;it^ ■'}n ■■: '/i -■' ■\'.\ ■ >Jk- fc- .i«yi MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES ARCHIVES DES MISSIONS SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES CHOIX DE RAPPORTS ET INSTRUCTIONS PCBLIE sons LES AUSPICES DU MINISTERE DE L'INSTRDCTION PDBLIQUE ET DES COLTES IV" VOLUME. — IIP CaHIER Les planches qui doivent accompagner le rapport de M. de Linas n'ayant pu encore etre gravees, seront publi^es avec le IV° ou le V° ca- liier des Archives. PARIS IMPRIMERIE IMPERIALE MDCCC LIV ARCHIVES DES MISSIONS SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. ^.^-29' 3/^. ^". "^kM^^^ IMPRIMERIE IMPERIALE. M DCCC LVI. MINISTERE DE L'lNSTRUCTIOfV PUBLIOUE ET DES CULTES. ARCHIVES DES ISSIONS SCIENTIFIQUES. RAPPonr de M. Chatiii sur hi mission qa'il a exccutde en iS53. Monsieur le Ministre, Vous m'avez honore, par un arrete en date du i3 septembre i853, d'une troisieme mission ayant pour objet la statistique de I'iode dans I'air, les eaux, le sol et les produits alimentaires de la France (contrees de I'Est el du Sud) , de la Suisse et du Piemont, ainsi que la determination des rapports que pent avoir cette statis- tique avec le nombre des goitreux et des cretins dans les memes regions. Je viens soumetti-e a Votre Excellence les resultats de mes recherches. Afm d'etre suivi plus facilement dans mes explorations, j'en exposerai somniairement I'itineraire. De Paris, je me suis dirige sur Nancy, ville non loin de la- quelle est FiOsieres-aux-Salines , veritable nid de goiti^eux et de cretins; puis j'ai visite quelques localites en me rendant a Stras- bourg, point central de la grande vallee franco-allemande du Rhin, que j'ai exploree en aval jusqu'a Carlsruhe \ en amont jus' ' ['ar nion voyage de iSas , mes observations se iient de Carlsrime a CoJogri'--- MrSS. SCIRNT. IV. 1 qu'aux sources qiralinienteiit les glaciers du canton ties Grisons. Je me suis specialement attache a visiter quelques-unes des val- lees qui , s'ouvrant des montagncs de la Foret-Noire sur la rive droite du Rhin, ct de la chaine des Vosges sur sa rive gauche, ne participenl qu'imparfaitenient aux courants atmospheriques du grand bassin. A cet egard, Baden-Baden, Frihourg-en-Brisgau et Sainte-Marie-aux-Mines, qui atlirent chaque annee un si grand nombre d'etrangers, ou par le renom de leurs eaux, ou par leurs merveilles architecturales, ou par rimportance de leurs indus- tries, sont des points que j'ai d'autanl nioins hesile a preferer pour mes etudes, qu'ils passent pour compter uri bon nombre de goitreux. J'ai aussi quitte le Rhin Suisse pour faire quelques observa- tions a Sainl-Gall, a Zurich et a Baden en Argovie. Cette incur- sion a rinterieur devail, rapprochee des resultats fournis par quelques produits envoyes de Fribourg par M. le docteur Thur- ler, et d'une serie d'observations portant sur toute la circonference de la Suisse, me permettre de fixer, quant a I'iode et au goitre, la constitution generale de cet Etat. Apres avoir franchi le Splii- gen et revu sommairement, en Piemont, Tui'in et quelques au- tres lieux que j'avais deja explores, je me suis attache, dans ce pays trop classique du goitre, a I'observation des localites que je n'avais pas encore visitees. Je citerai parm^i celles-ci BorgoNovo, Novare, Verceil, Pigneroles, Saluces, Savigliano , Coni et Nice, ^insi que Dronero, Busca, Legnasco et Martiniana, que M. le comte de Cibrario, ministre de I'instruction publi(|ue de S. M. le roi de Sardaigne, avail recommandcs specialement a mes etudes. L'hopital pour les jeunes cretins, que vient de fonder, dans les meilleures conditions, ce ministre eclaire, m'a rappele en Aoste, ou j'avais d'ailleurs a rechercher, dans les vallees paralleles et con- tigues de Gressoney et de Challant , les causes d'un contraste dans lequel on avait pu voir la toute-puissance des conditions hygieni- ques sur le developpemeut du goitre (ce qui ne pouvait se conci- Her avec les consequences deduitcs de mes recherches). Du pont du Var a Paris j'ai visite Draguignan, Toulon, Marseille, Aix, Avignon, Aries (ou il m'a ete donne de faire une observation aussi inattendue qu'elle est instructive), Nimes, Montpellier, Tou- louse, Bordeaux, Angouleme, Poitiers, Tours et Orleans. Son Excellence peut voir que ma preoccupation , dans le voyage ac- tuel conime dans les deux precedents, etait de suivre un itineraire qui me mit en contact avec les localites qui devaient fournir le plus d'elements a mes reclierclies. Comme je Tai fait pour Texpose de mes etudes en Lombardie et en Allemagne, je partagerai les observations dont je vais rendre compte en deux groupes, comprenant, le premier, les fails gene- ravx , le second, les f aits sphiaiix ou formant exception a I'etat general de la contree. FAITS GENERAUX. A peine quitte-t-on Paris pour s'avancer sur Chalons par la vallee de la Marne,que deja on pent observer un certain nombre de goitreux a Nantouillet, a Nanteuil , ainsi qua Farmoutiers, sur les plateaux et dans la vallee secondaire du grand Morin. Quoique plus rare a Chalons , le goitre n'y est pas inconnu. Ces diverses localites, comme le Soissonnais, auquel elles se relient par le bassin de I'Ourcq, comme la vallee de Montmorency, comme plusieurs villages des collines calcaires ou gypsiferes qui entourent Paris, ont une atmosphere, un sol et des produits ali- mentaires normalement iodures, mais leurs eaux .potables sont chargees d'une forte proportion de sels calco-magnesiens et tres- pauvres en iode. Lorsque le prejuge qui fait encore preferer les eaux limpides fournies par les puits et les sources aux eaux acci- dentellement limoneuses des rivieres et aux eaux de pluie sera enfin detruit, on veira le goitre disparaitre des lieux precedents comme d'autres pays ou cette maladie n'etait entretenue que par la seule nature des eaux. C'est ce qui est arrive notammenl a Sains (Nord), qui ne consomme plus que des eaux de pluie, el a Reims, oii, suivant les recherches de M. Maumenee, le goitre estdevenu moins commun depuis qu'aux eaux calcaires des puits ime partie des habitants ont substitue celles de la riviere deVesle, que j'ai reconnues etre de beaucoup plus riches en iode. Nancy est dans de bonnes conditions; mais on ne pent en dire autant de plusieurs localites du voisinage. Bientot apres la Char- treuse-de-Nancy on arrive a Saint-Nicolas-du-Port, si connu des archeologues pour sa precieuse eglise du xv* siecle, et qui semble etre, au point de vue de ces recherches, la sentinelle avancee de Rosieres-aux-Salines, dont la separe seulement une colline de rnarnes irisees que recouvrent de nombreux vignobles. Deja, a I'occasion dc cello queslion jjosee par Ic cougros scieiilirKjue de Nancy (i85o) : Fourquoi Vcaii de Bosiercs donnc-l-cUe le goitre? j'avais reconnu ral)sencc de I'iodc dans iin residu d'eau que niV vail envoye M. Doraengeot, pharinacicn a Nancy; mais j'ai voulu, dans le present voyage, etudicr dans la localite nieme rensemblc dcs conditions auxquelles celle-ci doit sa trop juste reputation. Rosieres est uu grand bourg de 2,800 ames place dans la vallee et sur les bords de-la Meurthe, au pied d'une colline qui I'abrite au sud-ouest. La Meurthe, de grandes prairies et quelques ma- recaires enlretiennent unc cerlaine huniidite. Les rues sont assez bien percees etpropres, les maisons ont un ou deux etages. Des fontaines nombreuses distribuent I'eau a la population , empreinte, surtout dans le quartier Saint-Pierre, dc cctte nonchalance, de eel hebetenienl de la face el de celte lenteur dc conception qui indiqucnt le premier elat de la cachexic cretineuse. Suivant un releve statistique, qui est certainenient au-dessous de la verile quant au goitre, cette maladie porterait sur ^„ de la population , dans laquelle on compterait environ 32 cretins ou demi-cretins. Pour moi , j'ai rencontre dans les rues i5 femnies sur 2/1 (|{) aflligees du goitre, et sculement 2 horames sur 1 4 (~). Par centre, j'ai vu 7 cretineux et seulement i cretineuse; point de vrais cretins. C'est, du reste, une remarque que j'ai faite souvent (apres la commission de Sardaigne), savoir, que le goitre atteint plutot les femmes que les hommes, ce qui est le contraire du cre- tinisme. Les eaux de la fontaine Saint-Pierre et celles de trois autres fontaines placees cnlre Saint-Pierre et I'llopital sont accu- sees par les habitants de donner le goitre, et ce n'est pas sans motif. Chargees de sulfates et de chlorures de chaux et de ma- gnesie, ainsi que d'une certaine quantite de bromures, ces eaux, qui conticnnenl par litre jusqu'a 1 gramme 6 decigrammes de sels fixes, nerenfermentpresquepas d'iode (environ j-^dc milli- gi'amme par litre). On boit avec plus de confiance les eaux plus legeres et moins pauvres en iode des fontaines placees rue du Haras, rue du Petit Pont, et au sortir de la villc, rue de la Fon- taine. La pompe-fontaine placee a I'interieur de I'Hopital, contre la porte d'entree, donne de I'eau d'aussi mauvaise qualile que cclle de la place Saint-Pierre, tandis que le puils-pompe creuse dans la cuisine meme, et dont I'eau est la scale employee dans I'etablissement comme boisson et pour la cuisson des aliments. 5 est nioins calcaire et plus ioduree. Nul doute que la iialure des eaux ne soit la cause principale de la degenerescense de la popu- lation de Rosieres, dont le premier besoin serait de faire pei'dre dans la Meurllie les niauvaises eaux de la place Saint-Pierre et toutes celles qui sont de pareille nature. L'eau des autres fon- taines, convenablement repartie, suffirait encore a la consom- mation des habitants, qui pourraient aussi recourir a l'eau de la Meurthe, on, ce qui serait bien prefcrahle, recueillir celle des pluies. Des niedccins ont cru pouvoir expliquer I'etat de Ro- sieres par rhumidite du sol alluvial et de I'air, humidite qui n'est en realite qu'une circonstance aggravante. La vallee, qui a environ 4 kilometres de Test a I'ouest et au moins 6 kilometres du sud au nord, est d'ailleurs dans de I)onnes conditions de venti- lation, les coUines qui I'encadrent etant d'une faible elevation {100-200 metres). Luneville a de bonnes eaux et une belle population; mais le goitre n'est pas rare a ses portes, dans la vallee de la Vezouse, oil les eaux sont chargces degypse, de chlorures (terreux et alca- lins ) et memes de bromures , mais contiennent a peine de I'iode. L'ioduration de I'air, des eaux et du sol est encore a peu pres noi'male a Sarrebourg et a Saverne , oil le goitre est fort rare. Strasbourg vaut mieux que sa reputation. S'il est vrai que les etrangers qui viennent s'y fixer, et les soldats qui y tiennent gar- nison, sont quelqucfois atteints du goitre, il n'est pas moins cons- tant que cette afTection est rare parmi ses propres habitants. L'air y est a peu pres normalement iodure, et il en est de meme du sol , surtout dans les parties un peu relevees de la vallee, oil il est plus ou moins argileux et colore en jaune par I'oxyde de fer; les eaux seules , que fournissent partout des puits-pompes , dont le niveau s'eleve ou s'abaisse avec celui de la riviere d'lll, sont d'une mediocre ioduration (^ ou ~ de milligramme pour 10 litres d'eau). Les eaux de 1111 ne sont pas plus iodurees que celles despuits, tandis que la'pluie contient une proportion a peu pres double d'iode. L'eau des puits de la Robertsau, qui vient peut-etre du Rhin a travers le sol alluvial auqucl elle enleve cer- tains principes , est, comme celle des puits de Strasbourg, un peu seleniteuse, tres-chloruree (quatre fois plus que la Seine a Paris) , mais encore un pen moins chargee d'iode. J'ai vu le goitre chez ~ des femmes do la Robertsau. On assure que celte affection y — 6 — ctait autrefois plus commune, ce qui est d'autant plus facile a ad- meltre que le pays est du nombre de ceux ou de bonnes conditions hygieniques el I'introduction de nuuvelles I'ctces d'hommes peuvenf contre-balancer la Icgere insudisance de la proportion d'iode, el qu'il est precisement et presque exclusivement habite, aujour- d'hui, par une population qui s'y est nouvellement fixee. Mais exciper dece qui s'est passe ii la Robertsau, ct en quelques autres lieux aussi moyennenient iodures, pour conclure que ie goitre el le cretinisme seront un jour proscrits, par les seules ressources de I'hygiene, de tons les pays qu'ils desolent, est uneexageralion evidente, permise seulement a ceux qui n'ont etudie la question que dans une seule localite ou par un seul cote. Sur la rive gaucbe ou allemande du Rliin, on trouve tout d'a- bord Kehl, puis, plus loin et plus bas, Carlsrube, dont les eaux seules ont une ioduration mediocre, et oii je n'ai observe le goitre que chez -^ des femmes. En Ire Kebl et Carlsrube, mais rejete dans les premieres anlrac- tuosiles de la chaine des Montagnes-Noiiies , est Baden-Baden, qui doit a ses jeux et au confbrt de ses hotels, autant qu'a ses eaux minerales et a la beaute de ses sites, d'etre, pendant I'annee presque entiere, le rendez-vous d'un nombre considerable d'etran- gers. Je devais d'autant plus m'attendrc a trouver a Baden-Baden un specimen des goitreux si renommes de la Foret- Noire , que I'a- nalyse des eaux de plusieurs grands torrents qui descendent de celle-ci n'y indiquait que des traces infimes d'iode; et cependant il n'en a rien ete. Je comptai bien le matin, au marche, le goitre sur ■— des femmes appartenant aux villages voisins; mais, sur 60 femmes de la ville, je n'en vis que deux tres-petits (|/6o). Les fontaines, qui recoivent sans doute des infdtralions des sources minerales, et que j'ai trouvees plus iodurees que i'eau bue a Paris, expliquent d'une maniere satisfaisante , par leur composition, I'immunite speciale dont jouit la population de Baden-Baden. II m'a surtout paru qu'on ne pouvait plus conserver de doute sur la cause de cette immunite en voyant pres de la le beau village de Zinzheim, dans lequel, malgre sa position en dehors du repli de la montagne, un nombre assez considerable (^) de goitreux coincide avec la tres-faible ioduration des eaux. Place au debouche de la pittoresque vallee de la Treisam et — 7 — nu pied du Kaiserberg, Fribourg-en-Brisgau , ville bien balie, bieii percee el riclie de ses industries, est cependant i'une de celles ou j'ai vu le plus de goitreux. Au marche qui se tient Miiuster-piatz, a I'ombie de la magnifique metropole, que couronne sa flecbe a jour sans ri\ ale , j'ai compte le goitre sur f^ des femmes arrivees du dehors; dans Kaiser-gasse et Jesuiten-gasse, sur ^ des habi- tants^ de la ville; et enbn, plus tard, tant au marche qu'en di- verses rues, sur ^j^'^. En meme temps que le goitre sevit avec une si affligeante intensite, I'ioduration de I'atmosphere, et sur- tout celle des eaux potables (Fontaines situees Mimster-platz et Kaiser-gasse), s'est proporlionnellement abaissee. L'eau des fon- taines de Fribourg est extremement Ugere , bien moins magne- sienne et plus chlorarec que l'eau de Paris ^. La Treisam, qui alimente sur son parcours des populations que deciment le goitre endemique et le cretinisme, est encore moins ioduree que les Fontaines de Fribourg. Si, de Strasbourg, on remonte le Rhin sur la rive gauche ou franc^aise, en passant successivement par Benfeld, Schlestadt, Colmar, Mulhouse, on constate que la proportion de I'iode, dans les eaux pluviales et dans les eaux des pompes , est presque nor- male, et que le goitre atteint a peine 2 a -^- de la population *. II n'en sera plus de meme a Bale, que quelques lieues seulenient separeut de Mulhouse, ni a la Croix-aux-Mines, qui rentre, a la hauteur de Schlestadt, dans un petit vallon des Vosges. Notons, en passant, que l'eau des pompes de Benfeld, de Schlestadt, de Colmar el de Mulhouse, est tellement chargee de sel marin, qu'on pent dire que c'est une eau salee. A I'entree de la vallee de Sainle-Marie-aux-Mines, qui regarde celle de Fribourg et de la Treisam, et est creusee, comme elle, dans des roches de micaschisle et de gres vosgien , on passe le village de Chalenois, dont l'eau minerale, dite de Buekelkuentz, est assez riche en iode ( j de milligr. par litre ) pour etre utilisee dans les localites voisines conlre le goitre. En s'engageaut dans la vallee, on traverse Liepvre, dont la population, de constitution cretineuse, porte d'enormes goitres et esl alimentee, comme celle ' Femmes. ^ Idem. ^ Je n'ai pas vii de cretins a Fribourg, mais il ne peut iiianqucr d'y en avoir. * Femmes. — 8 — de Fribourg, par des eaux fort legeres, a peine magnesiennes et relativementlres-chlorurees. Aprcs Liepvre vicntSainte-Croix-aux- Mines , qui ne lui est que trop semblable.Pliis haul eniiii estSainU;- Maric-aux-Mines ou Marialdrch, dont la population fixe, de six mille ames environ, est plus que doublee par les ouvriers qu'atlirent sur- tout ses fabriques de tissus. On comprend que, grace a cette cir- constance, la population de Sainte-Marie-aux-Mines se renouvelle, que des families, depuis longtemps degradees par les conditions du milieu, aient ete regenerees ouchangees, etc.; aussi le goitre y est-il moins commun qu'autrefois. Cependant (sans parler des cous engorges), je I'ai observe sur -^ des femmes. Le goitre est encore commun sur les points les plus eleves de la vallee. Au hameau d'Echerie et plus baut encore, je I'ai vu alteindre 8 femmes sur 2/i. Les eaux de la Lambach, petit tor- rent qui coule au fond de Telroite vallee de Sainte-Marie-aux- Mines, sont, comme celles de ses sources-fontaines , tres-mediocre- ment iodurees (environ -~ de milligramme d'iode pour 10 litres). On imaginerait difficilement , quand on n'en a pas etc temoin, la difference profonde qui separe la population de Bale de cello de Mulhouse et des bourgades plus rapprochees, mais apparte- nant encore a notre Alsace. Tandis que le goitre est une rarete a Mulhouse, il frappe a Bale ie tiers de la population (^ des femmes). C'est que le Rhin, qui descendait de Test a I'ouest, forme, a Bale, un angle droit pour couler vers le nord, et que ce changement de direction est la consequence d'un ctat topogra- phique qui separe cette ville de la grande vallee franco - badoise pour Tenfermer entre les chaines de la Forel-Noire et du Jura, Aussi Tatmosphere et les eaux de Bale (fontaines situees Miinster- platz et Markt, la Birse et le Rhin) representent-elles, par leur faible ioduration, les contrees qui se deveioppent, en amont, sur les deux rives du fleuve. De Bale a SchafTouse, on trouve assez uniformement, malgre . la diversite des formations geologiques et la hauteur des plateaux, que les eaux sont egalement pauvres en iode, et que le nombre des femmes alTectees de goitre oscille dans la proportion de '-777-^. A Waldshult, cependant, les eaux, plus iodurees qu'a Creuzach, Riedmatt, Schworstatt, Sackingen, Lautenburg (011 se voil la pe- tite chute du Rhin) et Chiengen, correspondent a un nombre moindrc de goitreux. L'inverse a lieu pour SchafTouse, ou j'ai vu — 9 — 27 femnies goilreuses sur 07 (77), et ou, ties deux gardiens perches au haut de I'antique tour qui couronne le rochcr du Munoth, le mari est evidemment de ronstitulion cretiiieuse, tandis que la femme porte un gros goitre. Neuhausen, qui s'eleve, expose a tous les vents, sur la colline au pied de laquelle le Rhin forme sa grande cascade, diflere a peine de Schanbuse ^ J'ai vu le goitre sur la moilie de la population (7^) de la belle et industrieuse ville de Zurich, dont I'air et les eaux (fontaine d'Hercule, sur la rive gauche du lac, au coin d'Hinter-Hofgasse et d'Ausseren-Rain , autre fontaine pres le quai de la rive droite, ponipe de THotel-Baur, le lac, la Sihl) rappellent SchalTouse. Nolons encore ici que des eaux riches en chlorures (pompe-fon- taine sur la rive droite) sont cependant pauvrcs en iode. De Zurich on se rend, par la vallee de la Limmat, a Baden en Argovie, qui possedeles eaux minerales les plus anciennement renonimees et encore de nos jours les plus frequentees de la Suisse. Sejour plus calme, niais ville d'hotelleries comme Baden- Baden , le Baden Suisse a ce desavantage d'avoir des eaux po- tables trespeu iodurees, fait en coincidence avec un certain nombre de goitreux. Un savant (et tres-obligeant) medccin de I'endroit , M. le docteur Minnich , m'a toutefois assure que le goitre est beaucoup moins commun a Baden qu'a Dietikon ^ et a Zurich ; ce cjui licndrait peut-etre a i'ioduration de fair du vallon par riode qu'entraineraient, des nonibreuses sources minerales, les deux mille pieds cubes de gaz azote et carbonique, qui, d'a- pres des calculs plausibles, s'en degagent chaque jour. Ce tjui est certain, c'est que I'eau thcrmale saline, dans laquelle M. le pro- fesseur Loewig, de Bale, a indique le brome (que M. Pane evalue a 7 de milligramme par litre) et non I'iode, ne contient de ce dernier corps, suivantmes analyses, qu'une proportion inferieure a celle qui existe dans les bonnes eaux potables; c'est c|ue la composition generale de Teau de Baden est telle quon devait, rt priori, s'attendre a la trouvcr plus ioduree; c'est que pres de Baden sont les eaux aussi therniales salines de Biiniinstorf et de Willedegg, dont la richesse en iode est extreme, mais c[ui ne ' La proportion des femincs goitreuses que j'ai vucs a Neuhausen est de -^. - Bourg entre Zurich et Baden. C'est \il que Massena, cache par un pli do terrain, passasur la rive droite dc la Limmat pour surprendrc ics Russcs et rem- porlcr sur euxia Cl'l^hrc victoirc de Zurich. — 10 — sont pas traversees et tenues coiiiine en ebullilion par iin inipt'- tueux courant tie gaz acide; c'est que les sources de Birmiustorfel de Willedegg sortent, coninie celles de Baden, de la formation du lias, enlre les gypscs metaniorphiques et les calcaires ^ Fursenstorf, quoique place sur un plateau eleve d'envirou 65o metres; Wiutherthur, quoique riche de ses fabriques de mousseline et la plus jolie ville de la Suisse; Frauenfeld, malgre sa belle exposition au-dessus de la riante vallee de la Thur et la reconstruction de ses maisons , faite dans les meilleures conditions d'hygiene a la suite des terribles incendies de 1771 et de 1788, different pen, quant a Tiode et au goitre, des contrees de la Suisse dont j'ai parle plus haut; il en est de meme de Steckborn, de Mannebacb, que domine le chateau d'Arenemberg (aucieii sejour de la reine Hortense et de son tils Louis-Napoleon, au- jourd'hui Empereur), d'Hermatingen qu'une colline separe du W olfsberg (chateau autrefois habite par le colonel Parquin), ou se trouve une source ferrugineuse assez ioduree pour rendre quelques services aux habitants du pays, et, enfm, de Tagerwer- len , ou le goitre enorme que portal t la maitresse du bureau de poste fjxa surtout mon attention. Suivant les lenseignements que me fournirent quelques-uns de ses notables habitants, i'antique ville de Constance serait a I'abri du goitre, qui existerait tout au plus dans le faubourg par lequel on sort pour aller visiter le lieu ou Jean Huss, victinie de Fardeur religieuse d'une epoque qu'on ne comprend que trop par les fureurs politiques de notre siecle, fut briile comme heretique. Cependant, mis en defiance par I'analyse des eaux de la pluie el du lac, et plus encore par celle des fontaines de la longue place et de la pompe (a eau calcaire et fortement chloruree) pres I'e- glise, qui ne contiennent que fort pen d'iode {^jj de milligr. au plus pour 10 litres), je constatai sans surprise, au centre meme de la ville, que, sur /io femmes, i3 (||) etaient sensiblement af- fectees de goitre. Les bords du haut lac, en amont de Constance, ne sont pas plus exempts du goitre que les rives du lac inferiear ct de la region basse du Rhin suisse, Au point de vue du regime et de I'etat de ' L'analyse dc ]a vapcur conJcnsec, dans les vaporarium dc Baden , par un corps froid, indicpierait sans doule ia presence, de I'iode dans les prodiiils qui sedega- gcnl des canx. J'attends ces prodnits de robligeancc dc M. le docteur Minnich. — Il- ia population, on est conduit a reconnaitre que Morsbuvg (petite ville aussi reellement badoise que Constance devrait ctre Suisse), que Fiiedrichshale, Lindau et Bregenz, ports du Wurtemberg , de la Baviere et tie rAutriche (Vorarlberg) sur la Mer de Sbuabe; que Romanshorn, la delicieuse Arbon [Arbor Felix des Romains, encore fiere de sa tour merovingienne) el Rorsbacb , le port le plus vaste, le plus sur et le plus frequente, ne different que par des nuances de Bale et de Constance. Saint-Gall, qui, par une ceinture de hautes coUines et de mon- tagnes, est plus sequestre encore que la plupart des contrees qui I'entourent , a des eaux carbonatees et a peine chlorurees dont I'ioduration tombe au minimum (^77 cle milligramme pour lo litres), et une population affligee de goitres enonnes et nom- breux (f^). Quelques personnes soutiennent encore que I'indus- trie, par I'aisance quelle apporte, chassera le goitre et le cretinisme devant elle. Je ne saurais trop les prier de visiter Saint-Gall, si riclie par son commerce de mousselines brodees et pourtant si plein de goitreux. A Rheineck, a Balgack , a Allstatten , a Oberried , et sans doute dans les autres bourgades du Rbeintball ; a Riiti , a Buchs , a Bur- geran , a Sevelen, a Triibback, a Sargans, qui appartienuent au Rbeintball superieur; a Vaduz et a Lichteinstein places sur la rive droite du Rbin en face de Burgeran , I'air et les eaux sont encore tres-peu iodures , et la moitie ou les deux tiers (7,^,7) des femmes que je rencontre portent des goitres. Entre Sargans et Coire est Ragatz, oil dcbouche de ses gorges affreuses I'impetueuse Tamina, qui va a 1 kilometie de la se pre- cipiter dans le Rbin. Place entre les hautes montagnes des Grisons, de Claris et du Tyrol Suisse, Ragatz compte un tres-grand nombre de goitreux, qu'il fera disparaitre quand il le voudra,en dirigeant dans ses fontaines la celebre eau minerale cle Pfeflei's. La source de Pfeffers est situee a environ une lieue de Ragatz , sur la rive gauche de la Tamina. Comme les eaux de Lamotte, de Pre-Saint-Didier, etc, , elle sort des rochers au fond d'un abime. A 5oo metres environ de la source , sur des rochers et aussi clans I'epouvantable gorge de la Tamina , est le batiment des bains, cjue le soleil ne visite que pendant trois ou quatre heures dans les plus grands jours. Aujourd'hui, la plupart des baigneurs delaissent ce sublime, mais infernal sejour, pour le bel hotel de — 12 — Ragalz [liagalz Hof), oii les oaux de la source son I anienees encore chaudes (a 28°; elles niarqucnt a la source 34") par un bon sys- teme de tuyaux. C'est parce que I'eau de Pfeflers arrive actuelle- nient a Ragalz, qu il serait facile aux habitants de la faire entrer dans leur regime alinientaire. Cette eau, qu'on regarde a tort conime I'analogue de I'eau de Baden , ne contientquc fort pen de carbonates de chaux et de niagnesie, une tres-pctite quanlite de gypse, mais une proportion I'elativement considerable dechlorure de sodium el d'iode. Voici approximativement le rapport de ses elements pour 1000 grammes d'eau. Carbonate de cliaux i r ue magncsic , \ Sulfate do chaux o,^ li Cblorure de sodium 0,70 de calcium 1 1 r • I 0,10 de magnesRuii ) lode, environ 1 de miili"rammc 1,09 Cette eau , presque sans saveur, et dont Tioduration est a peu pres vingt fois plus forte que celle des meilleures eaux de Paris , suffirail amplement a iodurer le regime des habitants de Ragatz'. A quelques lieues de Ragatz est Coire [Cliar], capitale des Grisons et Tun des quartiers generaux du goitre, alTection quej'ai constatce sur |^ des femmes. Placee sur le cote N. E. de la valiee du Rhin , a 2 kilometres environ du fleuve et au pied de hautes montagnes, Coire est batie sur le torrent de la Plessur, a I'endroit meme on il debouche de ses profondes gorges. Les rochers du voisinage sont des schisles micaces gypsiferes qui , ainsi que le sol arable forme de leurs debris, cedent fort peu d'iode a i'eau froide^; i'eau des fontaines (fontaine devant ia cathedrale, fontainepres la Porte du pont, fontaine sur la rive gauche de ia Plessur, pres ' J'offrc ici mes publics remerciments h M. Zurburg, pharmacien a Ragatz, dont Textreme obligeance nest egalde que par le savoir. Les pbarmaciens alle- mands sont en general plus instruits que les pbarmaciens fran^ais, dont la plu- part sont recus en deliors des licoles par des jurys pres([uc toujours laibles on meme ignorants. ^ Lavigncle mals cl le noyer tienncnt une bonne place dans la culture de Coire. De superbcs forcts de meleses [fjurix curoinva] el de sapins (/l/i(f5 c.rcclsa) coiivrenl le pied des montagnes. — is- le Gaslhof zum Steinbock ) est seleniteuse et a peine iodurt^e. 10,000 litres d'air lie in'ont pas donne la plus faible trace d'iode. Les eaux minerales ne manquent pas a Coire ni aux contrees qui rentourent. A 3 kilometres environ de la viile, jaillissent, des flancs de la montagne et sur la rive droite de la Plessur, deux sources ferroacidules qui ne different pas sensiblement de I'eau miiK^rale de Belveder pres Malix , qui a ete signalec a mon atten- tion parM. Hilitz, savant pharmaciea de Coire. La source de Bel- veder est situee entre les rochers, au fond de la gorge oil coule la premiere branche de la Plessur; une pompe en bois que recou- vre un depot terreux-ocrace sert a elever I'eau, que des habitants de Coire tiennent en grande estime. D'une saveur sensiblement piquante et atramentaire, cette eau exhale une legere odeur sul- fureuse et degage un peu de gaz carbonique. 1,000 grammes laissent un residu de i''',2, compose de gypse pour la plus grande partie; I'oxyde de fer n'y entre que pour 0^,02 etl'iode pour -~ de milligramme au plus (trois fois plus qu'une bonne eau potable). Les eaux minerales ferro-acidules de Fideris en Prettigau et de Saint- Moritz en haut Engadinc contienneut, par litre,] usqu'a 2 grammes de residu et seulenient une proportion infime d'iode (Fideris •pjij-j de milligramme ; Saint-Moritz -^ de milligramme). Non loin de Fideris, dont les bains sont recherches des febricitants, est Jenatz, qui possede une source sulfureuse assez ioduree, re- nommee contre les scrofules. L'eaH de Stachelberg (canton de Claris) est d'un usage assez repandu a Coire. Cette eau , vantee contre les maladies de poitrine et les engorgements des glandes , nous a paru ne pas contenir nioins de ^ de milligramme d'iode par litre. De Coire au Spliigen on passe par Ems, par Reichenau, ou le Rhin iposteneur {Hinter Rhein) sereunit au Uhin anterieur {Vorder Rhein) ; par Tusis, que ferment au sudest de hauts rochers au travers desquels s'ouvre une gorge longue et noire dont le fond regoit la principale branche du Rhin, tandis que sur ses parois est taillee la via mala. Dans tons ces pays, ou j'ai vu le goitre sur la nioitie ou les deux tiers (^ j) des femmes , le terrain est forme par des schistes ardoisiers ou des calcaires schisteux avec veines de niarbre (le di- luvium est representea Bonadaz), et les eaux sont tres-peu iodurees. Apres avoir monte la Via mala et un pen avant d'arriver au village d'Andeer, on trouve une source minerale ferro-terreuse — Hj — acidule ([ui attire chaque annee un certain noinbre il't'lrangeis, ot dans laquello je n'ai pu constater qu'une Ircs-niininic quanlile d'iode (ttv dc milligramme par litre). Au bourg du Spliigen, qui forme, aune hauteur de i,55o me- tres , la limite des habitations sur le versant suisse des Alpes , on ne trouve presque plus de goitreux ; la meme observation s'appli- que au village de San Bernardino, situe a uno altitude dc i ,6G5 me- tres sur le versant italien; maissur ces deux points, I'ioduration des eaux et de I'air s'est tres-sensiblement elevee (environ -j^ de milli- gramme d'iode pour lo litres d'eau, taut de la fontaine pres Tau- berge du Spliigen , que de la neige prise vers la inaison du pla- teau qui couronne le Bernardin et de la Maesa a San Bernardino). Le nombre des goitreux s'est beaucoup accru a Roveredo, dont I'altitude n'est plus que d'environ 3io metres, et ou la Moesa, apres un parcours qui n'est depuis San Bernardino qu'une iongue cascade, a perdu presque la moitie de son iode (pour lo litres a peu pres -^ de milligramme a San Bernardino, -p^ de milli- gramme a Roveredo). Notons, avant d'aller plus loin, que San Bernardino possede une eau minerale terreuse charg^e dun peu de fer. Je n'ai pas trouve d'iode dans cette eau, qui est vendue dans toute la Suisse, ou elle remplace les eaux de Seltz et de Saint-Galmier. Ces dernieres ont toutefois I'avantage de contenir la proportion d'iode qui existe dans les meilleures eaux potables (^ de milligramme pour lo litres d'eau). Bellinzona compte, ainsi que Magadino, Locarno, Ascona, Cannabio, Intra, Belgirate, Arona^ et sans doute les autres villes qui bordent le lac Majeur, un nombre considerable de goitreux; il en est de meme d'Oleggio , de Novare et de Verceil : dans tons ces pays les eaux sont peu iodurees. L'eau des pompes dc Novare m'a ofiert, aun degre tres-marque, la coincidence d'une mediocre proportion d'iode avec une quantite notable de chlorures. La question du goitre et du cretinisme doit surtout etre resolue pour le Piemont, etat dans lequel on peut compter les communes afTranchies de ces etats morbides, du premier notamment. La juste importance qui lui est accordee par le (louverneincnt pic- montais, importance dont temoignent, dune part la nomination ' Dc'j^ I'annee derniferc j'avais vu Arona el qiu'lqncs autres points plac<^'S cntre Doino (I'Ossola el Milan. — 15 — dune commission speciale el eminentc dont le rapport a ete le point de depart de tous les travaux poursuivis dans ces dernieres annees , et d'autre part la fondation qui vient d'etre faite, au point ' de vue des donnees actuelles de la science , d'un hopital de cretins a Aoste, indique assez que probablement aussi c'est par le Piemont que la question recevra du moins sa solution pratique *. Turin lui-meme, cette belle capitale aux rues droites et laiges, dont les habitations, qui sont moins des maisons que des palais, offrent des conditions d'hygiene qu'on trouverait difllcilement ailleurs, pent servir aux savants medecins piemontais de base d'etudes, car le cretinisme n'y est pas inconnu, et le goitre atteint unegrande partie de sa population. J'avais visite Turin en i83i, et comme, poslerieurement, j'ex- primais a une personne qui I'avait longtemps liabite Timpression penible que j'avais eprouvee en voyant tant de goitreux dans une ville ou se trouvent presque reunies cependant toutes les condi- tions de salubrile admises pardes esprits, d'ailleurs fort eminents , comme tenant ces maladies sous leur dependance, elle me repondit cjuej'avaisdumetromper, attendu quecen'estque rarementqu'elle- meme y avait rencontre quelques personnes allligees du goitre ; en- core, ajouta-telle, ces quelques goitreux viennent-ils des provinces d'Aoste ou de Saluces. Cette affirmation me persuada d'autant moins, quemes analyses ciassent Turin au nombre des regions a goitreux; que j'avais de la peine a croire que lous les goitres vus par moi fussent d'origine elrangere; qu'enfin, j'avais constate le developpement d'une belle thyroidite chez la fiUe de men ami M. Clavel, fixee depuis peu a Turin avec son pere, chancelier de I'ambassade de France. Toutefoisje n'aieu garde d'omettre de faire de nouvelles observations , tant sur I'iode des eaux potables et de I'air, que j'ai trouve, comme precedemment, en tres-mediocre proportion (surtout clans les eaux ) ^, que sur la population. Voici * L'Allemagne n'est guere moins interessee que le Piemont a Textinction du goitre et du cretinisme; aussi apprendra-t-on , sans surprise, que le gouverne- ment autrichien a cliarg^ une commission de i'etude du sujct. 2 J'ai fait, avec M. le professeur Borsarelli, deux observations sur de I'eau de pluie (tombee le 7 octobre par un ventde sud-ouest), et une sur de I'eau de rieige (de riiiver precedent) qu' avait recueillie ce chimiste distingue ; chaque operation a porte sur un litre d'eau. Le resultat a ete que ces produits contenaient de I'iode, mais en proportion que j'ai estimee etre inferieure de moitie a celle qu'on trouve habituellement a Paris. Des resultats conformes m'ont ete donnas par de I'eau dc — IG — nia petite slatistique chez les femmes , le second chiflVc dc la frac- tion , ou le denominateur, representant toujours le nombrc des ieinmes rencontrees , el le numerateur, le notnbre des goiti'es bien constates ^ Goitres observes sur les femmes rcnconlrecs rue du I'o ct 1 ^ rue Dora-Grossa \ -r: i' "" 1 0 u au sortir de Teglisc , pres le poiU du P6 . au marchd (place d'ltalie) ] 00 4 7 1 OO Ainsi, j'ai vu le goitre sur le quart au moins des femmes de Turin, et, a en juger par les chiffres releves au marche, la pro- portion doit etre plus forte chez celles des carnpagnes qui entou- rent la ville. Cette derniere observation reduit a neant les alFir- mations suivant lesquelles la zone de Turin ne serait pas una zone de goitrcux. Je sais bien que le goitre est un pen moins commun chez les femmes riches que chez les femmes du peuple, qui fer- ment le contingent principal de mes releves; mais, meme dans les hautes regions de la societe, le goitre atteint de nombreuses personnes. Je ne veux citer aujourd'hui a ce sujet que Telegante marquise de X., rornement des salons de Turin, et qui fait re- marquerpar tout le monde son joli goitre, en ayant I'air de vouloir le cacher par un ruban de velours qu'elle croise sur lui. Ceci me rappelle que Saint-Simon a ecrit quelque part que la belle du- chesse de Bourgogne avait apporte de Savoie un petit cjoitre qui lui allait fort bien. A I'hopital Cottolengo^ ou de la petite Providence, j'ai vu quinze a vingt cretineuses, dont deux etaient nees a Turin meme; Tune de celles-ci n'etait agee que de six ans, ce qui , pour le dire en pas- pluie recueillie par moi-meme i Vcncria, ie lo octobrc , a Turin et a Montcalieri , le i6 octobrc. ' Je ne tiens pas complc des cous caches, quoiqu'on caclic les cous goitrcux. - Fondee par Ic venerable chanoine Cottolengo, ceUe maison ne renferniepas moins de doiue A quinze cents personnes, tant orplielins que malades aflectes de maladies cbroniques, et filles repentantes. La charile privdc la souticiU scale. Un lialiilf et genereux medecin, M. le docteur Mino/. , prodigue gruluilemcntses soins. — 17 — sant, montre que le cretinisiiie ne s'en va pas encore, meme de la belle capitale du Piemont. II ne restera plus rien de I'assertion suivant laquelle le goitre ne serait pas endemique dans la region de Turin , quand j'aurai dit qu'a Veneria-Reale et a Moncalieri , qui sont dans sa banlieue ce que Versailles et Saint-Cloud sont a Paris, j'ai observe le goilre dans les proportions suivanles : A Veneria, dans les rues A Moncalieri, au sortir de la mcsse. Moncalieri , ou est la residence d'ete de S. M. le roi de Sardaigne, de J'ambassadeur de France et d'un grand nombre de I'iclies Pie- montais, s'eleve sur un rocher de molasse a I'extremite meri- dionale de la chaine de la Superga. II estregarde, et cette opinion paraitra juslifiee en leconiparant a Veneria (situee dans la plaine), coninie I'endroit le plus acre et le plus salubre des environs de Turin. J'ai vu d'ailleurs a Turin, comme a Milan, ua nombre assez grand d'individus rachitiques, et j'ai appris de M. le docteur Riboli,run des representants les plus distingues de la science medi- cale en Italic, que la tuberculisation des poumons, commune a Turin, y etait Tune des terminaisons ordinaires de la cachexiegoi- treuse. M. Riboli , a qui Ton doit de savantes eludes sur les questions medico-psycbologiques, ajoute queVidiotin, cette proche parente du cretinisme, se developpe aussi chez un assez grand nombre de sujets depuis longtemps airectes de goitre. De Turin je me suis rendu dans le val d'Aoste, ou j'avais a revoir et a completer les observations que j'avais faites en i85i, puis j'ai visite les contrees subalpines de Pigneroles, de Saluces, de Coni, et je me suis enfin eloigne du Piemont par le comte de Nice. Quoique I'etat general de la population se soit ameliore a Aoste (comme en bien d'autres lieux) depuis que, suivant MM. de Bich et Cerise, I'usage des tablettes, sirops et pommades iodes s'est vulgarise dans la classe la plus aisee et la plus eclairee de la po- MISS. SCIENT. lY. 5 — 18 — [)iilation, cette antique cit6 tient encore uii rang trop distingue j)armi les centres de population frappee par le goitre et le creti- nisme'. La proportion des goitreuses que j'y ai comptees a diverses renrises est en ell'et de— — — — — -^-^ -^-^ — ^-^ M. le comte de Cibrario , ministrc de {'instruction pul)lique de S. M. le roi de Sardaigne , vient de fonder a Aoste, a la suite d'un rapport demande par lui a M. le docteur Trombetlo, le savant rapporteur de la Commission da (joilre et da cretinisme, un hopital pour les cretins. Dans cet hopital, institue par decret du 3o mars 1853, et qui a re^u le nom de Victor Emmanuel II , ne sont regus que les jeunes cretins ages de moins de cinq ans. Le i3 octobre, jour de ma visite, les pauvres petits infortunes admis pour etre Iraites etaient au nombre de douze, savoir : trois cretins, cinq demi-cretins et quatre cretineux. L'etat de chacun d'eux avaitete minutieusement constate, a I'arrivee, sur un registre tenu a cet effet. Or, en comparant l'etat des jeunes cretins, lorsque je les vis, a celui dans lequel ils se trouvaient aux premiers jours d'avril, il etait possible de constater avec la plus entiere certitude qu'il y avail eu chez plusieurs d'entre eux, dans le court intervalle de six mois, une triple amelioration, physique, intellectuclle, morale; les sentiments affeclueux s'etaient, en particulier, fait jour chez quelques-uns de ces pclits etres, jusque-la plus frappes d'abrutis- sement que les brutes. Comment un tel resultat a-t-il ete obtenu? D'abord, et il faut bien le dire, parce cjue les cretins adrais dans I'hopital Victor Emmanuel II sont tres-jeunes; ensuite par les bonnes conditions hygieniques de leur jolie maison avec jardin, oil des surveillantes , pleines de soin et de proprete, les promenent souvent dans de petites voilures; par la nourriture r^paratrice (la viande de pore en fait la base) qui leur est donnee; enfm, et je crois surtout, parce que le sel qui entre dans leur regime est addi- tionne de 1 a 5 decigrammes d'iodare de potassium par kilogramme. Du sel iodure au dix millieme, c'est bien pen, diront plusieurs de nos therapeutes habitues a donner I'iode a des doses enormes, pour lesquelles Tecononiie se moqtic intolerante, precisement ' Bcaucoup de personncs disent ; «Le goitre sen ira tout seal, car dans lei ou tel village il a beaucoup diminue depuis trente ou quarante ans. » Elles n'ou- blicnt qu'unc chose, savoir que depuis trente-cinq ans Coindet a vulgarise I'em- ploi des composes d'iode, qu'on trouve toujours prepares chez. lous les pharma- ciens des pays a goitreux. — 19 — parce que ces doses sont enormes ; c est bien pen , oui , mais c est ce qu'il faul; c'est ce que fait la nature quand tile preserve les populations du goitre et du crefinisme, soit comme a Saillon en Valais, en faisant tomber une source ioduree dans le torrent qui alimente les fontaines et les abreuvoirs, soit conime dans la pro- vince de Sanla-Fe, en associant un peu d'iodure au chlorure de sodium des salines; soit surlout en repartissant I'iode dans Fair, I'eau et les aliments de la plupart des pays ou rhomme est pre- serve des que son regime quotidien lui fournit une somme d'iode meme inferieure a -^ de milligramme. L'honneur des resultats obtenus a Thopital Victor Emmanuel II, resultat,s que je n'allais personnellement pas jusqu'a esperer, car ma confiance en I'iode pour prevenir le goitre et le cretinisme ne s'etendait pas jusqu'a admeltre refficacite de cet agent pour la derniere des ces maladies, ne doit pas seulement etre rapporte a M. le ministre de Cibrario et a M. le docteur Trombetto, mais aussi a M. le baron de Bich , le savant et zele medecin en chef de i'hopital. 11 estpresque inutile d'ajouler que I'eau du Buttier, qui fournit aux fontaines d'Aoste et dont j'ai revu I'analyse, est fort peu iodu- ree (jfj de milligramme pour lo litres); que les eaux pluviales\ quoique plus iodees {-^ de milligramme pour lo litres) que I'eau du torrent, indiquent une atmosphere peu ioduree, et que les produits du sol (schisteux) n'ont qu'une ioduration mediocre. En aval de la cite d'Aoste, j'ai revu Villefranche, Nuz, Cham- bave, Chatillon, Saint- Vincent , Verres, ou la proportion des pei- sonnes atteintes de cachexie goitro-cretineuse m'aparu etre encore plus grande que dans le chef-lieu de la province. VALLEES SECONDAIRES RE CHALLANT ET DE GRESSONEY. C'est a Verres que la vallee de Challant debouche dans la grande vallee de la Doire, sur laquelle vient aussi s'ouvrir, en aval et un peu au-dessous du fort de Bard, la vallee de Gressoney ou la Vallaise. Le parallele trace entre les populations de ces vallees etant la clef de voute de toute la portion du travail de la com- mission de Sardaigne, qui a trait a Tetiologie et a la prophylaxie ' M. le baron de Bich, a quij'avais ^crit a I'avance, eut i'obligeance de re- cuiellir pour mes analyses de I'eau de pluie tombee a Aoste vers la fin de sep- tembre. — '20 — ilu goitre el du crelinisme, j'ai dii revoir, tin point do vue special de mes etudes, les faits sur lesquels s'est appuyee celte savante commission, qui soxprime ainsi dans son beau rapport^ : « La vallee de Challant et celle de Gressoney commencent toutcs deux an pied du Mont-Rose, et, courant du uord au inidi, elles viennent deboucber parallelement dans la vallee principale d'Aoste en finissant, I'une pres de Verres, I'autrc pres de Donaz (c'esta Saint-Martin meme que finit cetle vallee), chef-lieux de leuis man- dements respectifs.Toutes deux sont sillonnees par un torrent con- siderable, dontles habitants boivent les eaux, lesqnelles prennent leur source commune dans les glaciers et sont composees des memes elements cliimiques; la profondeur de ces vallees est a pea pres la meme; elles ontpresque toujours, dans la partie plate, une largeur d'un demi-mille. La nature du sol dans ces deux vallees est la meme; elles sont separees par une montagne commune dite la Banzola. Les vents y souillent egalenient d'une maniere periodiquo et avec la meme force , tanlot dans la direction du nord , tantot dans celle du sud. On yremarquela meme vegetation, la meme richesse de betail, la meme duree de soleil, d'liiver, de froid; en un mot, les circonstances locales inamovibles sont aussi identiques qu'elles peuvent Tetre dans ces deux vallees. Or, malgre cette commu- nautede causes locales, le cretinisme etle goitre sont tres-communs dans la vallee de Challant et on en retrouve des traces jusqu'a Ajaz, Tun des villages les plus eleves de cette vallee, tandis que dans.la vallee de Gressoney le goitre etle cretinisme restent tout h fait iiiconnus. La cause de cette difference est tout entierc en ce que la population de cette vallee, quoique ancienne colonic dn Valais, est tres-industrielle, qu'elle habite des villages spacieux convena- blement exposes, tres-propres el nullement entoures d'arbres; leurs maisons a deux etages, fort commodes, bien distribuees et dune proprete surprenante, ont loiites une certaine elegance, de vastes fenelres, delarges portes;le petit nond^re d'etables habilees pendant Thiver, meme cellos des gens moins aises, comprennenl ' Quoique ies causes admiscs par la commission de Sardaigne, comme pr^pon- dSrantes dans \o di'vcloppemenl du goitre et du cretinisme, n'aicut, suivant uous, qu'unc action suhorilonnee, cette commission , qui s'adrcssait a des popuialions g(5- neralemcnt apathiques et ignorantcs des regies les plus simples de I'hygiinc, a rendu un vrai service a son pays en represcntaut rinflncnce de ces causes avcc un relirt exagere. — 21 — deux sections, I'liiie destinee au betail, I'autre reservee a la fa- mille; cette derniere section, generalement parquetee en bois. est toujours bien eclairee et bien aeree. II n'y a, pas de meiidiar.ts dans ce pays, ou les plus pauvres ont du travail en toule saison ; ils s'aident entre eux et se secourent mutuellement, en soiie que la vallee , si isolee , senible peuplee par une seule famille. On vale plus grand soin des enfants; ils est rare d'en trouver qui nesachenf pas lire. Leur maniere de s'habiller est propre et simple; les ha- bits, sans etre trop pesants, les defendent tres-bien des inleni- peries; ils cbangent souvcnt de linge; sans etre intemperants, ils lie s'iiiiposent pas de privations en fait d'aliments; en un mot, c 'est un pays xiiodcle pour I'etroite observance des regies de I'hy- giene. Au contraire, les habitants de Taulre vallee vaquent en ete aux seuls travaux de I'agriculture et ne soignent en hiver que le betail ; leurs habiiations et leurs villages sont aussi malpropres que mal batis. Ils restent enfouis six ou sept mois de I'annee dans leurs etables, ou ils passent la majeure partie de leur temps a dormir. Les femmes conc^oivent le plus souvent sous rinlluence de ces cir- constances pernicieuses; aussi la progeniture qui en resulte est en rapport avec la vigueur et la sante des parents. 