2%, 4€ Fu vi “ Ne ARR RCA ERA L LR RARE ARR A LA PR LL ARS RS A, COTES CC ON EC RE CCR CC EL , : Rap D LU R ss vu 4 DCR I CE RC OL h , its ‘ CES) LL ENS Ubu CU en NAS ee does en ut ' CE . “i . 5 LA Vs um CPR EE CC EC CCC CC OC DE CCS EC .. : ea ni - > or: ii \ 1 CRC) CCR PAC EC CS tuisvinmauis UE PS Û 1. , LAREARERE PORC AO EEE TTC ECC RUES CPP RO 0 0 » ' ' : L DAC AS D MU OU UN 6 à 9 A : A : : + î uw avr CREER ETS ‘ toi ut vw#ra anus. mr CRETE PORTER EC TE | trust ai Dur k be à © 0 FE ROC CET CA RCE AC ETS { > 1 ‘ : ‘ , TE i e® « ss. io ads e + : ' MN at Mn cie 6 © . VU Éd Un de Monte en ne Ne (LYÿ re hu i ; , \ Vitaa à M 4 ee be ee net © ' ‘ on n 0 , k CRD . * ï à CRC CE PC CAC ea ll 4 . , « ‘ ’ Ur 0 tu us me Us LEON A 6 oies nat à L L L , ‘ Us vyr st ‘ TELE vai “ia , DRE LRE, ar L 107 1 ! ' sa” CAL ven CPR ACTE “ nm oies ! ,r : 21 CCR , Ce sr LE CELCELECET EC ECC { [n ! : , ü ' Cr .. CE Cr CREER ‘ , : n + ï nu, 4 v.r CRE ru ‘ , À ON " à n ru “he r ‘« CS CENT « ‘ : “ 4 5 dos “us ï 2 À vi , se 1 à en . i 1" ' ' ' oun i » ap ms Û v." tumi “i ‘ DE “1 1. i iv ’ vu : “a RC ES CC CE ] , : . , . “ ù à à : . does + ‘ w ur , CE Ç ' os a à \ i On is i Pr « ‘ : ‘ KR d'au re : : on : ‘ . è : : ‘à ; 4 és “4 1 à : no à hi “i ie op « | | . 1 is ‘ ' Le 0 ‘ l ra 0 nv : . ‘ dr 1 4 “a Î ; n Ë : ; 1 ; : ' ‘ i : ‘ i 1e L + vt 4 L : ï L r : « ‘ ‘ V7 . ol 0 : CE y ï vw « A ! “ CRE] , | t . , ‘ : ‘ . . ; . : n ‘ 0 : s \ : ; ‘ F ' ‘ ' in, | ; ' ve : ; = on © À 1 ‘ ‘ " . : CE .. . CM Li be 5 Det ss , t« ‘ ‘ È , rt . F4 ‘ 1 « ; . . LYS port mu : . : ; . . L- Fu per ; “rs , rive EL * ‘ ‘ * » Fe à ï Ê , « ‘ ! a ‘ à . : = Ast ling + 0 . à $ | ' ‘ = , bou * É - « 0 | . L = vs . A n : . re L : : . tk : | | : 2% { +1 2 n i Ù . s . va . 4 ‘ Re “ » & L AN à . x * h : x mn ‘ t L 0 ‘ 0) : L ! - . Ave à r ï ‘ | = : ‘ ‘ s F L 1 C] 3 ; : : | , ï : “ . : re , : | L : : 11 ñ Les : : st. t 0 0 …_ cs N } , 4 , . , , . + An : + > + ‘ + + . CE - . i ù Ù 01 € 0 ‘ 7 L “ * L ni CR C1] Or ï L - . : : L 4 CE 0 ii 4 I UA « “ , L 5 , ' : : un : : , . . LL " 1 À 4 i ‘ - . ds et . Ë : CP ‘ E - a : ù 4 L . # ï . j _ TU | . Tu “ , . . L “ “ . + . ‘ 4 ; . d À A er “a 1 « . : à . LCA . : A CRC 0 , me À né ' à at ditre ar 4 . DRE RCI NE cu. « n L à 5 ra rs + ti w + » . L A), à : L = L j n 6e ë * FR phetces à fe - a : : L K , 2 sm? L , .s rs. n 0 * M dm tu ste M à : i . : CN cn. à ‘ ‘ si nt : ; ; .u Mes uswi 14048 Et» : s G : : ns Ve mie …s a ee nn ‘ . N . , i Ds ‘ . à -< de 5 16 = a 2 1 : . i : ’ : per fa db Ne 4 sh ; sata “ : ou F v ( A0 adm: Cr É “ a 10 Da L + ” : . ’ 4 [RCE - “+ 4 * à . ur à PET" . œ s.% de « d où . . w M OL : 0 2 r LE ! à eût Suttef: a CEE , Cas ait ed + artnet ne ., ' ! ‘ + Û « - CRC . ‘ # «uw DRAC ET . 4 0 52 + + + 1 * à PAL « D n “ "m «) 1 4 4e 1 dr te 1 2 se mt . + 1 fus à SAN UE ad où se be e. “se ne é our: Fo" ir + Û br qe mp tautEec ‘ D PTT que ef ai Bed 0A 6 ce mi 1 juA . REZ aug ï fre us ,. sue . ms - DRE : «ete uw Le : L + . . . For Cyve ' u CE + na an je ss 1 , : : ï ‘ : ï ‘ » ts ä dim are Soi à re > fe, pa (x et: Û Tr . CRE \ Cr me" Û . got es 4 3 ! Lu où dau és ess ‘ , . : i , di 0 Lo mie D'stu + 4 v# < à punto 00 0 open ele Re ", . Le LC l n à - à pur . ur = * ED CE EC CRE) * . ' ,* ‘ A ‘ =, à port l É “ ie 3 + or 1. ‘ si si de : 1x ' : ‘ nm à ds pe à Must h se den 0e * . b 2 : ‘ ‘ D 4 . - ‘ svt 0 - à DE NE ‘ nr ÿ à CET n = "+ . DORE LE 4 . . . . . ii 4 Ù 4. > + x … + +". … CR sief ! . , i." . , 1 “ v 0 # , , LR + À dise 11 ON D . i “ ‘ “ _.. 1. + x 4 5 = . . è + ‘ Û à cs em cs sus des à, cd À Da àSe 39 ’ L ” À is nu à , . i , CN “ 1. dé à m'en» is Fur. ' * ' ' : ins tup . . iQ “à 5 : 4 2 1 {à CE “su re ; + : 4 14 . è . CORTE , * « : i CRC D totoors a : . “ 19 +4 © % . " su ++ 3 ' Lt CT ne ’ CE ‘ ia 04 sd aies pd pie : : B 106 d a . Vntau hasasiegm dote ï 4 : “v, à , me de an à - mdr ‘ i 1 À : si h à Le mésbiritsi moi L 0 … + he “i , « * DRE) CERTA 2 ‘ mien Ars PTE QU ee À Ah ee me à 4 AT Puit unit à ‘ , “is en vs - de ’ - in + vin 1: ü Ve é . mn nas Um ons nie « dune must 6 Æ & » . ‘ .# : Ve “ 1 Ca OS 0 CES TL 7) par .à + D» 15 = [eb) [M 15 Es 5 © A [=| = < N .o A =] .20 A LT [2] + Es Ltas en Allegro vivace. ann Dou- euz de chig jeune fille brao be - e est-ce qu'il fait bon en ar - Ne - we, Hag être Neuve, Chanté par Catherine LE Meur, veuve LE CarvENNEC, laveuse à la Roche. 2 3 CANTIQUE. Dolce. Toutes les voix. Une voix. la la la lh ia ‘la la Ja la la la la la la la ka la “la la la la la la la lrieux. ezarc L4 Vocalise de glaneuses, entendue près de L — 148 — 22. LES PRIÈRES. Lent et grave. Ma Dou-e, me ‘’gred fer -ma - mant Pe - noz ech (Mon Dieu, je crois fermement que vous och a - man pre - zant : Rak-se gant gwir u - mi -li- êtes ici présent : c'est pourquoi, avec une véritable humili- te Me ‘rend o - mach d'ho ma - jes - te.) té, je rends hommage à votre majesté.) Cet air se chante dans tout le pays de Tréguier ; la version suivante, à Quimper et en Cornouaille : 23. LES PRIÈRES. Ma Dou -e, me ‘’gred fer = ma - mant Pe - noz ech och a-man pre - zant : Rak -se gant gwir u-m -l- te me ‘rend o - mach d’ho ma - jes - te. — 149 — Rapprocher des deux airs qui précèdent le cantique que voici et dont les paroles sont de M. DE LA VILLEMARQUÉ : 24. KANAOUEN NEVEZ D'AR WERC'HEZ VARL (CHANSON NOUVELLE À LA VIERGE MARIE.) La-var di - me, den ann Ar - vor, Ha ker kaer eo da vag war vor, Gand he gwe - lion gwenn-kann di - gor? La-var d'i- c'hoad, Pa zeu eur bann - heol d’ho skle - rat? Entendu à Rospez. 25. CANTIQUE DES MISSIONNAIRES. D Dolce. Breu - deur, ni ’glev ho klem - mo Deuz ‘ann tu (Frères, nous entendons vos plaintes de l'autre côté all d’ar mor ; D'ho mouez ha d'hoch le: 1 ,70- de la mer; à votre voix et à vos besoins mo Hon cha - lon zO “MX + gor® : Ni afga, Mio a - notre cœur est ouvert : nous ferons l'au- Lu - zen EE = tt Um -. kour* ko pro, Ni a sa - mône pour secourir votre pays, nous lèverons ES rs ot. SRE ns DE te ve-be--! le) — Run Ha: dich ai à: WEAR = Chr des prêtres et à vous nous les enverrons.) Entendu à l'église de la Roche. 26. STEREDEN-VOR. Andantine. Ni ho ’sa - lud, Ste = ze-den - Vor, Mamm da Dou- (Nous vous saluons, Etoile-de-la-Mer, Mère de Dieu, lé RP ET = LE 4 e, leun a e - nor,Gwer - chez be - pred, dor ann En- pleine d'honneur, vierge toujours, porte du ciel, vo, Se - daow- ed ouz hon pe-den - no. écoutez © nos prières. Entendu de goémonneurs, sur la rivière de Tréguier. wa] 1 CGANTIQUE DE COMMUNION. Lento. Ha na hir eo. ann noz ! pe-goulz a da ann (Combien longue est la nuit! quand viendra le de, Ma c'hal-lin me re = seo Je - zuz ma jour, que je puisse, moi, recevoir Jésus mon c'ha = ran - te? Ha na hir eo ann noz! amour ? Combien longue est la nuit ! pe-goulz à dai ann de? quand viendra le jour? Entendu d'une bergère, près de Bégard. 28. KANTIK SANT JOZEB. (CANTIQUE DE SAINT JOSEPH.) Andantino. Mi - rer choa-zet gand Dou -e D'he Vab ha d'ar Wer - (Gardien L choisi par Dieu pour son Fils et la Vierge, chez, Bed hoch euz en ho pu - e An - ken ha le-ve- vous avez eu dans votre vie angoisse et joie. F p F. nez. Sant - Jo- = | 4 pri - ed Ma-ri, Tad ma -ger da Je- Saint Joseph, époux de Marie, père nourricier de Jé- y zuz, Ni fell d’imp hoch e - no-ri, Pa - tron ka-ran-te - zu. sus, nous voulons vous honorer, patron charitable.) Ce cantique est connu dans tout le pays bretonnant. — 152 — 29. MÉLOPÉE DES DRAMES BRETONS. PROLOGUE. Cadence unifo Tme. RE ne ce 1 l ET EURE NE NERO ESS RER il N | \ DRAME. Me eo ar roue Ar-zur ann ao-trou sou-ve-renn, Breiz I - zel a zo ol din-dan ma gour-c'he-menn. .... Vers empruntés au mystère de Sainte Tryphine et le roi Arthur, qu'a traduit M. Luzez. On ne traverse pas un pays où chacun a l’imagination pleine de récits merveilleux aussi bien que la mémoire encombrée de chan- sons, comme en Bretagne, sans écouter ses légendes et ses contes. J'ai donc ramassé des proverbes et des devinettes, une demande en mariage (dialogue en vers qu’on ne chante pas), deux ou trois contes et quelques histoires de revenants, que je tiens en portefeuille jusqu’après des recherches plus complètes; J'ai mis en réserve également, pour une étude prochaine sur nos drames et nos mys- tères, quelques manuscrits découverts dans les fermes bretonnes. J'ai l'honneur d’être, Monsieur le Ministre, de Votre Excel- lence le très respectueux et très obéissant serviteur. N. QUELLIEN. RAPPORT SUR UNE MISSION A MADAGASCAR, PAR M. L. HUMBLOT. Monsieur le Ministre, Chargé de la mission que vous avez bien voulu me confier en date du 15 octobre 1878, dans le but d'étudier l’histoire naturelle de Madagascar et de réunir des collections zoologiques et botani- ques, j'ai quitté la France le 13 décembre de la même année. Le navire sur lequel j'avais pris passage a fait naufrage au cap Gar- dafui; pendant cinq jours, nous avons été en butte aux attaques des Somalis, peuplade très dangereuse qui a pillé tous nos bagages; un navire des messageries maritimes nous a recueillis et conduits à Aden, où j ai dû attendre jusqu'aux premiers jours de mars 1879 une occasion pour me rendre à Madagascar. Aussitôt arrivé dans cette île, je me suis enfoncé dans l’intérieur; j'ai exploré le pays des Antsihianakäs, chassant dans les forêts qui se trouvent sur la route, visitant le lac d’Alaotrà et poussant de là . vers l'Ouest jusqu’au fort hova d’Ambodiamontanä, à travers des montagnes désolées où la végétation arborescente est nulle. C’est à peine si de loin en loin, à la source de certains ruisseaux, on trouve de petits bouquets d'arbres. Les arbustes eux-mêmes y sont très rares, et on ne voit guère, dès qu'on a dépassé la ligne de partage des eaux, c'est-à-dire le point culminant des montagnes, que des herbes grossières. Autant la végétation est active sur le versant oriental du massif, autant elle est pauvre et pour ainsi dire nulle dans le centre; les pluies, en effet, qui sont abondantes dans l'Est pendant toute l'année, ne tombent dans la région centrale que pendant trois ou quatre mois. J'ai aussi visité la grande forêt qui s'étend dans l'Ouest de la baie d’Antongil et au Nord du lac d’Alaoträ; cette forêt est, paraît-il, la plus étendue qui existe à Madagascar; parti de Tanambé, J'y suis arrivé après cinq — 154 — jours de marche à travers des collines et des montagnes couvertes de bambous et autres plantes herbacées et semées çà et là de petits bois; poussant plus en avant vers l'Ouest, j'ai mis trois jours à la traverser, et je suis arrivé au pays des Antsihianakäs, qui est dé- boisé et nu comme tout le centre de l’île. Remontant vers le Nord, j'ai suivi cette forêt, tout en lexplorant avec som dans toutes ses parties, jusque par le travers d’Angontsy. La comparaison que j'ai pu faire de la végétation des forêts situées dans l'Ouest de la baïe d'Antongil avec les forêts situées plus au Sud, comme celles d’Ana- lamazaoträ par exemple, m'a montré que la région la plus fertile de Madagascar est celle qui avoisine la baie d’Antongil. Dans ces diverses explorations, j'ai réuni des collections consi- dérables d'animaux et de plantes, dont malheureusement une grande partie a été détruite par un violent ouragan qui a ravagé, au com- mencement de l’année dernière, la côte Nord-Est de l'ile et qui a renversé ma maison, gàté beaucoup de spécimens et éparpillé mon herbier, dont j'ai retrouvé des échantillons encore dans leur papier à plusieurs kilomètres de distance. Néanmoins la liste sui- vante des Mammifères et des Oiseaux que je viens de donner au Muséum d'histoire naturelle de Paris montre que mes voyages n'ont pas été sans utilité : MAMMIFÈRES.. Indris brevicaudatus. Indris brevicaudatus , var. nutratus. Triaenops rufus.. Triaenops Humbloti. Propithecus diadema. Avahis laniger. Hapalemur simus. Hapalemur olivaceus. Lepilemur mustelinus. Lemur varius. Lemur mongoz, var. albifrons. Lemur mongoz, var. melanoce- phala. Chirogalus medius. Microcebus rufus. Phaner furcifer. Chiromys madagascariensis. Pteropus Edwardsii. Phyllorhina Commersoni. Miniopterus Schreibersii. Emballonoura atrata: TFaphozous mauritianus. Rhinopoma microphyHum. Nyctinomus leucogaster. Nyctinomus angolensis. Eupleres Goudoti. Hemicentetes madagascariensis. Cryptoprocta ferox. Viverra Schlegeli. Viverra fossa. Galidia elegans. Galidia concolor. Galidictis striata. — 155 — Coracopsis obseura. Psittacula cana. Buteo brachypterus. Falco concolor. Falco zomventris. Tinnunculus Newton. Milvus parasiticus. Baza madagascariensis. Astur Francesii. Elanus cæruleus. Circus macroscelis. Polyboroïdes radiatus. Asio capensis. Asio madagascariensis. Strix flammea. Coua serriana. Coua Reynaudii. Coua cristata, Coua madagascariensis. Centropus madagascariensis. Eurystomus madagascariensis. Leptosomus discolor. Brachypteracias leptosomus. Brachypteracias squamigera. Atelornis pittoïdes. Corythornis vintsioïdes. Ispidina madagascariensis. Merops superciliosus. Caprimulgus madagascariensis. Caprimulgus enarratus. Cypselus parvus. Upupa epops. Upupa marginata. Nectarinia souimanga. Nectarinia notata. Neodrepanis coruscans. Zosterops madagascariensis. Philepitta castanea. Hypherpes corallirostris. Ellisia typica. OISEAUX. Bernieria madagascariensis. Bernieria zosterops. Motacilla flaviventris. Pratincola torquata. Saxicola isabellina. Copsychus albospecularis. Hypsipetes madagascariensis. Tylas Eduardi. Dicrurus forficatus. Artamia leucocephala. Leptopterus viridis. Cyanolanius bicolor. Mystacornis Crossleyi. Pseudobias Wardi. Terpsiphone mutata. Campephaga cinerea. Calicalicus madagascariensis. Vanga curvirostris. Lantzia rufa. Euryceros Prevosti. Hartlaubia madagascariensis. Ploceus pensilis. Spermestes nana. Funingus madagascariensis. Turtur picturatus. Margaroperdix striata. Turnix nigricollis. Porphyrio madagascariensis. Fulica cristata. Gallinula chloropus. Parra albinucha. Rallus gularis. Canirallus griseofrons. Biensis madagascariensis. Mesites variegata. Ardea cinerea. Ardea purpurea. Ardea alba. Ardea ardesiaca. Ardea podiceps. mur [NO Nycticorax europæus. Sarcidiornis melanotus. Scopus umbretta. Nettapus auritus. Anastomus madagascariensis. Dendrocygna major. Platalea tenuirostris. Anas Melleri. Ibis falcinellus. | Querquedula hottentota. Lophotibis cristata. Aytbia nyroca. Himantopus candidus. Thalassornis leuconota. Gallinago Bernieri. Podiceps Pelzelnii. Charadrius tricollaris. Plotus melanegaster. Outre les nombreuses espèces rares qui sont utiles pour com- pléter des séries où remplacer des spécimens en mauvais état, il y a dans ces collections deux espèces nouvelles de Mammifères, deux espèces nouvelles d'Oiseaux et quatre espèces d'Oiseaux qu'on n'avait encore jamais trouvées à Madagascar (Elanus cæruleus, Upupa epops, Saæicola isabellina et Aythia nyroca). Je dois ajouter que j'avais envoyé précédemment un oiseau de proie nocturne d’un genre entièrement nouveau, l’Heliodilus, qui a donné lieu à des études zoologiques et anatomiques importantes, et plusieurs exem- plaires dans l'alcool du Mesites variegata, oiseau typique qui n'avait pu encore être classé avec certitude, faute d'éléments anatomiques. En outre, j'ai rapporté des Reptiles, plus de 300 Lépidoptères, tant diurnes que nocturnes, quelques-uns très rares, avec leurs chenilles et leurs chrysalides, d’autres nouveaux, un millier de Coléoptères, dont un certain nombre ont une valeur réelle pour le Muséum, des Orthoptères, des Hyménoptères, des Hémiptères, qui ont offert aux entomologistes plusieurs nouveautés. Je ne puis malheureusement donner la liste complète des Insectes, l'étude n'en étant pas encore complétée. Enfin j'ai réussi à apporter vivants à Paris 32 Lémuriens, parmi lesquels je dois citer deux Aye-ayes (Chiromys madagasca- riensis) et trois Hapalemur (A. simus et H. olivaceus), qu'on n'avait encore jamais vus en vie en France, un Lemur flaviventer, de beaux Lemur varius, des L. mongoz de diverses variétés, un Chtrogalus rufus, deux Cryptoprocta ferox, une Galidia concolor, etc., tous animaux qui présentent une grande valeur scientifique et dont les mœurs sont étudiées avec intérêt par M. le professeur Alphonse Milne Edwards. Tels sont, Monsieur le Ministre, les principaux résultats de la — 157 — mission dont vous m'avez fait l'honneur de me charger. Je repars dans quelques jours avec l'intention de continuer ces recherches, et je ne doute pas que je ne parvienne à enrichir encore notre musée national de nombreuses et intéressantes collections; l'ile de Madagascar est en effet, au point de vue scientifique, l'une des plus intéressantes que l'on puisse explorer, et les voyageurs iront en- core longtemps sans en épuiser les richesses. J'ai l'honneur d'être, Monsieur le Ministre, votre très humble et très respectueux serviteur. Léon Humcort. Le 21 janvier 1881. LS : ter ess x Ki en y Ne ei eZ e 64 DT PSE MUR in PAR à vi “sit THAT THOY F ,wletui u | NE les “ho abrènisedlt éd: à À "4 Kai . | HE des, sésiutt den" BCPT cie sp tripertné ET cl ti « croi teur this les dei Ta e u, pl "y hi sand Fi Ÿ À 51 ê Pa * Preneec ét quatre rendee ‘ ' BL CON2,T7 SRE, UNE MMM STD tr Aider Ps : “ & 1 Pa à V UE d LE 2 “ h 4 Pre dé Aa g- se Li se k 1 ‘ LP “ 4 { re ré "2? lé LE 1 LÉ , P d Ah L d ‘ ELÉ A ‘. test “ 1 = 4 a ‘ Re \ 2 E2 Li ; 0 ñ f ta 121. , + î s ” $ | { ' à ; _ F L i j î e LA Li N L - 1 ‘ ) i ñ [ re 7 ei À L . # E , + : - \ » LA . — r RAPPORT LA MISSION DE M. HUMBLOT A MADAGASCAR, | PAR M. ALPHONSE MILNE EDWARDS. Le rapport que M. Humblot a présenté à M. le Ministre de l'in- struction publique sur sa mission à Madagascar mérite d’être publié; on y trouve en effet d’intéressants détails sur une région à peine explorée et dont il a fait connaître avec exactitude les pro- ductions naturelles. M. Humblot a principalement parcouru la partie de la grande île comprise entre la baie d’Antongil au Nord et Foulepointe au Sud. Nos officiers de marine en station à Sainte-Marie vont souvent chasser dans les forêts de Madagascar qui avoisinent la côte, mais ils ne s'écartent jamais beaucoup du bord de la mer et les ren- seignements qu'ils ont pu recueillir sur le pays ont peu d'impor- tance. M. Humblot à résidé pendant plus d’une année aux environs de Foulepointe, il a exploré l'intérieur de l'île et il s'est avancé à l'Ouest du lac d’Alaoträ jusqu'au fort hova désigné sur la carte de M. Grandidier sous le nom d'Amparafaravolä. La forêt qui s'étend autour du lac est une des plus grandes et des plus épaisses de Madagascar. Les arbres y sont séculaires et les animaux, qui vivent là dans une tranquillité presque complète, abondent et sont des plus variés. Au contraire, à partir du fort d'Amparafaravolä jus- qu'à celui d’Ambodiamontanàä, situé plus à l'Ouest, le sol est aride et couvert seulement de broussaïlles. — 160 — Pendant son voyage, M. Humblot s’est principalement occupé d'histoire naturelle et il s’est attaché à l'étude de la flore et de la faune de la région qu'il visitait. Les résultats qu'il a obtenus sont considérables et les collections qu'il a faites et qu'il a rapportées au Muséum d'histoire naturelle ont une grande valeur. Il a dé- couvert plusieurs espèces nouvelles de Mammifères, d'Oiseaux et d'Insectes, et il a ramené des animaux vivants extrêmement rares et peu connus au point de vue de leurs mœurs et de leur organi- sation. Il lui a fallu vaincre bien des difficultés pour conserver pendant aussi longtemps et pour transporter de Madagascar en France des espèces aussi délicates. Grâce à ses soins, on peut au- jourd’hui voir dans notre ménagerie deux Ayeayes. L'étude de ce singulier Mammifère présente une véritable importance, à raison de la singularité de son organisation et de son extrême rareté. Sonnerat, le premier, découvrit cette espèce en 1780 et 1l déposa au Muséum la dépouille d’un Aye-aye, qui est resté jusqu'en 1844 le seul représentant connu de ce groupe. À cette époque, notre galerie nationale s'est enrichie d’un second exemplaire, et c'est depuis quelques années ‘seulement que les grands musées de l'Europe ont pu se procurer cette espèce. Les caractères les plus disparates se trouvent réunis chez elle et expliquent jusqu'à un certain point qu’elle ait été classée tantôt avec les Rongeurs, tantôt avec les Quadrumanes. Le genre Hapalemur est représenté dans la collection de M. Hum- blot par deux espèces : H. simus (Gray) et I. olivaceus (Geoff.). Ces derniers diffèrent beaucoup plus des Makis qu'on ne le croyait. Les conditions dans lesquelles ils vivent, leur régime, leur voix, leurs allures sont autres. C'est au. milieu des bambous qu'on les trouve; ils se nourrissent des jeunes pousses de ces plantes, et, quand ils sont au bord de l’eau, ils n'hésitent pas à nager pour fuir les chasseurs. Ils se tiennent d'ordinaire assis, leurs pattes de devant rapprochées du corps et leurs mains pendantes; leur cri est un gémissement triste, semblable à celui d'un enfant. L’Hapa- lemur simus est plus grand et en quelque sorte plus Maki que ses congénères; ses longues pattes lui permettent de sauter avec une grande agilité. Il se mêle volontiers aux Mongous, tandis que VIT. olivaceus semble avoir pour ces animaux une antipathie mar- quée. Un Chirogale furcifère, des Microcèbes nains et des Makis — 161 — de diverses espèces complètent la série des Lémuriens vivants que nous devons à M. Humblot. Je dois mentionner encore une paire de ces Chats plantigrades que les naturalistes désignent sous le nom de Cryptoprocta ferox, plusieurs Genettes de Schlegel, une Galidie élégante et de nombreux Oiseaux. À. Mine Enwarps. 22 mars 1881. MISS. SGIENT. —— VII. 11 RE TN ù f à pe px liée dl HE LEA É j a de RAPPORT SUR UNE MISSION A TÜRIN, AFIN DE PRENDRE PART AUX TRAVAUX DU CONGRES INTERNATIONAL D'HYGIÈNE DE 1880. PAR M. A.-J. MARTIN. Monsieur le Ministre, Sur la proposition de la Commission des voyages et missions scientifiques et à la suite d'un rapport présenté par M. le docteur Henry Liouville, député, membre de cette Commission, vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer en mission à Turin, afin de prendre part aux travaux du Congrès international d'hygiène qui s'y est réuni le 6 septembre 1880. Je viens, suivant votre désir, vous présenter un rapport sur celte mission. Des devoirs de famille m'ont rappelé en France avant la clôture du Congrès; mais un voyage effectué quelques semaines auparavant à Turin et une excursion entreprise dans les villes du Nord de l'Italie à la fin du mois d'octobre, afin d'étudier plus complètement les questions soulevées dans cette réunion, ainsi que le dépouillement des procès-verbaux et des manuscrits que le Secrétariat du Congrès a bien voulu m'autoriser à faire sur piace, m'ont permis de puiser les renseignements contenus dans ce rapport à des sources sûres et autorisées. CHAPITRE PREMIER. LE CONGRÈS INTERNATIONAL D'HYGIÈNE DE TURIN. Succédant aux Congrès internationaux d'hygiène de Bruxelles 11, — 164 — en 18706 et de Paris en 1878, celui de Turin devait prendre un caractère particulier, en rapport avec les progrès mêmes de la science à laquelle étaient consacrées ses délibérations. À l'époque de la première de ces réunions bisannuelles, et bien que déjà en 1852 un Congrès d'hygiène, international également, eût eu lieu a Bruxelles, il semblait que l'hygiène ne pouvait à elle seule oc- cuper toutes les séances d’une réunion spéciale ; aussi y fut-elle plus ou moins confondue avec le sauvetage et l’économie sociale, qui faisaient aussi partie du programme. À Paris, en 1878, il n’en fut plus de même; l'hygiène apparut seule, dégagée de toutes préoc- cupalions étrangères; elle y prit le véritable caractère qui lui con- vient désormais, celui d'une science, science d'application assuré- ment, mais qui nen à pas moins pris rang parmi les sciences positives. Fallait-il encore, en 1880, comme au Congrès de Paris, appeler plus particulièrement la discussion sur un certain nombre de questions qu'il paraissait plus urgent d'étudier, en préparer l'examen par la rédaciion d'importants mémoires préalablement envoyés aux membres adhérents, tout en conservant à chacun le droit de présenter d'autres sujets de discussion dans les séances de sec- tions; ou bien devait-on laisser pleine et entière liberté, et n'im- poser l'étude d'aucune question assignée à l'avance? Les organisa- teurs du Congrès de Turin pensèrent que l'hygiène avait montré, par les discussions, les rapports et le succès du Congrès précédent, un si haut degré d'avancement, qu'il était nécessaire de faire cou- naître, même sommairement, à tous ceux qui ont charge d'admi- nistrer la santé publique, le grand nombre des revendications que les hygiénistes sont en droit de présenter, afin de mieux faire res- sortir la nécessité ct l’urgence des réalisations et des mesures ad- minisiratives qui en doivent être les conséquences. Le Congrès international d'hygiène de Turin a donc été plutôt une sorte de consultation géaérale entre des hommes appartenant à diverses nationalités, mais adonnés aux mêmes études qui, di- verses dans leur objet immédiat, n'en concourent pas moins au même but, l'accroissement de la vigueur physique et de la vitalité des peuples, fondement le mieux assuré de leur prospérité. Il serait inutile d’insister ici sur le côté extérieur du Congrès; je veux cependant en constater tout au moins le grand et légitime succès. Très soigneusement préparé, avec un grand dévouement — 165 — et'un zèle très actif, par M. le professeur Pacchiotti!, sénateur, assesseur communal pour lhygiène, il ne tarda pas à trouver un concours sympathique auprès des pouvoirs publics. La brillante séance d'ouverture, présidée par M. le comte Ferraris, sénateur, syndic de la ville, en présence de M. le Ministre de la justice, que S. M. le Roi d'Italie avait spécialement chargé de le représenter, des représentants du Conseil provincial et du Conseil communal, fut une preuve décisive de l'importance attachée à cette réunion. Les étrangers n'avaient pas non plus manqué à l'appel qui leur avait été adressé dès le premier jour; ils y vinrent en grand nombre, principalement de la France, qui ne pouvait se désinté- resser d'une œuvre ayant pris naissance au dernier jour du Con- grès de Paris. Plus de cinquante Français, la plupart délégués, soit par les ministères, soit par les sociétés savantes, prirent part aux travaux du Congrès; l'accueil qui leur fut fait a non seulement été sympathique, mais il fut encore empreint d'une cordialité toute caractéristique et toute voulue, dont le souvenir ne saurait s'effacer ?. ! Je dirai plus loin de quelles institutions la ville de Turin est redevable à M. Pacchiotti, mais je désire dès maintenant lui adresser, ainsi qu'à M. le comte Ferraris, l'expression de ma profonde gratitude pour l'obligeance avec laquelle ils ont facilité ma mission; je n'aurais garde d'oublier non plus l’amical et bien- veillant accueil que j'ai trouvé auprès des membres du Bureau d'hygiène, MM. Riz- zetti, directeur, Ramello, directeur adjoint, Brambilla, sous-chef, et surtout auprès de M. Demaison, l’un des attachés de ce service, qui voulut bien me fournir sur place même les divers renseignements dont j'avais besoin. ? Le Bureau général du Congrès fut ainsi constitué : Présidents d'honneur : MM. 1e comte Ferraris; À. Fauvel, inspecteur général des services sanitaires français, membre de l'Académie de medecine de Paris; Crocq, sénateur de Belgique, professeur à l'Université de Bruxelles. Président : M. 1e professeur Pacchiotti, sénateur. Vice-présidents : MM, Henry Liouville , député au Parlement français, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris; Emile Trélat, directeur de l'Ecole spé- ciale d'architecture, président de la Société de médecine publique et d'hygiène professionnelle de Paris; Finkelnburg , professeur à l'Université de Bonn; Félix, directeur du service sanitaire de la ville de Bucharest; Froben, conseiller me- dical à Saint-Pétersbourg; Hinckes Bird, officier médical de santé à Londres; Van Overbeek de Meïjer, professeur à l'Université d'Utrecht. Secrétaires généraux : MM. C. Ramello et A.-J, Martin. Secrétaires : MM. V. Demaison, Piovano et C. Cornagliotti. Trésorier : M.E. Pasquini. — 166 — Un grand nombre de vœux ont été émis au Congrès de Turin; il ne pouvait manquer d'en être ainsi, en raison des conditions mêmes de son organisation. Je crois devoir tout d’abord, au début de ce rapport, en reproduire l'énumération ainsi que les noms de leurs auteurs. I. — Hygiène générale et internationale. 1° Le Congrès fait appel aux Gouvernements européens pour l'exécution des vœux formulés à la Conférence sanitaire de Vienne, en ce qui concerne la création d’une Commission internationale des épidémies. (MM. Fauvel, Finkelnburg, Félix.) | 2° Que dans chaque gouvernement on organise un centre direc- teur de la santé publique; que ce centre ne soit pas soumis aux fluctuations de la politique; qu'il soit autonome, compétent et dépendant de l’Assemblée nationale, avec un budget spécial. (M. Vidal.) | 3° Que les Gouvernements favorisent dans toutes les grandes villes la création de Bureaux d'hygiène, analogues à ceux qui exis- tent à Turin, à Rome, dans la plupart des villes de fltalie, à Bruxelles, au Havre et à Nancy. (MM. Liouville, Proust, Pamard, Dubrisay.) 4° Que l’enseignement pratique de lhygiène reçoive, dans les centres universitaires, tous les perfectionnements nécessaires; en particulier, qu’il soit créé des laboratoires d'expériences et d’exper- tises, et des musées d'hygiène. (M. Layet.) 5° Que dans tous les pays la loi impose l'obligation de la vac- civation et des revaccinations. (MM. Liouville, Vidal.) 6° Que les Gouvernements veuillent bien prendre des mesures efficaces pour empêcher la transmission des maladies vénériennes et syphilitiques par le commerce maritime, en exigeant des équi- pages, soit au départ, soit à l’arrivée, une patente nette de ces af- fections, (MM. Gallia, Piovano, Gibert.) 7° Le Congrès ne saurait trop louer et encourager le Gouverne- ment italien dans l’œuvre d'assainissement déjà commencée par l'établissement de colonies pénitentiaires dans l’Agro: romano; il considère que la mortalité qui en résulte ne saurait être com- parée aux immenses avantages. que l’on peut en relirer au point de vue de l'hygiène générale et de la civilisation. (MM. Baccelli, Teissier.) — 167 — Il. — Hygiène industrielle, professionnelle et privée. 8° Qu'une enquête sérieuse soit faite sur les conditions hygié- niques des travaux dans les galeries souterraines, et que des rè- glements ou des lois soient formulés pour protéger la santé des ouvriers. (M. Pagliani.) 9° Que le rouissage du chanvre et du lin soit pratiqué dans des usines spéciales, au moins pour les centres de grande production. (M. Vallin.) 10° Que, dans tous les grands centres et près de tous les hô- pitaux, on établisse des étuves de désinfection pour les objets de literie et les vêtements, et que cette désinfection soit rendue obli- galoire à la suite des maladies infectieuses ou transmissibles. (MM. Drouineau, Vallin, Fauvel.) IL. — Hygiène des enfants et des écoles. 11° Que la visite médicale de toutes les écoles soit faite pério- diquement. (M. Carville.) 12° Que la législation sur l’état civil puisse assurer partout aux enfants illégitimes le nom et l'appui de leur mère naturelle; les secours aux filles-mères, l'assistance à domicile, la protection aux enfants, doivent assurer leur conservation et leur sort: l’Assis- tance publique ne doit intervenir que pour s'assurer la charge des orphelins misérables et des enfants abandonnés par des mères impuissantes et sans ressources. (M. Agostini.) 13° Que, dans tous les pays, l’âge d'admission des enfants au travail soit uniformément fixé, et que cet âge ne soit sous aucun prétexte inférieur à douze ans; que la durée du travail des enfants soit uniformément fixée par des traités internationaux, dans l’in- térêt de la santé publique et du développement intellectuel des enfants; que les enfants ne puissent jamais être employés au tra- vail de nuit avant l’âge de seize ans. (M. Napias.) 14° Afin d'éviter la fatigue de la vue des enfants, que les livres d'école soient à l'avenir impriméssur du papierjaunâtre. (MM. Roth, Javal.) 19° Que l'horaire des écoles ne doit pas être continu. (MM. Roth, Morra.) 16° Que dans la soirée les enfants ne devraient travailler que dans des proportions très restreintes. (M. Arnaudon.) — 168 — 17° Que l'on institue dans les écoles normales un cours spécial d'hygiène domestique et privée et d'hygiène des écoles, avec des notions sur l'influence que l'école peut avoir sur les maladies des enfants, et que cet enseignement soit fait par un médecin. (M. In- nocenti-Ghini.). | | | 18° Que dans les écoles, autant que possible, on ne fasse pas coïncider les études ou l’époque des examens avec les grandes chaleurs de l'été. (M. Jewis.) IV. — Hygiène vétérinaire et alimentaire. 19° Qu'un service vétérinaire d'inspection des viandes soit in- stallé partout où il y a un abattoir ou une boucherie; que cette inspection soit faite sur les animaux vivants el soit répétée après leur mort; que l'on publie et répande des instructions populaires afin de persuader les populations que la viande insuffisamment cuite est quelquefois dangereuse. (M. Nocard.) 20° Que l’on fasse partout des études pratiques afin d'établir s'il est possible qu’un chien bien portant fait développer la rage, quoique ne l'ayant pas lui-même, en mordant d’autres animaux, fait que la science n'admet pas encore; et pour établir s’il n'existe pas des formes de rage guérissables, mais pouvant transmettre par morsure une rage mortelle. (MM. Vallada, Bassi, de Marchi.) 21° Que la désinfection régulière des wagons et annexes, toutes les fois qu’ils auront servi au transport de solipèdes, de grands ou de petits ruminants, de porcs, de volailles, soit adoptée par tous les Gouvernements, afin d'empêcher la diffusion des maladies con- tagieuses des animaux domestiques. (M. Bassi.) 29° Que l'abatage immédiat des animaux morveux soit toujours pratiqué, quil ne soit permis de les soigner que dans les écoles vétérinaires, et que le public soit averti par des instructions po- pulaires du danger qu'il court en s’exposant au contact de ces ani- maux. (M. Brusasco.) à 23° Que des mesures très rigoureuses de police sanitaire soient prises par tous les Gouvernements, afin d'éloigner toujours davan- tage la transmission de la tuberculose des animaux à l’homme, et que le public soit instruit de ce danger. (M. Brusasco.) 24° En cas de mort d'animaux charbonneux, outre les mesures prophylactiques déjà en vigueur, qu'il soit procédé à la cuisson dans des chaudières ou des fourneaux ambulants, dans les lieux — 169 — où il n'y a pas d'équarrissage; que la terre des écuries et le produit d'incrustation des murs soient torréfiés; que toutes les matières et tous les outils infectés soient désinfectés et torréfiés ; que le sol des écuries soit revêtu d'une couche d’asphalte; qu’il soit établi des sta- tions destinées à l'enterrement, avec cuisson préalable , des animaux morts du charbon ou d’autres maladies qui les rendent impropres à l'alfmentation. (M. Brusasco.) 25° Qu'on rédige et divulgue une instruction populaire concer- nant les dermopathies parasitaires des animaux domestiques trans- missibles à l'espèce humaine. (M. Bassi.) 26° Que les Gouvernements des pays où la pellagre est endé- mique pourvoient à ce que les autorités locales empêchent la con- sommation du maïs altéré, et publient des instructions populaires pour avertir les populations du danger qui en résulte. (M. Gra- magna.) _— Hygiène militaire et navale. 27° Que le choix des soldats à la revision soit plus sévère, et que l'appel sous les armes ait lieu en octobre ou en avril, et non au milieu de l'hiver, comme dans certains pays. (M. Baroffio.) 28° Qu'une meilleure alimentation soit donnée aux soldats, avec prédominance de l'élément végétal frais, et qu’un local chauffé existe dans chaque caserne, où les soldats employés au service de nuit puissent promptement faire sécher leurs vêtements. (MM. Ba- roffio, Colin.) 29° Que dans les examens des capitaines de marine, on donne une part importante aux connaissances d'hygiène et de médecine navale, et qua bord de chaque navire on puisse trouver un livre résumant les connaissances les plus utiles sur ce sujet. (M. Bon- civenni.) 30° Que les casernes soient, à l'avenir, composées de pavillons isolés, n'ayant chacun ni étages ni divisions intérieures. (M. Émile Trélat.) 31° Après avoir assisté aux expériences que la Société de crémation de Milan avait préparées pour l’excursion dans cette ville qui termina le Congrès, les personnes présentes émirent l'avis : que les Gouvernements prennent aussitôt que possible des mesures spéciales réglant la pratique de la crémation facultative des cadavres humains; que les Gouvernements ayant accepté la — 170 — Convention sanitaire de Genève ajoutent un codicille à cette Con- vention, par lequel il serait spécifié que, en cas de guerre, les armées seront fournies d'appareils crématoires ambulants, afin de pouvoir incinérer les corps sur les champs de bataille mêmes; qu'une Commission composée de dix membres, choisis dans les différentes nations, élabore un projet de règlement qui devra être soumis à chaque Gouvernement et faciliter auprès de celui-ci l'exé- cution des vœux exprimés ; que la crémation des cadavres humains soit facultative et qu'elle soit obligatoire pour les animaux atteints ou morts de maladies transmissibles. (MM. Pini, de Cristoforis, Lacassagne. ) L'examen des questions suivantes a été réservé pour une nou- velle discussion qui sera soulevée au prochain Congrès interna- tional d'hygiène, à Genève, en 1882 : l'adoption et la rédaction d’un Bulletin stalistique hebdomadaire, comprenant une classifi- cation des maladies qui serait adoptée uniformément par tous les pays (MM. Brambilla, Spatuzzi, Bertillon, Ibanez de Aldecoa, Carville Van Overbeck de Meïjer, Pamard, Dunant); la rédaction d’un questionnaire pour l’étiologie des épidémies de fièvre typhoïde (MM. Baccelli, Ratti, Félix, Colin, Spatuzzi, Eulenberg , Proust) ; l'organisation de stations ou hôpitaux maritimes pour les phti- siques et les conditions qu'ils doivent remplir (MM. Carville, Gi- bert, Bourneville, Lubelski, Gamba); l'étude de linfluence des programmes scolaires et de leur étendue exagérée sur la santé des enfants (MM. Gariel, Mezzini); l’organisation d'écoles d'infirmiers et d'infirmières (M. Bourneville). On voit, par cette longue énumération qui ne fait cependant con- naître qu’une partie des débats du Congrès d'hygiène de Turin, sur quelle variété de sujets les délibérations ont porté. Il me parait inutile ici de faire l'analyse détaillée et de reproduire l'ex- posé de toutes les questions discutées; les comptes rendus qui en ont paru immédiatement dans les divers journaux spéciaux des différents pays représentés rendent ce soin superflu; je crois mieux répondre au désir qui m'a été exprimé et à l'honneur qui m'a été conféré, en insistant plus particulièrement sur les prinei- pales questions traitées au Congrès, sur celles surtout pour les- quelles les institutions de Fltalie fournissent des renseignements, JE = plus ou moins connus, qui peuvent utilement servir d'exemple. Je diviserai donc l'étude qui va suivre en plusieurs chapitres, qui seront les suivants : 1° L’hygiène scolaire; 2° Les établissements pour les enfants rachitiques et les hos- pices pour les scrofuleux ; 3° La prophylaxie de la variole ; h° La crémation; 5° L'organisation administrative de l'hygiène publique; 6° L'enseignement de l'hygiène. CHAPITRE IL HYGIÈNE SCOLAIRE. Il y aurait tout un livre à écrire sur l'hygiène scolaire en ltalie depuis la constitution du royaume; depuis surtout qu'un es- prit vraiment libéral a prévalu dans les conseils de l'instruction pu- blique sur l’absolutisme théocratique des siècles passés, de grandes choses ont été accomplies dans ce sens, de grands sacrifices ont été faits. Parmi un grand nombre de villes italiennes pour les- quelles les améliorations à apporter dans l'éducation populaire, ansi que dans le régime scolaire, ont été comme la passion do- minante, Turin est assurément l’une de celles où les efforts ont été le plus énergiquement tentés et réalisés. À ce titre, l'hygiène scolaire a pu y prendre un caractère tout particulier, qu'il n’est _pas sans intérêt de connaître. Mais dans une étude aussi vaste, il est nécessaire de faire un choix; aussi bien les questions qui, en France, ont, à ce point de vue, le plus d'importance aujour- d’hui sont assurément l'application du règlement ministériel du 17 juin 1880, concernant la construction et l’ameublement des maisons d'école, ainsi que les dispositions prises pour mettre à exécution dans les écoles primaires la loi du 25 juin 1879 sur l'obligation de la gymnastique et enfin l’inspection hygiénique et médicale des écoles. C’est donc en tenant compte de ces considéra- tions que Je désire étudier les renseignements que Turin peut offrir à cet égard. Quant à l'enseignement même de l'hygiène, 1k fera l'objet du dernier chapitre de ce Rapport. — 172 — J. — Construction et appropriation des édifices scolaires destinés aux écoles élémentaires municipales. La municipalité de Turin a rassemblé, en 1879, dans une pu- blication spéciale, les diverses règles qui lui paraissent devoir servir de bases aux délibérations des commissions techniques appelées à donner leur avis, motivé suivant les diverses circonstances, en ce qui concerne la construction et l'appropriation des édifices sco- laires. Ces règles ont été, en général, strictement suivies dans ces dernières années pour les nombreuses écoles qui ont été élevées dans les quinze arrondissements scolaires de la ville, ces arrondisse- ments devant avoir chacun une ou deux maisons d'école. À Ia fin de 1879, l'instruction primaire était donnée à Turin à 20,644 en- fants fréquentant 503 classes, sur une population de 231,636 ha- bitants; ces chiffres ont dù s'élever encore dans une assez grande proportion depuis cette époque, d’après les indications que j'ai pu recueillir. Il y avait en ville 271 classes (132 pour les garçons et 139 pour les filles) ; 52 dans les faubourgs (26 pour les garcons et 26 pour les filles); 90 écoles du soir (64 en ville, 26 dans les faubourgs). Les 132 classes de la ville pour les garcons sont situées dans 11 établissements scolaires, dont 6 appartiennent à la com- mune; les 139 classes pour les filles sont situées également dans 11 établissements, dont 6 municipaux. La construction et l'appropriation des écoles primaires ont été faites suivant le programme suivant, que je crois devoir traduire, parce qu'il suffit de le reproduire pour établir en même temps la comparaison de ses divers chapitres avec les règlements analo- gues des pays étrangers, notamment avec le nouveau règlement français pour la construction et l’'ameublement des maisons d'école, du 17 juin 1680 : Les maisons d'école doivent être établies, autant que possible, loin des ateliers bruyants et insalubres et des rues les plus fréquentées; elles seront séparées des autres habitations; elles devront faire face au moins par deux côtés à des voies publiques larges et tranquilles, à des jardins ou à des allées d'arbres, et être disposées de telle sorte qu’elles puissent ne successivement des rayons du soleil suivant les diverses heures de la journée et être abritées du côtè du Nord. Les édifices scolaires à l'usage des deux sexes auront deux entrées et — 175 — deux escaliers séparés. Les classes de garçons seront établies au rez-de- chaussée , celles des filles au premier étage. L'édifice pourra aussi être formé de deux parties distinctes : l'une, à deux étages, pour les classes de garçons; l'autre, pour les classes de filles. ‘ Lorsque l'administration municipale devra acquérir ou choisir un ter- rain pour y élever un établissement scolaire, l'avis écrit du Bureau d'hy- gène et de la Commission scolaire sera nécessaire. De même, avant d'entreprendre la construction, le service d’architec- ture devra présenter au Bureau d'hygiène et à la Commission des écoles le projet dans tous ses détails, pour être étudié et approuvé au point de vue technique et hygiénique. L'extérieur des édifices scolaires devra être construit avec une simpli- cité s'alliant à une élégance suffisante. L'intérieur sera divisé de la manière suivante : logement du gardien, di- rection et parloir, salle d'attente, cour, galerie, salle des lavabos, classes, salle de gymnastique, salle de dessin et, dans les classes pour les enfants du sexe féminin , un ouvroir et une salle de dessin , musée et bibliothèque, latrines et appareils de chauffage. Dans tout édifice, aussi bien dans la partie consacrée aux garçons que dans celle pour les filles, on devra réserver pour le gardien et le portier un logement de trois chambres, ayant des cabinets d’aisances distincts de . ceux des écoliers. Une chambre d'au moins 20 mètres de superficie sera attribuée à la Direction dans chaque établissement scolaire; elle sera construite de ma- nière à faciliter autant que possible la surveillance des locaux inté- rieurs. | Un parloir de 12 à 16 mètres sera construit dans le voisinage de la salle d'entrée et, s'il est possible, en communication directe avec la Di- rection. ( Un appartement de plain-pied au rez-de-chaussée sera installé pour les maîtres et maîtresses. La cour aura une forme régulière sans saïllies ni concavités. Sa super- licie devra ètre de 1 mètre carré par élève; elle ne devra jamais être inférieure à 200 mètres carrés. Une partie de la cour pourra être trans- formée en hangar; dans la partie découverte on plantera des arbres, pourvu qu ils ne nuisent pas à la salubrité. Sous le hangar, on établira le long du mur un lavabo avec un bassin par 20 élèves; au-dessus, un ré- servoir d'eau. I sera préférable de ne fermer qu'un seul côté de la cour par un mur ou par une grille ou encore par des constructions basses, offrant quelque ouverture bre. Les cours seront entourées de trottoirs dallés; au milieu, on établira une petite fontaine avec un robinet fournissant de l'eau po- table et munie d'une tasse en métal fixée par une chaïnette en fer. Cette — 174 — fontaine aura aussi une bouche d'arrosage. Il y aura encore un puits d'eau vive avec une pompe. Les galeries conduisantaux classes , lorsque leur orientation ne s'y oppose pas, doivent être de préférence du côté des voies publiques , afin d'empêcher les bruits du dehors de troubler l'enseignement. C'est donc par ia cour que la lumière devra pénètrer dans les classes. Ces galeries seront munies de crochets auxquels les élèves pourront suspendre leurs habits. Dans les enfoncements des fenêtres ou des murs qui leur sont opposés, on pla- cera des bassins avec robinets, proportionnellement au nombre des élèves. La largeur des galeries ne pourra être moindre de 2",40; elles seront munies d'armoires. Les portes des galeries aboutissant aux salles auront deux battants dont l’un se fermant automatiquement. Elles seront peintes en vernis peu foncé. À chaque étage, des cabinets d’aisances seront établis de manière à laisser un espace libre entre eux et les locaux intérieurs ; ils seront exposés à l'Est ou au Sud. La chambre qui les contient sera divisée, pour les pe- tits garçons, en autant de petits cabinets à mi-hauteur qu'il y a de classes dans l'école; pour les jeunes filles, il ÿ aura un cabinet par 30 élèves. Dans les écoles de garçons, on établira autant d’urinoirs qu'il y a de cabinets à eau. Les petits cabinets auront la longueur et la largeur minima de 70 et de 90 centimètres, avec une porte se fermant d'elle- même et élevée de 15 centimètres au-dessus du sol. Le pavage sera | en asphalte naturel ou en ciment, avec une grille pour l'écoulement des eaux. Les sièges seront en bois et établis de telle sorte que l'en: fant s'y asseye sans pouvoir monter dessus. Les latrines seront mu- nies de deux fermetures hydrauliques, l'une sous chaque siège à une profondeur d'au moins 50 centimètres, l’autre dans la cour entre l'en- trée du canal qui reçoit les matières à conduire dans la fosse et l'extré- mité du tuyau. La fosse sera munie d'un tuyau aspirateur montant jusqu'au toit, comme le tuyau des cabinets, afin d'établir un tirage suffi- sant. Les cabinets des maîtres pourront être disposés à l'intérieur, pourvu qu'ils ne soient pas trop en vue; mais ils seront pourvus, outre la double fermeture hydraulique, d'unemachine à eau à soupape. Les cabinets et les murs des locaux qui les entourent seront recouverts d'une couche de ciment jusqu'à une hauteur de 1°,30 ; dans chaque local on disposera un robinet d'eau , fermé à clef, pour le service exclusif de l'arrosage. Les cabinets pour les petits garçons seront séparés de ceux pour les petites filles. Chaque classe doit présenter la forme d'un rectangle plus ou moins allongé, suivant la capacité qu'elle doit avoir. La longueur ne doit pas dépasser 10 mètres, ni la largeur 7 mètres. Les angles seront légèrement arrondis, il en sera de même de tous les coins et angles des murs dans les — 175 — passages et dans les fenêtres, non seulement des classes, mais encore de tous les autres locaux de l'édifice scolaire. La lumière devra être unilatérale et arriver sur le banc à gauche de l'élève, au moyen de fenètres pratiquées sur un des longs côtés. Afin de mieux assurer la ventilation, des fenêtres seront placées dans le mur qui est derrière les élèves et l’on n'établira aucune fenêtre dans le mur d'en face. S'il y avait des fenêtres dans le mur de droite, on en adoucira la lumière. Les fenêtres seront garnies de vitres; elles s’ouvriront à leur partie supérieure. Le rebord inférieur sera placé à 1°,20 au moins au- dessus du plancher; la fenêtre montera, autant que possible, jusqu’au plafond et, s'il se peut, se terminera avec ce plafond, en ne formant avec lui qu'une seule et même ligne; elle sera de forme rectangu- laire. La superficie des fenètres de chaque classe ne sera jamais moindre de 20 centimètres carrés par élève, c'est-à-dire + de la superficie de la classe. Pour l'éclairage artificiel, quelle que soit la source de lumière uti- lisée, la distance entre le plancher et les réflecteurs ne doit jamais être de moins de 1",40:; la flamme devra être constante et de nature à ne pas frapper directement les yeux de l'élève; elle devra en outre émettre le moins de chaleur possible. Les produits de la combustion seront expulsés au moyen de conduits mis en communication avec les tuyaux des cheminées. Les abat-jour, quoique opaques, devront être assez transparents pour entretenir dans le reste de l'école une certaine lumière, afin que les yeux des élèves ne ressentent pas une trop grande différence d'intensité lumineuse. La porte d'entrée sera, autant que possible, à l'extrémité principale de l’école. La couleur des persiennes sera verte, celle des rideaux gris-brun. Les murs auront une teinte verdâtre; les plafonds seront blancs ou gris-brun clair, de façon à favoriser l'éclairage de la classe. Jusqu'à la hauteur de 1°,50 au-dessus du plancher, les murs seront « colorés et parsemés de taches, ce qui les fera ressembler, en quelque sorte, à du granit». Dans les galeries et dans les sallés dé gymnastique, les murs seront de couleur jaune clair. Les planchers des classes situées au rez-de-chaussée seront en bois fort, de même que dans la salle de la direction, dans la chambre des maîtres et dans le parloir; partout ailleurs le sol sera recouvert d’as- phalte. Le parquet s'élèvera à 35 centimètres au-dessus du niveau de la rue, et lorsqu'il n'existera pas de cave, le sol sera creusé jusqu'à une pro- fondeur de 80 centimètres et comblé avec des pierres et des carreaux de plâtre sec. Les classes situées aux étages supérieurs seront toujours sur voûtes ou sur des espaces vides soutenus par des barres de fer. — 176 — Chaque élève doit occuper dans la classe, en moyenne, un espace d'au moins 1 mètre carré, y compris la place du maïtre et les divers passages entre les bancs ou le long des murs. La capacité moyenne devra être de 4,50 mètres cubes par élève; aussi leur hauteur ne devra-t-elle pas être moindre de 4°,50. Cette superficie moyenne sera telle que les classes inférieures aient 90 centimètres carrés au moins par élève et les classes supérieures de 1,10 à 1,20 mètre carré. Aucune classe ne pourra avoir moins de 4o mètres carrés de surface. Les classes seront disposées de telle sorte que l'air puisse être changé au moyen de deux ouvertures pratiquées sur deux côtés opposés. Les escaliers auront toujours une rampe et ne seront jamais de forme hélicoïdale. La longueur de chaque marche sera d'au moins 1°,50, leur largeur de 30 centimètres et leur hauteur de 16 centimètres au plus; il ne pourra pas y avoir plus de 15 marches sans palier; les rampes por- teront de petites tiges de fer pour empêcher les enfants de s y laisser glisser pour descendre. Les escaliers des écoles de filles seront installés de façon qu'on ne puisse les voir ni monter ni descendre. IL y aura dans chaque groupe scolaire, soit de garçons, soit de filles, une salle de gymnastique, servant en même temps de salle de chant, pour l'entrée des élèves, pour les récréations pendant l'hiver et les jours de pluie. Dans les écoles où se font aussi des cours du soir, une entrée spéciale en dehors de cette salle leur sera affectée. La superficie de cette salle, y compris celle des galeries, devra être égale aux deux tiers de celle de toutes les classes. Elle devra ètre con- struite au rez-de-chaussée, à part, et avoir au moins 6 mètres d'éléva- tion. Dans les écoles de filles, il se trouvera une quantité suffisante de bancs pour les récréations. Dans celte salle seront placés et gardés tous les appareils destinés aux exercices gymnastiques ; les doubles pourront être mis dans la cour. Les appareils employés pour les exercices élémentaires seront les sui- vanis : Dans les écoles de garçons : 1° Baguette en bois de hêtre avec porte-baguettes. Manche en bois de hêtre, du poids de 1 kilogramme. 3° Cordes pour ürer. 4° Porte-enseignes mobiles pour sauter avec des « al pedane ». 5° Barres parallèles à appui mobile. 6° Barres fixes continues. 7° Balancier d'équilibre sur poutres. 8 Tremplin simple, mobile ou fixe, avec cordes lisses et cordes à nœuds, avec les paillasses nécessaires. 9° Barre oscillante. — 177 — Dans les écoles de filles : 1° Baguettes de hètre avec porte-baguettes. 2° Petites cordes longues pour sauter. 3° Sièges carrés. Pour les exercices plus compliqués , du degré supérieur, quatre autres gymnases seront établis avec tous les appareils nécessaires. Dans tout établissement comprenant plus de cinq classes de garçons ou de filles, une salle spéciale de dessin sera construite, dans laquelle chaque élève occupera un espace de 1",70 à 2 mètres carrés. Elle pourra se trouver dans un étage plus élevé que celui des autres classes et son orientation sera Nord-Ouest. Les tables de dessin seront à deux places, ayant chacune 60 centimètres de longueur et de largeur, et munies de sièges mobiles; elles seront séparées les unes des autres par des passages de 60 centimètres de largeur. Dans les écoles de filles, les salles de dessin serviront aussi de salles de couture pour les classes supérieures; à cet effet, on ajoutera autant de coussins qu'il y a de places. Une salle de 4o à 50 mètres carrés de superficie et disposée comme la salle de dessin sera destinée à la bibliothèque et aux collections d'ob- jets pour l'instruction , dans les établissements d'une grande importance; dans les autres, la salle des maîtres pourra suffire à cet usage. Les locaux seront chauffés et ventilés au moyen de calorifères placés dans les caves, avec des foyers revêtus de briques réfractaires. Alin de faciliter la ventilation et aussi pour la produire, lorsque les calorifères ne sont pas allumés, on établira un foyer supplémentaire à côté du grand foyer. Un réservoir d'eau, placé dans l’espace destiné à la circulation de l'air à côté du foyer, empêchera la trop grande dessicca- tion de l'air, et un rappel d'air devra modérer l'excessive chaleur dans les conduits de distribution. L'air à réchauffer devra toujours être pris soit dans les cours, soit dans les rues voisines. L'air chaud arrivera dans les classes par des bouches élevées au moins de 3 mètres au-dessus du plancher, et l'air vicié sera éliminé au moyen d'autres bouches placées au milieu du plancher; il ÿ en aura au moins deux par classe. L'élimination de l'air devra se faire avec une vitesse de 70 centimètres au plus à la seconde, et devra être de 14 mètres cubes par heure et par élève. La chaleur qui régnera dans les classes sera de 13 à 14 degrés centigrades, et dans les galeries et les salles de gymnas- tique de 8 à 10 degrés centigrades. Les bancs pour les élèves ne devront pas avoir plus de deux ou trois places; les sièges seront individuels avec dossiers et la distance horizon- tale entre le siège et la table sera nulle. Pour les troisième et quatrième MISS, SCIENT. —— VIII. 12 — 178 — classes de jeunes filles, ils seront munis d'une double table à trébuchet avec coussinets pour les travaux féminins. Ils seront de trois grandeurs, avec les proportions indiquées dans le tableau suivant : DISTANCE HAUTEUR | HAUTEUR : VERTICALE | by possier EXTÉRIEURE DISTANCE DU SIÈGE du siège de la table L DIAGONALE au rebord au-dessus au-dessus ARGEUR dés supérieur du du niveau plancher de la table du siège HAUTEUR jusqu’au X traverses siege TT 4 MODÈLE. inférieures depuis le rebord du pour filles. pour garçons. pour filles. pour garçons. pour filles. pour garçons. pour filles. de chaque pied. transversale de la table. transversale du siège V2] = © Ge = LS Le) = = © = Petits. . .[o" 31510" 30/0" 21 |o"24 |0°® 26|0" 29[0® 26/0" 29|0" 45l0" 31/0" 23 Moyens..lo 355lo 34lo 235lo 265l0o 5olo 33lo 3olo 33lo 5olo 32|o 24 Grands...lo 395lo 38lo 26 |o 29 |o 33lo 36/0 33lo 36lo 55lo 34lo 25 Le banc du maître aura 1”,10 sur 50 centimètres avec des tiroirs fermant à clef; il sera placé sur une petite estrade dans un des côtés les moins longs de la classe et la lumière lui viendra de droite. Le marche- pied aura une hauteur minima de 25 centimètres, une largeur de 1*,40 à 1”,50 et une longueur d'au moins 3*,50. Deux petits sièges de paille et un siège à étoffe seront mis à la disposition du maître. Le tableau en ardoise, qui devra être placé au centre du mur, en face des élèves et à la hauteur de 1 mètre au-dessus du marchepied, aura une longueur de 1°,20 et une hauteur de 90 centimètres; un escabeau de deux marches permettra aux élèves d'atteindre le haut du tableau. Les murs seront recouverts des portraits des souverains, et de dessins mobiles d'histoire naturelle ou de quelques sujets atirayants, sans compter les cartes de géographie et autres cartes faisant partie du mobilier de l'en- seignement. La distance entre le premier banc des élèves et la table du maître sera d'au moins 50 centimètres. Les bancs des élèves seront séparés des murs par des passages de 60 centimètres et des autres bancs par des passages d’une largeur minima de 35 centimètres. Chaque classe sera pourvue d'un thermomètre. Tels sont les points les plus essentiels du règlement actuellement — 179 — en usage à Turin pour la construction des écoles primaires muni- ‘cipales dans cette ville; les principes qui y sont contenus sont ceux qui doivent présider, sauf quelques détails peu importants d’appli- cation , dans toutes les écoles destinées aux divers degrés de l’en- seignement. J'ai tenu à les faire connaître, parce qu'aucune par- ticularité n’est inutile lorsqu'il s’agit de maintenir dans un milieu salubre et dans des conditions vraiment hygiéniques les délicats organismes qui seront-un jour la force du pays. IT. — Enseignement de la gymnastique dans les écoles. L'exercice si salutaire dé la gymnastique est depuis longtemps en grand honneur dans les écoles de la ville de Turin; dès 1833, Obermann l'organisait et en ce moment encore l'un de ses apôtres les plus fervents, M. le professeur Gamba, savant et habile chirur- gien, s'efforce de le propager en montrant par des cours spéciaux, des conférences et des brochures ce que peut être la gymnastique dans l'éducation. Dans un des chapitres suivants, je ferai con- naître les ressources que M. Gamba sait tirer de cet exercice pour le traitement du rachitisme dans les écoles destinées à ceux qui sont affectés de cette maladie. Ce qu'il me paraït intéressant de montrer 1c1, c'est la possibilité et la grande variété des exercices gymnastiques que les tout petits enfants qui fréquentent l'école primaire exécutent, sans difficulté, sans fatigue, comme en se jouant, et sans qu'il soit nécessaire d'avoir l'outillage si coûteux et si compliqué que l’on croit trop souvent indispensable. Je tra- duis le programme très intelligemment combiné de ces exercices, dont j'ai pu constater de visu les résultats si satisfaisants : ÉCOLES ÉLÉMENTAIRES DE PETITS GARÇONS. EXERCICES À FAIRE DANS LA CLASSE MÊME. A. — Exercices exécutés les élèves étant assis : 1° Attention ! — Les mains sur le banc. — Repos. 2° Appel (numerazione) par lignes, — par files, — par bancs , etc. , de la gauche, — de la droite, — du centre. 3° Battement des mains sur le banc', — main contre main, — une par une, — deux par deux, — une par deux, etc. ! Ce battement doit s'effectuer en frappant légèrement avec les phalanges seules des doigts contre le bord du banc. — 180 — 4° Mouvements de la tête successivement et en alternant les com- binaisons avec des mouvements des bras, des mains et des doigts. 5° Position des bras en avant, — obliquement, — en avant, — en haut, — obliquement, — en haut l'un ou l'autre, — simultanément, — successivement, — en alternant, — combinaisons avec des mou- vements de la tête. | 6° Tension des bras en avant, — en haut, — des différentes ma- nières indiquées, — combinaisons avec les mouvements 3 et 4. 7° Rotation des avant-bras en avant et en haut. 8° Lancement des bras en haut, — en partant de la position des bras en avant, — suivant les différents modes, — combinaisons de ces exercices avec ceux des n°* 4, 5 et 6. 9° Positions et mouvements des mains et des doigts. 10° Exécuter les mouvements et les combinaisons indiqués en 4, 5,6, 7, 8 et 9, simultanément, successivement et en alternant, — par sections, — par bancs, — par lignes, — par files, — par nom- bres pairs et impairs, etc. . — Les élèves étant sur leurs pieds, de face : 11° Sur pieds. — Salut. 12° Répétition des mouvements du paragraphe précédent, moins le battement des mains sur le banc. 13° Équilibre sur le bout des pieds, — à gauche, — à droite, — combinaisons avec des positions et des mouvements des bras. 14° Position des bras en arrière, — combinaisons avec les posi- : tions indiquées au n° 5. | 15° Mouvements du buste d'une manière successive et alternante, — combinaisons avec des positions et mouvements des bras. 16° Se tourner à gauche, — à droite, — obliquement, — en avant, — en arrière, — en dehors, — combinaisons avec des posi- tions et mouvements des bras. 17° Mouvements comme au n° 10. / . — Les élèves élant sur pieds, de côté : 18° Bras de côté, mains en inspiration, — flexion des avant-bras, — combinaisons avec des mouvements de la tête. 19° Lancement des bras en haut, en partant de la position des bras de côté, — mains en inspiration. 20° Poussée des bras de côté, suivant différents modes, — combi- naisons avec les mouvements indiqués au n° 16. 21° Mouvements comme au n° 10. 22° Combinaison de tous ces mouvements par assis et levé. — 181 — EXERCICES À FAIRE EN DEHORS DE LA CLASSE. 1° Exercices préliminaires : . Attention et recueillement. . En place dans le rang à droite. . En place dans le rang à gauche. En place en file à droite. En place en file à gauche. Attention. A droite, — dans le rang. À gauche, — dans le rang. Fixe. Salut à droite. . Salut à gauche. . Repos. Rompez les rangs. — Marche. me + D'PANTEUR SFr. 2° Appels. — Les élèves étant en rang: a. Appel des numéros de droite ou de gauche. b. Comptez de droite ou de gauche par deux, par trois, par quatre. c. Comptez les pelotons de droite ou de gauche. d. Pour vérifier les numéros, numéros 1, 2, 4, etc., numéros pairs, impairs. e. Pour vérifier les pelotons 1, 2, 5, 2, etc. 3° Exercices de cadence. — Les élèves étant en rang et en file : Avec un battement continu des pieds. Avec un fort battement à gauche. Avec un fort battement à droite. Deux par deux. Deux par quatre. Quatre par quatre. Un par deux. . Un par trois, etc. t. Battement des mains, — une par une, — une par deux, — deux par deux, etc. l. Battement successif des mains et des pieds. m. Cessez le battement. n. Marquez le pas ordinaire, sans battement. 