidu qui reste après l’évaporation du pé- trole présente toujours l'aspect cristallin. Ces aiguilles prismatiques, examinées au microscope dans la lumière polarisée, laissent voir des teintes très vives et caractéristiques. L’odeur de ce résidu est particulière. La forme cristalline que laisse voir la conicine dans cette cir- constance ne reste caractéristique qu’autant que l’on a soin de faire cet examen peu de temps après l'évaporation du pétrole. La forme des cristaux ne tarde pas en effet à se modifier avecle temps; cette modification semble avoir pour effet de transformer cet al- caloïde en une substance présentant des cristaux semblables à ceux du chlorhydrate d'ammoniaque. à . ® Zaleswki, Untersuchungen über das Conicin in forens. Chemie. Thèse, Dor- pat, 1860. — 326 — Nicotine. — Contrairement à ce qui se passe dans les re- cherches de conicine, le résidu que laisse le pétrole, dans le cas de la nicotine, est toujours amorphe. L'odeur est souvent caracté- ristique. Ce résidu, dissous avec quelques gouttes d’éther, puis versé dans une solution éthérée d’iode dans un tube fermé, aban- donne au bout d’un certain temps de longues aiguilles couleur rouge rubis (réaction de M. Roussin). Aniline. — Dans le cas de laniline, le pétrole laisse à léva- poration une poudre blanchâtre amorphe, ‘puisque cette évapo- tation s'est faite en présence de l'acide chlorhydrique. Avec l'hypochlorite de chaux en solution, on doit obtenir une coloration violette, Avec le bichromate de potasse et l'acide sulfurique étendu, on obtient, au bout d'un ‘certain temps, une coloration d'un beau bleu, Ces trois alcaloïdes peuvent, par cette méthode, se retrouver à des doses infinitésimales. Nous avons Loujours réussi, avec ce pro- cédé, à isoler et à caractériser une où deux gouttes de ces sub- stances : l’aniline et la conicine particulièrement se caractérisent avec une extrême facilité. | II STRYCHNINE. — BRUCINE. — ÉCORGE DE GEISSOSPERMUM VALLESIL — GELSEMIUM SEMPERVIRENS. — QUEBRACHO. — KAIRINE,. Dans ce chapitre nous exposerons les recherches toxicologiques de la strychnine et de la brucine. Nous rapprocherons de l'étude de ces alcaloïdes trois substances d'origine végétale qui peuvent donner, dans certaines circonstances, les réactions colorées de la strychnine et de la brucine. Le Geissospermum Vallesit, par exemple, après épuisement à chaud au moyen de Veau, donne un soluté pouvant céder deux produits, la péreirine et la geïssospermine, qui se conduisent de la facon suivante en présence des réactifs : La péreirine(), sous l'influence de Vacide nitrique, prend une (0 Czerniewski, Die forens. Chemie. Nachweiss der Quebracho und Pereire- Alkaloïde. Thèse, Dorpat , 1882. — 327 — coloration d'un beau rouge, identique à celle que donne la bru- cine. La geissospermine, au contraire sous l'influence de l'acide sulfurique et du bichromate de potasse, produit .des phénomènes de coloration à peu prèsidentiques à-ceux de la strychnine.! muDe même, le :québracho;,:épuisé avec de l'eau acidulée, peut donner, dans da-méthode générale d'extraction des'alcaloïdes; "un produit (québrachine?) qui présente sensiblement les réactions de lalstrychnine sous l'influence de l'acide sulfurique et da: biche mate de potasse. Le gelsemium(® séempervirens ycomme le québracho , peut aban- donner.un résidu présentant des réactions analogues à celles de la strychnine, par l’action du bichromate de potasse et de l'acide sul- furique. | | "Toutes ces substances ‘diverses, on doit s'empresser de le dire, peuvent se distinguer facilement de la strychnine et de là brucine. Nous décrironshen: temps et lieu les réactions propres à la pé- reirine, à la geissospermine, à la québrachine, à l'acide gelsemi- nique, à la gelsemine, qu caractérisent chacune deces ne «er “199 (IS | f d; End — Brucine.— Si l'onlexécute dans toute sa rigueur la méthode générale d'extraction des alcaloïdes de M. Dragendorff, on verra que la strychnine se retrouve presque en totalité dans le pétrole provenant des dissolutions ammoniacales des alcaloïdes. La brucine, au contraire, se retrouve en très. faible quantité dans la solution D oliqte ammoniacale, mais surtout dans la solution benzinique alcaline, La strychnine, en solution dans le pétrole, tie avec une extrême facilité, après évaporation du liquide; la brucine, au con- traire, demeure presque toujours amorphe. 3 ll est à remarquer que des traces de sirychnine passent dans la solution chloroformique acide; on devra donc, dans la recherche spéciale de cet alcaloïde, éviter ce traitement et opérer directe- ment sur les solutions ammoniacales. Pour caractériser la strychnine, on mettra à profit la réac- tion bien connue de l'acide sulfurique et dn bichromate de po- tasse. ONE. Schwarz, Die forens, Chem. Nachweïss . Gelsemium. Thèse, Dorpat, 1882. — 328 — Un nouveau réactif M), que M. Mandelin, assistant et docent, de l'Institut de pharmacie de Dorpat, vient de découvrir dans ces dernières années, pourra être avantageusement utilisé pour carac- tériser des traces infinitésimales de strychnine. Ce réactif se prépare en dissolvant le vanadate d’ammonium dans l'acide sulfurique monohydraté et dans les proportions de 1 gramme de sel pour 200 grammes d'acide. Le concours d’une douce chaleur èst souvent nécessaire pour effectuer cette solu- tion (), Avec des traces de strychnine, on obtient immédiatement par ce réactif une coloration bleue-violette très intense et qui re peu à. peu au rouge cinabre. Si le réactif est ainsi préparé : vanadate d'ammonium , 1 gramme; acide sulfurique bihydraté, 2 grammes, la coloration est d’un beau violet rougeûtre, enfin orangée. Si l’on ajoute alors quelques gouttes d'eau, le mélange prend une coloration d’un beau rouge persistant. Nous verrons dans la suite de ces études que ce nouveau réactif peut rendre les plus grands services pour la recherche d’un cer- tain nombre d’alcaloïdes ou glucosides; aussi le réactif de M. Man- delin constitue-t-il aujourd’hui un des réactifs les plus précieux de la chimie toxicologique. Brucine. — La brucine se retrouve surtout dans le résidu laissé par l'évaporation de la benzine provenant des liqueurs ammoniacales. On peut la retrouver aussi, mais en très faible proportion, dans le pétrole. La réaction de l'acide nitrique couleur rouge sang, qui va en s’affaiblissant peu à peu, reste encore la meiïlleure réaction pour caractériser cette substance. Comme la péreirine donne également une coloration rouge, on fera toujours bien de compléter la réac- tion de la brucine par celle du bichlorure d’étain ou du sulfhy- drate d’ammoniaque. Pour faire cette réaction, et obtenir plus facilement la coloration violette, il est mieux d'ajouter le bi- () Ucber Vanadinschwefelsäure, ein neues Reagens für Alkaloide; Ph. Zeitschrift für Russland, 1883. . @®) Se servir d’une solution récemment préparée. Certains vanadates se trou- blent avec le temps et donnent alors des réactions moins nettes. L "à, chlorure d’étain au moment où la coloration nr de la brucine s'est affaiblie jusqu’au jaune. Le vanadate d'ammonium, dissous dans l'acide sulfurique con- centré(1 gramme de vanadate pour 200 grammes d’acide), donne une coloration rouge avec la brucine: cette coloration est rouge grenat et passe bientôt au jaune. Si l’on avait à constater simultanément dans un même résidu la présence de la strychnine et de la brucine, on chercherait d’abord les réactions de la brucine au moyen de l'acide nitrique; on laisserait avec le temps passer cette coloration au jaune, puis l’on essayerait les, réactions de la strychnine par le bichromate de potasse et l'acide sulfurique. GEISSOSPERMUM VALLESII. vliGeissospermine, péreirine. — Nous avons pris 5 grammes de cette écorce, que nous avons épuisée avec de l'acide sulfurique très étendu. Le liquide, après filtration, a été soumis à la méthode générale d'extraction des alcaloïdes; nous avons obtenu les résul- tats suivants : | unie ose SDS ACIDE. ° Avec le pétrole léger: point de résidu. | 2 Avec la benzine : résidu constitué par des impuretés. Point de réaction avec l'acide nitrique (pas de péreirine); point de colo- ration avec l'acide sulfurique et le bichromate de potasse (pas de geissospermine). 3° Avec le chloroforme : pas de coloration rouge au moyen de l'acide nitrique, point de péreirine; mais avéc le bichromate de polasse et l'acide, sulfurique, on obtient une. coloration. qui pourrait parfois être confondue avec celle de la strychnine. Avec le réactif Frühde, on obtient une magnifique coloration bleue (carac- ière distinctif de la strychnine). AS es mn Qu : 4 : : dd ‘ SOLUTION AMMONIACALE. Avec levpétrole léger, on dissout un produit qui prend, une coloration rouge pourpre, puis grenat, sous l'influence de l'acide AM TR PEN" CRETE ee L Rae A CARE M RUSS D | Ni: a MC] d Li tu PU È — 330 — nitrique (péreirine). Cette substance ne pourrait être confondue avec la brucine. Dans le cas de la péreirine, da coloration que pro- duit l'acide nitrique n’est pas rouge sang; cette coloration est per- sistante et ne passe pas au jaune comme dans le cas de la brucine, Enfin, elle ne passe pas au violet sous l'influence du bichlorure ‘étain ou du sulfhydrate d’'ammoniaque (caractère distinctif de la brucine), GELSEMIUM SEMPERVIRENS. Gelsemine, acide gelseminique. — Cette substance renferme deux produits qui offrent un certain intérêt en toxicologie. L'un d'eux a été désigné sous le nom de gelsemine; cette substance jouit de la propriété de se colorer sensiblement comme la strych- nine, sous l'influence du bichromate de potasse et de l'acide sul- furique. Le second produit, qu’on désigne. sous le nom d'acide gelseminique, jouit d’un pouvoir fluorescent considérable; si Don ajoute à ses solutions quelques gouttes de lessive de soude. Cette propriété remarquable de l'acide gelseminique peut être mise à profit pour différencier chimiquement la gelsemine et lastrychnine, attendu que l'acide gelseminique et la gelsemine existent simul- tanément dans l’écorce du gelsemiam. Si l'on épuise le gelsemium sempervirens avec de l’eau, légère- ment acidulée par l'acide sulfurique, et si l’on étudie sur cette so- lution les résidus fournis par la méthode générale d'extraction des alcaloïdes, voici les faits que l’on peut observer : | SOLUTION ACIDE. 1° Pétrole léger : point de résidu. 2° Benzine: faible résidu. En y ajoutant quelques gouttes d’eau, le liquide prend une légère fluorescence; le phénomène de fluo- rescence devient plus net si l’on ajoute quelques gouttes de les- sive de soude. 3° Chloroforme : résidu plus abondant; fluorescence très vive après addition de quelques gouttes de lessive de soude. Cette fluorescence est très semblable à celle que produit l’escu- line. | | — 331 — SOLUTION AMMONIACALEÉ. * Pétrole : point de résidu. 2° Benzine : résidu abondant; avec le bichromate de potasse et l'acide sulfurique, on obtient des réactions un Ho at aude à celles de la strychnine (gelsemine). 3° Chloroforme : faible résidu, traces de gelsemine. Ainsi la présence de l'acide gelseminique dans la solution acide chloroformique est un caractère très précieux pour différencier la selsemine de la strychnine. D'autres réactions, à savoir l’action physiologique sur une grenouille, aussi bien que la coloration bleue produite par le vanadate d’ammonium, si remarquables au cas de la strychnine, permetipaient de lever, tous les doutes à ce sujet. , Québracho. — Si l’on épuise ce bois par l’eau acidulée, on ob- ent une liqueur aqueuse qui, dans la méthode générale d’extrac- tion, peut donner des résidus susceptibles d’être confondus avec lastrychnine, sous le rapport de la réaction fournie ne le bichro- mate de potasse et l'acide sulfurique. | 7 Le chloroforme en effet, agité avec les solutions Aide) ‘obtenues avec les décoctions de ce bois, cède, à l’évaporation, un résidu (québrachine) qui offre à peu près les réactions de la strychnine avec le bichromate et l’acide sulfurique. Le réactif Frôhde permet de lever tous les doutes à cet égard. La québrachine donne en effet, avec ce réactif, une superbe colo- ration violette, tandis que la strychnine n’est pas colorée dans cette circonstance (). Kairine. — Quelques réactions, qui semblent communes à la brucine et à la kairine, nous ont déterminé à étudier la façon dont se comporte cette substance dans la méthode générale d’ex- traction. L’ensemble des réactions colorées qui appartiennent à la kairine permettent très nettement de distinguer cette substance () Pour les autres réactions de la québrachine, de la geissospermine, de la péreirine, de la gelsemine ; voir : Czerniewski, Die forens. Ghemie. Nachweiss der Quebracho und Pereirealcaloide,, thèse , Dorpat , 1882; Schwarz, Die forens. Chemie, Nachweiss des Gelsemins, thèse, Dorpat, 1882. — 332 — de la brucine; nous signalerons seulement celles qui nous sem- blent les plus précieuses à cet effet. Nous avons vu que le pétrole léger, la benzine et le chloroforme ne dissolvent pas sensiblement la kairine en solution acide. Le pétrole, au contraire, dissout parfaitement cette substance en so- lution alcaline. Le résidu laissé à l'évaporation présente les réac- tions colorées de la kairine : 1° Avec l'acide nitrique, on obtient une coloration rouge intense qui ne passe pas au violet après addition de bichlorure d’étain (caractère distinctif de la brucine). > L'eau de chlore, l'eau de brome produisent également une superbe coloration rouge avec des traces de kairine. L'eau de chlore colore quelquefois la brucine en rouge faible, mais l'intensité de la coloration, qui est si faible au cas de la brucine, n’a rien de comparable avec celle de la kairine, 3° L'hypochlorite de chaux en solution colore la kairine en rouge violacé. 4° L'eau iodée, employée en faible quantité, donne une colora- tion brunâtre avec de nombreuses stries violacées; avec un excès d’eau iodée, le précipité devient très abondant. 5° Le perchlorure de fer produit une coloration d’un beau violet. Ainsi chacune de ces réactions permet de distinguer très nette- ment la kairine () de la brucine. III MORPHINE. — NARCOTINE. — CODÉINE. — NARCÉINE. Morphine. — Une des grandes difficultés de la méthode dé Stas consisté, comme tous les toxicologistes l'ont fait remarquer, ® L'action des alcalis, ammoniaque, lessive de potasse ou de soudé, même en solution étendue, décompose partiellement la kairine. On retrouve toujours néanmoins dans la portion pétrolique le produit de décomposition qui fournit les réactions colorées , propres à la kairine. La neutralisation des solutions acides au moyen du bicarbonate de soude doit être préférée à l'emploi de l'ammoniaque et des autres alcalis. — 333 — dans l'extraction de la morphine par l'éther. En, précipitant les solutions acides de morphine au moyen d’un alcali, l’alcaloïde tend à prendre la forme cristalline; dans cette circonstance, il devient insoluble dans l’éther. Un autre inconvénient pour l'extraction de cet alcaloïde réside dans ce fait qu'avec un excès d’alcali la mor- phine passe à l'état soluble; alors elle est imparfaitement extraite de ses dissolutions au moyen de l’éther. Nous pensons qu'on évitera ces diverses causes d'erreur en suivant la méthode de M. Dragen:- dorff; nous avons pu en effet, par ce procédé, extraire des quantités infimitésimales de cette substance des milieux les plus divers (urine, sang, bière, matières alimentaires.) Pour retirer la morphine de ses combinaisons, M. Dragen- dorff emploie l'ammoniaque et l'alcool amylique comme dissolvant. Le résidu provenant de l'évaporation de l'alcool amylique se prête quelquefois difficilement aux réactions colorées. Dans le cas particulier de l'urine, la recherche de la morphine devien- drait difficile, si l'on ne prenait pas soin de purifier préalable: ment ce liquide. Voici le procédé qui nous a semblé le plus apte à fournir des résidus assez purs. On acidule l'urine au moyen de l'acide sulfurique étendu, et on agite vivement avec de l'alcool amylique. Beaucoup d'impuretés, notamment l’urée, passent dans ce dissolvant, tandis que la morphine reste dans l'urine à l’état de sel; l'alcool amylique ne dissout point la morphine dans cette circonstance. On neutralise la solution avec de l’ammoniaque, jusqu à réaction alcaline au papier de tournesol, et on l’épuise avec l'alcool amylique. La morphine reste après évaporation de l'alcool amylique dans un état de pureté suffisant pour pouvoir être carac- _térisée (M). _ Les réactifs suivants : Réactif Frôhde........... SRE coloration violette, Perchlorure de fer..............., coloration bleue, . . . L . A * 11 Acide nitrique OS Ce oet ......... coloration rougeatre , Vanadate d'ammonium dissous dans Tacide sulfurique concentré. . ..... coloration rouge brique, @ Kubly, Ueber Abscheidung der Opium-Alkaloide; Pharm. Z, Rarui für Russ- land, 1866. Kauzmann , Baiträge zur Gericht-Chemie. Nachweiss des Morphins à Nar are Thèse, Dorpat, 1868. Schmemann, Beiträge zur Gericht-Chemie. Nachweiss des Kodeins, Thebains, — 334 — nous semblent préférables à l'emploi du chlorure d'or et de lacide iodique (1). | | Si, pour rechercher la morphine, on a dû exécuter inté: gralement la méthode générale d'extraction, on pourra retrou- ver des traces de cette substance dans le résidu chlorofor- mique ammoniacal; mais la presque totalité de la morphine se retrouvera néanmoins dans le résidu abandonné par l’alcool amylique. Narcotine. — La recherche de cette substance devient très im- portante pour répondre à cette question: Y a-til eu empoison: nement par de la morphine où par une préparation opiacée (lau- danum, teinture d’opium, etc.)? Les phénomènes de coloration qui appartiennent à la narcotine donnent souvent la solution de cette question. Pour rechercher la narcotine, on alcalinise la solution avec de l'ammoniaque. On lépuise par la benzine : ce dissolvant dissout facilement la narcotine. On caractérise cette substance au moyen de l'acide sulfurique concentré. À froid, là coloration rouge n’ap* paraît qu'avec le temps; à chaud, la coloration est presque in- stantanée. Pour obtenir plus facilement cette réaction , M. Dragen’ dorff traite la narcotine avec de l'acide sulfurique étendu et chauffe le mélange au bain-marie; sous l'influence d'une évaporation mé- nagée, il arrive un moment où le mélange prend une belle colora- tion rouge persistante. Cette coloration rouge doit passer au violet par l'addition d’une trace d’acide nitrique ; cette seconde païtie/de la réaction, signalée par les auteurs, nous à paru très difficilé à obtenir. Le vanadate d’ammonium produit avec la narcotine une belle coloration rouge ; sous l'influence de la chaleur, cette coloration devient plus intense, \ Papaverins, Narceins. Thèse, Dorpat, 1870. — Schneider, Ueber das Schicksal des Caffeins und Theobromins im Thierkôrper und über den Nachweiss des Morphins im Harn. Thèse, Dorpat, 1884. (G) Nous devons rappeler en passant que la morphine prend une coloration rouge-violacée quand on la traite en présence de trois parties environ de sucre pulvérisé et d’une trace d'acide sulfurique concentré. Nous verrons plus loin que cette réaction est commune à la codéine, ainsi qu'à l'aconitine commerciale ou amorphe. Me es * À ' Fr — 335 — + Codéine{®), = La codéine, dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes, se retrouve dans le résidu benzinique alcalin. On pourra caractériser cette Panre au moyen des réactions sui- vantes : 1° Avec le réactif Frôhde, coloration verte très intense; cette réaction n'apparaît ue au bout d'un certain temps, si on a peu de codéine. ? GIE 13") w. -Noûs a'ons découvert, dans ces dermiers temps, une nouvelle réaction de la codéine, commune! également à la morphine, et dont on pourra tirer parti dans les cas où il s agit de caractériser ces deux |alcaloïdes sur une très: faible quantité de produit. Si J'on traite, en effet, une trace de codéine où de morphine par du sélénite d'amméônium en ‘solution sulfurique (sélénite d'ammonium 1 gramme, acide sulfurique concentré 20“), on voit apparaître une magnifique coloration verte. Cette réaction est très caractéristique et encore sensible avec moins de un dixième de milligramme de matière. — Comptes rendus de l Académie des sciences, juin 1 885. "Si nous rapprochôns la réaction que nous obtenons avec les sulfosélénités de celles que donnent les sulfomolybdates (réactif Frôhde) et les sulfovanadates (réactif Mandelin) avec d’autres, alcaloïdes, il sera aisé de voir quel rôle impor: tant joue l'acide sulfurique en toxicologie. Au cas de la morphine et de 1a re le phénomène de coloration n’a lieu qu'en dissolvant les sélémates et les $élénites dans de l'acide sulfurique. Le ré- sultat est en effet négatif si ces sels se trouvént en dissolution raris azotique ou phosphorique. De même, pour le réactif Frôühde (sulfomolybdate de soude) ; il n'y a le plus souvent réaction qu'autant que le molybdate se trouve dissous dans l'acide sul- furique. Même observation pour le réactif Mandelin (sulfovanadate d'ammo- nium). Ainsida strychnine et la colchicme,quise caractérisent si facilement avec ce dernier réactif, donnent les résultats les plus négatifs si l'on dissout le vana- date d’ammonium dans d'acide azotique ou phosphorique. De son côté, M: Dragendorff a fait de l'acide sulfurique seul un des réactifs les plus usuels, dans sa méthode, pour obtenir une série de réactions colorées pouvant permettre de subdiviser les groupements déjà établis par l'emploi de plusieurs dissolvants. Enfin, même dans les phénomènes de dédoublement, l'acide sulfurique con- centré possède une influence marquée. Au cas de la digitaline notamment, nous avons pu obtenir une transformation capitale qui nous a fourni ultérieurement une coloration très caractéristique de cette substance, alors que les autres acides, Eve azotique ou phosphorique, n’avaient pas pu produire la réaction. I ya donc, dans le rôle de l'acide sulfurique vis-à-vis des alcaloïdes, un en- semble de réactions très intéressantes pour la toxicologie, dont l'explication est à peine ébauchée et qu'il était intéressant de signaler. — 336 — 2° L’acide sulfurique concentré produit au bout d’un certain temps une coloration bleuâtre. M. Hesse pense que cette coloration n'est produite qu'avec de l'acide sulfurique contenant des traces de fer. En essayant la réaction avec plusieurs sortes d'acide sulfu- rique, nous avons toujours reproduit cette coloration. 3° L’acide azotique concentré donne une coloration jaune, 4° Avec un mélange de sucre en poudre trois parties, codéine une partie et une trace d'acide sulfurique concentré, la codéine prend une coloration violacée qui passe peu à peu au rouge. La morphine ainsi que l'aconitine commerciale ou amorphe produi- sent une réaction à peu près identique. els 5° Le vanadate d’'ammonium, dissous dans l'acide sulfurique concentré, produit avec la codéine une coloration verte, au bout d’un certain temps. | 1) Narcéine. — La narctine, dans la méthode générale d’extraction, peut se retrouver dans deux milieux : soit dans le chloroforme acide, soit dans le chloroforme alcalin. Le chloroforme mous a toujours paru dissoudre plus facilement la narcéine en solution alcaline qu’en solution acide. La réaction de l’eau iodée caractérisera cette substance (colo- ration d’un beau bleu), surtout si l'on a soin d'ajouter un léger excès de réactif. IV QUININE. — QUINIDINE. — CINCHONINE. — CINCHONIDINE ll), " Bien que ces alcaloïdes soient peu toxiques, il semble intéres- sant, à cause de l'emploi de ces substances en thérapeutique, de connaître la façon dont elles se comportent dans la méthode de M. Dragendor!ff. 4 Le pétrole léger, la benzine, le chloroforme n’ont presque pas d'action dissolvante sur les dissolutions acides de ces alcaloïdes. En solutions alcalines, la quinine, la cinchonine et la cincho- @) Johanson, Beitr. zur Kenniniss der Cinchonin-Resorption. Thèse, Dorpat, 1870. «= Hartge, Beitr. zur Kenntniss der Chinidin-Resorption. Thèse, Dorpat, 1884, Thielik, Beitr. zur Gericht-Chemie des Cinchonidins. Thèse, Dorpat, 1884... — 337 — nidine sont dissoutes par le pétrole léger, mais la benzine dissout mieux ces substances. La quinidine passe également avec facilité dans la benzine; c’est ce dissolvant que nous préférons pour l'ex- traction de ces quatre alcaloïdes. On peut les différencier de la manière suivante : Quinine. — Ne cristallise pas généralement , après l'évaporation de la benzine. Elle prend une coloration verte sous l'influence de l'eau de chlore et de l’'ammoniaque. Elle donne une colora- tion rouge avec l’eau de chlore, le ferrocyanure de potassium et Dre Quinidine. — Elle possède les réactions colorées de la quinine, aussi bien que son effet fluorescent; elle cristallise avec facilité, après évaporation de la benzine. Les dissolutions de quinidine pré- cipitent par l'iodure de potassium : ce précipité est cristallin (carac- ière distinctif de la quinine). | Pour la séparation de la quinine et de la quinidine, M. Dragen- dorff préfère l'emploi de l'iodure de sodium à celui de potassium. - Cinchonine. — Cristallise généralement, après évaporation de la benzine. Son pouvoir rotatoire, la façon dont elle se comporte sous: l'influence de l’eau de chlore et de l’'ammoniaque, de l'eau de chlore, ferrocyanure de potassium et ammoniaque (précipité blanc) la distinguent nettement de la quinine et de la quinidine. _ Elle ne précipite pas par le sel de Seignette (caractère distinctif de la cinchonidine). Cinchonidine. — Cristallise facilement et précipite en présence du sel de Seignette. _ M. Dragendorff préfère, pour effectuer cette précipitation , le tar- trate d'ammoniaque et de soude à l'emploi du sel de Sesnetie = il recommande d'éviter tout excès d’acidité, afin d'éviter la préci- pitation du bisulfate de soude quand on a affaire au sulfate de cet alcaloïde. ANTIPYRINE. Nous avons étudié la façon dont se comporte l’'antipyrine dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes. Pour caractériser MISS. SCIENT. — XIII. 22 IMPIIMERIE NATIONALE. rés s JA L'ENU De SR RE REA LR PE ET TP LOT, 0 D RS PS LR RE Le T7, L Sn es 0 — 338 — cette substance, nous avons utilisé les réactions indiquées par M. Sweissinger Ü), d Le pétrole léger et la benzine ne dissolvent pas sensiblement l'antipyrine en solution acide; le chloroforme, au contraire, la dissout avec facilité. Le résidu est alors constitué par une masse d'apparence cristalline; au microscope, on reconnaît une cristalli- sation en feuilles de fougère. Ce résidu donne les réactions sui- vantes : 1° Avec le perchlorure de fer, coloration rouge très intense; 2° Avec le nitrate acide de mercure, précipité noir très abon- dant. En solution ammoniacale, l’antipyrine n'est presque pas dis- soute par le pétrole léger et la benzine; le chloroforme, au eon- traire, la dissout facilement. VI HYOSCIAMINE. — ATROPINE, —— ESÉRINE. — COCAÏNE. Si nous réunissons ces quatre substances dans un même cha- pitre, c'est parce que ces quatre alcaloïdes se conduisent d’une façon presque identique dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes. Atropine. — L'atropine ©} en solution acide est légèrement dis- soute par le chloroforme; le pétrole et la benzine, au contraire; sont à peu près sans action. Pour cette recherche, mieux vaut opérer di- rectement sur la dissolution alcaline. Le pétrole léger contiendra des traces d’atropine, mais c'est surtout dans la benzine que l’on retrouvera la majeure partie de l’alcaloïde. Il est indispensable, au cas de l’atropine, d’agiter longuement la solution avec la benzine: sans cette précaution, on pourrait retrouver ultérieurement cette substance dans le chloroforme. Le résidu benzinique doit être essayé sur la pupille d’un chat : la dilatation apparaît au bout de quelques heures, si on se trouve en présence d'une trace d’atropine. La réaction suivante pourra (0) Antipyrin und einige Reactionen desselben. Arch. der Pharm. Zeitschrift des Deutschen Apotheker-Vereins. Septembre 1884. (2) Koppe, Die Atropinvergiftung in forens. Clhiomie. Thèse, Dorpat, 1866, 339 — … également servir à caractériser cette substance. Si on traite latro- pine au moyen de quelques gouttes d'acide azotique fumant, il me se produit pas de coloration. Mais si on met le liquide à à l'éva- poration à une douce chaleur, jusqu'à siccité, et si on ajoute au résidu quelques goultes d’une solution alcoolique de potasse, on obtient une très belle coloration violette. Cette réaction est com- mune à l'hyosciamine , à la pseudo-aconitine ou népaline; on verra plus loin comment ces diverses substances peuvent se distinguer de l’atropine. … Ésérine où physostigmine. — Les empoisonnements qui ont lieu par l'ésérine ou physostigmine étant produits généralement par les fèves de Calabar, nous nous sommes servi de cette semence pour la recherche toxicologique de l'ésérine, Nous avons opéré sur les produits de digestion aqueuse d’une fève de Calabar. En soumet- tant ces liquides à la méthode générale d'extraction des alcaloïdes, nous avons trouvé les résultats suivants. Le pétrole, la benzine etle chloroforme sont sensiblement sans action sur les solutions acides d'é ésérine. Le pétrole, agité avec les solutions ammoniacales d'ésérine, laisse trés peu de résidu: il est, au contraire, très abondant avec la benzine. Le résidu benzinique provenant du liquide ammoniacal nous a donné la réaction sui- vante. Hole En quantité infinitésimale, il a produit une contraction très évi- dente de la pupille d'un chat. Cette contraction a persisté nouteut vingt- quatre heures environ. Sur ce même résidu, nous n ‘avons jamais pu obtenir de réac- tions chimiques caractéristiques, soit au moyen dé l'acide sulfu- rique et l'eau bromée, soit avec l’hypochlorite de chaux et le bi- chlorure de mercure. Ces réactions s'appliquent probablement à des produits impurs. Nous n'avons pas pu, pour notre part, les Obtenir avec un échantillon d'ésérine pure de M. Merck, de Darm- stadt, ni sur un échantillon de la maison Vée. La réaction suivante, 4 que M. Vée recommande, est plus constante et plus facile à ob- . tenir. Sous l'influence de la potasse, l'ésérine prend une superbe co- loration rouge; le chloroforme enlève facilement au mélange la matière colorante, tandis que l’éther est sans action. Pour effectuer celte réaction , nous conseillons surtout l'emploi d’une solution al- 22. PL CNET ERREURS EE 1,1 — 310 — coolique de potasse : dans cette circonstance, la coloration est plus rapide et plus intense. L'ammoniaque produit également une coloration rouge. Cette matière colorante est également soluble dans le chloroforme, in- soluble dans léther. Si lon évapore cette solution à une douce chaleur jusqu'a siccité, on obtient un résidu rougeâtre très soluble dans l'eau. Cocaïne. — La cocaïne se comporte de la facon suivante dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes. En solution acide, le pétrole, la benzine et le chloroforme ne dissolvent pas sensiblement la cocaïne. En solution ammoniacale, le pétrole est à peu près sans action; la benzine et le chloroforme la dissolvent, au contraire, assez fa- cilement. Nous ne connaissons pas jusqu’à ce jour de réactions chimiques caractéristiques, applicables à la recherche de la cocaïne. En présence de l'eau iodée, la cocaïne donne une coloration brune-rougeâtre, où l'on distingue des stries violettes. Bien que cette réaction soit commune à la sanguinarine et à la chélido- nine, il sera toujours facile de distinguer la cocaïne de ces deux substances. Avec l'acide sulfurique concentré, la cocaïne, en effet, ne prend aucune coloration; la sanguinarine se colore, au contraire, en violet très intense ; la chélidonine donne une coloration verte. En présence du réactif Frôhde, avec la cocaïne, pas de colo- ration; avec la sanguinarine, coloration violette; avec la chélido- nine, coloration verte. Sous l'influence du vanadate d’ammonium, la cocaïne ne se colore pas sensiblement; la sanguinarine prend une coloration verte qui passe peu à peu au bleu; la chélidonine se colore en vert avec ce réactif. VII ACONITINE PURE. — ACONITINE DU COMMERCE. — NÉPALINE OU PSEUDO- ACONITINE. — MYOCTONINE. — LYCACONITINE. L'étude analytique de ces substances semble présenter le plus — 341 — haut intérêt depuis les empoisonnements récents qui ont eu lieu, avec l’aconitine notamment. Ces cinq produits, aconitine pure, aconitine du commerce, népaline, myoctonine et lycaconitine, peuvent se distinguer nette- ment au moyen de quelques réactions chimiques; ils se conduisent d’une manière presque identique dans la méthode générale d’ex- traction des alcaloïdes. L'action physiologique et toxique n’est pas la même pour ces différents produits. . Aconitine pure. — Sous le nom d’aconitine pure, nous voulons désigner le principe actif de l’Aconitum napellus. Contrairement . aux autres produits que nous allons décrire plus loin, cette aco- nitine ne semble pas donner jusqu’à ce jour de phénomènes de coloration en présence des réactifs; elle est préparée en France par M. Duquesnel. Un produit semblable, préparé par M. Jürgens, assistant de M. le professeur Dragendorff, se comporte exactement comme celui de M. Duquesnel. | L'étude analytique de cette substance nous a donné les résultats suivants : 1° En présence d'un mélange de sucre en poudre et d’une trace d'acide sulfurique concentré, point de coloration rouge- violacée, propriété qui la distingue de laconitine impure et amorphe. 4 Si à l'aconitine pure on ajoute quelques gouttes d'acide azotique fumant et si on évapore le mélange jusqu’à siccité à une douce chaleur, il ne se produit aucune coloration rouge par l’ad- dition de quelques gouttes de potasse en solution alcoolique; ca- ractère distinctif de la népaline, de la lycaconitine et de la myo- ctonine. 3° Elle possède une saveur âcre et brülante et possède la propriété de cristalliser facilement; cette propriété nous servira à caractériser cette substance. RECHERCHE TOXICOLOGIQUE DE L’ACONITINE PURE. L’aconitine Duquesnel se comporte de la facon suivante dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes. … En solution acide, l’aconitine n’est pas dissoute par le pétrole, ni par la benzine, ni sensiblement par le chloroforme. En solution ammoniacale, le pétrole la dissout facilement. Il se dépose tou- à HE PE NE cer MARDER “© mn L D - — 342 — jours, après l'évaporation du pétrole, des cristaux qui out la forme rhombique; on distingue souvent au milieu de ces cristaux des plaques hexagonales et très caractéristiques dé cette sorte d’aconi- tine. Cette propriété, jointe à l’action physiologique, pourra être avantageusement utilisée dans les recherches toxicologiques. Aconitine du commerce. —- Sous cette désignation, nous voulons uommer un produit amorphe, qui est celui qu'on rencontre le plus généralement dans le commerce et qu'on ne pourrait con- fondre avec l’aéonitine pure, ni avec la pséudo-aconitine ou népa- line. Comme Paconitine pure, ce produit est extrait de l’Aconitum napellus. Sa propriété fondamentale est là suivante : si on l'incorpôre intimement avec quätre fois environ son volume de sucre en poudre, et si on ajoute à ce mélange quelques gouttes d'acide sul- furique concentré, il apparaît peu à peu une coloration rouge- violette. Dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes , cette sub- slance se conduit de la façon suivante : ‘ Elle est faiblement dissoute par le chloroforme en solution acide, mais la benzine et le chloroforme l'extraiént facilement de ses solutions amimomiacales. Népaline où pseudo-aconitine. — La népaline partage la réaction colorée de l'atropine. Traitée en effet par quélques gouttes d'acide nirique fumant, après évaporation à siccité, elle prénd uné colo- ration violette, si l'on ajoute au résidu quelques goutté d'uné so- lution alcoolique de potasse. Dans le cas d’une recherche toxicolôgique, cet alcaloïde pourrait se caractériser dans le résidu benzinique ammoniacal. Myoctonine. Lycaconitine (). — Ces alcaloïdes, que M. le profes- seur Dragendorff vient de découvrir dans ces dernières années, dans l’Aconitum lycoctonum, possèdent des réactions chimiques qui n’appartiennent pas aux précédents. () Dragendorff und Spohn, Die Allkaloide des Aconitum Lycoctonum; Ph. Zeitschr. f. Russland, 1884.— Jacobowsky, Beiträge zur Kenntniss der Alkaloide des Aconitum Lycoctonum. Thèse, Dorpat, 1884. — Salmonowitz, Beiträge zur Kenntniss der Alcaloide des Aconitun Lycoctonum, 1, Myoctonum. Thèse, Dor- pat, 1885. — 343 — Ils sont toujours amorphes (caractère distinctif de l’aconitine pure). Ils né se colorent pas en rouge violet sous l'influence du sucre et de lacide sulfurique (caractère distinctif de l’aconitine com- merciale). + En présence de l'acide nitrique fumant et de quelques gouttes d’une solution de potasse alcoolique, ils ne donnent pas une colo- ration violette (caractère distinctif de la népaline), mais bien une coloration rouge sang. Cette coloration est commune à la myo- ctonine et à la lycaconitine; elle est très sensible et caractéristique. L'aconitine pure, l’aconitine du commerce, la népaline pos- sèdent une saveur âcre et brûlante; la lycaconitine et la myocto- nine, une saveur amère seulement. Au moyen de l’éther, on peut distinguer la myoctonine et la lycaconitine. La myoctonine est insoluble dans l’éther, la lycaco- nitine est, au contraire, très soluble dans ce dissolvant. Ces deux alcaloïdes sont solubles dans la benzine et dans le chloroforme. Pour rechercher ces substances par la méthode générale d’ex- traction des alcaloïdes, on mettra à profit le pouvoir dissolvant dé la benzine sur les solutions ammoniacales de ces alcaloïdes. VIII VÉRATRINE. — SABADILLINE. — SABATRINE. La seule réaction chimique au moyen de laquelle on pourrait distinguer la sabadilline et la sabatrine de la vératrine, c'est celle qu'on obtient au moyen de l'acide sulfurique concentré et du sucre. Si l'on traite en effet la vératrine par un mélange de sucre finement pulvérisé et une trace d'acide sulfurique, le mélange prend une coloration d’un beau bleu. Pour que cette réaction réussisse mieux, on doit prendre une quantité de sucre à peu près égale à celle du volume de l’alcaloïde que l’on veut caractériser, mélanger intimement le tout et ajouter une trace d'acide sulfu- rique concentré, une goutte environ. Dans cette circonstance, la vératrine se colore d’abord en jaune plus ou moins brunâtre, la _ coloration devient bientôt d’un vert très intense, enfin d'un beau bleu, comparable au bleu de Prusse. Cette réaction ‘est caractéris- tique pour la vératrine. Quelques autres caractères, propres à chacun de ces alcaloïdes, — 3h — permettent de les différencier. La sabadilline en effet, en solution dans la benzine, laisse toujours, à l'évaporation, un résidu cristal- lin; la vératrine et la sabatrine restent, au contraire, amorphes. La vératrine possède une action toxique très intense; la sabatrine et la sabadilline sont, au contraire, peu vénéneuses. Les réactions suivantes sont communes à la vératrine, à la sa- badilline et à la sabatrine : 1° Sous l'influence de l'acide sulfurique concentré, ces trois alcaloïdes prennent une coloration rougeûtre qui augmente en intensité au bout d’un certain temps. 2° Avec l'acide chlorhydrique concentré, on obtient avec des traces de ces alcaloïdes, à une température de 100 degrés environ, une solution d’une couleur rouge vin. La recherche de la vératrine est la seule qui présente de l'in- térêt jusqu'à ce jour, au point de vue chimico-légal. Pour rechercher la vératrine, on mettra à profit dans la méthode de M. Dragendorff, la propriété que possèdent le pétrole léger, la benzine et le chloroforme, de dissoudre cette substance dans des milieux alcalinisés au moyen de l’ammoniaque. IX ÉMÉTINE. Bien que les empoisonnements soient rares avec l'émétine, à cause de l'emploi fréquent de cette substance ou de la poudre d’ipéca, particulièrement dans Îes cas d'empoisonnement, il est intéressant de connaître la façon dont se comporte ce corps dans la méthode générale d’extraction des alcaloïdes. En solution acide, l'émétine n'est pas dissoute sensiblement par le pétrole, ni par la benzine, ni par le chloroforme; en solution alcaline, elle est dissoute par ces dissolvants. Dans la méthode gé- nérale d'extraction, on la retrouvera surtout dans Je résidu benzi- nique ammoniacal. Les réactions colorées manquent jusqu’à ce jour pour l’émétine. Le réactif Frôhde peut cependant donner d'utiles indications. Avec ce réactif, l'émétine prend une belle coloration rouge-violacée qui ne tarde pas à brunir pour passer bientôt au vert. M. Podowizs- sotzki vient de signaler une réaction de l’émétine pure. En ajou- — 345 — tant de l’acide chlorhydrique concentré à un mélange d'émétine … et de quelques gouttes de réactif Frôhde, il se produirait une co- … loration bleue Ü. : Comme, dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes de M. Dragendorff, on pourrait retrouver dans le résidu benzi- — nique ammoniacal, entre autres alcaloïdes, la brucine, la stry- 4 chnine et l'émétine, nous avons entrepris quelques essais pour + savoir si l'on pouvait caractériser simultanément chacun de ces alcaloïdes contenu dans un même mélange. Nous avons observé les … résultats suivants. En faisant deux portions du résidu benzinique, —_ ilesttoujours possible, avec le réactif Frôhde, de retrouver l’'émé- tine, malgré la présence de la strychnine et de la brucine. Dans la seconde partie, on peut de même retrouver les réactions de la _brucine et de la strychnine. Pour caractériser la brucine, on fera bien, dans ces conditions d'expérience, de se servir d’un mélange préparé à l'avance avec de l’acide sulfurique bihydraté et des traces d'acide azotique; la coloration rouge sang qui appartient à la brucine se produit aussitôt, malgré la présence de l'émétine et de la strychnine. On attendra quelques instants pour laisser passer cette coloration à la teinte jaunâtre, et on ajoutera une trace de bichromate de potasse; la coloration caractéristique de la stry- chnine apparaîtra aussitôt. 1 PICROTOXINE. La picrotoxine ©) en solution acide est faiblement dissoute par la benzine; elle est surtout dissoute par le chloroforme. C’est dans le résidu abandonné par l'évaporation de ce dissolvant que l’on pourra retrouver cette substance. La réaction indiquée par M. Langley peut servir à caractériser la picrotoxine. En incorporant en effet la matière avec quatre fois @) Nous avons répété à différentes reprises la réaction indiquée par M. Podo- Wizssotzki, sans qu'elle réussit jamais. On sait que certaines combinæsons de molybüates sont d’un beau bleu : ne serait-11 pas possible que cette: coloration füt identique avec celle de M. Podowizssotzki? Pour notre part, nousavons pu obtenir plusieurs fois cette coloration bleue sans ajouter la moindre trace d’alcaloïde, en combinant l’action de la chaleur et de l'acide sulfurique sur le réactif Frôhde. () Meycke, Beitr. zur Ernutielung euuger Hopfensurroqate. Thèse, Dorpat, 1878. Dragendorff, Pharm. Zeitschr. für Russland, 1881. Clopinsky, Die forens. Chem. Nachweiss des Picrotoxins. Thèse, Dorpat, 1883. — 346 — étviron son volume d’azotate de potasse, el en ajoutant à ce mé- lañge une trace d'acide sulfurique concentré, il ne se produit pas de coloration; mais, par l'addition d’une lessivé de soude con: centrée, il apparaît une coloration rouge persistante. M. Dragendorff préfère opérer de la facon suivante, quand il a affaire à des résidus impurs. Il ajoute quelques gouttes d'acide nitrique concentré au résidu, et il évapore le mélange à siccité au bain-marie; il mélange intimement une trace d'acide sulfurique concentré, et ajoute enfin la solution de lessive de soude. Nous avons fait des recherches nombreuses de picrotoxine, en opérant sur des mélanges différents (bière, urine); nous avons pu constater que la réaction de M. Langley, qui était assez facile à obtenir avec un échantillon de picrotoxine, devenait au contrairé très difficile quand on exécutait la recherche de cette substance dans des milieux complexes. Une purification préalable et com- plèté des résidus sur lesquels on veut caractériser la picrotoxine semble indispensable dans une recherche de ce genre. XI LEDUM PALUSTRE. — ÉRICOLINE. Cette substance, connue également sous le nom de romarin sauvage, a servi dans ces dernières années à des usages bien diffé- rents dans le nord de l’Europe. Tantôt cette plante a été employée comme substance abortive, plus souvent pour donner de l’amer- tume à la bièré et remplacer ainsi dans certaines proportions l'emploi du houblon. Pour la recherche de cette substance, on peut tirer parti de la réaction que produit l'acide sulfurique à chaud sur l'éricoline, qui constitue le glucoside de cette plante. Les résultats fournis par là recherche de l'huile essentielle contenue dans cette sub- stance peuvent aussi fournir d'utiles indications. L'éricoline, en présence de l'acide sulfurique étendu et à chaud, laissé dégager un produit d’une odeur particulière et caracté- ristique. Ce glucoside semble se dédoubler sous l'influence des acides en deux produits, le glucose et un produit odorant et volatil. L'éricoline passe dans la solution benzinique acide, dans la méthode de M. Dragendorff; c’est sur ce résidu qu'on doit essayer la réaction. ” XII COLOGYNTHINE (1). L'emploi de la coloquinte comme principe abortif donne un certain intérêt à l'étude de cette substance. Nous nous attacherons surtout à caractériser la colocynthine, qui Parents le principe actif de la coloquinte. Dans là méthode de M. Dragendorff, la colocynthine peut se retrouver à la fois dans le résidu acide benzinique et chlorofor- mique. Le chloroforme dissout mieux la colocynthine : c’est dans le résidu abandonné par l'évaporation de ce dissolvant qu'on retrouvera plus nettement les réactions colorées. Les réactifs les plus utiles sont : 1° Le vanadate d’ammonium dissous dans l'acide sulfurique monohydraté : coloration rouge très intense; 2° L’acide sulfurique concentré : coloration rouge sang; 3° Le réactif Frôhde : coloration rouge groseille. XIII BERBÉRINE. La berbérine possède un certain nombre ‘de réactions colorées très nettes. * Envdissolvant la berbériné au moyen de l’acidé chlorhydrique concentré, et en ajoutant à cette solution quelques gouttes d’eau de chlore, le mélange prend une coloration rouge très intense. Le vanadate d'ammonium, dissous dans l'acide sulfurique con- centré, constitue un excellent réactif de la berbérine. Le vanadate d'ammonium produit en effet une coloration verte fugace, le mélange devient brunâtre et enfin d’un violet caractéristique. Si on ajoute alors au liquide quelques gouttes d’eau, il apparaît une belle coloration rouge: Avec l'acide sulfurique concentré, la berbérine produit üne coloration verte; le réactif Frôhde donne également cette colora- tion, mais plus foncée. (), Ernst Johanson, Beitr. zur Gericht=Chemie des Colocynthins and Elûierins. Thèse, Dorpat, 1884. — 318 — Pour rechercher la berbérine U), selon la méthode de M. Dra- gendorff, on mettra à profit sa solubilité dans le chloroforme en solution ammoniacale. XIV ÉLATEÉRINE. L’élatérine, dans la méthode générale d'extraction des alcaloïdes, se retrouve daps le résidu acide benzinique. Elle possède les réac- tions suivantes : Avec le vanadate d’ammonium, dissous dans l'acide sulfurique monohydraté, l'élatérine prend une très belle coloration bleue. Cette coloration devient avec le temps un peu rougeàtre, puis verte. XV PILOCARPINE. —— JABORINE. La pilocarpine se conduit de la manière suivante dans la mé- thode générale d'extraction des alcaloïdes : Le pétrole, la benzine, le chloroforme sont sans action sur la pilocarpine en dissolution acide. En solution ammoniacale, la benzine et le chloroforme dissolvent avec facilité cette substance. C'est dans les résidus laissés par l’évaporation de ces dissolvants qu'on devra faire les essais physiologiques. On ne connaît pas en effet jusqu'a ce jour de réactions chimiques caractéristiques de cel alcaloïde. M. Dragendorff étudie en ce moment les caractères chimiques et toxiques qui peuvent différencier la pilocarpine et la jaborine. Bien que ces recherches ne soient pas encore achevées, voici quelques-uns des résultats de cette étude. L’azotate de pilocarpine est cristallin; l’azotate de jaborine est, au contraire, amorphe. Si à une dissolution éthérée de pilocarpine on ajoute quelques gouttes d'acide nitrique, il se forme un précipité cristallin; la : jaborine, au contraire, donne un précipité amorphe. L’azotate de pilocarpine, injecté sous la peau d’une grenouille, () Hirschausen, Forensiche Chemie der Berberideen Alkaloide. Thèse, Dorpat, 1884. de dE Eu Te — 319 — à la dose de 1 centigramme par centimètre cube d’eau, produit un assoupissement profond, comparable à l’action de la nicotine. Avec l’azotate de jaborine, on voit, au contraire, une excitation musculaire très prononcée. Ces phénomènes sont comparables à ceux que produit l’atropine. XVI CAFÉINE. — THÉOBROMINE. La caféine et la théobromine, bien que douées des mêmes propriétés colorées, en présence de l’eau de chlore et de l’'ammo- niique, peuvent cependant se différencier nettement dans la mé- thode générale. Cette séparation est basée sur l’insolubilité presque absolue de la théobromine dans la benzine, et sur l’extrème-so- lubiülité de la caféine dans ce même dissolvant. Dans la méthode de: M. Dragendorff, on trouvera toujours la caféine dans le ré- sidu benzinique acide, tandis que le chloroforme contiendra la théobromine. + La réaction de la murexide pourra servir à caractériser ces deux substances. On sait que cette réaction est fondée sur l’action du chlore et de l’ammoniaque. On traïte la substance par quelques gouttes d’eau de chlore et on évapore le mélange à siccité. Le ré- sidu qu'on trouve après évaporation doit être privé de toute trace d'humidité; il présente alors un aspect brunâtre; sous l'influence des vapeurs ammoniacales , il prend une coloration d’un beau pourpre. | Pour caractériser la caféine, on peut aussi utiliser la forme cris- talline que peut donner cette substance, en présence du bichlorure de mercure. Si l’on traite en effet, sur une lame de verre, une dis- solution de caféine avec une ou deux gouttes de bichlorure de mercure en solution, en évaporant le mélange jusqu'à siccité à une douce chaleur, on peut voir au microscope des cristaux de forme caractéristique du sel double de caféine et de mercure 0). Q) Si l'on voulait séparer complètement la caféine de la théobromine, M. Dra- gendorff conseille d’alcaliniser la solution avec l'ammoniaque, puis d’agiter le mélange avec la benzine. La benzine dissout plus facilement la caféine en solu- tion alcaline qu’en solution acide; elle est, au contraire, sans action sur la théo- bromine. On acidule ensuite la solution, et on extrait là théobromine au moyen du chloroforme. — 350 — XVII CANTHARIDINE. Pour rechercher cette substance, selon la méthode générale d’ex- traction des alcaloïdes et glucosides, on met à profit l'extrême so- lubilité de la cantharidine dans la benzine, dans un milieu acide. La benzine abandonne, après évaporation, la cantharidine à l’état cristallisé; ces cristaux se présentent sous la forme rhombique et sont très caractéristiques. Jusqu'à ce jour, on ne connaît pas de réaction colorée caracté- ristique pour la cantharidine. L'action physiologique seule sera décisive dans l'étude de l'intoxication par cette substance. Pour ces essais, M. Dragendorff conseille d'opérer sur la poitrine, dans la région cardiaque et sur l’homme. On prend une très faible quantité du résidu abandonné par l'évaporation de la benzine, que l'on dissout au moyen de quelques goultes d'huile ; on imbibe de ce liquide un fragment de charpie, qu'on fixe sur la poitrine avec un écusson de diachylon; au bout de quelques heures, l'effet vésicant se produit. XVIII SANTONINE. Comme la eantharidine et la caféine, la santonine (1) s'obtient avec le résidu benzinique acide, dans la méthode de M. Dragen- dorff, La santonine cristallise assez facilement: la masse cristalline présente, à l'œil nu, l'aspect d’une matière micacée. Deux réactions caractérisent cette substance : 1° La coloration rouge que produit avec la santonine une so- lution alcoolique de potasse. Cette réaction réussit mieux à chaud. 2* La seconde réaction est celle que peuvent produire l'acide sulfurique et le perchlorure de fer, employés dans des proportions bien définies. Si l'on traite en effet des traces de santonine avec de l'acide sulfurique de concentration suivante : Acide sulfurique pur et concentré,,..,..,....... 2 parties, Eau distillée, ...,.,.... iv s A0 ot HT: paie 1 partie, { Neumann, Die forens. Chemie. Nachwciss des Santonins. Thèse, Dorpat, 1883. — 351 — et si on chauffe le mélange avec précaution, jusqu'à apparition d’une coloration faiblement jaune, on obtient, après addition d’une trace de perchlorure de fer très étendu, une magnifique coloration violette. Si le résidu sur lequel on veut rechercher la santonine n'était pas suffisamment pur pour présenter les réactions colorées propres à cette substance, voici un procédé de purification qui nous a donné de bons résultats. On traite le résidu impur au moyen d’un lait de chaux; on laisse digérer le mélange au bain-marie, pendant un quart d'heure environ, et on filtre. On acidule la solution au moyen de l'acide sulfurique étendu et on l’épuise au moyen de la benzine. Le résidu abandonné par d’évaporation de ce liquide est généralement assez pur après ce traitement pour donner les réac; tions colorées. XIX COLCHICINE ( COLCHICÉINE. Ces deux substances peuvent se rencontrer simultanément dans toute préparation à base de colchique. Comme la colchicine et la colchicéine ont des réactions colorées identiques, l'étude de ces deux produits ne doit donc pas être séparée. Les réactions communes et caractéristiques que présentent ces deux substances sont les suivantes : La colchicine et la colchicéine donnent, sous l'influence de l'acide sulfurique concentré, une coloration jaune. Si à cette dis- solution on ajoute une irace d’azotate de potasse cristallisé, la co- loration devient d’un beau bleu, puis verdâtre, enfin faiblement violette; en ajoutant à ce mélange un excès de lessive de soude, le mélange prend une coloration d’un beau rouge. La colchicine et la colchicéine donnent, avec le vanadate d’am- monium dissous dans l’acide sulfurique concentré, une coloration verte très intense. Cette coloration n’est persistante que durant trois ou quatre minutes. Si l’on ajoute alors quelques gouttes d’eau au mélange, il se produit une coloration rouge-violette. L'identité des réactions communes à ces deux substances se ® Dragendorff, Herbstzeitlose im Bier (Vom Deutschen Brauerbund herausgeg..) Frankfurt a. M., Adelmann, 1877. — Hertel, Versuche über die Darty 2 Colchicins und Re Thèse, Dorpat, 1881. char mninett — 352 — continue dans leurs propriétés physiologiques. M. Dragendorff attribue à la colchicine et à la colchicéine les mêmes propriétés physiologiques et toxiques. L'action des dissolvants permet, selon ce même auteur, de différencier ces deux corps. La colchicéine est soluble dans la benzine; la colchicine au con- traire est insoluble dans ce dissolvant. 2 deux substances sont solubles dans le chloroforme. En utilisant la méthode de M. Dragendorff pour la recherche de ces deux corps, on retrouvera la colchicéine dans la solution acide benzinique et la colchicine dans la solution acide chloroformique. Les empoisonnements ayant lieu le plus souvent à la suite de l'emploi d’une préparation à base de colchique, on peut toujours retrouver simultanément la colchicéine et la colchicine. En utili- sant la méthode et les procédés déjà décrits, nous avons pu retrouver ces deux substances dans des quantités assez faibles de vin de colchique, 10 grammes environ (). () Depuis notre retour de Dorpat, nous avons eu l'occasion de faire un cer- tain nombre de recherches sur la colchicine et la colchicéine qui nous ont fourni quelques résultats intéressants. Nos expériences ont été faites sur des chiens qu'on a empoisonnés par voie hypodermique, d'autres fois par voie stomacale, avec des doses de colchicine comprises entre 20 et 4o centigrammes. Nous avons toujours pu constater la présence de la colchicine dans l'urine, les vomissements, le foie et la vésicule biliaire; plus difficilement dans le sang, la rate et les reins, jamais dans les poumons et le cerveau. | L'élimination de la colchiciné par les reins semble assez rapide. Nous avons sondé plusieurs fois la vessie de nos chiens en expérience; nous avons pu ainsi caractériser la colchicine dans l’urine, une heure après l'absorption du poison. Un fait assez curieux, que nous avons pu constater dans l'étude des réactions colorées de la colchicine, est le suivant. Sion fait un mélange à volumes sensi- blement égaux d’azotate de potasse et d'acide sulfurique concentré, la colchicine prend une coloration violette, analogue à celle que produit l'acide nitrique chargé de vapeurs nitreuses. Mais si, au contraire, on met une très faible quan- tité d’azotate de potasse, un cristal par exemple dans 10° d'acide sulfurique concentré, on obtient avec la colchicine une magnifique coloration verte, ana- logue à celle que l’on obtient avec le sulfovanadate. Enfin, en cherchant à différencier la colchicine de la colchicéine, nous ayons observé sur deux produits fournis par la maison Merck, de Darmstadt, que, tandis que la coloration jaune produite au moyen de l'acide sulfurique concentré n'était pas sensiblement modifiée, après addition d’une trace de perchlorure de fer, au cas de la colchicine, la colchicéine, au contraire, prenait une très belle coloration verdâtre. FETE — 353 — XX DIGITALINE. — DIGITALÉINE. Au moyen des réactions colorées, peut-on différencier la digita- line et la digitaléine, aux doses qu'on peut avoir à caractériser dans une recherche chimico-légale? Nous avons entrepris des essais multipliés sur différentes sortes de digitaline. De ces quelques es- sais nous croyons pouvoir conclure : ° Que l’on trouve peu de sortes de digitaline offrant une co- loration verte sous l'influence de l'acide chlorhydrique concentré. _ Si l'on obtient quelquefois cette coloration, il faut employer une si grande quantité de digitaline qu'on ne pourrait tirer parti de cette réaction dans une recherche chimico-légale; 2° La réaction de l'acide sulfurique concentré sur les diverses sortes de digitaline est différente avec des échantillons divers; la coloration peut varier du brun noirâtre au rouge plus ou moins intense; l'addition de l’eau bromée ou des vapeurs de brome modifie rarement cette première coloration. Ces phénomènes de coloration nous semblent presque identiques pour la digitaline et pour la di- gitaléine. ve Les caractères indiqués pour distinguer la digitaline de la digi- taléine, au moyen des réactifs colorés, aussi bien que les pro- priétés chimiques qui peuvent être utilisées pour établir l'existence de ces diverses substances, dans une recherche chimico-légale, semblent donc manquer jusqu’à ce jour. L'action physiologique serait donc seule décisive dans une telle recherche. Pour les recherches de digitaline selon la méthode de M. Dra- gendorff, nous avons opéré sur diverses préparations à base de digitale, sur la teinture de cette plante notamment. Cette teinture, employée à la dose de 15 à 20 grammes environ, avait été mêlée à des liquides divers. (urine, bière, lait, etc.). Nous avons constaté les faits suivants : ; La benzine extrait de la solution acide un produit amorphe qui, sous l'influence de l'acide sulfurique concentré, prend une colo- ration rougeatre, devenant légèrement pourprée sous l'influence de l'eau bromée. L'acide chlorhydrique concentré ne produit pas de coloration. Ce résidu a la propriété de ralentir les mouvements 23 AMLPIMERLE NATIONALE. MISS. SCIENT. — XIII. sm OG6Ù, = du cœur d’une grenouille. C’est la digitaline qui passe dans ce dissolvant, selon M. Dragendorff. Après l'emploi de la benzine, en essayant l'action du chloro- forme, nous avons obtenu, après évaporation, un résidu qui pré- sentait les mêmes réactions que le précédent. Sous l'influence de l'acide sulfurique concentré, coloration rougeâtre, devenant légè- rement pourpre en présence des vapeurs de brome. Point de colo- ration avec l'acide chlorhydrique concentré. Ce résidu avait da propriété de ralentir les mouvements du cœur d’une grenouille. Dans cette circonstance, la digitaléine, selon M. Dragendorf, serait dissoute par le chloroforme. Ainsi, d’après ce toxicologiste émi- nent, la digitaline est soluble dans la benzine, tandis que la digi- taléine est insoluble dans ce dissolvant. C’est en utilisant cette propriété que M. Dragendorff distingue la digitaline et la digita- léine ; ces deux produits, suivant ce même auteur, auraient un effet physiologique et toxique identique (!). Q) Voici quelques résultats sur les études que nous poursuivons depuis plu- sieurs mois, sur les recherches de la digitalineen chimie légale, Nos expériences ont été faites sur un très grand nombre de sortes de digitaline et de produits simi- laires, extraits de la digitale par quelques auteurs. Nous avons opéré avec la di- gitaline de Nativelle, de Duquesnel, de Mialhe, de Homolle et Quévenne, et sur deux autres échantillons de digitaline fournis par la maison Merck; de Darm- stadt; nous avons fait ces mêmes recherches, ayec la digitaléine-et la digitine de Nativelle, et la digitinose de Blaquart. Nous avons pu observer ainsi un fait con- stant, qui n'appartenait pas aux digitalines d'origine allemande, ni à la digitinede Nativelle, ni à la digitmose de Blaquart. Si l'on traite en effet une trace de di- gitaline par un mélange d'acide sulfurique et d'alcool (acide sulfurique pur 1 partie, alcool 1 partie), et si l'on ajoute à ce mélange une goutte de perchlo- rure de fer, on voit apparaître une belle coloration bleue-verditre; cette coloration persiste pendant plusieurs heures. Cette réaction est commune aux sortes de digitaline francaise, à l'état cristallisé où amorphe. La digitaléme, qui est, selon M. Nativelle, un mélange complexe, incomplètement privé de digitaline, se colore fablemement. D'autres propriétés physiques et chimiques différencient ces divers produits. Toutes les digitalines francaises, que nous ayons eues entre les mains, se tolo- raient plus ou moins en présence de l'acide chlorhydrique; résultat négatif en présence dexla digitaline Merck, la digitine et la digitaléine Nativelle et la digi- tinose Blaquart. En présence de l'acide sulfurique concentré, les digitalines d'origine française donnent une coloration brunâtre, la digitine de Nativelle et les digitalines de Merck se colorent en rouge superbe, surtout sous l'influence de la chaleur. La digitinose de Blaquart prend, au contraire, nne magnifique coloration violette. Enfin , tandis que la digitine et la digitaléine de Nativelle , la digitinose de Bla- — 355 — How 1 XXI TAXUS BAGCATA. — TAXINE. Les empoisonnements qui ont eu Leu dans ces nes temps avec les baies du Taxus baccata donnent un intérêt particulier à cette substance. Ces empoisonnements ont toujours eu lieu à la suite d’une méprise : quelques enfants ont été victimes de cet em- poisonnement. Comment se fait-il que ces baies aient été toxiques dans certains cas et d’autres fois inoffensives? C’est une question qu’on n’a pu ré- soudré jusqu'à ce jour d'une facon certaine. À l'occasion d’une consultation que la Société médicale de Gand (Belgique! adressait à M. le professeur Dragendorff à ce sujet, ce toxicologiste a donné l'explication suivante. Les empoisonnements doivent se pro- duire non pas tant par les baies que par les semences. Y at-il empoisonnement, les semences de ces fruits ont dû subir une division complète, par l'acte de la mastication. Ces fruits sont-ils inoffensifs, les semences n’ont pas été broyées ; elles ont dû passer intactes dans le tube digestif. Ainsi, d'après cet auteur, la taxine, qui semble représenter le principe actif de cette plante, existe- rait surtout dans les semences. Nous avons essayé de caractériser l’alcaloïde de cette substance, et nous avons utilisé à cet effet la propriété que possède la taxine de prendre une coloration rouge, sous l’influence de l'acide sul- furique concentré. Nous avons opéré séparément sur les semences et sur les feuilles du Taxus baccata. Sur la dissolution acide pro- venant de l'épuisement de ces substances, en utilisant la méthode générale d'extraction des alcaloïdes, nous avons obtenu avec la ben- ziñe un résidu assez abondant, quise colorait très faiblement en quart, ainsi que les deux échantillons de digitaline de Merck, sont très peu so- lubles dans le chloroforme, les sortes de digitaline de Nativelle, de Duquesnel, de Mialhe et de Homolle et Quévenne sont, au contraire, très solubles dans ce dissolvant. Comptes rendus de l'Académie des sciences, juin 1885. Nous avons vu ‘également qne la digitaline! française était relativement peu soluble dans la benzine, vis-à-vis de sa solubilité dans le chloroforme. Aussi prélérons-nous l'emploi de ce dernier dissolvant, pour l'extraction de la digitaline en chimie légale. Que: à la digitaléine , ce’st une substance tellement rare qu nl n'y a pas’ Mo de s'en préoccuper dans unewecherche de-ce genre. ® Dragendorff, Beiträge zur Gericht-Chemie. Archiv für Phar macte, 1878: n 29. reg on mdr — 356 — rouge sous l'influence de l’acide sulfurique concentré. Cette réac- tion ne nous a pas paru suffisante : aussi, jusqu’à de nouvelles réactions chimiques, on doit considérer l'examen du contenu du tube digestif comme devant fournir les plus précieux renseigne- ments sur l'absence ou la présence de ce poison. XXII SOLANINE (1). Les réactifs suivants caractérisent cette substance : 1° Avec le séléniate de soude dissous dans l'acide sulfurique, la solanine donne, à une douce chaleur, une coloration violette très intense. Ce réactif se prépare ainsi : Séléniaté:de sondes samba psess ouh gge o gr. 30, Acide sulfurique pur........... PA NRA 6 cent. cubes. AAA EC LEE ER TR ET ne d 8 cent. cubes. Pour que la réaction réussisse, on doit ménager l'action de la chaleur. Dès que la coloration commence à apparaître, on cesse de chauffer et on abandonne le mélange à lui-même; la coloration violette augmente peu à peu, après refroidissement. Les mêmes précautions s'appliquent à la réaction suivante. 2° Avec l'acide sulfurique additionné d'alcool, la solanine prend, sous l'influence d’une douce chaleur, une coloration rouge-violacée intense. Ce réactif se prépare ainsi : Aicosl'ahsnli if 22%, cet On Se Re ES 9 cent. cubes, Acide sulfurique pur............... ER: Ne Où 6 cent. cubes. 5° Avec le vanadate d'ammonium dissous dans l'acide sulfu- rique concentré, la solanine donne, au bout d’un certain temps, une coloration d'un beau rouge. Recherche de la solanine. — Cette recherche est basée sur la so- lubilité de la solanine dans l'alcool amylique. C’est dans le ré- sidu ammoniacal provenant de l’évaporation de l'alcool amylique (1) Von Rentelen, Beiträge zur forens. Chemie des Solanins. Thèse, Dorpat, 18812. — 357 — que l’on retrouve cette substance, dans la méthode générale d’ex- traction des alcaloïdes (). “On sait que la solanine se transforme en solanidine sous l'in- fluence de l'acide sulfurique. Cette transformation, d’après M. Dra- gendorff, aurait également lieu quand la solanine traverse l’éco- nomie. Les réactions qui servent à caractériser la solanine sont identiques à celles de la solanidine; seulement, tandis que la sola- nine se retrouve dans l’alcool amylique provenant de la solution ammoniacale, la solanidine, au contraire, se retrouve dans le ré- sidu chloroformique acide. | XXIIT SABINE. — RUE. — ABSINTHE. — LEDUM PALUSTRE. 1Pour la recherche de ces substances, on peut mettre à profit la propriété que possède le pétrole léger de dissoudre l'huile essen- tielle de ces plantes. Après l’évaporation du pétrole, on peut re- trouver l'odeur caractéristique qui appartient à chacune de ces substances. : Pour le cas de la sabine, on utilise la propriété que possède le glucoside de cette plante (pinipicrine) de se dédoubler, sous l'in- fluence de la chaleur et de l'acide sulfurique étendu, en glucose et en un produit odorant particulier et souvent caractéristique. On retrouve ce glucoside dans la solution benzinique acide. Nous avons vu précédemment qu’une réaction analogue pouvait servir à déceler la présence du Ledum palustre. CHAPITRE Il. Dans ce chapitre, nous essayerons de dresser un tableau indi- quant la marche à suivre pour rechercher les alcaloïdes ou gluco- sides, précédemment étudiés selon la méthode de M. Dragendorff. Observons que cette méthode générale ne doit être appliquée, dans tous ses détails, que dans le cas où l'on manque de renseigne- ments sur la nature de l’alcaloïide que l’on doit rechercher. C'est dans cette circonstance, ou bien dans le cas où il s'agira de sépa- ®) Comme pour le cas de la picrotoxine, une purification préalable des ré- sidus est nécessaire pour que les réactions de la solanire réussissent. PRE es rer plusieurs aléaloïdes ou glucosides contenus dans un même mélange, que ces tables analytiques pourront présenter un certain intérêt. Indiquons d’abord les précautions qui nous semblent! in- dispensables, pour en faciliter l'usage. | | SH Les dissolvants ayant servi à l'épuisement des liquides 'alcaloï: diques doivent être mis à évaporer dans sept ou huit verres de montre. Après évaporation de ces dissolvants, on utilisera deux ou trois de ces résidus pour les réactions générales, permettant de subdiviser les groupes d’alcaloïdes déjà établis par l'emploi du pétrole léger, de la benzine et du chloroforme. Sur deux ou trois autres résidus, on fera les réactions particulières permettant d’éta- blir la nature de l’alcaloïde; les autres résidus seront conservés pour les essais physiologiques. Pour l'évaporation des dissolvants, nous préférons au bain- marie ordinaire, comme source de chaleur, l'emploi d'une plaque de porcelaine ou métallique, préalablement chauffée, On évite ainsi non seulement l'inflammation des liquides en évaporation, mais encore toute trace d'humidité sur le résidu que l’on veut ca- ractériser, condition indispensable pour quelques réactions: On examine d’abord si le résidu est amorphe ou cristallin et s'il offre les réactions des alcaloïdes en présence des réactifs géné- raux. L'iodure double de bismuth et de potassium, recommandé depuis longtemps par M. Dragendorff, nous a fourni d'excellents résultats. Voici comment on procède pour l'emploi de ce réactif. On traite le résidu alcaloïdique avec une ou deux gouttes d’eau très légèrement acidulée au moyen de l'acide sulfurique; on in- corpore intimement le mélange, et on ajoute avec une baguette de verre effilée une trace de réactif : le précipité apparaît ainsi avec des traces infinitésimales d'alcaloïde. Sur un deuxième verre, on essaye l’action de l'acide sulfurique concentré. Selon qu'il y a ou qu'il n’y a pas de coloration, on devra porter l'attention sur tel ou tel groupe d’alcaloïdes. Avant de faire usage de l'acide sulfurique concentré, il est souvent méces- saire de purifier préalablement les résidus qu'on doit caractériser. Nous devons ajouter qu'on ne doit pas rejeter un résidu sur le- quel on a accompli une première réaction; souvent, en effet, il sera possible, malgré ce premier traitement, d'exécuter un second et même un troisième essai. On sait de plus que quelques réac- tions colorées n'apparaissent qu'au bout d’un certain temps. — 359 — Pour l'évaporation du pétrole provenant des liqueurs ammonia- cales, on fera toujours bien de verser sur deux ou trois verres de montre quelques gouttes d’éther saturé d'acide chlorhydrique ga- zeux; par cet artifice, on évitera l'évaporation des alcaloïdes li- quides (conicine, nicotine, aniline. . .}, et le résidu sera constitué par les chlorhydrates de ces bases. | SOLUTION ACIDE. I. — PÉTROLE LÉGER, APRÈS TRAITEMENT DE LA DISSOLUTION ACIDE DES ALCALOÏDES. IL est rare que l’on retrouve un alcaloïde dans ce dissolvant, sauf la pipérine. L'emploi du pétrole léger, dans la méthode générale, est néan- moins indispensable pour se débarrasser, en vue des opérations subsé- quentes, des matières pres contenues dans les liquides aqueux que l on doit étudier. Dans le pétrole léger on doit retrouver toutes les huïles essentielles, l'essence de rue, de sabine et d’absinthe particulièrement. 1. — BENZINE. Après l'épuisement de la dissolution acide des alcaloïdes par la'ben- zine, il peut rester à l'évaporation les substances suivantes : Caféine, cantharidime,, santonine) “colchicéine, élatérme, pire Le résidu est cristallisé ou amorphe: À. — Résidu cristallisé : a. — Cristaux soyeux, en longues aiguilles ; non colorés par l'acide sulfurique concentré. A Éyaporés en présence de quelques gouttes d'acide chlorhydrique étendu et additionnés d'une trace de chlorate de potasse, ils laissent un résidu sec d'une couleur brune-rougeâtre, qui devient pourpre sous l'influence des vapeurs ammonia- cales. 2° En présence de quelques gouttes d’une solu- tion de bichlorure de mercure, après évaporation à siccité, on voit au microscope des cristaux caracté- DAS DIET SN. 1 L'on 105,0. 5126 0H: Caféine. b. — Cristaux rhombiques, non colorés par l'a- cide sulfurique concentré. Dissous dans l'huile et ap- pliqués sur la peau, ils produisent un effet vésicant. Cantharidine. c. — Résidu d'aspect micacé à l'œil nu ; au mi- | — 360 — croscrope, ces cristaux apparaissent.souvent rangés autour d'un seul point : 1° Ils prennent une coloration rouge sous l'in- fluence d'une solution de potasse alcoolique. ’ 2° En présence de l'acide sulfurique étendu (deux parties d'acide pour une partie d’eau).et sous l'in- fluence d'une douce chaleur, on obtient, après addi- tion de quelques gouttes de ‘perchlorure de fer très étendu, une très belle coloration violette. ....... Santonine. B. — Résidu amorphe: L'acide sulfurique concentré produit une colora- tion jaune. | d. — 1° Cette coloration est d'un beau jaune. 2° Si on ajoute à ce mélange un cristal d'azotate 6 of de potasse, on obtient une coloration bleue-verdâtre très prononcée, puis faiblement violette. Après addition de quelques gouttes d'une solu- tion alcoolique de soude, il apparaît une belle colo- ralion rouge. 3° Avec le vanadate d'ammonium dissous dans l'acide sulfurique concentré, ce résidu prend une belle coloration verte, qui devient rouge en présence de la lessive de soude. 4° La coloration jaune, produite par l'acide sul- furique concentré, passe au vert sous l'influence du q P 1 perchlorure de fer étendu................... Colchiceinel), e. — La coloration produite par l'acide sulfu- rique est faiblement jaune ; elle passe peu à peu au rouge. Avec le vanadate d'ammonium dissous dans l'a- cide sulfurique monohydraté, coloration d'un beau Pi RSR ur NP Lt Le ee .... . Élatérine. L'acide sulfurique concentré produit une gpu tion rougeâtre. f. — 1° Cette coloration est d'abord rouge-bru- nâtre, mais devient peu à peu rouge. Si on ajoute (1) La colchicéine se présente quelquefois à l'état cristallisé; mais, comme cette cristallisation est difficile à produire, nous préférons comprendre cette substance dans les résidus amorphes. — 361 — -au mélange une trace de brome dissous dans la les- sive de soude, la coloration devient légèrement gro- seille. Enfin, si on ajoute à ce liquide quelques gouttes d’eau, on obtient une coloration verdâtre. 2° L'acide chlorhydrique produit une coloration verdâtre. 3° Le résidu, traité par un mélange d'acide sul- furique et d'alcool à parties égales, prend une su- perbe coloration bleue-verdâtre, après addition d'une goutte de perchlorure de fer étendu. 4° Le résidu a la propriété de ralentir les mouve-. ments du cœur d'une,grenoyille. ...,.:..4..:..: 1 IL — GHLOROFORME. …: | Ce gi peut renferme" LE thé obromine l'antipyrine, la picrotoxine, la digitaléine, ‘a colo cynthine, des traces de vératrine et la colchicine. À. — Résidu cristallisé : g. — Ces cristaux ont 1e forme de LEE al- | Digitaline, guilles; pas de coloration aVec l'acide sulfurique k concentré. En présence du chlore et de l’'ammo- niaque, on obtient la réaction de la murexide. ... B. — Résidu amorphe : L'acide sulfurique concentré: ne produit. pas de réaction colorée. h. — 1° Avec une goutte de perchlorure de fer, coloration rouge. Eh re nn 2° Avec lazotate acide de mercure, coloration NOT AE OL BE EME LEE A DO ie AT D EE Ie il. — Le résidu, mélangé!avec quatre fois envi- , ron son volume d’azotate de potasse, puis humecté d'une trace d'acide sulfurique concentré, ne donne : pas de coloration, mais par l'addition d’un léger ex- cès de lessive de soude, on obtient une belle colo- MOMIROUDES 2: 2 dd “L'acide sulfurique concentré produit une ‘colo- ration rouge- -brunätre. j. — 1° Cette coloration est d'abord brunâtre: elle ne devient rouge que peu à peu. Le mélange Théobronune. Antipyrine. Picrotoxinec. te — 362 — prend une légère coloration rouge , sous l'influence du brome dissous dans la lessive de soude; enfin il prend une coloration verdâtre, après addition de quelques gouttes d'eau. 2° Comme la digitaline, sous l'influence de l'a- cide sulfurique alcoolisé et d’une trace de perchlo- rure de fer, le résidu prend une coloration légè- rement bleue-verdâtre persistante. 3° Ce résidu ralentit les mouvements du cœur d'une grenouille... .......-2baste "#0 ..... Digitaléine. k. — La coloration produite avec l'acide sulfu- rique concentré devient peu à peu d'un beau rouge. Cette coloration est également produite avec le réactif Frôhde et le vanadate d'ammonium, ..... Colocynthine (©. L'acide sulfurique concentré produit une colora- tion jaune. L. — 1° La coloration jaune n’est pas persistante : elle devient en peu de temps d'un beau rouge. 2° Le résidu chloroformique, traité par quelques gouttes d'acide chlorhydrique concentré, puis éva- poré jusqu'à siccité, laisse un extrait d'un beau rouge. 3° Le résidu chloroformique, mélangé inti- mement avec son poids de sucre pulvérisé et addi- tionné d'une goutte d'acide sulfurique concentré, laisse voir, au bout de quelques minutes , une colo- ration d'abord verte et enfin bleue............. Vératrine. m. — 1° La coloration jaune est persistante. 2° Si à ce mélange sulfurique on ajoute un cristal d'azotate de potasse, il apparaît une belle coloration bleue-verdâtre, puis légèrement violette. Enfin, par l'addition d’un léger excès de lessive de soude, le mélange prend une belle coloration rouge. 3° Le résidu donne avec le vanadate d'ammo- (1 L'elléboréine pure de M. Marmé produit également avec l'acide sulfurique pur une très belle coloration rouge. Mais ce produit est très rare dans le com- merce; on à par conséquent peu de chances de le retrouver dans un cas d'em- poisonnement. L’essai physiologique de cette substance sur le cœur d'une gre- nouille pourrait servir à distinguer ce produit de la colocynthine. — 303 — - nium une superbe coloration verte, qui devient d’un beau rouge par l'addition de quelques gouttes de lessive de soude. 4° La coloration jaune:produite par l'acide sul- furique concentré ne se-modifie ‘pas sensiblement sous l'influence d'une “is de perchlorure de Fe élendus ess su. Luboe fn penslcusohob do usa SOLUTION AMMONIACALE. IV. —— PÉTROLE LÉGER: Ce dissolvant peut abandonner à l'évaporation les alcaloïdes volatils (conicine, nicotine, aniline), ainsi que les alcaloïdes suivants: aconitine pure, strychnine en partie, kairine, des traces de bru- cine, de vératrine et de quinine, Le pétrole est mis à évaporer en présence de quelques gouttes d’éther saturé d'acide chlorhy- | drique gazeux, afin d'éviter autant que possible la perte des alcaloïdes liquides et volatils. Après éva- poration à l'air libre, le résidu présente les carac- lères suivants : ALCALOÏDES LIQUIDES. . — Résidu éphaeTes au microscope , on re- F2 des cristaux qui agissent sur la lumière polarisée; odeur particulière et caractéristique. . . o. — Résidu odorant, mais amorpbe. Dissous au moyen de l'éther et traité selon la méthode de M. Roussin, en présence d'une solution éthérée ode, il donne de longues aiguilles, couleur rouge rubis ; odeur particulière et caractéristique. . P. — Après l'évaporation du pétrole acide, le résidu présente sur le verre. de montre l'aspect d’une matière poudreuse, blanchâtre. 1° Avec l'hypochlorite de chaux, coloralion vio- lette. 2° Avec l'acide sullurique et le bichromate de potasse, coloration bleue, au bout d'un certain Colchicine, ACT Conicine. Nicotine. Aniline. — 364 — ALCALOÏDES SOLIDES. Le résidu est cristallisé. g. — Pas de coloration avec l'acide sulfurique concentré, ni en présence du sucre et de l'acide sulfurique; résultat également négatif en présence de l'acide nitrique fumant et de la potasse en solu- tion alcoolique, cristaux de la forme rhombique, saveur brülante. L'action physiologique permettra de.caractémaents. he GRR REP CR. r. — 1° Résidu généralement cristallisé; pas de coloration avec l'acide sulfurique concentré, mais , ., 0 . par l'addition d'une goutte de bichromate de po- tasse au mélange, on' observe une série de colora- tions rouges-violacées avec de nombreuses stries bleuitres. 2° Avec le vanadate d’ammonium dissous dans - l'acide sulfurique concentré, on observe une colora- tion bleue très intense. Par l'addition de quelques gouttes d’eau, la coloration devient d'un beau rouge persistant. 3° Ce résidu produit le tétanos sur une gre- HOUUIE Ce Aconiline pure. Strychnine. ALCALOÏDES GÉNÉRALEMENT AMORPHES. L'acide sulfurique concentré ne produit pas de coloration. s. — 1° L'acide nitrique produit une très belle coloration rouge sang: cette coloration s'affaiblit peu à peu et devient jaunâtre; si on chaulle alors ce mélange avec précaution et si on ajoute une trace de chlorure d'étain ou de sulfhydrate d’ammo- niaque, il apparaît une coloration violette. 2° Le vanadate d'ammonium produit une co- loration rouge orange, passant bientôt au jaune... t. — 1° L'acide nitrique produit une coloration rouge : elle ne passe pas au violet sous l'influence du chlorure d’étain et du sulfhydrate d'ammo- niaque. 2° L'eau de chlore et l’eau de brome produisent une coloration rouge excessive ; Brucine. SÉpuS “ét té à ch Éééléer dou CT jé LS à — 365 — 3° Le perchlorure de fer, une coloration vio- lette ; 4° L'hypochlorite de chaux , une coloration rouge- violacée- 2... emma sort da nt soaîyat IKarnurre, u. — 1° Résidu généralement amorphe ; dissous dans l'acide sulfurique étendu, après addition d'eau de chlore, il donne, avec le concours de l’ammo- niaque, une coloration verte. 2° Avec l’eau de chlore, le ferrocyanure de po- tassium, puis l’ammoniaque, coloration rouge. . 3° Point de précipité, en présence de l'iodure de Co Ouuune. ALCALOÏDES AMORPHES ET COLORÉS PAR L’ACIDE SULFURIQUE CONCENTRE, v. — Cette coloration est d'abord jaune, mais passe bientôt au rouge. 1° Ce résidu, mis à évaporer en présence de l'a- cide chlorhydrique concentré, jusqu’à siccité, laisse un résidu d'un beau rouge. 2° Traité en présence d’une trace de sucre pul- vérisé et d'une goutte d'acide sulfurique concentré, coloration verte, puis bleue..:..2.::2::2..2: Vératrine. pass V. — BENZINE. : :- : La benzine, dans cette circonstance, peut aban- donner à l'évaporation l'atropine, l'ésérine, la co- caïne , l'émétine, la narcotine, la vératrine , la qui- nine et quinidine, la cinchonine et cinchonidine, l'aconitine impure ou commerciale. Avec une porlion de ce résidu benzinique, on essayera l’action physiologique sur Ia pupille d’un chat 0). 1° H se produit une contraction bien évidente. 2° En présence d'une solution alcoolique de po- tasse, il se produit une coloration rouge, soluble (1) Pour faire cet essai, on dissout le résidu dans quelques gouttes d’eau très légèrement acidulée au moyen de l'acide acétique. Avec un agitateur, on porte, à deux ou trois reprises, une ou deux gouttes de ce mélange sur la pupille d’un chat, en ayant soin de n'expérimenter que sur un œil seulement; au bout de quelques heures, on observe comparativement les deux pupilles. a PR me me AE cs É 2 — 366 — dans le chloroforme, insoluble au contraire dans l'éther. 3° L'ammoniaque produit également une colo- ration rouge, qui devient jaune au bout d'un cer- tain temps. .... SR RTS SR ne rh à al y. — 1° Il se produit une dilatation notable de la pupille. 2° Le résidu, traité avec l'acide azotique fumant, puis évaporé à siccité et additionné de quelques gouttes de potasse en solution alcoolique, produit une belle coloration violette, ..,...,.... 4,004 RÉSIDU CRISTALLISÉ. L'acide sulfurique concentré ne produit pas de coloration. z. — 1° Le résidu produit le tétanos sur une grenouille. 2° Avec le bichromate de potasse et l'acide sul- furique, coloration rouge-violacée avec de nom- breuses stries bleuâtres. 3° Avec le vanadate d'ammonium, très belle co- loration bleue, passant au rouge par l'addition de quelques gouttes d'eau... . mu piété on 28 » 0.0 0.0.0 a’. — 1° Avec l'eau de chlore et l'ammoniaque, : coloration verte. 2° Avec l'eau de chlore, le ferrocyanure de potas- sium et l'ammoniaque, coloration rouge. 3° La solution donne un précipité cristallin avec l'iodure de potassium...................... b'. — 1° Avec l'eau de chlore et l'ammoniaque, point de coloration verle, mais un précipité blanc. 2° Avec l'eau de chlore, le ferrocyanure de po- tassium et l'ammoniaque, pas de coloration rouge, mais un précipité blanc. 3° — Pas de précipité en présence du sel de Sei- gnette... sources use c'. — On obtient les réactions de la cinchonine, mais le sel de Seignette précipite abondamment. . . Esérine. Atropine. Strychnine. Quinidine. Cüichonine. Cinchomidine. — 3607 — L’acide sulfurique concentré ne produit pas de coloration. d!, — 1° Avec l'acide azotique, coloration rouge sang, qui s'affaiblit peuà peu jusqu'à la teinte jau- nâtre ; après addition d'une goutte de, bichlorure d'étain ou de sulfhydrate; d'ammoniaque, et sous l'influence d’une douce chaleur; la coloration de-: vient violette: eue EU ARR 2% Avec le vanadate : d'ammonium, coloration un... €. — 1° Avec l'eau de chlore et l'ammoniaque, . coloration verte. 2° Avec l'eau de chlore, ferrocyanure de po- tassium et ammoniaque, coloration rouge. 3° Pas de précipité, en présence de l'iodure de PER AT a am RO Ce RE SERRE f'. — Avec l'eau iodée, coloration rouge cho- colat, avec quelques stries violettes ; il y a forma- tion d'un abondant précipité rouge-brunâtre en présence d’un excès d'eau iodée.............. g'. — Point de réaction colorée, en présence des réactifs généralement employés en toxicologie ; l’ac- tion physiologique seule pourra pe da carac- PÉRISE An ae done M AOMOMTONTEN). EN L'acide sulfurique produit ! une CODEN FOUgE ou brunâtre. h'. — La coloration est plutôt brune que rou- geâtre. Avec le réactif Frôhde, on obtient une éolo- ration rouge-violacée, qui passe au vert an bout CAFE AIN END... dd... de... 1'.— 1° La coloration rouge n'apparaît qu'au bout de quelques minutes; à chaud, la coloration est d’un beau rouge et très abondante. 2° Le vanadate d'ammonium produit à froidune colapilonronce... ne Lt credo ral -erriie L'acide sulfurique produit une coloration jau- nâtre. RÉSIDU GÉNÉRALEMENT AMORPHE. Brucine. Quinine. Cocaïne. Pilocarpine. 1 | Eméline. Narcotine. { — 368 — J'.— 1° La coloration est d'abord jaune, mais elle devient peu à peu rouge. 2° Le résidu, dissous dans Tacide chlorhydrique concentré et mis à évaporer à siccité, prend une co- loration rouge. 3° En présence de son volume de sucre pulvérisé et d'une trace d'acide sulfurique concentré, il se produit, au bout de quelques minutes, une belle coloration verte, qui passe au bleu (couleur bleu de Pros} Rs EE ET US PR POTTER L'acide sulfurique produit une coloration bleu- âtre. k'. — 1° Cette coloration n'apparaît le plus sou- vent qu'au bout d'un certain temps. 2° Avec l'acide azotique concentré, coloration jaune. 3° Avec le réactif Frôhde, coloration verte. 4° En présence du sucre et d'une trace d'acide sulfurique concentré, coloration rouge-violacée. 5° Avec le vanadate d’ammonium, coloration rouge, devenant bientôt verte. 6° En présence du sélénite d’ammonium dis- sous dans l'acide sulfurique concentré, coloration verte magnifique. . .-24 4.444440. 04 4/qu.100Codéine: VI. — cHLOROFORME. Dans le résidu chloroformique ammoniacal, on , L Q peut retrouver la narcéine, l'aconitine amorphe, la berbérine et des traces de morphine. RÉSIDU, GÉNÉRALEMENT AMORPHE. L'acide sulfurique concentré ne donne-pas de co: loration. ll. — 1° Avec le réactif Frôhde, coloration vio- lette. 2° Avec l'acide azotique concentré, coloration rouge. 3° Avec le perchlorure de fer, coloration bleue. 4° Avec le vanadate d'ammonium, couleur rouge brique. L'an U s cs — 369 — 5° Avec le sélénite d’'ammonium dissous dans l'acide sulfurique concentré, coloration d'un beau VO 0 0 bo de OL ONE SEEN LOS NE AE L’acide sulfurique concentré produit une colora- tion brunâtre. m. — 1° Avec l'eau iodée, coloration bleue. 2° Avec le vanadate d'ammonium, coloration verte fugace qui passe bientôt au rouge orangé... . n'. — Le résidu, mélangé avec environ quatre parties de sucre pulvérisé, et additionné d’une trace d'acide sulfurique concentré, produit une coloration rougeâtre qui passe peu à peu au violet......... L’acide sulfurique’ produit une coloration ver- dâtre. 0. — Résidu souvent jaunâtre. 1° Avec l'acide sulfurique concentré, coloration vert-olive. 2° Avec le vanadate d'ammonium, coloration brune verdâtre, avec de nombreuses stries violacées très caractéristiques. 3° Le résidu, dissous dans quelques gouttes d'a- cide chlorhydrique concentré, puis additionné de quelques gouttes d’eau de chlore, produit une co- lorationfd'un béa roupel{i0. ZUNE ED ER VIT: — arcoon AMYLIQUE. La solution peut renfermer la morphine et la so- lanine. L’acide sulfurique concentré ne produit pas de coloration. p'. — 1° Avec le réactif Frôhde, coloration vio- lette. 2° Avec l'acide azotique concentré, coloration rouge. | 3° Avec le perchlorure de fer, coloration bleue. 4° Avec le vanadate d'ammonium dissous dans l’a- cide sulfurique concentré, coloration rouge brique. 5% Avec le sélénite d'ammonium dissous dans MISS. SCIENT. — XI, Morphine. Narceine. Aconitine amorphe. Berbérine, 24 IMPRIMERIE NATIONALE, — 370 — l'acide sulfurique concentré, coloration d'un beau NERET ee PL CNRC EMNE QE > .aisrohin. 4. Morphine. g'.—1° L'acide sulfurique, additionné d'alcool (acide sulfurique 6 cent. cubes, alcool absolu 9 cent. cubes), produit, à une douce chaleur, une belle coloration violette. 2° Le séléniate de soude, dissous dans l'acide sulfurique (séléniate de soude o gr. 30, acide sul- furique pur 6 cent. cubes, eau distillée 8 cent. cubes), donne également une belle coloration vio- lette. 3° Avec le vanadate d'ammonium dissous dans l'acide sulfurique concentré, coloration rouge au bout d'un certain temps.......... dun: 2h10 IAE CHAPITRE HT. CONSIDÉRATIONS GENÉRALES SUR LA MÉTHODE DE M. DRAGENDORFF, . Pour l'étude de la méthode générale d'extraction des alcaloïdes de M. Dragendorff, nous avons opéré dans nos recherches sur les mélanges les plus divers. Tantôt les alcaloïdes avaient été mêlés avec de l'urine ou avec du sang, tantôt avec de la bière, du lait ou autres substances alimentaires. Ces alcaloïdes étaient le plus souvent mélangés à notre insu, au nombre de deux, trois, quatre et quelquefois cinq, dans des milieux complexes et aux, doses com- prises ordinairement entre quelques milligrammes et vingt centi- grammes. Nous avons appliqué cette méthode de recherche à l'étude de presque tous les alcaloïdes ou glucosides utilisés en théra- peutique, et à ceux que l'on peut avoir à rechercher dans les cas d'empoisonnement. Voici les avantages que cette méthode nous semble présenter : 1° Elle évite quelques causes d’erreuret quelques inconvénients de la méthode de M. Stas, à savoir l'insolubilité de quelques oxa- lates et tartrates dans l'alcool, l'insolubilité de la morphine cris- tallisée dans l'éther, et les difficultés d'extraction de quelques substances dissoutes dans des milieux alcalins (cantharidine, digi- taline, picrotoxine, etc. ). 2° Les résidus obtenus, après l'évaporation des dissolvants usités dans cette méthode (pétrole léger, benzine, chloroforme et alcool — 371 — amylique) nous ont paru, dans la plupart des cas, d'une pureté beaucoup plus grande que ceux que l’on obtient avec la méthode de Sias dans les mêmes circonstances. M. Dragendorff a cherché à éviter, dans sa méthode, l'emploi de l'éther, qui, par suite de sa solubilité relative dans l’eau, entraîne beaucoup d'impuretés dans la méthode de M. Stas. 3° La recherche des alcaloïdes liquides, nicotine, conicine, ani- line, nous paraît beaucoup plus facile avec la méthode de M. Dra- gendorff que dans la méthode de M. Stas. 4° Un avantage non moins précieux, c'est qu'avec l'emploi de plusieurs dissolvants, cette méthode fournit, avec les phénomènes de solubilité, des renseignements souvent utiles à consulter pour établir la nature des alcaloïdes que l'on veut caractériser. 5° Enfin, un caractère essentiel que nous ne connaissons à au- cune autre méthode, c’est la possibilité de séparer plusieurs alcal- oïdes contenus dans un même mélange. On pourra peutêtre opposer à la méthode de M. Dragendorff l'objection suivante : par l’action répétée du pétrole, de la benzine et du chloroforme sur les solutions acides, puis du pétrole, de la benzine, du chloroforme et de l’alcool amylique sur les solutions ammoniacales alcaloïdiques, n'y a-t-il pas un danger véritable de perdre, par ces différents traitements, la substance que l’on veut rechercher? À cette question M. Dragendorff répond que, bien que linsolubilité d’un alcaloïde dans tel owtel liquide ne :soit pas rigou- reusement absolue, on peut toujours espérer, avec les dissolvants désignés, établir des groupements suffisants pour la pratique. Si quelques alcaloïdes peuvent, en effet, se retrouver simultanément dans plusieurs résidus, beaucoup, au contraire, sont réunis dans un seul. Il suffira donc d’être prévenu que tel alcaloïde peut passer dans divers dissolvants pour être prémuni contre les causes d'erreur. D'ailleurs l'emploi de la méthode générale d'extraction n'est justifié, ainsi que nous l'avons dit, que dans les cas où tout renseignement fait défaut sur la nature de la substance que l’on doit rechercher; ilLest bien rare, en effet, que des révélations four- nies par l’autopsie ou par l'instruction ne puissent pas indiquer à l'avance la direction que l'on pourra de préférence imprimer aux recherches. Ainsi nous pouvons, par cette méthode, retrouver et séparer un DIE — 372 — très grand nombre d’alcaloïdes et glucosides dans des mélanges inconnus. Par les groupements établis à l’aide de quelques dissol- vants, on peut prédire les alcaloïdes qui doivent se retrouver dans tel ou tel résidu, et l'attention de l'opérateur se trouve portée par ce fait sur un petit nombre seulement d’alcaloïdes. Par l'action de quelques réactifs généraux, M. Dragendorff subdivise encore ces groupes, et c'est ainsi que, par éliminations successives, comme on le fait dans l'analyse minérale, il détermine la composition des mélanges de composition complexe. | Cette méthode, bien que l’auteur ne la donne pas encore comme parfaite, met donc aujourd’hui l'analyse des alcaloïdes presque au niveau de l'analyse minérale. À mesure qu’elle met à profit les progrès que la toxicologie accomplit de nos jours, la méthode de- vient de plus en plus rationnelle, facile et exacte. CINQUIÈME PARTIE. DES PTOMAÏNES OU ALCALOÏDES CADAVÉRIQUES. Dans les études que nous avons poursuivies en Allemagne et en Russie, nous avons voulu connaître l'opinion de quelques maîtres qui se sont occupés de ce chapitre nouveau de la toxicologie. En laissant de côté tous les détails d'ordre purement théorique, comme la fonction chimique et les formules de constitution de ces corps plus ou moins vénéneux que, peut produire la putré- faction, nous avons voulu tout simplement rassembler les opi- nions de quelques toxicologistes sur le degré de possibilité de confusion des ptomaïnes avec les alcaloïdes des plantes, en chimie légale. M. Baumann, professeur à Fribourg et expert chimiste du duché de Bade, a toujours oblenu des ptomaïnes amorphes des cadavres sortis de l’eau ou de ceux qui avaient été exposés pendant quelques jours, à la température ordinaire de l'été. D’après ce savant, le risque de confondre ces substances avec les alcaloïdes des plantes n'est pas aussi grand qu'on l’a dit dans ces dernières années. Pour M. Schmidt, professeur à l'Institut de pharmacie de Mar- bourg, dans les recherches toxicologiques qu'il a eu l’occasion de pratiquer à Halle, toutes les fois qu'il s'est trouvé en présence rs — 373 — des ptomaines, les cas se sont présentés d'une façon si évidente qu'on ne pouvait pas les confondre avec les alcaloïdes des plantes. M. le D° Jeserich, expert chimiste des tribunaux de Berlin, ne pense pas qu'il soit possible de confondre les ptomaines avec les alcaloïdes des plantes; mêmes opinions de M. le professeur Ludwig, à Vienne. Pendant nos études à Berlin, nous avons eu l’occasion de voir une série de produits préparés par M. le D° Brieger ®, à la cli- nique. Ces produits se présentaient sous la forme cristalline; d’autres étaient amorphes; les uns étaient déliquescents, la plu- part cependant résistaient à l'agent atmosphérique. Les uns étaient doués de propriétés vénéneuses, d’autres n'étaient pas toxiques. Toutes ces études ont été dirigées à un point de vue différent de celui qui nous occupe en ce moment et n’apportent aucun fait nouveau sur l'influence de ces corps en chimie légale. Nous aurions désiré faire un plus long séjour à Berlin et pré- parer, sous la direction de M. Brieger, les divers produits qu'il avait obtenus dans son laboratoire; mais M. Brieger n’a pas voulu con- sentir à ces lravaux. M. le professeur Dragendorff, dans les études qu'il a entreprises pour établir jusqu’à quel point on pouvait confondre les ptomaïnes avec les alcaloïdes des plantes, est arrivé aux résultats suivants. I laissa putréfier une série de substances organiques, sang, lait, bière, etc., puis essaya de retrouver, au moyen des réactifs chi- miques, les alcaloïdes végétaux qui avaient été mêlés à ces divers mélanges. Ces alcaloïdes végétaux furent également mêlés à des ré- sidus d'alcool qui avaient servi à la conservation des pièces anato- miques. M. Dragendorff retrouva toujours dans ces conditions de recherche toutes les réactions propres aux alcaloïdes mis en expé- rience. Selon ce même auteur, il n’est pas possible de confondre les ptomaines avec les alcaloïdes des plantes connus jusqu’à ce jour. Les résidus qui ont pu lui laisser parfois quelque doute à cet égard étaient des liquides huileux, plus ou moins odoranis, qu'on pouvait confondre avec la conicine et la nicotine. En évitant l'emploi de l'éther et en se servant comme dissolvant du: pétrole léger, selon le principe de sa méthode, il a pu éviter la présence de ces matières étrangères et lever tous les doutes à ce sujet. () Ueber Ptomaine, von Professor D' Brieger, Assistant der ersten Med. Uni- versitäts-Kiimik in Berlin, 1885. — 371 — IL serait difhcile, après les opinions diverses que nous venons d'exposer sur cette question de croire à une véritable possibilité de confusion des ptomaïnes avec les alcaloïdes des plantes. Sans vouloir amoindrir l'intérêt qui s'attache à l'étude des ptomaines au point de vue de la physiologie ou de la chimie biologique, on est cependant en droit de se demander comment, particulière- ment chez quelques auteurs italiens, on a pu commettre tant d’exagérations sur l'influence de ces corps en chimie légale. Quelles sont en effet les réactions colorées souvent si intenses, et qui appartiennent à la plus grande partie des alcaloïdes, qu'on pourrait appliquer aux corps vénéneux produits par l'acte de la putréfaction ? Au point de vue de ces confusions possibles entre les alcaloïdes des plantes et les alcaloïdes de putréfaction, il semble qu'un revi- rement complet soit en voie de se produire dans l'esprit des toxi- cologistes russes et allemands. Dans quelques cas, la présence simultanée des ptomaiïnes et des alcaloïdes végétaux pourra gêner où masquer les réactions propres à ces derniers; mais, d'autre part, avant d'affirmer d’une manière positive l'existence d’un poison végétal, le chimiste-ex- pert a soin de multiplier les réactions, d'en discuter la valeur, de les comparer avec celles que produisent les alcaloïdes cadavé- riques; il peut arriver ainsi, non pas à retrouver à coup sr les poisons végétaux, mais tout au moins à éviter avec certitude toute confusion entre une ptomaïne et un alcaloïde végétal. CONCLUSIONS. Tels sont, Monsieur le Ministre, les résultats que j'ai pu recueil- lir, au cours de la mission que vous avez bien voulu me confier. Grâce à la bienveillance de M. le professeur Dragendorff, j'ai pu consacrer quelque temps à l'étude pratique et approfondie des méthodes d’extraction des alcaloïdes, et exposer avec détails des procédés nouveaux ou rarement appliqués en France : c'est la partie à laquelle j'ai cru devoir donner les plus longs développe- ments. Les quelques documents que j'ai réunis touchant l’organisation des expertises judiciaires, dans les cas d’empoisonnement, en Prusse, en Bavière, en Russie, présenteront peul-être aussi un . | | | An Ce ot De ne Dé a SEE RS à NS DT SE de Se a ds. di — 375 — certain intérêt. Bien qu’il ne soit pas à propos de discuter ici les avantages et les inconvénients de cette organisation comparative- ment à celle qui est en vigueur chez nous, nous devons cependant constater que l'institution de ces comités scientifiques, chargés de discuter les rapports des experts et de juger en dernier ressort les contestations que peuvent soulever ces PRROuSE semble présenter bien des avantages. Ces discussions successives, d'ordre exclusive- ment scientifique, entre hommes compétents, doivent avoir pour effet d éviter, au signe en grande partie, Les débats ultérieurs sé où les Dia de la die soulèvent parfois des discus- sions qui ne peuvent apporter en général aucune lumière sur les points en litige et qui rendent parfois si difficile la tâche de l'expert. _Sur bien des questions, nous avons donc observé des points qui nous semblent dignes d'être imités ; mais il n’est que pee aussi de remarquer que plus d’une de nos institutions est à juste titre enviée par:nos voisins : c'est le cas du laboratoire de toxicologie auquel j'ai l'honneur d’appartenir. Qu'il nous-soit permis dé dire que nous n'avons trouvé ni.en, Allemagne ni en Russie une insti- tution mieux appropriée aux recherches légales et un centre d'en. seignement mieux établi noce l'instruction des futurs experts médecins ou chimistes. Grâce à M. le professeur Brouardel, à l’ini- tiative duquel nous sommes redevables de cette utile institution, grâce à la savante direction donnée à nos travaux chimiques par M. J. Ogier, le laboratoire est destiné, nous n’en doutons pas, à devenir un centre important de recherches d'ordre chimique et médical, intéressant à la fois et la science et la justice. Puisse ce travail, si imparfait qu'il soit, justifier auprès de mes maîtres la bienveillance qu’ils n'ont céssé de me témoigner, ét ne pas vous paraître, Monsieur le Ministre, trop indigne. de la con- fiance dont vous avez bien voulu m'honorer. Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, votre très humble et dévoué serviteur. 7 . Ph. Laron. Paris, lé 17 juin 1885. TABLE DES MATIÈRES. INTRODUCTION: e d'a 4e dbte 08 MT tale es EUR MN TN AR LS à 2 "aie 331 PREMIÈRE PARTIE. Des expertises chimico-légales en AUERmANE EE Len 312 A DEAN LD EE DO unie 4 ré counroce à tata lors 313 DE BANRTES LEE RE RS ne cet RETENIR Ter MTS SR 314 DEUXIÈME PARTIE. CHAPITRE [I*. L'enseignement de la toxicologie chimique en Allemagne. .......... 019 CHAPITRE Il. Laboratoires de Charlottenbourg et de M. le professeur Otto à Bruns- ICRA mine line s mette EL RÉT nus le RrÉ GR HECTOR 316 CHAPITRE IIL. De la vente des substances vénéneuses en Allemagne. .............. 317 TROISIÈME PARTIE. Des expertises judiciaires en Russie dans les cas d'empoisonnement.… . 318 QUATRIÈME PARTIE. CHAPITRE 1°”. Laboratoire de M. le professeur Dragendorff...,........ dnrsnéé sl 319 L'Institut de pharmacie de Dorpat. ...:,..1........:,....,..+. 320 De la recherche des alcaloïdes et glucosides par la méthode de M. Dra- gendorffes ere MM PCR PME ME 321 Nicotine. — Conicine. — Anïline.................s... : 325 I. Strychnine. Un nouveau réactif des alcaloïdes : yanadate d'ammo- nium dissous dans l'acide sulfurique concentré, par M, Mandelin. BUT eee por 5 ci Jde À coûr 326 Geissospermum Vallesii. — Geissospermine; péreirine. ........ 329 Gelsemium sempervirens. — Gelsemine ; acide gelseminique. .. . 330 Québracho. Québrachine.#- 2-22 ceree 331 LT) RS RE OR ES 0 AE 331 IL Morphine. — Narcotine. — Codéine. — Narcéine.... ...... 332 — 377 — Pages IV. Quinine. — Quinidine. — Cinchonine. — Cinchonidine. . ..... 336 V. Antipyrine. . ... Pam nee ape oies 18 0 lee eie a a el d'a Ru Se 337 VI. Hyosciamine. — Atropine. — Ésérine. — Cocaïne............ 338 VIL. Aconitine pure.— Aconitine du commerce.— Népaline ou Pseudo- aconitine. — Myoctonine. — Lycaconitine.. .............. 340 VII. Vératrine. —Sabadidline. — Sabatrine..........., 343 IX. HIMELNE de ee UE PS ne DO Be ON D DE OC o 344 X. Picrotoxine....................... d'étttBeE AVERTIS 345 XI. Ledum palustre (Romarin sauvage). — Éricoline ............ 346 PAC loc nine CE EE eee cer 347 XIII. Berbérine TI Me sale re Mr ed 2 Soie meta nee 347 CLIN. ere RENE RE RE RER ES 348 PR Piocarpine, — Jaborine:#4 #0 0. a 348 XVI... Caféine. — Théobromine...........................:.. 349 | RO no anidine. 422 JA 4 Cm am deu eus de don vu 350 XVIII. Santonine. D ÉD EE RL TEEN VENTE ARR EE Pere Re EE D © 350 ? XIX. Colchicine. — Colchicéine..... he cer à tte ne tete DE 391 | RS Dipiialine— Dipitaléine, 2e "Rene 2 CN EEE 353 XXI. Taxus baccata (If commun). — Taxine.................... 350 | LIL ÉD OS RE CR er cn 556 XXIIT. Sabine; pinipicrine. — Fe — Absinthe. — Ledum palustre. . 357 CHAPITRE II. Tables analytiques pour la recherche des alcaloïdes. .............. 357 CHAPITRE III. Considérations générales sur la méthode de M. Dragendorff. ......... 370 CINQUIÈME PARTIE. Des ptomaïnes ou alcaloïdes cadavériques....................... 372 CONCRUSON SR ne AR A Lee D aline asie dant ane algues den c dfeie 374 TABLE DES MATIÈRES.» esse cees VER RTNNEN EN EPR oh 377 PRE D'/ENENE ie Re au) Dis 4e MATE D os à ONE AÀ . onital = caniqontÀ —: .snirmii »o#t ortsotonop 1h amihionÀ -—s10c sitio À ont — aninioopM — .oxitirass 162 — onmikbsde Mer vo du te se ACIOUIUENE “ - œ\ à del LOVLGE ENIBLOONE } VUASADE SAINS di de àtr + «à CRUE Anita sratintrnse Stan tdritidsednes <-dahiodul — Saiqenott Hinoïdoëd' ET — ptite) hate) tous NN si aiunré À — Hoi) PET DT ä £ ANT ES tax Fait -N4 or ton U Hin33%0È ur T x je aseda ee ee eus d «000 TRES iqiniq ;snideé L ŒIL » 1 LA MD A à gborltion sf 102 eoleasg anormdbieto UN - Li sonpiibvabes esbiotnol 10 erieeroig we } nt À "2 Le dinénemes dore to OS A ute TC Sun rcss ce ÉÜRÉITAN 220 sut | be RAPPORT SUR UNE MISSION SCIENTIFIQUE AU CHOA, | PAR LE CAPITAINE LONGBOIS. s Ankober, ce 20 juin 1884. Monsieur le Ministre, Chargé d’une mission scientifique au Choa, j'ai l'honneur de vous annoncer mon heureuse arrivée à Ankober. Obligé de suivre la caravane qui portait, avec les présents de la France, la lettre de Monsieur le Président de la République, je n'ai pu faire ce que j'aurais voulu, maïs J'espère, à mon retour, être plus à même, sans courir de grands dangers, de compléter ce que j'ai commencé. Toutefois, j'ai pu exécuter quelques relève- ments précieux, quelques observations utiles à l’accomplissement de ma tâche. 