11 y a dans ce pays absence lotale d'educalion. Les lois de I'bygiene sont tout a fait tombees en desuetude, si jamais elles y ont ete florissantes. ■> Du parallele trac6 entre I'enfer de Challant et Teden de Gressoney, la conclusion que les causes locales ne saffisent pas pour produire le cjoi'lre et le cretinisme etait forcee. Le desir de rechercher tous les points discutables de I'his- toire Iracee par la commission sarde des vallees de Challant et de Gressoney est bien loin de ma pensee; je m'empresse en outre de recoiinaitre de nouveau qu'en exaltant I'influence des condi- tions relatives a I'hygiene, elle a rendu un veritable service a son pays. Mais j'estime quele bien que pouvait produire I'exageration de ces influences est aujourd'hui realise, ou, du moins, qu'il est en assez bonne voie de realisation pour qu on puisse utilement aller au dela, et faire intervenir les donnees sanslesqnelles ce qui etait d'abord bon finirait, en s'isolant, par etre dangereux et grande- ment funeste. Voici, en sonime, les observations que j'ai faites dans les vallees do Challant et de Gressoney, et que je ne saurais passer sous silence. 99 Vallee de Challant. Le goitre et le cretinisme sont en eflet conuiiuns clans toute la partie basse de la vallee qui s'etend de Verrez a Brusson et dans laquelle sont compris Challant et Arsesia. Mais I'etat de la population s'anieliore successivement a mesure qu'on s'eleve vers Votan, Stapire et Ayaz. A cette derniere bourgade, on ne trouve plus que quelques cas de goitre, maladie qu'on perd a pen pres completementaChiamvolaet surtout a San Giaconio d'Ayas, dont les habitations sont a une altitude de pres de 1,800™ et oii I'iodura- tion de Fair est sensiblenient plus elevee que dans la partie bnsse et profonde de la vallee. Vallee de Gressoney. A Saint-iMarlin, bati sur les bords du torrent de (jressoney, au point oil il enlre dans la grande vallee d'Aoste, j'ai vu le goitre sur plus de la moitie des femmes. La proportion des goitreux est a peu pres la meme dans les hameaux ou villages d'Argentan, la Tour des Reres, les Bermettes, Remondin, Perloz, lUiane et Fontaine-More, qui se presentent successivement quand on re- nionte la vallee. Le nombre des goitres devient plus faible lors- qu'on s'eleve vers Issime, Gaby et Saucil, et je ne fais aucune difficulte d'admettre qu a Gressoney meme\ dont Taltitude est a peu pres de i,/iop"', cette affection ne soit devenue tres-rare ; a plus forte raison I'admettrai-je pour la Trinita, qui est a 1,700"; pour San-Giacomo de Gressoney et San-Pietro, qui se rapprochent encore davantage des glaciers. Le goitre et le cretinisme seraient done assez communs dans la partie basse des deux vallees; le goitre se montrerait a peu pres seul vers leur partie moyenne, et enfin, soit qu'on s'elevat jusqu'a Gressoney, a Trinita, a San-Giacomo de Gressoney eta San-Pietro dans la Vallaise, ou a Ayas, a Chiamvola et a San-Giacomo d'Ayas dans la vallee de Challant , le goitre lui-meme deviendrait extreme- nient rare. ' Surpris dans inon ascension a Gressoney par une chute abondante de neige, qui rendait la marclie difficile et pouvait entravcr mon retour, j'ai rebroussc chemin avant d'arriver au bourg. Les observations que j'ai faites dans la partie basse de la vallee suffisent toutefois pour I'objet que j'avais principalement en — 23 — En resume, j'admets avec la commission sarde que la vailee de Gressoney estpeuplee (au moinsia partiesuperieure) par un beau type d'hommes; que I'industrie y est pius grande, I'aisance plus repandue et ies maisons souvent mieux baties que dans ies points correspondants de la vailee de Challant; mais je n'ai pas observe que cette amelioration des conditions generales ail eloigne, aussi nettement qu'elle le declare, le goitre et le cretinisme, maladies a la fois communes vers Ies regions profondes des deux vallees, a la fois rares vers leurs points Ies plus eleves. 11 est a noter que I'air de la partie basse des deux vallees est sensiblement moins iodure que celui de la partie baute de la vailee de Cliallantet, sans aucun doute, de la vailee de Gressoney, et que I'eau des sources de cette meme region basse est aussi moins cbargee d'iode que celle qui descend des glaciers d'Ayas et du Lys pour former la partie principale des gros torrents qui courent au fond des vallees. J'ai dit ailleurs comment Ies sommets des contrees montagneuses, balayes par Ies courants d'air qui s'elevenf des grandes plaines, participent plus a I'ioduration de celles-ci que Ies vallees profondement encaissees dans lesquelles cesmemes courants ne peuvent se deverser que difficilement et tres-impar- faiternent. En aval de Saint-Martin (point d'ou part la Vallaise) on compte encore dans la grande vailee de la Doire un certain nombre de cretins et beaucoup (la moitie des femmes) de goitreux. Apres Caremaet Settimo-Viltone on arrive a Borgo-Franco , petite ville qui a quatre ou cinq cretins, et dans laquelle j'ai recueilli une observation qui tiendra plus loin une place importante parmi Ies fails speciaux ou exceptionnels. A Ivree, la vailee de la Doire se perd dans la grande plaine du P6, I'atmosphere devient plus riche en iode, le cretinisme est plus rare etle quart seulement des femmes sont atteintes par le goitre. J'ai le regret de n'avoir pu ni explorer Ies vallees de I'Orco et de la petite Stura, ni revoir la vailee de Suze ou de la petite Doire. Bien expose a Test et bati sur le pied d'un rocher de micascliiste, Pignerolles a le quart de ses femmes (|{) affectees de goitre. Les eaux de puits, a peu pres exclusivement employees par les habi- tants, sont mediocrement seleniteuses, fort chlorurees et notable- nient moins pauvres en iode que celles du Cluson ou Chyson et — 2(1 — du ruisseau de la cote .Saint-Maurice. 11 est luenie digne de re- marque que ce ruisseau , qui baigne les rues d'une grande partie de laville, sur la principale place de laquelle il alimente un cha- teau d'eau, est rejete avec beaucoup de raison de la consommation par les habitants, qui n'utilisent ses eaux legeres que pour les animaux et le blanchissage. II est a penser que I'usage habitue! de I'eau du ruisseau de Saint -Maurice aurait pour ellet d'accroilre la proportion des goitreux dans la population de Pignerolles. Je citerai specialement, pour ses eaux tres-chlorurees et presque noiinalement iodurees , I'eau de puits du cafe militaire. La vallee qui s'etend entre Pignerolles et Fenestrelles, et dont Perouse occupe a peu pres le centre, est Tune des plus allligees du goitre et du cretinisme. Au point de vue de la cachexie goitro- cretineuse des habitants, comme a celui du peu d'iode qui entre dans le regime de ces derniers, la vallee de Perouse ne difTere pas des parties les plus malheureuses de la vallee d'Aoste. Pres de Pignerolles est aussi la vallee de Luzerne ou des pro- iestants, a laquelle on pent appliquer, en y ajoutant meme, tout ce que la savante commission de Sardaigne a dit de bien de la vallee de Gressoney. La population , forniee par une colonic fran- ^aise qui passa les monts a I'edit de Nantes , est extremement eclairee, riche, generalement bien logee, propre et d'une sobriete sans pareille; ce qui ne I'empeche pas, a mesuie surtout que la vallee s'enfonce, de payer son tribut au goitre et au cretinisme. Luzerne a un cretin et un assez grand nombre de goitreux, dont le nombre est plus considerable a la Tour, et plus gi'and encore a Villar-deBobbio , qui ne compte pas moins de cinq cretins ou cre- tineux. Un grand nombre d'habitants de la vallee de Luzerne, ceux de Saint- Jean surtout, boivent des eaux de puits, presque toujours plus iodurees dans les Alpes (Pignerolles, Suze, Saint- Maurice en Valais, etc.) que les eaux legeres des sources ^ Cavour et Revello ont des cretins et la moitie de leurs femmes goitreuses. Martiniana, qu'enferment presque de toutes parts des raontagnes qui ne s'ouvrent qu'au nordest pour laisser couler le P6, a une atmosphere qui pailicipe moins aux courcints de la ' C'est le conlrairc dc ce (jui a lieu a. Paris et dans les localitc's ou les eaux pluviales et les eaux de sources Icgferes sont plus iodurees que les eaux calco-ma- gndsiennes des puits. II est evident que les eaux pluviales des Alpes ont cnlcve au sol une certaine quantite d'iode. grande plaine et est plus iVappee encore dans sa population. Les villages de Rotello et de la Rochette, places en amont de Maiti- niana dans la portion non encore elargie de la vallee du P6, ne sont peuples que par des goitreux et des cretins. Saluces a des cretins, des rachitiques et beaucoup de goifreux {— des femmes) ; les eaux de puits qu'on y boit sont mediocrement seleniteuses (residu 0^,65 par litre) et plus iodurees (-'- de milli- gramme pour )0 litres) que celles du torrent. A Lagnasco et a Savigliano , qui s'avancent dans les plaines basses qu'arrosent la Vai'aita , la Macra et la Grana, le rachitisme, le cretinisme et le goitre sont communs ^ Dans ces plaines, le sol alluvial et les eaux de puits , ordinairement fournies par des inlil- trations des torrents, sont pen iodures ; I'bumidite extreme de I'atmosphere, en debilitant reconomie, la dispose d'aiileurs a res- sentir gravement les effefs d\me insuffisance d'iode. Savigliano est cependant une ville bien percee. Les torrents que je viens de nommer, et qui, dans les vallees d'ou ils descendent , ont ali- mente des populations parnii lesquelles le goitre et le cretinisme lont de nombreuses vicfimes, ne contiennent tons que bien peu d'iode (environ -^ de milligramme pour lo litres d'eau.) En remontant la Macra jusqu'a sa sortie des Alpes, on trouve Viila-Faletlo, Busca el Dronero. Villa-Faletto, qui appartient en- core a la gi-ande plaine, differe peu de Savigliano. Busca estsituee entre uu petit torrent et la Macra, dans un terrain eleve de 20 a 25 metres au-dessus clu lit de celle-ci; ses rues sont parcourues par de limpides, mais fanestes raisseaux, qui achevent de saturer d'humidite lair de la ville; c'est a son atmosphere etaux produits do son sol plus qu'a I'eau de sa fontaine , laquelle n'est pas tres- pauvre en iode (envii'on ~ de milligramme pour 10 litres d'eau), que Busca doit le mauvais etat de sa population, dans laquelle j'ai compte cinq cretineux , cinq tordus et {| des femmes goitreuses. Busca, ou les etrangers sont rapidement atteinls par le goitre, est d'aiileurs a une exposition chaude, au sud-est, sous des montagnes qui I'abritent a I'ouest et au nord-ouest; circonstance dont il me semble, en somme, qu'il doit etre tenu compte. ' J'ai compte ie goitre sur ^ des remmes de Lagnasco, et siir ^ de ceiles, souvent trfes-jolies, de Savigliano, ville dans laquelle j'ai rencontre en outre Iniit rn'lins ou cretineux et six individus pcrclus de racliitisme. — -if) — Dronero avail viv speciaK'iucnt retonunancle a mes recherclies par M. de Cibrario, ainsi que Busca, Martiniana et I.agiiasco. Si Ton en excepte un faubourg qui s'etend sur les bords de laMacra et qu'animent plusieurs usines, la villa est entierement batie a la pointed'un promontoire eleve (a roche de micaschiste) quis'avance entre la Macra et un autre torrent. Elle est ferniee an nord et partiellement au sud par les montagnes; une vallee etroite iui apporte les vents humides de I'ouest; par Test et le sud-est, elle regarde la plaine, d'ou Iui arrivent aussi des vents humides et un chaud soleil. Les eaux de puits qu'on emploie exclusivement dans la haute ville sont a pen pres trois fois moins pauvres en iode (environ -^ de milligramme pour lo litres d'cau) que celles de laMacra; la terre des coteaux est rouge, ferrugineuse et plus ioduree que la terre grise alluviale de la plaine. Conime a Pigne- rolles et a Busca, ses coteaux fournissentun vin estime. On compte a Dronero un certain nombre de cretineux et de tordus; j'ai ren- contre le goitre sur la moitie (^) des femmes de la haute ville et sur les deux tiers (-^) de celles qui habitent sur les bords de la Macra dont elles consomment les eaux. Coni ou Cuneo , faite par la nature place forte , s'avance en forme de coin entre la grande Stura et la Gessa, dont les eaux impe- lueuses et vagabondes, apres avoir bondi et erre dans leurs im- menses lits de cailloux, se melent a la pointe du cap Ires-eleve sur lequel la ville esl batie. Ce n'est qu'a quatre ou cinq lieues de la ville que s'etendent , a Touest et au sud , la chaine des grandes Alpes et celle des Apennins, qui forment par leur rencontre un angle d'ou sortent la Stura et la Gessa. Coni n'a surtout plus rien a desirer, quant a I'aeration, depuis que les Francais, poursui- vant les avanlages de la bataille de Marengo, ont rase ses hauts remparts. La terre est jaune, ferrugineuse et assez ioduree, comme il arrive toujourssur les points eleves ou les depots des anciennes alluvions n'ont pas ete remanies par les cours d'eau actuels; sa lertilite, analogue a celle des hautes plaines qui s'etendent vers Saluces et PigneroUes, est telle que le murier ne peut y etre sou- mis a la basse taille du Turinois et du Milanais. L'ioduration de I'atmosphere de Coni est moins faible que celle del'eau de ses fontaines [-^ environ de milligramme pour lo litres d'eau), qui femporte a son tour sur les eaux de la Sturii et de la Gessa {-—^ de milligramme pour lo litres d'eau). 'II .Fai rencontre a Coiii uu oretiueiiv du pays, sepl lordus f t -^^7 des f'einines goitreuses. La commission sarde est sans doute tres- Ibndee a rapporter au\ hoitole ou habitations soutei'raines , qui existent encore en grand nombre, le developpement exagere du rachitisme, mais je ne vois pas que ia destruction des remparts ait amene la disparition du goitre et du cretinisnie. Les villages de Casa, (jolli , de San-Benigno, de Montanera , de Castelleto et de Margarita, situes dans les environs de Coni, ont d'ailleurs des cretins et beaucoup de goiti'enx. En se dirigeant de Coni sur Nice par le col de Tende , on trouve, al'entree des montagnes, Borgo-San-Dalmazo etRoccavione, entre lesquels se piecipite la Gessa et qui comptent, conime Demonte, place a c}uelques licues de la dans la vallee de la Stura, beaucoup (le goilreux et des cretins. La cachexie goitro-cretineuse regno aussi a Robilante; mais elle n'estplus que faiblenient representee h Limone, derniere bourgade oil Ton prend les mulels pour le passage du col. Sur le col de Tende meme, au point ou commence le versant sud ou mediterraneen , est une niaison (relais) cpi'habite una femme goitreuse; plus has, au pied de I'etroite , rapide et dan- gereuse route en courts lacets, et au-dessus du lorrent de Roja, est le village de Tende. Place dans une gorge qui s'ouvre au sud et pleinemenl abrite au nord par la montagne sur le flanc meri- dional de laquelle il est assis, ce village, quoique fort eleve, cul- live deja la vigne et le liguier, et compte dans sa flore le serpolet de nos jardins, la sariette, le plantain des parfumeurs. le caille- lait rouge et la lavande. Un peu en aval, a San-Dalmazo, le figuier sauvage croit pres des champs d'olivier, dans les fentes des rochers calco-schisteux. Un medecin, qui a expose sur I'etiologie du goitre des ideas qui ont eu de nombreux partisans, a dit f[ue cette maladie est in- connue dans les contrees qui s'etendent du col de Tende ou de I'arete superieure des Apennins a Nice. Celte assertion paraitra inexacte si Ton considere cjue j'ai vu le goitre sur ^ des femmes de Tende ^ sur -^ de celles de San-Dalmazo, et sur -i^, ~, ~, -^ de celles de Fontano, de Giandola de Sospello et de Sca- ' .le doisune mention speciale a nn goitre enornie qui habite la niaison de la dounne. — 28 — rena. Sur loule tetlc ligne le sol esl loniie par des calcaires plus ou moins inagnesiens, clans Icsqueis sont intcrcales des gypses metamorphiques , les eaux des sources sont frequeninienttufeuses ou gypseuses et peu iodurees, et celles des torrents, quoique tres-legeres, sont encore plus pauvres en iode. L'air et la terre jaune, lerro-iodee, valent mieux que les eaux. San-Dalmazopossede une eau miiierale qui allire chaque annee un certain nouibre d'^trangers dans I'etroit et pittoresque defile de la Roja ^ Nice est dans des conditions bien meilleures que les pays silues au milieu des montagnes qui la separent du col de Tende. L'air s'y rapproche par son ioduration de l'air des contrees oii le goitre endemique est inconnu; I'eau potable, meme celle des puils de la haute ville, est assez chargee d'iodc, principe qui est plus rare dans I'eau du torrent qui traverse la cite. La consonimation du poisson de mer est abondante; ct, comme on pouvait le deduire de cet ensemble de conditions, le goitre ne se montre plus qu'a. I'etat presque sporadique. Sur 4>t3 fenmies que j'ai comptees au marche ou a la sortie des eglises, et dont la plupart etaient des environs de Nice, i4 seulement etaient atteintes du goitre, en- core celui-ci etait-il d'un petit volume. Les eaux du Var, comme celles du torrent de Nice , sont assez seleniteuses, peu chlorurees el a peine chargees diode. Cannes, Antibes et Frejus ont des eaux seleniteuses dont I'iodu- r.ition est mediocre, ainsi que celle des eaux plus legeres des foii- taines de Draguignan. Dans ces divers pays, ou l'air et le sol offrent a peu pres I'ioduration normale, on n'observe plus que tres-rarement le goitre, alTection dont je n'ai vu que deux cas douteux sur i 5o femmes de Toulon , et pas la moindre trace sur .2 00 femmes de Marseille. Je rencontiai bien dans cette dernierc ville une femme porteur d'un gros goitre, mais elle etait origi- naire de la Seyne (Var) , ou elle avait contracte sa thyroidite. On ne boit a Marseille que des eaux de puits tres-chlorurees , seleni- teuses et neanmoins encore assez iodui'ces. De Marseille a Aix on passe par Sostene, ou de nombreuses fabriques d'acide sulfurique rendent au loin la campagne sterile. Je n'ai vu a u can. goitre ux a Aix, qui doit a son atmosphere, a ' Jc n'aipu fairc de recherchcs sur I'eau de San-Dalnia/.o, les boiilcillos dans lesqiielles j'cn avais fail provision avaiit ete cassces. — 29 — sa lerre jaune feirugineuse et a ses eaux, d'etre dans des condi- tions incompatibles avec le developpenient de cetle nialadie; il y a cependant quelque choix a faire dans les eaux qui alimentent la viile. Aiusi , la Fontaine du Dauphin , placee pres de la statue du roi Rene, et que recouvrent les delicates pousses du capiljaii'e de Montpellier, donne une eau un pen plus legere que celle de la fontaine voisine, placee aussi sur le cours, a la hauteur de la rue de Nazareth. C'est de cette dei'niere que doit etre rapprochee la fontaine monumentale (a eaux un peu tufeuses) qui orne la place de I'hotel de ville ^. Les eaux des puits, recherchees en rai- son de leur fraicheur par quelques habitants, sont seleniteuses, dures et moins chargees diode que celies des fontaines. Aix possede de celebres eaux thermales. On dit que ces eaux , qui portent encore le noni de Therma Sextii, guerirent Caius . Sextius Calvinus, proconsul romain, qui y fonda, par reconnais- sance, un etablissement dont les mines attestent I'antique splen- deur. J'ai trouve que la temperature , assez variable , des thermes d'Aix , etait, le 25 octobre , de 33°. i,ooo grammes d'eau ne m'ont donne qu'un residu de 0^,28, forme surtout par les carbo- nates de chaux et de magnesie, dont une partie se depose sous forme de tuf au point demergence. L'eau des bains de Sextius ne renferme pas plus d'iode {— de mil- ligramme pour dix litres) que beaucoup d'eaux potables; elle doit a sa douce temperature, a la nature et a la petite proportion de ses elements mineralisateurs, d'etre recherchee, pour beaucoup d'usages domestic{ues , par la population du voisinage. On voit que les eaux d'Aix, en Provence, difterent beaucoup de celies d'Aix en Savoie et d'Aix-la-Chapelle, qui sont : les pre- mieres, sulfureuses et legeres, comme les eaux des Pyrenees ; les secondes, salino-alcalines ioduroes avec des traces de soufre. Les eaux minerales de Digne et de Greoulx, qui ne se distin- guent entre elles que par la mineralisation plus forte de celles-ci , sont salees, bromurees et assez iodurees (^ de milligramme d'iode pour 10 litres d'eau.) La Durance, dont les sources alimentent dans les vallees des ' La reconnaissance des habilauts d'Aix a dcklic cetle I'onlainc a Louis XV 111, iiui restaura I'aqueduc en 1816. — 30 — Basses-Alpes le goitre et le cr^tinisme, est rune cles eaux potables le moins iodurees. Avignon prclere avec raison ies eaux do ses pompes, quoiqu'ellos soient assez dures, ii celles plus Icgeres, mais nioins iodurccs du Rhone. Aries offre cette double singularity qu'il a des goitreux au mi- lieu d'une contree qui en est generalcnient depourvue, et que, parmi les individus que le goitre y alteint, le plus grand nombre habitent precisement le quartier le plus haut et le plus eleve de la ville. L'explication en sera donnee dans un instant quand j'expo- serai les faits speciaux. Les eaux de la grande et celebre source de Nlmes [fons Nerrtau- sis) et celles des Fontaines de Montpellier sont d'assez bonnes eaux potables, dans lesquelles Tiode est toutefois loin d'exister en pro- portion relativement aussi considerable que les chlorures. Cette remplace, autant que possible, et Ton ne peut que Ten feliciter, les eaux dures de ses puits par des eaux pluviales, et consomme beaucoup de poissons et de ci'ustaces marins. De Goo femmes que j'ai comptees au inarche de Cette, une seule portait un goitre qu'elle avait contracle dans le pays de Genes. Castres et Lavaur, Toulouse, Agen, Bordeaux, Angouleme, Poitiers, Tours, Blois, Orleans et Etampes, villes qui ont marque les dernieres stations de mon voyage, m'ont paru n'avoir que pen ou point de goitreux, et etre dans des conditions a pen pres nor- males d'ioduration , nonobstant que plusieurs d'entre elles (Cas- tres, Lavaur, Agen, Bordeaux, etc.) n'usent souvent encore que d'eaux de puits plus ou moins dures. FAITS SPECIAUX. Les faits speciaux, observes dans le present voyage, sont au nombre de trois : chacun d'eux contraste avec les faits generaux caracteristiques de la region ou contree a laquelle il appartient; mais le contraste ou I'exception meme qu'il offre est la confirma- tion de Tinfluence exercee par un regime iodurt'. — 31 — PREMIER FAIT SPECIAI.. Baden-Baden. Le goitre est a peu pres inconnu a Baden-Baden ; il est, au con- traire, commun dans les villages voisins places, comme Baden, dans les premieres rentrees de la chaine des Montagnes-Noires. L'etat de la population de Baden coincide avec cette circons- tance que les fontaines de la viUe, auxquelles se melentsans doute quelques infdtrations des sources minerales, ont des eaux plus iodurees que celles des localites du voisinage ^. DEUXIEME FAIT SPECIAL. Borgo-Franco. Borgo-Franco est un gros bourg situe vers la parlie basse de la vallee de la Doire-Baltee , a quelques kilometres en amout d'lvree. C'est la que commence a se montrer la pellagre, maladie com- mune dans les plaines basses et chaudes de I'ltalie. M. le docteur baron de Bicb, si familiarise avec tout ce qui a trait au goitre et au cretinisme, signala, pendant mon dernier et court sejour a Aoste, Borgo-Franco a mon attention. « La villa, me dit-il, est partagee en deux quartiers, qui ont chacun sa fontaine. Pres de Tune de ces fontaines , les habitants ont communement le goitre, et quelques-uns sont atteints de cretinisme, tandis que dans la circonscription de I'autre fontaine on ne compte qu'ua petit nombre de goitreux. Une famille qui avait ete preservee du goitre tant qu'elle avait habite pres de la bonne fontaine res- sentit les atteintes de ce mal peu de temps apres avoir change de quartier. » M. de Bich ajouta que M. Cantu aurait constate la pre- sence d'une notable^ cjuantite d'iode dans I'eau qui preserve du goitre. M. le docteur Ruffini, que je vis a Borgo-Novo, ou son pere , lui-meme medecin tres -distingue, exerce depuis longtemps les premieres fonctions administratives, m'ayant fourni des rensei- ' Au sejour des etrangers a Baden Baden se rattaclient d'heureuses et speciales conditions d'alimentation, d'habitation et de communication avec la grande vallee rhenane, qui doivent entrer en ligne de compte dans revaluation du re- sultat general. / — 3-2 — gncments pleincmeut confirmatifs de ceux donnes par M. lo baron de Bicli, je lis provision d'eau aux deux fontaincs. Voici los re- sultats de i'exauien que j'en ai lait : La maiivaise fontaine , dite Fontaine de TEgiise en raison de son voisinage decelle-ci, est aiimentee parune eau d'une telle legerete, qu'elle ne se trouble ni par le carbonate de soudc, ni par le clilo- rure de barium, ni par le nitrate d'argenl, et que la somnie du residu fixe egale a peine 5 centigrammes pour 1,000 grammes d'eau ; la proportion diode qu'elle renferme est minime , soit en- viron jy; ^^ milligramme par litre d'eau. L'eau de la bonne fontaine , ou fontaine d^Ohneito depose, sur les pierres du bassin ou elle coule , une matiere organique de la na- ture de la baregine. Kile forme, avec le carbonate de sonde, un leger precipite, et se trouble par le chlorure de ])arium; elle con- tient par litre o°,3o de sels terreux , consistant en sulfates et carbo- nates de chaux et de magnesie, et est a peu pres ioduree corame l'eau de la Seine. J'estime .que cette eau est formee par celle de la fontaine de I'Eglise a laquelle s'ajouterait, pour la mineraliser le- gerenient, un peu d'une eau sulfureuse bart'ginifere dont le sul- fure serait change en sulfate un peu avant d'arriver au point d'emergence. Quoi qu'il puisse en etre de I'origine de I'iode, du sulfate et de la matiere organique de l'eau de la fontaine Olmeito, on voit qu'il y a coincidence entre I'ioduration de cette eau et la rarete du goitre chez les habitants qui la consoumient, tandis que le contraire s'observe chez les individus qui s'alimentent a la fon- taine de I'Eglise. . TROISIEME FAIT SPECIAL. Aries. J'ai fait a Aries une observation des plus inattendues el des plus opposees, en apparence, aux faits generaux. Ordinairement lorsque, dans une ville dont les quartiers sont diversement eleves, il existc des goitreux, c'est la population des rues basses qui en compte le plus grand nombre, celle des rues plus elevces et par- courues par deplus vifs couranls d'air jouissant a cet egard dune immunity relative. A Aries, au contraire, j'ai vu sculcnient des goitreux parmi les habitants fixes au sommet dc la ville, sur les — 33 — rochers oil les etrangers vont admirer les antiques mines romai- nes de 1' Amphitheatre et du Forum. La basse villc, clans laquelle il n'existe pas de goitreux, est alimentee par des eaux de puits assez riches en iode; la haute ville, qui est privee de puits, et dont les habitants ont le tort de ne pas recueillir les eaux pluviales, ne reroit que I'eau fort pcu ioduree du Rhone, qu'une pompe eleve a grands frais jusqu'a un reservoir place au sommet de la coUine. Ainsi done le goitre se developpe a Aries dans la population qui boit les eaux les moins iodurees, et ce fait est d'autant plus digne de remarque, qu'il se manifeste cjuoique cette meme po- pulation habite le point le plus eleve et le plus aere de la ville. Ne faut-il pas voir encore dans cette coincidence entre la pre- sence du goitre et le manque d'iode, entre Tabsence de cette ma- ladie et la presence de ce corps dans les eaux, un rapport d'elfct a cause? Cette derniere conclusion paraitra d'autant plus fondee, que le goitre s'est quelquefois montre, suivant les renseignements qui m'ont ete fournis, dans quelques maisons situees vers le port, sur les bords memes du Rhone, et dont les habitants fai- saient servir I'eau du fleuve a leurs besoins '. On remarquera encore que le goitre, maladie que certains auteurs ne font atteindre que les organisations degenerees, est representee! Aries, ville dont la population est justement et ex- ceptionnellement renommee pour son beau type. II resulte des observations que je viens d'exposer, comrne de cellcs que j'ai faites anterieurement, que rinsufTisance de I'iode dans le regime des populations est la condition sine qua non du developpement que prennent au milieu d'elles le goitre et le cre- tinisme. Ni la configuration da sol, ni Vhuniidite de Fair, ni la pri- vation de la lumiere solaire, ni les vices des halitations, ni I'in- suffisance ou la qualite pen reparatrice des aliments, niVexposition et la temperature des lieux, ni \a misere et tout son cortege de privations et de mauvaise hygiene, ni Vhahitade de porter des Jardeaux ou d'exciter la region laryngienne par des chants et des cris , ni les ejforts de Y accouchement, ne peuvent engendrer la ca- chexie goitro-cretineuse. Que toules ces influences, dont uneseule ' M. Ollivier, honorable pharmacien d'Arles, ni'a donne, avec ia plus grande obligeance, des renseignements dont je m'empresse de le remercier publique- mf'nl. SlISS. SCIF.NT. IV. 3 — 34 — suffit encore a quelques medecins de conviction facile pour rendre conipte du goitre et du cretinisme, s'exercent rdunies sur certaines populations, comnic cela n'a que trop souvent lieu dans les quar- tiers pauvres et malsains des grandes villes nianufacturieres; qu a elles s'ajoutent encore les influences qui derivent dujeune age. du sexe et du temperament hmphatique, le goitre endemique ne se niontrera pas cependant, si I'iode de I'air, des eau.v et des aliments s'y Irouve en proportion normale, comme a Paris, a Londres, a Lille et a Manchester. Que la proportion de Tiode de- vienne au contraire insufilsante, que I'usage des medicaments a base d'iode soit neglige (surtout pendant I'adolescence) , et Ton verra le goitre choisir ses victimes au loyer dore des liauts finan- ciers et jusque dans les palais, ainsi qu'on I'observe surtout en Suisse, en Piemont et en AUemagne. Le manque d'iode est done bien la cause speciale du goitre, celle a laquelie toutes les causes enumerees ci-dessus se subordonnent. LE GOITRE ET LE CRETINISME PROCEDENT DES ]\IEMES CAUSES. Quant aux doutes que des personnes conservent encore sur la conimunaute d'origine du goitre et du cretinisme, ils paraitront peu legitimes devant les considerations suivantes : i° le cretinisme manque la ou n'existe pas le goitre endemique^; 2° si les goi- treux sont peu nombreux, le cretinisme manque encore; 3° le cretinisme apparait lorsque le goitre est commun, et il se devc- loppe dans la menie progression que celui-ci; li° quand une con- tree ou sevissaient a la fois le goitre et le cretinisme s'est ame- lioree par I'Duverture de communications nouvelles, et surtout par I'introduction" de medicaments iodiferes , le nombre des goi- treux a diminue, en meme temps que le cretinisme est devenu plus rare ou meme nul; 5° si le goitre lui-meme a disparu, il n'y a plus de cretins; 6" les parents goitreux engendrent souvent des cretins; 7° les parents affectes de cretinisme engendrent presque toujours au moins des goitreux; 8° lorsqu'un cas de cretinisme sporadique s'est montre dans une localite, on a trouve que les parents etaient eux-memes atteints du goitre sporadique (Bail- larger). Les memes causes tiennent done sous leur dependance ' Des cas de cretinisme sporadique peuvent se monlrer comme de semblables cas de goitre; meme dans cc cas, on pent cnnsiater que le premier est boaucoup plus rare que le second (environs de Paris). — 35 — les goitreux el les cretins : afTaiblies, elles n'engendrent que le goitre; plus intenses, elles produisent le cretinisme. On a cru voir une difference d'origine entre le goitre et le cre- tinisme, dans ce fait que les cretins ne sont pas tons goitreux, mais c'est la une appreciation certainement erronee. En effet, le goitre ne se developpe ordinairement que vers la puberte, le cre- tinisme apparait vers la naissance, les vrais cretins ne sont ja- mais ou que tardivement puberes; done rien n'est plus simple, plus naturel que I'absence du goitre chez ces derniers individus. Les cretineux ou demi-cretineux ont au contraire g^neralement des goitres enormes, coincidant avec leur developpement phy- sique. Relativement a la distinction faite entre les cretins et les idiots, distinction qui consislerait principalement en ceci : « que les cre- tins sont frappes a la fois par un arret de developpement de i'in- telligence et du corps, tandis que les idiots, bien conformes au physique, ne sont frappes que dans Tintelligence, » elle me pa- rait, comme a la commission sarde et a M. Baillarger, fondee quand on compare I'ensemble des deux categories d'individus prives d'intelligence qui sont reparties, I'une dans les regions a goitreux, I'autre dans les contrees ou n'existe pas le goitre ende- mique; mais entre les deux vari^tes types se trouvent des inter- mediaires qui forment le passage insensible de Tune a I'autre. Les affinites par lesquelles les cretins se rattachent aux idiots el aux goitreux se fortifient des observations de M. le docteur Ri- boli, de Parme, et de M. Rolureau. M. Riboli a constate, a Turin notamment, que Vidiotie est I'une des terminaisons frequentes du goitre. M. Rotureau assure que les cretins, autrefois assez nom- breux aux environs cVArgelez et sur quelques autres points des plaines sous-pyreneennes , seraient gendralement remplach par des idiots depuis que des ameliorations d'hygiene et de regime (et sans doute les produits iodiferes) onf ete introduites dans la contree. PROPHYLAXIE. II serait superflu de developper de nouveau la prophylaxie du goitre et du cretinisme, qui doitreposer essentiellement sur I'io- duration du regime, soit par les eaux minerales iodees, assez com- munes dans les iieux ou ces maladies ont endemiques, soit M. 3. — 36 — cVune maniere plus g^nerale, souvent plus commode et peu coii- teuse, par les sels iocles des varechs, conseilles par tous ceux qui, dans ces dernieres annees, se sent occupes de la question. Mes vues sur cet objet important sont consignees dans Ic rapport que j'ai eu I'honneur d'adresser a M. le Ministre, en i85i. Je n'y reviendrai pas. En limitant le present compte rendu, deja bien long, a I'expo- sition des faits observes dans le cours de ma derniere mission, j'ai neanmoins Tespoir d'avoir mis de nouveau au jour la nature des raoyens prophylactiques sans I'emploi desquels il faut renon- cer a voir disparaitre le goitre et le cretinisme. Je serai heureux etbien recompense, si mes nouvelles observations paraissent a M. le Ministre fournir d'utiles elements pour la solution de la grande question humauitaire dont son coeur s'est preoccupe. Je suis avec respect, etc. A. CHATIN. Paris, le 27 mars i854. Note additionnelle. J'ai recu, il y a quelques jours, par les soins de M. le docteur Minnich, deux litres d'eau provenant des vapours condensees par un corps froid dans le vaporarium de Baden en Argovie. L'analyse a laquelle je me suis empresse de soumettre ce produit indique qu'il contient sur 1 ,000 grammes : Clilorure de sodium o«,oo5 Sulfate et carbonate de chaux, traces. Matiferes organiques azotees 0^,070 lode a peu pres ^ de milligramme. La presence, en quantite appreciable, de I'iode dans la va- peur du vaporarium indique que les gaz qui se degagent en grande abondance de I'eau de Baden pourraient bien enlever de I'iode a celle-ci. Toutefois, la minime quantite trouvee de ce dernier corps s'oppose a ce qu'une conclusion rigoureuse soit tiree avant d'avoir examine comparativement I'eau condensee cle I'atmos- phere ordinaire de Baden. — 37 — Rapport de M. Victor LancjJois sur I'exploralion arcMohcjique de hi Cilicie et de la Petite-Armcnie , pendant les annees 1852-53. Monsieur le Ministre , Par un arrete du 7 mai 1862, Votre Excellence a bien voulii me charger de I'exploration de la Pelite-Armenie, royaume fonde au moyen age dans la partie de I'Asie-Mineure connue sous le nom de Cilicie. Dans un espace de" huit niois, j'ai parcouru tous les points ac- cessibles de cetaiicien royaume chretien, qui, par suite de la con- quete musulmane sur les princes franqais de la maison de Lu- signan , forma le pachalick d'Adaua, et, pour partie seulement , ceux d'llschil , de Konieh et de Marach. Dans le cours de mes excursions, j'ai visite successivement les points historiques de la Petile-Armenie, et par un examen attentif, j'ai pu me mettre en niesure de decrire a Votre Excellence ce qui reste des villes et monuments des temps anciens. Je commencerai par la Cilicie Trachee, et j'ajouterai a la suite de la notice, dont diverses cites feront le sujet, c|uelques-unes des inscriptions que j'ai decouvertes ', tant sur les restes des monu- ments anciens que sur des fragments de marbre ou de pierres epars dans les mines. Si plusieurs de ces inscriptions sont incompletes, ce n'est pas seulement a Taction des siecles qu'il faut en altribuer la cause, mais encore aux musulmans, qui, lors de la conquete, et pour faire disparaitre ce qui leur rappelait la domination etrangere, en martelerent un assez grand nombre. &' HOLMi. (Cheyr-Houran.) Holmi est le nom ancien d'une ville situee au bord de la mer, sur un golfe, et au sud de Selefke. Ses decombres, qui couvrent le littoral et, jusqu'a certaine hauteur, le rocher sur lequel elle etait construite , demontrent quelle avait une grande impor- tance. Les materiaux employes dans ses constructions consistent en ' M. Victor Langlois vient de publier le Recueil de toutes les inscriptions f]\i'il ;i decouvertes pendant son voyage en Cilicie. — Paris, Leleux, i854; in-il°. — 38 — hlocs de marble, les uns verts, les autres rouges, veines de blanc, Quelques murs de maisons sont encore debout; mais il ne reste des edifices de cette ville antique que des debris amoncel^s qui ne m'ont ofiert aucun vestige d'inscriptions. C'est de la ville d'Holini, suivanl Strabon\ que sortirent les premiers habitants de Selefke, qui abandonnerent leur cite pour venir s'etablir dans la nouvelie ville foudee par Seleucus Nicator, sur les rives du Galycadnus, au commencement du i" siecle avant 1 ere chr^tienne. A une petite distance d'Holmi, dans ia direction de Test, et toujours sur les bords de la mer, on voit les ruines d'un monas- tere byzantin bati sur un rocher. J'ai trouve en cet endroit les restes de mosaiques qui pavaient ce monument, mais tellement divises et dissemines sur le rivage, et jusque dans le ravin, que je n'ai pu me rendre corapte des sujets qu'elles representaient. LE PROMONTOIRE SARPEDON. En avant du cap Cavalier et des ruines d'Holmi se trouve le cap Sarpedon , forme d'une sorte de marl)re blanc dont les couches, partout horizontales, y sont inflechies et brisees de la maniere la plus extraordinaire. Selon Strabon, il y avait en cet endroit un temple et un oracle de Diane Sarpedonie^. J'ai fait des recherches infructueuses le long du rivage, aHn de decouvrir quelques vestiges du fameux temple d'ApoUon Sar- pedonien, qui, selon Basile de Seleucie, occupait une jetee ou langue etroite sur le bord de la mer : Eirmtx^lisi Se iarjTriv t&> Sa/piovj , T(w ^(ipiTr]h6vi , tw xaTaXaSovji fi^v ttiv sttI zrjv ^aXaTTrjs ;^eAr;v'. SELEFKE isKELESsi. (Echeile. ) L'Echelle de Selefke n'est eloignee que d'une heure des ruines du monastere de Cheyr-Houran. C'est une petite bourgade com- pos6e de quelques maisons et magasins. Les habitants, grecs pour la plupart, chargent en cet endroit les grains de finterieur sur des batiments arabes qui transportent les marchandises a Alexan- drette (Iskanderouna) et dans les autres ports de la Syrie. ' Liv. XIV, ch. V, S 5. ^ Liv. XIV, ch. V. — Cf. aussi Raoui Rocliette, Histoirc des colonies yiecques, t. II , p. lll2. ' In vita S. Thecl p. 275. D. — Cf. aussi Zozime. — 3d — J'ai iemaique sur ce point les ruines d'une petite chapelle I)yzanline, assise sur des rochers qui bordenl la mer el au milieu desquels on voit quelques sarcophages creuses dans le roc. Hi, ont ete brises, et ce n'est que diflicilement que j'ai pu distinguer uu reste d'iuscription gravee sur I'un de ces sarcophages. Une voie romaine, dont on voit encore les traces , conduisait de Selefke- Iskelessi a la ville de Seleucie, par Meriamlik. Eutre I'Echelle et Selefke se trouvent les ruines d'un autre uio- nastere byzantin d'une grande etendue, et place, comme I'indi- que son nom, sous I'invocation de la vierge Marie [MMamlik, lieu de Marie]. Ce monastere couvrait tout un monticule. J'y ai compte cinq eglises des viu" et ix' siecles, dont les debris jonchent le sol, et trois reservoirs ou se jetaient les eaux qu'un aqueduc amenait des montagnes. Quelques arches de ce monument se voient des hauteurs qui dominent Selefke. Des nombreux sarcophages dont les debris etaient epars, iin seal, cache sous d'epaisses broussailles , conservait encore la trace d'une inscription rappelant la memoire de I'un des reiigieux du monastere. SELEUCiE-TRACHEE. (Selefke.) De i'ancienne Seleucie il ne reste que des decombres qui cou- vrent une certaine etendue de terrain a I'ouest de la ville actuelle, ce qui parait demontrer que I'antique cite avait de I'importance. Les ruines qui se voient a Selefke accusent les trois cpoques , romaine, byzantine et armenienne; celles de I'epoque romaine sont : le Facile , large escalier taille dans le roc, que Strabon decrit dans sa Geographies On apercoit, a quelque distance de la et sur le Calycadnus, uu pont de cinq arches qui donne acces a Selefke. Ce pont, de construction romaine, est menace d'une prochaine destruction. Un aqueduc qui amenait les eaux de la montagne dans la ville et formait angle droit avec le pont, est completement mine. Un autre aqueduc, destine a amener les eaux de Meriamlik dans un grand reservoir eutoure d'arcades et situe au centre de Selefke, non loin du rocher de Tekir-Hamhur, n'a pas plus que le premier ' Liv. XIV, ch. V. — 40 — t'chappe a la destruction ; cependant quelques-unes de ses arches, encore debout, se voieut dans la plaine a roiiest de la ville. Le reservoir entoure d'arcades dont je viens de parler a la forme d'un parallelograinnie; on y descend par un escalier tour- nant de vingt-cinq marches. Les monuments de Tepoque byzantiue consistent en une eglis6 dont la rotonde et quelques colonnes ne se sont pas encore af- faissees. Cette eglise, qui pent donner une idee de rimportance de la ville an moyen age, etait primitivement un temple dont on veil encore qa et la, gisant sur le sol, les fragments de la frise qui etait ornee de guirlandes que.reliaient entre elles des genies ailes, tenant d'enormes grappes de raisin. Les chretiens, lorsqu'ils chan- gerent la destination de ce temple, hrent pratiquer dans rhenii- cycle deux ouvertures Jeparees par une colonnette de marbre rouge semblable a celui qu'on trouve a Holmi et dans les envi- rons. A peu de distance de cet edifice est la uecropole appelee GiaiD0H?--5mi (cimetiere des chretiens); elle consiste en chambres sepulcrales et en sarcophages creuses dans le rocher. J'y ai copie un assez grand nombre d'inscriptions sur des sarcophages dont les ornements et le style revelent I'epoque chretienne. Une autre necropole, peu eloignee de la precedente, m'a fourni des inscriptions de la meme epoque; elle est connue des habi- tants sous le nom de Tdkir Hambar. La ville de Selefke, composee d'une soixantaine de cabanes, est batie en amphitheatre au pied d'une montagne que couronne un vaste chateau entoure d'un double mur d'enceinte ^ Deux de- bris d'inscriptions grecques m'ont donne I'assurance que cette forteresse etait de construction byzantine. Sur la porte d'entree du chateau et dans I'interieur, on voit deux inscriptions armeniennes -, qui paraissent avoir ete mutilees avec intention. ' Barbaro, Viaggi (ed. Venet. Aid., i5.i3 -, in-8°), p. 29 et v°. — Willebrand, Um. p. 1 4.1. ^ Cf. mon Recueil d'inscriptions dc la Cilicie, 11°' 170, 171. Paris, Lelcujt, i854; in-r. — u — tJhunHj H^pbusnii CD nenijirirvusH] + b Aliens b-d- Aiv3ns 2*. O; C ^ 3 n% Ah^id^ SiibUb fi3 ^ Ces inscriptions sont une pi'euve de I'occupation de la forteresse par les Armeniens, qui durent en restaurer quelques parties apres que les successeurs de Roupene V" eurent etendu leur ter- ritoire a I'ouest de la Cilicie. KALO-coRACESiUM. (Perschende.) Kalo ou Pseudo-Coracesiuni est une ancienne ville dont les mines, belles encore, sont un indice de sa grandeur passee; elle etait situee sur les deux versants d'un rocher qui, en cat endroit, limite la nier et se divise en deux chaines separees par une ri- viere. L'un de ces rochers vient aboutir a Selefke, qu'une jour- n6e de marclie separe de ce point, et I'autre a Lamas. Cette pre- miere chaine de rochers borde une belle plaine qui s'etend de sa base a la mer, et est coupee par des cours d'eau. On voit a Kalo-Coracesium les debris d'un aqueduc romain de — fl2 — dix-sept arches el cle plusieurs eglises byzantines. Je n'ai trouve sur ce point aucunc inscription, ce qui n\e fait supposer que celle qu'a publice Tamiral Beaufort, el que rapporlent MM. Le- tronne el Boeckh, a ete brisee par de recenls eboulemenls. Sur le bord de la mer et dans Tinlerieur du rocher, on re- marque des cuves larges, mais pen profondes, qui, sans doute, elaient les salines de la cite, aujourd'hui descrle, el dent les ronces el de hautes broussailles couvrent les restes. TATLI-SOU. Talli-Sou [eau douce], ancienne etape romaine, est le noni donne a une source qui verse ses eaux dans un petit reservoir construit au bord de la mer, a Irois heures environ de Kalo-Co- racesium (Perscbeode). On remarque sur ce point plusieurs puits combles, sur lesquels passe le chemin qui conduit des mines de Kalo-Coracesium a Gorighos, el une construction carree, dont deux pans de muraille seulemenl sont deboul. 