0 P FASs R9 8 . Marquez le pas accéléré. . Marquez le pas de course. — 1892 — 4° Changements de front. — Les élèves étant en rang : a. Flanc gauche, gauche. b. Flanc à droite, front. c. Flanc droit, droite. d. Front à gauche, front. e. Oblique à droite, droite. f. Oblique à gauche, gauche. g. En arrière à gauche, front. h. En arrière à droite, front. it. Front en dedans, front. Les élèves étant sur deux files à distance : L_ Front en dehors, front. m. Front en avant, front. 5° Pas en avant, en arrière et de côté : Un pas en avant, marche. Un pas en arrière, marche. Un pas à gauche, marche. Un pas à droite, marche. Un pas obliquement en avant, à droite, marche. Un pas obliquement en avant, à gauche, marche. Un pas en arrière, à droite, marche. Un pas en arrière, à gauche, marche. | 1. Deux, trois, etc., pas en avant, en arrière, obliquement, — marche. 8 res À 6° Positions gymnastiques : a. Premièrement. b. Secondement. c. Troisièmement. d. Quatrièmement. e. Cinquièmement. f. Sixièmement. 7° Manière de réunir les élèves. — En rang : a. Se tenir par la main. b. Former la chaine, en avant. c. Former la chaîne, en arrière. d. Se tenir la main droite ou gauche sur l'épaule. En files : . Se tenir la main gauche sur l'épaule. f. Se tenir la main droite sur l'épaule. ee — 183 — 8° Manières de prendre la distance. — Élèves en files comptés par deux : a. Numéros 2 (ou 1), un pas sur le flanc gauche (ou droit), — marche, — sur une seule file, marche. b. Numéros 1, un pas sur le flanc gauche, et numéros 2 un pas sur le flanc droit, marche, — sur une seule file, marche. Élèves en files comptés par trois : c. Numéros 1, un pas à gauche, et numéros 3 un pas à droite, marche, — sur une seule file, marche. Elèves en rang comptés par deux : d. Numéros 2, un pas en arrière (ou en avant), marche, — sur une seule file, marche. Numéros 1,un pas en avant, et numéros 2, un pas en arrière, marche, — sur une seule file, marche. Elèves en rang comptés par trois : f. Numéros 1, un pas en avant, et numéros 3 , un Ée en arrière, marche, — sur une seule file, marche. g. Numéros 1, deux pas en avant, et numéros 3, trois pas en ar- rière, marche, — sur un seul rang, marche. h. De la droite à mi-distance du flanc gauche, marche, — serrez à droite, — flanc droit, — marche. . De la droite, mêmes mouvements. L. De la droite à distance, — flanc gauche, — marche, — serrez à droite, — flanc droit, — marche. m. De la gauche, mêmes mouvements. n. De la droite à double distance, — flanc gauche, — marche, — serrez à droite, — flanc droit, — marche. _o. De la gauche, mêmes mouvements. p. De la droite (ou de la gauche, ou du centre), vérifiez la demi- distance, la distance, la double distance. 9° Mouvements de la tête : a. Tourner la tête : à gauche, — à droite, — successivement, — alternativement. b. Courber la tête : en avant, — en arrière, — à gauche, — à droite, — successivement, — alternativement. c. Rotation de la tête : à gauche, — à droite. d. Combinaisons avec les mouvements des bras. 10° Mouvements du buste : Tourner le buste : à gauche, — à droite, — successivement, — allernativement. — 194 — b. Courber le buste : en avant, — en arrière, — à gauche, — à droite, — successivement, — alternativement. c. Rotation du buste : à gauche, — à droite. d. Combinaisons avec les mouvements des extrémités supérieures. 1i° Mouvements des extrémités supérieures : Mouvements des bras : . Position simultanée des bras : en arrière, — en avant, — en A — obliquement, — de flanc en bas. b. Position du bras gauche (ou droit) dans les don indi- quées, tandis que le bras droit (ou gauche) se tient fixe dans une position gymnastique; par exemple : fixe dans la position en haut, en Hierce, EiG. c. Combinaisons avec des positions analogues des jambes et des pieds. 2° Positions et mouvements des mains. — Les élèves étant en lignes, les bras en avant : Position des mains : en pronation, — en supination, — les paumes en dedans, — les paumes en dehors. b. Tourner les mains : en pronation, — en supination, — en dedans, — en dehors, — en supination, — en dehors. c. Flexion des mains : en bas, — en haut, — en dedans, — en dehors. Les élèves étant en lignes, les bras de côté : d. Position des mains : en pronation, — en supination, — les paumes en avant, — les paumes en arrière. e. Tourner les mains : en pronation, — en supination, — en avant, — en arrière, — en supination, — en arrière. J. Flexion des mains : en bas, — en haut, — en avant, — en arrière. Les élèves ayant les bras en haut : g. Position des mains : les paumes en dedans, — en dehors, — en avant, — en arrière. h. Retourner les mains: en avant, — en arrière, — en dedans , — en dehors, — en arrière, — en dehors. Flexion des mains : en avant, — en arrière, — en dedans, — en dehors. l. D'après les positions indiquées, exécuter les mouvements de rotalion des mains, de flexion et d'extension des doigts. Combinaisons des positions et des mouvements des mains avec les mouvements des avant-bras et des bras. — 185 — 3° Lancement {allongement) des bras : a. Allongement simultané des bras en haut, — de côté, — en dehors. b. Allongement d'un bras, tandis que l’autre reste fixe dans une position gymnastique. c. Allongement successif et alternatif. d. Combinaisons avec des mouvements des extrémités inférieures. 4° Flexion des avant-bras : a. Partant d'une des positions indiquées, à bras tendus, ployer l’avant-bras sur le bras d’une manière simultanée, successive et alter- nante, les bras restant de côté, les mains en supination. b. Combinaisons avec des mouvements de ia tête, du tronc, avec les marches et les pas rythmiques. 5° Rotation des avant-bras : a. En avant, — en haut. b. Rotation avec les bras en position, de côté. 6° ‘Tension des bras : a. En avant, — en haut, — de côté, — obliquement, — en bas, — en arrière, — simultanément, — successivement, — allernati- vement. b. Combinaisons avec des mouvements du tronc et des extrémités inférieures. 12° Mouvements des extrémités inférieures : 1° Position du pied gauche (ou droit) : a. En avant, — en arrière, — obliquement, — de côté. b. Position successive des pieds dans les mêmes directions. c. Combinaisons avec les positions correspondantes des bras. 2° Tourner les pieds : a. En dedans. b. En dehors. Fe Équilibre sur les pieds : a. Simultanément. b. Sur le pied gauche. c. Sur le pied droit. d. Successivement. 4° Appuyer sur les avant-pieds : a. Réunis. b. Sur l'avant-pied gauche. — 186 — c. Sur l'avant-pied droit. d. Alternativement. Combinaisons de ces mouvements entre eux et avec la marche. : 5° Position de la jambe gauche (ou droite) : a. En avant, — en arrière, — obliquement, — de côté. b. Position successive des jambes dans les mêmes directions. c. Combinaisons avec les positions analogues des bras. 6° Lancement de la jambe gauche (ou droite) : a. En avant, — de côté, — obliquement. b. Les mêmes mouvements successivement. 7° Flexion de la jambe en arrière : a. Gauche, — droite, — suce | — alternativement. b. Combinaisons avec les mouvements des extrémités supérieures. 8° Flexion de la jambe en avant : a. Gauche, — droite, — successivement. b. Combinaisons avec des mouvements des extrémités supérieures. 9° Flexion sur les jambes : a. Flexion sur la jambe gauche (ou droite), en partant de la cin- quième position gymnastique. b. Même mouvement successivement et alternativement. c. Flexion simultanée sur les jambes, en partant de la première position gymnastique et en équilibre sur les pieds. 15° de : ° Les élèves en file comptés par deux, par trois, par quatre, par es- couades, etc. a. Par deux, — par trois, — par quatre, etc., — en ligne à gauche, — en ligne à droite, — marche. b. Sur une seule file, — marche. 2° Les élèves en rang comptés par deux, par trois, par quatre, par escouades : Par deux, — par trois, — par quatre, — par escouades, — en file en avant à droite, — en avant à gauche, — en arrière à droite, — en arrière à gauche, — marche. Sur un seul rang, — marche. 3° Conversions et rotations d'escouades : À gauche. b. A droite. — 187 — 4° Former la colonne et retourner au déploiement en ligne ou en file : a. Pas avec battement, — sans battement, — ordinaire, — leste ou accéléré et pas de course. 14° De da marche : 1° Marche de front, — commandements : a. Peloton en avant, — pas ordinaire, — battement à gauche (ou à droite) deux par deux, — un par trois, — un par deux, etc., — marche, — guide à droite (ou à gauche), — cesser les battements, — halte. b. Peloton en avant (pas à volonté [?]), — marche, — guide à droite (à gauche, au centre), — halte. c. Peloton en avant, — marche, — guide à droite (ou à gauche), — marquer le pas, — en avant, — halte. d.. Peloton en avant, — marche, — guide à droite (ou à gauche), — front en arrière, — halte. e. Peloton en avant, — marche, — guide au centre, — oblique à droite (ou à gauche), — marche, — en avant, — halte. f. Peloton en avant, — pas accéléré, — marche, — halte. g- Peloton en avant, — pas de course, — marche, — pas ordi- paire, — halte. 2° Marche en file. — Élèves sur une file : a. Peloton en avant, — marche. b. Par file à droite, — droite. c. Par file à gauche, — gauche. d. Contremarche à gauche, — à droite, — marche. e. En carré à gauche ou à droite, — marche. f. En cercle à gauche ou à droite, — marche. Élèves sur deux files : g- Contremarche à gauche, — à droite. Sur deux files à distance : h. Contremarche : par une en dehors, — par deux en dedans, — par deux en dehors, — par quatre en dedans, — par quatre en dehors, — par huit en dedans. . Refaire le chemin en retournant sur deux files. l. Combinaisons de la marche en ligne et en file avec des exer- cices élémentaires. LA 3° Changements de front en marchant, — évolutions. — Elèves en rang : a. Peloton en avant, — marche, — guide à droite. b. Flanc droit, — marche. — 188 — c. Front à gauche, — front, — guide à gauche. d. Flanc gauche, — marche. e. Front à droite, — front, — guide au centre. f. Peloton ou par peloton, etc. : flanc droit et par file à gauche, — marche; — flanc droit et par file à droite, — marche; — flanc gauche et par file à gauche, — marche; — flanc gauche et par file à droite, — marche. g. Du rang passer en colonne. h. Par peloton en colonne à droite ou à gauche, — marche. z. De la colonne passer en rang. L. Par peloton en rang à droite ou à gauche, — marche. m. De la colonne passer en file. n. Par peloton sur le flanc droit et par file à gauche, — marche. o. Serrer la colonne et prendre les distances. 15° Pas rythmés : 1° Demi-pas, en marchant et en sautillant, — simple, — double, — accéléré : a. Du côté gauche, — droit. b. En avant à gauche, — à droite. c. Oblique à gauche, — à droite. d. En arrière à gauche, — à droite. : 2 Pas composé en marchant et sautillant : a. Marqué de côté. b. En marchant en avant, — en arrière. c. Oblique à gauche, — a droite. d. Pas accéléré en avant. 3° Pas gymnastique avec des positions et des mouvements des extré- mités inférieures : Combinaison des pas rythmés avec le pas ordinaire et avec des exercices élémentaires. 16° Course : a. Course de résistance. b. Course d'émulation. 17. Exercices avec la baguette et les bâtons : 1° Avec la baguette : a. Distribution de la baguette; — maniement; — baguette au pied, — au côté, — au bras, — en première, — en seconde; — re- prise. — 189 — b. Position en avant, — à gauche, — à droite, — en haut, — verticale à gauche, — verticale à droite, — en arrière à gauche, — en arrière à droite, — en arrière. c. Changements de position. d. Mouvements de lancement , — de tension, — de rotation. e. Combinaison de ces mouvements avec d’autres des extrémités inférieures, avec les marches et les pas rythmés. 2° Avec les bâtons : a. Manière de les prendre et de les déposer. b. Exercices élémentaires. c. Combinaisons. 18° Exercices avec la canne Jäger (en bois) : a. Maniement de la canne : arme au bras droit, — arme au bras gauche, — présentez arme, — arme sur l'épaule. b. Position horizontale : en bas, — en avant, — en haut, — sur l'épaule, — sur le dos, — sur la poitrine, — à droite, — à gauche. .c. Changements dans les positions horizontales : tous les change- ments d'une position à l'autre. d. Positions verticales : arme au bras droit, — arme au bras gauche, — en haut à droite, — en haut à gauche, — sur l'épaule droite, — sur l'épaule gauche. e. Changements dans les positions verticales : tous les changements d’une position à l’autre. 19° Saut : a. Saut en longueur sans tremplin. b. Saut à la corde, — en haut, — en long, — en s'appuyant sur les avant-pieds réunis, — sur le bout du pied gauche, — sur le bout du pied droit. c. À pied ferme et avec élan. 20° Mouvements d'ascension : a. Position du corps pour monter avec une perche ou avec une corde lisse ou à nœuds. b. Exercices d’ascension individuellement et collectivement. 21° Exercices avec le balancier : : a. Position d'équilibre. b. Changements de position. c. Marches en équilibre de front et de côté. d. Exercices élémentaires en position d'équilibre. ù — 190 — e. Voltiges. f. Saut en bas. g. Lutte d'équilibre. h. Exercices sur deux poutres paralleles ou plus. 22° Barres parallèles fixes : a. Exercices collectifs de positions et changements. b. Exercices élémentaires dans une position d'appui. c. Exercices de transposition et de voltige facile. 29° JEU: Celui qui arrive tard est mal logé. Chasseur et lièvre, — ses diverses formes. Chasse au troisième. Le renard boiteux. Le capitaine. La chasse aux ours. Les barrières. Le tir à la corde. . Les jeux de quilles. LL. La corde tournante. m. La grosse boule. n. Les bannières. 0. La poupée volante. p. Qui accepte le coup, le rend. FES 9 Ro 8 24° Promenades gymnastiques : a. D'une demi-journée. b. D'une journée. ÉCOLES ELEMENTAIRES DE JEUNES FILLES. À. — Exercices d'ordre et groupements : a 1° a. Alignement sur un rang par ordre de taille à droite ou à gauche. b. Attention, — salut, — repos. c. Alignement en file à droite, — à gauche. d. Positions gymnastiques. e. Modes de s'attacher, — de se compter, — de prendre la di- stance, — de marquer le pas. f. Exercices de rythme avec battements des mains et des pieds. g. Se retourner dans diverses directions. h. Un pas en avant, — en arrière, — sur le flanc gauche, — droit. . Groupement par quatre en file à différents pas de distance. — 191 — l. Le même mouvement en ligne. m. Groupement par quatre en file en avant, — en arrière, — à gauche, — à droite. n. Groupement par quatre en ligne à gauche, — à droite. 2° a. Groupement par deux. b. Changement de face dans la position opposée. c. Pas en dedans, — en dehors. d. Groupement en demi-cercle. e. Changement de face, — demi-tour, — rotation par quatre sur les aïles. 9" 4: Groupement en cercle. b. Tour et rotation par quatre sur le centre. par q ce: Groupement en étoile, en carré, etc. . — Exercices élémentaires : o 1° a. Changement de front et flexion de la tète. b. Position simultanée et successive des bras. c. Lancement simultané et successif des bras. d. Flexion des avant-bras de côté et en avant. e. Changement de front et inclinaison des mains. J. Changement de front et inclinaison du tronc (moins l'incli- naison du tronc en arrière). g. Flexion de la jambe. h. Position des pieds et de la jambe. i. Changement de position des pieds. Équilibre sur les pieds. m. Tension sur les avant-pieds réunis. nd . a. Changement de front alterné de la tête et du tronc. b. Rotation de la tête. c. Tension simultanée et successive des bras. d. Rotation partielle et successive des bras. e. Rotation des avant-bras en avant, — en haut, — de flanc. f. Flexion des doigts et rotation des mains. g- Demi-rotation du corps. h. Saut sur les avant-pieds réunis. 1. Combinaisons des tensions sur les avant-pieds. L. Exercices élémentaires avec les baguettes. 3° a. Tension alternée des bras. b. Rotation alternée et simultanée des bras. c. Rotation du corps. d. Rotation de la jambe. — 192 — e. Flexion sur les jambes. f. Exercices de saut et combinaisons de tension sur les avant- pieds. g. Exercices élémentaires avec des bâtons du poids d'un kilo- gramme. C. — Pas rythmés : o a. Demi-pas de flanc en avant, — en arrière, — obliquement, — en marchant et en sautillant. D. Pas composé de côté et en avant. c. Pas alterné, en marchant et en sautillant. 2° a. Pas composé avec une jambe obliquement en arrière, — et obli- quement en avant. b. Pas sauté en avant, — en arrière, — de flanc, — obliquement. c. Pas sauté successif et alterné. d. Pas équilibré en marchant et en sautillant. 3° a. Demi-pas double en marchant et en sautillant. b. Pas alterné double en marchant et en sautillant. c. Combinaisons de tensions sur les avant-pieds en deux, trois, ou quatre mouvements, — au pas ordinaire, etc. D. — Marches : a. Pas ordinaire avec battement, — sans battement, — à volonté. b. Pas rapide et accéléré. Pas de course. Demi-pas. Pas composé. Marche en ligne, — en avant, — en arrière, — successive, etc. HS 9 RO 2° a. Marche avec groupement successif par une en avant, — en ar- rière, — à gauche, — à droite. b. Marche et contremarche à gauche, — à droite, — successive- ment. c. Marche et contremarche par nombres pairs et impairs à gauche, — à droite, — traversée. d.. Contremarche avec traversée en ligne. e. Marche et contremarche en serpentant successivement par nom- bres pairs et impairs à gauche, — à droite, — traversée. 3° a. Marches en redoublant et en dédoublant les files. b. Marches et contremarches en demi-cercle. c. Marches en cercle. d. Marches et contremarches par nombres pairs et impairs succes- sivement et simultanément. — 195 — e. Marches et contremarches en ligne par nombres pairs et impairs, — traversées. f. Combinaisons des marches avec les groupements. 27 Jeux : o a. Qui arrive tard est mal logé. b. Ne craignez-vous pas le fantôme ? c. Saut à la corde courte. d. Passage sous la corde longue tournant. 1 2° a. La jardinière et le chat. b. La chasse aux poussins. c. Le loup et les agneaux. 3° «. Chasse à la troisième. b. Les fleurs. F, — Exercices avec des baguettes et des bâtons : 1° Avec la baguette : a: Distribution de la baguette; — maniement; — la baguette au pied, — au flanc, — au bras, — en première, — en seconde; — re- prise. b. Position en avant, — à gauche, — à droite, — en haut, —- ver- ticalement à gauche, — verticalement à droite, —en arrière à gauche, — en arrière à droite, — en arrière. c. Changements de position. d. Mouvements de lancement, — de tension, — de rotation. e. Combinaison de ces mouvements avec les autres des extrémités inférieures, avec les marches et les pas rythmés. 2° Avec les bâtons : a. Manière de les prendre et de les déposer. b. Exercices élémentaires. c. Combinaisons. G. — Exercices avec les bancs : a. Position du pied. b. Saut sur le banc. c. Passage du pied. d. Saut en bas. e. Assis et levé. f. Combinaisons de ces exercices avec ceux des extrémités supé- rieures, avec ou sans baguette. g- Marches autour des bancs, disposés de différentes maniéres. h. Les mêmes avec pas rythmés. MISS. SCGIENT. — VIII. 19 — 19% — ; H. — Exercices avec le balancier : a. Position d'équilibre. b. Changements de position. c. Marches en équilibre de front et de flanc. d. Exercices élémentaires en position fixe d'équilibre. e. Voltiges. f. Saut en bas. q- Exercices collectifs sur plusieurs poutres parallèles. Ces programmes sont d'ailleurs conformes à une circulaire mi- nistérielle qui a réglé pour l'Italie tout entière l'enseignement de la gymnastique sur les bases qu'ils indiquent; on voit qu'ils sont gradués avec un grand soin, et qu’ils ont surtout pour but d'ob- tenir des mouvements d'agilité et d'adresse, sans jamais demander une dépense de force exagérée. Ce qu'il y a, en effet, de plus re- marquable dans ces exercices de gymnastique éducative, comme les a appelés le professeur Gamba, c'est qu'ils ne nécessitent ja- mais de ces tours de force qu'on a trop souvent coutume de con- sidérer comme le complément indispensable de l'entraînement musculaire. Les jeunes enfants ne sauraient sans danger devenir des athlètes; leurs délicats organismes exigent seulement, suivant les expressions mêmes de l’un des propagateurs les plus autorisés de la gymnastique en France, M. E. Paz, «une simple série de mouvements, une gradation anatomique, une succession d'efforts à la fois doux et énergiques dont chacun a sa raison d'être, son résultat prévu. Qu'on ne s'arrête pas à l'apparence insignifiante de certains mouvements; tous s'enchainent et se complètent les uns par les autres, et sont combinés de facon à développer le corps, à l'assouplir et à le fortifier rapidement. » Aussi les gymnases intérieurs des écoles élémentaires de Turin ne contiennent-ils ni trapèzes ni appareils compliqués, et ce n’est que dans des conditions particulières, et suivant la force et l’âge des enfants, que les exercices plus difficiles leur sont permis. On peut remarquer, d'autre part, la grande variété et la facilité du pro- gramme de cesexercices, augmentant encorele plaisir qu'y prennent les enfants. C’est surtout dans les écoles de fillettes qu'il faut voir une classe tout entière se rendre en silence et en rang à la salle de gymnastique, et pendant une demi-heure ou plus exécuter, sous le commandement et avec l'exemple de la maïtresse elle-même, un grand nombre de mouvements avec une facilité, une sou- — 195 — plesse, une agilité et une grâce vraiment étonnantes; d'ordinaire les élèves les accompagnent de chants bien cadencés ou de la re- production à haute voix par toute la classe de l'indication des mouvements exécutés. En général, ces leçons ont lieu chaque jour, à plusieurs re- prises, pendant quelques minutes, classe par classe, afin de récréer l'esprit des enfants, incapable d'une longue application, et afin de satisfaire leur besoin s1 naturel de mouvement; ainsi le corps ne reste pas un temps trop exagéré dans la même position, et la journée se passe sans fatigue, ni physique, ni intellectuelle. Les exercices qu'on peut exécuter dans le banc même sont des plus utiles à ce point de vue; ils s'opposent également à la formation si fréquente de ces déviations rachidiennes produites par les at- titudes scolaires vicieuses que M. le docteur Dally a récemment fait connaître en France. Je ne crois pas utile d'insister davantage, ayant seulement voulu montrer comment cet enseignement élémentaire de la gymnastique, sans appareils, sans frais, a été compris dans les écoles primaires de la ville de Turin; le vote récent encore de la loi sur l’'enseigne- ment obligatoire de la gymnastique dans notre pays nous fait une obligation de rechercher les enseignements que l'étranger offre à cet égard. De savants auteurs des plus compétents, au premier raug desquels M. N. Laisné, nous ont depuis longtemps déjà fourni toutes les indications nécessaires, et cependant nous ne sommes encore que trop enclins à croire que les exercices de gymnastique, tels qu'il faut les appliquer aux jeunes enfants à l’école, exigent toujours, même pour les débutants, une installation coûteuse et des maîtres spéciaux. JL. — Inspection médicale et hygiénique des écoles. À Turin, aux termes de l’article 55 du Règlement de 1879 pour - les écoles municipales, le syndic et la Junte ont pleins pouvoirs, en cas de maladie épidémique ou contagieuse, pour prendre dans les écoles toutes les mesures de prophylaxie jugées nécessaires. D’ail- leurs les enfants affectés de maladies contagieuses ou dégoütantes (schifose) ne peuvent être admis dans les écoles, et ceux qui en sont atteints après leur admission ne peuvent rentrer sans un cer- tificat émanant du Bureau muicipal d'hygiène et constatant leur complète guérison. C’est en effet aux médecins de ce Bureau qu'in- Dos — 196 — combe la surveillance hygiénique et médicale; elle s'exerce d’au- tant plus aisément que tous les services municipaux, et particu- lièrement celui de l'instruction publique, ainsi qu'on le verra plus loin, sont en rapports constants avec lui. Maîtres et élèves sont examinés à des intervalles assez rapprochés, soignés même, sil est nécessaire, par les médecins de ce Bureau, qui visitent aussi pé- riodiquement les établissements eux-mêmes, prenant connaissance des remarques faites par les maîtres au point de vue sanitaire. [ls sont également chargés de s'assurer de l'aptitude physique des candidats aux fonctions scolaires. Les directeurs des écoles, qui, sous peine de révocation, doivent signaler immédiatement toutes les particularités qui peuvent se produire au point de vue de l'hygiène de leurs établissements, sont en outre tenus d'observer un certain nombre de «conseils d'hy- gène », dont les plus importants et les plus caractéristiques méritent tout au moins d'être reproduits 3 Pour le chauffage des écoles, il faut établir dans les galeries et dans les salles de récréation une température, mesurée à la hau- teur de 1,80 au-dessus du sol, de 8 à 10 degrés centigrades, et dans tous les autres locaux celle de 12 à 14 degrés. Dans des cas spéciaux, on pourra élever cette température à 16 degrés dans quelques salles seulement. Dans les salles munies d'appareils de ventilation, les petites cheminées d'appel devront être allumées une heure au plus tard après le commencement des leçons, et elles resteront allumées jusqu'à la fin de ces mêmes lecons. | Sil se produisait une chaleur trop intense dans les classes, on n'éteindra pas le feu du calorifère, mais on introduira de l'air frais par les tuyaux de distribution de la chaleur. On ne devra jamais fermer les clefs de ces derniers tuyaux, ni “ouvrir les fenêtres sur les rues et sur les cours pour aérer l'école; il faudra ouvrir seulement les fenêtres pratiquées au-dessus de la porte, qui communiquent avec les galeries ou salles de récréation. Dans les endroits où il n'existe pas de bouches de ventilation, le maître doit régler la chaleur au moyen des bouches de calori- fère ou au moyen des poêles, et, afin d'introduire de l'air froid, il doit faire ouvrir de temps en temps les vasistas placés dans chaque classe à la partie supérieure des fenêtres. Dans lintervalle des lecons, dès que les enfants sont sortis de — 197 — la classe ou dès qu'ils sont dans la salle de récréation, il faut, pendant l'hiver, ouvrir les fenêtres durant un quart d'heure au plus dans toutes les salles où les calorifères ne sont pas associés à des ventilateurs et dans celles qui sont simplement chauflées par un poêle; on aura soin que les poêles soient remplis de combus- tible, afin de pouvoir les allumer immédiatement après la ferme- ture des fenêtres, pour rendre aux classes la chaleur nécessaire. Là où existent des ventilateurs, il faudra n'ouvrir les fenêtres que si la ventilation parait insuflisante. Pendant le temps employé au nettoyage, les fenêtres seront ou- vertes dans toutes les salles et galeries; en hiver, en n'ouvrira les fenêtres que dans la salle nettoyée, afin d'éviter un trop grand refroidissement. Dans les salles où se donnent les leçoris du soir, durant la saison d'hiver, les fenêtres devront aussi être ouvertes aussitôt après la fin de la leçon, mais seulement dans une salle à la fois, et pen- dant le temps nécessaire à Faération. À partir du jour où les écoles ne sont plus chauffées, les fenêtres seront ouvertes de bon matin et fermées seulement une demi- heure avant le commencement des leçons; elles seront ouvertes également dans l'intervalle des leçons et dès que celles-ci seront finies jusqu'au commencement de la nuit; elles seront ouvertes même la nuit pendant les mois les plus chauds. Pendant les le- cons, l'air, si les fenêtres doivent rester ouvertes, ne devra pas descendre directement sur la tête des enfants. Les fenêtres placées à droite, en face ou en arrière des élèves, n'étant destinées qu’à mieux ventiler, devront toujours avoir leurs rideaux baissés ou leurs persiennes fermées, principalement aux heures -où elles reçoivent le soleil, afin de faire arriver par les fenêtres de gauche une lumière plus forte et plus vive. Il faut avoir soin que l'école soit éclairée uniformément et éviter que la lumière solaire ne vienne frapper directement les objets sur les- quels l'élève doit fixer les yeux. Les maîtres devront varier convenablement le travail des yeux, en se rappelant que l'application prolongée de la vue à courte distance sur de petits objets est dangereuse, surtout pour les enfants. Il faut, autant que possible, que pour lire l'enfant se dresse sur ses pieds et tienne le livre ou le cahier à la distance qui lui parait — 198 — la plus convenable : 20 à 26 centimètres suffisent pour un œil nor- mal. Il faut, en tout cas, empêcher que l'enfant ne baisse trop la tête en lisant et en écrivant. Si le maître s'aperçoit que l'élève plisse le front en lisant et en écrivant et éloigne parfois son livre ou son cahier en rejetant la tête en arrière, il devra en informer le direc- teur, qui en prendra note dans le registre particulier à l'usage du médecin qui visite les écoles. | En ce qui concerne la propreté des latrines, les règles suivantes devront être observées : 1° débarrasser tous les jours le grand si- phon des matières fécales au moyen d'un jet d’eau suffisamment abondant; 2° débarrasser des matières fécales au moins trois fois par jour, dans les écoles de filles, les petits siphons de chaque siège, avant le commencement de la récréation, aussitôt après la fin de cette récréation et aussitôt après la sortie des enfants; au moins deux fois par jour dans les écoles de garcons dans lesquelles il n’y a pas de récréation, après chacune des deux lecons; 3° en même temps qu'on lavera les siphons, on lavera aussi les plan- chers, les sièges et les urinoirs; 4° les appareils Rogier-Mothes se- ront entretenus de telle sorte que la soupape fonctionne toujours bien et ferme hermétiquement; 5° pendant la chaleur, les cabi- nets et les appareils seront lavés avec des solutions de chlorure de chaux; on projettera dans le grand siphon une solution de sulfate de fer. Les élèves ne devront jamais monter sur les sièges, mais s'asseoir dessus. Toutes les fois que des réparations seront nécessaires dans l'une des parties quelconques des établissements scolaires, un rapport devra être immédiatement adressé à l'autorité communale. CHAPITRE IL. ÉTABLISSEMENTS POUR LES ENFANTS RACHITIQUES ET HOSPICES MARINS POUR LES SCROFULEUX. Le Établissements pour les enfants rachitiques. Si dans les écoles de la ville de Turin, on vient de le voir, des mesures sont prises pour éloigner les enfants malades, on n'y cherche nulle part à améliorer à l'école même, par un traitement particulier, la santé des enfants débiles, scrofuleux et prédestinés à la phtisie. Et cependant, comme l'a si bien dit M. le docteur — 199 — E. Janssens, qui a su réaliser ce desideratum dans les écoles de Bruxelles, les dépenses faites de ce chef en faveur des enfants dont il s’agit assurent, par compensation, aux administrations commu- nales d'importantes économies dans l'avenir, sans compter que l'utilisation des médicaments à l'école cest l'objet d'un contrôle sé- rieux, tandis que les mêmes remèdes, distribués à profusion par les bureaux de bienfaisance, ne vont pas toujours à leur destina- tion ou sont trop souvent gaspillés à domicile et administrés d’une facon irrégulière !. | En Italie, toutefois, l'on s'est depuis longtemps préoccupé, non seulement de guérir le rachitisme (effet ultime, suivant l'expres- sion de Broca, de tout ce qui trouble la nutrition pendant la erois- sance de l'enfant) et la scrofule, que les conditions: climatériques spéciales et l'alimentation usitée dans ce pays paraissent rendre plus fréquents qu'ailleurs, mais encore à les prévenir. Il est évi- dent qu'en tout ce qui concerne les enfants pauvres et infirmes, le seul remède décisif serait celui qui améliorerait la condition gé- nérale des parents eux-mêmes, à la campagne comme à la ville: mais en attendant que les progrès de l'hygiène aient obtenu ce résultat, il ne faut pas oublier les pauvres enfants rachitiques et scrofuleux de l'heure présente. C'est à Milan, dans cette ville où la bienfaisance publique cherche mille formes plus ingénieuses et plus variées les unes que les autres, qu'en 1838 les médecins de la Société de prévoyance des asiles pour l'enfance songèrent à prendre des mesures pro- phylactiques contre le rachitisme; leur œuvre ne put se maintenir . par suite du manque de ressources. Mais leur initiative n'avait pas été oubliée : en 1849, un riche Milanais, le marquis Alessandro ! Voici quelques chiffres du relevé des élèves soumis dans les écoles de Bruxelles à la médication préventive : Exercice Exercice 1878-1879. 1879-1880. ER PR ie 1,118 1,970 MAD MEMIEIENES PPTIEIIS. . cam euc ed else oo 140 186 dont l'état de santé s’est amélioré. Du 237 Pour le dernier exercice, une somme de moins de 2,000 francs a été ainsi dépensée en médicaments, principalement en achat d'huile de foie de morue additionnée de pastilles de menthe et de poudre dite zootrophique de Poll, de Milan. a — 200 — Visconti d'Aragona, léguait par testament une somme de 6,000 lires afin de fonder un hôpital orthopédique pour les enfants rachi- tiques, et lorsque M. le docteur Gaetano Pini fit appel, en 1873, à la générosité publique, à la suite d'un remarquable travail pu- blié dans la Gazette de Milan, il put réunir en quelques jours des adhérents en assez grand nombre et une somme de 43,000 lires, suffisante pour ouvrir, au mois de janvier 1875, son école d’en- fants rachitiques; je dirai plus loin ce qu'est devenue et ce que va devenir prochainement cette institution. Dans l'intervalle, en 1871, un des assesseurs du syndic de Turin, le comte Ernesto Ricardi de Netro, réussissait à organiser une école spéciale de rachitiques, à l’aide d'une association privée, qui a pu actuellement ajouter trois écoles à celle qu’elle ouvrait au mois de juin 1872. Les écoles de Turin et Institut de Milan n'ont pas tout à fait le même but; ils présentent aussi des différences dans leur fonc- tionnement. Aussi je crois devoir les,décrire successivement, rap- pelant ce qu'il m’a été donné d’y examiner par moi-même sous la conduite obligeante du ‘professeur Gamba, à Turin, et de mon excellent ami le docteur Gaetano Pini, à Milan, que je ne saurais trop remercier de leur bienveillant accueil, et utilisant aussi leurs précieuses publications, dont se sont servis à bon droit tous ceux qui ont, en France et dans les autres pays, voulu étudier et faire connaître cette question si importante, l’une de celles assurément qui ont le plus vivement intéressé les membres du Congrès de Turin !. 1° Écoles de Turin. — Dans la communication qu'il présenta au Congrès, M. Gamba, le savant médecin et l’un des plus dévoués organisateurs de ces écoles, fait d’abord remarquer que le rachi- tisme, dans sa premiere période, à l’âge de l'allaitement et du se- vrage, ne connait d'autres remèdes qu'une bonne nourrice et de 1 Trois autres villes de l'Italie possèdent des établissements pour les enfants rachitiques : Gênes, Palerme et Mantoue; bientôt Crémone en aura un, et l'on sait que le célèbre chirurgien Rizzoli vient de mourir après avoir tracé le plan d’un hôpital orthopédique modèle dont les frais doivent s'élever à 1,250,000 fr., et qu'il faisait construire dans la magnifique villa de San Michele in Basco, près de Bologne; il a, en outre, laissé le surplus de sa fortune, évaluée à plusieurs millions, pour l'entretien de cet établissement. — 201 — l'air pur; c'est aux sociétés de bienfaisance , aux sociétés des crèches et des femmes en couches qu'il convient de chercher le remède. Mais lorsque l'enfant a survécu, que la nature, aidée par la cha- ritable assistance du médecin, a vaincu la période de ramollisse- ment et qu'il est arrivé à la période d'éburnation, à l’âge de six ou huït ans, la difformité de son squelette le rend incapable d’ap- prendre un métier manuel, il devient un sujet de raillerie pour ses pelits camarades, et de commisération, de honte presque pour ses parents; il est enfin exclu des écoles publiques. Et cependant la science médicale n’est pas complètement im- puissante pour ces enfants : aux riches les établissements spéciaux sont ouverts, le régime approprié est possible; l'hôpital seul sert d'asile pour les pauvres, asile plus dangereux encore pour des ma- lades ayant besoin d'exercice au grand air, et dans lequel les places sont rares et la contagion des maladies infectieuses constamment menaçante. Dans les écoles pour les enfants rachitiques de Turin, on reçoit donc les enfants à partir de quatre à cinq ans, et on ne les accepte pas après douze ans; on se trouve en présence d'enfants devenus complètement rachitiques et difformes, et c’est un peu de la thé- rapeutique, de l'orthopédie, plutôt que de l’hygiène, qu'on y pra- tique. Quant à cette thérapeutique, voici en quoi elle consiste et ce qui donne à ces établissements un caractère tout particulier : M. Gamba, ayant acquis la conviction par ses études si autorisées “sur les effets physiologiques des exercices gymnastiques, que les -0s longs des enfants rachitiques se redressent par l'accroissement si les muscles qui y correspondent sont exercés et développés, et que d'autre part chez les enfants, surtout les jeunes filles, non rachitiques, les déformations osseuses, les déviations du rachis correspondent aux muscles débiles, atrophiés ou parétiques, il se proposa de traiter les enfants des écoles de rachitiques, non avec des machines orthopédiques, tout à fait impuissantes pour des os éburnés, mais par des exercices gymnastiques gradués et appro- priés, en partant de ce principe que les os longs se courbent de manière à présenter la convexité du côté du muscle le plus faible. Aussi la gymnastique constitue-t-elle la partie la plus impor- tante du traitement, et est-ce à elle que la place la plus grande est réservée dans ces écoles. Les exercices scolaires sont très fré- — 202 — quemment accompagnés de mouvements rythmés de la tête, des bras, des jambes, qu'indique la maïtresse et qu'exécutent les en- fants sans sortir de leurs bancs, en frappant des mains en cadence ou en chantant, afin de développer les muscles et la poitrine et de s'opposer aux mauvaises attitudes trop prolongées. Une heure chaque jour est, en outre, passée dans la salle de gymnastique, où tous les petits élèves sont réunis à la fois; des matelas gar- nissent le sol, afin d'amortir les chutes et de garder les plus ma- lades dans une position horizontale pendant l'intervalle des ma- nœuvres. Pour chaque courbure osseuse, pour chaque atrophie musculaire, M. Gamba a imaginé une série particulière d'exercices qu'il détermine lui-même pour chaque malade. J'ai vu l’un d'eux, présentant une courbure du tibia à concavité interne, qui, pen- dant plusieurs minutes, devait chercher à ramener en dedans sa jambe et son pied, qu’un contrepoids entraînait dans l'abduction, pendant que ses mains, appuyées sur une barre fixe, maintenaïent son corps dans la position verticale; un autre dont la colonne vertébrale était déviée, devait remonter étendu sur une planche inclinée à 45 degrés en’ tirant sur un contrepoids placé au-dessus de sa tête. C'est merveille de voir tous ces pauvres pelits êtres difformés, sorte de cour des Miracles en réduction, prendre un vif plaisir à tous ces exercices, qu'ils considèrent comme des jeux des plus amusants; à chaque instant le maître très habile qui les dirige tend au-dessus de leurs têtes, immobiles sur les matelas, une canne horizontale à laquelle ils s’accrochent avec les mains et à l'aide de laquelle on les soulève pour les remettre debout; puis il va en suspendre d'autres à des trapèzes, en placer le long des mâts, et cherche à les occuper tous à la fois. En peu de temps, sous l'influence de ces exercices, leur habileté est devenue très grande et une transformation étonnante se produit; en 1876 déclare M. Gamba, sur 197 enfants traités, 38 quittèrent l’école au bout d'un an, pouvant être considérés comme guéris, 78 étaient améliorés; en général, les exostoses disparaîtraient au bout d’un ou deux ans, et les exercices répétés des muscles activeraient même la résorption des os tuméfiés sur lesquels ces muscles s’in- sèrent. Les causes de ces succès ne sauraient être uniquement attribuées à la gymnastique; les enfants, en effet, par le fait seul de leur en- — 2035 — trée à l'école des rachitiques, sont soustraits pour quelques heures chaque jour aux causes d’insalubrité au milieu desquelles vivent leurs parents; ils y viennent le matin, et sont ramenés le soir par leurs mères; au milieu du jour on les conduit dans un réfectoire où ils prennent un repas confortable; l'examen médical mensuel, qui permet de constater les changements survenus, permet aussi d'instituer le traitement interne qui leur doit être administré, huile de foie de morue, quinquina, phosphate de chaux. Une salle d'hydrothérapie sert à leur donner des douches à jets très faibles; des bains salés et des appareils électriques sont disposés pour les muscles atrophiés ou affaiblis. Des bons de viande, de pain, de vin sont distribués à leur famille, pour améliorer le ré- gime des enfants; les appareils orthopédiques dont ils peuvent avoir besoin la nuit leur sont placés et prêtés. Quant à l'éduca- tion , elle ne diffère pas de celle des autres écoles primaires. Pour peu qu'on étudie avec quelques détails les écoles de rachi- tiques de Turin, on ne s'étonne pas des services qu'elles rendent et que constatent les béquilles,.les appareils suspendus aux murs et abandonnés par les enfants guéris; on n'en est que plus pénétré de l’ardent désir de voir leurs ressources s’augmenter, afin de pou- voir en créer de nouvelles, et aussi afin d'améliorer encore les con- ditions hygiéniques de ces établissements. Il faudrait qu'ils fussent construits et appropriés avec toutes les améliorations que la science sanitaire a découvertes en si grand nombre en ces dernières an- nées, que les bancs, par exemple, et les tables pussent être dis- posés suivant les attitudes de l'enfant et ne fussent pas sur un ‘modèle uniforme des plus primitifs. Les services rendus par les créateurs de ces écoles ne manqueront pas, c'est mon plus ferme espoir, de leur créer les ressources suffisantes pour réaliser ces desiderata; la dépense pour chaque enfant est tellement minime, 2 fr. 50 cent. par mois, qu'il arrivera bien un jour où tous les en- fants rachitiques de la ville de Turin devront leur guérison à la générosité publique, venant en aide à leurs dévoués professeurs. 2° Institut rachitique de Milan. — Le spectacle est tout différent lorsqu'on pénètre dans l'Institut rachitique de Milan; on n’y aper- çoit que de petits enfants bien propres, bien tenus, et au premier abord on se demanderait quels sont les rachitiques, si l’on ne constatait bientôt la paleur sur les figures, et quelques légères — 204 — déviations dans les attitudes. On se croirait plutôt dans une crèche que dans une école. - Instruit, du reste, par l'expérience des écoles de Turin, M:1e docteur G. Pini a cherché à introduire dans son établissement tous les perfectionnements possibles, et l'on ne saurait s'étonner des félicitations qu'il a reçues de tous côtés et des distinctions si méritées qu'il a obtenues aux expositions de Bruxelles, de Paris, etc. Il fait avant tout de l'hygiène, c’est-à-dire qu'il s'efforce d'arrêter la maladie dès son apparition, avant que les lésions aient pu s’ag- graver ou devenir définitives; dans ce but, c'est aux petits en- fants que son traitement s'adresse, et il les admet dès l'âge de deux ans et même moins, exceptionnellement au-dessus de six ans. Je ne m'arrêterai pas à faire la description de l'Institut actuel, marquant déjà un progrès sur la petite école où furent réunis les 15 premiers enfants en 1875, mais qui va bientôt faire place à une construction plus grandiose, en rapport avec l'accroissement considérable d’une institution qui en cinq ans a pu donner des soins à 1,200 enfants et recueillir 190,000 lires. J'ai pu examiner tous les détails du nouvel Institut, qui sera peut-être ouvert à l'heure où paraïtront ces lignes, sous la conduite si obligeante de MM. le docteur G. Pini, son infatigable directeur, et l'ingénieur Gio- vanni Giachi, son savant et dévoué architecte. C'est à eux que Je dois les éléments de la description suivante, ainsi que les repro- ductions très complètes et très nettes qu'ils ont bien voulu me per- mettre d'en publier. À l’une des extrémités de Milan, au milieu de grands jardins et sur une rue isolée, que les hautes murailles des propriétés voi- sines bordent de chaque côté, on se trouve tout à coup devant une grille et, après l'avoir franchie et être passé devant un petit bâliment destiné au logement du concierge et du jardinier, la fa- cade (fig. 1) de l'édifice apparaît avec toute sa simplicité harmo- nieuse et gaie. Au milieu, le bâtiment central, dont on aperçoit les deux ailes, pour peu qu’on en fasse le tour par les jardins, ainsi que les deux petits pavillons qui les flanquent de chaque côté. L'aspect général est heureusement choisi; la décoration en est simple et sévère, exempte de tout luxe inutile; la pierre, la brique, le ciment et le fer y sont unis dans des proportions sur lesquelles l'œil s'arrête avec plaisir; la vérandah qui occupe toute la partie antérieure et qui, au premier étage, est surmontée d'une terrasse )) } pe {| jf) li | Il j f | | | AU (l 0 il ll au js {ll | Al Le 1)) HI I | |l ! EN AU UN ! 0 Ne nn ne EE Re = © + E a à LAN jf] a | nm , en construction à Milan. — Vue de la facade. Fig. 1. — Institut pour les enfants rachitiques REC ee =. anti LG CIO: TELLE NN CUR in 7 PLIS) Jostitut pour les enfants rachitiques, en construction à Milan. — Coupe en élévation et plan d'ensemble. — 206 — coupe bien la’ perspective, avec son perron central et ses deux escaliers latéraux. » L'édifice est placé à une petite distance (12°,50) de la voie pu- blique, au milieu d’un terrain de 5,737 mètres carrés, dont la partie sur la rue offre une longueur de 94 mètres; sa façade principale, dirigée vers le Sud-Ouest, a 11 mètres de hauteur et 5o mètres de longueur; six piliers principaux en pierre de taille maintiennent les fondations, établies dans 30 centimètres de terre végétale et 80 centimètres d'argile; l'édifice est presque tout entier construit en briques formant des murs épais, suivant la coutume italienne (fig. 2). La cour qui sépare les deux ailes sera simplement sablée et contiendra des appareils de gymnastique et une piscine pour la natation pendant l'été. À l'extrémité Nord-Est du grand jardin, planté d'arbres à essence résineuse, une construction sera plus tard établie, composée de quelques chambres d'observation pour les cas suspects de maladies contagieuses, si la pratique vient en démontrer la nécessité. 1 | ee i LHlelE | 1 ll mn: —— > © (LL EE, EEE < RTE Der ANNE ZZ (ll Ti 22 TP PILES, L Cd CZ Si l’on pénètre ensuite par le perron dans l'Institut lui-même, il faut savoir qu’afin de réaliser le but auquel il est destiné, il répond dans sa distribution à trois parties distinctes : l’école, lambulance et l'infirmerie : l’école pour les enfants qui y sont gardés toute la journée, l'ambulance pour les consultations ex- ternes, et l’infirmerie pour le traitement des cas nécessitant une intervention chirurgicale et exigeant un séjour prolongé de jour et de nuit. 1 3 — 207 — L'aile gauche du rez-de-chaussée (fig. 3) est occupée par les salles d'école (1, } auprès desquelles se trouvent le cabinet des maîtres et, de l’autre côté d’un large corridor, les cabinets d’aisances (3)et les latrines (4). À gauche de l'entrée principale, on voit le réfectoire (13) et la salle de service (14); à droite, la salle (23) destinée à recueillir les préparations anatomiques, l'arsenal chi- rurgical, les moulages, etc., puis le cabinet du médecin (17), Fig. 3. Institut pour les enfants rachitiques , en construction à Milan. — PJan du rez-de-chaussée. , 2. Salles d’ecole. . Cabinets d’aisances. L. 5. . Salle des maîtres. Lavabo. Corridors. . Escalier. . Palier. . Cabinets d’aisances. . Palier de lentrce latérale à gauche. . Salle du service, . Entrée. . Réfectoire. LÉGENDE : . Administration. . Gardien. . Cabinet du directeur. . Cabinet du médecin. . Ambulance. . Antichambre de l’ambulance. . Hydrothérapie. . Bains. . Gymnase. . Musée et salle des collections. . Entrée des salles d’ecole. . Escalier lateral de la véran- Escal latéral de 1 dah (côté gauche). Escalier des cabinets d’aisances de gauche. Entrée latérale de gauche. f. Entrée de l’ambulance. . Sortie de l’ambulance. . Escalier latéral de la vérandah (côte droit ). . Escalier des cabinets d’aisances de droite. -+ Trappe pour enlever le linge sale. . Vidoir. — 208 — lambulance (18) pour les consultations externes et, en se diri- geant dans l'aile droite, l’antichambre de l’ambulance (19), les salles des bains (20) et de l’hydrothérapie (21) et enfin la salle de gymnastique (22). Au centre et en face de l'entrée principale, vers la cour, s'avance un petit corps de bâtiment renfermant trois pièces pour la Direction et l'Administration; au-dessus d'elles, à l'étage supérieur, existe une vaste salle pour les enfants convales- cents. Également au rez-de-chaussée, l'entrée a est réservée aux en- fants se rendant aux salles d'école, un plan incliné leur en facilite l'accès; l'entrée pour les consultations externes est en F et la sortie en g, g, de facon que le mouvement des personnes qui ÿ vien- nent ne puisse se faire à l'intérieur de l'édifice. DE de Au premier étage (fig. 4), on rencontre sur la facade À trois grandes salles (13) destinées à l’infirmerie, contenant chacune six Tissue Institut pour les enfants rachitiques , en construction à Milan. — Plan du premier étage. LÉGENDE : 12,2,3,4,5, 6. Logement du directeur. 11. Salle de service. 16. Corridor. 7, Escalier du directeur. 12. Corridors. 17. Infirmeries. S. Corridor du directeur, 13. Infirmerie. 185. Corridor. 9. Cabinets d’aisances. 14. Salle de service, 19. Salle des convalescents. 10. Escalier principal. 15, Vestiaire. 20. Terrasse, — 209 — petits lits et séparées entre elles par deux petites chambres (14) pour les infirmiers ou pour des cas spéciaux; deux passages (12) conduisent à la terrasse (20); on y a d'ailleurs également accès par les salles d'infirmerie; cette terrasse est longue de 34 mètres et large de 3 mètres, elle est soutenue par de légères colonnes de fer et elle est destinée à recevoir les lits des malades qu’on y trans- . portera dans la belle saison à l'abri d’une tente les protégeant contre le vent et la chaleur du soleil. À l'angle Sud de la façade se trouvent le vestiaire (15), puis un corridor (12) conduisant aux cabinets d'aisances. et, sur l'aile droite enfin, deux petites salles d’in- firmerie (17). Du côté gauche existent un corridor (12), une salle pour les gens de service (11), l’escalier principal (10), le loge- ment du directeur (1, 2, 3, 4, 5, 6), son escalier particulier (7) et des cabinets d’aisances (9). Fig. 5. È us l Institut pour les enfants rachitiques, en construction à Milan. — Plan du sous-sol. LÉGENDE : 1,2; 4%. Caves. 8, 9,10. Escaliers. 3. Fosses d’aisances. 11,12,15,14,15,16. Cuisines et dépendances. D. Calorifères. 17,18. Moteur à gaz, pompe, chaudières, G. Couloir. 19. Buanderie. 7. Décharge du linge sale. MISS. SCIENT. — VIII. 14 RS ue Dans le sous-sol (fig. 5) sont installés tout le service de la eui- sine au gaz (6, 11, 12, 13, 14, 15), les calorifères (5), la pan- neterie, les caves pour les vins, la glacière, la réserve du bois, les caves pour les autres combustibles et un atelier pour la fabri- cation des appareils orthomorphiques. Dans la partie située au- dessous du service des bains (17, 18), seront établis un moteur à gaz avec une pompe aspirante et foulante pour alimenter les réser- voirs et une chaudière pour chauffer l'eau des bains. Une buan- derie pourra être installée, si on le juge utile, à l'extrémité (19): École et infirmerie. — Les deux salles d'école dont je viens d'indiquer l'emplacement au rez-de-chaussée de Flnstitut sont égales en superficie; elles mesurent 8 mètres de longueur, 5°,5 de largeur et 4*,5 de hauteur, soit, pour chacun des 50 enfants que l'une et l’autre doivent recevoir, 8”,8 de superficie et un cube d'air de 3,96; ce volume doit même être quintuplé en hiver par une ventilation active. La lumière y vient du côté gauche aniquement par deux grandes fenêtres de 10 mètres carrés de su- perficie. Les parois des murs et les plafonds de l'édifice sont blanchis à la chaux, puis recouverts de vernis dans lesquels n'entre aucun composé plombique; les planchers sont en bois dur ciré pour les salles d'école, les infirmeries, et en bois non ciré pour les salles de gymnastique. Le sol de la salle d'ambulance et du réfectoire est recouvert de mosaïques à la manière vénitienne, ainsi que celui des galeries du premier étage; Îe sol est revêtu de ciment au rez- de-chaussée et dans le sous-sol. Les salles de l'infirmerie sont voûtées, leurs angles sont arrondis. Bains et service d’eau. — La partie réservée aux bains se com- pose d’une salle pour l'hydrothérapie et d’une autre pièce conte- nant une petite piscine de 2 mètres carrés, dont le fond est muni de gradins afin de permettre aux enfants de rester assis, et cinq ou six petites baignoires d'une capacité d'environ 9o litres avec robinets d'eau froide et d’eau chaude; deux grandes tables, sur lesquelles on peut étendre les enfants pour les essuyer, gar- nissent encore cette pièce; les détails de cette installation n'offrent rien de particulier. L'eau destinée aux bains et à l'hydrothérapie provient de deux réservoirs en fer établis à la partie supérieure des — 211 — pavillons des latrines, et d’une capacité de 15,000 litres, ce qui, pour chacun des 150 enfants reçus dans l'établissement, donne une quantité journalière de 100 litres. Les tuyaux qui partent de ces réservoirs se rendent dans toutes les parties de l'édifice; l'eau chaude, je l'ai déjà dit, est fournie par une chaudière spéciale si- tuée dans le sous-sol. Cabinets d’aisances. — Cette partie, la plus importante peut-être _au point de vue de lhygiène des établissements destinés à réunir plusieurs personnes, surtout lorsque ces personnes sont de petits enfants, a été étudiée d’une manière toute particulière par l’habile et savant architecte de l'Institut; la disposition qu’il a imaginée ne mérite que des éloges et à ce titre il est utile de la faire con- naïtre. Les cabinets d’aisances sont divisés en trois groupes : les deux premiers, installés dans des pavillons indépendants situés de chaque côté de la façade, sont réunis à chaque étage de l'édifice par de petits ponts couverts et fermés en hiver par des volets mo- biles latéraux; le troisième est placé à côté des salles d'école, afin d'être à proximité des enfants qui les fréquentent. De petites an- tichambres munies de lavabos avec eau chaude et eau froide pré- cèdent les cabinets proprement dits, sortes de logettes isolées, à cloisons peu élevées; les parois sont vernissées à l'huile; le sol de ces antichambres est recouvert de ciment, celui des cabinets est revêtu de plaques de marbre. Une ouverture communiquant avec un conduit spécial descendant jusqu'au sous-sol reçoit dans cha- cune de ces antichambres le linge sale, qui peut ainsi être enlevé et porté dehors sans contaminer l'intérieur de l'établissement ; les matières excrémentitielles provenant des salles d’infirmerie sont rapidement transportées en passant par la terrasse dans les antichambres des latrines. On a pensé avec raison que, dans les cabinets, le meilleur siège pour de petits enfants serait celui qui rappellerait la chaise percée; chaque cabinet renferme une sorte de vase en majolique ayant un rebord de deux à trois centimètres, renfermé dans une grande boite à parois de marbre avec un dossier également de marbre; une valvule du système Rogier-Mothes en forme le fond et un jet d'eau intermittent lave continuellement l'appareil. Les matières se rendent enfin dans des fosses placées dans le 1: de — 212 — sous-sol; ces fosses sont fixes, mais elles pourront devenir mobiles . \ .,e , \ ° \ le jour où les conditions d'enlèvement des vidanges permettront de le faire à Milan. Chauffage et ventilation. — Trois calorifères du système Michel Perret, munis de récipients d'eau, servent à distribuer la chaleur dans toutes les parties de l'établissement et sont réglés de façon à y donner une température de 15 degrés centigrades. Comme le climat de Milan permet d'ouvrir les fenêtres largement pendant l'été, il ne faut se préoccuper que de pourvoir à la ventilation artificielle nécessaire pendant l'hiver. L’air pur entre avec la cha- leur et s'élève par le courant d'aspiration de trois cheminées d'appel, pour lequel la chaleur de la fumée des trois calorifères est utilisée. Dans les salles d'école, qui contiennent chacune 50 élèves aux- quels on veut donner 20 mètres cubes d'air, soit 1,000 mètres pour l’ensemble, la capacité superficielle de la salle étant sans ventilation de 3,96 par chaque enfant, il en résulte que lair devra être renouvelé pendant l'hiver cinq fois par heure. Les deux bouches d'émission établies dans les salles l’une vis-à-vis de l’autre, et suivant le plus petit axe, ont 20 décimètres carrés; l'air qui s'en échappe peut avoir une vitesse moyenne de 80 centimètres et même d’un mètre à la seconde; elles sont pratiquées à une hau- teur de 1,70 au-dessus du plancher de la salle, de facon que l'air ne puisse jamais effleurer la tête des enfants; elles sont, en outre, munies de valves en éventail. Il en est de même dans le réfectoire, dans les salles de l'ambu- lance, ainsi que dans les salles d’infirmerie; mais là, le volume d'air étant, à l'état normal, de 30 mètres cubes par lit, la venti- lation permet de le porter, avec les conditions déjà indiquées, à 380 mètres par heure. L'air vicié de tout l'établissement se rend par des collecteurs appropriés dans trois grandes cheminées d'appel. Cependant la ventilation des cabinets d’aisances est tout à fait indépendante; des conduites particulières, dans lesquelles l'aspiration vient de la fosse, extraient l'air à la base et dans les quatre angles de chaque cabinet, à l'aide de bouches verticales élevées de quelques centi- mètres au-dessus du sol et se réunissent en cheminées d'appel où des becs de gaz sont constamment allumés. L’aire des conduites — 213 — étant de 18 décimètres carrés et la vitesse minimum du courant d'un mètre à la seconde, le volume d'air extrait est de 648 mè- tres cubes. Tel est le plan général du futur Institut pour les enfants ra- chitiques ; il parait difficile qu'il soit meilleur et mieux combiné pour les divers services qu'il doit rendre. Il pourrait aussi, ce me semble, utilement servir d'exemple pour la construction des petites écoles, des petits hôpitaux ou des asiles que les administrations ou la charité publique font ériger, d'autant que la dépense totale de cet édifice ne montera quà 200,000 lires environ, dont 8,000 employées à l'achat du terrain et 50,000 pour le mo- bilier. Il me reste à montrer ce que sera l'organisation de cet Institut, en prenant pour base celle de l’Institut actuel; il doit répondre, ai-je dit, à un triple but : servir d'école pour un certain nombre d'enfants (100), de petit hôpital pour 25 autres et donner des consulialions pour les malades qu'on y amène. Le tout est absolu- ment gratuit. Les enfants que reçoit M. le docteur G. Pini sont trop peu avan- cés en àge pour qu'on puisse songer à leur faire l’école à propre- ment parler; leurs maïîtresses sont plutôt des gardiennes et elles se bornent à leur apprendre à lire, à écrire, à compter, et surtout elles cherchent à les occuper, à les amuser; aussi la plupart du temps ces pauvres petits mangent, font de la gymnastique appro- priée à leur âge et à leur déformation, prennent des douches et des bains, se reposent et dorment. Comme dans les écoles spé- ciales de Turin, des médicaments leur sont administrés suivant leur état et une nourriture appropriée leur est donnée; M. le doc- teur G. Pini, dont la charité ingénieuse est toujours en éveil, a imaginé d'obliger les parents à fournir eux-mêmes le pain aux en- fants et d'exiger que ce pain soit d'excellente qualité; il est ainsi parvenu à introduire dans les familles de ces enfants l'habitude de se nourrir avec du bon pain, qui souvent ne coûte pas plus cher que le mauvais. Je ne reproduirai pas ce que j'ai déjà dit sur les soins donnés à ces enfants et sur l’organisation de l’école; mais je tiens à faire connaître certaines dispositions très heureusement prises encore par M. Pini pour le mobilier scolaire. — 214 — Les enfants sont assis, ou bien sur des bancs, ou sur des fau- teuils spéciaux. Les bancs, dont on peut voir un dessin ci-dessous (fig. 6), sont à trois places isolées; les sièges de bois, avec un petit Banc à trois places du docteur G. Pini, en usage à l’Institut pour les enfants rachitiques à Milan. LÉGENDE : 1. Clefs pour élever et abaïsser l’appuie-pieds. 