3 Je commencerai par indiquer mon itinéraire. Parti d'Obock, le 4 mars, pour l'Alatela, je côtoyai le bord de la mer et rejoignis latcaravane à Orobora, laissant la falaise sur notre droite, à moins de 100 mètres par places, jusqu’au ravin d'Ekifa; nous remon- tons ce ravin, parce que mes conducteurs, les négociants conîre- bandiers () qui croyaient passer par Tadjoura, selon la promesse faite par le visir, apprirent qu'Abou-Baker avait donné des ordres contraires et avait juré sur sa tête que nous ne passerions pas. IL fallut faire un détour en s’enfonçant dans les montagnes, ce qui ) Les armes de guerre sont prohibées par les Égypüens, et c'est le seul commerce à faire en ce moment avec l'intérieur; n’emportais-je pas aussi, comme cadeaux, des canons, des munitions, etc.? — 380 — nous conduisit à Damaoli par des sentiers indescriptibles ; les cha- meaux tombaient et obstruaient la route; nous mîmes, dans un endroit, une heure et demie pour gravir 300 mètres. Là, pre- mier contretemps : le mercure de mon horizon artificiel fut perdu. Comme compensation, je vis les Danàäkil courir après ces goutte- lettes, qu'au soleil ils prenaient pour des diamants, les saisir et ouvrir des yeux démesurés en sentant les gouttes s'enfuir sous leurs doigts. À Damaoli, j'observai une montagne de pierre savon (); j'en ai pris des échantillons et, dans le ballot que j'expédie à M”° Ar- naud, j'en ai mis un morceau qui Vous sera envoyé. Ce n’est pas dans mon programme; mais je crois devoir m'occuper, suivant mes faibles moyens et connaissances, de tout ce qui peut inté- resser la science, au risque de me tromper ou de faire double emploi. Cette pierre est grasse, mousse et blanchit le linge. Quant au charbon de terre, je n’en ai vu nulle part; je me suis fait con- duire dans différents endroits signalés, mais je n’ai trouvé que de la lave. En approchant de l’Aousssa, je trouvai cette lave piquée de trous el en tout semblable au résidu de forge appelé méchefer ; j'en conclus que ces blocs avaient subi plus fortement le feu inté- rieur ou renfermaient des madrépores calcinés dans les éruptions volcaniques; en effet, à plus de 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, j'observai, sur ces laves, des blocs ou plutôt des lots de madrépores parfaitement intacts et qui avaient depuis 15 mètres jusqu’à 50 et 60 mètres de circonférence. Les montagnes que nous contournâmes ou «escaladämes » forment un chaos indescriptible. Ce ne sont que pitons plus ou moins à pic, se succédant les uns aux autres, souvent coniques, d'autres fois allongés, formant chaîne, par anneaux plus ou moins accentués, de telle sorte que nous montons et descendons alterna- tivement en contournant les montagnes et longeant des précipices affreux où nous irions nous broyer au moindre faux pas de notre monture, Mais les mules de ce pays ayant le pied sûr, le mieux est de se confier à elles. Je fus étonné de voir les chameaux mar- cher sur ces sentiers étroits, obstrués en bas par des pierres énormes, en haut par les branches épineuses des mimosas qui arrêtent la marche, déchirent les ballots et n’épargnent ni les ha- 0) Argile calcarifère ? Il est à désirer qu'on fasse déterminer l'échantillon en- voyé. H. D. — 381 — bits, ni les mains, ni la figure. Il faut faire bien attention pour n'avoir pas les yeux crevés; nous étions tous en lambeaux. Dans d'autres endroits que l'on cherchait et suivait de préférence, s’ou- vraient des défilés, des ravins aux bords escarpés, tantôt obstrués par des troncs d'arbres ou des blocs de rochers arrachés par les eaux, tantôt minés parles pluies; ailleurs se dressaient des falaises de plusieurs centaines de mètres, avec des roches énormes qui surplombaient le vide. En approchant de l’Aoussa, le tableau change; les plaines, au lieu de compter seulement pour un dixième de la surface du sol, deviennent vastes, et les montagnes ne comptent plus, à leur tour, que pour un dixième; elles forment même d'immenses plateaux couverts d'herbes sèches, avec des bouquets de mimosas par-ci par-là; ces plateaux sont couverts de pierres éparses, noirâtres, plus ou moins grosses et formant de place en place des monceaux de plusieurs kilomètres de lon- gueur, qui accidentent la surface des plateaux. Le sol des plaines est formé non de sable, mais de terre amenée par les pluies. Cette terre, forte, compacte comme de la glaise, se fendille comme une écaille de tortue; les crevasses sont, dans certaines plaines, assez larges et assez profondes pour qu'il faille faire des détours, et les chameaux aussi bien que les mules ont mille peines à les éviter. Enfin, tout au bord, pousse la végétation, qui s'étend d’une manière inégale quelquefois jusqu’à quelques centaines de mètres des contreforts des montagnes. Pas de traces de cultures. Tout près de l’Aoussa, au nord, par où nous arrivons, la décoration change encore, le chaos recommence; on se croirait dans des forges cyclopéennes. L’imagination est frappée à la vue des mon- ceaux de laves, de scories, et des cuvettes blanches plus ou moins profondes où les pluies viennent amonceler les terres. En passant, je relevai la rivière Dobi; elle me semblait rouler du nectar, par la comparaison entre ses eaux claires et limpides et les eaux bourbeuses, puantes, pleines de/fiel et de fientes d’ani- maux, qu'il avait fallu boire, faute d’autre. Amère. déception ! cette eau est saumâtre; toute la plaine qu’elle arrose, et à la- quelle elle a donné son nom, est blanche de sel apporté par les pluies des montagnes que la rivière traverse. Nous sommes ici à une hauteur de 167 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous avons aussi vu un lac, ou plutôt un marais salé, dans lequel les chameaux du roi Mohammed venaient prendre du sel. Il se nomme AE me — 382 — Alloul, et son altitude est d'environ 150 mètres. Les Danâkil se sont opposés à ce que nous y allassions. On vint de l’Aoussa au- devant de nous, et l’on nous fit camper à l'extrémité nord du lac sur un sol de boue desséchée qui se couvre, d’après les traces laissées sur des rochers, de 80 centimètres d’eau, à l'endroit où nous étions; ces traces vont en mourant du côté où nous étions descendus; elles augmentent en allant vers le lac dont nous étions bien encore à 500 ou 600 mètres. Le lac s'étend du N. N.E. au S.S. O. Quand au lac Abhebbäd, il incline de l’est à l'ouest, ce qui le place N. E. et S.0., au lieu de E. et O., comme les cartes l'indiquent. Je crois même que ces deux lacs n’en font qu'un et qu'ils doivent se joindre par un étranglement; j'essaierai de mwen assurer à mon retour. Ce que je puis certifier, c'est que l’'Awäsh ou Hawäâch ne tombe pas dans le lac à la place indiquée par Wild, car ce serait dans l'endroit à sec où nous étions campés, appelé Goura-Aiad. Le 17 avril nous partimes de bonne heure, et, après une marche assez difficile sur le terrain précédemment décrit, nous arrivions à une longue plaine peu large. Sur le versant d'une montagne en pente douce formant plateau aride, sans aucun arbre et presque sans plantes ni herbes, se trouve la capitale de Mohamed Hanfali, ramassis dé cabanes dont la base est construite en pierres sèches; des bois forment les parois, et le dôme est recouvert de peaux; point de fenêtres, une porte, et c'est tout. J'eus le temps d’'exa- muner le village en le traversant; on nous avait invités à mettre pied à terre, car Sa Majesté ne souffre pas que qui que ce soit se permette de passer à cheval, à mule ou à âne devant son royal palais, tout à fait semblable d’ailleurs aux autres cases, mais un peu plus grand. Il peut y avoir deux cent cinquante à trois cents cases, plus ou moins espacées sur les flancs et le sommet de la montagne. À gauche, j'ai remarqué aussi, en passant, des enclos avec des cases détruites, abandonnées, anciens camps des soldats de Hanfali, lorsqu'il avait conquis le pays. Dans l'un de ces en- clos, mieux conservé que les autres, il vient, en souvenir de ses victoires, faire des exercices tous les ans. Continuant notre chemin dans cette plaine aride qui doit se couvrir d'eau à la saison des pluies, nous remontons sur nos mules, après avoir doublé, sur invitation, le « cap des cérémonies »; nous marchons alors dans le sud, du côté de l'Awâsh. Enfin, l'on — 383 — nous fait camper au pied des falaises, dans. une vaste plaine cou- verte”d'herbes qui, pâturées à l'endroit où nous sommes, s'en vont grandissant dans l’ouest jusqu'à un rideau de verdure noire, formé par de grands arbres. L’Awäsh coule à 500 mètres environ de l’ouest à l’est, faisant un circuit en coude du côté sud des lacs} ce qui le fait tomber dans le lac Abbhebbâd. Être si près da lac, etne pouvoir y aller ! | Levroi ne daigna pas nous recevoir. Îl se fait passer pour sor- cier, et peut-être croit-il l'être, car on lui à dit que, s’il voyait encore un blanc, il mourrait. La peur d’une caravane de 78 cha- meaux , dont 26 pour ma part, augmentée de 150 environ appar- tenant’aux négociants de Tadjoura qui nous avaient rejoints, en- trait aussi pour quelque chose dans la consigne donnée par le souverain. Le roi envoya dix bœufs et du dourah; une foule cu- rieuse et avide nous encombrait; heureusement que la caravane duvroi était prête. Au lieu de quinze jours qu'il aurait pu nous garder, il nous expédiée au bout de trois jours, non sans avoir fait payér l’amdn. Je voulus, à tout risque, prendre la position des lacs! de notre campement Kullo. J’eus de très bonnes distances lunaires, et je pris deux hauteurs circumméridiennes du soleil: Quant à la hauteur méridienne, il n'y fallait pas songer, car nos sextants étaient gradués jusqu'à 170 degrés seulement pour da forme; l'alidade, arrêtée par les miroirs, ne permet d'observer que jusqu'à 143 ou 145. degrés. Comme le soleil dépasse 80 degrés, l'angle doublé serait donc de 160 degrés au moins. Les hauteurs, de plus, laissent à désirer sous ce ciel de plomb, par ce soleil torride. L'huile qui me servait d'horizon était tellement fluide qu’elle se ridaïit à la moindre brise. Toutefois j'ai pu prendre, comme au vol, quelques hauteurs. À mon retour, la déclinaison du soleil étant en sens contraire, je pense avoir la méridienne. Je vais me fabriquer un horizon artificiel d’un genre particulier, à laide de’cire fondue avec l’huïle. Cette hardiesse dangereuse que j'ai eue d'observer les astres et d'écrire chez le roi lui-même me sera: d’un grand secours pour l'avenir. Je ne serai probablement plus menacé de mort. | L’Awäsh est ici navigable; nous la côtoyâmes du côté des grands arbres qui la bordent et qui s'étendent très loin dans le sud. Ar- rivés. au gué, nous la traversons sans trop d'incidents, sur des radeaux faits de branches d'arbres. Les chameaux la passent — 384 — à la nage. En somme, nous la coupàmes trois fois, à de grandes distances, et partout elle était navigable. Je l'ai aperçue de loin plusieurs fois, et la configuration du sol me prouve aussi sa na- vigabilité. Sa largeur varie de 20 à 45 mètres, son courant peu rapide est de 46 mètres à la minute. L’Awäâsh ne coule pas; ses caux bourbeuses glissent comme du macadam délayé. On aper- coit beaucoup de crocodiles qui se chauffent au soleil le long des berges presqu'à pic, et quelques hippopotames; je n'ai pas vu d’autres animaux amphibies. Des myriades d'oiseaux, depuis le marabout jusqu'aux oiseaux-mouches ), peuplent les bords de la rivière. Les fauves ne se montrent pas, à l'exception des hyènes et des chacals qui viennent, la nuit, jusque dans le campement; on en voit tous les jours. L'Awâsh doit être navigable jusqu’à la cataracte surmontée d’un rapide qui se trouve à quelques kilomètres en aval du point où les caravanes la traversent, vis-à-vis Faré ou Farré, point d'arrivée. La cataracte est au pied du piton Dahbita; c’est l'essentiel, puis- que les mules gabares qui servent à transporter les bagages et les marchandises à Ankober (où les chameaux ne montent pas) chargeront un peu plus loin, mais sur le bord même de la rivière. Après avoir remis au souverain les présents de la France, je lui dis immédiatement quelques mots de ma mission; il ne fallait pas perdre de temps, car le roi, allant en expédition, était pressé, Rendez-vous fut pris pour le lendemain, et, carte en main j'ex- pliquai mon idée. Le roi, qui est très intelligent, la comprit tout de suite et me promit de me faciliter, à son retour, la descente de lAwäsh. Je vais profiter de ce séjour forcé pour faire quelques recher- ches. La saison des pluies qui approche ne m'en donnera guère la facilité, mais je ferai ce que je pourrai. Voici maintenant quelques mots sur les mœurs, coutumes, etc., des Danäkil et des Éthiopiens. Le Dankali est nomade; il vit du lait de ses troupeaux qu'il mène païître là où il y a de l'herbe ou des arbres et arbrisseaux tels que le mimosa, qui me paraît être le fond et le meilleur de leur nourriture. Ces hommes marchent () s’agit bien certainement ici de Soui-Mangas ou Noctariniidés qui rem- placent, dans l'ancien monde, la famille des Trochilidés et qui ressemblent aux oiseaux-mouches par leur plumage de couleurs vives, avec des reflets mé- talliques. E. O: — 385 — droits, cambrés, la tête haute, les regards directs et même hardis jusqu'à l'insolence. Ils ne quittent jamais leur lance, leur bou- clier et le long couteau placé devant eux, en travers de la cein- ture. Ce sont cependant les êtres les plus poltrons que j'aie jamais vus. En revanche, ils sont féroces, comme tous les lâches, du reste, quand ils sont les plus forts. Leurs cheveux crépus sont enduits de graisse ou de beurre qui coule sur leurs chammas. Le chammas est une pièce d’étoffe roulée autour de la ceinture et qui tombe jusqu'aux genoux; quelques-uns remplacent le chammas par des peaux. Les femmes y ajoutent une pièce d'étoffe (guinée), qu'elles se mettent sur la tête ou sur les épaules. Le tout est trempé dans du beurre ou de la graisse, ce qui rend leurs corps luisants; le buste, chez les hommes et chez les femmes, est la plupart du temps nu. Au pied de l'Ayolo, endroit le plus peuplé que j'aie vu dans la plaine de Badou, où nous restâmes quelques jours, le vieux chef, qui est aussi un sorcier, nous garda «dans notre in- térêt ». I voulait consulter l'oracle pour savoir si nous pouvions partir avec sécurité. Voilà le prétexte. La vérité est qu'il voulait me faire soigner ses yeux et m'extorquer un cadeau. L’Azolo est une montagne miraculeuse. Tous ceux qui veulent en faire l'ascension arrivent bien jusqu'à mi-chemin du sommet, mais ils ne peuvent pas aller au delà et ne redescendent plus jamais. La légende est trop longue pour prendre place ici; mais il y a toujours quelque chose de vrai dans les légendes : le vieux sorcier, qui tire son autorité de celle-là, faisait assassiner les au- dacieux à mi-chemin par ses séides. L’oracle consulté nous fut favorable, et nous pûmes partir. L'instrument de cet oracle consiste en un vase d’argent où tou- jours il y a du lait. Quand le sorcier prend le vase, le lait bouil- lonne et quelque chose d'inconnu, même pour lui, se meut à son toucher, se ramasse, s’allonge, se tord, comme si c'était un ser- pent. Il le prend, le met sur sa main, et, si ce «quelque chose» s’agite etse tord, on peut partir, sinon il faut rester. C’est un sys- tème qui met tout à la discrétion du sorcier. J'eus le temps, pendant mon séjour, de faire quelques remar- ques. Nous étions environnés d’une foule d’indigènes curieux, mais qui ne me volèrent rien. On nous avait dit que les Badous étaient les êtres les plus féroces du désert. Je crois que c'est le contraire; ce sont les plus civilisés. Leurs maisons sont mieux MISS. SCIENT. — XIII. 25 1MPRIMERIE NATIONALK, — 386 — construites qu'elles ne le sont ailleurs; beaucoup ont la forme de carapaces de tortue. Elles sont entourées de haies vives ou faites avec des branches épineuses et des pierres; cet entourage forme une cour à plusieurs compartiments. De plus, il y a ici des « élégants». Nous recumes la visite de plusieurs jeunes gens, richement ornés de bracelets, de bagues, de colliers, de bre- loques grosses comme celles des merveilleux, etc.; leurs che- veux étaient bien arrangés, mais couverts d’une épaisse couche de beurre, avec une plume sur le sommet de la tête. Au lieu de lance, ils portaient une badine à la main. Ils avaient bon air, étaient bien campés, et leur démarche n'était nullement embar- rassée. Un grand cordon gros comme le doigt, tout blanc et brillant, faisait le tour du cou et retombait en double sur la poitrine nue, en manière de cravate « à la Colin ». C'était un rou- leau de graisse qui, flottant et se balançant, enduisait la poitrine; par derrière, le suintement de cet ornement étrange, s’ajoutant aux gouttes qui tombaient de la chevelure, faisait de larges taches sur les vêtements. Quelques-uns de ces jeunes gens avaient des plumes noires, d'autres avaient des plumes blanches. J'appris que la plume blanche est la caractéristique des guerriers : c'est comme leur croix d'honneur. D’autres distinctions existent encore, par exemple un morceau d'ivoire gros comme le doigt, passé dans l'oreille; de morto ou étoffe rayée de rouge, qui sert de pantalon, des brace- lets et des colliers particuliers. Les tombeaux des grands guerriers sont précédés de pierres plantées debout comme des bornes; plusieurs de ces tombeaux en ont de dix à vingt; l’un de ces tombeaux avait quarante-cinq pierres : une grosse était à chaque extrémité, et les autres étaient disposées sur trois et cinq rangs. Les tombeaux sont des monceaux de pierres en calotte sphérique, entourés d’un cercle fait égale- ment de pierres; le tout est plus ou moins considérable, suivant la qualité du mort. À défaut de pierres, des arbres appuyés les uns sur les autres forment une pyramide. Je donne ci-dessous la liste des points relevés par moi, avec leur latitude et leur longitude. L'approximation sera bien près de l'exactitude, car, avec des relèvements pris de ces mêmes points et de différents endroits, les erreurs de 1 ou 2 degrés qui résul- tent forcément de nos boussoles se corrigent. Dans ces voyages il — 387 — est impossible d’avoir des compas de relèvement et autres instru- ments de précision. C'est déja beaucoup de pouvoir observer, en cachette le plus souvent, et dans de mauvaises conditions. Je n’ai pas parlé d’Obock, parce que le croiseur l’Infernet avait un officier, M. Philip, qui exécutait le relèvement de la baïe et de la côte et plusieurs autres qui faisaient des rapports à ce sujet. J'allai même, à diverses reprises, en reconnaissance avec ces officiers; le docteur s’occupait de ce qui est de son ressort. Nous visitämes ensemble la source d’eau chaude, où le thermomètre éclata, car il marquait seulemént 60 degrés, et la chaleur de l’eau est de plus de 8o degrés. Les rapports sur Obock abondent et abonderont encore. Mon opinion est que le port est passablement bon, que le climat est sain, qu'il y a là plus de ressources au point de vue de l'eau et de la culture qu'à Aden; mais le port est petit, et il faut faire une jetée pour l’embarquement et le débarquement des marchandises, etc., etc. Il faut, à cause de nos colonies du Ton- kin et de la Cochinchine, garder Obock, mais c’est peu; il faut avoir mieux encore pour mettre à l'abri toute une flotte. Mont Godah, 11°47'lat. nord, 4o° 23’ long. est U). Mont Scyaro, 11° 42 lat. nord, 4o° 5’ long. est. Mont Gobalti, 12° 8’ lat. nord, 39° 57° long. est. Mont Moussaly, 12° 18’ lat. nord, 4o° 16 long. est. Lac Aoussa, 11° 30’ lat. nord, 39° 27’ long. est. Mont Azolo(), 10°8' lat. nord, 38° 30’ long. est. & Méridien de Paris. () L’Azolo ou Azulo est placé, sur les cartes, nord et sud avec l'Abida. Cest 20 \ — 388 — Mont Abida, 10°8 lat. nord, 38° 35° long. est. Mont Emmameret (), 9° 37" lat. nord, 37° 35 long. est. Altitude : 3,200 mètres. Ankober, 9° 34° lat. nord, 37° 34’ long. est. Altitude : 2,600 mèt. J'ai encore relevé Afraba, Assebot, Gangoudi, etc. Mais j'ai besoin de vérifier mes observations, de même que pour quelques points signalés plus haut. Je vais avoir le temps pendant la saison des pluies. Il y a, dans l’ouest d’Ankober, une chaîne de mon- tagnes très élevée, qui paraît aussi haute que l’'Emmameret. J'ai aussi l'intention d'aller aux sources de l'Awâsh et de voir les dif- férentes profondeurs de la rivière, en descendant. P.-S. Je viens d'avoir un peu de soleil, et je puis certifier que les cartes anglaises et italiennes n'ont pas placé l'Azolo assez à l'est. Il faut le porter par 38° 30', à moins que la situation d'Ankober ne soit fausse. Cap. LoNGsors. une erreur. Ces deux montagnes sont situées est et ouest. Le sommet de l’Azolo est à 8 ou g kilomètres du point le plus élevé de l'Abida. (0) Ou Emaberet. AS RAPPORT SUR UNE MISSION ARCHÉOLOGIQUE : DANS L'ÎLE DE DÉLOS, PAR M. TH. HOMOLLE. Monsieur le Ministre, J'ai l'honneur de vous rendre compte de la mission que vous avez bien voulu me confier, et de vous soumettre l'exposé des découvertes que j'ai faites à Délos UN). Les fouilles ont duré deux mois, du 28 juin au 30 août; elles ont occupé en moyenne quarante-cinq ouvriers. Elles m'ont été rendues faciles par l'appui bienyeillant et le concours que n’ont cessé de me donner M. le Ministre de France à Athènes, M. le Direc- . teur de l'École française et notre consul à Syra, M. Carteron, pour qui le dévoument aux études archéologiques est une tradition de fa- mille. Je n’ai eu qu'à me louer, du reste, de la courtoisie et de l'obli- geance de l'administration hellénique ; M. Cavadias, éphore général des antiquités, a secondé mon entreprise avec le zèle le plus libéral. Je‘dois surtout, Monsieur le Ministre, signaler à votre attention les services exceptionnels que m'a rendus, pendant toute cette campagne, mon jeune camarade, M. Dürrbach, membre de l'École d'Athènes. IL à partagé tous mes travaux, été de moitié dans toutes les fatigues; il a rendu possible l’exécution de plus d'un projet, que sans lui j'aurais dû abandonner; il s’est appliqué à mon œuvre avec le même intérêt, la même ardeur que si elle eût été la sienne propre. Je ne puis assez dire toutes les obligations que je lui ai et la part qui lui revient dans le succès. (@/ Bien que mes travaux ultérieurs aient modifié sur plus d’un point les opinions émises dans ce rapport, je lai conservé tel qu'il a été écrit, presque aussitôt après les fouilles. — 390 — Je me suis conformé, dans la direction des travaux, au pro- gramme que j'avais eu l'honneur de vous présenter. Il consistait à compléter et, autant que possible, à achever le déblaiement du sanctuaire apollinien , qui avait été pendant quatre campagnes déjà, de 1877 à 1880, le but constant de mes efforts. J'aurais voulu, pour m'assurer de ne rien laisser derrière moi, mettre à nu par- tout le sol antique et le roc même; mais ni le temps, ni les res- sources dont je disposais ne m'ont permis de suivre cette méthode. J'ai dû me contenter de multiplier les tranchées, de les pousser jusqu'aux couches profondes du sol vierge; je ne puis sans doute me flatter d'avoir recueilli jusqu'au dernier fragment d'inscription, au moindre débris de statue, mais j'ai du moins la confiance d’avoir fait tout le possible pour ne laisser échapper rien d’important. Mes recherches ont porté sur tous les points du territoire sacré; j'ai étudié avec un soin particulier les suivants : 1° L’angle nord-ouest du péribole, depuis l’Artémision vieux jusqu'au portique des Cornes, et toute la plaine qui s'étend entre cette partie du mur d’enceinte et le port; 2° La terrasse qui domine la mer, en avant du temple d’A- pollon, et l'esplanade qu'elle supporte ; 3° L'espace compris entre le soubassement sud du temple d'Apollon et le mur d'enceinte; 4° L’angle sud-est du péribole; »° Le mur tout entier et la porte est; 6° Les flancs et l’intérieur des édifices disposés en demi-cercle autour du temple d’Apollon (). Hors de l'enceinte, je me suis attaché seulement : à déblayer un temple placé au nord; à reconnaître l'espace compris, entre le mur nord du téménos et la soi-disant agora; à déterminer, par un sondage, le niveau de la plaine, qui s'étend à l’est, et la nature des constructions qu'elle renferme "); à rechercher l'emplacement véritable de l’agora. U) Pour toutes les indications topographiques, se reporter au plan des fouilles ci-joint, qui a été dressé en 1880 par M. H.-P. Nénot. @ Le plan ne contient, sauf du côté du sud, que les monuments enfermés dans l'enceinte sacrée. On aperçoit seulement l'extrémité S, E. du temple indiqué ci-dessus et le côté sud du grand monument appelé à tort agora , que je désigne par le nom de schola des Italiens. ref vs os ” A) Cmies DÉTOE Imp. Eudes. Médicis, y.a Paris, Ha Log. Dujardin Rôle de Médicis, 7.a Faris, — 391 — Je suis heureux de pouvoir vous annoncer, Monsieur le Ministre, que, presque partout, les résultats ont été favorables. Ils sont principalement de trois sortes, et j'en diviserai l'exposé en trois chapitres : topographie et architecture, archéologie figurée, épi- graphie. Sous chacune de ces rubriques, je dresserai d’abord le catalogue des monuments découverts et j'indiquerai ensuite, au moyen de quelques faits, ce qu'on en peut tirer pour la connais- sance de l'antiquité. I TOPOGRAPHIE ET ARCHITECTURE. Après les travaux déjà exécutés dans le sanctuaire délien, on ne pouvait guère espérer la découverte d’édifices importants, mais il restait bien des points douteux à éclaircir, des hypothèses à véri- fier, des détails à compléter. Les faits nouveaux sont énumérés en suivant l’ordre indiqué par le programme ci-dessus. 1° Aucune partie du territoire sacré n’est plus confuse que l'extrémité nord-ouest. Les constructions du moyen âge s’y sont superposées à celles de l'antiquité et ont produit, en ce lieu, un enchevêtrement de ruines où l’on se reconnaït à grand'peine. L’ensablement du port complique encore la topographie. Je pense en avoir résolu les principales difficultés. La mer couvrait dans l'antiquité une partie de la plaine, au- jourd'hui encore très basse et très humide; elle s’avançait jusqu'a un ressaut de terrain qui semble indiquer la ligne de l’ancien rivage. Une incription commémorative de la construction des quais se trouve précisément en cet endroit. On débarquait, sans doute au moyen d'emmarchements qui ont été détruits, sur une grande place très décorée, de forme rectangulaire, limitée d’un côté par le mur du péribole, de l’autre par le rivage. Des statues, dont quelques-unes devaient être colossales, à en juger par les bases qui les portaient, disposées sur une, deux et quelquefois trois lignes, des exèdres, un portique en faisaient l'ornement. Elle était fermée, à l'est, par les constructions sacrées, largement ou- verte, au nord, dans la direction du quartier marchand. Diverses voies en partaient ; la plus courte et la plus ornée, vers le sud, où se trouvait une entrée secondaire du téménos, en arrière de la terrasse; une, au nord, vers l’agora; une, à l’est, qui conduisait — 392 — à la schola des Italiens, au lac sacré, aux portes seplentrionales du sanctuaire. M. Nénot, dans le plan restauré de Délos, met en cet endroit des propylées; mais il n'y a pas place pour un semblable monu- ment, et les traces que nous avions cru en découvrir se sont éva- nouies à l'examen. Pour justifier l'existence de cette porte monumentale, à laquelle n'eüt pas suffisamment répondu l'entrée située en arrière de la terrasse, M. Nénot avait dû ouvrir l'édifice placé à l'angle nord- ouest du péribole. Cette hypothèse, qui avait l'inconvénient de doubler en quelque sorte les propylées, doit être certainement abandonnée. Le dallage de cet édifice, qui est de plain-pied avec la partie intérieure du sanctuaire, se trouve élevé de plus d’un mètre au-dessus de la plage, sans que la différence de niveau soit, ni ait jamais été rachetée par des degrés. De plus, les bases de slatues ou autres petits monuments, alignés le long de la mu- raille, ne permettent pas de croire qu’il y ait jamais eu là un pas- sage destiné à une circulation active, et surtout au développe- ment des processions. Le caractère du monument se trouve ainsi changé : il fait partie intégrante du sanctuaire, qu'il clôt de ce côté. Ouvert seulement sur le territoire sacré, desservi par la voie sacrée, qui se détourne pour y conduire, il doit être saint lui-même. La forme qu'il affecte (un atrium carré accosté de deux chambres carrées), la nature des : matériaux dont il est construit (le tuf appelé par les Grecs &üpos), me portent à y reconnaître le [pros oëxos, fréquemment cité dans les inventaires et les comptes des hiéropes. Entre ce monument et le portique des Cornes, existent deux constructions dont j'ai pu déterminer le plan et la nature mieux que nous n'avions fait, M. Nénot et moi, en 1880 : ce sont deux portiques, l'un simple, l’autre double, qui sont presque contigus, mais cependant séparés l’un de l’autre, comme aussi du portique des Cornes et du Porinos oikos. Ainsi sont corrigées les déformations que la contiguité supposée des monuments leur avait fait subir. La place située en avant du Porinos oïkos devient aussi parfaite- ment régulière. Enfin, les travaux que j'ai faits en cet endroit m'ont permis de retrouver la trace des bases de statues ou des petits monuments dont il était décoré, et qui ont été rasés presque tous, lors de la — 395 — construction des établissements religieux des Hospitaliers de Saint- Jean 0). L'aspect de toute cette partie du sanctuaire a été passable- ment modifié par ces additions et corrections. En examinant la plaine et les premières pentes de la colline siluées au nord du temple, en y faisant des sondages, j'ai partout rencontré des constructions de basse époque, faites de matériaux disparates empruntés aux monuments antiques (marbre, schiste, granit, tuf) et grossièrement assemblés. Des restes analogues avaient déjà attiré mon attention sur divers points du territoire sacré, mais nulle part en aussi grande abondance; nulle part, non plus, ils n'offraient une pareille solidité. Ces maisons d'habitation, grou- pées autour des églises et des établissements religieux des Hospi- taliers, forment comme une petite ville. Au sud, sur le portique télragone, s'élèvent des murailles, épaisses en quelques endroits de plus d’un mètre, et si solidement cimentées que j'ai dû renoncer à les démolir ; il ne me paraît pas douteux que c’ait été une forteresse. Plusieurs lignes de murs relient ensemble la ville, les églises et la forteresse. Ainsi l'histoire de Délos se trouve prolongée jus- qu'au moyen àge, et les monuments prouvent que l'ilé eut une dernière renaissance, dont les textes parlent à peine. Quelques restes d'architecture, quelques marbres sculptés, une croix en bronze datent de la même époque. Ces recherches m'ont arrêté assez longtemps, d'autant plus que le sol était couvert par des amas considérables de déblais anté- rieurs ; elles ont d’ailleurs été justifiées encore par d'importantes découvertes épigraphiques. Les églises étaient précédées d’une place dallée, que j'ai entièrement démolie, et de laquelle j'ai retiré plu- siéurs grandes plaques couvertes d'inscriptions. J'y ai recueilli aussi quelques morceaux d'architecture, des chapiteaux doriques et ioni- ques de marbre, et une architrave en tuf d’un style très ancien. 2° En revanche, les sondages profonds que j'ai tentés en avant ou dans le milieu de la terrasse qui précède le temple n’ont pas répondu à mes espérances. Comme elle est uniquement composée de terres de rapport, je pensais qu'on avait employé aux remblais, suivant un usage (1) Dans l'étroit espace limité entre le portique de l’Artémision et le mur nord du téménos, on ne trouve pas moins de trois églises reconnaissables à leurs absides. il — 394 — fréquent et dont l’acropole d'Athènes offre un exemple, des mar- bres, des bronzes, des terres cuites de rebut : quelques petits bronzes trouvés précédemment me confirmaient dans cette hypo- thèse. Les larges puits que j'ai creusés m'ont démontré que le pro. cédé était tout autre et qu’on ne s'était servi que de sable, ou de menus éclats de tuf, disposés en lits réguliers. Quelques restes de murs antiques, deux bouches d'égout qui apportaient à la mer les eaux drainées dans la plaine, et quelques inscriptions ont été mes seules découvertes en ce lieu. 3° Depuis les propylées du sud jusqu’au sanctuaire des Tau- reaux, le tracé du téménos était resté incertain ; les constructions qui subsistent sont de différentes époques et portent la trace de plusieurs remaniements; elles renferment un certain nombre de petits monuments qu’elles cachent, et dont elles obstruent l'entrée. L'espace compris entre ces constructions et le front sud du temple d’Apollon n'avait été qu'imparfaitement reconnu; il est coupé en divers sens par des murs de basse époque. Il ÿ avait donc une question de topographie à élucider; de plus, la présence de murs récents promettait, selon toute vraisemblance, des inscriptions. En étudiant l'appareil de la construction, en déchaussant le pied des murs, je me suis assuré que plusieurs d’entre eux étaient formés de débris disparates, ou qu'ils n'étaient pas fondés, et qu’on n’en devait, par conséquent, tenir aucun compte. Je les supprimai donc sur le plan; les quatre petits monuments se trouvèrent alors dégagés, au milieu d’une enceinte particulière, qui devait commu niquer par une porte avec le sanctuaire apollinien. Les fouilles ont amené la découverte d’un cinquième monu- ment et de quelques morceaux d'architecture qui pourront servir à restaurer les autres, savoir : des chapiteaux doriques, des mou- lures et quelques-unes des pierres qui formaient les parois. J'avais déjà recueilli, en 1880, deux petits frontons destinés au couron- nement des portes. La forme des monuments, leurs dimensions, leur décoration, semblent indiquer des tombeaux. Les seuls que contint le sanc- tuaire étaient ceux des vierges hyperboréennes; toutefois les ren- seignements topographiques fournis par Hérodote ne suffisent pas pour autoriser une identification rigoureuse. Pour établir en quel point des propylées venait aboutir le mur du péribole, j'ai été amené à dégager les substructions de cet édi- — 395 — fice; j'ai constaté ainsi qu’elles étaient composées de marbres em- pruntés à des temples d’une époque antérieure. J'y ai retrouvé, entre autres, un fragment sculpté d'un édifice ionique, dont je possédais déjà le chapiteau, un tore et des palmettes. Il est très regrettable qu'on ne puisse pas espérer compléter l'ordre de cet édifice, qui devait être un spécimen très ancien de l’art ionique en Grèce ; mais la démolition en remonte au moins au n° siècle avant notre ère. Dans les murs voisins du temple d’Apolon les inscriptions ont, selon mes prévisions, abondé. 4° Elles sont aussi le principal profit que j'attendais et, que j'ai tiré du déblaiement exécuté à l'angle sud-est du péribole. Toute- fois j'étais aussi attiré par une question de topographie que j'ai eu le plaisir de pouvoir résoudre. IL existe en ce point plusieurs assises de granit , très solide- ment établies, disposées en emmarchements, et formant un massif rectangulaire. Je supposais que ce devait être un autel, et d’une grande importance; car la place qui l'entoure était très décorée, le. mur d'enceinte avait été prolongé pour le comiprendre et ouvert pour y conduire. Je tenais donc beaucoup à retrouver, s'il.était possible, le nom du dieu auquel il était dédié. Nous ne possédons pas une seule, description de Délos : les auteurs men- tionnent un. certain nombre d’édifices grands ou petits; les inven- taires et comptes de l'administration sacrée nous en font connaître beaucoup d’autres ; mais nulle part on ne trouve d'indication sur la place qu'ils occupaient; les monuments eux-mêmes sont tous dépourvus d’inseriptions dédicatoires. On doit donc ne rien né- gliger pour éclaircir une topographie nécessairement, confuse. Cette fois j'ai pu fonder sur une preuve décisive une dénomination rigoureuse : l'autel est celui de Zeus Polieus U). . (1) Sur une stèle trouyée en ce lieu, qui porte deux décrets de la. ville de Délos, en l'honneur du Macédonien Admétos, et une lettre de remerciements de la ville de Thessalonique, patrie d'Admétos, on lit qu’une statue séra élevée près de l’autel de Zeus Polieus : 79» uèr (cixova).:.offoes ép . !.r@ repéve moapdrror Cup où Ads roù Iloluéws. Or il existe encore, à la même place, une base de statue quadrangulaire, sur laquelle est gravée une, dédicace ainsi concue : Ô duos à AnAloy Àdumror Boxpou Maxeddva. La dédicace, depuis long- temps connue, a été publiée par M. Koumanoudis (AGipæor, IV, p. 463); M: Dürrbach vient de donner les décrets dans le Bull. de corr. 'hellén:, X, pi 125 eb suix. Den os 0 nb des — 396 — Des colonnes entières, d’une forme singulière, ont été trouvées en ce lieu avec bon nombre de stèles portant des décrets. 5°:6° Le long du mur est du péribole, autour des monuments qui font au temple d'Apollon comme une couronne, je ne cher- chais que des inscriptions ou des statues ; car le tracé de l'enceinte ne faisait point doute, non plus que la forme et la disposition des monuments. J'ai toutefois constaté quelques faits intéressants pour la topo- graphie. J'ai complètement déblayé la porte percée dans le mur est; les jambages sont debout, les degrés qui menaient du sanc- tuaire aux parties plus hautes de la plaine sonl encore en place. Dans un des édifices disposés en demi-cercle, j'avais cru recon- paître l'existence d'un autel; en vérifiant le fait, je me suis aperçu que les dés de marbre, ainsi interprétés par nous, n'étaient pas les restes d’un autel, mais de simples bases de stèles. IL en résulte que j'avais mal compris le caractère du monument, et que ce n'était point un temple, ou du moins qu'on n'y faisait pas de sacrifices. Au pied du mur du péribole étaient posés des tuyaux de terre cuite très soigneusement ajustés, qui servaient de conduites d’eau ; d’autres conduites longeaient la face sud des édifices en demi- cercle : c'étaient de simples tranchées, avec un lit de caïlloux et un couvercle de marbre. Refaites à une époque assez basse, elles étaient généralement couvertes de stèles à inscriptions. De sem- blables tranchées existaient dans presque toutes les parties du territoire sacré; elles étaient destinées à drainer les eaux de la plaine, les infiltrations souterraines, et aboutissaient à la mer. L'eau sourd, en effet, de toutes parts, sous la couche de terre meuble : je l'ai rencontrée sur les deux fronts de l’Artémision vieux, au sud et à l’ouest du temple d’Apollon. On se rend compte ainsi de la formation du lac sacré; situé à la partie la plus basse de l'ile, il en recoit les eaux par des canaux naturels, et aussi par des dérivations artificielles. I n’était pas sau- mâtre dans l'antiquité, comme il l’est devenu aujourd'hui, faute d'entretien, d'écoulement et par l'accumulation de matériaux et d'ordures de toute espèce. Les travaux entrepris en dehors de l'enceinte n'ont été poussés à bout que sur un point. Dans la plaine à l'est du temple, je me suis arrêté, après avoir ” — 397 — constaté que les constructions élevées en ce point étaient des mai- sons privées. L'économie en ressemble à celle des autres maisons que l'on a déjà déblayées ailleurs (); l'habitation est disposée autour d'une cour carrée et décorée de colonnes, sous laquelle était placée une citerne. Les colonnes étaient de granit. Une vasque de marbre, qui portait le nom du propriétaire, l'aïos, une petite tête d'Hercule, trouvées en ce lieu, montrent qu'il y aurait peut-être eu profit à poursuivre; mais je ne pouvais me détourner de mon entreprise, et jelme contentai d'avoir résolu les deux questions qui m'intéres- saient: le niveau de la plaine et la nature des constructions. Le problème de lagora était d’une tout autre importance. Le marché lest une partie essentielle de’ la ville, de même que le commerce est la cause principale de la prospérité de Délos; le temple ne représente qu'un aspect de la cité.et ne répond qu'à ‘une partie de son. histoire. D'ailleurs les marchés, comme un lieu très fréquenté, étaient d'ordinaire ornés de statues et choisis de pré- férence pour l'exposition des décrets; c'est donc un endroit favo- rable aux découvertes. On donnait autrefois le nom d’agora au grand édifice qui s'é- tend entre le lac sacré et le sanctuaire; il paraît démontré aujour- d'hui que cette attribution est erronée. Plusieurs raisons me fai- saient Supposer que l'emplacement véritable devait être cherché entre cet édifice et le rivage occidental, au nord et tout près du port. Il était, en effet, vraisemblable qu'on avait dû rapprocher le plus possible des quais les magasins où les marchandises étaient entreposées. Les grandes compagnies commerciales avaient aussi intérêt à établir leur siège à peu de distance de ces docks; or nous avons retrouvé, M. Reinach et moi, les établissements de deux des plus importantes, celle des Italiens et celle des marchands de Bey- routh, au sud et à l’ouest du lac sacré, au pied et sur les pentes de la colline même, où je cherchais l’agora. Le long du rivage occidental, entre le port et la calanque de Scardana, quelques piliers de granit subsistent encore, debout ou renversés ; dans l’espace compris entre cette partie du rivage et le lac émergent du sol des colonnes de granit ou de marbre ; en face de la schola des Italiens enfin, de massives constructions de granit for- (@), Bull. de corr. hellén., VIIL, p. 473-496, pl. XX, XXI. C’est un des résul- tats intéressants des fouilles de M. Paris. Tr a ET | \ RL 2. — 398 — ment une suite de salles de dimensions à peu près égales, toutes ouvertes sur la rue par de larges portes. Les matériaux employés sont ceux dont étaient faits les quais et les magasins situés au sud du port; l'étendue des constructions, leur agencement éveillent aussi l’idée de bâtiments analogues. Un dernier argument me venail d’une inscription trouvée au- près de l’ancien quai du port : c’est une dédicace en l'honneur de Théophrastos, épimélète de Délos, qui avait achevé la construc- tion des quais et des môles qui enceignent le port, et celle de l'agora. Cette découverte donne une grande force aux observa- tions présentées plus haut sur la proximité probable du port et de l'agora et sur la ressemblance des constructions que l’on observe auprès du rivage et dans le lieu où je proposerais de placer l’agora. J'ai fait attaquer sur plusieurs points ce vaste espace, et les premiers résultats obtenus semblent favorables à mon hypothèse. Mais j'ai constaté bien vite que l'épaisseur de terre était énormé, les travaux très difficiles, à cause de Ja chute des murailles, et j'ai dû me contenter d'avoir démontré l'existence, auprès du rivage, de vastes magasins en granit à double étage. Mes crédits ne me permettaient pas une si vaste entréprise. D'ailleurs, l'étude de la ville marchande ne pouvait pas être menée à bien avec mes seules forces. Elle comportait nécessairement des recherches pour lesquelles je n'étais pas outillé, ni tout à fait compétent. Le levé topographique de toute la côte occidentale, et surtout les travaux à entreprendre sous les eaux de la mer, pour dresser le plan du port et des bassins annexes, des quais et des jetées, déterminer la ligne du rivage ancien, ne pouvaient s'exé- cuter qu'avec le concours d’un ingénieur ou de marins. Vous aviez bien voulu, Monsieur le Ministre, à la prière ge M. Dislère, conseiller d'État, vous entendre avec le ministère de la marine, pour que le Sané vint me prêter son concours. Mais je n'ai pas été avisé des ordres qu’il avait reçus ; et, quand j'eus atteint le terme indiqué de mon séjour, je quittai Délos, sans avoir pu bénéficier de la faveur que vous aviez daigné me faire. Jose, Monsieur le Ministre, espérer que ce contretemps n'empé- chera pas l'exécution de deux travaux qui sont le complément nécessaire des fouilles de Délos : le plan de la ville marchande et des ports, la carte générale de l’île. À mon défant, l'École d'Athènes ne manque pas d'archéologues, qui pourront s’y associer; M. Dürrbach 5 { | | y P | — 399 — en particulier, familiarisé par deux mois de séjour avec l'étude de tous les problèmes déliens, rendrait les services les plus utiles. Entre le mur nord du péribole et la schola des Italiens, les fouilles ont abouti à des résultats positifs et très importants pour la topographie. Trois monuments y ont été découverts : deux, dont l'attribution est incertaine, à l'extrémité est et vers le milieu de ce champ allongé ; le troisième, qui est certainement un temple, à l'extrémité ouest. Des deux premiers il ne reste que des soubassements en partie détruits; le troisième conserve des degrés de marbre, une assise presque entière de sa muraille occidentale, quelques morceaux en place du dallage intérieur et le pied d’une large stèle décorée d’un bas-relief, dont j'ai retrouvé deux fragments. Les terres amoncelées en ce point contenaient encore de nombreux tambours de colonnes doriques, des fragments de chapiteaux, d’architraves, de triglyphes, de méiopes et de larmiers, plusieurs morceaux d'un chéneau orné de palmettes et de mufles de lion faisant gargouille, une ante et divers motifs de décoration architecturale. Les fondations de la base qui portait la statue de la divinité et une partie de cette base sont en place; deux fragments d’une figure colossale proviennent sans doute de la statue elle-même. Le plan se lit donc avec une parfaite netteté sur le terrain, et il manquerait, ce semble, bien peu de chose pour restaurer aussi le temple en élévation. Le monument est tétrastyle, amphiprostyle, il ne comporte qu'un prodomos, un naos, et point d’opisthodome; il s'ouvre, comme d'ordinaire les temples, du côté de l’orient; en avant et dans l'axe du temple, on voit les fondations de l'autel où s’accomplissaient les sacrifices. Il est situé au milieu d’une large place et entouré de petits édifices ou de piédestaux, tantôt rasés jusques au sol, tantôt en partie conservés. Sur l’un d'eux, on lit l'inscription : [AOHINAS AIOZ HPAZ Ils se divisent en deux groupes, l’un voisin de l'autel, l'autre adossé au mur extérieur de la schola des Italiens, entre lesquels un large passage est ménagé. Cette voie, qui, en se resserrant, se prolonge au nord jusqu'au lac sacré, aboutit, à son autre extrémité, au portique des Cornes, juste en face d’une des deux aïles par lesquelles il se termine. Une autre voie, plus large et — 100 — plus belle encore, relie l’autre aile au lac Sacré. Les deux extré- mités du portique servaient donc de portes ou de propylées au sanctuaire apollinien; la disposition des monuments placés aux abords, qui est subordonnée à la commodité de la circulation, démontre que cette hypothèse est bien fondée. Ces deux portes, qui justifient la forme de l'édifice, mettent en communication directe deux parties essentielles du sanctuaire, le temple et le lac; elles prouvent l'importance du monument vers lequel elles conduisent toutes deux, c'est-à-dire du temple allongé, que j'ai déjà identifié avec le célèbre Baœyuès xepdruvos. Les sculptures recueillies entre le portique et la schola des Ita- liens sont très nombreuses, et quelques-unes semblent avoir la va- leur d'une indication topographique. Ce sont d'abord deux statues et beaucoup de fragments archaï- ques, dans lesquels on reconnaïîtra certainement, aux attributs, Athéné et une divinité matronale, qui pourrait. être Héra ou Déméter. Deux de ces noms se lisent justement sur la base de statue citée plus haut. Des statuettes de marbre représentent Agathé Tyché portant la corne d'abondance, Aphrodite, Asclépios et un autre dieu complétement nu. Celles d’Aphrodite et d’Asclépios m'ont surtout frappé, parce qu'elles se présentent en plusieurs exemplaires, groupées sous la terre, comme un dépôt qui aurait été composé d'offrandes brisées et mises au rebut. Les images les plus nombreuses de beaucoup sont celles d’Aphro- dite; j'en ai compté une dizaine et j'en avais déjà recueilli d'autresau même endroit, en 1880 ; je ne crois pas cependant qu'on en doive conclure nécessairement que le temple voisin ait appartenu à cette déesse; car j'ai trouvé des Aphrodites en plusieurs autres points du péribole, et M. Reinach également. Je crois que le nom d’Asclépieion conviendrait mieux à ce temple. Les statuettes d’Asclépios, dont l'attribution est certaine, sont au nombre de deux seulement; mais les fragments trouvés dans les ruines, un bras nu et des jambes drapées, peuvent con- venir à ce dieu; les terres cuites qui en proviennent représentent un dieu barbu; quelques débris de marbre sculptés forment des enroulements comme les anneaux d’un serpent; le bas-relief, qui était placé à l’intérieur du monument, semble se rapporter à cer- laines cérémonies du culte d’Asclépios. L’Asclépieion est d’ailleurs r-— = — 01 — un des édifices sacrés que mentionnent le plus féquennoent les comptes des magistrats déliens. Si Wektrhuhotfin n'est-pas certaine, elle est au. moins vraisemblable. ! . aë af + Pendant les loisirs que me laissaient la cusvrlands des ouvriers et la copie des inscriptions, J'ai étudié avec soin les procédés de la construction. On peut tirer de ces remarques quelques don- nées sur l’antiquité relative des édifices; elles ne peuvent être faites trop minutieusement, car lé départ est quelquefois malaisé entre les constructions antiques peu soignées et celles des bas temps. De très bonne heure, l'art.de patin a pu être négligé presque impuné- ment —elal l'a.été en effet, puisqu'on recouvrait les murs d'un enduit stuqué, partout où l'on employait la pierre du pays Dans ces promenades à travers l'île, j'ai pu recueillir aussi quelques fragments d'architecture qui m'avaient précédemment échappé; en particulier, j j'ai relevé sur de nombreux, marbres des! traces de couleur, qui, invisibles au moment, de la découverte, ont retrouvé leur vivacité, grâce aux pluies qui les ont lavées. «Outre Jes morceaux afférents à chacun des monuments que J'ai découverts, je dois signaler un chapiteau ionique, analogue à ce- lui qui est publié dans l'Atlas du Voyage archéologique en Grèce (Architecture, t. 11, p. 3)..C'est une œuvre archaïque, mais d'un archaïsme déjà avancé, d’une très grande pureté de lignes et d'une exécution extrêmement soignée., L’échine,, par une singularité quime parait propre à Délos, fait entre les deux volutes une très forte saillie. Elle est arrondie en, demi-cercle, lisse, mais décorée d'un dessin au trait qui figure un plumage ou des écailles , et.qui autrefois était vehaussé de peinture. C'est, une pièce nouvelle ajoutée à la. série des chapiteaux qui permettent de suivre à Dé: los les transformations du style ionique ; depuis des plus simples origines jusqu'aux, époques de raffinement et même de fan dence. Une collection de chapiteaux doriques D très sien très évasés, sur un füttrès mince, présente des spécimens variés d’un type que l'on observe souvent sur.les vases peints. En résumé, quelques inexactitudes du plan, ont été corrigées; quelques lacunes comblées par l'addition de monuments. nou: veaux; le réseau des voiesest mieux défini; l'attribution de plusieurs temples, autels ou autres édifices a été déterminée ‘avec certitude MISS. SCIENT. — XII. 26 IMPHIMÉRIE) NATIONALK: — 102 — ou vraisemblance; la restauration , facilitée par la découverte deplu- sieurs fragments ; l’histoire de l'architecture dorique ou ionique, enrichie de types intéressants ; l'existence d’une ville au moyen âge, constatée et démontrée. IT ARCHÉOLOGIE FIGUREE. Selon l'usage recu, je range sous ce titre les œuvres d'art et les produits de l’industrie, que je partage en quatre séries : objets de terre cuite ou de verre; objets en métal, en marbre ou en pierre; monnaies. Délos a fourni très peu de pièces en terre cuite, verre, or, ar- gent, bronze ou plomb, et aucune importante. Les pillages'que ‘île a subis, l'abandon progressif de la ville, peuvent expliquer lexcessive rareté des métaux précieux ; ils ont été emportés parles soldats victorieux, ou par les émigrantsi ils ont dù être recherchés aussi, soit dans l'antiquité après la ruine de Délos, soit au moyen âge; le bronze et le plomb même sont des articles dont les gens du peuple font volontiers leur profit; des scories, des résidus de bronze fondu, prouvent qu'on a détruit beaucoup à à Délos. Pour la terre et le verre, je ne sais trop pourquoi ils manquentpresque absolument; car on n'en pouvait guère tirer parti que pour la confection du mortier, à laquelle se prêtaient mieux des tuiles, des briques ou ‘des jarres de grandes dimensions. On a peine à comprendre que les objets d'usage domestique aïent disparu, que les offrandes surtout n'aient pas subsisté en plus grand nombre: Il faut supposer, soit qu'on n’a encore mis la main sur aucun de ces dépôts où l’on avait coutume de les enfouir, quand elles deve- naient trop abondantes, soit qu'on les précipitait dans la mer, qui ne nous les rendra pas. Terres cuites, verres. — Dans la verrerie, parmi quelques dé- bris sans valeur, je mentionnerai seulement un petit alabastron brisé, de ce verre multicolore et filigrané (jaune et bleu) que fabriquaient les Égyptiens et, à leur exemple, les Phéniciens et les Grecs. La terre cuite est employée à la confection de matériaux ou d'ornements d'architecture : briques, tuyaux et conduites d’eau, — 103 — portant quelquefois des noms ou desmarqueside potiers; antéfixes, généralement en forme de palmettes et peintes de diverses cou- leurs; bandeaux ornés de méandres, de rangées d’oves et dé perles, de rais de cœur, etc. Les ustensiles que l'on rencontre le ‘plus fréquemment sont les jarres de fabrique cnidienne ou rhodienne; on les reconnaît à la nature de la terre et aux inscriptions ou épisèmes imprimés sur les'anses; il en est aussi beaucoup, de matière et de forme diffé- rentes, qui portent gravés sur l’anse, la panse ou le col des noms romains ou orientaux, en caractères latins: Une autre enfin, spéci- men encore unique en Grèce (), présente un timbre en écriture _néo-punique. Entières, les amphores servaient au transport, à la conservation des marchandises; brisées, elles élaient enterrées pour allégir le sol et rendre plus facile l'écoulement des eaux. Les lampes sont dépourvues, pour la plupart, d'ornements ou d'inscriptions. Les vases, même les plus simples, sont en petit nombre; je n’y relève que quelques dessins élémentaires et pas une peinture. Quelques-uns portent une décoration en relief, soit des ornements qui se répètent tout autour, comme dans la poterie samienne, soit de petits sujets : un gladiateur (?) qui combat contre un lion, Éros et Psyché, des masques bachiques. Sur un fragment, j'ai copié le grafitte TITOV, nom du propriétaire. Les figurines sont : deux têtes de dieux barbus, un masque votif de déesse, trois têtes de femmes ou de déesses, un petit groupe d'une exécution assez fine, une aile brisée. En sept cam- pagnes de fouilles, on en avait à peine trouvé davantage. IL y a donc là une lacune singulière et qu'on doit signaler. L'os est rare aussi, et je n’ai recueilli, en cette matière, qu'un style et un fragment de flûte. L'or et l'argent ne sont représentés, depuisle commencement des fouilles, que par une boucle d’oreille.et quelques débris de cou- ronnes ou de petits objets de:parure, tels que des anneaux, Cette année, j'ai trouvé seulement une trentaine de feuilles de laurier, provenant de couronnes en bronze doré; ce que. les Grecs appe- laient éréypuoos et Üréyaæhxos. () Je dois ce renseignement à l’obligeance de MM. Renan et Ph. Berger, à ui J'ai soumis l'inscription. qu J P 26. AO En bronze, beaucoup de morceaux, quelques-uns même d'assez grande dimension, maïs :généralement informes et méconnais- sables. La plupart proviennent sans doute de grands vases ou de chaudrons; on distingue encore un fragment de cuirasse (?), des tiges de candélabres ou de trépieds, des fibules brisées, des man- ches de patères, décorés de ronds concentriques, un hamecon à quatre pointes, des gonds de portes, des scellements, deux ou trois menus débris de statues, entre autres des! cheveux bouclés. En plomb, deux poids de forme pyramidale. Des feuilles minces ont été déterrées en plusieurs endroits; mais, examinées avec.le plus grand soin, elles ne m'ont présenté aucune inscription, du genre de celles que M. Newton a jadis trouvées à Cnide. Pour le moyen âge, une croix ornée de dessins, et de figures au trait. Les monnaies, à une ou deux exceptions près, sont de bronze et n'ont point d'importance. Les plus nombreuses sont.des pièces frappées pendant la seconde domination athénienne, et conformes aux types publiés par M. Kühler dans les Mittheilungen de Fin: stitut allemand d'Athènes. Les autres sont, en majorité, de l'époque romaine et impériale. Marbres. — 1° Quelques fragments de cyxwparta, mesures étas lons que l’on consacrail souvent dans les temples (), 2° Pied de table sculpté, figurant un animal fantastique, cornu , ailé, à tête de lion. 3° Quelques restes de la décoration des églises, entre autres une table d’autel circulaire. | ; 4° Une base ronde sculptée, sur laquelle sont représentés alter- nativement des casques et des épées courtes dans leurs. four- reaux. 5° Statues. Treize fragments de statuettes doivent être attribués à Aphrodite. La déesse est représentée dans diverses attitudes: tantôt elle est dépouillée de:ses vêtements, qui sont posés à côté d'elle sur an vase, comme l’Aphrodite:de Gnide; tantôt ; le torse seul est découvert, les jambes sont enveloppées d’une draperie, 4) Un monument de ce genre aété trouvé avec sa dédicace en 1877, Bull. de Corr. hellén., WT. p: 374. — 105 — comme on le voit dans là Vénus de Milo; tantôt les bras sont rele- vés pour arranger la coiffure, ou bien une des mains repose sur uné colonne, sur la queue d’un dauphin. "Ces statuettes ;:qui sont toutes des répliques de types connus, ne remontentpas au delà du premier ou du secondsiècle-avant notre ère? L'exécution en est d'ordinaire très imparfaite et très lächée; ce sont des œuvres à bon marché, que l’on fabriquait à la dou- zaine, pour répondre à une dévotion très populaire. Les inventaires de la même époque semblent prouver aussi une recrudescence du culte d'Aphrodite. les fragments ontété recueillis, pour la plupart, ensemble; entre le péribole et la:schola des Italiens; un autre, en avant du temple d’Apollon;-un; près du portique extérieur de lArtémision. "Torse d'une statuette, dont l'ajustement et la pose one les Artémis archaïques trouvées à Délos. Slatuette d’Agathé Tyché. Cette déesse avait un NET à Délos et elle y était représentée dans l'attitude même de notre statuette, la corne d’abondance à dammain (éyor À uaXbaius XÉpas). Trois statuettes de femmes drapées, deux torses d'hommes nus n’ont pas été identifiés. | “Tête de femme voilée (haut: 0",08). Au milieu du cou, le trou du goujon par lequel elle était fixée sur le corps: Les traits du vi- isage, la pose et l'ajustement composent un ensemble très gracieux. Les cheveux et le voile semblent avoir été peints: Petite tête d'homme (haut. 0",09) préparée pour être emboîtée sur une statuette. La tête, dressée et légèrement inclinée à gauche, est fine. Les cheveux, serrés par un bandeau, frisent sur le-front et la nuque. Petite tête d'enfant. Tête d'Hercule (?}, plus petite que nature. | Tête de Dionysos barbu, grandeur nature (haut. 0",30). Elle est presqueintacte, sauf une petite cassure au bout du nez. Elle rappelle, par tous les détails, les autres images de ce dieu qui ont été trouvées à Délos; ellera été recueillie, à quelques mètres près, au même endroit. L’exécution en est très soignée; la figure, moins empatée, a une expression de sérénité plus haute. À côté de cette tête, comme auprès des autres semblables, on a rencontré une inscription commémorative des fêtes célébrées en honneur d'Apollon et de Dionysos, contenant la liste des chorèges, des ar- — 06 — tistes, comédiens, tragédiens, joueurs de flûte, etc.; qui avaient pris part à ces fêtes. Tête de femme, très usée et rongée par les eaux, mais donton sent encore l'élégance. La nature du marbre, les aliérations mêmes qu'il a subies, le style présentent une ressemblance frappante avec les sculptures décoratives du fronton du temple d'Apollon; elle a été trouvée au pied même de ce temple; cependant, elle est un peu plus petite que les autres têtes déjà connues. Quelques fragments, qui restent au même lieu, semblent avoir la même origine; ils sont malheureusement très déformés. Deux fragments d'une statue colossale, provenant du temple au nord du péribole; bras gauche nu, jambes drapées. Un bas-relief, trouvé au même endroit. Le milieu manqué; sur les deux morcéaux qui restent, on voit : 1° à gauche, une femme assise, levant la main gauche, dans laquelle elle tient un objet indistinct , et derrièreelle, une autre femme {sérvante) debout, un peu plus petile, qui paraît porter une quenouille et relève son vêtement de la mainegauche; 2°, à droite, un homme nu, brisé au-dessous de Ja poitrine, qui paraît avoir été assis sur un dit. Il s'appuie sur la main gauche et lève la droite vers la femme assise, en détournant Ja tête. Il est imberbe et porte les cheveux courts. L'ensemble de la composition paraît rentrer dans la catégorie des bas-reliefs, dits banquets funèbres. L’exécution est assez bonne et peut être rapportée au troisième ou même au quatrième! siècle. Cette stèle était placée à l’intéricur d’un temple, où sa base demeure en place (cf. p.400). Deux fragments, qui semblent avoir fait partie d’un groupe avec le guerrier d’Agasias, découvert par M. Reinach. Tous deux ont été trouvés dans la schola des Italiens, l'un précisément dans la même niche que le guerrier. Marbre et travail concordent; la plinthe, dont les morceaux ont été mesurés et rapprochés, est trop grande pour une seule figure, la pose du guerrier ne s'explique guère sans complément. Comme les morceaux nouveaux semblent appartenir à un cheval, on peut induire, ce semble, que l'œuvre en son entier représentait un cavalier combattant et terrassant un ennemi à pied. Les œuvres dont il me reste à parler appartiennent à l'époque archaïque; ce sont : Quelques fragments de statues d'Artémis, pareïlles à celles que — 107 — j'ai publiées dans le Bulletin. de correspondance hellénique, ou qui même se rajustent à quelques-unes d’entre elles. Fragments de deux statues d'Athéné de dimensions inégales. Sur la poitrine on voit l’égide..et le gorgonion; la tunique tombe en plis symétriques; relevée dans la ceinture, elle se tend sur les cuisses et les mollets, et forme en avant un paquet de plis, tÉgw liers comme s'ils étaient tuyautés. Fragments d’une ou de plusieurs statues d'aspect matronal. Deux statues de ce type ont été découvertes au même endroit par M. Paris en 1883, une par moi en 1880. Fragments d’un cheval de jy archaïque. C’est un cou; j'avais précédemment trouvé tout auprès une queue. Un Apollon debout, la jambe gauche en avant, les bras collés au corps, dans l'attitude consacrée des statues de Théra, de Ténée, de Mégare, d'Athènes, d’Ambracie. C'est le second que j'aie trouvé à Délos, et 1l est beaucoup mieux conservé que le premier, bien que dépourvu aussi de tête et de pieds. Le. corps est vigoureux, de proportions généralement petites, mais avec des cuisses très fortes; des, muscles sont indiqués avec sécheresse, ou même avec dureté, les rotules saillissent comme décharnées.. Néan- moins les lignes. du torse et des cuisses ont de l'élégance; le ventre plat, mais souple, a déjà les apparences de la vie, les côtes se,senient sans rudesse. On est étonné, auprès de ces qualités d’un art assez avancé déjà, de relever des fautes comme le dessin informe des mains et la longueur démesurée. des doigts. : C'est, en somme, un morceau, intéressant à ajouter à une série qui s'accroît d'année en année, .et dans laquelle on arrivera sans doute, par une comparaison attentive, à cris des dates relatives et à distinguer des écoles. Cettestatue aété trouvée dans le voisinage du temple d’Apollon, et à l'angle nord-ouest du premier des édifices disposés en demi- cercle. Elle était placée debout, contre le soubassement même et sur une grande dalle, dans une position qui ne paraît pas être fortuite. Une autre statue semblable existait aussi à Délos; mais il n’en reste! plus que les pieds. Heureusement, ils tiennent encore au piédestal qui la portait et qui est décoré de figures en haut relief, C'est un bloc de marbre commun, taillé en triangle, haut de 07,98 jusqu'à la plinthe de la statue, et dont les côtés mesuren — 08 — dé 0,70 à 0",80. Au sommet de l'angle antérieur est sculptée, d’une façon sommaire, une tête de bélier; les deux angles posté- rieurs s'arrondissent en énormes masques de Gorgone. Ces mas- ques, d’une laideur plus grotesque que terrible, quand on les regarde de face, ne manquent pas, vus de profil, d’un certain style et se rapprochent d’un muflé de lion. Sur le côté gauche, entre le bélier et la gorgone, l'artiste avait gravé sa signature et la dédicace : | :tBAITIAAIOIT MA : M'E®RKE : BO O1 : SORDAN [ESAS que l’on doit lire ainsi : FiQuuapridns p° dvébexe hù Nadhouos œoiéoas et traduire : Jphicartidès le Naxien m'a consacré, m'ayant fait. Par l'inscription nous sommes renseignés sur la date et la pro- venance de l'œuvre. La direction de l'écriture, qui allerne, suivant l'usage du BovolpoPndér, et qui commence de droite à gauche; l'emploi du digamma, qui disparut si vite de l’alphabet insulaire que l'exis- tence en ‘a été contestée; la forme de la lettre B et la double valeur qui lui est attribuée — » (êta) et ‘ (aspiration rude); la combinaison des signes [is pour représenter le Ë, tout indique uve époque très ancienne, les premiers débuts du sixième siècle, ou même le septième. Ainsi l'étude de l'alphabet naxien est facilitée par un nouveau document qui prend place à côté de l'inscription de Nicandra, bien avant celle da bronze de Berlin et du bas-relief de Romaïko. La décoration de Ja base mérite d'attirer l'attention, au point de vue de la mythologie, comme de l’histoire de l'art. La présence simulianée du bélier, emblème de la fécondité,ret de la Gorgone, dont la vue épouvantelet tue, traduit aux yeux le double caractère du dieu bienfaisant et terrible, qui donne la vie et la mort. Le style dés figures nous éclaire sur les procédés de l'école de sculpture de Naxos. Car c'est une véritable école, qui a fleuri dans — 1109 — cette île, et dont les débuts sont aussi anciens, semble-t-il, qu ceux de l’école de Chios. Les œuvres se multiplient, on commence à trouver des noms, à établir des dates, on parviendra à détermi- ner le caractère propre dela RE naxienne et les phases de son DAPRREEmEnE | + Aucune des pièces énumérées dans ce chapitre n’est de premier ordre, presque aucune même n'est entière; J'espère néanmoins avoir montré qu'elles ne sont point inutiles à ceux qui étudient la vie, d'art, les usages et les idées des anciens. La base de Naxos est un document très important pour l’histoire de la sculpture. III ÉPIGRAPHIE. | Les inscriptions recueillies cette année dans le sanctuaire délien sont au nombre de 180 environ, représentées par 227 pièces en- tières où fragments. J’y ai foit entrer quelqués textes découverts par mes camarades de 1881 à 1883 et qu'ils m'avaient fait l'amitié de m'abandonner; j'en ai pris des copies et des estampages. On peut partager ces documents nouveaux en six classes : .1° Décrets du conseil et du peuple déliens, ou décrets déposés à Délos au nom et par l'ordre de peuples étrangers, 70 morceaux ou actes complets. 2° Comptes et inventaires du temple d’Apollon, 92. 8: Inscriptions chorégiques et inventaires du Prytaneion, 6. 4° Dédicaces et signatures d'artistes, 26. DE Inscriptions funéraires apportées, selon toule apparence, de Rhénée, 3. 6° Timbres amphoriques, 30. 1 se répartissent chronologiquement de la manière suivante : vif et v° siècle — 2; 1v° — 6; de la fin du 1v° à la première moi- tié du 1° — 144; du n° et du 1 = 42 0), Toutes sont grecques, à l'exception d'une dédicace faite par Sylla, en latin, de quelques timbres amphoriques , en latin, et d'un en caractères néo- puniques. (Soit un total de 194, dans lequel ne sont pas comprises les 3 inscriptions funéraires et les 30 céramiques. — 10 — Toutes les parties du territoire sacré, ou peu s'en faut, ont fourni des inscriptions; mais celles-ci étaient surtout groupées:en quelques points : en avant des églises, qui s'ouvraient sur une place dallée avec des débris antiques et en particulier avec de grandes plaques portant des comptes; autour des édifices disposés en demi- cercle, où prédominaient les décrets; au sud du temple d’Apollon et dans l’angle sud-est du péribole (décrets); dans le sanctuaire de Dionysos (inscr. chorégiques). Suit le catalogue, auquel je mélerai quelques réflexions sur les faits nouveaux les plus intéressants que je pourrai relever dans les meilleures pièces. Je ne donne le détail ni des inscriptions funéraires, ni des in- scriplions céramiques, qui ne contiennent que des noms et des for- mules, ou des titres de magistrats, des noms de mois et des épi- sèmes. Les uns ne servent que pour la statistique de Délos et la généalogie des familles; les autres peuvent être un indice des rela- tions commerciales de l'ile, mais dans certains cas seulement. Dédicaces. 1. Dédicace par Iphicartidès et signature du même (ef. plus haut , p. 408). 2. Inscription du v‘ siècle, gravée en grandes et belles lettres ; les noms sont incomplets et le sens douteux. 3. Dédicace en vers par un magistrat de Délos, nommé Simos (di- stique). 4. Dédicace en vers (2 distiques) en l'honneur d'Autoclès. Le dialecte employé est le dorien. 5. Dédicace à Artémis par deux personnages étrangers, Xénarchos et Agathodamos. Elle est gravée sur une petite base de statuette (haut. 0",10, diam. 0",07). 6. Dédicace à Hestia, par Sosimachos, fils d'Antigonos, Délien (?), sur la plinthe d'une statuette. 7. Autre dédicace à la mème déesse, par Nicodromos, fils de Philon, de Naxos. Le cippe qui la porte avait été découvert en 1880, mais je n'avais pu en déchiffrer exactement l'inscription. 8. Double inscription sur une grande pièce de marbre qui, ajustée avec une autre semblable, formait la face antérieure d’un piédestal. A droite, dédicace d'une statue élevée par le roi Séleucos à Héliodoros , qui porte le titre de compagnon (oüvrpo@os) du roi, de ministre d'État (re- Tayuéves émi rüv mpayuärwr), en reconnaissance, de son zèle dévoué. — HAN — À gauche, fin d'une dédicace, qui complète une inscription: publiée dans le Bulletin de correspondance! hellénique, en 1879. L'auteur de la dédicace est Artémidoros, ami du roi; le personnage qui en est l'objet, le mème Héliodoros, décoré des mêmes titres; la cause, le zèle du mi- nistre pour les affaires du roi et ses bienfaits envers Artémidoros. Cet Héliodoros n’est pas autre que l’homme de confiance de Séleucos Philo- pator, celui-là même à qui le Livre des Macchabées attribue l'expédition contre Jérusalem. Trois inscriptions et deux slatues au moins rappelaïent son'souvenir à Délos. 9. Dédicace d'une statue élevée à où par Euménès, fils d'Euménès et de Satyra, fille de Poseidonios , et neveu de Philétairos. Le personnage est Euménés de Tios, dynaste d'Amastris, qui fut, après Philétairos, régent de Pergame. Cette inscription établit le degré de parenté qui existait entre les deux régents; elle nous fait connaitre la généalogie d'Eu- ménès. 10. Inscription d'un piédestal ou d'un autel commun: à Athéné , Zeus et Héra (cf. p.399). 11. Liste de noms propres déliens. 12. Dédicace en l'honneur d'un rauias de Délos. 13, 14. Fragments. | Toutes ces inscriptions, sauf les deux premières, doivent être attribuées au Im et au 1° siècle, à l'époque où Délos fut indépen- dante. Les suivantes datent de la seconde domination athénienne, qui commença en 166; aucune n'est plus récente que le premier siècle avant J.-C. 15. Base de statue quadrangulaire , avec la signature de l'artiste Euty- chidès. 16. Base de statue circulaire, avec la signature du même artiste. Ces deux textes portent à huit le nombre des œuvres d'Euty- chidès connues à Délos. On en peut conclure que cet artiste tra- vaïllait non seulement pour Délos, mais à Délos même; la même remarque doit être faite pour un autre sculpteur, Héphaistion, fils de Myron. Délos n'eut jamais une école d'art nationale et demeura toujours , pour la statuaire, dans la dépendance des étrangers. Mais on comprend sans peine, quand l'ile fut devenue propriété des Athéniens, quand le commerce et l’affluence des marchands de tout pays en eurent fait une place de premier ordre et extrême- — 412 — ment riche, que des artistes, en particulier des artistes d'Athènes. soient venus s’y établir el y chercher une clientèle assurée. 17. Dédicace d’une table consacrée à Athéné Niké et au peuple romain par Théophrastos, épimélète de Délos; elle est gravée sur la moulure.an- térieure de la dalle de marbre qui formait la table, On sait que des tables élaient fréquemment placées dans les temples; on y posait les offrandes faites aux dieux. 18. Dédicace d'un petit monument à Athéné, à Héra et à une autre divinité dont le nom est effacé, par Médeios, en souvenir de sa triérarchie. Médeios et Théophrastos sont deux personnages qui ont joué un rôle con- sidérable a Délos, à la fin du 11° et au commencement du 1° siècle avant notre ère; tous deux furent gouverneurs de l'ile et se signalèrent par leurs offrandes et les travaux publics qu'ils entreprirent. 19. Dédicace d'une statuette à Apollon par un personnage romain. 20. Inscriplion dédicatoire d'une slatuette, élevée par: le, Romain L. Granius à la ville d'Antioche , en vertu d'un ordre divin, el.consacrée à Apollon. 21. Double inscription sur une mème base en l'honneur d'un Athénien et de sa famille, 22. Inscription dédicatoire d'une offrande consacrée à l'occasion d'une victoire dans la Axumadoôpouia. Elle est datée par le nom de l'épimélète athénien. 23-25. Fragments. 26. Dédicace d'une offrande consacrée par L. Cornelius Sulla, pro consul , ou d'une statue élevée en son honneur, aux frais des corporations (collegia) de Délos. C'est le second monument de Délos où se lise le nom de Sylla. On comprend, en effet, la reconnaissance que durent éprouver les habitants de Délos el surtout les commerçants romains, si du- rement traités par Ménophanès, pour le vainqueur qui les sauva de Mithridate. D’autres dédicaces en l'honneur de Pompeius Rufus, collègue de Sylla, de M. Antonius, montrent que les sentiments politiques des Romains de Délos étaient d'accord avec leur recon- naissance, et qu'ils tenaient pour le parti aristocratique. Ainsi l'histoire de Délos, dont les auteurs parlent à peine, se-précise au moyen des inscriptions et devient en quelque sorte vivante. Inscriptions chorégiques. — Les fêtes d’Apollon et de Dionysos étaient célébrées à Délos par des représentations dramatiques, des | — D — concours de musique et de chant. La formation, lhabillement, l'éducation des chœurs se faisaient aux frais de chorèges, pris parmi les ciloyens — un dans chacune des quatre tribus — et parmi les mélèques. En souvenir de ces fêtes, on gravait des in- scriptions qui portaient la liste des chorèges et celle des artistes qui y avaient pris part; on ajoutait quelquefois les noms des vain- . quenrs couronnés dans les concours. | A la suite, se trouvent d'ordinaire des catalogues de vases sacrés (Gras aorypia) de divers modèles. Ces vases étaient offerts aux dieux, à l'occasion des fêtes, en vertu de fondations perpétuelles, que la ville et en particulier le conseil étaient chargés d’adminis- trer : ils entraient ensuite dans le Prytaneion, jusqu'au moment où, devenus trop abondants, ils étaient fondus en une offrande unique et magnifique ou transférés dans un autre local. Cette classe, représentée d’abord par deux petits fragments décou- verts en 1880, a été enrichie depuis par les découvertes de MM. Hauvette et Paris; j'ai recueilli cette année six nouveaux spé- cimens de ces listes et inventaires. 1. Fragment d'inventaire de l’année 245 environ (25 lignes). 2. Stèle entière, mais inscription en partie effacée, de l'ar- chontat de Mennis et de l'année 237. Liste des chorèges, des vainqueurs. Inventaire des vases. Liste des artistes, acteurs comiques et tragiques, aulètes , citharistes, psaltès, citharèdes; des auteurs de tragédies, de comédies, de dithyrambes et de prosodia, des faiseurs de tours, Sauuæromosoi (53 lignes). 3. Cippe intact, gravé sur trois faces. M. Paris, qui l’a découvert, L a lu et publié l'inscription d’une des faces, qui est de l'année 171; il a abandonné les deux autres, qui sont plus anciennes, re- buté par les difficultés de la lecture. Nous avons pu, M.Dürrbach et moi, grâce à la connaissance de l'onomastique et de la chrono- logie déliennes, à la comparaison avecles documents similaires, déchiffrer en: grande partie une autre inscription, qui se place entre les années 220 et 210 environ. De la troisième, on ne tire que quelques mots sans suite. Même ordre que dans la stèle de 237 (60. lignes environ), Ce texte est très important pour la chronologie des archontes déliens, qui, fixée à une année près de 302 à 226 et de 208 à 166, reste incertaine encore dans l'intervalle. == MIT = 4. Stèle intacte de larchontat de Tlésiménès , entre 220 et 210. Même sujet, même ordre. 5,6. Deux fragments non datés, mais que, d'après l'écriture, on peut certainement placer entre 190 et 170 (20 lignes environ chacun). Tous ces textes et les autres de la même série ont été trouvés au même lieu, dans une enceinte attenante au sanctuaire apolli- nien, ou dans le voisinage immédiat; comme on a découvert en même temps plusieurs têtes de Dionysos, que le sujet principal des inscriptions est la fête de Dionysos, avec celle d’Apollon, et la représentation des pièces comiques ou tragiques, à laquelle présidait Dionysos, on peut sans crainte attribuer cette enceinte à ce dieu. Décrets. — Ils se divisent en deux séries : décrets du peuple de Délos; décrets déposés dans le temple de Délos par des peuples étrangers. Dans la première série, il faut distinguer trois groupes, qui répondent aux grandes divisions de l'histoire de Délos, à l'é- poque du régime amphictyonique, à celle de l'indépendance, à celle de la domination athénienne. Décrets du peuple de Délos : À. Pour la première époque, qui s'étend jusqu'à la fin du 1v° siècle, un seul texte à été trouvé. L'acti- vité politique de Délos était alors annulée par les Athéniens,.et, sur environ deux cents décrets, il n'en est pas plus de deux ou trois que l’on puisse avec certitude rapporter à cette période, L. Décret de proxénie en faveur d'un certain [KéphJisodoros et de ses descendants. Il est gravé oTo:yndd» et comptait, d'après les lignes restituées, 25 lettres à la ligne (14 demi-lignes). B. La grande majorité des actes du conseil et du peuple qui ont été recueillis à Délos appartient, cette année comme les pré- cédentes, à la seconde époque. Maîtresse d’elle:même, respectée pour l'antiquité de son culte, recherchée pour la puissance morale dont elle dispose, appuyée sur la confédération des insulaires dont elle est le siège et le sanctuaire, Délos compte dans les affaires de l'Orient; elle recoit et envoie des ambassades; elle a une politique étrangère. Les décrets de proxénie en sont pour nous l'insuflisante mais unique expression. Bien souvent des relations fortuites, des circonstances secondaires, sans intérêt historique, ont pu déter- US he ; Sa ut one de à os dd SE Sd Sd SC Été — 415 — miner le choix des proxènes; la plupart du temps les considérants des décrets sont d’une généralité insignifiante et tout à fait banale; cependant on ne saurait douter que les Déliens, en conférant aux étrangers les privilèges attachés à la proxénie n'eussent en vue des avantages équivalents, qu'ils ne fussent conduits par des considé- rations religieuses, politiques ou économiques. Dresser la liste des pays mentionnés dans les décrets, c'est donc déterminer le cercle dans lequel s'exerçait l'influence de Délos et se mouvaient ses in- térêts : à ce titre, ces documents sont précieux, des fragments même peuvent avoir de la valeur. Lorsque, comme on le peut d'ordinaire, on en aura fixé la date, les données de l’histoire générale aideront à en découvrir le but et les causes; si aux décrets, qui nous font connaître les pays vers lesquels Délos se sentait attirée, l’on compare les catalogues d'offrandes, où se montrent les peuples et les rois qui subissaient Vattraction de l’île sainte, les indices se multiplieront et s’éclaire- ront ense contrôlant. Quand le nom d'une ville se présente, non pas une fois, mais plusieurs, on peut affirmer que le ha- sard m'est pour rien dans les relations et qu'elles se fondent sur une/utiité réciproque. Supposez enfin qu'on possède, pour une même époque, un groupe de décrets proposés par un même ora- teur, on saisira alors avec grande vraisemblance la pensée qui les à inspirés, surtout si l'on est guidé par quelques considérants particuliers, ou par quelque nom aussi significatif que les consi- dérants mêmes. Ces différentes conditions se irouvent réalisées, au moins une fois complètement, dans l’histoire de Délos. Les inscriptions sont énumérées dans l’ordre alphabétique des proxènes ; ensuite seront résumées quelques-unes des observations qu'elles peuvent suggérer. 2. Décret de proxénie en faveur de Aïschylinos, fils de Théocrinès, Mülésien,, proposé par Conon, fils de Phokaïeus (22 lignes). 3. Idem, en faveur de Agatharcos, fils de Léon, de Téos, proposé par Télémnestos, fils d'Épicharmos (17 lignes). 4 Décrets pour Admétos, fils de Bocros, Macédonien de Thessalonique. La stèle, qui compte 77 lignes, se divise en trois parties : 1° Décret du conseil et du peuple accordant à Admétos, déjà proxène de Délos, une couronne faite du laurier sacré et deux statues de bronze; 2° décret fixant le lieu où les statues seront élevées, l'une à Délos , l'autre à Thes- salonique— tous les deux sont rendus sous la présidence de Kynthiades # RE RE Eee node 2 ler à à, à, — io et surla proposition de Boulon; 3° décret du peuple de Thessalonique, sous forme de lettre au peuple de Délos, pour le remercier et lui accorder dans la ville un emplacement destiné à la statue d'Admétos. Cette lettre, donne sur l'organisation politique de Thessalonique des détails absolu. ment nouveaux l). 5. Décret de proxénie en faveur d'Alexicratès, fils d'Aglouchoros, Rhodien; orateur, Elpinès, fils de Télésarchidès (23 lignes). 6. Idem, pour Alkimédon, fils de Crit..… La nationalité du proxène manque, et le nom de l'orateur (16 lignes). 7. Idem, pour le Rhodien Anax..…., fils de [El]pidianax (? TP proposé par Télemnestos, fils d'Aristeidès. Ce décret a pour complément une autre mesure destinée à honorer le même personnage et relatée dans une inscriplion trouvée en 1880. Après avoir été nommé proxène, il fut couronné publiquement dans les jeux dits Apollonia. Ses services et les considérants du décret sortent de la banalité ordinaire. Envoyé par le peuple de Rhodes pour commander les iles et la flotte insulaire , il avait fait un long séjour à Délos, se distinguant dans ses actes aussi bien que dans ses paroles, par sa piété envers le dieu et par son dévouement pour la ville en général et chacun des Déliens en particulier (12 lignes). 8. Décret accordant à Apollodoros, fils d'Apollonios, de Cyzique, le titre de proxène, avec les privilèges qui y sont attachés, et de plus le droit de cité (molurela). Ce personnage ©? est certainement un descendant du CynepniEn qui commanda les armées d'Athènes; dès les premières années du 1° siècle, des membres de la famille étaient établis à Délos et en relations d'affaires avec la caisse sacrée (28 lignes). 9. Décret de proxénie en faveur d'Aristotélès, fils de Sodémos, de Colophon, voté sous la présidence d’ Eréty ménes (23 lignes). 10. Idem, en faveur d'Arkésilas, fils de Médon, Mülésien, proposé . par Androménès, fils de Géryllos {20 lignes). Au-dessous commence un autre décret pour un autre personnage. 1. Deux décrets en faveur d'Autoclès, fils d'Autoclès, Chalcidien, l'un pour lui conférer la proxénie, l’autre pour lui accorder l'honneur de l'éloge et du couronnement publics. Le premier-est voté sur la proposition de Praximénès, fils de Callidicos et sous la présidence de Parménion, fils de Polyboulos; le second proposé par Télemnestos, fils d'Aristeidès, dans une assemblée présidée par Isodicos. Ce même Autoclès avait élevé dans Délos une statue à son père Autoclès, fils d'Ainésidémos (40 lignes). ) Ce décret et ceux qui portent les n°” 7, 13, 15, 70, ont été publiés récem- ment dans le Bull. de corr. hellén., X, p. 102-135. par M. Dürrbach. @) Cest le même sans doute qui, dans une inscriplion de Gyzique, porte de titre de nésiarque (GC. 1.G., 3655), c'est-à-dire de chef du xormdr r@v norwräms = AT — - 12: Décret de proxénie en faveur de . : -oucris, fils de Daitas, Étolien de Naupacte, proposé par Philios, fils de Charilas (12 lignes). 13. Idem, en faveur du Byzantin Dionysios, sur la proposition de Pyrrhidès, fils de Mélicos. Dionysios avait, en temps de cherté, vendu à lawille 500 médimnes de blé, au prix qu'elle-même avait fixé (20 lignes). 14. Idem, en faveur de ... mon, fils de Diophantos: orateur, Démarès fils de Thymios (7 ee 15. Idem, en l'honneur d’ Épicratès, fils de Polystratos | Éiodu, H avait, en qualité d'amiral des Rhodiens, commandé les trières des îles, les vaisseaux non pontés d'Athènes, indiqué à chacun.des alliés son poste de combat, garanti la tranquillité de la navigation, la sécurité des villes, sans oublier ses devoirs de piélé envers le temple. Tels sont les titres par lesquels Télemnestos, fils d'Aristeidès, le recommanda à à l'assemblée (21 lignes). 16. Idem, en faveur de Hermagoras, fils de Héracleidès, de Pergame, proposé par Straton (18 lignes). 17. Idem. Proxène, Zopyros; orateur, Télemnestos (4 lignes). 18. Idem. Proxène, Héliodoros, fils de ...cleides d'Eita...(?) (15 lignes). 19. Idem. Proxène, HéBa . (8 lignes). 20. Idem. Proxène, PURE de Gortyne; orateur, Télemnestos, fils d'Aristeidès (10 lignes). 21. Idem. Proxène, Jason, fils de Théogeiton, d’Arados; orateur, Té- lemnestos, fils d’Aristeidès (20 lignes). 99. Idem. Proxènes, Ctésippos et Ctésinos; orateur, Hégésagoras, fils d'Anaximénès (7 lignes). | 983. Idem. Proxène ,'Métras, fils de Diodoros, Müilésien: orateur, Hégéas, fils d'Aphthonétos (20 lignes). 24. Idem. Proxène, Métrodoros. fils d'Erxinès de Lampsaque ; orateur, Leukinos, fils de Phokaeus; président de l'assemblée, Téléson, fils de Télemnestos (20 lignes). Le décret devait être suivi d'un autre, par lequel une couronne était accordée au proxène; car la stèle est surmontée d’un cadre dans lequel est sculptée une couronne. * 25. Idem. Proxène, Moirias, fils d'Antiphanès, de Rhoiteion (en Ar- NE orateur, Gnosidicos (9 lignes). 26. Idem. Proxène, M... ; au-dessous, décret de couronnement, rendu sur la proposition de Télemnestos (24 lignes). "97. Idem. Proxène, Nabis, fils de Démaratos, roi de Lacédémone-: orateur, Charilas, fils d’Aristothalès; président de l’asssemblée, Anti- cratès (8 lignes). | MISS. SCIENT. — XIII. 27 ANFAMENLE NATIONALE, La A APE VAS TO " PO TEN EPrRe 14 du At LS % 4 f du v' — 118 — 28. Idem. Proxène, Nikératos, fils de Démoclès ; orateur, Hiérombrotos (18 lignes). 29. Idem. Proxène, Xénippos, fils de Tra..... , Lacédémonien; ora- teur, . . .doros, fils de Tlépolémos (10 lignes). 30. Idem. Proxène, Praxon, fils d'Aristonymos, Rhodien; orateur, Antilacos, fils de Simidès. 31. Décret de proxénie en faveur de Pleistonymos, de Méthymne; président de l'assemblée, Orthoclès, fils de Patareus (18 lignes). 32. Idem. Proxène, Pvthagoras. I ne reste que le nom du proxène, en titre sur la stèle. 33. Idem. Proxènes, Pytharatos, de Phocée, et son père Philermos (24 lignes). 34. Idem. Proxène, Sotion (10 lignes). 35. Idem. Le proxène est un habitant de Ténos, l’orateur Téléson, fils de Choirylos (6 lignes). 36. Idem. Proxène, ..... fils de Teisilas, de Cnosse (8 lignes). 37. Idem. Proxène, Phanodémos d'Halicarnasse ; orateur, Timoxénos, fils d'Apollodoros (6 lignes); complète un fragment trouvé en 1880. 38. Idem. Proxène, Philistos, fils de Philistos, de Chios; orateur, Aris- tolochos, fils de Nicodromos. Ce décret, qui confère le droit de cité avec la proxénie à Philistos et à ses descendants, contient une formule toute nouvelle dans l'épigraphie de Délos et qui nous éclaire sur l’organisation sociale. Les nouveaux citoyens auront le droît de choisir la Gpérpa dans laquelle ils voudront être inscrits (xai æpôs @pérpar, v àv BotAwyrar, mpoypéÿacba) (22 lignes). 39. Décret en l'honneur d'un personnage (...alcos) qui, dans un moment difhcile, avait fait à la ville des avances, sans exigernirembour- sement ni intérêt. I reçoit, avec la proxénie, la dispense complète des droits de douane à l'entrée et à la sortie (16 lignes). 40-65. Fragments divers de décrets du peuple délien. C. Les décrets rendus par la communauté athénienne, établie à Délos après 166, sont encore en petit nombre. Placée dans la dé- pendance directe de la république, devenue, après l'expulsion totale des Déliens, partie intégrante de l'État, Délos n’a plus de politique propre. Partant, l'activité de l'assemblée se borne à des détails d'organisation intérieure; les actes publics n'ont plus qu'une valeur administrative. Ceux qui ont été découverts jusqu'ici sont des décrets destinés à honorer et récompenser des magistrats ou des personnages ayant exercé des fonctions dans la commune ou EE MHRO ES dans les associations locales. Tels sont encore les deux que j'ai recueillis cette année. 66. Décret en l'honneur des agoranomes , qui avaient été en fonctions sous l'archonte Zaleucos, et de leur secrétaire. Il est gravé sur un cippe, qui portait une offrande faite en commun par ces personnages, au-dessous de la formule de dédicace. Ce marbre, trouvé par M. Reinach et resté inédit, complète la dédicace que j'avais découverte en 1880. L'archonte est inconnu; 1l dut être en fonctions entre 155 et 140. Le collège des agoranomes qui était alors de trois membres, comme sous le régime délien, fut réduit plus tard à deux (C. I. A., II, 985) (20 lignes). 67. Décret accordant l'éloge public et une couronne à Apollonios, fils de Démétrios , de Laodicée. Établi durant de longues années à Délos , il avait avec la plus grande dignité et le zèle le plus entier travaillé à l’édu- cation des enfants libres, des éphèbes, des adolescents, présidant aux exercices en armes, assistant volontairement les gymnasiarques élus. L'exécution du décret est confiée aux administrateurs élus du trésor sacré, chargés de pourvoir aux offrandes d'hospitalité, à la gravure du décret et de solder les dépenses. Le décret, proposé par Pélops, fils d'Euboulos, du dème d’Aténé, fut rendu sous l'archontat d'Archon (29 lignes). Cette inscription nous fait connaître un éponyme nouveau qui semble appartenir au milieu du n° siècle, divers détails inédits sur les magistratures existant à Délos, sur le mode de nomination et les attributions des magistrats, sur l'existence, la composition et les exercices du collège éphébique. Elle indique aussi le sens et four- nit la restitution d'un autre texte analogue qui est très mutilé ©. Décrets de villes étrangères exposés à Délos. — I] n'était pas rare, quand on voulait donner à un acte public ou international une orande publicité et une solennité particulière, qu'on en déposat un exemplaire à Délos. Tite-Live et Polybe citent deux exemples d'un tel fait; plusieurs inscriptions prévoient par une clause spé- ciale l'envoi d’une copie à Délos. J'ai recueilli dans l'ile même plusieurs documents de provenance étrangère, dont quelques-uns sont déjà publiés. Voici les nouveaux textes de cette série : 68. Décret du xo:v0» des insulaires en faveur d’un habitant de Sämo- thrace (11 lignes). Un autre fragment du même décret a été trouvé en 1882 par M. Hauvette. Le dépôt à Délos, sanctuaire fédéral, est na- turel ét en quelque sorte réglementaire. G) Bull. de corr. hellén., X, p. 37. — 90 — 69. Convention entre plusieurs villes pour rétablir la paix et régler des différends (11 lignes). | 70. Décret de la ville d'Histiée en Eubée. Les archontes proposent au conseil un probouleuma a soumettre au peuple. L'objet en est de récom- penser les services du Rhodien Athénodoros, fils de Peisagoras. Entre autres bienfaits publics ou privés, il avait assisté de son argent les com- missaires envoyés par la ville d'Histiée à Délos, pour y acheter du blé, et, par un prêt sans intérêt, facilité leur tâche. Pour cette raison : il sera couronné à la procession des Antigoneia; deux stèles commémoratives seront placées, l'une à Histiée, dans le temple de Dionysos, l’autre à Délos, sous réserve du consentement des habitants. Un second décret, rendu par l'assemblée de Délos, accorde une place dans le sanctuaire pour l'érection de la stèle (32 lignes). En haut, une couronne au milieu de laquelle est gravé le nom du bienfaiteur. Les pays(? dont ces documents nous révèlent les relations avec Délos sont : Les îles confédérées, 1 décret (+ des années antérieures 10). Parmi les Cyclades, Tinos 1 (+ 3); dans l'Eubée, Chalcis 1 (+3), Histiée 1; parmi les îles asiatiques, Rhodes 4 (+ 4 et peut-être 6); Lesbos (Méthymne) 1; Chios 1 (+ 3); sur la côte asiatique, Cyzique 1 (+ 1); Lampsaque 1 (+ 1); Pergame 1; Phocée 1; Téos 1 (41); Colophon 1; Milet 2 et peut-être 3 (+1); Halicarnasse 1(-1); en Syrie, Arados 1 (+1). Dans la Grèce du nord, je trouve Byzance 1 (+ 5); Thessalo- nique 1 (+ 2, Macédoine); l’île de Samothrace 1; dans la Grèce centrale, Naupacte, en Étolie, 1 (-- 2); dans le Péloponnèse, Rhoiteion 1; Lacédémone 2 (+ 2); dans la Crète, Cnosse 1 (+3); Gortyne 1 (+ 4 Crète). Cette statistique met en évidence, outre le xosdv T@v vnotwT@y, trois villes ou groupes de villes avec lesquelles les rapports sont particulièrement actifs et cordiaux, Rhodes, Byzance et la Crète. En joignant aux découvertes de cette année celles des années antérieures, il faudrait ajouter l'Égypte, et en particulier la ville d'Alexandrie (7 décrets au moins), la Sicile et Italie. Si lon tient compte des dates, on placera d’une part les décrets (1) Pour donner à celte statistique toute la précision et la valeur possible, à côté des données contenues dans les inscriptions de cette année, j'ai ajouté entre parenthèses celles que fournissaient les inscriptions précédemment découvertes. — 121 — relatifs à l'Égypte au 1° siècle, et même au début de ce siècle; de l’autre ceux qui concernent les pays grecs ou l'Italie, vers la fin du xr° siècle ou le commencement du n°. Si l'on compare aux décrets les inventaires, on y relèvera les mêmes noms, dans le même ordre de succession chronologique. On constatera de plus la persistance à peu près continue des relations amicales entre Délos et Rhodes et leur activité remar- quable à la fin du rv° siècle et à la fin du mr°. Ces quelques faits (je ne pousserai pas l'examen plus avant) concordent à merveille avec les données certaines de l’histoire générale : ; Rôle prépondérant de la marine rhodienne en Orient, après la chute d'Athènes et surtout après la mort d'Alexandre; hégémonie maritime de l'Égypte, pendant les règnes de Philadelphe et d'Évergète: nouvel et plus puissant essor de Rhodes, durant la décadence des monarchies orientales, développement des villes crétoises à la fin du zm° et dans le cours du u° siècle; influx des colonies italiennes et avènement de la puissance romaine en Orient, de 220 à 166. J'ai montré ailleurs qu'on pouvait, grace aux inscriptions de Délos, suivre de plus près encore les vicissitudes de l’histoire des Cyclades et les luttes d'influence poursuivies sans reläche entre la Macédoine, la Syrie, l'Égypte, Rome enfin, pour la possession des îles et l'empire de la mer. La concession de la proxénie à un étranger de telle ou telle ville, au milieu de ces conflits, est de la part de Délos un acte dé- licat, qui a une portée politique et qui doit être interprété comme l'indice des alliances, ou tout au moins des tendances de la ville. Des noms géogaphiques, comme ceux de Pergame ou de l'Étolie, le choix d’un proxène, tel que le tyran Nabis, éveillent nécessaire- ment notre attention et nos conjectures. Mais je préfère n'en tenir aux conclusions tout à fait certaines, fondées sur les considérants exprès de quelques décrets de proxénie et sur les faits historiques établis par l'ensemble des inventaires. C'est une remarque, toujours vérifiée et nulle part contredite, que chacun des États qui ont exercé sur Délos leur protectorat, symbole et conséquence de l'empire maritime, ont présidé aux fêtes «et les ont célébrées par l'hommage régulier d’otfrandes périodiques, soit de couronnes, soit, plus ordinairement, de — 122 — phiales d'argent d’un poids de 100 drachmes. Athènes offrait, au renouvellement des pentétérides, une couronne d’or; les amiraux romains ou les généraux en chef firent de même, chaque année, pendant toute la durée de la guerre contre Antiochos; les Ptolémées, les Antigonides tour à tour fondèrent des offrandes et des sacrifices annuels. Quand donc on voit les Rhodiens; à la fin du 1v° siècle, adorateurs assidus, envoyer chaque année des théories et des présents, on peut à bon droit considérer leurs actes comme Ja preuve d'une puissance effective, plutôt que d’une piété platonique. Les embarras d'Athènes, les rivalités des généraux d'Alexandre lui laissaient le champ libre, et l'on peut supposer que la confédération des insulaires, connue aujourd'hui par les inscriptions de Délos, se forma à l'appel de la république, sous sa protection et pour son plus grand avantage. Pour la seconde période dela puissance rhodienne, celle qui coïncide avec l'abaissement desempires orientaux, les témoignages sont plus clairs et plus formels. Rhodes nous y apparaît à da fois comme ville marchande et comme puissance navale. Le principal article de son commerce, à en juger par les inscrip- tions de Délos, est le blé. On sait par les textes que les Rhodiens en étaient les grands convoyeurs; ils défendirent énergiquement leurs droits contre la concurrence de Byzance et contre le mauvais vouloir du sénat romain. C’est un Rhodien, Athénodoros, qui apporte à Délos le blé, que viennent y acheter les commissaires d'Histiée; c’est un autre Rhodien, Charmylos, qui sert d’intermé- diaire entre l’île et le roi Massinissa, pour le présent de:4,000 mé- dimnes de blé que ce prince offre aux Déliens. ‘Une fourniture de blé à bon marché fut aussi le:titre du Byzantin Dionysios à la proxénie: ainsi nous retrouvons dans noôs textes la trace de la rivalité commerciale des deux républiques. Les deux décrets en l'honneur d'Anax.. . etd'Épicratès (n% 7,15) montrent Rhodes en possession d’une véritable hégémonie navale. Les amiraux envoyés par la république commandent aux îles; ils ont sous leurs ordres la flotte confédérée, celle même des Athéniens; on n'attend que d'eux et on n'attribue qu'a eux seuls la sécurité de la navigation et le salut des îles. Aïlleurs, quatre Rhodiens sont loués et récompensés pour les services rendus à la ville, au temple, à la Grèce, savoir le navarque, élu par le peuple et préposé à la garde des îles pour le salut des Grecs, et les trois triérarques, — 123 — ses auxiliaires (1). Un autre Rhodien encore, Peisistratos, fils d’Aristolochos, avait consacré à Délos, en avant des Propylées, une offrande prélevée sur le butin conquis par les galères qu’il commandait. Ces'faits sont d'autant plus significatifs que tous ces monuments sont à peu près contemporains; l'écriture en fait la preuve, et mieux encore les: noms des orateurs qui avaient proposé les décrets. Ces orateurs sont, ou Télemnestos, fils d’Aristeidès, ou des person- nages associés à lui dans d’autres documents. Télemnestos semble avoir exercé à Délos une influence consi- dérable et prolongée. Il vivait à la fin du ur° et au commencement du m° siècle; ce doit être lui qui, en 180, sous l'archontat de Démarès, tenait en location une des maisons sacrées. On aimerait mieux savoir s'il peut être identifié avec un des deux archontes du nom de Télémnestos (années 206 et 201) ou avec lun et l'autre ®); mais l'absence des patronymiques dans les listes d’ar- chontes laisse la question douteuse. Qu'il ait obtenu ou non la suprême magistrature, il fut un chef de parti et dirigea les affaires extérieures de la cité; plus de vingt décrets rendent témoignage de son activité. Il proposa et fit passer les mesures suivantes : Renouvellement des traités de bons rapports et d'amitié faits avec Rome {1); envoi d’une ambassade à une ville, dont le nom a dis- paru (1); collation de la proxénie à des Grecs de Siphnos (1), de Chalcis (1), d'Érétrie (1), de la Crète (1 Gortyne et 1 Polyrrhénia), de Rhodes (3), de Byzance (2), de la Macédoine (1), de Téos (1), à des Phéniciens de Tyr (1) et d’Arados (1), à des Italiens de Syracuse (2) et de Frégelles (1). Concession d’un terrain à une ville étrangère, pour élever une stèle en l'honneur d’un bienfaiteur (1). Décrets dont il ne reste que des fragments indéterminés (2). Deux autres décrets encore sont attribués à un Télemnestos, dont le patronymique est omis. Ce grand nombre de décrets, qui se succèdent en un temps assez court, suffit à montrer la prospérité d’une ville engagée dans U) Ce décret est encore inédit, @) Les recherches chronologiques que j'ai poursuivies, depuis l'impression de mon rapport, m'ont permis d'établir qu'il n'y avait eu à cette époque qu’un seul archonte-du nom de Télemnestos , et en l’année 208. — OU des relalions étendues. La répartition géographique des proxènes indique les pays vers lesquels se portaient de préférence les sym- pathies ou les intérêts des Déliens; elle aide à préjuger lacause des unes et la nature des autres. La religion est un lien puissant entre Délos et Siphnos, l’une des Cyclades, attachée de toute antiquité à l'amphictyonie insulaire, tenue envers Apollon à des devoirs particuliers; avec l'Eubée, où l’on adore les trois divinités de Délos; avec Rhodes ,qui donnait à l’un de ses mois le nom de Dalios; avec la Crète surtout, berceau du, culte apollinien. Des raisons plus humaines, l'instinct politique, le besoin de sécurité poussent les Déliens et Télemnestos, qui les dirige, vers la Crète, repaire de pirates, qu’il faut gagner, ne pouvant les combattre; vers Rhodes, qui commande en maitresse sur les mers;vers Rome, dont la puis- sance ne cesse de grandir. La neutralité sacrée, qui met le peuple à l'abri de la guerre, ne le dispense pas de prendre parti entre les rivaux; car elle ne le protège pas contre les représailles dont toute erreur de conduite peut être punie par les vainqueurs. Les trois décrets en l'honneur des amiraux rhodiens, l'ambassade à Rome sont les actes d’une prévoyante diplomatie. Mais, si je ne me trompe, Télemnestos dut être guidé surtout par des considérations d'ordre économique. Rhodes et Byzance sont les deux grandes places du commerce oriental; elles se partagent le trafic des blés de la mer Noire; les Romains commencent à s'in- sinuer dans l'Orient et les inventaires de Délos nous montrent dès le in° siècle le premier noyau de cette colonie de negotialores qui devint si prospère; les Syriens et Phéniciens, qui tinrent au ir siècle le premier rang, après les Romains, sur la place de Délos, qui dès l’année 150 y apparaissent, groupés dans l'association des Héracléistes tyriens, qui y formèrent plus tard celle des Poseido- niastes de Beyrouth, devaient avoir déja noué des relations d’af- faires avec l'île sainte. | Les considérants de quelques décrets,et en particulier les détails contenus dans celui d'Histiée, nous montrent en effet l'importance déjà grande du port de Délos. Des îles voisines on y vient acheter du blé ;:ainsi commence pour lui le rôle si lucratif d'entrepôt et de marché. La question des subsistances était capitale pour les Déliens, que leur pays ne suffit pas à nourrir: aussi sont-ils unis d'amitié non seulement avecRhodesetByzance, mais encoreavecCyzique,Lamp- PORTA AU OUT TA EU — 425 — saque, la Chersonnèse du Pont, Panticapée, avec quiconque trans- porte ou peut arrêter les céréales et avec ceux qui les récoltent. Mais ils ne se contentent pas d'importer les quantités qui leur sont nécessaires, ils songent à devenir les fournisseurs de la Grèce, en offrant à tous, dans une position centrale.et facilement accessible, une marchandise indispensable:; On comprend sans peine que cette idée:leur soit venue: Leur port, respecté comme un asile; était Pescale:ordinaire dans la ira: versée de la mer Égée, le lieu de relâche le, plus sûr et le plus commode dans des parages souvent tempêtueux, le poste d’obser- vation.le mieux situé. Les flottes de tous les partis y séjournaient volontiers, quelquefois longtemps et: même ensemble; il était tout indiqué comme marché d'approvisionnements. Commerce d’entrepôt, immigration de Romains et d'Orientaux, nous saisissons donc les premiers débuts, les premières causes de la grandeur et de la richesse ii atteignit Délos au n° siècle avant notre ère. J'avais. déjà relevé ailleurs un autre symptôme de la transfor- mation de la ville sainte en ville marchande : c’est la hausse pro: gressive du loyer des maisons d'habitation, qui coïncide avec une baisse continue du fermage des domaines ruraux. Plus-les étran- sers affluent, plus les logements sont demandés et chers par con- séquent; plus aussi Finpotÿion augmente et moins la culture.est rémunératrice. J'ai insisté longuement sur ces faits : ils sont nouveaux et em- pruntés pour la plus grande part aux inscriptions découvertes cette année; ils m'ont paru intéressants; ils vous prouveront, j'es- père, Monsieur le Ministre, que les textes épigraphiques rapportés de Délos n’ont pas seulement le mince mérite d’être des docu- ments inédits; qu'ils fournissent, au contraire, à l'histoire politique et économique de Délos et de la Grèce entière des contributions curieuses. | Aujourd’hui qu'ils ont été tous groupés, classés, mis à leur date, ils s’éclairent réciproquement; les plus petits et les plus in- signifiants en apparence peuvent ajouter, si l’on sait les lire, quel- que chose à nos connaissances; les plus importants peuvent être compris et utilisés jusqu'en leurs moindres détails, L'histoire très obscure et très fragmentaire des Cyclades se dégage et se complète; celle de Délos, qui était à peu près inconnue, nous est révélée ; — 126 — politique étrangère, organisation intérieure, vicissitudes des al- liances, variations du commerce, conduite des partis, nous com- mencons à tout voir, à tout soupconner du moins. Comptes des trésoriers sacrés, inventaires des temples. — L’admi- nistration des temples peut être étudiée avec la plus rigoureuse exactitude, grâce à une série de documents unique, et telle qu’on n’en possède pour aucun autre sanctuaire de la Grèce. Elle se com- pose de documents de deux sortes : les comptes des richesses sa- crées; les inventaires des offrandes et du matériel contenu dans les temples ou autres édifices religieux. Elle se divise chronologi- quement en trois groupes, que je distingue par les rubriques sui- vantes : actes des amphictyons; actes des hiéropes; actes des préposés aux richesses sacrées, d’après les titres que portent, à chaque époque, les trésoriers. Ces inscriptions, parmi toutes celles de Délos, tiennent le pre- mier rang par le nombre et l'étendue, ainsi que par l'intérêt'et la variété des renseignements qu’elles contiennent. Plus de cinq'cents fragments ou stèles entières, qui représentent environ cent trente pièces différentes, qui comptent souvent de 100 à 4oo et même 500 lignes, offrent toute la suite de l’histoire du sanctuaire délien. Mes recherches de cette année ont encore augmenté cette col- lection de près de cent morceaux, qui répondent à environ cin- quante-cinq inscriptions différentes. Ils sont souvent très longs; ils comblent plusieurs lacunes de la série et apportent un certain nombre de détails tout à fait inédits. ÿ Actes amphictyoniques du 1v° siècle. 1. Inventaire des offrandes et du matériel sacré, dressé en 364 par les amphictyons athéniens. C'est le premier document de cette classe qui soit intact et complet, il se compose de 148 lignes, presque sans lacune; c'est donc pour l'histoire des collections sacrées une pièce très impor- tante. Il se divise en quatre parties, qui répondent à quatre édifices ou salles distinctes, l'Artémision, le temple des Athéniens, le temple des Déliens, la Chalcothèque. Il commence par le procès-verbal du récole- ment et de la transmission des objets ; la cérémonie se fait solennelle- ment, en présence du conseil de Délos et de concert avec les hiéropes déliens. Le document porte une double date, le nom de l'éponyme athé- nien, Timocratès, et celui de l’archonte délien, Aïétion. Les objets sont remis avec indication de leur poids ou de leur nombre. Cette formule OT montre que les usages observés à Délos sont identiques à ceux qui étaient prescrits à Athènes par les règlements; on ne doit pas s'en étonner, puisque des magistrats athéniens, les amphictyons, ont la haute main dans l'administration. Cependant le texte nouveau montre que, même après la rébellion de 375, les Déliens continuèrent à y être associés d'une façon effective, et même avec un droit de contrôle; le conseil joue à Délos, à l'égard des amphictyons, le même rôle que les Cinq cents à Athènes, à l'égard des trésoriers de la déesse et des autres dieux. Nous n'avions jusqu'ici que des données vagues et incertaines sur la condition de Délos au 1v° siècle: ce texte nous 1a fait connaître. I indique aussi l'origine des hiéropes qui succédèrent dans Délos, de- venue indépendante, aux administrateurs athéniens. Les noms des vases ou autres objets, les noms, malheureuse- ment beaucoup plus rares des donateurs, demandent un examen de détail qui sera publié bientôt avec le texte lui-même. 2. Comptes des commissaires appelés Naomotoé pendant l'année 345. Ce fragment de 18 lignes forme l'angle supérieur droit d’une stèle, dont j'ai déjà trouvé deux fragments en 1880. Il en fixe la date et le sens; ïl en détermine exactement la dimension, donnant pour chaque ligne le nombre des lettres, qui sont disposées oTorynd6v. Les morceaux qui suivent ne peuvent être datés que d’une façon approximative; ils sont du milieu du 1v° siècle. 3. Fragment gravé sur les deux faces (15 et 18 lignes). Comptes des amphictyons : À. Prêts faits à des particuliers par la caisse sacrée. B. Location des domaines appartenant au dieu, à Délos et à Rhénée. L. Fragment gravé sur les deux faces, très mal conservé (15 à 20 lignes). Inventaires; celui de Ja Chalcothèque est le moins effacé. 5. Éclat de marbre provenant d’une stèle, probablement de l'époque des amphictyons. 10 lignes qui ne contiennent que quelques mots sans suite. Actes des hiéropes, de la fin du 1v° au milieu du n° siècle. 6. Comptes de l’année 303 (?. C’est le plus ancien document connu de l'administration délienne; brisé à la partie supérieure, il compte environ 70 lignes, toutes lisibles au moins en partie. ILse divise en deux chapitres : A. Comptes des dépenses; frais de construction et d'entretien des bâti- ments, des cérémonies du culte, salaires, etc. B. Inventaire des vases (® Cette date et les suivantes ont été légèrement modifiées par des calculs ultérieurs. — 128 — d'argent remis par les hiéropes à leurs successeurs, sous l'archontat de Lysixénos. 7. Comptes postérieurs d'une année ou deux à l’archontat de Lysi- xénos (302). Fragment d'une stèle intacte à droite et à gauche, brisée en haut, entière en bas, à une ou deux lignes près (22 et 13 lignes). A. Comptes de dépenses, constructions et salaires. B. Recettes diverses, amendes, remboursements. Inventaire de vases ou autres objets sacrés. 8. Comptes de l'année 300 (?). La stèle, intacte en tous sens, a mal- heureusement beaucoup souffert de l'usure, ayant été employée comme plaque de dallage. 80 lignes, dont 15 complètement lisibles, les autres plus ou moins; sur la tranche, 30 lignes sans lacune. Comptes généraux de l'administration {le début manque). Recettes : fermages, divers, inté- rêts et remboursements. Dépenses : achats, salaires. Sur la tranche, état des sommes dues à la caisse sacrée à titre de contributions arriérées, intérêts échus ou amendes. 9. Comptes de l'année 299. La stèle est entière, mais effacée, sauf quelques lignes de l'intitulé et 23 environ à la fin. Procès-verbal de la réceplion du trésor. Comptes de dépenses : achats el salaires. Avances faites à la ville. Procès-verbal de la transmission du trésor. C’est tout ce qui reste du compte général de l’année et de 90 lignes environ. 10. Comptes de l'année 283. La stèle, brisée en cinq morceaux, est complèle et presque sans lacune jusqu'à la ligne 93. Comptes généraux du trésor en recettes et en dépenses. Protocole de réceplion, montant de l'encaisse. Entrées : fermages, loyers, intérêts et remboursements, re- cettes diverses. Dépenses : salaires, frais du culte, achats divers, con- structions, entretien des bâtiments et du matériel sacré. 