11 est perrais de croire que la etail un petit temple consacre a la divinite prolec- Irice des eaux. C'esl dans les environs de ce point que se trouvait la fontaine de Nils, dont les eaux, s-elon Varron, avaient la singuliere pro- priete de donner a ceux qui en buvaienl un esprit plus fin et plus subtil '. coRTCDS. (Gorighos.) Les mines de celle ville antique sont a une journee el deniie de marche et a Test de Selef ke , sur le bord de la mer, dans une plaine rocailleuse enlouree par des rochers qui se lient a la chaine taurienne. Cetle ville, grecque dans I'origine, puis romaine, oc- cupe une large place dans les diverses phases de I'histoire de la Cilicie. De I'epoque romaine, il reste un bain pratique dans le rocher qui borde la mer; une necropole sans inscriptions, se composant de chambres sepulcrales aussi creusees dans le roc, et dans lesquelles on penelre par une ouverlure haute d'environ deux metres; enfin les restes d'une route qui traversait la ville et conduisait a Pompeiopolis el a Tarsous. La ville byzantine a du se mainlenir a la hauteur de la cite ' Varron, Ap. Plin. XXXI, u, p. 5/i8, 26. — 43 — roaiaine, a en juger par les restes cle plusieurs eglises de Te- poque grecque, cFun monastere et d'une vaste necropole coin- posee de chambres sepulcrales, et qui a ete devastee, conime toules cellos que j'ai visitees en Cilicie; neanmoins j'y ai trouve des inscriptions assez bien conservees au milieu de beaucoup d'autres qui portent des traces de mutilation. Sous la domination arnicnienne, les Thakavors de la Cilicie comprirent que Gorighos, placee aux extremites de leur royaume, devait leur servir de rempart. lis y firent construire deux cha- teaux forts, dont ils confierent la garde a des princes de leur famille. De ces deux monuments, qui ont ecbappe a una com- plete destruction , Tun , le plus ancien , est bali sur le roclier qui borde la mer et entoure d'une solide muraille; I'aulre est situe sur un ilot, en face du premier et sur I'emplacement de la for- teresse dans laquelle Archelaiis renfermait ses tresoi'S '. II est aussi entoure de bonnes murailles flanquees de tours. Cette forteresse etait reliee au chateau de terre par un aqueduc qui y amenait les eaux de la ville de Gorighos et qui est aujourd'hui detruit; on voit seulement, pres du chateau de terre, les fondations que les vagues de la mer minent et feront bientot disparaitre-. Sur la porte de la grande tour de ce chateau , j'ai copie deux inscriptions armeniennes, dont je doime ici le texte avec la tra- duction : 1^ |> Pni^uillfuin/fiu ^ujjnif ^ uiJJilj- L, [chtT. . . . . fffinL^ uijpnq ui(J-tiAj/i*U . . yli^h-i, i/Zr5- n^/utirli ^^Irf^Jhi nn , Dans I'armee des Armeniens 700 Par ie pieux roi Hetlium ce chateau princier a et6 construit. le grand Prince fits d'Hethum o' L'annee 700 de I'ere armenienne correspond a Tan i25i de I'ere chretienne, sous le regne d'Helhum I". ' SlraLon, Geoij. liv. XIV, cK. v. ' Cf. Via(](ji del S. Barharo , ed. Aid. Ven., p. 28 v" et 29. ^1^1 4* |-nUt''Br^""'"^tAj (V-\V^'^jW't""^{"'jU (• \}i.ihuiii,u.g. HAIV -^ "^ uinup^ii ^^'ulruii_ikl^nufi Piul^tf^utt-npfi u'hif.u npij-njb ufiupnu[^ . . . (il/)^/_ fr (l) . Dansl'annee 687 de I'fere armenienne ; du Christ 1206. D'Adani d'Alexandre des Armonieus 160. . Et dans I'annee 1078 de I'tre des Seleucides Le roi Leon a bati ce chateau las Ills du Baron L'annee 1206 de Jesus-Christ correspond a la 25" annee dii regue de Leon II, qui gouverna TArmenie de 1181 a 1219. Au temps du voyage de Kennedy Bailie en Cilicie (1846), on voyait encore dans i'ile de Corycus une inscription que ce voya- geur apubliee dans son Fasciculus inscript. grcecaram. (Dubl. i8/i6. in-4°, t. II, n° ii5, a, p. 90-92.) NA AYTOKPATCjJPKAICAPOA'.eCON eVCeBHCNIKHTHC TPOl CeBACTOCAVrOYCTOC 5 eNAOIOCOCICJTATOKT ANOYnATOJieTArMeN STHTOPeCK.OIKHTOPeCTHCAYT OOPCju)NK,ct)A'A'l'eTeTHCHI..Te rAAHNOTHTOCtONect)e 10 K0NTACYN0IAAM6N TOYTOOeCniZOMeNT .1 KAn GKAOOIAONTATHNIPH HOA TONTAYTHCecDOPONMIOPAAA. . .(OCKA TINCJNAYOeNTIANHC.OY. ..INC i5 TOYTCOnPOXIPIZeCOeAAA. .K ;- , i;0 §£ $sro5 iadie, mve, 'ZSaT^e. ( Fraijm. hist, (jra-c, I , /i4o. — Arrieii , Fiatjm., 21.) Inscription que Ciccron ( Tusciil. V) a renclue par : HiTC habeo, quae edi, quajqiie exsaturata libido Hauserat, ilia jacenl multa, et prteclara relicta. Strabon etait ne en Asie Mineure, et il parait evident que si le cenotaphc de Sardanapale et le Dunuk-Dasch eussent ete des editices distincts, il n'eut pas manque de mentionner celui-ci comme il a parle du premier; car, quelle que fut la destination pri- mitive du Dunuk-Dasch, il n'est pas douteux que le geographe qui decrivait si fidelement des edifices de moindre importance n'eut parle de ces masses monumentales, et que s'il n'en a rien dit, c'est que , par monument de Sardanapale, il entendait ce meme Dunuk-Dasch. L'anniversaire funebre de la mort de Sardanapale, que cele- braient les Tarsiotes par des fetes , et en elevant un biicher pyra- midal dont il occupait le centre, ainsi que je I'ai dit, est, sinon une preuve, an moins un indice que le tombeau de ce roi el le Dunuk-Dasch ne font qu'un seul et meme monument. Etienue de Byzance, plus precis que les historiens dont je viens parler, dit qu'Anchiale, comme Parthenia, serait Tancien nom de Tarsous. S'il en etait ainsi, et il est permis de le croire, Anchiale ei Tarsous ne feraient elTectivement qu'uue seule et meme ville , comme le cenotaphe de Sardanapale et le Dunuk- Dasch, ne feraient qu'un seul edifice. En effel, on n'a pas trouve de medailles avec les noms de Par- thenia et d' Anchiale; et celle attribuee a cette derniei-e ville par Mionnet [Descrip. supp. vii, page 188) et portant le type d'Es- culape, doit etre reportee a vVnchiale de Thrace. En admettant les assertions d'Etienne de Byzance, fortifiees par le silence qu'a garde Strabon sur I'existence du Dunuk-Dasch, il faut ecartcr celles d'autres auteurs qui placent le cenotaphe de Sardanapale a I'embouchure du Cyduus , ou ne se trouve d'ail- lours aucun vestige d'un monument antique, rien enfin qui puisse donner la plus legere idee de ferection sur ce point, que j'ai minutieusement explore, du cenotaphe donl il s'agit. — ()-2 — S VII. Confusion ties monuments de Sardanapale I" I't de Sai'dannpale II. Aux environs de Ninive, et sur un terlre, elail uii lombeau oleve a Sardanapale II, sous lo regne duqiicl fiit dclruil Tcnipire ( cf. de Saulcy, Rcchcrches sur la chronologie dcs empires de i\inive, de Babylone el d'Echatane, page 76). Sur une colonne de ce loni- beau, echappee a la destruction, on lisait unc inscription en caracteres assyriens, dont le cynisme rappelait la vie dissolue de ce roi, inscription dont Atbcnee a conserve trois traductions, Tune de Gberilc, les deux autres de Pbenix de Colopbon ct de Cbrysippe (cf. Atbenee, VIII, i4)- Le tombeau de Sardanapale I" portait unc autre inscription rapportee par Clearque, disciple d'Aristote (cf. Athenec, he. cit.), et ainsi cont^uc : Sardanapale, lils d'Anaxyndarax , a Jjati Tarsc cl Ancliialc en un jour, et main- tenant il n'cst plus. dAAa vw 'csOv)]H£v. [Fr. Hist. ijr. t. II. p. 3o5.) Clitarque, Aristobule , Callisthenc, Ilellanicus ct Apollodore ont rapporte cette cpitapbe, mais ils ont dti la confondre avec celle de Sardanapale II, raort a Ninive; et les hisloriens grecs, sans eclaircir lesfaits, ont accredit^ cette confusion, qui, lors du passage a Tarsous d'Alexandre se rendant alssus, s'est en quel- que sorte confirmee par les acclamations de Tarmee du heros macedonicn, defilant devant le monument qu'elle croyait etre celui du prince dont le cynisme a fait la cclebrite. Dans un ouvrage cite plus haut [Recherches sur la chronohgie des empires de Ninive, de Bahyhne, etc.j, M. de Saulcy dit que le prince qui, apres avoir ete renverse du trone par Belesis et Ar- bace, se serait retire en Cilicie oii il aurait fonde Tarsous et Anchiale, ne pent etre que Sardanapale I", dont I'inscription est ci-dessus. Les ecrivains grecs que je viens de ciler ont dti ajouter a la tencur de cclte inscription, les mots : 20 8i ^ivo? eadis, Tslve, -naile, qui ont fait confondre les tombeaux des deux Sardanapale, mo- numents parfaitement distincts, ainsi que je I'ai etabli dans le cours de ce m^moirc. — 63 § VIII. Conclusion. En I'absence de textes precis et d'inscriptions qui fassent con- nailre Torigine et la destination du DunukDasch, on ne peut, de ce qui precede, tirer que des conjectures tres-vraisemblables d'ailleurs. Suivant Fopinion commune aux savants qui se sont occupes de cet edifice, et aux voyageurs qui Font visite, ce serait un vaste tombeau; et les medaiiles de Tarsous qui representent sa figure et celle de Sardanapale semblent faire de ce monument le ceno- taphe de ce prince. Des historiens, il est vrai, faisant de Tarsous et d'Anchiale deux villes distinctes, placent le cenotaphe dans cette derniere cite; niais Etienne de Byzance, appliquant ces deux noms a la meme viile, renverse les assertions de ces ecrivains. Ainsi , en s'arretant a I'opinion des savants , aux types des me- daiiles de Tarsous et a la tradition qui s'est perpetuee en s'em- bellissant des couleurs de la fiction, le Dunuk-Dasch, monument colossal qui a defie le temps et les I'evolutions dont Tarsous a ete le theatre, et qui se dresse encore presque intact, serait bien le cenotaphe de Sardanapale I", refugie en Cilicie apres la perte de son royaume , et qui y mourut dans un age avance. LE KCSrK-KOLAH. Le Rusuk-Kolah (fort du Belvedere) est un monticule situe au sud et a une petite distance de Tarsous. II est appuye a I'ouest aux mines dun amphitheatre, et a Test il aboutit par une pente presque insensible a Kandji-Kapou (porte de la femelle), dans la direction du port de Mersine. Les fortifications de Tarsous, maintenant detruites, et dont les fondations sont ensevclies sous les terres, longeaient le Kusuk- Kolah ausud; un large fossti qui lui servait d'enceinte est comble par des eboulements. La necropole, situee sur la partie du monticule qui fait face a la ville, s'etendait de la base de I'amphitheatre a cette meme porte de Kandji-Kapou, sur une longueur d'environ l\oo metres. Lors de foccupation musulmane, les conquerants violerent cette necropole et, dans fespoir d'y trouver des tresors, ils bri- — 6^1 — serent les sarcophages , apies avoir bouleverso le leirain qui est aujoiirtriiui cultive, saul le somniet el les versanis, ([iii ne sont pas susreptiblcs de cullure en raison cle leur indiiiaison ct ties pluies qui diaque annee en enlevent les terres vegelales, tout eii mettant a decouvert des fragments d'antiques et de poteries. Cetle derniere circonstance donna a M. Barker, consul a Tarsous, I'idee d'explorer la partie du monticule voisine de ramphitbeatre et d'y faire des fouilles, qui amenerent la decouverte d'une assez grande quantitede fragments de terres cuites parmi lesquels ne se trou- vaient que peu de statuettes a peu pres intactes. Ces antiques furent envoyes au musee Britannique. M. Barker a recemment public, sur Tensemble de ses dccou vertes, un ouvrage ayant pour titre : la Cilicie ', et dans lequel il essaye de prouver qu'au point oii il a recueilli ses terres cuites devait se Irouver, sous la domination romaine, une fabrique de poteries; mais les objets envoyes au musee Britannique furent soumis a Texamen d'antiquaires de Londres qui d^clarerent que ces statuettes, representant les dieux Lares des anciens Ciliciens, avaient du etrc enfouies a Tepoque ou le cbristianisme se repan- dit dans le pays. Instruit des resultats obtcnus par M. Barker, je visitai I'endroil ou il avait fouille et oii se trouvaient encore quelques debris d'antiques sans valeiir. Huit jours apres ma visile au Kusuk-Kolab d'ou je revins avec le desir d'y tenter de nouvelles docouvertes, un jeune fellah que j'avais mis a la recherche des medailles me montra une petite tele d'un beau style et quelques lampes qu'il avait trouvees sur un point du Kusuk-Kolah , eloigne d'environ 60 metres des fouilles faites par M. Barker. Je sondai immediatement le terrain et bientot j'acquis la cer- titude que la mine n'etait pas opuisee : quelques heures de tra- vail eurent des resultats qui me payerent largemcnt de mes fati- gues, et une premiere caisse de fragments de terres cuites que j'envoyai au ministcre de I'instruction publique fut le prodult de mos premieres fouilles. Pour les continuer je dus, apres I'a- chat simule du terrain, obtenir, du pacha de la province, I'auto- risalion de le creuser. Cette formalite remplie, je parvins, aide de M. Mazoillicr, vice-consul de France a Tarsous, a surmonter ' Larcn and Penales, or CiVcia, clc.-, Londres, i853, in-8°. — 05 — les difilculU'S que m'opposaient les employes subalternes de I'ad- niinistration de la douane. Enfin, degage de toute entrave, je reunis plusieurs ouvriers, et a partir du mois de decembre jusqu'en avril , epoque a laquelle je dus rentrer en France, mes travaux ne furent point interrom- pus, M. Mazoillier ayant bien voulu les dinger pendant la duree de mes excursions en Cilicie. Huit caisses de terres cuites, parmi lesquelles se trouvaient des pieces entieres, ont ete extraites du Kusuk-Kolah et envoyees au ministere de Tinslruction publique. Mon depart annonce et mes fouilles abandonnees, le vice-consul d'Angleterre, d'accord avec M. Gregoire Alepson, voyageur armenien et, d'apres ce qui m'a ete dit, agent du musee Britannique, commenra des fouilles a cote des trois puits que j'avais creuses. Mon depart ne me per- mit pas de suivre leurs travaux; mais je suis convaincu que, dis- posant de fonds suffisants , ils trouveront des objets interessants pour la science archeologique et la ceramique. La ou M. Barker croyait avoir trouve une fabrique depoteries, circonstance qui I'a empeche de donner une plus grande exten- sion a ses fouilles, j'ai decouvert une vaste necropole; 1 etude que j'ai faite du terrain et de tous les objets que je suis parvenu a en extraire ne pouvait me laisser de doutes. Ces objels consistent en statuettes, deites funeraires et autres, empruntees, soit a la my- thologie grecque, soit au pantheon egyptien etasiatique; en nom- breux fragments de briques liees entre elles par de la cbaux melee de sable de mer, dans lequel se trouvent des coquillages ; en urnes cineraires; en restes d'ossements bumains a demi-cal- cines; en vases a encens, fioles a parfums, agrafes en metal, lampes, et en beaucoup d'autres objets varies, parmi lesquels j'ai trouve Irois fragments de vases murrhins artificiels, qui prouvent que Tarse etait la rivale de la Grece pour I'industrie et les arts, comme elle pouvait I'etre pour les sciences et les lettres. Les restes d'ossements bumains, meles a tous ces objets, pa- raissent demontrer que le Kusuk-Kolah etait bien une necropole ou les anciens avaient enfoui ces antiques avec leurs morts : ritalie et, dans ces derniers temps, la Cyrenaique, ont fourni des exemples de semblables enfouissements. A dt^faut d'inscriptions, ce n'est que par des objets d'art et des UISS. sr.lKNT. IV. 5 — G6 — medailk's qu'il est possible d'assigner un age a la necropole de Tarsous. Les niedaillcs les plus ancienncs que j'ai trouvces dans mes fouilles sont des pieres autonomies de Tarsous representant , d'un c6t6, la tete tourrelee de la ville, et de Tautre la figure du monu- ment de Sardanapvilc dont il a «^te question dans la notice sur le Dunuk-Dasch. Les figurines les plus anciennes revelenl uu art des premiers Slides avant I'ere chretienne. Deux medailles imp^riales de Tarsous , avec les noms de Gor- dien HI et de Trajan Dece, qui etaient renfermees dans un vase en terre rouge , casse d'un cote , et qu'un coup de piochc acheva de briser, peuvent encore scrvir a indiquer, au moins approxima- tivcment, I'^poque de Tabandon dc la necropole, Trajan Dece ayant regne au milieu du iii° siecle apres J. C. Enfin , j'ai trouve sur des fragments de lampes et de poterie rouge quelques noms purement remains, tels que ceux des pollers Karos (Caias), Furius, Strolius , etc. II parait Evident que, lors de rintroduction du christianisme en Cilicie, la necropole fut abandonnee; car je n'ai pas trouve un seul objet qui revelat une intention chretienne, si ce n'est le fragment d'une lampe, sur laquelle 6tait figuree la colombe posee sur une branche d'olivier; mais on salt que ce symbole se voit sur beaucoup de monuments pai'ens d'une epoque assez reculee. Les conquerants qui se succederent dans le pays, qu'ils fussent romains, byzantins ou armeniens, ne profanerent point les se- pultures ; les musulmans seuls, excites par le fanatisme religieux et par la cupidite, d^vasterent le Kusuk-Kolah, ainsi que je Tai dit, dans Tespoir d'y trouver des tr^sors qu'ils supposaienty avoir ete depos(^s avec les morts. Cette necropole rerut les dcrniers coups lorsque les musul- mans , pour restaurer les fortifications de Tarsous qu'avait elevees HarounalRaschid, firent creuser, a I'epoque des croisades, une nouvelle ceinture de defense dans le voisinage du Kusuk-Kolah , ce qui necessita, pour I't'dification des tours et des murs, des bouleversenients de terrain qui eurent pour resultat la mutilation des terres cuites qui, jusque-la, avaient echappe aux mains des- tructives des conquerants. Les evcncments qui se sont accompiis sur ce point de la viile expliquent sutrisadiment la destruction paiiiello dcs olijets d'arl que j'ai I'ccueillis au Kusuk-Ivolah. Les statuettes entieres, ou iegerement mutiiees , que j'ai ete assez heureux pour comprendre dans mes envois , etaient assez pro- fondenient enfouies dans le sol pour echapper aiix. atteintes des musulmans; mais il n'en a pas ele dc meme de celles rapproclices de la surface, qui, toutes, portent les traces des bouleversements qu'a subis la necropole^ Des excavations d'une profondeur de trois a quatre metres onl donne lieu a ces reniarques qui ni'aulorisent a penser que si Ton creusait profondement sur divers points, et a c[uclque distance des anciennes fortilications de Tarsous, on pourrait espcrer trou- ver, non-seulement des statuettes intactcs , mais peut-etre encore des lombeaux purs de toute profanation. La vaste necropole du Kusuk-Kolah, attaquee seulement sur deux points restreints, et avec quelquc succes, pourrait, ce ine semble, habilement etudiee et fouillee, livrer a la science d'im- portanles decouveiHes, peut-etre des monuments susceptibles d'eclaircir des points douteux de Thisloire, et reveler des fails dont les annaies n'ont pas conserve le souvenir. Outre le Kusuk-Kolah et le Dunuk-Dascli , la ville de Tarsous possede encore les beaux restes d'un theatre qui etait d'une grande etendue, a en juger par Themicycle, c[ui est encore debout-, et dont on voit les mines a Test du Kusuk-Kolah, et les portes de Dcmir-Kapou et de Kandji-Kapou, jadis relives aux fortifications de la cite, baties par Haroun-al-Raschid et restaurees par le roi armenien Hethum. 1". Tarsous renfermait encore des palais et des bains magnifiqucs; j'ai trouvc en plusieurs endroits difierents de la ville des restes de mosajqucs qui rappellent le luxe des Remains mele a I'elegance des Grecs. J'ai pu recueillir, par suite de perseverantes recherches , lanl ' Toutes les figurines en terre cuite et les fragments divers que M. V. Lan- qlois a adrcsses a M. le Minislre de i'liistruction publique pendant le cours de sa mission, out ii6 donnds par S. E. au musce dcs Antiques du Louvre, sur la deniande qui lui en a etd fiiite par M. le Dirccleur dcs musees impcriaux. (Note de la redaction des ArcluiCi.) ^ Kinneir a pris ce monument pour uu gymnase. T. I, p. 199. M. 5. — 68 — dans Tint^rieur de la ville que sur les debris de monumenU ^pars dans la plaine qui Tentoure, plusieurs inscriptions qui jus- qu'ici ont echappe a Tattention des voyageurs. La plus iniportante est cello que j'ai trouvee encastree dans le mur exterieur du Yeni- Hammam [bain neuf), pres de la mosquee dite Tincomparable [Oloa-Djami]. M. Philippe le Bas, a qui j'ai communique cette inscription, I'a jugee digne d'une etude serieuse, et est parvenu a retablir les lignes que le temps a delruites. Je la reproduis ici avec la resti- tution du savant academicien ^ : (Six ligaes elTacces. } ETEPO ZEOY • ...EYZEBOYEEYM ID AAEiANAPIANI NHANTQN6INIA TAPZOZHnPOTH KAIKAAAIZTHM TQN.r.EnAPXElQN )5 IZAYPIAZAYKAONI OEZOMENHKAIENEOIKOI MONHTETEIMHMENHAHM. . OYPriAIZTEKAIKIAIAPXH . . . EZTAPXIKQNKAIEAeYGEPOK. . ao NOBOYAIQKAIETEPAIZnA.. ZlAIZKAIMEFIZTAIZKAieiAl PETOIZAQPEAIZ Restitution de iVl. le Bas : [ATAGH TYXH YnEPZQTHPIAZKAINEIKHZ KAIAIQNIOYAIAMONHZ AYTOKPATOPOZKAIZAPOZ 5 0EOYZEOYHPOYYICl)NOY eEOYANTQNEINOYYIOY T0YKYPI0YHM]ETEP0[YM.AYP.] ZEOY[HPOYAAEIANAP] OY]EYZEBOYZEY[TYXOYZZEB.] ' Inscript. de la Cilicie , pag. 22 , n' 46. — 69 — lo AAEiANAPIANH[EEOYHP!A] NHANTQNEINI[ANHAAPIANH] TAPZOZHnP[S]TH[KIAIKIAZ] KAIKAAAIZTHM[HTPOnOAIZ] TJ2N.r.EnAPXEIQN[KAPIAZ] i5 IZAYPIAZAYKAONI[AZ KA] 0HZOMENHKAIENT[E]I[X]O[Y] MONHTETEIMHNENHAHM[l] OYPriAIZTEKAIKIAIAPX[EIAIZ] [TQ]TAPXIKqTE]KAIEAEY0EPJ2K[OI] ao NOBOYAIQKAIETEPAIZ nA[EI] Z[T]AIZ KAI MEnZTAIZ KAIEiAl PETOIZAQPEAIZ TRANSCRIPTION. Ayadrj Ttij^*/. 'tirsp (TCOTrjpias xai vstKrfs nai aiMviov hiix(iovr}s AvTOxpi- Topos Ka/(7apos, ©-eoO 2eoii)^pot> vicovov ,^soii AvTuveivov rjioii, rov Kvpiov r)p.sT£po\j MapKOo AvprjXiov "^Isovrjpov AAe|ai^SpoO EvereSovs Evtii;^oOs 2eSa(T7ou AXe^avhpiavrj , Hsonrjpi'xvrj , AvT&ivstvtoivij , A^piavrj, lipaos, ^ ■zspwT)j KiAixias xal xoiXXialtj p.ijTpdito'kis twv y' STrapp^eicDv Kaphas iaav- p/as Aiixixoviois 7ia6slop.iviri xixi evrei^ovp.ivr} p.6vrj "re-vsip.rip.ivv] lrjp.iovp- ylats re nai HiXiipysitxts tw i' apyiKW re nal eXevdipco KOtvoSovXieo xai iripoits tuXeldats nai p.syia1a.is Kni i^txtpsTats hwpetas. TRADUCTION. «A la fortune propice! Pour \e salul, la victoire, leniaintien eternel de I'em- pereur C^sar, petit-fils du dieu Sevfere, fils du dieu Antonin, notre maitre Marc- Aurfele, Sevfere-Alexandre , pieux, heureux, auguste, I'Alexandrinienne, la Sivi- rienne, TAntoninienne, i'Adrienne, Tarse, premifere ville de la Cilicie et tri^s- belle metropole des trois provinces Carie, Isaurie, Lycaonie, solidement assise et bien fortifiee, et seule bonoree de droits politiques et de frequentes ciliciar- chies et d'unconseil gdni^ral statuant souverainement et libre, ainsi que de beau- coup d'autres faveurs tres-grandes et bors ligne. » Une autre inscription, que j'ai trouvee aussi a Tarsous, m'a paru digne cVun grand interet; c'est I'cpitaphe bilingue d'un cen- turion de la 5° legion macedonienne : IVLIOSEVERO Js LEG VMACeDDVLCISSIMO MARITO IVLIAHERMIONEYTALE 5 MATRONAMEMORIAE CAVZA. _ 70 — IOYAItL)C€YHP(t) f AE[r nEMRTHCMAKEA MAPITCONrAYKYTAT[CO]CYNBICO lo lOYAIAePMIONHITAAHMATPCONA » MNIMHS[XAPIN] Julio Severo [centurioni] leg[ionis] |j quinU-e Maced[onicK], dulcissimo || ma- rilo II ; Julia Ilerniione Ytale 1| niatrona moinorl* cau[s]a.» iovXio} 2£[o]t^r;pw p X£y[scovo^] \ \ -sssinrlTjs UaKst[ovlxrjs] \ | MapiTwr (?) •yAtJJtwTaTW avfxSict) || tcvXia. tjp(ii6v7} ItixXi) fxaxpciva \\ ^vt][iris [x<^p'v] '. « A Julius Scverus centurion de la 5° li'gion macedoaicnne, mari bien-aini6; dame Julia Hcrmionfe Ytalfe , a olcv(5 ce monument a sa mcmoire. » ' Tarsous possede aussi de remarquables edilices dcs epoques armenienne et musulmane. L'eglise armenienne dissidente qui aurait cte batic par saint Paul, suivant une tradition, mais qui ne remonte e(Tcctivenient qu'au ix° ou x" siecle, est placce sous le vocable de la Vierge. On Yoit cucastrees dans ses murs plusieurs inscriptions inleressautes, en ce qu'elles signalent dcs fails dont I'liistoire ne dit i^ien -. Je vais donner ici le texte et la traduction de ces inscriptions. i" Sur le mur exterieur de redise : "O' tUL^ tuiuntiuuill ^tUnil tt^/n *\L n-uiiTn puin • filing ^L/c^Jhj- (iL'an C77 de I'l^rc armeiiioniir (1228) les remparls dc Tarsous on! ele renou- veies par la main dltctluin) , roi dcs Arnii'nicns. » * Le sigle f , qui est la traduction du sigle latin J{, signifie exixwvTdpx_ri. LY'lement essentiel du sigle ^ est le P, qui reprt^ente, comme on le sait, le nonibrc 100. M. Fran/, s'cst done trompc en traduisant le sigle en question par X'^''ipX''J^ •'>»-^ '^°' /i532 et suiv. du Corpus insc. grwcanim. La partie latino de Tinscription bilingue copice par M. Victor Langlois ne pent laisscr d'inccrtitude a cct egard. Quant au mot MapnSv, le Iradnctcur grec nc conq)rcnant pas le mot latin marito, aura sans doute cru y voir Ic genilif plnricl d'un clhnique. (Note communiquec par M. PL. le Bas, menibre dc I'institut.) * Ucvue archeoloifujiie , lo^annee, i85i. — Note sur trois inscriptions arm<5- niennrs dr Trglisc do la Vierge, 5 Tarsous. — 71 — 2° Pierre toinbale encaslree dans Ic mur interieur do I'eglise : n u "h«i(Y/jijTE/A^(/«LJ 1^ p.a/p£rfuiiii^u ^nq-njlt uj n aiu t Ui IAiijIj\ "'^Y' umlrt^ unt-pp. ^yutliit utbnu^ np ihrifulfgatt^ ft pj' ^* sJ ut ^ '^flppuurnu hut Uijn I^L tuliu •}• SAINT-ETIENNE. "J- ((Cetlesainte croixroyaleaet^ elevee Etienne, qui est mort en Chi-ist aprfes dans Tannic arnii^nienne 711 (i253) cette vie. pour i'intercesseur de notre ame, a io KYANAICjONPeiOPCJNTeY5ANAYPANANACXOMeNOCTeA€CACO ID HreMONOCnieOOTOYAIACHMOTAOE 0(DPACEKAIM6TOniCCOeNeXOIKA60CICOINeKeiNOIC oiNeiAOYnpoxoAczeYZANAneipeciOYC helfiaaOat 'SOTayLoii ysinepioiai 8p(ifxo<[s] a^pyjKlov xp>;TrrSa aihtjpoh^TOtai Q-e(j.eiXot5 wv iniep evpeirjv e^STavv^jaaas oSor, 5 fjv 'S!o)^Xoi xal -apdcrdev diretpsirjcrt vdoto KuSvai'wv psidpcov tsv^olv d75w[v] Tspyiirepos Te[X]ddet airds zrjvhls] yi ^"^ "'J nrf , . , t^L-tuuh- (Cotd est.) upana , . . {pujph\luiut^u ui^falriui/p . . ,^ (Cot^ nord.) l^ ... hiMti^ , . , L ilbpUa , , ,oqni^, . . . /#* ^o ...w tuuiUMnutq^ (Cote ouest, commencement de la ligne.) 5 ih^tuuttuL i^ uuM uit-^ [ill "ppl^ p-npnu npnji LnuuiinUn.^ utp jtuptfiuUutuiip luinuit-lj^n Airp p opnuuinu inunt-ii tnt^p i/hp* ujJi^u i f ' ligne. — « Ceci est une m^moire 5* ligne. — La trfes-sainte Trinit^; Theodore, fils de Constantin, fiis de Roupfene 3' Uqne. — Pour le salut de mes enfants; pour la m^moire de mes parents et pour la vie de mes enfanls par I'interccssion 4* ligne. — ■ 5' ligne. — Ceci est une memoire d'Ochin , fiis de Theodore, (lis de Cons- tantin; dans vos dignespri^res en Jesus-Christ, Notre- Seigneur. Amen ! » Cette inscription tres-interessante est malheureusement niulilee. Cependant, par les fragments qui restent encore et qu'on pent expliquer, on voit qu'elle relate la genealogie des premiers Ichrans d'Armenie. 2" lignr. — Theodore, fils de Constantin, fils de Roupene. Theodore ou Thoros fut le troisieme successeur de Roupene, qui, a la mort de Kakig II, dernier roi Pacradouni, fonda en Cilicie une principaule armenienne, qu'il gouverna de 1080 a 1095. Son fils, Constantin I", Ini succeda, et mourut en 1099, — 81 — ^poque a laquelle Thoros I" h^rita de la principaute, qu'il gou- verna jusque vers 1 123. 5' Ugne. — Ochin, fils de Theodore, lils'de Conslantin, etc. Get Ochin etait sans doute un frere de Leon I",'qui succeda a son pere Thoros I" dout nous venons de parler. II est probable que les princes de la petite Armenie qui posse- derent Anazarbe, des I'origine de la conquete, furent inhumes dans la chapelle du chateau fort situe sur le rocher a pic qui domine la ville; car les princes successeurs immediats de Rou- pene I", qui sont mentionnes dans cette inscription /n'avaient pas encore de capitale. Sis ne fut erigee en capitale que sous le Tha- kavor Leon II, roi de la petite Armenie, qui.l'embellit et la for- tiGa. Tarse leur etait sans cesse disputee par les Grecs;''or il est probable qu ils avoient choisi pour lieu de leur sepulture le chateau d'Anazarbe, qui etait une des citadelles les'mieux forti- fiees du pays, dans une belle situation entre le Taurus et la plaine, et pouvant resister aux attaques incessantes des [musul- mans, puisque ce ne fut que sous Leon VI de Lusignan, le der- nier roi du pays, que la ville et le chateau d'Anazarbe furent enleves aux Armeniens par les Egyptiens. L'un des'.Thakavors d' Armenie Gt sans doute graver cette inscription qu'on pourrait appeler un canon royal, et restaurer i'eglise, qu'il orna de pein- tures a fresque dont on voit encore quelques traces sur la mu- raille interieure, pour honorer la m^moire de ses ancetres, pre- miers conquerants du pays. J'ai visits I'interieur de'ce petit ediGce, et j'ai vu qu'il existait autrefois un caveau aujourd'hui comble, car les dalles qui le couvraient ont ete enlevees pour en faciliter I'entree. Les Egyptiens qui prirent Anazarbe violerent cette sepulture princiere et bouleverserent les tombes des pre- miers Roupeniens, pour chercher des tresors qu'ils croyaient avoir ete caches avec les morts. Aujourd'hui la toiture de I'eglise s'est ecroulee et a entraine dans sa chute des parties de I'ins- cription que je viens de publier. Get affaissement de la toiture a eu lieu depuis peu de temps. Lorsque le Pere Indjidji ccrivait sa geographie (Ven. 1806, in-8°; en arm.), il semblait dire que cette inscription etait en bon etat, et qu'on y lisait les noms de plusieurs princes armeniens. On voit encore ime autre inscription armenienne dans un en- MISS. SCIE?IT. 1\. G — 82 — cadrement, sur le cote sud de la graade tour du chateau aruie- nien d'Anazarbe. ■t n-nt-fik'u .... it-i-niip npiu^ . . . *UnpuM trqpMJjpU p.UMph'uiuMyu^ nLhihp ^ (wfy/r] nu i^pujjfi Ilu L. uiquiin ^biubnup-k-uitPj^ . , pLpiuunp ml^pni-p' ul^ulruiiuit-^^li "!{ • • ■ ...... J a ^uinutouia ujUuaduMnniu StFllonuji tutuiniu ..... , tu^auiuauinpu , , uipjuuin^fiu [y^ftUlMiMiQ qtnutnjsuUMU , ..•.•. , ^utusntuufiMiUq tnuip ID L'an 636 de I'^re arm^nienue. Roupene, fils de L^on son frfere, le pieux, avait 5. prfes le mout Taurus, son noble si^jour. . , terrestre pouvoir. . . commenciS par Ochiii . des places d'Anazarbe, Djenkia, Hada de ce pays il a bati ce mur il a ^tabli L'an 636 correspond a I'aunee ii88 de I'ere chretienne. Roupene II, fils de Leon I" qui est cite a la troisieme ligne de cette inscription , fut prince d' Armenia de l'an 117^3. l'an 1181. II avait succ6d6 a son pere Mlek, et mourut dans un monastere. Ce fut ie dernier ichran de la Cilicie, car apres lui la principaute fut erigee en royaume sous Leon II. II est probable que le prince Ochin , dont le nom est mentionne a la sixieme ligne de I'inscription , est celui qui, apres avoir aban- donne en 1072 la province d'Arlsakh, vint s'etablir en Cilicie et posseda depuis la forteresse de Lanipron , a deux journees au nord-oucst de Tarse. On lit Irois noms de villes ou de forteresses a la septiemc ligne; ce sont d'abord Anazarbe, puis Djenkia, localite sur la- quelle je n'ai aucun renscignement. Vient cnsuile un nom de lieu, malheureusemeat incomplet, et qu'on lit Hada... Je suppose qu'il etait question de la ville d'Adana ou bleu d'Adauiodana, cha- teau fori pros d'Anazarbe el qui fut donne par le Ihakavnr Leon 11 — 83 — aux hospitallers. Willebrand , qui mentionne ce chateau dans sou itineraire', dit qu'il etait situe a deux milles d'Anazarbe. ROUTE D'ANAZARBE A MOPSDESTE. Tiimlo-Kalah et Ilan-Kalah (Scheik-Meran) sont des chateaux aimeniens construits sur des hauteurs entre Anazarbe et Mop- sueste ; aucune inscription ne s'y remarque ; ils servent de refuge a des bandes armees qui, du sommet des tours, decouvrent la plaine et suivent la marche des voyageurs, qu'ils attaquent pour les piller. Ces deux forteresses sont les chateaux d'Adamodana et de Canamella dont Willebrand- indique la position dans son iti- neraire. Avant d'arriver a Mopsueste on suit pendant quelque temps une route romaine bordee des deux cotes par des caveaux con- verts d'enormes pierres; c'^tait la n^cropole de Mopsueste, la Missis actuelle. En visitant cette necropole, je trouvai au bord du chemiu, sur une borne niilliaire, rinscription suivante : IMPCAESDIVI[SEPTIMISEVER]IPII NEPOTEDIVIANTONINIMA[GNI PIIFILIOMARCOAVRELIOSEVER[0 ALEXANDROPIOFELICIAVGPON 5 TIFICEMAXINOTPIBVNICIAEPOT[E STATISIIPROCONS.P.P.VIAM PO[N]TESAPVIIVSQVEA[DA DRIANAXINPIDROMI XXXXIIII MOPSUESTE. (Missis.) Suivant les geographes turcs, Missis, qui n'est effectivement qu'une chetive et miserable bourgade, serait une ville importante. Elle est batie sur une coUine dont la base est baignee par le Pyrame (Djihan-Tschai) et peuplee d'environ cent cinquante fa- milies , tant armeniennes que musulmanes. On voit a Missis les restes d'un chateau. Un pont jete sur le Pyrame est menace cVecroulement; a en juger par les decombres qui bordent cette riviere. Missis a du posseder de beaux edifices; ' Leoais Allalii Sufiptixxa; cf. Itincr. dc Willebrand d'Oldenibg, p. liio. " Ap. Leo. AHat. Sujiftixra, p. i36. M. 6. — 84 — mais il n'en reste que des vestiges el quelques fragmenis de nio- saiques. Voici le texte des principales inscriptions que j'ai trouv^es a Missis. Inscription sur une pierre, dans le champ des morts des Ar- meniens ^ MOYceoceMnACinpoNHMtt) YnOTPYO(jONOCTOYAA[eA]HKAinAPABIATAKYTePONTeAei . . lo CjL)NTONBIONeniKAAOYMAIKATATPYANIKA 20 TITCONeNTCJNNHMeiWMHAeZOnAPAKei MeNONMOieMBOAAAINOPYlAITINAMe NeiNAeeMOiAKepeoNeTOKOYToccooei TGONeYHKeiMeNGONAIOCONeKTOCeiMH CANMArNAMONHOeAnCHHCYHCK. .OC. . 35 MOYHNKAieANTICAAIKHCHHeMeriC. . MAVeAAIKCiJCKeX AOJMeNOIAYT. . . . ZeNOINTOOIAYTIOC Inscription sur un marbre noir; aujourd'hui au musee impe- rial du Louvre. ' Cctte inscription , qui devait elre transporl^e en France , est tomb^e dans ie Pvrame en traversant ce fleuve. — Cf. Inscr. de la Cilicie, n° 9, pag. /i et suiv. — 85 — {AokXsow[s || itxKoXdov dp^iTiKlo[vos || HAjw nai tw ^r][fji(f) « Philoclfes , fiis de Philocl^s Iscolaiis , architecle , au Soleil et au dhme ...» Inscription dans le champ des morts des Armeniens; aujour- d'liui au mus^e imperial du Louvre. [AYTOKPATOPAKAIZAPA eeOYAAPIANOYYIONeeOY] TjPAIANOYnAPGIKOYYIOJNON 0[e]OYNePOYAeKrONONTITON 5 AlAIONAAPIANONANTOJNeiNON SEBAZTONeYZeBHOATePA nATPIAOZOAHMOZ AAPIANOONMOreATCONTHZ lePAZKAieASYOePAZKAIAZY ID AOYKAIAYTONOMOYOiAHZ KAIZYMMAXOYPOJMAICJN AvTOxparopoi KaiVapa || Q-eoCi klpiavov vldv S-eoO || TpaiavoO itoLpdtxov vjwwv II 3-soO Nepoua ixyovov Tnov || AtXiov AhpioLvdv AvrMvstvov, || as- €a(Tl6v, eii(7s€r), TSaiipa. || isarpilos, b hrjixos || k.hptixvu>v MoipeaTCov Trjs 1 1 ispas xcit iXsvOipixs jcat dcrv \\ Aou xolI aiTovdixov , (piXrjs || xal cufifxaj^ou PwfxajW. « Cette statue de I'empereur C^sar, fils du dieu Hadrlen , petlt-fils du dieu Tra- jan le Parthique, arrifere petit-fils du dieu Nerva, Titus yElius Hadrien, Anto- nin, auguste, pieux, pkre de la patrie, a et6 (Jlevee par le peuple d'Hadriana Mopsuestia, saiate, libre, inviolable, autonome, aniie et alli^e du peuple re- main. i> Una inscription presque semblable, publi^e parGriiter, prouve qu'un monument identique avait ete consacre a Rome par les ha- bitants de Mopsueste, pour perpetuer ie souvenir de la reconnais- sance de la cite au prince qui avait respecte ses anciennes pre- rogatives. Inscription sur un autel funeraire au bas de trois busies; au- jourd'hui au musee imperial du Louvre ^ * Ces trois pierres epigrapliiques ainsi que rinscription du piedeslal de la statue d'Hermocrate , a Mallus, ont he envoy^es de Cilicie k M. le Ministre de — 80 — ACKAHniAAHZePMOr eNOYAMYNTIANOJTCL) YICOMNHMHCXAPIN AcFKXijTvnhjs Ep(toy \ | £vov[5] kfivvriavu tw | | 'jjw f/vj^fjir;? x^P'^- «iAscl(5piai]e, fils d'llcrmogenc, a la miimoirc d'Amynlieu son fils. n KOCnD-KALAII. Kourd-Kalah (chateau du Loup}, silue a huit heures au sudest dc Missis, dans la direction do la Syrie, est le plus beau comme Ic plus vaste des edifices eleves par le fds d'El-]\alimadan-Oglou. C'est un khan, ou caravanserail qui dale du milieu du xvfsiecle, servant d'clapo et d'asile aux caravanes, notammenl a celles des Indcsqui, de Bagdad et Alep, enlraieut en Gilicie pour se rendre ensuite a Constanlinople. Le fils d'El-Rahniadan-Ogloule fit cons- iruireafin d'abriter et de sauvegarder les voyageurs qu'attaquaient des baudes armees quise reunissaient dans les environs du Kourd- Kalah. II I'cntoura d'un mur de dix metres de hauteur et de trois mille metres de circonference, I'orna d'line belie mosquee construite en pierres de taille comme le monument principal, ou trouvaient place plus de deux mille voyageurs et leurs betes de somme, Un autre khan que fit construire El-Rahmadan au passage de Baias, sur le meme plan et dans le memebut, u'est ni aussi vaste ni aussi bieu forlifie. Aujourd'hui Kourd-Kalah tombe en mines, et n'est habite que par quelciues families de malheureiix Turkomans, qui sy sent re- fugies pour eviter les poursuites des agents de la Porte charges du recouvrement des impols. Ces beaux et utiles etablissemenls, complelement abandonnes par les autorites musulmanes, ne presenteronl bientot que des decombres. JEGEE. (Aias.) Aias est le riom armenien et moderne de I'ancienne ^^gee. Elle est siluee a Test du Pyrame, sur les bords de la mer et presque rinslruclion puliiiqiic, par M. V. Langlois. A la dcmande dc M. le Directeur des musixs iuipcriaux, S. E. a bicn voulu fairc don de ces moiuimcnts au muscc des Antiques du Louvre. (Note dc la redaction des Archives.) — 87 — cu face duRas-el-Kansir, promouloire avance au norcl de la Syrie. La iner, en cet endroit resserrce cnlre deux terres , porlalt dans I'anliquite le nom de golfe d'Issus; au moyen age, elle prit celui de iiier d'Armenie ; enfin , de nos jours on I'appelle golfe d'Alexan- drelte. Ai'as, par sa position geographique , avait une grande impoi'- lance dans I'antiquite el au moyen age. La ville ancienne, silu6e plus a I'ouest, etait I'avant-poste de la Cilicie. Les nonibreux ves- tiges de constructions en briquesqui se voient encoi'e surles bords du ruisseau appele rAias-Tschai , attestent sa grandeur passee. Au moyen age, et sous la domination armenienne, Aias etait I'entrepot general du commerce de la Cilicie, et le port le plus frequente des cotes meridionales de I'Asie Mineure. G'etait a Aias (Lajasso) que les navires genois et venitiens ve- naient apporter les marchandises de I'Occident, pour les eclianger contre les produits des plaines de Tarsous et de la montagnc dn Taurus '. G'est aussi dans cette ville que se trouvait une douane , succur- sale de celle de Tarsous. Le commerce qui se faisait a Aias n'etait pas la seule ressource des Armeniens et des Grecs de la Cilicie : pendant tout le moyen age, les Giliciens s'etaient adonnes au commerce de caravanes et d'entrepots; et Nicetas^ va meme jusqu'a dire que la piraterie etait encore exercee dans ce pays au xin" siecle. Un chateau bati sur le bord de la mer, et que restaura le sultan Soliman, prouve que, pendant la periode des invasions musul- manes, Aias etait un point militaire qui assurait la possession' d'une partie de la cote et de laplaine, jusqu'aux portes Amanides. G'est dans I'interieur de ce chateau que se Irouve I'Aias nio- derne reduite a quinze cabanes couvertes en chaume, et dont la population n'atteint pas le chiffre de cinquante personnes. Une petite tour construite dans la mer etait le fort avance qui defendait la ville ^. Par suite de recherches que j'ai faites a Aias, je suis parvenu ' Sur Ic commerce de I'Armenie au moyen age, voyez les privileges accordds par les Tljakavors aux Genois, aux Venitiens et aux sultans mamelouks. ^ De Man. Comn., liv. Ill, ch. in. •' Laiacium habel portum et siccam unam ante se, quw scolium dki potest. . . . , (Sanut. Seer, f (J. Cruch: liv. II, part. IV, ch. xxvi, p. 89.) — 88 — a decouvrir deux inscriptions deterioroes; I'une est euchassee dans les imirailles du chateau dont je \iens de parler, la seconde se Irouvait au milieu des decombres amoncel^s sur les bords de la mer ^. A I'ouest du chateau d'Aias est une autre petite tour octogonale construite par le sultan Solimau II , fils de Sclim I", vers le milieu du xvi° siecle; les pierres dont se compose cet edifice sont, les unes blanches, les autres calcinees par le feu; leur ageucemenl fait ressembler cette bizarre construction a un damier. Sur la parlie situ^e au nord, on lit au-dessus de la porte une inscription arabe dont voici la traduction : «Ce chateau a et6 construit par le victorieux sultan Soliman, fils du sultan Selim-Rhaii, I'ann^e trente » TERKI-CHEN. Terki-Ghen est un mot evidemment derive de terki-cheyr (villa abandonnee) ; c'est le nom donne a i'endroit oil Ton traverse le Pyrame sur un bac. Sur la rive droite du fleuve et sur une assez grande etendue de terrain , on voit des debris de poteries et de briques qui revelent I'emplacementd'une ville antique. Je suppose que cette ville devait s'appeler Seleucie du Pyrame ; le docteur Orta d'Adana a trouve en cet endroit une medaille incite porlant le nom de cette ville dont I'histoire n'a jamais, que je sache, si- gnale I'existence ^. MALLUS. (KaraJasch-Burun.) Les mines de Mallus gisent eparses sur les deux dernJers mame- lons d'une petite chaine de montagnes isolees qui aboutissent a la mer, a Tendroit appele Karadasch-Burun. On y voit de grands souterrains en partie comblcs, et les restes de bains antiques. Les inscriptions que j'ai trouvees a Mallus sont importantes; deux d'entre elles prouvent que Mallus porta le nom d'Antioche sous, les Seleucides ^. ' Cf. Inscr. de la Ciliciej p. i, n°' i cl scq. ^ Revue numismatique , i854; cf. medailies dc la Cilicie, v° Seleucia ad Pjra- mum, pp. 28-29. ' Eticnne de Byz., v° Avxidp^eia, dit : txrj? Kihxlcti iit\ tou nupafiou. — Sui- diasm. maris, dans le recueil des itin, anc. — Mionnet, niM. grecq., t. Ill, v° Antiochia ad mare. — 89 — Insci'iption sur le pitidestal de la statue d'Hermocrale. — Bloc de marbre noir rapporte de Cilicie et conserve aujourd'hui an musee imperial du Louvre. 0AHM0Z0ANTI0XeJ2NEPM0KPATHN AHMEOYKOINONeYGPreTHNrErENHMENON nEnPEIBEYKOTAAEKAIYnEPTHZnATPIAOZ ErKAIPOIZANArKAIOIZnAEIETAEKAIMEriETAE 5 nPEEBEIAEKAITAEKAAAIZTAEKAIEni(l>ANEIZ AnOAEIEEIEnEnOHMENONTHinOAEITHE EAYTOYAPETHEKAIKAAOKArAGIAEKAITHZ ElZTAnPArMATAEYNOIAE 6 hrjfios b AvTioj^iwv EppLOxpaTrjv [| Arjuiov xoivdv evepysTrjv ysyevrj- (livov II 'senpzcjSevTidTOLS §e Kxi iivep rijs tsar plhos || iynatpots dvayxaiois •aXeialas aai [leyialoLs \ | ■crpeo'Se/as xai tks KokXialoLs xai £-Ki(pavsts \ \ (XTTohei^ets 'asTionjiiivov t>7 'SjSXei t^s | | eawxoO dpeTfjs xctl xaXoxayadiois xai rrfs \ \ sis to. tspay^taia. evvoias. «Le peuple d'Antioche ^Hermocrate, fils deD(5m^as; bienfaiteur commun, ayant rempli pour sa patrie, dans des temps difficiles, plusieurs missions impor- tantes, et ayant donne les preuves lesplus belles et les plus ^clatantes de sa vertu, de sa valeur et de son ddvouement au bien public. » Inscription sur Tun des cotes du piedestal de la statue d'Ani- philoque. — Bloc de marbre noir semblable au precedent. ANTIOXEQNOAHMOZ AMOIAOXONOEIZQNOZ NIKHZANTAOAYMn[l]A ANAEAZAO AvTio)(_6(it)v 6 A^fios II Aii(piXo)(^ov Qeiawvos [sic) || viKT/jaoLVTO. ()X^\ntia. || dvS[p]e[/]a5 §(i[vTa (?) «Le peuple d'Antioche h Amphiloque, ills de Theison, vainqueur aux jeux Olympiques ', ayant donne [des preuves] de valeur ?» Inscription sur le cote oppose du meme bloc de marbre. TPY(DQNAZQZTPATOY TONAHMIOYPrON [MNJEMHZXAPIN Tpv^wva 11(0(71 pirov \ | rbv hrjixiovpyov 1 1 (xvijixrjs XJ^piv. «A la m^moire de Tryphon , fils de Sostrate, demiurge. » ' Des jeux Olympiques se c^lebraient dans les villes de Tarse et d'Anazarbe. — 90 — La ville du moyen age, situee sur le dernier luaniolon dont la base est baignee par la mer, a laisse bien peu de vestiges; on voil cependant en cet endroit deux chapelles arnieniennes et un cha- teau en partie ecroule ^ La porte principale de cet Edifice est surniontee de deux lions, embleme du royaume de la petite Ar- menie. II est probable que le chateau de Mallus {Mallo] est le nieme que celui dont parle Willebrand dans son itineraire^, et qui appartenait aux Hospitaliers. MjfecARSE. En quittant les ruines de Mallus pour retourner a Tarsous, je voulus m'assurer s'il restait quelque chose de Megarse , ct me di- rigeai sur Templacement que devait occuper cette antique cite. Les parages oii les historiens placent Megarse sont aujourd'hui deserts et ne m'offrirent qu'un sol marecageux d'une grande eten- due^ que parcourent des buffles sauvages. Les tombcaux de Mopsus et d'Amphiloque , en admettant qu'ils aient 6te eleves dans les environs de Megarse, comme le dit Stra- bon, n'ont pas laisse plus de traces que cette ville; et a voir cette contree envahie par des eaux stagnantes et fangeuses qui I'ont rendue impraticable , on serait porte a croire que ces monuments, comme les hcros auxquels ils etaient destines, sont de ccs creations fabuleuses quo pcrpetuent de fausses traditions si communes en Oi'ient. Ici so terminent. Monsieur le Ministre, Tenumeration et la des- cription sommairedes monuments antiques que j'ai pu visiter dans le cours de mes excursions sur divers points de la Cilicie. Cette contree si pittoresque, ou sY-levaient de nombreuses et belles cit6s, ornees de magnifiqucs monuments, oeuvres des peuples anciens qui tour a tour I'ont conquise pour rembellir encore et ajouter a sa splendeur, ne presente que ruines sous la domination de SOS derniers conquerants. Scs edifices portent encore les traces des degradations que, lors ' A Malo aulcm, quod esl quoddam castrum. . . (Sanut. liv. II, p. 4, cb. xxvi, p. 89.) ' Ab /line [Manislre] Iranscuntes Cumhctcfort , ubi domns est ct mansio bona Hos- pilalis Alcmannornm. (In L. Allatii Sufifiixxut.) ' La plainc Aldienne, aujourd'hui appel(?c Tchuhur-owa (plaines basses). — 91 — de leurs invasions , leur oat fait subir les musulmans , et partout ils presentent I'image d'une complete destruction lentement accom- plie par le temps. Le sol de la Ciiicie, autrefois fertile, est en partie inculte et en- vahi par de bautes herbes, des ronces on des broussailles qui ont efface jusqu'aux traces des routes que parcouraient les phalanges grecques et les legions romaines, ct couvrent, en hatant leur dis- soluLion, les restes mutiles de ses Mifices. Des nombreuses et actives populations de la petite Armenie, ii reste a peine cent cinquante mille habitants, d'origine et de croyances diverses, la plupart nomades , independants, sans homo- gendite, sans frein, et decimes chaque annee par les emanations de marais qui se sont formes la oii jadis se recueillaient de riches moissons ; populations dont I'aspect miserable inspire, comme les debris de ieur grandeur effacee, un sentiment d'autant plus penible que, dans cet admirable pays, se trouvent tous les prin- cipes qui constituent la force, la richesse et le bonheur des peuples. Je suis, etc. VICTOR LANGLOIS. NOUVELLES DES MISSIONS. Missions donndes par M. le Ministre de I'inslraction publique et des cultes pendant le 1" seniestre de 185i. MM. Salzmann (Auguste). — Mission en Orient, a TelTet de recueiliir par la photographie tous les monuments laisses par les chevaliers de Saint- Jean de Jerusalem. (Arrete du i"fevrier iSS/l.) GuERiN (Victor) , ancien membre de I'Ecole francaise d'Alhenes. — Mis- sion en Orient pour rechercheV des manuscrits dans les couvents de la Palestine et de la Syrie. (Arrete du 8 mars i854.) Lebarbier, membre de I'Ecole franQaise d'Athenes. — Mission a Cons- tantinople pour rechercher dans les bibliollieques et les serais tous les manuscrits grecs , latins ou orienlaux qui auraient un interet scien- tifique, litteraire, etc., etc. (Arrete du 29' mars i85/i) — 92 — Gf.ffroy, proFcsseur a la Faculttl' ties leltres de Bordeaux. — Nouvelle mission a I'elTct de rechercher, dans les archives el bibliollieques de la Suede et de la Norw^ge , les manuscrits el documenls relalifs a I'his- toire et a la liiterature de la France. (Arretd du 3 mai i854.) Cenac Mongaut, membredu conseil general du Gers. — Mission ayant . pour objet de visiter et d'etudier les monumcnls arch^ologiques de la Calalogne, de I'Aragon et de la Navarre, dans leurs rapports avec ceuxde nos provinces meridionales. (Arretddu lo juin i854.) DiDRON, aine. — Mission en Italie pour recherches archdologiques rela- tives a riconograpbie clir^lienne. ( Arretd du 1 5 join 1 854. ) SiCKEL (Le docteur). — Mission ayant pour objet de faire dansles ar- chives de la haute Italie, et particullerement dans celles de Milan, des recberches relatives a notre histoire nalionale. (Arrete du 1 5 juin i854.) Desjardins (Abel) , professeur a la Faculty des lettres de Dijon. — Mis- sion ayant pour objet d'etudier dans les archives de Florence tons les documents concernant les relations diplomatiques de la France avec la republique florentine depuis la lin du xv' siecle jusqu'a la fin du XVII 1*. (Arrete du i5juin i854.) GuESSARD , professeur a I'ecole des Charles ; Certain (De) .arcbivisle paleographe; Charges d'une mission aRome pour etudier dans la bibliotbequedu Vatican le fonds dit de la reine de Suede , analyser les manus- crits les plus imporlants de ce fonds et transcrire le manuscrit connu sous le litre de Mystere du si^ge d'Orleans. (Arrets du 1 7 juin 1 854.) Valerio (Theodore). — Mission dans les provinces de la monarchic au. trichienne situees pres le Danube, a reffet de continuer ses Etudes arlistiques et elhnograpbiques sur les races valaques de la Transyl- vanie ct de la Valachie. (Arrete du aS juin i854.) 