2. Clefs pour élever et abaisser les sièges. dossier arrondi supporté par deux barres de fer, sont établis sur un support à vis qui permet de les disposer suivant la hauteur des enfants ; la planchette inclinée qui sert de barre d'appui pour les pieds peut aussi être portée à une hauleur convenable. Les heureuses dispositions de ce banc sont bien celles que l'hygiène la plus scrupuleuse doit recommander pour les enfants de nos écoles; il faut ajouter que son prix de 36 fr. 50 cent. en rend l'acquisition facile. Dans celui qui est représenté, la table inclinée a une longueur de 1”,85 et une largeur de 36 centi- mètres, la largeur des sièges est de 29 centimètres; il est destiné à des enfants de cinq à huit ans. | Mais il arrive très fréquemment que ces petits enfants rachiti- ques s’endorment pendant une partie du temps qu'ils passent à l'Institut; si on les laissait sur des bancs, ils ne tarderaient pas à prendre des attitudes dangereuses, ou même ils tomberaient. Pour les coucher, il faudrait un personnel nombreux et une literie abondante, coûteuse, qui serait incessamment souillée. M. Pini s'est efforcé de parer à ces inconvénients et il y a parfaitement ei [A1] réussi en faisant construire le fauteuil reproduit 1e, d'abord fermé = = 7 à Al ie Q (fig. 7), puis ouvert (fig. 8). Pis T. Fauteuil (fermé) pour enfants, en usage à l'Insutut des enfants rachiliques à Milan. Ce fauteuil est de bois très léger et verni, de facon à être tres aisément lavé; les petites planchettes sur lesquelles l'enfant s'assied et repose permettent une aération facile; le dossier pour appuyer la tête est recouvert de toile américaine. La planchette située en avant permet à l'enfant d'avoir sous la main ses jeux ou les objets de l'enseignement , et, pour peu qu'il vienne à s'endormir, la maï- tresse incline immédiatement le dossier et transforme le siège en un lit à plan rigide, favorable à la rectitude de la colonne verté- brale et rendant impossibles les chutes ou les positions vicieuses. — 216 — On peut se procurer ces fauteuils, qui ne seraient pas moins utiles pour le transport des enfants infirmes dans les écoles, à raison de 130 francs la douzaine. Fauteuil (ouvert) pour enfants, en usage à l'Institut des enfants rachitiques à Milan. Les 125 enfants que recevra l’Institut en cours d'achèvement ne constitueront qu'une faible partie de ceux qui y recevront des soins. La consultation externe en sera en effet une partie très 1m- portante, et, en raison du grand nombre des rachitiques qui pa- raissent exister à Milan, c'est elle qui rendra peut-être les plus grands services. La gratuité de cette consultation à Institut actuel n’est pas absolue pour tout le monde; les personnes aisées payent une somme variant de 5 à 20 francs; leurs noms ainsi que les sommes versées sont inscrits dans le rapport annuel. C'est ainsi qu'en 1879 on a recueilli 2,885 francs, qui ont servi à distribuer des secours à domicile. Les enfants admis jusqu'ici à l'Institut sont tous externes; ils — 217 — y restent de neuf heures du matin à quatre heures en hiver, et depuis huit heures du matin en été; un abonnement passé avec les compa- gnies d’omnibus permet de les y conduire et de les ramener le soir chez eux pour la modique somme de cinq centimes par jour. Les appareils orthopédiques äont ils ont besoin leur sont d’ailleurs prêtés; mais il devenait nécessaire de pouvoir garderau moins quel- ques jours les enfants qu'il fallait opérer. Il existait bien à cet effet dans l'établissement actuel un ou deux petits lits; mais c’est dans le nouvel Institut que cette assistance pourra être réalisée, grace aux salles d’infirmerie que j'ai décrites tout à l'heure. M. Pini s'adresse en effet à des enfants dont le rachitisme est encore opérable en quelque sorte, et tous ceux qui ont eu le plaisir de visiter son éta- blissement ont pu se. convaincre de l'excellence de sa méthode et de la direction toute scientifique qu’il a su donner, avec les aides habiles et dévoués dont il a su s’entourer, aux recherches et aux observations. Son intention bien arrêtée est, au surplus, de ne jamais permettre que l'Institut se transforme en hôpital ou en hospice; l'enfant doit continuer à vivre dans sa famille; il veu- aider celle-ci et non se substituer à elle. L'assistance si efficace qui est ainsi donnée à Milan aux enfants rachitiques doit assurément servir d'exemple; en Italie, elle a été réalisée, dans des conditions à peu près analogues, en plusieurs autres villes, à Gênes, à Bologne, etc. Ce qu'il importe surtout de remarquer, cest qu'elle s'appuie sur les enseignements les mieux établis de l'hygiène et qu'elle rend d'immenses services en n'ayant que des exigences pécuniaires relativement très peu élevées; ainsi, pour l'exercice 1880, 45 enfants ont été soignés à l’Institut, et la dépense ne s'est élevée qu'à 300 francs environ pour chacun d'eux. Les ressources sont d’ailleurs suffisantes, grâce à la générosité publique, que M. Pini sait tenir en éveil en lui mon- trant à chaque instant le bien à faire et en déployant le zèle le plus ingénieux pour y faire appel!. I1 a réussi, et c’est là sa plus grande satisfaction, à faire de l'assistance aux enfants rachitiques une habitude pour les Milanais. | ! Parmi les mille formes que revêtent la bienfaisance et l'assistance à Milan, je crois devoir rappeler ici, comme rentrant dans le domaine de l'hygiène, la surveillance sanitaire exercée par la Société italienne d’hygiène sur la Laiterie lombarde de Milan. Cet établissement industriel a eu l'idée de prier la Société de désigner un certain nombre de ses membres pour examiner à quelque heure qu’il — 218 — ; IL. — Hospices marins pour les scrofuleux. Les côtes de la Méditerranée et de l'Adriatique, qui font à l'Italie un littoral maritime si étendu , ne pouvaient manquer d'être utilisées pour le traitement des rachitiques et des scrofuleux; bien des fois déjà on a fait connaître en France et dans les autres pays les diverses institutions qui ont été créées dans les provinces ita- liennes pour assurer à ces malades le bienfait d’une médication d'autant plus facile à leur procurer que le climat s'y prête mer- veilleusement pendant la plus grande partie de l’année, et même toute l’année dans la plupart des provinces. Je n'en veux pas re- tracer l'historique après tant d’autres (J. Bergeron, de Pietra-Santa, U. Trélat, Vallin, Arnould, etc., en France); mais il me faut tout au moins fournir quelques indications sur l'état actuel de la ques- tion et sur ce qu'il ma été donné de voir de plus intéressant à ce point de vue dans le cours de la mission qui m'a été confiée. Lorsqu'on jette les veux sur la carte ci-après (fig. 9), que j'ai fait spécialement dresser, on ne tarde pas à voir combien ces éta- blissements sont devenus nombreux depuis que l’hôpital des en- fants trouvés de Lucques envoyait à Viareggio les enfants scrofu- leux pour y prendre des bains de mer, et que le professeur Joseph Barellaï, le véritable promoteur de ce mode d'assistance, élevait si éloquemment la voix en leur faveur à la Société médicale de Florence, en 1852. J'emprunte à un travail de M. le docteur G. Pini la nomencla- ture de ces établissements avec la date de leur fondation et lindi- cation des communes qui y envoient leurs scrofuleux : 1° En 1856, Viareggio (Florence, Pise, etc. ); 2° En 1862, Voltri (Milan, Brescia, Novare, Crémone, Pavie, etc. ): leur plairait les nombreux dépôts qu'elle a installés dans la ville. Plusieurs mé- decins, sans aucune rétribution, bien entendu, ont ainsi un droit de visite et de surveillance absolu sur la vente de l'aliment le plus essentiel à l'enfance; cela est passé dans les mœurs à Milan. La compagnie accorde également l'entrée de ses étables au vétérinaire désigné par la société et fait analyser ses produits par le chimiste nommé aussi par celle-ci. De cette façon, elle s'assure la vente de son lait, et la Société italienne d'hygiène rend de signalés services à l’alimenta- üon publique. Lors de mon passage à Milan, une association, loute désintéressée , se formait pour étendre ce mode de surveillance à des établissements, sortes de cuisines populaires, qui vendraient du bouillon dans les quartiers habités par les classes nécessiteuses. ._ — 219 — 3° En 1863, Fano (Modène, Bologne, Mantoue, etc. ); 4° En 1864, Livorno (Livourne, Pise, Florence); 5° En 1867, Sestri Levante (Milan, Gênes, Pavie, etc. ); 6° En 1868, Porto d'Anzio (Rome); 7° En 1869, Venezia Lido (Venise, Padoue, Vérone, Trévise, etc.); 8° En 1870, Porto San Stefano (Sienne, Voltura) ; 9° En 1870, Rimini (Bologne, Ferrare); 10° En 1871, Riccione (Forli); 11° En 1871, Loano (Turin, Novare, Alexandrie, etc. ); 12° En 1872, Celle (Brescia); 13° En 1873, Grado (Trieste); 14° En 1874, Palermo (Palerme ); 15° En 1876, Pisa Bocca d'Arno (Pise); 16° En 1879, Cagliari (Cagliari et Sassari), auxquels il faut ajouter les petits établissements, bien moins im- portants, de San Benedetto del Trento, Nervi, Pesaro, Cecina et Barletto, ce qui porte à 21 le nombre des hospices marins pour scrofuleux disséminés sur le littoral italien, dont 8 sur l’Adria- tique et 13 sur la Méditerranée. Cette désignation d’hospices marins est au surplus souvent trop ambitieuse; car quelques-uns de ces établissements consistent en une modeste maison prise en location au bord d’une plage, et dans laquelle on envoie une cinquantaine d'enfants scrofuleux ou rachi- tiques, sous la conduite d’une ou deux personnes de confiance. D'ailleurs, dans ces établissements, il s’agit plutôt d'hygiène et de prophylaxie que de traitement proprement dit. Quelquefois, comme à Loano, pour la province de Turin, c’est dans un vieux palais, celui des princes de Doria, qu'on a aménagé des salles pour recevoir un assez grand nombre d'enfants âgés de six à dix-huit ans. M. le professeur Gamba a bien voulu m'apprendre qu'en 1879, 408 enfants ont été envoyés dans cette localité, dont 203 garçons et 205 filles. De ces 408 enfants. 137 sont revenus guéris, [< ! L Q pas , 199 ont éte sensiblement améliorés. 68 ont été légèrement améliorés, 8 sont restés stationnaires. Les garcons ont pris 82 bains et les filles 86. Dans d’autres stations maritimes, c’est vraiment dans un hos- — 220 — pice spécial que sont envoyés les enfants; j'ai pu visiter celui qui a été élevé dans l’île du Lido, près de Venise, pour les enfants Fig. 9. Ca vu " (l CR Ç 4 \ \./ \ Pi Le d Û / f F \. / Ne { / ? \; / { { RE k À ni 2 ; N VE a - (o] } Crado l es Venise \ i } Volris Weroi Celle, a Sestri OŒTLO A 7 Ja . Æiccrone® o Viareggio Prod Pise Be l4rmo Faro © Zivourne- OCecine, PBarletta ® Fulerme Carte des hospices marins pour les scrofuleux en Italie. de Venise, Padoue, Vérone, Trieste, etc., et qui est considéré comme un des plus intelligemment organisés de lTtalie. J'ai pu — 221 — en reproduire les dispositions, que je donne ci-après (fig. 10, 11 et.12). Il suffit de jeter les yeux sur ces figures pour voir combien la construction de l'Hospice marin vénitien est simple, élémentaire pour ainsi dire; élevé sur la dune de sable qui borde l’Adriatique, auprès de la station où viennent se baigner Îles habitants de Venise, il étend son plus grand côté en face de la pleine mer; l'air vient emplir ses vastes salles à travers les grandes fenêtres, et tout y est combiné pour entourer constamment ceux qui l'habitent de lat- mosphère marine. À quelques mètres de leurs chambres, les en- fants prennent les bains, après s'être déshabillés dans les petites baraques qu'on voit de chaque côté de la figure 11. On peut remarquer, sans qu'il faille insister davantage, avec quelle intelligence sont disposées les diverses parties de cet hospice pour le but auquel il tend; rien n'y est sacrifié au luxe, mais tout a été organisé en vue de la plus grande commodité du service, et de telle sorie que les pauvres enfants qu'on y amène y soient dans les meilleures conditions pour jouir des avantages qu'ils y viennent chercher. Dans le jardin qui longe l'hospice, du côté opposé à la mer, on a construit un petit pavillon d'isolement pour les cas d'affections contagieuses. Une consultation externe est également adjointe à cet établisse- ment; elle permet de recevoir quelques pensionnaires et aussi de faire bénéficier du traitement, sous la direction du personnel ha- bitué, les enfants qui ne sont pas hospitalisés aux frais des comités locaux; elle procure ainsi un supplément de ressources. Depuis 1869, date de l'inauguration de l’hospice du Lido, il a recu, jusqu'en 1879 inclusivement, sans compter l’année 1873, pendant laquelle une épidémie de choléra vint interrompre la saison, 3,384 enfants. Sur ce nombre, 1,041 ont guéri, 1,963 ont été grandement améliorés, 598 ont été légèrement améliorés, 160 sont restés stationnaires, 22 sont morts. Pour l'exercice 1879 en particulier, on a établi les chiffres sui- vanis : Sur 383 enfants, comprenant 176 garcons et 207 filles, entre ‘AU ET 9P 9109 np ape5e] UF 9P 90 À — ‘OPIT nt s U9OT}TU9A UTIEU a91dsopr ER Re TRES EEE I “opdouud opeÿez ef 9p 2nA — ‘OplT ne ‘UOTTUPA UE a91dsoFF — 9222 — ‘OUOUMUT ‘CT "OJ1U1S9À ‘OI "UOICTISIUTMPY °C ‘sin0r) ‘LI *SoF[Y S2] *SAt00( ‘6 "aDeUNEUX ‘Y *o1j10S ‘Of anod oxttninos ef 2p ‘soxteuuoisuo( s0f 1nod stxoyog *@ ‘uOrje)[nSUO2 ap appeS 'Ç *AUISIN2-21QNUY ‘CT 12 9914901TP eJ 0P SOI[ES ‘ZT ‘U21pI8S np OI ‘L "UOlPOTI(T *Z “autstn") ‘ÿ] “04109909 ‘IT "SOLTBUTOISUA $0P 2A10709F0Y *Q "204309 p 2fnqs0À ‘[ : HANYDAT ‘[UHu9S ue[4 — ‘opry ne ‘uoriusa urreuwu 901ds0p} « S9379]ÿ OZ OT Ce] o ES ne OS mom | Can — 224 — quatre et vingt ans, 37 guérirent, 182 furent améliorés d’une manière notable, 133 légèrement, 28 restèrent stationnaires, et 3 succombérent à une petite épidémie de diphthérite, qui fut promp- tement arrêtée par le licenciement des enfants. 215 de'ces enfants étaient à leur première année de cure, 115 à leur seconde, 38 à leur troisième, 11 à leur quatrième, 3 à leur cinquième et 1 à sa septième. L'hospice est d'ordinaire ouvert dans le milieu de juin et se ferme à la fin de septembre; il recoit dans cet intervalle de temps deux groupes d'enfants, et chacun d'eux séjourne en moyenne quarante-cinq jours. Les dépenses pour l’exercice 1879 ont été de 42,809 fr. 74 cent., soit 112 francs pour chaque enfant! _ Ce n'est pas ici qu'il convient d'insister sur les institutions que je viens de décrire; il y a longtemps qu'on se préoccupe en France d'utiliser les immenses ressources que le littoral de nos côtes ou les sources minérales et salines de nos villes d'eaux of- frent, comme les sources de Rivanazzo, en Lombardie, pour le traitement des scrofuleux, des rachitiques, des phtisiques qui encombrent nos grandes villes. Nous possédons les hospices de Berck-sur-Mer {voir le très remarquable mémoire de M. le docteur J. Bergeron sur cet hospice, Annales d'hygiène, 1868), l'hôpital de Forges, etc., et les établissements de bains de mer pour les malades indigents fondés à Cette dès 1846 par l'Église évangélique de Nimes, de même qu'au Havre M. le docteur Gibert a organisé un remarquable dispensaire pour les enfants malades. Tout ce que nous pourrions faire à cet égard dans notre pays a été depuis longtemps réclamé et nettement indiqué. Puissé-je, par les exemples que je viens de rappeler si briève- ment, avoir cependant montré ce qui peut être réalise en ne songeant quà des constructions simples, sans prétention au luxe et à la décoration extérieure, et en usant d'initiative ! Au surplus, l'Italie, plus que tout autre pays peut-être, possède des construc- tions hospitalières dont l’immensité et les antiques dispositions, si elles peuvent faire l'admiration des architectes et des touristes, ne peuvent être considérées qu'avec une profonde affliction par les hygiénistes. Aussi, dans ce Rapport, ne parlerai-je d'aucun des vastes hôpitaux que j'ai visités; ils répondent trop peu aux nécessités actuelles de la science sanitaire, sans même en — 2925 — , excepter le trop magnifique monument que la princière géné- rosité, bien mal entendue, à mon sens, de M°®° la duchesse de Galliera fait élever sur les hauteurs de Gênes. Il faut cependant re- marquer que la disposition de ce dernier hôpital mérite une cer- taine attention : sur la convexité d’une courbe allongée, terminée aux deux extrémités par des pavillons carrés destinés à l'admi- nistration et aux divers services, sept pavillons dont les directions divergent vers la mer, sont destinés aux malades et séparés par des jardins; d’élégants portiques les relient à la facade principale. Les pavillons sont à deux étages, et chacun d’eux ne renferme que vingt-quatre lits, dont quatre isolés dans des chambres à un lit. Comme annexes, pour chaque salle principale, un réfectoire, une salle de récréation, une terrasse, une salle de bains, diverses salles pour le service, et à l'extrémité une chambre isolée, où sont ap- portés les malades qui viennent de succomber, avant qu'on les descende à la salle des morts. Quinze tentes disposées sur un tertre assez élevé en arrière et assez loin des pavillons, ainsi que trois pavillons d'isolement, doivent être utilisés en cas d'épidémies. Mais quel luxe vraiment inutile que cette profusion de marbres et de pierres de toutes sortes, de sculptures et d'ornements pour arriver à dépenser vingt millions, qui, employés pour des constructions aussi simples que celles que l'hygiène réclame, serviraient dans des conditions plus salubres à l'assistance d’un nombre mille fois plus grand de malades! CHAPITRE IV. LA PROPHYLAXIE DE LA VARIOLE. = On à vu, dans le chapitre r° de ce Rapport, que la prophylaxie des affections contagieuses avait donné lieu, au Congrès de Turin, à plusieurs communications et discussions, parmi lesquelles au pre- mier rang le magistral discours de M. le docteur Fauvel sur la pro- phylaxie internationale des maladies pestilentielles exotiques, suivi d'un débat des plus importants, auquel MM. ie docteur Finkeln- burg, le docteur Félix et le docteur Layet prirent une grande part. Les mesures préservatrices à édicter dans les différents pays contre l'une des maladies épidémiques les plus meurtrières, la variole, occupèrent également tout particulièrement le Congres. Sans doute cette affection peut être combattue par l’ensemble MISS. SCIENT. — VIII. 19 — 226 — des moyens prophylactiques applicables à toutes les maladies trans- missibles, et qui comprennent, comme on l'a maintes fois rappelé, notamment au Congrès international d'hygiène de Paris en 1878, dans le rapport de MM. les docteurs Fauvel et Vallin, et à l'As- semblée nationale scientifique d'hygiène et de médecine publiques de Bruxelles en 1880, dans le rapport de M. le docteur E. Janssens : la déclaration, rendue obligatoire pour la famille, le logeur et le médecin, de tout cas d'affection épidémique survenu dans une maison particulière, un hôtel, un garni; l'isolement réel, effectif des malades dans des hôpitaux spéciaux qui leur soient exclusive- ment réservés; la désinfection immédiate dans des étuves publiques spéciales du linge, de la literie, des tentures, des vêtements ayant servi à ces malades; la restriction, sinon la suppression presque complète, des visites des parents, et surtout des amis, aux contagieux en traitement à l'hôpital; l'adoption de voitures spéciales pour leur transport à l'hôpital et l’installation de cabinets d'urgence ou d'observation. Mais la variole présente ce caractère, qu’il existe pour elle et pour elle seule jusqu'ici un préservatif réellement efficace, la vaccine. Aussi, depuis la découverte de Jenner, a-t-on souvent pensé qu'il fallait avant tout propager la vaccination et la revacci- nation, les rendre même obligatoires et créer des instituts vacci- naux pour avoir constamment et à discrétion du vaccin de bonne qualité. | Doit-on rendre obligatoire par une loi la pratique de la vacci- nation et de la revaccination ? Telle est la question qui a été exa- minée par le Congrès de Turin à la suite de la communication que M. le docteur Henry Liouville lui a présentée de la proposi- tion de loi qu’il venait de déposer à cet effet à la Chambre des députés de France. Ce projet de loi, si logique dans sa concision, est ainsi CONÇU : LA ARTICLE PREMIER. La vaccination est obligatoire; elle doit être prati- quée dans les six premiers mois de l'existence. Arr. 2. La revaccination est également obligatoire, tous les dix ans, dans le cours des dixième, vingtième, trentième, quarantième et cin- quantième années. Arr. 3. Lors de la déclaration de la naissance d'un enfant, il sera gratuitement remis aux déclarants un bulletin de vaceine, détaché d'un — 927 — livre à souche, sur lequel bulletin doivent être inscrits les résultats de la première vaccination et des revaccinations subséquentes. Lors de chaque inscription, ce bulletin sera signé par un des docteurs en mé- decine exerçant dans l'arrondissement ; la signature en sera légalisée. Il devra être représenté à toute réquisition de l'autorité. Arr. 4. Les parents et tuteurs, ainsi que toutes personnes con- vaincues d'infractions aux articles précédents, seront passibles d'une amende de 1 à 25 francs, et, en cas de récidive, d’une amende de 25 à 100 francs. Art. 5. En cas de récidive, les noms des contrevenants seront afhichés à leurs frais à la porte de la mairie de leur domicile. ART. 6. La présentation du bulletin de vaccine, portant applica- tion de la présente loi, sera obligatoire à l'entrée des établissements “d'instruction primaire, secondaire, à l'arrivée dans l'armée, à l'entrée LA de toutes les administrations de l'Etat. ART. 7. Un règlement d'administration publique assurera l'exécu- tion de la présente loi, conformément à l'ordonnance du 20 décembre 1820 et aux arrètés ministériels des 16 juillet 1823, 10 août 1848 et 7 octobre 1870. Art. 8. La présente loi entrera en vigueur sur tout le territoire de la République dans le délai d'un an à dater de sa promuigation. L'obligation légale, telle qu'elle résulte des termes de ce projet de loi, a recu une adhésion presque unanime de la part des membres du Congrès; M. le docteur Brouardel, entre autres, a fait remarquer qu'il est difficile d'admettre qu’on permette à un indi- vidu d'être, par son imprudence ou sa folie, une cause de danger pour ses voisins, qu'on n’a pas le droit de devenir un foyer de pro- pagation de la variole, et qu’un jour viendra « où l’on mesurera le degré de civilisation d'un pays par le nombre de varioleux qu’il fournit ». M. le docteur Finkelnburg a fait des vœux pour que lobli- gation de la vaccination soit partout établie et acceptée comme elle l'est en Allemagne; M. Klas Linroth a rappelé que l'obligation existe en Suède depuis cinquante ans, qu’elle est parfaitement accueillie par la population, et qu'on n’a jamais eu qu'à se louer du fonctionnement de cette loi; M. le docteur Froben a également déclaré que la Russie va prochainement rendre la vaccination obligatoire; MM. les docteurs Lubelski, Balestreri, Vidal ont joint leur approbation à celle des précédents orateurs. Cependant M. le docteur Van Overbeek de Meiïjer n’a pas pensé 19, — 228 — que les gouvernements puissent encourir la responsabilité des ac- cidents qu'un vaccin impur ou une opération mal faite pourraient occasionner. D'un autre côté, M. le docteur Spatuzzi a fait savoir au Congrès que la variole avait complètement disparu de Naples depuis qu'on a rendu la vaccination moralement obligatoire; l'obli- gation, a-t-1l ajouté, n’est pas inscrite dans la loi, il est vrai, mais dans la pratique on presse de toutes facons sur les habitants, on réclame en toutes circonstances dans la vie privée le certificat de vaccine, et les résultats sont excellents. M. le docteur de Pietra- Santa enfin a objecté qu'avant d'imposer l'obligation de la vaccine, il faudrait d’abord avoir la certitude de posséder une quantité suffi- sante de vaccin irréprochable, de même qu'il faudrait qu'il y eût partout assez de vaccinateurs pour assurer le service. Mais comment organiser un service tant que la loi qui l’institue n'est pas votée, a répondu M. le docteur Fauvel; il va de soi que le vote de’ la loi impliquera les crédits, les moyens capables d'en assurer l'exécu- tion; les mesures indiquées contre la variole, à défaut de la vac- cination obligatoire, ne devant jamais être prises dans toutes les communes de par l'autorité seule des pouvoirs communaux, ne faut-il pas une obligation légale qui assure tout au moins la géné- ralisation du préservatif reconnu indispensable ? Aussi le Congrès at-il adopté, par 200 voix contre 5, le prin- cipe de la loi proposée par M. le docteur Henry Liouville, s’asso- ciant ainsi aux vœux si souvent exprimés par les corps compétents, à un moment où, en Angleterre, en Allemagne, en Russie, on se préoccupe d'assurer aux lois déjà existantes sur la vaccination une sanction suffisante; où l’on prépare en Belgique, dans quelques cantons de la Suisse, etc., des lois spéciales. Ce sera l'œuvre d’un prochain Congrès de discuter les bases des mesures internationales applicables à la prophylaxie de la variole, suivant la proposition de M. le docteur Carville. En Italie, je viens de le dire, la vaccination n’est pas obligatoire, mais elle est assez généralement pratiquée sans difficulté et avec le concours même des populations; on doit altribuer une bonne part dans ce résultat aux services de vaccination, qui y sont nombreux et fonctionnent avec un grand zèle. Comme cest là une question qui se posera en France au lendemain de l'adoption de la loi Liouville, je me permettrai de rapporter seulement quelques renseignements qu'il m'a été donné de recueillir. — 229 — Depuis que Troja en 1805 et Galbiati en 1810 pratiquèrent à Naples les premières vaccinations animales!, et que le docteur Negri organisa dans cette ville en 1840 le premier centre vacci- nogène, divers comités italiens se sont organisés à Bologne en 1868, à Milan, Bergame et Sinigaglia en 1869, à Ancône, Foggia, Udine, Gênes, Venise, Arezza, Vérone en 1870, à Vicence en 1871, et à Rome en 1872, si bien que le comité milanais peut évaluer les vaccinations animales pratiquées dans toute Pltalie au chiffre total de 182,566 inoculations, comprenant 100,546 vac- cinations et 82,020 revaccinations. En ce qui concerne Îles méthodes propres à inoculer les génisses et à recueillir le vaccin animal , à Milan, le comité, qui, en dehors des vaccinations qu'il pratique lui-même, fait chaque jour dans les diverses provinces de Ftalie et à l'étranger de nombreuses expéditions de virus vaccin, inocule chaque semaine une génisse ou un veau; il prépare ensuite le vaccin avec de la glycérine et l'envoie soit en pustules, soit en plumes, soit en tubes. Ce vaccin conserve ainsi son efficacité pendant deux mois. Le comité d’An- cône, qui en fait lui aussi de nombreuses expéditions à l'étranger, recueille, au sixième jour de linoculation, la Ilymphe vaccinale en raclant les pustules et en mélangeant immédiatement avec de la glycérine. À Turin, le Bureau d'hygiène pratique d'ordinaire la vaccina- tion avec de la Iymphe prise de bras à bras; comme le certificat valable de vaccination n’est remis qu'après que l'enfant a été re- présenté, généralement au bout d'une semaine, afin de s'assurer si l'opération a réussi, il est facile de se procurer de la lymphe, _ que M. le docteur Brambilla, sous-chef du bureau, conserve dans une sorte d’armoire-glacière. Le personnel du bureau, avec le con- cours des médecins de bienfaisance, pratique des vaccinations publiques deux fois par semaine pendant toute l’année, et tous les jours dans les cas d’un besoin urgent ou d’une grande af- fluence de monde. Il existe de plus à Turin un conservateur de vaccin pour toute la province, comme dans la plupart des pro- vinces italiennes. ! Voir notamment, en ce qui concerne l'historique et l'étude de la vaccination animale, le Bulletin de l’Académie de médecine de Paris. 2 sg CHAPITRE V. | ù LA CRÉMATION. La cause de la crémation a été trop bien défendue ou attaquée par les nombreux auteurs qui s’en sont occupés, tant en France qu'à l'étranger, pour que je veuille dépasser les limites qui me sont assignées par le caractère de ce Rapport et faire autre chose que raconter comment elle se pratique actuellement à Milan dans le Temple crématoire construit à l'extrémité du Campo Santo (fig. 13 et suiv.). Je n’ai pu, pour les motifs indiqués en com- mençant, assister à l'expérience de crémation pratiquée devant les membres du Congrès de Turin lors de l’excursion qui le ter- mina; mais pendant mon séjour ultérieur à Milan, j'ai pu voir incinérer le corps d'un homme qui en avait formellement exprimé le désir avant de mourir. | C’est le 6 septembre 1874 que, sur les instances de M. Nicotera, alors Ministre de l'intérieur, un décret royal ajouta à l’article 67 du règlement sanitaire les lignes suivantes : « Le préfet, après avis du conseil provincial de santé, pourra, dans des cas exceptionnels, autoriser tout autre mode d’inhumation, de conservation ou de destruction des cadavres, y compris la crémation. » Deux ans après, le 22 janvier 1876, le chevalier Keller, mort depuis le 23 jan- vier 1874, était brûlé par l'appareil Polli, sous le péristyle du Temple crématoire qu'il avait fait construire à ses frais et qu'il donna ensuite à la ville. Bientôt après une Société de crémation, organisée par d'anciens et ardents promoteurs de cette mesure, se formait à Milan; cette société, dont le président est M. le doc- teur de Cristoforis, et le secrétaire M. le docteur G. Pini, compte aujourd'hui près de 300 membres, qui payent une entrée de 25 lires et une taxe annuelle de quelques lires. Ils ne sont nul- lement forcés de se faire brüler après leur mort, mais ils ont droit à la crémation gratuite, à moins d'empêchement juridique. Pour les personnes étrangères à la Société, on doit payer à celle-ci, pour l'opération, 30 francs, plus 10 francs de taxe à la ville. Pour qu’une crémation soit autorisée, il faut d’abord que le mé- decin traitant ait déclaré de la facon la plus formelle, dans un certi- ficat dont le modèle est déterminé à l'avance, que la cause de la mort est une maladie naturelle et qu’elle exclut la présomption d'un “AJAU9SU9 P AN À — ‘UCI 9P 2ATOpeUo qd J, 97 — *Ç1 “BY — 231 — TIM , ll A > il, | | PR | | EN == à MU! = : — 232 — crime quelconque. II faut, de plus, les autorisations du préfet, de l'officier de l’état civil et de l'autorité judiciaire; le consentement de la Société de crémation est enfin également nécessaire. Il semble, au dire des défenseurs de la crémation, que toutes ces précautions soient suffisantes pour détruire l’objection la plus grave qui ait été faite contre elle, je veux dire la disparition de toute trace des crimes qui se pourraient commettre par certains poisons, et M. le docteur G. Pini, qui a bien voulu cette fois encore me fournir les éléments de ce chapitre, ainsi que les figures que je reproduis, m'en citait un exemple intéressant : ayant reçu, il ya quelque temps, une demande afin de procéder à la crémation d’un enfant, il remarqua que le médecin traitant avait rédigé son cer- tificat avec certaines réserves. S’étant rendu aussitôt chez son con- frère, il apprit de celui-ci que la maladie de l'enfant lui avait semblé étrange et qu'il craignait un empoisonnement, bien que Fig. 14. SS S SS # << SN SSX ÿ ’ S E Se 8 | 7 RS] F] F] Kl d. Æ Ë < ÉRÉÈÉÈSONQOQOSSSE À [R RU = SSSR N NS È | 5ù À EÉJNNDNQN ù N || Ê RS Temple crématoire de Milan. — Plan général. LÉGENDE : 1. Péristyle couvert, 2, Chambre où l’on assiste à l'introduction du corps et d’où l’on surveille, au besoin, les progres Ê Il 7 ; prog de la erémation, à travers une lame de verre enchässce dans la plaque qui ferme le four, 3. Bureau de la Société, servant de salle d’attente à la famille pendant l'opcration. A, Section de la cheminée de l'appareil. 5. Four ou chambre crématoire. 6. Chambre mortuaire où l’on dépose provisoirement le cercueil contenant le corps. 7. Magasin pour le combustible ; orifice posierieur du four servant à l'introduction des fascines et du charbon. 8. Colonnes du péristyle, — 233 — les parents fussent au-dessus de tout soupçon. M. Pini avertit aus- sitôt l’autorilé judiciaire; l’autopsie fut prescrite et l'on eut la preuve que l'enfant avait été empoisonné par de l'arsenic; les re- cherches qui furent faites montrèrent que l’intoxication s'était pro- duite en mangeant des bonbons colorés; les bonbons semblables saisis chez le même marchand contenaient, en effel, une grande proportion d’arsenic. Si l'enfant avait été inhumé, rien n’eût été découvert, ajoutait M. Pini; c’est aux précautions exigées par la crémation qu’on doit cette divulgation. Quoi qu’il en soit, du 22 janvier 1876 au 30 août 1880, 86 cré- mations ont été opérées dans les cimelières de Lodi et de Milan, dont 60 sur la demande expresse des personnes, le reste à titre d'expériences sur des cadavres abandonnés. Les membres du Con- grès de Turin assistèrent aux 87° et 88° crémations; je vis prati- quer la 90° un mois après. Les inventeurs n'ont pas manqué, on le pense bien, pour pro- poser des appareils crématoires ; il serait inutile de les décrire tous. Actuellement, dans le cimetière de Milan, ce sont les appa- reils de MM. Gorini, d'une part, et Poma et Venini, d'autre part, qui sont employés; le premier est seul installé dans le Temple crématoire, il servait pour la 69° fois le jour où je le vis fonc- tionner; le second, qui n'a été utilisé que 8 fois, se trouve provi- soirement sous un hangar à l'entrée du Campo Santo. Le Temple crématoire (fig. 13 et 14) a l'aspect d'un monument grec; une rangée de colonnes en demi-cercle entoure un péristyle - élevé de quelques marches au-dessus du sol, au milieu duquel est conservé l'appareil Polli-Clericetti dans lequel a été brülé le corps du chevalier Keller. Au fond est le four à crémation, sur le côté gauche la chambre à crémation par laquelle est introduit le cadavre, à droite la pièce réservée aux membres de la Société et à la famille du défunt, en arrière le magasin contenant le bois et dans lequel se trouve l'entrée du fourneau. Deux porteurs amenèrent devant moi un cercueil, qui avait été conduit le matin à l'entrée du cimetière; le couvercle une fois enlevé, on plaça le cadavre sur une large grille de fer, en forme de corbeille, supportée par une plale-forme destinée à recueillir les cendres devant s'échapper de la grille. Celle-ci fut alors glissée à travers l'ouverture E (fig. 15 et 16), fermée par une double — 234 — plaque, dans la chambre de crémation, et un feu de brindilles de bois sec fut allumé dans le fourneau A. En même temps, afin d'activer le tirage, le petit fourneau G fut aussi allumé; celui-ci communique avec la cheminée H, munie de la petite plaque de réglage C’ (fig. 17) et dépassant le toit, comme on le voit dans la fig. 14. Les cendres tombent en B et ne se trouvent aucunement mélangées avec celles du cadavre complètement entouré par les flammes qui se dirigent de À en F, puis s’échappent par la che- minée H. On peut encore disposer de gros morceaux de houille le long des parois du four pour déterminer une chaleur plus con- sidérable. | Par les plaques de verre et les ouvertures situées en L, on. pouvait suivre la combustion du cadavre; da clarté du four, lab- Appareil crématoire de Gorini. — Section verticale. LÉGENDE : A. Fourneau. H, Cheminec. B. Cendrier. I. Support antérieur. C. Chambre de crémation. | L. Fenêtres latérales. E. Plaque de fermeture. M. Partie posterieure de la chambre. F. Conduit de fumee. N. Ouverture du fourneau. G. Petit fourneau, ’ sence de fumée rendaient cet examen facile, malgré la tempéra- ture, qui devait être de près de 4oo degrés à l'intérieur. Le ca- — 2355 — davre qui était brûlé devant moi était celui d’un homme âgé, très amaigri, ayant succombé à la phtisie pulmonaire, et sa combus- Fig. 10: e L > — 7) FT Z f , no) /Z // Hé Z : ÿ ZZ WRI 7 Ts 7 % Z 2, Er U, J E LL D DZ 1ZZ y 4, V1] E Appareil crématoire de Gorini. — Appareil crématoire de Gorini. — Plan horizontal. Coupe de la cheminée. LÉGENDE : LÉGENDE : A. Fourneau. C’. Plaque pour régler le tirage. B. Cendrier. C. Chambre de cremation. D. Grille supportant le cadavre. E. Plaque de fermeture, __ F,. Conduit de fumée. L. Fenêtres latérales. tion fut rapide; au bout d’une demi-heure, je n’apercevais déjà plus que les saillies blanches et friables du squelette; en une heure et demie l'opération fut entièrement accomplie, et après le refroidissement du four, on put retirer les cendres, d’une grande blancheur, formées surtout d'os calcinés et réduits en petits frag- ments. Pendant toute la durée de l'opération, on ne ressentit d'odeur d'aucune sorte et l'on n’apercevait à l'extérieur qu'une légère fumée noirâtre s'échappant par la cheminée; 100 kilo- grammes environ de fascines, un peu moins de houille avaient été dépensés, représentant une dépense de près de 6 francs. Dans le cas où plusieurs crémations doivent être accomplies successive- 24 DE ee ment, on enlève la grille et la plate-forme deux heures après la | crémation, et pendant que le four est encore chaud, on peut intro- duire un autre cadavre sur une autre grille; la quantité de combus- tible nécessaire est alors bien moins grande. Fig, 19. Appareil crématoire ds Poma et Venini. — Plan horizontal. LÉGENDE : 1. Gazogène. 9, 10. Chariot supportant le cadavre. 2. Ouverture pour l'introduction du combustible, 11,18. Orilices amenant l’air extérieur. 3, 4. Sortie des produits de la distillation. 12,15,14,16, 17, 19. Conduits de retour des gaz sous la 5. Sortie de l'air chaud. tôle et les parois du four. 2 5 iné 6. Réservoir de l'air chaud. 15. Cheminée. ; 7. Conduit en terre réfractaire pour enflammer le mélange 20. Entonnoir conique. d’air chaud et de gaz. 21. Petit tube de dégagement des gaz de la distillation du 8. Chambre de crémation. bois. Le four Poma et Venini, représenté par les fig. 18 et 19, est beaucoup plus compliqué que l'appareil Gorini et il ne pourrait — 237 — être, comme celui-ci, construit en quelques jours; bien que la dépense de combustible y soit un peu moins élevée et que la combustion s’y pratique beaucoup plus vite, il ne serait pas, en quelque sorte, à la portée de toutes les administrations désireuses de réaliser la crémation. Il résout toutefois les difficultés opéra- toires de la crémation d’une façon beaucoup plus complète et surtout plus scientifique. On introduit par l’ouverture 2 dans le gazomètre 1 du bois qu'on enflamme; les produits de la distilla- tion s’'échappent par 3 et 4 pour aboutir, d’une part, à la che- minée 19 à l’aide du tube 21 et d'autre part dans la chambre 5, où arrive également de l'air chaud par 5. Le mélange, dont la proportion est rigoureusement réglée, de gaz et d'air chaud est enflammé, à l’aide d'une poignée de brindilles, dans le conduit en terre réfractaire 7 et la flamme parvient dans la chambre créma- toire proprement dite 8. Le cadavre, placé sur le chariot 9 et 10, est glissé dans cette chambre sur une sorte de table en terre ré- fractaire garnie de champignons également en lerre réfractaire dont les hauteurs graduellement croissantes forment une in- clinaison de la têle au pied. Des ouvertures et des conduits 11, s'ouvrant au dehors, produisent un courant d'air énergique; les gaz provenant de la combustion sortent par les conduits 12, 13, 14, 16, 17, 19 placés sous la sole et les parois du four et se dégagent par la cheminée 15. La Société de crémation de Milan se propose, dès que ses res- sources le lui permettront, d'édifier près du Temple crématoire un monument destiné à recevoir les cendres des personnes brü- lées, un Cinerarium, tel qu'il est représenté dans la figure 20. Une cellule spéciale pour une urne dans cet édifice coûtera 50 francs; une place dans le compartiment commun, 3 francs. J'ai dit, en commençant ce chapitre, que, jusqu'en septembre 1880, 88 crémations avaient été pratiquées dans les cimetières de Lodi et de Milan; 61 ont eu lieu sur la demande des familles ou d'après la volonté des décédés. Il n’y a que quatre ans que cette coutume toute facultative se pratique régulièrement, et chaque jour elle fait de nouveaux adhérents, surtout parmi les femmes, dont l'imagination préfère le prompt et complet anéantissement aux lenteurs de la putréfaction. Les croyances religieuses n’ont apporté aucune entrave à sa réalisation , les prêtres ul ll ESS JL - D = . fl (} {ut | | LUN 5 5 on Eà GNT il F) lo: . à di Lo in Di Doi ou 1 qi a | EAU EN (LL | | Fig. 20. — Cinerarium projeté dans le Campo Santo de Milan. . — 239 — des diverses religions ne faisant à Milan aucune difficulté d’ac- compagner les corps jusqu’au Temple crématoire. Il semble donc qu'elle entrera de plus en plus dans les mœurs de la population de cette ville. La crémation est-elle une garantie ou même une nécessité contre les dangers qu'on à cherché à attribuer au mode actuel d'inhumation? C'est là une question encore fort discutée. I n’a encore été produit aucun travail vraiment scientifique pour per- mettre de se faire une opinion sur la nocuité ou l’innocuité des cimetières, tels du moins que la loi oblige à les installer dans nos villes en France; les récentes recherches de lillustre Pasteur et la découverte des ptomaïines par Selmi, A. Gautier ont de nouveau attiré l'attention sur ce difficile problème, et une com- mission nommée par M. le Préfet de la Seine s’en occupe actuelle- ment. Ce qu'on peut en tout cas formellement condamner, c'est le mode de sépulture usité dans un grand nombre de cimetières ita- liens et notamment aux Campo Santo de Milan, de Pise, de Gênes, pour ne citer que quelques-uns des plus célèbres, dans ces galeries dont les parois sont formées de rangées de cellules fermées d’une plaque de marbre, où les cercueils sont superposés au-dessus les uns des autres. On comprend que la crémation soit considérée en Italie comme une importante mesure d'hygiène, afin de soustraire au plus vite à l'air extérieur les produits de décomposition du corps humain, qui n'est représenté après tout, an point de vue de sa destruction, que par la formule : ’ RU re... 58,5 parties Substances combustibles ............. 32,5 PNTIÈRES MIOrAles. ., - à 0 2h00 à à en ue à 9,0 OTATE MN a. 100,0 Je renvoie à la page 169 pour les conclusions qui ont été ad- mises par les membres du Congrès de Turin après la discussion qui a été soulevée sous le péristyle même du Temple crématoire, le 6 septembre 1880. — 240 — . CHAPITRE VL L'ORGANISATION DE L'HYGIÈNE PUBLIQUE. Comme il fallait s’y attendre, l'organisation de l’hygiène pu- blique a été à plusieurs reprises l’objet de discussions importantes dans les diverses séances du Congrès, non pas tant sur les bases mêmes de cette organisation, qui sont depuis longtemps nette- ment posées, qu'au point de vue des conditions presque partout si défectueuses de son fonctionnement. Et cependant, ainsi que j'ai eu l’occasion de l’établir aïlleurs, ce ne sont ni les institutions, ni les enseignements, ni les hommes qui font le plus défaut pour obtenir cette organisation si désirable et si désirée. M. Belval faisait remarquer au Congrès international des sciences médicales de Bruxelies en 1875 que, malgré toutes les différences dans les habitudes administratives générales, une hiérarchie ri- goureusement ordonnée existe dans la plupart des pays en ce qui concerne les services sanitaires : « L'action s'étend d'ordinaire, di- saitil, du centre aux extrémités du pays, chacune des autorités spé- ciales prenant sa part dans le travail qu'entraîne le fonctionnement général du service. On a en effet presque partout compris la néces- sité d'adjoindre une autorité sanitaire permanente à chaque degré de la hiérarchie administrative générale, et la nécessité non moins grande pour cette autorité sanitaire d'avoir auprès d'elle une compétence scientifique qu'elle puisse constamment consulter. » C'est bien là l’organisation souhaitée par tous ceux qui pensent qu'un pays ne doit pas négliger la surveillance et l'administration de la santé publique : d’une part, le pouvoir central et le pouvoir municipal, et, d'autre part, des commissions consultatives chargées de contrôler et de provoquer les décisions des premiers. Assurément, la compétence essentielle de l'autorité municipale forme la base de l’organisation sanitaire et elle pourrait suflire à la rigueur, s’il était possible que chacune des communes prit d'elle-même toutes les mesures que cette organisation réclame; comme il est loin d'en être ainsi, il est peut-être encore plus né- cessaire que le pouvoir central soit à même, en fait de médecine publique, de porter assistance aux institutions municipales exis- tanies et de prendre de lui-même ce rôle dans les communes où ces institutions manquent; ses ressources lui font en outre un de- — 241 — voir d'exercer sur toutes sa surveillance et même d'imposer ses décisions, lorsque celles-ci s’inspirent de l'intérêt général, contre lequel, en pareille matière, des considérations particulières ne sauraient l'emporter. J'ai fait connaître, dans le premier chapitre de ce Rapport, les vœux adoptés à ce sujet par le Congrès (voir p. 166); l'étude de l'organisation sanitaire comparée des divers pays de l'ancien et du nouveau monde, que j'ai déjà résumée dans un autre travail}, m'’en- trainerait trop loin et je dois d’ailleurs ici me borner à examiner sommairement ce qu'est cette organisation en Italie, tout en fai- sant connaître ce que l'opinion émise par le Congrès a présenté de particulier à cet égard. Les analogies ou les différences avec notre organisation sanitaire se présenteront ainsi d’elles-mêmes, sans qu'il soit nécessaire d'insister. I. — Organisation générale de l'hygiène publique en Italie. Une loi datant du 20 mars 1865 régit encore cette organisa- tion, bien qu'on ait tenté depuis cette époque de coordonner en une-sorte de code sanitaire les diverses règles et attributions sa- nitaires des diverses autorités; ce projet en 339 articles fut adopté par le Sénat et déposé à la Chambre des députés le 13 mai 1873; il n’a pas encore été approuvé par celle-ci. En présence de ces retards, le Ministère de l'intérieur, auquel la surveillance de la santé publique était confiée par l’article 1° de la loi de 1865, pensa à promulguer un règlement en conformité de larticle 31 de cette même loi et un arrêté royal du 6 sep- -tembre 1874 rendit exécutoire ce règlement, qui est encore au- jourd'hui en vigueur. En voici les principales dispositions : Les attributions du Ministre de l'intérieur s'étendent à toutes les ques- tions d'administration concernant la santé publique du royaume. Il soumet à l'avis du Conseïl sanitaire supérieur toutes les questions sur lesquelles il croit opportun d'avoir son avis, et tous Îles règlements d'intérêt général, ainsi que les instructions pour l'application de la loi de 1865. Il a seul le droit d'interdire, en cas d'épizootie, l'introduction des bestiaux et de leurs dépouilles, et de correspondre avec les consuls royaux à l'étranger, relativement aux questions sanitaires. Il présente au ? Essai d'organisation de la médecine publique en France, par A.-J. Martin, ren- voyé par la Chambre des députés à M. le Ministre de l'intérieur en 188%. MISS. SCIENT. — VIII. 16 — 2492 — Roi, à la fin de chaque période triennale, un rapport sur l'état sanitaire du royaume. Les préfets veïllent à la santé publique dans tout le territoire de leur province et font observer les lois et règlements sanitaires. Ils informent le Ministre des faits intéressant la santé publique, et, en cas d'urgence, font immédiatement exécuter les dispositions arrêtées par le conseil provincial de santé. À la fin de chaque année, ils dressent un rapport statistique sanitaire de la province et le transmettent au Ministre avec les observations du conseil sanitaire provincial. Les sous-préfets et les commissaires de district ont des pouvoirs analogues et transmettent tous les semestres au préfet un rapport accompagné des observations du conseil de santé de l'arrondissement ou du district. Les syndics, dans l’accomplissement des devoirs qui leur sont assi- gnés par les articles 28 et 29 de la loi, sont assistés par une commission municipale de santé. Leur rapport au sous-préfet doit être trimestriel. Le Conseil supérieur de santé est chargé de l'étude de toutes les questions hygiéniques et sanitaires sur lesquelles son avis est requis par le Ministre. Il est spécialement consulté sur les précautions à prendre pour prévenir et combattre les épidémies, les maladies endémiques et les épizooties, sur les moyens d'améliorer les conditions sanitaires des ouvriers dans les manufactures et les industries agricoles, sur la propa- gation de la vaccine, sur le service médical et pharmaceutique, sur les établissements de santé et les établissements insalubres, sur les rizaères et le rouissage du lin et du chanvre, sur les grands travaux d'utilité pu- blique au point de vue de l'hygiène, sur les quarantaines et le service qui les concerne, sur les règlements communaux d'hygiène, etc. Il peut prendre l'initiative et proposer au Ministre les mesures qu'il croirait nécessaires pour améliorer les conditions de la santé publique. Il se réunit au moins une fois par mois et extraordinairement, avec autorisation ministérielle, quand l'expédition des affaires l'exige. Les conseïls provinciaux de santé délibèrent sur les questions qui leur sont soumises par les préfets et coordonnent, pour la statistique sani- taire de la province, les données recueillies par les conseils d'arrondis- sement et de district. Ils se réunissent au moins une fois par mois et ex- traordinairement , avec l'autorisation des préfets, quand l'exige le nombre des affaires. Ils peuvent également prendre l'initiative de mesures à pro- poser aux préfets. Les conseils sanitaires d'arrondissement et de district sont spéciale- ment consultés, en ce qui concerne leur district ou leur arrondissement, sur les matières qui font également l'objet des travaux du Conseil supé- rieur. Ils coordonnent les rapports statistiques transmis par les syndics. Ils se réunissent aussi souvent que le travail l'exige et peuvent le faire — 95 — de leur propre initiative, quand ïls ont à proposer au sous-préfet quelque mesure spéciale pour la santé publique. Pour faciliter le service sanitaire de l'intérieur, chaque syndic ést assisté d'une commission municipale dé santé, composée de huit membres dans les communes ayant une population supérieure à 10,000 habitants et de quatre membres dans les communes d'une population inférieure à ce chiffre. Elle est présidée par le syndic. Le médecin attitré de la com- mune, s'il n’y en a qu'un, ou le plus ancien des médecins attitrés, s'il y'en a un plus grand nombre, fait partie de la commission en qualité de secrétaire. Les membres de cette commission sont élus par le conseïl communal. H doit, autant que possible, se trouver parmi eux un médecin et un ingénieur. À l'exception du médecin attitré, aucun des membres ne peut être employé de la commune. La durée des fonctions est de quatre ans. Les membres sont rééhigibles. La commission municipale est un corps consultatif qui néanmoins, par délégation du syndic, peut : 1° prendre des mesures pour éloigner les causes d'insalubrité; 2° veiller à l'exécution des règlements locaux d'hygiène publique; 3° surveïller les hôpitaux, les écoles, les asiles de l'enfance, les établissements de bienfaisance, les hospices, etc., afin que rien ne manque à la salubrité de ces établissements, et recueillir les données statistiques pour le rapport trimestriel du syndic, etc. Elle in- forme de syndic si des cas de petite vérole se présentent, si quelque maladie spécifique tend à devenir endémique, etc. Les attributions du syndic, en matière d'hygiène, sont de veiller à la salubrité des habitations et des établissements publics, à la bonne qualité des boissons et des aliments mis en vente, à la bonne tenue des cimetières ainsi qu au mode de transport, auxinhumations , aux exhuma- tions et à l'exécution des mesures spéciales en temps d'épidémies, etc. Tous les établissements sanitaires, tant publics que privés, quelle qu'en soit l'espèce, doivent avoir un règlement particulier sur le service hygiénique et sanitaire de l'établissement. Ces règlements doivent être soumis à l'avis du conseil provincial de santé et approuvés par le préfet. Dans tout cimetière il y aura une chambre mortuaire dans laquelle seront conservés les cadavres jusqu'au moment de l'inhumation. Le Ministre de l'intérieur, après avoir entendu le Conseil supérieur de santé, pourra permettre l'emploi d’autres modes d'inhumation, de conservation ou de destruction des cadavres, y compris la crémation, en cas et pour des motifs exceptionnels. C'est au médecin attitré de la commune qu'il appartient de signaler l'endémicité des maladies. Les médecins traitants qui auraient occasion de constater un cas de maladie épidémique devront aussitôt en aviser le syndic. 0% — 24h — Les malades atteints d'aflections contagieuses devront, dans les hôpi- taux, être traités séparément, et les infirmiers destinés à leur service ne pourront être employés pour d'autres services. Quand les hôpitaux et les maisons de santé accueïlleront en temps ordinaire un malade atteint d'une affection de nature dangereuse ou diflusible , ou si une maladie de ce genre vient à se déclarer dans l'établissement, l'administration de cet établissement en donnera immédiatement avis au syndic de la commune et au préfet de la province. Quant au service de la police sanitaire maritime, il est réglé par un décret royal en date du 24 décembre 1870, corroborè par les instruc- tions ministérielles du 26 décembre 1871 ; un personnel exclusivement destiné à ce service, commissaires, sous-commissaires et médecins pour les fonctionnaires, gardiens de lazaret, chefs gardes, gardes, agents locaux de santé maritime pour les employés inférieurs, est chargé de faire observer dans tous les ports et escales du royaume les prescriptions des quarantaines en vigueur. y Telles sont les grandes lignes de l'organisation générale de l'hy- giène publique en Italie, dans l’état actuel. Cette organisation ne sera que fort peu remaniée le jour où le Code sanitaire dont j'ai parlé aura été enfin adopté. Car ce code a pour but principal de transformer en obligations légales les mesures réglementaires an- térieures, en donnant particulièrement aux commissions munici- pales de santé une existence mieux reconnue, ainsi qu'aux méde- cins communaux. IL. — Organisation municipale de l'hygiène publique en Italie. Aux termes de l’article 1 16 de la loi d'administration communale, en effet, chaque commune de l'Italie est obligée de posséder, pour l'assistance des pauvres, un ou plusieurs médecins dits medici condotti et une ou plusieurs sages-femmes appelées levatrice con- dotte, à moins que l'existence d'institutions particulières ne rende cette mesure superflue. [l existe même dans certaines communes des flebotomi condotti, el des veterinari condotti, mais cela n'est pas obligatoire. Cette institution est fort ancienne en Italie; elle est un vestige de l'organisation de la médecine publique sous les empereurs romains. On conçoit aisément combien les adminis- trations communales peuvent aisément prendre appui sur elle pour exercer toutes les obligations sanitaires qui leur sont imposées et combien le Gouvernement peut lui-même, grâce à elle, imposer l'exécution des règlements hygiéniques. — 245 — Dans certaines grandes villes de l'Italie, notamment à Turin, à Rome et à Naples, les municipalités, dont les devoirs et les droits sont plus impérieux en raison de l'importance de la population, se sont efforcées de créer une organisation sanitaire répondant à tous leurs besoins et possédant un développement en rapport avec les multiples obligations que la santé publique révèle chaque jour. Elles ont alors établi auprès du syndic, comme un des services de la cité, à légal des services de police, de voirie, etc., ce qu’on appelle des Bureaux d'hygiène. Je me bornerai à étudier le plus complet, celui de la ville de Turin, dont j'ai pu d’ailleurs, grâce à un accueil des plus bienveillants, examiner le fonctionnement dans tous ses détails. C’est à Turin, du reste, que le premier Bu- reau d'hygiène a été créé en Europe, le 1° janvier 1856; il fut le modèle et comme l’encouragement de ceux qui furent organisés plus tard dans divers pays, parmi lesquels celui de Bruxelles, que dirige avec tant de zèle et de compétence M. le docteur E. Janssens, est à tous égards le plus remarquable. On sait qu'en France nous possédons depuis quelques années au Havre et à Nancy des institutions analogues, et qu’à Marseille, à Lyon, à Bor- deaux l'opinion publique se préoccupe vivement d'en organiser de semblables. Le Bureau d'hygiène de Turin étant devenu tout à fait insuf- fisant, l’éminent et sympathique Président du Congrès, le pro- fesseur Pacchiotti, se préoccupa, dès qu'il fut élu par ses collègues du Conseil communal assesseur pour l'hygiène, de l’établir sur de nouvelles bases et il vient d’avoir la bonne fortune de faire ‘adopter par le Conseil, dans sa séance du 9 avril dernier, l’organi- sation suivante, aujourd'hui en pleine exécution. Le Bureau d'hygiène est divisé en quatre sections, dont voici les attributions : 1° SECTION. — Statistique et démographie : Mouvement de la po- pulation de la ville et de ses faubourgs, naissances, mariages, décès, émigrations, immigrations; maladies endémiques, épidémiques, conta- gieuses, infectieuses, publication d'un Bulletin hebdomadaire de statis- tique démographique en correspondance avec toutes les villes d'Italie et de l'étranger; étude de la topographie, de la constitution médicale ré- gnante; visites prescrites par le préfet à l'occasion de nouveaux plans d'hôpitaux, d'hospices, maisons de santé, pharmacies; étude des con- ditions hygiéniques des ouvriers dans les établissements industriels; — 246 — consommation alimentaire; correspondance avec les autorités supé- rieures pour tout ce qui concerne les services de vaccination, de revac- cination, etc.; statistique générale des médecins de la ville et des fau- bourgs, avec lesquels ont lieu des rapports continuels. 2° SECTION. — Services sanitaires municipaux : Tout le service des méde- cins des pauvres, medict condotti, medici di beneficenza , etc. , est sous la di- rection de cette section; les médecins, chirurgiens, accoucheurs, sages- femmes, apothicaires, les trois médecins nommés pour la constatation des décès, la statistique des pauvres pourvus par la ville d'assistance médicale, la visite des’ nouveau-nés, sont placés sous la surveillance et la direction du Bureau d'hygiène et dépendent de cette section; elle dirige aussi les vaccinations et revaccinations de toute la ville, les secours aux malheu- reux victimes d'accidents, le service médical de nuit copié sur celui de Paris, la désinfection des maisons où ont lieu des maladies infectieuses. Elle fait procéder aux inspections des écoles et des écoliers, aux visites de tousles employés municipaux malades ; elle fait délivrer les certificats pour les dispenses de service, etc. 3° SECTION. — Inspection de la santé publique : Visites et rapports sur les conditions des habitations, maisons privées, édifices publics, esca- liers, cours, latrines, égouts, eau potable, puits, lavoirs et bains publics. Police générale de la ville, places, rues, jardins, théâtres, urinoirs, chälets de nécessité; illuminations publiques; inspection des industries et des établissements incommodes, insalubres, dangereux, des divers marchés, des aliments et des boissons mis en vente. Inspection des ci- metières, inhumations, exhumations, autopsies, transport des cadavres. Rapports constants entre le Bureau d'hygiène et le Bureau de police municipale. 