11. Comptes de dépenses (65 lignes). L'inscription, d'après la forme des lettres et les noms des magistrats, fonctionnaires, ouvriers ou four- nisseurs, doit se placer entre 285 et 277. Elle a été trouvée par M. Hau- vette, qui avait eu la discrétion de me la réserver; la copie est de M. Dürr- bach et de moi. 12. Comptes de l'année 279. Fragment gravé sur les deux faces, qui complète une stèle trouvée en 1880 : c'en est Fangle supérieur, gauche ou droit selon la face que l'on considère (23 et 24 lignes). À. Compte général du trésor : encaisse; entrées, fermages , loyers, intérêts, B, Inven- taires des offrandes consacrées dans l’Artémision. 13. Comptes et inventaires, à placer entre les années 270 et 250. Fragment de stèle gravée sur les deux faces (60 et 4o lignes). 14. Deux fragments, qui se rajustent, d'une stèle brisée à la partie supérieure. Comptes du lemple (175 lignes). La date se place vers l'an- née 250. ii 15. Huit fragments d'une autre stèle de la même OR Inventaires et comptes (plus de 6o lignes). 16. Quatre autres fragments, d’une écriture un peu différente ‘mais de la même époque. 17. Deux fragments de la même époque, mais d'une autre stèle. 18. Comptes des hiéropes en | charge sous l’archontat de Charilas II (220-210). Grande stèle brisée en cinq morceaux, incomplète en bas (82 lignes). Protocole de réception du trésor. Encaisse et rentrées des exercices antérieurs. Sorties prélevées sur ce fonds : prêts à. la ville. Ba- lance du compte de l’encaisse. Protocole de remise. Entrées de l'année en cours : recettes diverses, remboursements, loyers, droits, fermages, intérêts échus. Dépenses prélevées sur ce fonds. 19. Comptes des hiéropes en charge sous l’archonte qui suivit Chari- (16 lignes). La rédaction est la même que dans le texte précédent. 20. Côté droit d’une stèle portantinyentaires et comptes. La date entre 210 et 205. Catalogue de phiales consacrées à l'occasion de certaines fêtes et en vertu de fondations perpétuelles. Liste de prêts faits par la caisse sacrée à des particuliers. Nouveau catalogue de phiales. État d'in- térêts payés ou dus (80 lignes toutes rat DATE Comptes de la même époque (58 lignes). Comples de dépenses ; salaires , frais du culte, etc. Sorties de numéraire pour les prêts faits à la ville. Dépenses de construction et d'entretien. Procès- verbal de transmis- sion du trésor. Balance du compte. 22. Stèle gravée sur les deux faces (70 lignes de chaque côté), de la même époque. Le haut est brisé. Comptes et inventaires Eure 23. Côté gauche d'une stèle, sur laquelle, sont gravés des comptes. Deux fragments qui se rajustent (37 lignes incomplètes). Dépenses de construction et d'entretien. Location des immeubles sacrés. Liste des débiteurs : loyers, impôts, intérêts arriérés. Même époque. 2h. Grande plaque brisée en haut (110 lignes , dont une vingtaine seu- lement sont entières). Inventaires de l'édifice dit Avdp{w oîxos, de la Chalcothèque et de l'Artémision. Date, vers l’année 1 95. 25. Comptes et inventaire. Deux éclats provenant d'une même stèle et de chacune des deux faces de cetle stèle (25 lignes). L'écriture rappelle celle des inscriptions de 180 à 170; les formules appartiennent aussi à cette époque. 26. Deux fragments d'une inscription de Li même époque, gravés sur les deux faces (18 et 32 lignes). Comptes : À. Prêts faits par le trésor à des particuliers ou à la ville. B. Sommes reçues à titre d'intérêts. 97. Quinze fragments dont la date est incertaine, ou trop peu étendus — 130 — pour être employés utilement. Dans le nombre, un état de lieux des domaines sacrés (12 lignes), des comptes de recettes (fermages), de dé- penses, un inventaire (de 15 à.22 lignes). Soit un total de 59 pièces complètes ou fragments ajouté à la série déjà considérable des actes de l'administration délienne. Les découvertes sont plus importantes dans la troisième série, par rapport au nombre et à la valeur des documents déjà connus. Actes des préposés à la garde des richesses sacrées (xabeolapévot nm) Thv QuXaxÿr Tv epüy xpnuéToy nai Tüv &\AwY mporddu Ty To Seob), postérieurs à l’année 166. 28. Grande plaque gravée sur les deux faces et sur Les tranches. L'in- scription occupe six colonnes, quatre larges sur les faces, deux étroites sur les tranches, de 150 lignes chacune. 1l s’en faut malheureusement de beaucoup qu'elle soit partout lisible. L'écriture est la mème que dans une autre inscription, datée par l'archonte Callistratos. 160-150 environ avant J.-C. Inventaires des temples de Délos. 29. Fragment, de même écriture, gravé sur deux colonnes (62 lignes par colonne); la seconde à peu près détruite. Inventaire. 30. Deux fragments, d'une écriture analogue (80 lignes sur deux co- lonnes). Inventaire. 31. Moitié gauche d'une grande plaque portant inventaire (15odignes environ). 32. Grande plaque trouvée dans l'île de Myconos, où elle a été appor- tée à une époque inconnue, pour servir de table d’autel dans l'église de Lino. Elle contenait plus de 100 lignes, mais est presque complètement effacée. L'écriture rappelle celle des documents de 165 à 160. 33. Grande stèle surmontée d’un fronton, intacte, sauf à droite et à gauche. L'écriture est conforme au même type, mais beaucoup plus menue et serrée. Inventaire (250 lignes). Ce monument est le premier de cette époque qui nous soit parvenu complet. Il est précieux par la mention chronologique qu'il contient, archontat d'Archon, et par les renseignements qu'il donne sur l'organisation administrative de Délos au x1° siècle. 34. Même écriture. Deux fragments gravés sur les deux faces (150 lignes environ). Inventaire. Cette inscription contient le protocole de transmission du trésor, qui se rencontre pour la première fois. I présente aussi des détails intéressants sur la refonte du matériel sacré. 39. Même écriture. Un fragment gravé sur les deux faces (5o lignes). Inventaire. — 31 — 36. Un fragment gravé sur les deux faces et la tranche (100 lignes, sans compter la tranche). Inventaires. 37. Un fragment gravé sur les deux faces (48 lignes). Inventaires. 38. Cinq petits fragments relatifs à des prêts et à des locations (18 lignes). Si court qu'il soit, ce document présente de l'intérêt, à cause de sa rareté. De l'administration athémienne à Délos, il ne reste, à deux ex- ceptions près, que des inventaires, 39. Dix fragments de 10 à 40 lignes, d'époque indéterminée. Inven- taires. | Le grand avantage des découvertes de cette année est de nous avoir mis en possession de documents complets, qui permettront de classer les fragments, et de documenis datés, qui serviront à établir une chronologie, dont les bases faisaient jusqu'ici défaut. Dans ce catalogue je me suis en général contenté d'indiquer le nombre, l'étendue, le sujet et la date des documents. Permettez- moi, Monsieur le Ministre, d'ajouter quelques réflexions et de présenter quelques faits, qui en démontreront l'intérêt historique. La chronologie des archontes déliens est désormais fixée de l'année 302 à l'année 166. Mes recherches antérieures laissaient entreles années 226 et 198 une lacune de vingt-sept noms, suppléés par conjecture et rangés dans un ordre tout à fait arbitraire; les textes nouveaux fournissent, et sur les noms et sur la succession des éponymes, des données beaucoup plus précises et plus com- plètes. Pendant une période de cent cinquante ans environ, mo- numents ou faits peuvent être désormais datés à une année près. Dès lors, il devient facile de déterminer la hiérarchie des ma: gistratures : trésorerie publique, trésorerie sacrée, archontat; de constater les modifications introduites dans le personnel ou dans les usages de l'administration, et en particulier dans les règles de la comptabilité; de suivre les mouvements dela fortune sacrée, de rechercher les causes de la hausse ou de la baisse des recettes; tout se lie, s'enchaïne, s'explique. : Une chronologie rigoureuse est toujours un résultat considérable ; car elle vaut à la fois pour le pays où elle avait cours et pour Lous ceux qui étaient en relations avec lui; à Délos, ces relations em- brassent Athènes, Rhodes, les grands empires de l'Est, et Rome elle-même. D'ailleurs , il arrive un temps où Athènes impose à l'ile sainte, — 132 — avec une population athénienne, son calendrier et ses archontes éponymes. La chronologie est commune alors à la république et à sa colonie. Pour cette époque encore, les inscriptions de Délos ont une importance souvent décisive. Les comptes et les inventaires, par les allusions fréquentes qu'ils font aux édifices de tout genre, les descriptions qu'ils donnent, ou des édifices eux-mêmes, ou des objets d’art qui y étaient placés, par les renseignements qu'ils fournissent sur les entreprises de'travaux publics, sont un auxiliaire précieux et unique pour l'étude de da topographie et pour l’histoire monumentale de Délos. Les nouveaux textes permettent d'identifier les monuments désignés par des noms différents dans les inscriptions du vr siècle et celles du ns ils abondent en détails curieux sur le sanctuaire des dieux étrangers. Quelques statues y sont décrites; dans l’'Isieion, «une Boubastis avec un enfant sur ses genoux»; dans lHéraion, «des statues acrolithes, enveloppées d’étoffes dé lin »; dans Je temple d’Agathé Tyché, la déesse est représentée en marbre, tenant dans la main gauche la corne d’Amalthée dorée, et dans la droite un sceptre; sur la têle elle porte une couronne ornée de pierreries et dorée. Les vases, les pièces de mobilier, les objets précieux, les bijoux et les vêtements, qui composent le trésor des temples, donnent ma- tière à des recherches intéressantes sur l'art et l'industrie des anciens. Les commandes de statues, faites pour célébrer les fêtes de Dionysos, nous révèlent le nom d’un artiste délien, Aristo- thalès. 4 L'histoire des croyances, comme celle de l’art, reçoit une assez vive lumière de nos textes nouveaux. La grande place que tiennent dans les inventaires les temples égyptiens prouve une évolution des consciences vers les religions orientales; Apollon reste toujours nominalement le premier; mais on se porte, semble-t-il, avec plus d’ardeur au culte des divinités plus jeunes. Ce fait répond d’ailleurs à un changement profond dans la condition de Délos, devenue de ville sainte place de commerce, et envahie par une population cosmopolite. L'étude de l'administration religieuse à Délos se fonde déjà sur un si grand nombre de textes épigraphiques et peut se faire avec tant de précision et de clarté, qu’il serait oïseux dementionner les détails nouveaux que l'on peut çà et là saisir encore. Cependant l'intervention des hiéropes déliens et du conseil dans les actes des | — 133 — amphictyons, comme celle aussi des amphictyons d’Andros, sont des faits qui dépassent la pratique administrative et qui ont une véritable portée politique. Athènes put bien en 378, grâce aux services qu'elle avait rendus et aux alarmes des petits États, re- constituer son empire maritime, mais non pas rétablir son auto- rité despotique. Les inventaires nous ont conservé, dans les noms des donateurs, la trace souvent effacée de l'histoire politique de Délos et des Cyclades. Entre le v° et le 1v° siècle la série des offrandes élait jusqu'ici interrompue; aucune ne rappelait les grandes victoires d'Athènes; le nom d'Iphicratès comble en partie la lacune. L'époque des règnes de Philippe et d'Alexandre continue à ne pas être représentée; mais les offrandes de Rhodes remplissent la fin du 1° siècle; puis viennent celles de Ptotémée Lagos, puis celles de Démétrios, qui témoignent d’une lutte d'influence et d’une alternance de domination entre la Macédoine et l'Égypte. La puissance acquise par Démétrios, à la suite de sa victoire de Salamis en Cypre, nous est attestée par un passage des comptes de l'année 300. Les hiéropes portent en dépense une somme de 22 drachmes, sous la rubrique suivante : dre 6 Baoileds éÉémdeucer, TN2 HOT POV SÉevéyxaoev éx ToÙ ipod uiowroïs AAH FI. Aucun nom n’accompagne le mot à BaorXeus ; c’est le seul, le vrai roi, le maître reconnu , celui qui domine sur mer et qui protège l'ile sainte. La somme inscrite est aussi digne de remarque : aux taux des sa- laires, elle ne représente pas moins de 53 journées de travail. Soit qu’il s'agisse des animaux offerts en sacrifice, ou des bêtes de somme que le roi traïnait à sa suite, la visite se fit donc en grande ma- gnificence et comme il convenait à la gloire de Démétrios. Elle eut lieu sans doute avant ou après l’entrevue de Rossos, dans laquelle Démétrios scella son alliance avec Séleucos, en lui donnant sa fille; car on trouve rapprochés dans les inventaires les dons que consa- crèrent dans le temple Démétrios, Séleucos et Stratonice. En 299, un emprunt fait à la caisse sacrée par l'État indique que la guerre a recommencé entre les royaumes rivaux; les Déliens, effrayés, pourvoient à leur sûreté par des mesures extraordinaires. Des fêtes, dont plusieurs sont mentionnées pour la première fois, nous révélent les prétentions où les droits des souverains sur Délos et lesiles. Je mentionnerai les Philippeia, qui se rencontrent MISS. SCIENT. — XIII, 28 IMPRIMERIE NATIONALE» en iA 7. — (3h — dans -les scriptions: des: années 24 0:200. Philippe: élèvérdes statues à Délos ; y recoit des hommages ; y !fait construire [le por- tique qui porte son nom ; il fondeenfin , à l'exemple des Ptolémées, de Démétrios, d'Antigone Gonatas et d’Antigone Doson, des sacri- fices perpétuels; ilest donc bien le successeur des maîtres dont, depuis la mort d'Alexandre, la ville n’a cessé de recevoir deslbien- faits et de subir da protection. Quelquefois même, des faits étrangers à l'histoire de Délos nous sont connus par les inscriptions de cette ville. Parmi les donateurs qui avaientenrichi le temple d’Apollon de leurs offrandes, jetrelève un personnage qui porte le nom de Ptolémée, accompagné ounon du titre de roi, et qui est fils de Lysimaque. Or le roï Lysimaque eut d’Arsinoé un fils, du nom de Ptolémée, qui, ménacé par Pto- lémée Céraunos, dut quitter da Macédoine et se réfugier auprès du roi des Dardaniens. Droysen avait supposé qu'à la mort de Céraunos, il avait fait valoir ses droits, revendiqué le titre détroi et peut-être pris la couronne; le fait est démontré aujourd'hui et un peu plus de jour commence à se faire sur cette période obs- cure et troublée qui précède l'avènement de Gonatas (279-277). On devra encore aux comptes de Délos de mieux connaîtresle droit privé et l’économie politique des anciens. Les contrats de prêt, de location, d'entreprise y peuvent étreétudiéstrès exactement; les notions les plus variées, les plus abondantes, y sont necueillies:sur le prix de toutes choses. On sait quelle importance les économistes attachent pour l'ordinaire au prix du blé, au taux des salaires; des inscriptions nouvelles apportent sur ces points des renseignements tout à fait précis. Par exemple, en 283, le cours des céréales, froment et orge, nous est connu de mois en mois, presque pen- dant l'année entière : nous en avons, pour ainsi dire, les mer- cuniales. Mois Lénaion (janvier)... .... Blé, lemédimne (52 litres). 7 drachmes(6' 30°). Hiéros (février)........ TAB Le ee I Es TOME Galaxion (mars)... ::.... (LM hit ed Le 7 Artémision (avril)... .... Orge. 64.6 et In uIqe (Le chiffre estéffacé). Thargélion (mai)....... Plésus in bonaeurents 6 1/2 Métageitnion (août)... . Tan scene tx pére 7 Bouphonion (septembre). Idem................ 10 Apatourtori (octobre)... UNpe. --...-......-1. A Arésion (novembre)... .. Tdi. UOTE 3 5 Posidéon {décembre}... Idem.,.:4,,41441.40: 5 — 135 — La même inscription indique avec exactitude la ration que re- cevaient chaque jour les ouvriers, la dépense nécessaire à la nour- riture d’un homme par jour, par mois et par année. La ration est de 1 chénice et demi par jour (le chénice est la quarante-huitième partie du médimne) de blé ou de farine d'orge, auquel il faut ajouter l'opson. La dépense se monte à tout près de 1 obole par jour pour le blé — au prix moyen de 7 drachmes et demie le médimne — à 2 oboles pour l'opson, à un quart d’obole pour la préparation des aliments, soit 3 oboles et un quart. À ce prix, la vie coûte par mois 16 drachmes et 2 oboles, et par an 196 drachmes. Ces chiffres sont à la fois plus précis et plus certains que ceux auxquels Boeckh était arrivé dans son livre classique de l'Economie poli- tique des Athéniens. Rapprochés des autres données statistiques que l’on relève dans les comptes, et qui sont assez variées pour porter sur des objets de toute espèce, assez multipliées pour permettre d'établir dans la plupart des cas un prix moyen, ces chiffres permettent d'aborder, dans la mesure du possible, le problème rigoureusement insolu- ble, mais tres attrayant et très curieux, du pouvoir de l'argent au met au n° siècle avant notre ère. Je ne m'arrêlerai pas plus longtemps sur ce sujet, qui comporte un détail et des calculs infinis, dans lequel d’ailleurs je devrais faire intervenir la série complète des inscriptions et non pas seu- lement celles qui ont été découvertes cette année. En terminant ce rapport déjà trop long, permettez-moi, Monsieur le Ministre, d'exprimer l'espoir que les résultats des fouilles de Délos ne vous paraîtront pas indignes de l'intérêt que vous avez bien voulu y prendre et des libéralités de l'administration. Je crois qu'ils nous font pénétrer plus avant, non seulement dans l’histoire de Délos, mais dans la connaissance de l'antiquité elle-même, et qu'il n'est guère de partie de la science archéologique à laquelle ils ne puissent plus ou moins profiter. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'hommage de mes senti- ments respectueux et dévoués. Th. Homoze. OT à st tretesrene ut euredin th À Rss RÉ us: ccsaiale ose. ANNE Os 7er 177 ture #28 LL 1] WE h & L.. ii 1h ‘@ Mae & SN SEE cat Th) UA À 1 nero in except vb ta AE Ï ‘ sg hot tons er marge t are eshode & J'en ie arte" Hier MT sasale Adi 1 de soumdannlt ba æaae ue mogaænd are né de co asile | Et ce mb daroren lé EUTR 4 assis ie re 4 pr amants eo eo nb Plant yeg PUNTO ÉDOTIEU SEE LR ip à LEP ire orne are emilie lteren sp Mrtn ess age Par éEun - rptsetrend di su JR y AG LE SE METTRE TEEN iuoiho asl 18 ». étés dun À outre à) régies ouai ni É om it ton (it 1? CUITE OUEST A EU arr an : | tb pre RETTOETT 2 ap 40 F DANSE Œ ulitaw ri pe GAIDTI EN! 108 asâm, af 1m L + a gai ADI 201 Leg on an tte ln ue alt aonelen ou A EM LT ET TEE N'iomenont JEU tt : anal: to COULTELTE 1 CITE! ES LATE LES MANUSCRITS GRECS DE BÉRAT. D'ALBANIE LE CODEX PURPUREUS , M. PIERRE BATIFFOL. I Bérat West une petite ville turque située à l'entrée des gorges de lApsus : il faut une quinzaine d'heures, à cheval, pour aller du port le plus voisin, Avlona, à Bérat : il n’y a pas de route. La ville est musulmane : ses minarets s’apercoivent de loin, dominant ses maisons blanches et ses jardins, et aux portes on rencontre les inévitables tombeaux de babas. Le bazar est le centre de la ville : on y rencontre l'hadji vert et l’odgia en turban, des militaires ou des fonctionnaires turcs; cà et là des Ghègas et des Vlakis, ou des marchands du côté d’Elbassan; enfin nombre de juifs re- connaissables à leurs fez noirs; mais la foule, comme la langue, est albanaise. La ville haute est entourée de vieilles murailles byzantines demi-ruinées : c'est le Kastro, terre grecque et chré- tienne, où l’on ne rencontre pas une boutique, pas une mosquée. La population en est exclusivement hellénique. Là se trouve la (), L'histoire ancienne de Bératse résume en une mention de Tite-Live (xxxr, 27), encore est-ce à la condition d'identifier la ville actuelle avec l’ancienne Anti- pairia, ce qui n’est qu'à peu près exact, Antipatria devant se trouver un peu en amont'del’Apsus, je croïs. Le siège épiscopal de Bérat ne date que de la dispa- rition des évêchés de Byllis, Apollonie, Amantia, Canina, Aulon, c’est-à-dire du xv° siècle. C£. Lequien, Oriens Christianus (1740), t. Il; dioc. de l'Illyricum. LE mi. AT Pr CPR peus à: SN | : — 138 — maison épiscopale, la «sainte métropole ». J'étais descendu dans le Kastro et j'y avais loué une maison dont les fenêtres s’ouvraient sur les remparts : on y avait comme une vision de la vie byzan- tine « dans le thème de Belgrade » au moyen âge (1). J'ai été réçu dans lak méfropolé» par l'afchevéque érnbloxe; an prélat excellent et d’une grande érudition, M. Anthime Alexoudis. Métropolitain d’un vaste:diocèse , al à consacré ce que l’adminis- tration lui laissait de loisirs à cultiver l'archéologie. Il est membre correspondant du Syllogue de Constantinople, où on ne le cite jamais sans lui donner l’épithète de @sAéuoucos, et M. Anthime Alexoudis l’a bien méritée! Il'a relevé‘des inscriptions, publié des médailles (?), réuni dans sa maison une collection modeste mais précieuse d'objets antiques (), et l’on ne pourrait lui savoir trop de gré de la bonne grâct lavec laquellé til faït les honneurs de sa métropole. Bérat même n'a rien d’antiqué : on n'y a relevé aucun monu- ment, aucune inscription de haute époque. Il lui est arrivé seule- ment de recueillir des épaves, et c'est ainsi qu'elle possède quelques manuscrits, peu nombreux à vrai dire, mais dont quelques-uns sont de la meilleure antiquité. Il Fe de direccomment,et/par qüi ils me furent signalés ().,,: | | DEL En 1875, M: Duchesne, chargé d’une mission au mont Althos, s'était détourné de !sa route jusqu'à Patmos pour y copier les frag- ments N du Nouveau Testament greci Le conservateur: de la biblio- thèque du couvent du « Théologue », M: Sakkélion ; nr à (1) Georges Pachymère. fait une desrriptiqn me Bérat pds et très exacte (Hist. Michael. Palæolog., 1. VI, c. xxx. — Migne, Patr. Grecq., t. CXLIL, col. 971 $gq.). Cf. Leake, Travels in Northern CH (Londres, 1835)! ap 4 p. 359 s4q: et Margaritis Dimitza, Âpyaia yEwÿpaQla Fi eee Sig 1870), à l’article Belgrade. | @) Dans les Mémoires du Sylogue de Constantinople. %) Nous avons publié un bronze et une terre cuite de sa collection dans Je Bulletin de la Société des antiquaires de France, 1885, p. 220 sggq. :Nôtre ami M. Béuxlier a fait Suivré tiôs deux dessins d'ün cémméntaite archéologique. : Je ne sache pas qu'aucun des voyageurs qui de nos jours ont visité l'Epire ait rien dit des manuscrits de Bérat : ce, n’est.pas Pouqueville {Voyage en Grèce, Paris, 1820-1822), ni Leake (ubi supra), mi Gaultier de Claubry (Guide d'Isam- bert, éd. de 1876, p: 857), ni, von Hahn (4lbanesische! Studiens Jena, 1854), ni Aravandinos (Xpovoypa@la rûs Hneipou, Athènes, 1856-1857), ni M. Gil- liéron (Grèce et Turquie, Paris, 1897) ni Knight.(Albanit; Londres, 1880), mi, m'assure-t-on, M. de Gubernatis. —. 139) — Athènes, lui signala d’après une brochure grecque un manuscrit proche parent, assurait-on, des fragments Net comme:eux: sur pourpre à encre d'argent. Bonne note en fut prise par M. Duchesne , qui ny fit allusion qu'une fois, dans un article! critique, en 1881, comme pour prendre date ().: Personne ne s'en: émut en pays grécysinonen Allemagne ®), et l'on peut direque, en 1884, M: Du- chesne était dans de:monde savant le seul à connaître l'existence de:ce, manuscrit pourpre.-Le jour où il m'offrit-d’aller le recon- naître, je pris quelque supplément d'informations. Elles me furent: fournies par M. Sauvaire, consul de France à Janina, qui m'écri- vit à laldate du 27 novembre 1884 : « L'archevêque métropolitain de: Bérat,, Anthime Alexoudis, a publié, il ya quelques années, enlangue grecquerune Description abrégée et historique dela sainte. métropole de Belgrade; aujourd'hui Bérat ); cet ouvrage, qui w’aew qu'une publicité modérée et dont aucune traduction, je pense, n'aété faite, contiént les pages suivantes, dont je me/permets de vous faire la traduction tout. à fait littérale :«Ch.11x: Vieux livres «manuscrits sur parchemin. La métropole de Bérat contient encore «lés livres saints manuscrits suivants :\1° un saint évangilesetrou: «vant dans l’église: paroissiale de lynnonciation du Kastro, à «Bérat, cru et honoré par tous les hab ‘ants chrétiens, d’après une « tradition ancienne, comme manuscs de notre père saint Jean, «Chrysostome, archevêque de Constiyitinople, à da fête duquel cune messe pontificale est chantée chaque année, messe pendant « laquelle ce manuscrit est exposé dans l’église, où tous les chré- « tiens accourent en foule le baiser avec dévotion, honneur et res- « pect. Les lettres des mots de ce saint évangile sont tracées en or “ ainsi que les lettres initiales de chaque paragraphe, qui sont ma- U)éBulletin critique; 15 avril'1881,t. D, p.452, note: : «Le signataire de ce compte rendu a lé plaisir de pouvoir annoncer qu'il existe, uu]|cinquième spécimen: de maauserit grec en. parchemin couleur pourpre écriten:lettres d'argent: Le ma» nusérit en question contient, comme celui de Rossano, le texte fes Hate de saint Mathieu et de saint Marc.» é @) Novum Testamentum . qæcc (ed: oct. crit.major) de Tischéndorf, Por Un, ; Prolegemena de:G:-R. Grégory (1884), p.409, note2a 01 () En voici le titre exact : Evyrouos ce GEpiypaQn Ts, iepès) enreard: Aews BeÂsypador nai Ts ÜTÔ TMv mveuuarinr aûris uarodootxv ÜrayouéLns YUpas vou mpôror ouvraybeïoa nai idioss dvahuaor rÜrois éndobeTo& ÜTÔ ToÙ unTpOTo- Airou BeÂcypéduw À»0iuou À, À eËoton où èx Madro ris Opaumnñs Kepooynoov * Eu Kepaÿpa: TuroypaQetor à lopialideAQär Kaän: 1868. | — 10 — « juscules. Au commencement de chacun des quatre évangiles, il «y a l'image de chacun des quatre évangélistes peinte en or. « 2° Un autre évangile très ancien, renfermant le texte des évangé- « listes Mathieu et Marc seulement, se trouve dans l’église Saint- « Georges de la même paroisse : les caractères en sont tracés avec « de l'argent sur parchemin couleur cerise foncé, et les majuscules « sont écrites avec de l'or et de l'argent en forme de ronde. Sur «un des côtés de la couverture est écrit, avec des lettres d'une « époque ancienne, l'avis suivant : « Voyez les lettres de cet évan- « gile écrites par les propres mains de saint Jean Chrysostome, lors- «qu'il était dans sa patrie, à Antioche, diacre de l’évangile. :. » « 3° Un autre évangile manuscrit grand et volumineux, relié en «argent comme les deux précédents, est la propriété de notre église «cathédrale. Dans da même église, il y a encore un autre évan- «gile écrit sur parchemin et dans un petit format. 4° Enfin ül y «a encore deux évangiles manuscrits sur parchemin blanc dans « l'église de la paroisse Mangalémi O), » Ainsi c’est d’après ce passage de la brochure de M. Alexoudis que nous avons eu le signalement des manuscrits de Bérat. J'ai tenu à le dire tout d’abord pour répondre à certaines insinuations que l’on a cru devoir émettx, à Athènes : M. Sakkélion a réclamé pour M. Alexoudis la prio té de la découverte du Beratinus, et, pour faire valoir les droits e l'évêque archéologue, il a cité tout au long les lignes que nous venons de transcrire, comme si nous les eussions ignorées, On voit qu'il n’en était rien. Il La collection de manuscrits qui se trouve à Bérat se partage en plusieurs groupes. Chaque église, et il y en a plusieurs, possède parmi ses livres liturgiques quelque manuscrit : ainsi l'église de Saint-Georges, ainsi l'église de l'Annonciation. De plus, l'évêque est personnellement propriétaire d’un certain nombre de manu- scrits qu'il garde dans sa maison épiscopale, la métropole. Avant d’en venir au Beratinus proprement dit, arrêtons-nous un instant à ces différents manuscrits. () Voir à l’appendice le texte même de M. Alexoudis. () Dans le journal l'Éédoués, n° du 14 juillet 1885. — All — Les uns sont des manuscrits communs : tous ceux que j'ai vus sont chez l'archevêque, dans un état d'abandon et de délabrement misérable. On a eu quelque scrupule à me les communiquer, et en: fait je n’ai pu les étudier que dans les dernières heures de mon séjour. à Bérat : il ne m'a été permis d'en dresser qu’un inventaire irès bref, encore ne suis-je nullement sûr d’avoir tout vu. Ces ma- nuscrits se rapportaient tous à des matières ecclésiastiques. J’aï re- levértrois volumes de ménées. Le premier (I) était un manuscrit de’papier, de format in-quarto, écriture du xv° siècle. Le second (11), d’une écriture un peu plus ancienne que celle du précédent, étaitraussi un manuscrit de papier, de format petit in-folio. Le troisième (III) datait de la fin du xnu° siècle ou du commencement du xm°; petit in-folio comme le précédent, mais de parchemin. Je signale encore deux volumes d’homélies. Le premier (IV) était umrecueil sis Tùv Mépxov, manuscrit de vélin, format grand in- quarto, écriture de la fin du xn°siècle ou du commencement du xmir°. Le second (V) était mieux conservé : c'était un recueil des homélies de saint Jean Chrysostome sur saint Jean, et le manuscrit était de vélin, mesurant 22 centimètres sur 15 et comptant trois cent dix- sept feuillets à une colonne (vingt lignes par colonne). Il datait à peu-près de la même époque que le précédent. À ces cinq manu- scrits, il faut joindre : un recueil de règles et ordonnances ecclé- siastiques récentes, chartaceus in-quarto du xv° siècle (VI); un lectionnaire mutilé, membranaceus in-quarto du xur siècle (VII); un diptyque très mutilé aussi, chartaceus, relié en bois, mesurant 22 centimètres sur 15, et ne comptant plus que soixante-sept feuillets: l'écriture était de la fin du xiv° siècle. Ce livre de diptyques était celui du monastère du Philanthrope, comme l'in- dique de titre, doyn Tv denlly an tÿs povÿs rod QuhavOparrou, et, m'’a-t-on assuré, du Philanthrope de Jannina ® (VII). Un autre diptyque de la même époque, dans un état pire encore que le pré- cédent:et ne possédant plus que vingt-trois feuillets : il mesurait 21 centimètres sur 14 et avait appartenu au monastère de Saint- Georges : [dnluya] Tÿs os roù dyiou l'ewpyiov; on aura l'occa- sion d'y revenir (IX). Je signalerai enfin deux manuscrits scriptu- raires : un exemplaire des Actes des apôtres (X) comptant quatre- vingt-dix-huit feuillets de parchemin et mesurant 22 centimètres ® Cf. Sathas, Bibliotheca græca medii œvi, t. IL (1872), P: XOVIT. — 12 — sur 16, Chaque feuillet était à une colonne, chaque colonne comp- tait dix-sept lignes. L'écriture était d'assez: bonne cursive du x siècle, et le manuscrit lui-même portait la date’ de 11:58 (a: m. 6666). Le texte était accompagné de scolies marginales etorné de bandeaux dorés. Puis (XI) un évangile cursif remontant au xr° siècle, membranaceus de deux cent cinquante-cinq feuillets, mesurant 21 centimètres sur 16, à une colonne de vingt-cinq lignes par feuillet. Le manuscrit était entier et présentait les quatre évangiles dans l'ordre: reçu. La lettre à Carpianus man: quait; les canons d'Eusèbe figuraient en tête du volume; et, au cours du texte, en manchette, les nolés ammonio-euséhiennésret les xePahaua. Quatre miniatures médiocres et d’un type banal ve: présentaient les quatre évangélistes; quelques bandeaux grossiers complétaient la décoration ®, A côté de ces manuscrits communs, il faut ‘signaler quelques manuscrits calligraphiques plus importants. Dans le faubourg de Mangalémi, à l'entrée du vieux pu di Bératinos, on m'avait signalé une église restaurée récemment et qui porte le vocable de la Dormition de la Vierge, Kotunous ris Tavayéas : elle possédait, m'assurait-on , un évangile du r° siècle). J'y descendis un peu ému etje trouvai un évangile qui n’était que de huit siècles plus moderne (XII). C’est un manuscrit de parchemin de deux cent soixante feuillets in-quarto; l'écriture est cursiveset du xu° siècle: Il renferme les quatre-évangiles dans d'ordre reçu; en tête, les canons d'Eusèbe; au cours du texte, les xe@oœu et les notes ammonio-eusébiennes. En avant du manuscrit, ona in- séré vingt feuillets de papier où une main moderne a transeritrle Synaæaire. Dans le volume, on trouve quatre miniatures à pleine page représentant les quatre évangclistes sur fond-d'or'et «enlumi- nées de couleurs très délicates. Les en-têtes sont ornés de bandeaux légers, et les canons d'Eusthe encadrés de colonnettes et d'arçcades fleuronnées: d'un joli travail %. Chacun des feuillets décorés est (1) Aucun dé ces onze manuserits n’est signé: () La même personne m'a signalé V'église d'Argyra Kastro comme possédant un évangile du premier siècle, La foi m'a manqué pour faire la course d’Argyro Kastro et reconnaître cette précieuse relique. (® Comparez dans M. Bordier, Description des peintures et ornements des ianu- scrits grecs de la Bibliothèque nationale (1884), p. 129, la description du Suppl. gr. 75. — mRÉT — récohvert d'un voile de soie pourpre, ancien M). Le manuscrit porte la souscription suivante |: To Sapdr yrov capes É000n mpds Ty sua povyv Ty É*EOUO dv #roi ro Néüs Môvyv dpi roÿ mepirobyrou Selou 700 Gardluou Passe xÜ- pou @Endbpov Kouyvou roù Aucyépeus , lwdyvouroÿ À yyélou où uero- vopactévros did roû dyiou nai dyyexoù oyyuaros Kaluwixov! podayod. Kai oi, évepenatapsés Toro eines arov did rdv Küprov iva Hal dl@eds ÉÂSHON QUGS. & 1: «x LNPPRNES Me Le 1Cexmonastère de Notré-Dlme-b- Pitié est poutre el ne que!celui de Mesembria 1. 10 JOIE L'église épiscopale possède un évangéliaire sur Sheila àre- liure d'argent (XIE): Le nombre-des feuillets-est de trois cent dix, leur hauteur de 350 millimètres, leur largeur de 285-millimètres/, chaque féuillet est à deuxcolonnes. L'écriture: est dergrandecur- sive du xr1° siècle ou du commencement duxr°. Les initiales sont derbelle majuscule; hors colonne:et d'une hauteur qui varie de 35 à 5ormillimètress'elles sont dorées et teintées de bleu pâle. Les titres) sont aussi dorés ; mais en:minuscule , relevés: légèrement de Re lécon' est séparée de la suivante par un bandeau or'et bleu bn 6} Otnsrrionrt (Er ) II À ces deux manuscrits calligraphiques, il faut ajouter deux manuscrits d'un genre différent et à part : la Liturgia argentea et le Codex aureus Anthimi. Les spécimens de la chrysographie byzantine sont en fort pelil nombre (). Je vois citer un psautier à Londres, un évangile à Flo- () Ces petits voiles de soie destinés à Pose les peintures se retrouvent dans quelques manuscrits. Ainsi Bibl.mat. gr. 954; 1242, etc, . @) Nous trouvôns en effét'üun monastère de l'Éléoussa ressoïtissant au diocèse de Mesembria (UADE et Müller, Acta patriarchatus G. P°",t. IT, chart. 351) dans un diplôme du xrv° siècle; mais comment l'identifier avec le nôtre? surtout étant donné, qu'il y a encorèlune Éléoussa! à Nauplie {Sathas, Bibl.-gr. medii œvi, IT, 559, «d’après un document de 1611), et une Néx Moy à Chio (Miklosich et Müller, Acta et diplomata gréca , t. IL,-p. 261). Pour l'identification de ce Comnène devenu moine, voir: les. Nôtes additionnelles. 6) À rapprocher du Parisinus gr. 660 (Bordier, op. cit., p. 196). Œ) Wattenbach, Das Schriftwesen in Mittelalter (1875), p. 120 5qq.; Gaxdthau- sen, Gricchische Palæographie (1879), P- 85. Cf. l’article, Chrysogr aphia! de M. Graux, dans le Dictionnaire des antiquités de Daremberg et, Saglio. SET es — h4h — rence, un évangile à Saint-Pétersbourg; encore ce dernier seul est- il sur vélin pourpre (). Avec le fragment d'Uspenky (), je n’en con- nais pas d'autre (%). Les manuscrits sur pourpre à encre d'argent ne sont pas plus répandus (f : on ne connaît que la Genèse illus- trée de Vienne, le psautier de Zürich, l’'évangile de Patmos, l'évan- gile de Rossano; si nous y ajoutons les feuillets palimpsestes de Dublin 6) et un évangéliaire de Vienne (rx° siècle), nous aurons le catalogue complet des manuscrits pourpres et à encre d’ar- gent connus jusqu'à ce jour. La collection de Bérat nous permet d'augmenter de trois manuscrits nouveaux cet inventaire bien court. Le premier de ces manuscrits est la propriété personnelle de M. Alexoudis; je n’en ai pas pu connaître la provenance. C’est une Liturgie de saint Chrysostome écrite en bonne cursive que l'on pour- rait faire remonter sans peine au xnf siècle; l'encre est d'argent, mais les noms divins êt le memento sont chrysographiés, ainsi que le titre. Le texte est écrit, non sur feuillets, mais sur un rouleau de parchemin pourpre, long de deux mètres quatre-vingt-cinqcen- timètres (2”,85) et large de vingt-six centimètres (0,26). L'ex- trémité inférieure est mutilée: le rouleau est écrit des deux côtés en une colonne large de treize centimètres (0",13). Le memento est ainsi Conçu : punoËnTi NE Ha T@v oùv dOUAWY : vIXOÀGOU ÉÂévns* ypnyopiov * vrxoÀ“ > 1, * x dvaoTacias à * varalas à * mer x dmarias* Cévms 4° num rplou xai dvvms (- ® J. Belsheim, Das Evangeliun des Marcus nach dem griechischen Codex Theodoræ, Christiania, 1885. Cf. Papadopoulos, Palacographikon Deltion (Con- stantinople, 1885), p. 9. @) Grégory, Prolegomena, p. 384. @) Cf. Fabricius, Bibl. eccles. (1712), p. 58; Héfélé, Histoire des conciles (éd. franç.), 1, 250; Bordier, Description, p. 205 (à propos du Coislin, 239). 4) Wattenbach, loc. cit., et Westwood, Palæographia sacra pictoria, art. Purple greek mss. Cf. Gebhardt et Harnack, Evangeliorum Codex Rossanensis , seine Entdeckung. .. (1880), p. 5, et des mêmes, Texte und Untersuchungen zur Ge- schichte der altchristlichen Literatar, 4: Y, fase. 4, p. 7, sgq: (5) Grégory, op. cit., p. 399. (5) Il est certain qu'Anastasie, Natalie, Hypatie et Zené sont des religicuses, LA CODEX AUREUS ANTAIMI. LITURGIA ARGENTEA. HA 2 SE CN, IE ANNEE PE 4 — 445 — Le manuscrit que, par gratitude pour M.1Anth: Alexoudis, nous ‘appellerons Codex aureus Anthimi, appartient à l’église de l'Annonciation (éxx\noix Tod eûayyelouod Ts SeoToxou), et on le-tient pour un autographe de saint Jean Chrysostome 0). Il est relié dans une reliure à plats d'argent repoussé, dont les nerfs sont aujourd'hui rompus. Il compte quatre cent treize feuillets réunis par quaternions , et chaque feuillet mesure 24 centimètres de haut sur 19 de large : c'est l'équivalent d’un petit in-quarto fort Le parchemin est très ferme : il est teint en pourpre.et d’un ton bleuissant, sans rien des tons de lie de vin ou d’orcanète qui sont ordinaires à la pourpre ancienne. L’encre est d’or. Chaque pageestà une colonne, et la colonne est de dix-sept lignes, comme dans le Codex: Theodoræ de Saint-Pétersbourg. Les marges ont une largeur respective de 42 millimètres pour le haut, de 65 pour‘le bas, de 34 pour l'intérieur, de 58 pour l'extérieur. En manchette figurent les notes ammonio-eusébiennes; en titre cou- rant, les xe@aluwæ; en tête de chaque évangile, l'ensemble des xe- Pak. U n'ya point de scolies. Le texte, autant que j'en ai pu juger par une collation partielle, ne s'écarle pas.de la tradition bien connue du texte byzantin; il est très correctement copié. L'écriture est d'excellente cursive. Elle n’emploie que le point et nul autre signe de: ponctuation; mais les accents sont à chaque mot, les esprits sont marqués et ils sont angulaires. L'écriture a le même aspect que celle du Codex Theodoræ ©), mais entre les deux je relève une différence importante : dans le Codex Anthimi en effet, 6 a cette vieille forme de a qu'on trouve déjà au 1x° siècle, tandis que dans le Codex Theodoræ ïl affecte une forme onciale dégénérée £ et que l'on ne retrouve pas avant la fin du x° siècle (). On peut donc sans hésiter attribuer le Codex Anthimi au x° siècle. le» sigle & indique. L'absence de tout titre aprèsles noms de Nicolas, de Démé- trius, de Grégoire, d’Anne, empêche d'y voir des personnages de plus de marque que ne pouvait être le commun des bienfaiteurs de ce couvent de caloyères. () Noir l’appendice. .® M. Belsheïm (op. cit.) a donné un bon fac-similé du Codex Theodoræ; le reste de son travail est de peu de valeur. est inadmissible en effet que le Codex Theodoræ soit du 1x° siècle; l'écriture, ne saurait remonter plus! haut que da fin du x° siècle ou le commencement du x1° (Revue critique, »886, p. 201). M. Wat- tenbach, qui a étudié le manuscrit sur place, de croit du x11° (Anzeiger für die Kunde der deutschen Vorzeit, 1875, p. 72), opmion malaisée à défendre, je crois. G) Gardthausen, Griechische Palæographie, p. 184. — 46 — En tête de chacun des quatre! évangies:se trouve unerminiature au trait, à l'encre d'or; les chaïrs seules y'sont données en cou: leurs, mais elles sont effacées ‘présque: complètement; Kencadré! ment de chaque sujet est géométriqueetle sujet estun portrait de l'évangéliste, suncun 1ype d'ailleurschanal@llss oui 2ueh 2er {} d 91 Nous arrivons enfin-au manuscrit de beaucoup le plus-remar- quable du trésor de: Bépat ,ceh-Rirmême auquelnous:avons donné le nom de Beratinus : propriété de d'église de Saint-Georgess ilrest conservé dans la maison épiscopale: La descriptionset ladisqus- sion qui suivent ont paru dans les Mélangés.dé W'Écôle de Romé: elles sont réimprimées ici avec un nombre /assez-considérablerde retouches et d'additions. Nous désirerions que notre penéel nerfüt jugée que sous cette forme nouvelle. lodonser Nous n'avons que deux documents qui il jeter quelque jour. sur l'histoire du Beratinus. Le premier est ce diptyque de l'église Saint-Georges (cod. IX) qui atété signalé /plusthautet:dont on trouvera ün extrait à l'appendice. Aumemento dé Saint-Georges se trouve um certain Skouripékis, un: x laïque» de/Bérat,:qui-doit l'honneur d’avoir son nom:inscrib au: diptyque à un: service lpar lui rendu à une po de la ville, en 1366: Cette année-là, estAl dit, les Serbes marchèrent sur Belgrade ®) ; la villesétait.ana- pable de leur résisters à tout prix il fallait sauver les:trésorsides églises, et à la prière du moine Théodoulos; Skouripékis s'y dévoua, Le moine.et lui chargèrent sur leurs épaules les « vingt-septlma- nuscrits précieux que possédaient de Théologue et Saint-Georges», et als les mirent en lieu sûr. Suit la liste mutilée de ces manu- scrits : elle comprend des ménées, des livres liturgiques, une sorte () IL est représenté assis, un livre sur les genoux; aucun détail d'ameublement: Le croquis publié par M. Bordier, op. cit., p. 219, en donnera unerdée avanta- geuse, @) À pareille date, M. de Muralt parle d'une invasion: en Grèce du! Krale Étienne Ourosh , d'après Miklosich, Monumenta \Serbien (1858), CXL. Voir Essai de chronographie byz antine ,t. I (1871), p.665, ad: ann. 1356-1357: Sur Fhistoire des Serbes en Epire au xrv° siècle, :consulter V'ioTopixdr des moines Comnèneet Proclos , publié par M. Destounis, Saïnt: were “es: RON p: » no- tamment, où il est fait mention de Bérat: . ‘D SAnandund XHAO9 S HOYN VYH9XOX /N -PIN.L9 NN O.LI9 M 9 , INYIHN9SIN DAATE 19199 VIA (+) M INAODBIL IN 2LNVOYHNIOLH 5 A210910.L AV 1 _-#%onAÂ09D D'or 2 È 4 À g cn de pouillé,"« le psautier’ du fondateurs, les quatre évangiles de Bulgaries (?)1et'un volume désigné sous le titre de rerpaeuayyélion md oine6yeipor Toù Xpuooclôuou domuéypapor. Sur la foi d'une noteide M:Alexoudis), j'ai identifié d'abord cé manuscrit'avec le Codex aureus Anthimi, maïs le sens du mot donuéypaBor n'est pas doûteux ©); il-faut y voir le synonyme de dpyvpoyeypaupéroy, et dèstors ; loin de désigner, comme le pensait l'évêque de Bérat, un évangile orné d'argent », relié en argent, c'est-à-dire le Codex aureus, il désigne ‘un « évangile ‘écrit en lettres d'argent», qui ne peut être que le Codex Beratinus. Ainsi à la date de 1356 nous constaterions la Le ji notre manuscrit ns le te du «Théologue » de Bérat. | ms Actuellement à porter le nom in «Théologue» il n'y a à Bérat qu'une simple église, et M. Alexoudis, dans sa description de’la villelactuelle; ne cite qu'un monastère, celui de da! Pañagia Ar- déoussa: Mais le diptyque ‘de Saint-Georges nous ést une preuve de l'existence d'un monastère à Bérat au xIV° siècle, portant:lé nom de Saint-Georges ct de Saint-Jean- l'Évangéliste ou le « Théo- logue», monastère disparu aujourd'hui. 11 ne faudrait donc pas chercher ‘en dehors de Bérat un « Théologue » à qui ‘attribuer la propriété ducodex@: Il resterait seulement à interpréter! le ‘se cond document sur la foi duquel on à attribué d’abord'ce qui était dit du « Théologue » de Bérat au « Théologue » He ae cé- ère ‘celui de Patmos 6). "Ge second document consiste en une note (f) écrite là la gardé () Dans son commentaire (inédit) du diptyque en question, il s'exprime ainsi : ñ in BIS os aÿlfréolu arua roù iepoÿ vaoo rfs mavaylus etayyelolplas Ep ri aÿrÿ cuvorxiy ro Kdolpou oubouésou, désignant ainsi le Codex aureus (cf. Alexou- dis, op. cit., p. 113).° ü4) (?) Aoiadypibos — cut üncumbit argenteæ supellectilis cura, Ducange (Gloss. ma etanf. gr., 1, 139) d’après Syropoulos , historien du concile de Florence; dans notre texte, le sens est différent, on le‘voit; mais donmoÿ n'en est pas 'moins'sÿ- nonymed'épyvpos, acception propre à la grécité du moyen âge (Sophocles, Greek lexicon of the roman and byzantine periods, p. 261). Gl: Mélanges de l'École française de Rome (1885), p. 362. Cette interprétation m'était commune avec M. Sakkélion (É6dows, loc. cit., pl 4o7). (1): Elle a été imprimée par M. Alexoudis (op. cit. , p. 114, note 1); on la trou- vera® à l'appendice. En voici la traduction dittérale : Adspicite, 0 spectatores, sancti Tohannis Chrysostomi litteras præsentis hujus evangelii quas ipse descripsit cum esset Antiochiæ in sua patria diaconus evangeluü. Usque ad illius tempora scribe- bantur a plenisque solutæ litterte, Ised hon eo pervenitut notarét virhutes verborum — 8 — du codex @; l'écriture, à mes yeux du siècle dernier, est sûrement plus ancienne que la reliure, et la rédaction grammaticale du morceau confirme cette évaluation. On y dit : Voyez, 6 specta- teurs, ces lettres tracées de la propre main de saint Jean Chryso- siome alors qu'il était diacre de l'évangile. . ... Voyez la couleur incomparable de ces feuillets et la belle venue de ces lettres! Puis pour expliquer le caractère oncial de l'écriture, notre auteur ajoute : À l'époque de saint Jean Chrysosiome, beaucoup de gens écrivaient encore en lettres séparées [Aura ypéuuara], et il a omis de marquer les « forces » des mots par des signes d'or [?], je veux dire les accents aigus, graves ou circonflexes et les esprits rudes ou doux. Des quatre évangiles dont a dû se composer le volume, Mathieu et Marc subsistent seuls et la partie qui renfermait Luc et Jean est disparue. Nous reconnaissons là le codexæ @; mais voici quelle invraisemblable histoire on nous en fait: Le fondaleur du Théo- loguel) avait porté cet évangile dans son monastère à cause d'une vision et d'un prodige [Évenxe» Séas xai Savmaros], ou bien: pour le faire voir et admirer, uniquement pour l'honneur de saint Jean Chrysostome, et la mutilation de cet évangile eut lieu à l'époque où les Francs de Campanie saccagèrent les livres du Théoloque. Cette histoire se heurte à deux difficultés considérables. Il y est question de Bérat, puisqu'il y est question du manuscrit attribué à saint Jean Chrysostome et du monastère du Théologue. Or on nous donne à entendre que les « Francs de Campanie», expres- sion bizarre pour désigner les troupes de Naples ©), sont entrés signis aureis, scilicet accentibus et spiritibus... Cum vero per partes distincta essent quatuor evangelia, accidit nt præsens evangelium Math«o et Marco constet, Lucas autem et Îohannes separatim exierint. Conditor enim Theologi ea intulit in suum monasterium visionis qratia et miraculi tantum in honorem beati Chrysostomi et in Jidem amoris quo flagrabat erga Christum. Solutio autem præsentis evangelü facta est quo tempore Franci cognomine Campanenses vastaverunt libros Theologi. Adspicite colorem chartaram mirabilem, et pulchritudinem litterarum. Sed et evangelium Theo- logi scriptum in Patmo solutas item habet litteras , sicut ipse vidi meis-oculis Ephesi. (®) «Le fondateur du Théologue» pris absolument et sans autre détermination comme dans le diptyque de Saint-Georges « rà Va2ripion roù xrnropas». ® L'expression reçue est Dpdéyxos Îrahof (voir Vie de saint Athanasios, ap. Heuzey, Mission de Macédoine, p. 452), et mieux encore ÎraAof (ita Pachy- mère, Grégoras, Phrantzès, Nicétas Choniate, etc.). Ajoutez que Kaprawnosos ne se trouve pas comme synonyme à Kauravof et pourrait signifier aussi bien «Francs de Champagne» que « Francs de Campanie». — 49 — à Bérat et ont pillé la citadelle, et ce fait est inouï (D. Au surplus, si le fait était véritable, contrairement à tout ce qu'on sait d’ail- leurs ©), il remontérait au plus tard à l'année 1281; or, le di- ptyque de Saint-Georges, document d'une valeur tout autre que cette. note sans date, nous est un bon témoin qu'en 1356 le codeæ @. était encore intact. Il suit de là que les détails fournis par cette note n’ont aucune portée historique et que son témoi- gnage est en substance de nulle valeur. Il n'y aurait d'exceptions à faire que pour des deux dernières lignes, qui sont comme une déposition personnelle. On peut les traduire ainsi : L’ Évangile duThéoloque, écrit [par lui] à Patmos, alui aussi ses| lettres séparées, ainsi que je l'ai vu de mes propres yeux à Éphèse. En d’autres termes, le rédacteur de cette note _ affirme.avoir vu à Éphèse un autographe.(?) de saint, Jean, .et:il témoigne que les caractères graphiques dudit évangile sont sem- blables, à! ceux du manuscrit attribué à saint Chrysostome. La donnée n'est pas sans quelque intérêt, mais elle.ne nous apprend rien sur le Beratinus. En résumé, nous constatons d'une manière à peu près, certaine la présence du codex @ à Bérat au xiv° siècle : voilà l'unique con- ): Les ligatures se bornent à trois : ÿl pour mov, que l’on rencontre dès le 1v° siècle (1); à pour æ, employé par le scribe du Dioscoride de Vienne (), et le groupe bien connu de aÿroù L4 comme dans le Guelferbytanus P; encore ne se trouve-t-il que deux fois dans le Beratinus ). Les abréviations sont les plus anciennes en usage : €, IC, RC, VC, XC, HP: MHP;» TNA» ANOC, OYNOC (mais souvent aussi OYPA- NOC)» À À; HA) Une fois ixhm, jamais rm. Ajoutez l’abrévia- tion du » final au bout de la ligne, @; un petit nombre de fois K/ pour KAÏ). une fois €INy; POUT &INaI, Une fois-aoYyNA, pour AOYNAI, Une fois KaoHce,, pOur Kkaonceai, et une fois AKJOL POUT AiKAIO1; Mais jamais, T,, Ni HN. NN ,DK 5 MH y-€tC., ni Ÿ, nil). Rien, on;le voit, parmi les accidents du texte n’est de-nature à affaiblir notre premier point acquis, et le détail de l'écriture du Beratinus ne,nous éloigne pas du vr siècle. | Quant il s’agit d’un manuscrit calligraphique, on ne peut guère donner pour l'âge réel, du manuscrit l’âge apparent de son écri- ture; un détailimportant du Beratinus suffirait à nous le rappeler. On a vu en effet.citer les numéros de-sections ammoniennes .el des canons d’Eusèbe, lestitres courants et. les xe@alua du. ma- nuscrit..Or l'écriture en est d'un caractère différent de celle du texte; moins soignée et plus-rapide, elle s’allonge et s’amincit, tout-en restant droite, et nous offre les formes de l’onciale ovale et rectangulaire telle qu’on la rencontre au vin siècle 5). On pour- rait supposer que cette écriture .est. d’une seconde main, et je l'avais pensé d’abord en voyant que l'encre en était moins riche. et le ductus moins soigné; mais il'suffit que le calame ait été tourné autrement et la main plus rapide. pour expliquer cette différence. * (+ Gardthausen , op. cit., tab. I (d’après le Sinaïticus). 1%), Gardthausen, op. cit, tab.,[ (cf. p.152). ) Grégory, op. cit., p. 386. De même dans le Psautier de Zürich et dans le codex Rossanensis (Gebhardt et Harnack, Evang. cod. gr. p. Ross., p. xiu1). (Que l'on trouve dans le Rossanensis (Gebhardt et Harnack, loc. cit.). On voit que les abréviations du Beratinus sont moins nombreuses que celles du Ros- sanensis. Remarquez que l'abréviation hp qui est rare dans le Rossanensis, est ce- pendant fréquente dès le v° siècle (Grégory, op. cit., p. 341). Pour les autres, voyez Gardthausen, op. cit., p. 244. 4) Tischendorf, Monumenta sacra ined. nov. coll. t. T, tab, KG. Voyez-y l’écri- ture du fragment palimpseste des Actes Petropolitanus IF. — 454 — L'onciale carrée est une facon d'écrire lente, calculée, imperson- nelle; pour peu que le scribe se hâte ou s'abandonne, il, sera amené à allonger ses traits, et du même coup son écriture prendra une apparence plus moderne; cette explication suffirait à faire concevoir la coexistence des deux écritures et l'identité de leur origine. Cependant de ces deux formes d’une même écriture, Hnèle est celle qui doit faire foi? est-ce l'écriture du vr siècle, est-ce l'écriture du vn° siècle? Le cas n’est pas nouveau et pareille question a été posée déjà pour trois manuscrits du Nouveau Testament. Pour le codex Za- cynthius tout d’abord, dont, en ce qui concerne l'écriture, le texte est considéré comme du vr siècle et les scolies comme du vu et du vin“ siècle, la main étant la même pour le texte et pour les scolies. Tregelles a attribué ce manuscrit au vin siècle, il est vrai, mais aujourd'hui on est d'accord pour le croire plus ancien à cause de l'écriture propre du texte U). C'est un premier précé- dent. La même queslion s'est posée au sujet du Guelferbytanus P, vü, comme dans le Beratinus, nous trouvons un texte d'onciale carrée et des xe@daa d'onciale rectangulaire; encore faut-il dire que si l'onciale des xe@dhaia se rapproche d'assez près de Yonciale des xe@xkœia du Beratinus, le texte lui-même présente des carac- tères sensiblement plus jeunes que les caractères semblables du Beratinus, le x, le x et le & entre autres. Cependant personne n’a révoqué en doute les conclusions de Tischendorf attribuant le Guelferbytanus P au vr siècle ®. C’est un second précédent. Enfin dans le Rossanensis À, les xe@aaa et les notes ammonio-eusé- biennes, si on les isolait, ne pourraient être attribués qu'au vu°siècle; ce qui n'a pas empêché M. Gebhardt, pour d'excellentes raisons autant d'archéologie que de paléographie, d'attribuer le Rossanensis au vi° siècle (%). C'est un troisième précédent. Ces trois précédents ne tranchent point la question, et c'est la comparaison de notre manuscrit avec le dernier que nous venons de citer, qui permettra de se prononcer à coup sûr. Le Rossanensis peut nous être en elfet un excellent instrument de comparaison : () Scrivener, À plain Introduction. . . p. 145. @)_ Tischendor!, Monum. sacra ined, nov. coll, (1869), vol. VIL, p: x sggq. On trouvera un fac-simile du Guelferbytanus P, op. cit, vol. HIL (1860), tab. JL. 1) Gebhardt et Harnack. Texte und Unt. (ubi supra), p: xxv. Cf. Grégory. op. cit., p. 409. — 155 — nous tenons son écriture pour typique et sa date commeiétablie,(). L'écriture du Rossanensis est plus serrée que celle du Beratinus; le fait est vrai du texte, où nous trouvons vingt lignes par co- lonne, et une moyenne de onze lettres par it tandis.que le Beratinus ne présente que dix-sept lignes, et une he à de neuf lettres environ, (par ligne, de format des deux manuscrits étant le même ou peu s'en Fa Mais écriture des xe@ahaa est plus serrée dans D que dans È;et les caractères des notes ammonio-eusé- biennes, plus. petits dans ® que! dans X. Onvoit, que. dans. les deux manuscrits la taille des lettres n'offre qu'un élément contra- dictoire de comparaison, et ne de füt:il point, on n’en tirerait pas davantage de conclusion : lattaille des lettres n'est point une donnée chronographique(), J'ai dit que dans le Beratinus les lettres rondes ne’ s’allongeaient point et que les lettres carrées n'étaient jamais rectangulaires, pas même à la fin des lignes; sur quoi on m'a ob- jecté plusieurs traits du fac-similé que j'ai publié 6). Mais sur une nouvelle inspection de mes décalques, je suis en mesure de main- tenir mon, premuer dire. Or c’est la.seule existence de ces formes rectangulaires ou ovales qui aurait pu abaisser la date du Be- ratinus par rapport au J'ossanensis. Par contre, certains éléments du Rossanensis paraissent sensiblement plus jeunes AU les élé- ments correspondants du Beratinus : par exemple, à la fin des lignes, les x dont le jambage de droite s’infléchit beaucoup trop, les w qui s'ouvrent el s ’aplatissent excessivement, deux caractères qui se montrent tels au vn° siècle et que le Beratinus ne connaït point. Ajoutez enfin les abréviations et les ligatures, que nous avons signalées déjà, et qui sont bien plus nombreuses dans le codex 2 que dans le codex @. En un mot, étant donné que l'as- pect général des deux écritures est le même, je ne crois pas que le détail de l'écriture témoigne de la postériorité du manuscrit de Bérat, comparé à celui de Rossano; tout au contraire. Si donc le (@) Grégory, op. cit., p. 408-409. | ®) Le Patmiensis ne P que seize lignes par colonne; le Petropolitanus Cæsareus et le Por firianus Chiovensis (= ©‘), en comptent dix-huits/ ces trois écritures sont considérées comme du vi siècle. ® Theologische Lüeraturzeitung, 1885, p. 603, article de M... von Geb- hardt; le savant éditeur du Rossanensis pense que le codex @ est plus récent que le codex 2, il trouve plus « vraisemblable» de l'attribuer au commencement du . yn° siècle. — 456 — manuscrit de Rossano est considéré comme de la fin du vr siècle, le manuscrit de Bérat peut se réclamer de la même époque. VI H reste à étudier le texte du Beratinus ® : tout mon dessein va à déterminer le caractère particulier du Beratinus en lui-même ét dans ses relations avec les principaux manuscrits du Nouveau Testament, en deux mots à relever ses leçons propres et à dé- couvrir son parentage. Les leçons propres du Beratinus sont assez nombreuses. Si nous laissons de côté celles qui ne sont que des variantes purement graphiques (), nous nous trouvons en présence de leçons surtout paraphrastiques, qui se sont produites naturellement ou par l’'in- fluence des passages parallèles des autres évangiles. Mare. VIII, 14, (dev rmv mevbepay aurou BeSAmuevyr dou æupesccovoav : cf. Math. IX, 2; Marc. VIT, 80. IX, 28, æpoomÀGoy aurw ot ru@Aot < deouevor > ) xar Aeyer. IX, 30, xar <œapaypnua> avewyOnoav aurwv or o@baluor. XI, 18, 0er yap twavvns oÿuas. Notre manuscrit est le seul, à s'en rapporter à l'appareil critique de Tischendorf, qui mette cette intrusion à cette place ©). (1) Par exemple, Math. XVII, 4, momowper wde Tpis ounvas «ou v x puvon pay, — ov est évidemment mis pour oo; où même des transpositions comme Math. XVIT, 24, wpoonAloy «rw merpwr or ro didpayua AauBavoyres. () Jeouevos est donné par les cursifs 5, 123, 124, 218, 210, 220, par à, gl et h : mais D est le seul oncial à le fournir. Cf. Luc. I, 64. 6) Placée après rè dè æAoïov H0n péaov ris Sahdoons Hv, en sorte que drEyov se construise avec æAoïoy et non avec Înooÿs, cette intrusion est propre aux ma- nuscrits B, 13,124, 238, 346. Ici déjà nous nous trouvons en présence d'une AUD COLA MER ET CO ET IC CN À MEN PA ET AT pr, 20) — 457 — _ Maru: XIV, 24, evavrios o avepios * Terapry: cf. Marc. VI , 48. "XVE 7, disXoyiéovro [sv Eaurois] Aeyovres. XVI, 21, Xat Vpapparewv (Trou Aou xa1t amoxravümuat : cf. oi Ne mpecürepor roÿ Àaoÿ, Math. XXI, 23; XXVI,3,etc. [Cette Iécon se retrouve dans les cursils 13, 124, 346.] XVL 28, auyy Ayo vu, répétition familière à saint oo Jean (Jo: F, 52; IT, 3; id: 5 ; id. 11, etc.). XVII, 18, emeripyoey auto o iyoous CEE MS not cËnÀ- Ÿ Gev : cf. Mare. V, 8. XX, 6, euger ah ous eolutas Ce TY mue FEES cf. Math. - DRE). D, UE AIRES LUE “XX, 15) mn oùx! eÉcoliwv ne motor o SeÂw."C'est : -probable- pi ment une erreur du scribe , MOI étant tombé devant IIOK : XXI. 2, evfews Fe ph evpyoere :cf. Marti XIr2: Luc. XIX, 30... | XXL, 3,.am001eet aurous PA Toro 2 f M XI, 5. 4: XXE, 5, 0 Bactheus oou epysras [oo] apaÿs : : cf. Jo. XII, 15. _2IXXI, 0, ev rois vdrolois . Kou : PR ATEN aoeXGovros : cf. Luc. XIX, 37 et Jo. XII, 15. Cette intrusion est donnée par le syriaque de Cureton. 4.0 XXI, 21, eur eynre moin ws xoxuov omvamews) aa puy dua- xpiônTe : cf. Math. XVII, 19. XXI, 38, xa nuov eolTa. 1 xnpovoua | «urou]. Kar AaGovres : cf. Marc. XII, 7- XXII, Eù AUrou « ELTEIY TOIS XEXAMEVOIS » : cf. Math. XXII, 4. XXIV, 41, na pua aGietou : cf. Luc. XVII, 35. _XXV, 1, En de [aurw] o xupros. [Se retrouve dans les cur- sifs 346 et 435.] XXVI, 53, «x SoxuTE » oTt, pour Soxets. XXVI, 65, pxovoare y BXaoGpiar Bepoyres mapalurixov. 11, 26, oux éco Gayeiv et um vois (apydiepevour povois. [Se retrouve dans le cursif 28.] IV, 10, ypwryoar avroy ot mepe aurov œuv rois dwdena (@pacor niv» ryv mapabo}yy : cf. Math. XV, 15. IV, 33, elaher aurois roy Àoyor | xa0ws mdvvavro anouerr|. V, 10, va puy eËw Tps yuwpas aurous amootm: nv de exer, cet ordre des mots se trouve dans les oursifs 1, 131 et 209. V, 26, daravmoaoa Ta ot : cf. Math. XIV, 2. VI, 35, oc paËmra aurou « ermov s os : cf. Luc. IX, 12. VI, 51, xas exomacev 0 avepos (xat mEpieowoer aurous> at Auay * Corruption du xar mepioows ev eaurois de D, 2 pe, b. VIH, 30 , sa pydenr Aeywoi æepr aurou : cf. Lue. IX , 21. VIT, 38, ev ry yevsa raury Ty porya}idt xat apap- rw}e : cf. Math. XII, 45. [Se retrouve dans le cur- sif 124.] IX, 47, exGale avrov xaov oot: cf. Math. XVII, 9. XI, 3, xa1 amooeet avroy eubews wèe , cet ordre est propre à ®. XI, 4, eËw [eme] rou auÇodou. [Se retrouve dans le cursif 435.] XI, 24, due rouro. | XII, 9, [épyxai iv raÿra| omis par ®, probablement par erreur. [C'est pourtant la leçon de C.] XIV, 5, rouro æpamva ro uupoy, cel ordre est propre à ®. XVI, 11, douvar apyupiov. | Des diverses leçons que nous venons de citer presque aucune n’est vraiment inattendue, et toutes s'expliquent par les règles (0) M. Samuel Berger me signale cette lecon comme se rencontrant à cet en- droit dans plusieurs manuscrits de la Vulgate. On peut ÿ joindre les cursifs 15, 346. Cf. Luc. XXII], 25. PS en DU PET El PAUL — 159 — ordinaires de la tradition verbale : en voici au contraire un petit nombre, où nous croyons trouver la trace d’un {ravail peut-être prémédité, et où se révèle quelque chose du parentage de ®. Est-il besoin.de rappeler que, en tout.ce qui concerne les familles des manuscrits grecs du Nouveau Testament, nous nous:en tenons à la classification, établie par MM. Westcott et Hort? Voici ces quelques lecons, qui peuvent être considérées comme de véritables et curieux conflate readings : ° En Math. XVI, 4, nousilisons : Ode aTonpiDEIS ELREV AUTOS oÙuas yevousvns. Aeyete eudia muppales yap 0 oupavos xa4 pui anpEpor xeuwr muppales yap s'luyvakar o oupavos * UToxpITaAL TO MED GPOTTOv. Fou QUpavou yiwwoneTE diaxpivew Ta dE CAHLEIX TOY xospor ou dvracbe* (o dE amonpuleis eue auTOus >" EVER Movnpa aa poryaœus x, 7.) 11 est admis aujourd’hui que toute la ‘phrase commencant à àŸ/as yevouévns pour finir à rà dè omueia Tv nat pv, où dvaobe est une/intrusion, et cette conjecture cst confirmée non seulement par le témoignage de manuscrits comme le Sinai- ticus et l'Alexandrinus, mais encore par le témoignage de saint Jé- rôme , d'Origène et de la version Cureton. H faut voir dans l’omis- sion\la leçon ancienne, tandis que l’intrusion est à un haut degré une lecon occidentale donnée concurremment par le codex Bezæ, par da Vetus latina (), par la Vulgate, etc. Ce double courant a laissé sa trace dans le codex Beratinus : intrusion y a pris place; mais au lieu de se fondre dans le texte, elle est demeurée apparente, évidente, par le fait de la répétition du 6 d8 dmoxpubes efmrer abrotïs. 2° Les autres cas nous présentent, d'une manière plus ou moins sensible, la même combinaison de traditions différentes. En Math. XXIV, 45, nous trouvons deux traditions : l'une lit é7i Ts oixeteias aûToÿ; l’autre : êmi Ts Separelas aÿToŸ; le Bera- tinus Va réunir maladroïtement les deux leçons, et il lira : exe TNS SEPATINS TOU OLXOU. | ,3° De même en Marc, Il, 18, la leçon est double. Les plus an- ciens manuscrits lisent oi maÜnTa) Locyvou ai oi Dapsoaior. D'autres plus récents donnent : xal oi tv Dapiauiwr. Le Beratinus se rattache aux deux à la fois et porte 04 paÜnTa twavvoy xa.o4 Oa- pioia». ® Je désignerai sous le nom de Vetus latina les références aux versions latines antéhiéronymiennes en général. — 460 — 4° En Marc, VI, 17, deux lecons encore : éxpdrnoer rdv loc»vyy xa édnoer aûrdv év Gulaxÿ, c'est la leçon primitive : xai &dnoer aûTor xai E6aher eis Quhaxyr, c'est la leçon occidentale. Le Bera- tinus écrit : expaTyoev Toy 1wavynv xœu E6œher auto» ev Tn Quhaxn, donnant ainsi un conflate reading de la leçon primitive et de la leçon occidentale. Remarquons en passant que ce conflate reading lai est commun avec la version Peschito. 5° Voici un dernier exemple. En Marc, X, 21, nous lisons avec nombre de cursifs de bonne qualité et quelques onciaux (K, M, N, Il) : efmer adro- et Séhess rédesos elva, Ep oe dolepet, tandis que la’ leçon ancienne test : eÂrer aûr@* Ev os Volepei. Le Beratinus porte la curieuse variante : seen aura er Sehers ep œot voleper. Je ne vois aucune signification à ce e/ Séhers, et sa pré- sence ne peut, à mes yeux, s’expliquer que de deux manières : ou bien le copiste aura omis réet0s elvar, ou bien 1l n'aura pas voulu effacer ei SéÂes; dans le premier:cas, il y a une faute de copie bien considérable pour un copiste de tant de soin; dans le second cas, il y a la marque d’une hésitation de critique. Je n'ose presser des données aussi fragites; mais je crois que ce qui suit mettra hors de doute la concurrence des deux traditions que nous venons de surprendre dans ce petit nombre de conflate readings, s'il n'est pas possible de prouver les prétentions critiques personnelles du copiste de notre manuscrit. Une observation est indispensable avant de, pousser plus, loin. Quand nous parlons de deux traditions comme ayant concouru à former le texte du Beratinus, il ne faut pas oublier qu'il n'existe pas de tradition absolument représentée du texte du Nouveau Testament, comme il en existe pour certains textes classiques. Une fois faite une demi-exception pour le Vaticanus que l’on tient pour un représentant assez pur du texte neutre, et pour le codex Bezæ qui est considéré comme un bon témoin du texte occi- dental, on peut dire des manuscrits -grecs de bonne époque, de ceux qui se séparent plus où moins de la tradition syrienne et du texte reçu, qu'ils sont à un haut degré des éditions variorum, des textes mixtes. Ils présentent des leçons neutres ou des leçons alexandrines ou des leçons occidentales dans une proportion qui varie : c'est cette proportion qui.les classe. Essayons de la déterminer pour le Beraiinus. — 61 — - Sans hésitation on peut avancer que, sur un fond syrien, la proportion la plus forte y est en faveur des lecons occidentales. H serait bien difficile d’en faire le relevé exact; je me bornerai à à relever les plus marquantes. Mara. VII, 21, tou marpos pou Tou ev oupavois autos loc }eucETai ets Ty» Baoierar rwy oupavwryy : C*, 33, Cureton, Vetus latina, saint Cyprien. X,12, aomaoaobe aurv ÇAeyovres etpyvy To otxw Tour : D, 1, 22,200, Vetus latina. ‘XIT, 10, Hat 100u 7» avOpwros outTos eoliy 1wavvms :l), a, b. XVII 1, a (eyevero) PEU mpepas : : D, Veius latina, saint Hilaire. XVI, 10, TOUT&Y. (TL miolevorrw» ets eue» : D, b, c, Cure- ton, saint Hilaire. 7 XVIIL, 12, me de) pur doxer : D. a, Cureton. xx. 28, Aurpor avte mo] À&Y : Exropevoueror : D, Vetus latina, Cureton. 4 . XXI, 9, vduiolois : À, 1, a, b (cf. Westcott et Hort, II, ‘ Notes on select readings , p. 20). XXVII, 4o, #ar Àeyovres o naralvwr.: D, M, A,8, a, b, c, saint Ambroise. Cf. Marc. XV, 20. Marc. IT, 23. xat mai) eveyevsro : D, 13, 69. 124, 346, a, #, g. Il, 24, «de vi morovou rois oa66acuv : D, M, E,1, 28,13, 69,124, 346, 2 pe, Vetus latina. Cf. Math. XII, 2. Q) La leçon curetonienne est exactement : #ËñA0ov eis ümévtmow. Dans tous les cas, cette variante dépend de Luc. XIX, 37, et de Jo. XIE, 13 / combinés. — h62 — Marc. Il, 26, € puy rois : D, 33, 13, 69, 124, 346, Vetus latina. CF. Math. XII, 4. IT, 14, : 28, 61, 13, 69, 124, 346, 2 pe. VII, 26, Aeywr : C, N, 2,13, 69, 124, 346, 28,2pe, D, Cie | XI, 31, Aeyovres (Tr eumuuer) sav ermœuer : D, 28, 13, 69, 124, 346, 2 pe, a, b, c XII, 38, ev tous ayopus ner » wpa : D, 13,69, 124, 2pe, Itala. XIV, 61, emppornoer avrov Çex deurepou> Xeyw» : 13, 69, 124, 346, 2 pe, c, f°. Ces leçons que nous venons de citer suffisent à établir la cou- leur occidentale de lélément distinctif du Beratinus; dans une proportion moindre nous y relevons des leçons que l'on peut qualifier d'anciennes non occidentales. De ce chef, je citerai les suivantes : (M Cf. Westcott et Hort, IT, p. 99. ® La Jecon de 2 pe (cursif 81 de Hort) est d'après Tischendorf Saveurs ota ou yeyovacr more (M. Belsheim dit oræ). D'ailleurs l'intérêt de cette lecon porte sur l'emploi du pluriel, S&Afÿers pour SAAls, et le reste. AE ALES — 163 — Mau VE, 10, «de enryns, avec B,:N, Z, A, PE PE LE Este Clem., Orig: | VI, 55, té Gaynre dy re mire - avec B; 13. sn a os gène. VIE, 24, opowby|oe|res avèp Chorus; aveclB; N;Z,1, 3} fig) Tnt 22, 83, la version sahidique, Origène, etc. VIT, 13; vTaye [ua] ws éntolevoas, supprime xai avec B,N,, la 0 sahid. et la memph. ue NH, 43, . XXIV, 48, epxecÜa, avec Z, 1, 157, 209. XXVI, 8, aury tou pupou, avec E, 157, a,-b, etc. XXVIIL, 19, mopevbevres ou, avec. B, A, Il, 3, Marc. III, 4, eotwmnoav, avec Z, L, a,g',q. AV, 12, ra pvolnpia avec GX, 1,118. IV, 31, xoxxw, avec N, B, D, À, IF, 3. VIL, 11, oo deu», avec À, Z, 33. VIIF, 15, opare (ET Brerere, addition de sat hveé 13, 69, 124, 846, 28, et la memphitique. "XI, 30, X0ovres dieQnunoar aurov ev oÀn TN VN EE * %Auror de ebepyousvwr 1dou mpoonveyxar avt avor xwPov darpoviboueror* x exGAnfevros tou dauuoviou eaAnSES 0 xw- @os* xar efaupaaar o4 oyhoe eyovtes ovdemore eQavn ouTws ev ro amX® Vos de Qapioaor eXcyor ev To apxovtt Tor daovior exGahher Ta dœupovio* Kas wepemyer o 15 Tas moheis maoas xœ1 Tas xwuas didagawv Ev TOUS GUVAYWYOUS AUTUY HAL ANPUOOWY TO EevayyElMOY Ts Bai Aeias ua Separevur macav v000v A4 Wacay ax, AU MO) hot nxohovÜnoar aute Idwy de Tous oxAous eomhayyrioûn wep aurwr ot: noan eo AVAUEVOL AGE EPPUULEVOE WOEE MPpOËATE L EXOÏTL WOILEVA * | MTore Xeyes Tous pafnreus aurov.o per Sepiauos modus ou de epyaro oyor dennte ouv tou xu tou SeEpuouou omws. ex6aAn EpyaTas ES TOY TEPLOUOY AUTOU * — 175 — [Fol. 14] [X.] Ka: œpooxakemauevos Tous 16° pafnras aurou sdwxer aurous eÉovoriar mvevuator axafapror wofle exÉaX Ass aura at Srepamevesr maTav V0 Xar macar (aÀaRI * - 2Tor de dwdexa amoclolwv Ta ovouara eoliy Tauta:. æparos dtuœr o }eyouevos merpos xat avdpeas 0 ade\Pos autou 1axw60s 0 rou Cebedeou aa wavyns o adeX@os aurou *Qulummos xs BaploXo- eos Üœuas nat marbeos o Tehwyns 1axw60s o Trou aXOeou ua. ÀE6- Ésos o emuxAnbers Saddeos *ouuœwy 0 navartrns xaz 1oudus 0 1oxa- PL&TNs 0 x@L MapAÎQUS AUTO» * 5 Tourous tous 16° ameauer o 45 aoayyihas aurois Xeywr ets odov efvor un ame)ÜnTE nas eus mou capapiror pn exoeXONTe* Sæopeueobe de alor Gpos Ta mpobara Ta arOÂW\OTE OUXOU em * Taopevouevor de unpuacete Xeyovtes ote nyyixer n Barisia Tor 8 Acbevouvras Srepameuere vexpous eyipete hempous xaDapilere duuoriæ exGalXeTe dwpear ehaGere dwpear dore 2Mn xrnonofe ypuoor unde apyvpov unde yæhuov eis ras Cwvas vuov lun ænpar es odov unde duo yurwvas [fol. 15] unde.uro- dnparæ pnde pabdous* aËios yap o epyarns Tns TpoQns aurou eos LEzs 72 d av mom n xœunr etoe}OnTe eÉeTaoate Tis Ev auTy aËros eur aaxër peivate ews av eËe)OnTe PErospyouevor deeus Tv ouxiar aomaoaabe auryr ÀeyovTes + By can per n n ouuc aËtx eXOarw-m et- ELPAVN T@ OU TOUTG envn vu em -aurnv av dE y Mn GËLR MN ELPNYN VW POS UUas emo Tpa@nTo : Ko: os uv un deËnTar vuas pnde axouon Tous Àoyous uucwr cÉepxouevos Tys ommtas n Tns mOÂeGS EXELVNS EXTIVAËMTE TOY XOVLOP- TO. T&Y TOÛWY VAE * 1 Auny Àeyo uuv avextotepor Eclat yn aodou&r Aa YOUMOPPAS ED NHEPE MPITEGWS n TN DOÂEL EXELVN * 161dov syw araolehlw vpas ws mpobara er peow Auxwv* yi- vecbe our @poror ws où oQeis xut axepæLOt wS œ œepuolepau ; Tlpoceyere de amo Toy avwr : mapadwowais yap Uuas Ets our- edpia no ev Tous ouvayowyais avtor paolrywowoir vuas xue eme nyepovas de xat Baoikeis ayÜnoeobe eveusr euou es uaprupiov av- TOus X@ Tous EPvEeouv" — 76 — Orar de œapadwowoir vuas un pepeurnonte ms n Te Àakn- onte* dofnoereu [fol. 16] yap vpuv ev exeuvn tn wpa Te Aanaete* ou yap uuers eole ot Aulouvres a]& TO YA TOU POS uw TO Aaouy ev pur * ATlapadwoe de adeXQos ade\@or ets Savaroy xat Dnp TEXVOY xt EmavaoÎnoovTaL TEXVA EMI VOVEIS NA AVATUOOUOIY QUTOUS Pxa eceobe piouuevor vro mavrwv dia To ovoua pou o de uxo- peivas eus Tehos ouTos owÜnoETou 23Orar de dwnwoir vuas ev Tn mode Taurn Qeuyere eus Tv aÀ- Anv” apr yap Àeyw uv OÙ pu TEXEONTE Tas mOÂEIS TOU In Ews av e}Ün o us Tou avou* #4 Oux eau ualnrns urep 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SCIENT. — XIII. 39 IMPAIMERIE NATIONALE. — 546 — [ XLIL. | Kas exmopevouevou avrou ex tou wepou Àeyer aUTo 15 Ta uaÜnrer aurou * didaonaXe 10e moraror Mo: xar soTamar o1xodopar* 2Kos o 2 amoxpiers eurer auto (BAsmess rauras ras peyakas ouxodouas ov un a@eôn AËos eme few os ov pen xara un * rer xaÜnpeEvOU auTou ei TO 0pOS Tor EÀWY AATEVANTE TOU LEPOU ÈR- MEWTOY QUTOY NAT 101aY DETPOS AA LAXWÉOS KA WAV VAS NORD dpeas* leume npuv @oTe Taura oo xœr Te TO ompeior o7av: EX DavTa Taura ouvrelobar" So de 45 amoxpibeus ‘avrois npÉaro °Xe- yes” Bhemere un ris vuas mwX\arnon wo) or yap eXeuoOvTar Em To ovouars pou Xeyovres | fol. 1 80 | or: eye eue ar moANovs wa vnoovoiv* Torav dE @xOUOnTE mOhEMOUS AL aNONS ONEpOD pan Spore der yap yevecbas aXX ourw ro rehos* SeyepÜnoerer yap efvos éx ebvos nou Baoihesx eme Baouhesav ou ccovrai oiouorxara TOM OUS Aa: ECOVTE XLOL HE TAPEY OU * °BXerere de vueus eaurous* mapadwowoir yap US ES CUVE px nat es ouvaywyas dapnoeole xa em: nyEuorwr no Baorhewv ola- Ünceole evensr euou ess papruprov autos xar eis wavra ra Own der mpwrov xnpuxÜnva To evayyEo . 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Koov nv autre et oux eyevvnôn o avos exeuvos* 2Kac œoboyTor aurTwr AaGwy o 15 aprov evloynoas exÀaoEv æau cdœxer autos xar eumev * ÀaGete Touto ealev To wa pou * Ka Aa6wy To mornpior euxaprolnaus edwxer œuTous 2au + ya eexev autos TouTOo Eoiv TO œupua EMEIOV-EË. AUTOU DATES pou ro tns xauvns diafnens To mepe moX\WY ExyUvouEvOL 2 Auny Àey« puy OTE OUXETE OU [UN MEL EX TOU VEVVMUATOS TNS aUTEÀOU EWS TS NUEPAS EXEIVNS OTAY AUTO DELG XaVOY Ev TN (2a- guides Tou Qu* 20 Ka vuynaavtes cEnAÎor eus To opos Twv shui» * 21Ko deyes autos o 15 oTe mavtes oxavdalobnosale ev epor ep, TN VUNTE TAUTN* OTE VEypor loue aaraëw tor | fol. 187] œo- « 26 eva ar diaoxopmiobnoeror Ta mpobara * Sahlæ pera ro eyepÜn- vas pe mpoaËw vuas is Tnv yakiaa * 20 de werpos Qn aura: xau ee mavtes cxavdal1ofnoovTas a XX OUX Eyo* 30Kaœe Xeyes auTw o 15° aunv Ày& COL OTE CAUEPOY ED TN VUXTE TOUFn Dpuv y dus aAEXTOPA Poynoa Tpis aTapynon ue * 310 de werpos ex mepiooov eAsyer padlor* ea ue den ouvao- Oavew cor ou un ce amaprnooua woavros de ua mavtes EÀeyor* Ka epyovtas eus ywproy ou To ovoua yEbonuarn. . 33 yo Kou Aeyes tous mabnrous* xalioare wde ews pooevËwuar Dapahaubaves Toy meTpor xas 1axw6OY xa4 iwavvnv LEO eauTou ax npéaro exfayGe:ofou nur admpovein lxas Acyes avrois* mepiAvros soin n Vuxn pou ews Savarou pesvare wde nat ypnyopure* F5Ka: mpochwy puxpor emESEv Em TS VAS XAL DPOONUXETO we duvaror eo mape)n am aurou n wpa x eXcyer: a66a o ænp mavta | fol. 188] duvara oo:° mapereyues T0 oTnpior Touro a EMOU* «À ou Te yo SEÂG aÀÀ Et Te OU* F1Koe epxetau nas evpiones avrous xaPeudortas aa Àeyez To seTpw' omœr xabevdess oux icyvous puar wpar yenyopnou* ypnyopire ua mpooeuyeobe ia pu euceONTE eus Detpaouov* To per va mpobuuor n de oupË aoberns Ka maluiv amel0wr mpoonvËaTO To» auro» Àoyor Era * yxœe umoolpeVas super aurous mali xabeudovras* noav yap au- Toy ot 0GÜœAuor BEbapnueros xac oux ndtioar Te avt amoxpbwo ir Oauor Bebapnues d pu0 s — 550 — Ka cpxerat To Theron na Xeyes aurous* xabeudere To Xourov a+ avaraveobe ameyer To Tehos nAbe n wpa dou wapadidorar o US TOU avoU Es Tas Yeipas Tor auapruwv* eyeipeo 0e ayouer «dou o mapadidous UE nyyIxEv" Ka eudews err aurou Aaouvros mapayiverai 1ou0as o 16#0- puorns is Toy 16" xœ et avroy oyÂos mous era ayaupaor aa ÉvAoy wapa Toy apyiepewr na Toy ypauuaurews aa Tor [fol. 1 80] pe ËuTepoy * li Acdwnes de o mapadidous avrov ouoomuor aurois Xeyws * ov &v QiAnow avros ein xparnoate auto no amayayeTe auroy aoQa- Aws * "5 xar eXwv evbews mpooe}dwy aurw }eyer auto yaupe pa6és nat xateQulnoer aurov* "ou de emebañoy em auroy ras yetpas œu- TUY XL EXPATHO NY QUTOU Ms de ris Tor wapeolnxoru onavauevos Tnv payaupar ema- oev Toy douOY TOU GPXIEPEUS Ha a@esÀEY AUTOU TO WTIOv * 18Kac amoxpibeis o 15 eme avrous* ws em Anoînv eËnAÜere LETA Hayapar xt EvXwy ouXdaGerr pe * 1 xaû nUEpav nan pos UUAS ev Th Ep Cdagxav Nat OUX ENPATIOUTE ue QÀÀ Eva Xm- palwotv ai ypaQar rwr æpoOnrwr | 50Kar aQevres auror wavres eQuyov* °lxo 15 TIS vEavIOXOS MXO= doubles auro mepiGe6Anueros cidova Emi ÿUUYOU nat xparouair avrov où veavionor” 0 de xaralimav Tv cudova yuuvos EQuyer am QUTUY * Ko armyayor +ov iv @pos rov apysepea | fol. 190 | xac œuvep- XOYTAL QUT& MOVTES OÙ GpXIEPEIS Na Où MPETOUTEPOL Ho VOL YPAUHTELS * Ko o mœerpos mo paxpoler nxohoubyoer avr eus ecweus STnv avÂnv TOU APYIEPEUS Not nv OUYAAÜNUEVOS LETA TOY VTNPETEY xa4 Depuœuvouevos wpos T0 Qus* Vos de apyucpess xœi oXov ro ouvedpio EÉNTOUY NAT TOU LU HaPTUPIAY ELS TO SAVATUONE AUTOY xat oux eupionoy oo: yap ebÿeudouaprupour Tr auTou xau ICO HapTrupriat OUX nœav * S7Kac rives avaolavres eVevdouaprupous xar œurou Àcyovres SBOTL MUELS NXOUOOUMEY QUTOU ÀEYONTOS OTÉ EVW NATHAUOW TOY VAOV TOUTOY TOY YELPOMOIMTOY XL dia TPiy npEpwy &ÀXOY GYELPOTOUN- Tor ouxodopnow * xar OUdE OUTWS 107 NV M (LUPTUPIR UT ED * — 551 50Kaœc avaolas 0 HpXLEpEUS Es TO LEOO EMNPWTAOEY TOY tv Àe- uv oUX œmoxpirn OUdEv TE OUTOL ooÙ xarapaprupouo" (lo de UÉED aTEMpIvaTO * Wade 0 apXLEpEUS ETNEWTNOEN av- pou Aoyen PA us tou euloynrou* S euTEv Eyw*" ] explicit fol. 190; reliqua desiderantur. rares wi malus sus oiaklo Gor | vous ax € 1 DL LAN — 552 — APPENDICES. Net Extrait de l'opuscule de M. Alexoudis intitulé : Züvrouos ioTopexÿ meptypaBy ris icpäs unrpordÂews Beheypd&dwvr... Corfou, 1868; 1 vol. in-8° de IV-160 pages. — Pages 113-115 : KeQdaiov Evyaros. — lepà Bi6Ala ëv peuSpdvars yerpéypa@a. (A) — Ër iepèr Evayyélio etproxéuevor &v Th xarà Ti ouvorxiav KaoTpou Bepariou ispä éxxAnoix rod Evayyelouod rüs SeoTéxou, miolevduevor nai riuwpevor ÜTd wdévrwy TÔv xaTOËxwY Xpioiav@r, àpyala diadoyixñ mapadboes, ds idibyezpor Toù y dylois marpùs iuüv Todyvou dpxemioxémou Kovolavriwouréhews roù Xpuooolôuou, év Tÿ pvmun Toù dmoiou (lavovap. 27), dpxse- parus }esroupylas xal æavnyÜpews relouuérns, éxti0era roùto év Th lepà éxxAnola Exelun els æpoonlvnoiv, domabôuevoy Ümd Ddvruy Tv mavrayer auppeévro ebhoynuéver Xproliavéw per’ dxpas eÿhaGelas, Tiuñs xal obaouod. Toë iepoÿ roûrou ebayyekiou Tà olougela Tv Xébewr Eloi ypu- doyEypauuéva, doaûTws xal Tà dpxrixd ypduuara, rive mévra eio) xeQakouon, Tà dà Técoapa &v aûT mepicyôueva ebayyélua x0opu0vTa ÉyoyTa mporerayuévnv Év px} Tv eixôva TOÙ oixEioU ebayyeloloù xpvaoebwypaQiouévnv. (B’.) — Érepor œavdpyouov Evayyéiov mepiéyor rù xefuevon Tv du etayyelol@v Marbaiou nai Moapuou edpionerou y Tÿ éxxdnola dylou V'ewpylou ris aûris auvouxlas* ai Xébeus Toû xer- uévou eloiv dpyvpoyeypauuévar émi mepyaunvis xpouaros Bvcat- vossdos Babéos, Ta d àpurixa Toute ypduuara Ürépyovor X8- Xapayuéva x xpuood xai dpyüpou opoyyéka. [Et en note : Exi — 553 — TÂs Étépas Tüv do mhaxdr Ürapyes yEypauévn : es ÊT- oxhs dpyaias ñ Es eldnois* (BÂérere où OPÔVTES TOÙ ‘ie Ïo- dyvou TOÙ craie RES YpaHHaTa TOÙ RTE TOU- rou eûayyehlou, dvros agro els Âvribyesav Ti atroÿ œarpidu, Ürapyovros «rod diaxdvou To edayyelou. Méyp: yobr Tv uepôr aroû éypdQorro mapà moAkdr Tà Aura ypauuaral, œAr dév ÉQÜacer Eva rovion Tàs duvduess Tüv ypauudrer dd RpuG Er d- melav, your dÉelas, Bapeius, REA dacelas nai Vikds. Éreid) yoû» xouuoria foav rà TÉT OPA edayyéia, rd yob» œa- pv edayyéliov MarOaiou xai Mépxou éoîir, à dE Aouxäs nai lo- dyvns éydôn rd rotobror xoppdrio» * à yap xrHrop OcoXdyou ÉQepe TaÜTo Êv T} uovÿ aurod Évexer éas xal Sauaros ÔvO» Eis TiuNv roù dylou Xpuoooépou xai sis Évde1Ëiy Toù æéou aürod, Ov eîye mpôs Tor Xo1old* ÿ dè nardvous ToÙ mapôvros etayyellou yé- Yover oÙr xdmror’ Üte éxoûpoeuoar Toù OeoXéyou Bi6Xix Dpdyyor Xeyôpevos KopTavéoios. Opäre BaQnv Tor EE dEaiciov, d\dà xt Tv de) Ty VEAULUÉTEN" ÀXX a rè son e TOÙ Oeodéyou Td ypaQër êv rh Ildrugw Aurà eioi Tà Tourou ypauuara xafès rodro Épanx oinslous 8uoD dQOauots y 7h ÉPéoy ».] (T".) — Oporor XEtp6ypaQor év ueubpdvous ebayyélior péyæ at dyades, duPorépas Très mhduas Éyor wepixexaluppérus de äpylpou æeprxpÜoou, xa0ds nai Tà dvo cnusiwbévra do, ürap- XE: uriua rod naDedpexod vaod Tis xaf” fus ane Be2e- ypadwv (®), Év +ÿ da éxxXnola rairn etplonetos al Érepoy exy- YÉov émi mepyaunvis yeypauuévor sis oXUX Lux pÔr. (A'.) — Ooarws nat Erepa So ebayyélia yeypauuéva dia XELPÔS émi wepyaunvis Xeuxñs puxpd oalovTros év Th xx ]nala Ths auvouxias Mayxahemiou. () J'imagine qu'il faut lire Aurd rà ypauuara. Remarquez dans ce qui suit emploi de éo7{v et de eioiy qui est archaïque, de même que la violente anaco- luthe de l’avant-dernière ligne : rd evayy... Aura eloi rà ypdpu. @) Ce manuscrit est celui que nous avons signalé plus haut, Cod. XIII. Le suivant est notre Cod. XI. Pour l'église de Mangalémi , M. Alexoudis fait mention de deux évangiles : dans la visite que j'ai faite, j'ai vu le Cod. XII seul, lequel est inexactement traité ici de psxpôr. — 554 — N° Extrait du diplyque de Saint-Georges (cod. IX). MrYo0n7T: Küpie dmèp rod doudou oov Exovpnmémn xal rhs ouu6iou aÿroÿ xa) Tüvr TÉxv@v aÿTob. arépes &yior, oûros à Exoupnménns éydpaoër(l) ris uovÿs TOÙ uEyd OU BEA xai Toù dylou l'ewpyiou Bi6ia ag’ ra diakexTa xai Ta XPITÔTEPA. Orar éxoüpoeÿar oi RER Gas OP) za Bextnpede , vérabar, éxpeuvoboar deg aa aprolepà Très füuvas dméow eis rd Kdopor, Ô mars Océdouhos dé eéueivos Sappovras () eis puxpdn Ev- opiar() émapend\soer Tèv rosobtov xai émiyé Ton Éws Tv œupyor eis Tv ueydhnr méprav To Kaofpou. Kai äroyAürwoar) ra rouadra 40 [BiÉXla, nai Exoubdliodr (0) ra Éaw sis rdv» xou}ä (1) > \ ge” .Æ 2 3 > \ LA 4 » \ eis d' Popaès à ispoubvayos éxeivos els rdv Guév Trou xal.eis Tàs xeïpas rou (5) amù B'\), Où oüvrpoQoi Trou d8 (10) éxobposuar 1) xai édiaPopoëra (12. Toë iepouovdyou d8 oi àdeXQot éEéQuyar xa0&s nai Go rù Ka- por. Kai oi dyamüvres rdv Kiphas nu@v Inooër pra ia xai TÔv uéyar eodéyov xai rdv dysor Tewpyrov, elmete Tù 0 Seds suyxapriaot xai toïs duolli). Ei à nat éüploxnrou ll" eis rù Séua rüv Bekaypadwr, mpé- (1 Éydpioes — donavit ? ®) Vid. que adnotavi pag. 16. 5) Oappovras = Sappür. (1) Évdpay, ms. (#) Servaverunt. (5) Deportaverunt. () Turrim. Kai 6 Exoupnréxns, supple. ®) Vicibus quatuor, bini portant binos codices. üù) Qi cüvrpoQoi rou dë ;: amict roÿ Exovpnréun ? (1) ÉxoÿposGar ms.—vencrunt? (12) Édra@opoÿcay —adsportaverunt ? (5) Pax Donuni sit cum eis, seu orationem solemnem. (s) Eÿüpiounre ms. — 555 — mov éolir, sue vol TOY ÉVNTE Sara Qihov ua em npoPo- pnmévor ), êmei oùdèr duéAncer Tir «' Ei dé elyer du dud6n n a, oùdèr dv) #0eher evpeb. Or Tv deutépnr ces n)0av dm To T époupar ) oi ZépBor nai oi BAdyor, xai Ür- Écua@rar ai Tods vexpous. Kai évdonoer à Exoupnréxns diè mod uEpar. Kabos nai à yH() éceloln iuepä d ioukéou eis rds s'(), xat éoeloln Tù Kodotpor iuep& el, nat éouopmicünoar oi Behaypd- duvo éx xoo]poler sis Üor Tdv x6ouo». Ér 75 coËd' érer (9. Eioi rà Bi6)ia Ta ômota dmeyAVtwoer à aûrds o Bxovpnméxns ispouévayos (D rèv O sé Souhor &v mporois où ÉÉamuepos oi 6 (9) —— xoupdriæl c', Hroc are enbs épéépuis HaÉRERIoE Exp Gpros iavoudpuos, xai AO AOpHHGTE lavoudpeov xai Tù xaXo- Xœupevôr, ouvaËdpa (B16Xia y (0), — Seodéyor (M), — olorynpdpnr rù mkororiouévor (), xai ane GaÀwiO, —— &m0010)0s aa apaËaréalodos| We —— Tpuwdiop (11) —— po@nras (5), — ônrwnyos (1), () IexAnpoQopnuévoy ? forsan « perfectum ». () Ogdévas ms. G@) Mons qui vulgo nünc dicitur Tomor, prope urbem. (Œ) ys ms. (5) Eës rès s—Hora sexta. (6) —:1356. ® Locus desperatus , nisi legas uè iepouovayor. ? Liber commentariorum in Genesim vel potius opus liturgicum. ® Myvakwv intellige. — Insuper de libris ecclesiasticis Græcorum consulas : Cave Historia litteraria , t. IL, p. 17". Dissertatio secunda ( Edit. Genev. 1699). (0) Jd est vitæ Sanctorum in compendium redactæ et expositiones breves in solemni-. lates. (1 Evangelium secundum Joannem vel Apocalypsis. G@) Cœremoniale ubi de Sticharius seu de vestibus clericorum, ni fallor. O3) Intellige epistolas D. Pauli et Acta Apostolorum, ordine lectionum. (4) Officiorum liber que reciltantur a Septuagesima ad Sabbatum sanctum. (5) Lectionarium suspicor. (16) Octotonus, Cantionum liber secundum varios tonos disposttarum. 4 — 556 — —— dyoyempyindr Tà puaixol), Le: — pnvala xoupoaria e', Mros ayouolos oenléu6pios bxrasépros favoudpios Pebpoudpios rà xaXTEpà, rù Varmpiov rod xlAropos uÈ rh» ypoooypauiar, —— Trù cevrouxémou do» P) pè rà dixaucpara dmep ebproxévras(*) éonxwoer à murs Oeodoudos êmi roùs Zép6ous, —— rerpevayyélior BouXyapéas(i, —— TETpaevayyéon Td oinexéyerpor rod Xpuooolômou àon- uéypa@or (). — rèv mpaËaréslohor rèv mokruwxbr (0), —— dy10yESpyixov. ÉÉxyépacer TÔ uéyav Tù elayyÉliov, xal Tù puxpôy TÔ Émt- LI DU (De rù ÉTITpayNAnv pè ToÙs Ïepdp xXas écfxwoer. Écr- xwoev Tù rpareQé@opor 5), xal modéas!l°) s', xai ra y oxemdoparalt) els Tàs dylas eixôvas. Épeurnoars, marépes dyior, ua ei pèv*** el dà TÜyn và #AGouv dXot na SËÂn BovAnboër và éparioour (1) ***e7 8 ra box Ypa- Qour ris x6Ÿn Éclw émixardparos ai éQwpionéros dmd Ilarpôs Yioù xai &ytou Ilvetparos, xa dmd Thv Üwepaylay SeoTéxo», xaù rdv uéyar Oeok6yov, xai dd Tv dyror V'edpyrov, xat dmd TÔv xInropar Ths dylas povÿs ToÙ xowvoGiou"** () Vita S. Georgü latine. ®) Zeyrouxomou}oy = casselte. G) Eipioxdyras— ep. (5) Bouayaproi? () Codex @. (6) Id est Constantinopolitanus. (® Stolam intellige, ut dicunt Roman. (6) Italice « pala». (°) Gremiale. (0) Vela. (1) Totus locus obscuritate pessima squalet præ lacunis. RAPPORT SUR LES RÉSULTATS ANTHROPOLOGIQUES DE LA MISSION DE M. LE DOCTEUR VERNEAU DANS L’ARCHIPEL DES CANARIES, PAR M. À. DE QUATREFAGES. se —— On se rappelle que M. le docteur Verneau, chargé par le Mi- nistère d'une mission scientifique aux Canaries, a passé dans ces îles les années 1877 et 1878 presque en entier. Il en a rapporté des collections de zoologie et d'anthropologie surtout qui sont d’un grand intérêt. Une partie des premières ont été déjà étudiées par des-savants spéciaux qui en ont fait connaître la valeur. Les insectes seuls n'ont encore été l'objet d'aucun travail. On sait seulement que leur étude sera aussi intéressante que celle des arachnides et des mollusques terrestres. M. Verneau a lui-même fait connaître quelques-uns des résultats auxquels l'avait conduit l'examen des populations canariennes. Toutefois il n'avait pas encore présenté au Ministère un Rapport sur l’ensemble de ses recherches. Préoccupé surtout de la question anthropologique, il avait ajourné la rédaction de ce travail, es- pérant toujours le compléter à l'aide de documents que lui avaient promis diverses personnes. Mais, malgré la bonne volonté de ses amis, parmi lesquels il est juste de signaler M. Diego Ripoche, élève de notre laboratoire, il a dû finir par reconnaître la nécessité d’aller terminer par lui-même les études qu’il avait commencées. Il a donc demandé et obtenu une nouvelle mission, gratuite cette fois. Arrivé sur les lieux, il a repris ses recherches qui seront à — 9958 — tous égards aussi fructueuses que les précédentes. En outre, il a rédigé le Rapport qui m'a été renvoyé. Ce Rapport porte exclusivement sur la partie anthropologique des études de notre missionnaire. Il n'en suffit pas moins pour justifier les témoignages de confiance donnés à l’auteur par le Ministère et la Commission. C'est un véritable ouvrage, comprenant 373 pages de texte et accompagné d’un atlas de 36 planches renfermant 114 figures. On comprend que je ne saurais donner une idée, même très succincte, de tous les détails qui y sont exposés. Ce serait d’aïl- leurs chose inutile; car, à coup sûr, ce Rapport sera imprimé dans nos Archives. Je me bornerai donc à en indiquer les divisions prin- cipales et à signaler quelques résultats généraux, après avoir fait en quelques mots l'historique de la question. L'histoire anthropologique des Canaries présente un véritable intérêt à bien des points de vue. On sait qu'a l'époque où Jean de Béthencourt en entreprit la conquête (1402), ces îles possédaient une population considérable, qui ne fut entièrement soumise aux Espagnols qu’en 1512. Par suite de diverses circonstances, et surtout sans doute parce que l’ancienne langue des insulaires avait partout fait place à l'espagnol, il fut universellement admis que cette popu- lation avait péri en entier, exterminée par les conquérants ou emportée par la peste de 1494. Malte-Brun lui-même accetpa cette opinion Ü), que l’on trouve reproduite dans diverses publications récentes ?). Pourtant, dès 1840, dans deux mémoires lus à da Société ethnologique et publiés peu après, Sabin Berthelot en avait clairement démontré le peu de fondement). Il nous avait appris que, loin d’avoir disparu, les Guanches forment encore le fond de la population canarienne et ont des représentants plus ou moins purs jusque dans les hautes classes de la société; que plusieurs familles portent encore avec orgueil le nom des anciens chefs dont parlent les historiens espagnols (‘), et que l’on retrouve dans les insulaires actuels le port, la figure, les coutumes et les () Précis de géographie universelle, t. V, p. 165, 1817. @) Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, article Canaries, 1859. — Encyclopédie du x1x° siècle, articles Canaries et Guanches, 1878. () Séances du 21 janvier et du 28 février (Mémoires de la Société ethnologique, t. I, p. xxvur et xxix). Ces mémoires ont été réimprimés dans l'Histoire natu- relle des Canaries, par Barker Webb et Sabin Berthelot. @® Loco cit., t. {, p. 149, et t. Il, p. 128: — 559 — mœurs signalés par ces mêmes auteurs chez les vieux Canariens(). Le travaïl du consul français avait donc mis hors de doute la sur- vivance de ces derniers. Mais à quel autre groupe de la famille humaine pouvait-on les raltacher? En s'appuyant sur l'examen détaillé des caractères exté- rieurs et craniologiques, aussi bien que sur des considérations tirées des mœurs et du langage, Berthelot a conclu que les Guanches étaient essentiellement de race berbère. D’Avezac a adopté cette opinion, tout en admettant que le type primitif des insulaires est aujourd'hui entièrement effacé par suile du croisement. Il admet en particulier que les individus blonds existant aux Canaries ont em- prunté la couleur de leurs cheveux à des ancêtres normands P). Berthelot, au contraire, les rattache aux tribus kabyles blondes du Maroc 6), sur lesquelles il a un des premiers rappelé l'attention, ‘tout'en combattant la pensée qu'elles pouvaient descendre des Vandales ®). | Toutefois un certain nombre de têtes osseuses, qui s’écartaient du type habituel, et les différences de traits et de teint que pré- sentent les indigènes, conduisirent Berthelot à se demander sl y'avait là une preuve de l'existence de deux races ou seulement de deux variétés de la race berbère(). Enfin, de considérations ana- logues et de quelques données historiques, notre savant consul conclut que, ‘très probablement, cet ensemble de populations se rattachaït à une ‘très ancienne souche d’origine libyque (6). La découverte des races humaines fossiles vint apporter de nouveaux éléments pour la solution du problème et en accroître singulièrement l'intérêt. Au mois demars 1868, MM. Berton-Meyron'et Delmarès mirent au jour les squelettes ensevelis dans l'abri sous roche de Cro- Magnon (1), Ces restes précieux furent déposés au Muséum , où ils 7 devinrent l’objet d'études dont je n'ai pas à m'occuper ici. Ce qu'il ] J P P q © Op. cit. it. T, p. 147 etisuiv. ®) L'Univers, Histoire et description de tous les peuples. — Les iles d'Afrique, p- 143. @) Op. cit., t. Il, p. 145 et passim. @)) Loco cit., t. Il, 141. (6) Loco cit., p. 121. (6) Loco cit., p. 149. () Louis Lartet, Une sépulture des troglodytes du Périgord (Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, 2° série, t. IL, p: 335): — 560 — importe de rappeler, c'est que M. Hamy, le premier, remarqua l'ex- trême ressemblance existant entre la:tête \osseuse de cette race quaternaire et celle des rares spécimens de Guanches existant alors à Paris (1871-1873). Poussant plus loin ses perquisitions , ce savant retrouva le même type dans d’autres populations, entre autre chez les Kabyles. J'étais au courant des recherches de M. Hamy et par- tageai bien vite ses convictions, Cet ensemble de faits et les con- clusions qu'ils entraînent furent résumés dans une note présentée à l'Académie() et exposée avec détail dans nos Crania ethnica, dès 1874 P1. La survivance d’une des plus ancienneset des plus remarquables races qualernaires, son identité ethnique avec les Guanches dont nous possédions les têtes osseuses étaient donc démontrées. Maïs ces dernières provenaient toutes de la collection Bouglinval, recueillie dans une seule caverne, celle du Barranco-Hondo, située dans lile de Ténériffe. En présence des faits signalés par Berthelot, était-il permis de généraliser et d'attribuer exclusivement aux anciens tro- glodytes de la Vézère le peuplement des Canaries? Ni M. Hamy ni moi ne pouvions avoir cette pensée, Aussi, dès 1873, avais-je écrit à notre savant consul, le priant de recueillir pour le Muséum le plus possible de crânes anciens pris dans diverses localités"). Cinq ans après je recevais de lui dix crânes provenant de Ténériffe, de la Grande Canarie et de l’île de Fer. Au premier coup d'œil, nous reconnûmes facilement, mes collaborateurs et moi, que ces têtes osseuses différaient sensiblement de celles du Barranco-Hondo. M. Verneau allait partir pour sa première mission; l'examen de cette petite collection lui fut naturellement confié, et le résultat de cette étude fut de rattacher au moins trois de ces crânes à des types sémitiques l‘). On voit à quel point en était la question de l’ethnologie cana- rienne au moment du premier voyage de M. Verncau. Comme je l'ai rappelé plus haut, notre missionnaire poursuivit ses études sur place pendant deux ans, et à son retour il en fit connaître les résul- tats généraux dans une série de notes qui parurent de 1878 à 1883 () Quatrefages et Hamy, Races humaines fossiles ; race de Cro-Magnon (Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 30 mars 1874). () Page 95 et 96; fig. 100 et 101. 4) Berthelot a reproduit ma lettre dans ses Antiquités canariennes , p. 196. {) Antiquités canariennes, p. 198 et 199. — 561 — dans diverses publications (). Il les a reprises pendant toute l'année passée. C’est l'ensemble de ces recherches qui fait l'objet du Rap- port dont j'ai à rendre compte. Le travail de M. Verneau est divisé en quatre parties. La pre- mière.est consacrée à l'étude des caractères physiques; la seconde traite des industries et des mœurs: dans la troisième l’auteur fait connaître les inscriptions lapidaires de l'archipel; dans la qua- trième il discute les conséquences qui ressortent des faits précé- demment | exposés relativement à l'origine des populations cana- riennes. Chacune de ces parties est divisée en chapitres et ceux-ci enssections. Enfin M. Verneau termine chacune de ces études spéciales. en formulant brièvement les conclusions qu'il croit devoir en\tirer. J’ajouterai que le style de M. Verneau, toujours simple et précis, ajoute encore à ce que la méthode adoptée donne de précision. et de clarté à, l'exposé, à la discussion des faits. Dans la première partie de son Rapport, M. Verneau a en outre procédé monographiquement. Au lieu d’embrasser en bloc la population de l'archipel entier, il a examiné successivement celle de chacune des îles qui le composent. Par là, il arendu ses études moins difficiles et plus sûres, en même temps qu'il rendait possi- bles des comparaisons d’un intérêt facile à comprendre. Les re- cherches de notre missionnaire ont déjà porté sur cinq îles, savoir : Ténériffe, la Gomère, la Grande Canarie, la Palme et l’île de Fer. Les deux. iles du nord, Fortaventure et Lancerotte, ont échappé jusqu'ici à son examen, par suite d’une sécheresse désastreuse qui y a régné pendant six années consécutives (1872-1878). Ce n'était pas au moment où les populations locales émigraient en masse, que notre missionnaire pouvait tenter l'exploration de contrées désertées par leurs habitants. Mais, dans une lettre datée du 7 oc- tobre, il m'annonce qu'il compte combler bientôt cette lacune. Cette première partie, consacrée à l'étude des caractères phy- siques, est de beaucoup la plus développée, et on comprend qu'il devait en être ainsi. Pour chacune desiles que je viens de nommer, l’auteur a étudié, dans autant de sections distinctes, la taille et la coloration des habitants; les caractères ostéologiques de la tête et desmembres chez l'homme et chez la femme; les particularités pathologiques de la tête. Pour donner une idée de sa manière de U) M. Verncau en donne la liste dans son Rapport. MISS, SCIENT, — XIII. 36 IMPHIMENLE NATIONALE: procéder, je donnerai quelques indications sur le chapitre relatif à Ténérifte. Pour évaluer la taille des anciens habitants dé cette île, M. Ver- neau s’est servi des tables d'Orfila et de M. Topinard. Les résultats concordent à très peu près. Les mensurations ont porté sur près dé mille os des membres, ramassés au hasard dans diverses loca- lités du nord, de l'ouest et du sud de l'ile. Le résultat de cette étude a été de montrer que la taille moyenne, prise sans dis- tinction de sexe (1",645), est supérieure à celle de l'ensemble des populations humaines. Laissons les femmies de côté pour ne parler que des hommes. Ceux-ci étaient généralement de grande taille. Sur 100 individus, 8h,4 dépassaient la moyénne générale; 15,06 seulement restaient au-dessous. Dans la région méridionale de l'ile, 15,2 p. 100 attei- gnaient ou dépassaient la taille moyenne des hommes de Cro- Magnon (1",78), et certains individus mesuraient 1",84 et 1",86. En revanche, parmi les hommes de petite taille, quelques-uns descendaient jusqu’à 1,53. On voit que les considérations tirées de la stature seulé con- duisent à admettre qu'à Ténériffe la population était déjà mélée avant la conquête espagnole et qu’elle résultait du mélange tout au moins de deux races : l’une grande, l'autre petite. Nous allons voir dés caractères d'un tout autre ordre confirmer ces conclusions. Tous les anciens historiéns $'accordent pour dire qué, à leur arrivéé aux Canaries, les Européens y trouvèrent des hommes dont les uns avaient le teint basané, les autres la peau blanche. Les premiers ne pouvaient guère qu'avoir les cheveux et les yeux noirs ou foncés, et ce dernier caractère est expressément attribué ‘aux femmes brunes de la Grande Canarie (0). Les seconds avaient fré- quemment les cheveux blonds et les yeux bleus. M. Verneau a rétrouvé ce type principalement dans le sud de l'ile, c’est-à-dire dans la portion du territoire où se retirèrent les Guanches, tandis que leurs envahisseurs espagnols occupaient les cantons ‘septen- trionaux. C'est donc là que la race indigène doit avoir le mieux conservé sa purété, Aussi notre missionnaire, loin de voir dans ces Canariens blonds des métis de Normands, comme a fait d'Avezac, les regarde comme des déscendants directs des anciens Guanches. (1) Viera cité par Berthelot { Mémoires de la Société ethnologique , t. M, p. 122.) — 563 — I les décrit avec quelque détail, et il est facile de reconnaître que par l’ensemble des traits, tout autant que par la couleur du teint et de la chevelure, ces hommes blonds diffèrent du type brun signalé par Berthelot 0). Il y a forcément quelque chose de conjectural dans l'appré- ciation des caractères précédents lorsqu'il s’agit de décrire les vieux Canariens. Il en est autrement de ceux que fournit l'étude du squelette, et surtout celle de la tête osseuse. Aussi M. Verneau at-il insisté sur ce dernier point d'une manière toute spéciale. À Paris, il avait examiné et mesuré tous les crânes réunis dans nos collections. IL a poursuivi ces recherches sur les lieux; et, servi par les circonstances, il a pu étudier en tout 350 têtes os- seuses recueillies dans les localités les plus différentes des diverses îles canariennes. Le nombre de ces pièces, la sûreté d'observation dont notre missionnaire a donné tant de preuves, permettent de regarder comme définitifs les résultats de cette longue et minu- tieuse étude. Ici surtout, je ne saurais entrer dans des détails. M. Verneau a étudié séparément les têtes osseuses d'hommes et de femmes. Dans les deux sexes, il a passé en revue tous les caractères dont l'expé- rience a fait connaître la valeur, soit qu’ils appartiennent au crâne ou à la face considérés isolément, soit qu'ils ressortent des rapports existant entre ces deux régions de la tête, À la description de ces diverses parties sont joints de nombreux tableaux permettant de saisir d’un coup d'œil les résultats généraux des mensurations. En un mot, c'est là ‘une étude magistrale, faite par un homme con- naissant à fond la science dont il cherche à élargir le champ. Éclairé-par les données déjà acquises, M, Verneau, dans cette partie de son travail, plus encore qu'ailleurs, ne pouvait oublier les hommes de Cro-Magnon. Partout il compare les têtes osseuses des anciens Canariens à celles de nos vieux troglodyles; et cette com- paraison, poussée jusqu'aux derniers détails, met de plus en plus hors de doute la part prise par la race de nos chasseurs de rennes au peuplement des Canaries. L'étude des os des membres conduit au même résultat. M. Ver- neau a retrouvé chez les insulaires l'ossature robuste, les fortes empreintes musculaires si frappantes chez l'homme de Cro-Magnon, (1) Op. cit. , t, E, p. 146. — 564 — et en particuher la ligne àpre du fémur faisant saillie le lone de P 5 l'os comme une sorte de pilastre. Ce sont ces os qui ont servi à déterminer la taille des anciens Canariens, et nous avons vu qu'ils ont démontré chez eux l'existence de nombreux individus dont la stature égalait celle de nos troglodytes du Périgord. Mais à côté de ces têles, de ces squelettes qui attestent cette pa- renté, il en est d’autres présentant des caractères fort différents! La tête est ici plus petite, le crâne et la face changent de forme; les os longs sont plus courts et plus grêles. Entre les deux types on trouve des intermédiaires. Tout donc indique un métissage, soit que la race quaternaire se soit croisée avec d’autres avant son arrivée à Ténériffe, soit qu'après son établissement dans cette île elle ait été altérée par des éléments étrangers. M. Verneau a étudié ces derniers ossements avec le même soin que les autres, et il y a distingué deux types. En comparant certains de ces crânes avec ceux que possède le Muséum, il a pu identifier l’un de ces types avec nos Arabes d'Algérie. L'autre, caractérisétpar le raccourcissement du crâne et l’élargissement des narines, n’a pu encore être rapproché d'aucune population connue. Les conclusions tirées par M. Verneau de ce premier chapitre peuvent se résumer de la manière suivante : les Guanches qui ont peuplé Ténériffe présentaient la taille et les caractères ostéolo- giques de la race de Cro-Magnon; ils ont toujours eu la supério- rité numérique; ils se sont croisés avec des Sémites et avec une autre population encore indéterminée. Les anciens habitants de la Gomère, de la Grande Canarie, de la Palme et de l'île de Fer ont été étudiés par notre missionnaire avec autant de détail et de soin que ceux de Ténériffe. Je me borne à résumer les conclusions de ces quatre chapitres, pour indiquer les similitudes et les différences que présentent ces îles au point de vue dé leur ancienne population. À la Gomère, on trouve l’homme de Cro-Magnon; mais l’élé- ment sémitique manque. En revanche, la race petite et brachycé- phale y est plus largement représentée. Le croisement de ces deux races a donné lieu, chez les métis, à de remarquables exemples de cette juxtaposition des caractères qui a été souvent niée et sur laquelle j'ai insisté depuis longtemps. À la Grande Canarie le Sémite reparaît à côté du Cro-Magnon et du brachycéphale dont il a été déjà question.De plus, un qua- — 565 — tième type, également indéterminé, vient se joindre aux précé- dents. ! | A l'ile de Fer on ne trouve en réalité que des Cro-Magnon et des Arabes. L'existence dans cette ile de la petite race brachycéphale comme élément de la population est au moins très douteuse, Pour l'ile de la Palme, M. Verneau a eu beaucoup moins de matériaux d'étude que pour les précédentes. Aussi présente-t-il ses conclusions avec certaines réserves. Ici le type sémitique paraît dominer; mais il est encore associé à celui de Cro-Magnon. Tout en admettant comme possible la présence des petits. brachycé- phales, l’auteur ne croit pas pouvoir l'afirmer. En somme, M. Verneau met hors de doute qu'avant l’arrivée des Espagnols, la population des cinq îles étudiées par lui était déjà fort mêlée et comptait des éléments ethniques très différents. En première ligne venait le vrai Guanche, c'est-à-dire l’homme de grande taille, dont le squelette reproduit tous les caractères de la race quaternaire de Cro-Magnon. M. Verneau espère pouvoir démontrer par de nouvelles recherches que cette race a fourni au début-la population de tout l'archipel. “À côté du Guanche vivait le Sémite, qui apparaît parfois avec des caractères de pureté ethnique aussi accusés que les Sémites actuels du nord de l'Afrique. Dtux autres types se sont unis aux précédents : l’un deux.