93 Rapi'OBt pr-esentd a M. le MinUtre cle rinstruclion publique et des ciiltes , pavM. I'ahbe Pitra , sur inie mission litlcrairc uccomplie en Anqleterre pendant les mois d'aodt, septembre, oclobre, novembre et decembre i8U9, Janvier et fevrier 1850 \ Paris, 21 mars 1850. Monsieur le Ministre, Au retour de la mission qui m'a conduit en Angleterre, j'ai I'honneur de vous communiquer un rapport sommaire sur I'en- semble des travaux qui m'ont occupe pendant sept mois. II me sera permis de reserver des details plus circonstancies pour d'au- tres memoires faisant suite a ceux que j'ai eu I'honneur de vous adressersurmes premieres recherches a Londres et a Middle-Hill. Je ne crois avoir nulle part ni en aucun temps perdu de vue les deux objets principaux qui m'avaient ete assignes par la lettre de monsieur votre predecesseur, en date du ig raai iS/ig, a sa- voir de recueillir des materiaux pour la continuation du Gallia Christiana^, et des renseignements sur quelques manuscrits impor- tants pour I'histoire litteraire de la France. ' Nous avons difl'^rt^ de publier ce rapport en nous conformant aux intentions expresses de son autcur, qui se. proposait de ie remplacer dans les Archives des Missions scieiUifiqiies par une s^rie de m(5moires faisant suile a ceux que nous avons pubiies t. I , p /186 el 567. Ces memoires, d^velopp^s surleplan des w^- cedenls, auraient peut-eire exigo de nous phis de place que nous ne pouvions en accorder, et de I'autcur lui-mcme un temps que ses occupations, jusqu";\ cc moment, ne lui out pas laiss(5. Nous avons pris le parti de donner ce nidmoire dans sa forme tr^s-substantielle, en laissant A son auteur ia liberty de ie com- pleter par les notes qui acconipagnent le texte. — {Note de la redaclioit.) ^ Un bienveillaut patriotisme s'esttoujours preoccupy eu France de la continua- tion de ce grand ouvrage , et souvcnt s'est tourn^ vers les Benedictins frangais pour leur imposer cette honorable tache. Sans I'avoir ni acceplee ni refusee olTicielle- liient, nous croyons en comprendre assez T^leudue et I'iniportance pourqu'il nous soil permis de renouveler ici les reserves que nous avons son vent exprimdes ailleurs. La congregation de Sainl-iVlaur, avec d'innombrables ressourccs jiersonnelles et mat^rielles, avec I'aide de ses cent quatre-vingts abbayes reform^es et de toutes iesautres maisons rehgieuses, empressees de fournir le mcme concours , a con- sacr6 prfes de soixante ans a la preparation de cet ouvrage. Est-ce trop dire que maintenant, par la dispersion des anciennes archives episcopales et monastiques, par I'interruption demi-sdcnlaire de toutes les listes k t^tablir, jjar la confusion MISS. SCIENT. IV. 7 — 9/1 — II me fut recommande plus lard, par Ictlrc dalee du 20 oc- lobre i8/ig, d'y joindre la transcription dcs letlres de Mazarin a Louis XIV etcelle d'un traits de prononciation , conserve dans deux manuscrits de la bibliothequeHarleienne, an Musee britannique. Je crus devoir promettre, de mon cote, de communiquer quelqucs notes indicatives sur un certain nombre de documents officiels que je remarquais dans le cours de mes investigations. Pour rendre compte de ces recherches, j'aurais a parler de plus de quinze cents pieces, dont quelques-unes sont tres-volumi- neuses. Bien qu'il fiit plus attrayant d'entourer chaque document de tous les details qui en relevent I'interet, je me vois force, par I'abondance des materiaux , de resumer cet expose dans un tableau chronologique. ~- Pour completer cette vue d'ensemble, je detacherai des prece- dents memoires quelques lignes retrospectives, et j'ajouterai acces- soirement la mention d'un certain nombre de pieces qui, bien qu'en dehors du plan special de mes etudes, n'ont pu tomber sous mes yeux sans arreter mon attention, soit par leur rarete, soit par leur haute antiquite. Je n'ai pu considerer comme en dehors de ma mission , ni comme etrangers a notre histoire litt^- raire, quelques textes orientaux qui reproduisent les plus anciens docteurs de I'eglise gallicane, ainsi que plusieurs documents qui peuvent enrichir .ou eclairer la litterature, deja si considerable et si celebre , de I'ancienne Afrique chretienne. Je ne saurais donner comme entierement inedite toute la serie des pieces que je vais ^numerer. Je n'en signale aucune toutefois qui ne m'ait olFert ou des parties nouvelles et inconnues , ou un (le la plupart fles traditions locales, les difficultes sont triplees? Pour nous, it nous semblcrait temeraire tie prendre i'engagement de iivrer, a jour fixe, un pa- reil travail au public, avant que Ton ait inventori<5 plus sdrieusement les depots litteraires de nos principalcs villes, pousse plus loin la publication des cartu- laires, des chroniques locales et des arcbives provinciales, et surtout avant que Ton puisse savoir, au moins d'liuc manifere sommairc, ce qui se trouve enfoui dans le Tresor des diaries de I'empire et dans les lends non catalogues de la Biblioth^que imperiale. Nous venons d'apprendre que ce dernier d^pot r^nferme la majeure panic du cbartricr de Cluny, que i'on croyait ani5anti. Qui nous alTir- mera que les materiaux du Gallia chrisllana et du Monasdcon gallicanum , que nous sommes allc^ cbercher en Anglelerre, en Belgique, et jusque dans la Hol- lande, ne rcposcnl pas paisiblement ;\ quelques pas dc nous, n'attendant qu'un rayon de soleil pour paraitre au grand jour? — 95 — texte restitue el difleraiU d'une maniere notable de ce qui est im- prinie. Veuillez permettre, Monsieur ie Ministre, que, pour etre moins expose a Tinconvenient d'oublier beaucoup de choses, je suive I'ordre nieme dans iequel j'ai classe tous mes materiaux durant ]e cours de mes explorations. Je les trouve ainsi disposes ' : 1° Pieces copiees integralement ou par fragments conside- rables ; 2° Pieces analysees, verifiees et collationnees ; 3° Grammaire et anciens monuments de la langue francaise; 4° Lettres du cardinal Mazarin. ). PREMIER SIECLE DE L'ERE CHRETIENNE. Saint Djjnys l'Areopagite, premier eveque de l^aris'-. — OEuvies completes de rAi'(5opagite , avec commcntaires, conserv^cs dans les manuscrils syriaques des vii'' c't vnrsiecles, n°' liSSg, lib/io, et An ix' sifecle, 11° 1 2 1 5 2 . L'Epitre a Timothee, )/i6o2. ' 11 nous serait difficile, sans boulcverser tout ce rapport, qui nous est revenu imprime, de donner avec pr(5cision i'indication des manuscrits et du fonds spe- cial oi chacune des pifeces indiqu^es ci-aprt\s se trouve. Nous le ferons pour les principales, et nous, renvoyons pour les autres aux nombreux catalogues d^ja publics de la plupart des biblioth^ques d'Angleterre. Ce travail est execute dans des conditions tr^s-convenables et presque toujours avec d'e.\cellentes tables, pour le British museum, pour les principaux colleges de Cambridge, pour Lam- beth Palace et le cbatean de Middle-Hill. La commission des Records a public d'immenses inventaires pour les depots de Roll's House et de la Tourde Londres, grace a I'active et savante impulsion donni56 sur la fin a ces travaux par sir Francis Palgrave et sir Thomas Duffus. Nous sommes heureux surtout de pou- voir signaler, pour completer nos renseignements sommaires, les beaux cata- logues de M. H. Coxc pour toutes les bibliothfeques manuscrites des colleges d'Oxford et les fonds nouveaux de la Bodldienne. ^ En adoptant Topinion trfes-respectable du Gallia Christiana sur le premier eveque de Paris (v. t. VII, p. i), nous serious loin d'avoir prononcd sur I'au- Ihenlicite des Arcopagitica : iiiais en ecartant cette question, il nous est permis de constater I'age et le contenu des manuscrits syriaques du British museum, qui ont droits d'etre [iris en consideration dans cette conlroverse. — II existe des lextes complets et inddits en grec, en armenien, en arabe, de la letire h Timothee que nous indiquons, ct dont on n'a publie qu'une ancienne et imparfaite traduc- tion latine, sur la fin du xv" sifecle. Nous nous proposons de donner quelques-uns de ces textes inedits dans le S/iicilecfium Solesinensr. M. . ' 7. — 96 — L'EplIre i Zacuni (a(Z Caiiim), i46oii. (Citations par dcs auleurs du vi' si^cle, Sevfcic d'Antiocbe, i 2 i 58, et Thdodose, 1^602. , Acjes, 1 4048. Liturgie, 14.690, 14791, 14693. (Muscc britaDuique. ) S. Meliton, 6veque dc Sardes. — Fragment de sou apologie h Marc-Aurfcle ', ms. addit. j4533 [ibid.]. — Le Hvre intituid^a Clff, copic etcollationnd sunin codex Claromontanas et sur ie codex Mesmianus^. ( Bodlcienne ] . SECOND SIECLE. 167. S. Irenee de Lyon. — Extraits d'une version syriaque du grand ouvrage centre les Gnostiques, mss. addit. I2i56. — Deux fragments inedits, texte syriaque date de I'an 5']3, ms. addit. 12157. — Autres frag- ments, mss. i2i55, 121 67, i2i58, i46i2, 14629, 17191, 17200. — Le prologue de Florus, diacre de Lyon, sur I'ouvrage Contra Hwreses^. ( Musce britannique ) . Fin du 11' Slide. — A^ONYME. — Un traits sur le sabbat, les fetes et neomenies centre les Quatuordecimans *. ' ( Musee britannique. ) TROISIEME SIECLE. 218. Julius Africanus. — Un recit l^gendaire sur les mages'. ( Manuscrit de Lambeth et bibliotbique de I'Universite de Cambridge. ) ' M. Cureton eut Tobligeance de signaler cette pitVe, ainsi que les prdce- dentes, a notre attention, dfes 1S49. ^' ^ ^^ depuis la gt^nerositd de nous c^der le texle meme de ces fragments, avec d'autres que nous publions au t. II de notre SpiciUye. M. E. Renan , qui en 1 852 donna, dans le Journal Asialiquc , une description detaillee de cette pifece importante et du manuscrit i4533, a bien voulu joindre ;\ notre (Edition une traduction latine. ^ Nous publions (5galement cet ouvrage en ce moment. Nous avions espdre retrouver en Anglelerre le codex Claromontanus , qui a disparu depuis la disper- sion de la bibliotlieque du college de Clermont. Nous avons it& plus beureux pour le codex Mesmianas, que nous avons idcemment reconnu dans la belle Bible de Thdodulphe, conservee h la Bibliotlieque imperialc. 3 Ces deux fragments, avec le prologue de Florus, out paru au t. I. du .Spj- ciUge, page 3,6, 8; cs. Prolegom p. vi. • , * Public au Spicilegc I. I, p. 9. Ce traite renfermc I'un des plus anciens td- inoignagcs de la perpi5luite de la foi sur I'Eucharislie et une allusion remarquable i la primautd romaine. ' Cette pifcce apocrypbc, qui parait venir des gnostiques, a ili publiee a Munich, en i8o5, par M. E. Cbr. Frey-Herrn von Aretin, dans son Essai sur I'histoire et la liltdrature {Bejtratjc zur Geschichte und Lileratar, t. II, b. iii, V. 49-69]. Nous n'avons vu, en Angleterre, ainsi que dans la bibliotbeque de fimiversiti^ dc Lcyde [Perizoii. 5o), que des copies modernes, provenant toutes I — 97 — MoBiNDS, qualiGd ^veque d'Alexandrie. — Un traite sur la Paque '. (Musee brilanniquc.) 248. S. Denys d'Alexandrie. — line leltre au diacre Conon ^. ( Bodlcienne. ] 260. S. HiPPOLYTE, disciple de S. Irdnee. — Plusieurs fragments dans les cbaines grecques in^dites. (New-College et Bodlcienne.) Les manuscrits syriaques renfermcnt des portions considerables des oeuvres du meme Pfere : De son commentaire sur les psaumes, ms. i 254 , i 256. Sur Daniel , ms. 1 2 1 54 , i 2 1 44. D'un sermon sur la resurrection , i4i532. ' Des constitutions apostoliques, 14527. Fragments divers, 17191, i2i65. Actes', par Palladius.ms. 12173. ( Mus^e btitanniquc. ) 250-260. Anonyme africain, contemporain des martyrs. — Poenie en mfelres libres sur le plan des apologetiques ''. (Middle-HIll.) Fin da Jii' siecle? — SeSrjpou ao(pi(jlo\/ ■zsspi ivsTtjpuiv, ■apos TifjLoQsov ^. du tnanuscritde Vienne, decritpar Lanibecius (Comment., t. V, p. 295). La Bi- bliothfeque imp^riaie possfede les exemplaires les plus anciens et les plus coui- plets (anc. f. gr. io84, s. XI, etc.). On y trouve ie nom d'Anastase Sinaile, et on pent y reconnaitre la forme des romans du genre de la Vie de Josaphat el de Bar- laam, qui paraissent avoir eu de la vogue aux vii" et viii^ siteles. (Cf. Boisson- nade, Anccd. gr., t. Ill, p. 89.) ' Public au 1. 1 du SpiciUgejp. 1 4. Ce Marinus ou Mourinu*, qui manque a tons les catalogues connus des patriarches alexandrins , est probablement un nom d^figurd. Peut-etre esl-ce I'alteration grossiere de Mar-Ioannes, cc qui nous reporterait au commencement du vi" siicle. - Public au Spicilege, 1. 1, p. i5. ^ Ces actes n'ont et^ mentionnes jusqu'ici par aucun auteur. II importerait de les comparer avec les actes grecs publics par de Magistris , dans les Acta SS. MM. Ostiensium (Roms, 1794, in-f°). Ne fallut-il les rapporler qu'a un ^crivain du v° sifecle, le nom de Paliadius, qui rappelle Tauleur de VHistoriu Laiisiaca, suffi- rait pour leur donner quelque valeur. Nous ne craignons pas d'affirmer qu'on n'y trouvera rien qui confirme I'attribution a saint Hippolylc des iXotyo(^ovii^a , publies par M. Miiler. Cette opinion n'est pas plus confirmee par les manuscrits syriaques que par tons les manuscrits grecs et latins. * J'ai reconnu depuis, et seulenient aprfcs mon retour en France, que ce poeme appartenait k Commodien, poete africain du milieu du 111° siecle. Mon opinion etait arretde et la pifece deja imprimee [Spicilege, p. 20) , (juand j'ai appris que le possesseur du manuscrit, sir Tbomas Phiilipps, soumettant ^ un minutieux examen le dernier fcuillet, presque entierement efface, y a retrouvc plusieurs leltres du nom de ("ommodien : ce qui aclifeve de lever toute incer- titude ^ Ces! Ic traito public par Diclz, ;i Kccnigsbcrg, rn i836; mais tr(\s-abreg6 — 98 — OOATKIEME SIECLE. 328. JuvENCUs. — Un poeme ile plus de six mille vers, sur rOctaleuijue. D. Martfene et Galland en out publid le commencement sous le nom de Juveucus; d'anlres I'ont allribueili Tertullien, a saint Cyprien,;i Sal- vien de Marseille '. (Coii. S. Trinite. C.) 336. S. iJYLVESTKE, pope. — Fruguieuls, canons divers. [Bodlcienue, Lambeth.) 384. S. Jero.me. — L'Epilre ^ Proba, reufermant un double catalogue des oeuvres de Varron ct d'Ori<»{!ne -. Uu dialogue sur un point de liturgie. 3-.>0 S. EpiPH-^NE. — Fragment de sou Hexam^ron. (Middie-HjU. ) ( Mnsce britanaique.) ( Bodleienne. ) et avec des modifications consider;iblcs pour la redaction. La copie que nous avons prise ^tait destinee a M. le docteur Daremberg. (Voir Notices ct cxtrails des manuscrits mMicaux, Paris , iS53, p. i ^i.y. Archives des Miss., t. Ill, p. 669.) ' Publit^ an Spicilegi' , p. 171. Une parlie de ce poeme reste inddite en nos mains, en attendant un quatrifeme manuscrit qui permelte de restituer des pas- sages considerables, qui se sont trouv^s mutil^s, aux memes endroits et de la ineme manifere, dans les trois seuls manuscrits que nous connaissions, dont deux appartiennent a la bibliot'ieqne de Laon. De meme queCommodien est notre plus ancien poete rliytbmique, Juvencus est le premier, en date connue, qui ait appli- que la poc'sie latine reguliere aux te.xtes bibiiques. Apr^s fapologctique de Middle-Hill, il nous rtait difficile de rcncontrer des poesies clirctiennes qui nous inspirassent un plus vif interet que cellcs de Juvencus. Maisil nouseiit et6 impos- sible de relever par nous-meme , selon notre vif d6sir, une aussi longue piice , sans une faveur dont nous devons consigner ici le souvenir. Pour que le manus- crit reslat assez longtemps enlre nos mains et meme nous accompagnat dans notre voyage, il fallait, aux termes des r^glemenls universitaires de Cambridge, une double garantie, la signature d'un president de college, et le d^pot de 5o livres sterling. Pri.Weuant toute demande de notre part, i'illustre et savant docteur Webewel, prt'sident de Trinily-college, ofiVit sponlant^ment I'une et I'autre garantie. C'ctait le dernier trail dc gen(5rosite ajoute a une longue bos- pitalitii, qui n'a pas ce.sse un seul instant d'etre pour I'humblc voyageur aussi splendidequ'aimable ct instructive. — Nous n'avons pas de doute sur le veritable auteur de ce poeme. Notre opinion , qui p'a encore rcnccyitrd , que nous sacbions , aucun contradicleur, c^t confirmee par de savants Allemands, A. Gcbser [Do Ju~ I'cnci vita et scriptis, p. 9) , Biibr [idem), Th. Obbarius ( Proley. ad Prudent, p. xi,v, note 5i). ' Cetlc pifccc paraitra bientol an I. Ill dn Spicilcije, p. 3ii. Nous devons remercier de ce tresor le savant baronnrf dr Middle-Hill, a qui apparticnt le prin- ripal bonneur dc cpttc decouverte. — 9\) — Sur le Sainl-Clireme des Grecs. ( Musee brit.iuuii|uc. ) S. Ambroise. — Fragments traduits du grec en syriaque, manuscrits i452g, 14595, 14658. CINQUIEME SIECLE. JS. Jean Chrysostome. — Une hom^lie et une lellre. BodleieuDO. ) 430. Synesius. — Deux epitres a ses amis. f BodleloDue. ) 494. Gennade DE Marseille. — Livrc sur leMiUeniuni, ou commentaire sur l'Apocaly|)se, cite par Gennade dans {'enumeration de ses CEuvres, en son catalogue des Ecrivains ecclesiasliques '. (Coll. S. Jcau Camb. ) SIXIEME SIECLE. 542. II. Concile d'Orange. — Canons restilu^s et litres authentiques, tires d'un manuscrit de la fin du vi" si5cie (voir t. I des Archives, p. 56i ). (Middle-Hill.) 590. Anastase d'Antioche. — Citation de Philon I'Historien. — Fragments restitues d'une chaine dogmatique du viii° sifecle -. ( Bodleienne. ) 550? Boniface au pape Jean II? — Lettre sur le comput de la Paque. (Musee britanuique.) SEPTIEME SIECLE. , 004. S. Gregoiee-le-Gkand. — Divers fragments d'liymnologie et de liturgie. (Bodleienuc. ) 688. Anonyme. Ancien computiste gallo-franc, portant la date de 688. ( Musee britannique. ) ^ UHisloire Ulteraire de la. France avail remarque ce manuscrit, qui est loule- fois trop unique et trop peu ancien pour fixer I'atlribution de cet ouvrage, im- prirn^ parmi les Spuria de saint Augustin. L'auteur est ancien. Ce commentaire est en forme d'hom^lies ou de le{;ons publiques; certaines formes solennelles supposcnt un auditoire dislingui5 ; d'autres details font entrevoir la vie monas- tique.' Gennade aurail-il expos^ I'Apocalypse devant les savants solitaires de L^rins ? Cette question interessante meriterait de n'etre pas abandonnee. On a altribue ces memes bom61ies a saint Cesaire, qui semble avoir acquis un droit de propri<5tc sur tout beritage litigieux de saint Augustin. (Morel, Dissert, sur le veritable auleur des comment, sur les Ep. de S. Paul, etc., Auxerre, 1762.) - Lc cardinal A. Mai a public cette cbaine sur un manuscrit du Vatican , plus incorrect et plus incomplet que celui d'Osford, qui provient de la bibliolbfcque de Clrnnonl. (Cf. Scriplor. vel. coll. nnvtt , t. VII, p. 1-73.) — 100 — HUITIEME SliiCLE. 702. Trailc ecclesiaslique sur le coniput. (Musce briUonique. j 743. Autre compuliste, datanl ses calculs d'uii double consulat de P6pin et Carlonian, sous le roi Cliilderic, suivi d'un cjuatribme compuliste gallo- frangais, de Tan 855. 791. ANGELnA.MNE DF, Met/.. — Statuts sur la retribution des clercs et chantres, dans son ^glise episcopale. NEUVJEME SIECLE. 814. Charlemagne. — Fragment d'une 6pitre. 804. Alcoin. — Une 6pitre a Nefridius. {Ihid.) (Bodlcienue.) ( Musee brilauuiquc. ) 804. DuNGALE. — Sept (5pitres a un abbe, qui parait etre Alcuin '. GuiLLAUME, eveque. — Deux lettres dans la nicme collection. 820. GiLDAs Baleo. — Fragments de son trailc sur le comput, portanl ia date de82o. (Ihid.). 825. LoDis LE Debonnaire. — Priviliige de S. Florent de Saumur- (Cartulairc noir). ( Middle-Hill. ) ' Ces pieces et plusieurs autres conteniporaines sont tirees dun nianuscrit de la bibliotbfeque narl<5ienne que le savant Ussber a soigneusement annote de sa main. Ces notes rev^l^rentt^ Br(5quigny rexistence de 71 lettres d'Alcuio et d'une ^pitre de Cbarlemagne a I'empereur Michel, pieces alors inediles et inconnues. H s'empressa de les copier et les transmit g^nereusement au celfcbre dom Froben , abbe de Saint-Emmeran de Rntisbonne, quimettaitsouspresse sa belle Edition des oeuvrcs d' Alcuin. Brequigny n'alla pas plus loin , bien qu'ii eut rcmarque les sept ^pitres du savant Irlandais Dungale, dont on poss^de trop pen de choses. Nous avons iti beureux dc completer le travail de Br(5quigny, et nous ne tarderons pas a publicr ces lettres, avec un certain nombre de documents qui eclaireront I'bistoire iitt^raire des Irlai;dais refugies du ix' sifecle. ^ Oblig^ de laisscr ce niemoire dans la rt'daction premiere et tel qu'il nous est revenu, nous conservons I'euumeration, peul-etre lastidieuse, des pitccs dc plusieurs cartulaires que nous avons copies en trfrs-grande partic, tels que ccux de Fonlevrault, dc la Trinite de Vcndome, du pricure de Domn^ne, ou figurent Ponce de Cluny, Pierre le Venerable, S. Hugues, ct le cel^bre Carlulaire nnir de S. Florent de Saumur, sur lequel M. Marchegay a exdcute des Iravaux qui au- raient pu assuremcnt nous dispenser de nous en occupcr devant le public. Nous avons suivi gdni'ralenipnt la chronologic consignee dans los cartulaires eu.x-mcmes, sans pouvoir entrer dans la critique approfondie dc res dates. Nous dcvons faire la meme observation sur les details topograpbiqucs. — 101 — 834. Deodadus. — Donation k Sainl-Florent de Saumur. 849, 845. Charles le Chadve. 850 , 868. Quatre cbarlres de S. Florent. 847. Pepin, roi d'Aquitaine. — Item. 851, Anonyme, moine de S. Florent. — Chant, avec notes musicales, sur la destruction de Saint-Florent par les Normands '. (Middle-Hin.), 868. Gelddinos. — Donation au meme monast^re. {Ihid.) 860. Flords de Lyon. — Outre le prologue cit^ plus haut (p. 96), son v(5ritable commentaire sur les Epitres de S. Paul, en partie forme d'extraits des anciens Pferes de I'eglise gallicane, S. Hilaire, S. Ambroise, S. Avit de Vienne, etc. ^. (Manuscrit Ju docteur Routh, presid. Ju coll. S. Maric-Madel. Oxford.) — Diverses notes sur les ouvrages et {'apparatus d'une edition de Florus, proiet^e par ie P. J. Fr. Chifflet. (Middle-Hill.) 863. Photics, patriarcbe de C. P. — Neuf odes ou hymnes sur la creation '. (Middle-HUl.) — Deux lettres h L^onius de Kalaurie et Jean de Patare. (Bodlcicnoe. ) — Fragments d'homt^lies ou de traites sur le culte des images. [Ibid, et manuscrit de Lambeth. ) S. Theodore Stodite. — Fragments sur le meme sujet. [Ibid.]. ' Cette piece n'est posterieure que de dix ann^es au chant sur la bataille de Fontenoy, et par consequent la seconde en date, parmi les chants populaires qui nous sont parvenus avec leur notation musicale (cf. Cousemaker, Hist, de iharm. aamoY. a , . i ,t ^ ., , I eveques du Mans. Quatrieme lettre, j '■ Anno viii°. Cinq autres lettres concernant Matthieu. le chancelier *. 1227. Gregoire IX. — Anno ix° i 235. BuUe ^I'archevequede Tours et^ Pierre de Cclumna , concernant la reine Bdrengfere et ses demelds avec I'^v^que et le clerge du Mans. { Ihid. ] Anno x°, >236. A I'dveque de Virichester pour les possessions an- glaises de lYglise du Mans. Anno x°. Lettre a Guillaume, ^lu dveque de Valence. 1243.-1272. Innocent IV, Alexandre IV, Urbain IV, Gregoire X. — Quatre- vingt-quatre bulles concernant le B. Boniface de Cantorbery el specia- lement : Son election pour le si^ge de Bellay; Sa translation a Cantorbery, Ses visiles pastorales; Son exil en France ; Ses negociations auprfes de saint Louis pour la paix de I'Angleterre; Son teslament. , ' Ce recuell tr^s-subslanliel des plus hautes formules tbeologiques parait Tun de ceux qui justiCent le mieux la reputation que les conlemporains du Docteur universel lui ont faile avec une sorte d'effroi, au detriment de sa bio- graphie, presque entiferement inconnue. C'esl ce qui nous a engage h voir de pr^s tous les manuscrils sur lesquels Dom Brial demandait une enquete dans Tarticle prdcieux qu'il a cousacr^ k ce personnage dans YHistoire Utter, de la France. ' Ces leltres peuvent servir h completer la notice hislorique que YHistoire hi- tiraire donne de ce docteur distingue de I'universile de Paris. — Ill — »m* sit'cle. Alveredus de CANTonnERY et Theinredus de Dol'vres. — De le Peut-etre a-t-il mal lu le titre, ou ne faut-il pas prendre ci la leltre ses paroles que voici? C'est son debut, peinlure vraiment pittorcsquc d'un inttVieur d'dcole universitaire, k Paris, au xiu" sifecle : uQuum dudum ab Anglia me causa (istLidii excepissem, et Parisius aiiquandiu moram fecissem, videbam quosdam • besliales in scbplis, gravi auctoritate, sedes occup'ire, babentes coram se scamna «duo vel Iria, et desuper codices importabiles, aurris iUteris Vlpiaiu tradilioncs « repnvscntantes , nee non et (enentes stylos plumbeos in manibus, cum quibus «asteriscos et obelos in libris snis cum quadam revercntia depingebanl, etc. » M. 8. — 11-2 — 1 27 'l. Maiiault, dame de CraoH el do Sabl6. — Pour lo iiuino piieur, licLergc au passage ct vivement recommande. ( Tour do Lon Jres.) 1200. H , alibd de Berne. — Letlre a Jean-sans-Tcrrc. ( Hid. ) A , comtessc de Hollande. — Idem concernant Tliicrry, «?veque (I'U- trecbt. {Hid.) 1278. Henri , evoque deBaJe. — Au roi d'Angletcrre sur Ic mariage de la prin- cessc sa (llle. ( ""''• ) QUATORZIKME SIECLE. 1347. Edouard III. — Confiscation des prieurds dependants des abbayes : dc Saint-Florenl dc Saumiir; de Marmoiitiers; de Lonley; dc Saint-Serge d'Angers; de Saint-Nicolas d'Angers; de Fontevrault ; de Saint-Julien du Mans; dc Saint-Vincent du Mans; de Saint-Jacut, on Bretagne. (Recoid's uKice. ) 13 1 b. Trdsor dc I'ciglise du Clirist de Cantorbi^ry et cataJogue de la bibliotbeqne. QDINZIEME SIECLE. 1428. LoDis, comte de Elois. — Privilege pour la dur. Les chanoiues ofTrirenl alors de continuer le service a leurs frais; mais M. Delecouls ayant dit qu'il ne pouvait differer rexecution de ses ordrcs, M. Gorsse, archidiacre d'Alby, prit la parole etpro- nonra ces mots, que je ne puis ni'empccher de vous citcr : « En ce cas. Messieurs, dit-ii, nous commencons par vous plaindre vous-menies d'etre les executeurs d'une commission desastreuse qui privera le public du secours de la priore et de la majeste du cube , dans un temps ou certes I'un et Fautre lui sont plus ne- cessaires que jamais. » Puis, s'adressant au clerge, il ajouta : 1 Vous Tavez enlendu, mes freres, cet ordre absolu qui nous dis- perse. Sacbons ceder modestement a la force, ou plutot appelons ici les grandes ressources de la religion, dont nous sommes les ministres: obeissons. Mais, unis par I'adversite, soyons-le toujours par I'amitie fraternelle, par la charite, surtout par I'intention commune de nos prieres, puisqu'elle seule peut desormais rem- plir le devoir sacre que nous avons tons contracte lors de notre installation dans cette eglise. Conservons I'bonneur et la foy : laissons tout le reste a la providence. » Tels sont. Monsieur le Ministre, les etablissements que j'ai vi- sit^'s a Alby. J'ai voulu voir aussitot apres les arcbives de Gaillac; mais elles ont ete pillees par les Anglais au xiv'' siecle, brulees par les calvinistes au xvi* et devastees en 1793. Le peu qui reste a ete parfaitement classe par M. Hugonet, scci'etaire archiviste de la mairie, etj'ai eu le regret de n'y rien decouvrir. Cependant, giace a I'obligeance de M. de Combettes-Labourelie , je n'ai point quitte Gaillac sans de nouveaux documents, et j'ai pu ajouter quelques notes a celles que j'avais deja recueillies. M. de Combettes m'a confie la copie d'un manuscrit fait par un ancien consul sur I'bis- toire d'Alby, et, a cote d'un grand nombre d'erreurs , j'y ai trouv6 dcs renseignements precieux, surtout pour les temps ou I'auteur raconte les faits contemporains. Moins beureux a Rabastens, je n'ai rien vu de relalif a I'his- loire du diocese ou de la catbedralo d'Alby. Rabastens possede un registre manuscrit dans lequel sont consignes les privileges , les libert6s et les coutumes de la ville , dcpuis le xn" siecle , mais ce manuscrit n'est que le releve des litres et chartes relatifs au pays, la plupart Merits dans I'idiome national, et je ne lui ai reconnu — 125 ~ d'autre importance que celle de pouvoir servir a I'histoire de la locality. Apres une visite sans resultat a Rahastens, un int^ret puissant ni'atlirait a Cordes, cette ville si pittoresque, qui a conserve toute sa physionomie du moyen age. Je savais qu'un eveque nomme d'Alby s'etait retire dans cette petite ville en Tan i 436 , et qu'il y avait rempli ses fonctions episcopales, tandis que son competi- teur a I'eveche ofTiciait et lan(;ait ses mandements dans une autre partie du diocese. J'esperais done trouver quelques traces du pas- sage de Bernard de Casillac dans cette ville : je me hate de dire que nion espoir n'a pas ete tout a fait trompe. Mais avant de vous citer les documents que j'ai trouves , per- mettez-moi, Monsieur le Ministre, de vous faire connaitre I'etat dans lequel sont actuellement les archives de Cordes. Dans une des salles de la mairie , sous une large table a pu- pitrcs adosses, se trouve une caisse decouverte, longue d'un metre ciuquante cent, environ. Dans cette caisse sont jetes pele-mele les chartes garnies de leurs sceaux , les actes originaux , tons les titres enfin composant les archives de Cordes. Chaque piece, il est vrai, est marquee d'un numero repete sur un inventaire fait au siecle dernier, et dans lequel on compte plus de neuf cents actes; mais le nombre en a deja bien diminue, et je doute que les documents existants s'elevent aujourd'hui a ce chifire. Comment en serait-il autrement, quand on songe que Ton n'a qu'a se baisser pour pren- dre un parchemin qui pourra servir aux usages les plus vulgaires d'un menage! En effet, chacun pent puiser a cette caisse au mi- lieu de nombreux documents dont on ne comprend pas I'impor- tance. Et ce ne sont pas de simples copies qui nous ont ete lais- sees par les anciens inagistrats de Cordes. La tous les actes sont authentiques, precieux par leur antiquite et leurorigine, pre- cieux surtout par les details qu'ils contiennent. L'histoire des guerres qui ont desole ce malheureux pays pendant ies xiv" et xv" siecles est tout entiere encore dans ces pieces; mais si Ton n'y porte un prompt remede, il n'en existera bientot plus rien , car les honimes auront enleve ce que les vers et I'humidite n'auront pu detruire. Si j'appelle votre attention sur ces archives , Monsieur le Mi- nistre, c'est que je pense qu'on devrait respecter et non detruire ces souvenirs de nos pi^res. La ville de Cordes, fondee par les MISS. SCIENT. IV. (J — 126 — comtes de Toulouse •, f'ut appel^e a joucr un role important dans plusieurs circonstances. Orc'cst a peine si I'on connait ses annales, clont les elements se perdent chaque jour, et cependant on pos- sede, non-seulenient les documents ecrits, mais encore quelques monuments archeologiques. Je pourrais signaler entre autres la maison dite du grand veneur, celle du grand fauconnicr, en face de la promenade, auprcs de laquelle elait jadis le chateau des comtes de Toulouse ; une maison particuliere , pres de la porte des Ormeaux; Tune des quatre enceintes de la ville, et enfm Teglise Saint-Michel, avec son chceur roman et sa nef gothique. C'est au milieu de cet amas de chartes ietees sans ordre dans une caisse ou je constatais la presence d'un grand nombre de titres curieux, que j'ai trouve des lettres de grace accordecs, le 3o avrii i iSy, par le roi Charles VII, aux consuls et habitants de Cordes, qui n'avaient pas craint de soutenir et de prot^ger Ber- nard de Casillac contre Yheque d'Alby , parent du roi. Cette charte, qui donne la preuve de I'appui que Cordes preta a Casillac, ne dit point a quelles conditions la ville obtint son pardon. Une autre piece vient heureusement combler cette lacune: ce sont les lettres patentes conced^es au mois de Janvier i^Sy ( i438) aux consuls de Cordes, et qui les autorisent a imposer la somme de 600 livres d'or payee au roi par la ville, afin de se ra- cheter des peines encourues par les habitants qui avaient donne asile a Vela de CasiUac. Or dans les titres precedents , dont le premier est malheureu- sement detruit en partie, deux personnages sont diversement mentionnts, Tun qualifie eveque d'Alby et parent du roi, est Robert Dauphin, fds de Beraud le Grand, dauphin d'Auvergne et comte de Clermont. D'abord abbe d'Issoire, puis eveque de Chartres, il avait ete designe par le roi a I'evech^ d'Alby a la mort de Pierre Neveu (i/i3/i), et le pape Eugene IV lui en avait donne I'investiture. Le second est Bernard de Casillac , prevpt de la ca- thedrale d'Alby , appele au meme evech^ par le suffrage du cha- pitre, et dont I'election avait ete confirmee par le concile de Bale au mois de fevrier i/i35. Chacun des pretendants soutint ses droits les amies a la main, et, pendant vingt-quatre ans, le diocese ' La premiere charte des conslifutions cl privileges est c\c Raymond VFI ; eile porte la date du l\ novembre 1222. — 127 — d'Alby eut a souffrir des guerres que se firent ces deux prelats , remplissant tour a tour les fonctions episcopales. Enfin la cause fut portee au parlement de Paris et, par arret du i" avril i46o, Bernard de Casillac fut maintenu sur le siege d'Alby. II est probable que ce prelat, qui avait deja Irouve un appui a Cordes , conserva des partisans dans cetteville et ses environs^ car il en etait encore a quelques kilometres en i452 , et il s'y occupait de I'achevenient de I'eglise. Un acte de cet eveque, egalenient trouve dans les aixhives, adresse aux consuls et aux habitants, et relatif a la construction de Saint-Michel , men fournit la preuve. Cet acte, donne au lieu de Noailles, porte la date du i" aout 1 452. Comme je devais me borner a I'examen des pieces relatives a. I'eveche, Monsieur le Ministre, je ne vous citerai aucun des actes curieux que j'ai remarques ; je ne vous parlerai pas non plus du Libre ferrat, moins beau et moins precieux que le livre des privi- leges de Rabastens. Cependant je crois de mon devoir de vous dire que les archives de Cordes sont encore fort precieuses. Malgre les soustractions qui y ont ete faites, elles renferment un assez grand nombre de documents pleins d'interet , el je suis convaincu que leur publication jetterait un grand jour sur I'histoire de cette partie de I'Albigeois. J'auraiseu besoin de visiter encore quelques archives pour com- pleter mes recherches sur Thistoire de I'eveche d'Alby, mais des circohstances independantes de ma volonte m'en ont empeche. Toutefois, dans mon passage a Toulouse, j'ai pu visiter les ar- chives du departement de la Haute-Garonne, si parfaitement con- nues de leur conservateur, M. Belhomme, qui n'a pu me montrer que les buUes relatives a I'episcopat de inonseigneur de Nesmond, transfere de I'archeveche d'Alby a celui de Toulouse le 6 novem- bre 1719. La bibliolheque de la ville m'a fourni plus de renseignements , el j'ai pu recueillir dans ses manuscrits quelques notes assez cu- rieuses. Ainsi, dans le Reciieil des hommacjes et serments defdclite tires du livre noir (livre des finances, fol 18, 26, 26 , j5 et 242], j'ai constate la mention deplusieurs actes relatifs a I'hopital Saint- Jacques, aux Cordeliers, au monastere de Saint-Salvy et a I'histoire religieuse de I'Albigeois. Un autre volume intitule : Elucubrationes Massilienses [n" 88)/ collige par le R. P. Francois Laporte , religieux de I'abbaye de M . 9 . — 158 — Saint-Victor de Marseille, m'a fourni iin arlo qui proci'de de bicn pen Tapprobalion des libertes et privilegt's dt- la \ille d'Alhy faite par I eveque Duraiid. C'est une copic des lellres de Raymond VII, conite de Toulouse, donnees au mois de decembre iif\'2, qui d^- rhargent les consuls, la commune et la ville d'Alby du scrment et des obligations auxquels ils avaienl ete tenus jusque-la, dc onini jiiramento et de omni ohbgatione cjuibiisciuujiie iwhis (diqiuileiius tene- bantaj\ Enfin , j'ai pu m'assurer que la bibliotbcque de Toulouse posse- dait plusieurs manuscrits ayant appai'tenu a un eveque d'Alby, Bernard de Castanet, qui occupa ce siege depuis Tan 1276 jus- qu'en 1 3o8. Ilsfurent tous ecrits d'apres Tordreet pendant I'episco- pat de Bernard, ainsi que le prouve une note placee sur chaque volume, et la liste que j'en donne ici vous monlrera que ce prelat se Hvrait serieusement a I'etude des livres saints. J'ai place ainsi ces ouvrages avec leur date et leur num^ro de catalogue. 1° Commentaire de saint Ambroise sur les Epitres de saint Paul; 1293, n° 7; 2° Exposition de saint Gregoire sur le Cantique des Cantiques, suivie des Homelies sur Ezechiel et sur les Evangiles , avec le Liber pastoralis et les dialogues de ce pape; 1293, n° 3; 3" Commentaire de Bede sur Esdras , les Proverbes , I'Eccle- siaste, I'Evangile dc saint Marc et les Actes des apotres ; 1294, n° 75; /i" Commentaires de saint Isidore de Seville sur I'Ancien Tes- tament, avec son Origine des ceremonies religieuses, les Livres des Sentences et les Soliloques ; 1295, n° 97; 5° Commentaire de Bede sur saint Luc; 1298, n° 48 ; 6° Le Liber de adalterinis conjugiis, et plusieurs autres opus- cules moraux de saint Augustin; 1298, n" ii3; 7" Commentaires de Claude, eveque de Turin, sur I'Evangile de saint Mathieu ; 1299, n° 108*; 8° Homelies d'(3rigene sur les Juges, Isaie, Jeremie et Eze- chiel ; 1299, n" io5; 9° Le Traite sur les sacrements , par Hugues de Saint-Victor; i3oo, n" 78; ' Ce commrnlaire u'a jamais ete imprim^; du moins je n'en ai tioiive aiicune trace nl dans les recueils de hil)liographie , ui i la Bib^iolll^que iniperiale. — 129 — • 10° Enlin , uu Missel siir parchemin avec initialcs ornces de miniatures, ecrit a Alby et lerniine le lo clecenibre i3o2, Ces divers manuscrils sont en general dans un bel etat de con- servation ; ecrits sur deux colonnes, ils sont pour la plupart ornes d'initiales coloriees avec soin. On voit que Bernard de Cas- tanet les confia a d'exccllenls calligraphes, et s'ils temoignent de la piete du prelat, ils montrent egalement son gout et son desir d'encourager les sciences et ies lettres. Je ne vous aurais pas signale ces ouvrages, Monsieur le Mi- nislre, s'ils ne m'eclaircissaient un fait ignore jusqu'a ce jour : c'est que Bernard de Castanet resida pendant quelque temps a Toulouse. Voici dans quelles circonstances : Bernard de Castanet, le fondateur de la magnifique cathedralo d'Alby, etait, disent quelques historiens, un homme ven^rahle el d'une prohite sans exeinple; mais il remplissait les foiictions d'in- quisiteur de la foi dans le diocese d'Alby, el nous savons qu'il prenait dans ces circonstances le titre de vice-regent de Vinquisileur da rojaame de France. Or, en cette qualite, il prononca diverses condamnations, et le peuple indigne se souleva contre lui. Vllis- loiredu Languedoc nous dit meme que les consuls I'accuserent de- van I le roi de vexer et de fouler le peuple. Mais ce que Ton ne sait pas , et ce que Massol ' n'aurait pas du laisser ignorei', c'est I'accusation portee au saint siege par deux chanoines d'Alby contre leur eveque , auquel ils imputaient plusieurs crimes. J'en ai trouve tons les details dans le Ballarium ecclesice Albiensis, dont j'ai deja eu Thonneur de vous parler. Par suite de cette accusation , Bernard fut d'abord suspendu de Fadministration par sentence deBerenger, cardinal du litre de SS. Nere et Achille; puis, le 3o juillet iSoy, une bulle de Cle- ment V ordonna aux abbes de Saint-Papoul et de Fonlfroide el a Berenger de Clargiis, cbanoine de Narbonne, son chapelain , de se rendre a Alby et d'y informer sur les actes reproches a Feveque. En suite de ces ordres, le pape dut aussi songer a Fad- ministration du diocese, et le lendemain , 3i juillet 1807, il signa ' Ancien bibliothecaire du departemcnt et autciir d'une Description du depar- ir.mcHt du Tarn, suivie de I'histoirc de I'ancicn pays d'Albicjeois rl principalcmeni de la villr d.'AJhj. — 130 — de noiivelles hiilles qui designaient Gerard Brnni, arcliiprclro; Bernard Aldenui et Gaillard de Faugeriis, chanoines de la cathe- drale, pour t'conomes et directeurs de Sainle-Cecile. Enfiu, il nonima son chapelain, B. de Astaragnesio , archidiacre de Vil- lelongue dans IV-glise de Toulouse, vicaire general du diocese d'Alby, tant au teniporel qu'au spirituel, pendant la suspension de lY'veque. D'apres ces arles, Bernard de Castanet fut oblige d'abandonner son diocese et de se retirer a Toulouse, ou il alia attendre le re- sultat des accusations portees contre lui. II avait trouv^ un asile dans le convent des freres Precheurs fonde par saint Dominique, et c'est la qu'il se plut a lire et a mediter les savants livres qu'il avait, quelques annees auparavant, fait ecrire pour son usage par- ticulier. Cependant Texil de I'^veque d'Alby ne fut pas de iongue duree, ainsi que nous I'apprend encore le Ballarium de la bibliotheque d'Alby. Le 27 juillet i3o8, Clement V revoqua et annula les pro- cedures faites conlre Bernard, qu'il retablitdans ses anciens droits et qu'il libera de toute infanu'e. Mais le pape ne voulut pas que ce prelat revint dans la viile d'Alby, et, par une buile du 3o juillet i3o8, il le transfera au diocese du Pay. Bernard de Castanet, libre ainsi de quitter le lieu ou il avait trouve un asile, voulut laisser un temoignage de sa gratitude aux dominicains, et, en consequence, il fit don de ses manuscrits au convent des freres Precheurs, sous la condition expresse qu'ils no pourraient etre donnes, vendus, eclianges ni mis en gage, et que tons ceux qui les liraient prieraient pour le donateur. Aujonrd'hui ces manuscrits appartiennent a la ville de Tou- louse , el en les parcourant, apres avoir etudie le DaUarium de la bibliotheque d'Alby, j'ai pu me convaincre des faits quejeviens d'avoir I'honneur de vous signaler, et qui n'avaient encore ete consignes par personne. Telssont, Monsieur le Minislre, les documents recueillis dans les archives et les bibliotheques que vous m'avez charge de visiter (|ui m'oni paru dignes de vous etre signales. Sans etre aussi com- plets que je I'aurais desire, ils sont pour la plupart assez interes- sants, et je suis convaincu qu'ils conibleront plusieurs lacunes dans rhisloire du diocese d'Alby. Cependant i'objet de ma mission n'clail pas cntierement ler- — 131 — mine apres la visile des depots publics, et je crois devoir vous cominuniquer le resultat de quelques observations, que j'ai laites a propos d'une petite eglise dediee a Sainte-Cecile an commence- ,nient du s° siecle. Dans une brochure, publiee au commencement de I'annee i85i, pour refuter Topinion generalemenl admise que I'ancienne cathedrale d'Alby etait dediee a la sainte croix, j'avais dit qu'il existait aupres de Gaillac une eglise nommee Sainte-Cecile d'A- veins, qui fut donnee, en 920, par Benebert, pretre, a Godalric, eveque, et a 1 eglise cathedrale de Sainte-Ceciie d'Alby ^ A mon passage a Gaillac, j'ai voulu voir I'ancienne chapelle que je desi- gnais sous ce nom, et au lieu d'une, j'ai du en visiter deux; car Aveins et Sainte-Cecile d'Aves ou d'Avas foi-ment deux bourgs bien distincts, eloignes de quelques kilometres et ayant chacun leur eglise particuliere. Aveins, qui possedait au ix' siecle un chateau dans lequel Charles le Chauve s'arreta vers I'an 843, attira tout d'abord raon attention. Son eglise, fort petite et dediee a saint Vincent, mar- tyr, estde construction recente. La porte seule, placee au sud, est ogivale; elle est construite en larges briques taillees et paiait re- nionter au xiv*^ siecle. Mais les fondations , en pierre presque brute, sont d'une epoque bien anterieure; enfin , j'ai pu constater que le mur septentrional , actuellement adosse a une ferme, a au moins i™,5o d'epaisseur. J'ai visite, aussitot apres, Sainte-Cecile d'Aves, et je me suis assure en peu d'instants qu'il ne restait rien de I'ancienne cha- pelle. Pour fixermes doutes apres cet examen, je me suis empresse de relire I'acte cite par D. Vaissettc , et qui signale I'existence de Sainte-Cecile-. Or, j'ai vu que les donations faites par Bene!)ert consistaient, non-seulement en biens immeubies ou en construc- tions situees a Avanes , mais encore en terres ou vignes plaiees in Cilicio et in ejus aro et in Pauperiaqo (ou Pomperiafjo) vel in ejus aro. Ccs indications m'ont paru se rapporter entiercment aux communes connues aujourd'hui sous les noms de Celz et de Poni- pirac, voisines de Sainte Cecile d'Aves, et j'en ai conclu que I'e- glise mentionnee dans I'acte de Benebert devait etre celle qui ' liecherches sur I'ancienne cathedrale d'Alby: I'aris, i85i. ''■ Hislnirr genendc du Languedoc , t. Pr. II, p. of). — 13^2 — existail dans cc dernier lieu, el non celle d'A veins, qui parait avoir ete de tout temps dediee a saint Vincent. Celte opinion se trouve confirmee dans mon esprit par deux titres de I'an 1266, rapportes dans V I nventahe des ancienncs ar- chives de la commune de Gaillac, et sur lesquels j ai Ju , a cote des noms de Saint-Laurent de Pompirac et de Saint-Jean de Celz, ceiui de Sainte Cecile d'Avas. Afin do nneux appuyer mon juge- ment, je vous signalerai la mention d'un de ces actes ainsi con- 6° Etat des terres, domaines, etc., donnas aux soidats anglais en ri5- compense de leurs prouesses a la batailie de Verneuil; 7° Vaieur annuelle du comte du Maine au temps de Jean Fastolfe, gouverneur ; 8° Charges et depenses pour ia garde duditcomt^; 9° Recettes et depenses des comt(5s et gouvernements de Harcourt, Dreux, .Newbourg, etc.; I o° Recettes et ddpenses du duche de Normandie ; , 1 1° Etat des gens d'armes dans les garnisons du duchd de Normandie au temps de Richard, due d'Yorck, regent; 12° Provisions et ordinations de la grande artillerie au temps de Jean, regent (toutes ces pieces sont en latin les suivantes en fran^ais ou anglais) ; i3° Articles et instructions pour le gouvcrnement du roi de France, par Jean Fastolfe, chevalier, baron de Cylguillem (angl.); )i° Demandes faites par Richard, due d'Yorck, au roi et isonconseil, pendant qu'il dtait regent; 1 5° Instructions et avertissements donnes par sir Jean Fastolfe A Edmond de Sommerset, lieutenant et gouverneur du roi de France (angl.); 1 6° Autres instructions el avis du meme; 17" Les demandes des parties fran9aises a la convention de Calais, en — 171 — i^Sg, en presence de M. le cardinal d'Angleterre, come de France en temps d^ Jean, regent de France, due de Betford; 1 8° La doJoreuse lamentation de perdicion du conte de Mayn , come duche de Normandie, en i/i52. 19°, 20° Deux lettres fran^aises, sans nom d'auteur, terminent le vo- lume. 21° En tete, iinc lettre est adressde a Edouard IV par le fils de Guillaume de Worcester, auteur de cette compilation, lequel resume lesprincipaux renseignenientsbistoriques contenusdanscemanuscrit. 1356. Catalogue des nonis el armes dcs principaux capitaines presents au si(^ge de Calais, en la trentifeme annde d'Edoiiard III. (Manuscrit LambctL , n°507.) Lettres de Henri II et du conn^table de Montmorency , sur la succession de Marie Stuart. ( Musee Britann. , manuscrit add. , n° 101J2.) BOURBONS. 1572. Papiers politiques du due de Rohan et de Sully. (]VIusee Britan., mannscrit add., n^ 11056.) 1596. Correspondance du due de Bouillon avec Elisabeth. — Huit lettres du comte Schrewsbury et d'Antoine Mildniay au roi de France, — au due de Montpensier, — au due de Bouillon, conn^table de France, — k Madame, soeur du roi. { Manuscrlts Bacon , bibl. de Lambetli , n° 669. ) 1615. Articles arret^s entre M. le Prince et les d(5putes de la religion. {Ibid., u°663.) Lettre ^crite de la part de I'Assemblee gen^rale aux provinces, mandant I'union avec a M. le prince de Condd. (Ibid.) 1622. Lettre du due de Bouillon au roi. (/i.'rf. . n-OGV.) Requete de I'assemblde de la Rochelle au roi. [Ibid.) 1621. Copie du formulaire de la souniission que MM. de I'Assembld gdndrale des eglises reformdes de France, de souverainet^ de B<5arn, ont envoyde a Tanibassadeur anglais. Lettre du due de Mayenne au roi , sur son depart prdcipitd de la cour, sans date. (Ibid., n" 930.) M^moire sur les troubles de France et la mort du marechal d'Ancre. Afiaire des protestants de la Rochelle. [Ibid.) Autre lettre du due de Mayenne au roi de France. {Ibid. , n° 932. } Principaux articles d^batlus et convenus en i'assemblde des notables a Rouen ; sans date. {Ibid.. n»933.) M . 12. — 172 — Requete des cglises rdformees de France ct souverainete de Bi^arii assemblees a la Roclielle , faite au roi ; sans date. (Manuscrita Lambeth, n°911.) Vita del signer card. Mazzarino. (Masee BriUnn. , manuscrit add. , n° 8751.) 1647-1659. Registro di lettere del signer card. G. Mazarino, ann. 1647-1650, {N«' 8746-8750.) 1655-1667. Registro di lettere de M*' Bagni , arcivesc. d'Atena, nunzio in Fran- cia. (N° 8756.) 