4° Section. — Médecine vétérinaire : Surveillance de l’abattoir et di- rection du service vétérinaire. Inspection des boutiques de bouchers, charcutiers, marchands delait, beurre, etc. Visite des chevaux, écuries, étables, voitures publiques; surveillance des chiens enragèés, des épi- zooties et des maladies contagieuses des animaux. Surveillance contre les parasites des animaux et des productions agricoles, et sur les marchés de viandes de toutes sortes. Statistique et rapports divers. Le personnel chargé d'exercer ces diverses attributions se com- pose d’un directeur en chef aux appointements de 4,000 francs, d’un directeur adjoint à 3,500 francs d’un sous-chef à 2,5oofrancs, de trois médecins. touchant chacun 2,000 francs, d’un vétérinaire ayant même traitement que ces derniers et de deux employés à 1,400 francs chacun, soit un total de 20,800 francs. De plus, — 247 — vingt-cinq médecins des pauvres dépentent de ee Bureau et doivent lui fournir chaque semaine les renseigrements les plus précis con- cernant les malades qu'ils ont soignés et les malades en cours de traitement, ainsi que sur l’état des maisons, des mansardes, des escaliers, des cours, des puits, etc. qu'ils ont pu examiner au cours de leurs visites; ils recoivent un traitement annuel de 1,200 à 3,000 francs, suivant la population de leur circonscrip- tion et sa distance du centre de la ville; huit médecins sup- pléants avec 300 francs d’appointements sont appelés à leur suc- céder après quatorze ans de service. Trois médecins sont, en outre, chargés de la constatation des décès; ils reçoivent chacun 1,800 fr. par an. Il y a enfin quinze sages-femmes qui ont mission d'assister les femmes pauvres qui accouchent à domicile; elles sont sous la direction des médecins de leurs circonscriptions respectives et touchent 4oo francs par an. Quant au service de la prostitution, il est fait à Turin, comme dans toute Fltalie, par des médecins nommés et payés par le Gouvernement. Le personnel du Bureau d'hygiène est nommé par une com- mission spéciale présidée par le maire ou par son assesseur, à la suite d’un concours sur titres; les médecins des pauvres sont nommés à la suite d'examens passés devant l'Université. H faut encore signaler que tous les pharmaciens de la ville, sans exception, peuvent fournir les remèdes prescrits par les médecins des pauvres; ils sont immédiatement payés par le caissier de hôtel de ville, selon un tarif convenu. et sur présentation des ordonnances. Les analyses de substances alimentaires que le Bureau d'hygiène juge nécessaires sont pratiquées par le professeur de chimie du Musée industriel; un laboratoire très éléinentaire existe aussi dans les dépendances du Palais municipal. Le Bureau d'hygiène peut ainsi être constamment tenu au cou- rant de l'apparition et de la marche de tous les cas de maladies infectieuses; combinant ses recherches avec les observations ther- mométriques, barométriques, météorologiques et microscopiques pratiquées chaque jour, il peut établir l'état climatérique, démo- graphique et sanitaire de la ville avec une précision très précieuse, et, grâce à ses rapports constants avec tous les autres bureaux de la municipalité, son action peut être immédiate dans tous les cas — 218$ — où 1l le juge nécessaire. De cette facon, le contrôle et la surveil- lance du Règlement d'hygiène publique et de police sanitaire! que le syndic vient de proposer, conformément à l'obligation faite par la loi à toutes les communes, sont complètement assurés. Dans le projet de budget dressé par l'honorable syndic de la ville de Turin, M. le comte Ferraris, les services d'hygiène, d’assis- tance publique et de bienfaisance comportent les dépenses sui- vantes : hygiène, 86,240/,45; service sanitaire pour les pauvres, 118,850!; bienfaisance, 295,850!; soit, au total, une somme de 500,960!,45 sur un budget général de 13,858,064!,29. Ce-que je viens de dire de l’organisation de l’hygiène publique en Italie, tant au point de vue du pouvoir central qu'au point de vue du pouvoir communal, montre assez à quel degré de perfection relative l'administration sanitaire est parvenue dans ce pays; on y remarque, en effet, que l'administration peut y posséder auprès d'elle des commissions consultatives douées d'initiative et des agents compétents; c'est évidemment là la réalisation des revendi- cations les mieux justifiées et les plus urgentes de la science sani- taire en ce qui concerne la puissance publique qu'elle est en droit de posséder. Bien des pays pourraient avoir une pareille organisation; et ce- pendant elle ne satisfait pas complètement, à juste titre, les aspi- rations des hygiénistes-administrateurs les plus autorisés de l'Italie, si l'on en juge par les conclusions que le savant docteur Zucchi, directeur du Grand Hôpital de Milan et le directeur du Bureau d'hygiène de Naples, M. le docteur Spatuzzi, ont présentées au Congrès. Le premier, dont les travaux si remarquables ont déjà tant fait pour l'hygiène publique, est en effet venu demander, à la suite d'une très importante communication, que l'administration de la santé publique soit confiée : 1° dans chaque municipalité, à un conseil communal de santé présidé par le chef de la munici- palité et assisté par un bureau de santé dirigé par un médecin, membre permanent du conseil et rapporteur, plusieurs petites com- munes formant ensemble des circonscriptions sanitaires; 2° dans chaque province, à un conseil sanitaire provincial, présidé par le ! La reproduction de ce très remarquable Règlement, qui n'est pas encore dé- finitif, serait trop longue; on peut lire la traduction que j'en ai faite dans la Revue d'hygiène, t. I, 1880, p. 822. LMD chef de l'administration provinciale et assisté par un bureau de santé dirigé par un médecin, membre permanent du conseil et rapporteur près de lui; 3° dans le gouvernement central, à un ministre de santé et à un conseil central assistés par le personnel du ministère, dont trois directeurs généraux seront membres et rapporteurs près du conseil. Partout où existe un bureau administratif intermédiaire entre les municipalités et les provinces, devra siéger un médecin délégué de la pro- vince; là où fonctionnent des autorités administratives régio- nales, siégera un bureau de santé. Partout, dans la hiérarchie ad- ministrative, on rédigera des rapports périodiques. La surveillance des services sera faite par des inspections ordinaires et extraordi- naires. En outre, l'enseignement de l'hygiène populaire aux ou- vriers et dans les écoles primaires et secondaires sera un des de- voirs des médecins, qui devront aussi visiter les malades pauvres, à la demande des municipalités. Le ministre de santé et le conseil sanitaire central se mettront en rapport régulier avec les autorités sanitaires des autres pays, surtout pour les mesures à prendre contre les maladies contagieuses des hommes et des animaux. Tous les ans il y aura un congrès national pour discuter les plus graves questions d'administration sanitaire. Les conseils et les bureaux sanitaires concourent par des données statistiques à la for- mation et à la réforme des lois et des institutions sanitaires. Des écoles d'hygiène bien organisées serviront à l'instruction et à ‘éducation des médecins qui voudront se vouer au service de la santé publique. M. le docteur Spatuzzi, de son côté, avec la grande compétence qui lui est propre, a présenté au Congrès un très important et très intéressant travail, que sa longueur ne me permet pas de re- produire ici, et dans lequel, s'occupant de l’organisation « des bu- reaux médicaux hygiéniques municipaux et provinciaux », afin d'établir sur des bases uniformes l'hygiène nationale et interna- tionale, 1l demande qu'une commission internationale recherche la méthode unique qu'on devrait suivre dans les recherches et dans les enquêtes pour la formation des statistiques; il fait suivre son mémoire d'un résumé des obligations que devraient remplir, suivant lui, les médecins adonnés à la statistique. La discussion soulevée au Congrès sur ces questions, et tout particulièrement soutenue par MM. Liouville, Crocq, Félix, Van — 250 — Overbeek de Meïjer et Drouineau!, s’est terminée par l'adoption du vœu présenté par M. Vidal et que j'ai reproduit page 166; bientôt, il faut l’espérer, les divers pays posséderont une organisation de l'hygiène publique, ou, pour mieux dire, de la médecine pu- blique, plus ou moins calquée sur ces indications, c’est-à-dire sur l'existence, aux divers degrés de l'administration, d’un pouvoir exécutif et d’un pouvoir consultatif également compétents, ainsi que je l'ai rappelé. Cette organisation me paraît avant tout subor- donnée à l'extension ou à la vulgarisation même de l’enseignement de l'hygiène, si l’on veut remettre la médecine publique entre des mains autorisées; ce que doit être cet enseignement, désire l'examiner dans un autre chapitre. CHAPITRE VII. ENSEIGNEMENT DE L’'HYGIÈNE. L’ilustre et regretté Broca écrivait, il y a quelques mois, dans son Rapport au Sénat sur le projet de loi relauf à l’enseignement secondaire des jeunes filles, les lignes suivantes : « L'hygiène est une science très vaste qui prend une grande place dans la médecine et dans l'anthropologie et qui, considérée dans son ensemble, ne relève que de l'enseignement supérieur. Mais si les grandes questions d'hygiène publique ne sont accessi- bles qu’à des hommes préparés par des études longues et com- plexes, l'hygiène de l'individu et l'hygiène domestique peuvent, en ce qu'elles ont de plus essentiel, être mises à la portée de toutes les personnes éclairées. » C’est en effet sous ce double point de vue qu'il faut envisager désormais l’enseignement de l'hygiène; celle-ci n'est plus, comme on l'a cru longtemps et comme un trop grand nombre de ceux qui ne craignent pas de s'en prévaloir tendraïent à le faire croire encare, une science facile qu'on apprend comme en se jouant et 1! M. le docteur Drouineau, secrétaire du Conseil d'hygiène de la Rochelle, très compétent dans ces questions, est l’auteur d'un Projet d'organisation de l'hy- gène en France, dont il a communiqué les lignes essentielles au Congrès de Turin, et qui constitue l’une des études les plus complètes de cette question. Le jour assez prochain où cette organisation sera discutée au sein du Parlement, le projet de M. Drouineau devra être tout particulièrement consulté. (Voir Revue d'hygiène et Journal d'hygiène , passim. } — 251 — sur laquelle chacun peut disserter plus ou moins superficiellement. Elle est devenue une science positive, ainsi que le déclarait M. Wurtz, science toute d'applications, il est vrai, je l'ai déjà fait remarquer, car elle s'adresse à tous les ordres de sciences et est tributaire de chacun d’eux ; mais elle peut, elle doit exiger sa place à part, son enseignement, en quelque sorte, personnel. Assurément, les préceptes élémentaires qui sont la conséquence des travaux des hygiénistes, au sens qu'on attache aujourd’hui à cette expression, demandent à être largement vulgarisés; mais encore faut-il que ces préceptes s'appuient sur des données d'une rigueur et d'une autorité vraiment scientifiques, si l'on veut qu'ils répondent au but que l'enseignement doit actuellement se proposer. À Turin, ainsi que dans presque toute l'Italie, on semble avoir pensé que l'enseignement de l'hygiène ne peut s'adresser à l’en- fant, et qu'il demande une plus grande maturité de l'esprit; om se borne donc, dans les écoles primaires, à donner de temps en temps de ces conseils hygiéniques qui peuvent s'adresser à toutes les intelligences et tombent en quelque sorte sous le bon sens. Les maïtres et maïtresses les formulent à haute voix, ou bien les dictent et les font quelquefois réciter, manière de procéder qui oblige les enfants à se les graver dans la mémoire et introduit dans les familles par les bavardages mêmes des petits écoliers de précieuses et utiles indications, inconnues ou oubliées. Les rédacteurs si zélés et si éclairés des Programme et Règlement scolaires pour la ville de Turin, dont j'ai fait connaitre quelques fragments au chapitre x de ce Rapport, ont évidemment com- pris, comme le disait Broca, que «les cours élémentaires d'hy- giène sont bien plus nécessaires encore dans les écoles secon- daires des filles que dans les lycées, car c’est la femme, bien plus que l’homme, qui préside à l'hygiène des familles. Tout le monde le comprend, mais on ne sait pas généralement jusqu'où peut aller l'influence que les connaissances, opinions ou préjugés des femmes en matière d'hygiène exercent sur la santé des familles et sur le développement dela population. » L'article 176 entre autres des Règlements concernant l'instruction secondaire des jeunes filles place en effet l'hygiène domestique parmi les matières obliga- toires de cet enseignement spécial et l’on trouve, plus particu- lièrement , dans l'énumération des cours professés dans la magni- — 252 — fique École supérieure qui porte le nom de Marguerite de Savoie, un cours d'hygiène dont le programme est ainsi conçu : « Défi- nition, division et importance de l'hygiène; influence de Ia chaleur, de la lumière, du magnétisme et de l'électricité sur la vie des animaux et spécialement sur celle de l'homme; hygiène de la respiration, des habitations et de la nutrition; préparation et conservation des aliments et des boissons; hygiène de la peau, de la bouche, des sens et des vêtements; utilité des bains; hy- giène du mouvement, du repos et du sommeil; hygiène des opé- rations de l'esprit et de l'âme; distractions et récréations; notions de médecine et de pharmacie domestiques. | Ce programme est loin d’être uniquement consacré à l'hygiène, et l'on ne voit que trop combien il se ressent de préoccupations tout à faii étrangères et qu'il n’est pas sans danger de présenter en son nom; celui que Broca recommandait, au nom de la com- mission du Sénat français, pour l’enseignement secondaire des jeunes filles, présente un caractère beaucoup plus pratique, et la hardiesse même de quelques-unes de ses parties montre bien dans quel sens les progrès scientifiques permettent de diriger des études tout élémentaires, mais qui n’en ont pas moins pour objet la conservation de la santé; je crois devoir en rappeler ici les dispo- sitions principales, fort peu connues : 1° hygiène de la maison : propreté, cubage des chambres à coucher, appareils de chauffage et d'éclairage, ventilation, balnéation, etc.; 2° hygiène de l’alimen- tation : matières alimentaires, boissons, condiments, étamage; 3° hygiène du costume : nature des vêtements, modes nuisibles; 4° hygiène de la première enfance : soins à donner aux nou- veau-nés, l'allaitement maternel, l'allaitement étranger, l'allaite- ment arlificiel, danger de l'alimentation prématurée, coiffure et costume des nourrissons et des jeunes enfants. En Italie, dans les établissements d'enseignement secondaire, dans les cours du soir, dans les écoles normales, etc., l’enseigne- ment de l'hygiène se fait en général suivant un programme com- parable à celui qui a été rédigé et décrété en France le 6 maï 1872 pour les lycées; un grand nombre d'ouvrages spéciaux servent à cet enseignement, parmi lesquels il faut surtout citer les Eléments d'hygiène du professeur Mantegazza, le Compendium très abrégé de Giovanni Targhetta, et aussi, dans un ordre d'idées un peu dif- férent, la série très intéressante des Monographies que la Société — 9253 — italienne d'hygiène fait publier depuis sa fondation, sous le titre général d'Igiene popolare. Mais, on le conçoit aisément, si l’on veut placer l’enseignement, même élémentaire, de l'hygiène au niveau des progrès de cette science, il importe avant tout de se préoccuper de la formation d’un corps professionnel spécial; en d'autres termes, commencer par apprendre l'hygiène à ceux qui seront chargés de l’enseigner. Presque partout cet enseignement supérieur de l'hygiène fait dé- faut, ou bien, lorsqu'il existe, il est d'une insuffisance à peu près complète. Aussi ce qui manque le plus, ce sont de véritables hygié- nistes, je veux dire des savants qui, après avoir recu une éducation scientifique suffisante, ont plus particulièrement étudié les appli- cations des diverses sciences à la préservation et à l'accroissement de la vie humaine, qui se sont pénétrés, à ce point de vue, des enseignements de la physique, de la chimie, de la météorologie, de la technologie industrielle, de l’art de l'ingénieur et de l’archi- tecte, de la physiologie, de la thérapeutique en partie, de la pathologie comparée, de l'épidémiologie, de la démographie, de la législation enfin en matière sanitaire. Il faut donc que, dans les diverses écoles techniques, l'hygiène soit enseignée au point de vue particulier de chacune de ces écoles, afin de ne plus voir, par exemple, lorsqu'il s’agit de la construc- tion d’un édifice public, des architectes qui ne savent quelles sont les dispositions exigées par l'hygiène et qui les demandent à des médecins tout aussi ignorants de cet ordre spécial de recherches, ou encore des administrateurs édicter des mesures sanitaires con- _traires aux intérêts mêmes qu'ils voudraient défendre, faute de connaissances spéciales. Ce qui revient, tout en organisant, com- plétant ou perfectionnant l’enseignement de l'hygiène dans les di- verses écoles, à créer une école supérieure d'hygiène publique, un institut d'hygiène, le mot importe peu, décernant un diplôme spécial et dans lequel se formeraient les candidats pour le personnel de l'administration sanitaire, telle que nous l'avons vue dans le chapitre précédent esquissée au Congrès de Turin, les futurs pro- fesseurs d'hygiène pour les divers enseignements techniques et même élémentaires, les experts de la salubrité destinés aux labo- ratoires spéciaux réclamés dans le vœu de M. le docteur Vidal que nous avons rappelé au début de ce Rapport. De semblables instituts existent dans certains pays; le plus er remarquable est sans contredit l’Institut d'hygiène fondé et dirigé à Munich par M. le professeur Pettenkofer, et qui est destiné à l'instruction publique des candidats aux fonctions de médecins de district en Allemagne, qui sont au service de l'État et ne sont appelés à leurs fonctions qu'après avoir subi un examen régulier. J'ai rappelé ailleurs l’organisation et le programme des cours de cet Institut; je ne le mentionne ici que pour signaler la nécessité chaque jour plus impérieuse d’un outillage spécial pour l’enseigne- ment de l'hygiène et pour signaler en même temps l'existence de laboratoires particuliers d'hygiène ouverts à l'enseignement, no- tamment à Leipzig, à Dresde, à Berlin, à Amsterdam, à Utrecht, à Stockholm , à Londres dans le musée d'hygiène de Parkes et dans diverses universités anglaises, pour ne citer que les plus impor- tants de l'Europe. À Turin, depuis deux ans, l'Université a confié à l’un de ses plus jeunes et de ses plus distingués savants, M. le docteur Luigi Pagliani, connu par ses beaux travaux sur l'anémie des mineurs du Saint-Gothard, l’installation d’un laboratoire d'hygiène qui a vive- ment excité l'intérêt des membres du Congrès. Ce laboratoire, qui occupe trois vastes salles des bâtiments universitaires, est bien en rapport avec les nécessités auxquelles il a pour mission de faire face; contrairement aux laboratoires qui ont à l'étranger la même destination, il ne donne pas à la chimie une place prépondérante, trop envahissante suivant l'avis exprimé généralement. M. Pagliani a en effet justement pensé que les laboratoires spéciaux qui l’en- tourent étaient suffisants à cet égard, et il a évité cet écueil en cherchant à diriger plus particulièrement les études vers les autres parties, très vastes aussi, des applications des diverses sciences à l'hygiène. Son laboratoire renferme cependant tous les appareils nécessaires aux analyses physiques et chimiques des aliments et des boissons, au point de vue de leur composition et de leurs sophistica- tions, ainsi qu’une assez riche collection de matières premières. On y trouve aussi les appareils employés dans les analyses physiques, chimiques et microscopiques de l'air et du sol, avec la collection minéralogique des roches et terres qui constituent celui-ci. La mé- téorologie, la géographie médicale, la statistique démographique y sont représentées par leurs instruments spéciaux et par un grand nombre de tableaux graphiques propres à l'enseignement. Ajoutons les modèles mêmes ou les reproductions de la plupart — 255 — des écoles, hôpitaux, maisons ouvrières, établissements de bains, systèmes de chauffage, de ventilation, d'égouts, de latrines, de con- duits, de mobiliers scolaires, etc. existant dans les divers pays du monde; signalons enfin le commencement d'une bibliothèque spé- ciale, et l'on aura une idée des facilités que ce laboratoire renferme pour l’enseignement. Car un laboratoire d'hygiène doit renfermer les appareils indispensables à l’expérimentation, un musée des modèles employés ou des collections utiles à consulter, et les ou- vrages, les journaux, les revues, si nombreux aujourd'hui, qui sont particulièrement destinés à cette science. M. Pagliani suit dans son cours, qui dure toute l’année, le pro- gramme, suivant qu'il a bien voulu me faire connaître et que je m'empresse de traduire ici : 1° Air atmosphérique. — Causes qui en déterminent l’altération. — Examen physique , chimique et microscopique de l'air. 2° Terrain. — Influence hygiénique de sa structure géologique, com- position chimique et culture. — Examen physique, chimique et micro- scopique des terrains. 3° Déboisement. — Rizières. — Marais. 4° Climatologie. — Méthodes d'observation. — Influence des divers climats sur l'organisme. 5° Température, humidité, pression, mouvements et électricité de l'atmosphère. — Influence de leurs variations sur les conditions physiolo- giques de l'organisme. 6° Habitation. — Position, orientation, plans hygiéniques des con- -structions, matériaux. 7° Cube d'air. — Ventilation naturelle et artificielle dans les loge- ments fermés. 8° Échauffement, local et central. — Valeur hygiénique et économique des combustibles. — Chauffage. 9° Éclairage. 10° Latrines. 11° Hygiène de la ville. — Position , ordre, arrangement et orienla- ton des rues, approvisionnement d'eau. 12° Méthodes d'enlèvement des villes des matières de rebut. — Po- lice des rivières. 13° Édifices pour réunions publiques. — Marchés. — Abattoirs. — 956 — 1° Écoles. 15° Hôpitaux suivant l'ancien système, à pavillons, à baraques, à tentes. = 16° Prophylaxie générale des épidémies. — Quarantaines. — Cor- dons sanitaires. — Vaccination. | 17° Surveillance sanitaire dans les maisons de tolérance. — Précau- tions contre la diffusion des maladies vénériennes. 18° Hygiène des casernes et campements en temps de paix et en temps de guerre. 19° Ambulances hospitalières. 20° Service médical de bienfaisance. — Service médical de nuit dans les villes. 21° Visite des naissances et des décès. — Secours aux noyés et: as- phyxiés. — Société de sauvetage. 22° Chambres mortuaires. — Cimetières. 23° Crémation des cadavres. 24° Hygiène alimentaire. — Chairs et œufs. — Leur valeur nutritive; méthodes pour les apprèter, pour les conserver et pour reconnaitre leurs altérations. 25° Lait et laitages. — Leur valeur nutritive, leur conservation. — Falsification. 26° Céréales. — Légumes, herbages et fruits. — Leur valeur nutri- tive, leur conservation et leurs altérations naturelles et frauduleuses. 27° Café, thé, chocolat, substances aromatiques. — Tabac. — Leur importance nutritive et hygiénique. 28° Eau. — Examen physique, chimique et microscopique. — Eau de pluie, de source, de mare, de fleuve, de mer. — Purification de l'eau altérée. 29° Boissons alcooliques. — Leur valeur nutritive. — Méthodes pour en reconnaître les altérations et les sophistications. 30° Hygiène des vêtements et des lits en rapport avec l’âge, le sexe, le climat et la saison. — Examen des tissus. 31° Bains d'eau douce et de mer. 32° Travail musculaire et intellectuel. — Gymnastique. 35° Prophylaxie des maladies inhérentes aux professions et aux mé- liers. JU: Développement de l'organisme humain en rapport avec le sexe et l'âge, la race et le genre de vie. é — 9257 — 35° Causes qui influencent le mouvement des populations. — Statis- tique qui l'exprime. — Mariages. — Naissances. — Morts. — Emigra- tions. Il est incontestable que ce seront surlout, mais non exclusive- ment, comme je l'ai fait remarquer plus haut, les médecins qui seront appelés à professer l'hygiène et à remplir les diverses fonc- tions du service sanitaire, le jour où l’on aura compris, et ce jour ne saurait tarder, puisque tant d'exemples en démontrent la né- cessité et l'excellence des résultats, que la santé publique doit être surveillée et préservée par ceux qui s'y sont préparés par des études spéciales. Car les médecins, mieux que tous autres, sont préparés à comprendre, comme le disait l’éminent professeur Gubler, pré- sident du Congrès international d'hygiène de Paris en 1878, que « l'hygiène n’a pas seulement pour mission de prévenir les maladies, mais qu'elle est appelée à occuper un jour le premier rang parmi les moyens d'action dont l’art deguérir dispose ». Aussi, avant même de songer à créer cet enseignement supérieur dont les bases viennent d'être rappelées , estil urgent de préparer la réorganisation de nos services sanitaires en mettant au niveau des besoins signalés l’en- seisnement de l'hygiène dans les écoles et facultés de médecine. M. le docteur Layet, professeur d'hygiène à la faculté de mé- decine de Bordeaux, a, dans un très remarquable travail, entre- tenu le Congrès de Turin de cette question; ayant eu à inaugurer cet enseignement, il y a deux ans, dans une faculté naissante, il a pu s'efforcer de lui donner immédiatement le caractère tout mo- derne d'enseignement expérimental, pratique, qui répond au plus haut degré à la conception actuelle de la science sanitaire. Cherchant à fournir, pour chacun des points de son enseigne- ment, d’abord l'exposition doctrinale ou théorique du sujet, puis la démonstration expérimentale, suivie de l'étude des applications pratiques, et enfin la justification administrative ou pénale, il a dû établir tout un programme d’études; ce programme a recu une approbation des plus chaleureuses de la part des membres du Congrès de Turin, et un vœu unanime a demandé pour lui la plus grande publicité possible. Au moment où la transformation de l’enseignement de l'hygiène de nos facultés de médecine est devenue d’une extrême urgence, si nous voulons tout au moins suivre des progrès qui ne se dis- MISS. SCIENT. —— VHI. 17 — 258 — cutent plus tout autour de nous, il me paraît utile de répondre aux désirs du Congrès de Turin et de Mn le programme du cours de M. le docteur Layet : I. — HYGIÈNE COSMIQUE. À. — Atmosphère générale. 1° LUMIERE : | a Expériences pour démontrer l’action de la lumière sur les fonc- tions respiratoires, la nutrition, le développement des animaux. — Action des diverses lumières colorées. — Influence de l'obscurité. — Application de ces recherches à l'éclairage naturel et artificiel des ha- bitations privées et publiques, à l'hygiène de la vue, à la climato- logie , etc. b Appareils d'expériences : Lanternes à verres colorés. — Chambre de séjour pour les animaux en expérience. — Instruments d'actino- métrie. 2° TEMPÉRATURE : a Expériences démonstratives de l’action de la chaleur sèche, de la chaleur humide sur les animaux. — Insolation. — Mort par la cha- leur. Expériences démonstratives de l'action du froid. — Congélation. — Mort par le froid. b Appareils d'expériences : Étuves de Claude Bernard. — Glacières. — Chambre d'expérience, etc. € Instruments dé thermométrie : Climatologie thermique. d Etudes sur place : Visites dans les établissements industriels où les ouvriers sont soumis à de hautes températures. 3° PRESSION : a Expériences démonstratives de l'action de l'air comprimé. — Expériences sur les effets de la décompression. — Leur application aux travaux sous-marins, au mal des altitudes, aux méthodes aérothe- rapiques. b Appareils d'expériences : Petite cloche à air comprimé pour dé- montrer l'action nocive de l'oxygène à de hautes pressions. — Chambre d'expérience pour démontrer le mal d'altitude. — Grande cloche à compression et à décompression. c Barométrie (instruments). — Climatologie. — Tracés graphiques. Courbes de dépression. — 259 — d Études sur place : Travaux dans l'air comprimé. — Construction sous-marine de bassins. — Fonçage de piles de pont en rivière. — Scaphandres, etc. 4° Hum E : a Expériences démonstratives de l'influence de l'humidité sur le développement des animaux, des germes organisés; mettre ces orga- nismes dans des espaces saturés d'humidité , à des températures diverses. b Chambre d'expérience. c Instruments d'hygrométrie. — Climatologie. — Tracés et Che hygrométriques. — Graphique des saisons pluvieuses. — Répartition des pluies, etc. | 4° ÉLECTRICITÉ : a Placer un animal dans une chambre dans laquelle on fait passer des courants diffus d'électricité. — Étude expérimentale de la fulgu- ration. — Influence des décharges électriques. — Influence des cou- rants continus sur le développement et l'accroissement des jeunes ani- maux. (P. Bert.) b Chambre d'expérience. _e Instruments d'électroscopie. — Appareïls d'électricité : Batterie électrique. — Piles. — Bobine de Ruhmkorff. — Galvanomètres. 6° Ozone : Méthodes ozonoscopiques. — Tracés et courbes graphiques. 7° COMPOSITION CHIMIQUE DE L'AIR : a Analyse des gaz constituants. — Poussières et germes en suspen- sion. — Examen des poussières au microscope. — Analyse organique de Fair. ( Procédé de Remsen de Baltimore e.) Moyens d'épreuve : : Cuve à mercure. — Eudiomètre. — Produits chimiques nécessaires. b Prises d'air : Aspiration dans des ballons pleins d'eau à deux ro- binets. — Pompe à trois robinets. — Sacs en caoutchouc, etc. — Appareil pour recueillir les poussières en suspension. — Tubes à ouate. — Aéroscopes de Miquel. — Aspirateurs de Tyndall. B:—-besol. ° Atmosphère souterraine : Gaz du sol : instruments pour les re- cueillir à diverses profondeurs. — Tubes de prise percés sur leurs parois à diverses hauteurs. — Pompe aspirante et foulante. Expériences de Fodor, Lewis et Cunningham, etc. Mouvements de l'atmosphère souterraine. {Expérience de Roth.) 17° — 260 — 2° Nappe d’eau souterraine : Appareils schématiques permettant de se rendre compte de l'écoulement souterrain des eaux; de l'influence d’un cours d'eau voisin sur la vitesse d'écoulement de la nappe souter- raine ; de l'abaissement subit et de la surélévation de la nappe, etc. Instruments pour rechercher la profondeur de la nappe. 3° Échantillons des diverses substances terreuses. — Schémas géolo- giques. Expériences sur la perméabilité et l'imperméabilité des divers ter- rains. (Expériences de Pfaff : filtration de l’eau à travers ces terrains. Expériences de Renk : influence de la pression de l'air, de la gran- deur des pores, etc.) Aptitude de divers terrains à retenir la chaleur solaire. — (Expé- riences de Faünder.) Végétation salubre et insalubre : flore des marais (herbier et repré- sentations iconographiques.) Étude des terrains au point de vue de l'aptitude à conserver la vitalité des germes qu'ils contiennent. (Expériences de Pasteur.) Examen microscopique des divers sols. — Poussières. — Micror- ganismes végétaux et animaux, etc. Ê C. — Représentations graphiques. 1° Cartes climatologiques, générales et locales. 2° Cartes météorologiques : Pluies, courants aériens, courants ma- rins, etc.; graphique des saisons. 3° Cartes ethnographiques : Répartition géographique des races. 4° Cartes pathologiques : Phtisie, dysenterie, lèpre, paludisme, pel- - lagre, goître, myopie, etc. 5° Cartes physiques : Marais, déserts, altiludes, etc. 6° Cartes des grands courants morbides : Pestes, choléra, fièvre jaune. — Foyers endémiques : voies d'importation, etc. 7° Cartes et schémas de statistique démographique : Mortalité, morbi- dité, natalité. — Accroissement de population. — Condensation ki- lométrique, etc. 8° Graphiques de comparaison : Instruction et myopie. Races et myopie. Tailles et races. Infirmités et races. Goître et crétinisme. Mauvaise denture et races, etc. — 261 — 1, — HYGIÈNE SOMATIQUE. À. — Hygiène des fonctions. a Vision : -Acuité de la vision. — Sa mesure. — Procédés employés. — Vices optiques : causes de leur développement {habitudes sociales, sco- laires, professionnelles, etc.). — Appareils et instruments pour les dé- terminer. — Méthodes optométriques. — Ophtalmoscope. — Mé- thodes de recherche du daltonisme. — Exercices pratiques pour fami- liariser les élèves avec les moyens employés. (Procédé d'Holmgren.) — Lunettes préservatrices. — Collections. — Lunettes à verres co- lorés, etc. b ResPiRATION : Détermination des échanges respiratoires ; leur application à l'étude de l'air confiné. — Analyse des gaz expirés : pompe à mercure. — Capacité pulmonaire, coefficients de ventilation pulmonaire. — Expé- riences de Gréhant : sa méthode, son appareil. — Capacité vitale. — Ampleur respiratoire. — Moyens de détermination. — Appareïl pro- ducteur d'oxygène et d'hydrogène. — Spiromètres. — Compteur à gaz d'expérience. — Cyrtomètre. — Ventilation pulmonaire : son rôle dans les manifestations dyscrasiques. — Gymnastique pulmonaire : appareil de Waldemburg. c DEVELOPPEMENT. — MOUVEMENT. Mesure de la taille : andrométrie. — Mesure de la force : dynamo- métrie. — Instruments employés. — Mesure du développement du crane : cranioméirie, — Conformateur des chapeliers, etc. — Mesure du poids du corps : balance. Exercice musculaire : gymnastique. — Des diverses méthodes : des appareils employés. — Etudes sur place. — Tableau des différents exercices. Anthropométrie gymnastique. — Moyens et instruments de men- suralion. d NUTRITION. — ALIMENTATION. 1° Allaitement : Analyse du lait. — Procédés et instruments : Lactoscope de Donné, hydromètre de Atkins, lacto-densimètre de Quevenne. — Crémo- mètre. — Lacto-butyromèlre de Marchand. — Appareil d'Adam, etc. — Examen microscopique. no — Graphique comparatif de la composition chimique des divers laits. Biberons : collection des diverses espèces de biberons; biberon des crèches, etc. — Tubes en caoutchouc : échantillons de tubes toxiques; bouts de sein; bouts de sein toxiques. Balance de pesées pour l'enfant. Nourrice : examen pratique d'une nourrice. Conservation du lait. — Laits conservés : échantillons. — Laits ar- üificiels : lait de Liebig; farine Nestlé : échantillons. Altérations du lait : lait acide; expériences démontrant l’action d'un lait acide sur des vases mal étamés. — Dissolution d'un métal toxique (plomb surtout). Produire par la fermentation l'apparilion de champignons parasites du lait : bleu (penicillium qlaucum), rouge (palmelles, etc.) Du lait comme agent des maladies infectieuses : 1° Tuberculose : nourrir des animaux avec lait provenant de vaches tuberculeuses; expériences de Gerlach, de Klebs, de Chauveau, etc. 2° Fièvre typhoïde. — Fièvres éruptives : lait servant de véhicule aux germes infectieux. — Expériences. Falsification du lait. — Écrémage. — Adultérations diverses. — Addition d'eau. — Procédés d'examen employés. — Compte-glo- bules de Bouchut, etc. Beurre : modèles de barattes. — Beurres Grrhe el — Recherche de la margarine, etc. — Beurres toxiques. — Examen pratique. Fromage. — Fromages toxiques. — Examen pratique. 2° Céréales : Céréales et succédanées. — Échantillons (herbier et graines). Cartes de répartition géographique des principales céréales alimen- tares. Tableau comparatif de leur composition chimique. Examen microscopique des diverses farines. Moyens d'épreuve. — Aleurome de Bolland, etc. Panification. — Visite à la manutention. — Pétrins mécaniques : accidents professionnels. — Visite aux minoteries. — Blutage. — Mouture. — Rhabillage des meules : accidents professionnels. — En- grenages métalliques. — Plomb, cuivre dans la farine. Parasites des farines, du blé, etc. (charançons, teignes, acarus ). — Échantillons. — Examen microscopique. Moisissure du pain : préparations microscopiques ; représentations iconographiques. — Analyse microscopique. — Moisissures vertes, blanches , noires, rouges, etc. — Accidents qui doivent leur être attri- bués. — Procédé pour leur culture. — Expériences sur les ani- maux. 2. 26 — Altéralions des. céréales : ergot, rouille, etc. — Echantillons. — Préparations Perscopines 2 Ergot de seigle : ergotisme con- vulsif et gangréneux; expériences. sur les. animaux. Graines étrangères nuisibles. — Échantillons : : mélampyre (melam- pyrum arvense), nielle des blés (githago), ivraie (lolium temulentum), gesses (lathyrus), etc.— Accidents causés par leur usage : githagisme, lathyrisme , témulentisme , ervisme. — Expériences sur les animaux. Altérations du maïs. — Ergot du maïs, charbon du maïs (uredo maydis). — Verderame de Ballardini. — Pellagre. — Recherches des principes. alcaloïdes du maïs altéré : pellagrozéine de Lombroso. — Expériences sur les animaux. 3° Féculents : Tableau comparatif de la composition chimique des principales fé- cules alimentaires. — Leurs caractères microscopiques. — Echantil- lons. — Examen pratique. — Collection en nature ou en planches des végétaux fournissant les diverses fécules alimentaires. Fécules. exotiques : manioc, taro , sagou, etc. Végétaux alimentaires : tableau de classification; collections. — Végétaux vénéneux; collections. — Échantillons. > 4° Fruits : ” Collections et représentations iconographiques. Fruits vénéneux. Champignons comestibles et véméneux; collections. — Examen pratique des espèces. aulorisées. — Moyens d'épreuve. — Proceaés employés pour détruire leur toxicité. — Expériences sur les animaux. 5° Viandes : Tableau. comparatif de la composition chimique de la chair ani- male. Des altérations des viandes. — Des diverses qualités de viande. — Étude sur place à l'abattoir. Viande provenant d'animaux malades : examen pratique. Viandes tuberculeuses : expériences sur la transmission de la tuber- culese par les voies digestives sur les animaux. (Expériences de Chau- veau, de Viseur, de Klebs, de Gerlach, etc.) Des mouches à viande et de leurs larves : échantillons. (Mouche car- nivore. — Mouche dorée, etc.) Viandes charbonneuses : Examen pratique. — Expériences sur la transmission du charbon par les voies digestives. — La bactéridie du charbon : préparation microscopique. — Représentation iconogra- phique. (Planches de Toussaint.) — 264 — Viandes septiques. — Du virus septique. — Expériences. Échantillons de diverses viandes altérées. : Viandes de charcuterie altérées : le botulisme; poison du saucisson (Wurstaift) ; expériences avec les substances grasses altérées (inocula- tion , injection chez les animaux). Fièvre typhoïde par viandes altérées. Phosphorescence des viandes altérées : bactéries lumineuses. Viande ladre : examen pratique de la ladrerie du porc. Le ténia armé : son évolution. — Préparation microscopique. — Représentation iconographique. — Expériences sur sa transmission chez les animaux. La ténia inerme : échantillon. — Expériences sur l'espèce bovine. — Recherche du cysticerque. Viandes trichinées. — Préparations microscopiques : : svaldié ee de de la trichine. (Planches représentatives.) — Échantillons de viande trichinée. — Viande d'oie trichinée; expérience : donner de la viande trichinée aux volailles. — Moyens pratiques d'examen : harpons de . Middeldorpif et de Duchenne.— Expertise : aspect des muscles envahis. — Des rats trichinés. — Expérience sur la vitalité des kystes de tri- chine pour expliquer les faits d'explosion tardive de l'infection. Cuisson des viandes, — Expérience démonstrative des différentes températures que pr ésente la viande cuite à son centre et à la péri- phérie. (Expériences de Perroncito.) Conservation des viandes. — Échantillons de conserves. — Visite et examen sur place dans une fabrique de conserves de viande. — Expériences démonstratives sur les procédés de caléfaction. — Conser- vation par le froid. — Visite aux usines spéciales (machine Giffard et Berger ; machine Tellier ; machine Raoul Pictet; machine Carré). — Expérience démonstrative des effets du froid. Dessiccation des viandes. — Échantillons de viande desséchée. — Expérience sur le renflage de ces viandes. Fumage : expériences sur la vitalité des germes parasitaires dans les viandes fumées. Boîtes de conserves. — Échantillons, — Démonstrations du plomb dans la soudure dite des ferblantiers. Gélatine. — Expérience d'alimentation spéciale sur les animaux. — Visite à une fabriaue de gélatine. — Influence professionnelle. Collections iconographiques ou naturelles des principales espèces ant- males employées dans l'alimentation : Mammifères. — Oiseaux, — Poissons, etc, — Carte de leur répar- tition géographique. Poissons. — Collections naturelles ou iconographiques des poissons toxiques ou pouvant devenir toxiques à un moment donné. — 205 — Accidents produits par ces poissons (siguatera des Espagnols). — Expériences sur les animaux. — Poissons tués par un poison (picro- toxine et coque du Levant); leur danger. — Expérience sur les ani- maux. | Poissons altérés ; nature et recherche de l’altération. Accidents causés par les moules : mythilisme. OEufs altérés. — Expérience sur les animaux (Thompson et Cal- vert). — Examen pratique. — Moyens d'épreuve. Des mets extraordinaires. — Insectes, vers, mollusques, etc. — Collections (si c'est possible). 6° Métaux toxiques et aliments : Cuivre et aliments : Vases et ustensiles de cuivre. — Étamage. — Étude pratique. — Recherche du cuivre dans un aliment. — Coloration artificielle des huitres. Méthodes diverses : Analyse par la pile. — Spectroscope (raie du métal). Reverdissage des légumes verts. — Visite et étude sur place dans une fabrique. Plomb et aliments : Causes et conditions diverses. — Expériences démonstratives de la dissolution du métal toxique dans les aliments et les boissons. { Eau dis- tillée et conduits en plomb, vases en étain plombifère, poteries vernis- sées, boîtes de conserves et aliments.) — Moyens d'analyse : Elec- tricité et raie spectroscopique du métal. Arsenic et aliments : Coloration artificielle des pâtisseries et bonbons. — Procédés et ap- pareils d'analyse. sa Boissons : 1° Eaux potables : Analyse chimique de l'eau. — Hydrotimétrie. — Procédés pratiques d'analyse. — Réactif de Nessler : ammoniaque libre et ammoniaque albuminoïde. (Expériences de De Chaumont.) * — Réactif plombifère (hydrogène sulfuré). Gaz contenus dans les eaux polluées. — Analyse avec pompe à mer- cure. Examen microscopique des eaux potables. — Classification d'après la nature et le nombre des êtres organisés que l'on y rencontre. — Sa- prozoaires. — Saprophytes. — Saprogènes. — 266 — Procédé de M. Certes (emploi de l'acide osmique pour tuer les germes). Collection microscopique des protorganismes des eaux potables (microphytes et microzoaires). — Eaux des mares, des étangs, de canaux de drainage, etc. Conservation des eaux. — Caisses. — Réservoirs. — Puits (plans, représentations ). Citernes (plans, représentations). — Conduites d'eau; leur incrus- tation. Épuration et désinfection des eaux. — Filtres. — Spécimens de filtres. — Expériences avec les diverses substances filtrantes. Filtration naturelle. — Démonstration de l’action filtrante des divers terrains. Pollution des cours d'eau par les résidus des usines. — Éiidés sur place. — Procédés d'épuration. — Pollution par les eaux d'égout. Moyens de contrôler la désinfection des eaux d'égout. Analyse chimique et micrographique des eaux d'égout. Flore des eaux marécageuses. — Échantillons. Parasites introduits dans l'organisme avec l'eau prise en boisson : Cestoides. — Lombricoïdes. — Filaires. — Échinocoques. Distomes. — Ankylostomes. — Anguillules, etc. Migration de ces parasites. — Echantillons ; représentations icono- graphiques. 2° Boissons fermenlées : Les vins. — Procédés d'analyse. — Moyens pratiques de recon- naître leurs falsifications (coloration artificielle, substances nui- sibles, etc.). Appareïls d'analyse : Alambics de Salleron. — Ébullioscope. — Saccharimètre. — Bains-marie, creusets en platine, verrerie appro- priée, etc. Les bières. — Mouillage et falsification ; secs d' analyse. Les eaux-de-vie. — Appareïls d'alcoométrie. Les liqueurs. — Leur coloration artificielle. — Ingrédients nui- sibles. Tableau comparatif des diverses boissons fermentées en usage dans tous les pays du monde. — Les fruits , tiges ou racines dont elles pro- viennent : collections. . De l'alcoolisme dans ses rapports avec les suicides, les crimes, les dégénérescences constitutionnelles. — Tableaux graphiques de statis- tique démographique. Expérience pour démontrer la présence de l'alcool dans l'air expiré. — Appareil à double soupape d'inspiration et d'expiration : barbotage — 267 — de l'air expiré dans une dissolution de bichromate de potasse dissous dans de l'acide sulfurique jusqu à saturation. B.— Vêtements. Expériences sur la conductibilité des étoffes pour la chaleur. — In- fluence de la couleur sur les propriétés hygiéniques des vêtements. (Expériences de Stark, de Coulier, etc.) — Appareil d'expérience (chambre de Melloni). Echantillons des diverses plantes, des divers produits animaux ser- vant à la confection des vêtements. Danger de certaines étofles colorées avec des couleurs toxiques. — Échantillons. — Moyens d'expertise. | De l'aptitude des diverses étoffes à retenir plus ou moins les odeurs, les miasmes (expériences de Duméril), suivant leur texture, leur co- loration , etc. Désinfection des vêtements. — Linges souillés, infectés. — Mé- thodes et procédés employés. — Appareils, étuves , chambres à désin- fection : modèles, plans, etc. Expérience sur les conséquences de la suppression de la perspiration cutanée. — Vernissage des animaux. — Expériences. Vêtements défectueux et nuisibles : corsets, ceintures, crinoline, bretelles, cols, etc. Vêtements d'orthopédie. III. — HYGIÈNE SOCIALE. À. — Atmosphères viciées en général. Méthodes et procédés de recherche des gaz, poussières, germes or- ganisés en suspension dans l'atmosphère viciée. Pompe à recueillir les gaz (système de robinets de la pompe stoma- cale). — Ballons à deux robinets remplis d'eau. — Sacs en caout- chouc, etc. Machine pneumatique. — Aspiration des gaz : trompe, gazomètre aspirateur. — Aspirateurs portatifs, etc. Analyse des qaz : Cuve à mercure, grille à analyse. — Eudiomètres. — Flacons et verrerie appropriés, etc. Ezxpérimentation : Méthode générale. Animaux pour expériences : chiens, cobayes, lapins, oiseaux, etc. Chambre de séjour pour expériences sur les animaux. Appareil à double soupape d'inspiration et expiration , adapté à deux tubes en caoutchouc, l'un communiquant avec la source du gaz nui- sible l'autre portant les produits d'expiration au dehors ou dans un récipient spécial. — 268 — Canule à trachéotomie. Muselière d’ expérience. Instruments pour analyse des gaz du sang avant et après l'expé- rience : : Pompe à à mercure. —— Éprouvettes, pipettes, etc. Inhalation de poussières : Chambre de séjour. — Appareil à pa- lettes. — Recherches ci do ee — Préparations histologiques des poumons des animaux soumis à l'inspiration des poussières : preumo- conioses. — Microscope. Germes organisés : Appareils de recherches : Aéroscopes (à pied d'arpenteur, à demeure, etc.). — Aspirateurs. — Microscope. — Ap- pareïl de culture des germes : études d'Arsonval, de Wiessneg. — Ballons de culture (Pasteur). — Appareil de culture microscopique en cellules (Van Thieghem et Le Monnier, etc.). Atmosphère confinée , dosage de l'acide carbonique : Procédés ". Petten- kofer. — Procédé colorimétrique de Hesse (emploi de l'acide roso- lique). — Appareil d'Angus Smith; modifications apportées à cet appareil. Matières organiques : Appareil de Rolleston (d'Oxford). B. — L'habitation. Plans. — Matériaux de construction; leur porosité. — Démonstra- tion expérimentale. (Expériences de Pettenkofer, de Kuchenme:ïster.) — Appareil approprié. | Drainage et canalisation de l'habitation : circulation des liquides. — Circulation atmosphérique. Circulation atmosphérique : ventilation. — Ventilation naturelle : influence de l'exposition (démonstration expérimentale). — Plans. — Conduites d'évacuation aux égouts : reflux des gaz d'égout dans Fhabi- tation, ses dangers. — Causes : mauvaise disposition des canaux. — Installation hygiénique : plans. Canaux d'évacuation excrémentitielle : Fosses d’aisances. — Mauvaise installation des latrines. — Reflux des gaz des fosses d'aisances dans les maisons. — Ses dangers. — Ventilation des fosses d'aisances : sys- tèmes divers. — Fosses fixes et mobiles. — Appareils diviseurs. — Sièges des latrines. — Cuvettes. — Tuyaux de chute et d'évent. Dispositions hygiéniques : Plans. — Modèles d'appareils. Désinfection des matières : Substances désinfectantes. — Emploi de terres desséchées (Larth-closet). (Expériences de Vallin.) — Composi- sition des gaz d'égout et des gaz des fosses d'aisances. — Analyses chi- miques et microscopiques : expériences sur les animaux. ( Expériences de Herbert-Backer, etc.) L'eau dans les habitations : Dispositions hygiéniques. — Réservoirs ; : tuyaux d'écoulement. — Quantité d'eau nécessaire. — 269 — Les papiers de tenture : Dangers des couleurs toxiques employées (arsenic). — Poussières et émanations arsenicales. — Échantillons de papiers anglais, français, etc. — Examen et analyses pratiques. Chauffage : Dispositions intérieures : plans. — Des appareils de chauffage : modèles. — Chauffage et ventilation. — Des combustibles : échantillons. Des gaz produits par la combustion : acide carbonique et oxyde de carbone. — Leur action sur l'économie : démonstration expérimen- tale. — Caractère du sang oxycarboné. — Spectroscope. — Mesure de la quantité d'oxyde de carbone combiné avec les globules du sang par le moyen de la pompe à mercure. (Procédé de Gréhant.) Des appareils de chauffage insalubres et salubres. Des poêles en fonte :-poëêles à demeure. — Poëles roulants (poêle dit américain, etc.). — De l'air surchauffé. (Expériences de Coulier, de Troost, etc.) — Analyse et observations pratiques. — Appareils de Meidinger pour démonstration pratique (Roth). Éclairage : Substances employées (solides, liquides, gaz). — Échan- tillons. — Des systèmes et appareils d'éclairage : leur valeur hygié- nique. — Modèles. Analyse des produits de la combustion. Le gaz d'éclairage dans l'habitation. — Ses dangers. — Étude ex- périmentale de son action nuisible. Degré de lumière produite : photométrie. — Moyens en usage. — — Action des diverses lumières sur l'organe de la vue et la vision. Étude expérimentale. C. — La voie publique. Atmosphère des villes (villes industrielles). — Analyse chimique et microscopique. — Influence de la direction des rues sur la tempéra- ture, la luminosité, l'humidité, etc. — Recherches et observations comparatives. (Poursuivre et contrôler les recherches de Vogt et de Flügge.) — Plantations d'arbres : leur action salutaire. (Expérience démonstrative.) — Arbres utiles, arbres nuisibles. Les rues : Arrosage des rues. — Écoulement des eaux ménagères. — Étude et examen des sols souillés. — . Drainage des rues : infiltra- tions du gaz d'éclairage, leur danger. — Démonstration. — Canalisa- tion des rues : distribution de l’eau potable. — Conditions. — Chà- teaux d'eau : plans. Pavage : influence du pavage, expérience démonstrative. - Puits d'alimentation, infiltrations dangereuses, etc. Les cimetières : les fosses, etc. (Étude pratique et expérimentale.) Les egouts : Canalisation souterraine : plans, visites et études sur place. — Eaux des égouts. — Analyse et examen microscopique. nn L'atmosphère des égouts comme voie de transmissibilité des mala- dies infectieuses. — Les systèmes d'évacuation des eaux et immon- dices d'une ville : plans, schémas représentatifs, études sur place. — Épuration de l'eau des égouts : méthodes et procédés; études sur place. D. — Les établissements publics. Systèmes de ventilation : Schémas représentatifs, modèles d'appareils, études sur place. — Cubage des salles communes. — Coefficients d'aération. — Moyens de rafraichir l'air intérieur. — Examen, études sur place, etc. — Encombrement. — Air confiné : analyse. — Étude expérimentale. Le milieu pédagogique : { 1° Crèche : Disposition du local, installation du personnel, soins de propreté. — Alimentation. — Surveillance des maladies conta- gieuses. — Visite. 2° Asile: Disposition du local, installation, mobilier; jardins d’en- fants. — Plans, modèles, visite. — Surveillance sanitaire. 3° École : Emplacements, construction, installation, ventilation, mobilier. — Plans, modèles, études sur place. Anthropométrie scolaire : appareils et instruments en usage (voir plus haut). — Maladies scolaires : déformations physiques et myopie; leurs causes. — Examen pratique des enfants. — Surveillance sani- taire. — Carnet scolaire de santé. — Familiariser les élèves en mé- decine avec tous les moyens d'observation pratique déjà indiqués. Gymnastique scolaire : appareïls employés. — Tableau des exer- cices. — Tableaux comparatifs du développement du corps et de ses parties : taille, croissance, etc. — Graphiques et schémas. — An- thropométrie gymnastique. — Instruments et appareils déja indi- qués. Système de pédagogie basé sur le développement physique normal de l'enfant. Le milieu lusorial : Le café. — Le cercle. — Causes de la viciation de l'atmosphère. — Encombrement. — Chauffage. — Éclairage. — Tabac. — Défaut de ventilation, etc. — Maladies des cafés, des cer- cles : congestions cérébrales. — Tendance à l'apoplexie. — Analyse de l'air. — Prises d'épreuves à différentes heures suivant l'état d'en- combrement. — Fumée de tabac : analyse, son action sur les animaux ; expériences (Gréhant). Le théâtre : Disposition. — Ventilation spéciale. — Étude sur place. — Éclair rage. — Chauffage. — Analyse de l'air avant, pendant, après — 9271 — le spectacle, suivant les places (parterre et galeries). — Appareil d'Angus Smith. — Études et recherches sur place. Le milieu hospitalier : Hospices. — Ambulances. — Asiles de vieil- lards, d'aliénés, etc. — Dispositions intérieures. — Emplacement. — Salles d'hôpital. — Aération. — Ventilation spéciale. — Viciation de l'atmosphère. — Gaz, poussières, germes infectieux, contagieux, débris organiques en suspension : analyse micrographique. ce: Cul- ture des germes. — Méthodes d'expérimentation. — Visite. — Études sur place. Isolement des maladies contagieuses. — Systèmes de pavillons isolés (Tollet). — Chambre de désinfection. — Buanderie, etc. — Etudes sur place. — Tentes. — Baraquements. — Plans, mo- dèles, etc. Le milieu pénitentiure : Dispositions intérieures. — Ventilation. — Travail. — Études sur place. — Le bagne flottant, son insalubrite. E. — Le milieu professionnel. L'atelier : Dispositions intérieures. — Aération des ateliers. — Préservation des ouvriers contre les gaz et poussières. — Systèmes et appareils de ventilation spéciale : hottes, carnaux d'évacuation, ma- chines ventilatrices, etc. — Études sur place. — Modèles. — Mas- ques préservateurs, respirateurs : collections et modèles. Le travail : Attitudes défectueuses. — Opérations qui les provo: quent. — Études sur place. — Accidents des machines : causes, moyens de préservation. — Études sur place. Travail des enfants dans les manufactures : anthropométrie indus- trielle. — Observations et examen pratique. Les matériaux : Poussières et gaz toxiques : plomb, cuivre, arse- nic, etc. — Étude expérimentale et analytique. L'usine : Fumivorité : moyens employés; étude pratique. — Ré- sidus des industries : épuration des eaux d'usine; moyens employés; étude sur place. Visites dans chacun des établissements insalubres, incommodes et dangereux. — Leçons sur place. Le milieu militaire : Le recrutement : opérations du conseil de revi- sion. Examen pratique d'anthropométrie militaire : dynamomiètre, andromètre, pnéomètre, stéthomètre. Graphiques et cartes des infir- mités rendant impropre au service militaire. — Les casernes : Etude pra- tique : aménagement, chauffage, ventilation , éclairage, mobilier, etc. — Modèles et collections représentatives. — Les camps : Étude pratique : tentes, baraquements, etc. Représentation iconographique. — Le champ de bataille : Transport des blessés. Étude pratique : hô- pitaux roulants, etc, Représentations. iconographiques. — 972 — Le milieu naval : Le navire : Étude pratique : collections et plans des divers types de navires. Transports-hôpitaux. Systèmes spéciaux de ventilation et d'éclairage. Collections et modèles. — La station navale : Foyers endémiques exotiques. Cartes de géographie patho- logique. Secours aux noyés, sauvetage. Démonstration pratique des méthodes, appareïls et instruments, etc. Graphique des grandes voies de communication maritime dans leur rapport avec l'importation des maladies épidémiques d'origine exotique. Peste, choléra, fièvre jaune. Assainissement du navire : désinfection ; étude pratique des méthodes. F. — Le milieu rural. 1° Les champs : Rapports entre le terrain et la culture. — Carte agronomique. — Les insectes nuisibles aux plantes alimentaires : col- lections. — Les eaux stagnantes : analyse microscopique. — Les engrais : valeur hygiénique et agricole. — Les instruments de tra- vail, machines agricoles, leurs inconvénients; modèles. — Les ani- maux domestiques : leurs maladies transmissibles à l’homme; leurs parasites, échantillons microscopiques. 2° Le village : Son insalubrité ; les fumiers, les marais, les fossés, puits, citernes. — Démographie rurale : cartes et graphiques compa- ratifs de natalité, de morbidité et de mortalité rurales. — La police sanitaire des campagnes. Ce magnifique programme, rédigé et réalisé par le savant pro- fesseur de Bordeaux, au milieu de difficultés matérielles qui ne tarderont pas, on doit l'espérer, à être aplanies, montre nettement que le vieil enseignement tout théorique et quelque peu hétéro- gène de l'hygiène a vécu, pour faire place à un enseignement plus pratique. Il semble aussi, quelque zèle qu'on y déploie, qu'une tâche aussi étendue ne puisse être accomplie par un seul maître et qu'il devienne nécessaire de l’entourer d’un personnel enseignant en rapport avec les exigences des recherches expérimentales et les considérations d'ordres très divers que cette tâche comprend. Cette question n’a été étudiée, au Congrès de Turin, qu’à un point de vue très général, et ce n’est pas ici le lieu de l’examiner; mais qu'il me soit permis cependant de faire remarquer que dans les facultés de médecine de France, l'enseignement de l'hygiène n'est ordinairement considéré, ce qui n’est pas sans. de sérieux inconvénients, que comme une partie accessoire d'un autre en- seignement, la thérapeutique ou la médecine légale, par exemple, ou bien, lorsqu'il existe à part, il possède des ressources matérielles nn mc — - — 275 — tellement insuflisantes qu’elles ne permettent le plus souventaucune organisalion pratique. Et c'est le cas notamment de la faculté fréquentée par le plus grand nombre d'étudiants, de la plus jus- tement renommée, de la Faculté de médecine de Paris. Le savant et illustre professeur Bouchardat, qui y occupe la chaire d'hygiène depuis plus d'un quart de siècle, a maintes fois exprirhé le désir de voir adjoindre à son enseignement une seconde chaire et un laboratoire, alin de compléter l'éducation hygiénique . des futurs administrateurs de la santé publique; c'est sur son in- vitalion même que ia Société de médecine publique et d'hygiène . professionnelle priait, dès le 26 mars 1879, M. le Ministre de l'in- struction publique de créer, à la Faculté de médecine de Paris, une chaire d'hygiène publique et d'hygiène internationale. Cette seconde chaire d'hygiène pourrait avoir le programme suivant : l'étiologie et la prophylaxie des maladies contagieuses et infectieuses (fièvre typhoide, typhus, variole, etc.), les maladies professionnelles, l'hygiène internationale (pesle, fièvre jaune, cho- léra), la démographie et la statistique. Le laboratoire qui y serait annexé ainsi qu à la première, et, au besoin, le service de clinique professionnelle qui les compléterait, permettraient de préparer les matériaux du cours et d’inilier les élèves aux travaux pratiques qu'un hygiéniste ne saurait négliger aujourd'hui. Ce ne serait, d'ailleurs, que l'application à cette partie de l’enseignement médical d'une organisation étendue depuis trois ans à toutes les autres, et dont l'importance et le succès ne sont plus à démontrer. _ Arrivé au terme de ce Rapport, dans lequel j'ai cherché à me tracer un programme différent de ceux qui ont été suivis dans les divers comptes rendus du Congrès international d'hygiène de Turin, je dois faire remarquer que mon but le plus immédiat a été de reproduire, aussi succinclement que possible, un certain nombre de dispositions réglementaires et législatives et de faire connaître des institutions qui pourraient être aisément et utile- ment réalisées en France. L'Italie offre bien d’autres sujets d’études en ce qui concerne l'hygiène privée ou publique; on en trouve la trace dans maints ouvrages spéciaux et l'on s'en convainc davantage en suivant les travaux de l’importante Société italienne d'hygiène, qui a son MISS. SCIENT. —— VIII. 18 — 27h — siège à Milan, ainsi que de nombreuses ramifications, par les so- ciétés afliliées, dans diverses autres villes, et qui est présidée par l’une des illustrations scientifiques les plus justement renommées de l'Italie, M. le professeur À. Corradi, de Pavie. Mais je ne pou- vais étendre ainsi le cadre de mon Rapport, et, restant dans les limites qui m'étaient assignées, j'ai dû me borner aux considéra- tions précédentes. | Je vous soumets ce Rapport, Monsieur le Ministre, avec toute . expression de ma reconnaissance et de mon profond respect. AJ. Martin. Paris, le 8 février 1881. RAPPORT SUR LA MISSION DE M. CAPUS, . DANS L’ASIE CENTRALE, PAK M. ALPHONSE MILNE EDWARDS. M. le docteur Capus était adjoint à la mission française dans l'Asie centrale. Au mois de février, M. Capus était à Tachkent, où 11 attendait qu'une occasion favorable lui permit d'explorer des parties de l'Asie moins connues au point de vue de l’histoire naturelle et surtout de la botanique. Le 5 mars, il quittait cette ville pour aller à Samarcande re- joindre une caravane ayant l’Afohanistan pour but et à laquelle le Gouvernement russe avait bien voulu l'adjoindre. Notre com- patriote a trouvé auprès des hauts fonctionnaires de Sarmarcande l'accueil le plus sympathique, et toutes facilités lui ont été données pour parcourir le pays. La caravane, doni le départ était fixé au 13 mars, se compose de plus de trois cents personnes : les princes afghans, un sirda (parent de lémir), le mirza (gouverneur des enfants), un mi- nistre afghan, le chef de l’escorte afghane, des Turcomans, des Bokhariens, cinquante Cosaques, etc. Le voyage se fera lente- ment, ce qui donnera à M. Capus le temps d'observer attentive- ment les pays qu'il traversera. L'itinéraire est ainsi fixé : Djamni, Karschi, Kelif (sur l'Amou-Darja). Le retour se fera par Schirabad, Karschi et Bokhara. C'est pour un homme de science une excellente occasion de vi- siter en loute sécurité des régions d’un accès difficile et même dan- 18. — 276 — gereux : il y a tout lieu d'espérer que M. Capus pourra y faire de riches récoltes, préparer un herbier considérable et prendre des observations précises sur la faune et la flore de la Bokhanie. Les collections formées pendant ce long voyage sont destinées au Muséum d'histoire naturelle. La lettre suivante, adressée par M. Capus à M. le professeur Hébert et les documents qui l’accom- pagnent contiennent des renseignements précieux sur diverses ques- tions orographiques et géologiques du Ferghanäh. ; MISSION DANS L'ASIE CENTRALE. LES SABLES DU FERGHANÂH. Tachkent, le 20/8 février 1881. Monsieur le Professeur !, Le Ferghanäh ou l'ancien khanat de Khokand, incorporé na- guère dans le Turkestan russe, présente une dépression elliptique traversée par le Syr-Darja dans la direction du Nord-Est au Sud- Ouest. | C'est une contrée d’une grande fertilité dans les endroïts cul- tivés, grace à la composition du terrain (loess très gras) et surtout aux nombreuses rivières, la plupart tributaires du Syr- Darja, qui se précipitent des montagnes, muraille gigantesque, environnant le Ferghanäh de tous côtés, sauf au Sud-Ouest, où la dépression communique avec le reste du grand bassin turkesta- nien par les portes du Ferghanäh, près de Khodjent. L'eau des rivières est distribuée aux champs par un système d'irrigation ad- mirable, de sorte que des oasis florissantes et étendues occupent une grande partie du territoire. Depuis longtemps, la population de ces oasis a eu à redouter et puis à combattre l’envahissement de son domaine par des sables mouvants qui, comme naguère en France dans les landes de Gascogne, menaçaient de compromettre la prospérité du pays. Le Gouvernement russe ayant nommé un commission pour rechercher les moyens préventifs contre la marche progressive des sables, l’un des membres de cette com- mission, M. Ivanoff, ingénieur des mines, connu par sa récente exploration du glacier du Sérafchäne, a donné, dans une confé- ! M. Hébert, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des sciences. — 278 — rence faite le 6/18 décembre 1880 à la Société impériale des Amis de la Nature, etc., de Tachkent, une description de la for- mation et de la marche de ces sables. Ces sables occupent un huitième de tout le bas plateau du Fer- ghanäbh et un sixième des terres cultivées. M. Ivanoff partage en six catégories les sources de ces sables : 1° les dépôts des torrents des montagnes (sable granitique); 2° les ruisseaux des montagnes, qui, en sortant des défilés, entraînent dans les gorges les dépôts de galets; 3° l'érosion des grès jurassiques et crétacés; 4° l'érosion des grès du tertiaire inférieur; 5° la décomposition des formations ter- liaires dou 6° le dépôt des sables formés par le Syr- Darja, à l'Ouest du Ferghanäh. ; Estimant que ce travail pourrait avoir quelque! intérêt en France, je prends la liberté de vous en envoyer une traduction. Je joins au brouillon une petite carte de Ferghanah, où, d’après les données de l'auteur, l'étendue du terrain occupé aujourd'hui par les sables est marquée en pointillé gris. Veuillez, Monsieur de Professeur, agréer l'expression de mes sentiments les plus respectueux. G. Capus, Attaché au Museum d'histoire naturelle. TRADUCTION DE LA NOTE DU PROFESSEUR IVANOFF SUR LES SABLES DU FERGHANÂH. Sur la rive droite du Syr-Darja s'étend une chaîne de mon- tagnes! peu élevées qui, partant de Khodjent et cheminant vers l'Est dans la direction de Tchoûst, donnent naissance à la plupart des sables du Ferghanäh. La base de ces montagnes se compose d'argile salifère compacte : au milieu, on trouve du grès friable, du schiste argileux mélangé à du grès calcaire compact, de lar- oile plastique (mergel) et du calcaire; plus haut, des couches alternantes d'argile, de schisie argileux et de grès extrêmement friables; enfin, au sommet, des couches de sable non cimenttes, ! Montagnes de Khodijent. — 279 — et des conglomérats friables. Les couches suivent la direc- tion du Nord-Est (4 — 3"). Elles s'inclinent vers le Sud-Est (10 — 0h), c'est-à-dire dans la direction des vents qui soufflent du Sud-Ouest, avec une très grande force, par les portes du Ferghanäh (près Khodjent). Le vent et la friabilité des masses qui les composent sont les causes de la rapide décomposition de ces montagnes. Les massifs de grès sont comme tailladés de gigantesques coups de hache. Les schistes argileux et l'argile, en perdant le sel qu'ils contiennent, deviennent friables. Dans la saison des pluies, l’eau les pénètre, dissout le sel et dépose sur les pentes rapides de l’Adyr une boue saline argileuse qui sèche au soleil en formant des couches uniformes plus ou moins com- pactes. L'eau ayant entraîné une partie de l'argile, le restant des couches se présente sous forine de dalles arc-boutées qui s’écroulent en grandes masses, se brisant dans leur chute en petits morceaux. Lorsque la saison des pluies est passée, alors que les Lorrents et les inondations ont disparu, que l’argile et le sel ont été entrainés à la base, on trouve au pied de l’Adyr des flaques de boue liquide. Le sable, plus lourd, se dépose au fond; l'argile se mêle ensuite à du mica en gros morceaux et constitue une espèce de marne; puis se forment des dépôts successifs de plus en plus fins; vient enfin le limon en couche unie et blanchâtre à la surface. Ces boues sèchent et donnent naissance à ce qu'on appelle kakyns : ce sont des surfaces planes et unies partout recouvertes de dépôts de limon durci. Entre les kakyns, le terrain est sablonneux ou composé de sable argileux sur lequel apparaissent par endroits des efflorescences de sel, à mesure que le sol se dessèche. Plus près du Syr-Darja, les dépôts sont d’un autre genre et d'origine différente. Pendant les grandes eaux, le niveau du fleuve s’élevant d'environ 2 mètres (1 sagène), lesiles et les rives sont inondées. Le courant étant alors à peu près nul, le sable et le limon charriés par le fleuve se dé- posent. La composilion de ces sables diffère légèrement de celle des sables provenant directement de l'Adyr. Si cette différence n'est pas plus grande, c'est que le Syr-Darja parcourt des régions d’une constitution géologique analogue, à partir à l'endroit où le Naryn sort des gorges étroites des montagnes du district de Namangane. L'alluvion fluviale contient moins de sel, et les dépôts du Syr- Darja sont moins saliferes, plus friables et moins argileux. - — 1980 Après que les pluies ont lavé l'Adyr et grossi le niveau du Syr-Darja, commence le travail du vent. Les vents qui souf- flent sans interruption du Sud-Ouest au Nord-Est pendant trois semaines quelquefois, agissent d'une facon remarquable sur les dépôts des steppes et des îles. La surface de ces dépôts est tra- versée par un nombre infini de sillons et de creux qui sont tou- jours dans deux directions : la crête des vagues dans la direction du Sud-Est ; les creux dans la direction du Nord-Est. L'action du vent sur le sol est comparable à celle d’un instrument tranchant. L’angle de l’entaille varie entre 8, 10,12, 15 degrés. Dès que le vent a entamé la couche de limon supérieure, puis attaqué la marae, la désagrégation du sol progresse rapidement, et le vent commence à creuser le sable. Les vagues produites par le vent s'accentuent, les creux s'élargissent, ceux qui sont rap- prochés se confondent, et l'air se remplit non seulement de pous- sière et de brouillards salés, mais de nuages de sables. Par-ci par- là, derrière les chétives touffes de végétation de la steppe, derrière les anfractuosités du sol, s'accumulent de petits monticules de sable fin qui sont le commencement de futures grandes collines crois- sant en proportion de l’action du vent. | Voici quels sont les effets du vent sur le sable de ces collines naissantes : 1° en arrivant sur une colline de droite et de gauche, il forme deux pointes de sable qui, dans la direction du Nord- Est, s’allongent de chaque côté de la colline; 2° en soufflant du Sud-Ouest sur la colline, il lui donne une pente de 12 degrés; 3° amène les grains de sable au sommet des monticules. Une partie de ce sable tombe de l’autre côté, une autre partie est emportée plus loin; le premier versant, garanti désormais contre le vent, forme une pente naturelle de 35 degrés. Le sable qui s’est accumulé au sommet descend sur la pente Nord-Est et forme ainsi, au pied de la colline, une sorte de marche sur laquelle une autre se place, puis une seconde, puis une autre, et ainsi de suite. Ces marches placées l’une sur l'autre finissent par égaler en hauteur la colline même. Tel est le mode de for- mation et la marche de ces collines de sable mobile, qui ont la forme d’un fer à cheval et qu’on est convenu d'appeler burchänes. Ces barchänes se multiplient à l'infini, se confondent, chevauchent Fun sur l'autre et se dirigent du Sud-Ouest au Nord-Est. L’humidité du sol, la végétation, la force insuffisante du vent, ‘apuoney euewumduy 4 : SS* CUP EUEV DANIEU ‘SaULUoIU ge x UE —# — 'HVNVHOUA np ! FEU œr _ — 281 — la configuration du terrain, de grandes accumulations de sable dans un même endroit, telles sont les causes variées qui fixent plus ou moins le sable et en déterminent l'amoncellement. Nous rencontrons nalurellement le plus grand nombre de ces barchàänes dans l'Ouest du Ferghanàäh, leur pays natal; à, en effet, . le Syr-Darja dépose les sables comme dans un vaste réservoir. Les _ steppes sablonneuses qui menacent les régions cultivées du Fer- ghanäh s'étendent dans la direction du Nord-Est, comme des bras immenses dont les extrémités atteignent Marghelàne, Rischtäne, Balyktchi, Namangûne. Quant à la nature pétrographique des sables du Ferghanäh, on peut dire qu'ils contiennent environ 70 p. 0/0 de quartz, ce qui les rend d'autant plus redoutables, car le quartz est, au point de vue chimique, le corps qui résiste le plus à l'action de l’air atmo- sphérique. Mélangés avec d’autres débris de minéraux, les grains de quartz sisolent facilement; le sable devient de plus en plus quart- zeux, c'est-à-dire