était brachycéphale et de petile taille; les caractères du second sont mal connus. Ni l'un ni l’autre n’ont encore pu être rattachés à quelque population des temps anciens ou modernes. Dans la seconde partie de son Rapport, intitulée Ethno graphie, M. Verneau traite de l’organisation sociale, des mœurs et des cou- tumes des anciens Canariens, etenfin de leur industrie. M. Verneau -ne, consacre que peu de pages aux deux premières questions. Il ne pouvait guère ici que reproduire, en les discutant parfois, les ren- seignements empruntés à divers auteurs. Pourtant, toutes les fois qu'il s’est agi d’un fait ou d'un détail se prêtant à l'observation, notre missionnaire ne s'en est fié qu'à lui-même. C’est ainsi qu'il a visité le plus possible des anciennes habitations des insulaires, et onlira à coup sûr avec intérêt tout ce qu'il nous dit des grottes naturelles ou artificielles qui servaient de demeure aux Guanches. Il est presque inutile de faire remarquer que ce trait de mœurs rapproche encore les vieux habitants des Canaries de leurs proches — 566 — parents de la Vézère. Maïs on ne rencontre pas partout des grottes percées par la nature, ni des roches faciles à creuser. Les Canariens avaient aussi des maisons proprement dites, formant parfois de gros villages. Un certain nombre d’entre elles existent encore, et, dit M. Verneau., elles attirent fortement l'attention de ceux qui les visitent par la solidité et la régularité de leurs murailles. Je ne dirais rien des pages consacrées à la littérature des Guanches si elles ne contenaient deux élégies de trois vers chacune, recueillies l’une à la Grande Canarie, l’autre à l’ile de Fer, et que M. de Cessac a découvertes dans un vieux manuscrit conservé à Lisbonne. La traduction portugaise, placée en regard du texte canarien , en fait un document linguistique de plus à ajouter à ceux qu'avait réunis Berthelot (). Je laisse de côté le chapitre consacré aux cérémonies, fêtes, croyances religieuses, etc., et ne dirai qu’un mot des sépultures. On croit assez généralement que les Guanches embaumaient et momifiaient tous leurs morts. Il n’en est rien. La plupart étaient déposés dans des grottes, des tumuli ou des fosses, sans qu'aucune précaution füt prise pour leur conservation. Parfois on creusait le rocher pour y déposer les cadavres. C'est dans une de ces grottes . sépulcrales artificielles que M. Ripoche a trouvé une cinquantaine de squelettes, dont une vingtaine ont livré des têtes en bon état, aujourd’hui déposées au Muséum. Le chapitre consacré aux industries est plus développé. Ici l'auteur disposait de nombreux matériaux inédits. Aussi entre-t-il dans d'assez longs détails relatifs à la céramique, aux ustensiles en bois ou en os servant aux usages domestiques, à la pêche, etc. Plusieurs des objets dont il parle sont figurés dans son atlas, Sans le suivre dans ses descriptions, je dirai seulement quelques mots des pintaderas ou sellos que l'on trouve en grand nombre à la Grande Canarie, mais nulle part ailleurs, et dont M. Verneau a le premier fait connaître le véritable usage. Ce sont des objets en terre cuite où l’on peut distinguer un manche et une base. Celle- ci est circulaire ou carrée, triangulaire ou rectangulaire. La sur- face est couverte de dessins en relief formés par de petites fi- gures géométriques assez artistement groupées. On a voulu y voir tantôt des objets en rapport avec les croyances religieuses , tantôt OÙ Opeit., LL, p: 77: — 567 — des, amulettes, et plus généralement des espèces de cachets. M. Verneau montre que les pintaderas méritent leur nom (objet qui sert à peindre) et qu'elles servaient à imprimer sur le corps ces «élégantes figures que les anciens auteurs signalent précisé- ment chez les habitants de la seule île où on les trouve. Notre mis- sionnaire rappelle à ce sujet qu'au Yucatan et au Mexique les in- digènes! agissaient de la même manière; il figure, à côté les unes des autres, des pintaderas d'Amérique et de la Canarie; et ce rap- prochement même soulèverait bien d’autres questions que je n'ai pas à aborder ici. L'étude ethnographique des Canaries conduit aussi notre auteur à des.conclusions générales qui concordent avec celles qu'il a tirées des caractères physiques. Dans l'archipel entier on trouve un fonds commun d'organisation sociale, de mœurs, etc. Bien des ustensiles, des instruments sont aussi les mêmes partout. Mais les industries, la céramique surtout, montrent des différences assez grandes d'une île à l'autre et sont le plus perfectionnées là où le type guanche a été le plus altéré par l'élément arabe,Ce serait le dernier qui aurait relevé, au point de vue industriel, les descendants de la race de la Vézère, restée jusque-là fidèle aux traditions de ses pères, que du reste ils n’avaient pas entièrement oubliées, comme je Lai indiqué plus haut. La troisième partie du Rapport de M. Verneau est consacrée aux inscriptions lapidaires gravées sur les rochers. Notre missionnaire : en a, pour sa part, relevé un certain nombre par l’estampage et le dessin à l'île de Fer, à la Palme et à la Grande Canarie. Dans ces trois îles, notre missionnaire a rencontré ce qu'il nomme des pseudo-inscriptions, composées de signes bizarres dont on n’a pu encore découvrir la signification. M. Verneau, néanmoins, décrit et figure ce qu'il a observé de ces singuliers monuments. À,cûté de ces pseudo-inscriptions, il en est d'autres qui sont vraiment alphabétiques, à l'ile de Fer, à la Grande Canarie et peut-être à Fortaventure. Les caractères en sont souvent effacés. Pourtant M. Verneau a pu recueillir 373 signes que leur état parfait de conservation a permis. de comparer à ceux des inscriptions nu- midiques publiées par le général Faidherbe. Sur 53 caractères dif- férents appartenant aux inscriptions canariennes, 6 seulement ne figurent pas au tableau qu’a donné le savant général. Encore peut- on les regarder, selon notre auteur, comme de simples variantes de — 568 — signes déjà connus. Les inscriptions alphabétiques des Canaries sout donc bien des inscriptions numidiques. M. Verneau voit dans ce fait une nouvelle confirmation des conclusions générales déjà tirées de ses études sur les caractères physiques et ethnographiques. A Ténériffe et à la Gomère, c'est-à- dire dans les îles où le type guanche s'est le mieux conservé, on n’a pas trouvé d'inscriptions proprement dites. Elles appartiennent jusqu'ici aux îles où le type sémitique est le plus accusé. Des Numides, mélés sans doute à quelque autre race continentale et partis des environs de Carthage, auraient apporté aux Canaries l'alphabet. Ils l'auraiïent introduit là où ils dominaient; mais ils n'auraient pu le faire adopter par les descendants les plus purs de la race de Cro-Magnon. Dans la dernière partie de son travail M. Verneau discute les diverses opinions émises sur l'origine des Guanches et fait con- naître Ja sienne. Mais elle ressort suffisamment de ce que j'ai déjà dit, et je crois inutile de suivre l'auteur dans les nouveaux déve- loppements qu’il donne à ce sujet. Je dirai toutefois que, grâce aux documents nouveaux dont il disposait, M. Verneau, dans ce même Rapport, a pu jalonner pour ainsi dire la route suivie par la race de Cro-Magnon, du Périgord aux Canaries. Mais, avec des données plus récentes encore, il a repris ce sujet dans un mémoire spécial qu'il m'a envoyé et dont je puis attester l'intérêt. La Commission a pu voir que le Rapport de M. Verneau est un travail considérable, d’une grande importance, et qui résout définitivement un problème dont s'est longtemps préoccupé le monde savant. J'ai l'honneur de proposer de le faire figarer dans nos Archives. J'ajouterai que M. Verneau a adressé au Ministère une demande de prolongation de congé et le renouvellement de sa mission gra- tuite pour une année. Je serai personnellement heureux de voir Ja Commission appuyer une demande si bien justifiée. DE QuATREFAGES. RAPPORT UNE MISSION SCIENTIFIQUE DANS L’ARCHIPEL CANARIEN, PAR M. LE DOCTEUR VERNEAU. AVANT-PROPOS. Chargé, le 22 mars 1877, par M. le Ministre de l'instruction publique, d’une mission NS UUEE aux îles Canaries, nous avons séjourné dans cet archipel jusqu'à la fin de l’année 1878: Bien que nous ayons pu réunir pendant la durée de notre mis- sion un grand nombre d'objets, nous nous sommes apercu, enétu- diant nos collections, des nombreuses lacunes qui existaient encore. Grâce aux bonnes relations que nous avons conservées dans l'ar- chipels canarien, nous pensions-qu’il nous serait possible d'en combler un grand nombre: C’est là le motif qui nous a fait ajourner la rédaction de ce Rapport, espérant toujours HORS compléter notre travail. Après avoir longtemps attendu, malgré la bonné volonté de M: Diego Ripoche, qui s'était mis avec le plus grand: empresse- ment à notre disposition et avait récolté pour notre grand éta- blissement d'histoire naturelle beaucoup de pièces anthropologi- ques intéressantes, nous avons dû rester convaincu que le seul moyen. d'arriver au but que nous nous proposions était de re- tourner aux îles Canaries. Pour compléter nos recherches, nous avons entrepris un second voyage. Mais nous avions différé trop longtemps l'envoi de notre Rapport sur les résultats de la mission qui nous avait été confiée pour attendre davantage. Ce travail sera aussi résumé que possible ; nous nous bornerons — 970 — exclusivement à la question anthropologique, laissant même de côté, pour le moment, le point de vue historique, que tant d’autres ont traité. Nous nous proposons néanmoins, une fois nos recherches terminées, de revenir sur ce sujet. Aujourd’hui nous nous con- tenterons d'envisager la question ethnologique à des points de vue qui n'ont pas encore élé éludiés. Ce n'est pas que l'histoire naturelle des Canaries soit parfaite- ment connue, malgré le grand ouvrage publié, il y a près d'un demi-siècle, par MM. Barker Webb et Sabin Berthelot (1, ét mal- gré toutes les monographies qui ont paru depuis cette époque. Les animaux invertébrés surtout offrent un champ de recherches qui est loin d’être épuisé. Bien que nous nous soyons occupé d’une manière spéciale de l'homme, nous n'avons pas laissé de récolter un certain nombre d'animaux annelés et de mollusques. Les insectes recueillis par nous n'ont pas été, que nous sachions , étudiés jusqu'à ce jour. Mais les arachnides ont été l'objet d'une communication à l'Académie des sciences, de la part de M. Hippolyte Lucas, et d'un mémoire de M. Eug. Simon ©). Les mollusques terrestres n'étaient que très jrapets faites ht connus. M. Jules Mabülle, qui n'a étudié que le genre Heliæ, a rencontré trente-neuf espèces nouvelles ©), Dans les règnes végétaux et minéraux il existe, sans aucun doute, bien des lacunes à combler. Si des recherches faites avec soin ne fournissent pas un nombre considérable de types nouveaux, bien que le nombre des espèces encore inconnues paraisse devoir atteindre un chiffre élevé, il n'en est pas moins vrai qu'il y aurait, au point de vue de da.distnibu- tion géograhique des êtres, un véritable intérêt à faire dans l’ar- chipel canarien de nouvelles explorations, Par deur position entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique, par le mélange que l'on con- state tant dans la faune que dans la flore, ces îles, volcaniques (Barker Webb et Sabin Berthelot, Histoire naturelle des tles Cunaries, Paris, 1830. @ Eug. Simon, Matériaux pour serv à la faune arachnologique des iles de l'océan nie dans les Annales de la Société entomologique de France, Paris, décembre 1882. 9 J. Mabille, Molluscorum novorum diagnoses succincte. Soc. philomathique , jan- vier 1882. … Encouragé par les résultats de nos premières investigations, te ontinuons les recherches q que e nous avons commencées il ya is, heureux si nous pouvons contribuer à jeter de nouvelles ee Phistoire naturelle de Dre canarien. Danevñ MMOPOTS 1,7: dTOVE: EH OT OPEL, kq rx onsbot dois) Les ko tou nids enck. sad Frey | ) A ai E +5 iot msanéllol rs U, eorrisipons/e5 as al (ane Ca) bise 1ouiaus6zo 1i0v9b 519 Koss: sie, ondes sl æembtosiso"9b. ei slab >» 200 sb msg 24 pi uosiso 29h osbiidf 6odr1bse |; EE onnitre POTIIENBD YITS selon sf tés MR 6. 95: | ésesomdnrou cb roserné Lo tronied : Le dqsrei qui : ; ôtuiq 7 wo niéesh 0! # fi eobvolor enovs enou s0p essisbiqst exoiqiisen Sasenue1 9 31H08 ,9i q Huérisop 908 each .tin Mai # 4 be 2 miotQ God @b anoien fe bad eisb ol 98 eounsy Juoë Iup 29961 egersvib esb pret À shot Me 99 ob insiluebs eos sf vsifisordôb $ ovrris nono sf zc:q | sh dt 7 bo > en hf supsdo ob noïsigqoq 0 nono , isvert 9 sb oise D sb blé ,S16m00 x! $ ,61 N" dt6o 6 Sul 508}q encv De raon #b s200: É 259 0h eubivibai 1 euon ,(9)io7s: 2 buy M 6 fon ohonuctiqu: Ï à Buoup #51 35 BvBi ,vrës eobans el tucbnog aorgèr 990 ensb 12 — old qsrs pesrq #oñpiolgzoTl 1i5bnot as esinsniius est FN | NA, . 25h nn po onu 1: 58 x , AE ou PRÉFACE. Avant d'entrer en matière, nous devons.expliquer en deux mots le plan que nous avons suivi. Les îles Canaries renfermaient, au moment de l’arrivée de Jean de Béthencourt, une population très complexe. Les habitants diffé- raient les uns des autres par les caractères physiques, par les mœurs, les coutumes, l’industrie, et par le langage. Nous avons cru devoir examiner successivement, dans trois parties distinctes, chacun de ces ordres de caractères. La première partie sera con- sacrée à l'étude des caractères physiques; la seconde, à l'étude de l'ethnographie, et la troisième, aux caractères linguistiques, ou plutôt à l'épigraphie, nous bornant à l'examen des nombreuses inscriptions lapidaires que nous avons relevées par le dessin ou l'estampage. Enfin, dans une quatrième partie, tout en résumant les conclusions des trois premières, nous essaierons de montrer l'origine des diverses races qui sont venues se mêler dans l'ar- chipel canarien. Pour arriver à débrouiller le chaos résultant de ce mélange de races très différentes, il était nécessaire de ne pas les confondre toutes dans un même groupe. Nous avons été amené, après mür examen, à étudier successivement la population de chaque île. C'est pour cela que, dans la première partie de ce travail, se trou- vent cinq chapitres consacrés à Ténériffe, à la Gomère, à la Grande Canarie, à la Palme et à l'ile de Fer. Nous avons placé l’une à côté de l’autre les îles de Ténériffe et de la Gomère, à cause des nom- breux points de contact que présentaient les individus de ces deux îles. Quant aux deux îles du nord {Fortaventure et Lancerotte), nous n'avons pu les étudier. La sécheresse exceptionnelle qui a régné dans cette région pendant les années 1877, 1878 et les quatre années antérieures en rendait l'exploration presque impossible, lors de notre premier voyage. Tous les habitants étaient forcés d'émigrer, et il eût fallu des ressources dont nous ne disposions point pour hasarder une expé- _ dition dans ces îles. Elles doivent présenter cependant un intérêt — 573 — spécial; c'est en effet, selon toute apparence, par Lancerotte et Fortaventure qu'ont dû passer la plupart des races qui sont venues se mélanger dans l'archipel, Jusqu'à ce jour, ces deux îles n'ont, pour ainsi dire, pas été explorées; nous nous proposons de les visiter prochainement. Dans les autres îles, il nous reste à élucider un certain nombre de points obscurs. C’est maintenant surtout, après l'étude longue et approfondie de tous lès documents que nous avons réunis, que nous nous rendons un compte exact des lacunes qui existent en- core. Malgré tout, les résultats auxquels nous sommes arrivé nous semblent avoir fait faire un pas important à la question anthro- pologique. Nous avions pensé tout d’abord dire, à la fin de ce travail, quelques mots des autres branches de l’histoire naturelle. Mais les proportions qu'a prises ce mémoire nous décident à nous en tenir purement et simplement à l’homme. nus ANTHROPOLOGIE. —€<—— PREMIÈRE PARTIE. CARACTÈRES PHYSIQUES. INTRODUCTION. I Les premiers auteurs qui nous ont laissé des descriptions de l'archipel canarien ne s'étaient guère préoccupés des caractères physiques de la population. Cependant on trouve parfois dans leurs écrits des indications précieuses qui prouvent qu'il existait souvent, d’une île à l'autre, des différences ethniques assez grandes pour frapper les yeux de gens peu experts en anthropologie. Il n'est pas besoin d'ajouter qu'aucun des anciens historiens ou des premiers voyageurs n'avait eu l’idée de collectionner les objets ayant appartenu aux habitants primitifs, et bien moins encore les restes de l’homme lui-même. Il a fallu trois siècles et demi pour voir arriver dans nos musées les premiers restes des vieux insulaires canariens. Jusqu'à la fin de l'année 1876, il n'existait dans les collections soit du Muséum d'histoire naturelle, soit de la Société d'anthropologie de Paris, qu'un fort petit nombre de crânes, provenant tous de Ténérifle et ayant fait partie jadis de la collection de Bouglinval. Le Muséum possédait, en outre, une momie en assez bon état de conservation et un squelette complet, de même provenance que les crànes. Pendant longtemps ces pièces restèrent dans l'oubli; mais, dès que l'attention des anthropologistes se porta sur elles, les spécia- listes ne tardèrent pas à être frappés par les caractères si curieux que présentaient les cränes. Presque tous, en effet, rappelaient d’une façon singulière, par leurs caractères généraux, les cranes trouvés dans l'abri quaternaire de Cro-Magnon. nom ans D LS act ne ns fine de tn fn ne À en ne ee: ga Les ressemblances étaient frappantes, il est vrai, mais le nombre de crânes était restreint, et, en outre, tous proven aient de la même localité. (Barranco-Hondo). On pouvait donc se trouver en pré- sence d’un type qui ne représentait point la généralité des anciens Canariens. C’est pour cela qu'en 1873, M. de Quatrefages écrivait à Sabin Berthelot :« :.: En même temps, des recherches cranio- logiques paraissent indiquer une filiation entre les Guanches et une/des races qui ont peuplé autrefois le midi de la France: Les rapports entre le nord de l'Afrique et nos régions méridionales n'ont évidemment rien que de très naturel. Nous! constatons tous les jours des rapports entre les faunes et les flores des deux con- trées : il serait presque étrange que l’homme eût échappé à la loi commune, | « Toutefois la théorie ne doit pas nous entraîner outre mesure, et il faut la contrôler par l'observation ()... » M. de Quatrefages terminait sa lettre en priant S. Berthelot de vouloir bien recueillir, pour le Muséum, un certain nombre de crânes et de squelettes. | Pour satisfaire à la demande de notre excellent maître, quel- ques mois avant notre départ pour les Canaries, Berthelot envoya au Muséum dix crânes de différentes localités. Trois provenaient de: Ténériffe; quatre de divers points de la Grande Canarie; les trois dérniers'avaient été recueillis à l'île de Fer, mais l’un d'eux avait appartenu à un individu atteint d'hydrocéphalie, de: sorte que deux seulement pouvaient servir à l'étude. M: de Quatrefages nous chargea d'étudier les crânes envoyés par Berthelot. Les trois cränes de Ténériffe présentaient des ca- ractères assez différents de ceux quiexistaient précédémment dans nos collections; ceux de la Grande Canarie différaient plus en- core des crânes guanches antérieurement connus; celui dela Isleta offrait tous les caractères d'un crâne arabe. Quant aux deux crânes de l’île deFer,ïls présentaient, eux aussi, « un air de parenté frappant avec les Sémites ». Ce sont les expressions que nous em- ployions dans la petite note que nous rédigeämes alors et qui fut publiée par Berthelot P1. Mais la question était loin d’être élucidée; elle s'était com- * 0) Lettre publiée par S. Berthelot dans ses Antiquités canariennes } pi 196: () S. Berthelot, Antiquités canariennes, p. 198 et 109. — 576 — pliquée plutôt de difficultés nouvelles. Ce n'était plus un type ethnique unique que l'on rencontrait dans l'archipel canarien, mais bien un mélange de types qui semblaient très divers. Il était donc de toute nécessité de recueillir de nouveaux docu- ments. Malgré des difficultés de toutes sortes, nous avons pu réunir, pendant le cours de notre mission , une grande quantité d'os longs, de nombreux bassins et plus de deux cent soixante crànes, dans les îles de Grande Canarie, Ténériffe, Palme , Gomère etFer.Nousavons en outre mesuré et étudié dans ces différentes îles plusieurs mil- liers d'os longs. Enfin nous avons rencontré dans un certain nombre de localités des individus qui, malgré l'invasion ‘espagnole, ont conservé le type des anciens habitants, et l'étude de ces individus nous a fourni des documents qui ont bien leur importance. Tels sont les matériaux qui nous ont servi pour ce travail: IT Une des causes qui ont contribué à jeter la confusion dans lé- tude de l'anthropologie des îles Canaries, c’est que presque tous les auteurs modernes ont appliqué indistinctement le nom de Guanches aux anciens habitants de toutes les îles de l’archipel.1] était dès lors difficile de comprendre les différences que l'on no- tait, à tous les points de vue, entre les populations de telle ou telle île. 1 Cependant les chroniqueurs de Jean de Béthencourt et. le autres historiens anciens avaient eu soin de désigner par un mom différent chaque groupe de population. Dans plusieurs mémoires déjà parus (1), nous avons montré qu'ils avaient eu pleinement raison de faire cette distinction, et nous espérons le démontrer d’une manière encore plus évidente. Les Guanches étaient les ha- bitants primitifs de Ténériffe; ils étaient restés dans cette île rela- tivement assez purs; mais toutefois, sur plusieurs points, le type Q) Voir : De la pluralité des races anciennes de l'archipel canarien (Bull. Sac. an- throp., 1878). — Habitations et sépultures des anciens habitants des iles Canaries (Revue d’anthrop.,1879). — Les Sémites aux iles Canaries (Bull. Soc. anthrop., 1881). — Sur les anciens habitants de la Isleta (Bull. Soc. anthrop., 1881). Les inscriptions lapidaires de l'archipel canarien ( Revue d'ethnographie, 1882). — Las Pintaderas de Gran Canaria (Anales de la Soc. española de Historia natural, 1883), etc. — 577 — s'était modifié par suite du mélange avec un autre élément venu plus tard. Nous verrons dans le cours de cette étude que la race guanche avait très probablement peuplé au début la majeure partie des iles de l'archipel. Mais, dans presque toutes, les caractères propres à cette race s'étaient profondément altérés par suite de l'infusion d’une grande quantité de sang étranger. Cependant, dans l'ile de la Gomère, la plupart des habitants présentaient encore avec les insulaires de Ténériffe de nombreux points de contact. Quoi qu'il en soit, c’est à Ténériffe que nous devons rechercher les caractères physiques des Guanches, et c’est par 1à que nous commencerons cette étude. CHAPITRE . PREMIER. LES ANCIENS HABITANTS DE TÉNÉRIFFE: LES GUANCHES. ME CELAUTAILEE. La taille des anciens habitants de Ténériffe n'a jamais été éva- luée à l'aide de données positives: Cependant tous les auteurs qui ont écrit sur les îles Canaries ont parlé de la taille des Guanches, chacun'se bornant d’ailleurs à répéter ce qui avait été écrit avant lui, sans apporter aucune preuve à l'appui de sa manière de voir. Les vieux écrivains sont à peu près tous d'accord pour attribuer aux Guanches une taille élevée etmême colossale. Le P. Espinosa, par exemple, assure que, parmi les princes descendant des rois de Guimar, il s’en trouvait un de quatorze pieds de haut; il ajoute que ce géant possédait quatre-vingts dents ®. Ce dernier détail nous montre suffisamment quelle confiance il faut ajouter au ré- cit de cet fre. Plusieurs autres D RROene les chroniqueurs de Béthencourt ©), Abreu Galindo(%, Nuñez de la Peña W, par (@) P. Fray Alonso de Espinosa, Del origen y Ris os de N. S.:de lCande- laria, etc., Séville, 1594, livre I, chap. vr. ONE r. Pierre Bontier, religieux de S. François, et-Jean de Verrier; prestre, Histoire de la première descouverte et conqueste des Canaries, etc. @)YP, Fr: Juan de Abreu Galindo, Historia de la conquista de las site islas de Gran Ganaria, 1632. ® Juan Nuñez de la Peña, Conquista y antigüedades de las! islas de la Gran Ganaria, Madrid, 1676. Q] MISS. SCIENT. -— XIII. 97 IMVRIMERIE NATIONALE. — 578 — exemple, nous parlent de tailles aussi phénoménales que celle si- gnalée par Alonso Espinosa; mais ils attribuent ces tailles gigan- tesques aux habitants des îles du nord de l'archipel (Fortaventure et Lancerotte) U). Lorsqu'il S'agit des Guanches, ces différents au- teurs se contentent de dire qu'ils sont de haute stature. Etmême, en parlant des naturels de la Gomère qui, comme nous le verrons; se rattachaient à la race guanche, Abreu Galindo dit qu'ils étaient de petite taille P): Tandis que Buffon continue à considérer les Guanches comme de « hautestature » 5), Marin y Cubas (1), Viera y Clavijo (), S. Ber- thelot (5), etc., attribuent à cette race une taille moyenne. Mais, dans aucun ouvrage, nous n'avons trouvé d'appréciation sérieuse de la taille. Il semble que, dans une question de ce genre, chacun se soit laissé entraîner par la prédilection qu'il avait pour tel ou tel auteur. M. Augustin Millares, dans son excellent livre sur l'Histoire des les Canaries, se contente de dire : «Quelques squelettes que possèdent aujourd’hui nos musées accusent chez un petit nombre d'individus (unos pocos) une taille gigantesque ; mais nous supposons que ce développement exceptionnel doit être attribué à des causes accidentelles, comme on peut l’observer dans d’autres régions du globe où l’on a rencontré et où l'on ren- contre le même phénomène (7), » Notre excellent ami M. le D' Chil, lui-même, dans son grand ouvrage en cours de publication, après avoir rappelé l'opinion de Marin y Cubas, ajoute : « Malgré l'autorité respectable de cet historien, je m'en tiens à ce qui a été dit par Espinosa, Abreu Galindo et Nuñez de la Peña. (1) Bontier et Le Verrier parlent d’un géant de Fortaventure de neuf pieds de haut; Abreu Galindo signale, dans la même île, le tombeau d'un colosse de vingt-deux pieds. ®) Abreu Galindo, op. cit., lib. IIT, cap. v. 6) Buffon, Histoire naturelle de l'homme, p. 142. () Tomas Arias Marin y Cubas, Historia de las siete islas dé Canaria , origen , discubrimiento y conquista, 1694 (manuscrit). 6} José de Viera y Clavijo, Noticias de la historia general de las islas Ganarias , Madrid, 1772. \ (5) P. Barker Webb et S. Berthelot, op. cit., 1° partié : Ethnographie; par S. Berthelot. | ® Augustin Millares, Historia general de las islas Canarias, las Palmas ; 1882, & 1, p. 202. — 579 — «De sorte que l'on peut affirmer que les Guanches de Téné- riffe étaient de. belle prestance, de physionomie agréable, etc). » Quelles sont les raisons qui ont amené la conviction dans l’es- prit du docteur Chil? Nous lignorons, car 11 oublie de nous des faire connaître, et c’esten vain que nous avons cherché-une seule mesure dans son ouvrage. Pour'arriver à résoudre la question, il était donc absolument nécessaire de l’envisager soùûs une noùvellé face. Grâce aux: tra- vaux d’an certain nombre d'auteurs modernes, notamment à ceux d'Orfila, on peut aujourd’hui, à l'aide des os longs, reconstituer lartaille d'une manière très approximative. C’est le procédé que nous avons employé, et nous allons voir les résultats auxquels il nous a conduit. Pour Ténériffe Set a ces résultats sopoiEn sur l'étude’ de près de mille os longs ©) TAILLES MOYENNES DE LA POPULATION ANCIENNE DE L'ÎLE DE TÉNÉRIFFE (9). TAILLES CALCULÉES À L'AIDE DES CHITTRES A D’ORFILA. DE TOPINARD: mètres. mètres: mètres: | mètres. 1,22 1,60 | 1,67 1,47 1,53 1,63 1,72 1,56 Au moyen ; 110 de l’humérus. du cubitus | du radius MoxEnwes. . G) D. Mc Chi y Naranjo, Estudios historicos , ARRETE 4 patoo- gicos de las te Canarias ,'t. Il, p. 15. (@) Nous avons mesuré ces os dans différentes localités du nord, de Pouest et dù sud dé l'ile. Pour ne pas nous laisser aller involontairement. à choisir des,os de grandes:ou.de petites dimensions; nous les avons, fait ramasser au hasard par les hommes qui nous accompagnaient. . @) Nous croyons presque inutile de dire que le signe & indique les indi- vidus'du sexe masculin ÿ le signe ceux dusexe féminin ét enfin le signe % tous les individus, ‘sans distinction de’sexe. Dans ‘cette dérnière colonne sont 37. — 580 — Nous avons évalué les tailles à l'aide du tabléau que nous avons dressé au laboratoire d'anthropologie du Muséum, en nous ser- vant des chiffres d'Orfila: Dans les tableaux que l’on trouvera plus loin, nous avons mis en regard des chiffres ainsi obtenus ceux aux- quels on arriverait en prenant pour base d'évaluation les chiffres donnés par M. Topinard dans le premier fascicule du tome VII de la Revue d'anthropologie. En ajoutant, comme nous l'avons fait, pour les parties molles, 4 centimètres aux tailles qui figurent dans le tableau II dela note de M. Topinard, les résultats con- cordent d'une manière à peu près satisfaisante. Considérée dans son ensemble, la population de l'ile de Téné- riffe nous a donné les résultats résumés dans le tableau ci-dessus. H résulte de ces chiffres que la population de Ténériffe, abs- traction faite des sexes, présentait une taille moyenne de 1",645, c'est-à-dire une taille supérieure à la moyenne de toutes les popu lations du globe. Les hommes atteignaient 1",69 où 1",70, et les femmes n'arrivaient qu'au chiffre de 1,52 ou 1,53. Il y avait donc entre les deux sexes une différence de 17 centimètres, c’est: à-dire la différence la plus grande que l’on ait signalée jusqu'à ce jour. Mais, comme nous le verrons bientôt, quoique la taille moyenne de la population fût sensiblement la même dans les diverses par: ties de l’île, il existait néanmoins des différences considérables entre les individus. Ainsi, d'après nos calculs, sur 100 individus du sexe masculin, 49 dépassaient la moyenne et 48,6 ne l’atteis gnaient point; 2,4 nous ont donné exactement la moyenne. Pour les femmes, il en est de même : la plus grande partie (55,8 pour 100) dépassaient la moyenne, tandis que 41,7 p. 100 restaient en dessous, et que 2,5 p. 100 atteignaient exactement 1°,52 (moyenne d’après les chiffres de Topinard), ou 1,535 (moyenne d'après Orfila). Les différences individuelles sont considérables : quelques hommes nous ont donné un chiffre de 1",84, ou même 1",86; d'autres n'arrivent qu'à 1,53. Les femmes se trouvent exacte- ment dans le même cas : parfois leur taille s'élevait à 17,68 et même 1,70 (un seul cas), mais presque toujours elle restait au- dessous de 1",60 et descendait jusqu’à 1",43 ou 1,42. compris les individus des deux autres colonnes et ceux dont il était difficile de déterminer le sexe d'une manière précise, à l'aide des as longs. | | \ | — 581 — Le tableau suivant montre comment se répartissent, au point de vue de la taillé, des individus du sexe masculin : | DIVISION EN QUATRE GROUPES DES HOMMES AU POINT DE VUE DE LA TAILLE. (Les chiffres indiquent la proportion sur 100 individus.) RÉGION | RÉGION | RÉGION | ENSEMBLE DU NORD, | DE L'OUEST.|] DU SUD. DE L'ÎLE. Hautes tailles (au-dessus de 1,70). 49,8 48,3 Taïlles.au-dessus de la moyenne (de 1,65 incl. à 1°”,70 excl.). ...... 6 34,9 36,2 Tailles au-dessous de la moyenne (de 1,60 incl. à 1,65 excl.).. 13,8 14,9 13,8 Petites tailles (au-dessous de 1",60).| 10,3 o,4 c 1,8 100,0 100,0 ; 100,0 La plus grande partie des hommes étaient de haute taille (au- dessus de 1,70). Dans le sud cependant les hommes de 1,65 à 1,70 étaient en majorité, quoique le chiffre de ceux qui dépas- saient 1° 70 füt encore très élevé (41,3 pour 100). A côté de ces hommes de grande, taille nous trouvons, mais dans une proportion infiniment plus faible, des individus dont la taille restait au-dessous de 1,65 et même de 1",60. Nous avons dit plus haut que la taille moyenne de la population était sensiblement la même dans toute l’île. Il nous suffit, pour le prouver, de donner les chiffres que nous avons obtenus. Nous pouvons donc affirmer que, dans toutes les régions de l'ile, la Pophaon était la même en ne tenant compte que de la taille. C’est à peine si la taille moyenne varie d'un centimètre. Les tailles extrêmes nous conduiraient à la même conclusion ; les plus élevées, aussi bien que les plus faibles, atteignent à peu près les mêmes chiffres dans l'île tout entière. Lorsque nous étudierons le crane, nous verrons à quelle race il est permis de comparer l’une de celles qui ont contribué à la formation de la population de l'île de Ténériffe. Dès maintenant nous pouvons dire que le type cränien prédominant présente de singulières analogies avec le type de Cro-Magnon. Or notre vieille race quaternaire était d’une taïlle élevée ; les hommes atteignaient — 582 — en moyenne 1,78. Cette taille se rencontrait également chez les anciens habitants de Ténériffe, et-la proportion des individus qui atteignaient ou dépassaient celte moyenne est assez notable. Nous en avons rencontré : | Danse Nord..." M ere re RSR 11,1 p.100 Dans l'Ouest ee ete SR M ue de 09 Dans 1btSudhere 2e. Ms CORRE GENS À 15,2 | TAILLES MOYENNES DES ANCIENS HABITANTS DES DIVERSES RÉGIONS DE L'ÎLE DE TENERIFFE. TAILLES CALCULÉES AU MOYEN DES TABLEAUX D’'ORFILA. DE TOPINARD. — © | — — | ENSEMBLE ENSEMBLE! NORD, JOUEST.| SUD. . |NORD. |OUEST. . de l’île. o 1 HOMMES. du fémur,.... 1,68 |1.71 du tibia,,.... 1,70 | 1,70 du péroné, !, . 1,70 ” de l'humérus. . 272 Ta du cubitus,.., 1,72 du radius, ,,. 1,70 Moyennes... | 1,70 | 1,70 | 1,71 2° FEMMES. du fémur..... 1,50 [1,92 du tibia, ,..,. 1,23 | 1,93 du péroné, . .. 1,54 " de l’humérus. 1,93 |1,97 du cubitus.. .. 5 | 2,94 du radius. .., 1,04 Movexnes... De tout ce qui précède nous pouvons tirer les conclusions suivantes : 1° La population de l'ile de Ténériffe était déjà mêlée avant la conquête espagnole ; 2° Au point devue de la taille, il existait entre l'homme:et la femme des différences considérables ; . — 583 — 3° La taille moyenne de cette population était supérieure à celle de la moyenne des races humaines; {° La majorité de la population masculine se! composait d'hommes de grande taille; 5° Selon toute apparence, il était venu se mêler, pour former cette population mixte, des éléments de taïlles très différentes : les uns (en majorité) de haute taille; les autres de taille au-des- sous de la moyenne; 6° À ne tenir compte que de la taille, la population mixte qui vivait à Ténériffe avant la conquête présentait dans toutes les par- ties de l'ile une assez grande homogénéité ; 17°. Parmi les Guanches, malgré l'introduction à Ténériffe d’une racelde petite taille, il.existait encore un bon nombre d'individus d’une taille aussi élevée que les hommes de Cro-Magnon. $9:—— COLORATION : LA PEAU, LES YEUX, LES CHEVEUX, Les habitants de Ténériffe ne présentaient pas tous le même leint : les uns étaient légèrement basanés, les autres avaient, au contraire, la peau blanche. Sur ce point, tous les auteurs sont d'accord. Espinosa nous dit que ceux dont la peau était la plus foncée habitaient le sud de l'ile. Cependant leur teint devait être encore assez clair, à en juger par les récits de tous les historiens. Seul, Duret, dans la relation de son voyage à Lima, leur attribue une peau brune. Les insulaires légèrement basanés devaient avoir les cheveux noirs et les yeux probablement de couleur foncée. Mais, à côté d'eux, on rencontrait fréquemment des individus avec,..des cheveux clairs et parfois des yeux bleus. Espinosa, Edmond Scory, qui visita Ténériffe dans la première moitié du xwr siècle, nous parlent de Guanches à cheveux blonds. Viana U), traçant le portrait de la princesse Däcil, fille de Bencomo, nous parle de sa longue chevelure. « plus dorée que le soleil » et des ta- ches de rousseur qui, «comme des fleurs d’or», parsemaient son & Antonio de Viana, Antigüedades de las islas Afortunadas de la Gran Ganaria; Conquista de Teneriffe y aparecimiento de la Imagen de Candelaria. Séville, 1604. — 584 — visage (D. Dans le chant IV, il décrit une autre fille guanche, Ro- salva, qui avait les cheveux blonds et les yeux bleus. Mais le poète Viana est quelque peu sujet à caution, et nous pourrions faire certaines réserves, si tous les auteurs n'étaient d’ac- cord sur ce point. Parmi les écrivains modernes qui partagent son opinion, bornons-nous à citer Viera y Clavijo, Berthelot, MM. le docteur Chil et Augustin Millares. Ce dernier pense que le type blond dominait, au moment de la conquête, non seulement à Ténériffe, mais dans tout l'archipel. Il ajoute que ces blonds devaient être les descendants d’envahisseurs qui, partis d'Afrique, étaient venus se superposer au type guanche primitif. Nous ne pouvons être de cet avis, et nous en dirons plus loin les motifs. Viera y Clavijo raconte avoir vu des momies guanches avec des cheveux dorés; Berthelot et M. Millares ont fait la même obser: vation, Pour notre part, nous avons fréquemment rencontré dans les grottes sépulcrales de Ténériffe des cheveux roux. Mais cet ar- gument à lui seul n'aurait peut-être pas toute l'importance que lui ont attribuée les auteurs que nous venons de citer. Nous con- naissons des momies péruviennes qui, par l'effet d’une décolora- tion posthume, ont actuellement les cheveux rougeâtres, et cepen- dant les individus momifiés avaient certainement pendant la vie les cheveux noirs. Mais tous les renseignements concordent, et nous sommes d’au- tant plus disposé à admettre l'existence de blonds à Ténérilfe que, maintes fois, nous avons eu l’occasion, dans le sud de l’île, d’ob- server des enfants, même d’un âge avancé, qui avaient les che- veux blonds et quelquefois les yeux bleus. Parmi les adultes, un grand nombre avaient les cheveux soit d’un chätain plus ou moins clair, soit tout à fait blonds. Nous n’hésitons nullement à considérer ces individus blonds comme des descendants des anciens Guanches. Nous savons, en effet, que les Espagnols se sont établis d’abord dans le nord de Ténériffe, laissant aux anciens habitants la partie méridionale. Or c'est précisément dans cette région, où se sont réfugiés les der- niers Guanches, que l'on rencontre assez fréquemment des indi- vidus à cheveux clairs. Enfin, les blonds actuels de Ténériffe présentent un type spé- ) Antonio de Viana, op. cit., chant HI. ! — 585 — cial : leur face, large en haut, se rétrécit à la partie inférieure ; les pommettes sont saillantes ; les yeux, petits, sont logés dans des orbites bas et larges; en un mot, ces individus à cheveux clairs offrent. tous les caractères faciaux que nous retrouverons sur les têtes des anciens Guanches. Nous pourrions ajouter que leur nez estélroit, un peu court, mal dessiné en bas, mais sans aplatisse- ment, et que leurs lèvres sont un peu charnues, comme celles qu'attribue. à la princesse Däcil et à la jeune Rosalva le poète Viana. . Tout nous autorise donc à dire que les Guanches avaient, en majeure partie, sinon tous, les cheveux clairs et les yeux parfois bleus. $3:=2'TA TÈTE. La tête osseuse va nous fournir des renseignements des plus importants, qui viendront d’ailleurs justifier complètement les con- clusions qu’il nous a déjà été permis de tirer de l'étude de la taille. Aussi devons-nous examiner avec soin cette partie du sque- lette M), Nous étudierons successivement le crâne et la face, en passant en revue tous les caractères qui nous semblent avoir une réelle importance. @) J'espère échapper aux reproches formulés par le docteur Chïl dans son ouvrage. À propos du travail de Broca sur l'indice orbitaire, 1l écrit ce qui suit : «La théorie qui consiste à croire à la pluralité des races dans ces iles, en se basant sur telles ou telles différences organiques, a donné lieu à des apprécia- tions opposées de la part des anthropologistes et a peut-être contribué à em- brouiïller la question de la véritable origine des habitants primitifs. Pour ma part, tout en respectant l'opinion de savants compétents, je n’ai pas trouvé ces différences qui existent entre races diverses. Je trouve même violente (violenta) la conclusion du professeur Broca, qui ne semble tenir aucun compte des carac- tères: qui démontrent l'unité pour rechercher uniquement ceux qui, d'une façon ou de l'autre, indiquent la variété. Il ne paraît pas qu'on veuille rechercher la vérité au moyen de l'observation et de l'étude, mais bien trouver des preuves qui viennent plus ou moins à l'appui d'une idée préconçue. » (Estudios, etc., t. Il, p. 279.) Dans plusieurs mémoires j'ai montré que, par une foule de caractères , 1es’an- ciens habitants des Canaries différaient les uns des autres, et J'ai eu la satisfac- tion de me trouver d'accord avec un homme de la valeur et de la compétence'du regretté professeur Broca. Le docteur Chil ne trouve pas ces différences que nous avons signalées. H est vrai qu'il ne consacre que quelques pages de son volumi- neux} ouvrage à l'étude des caractères physiques, et encore n’envisage-t-il que quelques caractères isolés. C’est donc àdui qu'il faudrait adresser le reproche qu'il nous fait. Je dirai plus : il suffit d'étudier les chiffres donnés par le docteur — 586 — Les documents qui nous ont servi dans cette étude sont, à notre avis, assez nombreux pour nous autoriser à tirer des conclusions. Nous avons étudié attentivement et mesuré, dans l'espace de près dé huit ans, environ trois cent cinquante crânes de différentes îles canariennes. Nous espérons qu’on ne nous reprochera pas, comme le reproche aux anthropologistes en général notre ami le docteur Chïil, de partir d'idées préconçues et de faire une race nouvelle avec «un:seul crâne, un seul squelette trouvé dans une localité donnée ou avec quelques débris de l'industrie humaine (!. » Nous avons déjà dit, en parlant de la taille, que l’un des types qui vivaient anciennement dans l'archipel canarien présentait de grandes analogies avec la race de Cro-Magnon. Pour mettre ce fait bien en évidence, nous allons comparer l’un après l’autre chacun des caractères céphaliques du Guanche aux caractères corres- pondants des hommes quatérnaires dela vallée de la Vézère P), I. — Homes. A. — Crâne. Capacité cränienne. — Les Guanches présentaient un cràne bien développé : la capacité crânienne, si l’on considère en masse toute la population sans distinction de sexe, s'élève à 1590 cen- timètres cubes. C’est exactement le chiffre que donne le crâne du vieillard de Cro-Magnon. La moyenne de la capacité des cranes masculins atteint 1672, Presque tous dépassent 1590 et nous n’en avons trouvé que quatré au-dessous de ce chiffre. Un seul même s'en éloigne d'une façon un peu notable : sa capacité ne dépasse pas 1410. Ce crâne, provenant de Tegueste et envoyé au Muséum par Berthelot, diffère de tous les autres non seulement par sa capacité, mais par tout l’ensemble de ses caractères. Nous en reparlerons plus tard, ainsi que d’un äutre crâne très différent des autres, et que nous avons rencontré dans le sud de Ténériffe, à Adeje. Chil Jui-même pour montrer que ses conclusions sont en complet désaccord avec les faits. À propos de l'indice céphalique, je démontrerai l'exactitude de ce que j'avance, (1) Docteur Gregorio Chil, op. cit, , t. IE, p. 275. @) Bien que nous employions les expressions de race de Gro-Magnon ou race de la vallée de la Vézère, nous nous sommes également servi dans cette étude des chiffres fournis à MM. de Quatrefages et Hamy par des crânes d’autres provenances, qu'ils font rentrer dans le même groupe. — 587 — Nous pouvons donc affirmer: que le crâne! guanche-est remar- quable pañ. sa belle, capacité, supérieure non seulement, à la moyenne des populations européennes, mais au crâne du vieillard de ,Cro-Magnon lui-même, Si mous recherchions à quelle cause tient cet accroissement de la capacité crânienne, nous feçonnaitrions, comme nous -le:mon: trerons plus loin, ul faut l'attribuer à une légère! augmentation de,la ‘hauteur du crâne et à une plus grande largeur dela région occipitale. Indice céphalique horizontal. —. Comparons maintenant le déve- loppement.de la voûte crânienne dans, le sens de la longueur et dans le’sens de la largeur. |, D'une façon absolue; les diamètres lantéro-postérieur et,trans- verse sont, en moyenne, un-peu plus!faibles sur les cranes anciens de Ténériffe que sur le crâne du vieillard de Cro-Magnon; mais cependant la moitié des premiers nous a donné un diamètre antéro- postérieur supérieur à 190 millimètres; sauf sur quatre; le dia- mètre transverse maximum oscille entre 140:et 1/48rmillimètres. Dans le tableau suivant nous donnons, en regard les uns des autres, les diamètres antéro-postérieur et transverse maximum, et Vindice céphalique horizontal des anciens habitants de Ténériffe etides individus du type de ‘CGro- Magnon, en ne tenant compile qne des hommes : TÉNÉRIPFE. RACE’ DE: CRO-MAGNON. EE METHLARD (n°n). a 5 el = E « ë = E 5 RO a En DS M 2 E A CE] CE £ A millin. | millim.|millim. | millim. | millim. |millim. | millim. Diamètre antero-posterieur,.1.4.1|l190j00! 198,00! 183,00|191;00| 203,00 | 184,00 |1102,00 Diamètre transverse maximum. . 144,00! 155,00 | 137,00! 141500 /1151,00 | 134,00 | 149,00 Indice céphalique horizontal... | 76,07 79:97| 7o,70| 73,57| 75,53] 90,05] 73,76 «Ces chiffres ont: besoin de commentaires. Les moyennes sont très rapprochées, mais cependant les hommes de Cro-Magnon avaient généralement le crâne un peu moins large et un peu plus allongé, de sorte que l'indice moyen est plus faible que chez les anciens habitants de Ténériffe. Cela tient en partie à ce que nous — 588 —. avons fait entrer en ligne de compte quelques crânes très différents du véritable type guanche, et que notre moyenne s’est trouvée par suite sensiblement modifiée. Si, au lieu de ne considérer que les moyennes, nous examinons les indices individuels isolément, nous verrons que, parmi les hommes de Ténériffe, il s'en trouvait un nombre important dont l'indice céphalique horizontal n'atteignait pas 75, et qui, parsuite, étaient vraiment dolichocéphales. Parmi ces individus, 22,22 pour 100 nous ont donné un indice inférieur à 74; l'un d'eux même (du Barranco-Hondo) descend à 70,70, c’est-à-dire presque au chiffre donné par le crâne d’Engis (70,52). A côté de ces crânes, nous en trouvons d’autres sous-dolicho- céphales, mésaticéphales et même sous-brachycéphales. Au point de vue de l'indice céphalique horizontal, les crânes anciens de Ténériffe se répartissent de la manière suivante : Dolichocéphales vrais. ..-1-.""HéEERe. 0, 37,0 Sous-dolichocéphales. ..........r- eee aies» « 4o,7 Mésaetphales. ARS ES ROIRRONE DOLPHIN 18,9 Sous-brachycéphales. .......,......:.:. SAGE ATOS 3,4 TOTAL me Rem ee 100,0 La majeure partie de la population masculine de Ténériffe ren- trait donc dans le groupe des sous-dolichocéphales; un nombre important étaient franchement dolichocéphales, quelques-uns mé- saticéphales, et ce n’était que par exception que l'on rencontrait des sous-brachycéphales. Nous sommes loin d’être d'accord sur ce point avec le docteur Chil. En parlant des crânes de toutes les îles de l'archipel, il s’ex- prime en ces termes : « Tous sont dolichocéphales, et plusieurs très dolichocéphales, ainsi qu'on peut le voir dans les tableaux qui accompagnent ces études (). » Plus loin, lorsqu'il parle des anciens habitants de Ténérifle, il ajoute : « La tête est plus dolichocéphale que celle des habitants de la Grande Canarie ). » Par conséquent, puisque, pour cet auteur, tous les crânes anciens de l'archipel sont dolichocéphales, ceux de Ténériffe, étant encore plus allongés que les autres, doivent être très dolichocéphales. (7 Docteur Gregorio Chïil y Naranjo, op. cit., t. Il, p. 273. @ Docteur Gregorio Chi y Naranjo, op. cit. t. IT, p. 275. 4 ; | — 589 — Nous ne discuterons pas les assertions, à notre sens erronées, que l'on rencontre à chaque page de son livre. Mais nous avons dit plus haut que les chiffres qu’il donne lui-même ne plaident pas en faveur de ses conclusions, et nous dévons le montrer.une fois pour toutes. Il nous suffira pour cela de jeter un coup d’æil sur les Pre auxquels, il renvoie le lecteur et d'analyser les chiffres. Ses quatre premiers tableaux, les seuls que nous possédons, renferment les mesures de 4o crànes de la Grande Canarie; ils se répartissent de la façon suivante : Dolichocéphales.. . ...,. A note 5 ARR RE nn 10 Sous-dolichocéphales. . . ..…. For ress AU LCR LT te RU TO NIET AUCEP HR ES AM SRI dofeis vence siciolalele relais St A Sous-brachycéphales.. .......:.:..,,.,:,:.4. 4000. 2 Brehytéphales nes 2 le: 2er an rer 6 3 Totar. :... 5 À ho Les crânes du dernier groupe lui ont donné des indices de 93,5, de 94,7 et de 95, c'est-à-dire qu'ils présentent une brachy- céphalie peu commune. Nous ne voulons point discuter l'exactitude des chiffres; nous les prenons tels que les a donnés l’auteur : ils démontrent sur- abondamment que ses conclusions ne reposent sur aucune preuve. Indices verticaux. — Si nous comparons la hauteur du crane à sa longueur, l'indice que nous obtiendrons nous conduira aux conclusions que nous avons déjà énoncées. Beaucoup de crânes (et ici ce sont les plus nombreux) rentrent dans le groupe de Cro-Magnon, tandis que quelques-uns s’en éloignent. En effet, l'indice vertical moyen de tous les crànes masculins de Ténériffe nous a donné 70,75, c’est-à-dire sensiblement le même chiffre que les cränes masculins de Solutré (n° 5 et 8). L'indice minimum de la race de Cro-Magnon (celui du vieillard), nous l'avons trouvé sur un crâne du barranquillo de Volantin, dans le nord de Ténériffe ; 11 nous a fourni un indice de 65,40. Sur 100 crânes de Ténériffe, 52 restent au-dessous de la moyenne que nous a donnée l’ensemble dé la population mascu- line; 48 pour 100 dépassent celte moyenne. La grande majorité de nos têtes osseuses (68 pour 100)s’éche; — 590 — lonnent, au point de vue de l’indice vertical, entre le crâne du vieillard de Cro-Magnonet celui de Bruniquel. Nous sommes done autorisé à dire que en général , les hommes de Ténériffe pouvaient se comparer, pour l'indice vertical du crâne, à notre vieille race quaternaire. Mais, à ce point de vue encore, nous constatons la présence d’un autre type à la tête relativement plus haute. Pour l'indice transverso-vertical, nous ne pourrions que répéter ce que nous venons de dire à propos de l'indice vertical. Cependant nous devons nôter en passant que deux de nos crânes masculins présentent un diamètre vertical supérieur au diamètre transverse maximum (indice — 101,42 et 103,41). Courbe antéro-postérieure. — En parlant du crane de Cro-Magnon devant l'Académie des sciences, notre maïître vénéré, M..de Qua- trefages, s’exprimait en ces termes : « La courbe fronto-occipitale se continue avec une régularité frappante jusqu’un peu au-dessus du lambda. Là elle s’'infléchit pour former un méplat qui se pro- longe sur la portion cérébrale de l'occipital. La région cérébelleuse du même os se porte brusquement en-dessous et forme une sorte de large plan portant de nombreuses et robustes empreintes d'in- sertions musculaires). » Telle est,aussi la courbe fronto-occipitale du crâne rage et Deux fois, seulement nous avons. trouvé le front fuyant. La xégu- larité de la courbe est parfois cependant un peu interrompue (sur le tiers environ de nos crânes}), immédiatement en arrière de la suture coronale, par une dépression habituellement légère, qui suit presque Ja direction: de cette suture. Nous ne saurions mieux com. parer cetle dépression post-coronale qu'au, sillon qui: résulterait de la constriction exercée par un bandeau. étroit appliqué, immédiate- ment en arrière du bregma et attaché sous le menton. Ce n’est pas que nous. voulions dire que les Guanches ‘eussent l'habitude de se déformer artificiellement le crane. Le point précis, toujours le:même, où s’observe cette légère dépression doit faire rejeter cette idée, Le nombre des crânes qui, présentent ce sillon est relativement faible, (30,ou 32.pour 100), eten outre nous avons observé plus d’une fois cette dépression post-coronale, dans, des races chez lesquelles on, n’a, point signalé de déformation artfi- () Voir Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. LXXVIT, Séance du 30 mars 1874. — 591 — cielle, notamment/chez les inciens Égyptiens. Nous n’en ‘avons pas moins cru devoir signaler cette particularité anatomique. ! Le méplat postérieur nenglé par MM: de Quatnéfapes et Hamy est RTE bien accusé; cependant sur certains crânes (28 EU 100) il est peu marqué. | “1 Ghaque fois que ce méplat existe, on observe en même temps une saillie, quelquefois énorme, de la portion de l'écaille de d'oc- cipital située immédiatement au-dessous de l'aplatissement. La base forme souvent «uüne sorte de large plan portant de nombreuses et robustes empreintes d’insertions musculaires»; mais cetie région est parfois renflée, et cette disposition, qui éloigne du type de Cro-Magnon les individus qui la présentent, se ren- contre près de 4o fois sur 100. | Malgré les exceptions que nous venons de signaler et qu’il ne nous était pas permis de passer sous silence, il n’en reste! pas moins acquis que la majorité des crânes anciens de Ténériffe pré- sentent la courbe antéro-postérieure de la race de Cro-Magnon (voir pl. F, fig. 1 et 2). Il nous reste, pour terminer l'étude de la courbe antéro-posté- rieure, à examiner les dimensions de chacune des parties qui la composent. Nous donnons dans le tableau ci-joint lés chiffres que nous ont fournis les cränes masculins de Ténériffe, et, comme précédemment, nous mettons en regard les chiffres que donnent les cränes masculins de la race de Cro-Magnon. TÉNÉRIFRE. CRO-MAGNON. MINIMUM MAXIMUM MINIMUM 5 = [21 ä = Si ë b 2 e milim. | milim. | millim. | millim. | millim.|millim. frontalercérebrale 118 111 124 99 frontale totale 140 148 Courbe! de | periétale À 141 | 139 octipitale totale 189 150 Circonférence médiane totale.,.,.... è 545 La courbe frontale est en moyenne un peu moins développée que dans la race de Cro-Magnon. Cependant le tiers environ des cranes de Ténériffe (32 pour 100) dépassent la moyenne des — 592 — crânes masculins qui figurent sur le tableau de MM. de Quatrefages et Hamy. | La courbe pariétale offre les plus grandes analogies dans les deux groupes, soit que nous considérions les moyennes, les maxima ou les minima. (001 Quant à la courbe occipitale, bien qu’elle soit en moyenne moins grande que sur la moyenne des crânes de Cro-Magnon, elle dépasse cependant dans plusieurs cas le maximum présenté par les individus de cette dernière race. D'un autre côté, nous la voyons parfois descendre à Ténériffe jusqu'à 109 millimètres. La circonférence médiane totale présente des proportions avan- tageuses. La moyenne (518) tient presque le milieu entre le vieïl- lard de Cro-Magnon et le crane n° 5 de Solutré. Il est assez fréquent de la voir approcher considérablement de la circonférence:totale du premier de ces cränes (545). Courbe et diamètres transverses. — La courbe transverse. du crane guanche est un peu plus développée que la courbe trans: verse du crâne de Cro-Magnon, Ce que nous avons dit plus haut laissait d’ailleurs prévoir ce résultat; les diamètres transverse maximum et vertical basilo-bregmatique sont en effet un peu plus considérables sur le crâne ancien de Ténériffe. Nous donnons dans le tableau suivant, outre la courbe trans- verse, les diamètres transversaux et le diamètre vertical du crâne dans l’un et l’autre groupe : TÉNÉRIFFE. CRO-MAGNON. a MOYENNE. MAXIMUM. MINIMUM, MOYENNE. MAXIMUM. MINIMUM, millim.| millim.| millim.| millim.| millim.|millim. Lu des el totalobasne sas tai ia | 480 | 418 | 433 | 463. | 408 | sus-auriculaire. ..,, 307 334 295 309 330 299 transverse maximum, «...., 144 155 137 141 191 134 bitemporal. ...., sonssire .| 2158 149 131 135 11 130 biauriculaire.,.......,... .| 124 133 110 121 123 118 sa bimastoidion,.....,,. Sasoit 104 112 go 108 110 106 - Diamètre à : frontal maximum,....,.... 118 130 107 118 126 109 frontal minimum,,...,,... 98 108 90 96 103 92 occipital maximum....,.... 112 122 107 108 112 104 vertical basilo-bregmatique. . 134 150 127 132,5 133 132 nl ue ot din At |. à — 593 — Si la courbe transverse totale est plus développée chez des hommes de Ténériffe, la courbe sus-auriculaire est au contraire généralement un peu plus grande chez les hommes de Cro-Magnon, bien: que la différence soit très minime et que la courbe supé- rieure maxima se rencontre sur un crâne guanche. La courbe transverse sous-auriculaire présente des dimensions plus considérables chez les anciens habitants de Ténériffe, ce qui tient à un certain renflement de la portion basilaire du crâne. Dans toute la voûte, le crâne guanche dépasse légèrement en largeur le crâne de Cro-Magnon; mais il n'en est plus de même en bas : il se rétrécit dans sa partie inférieure de façon que le diamètre bimastoïdien descende en moyenne à 104 millimètres {au lieu de 108). Nous n’ajouterons que quelques mots à ce que nous avens déjà dit du diamètre vertical basilo-bregmatique. Bien que nous ayons trouvé sur un cràne de Ténériffe le chiffre de 150 millimètres, il n’en faut pas moins considérer ce chiffre comme exceptionnel. En général, ce diamètre ne dépasse que de quelques millimètres le diamètre vertical des crânes de Cro-Magnon, et plus d’une fois il tombe même au-dessous du minimum présenté par les hommes de cette dernière race. Nous parlerons du diamètre occipitai et des diamètres frontaux à propos de la norma verticalis. | Norma verticalis. — Vu d’en haut, le crâne des anciens habitants de Ténériffe présente, chez l'homme, un aspect un peu différent du crâne de Cro-Magnon. Les bosses pariétales sont un peu moins accusées, de sorte que la forme subpentagonale de la voûte n’est pas aussi accentuée. L'occipital fait en arrière une saillie assez marquée, et le crane offre en même temps un développement transversal très notable dans sa région postérieure. Le diamètre occipital maximum, de 112 mil- limètres en moyenne, peut atteindre 122 millimètres, et il ne descend jamais au-dessous de 107, c'est-à-dire presque la moyenne des crânes masculins du type de Cro-Magnon. En avant, le front, que nous avons vu bien développé dans le sens antéro-postérieur, présente de belles proportions dans le sens transversal. Il ne le cède en rien au crâne de la race quaternaire. Cependant le développement un peu exagéré de la région occipitale MISS. SCIENT. — XIII. 38 INVPRIMERIE NATIONALE. — 594 — peut faire paraître le cräne guanche relativement un peu étroit dans sa région antérieure; il n’y a là toutefois qu’un simple con- traste, et il suffit de jeter un coup d'œil sur notre dernier tableau pour rester convaincu que la région frontale présente des dimen- sions transversales tout aussi avantageuses chez les gens de Té- nériffe que chez ceux de la Vézère. Le diamètre frontal maximum dépasse même chez les premiers 54 fois pour 100 le chiffre donné par le crâne n° 5 de Solutré (117 millimètres). Quant au dia: mètre frontal minimum, il est, dans le tiers des cas, plus élevé que sur ce dernier crâne. Dans la norma verticalis, on observe sur la tête guanche une légère saillie de la face en avant du frontal. Sur la plus grande partie des diagraphies on voit même, outre la partie inférieure de la charpente nasale, une portion de l’arcade dentaire supé- rieure. Nous verrons plus loin qu'on rencontre fréquemment un certain degré de prognathisme alvéolo-sous-nasal. Position du trou occipital. — Projections antérieure et postérieure. — Ligne naso-basilaire. — Le trou occipital présente dans un même groupe ethnique des différences si considérables que nous ne nous occuperons pas de ses dimensions elles-mêmes. Mais la position qu'il occupe a peut-être plus d'importance. Nous donnons ci-dessous les différentes dimensions qui permettent d'apprécier cette position : TÉNÉRIFFE. CRO-MAGNON. a Re RS MOYENNE, MAXIMUM. MINIMUM 5 2 3 A e a A Le z 5 5 £ Ê = El millim. | millim.| millim.| millim.| millim. |millim. Projection antérieure totale Projection postérieure, ............ Ligne naso-basilaire. ,........:... Le trou occipital occupe donc dans les deux groupes une situa- tion tout à fait comparable. C’est à peine, sur les crânes de Téné- riffe, s'il est placé en moyenne un peu plus près du bord alvéolaire. La différence est si minime qu'elle vaut à peine d’être signalée. Quoique la projection antérieure totale soit légèrement plus faible, la face présentant cependant un certain prognathisme sous- — 595 — nasal, la ligne naso-basilaire offre des dimensions généralement un peu plus élevées. Ce fait s'explique facilement par le léger renflement de la base, qui accroît quelque peu la distance de la racine du nez au bord antérieur du trou occipital. Angles occipital et pariétal. — L’angle occipital que nous avons mesuré est l'angle basilaire de Broca. Il atteint en moyenne 25° et s'élève parfois jusqu'à 4o°. Le minimum qu'il nous a présenté est de 16°. En somme l'angle basilaire est aussi grand sur les crânes anciens de Ténériffe que sur les crânes de Nègres occidentaux, de Chinois ou d'Esquimaux. C’est que le bord antérieur du trou occipital s’abaisse par suite du renflement de la partie basilaire, tandis que le bord postérieur est situé plus haut, à l'extrémité de la portion cérébelleuse de l’écaille de l’occipital, et nous avons vu que cette région est généralement aplatie. Il en résulte que le plan médian du trou occipital est oblique en bas et en avant, et que l'angle basilaire se trouve accru dans dés proportions notables. L’angle pariétal de M. de Quatrefages atteint en moyenne + 9°, avec un maximum de + 17° et un minimum de — 2°. Un seul crane nous a donné un chiffre négatif; en le laïssant de côté, le chiffre le plus bas que nous ayons rencontré s'élève à + 5°. Nous avons déjà dit que la région frontale est bien développée transversalement, Par conséquent, nous pourrions dire dès main- tenant que la face est large, puisque les arcades zygomatiques font en dehors de ce front, déjà large lui-même, une saillie assez con- sidérable pour donner des angles pariélaux qui peuvent atteindre jusqu'à + 17°. Sutures. — Les crânes de Ténériffe présentent presque constam- ment des sutures compliquées. Ce n’est que par exception que l'on rencontre la coronale et la sagittale relativement simples. L'oblitération commence d’une manière générale par la sagittale et les côtés de la coronale; la lambdoïde ne s’oblitère qu'après les sutures antérieures. Nous avons même trouvé sur un crâne (Adeje, n° 6346) la suture temporo-pariétale en partie soudée, tandis que la lambdoïde est encore ouverte. Les sutures crâniennes renferment de nombreux os wormiens; nous en parlerons à la fin de ce chapitre, lorsque nous décrirons les anomalies osseuses et les lésions pathologiques. — 596 — HOMMES. : [ ï NORD. MOYENNE. | MAXIMUM. | MINIM cent. c. com, c. co Capacité cräntenne ‘approchée.…...,.2., EEE 1650 1900 141 milim. | millim. | mi li Projection;antérieuress SLREES fai 125 GUAM RUER # 98 105 9! Projection postérieure. ...:,..... RER. BORD, ER oil 109 | antéro-postérieur maximum. .............. Cac a 52 198 174 transverse maximum: ......... 0. À eh M LEE 155 1 A4 bitemporal ee A be eee cle Lee Le PDT 141 13: DIAUTICUIEE NE. MER Mere HR ne 130 11 l Diametre”{" bimastüIdien® 42. 24 eee sente enals ms ee ral 107 108 frontal maximum. ..... RER TRE 119 128 frontal minimum.......... ABLE ASS 1 res 98 108 occipital\maxinum. (+. 2.4.4 uer titre 122 vertical basilo-bregmatique.. ................| 3133 142 | horizontale totale. . : .. a NE SOIT MEN, EURE 530 555 horizontale préauriculaire. . ......,.1........| 248 257 transverse totale. ......,...... ER RTE cn LU 0) 480 transverse sus-auriculaire. . ........ es Op 329 Courbe frontale cérébrale s.s Em sm ee dense el O0 118 frontale totale. ..... MU Se mile No sis e MN MAS 139 pariétale....,... FT AR PR PL. PSE Cr. PE ere Le 141 \PocGpitaier eme. 2 iM EN NE ee Gr le NÉE PR Et 126 Longueur du trou occipital. ............ À she NÉ Et ; 37 ho Largeur du trou occipital.............. te nt Er be ape, 30 32 Ligne naso-basilaïre. . . ..,............... PArERE 1 ee AIN 109 Anple /pariétal. , -4 >. os isialute tin SARA RE ces rein OPEN) Angle occipital (basilaire de Broca)........ ute doit LEE 27° 34° Long. — 100. Largeur... ...,........4.....1 76,451] 80,33 | 7 Indice Long.=— 100. Hauteur...............,.,...1 0,52 | 74,73 | Go Larg.— 100. Hauteur.....................| 02,49 [101,42 | 85% L e TOUTE L'ÎLE. TE == EEE CRO-MAGNON. MOYENNE. | MAXIMUM, | MINIMUM: MAXIMUM. |, MINIMUM. —————— | ——— | ——_—_ | ————_ | ———_—_—_ | ————_— | ———— | ———— | ——— MOXENNE. MINIMUM. + | MAXIMUM. MOYENNE. cent. c. cent, c. cent. c. cent. c. cent. c. cent. c. cent, c. cent. c. 1765 1570 1675 1835 1585 1672 1525 1990 1480 oillum. | "millim., | +millim. | millim. | millim. millim. millim. | millim, millim. 102 88 99 100 88 07 99 . 106 93 109 . 94 103 117 94 102 102 107 98 198 184 189 197 184 190 192 202 184 153 197 144 148 140 144 141 191 134 149 132 137 142 132 138 139 141 130 16 bai LOS À Uri 12/4 126 117 124 121 123 118 112 | 94 106 109 102 104 108 110 106 5,75 | 79:46 | 70,70 | 762 | 70,57 | 73,60 | 76,07 | 73,57 | 75,55 | 70,05 1,50 75,75 66,66 | 69,82 | 71,65 | 67,91 | 7o,79 | 69,83 | 72,28 | 65,34 98,90 |:88,59 Projection antérieure... Capacité crânienne approchée. ............: SRE RME k Projéction postérieure. .2.:,4:+..-2-+1...14.40. 4 : , n antéro-postérieur maximum: . . 4.425420 À transverse maximum. .................. Has 2 bitemporal..:.:............:....... :... ‘à DAUTICINITE SEE reste neue aie ele de ee Dante M Dimastodiens ee ete au cs De frontal MaxiMUM. ..-. ns den eme É frontal minimum..........,.,1 sAEASS CSS 2 occipitalmaximum. +. ;).- COTE EC 11300) vertical basilo-bregmatiques.2140, 221 tn horizontale totale..1:.1. 24541414. 20 000 RL SOU horizontale lpréauriculaire.s. .« - 4 MSA fransfersetotale on. SIREN PA RE Courbe pariétale. frontale cérébrale... .............,.... Étol| frontale totales: NM. Mere... MS ea OCCIRL EMMA RIM LAINE PIE AM l Longueur du trou occipital. .....:..:.....,........... Largeur du trou occipital............................. Ligne naso-basilaire. . . ..,..... LEP NES LS FR Indice Long.= 100. Hauteur.....,...... D Larg.—100. Hautewr......,. EE SEC BARRANCO-HONDO: . | MAXIMUM, De RE Late me a ne Le LE NES Angle occipital (basilaire de Broca). .…... SRE à real Long.— 100. Largeur......,,....,..4..4.0. | —_—— cent: c: 1765 millime 102 109 198 153 149 133 112 190 106 MINIMUM. cent, c. 1570 millime 88 Cie 184 137 MOYENNE. ont, c. 1675 millime 95 103 189 24h 137 124 106 SUD: MAXIMUM: cont, €, 1835 millim, 100 117 197 148 142 126 109 104. 25° 79:57 | 72,65 TOUTE |, L'ILE. CRO-MAGNON. MINIMUM: | "MOYENNE: 2|MOYERNE: MAXIMOM. | MINIMUM: cent. . |? étutsle,|Méent. &/° |Peant 0 1685 || 167% | 1525. || 1590 millim, | ewillim. | millim, | millim. 88 97 99 |. 106 94 102 102 107, 28401 190 192 202 140 144 | 4x 101 132 138 135 141 117 124 3121 123 16° 25° " » 73,60 | 36:07 | 73,57 | 75,53 6791 | go,7o | 69,85 Ê 194,28 = 598 — Jusqu'ici nous avons considéré la population maseuline de l’île de Ténériffe dans son ensemble. Examinons maintenant isolément les hommes du nord, du Barranco-Hondo et du sud. Il nous suffira d'ajouter quelques commentaires aux chiffres que nous donnons dans le tableau précédent. La longue description que nous venons de faire nous dispensera de bien des détails. Nous voyons se reproduire ce que nous avons déjà constaté em étudiant la taille. Avant la conquête, la population mixte qui vivait à Ténériffe présentait dans toute l’ile 0 une assez grande homo- généité. La série de crânes du Barranco-Hondo aurait pu être réunie à celle du nord; nous l'avons mise à part, parce que c'est la seule qui ait été un peu étudiée jusqu’à ee jour, et que c’est sur les crânes de cette provenance que MM. Broca, de Quatrefages, Hamy, etc., ont trouvé des analogies frappantes avec la race de Cro-Magnon. En général, les crânes du Barranco-Hondo ne diffèrent guère de ceux des autres localités. C’est à peine s'ils sont relativement un peu plus longs, comme le montre l'indice céphalique horizontal. Is sont en même temps un peu plus élevés, ainsi que le prouvent les courbes transverses et les indices verticaux. Mais, nous le répétons, ces différences sont, en moyenne, très légères. Les crânes du sud diffèrent des autres par un plus grand nom- bre de points, mais les différences qu'ils présentent restent encore dans des limites très étroites. Le front est un peu plus étroit et un peu moins développé d’avant en arrière dans sa portion cérébrale. La courbe occipitale est, en revanche, un peu plus grande : sa moyenne atteint celle de la race de Cro-Magnon. La ligne naso-basilaire est petite (moyenne — 99 millimètres), et comme en même temps la ligne basilaire s’abaisse quelque peu, pous devons en conclure que le bord antérieur du trou occipital est un peu plus relevé que sur les autres crânes. Les deux indices verticaux dénotent un léger surbaissement de la voûte. () Nous avons étudié des pièces provenant des localités suivantes, presque toutes (à part celles du Barranco-Hondo) recueillies par nous-même : dans le nord : 1° San Andres, Barranquillo de Volantin, pointe d'Anaga, Teguéste et Tacoronte; »° Barranco-Hondo; dans le sud : Arona et Adeje (Barranco del In- fierno)- — 599 — Nous pourrions ajouter enfin que l'indice céphalique horizontal ne présente pas un minimum aussi faible que dans nos deux autres séries. B. — Face. De même que le crâne, la face offre fréquemment les caractères de la race de Cro-Magnon. Si nous ne considérons que la moyenne des indices, nous pouvons dire que, comme les hommes de Cro-Magnon , les anciens habitants de Ténériffe étaient mésosèmes par la face et microsèmes par les orbites. Comme le vieillard de la Vézère, ils rentrent par le nez dans le groupe des leptorhiniens. Étudions l'un après l’autre chacun des indices faciaux. L'indice facial proprement dit varie, dans la race de Cro- Magnon, de 63,41 à 68,46, c’est-à-dire que les individus de cette race se répartissent dans les deux groupes microsème et méso- sème. Or nos têtes de Ténériffe se subdivisent de la facon suivante : INDICE FACIAL. Nhicrosemes. 2. - 225.2 hiaete st o8 25,02 9 62,96 Mesdsèmestioidete ef SOA VOCr -RE- 0 37,04 Ménas eme VERT PRES TEE 37,04 Torino Au .Sa5 3 100,00 La grande majorité des hommes de Ténériffe (62,96 pour 100) présentent donc les mêmes indices faciaux que les hommes de la Vézère; le minimum descend même plus bas chez les Guanches (5,07 au lieu de 63,41). Mais, en revanche, le maximum s'élève jusqu'à 77,66, et plus du tiers de nos individus (37 pour 100) donnent un indice facial qui dépasse le maximum de la race de Cro-Magnon. Par l'indice orbitaire, les hommes de Ténériffe, avons-nous dit, rentrent dans le groupe microsème, comme les troglodytes de la Vézère. Toutefois les moyennes diffèrent assez notablement l’une de l’autre. En effet les premiers nous ont fourni une moyenne qui atteint 81,27, tandis que la moyenne des seconds reste à 68,65 0). U) Cette moyenne est celle qui résulte des chiffres de MM. de Quatrefages et Hamy; nous aurions trouvé une concordance parfaite entre la moyenne des Guanches et celle des troglodytes de la Vézère, si nous avions pris pour cette der- nière le chiffre donné par M. Topinard (81,9). — 600 — L'orbite est pourtant relativement bas chez les Guanches, et l'indice descend jusqu’à 72,09. En même temps les angles sont généralement à peine atténués. Broca avait donc grandement raison lorsqu'il insistait sur l'importance qu'acquiert aux Canaries l'indice orbitaire. Dans le mémoire qu'il a publié dans la Revue d'anthropologie"), Broca donne les indices de vingt-sept séries de crânes appartenant aux races caucasiques; six de ces séries sont étrangères à l’Eu- rope; ce sont : les Kabyles, les Arabes d'Algérie, les anciens Égyp- tiens, les Arabes d'Orient, les anciens habitants de la Grande Canarie et les Guanches de Ténérifle. Or, de ces six séries, une seule (les Guanches) lui a donné un indice faible; toutes les autres sont mésosèmes. Les Guanches étudiés par Broca proyenaient tous du Barranco- Hondo; ils lui avaient donné un indice orbitaire moyen de 77,71. Broca pensait que, même en admettant qu’une série plus nom- breuse (il n'avait mesuré que onze crânes) pût donner un indice plus élevé, la race des anciens Guanches de Ténériffe n’en resterait pas moins très microsème. Nous avons trouvé une moyenne sensiblement plus élevée (81,27); cela tient à ce que la série que nous avons étudiée, beau- coup plus nombreuse que celle de Broca, renfermait des individus dont l'indice orbitaire atteignait jusqu'à 94,73. Malgré tout, comme l'avait prévu Broca, la moyenne reste fran- chement microsème, et nous pouvons dire que nos résultats sont en complet accord avec ceux de l’éminent anthropologiste. Les individus du nord et du sud de Ténériffe nous ont donné un indice orbitaire plus élevé que les hommes de Barranco-Hondo. Considérées en masse, les têtes guanches se répartissent, au point de vue qui nous occupe, de la manière suivante : INDICE ORBITAIRE. NCTO AMEN. een leo te nt As ee ES ler de PI 20e D 55,56 MIPPOEDIMES m0 a meme me ste lee ee mars 33,33 Mégasèmes 1.141.410. 40, 4400, OUT IG. 8 2 / 11,11 TOTAL: » Ge .7 te 100,00 Ainsi, de quelque façon que nous envisagions la question, ) P, Broca, Sur l'indice orbitaire, t. IV, 1875. PONT dns “he Se. Sn di. is. dl + é = S =— (O1 — nous arrivons aux mêmes résultats : si nous considérons la valeur moyenne de l'indice orbitaire, nous voyons les anciens habitants de Ténériffe rentrer dans le groupe microsème. Si nous subdivi- sons les têtes en tenant compte des proportions de l'orbite, nous . Voyons se ranger dans le même groupe la majorité des hommes: Nous pourrions ajouter que, parmi ces individus microsèmes, 22,22 pour 100 présentent un indice plus bas que le crâne n° 5 de Solutré. Par conséquent, nous devons dire avec Broca que la confor- mation très microsème de l'orbite est un des caractères qui dé- montrent l’affinité de la race guanche avec celle de Cro-Magnon. Nous avons dit que l'indice nasal fait rentrer les anciens habi- tants de Ténériffe dans le même groupe que le vieillard de Cro- Magnon. Voici les résultats auxquels nous a conduit l'étude de ce caractère : INDICE NASAL. Leptorhiniens. ..... RS ERA ME Dentaire 74,07 Mésorhiniens. .::.......... 148 2 AGRÉE ED POUTVAMPI 18,52 BivEnIens. 0 CRC ENT ECEEE CEE CEE PEON TorAL 0. Dan 100,00 ! Presque toutes nos têtes rentrent donc dans les deux premiers groupes; ce n'est qu'exceptionnellement que nous rencontrons des individus à nez large. Or c'est également dans ces deux groupes que rentrent les hommes de Cro-Magnon, bien que les quatre crânes dont les auteurs des Crania ethnica aient pu mesurer l'in- dice donnent une moyenne mésorhinienne (49,18). En revanche, le vieillard de la Vézère , avec son indice de 45,09, est plus lepto- rhinien que la moyenne de nos têtes de Ténériffe. En somme, 93 pour 100 environ des Guanches peuvent se comparer, pour l'indice nasal, soit au vieillard de Cro-Magnon, soit aux têtes de Menton {n° 1), de Grenelle {n° 1), ou de Solutré (n° 5). Les trois indices que nous venons de passer en revue nous montrent qu'avec un crane allongé, les Guanches avaient une face basse et large dans ses parties supérieure et moyenne, mais rétré- cie dans sa partie inférieure, comme nous lavons déjà indiqué à propos de l'indice. nasal. — 602 — HOMMES. - MOYENNE. | MAXIMUM. | MINIM millim. millim. | mil Diorbitaire eXLÉRES à 24 à 10 ee cle en Me ee 114 interOr DATES Le 8 à on 00e as 2 EM NIRERT E Distance 1 4 É Ü bizygomatique maximum.......:.........:.| 194 144 11 bimaxillaire minimum, ........:..,...:.... 65 67 Laxeeux de l'orbite, #1 46e SR LR. 3 42 Le) Hauteuride d'anlie at am aus no Pen tien 32 35 2 supérieure des os nasaux.,:...:..:......... 14 16 14 minima tdésfos master OR ANR RIINMRN EE 11 13 larpeur Ne inférieure des'os nasaux-e 27.210. eee 16 17 maxima de l'ouverture. ................:... Longueur médiane des os nasaux....................... 22 23 Longueuf tot#le-du ner. : ms sschorsiiessssto ras MU 52 97 sous-cérébrale du front. ................... déedlmtermantiaire.s. ete. Hauteur ("tatale dela face. A sen en Se. de la norarmelle ce tit, 26 34 orhito-alvéolaine, cure Lasteis chants e-ofeh tn de ho 45 Longueur de la voûte palatine, ................,,1..... 50 54 46 Largeur de da voûte palatine.. . 2.44... 4.44 44004000 36 ho 30 Distance au trou occipital. .............1........:..... 42 45 37 {Distance biangulaire.. ........... ec 39 ne 94 102 84 Maxillaire } Distance angulo-symphysaire. ............... 88 96 81 inférieur. | Hauteur branche montante. ............ M 54 51 58 4 Hauteur -sÿmphyseeigs 0 0, des eee eee pe 32 37 2 Anple facial SonS-0BRALS-F 2 - Pere cP CE 71° 7e 65! Angle facial alyéolaire 6 ane IR 64° 70° gchitalne nr LR CONS SCT SE 82,22 | 091,89 | 736 Indice nasal né RE meme betioe Rte PSN: RATES 47,67 | 57:44 | 394 facialouel. ao ads ovennrèliz atité 66,80 | 77,68 | 55,0 URES DE LA FACE. BARRANCO-HONDO. SUD. à CRO-MAGNON. ——————— den” ———— » cs MAXIMUM, | MINIMUM. MOYENNE: | MAXIMUM:| MINIMUM. MOYENNE. MOYENNE. | MAXIMUM. | MINIMUM. À E. millim. | millim. | millim. | millim. miilim, millim. millim; | millim. | millim. 118 | 107 108 114 109 109 109 116 102 25 | 20 24 29 20 24 26 27,9 | 29,9 | 143 132 134 142 129 | 136 135 144 130 REG Lo | 63.064 63. | 67 | 57,5 ; 44 37 ho ni 37 ho lo 4h 33,5 2 35 31 33 36 30 33 29 31 27 ] 18 9 14 LD it 1/4 12,9 15 10 5 14 8 10 12 7 10,5 11 19,9 8,5 ] 19 15 15 17 13 16 18 ” 0 26 20 23 26 20 24 29 27 23 1 26 18 22 v u 21 23 0 ï 57 48 52 54 48 b2 p2 54 51 26 20 23 27 18 23 21 23,5 | 20 ) 23 19 19 22 18 19 18 20 16 100 88 92 97 87 92 89 91 88 ] 31 24 23 26 22 26 26 29 24 h4 36 4 44 37 ha k4 51 39 À 59 hg 52 58 ä7 | 62 5o 52 48,5 enihpasul) sdonbuouenl .08601l 2549 io | 45 | 37 | 45 37 39 43 36 La 47 b1 4h ] 106 99 " 0 Ù 98 v 0 0 07. NL MOÙ Ë : RAC L : : 3 55 5o Û ù 0 52 u v 0 3 37 31 u h u 33 fo ; fi v ee | oo loue | Ce æ : : F os o =] © o [SA © o 63° 65° 60° 64° u ur u M8 | 92,89 | 72,09 | 82,50 | 94,73 | 73,27 | 81,27 | 68,65 | 73,80 | 62,36 ,68 | 52,08 | 39,21 | 45,25 | 50,98 | 38,46 | 46,52 | 4g,18 52,42 | 45,09 ,06 | 7u,o1 | 63,31 | 68,83 | 75,19 | 63,97 | 67,84 | 66,18 | 68,46 | 63.41 SURES DE LA FACE. L'ÎLE. , luoxenxe. | maAxIMU | ini || Moyexxe, pere millim. | millim: millim. | millim, millim. | millim. [millim, mL Le + r£ l biorbitaire exlétne...........0 44, î 107 108 114 | 103 | 109 10ÿ interorbitaire........ RS le RE re |A 5 24 9 20 oh | 26 Distance È 4 s à 414 : bi bizygomatique maximum.......,.,...!.,.1 143 134 Pad 136 135 67 5 66 ji 63 63 on Dal hoc en 40 33 ) 33 29 14 d L 14 bimaxillaire minimum, .:...,..,...,:,..... Largeur de l'orbite... ......4.:.1....... Pau de j Hautauride;lgrhite st mets atertaise av aLN OR supérieure des os nasaux. 4.4.0... 0. . minima des os nasaux $ 2e 4 10 Largeur an : ars 15 | 16 maxima de l'ouverture DUR, l , 24 Longueur médiane des os nasaux....................... 0 c 23 Longueur totale du nez É F MIE sous-cérébrale du front | | ny as de l'intermaxillaire 19 F Hauteur ( totale de la face 92°%a de la pommeite | |... | _ 2, | 26 orbito-alvéolaire HAE it stp Longueur dela voûte lpalatine Largeur de da voñte palatine:.. …. 2.4... FR) SORA Distance au trou occipital. 2.244.440 M NN EURE MS Distance biangulaire.. . ......... becs Maxillaire } Distance angulo-Sÿmphysaire inférieur!) Hauteur branche montante. ........!.. . 2e Hauteur symphyse 1 Angle facial sous-nasal | En à dde Angle facial alvéolaire....,..........,.......... ne ea [L: 6408 ro | 3 sé, pébitainn ets 40 VISE PARTS 5 EVER l ga | 188 | 13 989, | 72:09 |. 82,50 Mnditeisd nasal de mate RTE É-B0: SANTE 1h 767 |. à DADAN EEE RARES facial out. nids vais s spot cite mribl PRES AR RE AE = L J 2 ; È < ca — 604 — Le diamètre bimaæillaire minimum montre encore mieux que l'indice nasal le rétrécissement inférieur de la face : il ne dépasse pas en moyenne 64 millimètres. C'est un chiffre très faible qui n’atteint même pas celui donné par le crâne du vieillard de Cro- Magnon. La face est quelque peu prognathe : l'angle facial sous-nasal n'arrive en moyenne qu'à 70° ct l'angle alvéolaire reste à 64°. C’est donc surtout d’un prognathisme alvéolo-sous-nasal qu'il s’agit ici 0). En résumé, la face du Guanche est, en moyenne, basse, large en haut, rétrécie dans sa région maxillaire; les orbites sont larges et bas, leurs angles sont peu atténués; le nez est étroit, et le bord alvéolaire se projette en avant. Ajoutons, pour terminer cette description, que les arcades sour- cilières sont bien accusées, parfois même très saillantes, que la racine du nez est bien marquée et que les pommettes sont fortes (leur hauteur atteint en moyenne 26 mullimètres.) Enfin le maxillaire inférieur est robuste et offre un menton saillant et triangulaire. Les dents présentent presque constamment une usure oblique en dedans et en haut, pour la mâchoire supérieure. Cette usure a souvent détruit toute la portion interne de la couronne. Le tableau ci-dessus renferme les mesures prises sur les têtes masculines de Ténérifte. Les trois séries de têtes osseuses qui figurent sur ce tableau diffèrent en moyenne fort peu l'une de l’autre par les caractères faciaux. Celle du nord présente une face un peu plus basse et un nez relativement un peu plus large. Les Guanches du Barranto- Hondo avaient des orbites légèrement plus larges. Enfin ce sont les individus du sud qui avaient peut-être le nez le plus étroit. Mais les différences que l'on observe dans la race sont toujours fort petites, et nous pouvons dire encore que la population de Ténériffe, quoique mélangée, offrait dans toute l'ile une assez grande uniformité de caractères faciaux. En examinant attentivement les chiffres que nous venons de donner, on reconnaîtra que la série du Barranco-Hondo est plus homogène que les autres : les extrêmes (maximum et minimum) sont plus rapprochés. (U) Notre ligne faciale aboutit en haut à l'ophryon. % — 605 — Cependant, dans ceile série et a fortiori dans les deux autres, à côté d'individus qui reproduisent et exagèrent même parfois le type de Cro-Magnon, nous en trouvons aussi qui s’en éloignent complètement. C’est ce que nous avons déja noté en parlant de la taille et du cräne. I. — FEMMES. À. — Crâne. Le crâne de la femme reproduit dans ses grands traits le type masculin (pl. I, fig. 3 et A). Sa capacité cränienne est encore re- marquable : elle atteint en moyenne 1432 centimètres cubes (maxi- mum 1600, minimum 1315}. Toutefois la différence entre les deux sexes est considérable. Ce cràäne féminin présente des diamètres transverses légèrement inférieurs aux diamètres correspondants chez l’homme; le front et l'occipital sont encore notablement développés en largeur. De même que surle type masculin, on observe un rétrécissement marqué de la région basilaire. Le diamètre antéro-postérieur est bien plus court que dans l’autre sexe (176 au lieu de 190) ; aussi le crâne, au lieu d'être sous-doli- chocéphale, est-il mésaticéphale (indice moyen 78,63). Le même fait s’observe dans la racé de Cro-Magnon, où la différence entre les deux sexes est, à ce point de vue, encore plus marquée : l'in- dice céphalique de la femme de la Vézère atteint 79,29. Les crânes féminins de Ténériffe se répartissent comme il sui : Doltchocéphaless- "27 *CARC0EANUAIONN ICE TINNEQNURE 16,67 Sous-dolichocéphales . . ......:.................. 25,00 Mésaticéphales ERP ee Choc Nbre EG 33,39 Sons-brachycéphales 5.205. ct. cr. 16,67 BE NES es LA EE A CORNE 8,33 ODA EPA 1 ee) LRQ 100,00 Nous trouvons donc chez les femmes un nombre important de cranes allongés. Ce tableau nous montre une fois de plus que plusieurs éléments ont dû se mélanger pour former la population que les Européens ont trouvée au moment de la conquête. — 606 — La courbe antéro-postérieure offre les mêmes caractères que chez l'homme, et les différences que l’on peut y signaler ne sont guère que des différences sexuelles. Le front monte plus droit, de sorte qu’au-dessus des bosses frontales la courbe s’infléchit et fait paraître la voüte un peu sur- baissée, bien que l'indice transverso-vertical atteigne 92,23. La dépression post-coronale existe sur presque la moitié des crânes (45 pour 100). Le méplat postérieur est souvent très marqué, et l'écaille de l'occipital fait une saillie aussi prononcée que chez l’homme. La base est parfois aplatie, mais dans la plupart des cas elle est légèrement renflée. La courbe horizontale totale s'élève à 506 millimètres et l'antérieure à 227 millimètres. Le crâne postérieur est donc relativement un peu plus développé que chez l’homme, qui nous a donné une courbe totale de 535 millimètres et une courbe antérieure de 244 milli- mètres. L’angle pariétal atteint en moyenne + 6°. Une seule fois nous l'avons trouvé négatif (— 1°); en revanche, nous l'avons vu s'élever jusqu'à + 13°. L'angle occipital basilaire est toujours grand (moyenne 26°); nous ne l'avons jamais rencontré inférieur à 14°, tandis que parfois il atteint 36°. Les sutures sont généralement compliquées. De même que nous l'avons constaté chez l’homme, l’oblitération commence par la sa- gittale et par les parties latérales de la coronale. Ï nous suffira, pour les autres mesures, de donner les chiffres que nous avons obtenus (voir p. 608). Si nous avions voulu nous étendre plus longuement sur la des- cription du crâne féminin, nous aurions pu montrer que, non seulement par l'indice céphalique, mais par tous les autres ca- ractères, les femmes de Ténériffe présentent plusieurs types crà- niens. Nous aurions été amené à répéter ce que nous avons déjà dit à propos du crâne masculin. Nous avons préféré nous borner à si- gnaler le fait et à donner des chiffres qui permettront de contrôler l'exactitude de ce que nous avançons. Il nous faudrait aussi répéter que cette population féminine, toute métissée qu'elle était, présentait une assez grande homogénéité Li hs : dde dé -oadie à Lun» A 2 e > dé à D. nn -: nd. à és Gé dd. ds — 607 — dans toute l'ile. Les femmes du Barranco-Hondo 1) semblent pourtant plus dolichocéphales. B. — Face. - Les têtes féminines offrent, comme celles des hommes, une face mésosème (indice 68,71). Les orbites nous ont donné un indice moyen de 85,09; par conséquent les femmes sortent du groupe microsème et rentrent dans le groupe mésosème; nous verrons dans un instant que cette moyenne n’a pas, dans le cas présent, une grande valeur. Le nez reste leptorhinien (indice moyen 47,05). Les mesures de la face, que nous donnerons plus loin, mon- treront que le mélange que nous avons signalé dès le début de ces études continue à se manifester. En ne tenant compte que des trois indices ci-dessus, les femmes de Ténériffe se répartissent de la manière suivante : Face. Orbites. Nez. Micros eme see Mer EMA Ar 30 42,86 61,54 Mésosemes®®.. 2 ARR nn, Lo 28,57 30,77 Mégasèmesa.s. . -.:........smue 30 28,97 7,69 ToTAUX. +... 100 100,00 100,00 Ce tableau est très instructif. Nous voyons d'abord la majeure partie des femmes (70 pour 100) rentrer par l'indice facial dans les deux groupes microsème et mésosème. De même que les hommes, les femmes à face élevée sont en petit nombre (moins du tiers). La seconde colonne démontre d’une façon bien nette que les moyennes ne donnent pas toujours des résultats satisfaisants, lorsque l’on étudie une population mixte. En effet, nous venons-de dire que la moyenne de l'indice orbitaire faisait rentrer les femmes dans le groupe mésosème, et cependant c’est dans le groupe mi- crosème que nous rencontrons le plus grand nombre de sujets. Bien que la moyenne de l'indice orbitaire soit microsème, un grand nombre de femmes de Ténériffe présentaient le type orbitaire de Cro-Magnon. () Nous n'avons pu étudier que deux crânes féminins de cette provenance. MOYENNE, cent. c. Capacité cränienne approchée.........,........ 1429 millim. Projection antérieure totale. ............:.... 96 RTOJÉCUONNDOSÉTIEUR REC CEE ETES 93 antéro-postérieur maximum. ....... 17 transverse maximum............. 138 DItEMPOTA- SR Fa 131 biauriculaire:. es Len te als Diamètre { bimastoïdien. ...:..:.....,....., frontal maximum... - cer. 0. frontal minimum... . 2...) 92 occipital maximum. ............. 106 vertical basilo-bregmatique.. . . ..... 127 l horizontale totale, ...........:..,. 505 horizontale préauriculaire. ........ 229 transverse, totale, . . 2% Limite 417 transverse sus-auriculaire. ........ 290 Courbe frontale cérébrale. . .......:...... 100 frontaleitotale, 11:02.244'10, 6. ; 121 panetale tete. Et Lee Sr 123 occipitale. . ... Es A LA À ar ce 2 e 109 Longueur du trou occipital.........,........ 36 Largeur dutron OCGpItaL ras jee et eine 29 LIgnE NaSO-DASNATE. - . eee can 96 Anrie tie. de 2 +7 Angle occipital. ...:.. 1... ut de moi tineiéh 26° Long.= 100. Largeur... .:,..,.:1. 78,86 Indice Tonss—10p. Hauteur. -c-0e 71,64 Larg.— 100. Hauteur......... MAXIMUM, cent, c. 1979 millim. 101 97 181 150 144 124 104 126 100 111 139 n22 238 433 300 109 127 MINIMUX cent. € 1319 mu — 609 — BARRANCO-HONDO. SUD. TOUTE L'ÎLE. "oo = "M ——— ENNE: | MAXIMUM, MINIMUM. MOYENNE. MAXIMUM, MINIMUM, MOYENNE. ‘0 cent. c. cent. c, cent. c. cent. c. cent. c. cent. c. 155 1480 1430 1497 1600 1320 1432 Aim. millim. millim. millim. milim. millim, millim, 95 96 94 93 ok 92 99 98 100 96 94 101 90 94 81 182 180 176 183 170 176 38 142 134 138 144 134 138 33 138 129 129 194 124 132 19 122 117 116 122 112 117 99 106 92 97 99 94 98 15 119 112 112 116 110 113 93 96 90 89 92 88 92 14 114 114 104 109 103 107 29 131 128 129 193 124 127 15 520 510 505 522 493 506 33 238 228 229 232 225 227 26 427 425 ha 425 398 ha7 95 300 290 289 305 277 291 00 102 99 104 108 101 100 23 129 122 124 131 120 122 21 122 | 120 22 / 120 123 122 14 118 110 x 110 119 102 110 ho ha 39 37 38 36 37 32 33 32 30 31 30 30 9 102 96 98 98 97 96 ü ñ ü + 5° + 13° —1° + 6° 5° 25° 24°5 25° A 19° 26° 120 78:88 73,62 78,62 80,59 76,57 78,63 154 72:97 a;ii 73,52 7705 70,85 72,12 199 97;76 90,14 - 93,90 99,62 92.86%1|/ g2,23 MISS. SCIENT. — XIII. 39 IMPRIMPRIR NATIONALY. — 608 — NESURES DU GRÂNE. BARRANGO-HONDO. | A TOUTE L'ÎLE, | = ——— : — - = | ME RU ROLLER MINIMUM. MOYRNNE, MAXIMUM, MINIMUM, norexve, || à © | 0 | contes Fete cent, c, ent, 0, cent, €. gent. - œnt.e | e. Capacité crânienne approchée. .. ......... bee 1429 1575 : 1430 1457 1600 1320 |} 1432 À É millim. ||. millin, | millén | milin | nüllime | fie |! cnillim., | È Projection antérieure totale. :.:..:.:2::.2...2. | 96 101 gi 98 Jocmigtntdi] ga | “à | | D Projection postérieure. ...........--........ 93 96 al sous |ratigunié |} d | ; =E antéro-postérieur maximum, : ::..., 1756 180 376 ob ill ago] ob anGet | L c transverse maximum-............. 138 134 |. 138 PT LE 1840l ot 1raRet | : bitemporais "nt nier 191 129 ta and x) naëque aa | biauriculalressss 24 nai 116 117 16 ia a aarit|l 117 | h : . Diamètre { bimastoïdien. .....:..,..,...... 98 bus À dn 1 os al di 1 o8 | ' frontal maximum. ............... 114 FE To _.hi6tn ab encore] 3 | « frontal minimum. ............... 92 go 89 - -aguèn do ssh 88e gate LA occipital maximum. ............. 106 114 TO 05, ; -| em08 Mesa | ù ; vertical basilo-bregmatique.. . . ..... 127 128 - 429 - |: Jmmaait soma 127 ; horizontale totale, ..............7 505 Sio. |.-. 805.2. |... saoul 493 |) 506 horizontale préauriculaire. ........ 225 328 |. 209. |. a3a ul ot ona|) ospil | ; x transverse, totale, . .... 2 44.0, … 47 425 ad: ee tetes 398 ue | äuy | k j bols transverse sus-auniculaire. .. 4. . 290! 90 - 289 |... 305 aloilazqun 5 3 PER frontale cérébrale...2...,..4.... 100 "99 .- 404 + 108140 oran el fran frontale totale, ..4:.442210 004 if jar os |...:194 29208] M LÉO |A ; pariétale...... Se EC eee 123 mao | 6 |. 126. A occipitale. : +. See ne EE 8 109 fo |..:110:../. 2 iOTAn 110 tés x ny BGA Longueur du trou occipilal...:......../: 0. 36 36 |! Largeur dUPTOUNOCOPItAL eee PP RRE 29 Ligne naso-basiaire. ........,.............. 96 2 ps “le das: re aigis | À : 20 FeNparé tale EL CES CIS CN +7 Le one PRE Ha fo oo 25° + LPS ag al (CTÉLUE TI Angle occipital,..… Rec ce te 204 245 «#12 c S RS TA 362 |. 7862 | 8059 | 7657 |) 7ô: Long.— 100. Largeur... 78,86 VE ù onu pate: BTE ae 05-.fr- 700%; Jar 2 Indice { Long»—100. Hauteur....,.,..... 72,64 aan | 7852 Lu 7 | 9223 | Larg.— 100. Hauteur.....,... sv. " 4 92.060 95,62 | MOYENNE. milhin. biorbitaire externe } interorbitaire … . Distance ; d 2 bizygomatique maximum bimaxillaire minimum Largeur de l'orbite. ........ eee Hauléuride dorbNéa. fete Hu MATE supérieure des os nasaux. ......... minima des os nasaux. .,......... Laroeur (|... É inférieure des os nasaux........... maxima de l'ouverture Longueur médiane des os nasaux. ............ Longueur tatale/dnenez. as... !.J.Mnr... sous-cérébrale du front de lintermaxillaines ...... ni. ... Hauteur ( totale de la face de la pommette orbito-alvéolaire Longueur de la voûte palatine. ...... Largeur de la voûte palatine Distance au trou occipital. Distance biangulaire. . Maxillaire | Distance angulo-symphysaire....... inférieur, | Hauteur branche montante. ...... Hauteur symphyse.. . Angle facial sous-nasal.…. . Angle facial alvéolaire orhilaire.0. lune... le à 84,52 Indice 47,36 66,18 MAXIMUM. a — millim. 94,44 54,00 68,75 — GI — RES DE LA FACE. BARRANGO-HONDO. SUD. TOUTE L'ÎLE. Ne millim. millim. millim, millim. millim. | millim. 7 109 105 | 99 100 97 NMaNEOR 23 29 21 21 23 19 22 2 6 129 123 121 128 117 129 51 62 6o 27 58 27 6o i2 42 4o 36 37 36 37 33 34 32 32 34 30 32 12 12 12 11 12 9 12 BUT bbtn 119 7 ô 9 FAI 9 17 5 ” [ 14 “ “ 16 25 26 AE 21 22 20 23 20 # n u ï ï 16 RS ne DOI SEUES 50 45 18 Es 23 23 21 23 19 21 18 19 18 19 20 19 18 jo 93 88 85 91 81 85 71 24 | 24 22 25 20 22 10 4 39 38 ho 36 38 EU Aie coceud to Fr 48 #7 51 io | &o 39 36 39 34 38 38 " u ha 42 Ho 4o )3 Û u u ” u 90 3 2 ù ” 0 " “ 86 io " # ” D u 45 25 ” à ñ u u | 27 8° 70° 65° 69° 72° 66° 69° 4 66° 60° 63° 65° 6o° 63° 47 {| 80,00 78:94 88,08 94,44 83,33 85,09 14 | 52,00 46,29 44,22 18,89 40,00 47,05 où L | 75,61 68,21 70,44 7711 63,28 68,71 39. A , jee GE APPRIS ORE ï ND EE — 610 — LE — HEMMES AS uREs DE LA FAGE- BARRANCO-HONDO, SUD. TOUTE L'ÎLE, MOYENNE, à MAXIMUM re porexxE- | MAXIMUM. MINIMUM, MOYENNE. MAXIMUM, MINIMUM. MOYENNE. Eee LL = RER > ps millin: millim, biorbitaire externe 101 107 millim. millim. millim. millim. milli. tt 109 105 100 97 109 prié integre 5 35 es og “ ” bizygomatique maximum | 129 123 128 fr 15 bimaxillaire minimum 62 60 58 : Es Largeur de l'orbite. ...:....2....+...41+... 40 37 36 ay Hauteur de l'orbite 5 3 : ; 3% supérieure des o$nasaux: . : 41:12. minima des os nasaux, .,...:21.-. Largeur Longueur médiane des o$ nasaux. Longueur totale dunez.:...::....:...M.:. sous-cérébrale dusfront de l'intermaxillaire. .,........,... Hauteur (‘totale de la face de la pommette orbito-alvéolaire. .…......... ets ae Longueur dé la voûte palatine......,..-:mr..: Largeur de la voûte palatine Distance auftrouhoccipital Distance biangulaire. ............ Maxillaire | Distance angulo-symphysaire inférieur.) Hauteur branche montante. "1. Hauteur symphyse.. . Angle facial.sous-nasal | Angle facialtalvéolaire #2 60° orbitaire. . !..asnt...i..402r. de. 78:94 Indice 4 46,29 || 68,21 — 612 — - Le nez est étroit dans la grande majorité des cas; trente fois environ sur cent têles, nous le trouvons moyen, et ce n’est qu’ex- ceptionnellement que nous rencontrons un nez large. C'est dans le nord de Ténériffe, à la pointe d’Anaga ou à Taga- nana, que nous avons rencontré des crânes féminins à nez large. … A Taganana, même lorsque le nez donne un indice faible, les os nasaux font peu de saillie chez la femme. Dans toutes les autres parties de l'île nous trouvons une dépression bien accusée à la racine du nez et une charpente nasale saillante. C'est encore sur des crànes de Taganana que nous avons constaté le plus grand espace interorbitaire et les orbites les plus larges M, La face est donc très large en haut sur les têtes féminines du nord de Ténérifle. La distance bizygomatique maxima atteint parfois 132 millimètres); la hauteur restant très faible, l'indice : facial peut s’abaisser jusqu'à 63,07. - Sur les têtes féminines de Ténériffe la région maxillaire se ré- trécit considérablement. La distance bimaxillaire minima n'est en moyenne que de 60 millimètres; plusieurs fois même nous l'avons trouvée de 57 millimètres. En même temps le bord alvéolaire se projette en avant, de manière à déterminer un prognathisme très prononcé (moyenne de l'angle facial alvéolaire 63°). Les dents sont, en général, aussi fortement usées que celles des hommes. | Le tableau précédent (p. 610) donne les principales mesures de la face chez les femmes de Ténériffe. | 0 M En résumé, la face, chez la femme guanche, est basse, large 0 en haut et étroite en bas. Les orbites présentent peu de hauteur, M le nez peu de largeur. Le maxillaire supérieur se projette forte: ment en avant, et les dents sont généralement fortement usées. a III. — RÉSUMÉ DES CARACTÈRES CÉPHALIQUES. CONCLUSIONS. La longue étude que nous venons de faire de la tête osseuse des anciens habitants de Téneriffe a besoin d’être résumée én quelques mots avant que nous en tirions des conclusions. 0) Une femme de Taganana (n° 6362 de la collection, du Muséum) nous a donné pour les dimensions de l'orbite les chiffres suivants: largeur, 39 milli- mètres; hauteur, 28. L'indice orbitaire descend par conséquent à 71,79. C'est la même tête qui présente l'indice facial le plus faible (63,07); mais le erâng ést brachycéphale (indice céphalique, 84,73). mA: - D msn mt. «on Dr ——_—_— — — —"— ——" —" —— —. | s Ç / œ n " à A — 613 — Le type moyen nous offre dans le crâne et dans la face des traits bien accentués. | Le crâne présente une belle capacité. Il est, en général;-an peu moins dolichocéphale que celui de Cro-Magnon; maïs un certain nombre de’cranes masculins (à peu près le cinquième) offrent toutrà fait l'indice céphalique du type de la Vézère: La majeure partie -des femmes ont le crane aussi allongé que la femme de Cro-Maguon. | La courbe antéro-postérieure est la même dans les deux sexes. Bien: développée dans toutes ses régions, elle: se continue avec une grande régularité (à part la petile dépression que l’on ren- contre fréquemment en arrière de la suture coronale) jusque vers lertiers postérieur des pariétaux. Là commence un aplatissement quise prolonge! sur da partie supérieure de l’écaille occipitale: Le reste de l'écaille fait une forte saillie en arrière. La base du crâne est plus ou moins plate. Latforme subpentagonale de la voûte n'est pas très accentuée, jes bosses!pariétales étant relativement peu saillantes. Avec ce crane allongé nous trouvons une face basse et très large; la tête est à un haut degré disharmonique. Les arcades sourcilières sont bien marquées ; les orbites larges, bas, présentent des angles peulatténués ; le nez, fortement déprimé à la racine, reste étroit, ainsi que la région maxillaire,; qui se projette en avant. Les pom- mettes sont fortes et offrentrune hauteur remarquable. Le maxillaire inférieur, robuste comme tout le reste de la tête, porte un menton saillant ét triangulaire: Les dents, enfin, sont presque toujours le siège d’une usure oblique qui intéresse parfois toute la couronne. Ces caractères sont exactement ceux de la race de Cro-Magnon. C'est à peine si l’on peut noter une légère différence dans la base, qui est en général un peu plus renflée sur le crâne guanche, bien que nous ayons rencontré fréquemment à Ténériffe des crânes avec la base aussi plate que ceux de la Vézère. En somme , tous les caractères que l’on considère comme propres à la race de Cro-Magnon se retrouvent sur les crânes guanches, et ces caractères se trouvent souvent réunis sur le même crâne. C’est donc au même groupe ethnique que nous devons rattacher lestroglodytes de la Vézère et ceux de Ténériffe. Mais, à côté de ces crânes, nous en rencontrons d’autres qui — 614 — ne présentent plus qu’une partie des traits caractéristiques de la race de Cro-Magnon; le type s’est trouvé altéré par suite d’un métissage. Tout d’abord, nous remarquons que ces têtes métisses ont une capacité plus faible et un indice céphalique plus élevé. L'abais- sement de la capacité crânienne tient surtout à une diminution du diamètre antéro-postérieur. En effet, parmi les crânes mas- culins, celui qui nous a donné la plus petite capacité (Tegueste, n° 4670 de la collection du Muséum) offre un grand diamètre transverse (143 millimètres); mais le diamètre antéro-postérieur tombe à 178 millimètres. Chez les hommes de Ténérifle, le dia- mètre transverse ne descend jamais au-dessous de 137 millimètres, et nous trouvons des chiffres plus faibles dans la race de Cro-Magnon. Nous notons en même temps, sur ces têtes métisses, un rétré- cissement du cràne vers la base; le diamètre bimastoïdien tombe à 94 et même à go millimètres. La courbe antéro-postérieure est plus courte, surtout dans sa région frontale et plus encore dans sa région occipitale. Le méplat postérieur disparaît, ainsi que le renflement de l'écaille occipitale et l'aplatissement de la base. Enfin, nous avons signalé sur certains crânes de Ténériffe un autre caractère étranger à la race de Cro-Magnon : nous voulons parler de l'effacement des bosses pariétales. La face nous a aussi présenté des particularités qui nous seront utiles pour rechercher les éléments qui sont venus altérer le type guanche : 37 p. 100 de nos têtes ont la face haute. Les propor: tions de l'orbite peuvent se modifier de telle manière que l'indice s'élève à 94,73. Le nez reste presque toujours étroit; quelquefois il est moyen, mais ce n’est qu'exceptionnellement que l'on con- state à Ténériffe la présence de platyrhiniens (7,41 p. 100). Nous pouvons donc affirmer que le type, où plutôt l'un des Lypes qui, en se mêlant avec les Guanches, ont altéré leurs carac- tères primitifs, avait le crane ovale (sans saillie des bosses parié- lales), d’une capacité relativement faible et présentant un petit dia- mètre antéro-postérieur. La courbe antéro-postérieure n'offrait ni méplat, ni renflement de l’occipital, ni aplatissement de la base. La face enfin devait être allongée, les orbites hauts et arrondis, et le nez probablement étroit. Quelques individus étrangers avaient sans doute le nez large, mais ils furent en très petit nombre. — 615 — Pouvons-nous déterminer la race à laquelle appartenait le type dont nous venons d’esquisser la physionomie ? Nous croyons pou- voir répondre affirmativement. Dans le sud de Ténériffe, à Adeje, nous avons rencontré deux têtes, l’une d'homme et l’autre de femme, qui diffèrent complète- ment du type guanche. Elles présentent presque tous les carac- tèresique nous venons d’énumérer. Nous résumons dans le tableau suivant les principales mesures que nous avons prises sur ces deux têtes, en laissant de côté celles qui ne présentent qu’un intérêt secondaire au point de vue où nous nous plaçons en ce moment : BARRANCO DEL INFIERNO. (ADEVE.) EE HOMME. cen£. c. : Gapacité crânienne approchée u millim. antéro -postérieur 185 Diamètre. ...4{ transverse 144 bimastoïdien frontale totale. . :. pariétale occipitale horizontal vertical. transyerso-vertical Largeur maxima de l'ouverture. Longueur totale Hauteur totale de la face Indice — 616 — Ainsi nous trouvons là deux individus qui, à en juger par la femme (), présentent une capacité crânienne peu considérable et un indice céphalique élevé, si nous les comparons aux Guanches. La diminution du diamètre antéro-postérieur du cräne tiént;:chez la femme, à une réduction des courbes frontale «et occipitale, La face est haute chez les deux sujets (très mégasème chez la femme). L'indice orbitaire nous montre des orbites relativement très élevés ; le nez est étroit, et nos deux individus sont très lepto- rhiniens. | 11 nous faut encore signaler la forme ovale du crâne, l'absence de méplat sur les pariétaux, de renflement de l’occipital et d’apla- tissement de la base. Enfin il existe un dernier trait très-caracté- ristique : la dépression de la racine du nez est à peine indiquée: Or tous ces caractères (à part l'indice céphalique de la femme) se retrouvent sur les Arabes d'Algérie. Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d'œil sur la tête féminine qui porte dans les collections du Muséum le n° 6341, pour se convaincre que c’est bien à cette race qu'il faut la rattacher, malgré son faible diamètre antéro= postérieur. Par l'ensemble de leurs traits, nos deux têtes présenk tent exagéré le type arabe, tel qu’il résulte des observations dé Broca. On comprend d'ailleurs très facilement que des, Arabes soient arrivés dans les îles Canaries. Mais l’infusion du sang arabe n'explique pas la présence à Té= nérifle d'individus mésaticéphales et même sous-brachycéphales} pas plus qu’elle ne nous fait comprendre l'existence des platyrhis niens. Nous sommes donc forcé d'admettre l'introduction d’un troisième élément à tête plus courte et à nez large. Mais aucun fait ne nous a permis de déterminer à quelle race il faut rattacher ce dernier type. | Il se peut même que certains Guanches se soient métissés avan leur arrivée à Ténériffe, ou que des Sémites soient venus déjà mé: langés avec une race plus brachycéphale. C'est là un problème dont la solution nous semble fort difficile. | Quoi qu'il en soit, nous nous croyons autorisé à tirer de tout ce qui précède les conclusions suivantes : 1° Les Guanches, qui sont venus peupler Ténériffe, présen- (0) Le mauvais état du crâne masculin ne nous a pas permis d'en mesurer à capacité ; l'effacement complet des sutures ne laisse plus mesurer les courbes. Éniéae" — 617 taient la taille, ‘les caractères cräniens et faciaux de la race de Cro-Magnon ; >° Un élément sémitique a également contribué à la forma- tion de la population de Ténériffe, mais il s’est presque partout mélangé avec le Guanche, et ce n'est que très rarement qu'on le rencontre à peu près pur; 190 Du mélange de ces deux: races est résulté un type mixte, assez commun dans l'ile. Toutefois le métissage n’a pas été général : un certain. nombre de Guanches sont restés purs: En outre, l'in- fusion du .sang sémitique n’a pas pu faire disparaitre du.,type mixte la plupart des caractères de la race de Cro-Magnon.i, Nous devons. en déduire.que, non seulement. les, Guanches.ont formé ’élément principal derla population, mais qu'ils ont.toujours. eu la supériorité numérique ; he Enfin nous devons admettre comme très probable l'inter- vention! d'un troisième élément, peu nombreux, à cräne court et à nez ee | Dans 1a'dernièré partie de ce travail, nous rechercherons Port: gine des’ Guanches, ét'nous verrons si Fon peut féellément les considérer comme les descendants des troglodytes de 1x Vézère. IV. — PARTICULARITÉS ANATOMIQUES. Dans’tout ce quiprécède, nous avons laissé intentionnellement de côté certaines particularités anatomiques ou pathologiques qui ; loin d’éclairerde sujet, auraient plutôt servi à l'embrouiller: Nous allons les décrire succinctement dans ce paragraphe. Lessutures du crâne renferment fréquemment des os wormiens: 72 p: 100 des crânes masculins et on p- 100 des crânes féminins nous en ont présenté. La suture lambdoïde est celle qui offre le plus souvent des os wormiens; parfois ils forment une chaîne continue dans toute l'étendue de la suture; d'autres fois ils sont moins nombreux et peuvent atteindre de grandes dimensions. Nous en avons ren- contré de 42 millimètres sur 20: Il n'est pas rare de trouver des traces de l'os épactal, Le cräne ° 6344 de la collection du Muséum présente des vestiges de — 618 — suture sur une étendue de plus de 30 millimètres de chaque côté. Ce n’est pas seulement dans la lambdoïde que nous avons con- staté la présence d'os wormiens. L’astérion et le ptérion peuvent en renfermer; nous en avons noté également dans la suture squa- meuse, entre le pariétal gauche et l’écaille du temporal. L'un des crânes qui offrent cette dernière particularité (n° 6360 de la collection du Muséam) présente bien d’autres anomalies d’ossifi- cation. La sagittale renferme deux os wormiens, l'un de 18 milli mètres sur 11, l'autre de 19 millimètres sur 5. Un autre existe à chaque extrémité de la suture coronale, au point où elle rencontre l'aile du sphénoïde. Nous trouvons encore deux sutures de chaque côté, sur lapo- physe orbitaire externe du même crâne, de sorte qu'il existe un os isolé entre l’apophyse orbitaire externe du frontal et l'apophyse du malaire. Enfin le malaire droit est partagé en deux, par suite de la persistance de la suture, que l’on voit permanente chez cer- tains mammifères. L'anomalie que nous venons de signaler entre le frontal et le malaire existe aussi, mais à un degré moindre, sur le cräne n° 4837. On observe sur ce crâne un wormien dans l'articulation fronto- malaire gauche. La suture médio-frontale n'est pas rare sur les crânes de Téné- riffe; nous l'avons trouvée chez les hommes 12 fois pour 100 et chez les femmes 14 fois. En outre, on en voit souvent des vestiges sur la glabelle, et une fois nous l'avons vue persister sur le tiers supérieur du frontal. Sar la voûte crânienne nous avons observé, plus d'une fois, une sorte de gouttière qui occupe la moitié postérieure des parié- taux, sur la ligne médiane. La suture sagittale est située au fond de cette gouttière. Dans les cas dont nous parlons, la dépression ne semble pas devoir être attribuée à de l’atrophie sénile; les os ayant conservé leur épaisseur habituelle. Les cas pathologiques sont très fréquents aux îles Canaries. À Ténérifle, le quart de nos têtes nous ont présenté des lésions. Nous avons constaté des traces d'ostéite soit sur la voûte, soit dans la cavité glénoïde (n° 6362); des exostoses! sur les pariétaux ou sur le frontal; enfin des dépressions qui tiennent évidemment à deux causes distinctes. Les unes semblent le résultat de tumeurs — 619 — sous-cutanées qui ont peu à peu usé le tissu osseux; les autres sont certainement le résultat de blessures. La fréquence des lésions traumatiques donne à supposer que les Guanches n'étaient pas d'humeur très pacifique. Quoi qu'il en soit, ils étaient sûrement d’une robuste nature, car nous avons observé la guérison de frac- tures d’une grande étendue. Il suffit d'examiner le n° 4670 de la collection du Muséum. Cette tête porte sur le pariétal gauche les traces d’un coup violent qui à enfoncé le tissu osseux sur un point limité et déterminé des fractures multiples. Cependant tous les fragments se sont cicatrisés, malgré le déplacement qui s'était produit, de sorte qu'aujourd'hui le crâne présente une série de dépressions et de reliefs. Ce cas n’est pas isolé, et d’autres fois nous avons constaté la guérison après des pertes de substance d’une dimension tout à fait exceptionnelle. $ 4. — LES MEMBRES. H nous resterait à étudier maintenant toutes les autres parties du squelette, et certaines d’entre elles présentent un intérêt incon- _testable. Lie bassin, par exemple, mériterait une étude aussi dé- taillée que le crâne, et cependant nous n’aborderons pas, pour le moment, sa description. C'est que, quel que soit le nombre de matériaux que nous ayons pu réunir pendant le cours de notre mission, nous manquions complètement, jusqu'à ce jour, de do- cuments pour plusieurs des îles que nous avons visitées lors de notre premier voyage. C'est là une lacune que nous espérons pou- voir bientôt combler, et alors il nous sera possible de faire une monographie complète du bassin. Nous nous bornerons aujourd'hui à dire quelques mots des membres. L'humérus, comme tous les autres os longs, présente chez les anciens habitants de Ténériffe des dimensions qui varient dans des limites très étendues. C'est ce que nous avons déjà vu ad nous avons parlé de la taille. En général, il offre des empreintes musculaires bien accusées ; le point d'insertion du deltoide est, à ce point de vue, des plus remarquables. Une particularité fréquente sur les humérus de Ténériffe, c’est la perforation de la fosse olécranienne. — 620 — Voici dans quelles proportions nous avons rencontré cette per- foration : HOMMES. FEMMES. TOUS: p.100. p- 100. p: 100: Nord-Ouest. .1:,,.,.84 Save 41,67 47:83 46,00: Suds ss re PE. 9:09 35,71 24,00 NOT cr MR ei 2 LE 2 0,00 0,00 0,00 Moyenne de toute l'ile... 32,00 42,00 39,90 a ee Ce caractère, étranger à la race de Cro-Magnon, très fré: quent, au contraire, dans la race de Furfooz, est plus commun chez la femme de Ténériffe que chez l'homme. La proportion que nous: avons rencontrée dans le nord-ouest de l'ile est la plus forte que l’on ait signalée jusqu'à ce jour; mais, en revanche, nous n'avons trouvé aucune perforation dans la région la plus septen- trionale. Ainsi que nous venons de le dire, la population de Ténériffe se rapproche par ce caractère de la race de Furfooz. M. Dupont a, en effet, rencontré la perforation de la fosse olécranienne dans!la proportion de 30 p. 100 chez les hommes dela Lesse, et M. Hamyÿ dans la proportion de 28 p. 100 chez les individus brachycéphales de Grenelle. Serait-ce que les gens de la Vézère qui sont venus peupler les: Canaries ‘étaient déjà quelque peu mélés' d'individus de Furfooz?|Gela nous expliquerait alors l'augmentation de l'indice céphalique que nous avons signalée. Toutefois mous mous con- tentons de poser la question sans essayer de la résoudre. Le cubitus et le radius présentent les mêmes signes de robusticité que l’humérus. Le premier de ces os offre, en haut, une forte in- curvation en avant, qui porte à peu près sur le tiers supérieur. Vu de profil, il a la forme d’un arc de cercle à concavité anté- rieure. | Les gouttières tendineuses de l'extrémité inférieure du radius sont profondes, séparées les unes des autres par des crêtes très marquées. Nous donnons ci-contre la longueur des trois os du membre supérieur. Le rapport du radius à l’humérus est sensiblement plus élevé que dans les races actuelles d'Europe. Nous avons trouvé constam- ment l’avant-bras relativement plus long chez la femme. — 621 — LONGUEUR DES TROIS OS DU MEMBRE SUPÉRIEUR. HOMMES. FEMMES. | TOUS. MOYENNE. | MAXIMUM, | MINIMUM. | MOYENNE. | MAXIMUM. | MINIMUM. | MOYENNE, millim. millim. | millim. | millim, | millim. | millim. | millim. HUMÉRUS. ! 306 204 309 273 308 30b 299 3 263 309 ; 30 305 287 313 305 206 319 GUBITUS. 260 1255 269 255 255 269 RADIUS. 241 ‘238 Toute l'ile. . 238 Voici, d’ailleurs à quels résultats nous ont conduit nosrecherches sur ce sujet : RAPPORT MOYEN DU RADIUS À L’HUMÉRUS (1). af tre) tHOMMES: FEMMES. TOUS. Nork..iisiac zac + ere E..a HOME LE 1 81,9 78,81 Qutstn mac ch - DES: suatout 79,9 76,9 :::76,7 . Toute l'iles.. 4.00 ? 759 97:31) 77,0 AN On voit que, par ce caractère, les individus du nord, notame ment les femmes, se rapprochent considérablement des Nègres d'Afrique ou plutôt se confondent avec eux. En moyenne; la po” ‘pulation de ’Ténériffe donne le même "pes in ’ont fourni’ à M: Hamy les fœtus de neuf mois. 0) Nous avons pris, comme l'a fait M, Hamy, pour longueur du bras bu ma- Yimum dé l'humérus, depuis le sommet de la téle de los Jusqu'à 1 cr ête qu borne en dedans la trochlée, — 622 — Dans plus de la moitié des cas, les os du membre inférieur présentent les caractères que l’on a signalés dans la race de Cro- Magnon. HOMMES. FEMMES. TOUS. | MOYENNE. | MAXIMUM. | MINIMUM. | MOYENNE. | MAXIMUM. | MINIMUM. | MOYENNE. millim, | müillim, | millim. | millim. | millim. | millim, FÉMUR. 467 4oo 419 451 388 480 426 ho ha 380 482 ha 415 433 ho2 AS2 oo ho8 451 380 TIBIA. 