1623. Relations de la nonciature de France. (N" 10231.) . M^moiresur ia fuite du prince de Cond^. (Ital.) (N" 10230.) CoHeclions de papiers d'Etat concernant la Flandre et la Bourgogne. (N° 14007.) Papiers d'Etat concernant la France, provenant du cabinet du due de Cadaval, ministre d'Etat en Portugal , 1691-1697. (N» 15170.) Collection de papiers espagnols sur ravdnement de Philippe V. (N" 15579.) 1650-1659. Collection de papiers d'Etat concernant les negociations ontre la France et I'Espagne au xvi° et xvii' sifecles. Lettres de M. de Lionne. Lettres du prince de Condd, 1650-1669. (N° 14001.) 1607-1611. Lettere al card. Borghese dal nunzio in Francia. (N° 8722.) 1609-1614. Lettere della segretaria di state di Paole V e M. Ubaldini nunzio. (N'8722.) 1310-1616. Lettera del card. Ubaldini nella sua nunziatura in Francia, ' (N''8725.) 1628-1643. Instructions diplomatiques et nu'moires sur la France, au temps d'Urba i VIII. (N°8732.) 1644-1648. Registre des ddpecLes du cardinal Panzirelo a M. de Bagny, nonce. (N°8734.) Description de la cour de France pendant la minority de Louis XIV. (N"'8745.) Relation sur la cour de France, de sign. Nicelo Sagrede, ambassadeur de Philippe V. (N° 8752.) Relation sur la cour de Venise A SaMajeste Trfes-Chr(^tienne. (N«8751.) — 173 — 1655-1667. Papiers relatifs a Alexandre VII et aux affaires de France sous son pontificat. ( Moaee Britann,, manuscrits add. , n'''7754.) 1679-J688. Papiers relatifs aux demfiles de Louis XIV avec Innocent XI. (N°8755.) Relation d'Antoine, prince de Ceilamare, ambassadeur de Philippe V» (N°8756.) Relations d'ambassadeurs italiens sur la cour de France : J 672. Morosini , ambassadeur de Venise. {.N° 10175-78. ) 1684. Sebastien Foscarini , idem. (10179.) 1689. Girolamo Venier, idem. (N° 10180.) 1708. Lorenzo Tieppolo , iciem. {N» 10181-82. ) 1723. Tieppoloe Foscarini. Alessandro Zen, idem. (N° 10183.) 1787. Francesco Venier, idem. (N" 10184.) 1740-1743. Andrea de Lezze , idem. (W 10185.) 1667. Relation de Georges d'Aubusson, archeveque d'Embrun. {N» 10215.) 1660. Vingt-huit lettres de la reine douairi^re Henriette Marie k Charles 11. Vingt-cinq lettres de la duchesse d'Orleans au meme. Une lettre de la princesse Palatine. [Lambeth, manuscrit n° 045.) 1655. Trois lettres de Turenne a Charles II. ( MoDumenta vaticana. Mus. BritaBn. ) 1625. Urbain VIII. — Lettre k Louis XIII sur ies affaires d'Angleterre. (App. II.) Lettre a la princesse Henriette d'Angleterre. Lettre de Louis XIII au pape. 1626. Huit lettres du pape a Henriette d'Angleterre. Trois au roi de France. Une au due d'Orleans. Lettre au cardinal Richelieu, qui a donn^ 4,ooo ^cus de sa caisse pour le clerge d'Ecosse. 1637. Lonis XIII se propose d'enroler 600 Ecossais pour la cause des Stuarts. 1545. Innocent X. — Deux brefs k ia reine Henriette. Henriette au cardinal Chigi. 1655-67. Alexandre Vll. — Neuf brefs k la reine sur Ies troubles de I'Angle- lerre. 1668. Clement IX. — Deux brefs a la meme. 1685. Innocent XI. — Trois lettres au roi d'Angleterre. — 174 — 1686. Innocent XI. Cinq au meme.quis'estoft'ert commo m^diateur entrelepape et Louis XIV. 1687. . Quatre au nieme. 1688. La reine Henriette k Louis XIY. Louis XIV, aux instances du roi d'Anglcterrc, suspend ses de^meids avec le saint-siege. Le pape ^crit au roi d'Angleterre sur ce snjet. 1689. Alexandre VIII remercie le roi d'Angleterre de sa mediation par deux brefs. Cinq autres iettres sur ces memes d^mel6s. Louis XIV offre une flotte au roi d'Angleterre contre le prince d'O- range. Lettre de Louis XIV sur les affaires de Rome. 1701, Clement XI (5crit A Louis XIV pour ie r^ablissement des Stuarts. Louis XIV filicite le pape d'avoir gendreusement secouru de son argent le roi d'Angleterre. Relation de la mission secrete de sir Hamilton. ( Monumenta vaticana, Mus. Britaun.) 1793. Lettres, papiers, correspondance du comte Joseph de Puysaye, en cent vjngt volumes. 1. Correspondance avec Louis XVIII, le prince de Cond^, le due de Bourbon, 1793-1825. 2. Correspondance avec le due d'Orldans, 181 5- 181 6. 4. Instructions du ministfere anglais aux emigres. 8. Lettres de Pitt, Dundas, Huskisson, Perceval. 10. Lettres de Castlereagh , Canning. i4. Lettres de lord Palmerston, 1814-1822. 18-29. Agents royalistes a Londres, 1794-1808. 58. L'abbe Bernier, 1796-1798. 4o-43, Chefs royalistes dans le Maine, 1796. 45-5o. Chefs royalistes k Piennes et Fougferes. 5i. Chefs royalistes a Saint- Brieuc et Trdguier. 52. Chefs royalistes au Finistfere. 53-54. Chefs royalistes au Morbihan , 1794-95. 56. Lettres de Georges Cadoudal. 57. Chefs de I'armee du Poitou et Vendue, 1795-1798. 59. Agents royalistes ;\ Nantes. 84-87. Agents royalistes en Suisse. 98-100. Agents royalistes au.\ Pays-Bas. 106-107. Memoire du comte de Puysaye. 1 1 4. Chiflres et devises. (Musee Britann. , manoscrit5 .idd. , n" 8088 et »qq.) — 175 — III. It nie reste, Monsieur le Ministre, une derniere tache a rem- plir en vous presentant quelques observations sur deux transcrip- tions qui me furent leconiniandees. Charge d'abord de copier un ancien essai de grammaire fran- (^aise dans un manuscrit de la Bibiiotheque barleienne au Musee britannique, je m'en suis acquitte aussi fidelement que j'ai pu. Je n'ai point profite, pour faciliter ce travail, d'uue publication de M. Ellis, qui est venue trop tard a ma connaissance. II ni'a semble d'ailleurs que mon travail repondrait d'autant mieux au desir qui m'etait exprime, qu'il serait execute plus scrupuleusement.et sans autre preoccupation que le manuscrit, en dehors de toute repro- duction plus recente. Je m'en suis rapporte au savant editeur pour les details historiques et philologiques concernant cette piece. J'avais reserve, Monsieur le Ministre, un dernier travail pour la fm de mon sejour a Londres et en Angleterre. Je crus devoir commencer de m'en occuper avant de quitter Cambridge. II s'agis- sait de copier la collection des lettres de Mazarin , touchant la ne- gociation du traite des Pyrenees et les conferences avec don Louis de Haro. Je n' avals d'abord en vue qu'un seul manuscrit, celui qui m'a- vait ete signale au British Museum, fonds harleien. Trouvant a Cambridge un second exemplaire, j'en relevai la table etpris des mesures pour en avoir quelques lettres. De retour a Londres je rencontrai un troisieme manuscrit dans la Bibiiotheque lansdowienne, plus complet et plus correct que tons les autres. Je fis immediatement quelques recherches bibliographiques sur la matiere. Bien que plusieurs ecrivains, M. Capefigue entre autres, aient cite ces lettres comme inedites, je m'apergus bientot qu'il y avail une premiere edition de HoUande qui en contenait plus de la moilie; puis une seconde edition portant Amsterdam pour lieu d'impression , quoique donnee a Paris. Cette edition manquait au Musee britannique, et apres I'avoir inutilement ment cherchee a Londres, je dus me contenter de mefaire trans- mettre de Paris la liste des lettres sur I'exemplaire de la Bibiio- theque nationale. * — 176 — En cornparaiit cette lisle avec le plus coniplet ties trois manus- crits que j'avais rencontres, non-seulement je trouvai tout ce qu'il renfermait, mais vingt-quatre letlres dont je n'avais aucune trace dans les copies nianuscrites. Je dus des lors prendre le parti de renoncer totalement a une transcription tout a fait inutile. II restait au plus a recueillir quelquesvariantes. J'essayai de m'assurerdeleur valeur aLondres; j'ai pu, a mon retour a Paris, verifier ce point de nouveau et acqu6rir la certitude complete qu'il n'y aurait pas eu plus de fruit dans la collation que dans la transcription de cespieces^ La plupart des variantes proviennent ou des changements de I'ortho- graphe, ou de I'incurie des copistes anglais, qui, ne comprenanl pascequ'ils transcrivaient, ont defigure le lexte. Une copie parlielle tir^e sur le nianuscrit de Cambridge en donne une triste preuve. J'ai cru devoir. Monsieur le Ministre, borner la tout mon travail en Angleterre. Si ce dernier point n'a pas repondu a votre atlente, j'ose esp^rer que les autres resultats, qui me semblent avoir de beaucoup depasse les previsions que j'avais cru devoir exprimer a monsieur votre predecesseur, sulfisent pour ecarter tout regret. Je ne saurais trop me louer une derniere fois, en terminant ce rapport, de toutes les personnes qui, malgre les divergences de natiooalit^, de langue, de culte et d'usage, m'ont partout honor6 de I'accueil et des prevenances les plus bienveillantes. Je dois surtout exprimer ma reconnaissance aux hommes dis- tingues autant qu'aimables qui, soit en vos bureaux, soit aux mi- nisteres des affaires etrangeres, soit a I'ambassade fran<;.aise a Londres, n'ont rien epargne pour rendre ma mission agreable et fructueuse. Veuillez egalement. Monsieur le Ministre, agreer ma sincere gratitude et tout le profond respect, De votre treshumble serviteur, F. J.-B. PITRA, o. s. B. De rabbayedeSolesmes. ' La preuve maldrielle de linutilitd de ce travail se trouvait a ia suite de cc rapport, dans des citations c|iie nous supprimons, leur insignifiance en faisait runiqueintdrct. Mousaurionspu abrcn;cr davantage en renvoyant auxinteressanls rapports do M. Paul Lacroix, publics dans la Collection des documents inidits du ministre de I'inslruction publiijue, I. IV. 177 — 1. Notes supplenienlaires sur les lellres italieniies dii cardinal Mazarin conservies (lu Wlusie hritaiinique. A clefaut des lettres fraiK^aises, qu'il n'yavaifpas Heu tie trans- crire, je me proposais, bien qu'il n'y eut rien, a cet c^gard , dans les instructions qui m'avaient cte transuiises, de reporter mon travail sur une collection de lettres italiennes que possede le Musee bri- tannique, manuscrits addilionnels, n"' 87/16, 87^7 , 87/18, 87^9, 8750. Je dus avant toulconsulter le Catalogue des manuscrits italiens de la Bibliolheque nalionale, redige par M. Marsant. Je vis (|u'a Paris on possedait une collection de mcme genre, cotee fonds de reserve 92, S. F. 24i3, et decrite par Marsant, au t. I, p. 808, a° 695. A en juger par cette description, les deux collections etaient identiques; les deux volumes de Paris contenaient la meme cor- respondance se referant aux annees, i6/i7-i05i, que les cinq volumes du Musee britanniqne. Je devais de nouveau m'arreler devant ce temoiguage. Je pris seulemenl comme point de repere la nomenclature des lettres du premier volume. Mais, a mon retour a Paris, j'ai reconnu qu'il y avait une gros- siere m^prise dans le catalogue Marsant : j'ai retrouve les deux manuscrits qu'il designe, il n'y a pas lieu a en chercher d'autres, ni a supposcr une perte facheuse a la Bibliotheque nationale. Mar- sant n'aurail pu ouvrir le preinier volume sans remarquer qu'au lieu de s'ouvrir avec le commencement de 16/47, comme il I'af- firme, cette collection part du i" Janvier 1648. Le premier volume, ou I'annee 16/17, manque ^ ^'^ collection de Paris. 11 ne sera done pas inutile d'ajouter a ce mcmoire la liste des lettres comprises dans le premier volume de la collection de Londres. 178 I\egislro di letlere del signor cardinal Giulto Muzzarino. [M«s. addit. 87.'it). I "Janvier. Au cardinal Grirnaldi , f. i . Au grand due de Toscane, i f-7- . A monseig' Mario Frangi- pani , f. 8. 3 A Giauuetlino (jiustiniani I- 9- A Pliilippo Vateni , f. i o. 2 A Antonio, fr. Farsetli, i f. 1.. 1 8 Au cardinal Barberlni , f. 12. 2 4 Au marquis del S. Vito, 2 f. i3. Au due de Modtne, f. i 4- 3 ACenanii,f. 2 J. Au marquis Villa, f. 22. Au cardinal de Lugo , f. 23. 4 A, Paolo Macaroui, f. 24. 5 Idem. f. 2 5. 2 11 A Cenanii, f. 27. Au cardinal Grimaldi , f. 28. 12 Au comte Bonsi, f. 29. 20 A Giovani di Meneses , f. 3o. 25 A Tarchev. d'Aix, f. 43. Au marquis Villa , f. 35. i"fevrier. Au cardinal Grimaldi, 1 f. 27. Au cardinal Grimaldi , f. 09. I Au cardinal Grimaldi , f. 40. 1 A I'archv. d'Aix, f. 43. A Paolo Maccaroni , f. 47. Au cardinal d'Este , f. 2 8 A Gianettino Giustiaiani , 2 A Giorgio Grimaldi, r. 52. Au uiarquis Mercurino 2 Tarracelia, f. 53. 8 A Cenami, f. 53. 8 I'evrier. Au col. Alex. Monti, I', o.j. 2 Au card. Grimaldi, f. 57. Au grand due de Toscane , r. 59. Au prince Matthias deTo.s- cane, f. (io. 3 Au card. Grimaldi, f. (ii. 8 A rarcbfivequed'Aix, f. 64. 4 A mons' Riniiccini , f. 06. 5 Au cardinal d'Este, 1'. G8. Au due de Bavierc, f. 0 Au card. Grimaldi, f. 69. Au card. Barberini , f. 73. A Hugo Presto, f. 74. A Gianettino Giust. , f". 76. A Ugo Fieseo, f. 74. A Pbilippo Valenli. A I'abbe Boseheli, f. 75. A D. Camilio Pamphili, f. 77. 6 .'\ I'arcbev. d'Aix, I'. 79. 1" mars. Au due de Modfeue, t. 81. Au Pr. Tliomas de Savoie, M^moire aux card. d'Este ct Grimaldi eta 1 abbe de Saint-Nicolas, f. 82. 1 Au card. Grimaldi, f. 85. Idem , r. 88. Au comte Bonsi , 1'. 9 1 . 2 — ■ A Cenami , f. 93. A u Pr. Maurice de .Savoie, f.94. 2 — — Aumcme,f. 94. Au card. Grimaldi, !'. 95. 5 A I'arch. d'Aix , f. 97. Au marq. Bcntivoglio, f.98. Au marquis Villa, i". 100. 2 A Paolo Macarani, f. 101. 7 A Georg. Grimaldi, I'. io3. Au Pr. Tbomas de Savoie, 109. 8 Au card. Grimaldi , f . 1 15. Due de Modbnc, f. 116. Cardinal Grimaldi, 1.119. 179 6 I 2 28 mars. Au marq.Bentivoglio, f. 120. ' — Cardinal d'Este, f. 121. Idem, f. 1 2 't. Hugo Fresco, f. 126. Due de Parme, f. 127. Archeveque d'Aix, f. 129. 6 avril. Cardinal Grimaidi, f. 1 33. 5 Marquis Villa, F. i35. Seigneur Vaienti, f. i36. Giauett. Giustin, f. 137. Archev, d'Aix, f. i38. Due de Bavifere, f. 139. Idem, f. i4o. Conte Bonsi , f. i /i 1 . Eveq. de Coire, f. 1 42. Cardin. Barberini , f. i43. Idem ,{. 1 4 4 ■ Cardinal Grimaidi, f. i46. Marq. Bentivoglio, f. i48. Boi de Pologne, f. 149. Arebeveq. d'Aix, f. i5o. Memoire [lour le marquis Bentivoglio, f. i54. Marquis Villa, f. i56. Gianett. Giustin , f. 107. Marq. Tobia Pallavicino, f. 1 58. — — Memoire au cardinal Gri- maidi, f. 1.^9. 30 Marq. Calcagnini, f. 177. 28 Au due de Modfene, f. 181. 29 J. B. Zouaria, f. i84. 1" mai. AuducdeMantoue,f. 186. ? Ducbesse de Mantoue. ? F. Nerli , ambass. de Man- toue, f. 186. ? Due de Nevvbourg, f. 187. ? Doge de Venise, f. 188. 3 1 Doge de Genes (d'Amiens) , f. 189. juin. Cardinal Grimaidi, f. 190. Idem,t. 196. Filippo Vaienti, f. 199. Cardinal Grimaidi, f. 200. Giannett. Giust. , f. 201. Conte Bonsi, f. 202. Paolo Macarani. Cardinal Grimaidi , f. 2o3, 25 26 27 27 22 28 I' 3 1 3 4 1 2 i3 juin. Au marq. Villa, f. 207. 19 Card. Grimaidi, f. 208. 28 Due Fr. Mar. Paiavicino, f. 2l5. 1"' juiliet. Mem. du due de Modfene, f. 216. 2 M6m. du due de Modfene, f . 222. 3 Gianett. Guisliani, f. 224. 7 Archev. d'Ai\, f. 226. 4 Cardinal d'Este, f. 227. Gianett. Giustin, f. 229. Card. Grimaidi, f. 23i. 7 Marquis Tobia Pallavi- cino, f. 234. Arcb. d'Aix, f. i34. Conte Bonsi, r. 236. 9 Ambassadeur de Venise r o 1. 207. Marquis Villa, f. 23g. 20 Gianett. Giustin., f. 24o. 24 Archev. d'Aix, f. 241 . 24 Idem, f. 245. 29 Grand due, f. 2 48. 25 Pr.Thom.deSavoie,f. 248. 1 Cardin. Barberino, f. 25i. 26 Cardin. Grimaidi, f. 2 52. Idem,{. 2 56. '— Idem, f. 270. P. Th. de Savoie, f. 273. 3i Arch. d'Aix, f. 280. Ugo Fiesco, f. 281. 1" aout. Stato delie cose di Napoli , r. 282. 4 Pr.Tb.de Savoie (Dieppe), f. 284. 6 Card. Grimaidi (Neufcba- teau), f. 287. Pr. Tb. de Savoie, f. 288. Card. Grimaidi, f. 291. Idem, f. 293. Archev. d'Aix , f. 3o 1 . Pr. Th.de Savoie (Goino), f. 3o5. Cardinal d'Este (Paris), f. 3i4. Arebev. d'Aix, f. 3 16. Due de Newbourg , f. 3 1 8. 7 i4 i5 24 25 — 180 2 4 23 00 3i 6 i!0 aout. All roi cic Pologne, f. 3 i 7. Archev. d'Aix, f. 3 19. Card. Grimaldi, 1.322. Card. Teodoli, f. 335. Conite Bonsi, f. 336. Card. Grimaldi, f. 338. Chev. Digby, f. 348. sept. Arch. d'Aix, f. 35o. Card. Grimaldi , f, 35 i . Idem. f.358. Due de Braniano,f. 362. 9 Card. Grimaldi, r. 363. Wem,f.368. 1 1 Duchesse de Mantoue, f.373. 6 Au Pape, f. 379. 1 3 Pr. de .'^avoie , f. 38 1 . 21 Cardinal Grimaldi, 38(i. DominicoRoncaiii,f. 3g2. Gianettino Giustin, f. 393. Marq. Calcagnini, f. 39^. Cardinal d'Este, f. 395. 28 Cointe Morelto, f. 396. Archev. d'Aix, f. 398. 9 octobre i\'J' Benlivoglio, f. 4oo. • Card. Grimaldi, f. 4o2. • Idem, ( Fontainebleau ) , f. 4o3. DucdeModene(F.),f. /io6. 17 Archev. d'Aix, I'. 407. 19 Pr. Thomas, f. 4 12. Marq. Villa, f. 4i8. Card. d'Este. Archev. d'Aix, 1'. 4i- 24 Ducde Modfene,!'. 42 3. o 8 20 1 3 22 20 27 3 1 octobre. Au comte d'Ardilly, I'. 43 1 . Pr. Thomas, f. 448. i" nov. Card. Antonio (Paris), f. 453. Au Pape, f. 457. Au Boide Pologne, f. 458. Idem,f. 46 1. Paolo Manarini, I'. 462. Card. d'Aix, f. 466. Idem, f. 469 • P. Tiiomas, f. 674. Idem, f. 475. Idem, f. 477. Scrittura da slamparsi per spargersi solto nome di lettera di un Milanese ad un Neapolitano amico suo, f. 484. Auducde Modfene, r, 488. Dominico Roncalli, f. 491. ' d^c. Cardinal Grimaldi, f. 49 'i- Biagio Galeani, f. 5o5. Card. d'Aix, f. 5o(j. Marquis Villa, f. 5 10. Due de Modfene, 1'. 5i3. Card. d'Este, f. 5 18. Orsini, f. 52o. Biehi, f. 52 1. Au due Amalii, I. II, 1642. Janvier. Duchesse de Mantoue , f. 1. Due de Manloue, f. 3. Dominico Roncalli, ('.6. Antonio Barberini , etc. 1 ■> 18 20 24 Versiculi de eversione monasterii S. Florentii. Celte piece se trouve dans le Carlalaire noir (feuillets 6 el 7) de Sainl-Florent de Saumur, que possede sir Thomas Phillipps, de Middle-Hill, et sur lequel M. Marchegay a plusieurs fois appele I'at- teniion du monde erudite Nous reproduisons exactement les notes ' On doit encore au devoucnient de M. Marchegay une copic integralc du memc cartulaire, depos(5e recemmeni aux archives de Maine-et-Loire. Elle est pluscom- — 181 — iinisicales qui accompagaeal une partie du texte, et qui nous ont paru avoir d'autant plus de valeur, que celte prose monastique est de bien pr6s contemporaine du chant sur ]a bataiile de Fon- tenay, regarde coninie le plus ancien de nos chants populaires notes. Cetle bataiile eut lieu le 25 juin 841. Des 84o, Nomenoe avait commence les i-avages ou le monastere de Saint-Floreiit de Saumur fut incendie, ce qui dut arriver de 8/io a 8A5. Les deux chants ont done pu etre executes a la memeepoque. La notation que nous publions ressemble d'ailleurs en tout point au facsimile du • Chant deFontenay, qui accompagne Touvrage de M. Coussemaker. Nous n'avons pas cru pouvoir puhlier cette piece sans la sou- mettre a un homme competent daus ce genre deludes. M. Morelot, de Dijon, en ayant pris coonaissance,ainsi que d'un essai de traduc- tion tente par Fun de mes confreres, dom Fonteinne, a eu I'obli- geance de faire un semblable essai etde nous adresser a ce sujet les lignes suivantes , que nous nous empressons de joindre a cette note. « J'ai examine avec soin la copie facsimile c]e cette piece ainsi que la traduction du R. P. dom Fonteinne. L'incerlitude quiregne d'un bout a i'autre de cette piece sur Tindication de la nature des intervalles, Tabsence de guidons a la fin des lignes, sont a la fois une marque de haute antiquite et un embarras plus que sei'ieux pour qui veut entreprendre la traduction de cette melodie. Ce qui augmeute encore la difficulte, cest I'isolement dans lequel chaque vers se trouve place, en sorte que la correspondance du chant d'un vers a I'autre nepeut etre elablieque par conjeclure, d'ou naissent, par consequent, une foule de lecons diverses. En essayant une nou- velle traduction, je n'ai pas eu d'autre but que de demontrer I'impossibilit^ d'arriver a une certitude quelconque sous ce rap- port. Aussi ai-je laisse subsister de grandes differences entre le plfele que celle que nous possddons, laquelle ne pouvait comprendre oi les pieces d^ja imprimees, ni celles que uous pouvions retrouver en France. Toulefois, le nomi)re des chartes copiees par les deux b^nedictins qui ont travaille a Middle-Hill d^passe le compte fait dans un recent m^moire du savant archiviste. Le travail, en- tiferement omis de notre confrfere dom Leduc d'Angers, meritait d'etre signal^ de prdKrence dans les notes que M. Marchegay a bien voulu laisserdanslesarchives de Maine-et-Loire surnos etudes et nos projets de publication. Nous ferons en- core remarquer que notre copie du Cartiilairc noirseule represente identiquenient toutes les nombrcuses souscriptions en notes tironiennes, I'une des particularit^s les plus remarquables de ce beau manuscrit. M. Andre Salmon en a relev6 quel- quesnnps en copiant les chartes qui concernaient rhistoire de la Tonraine. — 182 — chant (les strophes diverses qui devaient evidemnieut recevoir la nienie ni^lodie. La phrase niusicale notee sur le quatrieme vers : Planxere yperborea , ' est assez lisible et perniet de fixer avec une grande vraiserablance la inelodie de cette piece au premier mode gregorien. En partant de cette donnee, dom Fonteinne a pu faire une traduction assez vraisemhlable, et a laquelie on ne peut refuser au moins le carac- tere d'une melodie du raoyen age. Mais, je le repete, c'est une pure vraiseiJiblauce, et plusieurs de mes lecons, sans presenter plus de certitude, sont a peu pres aussi probables. J'ai seulement cru devoir fixer, d'apres des renseignemenis irrecusables , la signi- fication de certains signes de ligature qui se presentent frequem- ment dans les manuscrits notes du moyen age. » Dom Mabilion et les BoUandistes, d'apres lui [Aiinales ord. S. Ben. t. 11, p. 753, acta SS. xxii sept., p. /ii5), ont publie le texte complet de cette piece, avec des variantes, peut-etre des fautes, qui ne rendront pas inutile la nouvelle edition integrale que nous donnons d'apres le manuscrit unique de Middle-Hill. Dulces modos et carmina Prsbe, lyra Tlireicia ^, Commota quis cacumina Planxere liyperborea. Monies, simulque flumina Hla putent nunc Orpliea , Respondeantque carmina, Silva; canant melliflua. Gravis del organum tuba, Alte resultet fistula , Omnis canat barnionia, Det Pbilomela^ canlica. Oiim nitens, clarissima, Terrisque famosissima , Sancti Palris basilica Florentii prajcipua ; Sensit fera incendia A. gente crudelissima , Vere bruta Britannica ^. Lugete cuncti talia. Omnis enim quum Gallia Florentii suflragia Deposcerel tunc cernua, Contemsit baec gens impia. Olim pius rexKarolus, Magnus ac potentissimus. Fecit locum '' devotius Pro Beati virtutibus. ' Triceia, Mab., Boll. 2 Philomena, Mab., Boll. ' Britannia, Mab., Boll. * Fecit hunc locum devotiis, Mah,, Boll. — 183 — Tern's dalis fecundibus', Auxil honorem Jargius. Et prajbuit tunc va^cu^um, Coena Dei'^ magnificum. Per hunc fugatur s^pius InCrmitas languentibiis, Et sanitas fideliljus Praestalur ex hoc protinus. Post imperans Hludovicus, Magni Karoli filius, Ipsum iocum benignius Goiit piis ornatibus. Qui fiiiis rebellibus Concussus, altis flurtibus Et Franciam turbantibus, Piegnuni reliquit mortuus. His quatuor mox partibus Regnum sibi secantibus, Pro Francia ^ jurgantibus , Beiluin fuit horridius. Imperio sic turbido, Cresc.it malorum factio; Siirgensque tunc dissensio Permiscet omnes jurgio. Invadit alter socios , Crescunt mali super bonos , Tyrannus omnis infremuit'', Dantur honores inipio. Fit pl^rima^ vaslatio, Sanctis locis prfedatio , Cunctis bonis turbatio, Rerum simul confusio. Quidam fuit hoc tempore , Nemenolus nomine Pauper prius progenie Agrum coiebat vomere. Sed repperit iargissimum Thesaurum, terrw conditum, Quo plurimorum ^ divilum Junxit sibi solatium. Dehinc per artem fallere, Coepitque mox succrescere, Donee super cunctos ope Transcenderct potentiai. Sic ergo discordantibus Francis simul cum regibus. Cum ceteris rebeilibus Fit Karolo contrarius. Hie Karolus cum fratribus Bellum gerebat sa;pius, Nee praivalebat hostibus Tantis repulsus cladibus. Confidit unde impius Prtcdas agit Nemenoius Instando Redonensibus Simulque Namnetensibus Deinde Pictavensium ' Trans Ligerim manentium Pagum petit Medalgicum, Glomnam' locum pulcherrimum. Turmam vocat monachicam Multamque dat pecuniam ; Jubet suam mox statuam Effigiari spiendidam; ' Codex elMah.faecandibus. Forte fwcuiuUst Boll. Legendum esse fecundius , vix dubitaverim. ^ Coenw Dei, Mab. ' Per Franciom, Mab., Boll. * Injremit Mab., Boll. Infremuit cod. quasi trisyllabumut infra restiluit. ^ Fit plurium,Maih., Boil. *-' Qui piun'morum, Mab., Boll. , ' Pictaviensium , Boll. » Glonnam, Mab., Boll. — 1S4 — Quam ponerent pinnaculo Ad orientem patulo , Signum quod esset, Karolum Se lion timere dominum. 0 quanta esset ultio , Si non forel permissio! Percussus est sed impius, Debilitatis pedibus , Uli statim regi suo Haec pertulerunt Karolo Qui audiens superbiam, Miratus est audaciam. Tuncjussil ut pecuniam Totam sibi disponerent, Illius albo lapide Scuipta visus imagine ; Quam ponerent pinnaculo Ad orieiilein patulo, Signum foret, quod impio Se subjugandiim Karoio. Iratus ilie talibu.. Locum petit velocius; Prffdas jubet miiitibu's, Accendit ignem protinus. Flammas ubique Britiones Mox inferunt ira truces', Sanctus locus comburilur, Tantuni decus consumitur. Heu me, dolores patriae! Heu me, honores gioris, Quam novit orbis, pristinaj! Heu me, fluunt nunc lacryma>! Precatur indulgenttam, Redire posset patriam : Fiever^us ad Brittanniam, Nimiam dat pecuniam. Abbas erat Dido bonus, Hegi Karoio proxinius; Qui, convocatis fratribus, Regem petit quantocius. Exponit iras Brittonum, Magnum scelus crudelium : Tunc rex, dolens in pectorc, Qua;rit viceni mox reddere. Mine andegavam protinus Urbeni petit tristissimus; Dat abbaliam loculi Sancto Joimni dedili. Sed lioc paniin visum fuit; Moxque alteram tradidit, Sancti GundulG nomine. Quae partibus est Francia;. Magnis datis muneribus Circa locum fit sedulus Restituit nunc felicius- Decorat atque pulcbrins. Tunc excitatus coelitns Sanctus adest Florenlius : Respexit inflammanlibus Locum suum Brittonibus. Gaudete cuncti ^ cordibus Cantate magnis vocibus : Sancte Florenli, quaesumus, Adesto nobis ctfilitus. Amen. ' has truces, Mab., Boll. ' Nunc, deest Mab. ^ In codice cunc; unde minus bene legerunt mine, repugnante metro. ircJiivff i/es Mi-'Mfru- If DuUf5 moIIUJB ft carmina prfbf Igra trcicia *■ *■ n w > - - >: - J- -» Coinota quiu carumina |)lanxfre p^jcrborea iHontes simulq: flumina 3Ua putent nunc CDr^jl)fa Hespanbeantq : farmina Stloor canant mclliflua ©rauie bet organum tuba •^ ' -r -? -^ _v CE^mnis canat armonla dim nitfng rlarisainm _ s 7 ~ - ^" ^ Bancti patris baijilira ^ •? . . " "^ - ' Srniiit fcra incrnbia _ ^ 1 -7 . - 7 "" iDfrc bruta brittannica - ^ 7 - ^ 7 ' ODmnia enim rum (Dallia tJepoiJcrrft tunc rcrnua " « "" _ ~ (Dlim |)iu6 xn ilarolud _^ - - - ^ ^ ^frtt lofum i!)euotiu6 cerris bntig farcunMbufi 3ltf rfsultft fifituU 7 "^ _ 7 7 _ IDft pljilomcla contica ^ 1 > _ -^ " - ^ ■^frrifliiuf famostagima i;lorintii ^jiixitpun ' - - .•77-? 3^Qfnte frubfltBgrota ' - -7 £u^]ftc lunrti talta *' ^ ■' ' -^ 7- iflarfntii guffragia •^ ' ' I "• 1 H ' "7- Contfmpsit Ijcec gens impift 7-1 ^ "^ - "^ iBaQiiUij ar potrntigsinius ' -^ : ^ - - Hro brnti oirtuttbus 3uxit Ijonorcm laryiua €t prcebuit tunr uttfirulum Coma Dei nm^nifuum *• V |Jfr l)unf fuijatur 6crpiu3 post inipcrand l3lu^ouicu3 11 - - - "7 ^•? - 7 7 ' T - 3n{xrmtta5 langurntibus •'7 "T *T . *T 7 _ |lrf6tatur ex l)or protinus iHnani Earoli filius ■^ 7 7^ - - 3pfiuni locum bfnignius CoUt pita ornatibus Clui fiUis rfbfUibuB ConcuB8U6 altis flurtibus <£t iTranciam turbantibus Kf^jnum reUtiuit mortuus i^td quattuor mox ^jartibua Kegnum stbt fsccantibua |Jro iFrancia jurgantibus CfUum fuit l)orribtu3 _ 3inperio sic turbtbo ^ Cresctt malorum (actio - - - . - - - - - ;. ^ Surijfnsque tunc biaaensto |Jcrmt6cct omnca jurgio 3nuabit alter soctos 'tlirannua omnia infrrmuit . 7 ' - -' irit plurima uaatatio (Cunctia bonia turbatto (D-uibam fuit l)oc tempore 7 7 _ - - ~ |Jauper priua progente Creacunt mali auper bonoa tiantur l)onorea impio to Sanctia locia prabatio _ " - 7 JtJerum aimul cotifuaio *• to to to *■ . *■ ' " '■ Uemenotua nomine 7 - n 3grum colebat uomere 7 . Sfft rrpperlt larQidsimum ©.uo plurimorum ^bttum . 1 -^ ' - ' -- 5Del)tnf per artrn; fallcre '2^l)fBaurum terra conbitum ' T 3unxit dibi solatium Cocpit q. mox 6Ufcrf5ffre Doner super cunrtos ooc - _ . - . M 7 Sic ergo biarorliantibus Cum fccteris rebellibua 'SLransrenberet potenticc 7 7 Jfrancis Bimul rum regibua i;it £arolo rontrarius i^K iaurolud rum fratribus Uer profualebat l)oatibu3 Celium gerebat sccpius ''"' A ^ . 7 lEantis repulsua clabibus Confibit unbe impius " "" 7 -7.7" 3'natan&o Uebonensibua "".7 _ 7 7 ' ,7 jDcin^e pirtauensium "7 ; 7 - / , / |1agum petit iTle^Qlgirum ' 7 .7 7 *7 - " 'ilurmam uocat monocljiram -7^7 _ ^ 7 *? 3ubet suam mox statuara •7 ' - ' - Cluam ponerent pinnarulo - ' 1 ^ V Si^num quob esset Earolum Ijjraebae agit Homenoius _ "^ 7 *7 _ 7 7 _ Simulque llannetensibus 'Srans Cigerim manentium ;- ^ "^ ^ (Dlomnam locum puldjerrimum . ^ ^ - - . 7 .7 iBultamque bat pecuniam 7^1 JT- ^ - 7 6ffi(|iari splenMIiam "" ^-" 7 7 7 . 3I> orifiitrm patulo M 7 ^ . 6e non timere iiominum Dul-ces modos et car mi-na Pre-be ly-ra trei-cia Co mo-la quis ,^., p,,, ,e re ypcr-bo-rea. Monies si niul que flu- ■»'"all-lapu-ie„, nu„c()r-nl„.n :^^q^ •! - ^-^^ -g » *^ ^ ^ ^V- ^^=^ Res pon-deant-que car-mi-na Sil-va? canant mel-li-llua. <^ra-visdetor.ga,)l ,uba Alle re sul-tel fis-tu-la Omnis ca-nat ar-monia Del ph,-lo-mc la oa,M,-.a. -- ■p^ 1 ^=^=± Olim ni-lens cla ris-si-ma Tcr-ris-que fa-mosis-si-ma Sancti pa tris basili-ca Flo-ren-tii prae ci pua. Sen sit fe ra in-cen-dia A .'cnle gen-le crude-lis-sim.i inn -•^ m . •, i^:::^ -■^-ii^ P^ -^-^ ^3^^^ :^^=^ ^ Vcre bruta brit lan-ni-ca Luge-te cunc-ti ta-lia. Oni-nls e-nim cum Galfta Florentii suffra-gia De-pos-ce-ret tunc Omnis eniui uim (iai lia i--^ ^ -' ^ ^-^ ^^i£; ^^=^ 1 ■ n ^ - *r^^^:^ :^F^ Fl o-ren-tii suffra-gia De-pos-ce-ret tunc cernua Con-temp-sit lisc gens imteia. Olim pius rex Ka-ro-lus Mag-nus acpo ten-(is-si-mus Fe-cil lo-ru -. 1^1 - -1 n$ inik>ia iiii df-\ii till!. :T^ ^=^^E^^^- -1 n s^s^^ Fro bea-li vir tuti-bus. Ter-ris da-lis foc-cun-di-bus Au xit ho-no rem lir?«s Kl prr-buit tunc vascu-lum Cte na Dei mag ni (i cum. Per hunc fuga lui sa-pius n 1 ■ 1 1-^-^ In-fir-mitas langue laneuen-ti-bus Et sa-ni-tas fide li-bus Prss ta-tur ex lioc pro i' "Us I'ost im-pe-rans Hlu do-vi-cus Magni Ka-ro-li fl lius Ip-sum lo cum he-nig urns A^ -^ n ' 1 n - 1 ^^^^&=^ Co-lit pi is or-na-ti bus. Qui G His rebelli-bus Con-cus-sus altisfluc'ib"' Ueg-num si bi se-can-fi-bus Pro Fran-cia jur-ganli-bus e - " ' Ligature Je deux noles descendantes [fa, mi). — '' Dans ong -'^^jiifc si, ^- ' — ' Ou coinine au \er» : Aujil hoitonni, ci dessous. — ' (-■l'^"-'- ° ;!r( 1115. 3=3: 1-1 i^. ^ -n -^^ "nciam tur-banti bus Regnum re li-quit mor-lu-us. Hisqua tuor mox parlibiis •'^alure de dnj, son^ = P, -. i» rr •'*nns. — •- fa. mi, " Lommt! ci-des>us. comme ci dessus. — ' Cltoas , cliviu. — ' I)eu\ rhn. 85 Notices et extraits des manuscrils covcernunt I'histoire oii la litleralare de la France qui sont conserves dans les bihliotheqiies ou archives Je Suede, Danemark et Norv^ge. — Rapport presente par M. Gejfroy. I" paftic. Personne n'ignore combien ont ete frequents et intimes les rapports entie la France et les Etats du Nord scandinave depuis le xvi° siecle; mais peut-etre ne sait-on pas assez qu'ils I'ont etc des les premiers temps du moyen age. Le souvenir d'une ancienne domination scandinave et I'avenement des rois normands, puis des Plantagenets en Angleterre, rapprocherent cVabord de ces peuples la race anglo-normande, Cjui les entraina dans le grand mouvementdescroisades^ Des le xiif siecle, on voit les relations mutuelles devenirincessantes. Un Franc^ais, Bonneuil,vaconstruire a Upsal, tout pies de la vieilleville ou se voient encore aujourd'liui les tertres de Tlior, Odin et Frey, une eglise catholique sur le mo- dele de Notre-Dame de Paris (la cath6drale actuelle d'Upsal). Nous avons une charte d'Eric VI, roi de Danemark, donnee a Helsingborg, aux calendes de mars 1288, et concedant a I'abbe de Clairvaux le droit d'acheter et d'emporter de Suede ou de Danemark tons les cuirs et toule la cire dentil pent avoir besoin, et de traverser les deux pays sans payer de tribut pour ses niar- chandises, ses chevaux ou ses pages-. Non-seulement les etudiants suedois, danois et norvegiens abondent des lors a I'universite de Paris^, mais cette universite voit a sa lete, parmi ses recteurs ' Voy. Sjinbolw ad geograpliiam medii eevi ex monumentis islandicis editw , cum tab. an. Haviiiae, 1821, 4°; Revue encjcloped. t. XXVIII, p. 473; Anonvmus, de profectione Danorumin terrain sanclani, ap. Langebelv; Benzclii Pala'stina. ^ Voy. Archives curieuses del' Aube , par M. Vallet de Viriviile, i84i, in-8°, p. 2/,8. ' Jon Oegmundsson , premier eveque d'Holum eu Islande en iio5, avait etudie^ Paris; de nieme t'lslandais Ssmuno Frode, etc. (Voy. dansl'ouvrage: Det skandinavislie literaturs-sehkabs Sltrijicrj Copenh., S'partie, 1802, un savant tra- vail du docteur Engelstoftsur les etudiants etrangersi Paris avixxii°etxiii°si^cles. Voy. dans les Handlinijar rorande Skandinaviens historia, t. XII, p. 68-77, *^^* actcs concernant la vente faile en i354 dimnieublesque possMait a Paris I'uni- versite d'Upsal : Instrunienlum publicum de vendilione domorum scholaruni Vpsaliw Parisiis. — Donacio dictarun domorum. . . elc. — Les pieces originates , sur par- cliemiu, sont conserv^es i^ la bibiiotli^que royale de Stockholm.) MISS. SCIENT. IV. i3 — 186 — magnijiques plusicurs savauts du Norcl: Henningus en i3i2, Maitre Pierre de Dace, c'est-a-dire de Danemark [de Dacia] , en i326; Johannes Nicolai en i348, Macarius Magni en i365. De- ptys que la princesse Ingehurge a epouse Philippe- Aiigusto, on voit ses conipatriotes aflluer a Paris. Saint Guillaume, abbe du monastere de Sainte-Genevieve, etant mort en Danemark, oil il avail ete pour rctablir la discipline ecclosiastique, les etudiants da- nois demeurent d'ordinaire dans ce convent a Paris. Leur nombre etant devenu tres-considerable , ils elevent, en 1276, un hatiment a leur usage et le nomnient College de Dace. Dcs cette epoque aussi , beaucoup de traditions populaires, nous en avons tes preuves, sont devenues communes aux peuples de I'Occident et a ceux du Nord^ Nos traditions litteraires en particulier, si seduisantes alors, grace krima'jination tout 6pique de nos trouveres , sont rccueillies avec un vif empressenient par les poetes et les princes du Dane- mark, de la Suede et de la Norvege. II ne faut plus laisser repe- ter que la France n'a, pendant son moyen age, ni epopees, ni originalite litteraire; la France du moyen age, la France du xiii" siecle particulierement, a produit ces nombreux poemes en vers dont nous avons reU^ouve lant de textes originaux, et que nous connaissons, a defaut des textes, par les longues para- phrases du xv" siecle. La France du moyen age a fourni de su- jetS d'epopees toute I'Europe, I'ltalie, I'Espagne, I'Allemagne, I'Angleterre et tout le Nord scandinave. Nos jjoemes chevale- resques, dans le temps m^me oii ils etaient composes, out et6 traduits on imites dans presque tous les idiomes europeens, et sont devenus la source la plus commune d'inspiration pour les ecrivains etrangers. C'est une verite hislorique que les travaux de I'erudition luoderne, entre autres les savantes et ingenieuses etudes ' Je lis dans line vieille dissertation d'Upsal : De liistoria palrice veliista in tra- ditionibus vnhji residua : « Adhuc inter nos receplum est ut infantes immorigeri, «ad festum S. ThomoB Nativitatis Christi hilariis vicinum, tetri cujusdam homi- nnis adveiitu iillusque formidine percellantur, su!-. nomine Ruhcrl Kiicht, angl. uKiii Sun pris li volent abeisier ; Par ceo coumencent le niestier Del'malveis chicn, coart, felun, Ki mort la gent par traisun, etc. Toule cette introduction manque, nous le repetons, dans la ' Voy. une notice sur Marie et ses lais par Eilis dans Specimens of early englisli metrical romance, i8o5. — 197 — traduction islandaise, et ce passage, traduit par Roquefort avec une singuliere liberfe, ressemhle d'ailleurs a une citation des ecrits de Marie de France plutot qu'a une preface ecrite par elle-menie en lete d'un chant qu'eile aurait compose. Les paroles sur les- quelles se fonde Topinion de Roquefort sembleraient done an contraire conlirmer un avis oppose. Nul doute, avons-nous dit, que les neuf chants dii recueil is- landais qui manquent dans l\oquefort ne soient des traductions d'originaux francais, Une nouvelle pi'euve en est que foriginal de I'un d'eux, le Lai du Desire [n" 6) , a ete donne par M. Francisque Michel dans son edition des Lais inedits, Paris, i836, et que, grace aux communications obligeantes du savant Sir Frederic Madden , de Londrcs , je puis inserer ici le Lai de Nalaret, c'est- a-dire le modele du Naboreis Hod islandais (n° 18). Ce morceau est conserve en original dans la riche collection de sir Thomas Philipps, baronnet de Middle-Hill, dans le comte de Worcester. II fait partie d'un manuscrit du xin" siecle qui contient les lais de Haveloc, del Desir^ , de Nabarei , le Roman des Eles , et un poeme : a comence le Donnez des Anianz. « LE LAI DE NABAKET ' En Bretaigne fii li laiz fet, Ke nus apeHum Nabaret. Nabaret fu un cLevaler Pruz e curteis, hardi e fer; Grant tere aveit en lieritage, Feme prist de mult haul parage. Noble, curleise, bele e gente ; Ele turna tut sun atente A li vestir e aturner, E k lacier, e A guimpler, Orgiluse ert h demesure : Nabaret neust de ce cure, Asez bit de sa manere. Jut ne fait ele si fere. Mut durement s'en coru(ja, A plusurs feiz la chastia, Devant li e priveement, S'en coru(;a asez sovent, Ke pas n'esteit par lui, ^ Ms. Philipps, n' 3713. Membr. saec. xiii, fol. 12'', col. 1. — i98 — Entente ait vers uiitrui. Sa bcute li fut siiflVable , E k sun oef trop covenable. Quant ii nc vol pur li laisser Ne le guimpler ne le iagier, Ne le "raul orgoil kel mena, De ses parcnz plusurs manda ; La pleiiile lur mustra, e dit, A sa lenime parler les fit. Paren/. manda co ke piout, Ke durement li enuiout, K'ele se demenot issi. Oiez cum ele respundi : Seignurs, let ele, si vus plcsi. Si lui peise ke jo m'envest, E ke jo matur noblement, Jo ne sai autre vengenifnt, Co ii distes-, ke jo ii mand K'ii face cre^tre ia harbe grant, £ ses gernuns face trescher, Issi se deit gehis venger. Cil ki ii respuns unt oi, De ia darac se sunt parti ; Asez s'en ristrer.t e gaberent, En plusurs Has recuntcreni. I'ur ie dcduitde lapai'ole, Cil ki de iais tindrent rescoie, De Nabaret un iai nolerent, E de sun nuns le Iai nomcrcnl. On ne doutera pas, en lisant la traduction du chant islandais, de son identite avec roriginal francais que nous venons de citer : « En Bretagne (i kornbreta lannde) etaitun roi appele Naboreis. C'etait un chevalier courtois, brave et hardi aux arnses, mechanl pour ses ennemis, bon pour ses amis^. II avait un grand royaume et un immensepatrimoine.il epousa une femme deriche et haute naissance, superbe etpolie, belle, bien elevee et bien faite. Elle appliqua toute sa pcnsee a se bien velir, a se parer avec gout, a orner sa robe de rubans, a charter sa lete de toute sorte d'or- nements de femme qu'elle trouvait propres a embellir ot parer, ' Expression qui se rencontre souvent dans ies livres du moven age : Mult fu prosdom Tibauz. Si salt l)ien gherier Son ennemi grever e son ami aider. — 199 — tar elle etait excessivenient prodigue. Naboreis, son seigneur et mari, reflechil sur ces habitudes, et il lui dophit beaucouj) qu'elle vonliil se parer avec lanl d'exces. II en »Hait souvent irrite contre elle, etla repriniandait secretement avec de dures paroles; il parlait sans cesse de sa presomption , de son orgueil et de son luxe, et il disait que tout cela n'elait sans doute pas pour lui plaire, mais plulot pour quelque autre vers qui son penchant i'entrainait. II ajouta qu'il Taimerait bien sans qu'elle fut si magni- fique en ses vctenients, avec ses robes garnies et ses precieux or- nements de tete et son orgueil unique dont elle faisait parade. Or comme elle ne voulait en aucuixe facjon se moderer ni renoncer a sa fierte insupportable, Naboreis, son seigneur et mari, envoya chercher plusieurs de ceux qui lui etaient le plus chers,et quand arriverent, enfre autres, les plus proches parents de la dame, il se plaignit devant eux de ce qui lui deplaisait en sa conduite, et il lui lit dire par eux qu'il etait fort ennuye de ce qu'elle ne vou- lait pas se i-elacher de son esprit hautain. Si elle y consentait il serait bien aise qu'elle se conformat a ses conseils, et qu'elle renon(;;at a sa presomption. Or, ecoutez maintenant comment elle repondit au message de son mari. « Seigneurs, dit-elle, s'il deplait « a mon mari que je m'habille et me pare dignement, comme c'est 'I la coutume des dames belles et courtoiscs, je ne sais aucune •< autre reponse a son message, sinon de lui dire de ma part qu'il " laisse croitre sa barbe et ses favoris et qu'il les coupe ensuite, « alors il se sera bien venge comme un seigneur jaloux. » Ceux qui entendirent la reponse de la dame partirent d'aupres d'elle en riant beaucoup de ses paroles, et se divertirent de sa reponse; et celle-ci fut -colportee au loin et demandee partout. Ceux qui te- naient ecole de chansons lirent un beau lai sur Naboreis, et appe- lerent le lai de son propre nom. " Ce n'est qu'apres avoir rec^n de Sir Frederic Madden la lettre contenant copie du lai de Nabaret que j'ai eu connaissance de celle qu'en a donnee M. Francisque Michel dans les notes de son edition de Charlemagne, Londres, Pickering, in-12, i836, pages go et 91. Ce nouveau texte ne m'a pas aide plus que I'auti'e, niplusque la traduction islandaise, a saisir cornpletement ce que nos ^ieux trouvaient de spirituel et de piquant dans la reponse de la dame coquette. Le premier sens qu'offrent les deux textes franrais est celui-ci : » Si mon mari est fache de me voii — 200 — parer et me bien vetir, he bien! qu'il fasse croitre sa barbe, el friser ses favoris; ainsi se doit jaloux venger, » c'est-a-dire » qu'il se fasse plus coquet et plus elegant ([ue nioi, » etpeut-etre « qu'il me rende jalouse, s'il pcut, coinnie il lest lui-raeme. » Mais d'autro part la traduction islandaise ne mt rien de pared, elie dil : « Ef bonda niinum niislicar. . . at ec klaide mic. . . kann ec engan annan orskuro orozenndinga bans at J)atat]>er segit. . . at hann late lengi vaxa skegg oc cauipa. Sioan skere hann af hvartteggia. J)a hevir hann vel hefnt sin sem ab ruoigr herra. » Or sker n'a aucun autre sens que couper. Le sens est-il done celui-ci : "La longuebarbe et les favoris elegauimentfrises son t pourlesguerriers et les rois un ornement et une parure dont ils sont aussi fiers que les dames le peuvent etre de leurs fleurs et de ieurs rubans; et quand monmari exige que je renonce a ma toilette, e'est comme si je lui demandais de renoncer a sa barbe et a ses favoris. S'ilse rend a ma demande, je me rendrai a la sienne. » Mais il faudrait alors lire dans le texte franrais trancher et non trescher, et ce texte d'ailleurs ne parle pas de trancher la barbe; il ne s'agit que des favoris. Tout le sel ne serait-il pas plutot dans une allusion a un detail de costume et de moeurs ? Certaine coupe de la barbe, cer- taine allure des favoris passaientelles pour devoir encadrer la figure d'un jaloux? Quoi qu'il en soit, voila retrouves deux des neuf lais qui man- quent dans Roquefort. Poursuivons notre examen. M. F. Wolff, dans son ouvrage sur les lais ( Ueber die Lais, Heidel- berg, i84i), cite un Jai de Guirun qui ne senible pas avoir de rap- ports avec le Gtiruns Hod {n° ii) du recueil islandais.il est difficile de decider auquel de ces deux morceaux ont rapport des passages tels que les suivants : Rois Auseis doit mainteiiant souper, Mais il faisoil un Breton vieler Le lai Goron comment il doit finer. Con failemenl le convinl definer '. Les fc'cs prenenl Renouart cl Sablon , Sa mace font mucr en .i. faucon Et son hauberc en jugleor Gascon ' Le Roman d'Ansfis de Curlhurje. Ms. de la Bil)l. imp., n° 7191, fol. 89 recto,. foL 1, V. aG. — Ap. Fr. Miciiel, Chansun de Roland, j)ag. 209, col.i et 2. — ^201 — (^ui lor viele doucement a haul ton ; Et son vert elnie niuent en .i. Breton Qui doucement h^'rpe ia loi Gorlion '. Une auti'e version dit : « le lay Gratnon. » On connait un poeme allemand portant le litre de Tilurel, mais 11 ne ressenible pas a notre Tidoreh Hod. Nous ne connaissons pas de chant ou de poeme franqais qu'on puisse siipposer etre I'original du Douns Hod, ni dii Strandar, ni du Leikara, ni du Ricar kinn ganiJi; ces trois derniers d'ailleurs ne sont pas complets dans la traduction islandaise. Voici, pour aider les recherches a I'aide desquelles on par- viendra sans doute a retrouver dans nos bibliotheques ces origi- naux perdus, un specimen du texte et la traduction de ces m o- ceaux islandais : beiina strengleic er Doun heitir kunnv fleslir allir er streng- leiki hava nvmit. en ec vil segia yor af hveriuni atburo er jjessi strengleicr er callaSr Doun. Sva sem ec hevi sannfregit at retto minni j^a bio i fyrnskonni ein ma^r noror a Skottlande |)ar sem heitir Edenburg. hin frioazta oc bin kurteisazta. FoSvrleifo hennar var allt lanndet j^at er hon i sat. Engi var annar |?ess lanndz hof- oingi. pesse niaer er ec gat firir yor metnaoezc af mikillaete rikis sins, hafnaoe allvm er i bivggv riki hennar. sva at engi var sva ricr ne raustr at hon villdi hafa ne elska oc el villde hon |7at heyra. Hon kvazc eni^an mann villa hafa neraa j^ann er sva mikit gere sacar astar hennar. at hann rloi a einvm degi or Suoantun er stenndr a svnnanveroo Englannde oc noror til Edineborgar. |)ar sem hon sat a Skotlannde. jiann kvazc hon villa hafa. oc sa segir hon at skal fa hennar. Nu sem ]5etta var vpp komit, oc |)eir er i ]>m riki bivggu ]?etta frago. |ja er |3at sannazt qit margir vior- leitaoo oc skylldo fullkoma dagleiS sina. Noccorer varo |?eir er fuIlgerSo dagleioena. en er komo til borgarennar jja gee m.Teren imoti jseim oc tignaSe \>a. meS rikvm fagnabe. oc let gera J>elm hoegia reckiu at drepa |5a oc svikia unndir dyrum kultum oc rikum klreoom. En hinir er valcaSer varo oc moSer logon z nior sofnaoo oc lago dauSer. J)essi tioennde varo viSa fregin um })essa hina mikillato mey. sva at jjetta var fregit vm allt Brettlannd er llggr 1 ' Roman de Guill. d'Oraneje. Ms. la Vallifere, n* 23, Olim 2735, fol. 23o recto, col. 3, v. 35. MISS. SCIENT. IV. i4 — 202 — Kiannz konungs riki firirsvnnan Englandzsio. Einn ricr orraustr riddare er i Brettlannde bio fra |>essi tioennde. en hann atti einn goSan best, oc het hann Doiin. En fnir ]im al hann treysliz vel vapnhesti sinvm. ]>a. vill hann at uisv freista. ef hann niegi jjessa clagleio upp inna. Lai de Doun. — I. Ce lai, qui s'appelle le lai de Doun, est su de presque tons ceux qui ont appris des chansons ; mais moi je vous raconterai d'apres quel evenement il a ete appele ainsi : Selon ce que j'ai appris par juste souvenir, demeurait an- ciennenienl en Ecosse, pres de la vilie d'Edimbourg, une demoi- selle tres belle et tre§-courtoise. Tout le pays qu'elle habitait lui etait cchu en patrimoine, et il n'y avail la aucun autre chef. Cette demoiselle etait here de sa puissance et il n'y avail personne d'assez fort ni d'assez brave pour qu'elle daignat I'aimer ou menie en entendre parler. Elle dit un jour qu'elle ne voudrait pour mari que celui qui, par amour pour elle, ferait tant que de courir en un seul jour a cheval de Southampton, qui est situe dans la partie meridionale de I'Anglelerre, jusqu'au nord,-a Edinibourg, la oii elle demeurait, en Ecosse. Celui-la, elle le prendrait pour epoux. La nouvelle s'en repandil bientot et tous ceux qui habitaient ce royaume en furent informes. Alors, assure- t-on, beaucoup essayerent de n'-pondre au defi. Quelques-uns firent ce voyage d'une journee; mais, quand ils arriverent au chateau, la demoiselle alia au-devaiit d'eux, leur fit les honneurs d'uu accueil maguifique, puis leur ofTrit un lit richcment ap- prete, afm de les etoufier par trahison sous des tapis precieux et de riches couvertures. Et eux, extenues de fatigue, s'endormirent et trouverent la mort. La renommee de I'orgueilleuse et puissante demoiselle se repandit au loin, par toute la Brotagne, celle qui est situee dans le royaume de France, au midi de la mer an- glaise. Un riche et bravo chevalier de la Bretagne en ouit par- ler. II possedait un