qu'il devient de plus en plus nuisible à la végé- tation. La composition des sables mobiles de l'Ouest du Ferghanäh est tout à fait la même que celle des montagnes de Khodjent; ceux de Karaktchi sont identiques. Plus les barchanes s’éloignent du point où ils 6nt pris naissance, plus on remarque des mélanges d’une autre origine. Quelle que soit leur composition, les barchänes peuvent tous se mouvoir facilement. Les grains de sable ont de 10 à 30 cen- ‘ tièmes de millimètre de diamètre. Le plus faible vent les met en branle, et la régularité étonnante avec laquelle ils se meuvent rap- pelle les corps liquides. Ce sable découle, coule, difflue pour ainsi dire. Le pied d’un homme ordinaire y enfonce d'environ 225 milli- mètres; celui d'un cheval jusqu'à mi-genou. Il suffit de toucher la crête d'un barchäne pour qu'une couche unie de sable de 5 à 6 mil- limètres commence à couler, comme de l’huile, le long de ses pentes. Mais quand se déchaine le terrible vent du Sud-Ouest, il enlève du sol les parcelles de sable retenues seulement par la cohésion, et Vair en est rempli. C’est alors que se produit le phénomène si bien appelé bourrane (tourbillon de sable). Le sable emporté, balayé, traverse les énormes espaces de la steppe. — 282 — Ne pouvant préciser la rapidité de la marche des enble nous tàcherons d'en donner une idée par les faits suivants | Dans le Kanibadam, 1l y a des vakouffs (biens dù clergé) des deux médressehs (mosquées) de Bibi-aï-Bibi et Mourad-jab-Khodja. Dans les actes de propriété de ces vakouffs, les limites des deux domaines sont désignées avec tous les détails possibles. Au- jourd’hui, les médressehs n’ont plus leurs terres, que le sable a en- vahies. Dans le village de Patar, on comptait 34 hectares de terre imposée; cette année, le recensement a démontré que 1,300 ares étaient enfouis sous le sable. On peut évaluer la marche en avant des barchänes à 20 archines (14”,20) par an. Le village d’Ander- khän a été transporté à 2 verstes (2,130) plus loin ; l’ancien em- placement n'offre que des ruines couvertes de sable à travers lequel on voit se dresser la cime de neuf saules. Chaque année, trois, quatre et jusqu'à six familles émigrent de ce village, qui comptait deux cents familles et n’en a plus aujour- d'hui que huit. | Lorsque j'ai interrogé les indigènes sur ce qu'ils pensaient de ces sables et du mal qu'ils leur causent, aucun d'eux ne m'a donné une explication où le surnaturel ne fût en jeu, comme c’est le cas pour les sauterelles qui parfois désolent ces pays, et quüls considèrent comme un châtiment de la Divinité. Quelle que soit la force du vent, il est naturel que la majeure partie du sable balayé soit transportée sans quitter le sol. Le sable est déplacé bien facilement sur des espaces secs, unis, ouverts, qui s'étendent dans la direction du vent. De même, sur le points où le sol se compose d’un terrain argi- leux, compact, sur les points où il est pierreux, sec, sans Mégé- tation, le sable est balayé et traverse d'énormes espaces sans laisser de trace après lui. Quand il rencontre soit des lacs, des marais, des salines, soit un sol quelconque humide où il est arrêté par la présence de l’eau, il se dépose en une série de couches formant un petit monlicule dont les couches supérieures sont sèches et dont les inférieures sont cimentées par l’eau absorbée. Ce mon- ticule est le noyau d’un futur barchäne. Voilà pourquoi, par- tout où nous rencontrons de grands barchânes, nous voyons que le sol préseute un évasement avec de l'eau souterraine à une faible profondeur. Cette eau apparaît à la surface et forme des marais. D'autre part, cette même humidité du sol est-indispensable au — 283 — développement de la végétation, qui sert, de son côté, à arrêter la marche des sables. En un mot, 1à où il y a des barchänes, nous pouvons être sûrs de trouver des marais et des salines. Dans des cas exceptionnels (à Patar, par exemple, où se dres- sent des barchänes sur une steppe pierreuse, sèche et unie), nous observons çà et là des collines de sable et des barchàänes solitaires qu'un obstacle imprévu, tel qu'un buisson, un tumulus (hkour- gane) ou une pluie fortuite, a arrêtés temporairement au milieu de cette steppe ouverte. Mais alors l'existence de ces collines est éphémère : le premier vent qui souflle chasse plus loin le bar- chàne. Avant de parler de la nature et du rôle de la végétation qu'on trouve dans ces sables, je ferai brièvement l'histoire des sables telle qu'elle est restée dans la mémoire des habitants de la contrée. Du temps des Khans, l'attention du gouvernement a été sou- vent attirée sur ces sables, et l'on avait cherché les moyens efficaces de les arrêter. Sur l'indication d'indigènes expérimentés, les Khans défendirent la destruction de la végétation dans les sables. À cet effet, des gardiens furent chargés de protéger les jones et les arbustes qui croissent dans ces régions sablonneuses. Tou- jours, lorsque ces précautions furent prises, les sables furent con- tenus dans une certaine mesure. Du temps de Khoudaïar-Khan , on observait ces règles ; mais quand le maître du Khokand était à court d'argent, il vendait quelques- uns de ces districts, dont on coupait la végétation. Avec l’arrivée des Russes dans le Ferghanäh, les gardiens disparurent, et les habitants laissèrent errer leurs troupeaux dans les joncs, qu'ils coupaient en grande quantité et qu'ils finirent par détruire complètement. Kalta-Kischlak, Kalpas, Patan, Yakka-Terek, An- derkhan et d’autres localités sont aujourd’hui presque enfouies sous le sable, À Itchan-Koul, non seulement tous les tougai sont abattus, mais on a même arraché les immenses racines de {amarix. Tous les buissons de plantes salines (Salsolacées, Artemisiæ) étaient arrachés avec les racines et emportés comme bois de chauffage. Depuis peu, les sables se sont approchés du village d’An- derkhan, qui déjà avait reculé une fois devant leur invasion. Ce village a été de nouveau menacé dès qu'on n’a plus res- pecté la végétation. Les habitants, voyant leur posilion déses- — 28h — pérée, se sont réunis et ont adopté unaninement la résolution de défendre expressément aux hommes et au bétail de fouler les jeunes pousses de joncs. Cette résolution fut prise et exécutée il y a deux ans; main- tenant les immenses barchânes qui s’avancaient la poitrine en avant el les bras étendus pour étreindre le territoire d’Anderkhan ont été retenus. Le côté du barchäne faisant face au kischlak est couvert de la verdure des joncs. Une autre mesure a été prise à Kalamousch. Les habitants ont sacrifié une partie de leurs jardins pour y planter des arbres. Les barchânes se sont avancés jusqu’au milieu de ces plantations et leur marche a été de beaucoup ralentie. Les îles, avec leurs joncs touffus autrefois remplis de faisans, étaient dénudées en hiver. Chaque année, des centaines d’habitants traversaient la glace et abattaient tout ce qui se trouvait sur la rive droite du fleuve. En 1877, l'œuvre de la destruction était achevée : rien n’avait été épargné. Cette année, par bonheur, on a de nouveau mis dans les karaktchi des gardiens, qui fonctionnent encore aujourd’hui. On voil déjà les résultats de cette mesure prise il y a trois ans. La ligne le long du Syr-Darja présente une végétation touffue d’Alhagi camelorum et d'Halimodendron argenteum, de tamarix et de buissons de jeunes saxaouls (Haloxylon amodens). La première, la meilleure mesure préventive contre l’envahissement des sables consiste à sauvegarder la végétation naturelle qui les couvre et qui les entoure. I faut, avant tout, profiter des conditions naturelles qui peuvent: en favoriser le développement. Ces conditions sont l'eau et la végétation. Les plantes qui constituent cette végétation peuvent être divisées en trois catégories : 1° les plantes très hydro- philes; 2° les plantes qui, croissant sur un terrain sablonneux salinifère, se contentent d'une moindre quantité d'eau; 3° les plantes salinicoles. À la première catégorie appartient avant tout le jonc (Arundo arenaria). Sa structure articulée, sa consistance charnue lui per- mettent de supporter pendant longtemps la sécheresse, tandis que, grâce à la longueur et au grand nombre de ses racines adventices il peut aller chercher l'eau à distance et surtout l’ab- sorber par une surface très développée. Ces rhizomes poussent très vite: ils traversent les sables horizontalement et forment un réseau solide, qui tient lieu de charpente aux barchànes. — 285 — Les parties aériennes de cette plante décorent d’un feuillage touffu la surface des barchânes et arrêtent en même temps la mobilité des sables. Ces propriétés de l’Arundo arenaria de déve- lopper une végétation très touffue, de former un système radicu- laire très étendu, afin de prendre l’eau à de grandes distances, en font une plante précieuse quand il s’agit d’affermir les sables dans les endroits où il y a de grandes provisions d’eau. À la deuxième catégorie appartient surtout le tamarix. Bien que cet arbuste se développe avec plus de force dans les endroits où il trouve de l'eau en abondance, on le rencontre pour- tant également dans les endroits très secs. Les avantages qu'offrirait l'extension de la culture du tamarix résulteraient de la rapidité de sa croissance et äe la propagation naturelle de ses graines. Le tamarix diffère du jonc en ce qu'il se dirige de préférence vers les terrains salinifères, mais pour tous les deux la présence d'un terrain siliceux est indispensable. À cette même catégorie appartiennent les plantes suivantes, moins importantes : l’Alhagi camelorum, l'Halimodendron argenteum, et le saxaoul, dont la crois- sance est très longue et qui s'étend très au loin dans les steppes sèches, sablonneuses et salées. À cette même catégorie appartient, comme plante herbacée, le Glycyrrhiza. Le troisième groupe est formé par les plantes exclusivement salines, parmi lesquelles se comptent toute espèce de Salsolacées. et en particulier l’armoise (Artemisia). Ces plantes ont de lim- portance, parce que, apparaissant les premières sur un sol très salinifère, elles constituent ainsi l'un des premiers obstacles à la mobilité des sables. Parmi les arbres, je peux citer le peu- plier, le saule, le Populus diversifolia et V'Eleagnus angustifolia, sus- ceptibles de culture dans beaucoup d’endroits où sont des bar- chânes, comme le démontrent bien des exemples. La conser- vation de la végétation naturelle des sables est importante au point de vue du boisement de ces localités; elle permettra d'établir les plantations au fur et à mesure que ces endroits seront garantis contre l'invasion des sables, qui, autrement compromettraient la vie des semences et des jeunes arbres. Le boisement de ces régions sablonneuses serait, selon moi, le second pas dans la question de l’affermissement des sables. Les grands arbres pourraient servir d'obstacle à l’envahissement des sables en diminuant la force des — 286 — vents; mais le premier et le principal obstacle à leur marche progressive seraient toujours le jonc et toute la végétation des bar- chânes. Voilà pourquoi on devrait prendre les plus strictes mesures contre la destruction de la végétation naturelle et considérer toute contravention comme un acte contraire à la sécurité publique. En envisageant la question à ce point de vue, les autorités russes peuvent avoir confiance dans l'avenir et compter sur l'appui des indigènes mêmes, qui comprennent parfaitement de quelle portée peuvent être ces mesures pour la contrée et le bien-être de la population. | RAPPORT SUR UNE MISSION EN SUISSE, PAR M. CH. COURNAULT. Monsieur le Ministre, En allant, pour la troisième fois, visiter les musées archéolo- giques de la Suisse, je ne me dissimulais pas que je retrouverais quelques-uns d’entre eux tels que je les avais laissés en 1876; tou- tefois je savais que l’abaissement des lacs de Bienne, de Neufchätel et de Morat, qui a été, en moyenne, de 3 mètres, avait permis de recueillir une très grande quantité d'objets nouveaux dans lesmusées et les collections particulières de la Suisse occidentale. Mes prévi- sions ont été justifiées. En effet, à Bäle, rien n'avait été ajouté aux dépouilles des sépultures terrestres ou des stations lacustres. Les efforts des archéologues s'étaient portés de préférence vers l'étude ‘ du moyen âge et de la renaissance. Dix salles d'exposition venaient d'être ouvertes dans les bâtiments dépendants de la cathédrale et témoignaient du zèle qu'avait déployé le professeur Heyne pour réunir tous les éléments d'appréciation que pouvaient fournir soit les objets eux-mêmes, soit leurs moulages soigneusement classés. Plans en relief de forteresses, de châteaux et de monuments publics, moulages des principaux motifs de l'architecture et de la sculpture qui furent en usage dans le canton de Bâle, débris de fresques d'Holbein, sont réunis dans la salle des séances secrètes du concile de 1431. Üne belle pièce de canon en bronze, fondue par Jehan de Malines, se trouve dans la salle voisine. Elle est aux armes de Bourgogne, et c'est, avec la cotte de mailles de Charles le Téméraire, la part de prise échue aux Bâlois après la bataille de #5 — Morat. D'autres salles sont consacrées à la ferronnerie, à la dinan- derie, aux meubles, à tous les produits de l'industrie bâloise dent on a pu se procurer des spécimens. Ainsi compris, ce musée est vraiment historique pour le pays et né peut manquer d'exercer une influence salutaire sur les travaux des historiens et des ar- tistes. té À Zurich, centre des études archéologiques de la Suisse, on n'avait recueilli que fort peu de choses depuis 1876. Il ne se fait plus de fouilles régulières dans le lac, dont les gisements archéolo- giques semblent épuisés, et c’est par hasard qu'on met la main sur un objet digne d'intérêt; aussi n’y ai-je dessiné que deux vases d'argile, d’une forme très élégante, et des épingles, trouvés à la station du Grand-Potier. | | | Lucerne ne me donna pas, non plus, l’occasion de travailler bien longtemps. Jamais la collection archéologique n'y a été bien riche. Le lac de Lucerne n’a pas de station lacustre. La hauteur de ses berges et la profondeur de ses eaux rendaient impossible l'établissement de pilotis. Aussi les objets antiques déposés au rez- de-chaussée de l’ancien hôtel de ville appartiennent-ils, presque tous, à l’époque romaine ou aux sépultures que le hasard a fait ouvrir dans le canton. Les objets rapportés des stations lacustres du lac de Neufchatel n'offrent pas d'intérêt. ll en est toutautrement à Berne, où le zèle des archéologues, sti- mulé par les études de M. de Fellenberg, ne se refroidit jamais. Le lac de Bienne, se trouvant sur le territoire bernois, est toujours l'objet d'études intéressantes. À la station de Chavannes, qui fut explorée pendant trois ans par la Société archéologique, on a recueilli des vases en argile grossière mélangée de grains de quartz. Cette station, contemporaine de celle de Robenhausen , était pauvre et n’a fourni que des objets en pierre ou des ustensiles de pre- mière nécessité. C'est à Moerigen qu'il faut aller pour trouver les beaux bracelets ciselés et gravés qui forment la principale richesse des collections lacustres. À l’île Saint-Pierre, deux fibules étrusques, des parures composées d’anneaux et de pendeloques, des frag- ments de plaques d'or minces, un reste de fonte d'or, démontrent que non seulement la population qui y était établie empruntait des objets de luxe à l'étranger, mais encore savait les fabriquer. Je ne ferai que mentionner les couteaux, les rasoirs et les haches qui, selon la forme qu’elles affectaient, devenaient des armes ou — 9289 — bien des instruments employés à la préparation des peaux. Il me semble qu’on doit ranger dans cette dernière catégorie les haches qui ont un tranchant demi-lunaire. Le lac de Morat a touf récemment fourni de nouveaux élé- ments d'étude aux archéologues suisses. À Guévaux , les vases en argile mélangée de grains de quartz, des- tinés à cuire {es aliments, et les tasses à boire ont été rencontrés en assez grande quantité. L'un de ces vases affecte une forme qui n’avait pas encore été remarquée. À moitié de sa hauteur se trouve le fond. C’est en quelque sorte un plat creux élevé de 4 cen- timètres au-dessus du sol. Ses bords, larges de 4 centimètres, sont percés de deux trous de suspension. Un petit cône en argile, percé perpendiculairement de sept trous, passe pour aveir servi de pe- lote à aiguilles. Un caillou triangulaire, en quartz blanc, percé de soixante-dix trous d’une profondeur de 1 centimètre environ, a exercé inutilement la sagacité des archéologues. La disposition de ces trous est très régulière et mérite d’être rapportée. En comptant de gauche à droite, voici le nombre de ces trous, placés vis-à-vis les uns des autres sur des lignes paral- lèles:6,8,9,9,9,9,8,7,6.Enexaminant ces petites cases rondes, involontairement, on pense au Jeu du solitaire. Peut-être était-ce un mémento qui se complétait par l'addition de fiches en bois qu’on déplaçait à volonté. La découverte la plus importante qui ait été faite, depuis mon dernier voyage, a été celle de sépultures non apparentes fouillées aux environs de Wangen, petite ville de l'arrondissement d’Aarau, entre Olten et Soleure. Elle a donné les objets en bronze suivants : trois ou quatre lames d’épées brisées intentionnellement, un rasoir à double tranchant, fracturé, trois longues épingles, deux paires de bracelets, un torques et un fragment de torques, des anneaux, des agrafes, des fibules, dont une d’origine étrusque, des pointes de flèches, enfin un fragment de diadème ou de bracelet composé d’une fine lame d’or côtelée. Ces sépultures, que le hasard fit découvrir à des ouvriers, n'ont malheureusement pas été. l'objet d’une étude scientifique. Il en est de même pour la grande lame d’épée de bronze trouvée à Beit- wyl, canton de Berne, en 1878, et qui ne mesure pas moins de 69 centimètres de longueur, sans la poignée. De même aussi pour l'épée trouvée à Bargenfeld,, près de MISS. SCIENT, — VIII. 19 — 290 — Aarberg. Ces trouvailles ne sont pas infructueuses pour les musées ; mais, faute d’un examen sérieux, elles ne rapportent pas à la science archéologique tout le profit qu’on pourrait en tirer. Les poignards sont assez rares en Suisse. On en a cependant rencontré deux dans la Thielle supérieure, rivière qui unit ie lac-de Neufchätel à celui de Bienne. L'un d'eux a la forme d’une feuille de saule très allongée, exemple unique dans les collections suisses. Que dire de cette longue épingle en bronze qui mesure 66 cen- timètres, et qui fut trouvée avec une autre semblable, en 1880, dans une sépulture isolée, à Gelterfingen, canton de Berne ? On à remarqué, maintes fois, que ces épingles étaient disposées en croix de Saint-André, sur le mort. Les commentaires n'ont pas manqué à leur sujet ; toutefois le problème relatif à leur emploi n’est point encore résolu. On sait que l'usage des épingles destinées à rat- tacher les vêtements a précédé celui des fibules, qui ne sont, à vrai dire, que des épingles perfectionnées. Une épingle traversant deux portions de vêtement passées dans un anneau constituait un mode d’attache plus solide encore que celui de la fibule et tout aussi décoratif. 11 n’est donc pas surprenant de trouver un nombre considérable d’épingles dont les usages divers, soit pour la coif- fure, soit pour le costume, étaient indispensables à ces époques primitives. Une pointe de lance trouvée à Ruti, près d'Arch, de 47 centi- mètres de longueur, et une autre plus petite provenant d'Orvin, près de Bienne, sont les seuls objets en fer qu’il m'ait paru inté- ressant de reproduire. Le petit musée de Fribourg, qui n'est autre chose que la collec- tion du professeur Grangier à laquelle ont-été ajoutées celles de MM. H. Rey et B. Devevey, avait été déjà l'objet de mes études. Je n’y ai vu de nouveau qu'un bandeau d'or et une fibule de forme inusitée, provenant du tumulus de Chatonnaye, fouillé en 1880. L'absence du conservateur ne m'a pas permis de dessiner complètement ces objets. En visitant la salle où l'on conserve les monuments du moyen âge, j'ai remarqué un drapeau bourguignon et trois chapes aux armes de Bourgogne, en soie, brodées de perles fines. En Suisse, chaque ville un peu importante conserve quelque trophée des batailles de Granson et de Morat. Berne a des richesses incomparables en tapisseries, en étoffes et en bijoux. Si l’on réu- nissait dans une publicalion illustrée tous ces souvenirs de la — 291 — splendeur de la cour de Bourgogne, en y joignant les orfèvreries du trésor de Vienne, les tombeaux et les retables de Dijon, on aurait un admirable ensemble de monuments des arts industriels à la fin du xv° siècle. Ce grand travail devrait tenter le patriotisme éclairé de quelque archéologue bourguignon. | . En me rendant à Avenches je savais ne pas y devoir rencontrer d’antiquités lacustres. Aventicum, qui fut la capitale de l’'Helvétie au temps de la domination romaine, n'est plus aujourd'hui qu'une petite bourgade qui compte 1,800 habitants. Un quart de cette population est venu d'Allemagne, un quart est israélite, et la moitié seulement appartient à la nation suisse. L'immense en- ceinte de la ville antique est encore très bien indiquée par des restes de murailles et des tours dont une est parfaitement con- servée. On voit aussi, à gauche de la route qui conduit de la gare à Avenches, un massif de maçonnerie, assez élevé, qu’on dit avoir fait partie d’un temple d’Apollon. De grands blocs sculptés prove- nant de l'entablement de ce temple sont engagés dans les substruc- tions de l'église et servent de sièges aux gens qui viennent au marché. D’autres sont disposés à l'entrée extérieure du musée des antiques. Avenches possède, en effet, un musée situé dans un bâti- ment à base romaine dépendant de lamphithéâtre. Décrire tout ce que le musée d’Avenches contient de mosaïques, de débris de monuments ou de statues en marbre ou en pierre dépasserait les bornes de ce rapport. Je me contenterai de signaler quelques sta- tuettes en bronze, dont j'ai fait des croquis qu'on trouvera parmi mes dessins, ainsi que deux amphores, dont l’une, venant de la Conchettes, contenait des olives carbonisées , et l’autre des dattes qui ont encore bien conservé leur aspect de fruits. Avenches est en dehors des voies suivies, d'ordinaire, par les touristes, aussi est-elle peu connue. Cette petite ville mérite cependant qu’on se détourne un peu pour la visiter. Il n’est pas de localité, en Suisse, où l'on trouve autant de motifs d'études archéologiques que dans cette antique capitale de l'Helvétie, où Flavius Sabinus, père de Vespa- sien, vint se fixer. Les Romains y ont laissé des souvenirs impé- rissables. Le musée de Bienne, où j'avais précédemment travaillé, n'ayant pas reçu d’accroissement, n’a pas eu ma visite. J'avais hâte d’ar- river à Neuveville, sur le lac de Bienne, où l'hospitalité la plus courtoise m'attendait. De toutes les collections publiques ou privées - 19, A de la Suisse, la plus importante par le nombre et la beauté des pièces est assurément celle de M. le docteur Gross. Elle s'est en- richie, au mois de janvier dernier, de celle de M. d'Yvernois, qui comprenait environ 1,300 pièces pêchées à Corcelettes sur Grandson et à Onnens, deux stations du lac de Neufchâtel. J'avais visité cette belle collection en allant à Neufchàtel, et j'en avais dessiné les principaux morceaux, entre autres la belle épée dont la poignée est terminée par des ailerons en spirales. Tout naturellement la collection de M. le docteur Gross et le musée de Lausanne tiennent la plus grande place dans mes dessins. Déjà, en 1879, j'avais eu communication des objets lacustres que le docteur Gross avait présentés au Congrès anthropologique de Strasbourg, où je me trouväis, et j'en avais fait mon profit. Mon travail de 1879 est joint à celui de 1880. Mais l'infatigable ardeur que met le docteur Gross à se procurer des éléments d'étude me ménageait plus d’une surprise. La nouvelle station de Locras, au lac de Bienne, lui avait fourni de magnifiques baches en jadéite verte et une en serpentine de 37 centimètres de longueur, dimen- sion tout à fait inusitée dans les lacs de la Suisse. Elle est arrondie à ses extrémités, ce qui semble indiquer qu'on s’en est servi comme d'un outil plutôt que comme d’une arme de guerre. Une autre pièce, celle-ci en métal, en cuivre rouge pur, affecte la forme d'une hache à deux tranchants; mais, pas plus que celle de pierre, elle n’a de tranchant aigu. Elle est terminée, à ses deux extrémités, par une surface plate de 6 millimètres de largeur. Sa longueur totale est de 42 centimètres; la plus forte épaisseur est de 32 mil- limètres. Son poids est d’un peu plus de 3 kilogrammes. Elle est percée, dans son milieu, d'un trou transversal de 6 millimètres seulement. On avait d'abord pensé que c'était un saumon de cuivre ; mais cette pièce est martelée, tandis que les saumons de cuivre ne sont que des pièces fondues destinées à fournir le métal à fondre, puis à être faconné au marteau. Ce n'est pas sans appréhension que je m'avance dans la no- menclature très aride des objets que j'ai dessinés chez le docteur Gross. C’est moins à l'aide de mots que je peux donner une idée des antiquités lacustres que par leur représentation figurée, et l'utilité de mon travail consiste bien plus dans mes dessins que dans les notes que j'ai l'honneur de vous communiquer 1e1.1l faut cependant que je mentionne les épées brisées, tordues par le — 295 — feu, qui furent trouvées à Auvernier et qui témoignent de la des- truction violente de cette station et de la lutte désespérée ak eu- rent à soutenir ses braves défenseurs. Là il y avait non seulement de vaillants guerriers, mais aussi des femmes dont on a retrouvé les bijoux d’or et de bronze. Une rouelle à trois belières tenait en suspension treize pendeloques destinées à résonner bruyamment ; comme le font tous les bijoux des peuples barbares, amoureux de l'éclat et du bruit. Deux épingles, rattachées par une chaïnette, servaient à retenir des vêtements flottants. Des couteaux d'une grande élégance et fine- ment gravés, des bracelets, des vases incrustés de lamelles d’étain et une multitude de petits objets de bronze ou de corne de cerf font présumer que la station d’Auvernier ne le cédait en rien à celles de Moeringen et de Corcelettes. C'est également à Auver- nier qu'on a trouvé des phalères en bronze et des mors de bride en bronze et en corne de cerf. Ces derniers sont encore en usage en Sardaigne, où ils servent à dompter les chevaux rétifs. L'incendie a servi à nous révéler un fait curieux. À Vaudre- vange, à Frouard et ailleurs, on avait remarqué des tubes de bronze à renflement et à ouverture inférieure buccale, mêlés à des anneaux reliés trois par trois. Jamais on n'avait songé à les réunir. À Auvernier on en a trouvé quatre agglutinés par le feu, et chacun d'eux terminé par ces trois anneaux, qui, suspendus l’un à l’autre, produisaient un bruit analogue à celui des grelots et des clo-- chetles. Ils faisaient probablement partie du harnais d’un cheval. Comme dans toutes les grandes stations lacustres, à Auvernier, on fabriquait sur place tous les objets qui devaient servir aux usages de la tribu, y compris les épées. Les moules en bronze, en molasse et en argile réunis chez le docteur Gross ne laissent aucun doute à cet égard. Sans être aussi riche que les musées de Zurich et de Berne, celui de Neufchäâtel conserve quelques pièces qu'on ne trouve pas ailleurs, je veux parler de ces disques sonores, en bronze, qu'on attachait, suppose-t-on, au cou des chevaux. Le plus beau type de ce genre d'ornements est le disque de Vaudrevange, aujourd’hui au musée de Saint-Germain. On en a trouvé un à Corcelettes et trois à Onnens, où malheureusement les objets en brouze sont facilement altérés par des dépôts de sédiment calcaire. Ces disques sont beaucoup moins grands que ceux de Vaudrevange et de — 294 — . Frouard et en assez mauvais état. Ils ont de g à 13 centimètres de diamètre. C'est à Neufchâtel que sont les beaux vases apodes ornés de lamelles d’étain sur leur paroi et garnis d’une lame de bronze a la partie supérieure de leur col. Is viennent d'Auvernier et d'Hau- terive. À vrai dire, l'invention des ornements qui les décorent est assez pauvre. Tantôt ce sont des lignes disposées horizontalement ou des dents de loup, tantôt c’est une suite de parallélogrammes concentriques ou bien encore une imitation grossière de la grecque. Le galbe du vase est toujours d'une grande élégance; toutefois, quand le potier a voulu aborder une décoration un peu savante, il faut avouer qu'il a complètement échoué. Aussi l'industrie du potier lacusire ne s’est-elle point élevée jusqu’à produire des vases votifs où artistiques destinés à l’embellissement des demeures, comme on en trouve en Étrurie et dans la Grande Grèce. J'ai dit des vases votifs. À quel usage auraient-ils servi? Aucune trace d’un culte quelconque n’a jamais été rencontrée dans une station lacustre. On avait pensé, un instant, que les croissants d'argile ou de mo- lasse avaient rapport au culte de la lune. Cette supposition a été bien vite abandonnée. Ces croissants étaient placés, pense-t-on, au dessus des portes des cabanes, comme il est encore en usage, dans le Tyrol, d'y mettre les massacres des animaux tués à la chasse. Le fétichisme peut-il être attribué à ces populations? Pas davan- tage. Les milliers d'objets trouvés dans les lacs, qu'ils soient de l’époque de la pierre ou de celle du bronze, ne peuvent fournir une seule preuve à l'appui d’une religion se manifestant par des signes extérieurs. Quant aux superstitions, elles devaient être nom- breuses. Les superstitions dérivent des préjugés, et aucun homme n'en est exempt. Ainsi on voit au musée de Lausanne, venant de Corcelettes, un fragment de crâne humain, bien taillé et muni d'une belière qui le rendait propre à être porté. Ceci a tous les caractères d’une amulette. Quant aux pendeloques, elles affectent ces formes triangulaires, rondes, à pointes obtuses, en crois- sant, etc., selon le caprice du fondeur et le goût des acheteurs. Il est de petits objets très utiles dont nous nous servons com- munément aujourd'hui sans nous douter que déjà les lacustres en connaissaient l'usage. Ce sont les boutons. Il y en avait en corne de cerf percés d’un ou deux trous d'attache, en bronze, avec be- lière en dessous. I y en avait de doubles, comme nos boutons de — 295 — manchettes. Ils n'étaient pas seulement ronds, mais aussi carrés où triangulaires. Il est curieux d'observer que la plus grande partie des outils, des instruments de travail, des objets de parure que nous connaissons existaient déjà chez les lacustres, et qu'on les a très peu modifiés lorsqu'on a substitué l'usage du fer à celui du bronze. Au musée de Lausanne, dont les vitrines m'ont été très obli- geamment ouvertes par M. Morel Fatio, j'ai trouvé dix-neuf épées ou fragments d’'épées en bronze, dont quelques-unes portaient la marque du feu qui les avait atteintes au moment de l'incendie. Deux bouterolles de fourreau et trois lames de poignard les ac- compagnaient, Parmi les pointes de lances j'en ai choisi quatre de types différents. Le métal de l'une d'elles avait été analysé précé- demment, et voici le curieux résultat obtenu par le chimiste de Lausanne : A SC en Pat ni. 8.540 D Re 7.077 NN D D DV no, 2.040 Lu ee Quinn id du 2.008 Me ee RU 0.069 MOREL 7 EDS BA DOULIR SL SD RE -. 0.065 11 DROITS SECTEURS fe LE CSSS RS 0.049 Ainsi l’arsenic entrait, pour une bonne part, dans ce singulier mélange de métaux. La station de Corcelettes n'a pas seulement donné des armes, elle a fourni des outils en grand nombre : haches, faucilles et deux manches de faucilles en bois, marteaux, ciseaux, burins, rasoirs ou tranchets, couteaux, aiguilles en bronze et en os. Des anneaux de forte dimension, accouplés par deux ou par trois et destinés probablement à être suspendus au cou des bestiaux, en euise de cloches, ont été rencontrés à la station de Guévaux, au lac de Morat, ainsi qu une masse de 1,300 anneaux de bronze d’un diamètre variant de 5 à 10 centimètres. A Corcelettes, les objets de toilette n'étaient pas moins nombreux que les outils. Ses bracelets sont les plus beaux qu'on ait trouvés Jusqu'ici en Suisse. Le nombre des épingles est considérable, et la variété de leurs formes.est très grande; mais ce qui, dans cette station, mérite — 296 — è une attention particulière, ce sont les objets provenant des rela- tions commerciales que les lacustres entretenaient avec le Nord de l'Europe. Ce ne sont plus des grains d’ambre, ce sont des haches, des vases de bronze habilement gravés, c'est surtout la moitié d'une grosse fibule scandinave identiquement semblable à celle qui est décrite et figurée dans les Antiquités suédoises, par Oscar Montelius, page 64, n° 223. À Guévaux, on a trouvé de petits peignes de bronze, à antennes latérales, qui pourraient bien aussi venir du Nord. | Je terminerai ce rapide aperçu des nouvelles acquisitions faites pour le musée de Lausanne par quelques remarques qui m'ont été communiquées par M. Morel Fatio, dont le zèle et le dévouement ont puissamment contribué à la fondation de l'important inusée de Lausanne. L’atlention vigilante que M. Morel Fatio n'a cessé de donner à l'exploration des stations des lacs de Neufchâtel et de Morat rend ces observations très précieuses. Selon ce savant archéologue, les bronzes ont été souvent trouvés réunis, comme s'ils avaient fait partie d'un butin de guerre, d'un lot attribué à un guerrier. Les armes étaient dans un même quartier situé en avant, du côté de la ierre, au point le plus im- portant pour la défense de la station. Là aussi se trouvaient les gros bracelets que les guerriers portaient à la jambe. Dans la partie la plus éloignée de la terre, à l'arrière de la station, se sont ren- contrés les objets en or, les fibules et les vases du Nord. C'était probablement le quartier où se réfugiaient les femmes, où étaient déposées les richesses de la tribu, où lon abritait tout ce qu'on voulait préserver au moment d'une incursion ennemie. M. Morel Fatio a bien voulu me permettre de copier une carte des dix stations, situées en face de Chevroux, dont 11 a relevé les positions. Presque toujours on arrivait aux stations par une, deux ou trois jetées, en pilotis, qui les reliaient à la terre ferme. Chaque groupe formait, en quelque sorte, un quartier, isolé le plus sou- vent du voisin, mais assez rapproché pour que la communication füt facile au moyen d'une barque. M. Morel Fatio m'a donné aussi un plan de la station de Corce- lettes, qu'il a accompagné de notes recueillies par lui durant Île temps des fouilles, c'est-à-dire de 1877 à 1880. Il est inutile:d'in- sister sur le degré d'intérêt que présentent ces renseignements, qu'on trouvera en marge du plan. — 297 — L'étude des stations de la Suisse occidentale a été rendue facile par l'abaissement des lacs de Bienne, de Neufchâtel et de Morat. 1 n'en a pas été de même pour le lac de Genève, demeuré tou- jours au même niveau et dont les habitations lacustres, à Genève, ont été bien souvent recouvertes par des constructions modernes. Cependant M. le docteur Gosse, conservateur du musée, a pu con- stater, à Genève, de nombreux emplacements occupés par des pilotis et celui d’une fonderie où il a retrouvé une grande quan- tité de moules brisés mêlés à des fragments de bronze. Les débris d’épingles étaient les plus nombreux. Voici, d’après ses recherches, les noms des stations lacustres du lac de Genève et du lac Léman, en s’avançant du Sud au Nord : Genève, pierre, pierre et bronze, bronze et fer, fer; Gabiule, Belote, Bellerive, Pointe-à-la-Bise; Tougues, station très importante ayant donné du bronze, comme les précédentes; ! Nernier, bronze; Hermance, Bellevue, Genthoud, Versoix, bronze; canton de Vaud, Coppet. Lac Léman, en allant de l'Ouest à l'Est : Nyon, Thonon, Évian, * Saint-Pré. À Morges, trois stations très importantes, bronze.Celigny, Crans, Myes, Asnières, bronze; Pont-de-Cé, pierre et os de rennes. Parfois on trouve, aux environs de Genève, des pièces qui offrent un piquant intérêt : telle est cette hache de pierre d’une forme très originale, semblable à celle qui fut rencontrée aux environs de Lyon et que possède le musée de Genève, et cette enclume de bronze venant de la tour de Langin (Savoie), au pied du Voiron. M. Chevrier, de Chalon-sur-Saône, a envoyé à Genève le moulage de celle de sa collection, qui n’en diffère pas beaucoup. J'ai des- ‘siné ces deux pièces, qui sont peut-être uniques. Je ne me dissimule pas tout ce que cette nomenclature a d’aride, et cependant j'ai passé sous silence une multitude d'objets que j'ai rencontrés. Les dessins que j'en donne parleront mieux à l'esprit que ne pourraient le faire de longues descriptions. Au- jourd'hui les stations lacustres sont à peu près épuisées, les tumuli deviennent rares. Il m'a semblé utile de réunir en un corps d’ou- vrage ce qui se trouvait épars dans les musées et surtout dans les collections particulières de la Suisse, exposées, comme celle du docteur Clément, à passer en Amérique. Mille soixante et dix-sept feuilles: de dessins exécutés en présence des objets d’antiquité ne donneront pas tout ce que les recherches laborieuses des archéo- — 298 — logues suisses ont amassé, mais au moins elles fourniront aux savants de mon pays des éléments d'étude sincèrement recueillis. C'est 1à tout le but que je me suis proposé. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de mon très respectueux dévouement. | Ch. CourNAULT. Maizéville, près de Nancy, 7 mars 1881. NOTE SUR LE MUSA TEXTILIS OÙ ABACA, PAR M. A. MARCHE. L'un des plus grands commerces des Philippines est celui de l'abaca ou soie végétale; cette fibre est extraite du Musa textilis, espèce de bananier qui ressemble au Musa sylvestris et au Musa Trogloditarum. Les indigènes retirent aussi de ces deux derniers des fibres qu'ils mélangent avec celles du Musa textilis, mais qui n’ont ni la finesse, ni la blancheur, ni la consistance de celui-ci. L'abaca est cultivé presque exclusivement dans les deux pro- vinces de Camarines Sud et d’Albay. On le rencontre dans la plaine, près de la mer et sur le versant des montagnes. ll paraïtrait préférer de beaucoup les terrains volcaniques, il Jui faut surtout un terrain riche, gras et humide; la sécheresse l’em- pêche de progresser et finit par le tuer. Ï craint également le soleil, surtout quand il est jeune. Le commerce d’abaca n’a pris une grande extension que depuis 1860. Actuellement. c’est l'Angleterre et l'Amérique qui en achè- tent la plus grande quantité; puis viennent l'Australie et la Chine. L'Espagne n’en importe en quantité que depuis quelques années et la France ne s’est mise sur les rangs que depuis dix ans. L’abaca est surtout employé en Europe dans la corderie, on s'en sert également pour faire du papier. Pour le tissage on prend le plus fin, appelé par les indigènes Lupis; il a le brillant de la soie, d'où lui vient son nom de soie végétale. L'exportation n'était, en 1860, que de 4,000 tonnes environ ; aujourd'hui, elle s'élève à plus de 20,000. La tonne valait à cette époque 550 francs, et les derniers cours étaient à 95o francs. Depuis quelque temps, il y a un peu de baisse sur les prix, vu + ASB0 ge l'abondance du canamo d'Australie, qui arrive en quantité sur les marchés. Les indigènes employent la fibre d’abaca maintenant, comme ils le faisaient avant la conquête, pour fabriquer des tissus mé- langés de soie et de coton. Le commerce ne l’exporte que depuis peu d'années et les essais d'implantation dans d’autres pays parais- sent jusqu à présent avoir été infructueux. On avait essayé dercul- tiver cette plante dans les provinces du Nord et de l'Ouest de Luçon; mais, vu la longueur des sécheresses, les pieds ne purent se développer. Le gouvernement hollandais a fait à Java des es- sais qui ont été abandonnés. On voit au musée permanent des colonies, à Paris, des toiles d'abaca provenant de Pondichéry et de la Guadeloupe; elles étaient mentionnées sur le catalogue de 1867 el figuraient à l'exposition de la même année. Il y avait aussi des tissus de fibres de bananiers comestibles venant de la Guyane française. Mais la culture du Musa textilis ne paraît pas avoir réussi dans ces parages. Pour établir une plantation de Musa textilis, il faut choisir un terrain vierge, dans de bonnes conditions d'humidité constante, assez forte, mais sans inondations. On doit, en défrichant la terre, laisser de grands arbres espacés de 20 à 25 mètres afin d'avoir beaucoup d'ombre pour les jeunes plants. On peut établir une plantation d'abaca par deux méthodes : la première qui est généralement employée, consiste dans la trans- plantation. Les meilleurs rejetons sont ceux qui atteignent de 60 à 60 centimètres; on les plante, dans les bons terrains, à 3 ou 4 mè- tres de distance les uns des autres, et, dans les terrains ordinaires, à 2 mètres. Une fois les rejetons plantés, il suffit d’arracher les mauvaises herbes pendant la première et la deuxième année. La seconde méthode est celle du semis; on doit encore choisir son terrain avec plus de soin, sur le versant de montagnes si l'on peut, il doit recevoir beaucoup d'ombre, être humide, très gras, mais non bourbeux. Pour avoir de bonnes graines, il faut couper les fruits encore verts et les faire sécher jusqu'au moment où l'on veut faire le semis. Une fois le terrain bien préparé, on sépare la graine du fruit, on la met dans l’eau pendant une dizaine d'heures, puis on la fait sécher à l'ombre. Des trous espacés de 60 centimètres l’un de l’autre ayant été creusés en quinconce, on EN ENT — 301 — y dépose les graines à environ 10 centimètres de profondeur. Au bout d’un an, on transporte les jeunes plants, que l'on soigne comme des rejetons. On peut commencer à couper l'abaca la première année, quand les plans proviennent de rejetons, et la deuxième, quand ils pro- viennent de semis; seulement on n’en coupe qu’un pied à chaque touffe. Il est meilleur de le couper avant la floraison, mais sur- tout avant qu'il porte des fruits, car autrement les fibres restent grossières, sont de moindre consistance et le travail pour les extraire devient plus dur. | On coupe le bananier au ras de terre, puis à 10 ou 20 centi- mètres plus bas que la naissance des feuilles. Après avoir enlevé la première enveloppe, qui ne peut pas servir, on coupe les autres par parties plus ou moins larges, de 8 à 12 centimètres, depuis le pied jusqu’à la tête. On étend ces bandes sur le sol afin de faire évaporer l’eau qu’elles contiennent, sans cependant les faire sé- cher. On n’a pas jusqu'à présent trouvé de machines pour extraire la fibre, qui, encore maintenant, n'est obtenue qu’à force de bras et de la facon la plus primitive. Les bandes sont passées sous une espèce de couteau comme ceux qu'emploient les boulangers de Paris pour couper le pain; la pression du couteau sur la bande d'écorce est graduellement faite par un homme au moyen d’une pédale. L'Indien prenant l'abaca par un bout, le fait passer sous le couteau, enlève d’un côté la partie charnue et le repasse ainsi jusqu’à ce que la fibre soit nette: il ne reste plus qu’à le faire sécher. Les hommes qui travaillent l'abaca doivent être forts, et malgré cela ils ne peuvent exercer ce métier de longues années. Manille , le 30 mars 1881. “msn or: uma are nine _ DR CNE en om a nr “Mug hie , aéirbiament dr! és nft: msi 2otét ls nt bout sr maboni a oérist et Ai bééque ‘ans: ton rsteor fi do EE DUT EN LE" CCE . caboriritinl iutquegidosr si debit | Lan emule OÙ d'spoe fit cher-L25/ a is sp ea: CE ET LP DA SENS INAVTRE MÉREÈTES ri sind: hasta slt go Édeste se net re patequal agi cp afrus/i eh mareiton Ré tas atfse bseostés 59105)" hsfimt 8È Lee Sade) férarise aotbti ha lsbeT sax Hétu io: ds! fr -sebÉ trous 5 htseox 2h égon: Pan Hé do ottfit af dispos upañ trio LPnds bise eriég ebarseoil sl) dsl | RO on mOIERS nov dog ad rh alias ral és dae tes DR STET | “ | téyyvd ,* a. + 1 1 ee < 4 EU AR APCE d - £ - ( Lire Le s* sfr CHE L me » » d Y L Le CES : En La" L'AILE € de n Ter $ | tres 4 11 C1] PAP] Î Led À L ANS fñ nl PE. L) w1 Y 3! é : l N'HITET I nr 7 RE 4 # } L . s Se cs pue rt, Br ls NT PRET ARS ei pi pi En ; + er à. a AISÉE Cri tre L £ “ l LL e ME désotsl CORRE ESS x . C . 2 RL 4 ‘" RAPPORT SUR UNE MISSION EN SUËDE. EN NORVÈGE ET EN RUSSIE, PAR M. CHARLES RABOT. ‘| OROGRAPHIE DE LA PÉNINSULE SCANDINAVE. Les divisions politiques de la Scandinavie coïncident pour ainsi dire avec les traits généraux de l'orographie de la péninsule. : La Suède, sauf dans la partie située au delà du cercle polaire, peut être considérée dans son ensemble comme un pays de plaines s’abaissant lentement vers la Baltique; la Norvège au contraire, est couverte de plateaux qui atteignent parfois l'altitude de 2,000 mètres. Au point de vue de la formation des vallées, les deux versants ne diffèrent pas moins. Tandis que les pentes orien- tales sont sillonnées par de longs cours d’eau parallèles qui s’é- coulent lentement dans de larges vallées, la côte occidentale est entaillée par de profondes et étroites crevasses mesurant parfois 600 à 700 mètres de profondeur, dont l'origine est située à quelques kilomètres des grands lacs des plateaux d’où sortent les fleuves de la Suède. Contrairement à ce qu'enseignent certains traités de géographie, il n'existe aucune chaîne de montagnes en Nor- vège. Tout ce pays est formé de Plateaux d'altitude et de dimen- sions variables, qui forment une masse compacte depuis le cap Lindesnæss jusqu’au cap Nord. Sur les fjelds!, qui constituent, à ! Nom générique par lequel les Norvégiens désignent leurs plateaux. An L'RRE proprement parler, la surface normale du terrain, on remarque deux accidents : l’un en creux, ce sont les vallées; l’autre en relief, ce sont les dômes de granit qui accidentent les plateaux et les soulèvements alpins. FA Les principaux soulèvements alpins de la péninsule scandinave sont, en allant du Sud au Nord : | 1° Le Jotunheim où se dresse le Galdhsppig (2,560 mètres), le point culminant des royaumes-unis ; 2° Le Sarjektjäkko (2,130 mètres) situé par 67° 22° latitude Nord et par 15° longitude Est de Paris. Ce massif a été découvert il y a deux ans par les officiers suédois. C'est le plus haut sommet de l'Europe au-dessus du cercle polaire; 3° La chaîne du Lyngenfjord, massif alpin compris entre ce fjord et l'Ulfsfjord. Son plus haut sommet, le Jægyevarre, atteint 1,916 mètres. : | En outre, de nombreux soulèvements secondaires hérissent çà et làles fjelds, notamment dans la province de Tromse. Au milieu du vaste socle de granit qui forme la base de la Norvège, on reconnaît une profonde dépression qui sépare ce pays en deux régions parfaitement distinctes au point de vue oro- graphique. C'est le plateau de Throndhjem. A l’est du fjord de ce.nom, s'étend un large fjeld qui forme comme une trouée entre la Suède et la Norvège. JL. — NORVÈGE SEPTENTRIONALE. Les divisions politiques de cette région correspondent presque à des différences dans l’orographie. La partie septentrionale de la province de Throndhjem est un pays de hautes collines, découpé par de nombreuses vallées, or- dinairement très courtes. Au delà de la frontière de cet amt, commence le plateau du Helgeland, dominant la mer par des escarpements abrupts, auquel succède celui du Svartisen , immense névé de plus de 800 kilomètres carrés, séparé du premier par un abaissement entre le Vefsenfjord et le Ranenfjord. Derrière ces pla- teaux s'aligne une seconde chaîne, séparée de la première par une longue dépression qui ride les fjelds depuis Namsos jusqu'au Sal- 1 Département, — 305 — tenfjord formée par le Vefsendal, le Dunderlandsdal et le Saltdal. Cette chaîne, dont les pics, beaucoup plus élevés que ceux du lit- toral, atteignent parfois 1,700 mètres, est appelée, par les géogra- phes norvégiens, Kjolen, nom dont la signification correspond à celle de Alp ou pâturage élevé. Si l'on compte le chapelet d'îles qui s'étend entre la côte et la pleine mer et dont les sommets s'élévent jusqu'a 950 mètres environ aux Syv Sostren (Sept Sœurs), on a ainsi trois chaînes, dont la haüteur augmente à mesure que l'on avance vers l'Est. Perpendiculairement à la longue dépression longitudinale, des coupures entaillent les plateaux du littoral. Elles sont remplies par les fjords qui, par l'étroitesse de leur chenal, ressemblent à des vrais fleuves d’eau salée au fond desquels, derrière plusieurs plans de plateaux formant perspective, on voit se dressér les pics de la deuxième chaîne. À partir du Saltenfjord, l'aspect du pays change complètement. Toutes les presqu’iles de la côte sont hérissées de soulèvements alpins et, dans l’intérieur des terres, s'élèvent sur les plateaux des massifs de même origine (comme le Sulitjelma). Dans la partie méridionale de la province de Tromss, on remarque des formations de plateaux; mais à partir du Malangenfjord elles disparaissent complètement, pour faire place à des chaînes alpines qui atteignent leur plus grand relief au Lyngenfjord. À l'Est de cé fjord, commence le plateau de Finmark, qui s’é- tend jusqu’au Varangerfjord, table de granit dominant l'océan Glacial par des escarpements verticaux de 300 à oo mètres, échancré par des fjords et des vallées assez courtes, accidentées au bord de la mer par de superbes pics. Il — NORVÈGE MÉRIDIONALE. Cette région, à la différence de la précédente, ne présente pas de grandes lignes orographiques. Elle offre un ensemble de vastes plateaux juxtaposés dont l'altitude s'élève à mesure que l’on avance vers le Nord. Depuis les bords de la mer du Nord et du Skager Rack jusqu’à une ligne passant par Stavanger, Kongsberg et l'extré- mité septentrionale du Mjssen, s'étendent de petits plateaux qui atteignent au plus 600 mètres. C'est la partie la plus fertile de la Norvège. Au delà, jusqu'aux rives du Sognefjord, se développent MISS. SCIENT. —= VIIT. 20 — 306 — de vastes fjelds dominés çà et là par de petiis soulèvements alpins tels que ceux du Hallingskarv et du Vosseskavi, et par un plateau absolument désert, le Hardangervidda. Par le 63° degré de latitude Nord, se dresse le Jotunheim, le plus beau soulèvement alpin de toute la Norvège, encadré à l'Ouest par les plaines glacées du Jostedal, et au Nord par un large plateau, sans dénomination particulière, que coupe la ligne d’eau, Rauma-Lougen. En avant de ce fjeld, entre l'Orkedal et les dernières ramifications du Sond- mor, sur le bord de la côte, se place une chaîne alpine, à l'Ouest de laquelle s'étendent, jusqu'à la dépression Throndhjem-Oster- sund, de grands plateaux accidentés par des sommets arrondis qui s'élèvent jusque dans la zone des neiges. La partie méridio- nale de cette région porte le nom de Dovrefjeld et contient le Sneehätta (2,368 mètres), qui a longtemps passé pour le point culminant de la Norvège. GLACIERS. Les glaciers de la Scandinavie peuvent se diviser en deux grandes catégories : les glaciers alpins enchässés entre des crêtes de mon- tagnes, et ceux qui recouvrent de vastes plateaux dont la forme est particulière à ce pays. Les premiers sont assez rares, je n'en ai vu que deux : l'un sur la côte orientale de l’île de Senjen (province de Tromse), bien abrité dans de hautes parois rocheuses: l’autre, le Fenis Bræ, dans le massif du Sulitjelma. Tous deux étaient caractérisés par l'absence à peu près complète de moraines. IL serait assez difficile de donner la liste complète des glaciers norvégiens proprement dits. Presque chaque plateau en contient quelques-uns. Les plus connus sont ceux de Seiland, du Jekulfjord (entre Tromso et Hammerfest), du Svartisen (67° de latitude Nord), de Jostedal (entre le 61° et le 62° degré de latitude) et de Folgefonn. Tous recouvrent de hauts plateaux, élevés parfois de 1,800 mètres; de distance en distance le piédestal s’échancre et un glacier se pré- cipite dans la vallée en cascades de seracs. Ces courants seuls ont le caractère de glaciers, et le plus souvent les plateaux sont uni- quement recouveris de neïge, qui, parfois même, n'est pas cris- tallisée. En effet, pendant l'été le soleil étant toujours sur l’ho- rizon , la température reste constamment élevée, et il ne se produit pas ces alternances de gel et de dégel qui, dans les Alpes, forment — 307 — lé névé et agglutinent ensuite ensemble tous les petits fragments de olace. Au fond du Tromsdal, j'ai observé, le 27 juillet, à une heure du matin, +11 degrés centigrades. Des habitants m'ont assuré avoir souvent vu le thermomètre marquer + 20 degrés à minuit. EXCURSIONS. Le mauvais temps, durant la troisième semaine de juillet, m'a empêché de visiter les glaciers du Lyngenfjord et l'ile de Seiland. Mais à la fin de ce mois et pendant la première quinzaine d'août, _ j'ai pu effectuer trois excursions, dont je vais résumer lés résultats. TROMSDALSTIND. Cette cime de 1,232 mètres s'élève en face Tromss, entre le Tromsssund et le Brevidkeid (93 mètres), dépression creusée dans le Stuoranjargga, presqu'île comprise entre le Balsfjord et l'Ulfs- fjord. Mon excursion avait pour but de reconnaitre la constilu- tion géologique du Tromsdalstind. Cette montagne est une masse d’eklogite de 600 mètres de haut et ie Tromsdal est une faille sé- parant des formations schisteuses les gneiss qui constituent les plateaux situés au Nord. La vallée se compose en majeure partie de terrains alluvionnaires, et à son extrémité on trouve des ter- rasses d’origine glaciaire. MIDDAGSFJELD: _ Le Middagsfjeld est un plateau (635 mètres) situé sur la côte Nord-Est de Hindo, la plus grande des Vesteraalen. Cette ascension m'a permis de reconnaitre l'existence de deux grands massifs alpins : l'un situé entre l’Ofotenfjord et l’'Astafjord, sur le continent; l’autre dans l'intérieur de l'ile, entre le Gullesfjord et le Sortlandsund. Dans Hindo, la formation des eid est très caractérisée. On appelle ainsi, en Norvège, les profondes coupures qui entaillent la surface des fields et dans lesquelles coulent souvent des cours d’eau dirigés dans des sens différents. Ces dépressions peuvent se comparer, comme aspect, aux longues vallées longitudinales du Tyrol. Ici ce sont d'anciens fjords émergés dans le mouvement de soulèvement que subit la péninsule scandinave. Leur altitude ne dépasse pas généralement 200 mètres. Partout, dans la Norvège septentrionale, on remarque des traces de ce soulèvement. Sur les côtes de l’île 20 : — 308 — de Tromse, deux anciens rivages sont nettement marqués, l'un à 8 mètres, l’autre à 4o mètres du niveau actuel, et à Hvale les escarpements de gneiss que baigne la mer sont sillonnés par deux anciennes lignes d’eau, l’une à 18 mètres, l’autre à 4o mètres. SULITJELMA, De Bodo je suis allé visiterle Sulitjelma , massif alpin qui se dresse sur les frontières de la Suède à enviran 80 kilomètres de l'océan Atlantique. Pour parvenir à cette montagne, j'ai dû remonter une de ces longues incisions de la côte dont j'ai déjà parlé. Celle-ci est remplie par le Skjerstadfjord et un chapelet de lacs qui se prolonge jusqu’à la base même du Sulitjelma. Chacun de ces bassins est sé- paré par un étranglement où se forme un rapide. Ainsi à l'entrée du Skjerstadfjord, obstrué par des îles, se trouve le célèbre cou- rant appelé Salstrom, que les vapeurs ne peuvent franchir qu'à la mer étale. L'entrée de la vallée lacustre est également barrée par une sorte de bourrelet. Sur une distance d'environ 80 ki- lomètres de la mer au Sulitjelma, la vallée est seulement sou- levée sur une longueur d'environ 7 kilomètres entre l’Ovre Vand ! et le Lang Vand. Ce lac se termine dans un cirque formé par les pentes du plateau sur lequel se dresse le massif du Sulitjelma. Le plateau, formé de schiste micacé, a une hauteur d'environ 500 à 600 mètres à l'Est; au Nord, il est beaucoup plus élevé et son som- mel présente des successions d'étage de couleur blanchätre qui le font ressembler à une montagne calcaire. Dans la reconnaissance de cette région, j'aiété presque toujours contrarié par les brouillards amenés par le vent d’Est. Ce vent, en passant sur les nombreux lacs de la Suède, se charge d'humidité; aussi les sommets du Sulitjelma sont-ils habituellement enveloppés par les brumes. Le vent d'Ouest au contraire les disperse. Notons en passant que, dans toute cette région comme dans le Vestfjord et les Loffoten, une baisse du baromètre indique le beau temps. Le beau fixe est indiqué à Bodo, au niveau de la mer, par la pres- sion 748 millimètres environ. La partie du massif du Sulitjelma qui s'élève en Norvège se compose de six pics, pitons formés de gneiss qui dominent le pla- teau par des escarpements d'environ 1,000 mètres. Le point cul- 1 Vand: lac, — 309 — minant fait partie, avec trois autres sommets, d'une chaîne disposée en fer à cheval qui délimite le bassin du Yaki, affluent du Lang Vand. Deux autres sommets s'élèvent plus à l'Est et paraissent isolés. Derrière ces pics s'étendent de vastes glaciers, m'a-t-on dit, car les brouillards m'ont empêché de les distinguer. J'avais l'intention de faire l'ascension du point le plus élevé pour en déterminer l'altitude; mais, arrivés à une hauteur de 1,710 mè- tres, mes guides ont refusé d'avancer. Ils n’ont pas voulu s’en- gager sur la fragile arête de rochers qui relie au grand pic le pi- ton que nous avions atteint. Les brouillards nous entouraient com- plètement et empêchaient toute observation. Toutefois, à travers les nuages, j'ai aperçu’plusieurs fois le point culminant. Il m'a semblé nous dominer à peine de 50 ou 60 mètres; l'altitude dounée par Wabhlenberg (1,818 mètres) me semble donc plus exacte que celle qui est indiquée par de récents ouvrages (1,925 mètres). IT ENSEIGNEMENT DE LA GÉOGRAPHIE EN SUEDE, EN NORVEGE ET EN RUSSIE. SUÈDE ET NORVÈGE. Ces deux pays, quoique formant deux royaumes absolument dis- tincts, peuvent néanmoins être étudiés ensemble au point de vue pédagogique qui nous occupe. Tous les deux ils se distinguent par l'absence de programme officiel détaillé imposant aux professeurs des cadres dont ils ne peuvent pas s’écarter. Dans l’enseigne- went, les maïtres suivent généralement des règles coutumières. L'enseignement de la géographie est très bien compris. Il tend à habituer l'élève à se servir de la carte et à se représenter les pays qu'il étudie. Dans les classes primaires, le professeur commence par montrer aux enfants la position des différentes parties du monde sur un globe et sur la carte; puis, par une promenade aux environs de la ville, il leur fait voir les divers accidents de terrain et la manière dont ils sont représentés graphiquement. Après ces préliminaires, il fait connaître aux enfants les grands traits de la géographie. Chacun a un atlas et un petit manuel. Aucune leçon de géographie ne doit MR", ce étre apprise par cœur. L'élève montre sur la carte les villes, les fleuves, etc., en s’eftorçant de redire les détails que le maître lui a ‘appris à la lecon précédente. Lorsque les enfants sont plus avancés, ils doivent faire chez eux des cartes. Jen ai vu qui étaient très bien exécutées pour des élèves de sept à huit ans. Ces résultats sont dus au soin avec lequel le dessin est enseigné dans les pays scan- dinaves. L'enfant apprend en même temps à écrire et à dessiner. L'enseignement de la géographie ne commence qu’à la deuxième classe primaire. Dans les classes correspondant à notre division de grammaire, la géographie est étudiée avec plus de détails. Les élèves lisent un manuel assez détaillé et sant exercés fréquemment à faire des cartes. En Norvège, l’enseignement de la géographie n'entre pas dans le programme de la division supérieure où l'an étudie le latin (ligne latine du gymnase); il fait seulement partie de l'en- seignement de la seconde division du gymnase (ligne anglaise cor- respondant à notre enseignement secondaire spécial). En sortant de la division de grammaire (middelskole) pour entrer au gymnase, les élèves passent un examen dans les matières duquel figure la géographie. En Suède, au contraire, l'étude de la géographie se continue même. dans la ligne latine du gymnase. RUSSIE. En Russie, je n'ai pu examiner l'enseignement de cette science qu’à l’école normale primaire de Saint-Pétersbourg et au ayransse militaire situé dans cette ville, à Vassili Ostrov. L'étude de la géo- graphie est purement facultative dans les écoles primaires et dans les établissements d'instruction secondaire autres que les gymnases militaires. Dans les universités, il y a des cours de géographie ; malheureusement mon ignorance de la langue russe m'a empèché de les suivre. | En Russie, l'enseignement de la géographie est complètement analytique. L'élève te d’abord le plan de la classe, puis celui du bâtiment, et enfin celui de l'établissement tout entier. Après ces préliminaires, il aborde l'étude la ville où est situé le gymnase, puis celle du gouvernement. | Le programme comprend ensuite les principes de la géogra- phie mathématique et des cinq parties du monde, L'atlas en usage à l’école normale de Saint-Pétourshbourg, que j'ai déposé au musée pédagogique, met en lumière ce mode d'enseignement, — 311 — PLAN DE L'ÉTUDE DE LA GÉOGRAPHIE AU GYMNASE MILITAIRE DE SAINT-PÉTERSBOURG. NOMBRE CLASSES. D'HEURES par semaine. Étude de la classe, du bâtiment, du gym- nase et du gouvernement de Saint-Péters- bourg. Résumé de la géographie mathématique et physique. — Connaissance des types géo- graphiques de toutes les parties du monde. Asie, Afrique, Amérique, Océanie et colo- nies européennes. Europe. Empire russe. — Géographie physique et ethnographie. Continuation de l'étude de la Russie. Revision. — Comparaison de la Russie avec les grandes puissances de l'Europe. En terminant, je me permettrai de signaler à M. le Ministre de l'instruction publique et des beaux-arts les personnes qui ont bien voulu me prêter leur appui pour me faciliter l'accomplissement de ma mission. Je citerai, en Norvège : M. le capitaine de Seue, attaché à l’in- stitut géographique de Christiania; M. Mack, agent consulaire de France à Tromsô; M. le capitaine Bang, directeur d’un institut géographique particulier; en Suède, M. le colonel baron de Vege- sack, directeur de l'institut topographique militaire; enfin, en Russie, M. de Saint-Hilaire, directeur de l’école normale de Saint- Pétersbourg. ASE UTC PS tn pe qi re HAN, Fe k AUBUE #. + rate ne AA eh et À brie pts pe +17 k ARC jt se eg | i Fois Eu 12 Hu: var os ne vd ds f jral ae Hs 78 | Acer ,\ me s VER ) te rie AU ne. FRAIS DR D M) 0 DO sis © “pat dual] EAN ne 14 ! DOTE | TK pi UE 4 .'