396 368 351 360 ho 352 348 366 399 349 342 361 ho 349 347 PÉRONÉ. 381 " 351 Toute l'ile... . = Le fémur offre en général une forte saillie de la ligne âpre, qui forme souvent une véritable colonne aussi prononcée que sur les fémurs de la Vézère. En même temps l'os s'aplatit, surtout en haut, ce qui a fait dire au docteur Chil que non seulement le tibia, mais tous les os du squelette sont platycnémiques chez les anciens habitants des Canaries. Sans admettre le mot, qui nous semble tout à fait impropre lorsqu'il s’agit de fémur, nous devons reconnaître que cet aplatissement est très fréquent à Ténérifle. La face antérieure de l'os présente dans sa partie supérieure, au- dessous du grand trochanter, une surface plane qui devient presque externe. Dans celte région, la face antérieure semble se diviser en deux. C'est, pour nous, cet ensemble de caractères qui démontre une affinité entre les fémurs guanches et ceux de Cro-Magnon. ‘ > A ns. >. — 623 — Le tibia, tout en étant très robuste, devient fortement platy- cnémique. Environ 60 p. 100 rentrent dans Îles mésosèmes du docteur Kuhff. onpen Enfin le péroné offre des gouttières qui peuvent tout à fait se comparer à ceux des péronés de la Vézère. Mais à côté de ces os robustes, qui sont les plus communs à Ténériffe, nous en avons rencontré d’autres beaucoup plus grêles et chez lesquels ne se trouvent point les caractères que nous venons de signaler. Les dimensions varient également dans de grandes limites, comme le montre le tableau précédent, dans lequel nous avons ‘placé, à côté de la longueur moyenne de chaque os, les chiffres maxima et minima que nous avons trouvés. Le rapport dutibia au fémur est très élevé. De même que nous avons vu pour le-rapport du radius à l'humérus, les Guanches s'éloignent complètement des races actuelles d'Europe et se con- fondent, à ce point de vue, avec les Nègres. 158 9 | Dans toutes les régions de l’île, sauf dans le nord, le rapport donne un chiffre plus élevé pour la femme que pour l'homme. Cette exception, que nous rencontrons dans le nord, peut tenir au nombre relativement faible d'os longs que nous avons mesurés dans cette partie de l'ile. - Le tableau suivant contient, outre le rapport du tibia au fémur, celui du-membre supérieur au membre inférieur : RAPPORT nn — — DU) MEMBRE SUPÉRIEUR au membreïinféricur. DU TIBIA AU FÉMUR. Er — : Hommes. | Femmes: Tous. Hommes. | Femmes. Tous. . Le rapport du membre supérieur au membre inférieur a donné des résultats tout à fait inattendus. Non seulement il est le même dans toutes les régions de l'ile, mais encore on n'observe pour ainsi dire aucune différence dans les deux sexes. Quoi qu'il en soit, ce rapport, contrairement à ce que nous avons » INSEE SR LT, vs re E A Ame — 624 — vu pour les deux précédents, éloigne les gens de Ténériffe du Nègre et les rapproche de la moyenne des Européens actuels pour lesquels le rapport moyen atteint 69,73. CHAPITRE II. LES ANCIENS HABITANTS DE LA GOMÈRE. ST LA TAIITE Les auteurs qui se sont occupés des îles Canaries nous parlent fort peu des anciens habitants de la Gomèrel). La taille n’a guère appelé leur attention. C’est à peine si nous trouvons dans Abreu Galindo quelques courtes indications dont nous puissions tirer parti. Dans le chapitre xv du livre I de son ouvrage, il nous dit que les habitants de la Gomère étaient de taille moyenne ©); dans le chapitre suivant, il nous dit que Gralhegueya, Vun des braves de l’île, était dé haute stature), J1 faut donceconclure que parmi celte population de taille moyenne se trouvaient des hommes de taille élevée. C'est en effet.ce que nous allons voir. En général les habitants de la Gomère: n'étaient pas de stature moyenne (de mediana eslatura, comme le.dit Galindo); mais bien de petite taille. Ils n’atteignaient que 1%,561ou/1",57. Quelques individus, qui semblent d’ailleurs peu nombreux ;présentaient une taille supérieure à 1",70, mais nous n’avons rencontré aucun sujet atteignant ces chiffres élevés que nous avons signalés plus d'une fois à Ténériffe. Voici d’ailleurs de quelle facon se répartissent les individus dont nous avons reconstitué la taille à l’aide des os longs : ; Au-dessus de 17370). 48. -L «182. .L. EAN ES 7,69 De 1P-Gh'al vo. a 48 EC de 2) MP: 4: Co dépose 12,31 (l Dé boah 05e TL sur ES RS 12,31 À Aù-dessous!de 1°,60......4.,..4. Levier cer, 67,69 : | Torar.L +. AN EOREIE 100,00 4}. Nous décrivons à la suite des Guanches les anciens habitants de lu Gomère, parce que ce sont eux qui, présentent avec les premiers le plus, de ressemblance, abstraction faite de la taille. Nous verrons que, dans les autres îles le type phy- sique était beaucoup plus altéré. | @) Abreu Galindo ; op cit. Kb. I, cap. Xv, p. #1. 6, Abreu Galindo opeit., Kb. EE, cap. xvr/ p.445. : — 625 — La plupart des habitants de la Gomère étaient donc de petite taille, comme nous venons de le dire. Nous pouvons même ajouter que, parmi ces individus de petite taille, la majeure partie n’at- teignaient pas 1,55. Le minimum descend jusqu’à 1°,46 ou 1",48. Si nous réunissons dans un même groupe les individus de haute taille et ceux de taille au-dessus de la moyenne, nous trouve- rons exactement la proportion de 20 p. 100. Les sujets de taille relativement élevée ne formaient donc que le cinquième de la population totale. Le maximum ne dépassait point 1",74. Nous n'avons pas noté le sexe des os que nous avons mesurés, de sorte que nous ne pouvons pas GPS à ce point de vue la femme à l'homme. Tout ce que nous pouvons ajouler à ce que nous venons de dire, c'est que les gens de Valle Gran Rey étaient généralement d’une taille un peu plus élevée que les autres, et que ceux de Valle Hermoso présentaient en moyenne la plus petite taille. Nous conclurons de ce qui précède que : ° La population de la Gomère était mélangée, avant la con- quête, les individus se répartissant au point de vue de la taille dans les quatre groupes classiques; 2° La majorité des habitants étaient de petite taille et ne dépas- saient guère 1°,55; 3 Le cinquième à peu près des gens de la Gomère dépassaient la moyenne des races humaines; mais un petit nombre atteignaient la taille des Guanches qu'il est permis de considérer comme à peu près purs De la coloration de la peau, des yeux et des cheveux, nous ne savons presque rien. Quelques auteurs sé bornent à dire que les habitants de la Gomère étaient semblables à ceux de Ténériffe, ce qui revient à dire, sans doute, que les uns étaient d’un teint foncé et les autres d’un teint clair; que les uns avaient les cheveux noirs, les autres blonds. Ce dernier caractère me semble devoir être admis. À la Gomère, comme à Ténériffe, nous avons observé plus d’une fois les individus présentant un type facial spécial (face large, orbites bas, nez et bouche mal dessinés, menton étroit, etc.) qui avaient des cheveux blonds. Cette coloration de la chevelure, ils la doivent très probablement à leurs ancêtres insulaires. MISS. SCIENT. — XIII. 4o HAPRIMENIE NATIONALE « Le NEVANONSRLE "RE D COR Re re — 626 — $ 2. —— LA TÊTE. Considérée dans son ensemble, la population de la Gomère frappe au premier abord par plusieurs caractères céphaliques. Le crâne est plus court que chez les Guanches, mais en revanche la face est plus basse et les orbites moins élevés; le nez reste étroit. Les différences sexuelles sont aussi tranchées que chez les anciens habitants de Ténériffe, de sorte qu'il est nécessaire de faire une étude séparée des têtes masculines et des têtes féminines. I. — Hommes. À. — Crâné. Le crâne de l’homme offre une belle capacité, légèrement infé- rieure à la capacité cràänienne du Guanche, mais encore supérieure à celle des hommes de Cro-Magnon (moyenne 1601). C'est que le diamètre antéro-postérieur nous donne encore un chiffre élevé (moyenne 184), que le diamètre vertical reste presque le même que chez l'homme de Ténériffe, et que le diamètre transverse maximum s'accroît. Nous constatons d’ailleurs dans la capacité cranienne des diffé- rences individuelles considérables ; elle varie de 1440 à 1790 centi- mètres cubes. L'augmentation du diamètre transverse, jointe à la diminution du diamètre antéro-postérieur, a pour résultat d'augmenter consi- dérablement l'indice céphalique. H atteint en moyenne 78,80, c’est- à-dire que leshommes de la Gomère sont mésaticéphales. Ts diffèrent donc en général considérablement des hommes de Cro-Magnon. Toutefois, malgré l'élévation de l'indice moyen, due à l'influence du type brachycéphale, nous trouvons encore un nombre im- portant d'individus à tête allongée. En effet, sur 100 crânes nous avons rencontré : Dolchorcéphalps. 5.5. ts Cmnte 19,39 34,62 Sous-dolichocéphales ................... 19,23 7 Pt MÉSHRES RAR FA 52 2 as SR USE CAE 26,92 Sous-brachycéphales : +. .......... 0000 30,77 38.46 Brachycéphalesk. 26/72. 40 . LISE. en 7:69 L DTA D ER eme cos 100,00 C'est donc dans le groupe des sous-brachycéphales que nous — 627 — trouvons le plus grand nombre d'individus. Malgré tout, nous voyons plus du tiers de la population masculine totale (34,62 p. 100) pré- senter un indice comparable à celui des hommes de la race de Cro-Magnon. Abstraction faite” du type intermédiaire (mésaticéphale), les individus à crâne allongé étaient encore, à la Gomère, presque aussi nombreux que les hommes à tête courte. Nous en avons même rencontré dont l'indice céphalique descend à 73,84, c'est- a-dire à peu près à la moyenne des crâänes masculins de Cro- Magnon. Le maximum nous a été présenté par un homme de Tejeriguete (dans le sud) : son indice atteint 84,53. La hauteur du crâne est à peu près la même que chez le Guanche; mais comme le diamètre antéro-postérieur est plus petit, l'indice céphalique vertical augmente légèrement. Le contraire a lieu pour l'indice transverso-vertical, le diamètre transverse maximum étant un peu plus grand que sur les têtes de Ténériffe. La courbe antéro-postérieure est généralement très régulière, Cependant plus du tiers des crânes de la Gomère Fi Ent la dépression post-coronale que nous avons signalée sur certains crânes de Ténériffe, et le méplat pariéto-occipital. Nous avons rencontré ces deux caractères dans la proportion de 34,61 p. 100. L'inion n'offre pas d'une manière générale un renflement aussi prononcé que dans notre type précédent. Mais à ce point de vue nous pouvons encore noter des exceptions : l'un de nos hommes de Valle Gran Rey (n° 6313) présente tout à fait la courbe crâmienne de la race de Cro-Magnon, et l'on observe à la fois sur lui le méplat, le ren- flement iniaque et l’aplatissement de la base. Ce dernier caractère est d’ailleurs assez fréquent; la base n'est pas aplatie moins de 30 fois pour 100. , La courbe horizontale totale atteint en moyenne 527 millimètres, mais parfois elle s'élève jusqu’à 560 millimètres. Les deux moitiés du crâne (antérieure et postérieure) conservent entre elles à peu près le même rapport que chez le Guanche; la courbe préauri- culaire serait plutôt Lee un peu BE grande chez Fhomme de la Gomère. () On sait, en effet, que paroi les hommes du type de Cro-Magnon se trouve un sous- dolichocéphale, le crâne n° 5 de Solutré, que MM. de Charaeee et Hamy n'ont pas hésité à rattacher à la même rate, bien que son indice dépasse - légèrement 75, ho. — 628 — HOMMES Capacité cränienne approchée:. ..,,:..2.4,JL0NUL 4 MN. I0ne " 15 millimi, mill Projection antérieure. .......... LE RE, gite LNURe. AE ch is 89 Projectionhpostérieuré 4,442: --0- the NS 2 = 107 9 antéro-postérieur MAXIMUM, : ++. ssesssunessess 185 18 transverse MAXIMUM... ess seine. ORse 143 144 bitemporal............ THAUUES NOR SIENNE 138 134 biauriculaire . ...... Let TO ETES, 125 12 Diamètre { bimastoïdien .......... hdd) ten ai 2 oi so cv 109 10 frontal maximum ............ R rave dore À nleiate 2 Ce RTE 11’ frontal minimum............. Requete dE Nes 93 96 occipital maximum............ SMS AS 5 2 111 11 vertical basilo-bregmatique . ...... RE ee 133 134 horizpntale tstnle st 2e 30 AN CRE An SNL 522 52d horizontale préauriculaire.........,..2......., 235 24 transverse totale,, . ..... Na MT NT a 434 43 transverse sus-auriculaire. . .................%e 301 300 Courbe s frontale cérébrales .6L 210 ru 0 NI , ee 101 100 frontale totale" 440 INRA LIIQUEL 79 AUDE 122 119 us etre LB R 367,779 8789 7 2 129 130 OCCIDIEN PAR Pme Re RE ECO UA RE re 120 118 Longueur du trou occipital.......... RS CHERE date 38 38 Largeur dn trop obGpltal.. . ......5: = tter-ebes2 31 33 Lopne naso-banlmee 2.2... 0. 4-2. EC tE 100 106 Angle pariétal ......... EARAR doe AT s'andae de ite | EC IRRE " Angle occipital basilaire.. ............................... a 24 Long.— 100.1Larpeur.-- A TS doi). 7h 76,5 | Indice Long.— 100. Hauteur. ....... Sré Per; Me 071380 74,3 | Larg. — 100. Hauteur:............. PR 93,01 971. RER 2 NE — Se à rer ere 1 mr 4 rh MAXIMUM cent. € 1790 millim 103 10 82 187 45 153 3 145 oh | 131 05. 112 19 | 125 oo 107 10 117 92 138 2/ 540 5 2957 34 h5o O1 317 00 117 Do 134 25 140 13 135 36 4o 1 35 Bo | 106 CONTES 28° 35° 9,67 84,53 79599 100,00 RES DU CRÂNE. …. TEJERIGUETE. MINIMUM — 629 — VALLE GRAN REY. A MOYENNE": MAXIMUM. 1719 müilim. * 97 H no) 199 151 145 56o 455 326 126 a 199 + 10° 83,81 7377 99,20 MINIMUM: TOUTE L'ÎLE... MOYENNE. 99 302 C] 129 TÉNÉRIFFE:. MOYENNE: cent. c. 1672 millim. 97 TEJERIGUETE. MAXIMUM. | MINIMUM. MOYENNE. MAXIMUM. MINIMUM, |, MOYENNE. Ë e t-..c. cenl. c, cent. c. cent. ©. cent, ©, cent. € £ crÀ hée : LE 5 MA |" de Capacité crânienne/approcl ù 1790 TER 1627 175 EE pe Projecti raies ; : millime millin. | milim. |" millim |. "rilin. millim. rojection antérieure. ...........,...s.seius......, 18 ' 103 90 oh 97 go 95 | 104.2)... 219. DR 195 173 1h4 135 Projection postérieure 107: be. à 0 | go antéro-postérieurmaximum 4 1 À 187 178 transverse MAXIMUM .! : 4: 4145024 44 MUR NN, su LUCE : 137 bitemporal enter Lx IC MRRQU SERRE EE Dauriculaire 204002. NIMES ï Diamètre ( bimastoïdien ........... 1... L frontal maximum rontalimmimum se. ee EEE SES occipital maximum vertical basio-breomatique horizontale totale...............,.,..,... : horizontale préauriculaire transverse totale frontale cérébrale. , frontale totale occipitale. -#.-..-....."."100 er ee ele es ae Longueur du trou occipital Largeur du trou occipital sine sense nn .. Ligne naso-basilaire. + 18° 35° 84,53 79:99 100,00 Angleparistal pepe ft 0-2 0e CU LA * Angle occipital basilaire Long.— 100. Largeur Indice Long.— 100. Hauteur. ......:..... Perte Gil Larg. — 100. Hauteur:.......... SITE biorbitaire externe. . .. ; interorbitaire. ....... Distance ; ; ; bizygomatique maximum. ..... bimaxillaire minimum... ....... Largeur de l'orbite . ... Hauteur de l’orbite......... supérieure de os nasaux . . minima des os nasaux...,.... Largeur { . .. inférieure des os nasaux.. ..... maxima de l'ouverture nasale . . Longueur médiane des os nasaux......... | Longueur totale du nez..... sous-cérébrale du front. ... de l'intermaxillaire Hauteur ({ totale de la face. ..... de la pommette............ orbito-alvéolaire ............ Longueur de la voûte palatine. . . ..1..... Largeur de la voûte palatine....... Distance au trou occipital. Distance biangulaire . ....... Maxillaire | Distance angulo-symphysaire. . inférieur. | Hauteur branche montante Hauteur symphyse... ... Angle facial sous-nasal.. ....... Angle facial alvéolaire. . . . orbitaire. Indice SURES DE LA FACE. ENNE Los. 77,50 18,00 + 71,89 5,996 TEJERIGUETE. millim. 119 27] 143 66 h4 34 9 23 18 Gr) 24 55 28 89,4 28,33 MAXIMUM. MINIMUM. 6o° 72:00 4,339 — 631 — VALLE GRAN REY. A MOYENNE. millim. 111 Ta 65° 7790 46,15 66,16 MAXIMUM. MINIMUM, milim. 108 62° 72,90 k2,10 Ga,3z TOUTE L'ÎLE. MOYENNE. milim. 110 29 31 pe 65° 77:90 47,65 65,67 TÉNÉRIFFE. MOYENNE. millim. 109 24 Lx 64° 81,27 16,32 67,84 — 630 — = HOMME HESURES DE LA FACE. VALLE GRAN REY. MOYENNE. biorbitaire externe, ................,....,.... 111 interérbitaire, mate «à #e matin te mate ten M EH) Distance 4 . En ha # REA birygomatique maximum. (42 ...1..44..,,4 “a. 133 | 139 | 2126 bimäaxillaire minimum.....1...!.. Ms subie 0 de 63 Largeur de orbite. .....:.....:.,:41.,,..4 AS ou ve ko Hauteur de l'orbite. ...........:. AS PCN Ve SO ct ve 3x supérieure de os nasaux . -..1...:..4 6.1.0 ë 15 minima des os nasaux:.....1.,.,..:.0.. 1.00 WiS0) ] Les inférieure des os nasaux.. 1... lie RARLLOIROTE 16 18 | 15 | maxima de l'ouverture nasale! ..:., 0... a ai Longueur médiane des os nasaux..:..:..) 2..." SOC Le Longueur totale du nez...:... PR ECC AR ECS 00 FA sous-cérébrale du front. ................:.,0 as GX Mer er de l'intermaxillaire.. .:...........,/440.. NAETÉ rl j ue st ue ll rot 88 Hauteur { totale de la face. .......2..... ce At T SORTE 23 38 | 52 8 de 1a pommette... ..:........ RPC E CPI CELL. orbitu-alVéclaire... - . +. 02.070 0e jose Longueur dela oûte palatine. .. + sai dre HAS EE ne Jo. Largeur de la voûte palatine:....:..2....1.. 6,00 Sas Distance au trou\occipital. ......:...,........"1".- (PES Distance biangulure . : .. - STAR ER POS 00 CEE Maxillaire | Distance angulo-symphysaire. . .... 24... inférieur. | Hauteur branche montante. ...........:..e. | Hauteur symphyÿse.. . ... #41 ..9.. ehéae ee HE 0 | Aûgle facial sous-nasal.. . 2.4.2: ee RE s facial alVéolaire. +. Er... 100... ARE ie | Fe 1050 £ orbitaire.. ........ LE He L géo | 80,49 .1,7260 un alé Bug : ot Rad | pas Vice cie OURS AS CINE ls | 48,00 | 58,33 | 413390]. 46,25,,/02 52,00, iam0m tossheeeseeeeedeeepestesetertine | % Bol 5064 — 632 — Dans les deux îles, les diamètres transverses sont à peu près lés mêmes. C'est à peine si l’on constate un peu plus de largeur au niveau du diamètre maximum du crâne de la Gomère. Mais les courbes transverses sont un peu plus petites. Vue d’en haut, la tête de la Gomère se différencie de celle que nous avons précédemment étudiée par les caractères suivants: forme plus arrondie, largeur un peu moindre de l’occipital et plus grand développement transversal du front. Sur la norma verticalis les bosses pariétales font peu de saillie, à quelques exceptions près. Il est d’ailleurs à remarquer que les crânes qui présentent des bosses pariétales bien'accusées n’offrent pas les caractères généraux du type guanche. Le trou occipital occupe la même position sur les crânes de Ténériffe et sur ceux de la Gomère. Dans les deux cas, les pro- jections antérieure et postérieure et la ligne naso-basilaire ne dif- fèrent que de 1 ou 2 millimètres. Nous ne pourrions en dire autant des angles pariétal et basilaire. Le seul point à noter, c’est que, à la Gomère, nous n'avons jamais trouvé l’angle pariétal négatif, c'est-à-dire que l'arcade zygomatique est toujours plus large que le diamètre stéphanique. Enfn les sutures crâniennes sont, en général, un peu moins compliquées chez les hommes que nous étudions maintenant que chez les Guanches. L'oblitération commence d’ailleurs par Îles mêmes points (sagittale et parties latérales de la coronale). Nous donnons ci-dessus les dimensions, moyennes, maxima et minima, des crânes de la Gomère. Les différences individuelles sont, on le voit, considérables. Il n'en est pas de même si l’on considère la moyenne des séries. Tout ce que l'on peut noter, c'est que, relativement à ceux de Valle Gran Rey, les crânes de Tejeriguete présentent un diamètre ver- tical basilo-bregmatique un peu plus développé, tandis que tous les autres diamètres (à part les diamètres frontaux) sont un peu plus petits. B. — Face. Les caractères faciaux offrent chez les anciens habitants de la Gomère une assez grande homogénéité. Quelques individus peuvent s'éloigner d’une facon très notable du type moyen, mais ces indi- vidus sont relativement peu nombreux. — 633 — Nous avons d’abord donné les principales mesures de la face, maïs nous aurons à commenter les chiffres qui Ra sur notre tableau (p. 630). Il résulte des chiffres que le type moyen est microsème par le nez, les orbites et la face. Le nez est relativement un peu plus large que chez les hommes de Ténériffe, mais la face et les orbites sont sensiblement plus bas. Les moyennes représentent bien la majorité des individus, si nous ne tenons compte que de la face et des orbites. En effet, sur 100 têtes, nous trouvons : PAR T'ORBITE. PAR LA FACE. . Microsèmes.............. HR PAS à 81,48 53,86 Mesosemes,. 4/2, LM GUIR) AIDE CHAUOMUE, 11,11 23,07 Mégasèmes. Lt. 416 0:72 CD 0. RG 7ih1e 23,07 DOTAUXS sem ,::- 100,00 100,00 ! Mais il n’en est pas de même si nous considérons l'indice nasal. L'indice moyen est leptorhinien, et cependant la plus grande partie “ P P plus £ P des sujets rentrent dans le groupe des mésorhiniéns. Voici de 11] P quelle facon se répartissent, au point de vue de l'indice nasal, les têtes masculines de la Gomère : Leptorhiniens. . ..:1.1141. LMD Gi 88 0:62 RL 92,91 Mésorhiniens................4,4....... 57,69 Platyrhiniens. BL et DE LT ONE à EME ER RENE À 7,69 ToraAnsuiaed.sssans Li100,00 Nous constatons là un fait comparable à celui que nous avons signalé à propos de l'indice orbitaire des femmes de Ténériffe. Quoi qu'il en soit, presque tous les hommes de la Gomère (92,31 p. 100) rentrent dans les groupes leptorhinien et méso- rhinien, exactement comme les hommes de la race de Cro-Magnon. Un très petit nombre présentent un nez large. Parmi les têtes dont les mesures figurent sur notre tableau, il s’en trouve une (celle de San Sebastian) dont le nez offre une longueur et une étroitesse tout à: fait exceptionnelles; l'indice descend à 35. Nous reviendrons sur cet individu, qui se distingue encore des autres par ses orbites mésosèmes et sa face méga- sème. — 634 — Revenons encore un instant sur les indices orbitaire et facial. Nous venons de voir que, 81,48 p. 100 des hommes de, la Gomère avaient un petit indice orbitaire. Un certain nombre sont même très microsèmes, et nous voyons l'indice descendre à 70,73. Mais nous trouvons encore des individus (dans la proportion de 18,52 p. 100) qui dénotent l'invasion d'un type à orbites plus élevés. Un de nos crânes (Valle Gran Rey,n° 6324 de la collection du Muséum) présente même un intérêt tout spécial, Les deux types orbitaires se rencontrent sur la même tête : d’un côté l'indice reste à 77,50, tandis que de l’autre il atteint 91,89, Au lieu de la fusion, nous voyons la juxtaposition des caractères des deux éléments qui se sont mélangés; l'un est microsème et l’autre mégasème, M. de Quatrefages a signalé le même fait chez un squelette extrait des grottes du Petit-Morin par M. de Baye. On sait que da race de Cro-Magnon entrait pour une part notable dans la composition de la population plusieurs fois métissée de ces grottes. L'indice facial moyen, avons-nous dit, est petit; la majorité des hommes de la Gomère sont également microsèmes par la face. Toutefois 23,07 p. 100 donnent un indice élevé, qui atteint jus- qu’à 73,48. Il n’en est pas moins vrai que plus des trois quarts des têtes masculines rentrent dans les deux autres groupes, dans lesquels prennent également place les hommes de la Vézère. En résumé, par les trois indices que nous venons d'étudier, la grande majorité des hommes de la Gomère peuvent se comparer soit aux Guanches, soit aux hommes de Cro-Magnon. L'indice facial descend même beaucoup plus bas que chez ceux-ci. Nous pouvons d’ailleurs, par des chiffres, mettre en relief la fréquence des analogies que nous venons de signaler, en rappelant d'une part les caractères de la race de Cro-Magnon, et en indiquant en regard la proportion des têtes de la Gomère qui nous ont présenté les mêmes caractères : HOMMES | EEE ©" ee DE CRO-MAGNON. DE LA GOMÈRE. p: 100. Microsèmes 81,48 Leptorbinien ou mésorhinien, 92,92 Microsème ou mésosème. . .. 76,9% — 635 — Les autres traits de la face ne font que rendre plus frappantes es ressemblances. Ainsi cette face, large en haut, se rétrécit en bas de telle facon que la distance bimaxillaire minima descend en moyenne à 63 millimètres et peut même tomber à 60 millimètres; la pommette est forte, le maxillaire supérieur offre le même prd- gnathisme sous-nasal ae chez le Guanche. Le nez présente une dépression bien marquée à la racine; la voûte palatine, assez bien développée d'avant en arrière, reste étroite, ce mi n'est qu’ une conséquence forcée de l'étroitesse du maxillaire supérieur. Enfin, la mâchoire inférieure est robuste, le menton saillant, malgré le prognathisme alvéolo-sous-nasal dont nous avons parlé, et les dents sont généralement le siège d'une usure parfois considé- rable. En un mot, l’homme de la Gomère, Heu le métissage que son crane dénote, a conservé dans la plupart.des:cas les caractères faciaux bien accusés du Guanche ou, ce qui revientiau même, de l’homme de Cro-Magnon. IL — Femmes. A.— Crûne. Nous rencontrons à la Gomère entre les crânes masculins et les crânes féminins les mêmes différences que nous avons déjà signalées à Ténériffe. Chez la fans 2 GA Suis et le crâne raccourcit. La capacité cränienne de la femmé de la Gomère est petite : elle ne dépasse pas en moyenne 1349 centimètres cubes. Il existe par conséquent entre les deux sexes une différénce de 252 centi- mètres cubes, chiffre énorme qui surpasse de, beaucoup ce qué nous avons rencontré dans l’île voisine. Le maximum est peu élevé (1375). En général le volume du crâne féminin, est presque le même sur toutes nos pièces; une seule fois nous l’avons trouvé sensiblement inférieur à la moyenne (1255). Cette faible capacité est due à une diminution du déametre. ver. tical et principalement du diamètre antéro-postérieur maximum: Aussi l'indice céphalique horizontal s'élève-t-1l d’une façon notable, _ de manière à donner une moyenne sous-brachycéphale. Nous ne trouvons à la Gomère aucun crâne féminin dolichocéphale. Les plus allongés sont sous-dolichocéphales: Nous n'avons pas vu l'in; dice céphalique descendre au-dessous de 76,57... MAXIMUM. cent. c. Capacité crânienne approchée L in millim. Projection antérieure 98 Projection postérieure 9° antéro-postérieur maximum 179 transverse maximum 136 bitemporal 128 biauriculaire 116 Diamètre { bimastoïdien frontal maximum frontal minimum occipital maximum vertical basilo-bregmatique horizontale totale horizontale préauriculaire transverse totale transverse sus-auriculaire frontale cérébrale frontale totale Courbe occipitale. , Longueur du trou occipital Largeur du trou occipital....... PE Ans NS OT to ET CEE Angle pariétal Angle occipital basilaire . .. Long.=— 100: Largeur Indice Long. = 100. Hauteur Larg. = 100. Hauteur. ...,... Hs — 637 — SURES DU CRÂNE. TÉNÉRIFEE. VALLE GRAN REY. AGULO. TOUTE L'ÎBE. î Cu — —— MOYENNE. MAXIMUM: — MINIMUM. MOYENNE. MOYENNE. MOYENNE. * cent. c. cent. c. cent. c. cent. c. cent. c. cent. c. … 1338 1379 1315 1365 1349 1432 “ millim, millim® millim. millim. millim. millim: ar. 99 85 92 92 99 » 94 97 86 93 g4 9h à 172 176 168 178 179 176 » 142 148 139 141 140 . D 135 | 140: 128 139 11233 D 121 130 115 118 | : 119 98 101 93 96 99 115 120 110 112 113 TO 97 97 97 110 105 111 108 131 120 127 125 5o7 h9o 513 499 240 221 229 229 445 415 re 419 305 290 298 291 107 97 103 100 123 119 129 119) 120 113 u 116 113 103 ñ 106 38 29 37 34 36 26 28 30 100 99 9® 97 +8 +7 4.5" +7 35° 21° 19° 21° 84,09 80,81 70,21 80,92 76:28 71,43 71,99 72:25 94,24 85,76 90,07 89,29 AGULO. | TOUTE LIRE. | TÉNÉRIFRE. MINIMUM: MOYENNE, MOYENNE. uovanmE, a | —— cent. c. cent. c. cent: €, cont. c: Capacité crâmiennetapprachée ; >} | t | EN 33 1315 1365 1349 , SE h e à | millim. . .millim, É , milline : milline Projection antérieure... - enrhessoee penses ga: |: ! 8 | >| 1 85 ie Projection postérieure. oirietesé fic do NPA ile | $ antéro-postérieur/maximum transverse maximum... bitemporal:ssr. vins Fab 1 1281 biauriculaire. :1: 44; 01.20 CAP Cote Ad) SE 0) Diamètre (Mbimastoïdien | toit sg5atn frontal maximum . .. 2. 2.0 4010 srR en frontal minimum...,.:,....1:..:. occipital maximum vertical basilo-bregmatique horizontale totale horizontale préauriculaire transverse totale transYerse sus-auriculaire. + 1... j ‘frontale cérébrale, ‘frontale totale . 144.242. Lu: 2m } ‘Corbe occipitale.. 40000 AU, M #E nés mate. | | PAR PT k ” AT si 37 | Longueur du trou occipital. .:..,..0, oo F0 "94, PCA F' | ! el 49 free) AUS ENORL COEUR “ (4 j, HEAR PA | fl 10 TU LEE 1 dE iià tri LRU EH] | argeur du trou occipital k | y vus (y BOESSE A F rer F n | ‘ ; (4 { Ligne naso-basilaire.. :..,............... ro IÉTnE een ave Apres Angle occipital basilaire ...,.............. EN Long. — 100; Largeur. , {Indice! “Long. = 100. Hauteur, es 2 74900 | 1 ste | 89:29. à Larg: = 100. Hauteur. . 1.01, + 2 [092,08 LE uen RE — 638 — Sur 100 femmes, nous rencontrons dans cette île : Sous-dolichocéphales.. .,...,........4:.. semer 22550 MR GATE SPAS me 0 oo uoncoocdeur 12,50 Sous-braChyCéphales. . #4. due sRecerre. 62,50 Brachydéphales EURE PERRET ERer et 12,50 TOTARS . 54 55-75 à 100,00 Ainsi, dans cette île, nous ne trouvons plus que la huitième partie des femmes dont l'indice puisse être rapproché de celui de la race de Cro-Magnon. L'indice vertical est sensiblement le même qu'à Ténériffe; la hauteur est donc la même par rapport à la longueur. Mais il n’en est plus ainsi si nous comparons la hauteur à la largeur. Le diamètre transverse maximum atteignant chez la femme de la Gomère un chiffre élevé (140 millimètres), le crâne est relativement bas pour une telle largeur. L'indice transverso-ver- tical n’atteint en moyenne que 89,29, bien qu’il puisse s'élever parfois jusqu'à 94,24. La courbe antéro-postérieure n'offre plus que quelques-uns des caractères du Guanche pur. Elle est beaucoup plus régulière en arrière. Cependant nous avons encore noté 25 fois p. 100 une légère dépression post-coronale, et l'on rencontre un peu plus fréquemment le méplat pariéto-occipital de la race de Cro- Magnon. L'inion n'est généralement pas renflé, tandis que la baseest plus ou moins bombée, Le crâne antérieur présente encore de belles proportions. La courbe horizontale préauriculaire atteint le même chiffre (229) que sur le crâne de la femme de Ténériffe. La courbe frontale, les diamètres frontaux (maximum et minimum) sont bien déve- loppés; mais la région postérieure, tout en restant large, se rac- courcit considérablement : la courbe occipitale n’est plus en moyenne que de 106 millimètres, et tombe même, sur un crâne féminin de Tejeriguete, à 99 millimètres. La norma verticalis nous montre un crâne particulier, à bosses Pariétales peu saillantes. Le maxillaire supérieur se voit en partie én avant du frontal, | Le trou.occipital est situé plus en avant que sur les crânes que — 639 — nous avions déjà étudiés. La projection postérieure restant la même, la projection antérieure diminue. Son bord antérieur reste toujours notablement abaïissé. Enfin les sutures du crâne sont généralement d’une Senna relative, comme chez l’homme. Très souvent (62,5 p. 100) elles renferment des os-wormiens, qui occupent soit la lambdoïde, soit l'astérion, soit le ptérion. Le tableau ci-joint pourra suppléer à l'insuffisance de cette des- cription. Ce que nous devons surtout noter, c’est que le crâne de la femme de la Gomère diffère de celui de Cro-Magnon presque uniquement par sa région postérieure, B. — Face. La face est toujours basse; elle est en même temps presque constamment, large. Nous n’avons jamais vu le diamètre bizygo= matique maximum atteindre un chiffre aussi faible que chez quelques femmes de Ténériffe. Le peu de hauteur de la face semble tenir surtout à un très _ faible développement vertical de la région maxillaire. Les orbites ne présentent pas non plus une grande élevation : la hauteur moyenne ne dépasse pas 31 millimètres (32 chez la femme de Ténériffe.) Quoique l'orbite soit bas, l'indice moyen est mésosème. C’est que la largeur ne nous a donné qu'une moyenne de 37 milli: mètres (la même qu'à Ténériffe). Cependant un nombre im- portant de femmes ont des orbites microsèmes. Au point de vue de l'indice orbitaire, elles se répartissent de la manière sui- vante : Microsemes®®.. Mes: ccte see ation BL3e 50 NESOSeMES er re RUN Re CRSERENAUERN ES SE LU Sgr 50 00 MÉPASEMES ee Palo te hate een RATE ta ae MR LS O0 TOTAT AE NRAT ae 100 00 Notons encore que nous n'avons jamais rencontré chez les femmes de la Gomère cet indice de 94,44 que nous avons observé plusieurs fois à Ténériffe, Le maximum que-nous ayons trouvé! n’a pas dépassé 89,20. MOYENNE. millim. biorbitaire externe 100 , interorbitaire, 20 Distance bizygomatique maximum 120 bimaxillaire minimum 57 Largeur de l'orbite Hauteur de l'orbite supérieure des os nasaux.......... minimum des os nasaux Largeur inférieure des os nasaux......,.,.,. maxima de l'ouverture nasale ...... Longueur médiane des os nasaux Longueur totale du nez................ sous-cérébrale du front Hauteur de la pommette orbito-alvéolaire, ..,.,...... Longueur de la voûte palatine Largeur de la voûte palatine Distance au trou occipital.................. + Angle facial sous-nasal Angle facial alvéolaire orbitaire TEJERIGUETE. MAXIMUM. millim. 85,71 81,58 53,20 52,17 6774 67,42 — 641 — URES DE LA FACE. . NALLE GRAN REY. AGULO. TOUTE L'ÎLE. TÉNÉRIFFE. © RTE PAR ER MAXIMUM - MINIMUM. MOYENNE. MOYENNE. | MOYENNE. 111 103 105 104 102 24° 22 29 23 22 134 119 124 125 125 61 55 ï 57 60 4o 35 37 37 37 34 30 33 31 32 16 18 14 16 15 12 q 13 15 11 14 12 9 | 16 16 16 18 16 16 | 24 26 22 26 24 23 | 27 Û ï q 27 18 | 49 52 44 48 48 48 | 17 20 16 20 18 21 _ 18 20 16 1 17 18 D 33 86 78 ga 82 85 21 24 18 18 20 22 | 37 io 34 i 36 38 Dis 5o 45 , 49 5a | 37 34 36 38 . ha 43 39 3. 4o A | 71° 75° 68° 7° 70° 69° 557. 9 66° 65° , GARE TAN 65 Reis | 88,80 78,95 SON ee 85,09 18,98 53,06 47,92 54,17 50,00 47:05 65,65 64,18 65,32 65,60 168,72 MISS. SCIENT. — XIII. ha LMPRIMERIÉ NACIONALE : Cet us te < FAT Von Lo s en ie a EG biorbitaire externe. . :. ANÉETODDITAITE, + see eee eee MDistancé ) ; bizygomatique maximum: 24. . bimaxillaire minimum: Largeur de l'orbite ............... Hauteur de l'orbite. ........ supérieure des os nasaux.. Le... minimum des os nasaux........., Largeur | inférieure des os nasaux.. . .. maxima/de/ouverture-nasale 21.44 Longueur médiane des os nasaux..../ 000" Longueur totale du nez..... sous-cérébrale du front. ....,..... deV'intermaxillaire 2.4.4 1, 00. !| Hauteur {totale de la face... 0 8 0 ne de la pommette. ....,.......... Longueur de la voûte palatine................ Largeur de la voûte palatine. ......,..,-,..., Distance au trou occipitäl.. . ................. Aa e-faléenie bal nn Acc CRE CN Angle facial*alvéolaire . RANGER trorbito-alvéolaire. 2.15... OPDITAINEZ aise ler nee ee Indice DÉËS PORMPRAIEE D DT Er facilités au. arrcsréera 4-1 ESURES DE LA FACE. VALLE GRAN REY. AGULO, | TOUTE L'ÎLE. | MOYENNE. STE millim, MAXIMUM. MINIMUM, MOYENNE. MOYExxE, , À millim. millime millim, 103 mmillime 105 LLX Fa 24° 22 H0:6 34 'hïg 57 61 fo 34 14° 18 9 . 13 15 16 16 16 Tu e "RUE à Lo lus ip { SET AL rh, 38 | ren 83,33 52,17 67,50 || — 642 — L'indice nasal est généralement moyen. Si nous classons dans les trois groupes les femmes de la Gomère, nous verrons prendre place dans le groupe des s Tieptorhimens RE ect jerre 12,20 FE Mésorhiniens 714, su Re SET en een 50,00 Mec Phtyrhinienst# 9"... 0.2 ren me cho ges eee a |: 37,90 MOTALE ee de 100,00 C'est-à-dire que les 5/8 rentrent dans les mêmes groupes que les gens de Cro-Magnon ou les Guanches. L'indice minimum est assez élevé (47,92). La face, venons-nous de dire, est basse et large; l'indice facial doit donc être faible. En effet, nous trouvons : MUR Et AE 51 nb AE PhD MOTO TS 75,00 Mésosbmes sis 2er RER EDR RS ce Re 23,00 MOTALT- 2e LEURS 100,00 Aucune femme ne nous a donné un indice qui puisse la faire ranger parmi les mégasèmes. Toutes rentrent dans les mêmes groupes que tous les crâänes connus du type de Cro-Magnon. Ajoutons encore que, en général, la femme de la Gomère pré- sente un indice facial plus faible que la femme de Ténériffe. De même que chez celle-ci, la face se rétrécit considérablement dans sa région maxillaire. La distance bimaxillaire minima n’atteint plus que 57 millimètres en moyenne. Aussi la voûte palatine offre-t-elle peu de largeur. Elle est en même temps peu développée d'avant en arrière, ce que nous pouvions facilement prévoir, puisque nous avons vu que la projection antérieure totale des- cendait très bas. D’un autre côté, la distance de l’épine postérieure au trou occipital reste la même que sur la tête de la femme guanche, de sorte que ce sont uniquement les régions palatines et alvéolaire qui se trouvent réduites dans leur diamètre antéro- postérieur. Malgré cela, le bord alvéolaire se projette en avant, et l'angle facial alvéolaire ne dépasse pas 64° en moyenne (nous l'avons même vu descendre à 59°). L’angle sous-nasal s'élevant à 70, nous devons en conclure qu'il existe un prognathisme alvéolo-sous- nasal bien accentué. Le tableau précédent donne les mesures moyennes maxima et — 643 — minima de la face chez les femmes de la Gomère. L'on verra que les différences individuelles, sans être aussi grandes qu’à Ténériffe, sont cependant assez notables. TTL. — RESUME DES GARACTÈRES CÉPHALIQUES. — CONCLUSIONS. L'étude analytique que nous venons de faire nous a montré, à la Gomère, un type céphalique mixte sur lequel nous retrouvons une partie des caractères du véritable Guanche. La capacité cranienne, encore très élevée chez l'homme, baisse sensiblement chez la femme. Le crâne est plus court qu’à Téné- riffe et légèrement plus développé en largeur. Aussi l'indice cé- phalique horizontal s'élève-t-1l de façon à faire rentrer les hommes dans le groupe mésaticéphale et les femmes dans le groupe sous- brachycéphale. Toutefois ce n’est que dans sa moitié postérieure que le crane de la Gomère diffère du type guanche. La moitié antérieure reste bien développée, aussi bien d'avant en arrière que transversalement. Cette diminution de la longueur du crane portant spécialement sur la région occipitale, l’inion ne fait plus cette saillie si frappante sur le crane de Cro-Magnon. Le méplat qui se remarque dans cette race sur le tiers postérieur des pariétaux et sur la partie supérieure de l'écaille occipitale s'atténue considérablement et peut même disparaître complètement. Enfin la base, au lieu d’être aplätie, est quelque peu renflée. Mais la face conserve les caractères du Guanche : elle est basse, large en haut, étroite en bas, aussi bien chez l’homme que chez la | femme, plus encore chez cette dernière. Le nez est leptorhinien ou mésorhinien. Les orbites nous donnent chez l’homme un indice mésosème, fréquemment microsème. Le maxillaire supérieur offre un prognathisme alvéolo-sous- nasal très accusé. Enfin les dents sont plus ou moins usées. Pouvons-nous conclure des faits exposés que le Guanche a pris une part importante à la formation de cette population mixte? Nous n’hésitons pas à répondre affirmativement. À côté du type prédominant dont nous venons de résumer les caractères, nous trouvons un nombre important de vrais Guanches parmi les hommes, et ce type se rencontre aussi chez la femme. Nous avons montré que, avec les crânes mésaticéphales, il s’en h1e ES LE AE Eee —" = trouvait un chiffre respectable (34,62 p. 100) qui présentaient l'indice de Cro-Magnon. Il existait à la Gomère des Guanchesique nous pourrions qualifier de purs. Pour s'en convaincre, il suffit presque de jeter un coup d'œil sur quelques pièces de notre col- lection. Citons, par exemple, le crane masculin de Tejeriguete qui porte dans les collections du Muséum le n° 6301. Avec sa capa- cité crânienne de 1535 centimètres cubes, son indice céphalique de 74,86, ses indices faciaux (orbitaire 77,50; nasal Bo; fa- cial 64,18), sa largeur maxillaire minima de 62 millimètres, son prognathisme avéolaire, etc., il est impossible de l'isoler ‘du type guanche ou de Cro-Magnon. Il n’est donc pas douteux que le Guanche ait vécu à la Gomère, et il a laissé de nombreuses traces de son type sur presque toules les têtes que nous avons étudiées. Un fait digne de remarque, c’est que, sur les individus métissés, les caractères de la race de Cro- Magnon, au lieu de se confondre avec ceux de l’autre type, se sont souvent juxtaposés à ceux-ci. Sur la même tête (Valle Gran Rey, n° 6324), un orbite nous donne un indice de 91,89 et l’autre de 77,50. Très fréquemment, surtout chez les femmes, la région postérieure du crâne ne ressemble en rien à cette partie du crâne guanche; mais la région antérieure et la face sont guanches. Quel est le type qui est venu s’allier au Guanche pour former le type mixte de la Gomère? Nous n'avons guère été plus heureux pour déterminer ce ma que lorsqu'il s’est agi des brachycéphales de Ténériffe. Selon toute apparence, ce sont les mêmes gens qui sont venus dans les deux îles, plus nombreux toutefois à la Gomère. La taille s’est abaissée d'une façon bien remarquable; le crâne s’est sensiblement rac- courci. ; Outre ces deux caractères (petite taille et brachycéphalie) que présentait l'élément non guanche de la Gomère, s’il m'est permis de m'exprimer ainsi, nous devons lui attribuer une face et des orbites élevés et un nez un peu large. C’est là tout ce que nous pouvons dire avec certitude. Nous concluons que : ° A la Gomère a vécu le Guanche, avec tous les caractères que nous lui avons reconnus à Ténériffe; 2° Il est venu également dans cette île un type de petite taille, — 645 — brachycéphale, à x et à orbites élevés, et mésorhinien ou platy- rhinien ; 3° Les deux races, en s’alliant, ont donné naïssance à ün type mixte qui présente, surtout dans la face antérieure du crâne, presque tous les traits de Cro-Magnon. Le crâne postérieur s’est raccourci de a si on le compare au Guanche; jo À en juger par l’abaissement de la taille et l'élévation de pène céphalique, les gens quise sont mélangés au Guanche dans l'île de la Gomère sont arrivés en nombre assez grand. $ 3. —— LES MEMBRES. En général, les os des membres présentent chez les gens de la Gomère, même lorsqu'ils proviennent d'individus de petite taille, des émpreintes musculaires bien marquées et leur grosseur dénote une force que l’on ne supposerait pas si l’on ne tenait compte que de la taille. Cette observation vient confirmer le dire de Abreu Gälindo , qui raconte que, malgré leur taille peu élevée, les gens de 14 Gomère étaient « forts, agiles et courageux ». L’humérus n'offre guère de particularités à signaler. Nous avons rencontré à la Gomère la perforation de la cavité olécranienne, mais dans des proportions beaucoup plus faibles qu'à Ténériffe. Nous l'avons constatée 11 fois p. 100, en prenant en masse les hu- mérus de toute l’île; la proportion la plus forte (14 p. 100) nous a été fournie par les humérus d’Agulo. Des os de l’avant-bras et du membre inférieur nous ne dirons rien, sice n'est que nous avons rencontré certains fémurs (environ 10 p. 100) avec la ligne âpre très saillante, la diaphyse aplatie en haut et la face extérieure déviée en dehors dans son tiers su- périeur. Quelques tibias nous ont aussi présenté une platycnémie bien accentuée. Le rapport du radius à l’humérus est en moyenne de 76,8, c "est-à- dire que, à ce point de vue, les gens de la Gomère, comme ceux de Ténériffe, se rapprochent des Nègres. À Agulo nous avons rencontré exactement le rapport trouvé par M. Hamy sur les squelettes nègres qu'il a mesurés (78,1). À Valle Hermoso, au con- traire, le rapport de l'avant-bras au bras est à peu près le même que dans les races blanches actuelles (73,2). Le rapport de la jambe à la cuisse nous conduit à un résultat — 646 — tout différent : il est en moyenne de 76,6, c’est-à-dire inférieur même au rapport que présentent chez le Blanc les deux segments du membre inférieur (79,72, d’après Topinard). C’est encore à Agulo que nous avons trouvé le chiffre maximum, qui ne s’élève pas cependant à plus de 70. Si nous comparons enfin le membre supérieur au membre in- férieur, nous trouvons un rapport de 67,7. Par ce caractère les gens de la Gomère seraient placés au-dessous des Nègres, et ceux d’Agulo, qui continuent à nous donner le rapport le plus élevé, atteindraient exactement le chiffre de la moyenne des races nè- gres (68,2). Que conclure de ce procédé? C’est que ces rapports ont peu de valeur. Nous voyons les mêmes individus voisins des Nègres ou bien placés au-dessous d'eux, si nous considérons le rapport du radius à l’humérus ou du membre supérieur au membre inférieur, tandis qu’ils viennent avant la moyenne des Européens actuels, si l'on tient compte du rapport du tibia au fémur. La seule conclusion que nous pourrions tirer de l'examen des os des membres, c'est que le type de petite taille que nous avons signalé à la Gomère devait être cependant robuste. CHAPITRE III. LES ANCIENS HABITANTS DE LA GRANDE CANARIE, $ 1. LA TAILLE. Cedeño, l'un des compagnons du général Juan Rejon, et par conséquent un des rares historiens qui aient vu les anciens habi- tants de la Grande Canarie, leur attribue une belle taille, au-des- sus de la moyenne Ü). Abreu Galindo, le P. Sosa, etc., sont, sur ce point, en complet accord avec Cedeño. Il existait, en effet, dans cette île bon nombre d'individus dont la taille dépassait sensiblement la moyenne; mais, à côté d'eux, il s'en trouvait d’autres qui étaient bien loin de présenter cette belle stature dont parlent les auteurs que nous venons de citer. Dans la partie la plus septentrionale de l'île, à la Isleta, se trouvent les restes d’une population qui différait, comme nous () Breve resümen é historia muy verdadera de la conquista de Ganaria, escrita por Antonio de Cedeño. — 647 — l'avons montré dans plusieurs mémoires, de celle qui vivait dans le sud-est, à Aguimes, à Santa Lucia, etc. Les individus de la Isleta étaient, en général, de haute taille) : la! moyenne atteint 1°,72, et plusieurs hommes ne présentaient pas moins de 1"”,83 de hauteur. Mais, au milieu de ces hommes d’une taille aussi remarquable, nous en avons rencontré qui ne dépassaient pas 1°,58. Lertableau suivant montre comment se dés Ph au point de vue de: la taille, les hommes de la Isleta : CHANT UNIES en a en 58,90 Resa me RO E au-dessus de la moyenne. 17,60 Ds} * ! (au-dessous de la moyenne: 17,60 de petite tailles" cth 20h ps 5,90 MOnAr CEE CCC 100,00 … Nous devons ajouter qu'un nombre considérable d'individus (47 p: roo) nous ont présenté une taille supérieure à 1”,75. | Quant aux femmes, leur taille moyenne est d'environ 1,63. Dans le sud-est de l’île, à Aguimes, à Santa Lucia, à San Bar- tolome, la moyenne de la taille est encore élevée, mais la propor- tion des individus de haute taïlle est beaucoup plus faible. Voici les résultats auxquels nous a conduit l'étude d’un grand nombre d'os longs ) : LOCALITÉS. TAILLE. HOMMES: | FEMMES. TOUS. mètres. mètres. mètres. Moyenne ........ 1,67 1,50 1,60 1 ° 1,81 1,60 1,81 moins de moins de San Bartolome.. .… |. Minima. ........ 1,45 1,45 Q) J'ai dit, dans une communication à la Société d'anthropologie de Paris (séance du 3 novembre 1881), que les individus qui vivaient à la Isleta étaient des gens de taïlle moyenne. J'ajoutais : «Malheureusement ces chiffres ne peu- venti pas étre considérés comme définitifs, attendu: qu'ils reposent sur un trop petit nombre d’observations.» Les matériaux dont jai pu disposer, depuis scette époque, me permettent de rectifier aujourd'hui ces premiers résultats. @) Nous avons mesuré, pour calculer les tailles qui figurent dans ce tableau, 658 os longs; 393 avaient sûrement appartenu à des hommes et 265 à des femmes. Nous avons laissé de coté les’ os dont le sexe'était douteux. — 648 — Comme on le voit par ce tableau, il existe entre les deux sexes une différence considérable : la taille moyenne des hommes (1",67) dépasse de 17 centimètres la taille moyenne des femmes (1",50). La différence est encore plus grande si nous considérons la taille Maxima: Les chiffres ci-dessus nous montrent une population très mé- langée. À côté d'hommes de 1",81 vivaient des individus dont la taille n’excédait pas 1,52. Les femmes nous présentent un fait tout à fait analogue : les unes n’atteignaient pas 1”,45, tandis que les autres, encore de petite taille, arrivaient à 1°,60. Il nous faut donc maintenant rechercher la proportion d'individus qui ren- trent dans chacun des groupes que nous avons admis jusqu'ici. Voici les chiffres que nous obtenons : TAILLES. HOMMES. Hautes tailles au-dessus de 17,75 de 1#,75@.27,7oltl at se au-dessus de Ja moyenne {de Tailles TLC An D au-dessous de la moyenne (de 1°”,65 à 1°,60) 5 . de 1°,60 à 1°,55 3,00 Petites.tailles 4.de.1°,55.à.217,50urerrersns 62,00 au-dessous de 1°,50 35,00 ToTaux :, 5555: 100,00 100,00 Le mélange que nous venons de signaler ressort ici d’une façon bien nette. Le plus souvent, les hommes présentaient une taille qui variait de 1°,65 à 1°,70; mais nous en trouvons un nombre important (21,05 p. 100) dont la taille descendait au-dessous de la moyenne; quelques-uns même (8,20 p. 100) étaient de petite taille. A la Isleta, nous avions rencontré un chiffre notable d'hommes de haute taille (58,9 p. 100); dans le sud-est, nous ne trouvons plus qu’une proportion de 28,65. Si nous considérons les tailles les plus élevées (au-dessus de 1",75), la différence entre les deux régions s’accuse encore davantage : à la Isleta, 47 p. 100 des — 649 — hommes dépasssaient 1”,75, tandis que dans le sud-est cette pro- portion tombe à 10,58 p.100. Dans ce qui précède, nous avons pris en masse tous les hommes d'Aguimes, de Santa Lucia et de San Bartolome. Au milieu de cette population mélée on rencontre cependant un type qui mé- rite une petite description à part. Le fémur, par exemple, pré- sente une notable incurvation à concavité postérieure et la ligne âpre forme une véritable colonne de renforcement. En même temps cet os s’aplatit d'avant en arrière dans son tiers supérieur ; la face antérieure semble se bifurquer en haut et offre au-dessous dés trochanters un vaste méplat qui regarde en dehors. Tous ces caractères rattachent donc incontestablement les individus dont nous parlons au type guanche ou de Cro-Magnon. Les Guanches à peu près purs se rencontrent assez fréquem- ment dans le sud-est de la Grande Canarie; ils formaient plus du sixième de la population totale de cette région (16,p.100). Or, en groupant | les individus qui appartiennent sûrement à ce type; nous trouvons les chiffres suivants +717 MOYENNE Eee re 1:70 Me FPS Htantia .-.:-...e sors ae CE OU minima, 4... PAP MERE CR MIENNES Ces hommes étaient donc généralement plus grands que ceux qui vivaient à côté d'eux. Près de la moitié (46 p. 100) dépas- saient 1°,70 jet le quart (25 p. 100) offraient une taille supérieure a 5. ve En résumé, à Aguimes, à Santa Lucia, à San Bartolome vivait une population mixte, comprenant des hommes d’une taille gé- néralement au-dessus de la moyenne et des femmes'de petite taille. Au milieu de cette population se rencontraient des hommes de grande taille qui appartenaient à la race guanche. C'est à l'in- tervention de cet élément qu'il faut, selon toute apparence, at- tribuer l'élévation de la taille moyenne. L'autre type devait pré-. senter une taille moyenne. ou un peu au-dessous de la moyenne, les hommes de petite taille ne se rencontrant, pour ainsi ss qu'à l’état d’exceptions ©). (), Nous ne tenons pas compte d’un individu dont le fémur, un peu brisé en bas, donne, comme longueur, plus de 500 millimètres. ® Nous ne parlerons ni du teint, ni des yeux, ni des cheveux des anciens ha- — 650 — $ 2. — LA TÊTE. Le peu que nous venons de dire de la taille montre que la po: pulation de la Grande-Canarie était des plus mélangées. A côté de femmes de moins de 1",45, à côté d'hommes de 1",52, on ren- contrait des individus de plus de 1",81. Entre ces extrêmes ve- naient se placer des individus de toutes les tailles. Mais le mélange semble encore plus inextricable lorsque l'on étudie la tête. Nous avons mesuré un nombre considérable de crânes, récoltés sur tous les points de l'ile, et, malgré tout, nous devons reconnaître que les matériaux dont nous avons disposé sont encore insuffisants. Nous espérons, d'ici à peu, pouvoir réunir de nouveaux documents (1), Les 165 crânes que nous avons étudiés ont été recueillis dans les localités et dans les conditions suivantes : 1° À la Isleta (le point le plus septentrional de l'ile), sous des tumulus en pierre () ; 2° À San Lorenzo (nord-est), dans de vastes grottes creusées de main d'homme, au milieu de dépôts argileux ou calcaires ; 3° A Tafra (nord-est), dans une grotte sépulcrale naturelle; 4° À Doramas (nord), à une certaine distance de la côte, dans une grolte naturelle, située au pied de la montagne sacrée; 5° À Agaete (nord-ouest), sous des tumulus en pierre; 6° Dans le ravin de Guayadeque, commune d’Aguimes (sud- est), dans des grottes sépulcrales naturelles, fermées par un mur en pierres sèches, élevé de main d'homme ; bitants de la Grande Canarie. Nos renseignements se bornent à peu de chose : quelques auteurs nous disent que ces insulaires étaient blancs; le P. Sosa, au contraire, affirme que beaucoup étaient brums. U) Depuis que ces lignes ont'été écrites, nous avons eu la bonne fortune de découvrir un certain nombre de pièces qui contribueront certainement à élucider la question. ® Nous continuons à appeler tumulus les monticules de scories et de roches volcaniques qui, dans plusieurs localités, recouvrent les anciennes, sépultures. Bien que le mot soit impropre, il est tellement entré dans le langage courant que nous n'avons pas cru devoir le changer. RS Sn 2 D — 651 — 7° À Santa Lucia (sud), dans des grottes semblables aux pré- cédentes ; 8° À San Bartolome de Tirajana (sud), dans les mêmes condi- tions qu'à Aguimes et à Santa Lucia; 9° Enfin à Arteara, près de la pointe méridionale, sous des tu: mulus en pierre. Nous allons brièvement décrire ces différentes pièces osseuses, en nous bornant aux principaux caractères. T. — Hommes. A. — Crâne. Le crâne, considéré isolément, présente à la Grande Canarié toutes les formes, depuis la dolichocéphalie la plus franche (in: dice céphalique minimum 70,77), jusqu’à la sous-brachycéphalie (indice maximum 83,24), ou même jusqu’à la vraie brachycé- phalie, si nous admettons les chiffres donnés par notre confrère et ami le docteur Chil. Dans presque toutes les localités, les formes les plus diverses se rencontrent à côté les unes des autres. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil sur les deux tableaux suivants. Le premier renferme les principales mesures des crânes trouvés sous des tumulus (Isleta, Agaete, Arteara), ou dans les grottes artifi- cielles de San Lorenzo. Le second comprend les mêmes mesures prises sur les crânes extraits de grottes sépulcrales naturelles. Tous ces crânes présentent, en moyenne, une belle capacité cràs nienne. À la Isleta, à Arteara, à Santa Lucia, la capacité minima ne descend pas au-dessous de 1460 centimètres cubes. Sur 53 crânes masculins de Guayadeque, 8 seulement, c’est-à-dire 15 p.100, nat: teignent pas 1400 centimètres cubes. Dans cette localité, nous avons rencontré deux crânes qui nous ont donné une’ capacité très faible. L'un d’eux ne cube que 1295 centimètres cubes; et l'autre 1255 centimètres cubes seulement. | À San Bartolome, 14 p. 100 environ des crânes donnent une capacité inférieure à 1400 centimètres cubes; c'est, on le voit, à peu près la même proportion qu'à Guayadeque: Les deux loca- lités sont d’ailleurs voisines et les populations mixtes qui vivaient dans ces deux sites présentaient de grandes ressemblances. — 652 — HOMMES. ISLETA. MOYENNE. MAXIMUM, cent, c. cent. €. Capacité crânienne approchée. : SE TEE 1568 1665 millim. millim. millim. Projection antérieure. 97 100 94 Projection postérieure 110 106 antéro-postérieur maximum: + . .... 195 179 transverse maximum . Ji 5 199 frontal maximum... . : .. : 112 Diamètre frontal minimum occipital maximum......... vertical basilo-bregmatique.. . . horizontale totale, .......... horizontale préauriculaire.…. .. . transverse totale. . . :.. transverse sus-auriculaire. . .. Courbe frontale cérébrale... ... frontale totale... ...... l'pariétale. . /.. occipitale. . .. Ligne naso-basilaire ., .: .. Angle pariétal,:2.#1 10412. Angle occipital basilaire Long. — 100. Largeur .,... Indice Long.= 100. Hauteur... ...: Larg. = 100! Hauteur — 653 — Ë URES DU, CRÂNE. [ULUS. GROTTES ARTIFICIELLES. Doom) an SAN LORENZO. br » , 1745 , y : Din. || millim. millim. millim, millim. millim. millim. apz || -ao8 |. 93 a 99 109 94 100 0407 La297 ï 100 104 97 188 195 181 191 191: 196 179 141 148 137 146 .143 148 f 137 117 121 106 122 124 129 120 102 109 7 97 110 109 97 111 118 105 114 108 125 100 130 135 128 143 146 104 140 528 535 516 535 536 547 508 243 256 239 23D 250 269 246 439 | 445 423 456 A62 473 443 304 311 290 320 319 332 303 105 110 98 107 109 119 104 126 192 121 130 196 143 129 125 135 119 127 130 142 120 119 124 106 128 119 135 109 104 112 98 109 108 114 102 Bo ao || 4e 9. |. rt lbissqiont 20° 26° 13° u 31 34° 30° 75:00 | 79:96 72:10 76,44 74,87 80,45 70,26 69:15 | o7a82 67,37 74,87 76,414 80,45 71:79 92,20 96,43 87:16 98,63 102,10 106,2 100,00 Capacité crânienne approchée.,. Projection antérieure. ......2...141. ........ Projection postérieure. ......,u.44........ ihantéro-postérieur.maximumt1,, transverse maximum. 21100, 0. frontal maximum... 2)... SAT DUT SI Diamètre STI TG frontal minimum... ....:4.. occipital maximum..,....,,... Yerticalbbasilob'egmatiques. horizontale totale... PE OUS |t horizontale préauriculaire. +... transvefe totale. ! ! ]Mtrans\erse sus-auriculaire. frontale cérébrale... ifrontale totale». ? …, lpariétäle, 2214411100) Ci 9ths À occipliale..,.,,-....-. UOu ,951H1600! 51} ;Ligne-maso-basilaire.. +. ” + Angle pariétal 1: ital basilaire. . D 51 ( Long. — Angle occip NTPRITO) LE] 17H23 1.4 100. Largeur... -dndiceb, Largi 2 1064! Hauteur 44.2 241 (EMTLT TRE 1 LSTTT ER $ Helt Long: 400. Hauteur .… doitsadéat * FROTTES ARTIFI AGAËRTE: MOYENNE, MAXIMUM. AUNIMUNM | contale. “conte cenl. c: cent. c. 1568.) 1665 millim. millim, ,millim. millim, 97 -108 . 9 108 407 1188 199 145 148 NN 121 109 118 2195 535 a CIELLES, } ip. TS) miilinte } moitagfel | l DL UP : 1235, M4snd|s _d° D ONU | 10210 1110106,220! L TAFIRA. DORAMA Capacité cränienne approchée Projection antérieure | Projection postérieure antéro-postérieur maximum transverse maximum frontal maximum Diamètre frontal minimum occipital maximum vertical basilo-bregmatique horizontale totale horizontale préauriculaire.. . .... transverse totale transverse sus-auriculaire Courbe frontale cérébrale frontale totale pariétale occipitale Ligne naso-basilaire Angle pariétal Angle occipital Long. = 100. Largeur Indice Long. = 100. Hauteur Larg. — 100. Hauteur | — 655 — URES DU CRÂNE. GROTTES SÉPULCRALES NATURELLES. GUAYADEQUE, SANTA LUCIA. SAN BARTOLOME. À — | MOYENNE. | MAXIMUM. MINIMUM, MOYENNE. MAXIMUM. MINIMUM. YENNE, MAXIMUM. MINIMUM, 513 1790 125 | 1568 1685 | 1500 | 1560 1670 1395 illim. millim. millim. | millim, milim. ‘millim. millim. millim. millim. 97 105 | 88 r ï u ü u u 97 106 _ 84 " u n u ” u 186 200 160 194 202 184 189 194 181 L A1 151 129 144 149 141 143 145 139 26 136 108 121 12/ 117 121 132 115 98 110 88 100 109 94 100 109 97 L10 124 100 u ü ü ou à ñ L34 150 12/4 130 136 198 | 134 139 126 23 555 h73 | 537 550 516 | 530 543 512 2 4 4 271 227 “ u ü n 0 ü 136 165 k13 ” u 0 u u 30/4 333 285 0 " ñ u u % 106 194 96 u n u ñ “ t 130 | 148 120 0 u u ñ u ü 130 149 118 0 % q ï ÿ 113 128 08 n u ù À ü ü 102 112 93 u u u u u , br | as | +5 | 27° 43° 20° " 1 u u u A 5,81 82,25 | 70,77 | 74,09 76,63 74,61 05.64 78,495 | 7371 2,04 | 76,92 67,91 |: 67,01 79,01 63,37 | 70,89 72,16 | 68,75 5,04 | 107,91 | 86.67 | 90,57 | 96,45 | 86,18 | 93,70 | 97,20 | 91,03 À # TR ni é — 654 — d HESURES DU,GRÂNE. GROTTES SÉPULGRALES NATDURELLES. | GUAYADEQUE, SANTA LUGIA, : — : TT MASON | MINDIOM, LOT, À sitio. | rues Dhovexxe. | vaxnruu, TT { cent. c cent. c. cont, c. 1 cent..e, cent, c, cent. e, ,], cont,o. cout, c, PRE TASER PAR É 1790 | 1255 | 1568 | 1635 |" 1800 | Et | 1670 | 1395 à D | min Lili, À 'miflin, | min, | ie a “millim, | millim, ST td | || 105 | 01si] Q8 eg 88 CU A EP TUUT! Son O ot A TRoD eo Den. Due à jf: F 108 OS CES AO 0 OO ee 10 * 14 200 PE na etes OU ES 1 | 151 169 129: "108 88 anses caR ete DUREE l'E 130 Diamètre | OOCEOUE CEE SES DE OL SE C0 | èg (ll 110 100 124 473 PA er ET) | 1227 (32 OA ER Ne Rap ae) | 465 | 333 io seen RE EN COCA j té M 124 vertical\basilo-bregmatique . #4... RAS à horizontale totale. ....:....,.....!.., 10. | 555. 285 transverse sus-auriculaire, . . ,.... : frontale cérébrale: :.....,..,. ; COCA ES frontale totale na ale etat ete halo etes lala = nie see suruss pariétale.. !...:12......, EE PS Se LL 80: À occipiiale. de 1ifAt.. At. 20 MIRE CPE | | Ligne maso-basilaire | Angle/pariétal Long. = 100. Largeur... .................. Indice Long:= 100. Hauteur... ...1.2...... 4 Larg: = 100. Hauteur. — 656 — À côté de ces chiffres minimum, nous devons placer les chiffres les plus élevés. À la Isleta, 66 p. 100 des crânes présentent une capacité supérieure à 1550 centimètres cubes. Le seul crâne d'Ar- teara que nous ayons mesuré cube 1745 centimètres cubes. Parmi ceux de Guayadeque.-4o-p:100.donnent-plus de 1500-cen-.. timètres cubes; près des trois quarts de ces cranes volumineux dépassent même 1550 centimètres cubes. Le maximum atteint, | , dans cette localité, 1790 centimètres cubes. À Santa Lucia, tous. — les cranes nous ont donné une capacité supérieure à 1500 centi- mètres cubes et la moitié a dépassé 1550 centimètres cubes. Enfin, 80 p. 100 des crânes de San Bartolome cubent plus de 1500 centimètres, et les trois quarts dépassent 1550 centimètres. ! En un mot, quelle que soit leur provenance, les crânes de la Grande Canarie offrent une capacité qui, en moyenne, ne des- cend pas au-dessous de 1513 centimètres. Quelques crânes de | Guayadeque donnent une capacité très faible, mais la majorité de nos pièces nous ont présenté une capacité supérieure à 1500 cen- timètres cubes. | L'indice céphalique horizontal varie, comme nous l'avons dit | plus haut, dans des limites très étendues ; nous les avons déjà in- diquées. Il nous suflira d'ajouter que la grande majorité des crânes de la Grande Canarie sont ou dolichocéphales, ou sous-dolicho- céphales. Ce n’est qu'à San Lorenzo et à Guayadeque que nous avons rencontré quelques sous-brachycéphales. Partout ailleurs Vindice ne dépasse pas les limites de la mésaticéphalie. ! Voici de quelle façon se répartissent, au point de vue de l'in- dice céphalique, les crânes que nous avons étudiés : ISLETA AGAETE. SAN LORENZO Dolichocéphales. . ... 37,90 Sous-dolichocéphales.| » 22,22 | 37,50 | 35,29 | 75,00 | 42,86 Mésaticéphales. . . ... 62,50 | 22,22 ” 17,65 ” 14,28 Sous-brachycéphales. . 0 —_———— | ————_— | ————— | ———— | ——— | ——— TOTAL 9 52 Le 100,00 | 100,00 | 100,00 | 100,00 | 100,00 | 100,00 — 057 — Nous n'avons pas fait figurer dans ce tableau les lotalités dont nous ne possédons qu'un crâne. La Isleta est le seul endroit où nous ayons rencontré plus de mésaticéphales que d'individus à crâne allongé. Les indices verticaux vont nous fournir quelques données inté- ressantes.| Considérés en masse, les érânes de toute l'île: donnent destindices verticaux moyens; toutefois 29,87 p. 100 sont méga- sèmes et 23,38 1p.100 microsèmes; enfin 20,78 p.100:sont hypsisté- nocphals, c'est-à-dire que l'indice transverso-vertical dépasse 100. Nous résumons ci-déssous les résultats auxquelsnous a bonduaf l'étude de l'indice transverso-vertical : INDICE TRANSVERSO-VERTICAL, MÉGASÈMES. LOCALITÉS. MICROSÈMES. | MÉSOSÈMES. | Ou AUr-.,! 100 DESSOUS ET, AU- TOTAUX, DE 100. DESSUS: P: 100. P: 100. P: 100. &o;00 0,00!|A0;00 0,00 0,00 0,00 0,00 | 100,00 | 100,00 || Guayadeque ; F ; 10,20 |: 16,32 |:26,52 À Santa Lucia 7, ù 0,00 0,00 0,00 |} . San Bartolome À 0,00 0,00 0,00 Tous ..:... , 9,09| 20,78 |:129,87 Il ressort de ce tableau que les crânes microsèmes , au point de vue de l'indice transverso-vertical, sont en majorité à Santa Lucia; à Agaete üls forment la moitié du chiffre total. Les mésosèmes se rencontrent surtout à San Bartolome, à Guayadeque, à Agaete (50 p. 100), et enfin à la Isleta {4o p.100). Les crânes de San Lorenzo nous ont tous donné un grand in- dice transverso-vertical: fous sont hypsisténocéphales. A: la Isleta, Ao p. 100 des têtes osseuses présentent un grand indice vertical, qui, toutefois, reste au-dessous de 100. Si, à San Lorenzo, tous les crânes nous ont fourni un grand indice transverso-vertical, en revanche nous n’avons trouvé aucun individu mégasème à Agaele, à Santa Lucia, ni à San Bartolome. MISS. SCIENT. —-— XIII. ho AMPRIMEIIE NATIONALE, — 658 — Nous allons passer rapidement en revue les autres caractères craniens. | La courbe antéro-postérieure est bien développée et atteint des dimensions aussi considérables qu'a Ténériffe, sauf sur des crânes des tumulus d’Agaete et sur celui de la montagne de Doramas. À la Isleta, c'est surtout la région frontale qui est bien développée d'avant en arrière. À Agaete le frontal, le pariétal et l’occipital sont légèrement plus courts que surlamoyennedes cränes guanches. Les crânes de San Lorenzo présentent un très beau développe- ment du frontal dans tous les sens; le minimum de la courbe fron- tale égale la moyenne que nous ont fournie tous les crânes de Ténériffe pris ensemble. En même temps, les pariétaux nous ont donné une longueur médiane de 130 millimètres. Les crânes de Guayadeque diffèrent surtout des crànes guanches par le raccourt cissement de la région occipitale, tandis que celui de Doramas, peu développé dans le sens antéro-postérieur en avant et dans sa région pariétale, offre, au contraire, un occipital d’une longueur notable. Ajoutons enfin que dans toutes les localités, mais surtout à la Isleta, à San Lorenzo et à Guayadeque, nous avons rencontré un certain nombre de cranes présentant le méplat pariéto-occipital, le renflement iniaque et l'aplatissement de la base que nous avons signalés chez les Guanches (voir pl. Il, fig. 3 et 4, et pl. I, fig. 3 et 4). La majeure partie des cranes de la Grande Canarie n'offrent pas, toutefois, ces particularités, et la courbe antéro: postérieure est beaucoup plus régulière (pl. IIL, fig. 1 et 2). La courbe transverse totale est tantôt plus pelite, tantôt plus grande que sur les crânes de Ténérifle. Elle est, en moyenne, plus petite à Agaete et à Guayadeque, tandis qu’elle atteint de grandes dimensions sur les têtes de la Isleta, de Arteara et sur- tout de San Lorenzo. Sur ces dernières, elle ne descend jamais aussi bas que sur la moyenne des crânes de Ténériffe. Il était fa- cile de prévoir ce résultat, après ce que nous avons dit du grand développement vertical des crânes de cette localité. Le front est presque toujours large (excepté sur le crane de Doramas, qui nous a déjà présenté une faible courbe frontale); mais la région occipitale est relativement étroite, sauf sur quel- ques crànes isolés. Nous aurions peu de chose à dire des courbes horizontales, totales — 659 — et préauriculaires ; il nous faudrait à peu près répéter, à ce sujet, ce que.nous.avons.dit.des crânes de Ténériffe. Nous ne pouvons cependant passer sous silence le beau développement du crâne antérieur chez les hommes de San Lorenzo. En résumé, en ne tenant compte que du crâne seul, nous arri: vVons.aux conclusions suivantes : À, la Isleta, nous trouvons des crânes très volumineux mésati- céphales (62,5 p: 100) ou dolichocéphales (37,5 p. 100); la ma; jme partie présentent un indice vertical Fe oumoÿen ; le cin: quième seulement sont surbaissés, Ces crânes offrent un beau développement, 2 aussi bien dans le sens antéro-postérieur que transversalement. Le front, RE présente des proportions remarquables. . Quelques- unes de ces. têtes DOUÉ ont pue cs a past aa Las chez les Guanches. 52 Les crânes dés tumulus d'Agaëte n’ont pas pu étre cubés. Nous pouvons cependant affirmer, d’après leurs diamètres et leurs courbes, qu'ils sont moins volumineux que les précédents. La courbe antéro-postérieure est petite, aussi bien que la courbe transverse. Tous les diamètres sont faibles, mais c’est surtout le diamètre transverse et le vertical qui s’äbaïissént notablement. Il en résulte que le crâne devient en général franchement dolicho- céphale et surbaissé. On trouve cependant dans ces tumulus des têtes sous-dolichocéphales et même RDS mais elles sont en minorité. Le front ne participe pas au rétrécissement du réste du crâne. À, San Lorenzo, où la population est quelque-peu mélée, l'on ne tient compte que de l'indice céphalique. La moitié des crânes sont dolichocéphales; les autres sont ou sous-dolichocéphales (37.5 P- 100) où sous- brachycéphales (12,5 p. 100). Mais, par les autres caractères, ces crânes présentent une assez grande homogé- néité : leur élévation est considérable, tous sont nd Beau développement de toute la voûte, mais principalement du front, qui acquiert, dans cette série, les proportions les plus remar: quables. La courbe horizontale préauriculaire atteint en moyenne 250, millimètres. Quelques. têtes présentent le méplat pariéto- occipital, le renflement iniaque et l’aplatissement de la base dont nous avons parlé. A2. . ISLETA. MOYENNE, MAXIMUM. millim. uillim. biorbitaire externe 113 ! interorbitaire 28 Diamètre bizygomatique maximum S 139 bimaxillaire minimum Largeur de l'orbite Hauteur de l'orbite Larseur maximum du nez Longueur maximum du nez | sous-cérébrale du front de l'intermaxillaire Hauteur totale de la face de la pommette orbito-alvéolaire || Longueur de la voûte palatine Largeur de la voûte palatine Distance au trou occipital { Distance biangulaire | Maxillaire | Distance angulo-symphysaire || inférieur. | Hauteur branche montante 94,44 53,33 79,88 MINIMU millim 100 75,00 44,4 * 62,09 — 661 — DRES DE LA FACE. JLUS. GROTTES ARTIFICIELLES. ur SAN LORENZO. nillim, millim. millim. millim. millim. millim. millim. 107 119 10 109 110 119 103 20 20 21 25 25 28 20 132 137 120 140 137 143 124 65 67 6i 64 65 | 68. DA02 ho ha} | 38 4o 4o 44 38 D32 33 S 3h 32,5 35 qi" 26 27 27 23 26 28 23,5 54 59 52 56 51 56 48 23 25 20 24 25 28 21 21 22 20 23 21 25 17 » 94 98 89 100 97 10/4. 84 29 26 29 27 26 29 22 | 42 45 39 a k4 48 ho à # : f 54 53 61 50 42 43 42 39 4 44 37 48 u u 44 45 48 38 85 92 76 g4 95 97 90 | 85 89 82 93 87 90 82 ._ 49 51 47 b2 55 62 52 En 36 33 35 35 36 33 70° 74° 68 Ù 73° 78° 70° 7 : | à 65° 68° 63° Mol lT 8250 | J38n De 81,25 8h22 76,32 8,15 51,92 45,45 41,07 50,98 54,70 46,08 “5h 74,24 69,69 71,45 70,80 74,82 66,66 — 660 — GROTTES ARTIFICIELLES. | | AGAËTE. ARTEANA, SAN LORENZO. | RS MAXIMUM: MINIMUM. MOYENNE. MAXCHUM, MINIMUM | LION millim millims millime millime millim millim, biorbitaire externe, ..; +++: 108 HAL 118 10 109 110 115 103 interorbitaireu : #24 #1 44. l'L:03 8109) CR 25 larctidénid 20 Diamètre bizygomatique maximum. ....,...0 £ 33 139. 137 bimaxillaire minimum............ s 6 3 # 67 h2 33 Largeur de l'orbite .......:.. RER Pr eee P Hauteur de V'orbite : 4444.40. AA EX 00 325 phil PRE CIO CIC ICE e À ail 1 4 27 re se ! s de lintermaxillaire . :/2:4:47 400 da fi 20) ee totale de la face... ........... au Hauteur de la pommette: ...:.,4:..:-.l0 4. orbito-alyéolaires2.. 0.412010 01 L gap. Jets te [Longueur dela voûte palatine: : 1. 53 1 56 6o Largeur de la voûte palatine............... se 39 : A2 Distance autrou occipital.... 1... + DD LUE A MATE date ri Distance biangulaire 4: 01% TERRES 50. pie “or | bois l nt PER oi go + fr um8a) | Maxillaire | Distance angulo-symphysaire.. . : .,. BUT 92 : : il F Ù OEM ACT TR PRE US E inférieur. Hauteur branche montante, ..,..,. 59 62 40 | Pot AE | Hauteur symphyses:: +. sen | 200 35710 ein | et LEE JR 8. ; ; wo ‘Angle facial sous=nasal CEE CE EE EEE EE EEE s * es * PERTE FAN * "al æ ra Angle facial alvéolaire;..,.-,.,,,.,... gere | Te re F s È D: ire ce #0: Oro onbifare ee ee miens RP PS er 83,12 , Hndice nasal 5. hetasabaq. eh) saup L — TAFIRA® DORAN MOYENNE. millim. biorbitaire externe intérorbitaire Diametre bizygomatique maximum bimaxillaire minimum Largeur deT'orbite Hauteur de l'orbite Laygeur maompardu ter Paseo Re. dc Los Cr Re Longueur maximum du nezi#....:.../4.....l... 0 sous-cérébrale dif’ front de tintemnAiTe : - LP et ee ER à Hauteur totale de la face de la pommette OrDinealyeblaires. ce LE 2t 10 TRE RARE Longueur de la voûte palatine Largeur de la voûte palatine Distance au troù occipital Angle facial sous-nasal Angle facial alvéolaire orbilaire Indice nasal | facial — 665 — URES DE LA FACE. GROTTES SÉPULCRALES NATURELLES. A SANTA LUCIA. SAN BARTOLOME. GUAYADEQUE. —— ne. MAXIMUM. MINIMUM, MOYENNE. |, MAXIMUM: nom, MOYENNE. MAXIMUM. MINIMUM. able :95 119 141 105 109 113 104 2651 19 a re ï “ : , SA | 32 c{,12136 140,.,;|:,,191 134 139 126 46 | 59 . fer ; È RE ; [3 35 5? 39 35 da sites 5e 37 29 33 34 31 33 34 32 29 19 29 26 24 24 26 23 61 47 51 55 48 53 56 45 L ss pat 23 19 “ ” 0 ñ ï u 97 72 96 99 95 96 99 92 29 19 u » ñ u k ! 45 39 “ u u ; 61 46 s D 8 47 36 n ñ n ù | É 47 35 n n u n 5 ”u 78° 65° 7 78 75° 75° 76° 70° Tite 60° u 1 ï L u 4 GROTTES SÉPULGRALES NATURELLES. SE Bi 107 4h GUAYADEQUE. MAXIMUM.) MINIMUM, | MOYENNE. Pre Lairabuy |norenves | mate | ETITITR PR Eee ee mn LOT TETE ET EU me ecner ok biorbitaire externe . ... 1... DE Me OUEEX 106 1285 ht 1961 bo al Pr l 1 INbEDItaite. -VPF: - "IS RRRE SSP ESSSESSN 13 FSI LS RALETE ES PATTES Diamètre 9: | st 13 ti 3 j at > bizygomatique maximum. . . ...... PASS l Ft ol | bimaxillairé minimum. ! Largeur de'orbite. À Hauteur de l'orbite. seperspgeeschere ne Largeur maximum du nez..:..... EU Core Éd ; Longueur maximum du nest... .....22 ÉÉL 0e c sous cérébrale dAfrontt COPA Let, de'intermaxillaire .. .L.../ fe re RÉ Re , | | | 1h sé Hauteur { totale de 14 face. .....l..........l...t.... ‘! a | Te | et F= + ! de la pommette............ MTS UE Le LE: If ) Lr orbito-alvéblaire, . .. Dee RES État eee ï él 1h | AE | Longueur de layoïûte palatine, DOTE perche Largeur de Ia voûte palatine RTE bp. «| Re Doc Disfance at trou! Occipital.. RE... Sd rie k AREA ta utenile faut LR PAST Ha 2e lo EU bnp ugaihr ares Angle facial sous-nasals. . . ! FAR Énee ue Cbbe De Col : : 78° 13 FE : ; | L.on) ArVGret SIREN | BNC A Angle facial alvéolaire. …........,........ Ds ne fe iront" 8#nlé SET Fan | 8919 | 91,66 | 84,62 | 85,00 8718 qu kr Pr ES | TE 55,32 36,29 | 49,02 | 50,00 | 45,66 15,28 53,33 70:59 | 71820 + 68,84 ca 6e | — 664 — Mais, nous le répélons, c'est surtout par le grand développement du diamètre transverse et du cràne antérieur que se distinguent les têtes de San Lorenzo. La population de Guayadeque est la plus mélée de toutes celles de la Grande Canarie; cela tient peutêtre à ce que nous avons étudié un grand nombre de sujets de cette localité. Le crâne est en général volumineux; c’est un crâne de cette-lo- calité qui nous a donné la plus grande capacité, mais en revanche plusieurs autres ne cubent pas 1300 centimètres. Les uns sont allongés, les autres mésaticéphales, voire même sous-brachycé- phales. Il en est de surbaissés, tandis que quelques-uns présentent un indice transverso-vertical supérieur à 100 (16,32 p.100). En général, la courbe transverse est petite et l’occipital court. Quelques crânes offrent en arrière la dépression et le renflement dont nous avons tant de fois parlé. Les crânes de Santa Lucia sont volumineux, sous-dolichocéphales 75 p. 100) ou dolichocéphales (25 p. 100). La plupart sont surbaissés; 25 p. 100 seulement donnent un indice vertical moyen. Le front présente de belles proportions (pl. IT, fig. 1 et 2). À San Bartolome, le crane, presque toujours volumineux, est gé- néralement allongé; 20 p. 100 des têtes osseuses que nous avons étudiées sont cependant pelites, et 14,28 p. 100 rentrent dans le groupe des mésaticéphales. Le diamètre vertical est un peu faible, de même que les diamètres transverses, à part ceux de la région frontale. Enfin, des deux localités dont nous n'avons eu que des exem- plaires isolés, l'une, celle de Tafira, nous a fourni un crane court, large et bas; l'autre (Doramas), un crâne un peu court, ais très étroit et d’un développement vertical moyen. Ce qui précède confirme donc ce que nous disions en com- mençant l'étude de la tête : la population de la Grande Canarie élait des plus mêlées. Ce n’est qu'après avoir examiné les caractères faciaux que nous pourrons essayer de dégager quelques-uns des types qui ont contribué à la formation de cette population. B. — Face. La face reflète lés mélanges que nous venons d'indiquer. On trouve dans les tumulus, dans les grottes artificielles et dans les — 665 — grottes naturelles tous les types faciaux; les chiffres que nous donnons ci-dessus le démontrent éloquemment. : Considérons d’abord l'indice facial. Toutes les séries qui figurent sur nos deux tableaux nous donnent une moyenne mégasème. Nous voyons le maximum atteindre un chiffre très élevé (79,84). La face est donc, en général, haute et relativement étroite. « Gependant, au milieu de cétté population à face allongée, nous trouvons des individus à face basse et large; l'indice facial descend parfois à 59,02. - Nous re donc à la Grande Canarie des hommes Pré sentant tous les types faciaux depuis les-plus courts La 4 ’aux plus allongés. Si nous recherchons dans cette localité la proportion d'individus présentant une face basse, une face moyenne et une face haute, nous arrivons aux résultats suivants : INDICE FACIAL. AGATDIE, SAN LORENZO: GUAYADEQUE. BAXTOLOME,. SANTA LUCIA, 100,00 A 100,00 | 100,00 Les têtes de la Isleta sont en grande majorilé mégasèmes par la face; on rencontre cependant dans cette localité quelques hommes à face basse chez lesquels l'indice peut descendre à 63,09. Tous les hommes d’Agaete que nous avons mesurés présentent une face élevée. Les trois quarts des individus de San Lorenzo ont la face al- longée; l'autre quart a la face moyenne. Nous n’en avons trouvé aucun qui eüt la face basse et large. À Guayadeque; nous voyons encore la majorité des hommes posséder une face allongée; mais la proportion d'individus mé: gasèmes tombe à 59,10 p. 100. Plus du cinquième de nos sujets ne enr * Te AS NES OR k PAS NATH) M LENS — 666 — (20,45 p.100) ont la face basse et large, €t chez quelques-uns cette position s’accentue tellement que l'indice s’abaisse jusqu'à 59:02, c’est-à-dire qu'il tombe bien au-dessous de l'indice minimum de la race de Cro-Magnon. A Santa Lucia et à San Bartolome; nous n'avons rencontré que des individus mégasèmes où mésosèmes, les premiers en nombre infiniment plus considérable que les seconds; surtout à San Bartolome. Nos deux têtes isolées présentent, l’une (celle de Tafira) une face très basse (indice 60,87), l'autre (celle. de Doramas) une face très haute (indice 79,20). L'indice orbitaire va nous conduire à des résultats quine con: cordent guère avec ceux que nous avons tirés de l'indice facial. Cette face, généralement haute, présente très fréquemment des or- bites bas et larges. La largeur peutatteindré jusqu’à 44 millimètres, la hauteur descend plus d'une fois à 29 millimètres. L'indice orbi- taire minimum s'abaisse à 73,17. Mais, d'autres fois, la hauteur de l'orbite augmente de façon à égaler presque la largeur, et nous trouvons alors des indices de 92,00, de 94,44 et même de 97,30. Le tableau suivant donne, pour chaque localité, la proportion d'individus à orbites bas, moyens ou élevés : INDICE ORBITAIRE. \ZO. AGAETE SAN, LORENZ SANTA LUCIA. BARTOLOME 100,00 | 75,00 | 40,00 |: a,00 | 28,57 0,00,|.,25,00 | 36,00 | 50,00 | 71,43 0,00 0,00 | 24,00 | 50,00 0,00 Loraux 4 er 100,00 | 100,00 | 100,00 [100,00 | 100,00 Partout, sauf à Santa Lucia et à San Bartolome, la majorité des individus présentent des orbites bas et larges. Dans:ces deux localités, si voisines de Guayadeque, les résultats pourront changer d'ailleurs, lorsque l’on possédera un plus grand nombre de pièces, — 667 — Les têtes des tumulus d’Agaete nous ont toutes offert des or- bites bas et larges. * Enfin Hhbthae dé Tafra et celui de Débae ‘ont'tous les deux les orbites peu élevés. Si nous faisons pour l'indice nasal ce que nous venons de faire pour’ les indices facial et'orbitaire, nous obtenons les D AEE FE le tableau ci-dessous : INDICE (NASAL. BARTOLOME. ISLETA, : AGAETE. SAN LORENZO GUAYADEQUE. SANTA LUCIA Leptorhiniens.21: Mésorhiniens; Platyrhiniens! Totaux , 100,00 | 100 00 | 100,00 | 100,00 : mA Agaeteet à Santa Lucia nous avons trouvé des platyrhiniens ; dans toutes les autres localités il s’en rencontre un chiffre relati- vementifaible, qui atteint cependant . 56 p: 100 à la Isleta et 28,57 p- 100 à San Lorenzo. À la Isleta, à Agacte, à Guayadeque et à San Bartolome pré- dominent. des individus à nez étroit; x San Lorenzo et à Santa bucialce-sont les mésorhiniens qui sont en majorité. Dans toutes les localités on trouve un chiffre notable de mésorhiniens. : Nos deux crânes de Fafira et de Doramas sont leptorhiniens. Nous pourrions nous borner: à ‘ces grands caractères. Pour me pas compliquer une question déjà si embrouillée, nous nous con- tenterons d'ajouter quelques mots. Les têtes de San Lorenzo et surtout celles de la Isleta présentent une distance interorbitaire remarquable. Les premières offrent en même temps une grande hauteur sous-cérébrale du front. À très peu: d’exceptions) près, le maxillaire supérieur est étroit,chez les hommes dela; Grande Canarie et le bord alvéolaire se projette for- tementen avant! Quelques individus isolés (Agaete, Tagra, Guaya- deque) présentent même un certain prognathisme de toute la face. — 668 — En résumé, en ne tenaut compte que de la face, nous voyons les hommes de la 1sleta posséder, en général, une face haute, des orbites bas et un nez étroit; quelques-uns ont cependant la. face courte; près du tiers ont des orbites élevés et plus du quart 'ontde nez large. Les individus du tumulus d’Agaeté que nous avons pu étudier présentent une grande homogénéité : tous.offrent en même temps une face haute et des orbites bas. Leur nez est la plupart du temps étroit; le tiers sont mésorhiniens. À San Lorenzo, nous avons trouvé des têtes à face élevée (75 p. 100) ou moyenne (25 p. 100); les orbites, habituellement bas, sont parfois mésosèmes (25 p. 100). Le nez présente toutes les formes, mais l’on rencontre surtout des mésorhiniens. Enfin les yeux sont séparés par une distance notable, et la partie du frontal qui dépend de la face est relativement longue. A Guayadeque, nous trouvons tous les types faciaux, orbitaires et nasaux; mais ce sont les faces hautes, les orbites bas et les nez étroits qui prédominent. À Santa Lucia, ce sont les faces élevées, les orbites hauts où moyens, les nez moyens ou étroits qui se rencontrent généralement. Nous n'avons trouvé ni face basse, ni orbites peu élevés, ni mez large. À San Bartolome, la face est haute, rarement moyenne; des orbites sont mésosèmes, parfois microsèmes; le nez est générale- ment étroit. Enfin l'homme de Tafira a la face et les orbites bas, et le nez étroit; celui de Doramas, la face haute, les orbites bas, le nez étroit. Presque tous les individus présentent un maxillaire étroit et un prognathisme sous-nasal assez accusé. Avant de conclure, nous devons dire quelques mots des têtes féminines. IL. — FEMMES. A. — Crâne. Le nombre de têtes féminines de la Grande Canarie que nous avons étudiées jusqu’à ce jour s'élève à 64. Nous n'avons pu nous en procurer aucune de Doramas ni d'Arteara. De Tafira, nous possédons un crâne de femme trouvé dans l'endroit connu sous le MIT TUN — 669 — nom de Las Huesas. Au lieu de provenir d’une srotte sépulcrale, ce crâne a été extrait d’une sorte de grande fosse creusée dans le “sol et renfermant plusieurs cadavres. Toutes les autres têtes féminines ont été rencontrées dans les mêmes localités et dans lesmêmes conditions que celles d'hommes. _ Le crâne de la femme canarienne nous présente la même di- versité de formes que le crâne masculin. En général sa capacité est encore élevée. À Isleta, les quelques crânes féminins que nous avons pu cuber nous ont donné plus de 1500 centimètres cubes. Ceux de Santa Lucia et de San Bartolome cubent presque tous plus de 1400; centimètres. Enfin, à Guayadeque, nous avons trouvé, de même que pour les hommes, une capacité tantôt très élevée (1735*), tantôt très faible (1275°); la moyenne atteint 1473 centimètres cubes. Si nous considérons l'indice céphalique horizontal, nous voyons que de crâne féminin est, comme dans les autres îles, plus court que celui de l'homme. Nous n'avons pas cependant rencontré de brachycéphales. Les sous-brachycéphales sont encore rares; nous n’en avons rencontré qu'à Agaete, à Guayadeque et à San Lorenzo. Nous avions trouvé des hommes sous-brachycéphales dans ces deux dernières localités, mais la proportion de sous-brachycé- phales est plus grande chez les femmes. À San Lorenzo nous en avons rencontré 22,22 P. 100. Le tableau ci-dessous donne pour chaque localité la proportion de crânes féminins qui rentrent dans les dolichocéphales, les sous- dolichocéphales, les mésaticéphales ét les sous-brachycéphales : INDICE CÉPHALIQUE HORIZONTAL. AGAETE. SAN LORENZO: GUAYADEQUE: BARTOLOME. SANTA LUCIA. Dolichocéphales. . Sous-dolichocéphales . Mésaticéphales - Sous-brachycéphales. Toraux 100,00 | 100,00 | 160,00 ISLETA: MOYENNE. MAXIMUM; ST" cent. € cent, c. Capacité crânienne approchée. " 1539 1597 millim. 7 millim. Projection antérieure. . . ....... SRE 104 107 Projection postérieure = pt à 09 | antéro-postérieur maximum 189 transverse maximum 1406 frontal maximum... . Ù 126 Diamètre | frontal minimum. occipital maximum : . :.. vertical basilo-bregmatique horizontale totale. . .....: horizontale préauriculaire transverse totale... ..:.,... transverse sus-auriculaire. : . Courbe frontale cérébrale... frontale: totale: pariétale. . .... occipitale Ligne naso-basilaire . . . Anpleparetal= teste Long.=— 100. Largeur Indice Long. = 100. Hauteur Larg. 100. Hauteur — 671 — ES DU CRÂNE. Di) GROTTES ARTIFICIELLES. SAN LORENZO. EE MINIMUM MOYENNE. MAXIMUM. MINIMUM: ents En ecnt, ec, cent, ce. cent, c, cent. C. cent, c. D " ü ï m 4 nillim millim, millim. millim. millim. millim. 92 98 86 91 97 85 01 108 100 on 99 .ou83 276 180 174 182 188 &77 190 FOSSE. LAS HUESAS. MOYENNE. cent. c. mn millim. 102 == C0 1, GROTTES ARTIFICIELLES, FOSSE, SAN LORENZ0. LAS HURSAS. tam A : == RS MOXENNE MAXIMUM. | MINIMUM MOYENNE. MAXIMUM, MINDIUM. NOYEYNE | cent. € 210 re cent... | cent, e. cent, c Capacité cränienne approchée. . --:. nerreeeee 1537 | Pr à 25e RAR . milli, "(00 millim, lime millime millim, Hillime nilliis silGn Projectiün antérieure... #4... 10. 4 ETUIS 1040045 Moral 98 86 re PSE Te Projection postérieure FRA ST ÉCS SES 98 103 ROUE .enBieols ncitaGnil | antéro-postérieur maximum... . .. | 184 elite 188) 180 1870 lransverse maximum: +. 22: sas + hotes 21e14 62 143 135 143. M tre frontal maximum... 100. 87] GNON Diamètre | | d'Es frontal MINIMUM... 97. 4. | ; 98 104 onnfiaux 89 0 |! ê 25140) occipital maximum + :......4.. Pate aa 118, x faboisio li Verticalbasilo-bregmatiquer:te.0 21 fo 2e 139. | Mioayntalleed taupe horizontale totale Boo 496 horizontale préauriculaire 234 siniaagroil (transverse totale... ..,...- anelruhéedier da 7e des IMransvérse/susaurieulaire, 1192100 / [10 860! 311 <4 Gourbe … d 4e LE À steel mA : frontale cérébrale... ...... naar ete 110 RUE frontalertotalesas 2 224 è 129 145 _199 Ê uen DC nue Si Eee - v 192. occipitale. ........ CES -HA dote 119 120 114 Tigne naso-basilaire… . FRAIS Se delai 108 -102 .. Angle pariétal-. ..... nrseriees bee ’ D Pr ne ; line ru ; Ps È 0 36° Angle pccipital basilaïre : 224. ..22,0, 000. ts 2900) ? ; Xe ie. ' ! ; A y rifub-200 ; 5e Long.= 100. Largeur... .:. sec] 7717.11. 70:80 . 78:57. De: Indice ® 4 Long. — 100. Hauteur..:.....:.| . 76og » (Me dauoë 76,97. \.Larg. —100. Hauteur... ,....l T d : gr jl + 9751050 8: £ té 1B)2 GUAYADEQUE. MOYENNE, MAXIMUM, cent. €. cent. ©. Capacité crânienne approchée. , ; 1463 1790 millim. millim, Projection antérieure. .. ee BE 2 103 Projection postérieure 110 antéro-postérieur maximum .:.:,.. 193 transverse maximum. .. : 152 frontal maximum. : ... # 128 frontal minimum. . . or 107 occipital maximum 7e 111 vertical basilo-bregmatique . .. | Diamètre horizontale totale. .: horizontale préauriculaire, transverse totale. transyerse sus-auriculaire. . Courbe frontale cérébrale... . frontale totale ....:. pariétale ....... occipitale. . ..... Ligne naso-basilaire.. ......, Anplepariétals 14, 210 2,2 Angle occipital basilaire...... Long. = 100. Largeur Indice Long. 100. Hauteur . Larg. — 100. Hauteur. — 073 — URES DU,CRÂNE,:, ! - UL CR ALES: (NA DURELLES. | 010 L | £ SANTA LUCIA, [5 ' SAN, BARTOLOME. \ | MOYENNE. MAXIMUM MINIMUM. Uannimun, | MOYENNE. MAXIMUM. » cent, c. cent. c. cent. c. cent. c. cent. c, cent. c. 1412 1440 1985 1416 1490 1380 * millim, millim. millim. millim. millim. millim. MIS$S. SCIENT, — XIII. 43 LMPRIMERIE KATI®NALE. { — 672 — A EsURES DU, GRÂNE« 1 ! D area GUAYADEQUE. MOYENNE. MAXIMUM, minis) cent. €, Capacité crânienne approchée.,....:.. sn 1735 millim, Projection antérieure. ..:...:4.. PS A 274 Projection postérieure. .,...:2....:...14.... antéro-postérieur maximum .+°:,.. : transverse maximumM........-2... 4 NX frontalmaximum;,t...:...04: REC £ Diamètre frontal minimum..,.......% g- ; occipital maximum : ...:.... Gus vertical basilo-bregmatique . .:.: . horizontale totale. .,..,........ Fe horizontale préauriculaire. ...:. ne transverse lotale...,...,....2 bus transverse sus-auriculaire.. ...14.... Courbe frontale cérébrale... ...,...::,... frontale:totale . . #65... 4.4.1 pañégle he Dates y ete deb Cent) ci CPP OLDOMNE DE JUL PA Ligne maso-basilaire.. ......,4:.......141... Angle:pariélal 02,668... tab. 2408 Angle occipital basilaire..….4!....!...4.... Long.= 100. Largeur .:...,37... Indice Long.= 100. Hauteur. .......... Larg. = 100. Hauteur .!..::72... — 674 — Nous ne trouvons plus de cränes franchement dolichocéphales qu'à Guayadeque, à Santa Lucia et à San Bartolome, tandis que* : la majorité des hommes d'Agaete rentraient dans ce groupe et que la moitié de ceux de San Lorenzo appartenaient au même: 10 type. CET he Toutefois la plus grande partie des femmes de la Grande Ca- narie présentent encore un crâne relativement allongé. C'est dans, le groupe des sous-brachycéphales que viennent prendre place le—— plus grand nombre d’entre elles : 47 p. 100 du chiffre total rentrent | “. dans ce groupe. Viennent ensuite les mésaticéphales, puis les do- . lichocéphales et enfin les sous-brachycéphales, qui ne représentent que le douzième de toute la population. De même que les hommes, les femmes présentent, en général, un développement moyen du cràne dans le sens vertical. Cependant celles de San Lorenzo nous ont donné dans plus de la moitié des :t: cas (55,56 p.100) un grand indice transverso-vertical. Les hommes, on se le rappelle, nous avaient tous fourni un indice supérieur à 100. À Guayadeque nous avons aussi trouvé des femmes à crâne très développé verticalement (16,67 p. 100). Parmi les crânes féminins qui, par leur indice transverso- vertical, se rangent dans le groupe des mégasèmes, le tiers de celles de San Lorenzo et 12,50 p. 100 de celles de Guayadeque nous.ont donné un indice supérieur à 100. En somme, à part ce qui concerne les crânes de la Isleta , où nous avons trouvé un nombre important de mégasèmes parmi les hommes, les caractères tirés du développement vertical concordent dans les deux sexes. Comme les hommes, les femmes présentent un indice vertical moyen. À San Lorenzo, les uns et les autres (à part quelques femmes) ont le crâne très haut; à Guayadeque, enfin, un certain nombre d'individus des deux sexes offraient également un développement vertical de la tête. 1 nous faudrait encore signaler, comme chez l’homme, le grand développement vertical du crâne antérieur (voir la courbe hori- zontale préauriculaire). Le front présente, dans tous les sens, des proportions qui laissent à une certaine distance en arrière les crânés féminins de Ténériffe. Qu'il nous suffise de dire que la femmé reproduit à peu près tous les caractères craniens que nous * # avons rencontrés sur le type masculin, et qu'elle ne s’en différencie ; 14 Buère que par un certain degré de raccourcissement de la tête, m7 Le bien que certains crânes féminins, comme nous l'avons dit, soient encore franchement dolichocéphales. Les deux tableaux ci-dessus renferment les principales t mesures .que-nous avons prises sur les crânes de femmes de la Grande Canarie, ces chiffres confirment à eux seuls ce que nous venons de dire. ts eo - # Ite . La face de la femme présente les mêmes:caractères que celle de l'homme, si nous ne tenons compte que;des indices facial À nasal. Mais, en général, les orbites sont plus élevés sur les têtes féminines, un simple coup d'œil jeté sur le tableau suivant mon trera comment se répartissent, au ‘point de vue des trois indices facial, orbitaire et nasal, les femmes de la Grande Cänäriese è SANTA LUCIA. aUuO% AGAETE. SAN LORENZO. GUAYADEQUE. SANT BARTOLOME. INDICE FACIAL,. Microsèmes...,..., 0,00 0,00 | 28,97 9,09 | 0,00 0,00 Mésosèmes. ,...,,..| 33,33 0,00 | 28,57:|122,73:|150,00 | 66,67 Mégasèmes., ....... 66,67 | 100,00 | 42,86 68,18 50,00 33,33 MATAUX.-.. - 100,00 | 100 00 | 100,00 DEO5CO 100,00 | 100,00 INDICE ORBITAIRE. Microsemes ,.....,. 0,00 | -0,00 | 25,00 | 42,31 |°l°0,00 | 25,00 Mésosèmes, ....,... 0,00 [100,00 | 62,50! |. 30,77 |.:79,00 | 25,00 Mégasemes, . ,.,..,.|100,00 0,00 | 12,90 | 26,92 | 25,00,|, 50,00 Totaux . ..., [100,00 | 10000 |100,00 | 100,00 | 100,00 | 100,00 0e annees | INDICE NASAL. Leptorhiniens.. , : . , . | 6o,00:| 50:00 | 42,86:|: 42,32|° 60,00 | 50,00 Mésorhiniens. ..... 40,00 0,00 | 42,86 | 46,15./130,00 0,00 Platyrhiniens. ,.....| o,00 | 50,00 | 14,28 | 11,54 0,00 | 50,00 oraux. ee 100,00 | 100,00 | 100,00 | 100,00,|100,00 | 100,00 ISLETA. MOYENNE. MAXIMUM. millim, biorbitaire externe 108 : interorbitaire 27 Diamètre bizygomatique maximum 132 bimaxillaire minimum 64 Largeur de l'orbite ha Hauteur de l'orbite ë Largeur maximum du nez Longueur maximum du nez sous-cérébrale du front de Tl'intermaxillaire Hauteur totale de la face de la pommette orbito-alvéolaire. ..............,. Maxillaire inférieur. Hauteur symphyse Angle facial sous-nasal Angle facial alyéolaire orbitaire 97,30 Indice nasal 52,83 facial 76,42 — 677 — SURES DE LA FACE. À GROTTES ARTIFICIELLES. FOSSE, AGAETE. SAN LORENZO. LAS HUESAS. millim. millim. millim. millim. millim. millim. millim. 102 105 101 103 108 97 111 om 22 20 21 23 18 26 123 DUT" N119 126 191 121 129 63 , ” 6o 62 58 61 38 39 37 38 39 37 38 33 34 32 32,9! 35 30 33 ; 25,9 27 _ 24 24 2377 | 22 27 48 51 46 48 49 48 52 20 23 16 22 25 18 18 29 25 21 19 25 16 21 92 96 87 87 9° 84 92 } 21 22 20 21 23 18 20 43 ” u ho 45 35 ha 53 ” 51 56 48 0 36 u u 39 42 35 37 43 ü " &2 45 36 ” … 85 n ” 88 89 87 u | 80 ” a 81 86 76 0 1 52 D » 45 47 43 " 35 ” ” 31 32 31 " | 68° : À 75° 75° 75° 68° | 59° , - 65° 66° 65° 65° | 86,84 87,18 86,49 85,53 89,74 78,99 86,44 sie 58,69 47,06 50,00 56,25 4,89 51,92 E, 76,80 73,70 69,05 73,99 64,12 73,92 É ; DRE E SEEN TT DR RAI CSS CO MERE ; SET S FEMMES — sm —— 7 SGUAYADEQUE. MOYENNE. MAXIMUM. millim, millim, biorbitaire exterrie . .. 103 100 interorbitaire Ce : 28 Diamètre bizygomatique maximum bimaxillairé minimum. .. . Largeur de orbite, ........ Hauteur de l'orbite. ..... Laïgeur maximum du nez. : Longueur maxium du nez.i:....., | sous-cérébrale du front. |. de l'intermaxillaire Hauteur totale de la face : EN de de la pommette orbito-alveolaire, Longueur de la voûte palatine:. Largeur de! la voûte palatine.’. Distance au trou'occipital, Angle facial sous-nasal Angle facial alvéolaire | orbitaire Indice nasal facial GROMANSÉPULCRALES NATURELLES, ei | Ja 2x RM EEE HO ONAMIO) ae é | PEUAYADEQUE: 1 SANTA LUCIA. : °SAN DANTOLOME MOYENNE. MAX MEN, dti MOYENNE. count 040 ohms 20 our) 20 Dix wi} santé ME 5 DE L ü AT ETS s TE 1 ET PP] " SR Festina Re ee millim, millim. TE millim, millime 2 millini, L'ON Mill, Du Pnillinrs 0100 010) 6bfllims 103 10Q 105 110 98 103 10ÿ {hioo! . fr interorbitaite ; lot T8 Diamètre bizygomatique maximun) A bimaxillairé mmimum 5 64 Largeur deorbite Hauteur de! l'orbite. .......,. je deegar ee Laïseur maximüm du nez Loñéueurmaxium duinez sous-cérébrale dutfront | de l'intermaxillaire Hauteur (‘totale de la face dela pommette orbito-alvéolaire Longueur de la voûte palatinet Laïseur de!la voûte palatine, Distance au trou occipital Angle facial sous-nasal Angle facial alvéolaire orbitaire — 680 — A Ja Isleta, nous ne trouvons plus de femmes à face basse et large; la majorité offrent, comme les crânes masculins, un grand indice facial. A Agaete, hommes et femines présentent tous une fâce élevée. Les femmes de San Lorenzo nous montrent le fait inverse de celui que nous venons de signaler à la Isleta; nous voyons dans cette localité plus du quart des têtes féminines posséder une face basse et large, tandis qu'aucun homme ne nous avait présenté ce caractère (pl. IE, fig. 3 et 4). ; À Guayadeque, nous constatons le mélange que nous avons si- gnalé plus haut; la plupart des femmes ont un grand indice facial. À Santa Lucia, la face est tantôt moyenne, tantôt élevée; nous ne l'avons jamais vue basse. À San Bartolome enfin, les femmes nous ont donné le plus souvent un indice moyen. Dans le tiers des cas nous avons rencontré la face mégasème. Les orbites sont en général microsèmes. Cependant toutes les femmes de la Isleta nous ont offert des orbites élevés, que nous avons également observés sur la moitié des têtes féminines de San Bartolome. À Guayadeque, au contraire, beaucoup de nos sujets (42,31 p. 100) ont des orbites bas. Cette forme se rencontre aussi sur le quart des femmes de San Lorenzo et de San Bartolome. Le nez, étroit dans la plupart des cas; s'élargit cependant à Agaete et à San Bartolome. Partout ailleurs nous trouvons moins de platyrhiniens chez les femmes que chez lés hommes. A la Isleta nous ne voyons plus de nez largement ouverts chez ceux-là. Dans les autres localités nous remarquons, avec une fréquence plus ou moins grande, les mêmes formes nasales dans les deux sexes. Nous pourrions encore signaler le rétrécissement du maxillaire supérieur, lé prognathisme alvéolaire commun à toutes les femmes de la Grande Canarie. À Agaete, à Las Huesas, à Guayadeque, nous avons observé la projection en avant de toute la face. Enfin les têtes féminines de San Lorenzo présentent, comme celles des hommes, une grande distance interorbitaire. Nous ne nous arrêterons pas plus sur les caractères faciaux des femmes de la Grande Canarie, et nous nous contenterons de ren- voyer pour les autres caractères aux chiffres contenus dans les deux tableaux ci-dessus, — 681 — -IIT. — RESUMÉ DES CARACTÈRES CÉPHALIQUES. — CONCLUSIONS. L'étude analytique que nous venons de faire nous a montré à la Grande Canarie des individus présentant les caractères les plus opposés. Dans la même localité nous avons rencontré, à côté les uns des autres, des types très divers. IL semble assez difficile * de se reconnaître au milieu de ce chaos. C'est cependant ce que nous allons essayer de faire. En premier lieu, nous devons nous demander si le Guanche, dont nous avons constaté l'existence à Ténériffe et à la Gomère, a également vécu à la Grande Canarie. Nous n’hésitons pas à ré- pondre affirmativement, et nous allons essayer de le démontrer. Nous avons dit et prouvé par des chiffres que la majeure partie des hommes et des femmes sont sous-dolichocéphales ou franche- inent dolichocéphales; nous avons ajouté que le crâne présentait . assez fréquemment les méplats et les renfleménts si accusés dans la race de Cro-Magnon (voir pl. IL, fig. 8 et 4, et pl. IL, fig. 3 et 4). Avec ce crane allongé, nous avons rencontré des orbites géné- ralement bas et larges, un nez surtout leptorhinien, parfois méso- rhinien, et assez fréquemment une face microsème. . Nous pourrions conclure de l'existence de ces divers caractères à l'intervention de l'élément guanche dans la formation de la popula- tion de la Grande Canarie ®. Mais nous pouvons le mettre en évi- dence d’une façon plus probante en montrant dans cette île tous les caractères réunis sur le même individu, c'est-à-dire en démontrant au milieu de la population canarienne la présence du Guanche pur. Si nous tenons compte de toutes les têtes masculines que nous avons étudiées, nous trouvons une proportion de 7,92 p» 100 d'individus présentant à la fois une dolichocéphalie franche, une face basse et des orbites bas et larges. Ces têtes disharmoniques à un haut point n'ont pas été rencontrées jusqu'à ce jour à Agaete, à, Santa Lucia ni à San Bartolome. Mais en revanche elles se trouvent assez fréquemment dans les localités suivantes : Isletal MMM BRU 2, VAT TON LAURE AT TENTE 830 -F 16,67 p. 100 SAND IOTENZO EMMA A ANR EL AR ss paie 12,90 Guayadeque MATE ER Lornre fa en En 9,30 .G) Nous montrerons un peu plus loin que les os longs, notamment le féraur, offrent souvent, des particularités anatomiques des os de Cro-Magnon. @) Nous avons dit, dans la communication à la Société d'anthropologie à laquelle — 682 — Nous ne parlons pas du nez de ces hommes, qui est tantôt lep- torhinien, tantôt mésorhinien, exactement comme chez ceux de Cro-Magnon. Ce que nous devons-ajouter, c’est que la plupart de nos têtes disharmoniques présentent le méplat ‘pariéto-occipital, lé renflement iniaque et'un certain aplatissement de la base du crâne. Enfin le crâne est volumineux et présente un beau dévelop: pement de sa moitié antérieure: LE y Dans le tableau suivant nous avons mis en parallèle quelques mesures prises sur les crânes dont nous parlons, sur les anciens habitants de Ténériffle et sur les hommes de la race de Cro:- Magnon. GUANCHES G' G de la re MESURES. GranDe caxante.| TENERIFFE. | CRO-MAGNON, MOYENNE. MOYENNE. MOYENNE. cent. c. cent. c, cent, c: Capacité crâänienne approchée 1620 1672 1532 millim, millim. millim, horizontale totale 536 534 horizontale préauriculaire. 253 244 Courbe P _ frontale cérébrale 111 105 frontale totale. ,,..:.:. 136 129 Diamètre frontal maximum 122 118 Ces chiffres démontrent que les Guänches de la Grande Canarie peuvent être comparés aux hommes de Cro-Magnon, non seulemént par les grands caractères ‘que nous afons énumérés plus haut, mais jusque dans les détails. Ils s’en rapprochent même plus que les hommes de Ténériffe. Nous devons faire remarquer toutefois que la moyenne de cette dernière île comprend tous les indi- vidus sans exception et que les chiffres auraient été à peu près les mêmes dans les trois colonnes si nous avions donné pour Téné- nous avons déjà fait allusion , que les hommes de la Isleta différaient des Guanches. Le fait reste généralement vrai: Mais quelques observations que nous avons faites depuis nous. permettent d’aflirmer que, par le crâne et les os‘ longs, certains in: dividus devraient être rattachés à ce type. 2 ET PA s ja # ‘ _— nn. mn... . Patte. ÉSÉR ue. 2 EE LS" == 688 — riffe la moyenne des hommes présentant le type guanche à à peu. près pur. Ce qui précède nous semble démontrer suffisamment l'existence de € Guanches à la Grande Canarie. La taille nous avait déjà | fait pressentir ce résultat; les os longs, nous l'avons dit, le confirmeront, et dans la seconde partie de ce travail, lorsque nous nous occu- perons de la céramique, nous rencontrerons à la Grande Canarié des poteries qu'il serait difficile de distinguer de celles de, Té: nériffe. | Quels sont les autres éléments qui sont venus se mélanger avec les Guanches pour former cette population si mêlée que nous avons trouvée à la Grande Canarie? Est-il intervenu, comme à Ténériffe, un ‘élément sémitique ? Le fait est incontestable. Un Irès grand nombre de têtes canariennés présentent, avec un crâne dolichocéphale ou sous- dolichocéphale, une face. ou des orbites élevés et souvent un nez Jeptorhinien. Guyadeque et à Santa Lucia, nous en avons rencontré de Aero | spécimens. | . Dans un précédent travail communiqué à: il Société d’anthro- pologie ®, nous avons déjà examiné cette question; mais nous noùs sommes borné à démontrer que la moyenne de la PopREHoS sud-orientale de la Grande Canarie offrait des traces de sang sé- Mmitique. Parmi les têtes recueillies dans cette région, un certain nombre nous ont présenté tous les caractères du type sémitique (©). Nous donnons ci-dessous quelques-unes! des mesurés que nous avons/prises sur celles de ces têtes qui ont appartenu à des hommes; fous meltons en regard les chiffres obtenus par Broca sur les Arabes d'Algérie et ceux qué nous'6nt donnés les têtes canariennes appartenant au type guanche. De cette facon, il sera facile de constater d'uti simple coup 'd’æil les ressémblances que présentent les Sémites canariens avec les Arabes d'Algérie et les différences y f Lay Les Sémites aux iles Canaries, dans le Bull. dela Socièté d'anthropologie , séaniéé du 2 juin 1881. (° - . @) C'est avec intention que nous employons le mot vague de Sémites, sans attacher à ce mot un autre sens qu un sens ethnique. Bien que certaines de nos têtes de la Grande Canarie nous aient montré de grandes affinités avec les Arabes déjà quelque peu métissés d’ Algérie, il nous ; serait difficile de préciser à quel type sémitique spécial ïl faut les rattacher. — 684 — qui les séparent du type dont nous avons déjà constaté l'existence à la Grande Canarie. GRANDE CANARIE. |ALGÉRIE. MESURES. A, 7e SÉMITES. | GUANCHES. | ARABES. cent. c. cent. c. cent, c. Capacité crânienne approchée W 1530 1620 1474 millim, millim. millim. Circonférence horizontale totale 526 536 506 / antéro-postérieur maximum. . 187 193 182 transverse maximum 142 139 136 Diamètre { vertical basilo-bregmatique. . 133 141 135 frontal maximum 120 122 113 bizygomatique maximum... .. 130 134 128 Hauteur totale de la face 9 87 90 Largeur de l'orbite 37 ho 39 Hauteur de l'orbite 33 32 34 Largeur du nez 23 25 23 Longueur du nez 53 5o 51 76,13 76,00 72,04 70,00 90,39 86,00 44,52 46,00 Indice Ces chiffres nous montrent que le crâne est, chez les Sémites canariens, un peu plus développé que chez les Arabes d'Algérie; l'indice céphalique reste le même, et la face présente plutôt une accentuation des caractères syro-arabes. Nous remarquerons encore que la tête harmonique des Sémites n'a à peu près rien de commun avec la tête si disharmonique des Guanches. Le mélange du Guanche et du Sémite nous explique presque toutes les formes intermédiaires que nous rencontrons (voir pl. II, fig.1et 2,et pl. II, fig. 1 et 2). Le sang du premier prédomine parfois, mais le plus souvent c’est celui du second. Toutefois, il est un type qui ne peut nullement résulter du mélange d’un dolichocéphale et d'un sous-dolichocéphale : nous voulons parler des sous-brachycéphales que l’on trouve en petit — 685 — nombre à la Grande Canarie. Leur face tantôt haute, tantôt basse, leurs orbites généralement élevés, parfois bas, nous montrent que cet élément brachycéphale, peu nombreux, a subi l'influence des autres types avec lésquels il s'est trouvé en contact. Par cela même que nous ne l'avons pas rencontré à l'état de pureté, dl nous est impossible de rechercher son origine. A la Isleta, nous avons vu, à côté de quelques Guanches, des individus à tête volumineuse, mésaticéphales, portant un front très vaste. Leur face est haute, leurs orbites bas et leur nez étroit. La disharmonie que l’on observe dans la face pourrait bien s'expliquer par le mélange du Guanche et du Sémite, mais il n'en est pas de même de la mésaticéphalie. I est certain qu'il est intervenu là un autre type, peut-être ce type brachycéphale que nous avons ren- contré sur d’autres points , à l'état pour ainsi dire erratique; et, dans ce cas, la population de la Isleta résulterait d’un mélange, à parties presque égales, de trois races distinctes. Ne sont-ce pas plutôt, comme nous le laissions supposer dans une note publiée en 1881, les descendants de quelques Berbers qui, comme les Sémites, seraient venus du nord de l'Afrique? Le défaut de ren- seignements sur les Berbers nous force à poser la question sans essayer de la résoudre. Nous retrouvons sur les individus d'Agaete la disharmonie que nous à présentée la face des gens de la Isleta. Toutes les têtes ex- traites du tumulus du nord-ouest ont la face haute et les orbites bas; mais leur crâne est allongé, de sorte que, pour expliquer ces caractères faciaux, il ne serait pas nécessaire d'invoquer d’autre influence que celle du Guanche et du Sémite. Enfin à San Lorenzo nous avons signalé la présence de Guanches. Nous aurions pu également y signaler des Sémites, quelque peu mélés toutefois ; car, avec leur sous-dolichocéphalie et leur face élevée, les têtes que l’on pourrait à la rigueur rapprocher de ce type offrent des orbites un peu bas et un grand diamètre vertical basilo- -bregmatique. Là aussi nous avons trouvé des sous- -biachyelphaless mais ce ne sont pas eux qui nous permettront de résoudre la question de l'origine des individus à tête courte. Nous avons dit que les sous- brachycéphales présentaient des caractères faciaux très variables, Ceux de San Lorenzo nous montrent que le crâne de ces individus n'offrait pas non plus un type uniforme. Dans cette localité ils — 686 — sont tous hypsisténocéphales, tandis qu'ailleurs ils sont plus ou mojns surbaissés.