bon cheval et il s'appelait Doun. Comme il se fiait bien a son destrier, il voulut essayer s'il ne pourrait pas faire le dangereux voyage. IL II traversa au plus vite la mer anglaise et aborda a Sou- thampton. De la il depecha son messager a la demoiselle, il lui lit dire ou il avait aborde et qu'elle lui envoyat son homme de confiance. En eflet, aussitot qu'elle eul entendu ce message, elle — 203 — se pint a lui envoyer tie ses gens. Or ce fut ua saniedi, de tres- bonne heure, que Doun roinmenra sa course; il counit si vite pendant toute la journee qu'il eut teraiine ie voyage avant la brune, et quand il fut arrive a Edimbourg, il y fut niagnifique- ment regu, avec beaucoup de distinction et d'honneur. III. Plus tard, quand il eut cause avec la demoiselle autant qu'il lui plaisait, elle le conduisit a une maison bien arrangee afiii qu'il s'y reposat a sou aise. Mais le chevalier denianda a ses gens de lui apporter du bois sec dans sa chauibre a coucher,'et ils firent ainsi qu'il le disaif. Puis il ferma la porte, se concha aupres du feu et se chauffa, mais ne dormit point et ne secoucha point clans le lit prepare. D'ordinaire, ceux qui sont tres-fatigues aiment a etre couches commodement, mais ils en eprouvent un dommage quelquefoiN irreparable; plus un homme fatigue couche sur la dure, plus il recouvre rapidenient ses forces. Le lendemain, a I'heure de matines, Doun se leva, s'habilla et alia trouver la demoiselle pour lui demiander son salaire : « Ami, lui repoodit- elle, cela ne peut encore aller ainsi, car il faut d'abord que tu coures aussi loin que ma pie vole; ensuite tu m'auras sans con- testation , de maniere que ceia ne tardera pas. " Doun demanda un delai, jusqu'a ce que son cheval Balard se fut lept.se et que lui-meme ne fut plus fatigue : elle lui accorda un repit de quatie jours. Alors Doun commenra son exploit. Balard courut et la pie vola, et ce fut merveille qu'elJe ne le fit point crever. Vers la fin du jour ils arriverent I'un et I'autre vers un chateau formida- ble. Doun s'y reposa; quand il retourna a Edimbourg reclamer ce qui lui etait du, la demoiselle, ne pouvant plus se soustraire a lui, manda aupres d'elle tons les chefs et les hommes les plus sages qui furent en son royaume, et, sur leur conseil, epousa Doun et le fit seigneur de tout son royaume avec de grands hon- neurs et beaucoup de rejouissances. IV. Doun celebra un riche festin, et pendant trois jours il v eut grande abondance de toute sorte de bonne boisson. Le qua- trieme jour, de tres-bonne heure, il se leva, s'habilla, se fit amener son cheval, et prit conge de son epouse pour retourner dans sa patrie. Alors celle-ci pleura et se desola de ce que son seigneur voulut se separer d'elle : « Dame , lui dit le chevalier, je vous cjuitte maintenant, et j'ignore si nous nous reverrons desormais; s'il en est comme je crois, vous mettrez un fils an monde. Gardez pour M. ill. — 204 — lui cetle bague d'or, vous la lui donnerez quand il sera un homme fait. " Elle rerut la bague et il se niit en route. La dame donna en efTet le jour a un fds, et tous ses amis se rejouirent. Elle Televa jiisqu'a ce qu'il sut bien nionter a cheval et aller a la chasse aux oiseaux el aux l)etes fauves. Mors elle lui donna la bague de son pere et lui enjoignit de la garder soigneusement. Plus lard elle equipa richement son fils et I'envoya versle roi des PVancais, bien instruit dans les bonnes mo^urs et la galanterie chevaleresque. II demeura tout auprcs du roi, qui le fit chevalier; apres quoi il alia partout prendre part aux tournois, et se rendit tellement for- midable que personne ne Teniporta sur lui en fail d'armes; il de- vint celebre pour sa bravoure par-dessus tous ses pareils, et dans sa suite marcha:ient une foule de chevaliers. Puis, avec ses compagnons, il se rendit en Bretagne, a I'endroit qui s'appelle le rocher de Saint-Michel, afin de faire un tournoi et de se faire connaitre aux Bretons. Or quand il y eut de grandes troupes assemblees des deux, cotes, son pere se trouva parmi les chevaliers opposes a lui, et il avait longtemps tarde a celui-la d'essayer ses armes avec cc jeune adversaire. Lance baissee, ils se coururent sus, et ils se ren- contrerent avec un choc terrible, sans se connaitre. Le fils de- monta le pere et le blessa grievement au bras. Quand on eut cess^ le tournoi, Doun. envoya demander au jeune homme de venir lui parler, et celui-ci s'empressa d'y aller. Doun lui parla ainsi : " Quel homme es-tu, qui as pu m'abattre de mon cheval ?» — n Seigneur, repondit-il, je ne sais comment cela c'est fait; il faut que ceux qui etaient le plus pres le sachent. » — « Ami, repliqua Doun , avance vers moi et fais-moi voir tes mains. » Le jeune homme, qui etait courtois, ota aussitot ses ganis et lui montra a la fois ses deux mains et ses bras. Quand Doun eut vu les mains du jeune homme, il reconnut sa bague : n Jeune homme, dit-il, quand aujourd'hui nous nous sommes rencontres au tournoi, je me suis aperc^u bientot cjue tu elais de ma lignee ; tu es formidable et dur aux armes; viens m'embrasser; tu es mon fils et je suis surement ton pere. Ta mere est une femme au coeur altier; ce fut a force de labeur que je la gagnai; mais quand je I'eus cpousee, je m'61oi- gnai aussitot d'clle, jamais depuis je ne suis alle la voir. La bague que tu portes a ta main , je la lui laissai; elle te I'a donnee quand tu es parti pour la France. > — « Seigneur, repondit le jeune homme, vous dites vrai. » Alors ils s'embrasserent; puis ils pas- — 205 — serent avec leurs chevaux la mer anglaise, et le jeune homme conduisit sou pere a sa mere, a laquelle il avait beaucoup tarde de le voir de retour. Eile I'accueillit avec de grandes rejouissances comnie son veritable epoux et seigneur. Puis ils vecurent en grande paix et joie beaucoup d'hivers, en bonne barmonie et convena- blement. — Et sur le cbevalier ainsi que sur son cbeval, qui lui etait fort cher, les Bretons firent un lai qui s'appelle le lai de Doun. Lai de Guran. — I. Ceux qui demeurent dans la ville qui s'ap- pelle Susvesun (Soissons?) connaissent cette clianson qui s'appelle Gurun ; ils savent sur quoi elle a 6te composee, et de quelle nia- niere. — Gurun descendait d'une famille puissante de la Bretagne. Son pere etait un roi tres-sage et tres-courtois. Sa mere etait une personne de qualile. Le roi d'Ecosse elait son oncle. Or, quand Gurun fut devenu un houime fait et done de discernement, ils I'envoyerent au roi d'Ecosse, le frere de sa mere. Le roi I'ac- cueillit, I'honora par-dessus tons et le prit en affection particuliere; aussitot qu'il put porter des armes de chevalerie, il le fit che- valier, et selon le conseil de ses conseiilers , il le fit iarl du pays qui s'appelle Galles. (jurun etait I'homme le plus beau et le mieux fait a tons egards; il aimait une demoiselle, fille de la soeur de la reine, depuis douze mois, sans lui avoir fait connaitre son amour, car il craignait qu'elle ne le refusat, et r^flechissait en lui- meme qu'il valait mieux prendre patience que de courir a un succes incertain avec precipitation, et de perdre ainsi Tobjet de sa pensee. Un jour il arriva que Gurun alia au bois pour chasser ; il avait avec lui un menestrel qui* etait le premier de tous ceux du pays. Gurun, sachant bien que le menestrel connaissait toutes les demoiselles de ce royaume , le questionna soigneusenient pour savoir Icsquelles etaient les premieres en bonne conduite et en courtoisie, et laquelle il fallait aimer de preference. Le me- nestrel les nomma toutes, et il loua plus que toutes les autres celle que Gurun aimait. Quand il I'eut entendu louer tant celle qui lui plaisait davantage, il lui mit ses bras autour du'cou et dit : X Ami, je ferai tout ce qui t'agree, car tu sais que tu peux m'etre fort utile en me conseillant bien. La demoiselle que tu as tant louee et vantee devant moi, je I'aime depuis longtemps, mais je ne lui ai pas encore parle de mon amour. » Le menestrel reprit : — :>0() — • S'il te convient, je lui parlerai et je t'apporterai sa r^poiise. » — « G'est ce que je veux bien, dit le, chevalier, et je t'en piie. » Quand ils furent revenus de la foret et qu'ils eurent pris le repas au chateau, le menestrel n'oublia pas sa promesse; il se rendit dans rappartemenl de la reinc, prit place aupres des dames et des demoiselles, et leur fit des plaisonteries et des jeux; il parla en particulier a celle que Guiun aimait, lui porta ses compliments et ses voeux, et demanda une reponse en ajoutant qu'elle ne Irou- verait homme a aimer ni plus beau ni meilleur qu'il n'etait. La de- moiselle le remercia aussitot de son message et dit qu'elle avait avec elle un nain que son pore avait eleve. S'il arrivait qu'elle vouliit ai- mer un homme, die devait, comme son pere le lui avait enjoint, suivre le conseil du nain. Le menestrel sortit de I'iippartement et rapporta cette reponse a Gurun : s'il agreait au nain , elle Taimerait volontiers. « Si vous pouvez , dit-il , gagner le nain a force de ca- deaux et lui adresser de si douces paroles qu'il vcuille consentir a vous etre favoi'able, vous atteindrez au but de vos desirs. » Le che- valier appela alors un jeune homme aupres de lui et I'envoya bien vite chercher le nain. Le nain monta aussitot a cheval et se rendit a la demeure de Gurun. Quand le chevalier le vit, il se leva , alia au-devant de lui, le fit asseoir et I'accueillit bien. II lui fit appiater de la belle vaisselle de table en argent pur pour le servir, eL une riche etofTe de sole pour vetement. II. Le nain, aussitot qu'il apercut ces presents, comprit qu'il s'agissait de la belle demoiselle qu'il conseillait et surveillait ; il repondit qu'il ne voulait accepter aucun don , puisqu'il n'avail besoin ni d'or ni d'argent. Puis il revint aupres de la demoiselle, et dit que le seigneur Gurun faimait et voulait le seduire par ses cadeaux. — « Et moi, dit-elle, j'ai remis ma resolution a la tienne; or, dis-moi ce qui I'en semble et comment il me convient de lui repondre. » — « D'apres mon jugement, repondil-il, Gurun est un honnete homme, mais il aime fort a rester chez lui; il est assez liberal, mais il n'aime pas a courir aux assauts. S'il voulait, en ses enti'eprises, etre un heros, il faudrait qu'il eut la reputation de bonne chevalerie ; mieux vaut un brave ecuyer qu'un chevalier poltron. Pourtant jc ne dis pas ceci a son egard. » Alors la de- moiselle I'epondit en riant : « Singuliere me parait ta reponse; il ne sied pas que tu medises de lui et veux-tu qu'il se tue a cause de moi.^" — « Par ma foi, dit le nain, maintenaut je sais — 207 — vraiiiienl que vous I'ainiez , et que vous suivez le conseil et I'exhor- tation du menestrel. C'est la maniere des entremetteurs , qui ainient a se meler de lelles atraires quand ils s'attendenl a des presents ou a des profits. » Avant qu'ils eussent teruiine leur eu- tretien le menestrel vint chercher la reponse de la demoiselle; il avail entendu tout ce que le nain avait dil, et, en consequence, il lui dit en colere : "Miserable, tu n'es bon a rien ; mediant fils de paysan, tu aurais iiierite que je te donnasse dans la poitrine un coup de pied si rude que tu en fusses creve, pour t'apprendre a medire d'un excellent maitre; et je le ferais cer- tainement si ce n'etait par respect pour cette demoiselle. » Le nain devint tout noir de colere et repondit au menestrel qu'il en avait menti : « Je ne suis pas un mediant homme; je suis, dit-il, la creature de Dieu, et la nature m'a donne de i'esprit et du di^cernc-iiient, de la politesse et de bonnes connaissances; mais toi, tu as une meprisable occupation et une mechanic conduite. » La demoiselle voulut faire cesser leur dispute ; mais le menestrel lui demanda son avis. EUe repondit qu'elle vou- lait suivre son conseil. « Mais voici ce que j'exige, dit-elle, re- nonce a ta colere envers mon nain. » II y consentit sur-le-champ de bon gre, et iis se prirent done la main I'un a faulre, se rendirent a I'hotel de Gurun et devinrent bons amis. lis prirent Gurun a part et lui dirent fheure a laquelle il devrail aller trouver la jeune fille ; et le nain etail alors tout a fait d'avis qu'ils se reunissent au plus tot. Gurun se leva de tres-bonne heure et revelit de magnifiques habits. A cette heure ou la reine se rendait a I'eglise, le nain conduisit le chevalier dans I'appartement de la reine, la ou se tenait la demoiselle. Le chevalier, qui avait pre- pare ce qu'il voulait lui dire , la demanda en mariage avec des paroles polies et bien arrangees. Quand la demoiselle eut entendu son discours, die accepta son amour a condition qu'il s'appliquat a faire, a cause d'elle, tout ce qu'il sied de faire en faveur de sa maitresse. Et il le promit et la remercia. Des lors Gurun eut la permission de I'embrasser librement, et il demeura longtemps aupres d'elle avec des jeux courtois el des embrassements decenls. Le nain guetta attentivement ce qu'ils enlreprirent, rit beaucoup de leurs ebats, et il pensa alors et dit en lui-meme : « Ce chevalier sail bien donner des baisers ; mieux vaudrait qu'il ful aussi ha- bile a monter a cheval avec des amies de chevaierie. » — 2U« — 111. La-dessus Guiuii revinl a sa demeure, et )e naiu i'accom- pagna et lui devint Ires-cher. Au temps ou se passait ceci, on vit venir contre le roi, du nord du paysde Meref, une grande et tres- uoiiibreuse armee; et alors le roi manda anpres de lui lous ses guerriers et tous ses amis. Deja les ennemis s'approchaient assez du royauniepour tuer ses gens et enlever leurs femnies. II les vit souveut aux frontieres; un jour qu'il les rencontra, Gurun, le ueveu du roi, les defia le premier; maisils etaient sur leurs gardes et bien amies; et quand ils s'ahorderent, les gens du roi les assail- lirent rndement, et beaucoup perirent de cote et d'autre. Gurun montait un de ses meilleurs chevaux roux, el il portait a sa lance une belle poignee de la plus line sole, que sa maitresse lui avait donnee quand elle I'avait fait son amant. II poussa son cheval en avant et le dirigea contre un chevalier gallois, lequel etait fils du roi d'Irlande. Celui-ci, vovant qu'il courait sur lui, mit sa lance en arret et s'elanra a sa rencontre, et ils se heurterent avec vio- lence. Mais Gurun elail plus vigoureux que ce guerrier; il I'a- battit sur-le-chanip , a la vue de tous les siens. Gependant un de ses compagnons de Gollande (Gothic) appele Malleus, voyant son frere d'armes renverse et les pieds en I'air, en fut fort irrite. II baissa fetendnrd et courut sus a Gurini avec sa forte lance; il lui porta de rudes coups, mais ne parvinl pas a le demonter; il le blessa seulement, au nieme instant ou un archer, tirant sur lui, I'atteignit au-dessous de I'omoplate; la pointe entra dans sa chair jusqu'au manche. Gurun, s'apercevant qu'il etait blesse, retourna son cheval, coupa la tete a son adversaire avec son glaive nu, et revint aupres de ses gens. rV. Or, quand il eut ete rapporte au roi que son neveu etait grievement blesse, il entra vivement en courronx contre ses en- nemis, fit retourner ses guerriers a la charge, tua plus de trois cents hommes et fit beaucoup de prisonniers; le reste se mit aloi's a s'enfuir au plus vite. Le roi ne voulut point qu'on les pour- suivit au loin dans le pays, car il craignait que le gix)s de I'armee ue fut embusque dans la ioret, il commanda a tous ses gens de s'en revenir. Puis il alia voir son neveu, et lui donna un bon medecin , qui le guerit vile. La demoiselle qui I'aimait tanl, quand elle demanda et apprit la verite, craignit de ne le voir plus desormais. Elle en cut tanl de chagrin qu'elle fut sur le point d'cn mourir. Elle lit appelcr le nain et lui dil : <> Va vite chcz mon — 209 — amant et demande-lui s'il s'atlend a conserver la vie ; qu il m'en- voie dire s'il recouvrera la saute. S'il n'y a nul espoir je ne lui survivrai point. » — « Abstenez-vous , repondit le nain , de dire pareille chose; il ne vous sied point d'avoir tant de chagrin. Si celui-ci meurt, vous pourrez bien vite avoir un nouvel amour; car aucune femme ne demeure sans conseil, a nioins qu'elle ne soil tr^s-vieille. » — « Certes tu es, repliqua-t-elle, niechant et mauvais, et un vilain esprit se ti'ouve en toi; je n'ai pas I'humeur aussi inconstante. » Le nain se rendit vers Gurun. Aussitot qu'il I'apergut, Gurun I'apjiela aupres de lui, et le questionna sur sa niaitresse. 11 lui raconta alors qu'elle etait tres-affligee a cause de lui nuit et jour. Gurun fit venir le menestrel et I'envoya lui dire qu'il seraitbientot retabli. Le menestrel se rendit en efTet aupres de la demoiselle, et lui porta ce message, que son amant serait bien- tot gueri. Apres quoi il revint chez Gurun et lui rapporta combien la demoiselle I'aimait. Et, dans la joie qu'il ressentit ahu-s de cet amour, Gurun dit au menestrel de composer une nouvelle me- lodic, celle qu'il trouverait la plus douce, sur Gurun, sur' la nais- sance et le progres de son amour. II lit aussitot ce que Gurun lui demandait, et composa la plus jolie chanson sur loute cette his- toire, depuis le commencement jusqu'a la fin. Et c'est la cette chanson celebre, sur la plus jolie melodic, et qui s'appelle le Lai de Gurun. Aussitot qu'il fut retabli el gueri de ses blessures, Gurun enleva secretement la demoiselle hors du palais de la reine, sur le conseil du menestrel ; et il emmena avec lui le nain et le menestrel ; ils se rendireut dans la Bretagne au ble ^ , oil le roi leur fit bon accueil a tous. Dans la suite Gurun devint le meilleur chevalier, dur aux armes, vigoureux, fort et hardi, tel que de son temps il n'y eut point son pareil. — Beaucoup rapportent ce lai d'une autre faqon , mais moi je n'ai pas lu autre chose, sinon ce que je viens de vous raconter. Lai de TidoreV. — I. Maintenant j'aurai a parler de la chanson de geste que les Bretons appellent Tidorel, et a dire de quelle fa(;on elle fut faite. Tidorel etait le plus puissant roi de la Bretagne, et rheritier de ' Le texle islandais (lit: hornlnctaUmd: c'est petit etie , par coiilusion, la U'aduction de Cornouailles , en latin, Coriui-Gcdliie. — 210 — beaucoup de rois. Ce roi se iiiaria pendant sa jeuiiesse a\ec In fille d'un due qu'il avail demandee en manage a cause de sa cour- toisie. 11 Taimait et Thonorait beaucoup , en secret ou publique- ment, comme sa reine, et eile laimait lidelemenl conmie son seigneur et epoux. lis vecurent dix ans ensemble et n'eurent point d'enfanis; ils vecurent ainsi vingt annees. Alors il arriva que le roi se rendit a Namsaborg (Nantes?) a cause des chasses cjui etaient situees a peu de distance du bourg; car il aimait les di- vertissements et la chasse aux betes a I'aide de chiens de meute, et celle des oiseaux a Taide des laucons et eperviers II. Un jour qu'il etait alle a la chasse avec ses courtisaus, la reine avec ses femines alia s'amuser dans un beau jardin, au sortir du repas, apres Irois heures, et elle envoya chercber des demoiselles et des femnies de qualite, joua avec elles et se di- vertit beaucoup, et la plupart d'entre elles mangcrent de plu- sieurs especes de bons fruits qui se trouvaient au jardin. Mais la reine s'apercut qu'elle avail un peu sommeil, el se coucha sous un arbre, la oil cela lui convenait le mieux, s'appuyant sur una jeune fdle, qui mitses genoux sous sa tele. Quand elle se reveilla, elle crut relrouver ses demoiselles; mais dies s'etaient eloignees el elle n'en aper(^ut aucune. Alors elle vil un chevalier qui che- vauchait Iranquillemenl et doucenient vers elle. C'etaille plus bel homme de tons les vivants ; il etait magnitiquement vetu, de bonue mine et bien fail. Elle craignil cependantparce qu'elle etait seule, et demeura en silence, en pensant que ce pouvait etre un puis- sant homme qui voulait trouver le roi; bientol il lul aupres d'elle et la salua bien polimenl; elle le remercia de son salul. Alors il lui prit la main gauche et dit : « Madame . . . Le reste manque. Lai da menetrier K — Les Bretons (ceux de la Brelagne au bled, CornouaiUes) nous onl dit qu'autrefois sous les rochers de Lems (du Leonnais.3) s'assemblait habituellemenl beaucoup 'de monde, selon la coutume, a chacun des douze mois pour celebrer solennellement son saint nom. II y arrivait de puissants chevaliers avec grand cortege et toutes les plus belles dames el demoiselles ' Le litre brclon est GumbclauCj suivaiU unc note niarglnalc ilu inanuscril islaiidais : « Leicara hod ca i brekzv heitir dessi strengleicr Giirnbelauc. » — 211 — qu'il y eut dans la contree; de telle facon qu'il n'y avail aucune dame de quelque beaute qui ne vint, en ce jour, richeinent paree. II y avait alors beaucoup de conversations entre hommes et femnies, et de longs entietiens avaient lieu On voit que les premieres lignes ue paraissent pas completes pour le sens , et que la fin manque absolument. Toutefois , d'apres I'inspection du manuscrit, cette derniere lacune ne coniprend pas plus d'un feuillet. Richard le Vieux. — .le veuxvous racouter una chanson et vous dire, a I'aide de la tradition, sur quel sujet elle fut faite. Cette chanson a pour titre : Richard le Vieux. Autrefois demeurait dans le iiiidi de la Bretagne (en basse Bretagne?) un puissant loi. 11 avait une tres-belle fille; il I'aimait fort et rhonorait beaucoup parce qu'elle etail belle et inslruite; elle savait bien pincer la harpe et jouer de la gigue '. En cette contree il y avait un chevalier brave et courtois et tres-celebre , qu'elle aimait ardeniiiient; lui-menie etait grandement son ami. Ceci fut rapporte au roi, etillui d^plut d'apprendrepareille chose. Alors il plara des chevaliers dans Tappartenient afin de la surveil- lernuit et jour. 11 arriva qu'un jour, apres le repas, elle alia, pour se distraire, se placer a la fenetre a I'extremite de la salle, et s'appuyer contre une poutre; et en regardant par la ienetre, elle apercut son amant en bas dans la cour, et ne s'y meprit pas. II etait richement vetu et elle se plaisait a le considerer ; il s'etait rendu au chateau vmiquement jiour etre vu d'elle et pour la voir. Elle lui fit signe de la main d'aller seul , sans suite, comme pour se distraire, au jardin qui etait en bas de I'appartement ou elle couchait et d'y attendre. II obeit. Elle s'approcha alors de ses ' Gigja en islandais, en basse latinit6 ji(/a, dans le frangais de la languc d'oil <}i(jue, dans celui de la langue d'oc (ji(jua , (juiga , instrument a cordes ayant beaucoup de rapport avec \a fuUa islandaise, la tiolc ou vielc des trouvferes. la viula ou viola des troubadours. Lc traducteur islandais donne ce nom de (jijia comme le correspondant du mot role employe dans les lais altribu^s a Marie de France. Le mot role, en latin rota, rocla, est evidemmenl tir(5 lui-meme du cel- tique emit, crwth, qui dcsignait un instrumeiit ;i cordes ires-familicr aux popu- lations celtiques. De la Villemarque [Chants jiopulaires dc la Brelacjiie, i8/l6, I, XXXIV ) dit que Tancienne ro fa ou chrola correspondait au rehei; des temps post^- rieurs, instrument a trois cordes avecarchct: cc serail le langspil dctucl des Is- landais, que les Norv^giens connaisscnt aussi. — 212 — gardieiis, prit sa barpe et en divertit beaucoup toute sa suite. Elle demanda ensuite du vin et leur en Ih boire beaucoup , de fa^on qu'au bout de peu de temps ils se trouverent ivres, s'en- dormirent, et resterent etendus la coniime s'ils etaienl morts. Quand la demoiselle les vit endormis, elle appela sa servante et lui remit sa harpe, et la conjura instammenl d'en pincer les cordes, de ne pas cesser pendant tout le temps qu'elle serait avec sou amant, et d'avoir le plus grand soin que ces chevaliers ne s'eveillassent pas tant qu'elle serait absente. La servanle ob^it. Elle alia done trouver son amant, et s'entretint avec lui sur tout ce qui lui plaisait, a loisir, puis ils se separerent. Quand elle fut de retour, ceux qui etaient ses gardiens dormaient encore; elle se rendit done a la chambre a coucher de son pere et le saJua. Le roi, son pere, I'appela aupres de lui et lui demanda ce qu'elle voulait, et elle lui exprima son desir : « Mon seigneur, dit-elle, au uom de Dieu , suivez-moi dans mon appartement. « Le pere y conseutit, et vit. tous ses gaixliens endormis. Alors elle lui fit signe eldit Le reste manque. Fragments du n" 20. — i"' jeuUlet du munuscrit <■ . . .vous a aimer. . . ni a manger ni a boire. . . empereur de Rome (Ruma- borgor, citadelle de Rome?). . . se taisait la dessus . . . le jeune homme s'assit. . , ne sut rien repondre. . . vivre sans elle. . . je vous cboisis . . . mais ecouta sa plainte . . . 2' feiiillet, i" colonne. . . s'il vous plait, et attacha. . . son ruban , et se laissa glisser en bas . . . et ils se separerent . . . comnie il ne saurait tant parler avec elle. . . I'embrasseret la prendre en ses bras selon ses desirs. . . la demoiselle pensa de meme. . . I'un et I'autre attendirent la nuit, jusqu'au jour... comme ilss'etaient trouves auparavant, alors ils se leverent. , . de bonne hcure, et <[uand ils arriverent tous les deux ... la demoiselle d'abord a lui. . . mon coeur. . . et mon amant, et elle se tut alors el refl^- thit. . . le jeune homme lui dil alors : Ma bien aimee.. . la plus belle. L'empereur m'a envoy6 au due. . . et nous aurons bientot a nous rendre aupres de lui . . . i^ colonne... Mais je sais... dit l'empereur... cela se peut, seigneur. . . Or il I'aut en ellel. . . me dit l'empereur. . . saint seigneur, que jamais. . . avant que je I'aie banni de mon r — 213 — royauine. . . je le manderai a Tetranger;. . . Alors rempereur retourna chez lui et reflechit a cela pendant toute la nuit. . . Le lendemain matin. . . faire une leltre, et tel fut le motif de la lettre. . . imposa au due du bourg de Placenzo (Plaisance?) . . . de sortir de son royaume, avant que son pays fut. . . inais il demeura en son royaume un demi . . . personne ne le trouvera qui voudra. . . aider; car alors son bourg, . . et tons ses gens tues et emprisonnes . . . 3\feuillet, 1" colonne... L'emperetir lui donna ce conseil.. . il lui dit . . . que Tcmpereur etait fache contre lui. Or le jeunehomme... eut a peine entendu ces paroles, qu'il fut rempli de tristesse, et s'en alia seal en s'ecartant des autres hommes, et pleura beaucoup en grande affliction. Son varlet, qui ctait son tresorier et fidele ami, vint aupres de son maitre, et aussitot qu'il apergut que son niaitre avail tant d'aflliction , il examina et interrogea s'il avait eu quelque nouvelle. « Oui, dit le jeune liomme, je vais perdre ma maitresse. Le due va etre chasse de son pays parce que I'empereur se propose de lui faire la guerre. Dis-nioi maintenant quel se- cours tu me preteras, parce que je t'aime et mets maconfiance en tm de preference a tous les hommes vivants; veux-tu m'aider pour que je ne perde pas la vie et que je ne me tue pas moi- meme.'^ii — "Oui, seigneur, repondit le varlet, selon mon pou- voir. » — « Va done trouver celle que j'ainie, et demande-lui si elle veut me suivre, si elle veut soufTrir et supporter avec moi le bonheur et le nialheur. « — .41ors son tresorier repondit : « Au nom de Dieu, pourquoi parler ainsi.^ que voulez-vous qu'elle fasse.'^ Elle n'est pas habituee a aller mendier. » — « J'ai un oncle paternel, roi de tous les pays d'Espagne; je ia conduirai chez lui, parce que je pense qu'il me recevra bien et qu'il fera honorable accueil a elle et a moi. II faudra que tu viennes avec nous et que tu sois notre guide. Va vite, fais tes preparatifs , rends-toi a Pla- cenzina (Plaisance!*), reste-la jusqu'a ce que tu trouves celle que j'aime, et dis-lui tout ce qui est vrai, que je la prie et conjure au nom de notre amour qu'elle se rende ici avec toi, et que rien ne I'arrete, parce que je dois prendre la fuite. . . » 2' colonne. . . Alors. . . le varlet partit. . . pleurant la nuit. . . au bourg de Placenzo, et. . . il la trouva le meme jour. . . et lui dit le message de son amant. . . qu'il est venu la chercher. « Sei- gneur, dit. . . que dois-je faire, et comment y aller. . . et quitter — 214 — mon pere et ma mere; cepeiidant de quelle mailiere pourrais-jo rester? Je pense en verity et je sais assiirement que la pensee de moil hien-aime est telle que je me figure quebientot tout lui sera favorable. . . la mort, si je neglige de le consoler. Mais. . . si nous sommes ensemble, pourra-t-il faire. . . Neanmoins fiit-ce. . . pour mon inalheur, je ferai sa volonte. . . le varlet ayant entendu ces paroles. . . lui repondit poliment. . . dit qu'il venait hardiment et avec joie. . . 3" colonne . . . et ils s'endormirent tous les deux sur. . . quand le jour vint a poindre. Or quand le varlet. . . qui, pendant leur sommeil, etait avec eux . . . beaucoup avec de dures paroles de ce quils voulaient dormir sur le grand chemin , et les traita rude- ment. Puis le varlet dit a son maitre : « Quelle resolution allons- nous prendre maintenant pour nous sauver, vous et voire bien- aimee? Si votre pere pouvait I'atteindre, il lui infligerait un rude chatiment. » Alors le jeune homme repondit sincerement: « Moi . . . de quelle fa(^on nous serons sauves et secourus fun et faulre. Au nomdeDieu. . . jetedemande aide et secours; si tu veux. . . • et nous faire avoir a manger et a boire , alors . . . aller en ce pays et y etre. . . jusqu'a ce que c- pays soil libre et que les hoslililes cessent. » — « Seigneur, dil le varlet, vous avez bien parle et choisi ce. . . AUez maintenant dans quelque cachette. . . » 4' colonne. . . Mais. . . leur betail, etviennent cbaquejour. . . et leur apporter a manger ol a boire. . .jusqu'a ce quejevienne; alors ils enlrerenl dans la caverne. , . Mais relui qui devait avoir soin d'eux resla tout ce jour avec les bouviers. Cbaque fois qu'il venait du chaleau , il leur apporlait a manger et a boire, il se tenait constamraent pres de la caverne , il etait leur gardieu el senli- nelle, de faron que souvent if pouvait entendre ce qu'ils disaient et voir de quoi ils s'occupaient, et de celle maniere ils vecurent heureusement. Or il convient que je dise ce que I'empereur enlreprit. II assie- geait avec tous ses gens le bourg de Plaisance, depuis qu'il avail perdu son fils, comme s'il s'agissait de son royaume {?), et le due ayant perdu sa fille, la guerre en (^tait d'aulant plus dure {?]. Le bourg elail tout enloure des gens de I'empereur de faron qu'ils conquirent la plus haute tour; le due s'echappa la nuit et quiUa le pays. L'empereur fit enlierement demolir ciladelle, tour el inurailles du bourg, et lout i'ele il demeura aux environs jusqu'a — 215 — ce qu'il eiU tout pris et demoli. Ceux qui s'etaient caches dans la caverne cpiereut Theure ou le seigneur s'en irait, et dirent qu'ils quitteraient la caverne, ainsi qu'ils I'avaieiit resolu. Mais un autre sort les attendait, car aussitot que I'empereur fut parti, et qu'il eut permis aux gens de guerre de se retirer librement chacun chez soi,il se leva un orage tel que homnies ni bestiaux ne purent sortir des maisons; on ne pouvait distinguer ni herbe ni champ, la nei^'C tombait dru a tel point qu'il n'y avait plus rochers ni vallons qui ne furent combles de nionceaux de neige, et cette' neige resta toute une seuiaine sans diniinuer. . . W feuillet, i" colonnc . . . quand il. . . ia caverne. . . et chercher en pleurant, il. . . parce que. . . entendre ni trouver I'entree. . . de la caverne. . . mais lorsque la quantite de neige diniinua, la faini les afFaiblissait deja tellenient qu'ils ctaient presque. . . le jeune homme se niit a plaindre sabien-aimee et ilparla. . . d'une voix douloureuse : «Toi, ma belle bien-aimee, dit-il , et ma douce aniie, certes je t'ai trompee, car si je ne t'avais seduite, tu aurais ete richement mariee et haute dame d'un grand royaume; mais a cause de ma perlidie el de ma mauvaise audacc, ton pere le due est aujourd'hui chasse et ta mere bannie. Tu m'ainiais tant et me croyais si bien, que tu abandonnas tout pour venir me trouver. Maintenant nous ailons niourir ensemble; mon courage a faibli des que mon corps a Irembie; niets les bras, autour de mon cou , presse nioi contre ton sein, alin que je tienne de toi du calme et de la consolation, puisque nous ailons mourir tous les deux en meme temps. » — . . .Puis le degel commen^a, et la neige decrut tellement qu'on pouvait apercevoir la caverne. Alors il y courut en toute hate, et quand il arriva, il entendit leur plainte; il s'avanca et les trouva tous les deux couches dans les bras Tun de i'autre. II se mit a genoux de;vant eux et les exhorta a manger. Mais ils etaient tellement epuises et extenues par le jeune que le manger ne leur servait absolument de rien , de fa^on que, le meme jour, ils expirerent avant le soir. Auparavant ils s'entretinrent avec le varlet, le conjurerent de faire porter leurs cadavres a la ville, et de les iaire envelopper. 11 lit comme ils avaient demande, alia chercher des homines a la ville, et les conduisit a la caverne; ils prirentles cadavres des deux jeunes gens, les porterent a la ville, les mirent ensemble en une biere de granit et lesenterrerentdans le bourg en une eglise,. . . tellement qu'ils avaient eux-memes. . . _ 216 — le varlet. . . et alia. . . bourg, et y deaieuia (rois. . . quaiul il revint en sa patrie. . . ce beau lai, et dire. . . mais que ce lai est le plus beau de tons. . . lai des deux amants, et. . . ce recif., . » On voit que ce vingtieme morceau est loin d'etre compleL dans la traduction islandaise; les fragments n'ont pas meme de tilre; ies dernieres lignes manquent aussi. Le dernier fragment presente ces mots : « at jpessi strengleicr er fegrstr all . . . stj~engleicrenn tveggia elskannde ». Les edileurs des Strengleikar se demandent si les mots ou lettres retranchees sont : « ... (all ) ra oc heitir » ou bien « (all) race ». Au premier cas, la phrase signifierait : » ce lai est le plus beau de tous et a pour litre : lai des Deux amants ». Au second cas, elle voudrait dire : « Ce lai est le plus beau de tous avec celui des Deux amants ». On a remarque qu'un lai ainsi inti- tule se Irouve dans le recueil islandais "(n" lo). Quoi qu'il en soit, le sujet n'est pas difficile a distinguer : un fils de I'empereur remain et une fille du due de Plalsance ont pris la fuite ensemble grace a la connivence d'un serviteur, pour se soustraire a leurs parents, centre leur gre et a leur insu. A cette occasion une guerre s'est elevee entre I'empereur et le due; elle se termine par la prise et par le pillage de Plaisance. Cepen- dant les deux amauts se sont caches dans une grotte aux environs de Plaisance; un berger leur y apporte la nourriture necessaire. Mais il survient une tempete violente avec beaucoup de neige qui sevit pendant plusieurs jours et rend les chemins impraticables. L'entree de la grotte se trouve cachee par de grands amas de neige, et lorsqu'enfin, au commencement du degel, le fidele ser- viteur laretrouve, il voit les deux amants etendus dans les bras Tun de I'aulre, et si epuises de faim, qu'il n'est plus possible de les sauver et qu'ils expirent le meme jour. Du reste, qu'elle nous aide ou non a retrouver les originaux fran(;ais que nous avons oublies ou perdus, I'etude de cette tra- duction islandaise servira du moins a corriger, non-seulement I'interpretation , mais le texte meme de Roquefort. Dans ]e Lai d'Yvenec, parexemple, i! a In : En la chambre volant eutra, Giez' otespiez, ostoir senihla, Dnci nc mues fu ou desis; ' On appelait ainsi les liens ou courroics donl on se servait pour retenir les oiseaux do proie ou leur bander les ycux. — 217 — Ce qui n ofFre , a ce qu'il seml)le, aucune sorte de sens. Mais la traduction islandaise dit : « sva sem hann vaere fim sinnum eSa sex mutaor », c'est-a-dire « coninie sil avail eu cinqou six mues ». Le sens n'est plus obscur; on evaluait le prix du faucon aux diffe- rentes mues qu'il avait subies, chaque mue etant une occasion de dangereuse maladie pour ces oiseaux precieux; Roquefort de- vait lire : « ostoir senibla, de cine muesfu ou de sis. » Cette meme etude suggerera de curieuses remarques de phi- lologie ou d'histoire : le traducteur est evidemment embarrasse toutes les fois qu'il rencontre des expressions relatives aux insti- tutions feodales, inconnues de la Norvege. Ses formules d'impre- cation s'eloignent de celles du texte; la ou Roquefort dit : « maus fus et male flambe I'arde! » il traduit : « er i)ol oc bal braenni, » c'est-a-dire : que le malheur et Baal le puissent brujer! Sa plume admet souvent des mots evidemment empruntes au fran^ais: pour signifier une eloffe precieuse, « du drap d'Aufrique, » comme dit Roquefort, il emploie le mot « pell; " c'est le latin pallium, lo vieux franc^ais paile ou pali; il designe un tapis ou une couverture par le mot nkullt; » c'est le latin culcila, le vieux francais coute, couete, coltre. On trouve « bliat » pour un manteau en latin hliaa- dus, hliaus, hlialdus, en fran(^ais hliaul et hlyaut^; « spusa » pour Vepousee; n blaamen » pour les Sarrazins^ ; « volsku male » ou « valskt mal » pour exprimer la langue fran^aise, la langue vclclie, de meme que « Valir )> signifie le nom du peuple franqais , et « Valland » la Gaule; le traducteur emploie du reste aussi les mots «Frakland, Frakkariki » et meme « Frannz. » II nomme le lai du Chevrefeuille en disant : « sirengleic heitir ' Elle ot vestu .j. peJiqon hermin Et par deseure ,j. fc/iauid'orgasin. { Li Jableldou Dieud' Amours, pubi. p. M. Jubinal, Techener, i834. ) Lor bliaut son luit d'or brode ; Al col , et as point bien pare, De bons safirs et de jagonses. ( Roman de Parthenopex de Blois. ) Le bliant ou bliaut etait done un velement de dessus, une sorte de blouse, ' La contredit gent : Ki plus sunt neirs que n'en est atrement Ne n'unt de bianc ne mais que sur les denz. (Chanson de Roland, stance 1/42.) MISS. .SCTF.NT. IV. l5 — 218 — i volsku chefrefuiUenn, geilalauf i uorrceno; » c'est-a-dire : « ce chant s'appelle en iiantjais lai du chevrefenille , en islaiulais (/(?j (vers i5i7-i536 du poeme plat allemand). /i° II — 237 — y a dans la bibliotheque de Rhediger, a Breslau, une version d'un Namiilos et Valentin en haut alleniand, en prose, dans un manus- crit datant de 1^65. — Puisque toutes ces versions sent evidem- ment analogues et souvent identiques, puisqu'elles admettent cer- tains episodes et certains nomsde personnages, conimeleNamnlos, quene connait plus la paraphrase du temps de Charles VIII , puis- que I'anleriorite de quelques-unes d'elles, et presque de toutes, est assuree, il s'ensuitque toutes ces traductions ou imitations ont dii etre faites d'apres un original remontant au nioins au commence- ment du xiv^, sinon au xiif siecle; les circonstances ayant trait a la France sont trop nombreuses dans ces versions pour qu'on doute que cet original n'ail ete frangais; les versions suedoises et allemandes, en inserant frequemment dans leur texte des vers rimes, semblent bien traduire un poeme et non pas un ouvrage en ]prose, et nous savons d'ailleurs que tel a ete en general le sort de nos grands poenies frangais du xiif siecle, d'etre negliges pendant latenebreuse epoque des Valois, puis developpes et gates dans les longues et diffuses paraphrases du xv" siecle, qui ont acheve de les condamner a I'oubli. — II y aeu, sansaucun doute, au xuf ou au xn" siecle, un poeme franc^ais d'un autre litre que Valentin et Orson, et qu'il faudrait retrouver. Le Valentin et Orson, c'est-a-dire la paraphrase en prose du temps de Charles VIII , ampliliee et developpee encore au xviii" siecle par les auteurs de la Bibliotheque d€s romans, mai 1777, a fait fortune, et nous pourrions, en donnant ici un bulletin bibliographique, montrer qu'il n'y a presque plus une litterature moderne qui n'en possede une traduction ou une imi- tation ; mais c'est a tort que sa renommee a obscurci I'eclat plus solide, et qui fut plus brillant peut-etre, du poeme original; nous pouvons reconnaitre aujouid'hui, devenant plus justes en meme temps que mieux instruits, que ce poeme avait, lui aussi, fourni toute une premiere carriere, et que les litteratures neerlan- daise, allemande et scandinave s'en etaient dejaemparees. Voici I'analyse de la vieille traduction suedoise de cet ancien poeme aujourd'hui perdu. Od verra qu'elle dilTe'fe en plus d'un point du celebre Valentin et Orson : Ci-apres commence une honnete histoire de Namnlos (I'Ano- nyme) et Valentin , et de toutes les courageuses actions qu'ils ont faites pendant leur vie ; histoire agreable a entendre a qui vou- M. 16. . — 238 — dra y donner attention , pour passer le temps , et jusqu'a ce que vienne un plus grand plaisir. II y avait un glorieux roi en France qui s'appelait Pepin (Pip- ping] ; il avait une fiile d'une grande beaute qui s'appelait Clarina et une soeur qui s'appelait Phila. Quand Phila eut atleint sa vingtienie annee, un roi de Hongrie, appele Crissosnios, en devint amoureux et desira I'avoir pour femme ; il ecrivit done une lettre et I'envoya par un honnete messager au frere de Phila, au roi de France, Pepin, qui repondit en le priantde venir a sa cour, ou il lui donnerait sa sceur en mariage. Quand le roi Crissosmos transmit cette bonne nouvelle a sa cour, sa mere et I'eveque Frankart furent seuls dun avis contraire. « Que quiconque ne veut pas me suivre, dit le roi, fasse comnie il I'entendra ; je ne renoncerai pas pour eux a mon voyage. Dieu m'aidera sans doute encore dans mes des seins, je ne veux pas I'oublier. » En vingt-deux jours, accompagn^ de deux mille nobles hommes, il arriva en France. Le roi Pepin le regut, et toute sa suite, avec grand honneur, et quatorze jours apres il invita ses chevaliers et nobles hommes aux fiancailles du roi Crissosmos avec Phila. Apres une annoe de mariage, quand Phila fut pres de mettre au monde un enfant, le roi Crissosmos ordonna a ses astrologues de regarder les signes celestes pour savoir ce qui adviendrait de son fruit. Leur reponse fut qu'elle portait dans son sein deux gargons destines a faire beaucoup de choses merveilleuses et de grandes actions. La mere du roi Cris- sosmos et I'eveque Frankart, ayant appris cette reponse, en res- sentirent un grand chagrin et tinrent conseil jour et nuit pour savoir comment ils pourraient detruire ces enfants. « Madame, dit I'eveque, trouvez-vous au moment de I'accouchement aupres de la reine , avec une femme qui vous soit fidele ; quand les enfants seront n^^-s ,. faites-les prendre secretement et noyer dans le fleuve qui coule au pied du chateau : notre depit se tournera de la sorte en vengeance contre la reine Phila. » En effet, aussitot que les enfants furent nes, la mere du roi Crissosmos ordonna a I'une de ses femmes, Philomene, d'accomplir sa vengeance, de prendrf les enfants et de les faire mourir comme il avait ete convenu. Philomene ne pouvait faire autrement que d'obeir a sa maitresse; elle reflechit ariisi : « Ce serait une grande honte a moi de faire mourir par une telle ruse ces nobles enfants ; c'est cependant fordre ef la volonte de ma maitresse. » Elle les prit et les emporta; — 239 — elle enveloppa I'un et le init dans une cassette en lui laissant de I'air pour respirer, et elle le deposa secretement sur le fleuve, puis le laissa Hotter au gre du couranl ; elle porta Tautre dans la foret et le deposa secretement au pied d'un arbre. A peu de dis- tance de la une louve avait son gite ; elle vint prendre I'enfant, le deposa parnii ses petits et le nourrit avec eux. Philomene etant revenue fort triste cliez elle, la reine mere lui demanda : « As-tu execute mon ordre? » Elle r^poudit : « Oui, madame, j'ai accompli votre volonte. » La reine cependant, apres que sa belle-mere et Philomene I'eurent quittee, fut en grande inquietude et demanda ce qu'etaient devenus ses enfants. Le lendemain, de bonne heure, le roi vint la visiter, mais il etait irrite deja par suite des calomnies de la reine mere : « Pourquoi etes-vous seule, lui dit-il en entrant, et ou sont vos enfants? » La reine mere repondit : « Elle n'a voulu avoir personne aupres d'elle au moment de leur naissance, .. Je vois a bien des signes qu'elle a lue son fruit ; vous le devez croire , mon cher fds, en verite. » L'eveque Frankart appuya cet avis. Crissosmos entra done dans une grande colere, bien que Phila repondit avec une voix entrecoupee de larmes : « Que Dieu m'as- siste dans mon malheur! je ne sais ou sont mes enfants! » Le roi, apres avoir reflechi un instant, la quitta, s'en alia vers le roi Pepin et se plaignit a lui de cc que sa soeur Phila avait tu6 ses enfants. Pepin repondit : « Si ma soeur a commis ce meurtre, comme on Ten accuse, il faut s'en enquerir loyalement, et si elle est coupable, elle doit etre punie suivant la severite des lois. » Ici je dois arreter ce recit pour vous dire comment Valentin fut recueilli dans la foret. La fdle du roi Pepin , Clarina , allait de bonne heure un matin avec un de ses pages se promener sur le bord de I'eau , elle apergut un petit panier flottant sur I'eau; elle ordonna a son page de le prendre et de I'amener doucement vers le bord ; elle y apergut un petit enfant enveloppe dans des linges precieux; elle I'emporta, charmee, dans ses bras, et r6flechit avec le page comment elle pourrait I'elever secretement. Elle resolut de le nourrir avec du lait de chevre sans que personne le siit. Ayant aperru une croix rouge entre les epaules de Tenfant, elle sut par la qu'il etait d'une noble naissance. Phila fut conduite devant le tribunal. Son frere, le roi Pepin, lui dit : « Comment as-tu pu commettre une action si cruelle que de detruire ainsi toi-meme le fruit de tes entrailles! Tu I'expieras — 240 — par une mort honteuse sur ce biicher ardent, a(in que tout le zuonde connaisse ta honteuse action. » Phila repondit : « Puisse Dieu ni'aider dans ce malheur, conime il est vrai que je ne sais pas comment cela est arrive et comment mes enfants ont ete eloignes de moi. » L'eveque Frankart reprit : « Je sais le moyen de lui faire dire la verite. » ¥A il ordonna qu'on fit le bucher encore plus haut et plus ardent, afin qu'elle tremhlat davantage pour sa vie et quelle se declarat coupable. II s'approcha cVelle ensuite avec sa ruse et lui dit : « Madame, je vous conseille pour le salut de votre ame de reconnaitre voire faute et de recevoir pour vous aider le corps de J. C, car vous voyez que vous etes a votre der- nier moment. » Elle repondit avec angoisse et indignation : « Quoi ! voulez-vous dire que mon ame soit corrompue ? Non ; le juste Juge connait mon innocence : j'affirme que je ne suis pas coupable. » Alors l'eveque cria a haute voix, de faqon a ce que tout le peuple I'entendit : « Elle a reconnu et avoue son crime; Vous pouvez done la juger d'apres son propre aveu. ■> Mais apres qu'il eut ainsi parle, Phila se dressa tout a coup dans un acces de desespoir et comme hors d'elle-meme; elle saisit Teveque par les cheveux, le renversa par terre et le mordit au nez, et lui dit : « Traitre me- chant! tu en sais plus que je n'en sais moi-menie sur ce meurtre qui fait mon malheur! » Aussitot le jeune chevalier Blandanier s'approcha et, atlirant loin d'elle l'eveque Frankart, il lui dit : "Frankart! sois-en bien sur, si tu n'etais pas un pretre, je te defierais au combat pour la cause de celte princesse et je te for- cerais de decouvrir toi-meme ta propre faussete. Je veux voir si quelqu'un sera assez hardi pour la vouloir bruler injustement et pour assouvir sa haine. » Le pere de Blandamer etait un riche due qui s'appelait Baudouin et qui dil a son fils : « Pourquoi t'olTrir a ce danger? — Pere, repondit le joune homme , quand je rectus la chevalerie, je fis le serment que, si je voyais quelque personne injustement opprimee, homme ou ferame , je hasarde- rais ma vie pour la delivrer de son oppression ; je dois done le faire aujourd'hui pour ma dame et reine ; je veux la secourir, ou bien mourir pour elle! » Nul des seigneurs n'acceptant le combat, le due Baudouin proposa d'expulser la princesse du pays, 'lous y consentirent. Le noble chevalier Blandamer declara qu'il serait son serviteur jusc[u'a la mort. On donna a Phila un cheval de la valeur de cent marcs. Avant de monter a cheval , tous deux niau- — 241 — direnl Je pays et s'eogagerent dans des chemins qui leur etaieut inconnus. Blandamer et la noble dame arriverent le premier soir vers une eau courante et y virent une tente dressee dans une belle vallee, avec une iampe qui y briilait, un lit precieux lout prepare, du vin et du pain , et tout ce qu'ils desiraient. Alors Blandamer dit : •< Madame, qu'il vous plaise de reposer cette nuit; je me tiendrai ici en dehors devant la porte, afia de savoir qui viendrait pour vous eveiller. » lis s'assirent a table , se recommanderent a Dieu et lui demanderent qu'il fut leur gardien ; Phila fit ensuite le signe de la croix avec sa main sur la table. Aussitot le diable apparut, qui brisa la tente en morceaux et jeta et dispersa tout ce qui etait la. II voulait leur nuire , mais ils furent si bien conserves par Dieu qu'il n'en eut aucun pouvoir. Le matin ils partirent de cet endroit et rencontrerent un chevalier noir; il conduisait une jeune fiUe avec lui; elle pleurait beaucoup , paice qu'il la frap- pait d'une telle faqon qu'elle saignait dn nez et de la bouche , et cela parce qu'elle ne voulait pas obeir a ses volont^s criminelles : "Pourquoi, dit Blandamer, traitez-vous si mal cette jeune fille, ou quel est son crime ? Expliquez cette violence et cette honleuse action; y a-t-il quelque rai^on dans ce que vous faites.i'xLe che- valier noir lui repondit : « Cela n'est pas votre affaire; et vous etes bien hardi. Je ne crains pas trois ennemis a la fois; vous perdrez votre jeune vie et je garderai voire femme. » lis combatlirent alors; les boucliers se briserenten morceaux; les cuirasses etaient rouges de sang. La jeune fille et Phila s'^taient assises a c6t6 I'une de I'autre et priaient Dieu que Blandamer fut vainqueur. Dieu le secourut en effel et le rendit vainqueur; il tua le noir chevalier. Alors la here jeune fille dit a Blandamer : « Mon pere n'habile pas loin d'ici ; il est roi d' Arable, et ce chevalier m'avait emmenee de sa cour par force et par ruse, a son insu. Que voire Dieu vous recompense; si cette honnete dame n'elait a vous, je serais la votre. » Le jeune Blandamer lui repondit : « Noble jeune lille, sa- chez que Phila est ma noble dame el que je suis son serviteur ; que ce qui plait a Dieu puisse arriver! » Et ils s'eloignerent en- semble. lis virent bientol un homme assis sur le chemin; c'etait un pe- lerin. Tous trois chevaucherent a sa rencontre. II avail du pain et du vin et une bouteille pleine dune boisson engourdissante avec — 2!i2 — laquelle il avail coutume de trahir ceux qui se fiaient a lui. Us lui direnl : « Vends-nous de ton vin et de ton pain. » Le traitre ieur repondit en termes poiis : « Si vous voulez faire reposer vos chevaux je vous donnerai volonliers le nieiileur de ce que j'ai. » Comme ils s'assirent et converserent, ii demanda s'ils n'avaient pas vu un chevalier noir chevauclier paroii ils venaient; Blandamer repon- dit : « II ne nuit plus a personne et ne nuira plus jamais; il est inort de ma main. » Quand ce Irailre entendit ces paroles il refle- chit ainsi en lui-meme : « Cela te couterala vie. » II Ieur dit : « Man- gez et buvez et soyez joyeux ; » et il Ieur donna de sa boisson engourdissante. Ils burent et bientot dormirent tons les trois si profondement que personne ne pouvait les reveiller. Alors le Irailre prit Blandamer, le plara sur son propre cheval, le conduisit au chateau ou il habitait; il y raconta la mortdu noir chevalier, son seigneur : « Voici, dit-il, que j'ai eel homme qui I'a lue; laites-lui son proces; il y a encore a la suite deux belles femmes qui sem- blent etre de sa lamille, je vais les amener ici; elles seront nos esclaves. » Blandamer fut place endormi dans la lourou beaucoup d'autres prisonniers se trouvaient deja; quand il s'eveilla, il lut elonne : « Est-ce que je reve."