éhaéigugdiais FE K AÉRRNCTPPTTE ET EU “ant af ART À ue di at St - va LUE _ PEER ET dy) ‘4 à dpi f F ia * | JÉROAUES PL NE AE A ER NP AS OR LE CR NS De L à 3 t JF PT nee, ok, 7: F MR tent er: | dE fox 1H snmoane and ele 2166eh as fit @ wii bunéodarhusoient vide: sus: 0 la taoti AE Blostié aia sh subi Ph al M: sssitiaté dun sh itunes Hg cddté Mi ssbmättandt) 4h: ER tbe aurh get actes afin: ME 4 asjafe fs sinisdilagie ve MES ER à bre € ns Fra iv Æ ur À ET TT seat et Ll ES Ne se go hiutbte st % pe 3 “hs Aie tar to sb 40 chnath à $ MÉMOIRE SUR LES RACES DE L’'OCÉANIE, PAR M. CH. CAUVIN, MÉDECIN DE PREMIÈRE CLASSE DE LA MARINE. PREMIÈRE PARTIE. L'étude qui suit est surtoul un chapitre d'histoire naturelle : j'y décrirai, d'après les documents recueillis personnellement ou communiqués par des correspondants durant mon séjour en Australie, les caractères physiques, physiologiques et ethnolo- giques d’une race vivant dans un pays dont l'exploration et la connaissance topographique sont relativement récentes. Je suis, à l'égard de cette race, sans idée préconçue, et je me garde- rai bien de faire, sur ce sujét, œuvre d'imagination pour ou contre, comme malheureusement trop d'écrivains l'ont fait, ten- dant, les uns, à présenter les Australiens comme des anthro- poïdes à peine perfectionnés, les autres, par une exagération en sens contraire, comme des gens ne valant pas moins que l'Eu- ropéen et parfois supérieurs. S'il m'arrive d'exprimer une opinion morale sur leur compte, elle découlera pour ainsi dire des pré- misses, c'est-à-dire de l'exposé de leurs qualités physiques ou 1in- tellectuelles; mais aucune des assertions émises dans cette étude ne sera le fruit d’une hypothèse, aucune ne sera avancée sans avoir été contrôlée, ou du moins sans tenir de la source où je l'aurai puisée une sorte de garantie de sa véracité. | Il importe en effet d'arriver à la connaissance formelle de ces _ populations répandues sur un vaste continent, de rechercher leur origine, l’époque et la marche de leurs migrations. Les déclarer autochtones, y voir la descendance directe de — 914 — l'homme quaternaire, est une proposition trop peu sérieuse pour être discutée. Sur quai l'appuyer? Sur quelques caractères typi- ques qui rappellent le crâne de Neanderthal? Construire une hypothèse aussi hardie sur des données aussi peu constantes, ce serait embarrasser la route plutôt que la déblayer. Je ne m'y arrête pas davantage, car j'aurai à y revenir dans les conclusions qui termineront ce mémoire. La succession des siècles, la mutabilité inhérente à toute chose humaine apportent peu à peu des modifications qui rendent cette recherche plus difficile. Aussi, en l'absence de monuments maté- riels qui racontent l'histoire des générations passées, faut-il se hâter ‘étudier ce qui reste des générations présentes, dont la disparition, à la façon dont les choses marchent, n’est peut-être, à l'heure actuelle, qu'une question de temps. De plus en plus refoulé vers les solitudes arides du centre, l'indigène australien ne sera pas tué par la civilisation européenne; mais c’est la faim, la soif, la misère, qui achèveront l’œuvre poursuivie systématiquement par les co- lons de nos.jours. À la suite de l'étude anthropologique de l'Australien: viendra celle des diverses peuplades noires des îles de la Mélanésie : elle m'a paru indispensable pour qu’on puisse se prononcer en connais- sance de cause. | | La région qu'habitent les populations que je me propose de décrire ici est connue, en géographie, sous le nom d’Océanie; mais il serait incorrect de désigner ces populations sous le nom de races océaniennes, puisque des rameaux de ces races ou parents avec elles se rencontrent ailleurs qu’en Océanie. M. Keane propose de les appeler races interocéaniques. Leur domaine s'étend , en effet, depuis Madagascar, à l'Ouest, jusqu'à l’île. de Pâques, à l'Est; il englobe aussi la presqu’ile de Malacca, les îles du golfe de Bengale, excepté Ceylan, les îles chinoises, à l’ex- ception de Formose, les îles qui entourent le Nippon , les Kouriles, l'archipel Aléoutien, les iles du Prince-de-Galles, de la Reine-Char- lotte, Vancouver et Gallapagos, qui, géographiquement, appar- tiennent au continent asiatique ou américain. Leur domaine embrasse donc l'océan Indien et l'océan Pacifique. Nous venons d’en voir les limites Nord, Est et Ouest; ses bornes au Sud sont l’habitabilité des terres. Ces popalations présentent d’abord deux groupes, bien faciles à — 315 — séparer par la couleur de la peau. Chez les uns, elle est foncée, du noir au brun cuivré; chez les autres, elle est olivàtre, de cou- leur cannelle ou rouillée, mais relativement claire et toujours assez tranchée pour ne pouyoir être confondue avec celle de l'in- dividu le moins foncé du premier groupe. Ce caractère différentiel suffit, quant à présent, pour une classification naturelle. Chacun de ces deux groupes se partage en trois branches. Le groupe noir comprend : 1° Les TasManIENs, auxquels je rattacherai provisoirement les AusTRALIENS ; leur domaine géographique est bien connu : ils en ont recu leur nom; _ 2° Les Nécriros, qui comprennent les Aïras, les Samanes et les Mincories, et qui occupent, les premiers, les Philippines, Luçon, Mindora, Mindanao, etc.; les seconds, la presqu'’ile de Malacca, conjointement avec un rameau malais; les troisièmes, les iles An- daman, dans le golfe du Bengale; 3° Les Parous, qui, de la Nouvelle-Guinée, où on les trouve purs, ont rayonné à l'Est et à l'Ouest, se croisant ici avec les Maoris, là avec les Malais. Ces trois rameaux ont de telles dissemblances dans leurs carac- tères physiques, leurs coutumes, leurs langues, qu’on s’accorde à leur refuser une relation commune; aussi ne les a-t-on pas réunis sous une désignation collective. Le groupe clair se compose de trois rameaux : 1° Le marais, dont le domaine comprend les îles de l'océan Indien jusqu'à Madagascar, la presqu'ile de Sumatra, Bornéo, les Célèbes, etc. 2° Le POLYNÉSIEN, qui s'étend à l'Est d’uné ligne qui, partant du 162° degré de longitude Est par 35° de latitude Sud, se dirigerait vers le N.N.E., passerait entre l'archipel Fidgi et les îles Samoa, et à l'Ouest des îles Sandwich. Les groupes des Ellice et du Phænix sont aussi compris dans cette aire. 3° Le MIcRONÉSIEN, qui peuple les groupes d’iles situés entre l'équateur et 20° de latitude Nord et depuis 180° de longitude Est jusque vers les Philippines. — 316 — Ces trois rameaux (lu groupe clair présentent de nombreuses affinités : leurs traits extérieurs, et plus encore leurs formes de lan- gage, les rapprochent tellement qu'on ne peut s'empêcher de les considérer comme réellement issus d'un tronc commun, sur le- quel se sont greffés ici ou là des éléments divers qui ont donné à chacun des rameaux son caractère spécial. Ce ne sont donc pas trois races distinctes, mais trois variétés d'une seule et même race, connue sous le nom de malayo-polyné- sienne. D’après À. R. Wallace, cette désignation serait fort mal choisie, en ce que, tout en paraissant ne vouloir rien préjuger tou- chant l’origine de ces peuples, elle consacre cependant une idée erronée, car, dit cet auteur, loin que le Polynésien soit un re- jeton du Malais, c'est bien plutôt le Malais qui provient du Poly- nésien; et les arguments dont il soutient sa thèse ne sont pas sans valeur. Il propose donc, comme nom collectif de cette race, qui peuple les îles des océans Indien et Pacifique sur une si vaste étendue, le terme d’indo-pacifique, à limitation de la désignation d'indo-européen, sous laquelle sont collectivement et communé- ment connues les races aryennes. Depuis quelque temps, l'expression de Maori tend à se substituer à celle de Polynésien. C’est le nom que se donnent les habitants de la Nouvelle-Zélande, et il mérite d’autant plus d’être conservé que cette île renfermait, lors des émigrations venues de Samoa, une population presque éteinte aujourd'hui, les Moriori, que la race conquérante a chassée aux îles Chatham et presque anéantie. L’AUSTRALIEN. TYPE PHYSIQUE. — CARAGTÈRES EXTÉRIEURS. Bien que j'aie dit rattacher provisoirement lAustralien au Tas- manien, je commencerai mon étude par le premier de ces peuples, parce que c’est le seul que j'aie observé à l’état vivant, et que mes informations sur lui sont les plus nombreuses. La couleur de la peau des indigènes de la Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria, les seuls que j'aie vus vivants, varie entre les teintes 42 et 43 du tableau chromatique de Broca, chez les jeunes sujets, 27 et 28 chez les plus âgés, 28 et 43 étant cependant les plus fréquents. En Victoria j'ai même noté 41, par conséquent — 317 — une couleur plus foncée là que chez les peuplades plus rapprochées des tropiques; mais, d'un autre côté, Taplin et Schurmann si- gnalent des tribus à teint très clair à l’embouchure du Murray et à Port-Lincoln. Il n’y a pas de différence de coloration, chez le même individu, entre les parties nues et les parties couvertes. La malpropreté altère leur couleur et fait paraître plus noires les parties exposées; mais si l’on a soin de nettoyer le tégument ou même tout simplement d'examiner une place que sa saillie et les frottements auxquels cétte saillie l'expose garantissent du dépôt des corps extérieurs, on trouve que la teinte du visage, parexemple, et de la poitrine est la même. Les mains présentent cependant une teinte plus sombre et s’approchent du n° 41. Ce n'était pas ici le fait de la malpropreté, mais bien plutôt celui de cette espèce de hâle qui rend les mains rouges ou violacées chez les Européens. Il est à remarquer en effet que, tandis que les teintes du corps sont chaudes, celle de la main a quelque chose comme d’une conges- tion passive. L'enfant nouveau-né est presque de la même couleur que les en- fants du blanc, mais, en peu d'heures, il devient foncé et, en deux semaines, aussi noir que ses parents. (J. Green.) … Un observateur superficiel ne pourrait distinguer la race de ces nouveau-nés à leur naïssance : avec une certaine habitude, on le peut, par suite d’un aspect noirâtre du front comme si une main salie s'était posée dessus. (Schurmann.) La peau est recouverte plus ou moins abondamment de poils soyeux, longs et noirs, qui poussent vigoureusement sur la poi- trine et dans les endroits ordinairement velus chez l'Européen, et dont n’est dépourvue absolument aucune partie du corps, sauf, bien entendu, la paume des mains et la plante des pieds. La barbe et la moustache sont très fournies : les poils en sont un peu rudes et, pour la barbe, assez entremêlés, mais rien qui res- semble à l'état crépu ou laineux. Les cheveux tombent en boucles allongées sur les épaules : leurs ondulations, qui sont à larges anneaux incomplets, commencent à 5 ou 6 centimètres du point de leur naissance. Ils sont, ainsi que la barbe, de la teinte 48, c’est-à-dire pur noir, et parfois offrent un reflet qui pourrait les faire ranger parmi les teintes brunes les plus foncées. — 318 — La plupart des hommes portent les cheveux longs : ce n’est que chez les indigènes anglicisés par les missionnaires que se rencon- trent des individus à cheveux presque courts, et chez ces individus on remarque encore mieux la différence du cheveu australien avec celui de l’'Européen : il est en cffet plus gros, plus dur. Taplin si- gnale, dans la tribu des Narrinyeri, deux sortes de cheveux : frisés ou bouclés chez les uns, ils sont raides et droits chez les autres. Howitt indique comme une rareté, pari les tribus de Cooper’s- Creek, les cheveux bouclés, tels qu’on les voit chez les indigènes du Darling, du Murray et d’ailleurs. Là, la chevelure est droite et portée longue, empaquetée dans un filet ou résille. On aurait nôté des cheveux bruns chez les femmes et les jeunes filles : pour moi, je n'ai jamais rencontré de chevelure que je puisse noter autrement que 48, bien qu'elle présente, comme je l'ai dit plus haut, un cer- tain reflet qui lui donne une teinte plus chaude que le noir absolu. Les enfants et les femmes sont eux-mêmes velus; mais, chez les pre- miers, le poil est doux et d’une couleur châtain clair (n° 37). Chez les femmes, la barbe et les moustaches se rencontrent fréquem- ment, sans arriver cependant à la vigoureuse croissance que l’on observe chez les hommes. L'apparition de ces signes de virilité sur le visage féminin est considéré comme un indice peu trompeur de la cessation de l'aptitude à la maternité. Je manque de ren- seignements sur le degré de pilosité du corps chez la femme australienne. Quant aux enfants, dès l’âge de six à huit ans, on voit leurs joues se couvrir d'un duvet semblable à celui qui es- tompe le visage d’un adolescent européen de dix ans plus âgé: ce duvet ne frise pas et a le même aspect que celui qui croît sur Îles . bras, les jambes et le dos. Vers l’âge de quinze ans, la barbe pro- prement dite se dessine, le poil épaissit, noircit, ondule; à dix- neuf ans, la barbe est fournie et a acquis son développement nor- mal. Chez les métis, sa première apparition ne se fait que vers dix-sept ans, et sa maturité n'est complète que vers l’âge de vingt- quatre ans. La tête de l’Australien semble presque aussi largé que haute, à cause de la proéminence des pommettes et du développement de la chevelure; elle est portée sur un cou de peu de longueur; le front est étroit et de hauteur moyenne. La ligne d'implantation des cheveux se dessine en rectangle, dont le grand côté est toute- fois un peu cintré ou convexe en bas. 100 Quant aux cheveux, leur naissance n’est pas brusque comme dans quelques races; mais, sur un espace de 6 à 8 millimètres, ils sont comme clairsemés. Il pourrait résulter de cette disposition une grande diversité dans les appréciations numériques, suivant que la longueur totale du visage est comptée à partir du point où paraissent les premiers cheveux, ou bien est prise à partir du point où la chevelure peut être dite commencer réellement. Les sour- cils sont bien fournis, légèrement arqués, plus épais à leur partie interne, qui se prolonge vers la glabelle. Les arcades sourcilières font une très forte saillie au-dessus de l'œil; nous verrons par la suite qu'elle n’est pas un caractère exclusif à ces populations. L'œil est petit, enfoncé dans l'orbite. Je n'ai remarqué chez aucun des sujets que j'ai examinés le ptosis dont ont parlé quel- ques auteurs. L'iris est le plus souvent de la teinte n° 1, quel- quefois de la nuance n° 2; à distance, cependant, il paraît presque noir. La sclérotique est terne, un peu jaunäire, avec des taches brunes, comme on l'observe chez les Nègres. Vu de près, le regard de l’Australien a beaucoup de douceur; d’un peu loin, cet aspect change, et l’œil a quelque chose de dur ou, pour mieux dire, de sauvage et de méfiant. Les cils sont longs et noirs. Les pommettes sont assez proéminentes, mais leur saillie est plus prononcée en dehors qu'en avant; le diamètre transversal du visage, pris sur les arcades zygomatiques, atteint un chiffre élevé. Le nez, très déprimé à sa racine , est écrasé, de peu de hauteur, et sa longueur excède de fort peu sa largeur. Le bout du lobe en est gros, rond et ne se relève pas comme dans les nez retroussés. : Les narinés sont élargies, à grand diamètre transversal; leurs ou- vertures ne se voient pas, ou du moins fort peu, quand on les re- garde droit en face. Je n’ai trouvé aucune particularité à noter dans l’oreille, dont le lobule est arrondi, le pavillon bien ourlé et l'insertion sur la paroi temporale ce qu'elle est chez nous. Je n'ai pas rencontré d’écarte- ment à 45 degrés dont on a parlé. Le conduit auditif ne m’a pas paru offrir l'exagération d'ouverture signalée chez nombre de Nègres et que jai notée sur des têtes sèches de Mélanésiens. Les lèvres sont épaisses, d'un rouge violacé, comme l’est par place la mu- queuse buccale; elles ne sont pas à proprement parler renversées en dehors, en mufle, et je les comparerais volontiers aux lèvres charnues des individus à tempérament lymphatique. — 320 — Les dents sont de grandeur moyenne, droites et par conséquent faisant avec leurs racines un angle très ouvert. Elles sont habituel: lement saines, et fort blanches. Je ne me suis jamais aperçu que les indigènes en prissent grand soin, comme le font par exemple les Nèores de la Sénégambie, qui ont constamment à la bouche leur sotchiou, petite branche tendre d'acacia verek dont une des extré: mités, mâchée, forme une brosse très douce et dont les sucs de l'é- corce et de l’aubier servent de dissolvant au tartre dentaire. Le menton est court, petit, rentrant en arrière: ce trait ne peut être bien observé que chez les femmes et les adolescents, chez les: quels la barbe ne change pas l'aspect de la partie inférieure du visage. Je ne puis entièrement souscrire à l’existence du progna- thisme chez PAustralien : les faces prognathes que j'ai notées sur des crânes secs sont fort rares, et, chez la grande majorité, la pro- éminence du visage est très modérée. La poitrine est bien développée, les épaules sont massives, les bras bien musclés; la taille est relativement fine à la ceinture; les hanches sont un peu étroites, et la largeur bitrochantérienne dé- passe de fort peu le plus-grand évasement des aïles iliaques. Les membres supérieurs sont plus longs que chez l'Européen, le bout du médius descend parfois jusqu'à 6 centimètres au-des- sus de ja ligne articulaire du genou. La main est longue, grêle, fine comme celle d'un oisif, à doigts allongés, maigres, à ongles ovales et bien bombés. Les membres inférieurs sont relativement maigres : le mollet était bien développé chez tous les naturels que j'ai vus, sauf chez un adolescent de seize ans environ, chez lequel le développement musculaire était partout médiocre. Les pieds sont grands, larges et plats. Le gros orteil n'est pas, comme dans le pied du Nègre, écarté des autres doigts, et 1l n'est pas plus court que le deuxième orleil. On ne remarque pas enfin chez l’Australien l'exubérance pé- nienne que montre le Nègre. La femme diffère quelque peu de l’homme par ses caractères morphologiques; son ensemble est plus svelte, sa tête plus petite, à face moins large, mais paraissant saillir davantage en avant; tous ses traits, les lignes du corps et des membres sont masculins, at- ténués par une certaine gracilité, une certaine finesse qui leur enlève le cachet de la force sans leur donner l'empreinte de la — 321 — grace. La femme australienne, rapidement vicillie et flétrie par la vie pénible qui est son lot, est affreusement laide. Sa poitrine est plus étroite que celle de l’homme, par consé- quent plus arrondie : ses seins haut plantés, de forme ovalaire transversalement chez les jeunes filles, n'ont pas l’aréole saillante des métisses de Maures et de Nègres; après un premier allaitement, la mamelle se vide, s’aplatit et tombe flasque, en forme de poche conique. Ses membres supérieurs sont un peu plus courts que ceux de l'homme; ses membres inférieurs sont au contraire plus longs. Aucune femme ne s'élant soumise à mon observation complète, Je ne puis donner de plus amples détails sur sa morphologie exté- rieure. CARACTÈRES DÉS PARTIES MOLLES. La peau de l'Australien ne donne point cette sensation de frai- cheur qui a été signalée chez le Nègre; mais chez le prennier, comme chez celui-ci, on peut remarquer une certaine turgescence des follicules pileux, qui lui donne un grenu particulier au tou- cher. Les cicatrices qui suivent les scarifications du tatouage sont moins foncées que le reste du tégument, elles sont dures et lui- santes. Cela tient, comme on sait, à la profondeur à laquelle le derme est atteint; car, chez les femmes, il est plus ordinaire de rencontrer les marques de scarification plus foncées que la peau, celles-ci n'ayant atteint que la superficie du corps muqueux. Dès les premières explorations, on a signalé chez les indigènes une diversité considérable dans la teinte de la peau. À quoi doit- on attribuer ces différences de coloration? Quelle est la significa- tion d'une teiute plus intense qu'une autre? Faut-il l’atiribuer aux conditions extérieures de climat, de ter- rain, au genre d'alimentation, au plus ou moins de vigueur de l’in- dividu ? Au rapport de Ch. Willhemi, les tribus de l'intérieur, dans le Sud-Australie, seraient plus foncées que celles de la côte. Le docteur Comrie, de la marine britannique, fait la même re- warque au sujet des Papous, tandis que le docteur Mullens signale l'inverse à Madagascar. Livingstone aurait remarqué que ies peu- plades des forêts de l'Afrique australe sont moins foncées que celles qui vivent sur le bord des rivières. Dans une question de ce genre, MISS. -SCEENT-— VIXI- 2 1 Fe 022 il faut faire la part du croisement des populations côtières avec les races qui les visitent. On ne sauraït invoquer la radiation solaire pour expliquer la coloration plus intense des tribus du Nord de l'Australie, puisqu'en Afrique, par exemple, nous trouvons les Pahouins, sous l'équateur, à tégument plus clair queles Yoloffs, qui vivent par 16° de latitude Nord. Que la santé ait une influence sur la coloration de la peau, cela est indubitableÿ mais ilne s'agit pas de cela ici. La paleur maladive d’un Nègre est facile à difté- rencier de la nuance claire du tégument d'un individu en état de santé. Quant à inférer de la couleur plus claire des habitants de la côte que l'ichtyophagie y est pour quelque chose et que les viandes noires du gibier donneraient à la peau des tribus chasseuses une teinte plus foncée, 1l n'y a là réellement aucune relation. Là où le courant visiteur appartient à une race claire, les indigènes de la côte sont plus clairs que ceux des montagnes; là où se pré- sentent les conditions inverses, se montrent aussi les dispositions opposées. | La chevelure est lisse, d’une finesse moyenne; elle atteint jus- qu'aux épaules chez l’homme et les dépasse chez la femme; elle m'a paru plus ondulée chez celui-là que chez celle-ci. Mais, par contre, je signalerai que ce n’est que sur dés femmes que j'ai vu des cheveux frisés, alors qu'ils étaient portés courts, tandis que chez les hommes ils présentaient une rudesse notable dans cet état; l’épithète de crêpés s'applique bien à ces cheveux fémi- nins. Je n’ai pu, par suite des idées superstitieuses de ces peuples, me procurer des spécimens de cheveux. Je noterai en passant que le port des cheveux courts chez la femme n’a été noté que dans le Sud, et il fait penser au mode de coiffure des Tasmaniennes, Quant à l'odeur qu'exhale le corps de l’indigène, elle a donné lieu à des assertions contradictoires. Pour les uns, même quand ïls sont propres, ces indigènes répandent une odeur aussi forte, sinon plus, que celle des Européens. D’autres affirment (et parmi eux le docteur Strutt, qui les a examinés scientifiquement) que, lors- qu'ils ont soin de leur propreté corporelle, ils n'exhalent aucune odeur; quelques-uns, toutefois, lors des chaudes températures, en ont une très perceptible. : Le docteur Ludwig Becker a signalé une odeur particulière ne dépendant pas du défaut de propreté et ressemblant, quoique moins forte, à celle du Nègre. Elle lui paraissait «comme si du phos- * FOR — 323 — phore se dégageait par la perspiration ». C’est Vraisemblablement cette odeur, ajoute-til, qui permet aux chevaux de reconnaître le voisinage des indigènes et d'éviler ainsi parfois aux membres d’une expédition d'exploration d’être surpris par lès noirs. Leich- hardt, Gregory et d’autres décrivent suffisamment la manière dont les chevaux traduisent leur désagréable impression. C'est à cette odeur seule que l’on attribue aussi l'inquiétude manifestée par les bestiaux et les chiens à l'approche d’un indigène, alors que la vue ne saurait déceler sa présence. Pour moi, je ne voudrais pas dire que l'indigène n’exhale aucuhe odeur, puisque tout être a la sienhe propre; mais j'ai été àssez souvent, soit dans mon cabinet de travail, soit sous là hutte sau- vage, en contact avec eux, et l'odorat he m'a rien signalé de spécial : l'odeur que j'ai perçue, odeur réellement forte ét pénétraänté, dont mes mains restaient imbprégnées après le maniement nécessaire pour les mensuraliôns, tenait, pour la plus grande partie, à la mal- propreté. C'était un mélange d’exhalaisons ammoniacales et d'acide butyrique, qui serait justement rendu par l'expression d’excrémén- titielle ou urineuse. D'ailleurs, chez tous les êtres animés, les éma- nations du corps ne sont perçues, en règle générale, que lorsqué, sous l'influence d'un échauffement du corps, il y a fermentation des produits de la perspiration insensible et de l’exfoliation cuta- née déposés sur le tégument. L'odeur forte qu’exhale la transpi: ration abondante d'un sujet qui à peu de soin de sa toilette est due à la même cause; la partie liquide de la sueur s'évaporant ra: pidement et laissant les sels se transformer en corps oléagineux ét d'odeur répugnante. Donc tout homme civilisé ou sauvage exhale une odeur; la question se résume à savoir si celle-ci diffère dans les diverses variétés de l'espèce humaine, comme parmi les di: verses espèces animales. Cela n'est pas impossible entre la race blanche et la race noire, vu certaines différences de proportions ‘dans les éléments histologiques de la peau; mais la notation de tels caractères échappe à la plume, peut trahir l'odorat et ne saurait lêtre révélée graphiqüement que par la chimie. Je crois pouvoir dire cépendant que je n'ai pas senti chez les Australiens ces exhalaisons âcres, fortes, que j'ai perçues au Sénégal chez Îles noirs, même non étrangers aux ablutions corporelles. — 3924 — ANTHROPOMÉTRIE. Les documents qui concernent la stature des Australiens sont nombreux. C'est en effet une mesure facile à prendre et qui ne demande aucune étude ni installation préliminaires, comme aussi les naturels n'ont aucune difficulté à s’y soumettre. Dans les pre- miers mémoires que Jenvoyai en France, je décrivais lindigène de la Nouvelle-Galles du Sud comme de petite taille, et mes ta- bleaux confirment cette assertion. Depuis, j'ai réuni d’autres in- formations qui sembleraient établir deux types de stature. Mais, en règle générale, l’Australien est petit, trapu, bien musclé. Je signale dès à présent l'étroitesse du bassin, qui, lorsqu'on voit les sujets nus, contraste singulièrement avec la largeur de leurs épaules et le développement de leur buste. Je réunis ici toutes les mensurations que j'ai pu rassembler, en désignant et leur source et la provenance des individus. INDIGÈNES DE LA CÔTE ORIENTALE DE LA NOUVELLE-GALLES DU SUD. (cAUVIN.) TRIBUS TRIBUS DE LA CÔTE EST. D’ECHUCA. DÉSIGNATION DES MESURES. me 7. ee 1 2 3 1 2 3 H H u H. u H S mm mm mm mm mm mm | du vertex. ...,.:......:.... +... | 1671 | 1692 | 1650 | 1550 | 1622 | 1705 | du conduif'auditif A0 Mere 1940 | 1554 | 1510 | 1594 | 1428 | 1481 du bord inferieur du menlon..... 1427 | 1460 | 1428 0 n u dé l’acromion.: ft. 52.12 14 1358 | 1390 | 1370 n u d de Tepicondyle.... 1.1... 141.001 1034 | 1057 | 1050 u u n Hauteur, de l’apophyse styloïle du radius, . | 783] 780] 788 " " u au - dessus du sol, du bout du doigt medius...,...,,. 565 | 588| 596 u ü u de la fourchette sternale.....,... 1370 | 1390 | 1346 n … u dNEMelDN. eee» co à Su JU ere 1339 | 1230 | 1316 u n u de l’ombilic..... ae Peer 1030 | 1010 | 988 | 988] g18 | 948 du bord supérieur du pubis, .....| goo| 88o| 870 u ” n \ del'épine iliaque antéro-supérieure. 826| 794 798 u n n — 325 — TRIBUS TRIBUS DE LA CÔTE EST. D’ECHUCA. DÉSIGNATION DES MESURES. du raphe du périnée du bord superieur du grand tro- Hauteur, chanter, au - dessus HPset, de la ligne articulaire du genou... du sommet de la malleole interne. de la saillie du mollet. ....,.... Grande envergure. .........:... . 3 1667 | 1660 Grand empan Petit empan de ROMANE, SEM, LR, Lips D doponte te atlas. 2: dirt Leo Longueur. .. | du médius Distance des deux acromions. ............,.... Longueur de la clavicule du thorax Circonference a latcemture. ! #2: 1.11... FRE Distance des deux épines iliaques maxiniu m DéGncs | des deux crèles iliaques. ........ des deux grands trochanters . 4 maximum Circonference minimum { totale du pied Longueur, ..4 prémallcolaire gros enteill 4012.48. .L E2S. Hauteur du vertex au-dessus du sol , le sujet assis... Quatre autres sujets des tribus côtières de la Nouvelle-Galles, que j'ai photographiés, m'ont donné la taille suivante : ADOPTE ALOOONTS LOT: LOU Le premier provenait de Dubbo, dans l'intérieur. 2 SG INDIGÈNES DE LA TRIBU DES NARRINYERI (SUD-AUSTRALIE). (G. TAPLIN.) Hommes. MANDOO. ÉRIV. MURRAY. POINT KAN- MALCOLM, MERAORN. du vénies. si. end. be du çonduit auditif. ,........ du bord inférieur du menton. de la fourchette sternale. .... del'ombiiennr es Pose | A Hauteur / du bord supérieur du grand trochanter-enntieent du raphé du pérince, ....... de lacromion. 1. Ms Ge. du coudes .1,.d4.00%. 1008. de l'extrémité du médius. ... dela poitrine. s 4 A de Cal. se ne des hanches : aux trochanters..... 1.4.4. Circonfe- rence de la ceinture Fe A LÉ Grande envergure. .. Empan > da: INDIGÈNES DE LA TRIBU DES NARRINYERI (SUD-AUSTRALIE). (G. TAPLIN.) Femmes. RIV. POINT COO- POINT MALCOLM. , MURRAY. MAC-LEAY. | RONG. DESIGNATION — À, ee DES MESURES. / du vertex du conduit auditif... 1362 du bord inferieur du menton de la fourchette sternale. ... ? 1H ili .... Be de l’ombilic du bord supérieur du g{ trochanter. du genou de l’acromion, .... du coude de l’extremitc du medius [ de la poitrine des hanches Circonfe- aux trochanters. ... rence Circonfcrence maximum de la tête. — 328 — J'extrais ces mensurations d’un ouvrage recommandable édité a Adélaïde par le révérend G. Taplin, sous le titre de Folklore of the aborigenes of South Australia. (Un exemplaire de cet ouvrage, que je dois à la générosité du gouvernement d’Adélaïde, a été déposé à la bibliothèque de la Société d'anthropologie.) Elles ont été prises par le savant missionnaire d’après les instructions don- nées par l'Association britannique dans son Anthropological notes and queries. | J'ai seulement traduit en millimètres ces mesures exprimées en pieds et pouces comme toutes celles qui suivent et qui provien- nent d’Anglais établis en Australie à divers titres. M. John Green, protecteur des aborigènes en Victoria, donne les informations suivantes sur les naturels du lac Coranderrk (haut Yarra); je supprime le nom des sujets, pour le remplacer par de simples numéros : INDIGÈNES DE VICTORIA (LAC CORANDERRK). (J. GREEN.) CIRCON- CIRCON- et ÂGE. |TAILLE. FÉRENCE FÉRENCE NUMÉROS. ñ = = = Q o Le 2 © TS < Femmes. — 329 — Les indications ci-après ont été fournies par le révérend Hart- mann : INDIGÈNES DE VICTORIA (LAC HINDMARSH). (R. HARTMANN.) SEXE 1E SEXE et S ct TAILLE. TAILLE, NUMÉROS. é NUMÉROS. 46760 || 3 (H....1 25 [1734 | 68*100 49'030 5 24 [167616% 920 8 570 °(2./ 22 [1575 | 47 220 42° 680 47 650 Femmes. M. Joseph Shaw a pris les mesures suivan!es : INDIGÈNES DU LAC KONDAH (VICTORIA). (J. SHAW:.) SEXE | ; SEXE ct S : et TAILLE, NUMÉROS. : NUMÉROS. 74* 460 1727 |67"190 62 650 62 650 60 590 = 1924 1979 |51 760 nn J © © Femmes. Pa © a =] = Q cr» 1600 A Hommes, 53 970 60 80 54 480 1949 | / Métis. 1919 1524 Femmes. JOGOuur Les mensurations ci-après ont été oblenues du révérend Hage- uaüer, directeur d'une mission d'aborigènes au lac Wellington, et du révérend John Bulmer, du lac Tyers, sur des indigènes des tribus de ceite partie montagneuse du Sud-Est de l'Australie con- nue maintenant sous le nom de Gippsland. Ces indigènes appar- tennent-ils aux Brabrolongs? Aucune indication n’a été fournie à ce sujel; mais je crois que ces missions renferment des individus de divers pays, mème éloignés. — 9330 — INDIGÈNES DES LACS WELLINGTON ET TYERS (VICTORIA). | (HAGENAÜER ET J. BULMER.) SEXE SEXE et . | vase. | porps. et ÂGE. || TAILLE. | poips. NUMÉROS. NUMÉROS. LAC WELLINGTON. 75* 360 58 110 71.280 63 560 62 650 59 020 Gras art 65 830 LAC TYERS,. 60* 840 190 010 790 030 020 920 380 Je tire enfin de l'ouvrage publié par M. B. Smyth de Mel- bourne les mesures suivantes , dues au docteur Strutt : INDIGÈNES DES TRIBUS D’ECHUCA {VICTORIA). (D° STRUTT.) SEXE CIRCONFÉ- SEXE CIRCONFÉ- RENCE RENCE et et TAILLE. du du NUMÉROS. thorax. NUMÉROS. thorax, mm 926 ë E & © ps Femme.,... ER J'ai résumé dans le tableau suivant les indications qui préct- dent, et je les fais suivre d’un tableau semblable extrait d’une bro- chure publiée à Perth sous les auspices et par les ordres de sir H: Saint-George Ord, gouverneur de l'Australie occidentale. Cette brochure accompagnait l'envoi ethnographique de cette colonie à l'Exposition de Sydney. J'en ai déposé un exemplaire à la biblio- thèque de la Société d'anthropologie de Paris. MOYENNE DE LA TAILLE, CIRCONFÉRENCE DE LA POITRINE ET DU POIDS DE 107 INDIGÈNES DES DEUX SEXES DE L’AUSTRALIE DU SUD ET DE L'EST. à NOMBRE TAILLE CIRCONFÉRENCE LOCALITES POIDS MOYEN. de sujets. | moyenne. moyenne. des TRIBUS. Shoalhayen ( côte N'e.Galles). À Echuca, ss... das: © 63k 447 | 57304 Coranderrk 7 DERUCE : 64 696 | 56 037 5 Fe ITR 15 984 NS VASE h8. 972 Wellington ee | 58 112 Li LR EME RATE LÉO NE PRE Point Malcoolm Point Mac-Leay,............ .Mandoo. ER Cort Cle SOON DE Kanmeraorn Moxenne GENERALE. .. |....|.... 932,7| 910,2] 62 493|52 494 NOMBRE DE SUJETS. .. * Moyenne de 3 sujets. b Moyenne de g sujets. E Moyenne de 8 sujets. — 332 — MOYENNE DE LA STATURE ET CIRCONFÉRENCE DE LA POITRINE DE D3 INDIGÈNES MÂLES DE L’AUSTRALIE OCCIDENTALE, NOMBRE | | LOCALITÉS. . | "0 TAILLE | CIRCONFÉRENCE des SUJETS, EE | TRIBUS,. Homes. MAXIM. MINIM. MOYENNE. | M\XIM. MINIM. | MOYENNE. King George’s Sound. . Champion-Bay Rio Murchison Nicol-Bay Gascogne River....,.. Ainsi qu'on aura pu le voir, la stature des indigènes éprouve des varialions individuelles assez étendues, non seulement d’une tribu à une autre, mais encore dans la même tribu. Nous trouvons ainsi l'écart de 190" au Port-du-Roi-George, de 137 à York et de 152 à la baie Champion pour l'Ouest-Austra: lie. Dans Victoria, la différence du maximum au minimum est de 178%, à Coranderrk. Je ferai remarquer que les indigènes qui vivent actuellenient sur ce point appartiennent à des tribus diffé- rentes, venues de divers points de Victoria, et ne sont pas destribus locales comme celles des lacs Kondah et Hindmarsh d’une part, et des lacs Wellington et Tyers d'autre part. La différence de stature des naturels du lac Kondah est aussi de 178*° du plus petit au plus grand; elle s'élève jusqu'à 225 au lac Wellington et à 164 au lac Tyers. | Les séries des tribus du Sud-Australie sont peu nombreuses; d'ailleurs les indications de provenance portées au tableau dési- gnent des clans d’une même tribu, celle de Narrinyeri. Leur taille varie de 133"; enfin, chez les indigènes d'Echuca, nous la trou- vons de 146, et de 210 chez ceux de la Nouvelle-Galles. J'ai déjà signalé que le sujet qui mesuraït 1750" appartenait à une tribu non de la côte, mais de l’intérieur. La plus haute stature des hommes (1854"") est donnée par un indigène du lac Wellington; la plus petite (1540°%*), par deux nalurels de Shoalhaven (Nouvelle-Galles du Sud). C’est une femme — 333 — de Coorong (baie de la Rencontre), de la tribu des Narrinyeri, qui nous donne la stature maximum de son sexe (1683""), et c’est parmi celles qui sont stationnées à Coranderrk que nous trouvons la plus petite (1448%®). 2 Comme moyenne des diverses localités, ce seraient les deux in- digènes de l'ile Mundoo qui fourniraient la stature la plus élevée; mais leur nombre est trop restreint pour donner lieu à une moyenne, et, d’un autre côté, il faut considérer les tribus entre elles et non leurs clans. Les indigènes de la baie Nicol sont aussi trop peu nombreux pour que je puisse conclure que leur tribu se compose d'hommes de haute taille. Il vaut mieux chercher d’abord une moyenne générale à laquelle concourront toutes les tribus du Sud- Est de Australie et une pour les naturels de l'Ouest-Australie, que j'ai le droit de penser purs de tout mélange avec les premiers. La moyenne fournie par soixante-treize sujets mâles de la pre- mière série est de 1670"". Cinquänte-trois Australiens occiden- taux me donnent 1640"*. La différence est de fort peu de chose ; elle serait moindre même, je crois, si ce dernier chiffre n'était pas une moyenne de moyennes. J'ai sérié les nombres exprimant la taille de ces sujets. J'en trouve vingt-quatre ayant plus de 1700", quarante-quatre vont de 1700 à 1600"; sept ont moins de 1600", C’est à 1651°* que se rencontrent le plus grand nombre d'indi- _vidus, les tailles plus élevées étant plus nombreuses que celles qui sont au-dessous de ce chiffre {(quarante-quatre contre vingt-quatre); mais il y a deux centres secondaires, l'un à 1689", l’autre à 1600"*. La moyenne de la taille pour les femmes est de 1533", obtenue de trente-quatre sujets : la différence avec l'homme est donc de 137". Deux centres se font remarquer dans la colonne sériaire des chiffres de leur stature, l’un à 1549, l'autre à 1524. Il est assez curieux que la moyenne que donne la somme des chiffres de Ja taïlle, divisée par le nombre des sujets mesurés, soit, à peu de chose près, exactement semblable à la moyenne tirée de l'addition des nœuds divisée par leur nombre. La stature des Australiens peut donc être dite moyenne; mais une pareïlle conclusion me paraît erronée dans son exactitude. Nous avons vu qu'il y a des différences de taille fort élevées : il n'est donc pas juste de dire que les Australiens sont de taille moyenne; il serait plus exact de dire qu'on rencontre, dans la partie occi- dentale et méridionale de l'Australie, un grand nombre de sujets CT — 334 — de haute taille; et que l'Est paraît peuplé d'individus de petite sta- ture. | ” | Faut-il y voir l'indice de deux races juxtaposées et partiellement mélées actuellement? Faut-il y voir la transmission, par l’hérédité, de ces particularités individuelles, ou bien leur simple coïncidence NE TE CES en un lieu plutôtqu'en un autre ? Je ne saurais me prononcer d'une manière certaine: les traditions de migration antérieure, d'histoire ancéstrale manquent chez la plupart des tribus. La seule tribu sur laquelle on sache quelque chose est celle des Narrinyefi , qu'on:sup- pose d'origine maori. Quand nous verrons que l'exogäïie est une-coutume générale chez tous les Australiens, il ne sera pas difficile de comprendre combien les croiséments rendent difficile la séparation des types. Que les milieux aient une influence sur la stature de l'individu, cela ést possible; j'avoue toutefois que les arguments favorables à cetie opinion ne me convdinquent qu'à demi. Je crois que Île plus ou le moins de bien-être ‘influénce peu la taille, pourvu, bien entendu, que cemoins n’aille pas jusqu'à des limites altérant la santé. Les habitants des villes seraient plusgrands que ceux des campagnes, dit-on; je ne puis m'inscrire en faux Contre, cette! pro- position, mais elle m'étonne étrangement, et personne ne niera que la campagne fournisse des constitutions bien plus robustes que les villes. Faudrait-il, si le fait est réel, ÿ voir une action ana- logue à ce qui se passe dans les végétaux trop arrosés, qui montent rapidement aux dépens de leur santé, si-je puis ainsi diré, et de la durée de leur existence ? Mais, chez les Australiens, nous n'avons pas cette distinction des villes et des campagnes : tous vivent au grand air, tous mènent la même vie sauvage, tous se nourrissent du produit de léur chasse. Le pays est-il plus giboyeux dans le Sud de l'Australie que dans l'Ouest ? Rien ne peut nous le faireaffir- mer, bien que l'on sache que de vastes solitudes hérissées de buis- sons serrés de spinifex couvrent une grande étendue de la Nou- velle-Hollande à l'Ouest; mais la côte occidentale ; d’où proviennent les tribus mesurées par le doctéur Robertson , sont aussi festiles que les forêts et les alluvions de la côte méridionale, et les tribus de Jervis-Bay, Shoalhaven, qui donnent les plus petites tailles, ne m'ont pas paru se nourrir moins bien que celles d'Echuca et du lac Moïra. Est-ce dans la nature du sol qu'il faut chercher l’expli- cation de ce fait? Les tribus des lacs de Victoria, du Coorong du — 335 — Sud-Australie, des rivières de l'Australie occidentale, vivent dans un pays dont le sol est un terrain tertiaire: celui du Port-du-Roi- George est granitique; celui de la Nouvelle-Galles du Sud est secondaire carbonacé; or ici les faits sont en contradiction avec l'opinion émise par M. Durand de Gros, et c’est dans les terrains primitifs que nous trouvons les tailles les moins élevées. Il me sémble que l'existence de deux races en Australie recevrait une nouvelle confirmation d'une simple étude de la stature des tribus, et cette mensuration est si facile à prendre, qu'on a le droit de s’éton- ner que les documents la concernant ne soient pas plus nombreux. Si ma série était plus considérable, si surtout j'avais, au lieu de simples moyennes, la taille individuelle des cinquante-trois Australiens occidentaux, je me hasarderais à y trouver un argu- ment en faveur de l'hypothèse qui me paraît s'imposer et ressortir de toute l'étude de l’Australien: c'est que cette race n’est pas pure, mais bien métisse. La question à résoudre est la recherche des éléments générateurs. Avant de passer aux mensurations des par- ties du corps dont nous connaissons la hauteur totale, je dirai un mot de la circonférente à la poitrine et du poids, indications qui sont assez nombreuses dans les tableaux précédents pour former une double série. Le contour du thorax sous les aisselles a été pris sur trente et un hommes et neuf femmes des tribus du Sud-Est et sur cinquante- trois indigènes mâles de l'Ouest Australie. Il varie de 1143" chez un sujet de Coranderrk à 743"*,4 chez un naturel d’York: Comme pour la stature, je séparerai les deux groupes : la moyenne du Sud- Est est 932"”,7 pour les hommes, de 910"",2 pour les femmes ; celle de la région Ouest est de 810”, Nous trouvons ici une confir- mation des descriptions des premiers explorateurs dépeignant l'in- digène du Port-du-Roi-George comme mince et d'apparence ché- tive. On remarquera, en effet, que la moyenne de leur taille est très faible (1606"",4), et celle de leur circonférence thoracique encore au-dessous de la moyenne générale (794"*,4). Les indi- gènes d'York donnent à peu près les mêmes résultats, tandis que ceux qui sont plus au Nord se rapprochent d'eux, mais leur sont toutefois un peu supérieurs. J'ignore le poids de ces naturels : la moyenne pour les tribus du Sud-Est est de 64,500 environ pour cinquante-sept sujets mâles, et de 52,500 pour vingt-six femmes. — 330 — Sans m'y arrêter plus que de raison, je ferai remarquer quel- ques extrêmes individuels qui ne manquent pas d'intérêt. Le n°1 H. de Coranderrk mesure 1143" de circonférence et pèse 97 kïlo- grammes, avec une taille de 1689”. La femme n° 5 du lac Kondah, d'une stature de 1473", pèse seulement 35*.410.Chose étonnante, dans cette petile série, ce sont les deux femmes les plus âgées qui ont le poids le plus considérable , ou plutôt 1e moins léger, bien que ne présentant dans leur stature qu'une différence insignifiante avec celle de leurs compatriotes. Autre particularité : l'homme n° 12 de Coranderrk, avec une taille de 1791" ct une circonférence thora- cique de 1016"”, qui dénote par conséquent un développement remarquable, pèse que 67,190, tandis que la femme n° 6 de la même station, avec 1600"" de stature et 914°" de circonfé- rence, pèse 68',000. Enfin si nous prenons la moyenne de cette série partielle en excluani le n° 1, qui est assurément anormal, nous trouvons que, à une stature et à une circonférence moyennes de 1687%" et de 955**, correspond un poids moyen de 62%,745, qui me paraitinferieur à celui qu'atteindraient des Européens des mêmes stature et corpulence. Cela est dû non seulement à la gra- cilité spéciale de leurs membres inférieurs, mais encore et surteut à la légèreté de leur charpente osseuse : ainsi que je l'indique ailleurs, leur squelette est en effet formé d'os minces et délicats, ce que l’on ne supposerait pas si l’on jugeait d’après l'inspection de leurs crânes. La corpulence moyenne des femmes est absolu- ment inférieure à celle des hommes, mais elle est, relativement à la taille, plus grande que chez ceux-ci; une simple règle de trois le démontre arithmétiquement, el le fait suivani en est un exemple. Dans la tribu des Narrinyeri, nous trouvons deux sujets, l’un mâle, l'autre femellé, avec la même stature (1683"%”, la plus haute que j'aie notée chez la femme). La poitrine de cette dernière a 30" de circonférence de plus que celle de son compatriote; mais, chose remarquable, la circonférence du bassin aux trochanters est la même chez tous les deux. MÉNSURATION DE LA TÊTE. Je n'ai guère sur ce point que mes mesures personnelles, et le nombre en est malheureusement un peu restreint; il ne m'a pas été possible de faire une plus ample moisson. — 331 — MENSURATION DE LA TÊTE DE SIX AUSTRALIENS. DÉSIGNATION. ( antéro-postérieur maximum Diamètre | | transverse maximum, ........4.. Longueur. ophryo-alvéolaire Largeur bizygomatique Hauteur du conduit auditif au vertex ( ophryo-spinal, ..... nnsssse scans Angle... | ophryo-alvéolaire. Ra lens cie ets Distance du point mentonnière à la naissance des cheveux Les deux premières mesures nous donnent un indice céphalique compris entre 69.27 et 74.74 et dont la moyenne est de 72.36, soit d'un peu moins de deux unités plus élevée que l'indice cépha- lique du crâne osseux masculin. L'indice facial présente des varia- tions individuelles plus grandes; il se meut entre 59.16 et 76.80; sa moyenne est de 65.97, plus faible d’une unité et demie que celui qui a été noté pour les crânes secs du sexe mâle. L'indice du visage, c'est-à-dire le rapport de la largeur bizygomatique à la longueur mesurée du point mentonnier à la naissance du cheveu, présente deux écarts remarquables chez les n° 1 et 2.Le premier a 190.40, le second 118.31: les quatre autres sont compris entre 132 et137. La moyenne de ceux-là n'est pas éloignée de celle de ceux-ci : elle est, pour les six sujets, de 134.98. On remargue, au sujet des angles faciaux de Jacquart et de Cloquet : 1° la différence entre les trois premiers numéros et les trois derniers (ceux-ci appartiennent aux tribus du lac Moira, aux envi- rons d'Echuca); 2° la quasi-égalité entre l'angle ophryo-spinal et l'angle ophryo-alvéolaire, sauf, pour les n° 1 et À, où ces angles présentent le même écart que sur les crânes secs. Ajoutons que, d'après quelques observations, le prognathisme serait plus pro- MISS. SCIENT. —— YIII. 22 — 338 — noncé chez les enfants dans les premières années de leur exis- tence. | Je décris ailleurs les diverses parties du visage; aussi me bor- nerai-je à en donner ici les mensurations et les indices. DÉSIGNATION. à la naissance des cheveux. De “ 1 . d f Lephrden à la racine du nez. ...... au point sous-nasal au point alvéolaire. ..... Du point sous-nasal : : au point mentonnier..... Hauteur du menton.,... és scboU se / palpibrale ST Largeur 4 de la bouche. .......... biauriculaire, ...,....... bimalaire Longueur du nez Indice nasal 83,52 76,36 86,00! 81,13 On pouvait s'attendre à trouver l'indice nasal élevé dans une race éminemment platyrhinienne : il atteint en effet jusqu à 93.62; mais il se montre aussi de 76.36 chez un autresujet et parmi les plus prognathes; là, comme toujours, nous voyons la moyenne des extrêmes être, à peu de chose près, la même que celle des intermédiaires, et les mesures normales influent bjen rarement sur les masses, l'équilibre rompu par lexcès se rétablissant par un défaut en sens opposé; l'indice nasal moyen est de 84.998. Cherchons maintenant les rapports des . diverses données anthropométriques à la taille des sujets. Ici mes renseignements sont un peu moins exigus, gràce à l'apport de celles qu'a prises le révérend G. Taplin. Je les donne dans le tableau suivant : .x$ 16"gy|Lo'oc [4 1 go‘celcy‘gciec"6clcg' 19 got |ewgr |ocat ur uu ‘sue | “sue | “sue oëe | 96 | cc mn — "SannWOoR *“VONHOA NIIUL gcgcloy Leleg cc|6y 9c|6r°6c|Ly 9e|6r'ec|69"05|6-6c|6c'gclo6'yr|ço‘oc|sc'oc|16°9r 19-64 0g*61|9c"oc|cG'6r|ec-oclic'icloy-Lr|eg"grloc'ocles'6r|96-61|t6 oe|99"6t|çey'oc 11 h U} 1! 1 11 11 11 11 11 il 11 11 {1} 96"oçgloL-ec|rL'6c|1ç'6& E6-6e 6L:66|L9'og|rr'ogloo‘ocl59'6c|96-ocfyo"relcL'6r|rL'Le Ly‘cç|re"ce|69"cy|Lo'eelG6r'yelyy"gelgoLelcL'Le|Lr'ec|La'geleL'Lelog"9el6r-Lelcr'ye gt‘cylyc'evics"oy|LL:LyILL-eylcs"oy 6y:r9|go‘19|06‘o9!cc'19|c609/96vc yo'98 0G°‘c8 ce Velc6-98|6c'celcs-vel6c'98lo6"98l99"cslcc'og gggt logÿr Ig6yr |6gar |rggr [yecr [g£cr Ie6yr |eggt |Lggr lorgr [volt Icr£r |eylr LU aux urux ui ut ui uL um uut uaiuxr ur ut QUE wi ut wuur u'ur LULU ‘sur | °sue ‘sue "sut "sue ‘sue ‘sue | ‘sue *suu “sur ‘sur "sue ‘sur "sue Gr | 6v |-cc | ge | ge | Le cral ve | ge ve lréc | gy ge Loc mm, 2 *"SANNIA *S{NNOH ‘NS ALO9 — 'IUHANIUUVN SASIUL (-00 T=ATTIVL V1) 16-oclev-gy|£ye! co‘Lc|cL'Le|Lo:gr 6ç:61|89:61|6c:61 LGoclgc'irley're Ge'Lelcc'ec|cg oc er-gç|GL'yglte es y6'cy|e6-gvlec"6y 88°6669°6c|y9"r9 cG'98|6c"9gloy'cg ocgt |66gt |rLgt LUI urur wuur ‘sue ‘sur “sur ce |[nog| ge _— "SANNWON ‘ISA SI09 VT op SAIUL *SISS8 Jue19 qofns of ‘ X9I0A NP IN9NEF Par aire Ur ee AT STTDO LS np 91101947X9,] v 2pnoo nt ‘StIq np anonsuo'r +34) ‘apnoo ne uoTtuo49e | 24 LR ‘39 0m np ot[pies tT 2P CCC CCC CCC ‘opn} -O1 LA 2pP ANOTIPIUL pioq np *SRIp9Ur NP 9JLWOI)X [ 2P moe} *“aounod np oqdex np 4h de AE *IfIQUO,] 9p “Joruuoquou quiod np tte *of[le) EE op onposqu An9fe À ‘NOILVNOISHQ “SNITTVULSAV S4Œ ZAH9 ATTIIVL VT V Sd409 NQ SHILUVd SASUHAIG SH SNOILHOdOUd 22. — 9340 — J'ajoute, à titre de comparaison, un tableau de mesures prises d’après des photographies d'indigènes de Victoria : HOMMES. FEMMES. DÉSIGNATION. du point mentonnier de l’ombilic du raphé du perince Hauteur Por EF WE ELA à l’extrémite du médius. .....,.. au bord inferieur de la rotule..... à la saillie du mollet Longueur { De l’acromion au coude. ........ du bras. Du coude à l'extrémité du médius. Bien que ce tableau n'ait pas la précision du précédent, on voit que les indications en sont très approchées et font honneur à l’ob- servateur qui les a prises !. Le rapport-à la taille de la hauteur de la tête, c’est-à-dire de la projection verticale du vertex au point mentonnier, est un peu plus faible chez les indigènes de la Nouvelle-Galles que chez ceux du Sud-Australie : de 13.92 chez les premiers, il est de 14.04 chez les seconds; les femmes donnent 14.19. Mais, par contre, le cou serait plus court chez ceux-ci que chez ceux-là : 3.34 contre 4.03. Cette compensation «en sens inverse n’existe pas chez les femmes par rapport au sexe mâle de leur tribu : comme leur tête, leur cou aussi est plus long. Je n'ai aucun moyen de donner la longueur du tronc de ces dernières. Un sentiment de pudeur, respectable sans doute, mais, à mon avis, exagéré, a fait négliger de prendre chez elles la hau- teur du périnée au-dessus du sol, et, par cela même, rendu im- possible le calcul de la hauteur du tronc. La hauteur de l’ombilic elle-même n'a pas élé prise et nous prive de cette donnée impor- tante d'anthropométrie. Chez les hommes, nous trouvons deux sujets qui s'écartent assez 1 Dans le tableau originaire que je traduis ici, le corps avait été divisé en cinquante parties , et les chiffres indiquaient le nombre de cinquantaines dont se composait telle ou telle section. J'ai cru pouvoir avec avantage considérer la taille 100 et par conséquent multiplier par 2 les mesures que j'ai empruntées à l’ou- vrage déjà cité de l'honorable B. Smyth de Melbourne. de Co de la moyenne générale : le n° 1 Narrinyeri et le n° 3 Échuca. Au sujet de la hauteur du périnée au-dessus du sol, le même n° 1 Narrinyeri donne une proportion si distincte des autres, que Je serais tenté de croire que la mesure a été mal prise. En effet, ayant fait un dessin schématique des proportions du corps dont j'avais les mensurations, la fausse position de ce périnée saute aux yeux. Le milieu de la taille paraît correspondre au bord supérieur de l'os pubien. Le rapport du tronc, mesuré du périnée à la fourchette sternale, nous donne 34.47 pour les naturels de la côte Est et 36.35 pour ceux du Sud. Cette hauteur du tronc ne concorde pas avec celle que l’on obtient en retranchant la distance du verlex à la four- chette sternale de la mesure prise du vertex au sol, le sujet étant assis par terre; ce qui se conçoit aisément du reste, le périnée se trouvant dans un plan un peu plus élevé que les tubérosités de de l’ischion augmentées encore de l'épaisseur des muscles fessiers et de la couche adipeuse cutanée. Suil le tableau de la grande envergure rapportée à la taille 100: DÉSIGNATION. N°5 | TAILLE. it RAPPORT. | MOYENNE. 105.506 Tribus de l'Est ais 104.492 102.242 107.860 106.647 104.080 107.814 108.882 104.379 Tribu des Narrinyeri 105.645 ” 103.619 D 101.026 107.546 104.064 ù E .51 Tribu d’Echuca (Ulupna)..... Hommes. ... Mae 104.946 L’envergure est toujours plus grande que la taille chez l’Aus- tralien, et nous voyons aussi que la tribu des Narrinyeri, si avanta- gée sous d’autres rapports, est inférieure aux autres, si je puis dire ainsi, au point de vue de la longueur des membres supérieurs, la trop grande longueur du bras étant un caractère régressif rame- nant à l'anthropoïde. Si nous comparons les chiffres précédents avec ceux que le — 312 — docteur Topinard cite d’après Gould, nous voyons que les Austra- liens se placent, pour ce caractère, au-dessus des Nècres et des In- diens iroquois. | On objectera sans doute que la série est très petite. Cela est vrai, mais je crois que la moyenne ne serait pas beaucoup accrue par un nombre plus considérable de mensurations; bien au con- traire, l'expérience apprend que plus le nombre des sujets observés est étendu, plus s’efface dans les moyennes la trace des anoma- lies individuelles. | La longueur du membre supérieur chez l'Australien nous sera démontrée par les proportions qui suivent; il est regrettable que, dans les mensurations des Narrinyeri, la longueur de la main et la hauteur du pied n'aient pas été indiquées de manière à pouvoir être retranchées de l’avant-bras ou de la jambe. À l'égard du bras, la limite inférieure a été prise, chez ces indigènes, au coude, c’est- à-dire sans doute au rebord de la saillie que faït l’olécräne. Il er résulterait donc une moins grande longueur du bras que dans mes mensurations personnelles, où l'épicondyle a été pris comme point de repère. Pourtant les chiffres sont plus élevés chez les premiers que chez les seconds, ce qui me permet de penser que le bras des Narrinyeri est réellement plus long que celui des indigènes de Shoalhaven. MEMBRE | MEMBRE | MEMBRE supérieur | inférieur | SUPérieur est est DÉSIGNATION. N est est dre à la taille |à la taille | inferieur BRAS à cuisse Tribus de la côte Est Tribu des Narrinyeri 1 2 3 1 2 3 & ) 6 1 2 3 4 à) 6 f] 8 Ca N es: subie — 3435 — Ayant, pour mes trois sujets de Shoalhaven, les mesures de l'avant-bras et de la jambe dégagés de la main et du pied, je les donne avec leurs rapports divers in extenso, les données semblables étant encore rares : DÉSIGNATION. 1. N°3. rene Lon Fi avec la cuisse. de la jambe à la cuisse de la main au pied 82.573 du pied à la taille............... ..| 15.879 de l’avant-bras à la jambe de l'avant-bras à la taille de la jambe à la taille 2 de l’avant-bras et du bras à la jambe d de la main à la taille Des données ci-dessus il résulte que l’Australien n’est pas aussi simien qu'on l’a supposé, et qu'il s'éloigne beaucoup plus du Nègre qu'on ne croit. Sans doute il y a chez lui un élément négroïde in- contestable qui s’accentue davantage dans quelques individualités, et, lorsque les mensurations portent sur de tels.sujets, les conclu- sions arrivent forcément à des données erronées. Le membre supérieur est plus long chez lAustralien que chez le blanc; ceci est hors de toute contestation, et l'on peut voir sur le tableau des mensurations générales (page 324) que parfois son mé- dius descend assez x de la ligne articulaire du genou [n° 1, Nou- velle-Galles; n° 3 et A (hommes), 4 et 8 (femmes) Narrinyeri |; mais l’avant-bras est au bras dans les proportions que donnent les Européens. Dans une liste que le docteur Topinard cite d’après le rapport de la Novarra, je vois dix Roumains donner 88.3, proportion plus étonnante que ne le seraient même les 90.3 de l’Australien, si ce dernier, étant unique, ne devait pas être supposé une exception. — 3lh — La jambe est longue aussi chez l’indigène de la Nouvelle-Hol- lande; chez quelques-uns, elle est même plus longue que la cuisse. Lorsque je constatai ce fait pour la première fois à l’inspection des données numériques des mensurations, je crus à une erreur, à un malentendu de la personne qui m'’aidait alors dans mon tra- vail; j'ai appris, depuis, que les anthropologistes de la Novarra en avaient aussi cité un cas, et les n® 3 et à (hommes) des Narri- nyeri du tableau ci-dessus devaient en être des exemples. Chez la femme australienne, le membre inférieur est plus long que chez l'homme, et j'en ai conclu que le raccourcissement de la taille chez elle porte sur la longueur du tronc. Tandis que ses compatriotes mâles nous donnent un rapport de la cuisse à la taille — 23.563 : 100, le sien est de 26.028. Nous avons vu que le rapport de tout le membre inférieur à la taille était de 53.181 pour les hommes et de 56.064 pour les femmes. Le membre supérieur est un peu moins long chez les dernières, si j'en juge d’après les moyennes. Je ferai toutefois remarquer que la femme n° 8 Narrinyeri, qui a la même stature que l’homme n° 6 de la même tribu, a le membre supéricur plus long de 3 centièmes de la taille que celui-ci. Mais, par contre, la femme n° 6 a les membres supérieurs excessivement courts. | Sur quelle section du membre supérieur porte la diminution de longueur notée chez la femme ? Sur le bras, qui est à la taille comme 19.923 chez l'homme et 19.651 chez la femme, les pro- portions du membre en entier étant de 46.995 et 46.636 respec- tivement. La quasi-égalilé de longueur du bras dans les deux sexes me sert à démontrer la différence de longueur de la cuisse. Son rapport avec cette section du membre abdominal, qui est de 87.533 chez l’homme, nest chez la femme que de 75.505. La cuisse de la femme est donc de 12 centièmes de la taille plus longue que celle de l’homme. Une autre remarque qui a son importance est celle que m'a fait faire la construction graphique des proportions du corps chez les sujets mesurés : tandis qu'il y a une différence de 135%" entre les statures moyennes des hommes et des femmes, la hauteur moyenne au-dessus du sol du bord supérieur du grand trochanter ne diffère que de 27°" entre les deux sexes. Les proportions de la main rapportée à la taille placent les Australiens parmi les races à main grande: les trois seuls sujets que j'aie mesurés sous ce rapport donnent une moyenne de 12.009. — 345 — Je regrette vivement d’avoir perdu mes notes sur la largeur à la tête des métacarpiens; mais il m'a paru que si l'indigène a la main longue, il l’a fine aussi! | | Les mensurations du pied portent sur néuf sujets hommes et sept femmes; les voici résumées par provenance : 3 Australiens (Nouvelle-Galles)........... 15,619 6 Australiens (Narrinyeri).............. 1. EU ERS 7 Australiennes (Narrinyeri)............. 14,803 MOYENNE GÉNÉRALE..... 19,120 Ce qui le place sur le même rang que le Néo-Calédonien; par son pied, l’Australien est réellement Nègre, car il l'a large et plat. Je donne ici quelques mensurations prises à Perth, sur des Australiens occidentaux, par le docteur Milne Robertson : . MENSURATIONS COMPARATIVES DE LA LONGUEUR DES MEMBRES CHEZ DO AUSTRALIENS ET DO EUROPÉENS. AVANT-BRAS TAILLE. s et main. DÉSIGNATION. 1937 431 1765,7 476 279 1640,5 444 464,5 464 s 256 Ne m'occupant ici que de la dernière indication, j'y trouve un léger avantage en faveur des indigènes, chez lesquels P est à T — 15.24 : 100, tandis que le rapport pour les Européens (Anglais) est de 15.33. Je n'ai la largeur biacromiale que pour trois noirs de Shoalhaven; le rapport à la taille est de 82.146. Il serait inté- ressant de savoir si ce rapport est moindre chez la femme, comme ! Telle est aussi l'impression de B. Smyth : « Leurs mains, dit-il, sont celles de cavaliers ou de chasseurs; il serait impossible de trouver dans une tribu d’Australiens des mains comme on en rencontre dans les classes laborieuses d'Europe. Un laboureur anglais pourrait peut-être passer deux doigts dans la poi- gnée du bouclier où l'Australien passe sa main, mais il ne pourrait faire plus.» (Aborigenes of Victoria, introduct. p. xvrrr.) — 346 — cela a été noté chez quelques peuples orientaux. Je le crois d’après mes impressions visuelles, mais je n'ai aucune donnée numé- rique. | | | En comparant la différence de la taille prise à la ceinture avec celle qui a été prise sous les aisselles, nous voyons la tribu des Nar- rinyeri avoir la taille la moins fine, leur indice étant 86.164 contre 83.106 que donnent les Shoalhaven. Les deux seules femmes dont nous ayons cette mesure donnent une moyenne de 81.883. Comparant, chez les Narrinyeri, la circonférence à la ceinture avec celle qui a été prise aux trochanters, je trouve 82.923 pour les hommes et 78.983 pour les femmes. La moyenne de cette me- sure est pour les premiers de 901%%,5 et de 932"%,6 pour les se- condes. D'un autre côté, le rapport de cette circonférence à la taille est de 53.547 et de 60.050 respectivement pour les deux sexes. Il en résulte que non seulement la largeur du bassin est plus grande chez ces femmes relativement à leur stature, mais encore absolu- ment. Cette impression doit être enccre plus accusée pour l'œil, par suite de la plus grande sveltesse de la ceinture dans le beau sexe : de 738 millimètres chez lui, il est de 767 dans le sexe fort. Je dois avouer quetelle n’a pas été l'impression que j'ai éprouvée avec les femmes de la côte orientale; elles m'ont paru privées de hanches et à bassin étroit. Ne pouvant fournir des mensurations précises, je me garderai bien d’être absolument affirmatif, mais je.ne crois pas être dans l'erreur en avancant que le développe- ment transversal du bassin est certainement chez l'Australienne inférieur à ce qu'il est chez l’Européenne. Telles sont les données que jai pu rassembler sur l’indigène vivant. Leur discussion, leur étude comparative démontrera d'a- bord que,physiquement ou anatomiquement parlant, l’'Australien n'appartient pas à un type très inférieur, ensuite qu'il y a de fortes présomptions pour que cette race soit le résultat du mélange de deux sangs. L'étude du crâne sec et du squelette va compléter da description des caractères physiques de l’Australien. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU SQUELETTE. Les données anthropologiques qui font l’objet de ce travail sont principalement le résultat de la craniométrie. C'est dans la configuration de la tête que se montrent les par- Er — 347 — ticularités les plus nombreuses, les plus caractéristiques qui ont servi à diviser l'espèce humaine en races, et c’est fort heureuse- ment la tête que l'on a le plus souvent sujet d'examiner; il est peu de muséums, si pauvres soient-ils, qui n'aient leur petite collection de crànes. Les squelettes sont plus rares, soit que leurs : os résistent moins à l'action destructive du temps, soit qu’ils soient plus faciles à disperser ou à passer inaperçus, soit enfin que, les anomalies qu'ils peuvent présenter dans les diverses races frap- paut moins les yeux et exigeant des connaissances anatomiques très précises, ces os soient dédaignés comme « non curieux» par ceux qui les rencontrent. Mes mensurations ont porté sur cinquante crânes australiens ou réputés tels; mais des doutes étant permis à l'égard de quelques- uns d’entre eux, je ne tirerai mes déductions que de ceux dont l'authenticité n'est pas douteuse. Je ne négligerai pas les autres cependant, car la comparaison des données de la série rigoureu- sement expurgée avec celles de la série entière accuse des diffé- rences si minimes, que cela seul me ferait accepter toute la série comme authentique si je ne désirais être aussi affirmatif que pos- sible, en étant aussi exact que faire se peut. Je classe tout à fait à part quatre crànes de diverses prove- nances, dont les traits sont australiens, il est vrai, mais qui se séparent des crànes australiens par un caractère important, l’in- dice céphalique; celui-ci est, dans ces quatre crànes, de 78 à 83. J'ai apporté à la répartition des crànes en mâles et femelles toute _ l'attention et le soin dont j'étais capable. Il ne serait pas impossible néanmoins que quelque quiproquo ait eu lieu, et que quelque crane de vieux chasseur de kangourou n’ait frémi d’indignation dé se voir rangé dans la série où se trouvaient ses loubras ou dyins. Cela n'est pourtant pas probable, et l'inverse aurait pu plutôt ar- river, car si l’un des deux premiers crânes que j'ai eu à examiner n'avait pas été marqué sur le frontal du signe 9, je l'aurais pro- bablement placé dans la série des hommes (fig. 3 et 4). Dans tous les cas, une telle méprise, si elle peut modifier les moyennes partielles des sexes, est sans influence sur les moyennes générales, et c’est l'important. La série « incertains » est nombreuse; elle aurait pu l'être encore plus, car certains crânes, à côté de caractères féminins, en présen- tent de si franchement masculins qu'on hésite avec raison à se — 9318 — prononcer sur le sexe des individus auxquels ils appartiennent. . . y + . . -e A - : J'ajouterai que, dans cette série « incertains », les crânes très proba- blement féminins sont en majorité. Fig. 1. Fig, . N° 1 de ma série d’Australiens. — Profil et face. Homme de Cowra (N°‘"°-Galles du Sud). Fig. 3. Fig. 4. N° 2 de ma série d’Australiens. — Profil et face. Femme de Cowra (N°*°-Galles du Sud). Cette prédominance de crânes féminins pourrait faire craindre de moins bien rencontrer dans ce sexe « intermédiaire entre l’en- fant et l'adulte masculin » les caractères ethniques propres à créer le Lype vrai de l’Australien; aussi conseille-t-on de s'adresser sur- tout aux crânes d'adultes mâles. Mais ne serait-ce pas à tort, s’il est vrai que « c'est le sexe féminin qui conserve le plus longtemps les — 349 — traits les plus accusés du type primitif, et c'est en lui que nous devons retrouver les races les plus pures ! ») | Comme les moyennes générales font abstraction du sexe, le ré- sultat final n’en sera pas modifié autrement que par la prédomi- nance de la caractéristique d’un sexe sur l’autre. Lorsque j'ai commencé à Sydney l'étude des crànes australiens, remarquant entre eux des différences morphologiques, je crus qu'il serait utile et rationnel de les considérer non pas en bloc, mais d’après leur provenance. On me paraissait en droit de suppo- ser que, sur un continent aussi vaste que l'Australie, l'indigène du Nord ne pouvait être étudié conjointement avec celui du Sud, et qu'une moyenne tirée de ces facteurs si divers serait une ina- nité. J'écrivis alors à M. le Ministre de l'instruction publique : « Cette diversité de provenance, se joignant à des différences de caractères morphologiques ou de conformation, m'a fait penser que tirer des conclusions de leurs moyennes collectives serait mar- cher vers un résultat aussi erroné que le seraient, par exemple, les moyennes prises sur des mensurations de crânes bretons, basques, provençaux, alsaciens, etc., réunis sous la dénomination de type * français. » J'aurais pu citer un plus grand nombre de races, ajouter le Scandinave, l'Osmanli, l'Espagnol, le Livadien , et grouper toutes ces variétés sous le titre de type européen! Un tel procédé eût-il été bien scientifique, et la valeur de ses résultats n’eût-elle pas été nulle? Mais, d'un autre côté, quelle foi pouvais-je avoir dans l’authen- ticité d’origine des crânes que je trouvais inscrits comme austra- liens sur le catalogue du Muséum de Sydney? Le conservateur lui- même se méfiait de ces indications, et j'ai pu constater, au moins une fois, que le canard américain s'était glissé jusque dans les vi- trines de l'anthropologie. Aucune indication précise, sauf quelques rares exceptions, n’accompagnait ces crànes, et les noms des dona- taires n'étaient pas toujours une garantie de leur origine. Si quel- ques-uns ont été retirés d'un lieu connu pour avoir servi de sépul- ture à un indigène, d’autres ont été fortuitement rencontrés sur le sol, dans le sable des grèves, ou en creusant les fondations d’une maison, etc. Appartiennent-ils réellement à des Australiens, aux ! P. Topinard, Étude sur les races indigènes de l'Australie, p. 44. — 350 — tribus qui habitaient les endroits où ils ont été trouvés ? Depuis un siècle que l’arrivée des Européens a jeté la perturbation parmielles, combien de tribus voisines n'ont-elles pas pu se mêler, combien de familles errantes ne sont-elles pas venues camper sur des terrains appartenant à des tribus aujourd'hui disparues, et laisser des morts où d’autres avaient déjà trouvé leur sépulture? Mais plus encore ne peut-on penser que des métis de Malais, de Papous avec des Polynésiens, des Australiens, des Mélanésiens, ont fini leur vie sur le sol de la Nouvelle-Hollande, loin parfois de leur pays d’origine, et que ces crânes, recueillis par la suite, ont été notés comme austra- liens? Ceci est plus que probable, et c’est à cette origine métisse que je rapporte les deux crânes brachycéphales que j'ai signalés dans mes premiers mémoires, et peut-être même faudrait-il ajouter encore les deux cränes mésaticéphales que, comme les précédents, j'ai placés hors série. La question de l'unité de la race australienne serait encore vic- torieusement démontrée par la similitude des caractères craniomé- triques recueillis sur les divers points du continent austral. MM. de Quatrefages et Hamy, qui, avec nombre d'auteurs anglais, penchent vers cette opinion d’une race australienne unique, ont cependant : pris soin, dans leur Crania ethnica, d'étudier séparément chaque provenance. Sur le conseil de l’un de ces éminents anthropolo- gistes, j'ai repris à nouveau toute cette étude, et, après avoir décrit la série comme si tous les individus étaient du même type, je signa- lerai les particularités propres à telle ou telle tribu. DESCRIPTION DU CRÂNE. Sutures. — Quelquefois très simples, même dans la suture lamb- doïde, elles sont généralement ce qu'on peut les observer sur les crânes européens, c'est-à-dire que la suture frontale est la moins compliquée (n° 2 du tableau annexé aux instructions du profes- seur Broca), la sagittale et la lambdoïde venant ensuite avec les n® À et 5. Accidentellement la suture coronale a été notée du n° 4; par contre, sur un sujet, les zigzags serrés qu'elle fait normale- ment à son passage entre les deux lignes courbes temporales n'exis- taient pas du tout. Je n’ai rençontré la suture métopique sur aucun sujet, sauf peut-être un cas où il y en avait un vestige de 2 cen- timètres et demi de longueur entre les bosses sourcilières. Sur un — 391 — autre crâne, on remarquait le frontal partagé longitudinalement à sa partie médiane par une crête arrondie et légèrement saillante, qui, de la glabelle, se continuait jusqu’au bregma, et là se divisait pour former jusqu’à l’obélion deux lèvres élevées, entre lesquelles : _ courait, comme un ruisseau au fond d’une vallée étroite, la suture sagittale. Cette proéminence bilabiée de la suture pariétale a été fréquemment observée et principalement sur les crânes dont la voûte était en toit ou en dos d’ane. | Quatre fois la suture basilaire n’était pas encore synostosée, bien que les dents de sagesse eussent commencé ou même accompli leur évolution en dehors de leurs alvéoles. Dans un des cas, avec les trois molaires tricuspides sorties, existait une surdent incisive droite supérieure. Os wormiens. — Peu de crânes en manquent. Ils se montrent généralement dans la suture lambdoïde, soit au lambda, soit à l’astérion, soit même dans la partie sous-obéliaque de la sagittale. Assez fréquemment j'en ai noté un au ptérion, séparant ainsi l'aile sphénoïdale d’avec le pariétal et donnant deux branches trans- versales à l’'H normale du ptérion. Flower a donné à ces os le nom d'épiptériques. Signalons enfin celui que l’on rencontre quelquefois au milieu du bord temporal du pariétal, dont on peut voir un exemple sur le crâne n° 34 (fig. 5 et 6). …Kg7r. Fig. 6. N° 34. Australiens. — Homme de Port-Fairy (Victoria). Profil et face. Os épiptérique affectant le temporal. Scaphocéphalie. Piérion. — En H le plus souvent, je l'ai noté retourné quatre fois seulement et toujours d’un seul côté, dont trois fois à gauche; — 352 — dans ce cas, l’autre côté est souvent occupé par un os épiptérique. Une seule fois il était en K. La longueur de la branche transver- sale de TH varie beaucoup, mais n’atteint jamais de bien grandes dimensions. | Synostose des sutures. — La suture le plus souvent trouvée sy- nostosée est la sagittale (vingt-trois fois) sur plus ou moins d'éten- due, mais au minimum sur un tiers de sa longueur. Huit fois elle en occupait toute l'étendue ; il est à remarquer que ce n'était pàs chez les sujets les plus vieux. L'un des crânes a dû être rejeté entière- ment, par suite de la déformation que cette synostose avait impri- mée au crâne (fig. 7 et 8). Elle est plus souvent accompagnée de Fig. 7. Fig. 8. N° 41. Australiens. — Homme du cap York (Queensland). Hors série. Profil et face. l'oblitération de la portion de la suture corono-pariétale qui descend au-dessous du point stéphanique; mais l’une ou l’autre peut exister seule, tandis que la soudure de la lambdoïde notée sur douze su- jets était toujours accompagnée de la synostose de quelque autre suture. Sur quatre crânes, leurs traces étaient devenues partout à peu près invisibles. On pourrait donc conclure des données précédentes que c'est soit par le ptérion, soit par la suture sagittale, que commence le plus souvent l'ossification des sutures des crânes australiens. Vien- drait ensuite la soudure de la lambdoïde, puis celle, beaucoup plus rare, de la coronale au-dessus du stéphanion. La suture écail- leuse ne se soude jamais, sauf peut-être, comme j'en ai rencontré — 3093 — un éxemple, sur l'angle rentrant formé par l'écaille et la portion mastoïdienne. Sur un crâne où toules les sutures étaient ossifiées à divers de- grés, j'ai remarqué une espèce de glissement en bas du temporal, qui avait laissé à découvert une partie de la surface à plis rayon- nés au moyen de laquelle il s'articule avec le bord inférieur du pariétal. Il va sans dire qu'il n’y avait aucun écartement entre les deux surfaces, Arcades sourcilières. == La saillie des arcades sourcilières est un des caractères qui a été considéré comme typique du groupe australoïde. Il y aurait d'assez nombreuses exceptions, si tous les cränes qui m'ont été présentés comme « aborigènes » appartiennent réellement à cette race : cinq fois elles ne formaient aucune sail- lie, et sept fois n'accusaient qu'un degré peu prononcé de proémi- nence. Ce caractère a du reste été noté sur plusieurs crânes méla- nésiens el papous et ne saurait donc être considéré comme exclusif a l'Australien. Glabelle. Inion. — La glabelle elle-même, qui se ressent dé la saillie des bords orbitaires supérieurs, n'existe pas toujours. Quant à l’inion, excessivement volumineux chez quelques-uns, il est, chez la plupart, de volume ordinaire, et huit fois il était absent. L'absence de l'inion, non plus que celle de la glabelle, n'indique pas toujours, dans les crânes australiens, le sexe féminin : des crànes évidemment d'hommes (fig. 9) n’en portaient pas, le n° 1° (fig:.10) n’en présente pas non plus; mais j'ai dit que je le pla- çais hors série à cause de son indice brachycéphale. La courbe ou crête occipitale supérieure qui prolonge l'inion sur les côtés est ordinairement bien marquée et parfois d’une largeur et d’une épaisseur considérables. ù La ligne courbe temporale supérieure était, chez cinq sujets, ac- centuée au point de former une véritable crête, aigué et saillante; lun de ces sujets était une femme. Cette ligne ne se rapproche jamais de la suture sagittale autant qu'on l'a signalé chez certains Mélanésiens; mais elle s'étend aussi plus loin en arrière. Son rayon n'est pas le même que celui de la courbe temporale infé- rieure, en sorte que, en arrière, la zone demi-rugueuse que limi- Dé MISS. SCIENT. — VIII: 29 — 354 — tent ces deux lignes a jusqu’à quatre ou cinq fois la largeur de la zone au-dessus du temporal. Les bosses frontales sont rarement apparentes: le front est ordi- nairement fuyant; on peut le rencontrer bombé cependant, etil fait alors une saillie assez marquée pour que le point stéphanique ne puisse être atteint par les pointes de la glissière, ce qui lui donne par conséquent une flèche de 40°" : dans ce cas, la bosse frontale est médiane, et d’ailleurs cette courbure prononcée de l'os coronal est transversale plutôt que longitudinale; en d’autres termes, le front cranien est loin d’être aplati. Fig. 9. Fig. 10. N° 4. Australiens. — Homme de la rivière N° 12. Australiens. — Homme du cap York Manning (N°”°-Galles). (Queensland). Absence d’inion. Les bosses pariétales sont habituellement peu prononcées, du moins leur base est large, en sorte que leur saillie frappe moins le regard que dans tel ou tek crâne où ces bosses sont comme pyramidales. Lorsqu'on les rencontre, elles occupent le haut du crâne, et nous verrons tantôt l'aspect particulier que cette confor- mation donne à la tête. Je ne m'étendrai pas sur le volume des apophyses mastoides. Leur diversité de développement trouve sa raison dans les diffé- rences sexuelles; si parfois on les rencontre assez petites pour ne pas descendre même jusqu'au niveau du plan des condyles occipi- taux, on les voit ailleurs atteindre jusqu à 42"*. Les condyles occipitaux, ordinairement terminés par une facette articulaire convexe à contour ovoïde ou elliptique, présentent par- fois un étranglement à leur partie moyenne de facon à former — 395 — deux facettes séparées par un sillon. Au lieu d’une convexité, cette facette présente quelquefois une surface plane dans les deux sens, ou bien la convexité est'exagérée au point de former deux plans obliques, l'un resardant en avant et en dedans, l’autre en arrière et en dehors. Sur un sujet se montrait, en avant du basion, un troi- sième condyle formé de deux petites colonnes séparées par un in- tervalle de 2°" et supportant une facetie unique arrondie de 7°" de diamètre. La hauteur totale était de 6°". Les trous pariétaux qui se voient normalement de chaque côté de l’obélion sont fréquemment absents, ou bien il n’en existe qu’un, qui est médiocre. Les trous condyliens postérieurs et même les an- iérieurs manquent souvent aussi. Les trous de passage du nerf sus- orbitaire sont situés sur le bord de l’arcade sourcilière et y for- ment simplement une échancrure. Nez. — La dépression de la racine du nez est, comme la saillie des arcades sourcilières, regardée comine typique de lAustralien. Il n'en est pas ainsi : on l'observe aussi chez le Papou, et, d'un autre côté, elle a manqué quelquefois dans la série des crânes que J'étudie ici. Cette absence ne saurait être interprétée contre l’authen- ticité de l’origine australienne des sujets qui en étaient dépourvus. I y a plusieurs années, le docteur Topinard signalait l'existence en Australie d’un type entièrement dissemblable de celui qui est devenu classique, et j'en ai fait connaître moi-même un exempie recueilli à quelque distance de Sydney, à Middle-Harbour, appar- tenant sans doute à une des anciennes tribus de la côte, aujourd’hui disparue. On a prétendu que ce type ne formerait pas une race dis- tincte et que ce ne seraient en somme que des crânes féminins. Je me bornerai à renvoyer au crâne n° 2 (fig. 3 et 4), qui provient d’une femme. J'inviterai ensuite à comparer le n° 15, que je classe comme masculin, avec les crânes féminins n° 21, 25 et 28 (fig. 11-29). Cette dépression sus-nasale tient beaucoup à la saillie du bord supérieur des orbites et de la glabelle, d’une part, et à la direction des os nasaux se rapprochant de l'horizontalité, d'autre part. Os nasaux. — Ils sont courts et se juxtaposent à angle très ouvert chez la majorité des sujets. Quant à l'ouverture des fosses nasales, moins cordiforme , plus largement béante que dans les crânes cau- 2 29% © ON ESNNNRRRTE A PCR A Lx à paf 2 : ‘ à Fe Nr 2 ré < + PF — 356 — casiques, elle se fait remarquer surtout par le caractère négroïde de son plancher. Le bord qui le délimite en avant, dans les races blanches, est ici mousse, effacé, et, des’ deux côtés de l'épine na- Fig. 11: Fic. 12. D N° 15. Australiens. — Homme de Sydney. Tribu disparue. sale, ordinairement petite, se montre une gouttière inclinée vers le bord alvéolaire du maxillaire. Cette déclivité est parfois assez prononcée pour faire éprouver une certaine difficulté dans l'ob- tention de l'angle ophryo-spinal au moyen du goniomètre médian de Broca, difficulté qu'augmentent encore la saillie des os malaires et leur prolongement au-dessous du plan auriculo-spinal. Cependant plusieurs crânes indubitablement indigènes m'ont — 357 — offert une conformation de l'ouverture et du plancher nasal rappe- lant tout à fait l'aspect de ces parties chez l’homme blanc. On trouvera, dans les tableaux de mensuration, des sujets dont l’indice Fig. 14. Fig. 13. N° 21. Australiens. — Femme de la Nouvelle-Galles du Sud. nasal est de A5 et au-dessous, et les pièces que j'ai présentées à la Société d'anthropologie ne laissent aucun doute à cet égard (voir les n°* 29, 52, 10 et 36 du tableau général des mensurations). Les orbites sont quadrilatères, à angles arrondis et à bords droits; leur bord externe est le plus souvent mince, mais parfois aussi très épais, en sorte que la délimitation de l'orbite est mal accusée. La courbe orbitaire a la forme d'une pyramide à quatre pans, dont deux côtés seraient un peu concaves et deux, l'interne et l’inférieur, presque plans; sa profondeur moyenne est de 5a°". md arr Les dents sont généralement saines; quelques cas de carie ont été cependant notés, affectant toujours les molaires ou les prémo- laires. L’usure de ces organes est fréquemment très prononcée ; N° 25. Australiens. — Femme de la Nouvelle-Galles du Sud. Les cuspides sont presque constamment rasées; souvent tout le fat supérieur de la couronne a disparu; parfois même les dents sont usées jusqu'au collet. La direction de l'usure est tantôt oblique en dehors , et en bas, tantôt horizontale. Les dents antérieures pa- raissent s user plus rapidement à la mâchoire supérieure , sans doute à cause de la saillie en avant fréquente de l’arcade inférieure. Chez un sujet dont les troisièmes molaires n'étaient pas complète- ment sorties, les premières molaires présentaient une usure en — 359 — gouttière profonde sur la moitié externe du füt, tandis que les cus- pides internes étaient à peine épointées. Cette altération rapide des dents, comme aussi la coloration que l'on remarquait sur cer- Fig. 20. : Fig. 21. N° 28. Australiens. — Femme de la Nouvelle-Galles du Sud. À comparer avec le n° 15 (fig.11à13). taines dentures, est due à la mastication des écorces et plantes fi- breuses avec lesquelles les indigènes fabriquent leurs cordes et cordonnets : les sucs végétaux ont agi sur l'ivoire et l'émail par leur tartrate de potasse sans doute, et affaibli, si je puis ainsi dire, leur trame. | En 1879, une polémique eut lieu entre diverses personnes de l'État de Sud-Australie, touchant la forme des incisives chez les indigènes. Woods avait avancé qu'elles étaient plates comme des molaires. Le révérend G. Taplin expliqua fort justement qu'il y avait malentendu : les dents des indigènes prennent cet aspect — 360 — aplati supérieurement dans l'âge adulte, par suite de l'usure due à la mastication, à la dissociation, dirai-je plutôt, des écorces et plantes fibreuses. 4 Mais pas mal d'encre avait été répandue pour et contre : des dentistes même avaient dit leur mot. Il eût été bien simple cepen- dant d'ouvrir la bouche du premier naturel venu. N'oublions pas que, parmi les colons de la Nouvelle-Hollande, il en est plusieurs qui donneraient beaucoup pour que les Austra- liens fussent trouvés et déclarés ne pas appartenir à l'espèce hu- maine. L'usure des dents se montre tantôt d’une manière uniforme sur toute leur rangée, tantôt elle affecte plus particulièrement une de ses parties. Chez un sujet dont j'ai pris une empreinte outre le dessin stéréographique, les dents antérieures de l’arcade supérieure étaient usées jusqu'au collet; l'usure diminuait ensuite graduelle- ment jusqu’à la première molaire, dont les cuspides étaient époin- tées, puis elle enlevait à la deuxième molaire tout le füt supérieur et la moitié de la couronne à la dent de sagesse. À la mandibule, l'usure était, cela va sans dire, en sens inverse (fig. 23). N° 32. Australiens, — Femme de Brisbane (Queensland). Forme rare de l'usure des dents. Front bombé donnant l'impression d'une hydrocéphalie. Le plan d'usure était ainsi à convexité inférieure au maxillaire, à concavité supérieure à la mandibule. Tous les cas d’édentation ont été soigneusement notés, surtout quand c’étaient les incisives supérieures qui en étaient affectées. Ce n'est pas ici le lieu de parler de cette mutilation ; mais son existence — JO — m'a servi plus d'une fois à aflirmer l'authenticité australienne d’un crâne à désignation douteuse. Mal renseigné d'abord, et croyant celle édenlation exclusive aux hommes, je fus quelquefois, dans les commencements, embarrassé en présence d'un crâne qui me paraissait féminin, et j'hésitai presque à le ranger dans cette ca- tégorie. Mais tant d’autres caractères confirmaient mon diagnostic, que je le maintins. Depuis j'ai appris que, dans plusieurs tribus, les incisives supérieures sont arrachées aux jeunes gens des deux sexes à l'époque de la puberté. Nous verrons plus loin que cette coutume n'est pas exclusive aux Australiens (fig. 24). En fait d'anomalie du nombre des dents, je n’ai noté que trois cas de l'existence soit d'une surdent incisive, soit d’une incisive double. Je dis incisive double et non surnuméraire : elle paraissait comme formée de deux dents réunies en une seule, séparées à la face an- térieure par un sillon longitudinal (fig. 25). Fig. 2h. N° 4o. Australiens. — Homme de la Nou- N° 14. Australiens. — Femme de Rockhamp- velle-Galles du Sud. Édentation ethnique. ton (Queensland). Hauteur très modérée Développement très modéré de la portion spino-alvéolaire. Incisive moyenne droite sous-spinale du maxillaire supérieur. double. Un moulage du crâne n° 4o ct de l'arcade alvéolaire du n° 14 existent au musée Broca de l'École d'anthropologie de Paris. Cette mâchoire présentait, du même côté que l'incisive double, une quatrième molaire de petite dimension. La troisième molaire n’a fait défaut que chez un seul sujet et seulement à la mandibule. Dans l’un des crânes hors série, elles manquent aussi à l’arcade supérieure. Quant à leur volume propor- tionnel, la loi de décroissance est générale comme pour les dents — 362 — d'Européens; cependant J'ai noté quelques cas où les deuxièmes et troisièmes molaires étaient égales et même plus larges que les premières. Deux fois aussi j'ai trouvé une sorte d’épiphyte sur la face externe, qui formait une espèce de cuspide supplémen- taire. J'ajouterai que la plupart des sujets étant anodontes, je n’ai pu faire de nombreuses observations sur ces organes. La forme des arcades alvéolaires est parabolique ; le plus grand diamètre se trouve en dedans de la troisième molaire, mais quel- quefois de la deuxième ; 1l n’est pas rare que le contour du bord alvéolaire soit quelque peu approchant de la forme d’un trapèze, par suite de la saillie des racines des canines : chez quelques su- jets, l'étendue de l’arcade alvéolaire dépassait en arrière la rangée des dents d’une longueur allant jusqu'à 10". La voûte palatine offre une profondeur variable. Les fosses canines ne présentent que rarement une excavation prononcée. Les pommettes proéminent en avant plus qu'en dehors; leur bord inférieur est toujours au-dessous du plan auriculo- spinäl. Un des traits qui frappent le plus dans la face des Australiens, c'est le peu de hauteur de la partie sous-nasale du maxillaire; je ne parle pas, bien entendu, des sujets chez lesquels, l’âge ayant amené l'édentation, le bord alvéolaire s’est résorbé de façon à meltre tout son pourtour presque de niveau avec le palais, mais bien des sujets qui, ayant conservé toutes leurs dents, ne m'ont donné de l’épine au point alvéolaire qu’une hauteur insignifiante (fig. 24 et 25). J'ajoute néanmoins que, si le cas n’est pas rare, il n'est pas constant, et certains cranes présentent de ce côté un développement ordinaire. La direction du plan du trou occipital varie dans les divers indi- vidus, sans que j'aie pu y voir une caractéristique sérielle. Son prolongement tombe entre les points À et O, c'est-à-dire entre le point alvéolaire et le point médian de la face qui se trou- verait sur une ligne tangente aux bords inférieurs des orbites. Disons en passant que, chez le plus grand nombre des sujets exa- minés, cette ligne est en même temps tangente à l'angle inférieur et externe des os propres du nez; mais assez souvent elle passe de beaucoup au-dessous d'eux, et cela non pas tant parce que les os nasaux sont courts que parce qu'ils font un angle très grand avec — 365 — la verticale. La forme du trou occipital, tantôt ovale, tantôt quasi- circulaire; n’a aucune relation avec la forme du crâne. Habituellement plates, les fosses temporales se rencontrent ex- ceptionnellement très creuses et moins rarement bombées. La fosse zNgomatique est quelquefois très prononcée, et sa partie antérieure ou coronale forme alors une gouttière profonde, limitée en arrière par une petite crête qui suit la suture stéphanique jusqu'au pté- rion, qui présente parfois alors une voussure notable. L'ouvertue du conduit auditif externe, ovale, allongée, n'a donné lieu à aucune considération spéciale. Je ne saurais oublier de mentionner l'épaisseur remarquable des os craniens de cette race. Sans doute j'ai rencontré plus d’un crâne léger; quelques-uns même faisaient l'effet d'être en carton-papier mâché; mais l'impres- sion n’en reste pas moins que les cränes australiens sont généra- lement beaucoup plus lourds que les nôtres. Cette épaisseur ne peut être mise sur le compte de l’usage de cette partie du corps. L'Australien ne porte pas de fardeaux sur la tête, comme le Nègre, et les coups de poing ou de ouaddy, quelque généreusement qu'ils soient distribués aux enfants ou aux femmes, ne sauraient avoir un tel résultat morphologique. Dans tous les cas, cetle épaisseur est une heureuse circonstance; car, si jen juge par certaines traces d'inflammation à la suite de contusions, un crâne moins résistant eùüt été brisé comme verre. Reste à savoir toutefois si la patiente n'eût pas préféré être achevée du coup que de continuer sa trisle vie. J'ai passé en revue les diverses parties de la tête osseuse : il me reste à parler de la forme de ses divers contours, d’après les trois plans d'orientation : la vue de face, de profil et la norme verticale. Le contour du crâne, d’après ce dernier plan, est ovoïde, ellip- tique même chez le plus grand nombre, à cause de la saillie bom- bée que fait l'occiput (dolichocéphalie occipitale), qui est un carac- tère fréquent et auquel la synostose des sutures n’est peut-être pas étrangère. Quelquefois enfin la silhouette du plan horizontal est presque rectangulaire, le côté occipital étant seul convexe, et le côté . frontal presque rectiligne, avec une légère incurvation à sa partie moyeune. Est-il besoin d'ajouter que les arcades zygomatiques dé- passent toujours le niveau de la norma verlicalis, et que tous les cränes australiens sont phénozyges à divers degrés ? — 304 — Le profil du plan vertical transverse, ou de la tête vue de face, offre deux aspects bien accentués, dant les sujets sont en petit nombre, et un type intermédiaire, qui est celui de la majorité des cas. Dans l’un, le plus grand diamètre transversal passe par les bosses pariétales, et, la voûte crânienne étant plus ou moins en dos d’ane, le contour donne la figure d’un pentagone. Dans l’autre, le diamètre transversal maximum passe vers la base des apophyses mastoïdes; dans ce cas, la silhouette de la tête est conique. Je n'oserais pourtant établir comme type cette forme de tête en pain de sucre ; cet aspect doit être individuel, réversif ou pathologique, ou tout au moins dû à l'ossification prématurée des sutures. Enfin, dans l'intermédiaire, la plus grande largeur du crâne à lieu vers le milieu de la hauteur des fosses temporales, et la tête présente alors un aspect grossièrement ovalaire, avec cette restriction que les parois de la fosse temporale elle-même sont le plus souvent rectilignes. | La voûte en toit dont je viens de parler n’est pas constante, mais elle se rencontre fréquemment à divers degrés d’inclinaison. Lorsque le toit est bien accentué, la sagittale se trouve enfoncée entre la saillie des lèvres des pariétaux, et cette saïllie est longée en dehors par une dépression en goultière qui accuse encore plus fortement le faite. Aspect du profil. — Après la saillie que font la glabelle et les ar- cades sourcilières, la ligne du front s'élève, fuyant par une pente assez douce jusqu'au delà du bregma, où se trouve le point culmi- nant du crâne; là, la ligne s’arrondit, puis descend graduellement jusque sur le lambda, où elle se rentle en une courbe à court rayon, pour contourner la protubérance globuleuse que fait la par- lie sus-iniaque de loccipital, L'inion dépassé, elle revient en bas et en avant, profilant en une incurvation à convexité inférieure la partie cérébelleuse de l'occipital. Chez quelques sujets, le vertex tombe assez près du bregma; mais il est ordinairement distant de 20 à 30"*. De son côté, le front n'est pas toujours fuyant, il fait même parfois assez de saillie pour faire penser à une hydro- céphalie frontale; tel devait être le cas du crâne n° 32 (fig. 23). Chez un autre sujet, la partie de la voûte postérieure au vertex s'avalait comme la croupe d’un cheval vulgaire, et, par sa forme, ce crâne rappelait quelque peu à l'esprit celle d’un crâne de gorille — 365 — (fig. 7). Enfin, dans quelques cas, la ligne qui va de linion à l'opisthion était rectiligne et presque horizontale : J'ai même ren- contré un crane qui ne touchait à la table, en avant, que par les dents, et, en arrière, par la ligne courbe occipitale et l'inion. Le prognathisme de l’Australien est modéré, si l’on a égard à l'angle de Jacquart ou ophrvo-spinal; l'angle de Cloquet ou ophry6- alvéolaire indique que le prognathisme git surtout dans la portion sous-nasale du maxillaire. Nous verrons dans le chapitre suivant cette proposition articulée en chiffres. CRANIOMÉTRIE. Qu'il me soit permis de dire, en commençant ce chapitre, que les mensurations qui lui servent de base sont de la plus scrupuleusce exactitude. Jai pu m'en convaincre en les comparant aux mensur- rations de quelques-uns de ces crânes prises par M. Krefft, ex-con- servateur du Muséum de Sydney, actuellement conservateur du Muséum de Brisbane (Queensland). Ses chiffres et les miens concordent exactement ou ne diffèrent pas de plus de 1". Mais je passe volontiers condamnation pour quelques mesures d'angle ophryo-spinal et surtout d'angle sÿmphysien de la mandi- bule. Je n'avais ni laboratoire commode ni outillage soigné, exact et complet. L Une des plus grandes lacunes que cet état de choses m'a obligé de laisser subsister est le cubage des crânes. Jai essayé de la com- bler d’une façon approximative et un peu en manière de jeu de l'esprit : les résultats auxquels je suis arrivé, bien que n'ayant pas l'exactitude qu'on doit attendre et rechercher dans le jaugeage de la capacité cranienne, me paraissent n'être pas à dédaigner. Voici le mode d'opérer, qui est fort simple : les trois diamètres transversaux (frontal, siéphanique et transversal maximum) sont additionnés, puis divisés par trois, pour donner une moyenne, qui est multipliée par le chiffre du diamètre antéro-postérieur ; le pro- duit est multiplié à son tour par le diamètre vertical. Considérant que la cavité cränienne n’est guère que la moitié d'un ovoïde, et ne tenant pas compie de la partie de l'encéphale située au-dessous du plan qui passerait par le point sus-orbitaire et l'inion pour compenser l'excès donné à mon second produit par l'épaisseur des os comprise dans les facteurs, je divise par 2 le produit total, — 366 — Le quotient obtenu, tout approximatif qu'il est, représente assez bien le volume de l'encéphale. En 1864, Broca procédait à peu près ainsi pour mesurer la capacité du crâne de Schiller; 1 mul- tipliait l’un par l’autre les trois diamètres longitudinal, transverse et vertical et donnait au produit le nom d'indice cubique du crâne. Gratiolet fit observer que ce moyen de cubage manquait de rigueur, observation inutile avec un esprit aussi exact que l'était Broca, qui, tout en reconnaissant que ce procédé n’était qu'approximatif, ajoutait : « Il l'est plus que je ne l'avais d'abord supposé. « Le rapport de l'indice cubique à la capacité interne est tou- jours compris entre 1.04oet 1.205 et pour des séries entières entre 1.085 et 1.126.» (Bulletin de la Société anthropologique de Paris, 1864, p. 253 et suiv.) Quand je me suis livré aux calculs ci-dessous, je ne connaissais pas cet essai de Broca. Je suis heureux de m'appuyer sur une con- ception du maïtre dont la valeur scientifique n'est contestée par personne. | La capacité moyenne des quarante-trois sujets serait de 1307 centimètres. La série des dix-sept cränes masculins me fournit une moyenne de 1502 centimètres cubes. Treize crânes féminins donnent 1276 centimètres cubes. Enfin treize incertains cuberaient 1380 centi- mètres. . Je donne ici les chiffres pour chaque sujet : NUMÉROS. [QUANTITÉ.|| NUMÉROS. |[QUANTITÉ.|| NUMÉROS. | QUANTITÉ. D Si — NUMÉROS. |[QUANTITÉ.|| NUMÉROS. [QUANTITÉ.|| NUMÉROS. | QUANTITÉ. Je le répète, je n’attribue aucune valeur à ces indications. Cepen- dant, je ne puis m'empêcher de comparer les données de ces jau- geages fictifs avec celles qui ont été obtenues par le cubage réel. Les cràänes n° 47 et AS de la présente série, qui avaient été envoyés à l'Exposition de Sydney (galerie ethnologique) par l’Aus- tralie occidentale, avaient été cubés par le docteur Milne Robertson : le premier lui a donné 1556 centimètres cubes, le second 1310. Le calcul m'a fourni 1561 pour le premier et 1399 pour l’autre. Le docteur Topinard a jaugé directement quatre crânes de Tas- maniens, dont il faisait en même temps connaïtre les diamètres. Ses mesures et les miennes sont exposées dans le tableau sui- vant : DÉSIGNATION. N°7 (PSE N°4. \° 6, MOYENNE, Mesures directes de M. Topinard. Ê Capacité supposée, d’après le calcul des diamètres — 368 — Flower donne, pour la capacité chez les hommes, 1298 centi- mètres cubes et 1143 pour les femmes : en moyenne, 12341 cen- timètres cubes; ce qui ici avec le sable, là avec le plomb de chasse, s'approche assez des chiffres donnés par Topinard (L’Anthropolo- gie, p. 233). B. Davis trouve pour sa série 1 266 centimètres cubes en moyenne de quinze sujets. Sa dernière série (Thes. cran. Suppl.), de cinq crânes, donne 1147 centimètres cubes. Le diamètre antéro-postérieur le plus grand que j'aie rencontré était de 206"" chez un homme; le moins long a donné 168"" sur un sujet incertain, mais probablement femme, provenant de l'ile Melville. À chacun d'eux correspondaient respectivement le plus élevé (142"*) et le plus bas (120"”) diamètre transversal maximum. La movenne pour les crânes masculins est de 189,91, de 179,85 pour les féminins; elle est de 18b”",08 pour la moyenne générale des quarante-quatre crànes. Le diamètre träns- versal moyen est, dans la même circonstance, de 134°°%,06, CÉPSSERTETR PET L'indice céphalique varie de 76.89 à 64.28; ces deux extrêmes ont été notés chez l’homme. Les treize cränes féminins donnent comme limite 76.67 et 65.57 sur deux sujets que j'ai été tenté de placer hors série à cause de leur type bien différent de lAustralien classique et qui se rapproche du type ancien de Sydney que jai décrit dans un précédent rapport et qui est figuré plus haut (fig. 11-13). Les moyennes donnent 70.59 pour dix-sept mâles, 71.90 pour treize femmes et 71.22 pour la série entière des quarante-cinq sujets. Les crânes n° 35 et 50 (fig. 26-31) ré- pondent assez bien aux diverses moyennes. Une remarque qui ne manque pas d'intérêt est celle-ci : lorsque, inquiet de renfermer dans une série d’Australiens des sujets de provenance étrangère, je voulus éloigner tous ceux qui n'avaient pas incontestablement cette origine, je trouvai ma série réduite à quinze sujets, dont sept hommes, irois femmes et cinq incertains. Chose curieuse, l'indice céphalique des sept hommes se meut entre 69.79 et 71.13, et encore ces extrêmes s'écartent-ils relativement beau- coup des cinq autres, limités entre 70.10 et 70.74. Dans la série entière, vingt-six crânes ont de 69 à 72.64, dont neuf de 30 41700: La projection verticale, dans mes tableaux, ayant toujours été négacun rue. — 369 — prise du bregma au basion, n’exprime pas la vraie hauteur du crâne, dont la courbe continue encore sa course ascensionnelle en arrière de ce point. Je serais donc tenté de dire que cette mesure est tou- Jours supérieure au diamètre transverse maximum, bien que les Fig. 26. Fig. 27. Fig. 28. N° 35. Australiens. — Homme de la Nouvelle-Galles du Sud. tableaux de mensurations le montrent parfois inférieur. L'indice rt. A' - . oO . A — serait alors au moins égal, sinon supérieur à 100. Les moyennes prouvent déjà suffisamment la justesse de cette appré- ciation. D'un autre côlé, je ne puis passer sous silence que ce sont sur- tout les crânes de femmes dont le diamètre vertical se rapproche le plus de la valeur du diamètre transversal, et celui-ci, toutes pro- MISS, SCIENT, — VIII. 24 — 370 — portions gardées, est plus grand chez la femme que chez l'homme. Il en résulte : 1° que son crâne est plus arrondi; 2° que sa doli- chocéphalie est moindre que celle du sexe fort. Cette dernière assertion, déjà émise par Pruner-Bey (Mém. de la Soc. anthrop. de Paris, t. IT, p. 417), a été contestée par B. Davis comme contre-. Fig. 20. | Fig. 30. N° 30. Australiens. — Homme de Rockhampton (Queensland). Ce crâne et le précédent peuvent êlre considérés comme typiques de la race; leuxs pro- portions individuelles concordent étroitement avec les moyennes données par la série entière; toutefois le diamètre vertical du n° 30 est fort au-dessus de la normale. dite par ses tableaux. Cependant il reconnaît (Thesaurus cran. p. 351) que, dans beaucoup de races africaines, le cràne de l’homme est plus dolichocéphale que celui de la femme. Nous trouverons encore sur notre roule à signaler d’autres caractères — 3171 — qui donnent à la femme un type assez dissemblable de celui du mâle, dissemblance qui frappe l'observateur dès le premier coup d'œil sur le vivant, mais dont on ne se rend bien compte qu'avec les données numériques des mensurations méthodiques. Je ferai remarquer l'acrocéphalie du n° 34, signalé pour l’exa- séralion de ses dimensions antéro-postérieure et transverse. C’est cette compensation qui rend si peu variable, malgré les écarts de quelques-unes des mesures, la capacité des crânes dans une série de même origine. Cependant le n° 30 (fig. 29-31) se place à part, et par la hauteur de sa projection verticale, la plus grande de la série entière, et par le chiffre élevé de ses diamètres frontal et stéphanique, les deux autres étant très près de la moyenne. Il en résulte une capacité crâänienne anormale (1659), qu'il est regrettable de n'avoir: pu obtenir d'une manière précise. La circonférence horizontale de la tête m'a donné comme limites extrêmes 555 et 460" (cranes n° 34 et 43). Un seul des cràänes classés dans la série hommes a donné moins de 500"" (n° 47 — 86"); son diamètre frontal est le plus bas de la série, mais sa capacité crànienne serait une des plus considérables. La moyenne de cette dimension est de 522,35 et 494,54 pour dix-sept hommes et treize femmes, et de 309,27 comme moyenne générale des quarante-cinq sujets. Le diamètre frontal (max. 110, minim. 87,5) causera sans doute quelque surprise. Si nous nous en rapportons aux chiffres donnés par le docteur Topinard dans le volume dont il a enrichi la Biblio- thèque des sciences contemporaines, l'Australien se placerait, pour la largeur du front, bien au-dessous des Nègres d'Afrique, des Nubiens et des Néo-Calédoniens. Mes tableaux montreront entre quelles limites se meut cette dimension, et, chez les hommes, les fronts au-dessus de 100%" sont si nombreux, que pour moi la surprise a été, non que la moyenne füt si forte, mais qu'elle füt si faible (moyenne : H. 99,69; F. 94,38; M. G. 97,11). L'auteur qui, décrivant des Australiens, a dit qu'ils avaient quelque chose du philosophe antique, devait avoir devant lui une tête comme le n° 30, qui, couronnée de sa luxuriante chevelure et ornée d’une barbe comme les sculpteurs en donnent aux fleuves, devait même plutôt rappeler l'aspect d’un Jupiter Olympien. Le diamètre stéphanique est, dans la moitié des cas environ, 24. = 5 plus grand que le diamètre occipital ou astérique. Je n'oserais en conclure en faveur d'un plus grand développement du cerveau antérieur (max. 118, min. 90; moyenne, H. 110,2, F. 104,46. M. G. 106,94). Si je n'avais une instinctive horreur pour les mots tirés du grec, travers si répandu de nos jours et que notre grand comique a si spirituellement fustigé, je créerais l’épithète de bra- chymorphique pour le trou occipital des Australiens, par analogie avec l'expression de brachycéphale. Mes mensurations confirme- raient, si elles en avaient besoin, les conclusions auxquelles est arrivé M. Mantégazza, qu'il n'y a aucun rapport entre la forme du crane et celle du trou occipital. Quelques-uns de mes sujets les plus dolichocéphales ont un indice occipital de 93 à 100. I paraï- trait s'approcher davantage de la forme arrondie, chez la femme; toutefois, c'est chez un homme que j'ai trouvé égaux les deux diamè.- tres de la longueur et de la largeur. L'indice moyen de quarante- trois sujets est de 85.95. | Chez un quart des sujets, la projection postérieure était à peu près égale à la distance alvéolo-basilaire; chez quatre, elle était même supérieure; mais, dans la majeure partie des cas, c’est la projection antérieure de la tête qui donne le chiffre le plus grand. Il est vrai que cette projection antérieure comprend et celle du crane antérieur et celle de la face. Ceci explique l’apparente contradiction qui existe entre cette pré- dominance et le rapport que j'ai cherché à établir entre la courbe préauriculaire et la courbe horizontale totale. Cet indice, auquel je n'ai pas donné de nom, est de 47.35. Donc le crâne postérieur prédomine, et l’Australien appartient aux races occipitales de Gratiolet. . Malgré la prédominance de la partie antérieure de la tête sur la partie postérieure, il arrive fréquemment que l'équilibre du crâne est indifférent: il est même parfois postérieur; mais ceci est, je pense, en raison du poids plus considérable des os de la partie occipitale de la boîte cränienne. 1 va sans dire que ces dimensions sont moindres chez la femme que chez l’homme : en moyenne de 167*"; la moyenne générale donne 102"*,57 pour la projection antérieure et 90*",86 pour la projection postérieure. La courbe frontale sous-cérébrale est en moyenne de 25,8; elle atteint chez la femme, sur certains sujets, autant de développement — 373 — que chez l’homme; ce qui est à remarquer, l'effacement de la glabelle constituant un des caractères les plus féminins. Si nous comparons l'arc longitudinal des trois vertèbres crà- niennes, nous lrouvons la plus grande diversité si nous considérons les individus. Chez les uns, l'arc frontal est supérieur à l'arc pa- riétal; chez les autres, c’est le contraire. Dans les moyennes, les variations individuelles se balancent : les deux arcs, frontal et pariétal, sont à peu près égaux (130,94 et 130,65). Chez la femme, la courbe frontale reste supérieure (sur les treize sujets, elle l’est huit fois), et les proportions sont 126,6 et 124,6. Est-ce que la circonvolution qui préside au langage prédominerait aussi chez la femme australienne? Quant à l'axe occipital, toujours inférieur au moins étendu des deux autres, ou tout au plus égal, il est partagé par l'inion en deux segments, dont le supérieur ou sus-iniaque est à l'inférieur ou cérébelleux à peu près comme 7 est à 5. Le segment cérébelleux est, chez la femme, un peu plus ia que chez l'homme. Passons à la face. Nous voyons d'abord les ee ri orbitaires externes saillir en dehors d'une manière notable. La différence entre la lar- geur biorbitaire interne et l'externe est d’un peu plus de 9*”, ce qui donne par conséquent une épaisseur de 5” à chaque apo- physe; sous ce rapport, les femmes ne se différencient pas des hommes. Les pommettes, ai-je dit plus haut, font surtout saillie en avant; aussi la distance bimalaire est-elle inférieure au diamètre bijugal de quelques millimètres; cinq fois cependant je l'ai trouvée supé- rieure, et quatre fois égale. Celui-ci dépasse de quelques millimètres de chaque côté la projection verticale du point orbitaire externe (115 contre 108"",5). Quant au diamètre bizygomatique, l’un des plus importants de la face, puisqu'il en donne l'indice, il varie entre 147 et AO T4 La moyenne donnée par trente-neuf sujets serait de 132,38. En sériant ces mesures, je les trouve groupées entre 124 et 140", 134°" ralliant le plus grand nombre de sujets; au-dessus de 140, deux sujets seulement, avec 143 et 147". Au-dessous de 124", cinq sujets, allant de 122 à 116%, L'indice facial est de 66,18. J'ai déjà signalé le peu de hauteur — 31h — de l’alvéole : elle est en moyenne de 22"°,46, son maximum étant 27% et son minimum q"”. La distance ophryo-nasale est en moyenne de 21"®,64. La lon- gueur du nez se tient entre 43 et 54"",5, sauf un cas où elle s'élève à 59,2 et un autre à 64"*. Ce dernier sujet donne le mi- nimum de largeur (23*",5), comme il a le maximum de hau- teur; la limite maximum de l'ouverture nn est de 33,5. Les moyennes sont 47**,90 et 26*%,70, et l'indice moyen donne 55,73. Parmi les indices individuels, je trouve les chiffres d'énorme platyrhinie suivants : 64.42, 64.90, 68.57 et 80.49; il est vrai que ce dernier est pathologique et mis hors série. D’un autre côté, je note 43.07, 43.52 et 47.46, ce qui est pur leptorhinien. Je ne parle pas, bien entendu, des deux brachycéphales à en- quérir, qui ont, eux : 45.79 et 36.36! La femme est un peu moins platyrhinienne que l’homme. La distance qui sépare les orbites est d'environ 5" plus courte que la largeur nasale. Les orbites eux-mêmes sont mésosèmes (in- dice, 82.38), surtout chez les femmes (84.95 ); l'indice orbitaire des hommes est microsème (81.12). Les limites dans lesquelles se rangent les individus sous ce rapport sont 94.44 et 67.86. À part une seule femme, qui à 77.78, toutes ont leur indice orbitaire compris entre 80 et 91. L’angle d’inclinaison des orbites relevé sur les dessins stéréo- graphiques varie entre 167 et 142 degrés, tous deux cas unique et exceptionnel. La moyenne de trente-quatre sujets donne 150°,98 ou 151 degrés en nombre rond. La voûte palatine (longueur maximum, 64%, minimum, 52%; largeur maximum, 44°, mi- nimum, 30"%,5) varie énormément sous le rapport des indices in- dividuels. Je me borne à donner sa moyenne générale dans qua- rante et un sujets : 67.47. I me reste à parler des divers angles faciaux. Deux mots d'abord du triangle facial médian. La ligne naso-basilaire, en moyenne de 100,40 a été mesurée directement. La ligne alvéolo-basilaire doit différer de bien peu de la mesure qui nous donne la projection antérieure de la tête; celle-ci est un peu supérieure à la distance naso-basilaire, surtout chez les hommes; elle est en moyenne de 103"%,05. Si, pour compléter le triangle, je prends la distance naso-alvéolaire, je la trouve d'environ 65"",52. Le triangle se ré- sout par la méthode graphique ou la trigonométrie. L’angle au | D.) — 375 — basion — 36° 5; l'angle au point nasal est de 70 degrés. Quant aux autres angles , j'en donne les moyennes dans le tableau suivant : MOYENNE. | MINI- | © — | MOYENNE | NOMBRE DÉSIGNATION. de AC générale. sujets. ophryo-spinal. ........ 68°7|73°81|75"28| 7454 | 44 ophryo-alvéolaire 59 164 54166 39! 6524 | 42 ophryo-alvéolo-condylien . 74 51799 |8:3 29 naso-alvéolo-condylien. . . 418 163 6o2 | 6 29 Les deux premiers ont été pris directement avec le goniomètre facial de Broca; les deux autres ont été relevés sur les dessins sté- réographiques : ils montrent que le prognathisme des Australiens est surtout sous-nasal. Je termine par le tableau des angles craniométriques de Dau- benton, basilaire et occipital de Broca : MOYENNE. ; AXI- - MOYENNE | NOMBRE DÉSIGNATION. op os mn | M gencrale. sujets. de Daubenton 5'85it.4 54 h3 Pacino. ........ 2. 16 50|13 77 34 es. Se 23 46121 49 31 L'angle de Daubenton a été négatif sept fois; trois fois égal à o°, et cinq fois à + 1; de +2 à +6, je compte dix sujets; de 7 à 12, seize cas: trois enfin au-dessus de 12. De la mandibule, je ne remarquerai que le peu de hauteur des branches, qui sont à la largeur bicondylienne comme 55,83 est à 100 et à la largeur bigoniaque comme 67,43 : 100. . L’angle mandibulaire variait entre 129° 5 et 98°, ce dernier isolé et loin du reste; en effet, après 120°5 et 127°, les angles se sérient par des différences d'un degré jusqu'à 113°; là, saut à 109°5, puis écart brusque à 98°. Je n'ose parler de l'angle symphysien : le goniomètre que je m'étais fait fabriquer laissait à désirer comme précision, et puis, — 3760 — qu'on me pardonne l'observation, il est difficile de prendre des angles sur des surfaces courbes, les lignes tangentes pouvant en former une multitude. Or le bord basilaire des mandibules ne por- tait jamais en entier sur le plan horizontal, mais la partie antc- rieure se relevait parfois de près de 8 à 10°". | Fig. 32. Fig. 33. Fig. 35. Mandibules d’Australiens. Fig. 36. " Fin-97 Mandibule du n° 41 (fig. 7 et 8). | Voir aussi les mandibules fig. 62, 63 et 64. . Je me borneraï à dire que, sur les quinze mandibules mesurées, j'en ai trouvé trois dont le menton était rentrant au lieu de saillir, c'est-à-dire dont l'angle symphysien était obtus ou tout au moins droit. La mandibule qui m'a donné le plus grand angle aux gonions Dm É 5 abuse: — 377 — (129° 5) m'a donné le plus petit (63°) à la symphyse. La partie intermentonnière, le plus souvent arrondie, est quelquefois taillée carrément entre les canines. La saillie triangulaire qui forme le menton osseux est peu marquée. Je place ici quelques dessins de mandibules qui suppléeront à l'insuffisance de mes descriptions (fig. 32-37): Fig. 38. Fig. 39. N° 1200 du Muséum de Sydney. — Provenance inconnue; supposé Australien (?). Hors série. Dans l'exposé qui précède, je n'ai pas compris la description d'un crane dont la provenance était inconnue et que, à la vue de mes dessins stéréographiques, M. le D° E. Hamy a cru pouvoir affir- mer australien. — 378 — Voici ses caractères descriptifs et ses mensurations (fig. 38-41): Sutures, de 1 à 3, partout complètement synostosées, sauf le trépied bregmatique, la temporo-pariétale, les sphénoïdiennes et un fragment de la lambdoïde. Trou pariétal unique et médian. Doli- chocéphalie occipitale. Apophyses mastoïdes très petites. Condyles occipitaux aplatis et ne dépassant presque pas le niveau du trou médullaire. Fosses canines très excavées. Pas d’inion et glabelle à peine saillante. Arcades sourcilières proéminentes; os nasaux sou- dés ensemble. Ouverture nasale cordiforme très arrondie. Le plan- cher des fosses nasales est bien délimité en avant; il a une direction plutôt oblique en arrière qu'horizontale. Le prognathisme alvéo- laire est très prononcé, mais ne s'étend pas aux dents. Celles-ci sont mal rangées; la deuxième molaire manque des deux côtés, et la troisième a subi une déviation qui a mis sa surface triturante en rapport avec la face postérieure de sa voisine. Édenté de la deuxième prémolaire et de l’incisive externe gauche. La courbe temporale supérieure est peu distincte. Profondeur de l'orbite, 5o"”; le crane est très lourd. antéro-poslérieur. . ....: UM Ra à 10478 transversal. ...... EE ONE 136 Done VérHEa de 2207 LRU SC NOERS 140 ÉrOAL ES A EEE 97 stéphaniquei..e tuiles «= OPA bisNpomatique ;. 628.50, 248008 130 céphalique.. 2 LE A CEE . / 700 né lyertical.. Eh 62 AVES 72.16 D vemiCal, =. Ne D eu Le EE 102.94 aies] fromtad....."...t Ds ARR TA sIéphaniqQue A4 À D, S2 0 84.72 ml. LL EN DR 68.46 GLDLNER EN PUMATA RU UE RUES 86.11 LT ls PA OT AE ES ERA La 706.67 A ae Li Li a SR RES > S RCS 82° Ge COQUE CNE A NON 587107 dé Déubenton.. "20,2 EL ATEN 8° Angles. .. OCDE =: 2. RUES De das. ‘à DPRSIEES 2 euro et ee CURE ut SR De à: oplhryo-alvéolo-condylien ....,... 7797 spino-alvéolo-condylien. ... ..... 51°5 EE EN RE NE | — 149 — les différentes tribus, mais toujours d’un noir profond et plus ou moins crépus. La barbe est peu abondante, mais fait rarement défaut, bien qu'elle ne semble pas se développer avant un âge assez avancé. La même observation peut s'appliquer à la pubes- cence qui se voit sur le corps et est surtout abondante sur les membres inférieurs. « Les naturels de la tribu des Arfaks ont la taille plus élevée, les membres mieux musclés, le visage plus ovale, le nez plus aquilin et la peau plus foncée. » (Raffray, Bull. de la Soc. de géographie de Paris, 1878, p. 385.) De ces peintures de l'habitant connu de la Nouvelle-Guinée, nous retiendrons surtout deux caractères qui typifient le Papou : 1° son nez, auquel, faute de mieux, et pour la concision du lan- gage, nous conserverons l'épithète d'aquilin; 2° ses cheveux laï- neux. Les différences de détail proviennent sans doute des croise- ments multiples avec une ou plusieurs des races océaniennes. Le docteur Meyer croit découvrir trois types de Papous : L'un, de très petite taille, à cheveux laineux, courts, à à peau sinon tout à fait, du moins presque noire, à nez déprimé, à front extrêmement étroit et oblique et à crâne brachycéphale. De ce type, qui me paraît correspondre exactement au Négrito (Aïta) des Philippines, sont les Papous primitifs ou Nègres orien- taux du docteur Meyer; ils n’existeraient pas, selon lui, comme race distincte, mais simplement comme reste d’une race primi- tive se LD pi en petit nombre par hérédité, ou peut- être se montrant, cà et là, par des retours d'atavisme. Le second type, ou Papou typique, aurait les mêmes caractères physiques, mais avec le crâne dolichocéphale. Son troisième type serait celui de la baie de Gelwink, dont je viens d'emprunter la description à M. Raffray. Ce troisième type, le docteur Meyer le croit un mélange de sang caucasique ou hindou, tels que le seraient les Galela de l’île Gilolo. Le Sous-Papou de l'Est ou Mélanésien proprement dit, et qui n'est pas autre chose qu'un croisement de Papou et de Polynésien avec peut-être quelque autre mélange, nous présente les mêmes traits, sauf quelques légères modifications dues sans doute à l’ac- tion de l’autre race parente. MISS. SCIENT, — VII, 29 — 150 — Esquissons-en rapidement les principaux groupes : Iles de l'Amirauté. — Caractère papou pour la couleur L la peau, la nature des É RUES taille 1°, 651; la barbe est rare, les moustaches manquent, mais les bras et les jambes sont remar- quablement couverts d’un poil noir bouclé. Leur langage offre des relations avec les langues de la Caroline plutôt qu avec celles de la Nouvelle-Guinée. Je n’ai dans mes séries aucun crâne de ce groupe. Nouvelle-Bretagne et Nouvelle-Irlande. — La teinte de la peau varie selon les localités; la taille moyenne est de 1,676, mais en Nouvelle-Irlande on rencontre des statures allant jusqu'a 1,830. Les cheveux sont emmélés et frisés. Le type est PP mitigé par un élément mahori. J'ai mesuré une série un peu restreinte peut-être de crânes de ces insulaires, mais qui ne peut manquer d'intérêt, ces peuplades n’ayant pas encore été étudiées. Îles Salomon. — Race de petite taille, le tronc et les membres forts, les cheveux laineux, mais non en vadrouille comme ceux des Papous. Elle n'a pas les traits caractéristiques de ces derniers, ni non plus la physionomie intelligente du Fidjien. | Nouvelles-Hébrides. — Race mêlée et très dégradée. Les naturels d'Erromanga et de Mallicolo sont les plus inférieurs parmi les ha- bitants de ce groupe d’iles. Ils sont de petite taïlle, très foncés , très laids. Les naturels de ile Sandwich sont plus grands, mais ils ont les mêmes traits physiques. Ces PRES n'offrent aucun des caractères papous, et l’on est amené à supposer, tant ils diffèrent ‘de leurs voisins, ou qu’ils appartiennent à un type nègre mélané- sien spécial, ou qu'ils sont un produit à peine modifié du second ‘type papou du docteur Meyer. Par les traits, ils ressemblent beau- coup à l’Australien si celui-ci avait les cheveux laineux, ou encore au Tasmanien. Nouvelle-Calédonie, — Ces peuplades ont beaucoup de rapport avec les Néo-Hébridais. On sait que l’île renferme deux types bien distincts, et l'étude qu'en a faite le docteur Bourgarel me dispense de m'en occuper ici. | — 51 — Je ne dirai rien non plus des naturels des iles Fidji, sur lesquels les documents ne manquent pas, fort heureusement, car il m'a été impossible de faire des observations sur ceux qu'un industriel avait amenés à Sydney durant l'Exposition de 1879. Nous examinerons maintenant les données fournies par la men- suration des crânes, et malgré leur similitude d’origine probable, nous en étudierons les caractères craniométriques et descriptifs par groupes géographiques d'iles. NOUVELLE-GUINÉE. Les crànes de la Nouvelle-Guinée dont j'ai pris les mesures proviennent : deux de Port-Moresby, sur la côte méridionale, et un d'un campement sur les bords de la rivière Goldie, à 42 kilo- mètres au Nord de Port-Moresby. Ils proviennent tous les trois de la tribu des Koïtapous : les deux premiers font partie des collec- tions du Muséum de Sydney; j'ai offert au Muséum de Paris le troisième, acquis de M. À. Goldie lui-même, l'explorateur qui a . laissé son nom à une rivière papoue, en compensation d’une santé à jamais ruinée par les fièvres contractées dans ce pays. L'autre série, que j'ai offerte à la Société d'anthropologie, com- _prend seize crànes provenant de l'ile Engineer, l’un de ces groupes nombreux qui continuent la pointe Sud-Est de la Nouvelle-Guinée et sont connus sous le nom d’archipel Louisiade. Les caractères extérieurs de deux des crânes de la première série (Koïlapou) me les avaient fait prendre pour des Australiens. Comme chez ceux-ci, je trouvai la dépression profonde de la ra- cine du nez, la proéminence de l’arcade sourcilière, en un mot l'ensemble dur, comme mal dégrossi qui caractérise cette race. Le troisième est d’un tout autre type : le nez se continue avec le front sans dépression sensible, bien que la glabelle soit assez prononcée et que le front soit bombé, saïllant, trait que j'ai noté chez quel- ques Australiens. Les bosses pariétales sont accusées et donnent à la norme de Blumenbach une forme moins allongée que celle du crâne du naturel de la Nouvelle-Hollande. 1 n’y a pas d'inion, mais une dépression : d’ailleurs l'occiput est un peu aplati. La courbe temporale supérieure n’est marquée que dans sa par- tie antérieure et ne s'élève pas haut. La suture écailleuse est arron- 29e — 152 — die’et non horizontale comme on la rencontre si souvent dans les races négroïdes. Les fosses canines sont très excavées, et l'orifice nasal antérieur ést étroit; son bord inférieur ne forme pas gout- tière, cependant le prognathisme alvéolaire est prononcé. Les trois crânes de celte série sont féminins ; cependant le déve- loppement longitudinal de la vertèbre pariétale est plus orand que celui de la frontale, sauf chez Je n° 2, qui est un sujet àgé : la portion cérébelleuse de la vertèbre occipitale est beaucoup plus développée que la susiniaque chez le n° 3 (sujet jeune), dont l'arc fronto-occipital entier donne exactement les mêmes mesures que le n° 1 (sujet adulte). | Au point de vue des indices crâniens, le n° 1 et le n° 3 se rap- prochent encore l'un de l’autre, avec cette restriction que le der- nier a le crâne plus élevé (76.61 contre 72:1 1); d'un autre côté, l'indice orbitaire diffère beaucoup entre eux deux : de 71.42 chez le n°1, il est de 87.50 chez le n° 3. Ils sont tous à peu près égale- ment platyrhiniens. | | Voici d'ailleurs le tableau des principales indications craniomé- triques ! : L ANGLES INDICES a - ES © & 4 Le £ ; Æ ; ; Le us 2 ONE É (SE 180% É < < : » À 5 16 2 aol p = Er a e S Ü GS) © à e4 oO <4Iz2N| & 7 # m < © 4 A < A [= = Lol É E © = La re) Le Ex 5 E = al GG = < < E Enlesd ® < sl = = < F & La 5 (æ) En a < &« Æ © Ô = = >= A a [el =] © | >. a < el boul” = 5 7 re _ ce > A 2 Fu a 7 Ë as ce a + : 2 8 Es pa Fu A E Ru 4 a A < © 2 © o Ex © © = F- a © oO m a An a Ex a (e] © A — METRE QE QT L - um ñ N°1.176.97|72.11 08.50/69.40|83.78| 71.42155.10|78.72 82.86] 492 | 78° No9./71.82/75.13| 104.61 76.53186.51| #» 86.25152.04|90.65|88.71| 508" N°3./74.27176.61| 103.15 70.87182.57163.56187.50 53.33185.42[92.59| 479 Dans la série de l'île Engineer, nous pouvons former deux groupes, surtout Si nous avons égard aux traits de la face. Dans l’une, celle-ci présente quelque chose d’harmpnieux, d'adouci, qui contraste beaucoup avec l'aspect heurté, je dirais presque animal, | du deuxième groupe. Le nez, bien qu'à racine large, n'yest pas 1 Dans un tableau des indices, Topinard donne comme minimum de l'indice orbitaire 77. Nous avons rencontré fréquemment de 70 à 75 et même seule- Î ment 67. — 153 — déprimé (un sujet présente même les os nasaux joints à angle presque aigu); les arcades sourcilières sont fines, les orbites presque arrondis; l'ouverture nasale est étroite, le prognathisme modéré. Le crâne, de son côté, nous montre des bosses pariétales sail- lantes donnant un contour pentagonal à la norme verticale, un front droit, des fosses temporales un peu bombées ; absence d'i- nion. Cette série comprend huit crânes féminins. Dans le deuxième groupe, nous remarquons l'épaisseur de l’ar- cade sourcilière, la saillie des os malaires, la forme plus allongée des orbites, la dépression de la racine nasale, le plancher des fosses déclive en gouttière, un indice nasal plus élevé, un progna- thisme notable ; la courbe temporale fortement marquée s'élève fort haut; chez l'un d'eux même, le diamètre stéphanique, pris au point de la rencontre de cette courbe avec la suture coronale, est inférieur au diamètre frontal minimum. Mais tandis que chez les uns on peut remarquer une hypsisténocéphalié très marquée surtout chez deux sujets, chez les autres 6n trouve, au contraire, un abaissement de la voûte et un peu d’ensellure postbregma- tique. s Si nous mettons à part deux cranes de la première série, dont les indices céphaliques (81.42 et 77.33) s'écartent considérable- ment des autres et qui s’en distinguent aussi par la proéminence toute particulière de leurs bosses pariétales, nous trouvons pour les autres un indice céphalique de 71.95 pour le premier groupe (sept sujets), et de 69.91 seulement pour le second (sept sujets). Moyenne générale 70.91. Cette première donnée ne nous permet pas de voir ici du sang croisé de Négrito. L'indice vertical, tant pour le diamètre longitudinal que pour le transversal, rappelle assez exactement les proportions du crâne australien, et pour le second diffère essentiellement de celur des Sous-Papous de l'Ouest ou Malayo-Papous, en ce que la projection verticale de la tète est plus grande que la projection transversale, | mais ils s'en rapprochent au contraire par les indices frontal et stéphanique. ( La circonférence horizontale du crâne, de 502"",5 dans le se- cond groupe, — groupe à traits australiens, — n’est que de 482" dans le premier. Le calcul des divers indices de la face vient corroborer Fim- pression visuelle. En effet, les moyennes des deux groupes dans — 454 — les indices facial, orbitaire et nasal sont à peu de chose près les mêmes, mais il y a des différences individuelles notables. Le n° à nous donne seulement 76.19 comme indice orbitaire, tandis que . le n° 13 donne 93.17. Dans le second groupe, les différences sont moins tranchées (81.08 minimum, 94.36 maximum). Le n° 3 du premier groupe a un indice nasal de 47.37 : les autres sont de 50 à 57. Enfin l'angle ophryo-spinal est le même dans les deux groupes (71°5), l'angle ophryo-alvéolaire de 62° 1. Nous donnons d’ailleurs ci-dessous le tableau des divers angles faciaux : $ | ANGLES OPHRYO- OPHAYO- SPINAL, ALVÉOLAIRE, DE DAUBENTON. BASILAIRE. | OCCIPITAL. Maximum. Minimum. Moyenne. Dans cette série, nous n'avons pas de mandibules : on sait que les naturels se fabriquent des bracelets avec ces os, en réunissant les condyles par un lien, Si je compare la série entière des seize crânes avec celle de quinze dont le docteur Comrie a publié l'étude dans le Bulletin de la Société d'anthropologie de Londres, j'y trouve un accord assez complet, que montrera le tableau suivant: : DIAMÈTRE MAXIMUM INDICE are a A — INDICE SÉRIES. CIRCONFÉRENCE : HORIZONTALE ANTÉRO- POSTÉRIEUR, TRANSVERSAL, VERTICAL CÉPHALIQUE, VERTICAL. ga | 177,9 | 127,9| 129,61| 71.92] 73.04 | 492,5! 52.59 Comrie. ........ 172,4| 127,3] 136,5 | 73.84 | 79.18! 481,9| 52.84 — 55 — _ L'indice vertical est considérablement plus élevé dans la série de mon confrère anglaïs que dans la mienne; je l’attribue à la pro- portion assez élevée des crânes sous-brachycéphales (de 83 à 76 indice céphalique), qui étaient au nombre de six dans la sienne, tandis que je n'en ai rencontré que deux. | Je conclurai volontiers des données précédentes à l'existence de deux types se mélangeant sans doute d'une manière infinie et donnant naissance à ses variations individuelles très grandes. Mais ce qui ressort surtout de l'examen précédent, c’est le ca- ractère de ressemblance de la face que les indices accusent dans les deux groupes , bien que l'œil éprouve une impression en désaccord avec cette donnée. Cela provient de certains caractères morpho- logiques que les mensurations ne traduisent pas. Telle est la proé- minence des arcades sourcilières dans leur moitié interne ; telle ést aussi. plus d’accentuation de rudesse de la pommette ; si le diamètre bizygomatique moyen est de beaucoup plus grand dans le premier groupe, la face est aussi plus longue dans chacune de ses parties composantes. J'ai, à plus d’une reprise, insisté sur la présence dans les crânes papous de certains caractères qu’on s’ac- corde à regarder comme typiques de l'Australien; ces caractères, nous les retrouverons encore parmi les peuplades plus orientales de la Mélanésie, et il me semble que c’est un signe qui ne doit pas être négligé, si minime qu'il soit. | La stature moyenne des Papous de l'Est, mesurée par le docteur Comrie est de 1,568; cet auteur assigne comme longueur moyenne du bras et de la jambe 737"" et 889"; ce qui donne à la taille — 100 les rapports suivants : Bras est à taille, 47.00 : : Bras est à jambe, 82.90 Jambe est à taille, 56.70 -:........ PE _ Mais ces indications ne sont que d'une utilité secondaire, Ja main et le pied ayant élé compris dans ces mensurations. Elles ne sont pas néanmoins à dédaigner, car nous pouvons les com- parer aux mêmes mesures prises dans les mêmes conditions chez d’autres peuplades. | Chez les Australiens, ces rapports sont 46.81; 54.69; 85.71; (Gauvin). On voit donc que le bras (ou mieux le membre su- périeur) est également long dans les deux races, mais le membre D PT re ‘20 LA + AU Vel RCE 7, Pa LE — 56 — abdominal est plus long chez les Papous et égal à celui de la femme australienne. Cette proposition ressort encore du troisième indice : le membre supérieur est au membre inférieur, chez les Australiens mâles __ 89-169 83.160 100 100 7, et chez les femmes — ÎLES DE L'AMIRAUTÉ. Je n’ai eu à ma disposition aucun crâne de cet archipel; j'em- prunte au naturaliste du Challenger, M. Moseley, les quelques informations anthropométriques qui suivent, et je les donne sous forme de tableau : | LONGUEUR LARGEUR GLAVICULAIRE, DU BRAS. | DE LA JAMBE.| DE LA MAIN. | DU PIED. Hommes. ... Femmes... Ces mesures fournissent les rapports suivants : Bras Jambe Bras Main Pied à taille. à taille. à jambe. à taille. à taille. Hommes. .... h4.28 93.24 80.89 12.71 26.30 Femmes. . .... 42.61 49.20 86.61 12.29 22.98 d’où il résulterait que, chez ces peuplades, les femmes ont la main plus longue et les membres thoraciques et abdominaux plus courts que leurs compatriotes mâles. Moseley donne , dans le même travail (Anthropological institute of the Great Britain, t. VI, p. 379), un ta- bleau des proportions du bras à la taille de divers peuples; mais les calculs me paraissent manquer d'exactitude sous plusieurs rapports : ce n’est pas ici le lieu de le démontrer. NOULELLE-IRLANDE ET NOUVELLE-BRETAGNE. . Les caractères descriptifs de ces crânes sont tellement sembla- bles, que je crois devoir les réunir dans une même étude. Il y a Ms SR à neuf cränes de Néo-Irlandais et quatre de Néo-Bretons; leur forme donne matière à peu de considérations. À part le n° 9, chez lequel il existe une crête médiane s'étendant longitudinalement du mi- lieu du front jusqu'a l'obélion, le profil de la voûte crânienne dénote peu d’hypsisténocéphalie. Chez quelques-uns, les bosses pariétales sont très accentuées et donnent une forme pentagonale à la projection du contour transversal. Fig. 42. Fig. 43. Crâne n° 1 de la Nouvelle-Irlande. Sexe (2). Le n° 1 N.-L et surtout le n° 1 N.-B. a même sa voûte surbaissée. La saillie des arcades sourcilières se retrouve sur plusieurs de ces crânes : je l’ai notée sur cinq des sujets de la première provevance, et sur un de la seconde; comme je l'ai fait remarquer, chez les — 158 — | Papous, cette proéminence n'est très accusée qu'à la partie interne du bord sourcilier, et frappe d'autant plus que la glabelle est peu ou point marquée. L'inion n'existe pour ainsi dire sur aucun.des sujets, sauf le n° 3 N.-I., et là toute la courbe occipitale supérieure forme une crête épaisse et arrondie d’une forte saillie. Les os du nez sont généralement petits, courts ; deux fois ils ont été notés soudés ensemble, et dans un cas ils étaient si épais eten même temps si exigus qu'ils figuraient assez bien une phalan- gette. Deux fois seulement ces os étaient longs et descendaient jusqu’au niveau de la ligne biorbitaire inférieure. Le plancher des fosses nasales, le plus souvent oblique en avant et en bas, se continue, pour ainsi dire, sans ligne de démarcation avec la portion alvéolaire du maxillaire. Chez un sujet (fig. A2), cette partie était tellement déclive que, l'épine étant absente, je ne savais presque où placer la pointe du goniomètre facial, difficulté qui faisait varier de 5 degrés l'angle de Jacquart. Par contre, chez un autre sujet, le plancher des fosses nasales était parfaitement horizontal et nettement délimité à sa partie antérieure par les, crêtes dont la réunion à la partie mé- diane forme l’épine du nez. La fosse canine, ou pour mieux dire toute la partie comprise entre le bord latéral de l'ouverture nasale et l'os malaire, était pro- fondément excavée chez quatre sujets, ce qui donne à la face un aspect singulier. L’arcade zygomatique est demi-circulaire, au lieu d'être un peu aplatie dans sa partie médiane, et la racine postérieure de l’apo- physe de ce nom est généralement très prononcée. Sur plusieurs cranes, cest en ce point que tombe le diamètre transversal maximum. Sur un sujet de la Nouvelle-Bretagne, l’accentuation de cette racine était telle qu'elle produisait une véritable gouttière avec la portion écailleuse du temporal. Les fosses temporales sont plates, très exceptionnellement bom- bées ; sur deux cas de ce genre que j'ai notés, la voussure de l'un d'eux se bornait au ptérion. Celui-ci était retourné des deux côtés sur deux des neuf Néo-lrlandais, et du seul côté droit chez un autre. Sur un des Néo-Bretons, il était en K des deux côtés ; un autre sujet présentait un os épiptérique dans chacun d'eux. — 459 — L'équilibre du crâne, normal dans la plupart des cas, a été noté trois fois indifférent (n°° 3 et 8 N.1., n° 1 N.-B.) et deux fois posté- rieur (n°1 N.1., n°4AN.B) C'est par la suture fronto-pariétale dans la fosse temporale que semble commencer la synostose des os du crâne : du moïns est-ce celle qui a été rencontrée le plus souvent oblitérée. Quant à ce qui concerne les dents, je n’ai inscrit qu’un seul cas de carie. Deux fois la troisième molaire avait cinq cuspides (n° 7 et 8 N.-.); enfin, une mâchoire supérieure de Néo-Breton présen- tait des deux côtés, entre l’incisive et la canine, un léger espace vide : j'ajouterai qu'il n'existait aussi que deux molaires. L’évolu- tion de la troisième molaire manquait d’un côté chez un autre sujet. Enfin je citerai la présence sur le n° 1 N.-B. d’un troisième condyle médian antébasilaire. Sur tous ces crânes, le dessin des sutures est très compliqué (n° 4 et 5 du tableau Broca); ce caractère s’étendait même chez le n° 8 N.1. jusqu’à la suture fronto-pariétale, si simple généralement. Si l'ensemble des caractères descriptifs des crânes de la Nouvelle- Irlande et de Nouvelle-Bretagne permet de les réunir dans une même description, les mensurations et les indices qui en résultent offrent de légères dissemblances qui doivent être indiquées. Je si- gnalerai d'abord la différence de la projection verticale ou basilo- bregmatique de la tête. Ce diamètre est moins élevé chez les insu- laires de la Nouvelle-Bretagne. _ Les diamètres antéro-postérieur et frontal minimum sont presque exactement les mêmes dans les deux îles ; les diamètres transversal _et stéphanique sont aussi sensiblement semblables. À en juger par les chiffres que donnent les mensurations, on pourrait dire que les dimensions de la moitié supérieure du crâne des indigènes de la Nouvelle-Bretagne sont moindres que celles des habitants de la Nouvelle-Irlande ; mais, par contre, les di- mensions de la base du crâne seraient un peu plus grandes chez les premiers que chez les derniers. Cette remarque peut être faite aussi pour les parties de la face qui avoisinent le crane, mais la largeur réelle de la face, c’est-a-dire la distance bizygomatique, est de beaucoup supérieure chez les NéoIrlandais. Une donnée corollaire des indications précédentes, c'est l'indice orbitaire ; mésosème chez les Néo-Irlandais, il est microsème en Nouvelle-Bretagne (84.69 contre 79.32). — 60 — De même, l'indice occipital, microsème chez les premmers est mégasème chez les seconds (81.85 et 86.82 respectivement). D'où la conclusion que la forme du cräne chez les indigènes dela Nouvelle-Bretagne est plus surabaissée ou élargie à sa base ni l'est le crane des Néo-Irlandais. né Les neuf crànes de ceux-ci ont donné un indice céphalsiiue moyen de 74.02. Deux d’entre eux marquaient 77.92, et 77.17. Nous pouvons observer encore que l'indice vertical est d'autant plus élevé que l'indice céphalique est moindre, sans que, néan- moins, la progression soit égale ; d’un autre côté, l'indice frontal du n° 1 N.. par exemple, dont l'indice céphalique est un des plus hauts de la série, est le plus petit, tandis que le n° 9, qui a l'indice céphalique minimum de la série (69.03), en a l'indice frontal maximum (72.26). | Nous trouvons donc, en résumé, chez les insulaires de la Nou- velle-Bretagne et de la Nouvelle-Irlande, un crane qui s'éloigne quelque peu de celui des Papous et des Australiens ; il est moins allongé, moins élevé, surtout en Nouvelle-Bretagne, et le front est plus étroit. Les indices moyens de ces populations sont : F Géphatique.-. cé 74.02 17 VéTUGAL AE 7-7 Nouvelle-Irlande. . . { 2° vertical. . ....:..... 99-99 Frontal. . ... POP NE 68.78 HOREPRATRQUE MPNERINPE 86.62 CÉPOBIQUE - 2-7 72.39 TAVETITAR SR 71.41 Nouvelle-Bretagne. { 2° vertical, ........... 98.66 Frontaltols th 29 DD 69.66 Stéphanique. ......... 89.39 Par rapport à la face, nous ferons les remarques suivantes entre les sujets des deux iles : Leur indice facial diffère légèrement, et la pommette a plus de hauteur chez les Néo-rlandais, comme le diamètre bizygomatique a plus de largeur; mais le diamètre transversal de lorbite est moindre chez eux que chez les Néo-Bretons, le diamètre vertical différant peu. Moins de hauteur du nez aussi et plus de largeur de l'ouverture des fosses nasales séparent ces deux types d'une ma- — 61 — nière profonde : l'indice nasal du Néo-Breton est de 62.88, celui du Néo-frlandais de 54.99. Ils ont un lien commun dans l'indice palatin, qui ne diffère que d’une légère fraction. À quoi est due la différence de 6"”,5 que présente entre ces deux types la distance de la voûte palatine au basion? Indique- t-elle un mouvement de bascule plus prononcé de la face sous le crane? Mais l'angle facial est fort peu différent chez les uns et chez les autres (65° 66 N.L.; 65°33 N.-B.). Je pense qu'il faut l’attri- buer à ce que le trou occipital est moins long, bien que la diffé- rence soit fort petite, et à ce que celui-ci est situé plus en arrière sur les crânes néo-bretons, l'angle de Daubenton étant un peu plus grand que sur les crânes néoirlandais. Par la face comme par le crâne, l'indigène de la Nouvelle-Ir- lande et de la Nouvelle-Bretagne diffère du Papou et de l’Austra- lien : du premier, complètement; du second, le Néo-Breton a quelques traits extérieurs, avec moins de hauteur de la pommette et plus de la partie sous-nasale du maxillaire. Son orbite est à peu _ près celui de l’Australien, mais il s'écarte grandement de lui par son indice nasal et palatin. Enfin, son angle facial est de près de 2 degrés plus grand que celui de lindigène de la Nouvelle-Hol- lande. En résumé, la tête moyenne est plus petite chez les naturels des îles que j'étudie ici, et sa face a plus de développement d’a- vant en arrière, surtout pour la Nouvelle-Bretagne. Le crâne est plus développé transversalement, particulièrement chez les Néo- Irlandais. J'ajouterai que l'arc longitudinal de la vertèbre pariétale est plus grand que celui de la frontale ; chez l’Australien, l'un et l'autre sont à peu près égaux. NOUVELLES-HÉBRIDES. La série se compose de dix crânes, provenant: un d'Erromanga, un de l'ile Sandwich, un de Pélé et sept de Mallicolo. Les deux premiers appartiennent au Muséum de Sydney; les huit autres font partie des collections de l'honorable M. W. Maclay, membre du conseil législatif de la Nouvelle-Galles du Sud, qui les avait envoyés à la galerie ethnologique de l'Exposition de Sydney (1879). Un des premiers caractères morphologiques qui frappent le regard — 162 — dans ces crànes, c'est encore la proéminence des arcades sourci- lières, et ici elle est plus accentuée que chez les sujets que nous ve- nons d'examiner, puisque cette proéminence s'étend, chez un grand nombre, à tout le bord supérieur de l'orbite; un autre trait qui complète la physionomie, c'est la dépression si caractéristique de la racine du nez. Ces deux particularités se trouvent réunies sur quatre sujets: deux autres ont la saillie sourcilière sans la dépression nasale; deux enfin offrent la disposilion inverse. L'excavation du maxillaire supérieur se montre chez quatre des cuits Mallicolo; chez un seul d’entre eux, elle n'est pas accom- pagnée d’un des caractères dont je viens de parler. L'aspect d'ensemble de ces têtes nous montre : ici un front très fuyant chez quatre Mallicolo, là une bosse frontale médiane chez un autre de la même provenance, ailleurs une voussure marquée de la fosse temporale. Chez l'un d'eux, cette voussure semblait due à une expansion excentrique du cerveau, pour ainsi dire, €n ce que les pariétaux, sous cette pression de dedans en dehors, avaient glissé contre l’écaille temporale et laissaient voir une bonne partie de la surface à plis rayonnants de la suture squameuse. Ailleurs, je note la situation très élevée des bosses pariétales, qui donnent à la silhouette du plan transverso-vertical l'aspect d'un trapèze à base supérieure arrondie. Chez un sujet, aussi de Mallicolo, l'oc- ciput est aplati : c’est le même qui présente une bosse frontale médiane. Mais il est une autre particularité qui attire encore plus notre attention, car celle-là est le produit de la main humaine : c'est la déformation que nous présentent quatre des crânes de Mallicolo, déformation qui rappelle celle à laquelle Broca a donné le. nom de toulousaine. Une gouttière large, très marquée sur le vertex, beaucoup moins sur les côtés de la tête, fait le tour du crane, passant en arrière du bregma, au-dessous des bosses pariétales, contourne, presque effacée, l'occiput vers l’inion et remonte de l'autre côté pour rejoindre le point initial. Vue de profil, la boîte crânienne ne présente, par suite de cette déformation, qu'une ensellure profonde posthregmatique; vue d'après la norme verticale, elle offre l'aspect d’un énorme cocon de ver à soie ou un étranglement en bouton de chemise. Cette déformation a-t-elle une relation de cause à effet avec la dégra- — 463 — dation de ces peuplades, que quelques auteurs dépeignent comme les plus inférieures de la Mélanésie, au point de vue de l'intelli- gence et des sentiments nobles, et partant une des plus cruelles, des plus brutes? Cependant, tous les voyageurs qui ont visités ces naturels n'ont pas eu cette opinion, et Forster le jeune, qui ac- compagnait Cook, dit d'eux : « Hs sont le peuple le plus intelligent que nous ayons rencontré dans les mers du Sud.» | N'ayant aucune expérience personnelle, je ne me prononcerai pas sur cette question. | La déformation ci-dessus décrite et qui est connue, du reste, depuis longtemps (Blumenbach la signale dans son De generis humani varietate nativa), n'est pas d’une pratique générale. Trois de mes crânes n’en montraïent aucune trace, et j'ai signalé parmi ceux-là un type tout à fait à part avec son occiput aplati et son front bombé. ; | Si l'inversion du ptérion est un signe d'infériorité de race, je dois penser que je n’ai eu dans les mains que des têtes de sujets d'élite... relative, puisque sur les sept Mallicolo je ne l'ai notée qu'une seule fois : lg ptérion était à gauche. Trois d'entre ces crânes, parmi lesquels le précédent, à ptérion retourné, montraient un os épiptérique de chaque côté. Le crâne d'Erromanga a aussi le ptérion gauche renversé, mais ici ce caractère s'allie à un autre, incontestable d’infériorité : la hauteur de la ligne courbe tempo- rale supérieure. Ce crâne, dont j'ai pris un dessin stéréographique, présente une grande hauteur verticale, une voûte crânienne en toit, un front très étroit, la voûte palatine très longue, à en juger, (car elle-même est brisée), par la distance du bord alvéolaire in- terne au basion, qui est de 109". (Voir fig. 45-47.) Le degré de complication des sutures varie : très compliquées chez quelques sujets, ces sutures sont très simples chez d'autres. J'ai rencontré la suture métopique sur deux Mallicolo déformés, et l’un d'eux présentait au lambda un grand os wormien de 40°" de largeur, surmonté, jusqu’à l’obélion, d’autres plus petits. Ce même crâne était édenté des deux incisives moyennes supérieures, par suite sans doute d'une mutilation ethnique que nous avons vue déjà chez les Australiens, et qui, d'après le témoignage que m'en a donné l'honorable M. W. Maclay, existe dans l’île Mallicolo et l'ile de la Pentecôte. eh = Enfin, cinq des crânes de Mallicolo affectaient un équilibre pos | térieur; celui d’ ni était indifférent. | | Le professeur Busk résume ainsi la description des crânes “ Crâne n° 1 d'Erromanga (Nouvelles-Hébrides). Homme. s Mallicolo : « Proportion petite du crâne cérébral, par rapport à sa | portion faciale; grand développement de la région mastoïde; proé- minence des arcades zygomatiques et étroitesse comparative du front; ptérion retourné et prépondérance de l'arc longitudinal pa- riétal sur le frontal, qui les distinguent des Tasmaniens; absence de deux incisives. » D'après Busk, la capacité crânienne des Mallicolo est de 1,243 centimètres cubes. | | — 165 — Les dix crânes de cette série considérés en masse m'ont donné une dolichocéphalie plus grande encore que celle que j'ai indiquée pour les Australiens : l'indice céphalique est de 70.8 2. Fig. 48. Fig. 49. \ Crâne n° 1 de l'ile Sandwich (Nouvelles- Hébides), Homme. Le crâne de Sandwich ! seul accusait une mésaticéphalie modé- rée (76.09); un crâne de Mallicolo descendait jusqu’à 65.10. J'ai dit que l’un des sujets Mallicolo (n° 3) présentait un type à part. Les mensurations confirment cette proposition : le diamètre frontal mi- nimum était chez lui de 102"; le diamètre stéphanique de 111”. Le n° 9 avait quelque similitud® avec lui sous ce rapport, mais ! Cette ïle Sandwich ne doit pas être confondue avec le groupe de ce nom connu aussi sous le nom d’iles Hawaï. MISS. SCIENT, — VIII. 30 \ — 166 — tous les autres donnaient une proportion bien: inférieure, surtout pour la première de ces mesures, qui s’abaisse jusqu’à 86"" chez le plus dolichocéphale. Les n° 8 et 9, de leur côté, ont un tel cachet d’Australien que je les aurais catalogués ainsi, n'eût été l'autorité de leur propriétaire, qui les avait rapportés lui-même . d'un voyage en Mélanésie. Et cependant leurs indices diffèrent considérablement entre eux d'une part, et, d’autre part, des in- dices d’Australiens. | Ce qui semble se dégager de l'examen des mesures, c’est que ces types sont dus à des mélanges dont la dissociation n’est peut- être pas facile; une conclusion corollaire, c'est que les traits d’Aus- traliens que nous rencontrons plus ou moins accentués ici ou là, ne pouvant être dus à l’immixtion de cette race elle-même comme générateurs, démontre d'une facon médiate que la population de la Nouvelle-Hollande est elle-même due à un métisage. Je ne saurais me dispenser d'appeler l'attention sur les indices respectifs de ces deux crànes de Mallicolo: INDICES Tr 1 CÉPHIALIQUE. 1° VERTICAL. 2° VERTICAL. FRONTAL. STÉPHANIQUE,. DU TROU OCCIPITAL. FACIAL ORBITAIRE ? 67.02|71.28| 106.35|73.81 | 95.88181.25|71.30|85.00| 52.94 73.03|74.72| 105.21|76.92|93.46| 90.90 |71.69| 97.30 | 43.64 ANGLES : mm OPAHRYO- OPHRYO- DE / OCCIPITAL. BASILAIRE. SPINAL, ALVEOLAIRE. DAUBENTON. Te È Busk a avancé que le prognathisme des Néo-Hébridais serait en somme moins prononcé que celui des Australiens et des Tasma- — 67 — niens : mes mensurations personnelles ne me permettent pas de souscrire à cette assertion. La moyenne de mes dix crânes m'a donné 69°72 pour l'angle de Jacquart modifié ou ophryo-spinal, et 60°42 pour l'angle de Cloquet ou ophryo-alvéolaire. Les moyennes des autres angles sont : | de Daubenton (max. 14°, min. AJ 7 Angles LRU ie NES ER ERREUR ES 197 #7 DAS SUN MES ni, 437" 07 Je n'oublierai pas de mentionner que, de tous les crànes que j'ai mesurés, ce sont les Néo-Hébridais qui m'ont donné le plus grand diamètre bizygomatique (149""}) et la moyenne la plus élevée 357,0). ARCHIPEL SALOMON. Ce groupe d'îles ne m’a fourni que trois crânes : deux provien- nent des îles de Lord-Howes et sont d’un type ressemblant; l’autre provient de Guadalcanar et diffère des précédents. La série est trop restreinte pour que j'en puisse faire une étude comparative: je dois me borner à les décrire. Fig. 52. #2 NE en PL _ ee | à / + © ec s28S LE |. “a à 2 Crâne n° 1 de l'ile de Guadalcanar (archipel Salomon). Femme (?). Je note dans les premiers la saillie de l’arcade sourcilière et une obliquité tres prononcée du bord inférieur de l'orbite, une voussure de la fosse temporale, l’aplatissement du vertex et l'al- longement du crâne. La ligne courbe occipitale supérieure est très saillante et porte un fort inion triangulaire, tombant et aplati trans- versalement. O9 Q É 7180 — 68 — . Le condyle mandibulaire du n° 2 est à signaler : au lieu d'avoir sa surface horizontale, il la montre oblique en arrière, en dedans et én bas. | Le crâne de Guadalcanar est féminin: la courbe temporale su: périeure remonte très haut sur sa voûte (fig. 51 et 52). Les dimensions moyennes des deux premiers sont: “AnTÉTO-POStEMEUr : 7: JS -OPMREEE ‘1977 FRE GE ARS VERNIS ARE +. 129 ' VeT UGS 2e 8. DER 137 drole #00 A D EE 2. 00 CéDOAlIQUE. Latest Ve el 67.18 1 VOCAL EU Un 032 TER Indices.,.{ 2° vertical...... PET) MREES 106.28 70 d frontal URE MAATMURPEN: MU 2 68.31 stéphariquev4t.0ie 1 NME ARE 82.70 de Jacquart. . RUE EE yes - 71129 SE de Cloquet..... UP NUE NL ES 672 Angles. ..{ de Daubenton {+ 5° et — 2°).... 1°5 occipital end Met Rue ice +" 1400 DASure. 0 re PURE 19° Celles du crâne de Guadalcanar ont donné: antéro-postérieur........ OUTRE 180" Diamètres. | transverse. .................. 130 NÉE IES IE LA UNIES te 139 iréntal..>,.133,3 SA eee 94 ééphalique, sg nf sieste CE 1 -vechical. À Ms. 2 "TR 79 DT «11ec IRIS RARE * 2 .. *1093:09 LR FOIS e ANNEE SRE 72:31 | stéphanique. . . ... MAÉ VEURE 92.65 4 FAO 2) TNA NaREE SE Al ES À ÿ | drbiaire 22 9 bRes tort 88.16 | EN 1 RER . SOON de Jécquabl es ot s 2 2 UE 74° 6 Le LS eme 00 2 6% Angles... .{ de Daubenton........ Bi ET Fe F4 19 COPtpital AUSSI TOURS QC 210 hastlaire 157 sed. PRESS 23° a0 Je n'ai mesuré que deux crânes de cette provenance : le hasard m'a fait tomber sur un sujet de chacune des deux races qui sont reconnues exister dans notre colonie antipodale. Je ne ferai aucune description de ces crânes, l’anthropométrie de ces peuplades étant bien connue depuis les travaux de Bourgarel. Je me borne à don- — 69 — ON OUVELLE- GALÉDON IE. ner les mensurations des deux sujets mesurés : Diamètres. Indices … . Angles ue Diamètres. FACE | à NP antéro-poslérieur. . .......... SE IDE NTO EP ON ET 116 Yerlicali.t. 515 D1299 3 5 anse 2). 129 frontal d'aias Jude Hi EHOC SD. 8 89,5 stéphanique. . ...…... ÉoUGLTE IL 94 céphalique. . ... 1IRI9 2E AC JHOLE 65.17 Srvértienlitis 5108 240). LHOD. 72.47 2° Verhical. . -.. {Jap} 295n:0# 111,21 Pi de RS ue Sd MCE 73.71 stéphanique HIAPMEONOIIEE À 0 90.96 facial ::: 2555232: 00908 LL 28 AR 72.43 orbitaire::::232253:: 489N197 1.08 93:92 nasal: ::5:23:3:34 2: 2 MNO0IL EL 45.00 AM re EE RS 69° 5 de Cloquet.. :. . - aupiloigue. :.. 65° de;Daubenton: #10". "4... 7 N°2. antéro-postérieur. ............ PUR dr TE transverseils. Ecosse il. 142 vertical. 0 "soie... 143 tro, ns: és … éoées L-. 96,9 stéphanique. . . PRTNESRCRE PR STI 112 céphaliqué. .:.: Joupolleh E 2. 81.61 1--vertical.. :. UOLOOOHECL EN 2. 82.18 as recent; 422... 10090 À. 100.70 frontales..." SHABBOG 67.96 SRORARMUE 2e 2 ee cu e vie à à 86.16 faGial MSI. FOR QUIL A1 66.67 orbitairerft. 51. 00 DSi DD. eur. 75.34 masahs. coins. Sau.fs. base. 46.74 — 470 — de Jacquart Le 2e 0 UMR 68° Angles. : 4 1dé CORRE R ENTREE 59° de Daubenton............ EE 9° On peut voir par ces chiffres que, rapprochés par l'indice nasal, ils sont très distants par la forme du crâne, celle des orbites et le prognathisme alvéolaire. La projection antérieure du n° 2 est à la projection postérieure :: 135 : 100, tandis que pour le n° 1 elle n'est que :: 116 : 100. ÎLES ROTUMAH ET FIDJI. Je procéderai de même à l'égard de l’île Rotumah, qui ne figure dans mes séries que pour un seul crâne, comme les îles Fidji, avec lesquelles on lui suppose des communautés d’origine. Les naturels de Rotumah seraient plus clairs de peau que les Fidjiens, et d’un caractère plus doux. On aurait trouvé dans cette île des monu- ments mépgalithiques (Busk). antéro-postérieur ...... RATS de É o LrADSVErSE. 020221: foie 127 Diamètres.{ vertical.......... idiot ce 134 OMR AT CE SON LS 87,9 Séphanique.; 22... 6 109 céphalique.. : ....isne sb. 2200008 1. vertical, :. heat A1 COR ER 79.53 SL Te PORN LA . 1691 us frontal: 52° ds Tee DEC NUE 68.90 ""irtéphanique. ia Le facilité in 2e NÉTOS AMEN SE 62.50 GEMIQUTE . à mie « AUMEUNÉ LES 80.00 DAS dus co aa to NN ES 45.92 de Jacquart. : :./ "4 PNR TET 70° de Cloquet, . : 2.2 aprilia tes E Angles... ;1.de Dauhenton. :. :hssiige te he 7° DD es ae singe de L.. OUR balanes, «ns + 10 HO LEE 29° Cet ensemble rappelle assez le premier type néo-calédonien : il en diffère par plus de largeur de la base du crâne, un angle facial beaucoup plus grand et une projection antérieure de très peu in- — 71 — férieure à la projection postérieure. Le seul crâne fidjien que j'aie mesuré offre la plus grande ressemblance avec celui de Guadalcanar qui a été décrit ci-dessus. ÎLES DU DÉTROIT DE TORRÈS. L'île res m'a donné un crâne dontles caractères se rappro- chent des cranes précédemment étudiés, et en particulier de ceux de l’île Engineer. Sa dolichocéphalie est grande (70.22 );-les indices verticaux de l’un et de l’autre sont très rapprochés, de même que les indices facial , orbitaire et nasal : il en diffère par une plus grande largeur du front. Comme le crâne de Rotumabh, sa projection an- térieure est presque égale à sa projection postérieure. Parmi les caractères morphologiques, j'y remarque : des sutures simples et l'existence de la métopique; un os épiptérique dans le ptérion droit ; un front arrondi; pas d'inion, mais crête occipitale supérieure très marquée; la courbe temporale supérieure à peine visible en arrière du stéphanion; l’inférieure, au contraire, très nettement dessinée; les angles des orbites sont largement arrondis; leur bord inférieur est presque horizontal; il n°y a pas proéminence du rebord sourcilier. La forme de l’arcade alvéolaire est elliptique ; la division de la voûte palatine n'affecte que les lames palatines. Les apophyses geni sont peu marquées, et la partie susgoniaque des branches de la mandibule est déjetée en dedans. CONCLUSIONS. En résumé, les caractères du crâne dans les divers groupes d'iles de la Mélanésie offrent entre eux beaucoup de ressemblance. Les insulaires de la Nouvelle-Bretagne et surtout de la Nouvelle- Jrlande constituent cependant un type quelque peu à part par leur indice céphalique moyen plus élevé et leur 2° vertical au- dessous de 100, ou, en d’autres termes, leur cràne plus large et moins haut. Je ne puis m'empêcher d'être frappé du rapport étroit qui existe entre les mesures de la’'série des Néo-Hébridais et celles de la série des Australiens, sous le rapport du crâne, sauf que la partie posthasilaire de celui-ci est sensiblement égale à l’antérieure chez les premiers et plus courte chez les seconds : l'aspect de la face est le même. Le Néo-Hébridais a cependant l'orbite piste al- longé ; il est aussi plus prognathe. = (1Y9 == MALAYO-PAPOUS. Je décrirai sous ce titre une série de sept crânes provenant des iles à l'Ouest de la Nouvelle-Guinée, les comparant avec un Malais de Timor d’une part, et d'autre part avec deux des sujets de l'ile Engineer, dont le type s’écarte beaucoup de ceux que j'ai exposés plus haut. | Fig. 53. Fig. 54. Cräne n° 1 de l'ile Moua (archipel Serwatty ou 5aiwati). Homme. L'origine malaise du crâne dont les mensurations suivent est affirmée par une usure, caractéristique de la face externe des dents due à l’usage du bétel ; cette usure affecte la forme d’une gouttière concave verticalement, mais elle diffère de celle que lon peut voir sur des crànes de même provenance dans les collections — 475 — de la Société d'anthropologie de Paris, en ce que cette gouttière occupe toute la face de la dent, du collet à son bord libre, et ne forme pas une simple rainure : : 'antéro-postérieur.............. 168" CR ed 1 en mu ou 133 pates ÉRIC e 0590 EANIQN EE J9 38e 136 ui Deer RER EURE ES 93 stéphaniques. LH. 28. OUI.L0 112 bizygomatique........... 44:00 19D Erhquer. 7 iUPnONRS AROREr 79-17 a vertiend.. LL... TARN INDE _ 80.99 averhicali 92. 1i070 AA agiarssps 102.26 RUES S .| frontal. : gène qu. ais 20h 2: 69.92 stéphaniquei sets li 3.0 brevets 83.04 COUSTE OS CAN DE NT OPERA 62.96 PTIT ROTE ERe PANNE PRE SOEUR 83.78 PR nn MO do AN DANEU er 50.00 ac à a intact LYS de Claquel 14 "1. 25 #2: : 0 Putese. | de Daubentens ::…. .......... 14 DÉLTS RRRSREMRREEES 26° PANRRE raie u one Re A hs Les deux cranes de l’île Engineer que j'ai placés hors série à cause de leur indice mésati ou sous- brachycéphalique donnent les mesures s moyennes suivantes : aniéro- postérieur: : :2 20208. |. AZAN Éagbrsat 200 res Pt Li. 139,9 No Un ee OR PP Lori ee 0 130 D AR EN IS. L :: 88 stéphaniques : s. -suqiléssus 105,5 bisypomatique,., : asie. "s.L.. 121 Fe ES Rem OR AE 79:24 RASE OP Pr EIRE 76.02 DR EE DEMO dada espfe ONE 96.29 : UE LE ARR RE EPA Le Hé Qn 64.94 Res SOU EPL E 83.41 ÉRRRPEPS PM REe RE U v- 65.15 Débitme UUE:DE, Ati ss 92.16 SC de dacquattes. «sp Re “70fb de Gioét. cl r eE +" dl Angles. ..{ de Daubenton(l'un6°,l'autre—2°) 2° DORA. +6 - DU recours 1972 basairesse 24e" HR E 2.417 Te À en juger par ces données, ces crànes ressemblent beaucoup au Malais de Timor, mais la projection postérieure, qui, dans le Malais, est :: 88 : 100, se trouve, sur l’un des crânes de l’île En- gineer :: 117,65 : 100, c'est-à-dire que la projection postérieure du crane est de beaucoup supérieure à la projection antérieure, et, sur l’autre, comme 92.78. On serait néanmoins en droit, ce me semble, de supposer donc que l’intercourse des Malais ne s'est pas bornée aux archipels à l'Ouest de la Nouvelle-Guinée, mais s’est répandue encore dans le détroit de Torrès, sur les côtes de la Papouasie. Nous verrons plus tard si ces caractères ne peuvent pas être attribués au mélange du sang polynésien ou maori. Examinons maintenant les sept crânes des îles occidentales. L'un vient de l’île Moua. En dehors de sa forme, sur laquelle je reviendrai à l’occasion des indices, je n’y note aucune particu- larité morphologique, sauf l'absence d’inion et l'existence d'un os wormien dans le ptérion gauche (fig. 53-55). Il mesure : antéro-postérieur . . ... do AE à 190. ÉFanSversal EN TR ce ne 138 iSètres VéTHCALE Lee LUS PTE RS, PIN 130 PO EC LU UNE, RARE + 96,5 stéphanique. ER CU NPD SNA ur. 112 bizysomatique, +... pete y Et céphalique, . :.: : :HDICUOQUE LE. 78.86 1° vertical, :: RU AMUTING 74.29 D 'NEPLCALA 20e ml a Ne RCE 94.20 Me frontal: LUS PR rs SRE 69.93 Séphanique. 2: ,: have Et 86.16 facial ed bu bat Meet 67.45 Gsbifaire 408 OU RER 84.99 nasal it. LE d'art is é SRARREE 55.96 Six sont étiquelés Mobrac, indication que j'ai vainement | | — 475 — | cherchée sur les cartes géographiques et marines. Leur aspéct est de même que celui de l'insulaire de Moua. Comme particularité morphologique, il y a peu à noter : une fois, les bosses pariétales étaient assez accusées pour donner un aspect à part au crâne : il présentait le ptérion droit renversé et les dernières molaires un peu plus grosses que les premières. Ce fait a été rencontré encore sur Fig. 56. Fig. 57. Crâne n° 1 de Mobrac (mer de Timor). Homme. un autre crâne de la même série. Sur un troisième, la deuxième prémolaire était plus petite que la première; les deux premières molaires supérieures étaient affectées de carie d'un côté. Ce même sujet montrait un os wormien allongé le long de la suture squa- meuse. L'inion est peu développé ou même absent; la glabelle ne s’est présentée bien marquée que sur un sujet. Trois des six crânes — 476 — avaient un équilibre indifférent; chez l’un d'eux, le mouvement de bascule était si prononcé que le point alvéolaire se trouvait-à 70%* au-dessus du plan de repos, lorsque la tête, mise en équi- libre postérieur, ne portait alors que sur la partie moyenne de d'oc- cipital, les apophyses mastoïdes ne touchant pas la base de sup- port (fig. 56-61). La mandibule du n° 6 A d'apophyses geni. Les dimensions moyennes de ces six crànes sont les suivantes : antéro posiérieupe.. 23200 1907 transversal... .. le NP RES 140 [Fe Po NOPÉRENT : , DL Eu DEA RS RER 128,3. OE PRRS EE RE 97;7 stéphanique:.... "ARR biygomatique:. 54,401, SLR 134,2 céphalique . ....... te COR ” 623.49 17-VETHCAL: 77... SOMME 75.56 PPOPHEM Lu ve. 91.67 Perses frontale HAL EONE LES CDRRE 69.76 stéphanique. 2704050 224, ME 87.59 fapual. dut nn Ste ue DE 63.48 re 5.4. MOSS CR 82.44 FT SE à AR OR PE Pen e 49.83 dé Jacquart.ss : 2532 713 de Giomquet 1.1: 24.1 ete. 62°4 Angles. ..{ deDaubenton(max.12°,min.—1°) 6°4 occipital (max. 25°, min. 10°)... 19°6 basilaire (max. 31°5, min. 18°5). 27° Enfin l'indice de la projection cranienne totale est de 85.58. Si nous comparons donc les mensurations des crânes de Moua et de Mobrac avec celles du Malais de Timor, nous y verrons une ressemblance frappante dans la plupart des angles et des indices ; nous nous étonnerions même de les voir plus brachycéphaliques que le Malais, si nous n’en devions attribuer la cause à ce que celui-ci ne présente que des caractères individuels, tandis que les Mobrac donnent une moyenne obtenue de plusieurs individus. Parmi ces derniers, nous avons en effet deux sujets qui ont comme indices céphaliques 87.34 et 86.13; les quatre autres varient entre 79.31 et 81.33. Une différence notable est celle — 77 — du rapport de la projection verticale à la projection transversale : tandis que chez le Malais la hauteur de la tête est un peu supé- rieure à son diamètre transversal maximum, elle est inférieure dans les individus des deux autres provenances, et, chez quel- ques-uns, de beaucoup. Le front semble être aussi un peu plus Fig. 59. Fig. 60. Crâne n° 2 de Mobrac (mer de Timor). Homme. large. Je ferai remarquer à ce propos, et en passant, que ce qui diminue un peu la moyenne des Mobrac est l'indice très bas du n° 6 (65.77) qui, — coïncidence curieuse, — est celui qui a présenté l'absence d'apophyses geni à la mandibule. Ce crâne-là provient-il d'un muet? | Si les indices moyens nasal et orbitaire sont sensiblement les — 178 — mêmes, nous avons cependant quelques écarts individuels. Le n° 1 : va jusqu’à 88.22 pour son indice orbitaire, tandis que le n° 5 des- cend jusquà 71.43. Le n° 2 nous donne comme indice nasal 41.51, etle n° 3, 44.90, tandis que le n° 4 montre une platyrhinie prononcée avec 59.79. Nous avons déjà noté plusieurs fois des cas de leptorhinie très marquée parnni les populations australo-mélanésiennes (10 cas sur 79 crânes, et 6 cas sur 17 Polynésiens). Faut-il ne voir là qu'une conformation individuelle, ou bien doit-on y soupconner les traces d'un mélange étranger ? La fréquentation des parages de la Malai- sie et du détroit de Torrès par les Chinois pêcheurs de trepang ne pourrait-elle pas, jusqu’à un certain point, entrer en ligne de compte? Je laisse à de plus habiles le soin d'élucider cette ques- tion. Je rappellerai ici qu'un indice nasal de 36.36 a été signalé par moi sur un crâne d’Australien (?) brachycéphale provenant de Port-Darwin. Je me tromperais fort si ce crâne, comme celui qui provenait de Rockhampton, à indice céphalique de 83.42 et in- dice nasal de 45.79, n'était pas celui de quelque Chinois croisé. Fig. 62. | Fig. 63. Fig. 64. Mandibule d’Australien. Mandibules des crânes n° 1 et 2 de Mobrac. On remarquera, de même que dans les figures 33, 35 et 37, combien l'angle symphysien se rapproche de l'angle droit. Les divers angles faciaux présenteraient une similitude encore plus frappante entre ceux de Moua et de Mobrac et ceux de Ti- mor, si le n° 6 n'apportait à la moyenne dans laquelle il: entre une modification notable par ses angles faciaux aboutissant au trou occipilal. Son angle de Daubenton, en effet, est négatif (— 1°), tandis que le minimum des autres crânes est de + 4°. Ses angles Occipital et basilaire sont de 10° et 18° 5, tandis que les autres sujets de même provenance donnent 20° et 25° pour le premier de ces angles, 27° et 31° pour le second. bn DR. à É S S mebé de TS sé ne AE. — 179 — _ Je répète donc que la désignation de Malayo-Papous, sous la- quelle j'ai rangé ces crânes dans cette étude, est plus que hasardée, surtout si l’on remarque que la séule différence que nous ayons _ trouvée entre ces crânes et celui du Malais, est un diamètre. trans- versal supérieur au diamètre vertical. Or le Papou est reconnu comme hypsisténocéphale. Donc cette considération suflirait à elle seule pour écarter l'hypothèse d'un apport papou dans les popu- lations qui ont fourni les crânes dont je viens de faire connaître les proportions. LES POLYNÉSIENS. ÎLES SAMOA, NOUVELLE-ZÉLANDE ET CHATHAM. Il n’est point dans ma pensée de faire ici une étude de la race polynésienne, sur laquelle ont été publiés tant de documents, et qui n’est représentée dans ma moisson anthropologique que par une douzaine de Néo-Zélandais, un Samoan et quatre Morioris. Quelque restreinte que soit cette série, elle ne laissera pas que de fournir matière à quelques observations, et, d’un autre côté, les données eraniométriques et ostéométriques sur les Morioris ne sont pes si … nombreuses, que celles que j'ai recueillies puissent être laissées de | côté. | On sait que les traditions des Néo-Zélandais indiquent Savañ, la plus grande des Samoa, comme la patrie de leurs ancêtres, mais aucun document ne nous apprend ou ne nous permet d’in- duire quelle est l'origine des Samoans, centre mythologique de dispersion de la plupart des populations insulaires du Pacifique oriental. Quelques auteurs donnent aux Mahoris une origine ma- laise, en se fondant sur l'existence de quelques mots de la langue- de ces derniers dans les idiomes polynésiens. Cette raison est spé- cieuse, car l'introduction de ces mots est récente, et la langue des Mahoris diffère beaucoup du malais, tant par son vocabulaire que par sa construction grammaticale. D'un autre côté, comment expliquer l'absence de l’art de la poterie s'étendant à toute cette race, art que possèdent toutes les tribus de larchipel malais? At-il été perdu durant les migrations de l'Asie méridionale à — 80 — travers les îles de coraux de la Micronésie et de la Mélanésie? D'un autre côlé, les caractères physiques, comme ceux de lesprit, ne les séparent pas moins des vrais Malais. Et pourtant, lorsque l'on considère attentivement leurs traits, on ne peut s'empêcher d'y saisir comme quelques réminiscences des traits javauais, qui eux- mêmes réveillent tant le souvenir des habitants du Japon. Ne pourrait-on penser que les conditions de milieu dans les- quelles se sont trouvées ces populations ont dû influer sur leur physionomie et lui donner quelque chose de plus rude, de même qu'elles ont développé à un haut degré leurs instincts primitifs ? Leur émigration de Samoa ne daterait que de six cents ans, selon certains calculs; les ethnologistes la reportent à trois mille ans. Cette provenance d’un pays que la tradition nomme Havaiki, qui a été identifiée avec les Samoa, paraît d'accord avec les données linguis- tiques. Leur dissemblance physique avec les Polynésiens, et même la diversité des types que l’on peut observer en Nouvelle Zélande, peut s'expliquer non seulement par les considérations que j'ai émises plus haut, mais encore par le fait incontestable que les Maoris ont trouvé, à leur arrivée en Nouvelle-Zélande, cette île habitée par une population mélanésienne dont ils ont exterminé les hommes et pris comme épouses les femmes les plus belles. En effet, à côté d'individus fort beaux, à cheveux droits et présen- tant le meilleur type de la physionomie polynésienne, on en ren- contre d’autres à teint brun foncé, à cheveux frisés ou ondulés, avec le grand nez large et arqué des Papous, et un troisième type offrant les traits grossièrement épais des races mélanésiennes infé- rieures. | Ces propositions me paraissent encore confirmées par l'examen des mesures craniométriques que je vais donner bientôt. Les crânes de cette provenance que j'ai mesurés sont au nombre de douze : cinq mâles, deux femelles et cinq incertains. L'un d'eux portait encore des restes d’un masque d'argile plastique brune avec des vestiges d’incrustation de nacre. Sous la couche terreuse, on pouvait reconnaitre encore des traces du périoste. Parmi les caractères morphologiques des crânes, je citerai le volume de l’inion, considérable chez quelques-uns et absent ou. presque absent chez d’autres, appartenant au sexe masculin; la saillie notable de la glabelle chez la moitié des sujets et l'accen- tuation de leurs bosses pariétales. Quatre sujets m'ont présenté — hS1 — des os wormiens au lambda, et, chez l’un d'eux, un seul occupait tout le quart supérieur droit de loccipital et mesurait 86"* de longueur sur une largeur moyenne de 45". Ce même sujet, homme adulte, présentait diverses anomalies : la suture basilaire, incomplètement fermée, bien que toutes les dents eussent achevé leur évolution et que la sagittale füt déjà synostosée au degré n° 1; un front très bombé dans sa partie médiane; le ptérion gauche retourné; une saillie asymétrique de la bosse occipitale droite cor- respondant à la suture du grand os wormien ci-dessus signalé avec los occipital; enfin, le trou petit-rond du sphénoiïde transformé en un canal par une petite apophyse qui entourait la moitié de sa circonférence et dont l'extrémité libre émettait deux épines qui, en se recourbant l’une vers l'autre, formaient un anneau parallèle au trou petit-rond. Getle particularité existait des deux côtés. J'ai noté un autre cas de suture basilaire encore ouverte après la sortie des troisièmes molaires; un cas de suture métepique de la complication n° 3, la suture frontale l'étant du n° 41. Dans deux cas, la courbe temporale supérieure formait crête, soit dans son seul parcours frontal, soit jusqu'aux bosses pariétales. L'un de ces sujets avait chaque conduit auditif obstrué par uue épiphyse osseuse en forme de champignon encore dans sa volve. | Un caractère à peu près général, c'est la voussure des tempo- raux. Chez un des sujets, en particulier, le diamètre transversal maximum se confondait presque avec le diamètre temporal. Comme on peut le voir par ce court exposé, plusieurs de ces crànes montraient des caractères d'infériorité irrécusables et dé- montrent l'existence de plusieurs éléments dans la population indigène néo-zélandaise. Les mensurations confirment cette propo- sition. L'indice céphalique s'étend de 69.27 à 81.03. Bien que la moitié des sujets aient plus de 75.00, l'indice moyen général nest que de 74.87. Je trouve une étroite ressemblance entre la forme de leur crane et celui des Néo-Irlandais, avec cette seule ex- ception qu'il a un peu moins de hauteur verticale par rapport à son diamètre transversal. 1 Chez un autre sujet, la suture métopique était remplacée par.une crête ar- rondie, remontant vers le bregma. MASS. SCIENT. —— VII. 21 — 182 — Voici, du reste, les indices moyens des deux peuples: és] [ea] a 7 D © © C4 FE FA LA 215 a > es el % ea Q pl un Néo-Irlandais (9 sujets) -|7402173.71|199.59168.78| 86.626435 Néo-Zélandais (12 sujets) 74.87173:98 |07.92|68.84| 87.54165.37 Mais deux autres indices (lorbitaire et le nasal} viennent comme répudier toute assimilation ou du moins tout rapproche- ment entre ces deux races. Tandis que les Néo-[rlandais ont pour le premier 84.69 en moyenne, les Néo-Zélandais donnent 87.71 ; les n% 9 et 12 de cette série donnent même 96.15 et 97.30: La dissemblance est encore ‘plus tranchée, pour ainsi dire, avec l'in- dice nasal, car si 51.76 N.-Z.! ne diffère pas beaucoup de: 94.09 N.-I., du moins ne trouve-t-on pas chez les premiers des indices individuels de 60.68, 60.47, 58.33, n1 chez les seconds ceux de 43.86, 45.28, 45.72. L'existence chez mes Maoris d'indices du nez au-dessus de 52 me semble attester le mélange d'un élément négroide, quelle qu'en soit la provenance; enfin, la moyenne du prognathisme du maxillaire vient encore appuyer cette hypothèse. Je trouve, en effet, que l'angle ophryo-alvéolaire (ou de Cloquet) moyen est de 67° 15, les différences individuelles se limitant entre 71°5 et 62 degrés. Cette moyenne est supérieure assurément à celle de n'importe quelle peuplade mélanésienne; mais, rapprochée de la moyenne de l'angle ophryo-spinal, elle me paraît dénoter une projection en avant assez prononcée de la portion sous-spinale du maxillaire. L’angle moyen de Jacquart nous donne 75° 75 seu- lement, à cause de deux sujets qui n’ont que 70 et 72 degrés, les autres se tenant entre 75 et 78 degrés. Nous voyons donc l'angle facial de Jacquart être à peu près celui des naturels de da 1 Tel serait l'indice nasal moyen, si je défalque le n°10, dont les mesures sont seulement approximatives et dont l'indice est 43.86. Dans le cas où l’on tiendrait compte de ce sujet, l'indice moyen général serait 49.94. — 183 — Nouvelle-Brétagne, de Rotumah et de la Tasmanie. L’angle de Daubenton va de o à 9 degrés; sa moyenne est de 4°3. . Les caractères morphologiques et craniométriques des Maoris néo-zélandais me semblent donc devoir être décrits sous deux types : le premier, avec crâne mésaticéphale ou même sous-brachycé- phale, à voûte un peu surbaissée, à bosses pariétales saillantes, avéc voussure temporale; orbites des plus mégasèmes ; indice nasal leptorhinien. À ce type appartiennent mes n° 2, g, 10, 11, et 12. Le second type offre des caractères mélanésiens alliés à des traits polynésiens; il est dolichocéphale, platyrhinien et à orbites mé- sosèmes. Dans l'un et l'autre, le prognathisme sous-nasal est assez accentué. | | Le Muséum de Sydney ne possède qu'un seul squelette de Po- lynésien. J’inscris ici les mesures de quelques-uns de ses o$ avec leurs proportions entre eux. Ainsi que pour les squelettes d’Austra- liens, je n'ai pu prendre la taille : Loderlhiamérenesz080 . Lit D, SEAT USSO TE | duradiuasp Jaotaoede.ciihreat aa 261 Lonpueur.(-du-cubituss!. 41 4rnnralnioues sas 254 uen ut LE ns SR Le 430 Be ON Or ARE NET T'RRT SUITE 979 Flèche de courbure du fémur................ 40 Angle de torsion du fémur............. HE aus à PEUR CICARCUANS LL. PR seu 1 Di ana 297 F4 ( entre les deux crêtes iliaques Re à 270 | entre les deux épines iliaques....... 185 antéro-postérieur du détroit supérieur. 119,5 Diamètre . { transverse du détroit supérieur... .... 114,5 oblique du détroit supérieur. ..... 1222 Base du triangle sous-pubien. ....... dia : bios 06:b D'où les proportions suivantes : Radius est à humérus —100......... rule 81.56 Fibiarestiäfémuriausrslrunt cat. 1h20 86.74 Radius + humérus est à tibia + fémur. ..:...... 72.39 Ce qui donne à ce squelette une proportion de l’avant-bras des 91. — 84 — plus simiennes et qui peut faire douter qu'il soit récllenedé De nésien. Il était catalogué South sea frlandir. | Iles Chatham. — En découvrant ces iles , en 1791, le capitaine Broughton les trouva habitées par une population qu'il dépeint comme une race gaie, aimant à rire; elle était vêtue de peaux de phoque ou de nattes. En 1830, environ huit cents Néo-Zélandais y furent apportés par un navire européen, et ils exterminèrentles naturels si rapidement, qu'en 1840 le docteur Dieffenbach ne trouva plus que quatre-vingt-dix survivants d'une population qui avait dû compter au moins douze cents âmes. (A. Wallace.) Ces naturels étaient les Morioris; leur langage avait des con- nexions avec celui de la Nouvelle-Zélande. Mais ils différaient beaucoup des indigènes de cette île par leurs traits physiques. Plus foncés de couleur, plus solidement bâtis, ils étaient aussi de taille plus petite que les Maoris. On rapporte que leur nez avait la forme romaine, comme celui des Juifs. (B. Davis, Thesaurus craniorum suppl. p. 75.) | Des quatre crânes que j'ai mesurés, deux sont féminins, deux masculins. Ces derniers présentent quelques caractères accentués qui ont'été notés spécialement chez les Australiens, les Tasmaniens et les Mélanésiens. Tels sont : le front fuyant, la proéminence des arcades sourcilières , la dépression de la racine du nez; j'ai noté ces mêmes traits sur quelques-uns des cränes de même provenance du Muséum de Paris. L'accentuation très marquée des bosses pa- riétales, la saillie de la face. le renflement pariéto-temporal qui fait passer le diamètre transversal maximum par l'os squameux, sont des caractères polynésiens. Orbites quadrangulaires et peu profonds, os nasaux adossés plus obliquement que chez les Méla- nésiens, conduit auditif à large ouverture, os wormien épiptérique des deux côtés, courbe temporale supérieure distante seulement de A5°* de la suture sagittale, os malaire déjeté en dehors par son bord inférieur : telles sont les particularités que j'ai ren- contrées sur quelques-uns de ces sujets. Enfin, je citerai la légère ensellure posthbregmatique que présentait la jeune femme n° 1. L'un des crânes du Muséum montre. aussi une déformation, mais bien différente : ici c'est l'occiput qui est aplati au-dessus du lambda, de manière à donner au crâne l'aspect cordiforme de la déformation d’Ancon. = 185 — Je:ne passerai pas sous silence non plus la forme particulière de l'usure des dents : elle a lieu suivant un plan oblique en ar- rière et en bas, et a été signalée aussi par B. Davis. Examinée sous le rapport des mensurations, cette petite série de quatre crânes paraît se diviser en deux groupes, chacun formé d’un mâle et d’une femelle. Le premier (n° 2 et 3 de la série) présente en effet une similitude assez rapprochée des indices cé- phalique, frontal, stéphanique, de proportion préauriculaire, orbi- taire et nasal; mais les deux sujets diffèrent sous le rapport des indices verticaux el se rapprochent du deuxième groupe, lequel se distingue surtout du premier par son indice nasal. Ici encore nous trouvons la femme moins dolichocéphale que l’homme : son front est aussi relativement plus large; mais, contrai- rement à ce qui a été noté chez l’Australien et le Tasmanien, son indice orbitaire est plus élevé, et ce n’est pas la hauteur de l'orbite qui augmente, c'est sa largeur qui diminue. Pareillement, le rap- port de la circonférence horizontale préauriculaire à ia circonfé- rence totale est ici moins élevé chez la femme que chez l’homme; enfin, sa voûte palatine est plus large que celle de son compa- triote. Des données craniométriques, jé tire cette description du type Moriori : mésaticéphale, à voûte cranienne platycéphalique, à front étroit, à bosses pariétales saillantes, élevées et fort en arrière, qui donnent à la norme verticale une forme triangulaire, orbites mégasèmes, platyrhinie chez les uns, leptorhinie ou mésorhinie chez les autres; prognathisme alvéolaire modéré. Leurs divers indices annoncent des connexions très prononcées avec les Néo- Zélandais : on serait donc en droit de penser que la race qui occu- pait la Nouvelle-Zélande à l’arrivée de la première immigration de Maoris était des Morioris. Toul en les exterminant et en les chassant de leurs possessions, les nouveaux arrivants se sont mêlés à eux, et la population des iles Chatham n’est guère plus aujour- d'hui que le résultat d’un métisage. | Je donne ici les moyennes des mensurations et indices des crânes morioris du Muséum de Paris, que je dois à l’obligeance de M. le docteur Hamy d’avoir pu étudier à titre de comparaison. Ces crânes sont au nombre de cinq, dont quatre de type assez semblable, le cinquième se plaçant tout à fait à part par la forme du crâne et par l'aspect de la face. _— L86 — C'est celui dont j'ai parlé plus haut comme déformé : antéro-postérieur maximum. . ... 188"°”,6 transversal maximum, .....,.. 142 O Diamètres.{ vertical. ,.,........, SRE 138 oO | frontal minimum,,....,...:.. 09 4 siéphamique EL 7, CORSA le CePDA RUE Le Site: ARE 76.35 D VOTRE Fe die sde EPS 73.17 DE VOETUGATS à M ve ce OC 99.03 FA rh | frontal. . es nee RSS ML RAR 2 69.03 stéphafiqué. 4 JL AN AU 89.19 fhealours 7 lé: 64 AUOYUCRNEE _ 68.04 érbitaire:scrnritslis inPiL5 tas NE 89.67 nasal: LE. Puits ti fèrs ; 49:23 de Jacquart: ...:..: TER 4 IS RÉEL. | de Cloqueti Ut}: LE Et RS 62°9 Angles, ..{ de Daubenton...........,:.. b°8 | basé. al who die Mare 2/4°1 QC eEP tee pa 26 à dial 18°2 Les quatre de ma série donnent : | antéro-postérieur maximum. . ... 1012 transversal maximum. ........ 19700 Diamètres.{ vertical. ..... PRIT RENE RSS frontal minimum. ........... 92 à L'stéphaniques 4. “uns aus Un) .: 10H10 See N'a eut D. 29 LOTIR 75.89 PRET eve RP. Se 72:10 |: sNerticals, TTL 0 SPIMER 05.64 A HE frontal. . HO IUTE 3 MOLOUL 9E 67.15 stéphanique. . . ... ser OE 88.20 frais Need OÙ à À ART TS AU 66.44 orDaAirés ARE LD At p 84.50 passat de > np. fee 50.38 Angles: de Jadquark ous 6e. met her derGlogieisniee socio 60 67°2 Les angles de Daubenton, occipital et basilaire, n'ont pu être pris que sur deux sujets, et ils sont très dissemblables. = dé mie 1. à: — 187 — Je les donne donc tels quels: de Daubenton::..7,1...: Et eét19"5 Angles. ..4 basilaire..... Mons os eVoya ec SUP ONE SR Pen r 2... 2 23°5 Voici enfin quelques données ostéométriques prises sur les deux derniers sujets dont je viens de parler : La taille de la femme était de 1,550; celle de l’homme n’a pü être prise exactement, vu le montage defectueux du squelette, mais elle peut être évaluée à 1%,780; ce qui n'indique pas une stature inférieure à celle des Néo-Zélandais. LONGUEUR DES OS DES MEMBRES, LS MR NS PET Se 280" D HO LT NIMES ROMAN UPS RU SR LO 268 RE :- . RENNES 213 270 «re MATE RE du al RUE < de nc 25 ” Dr Menu. PAR PSS Fr AT 25” 117 =, { Longueur de projection. ..... 404 426 J'TE l Longueur pen 47: àù C 02e ut 214 09 Aho Tibia | sans la malléole.. .....:.... 334 380 "| avec la malléole,....,.4.,.: 339 399 Net. 4 QL 2 il HAT 1h Saillie en arrière du calcaneum. ........ 30 Te) de torsion du fémur, ...... - 36° 4o° En d'obhquié. .:. 4... as “411 9° MRC ans deu de: UD, el D DIMENSIONS DU BASSIN. » ÈS { antéro-sup'à l'autre. 189" 236"" D'une épine iliaque : | antéro-inf' à l'autre, 161 200 Longueur maximum d'une crête iliaque à RL Ge Ann des ete mue 12 2 A 3 O 290 antéro-postér’ du détroit SUD: 10 124 Diamètre { oblique du détroit supérieur... 116 123 transversal du détr. supérieur.. 110 142 Largeur de la base du triangle sous-pubien. 76 A6 < É Hauteur du triangle sous-pubien. ....... soil Bal : wa LR" Le RS = RAPPORTS DES MEMBRES ENTRE EUX. N°9: N°4 FEMME. HOMME. a. Radius est à humérus.............. 79:00/2, 70257 b. Tibia est à fémur (projection). ..... . 62.67 46020 CRE ét a T'ES sec see OAI d. Glavicule' est à la taille”. 11-00. 8:43:*. 8.57 é." Radius est à teiut-Hbla. 2e ee 20.407 3%#29 J. Humérus est à fémur + tibia. ........ 37.98 43.42 q. Clavicule est à humérus. ...... SDL 6:70 h. Radius + humérus est à la taille. ..... 31.61 34.72 Fémur + tibia est à la taille. . ... sci. 7 01 Je. Radius est a alle" sea me RP Pi LL k., Humérus est à la taille. ........... 18.06 19.66 WHnFémürrest àdartailles.: .......:.,-.0 200600 M. Dbia.ést à daile is 2, ami ee OLIS De ces chiffres découlent les données suivantes : 1° Les deux segments du membre supérieur sont entre eux dans un rapport à peu près égal dans les deux sexes (a); 2° le fémur de la femme est proportionnellement plus grand par rap- port au tibia (b, !, m), et le membre inférieur tout entier est chez elle plus long que chez l'homme (5, c); 3° sa clavicule com- parée à la taille étant dans un rapport à peu près égal avec celle de l’homme, il résulte de la disparité des rapports de cet os avec lhumérus que celui-ci est plus long chez l'homme que chez la femme (g, k). En somme, ces mensurations présentent, d’un squelette à l’autre, des différences tranchées sous plus d’un rapport; on peut même dire que leurs proportions sont très différentes entre eux, à l'excep- üon de celle du radius à l’humérus, de la clavicule, du tibia, et même de l’humérus à la taille. Je n'insiste pas sur les dimensions du bassin, dont on remar- quera néanmoins et les dimensions bien restreintes chez la femme et la forme arrondie ou mieux cordiforme. Les particularités de détail sur ces squelettes sont : Pour celui de la femme, une empreinte deltoiïdienne fort ru- gueuse et longue de 51°"; | Pour celui de l’homme, six vertèbres lombaires, des cervicales — 89 — et les dorsales étant en nombre normal. La deuxième vertèbre cervicale est remarquable par le volume de son apophyse épineuse bifurquée, haute de 16°" et épaisse de 10°". La gouttière de torsion de l’humérus est très marquée et les bords en sont à arêtes, presque comme au péroné. L'un et l’autre squelette n'ont qu'une seule côte flottante : cinq ont un cartilage propre; six s'unissent au sternum au moyen d’un cartilage commun. Il ne peut y avoir de doute ici, comme je l'avais exprimé à propos des sujets australiens, car le cartilage originel: lui-même existe encore. Ici se terminent mes notes anthropologiques recueillies sur quelques races océaniennes durant les heures de loisir que me laissaient mes devoirs professionnels à bord. Ces notes, hélas! sont (je ne le sais que trop) fort incomplètes, et de nombreuses lacunes se font remarquer sur des sujets des plus intéressants. Si ma qualité de néophyte dans la science en peut être accusée pour une part, une autre est certainement due à des difficultés matérielles que je n’ai pu vaincre. Pnéitinag fu NRA _. a TE Fu QUE In6 Es fs nr éd Gil FD Enr ai) deS à LE “e-MlteeRNE — 2 Tang pari A jai qutioft Te alvr Sa tp sa! te: ‘statu LE ere SYÉE Boss NL DS us er tits à Die : 01 1 Yet LL + : del sera à A sols 4 nos 4 His 7e Lier 4 1 Ÿ ; Re - loss no Séfilirss alles à arib HR af nns: PP: EN “A “ FRS EE: je: re 2e “s re EE + cf LE 6 t =’ : Ne re is de j £ x e £ ï É f : CR : ce: À 2 SE SRE EST EP ENTER TS Let: 9 Lise: res (SE : d ads . TT ati, « 5 : - 4 ? ,; RC er ET à ST DS D 7 à RTE É LE. St 4 Le. MT 5 Tate FA ou — "4 Ll ë F Y d G ] Ca ’ : Ë _ s Es { . » JL TA 41 À \ . ®, L > n és r : Ve r SURATIONS Occipitale, SN: Cérébelleusr, Circonférence mm sdiana tatala © + ot (ee) [SA l: = pa = [SA © 9 493, 9 8 & bd ES —] [#E) OU CS O0 O' Len So Indice. 1 9 & © (] © pi OT QT D B O0 OT BE ur © or ex = [(#A (a = J (e] [SE] re] LES CS S ko : Go « Or = Er bd Oo Un ex ee > RS OT | (] Cr CR D © (>) =) ox [BA Le) Lon- gueur. PALAIS. OBSERVATIONS. + Les caractères, dans cetle île et dans les îles Lord-Howes, sont si dif- ferents, que j'ai cru de- voir inscrire séparément l'insulaire de Guadalca- nar, d’autant que les deux. autres donnent presque des chiffres identiques dans leurs mensurations respeclives. b L'indice nasalnedoit pas être considéré rigou- reusement : un sujet m'a donne 71.60, mais il est pathologique peut-être, ou, du moins, excep- tionnel. Un moulage peut en être vu au musée Broca (école d'anthropo- logie). © Je signale à l’atten- lion ce crâne, dont le dessin stéreographique est joint à ce mémoire. Qu'on ‘en remarque l'indice nasal et l'angle ophryo-spinal. Ë Pénn ÉS prlhnnie, Archives des missions scientifiques et littéraires; L VAL, v Ag. TABLEAU DES MOYENNES CRANIOMÉTRIQUES DE DIVERSES POPULATIONS DE L'OCÉANIE, D'APRÈS LES MENSURATIONS PRISES PAR M. GI. GAUVIN. RÉGION GRANIENNE, REGION E DTOTUNS mivreun PHOVENANCES, de x Divin totale ONSEILVATIONS. xjous, Indite maximum. Transversal minimum Bisuriculatre. Bitemporal, Sous cérébrale. postérieure. ophryo-spinal. bssilaîre, | Auitralionse ensase|h A Ja,8 | 133, xoû,a 22 50:66 | gÿ.a ê 200 | 85:05 1 ô G 5oge |Mo4s 5005 [na jp j 18 | 2208] a5° ,! n|131,3| & 3 Ba.38 5,9 | 56,01 À Darnley (détroit de Torrbs}. .… 7 5 |129 5 101,9 22 | 72:47 | 108.20 | 5810 34,5 | 28,5 | 82. ï 2 2 5° [418 CR 57 | 102 k GE GA 5 |oû 5 5 BR 3 à | 87. 5 5 50.00 Y 9 7 7 9 un Lngincer (Louisinde). . . 6 | 120,6 2 10 :02 | 73.04 | 102,31 [70.79 82 | 32 5 | 82.9 CRT 2 5 5 498,8. 2,01] 122 100,5 ù 35 ï 101,5 NoneleGuné(porL Moral) 5 3 |168 102,8 20 | 79.52 | 109,05 | 72.25 2 4 26 3 50,3 [49 & 49: 5 16-0094 "05 ñ j ! È 101,3 Nonvellwlrlnnde, :....., SanE 38,5 | 138 105,3 10h,2 -02 [3:71 || 99.59 | 68.78 3: 7 .85 2,5 [n27 ô 214009 90, 51636 1004 dans leurs mensurations Nouvelle-Breugne, Te [ETTE 109,1 5,7/1061 Mo pa 8:60 6060 5| 32, | à 5.82 | nn [ 95 [404 |A16,2 2 9° { 106,3| Q G DDRE 2 5 5, la k É Ga, 88 55 38,5* respectives. Nouvellos-Hébridos. : 130,3 | 134,4 104,6 109,9 282 [53411 | 109.86 | 70.19 | 87.43 | 34,8 | 29,2 ï 36 7 ,6.|508,5)|49 2,6 5 28 f7:82 | 104,8 Îles LordHoves (arch. Salomon). . | 2 129 | 197 100,5 106,5 19/7339 | 10620 | 68:22 ë 31,6, 50:00 | 24 2 5: Û 90,9) 528,5 [146 100 donné 31:60, sais À eut ÏE Ghadatéanart (arch. Salomon). 180 |135 gi |1025 108 22 75:00 | 103.85 É 91,5 |S5:14 & é 5 4 3 5 255 7 5 L û E ë 5,9 è] 39 34,5 | 8846 | 49 > 5 5 Û 38 | pathologique peat- dire, Hu ECO EP ERANERTE 106 |192 | gr5/108 99 ÿ |728i 104.76 | 72.62 33 | 245 [za Île Rotumah, ..........,.... 17 |ad4 | 855109 102,5 59.68 | 75.53 | 105.5: | 68.90 3 l 79.41 Nouvelle Gnlédonie, .,.,,,,.... 129 (136,6! 91 |roû 105 8.0 33 | 105.95 | 50.34 is 8 | 83.80 male à l'attens erlos, dont le EMA ee encre ssssomstsuss | 2 135 |126,5| 96 |1105 10! où fe H 98.67 [gai 34,3 | 27,7 | 81.02 9! ] 9 f 09071117 55.96 gas Gray}. 138 |130 96,5 | 112 2 107 oû 8 4. géo 600% 3: G |S1.85 133 1:36 | 93 [ii 106 |100 î 95 | 102.26 | 69.92 3: Susan 5o |298 F 18 5 : 5 51135 | 85 3 3 3.75 26 |50.00 to | 74:07 140 |1o83| g77 lan 110,3! 07.7 [8248 76.56! 01.67 |Go-76 4 | 83.08 | »1,7 17 ET on8 |: 19 [105 : 3614! 64: 5 341185 [63.48] 38,9 | 3a |82.44| 48,8 | 24,8 40.85 | 57, 69.51 ô 18:08 a fai 97 [1275 107,9 | 102 À ‘48/0000 |\68:7y BR 8 78:87 Nouvelle-Zélande. ......,...... 138,2 [136,2 | 5,2 | 108,7 [17 106,5 | 102,6 | 74. h 07:92 | 68.84 5! 88:74 les Ghatham (Morioris). ....... 137,8 [131,8 | 92,5 104,9 105 |100,5 | 75. 59 | 95.64 [67:45 82.35 78 [nu 50,3 DE 3n,8/ 505,3 46.56 19:94 50:18 AMAONRUD eve aveu esnnas see 136 Judo | p7 fard ton |103 |70. 16 |non.gû | 71.30 : 99.55 ÿ 50 |: 50 |: 526 45.06 6846| à L Gaa | 49 16.67 139 |138 |1006 | 115 F 107 | 98 00 3) 9928/7280 [TE 0.40 | 105 ï 36665 32,5 | & 6138| 37 : 36. ‘ 24 Australiens doutoux, 139 |ido 9ù no 96 n 55] 03.52 | 68.85 Monmtonnindiduoes. 146 [45 | 85,3 Ÿ 83.42 | 82. 58,56 164 |138 | 9x ' Star | 7805 | 03.75 [6340 3 5 sû 50 [310 |405 48.08 500 |230 |46.00! 95 | 07 T “ | So |64:52 9.47 | 42,5 | 28,2 54.59 500 49.00 6996130 |3 gag | 53,5 | 24,5 [15:70 24 36.36 LE tt mont tlititiniesemnnrmanngtsnte emma e +$ CES 6 pi ri FH L 9 e0 …. . EN ge ATA D CNE CI PL EEE : " 1 » « . r “ it 1 ; à i #1 ? à SR à + Os ne Bree ce NE ro Embed M as ..… TatuoT' ation Û L : : MIE mt { Î l te tic PE QE] ti y dy Î \ : : é\ 8 ï LR G CE. 6 à « L'OUTRMIE p:" 1 . AE LE A: 0 DE OR Des de son | | \ L : 1 : è A bb 14 Ne di dei | GT : (l » AE OL 4 Ur & : # se md 8 LS | 1 L 4 | L £ € . | A 2 LE œ E à à'ALC EN ‘y OL | L | M 1 LT AAR [9 À H oc t (MAG: OEM 1 2 WA 1 | : | c : r Le, j 2.4 j : : d'u PAPE : | ‘ , | PARTRE" F : t * - LU ni Lu € #1 4 L' + & L : k | 2 2 Lcd r +4 i ù : 2 | rs. CPL ARCS ET . | 1 L ), ù { : : 19576 Î 11 LE " EH pr 172 : 7 is _ahesBis TABLE DES MATIÈRES SUIVANT L'ORDRE DANS LEQUEL ELLES SONT PLACÉES DANS CE VOLUME. Rapport sur le Congrès international des maîtres des sourds-muets à a N 0- Aupuste HOupIN: : 2. Je 2.0 00 Le ee ea ee Le mariage de Louis d'Orléans et de Valentine Visconti. — La domination française dans le Milanais de 1387 à 1450, par M. Maurice Faucon... Rapport sur une mission en Islande, par M. René BREON............. Rapport sur une mission en basse Bretagne ayant pour objet d'y recueillir omelodies populaires, par M. QuELLIEN. .:....,,........,..... Rapport sur une mission à Madagascar, par M. L. HumBLoT. ......... Rapport sur la mission de M. Humblot à Madagascar, par M. Alphonse 2 4 ONE Nine de MU fe a ss Rapport sur une mission à Turin afin de prendre part aux travaux du Congrès international d'hygiène de 1880, par M. A-J. MARTIN. ...... Rapport sur la mission de M. Capus dans l'Asie centrale, par M. Alphonse ee en 3 Mission dans l'Asie centrale : les sables du Ferghanäh, par M. Capus.... Rapport sur une mission en Suisse, par M. Ch. COURNAULT.......... ! Note sur le Musa textilis ou Abaca, par M. A. MARCUE. ......... SET SANS Rapport sur une mission en Suède, en Norvège et en Russie, par M. Ch. A 3... D à Re SR A CU EVA EURE NE DANS Mémoire sur les races de l'Océanie, par M. Ch. Cauvin............... ) : Pages. L 6 DA 4 di} AU à : "4 ; il 4 di | t } h : h (L Pp« i | an ' A } | | ul l > _ AUNE à . Le . LE ù } ÿ ‘. i » LUN 3 9088 01298 7905