…. ( tidio Pour conclure, nous dirons que la population si mêlée qu vivait à la Grande Canarie avant la conquête espagnole se composait : 1° De Guanches, qui se rencontrent dans toute l’île; 2° De Sémites, qui semblent s'être établis en grand nombre dans le sud'et le sud-est; 3° De métis très mélangés, résultant d’unions entre les deux races précédentes ; 4° D'un type à crâne court, qu'il est jusqu'à ce jour impossible de déterminer; me 5° Peut-être d’un dernier type (Berber?) qui se serait fixé dans le nord, bien qu'il nous faille, encore faire de nombreuses réserves sur la réalité-de ce type spécial, $ 3, — Les MEMBRES). Les membres et leurs divers segments présentent à Ja Grande Canarie les dimensions les plus variables : la taille nous l'a montré suffisamment. La robusticité des. os est aussi très variable, ce qui ne. peut manquer dans.une population formée de tous les éléments divers dont le crâne nous a donné une idée. Nous passerons donc très rapidement sur la plupart des particularités du squelette des membres; nous devons cependant en signaler quelques-unes. L'humérus présente, assez souvent la perforation de Ja cavité olécranienne que nous:avons vue si fréquente dans. l’ouest, de Ténérifle; nous ayons observé ce caractère dans une proportion de 20,97 p. 100 à Guayadeque. C'est sensiblement la proportion trouvée par le, docteur Chil, qui a compté dans le musée de Las } Nous passons Sous silence les particularités anatomiques et les lésions pa- thologiques. Contentons-nous de signaler la grande fréquence 1des'6s:wormierts qui sè rencontrent dans. toutes les régions du erâne./Citons aussi en! passant trois têtes angmales trouvées par M. Diego Ripoche à Guayadeque et à San Lorenzo: l'une macrocéphale, l'autre scaphocéphale et la dernière oxycéphale. Ces trois pièces sont intéressantes à bien des points de vue. La tête scaphocéphale ne pré- sente aucune 6blitéralion des sutures; on né pétt dorié attribuer à cétté éduse M production dela ‘scaphocéphalie:) La tête) oxycéphale:offre rune oblitération com plète de la coronale; sou diamètre, rerliçal atteint, 150 nfillimptres, igillo — 687 — Palmas 120 humérus ‘perforés sur un total de’ Güoy ‘os, ce qui donnerait un rapport:dé! 20,62 p: 100. : sl sy4hi Le fémur et le tibia méritent de nous arrêter un iostant; ils offrent parfois des caractères dont on ne saurait contester la valeur. Le fémur, parexemple;/parfois grêle ;arrondi, présente d’autres foisttous les caractères du type-de Cre-Magnon : incurvation à.con- cavité tpostérieure, colonne formée par:la ligne äpre, aplatisse- ment:supérieur de la diaphysé, division en haut de la face anté- rieuré dont da moitié forme au-dessous des: trochanters un: vaste méplat qui regarde en dehors.:C’est la>réunionide tous cescarac- _tères: surrdes: oscprovenant de la:Isleta qui nous a fait d’abord penserque desGuanches'aväient vécu sur ce. points et celn'est que plus tard'que nous avons réncontré certains: crânes me nous ‘ont confirmé dans cêtte opinion. ide enois: | 191 À Guayadequelaproportionde fé usféuaiseant ces CES est de 16 p. 100; elle est beaucoup plus considérable dans une localité située dans le nord-est, à environ 10 ou 12 kilomètres de la mer. Ce lieu, dénommé Las Angosturas, semble avoir donné asile à une population presque entièrement guanche: Nous espérons que les recherches que nous nous proposons de faire dans cet endroit nous fourniront quelques têtes qui nous permettront de décider la question. » Partout où nous avons rencontré les fémuns dont: nous! venons de -parler;nous avons trouvé en même temps des:tibias :platy- cnémiques. Lies proportions sont presque les mêmes; pour les deux os: À Guayadeque, par exemple, les tibias platyenémiques forment enyiron le septième ductotal:(14 p. 100). (5: Les rapports de l’avant-bras au bras, de la jambe. à la! cuisse, du membre supérieur au emo inférieur, donnent les résultats suivants : sd ho ,0 ct 9bstdmonmus ecuolben o0GG 9 RAPPORPS. ) ! milelhszera. | GuAYADEQUE. | BLANC, | NÈGRE, 1 REV EE ONE 19, | 78,04 Du ol au NE : Ie Qi 80,80 da 82,70 | 70,72 | 81,33 3 iQ EN IER 1E Uti6 Du membre pas au imite (8) inférieur. . DIT. zulq. anotl'uq6510 1168, faio! (4 di ü 268,27 t£ tort Û Î ( Tes ter } {CCI 9UfI29/ F — 688 — Nous voyons les gens de la Isleta se confondre avec les Blancs, si l'on considère le rapport du radius à l'humérus; par le rapport de la jambe à la cuisse, ils tiennent le milicu entre les Blancs et les Nègres, et enfin, par celui du membre supérieur au membre inférieur, ils tombent bien au-dessous de ces derniers. La population de Guayadeque, au contraire, se rapproche des Nègres par les trois rapports; mais, tandis qu'elle vient avant ceux-ci par les rapports du bras à l’avant-bras et du membre su- périeur au membre inférieur, elle se place au-dessous des Nègres en général par le rapport du tibia au fémur. Nous trouvons là la confirmation de ce que nous avons écrit en parlant de la Gomère. Ces rapports n’ont qu’une valeur tout à fait relative et ne sauraient nous être d'aucune utilité dans nos re- cherches sur les anciens habitants de l'archipel canarien. C'est pour cela que nous ne leur consacrons que quelques lignes. CHAPITRE IV. LES ANCIENS HABITANTS DE L'ÎLE DE FER. $ 1. — LA TAILLE. Les différents auteurs qui se sont occupés de l'archipel canarien ne parlent guère des caractères physiques des anciens habitants de ‘île de Fer. Galindo toutefois leur attribue une petite taille. Nous allons voir que cette population était aussi mélangée que celles que nous avons déjà étudiées; la taille ne devait donc pas présenter beaucoup d'uniformité. Les résultats que nous allons exposer reposent sur l’étudede près de 350 os longs. Les uns, au nombre de 126, ont été mesurés dans une grotte située dans l’ouest de l'île, au-dessous du Pinar. L'endroit où elle se trouve est connu dans le pays sous le nom de Pozo de la Ballena (puits de la baleine). C’est que la grotte est située au milieu d’un affreux précipice et que l'entrée en est placée directement au-dessus d'une baie semi-circulaire où la mer atteint assurément assez de profondeur pour permettre à une baleine d'arriver jusqu’au pied de la falaise. Dans le sud, près des pré- tendues inscriptions dont nous parlerons plus tard, nous avons mesuré 220 os longs. La grotte où ils se trouvaient porte le nom — 689 — de Tablon, parce que dans cet endroit on a rencontré, et nous avons nous-même constaté le fait, la grosse planche ou tablon que, au dire de Galindo et de Marin y Cubas, l'on avait l'habitude de placer aux pieds des cadavres. | Si nous reconstituons la taille au moyen de ces données, nous trouvons les chiffres ci-dessous () : POzZO DE LA BALLENA. DABDONS MOYENNE. HN. AMEN CANON 17,64 12,60 Taille. . .... MAQUIS 1,79 L,7D MINIME id de 1 ,48 dy D'une manière générale, nous pouvons dire que les individus du Pozo de la Ballena étaient d’une taille plus élevée que ceux qui vivaient dans le voisinage des Letreros. Les chiffres extrêmes nous montrent des différences individuelles considérables. Au Pozo de la Ballena nous voyons entre l'individu le plus petit et celui dont la taille est la plus élevée un écart de 31 centimètres. De quelle façon se répartissent ces insulaires ? C’est ce que va nous faire voir le tableau suivant: , POZO TAILLES. DE LA BALLENA. TABLON: RE au-dessus de 1°,75...... 7:61 un g 3,83 goa del1#,70) à 1#,70....... 14,47 4,67 au-dessus de la moyenne Tailles (CE MEET ELE CE) amer LES SO la eme 15,33 1 au-dessous de la moyenne (CEROART) PE MIAEREE 26,80 |..... 25,34 PnoateoNieeoe aténn h22-76 8 out 91851083 au-dessous de 12,55.....| 15,34 32,00 Totaux EM MNT TON o 0 Dans les deux localités que nous étudions, les individus de petite taille étaient en majorité, et, dans chacun des trois autres G) Ces chiffres représentent la taille de toute la population, hommes et femmes compris. MISS. SCIENT. — XIII. A4 IMPRIMERTE NATIONALE: — 690 — groupes, nous voyons le nombre des individus diminuer progres- sivement au fur et à mesure que la taille s'élève. Nous constatons toutefois entre les gens du Pozo de la Ballena et ceux du Tablon des différences assez sensibles. Les premiers se répartissent presque par parties égales dans les quatre groupes; les seconds au contraire rentrent, dans la proportion de 51,33 p: 100, dans le groupe des petites tailles ; un nombre important (32 p. 100) présentent même une taille inférieure à 1°,55. En somme, nous trouvons parmi la population de l'ile de Fer des individus de toutes les tailles. Les uns, de taille peu élevée, ont dû prendre une part impor- tante au peuplement de l’île, puisque nous voyons 59,40 p. 100 de la population du Pozo de la Ballena et 76,67 p. 100 de celle du Tablon rester au-dessous de la taille moyenne. D'autres individus, que uous avons rencontrés dans la proportion de 22,08 p. 100 au Pozo de la Ballena et de 8 p. 100 dans le sud, étaient de haute taille et peuvent, à ce point de vue, se comparer aux Guanches. D'autres insulaires enfin offraient une taille intermédiaire, qui pouvait être le résultat du croisement des deux types précédents ou qui pouvait provenir d'un troisième élément présentant cette taille intermédiaire avant son arrivée aux Canaries. Nous verrons bientôt que, sans contredire complètement la première hypothèse, des faits précis, tirés des caractères céphaliques, militent en faveur de la seconde. $ 2. — LA TÊTE. L'étude des caractères céphaliques va nous montrer une grande diversité de types parmi les anciens habitants de l’île de Fer. Les matériaux qui nous ont servi sont assez nombreux. Nous avons recueilli dans cette ile 79 têtes, soit dans l’est, soit dans le sud. Nous avons rencontré celles de l’est dans les grottes du Pozo de la Ballena, de Lajiar et du Barranco de la Guerra. Elles sont au nombre de 19, dont 10 têtes masculines et 9 têtes de femmes. Les crânes du sud viennent tous de la fameuse grotte du Tablon, à côté des Letreros de los Canales; ils atteignent le chiffre de 60 (36 hommes et 24 femmes). D CRE EEE, © ESS UT nn, — 691 — I. — Hommes. A: — Crâne. Le crâne masculin diffère en moyenne d’une façon assez sen- Sible du crâne de l’homme de Ténériffe, mais il se rapproche au contraire considérablement de celui de l’homme de Guayadeque (Grande Canarie). Comme dans cette localité, d’ailleurs, le type moyen est la résultante de types assez opposés. Les mesures que nous donnons ci-dessous suffisent à le prouver. Le crâne de l'ile de Fer présente, en moyenne, une belle capa- cité crânienne, qui peut s'élever jusqu'à 1805 centimètres cubes, mais qui, d’autres fois, ne dépasse pas 1280 centimètres. L'indice céphalique moyen fait rentrer les hommes du sud, aussi bien que ceux du ravin de la Guerra dans le groupe des sous-do- lichocéphales. Nous devons ajouter que l'indice céphalique varie de la dolichocéphalie la plus franche (69,11) jusqu'aux dernières limites de la mésaticéphalie (80). Le tableau suivant montrera la proportion de dolichocéphales, de sous-dolichocéphales et de mésaticéphales que nous avons ren- çontrés dans le sud et dans l’est de l'ile de Fer : INDICE CÉPHALIQUE -HORIZONTAL. EST. SUD. Dolichecephales 22". Liu À 30,00 35,30 Sous-dolichocéphales. ................ 30,00 32,39 MeSaticéphales, ANA Tr ALT 40,00 32,35 TOTAUR A Anne EL 100,00 100,00 Nous voyons dans les deux régions les hommes se répartir presque également dans chacun des trois groupes ci-dessus. C’ést à peine si nous pouvons noter une légère prédominance des mésa- ticéphales dans lest et des dolichocéphales dans le sud. Ce crâne est généralement un peu surbaïissé. Dans l’est, nous n'avons trouvé aucun crâne élevé, tandis que la grotte du Tablon nous en à fourni un certain.nombre qui présentent un grand indice transverso-vertical. Ajoutons que ces cränes mégasèmes, au point de vue de l'indice vertical (24,24 p- 100),sont tous hypsi- sténocéphales. = & LAJIAR. MOYENNE. MAXIMUM. cent. c. Capacité crânienne approchée Projection antérieure Projection postérieure antéro-postérieur maximum transverse maximum bitemporal biatrnicoiaires Re PSP ONE Diamètre { bimastoïdien frontal maximum frontal minimum occipital maximum vertical basilo-bregmatique horizontale totale. horizontale préauriculaire transverse totale... .. transverse sus-auriculaire frontale cérébrale frontale totale pariétale occipitale | Longueur du trou occipital Largeur du trou occipital. Ligne naso-basilaire , ... Angle pariétal Angle occipital basïlaire Long. — 100. Indice Long. —=u00 Larg. = 100 L | = 609 | | SUD. k ie 1 BARRANCO DE LA GUERRA. TABLON. OYENNE. MAXIMUM. MINIMUM, ie TNT A LA TER centonc cent. c cent. cents centnc 1615 1385 1554 1805 1280 millim millim millim, millim millim 100 88 92 103 80 108 95 10/ 11/4 9 199 179 186 196 174 147 196 140 149 132 143 130 135 148 123 1930 117 121 127 113 108 93 102 110 94 120 109 117 129 106 104 92 98 106 92 119 107 111 118 102 137 128 194 147 118 541 509 521 ©: 501 A82 260 221 239 255 219 hk4 418 426 re 396 309 268 297 314 274 111 97 105 120 92 190 119 126 142 112 140 124 192 144 122 121 109 118 137 10) 43 33 36 a 29 35 27 31 36 26 | 104 97 100 110 94 10° + 14° ILE + 9° +18 —1° 24° 31° ae 23° 3b° 9° 76,09 80,00 71,98 79,26 79,07 69,11 71,74 76,00 68,92 72,04 79:89 63,78 Capatité crnienne approchée: - :.: rh ot Projection antérieure..." Projection postérieure». : = she 4e ne antéro-postérieunimaximum ie). #4, « transverse maximum. ::..-....021 bitemporal, ...4: 4... 40.428 biauriculaire. ..........4...... Diamètre DIMASLOIdIER EEE eee frontal maximum............ ee frontal minimum,............... occipital maximum........:..-... vertical basilo-bregmatique........- horizontale totale... .4::4: 50 horizontale préauriculaire. ........ transyerse totale... .. Pen 000 Re transvérse sus-auriculaire.. ........ frontale cérébrale... ............. frontale totale. ................. panétalE ee. --Le nnDE occipitale............ HObOBT BA Loneueur du trou occipilal.......... Haas De Largeur du trou occipital. ..... snnoiuue » F Ligne naso-basilaire ,......... PE Du Ve ee io Anple:pariétal. 25 nee -0-eiee digue Angle occipital basilaire,: +... rabais Long: — 100: Largeur:.1. 44 AT Indice, { Long. —u00: Hauteur 4.24... Larg. —100: Hauteur. 224: 2: MOYENNE. cent, c. 1590 nillim 89 105 185 144 1/42 126 101 118 98 108 131 519 ET 432 297 107 128 123 120 34 32 100 + 11° 23 77:84 7o;81 90:97 À LAJIAR: . MAXIMUM, MINIMUM» cent. c cent. c, cent. c: cent, ©. 1625 1615 1385 1280 millim,, millim, milliur,- - : | -:--millim, - --|: te à 95 100 . Faut | 105 108 Co 95 ‘187 179 17h «| 145 186. 145 130 129 117 101 95 12 109 92 108 107 4 10 Distance \ , k bizygomatique maximum... bimaxillaire minimum Largeur de l'orbite Hauteur de l'orbite supérieure des os nasaux minima des os nasaux............ Largeur dr. inférieure des os nasaux maxima de l'ouverture du nez Longueur médiane dés os nasaux..:........... Longueur totale du nez sous-cérébrale du front de l'intermaxillaire Haüteur totale de la face de la pommette orhito-alvéolaire: ::.0800...1....2 Longueur de la voûte palatine Largeur de la voûte palatine. Distance de la voûte palatine au trou occipital.. .. Distance biangulaire Maxillaire | Distance angulo-symphysaire inférieur. | Hauteur branche montante. ....... Hauteur symphyse Angle facial sous-nasal Angle facial alvéolaire orbitaire 83,78 Indice nasal 46,15 facial DBES DE LA FACE. . BARRANCO DE LA GUERRA. TABLON. millim millim millim millèm millim millim 107 112 101 106 127 99 | 22 26 19 23 36 19 130 139 129 190 137 122 | 60 63 58 60 66 5) | 38 h2 36 38 hi 35 | jo 32 28 32 36 27 D14 17 10 14 18 10 | 12 14 9 11 15 8 ._ 16 17 16 16 19 13 | 23 24 21 24 27 22 . n 1 D 21 24 14 D 5o 55 49 51 57 44 21 24 18 21 24 18 18 20 16 18 23 15 89 96 79 88 96 82 25 28 21 24 31 20 1 48 33 4o 45 32 52 60 46 5o 8 43 39 42 36 + 40 kh 35 38 42 34 “40 46 33 “ # 0 92 104 80 “ ” “ 81 99 74 ÿ u u 52 61 43 u n ” 31 36 27 69° 76° 62° 71° 17 64° 64° 69° 59° 64° EN 56° 78:99 84,21 72,43 84,21 92,91 73,17 46,00 51,06 40,38 47,06 56,82 ho;45 68,46 74,42 62,20 67,69 : 73,64 59,40 ll ne Lo SUD. “Yy TABLON. MOYENNE. MAXIMUM. MINIMUM, MOYENNE. MOYENNE. MAXIMUM, MINIMOM, 0° ———————— = g millis D mi, | Uuillin, millime suspect ler biorbitaire externe. ........1...., | 108 107 112 01 106 aa7 UN 95 -Æ ox ls interonbtaire .)... 25... 25 22 26 | ag Ù | 13 és 36. ' | a D Disience bisygomatique maximüm,..,.,..... 135 130 139 125, bima%illaire minimum. .........." 63 58, Larpenr de l'orbite ee h2 Haüteür de l'orbité............ RE 32 supérieure des os na$aux. ......... 17 minima des os nasaux............ 14 Largeur PERS JR ” à 17 Longueur médiane dés 03 nasaux..l........... Longueur totale du nez. +... HDI bE sous-cérébrale du front... ........! de l'intermaxillaire, . ..:.........N Hauteur ({ totale de la face... ..........:, cù e de la pommette. . . ... SRE NE PA orbito-alvéolaire. .....:.......... Longueur de la voûte palatine POULE PEU, saisit Largeur de la voûte palatine. ...: cree fesse & 2 gg es Distance dela voûté palatine au trou occipital.. Los gui ni: Distance biangulaire ............ eu Maxillaire Distance angulo-sÿmphysaire DS HAUES inférieur. | Hauteur branche montante... Hauteur symphyse, .:..........\ Angle facial sous-nasal DAS DPI Etre bmes Gé Lil pa 48 Anple facial alvéolaire Det Hodoninbb as à Can L Re aga3t Ë mnt à OnbIUET SE 9 MERE LS 5180 « ns | "A 56,82 x%1} . _ Sgsia Tidice nasal. — 696 — La courbe antéro-postérieure présente en général une assez grande régularité. Nous devons cependant noter la fréquence de la dé- pression que nous avons plus d’une fois signalée en arrière de la suture coronale. Il n’est pas rare non plus de trouver des crânes présentant en arrière le méplat pariéto-occipital et le renflement iniaque. La longueur totale du cràne est un peu moindre que chez les Guanches; cette réduction semble porter sur l’occipital; la courbe frontale reste grande ; la courbe pariétale s’allonge; sur les cranes du Tablon elle atteint, en moyenne, 132 millimètres. Les diamètres transverses sont tous un peu plus petits que sur les crânes de Ténériffe ; ce qui nous explique que, malgré le raccourcissement du crane, nous rencontrions encore un grand nombre de dolichocéphales. Nous ne devons pas nous étonner, après ce que nous venons de dire du développement du crâne en longueur, en largeur et en hauteur, de trouver les courbes horizontales et transverses relati- vement un peu faibles. Le crane antérieur continue à offrir de belles proportions, et le diamètre frontal maximum nous donne à peu près les mêmes chiffres que dans les autres îles. La norma verticalis nous montre en général une tête d’un ovale très régulier. Ce n’est que rarement que celte régularité est inter- rompue par une saillie notable des bosses pariétales. Le trou occipital est situé plus en avant que sur les cranes de la Grande Canarie. Sur ces derniers, les projections postérieure et antérieure totale étaient sensiblement égales; l'antérieure surpas- sait même parfois la postérieure. Les crânes de l'île de Fer, au contraire, comme ceux de Ténériffe, donnent toujours une pro- jection postérieure notablement plus grande que la projection antérieure (cränienne et faciale réunies). L'angle occipital basilaire nous fournit des chiffres générale- ment élevés; le bord antérieur du trou occipital est donc forte- ment abaissé. Nous pourrions toutefois signaler plus d’une excep- lion. Le tableau de mesures qui figure plus haut contient le chiffre 9°, qui nous a été fourni par un crâne masculin extrait de la grotte du Tablon. Pour ne pas répéter ce que nous avons dit à propos des autres iles, nous bornerons à ces quelques lignes notre description du crâne masculin. Les chiffres que renferme notre tableau, les quel- — 697 — ques commentaires qui lui font suite, nous montrent à l'île de Fer une grande diversité de formes et de dimensions parmi les cränes masculins. B. — Face. La face est tanlôt large et basse, tantôt moyenne, tantôt haute et étroite. L'indice facial peut descendre très bas : le minimum (59,40) est inférieur à l'indice minimum des hommes de Cro- Magnon ; le maximum, en revanche, atteint 74,42. Toutelois, la différence entre les extrêmes, quelque considérable qu'elle soit, n’estpas aussi grande qu'à Ténériffe. Lertype moyen de l'ile de Fer présente une face mésosème; mais ce type moyen résulte, comme nous venons de le dire, d’é- léments très divers. Voici de quelle façon se répartissent, au point de vue de l'indice facial, les têtes dont nous nous occupons en ce moment : INDICE FACIAL. EST SUD MÉCIOS MES Eee aus moe aie 30,00 29,42 MTESOSEMES DURE CARE ALERTE PA NE 30,00 39,29 MIÉDASENTES AE PAPA TENUE ACER RT NOR. {0,00 39,29 IMRODAUX UE AU Aa et 100,00 100,00 Les individus à face haute et étroite sont donc les plus nom- breux ; viennent ensuite les mésosèmes, et enfin les microsèmes. Ces derniers, toutefois, bien que venant en dernière ligne, for- ment cependant une partie importante de la population totale : c'est presque le tiers des hommes qui présente une face basse et large. Les orbites nous donnent, comme la face, un indice parfois très bas (71,43), parfois très élevé (92,31). La moyenne est mé- sosème si nous considérons les cranes du Tablon ou de la grotte de Lajiar, microsème si nous ne tenons compte que de ceux du Barranco de! la Guerra. Nous venons de donner les indices extrêmes: entre ces deux chiffres se groupent de la façon suivante nos têtes masculines de l'île de Fer. — 698 — INDICE ORBITAIRE. EST. SUD = = Microsèmes: RANCE EEA MEN EEE 70,00 52,94 Mésosèmes. NN ts SC NS Re 2e 30,00 38,24 Mérasèmes. EE 0,00 8,82 Touaririen aile rase: E 100,00 100,00 Les individus à orbites élevés ne forment donc qu'une faible partie de la population; dans l'est, nous n’en avons rencontré aucun. Partout nous voyons prédominer d’une façon très remar- quable les orbites bas et larges; les types intermédiaires repré- sentent à peu près le tiers du nombre total des hommes. Nous trouvons au contraire le nez long et étroit. L'indice des- cend même excessivement bas sur quelques têtes (40,35; 40,38); plus rarement, il atteint un chiffre élevé qui ne dépasse pas ce- pendant 56,01. Nous donnons dans le tableau ci-joint la proportion de lepto- rbiniens, de mésorhiniens et de platyrhiniens que nous avons rencontrés parmi les hommes de l’île de Fer : INDICE NASAL. EST. SUD LEDIOLRNNIENR EE EVE PET CEE EERD 70,00 70,59 Mesoxhmiense. 5 et -teLens be 30,00 20,99 Platyrhiniens..........:.......;... ; 0,00 8,82 TOUS OS nèErT El 100,00 100,00 La grande majorité de la population masculine avait done le nez étroit; ke quart avait le nez moyen, et c’est à peine si l’on ren- contrait dans le sud quelques hommes à large nez. Généralement la hauteur sous-cérébrale du front est faible : la glabelle et les sinus frontaux sont donc peu développés. Toute la partie supérieure de la face semble d’ailleurs peu développée dans le sens vertical; elle présente, au contraire, de grands diamètres transverses. L'indice orbitaire, à lui seul, sufhrait à démontrer ce que nous venons de dire; le peu de hauteur sous-cérébrale du frontal, les grandes dimensions que présente presque toujours le diamètre bizygomatique, en sont une autre preuve. — 699 — La région inférieure de la face est, au contraire, longue et d'une étroitesse remarquable. Le nez est long, étroit en bas; l’inter- maxillaire est élevé. Le maxillaire supérieur est tellement rétréci que le diamètre bimaxillaire ne dépasse pas en moyenne 60 milli- mètres; nous ne l'avons jamais vu s'élever au-dessus de 66 milli- mètres. La face, dans son ensemble, est parfois un peu prognathe, mais ce prognathisme s’accuse surtout dans la région sous-nasale. Le maxillaire inférieur est moins robuste que chez les hommes de Ténériffe. Le menton est saïllant et assez souvent triangu- laire. | as: Notons enfin l’usure fréquente des dents, qui ne le cède en rien à ce que nous avons signalé à Ténériffe. Le tableau ci-joint (p. 694) renferme les principales mesures de la face; nous n’ajouterons pas d’autres commentaires. IT. — Femmes. 0 À. — Crâne.. Le cràne féminin est, en général, un peu plus court et un peu moins haut que celui de l’homme. Ce sont là deux caractères que nous avons rencontrés sur presque tous les crânes anciens des îles Canaries. Les autres diamètres crâniens s’abaissent également chez la femme, mais dans des proportions moindres que les diamètres antéro-postérieur et vertical. Il en résulte forcément une diminu- tion notable de la capacité. A part ces différences, sur lesquelles nous reviendrons dans un instant et qui ne peuvent être mises que sur le compte du sexe, les crânes féminins de l’île de Fer reproduisent les caractères des crânes masculins. Nous trouvons chez les femmes la même diver- sité de types que nous avons signalée chez les hommes. Le tableau suivant, qui contient, comme tous ceux que nous «avons déjà donnés, les mesures moyennes, maxima et minima du crâne, montre d'une facon bien évidente le mélange qui existait dans cette île. La capacité crânienne, en moyenne assez élevée, varie de 1245 à 1685 centimètres cubes. Ce sont les deux crânes du Pozo de la Ballena qui nous ont présenté la plus forte capacité. — 700 — EMMES POZO DE LA BALLENA. MOYENNE. MAXIMUM. cent. c. cent, c. Capacité crânienne approchée 1647 1685 millim, millim, Projection antérieure 90 Projection postérieure. | 103 antéro-postérieur maximum 184 transverse maximum bitempora] biauriculaire Diamètre { bimastoïdien frontal maximum frontal minimum occipital maximum vertical basilo-bregmatique. horizontale totale horizontale préauriculaire transverse totale transverse sus-auriculaire. . . Courbe frontale cérébrale frontale totale pariétalet OU, SQL. 34 IE. occipitale Longueur du trou occipital Largeur du trou occipital Ligne naso-basilaire.. . Angle pariétal Angle occipital basilaire Long.=— 100. Largeur Indice Long.— 100. Hauteur...,....... Larg. — 100. Hauteur — 701 — À | | JRES DU CRÂNE. BARRANCO DE LA GUERRA. TABLON. cent. c cent, c cent. €. cent. € centnc cent. € 19391 1560 1245 1422 1560 1260 -millim, - millim. millim. millim. millim. millim, 89 94 82 91 98 80 99 106 93 99 10) 92 176 179 172 179 187 170 135 | 1/0 130 138 144 130 130 134 127 132 142 123 119 0 109 117 124 109 94 96 93 96 103 90 111 120 104 114 123 108 95 102 90 97 107 88 107 111 102 108 118 102 127 130 123 127 141 116 490 : Capacitétcrâniennelapprochée. Projection antérieure Projectionpostérieure Diamètre Courbe Longueur dutrou occipital Largeur du trou occipital Ligne naso-basiaire................... Angle pariétal Angle occipital basilaire....... Die * Indice . antéro-postérieur maximum. - transverse Maximum: ..::+.. bitemporal, ....::....:.1.1. biauriculaire .........4.:.. bimastoïdien .............. frontal minimum...:....... occipital maximum ......... vertical, basilo-bregmatique. . horizontale totale. .......... horizontale préauriculaire . . frontale cérébrale,........1, frontale totale ............. pariétale. +244. 2, Cet Pr) occipitale........:... CASE t Long. — 100. Largeur Long.— 100. Hauteur....,....... frontal maximum... ... 1: transverse totale............ Larg. — 100: Hauteur... 2. M millimsk CE cent. c. OYENNE: 1647 88 102 183 139 137 121 97 118 98 113 130 514 « ù MAXIMUM, £ ET C MOYENNE, s MINIMUM. ; Le cent, €. ont. 1685 ie un UE millim: millinr, millir,, millin 90 82 91 80 108. pi 99 92 18/4 172 179 170 a 130 138 130 141 | 127 132 129 122: 109 117 98 96. 114 BARRANCO DE LA GUERRA. — 702 — Par l'indice céphalique moyen, toutes nos séries rentrent dans le groupe des sous-dolichocéphales. Mais cette moyenne est la ré- sultante de types encore plus divers que chez l’homme. Nous voyons, en effet, l'indice varier de 73,45 à 82,18, c’està-dire que, à côté de femmes franchement dolichocéphales, il s’en trouve de sous-brachycéphales. Tousles types intermédiaires-existent, etnous les avons rencontrés dans les proportions qu'indique le tableau ci-_ dessous : à INDICE CÉPHALIQUE HORIZONTAL. | EST. SUD. DolichbcéPh A EEE EEE 25,00 13,64 Sous-dolichocéphales ST DS SE 37,50 54,54 Mésabtpphales ee" CPR RECER Re Er CE 37,50 18,18 Sous=hrachycéphales. =..." .--170. 0,00 13,64 TOUS: LE EE RELES 100,00 100,00 En première ligne viennent les sous-dolichocéphales qui for- ment presque la moitié de la population; nous trouvons ensuite les mésaticéphales, les dolichocéphales et enfin les sous-brachy- céphales, que nous n’avons rencontrés qu’en petit nombre et dans la grotte du Tablon seulement. Le cinquième des femmes environ étaient dolichocéphales. L'indice transverso-vertical nous conduit aux résultats suivants : INDICE TRANSVERSO-VERTICAL. EST SUD Fr} Micro MES RE EENE ER L.Lr ecu md ol 25,00 45,46 Mésosèmes "98m. 0h 2: PEINE. 75,00 50,00 | Mépasbmes PE CE CCE CCE UT 0,00 4,54 TORAUX. . Ones Lee he late de 100,00 100,00 Le tableau qui renferme les mesures des crànes féminins de l'île de Fer nous a montré, dans les trois localités dont nous pos- sédions des pièces, un indice moyen mésosème. Les chiffres ci- dessus nous font voir que les mésosèmes étaient, en effet, plus.» nombreux que les autres. Il existait, toutefois, un nombre impor-. M tant de femmes à tête surbaissée (indice microsème), tandis que — 703 — celles à têle haute ne se rencontraient qu'à l’état d'exceptions. Nous n'avons jamais vu, chez la femme, l'indice transverso-vertical atteindre 100. La courbe antéro-postérieure offre les mêmes caractères que chez l’homme : régularité assez grande, beau développement antéro- postérieur du frontal et des pariétaux, raccourcissement de l’occi: pital: Nous pourrions signaler quelques exceptions et noter, sur plusieurs cranes, le méplat pariéto-occipital, le renflement iniaque, et, sur un plus grand nombre, le sillon post-coronal. Nous devons remarquer que les deux crânes du Pozo de la Ballena, qui diffèrent des autres par la capacité, en diffèrent éga- lement par la courbe antéro-postérieure; la portion pariétale est relativement plus grande sur ces deux têtes. Les diamètres transverses présentent des dimensions plus petites que chez l’homme, surtout le diamètre bimastoïdien; le diamètre frontal maximum est encore plus grand. C’est donc surtout en bas que se rétrécit le crâne de la femme de l'ile de Fer. La norma verticalis, le trou occipital, les projections antérieure et postérieure, l'angle occipital basilaire offrent, dans les deux sexes, les mêmes particularités. Nous ne pourrions, à propos de la femme, que répéter ce que nous avons dit plus haut. Il nous faudrait, si nous voulions nous étendre davantage, parler de la fréquence des os wormiens et de certains caractères qui se rencontrent aussi bien dans les autres îles qu'à l'ile de Fer. Toutes les particularités que nous avons signalées sur les crânes de Ténériffe se retrouvent, avec une fréquence plus ou moins grande, dans les autres îles. Signalons cependant une pièce intéressante anormale, que nous avons extraite de la grotte du Tablon. C’est une tête demi-micro- céphale qui ne cube que 1085 centimètres et qui se rapproche par tous les détails de celles si bien décrites par notre ami le docteur Montané sous le nom de microcéphales intermédiaires. B. — Face. La face nous arrêtera peu, par ce seul motif que nous aurions à répéter tout ce que nous avons dit à propos de l’homme. Nous nous bornerons à faire ressortir les quelques différences que nous avons observées entre les deux sexes. POZO DE LA BALLENA. MOYENNE. MAXIMUM. millim. millim, biorbitaire externe 107 : interorbitaire .... SE 24 Distance . : 4 bizygomatique maximum... ........ 129 bimaxillaire minimum..........4. Largeur/ded'orbitemrs. 41.221086 Hauteur de l'orbite Largeur noix inférieure des os nasaux........... maxima de l'ouverture du nez Longueur médiane des os nasaux.............. Longueur totale du nez sous-cérébrale du front..... de l'intermaxillaire . . . . Hauteur totale de la face. ....,..: de la pommette orbito-alvéolaire Longueur de la voûte palatine Largeur de la voûte palatine. Distance de la voûte palatine au trou occipital.. . . Distance biangulaire Maxillaire } Distance angulo-symphysaire. inférieur. | Hauteur branche montante Hauteur symphyse. Angle facial sous-nasal.. . Angle facial alvéolaire. ......:.2.... 66° orbitaire .. LTDUALU SO 88,57 94,29 Indice 4 nasal. .... jé 47,00 48,93 fact LE UE A, 65,60 68,80 RP U SE RETRE N rss CA RUB 00 40h NC tre dpi DRE TITI en 1: 89919 3W due LE. CE. 111 98 29 116 00 35 26 10 8 il millim. 22 | 102 SCmillèo, 110! TON 107 34 224 aue57 22 _— bc veunel 9730 Jo BEC gai À 56,8221191 08 13495 7838 ‘PGiio AS EN AE Et Gi 2910 NOTE yno8ganeidie 620101 MISS. SCIENT. — XIII. {5 & 4 IMPRIMENTE NATIUNAL» — 704 — POZO DE LA DALLEN MOYENNE: ” MAXIMUM, millim. müllime oi ' D DTOTETE ORNE DSRRE TETE TES lots Des NAN E biorbitaire externe, ....: dis 103 107 40 ‘3 Nine balade ls = interorbitaire 42.4 het 22 24 |, 102 107 , Ni : re | En si qe FL es bizygomatique maximUM... » Aus" 125 125 24 34 19 29 ne ble > ygomatiq 4 Éd ss 27 19 bimaxillaire minimum. . «4: 5e 59 sous CL | 124 0 MTS Largeur de d'orbite... rester 35 35. 54 Mn. 11467 53 Pa Hauteur de l'orbite... ..*..:.:4/9..:4.Mres 32 33 38 35 34 supérieure des 05 nasaux-*-:::":-« 16 20 33 minima des os nasaux........:-" 11 13 15 = Largeur els | ; inférieure des os nasaux. . esse 18 [R maxima de l'ouverture du nez. ...-. 23,5 oh Longueur médiane des os nasaux...;;-;"" 1": u ; " Longueur totale du nez.......:-:::::1::"#"; 5o 5ô. 17 sous-cérébrale du front... .... To 16 18. EE TETE) de l'intermaxillaire +... 16 18m Ç Hauteur. (totale dela face... «+ saur EC EE 821 |1 .h 86! 1]: deda pommettes.. #24. 3 DEC. BEA 23 al orbito-alvéolaire................. 36 37. Longueur (de Ia voûte palatine:: : +." -°"": 18 48 Largeur de la voûte palatine. .-.-.-.-:.:-.-°- 48 39 s Distance de la voûte palatine au trou occipital::- : lo "ho | : Distance biangulaire ............. Ft À Maxaire Distance angulo-symphysaire. . -...: È 3 j “r pal sde J inférieur. | Hauteur branche montante .......: Û a el AIS also tisienhe auoivaint np 9 & Anogiaïisttuol pr Hauteur symphyse....:....:..4.: ” 3 FE ao LA LE ageP biaix: Il ados | Angle facial sous-nasal........:...........-. 72° 75° s#urwg| sm 49 arr Eadoere bodi ji Angle facial alvéolaire. . .....::2.. hrs 65 66. SR j 77 tir 674 orbites bananes SE 88,57 9429 | ; 15 aa Al vi che ie Po 21 lPnà ao coast Indice RAR. Gare EE AU Ë 4700) à + 1100 ; s à daméragret 2980 de hd LATTES } k % 54,35 er 8 5 256/8pu2 102, jai RAC IRD ENTER RPANRER ES | :|n 168,80. 65: Ad246g, Chez la femme, comme chez l’homme, nous trouvons des su-_ jets microsèmes, mésosèmes.et mégasèmes ; que.nous considérions l'indice facial, l'indice orbitaire ou l'indice nasal, nous ne voyons varier que la proportion des individus qui rentrent dans-chacun de ces trois groupes. Nous connaissons déjà cette proportion lors- qu'il s'agit du sexe masculin; le tableau suivant va nous montrer . de quelle façon se répartissent les femmes au point de vue e des i in- . dices de la face : Microsèmess:. 000 4e )2, 45,46 Face 14 Mésosëèmes!...........4!... 25,00 4o,g1 | Mégasèmes,. . .. 11... ... 12,50 * 113,63 D Pet : 100,00 a Microsèmes : #0. 0" j 31,81 | Orbites ...J. Mésosèmes. . . ... Ce Lan. 25,00 45,46 ! Mépasèmesk-..n xd... 25,00. 22,79 TOUL PE EU EN 100,00 1100,00 ee Leptorhiniens..........1... 25,00 35,36 Ner ET Mésorhiniens.............. 62,50 23,73 | Platyrhiniens. . . .. RL CHA NE 12,50 4o,g1 Sh -1 hr, Tone deu 100,00! 100,00 Nous voyons la plus grande partie des femmes présenter une face basse, contrairement à ce que nous avions constaté chez les hommes. Il existe cependant un bon nombre de têtes féminines À face mésoséme et une quantité qu'on ne saurait négliger à face haute et étroite. En revanche, nous trouvons moins de femmes que d'hommes à orbites bas et larges, bien que cette forme orbitaire soit encore celle qui se rencontre le plus fréquemment dans le sexe féminin. La proportion d’orbites élevés augmente d’une facon très sensible. Le nez est généralement plus large chez la femme; la plupart a sont mésorhiniennes et beaucoup plaiyrhiniennre Ge pie pris du tiers ont le nez étroit. La hauteur sous-cérébrale du ont est Libé ra de deux sexes. Comme chez l'homme, la face se rétrécit considérablement en bas, le bord alvéolaire se projette en avant, les dents sont fré- que usées, etc. Le tableau précédent (p- 704) TELE d’ail- » ; Oo IL. — RÉSUMÉ DES CARACTÈRES GÉPHALIQUES. — CoNÉRR ous | Nous venons de voir que la population ancienne de l’île de Fer était aussi mélangée que celle des autres îles. Au milieu de ce mé- lange nous retrouvons les deux iypes dont nous ayons constaté lexistence presque partout. . Le crâne offre souvent une capacité sans une dolicho- dphalis franche, un beau développement frontal. Parfois nous rencontrons le méplat pariéto-occipital, le renflement de. Binien et un certain aplatissement de la base. o'f + Presque la moilié de nos têtes nous PRET une fhces basse ; plus de la moitié ont des orbites bas ct larges; la grandé majorité ont le nez étroit ou mésorhinien, toutes enfin ar une étroitesse remarquable de la région maxillaire. Tous ces caractères appartiennent au type guanche, et il nous | Mia d'autant plus impossible de nier l'existence de cet élément à l’île de Fer, que nous l'avons trouvé, dans cette île, à peu près DOre 4 Considérons les hommes seuls. Dans le sud, nous avons extrait de la grotte du Tablon six têtes qui offrent réunis à peu -près tous ces caractères. Nous avons étudié 34 crànes masculins de cette provenance; c'est donc presque, lé cinquième (17,35 p.100) des: hommes de cette région qui présentaient à peine altérés, les traits, des, véritables Guanches. Nous devrions ajouter quesur la plus grande partie de nos pièces se, retrouvent les, traces évidentes de l'influence de ce type. pl . Ce sont certainement ces hommes qui Ré ces tailles élevées que nous signalions au commencement de ce chapitre.: . Mais à côté d’eux nous rencontrons un autre type: non moins caractérisé. Cinq têies de la grotte du Tablon, très semblables les unes aux autres, nous ont fourni les moyennes que nous donnons 45. — 708 — ci-dessous, en mettant en regard les moyennes obtenues par be sur les hommes arabes d’ Lu : > HOMMES. MESURES. CUEvA ARR LA DEL |TABLON. ETUI cent. c cent. € Capacité crânienne approchée.............. 1478 1474 P NA amiilims + |) - millim. Circonférence horizontale. ................. 517 506 antéro-postérieur Maximum. . : 184 182.4 transverse maximum ...:4.:4:.. 139 196 , vertical basilo- -bregmatique. . 22 130 135 Diamètre { frontal maximum.............. ET EU frontal minimum............ 1 98 À 96 biorbitaire externe. ............| 104 105 birygomatique maximum. . ... . x - 126 128 Hauteur de là face. .1197 1, 4 OM QT 89 go Hauteur de l'orbite... .........%1 (l, 81.9b.10 33 | 34 Largeur de l'orbite... ji Bit 1E 38 39 Largeur maximum du nez, :.1.. 4.41. eatidao- 23 23 Longueur totale du nez .-:,,4..:..:.... 7 52 51 céphaliquer ste. ..,,:.j,. 1 79,79 76,00 Indiée GE éd btis 70,27 70,00 OLIS LU x tie Lee 87,83 86,00 DATA RME ne Dino lee oi né GaapE à 45,00 46,00 Les indices ne peuvent laisser aucun doute sur l'entière ressem- blance des deux types céphaliques. Toutes les mesures concordent, et c'est à peine si nous pouvons trouver quelques légères diffé- rences dans la circonférence horizontale, le diamètre vertical et le! diamètre frontal maximum. Nos cinq hommes du Tablon ne dif- férent en somme des Arabes d'Algérie que par un développement horizontal un peu plus grand, un peu plus de largeur du eee. et un peu moins de hauteur du crâne. leur À Tous les autres caractères sont les mêmes dans les dès séries. Nous pouvons ajouter que les insulaires dont nous parlons’ offrent: un crâne d’un ovale régulier, et que le nez continué presque la courbe frontale, la dépression de la racine étant à peine indiquée. On ne saurait donc nier, à notre avis, que dans l'ile de Fer a — 709 — vécu un: élément isyro-arabe dont nous avôns ‘retrouvé des: repré- sentants.à peu près aussi purs que le sont les Arabes d'Algérie. :Il.est peut-être intervenu un troisième élément à crâne court et de petite taille. Nous n'avons toutefois rencontré aucun crâne reproduisant ce type; c’est à peine si nous avons constaté quelques cas de sous-brachycéphalie, chez la: femme seulement: Il est in- contestable cependant que la mésaticéphalie que nous: avons! vue assez fréquente ne peut nullement résulter du mélange du Guanche dolichocéphale et du Sémite sous- PU a hd ow même doli- chocéphale. | En l'absence de preuves de iesenes : à le de Fer Ml àicräne relativement court, il n'est peut-être pas téméraire d’ad- mettre que les individus mésaticéphales où sous-mésaticéphales sont venus déja métissés de quelque île voisine où nousravons constaté d’une manière irréfutable la présence de brachycéphales. En résumé, quelle que soit la provenance du nouveau type; nous pouvons dire que la population de l’île de Fer renfermait : 1° Des Guanches, dont un certain nombre avaient conservé leur type à peu DIE DUT VAT 2° Des Sémites, parfois aussi purs que ra Arabes d'Algérie ; 3° De nombreux métis, résultant des alliances entre les Guanches et les Sémites ; 4° Enfin des individus à crâne plus count, a” CENTRE élevés. a une taille au-dessous de la moyenne. $ 3. — LES MEMBRES. “Le squelette des membres ne nous à fourni aucune donnée importante; aussi n ‘allons -nous consacrer à son étude ! quë quelques lignes. eo Les os du membre supérieur et ceux du membre interie ne présentent pas, en général, les signes de force que l'on remarque sur ceux de Ténériffe : les os sont plus grêles, les empreintes mus- culaires moins saïllantes. Quelques-uns cependant font exception; c’est dans la grotte du Pozo de la Ballena que nous avons rencontré les os à la fois les plus longs et les plus robustes. Dans la grotte du Tablon nous avons trouvé un petit nombre d'os dénotant une force musculaire considérable. — 710 — L'humérus mous a offert assez fréquemment la perforation de la fosse olécranienne. Ce caractère est fréquent dans le sud; sur les humérus de Ja grotte du Tablon nous l'avons rencontré dans la proportion de 28 p. 100. Ur DL Le fémur présente parfois les caractères que nous considérons comme propres à la race guanche ou de Cro-Magnon: Ces caractères existaient sur 23,33 p. 100 dés fémurs que mous avons mesurés dans la grotte du Pozo de la Ballena, et sur 8,23:p. 100 de ceux que nous avons étudiés dans la grotte du Tablon. Cette proportion est presque exactement celle des hommes de haute taille que nous avons observés dans ces deux localités. Le tibia est rarement platycnémique; nous! n'avons noté cette disposition que sept fois sur quatre-vingt-deux tibias. Si nous calculons les rapports du radius à l'humérus, du tibia au fémur et du membre supérieur au membre inférieur, nous obtenons les chiffres suivants : 2OzO DE LA BALLENA. TABLON: du radius à l'humérus. . .. 76,81 76,58 Rapport. .… du tibia au fémur ....... 84,05 83,65 du membre supérieur au membre inférieur. . . ... 69,50 69,11 Ces chiffres nous montrent une grande analogie entré les gens des deux localités. Au Pozo de la Ballena, comme dans le sud, le rapport du radius à l'humérus rapproche des insulaires de l'ile de Fer des Nègres, tandis que le rapport du membre supérieur au membre inférieur les en éloigne. Une autre conclusion ressort de ces chiffres : c’est que les indi- vidus du Pozo: de la Ballena sont, à ce point de vue, plus voisins des Guanches que ceux du sud. C’est à Ja même ‘conclusion que nous conduit l'étude de la taille et celle des os longs. Nous regreitons que les deux uniques crânes que nous ayons récoltés dans cette grotte ne viennent pas à l'appui de cette thèse. Nous nous bornons à enregistrer des faits, sans parti pris-et-sans chercher à concilier ceux qui ne concordent pas. sis: | ue, M vide, HO JA» HT LUE et ETS h — 711 — CHAPITRE V. 00 LES ANCIENS HABITANTS DE LA PALME. ST TAILLE. “Nb ne sdofs que fort peu de documents relatifs aux anciens habitants de l’ile de la Palme. Malgré toutes nos recherches, nous n'avons recueilli; dans cette ré sun un à petit nombre de ma- tériaux. PET Pour déterminer la tail par exemple; nousn'avons pu mesurer que onze os longs dans le ravin de San: Juan Belmaco, à peu de distance de la fameuse grotte décrite par Fritsch; let quelques os isolés de quatre sujets différents dans le sud de l'ile, à Argual. Nous ne nous dissimulons pas qu'avec des documents aussi res- treints, les résultats que nous allons APE ne sauraient être: con- sidérés comme définitifs. | La plupart des auteurs anciens attribuent aux insulaires de la Palme une taille élevée; mais il est probable qu'il existait, à ce point de vue, autant de diversité parmi les RAA que dans les autres îles. | | _ À San Juan Belmaco, les gens duhé nous avons mesuré les os nous ont donné une moyenne de 17,65 ou 1°,66; la taille maxima ne dépasse pas 1 RON et le minimum ne descend pas au-dessous de 17,60. (5 “Bien que nous n’ayons mesuré dans cette localité que cmq RE cinq fémurs, nous n’en‘attachons pas moins une cer- k: taine importance aux chiffres ci-dessus. Eneffet, les chiffres con- % cordent exactement, que nous prenions pour: base: d'évaluation l'un ou d'autre de ces deux os. Nous verrons en outre, lorsque nous nous occuperons de la tête , que les individus de San Juan Belmaco présentent les caractères ‘céphaliques des Arabes. Or la taïlle . moyenne que nous obtenons est celle que M. Topinard attribue à cette race (1°,656). Il est donc probäble que nos résultats sont très voisins de la vérité. D Dans le sud, à Argual, nos quatre sujets nous ont donné des chiffres absolument différents. Tous les quatre sont de petite taille, qui varie entre 1°,49 et 1",59; la moyenne est de 1,55. De cette région nous ne connaissons aucun crâne, de sorte qu'il nous est — 712 — impossible de contrôler par les caractères céphaliques les rensei- gnements que nous fournit la taille, Toutefois, après ce que nous avons observé dans les autres îles, nous sommes presque tenté de dire que, à la Palme, a dü vivre aussi ce type de petite taille, à crane court, que nous avons rencontré sur plusieurs points de l'archipel. Ce n’est là qu’une hypothèse qui a besoin d’être vérifiée. L'élément guanche de taille élevée a-til vécu à la Palme? Nous serions disposé à répondre affirmativement. Malheureusement nous avons perdu les quelques mensurations que nous avions pra: tiquées sur une douzaine d'os longs dans la grotte de la Dehesa, de sorte que nous ne pouvons aujourd’hui donner ‘aucun chiffre. Notre opinion ne repose que sur nos souvenirs et sur l’existence d'un crâne extrait par nous de cette grotte: Le crâne présente incontestablement de nombreuses traces de l'influence guanche, mais à Jui seul il ne suflit pas pour affirmer la présence à da Palme d’un élément de taille élevée, quelles que soïent.les proba- bilités qu'il y ait pour l'admettre. $ 9. 7 LA TÊTE. Nous n'avons recueilli dans l'ile de la Palme que neuf têtes osseuses : huit proviennent du ravin de San Juan Belmaco et la neuvième dune grotte voisine dé Santa Cruz de la Palme-et connue sous le nom de Dehesa. Ces pièces, nous les avons déjà fait connaître (); nous avons montré que, prises en masse, celles de Belmaco présentent une analogie presque complète avec les crànes arabes mesurés par Broca, et que le crâne de Dehesa offre des traces non équivoques de l'influence guanche. Nous allons reprendre aujourd'hui cette étude etexaminer simultanément les.crânes masculins et les cränes féminins, le petit nombre de pièces que nous possédons nous au mettant cette étude simultanée dés deux sexes. À. — Crâne, Le crâne des anciens insulaires de l'ile de la Palme présentait en général une ossature fine que nous aurions sdû noter dans-le sud de l'ile-dé Fer: :: | 131 TATTEL: OÙ Voir Bulletin de la Société d'anthropologie, t. AV; 3° série, séance ‘da 3 juin 1881. JUBII n Projection postérieure. ........ ll Hraural, sure urie bitemporal. ... .... Diamètre { _ bimastoïdien . de cl | frontal maximum. … frontal minimum... LAN C L'ORRMOOEAE | «| ft horizontale totale. . : horizontale iransverse totale... transverse Maire. IDR frontale cérébrale, . . MM lipaetlesst sise: oceipitale..:....2. Longueur à trou alsas te | Longueur « dt rou occipital | Largeur du tou occipital. a AE Ligne naso-basilaire........... DAnBE pariétal. .. eue à 15 MESURES DU CRÂNE. . | Capacité « crânienne appr ochée...., . Projection LÉO S à rl antéro- -postérieur maxi- 01 {" transverse maximum ;:. biauriculaire Roue “occipital maximum... .. V0 | vertical basilo-bregma- : préauricur ÉTAPE sus-auricu- frontale totale .......:. | Angle occipital basilaire.. ..:...... — T15 — SAN JUAN BÉLMA CO. ne nn DEHESA. HOMMES: FEMMES: Ro # s SL UE il = = G' E » 2 £ = 5 “ El te é] | 2 ba el Æ a Lo Æ © < = ° a = El 2 l À = E cent, c.|cent. c.|cent.c. | cent. c.|cent-tc.|cent.c:| cent. c. 1502| 1505| 1500! 1479|1735|1305| ,» millim. |millim. millim. | millim.|milim.|millim. |. millim. _. 96 | gg | 94 94 | 104 | 86 | 101 104 | 109 | 99 | 103 | 113 | 90 107 186 | 190 | 180 |:182:| 188 | 197 190 138 | 139 | 123061/4239 | 147 | 132 | 144 131 1132 | 129 | 128 | 1321 | 125! ñ .. 2 hiitlas lire 1138) 5 Eo 123 108 | 112 | 105 9 ‘100 g4 104 118 | 108 | 113 | 118 | 105 | 120 103 | 99 | 94! 96! 92}. ,99 109 | 110 | 108 | 107 | 112 | 106 | 109 . eu es = em © DA 196 |t127 | 123 | 140 516 |: 530 | 505 534 SCIE (0) ... 1520 | 530 |:514 290 38e Snn 0) 29722 | 235 . Lieata0 15 og | 412) 00 0135 ..N 291 | 297 | 287/|1287 | 299 79 | 305 MONO 98 9g!| 102 94|1104 | 2241/1927 lhwoo | 120 la123 | 147 129 ‘51h120; | 1290 1261722 135 124 audot| 119, 222 | 130 | 129, au : 34 | 35 | 33 34 |, 36 |. 321, |,.,39 RUE ER RE 29 92 28. 30 41100) Mas Ni oo ot o6 93 |. 102 ...|HioÆHuisl+Eg | —4#)+5 +13) +4 D On 21e 02 2.20 D NS OO RS Long. 100. Largeur: |74,19/77,22|71,06 | 76,37178,53/73,93| 95,79 Indice | Long. — 100. Hauteur. |30,43173,33168,42|69,23|71,19l67,u| 73,68 Larg. = 100: Hauteur. |94,93/94,96/92,53 | 90,65196,21186,39 |! 97,22 — 714 — Avant d'en aborder l'étude détaillée, nous avons donné, résu- mées dans le tableau ci-dessus, les principales mesures que nous avons prises sur nos différentes pièces. Les mesures ci-dessus nous montrent à la Palme un crâne bien développé; la capacité cränienne dépasse encore la moyenne. Nous n'avons pas pu cuber le crâne de la Dehesa, mais, à en juger d’après tous ses diamètres, il devait présenter une capacité supé- rieure à celle des crâänes masculins de Belmaco. Les femmes de San Juan Belmaco ont, en moyenne, le crâne aussi volumieux que les Arabes de sexe masculin. Ce résultat tient uniquement à Ja présence d’un crane exceptionnel qui ne cube pas moins de 1735 centimètres cubes. Les hommes sont dolichocéphales à Belmaco, mais l'indice moyen est la résultante de chiffres assez différents. L’un des crânes est très dolichocéphale (71,96), le second un peu moins allongé (73,33) et le troisième sous-dolichocéphale (77,22). C’est égale- ment au groupe des sous-dolichocéphales qu'appartient l'homme de la Dehesa, bien qu'il soit bien voisin des vrais dolichocéphales avec son indice de 75,79. La moitié des femmes de Belmaco sont dolichocéphales; les autres sont mésaticéphales, avec des indices toutefois peu élevés. L'indice moyen les fait rentrer dans le groupe des sous-dolichocéphales. Au point de vue de l'indice céphalique, nos sujets de l'ile de la Palme peuvent appartenir tout aussi bien au type guanche qu’au type arabe. Dans les deux races en effet se rencontrent des doli- chocéphales et des sous-dolichocéphales. Ce n’est qu'après avoir passé en revue les autres caractères qu’il nous sera permis de for- muler une opinion. Nous devons remarquer toutefois, sans attacher à cette remarque une grande importance, que, de même que toutes les femmes canariennes, celles de la Palme avaient généralement le crâne un peu plus court que les hommes. C’est le contraire de ce que Brota a constaté sur sa série de crànes arabes d'Algérie. Le diamètre vertical est faible sur presque tous nos sujets de Belmaco, tandis qu'il atteint 140 millimètres sur le crâne de la Dehesa, Aussi ce dernier donue-t-il un indice transverso-vertical de 97,22, tandis qu'aucune des têles masculines ou féminines de l’autre localité n'atteint ce chiffre: elles offrent unindicemicrosème ou mésosème. — 715 — -! La;courbe antéro-postérieure est généralement régulière: Cette régularité se drouvé cependant interrompue sur tous nos cranes, à l'exception d’un, par le sillon post-coronal, très marqué sur deux d’entre eux: Plusieurs présentent le méplat pariéto-occipital et le renflement iniaque. . Les têtes de/Belmaco; comparées à celles de Ténériffe, donnent une courbe frontale et une courbe pariétale plus petites et une courbe occipitale plus grande. Le crâne de la Dehesa ne se diffé- rencie, à ce point de vue, des crânes guanches , que par un léger raccourcissement de: l'écaille occipitale. La courbe horizontale est, en moyenne, inférieure de 18 mulli- mètres à celle que nous avons trouvée sur les crânes de Ténéniffe, etnous.constatons que cette réduction porte surtout sur la région antérieure. Le crâne de la Dehesa présente la même courbe totale que ces derniers; mais le crâne antérieur est relativement petit, résultat dû au rétrécissement du frontal en avant. é La courbe transverse totale lest beaucoup plus petite sur les crânes de Belmaco que sur les crânes guanches; la courbe sous- auriculaire diffère peu, de sorte que.c’est la région sus-auriculaire qui s’abaisse considérablement, Ce résultat tient en grande partie à la diminution du diamètre basilo-bregmatique et en partie à la réduction de tous les diamètres transverses du crâne. En somme, lecrâneparaît un peu: surbaissé, À ce point de vue encore, le crâne de la Dehesa s'éloigne de ceux de Belmaco et se rapproche de ceux de Ténériffe. L’étroilesse que mous venons. de signaler sur les crânes de la Palme se manifeste surtout en haut et dans la région moyenne (diamètres transverse, maximum et bitemporal); en bas le crâne est pewrétréci, comme le montrent les diamètres biauriculaire et bimastoïdien, 6112, | Vues d'en haut, nos têtes “ Fi Paie offent un ovalé très régu- lier. L’une d'elles cependant a les bosses pariétales très saïllantes; il est vrai qu'il s’agit d’un jeune sujet. Par la norma verticalis, le crâne diffère aussi des autres; la face est plus prognathe, et l'on voit le maxillaire supérieur faire en avant de élial nez une saillie no- table. { - L’angle pariétal ne présente aucune particularité. remarquable chez les hommes; mais chez les femmes il diminue au point de donner une moyenne négalive; nous l’avons vu descendre à — 13°. — 716 — Les arcades zygomatiques sont donc peu saillantes, puisque le diamètre bizygomatique maximum peut être beaucoup plus petit que le diamètre bistéphanique. L’angle occipital basilaire reste élevé. Le trou occipital forme donc un plan fortement incliné en avant et en bas; aussi est-il naturel de voir la ligne naso-basilaire donner un chiffre élevé. En résumé, les cranes de File de la Palme sont généralement allongés (dolichocéphales ou sous-dolichocéphales); quelques femmes sont mésaticéphales. Bien que les diamètres transverses soient petits, l'indice trans- verso-vertical est microsème ou mésosème. Cela tient‘un peu au développement du crane vertical. En effet, l'étude de la courbe transverse nous a montré que la voûte est loin de présenter, au- dessus du plan horizontal biauriculaire, l'élévation qu’elle offre chez les sujets de Ténériffe. Le crâne est donc quelque peu sur- baissé. La courbe antéro-postérieure, la norma verticalis nous ont. fait voir un crane en général d’une grande régularité (pl. IV, fig. 1 à 4): La courbe horizontale antérieure comparée à la postérieure prouve que la région antérieure du crâne est relativement petite. C'est donc surtout le crâne postérieur qui contribue à élever la capacité crànienne. Enfin le plan du trou occipital est incliné en bas et em avant. Nous avons vu que le crâne de la Dehesa diffère des autres’ par un plus grand diamètre vertical, par ses courbes frontaleret occi- pitale, aussi bien que par le rapport de sa courbe sus-auriculaire à la courbe transverse totale. Nous aurions puajouter qu'il se dis- tingue encore nettement par son ossature plus forte, plus massive: I nous faudra d’ailleurs revenir sur certains caractères après avoir étudié la face. B. — Face. Nous croyons utile de joindre à notre description un tableau des mesures de la face. L 51 HN La face est haute et étroite chez toutes nos femmes de Belmaco et chez les deux tiers des hommes de cette localité; l'autre tiers présente une face microsème. Le crâne de la Dehesa porte une face mésosème presque basse (indice facial 66,16:) ANRT ON Eure — 17 — MESURES DE LA FACE. SAN JUAN BELMACO. ÿ A one |DEHES A. HOMMES. FEMMES. En dé NE) . £ = & & É gén a foin foillin. pin, nil [ain |millim. | min. Lo biorbitahe/erterne PORC 105 | 107 | 103 99 |107 | 95 | 111 Duke imterorbitaire SPVUETER 22 23 | 20 20 | 21 19 25 ag bizygomatique maximum.| 128 | 133 | 123 | 117 | 124 | 112 | 133 0 Ubimaxillaire minimum. 63 | 66 | 61 | 60 | 61 | 59 63 Parpenr de Jorbite .…..........0. 39 | 39 | 38 || 37 || Ao | 34 39 Hauteur de l'orbite. ........,.... 21e 3391003 32 POSE 27 frEp" S supérieure des os nasaux..| 13 | 15 |. ‘10 | 12 | 141| 10 | 19 #ot0 11 minima des os nasaux...| 10 | 13 9! l'oxon|t022 Largeur ( inférieure des os nasaux..| 15 | 16 | 25 15 “ u 18 l maxima de l'ouverture du APRES nsc ON OMIREMMAENINETS 27 Longueur médiane des os nasaux.. PHMNSEMIEC 21 u “ 26 Longueur totale Miumer due 49 51 46 47 49 | 45 A7 k |'sous-cérébrale du front... D OR N RATS 20 | 22 | 19 23 - | de l'intermaxillaire. . . . .. 2 Bodo 19 | 20 | 18 20 | Hauteur {totale de la face... .....| 92 | 95 | 87 | 86 | 87 | 85 88 de la pommette........ 20 MCE Ma NIEIN eS0)a8 23 | «us \orbito-alvéolaire. ...:... A1 | 43 | 39 | 37 | 39 | 36 45 | Longueur, de la voûte palatine. . .... 55 | 57 | 53 | 49 | 52 Largeur de la voûte palatine. . . .. . 38.| 38 | 37 | 34 | 36 Distance de la voûte palatine au trou : CET SEP PENTE h1 | 45 | 39 ho | 42 1] Distance biangulaire.. ...| 95 | 97 | 92 81 | 84 4 7 Distance angulo-symphy- A] Maxillaire saire:. Monnaie se Tom SMOraN)MNToN Ta inférieur. | Hauteur branche mon- tante ht AC et 552156) 1052 46 | 48 | Hauteur symphyse...... Seyne) Sr 284 31 Angle facial sous-nasal. ........... 71° | 73° || 69° | 68° | 7o° Angle facial alvéolaire..…...........| 63° | 65° | 62° | 62° | 64° orbitaire. . . ... bio ce 82,00|84,62|81,58|86,49|94,12|77,c0| 69,23 Indiobi ne masalt et ae ho 2] n2,86/47,83139,23 | 44,68/46,83/40,82 | 57,45 ER et Pal. 1 DR PES dt 71,87/76,42|65,41|73,59|76,10|69,35 | 66,16 — 118 — Les orbites ont les formes les plus variables. À San Juan Belmaco la moitié des femmes ont les orbites hauts, le quart, les orbites moyens, et l'autre quart, les orbites bas. Les hommes ont, les deux tiers, les orbites bas, et l’autre tiers, les orbites moyens. La tête de la Dehesa donne un indice moyen excessivement faible (69,23.) Le nez est étroit chez tous les sujets des deux sexes de Belmaco, tandis que l’homme de la Dehesa est platyrhinien. Ce dernier présente en outre une forte dépression à la racine du nez, dispo- sition que nous constatons sur quelques-unes des autres têtes: Les! autres au contraire n'offrent pas cette échancrure, et Le nez semble presque continuer la courbe frontale. La glabelle, les arcades sourcilières, fortes, saillantes chez | l'homme de Santa Cruz, sont encore assez marquées chez un honime de Belmaco, tandis que les autres hommes et les femmes les ont presque lisses. Chez tous les sujets de cette dernière localité, l’espace interor- bitaire est relativement petit, l'ouverture nasale étroite, ainsi que le maxillaire supérieur, L'homme de la Dehesa a le maxillaire étroit, mais les yeux sont séparés par un large intervalle et le nez offre une largeur maxima de 27 millimètres. Les pommetles, saillantes chez celui-ci, sont effacées et fuyantes chez les autres, quoique assez hautes. Le premier nous montre une voûte palatine plus longue qu'aucun autre; ses dents sont usées, tandis que les autres présèntent peu ou point d'usure dentaire, à part ceux dont le type se rapproche du’ Guanche. Le maxillaire inférieur chez les gens de Belmaco est, comme le reste de la face, un peu étroit, mais bien développé en hauteur. Le menton, saillant, est quelquefois triangulaire. $ 3. — conNcLUSIONS. Si nous ne tenions compte que des moyennes, nous pourrions dire que les gens de San Juan Belmaco se rapprochent considé- rablement des Arabes d'Algérie, etqu'ils ne s'en différencientguère que par un peu moins dé développement vertical du crâne et par des orbites un peu plus bas. Le crâne de la Dehesa suffirait presque — 719 — _ à.lui seul pour démontrer ane les Fuanghes ont lussé leur trace à la Palme oi | doinie bai Mais ce que nous avons dit La haut, nou lorsque d s'est agi de, la face, démontre que plusieurs éléments s'étaient mélangés. à Belmaco. Arrétons-nous un‘instant sur ce sujet. Le type qui,se reconnaît de prime abord: est le type syrorarabe. pe. moyennesle montrent quelque:peu métissé. Mais si, comme nous. le disions dans le mémoire auquel mous faisions .allusion plus haut, au lieu de prendre.en bloc notre série de Belmaco, nous éliminons les, individus, plus ou. moins RÉHSES il nous restera quelques Sémites bien caractérisés. C’est en effet ce type que nous présentent É cràne: masculin PO tant, dans les collections du Muséum, le n°,6330, et deux crânes féminins (n* 6334 et 6335). Ce dernier ne diffère: des .deux autres que par la saillie: des bosses pariétales » mais NOUS, aVONS déjà, dit que c'était un jeune sujet; + : L'homme est. dobehocéphale (indice FR g “raie deux femmes ont le crâne un peu court (indice céphalique . _et,78,53); mais, par tous les autres caractères. elles sont si fran- chement Sémites que nous ne croyons. pas pouvoir des isoler de l’homme. Le crâne est d’une ossature fine, d’une grande régularité, sans autre méplat que le sillon post-coronal, sans renflement de linion, La faceiest haute (mégasème), fine, avec des orbites méso- sèmes ou mégasèmes, un nez fin, étroit, presque sans dépression à la racine. Les pommettes sont effacées et l’arcade zygomatique si peu saillante que l'angle pariétal devient négatif chez les deux femmes. Le maxillaire inférieur, étroit comme le supérieur et le reste de la face, présente une hauteur remarquable de la branche montante et de la symphyse;, sans pour.cela devenir massif. Le menton, saïllant, n'offre pas cette largeur que. nous avons signalée sur certains in- dividus. Enfin la dentition est. belle et les dents ne sont pas usées. Si.à tous ces caractères nous joisagns celui que nous, a fourni la taille, exactement celle assignée par M. TFopinard aux Arabes, äl nous semble impossible de ne pas reconnaître à. Belmaco la pré- sence de l'élément sémitique. Te . Mais les autres têtes de ce ravin portent des traces. de mélange. ÉLei est l'élément qui est venu se. mélanger, avec le précédent? C'est évidemment l'élément guanche, et nous allons essayer de le prouver. I,nous suffira pour cela, d'examiner, deux têtes, l’une — 720 — d'homme (n° 6329), l'autre de femme (n° 6332). Toutes deux sont franchement dotichocéphales: Sur les deux, nous constatons un beau développement du crâne dans sa région antérieure, en même temps que la région postérieure nous offre le méplat pariéto-occi- pital et le renflement de l'inion. Les orbites sont remarquablement bas pour leur largeur et les dents sont usées. L'homme a, en outre, la face mésosème (65,41) et le nez mésorhinien. La ‘femme, au contraire, a une face élevée et un nez très étroit; elle est donc mé- tissée, mais les caractères que nous venons d’énumérer démontrent, à notre avis, qu’elle a reçu une grande quantité de sang guanche. Pour l'homme, le fait est d'autant moins discutable que nous trouvons réunis chez lui tous les caractères des Guanches. Nous n'insistons pas sur le crâne de la Dehesa. Bien qu’on ne puisse pas le considérer comme guanche pur, ce que nous en avons dit prouve assez sa parenté avec la race de Ténériffe. En résumé, l'existence à la Palme de deux types, l’un sémitique, l'autre guanche, est hors de doute. Le type brachycéphale, de petite taille, dont nous avons trouvé des traces par-ci par-là dans l’archipel, a-t-il aussi fait sentir son influence dans cette île? Le fait semble assez admissible, si l’on tient compte de la mésati- céphalie de certaines femmes de Belmaco et de la petite taille que, à en juger par les rares documents que nous possédons, auraient présenté les gens d'Argual. Toutefois nous sommes loin de Éaniages © donner cette “hypotue comme démontrée. CONCLUSIONS DE LA PREMIÈRE PARTIE. Nous pouvons, en peu de lignes, résumer les conclusions qui ressortent de la longue étude que nous venons de faire. Il résulte, de tout ce que nous avons dit, que, dans les cinq îles que nous avons étudiées, la population était déjà fort mêlée avant l’arrivée des Européens. Au milieu de ce mélange, on re- connaîl assez facilement plusieurs des éléments qui se sont ren- contrés et alliés sur le sol canarien. En première ligne vient le Guanche; qui présentait un ensemble de caractères bien tranchés ; haute taille pouvant atteindre et même dépasser 1",80, peau sans doute blanche, cheveux proba- blement blonds où même roux, à'én juger par quelqués momies et par les individus qui, aujourd'hui-encore, offrent les traits de Le de a —— Hi reel raté Rs 2 Liu. EL x ‘Lee À A 3€ » — 721 — _ œætte race. Le crâne, volumineux, d'une capacité bien au-dessus de la moyenne, présentait un développement remarquable de sa région antérieure. En arrière existait un vaste méplat portant sur le tiers postérieur des pariétaux et sur la partie supérieure de l’écaille occipitale. À cet aplatissement succède un renflement no- table de la région iniaque, qui se projette en arrière. La base du crâne est plus ou moins plate. Dans son ensemble, la tête est allongée ; et, comme en même temps les diamètres transverses sont relativement petits, l'indice céphalique accuse une dolichocéphalie franche. "En avant de ce crâne doibhbdéphale on trouve une face relati- vement basse et très large. La tête est disharmonique à un haut degré. Les orbites sont aussi larges et peu élevés; leurs angles sont à peine atténués. Ils sont surmontés par de fortes arcades sourcilières, entre lesquelles ia glabelle fait une saillie très pro- noncée. Le nez est généralement moyen, un peu court plutôt que long’ Les pommettes sont fortes, le maxillaire supérieur se pro- jette en avant, de manière à donner naissance à un prognathisme sous-nasal très notable. "Toute la tête se rétrécit en bas dans des proportions peu com- munes. Le diamètre bimastoidien s’abaisse considérablement, et le diamètre bimaxillaire minimum accuse: un rétrécissement de larrégion inférieure de la face qui contraste singulièrement avec la grande largeur que nous avons signalée en haut. Le maxillaire inférieur présente une force remarquable et se termine en avant par un menton saillant, large, triangulaire. Les dents sont généralement très usées obliquement. La robusticité que dénote le maxillaire inférieur s’observe sur toute la tête et sur tous les os du squelette. Partout on voit de solides empreintes musculaires. Les os des membres offrent, en outre, certaines particularités en dehors de ces signes de vigueur. Bestgouttières de l'extrémité inférieure du radius sont profondes dé même que les cannelures du péroné. Le fémur présente une incurvation à concavité postérieure, et en même temps la ligne àpre forme une saillie telle, qu'elle prend l’aspect d’une véritable colonne. Le tiers supérieur de cet os est aplati d'avant en arrière; sa face antérieure semble se bifurquer en haut, et, tandis que la bifurcation interne continue à peu près la direction primitive de cette face, la bifurcation externe regarde en dehors et va former MISS. SCTENT. — XIIT. 16 INPNIMERIF NATIONALE. — 722 — un waste méplat au-dessous des trochanters. Enfin He tibia est fréquemment platycnémique. Tels sont les grands traits qui caractérisent le Guanche. véri- table. I «est à peine nécessaire de faire remarquer que tous!ces caractères sont précisément ceux de la race de Cro-Magnon. A côté du Guanche, nous rencontrons le Sémite, parfois aussi pur que es Sémites actuels du nord de l'Afrique. Sa taille est moyenne, ses cheveux noirs, sa peau un peu basanée, à en juger par les récits des anciens historiens. Ce type montre un crâne très régulier, d’un ovale parfait. IL est dolichocéphale, ou plutôt sous-dolichocéphale. La tête est harmo- nique, la face fine, haute et étroite. Le nez, à peine déprimé à sa racine, continue presque la courbe frontale; il est droit et étroit. Les orbites sont élevés, arrondis et surmontés d’arcades sourei- lières peu saillantes. Les deux maxillaires offrent la même étnoi- tesse que toute la face; le menton, un peu pointu, se projette en avant; enfin les dents sont belles et ne présentent pas cette usure si marquée chez les Guanches. L’ossature de la tête et de tout le squelette est fine et nullement comparable à celle de l'autre type. Le radius, le fémur, le tibia, le péroné ne montrent point les particularités que nous venons de signaler cher le Guanche. Il est également arrivé aux Canaries un troisième type que nous ne pouvons rapprocher d'aucun autre, sans doute parce que nous le connaissons encore mal, l'ayant rencontré assez rarement et Jamais pur. Son: existence est cependant indiscutable, et nous pou: vons assurer qu'il était de petite taille, qu'il avait le crâne court, les orbites élevés et le nez large. Enfin peut-être faudra-tl admettre un dernier iype qui se serait cantonné sur certains points de la Grande Caparie. Les Guanches se sont certainement répandus dans les cinq îles que nous avons étudiées. À Ténérifle, ce sont eux qui ont pris da plus large part à la formation de la population. Dans toutes les autres îles ils ont existé en nombre respectable. Nous sommes même porté à croire, et nous espérons pouvoir le démontrer après de nouvelles recherches, que cette race a formé au début la population de tout l'archipel. Les Sémites sont arrivés en grand nombre à la Grande Canarie, à l'ile de Fer et sans doute à la Palme. À Ténériffe, ils paraissent — 723 — _ avoir été moins nombreux. Nous n'avons pas trouvé leurs traces à la Gomère. | Le type brachycéphale, de petite taille, semble, au contrairé, ‘avoir pris une part importante à la formation de la population de cette dernière île, bien qu'il ne soit pas arrivé, dans la généralité des cas, à faire disparaître la plupart des caractères guanches. Les individus à crâne court se sont répandus à la Grande Canarie et à l'ile de Fer, où ils ont laissé des traces non équivoques. Tou- tefois, dans ces deux îles, ils semblent n'avoir jamais été qu'une infime minorité. Il est aussi très probable que quelques-uns se sont mélangés aux Guanches et aux Sémites dans les îles de Té- nériffe et de la Palme. » Tous ces éléments si divers, en contact les uns avec les autres, sé sont alliés, et dé ces croisements multiples sont issus ces nom- breux métis de tous les degrés que l'on rencontre partout et qui forment un mélange si compliqué que lon croit, au premier abord, impossible de le débrouiller. Puisse cette trop longue étude contribuer à jeter quelque lu- mière sur le sujet | Di. DEUXIÈME PARTIE. ETHNOGRAPHIE.' INTRODUCTION. Noûs nous sommes proposé, dès le début de ce travail, d’ex- poser avant tout les résultats qui nous sont personnels. Aussi pas- serons-nous rapidement sur l’organisation sociale, sur les mœurs et lés coutumes des anciens Canariens. Nous ne pouvons, sur ces différentes questions, qué donner des renseignements puisés à di- verses sources et qui ont déjà été reproduits par plusieurs auteurs moôdérnés. Nous citerons, parmi ces auteurs, Webb et Berthelot, MM. Augustin Millares et le docteur Chil , et, pour plus amples ren- seignéments, nous rénverrons à leurs ouvrages. Il nous à paru cependant utile, pour faire bien connaître les individus dont nous venons de retracer les caractères physiques, AG. — 724 — de consacrer quelques dignes à leur organisation sociale: et à leurs mœurs. Dans un dernier chapitre, nous nous occuperons de l'in- dustrie. Le grand nombre de documents, la plupart inédits, que nous possédons nous forcera à nous étendre davantage sur ce point. CHAPITRE PREMIER: ORGANISATION SOCIALE. $ 3: L'INDIVIDU, LA FAMILLE. Les anciens chroniqueurs, les premiers historiens .s’accordent presque tous à attribuer aux vieux babitants.de l'archipel canarien toutes sortes de qualités physiques et morales. Dans toutes dles iles vivaient des individus forts, agiles, pleins de bravoure; ceux de Ténériffe, de la Gomère et de la Palme étaient surtout remar- quables à ce point de vue, et dans la dernière de ces îles.on a signalé plusieurs femmes qui se sont distinguées par un courage bien au-dessus de leur sexe. Dans ces trois îles la valeur guerrière était en haute estime, à tel point que l’on a surnommé les habi- tants de la Palme les Spartiates des Canaries. À l'époque de la conquête, les Européens ont pu se rendre compte du patriotisme qui animait les Canariéns en général et de la bravoure que ces populations pastorales savaient, à l’occasion, déployer dans les combats. Toutefois, lorsque le salut de la patrie ou les guerres civiles, qui furent assez fréquentes dans le xrv° siècle, n'exigeaient pas ces actes d’héroïsme, les anciens habitants de l'archipel étaient-des gens doux, sincères et hospitaliers. À ce dernier point de vue, l'on vante surtout les insulaires de la Gomère. Les femmes jouissaient d’une grande réputation d'honnéteté. La famille reposait sur l'institution du mariage. Les unions n’a- vaient jamais lieu que par le libre consentement des parties. À la Grande Canarie , lorsque le fiancé avait obtenu la promesse de la jeune fille, celle-ci restait couchée pendant deux ou trois semaines chez ses parents, et on lui faisait absorber de la viande rôtie, du lait, du gofio. Ces pratiques avaient pour but de déter- miner un certain embonpoint fort apprécié chez le: beau sexe, — 7925 — Les noces se célébraient par des festins et des danses. Le gut- rartème ou chef pouvait, la première nuit, partager lacouche de la mariée ou déléouer, à cet effet, l'un de ses officiers ou guayres. Il semble que, à Ténériffe, le mariage n’était pas précédé de l'engraissement de la fiancée et ne s’accompagnait pas de réjouis- sances. Le P: Espinosa dit, en effet : « Lorsqu'une femme, fille, veuve’ ou déjà répudiée par un premier mari, agréait un jeune homme celui-ci la demandait aux parents, si elle en avait. Quand ceux-ci donnaient leur consentement, sans plus d’arrangements ni de cérémonies, le mariage se trouvait réalisé par consentement mutuel. Les hommes prenaient autant de femmes qu'ils voulaient et'qu'ils pouvaient en nourrir (). » Ib résulte de ce passage que le divorce existait à Ténériffe, de même que la polygamie. Cadamosto confirme ce dernier point; mais, à part Espinosa, aucun auteur ne parle du divorce: À la Palme et à l'ile de Fer, le mariage existait. Dans cette dernière île; le jeune homme achetait sa fiancée en donnant aux parents quelques têtes de bétail. MA a Gomère, d'après Azurara, les femmes étaient communes; lesthommes se les cédaient entre eux sans plus de cérémonie. Galindo ajoute que c'était un grand honneur pour un habitant de la Gomère, lorsqu'il offrait l'hospitalité à un ami, de lui céder levlit conjugal et; en revanche, de partager sa couche avec la femme de son hôte. "On: abeaucoup vanté l'amour des Canariens pour leurs enfants. Toutefois à/1a Gomère, étant donnée la lächeté des liens du ma- riage, il devait en être autrement. Aussi Azurara nous dit-il que les “enfants n'héritaient pas des parents, mais bien les neveux, fils des sœurs des époux. Lorsqu'un enfant naïssait, É était soumis, à la Grande Te ; à des lavages accompagnés de certaines cérémonies religieuses. Peut-être, comme le dit M. Augustin Millares, cette coutume n'é- taït-elle qu'une pratique imposée par l'hygiène. En général les femmes étaient, de la part des hommes, l’objet d'une attention spéciale, et elles n'avaient à leur charge que les enfants et les soins domestiques. (1) Espinosa, op. cit. STEEL RUE Cal LC (pe PR), VER EP ENT TE — 726 — En somme, la famille avait, aux Canaries, une existence réelle ; à la Gomère, les liens du mariage étaient cependant quelque peu relâchés, et à Ténériffe existaient le divorce () et la polygamie. $ 2. — HIÉRARCHIE CIVILE. La société était organisée dans toutes les îles à peu près sur le même plan. Partout nous voyons un ou plusieurs chefs, assistés de nobles qu'ils consultaient dans les circonstances importantes, Le peuple payait un impôt sans doute modéré. La monarchie était héréditaire, mais non absolue, comme nous venons de le dire. | A l'arrivée des Espagnols, l’île de la Grande Canarie se trouvait partagée entre deux chefs qui portaient chacun le titre de gua- nartème : Tun était le guanartème de Telde, lautre celui de Galdar. Les nobles qui formaient leur conseil ou sabor étaient désignés sous le nom de guayres. Le nombre des nobles était limité; aussi, lorsque l’un d'eux venait à mourir, le conseil se réunissait-il pour choisir son successeur parmi les fils des guayres. Ce choix devait être ratifié par le grand prêtre ou fayean, dont nous parlerons bientôt. Les nobles portaient les cheveux longs et recevaient comme insigne une sorte de lance en bois. L'ile de Ténériffe avait été sous la domination d'um seul chef jusqu'à la mort de Tinerfe le Grand, survenue cent ans environ avant la conquête. Ses neuf fils se partagèrent alors son domaine, et prirent chacun, comme leur père, le titre de mencey. Un dixième fils, bâtard, se constitua un petit royaume à la Punta del Hidalgo et recut le titre de achimencey. Toutefois le mencey de Taoro qui régnait sur Arrotopala (Orotave) conserva jusqu’à la conquête la suprématie sur les autres. Le pouvoir se transmettait par hérédité, Espinosa assure que ; lorsque le mencey laissait des frères, le plus âgé de ceux-ci lui sue- cédait au préjudice des enfants. Toutefois, sur ce point, les au- teurs ne sont pas d'accord. La terre était la propriété absolue des chefs, qui la répantissaient à titre temporaire entre leurs sujets. () Le divorce existait probablement aussi à la Grande Canarie, — 727 — Les nobles, qui assistaient les menceys, s'appelaient à Ténériffe sigones ; le lieu où ils se réunisssaient, était le tagoror U), C'est donc dans le tagoror, en présence des nobles et du peuple, qu'avait lieu la cérémonie du couronnement du chef} Un de’ses proches parents lui apportait un ‘humérus de ses ancêtres, soi- gneusement conservé dans un étui de cuir (Viera), ou bien, d’après Viana, le crâne d'un de- ses prédécesseurs. Le mencey mettait cette relique sur sa tête et prononçait la formule sacramentelle. Chaque noble prenait ensuite l’os des mains du chef, le plaçait _surson épaule et jurait fidélité à son souverain. “)Nobles-etwilains avaient d’ailleurs le plus grand respect pour leurs chefs ; et chaque année tous venaient leur rendre hommage le jour anniversaire du couronnement. “Nous savons: fort peu de chose de la forme du gouvernement dans l'ile dela Palme. Abréu Galindo nous dit que l'île était par- tagée entre douze chefs qui régnaient chacun sur un territoire que les Espagnols nommèrent señorio. Chaque señorio avait des frontières que les voisins ne devaient pas franchir, et à chaque in- cursion la guerre éclatait entre les tribus. Le même auteur nous dit encore que le pouvoir était hérédi- taire, mais nous ignorons s'il était absolu ou si, comme dans les autres îles, chaque chef devait prendre l'avis d’un conseil de nobles. La Gomère, jusqu'à la fin du xiv° siècle, se trouva divisée en quatre tribus, ayant chacune à sa tête un chef distinct. Les quatre chefs reconnaissaient toutefois une autorité suprême. À cette époque, les chefs ou saints se déclarèrent indépendants, de sorte que les Espagnols rencontrèrent quatre tribus isolées. - Le pouvoir était-il héréditaire ‘et absolu? Aucun document ne permet de répondre à cette question. Tout ce que l’on peut sup: poser d’après un passage de Azurara qui parle de l’ordre de suc- cession, c’est que le sol était la propriété de ses détenteurs. file de Fer obéissait à un seul chef. Le gouvernement était tout à fait patriarcal. Le chef, disent les auteurs, n’était assisté d'aucun conseil; il laissait ses sujets disposer du sol et se conten- tait d'un léger tribut. I n'existait pas de castes dans cette île (?). () Dans toutes les iles existaient de ces tagorors. Le centre était réservé au chef. Le 1. ® Nous croyons qu’il y a là une erreur. Les magnifiques tagorors ou lieux de’ tr he JA on " REP ed TRS Le — 728 — $ 3. —— HIÉRARCHIE RELIGIEUSE. A côté de la hiérarchie civile existait dans l'archipel canarien une véritable hiérarchie religieuse, à laquelle nous avons: déjà fait allusion. À la Grande Canarie, le /ayean, sorte de pontife, jouissait d’ane autorité presque égale à celle des guanartèmes. Nous avons déjà vu que seul il avait le droit de donner l'investiture aux nobles et il pouvait ne pas ratifier le choix des guayres. Comme le roi, il laissait croître sur le sommet de sa tête une longue mèche de cheveux , et tous deux portaient un vêtement à peu près semblable que nous décrirons plus loin. Au-dessous du fayean, on trouvait d’autres prêtres et des sortes de moines qui vivaient de la charité publique. Il existait encore une véritable confrérie de femmes, appelées harimaguadas, qui vivaient dans une espèce de couvent et ne devaient avoir aucune communication avec la population masculine. À l'âge de trente ans, elles étaient libres de se marier, si bon leur semblait. Elles ne sortaient de leur retraite que pour se rendre aux bains et pour accomplir certains pèlerinages aux montagnes sacrées. Elles portaient, dans ce dernier cas, des branches vertes et des vases de lait destiné à des libations. Aucun homme ne devait, sous peine des plus grands chätiments, regarder les harimaguadas. C'étaient ces vestales qui, à la naissance d’un enfant, prati- quaient les Jlavages auxquels nous avons fait allusion, et qui ont été comparés par certains auteurs au baptême. D'après Gomez Escudero, la même coutume existait à Ténériffe. Dans cette dernière île devait exister aussi une caste religieuse. En effet, plusieurs auteurs nous disent que, à part les chefs mili- taires ou sigones, le roi avait à ses côtés des sortes de devins nommés guañames. Il y avait aussi des vestales comparables aux harimaquadas de la Grande Canarie et pratiquant, comme nous venons de le voir, les mêmes ablutions que celles-ci sur la tête des nouveau-nés. Nous ne savons rien de la caste sacerdotale des trois autres îles; “union des conseils que nous avons observés dans cette île nous conduisent à Imettre qu'il existait, comme dans les autres îles, diverses classes dans là aciété. — 729 — mais, comme les habitants avaient certaines croyances religieuses, il est à présumer qu’il existait à la Palme, à l'île de Fer et à la Gomère une catégorie de gens exploitant la crédulité des autres. I nous faudrait encore signaler une dernière caste parmi les anciens: habitants de l'archipel canarien; nous voulons parler des juges. Prenons comme exemple la Grande Canarie. + On trouvait dans cette île deux catégories de juges: les uns choisis parmi les nobles et portant, comme ceux-ci, les cheveux longs; les autres choisis parmi les vilains et soumis à l'obligation de se couper les cheveux. Les uns et les autres ne jugeaient que les individus de leur rang. Enfin, au dernier échelon de la société se rencontraient les exécuteurs des sentences des juges, les bourreaux, méprisés eux et leurs familles de tout le reste de la population. CHAPITRE II. MOEURS ; COUTUMES, CROYANCES. Nous avons déjà parlé des cérémonies qui accompagnaient la naissance d’un enfant el de la facon dont se contractaient les alliances; nous n’y reviendrons pas. I nous faut maintenant étu- dier le genre de vie des insulaires, leurs cérémonies et leurs croyances, leurs lois et leur justice, et enfin leurs différents modes de sépulture. $ 1. = GENRE DE VE. Aliments. — Dans toutes les îles, l'aliment principal se compo- sait de gofio, encore en usage dans l'archipel entier. C’est une farine de graines de céréales préalablement torréfiées et moulues à l’aide d’une meule spéciale dont nous parlerons dans le chapitre suivant. Dans quelques cas, l'orge était remplacée par des petits pois ou des fèves. Lorsque la disette se faisait sentir ou bien lorsque les insulaires, comme à la Palme et à l'ile de Fer, ne cultivaient aucune céréale ni légumineuse, ils avaient recours à la racine de fougère qu'ils réduisaient en farine. | A l’île de Fer, dès que l'enfant naissait, on l'alimentait avec un — 730 — mélange de farine et de lait, ou bien au moyen de racines de fou- gère préalablement broyées et rôties énsuite dans du beurre. Le lait était une grande ressource pour tous les habitants: Dans toutes les îles existaient de nombreux troupeaux de brebis et sur- tout de chèvres. Les insulaires de la Grande Canarie, de Ténériffe, de l'ile de Fer, et probablement aussi ceux des autres îles, savaient extraire le beurre. Dans ce but, on suspendaït à l'extrémité d'une corde une outre à moitié remplie de lait, et deux femmes, placées à huit ou dix pas de distance, se la renvoyaient alternativement jusqu’à ce que le beurre eût acquis la consistance convenable. Tel était du moins le procédé employé jadis à :Ténériffe et encore usité de nos jours dans quelques localités. « Pour pourvoir à la grande consommation de lait, les bergers ne laissaient aux chevreaux qu'une petite quantité d'aliments «et les empêéchaient de teter les mères, lorsque celles-ci paissaient. Dans ce but, ils remplissaient un plat de tabaiba douce (Euphorbia balsamifera) dont le jus, en se coagulant, formait une pâte gluante qui, étendue sur des bandes de peau flexible, servait à entourer les mamelles des chèvres. De cette façon, lorsque les chevreaux vou- laient teter, il ne sortait rien des mamelles. Le soir, en enfermant le troupeau dans la bergerie, les pasteurs enlevaient les bandes, après les avoir préalablement humectées d’eau , pour traire le lait dont ils avaient besoin et laisser le reste aux chevreaux Ü).» Les troupeaux fournissaient aussi de la viande; mais, outrerles chèvres et les brebis, les anciens habitants des Canaries élevaient des cochons. Ils mangeaient la viande la plupart du temps un peu grillée, à moitié crue. Parfois ils faisaient du bouillon qui leur servait, à la place de lait, pour délayer le gofio. Dans toutes les îles il se faisait une grande consommation de coquilles et de poissons. Nous avons vu à l'ile de Fer des amoncel- lements de coquilles (patelles et trochus) presque comparables aux kjôkenmôddings du Danemark. Le miel était un aliment estimé, qui devait être assez abondant dans toutes les îles. | Enfin, de nombreux fruits complétaient la nourriture des insu- laires. Nous citerons en particulier les dattes, les figues ; des mûres sauvages, les pommes de pin et les fruits du mocan {Visnea ® Berthelot, op. cit., 1" partie, Ethnographie (d'après l'édition espagnole publiée à Santa Cruz de Téfñériffe). — Te mocanera). Avec ce dernier fruit et les dattes on fabriquait, à Ténériffe ; une sorte de sirop employé surtout comme laxatif et, à la Grande Canarie, une boisson fermentée appelée teser quen par les indigènes. Les habitants de l'ile de Fer tiraient une boisson analogue du fruit du mocan. Toutefois l’eau était la boisson généralement usitée. Ce que nous venons de dire conduit à cette conclusion, que la population canarienne, bien que principalement pastorale, se livrait cependant à la pêche et un peu à l’agriculture. Pour la pêche, ils se servaient de grands filets en jonc ou bien deshamecons que nous décrirons plus loin. Quelquefois ils ré- pandaient dans les grandes flaques d’eau du suc d'euphorbe et tuaient alors à coups de bâton le poisson qui venait à la surface. Les procédés agricoles étaient des plus primitifs. Les insulaires labouraient la terre au moyen de cornes de chèvre emmanchées dans un bois de tea (Pinus canariensis). Une fois les semences faites, ils arrosaient leurs récoltes. À la Grande Canarie, les grains étaient conservés dans des sortes de silos où ils étaient à l'abri de l'humidité. ll semile que les habitants de la Palme ne se soient pas adon- nés là à l'agriculture; il paraît démontré qu ls ne connaissaient ni l'orge, ni le blé, ni le seigle. Vétements et parures. — Un grand nombre d’insulaires de l'ar- chipel marchaient complètement nus, mais dans certaines îles la majorité des babitants portait des vêtements; les chefs étaient toujours vêtus. Nous allons passer rapidement en revue les diffé- rents costumes de chaque ile. Les habitants de la Grande Canarie, comme le dit fort De Viera-y Clavijo, ont connu un luxe relatif. M. Augustin Millares cite un passage de Marin y Cubas que nous ne pouvons mieux faire que de traduire. On y trouve une description du costume de toutesles castes. « Les gens du peuple, dit-il, étaient vêtus du tamarco, es de petit manteau de cuir fait comme une pelisse, et portaient retenues autour de la taille des sortes de braies en jonc. Les femmes avaient un vétem ent en forme de jupon de peau qui leur tombait jusqu'à mi-jambe et sur la tête une sorte de bonnet en pen de chevreau. À a DE PA sons TT CNE — 732 — « Les nobles avaient des chaussures faites de morceaux de cuir de cochon enroulés autour des pieds; ‘ils portaient à la ‘taille: la petite jupe de jonc; leur tamarco’était plus long: « Le roi et les fayeans (prêtres) laissaient croître sur le sommet de la tête une mèche de cheveux. Ils se coiffaient, après avoir re- levé les cheveux, d’un bonnet de cuir de boucou de cochon, fait de quatre morceaux. Ils portaient une sorte de camisole dont les manches arrivaient à la saignée et les basques jusqu'aux genoux; des demi-bottes qui arrivaient au mollet complétaient le costume: La camisole des femmes avait les basques plus courtes, mais elles mettaient des jupons qui tombaient jusqu'aux pieds; elles ttres- saient et relevaient leurs longs cheveux. La reine portait une autre grande robe qui descendait des épaules aux pieds. Les femmes:se serraient la tête à l’aide d’une bande de cuir et se la couvraient d'une coiffe de cuir de chevreau dont les coutures étaient faites avec une grande habileté (1). » Abreu Galindo décrit aussi le costume des anciens habitants de la Grande Canarie. Il nous apprend que les braïes ou petits jupons étaient de jonc broyé et tissé. Nous en avons d'ailleurs trouvé nous-même de nombreux échantillons dans le ravin de Guaya- deque. Ces étoffes, toujours grossières, étaient cependant fabri- quées avec un certain art. Les tamarcos, d'après cet auteur, étaient portés le poil en de- dans pendant l'hiver, et de poil en dehors durant l'été: Ils étaient peints, de même que les braies, de couleurs variées extraites de plantes et de fleurs. Ce renseignement concorde avec celui que donne Nicoloso da Recco, qui avait vu à Lisbonne des Canariens emmenés en captivité. Galindo prétend que les coiffures se composaient de peaux en- tières de chevreaux dont les pattes tombaient au-devant des oreilles et servaient à attacher le bonnet sous le menton. Quelques-uns, ajoute-t-il, portaient des espèces de chapeaux ornés de plumes. Une coiffure de ce genre a en effet été trouvée, il y a quelques années, dans le sud de l'ile. Enfin , d’après cet auteur, les chaus- sures étaient en peau de chèvre et étaient retenues au moyen de courroies semblables. Comme on le voit, malgré quelques légères différences, les (Marin y Cubas , ms. cit., 2° partie, ch. xvrui. mm nn men, A D RS SE EE ne _ é - . — 1733 — deux descriptions ne se contredisent point; elles se complètent plutôt l'une l’autre. Toutefois 11 ne faudrait pas croire que tous les Hdi D taient &es vêtements. Azurara nous dit qu’ils marchaient nus, à part quelques-uns qui se couvraient de jupons. Boutier et Le Verrier ne leur ont vu pour tout costume ‘qu’un petit jupon en feuilles de palmier, mais ils ajoutent que la plupart avaient la peau couverte de différents dessins, selon le caprice et legoût de chacun. Ce dernier renseignement est confirmé par Cadamosto et Marin y Cubas. Viera y Clavijo et M. Augustin Mil- lares admettent cette peinture corporelle. Nous avons longuement traité le: sujet dans une note parue dans les Annales de la Sociedad española. de Historia natural, et publiée en français dans la Revue d'ethnographie de M. Hamy. Il nous semble impossible de ne pas admettre le fait comme démontré, et dans le chapitre suivant, lorsque nous parlerons de l'industrie des anr’:ns Canariens, nous reproduirons, à propos des objets qui devaient servir à imprimer ces dessins sur la peau, une partie du mémoire auquel nous venons de faire allusion! Mais ces peintures n'étaient pas les seuls ornements des insu- lairesode la Grande Canarie : ils portaient des colliers en os,'en coquilles, etc, et. des pendeloques faites des mêmes substances; nous.en+parlerons plus loin. En compilant les auteurs, on arrive à se faire cette! opinion qu'une partie des. habitants de Ténériffe marchaient nus, tandis quelles autres se.couvraient de vêtements qui ressemblaient con- sidérablement à ceux de la Grande Canarie: Eneffet, nous ren- controns le tamarco en peau de mouton ou de brebis parfaitement tannée et cousue avec art..Ce vêtement, fermé par devant, n'avait mi col ni manches, ou bien des manches très courtes; il était souvent peint. de diverses couleurs. Les femmes poriaient par- dessous une longue chemise ou robe de fine peau qui tombait jusqu'aux pieds; elles serraient le tamarco à la taille. Les nobles ajoutaient à ce costume des chausses ou -huirmas et des espèces de sandales retenues par des courroies de cuir qu'ils appelaient xzercos. -Aucun auteur ne signale, chez les Guanches, de vêtements en feuilles de palmier ou en jonc, et jusqu’à ce jour. on n’a rencontré aucune étoffe à Ténériffe. — 731 — Mais, en revanche, les colliers en terre cuite ou en coquilles se rencontrent en abondance. Nous en décrirons plus loin, ét l’on verra que, si les habitants de la Grande Canarie étaient les seuls à se peindre le corps, leurs voisins poussaient cependant très loin l'amour de la parure. Les habitants de la Palme portaient, comme ceux de Ténériffe, des vêtements de peau tannée; leurs chaussures étaient en cuir de cochon. Azurara aflirme que les gens de la Gomère marchaïent nus, mais Galindo dit, au contraire, qu'ils portaient le famarco de peau de chèvre ou de brebis plus long que leurs voisins, et qu'il leur descendait jusqu'aux genoux. Ce vêtement était peint et attaché autour du cou. Les femmes y ajoutaient des jupes semblables et elles se couvraient la tête d’une coiffure en peau de chevreau qui leur retombait sur les épaules; aux pieds ellés portaient des chaussures en peau de cochon. En temps de guerre, les gens de la Gomère se ceignaient le front d’une bande de jonc tissé peinte en rouge et en bleu. Nous devons à notre ami M. Léon de Cessac quelques dessins fort curieux extraits par lui d’un ancien manuscrit qui se trouve dans l’une des bibliothèques de Lisbonne, et que nous n'avons pu retrouver malgré toutes nos démarches (). Ces dessins, d’une fac- ture un peu naïve, doivent représenter les costumes des anciens Canariens avec une grande fidélité. Ceux qui se rapportent à la Grande Canarie sont d'une exactitude frappante. Or deux de ces dessins représentent l’un un homme, l'autre une femme de la Gomère. L'homme, qui tient une lance dans la main droite, porte une sorte de petite jupe en peau, et un bandeau lui ceint le front: La femme porie une jupe un peu plus longue qui n'arrive pas cependant aux genoux, et le tamarco court, avec le poil tourné en dedans. Sa tête est serrée par un bandeau semblable à celui de l'homme. Deux autres dessins représentent les habitants de l’île de Fer. L'homme, la main gauche appuyée sur un long bâton, est couvert d'une sorte de tunique sans manches, formée sans doute de deux peaux de moulon, quoique le texte parle de deux peaux de chèvre presque entières, le poil en dehors, et attachées l'une à (1) Au bas de la copie des chants dont nous parlerons plus loin, nous n'avons trouvé que cette seule indication : Tuicuve — vertim, P. EVXNIT. L4 — 735 — l'autre sur les épaules et sur les côtés. La tête de l'un des ani- maux tombe.entre les jambes de l'individu; les deux pattes de devant lui passent en avant des cuisses. La femme est vêtue d’une sorte de longue chemise sans manches qui, bien qu’elle soit relevée à la taille, lui tombe au-dessous des genoux; cette. tunique est sans doute en peau, bien que les poils ne soient pas indiqués: Abreu Galindo nous dit en effet que des anciens habitants de l'ile de Fer se vêétissaient de peaux. Le costume qu'il attribue à la femme est de tout point semblable à celui que représente notre dessin. La tête était nue et les cheveux longs formaient comme une crinière, autre détail qui concorde avec la figure dont nous parlons: I ajoute seulement que les femmes portaient par-dessus cette chemise une sorte de petit manteau que n’a point celle qui est figurée dans le manuscrit de Lisbonne. : Les hommes, dit-il, portaient un manteau de cuir de mouton sans manches et, par-dessus, un autre petit manteau composé de trois peaux de brebis, la laine en dedans pendant l'hiver, en dehors pendant l'été. C’est donc en costume d'été que se trouve notre insulaire, et son vêtement ne diffère de celui décrit par Galindo que par un seul point : son manteau, dont on ne voit que la partie antérieure, semble se composer de deux peaux au lieu de trois. En résumé, les habitants des différentes îles de l'archipel ca- narien portaient des vêtements de peau presque partout sem- blables. Les habitants de la Grande Canarie seuls emploient pour leurpetite jupe des étoffes dont nous avons retrouvé de nombreux échantillons. Habitations. — Les Canariens, en général, étaient pour la plupart troglodytes. Ceux de la Gomère et de la Palme vivaient tous dans dés grottes naturelles qui se rencontrent à chaque pas dans ces deux îles et qui, par leurs dimensions, permettent à des familles entières de s’y loger. Citons, par exemple, dans la première ile, une. magnifique grotte située sur la commune d'Ermigua, au-dessus de Bellavista, à peu de distance de la mer, mais à une altitude de 150 mètres environ. Cette grotte, admirablement orientée avec l'entrée vers le sud-ouest, n’a pas moins de 25 mètres de profondeur, de 7 mètres de largeur en avant et de 4 mètres dans sa partie la plus étroite. Le sol en est plat, presque uni. L'entrée mesure 8 mètres — 7136 — d'élévation, et la partie la plus basse, vers le fond, mesure encore 2 mètres de hauteur. C’est une des plus belles grottes que j'aie rencontrées, et elle abritait sans aucun doute ses habitants d'une facon plus sûre que n'importe quelle maison qu'ils auraient pu construire en pierres sèches. Dans l'ile de la Palme, la fameuse grotte de Belmaco ne lui cède en rien; elle ne mesure pas moins de 32,75 dans sa plus grande longueur, sa hauteur maxima est de 10 mètres. On peut se faire une idée de ses dimensions par les détails suivants : son propriétaire actuel a fait dans la partie la plus basse (5 mètres environ de hauteur) une cave de 10,75 de long; le reste de la grolte lui sert à remiser ses bestiaux, ses instruments aratoires et à abriter ses récoltes. Près de Belmaco se trouve la grotte de Carias, jadis habitée par le chef de Tedote et dans laquelle, après la conquête, le gou- verneur réunit en conseil tous les officiers de l’armée espagnole. Il est absolument impossible de donner une simple énumération des belles grottes de ces îles. Ténériffe en renferme un aussi grand nombre et de fort belles. L’une d'elles, par exemple, située dansda vallée de l'Orotave, est connue sous le nom de El Palacio (le Palais) ou grotte des Princes; elle fut habitée par le mencey Bencomo. C’est une grotte sans aucune retouche, composée de quatre vastes pièces communiquant entre elles par des couloirs naturels et d’une sorte d’antichambre, le seul endroit par où la grotte soit accessible, bien qu’elle présente deux grandes ouvertures orientées vers le sud comme celle du vestibule. Un petit sentier taillé dans laroche elle-même conduit à l'entrée, tandis que les deux autres ouver- tures (de 5 mètres et de 6",90 de large) surplombent le ravin et font l'office de fenêtres. La hauteur moyenne des pièces est de 3 à h mètres; leurs diamètres varient entre 4",35 «et 10",15; un des couloirs n’a que 1°,45 de hauteur. C'était assurément là une habitation, non seulement granderet commode, mais encore à l'abri d’un coup de main par sa situation seule (1), (9 C'est dans cette grotte qu'ont été trouvés les bâtons de commandement dont nous parlerons plus loin. Elle renfermait divers objets mobiliers, entre autres une vaste table circulaire en pierre et un moulin à gofio que m'offrit généreusement feu Thomas Ascanio et qui fait actuellement partie des collections du Musée d’ethnographie. — 737 — On ne saurait donc s'étonner que, avec de telles grottes, les anciens habitants de Ténériffe aient été presque tous troglodytes. D'ailleurs, lorsqu'une grotte n'offrait pas à celui qui y avait élu domicile les commodités qu'il désirait, il savait fort bien, si la roche sy prêtait, la travailler. Ainsi, près de Guimar, la grotte d'Anaterve a été modifiée artificiellement. Les parois sont de tuf volcanique; dans celle du fond ont été creusées, nous ne savons dans quel but, cinq niches profondes, de 1 mètre environ de hauteur et d’une largeur variant entre 2 mètres et 4",50. D’autres fois un site plaisait à quelque Guanche, mais il n’y rencontrait pas de groltes naturelles. S'il trouvait une roche tendre (le tuf dont nous venons de parler), il y creusait une habitation (1), Telles sont certaines grottes situées également près de Guimar et connues sous le nom de grottes des Rois. Ce sont les plus belles de Ténériffe. Elles se composent souvent de plusieurs pièces carrées dont la principale seule reçoit l'air et la lumière par la porte. Dans les parois sont creusées des niches qui pouvaient recevoir des provisions et des ustensiles domestiques de toutes sortes. D'après Viera y Clavijo, lorsque quelques Guanches avaient eu la mauvaise fortune de ne rencontrer aucune grotte inoccupée et qu'ils n'avaient pas assez d’habileté pour en ouvrir une dans les roches moins dures, ils élevaient des cabanes en pierres sèches qu’ils cou- vraient de paille et de fougère. Nous ne savons à quelle source l’auteur a puisé ce renseignement. Nous pouvons affirmer que nous n'avons vu les restes d'aucune de ces cabanes, et tous ceux que nous avons interrogés à cet égard n’en avaient aucune con- naissance. Viera d’ailleurs ne cite aucune de ces maisons. Ce n’est cependant pas une raison pour nier absolument le fait; mais il est certain toutefois que s’il a existé de ces cabanes, elles ont été fort rares, comme l’auteur le reconnaît lui-même, et que les Guanches ont vécu en troglodytes, dans des grottes presque toujours natu- relles, rarement artificielles. (1) Quelques auteurs prétendent que les Guanches habitaient de préférence hiver les grottes naturelles situées près de la mer, et que l'été, pour respirer un air frais, ils se retiraient dans les montagnes, sur le bord des ravins, où le plus souvent ils avaient à creuser des grottes artificielles. Si ces changements de domicile sont réels ; ils devaient choisir dans les montagnes des grottes naturelles, car les grottes artificielles sont rares, ce qui s'explique d’ailleurs par la nature des roches. MISS. SCIENT. — XII. 47 ANPRIMERIE MATIONALF, — 738 — Les habitants de l'ile de Fer vivaient généralement près du littoral, dans de vastes grottes naturelles; mais à l’intérieur de l'île, dans des endroits où ne se trouvaient pas de grottes, ils con- struisaient des maisons en pierres sèches, de forme circulaire. Le mur épais laissait une entrée étroite et soutenait un toit composé de branches d'arbres recouvertes de paille et de fougère. Ge toit avait la forme d’un dôme ou d’une demi-orange, comme le dit Viera y Clavijo. Chaque maison, d’après cet auteur, pouvait contenir une ving- taine de personnes. Nous avons vu les restes de plusieurs de ces maisons; elles se réduisent aujourd'hui à la partie inférieure du mur. Généralement circulaires, elles pouvaient parfois affecter une forme elliptique. L'une d'elles, la plus grande de celles que nous ayons rencontrées, offre cetle dernière forme; ses diamètres intérieurs sont de 6 mètres et de 8 mètres. 