* Ou est mon epee. » H examina au- tour de lui, vit qu'ii avail des chaines a ses jambes : » Comment suis-je venu ici.'' Je n'ai aucune blessure, ce doit etre reflet de cette boisson fatale! » II resta dans cette tour treize annees. Pen danl que Blandamer etail dans la tour, vintun lezardlaoii etaient la jeune Idle et Phila; il gratia sur elles avec ses pattes et elles s'e- veillerent : « Vraiment, dit Phila, nous avons perdu Blandamerl C'etail un Irailre qui etait la; comment lui echapper?» Elles s'e- loignerent dans des deserts profonds. Pendant ce temps vint le traitre, qui croyait les trouver endormies; il prit sa course dans les bois apres elles, mais ne les Irouvanl pas, il revint tristement. Phila et la noble jeune fdlelrouverent a quelque distance de la un chemin de traverse; elles allerent tres-loin et commencerent a voir un riche chateau avec des creneaux eleves. Alors la jeune fille dit : « Je connais bien ce chateau! II est dans le pays de mon pere; allons y toutes deux, vous y reslerez toute voire vie pres de moi, noble princesse, et moi pres de vous, comme la fdle pres de sa mere. » Elles entrerenl dans la salle, tous les seigneurs les entou- rerenl avec grand honneur. Le roi Ieur souhaita labienvenue; la jeune fdle lui raconta comment le chevalier noir I'avait enlevee — 243 — de force et comment Blandamer I'avait sauvee; elle lui fitensuite connaitre sa compagne Phila : «Maintenant, lui ditelle, que vous avez perdu Blandamer le noble chevalier, vous devez rester ici pres de moi et nous vivrons ensemble. » — Phila resta pendant douze annees avec elle. Dans le domaine du roi etait un sommelier, Irailreet vicieux; il s'appelait Gawin; epris d'un vif amour pour la noble Phila, il tourna vers elle tous ses voeux et n'en regut que du mepris'. Ici je dois vous dire comment Clarina eleva I'enfant qu'elle avait trouve flottant sur les eaux. Get enfant fut appele Valentin ; il grandit heureusement; age de douze annees a peine, il avait Fair male et hardi , et partout ou il allait, la terre tremblait sous ses pas. Glarina devint amoureuse de lui, iiiais Valentin lui disait : « Jeune fille, vous ne devez pas estimer un homme avant qu il n'ait fait quelque action virile, el je suis encore un enfant. » Le som- melier de la jeune fdle lui parla de meme; mais ses paroles irri- terent Valentin, qui voulut le tuer. Le sommelier se sauva jusque dans la salle du roi; Valentin Ty suivit, et, en presence du roi et de sa cour, le frappa de sa main de telle sorte, que la tete sauta du corps sur le plancher. Irrite a cette vue, le roi s'ecria : « Gheva- liers et nobles hommes, saisissez ce traitre! Gommettre un fel meurtre en ma presence! (Le roi ne savait pas que Valentin etait son neveu.) Gela lui coiitera la vie; que personne ne me prie en sa faveur. » Le jeune Valentin repondit : « Seigneur, si un homme s'approche de moi a la distance de la main, jevous le dis en verite, je le repousserai. » Quatre hommes s'avancerent pour le saisir; de sa seulc main, il les frappa jusqu'a ce qu'il les eut tues. Alors, quarante hommes s'avancerent contre lui, le pri- rentetle mirent dans la lour pour atlendre son arret. A cette nou- velle, la fiere jeune fiUe Glarina vint en pleurs vers son pere et dit : « Gher pere et seigneur! pour I'amour de Dieu et votre hon- neur, laisser tomber votre colere, malgre son tort. Son pere est roi de Portugal; il me I'a envoye en tout honneur pour qu'il ap- prit ici la politesse. » Le roi repondit a sa fille : « II faut qu'il reste quelque temps en prison; mais sa vie ne sera pas en danger. » Ensuite vint d'Espagne un messager qui, introduit dans la ' Ce n'est pas a notre analyse, tres-voisino du texte dans les passages im- portants, qu'il faut inipulcr Ic diMaul de transition el de liaison; c'est ^ Tauteur du r^cil. — 244 — salle (lu roi ou toute sa cour est reunie, parla ainsi : « Spigneur roi! le roi d'Espagne, mon inaitre, vous fail prier que vous le secouriez avec toute la force dont vous pouvez disposer, parce que les paiens Sarrazins molestent les Chretiens de son royaume, pillent et brulent et ravagent tout son pays; deja ils ont assiege avec une grande force Seville, si bien qu'on ne peut plus y entrer ni en sorlir. Le roi Pepin dit : « Seigneurs et nobles hommes? preparez-vous ; nous irons secourir le noble roi d'Es- pagne et acquerir coutre ses ennemis gloire < t honneur. » Ils se reunirtnt environ mille chevaliers et nobles hommes ; armes de pied en cap, ils marcherent contre les paiens, et aVriverent le troisieme jour dans Seville sans bataille. Ils furenl bien rectus du roi de Seville et de ses seigneurs; le deuxieme jour ils s'a- vancerent pour le combat des le point du jour et sortirent de la ville. Le roi Pepin de France demanda au roi d'Espai;ne a se mettre a la tele de Tarmee, afin qu'on put voir s'il y fcrait quelque belle action. Le roi d'Espagne repondit en lui donnant une nile de son arniee, tandis qu'il se placait a I'autre. Le combat dura jusqu'a midi. Bien des chevaliers furenl lues, bien des glaives rompus, et les paiens furent vainqueurs. Aiors,le roi Pepin dit au roi d'Es- pagne : II Nous avons perdu beaucoup de monde, et si nous com- battons encore de la sorte, ce sera notre perte. Nous aurons plus de puissance ici en nous contentant de resister. » Ils retournerent done dans la ville. Pepin envoya dire a sa fdle Clarina de lui en- voyer le plus d'hommes possible, au moins trois mille. Celle-ci pu- biia le ban dans tout le royaume de son pere et fit sorlir Valentin de la tour pour prendre conseil de lui. II vint dans la salle ou les seigneurs deliberaient,et dit : « Noblejeune fille,envoyez-nioi enEs- pagne, les paiens verront que je ne fuirai pas devant eux. Je ferai cela pour I'amour de vous , noblejeune fille , et je vous prie que vous me revetiez vous-meme de mes armes, du bouclier et do casque, afin que j'en sois plus hardi. » — « Je ferai ce que vous demandez, repondit Clarina. « EUe fit aussitot etendre a terre un precieux tapis. Valentin s'y placa, elle lui init sa cuirasse, si fortement labriquee que nul homnie n'en eiit pu ronq^re un anneau, car on avait mele au metal une goutte de sang de Notre-Seigneur; elle y ajouta une cotte d'armes, toule dor, et qui reluisait comme le so- leil, Elle lui donna ensuite son epee, qui valait beaucoup d'argent, puis elle lui cliaussa ses eperons, puis le fit mettrea genoux, prit — 245 — elle-meme une epee, et, apres Ten avoir frappe trois f'ois, elle dit : « Vous pratiquerez noble chevalerie. Vous vous servirez du bouclier et de T^pee. Soyez le protecteur de la jeune fille, de la veuve et de I'orphelin, et de tout opprime; que le malheureux qui implore la clenience ou le salut vous trouve pret a le secourir selon votre puissance; soyez d'ailleurs sans crainte, ainsi vous pra- tiquerez noble chevalerie. » Valentin lui repondit doucement : « Noble jeune fille, j'obeirai a vos commandements, et que Dieu mesoit en aide! Noble jeune fdle, laissez-moi niaintenant prendre conge de vous , car je ne dois pas rester davantage. » La Here Clarina dit alors a tous les seigneurs reunis : « Ce jeune chevalier Valentin sera votre capitaine pendant le voyage, jusqu'a ce que vous ayez rejoint Tarniee de mon pere; obeissez-lui, au nom du roi mon pere. » A peine les chevaliers etaient-ils arrives a quatre niilles des paiens, qu'ils durent livrer bataille. Furieux combat. Valentin pe- netre au milieu des ennemis, et rameme prisonnier leur roi Samarin. Joie des deux rois chretiens enfermes dans Seville, qui est bientot delivree. Le roi Pepin etait a la chasse autour de Seville, le lendemain de ce combat, quand un de ses chevaliers lui dit : « Seigneur, voyez la-bas quel singulier animal court dans la foret; je n'en ai jamais vu de semblable. » Deux chevaliers se mirent a la chasse de ce monslre, qui n'etait autre que le frere de Valentin , et qui ne connaissait ni son pere ni sa mere. Les deux chevaliers, puis dautres apres eux, ayant ete tues par ce monstre , Valentin s'avanga contre lui; sa cuirasse le preserva des premiers coups, il le blessa de son epee, el le monstre, etendu a ses pieds, fit signe qu'ii se rendait. Valentin delia sa ceinture, la lui passa autour du cou et le ramena prisonnier. Joie du roi Pepin; joie de Clarina, qui felicite Valentin et I'embrasse. A cette vue, le monstre s'elance irrit6 sur Clarina el la maltraile, jusqu'a ce que Valentin I'ait soumis en ie chatiant du f'ouet. Etonnement de la cour a la vue de ce monstre, qui se tenait maintenant, attentif et humble, aux pieds de Valentin. On delibere pour savoir quel nom lui donner, et Ton decide qu'on I'appellera I'Anonyme [Namnlos). Apres avoir gueri les blessures de son frere, grace a un breuvage puissant que possedait Clarina, Valentin lui fit prendre un bain ; puisilmanda un barbier pour couper sa longue et inculle chevelure. Le barbier — 246 — fut mis en morceaux. Valentin se chargea done de cetle toilette, et, apercevant entre les epaules de son frore une croix rouge, il pensa qu'il etait ne cliretien. 11 lui apprit a se tenir sur ses deux jambes, a marcher; bieutotmeme, sans pouvoir parler Jui-meme, Namnlos sut comprendre ce qu'il entendait. Valentin se niit bientot en route avec Namnlos, et malgre les pleurs de Clarina, pour rechercher son pcre et sa mere. Le troi- sieme jour de leur marche, ils rencontrerent un berger, a qui ils demanderent dans quel pays ils se trouvaient. « A un mille d'ici repondit le berger, vous trouverez un chateau; passez votre che- min.car il est rempli de brigands; un peu apres, il y a une vallee oil sont d'ordinaire vingt-quatre de ces brigands; grace a une liqueur assoupissante, ils out enleve deja a plus d'une mere son enfant. En elTet, a peine Valentin et Namnlos avaient-ils fail qu.lques pas en avant, que quatre hommes vinrent a eux. « Seigneurs,, diient-ils, goutez de notre vin »; et ils olTraient un hanap^ Va- lentin saisit le vase et le brisa en mille morceaux sur la tete du premier qui se presentait; le combat s'engagea aussitut. Victoire de Valentin el de Namnlos. — Nouveau combat el nouvelle vic- toire aux portes du chateau. — Ceux qui etaient dans le chateau, etonnes de tant d'audace, tinrent alors conseil et resolurent d'en- voyer contre les nouveaux venus ce chevalier, Blandamer, qui etait prisonnier chez eux depuis treize ans. Blandamer, brise par la prison, se soutenaita peine; il s'arma cependant, mais il disait en lui-meme : « Que m'ont fait ces deux etrangers pour que je les combatte; toutefois j'ai promis de le faire et je dois tenir ma parole. Quand Valentin le vit approcher : « Traitre, dit-il, tu vas perir, loi el la maudite engeance. » — « Noble chevalier, repondit Blandamer, vous me failes injure; Dieu sait quelle est ma race, et voici treize ans que jesuis ici prisonnier. Jesors aujourd'hui pour la premiere fois de cetle tour a la condition de vous prendre ou ' Napjnn. Napp signifie encore aujounl'liui dans la langue ordinaire des Sud- dois un biberon. 11 y a bien probablement analogic enlie ce nnot el le mot francais du moyen age hancip ou kennap. — Ces vieux textos su^dois ollrent ainsi h chaque instant de curieuses observations pbilologiques : je trouvc, dans le lexlc memo dont je viens de donner ici la traduction abrdgee, (ilauia pour signifier evidem- ment un ijlaive ; Icchhard pour signifier, je pense, un lezard. Les testes islandaifi du xiii' si^cle nous ont olTert plus baut de pareilles observations. — 247 — de vous tuer. " — lit il leur raconla toute son histoire avec celle de Phila. Valentin ne savait pas encore que Phila fut sa mere, mais la nature parlaita son coeur. — « Suivez mon conseil, con- tinua Blandamer, donnez-moi votre epee et cette massue que porte votre cornpagnon, et je vous conduirai dans le chateau comme prisonniers. La , vous reprendrez vos amies, et nous tue- rons ces brigands. Puisse Dieu nous etre en aide! j — lis llrent de la sorte, prirentle chateau, delivrerent les prisonniers riches et pauvres, chevaliers et vilains, mirent le feu a ce repaire, et le ruinerent entierement. — Valentin s'informa ensuite de Phila. Blandamer lui dit qu'elle etaiten Arabic, et que, s'il voulait Taller trouver, il devait prendre ce cheniin a droite. H se dirigea done de ce cote. Le sommelier du roi, Gawin, voulait, avons-nous dit, se faire aimer de Phila. Irrit^ de sa resistance, il se disait : « Cela luicou- tera la vie. » Une nuit que la fdle du roi et Phila etaient couchees ensemble, dans les bras Tune de I'autre, il entra dans leur chambre, si doucenient qu'elles ne se reveillerent pas, coupa In gorge a la fdle du roi, et mit le couteau entre les mains de Phila, tout cela sans qu'elle se reveillat. PiSis il alia trouver le roi : « Seigneur, dit-il , j'ai fait un reve eflrayant concernant la prin- cesse votre fdle. Puisse Dieu la proteger! » Le roi eflraye se rendil vers lachandjre desa fdle. Saterreur. Etonnenient de Phila qu'on reveille, « Malheureuse, lui dit Gawin , comment as-tu recompense cette douce princesse qui t'avait accueillie et sauvee; » Protestation de Phila. Gawin la fait lier, avec le couteau dans ses mains; on decide qu'elle va etre brulee, le bucher est prepare. Mors arrivent Valentin , Namnlos et Blandamer. — « Que cette femnie, dit Valentin, ne soit pas brulee avant que nous ayons entendu son recit"; carles paroles de Gawin sont telles qu'il pa- rait en savoir davantage sur ce meurtre que I'accusee elle-meme. » — « Je combattrai pour elle contre toi , dit-il a Gawin , cette fenmie est innocente. » — Le combat est accorde. Alors Gawin dit aux siens : « Get homme est plus fort que moi, je me sais cou- pable d'ailleurs; comment me sauver?» — Un des siens lui dit : « Mieux vaut le combat que d'etre decapite , et tu ne peux echapper ' "Laten henne blififue obrendaj sua lenge at vi skselligaB hoers hennes brnt.» N'est-cepas ici I'ancien mot brul qui signifie bruil, tradition repilie f(i ei lA, ra- meur, histoire populaire, rccil ? — 248 — a moins. Les deux compagnons de Valentin voni etre gardes dans la tour pendant le combat; nous serons la pour te secourir ettuer ton adversaire. » — Le comljat commence en effet, apres qu'on a conduit Blandamer et Nanmlos dans la tour. Valentin se voil assailli par un grand nombre d'ennemis, apres qu'il a terrase Gawin. Heureusement Namnlos voit, des fenetres de la tour, ce combat inegal. II brise ses portes, accourt avec Blandamer. Vic- toire. Blandamer saisit Gawin blesse, Tapporte devant le roi et le force a avouer tout son crime; il est traine dans la ville par deux chevaux, puis jete dans la poix bouillante et place sur la roue. Phila quitte cette cour avec ses liberateurs lis se separent bien- tot, ayant trouve deux chemins entre lesquels i!s hesitaient; Valentin et Namnlos allerent dun cote, Blandamer et Pbila de I'autre. Blandamer et Phila arriverent a un grand chateau qu'liabitait un geant nomme Margros. — Son portrait. — II euiprisonne Blandamer et Phila, a qui il confia qu'il etait amoureux d'une de ses prisonnieres que gardait malheureusenieiit une foroce pan- there. Blandamer et Phila resterent un an dans cette prison. Quant a Valentin et Namnlos, ils rencontrerent une jeune fille assise au pied d'un arbre : " Ici, leur dit-elle, habite un geant qui vous forcera de lui donner mille livres d'or ou vous tuera; je vous conseille de partir au plus vite. Je suis restee au pied de cet arbre huit ans et onze rnois. Dans un mois, le geant doit me prendre pour iemme. Je dois cependant etre delivree par un homme fds de roi et muet jusqu'a ce jour, qui, dit-on , n'a jamais bu lait de femme; cet anneau d'or qui pend a cette branche, lui est reserve. . . Je crains qu'il ne vienne pas, celui qui doit etre mon sauveur. . . partez , amis. » — Valentin lui repondit : « Nous attendrons le geant et nous mourrons avant qu'il vous ait prise pour femme. — Le geant arrive. Combat. Namnlos tue le geant et lui arrache le coeur. La jeune fille prend I'anneau d'or et le donne a Namnlos. Get anneau d'or, quandla pierre est tournee du cote de la main, rend invisible. Namnlos remercie la jeune fille; ils la reconduisent chez son pere, qui la donne (elle s'appelait Bo- samonde) en manage a Namnlos. — Fetes du mariage. Valentin se remet en route avec Namnlos. Un messager qu'ils rencontrerent les amena vers le roi de Hongrie, qui cherchait des auxiliaires contre ses enneniis. Les — 249 — voila chez leur pere, a leur insu. Sortie des chretiens contre les paiens. La massue de Namnlos , dont la personne et le bras sont invisibles, fait merveille, au grand etonnenient des deux partis; 3o,ooo paiens sont tues et le roi de Tartarie est fait prisonnier. L eveque Frankarl, qui a insulte Namnlos et Valentin a la table royale et en a ete puni, veut comploter avec le roi paien la perte de ses deux vainqueurs; mais celui-ci traite loyalenient avec leroi de Hongrie. Valentin et >famnlos quittent la cour; ils rencontrent dans une verte vallee une panthere, qui dit a Valentin : « Je vous ferai sa- voir ou sont votre pere et votre mere; suivez-moi. » Elle se dirigea vers une jeune fille et lui dit : « Void un chevalier qui s'appelle Valentin, et celui-ci, Namnlos, est sou frere; le roi de Hongrie est leur pere et leur mere s'appelle Phila; elle est soeur du roi de France; elle est dans les prisons du geant Margros. » — La pan- there apprit aussi a la jeune fille que Namnlos avait sous la langue une veine qu'il fallait couper et qu'apres cette operation il pour- rait se servir de la parole; elle acheva en disant : « A I'instant ou vous temoignerez a Valentin votre amour , vous me perdrez. » Valentin entra bientot avec Namnlos : « De ma vie, dit-il en en- trant, je n'ai vu plus belle jeune fille. » Aussitot la jeune fille lui dit d'approcher et lui fit des caresses; au moment meme , la pan - there eclata « comme un oeuf ». — « Pour vous, dit la jeune fille , j'ai perdu ma panthere; je vous apprendrai qui sont vos pere et mere , apres que vous m'aurez promis de me piendre pour femme. » — Elle raconta toute I'histoire des deux freres, que Crissosmos e'ail leur pere , ou etait Phila. . . Elle coupa la veine qui retenait la langue de Namnlos, et celui-ci parla et loua Dieu. lis allerent de- li vrer Phila, apres avoir enleve au geant un anneau qui le rendait invincible. Ils delivrerent aussi Blandamer, puis revinrent vers Rosalilia, la jeune fille, qui epousa Valentin. lis retournerent apres cela en Hongrie, oil ils se firent recon- naitre de leur pere. Frankart fut ecartele. Blandamer, Valentin , sa femme et Namnlos retournerent en France ou Pepin les recon- nut. Fetes et tournois. Le due Baudouin reconnait Blandamer, son fils; celui-ci epouse Clarina, fille de Pepin, etdevientroi d'Espagne apres son pere. Valentin devient roi de France apres la mort de Pepin. Namnlos reste fidelement a ses cotes. Rosamonde, qui s'est deguisee en chanteur et rimeur pour aller a la recherche de son — 2r)() — mari, Namnlos, le retrouve en France, grace a un chant qu'elle recite a Namnlos lui-meme et dans icquel elle retrace toute son histoire. Namnlos lui-meme devient roi de Hongrie apres la mort de Crissosmos et regne avec gloire pendant vingt annees. «Que Dieu, qui lui donna \a puissance, Accorde a noire recit line bonne fin. Vous venez d'enlendre Comment s'esl deveioppee celte histoire. lis vecurent tous depuis lors Jans ia joie et le repos, Et conquirent le ciei, j'en ai la croyance. Puisse Dieu nous etre aussi propice! Que celui-ci qui le souhaite avec nous dise : Amen ! Then gudb , som honom then maktena sende , Han giffui wart mall en godan endse! N\v haffuin j hcert j thenne tidhi, Huru them xt forlidin theres quidhse. The liffde siden mz glapdi och ro, Och fingo himmeriket; thz aer min tro. » Thz vnne os gudh allae sama;n! Hwem thz aer liuU't, han sigise : Amen ! » o On voit que ce sont huit vers rimes. Tres-frequemment ainsi cette version suedoise admet des vers rimes au milieu du texte , indice presque incontestable que I'original suivi par le traducteur etait lui-meme en vers. La plus rapide comparaison entre cette analyse de la version et la paraphrase en prose du xv' siecle suffit a demontrer qu'il nV a entre elles deux qu'assez peu de ressemblance. Le principal epi- sode est le ineme, il est vrai, dans les deux ouvrages; on trouve dans Tun et dans I'autre la naissance des jumeaux dans une foret, le sort different de chacun d'eux et la jeunesse inculle de celui qui est nourri par une louve. Il y a bien dans Tune et I'autre ver- sion un roi de France , Pepin , un archeveque qui persecute une reine innocente , des combats et des enchantements; maisles noms propres sont a peu pres tous difTerents et il n'y a de conimiin fina- lement que trois ou quatre episodes. L'enchanteur Pacolet et le geant Ferragus, Eglantine, la belle Fezonne, la belle Esclar- monde et la celebre Tete d'airain paraissent etre d'une invention plus recente que les personnages et les artifices du reman traduit en suedois. Ce n'est pas que celui-ci brille beaucoup plus que I'aulre par I'originalite, par la richesse des inventions ni par la simple — 251 — conduile du rcrit, mais il est fort possible que la version suedoise ne nous oflVe elle-nieme qu'un remaniement un peu incoherent d'une traduction primitive; il est possible que les traducteurs du Nord y aient ajoute ou modifie quelques recits; tant il est diffi- cile d'arriver, parmi ces monuments de notre litterature du moyen iige, a se mettre en possession d'un texte vraiment primitif et ori ginal. Citerons-nous comme une preuve d'auteriorite en faveur de la version suedoise, outre les preuves qui luisontincontestablement acquises, que le narrateur y iusiste fort peu sur la description du monstre Namnlos , tandis que la paraphrase frangaise decrit tout au long sa villosite et Fappelle nieme d'un nom qui la designs ? L'homme vela, symbole de la force, apparait a la verity, des le xiii°siecle, comme un adversaire plus redoutable que les hommes ordinaires contre ies paladins errants de la chevalerie, plus cou- rageux que les autres hommes; il n'est bien frequent qu'a partir du xv° siecle; il se rencontre des lors a chaque instant, sur les objets d'arl par exemple ^ Mais ces details paraitront superflus en comparaison des preuves que nous avons deja fournies pour demonlrer que \e Namnlos et Valentin est bien reellement I'ancien poeme fran(^ais du xiv" ou du xin" siecle, d'apres lequel a et^ ecrite la paraphrase du xv°, qui nous est seule parvenue sous le titre de Valentin et Orson. Quel iuteret n'y auraitil pas a retrouver ce poeme, et I'analyse que nous en avons donnee , ne pourra-t-elle pas servir soit a le faire reconnaitre s'il <^it ignore dans nos depots de manuscrits, soit a en restituer a I'histoire de notre litterature le souvenir et presque I'image? ' Voir dans la Hevue archeologujue , t. H , p. 5oo, une notice de M. de Longp6- rier 5Hr lesfujiires velues. Voir aussi Description des objets d'arl tjiii composeut la col- lection DehriHjc-Dumcnil, precedes d'une introduction liisturiquc , par Jules Labarte , i8i/i7,gr. in-8°. — 253 — Suite des notices et extraits dcs iiianuscnts conceriuint I'hisloire on la littd- rature de la France qui sont conserves dans les hibliotheqaes ou archives de Suede, Danemark et Norvege. — Uapporl de M. A. Gejfroy; 2' partie. S 2. MANUSCr.ITS latins ou FRANCAIS UE la BIBLIOTHEQUE ROYALE DE STOCKHOLM. La bibliotheque de Stockholm est, sans contredit, la plus impor- tante des bibliotheques que je devais visiter. Elle ne date, a vrai dire, que du regne de Charles X Gustave, i65a-i66o, ou meme de celui de Charles XII, 1697-1719, puisque I'ancienne biblio- theque des rois de Suede fut en grande partie emportee par la reine Christine lors de son abdication ou pillee par ceux qui Tentouraient , ct que le grand incenclie de 1697 ne laissa intacts que 6,286 volumes de cette collection ^ Ce i'aible reste devint le noyau de la bibliotheque actuelle, qlii fut dotee, le i" novembre 1796, du beau local qu'elle occupe aujourd'hui, dans I'aile nord- est du chateau royal. Elle s'augmenta de la bibliotheque privee du roi Gustave IV Adolphe, qui comprenait i5,ooo volumes, puis de nombreuses et importantcs donations; les dietes suedoises lui accorderent de plus des allocations considerables ; elle possede aujourd'hui pres de 100,000 volumes imprimes et /i,ooo manus- crits. II y aurait de curieux details a donner, independamment de ce de mesme facon. 87. Dito ] 88. Une piramide ou cilindre de boite. 89. Une petite coupe avec une piramide sur le couvercle. 90. Une coupe avec son couvercle. 91. Une piramide avec un piedestal d'ebene. 92. Une petite coupe abec son couvercle, tournee en viz. 93. Une boite auec deux piiamides. 94. Une petite coupe d'ivoire. 95. Dito, avec une piramide tournee en vis. 96. Dito, avec un couvercle de menuiserie. 97. Dito, avec un couvercle fait en fa(;.on de piramide. 98. Une petite coupe tournee en fa<;oa de tonneau, avoc un cilindre sur le couvercle. 99. DiYo, avec une tasse sur le couvercles. De Prague. 100. Une grande coupe, avec une fontaine sur le couvercle. 101. Dito une petite avec un couvercle rond. 102. Dito une plus petite, avec une piramide et une croix sur le couvercle. 103. Une coupe avec son couvercle, representant une rose. 104. Dito avec un couvercle plat. 105. Dito avec un couvercle en faron de piramide. 106. Une boite ronde avec des filets dores et un petit oyseau la dedans. 107. Dito peinte des filets dores, et un papegay la dedans. 108. Une ronde tasse, avec un couvercle plat. 109. Un pot sans couvercle. 110. Une boite ronde avec un couvercle simple. 111. Une rarete en faron de piramide mise dans une caisse brune. 112. Dito, mise dans une caisse noire. 113. 2/i trenchoirs dont les coins sont graves. 114. Une grande coupe, avec un feston de plusieurs sortes de fleurs. AflSS SCIENT. IV. 3 1 — 318 — 115. Dilo de aiesuie farou. 1 15. Dito avec une haute piramide tournee en vis. 116. Dito tournee avec un couvercle de menuiserie. 117. Dito, une coupe avec un couxercle rond. 118. Dito, uue coupe tournee en vis avec des mailles, et un cou- vercle orne d'une petite piramide. De Prague. 1 19. Dito une coupe avec un couvercle orn^ d'un pot de fleurs. 120. Dito, une coupe avec un couvercle garnie de plusieurs petites piraniides. 121. Dito, une coupe d'ivoire, avec une piramide de mailles de bois cVebene. 122. Dito, une coupe sans couvercle. 123. Dito, avec un couvercle d'ivoire, orn6 d'une toufe de fleurs ct d'une piramide d'ivoire. 12i. Dito, ayec un couvercle plat et une fontaine la dessus. 125. Dito, avec un couvercle garnie d'un feston en sculpture. 126. Dito, avec un couvercle en forme de fontaine. 127. Une boite ronde avec un couvercle plat. 128. Une boule d'ivoire avec des pfacques d'ivoire et un gland d'or qui en pend. 129. Un grand oeuf d'autruche, demy peint de fleurs. 130. Une grande piece d'ivoire fait en piiamide, avec un globe et Mercure, gardee dans un estuy noir de fdets dores. 131. Une baute piramide, avec un globe et une piece faite en piramide. 132. Une longue pierre en forme de piramide enrichie de deux grenatf's. 133. Un long baston tourne, d'ivoire avec des mailles. 134. Dilo un piedestal d'argent dore. 135. Une grande coupe, sur le couvercle il y a la figure de saint George. ' 136. Dito, avec un Romaiu sur ie couvercle. De Pragao. 137. Dito, qui, sur le couvercle, a une piramide et une granade. 138. Dito, avec un couvercle rond et une granade et piramide la dessus. — 319 — 139. Dito, sur le couvercle il y a un serp«!nt. 140. Une grande coupe entourn^e de mailles. 141. Une coupe d'un oeuf cl'autruche garnie d' argent dore, porte sur un piedestal d'ivoire, dont le couvercle est orne d'un rocheu. 142. DUo, porte sur un piedestal d'argent dore, avec un Cupi- don sur le couvercle. 143. Une bosse d'ivoire representant deux pourtraits, portee sur un piedestal d'ivoire garnie de bois d'ebene et de verre dessous. De RladammG Maria de la Gardic renda a la Royne. 144. Deux pieds de table d'ivoire garnys d'argent, etc. De la Royne mere. 145. Un grand pot d'ivoire dont le debors est faicten menuiserie, et le dedans d'ore, mis dans un estuy rouge dore. 146. Un pot d'ivoire orne a I'entour de figures d'ivoire, par de- dans d'ore, gardi dans un estuy rouge dore. Du sieur Blom. 1 47. Un long baston d'ivoire mis dans un estuy noir d'ore et fourre de velours rousre. o De Prague. 148. Une coupe de corne , auec un couvercle et piedestal d'ivoire. Acbeto d'un tailleur de plerrc, 149. Un grand crucifix d'ivoire mis dans une caisse de bois blanc, que Sa Majeste la royne a achete de son tailleur de pierre de Dansie qui favait fait. 150. Un crucifix gisant dans une caisse de bois. Du sieur Blom. 151. Trois petites figures d'ivoire portees sur des piedestaux de bois d'ebene. 152. Une grande figure d'ivoire, qui est une Diane. 153. La figure de Mercure, d'ivoire. M. ! I . — 320 — A la cliambre delaHo>fue. 154. Doiix pols (legrancles toiifes de fleurs mis dans une caisse de bois brun. 155. [\ dens d'elephant. A la chambre de la Hoyne. 156. Un morceau d'une dent d'elephant. 157. Un navire d'ivoire, qui a este donne par Madamoiselle Elba Hansdotter. D'EIba HaDsdotter. 158. Une petite chaine d'ivoire. 159. Un tableau d'ivoire, avec une armee et un chassis noir d'e bene. Du fiieur Spiring. 160. Un tableau represenlant Jesus Christ et les apostres. 161. Un tableau de dito representant des enfans, auec un chassis noir d'ebene. 162. Un tableau de dito, avec des personnages, sur un fond de velours bleu. LES RARETEZ D'AMBRE. 1. Une tasse avec un piedestal d'ambre, qui a este dans la chambre de la royne. 2. Deux grands lavoirs d'ambre auec plusieurs figures. 3. Deux grands pots a eau ornes de diverses figures. 4. Neuf grands coupes de dito. 5. Deux bouteilles avec des bouchons d'argent et des chaines. Do Prague. 6. Une grande coupe longue. avec une syrene sur le couvercle. 7. Dito une petite tasse. 8. Une piramide avec une dorke f?). 9. Une petite boite ronde. 10. Une teste de mort. 11. Une bouteillo dort^e aver un couvercle d'or. 12. Une chaine longue de 39 grands grains et 3o petits. 13. Dito, une chaine de 56 grains. — 321 — 14. Un grand damier de menuiserie d'ambre assorty de banes d'argent, avec des dames d'ambre. De Pragae. ] 5. Dito, un plus petit avec les eschecs mercaux. (?) 16. i6 cousteaux et fourchettes avec des manches d'ambre. LES KARETEZ DE CORAL. 1. Una petite caisse de bois avec une partie de racines de co- raux. Do Prague. 2. Une racine de coral, avec un champignon qui est nay auec. 3. Un grand arbrisseau de coral non meur. 4. 2 2 arbrisseaux rouges de coral. De Madame Mario de la Garde, 5. L'image de la Sainte Vierge portant Jesus Christ sur les bras, de coral, qui est^ donnee a la royne aux eslreines par madame Marie. A. i652. LES RARETEZ DE ROCAILLES. De Prague. 1. Une grande ecaille de tortue. Da Grand Due do Russie, 2. Un petit peigne d'ecaille de tortue garny d'agate et enrichy do rubis et de turquises, de don du grand due de Russie. 3. Une coupe d'ecaille avec un piedestal d'ebene. De Prague. 4. Une petile coupe d'ecaille. 5. Dito, 6. Dito, 7. Dito, 8. Dito, I coupes d'ecaille, auec leurs couvercles d'ivoire, 9. Dito, 10. Dito, 11. Dito, — 32'2 — 12- 38 graudt-'s tasses biaiaches, do tortues seses, de nacres de perle. 13. Dito, 6 tasses de nacre de perle, avec diverses figures tail- lees. Uj. Dito, 1 3 tasses de coquille de nacre. 15. Dito, 1 tasse de coquille peinte en feuille. 16. Dilo, 20 tasses de coquilles de nacre, vertes , blanches, d'en- Iremeslees. 17. Dito, 3i7 tasses de nacre de plusieurs facons. .18. line coupe d'ecaille portee sur un piedestal de coral, avec un arbrisseau dc coral sur le couvercle. De Prague. 19. Une coiipe d'ecaille, avec un couvercle fait de plusieurs sortes de coquilles, orne d'une toufe dc fleurs. 20. Une coupe de nacre de perle assortie de coquilles. 21. Une coupe de nacre garnie de coquilles avec un couvercle en far.on de rose. 22. Dito une coupe assortie de coquilles, avec un dragon de co- quilles sur le couvercle. 23. Dito une coupe de mesme fagon. 2^1. Dito une coupe de mesme fa^on. 25. Dito une graiide tasse de coquille enrichie de jaspis et de grenades. 26. Dito une grande tasse de mesme faron. 27. Dilo une tasse plus petite, enrichie de jaspes et d'agate?. 28. Dito deux tasses larges et plates , assortie de coquille, et cnri- chies de "renades. D 29. Dito deu.x tasses dorees en fleurs et portees sur despiedestaux de coquilles. 30. Deux cuillers de coquille. 31. 9 petites tasses sur des piedestaux de coquille. 32. Un poisson de coquilles enrichy de pierres vertes. 33. Une petite tasse de coquilles avec cinq pelits lieux separez sur un piedestal de mesme. 34. Une grande tasse sur un piedestal haul de coquille, avec une piramide au milieu de coquilles. 35. Une grande tasse de mesme fa^on. — 323 — De Prague. 36. Une petite tasse avec quatre pieds de coquilles. 37. Dito une tasse enrichie a I'entour de rubis et de grenades. 38. Une grande coquille d'un ouvrage taille, qui est peint en rouge et vert. 39. Uu dragon de coquille. 40. 6 petits plats d'ecaille de tortue. 41. 200 coquilles dans une armoire, grandes et petites. 42. Deux coiTres pleius de coquilles grandes et petites, et de plu- sieurs sortes. 43. 6 grandes coquilles peintes rouges et jaunes. 44. Une petite coquille de tortue. LES VASES DE PORCELAINE. De Vambassadeur do Portugal. 1. Deux grandes cruclies contenans environ la inesure d'un ton- neau, auec un pommeau d'argent sur le couvercle. 2. Dilo li cruches blanches et bleues do niesme grandeur. 3. Dito 7 cruches phis petites peintes en bleu et blanc, 4. Dito 1 1 grandes"bouteilles blanches et bleues. 5. Dilo 32 grands plats de niesme couleur. 6. Dito wk plats plus petits de niesme couleur. 7. Dito 122 petits plats et tasses de la dite couleur. De Prague. 8. Dito 5 petites tasses dorees en peinture. 9. Dito i8 tasses peintes. ] 0. Dito 6 petits pots peints de dito. 11. Dito k petites pintes ou stoppes avec ses pieds. 12. Dito. Un petit plat de porcelaine doree au dedans et peint en rouge. 13. Dito. Trois cruches aux anses, peintes de plusieurs figures. 14. Un grand bassin ou lavoir avec une aiguiere ornee de plu- sieurs figures peintes. 15. 5 cruches de moyenne grandeur peintes avec des figures de plusieurs couleurs. 16. ik grands plats de porcelaine peinte de mesnie couleur. — 22li — 17. 8 grandes escuelles a confilure embellies deplusieurs figures de plusieurs couleurs. De Prague. 1 8. 84 plats de nioyenne grandeur, auec des figures de diuerses couleurs. 19. 5 tasses auec des figures de diuerses couleurs. 20. Une grande tasse profonde avec des figures de diverses cou- leurs. 21. Une grande sauciere peinte de plusieurs couleurs. LES RAEETEZ DES INDES. 1. Deux grandes corbeilles tissues de racines et peintes, dont Tune est pleine de toutes sortes de figures propres pour en ranger une bataille, et dans I'autre il y a 4 boursettes. De Prague. 2. i5 grandes boites rondes dorees et noires. 3. i3 grandes boites longues et quarrees noires et dorees. 4. 4 grandes boites dorees et noires. 5. 1 1 petites caisses dorees, noires et bruns. 6. Une boite ronde a serrure noire et rouge, avec i8 cuilliers d'ivoire dedans. 7. 4 caisses, dont deux sont brunes, faites de paille : une de lammes et une de bois. 8. Deux grandes tasses noires et dorees, avec des anses rouges. 9. Trois grands vases ou mails quarres, dores et noirs. 10. 4 plats rouges et dores. 11. 2 1 plats peints et dores. 12. Une escritoire peinte et doree, avec une parlie de plumes. 13. 11 boites de toute sorte de fagon peintes et dorees. 14. 2 ouvrages en menuiserie d'ebene, avec des figures. De Prague. 15. iSy petilcs tasses quarrees de diverses sortes, peintes et do- rees. 16. 26 petits vases rends de paille. 17. 2 petits plats de salinlDleu entrelav^ d'or el d'argent. — 325 — 18. 5 cuilliers des hides. 19. 2 5 plats d'aeraiii peinls de plusieurs couleurs. 20. 5 tasses d'aerain dorees. 21. 2 petits vases d'aerain dores. 22. 3 boules des Indes faites d'aerain et garuies d'argent. 23. 3 grandes bouteilles d'aerain dorees et peintes. 24. 2 bouleiiles d'estain des Indes. 25. 3 petits tambours d'aerain dorez. 26. Une boite ronde de cuir rouge. 27. 6 iivres branes d'ores en parchemin blanc. 28. Une caisse brune avec plusieurs arbres dedans, peiutes de di verses couleurs. 29. 2 petites cloches d'Inde. 30. Une balance dans un estuy rouge. 31. Deux tableaux de menuiserie avec des figures. 32. 3 petites cartes avec des pour traits des Indes tirez dessus. 33. 6 paires de souillers des Indes dont I'une est de bois et les cinq de dessure [tissure]. Do Pregne. 34. Une grande pierre longue dans un estuy noir garny de filets d'or. 35. Trois raquettes peintes et dorees. 36. Trois mains de papier blanc et rouge. 37. lA grands couteaux des Indes. 38. Une espee des Indes, d'os d'un poisson. 39. Une massue d'os des Indes. 40. i6 grandes boites rondes tessuies [tisshs?] de paiiles dorees. 41. 12 dito plus petites, avec anses et dorees. 42. Un harnois avec une casque peint d'or et noir. 43. Trois chaines de coquille. 44. Trois chaines de dens de toute sorte d'animaux. De Prague. 45. Deux chaines d'ecaille de noir. 46. Deux tiens^ pleins d'eschantillons de toute sorte de bois d'Inde. 47. 4 grandes coquilles de noix des Indes. ' Deux vases, dciu conlenanls? — 326 — D'uu capitaice. 48. Un conipas des Indes donne par un capilaine de vaisseau , qui I'en auoit apporte. 49. Un petit bonet eiUrelace dor et d'argeiit en tissure. Do Prague. 50. Dito un bonnet tissu de poll. 51. Une poire a poudre. 52. 8 poulies a eau avec des manches et sans uiauches, peinles et dorees. LES CABINETS. De Prague. 1. Un cabinet de bois d'ebene tres bieii fait'. De Son Altcssc Royalc. 2. Un grand cabinet de bois d'ebene garny d'argenl ou il y a: 1. Des orgues qui jouent d'elies niesmes. 2. Toutes les pieces appartenantes et necessaires a rapoticaire. 3. Tons les outils de chirurgie. 4. Les ustensiles du bain. 5. Toutes sortes de jeux. 6. Plusieurs miroirs etde don de son Altesse Royale i'an i65o. De Prague. 3. Un petit cabinet noir d'ebene garny d'or avec des liroirs, ou il y a i5 petits animaux de menuiserie d'ai-gent. Du Prince Palatiu. 4. Uq grand cabinet decaille de tortue garny d'argent que la Royne a eu aux estreines du prince Palatin. De Son Ailcsse Royale. 5. Un cabinet noir d'ebene avec un horloge dessus, et des pieces appartenantes a I'apoticairerie d'argent, dedans; donne a la Royne par son Altesse Royale. ' Voir la uolc 2 de la page 3 in. 327 — Do la villc do Muuickeu. 6. \Ju grand cabinet noir de bois d'ebene garny d'or, et enrichy de rubis et de toute sorte de pierres couleurees. LES houloges. 1. Un grand horloge garny de velours noir avec des gallons d'or. 2. Dilo un horloge haut convert de cuir noir. 3. Dito un grand horloge avec un globe dessus. De Prague. 4. Dito un grand horloge avec un globe, dans une couverture noire garnie de fdets d'or. 5. Dilo un grand horloge dans un globe auec una couverture noire garnie de rayes d'or. 6. Dito, un horloge avec un globe, dans une couverture noire garnie de rayes d'or. De Son Altcs^e Royale. 7. Dilo un horloge de bronze avec un homme dessus tenant une fdle entre les bras, de don de son Altesse Royale i65i aux estreines. Du seigneur le comte Magnus. 8. Dito, un horloge d'iuoire avec des figures de dito a I'entour, mis dans un estuy de cuir rouge garny de rayes d'or, de don du Seigneur le comte Magnus. Du seigneur Leyonskilt. 9. Dito, un grand horloge de bois d'ebene, en contenant six en lay, de don du seigneur Leyonskilt. De la chanibre de Sa Majesle. 10. Un pelit horloge d'ambre tire de la chambre de Sa Majoste. Madame la conilese de Gustave Leyon-IIououdl. 11. Un petit horloge de cristal de roche avec des lammes d'argeni autour et une petite figure d'argent dessus, de don de Ma- — 328 — dauie la Contesse veuve (?) de Guslave Leyuii hououdt (Lejonkufvud). De don dn sieur Achatius-Axelson. 12. Un petit horloge d'aerain d'ore fait par un artisan de Wes- trogothie. 13. Un torloge d'aerain avec un chassis de bois d'ebene. 14. DUo un horloge d'aerain avec un crucilix dessus. 15. DUo un horloge quarre, d'aerain, mis dans un estuy noir. De Prague. 16. Dilo, un horloge d'aerain quarr^ avec un compas dessus, mis dans un estuy noir. 17. Dito, un horloge d'aerain, rond avec une aiguille dans im fourreau noir d'ore. De Prague. 18. Dito, un petit horloge avec trois aiguilles. 19. Dito, un petit horloge d'aerain dans une tortue. En la chambre de Sa Majcsle. Du seigueur Acliatius-Aielson. 20. Un grand horloge d'ivoire avec un estuy blanc de bois qui sont en la chambre de la Royne. 21. Dito, un horloge auec un grand globe en la chambre de la Royne. 22. Un grand horloge d'aerain d'ore, avec un lion dessus. 23. Dito, un grand horloge d'aerain d'ore, avec un Turc dessus. De Prague. 24. Dito, un grand horloge auec toute sorte de pieces a jouer, port6 sur un piedestal noir d'ebene garny d'argent. 25. Un horloge dans la figure d'une fern me de cire. LES GLOBES. 1. 7 globes d'ivoire. De Prague. * 2. Un grand globe d'ivoire porte sur un piedestal de dito, avec des rayes d'or a Ten lour. 3. Un globe sans piedestal embelly d'une grenade. — 329 — k. Une piece quanV-e repr^sentanl uii globe avec uiie grenade clessus. Dn graud Coiinestable. 5. Un globe mis sur un cheval volant avec des ailes d'orees dans un estuy noir d'ore donne a la Royne aux estreines par le grand connestable I'an i65i. De Pregae, 6. Un grand globe d'aerain poste sur un piedestal d'aerain. 7. Un globe d'ivoire avec une grenade. 8. Diio, avec une grenade sur un piedestal, d'ivoire. 9. Un petit globe transparent d'aerain. LES MIROIRS. De Prague. 1. Un niiroir d'acier de la hauteur d'un homme, enchasse d'un bord de poirier, avec des portes. 2. Un petit miroir avec un chassis de poirier en menuiserie. De Lubec. 3. Un grand miroir d'acier avec un chassis de bois d'ebene garny d'argent et une figure de dito dessus mis dans un estuy noir, de don de la ville de Lubec. 4 Dito k miroir.s d'acier. De Prague. , 5 Un miroir garde dans un estuy de velours vert, avec quantite de petites figures de verre. 6. Deux grands miroirs ronds d'acier enchasses de bois d'ebene et portes sur des piedestaux d'ebene. De madame la Connestable. 7. Un miroir mis dans un chassis de bois d'ebene garny d'argent avec un horloge derriere , donne a la Royne aux estreines. i65i. — 330 — LES RARETE/. DE CRISTAI,. Du seigneur ViltPiiberg. 1. 2 grandes lasses de cristal de roche garnies d'or. Do la cliambre tie ]a Royne. 2. Une petite bouteille de dito cristal avec son bouchon. 3. Lin petit vase aux anses de cristal de roche mis dans une caisse de bois en la chainbre de Sa Majesle. Du seigneur Salvius. Do Prague, 4. Une fontaine de cristal dans son estuy rouge et d'ore, de don. 5. Un pot a boire de cristal avec un tuyau dans un estuy noir. Du seigneur le comle Jaccjues. 6. Une bouteille du cristal de roche avec un couvercle d'argent, et un piedestal d'ore niise dans un estuy I'ouge d'ore , don- nee a la Royne aux estreines. 7. Une tasse un peu longue, taillee de cristal de roche. Do Prague. 8. Un miroir ardanl de cristal de roche avec un manche brun. 9. Un miroir ardent plus petit enchasse de bois d'ebene. En la chainbre de la Royne. 10. Un ouvrage de verre dans un estuy noir. LES ROCHERS. 1. Un rocher avec six arbres de corail rouges et sept blancs, porte sur un piedestal noir d'ebene. De Prague. 2. Un rocher porte sur un piedestal convert de velours rouge el garny d'argent, avec qualre arbres rouges de corail, et un arbre verd plus grand portant des fleurs d'argent. Du »ieui- Gustave Bonier. 3. Un rocher de corail avec un arbre de corail et une figure tail.- — 331 — lee en corail , encore il a til cinq arbresseaux rouges el deux blancs. Du Roy de Portugal. U. Dito, un rocher avec 12 arbiisseaux de corail, et un marinier au milieu, de don du Roy de Portugal. De Portugal . 5. Un rocher auec des arbres, et una schasse de toute sorte d'a- nimaux mis dans une caisse de bois d'ebene. De dito. 6. Un rocher avec toute sorte d'animaux des dragons et des crocodils, etc. : mis dans une boite noire peinte des fleurs iaunes. A la chambre dc la Royne. 7. Un petit rocher porte sur un piedestal noir d'ebene. 