11 semble difficile d’ad- mettre qu’elle ait pu contenir vingt personnes, même si l'on sup- pose, comme M. Augustin Millares, que les insulaires de lile.de Fer passaient toute la journée dehors et ne restaient dans leurs maisons que pour dormir. L'ile de la Grande Canarie renfermait des habitations de toutes sortes : des grottes naturelles, des grottes creusées artificiellement ou simplement retouchées, parfois ornées de peintures, et enfin de solides maisons bien construites et quelquefois décorées en dedans avec un certain goût. Nous ne dirons rien des grottes naturelles, elles sont semblables à celles des autres îles. Parmi les grottes naturelles travaillées.et agrandies par la main de l’homme, nous citerons celle de Los Pilares, située sur le versant méridional de la montagne de Cuatro Puertas, entre Telde cet El Ingenio. C'est une immense grolte, ou plutôt deux vastes grottes, dis- linctes à l'origine, que les anciens Canariens ont fait communi- quer entre elles à l’aide d'un couloir creusé dans la roche. On y arrive par un sentier tracé évidemment de main d'homme à une époque ancienne. Ce sentier aboutit à un grand bloc au milieu duquel on a pratiqué une ouverture. Les entrées naturelles de.ces grottes sont très largement ouvertes; mais elles donnent sur une partie très escarpée du ravin, et c'est pour en rendre l’accès plus facile que les anciens habitants ont creusé dans la roche le sen- _lier et la porte dont nous venons de parler. Fr: A 4 1 — 739 — Une sorte de porte ou plutôt de couloir fait artificiellement établit, nous venons de le dire, une large communication entre la première grotte et la seconde. De l’autre côté de cette deuxième pièce, en face du couloir, se trouve une autre petite grotte, non retouchée, dont le sol est beaucoup plus élevé que celui des deux premières. En dehors des ouvertures que nous venons de mentionner, cette habitation porte d’autres traces du travail humain; les parois ont été repiquées et plusieurs grandes alcôves ont été creusées dans leur épaisseur. Plusieurs gros piliers bruts, qui ne portent aucune marque d’instrument, descendent de la voûte jusqu’au sol et ont fait donner à cette grotte le nom sous lequel elle est connue. _ À côté de l'entrée artificielle, un peu au-dessous du sentier, se trouvent, creusées dans le roc, quatre fosses presque parallèles, horizontales, les trois premières rectangulaires, la dernière ellip- tique avec un prolongement en forme de canal. Ces excavations, dans lesquelles un homme trouverait place, servaient peut-être simplement de réservoirs pour l’eau ou pour quelque usage do- mestique. La même montagne renferme d’autres grottes retouchées par Thomme. L’une d'elles, située sur le versant méridional, présente à l'intérieur plusieurs niches. En dehors, des trous circulaires de 20 à 30 centimètres de profondeur se voient sur l'espèce de plate- forme sur laquelle s'ouvre la grotte. Nous pourrions citer, parmi les grottes naturelles améliorées par l’homme, celle Del Moro, à Agaete, celles de la montagne de Riquianes, à Tafira, que nous avons visitées il y a quelques semaines, etc. Arrivons aux véritables grottes artificielles, nous voulons dire celles dont toutes les parois, le toit et le sol ont été travaillés par l’homme. Dans ce cas les insulaires pouvaient agrandir une exca- vation déjà existante ou bien creuser entièrement une habitation. I est impossible de le savoir aujourd'hui; mais ce qui est certain, c'est que tout l'intérieur de ce genre de grottes est travaillé. La plus connue de toutes est celle de Cuatro Puertas (fig. 1), située sur la montagne dont nous venons de parler et à laquelle elle a donné son nom. Elle se trouve près de la grotte des Piliers, mais sur le versant opposé de la montagne, du côté de Telde. A7: — 740 — L'accès en est facile, et il n’a pas été nécessaire de tracer artifciel- lement un sentier. — a — -(oneuer) opuesr)) song Ouen’) 9p OO AO) — "1 “BI quatre grandes ouvertures livrent L Comme son nom l'indique nn — Thl — passage pour pénétrer à l'intérieur. Leur largeur varie de 1°,75 à 2%,54; leur hauteur, de 1,50 à 1,80. Trois piliers les séparent l’une de l’autre; deux d’entre eux offrent une largeur de 2,05, et le dernier de 17,85; leur épaisseur est de 1,60 et 1",65. La grotte, assez régulière, se rétrécit en arrière; sa largeur est de 16 mètres en avant et de 12°,30 en arrière. Les parois latérales ont. un peu plus de 6 mètres de longueur. Enfin la hauteur, un peu plus grande en avant (2 mètres), est en arrière de 1,68 à 1,75, selon les poinis où on la mesure. Cette habitation ne présente aucun genre d’ornements, aucune niche dans les parois. Seule une petite cavité naturelle, étroite, de 1 mètre de haut et de 3”;50 de profondeur, se voit dans le fond, à droite, au niveau du sol. La façade de la grotte a été taillée tout entière dans le flanc de la montagne. Elle est précédée d’une esplanade de 10 mètres de large au milieu , de 6 mètres sur les côtés. Cette sorte de plate- forme contient devant chaque pilier une excavation cylindrique d'environ un pied de diamètre et un pied de profondeur. À San Lorenzo on rencontre un grand nombre de grottes du même genre avec une seule ouverture, taillées dans un tuf moins résistant. Elles sont actuellement remplies de terres entraïnées par les pluies. Nous en avons déblayé plusieurs et nous y avons ren- contré des poteries. À Galdar nous pouvons également signaler un certain nombre de ces grottes. Mais dans cette localité existe une autre grotte artificielle bien plus somptueuse, quoique ses dimensions soient assez réduites. Entièrement travaillée de main d'homme, elle présente des orne- ments de tous les côtés. En haut, une corniche convexe en fait tout le tour; une seconde corniche saillante et plus plane que la première se voit immédiatement au-dessus. Ce sont là les seuls ornements architecturaux de Tlhabita- tion, mais elle est décorée de nombreuses peintures. Le plafond est entièrement peint en rouge d’un ton uniforme. Les parois sont couvertes d’ornements depuis le milieu jusqu'en haut; peut-être arrivaient-ils jusqu’en bas. Notre excellent ami M. Diego Ripoche, qui l’a retrouvée il y a trois ans et l’a dessinée à notre intention, a été obligé d’en déblayer l'entrée tout entière et une partie de l'intérieur. Si les peintures arrivaient jusqu'en bas, on conçoit parfaitement qu’elles aient disparu dans la partie comblée. — 742 — On entre dans cette grotte par une porte unique. La paroi située à droite présente en avant une sorte de niche profonde qui semble naturelle. Le haut, corniches comprises, est peint d’une couleur rouge, comme le toit. La corniche supérieure offre six circonfé- rences qui se détachent en blanc sur le fond rouge. À l'intérieur de chacune de ces circonférences s’en trouve une autre de même couleur beaucoup plus petite. La corniche inférieure est ornée également de peintures blanches : ce sont deux bandes obliques parallèles, deux circonférences concentriques comme celles de la corniche du haut, puis une autre bande oblique dirigée en sens inverse des deux premières. À l’autre extrémité se voient les traces d’un triangle à sommet supérieur. Ce sont là les seuls décors encore visibles sur cette paroi, d’ailleurs en mauvais état. La paroi du fond et celle de gauche sont beaucoup plus or- nées; ce sont celles que reproduit notre dessin. Toutes deux pre- sentent sur la corniche du haut les mêmes ornements que la précédente. La paroi du fond porte en outre, à gauche, sur la deuxième cor- niche, trois circonférences comme celle du haut, puis une ligne en zigzag d'un rouge plus intense que le fond, qui est d’une couleur grise tirant quelque peu sur le rouge. Au-dessous noûs trouvons, en commencant par la gauche, quatre triangles superposés, alterna- tivement rouges el noirs, puis une surface rectangulaire d’un gris rougeâtre portant une série de chevrons rouges superposés. À côté, quatre carrés, deux en haut, deux en bas, les uns rouges ,les autres noirs. Viennent ensuite deux rangées composées chacune dehuït triangles alternativement noirs et gris un peu rougeûtres. Chaque triangle est entouré de rouge. Nous trouvons plus loin quatre nouveaux carrés semblables aux premiers, une autre sur- face rectangulaire grisatre, portant les mêmes chevrons que la précédente, et enfin trois rangées comprenant : la supérieure, sept triangles, les uns rouges, les autres grisâtres; la deuxième, le même nombre de triangles rouges ou noirs; celle du bas, quatre triangles noirs. Tous les triangles qui se trouvent à droite de cette paroi sont entourés, de même que les carrés, d’une raie blanche. La paroi de gauche ne porte en dehors de la corniche du haut (celle du bas fait peu de saillie) que des décors carrés ou trian- — 7h15 — gulaires, alternativement rouges et noirs, tous entourés de blanc. Ce sont, du côté de la porte, trois rangées horizontales de quatre carrés chacune, puis quatre autres rangées comprenant chacune douze triangles. Les carrés, presque réguliers, mesurent 35 centi- mètres sur 34; les triangles en moyenne 19 centimètres sur 29. «Cette grotte est, sans contredit, la plus belle connue jusqu’à ce jour; elle n’est pas cependant la seule de ce genre. Au pied du rocher de Bentayga, sur le territoire de Tejeda, M. le docteur Victor Grau a visité et dessiné une autre habitation presque sem- blable à la précédente. Comme celle de Gaïdar, elle porte en haut une corniche, mais sans aucune peinture. Les décors des parois, peints également en rouge et en noir, ne comprennent que des carrés disposés en rangées horizontales. Les maisons de la Grande Canarie ont été depuis longtemps signalées et décrites : Boccace en parle, Cedeño les décrit longue- ment. Marin y Cubas et, après lui, tous les auteurs modernes ont repris la question à leur tour. Elles se composent de murs très épais, formés de grandes pierres généralement rectangulaires et fort bien assemblées, sans le secours d'aucun mortier. L’épaisseur des murs atteint jusqu’à 28,50; on comprend qu'ils aient si bien résisté à l’action du temps. Ce que l'on s'explique moins aisément, c'est la régularité que pré- sentent dans leurs formes les pierres de la plupart des maisons. Il fallait que les anciens insulaires, qui n'avaient assurément au- cune: connaissance des métaux, fussent doués d’une patience mer- veilleuse pour arriver à tailler de tels blocs avec leurs outils pri- mitifs. «. Boccace nous dit que les marins de Angiolino del Tegghia trou- vèrent dans le nord de la Grande Canarie un village composé de beaucoup de maisons , et qu'après avoir enfoncé les portes, ils furent surpris de trouver l'intérieur de ces maisons si beau, si blanc que les murs paraissaient blanchis à ia chaux. Il existe encore des maisons des anciens Canariens, et si elles ne sont pas aussi blanches à l’intérieur que celles dont parle Boccace, il n’en est pas moins vrai que la solidité et la régularité des murs atürent fortement l'attention de ceux qui les visitent. La charpente et le toit n'étaient pas construits avec moins de soin que les murs. De fortes poutres, formées la plupart du temps de ces beaux pins si abondants jadis aux Canaries, reposaient sur — 7lh — les murs et étaient parfaitement unies les unes aux autres. Des branches posées par-dessus supportaient des feuilles, des fougères, recouvertes elles-mêmes de terre fortement foulée. Parfois au- dessous de la terre se trouvait une couche de dalles minces qui assuraient l'imperméabilité du toit. Généralement basses, ces maisons ne présentaient pour toute ouverture qu'une porte étroite. Elles n'avaient point de cour, mais, selon Marin y Cubas, elles étaient souvent alignées et laïssaient entre elles des rues étroites pavées de très petites pierres. On à signalé de nombreux villages à la Grande Canarie. Chacun de ces villages renfermait parfois un nombre important d'habitants. Les maisons d'Arguineguin (à l'extrémité méridionale) avaient une forme circulaire ou elliptique. Elles étaient fort nombreuses { certains auteurs parlent de quatre cents) et en partie disposées autour d’une vaste place dont le centre était occupé par un édifice de grandes dimensions; c'était sans doute la résidence d'un chef. Il restait encore de cet édifice, il y a peu de temps (mais nous ignorons s’il existe encore), un banc de pierre semi-circulaire placé près de l'entrée. | La plus belle maison se trouvait à Galdar, autre village important. C'était la résidence du guanartème ou roi de Galdar, Ses murs avaient trois vares() d'épaisseur; tous les bois étaient tellement polis que, à première vue, on les aurait crus travaillés avec un rabot. A l’intérieur les parois étaient lambrissées jusqu’en haut de planches de tea si bien ajustées qu'on ne voyait pas les jointures, et ces planches étaient elles-mêmes entièrement peintes. Ce bel édifice, d’une grande valeur au point de vue historique et archéo- logique, fut démoli à la fin du siècle dernier pour la construction d'une église. Toutes ces maisons étaient fréquemment divisées à l’intérieur par des cloisons. Elles contenaient des alcdves sur les parties ‘la- térales; le foyer était toujours placé près de la porte, ce qui était imposé par l'absence de fenêtres et de cheminées. Nous ne parlerons pas des autres habitations. Nous aurions pu mentionner les temples dont parlent les vieux auteurs, nousau- rions pu citer d’autres villages. Ce que nous venons de dire suffit pour démontrer que les gens de la Grande Canarie avaient sur Le vare équivaut à o”",836. L — 745 — leurs voisins une grande supériorité au point de vue de l'archi- tecture. Connaissances littéraires, artistiques et scientifiques. — La littéra- ture des anciens habitants de l’archipel canarien se bornaït à peu de chose. Ils avaient des légendes qui se conservaient de père en fils. Plusieurs auteurs nous disent que, à la Grande Canarie, les prêtres étaient chargés d'enseigner aux jeunes gens ces ES qui devaient affecter la forme de poèmes. “ J1 y avait également des poètes qui chantaient les hauts faits des héros et composaient des chants d'amour. On a cité un très petit nombre de ces chants. Nous avons la bonne fortune de Pouvoir aujourd’hui en signaler deux. C'est à notre ami M. Léon de Cessac que nous les devons; ils ont été copiés par lui dans le manuscrit dont il a extrait les figures si intéressantes que nous avons mentionnées plus haut. L’un fut composé par un poète de la Grande Canarie, l'autre est de l'ile de Fer. . Voici ces chants : ° GRANDE CANARIE. Aica maraga, aititu aguahal Maiïca guere, demacihani. Neiga, haruvici alemalai. 2° Ie pe Fer. Mimerahana ? zina4 zinuha ? Ahemen aten, haran, hua, Zu Agarfa fenere nuzä. Le manuscrit contient, en portugais, la traduction des six vers ci-dessus; ils signifieraient en français, le premier : « Soyez bienvenu! Ces: pes vont tuer notre mère, main: tenant surtout que nous sommes réunis. Frère, je veux me marier, pousque nous sommes perdus. » Deuxième chant : « Qu’apportez-vous ici? Que conduisez-vous ? Que m’importent le lait, l’eau et le pain, si Agarfa (nom d'homme) ne veut pas faire cas de moi. » — 746 — Le manuscrit nous donne la traduction littérale suivante) en face de laquelle nous plaçons la traduction française : ÉLÉGIE CANARIENNE. CANARIEN. PORTUGAIS. FRANÇAIS. bienvenu; ils tueront notre mère, esta gente ces gens Jorasteira étrangers, mas Ja que estamos juntos.| d'autant plus que nous sommes réunis. trmao Frère, quero me casar je veux me marier, poisque estamos perdidos . puisque nous sommes perdus. ÉLÉGIE DE L'ÎLE DE FER. CANARIEN. PORTUGAIS. FRANÇAIS. Que tragao para c&.....| Qu'apportez-vous ici? Que por aqui conduzaô. . | Que conduisez-vous ici? Qu’importent le lait, l'eau, le pain, si Agarfa (nom d'homme) nao quer. . «. ne veut pas olhar para mim........| regarder par moi. Pour nous, nous ne doutons pas de l’authenticité des rensei- gnements que fournit le manuscrit en question. Bien que Abreu Vosshne — 747 — - Galindo nous dise que «soyez les bienvenus » se disait en dialecte canarien sansofé, Marin y Cubas nous donne une autre formule pour souhaiter la bienvenue : c'est famaraqua, qui voudrait dire bonjour. Or le radical de ce mot maraqgua nous semble bien ana- logue au mot maraga du manuscrit portugais. Ce radical, joint au mot aica, peut donc parfaitement être une formule pour sou- haiter la bienvenue. 1.) "1030 Dans le chant de l'ile de Fer nous trouvons un mot déjà connu ; c'est ahemen, lait (achemen, d’après Abreu Galindo). Dans notre traduction il y a une erreur que nous avons laissée intentionnel- lement, ne voulant rien changer à la copie que nous à donnée M. de Cessac. Mais il suffit d'examiner la première copie faite à Lisbonne même par notre ami, pour se convaincre que l'erreur que nous signalons vient du copiste. En effet, nous voyons chaque mot du dialecte de l’île de Fer numéroté; au-dessous sont répétés les mêmes numéros en face desquels se trouve la signification du mot canarien correspondant à chaque chiffre. Or, en face du nu- - muéro 4, nous lisons leite, c'est-à-dire lait, et ce chiffre, il l'avait placé au-dessus de ahemen. Mais, plus tard, réunissant les deux mots zina zinuha sous le même numéro, ahemen s'est trouvé au troisième rang, et le chiffre 4 qui figurait tout d’abord se trouve surchargé d’un 3. Nous pensons que le premier chiffre devait res- ter sur ce mot, car il nous semble trop bien correspondre à ache- men de Galindo, et par conséquent désigner cet aliment. La tra- duction devait être rétablie ainsi : IMimerdhant-.:....-- + Qu'’apportez-vous ? PR ne à te ee Que conduisez-vous? AUDE - A PRE LE: UE Qu'importe ühiemens. ASUS. MAITRE le lait, C1 A0 RU EME RES DONC EDR E ET l’eau, haran hua.......... : SEE le pain, die sérsiet ile iuogsacmaste si LIT CANONS POP ET AC Agarfa ECO MES TS PPS AOC VUE DE ne veut pas HACOS SRI EnRUURe regarder par moi. Nous ne voulons pas nous étendre davantage sur ces chants, mais les explications qui précèdent nous ont semblé absolument nécessaires pour prévenir certaines objections que l’on aurait pu faire. — 748 — Disons, en terminant, que les poésies canariennes étaient pres- que toujours empreintes de sentiment et souvent de tristesse. Cependant les habitants de l'archipel n'étaient pas ennemis des distractions. Parmi les arts qu’ils cultivaient avec le plus de prédilection figurent la musique et la danse. Nous ne décrirons pas ces danses dont on trouvera une longue description dans l’ou- vrage du docteur Chil. Ce que nous avons dit plus haut prouve que les anciens insu- laires avaient un certain penchant pour la peinture. Ils pei- gnaient leurs vêtements et leurs habitations. Ceux de la Grande Canarie se peignaient le corps; et nous verrons, en parlant de la céramique, que ces mêmes gens ornaient leurs poteries de pein- tures. Les arts plastiques étaient peu avancés. C'est à peine si nous pouvons signaler à la Grande Canarie quelques grossières figu- rines humaines en terre cuite. Pourtant les Portugais avaient emporté une statuelte trouvée par eux dans un temple, lors du voyage de Angiolino del Tegghia. Leurs connaissances scientifiques n'étaient pas plus développées. Ils avaient de vagues notions d'astronomie et divisaient le temps par lunes. Ils savaient compter jusqu'à un certain nombre; Nico- las da Recco, en 1341, recueillit les noms de nombres jusqu’à 16; Galindo nous donne la liste des nombres canariens jusqu'à 200. Nous ne pouvons guère qualifier de scientifiques leurs pratiques médicales. Ils connaissaient la saignée et la pratiquaient avec un couteau en pierre. Le beurre de chèvre leur servait pour panser leurs plaies et faire des frictions. Parfois ils cautérisaient les blessures soit au moyen du feu, soit à l’aide d’un jonc qu'ils trempaient dans du beurre bouillant. La sudation était fort en vogue. Le sang de dragon leur servait d’astringent; le lait, le petit- lait, le miel, de rafraîchissants. Ils employaient aussi comme laxa- tif ou comme vomitif une sorte de sirop extrait du fruit du mocan ( Visnea mocanera). Les habitants de la Palme montraient, dans les maladies, un grand stoïcisme et n’usaient guère des moyens employés par leurs voisins. — 749 — $ 9. = CÉRÉMONIES, FÊTES, JEUX, JUSTICE, CROYANCES. Fêtes, jeux. — Nous avons déjà parlé des cérémonies qui avaient lieu à la naissance d’un enfant, parfois (à la Grande Canarie) à l'occasion d’un mariage, ou bien du couronnement d'un chef. Toutes les cérémonies étaient suivies de festins, de bals, de chants et de luites. À Ténériffe au moins, des fêtes avaient lieu à l’époque des semences et des récoltes. A l’île de Fer avaient lieu, chaque année, plusieurs fêtes que les insulaires appelaient quatativoa. Hs tuaient alors leurs brebis les plus grasses et les rôtissaient entières. Les jeux étaient toujours des exercices de force et d'adresse : ils se mettaient au défi, par exemple, d’escalader tel ou tel rocher trèsescarpé ; ils selançaient des pierres que les adversaires devaient éviter par un simple mouvement du corps, sans changer les pieds de place; parfois let pierres étaient remplacées par des flèches en bois, à pointes aiguës. Les luttes étaient en grand honneur, comme elles le sont encore chez les insulaires actuels; des sortes d’arènes, assez souvent entourées d’un petit mur en pierres sèches, étaient réservées aux champions. Parmi les jeux il nous faut signaler le combat, si en vogue à la Grande Canarie, et qui, comme le dit fort bien M. Augustin Mil- lares, fait songer aux tournois de l’Europe féodale. Il fallait, pour ces sortes de combats, l'autorisation des chefs, qui devait être ratifiée par le grand prêtre. Chacun des champions se rendait, accompagné de ses parents et amis, au lieu destiné à ces fêtes; c'était une place circonscrite par un mur. Il portait, comme armes offensives, trois pierres, une lance et quelques couteaux de pierre ou d’obsidienne. Dans l’enceinte se trouvaient deux pierres assez hautes, de 0*,50 environ de diamètre; c'était sur ces pierres que prenait place chacun des combattants et il leur était interdit d'en descendre. Ils se lançaient les pierres, les couteaux, puis le combat continuait au moyen de la lance ou d’un bâton en forme de massue; il ne cessait que lorsque le guayre (chef) y mettait fin. Il n'était pas rare que quelque com- battant mourût des suites de ses blessures. L'un des dessins que nous devons à M. de Cessac, et dont l’ori- ginal se trouve à Lisbonne, représente ce combat avec une grande fidélité. — 750 — À Ténériffe, à la Grande Canarie, lorsque le roi sortait pour assister à quelque fête, il était accompagné de ses chefs ou sigones. Devant lui, pour annoncer son passage, l’un de ceux-ci portait la añepa, espèce de lance ou de bâton en haut duquel flottait une petite bannière en jonc. Le peuple se prosternait sur le passage du roi, lui essuyait la poussière des pieds et les lui baisait en- suite. Nous avons vu une de ces lances, trouvée dans la grotte des Princes, à l'Orotave. Le dessin que nous en avons fait a été publié par Berthelot dans ses Antiquités canariennes. Justice. — Nous avons vu que, à la Grande Canarie, il existait deux catégories de juges : les uns, nobles, pour juger la noblesse, les autres pour le peuple. Ils prononcaient des peines diverses qui pouvaient aller jusqu’à la peine de mort. A Ténériffe, d’après certains auteurs, cette peine existait. Nu- ñez de la Peña, Viana, nous disent que celui qui menait une vie débauchée ou qui manquait de respect aux femmes était déca- pité; que l’adultère était enterré vivant; que la fille débauchée était enfermée pour toute sa vie; enfin que l'enfant désobéissant était lapidé. Mais Espinosa nie la peine de mort et dit que les châtiments corporels consistaient dans la peine du fouet et la bas- tonnade. À l'ile de Fer, l’assassin était puni de mort, le voleur de la perte d’un œil; s’il récidivait, on lui arrachait l'autre œil. Pour les gens de la Palme, ces Spartiates des Canaries, le vol n'était pas un délit. Croyances. — Il nous faut dire quelques mots des croyances et des cérémonies religieuses des anciens Canariens. Dans toutes les îles existait la croyance à un être suprême, appelé Acoran, à da Grande Canarie; Achihuran, Acoran, etc., à Ténériffe; Eraoran- han, à l'île de Fer, et Abora à la Palme. Les femmes de l'ile de Fer adoraient une déesse qu’elles désignaient sous le nom de Mo: neiba. Dans cette ile, les dieux mâle et femelle habitaient les hauteurs, d’où ils descendaient pour écouter les prières du peuple. A l'ile de la Grande Canarie, à Ténériffe, à la Palme, et pro- bablement dans les autres îles, le soleil et la lune étaient vénérés. ANRT — 751 — L'un de ces êtres bienfaisants se nommait Magec (le soleil) dans la première de ces îles; il avait pour filles les Magios ou âmes. À Ténériffe, le soleil ou la lune s’appelaient Acaman. La croyance à un génie du mal était presque universelle. Gabiot était celui de la Grande Canarie; il pouvait revêtir des figures d'animaux , et, sous ces formes, il s'appelait Tibicene. Le démon de Ténériffe était Guayota, qui vivait dans le pic de Teyde, où se trouvait l'enfer (Echeyde); celui de la Palme était Jrnene. Nous devons dire toutefois que les habitants de cette dernière île de- vaient avoir des conceptions religieuses bien vagues. Nous n'avons pas nommé les dieux de la Gomère; les rensei- gnements nous manquent complètement sur ce point. Ils devaient avoir beaucoup de parenté avec ceux de l'ile de Fer, si l'on en juge par les rites que nous a fait connaître le docteur Jean Bé- thencourt dans la Revisia de Canarias (décembre 1881); ce sont tout à fait ceux que nous avons découverts nous-même à l'île de Fer. . Cérémonies religieuses. — À la Grande Canarie existaient un certain nombre de temples ou chapelles appelées Almogaren. Cha- que jour avaient lieu, en l'honneur de la divinité, des libations de lait de chèvre et des offrandes de fruits. Marin y Cubas nous dit que les prêtres brülaient ces fruits et tiraient des présages de la direction de la fumée. C'étaient là les pratiques religieuses journalières. Mais dans les grandes calamités publiques avaient lieu d’autres cérémonies. On séparait d’abord dans les troupeaux les mâles des femelles, et on les soumettait pendant trois jours à un jeûne presque absolu qu'observait aussi toute la population. Des processions avec prêtres et vestales en tête se dirigeaient vers la mer en poussant de grands cris; les pauvres bestiaux, privés de nourriture, se joignaient à ce concert; les harimaguadas chantaient : Almene Coran «ayez pitié de nous, Seigneur », en imprimant aux yeux, à la tête, au corps et. aux bras de grotesques mouvements. Enfin, arrivés au bord de la mer, tous ces gens se mettaient à battre l'eau avec des branches et des feuilles de palmier. … Des idoles existaient dans cette île. Andres Bernaldez cite une idole en bois, d'une demi-lance de long, représentant une femme nue et devant elle une chèvre disposée à l’accouplement, avec un {2 { — 752 — bouc prêt à la couvrir. Devant ce groupe se faisaient des libations de lait. | Les Portugais avaient trouvé une statuette humaine tenant une boule dans sa main. Nous considérons comme idoles trois frag- ments de figurines en terre cuite trouvés à la Grande Canarie. L'une, mal figurée dans louvrage de Berthelot, représente probablement une tête de femme avec une longue chevelure. Cet auteur y a vu par derrière un gigantesque phallus et il s’est lancé à ce sujet dans une dissertation fantaisiste, Mais nous avons exa- miné attentivement l'original; nous l'avons dessiné, photographié et moulé. Un exemplaire de ce moulage existe au Musée d’ethno- graphie, et nous ne croyons pas qu'aucun homme impartial puisse y trouver le phallus en question. Une seconde petite statuette brisée représente grossièrement un thorax orné de deux seins assez volumineux. La troisième se trouve dans le musée de Las Palmas. C’est une grossière statuette creuse, de 27 centimètres de hauteurtet de 24 centimètres de largeur en bas. La tête est brisée en haut; tout l'avant-bras droit manque, les jambes semblent être croisées. Le sujet est, dans tous les cas, accroupi. Aucune proportion m'est gardée; le corps, grêle en haut, s’élargit d’une façon à peu près régulière jusqu'en bas; la tête est excessivement petite, tandis que les bras et les cuisses sont d'une grosseur très exagérée. Quant à la tête de cochon décrite et figurée dans les Antiquités canariennes, elle n’a jamais existé que dans l'imagination de l'au- teur. L’original, que nous a donné Berthelot, se trouvé au Musée d’ethnographie, où chacun peut se convaincre que c’est une simple anse de vase quelconque, qui ne rappelle en rien la tête d’un porc. Les Guanches de Ténériffe devaient pratiquer les mêmes rites que les habitants de la Grande Canaric. Les prêtres tiraient des présages non seulemant de la fumée des offrandes, mais encore du bélement des moutons. Nous ne connaissons aucune idole de cette île, bien qu'il soit probable qu’il en a existé. A la Palme, la cérémonie habituelle consistait en offrandes à certains rochers, notamment à Idafe, roc fameux situé dans la Caldera. Les insulaires, avant que le prêtre déposät au pied du ro- cher les entrailles des animaux sacrifiés, lui disaient : quida Iquan Idafe « On dit qu'Idafe tombera », ou bien : « Tomberas-tu, Idafe?» — 753 — . Le prêtre répondait : Que guerte Iquan taro, c'est-à-dire : « Donnez ce que vous apportez, et il ne tombera pas.» Les entrailles étaient ensuite jetées au pied du bloc. A l'ileide Fer‘existaient à peu près les mêmes coutumes reli- gieuses qu'à l'ile de Ténériffe et à la Grande Canarie. Le cochon jouait dans les cérémonies un rôle à peu près aussi important que les moutons et les brebis dans cette dernière île. Dans les temps de sécheresse surtout, le prêtre entrait dans la grotte de Aranfaibo (leporc sacré)'et se mettait à prier. Dès que le cochon sortait, on l'énveloppait dans un famarco eton le promenait en grande pompe. autour du rocher sacré de Bentaiga: "Nous pouvons affirmer que les anciens habitants de l'ile de Fer _sacrifiaient des chevreaux et des agneaux. Nous avons rencontré des'fours (hornos) ou plutôt des autels à sacrifices. Près des letre- ros, à! côté des amas de coquilles dont nous avons, parlé et du tagoror que nous avons figuré, en existaient plusieurs. Ce sont des monticules de pierres, offrant au centre une cavité cylindrique ou elliptique remplie de cendres et d'os de jeunes animaux (agneaux et chevreaux). A 19 mètres du tagoror se trouve un de ces autels; à 6 mètres de l'autel se voient les ruines de six enceintes de pierre circulaires contiguës, dont les dimensions varient entre 2”,50 et 8 mètres de diamètre. Un sentier conduit de la plus grande de ces enceintes au lieu de réunion. Nenous trouvons-nous pas là en présence de ruines de maisons, soit de chefs, soit de prêtres? Quelque en- ceinte n'était-elle pas destinée à renfermer les animaux réservés aux sacrifices? Il me semble peu hasardé de dire que, dans certaines circonstances, le conseil se réunissait dans le tagoror, que les prêtres faisaient pendant ce temps des offrandes. aux dieux, et peut-être, à la suite de ces cérémonies, de grands repas avaient-ils lieu, ce qui expliquerait la présence, sur les deux ver- sants de la colline, de coquilles si nombreuses que les insulaires actuels ont donné à ce lieu le nom de concheros. "Tout ce que nous venons de dire de l'ile de Fer s'applique exac- tement aux constructions que M. Juan Béthencourt a trouvées près du village de Chipudes, dans le sud de la Gomère. C'est ce qui nous a fait dire que les croyances devaient être les mêmes dans les deux îles, et ce qui nous fait ajouter que les cérémonies rehgieuses devaient aussi être identiques. MISS. SCIENT. — XIII. 48 IMPRIMERIE NATIONALE. — 754 — $ 3. — EMBAUMEMENTS, SÉPULTURES. Embaumements, momies. — Nous savons aujourd’hui que, dans les cinq îles dont nous traitons, il existait la coutume d’embau- mer certains morts. Nous avons trouvé des restes de momies à la Gomère et à l’île de Fer (Barranco de la Guerra). Des doutes pou- vaient subsister pour la Palme, mais la découverte de momies, en septembre 1881, les ont fait disparaître. Nous ne parlons pas de la Grande Canarie et encore moins de Ténériffe, car il ne pou- vait y avoir le moindre doute pour ces deux îles. Nous venons de dire que l’on embaumait certains morts. Cette pratique était loin assurément de s'étendre à toute la population : la plus grande partie des cadavres élaient déposés dans les grottes, les tumulus ou les fosses, sans que l'on employàt aucun moyen pour les préserver de la corruption. Nous ne sommes guère renseignés sur les procédés employés par les anciens insulaires pour conserver les cadavres. Nous avons bien recueilli dans quelques grottes où se trouvaient des frag- ments de momies une substance consistante, ayant l'aspect de ré- sine et de graisse mélangées. L'analyse aurait pu fournir des rensei- gnements intéressants; malheureusement, l'échantillon s’est égaré dans le laboratoire de chimie, de sorte que nous sommes forcés de nous en tenir aux renseignements souvent vagues, parfois con: tradictoires, que nous donnent les auteurs. Les embaumeurs formaient une corporation qui comprenait des individus des deux sexes. D'après les anciens historiens, on commençait par ouvrir à l’aide d’un couteau en pierre ou {abona toutes les cavités pour en extraire les viscères. C’est là une opéra- tion qui n’était pas toujours pratiquée, et le docteur Chil a montré que beaucoup de momies avaient les entrailles et le cerveau. Les cadavres étaient ensuite lavés soit avec de l’eau froide salée (Espinosa), soit avec une décoction chaude de plantes diverses (Marin y Cubas), soit avec une décoction d'écorce de pin (Dau- benton). On employait alors les préservatifs, qui se composaient, d'après le premier auteur, de beurre ou de graisse de chèvre, d'herbes aromatiques, d’écorce de pin, de résine de tea, de poudre de bruyère, de pierre ponce et de quelques autres produits absor- bants et dessiccatifs. Marin y Cubas nous dit au contraire qu'on — 755 — -employait un mélange de sable, d'écorce de pin broyée et de marc du fruit du mocan. Daubenton parle d’un mélange de graisse et de plantes aromatiques, telles que la lavande, la sauge. … Venaii ensuite la troisième opération, le séchage de la momie. Espinosa et Marin ÿ Cubas sont d'accord sur ce point que les cadavres restaient exposés au soleil; mais le dernier ajoute que, la nuit, ils étaient exposés à la fumée. Quel que fût le mode de conservation en usage, il est certain qu'une fois les momies séchées, on les enveloppait habituellement de peaux superposées, après avoir étendu les bras des hommes sur les cuisses et croisé ceux des femmes sur la poitrine (Viera). Cette règle souffre toutefois des exceptions. À Ténériffe, on n’employait jamais que des peaux cousués pour envelopper les cadavres. Outre les coutures, ces enveloppes, au nombre de cinq, six, sept, étaient assujetties au moyen de la- nières de cuir. Les peaux les plus fines étaient en dedans. À la Grande Canarie, on employait généralement un procédé analogue. En 1855, des bergers découvrirent dans le sud une grotte remplie de momies, dont l’une était recouverte de douze enveloppes en peau d'agneau et de mouton, cousues et atlachées comme nous venons de le dire. Le docteur Chil en possédait une vêtue de son tamarco et de son'jupon en jonc; les jambes étaient enveloppées de peaux, puis d’étoffes. Tout le corps avait été ensuite empaqueté dans une grande étoffe cousue et attachée avec des cordes de feuilles de pal- mier et de jonc. On connaît aujourd'hui plusieurs momies en- tourées d'étoffes semblables. Parfois, mais rarement, les enveloppes étaient peintes. À la Grande Canarie, on a également trouvé dans une grotte sépulcrale quelques fragments de corps humains momifiés et par- faitement enveloppés comme nous venons de le dire. Une fois toutes les opérations que nous venons de décrire ter- minées, les momies étaient transportées dans des grottes naturelles d'un accès difficile. Les unes étaient placées verticalement, les autres couchées sur le sol, sur des tréteaux ousur des branches. Viera prétend que les momies des chefs étaient enfermées dans des cercueils en bois de pin. Sépultures. — Nous venons de dire que les momies étaient dé- 18. — 756 — posées dans des grottes naturelles d’un accès difficile. C'est dans des grottes semblables que l'on transportait tous les morts dans les îles de Ténérifle, de la Palme, de la Gomère et de Fer: Parfois les cadavres étaient recouverts de planches, maïs jamais de:terre. Ces grottes renfermaient, dans certains cas, des centaines decaz davres ; elles étaient quelquefois fermées par une grande:dalle, On pourrait faire de riches récoltes si les habitants modernesin’at vaient pas brisé et dispersé tout ce qu'ils ont pu atteindre. Le mobilier funéraire est généralement composé de très peu d'objets. On trouve fréquemment des grains de colliers «en,terre cuite ou en coquilles, quelquefois des pendeloques en os, comme nous en avons trouvé à l’île de Fer, ou des bâtons :en bois très dur; dans quelques grottes on rencontré des poteries. À la Palme existait la coutume de placer près de la tête. du mort un vase-de lait, et les débris de ces vases ont été trouvés plus d'une fois. A la Grande Canarie nous avons vu bien des grottes naturelles renfermant des restes humains. À Guayadeque l’une d'elles était en partie fermée par un mur en pierres sèches (fig. 2)et.mous ne sommes pas le seul à en avoir rencontré de ce genre. Mais dans cette île il existait bien d’autres genres de pre iures. Des cadavres ont été trouvés dans des grottes artificielles, dans des fosses recouvertes de ces monticules de pierres impro- prement désignés sous le nom de tumulus, etjusque dans des:fosses ouvertes. s Citons, parmi les grottes sépulcrales artificielles, celles de Sa Lorenzo. Dans l’une d'elles, notre excellent ami M. Diego: Ri- poche a rencontré une cinquantaine de cadavres et a pu retirer, pour le Muséum, une vingtaine de têtes en bon état. in) Les tumulus se trouvent toujours dans ces endroits arides (mal pais) où l'on ne voit qu'une large trainée de scories volcaniques qui mettent en lambeaux les chaussures et les pieds: Il enexiste à la Isleta, à Agaete, à Arteara, et tout récemmentnous.en avons fouillé un bon nombre à Ginamar. L Nous avons décrit ces sépultures dans un précédent travail, Elles se composent d'une fosse rectangulaire, limitée par un petit mur en pierres sèches. Des blocs plus grands recouvrent le cadavre, toujours unique dans ces tumulus. Lorsque les pierres supérieures O) Habitations et sépultures des anciens habitants des iles Canaries, dans la Revue d'anthropologie, 2° série, t. IL, 1879. Lcd — 757 — _n'arrivaient pas d'une paroi à l’autre de la fosse, on plaçait par- fois verticalement une grosse branche fourchue, et sur la bifur- cation reposaient les pierres trop courtes. Nous avons constaté cette disposition à la Isleta. | (ll à il J | { A Mig Grotte sépulcrale! murée du ravin de Guayadeque (Grande Canarie). Le monticule pouvait dépasser de très peu le niveau du sol ou atteindre jusqu'à 1,50 de hauteur. La forme en est généralement cubique, mais M. Diego Ripoche en. a rencontré d’elliptiques à Arleara. | Dans la même localité, il a trouvé un tumulus d’une forme spéciale. À la base étaient alignés tout autour des blocs volumi- neux;:la partie supérieure, composée de pierres plus petites, n'a- vait pas des dimensions aussi grandes, de sorte que, dans son ensemble, la sépulture offrait l'aspect de deux parallélépipèdes superposés (fig. 3). | Des sépultures analogues, mais de forme elliptique, ont été vues par le même explorateur à Agaete. Le haut, beaucoup plus étroit que la base, forme une sorte de couronne qui peut être K: ne — 758 — composée, au lieu de scories noirâtres, de pierres rougeatres et jaunâtres entremêlées. Dans ce dernier cas, la partie supérieure forme avec le bas un contraste de couleurs des plus remarquables. * Fig. 3. — Tuümulus d'Arteara (Grande Canarie). d Enfin à Agaete existent des tumulus complètement circulaires qui peuvent présenter extérieurement 7",50 de diamètre. Dans l'un de ceux-ci, fouillé par M. Ripoche, le cadavre se trouvait au niveau même du sol et était recouvert par une petite épaisseur de pierres. Dans la plupart des tumulus d’Agaete, les morts étaient placés daus des sortes de cercueils formés de grosses poutres, mais sans fond ni couvercle. A la Isleta, on rencontre, à côté des cadavres, de nombreuses graines d'Ilex angustifolia. Dans les tumulus d’Agaete, M. Ripoche n'en a rencontré aucune, mais en revanche il en a constaté la présence dans les grottes sépulcrales de cette ville. Malgré l’assertion du docteur Chil, nous pouvons affirmer que les cadavres ne présentaient pas une orientation constante. La tête est placée dans les tumulus vers l’un quelconque des points cardinaux. Les ossements que l’on trouve dans ces sépultures sont excessi- vement altérés, très friables, ce qui s'explique aisément par l'ac- tion des agents atmosphériques. Il n’est pas nécessaire de sup- poser, comme le fait Berthelot, qu'ils appartiennent à une époque plus reculée que ceux que l’on rencontre dans les grottes. Les fosses en plein sol nous ont encore été signalées par M. Ripoche, qui en a rencontré à Las Huesas (Tafera ) et à Galdar. Elles sont de deux sortes : lesunes ne renfermaient qu'un seul cadavre, tandis — 759 — ‘que les autres en contenaient plusieurs. Généralement remplies de terre, elles contiennent parfois quelques poteries et du charbon en abondance. En résumé, dans toutes les îles existait la coutume de déposer les cadavres, momifiés ou non, dans des grottes naturelles escar- pées. À la Grande Canarie, nous avons vu, en outre, plusieurs autres genres de sépultures : les grottes artificielles, les tumulus et les fosses creusées dans le sol lui-même. CHAPITRE IIL INDUSTRIE. Dans les paragraphes qui précèdent, nous avons déjà parlé de l'industrie des anciens habitants de l'archipel canarien. Nous nous sommes occupé de leurs vêtements et de la façon dont ils enve- loppaient leurs momies ; nous avons étudié leurs habitations, leurs lieux de réunion, leurs autels à sacrifices, leurs sépultures. Il nous reste à faire connnaître leurs ustensiles domestiques, leurs in- struments de pêche, leurs armes et leurs ornements. $ 1. — USTENSILES DOMESTIQUES. Nous diviserons ces ustensiles en plusieurs catégories : ceux en terre cuite, ceux en bois et en substances végétales, ceux en pierre, ceux en peau et enfin ceux en os. Céramique. — Les ustensiles domestiques en terre cuite connus jusqu’à ce jour comprennent des vases, des plats et des lampes. Le grand nombre d'objets que l’on possède de la Grande Canarie et de Ténériffe permet de juger de la différence énorme qui existe, au point de vue de la céramique, entre ces deux îles. Les habitants de Ténériffe ne fabriquaient que des poteries très grossières, rappelant beaucoup celles de l’âge de la pierre polie de France, souvent sans anses, la plupart du temps sans aucun ornement. Ceux de la Grande Canarie confectionnaient, au con- traire, de beaux vases, d’une pâte solide, de formes régulières, jusqu’à un certain point élégantes, ornés d’anses de toutes sortes et fréquemment de dessins peints en rouge et en noir. — 760 — Les vases de Ténériffe rappellent, disons-nous, nos poteries de la pierre polie. Comme celles-ci, ils sont formés d’une pâte gros- sière, non homogène, mal broyée et mal cuite. L'intérieur des fragments est brun, noirâtre. En dehors, ces poteries sont d’une couleur brune, un peu rou- geûtre, quelquefois jaunàtre. Sur toute la surface se voient les em- preintes des doigts qui les ont faconnées. Assurément les Guanches n’ont jamais connu le tour. Fig. 4. — Vase en terre cuite. Fig. 5: — Vase en terre cuite, Roque del Agua (Ténériffe). Santa Cruz (Ténérifle)., Trois formes se rencontrent surtout à Ténériffe : les deux pre- mières pous montrent des vases hauts, les uns sans anses (fig: 4), les autres avec une anse unique, placée près du bord et,se, diri- geant obliquement en baut.et en dehors (fig. 5). Ces anses. sont creuses, mais ne communiquent pas avec l'intérieur du vase. Les vases de la troisième catégorie sont beaucoup moins élevés. Quelle que soit leur forme, ces poteries nous ont toujours of- fert un fond arrondi, de sorte que la plupart ne se tiennent pas en équilibre. De tous les vases que nous avons vus, aucun .ne présentait le fond plat. Les ornements, lorsqu'ils existent, m’occupent habiluellement que le bord et quelquefois l'extrémité de l’anse. Ce sont de petites empreintes qui peuvent avoir été faites soit avec l’ongle, soit avec — 761 — «un objet pointu: Un:vase cependant portedes cannelures peu ‘profondes ,obliques, irrégulières, bien que conservant: un certain parallélisme; tout le fond est couvert d'empreintes, faites avec l'ongle. Un dernier vase enfin, de très petites dimensions (0,45 de haut sur 0,07 de large), offre, sur le bord, les empreintes dont nous venons.de parler et, au-dessous, sur une largeur de 2 centimètres, une ornementation composée de raies en creux, horizontales sur certains points, verticales sur les autres. À la Grande Canarie, il a été trouvé quelques vases absolument semblables à ceux de Ténériffe; trois d’entre eux, provenant de Las Huesas (Tafera), sont au musée de Las Palmas. Ce fait ne doit pas nous surprendre : nous avons rencontré de véritables Guanches dans cette île ; 1l est donc très naturel de rencontrer aussi des poteries guanches. En dehors de ces vases, nous en connaissons un très grand nombre d’autres trouvés dans les localités suivantes : San Lorenzo, Galdar, Telde, Aguimes, Tirajana, Agaete, Mogan. Le nombre de ces pièces, qui forment dans le Museo canario une collection des plus intéressantes, ne nous permet pas de les décrire toutes les unes après les autres. ° Tous ces vases, qui présentent un air de parenté, s’il nous est permis de nous.exprimer ainsi, se distinguent de ceux de Téné- riffe par plusieurs caractères. La pâte en est mieux travaillée et mieux cuite; en dehors, lorsqu'ils ne sont pas recouverts de pein- tures, ils: offrent àpeu près lamême coloration que ceux que nous avons déja décrits; mais leurs formes sont infiniment plus variées et beaucoup plus régulières; à tel point que parfois on serait tenté “de croire qu'ils ont été faits au tour (fig. 6 et 7). Mais un examen plus attentif démontre vite qu'il n’en est rien. «nLawplupart de ces poteries portent une, ‘deux, quatre ou cinq anses; plusieurs nous offrent des goulots à la façon de nos théières il envest qui ont des couvercles parfaitement ajustés. Dans leplus grand nombre de cas ,le fond est parfaitement plat. ‘et nous avons même constaté l'existence de pieds à la partie infé- rieure. Enfin beaucoup de ‘vases de la Grande Canarie sont ornés de dessins peints en rouge ou en noir, souvent avec un certain art, Les formes, avons-nous dit, sont très variées. Nous trouvons de grandes amphores, à fond arrondi etquelquelois presque plat; les deux anses sont placées vers le tiers supérieur. C’est d’ailleurs — 762 — à ce niveau que sont placées presque toutes les anses, bien que quelques vases les portent au milieu ou près du fond. Dans ce dernier cas, ce sont des espèces de manches courts, comme en fabriquent encore nos potiers. Fig. 6.— Vase en terre cuite à quatre anses et goulet. Mogan (Grande Canarie). Parmi les poteries à deux anses, citons des vases à panse ren- flée, les uns à fond plat comme des soupières, les autres à fond un peu arrondi et de tout point comparables aux pots au feu encore en usage dans le pays. Citons également des espèces de cafetières dont l’une des anses, plus longue que l’autre et dirigée en haut, forme un goulot percé d'un canal qui communique avec l'intérieur du vase (fig. 6). Parfois les deux anses affectent cette dernière disposition. | Un certain nombre de vases offrent une forme un peu haute, avec un col un peu rétréci et la bouche plus évasée que le col, mais moins large toutefois que la panse. Ils présentent un nombre d'anses variable (une, deux ou quatre) et sont assez comparables à nos cruches. À Galdar, on a rencontré plusieurs vases portant un manche à la partie inférieure et offrant la forme d’un tronc de cône plus ou moins élevé. — 763 — Nous avons aussi de véritables casseroles, les unes en forme de cône tronqué, les autres plus larges vers le milieu (fig. 7). Fig: 7: — Vase en terre cuite, à anse unique. Aguimes {Grande Canarie). Parmi les formes les plus aplaties, signalons des vases ou mieux des plats dont l'ouverture est à peu près de la même largeur que le fond et qui, au lieu d’être renflés vers le milieu de la hauteur, ont leurs parois concaves en dehors; leur diamètre varie de 0”,17 à 0",36. Nous trouvons de vrais plats ornés d’anses en haut et même de véritables assiettes peintes en dedans et en dehors. Les anses présentent une grande variété de formes. Presque toutes sont percées d’un trou généralement circulaire, parfois carré en haut, circulaire en dessous et inversement. Notons encore que l'anse offre toujours une certaine force au-dessus du trou, de sorte qu'on pourrait supposer que les ouvertures dont les anses sont percées servaient à introduire des cordes pour suspendre les vases. Parfois une des anses occupe la partie inférieure du vase. | Les peintures qui ornent nos vases se composent la plupart du temps de figures géométriques. Ce sont des lignes droites, paral- lèles ou entre-croisées; des lignes brisées ou des chevrons super- posés; des carrés, des triangles, des circonférences. Parfois ces ornements sont d'une seule couleur, et dans ce cas c'est le rouge qui était employé; d’autres fois l'ornementation se compose de dessins rouges combinés avec d’autres noirs (fig. 7). Les uns sont mats, tandis qu'il s'en rencontre de brillants. Enfin le vase peut être complètement décoré en dehors, ou bien sur certains points seulement. Nos dessins suffiront à donner une idée de ces ue rents genres d’ornementation (1). Nous lavons dit plus haut, un certain nombre de ces vases, peints ou non, portent un couvercle bien ajusté, généralement orné en dessus de deux anses percées chacune d’un trou et en des- () Nous avons vu un certain nombre de vases de si petites dimensions qu'ils ne pouvaient servir à aucun usage; c'étaient sans doule des jouets. — 764 — sous d'un rebord et de deux pointes qui pénètrent dans le vase et empêchent le couvercle de tomber. Nous avons parlé de lampes : deux sont actuellement connues. L'une provenant d’Arucas a été décrite par D. Salvador Calderon el figurée plus tard par Berthelot; elle est ornée d’un couvercle et percée vers le bas de deux trous qui servaient à introduire les mèches. Une autre a été découverte depuis cette époque à Tirajana. Elle manque de couvercle et porte à sa base un très petit goulot percé d’un trou unique pour recevoir la mèche. Objets en bois el autres substances végétales. — Les vases des anciens habitants des iles Canaries n'étaient pas toujours enterré cuite : nous en avons rencontré en bois. À la Grande Canarie nous n’en avons vusque deux. L'un estun grand plat en bois, de forme presque elliptique, mesurant en dedans 0,43 de longueur sur 0",3 1 de largeur. A chaque extré- mité du grand diamètre se trouve une anse percée d'un «trou; commesur les vases en terre. (LE L'autre est plutôt un jouet qu'un ustensile, domestique. C'est exactement la reproduction du pot au feu en terre. Il porte un couverele orné, comme le vase lui-même, de deux anses percées: La hauteur, couvercle compris, n’est-que de 4 centimètres. À Ténériffe il a été trouvé, à la Costa del Rio, une sorte de grande sébile en bois, sans anse ni ornement. Elle mesure 1 6 cen: üimètres de diamètre: Fig. 8: Vaseen bois de San Juan Belmaco (Palme). Dans la grotte de Belmaco (île de la Palme), nous avons ren- contré, avec les crânes décrits plus haut, un beau vase en bois ayant tout à fait la forme des casseroles modernes. Il mesure — 765 — _ 19 centimètres dans son plus grand diamètre, et la queue a une longueur de 15 centimètres (fig. 8). Le fond présente en dehors un rebord annulaire qui fait peu de saillie. Nous avons trouvé les fragments d'un second vase qui devait être absolument identique au premier. LÀ la Gomère on: a aussi trouvé des fragments d'un) vase: sem- blable, dans une grotte de San Sebastian. Nous connaissons en outre deux-autres vases en bois de: la même île; tous deux font partie de la collection du cabinet scientifique de Saïnte-Croix-de- Ténéniffe. L'un, d'environ 1 9 centimètres de haut, a la formed’un œuf dont on aurait enlevé environ de tiers; l’autre, de 18 centi- mètres de diamètre, a la forme d’une demi-sphère; ilrest orné d'une anse large, en forme d’éventail." pate ; TE Avec le one les anciens Canariens confectionnaient des cuïllers qui-présentent de grandes analogies avec les cuillers modernes); Viera nous dit qu'ils en fabriquaient aussi avec la racine:de da mauve. Ïl veut peut-être parler de ces racines mâchées que;-sélon plusieurs auteurs, les femmes de l’île de Fer donnaient à sucer aux nouveau-nés, après les avoir trempées dans du lait ou dans une espèce de bouillie. Les, insulaires se servaient de bois pour divers autres usages. Au musée de Sainte-Croix existe une sorte de civière trouvée dans le Barranco-Hondo. Comme beaucoup d'habitants actuels de l'ile de Fer, les vieux habitants employaient des torches de bois résineux (Pinus canariensis) pour s’éclairer. À l’aide d’un bâton, ils se pro: curaient du feu par le frottement. Nous avons déjà parlé des vêtements en feuilles de palmier ou enyjonc tissé, et nous avons dit qu’on ne:-les avait rencontrés qu’à la Grande Canarie, la seule île d’ailleurs où les anciens historiens les aient sigrures. : Il-n’en est pas de même des ne. des sacs, a paniers: .en sparterie : ils devaient exister dans toutes les îles..M. Diego Ripoche a trouvé,à Guayadeque des espèces de sacs ow de corbeïlles. qui sontactuellement au Musée d’ethnographie. Il en existe au musée de Las Palmas un certain, nombre d'échantillons et :nous:avons nous-même rencontré celui quesnous figurons dans las grotte de Belmaco (Palme). (1) Ts se servaient également de coquilles pour le même usage. — 766 — Ustensiles en pierre. — La pierre jouait un grand rôle chez ces populations primitives qui ne connaissaient aucuns métaux. C'est avec elle qu'ils fabriquaient leurs moulins, leurs mortiers, leurs pilons, leurs polissoirs, leurs sièges, leurs haches et herminettes, et enfin leurs couteaux. Les moulins consistaient en deux petites meules de 4o centi- mètres de diamètre environ. La supérieure offrait en haut un trou pour yintroduire le grain et sur le pourtour un ou plusieurs trous qui servaient à la mettre en mouvement soit à l’aide des doigts, soit à l’aide d’un bâton. C’est le moulin employé par les paysans actuels de beaucoup de villages. Le mortier était une simple pierre brute creusée; la cavité était circulaire ou elliptique. Pour les premiers, on employait un pilon cylindrique; pour les seconds, on pouvait se servir d’une pierre quelconque, qu'on devait mouvoir dans le sens de la longueur du mortier. Nous avons trouvé dans des grottes des cailloux roulés; nous avons vu certaines pierres ayant la forme d'un pied, qui avaient servi à cet usage; l'une des faces présente des traces d'usure qui ne peuvent provenir que d’un frottement prolongé contre une autre pierre. À Aguimes, on a rencontré dans une sorte d'atelier, avec les pintaderas dont nous allons bientôt parler, une petite pierre offrant au milieu de sa hauteur un étranglement circulaire que l'on pent affirmer avoir été fait artificiellement. Cette pierre, qui aurait pu servir de poids à un filet, porte sur ses deux faces des marques évidentes d'usure; il est donc possible qu’elle ait aussi servi de molette. Nous avons extrait des grottes de San Lorenzo des pierres po- reuses de petites dimensions, que l'usure avait rendues absolument planes d’un côté. C'étaient sans doute des polissoirs, qui servaient peut-être, comme ceux que nous avons vu employer à Candelaria (Ténériffe), à polir les poteries. Les sièges se composaient de simples pierres recouvertes de peaux (Viera). Le lit ne comprenait qu'une couche de feuilles étendues sur le sol et également recouvertes de peaux (Viera). Les haches des Canaries que nous connaissons proviennent toutes de la Grande Canarie et de la Gomère; une seule a été trouvée dans cette dernière île. Elles sont toutes polies, et l’on croirait voir des haches de l'époque des dolmens. La roche dont HO elles sont formées ressemble par le grain et la couleur à la chloro- mélanite. Or nous n'avons jamais rencontré de roches analogues dans les îles, et aucun naturaliste, que nous sachions, n’a été plus heureux que nous. Il y a donc là un fait intéressant à éclaircir. Fig. 9. Fig. 10. Hache de San Sebastian (Gomère). Hache de Galdar (Grande Canarie). Ces haches sont de deux types : les unes présentent un talon terminé en pointe (fig. 9), les autres un talon relativement large. La longueur des premières varie de 13 à 17 centimètres; la plus grande du second type (fig. 10) ne mesure que 11 centimètres. Des haches plus petites ou plutôt de petites herminettes, de même forme que les précédentes, ont été trouvées à la Grande Canarie. Ces outils étaient emmanchés dans un bois ou dans une corne de bélier. — 768 — Les couteaux ou tabonas n'étaient que de simples éclats, g éné- ralement d'obsidienne, de petite dimension. Objets en peau. =— En dehors: des usages déjà signalés, la peau servait à faire des sacs de différentes grandeurs, destinés notam- ment à mettre le gofo. Elle servait encore à fairetdes espèces de gaines pour préserver certains objets. Viana nous dit que l'hu- mérus royal qui servait, à Ténériffe, dans la cérémonie du couron- nement, était conservé dans un étui de fine peau. C'est dans des étuis semblables que l’on introduisait les couteaux en silex. Objets en os. — Tes principales applications de l'os étaient la fabrication des poincons ou alênes et des lissoirs. Les poinçons sont communs dans toutes les iles; ils ressemblent à tous les outils de ce genre trouvés dans toutes les régions du globe. Ils sont gé- néralement fabriqués avec le canon d’un mouton ou d’une chèvre (fig. 11). Fig. 11. — Poincon en os (Ténérifle). Les os de poissons servaient à la confection des aiguilles. Viera nous dit que les insulaires employaient aussi pour le même usage l'extrémité des feuilles de palmier. $ 2. — USTENSILES DE PÊCHE. Nous avons dit que les anciens habitants se servaient pour prendre le poisson de filets en jonc et que parfois ils Gr pes des harpons ou des hameçons. Les harpons que nous connaissons sont en os; ils sont formés de deux pièces unies en haut par emboîtement et solidement fixées l'une à l'autre au moyen d’une fine corde enroulée un grand nombre de fois. Près de la pointe se trouve, en dedans du crochet formé par les deux pièces, une barbe unique. Ces instruments étaient fixés à l'extrémité d’un bois à l’aide d’une cordelette: d’autres fois ils étaient simplement attachés à l'extrémité d’une ficelle, comme un hamecon. — 769 — Nous avons vu une ligne canarienne portant encore un certain nombre d'hamecons; c'était ce que nos pêcheurs appellent une ligne de fond. A l'extrémité de la corde était fixée. une pierre façonnée presque en forme de poire et percée en baut d’un trou circulaire pour at- tacher la ligne. Au moyen de corde- lettes les hameçons étaient attachés à la corde de distance en distance. ‘ Ces hameçons sont de différentes sortes. M. Antonio Viña de l'Orotave en possédait une belle collection qu'il a bien voulu nous prêter pour les dessiner. Les plus communs sont en corne, recourhée sans doute à l’aide de la chaleur. Pour faciliter le re- courbement, des. entailles étaient : pratiquées sur le. bord convexe. Les hamecons de ce genre se terminent par une, pointe simple, sans barbe (lg. 12). La collection de M. Viña nous a présenté d’autres types d’'hamecons, en bois ou en coquille. Les pre- miers, de grande dimension, sont terminés par une pointe en os por- tant une barbe en dehors. La pointe est solidement fixée au bois par une cordelette faisant un grand nombre de tours circulaires et recouverte par un enduit résineux qui res- semble à de la poix. C'est de la même façon que les hamecons sont habituellement fixés à la ligne; parfois l'enduit fait défaut. Les hamecons en coquille sont de deux sortes : les uns sont d'une pièce unique; les autres se composent de deux fragments réunis au milieu. Nous avons vu des hamecons en coquille den- telés sur un bord dans toute la longueur. Cette disposition a sans doute pour but de remplacer les barbes. MISS. SCIENT. — XIII. h9 INPDIMERIS NATIONALF, = (90 ve S 3. == ARMES. Les armes des anciens habitants de l'archipel canarien se rédui- saient à un très petit nombre; c'étaient des pierres brutes, des lances, peut-être des javelines, et enfin des massues en bois parfois garnies de caïlloux. Les pierres élaient leur arme de jet habituelle. Lorsque les com- battants étaient à une certaine distance les uns des autres, ils s’at- taquaient en se lançant des pierres ou bien des javelines, qu'ils envoyaient à la main, sans lé secours d'aucun instrument. Nous avons rencontré de ces javelines, qui ne sont autre chose que des lances de petite dimension, pointues à une extrémité et durcies au feu. Arrivés les uns auprès des autres, les combattants remplacçaient les pierres ou les javelines par la lance. La pointe en était généra- lement simplement durcie au feu, comme nous venons de le voir pour les javelines; cependant Azurara nous dit que les habitants de la Palme en garnissaient l'extrémité d’une corne pointue. Bien que la lance fût avant tout une arme offensive, elle était aussi employée comme arme défensive et servait à parer les coups. Elle portait à là Grande Canarie le nom de amodagac, à Ténériffe et à île de Fer celui de banot; on l’appelait moca dans l'ile de la Palme. Au lieu de la lance, on employait souvent la massue. C'était un simple bâton terminé d'un côté par un bout renflé; les habitants de la Grande Canarie le désignaient sous le nom de magado: Viera nous dit que ces magados étaient parfois garnis de cailloux. Les chefs se servaient de massues travaillées, qui étaient en même temps des insignes de commandement. | La dernière atme‘offensive connue des Canariens était une sorte de sabre en bois de pin qui coupait, dit-on, comme s’il eùt été en acier. Le combat se ferminait habituellement par une dutte corps à corps. Pour parer les coups, les guerriers s'entouraient le bras gauche de leurs tamarcos, ou bien ils faisaient usage de boucliersiqui n'étaient autres que des rondelles de dracæna draco. Ces boucliers s’appelaient tarjas dans l'île de la Grande Canarie. — 7171 — $ 4. —— ORNEMENTS. Des peignes en boïs d'assez grande dimension servaient aux femmes à retenir leur chevelure. Il en a été trouvé à la Grande Canarie, à Ténérifle, à la Gomère; nous n’en possédons qu'un fragment provenant de cette dernière île (Tejeriguete). Ils étaient … ornés d'un manche assez long, percé d’un trou vers son extrémité supérieure. L'un de ceux qui ont été rencontrés à la Gomère présente en outre une ornementation composée de lignes droites pointillées. Les ornements le plus en usage étaient les pendeloques et les colliers. Les premiers se composaient de fragments de bois, d'os, de coquilles travaillées de différentes façons, de bases de cônes percées, de disques de bois. Les colliers comprenaient des vertèbres de poissons, des co- quilles (cônes) entières ou travaillées; nous en avons vu qui avaient été tarllées en forme de dents (Ténériffe); d’autres, en forme de rondelle, avaient été cousues sur une bande de cuir; _ parfois on employait, dans le même but, de petites pierres tail- lées en forme d'olive et percées suivant leur grand axe. Mais les colliers les plus usités étaient sans contredit ceux qui se composaient de cuentas ou grains en terre cuite. Ces grains _ étaient de formes assez diverses; on en rencontre de cylindriques, très allongés, et d’autres qui ont la forme de rondelles minces; tous les intermédiaires existent entre ces deux types extrêmes. Leur couleur est rougeûtre ou noire; leur surface, généralement lisse, est quelquefois sillonnée de traits en creux qui forment une série de circonférences parallèles, ou d’ellipses lorsque les traits affectent une direction oblique. Nous! avons dit plus haut que divers auteurs ont signalé à la Grande Canarie la coutume de se peindre le corps. Or, dans cette - île, on a rencontré de nombreux objets en terre cuite désignés sous le nom de sellos (cachets) ou de pintaderas (objets pour peindre). Nous avons longuement décrit ces pintaderas dans une note publiée en espagnol, puis en français 0). Elles se composent de deux parties : un manche généralement percé d’un trou et une @) Voir Anales de la Sociedad española de historia natural, t. XII, 1883, ou Revue d'ethnographie, publiée sous la direction de M.1e docteur Hamy, n°3, 1884. A9. PMR. | OM DE Qt mp Er FORT 2 — 7172 — base plane ornée de différents dessins en relief (carrés, rectangles, losanges, triangles, circonférences, etc.).Ces dessins se combinent de différentes façons, mais se groupent toujours de manière à former un ensemble assez artistique (fig. 13 à 38). La forme gé- nérale de la base est carrée, rectangulaire, triangulaire ou circu- laire. Les dimensions de ces objets ne sont jamais considérables : Je plus grand (de forme rectangulaire) mesure à peine 10 centi= mètres dans son plus grand diamètre. Nous ne reviendrons pas sur la description détaillée de ces objets et nous nous bornerons à rechercher leur usage. 1 nous sufhra: d'ailleurs de reproduire textuellement ce que nous disions dans la note à laquelle nous faisons allusion. Un très petit nombre d'auteurs se sont occupés de ce sujet et ce n'est que dans les ouvrages les plus récents que nous trouverons quelques passages relatifs aux cachets. Lorsque nous avons vu pour la première fois, pendant notre séjour dans l'archipel canarien, les pintaderas que nous venons de décrire, nous avons pensé qu’elles avaient pu servir aux anciens habitants à s’orner le corps, bien que généralement on füt porté à les considérer comme de véritables cachets. M. Berthelot, à qui nous avions communiqué nos idées sur ce point, s’est empressé de se les approprier et de les publier comme siennes dans ses Antiquités canariennes, sans toutefois donner de raisons en faveur de cette hypothèse. | M. le docteur Chil y Naranjo paraît convaincu que les pintaderas étaient destinées à des cérémonies religieuses. Cette opinion, qu'il avait déjà émise dévant le Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences qui siégea à Nantes en 1875, il la ré- édite dans l'ouvrage qu'il publie actuellement et qui a pour titre: Estudios historicos, climatologicos y patologicos de las islas Canarias. Dans cet ouvrage, il émet une hypothèse quelque peu hasardée selon nous. Les figures triangulaires ne seraient autre chose qu'un symbole religieux représentant l'union du ciel, de la terre et de la mer, c’est-à-dire la Trinité. Vouloir conclure de la forme triangu- lire de quelques objets en terre cuite à l'existence d'une religion basée sur la Trinité, ne nous semble pas une opinion ayant un caractère scientifique, surtout si l'on songe qu'un grand nombre d'objets analogues ont des formes complètement différentes. Pour qu'on ne puisse pas nous accuser de dénaturer la pensée de l’au- — 71737 — teur, citons textuellement le passage qui renferme cette aflinma- tion : « Ceci m'indique qu'ils (les anciens Canariens) avaient des 4 AIT AO EX L me Fig. 13 à 17. — Pintaderas de la Grande Canarie. idées philosophiques au sujet de l’enlacement du ciel, de la terre et de la mer. Je suppose, mais ce n’est qu'une hypothèse, qu'ils — 114 — représentaient cette union par un triangle inscrit dans un autre, ornementé de lignes droites ou pointées, et terminé en pyramide! percée d’un trou pour la suspendre au cou, comme le faisaient les Indiens avec le lingan, les Grecs avec le phallus, et comme nous faisons nous-mêmes avec les amulettes et les reliquaires. Ils ad- mettaient probablement la Trinité et la symbolisaient de cette manière. Nous avons, dans le Musée canarien, plusieurs de ces triangles, et, pour en déterminer l'usage, je mé suis heurté à de grandes difficultés qu'aucune des nombreuses personnes que j'ai consultées n'a pu résoudre d'une manière satisfaisante, Quoi qu'il en soit, cette forme allégorique, l'endroit où ont été trouvés les objets (au pied des montagnes), tout m'indique une application religieuse. Dans ce triangle réside la philosophie des Canariens : le ciel, l'eau et la terre U), » Si les triangles symbolisent l'union de la terre, du ciel et de la mer, que signifiaient, demanderons-nous à l’auteur, les carrés, les rectangles et les cercles? Pourquoi la base est-elle plane ou à peine convexe? Si les pintaderas étaient simplement des objets symbo- liques, il n’y avait aucune raison pour que les ornements se trou- vassent uniquement sur une surface plane. L'explication donnée par le docteur Chil est, nous le répétons, . une simple hypothèse, qui ne résout pas la question. Nous ne dis- cuterons päs longtemps les deux arguments sur lesquels il base son opinion; nous avons suffisamment démontré, il nous semble, que les pintaderas présentent les formes les plus variées. Quant au second point, nous ne croyons pas non plus que les conditions dans lesquelles ont été trouvées les trente pintaderas d’Aguimés viennent à l'appui du docteur Chil. Nous pensons au contraire qu'il serait difficile de voir un lieu sacré dans ce champ situé dans le voisinage de la ville d’Aguimes, et que le docteur Victor Grau Bassas a décrit dans les termes suivants { « Je n’ai rien remarqué dans l'endroit de la trouvaille qui pût indiquer qu'il ait existé là ni habitation ni refuge des anciens Canariens. Le terrain ne semblé pas propre à élever dé constructions et il n'existe aucune grotte dans les environs ©). » En outre, dans le même endroit, on a trouvé, avec ces objels sacrés (?), d’autres objets très vulgaires, cerlains vases en terre par exemple, une bobine en pierre, des ® Chül y Näranjo, op. cit., t. Il, p. 258. @) Museo canario, t, IT, p. 357. — 775 — os aiguisés et, plusieurs pierres à surface polie qui devaient être des polissoirs que l'on tenait à la main. 19 bis 20 Fig 17 bis à 20. — Pintaderas de la Grande Canarie. Dans cette découverte aucun détail ne vient à l'appui des idées du docteur Chil, tandis que tout, au contraire, indique qu'il existait là, comme le pense le docteur Grau Bassas, un atelier de potier. — 776 — Ce que- nous venons de dire s'applique tout aussi bien aux pintaderas de Tirajana dont M. José Navarro fit présent au docteur Chil. L'examen du site où elles ont été découvertes, aussi bien que les renseignements qui.ont été fournis à M: Diego Ripoche, ne peuvent laisser aucun doute à ce sujet. En parlant des collections du Musée canarien, D. Amaranto Martinez de Escobar dit, dans le discours qu'il a prononcé lors de la célébration de l'anniversaire de la fondation du musée : «Il y a quarante-huit cachets ou amuleltes en terre cuite ou bien des pintaderas, comme les appelle l'historien Marin y Cubas, qui croyait que ces cachets étaient destinés à se peindre ou à se tatouer li). » D'ailleurs M. Martinez de Escobar ne nous fait pas connaître son opinion personnelle. M. Augustin Millares croit que «les cachets ou disques de terre cuite ont simplement servi d'ornements aux indigènes ». Dans une autre partie de son livre, il s'exprime de la manière suivante : « Nous inclinons à croire que les nombreux cachets en terre cuite que l’on a trouvés dans cette île étaient des amulettes que les habitants portaient au cou et qui leur servaient en même temps d'ornements. Tous les cachets présentent un petit manche perforé qui ne pouvait avoir un autre usage. Leur forme est ronde ou tri- angulaire, et sur leur base on remarque des lignes et des dessins très variés ). » Faisant allusion à l'opinion que nous avions émise relativement aux pintaderas, M. Millares ajoute en note : « M. Verneau croit que ces cachets servaient aux Canariens à se peindre la peau, et il assure que beaucoup conservent encore la substance rouge qui servait à cet effet. Nous avons examiné un nombre considérable de ces cachets, et jamais nous n’avons remarqué de substance co- lorante au milieu de leurs dessins capricieux. » Les passages que nous venons de citer ne laissent aucun doute sur la manière de voir de M. Millares; pour lui, les pintaderas sont des amulettes ou des ornements. Le docteur Chil partage aussi cette opinion, bien que dans le passage que nous avons cité il soit d’un autre avis; nous ne savons par suite à laquelle des deux opi- nions il donne la préférence. M. Millares ne voit dans les pintaderas que « des amulettes que () Museo canario, t. V, p. 209. ®) Augustin Millares, op. cit, t. [, p. 310. — 711 — les'anciens habitants portaient suspendues au cou et qui leur ser- vaient en même temps d’ornements ».: Ce qui l’a conduit à celte idée, c'est que «tous les cachets présentent un petit manche per- RATE P.SCHrT18 * ÿ , AAA) Fig. 21 à 25, — Pintaderas de la Grande Canarie, foré qui ne pouvait servir à un autre usage». Nous pouvons affr- mer que tous ces objets n’ont pas le manche perforé, et ïil suffira à M. Millares de visiter la collection du Musée canarien pour se — 7178 — convaincre que quatre au moins ne présentent aucune perforation, ce qui réduit à néant son argumentation. Nous ne voulons pas dire par là que les pintaderas perforées n'aient pas été portées au cou, mais nous ne croyons pas qu'elles aient servi d’amulettes. L'opinion généralement répandue dans les îles Canaries est que ces objets en terre cuite étaient les cachets, les sceaux des anciens rois indigènes. Cette opinion est tout à fait inadmissible; il semble assez bizarre qu'une population aussi primitive se soit servie de sceaux, et d’ailleurs aucun fait, aucun document histo- rique ne vient à l'appui de cette manière de voir. Aussi, parmi les auteurs que nous avons cités, il n’en est aucun qui ait émis une semblable théorie. Les objets en question n'étaient ni des symboles représentant la Trinité, ni des amulettes, ni des cachets. Mais alors à quel usage étaient-ils destinés? Si nous allons dans la vallée de Tira- jana et que nous demandions aux habitants de celte localité ce qu'étaient ces objets, ils nous répondront que c’étaient les pinta- deras des Canariens, nom que la tradition seule a pu conserver. Les habitants de Tirajana ont raison de les appeler ainsi, et, pour le prouver, nous allons montrer d'abord que les anciens Ca- nariens se peignaient le corps, tout en regrettant sur ce point encore de différer d'opinion avec notre honorable confrère le docteur Chil. Cet auteur nous dit en effet : « Maintenant que je m'occupe de couleurs , je dois mentionner un fait auquel les anthro- pologistes attachent aujourd'hui une grande importance et que je ne puis passer sous silence, lorsqu'il s’agit des indigènes : je veux parler du tatouage ou peinture corporelle (). Boutier et Le Verrier sont les premiers qui, en parlant des Guanches de la Grande Canarie, aient dit qu’ils avaient l'habitude de se peindre la figure de dessins variés. De sorte qu'on peut conclure que le docteur Marin y Cubas et tous ceux qui ont affirmé l'existence du tatouage chez ces insulaires primitifs n'ont fait que suivre aveuglément les chapelains de Béthencourt. Pour ma part, j'incline à croire qu'une telle coutume n’a pas existé, et je me base sur le silence des chroniqueurs et des conquérants de la Grande Canarie (). » (1) Nous ferons remarquer en passant qu'il ne faut pas confondre le tatouage avec la peinture de la peau. Lorsqu'il s'agit de la Grandé Canarie, il ne saurait être question de tatouage, mais bien de peinture corporelle. ® Chily Naranjo, op. cit, t. 1, p. 607. — 779 — Jusqu'à ce jour, Boutier et Le Verrier, qui cependant ne gardent pas le silence sur ce point, étaient considérés comme les premiers NE Re VIF 07 bistoriens de la conquête. Il n'existe aucune raison pour mettre en doute leur affirmation, ni celle de Marin y Cubas, d'autant — 7100 — plus qu'elle se trouve confirmée par le récit d’autres auteurs dont nous allons parler. Le docteur Cbil affirme que Cadamosto ne dit rien du sujet qui nous occupe, mais en cela il commet une erreur. M. Millares cite un passage très explicite du livre de Cadamosto intitulé : Delle sette isole Canarie, delli loro costume, dans lequel l’auteur s'exprime dans les termes suivants : « Les hommes, tout aussi bien que les femmes, ont l'habitude de se peindre le corps avec le suc d'herbes de dif- férentes couleurs, vertes, rouges et jaunes. » Viera y Clavijo, après avoir décrit le costume des Canariens, ajoute qu'ils avaient «la peau ornée de différents dessins et de figures imprimées () ». Enfin , M. Millares est très afhirmatif sur ce point, lorsqu'il s'ex- prime en ces termes : « Tous les Canariens marchaient presque nus; ils s'ornaient la peau de dessins ou se la peignaient de diverses couleurs. » En présence des aflirmations de tous ces auteurs, nous croyons qu'on ne saurait mettre en doute que les Canariens avaient la cou- tume de se peindre le corps; et, bien que quelques auteurs aient omis de signaler ce fait, il n'est pas permis d'en conclure qu’une telle coutume n'ait pas existé. Les textes que nous venons de citer sont trop concluants pour qu'on n’y voie que le résultat de l’ima- gination des auteurs. Jusqu’à ce jour, les pintaderas ont été uniquement trouvées à la Grande Canarie, et c’est uniquement dans celte {le qu'eæistait lu coutume de se peindre le corps. Ce fait seul a une très grande im- portance,. D'un autre côté, si nous comparons les pintaderas trouvées dans cette île avec les objets analogues que l’on a rencontrés chez d’autres populations, par exemple celles du Mexique, du Yucatan, de la Polynésie et d’Assinie, il ressortira de cette comparaison des preuves irréfutables de la vérité de la thèse que nous soutenons. Du Mexique proviennent certains objets qui présentent bien des analogies avec ceux que nous décrivons : ils servaient à im- primer des dessins sur les vases avant de les soumettre à la cuis- son, lorsque la pâte était encore molle. Mais, à la Grande Canarie, les pintaderas n'ont pas pu servir à cet usage. Leur base plane ne (1) Viera y Clavijo, op. cit., t. I, P: 151. —l _ convient pas à celte destination, et d’ailleurs on n’a jamais trouvé sur aucun vase de dessins comparables à ceux des cachets. Dans le passage cité plus haut, M. Millares dit qu'il n’a jamais trouvé de traces de matière colorante dans les pintaderas. Nous avons été plus heureux : nous avons trouvé sur un cachet de la collection de M. Maffotte, que le propriétaire nous avait permis RE ere nes _ V2 — 782 — de mouler, des restes d'une substance qui à teint le creux en rouge. Il est facile d’ailleurs de s'expliquer que les pintaderas du Musée canarien ne présentent pas de semblables traces dans leurs anfractuosités : les matières colorantes dont se servaient les Cana- riens étaient peu adhérentes, puisqu'elles se composaient de sucs d'herbes et surtout d'ocre; elles n’ont donc pu que rarement ré- sister à l'action du temps. Il est en outre très probable que les pintaderas d’Aguimes n'ont jamais servi, si, comme le pense le docteur Victor Grau, elles ont été trouvées dans un atelier. Enfin -nous devons ajouter que, d'après les renseignements très positifs qui nous ont été donnés, tous les cachets du Musée canarien ont été lavés avant d’être placés dans les salles où ils se trouvent main- tenant. Fig. 37 et 38. — Pintaderas de la Grande Canarie. À notre avis, les pintaderas ont servi non pas à ornémenter des vases, mais à peindre le corps des vieux Canariens. Celles de la vallée de Mexico ont eu aussi cette destination, et, lorsqu'iby a peu de temps, nous avons montré nos moulages à un explorateur bien connu-du Mexique, l'abbé Domenech, il n'hésita pas à nous dire que ces objets servaient à la peinture corporelle. On pourrait se demander, lorsqu'il s'agit du Mexique, si de tels objets n'ont pas plutôt servi à imprimer des étoffes, car tout le monde sait que l’on rencontre là-bas des tissus très fins, ornés de beaux dessins. Un doute semblable ne peut exister lorsqu'il s'agit . de la Grande Canarie : dans celte île, les étoffes sont des plus grossières et elles n’ont jamais offert de dessins peints qui puissent faire songer aux pintaderas. ! Il nous semble inutile de comparer aux pintaderas la planche qui sert aux Polynésiens à imprimer la tapa. — 783 — _ Les hypothèses précédentes étant écartées, il ne nous reste plus qu'à examiner si les objets que nous avons décrits ont été, dans certaines contrées, utilisés pour la peinture corporelle. Les anciens Mexicains, qui avaient la coutume de se péindrele corps, fabriquaient des objets exactement semblables à ceux de Ja Grande Canarie, comme il est facile de s'en convaincre par le simple examen des trois figures qui représentent des pintaderas du Mexique (fig. 39 à 41). Les pièces originales font partie de la . 39 ho li Fig. 39 à 41. — Pintaderas de la vallée de Mexico. collection que M. Pinart a donnée au Musée du Trocadéro. Cette collection comprend un grand nombre de pièces qui présentent des dessins plus variés que celles de la Grande Canarie; mais ‘presque toujours leur base est plane, quelquefois concave. Il est facile de s'expliquer cette disposition , si l’on admet que les pinta- deras étaient des sortes de cachets pour se peindre la peau; les planes servaient pour les surfaces larges du corps et les autres pour les parties convexes, comme le front, les bras, etc. Parmi celles du Mexique, il en est une suffisamment longue qui: s'ap- plique exactement au front. Nous savons, en outre, par un texte de Diego de Landa, que des anciens habitants du Yucatan employaient pour le même usage des objets analogues : « Elles avaient l'habitude, dit:il:en parlant des femmes, de s’oindre d'une certaine composition colo- rée, tout aussi bien que leurs maris. Celles qui le pouvaient se recouvraient d’un mélange dans lequel entrait une gomme odo- rante et très adhérente, que je crois être le liquidambar et que, dans leur langue, ils appellent iztah-te. Avec cette confection, elles enduisaient certaine briquette (cierto ladrillo) ornée de jolis — HO dessins, au moyen de laquelle elles s’ornaient la poitrine, les bras, les épaules. Elles restaient ainsi belles.et odorantes, à leur idée. Ces dessins duraient plusieurs jours sans s’effacer, tant était bonne la composition U), » L'usage auquel les femmes du Yucatan étaient ces, pinta- deras ou briquettes, comme les appelle Diego de Landa, ne sau- rait être indiqué d'une manière plus explicite. Les indigènes de l'Amérique centrale ne sont. pas les éL pi se soient servis d'instruments de cette sorte pour s'imprimer des dessins sur la peau. Les Nègres d’Assinie, selon M. Mondière, ont encore la même coutume et, dans certaines circonstances, 1ls em- ploient des pintaderas ornées «parfois «d’un dessin géométrique quelconque », qui, pour être en boïs, n'en sont pas moins compa- rables à celles de la Grande Canarie. C'est surtout dans le but de guérir certaines maladies que de vieilles sorcières impriment sur la peau des dessins à l’aide de ces cachets, grands comme la paume de la main, et préalablement enduits d’un mélange d'argile jaune, blanche, rouge, et de sucs d'herbes diverses (©). Convaincu dès lors que les pintaderas de la Grande Canarie étaient destinées à imprimer des dessins sur la peau, nous avons voulu faire «une expérience sur nous-même. À cet effet, nous avons pris un peu d'ocre, de celle-là même qu'employaient Îes Indiens de Californie pour se peindre, et qu'avait bien voulu nous donner notre ami M. de Gessac. Après l'avoir délayée dans un peu d’eau, nous en avons enduit des pintaderas. Les appliquant ensuite à la surface du corps, nous avons vu apparaître très nettementles dessins même les plus délicats. Nous avons laissé sécher quelque temps l'empreinte, et, pour l’effacer, il fut nécessaire de frotter à plusieurs reprises, un courant d’eau ne suffisant pas pour la faire disparaître. | La même opération pratiquée sur les étoffes les plus fines que nous possédions de la Grande Canarie ne nous a donné qu'un des- sin confus, une sorte de tache dans laquelle on ne distingüait plus les détails. De tout ceci nous concluons que les pintaderas de la Grande Canarie n'étaient ni des amulettes, ni des sceaux. Elles ne ser- M) Landa (Diego de), Relacion de las cosas de Yacatan , p. 184. @) Mondière, Les Nègres chez eux, Revue d'anthropologie , 2° série, t. XI, p. 82. — 785 — _vaïent pas’ à décorer des vases, ni à imprimer des étoffes; mais, comme celles des Nègres d’Assinie, comme les. briquettes da: Yucatan, elles servaient aux anciens habitants à'se peindre, con formément à l'usage qui existait sans contredit chez eux, car ils avaient « la figure ornée de différents dessins »(Boutier et Be Ver-: rier); «ils se peignaient habituellement lé corps avec le suc d'herbes de diverses couleurs, vertes, rouges et jaunes »:( Cadamosto)s"ils présentaient « la peau ornée de différents dessins 'et de figures im primées » (Viera y Clavijo}; ils se décoraïent la peau de, dessins ou se la pen de diverses couleurs » (Millares). CONCLUSIONS DE LA DEUXIÈME PARTIE. Les faits exposés dans cette seconde partie de notre travail concordent entièrement avec les conclusions que nous avons tirées des caractères physiques. Dans toutes les îles, nousvoyons l’organisation sociale présenter des analogies; partout nous rencontrons des mœurs communes, des instruments communs. Il ne pouvait en être autrement, puisque partout nous avons vu les mêmes éléments ethniques venir se mélanger pour former la population ancienne de l'ar- chipel. Mais l’ethnographie n'indique pas moins ces mélanges que les caractères physiques. Nous constatons dans l'archipel la coexis- tence de civilisations diverses. L'une des races: avait conservé un certain nombre des coutumes des troglodytes de la Vézère; c’est ce’ que nous montre, par exemple, l'usage de vivre dans des grottes et de déposer les cadavres dans des cavernes: Mais il'est ar rivé d’autres individus d'une civilisation plus avancée, comme le dénotent les habitations que nous avons décrites. C'est surtout à la Grande Canarie et à l'ile de Fer'que l’on rencontre ces maisons ; or, dans ces deux'iles, nous avons montré le type guanche pro- fondément altéré par suite d'un mélange avec d'autres types; dont Yun présente de grandes ressemblances avec l'Arabe. La céramique, toute l'industrie même, nous a révélé des différences notables entre les îles. Cela tient sans doute à ce que la plupart des industries ont été importées à une époque où l'archipel était déja habité par une population peu industrieuse. Les anciens insulaires ont emprunté aux nouveaux arrivants la MISS. SCIENT. — XIII. 50 IMPRINERIE NATIONALE, — 786 — plupart de leurs procédés; mais ils n'avaient ni leur habileté, ni leur expérience, et ils n'ont copié qu'imparfaitement leurs instru- ments et leurs outils. Dans les îles où les étrangers sont arrivés en plus grand nombre, nous constatons une vraie supériorité industrielle, comme ïl résulte bien nettement de la comparaison de la Grande Canarie et de Ténériffe. Les autres îles ne sont pas encore assez connues, et il s'écoulera peut-être encore de longues années avant que des découvertes, qui résultent le plus souvent du hasard, viennent apporter la lumière dans cette question. Enfin, à la Grande Canarie, nous avons reconnu la présence d'éléments plus variés peut-être que dans aucune autre île; nous avons également trouvé des coutumes et une industrie que nous ne retrouvons pas ailleurs; qu'il nous suffise de rappeler la fabri- cation des étoffes et la peinture corporelle. TROISIÈME PARTIE. INSCRIPTIONS LAPIDAIRES. HISTORIQUE. Dans plusieurs îles de l'archipel canarien, on voit, sur certaines roches, des signes gravés en creux, qui ont, depuis quelques années seulement, attiré l’attention des hommes qui s'intéressent à l'his- toire de l'archipel canarien. Nous nous sommes déjà occupés de ces signes et nous en avons publié quelques-uns dans la Revue d'ethnographie (), Ce fat un gouverneur militaire de l'ile de la Palme, Domingo Vandewalle, qui eut le premier l’idée de relever ces figures par le dessin (1752); cependant la découverte qu'il avait faite dans le ravin de Belmaco ne transpira guère au dehors. Bien que Viera y Clavijo eût mentionné dans ses MNoticias cette prétendue in- scription, elle ne fut publiée qu'en 1862 par le docteur Charles Fritsch. | + + ® Voir Les inscriptions lapidaires de l'archipel canarien, dans la Revue d'ethno- graphie, t. I, n° 4. | — 787 — C'est au zèle et à la persévérance d’un curé de Las Palmas, D: Aquilino Padron, que lon doit les premières connaissances sur les inscriptions de l'ile de Fer, son pays natal. A la fin de l’année 1870 , le bruit courut que des bergers avaient découvert des\letreros dans le sud de cette île; tout de suite il se mit à leur recherche, mais cette fois sans succès. En 1873, guidé par un jeune ber- ger qui l'avait accompagné lors de sa première:expédition,de curé fut plus heureux: il découvrit une série de signes gravés:sur une coulée de lave. L'année suivante, son frère, D. Gumercin Padron, rencontra dans le même endroit, sur une seconde coulée de lave, d'autres signes analogues aux premiers. : Dans les derniers mois de l’année 1875, le curé Padron trouva ‘dans le ravin de Candia, près de Valverde, de nouveaux :carac- tères, bien différents des signes qu'il avait vus précédemment. Ce fut alors que Berthelot, à la disposition de qui D. Aquilino avait obligeamment mis ses notes et ses dessins, communiqua le tout à la Société de géographie de Paris. Malheureusement, les dessins avaient élé quelque peu défigurés par Berthelot; toutefois le géné- ral Faidherbe n'’hésita pas à déclarer que les caractères du ravin de Candia étaient incontestablement libyques () Dans les Antiquités canariennes, Berthelot revient sur les in- scriptions, mais les dessins qu’il. en donne sont tellement déna- turésique cette fois D. Aquilino Padron a de la peine à recon- naître ses signes de l'ile de Fer. “En 1878, nous avons nous-même relevé par lestampage et le dessin les inscriptions de l'ile de Fer et de la Palme. La même année, nous avons été assez heureux, après avoir copié certains signes de la montagne de Cuatro Puertas, à la Grande Canarie, pour rencontrer, dans la même île, de véritables inscriptions li- byques: Situés dans le ravin-de Los Balos, ces caractères n’avaient guère appelé l’attention. Bien qu'ils fussent connus des gens du pays, on les attribuait à certain évêque qui se serait amusé, dors d'une tournée pastorale, à tracer sur ces rochers des dessins bi- “zarres, comme le font, parfois les enfants. Signalons enfin, pour terminer cette courte notice: Loeb, les dernières découvertes faites par l'infatigable curé Padron ;;ac- ® Voir Bull. Soc. de géographie de Paris , novembre 1876. 5o, — 788 — compagné du docteur Juan Béthencourt, à l'île de Fer, pendant l'été de l'année 1881. Il s’agit cette fois de véritables inscriptions qui existent en grand nombre dans le port de la Caleta. Ces in- scriptions ont été en partie publiées, sans commentaires, dans le Museo canario, organe de la Société scientifique de Las Palmas: mais cette revue ayant suspendu sa publication, D. Aquilino Padron nous communiqua, avec le plus grand empressement, ses documents, et nous autorisa à en faire l'usage que nous jugerions convenable. C’est donc à l’aide de ses dessins que nous décrirons les caractères de la Caleta. Nous ne dirons rien des inscriptions de Fortaventure. Nous avons laissé cette ile de côté, et, en outre, elle est si mal connue au point de vue où nous nous placons en ce moment, qu'il faut absolument, avant d'aborder le sujet, entreprendre de nouvelles recherches. CHAPITRE PREMIER. PSEUDO-INSCRIPTIONS. Les signes de l'archipel canarien semblent avoir été tracés, les uns par raclage, les autres par percussion. Nous pouvons les di- viser en deux catégories : ceux qui affectent des formes très va- niées, souvent des plus bizarres, et ceux qui sont évidemment des caractères alphabétiques. Les premiers offrent un aspect pointillé, tandis que les seconds paraissent avoir été faits par raclage. Nous nous occuperons d’abord des inscriptions non alphabé- tiques qui, à proprement parler, ne sont pas de vraies inscriptions. $ 1. — SAN JUAN BELMACO (PALME). Nous avons dit que les signes de Belmaco semblent avoir:été découverts en 1752 par le gouverneur militaire de l’île, Domingo Vandewalle. | En 1794, lorsque l'évêque Antonio Tavira y Almazan effectua son voyage à la Palme, José Vandewalle lui montra la copie faite quarante-deux ans auparavant par Domingo. L'évêque déclara que ces signes lui étaient inconnus, et qu'il ne reconnaissait là l'éeri- ture d'aucune nation civilisée. D'après D. José Fierro, à cette époque certaines personnes pré- — 789 — _tendaient que l'inscription de Belmaco était due à des Chinois. Ce peuple, disait-on, a pour principal emblème l’escargot ; il le peint jusque sur ses bannières. Or la plupart des signes de la Palme (les spirales) représentent ce mollusque, et l’on peut en conclure que l'inscription est chinoise. L'écriture chinoise est aujourd’hui trop connue pour qu'il soit nécessaire de réfuter une semblable assertion. Viera y Clavijo ne put visiter lui-même la grotte de Belimaco ; il dut s’en rapporter aux renseignements que lui fournit « une per- sonne digne de foi». Il conclut de ce qui lui a été dit que l'in- scription ne se compose que de « simples gribouillages, effet du hasard ou de la fantaisie des anciens barbares () ». Quoi qu’en puisse penser M. Augustin Millares, nous croyons que Viera n'était pas bien loin de la vérité. Le baron Fritsch nous dit que « sur deux grandes roches basal- tiques à surface plane sont gravés des caractères particuliers, imi- tant dés arabesques et des spirales, espèces d’hiéroglyphes de 3 à 4 millimètres de profondeur et de 10 ou 20 millimètres de long, qui ne peuvent pas avoir été gravés sans le secours d’un outil en métal et qu’on ne saurait attribuer aux aborigènes (2) ». Nous discuterons dans un instant l'opinion du docteur Fritsch; nousinous contenterons en ce moment de repousser sa dernière assertion. Les signes de Belmaco sont bien l’œuvre des anciens habitants, et ils ont bien pu être gravés sans le secours d’un outil en métal. M. Rivière a trouvé, au lac des Merveilles, des inscrip- tions dont personne n’a encore contesté l’âge; elles ont été tracées avec un instrument en pierre et sont faites au pointillé comme celles de la Palme. Pourquoi cette dernière n’auraitelle pas été faite avec un outil en pierre comme celles d'Italie ? Berthelot, qui partage les idées du docteur Fritsch, ajoute sim- plement : « Chaque mot peutêtre est signalé par une figure par- ticulière. » Avant de discuter l'opinion de ces deux auteurs, il nous faut décrire la prétendue inscription. * Devant la grotte de Belmaco se trouvent deux grandes roches basaltiques, comme le dit Fritsch, en contact l’une avec l’autre; Œ® Viera y Clavio, op. cit., t. L., p. 143. @) Voir Müttheilungen aus Justus Perthes, etc., von Dr. À. Petermann (Ergan- zungsheft, 22). — 790 — elles gisent à plat sur le sol, dans une position légèrement in- clinée. La pierre de gauche renferme, encore visibles, vingt-cinq signes environ (fig. 42). L'un d'eux présente grossièrement la forme d’une oreille; il mesure 47 centimètres sur 25. Quatre autres for ment des arabesques où des lignes serpentantes. Quant au reste des signes (vingt au moins), ils représentent tous des spirales, dont le nombre de tours varie entre un et sept. Fig, 42, — Signes grayés du ravin de Belmaco (Palme). La pierre de droite (fig. 42) est couverte d’une ligne serpen- tante formant de nombreux zigzags, qui s'étend sur une longueur de plus d'un mètre. La largeur du dessin formé par cette ligne varie entre 22 et 29 centimètres. Vers l'extrémité supérieure, on remarque une spirale entourée dans une partie de son étendue d’une petite ligne serpentante qui pouvait se continuer avec la précédente. Admettons, avec Berthelot, que «chaque mot soit signalé par une figure particulière »; la pierre de gauche renfermerait alors environ vingt-cinq mots, parmi lesquels nous verrions le même (la spirale) se répéter vingt fois, Nous croyons cette manière de voir tout à fait inacceptable. — 791 — La même considération doit nous faire écarter l'idée d’une in- scription hiéroglyphique. *En somme, les signes de Belmaco n'appartiennent à aucun al- phabet de nation civilisée, comme le reconnut fort bien l'évêque Antonio Tavira; ce ne sont pas non plus des caractères chinois; enfin ils ne forment pas une inscription hiéroglyphique. Nous pouvons ajouter qu'ils ne se rapprochent ni des caractères phéni- ciens, ni des caractères numidiques, ni des rupestres. Alors, nous le demandons, au lieu de voir dans ces spirales, ces arabesques et cette ligne serpentante l'expression graphique d’une idée, ne peut-on pas les considérer comme de simples motifs décoratifs, ou, comme le dit Viera y Clavijo, comme de simples griffonnages, effet de ia fantaisie des anciens habitants ? $ 2. — Los GANALES (ÎLE DE FER). Les signes découverts dans le sud de l’île de Fer, dans le site appelé Los Canales, sont excessivement nombreux. Il nous paraît absolument impossible de considérer comme de vraies inscrip- tions les groupes que forment ces signes si bizarres et parfois si compliqués. Telle n’est pas l'opinion de D. Aquiïlino Padron ni de Sabin Berthelot. Pour ces deux auteurs, ce sont de véritables caractères d’un système graphique spécial. « On voit, dit le premier, des groupes de deux, de trois et d’un plus grand nombre de carac- tères étrangers que, avec mes faibles connaissances, j'ai considérés comme les signes primitifs d’une écriture ou d’une numération remontant à une époque reculée. À première vue, ils m'ont semblé des hiéroglyphes égyptiens, mais j'ai cherché en vain les figures humaines assises et mitrées, le bœuf Apis, l'ibis du Nil, qui couvrent les obélisques caractéristiques de cette ancienne ci- vilisation. Je n'ai trouvé ni les poissons, ni Ics quadrupèdes que j'ai vus représentés dans les calendriers incas ou mexicains Ü). » Malgré tout, D. Aquilino Padron ajoute plus loin que «le plus na- turel et le plus clair» est de voir dans les signes une véritable écriture. @) D. Aquilino Padron, Relacion de unos letreros antiquos encontrados en la isla del Hierro, Las Palmas 1874. — 792 — « Quart à Berthelot, après avoir fait des réserves dans la note communiquée à la Société de géographie de Paris U), il,s’ést pro- honcé d'une manière bien plus afirotive dans ses Antiquités cana- rieñnes. Pour nous; nous. croyons d'autant moins que les letreros de Lbs Canales sont des, inscriptions que nous avons vu notre opinion partagée par. un homme éminent, dont la compétence en ces ma- tières «est, incontestée, M. le général Faidherbe. Nous avons mis sous lés yeux de ce savant la réduction au quart des empreintes que nous avons obtenues au moyen de l'estampage, et il n'a pas hésité à nous déclarer qu'il ne lui semblait pas possible de voir des inscriptions dans. ces signes. Les letreros de Los Canales occupent une grande étendue sur une coulée de lave qui présente une surface brillante et assez po- lie. Placés sans ordre et sans symétrie, les signes sont cependant divisés par groupes qui couvrent parfois une surface de plusieurs mètres carrés. Quelques-uns de ces signes n’ont que 3 à 4 centi- mètres de diamètre, mais d’autres atteignent 30 centimètres et dépassent même parfois ces dimensions. Dans la notice dont nous venons de PARTS Berthelot a cherché à grouper les signes d'après leurs formes ). C’est là une tâche bien difficile, vu la grande diversité de Pr en présence des- -quels nous nous trouvons. Ce qui frappe au premier abord, c'est la fréquence des figures circulaires, ovales ou elliptiques ; de même qu'a Belmaco, nous avons signalé la fréquence de la spirale. Assez souvent ces figures circulaires sont divisées par des lignes parfois multiples. D'autres fois nous rencontrons, dans un signe un peu grand, une ou plusieurs autres figures de forme très variable. I n’est pas rare non plus de voir ces signes se toucher, se confondre, de manière à donner naissance à une figure fort compliquée. À côté de ces dessins plus ou moins circulaires, nous trouvons @) Voir Bull. Soc. géogr. de Paris, février 1875. @) Nous disions dans le mémoire publié dans la Revue d'ethnographie, et dont ce paragraphe est une reproduction presque textuelle : «Il nous est impossible de ne pas faire remarquer, en passant, que la plupart des dessins qu’on trouve dans la notice de Berthelot ne concordent pas avec les nôtres, et cependant, guidé par le même berger qui avait accompagné Padron, nous avons estampé tous les signes vus par ce dernier.» Ajoutons que les dessins du curé ont été si dénaturés que lui-même a de la peine à les reconnaitre, comme nous le disions plus haut, ‘de LE SES TR, — Mo des lignes serpentantes, des figures cordiformes, des signes telle ment compliqués qu'ils ont l'aspect de vrais labyrinthes, etc. En un mot, ces letreros comprennent les signes les plus variés et les plus fantaisistes qu'il soit possible d'imaginer. | Les points essentiels à noter, c'est que toutes ces figures n’é- veillent. l’idée d'aucun objet déterminé et que, placées sans le moindre ordre, enchevêtrées les unes dans les autres, affectant des formes bizarres, elles ne font nullement penser à un système l'écriture. Il n’y a rien là qui rappelle les écritures idéographique, hiéroglyphique, ni alphabétique. S. Berthelot a rapproché des letreros de Los Canales lés signes du ravin de Belmaco. Il les juge « les uns parfaitement identiques et presque tous les autres analogues». Tel n’est pas notre avis. Nous avons déjà dit que le signe prédominant à la Palme, c'est la spirale, tandis qu'à l'ile de Fer on rencontre surtout des cercles et des ellipses. Les autres signes diffèrent encore bien plus d’une île à l’autre. Il n'y a que le procédé employé pour graver ces figures qui soit le même. Mais il nous semble que ce fait ne suffit point pour affinmer que les anciennes tribus qui habitaient les îles For- tunées aient « fait partie d’un peuple d’origine commune », et pos- sédé un système semblable « d'écriture semi-hiéroglyphique ». Rien ne nous paraît justifier cette conclusion. Il nous faudrait encore citer, parmi les pseudo-inscriptions, les quatre signes en forme d'U que l’on rencontre sur le versant oriental de la montagne de Cuatro Puertas, à la Grande Canarie. Leur largeur varie entre 46 et 59 centimètres. La répétition d’un signe unique ne nous paraît pas constituer une inscription. CHAPITRE IL. INSGRIPTIONS ALPHABÉTHIQUES . Les véritables inscriptions lapidaires des Canaries diffèrent à presque tous les points de vue des signes dont nous venons de parler. Nous avons déjà dit que le procédé employé pour tracer les signes n'était pas le même dans les deux cas. Ce fait s'explique facilement : les inscriptions lapidaires ont été tracées par les en- vahisseurs, qui sont venus avec une industrie et une expérience — 794 — que n'avaient point les tribus qui vivaient déjà dans l'archipel. C'est ce que nous a démontré l'étude que nous avons faite de lin- dustrie des anciens habitants. Nous avons parlé du peu d'ordre que présentent les signes de Belmaco et de Los Canales. Ceux dont nous avons à nous occuper maintenant sont, au contraire, disposés avec ordre en lignes géné- ralement verticales, très rarement horizontales. Sur quarante et une inscriptions que nous connaissons, six seulement sont horizon- tales; les caractères sont d’ailleurs différents, et peut-être faudrait- il les isoler des autres. Au lieu d’affecter des formes bizarres, souvent très compliquées et variant à l'infini, les caractères alphabétiques offrent des formes simples qui se répètent souvent. Enfin leurs dimensions sont beaucoup moins variables; d'une grandeur assez uniforme, ils alteignent de 5 à 7 centimètres environ. Les inscriptions de l'archipel canarien renferment souvent des caractères tellement détériorés qu’il est parfois bien difficile d'en faire une copie fidèle. Dans ce cas, nous avons laissé de côté les signes en partie effacés; nous ne parlerons que de ceux qui au- jourd'hui sont encore parfaitement visibles. Il est incontestable que les inscriptions canariennes sont numi- diques. Nous verrons un peu plus loin que nous retrouvons aux Canaries à peu près tous les signes des inscriptions réunies par le général Faidherbe dans l'ouvrage intitulé : Collection complète des inscriptions numidiques. Quelques-uns des caractères de l'archipel canarien n'ont pas été signalés dans l’est de l'Algérie ni en Tunisie; nous essaierons d'établir s'il faut les considérer comme nouveaux ou comme de simples variantes de letires numidiques déjà connues. Des inscriptions en caractères numidiques existent à l’ile de Fer, à la Grande Canarie et peut-être à Fortaventure; nous n'avons pour le moment à nous occuper que des deux premières de ces iles. $ 1. ÎLE DE FER. Dans l'ile de Fer on a rencontré jusqu’à ce jour des inscriptions alphabétiques dans trois localités différentes : dans le sud au milieu de ces signes bizarres dont nous avons déjà parlé, dans le ravin de Candia, et enfin au port de Ja Caleta. Ce fait n’a rien qui puisse — 795 — nous surprendre : l'ile de Fer ne mesure pas plus de 13 milles du nord au sud, et, par suite, il devait être facile aux gens qui ont tracé les inscriptions de la parcourir en entier. Dans le sud, à côté des letreros étranges de Los Canales, on voit une douzaine de signes certainement numidiques gravés sur la même coulée de lave que les premiers. Ces caraclères, disposés sur deux lignes, se trouvent juxtaposés aux autres signes. Comme . ils sont tracés sur un plan à peine incliné, ils peuvent se lire soit horizontalement, soit dans le sens vertical. Dans le ravin de Candia, les inscriptions sont gravées sur des roches verticales; les unes forment des lignes verticales, les autres des lignes horizontales. En descendant dans le ravin par un petit sentier situé à l’ouest, on remarque sur de grands blocs basaltiques verticaux quatre inscriptions dont une seulement est écrite de haut en bas. Elle ne comprend que six caractères encore bien ap- parents, qui se trouvent tous dans l’ouvrage du général Faidherbe. À gauche du signe supérieur, presque en contact avec lui, se voit une barre verticale qu’il faudrait peut-être considérer comme un septième caractère. Au-dessous de cette inscription existe une ligne horizontale composée de plusieurs caractères qui semblent libyques. Ceux de droite sont entourés d’une ligne serpentante qui ne devait pas faire partie de l'inscription. Les signes sont d’ailleurs trop effacés pour que nous essayions de les reconstituer. Il en est de même de deux petites inscriptions horizontales situées sur les mêmes blocs basal- tiques ; il serait téméraire, étant donné leur état de conservation, de vouloir les lire. À quelques mètres des précédentes existe une autre grande in- scription qui devait comprendre un grand nombre de caractères alignés à peu près régulièrement dans les sens vertical et horizontal. La plupart des signes, notamment tous ceux qui se trouvent à droite, sont trop usés pour que nous essayions d'en donner une reproduction qui serait forcément inexacte. Les caractères encore visibles sont certainement numidiques. Les inscriptions du port de la Caleta sont nombreuses. D. Aqui- lino Padron et le docteur Juan Béthencourt en ont relevé trente- trois, mais parmi elles deux ne renferment aucun caractère numi- dique: L’une représente une sorte de casque grossier orné d’un plumet, et l’autre une espèce de bannière divisée en six carrés. — 796 — Nous devons à l'obligeance du curé D. Aquilino Padron les dessins de ces inscriptions. L'ancien gouverneur militaire de l'ile, notre excellent ami D. Benigno Dominguez, a bien voulu nous envoyer la copie, de grandeur naturelle, de plusieurs d’entre elles: et ÉTÉ COE Fig. 43. quelques estlampages exécutés par celui qui, lors de mon expédition dans le sud, m'avait aidé avec tant de zèle et de désimtéressement, D. Manuel Sanchez. à Ÿ var pa PR TIRE »° (e \ Fa 6 ”e Fig. 44. Parmi les inscriptions relevées par D. Aquilino Padron, il en est plusieurs qui comprennent des caractères tellement effacés qu'il serait inutile de les reproduire. Les autres se trouvent toutes — 797 — sur des roches verticales, à part deux, gravées sur des blocs qui gisent actuellement sur le sol. Nous devons remarquer que les signes de la Caleta sont disposés en rangées verticales; une seule inscription fait exception à cette règle. Notons encore que tous les points de la côte de la Caleta où l’on a rencontré des signes sont voisins de grottes qui pouvaient par- faitement servir d'habitation. Les inscriptions de la Caleta ne comprennent parfois qu'un très petit nombre de caractères; parfois au contraire elles en ren- ferment jusqu'à cinquante. Le commandant D. Benigno Dominguez nous signale d’autres inscriptions à Tejeleita, maïs «elles sont, nous dit-il, très usées, étic'est à peine si l'on pourrait copier quelques signes, la plupart étant presque invisibles ». Il les compare, avec beaucoup de jus- tesse, à une pièce de monnaie très usée qui laisserait encore en- trevoir l'inscription sans qu'il fût possible de la déchiffrer. Nous nous en tiendrons donc aux inscriptions. dont nous venons de dire quelques mots; celles de la Caleta sont celles que repré- sentent les figures 43 et 44. $ 2. —_ ÎLE DE LA GRANDE CANARIE. Les signes du ravin de Los Balos ne peuvent laisser aucun doute sur leur origine : ce sont des caractères numidiques. Toutes les inscriptions que nous avons relevées se trouvent sur un massif rocheux de la commune de Santa Lucia. Ce massif est taillé à pic du côté du nord et du côté de l'est. C'est sur les deux faces verticales que se rencontrent les caractères. Ceux du levant, situés à une hauteur très accessible, sont parfaitement nets; ceux du nord sont au contraire difficiles à atteindre, et en outre la roche est sur plusieurs points tellement usée que certains signes sont en partie effacés. Tous ces caractères sont disposés en lignes verti- cales. Vers le bas de la face septentrionale du même massif se trouvent trois rangées à peu près horizontales de signes qui diffèrent des précédents et par la forme et par l'aspect. À première vue, ils semblent plus récents. Il en est de même d’un grand nombre de dessins isolés qui ne nous paraissent nullement pouvoir être rat- tachés à l'alphabet numidique et dont la plupart ont d’ailleurs — 798 — un aspect moderne. Peut-être, nous sommes même tenté de dire probablement, ces derniers signes sont dus à quelque pasteur ou à quelque autre des habitants actuels qui, apercevant les inscrip- tions gravées sur ces rochers, aura voulu, lui aussi, y laisser des traces de son passage. En est-il de même de quelques figures très grossières observées dans le même site depuis notre voyage par M. Diego Ripoche? Nous ne saurions le dire actuellement, jusqu'à ce que nous ayons vu nous-même les dessins dont il s’agit. Ils représentent, l’un une sorte de personnage informe monté sur un animal aussi grossiès rement figuré; le second, une esquisse du même animal; le troi- sième quelque chose qui ressemble un peu à un lézard, les pattes étendues; enfin le dernier semble une. branche avec un certain nombre de rameaux. $ 3. —— COMPARAISON DES INSCRIPTIONS CANARIENNES . ET DES INSCRIPTIONS NUMIDIQUES ET TOUAREGS. Dans son bel ouvrage, le général Faidherbe, après avoir donné la traduction de quelques noms propres, s'exprime dans les termes suivants : « Pour traduire des mots qui ne sont pas des noms propres, qui ont une signification commune, c'est tout différent, il faut savoir da langue dans laquelle ils sont écrits. Le peu de racines berbères que l’on connaît semble tout à fait insuffisant pour aider à cette traduction Ü), » Si le savant général recule devant cette tâche, que pourrions- nous dire, nous qui n'avons ni sa compétence, ni sa connaissance des langues de l'Afrique septentrionale? La traduction des inscriptions canariennes est, à notre sens, bien plus difficile que celle des inscriptions numidiques! de l'est de l'Algérie et de la Tunisie. Aux Canaries, nous ne nous trouvons pas en présence de stèles, et rien ne peut faire supposer que les in- scriptions soient des épitaphes. Il n’y a aucune trace de sépultures dans les endroits où se trouvent les caractères dont nous venons de parler. Si l'on se heurte à des difficultés presque insurmontables, dans l'état actuel de nos connaissances, pour traduire des épitaphes, () Général Faidherbe, Collection complète des inscriptions numüdiques ; p. 73. — 799 — c'est-à-dire des inscriptions dont on peut soupconner le sens gé- néral, a fortiori nous semble-t-il impossible de traduire des in- scriptions numidiques qui peuvent se référer à un événement quel- conque. ; Aussi n'avons-nous pas besoin de dire que nous n’avons aucu- nement la pensée d'essayer une traduction des inscriptions numi- diques des Canaries, ni même de discuter la valeur des caractères. Notre rôle est plus modeste : nous avons réuni ces inscriptions ‘pour permettre à d’autres, plus compétents, d’en aborder l'étude. Il est cependant une question que nous nous croyons en mesure de résoudre, grâce aux nombreux termes de comparaison que nous fournit l'ouvrage de M. le général Faidherbe. Nous avons dit que les inscriptions canariennes étaient numidiques, il nous faut le prouver. Il nous suffira pour cela de comparer les caractères des Canaries à ceux qui figurent dans la Collection complète des inscrip- tions numidiques. Nous laisserons de côté tous les signes plus ou moins effacés; les caractères bien nets sont assez nombreux pour qu'il ne puisse subsister aucun doute. En effet, les diverses inscriptions de l'ile de Fer et de la Grande Canarie ne renferment pas moins de trois cent soixante-treize lettres bien visibles qui se répartissent de la façon suivante : MosiCanales 226 ML SU MN Île de Fer.......4 Ravin de Candia. ........... 26 } 328 Port de la Caleta........ 200 Grande Canarie. .. Ravin de Los Balos....,.......... 45 DO avec eee NO 7e Les mêmes signes se répètent souvent. Nous trouvons, par exemple, quarante-neuf fois la barre horizontale unique, de sorte que le nombre des caractères différents est, en somme, relative- ment restreint. Nous réunissons dans le tableau suivant toutes les lettres que renferment les inscriptions canariennes. — 800 — TABLEAU GÉNÉRAL DES LETTRES DES INSCRIPTIONS NUMIDIQUES DE L'ARCHIPEL CANARIEN. ; 1: NOMBRE » E La NÉREROSSPENEE VALEUR DE LETTRES TROUVÉES, des EE 4 du LETTRES. ; TABLEAU LETQRES présent dû r= (d'après Faïdherbe). | LOS CANALES. À CANDIA, LA CALETA. . A LOS BALOS, TABLEAU. |G*l Faidherbe. x | k j À J ou ;'h, fils de | : Fr. b b touareg NOMBRE DE LETTRES TROUVÉES ER : i{ VALEUR ; des | 1, 22 BR EEE mnt | LETMTRES (d’après! Faidherbe). À LOS GANALES. À canprA. À LA CALETA, À LOS BALOS. ——— | ———— | ||! CCC ONCE A CIES RRELE, S'otump soleils slalofiofelie Aa et lelala ele a tete tele se Caléhlholde malt eté = P = D: « HD eo } as à ne a hummiesient et, 61 Of + 291600) " e LA: ci wroû 3040 Léce tableau démontre d _ réunies dans son @uvrage. Ainsi le caractère qui porte le n° 26 de _ notre liste se trouve dans l'inscription trouvée à Abizar par M. Au- _ capitaine; les quatre barres horizontales (n° 29 de notre tableau) se voient dans les inscriptions 115, 127, 165,176 de la Collection complète des inscriptions numidiques. Enfin le point que nous ren- ‘M MISS. SCIENT. — XIII. 51 £MPRIMERIR NATIONALE. n _— RD f controns huit fois aux Canaries est certainenren "une léttré"toua- reg; mais ce même signe se rencontre dans les i -criphions n° 113, 134, 135, 174 et 183, que le général Faidhe be regarde comme parfaitement numidiques. : 4 + are Il ne reste donc en réalité, comme signes que ceux qui portent dans notre liste les n° 24, 25 et 28. Le Fe Le n° 12 ter (rond ou carré traversé par deux ignes se coupant à angle droit) n'est peut-être qu'une variante du. touäreg que nous | trouvons aux Canaries et que M. Duveyrier as ghalé dans les in- | scriptions rupestres du Sahara. D. : | C'est également dans les rupestres (inscription n 12) que nous | rencontrons un caractère analogue au n° 24 delnokré tableau. * - Notre signe n° 25 pourrait bien, n'être autre chose que lr qui est généralement figuré par un carré ou un rond. MS ce La lettre n° 28, nous l'avons trouvée/à l'ile de! er ct à la Grande Canarie. Dans les inscriptions numidiques du nord de l'Afrique | on voit un signe assez analogue au nôtre, a | [! | | | Enfin le n° 21 bis de notre tableau est simplement le n° 21 avec addition d’une barre oblique à droite où à gauche du V renversé. Dans les quatre inscriptions où l’on obserte ces deux signes ilne | $Mihle former qu'une lettre unique. | | Tous Jes autres signes, avons-nous dit, sont compris dans le tableau du ge6ral Faidherbe. I nous ‘aut cependant faire quelques lemarques au sujot € plusieurs d'eitre eux. : SE «“L'm touareg, noN “ » savant est une figure formée de trois côtés d’un rectangle; louve. +3, Létint dournée dans la direction \des lignes de l'écriture et dansle sens dela lecture. . : Le même sigñe ouvert perpendiculairement à la diréction des dignes de l'écriture est un d. On comprend doncque le sens des dignes d'écriture fait seul distinguer J’m du d.» 8. en ro Of L'm et le d peuvent étre aussi biénsune demi-circonférence qu'une figure formée des trois côtés d'un rectanglesanais le général le sait mieux que nous, et ce: n’est pas ‘surscelpoint que: nous voulons insister. L'm a en effet l'ouverture tournée dans la direction des lignes de l'écriture, et dans nos inscriptions verticales cetterou: Verture regarde tantôt en bas, tantôt en haut: Nous ne croyons pas que la direction de l'ouverture (en haut ou en bas, dans les cas dont nous parlons) puisse indiquer le sens de la lecture, car ül RS AURAS rat — 803 — faudrait admettre que, aux Canaries, 63 environ pour 100 des inscriptions doivent être lues de bas en haut et les autres de haut _ehebas: Mais l'argument décisif est le suivant : dans la même “ligne nous trouvons deux m dont l'un s'ouvre en . et l'autre en bas. Lesignem° 9 dé notre tableau doit être le signe n° 9 du général Faidherbe: (k); mais la barre horizontale du second signe est effacée. Le n° 27 qui semble lé même caractère renversé présente, au contraire, deux traits du même côté U). mbarlettre z (n°118) peut aussi, comme dans les inscriptions d'Algérie et de Tunisie, regarder soit en haut, soit'en bas. Ilest certain que si, dans les inscriptions numidiques ; quelques signes changent de valeur selon la direction qu'ils affectent, la plupartau contraire peuvent être dirigés indifféremment dans tousdes sens::C'est pour celà que nous avons réuni sous le même numéro les trois signes n° 20. La lettre n° 22 de notre tableau correspond au n° 23 du tableau du général Faidherbe. Elle en diffère toutefois en ce que l’ouver- ture regarde à droite au lieu de regarder à gauche. La valeur des signes est tirée tout entière de l'ouvrage, du gé- néral Faidherbe. Nous n'avons pas besoin de dire que, si dans cette colonne se:trouvent peu de voyelles, c'est que dans l'écriture sémitique.on les supprime pour la plupart. $ 4: conciusrons. Les conclusions que nous, permet de tirer ce rapide examen des inscriptions, canariennes viennent, corroborer celles. auxquelles nous avait conduit l'étude des caractères physiques el elhnogra- phiques. \ eù 1 Dans deux des îles de l'archipel (Ténériffe et la Gomère); le type guanche s'était conservé avec plus de pureté peut-être que dans les'autres. Dans ces deux îles, on n’a pas jusqu'a ce jour ren- contré d'inscriptions, et il faudrait en conélure que les Guanthes n’ont pas connu RÉGIE, ds } 0) Ce signe nous Poe d'autant, plus devoir être Pr tas comme un k ren- versé que, dans la.même inscr iplion, le biet le z sont également renversés. La direc- tion de 1a lettre semble n'avoir, dans les mscriptions numidiques, qu'une TR * tance secondaire, abstraction faite toutefois de quelques caractères. 912 — 804 — Dans les autres îles, nous avons trouvé de nombreuses traces de Sémites plus ou moins purs et en même temps nous rencontrons dans ces îles des signes gravés sur des rochers. À l'île de Fer et à la. Grande Canarie, ces signes forment de vraics inscriptions, certai- nement numidiques. D'un autre côté les renseignements historiques que nous a légués l'antiquité doivent nous faire admettre que les Carthaginoïs ont connu les îles Canaries. De tous ces faits il faut probablement conclure que les Numides, partis des environs de Carthage et mélangés aux Sémites de race dominante, ont abordé aux îles Canaries. Ce sont eux qui ont tracé les inscriptions de l'ile de Fer et de la Grande Canarie. I est probable aussi que ,comme les Sémites , ils se sont alliés aux anciens habitants de l'archipel et qu'ils ont contribué pour leur part à la formation de cette population si mêlée que nous avons étudiée plus haut. QUATRIÈME PARTIE. ORIGINE DES ANCIENS HABITANTS DE L’ARCHIPEL CANARIEN. Pour terminer ce travail, il nous reste à rechercher l'origine des divers éléments ethniques dont nous avons reconnu l'existence dans l'archipel canarien. Cette question, traitée bien des fois, n'a jamais été résolue d’une manière qui puisse nous satisfaire. Possédant des documents tout à fait nouveaux, nous avons cru devoir aborder à notre tour le sujet, sans toutefois entrer dans des détails que ne comporterait point le cadre de cet ouvrage. $ 1. —— LES ANCIENS CANARIENS NE SONT PAS LES DESCENDANTS DES ATLANTES; ILS NE SONT PAS NON PLUS D'ORIGINE AMÉRICAINE. Certains auteurs ont considéré les anciens Canariens comme autochtones et ont voulu voir en eux les descendants des Atlantes. C'est là une opinion que nous ne saurions partager. Après avoir longuement étudié la question, nous sommes arrivé à la même conclusion que le docteur Hæfer, et avec lui nous disons : « Quelle que soit l'opinion des érudits, nous pensons que l’Atlantide n’est qu'une fiction. » nn“; — 805 — En disant que l’Allantide n’est qu’une fiction, nous voulons parler du continent que nous décrit Platon. Nous sommes loin de nier l'existence, à l’époque tertiaire, d’un continent qui reliait sans doute les deux mondes; mais ce continent n'étajt pas l'Atlan- tide du philosophe grec. Dans tous les cas, il est impossible de voir di les îles Cana- ries les débris d’un continent atlantique. Ce n’est pas là assurément le pays-que nous dépeint Platon, ce pays qui produisait « tous les métaux solides et fusibles y compris l'or», qui nourrissait «un grand-nombre de bêtes sauvages, entre autres une grande quantité ‘éléphants »; ce pays enfin qui renfermait des marais, des lacs, des rivières. Rien de tout cela ne se rencontre dans l’archipel dont nous nous occupons. Ce n'est pas non plus dans cette zone que l’on a rencontré au fond de la mer, à une profondeur relativement faible, les restes d'animaux terrestres de l’époque tertiaire. Les sondages pratiqués récemment par la Commission des dragages sous-marins ont révélé, en face de la côte marocaine, l'existence de grands fonds. « Chaque foïs que la drague a sillonné la surface, nous dit le président de la Commission, M. Alph.-Milne Edwards, elle s’est plus ou moins remplie de fragments de pierres ponces et de roches volcaniques. Il semble qu'il y ait là, à plus d’une lieue au-dessous de la surface des eaux, une grande chaîne volcanique parallèle à la côte d’A- frique, et dont les îles du Cap-Vert, Madère, les Canaries et les Acores seraient les seuls points émergés (1). » Ces observations ne concordent guère avec l’idée d’un continent submergé. La constitution géologique des Canaries ne permet pas plus: de voir dans ces iles les débris de ce prétendu continent. Ce sont des îles entièrement volcaniques; elles ne renferment aucun fossile terrestre, mais en revanche, sur plusieurs points, à des altitudes de 100, 150 et même 1500 mètres, on constate l’exis- tence de couches composées de dépôts marins soulevés à cette hauteur. Il sufñit de tenir compte de ces faits pour en conclure que des îles Canaries, loin d’être les restes d’un vieux continent presque entièrement submergé, sont au contraire des îles émer- gées à une époque relativement récente, à la suite de phénomènes volcaniques. @) A.-Milne Edwards, L'expédition du Talisman, etc., dans le Bull. hebdom. de l'Assoc. scient. de France, 1883. — 806 — Du moment que nous n'admettons pas que les îles Canaries soient les restes de l’Atlantide, il n'existe aucune raison pour que nous voyions dans leurs anciens habitants les descendants des At- lantes. Quelques écrivains ont attribué aux anciens Canariens une ori- gine américaine, À l'appui de cette manière de voir, on pourrait invoquer quelques coutumes, celle, par exemple, de se peindre le corps au moyen de ces cachets ou pintaderas dont nous avons parlé plus haut. Mais, dans l'archipel, cette coutume n'existait probablement qu'à la Grande Canarie; par conséquent, en se ba- sant sur ce fait, on serait simplement autorisé à attribuer aux habitants de cette île une origine américaine. | Contre cette hypothèse, nous pourrions invoquer bien:des rai: sons. Des Américains n'ont guère pu ‘arriver accidentellement dans l'archipel canarien, car nous savons parfaitement que les courants marins portent d'Afrique en Amérique. Ce serait donc le:contrairé qui aurait pu se produire, et qui, en effet, s'est! réalisé. A une époque peu éloignée, en 1731 et en 1764, de petits navires allant d'une île à l'autre «ont été poussés par da tempête dans: la région des vents alizés et du courant équatorial; ils ontiété en trainés jusqu’en Amérique. Ce qui s'est passé de mos jours a dû se: passer bien d’autres fois (1), » Si nous ne pouvons expliquer l’arrivée accidentelle d'Américains: aux îles Canaries, il ne nous est guère possible non plus d'imvo- quer des migrations volontaires. Ce serait émettre une nouvellé hypothèse qui ne reposerait sur aucun fait. | En effet, les caractères physiques des Canariens ne les rappro- chent guère des races américaines en général; leurs mœurs; leurs coutumes (à part celle dont nous venons de parler) n'étaient pas celles des habitants du nouveau monde. Tout au plus pourrait-on supposer que le type brachycéphale dont nous n'avons pu bien préciser les caractères est venu de l'Amérique centrale, ce qui d’ailleurs est loin d’être démontré. Maïs assurément ce n’est pas en Amérique que nous devons aller chercher la patrie des Sémites et des Guanches. ‘A, de Quatrefages, L'espèce humaine , p. 150. a old nor ae lis “ie à atstatil us ct — 807 — $ 9. 7 LES SEMITES. »L'existencerde Sémites aux Canaries étant admise, il est à peine besoin de rechercher de'quel point du ‘globe ïls ont pu venir. _ Poser la question, c’est presque la résoudre. “be type sémitique se rencontre aujourd'hui dans tout le nord dél'Afrique:! on le trouvé à quelques kilomètres de l'archipel canarien, sur la côte marocaine. De tout temps, les Sémites sem- blent s'être portés de l’orient vers l'occident; c’est donc du ‘côté delest qu'il paraît naturel de rechercher le point de départ de ceux! qui sont arrivés: jusque dans l'archipel canarien. “L'histoire, d'ailleurs, nous a conservé le souvenir de nombreuses incursions de Moros. Jusque dans notre siècle, ils venaient piller les îles Canaries; souvent quelques-uns restaient prisonniers. Il a pu exister aussi des, relations plus amicales entre les Canariens et les habitants de la région voisine. Quoi qu'il en soit, nous pou- vons dire, comme M. de Quatrefages : «ce qui s'est passé de nos jours a dû se passer bien d’autres fois; » avant la conquête espa- gnole, les îles Canaries ont dû fréquemment recevoir la visite des Moros:Orice nom s'applique vulgairement à tous les habitants de la région africaine voisine, quels que soient leurs caractères physiques: Parmi eux ont dû venir bien des Sémites. “lies premiers envahisseurs de type sémitique ont dû arriver aux Cânariés às l'époque où Carthage était dans toute sa splendeur, et ils ont dû venir du littoral méditerranéen. Nous ne parlerons pas destexpéditions carthaginoises, du voyage de Hannon, etc. Un grand nombre d'auteurs se sont occupés de cette question, et ïl semble aujourd’hui très probable que les Carthaginois ont connu les iles’ Canaries. 1Ont-ils fondé des établissements dans ces îles? C'est'1à un point qui peut évidemment fournir matière à discus- sion. M: Lenormant se prononce pour l’affirmative. « Le nom de . Junonia; dit-il; que l'une des iles Canaries porte dans Ptolémée, suffit à prouver que les Carthaginois avaient un établissement dans ces'îles, car c’est à Junon que les Grecs et les Romains assimilaient Tanith, la grande déesse de Carthage). » Ce raisonnement peut certainement ne pas entraîner la conviction dans tous les esprits. #00 Fr, Lenormant, Manuel d'histoire ancienne de l'Orient, t. WE, p: 208. — 808 — Nous ne croyons pas, d’ailleurs, que les textes anciens permet- tent de résoudre le problème de manière à ne laisser aucune prise à la critique. Laissons donc les textes de côté et tenons compte des faits. Nous trouvons à la Grande Canarie et à l’île de Fer des individus présentant le type sémitique, soit à peu près pur, soit plus ou moins altéré. À côté de ces Sémites, nous rencontrons des inscriptions en caractères numidiques. Il nous semble donc plausible d'admettre que des Numides, partis des en: virons de Carthage et mélangés aux Sémites de race dominante, ont abordé aux îles Canaries. Ce qui, dans tous les cas, nous semble indiscutable, c’est que l'élément sémitique, qui a pris une part assez importante au peu- plement de l'archipel canarien, n’a pu venir que du nord de l'Afrique. $ 3. —— LES GUANCHES SONT LES DESCENDANTS DE LA RAGE DE CRO-MAGNON. Il D'où sont venus les Guanches, c’est-à-dire cette race qui semble avoir formé dans tout l'archipel le fond de la population ? Il ÿ a déjà quelques années, plusieurs anthropologistes français ont appelé l'attention sur les grandes ressemblances physiques que présentaient les Guanches avec notre vieille race de la vallée.de la Vézère. Le docteur Chil, après de nombreuses réticences, dit cependant dans ses conclusions que les anciens aborigènes (sont-ce les Guan- ches?} «ont des liens étroits de parenté avec les troglodytes de la caverne de l’'Homme-Mort, ceux de Cro-Magnon et de la Vézère, avec les Basques espagnols, les Berbers, les Égyptiens et les Corses ». Mais, en même temps, ces aborigènes seraient non pas «un rameau ou une dérivation de l'époque du dolmen, mais bien le véritable peuple dolmen ». Ces quelques lignes nous semblent renfermer plus d'une con- tradiclion. Qu'entend par peuple dolmen M. le docteur Chil? Est-ce la race dolichocéphale de l'époque néolithique? Mais cette race n'est (M Notons en passant qu'il n'existe pas un seul dolmen dans l'archipel canarien. — 809 — pas celle qui vivait dans l’ancienne Égypte; et elle diffère encore davantage des troglodytes de la Vézère. Si les aborigènes des Cana- ries étaient des Égyptiens, ils né pouvaient pas être en même temps! des hommes de Cro-Magnon ou des descendants ‘de nos dolichocéphales néolithiques; ou bien, si tous ces types si divers existaient en même temps, les aborigènes de l'archipel cessaient d'appartenir à une race unique, comme le soutient si énergique- ment notre confrère, sans toutefois en donner la preuve. Nous croyons, pour notre part, avoir démontré que, parmi les anciens indigènes des Canaries, il s’en trouvait qui présentaient tous les caractères physiques de la race de Cro-Magnon et qui avaient conservé une partie des coutumes des troglodytes de la vallée: de la Vézère. C'est à ces individus que nous devons appli- querde nom de Guanches. Il est impossible, à notre avis, de les distinguer, au point de vue physique, de nos troglodytes quater- naires, Mais alors surgissent de nouvelles questions. La race de Cro- Magnon: s’est-elle éteinte sur place? À-t-elle persisté, en se mélan- geant toutefois avec des nouveaux venus? A-t-elle enfin émigré, el! dans ce cas les hommes de Cro-Magnon ont-ils pu arriver jus- qu'aux îles Canaries ? Les documents que nous possédons nous permettent de dire que la race de Cro-Magnon à émigré en grande partie vers le sud. Ce sont les descendants des hommes de la Vézère qui sont venus, à une époque relativement récente, s'établir les premiers dans l’ar- chipel canarien. C’est ce que nous allons essayer de prouver. II Migrations de la race de Cro-Magnon. — Des faits assez nom- breux permettaient, il y a déjà quelques années, d'affirmer que les gens de Cro-Magnon s'étaient répandus dans différentes direc- tions. Nous ne suivrons leurs migrations que vers le sud. IL est certain qu'un rameau de cette race est arrivé en Italie. M: Rivière: a trouvé des représentants du type de Cro-Magnon à Menton; MM. Rossi et Ponzi en ont rencontré à Cantalupo (cam- pagne romaine); M. Nicollucci, plus loin encore, à Isola del Liri, dans la Terre de Labour. Du côté des Pyrénées, nous trouvons le même type. M. Louis — 810 — Lartet et notre excellent ami M. Chaplain Duparc font rencontré à Sorde. Dans cette région, il a persisté jusqu'à nos jours, ainsi que l'ont montré MM. Hamy, Broca et Velazco: 1 Enfin, dans les Crania ethnica; MM. de Quatrefages et Hamy insistent sur les grandes analogies que présentent avec la race de Cro-Magnon les ide découverts dans les tombes mégalithi- ques de Roknia. Voici en quels termes s'exprimait devant fAcadérie des sciences M. de Quatrefages, lorsqu'il offrait la SE livraison de ce bel ouvrage : «Cest pourtant en: Afrique qu'il faut aller ‘chercher aujour: d'hui les représentants de la race qui nous occupe: L'un de nous (M. Hamy) a depuis longtemps attiré l'attention sur ce point. « Les tombes mégalithiques de Roknia, explorées avec tant'der soin par MM. Bourguignat, Mac Carthy, et surtout par M: le géné: ral Faidherbe, ont donné un grand nombre de crànes qui sérap- prochent plus ou moins de ceux de Cro-Magnon etien reproduisent les traits les plus essentiels. L'un des types actuellement repré: sentés parmi les Kabyles des Beni Ménasser et du Djurjurastet signalé par le docteur Guyon, est remarquable au même point de vue. Mais c'est surtout parmi les Guanches de Fénériffe que letype de l'antique race de la Vézère semble s'être le mieux conservé: La belle collection recueillie par Bouglinval au Barranco- Hondo, et que se partagent aujourd'hui le Muséum et l'École des hautes études, présente plusieurs têtes qui ne peuvent guère RD de doute sur ce point ().» ) | La longue étude que nous avons faite de la race guanche vient simplement confirmer l’opinion émise par notre excellent maître et son dévoué collaborateur. M. de Quatrefages ne doute pas d’ail- leurs que ce type ne soit arrivé en Algérie et même dans lar- chipel canarien par voie de migration, car il nous dit : « Ce résultat, quelque singulier qu'il puisse paraître d’abord, ne fait que montrer dans l'espèce humaine la répétition de ce qui a déjà été signalé chez les animaux. Les belles recherches de M. Lartet nous ont appris comment, après l'époque quaternaire) un certain nombre de mammifères avaient émigré. d'Europe en: (0 Voir Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences ,t. LXX VIF, séance du 30 mars 1874. LD = Afrique, ou tout'au moins s'étaient éteints chez nous, tandis qu'on les retrouve au delà de la Méditerranée. Comme on explique l’an- cien mélange des faunes et l'espèce de départ qui-en a1amené da séparation, il n'ya rien l'étrange à voir les populations humaines présenter un fait analogue. Cela même rend très naturellement compte de l’ancienne extension: du type de Cro-Magnon, de’ sa présence actuelle à l’état erratique et par atavisme en Europe; de _somiexistence plus fréquente, plus franchement accusée dans le nord-ouést de ne et dans les îles où il s'est trouvé à l'abri des métissages (1) AU + Nous nbrinat nous en-tenir à cet exposé. De unie re vations. personnelles nous permettent de le:ccompléter et de suivre, pourainsi dire, étape par éapel les(migrations des ne à de la Vézère. Des Pyrénées au nord de Ar bus “ existait un grand a L'année: dernière, lors de notre .dermiér séjour à Madrid, mous avons'pu-étudier un certain nombre de crânes qui nous: ont dé- montré que la race de Cro:Magnon avait vécu en Espagne pendant: la période néolithique. Nous sortirions de notre sujet si nous entrions dans la descrip- Hion-de:ces-crânes nous pensons les décrire prochainement avec détails: Qu'il nous suffise, pour le moment, de dire qu’une tête masculine: trouvée dans la Grotte du Miracle à Oviedo nous a donné un‘indice orbitaire de 78,05; les autres caractères accusent un mélange, bien que la face dans son ensemble soit basse-et large. Dans la Vieille-Castille, près de Ségovie, vivaient, à l'époque de la pierre polie, des individus qui présentaient la dolichocé- phalie des hommes de Cro-Magnon : le crâne offre la même courbe, le méplat pariéto-occipital, le renflement de l’inion et souvent laplatissement de la base; les orbites extrémement bas (l'indice descend jusqu'à 72,97), le nez mésorhinien ou leptorhinien rap- prochent entièrement ces individus de la race de la Vézère, dont ils ne se différencient que par un peu plus de hauteur de la face, qui devient mésosème. Les quelques os longs que nous avons pu étudier (fémurs et tibias) rendent ces ressemblances encore plus frappantes. Enfin, dans le sud, près de Alhama, dans la province de Gre- ) Noir Comptes rendus , séance du 30 mars 1874. . … sy nade, une dernière grotte (Cueva de la Mujer) a fourni une voûte cränienne du type de Cro-Magnon et quelques os longs qui repro- duisent aussi les caractères de cette race. Sans entrer dans plus de détaïls, nous pouvons conclure de ce qui précède que la race de Cro-Magnon a émigré vers le sud et traversé la péninsule ibérique. Quaternaire en France, elle semble s'être développée en Espagne, surtout pendant l’époque néolithique. Elle arrive dans le nord de l’Afrique avant l'époque romaine, comme le prouvent les tombes de Roknia, et c'est probablement aussi avant l'époque romaine qu'elle atteignait les îles Canaries. En résumé, les Guanches sont bien les descendants des hommes de Cro-Magnon, et ils ont dù arriver dans l'archipel canarien à une époque relativement récente. Dans le trajet qui sépare leur point de départ de leur point d'arrivée, un certain nombre ont dû se mé- tisser, puisque nous les voyons déjà quelque peu mélangés dans la péninsule ibérique et à Roknia. D’autres, au contraire, ont con- servé leur type primitif dans toute sa pureté, et nous les retrouvons dans l'archipel canarien avec tous les caractères de leurs ancêtres. Peu de temps après leur arrivée aux Canaries, ils ont vu venir des gens partis du nord de l'Afrique, et sans doute assez mélés. Des rapports se sont établis entre les Guanches et les nouveaux arrivants; des alliances ont été contractées, et de ces mélanges, qui ont duré jusqu’à l'époque de la conquête, sont issus ces nombreux types mixtes que nous avous rencontrés à côlé d'individus à peu près purs. ROUE Imp.B ecquet fr. Paris. Formant lith. lire. Eng, & EtAi, Crâne feminin de Téneriffe. 2 GIE z Crane masculin de F Eng 1 or 2e Formant hth. et 2. Crane masculin de Ténériffe. et 4. Crâne feminin de Ténériffe. ICE Imp B ecquet fr Paris. Ji Ja Imp. Becquet fr. Paris. on, id EE E DE © à à © ON] Fe E à 5 £ Ce a mis o) oo T7 oo) E Tv Le BRNE O én “ BE ee EE RE rie ON 1 4 Gb} n M) 1 9 E> > cd 27 EH + Formant hth. ITS Formant lith Imp. Becquet fr. Paris. Fig.t et 2. Crane masculin de la Grande Canarie. Fig.8 et 4. -Crâne féminin de la Grande Canarie. EE É Ste Æ aonboe dur AIT UE 9 IE UE UT UIUIT 9 uedT 1) 9 pP UBTC) ÊT 9p +) 9 PUETC) Ep SP UTL|N9 S EUT AUEL) 7 9 i Sy br br ti], AUEULLO 7 Formant lith. Fig (Reta2e Fig.8 et 4. Crâne masculin de la Grande Canarie. Crâne féminin de la Grande Canarie. Imp Becquet fr. Paris + PM ‘SLIEZ UJ senboor diu SES CIO ULTIME) UNE O EN © e‘Piy euPA €] D UIJNOSEU SUEL) & + biz ‘A FUEUTAO BISPAENE Formant lith il F2 np. Becquet fr Paris. Fig. et 2. Crâne masculin de la Palme. Fig.8 et 4. Crâne féminin de la Palme. — 813 — EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I (fig.1et 2). Cräne masculin d’une grotte sépulcrale naturelle d’Anaga. — Ténériffe. Coll, Dumoutier. — Mus. hist. nat., n° 4837. Cette tête, d'une forte ossature, représente assez bien le type guanche, malgré quelques traces de métissage, et elle se rapproche notablement de la moyenne des têtes masculines de la race de Cro-Magnon. Le cräne offre une capacité énorme (1900). Cette capacité si re- marquable tient au grand développement antéro-postérieur du crâne (diam. ant.-post. max.— 198"") et surtout à ses diamètres vertical basilo- bregmatique (139"") et transverse maximum (154""). L'indice cépha- lique horizontal s'élève à 97,77; ce crâne se place donc à l'extrême limite de la sous-dolichocéphalie. C’est là un caractère qui le sépare des crânes franchement dolichocéphales des hommes de Cro-Magnon et des Guanches purs. La courbe antéro-postérieure est au contraire celle de ce dernier type; on y remarque le méplat pariéto-occipital, le renflement et la projection en arrière de l'inion et l'aplatissement de la base. Le front, bien déve- loppé, est aussi large que celui du-vieïllard de la Vézère, mais il est légèrement plus court; les pariétaux sont un peu allongés; l'occipital est un peu large et un peu court. Signalons encore sur cette pièce l'existence de bosses pariétales bien marquées. La face, encore relativement plus basse que chez Île vieillard de Cro- Magnon (indice facial = 61,80), se rétrécit considérablement en bas , au point que le diamètre bimaxillaire ne dépasse pas 64". Le nez est lep- torhinien, et il existe un certain prognathisme sous-nasal. Mais en même temps les orbites sont un peu hauts, tout en restant mésosèmes (indice orbitaire — 80,95). En résumé, cette tête ne diffère du type de la Vérère et des quelques Guanches que l’on rencontre à l'état de pureté que par un plus grand développement du crâne dans les sens transversal et vertical et par un peu plus de hauteur des orbites. Nous aurions pu signaler sur cette pièce quelques particularités : des wormiens dans la suture lambdoïde et des enfoncements limités sur le frontal et le pariélal droit, qui pourraient bien m'être que traumatiques. — 81A — PLANCHE I (fig. 3et4}. Crâne féminin d’une grotte sépulcrale naturelle de Tacoronte. — Ténériffe, Coll. Verneau. — Mus. hist. mat.5n° 63522 Cette tête, d'une forte ossature, comme la précédente, présente aussi une belle capacité cränienne (1530*). Le crâne est mésaticéphale (ind. céphal.=79,77) et peut ètre com- paré à celui de la femme de Cro-Magnon. La courbe antéro-postérieure reproduit, un peu atténués, les carac- tères du crâne masculin : régulière en avant, elle s’aplatit vers la région pariétale postérieure; Arte est renflé; la base est elle-même légèrement arrondie. Les bosses frontales et pariétales sont bien accusées.... :,1h4 La face, très basse (indice— 68,75), avec son, mez leptorhinien;lses pommettes saillantes, son maxillaire relativement étroit et ses dents for- tement usées, est en somme assez caraclérisée malgré ses orbites méso; sèmes (indice. orbitaire = 86,84). if L'atténuation de certains caractères nous semble tenir en partie Ad sexe, en partie à un léger métissage, af) Comme particularité, notons és traces d’ostéite dans les deux cavités glénoïdes; il paraît avoir existé une double luxation du maxillaire infé, rieur. PLANCHE NH (fig.set 2) Crâne masculin d'une grotte sépulcrale naturelle de Santa Lucia de Tirajana: di Gr Canarie. Coll. Verneau. — Mus. hist. nat., n°16386. 18 qui Crône d'une ossature fine, volumineux, dolichocéphale {indice cépha; lique — 74,61). La courbe antéro-postérieure, assez régulière! est un. pet surbaissée en avant; le méplat pariéto-occipital existe à peine; l'inion n'esi pas projeté en arrière et la base.est renflée. Les bosses pariétales sont effacées, RTL La face s'éloigne tout autant du type guanche. Sa largeur ne dépasse pas 138"" et elle atteint en, hauteur 95”"; elle est donc. mésosème, presque mégasème; de sorte que la tète, dans son ensemble, ne prés sente pas, à proprement parler, de disharmonie. Les: orbites. et-le nez donnent un indice moyen; le maxillaire supérieur.n'est pas le. siège, de ce rétrécissement, si remarquable dans la race de Cro-Magnon. La mê- choire inférieure est encore robuste et porte un ménion proéminent; les dents sont à peine usées. Nous nous trouvons en présence d'un type mixte qui,n'est plus, le Guanche et qui n'est pas encore le Sémite. ‘ 1 — 815 — PLANCHE IX (fig: 3.et 4). Crâne: féminin d’unesgxottesépulcrale naturelle de Temisas, = G!! Ganarie. Coll. Ripoche. — Mus. hist. nat. .. Cette tête, d'une ossature fine, offre les caractères généraux du crâne masculin. de: Santa: Lucia’: dolichocéphalie, surbaissement de la voute _entavant; déger méplat pariéto-occipital, léger renflement de l'inion et de la base, effacement des bosses pariétales. Ta:face est-étrote , assez haute, les orbites relativement élevés , le nez moyen , les pommettes fuyantes. ("Dans la suture lambdoïdé existent de grands wormiens, dont Yun comprend ioute la portion: supérieure de lécaiïlle occipitale et arrive presque jusqu'à l'inion. "Notons encore, en arrière du bregma, da dépression post-coronale dont nous avons parlé dans ce travail, GTR | PLANCHE I (fig. à et 2). Crâne masculin d’un tumulus d'Arteara. — G‘ Canarie. Museo canario de Las Palmas. Crâne à robustes insertions musculaires, volumineux {capacité crà- nienne — 1745"), sous-dolichocéphale (ind. céph.—"76,44). Sa courbe antéro-postérieure :s'infléchit rapidement, de sorte que le, front-devient fuyant; elle se continue ensuite avec régularité. L’écaille de l'occipital estlcependant, renflée et la base légèrement aplatie, mais on n'observe pas de méplat-pariéto- occipital. Contrairement à ce que l'on voit chez lé Guanche; des bosses pariétales sont effacées et le front est peu déve- loppé. La face, mégasème, donne un indice de 71,43. Les orbites, élevés (and:= 92,50), sont en harmonie ‘avec la face, quoique leurs angles soient peu‘aigus; le nez est fin, les pommettes peu saillantes , le menton proéminent, mais étroit, et les dents fortement usées. En somme cette tête offre-encore en arrière quelques traits guanches, que lon retrouve dans la forme des angles des orbites. Tous les autres caractères dénotent un métissage avec un type à face plus fine ; moims large et plus élevée. La portion supérieure de l'écaille: occipitale forme trois wormiens, dont le plus grand mesure 66"" sur 55”, Deux autres, de petites dimen- sions, existent dans l'écaïlle temporale droite, — 816 — PLANCHE IT (fig. 3 et 4). Crâne masculin d'une grotte artificielle de San Lorenzo. — G‘°/Canarie. Coll. Ripoche. — Mus: hist. nat. Le crâne est mésaticéphale, mais son indice horizontal ne dépasse pas 77:90. La courbe antéro-postérieure est régulière en avant jusqu'à l’écaille de l'occipital, qui fait un brusque ressaut; elle descend ensuite avec une régularité qui n’est interrompue que par une faible saillie de l'inion. Le front est court et la voûte paraît un peu surbaissée en arrière. Les bosses pariétales sont à peine indiquées. La face , haute (99°"), relativement étroite (diam. bizyg. max.—137"), présente des arcades sourcilières peu saïillantes, des orbites mésosèmes, un nez moyen, des pommettes fines, un menton étroit et peu proémi- nent. Le maxillaire supérieur, large , est le siège d'un prognathisme sous- nasal bien appréciable; les dents des deux mâchoires sont usées. En résumé, sur cette tête, nous constatons l'existence de caractères mixtes, parmi lesquels les traits guanches sont loin de prédominer. PLANCHE IV (fig. 1 et 2). Crâne masculin d’une grotte sépulcrale naturelle de San Juan Belmaco. — Palme, Coll. Verneau. — Mus. hist. nat., n° 6331. Cette tête, d'une ossature fine, moins volumineuse que les crânes guanches, bien que sa capacité atteigne encore 1505", ne présente plus aucun caractère de cette race. Le crâne est sous-dolichocéphale (ind. céph.— 77,22); la courbe antéro-postérieure, excessivement régu- lière, n'offre ni méplat ni renflement. Le front fuit et n'atteint dans aucun sens les proportions de la région frontale des hommes de Gro: Magnon. La face très fine, haute et étroite (indice facial —76,42), les orbites arrondis et élevés, le nez mince, saillant, déprimé à la racine, les pom- meltes effacées, l'absence de prognathisme sous-nasal , la dentition sans usure, le maxillaire inférieure peu robuste, tout, en un mot, éloigne cette pièce du type guanche et la rapproche au contraire singulièrement du type arabe. PLANCHE IV (fig. 5 et4). Crâne féminin d'une grotte sépulcrale naturelle de San Juan Belmaco, —- raie Coll. Verneau. — Mus. hist. nat., n° 6334. ; Comme la précédente, cette tête s'éloigne complètement du type guanche, surtout par la face. — 817 — Le crâne, mésaticéphale (ind. céph.=— 78,53), est d'une ossature très fine (il porte des traces d’ostéite superficielle). Le front monte droit dans son premier tiers, puis la courbe s’infléchit rapidement en déterminant un surbaissement de la voûte; en arrière elle se termine d’une facon régulière. Les bosses pariétales sont situées haut et bien marquées. La face est entièrement sémitique : l'indice facial atteint 75,94; l'in- dice orbitare, 94,12. Le nez est leptorhinien, les pommettes grèles et effacées, la dentition saine, le maxillaire inférieur peu robuste et ter- » miné en ayant par un menton pointu. C'est évidemment au mème type que le crâne masculin précédemment : décrit qu'il faut rattacher cette tête. La plupart des différences qui les séparent (forme du front, bosses pariètales, etc.) s'expliquent par l'in- fluence sexuelle. MISS. SCIENT. — XHI. 52 IMMAIVEULÉ NAXIUNALE: ro jf £ | f 1 1H LE N.,. " SUR (LES MANUSCRITS ALGHIMIQUES Maud «DE ROME: pri ob fi fi Jan PAR Hebneur ol 125 : “M. ANDRÉ BERTHELOT, En AQUGE D'HISTOIRE ET DE GÉOGRAPHIE, ANCIEN MEMBRE DE L'ÉCOLE DE ROME, PAR AR À x MAÎTRE DE CONFÉRENCES À L'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES. —"“s —— É Monsieur le rs : Le but de ma mission à Rome était de rechercher tous pes He cuments manuscrits relatifs à la publication des textes alchimiques grecs «entreprise par le Ministère de:Finstruction publique. J'ai retrouvé: äla bibliothèque Vaticañe um manuscrit de læ collection. fondamentale des:alchimistes grecs, dont: l'existence n'était que: soupconnée jusqu'ici; j'en ai fait une étude attentive et une analÿse détaillée: En vérifiant avec:soin les fonds grecs des diverses biblio- thèques de Rome, j'ai recueillitout ce:qui concernait les: traités ow opuscules alchimiques disséminés dans-les manuscrits; J'ai éténdu cé travail à la partie la moins connue des écrits alchi- miques latins; enfin j'ai abordé le problème accessoire du projet de publication des textes alchimiques :grecs par Leo Allatius; préfet de la Vaticane au xvrr siècle. Tels sont; Monsieur le Ministre, les résultats de da mission dont vous m'aviez chargé. D'autre part mon séjour à Rome m'a! permis de réuniriles: matériaux de divers travaux sur l'histoire des sciences: à Lei JON ÉTUDE DU MS. VAT. GR. 1174. Doris toutes ru énumérations de: bibliothèques contenant des Hédüacrits alchimiques grecs, on fait figurer da bibliothèque Vati- 52. æ — 820 — cane (cf. Borrichius, Ægyptiorum et chemicorum sapientia, Copen- hague, 1674; Fabricius, Bibl.'/Gr., Hambourg, 1724; Ameilhon, Notices et extraits, t. V, Paris, an vu); mais on ne savait rien de plus, faute d’un catalogue imprimé de cette bibliothèque; ni Montfaucon ( Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova, Paris, 1739) ni Hase (Serapeum, XII, 1851) n'avaient donné aucune in- dication à ce sujet. Ainsi que je l'ai constaté dès le début, le seul manuscrit de la bibliothèque Vaticane qui renferme la col- lection des alchimistes grecs, lé seul vraiment important des ma- nuscrits alchimiques grecs de cette bibliothèque est le manuscrit n° 1174 de la partie grecque du fonds Vatican. Le ms. 1174 Vat. Gr. est écrit sur papier. Ses folios ont 0",215 de haut sur 0,15. Il a 155 folios, 21 à 22 lignes à la page. L'écriture paraît être du xv° siècle. Le manuscrit a d’ailleurs beaucoup souffert; il a été mutilé; de graves lacunes interrom- pent les ouvrages les plus importants. La plupart de ces lacunes sont représentées par des pages en blanc. Sur 155 folios , 128 seu- lement sont écrits et 100 seulement appartiennent au texte ori- ginal. En voici lindication : f* 1-42, [45-49], 54-69, 7r-76, -79-93, 102-118, 27-130, 133-136, [145-151], enfin 258 et 155, feuilles de garde couvertes d’additions mal écrites «et sans intérêt. Les feuillets 82, 83 et 87 ont été intércalés pour rem- placer trois feuillets disparus d’un ouvrage dont on avait le teite. Ce manuscrit a été connu et analysé par Leo Allatius; il:æ été annoté par Je célèbre Angelo Maï, qui l’a même complété sur quelques points, comme nous le verrons plus loin. J'en aïvfait une étude approfondie et, à défaut d'une copie complète; j'en ai extrait des fragments nombreux, cp environ M pape ps. l'étendue totale du texte. Le Vat. 1174 comprend une partie des ouvrages de la ébiléotionl des alchimistes grecs, mais présente une forme de cette collection assez différente de celle des autres manuscrits. Toutefois cette différence est peut-être plus apparente que réelle; nous lattri- buons pour une part aux nombreuses lacunes où peuvent avoir disparu des fragments considérables du manuscrit. En effet, si l'ordre des traités n’est pas le même qu'ailleurs, cela prouve peu de chose, cet ordre étant très variable. Il suffit, pour s’en assurer, de comparer la table des matières des principaux manuscrits ana- lysés par M. Berthelot dans ses Origines de l'alchimie (Paris, 1885), — 821 — ou les notices réunies par H. Kopp dans ses Beiträge zur Geschichte der. Chemie (2° partie, Brunswick, 1869). Le choix des ouvrages qui se trouvent dans le Vat. 1174, comparé avec les autres, prou- verait davantage si, comme nous l'avons fait observer, on ne pou- vait supposer qu'un bon nombre d’autres ont disparu dans les six lacunes de notre manuscrit. En l'état actuel, le manuscrit du Vatican comprend : Fe Un fragment de Démocrite (Physica et Mystica), folios 1-10. II. Un fragment d'Olympiodore, 11-33. # IL. Un fragment de Démocrite (Teinture en pourpre), 33-35. . IV. Ouvrage de l'Anonyme sur l'OEuf, 35-42. pi 0 . Ouvrage de Zosime (Instruments et fourneaux), 42-... VI. Un texte intercalaire (addition plus récente), 45-49. VII. Neuvième leçon de Stephanos, 54-68. . VII. Poème d'Héliodore, 69- . IX. Ouvrage de Stephanos (Lettre à à Théodore), 70. AE a Un fragment d'Olympiodore (Commentaire de Zosime), 71- 73. XI. Ouvrage de Anonyme sur l’eau du blanchiment, 73-75. XII. Ouvrage de l'Anonyme sur la Chrysopée, 75-... _ XII. Ouvrage de Synesios (dédié à Dioscoros), 79-91. _ XIV. Lexique de l'art sacré, 91-03 ... (la fin Abel XV. Une série de petits traités lchniques, 102-118,...127- 130, me". . el 133-134. 4 XVI. Traité de Cléopâtre sur les poids et mesures, 134- 136.. XVIL. Liste des signes alchimiques, 145-146. XVIII. La fin du Lexique alchimique, 146-147. XIX. Sommaire du traité de Zosime adressé à Théodore, 147-148. XX. Recettes diverses, Chrysopée de Cléopâtre, etc., 148-151, 153 S et 155. Tous ces ouvrages et la plupart des traités techniques, sinon tous, se retrouvent dans les autres manuscrits. En revanche Je manuscrit du Vatican en omet de très importants, donnés par les autres : une grande partie de Zosime, de Stephanos et des poètes, Comarios, Pélage, Sophé, Ostanès, etc. Par les écrits qu’il renferme, par l'ordre suivant lequel il les dispose, par le texte, le manuscrit du Vatican se rapproche plus de celui de Venise que de l'autre famille (ms. 2327 de Paris, ms. de la Laurentienne, etc.). Je ferai donc les comparaisons de préférence avec le manuscrit de Venise, d'autant plus que ce manuscrit a été adopté comme — 822 — base de la publication des textes alchimiques grecs entreprise par MM. Berthelot et Ruelle. Notons que la page du Vat: 1174 vaut à peu près la moitié d’une page du manuscrit de Saint-Marc.* | "HE Le fragment qui se présente d'abord est intitulé # : Êx rôr Anuoxpirou Quarxdy nai ualixèr. ] IL commence ainsi : À @üois rÿ Piot Tépretai xai ÿ Qüois Th Eloi mx& nai ÿ Guaois rhv Gbow xparet. Ébauéoaper mévu dti êr éMye bye mâcar ouvyayé Tv ypaÇiv. uw de xéyo Er Atyünlo Cépwr rà Quoumà dmuws Ts moÂÿs mepiepycias xai' ouyXExUHÉINS ds XaTa- Epovjonre. Aa6dy Üopapyvpor..... La dernière phrase est : Âméyere œävra rà ypvo@ al &py0po yphouua, oùdè dmohelmerar oÙdÈ doper mhv ts vePÉA ms nai To Üdaros » apois* dA AG rabra éx@v mapeoiwmpoer di r 4GÜbvws aûra Éyxeïobar xai év raîs &A as pou ypaGais' ÉPOwOUE Ëv Tabry Tÿ p267. Cette fin est la mème que celle des autres manuscrits; séuléhent - ceux-ci placent en tête le fragment sur Ja teinture en pourpre, suivi du récit de l'évocation magique d'Ostanès. Ici nous n'avons que les der- nières lignes de l'évocation, à partir du moment où la colonne du temple entr'ouverte laisse apercevoir la formule énoncée dans les deux premières lignes de notre fragment. ! Nous trouverons au folio 33 le début ordinaire se poürsuivant jusqu'au point précis de Ja coupure. Quant au texte, il est conforme à celui du manuscrit de Venise (fol. 68 à 72 v°); les va- riantes sont sans importance. La fin du feuillet 10 est en blanc et au feuillet 11 commence le traité sur la teinture persistante. C'est la seule fois que deux écrits soient séparés d'une manière aussi apparente dans le Vat. 1174. La chose s'explique peut-être par ce fait que le traité de Démocrite aurait été ajouté après coup au manuscrit pour complèter le fragment du folio 33. Dans tous les autres ças, il n'y a pas plus d'une ligne de blanc entre la fin d'un traité et le début du suivant. (7 Il Tlévos à pnd blws Qetyw». Devyer dé elopxaot dnAovôTi mpès TÔ œÙp nai ExTidevr BvopuoThpta. Êv rd Qäyos xal Ev rd dibxein* @s xal mou Anpoxpirous..... PAPERS ohne” 58 27 Au folio 7 nous trouvons Îe titre wepi dpytpov au lieu de æéoi éofpou morfoews donné par Venise; le sens est d’ailleurs le même. — 823 — - Le morceau finit au fol. 33 v° ainsi qu'il suit : TER x Tabtms vis puäs ©s ému dévôpou" Évds sis pupraxhddouS * Dto- pebévros puplas rééets émoujoavro: Eyeis où de 6Ap* dlypauer rd 8ov ro épyov. Xa}xop6\8dos ëryoos Xibos éË loov opopevoTioavra , oÙdèr &AXo cn[péwet] rù ouoù nai xar'-adrd béboanta dy}ovoTE Dia 700 BU pos. RACE fragment, le plus long que renférme notre manuscrit, forime la plus grande: partie du Commentaire d’ Olÿmipiodore süurle Kart’ éDépyetav de ZoSime: le commencement seul manque. H'oécupe les foltos 11à33v?, correspondant aux folios 166 à 179 v° du manuscrit de Venise. Notre frag- ment débute à la 8° ligne du fol. 166 r° au paragraphe intitulé Troisième Aeihtüré, æios roiros 0 und 8Xws peiyior. Dans lé Vat:'on'a supprimé vblros; le fragment est présenté comme anonÿine et complet par lui- même. Nous étudierons plus loin, à propos du commencement de cêt ‘oüvrage donné par notre manuscrit au fol, 71r°,l' ensemble de la question. noique nôtré texte se rapproche assez! dé celui du manuscrit de Venise , à offre cependant des variantes notables par rapport à ce dernier: Nous citons comme exemple un des'passages les plus importants, qui se trouve ‘âü feuillet 1 2 r°. Nous placons en noté les variantes du manuscrit de Venise. Âpéker ne Zéotpos don X6yor mupès moutrar où pr ANG nai ëv énäoTt role adroÿ À6ywr® Toù mupès Ppovrieei ds nai FÈs oi “apxaior. Kat yàp mp@ror ari0v xad péluoa rs bÂns Téyrns TÙ BP? ds TETE oTotyeiwr GpTOY ruyxavo» * obrws * Bobkowras où dpyaïor dia EE) oToryswr TND TÉYVAV aivirlsc 0e : aa dnpléobo bc no per Ev va reooépaot Lo er ARE bre suis & ie ARR voi Quool 17 Homo momoiocis es Ha ANT oil near 1 Venise donne & dévapoy. 2 KAddous dfAwv rès puplas (V.). © On manque (V.). | #Onopsretioaa Hu 18 Hdyra wooiët +0 38 popevoToavrx oùSEb.& À 0 LES à l “#1 Teddpo UNSS 101 Free yep (V: }. dTToÿs"(V.). : 11 BE os és (N.). CRC IEV.). 2 AchdAmrer ds Quomds ürépywy (N.;. — 824 — IL Éx ré Anuoxpirou wept mop@tpas Quorxñs. Baldy és Airpar uiar mopQüpas..... | Laifin Estrie à ÉyxuVavres de é0auuéèoner dti uydèy, Jev: æma- pañeitavres, mhÿv roûrov roy A0yov, ebpouer êneï mévu yphouuov:, 1 Qbois F9 Poe réprera nai ÿ QUois Tv Quour muG: ÿ Quois rhv Gba xparet. x Ce fragment forme dans le manuscrit de Venise la première partie du traité intitulé Physica et Mystica, de Démocrite, La fin se raccorde exactement avec le début de notre fragment n° I. On ne peut guère,sup- poser que pour l'auteur du manuscrit du Vatican les deux, morceaux soient réellement distincts; car à la fin du second on lit, d'une écriture qui parait bien être la même que celle du reste du manuscrit ; Ta de èrepa æpoeypéPnoav. En tout cas le contenu est le même que pour les autres manuscrits. Toutefois le fragment sur la teinture en pourpre ayant été imprimé avec les variantes du manuscrit de Venise et des principaux manuscrits de Paris (dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1884) par M. Berthelot, nous pouvons constater que le texte du Vatican se rapproche plus de celui du manuscrit de Venise que d'aucun autre. On en jugera en se reportant à la phrase qui offre les plus grandes ya- riantes (ligne 11 du texte édité) : sfra Bal | eis rôr adrdv Ewudv (6 pÜww) Airpas B, Béhe ên 5@ Cwu@ Udwp (ds) yevéobu rhv évahoylar rhv mpo- | ryv. C'est à propos des mots mis entre parenthèses que se trouvent les plus fortes différences. Le texte du Vatican est exactement conforme à celui de Venise. IV ÀverrypaQou PudocéQou æpès Oeodocior rdv péyar Baciéx. La première phrase est : Tù Gôv rerpauepès ol xarà Gba. La der- nière se termine ainsi : ..... Say durd dvamiy, xaÂ@s émupoOm, nai TÔTE els Tv BaQv xaräbes. C'est le traité qui figure dans le manuscrit de Venise (fol. 181 à 184). Le texte est le même; toutefois le manuscrit du Vatican donne de plus que l'autre les mots « à l'empereur Théodose», “indication assez intéressante. Dans le n° 2327, comme ici, ce traité est rapproché de l'ouvrage de Démocrite. V Toù ProcoPuwrdrov Lwoluou wep} dpydvwr x} xauivov. .… Le début est : À rÿs opouéns xaulvou dixypa@n xeîreu fs à GilocbPos oùx éuvyuôveucer ei um ôvo Dpiopérwy al rür à} Àwr wep &v npéua — 825 — _év T@ mepl mocbTyTos mupès Ümoprpart yeypaPnna, Évopaua eis Td lepoy MeuQidos dpyaïor..... Ce’texte du précieux ouvrage de Zosime est bien conforme! à, celui du manuscrit de Saint-Marc (fol. 186 à à 188). Il est presque aussitôt inter- rompu par une lacune où la fin a disparu; cette lacune se trouve après les mots suivants : ..... &) A nai xyporaxtduwr elèn moÀÀd xai xapiveor dpyavæ, soit l'avant- dernière ligne du fol. 186 du manuscrit de Ha de _ Le de Saint-Marc. ? | 16 } es “hu VI » Un'texte plus récent que les précédents et les suivants, intercalé dans le manuscrit. Il paraît toutefois antérieur aux additions des der- nières, pages. IL commence ainsi : Té pès roÿ æpoomulou dus É}Owper dè mi rù Dpt uébopes roù GrAoobGou rà aivlyuara :.... Ba fin est: ..... © œuvéoews ëpyov, © vomuaros Dpäyua: nai Tà éËs (fol. 49 r°). Puis (fol. 49 v°}: .Depl yiuias xATAHEUS. . . 1 à Aa Üpépyvpor bcoy ou al Seloy GEIpoy. . xai ÀeuxavOn- cera à x{6dmos. Ce court fragment se rapproche des traités mi Ve dont nous par- ee plus loin. VII Pas | ErePérou To Et QulocÉGou oixousvixoù Nisiebue Dpùs HpaeXe:ov Tôv péyar Basihéa diddoxadoy, _ ep) vhs iepds ua peyahns érioliuns Ths ypuoomouas. -La première phrase est : Âvépyios aa Ürépapyios Seds Ô dyabds nai Ünepéyalos Ty Gloet..... C'est la neuvième lecon de Stephanos. Le texte est sensiblement le même que celui de l'édition Ideler (Physici et medici græci minores); mais le manuscrit du Vatican ajoute après la dernière ligne d'Ideler ces mots : évraüla yäp Tis PilocoBlas 9 Téyvn mem pure. Compare au manuscrit de Venise (fol. 36 v° à 43 v°), celui du Vatican a lamème partie sautée, Ceci est, capital : le côpiste du ma- -nuscrit de Venise ou d’un manuscrit antérieur de cette famille a sauté la fin de Stephanos et le commencement d'un:traité de Comarios dont 1 donne da suite comme formant la fin de la leçon de Stephanos. Il y a dans-cette erreur, signalée par M. Berthelot {Origines de l'alchimie), un précieux élément de classification. Au fol. 60 r°, correspondant au fol. Ao r° du manuscrit de Venise , notre manuscrit offre des variantes ‘assez considérables. — 826 — VII n° HXicdcpou PikooéGou pds Osodocios roy ni pas. Zxñnpa yéns wédovres ds av SuQavés uoÎnToos. .. .. , aol H n'y a de ce poème en vers iambiques que des quarantte-neufspre- miers vers, le reste ayant disparu avec les folios quisuivaient le soixante- neuvième. Ces vers sont conformes au manuscrit de Venise (fol. 43 v° et seq.) et au texte imprimé (Fabricius, édit. de 1724, t.VI, p. 790). Ils ne sont pas précédés des quelques vers de préface que l’on rencontre dans le manuscrit de la bibliothèque Laurentienne: L'ordre relatif est le même que dans le manuscrit de Venise; où le poème d'Héliodore vienit aussi à la suîte des lecons de Stephanos. La lacune, représentée 1 un feuillet en blanc, est certainement très considérable... rres 86 IX “1 Mn ZreGdvou Anefnsdpéus olouprévixo) Prkogégau: Sambre ‘émiolo)) æpès Oeodpôr. Tepè roû &ypoù yr@bu, ds mo} oÙs yewpyods éypholous.. Nr dore nière phrase est : Îva SebGpwv nai d Seoyevys ävÜpwTros un ris eû0elas épyaolas nai Seohoylowv xai puoTmo}dyuwv péôy. Le début de cette lettre : avait disparu avec les feuillets enlevés au manuscrit, et le texte repre- nait vers le troisième tiers : ..... ” Exvbrui) HÔpApIS, ŸTIS ovyxpabeioa Tÿ ve& aiféky évra éroreher. Angelo Maï à comblé” la lacunes. Je fol. 70 v° contient le début-de la létire.! seize lignes de: fine écriture, copiées.de,sa main sur un monuserit de Leo Mines comme il a soin de l'indiquer (Ex codice Leonis Allati). Pour le texte, il n'y à guère de diflérence avec celui publié par Ideler (t: 17, pe y: | Ovuriodspou QuloméQou ÂXeËardpéts els rd aa épépyetaÿ ZLwgtuov, bou md Épuoë al Tüv PraocQwr noay FRE k l'éyverat dà rapiyela md vds Meylp HE nai Éws Mecwpi KE. ! Le morceau finit ainsi :. 2444 dnAovôrt peyé}7 Separela abs = Opoopar dé œo1 nai rhv Tÿs ypuoonb} ms oinovoular. À C'est le début du traité d'Olympiodore donné par des autres manü- scrits (Venise, fol. 163 à 179). Mais il ne! suffit pas de juxtaposeruce fragment avec l'autre que nous'avons au n°I-pour avoir l'ouvrage com- plet. En effet, entre la fin du’ n° X et la première phrase du n° 11; de manuscrit de Venise donne trois paragraphes qui manquentàcelui-du — 8927 — Vatican : l’un commencant par Xpuooxb}Aæ, le second par Illvos æpüros, le troisième par Ilvos debrepos. Eh somme les fol. 164 v°, 165 et huit lignes de 166 r° manquent ici. On: pourrait, $é demander si la division établie par le manuscrit du. Vatican entre le. Commentaire, de Zosime par Ofympiôdore et le Traité sur la teinture persistante ne correspond pas à un état dé: textes antériéur.a-celui auquel répondent les autres _ manuscrits. Le grand traité denné par. eux aurait-été formé de morceaux primilivement distincts et amalgamés à une-époque assez tardive.-Nôus rejetons cette-hypothèse : écrit d'Olympiodore estun de ceux dont le caractère subjectif et personnel est le mieux accusé du‘commencement à/la fn; da dernière ligne.du fragment X du manuscrit.du Vatican‘an- nonçe: le, développement, sûr, la Chrysocolle;; qu'elle ne donne pas. Ce . texté est doncincomplet. D'autre part l'ouvrage d' Olympiodore al, selondes manuscrits, deux titres différents. Dans la première série le tihte est le même que dans le nôtre; ce groupe comprend le manuscrit de Venise et ses dérivés (Vienne, Munich, etc.). Dans la seconde (Paris, 232 7, Laurentienne, etc.) le titre est : Oxuurrobéspou Toÿ,BrAocéGou mpôs Te- Téoiov rdv Basi\ëo Âpuevias wepi vs Selas xal iepäs Téyvyms roù Abou T@v GrocéGwyr. Le ms. de Paris 2249 .(intermédiaire à,bien des points de vue entre les deux familles de manuscrits) a fondu les deux titres. Cette, divergence. avait trompé Schmieder (Geschichte der Alchemie. Halle, 1832); qui. attribue à à Olympiodore deux écrits distincts. Le, début est identique et le texte est conforme à celui du manuscrit de Venise. À la suite notre manuscrit place les ouvrages de l'Anonyme. nb. NUL ol TUE a | > x Ja en PrhogéQou mepi. Selou Üduros Tis }euxdaews. VKaë 860% 5 Xpia aNer TOCOÜTOY pODDOTAI * TÙ lèr Jèp mo)Ÿ Toù üypoÿ diayeiüar adrd œoist* ro de éXNefmemw. . 12. La ligne finale est Hal eis TOÙs didvas TOv aiwvwov. Ce petit écrit se retrouve dans lé manuscrit de Venise, fol. 78 et 79. Il a quelques différences; ainsi le mot éuyr qui termine le texte du maïuscrit de Nate DATE ici. GOOMAPNAICT 510 M bat antt MLvtbinong eo btp: Toi abroÿ HOT ? äxooubiay XpHoews. Ép@aivor Tdirÿs ypvoomouas cuvemluyHévor cbr Ga: bre? ns GEpi Tüv rs ppvoorolias ouvenTuËdueba Sewpypéron. 4. Le texte s'interrompt bientôt; la fin manque; elle à disparu dans une toi du manuscrit du Vatican: Ce qui subsiste est conforme au manu- scrit de Venise;\la dernière digne est : æpôs ryv iËw nai oloryéicou = 498.22 XIII Zvveclou QrAocéGou mpès Aiboxopoy els rèv BiShoy Anuoxpérou ds év ayoXvus. Awooxbpu iepet où ueyéhou XZepémidos roû v À ]cÉardpela Seoû re œuveudoxoüvyros Evvéoios GiAddoPos , xalpe. Ts meu@üelons pot èmtoloÂÿs mapé cou..... | La dernière ligne est Seoû dè Boyboüvros, äpEoue iront xai Tù mäv roù Àdyou reréAeca. D'une comparaison attentive avec le texte imprimé dans Fabäsihé (t. VIIT, p. 233 et seq.) il résulte que les variantes sont sans importance! Les fol. 82, 83 et 87 avaient disparu et ont été Mix par À. Maï, d'après le texte imprimé probablement. XIV Acbxdy xaraoloryeïov Tüs xpusomoulas, ÂGpodlrys omépua éoliv ävfos xpuooÿ. Â46uopos. . ... Le lexique est interrompu à la lettre K, après Kôyæpis. Il est conforme au texte du manuscrit de Venise (fol. 131 à 136) et au texte édité par Bernard (Palladius, De febribus... Leyde, 1745, p. 120). À la suite de ces quatorze traités principaux, le manuscrit du Vatican renferme une série de petits traités techniques qui se re- trouvent en général dans d’autres manuscrits de la collection al- chimique. Je donne seulement le titre, l’incipit et le desinit de ces petits traités; cela suflira pour les définir. XV Le lexique est, nous l'avons vu, interrompu par une lacune. Quand le texte primitif recommence, au fol. 102 , nous nous trouvons en présence de la fin d'un traité. Les premiers mots de ce fragment sont : Kardyevos à mupirys GX" duéher uydè roù Aeuxalveobar Érr duvéuevos ëv T@ Àeux® ouvbépart xaduevos &ua réher nalvera nai dEtoUrar. . Il m'a été impossible de retrouver ces lignes dans les autres manuscrits : mais, à partir du fol. 102, nous avons affaire à un écrit intitulé dans le manuscrit de Venise (fol. 159) æepi couaros uæyvnolas nai oixovoulas. IL se termine, dans le manuscrit du Vatican, par ces mots : .. .rà yàp mpo}cuxavüévra olxovouia aürn éoliv ds yéypanla duiv. | À 4 d — 829 — _ Fol. 106 v°. … Hepil'oinovopias To Ts payryolas ere be Hé Toùs épyalous sis péony Gépoper...... DNS rho0U .... .&omacal pot eiÂov TÜv 4w6afyxadolyr as Ms. de Venise, fol. 157 v° (cf. ms. 2327, fol, 127). Fol. 109 v°. ILepi xadoezws cwuuäTw». Dépe roivur x Tv GrlocéPuwr ui TÉ Éolt xaÿois cœudror Cnri- JE UPEE ñ deréxdoois aûry n Tÿs (IS)où Épunvela. Gette recette se trouve dans le ms. 2327, au fol. 127 v°, et dans le ‘manuscrit de Venise, fol. 154 r°, qui donne deux lignes de plus à la fin. Fol. 111 r°. Iepi oypaoias wypas. Enpaoia dxpas yiveres v .T@ dper 1ÿs Àdpiavoÿ als Àcyoué- Ms. de Venise, fol. 157r°. De 112 r°. “Hepi üôaros Selou. À | Heser 36 Xp bre obvOeror rù WBwp. ...’. ak à ..0md Toy Suoddr xaTÉYET EL. L Sc retrouve dans le ms. 2327, fol. 130 v°, sous un titre un peu diffé- rent: Hp Seiou &Üixrou Udaros. Hi s'agit d’un écrit de Zosime, comme pour un grand nombre de ces petits traités techniques. Le manuscrit de Venise donne le même titre que | le nôtre (fol. 156 r°). Dinde wa") HUE Hpès Baoikéa rdv» péyar Ocodboiov mepi olabp or. Ô œepi oabuür Xéyos, rù mäv..... | -TÙ mpoctpmuévoy oÛvbepa. bts manuscrit de Venise donne cet en fol. 153 r°, mais sans men- tionnéer la dédicace à Ÿ empereur Théodose. Fol. 114 v°. Iepi Selou mpds Tôr atrdvr Baorhéa. : loféor, &'xpériole Based, drt où môvos d ELXbOOP0s. : . ur dnépaio péver, xal oùrws uêv Ô mepi Selou Udaros X6yos. Ce petit traité ne répond à rien de ce qui a été décrit j Jr ici dans les manuscrits de Paris et de Venise. © di: PE EE CP — 830 — Fol. 117 v°. 2 dos dot Iepirod ris éal+ amd Tv Téyrmviotaia D a Oùolas éxéeoer à Aypôxpuros rè récoapa owpara si S 50e mA ARTE dia Tor Éoudnrwoidè Éouoitdwp Setor cioiv. Ms. de Venise, fol: 140 v°5 is: 2397, fol. 132. lo Fol. 118 v°. ‘v (OO Üre mévra mepi PILE Bagñs Ÿ réxvms Aelfuaoi Eu L ‘æpès rûv péyar Baoiléa Oeoddo1ov. EM Épuñs xai Aypôxprros àmd roû xarah6 you yImauovTa, à. 48 r3v4 Pan dre ëdy Ayo oidppoy rdv idv Àéyo. Le manuscrit de Venise, fol. 150 r°, et de ms. 2327, EL 122, x°,.ne disent pas que cet écrit soit adressé à Théodose. \ÿ9L) L 1 104 Fol. 119 r°. Iepi rod rpo@yv elvar rà récoapa owpara roür Papwwr. Eioi dé -rùv yaXxdv » Mapla Gaonet farTecba..... Le texte est inter- rompu par une lacune. Les derniers mots sont: .:.. 1! sa0ecalpa lués pews ai Ode. .... es ei Au-dessous A. Maï a écrit les mots qui suivent dans le texte complet : TS gndévrs. Le manuscrit de Venise, -fol. 150 v°, et le ms.332mfol123, nous donnent ce morceau avec les septdignes qui manquent à-éelui du Vatican. & noter 96 Les fol. 120 à 126 du Vatican, représentant une forte ‘lacune, so sc ont en blanc. Le texte reprend au (ol. 127 par ces mois; .,..4 Tÿs pau pias vo Ürole@bElons" els yap Tù Spies À cuwpia., . Les derniers mots de ce fragment, dont nous n'avons pas le début, DA AR br: evxawvôueva Xeuxaivouot xal Éavfoüueva Éavboïow. Il se retrouve dans le ms. de Venise à côté du suivant. ,6a1l Fol. 128 r°. TIGRE Iepi dtapopäs xæAxoù HER AU RÉVOU, XaXxdv xexauuévor æoloÿos. ... {va yévmrat xaXnopËMEDos DE F Ms. de Venise fol. 143. . Fol. 129 r°. Iepi roû dre mévros Tor dypüvy ToŸ AE pas pese xaXoÿar xal.roÿro cûväerbr éoTli.xal oùy démon... Tv mpoyeypaupérmu veQélmry Édes Aa aus où sint Le Pet” Toûre émÉdhes apyupoy xowdy nai fan lers:"| disent ES — 831 — :. A Ja suite du, texte sont placées deux, figures assez médiocrement, tra- cées, qui se retrouvent dans le ms. 2327 de Paris et dans celui de Venise, mais ve exactement à la même place. . “pol 130) ve. Ho série de irois recettes très courtes, qui i figurent dans le manuscrit de Venise au milieu d'autres recettes Re “un peu avant le Lexiqué (fol: 129). cé ne RH. oO Tés # per TAv looiv oinovoula. RASE OST UETd Tyv “wo M ETS ..#al moe HORApELE êxe TéÀELOY Td Éfpior. TES D Ts oUépews HP OSBE: h D TOÙ Gapudnou..... & . .Xouäpews Üoaros pryvuuévys. Tés ÿ Toù pélavos Enpiou naragn UN. Emi ypuaros é6avivou Td om6dov. . ... RAT xai méMs Färei péXan énar 10 ageuuron. . Les fol. 131.et, 183 représentent une lacune.; 1, 1,32: au: ol on Le texte reprend, fo1..133 1°; par décrit; suivants, pie Ilécos à Tor PHotennr olabpès wPerker elvar xal m000s Ô Ts xopäpews xal mÔGOS o Tv BeGbaupévor dddrwv. Xpy uévror dimAdotov eva. . 2 "2 AE sÉTiaTafuon sr Rage ange qoûr ëoluw äpevuro». + D 11 LS ET INR FoA ORALE Le na or Mod ou si crane n'MOM6dos Sadooys ox Ànpôs él nai pumapôs.. ... DER AE ÉVAoy eis xabouuov dunaËur. 1 Ms. de Venise, fol. 130-131. Wi XVI + Éx ré Kacordrpas Ka proue ET à abus (ol. 1 34: r ne 7 Latiots .. poë Éyes. ATFURS Le texte est interrompu au bas du. fol, te après Ô, ndpéo rase H ressemble à celui du manuscrit de Venise (fol. 108 et 109): à celui du ms. de Paris 2327 (fol. 158 v° et seq.) et au texte imprimé par Hultsch, dans ses Metrologicorum seriptor um reliquie, t. E Certains articles sont plus développés, d'autres plus courts que dans Hultsch; mais la diffé- “ rencetconsiste à donner en plus ow en moins l'évaluation en Séppou, HEpdria, etc., lorsqu'on a déjà évalué en mesures multiples de celles-e1. — 832 — ‘Les dernières lignes dutexte de Hultsch thanquent au De br est intérrompu encore une fois. D, hi" ; BIA400 Cette dernière lacune représentée par les folios 137 à 144 est définitive. Les recettes qui suivent ont été ajoutées plus tard et n’appartiennent pas à la rédaction primitive du manuscrit ; l'écri- ture en est mauvaise; les figures, assez nombreuses, sont grossières. Je reproduis la liste de ces courtes recettes alchimiques avec l'incipit, le desinit et les quelques renseignements que j'y puis Joindre. loléoy br: ra Acyoueva onwpidla Sa: rd BÀov puohfpiov. . . : ÈS xai Tv loiv Tv oùpavlar. lo7éov dr: amd oxäs roù yaxoù. Au xeïrat mapà Àyalodaluov. Ms. de Venise, fol. 193 r°. Ori nai rd pañéyua rd diè oxwpidlou gp Féaew Le uohre xal yewdeolépor elwbbruwv xaleoôar nai Gplyecbe. Dans le manuscrit de Venise, fol. 193, cette recette précède les alpha bets magiques; ici elle est suivié de la liste des signes. XVII Liste des signes. Zyueta rs ueyloîns éyuelueva Ëv rois TR AVIRUE oUyyPÉUHAOT Tv PihocbGor nai péliola ris puolins map’ aris Àcyouévns PiAocoPias. La liste est conforme à celle du manuscrit de Venise. Le titre est celui que donne au fol. 6 le manuscrit de Venise (sauf variantes ); il diffère par conséquent de celui donné par des autres mna- nuscrits; cf. entre autres le ms. 2327 (fol. 16 v° à 18). XVII À la suite de cette liste importante, le manuscrit du Vatican donne une série de petits articles représentant la partie finale du Lexique alchimique à partir de NaËlas plymua..... jusqu'à Gypau. Il y a quelques fautes dans le manuscrit du Vatican, tcp Sedv pour Setov, ämeipoy pour ärupoy, etc. XIX | ZLoclyou Gilocé@ou æpès Oeodmipor Qu6coPor xePdaia. 5 La liste de ces sommaires est conforme à eelle du manuscrit de Venise. Viennent ensuite : re » uerd ryv lwotv oixovopile. Te ñ rÿs xouäpews oÙvbets. Té Toù pélavos Éyplou xaraoxeut. r Ces trois recettes figurent déjà au fol. 130. … Puis la phrase initiale du fol. 133 æôcos à tün Éne aA . Comme pr phrase est séparée dans le premier texte des recettes par une la- cune , il s'ensuit que les trois recettes débutant par Tés et le fragment qui suit ont été copiés du manuscrit Vat. 1174 lui-même; la per- sonne qui écrivait le folio 149 a copié une page entière prise 20 pages plus haut dans le même manuscrit. Il en résulte que les additions que nous analysons en ce moment sont postérieures à lamutilation de notre manuscrit, el par conséquent que celle-ci a eu lieu)d’assez bonne heure; Deux figures, Gén érlowuos et lxyyos :60péun, qui se trouvent plus.élégantes au dernier, folio du manuscrit de Venise (fol. 196). Dépe de ai roùs Éwpods. …... edphoes. ! d Éar dè ro fa » maaibs..... Tÿ QÜoet Tépretas. _… Joféor bte à yaluds. : . …. d\ AG nai xard rd Évdov. … Puis la Chrysopée de Gléopâtre et le: dragon Ouroboros. Ce dernier a des pattes, comme dans le ms. 2327. On sait que dans celui de Venise iln'en alpas. C'est la seule différence notable entre celte page et celle du manuscrit de Venise reproduite dans les Origines de. l'alchimie de M. Berthelot. Le nôtre renferme aussi la Gién et les ébauches d'instru- ments qui figurent dans l'autre. Puis deux recettes, insignifiantes que je n'ai pu identifier. | Les fol. 151 et 152 sont en blanc. ë Lé fol. 153 contient trois fragments : Du ao xoyxivor . -. mepuhayuévou. | Ë Era Bouldpevos épyacbai épyupor..... XÜo0v éréve. — IovrmoBépuaxor. . . . .nai éow àpyupos. Le fol. 154 est en blanc, couvert de grosses lettres enfantines, comme on en trouve en plusieurs autres endroits dans les marges du manuscrit ; il semble qu'on se soit exercé à recopier l'alphabet magique. “ Le fol. 155 et dernier est rempli par des adchtions d'une ‘écriture pitoyable et qui n'offrent pas d'intérêt. * MIS9. SCIENT. — XIII. 53 . IMYREMEIIX MATIONALR, — 834 — En résumé, le manuscrit n° 1174 du fonds Vatican (grec) renferme les écrits essentiels de la collection des alchimistes, lexique, liste des signes, les œuvres de Démocrite, de Zosime.et de leurs principaux commentateurs, une partie des traités technolo- giques, les figures les plus curieuses. Il résulte des détails donnés dans le courant de cette analyse et d’une discussion que j'ai insérée dans un mémoire soumis à l’Académie des inscriptions et belles- lettres que ce manuscrit appartient à la famille du manuscrit de Venise, mais n’en est pas dérivé. Quoique très mutilé, il peut donc fournir de précieux renseignements. Il En dehors du n° 1174 il n’y a pas au Vatican de manuscrits alchimiques grecs très importants. J'ai compulsé avec soin lous ceux qui se rapportaient à un sujet voisin et relevé un certain nombre de détails qui rentrent dans le cadre de cette étude. Je les donne en suivant l’ordre de classification des manuscrits: Vat. 178. Papier, 0°,18 sur 0*,115, 216 folios. Il renferme la Géo- graphie de Ptolémée, ur traîté sur l'Astrolabe, des traîtés médicaux , un peu de géographie, puis (fol. 165) ep? ris rür dm dy Papuäncwr duva- mews; un lexique par ordre alphabétique (fol. 166 à 213 v°), puis (fol. 213 v° à 215) : Tepi awpros. — Ilepi roù dpueviou. —: Hepi ypu- coxbAdns. — Ilepi yahuirdos. — Ilepi diPpiyous. — Ilepi UE motos. — 1 s'agit d'articles de Dioscoride. Vat. 212. Parchemin, 152 folios. Il porte en tête la mention sui- vante : Landivi equitis Hierosolÿmitani liber in Creta emptus. Il renferme des ouvrages astrologiques avec tables très étendues; puis un deuxième groupe (fol. 106-152) d'écrits, reliés à tort, semble-t-il, avec le premier. Au milieu de celui-ci (fol. 27 et 28) se trouvent des: écrits alchimiques latins, ajoutés dans un blanc : Præparatio jovis. — Congelatio mercuri. Vat. 672. Papier, 0",23 sur 14, 289 folios. Renferme des ouvrages de Psellus, et notamment, du fol. 73 r° au fol. 76 v° : Ilepi roÿ ürws. moimréov xpvodr. Incipit : Ôpäs, & déororTa, à woueis..... Desinit : 1 FR ar Dévruwy airiwy mAËOY dyarpoy. Le même écrit est signalé comme existant au n° 415 (ancien: n°.44o) du fonds Palatin, à la page 35. Mais il m'a été jdit que le Pal. 415 ne se trouvait plus à la bibliothèque Vaticane..t0, ous — 685 — - Wat. 867: Parchemin, 0,16 sur o",115, 187 folios, reliure en bois, couverte en veau semé de fleurs des et d’aigles bicéphales: daté de l'an du monde 6765; écriture du xt Siècle. Contient uñ grand nombre d'écrits, théologiques .et autres. Auw fol. 48 se trouve. la liste suivante : ; Tà dvéndre rôv D68ena Dour dy X iv. 1. Xdpôtos àoT pos. 7. Avyiptos moliuopGos. 2. Iagios ümox6aË. 8. Âyxérios uyheuoÿoios. 2: Zuäpaydos Gpdciv0S. ‘9. XdpdonvËE yhopiètwr. 4. Âvpaë }vyvos. 10. Xpuoo Dos 4pUGOY pos. 5. ZérPepos Béveros. 11: BypuAlos Xeuxôs: | 6. Idomos mpéouvos. 12, Ovuyirys 6dar6ypoos. Vat. 914. Papier, écriture du xv° siècle. I renferme des écrits d'his- toire naturelle, des lettres ou des traités de Libavius, du rhéteur Aris- tide, de Lucien, etc. Le texte proprement dit ne commence qu'au 4° feuillet. Les fol. 2 et 3 contiennent une douzaine de recettes dont le plus grand nombre se rapportent à la confection de lettres d’or, une pré- octupätion essentielle des calligraphés du moyen âge. Je réproduis ici la Histe dé ces recettes alchimiques , car elles SUR ün certain intérêt. Elles ne paraissent pas être les mêmes que celles données par Montfau- con, fi que celles du papyrus dé Leyde étudiées par M. Berthelot Re de physique et de chimue, sept. 1886). Pr | = "1. Ünos yivera 9 xpucoypauula. — Piryooy xai. xpuo a 7 Hal AAUTAVITON duré * ual PdÂe Ëv ddpapyvpiov. .... .. T0 de xOVÔU}OY TÔ ypaBor rdv Adyetv éolw x&}auos. 2. Ürar uéAÂys moto Ypéuara xpuG&. — My dE myTa- Alou molncov où rplÿor ue0 Üdaros ioyvpët Gxpar, xal Éxéakdv aird émd Toû papudpou Péhe sis yu6dda era. .... . 4010 Éboov abrd per RIAOE sonre 5 La) d TR ÿ ésèo HuvdS. ÿoe 3. Is dei motÿjoat év &ÀÀ& TpôT EE VDS — PE meréhiy ypuooüv xaÙ dpyUpoÜr Ÿ XAOOITHPIVOY . . . na éxrore mél Beporixioo aûrd xat Sès sis Tv HALO». es Sxevaoia uelaviou pavpou. . D. Zxevacia pmekaviou Édvbov. 6. Déévacia sis rù motÿoai Ypéupara XPUo &. Fes äxo= vip mpéoiov , xOYUS ÉE adTroÿ, rptlov: . ..: 4 AN. xpuooypéuuias épioTy. 53. — 836 — rË Érépa méôodos eis Td moiÿoau Ypéuuara gpua&. — Ba- Xdy eis dysov mhard uolÉuon. .: .. ses xal or ypâge Tù ypnèsts. 8. Érepov. — Aa6y dpuevioy B&Xov..... MT o1l}6wooy aÿrd uerè capdovvylou. 9. Érepov. — Baldr ês &yos déuwor pék: xabapdy. :. .. ; EUR yeiQe éméve fBapéiou. 10. Érepov. — AaËwv äpueviov B&Xov al paviaxdv. .... "car émévo ypvoGiv, yivovrar ypéuuara ypuoä. 11. Zxevaola xIvaGdpews. 12. Zxevaota Toù xaraolérou. 13. Zxevaola Bapêiou ÿ dià où Alov. 14. Érépa Bapélow. 15. Érepor. — El Bobhe ypédar perà paidyuaros, moinoov bvrws * Aa6or ualayua..... ERA capèortyov uerà dbvTos xuv6s. : Vat. 1134. Papier, 0”,202 sur 0",123, 148 folios; à la fin la date 1378, à laquelle se rapporte bien l'écriture. En tête l'indication : Liber alchimiæ. Les cent dix premiers folios en effet sont consacrés à l'alchi- mie. Dans le manuscrit, l'iotacisme est dominant : u, », et, « sont em- ployés indifféremment l'un pour l'autre. A la fin la date est donnée : TéXos ld@ev ëv Kaka6pla er À w' 7! &'. Au-déssous le calcul suivant : 6886 5508 1378 anno Christi. Le sous-titre, Porphyrü quinque voces, est assez curieux. Il est repro- duit en grec au fol. 111, Tù œevre@ovéov IlopÇuplou xai Àpialoré- ous. Au fol. 1 r° se trouvent quelques recettes alchimiques. Au fol. 1 y’, une liste de signes; au haut de la page se trouve l'indica- tion Porphyrü et Aristotelis quædam. Ces signes se présentent non seule- ment isolés, mais combinés en véritables formules. Dans la suite (fol. 2) on trouve des formules alchimiques où revient constamment le mot réravos; il est aussi fréquemment, question de l'éle£ip. En tête de chaque développement les lettres initiales man- quent; on les avait laissées pour les tracer en lettres rouges, et.le ma- — 837 — muscrit n’a jemais été illustré. Le fait est très fréquent, comme on le sait. Au fol. 4 se place une dissertation alchimique d’un caractère assez vague; au fol. 7, un développement sur l'élixir; au fol. 9, sur les vertus des métaux. À partir du fol. 11 il est question du réravos et de l’élixir (réravos eis écéip). Le sujet reste à peu près le même jusque vers le fol. 30. Les recettes se succèdent presque sans solution de continuité, des blancs in- diquant la place des majuscules absentes. Au fol. 26 il est parlé de l’arsenic; au fol. 35 v°, Ilep? &Aos éuavtanoÿ; au fol. 37, Iepi Selou ai ravrou oixovouias; fol. Ao, Ilepi dpoewxoÿ, puis une série d'opérations j jusqu'à ce que l’on aboutisse (fol. 42 v°) à oixovoula dpoermoù sis éAeËlo. On trouve ensuite : Fol. 58. Ilepi omipiwr (c'est-à-dire o7umTnplov ?). Fol. 59. Nepi Bopaylw»r. Fol. 6o v°. Oixovouia Ts xadpias. Ilepè roù rahxoÿ. … Fol. 61. Ydwp xéXuolov sis tds xupooeis ouvre)oüy, Tdwp yhvr lis Téyuns. …: Puis Top mæüpuvoy, etc. Ce sont toujours des recettes assez brèves, de cinq à dix lignes, indiquant le procédé pour fabriquer ces eaux. . Au fol, 71 une figure assez grossière représente une distillation. À partir de là une série de recettes assez simples, dont l'étendue varie de deux dignes à plusieurs folios, mais dont la plupart ont au moins une demi-page et au plus un folio. Elles offrent peu d'intérêt et se rapportent en général à des opérations peu compliquées. La recette commence par Ad6e, contient des indications pratiques et finit soit par les mots era épyaéou mer ar@y, soit par des indications relatives au produit de l'opé- ration; souvent il y est question d'or. . La dernière finit au fol. 110 v° par une phrase relative au réravos. Ce manuscrit alchimique est, quant à son contenu, d’une date très postérieure à celle de la collection des alchimistes grecs, dont le Vat. 5174 renferme une partie. Dans le Vat. 1134, il est con- stamment question de l’élixir, dont il n’est fait aucune mention avant les Arabes. Il s’agit donc d’écrits alchimiques du moyen âge, peut-être antérieurs aux œuvres des alchimistes latins, mais qui s’en rapprochent certainement plus que des traités des alchimistes d'Alexandrie. — 838 — 1 Nat.1456. Gontient au fol. 120 une liste de quinze pierres précieuses avec une petite notice. À la suite les noms suivants avec leurs signes: mAlou. épuoÿ. DPNLUE diésrotaréb s : :50880 dpoevinoÿ. dBpodirys Tù xai me Puis la liste des ; jours de la semaine correspondant à À cés astres! selon la correspondance établie par saint Sylvestre. La liste des pierres précieuses se retrouve à peu près gs même abat le Vat. 984. Parchemin; 344 folios; palimpseste récrit assez tard, vers le xIv° sièclé, Vat. 1763. Papier, 0",34 sur 0,24. 74 folios, réglé au poinçon à raison de 33 lignes à la page; relié aux armes d'Urbain VIII, le pape d'Allatius, qui cite ce manuscrit, Entre un traité de Dexippe, philo- sophe platonicien, et le commentaire d' Olympiodore sur le Philèbe de Platon, se trouve (fol. 37 à 41 v°) Ja lettre de Psellus au patriarche Xiti sur la fabrication de l'or : Toÿ paxapiou xai œanobGou eXAoù émiolohn mpùs rdv éyiwTaror marpiépynn EiÇuivoy Gepi ypusoTotias. Tncipit : Ôpäs, à déomora, d mousts à éuds duvdolns 1 . Desinit : ai müp éuetler à} o roù À6yov Gépwv. Puis une liste de six,corps : lepre- mier est ypÜoayos, le dernier Sefor äTupoy. On remarquera que ce titre n’est pas lé même que celui du Vat. 672: Ces deux manuscrits appartiennent à deux familles différentes; la lettre de Psellus nous est parvenue, en effet, sous deux formes : d’après une série de manuscrits ; elle est adressée à Michel Cerulariüs (patriarche de Constantinople de 1043 à 1059), avec le titre Ürws æomréor xpuobr (cf. Paris, 2328, et Vienné); dans une seconde série (Laurentienne, Paris, 2327, Escurial A, Munich, etc.), le titre est le même que celui du Vat. 1763. La lettre de Psellus serait alors adressée non pas à Michel Cérula- rius, patriarche de Constantinople de 1043 à 1059, mais à Jean Xiphilin, patriarche de 1066 à 1078. C’est l'opinion adoptée en général par Pizimenti, par Lenglet du Fresnoy (Histoire de la phi- losophie hermétique), par Schmieder (Geschichte der Alchemie) et, semble-t-il, par Allatius, qui avait commencé par protester : dans la liste des ouvrages qu’il se proposait de publier, celui de Psellus figure sous cé titre : Michaelis Pselli epistola ad Xiphilinum. :,— D'autre part la lettre de Psellus est plus étendue dans la deuxième famille de manuscrits. Ici se présente une autre question : le texte de la lettre donnée par les manuscrits du premier groupe est-il — 839 — simplement formé par le commencement de la lettre de Psellus ? en un mot,nous donnent-ils simplement un texte incomplet, coupé au milieu pour une raison que nous ignorons? Cela n’est pas certain : en effet on trouve réunis dans un manuscrit qui a fait partie de la bibliothèque Krafft, à Ulm, deux écrits de Psellus portant les deux titres (Schelhornit Amaænitates literariæ; 1725, t: IE, p. 98); de plus nous n'avons pas trouvé dans la rédaction la plus étendue la phrase finale de l'autre (Vat. 672). S'il est done invraisemblable d'admettre que Psellus ait écrit sur le même sujet à deux patriarches de Constantinople deux lettres commen- çant par les mêmes phrases, il est possible cependant que nous ayons affaire à deux rédacteurs présentant de sensibles différences. En dehors du fonds Vatican, on ne trouve de manuscrits alchi- miques grecs à la bibliothèque Vaticane que dans le fonds Otto- boni; encore sont-ce deux copies sans intérêt. Ott. 60. Papier, 0",24 sur 0”,17, 338 folios; écriture du xvr' siècle. Renferme dix-sept groupes d'écrits différents, souvent même de mains différentes, reliés ensemble. Le second groupe (fol. 5 à 44) comprend des écrits alchimiques. Ce sont les traités techniques qui terminent le Vat. 1174; ils ont été copiés sur ce dernier manuscrit, mais le copiste a fait beaucoup de fautes. La copie commence au fol. 113 et va jusqu’au fol: 153, l'avant-dernier; encore la dernière ligne manque-t-elle dans 10tt. Go. La copie est postérieure non seulement aux mutilations subies par le texte du Vat. 1174, maïs aussi aux additions des dernières pages. Ott. 193. Papier, 0”,22 sur 0”,145, 328 folios. Renferme une scolie sur la Théogonie d'Hésiode, des discours de Démosthène, des écrits mé- dicaux. Au fol. 139 commence un extrait de Démocrite qui occupe une page et demie. Le titre est : Ëx r@v Amuonpérou Guoux@r. Incipit : Doois rÿ Qüoet réprerar..... DEstuiss os ëd» yahxdvy, HAeuTpov* Güois 79 Qüoer réprereu. C'est un des fragments réunis sous le titre de buorxd xai puoTind. III Les manuscrits alchimiques latins de Rome sont naturellement plus nombreux que les grecs. Ils figurent dans presque toutes les bibliothèques importantes; au Vatican j'en ai trouvé dans les deux principaux fonds d’assez intéressants. Le plus riche est le fonds Palatin, dont le catalogue en men- tionne une vingtaine; mais, ce catalogue très détaillé devant être — 840 — incessamment publié par les soins de MM. de Rossi et Stevenson, il m'a paru inutile de dresser un inventaire qui eût été forcé- ment moins complet. | Dans le fonds Vatican figurent aussi un certain nombre de textes alchimiques latins que j'ai relevés avec soin’; en voici l'indication : 4087. Papier, o",29 sur 0",22, 344 folios; écriture du xvi° siècle. Traités de perspective, d'astronomie. Au fol, 213, Zncipit liber ymagi- num signorum Hermetis cum additionibus magistri Arnoldi de Vilanova. Ge livre donne quelques indications alchimiques mèlées à l'astrologie. 1091. Quatre cahiers reliés ensemble formant un total de 119 folios: Le premier cahier est de papier; 0",27 sur 0",20; 16 feuillets dont 18 seulement sont écrits; nombreuses annotations en marge; écriture du xvi° siècle. Zncipit chemicus auctor : Studio namque..... Aux fol. 3 et 4 se trouve la table des matières de écrit sur l'élixir, qui occupe de deuxième cahier. Ce deuxième cahier occupe les fol. 17 à 48; papier; 0,27 sur 0",21; mème écriture. Le traité de l’élixir comprend trois livres, subdivisés respectivement en trois, cinq et sept parlies, et va jusqu'au fol. 39. Puis viennent des préparations chimiques (Purgatio @ senici; Preparutio salis communis; Sublimatio mercuri, arsenici, salis ammoniact, sulfuris, etc.). Au fol. 42, Traité d'Albert le Grand. Fol. 47 v°. Vers alchimiques (112 vers) : Fili, doctrinam sanam tibi..... Le troisième cahier, de même dimension que le second, contient 48 folios. La partie écrite occupe dans la pagination les fol. 49 à 93. En tête une feuille de garde porte les titres suivants : Rogerius Bachon. De arte experimentali. De potestate artis et nature. | De relardanda senectute: De magnete. Puis l'indication eæcripius ex oper. pergam. liber rarus. Une note intercalée sur feuille volante porte une liste où sont cités un certain nombre d'ouvrages alchimiques. Le dernier cahier est composé de 24 folios de parchemin, plus 2.in- tercalés; il occupe dans l'ensemble les n°’ 94 à 119. Les folios ont 0",27 sur 0”,20; ils sont écrits sur deux colonnes; en marge, notes d'écritures très diverses. Incipit liber divinationis qui est unus de septuaginta. Traïte de la subli- mation de l'argent, du soufre. Les derniers folios (à partir de *o9) ayant été mutilés, on a rempli les lacunes. — 8ll — - 1092. Papier; 293 folios, plus 25 non numérotés au début renfer- mant'une table très détaillée. Le manuscrit est écrit sur'deux diounes, d'une grosse écrilure très lisible. - Fol. 1. Le traité attribué à Albert le Grand (Semuta recta) sert de pro- logue. Fol. 8. Liber fratris Rogerü Bacho. de naturis metallorum et transforma- tiontbus"ipsorum. Explicit (fol. 282) . . .et in omni opere LÉ Fol. 284. Table des synonymes debian %Fol. 202. Signes du zodiaque, des planètes avec leurs'noms arabes , et les'métaux auxquels elles correspondent. . L093. Papier, 0”,21 sur 0,14, 42 folios; écriture du xvr' siècle. Liber de consideratione quinte essentie omnium rerum transmutubilium , divisé, en canons. Au fol. 24 commence de livre IL. A partir du fol. 29 il s'agit des applications de l'eau-de-vie (aqua vitæ) au sens originel du mot. À parlir du fol. 36, il est question de akis aquis. Le catalogue du Vatican mentionne au n° 4093 TArs operativa de Raïmond Lulle: h8h7. Papier, 0°,22 sur 0”,15. Écrits théologiques. Aquavilæ expe- rimenta. 5109. Papier, 0”,20 sur 0°,135, 200 folios; réglé, 27 et 28 lignes à Ja: page. Un écrit sur la famille des Ottomans. — Des lettres de Pie IT, dont l'une au sultan Mahomet est imprimée (Trévise, 12 avril 1475), fol. 109 à 164.— Le traité de Sacrobosco sur la sphère. — Le catalogue annonce et la table initiale semble placer au fol. 99 le livre d'Aristote . Secreta secretorum, traduit de l'arabe; il ne figure pas dans le manuscrit. De même, au n° 4439, le catalogue signale une note sur l'aqua mer- curü, indication qui se rapporte peut-être à une note dé la page 19. 5354. Papier, in-8°, 111 folios; en italien. Formé de quatre cahiers reliés ensemble: » Le premier est un manuel d'artillerie au xvi‘ siècle. … Le second, qui cite un fait du 28 juillet 1557, renferme des notes sur l'artillerie, avec figures assez grossières de couleuvrines, bombardes, pots à feu, hommes vomissant le feu par la bouche, etc. Le troisième roule sur le mème sujet. Le quatrième, d’une écriture plus ancienne, peut remonter au xv° siècle, au moins pour la première moitié. Il comprend des notes pour l'usage d'un artificier; voici les titres principaux : In che modo se die porta il focho in mano; — À far aqua ardente; — In che modo se die far il focho strecho;: — A far un ou di focho: — À far calua pol- vere (salnitrio 8 parte, solphere 1 +, charbone 2 À); — À far la polvere — 842 — biancha (salnitrio 4 +, solphere 1 +, fior de nitro 5); — A finar polvere; _— À far una tronba di fuocho, una chandela soto aqua, una chandela che chonfiato non si stueya, chola che non teme ne focho ne aqua. == À far inchiostro perfecto e finissimo (8 parties de vin blanc, une de noix de galle; après un jour ajouter + nitre, + gomme arabique). — A far una polvere biancha, una bala di fuogo, un baston di fuogo. À partir du fol, 101 une centaine de recettes, relatives au vin surtout : À far acetto; — À far che il vino non si volti; — À multiplicare il vino con 3 parte di aqua; — À far una lastra di ferro che accendera il lume nel aqua; — À far di aqua comuna che aparera vino negro; — Moyen de reconnaître les bons champignons des mauvais, etc. 5373. Papier, 0”,23 sur 0",17, 238 folios; daté de 1475. Ouvrages de médecine, entre autres une page ({ol. 6o) sur Aqua ce- lestis et mirabilis. 5377. Papier, 0°,29 sur 0",21, 150 folios. En tête une table dé- taillée. Une série de recettes médicales (fol. 8 à 83). Ensuite, au fol. 84, Liber aque vite editus per Arnaldum de Villanova. Puis une nouvelle série de recettes médicales. 5846 et 5847. — Papier, 0",28 sur 0°,20, doré sur tranche, relié en deux volumes, daté de 1500, nombreuses notes marginales. Ren- ferme les ouvrages de Raimond Lulle, En tête : Sanctissimo domno nostra Paulo V; D. Constantinus, abbas Caietanus, anno Domini 1619, mense oc- tobris, dans les deux volumes, au bas de la première page. Au début, une table générale, pas très exacte, qui se rapporte aux deux volumes, dont la pagination primitive est encore lisible; l'ordre des écrits n'est pas celui qu'indique la table. | Fol, 1. Table, Fol. 2. Oratio scriptoris hujus libri per successum operis ; sorte de pré- face terminée par une prière. Fol. 3. Theorica quædam de principüs brevissima. Flos florum. Fol. 4v°. Extracta quædam ex libro textus alchimie ad intelligendum phosphorum quædam obscura dicta. La table donne : Rosarius Arnaldi de Villanova brevissimus , et ne place que fol. 5 : ex libro textus. .. | Fol. 8 à 12. Lacune. Fol. 13 à 71. Testamentum Raymondi Luli. Fol. 71 v. Une addition au chapitre Lxxrx du Testament. Fol. 75. Practica Raymondi Lulli super lapide philosophico (avec des figures géométriques). Fol. g1 v. Liber compositionis elyxiris de mercuriis (R. Lulle). Fol. 126. Wademecum de numero philosophorum, sive Codicillus (R. Lulle). Fol. 162. Ex testamento ejusdem. — 8h43 — Foi. 165. De intentione alchimistarum. Tome IT ou ms. 5847, fol. 1 à 67. De quinta essentia. Quatre livres avec tables, se rapportant à la composition de l’élixir, de l'aurum pota- bile, avec jé fi igures D (l'arbre de la philosophie Ji Ge indivi- duorum). Fol. 6x v°. cs de signes ; il yena poses à dans le manuscrit. Fol. 83, Lapidarius R. Lulu, seu RER transmutationtis RU Fol. 94. Clausula testamenti, aliter Vademecum, brevissima. Fol. 95 r°. Summa quedam scriptoris hujus brevissima. Fol. 95 v°. Elucidatio testament Raymond Lulii ad regemRobertun. Fol. 98 v°. Pro folus lapillorum preciosorum. Fol. 99. Conclusio, summarium daldh utilis ad. intelligendum testa- mentum. . Fol. 101. Anima dre trausmutathionis abbreviata. Fol. 103. Liber lucis mercuriorum. Fol. 106. Epistola acurtationis lapidis philosophorum Raymundi Lulu ad regem Robertum. Fol. 109 v’. Aphorisma R. Lulu. Fol. 111. Tractatus de aquis qui repertorium secundum aliquoties dicitur. "Eol. 113. Libellus de magna medicina Raymundi Luli ad regem Robertum. À la fin, le nom du copiste : Explieit Raymandi Lulii de insula Majo- rütarum de magna medicina libellus ad regem Robertum, scriptum per me Petrum Boccacium Jubilei anno Domint 1500 currente, die vero mensis Jul, quarto et quinto pontificatus Aleæandri sexti. 6896. Papier, o”,21 sur 0”",15, 69 folios numérotés; écriture du xv° siècle. Les seize derniers folios (54 à 69) sont un ouvrage à part simplement relié avec le cahier principal. Cette annexe renferme l'Arti- Jicialis memoriæ requlu, adressé au duc Jean-Francois de Mantoue le 29 novembre 1434 par Jacobus Ragona de Vicence. Le cahier principal comprend, 56 folios, dont 53 seulement numé- rotés } 3odignes à la page en moyenne; titres à l'encre rouge, quelques figures assez grossières. Prowmium. Incipit summa Geber perfectionis magisterit in... . De wipedimentis quibus impeditur hujus operis artifex generali sermone. À la fin, fol. 52 et 53, une table. L'ouvrage renferme quatre-vingt-six paragraphes divisés en six ou sept. chapitres. .J'a comparé le le manuscrit avec l'édition de Dantzig, l'édition classique de Geber. Elle paraît avoir reproduit tel quel le manuscritfde Rome (p- : à 199 de l'imprimé), à la suite duquel elle a placé Liber investiqa- tionis, le Testament de Geber, etc. — 8h4 — La bibliothèque de la Minerve renferme quelques textes alchi- miques intéressants. A. V. 9. Parchemin, in-8°, 0”,18 sur 0”,11, 192 folios numérotés, plus 6 omis et 3 feuilles de garde. La page, réglée à la pointe, est de 27 lignes. En tète : Zncipit liber Laureatus, avec des miniatures. Nobilissime mo- nadis spatiosa forma virgüus et imperatriæ gerens imaginem. Primus qui sedit in Ariete fuit Hermes Trismegistus,. . .. Secundus qui sedit in Tha fuit Geber baldachites. .... Tertius qui sedit in Geminis et fuit Plato grecus. Quartus qui sedet in Cancro fuit Salomon rex Yerusalem. Quintus qui sedet in Leone fuit Virgilius lombardus. Sextus qui sedet in Virgine fuit Bamneth caldæus. Septimus qui sedet in Libra fuit Aristotiles. Octavus qui sedet in Scorpione fuit Ovidius romanus. Nonus qui sedit in Sagiptario fuit Alchimius qui primus de ebreo in gre- cum transtulit. | Decimus qui ascendit in Capricorno fuit Alexander macedo. Undecimus qui sedet in Aquario fuit Creresius (cardinal). Duodecimus qui sedit in Piscibus fuit Vanus hebraice, quod grece Gallus dicitur, quod latine Catulus variculosus appellatur. Le Liber Laureatus finit au fol. 27. Fol. 31 à 43. Alphydi philosophi liber. Fol. 43 à 77. Tractatus Rufini ad Eustesiam. Fol. 73 bis à 77 bis (ces numéros de folios figurent deux fois). Rosarü liber. Fol. 77 bis à 89. Lumen luminum Dedali greci (traduit du grec en latin par Michel Scoctus). Fol. 89 à 113. Breve breviarium Alkimie. Calcination de l'or; — préparation de l'argent (en or); — de cupro; de jove; de ferro; de curis corporum metallicorum; de triplici spiritu in alkimia; de sulphure; de sublimatione sulphuris; qualiter operatur herme: neia super mercurium; qualiter operatur medecina supra jovem tanñtamÿ; de luna jovis amica; qualiter utendum est de predicto sulphure super venerem; de sulphure ad solem; de practica operis; de mercurio; de sublimatione mer- curii; de arsenico; de practica operis. Explicit de mineralibus, sequitur de vegetalibus et sensibilibus : De completa operatione elixir; de operatione ad aurum; de sale alkali; de sale petre; de sale nitri; de sale geme; de sale comuni; sequitur de atramentis; de aluminibus ; de borracibus; de lapidibus virtutem Mubentibus in alkimia. Fol. 114 à 126. Philosophia Petri. Fol. 126 à 143. Singulare generationis. n de dt” — 845 — Fol. 143 à 152. Liber separationis. Fol. 152 à 165. De flore lapidis. . Fol. 165 à 168. Opusculum alkimiæ Nicolai yspani. Fol. 169 à 179. Speculum secretorum. F ol. 180 à 185. Opus fratris Helie philosophi. Fol. 185. Opus abbreviatum Raymondi Gaufridi, generalis muustri or- dinis fratram minorum , de occultis philosophorum. . ... Fol. 190 à a Liber x11 aquarum. LD IV. 20: Papier, in-8°, 79 folios; en mauvais état. Daté de 1350. Liber textus alchimiæ episcopi Philadelphi; traite de l'élixir et de la pierre philosophale. | LE. VI. 60. Papier in-8°, 253 folios, plus g de table dshabétidue. Raccolta di molti segreti. . ...tanto in chimica.che in medecina ad uso! del dott, Sigismondo Trotti. Sans intérêt aucun. X. VII. 26. Papier; 125 folios. Basili Valentini german practica cum duodecim clavibus et appendice : De magno lapide antiquorum \sapientium scripta. La bibliothèque Barberine renferme quelques manuscrits alchi- miques latins. X. 91. Papier, in-4°; écriture du xvr‘ siècle. M Alchimie en vers ‘attribuée à Aristote, ee probablement à Rasès (fol. 137 à 164). Index des œuvres de Rasès et d’autres auteurs alchimistes (fol. 222). Index général des alchimistes (arts alchimiæ metallorum.sive astrono- miæ terrestris vel minoris mundi, tum ad lapidem philosophorum tum etiam ad aurum poculentum ceterasque hujus modi chymicas dishllationes, optu- mam corporis humant valetudinem tuentes). Le catalogue commence au fol. 242, va jusqu'au fol. 307 et dernier, où seltrouvent les noms commençant par O: À partir du fol. 209 étaient les noms commencant par un P. l DIE L} X. 103. Papier, in-4°; xvi' siècle. 1n alchymicis epistolarum liber ; un prologue et douze lettres. X. 152. Papier, in-folio; xvi° siècle. Fol. 65. Tractatus anonÿm de ulchimia sive de secrelis secretoram na- turæ; incipit cum tabula quomodo fiat aqua auri, etc. 392 chapitres, plus 2 sur la congélation du mercure. Le traité finit au fol. 109:. | — 846 — IV. J'ai été amené tout naturellement par l'étudé des. manuscrits alchimiques du Vatican à faire quelques récherches bibliogra- phiques sur le même sujet. Ces recherches ont porté sur ‘deux points : 1° trouver dans les divers catalogues conservés au Vatican une mention des manuscrits alchimiques qui püt nous éclairer sur leur origine et la date de léur diffusion; 2° Voir s'il ne restait pas tutidhe trace du projet dé publicätion de ces manuscrits par Allatius, projet dont parlent tous ceux qui les ont cités. Sur le premier point, les catalogues du Vatican ne donnent que péu de renseignements. Cependant j'ai trouvé dans le Vat: 13958 une série de notices relatives à la bibliothèque de l'Escarial: J'ai extrais tout ce qui se rapporte aux alchimistes grecs. a. Catalogue dè là bibliothèque de Saint-Laurent en 1579 (eñ grec). Toù Wehoù nai étépur mepl ris ispâs Téyvys TOÙ ypuooû mowoEws. ZrePévou À AsÉardpéws nai érépor mepi Ths aûrÿs. b. Catalogo de los librôs manuscriptos de la libraria de San Lorenzo el Real (livres grecs). Liber de alchymia de transmutatione metallôräm seriptis in papyro. 2 0 c. Plus loin on cite parmi les ouvrages inédits : Zosimi et auliorum x1111 auctorum scripta de arte sacra, fulsa tamen et supposititia volumina. d. Dans une autre liste analogue, n° 49 : Démocriti liber de Aréhimia sig. in perqam. e. Une notice détaillée de certains manuscrits de la bibliothèque de Mendoza, aujourd'hui à l'Escurial, où il est question des deux manu- scrits alchimiques qui s’y trouyent encore aujourd'hui. | ‘ D'autre part, un catalogue des livres d'Eparchos de Corcyre: dress le 15 février 1537 mentionne : B48\or yupeurindv mepleyos mAetola) BiShia nai mepi réyvns xpuooxomÿs. Ce manuscrit pourrait er un de ceux de la Bibliothèque nationale. re JA Sur la deuxième question, le projet de publication de la collec- tion des alchimistes grecs par Léon Allatius, bibliothécaire dela Vaticane, j'ai recueilli des détails plus complets. tioivat déhonl Ce projet nous est connu par une brochure du Napolitäin Pes- chiulli (Romæ, apud successorem Mascardii; 1668, in-8°, 24 p.): — 817 — Dans la préface, Peschiulli explique qu'il a trouvé dans les papiers du célèbre bibliothécaire une note relative aux écrits qu'il se pro- posait de publier. Il intitule sa brochure : Leonis Allatü Zuuyt- x To» sive opusculorum Græcorum et Latinorum vetustiorum libri X. Le livre IX devait être formé des alchimistes. Je reproduis inté- gralement les indications d’Allatius, parce que la brochure est rare, que personne de ceux qui l'ont citée, sauf H. Kopp, n’a donné le tèxte in extenso, et surtout parce qu’il est utile de le connaître pour savoir quels manuscrits Allatius avait vus. Olympiodori phiosophi Alexandrini eis ro ar’ évépyeir Zuwoiuov, do md Épuoÿ xai Toy PiAoo6Gwr ÿoav cipyuéva, P. l'iverar dà m Tapi- XEla md unvds Meyip xe'. Heliodori philosophi ad Theodosium magnum Imperatorem de mys- tica philosophorum arte. P. Zxÿn7pa yaiys pédorres ds aûr éuQavés. Carmine iambico. Theophrasti philosophi de arte divina. .P. Oi rüv coGiolwr àvèpes domep pyropes. Carmine iambico. Hierothei philosophi de divina sacraque arte. P. Âmép£oua æpoo- LUE edGpadéoTarov. Carmine iambico. Archelai philosophi de arte sacra. P. H œévoo@os xai Sela réyvn T@v o0GGy. Carmine iambico. ÆEx Democriti Physicis ac Myers P. H Qüois Tÿ Qoer répme- Tu, Xai GUois ryv boy wx&. Dominico Pizimentio Vibonensi inter- prete. | Anonymi Il{vos à pyd dws Cévywv. P. Pevyew Ôë eipyxaot, dmovôre mpès rù müp éxrifevrt dvo. Philosophi cujusdam ad Theodosium magnum Imperatorem. P. Td GdD rerpauepés &oTe nara Por Ex TOv cipyuévur ouyxéljievor po- phags.FNA 0 | Zosimi de instrumentis et caminis. P. À rÿs ôpopépys xauivou wepr- Yoan: xeîra ÿs Ô Qu\ocoGos Euvyubvevoer. - Anonymi de arte sacra. P. Ta pèv roû mpooruiou élus ÉXOœuer dè émi Tù mpoxeipevov. Stephan maximi philosophi et magistri universalis ad Héraclium magnum Imperatorem Doctrina de sacra ‘et magna sscientia: P. Ô pape xs xai ÜmépooBos. + Dembocriti Physica et Mystica. P. Bad» eis Arpaw Hav soppipas dio6b) au Airpav: -Synesii philosophi ad Dioscurum in quendam Democriti Hate — 848 — Scholia. P. Tÿs meu@ôelons Lot moToÿs mapa où mepi Ts ToÙ eieu Ayuoxpirou Bi$hou. Dominico Pizimentio interprete. : Stepbani Alexandrini universalis magistni et philosophi AE pe sacræ hujus artis de Chrysopæia actionibus novem. É» mpéËsow 6, P. Oesdr rür mévrwr éyal@y airiov, uai Paorkéa rüv dur xai roy 8E aÿroÿ. Dominico Pizimentio interprete. ap" Pelagii sophistæ Ilepi rfs Selas rabrys uai iepäs à es P. Oi ee mpoyevéoleport al épaolal nai ävémheot Gr6ooBot. Dominico Piri- mentio interprete. Ostani philosophi ad Petasium. Ilepi rfs iepäs aÿrÿs nal Seias Téyvns. P. Tfs Qüoews T6 àrpen Tor v puup@ Üdart répnerar. Nicephori Blemmidæ de auro conficiendo, quod idem divino auxilio opitulando confecit. P. Asé@v où 8e Affov rdv où AfGov, dv Xéyovot Àl@or rüv cor. Auctores de Chemia græci apud Leonem Allatium. P. ‘Avabiiæa AcËemdy uarà oloryeiov rs ypuoomoulas. Michselis Pselli Epistola ad Xiphilinum était de auri confi- ciendi ratione, Dominico Pizimentio interprete. P. Opä&s, & pdese: CL) œoteis à éuds duvaolns, n ris Éuÿs Vuys M Un bref examen de cette liste suffit à nous convaincre qu'elle mentionne trois séries d'écrits : 1° les uns, déjà publiés, par Pizi- menti; 2° des textes renfermés dans le Vat. 1174; 3° des écrits tirés d’un autre manuscrit, Pélage, Archelaüs, Hiérothée, Théo- phraste. J'ajoute Nicéphore Blemmide et Psellus, auteurs byzan- tions, très connus d’Allatius. Nous avons d’ailleurs signalé plus haut deux copies de l’opuscule de Psellus. Les textes cités par Allatius. le sont en général d'après le Vat. 1174; des variantes insigni- fiantes (yæfxs au lieu de yeñs) ne sauraient infirmer cette con- clusion. La seconde partie d'Olympiodore (æ/v0s à pnd 81ws. . su) est déclarée anonyme, parce que dans le Vat. 1174 elle n’a pes de nom d'auteur. Les morceaux cités, depuis celui-là jusqu'à celui de Synesios inclusivement, le sont dans l'ordre même du Vaticanus. 400 Il ne semble donc pas certain qu'Allatius ait connu d'autre ma- nuscrit que ceux qui existent encore aujourd'hui à la bibliothèque Vaticane; tout au plus un autre qu'il aurait possédé et d’après lequel Maï aurait fait ses restitutions. Une note que j'ai trouvée dans ses papiers à la bibliothèque Barberine fournit un nouvel argument. Elle cite les traités et les manuscrits suivants : Îlep) ynpelas dua- — 8419 — “Gopäs, n°1134, p-1;n° 1174, p.rret 1025 Xypeud diaDopd arr Dole, n° 212,1p. 27 et 28. Puis des manuscrits latins: A/chymia de. probatione aurt et argent (n° 96 ou 91, aujourd’hui 645, m%312, 4091, 1856, enfin ñi n®5847). Suit une nt du nr (grec). rt . #Un autre manuscrit de "1 biblicthèque Barberimi , catalo- ‘guéXXXVITI-78, contient (p. 1x 14) un Gael des manu- “scrits grecs, dressé par Allatius. J'y trouve: eu0à OH mpioder: philosophi. . D33-12 et 702-12: ” Hermici philosophi. . . 530-20. f Synesi.… . 129-1, 17221, A2r-19, 623-20, 666-13. "Une pièce plus détaillée montre bien quelles étaient les préoc- -cupations d'Allatius. Elle est renfermée dans le même manuscrit que da feuille volante dont nous venons de parler. Ce manuscrit, ‘catalogué XXXWIH-109 à la bibliothèque Barberine, est composé d'une quantité de notes bibliographiques trouvées dans les papiers d'Allatius et reliées ensemble. Larnote dont nous parlons se trouve dans le premier tiers du manuscrit; elle est formée d'un cahier de’quinze feuillets; les indications bibliographiques qu'Allatius re- cueïllaït ontété écrites par lui au revers de lettres qu'il recevait; Tune de’ces lettres est datée de juin 1665. C'est donc bien tout à fait à la fin de sa vie qu'Allatius s’est occupé activement des alchi- mistes. La longue lisie d'ouvrages alchimiques dont nous parlons présente trois particularités : 1° les’ traités qu'elle cite sont tous im- primés ét cités en général avec le lieu et la datede publication; 2° ce sont des alchimistes latins ou'des traductions des alchimistes grecs (par Pizimenti), celles-ci peu nombreuses naturellement; 3° enfin la liste est allongée par des répétitions fréquentes, et parce qu’au liéu de’citer simplement les collections d’alchimistes; Allatins les analyse’complètement, énumérant cà et là les auteurs qui y figu- rent, comme s'il s'agissait d'une série de publications différentes. Néanmoins cette liste est intéressante et fournirait des renseigne- ments utiles à qui voudrait dresser une bibliographie alchimique. A notré point de vue; elle sert à prouver qu'Allatius s'occupait des” alchimistes engénéral, latins aussi bien que grecs, ’/et'que trois ans ‘avant sat inort: il n'avait pas réuni, semble-t:11, sur les alchimistes grecs d’autres renseignements que ceux fournis pat lés manuscrits du Vatican et les paraphrases de Pizimenti. Une MISS. SCIENT. — XIII. 24 LMERINENIE NATIONALE. — 850 — dernière recherche, en me faisant retrouver la plus grande partie des papiers du célèbre bibliothécaire de la Vaticane, a complété ma conviction. Les papiers d’Allatius, légués par lui au collège grec, ont passé à la bibliothèque Vallicellane, où ils sont encore. Ils forment da matière d'environ 150 volumes manuscrits, dont 91 seulement classés et catalogués. Mention n'en est faite ni au catalogue gé- néral de la bibliothèque, ni dans aucune des notices publiées sur les manuscrits qu'elle renferme. Ces écrits sont d’ailleurs sous scellés et on ne les communique pas; on sait en effet que la bi- bliothèque Vallicellane vient d’être réorganisée, et la société à qui on l'a confiée prend les plus grandes précautions pour éviter un pillage comme celui dont fut victime la Bibliothèque na- tionale de Rome. Mais, si je n’ai pu consulter les notes directe- ment, je me suis assuré par la lecture du catalogue que les 9 1 vo- lumes classés ne renfermaient à peu près rien qui fût relatif au projet de publication des manuscrits alchimiques grecs; tout au plus peut-on supposer que des notes éparses, restées dans les 60 volumes non classés, se rapportent à ce projet. Quoi qu'il en soit, le catalogue dont je me suis servi étant inédit et l’existence même des manuscrits qu'il analyse étant à peu près inconnue, je crois utile de reproduire ici les notes que j'ai pu en extraire, L'étude des papiers laissés par Allatius pour- rait rendre de grands services à ceux qui s'occuperaïent soit des affaires auxquelles Allatius à été mêlé (par exemple les tentatives d'union des églises latine et grecque), soit de la collection des au- teurs byzantins pour lesquels il était particulièrement compétent; il est vrai de dire que la plupart de ses écrits sur les auteurs byzantins ont été imprimés de son vivant. Le catalogue a la forme d'un index; il a été rédigé avec les notes de Vernazza et Mariotti, auxquelles il renvoie souvent. Le titre est : Volunuina 90 mss. Allatii cum aliquibus notis Vernazza et Meriotii, kal. mai 1838 redacta. L'index actuel est l'œuvre du père Ruggiero Falzacappa; quant aux notes de Vérnazza et Mariotti, elles ont probablement été considérées comme pièces d'archives et emportées par la congrégation quand elle fut sécula- risée. La chose est regrettable; car une note trouvée par le biblio- thécaire actuel exprime l'embarras de l'auteur du catalogue: Ma- riotti et Vernazza ont perdu une partie des notes, brouillé tout; ni. Mia les 90 volumes qu'ils ont formés sont mal composés, il y faudrait intercaler des fragments non classés. On voit que, pour reprendre et terminer le classement des papiers d’Allatius, les notes de ces deux érudits n'eussent pas été de trop. En tout cas voici les principaux traités signalés par l'index; je les reproduis dans l’ordre et en leur laissant le numéro que leur a donné le père Falzacappa. Ale Athanasii archiepiscopi Alexandriæ de S. inhypostata et consub- stantiali Trinitate, Joanne Bapt. Camotrio interprete, ad Gregorium XIII P. M. Cum Indicio ejusd. operis Leonis Allatü, qui asserit ipse S. Cyrilli Alex. judicio omnium content. in 2“ exemplaribus autographis ex Ind. M 137 N° in 1° opere; desunt tria postrema capitula, cui additur (da vendersi n° 36). (Ineditum.) 3. B. Alani de complanctu naturæ, exscriptus totus manu Allati; desiderantur notæ Allatii in eumdem. 5. A toielis Hymnus, Hermiæ dictus Liber. Com. Allatii cum notis d° commentario adjungendis et alüs ad idem opus pertinentibus, cum folio quod incipit Hesychius Milesius et quod non videtur pertinere ad hoc opus. (Ineditum.) 6. Adulitanum monumentum ex cod. Vat. exscriptum et ab Allatio in lat: sermonem versum. (Les notes sont inédites.) Y 8. Extraits des manuscrits Vat. gr. 1488, 1096, 1750, 606, 1096, 1497, 1701. 12. Lettre de Bessarion, copiée sur Vat. Ottob. 395, collationnée avec Vat. 1754. _ 18. Diogenis epistolæ n° 23, totæ manu Allatii cum alio earumdem exemplari, sed non indicat ex quo codice desumptæ sint. — Cratelis epistolæ n° 26. _ 22. Nomocanon imperfectum. Aliquot Homerici versus, cum. fragmento commentarii Eustatü, ut putat Mariottus, opera optima et admirabilia in orbe. Græce, ex veter. cod, sed imperfecta. Mapiheuten epistolaram græcarum ; nescitur auctor. A Fragmentum sermonis dogmatici de B. V. ut Theotoco; ignoratus auctor. * De elixirio ad longævam vitam; videtur Mariotto opus cujusdam Ger- manici et quidem planatici (fragmentum). … Fragmentum witæ Dyonisii Periegetæ, græce. Fragmentum tractatus de objectis iosolubilibus. — 852 — Fragmentum pulchri opusculi de Rho. Desunt fere -g:capitula, et nomen auctoris qui-tamen alias dignosci potest, nam cap. 26 hæc habet;: De quo (Thrasillo) plura ego in meo opere de Philosophia apud Roy manos, quod hoc ipso anno 1643 edidi hic Pisis. Seduli Scoti explanatiuncula de breviariorum et capitulorum cano- numque differentia. (Tiré de Vat. Pal., 242.) Tous ces fragments sont annotés (ab Arg. adv. Mariotto ‘adnotata sunt). | FO 27. Junius Adrianus. Loca varia variorum auctorum ab ipso emendata ex quo ea descripsit Allatius; quibus ipse p: 22 inseruit variantes lec- tiones omnes in lib. V et VI Strabonis Geographicorum , ex cod. i ins. 178 Bibl. Vat. manu sua exsér. (Ineditum.) T. à? 29. Traduction et études sur Longin. 31. Mandragora, opus Leonis Allatii autographium cum apographos, (Ineditum.) 32. Collection de trente écrits sur saint Jean-Baptiste, groupés par Vernazza. 34. Écrits de Methodius, évêque de Patara et martyr, — du philo- sophe Léon, Alexandri Didimi nonnulla, græce, manu Allatii. NE 395. Maximi Planudii epistolæ græcæ 95; primarad Imp. Androni- cum, ultima ad Melchisedech; duæ desunt, — Non manu Alatiü, 4 43 et 44. Inventaire des manuscrits grecs du fonds Ottobont, "part Raphaël Vernaza, A6. Procli Donne Platonici DIR: in opera et dies Hesiodi Lico- phronis poema et in illud expositio, — Sibyllina oracula cum argu- wento. — Demosthenis Olynthiaca. 47. Procli Lycii opus in Parmenidem Platonis ex varüis codd. Vati. canis exscriptum. (Manquent la fin du livre VI et le livre VIE). Excerpta ex Proclo de Caldaica philosophia. 92. Ristretto delle utilita che apporta il collegio greco, avec pc à l'appui. Descrizione della Eredita di Mons. Allazio lasciata al d° Collegio. 54. Scholies de That sur l’'Hécube d'Euripide; douze discours de, Démosthène ; traduction en italien des discours pour la liberté des Rho- diens et contre Evagoras: traduction d'Érasme d'une déclamation+de Libanius (sub Martin |; versions italiennes des arguments de Libanius sur divers discours de Démosthène; lettre de Libanius à Eustathe; enfin Index epistolarum Libanii manu Allatii. (Ineditum.) 95. Variæ lectiones Tacïli cum notis: adsunt insuper prolegomena in Tucididem cum aliis adnotationibus. (Ineditum.) — 853 — 06. L. AMatii Diatriba de Theodoris. Autogr. | cum: M qe _ editum. ) 58. Vita S. Silvestri P. ex cod. Vat. gr. 654. cadem latine € ex cod- Vat. lat. 327. 59. Inscriptions græcæ nel al Allatio collectæ, autographæ cum, apographis. Hic codex, constat, ex pag. 164 et aliis fragmentis. (PATHEF: 60. Dissertationes variæ baba in Academia Basiliana::1, 61. Nicephori Blemmidi monachi de, vita et-rebus gestis:Pauli La- trensis , grece manu Allatii, cum seat Allatis Jatina AR ÉERu CON togr. cum apogr.. e 2: Geographia Red -tàlia Historia geographica, : Be Li græcum exscriptum ex orationibus ejusdém: de protessione Spi- ritus nc — - Ejusdem encomium in S. Joan. (NE CES — Ejus- dem Logica. ERA : 62. Michaelis, Pselli de A Ie DA Et Léo: ONE primus Siehehris eruit,et notis illustravit; autogr. cum apogr. (Ineditum.) 63. Ejusdem quid scripserunt Græci de Demonibus; deux exem- plaires, un de la main d'Alatius avec traduction:latine. (Inédit.) … Scolia in .dictum quoddam Basilü,; —an LÉ dictum! : Quare unitas a principio. (Grec; inédit.) Oratio ad Posthum. Vestarcum de theologico charactere. (Grec; inédit. ). Une série d’autres écrits grecs inédits, De auri conficiendi ratione ad patriarcam Michaelem, ex cod. Vat., 1703, cum variant. lection..... (Inédit.) een de SPAS: (Inédit. d ny) V4 ro 66. 67 et 68, Conte du moine si Flamartolus. £ 7 dl ANT EP viginti declamationes. 1/77:1Leonis Allatii de magnete libri tres; autographum integrom ubi nominvens locum signatum Ÿ cum apographo manco. Incipit a libro usque.ad asteriscum *, Deest liber secundus, totum adest tamen éxem- plar fieurarum libri, secundi, ut constat ex nota Mariotti. (Ineditum.) -182; Homélies de saint Jean Chrysostome. 83. Fragmenta quædani de Alatii vita , et initio adsunt aliqua deinsula Chio, Allatii patria. — Carmina in laudem Allatii. 84. Monumentaipeñlà vita di Leone Allaccio. Une série de pièces relatives à l'histoire de la bibliothèque Vaticane. Memoriale di Leone Allaccio, prima que fosse custode della Vaticana, — 854 — al card. bibliotecario per estrare alcuni codici per collazionarli in occa- sione della stampa delle opere di S. Giov. Damasceno. Relazione della condotta della biblioteca Palatina. : Conti di denari per la condotta della ditta libraria Palatina. Demandes d'argent au pape pour continuer ses publications. Operazione dal Vernazza sopra alcuni mss. dell Allazio. Testimonia clarorum virorum de Leonis Allatü scriptis, manu Allatii cum alio exemplari (par ordre alphabétique). 85. Scripta quæ inservire possunt pro libris ab Allatio editis et ite- rum edendis, partim autographum , partim alia manu. Francisci Argelatii Bononiensis prospectus operum omnium Allatif editorum atque ineditorum. (Incomplet et jugé sans valeur par MARIE ) Indice degli scritti di Leone Allazio della flosofia e teologia. 86. Catalogus nominum græcorum scriptorum de quibus bibliothe- cam instituere volebat Leo Allatius. Autographum detritum et ineditum ex quo Albertus Fabricius notas desumpsit ad suam bibliothecam confi- ciendam. Ex lectione hujus Catalogi constat Allatium voluisse conficere bibliothecam etiam latinorum scriptorum. 89. Nota Alatüi ex scriptoribus de bello et pace. | Collatio facta ab Allatio cum eod. Farnesiano operis Mauricii de re militari, (avec index de cet ouvrage). . Nota de Sibyllis. Segreti chimici e altri segreti manu Allatii. 91. Cartaggio di Leone Allaccio. Le Catalogue s'arrête là. De l'analyse que je viens d'en donner, il me semble résulter que ces papiers d’Allatius peuvent fournir nombre d'indications curieuses, soit sur les faits auxquels il a été mêlé, soit sur les écrivains byzantins. On y retrouverait plusieurs ouvrages d'Allatius considérés jusqu'ici comme perdus; peut-être le recueil d’inscrip- tions en fournirait-il quelques-unes que nous n'avons pas encore: Le temps m'a manqué pour poursuivre les démarches qui auraient pu me faire communiquer ces papiérs. En tout cas ils ne reste- ront pas toujours sous les scellés, et j'espère que d’autres pour- ront profiter des indications que j'ai recueillies. André BEeRTHELOT. TABLE DES MATIÈRES SUIVANT L’ORDRE DANS LEQUEL ELLES SONT PLACÉES DANS CE VOLUME. Rapport sur la mission faite en 1882-1883, par M. Henri Sazapin..... 1 Rapport sur une mission en basse Bretagne ayant pour objet de recueïllir es mélodies populaires, par M. N. QuELLIEN.......,.,.......,.. 227 De la toxicologie en Allemagne et en Russie, par M. Ph. LaroN......,. 311 Rapport sur une mission scientifique au Choa, par le capitaine LoneBois.. 379 Rapport sur une mission archéologique dans l'ile de Délos, par M. Th. HOMOLRE,.. eee - ARE Hé cho cover ect TOP EDEN 389 Rapport sur les manuscrits grecs de Bérat d’Albanie et le Codex Purpu- D DA VEDETTE PATIO Ce eee: 437 Rapport sur les résultats anthropologiques de la mission de M. le docteur Verneau dans l'archipel des Canaries, par M. À. DE QuaTRErAGEs. ... 557 Rapport sur une mission scientifique dans l'archipel canarien, par M. le JOCIBULNERNEAU 22e «eve à o 2 siecle D Lib 0 à déc PO AO En 111009 Rapport sur les manuscrits alchimiques de Rome, par M. A. BERTHELOT. 819 STITU TTL 3 9088 01298 7947 01