8. Un grand rocher avec des figures sur un piedestal cVore. De Prague. 9. Dito, 5 rochers tons portes sur des piedestaux dores. LES PIERRES PRtciEUSES ET LES OCVRAGES DE PIERERIE. De Madame la Princesse. 1. Une petite tasse d'agate avec un couvercle de mesme, garny d'or et enrichy de rubis et de diainans , dans un estuy con- vert de velours bleu, qui a este donnee a la Royne aux estreines par Madame la Princesse. Du seigneur Konigsmark. 2. Une pierre transparente taillee avec un aigle dessus. 3. Une tasse de pierre avec un couvercle rond. 4. Un vase rond de pierre avec un couvercle et un pommeaus dessus. 5. Dito, un plus petit avec son couvercle. 6. Une tasse de couleur bigarree sur un piedestal haul. — 33-2 De Prague. 7. Une coupe de pierre de diverses couleurs avec un piedestal garny d'argent. S. Une grande tasse de pierre avec toute sorle de couleurs. 9. Une grande tasse de pierre garnie d'or avec un cone ou pi- ramide d'or enrichie de toute sorte de pierres. 10. Dito, une tasse de pierre blanche travaiilee en tailie avec des fleurs, le pied est garny d'or et enrichy de rubis. 11. Une grande. tasse plate avec son piedestal de pierre rouge. 12. Un vase de pierre blanche avec son couvercle marque de lettres. 13. Dito , une tasse de pierre bigarree. 14. Dito, de mesme. Dito, une tasse plate de mesme. 15. Une grande tasse de jaspe. 16. Une pierre ronde mise dans une boite de bois. De Prague. 17. Une boite ronde avec deux pierres, i'une noire, et I'autre blanche et trois champignons couvertes en pierre, item, un petit poisson 3 coquilies et une esponge. 18. 12 pierres longuettes et verdes, mises dans une boite ronde, ou il-y-a aussi un tableau peint avec des prouinces, cou- vert de verre. 19. Une tasse plate de pierre blanche dans une boite noire doree. 20. 3 champignons couvertes en pierre. 21. 3 pierres qui sont crues. 22. Une petite tasse ronde de pierre bigarree. 23. Dans une boile blanche il-y-a quatregrandes lagnes {lames?) de pierre verde. 7 petites tasses taillees en pierre. 2 petites pierres verdes. i petite pierre taillee. 2/j. Dans une boile verde il-y-a : 8 petites pierres taillees. 5 petites la.sses de pierre taillees. 25. Une grande pierre montee en rameaux de bois. 26. Deux esponges changees en pierre. — 333 — 27. 2 grands jaspes verdoyans. 28. 2 grandes pierres blanches. 29. Une boite verde remplie de pierres unies. 30. Une boite blancbe remplie de toute sorte de pierres rudes. Dc Prague. 31. Dans une caisse de bois couleure garnie d'ivoire et de coque de nacre il-y-a : 98 diverses pierres unies, ili cartes enrichies de petites pierres et iii pierres applanies. Dans la mesnie caisse il-y-a deux tiroirs pleins de pierres rudes, el un pommeau garny de pienes rouges. 32. Une petite boite pleine de rubis rudes de Suede. 33. Dans une armoire il-y-a une grande partie de pierres rudes. De la cliambre de la Royne. 5k. Une tasse d'argeot avec un pied garny d'or. 35. Dilo, une tasse d'agate dont le pied est garny d'argent d'ore. De la chambre de la Royne. 36. Dito, une tasse d'agate de mesme facon. De Madame la Princesse. 37. Dito, une tasse d'agate auec un pied garny d'argent d'ore donnee par Madame la Princesse. 38. Une pierre de minerale d'argent. TIrees de la chambre de Tespafgne. 39. Deux petites pierres de mines d'or. De Prague. 40. Un grand lavoir avec I'aiguierre de jaspe verte, et un tuyau d'argent dore. Rendu a S. M. du eieur Blom. 41. Une agate garny d'or avec six figures gravees dessus. 42. Une tasse de pierre avec un couvercle rond. De Prague. J'ay rendu a S. M. I'agate antique representant Germa- nicus et Agrippine. MISS. SCIENT, IV. 2a — 334 — LES INSTRUMENS MATHEMATIQUES. Lo plus grande paitie do cea instrumens de mathemaliqncs out este donnezpar Sa Majeate. 1 . Une piece d'airain sur un piedestal de mesme , avec un com- pas dessous. 2. Dito une piece d'airain sur un piedestal. 3. Dito, avec un conipas dessous. 4. Deux placques d'airain, avec trois autres petites pieces dans un estuy noir. 5. Une piece de dito sur un piedestal d'airain dans un esluy noir, avec un compas dessous. De Prague. 6. Dito, une piece de mesme, 7. Une lame d'airain en ouvi-age d'archi lecture, dans un estuy noir. 8. Dito une piece d'architecture d'airain sur un piedestal, avec un papier dessus marque de cifres. 9. Dito, un octogone. 10. Dito, une piece quarree. 11. Un piedestal avec un compas dessus. 12. Une piece d'airain avec une placque d'argent. De Prague. 13. Dito une piece en forme de piramide. 14. Dito une piece plus petite de mesme fa^on. 15. Trois piedestaux d'airain propres pour porter des pieces d'ar- chitectuie. 16. Une piece portee sur trois pommeaux. 17. Une piece ronde d'airain avec une mailles. 18. Dito une piece sur deux cercles avec des vis. 19. Dito avec un piedestal quarree. 20. DiYo avec un vis. 21. Une piece quarree d'airain qu'on pent piier. 22. Une petite piece d'airain , auec un vis de fer. 23. Un vis d'airain sur un piedestal noir. 24. Un cercle avec une plaque d'airain a I'entour. 25. 7 pieces d'airain dans une boite noire dor^e. — 335 — 26. Dito une piece avec une lame ronde dessus, dans un esluy noir. 27. Une piece de bois d'ebene, avec une lame ronde dessus, d'ai- rain. 28. Une petite piece ronde d'airain dans une petite boite noire doree. 29. Dito une piece de mesme fagon, avec unpiedestal, dans une boite doree. De Prague. 30. h cercles et 5 pieces menues d'airain dans un caisse noire de bois. 31. Une piece ronde avec un mancbe. 32. Une perche de bois brun et une longue placque d'airain, auec un cordeau el un plomb a mesurer, dans une longue boite. 33. 8 longues pinces subtiles d'airain, dans une boite noire. 34. Dito une piece d'airain dans une longue boite noire. 35. Dito un outil dans une boite noire. 36. Dilo un outil d'airain dans ime boite. 37. Dito dans une boite noire. 38. Dito une piece ronde dans estuy noir. 39. Une lame quarree avec un compas et un chassis noir de bois debene. kO. Ix outils d'airain dans une boite noire. k\. Une grande lame avec huit autres pieces d'aiiaia dans une caisse noire. 42. Une grande piece avec un vis de bois et des franges a I'en- tour, dans une haute boite noire. 43. 32 petits outils dans une boite verte. 44. 2 3 morceaux d'airain appartenant aux autres outils, dans une caisse de bois. 45 i33 placques taillees de cuivre, dans deux boites quarrees. 46. 12 outils d'airain dans une caisse debois blanc barree de fer otaime. 47. 8 outils d'airain dans une caisse de bois. 48. 1 2 de dito dans une boite blanche. 49. 4 de dito dans une boite verte. 50. 1 1 de dito dans un estuy noir. JI. 32. — 336 — 51. Dito line petite piece ronde dedans un estuy noir. Dont 87 ont este donnees par la reyne pour envoyer a Paris ct y seruir a rimpression d'un livre de medailles. 52. Une petite piece d'architecture dans une boite de la chambre de Sa Mayeste. DaDS la chambre de la Royne. 53. Une perspective d'airain sur un piedestal. DIVERSES SORTES DE CORNES. La plus grande partie de ces corncs onl eslc donnees a Mr. grand tenenr de Prague. 1. Trois petites comes. 2. Un grand morceau de corne, un veau avec deux testes, une teste d'un certain animal , couverte de plusieurs cornes, dans une cassette verte. Dela ville do Stockholm. 3. Une grande licorne attache a la teste mesme, de don de la ville de Stockholm. 4. Une grande corne de rinoceros dans un estuy rouge, couvert de velours. 5. Dito une plus petite corne du dit animal, dans un estuy cou- vert de velours rouge. 6. 8 cornes grandes et petites du dit animal. 7. 5 cornets a la chasse, tailie en figures. 8. 39 grandes cornes des divers animaux. 9. Un cornet a la chasse , avec figures taillees. De Prague. 10. 8 longues cornes droites. 11. 5 petites cornes droites. 12. 3 paires de cornes de taureaux. 13. Une longue cicorne. 14. 4 testes de cerfs avec leurs cornes. 15. Une crane d'un cicorne avec un escrit dans une boite ronde. 16. Une coupe de corne sur un piedestal d'argent. 337 LES TABLES. De Prague. 1. Une table roiide asortie de toutes sortes de pierres sur utie lame d'airain, avec un piedestal de mesme. De la ville de Stokliolm. 2. Diio une table avec son piedestal d'ebene, garnie d'argent dore, qui este donnee a la Royne au coronement de la ville de Stokholm I'an i65o. Du seigneur le conte Magnus. 3. Une graude table assortie de toute sorte de pierre, donnee a la Royne aux estreines par le conte Magnus I'an i65i. k. Une table carree, de diverses pierres. De Prague, * 5. Une table quarree de bois noir et dore, avec un pied pliable. 6. Une table d'airain avec un chassis noir d'ebene. Du grand ConnestaLle. 7. Une grande table de bois d'ebene garnie d'argent, avec des tiroirs remplis de divers jeu.\, des beaux miroirs et des outils appartenans a la chirurgie, dans un estuy vert, qui a este donnee a la Royne aux estreines par le grand connes- table. LES RONDACHES. 1. Rondaches de bois noirs et dorez. Donnee. 2. Dito d'acier fourree de velours, avec des franges d'or et d'ar- gent autour. 3. 1 de dito garny de narces de perle et fourre de velours vert. k. Dito, une rondache tissu de soye, et garny d'airain. 5. Dito, d'airain garny de velours rouge. 6. Dito, de soye garny d'acier dessus. — 338 — 7. Dito, uiie londaclie de soye garny d'or et de turquoises. 8. Diio, uue roudache de mesnic facon fourre de velours vert. De Prague. 9. Dito, une roudache tissu d'or et de soye garny d'or et de turquoises et iourre de velours rouge. 10. Dito, de fer eu llgures, d'ore avec des franges a rcntour dans un estuy noir dore. 11. Dito, de papier colle et dore. 12. Dito, une rondache noir de bois dore. I DIVERSES PIECES DE BOIS. De la Princesse SoUbacka. 1. Une liege de don de la Princesse de Solsback. 2. Une petite coupe de bois d'ebene avec un couvercle. d'ivoire. 3. Dito, de mesnie faron. 4. Une coupe de dito, avec un pied d'ivoire. 5. Trois boites de bois d'ebene Tune dans I'autre. De Prague. 6. Une boite ronde tournee de bois de Brasil remplie des autre* boites. 7. Une coupe de bois blanc avec son couvercle d'ivoire. 8. Une coupe de bois brun odoriferant. 8. Dilo, une coupe de bois brun avec une piramide d'or sur le couvercle. De Prague. 10. Dito, de bois noir et blanc avec un anneau d'agate a I'en- tour du couvercle. 11. Un ouvrage en forme de piramide de bois brun. De Tartarie. 12. Un arbre d'une fai^on merveilleuse avec un nianche, de don des Ambassadeurs de Tartarie. — 339 — Uans la cliambre de Sa Majeste, 13. Une petite boite de bois avec plusieurs figures de bois faites au tour, dans la chambre de la Royne. 14. Une coupe de bois noir avec des figures, en menuiserie, et un couvercle de bois. 15. Une racine representant la figure d'un homme, couverte de verre, dans une boite. . Dc Prague. 16. Une fleute doree dans un estuy blanc. 17. Un petit morceau de bois. 18. Un grand arbre pertifie. 19. Dito, un plus petit converty de pierres. 20. Diio, un arbre. 21. 10 petits arbres ou droist du sudre. 22. Un grand siege de bois d'ebene de diverses couleurs dont le dessus et le derriere est fait en broderie. De Son Altesse Royale. 23. 2 petits sieges de bois d'ebene avec les dessus de velours brun. De Prague. 24. Un petit cheval de bois. UN MESLANGE DE DIVERSES PIECES. 1. Une monmiie dans un armoire. 2. Un grand autrucbe dans un armoire. 3. Dito, un grand oiseau dans une caisse. De la chambre de la Royne. 4. Une boite avec du romarin. De Prague. 5. Les amies de la Royne en cire dans une boite blanche. 6. Les amies du Roy de France dans la dite boite. Du sieur Fresue. 7. Une petite tasse d'argent achetee du sieur Fresne. — 3^0 — " De Sou AUcsse iloyale. 8. Une tasse d'or avec un piedestal de corail , garnie de plusieurs figures en pierrerie. Da sieur Blom. 9. 2 petits pots d'argent envoyes de HoUande, par sieur Blom. De Tartarle. 10. Une paire de scullers avec les charessons de cuir Wane dor6 et argente donne par les envoyes de Tartarie. De Tartaric. 11. Une casaque de cuir de Russie, muscovie, en broderie d'or et d'argent, donnee par les envoyes de Tartarie. De iilo. 12. Un long bee d'oyseau de i-ilo. De dilu. 13. Une pipe a tabac, de SlUo. De Prague, \h. Une cruche de terre blanche avec son couuercle. 15. Une grande tasse de cocquilles de noix garnie d'argent avec un couvercle d'argent, et un piedestal de mesme. 16. Les aimes de I'empereur Remain en cire dans une boite rondc. 17. Une tasse de terre cuite blanche. 18. 32 dens de lions, de leopardes, et des ours, avec une chaine fait de grifies de lions. 19. Toute sorte d'or dans une boite blanche. 20. Un poulain avec trois pieds dans une boite rouge. Do Prague. 21. Une esponge ronde. 22. Un long papier avec des figures peintes et une lame de plomh assortie de figures et de verre propre pour enchanter. 23. Un basilic dans une boite de verre. — 341 — 24. Un dragon dans une autre boite verte. 25. 9 oeufs d'autruche. 26. Deux grandes lavoirs de cuivre embellis de diverses cou- leurs. 27. 3 acquieres garnies d'or embellies de diverses couleurs. 28. k chandeliers garnys d'or. 29. 2 escuelles a confiture. 30. Une douzaine de plats de diverses couleurs. 31. Uue demie douzaine des assiettes enluminees. 32. Une douzaine de cuillers enduits de differents couleurs. 33. 2 escuelles a sausse de differentes couleurs. Du sieur Blom, 34. Une casque d'argent dans une boite noire. De Prague. 35. Un manu cordial (?) convert de velours, noir, avec des figures de verres dedans. Du Roy de Portugal. 36. Une cage avec des oyseaux, des faucons, et des chiens dans une boite jaune. 37. Un lut d'argent dore dans un estuy noir. 38. Un espee avec une grande garde de fer et des figures gravies dessus. 39. Une casque de fer avec un dragon dessus et des figures, dans une voisse (an vase?) de bois dore. 40. Une paire de dens d'une vache marine. 41. 6 nasses qui sont crues de pierres sur le rivage^ De Prague. 42. 21 grands bees d'oiseaux. 43. Une corne de cheval avec une semelle de corne et des armes des Empereurs dessus. 44. Une grande esponge. 45. Une masse de pierre accompagnee d'une esponge. ' Excroissances naturelles sur le i-oc du rivage et ressemblant a des muses ou IHets? — 342 — 46. Le pied d'un cerf. 47. Un grand os de poisson avec despoinles ou aeguillous. 48. Un escaille d'un poisson. 49. 5 casettes pour y mettre des medailles. 50. La modelie d'une cheminee en cire. Du sculptcnr Bertram. 51. La modclle de iambris d'une chantbre, en cire, du sculpteur Bertram. Du sieur I'resue. 52. La modelie d'un cassolet, qu'a fait sieur Fresne. Du menuisier Lucas. 53. Un ouvrage de bois pour en jetter les bales a feu, fait par le menuisier Lucas. 54. Un estuy de cuir dore servant pour y mettre un lavoir avec I'aiguiere. 55. 3 I cstuys propres aux hardes. De Prague. 56. i4 grands couteaux a trancher avec leurs manches d'ambre et des pomnieaux d'ivoire. 57. Un grand siege de fer avec quantite de petites figures gravees. Du sieur Clers. 58. Un petit vaisseau avec tout son equipage donne par le sieur Clerc, capitain de vaisseau. 59. Un gi'and pot de terre , contenant environ la mesure d'un baril et demy qu'on dit estre I'un dont on se servit aux nopces de Cane en Galilee. De Prague. 60. Une longue coupe, de pied dun elant, avec un couvercle de bois. 61. La teste d'un cerf avec des cornes, d'une fai^on extraordi- ncdre donee. 62. Dilo unc teste brune de cerf avec des cornes extraordinaires. 63. Unc petite casette dorde. — 343 — 64. Dilo une casette cloree etgarnie de pierrerie. 65. i5 malles. 67. Deux testes de lievres avec de cornes. 68. Une caisse large avec des os d'un lion. Dc Prague, 69. Une boite avec I'espine de dos d'un leopard. 70. Diio une boite avec les os d'un autruche. 71. Une peau d'un cerf blanc. 72. Dito une grande peau d'un cheval marin. 73. Trois ouvrages en instrumens. 74. Un bouquet de plumes d'egrete. LES TABLEAUX EN SCDLPTDRE, EN TAILLES, EN RELIEE. De Son Altesse Royale, 1. Un tableau de toute sorle de pierres, avec les images de J^- sus-Cbrist et de saint Jean , garny d'un bord d'airain avec une lame d'airain derrieie. 2. Un tableau de pierre, avec des sirene, chevaux marins et des arbres, enchasse de bois d'ebene. De Prague. 3. Un tableau de nacre de perles et de coquilles, avec un da- mier a un coste a I'autre un ouvrage de nacres de perles. 4. Un tableau assorty de differantes pierres en perspective , avec un cbassis de bois d'ebene. 5. Un grand tableau de bronze avec des figures, un chassis noir et des portes. 6. Dito, de bronze avec la figure de I'empcreur Rodolphe, et plusieres autres garny d'un chassis noir avec des portes. 7. Dito, de bronze avec des figures et un chassis noir. De Prague. 8. Dito, de bronze avec des lions, leopards, taureaux et autres figures, enchasse d'un bord de bronze. 9. Dito de bronze avec un homme a cheval et un chassis noir, 10. Un tableau de pieire representant en bronze la figure de I'empereur Rodolphe, garny d'un cbassis brun avec des portes. 344 — D« la chambre de I'espargne. 1 1 . Un grand tableau de diverses pierres en perspective. 12. Dilo un grand tableau assorty de diverses pierres, en pers- pective. ' 13. Dito en perspective. De Prague. f 14. Un tableau avec des figures en tailje de bois, et un chassis de bois d'ebene noir. De la chambre de SaMajeste. * 15. Un tableau representant en cire un moine avec un crucifix. 16. Dito un tableau convert de verre avec un homme et une fenime en peinture. De Prague. 17. Dilo, un tableau avec un arbre en peinture convert de verre. 18. Dilo, un tableau avec une femnie eschevele en cire, enduit de verre. 19. Dito, un tableau representant en cire une femnie endoimie avec un Cupidon. 20. Dilo, un petit tableau avec deux femmes en cire, convert de verre. De Prague. 21. Dito, un petit tableau representant en cire une Diane avec ses chiens couvert de verre. 22. Un tableau de pierre avec une armee peinte dessus. 23. Un tableau de pierre avec un pot de fleurs dessus et un chassis garny d'argent. 24. Dito, un tableau de pierre avec une armee peinte dessus. 25. Un tableau de diverses pierres couloures en perspective. 26. Un tableau de pierre representant un Romaiu avec un casque et un chassis de bois d'ebene. Da iiear Blom. 27. Dito, de mesnie faron. — 345 — 28. Dito , de pierre avec un Romain dessus portant une coronne sur sa teste et un chassis noir d'ebene. De la chambre de Sa Majeste. 29. Un petit tableau d' argent portant la figure de Jesus-Christ et celle de la sainte Vierge. De madame la GoDnestable . 30. Un tableau d'ebene avec un pot de fleurs assorty de nacres de perles. Da seigneur le conte' Magnus. 31. Dito, de bois d'ebene de mesme faron. 32. 4 tableaux d'argent avec des figures et bordures garnies d' ar- gent. 33. 2 tableaux de pierre blanche et d'autres entremeslees avec un oiseau chacun. 34. 4 tableaux tallies de bois avec des figures representans une armee. 35. Un tableau d' agate avec deux figures romaines, dans un estuy rouge. De Prague. 36. Un tableau de bronze, avec des figures en graveure. 37. Un tableau de diverses pierres representant des provinces, avec un chassis noir d'ebene. 38. Un tableau de pierre avec des outils de bois en peinture et un chassis noir d'ebene. 39. Un tableau de pierre avec des anges et plusieurs figures en peinture et le chassis de bois d'ebene garny d'argent, porte sur un piedestal de marbre. Du graveur de la Royne. 40. Deux tableaux graves en bronze ou est la maison de la royne mere que la royne regente a eu de son graueur. Du sienr Fresne rendu a Sa Majesle. 41. Une teste d'argent representant la royne. — 3^6 — De Prague. 4'2. L'image dc la sainteVierge en l)roderie d'or et d'argent sur un fond de satin blanc, avec un chassis noir d'ebene. De Pragne. 43. Un petit tableau avec des fleurs et des oiseaux en broderie d'or et d'argent sur un fond de satin vert , avec son chassis de bois d'ebene. En la chamLre de la Royne. 44. Un petit tableau de bois avec la figure de Jesus-ChrisL en tailie, dans un estuy noir d'ebene. De sieur Antire Apclbom. 45. Un petit tableau de pierre, i^eniply de caracteres, Du seign' Carpus Ulfeel. I'iG. Un tableau d'ivoire avec des chevereaux et des cheures tailles en ivoire sur un fond de velours noir enchasse de bois d'ebene. Dc Son Altcsse Royale. 47. 12 gros livres blancs remplys des pieces de tailie douce, donnez par Son Altesse Royale. Du s' Apelbom. 48. Una racine representant deux, un homme et une femme. LES TABLEAUX. De M. Spiring. Rendu. 1. Un tableau representant en peinture un petit gar^on, une servante et un fdandier, avec un chassis noir de bois d'ebene, donne par sieur Spiring. Dc dito, Reodu. 2. Un petit tableau ou une servante tranche de la choux. — 347 — Donne de dito. Rendu. 3. Un petit tableau ou un honime joue clu violon selon la tabu- lature, avec un globe et un charnier devant luy. Rendu. 4. Un tableau representant une vieille avec un livre et sa que- nouille. Rendu. 5. Un tableau ou un vicillard se met a escrire ayant devant luy un livre, un globe et un charnier^. Du s'' SpiriDg. Rendu. 6. Dito, ou un vieillard tient a la main un horloge et de sable. Rendu. 7. Dito, representant un moine avec un livre et un crucifix devant luy. Rendu. 8. Dito, avec un papillon qui tire son mancheup) d'un coquille de noix. Rendu. 9. Dito, ou est peint une Hollandoise qui fait du passemenl. De la chambre de Sa Majesle. 1 0. Un tableau en detrempe representant des provinces. Ou sieur Blom. 11. 4 tableaux peints en forme de medailles avec un chassis noir d'ebene. Dans !a chambre de la Royne. 12. Un tableau ou est representee I'histoire de ce pauvre homme, ' Serait-ce un sabJier, ordinairement accompagn^ d'une figure de la Mort > — 348 — qui fut blesse par voleurs sur le chemin enlre Jerusalem et Jericho ^ 13. i8 tableaux qui sont des carthes contenans la description de pais, donnez par le Residant de Suede qui a reside a Por- tugal. Hi. Un tableau ou est peint un homme et une femme sur unfond de cuivre, avec un chassis brun. Prague. 15. Dito, en forme de province. 16. Dito, en perspective. 17. Dito, ) , , „ T^ . } representans des provmces. 18. Dito, ) ^ '■ 19. Dito, ou est peint un pot de fleurs, avec un chassis brun. Da s' Jlonickbafuen. 20. Dito, tableau des personnages, achate de s' Mynickhofn, avec un chassis d'ebene. Du s' LicUehok. 21. Dito, de personages, donne par Mr Gustave Lieliehok, sur un fonds de cuivre. Do seig' le conle Magnm. 22. Dito, I'image de la Ste Vierge avec Jesus Christ sur les bras, et son mary Joseph suir un fonds de cuivre. De la chambre de Sa Majeste. 23. Dito, un tableau peint de plume avec des personages. Dc la chambre dc meablcs. 24. Dito, ou est peint un oiseau. 25. Dito, avec un pot de fleurs, des cigalles, des muches et des vermissaux. 26. Dito, emlielly d'un pot de fleurs, avec son chassis. 27. Un petit tableau rond avec des personnages et une flamme, convert de verre. ' li s'agit evidcmment du bon Samaritain. — ;549 I)e la cliaiubre Jc iiicuhU'i. 28. Dito , avec uu {3ot cle fleurs. 29. Dito, ou est represenlee I'histoire cle St Jean, ayant la teste coupee. 30. Dito, ou est peint une femme ayant des anges a I'entour d'elle. 31. Dito, un tableau avec des escrivisses, des grenouilles , des cigalles et des araignees. Du sieur Apelboin. 32. Dito, ou est peint, un chat, une table et un chandelier dessus. 33. Dito, avec des personages couvertes de verre. l)e la cliauibre lie Sa Majeste. 34. Dito, ou est pehit une ville, une mer avec un vaisseau. 35. Dito, avec des personnages en couleur rouge. De ditc. 36. Dito, un tableau ou deux chiens sont tires avec la plume. De dito. 37. 3 tableaux de paisage avec des chassis bruns. 38. Dito, un tableau de paysage avec chassis noir. 38. Dito, dvec une escrevisse dessus. 39. Un petit tableau avec un oisseau dessus. Chambre de la Royne, * 40. Dito, de mesme fac^on. 41. Dito, avec un pot de fleurs et un chassis noir. 42. Dito, avec des fleurs, des espies de fronient et d'orge, el un chassis noir. Chambre ds la Royoe. 43. Dito, avec des fruits dessus. 44. Dito, avec un pot de (leurs et des oiseaux dessus. 45. Dito, un tableau de paysage , avec un chassis de bois d'ebene 46. Dito, avec de fleurs, oiseaux et vermisseaux. 47. Dito, avec un pot de fleurs. 48. Dito, de paysage avec un chassis brun. . 49. Dilo, ou Jesus Christ porte sa croix. MISS. SCIF.NT. IV. 2 3 350 l)e Prague. 50. Diio, ou Jesus Christ est a table avec ses disciples. 51. Dito, ou est peint une femme ayanl une f'aucille trenchante a la main. 52. Dito, avec toute sorte d'oiseaux et un chassis noir. 53. Dito, avec des personnages et des regions et un chassis brun. 54. Dito, avec des pais, et une femme sur un pot de lleurs. 55. Dito, ou est peint une province, une femme, et un pot ren- dant une femme. Du sieur Blom. 56. Dilo , avec des pais et une femme eschevellee, ayant aupres d'elle un livre. De Prague. 57. Un tableau ou un serpent tient une femme par la poilrine. 58. Dito, avec des provinces,, des personages et un ange dessus. 59. Dito, avec des provinces et des personages sur un fonds de cuivre. Do Prague. 60. Dito, avecun pot de fleurs dessus et un chassis d'ore. 61. Dito, avec des provinces et personnages. 62. Un petit tableau avec des provinces et des personnages. Dc la cbambre de meublea. 63. Un tableau rond dans un estuybrun. 64. Un petit tableau avec un oiseau dessus. Do la Royno mere. 65. Un tableau de paysage, avec un homme, une femme, un petit garron et une vache dessus. 66. Un petit tableau, ou est designe une femme avec la plume, tenant a la main une boite. En la chambre de Sa Majeste. 67. Un tableaux ou , par trait de plume, est designe un petit gar- ron avec un pot a la main. 68. Dito , avec des provinces et la Ste Vierge portant Jesus Christ sur les bras. — 351 Eq la chnmbre tie la Royne. 69. Un petit tableau de paysage et un vieillard dessus, avec uu lion , enchasse de bois d'ebene. De M"" Curistine Baneer. 70. Dito, avec un homme et une femme dessus, donnee par Madamoiss"' Christine Baneer. En la chambre de la Reine. 71. Dito , ou est peint un poisson , enchasse d'ebene. De la cliambre de TEspargne, 7'2. Dilo, avec des personnages et un chassis grave. Rendu. Dans la cbambre de Sa Majesle. 73. Dito, ou est peint un moine eslant a genoux avec un livre et un crucifix devant luy, enchasse de bois d'ebene. Du sieur Spiring. Rendu. Ik. Dito, ou une vieille escorie des pommes, avec un siege au- pres d'elle, enchasse de bois d'ebene. Du 5' Paulpesk. 75. 5 petits tableaux avec des provinces et des vieux edifices su^ un fond de toile que S' Paulpeski a fait peindre a Rom. 76. Un petit tableau ou est j^eint un Ange ayant un tableau de pierre aupres de liiy sur un fonds de toile. 77. Dito, ou une femme tienl aux mains un plat plein de roses, sur un fonds de toile. De Prague. 78. Dito, ou est peint une femme avec un eigne el des petits garf^oas pres ses pieds^ 79. Un grand tableau representant un homme accompagne d'une femme et d'un Cupidon avec un cheval derriere. 80. Dito, ou est represente un homme blesse d'un sanglier, ' Probablement one Leda. M. 2 3. — 35-2 — aver un Cupitlon , qui luy licnl la tesle , el une fenime aupres de luv^ 81. Dito, ou est represente une feiume, un Cupidon, deux petits garrons qui eprouvent de I'or. 82. Dito, avec plusieurs femmes, dont Tune ticnt un eigne entre les bras. 83. Dilo, une feuinie niie avec un homnie qui joue du lut. 84. Dito, ou est peint une femnie iiiie auec un Cupidon qui la tire avec une flesche. 85. Dito, ou est peint un Jesuit, entre deux femmes. 86. Dito, ou est peint un Hercule avec une femme. 87. Dito, ou est peint Mercure, Venus et un Cupidon. De Prague. 88. Dilo, ou est peint un homme, une femme niie et un cbeval. 89. Dilo, ou un cupidon est a faire un arc. 90. Un grand tableau, ou est peint une femme niie, et une main qui sestendant des nuages Tempoigne. 91. Un tableau de moyenne grandeur ou est peint une femme, une robbe de nuit, et un Cupidon qui luy tientle miroir. 92. Un tableau de bois, ou une fenime se piegue [picjue?) la poitrine avec un couteau. 93. Dito, avec une mare et un petit garcon aupres d'elle sur un fonds de toile. 9'4. 5 longs tableaux, tous de mesme faQon et grandeur, auec des personnages romains, des batailies et des villes sur des fonds de bois ^. Dc M' Bordelol. 95. Un petit tableau ou 3 femmes sont peintes dor sur un fonds de pierre , avec un bord noir de bois d'ebene. ' C'esl sans aucun rlmilp Ir tal)lo.Tn flu Corrfcge : Venus plenrnnt la mort d'A- donis. ^ W dcvrait y en avoir six et non cinq. II s'aglt fie la suite des six frises dc Julcs-Komain d'apris ies Flistoires de Tite-Live : L' Enlevement des Sahincs, La Paix entre lex Iloniainn et les Salines, Cnriolan, Le Sieye de Carlhacje , Lu Continence de Scipion , Les B('co!npcnscs ndlilaires. Les qiiaUe plus belles de ces frises sont an- jourd'liui dans le pr^cieux cabinet de M. Edmond dr Reaucousin, ;i Paris. Le due de Bridgewater avail paye chacune de ces frises 200 guinees. — 353 — Dans la garde robe. E'lle u*a pis cste rendu. 96. Un grand tableau ou est peint un horanie romain ct iiiie femme endormie , avec un Cupidon "aupres d'elle. De Prague. 97. Dito, avec un honime et deux femmes dont I'une est assise sur un globe blanc, ayant un boucquet a la main. 98. Dito, un homme abuchi avec un Cupidon sur la poilrine, et deu.x femmes aupres de luy, sur un fond de toile. 99. Dito, deux hommes avec une femme entre eux, et deux Cupidons au coste sur un fonds de toile. 100. Dito, un Mercure, deux fommes, et une table entre elles, sur de la toile. Du sieur Biom. 101. Dito, ou est peint sur du bois une piede dechaiir {une piece de chair? un pied de chkvre 7) 102. DiLo, ou est I'image de Susanne et deux vieillards, en chas- sis noir. 103. Dito, avec une piece de viande et des per.sonnages dessus, sur un fonds de bois. Du sieur Spiring, 104. Dito, ou est peint Lot avec ses deux fdles. Donne au roy d'Espaigne. 105. Dilo, Adam et Eve sur un fonds de bois. 106. Dilo, ou est peint une toufe de fleurs, avec un chassis noir d'ebene et des anneaux dores dessus, tout fait par un Je- suit a Antuerpe. 107. Dilo, ou sur un fonds de bois est peint un rocher et des personnages. 108. Dito, ou sur un fonds de toile est peint le roy Sardanapale, qui est a filer avec plusieurs femmes a I'entour. 109. Dilo, avec des personnages et toute soi'te de bcslail sur un fonds de toile. 110. Dito, avec des personnages, plusieurs femmes, et un petit enfant sur un fonds de toile. 111. Un grand tableau avec des provinces ct plusieurs person- nages sur un fonds de toile. — 354 Do I'raj{uc. 112. Dito, avec des provinces et des personages, on un vieil- lard baise une sirene sur de la toile. 1 13. Dito, ou est peint une femme nue estant couchee avec un Cupidon , sur de la toile. 114. Dito, ou est represente un festin, avec des personnages el provinces, sur de la, toile. 115. Dito, ou Josep est a la chasse, et une femme qui le tienl, sur un fonds de la toile. 116. Dito, ousontpeints 4 fermnes et un homme. sur dito. 117. Dito, des provinces, des personnages et un paon, sur dilo. 118. Dito, ou une femme est attachce a un arbre, et un homme se bat contre un diagon, sur dito\ De Prague. 119. Dito, OU un homme eraporte une femme par force, sur dito. Du sieur Spiring. 120. Dito, ou est peint toute sorte de bestails, sur dito. 121. Dito, ou sont des provinces et des femmes qui se desguisent , sur dito fonds, avec un chassis noir. 122. Dito, ou est peint Joseph, avec tant son train et ses be- tails. 123. Dito, plusieurs hommes et femmes niies, sur un fonds de toile. 124. Dito, ou Susanne va au bain et deux vieillards la suivant. 125. Dito, avec des provinces, personnages et plusieurs cupi- dons, sur dito. Do Progue. 126. Dito, ou on est a coupper des grappes, peint sur bois. 127. Dito, ou Susanne se baigne; item, deux vieillards, peints sur mesme piece de bois. 128. Dito, ou est peint Adam et Eve, avec des prouinces, sur un fonds de bois. ' Sans (loute Andromede. — 355 — 129. Dito, avec des ustensiles de cuisine et une vieille rotissant des pommes, sur un fonds de bois. 130. Diio, des personnages et ustensiles de cuisine. 131. Dito, avec des provinces, personnages, ustensiles de cui- sine, ou un vieillard est a manger des pois, dont se mocque sa femme , sur de la toile. 134. Dito, assorty des personnages et des femmes, avec toutes sortes de fruits, sur du bois. 135. Dito, ou est designe un grand lac, avec un navire et deux montagnes aupres. 136. Un grand tableau assorty de personnages qui sont a chasser aux cerfs, sur bois. De Prague. 137. Dilo, dans iequel une femme tient une epee a la main avec une vieille derriere sur un fonds de bois'. 138. Dito, ou est peint une femme niie environee d'un drap rouge, sur bois. 139. Dito, de paysage avec un grand cerf, sur du bois. 140. Dito, de paysage, avec des maisons ou on nourrit des pauvres, sur du bois. 141. Dito, de paysage ou deux femmes ont un bomme entre elles, sur du bois. 142. Dito, ou est peint en bleu une grande teste de boeuf avec austres mangeailles, sur du bois. 143. Dito, de paysage, ou un est en action de crucifix, sur du bois. • Du sieur Spiring. 144. Dito, dans Iequel sont representez lin bomme, une femme et deux petits garrons, avec un chassis dore, sur du bois. 145. Dilo de paysage avec des montagnes, et un paysan qui est a labourer la terre , sur du bois. 146. Dilo ou est peint Saturne avec une femme et un Cupidon aupres de luy, sur bois. 147. Dito ousontpeints des personnages etplusieurs autres cboses estrancbez (e/raH()fere5 .^). ' 148. Dilo, de paysages, avec des personnages, et un Mercure qui joue de la flute, sur du bois. ' Sans doute une Judith. — 356 — I'lO. Diio, avec des personaages , ou un hommc taille en pieces un enfant. 15U. Dito ou est peint un Neptune avec une Sirene, sur un I'oncls de toile. De Prague. 151. Dito des paysages, avec des personnages et des bestails sur de la toile. J 52. Dito, des paysages avec des maisons et une armce sur du bois. 153. Dito ou Tune de deux femmes est habillee en robbe verte (sur du bois). 154. Diio, ou un Cupidon tient un miroir devant une femmeniie. 155. Dito, des paysages avec des montagnes et deux oiseaux des- sus (sur du bois). 156. Dito, des paysages, avec des personnages qui sont : Bacchus et sa compagnie. 157. Dito, de paisage, avec des personnages et des montagnes (sur de la toile). 158. Diio de paysage, et trois I'emmes niies (sur bois). 159. Dito, ou sont peints Adam et Eve (sur du bois). 160. Dito, un hommeet uneferame, avec iin enfant aupres deux (sur du bois). 161. Dito, une porte triomphale et un homme sur un cbeval vo- lant dessus. 162. Dito, dans lequel sont peints deux hommes et une femme 'niie (sur du bois). 163. Dito, ou sont des personnages qui sont a forger du fer (sur du bois). 164. Dito, repre-entant un diable, qui lie des hommes a chaines (sur du bois) 165. Ditn, representant des villes, des navires et un chariot a quatre chevaux tombanl des nuages ("sur du bois). 166. Dito, ou une femme est a la chasse (sur du bois). De Prague. 167. DUo, une femme niie avec un Cupidon (sur dito). 168. Dito, avec una femme niiemaniant une picque (sur du bois). 169. Dito, ou est peint Adam, sur du l.ois. — 357 — 170. Dito, de bois, lopresentant Eve. 171. Dito, ties paisages avec des nionls, des lacs et des navircs sur da bois. 172. Dito des paisages avec des personnages, un vieillard et une fille auec un Cupidon (sur du bois). 173. Dito, ou Mercure est accompagne de plusieurs deesses (sur du bois:. 174. Dito ou est peint un lac avec beaucoup de naviies (sur du bois). 175. Dito, representanl un nombre de dieux marins et de deesses (sur du bois). 176. Dito de paysage avec des bomnies qui sont une bataiile (sur du bois). 177. Dito, avec des estaffes de cuisine et beaucoup de fruits (sur du bois). 178. Dito, avec des personnages et plusieurs bestails (sur de la toile). 179. Dito, ou est representee I'histoire de Jesus Christ jetlant les trafiqueurs hors du temple (sur de la toile). De Prague. 180. Dito, representanl des personnages des uilles, et toutes sorles de fruits sur du bois. 181. Dito ou sont peints des temples et des personnages (sur de la toile). 182. Dito, de paysage, avec des personnages et toutes sorles de bestails (sur de la toile). 183. Dito de paisage, avec des personnages et un ange estant en I'air, sur de la toile. 184. Dito, ou les sirenes jouent de loutes sorles d'instruments, sur du bois. 185. Dito des paisages, avec grand nombre de dieux et deesses qui jouent des instruments (sur de la toile). 186. Dito un grand tableau de paisage avec des personnages el un chassis dore autour (sur du bois). 187. Dito de paisage ;ivec des personnages ou un homme tienl une chevre, et un enfant la telle. 188. Dito de paisage avec des personnages et des bestails, sur de la toile. — 358 — De I'rjgus. 189. Dito, representanl deux fenmies niies (sur du hois). 190. Dilo, representanl une femme niie. 191. Dito, representant un soldat estropie (sur du bois). 192. Dito, representant une femme niie (sur du bois). 193. Dito, ou un grand homme lient entre les bras une fenirue, et un baston sur les epaules (sur toile). 194. Dito, de personnages avec des mangeailles et un chassis dore autour, sur du bois. 195. Dito, de paisages et des armees, auec un chassis dore. De Myniken. 196. Dito, des montagnes, des ]acs, et des personnages, et des balons , enchasse d'un bord dore. 197. Diio, representant un vieillard, avec un chassis dore, siir de la toile. 198. Dito, de paisage, avec des femmes et un enfant, sur du bois. 199. Dito de paisage, avec un lac ou on donne des combats, sur du bois. 200. DHo, une femme romaine couverte d'un cascjue, sur de la toile. 201. Dito des paisages, avec I'histoire de Jesus Christ (sur du bois). 202. Dito, ou est peint un vieillard et une femme, avec une arque- buse et une bande d'oiseaux, environne d'un bord dore. De MynikcK. 203. Dito, ou est peint une femme avec une palme a une main, et a I'autre un boucquet, sur de la toile. 204. Dito, representant ia Saiule Vierge avec Jesus Christ sur les bras, ou les trois Roy viennent pour luy sacritler, sur du bois. 205. Dito, representant la Sainte Vierge et les Anges, qui viennent pour adorer Jesus Christ, sur du bois. 20G. Dito, representant Jesus Christ et des Juifs a I'entour de luy, sur du bois. 207. Dito, ou est peinl un vieillard avec une femme, sur du bois. 359 — Ue Prague. h 208. Dilo representant Mercure el autres figures dans les nues, sui" du bois. 209. Diio representant la Saintc Vierge portant Jesus Christ sur les bras, sur du bois. 210. Dito, representant toutc sorte de volailles. 211. Dilo, fait par la plume, ou sout peinls des arbres, des per- sonnages et un Ange , qui est a tourner un fer aupres du feu, sur de la loile. 212. Dito, ou Jacques benit son fds Esaac, sur du bois. 213. Dito, ou une fenimc tient un niiroir a une main, et a I'autre un rameau de roses, sur du bois. 214. Dito, des personnages, ou Daniel est a condamner Susanna, sur du bois. 215. Dito, des paisages ou sont des paisans qui coupent du bois, sur du bois. 216. Dito, ou est peint une porte de triomphe, avec dos esten- tandars et des personnages, sur du bois. 217. Dito, ou est peint une femme niie avec un Cupidon aupres d'elle, sur du bois. « 218. Dito, ou est peint un vieillard entre deux femmes, sur du bois. 219. Dito, de paisage, avec des campemens d'armees el des ca- nons, sur du bois. I De Prague. 220. Dito, representant une femme niie qui retient Josep par force. 221. Dito, representant Diane a corps niie, sur du bois. 222. Dilo, une femme avec un Cupidon et deux pigeons aupres d'elle, sur du cuivre. 223. Dito, ou est represente le deluge, sur du bois. 224. Dilo, ou sont des personnages et autres postures, sur du bois. 225. Dito, representant une femme niie, des maisons et des jar- dins, sur du bois. 226. Dito, ou un homme est attacbe a un arbre et blesse d'une • fleche, sur du bois. — :?60 — 227. Dito, represcntant des paisagcs, cles personnages el une feniine, sur dilo. 228. Diio represenlant une leniiue aiie couchee sur un drap rouge, sur de la toile. 229. Dito, des citrons et des citroniers, el des personnages. 230. Dito, des paysages el des edifices ou les paisans font leur festin. 231. Dito, ou Lucrece tue soy mesnie. 232. Dito, ou est represenle Moses avec un livre sous les ailles et la resurrection des morts. 233. Dito, une femnie niie endormie dans son lit, sur du hois. 234. Un tableau de moyenne grandeur, represenlant une balaille et les amies de I'empcreur, sur un londs de toile. 235. Dito, ou Jesus Christ est peint dans la lunc avec une espee, sur du hois. De Prague. 236. Dito, qui represenle une lemme avec un livre et une robhe des Indes, sur de la toile. 237. Dilo, ou un danseurde moresques joue instrument pour des ciuilles (.''), sur du hois. 238. Dito, Saturne et une vieille derriere, sur dito. 239. Dito, une femme hahillee en robhe verte, et un pelit cbien blanc aupres delle. 240. Dito, un rocber, du feu et des personnai^es, sur du hois. 241. Dito, un garc^on accompagne d'un grand cbien, sur du hois. 242. Dito, un paisage et des personnages qui chassent aux cerfs, sur dito. 243. Dito, un paisage ou un herger niene un troupeau de luehis, ^ sur du hois. 244. Dito, ou une femme niie joue du lul, ot un Cupidon lui tient un livre , sur du hois. 245. Diio, une femme tenant a la main un citron et un pot de lleurs. 24(3. Dito, ou uuo femme tient un cerf hlanc avec les mains, sur du hois. 247. Dito, represenlant une fenuiie dans une ei|uerc (ecurio, elable.'^), avec une robhe grise, sur dilo. 361 L)e Pr.igue. * 248. Dito, ou un vieillard est a escrire cl une uicllle comle de Targent, sur dito. 249. Dito ou line troiippe de deesses jouent aux instruments, ayant devant elles des fruits, sur dito. 250. Dito, ou une femme niie force Joseph a demeurer avec elle. 251. Dito, representant des etalles^ de cuisine et une femme avec quantite d'oiseaux a la main ; sur du bois. 252. Dito, un homme, un chien et la teste d'un sanglier dans un plat, sur dito. 253. Dito une grande femme avec des fruits a rentourd'elle, et un Saturne derriere , sur dito. 254. Dito sur du bois, 4 femmes niies, et un Cupidon auec un chien deuant les pieds. 255. Dito, representant des batailles en miniatures, sur du cuivre. 256. Dito, sur du cuivre, des paisages et des batailles en minia- ture. 257. Dito, des paisages et des batailles, sur du bois. 258. Dito, qui presente Jesus Christ en I'estat de juger vifs et morts. 259. Dito, un Romain habille en gris, monstrant avec le doict une vieille, sur de la toile, et du bois derriere. De Prague. 260. Dito, representant des bandes d'ours des serpens et autres animaux, sur du bois. 261. Dito, sur cuivre, des paisages et armees, en mmiature. 262. Dito, un homme avec une espee desgainee sur I'espaule, sur dito. 263. Dito, la figure d'un homme portant une robbe noire et un collet autour du col, sur de la foile, colle sur du bois. 264. Dito, sur du cuivre, un lac avec plusieurs navires. 265. Dito, deux femmes et des choses appartenant a la cuisine devant elles, sur du bois. ' An n° 177, nous .nvons dfp rfiiconlre cstaffes. — 362 — De Prague. 266. Dito uii rocher, un paisage et un liaut arbre, sur du hois. 267. Dito, un long tableau representanl ties romains, sur du bois '. De la Royne mere'. 268. Dito un paisage ou une partie de femmes niies dansent au tour d'un arbre, donne par la royne mere. 269. Dito, representant quelques personnages, sur du bois. 270. Dito, representant des gens estropiez. 271. Dito, des personnages et un marinier habiile en vert, sur de J a toile. 272. Dito, ou un roy roniain sacrifie a une image, sur de la toile. 273. Dilo, une fenime hoUandaise et plusieurs arbres derriere clle, sur du bois. De Prague. 274. Dito, une femrae habillee en robbe bigarree, aver, un bou- quet a la main , sur dito. 275. Dito, des navires dans un lac, sur dilo. 276. Dito, deux femmes, un Ange et Saturne sur de la toile. 277. Dito, un grand pot de fleurs et deux petits garrous qui le tiennent sur du bois. 278. Dito, une feinme nue peinte, sur une planche de bois. 279. Dito, des bergers qui quittent (gueltent?) leurs trouppeaux. 280. Dito, des arbres, roses, et mi livre, sur du bois. 281. Dito, un homme avec une corbeille a la main, el une teste de veau dessus, sur dito. 282. Dito, un vieillard qui tette une femme sur dito-. 283. Dito, un chandelier, avec une chandelle brullante, et un chat, sur du cuivre. 284. Dito, un homme joue de la fleuste el une femme du violon, sur du bois. Voir plus haul, au n" gi. Cest probablcmcnt ici un Jules-Romni Sujet bien connu et tir(; de I'ancienne hi.stoi.'-e tic Sicile. — 363 — 285. Dito, une feoime avec une robbe rouge et une brune des- sus, sur de la toile. 286. Dito, un vieillard avec une fdle entre ies bras. De P ragup. 287. Dito, des choses appartenantes a la cuisine el une lampe bruslante, sur de la toile. 288. Dito, un paisage et des personnages, sur dito. 289. Dito, toutes sortes des personnages deguisez, sur du bois. 290. Dito, la terre Saincte, sur du bois. 291. Dito, un rocher et un vieillard estant assis sur un siege. 292. Dito, ou est peint la ville de Rome, sur du bois. 293. Dito, la figure de TEnipereur Maximiliane, sur du bois. 29^1. Dito, un Turc avec un grand bonnet et garny de plumes sur de la toile. 296. Dito, une femme couvert de fleurs, sur bois. 296. Dtto, representant une femme. 297. Dito, un crucifix el des paisans faisans banquet , sur du bois. 298. Dito, une femme babillee en robbe doree et un mort der- riere, sur de la toile. 299. Dito, representantes nues une femme et un bomme avec un cheval sur luy et un Cupidou aupres de luy, sur du bois, ■ De Prague. 300. Dito, une femme eschevelee, sur de la toile. Dito, une briquiere ou on est a cuire des briques , sur du bois. 301. Dito, des paisages et des Turcs, sur du bois. 302. Dito, une ville qui est en feu. 303. Dito, une ville et une armee. 304. Dito, un lac el trois navires dedans, sur du bois. 305. Dito, une femme avec un babit bigarre et des rubans verts, sur de la toile. 306. Dito, une femme se luant elle mesme. 307. Dito, un bomme sur un aigle, sur du bois^ 308. Dito, un vaisseau avec des roues dessous, sUr du bois. 309. Dito, un savelier avec une cruche et une aleine a la main, sur du bois. 310. Dito, Tempereur Maximiliane. ' Sans doute un Ganymede. — 3G'i — 311. DUo», Jesus Clui.sl , la S'' Vierge el deux auges, qui jouent (levant eux , sur un londs d'estolle argentee. 312. Dito, une femme de Brabant avec une Icttres a la main, sur du bois. 313. Dito, un pol rempli dc toutes sortes de fleurs, sur dito. 314. Dito, un bancquel de paisans, sur du bois. 315. Dito, une vieille, avec une ozemhe (?) a la main, sur dito. 316. Dito, une femnie enveloppe d'une estoffe blanche, sur de la toile. 317. Dito, deux ligures assorties de toute sorte de fleurs el d'oi- seaux. De Prafjue. 318. Dito, deux figures assorties de plusieurs fruits el animaux. 319. Deux voleurs battent un paisan el sa fenniie, sur du bois. 320. Dito, la Ste Vierge tenant Jesus Christ sur ses bras, dans Testable, sur dilo. 321. Dito, sur dito, une femme habillee en robbe verte ayant lie ses che\ aux avec un ruban noir. 322. Dito, une femme avec un clou a la main qu'elle enchasse dans un homme avec un marteau, sur dito '. 323. Dito, une femme nue avec quantite de roses aulours de la teste, sur dilo. 324. Dito, un evesque confesse une femme. 325. Dito, un homme tenant a une main un cercle et a I'autre un instrument. 326. Dito , riiistoire de la nativile de Jesus Christ avec un chas- sis dore autour est des portes devant. 327. Dito, un paisage, des rochers , des edifices el des person- nages, sur du bois. 328. Dito, un hoTume et une femme avec leur jeu et un horloge deri'iere, sur de la toile. De Prague. 329. Dito, une femme romaine sur un aigle qui monstre plu- sieurs farons. ' (' Jaliel ayant mis te clou siir la Icmpe de Sisara, elle le frappa aver son marteau, ct lui en lraiisper(;a le ccrveau , renfon(;anl jusque dans la torre. » [Les Jure dc )u Roync. 6. Ua petit pourtrait, avec un chassis doic. 7. Dilo, cl'uu Pape. Da s' Blom. 8. Le pourtrait cle Roterdani '. 9. Dito, d'un autre homme. 10. Dito, d'une femme, avec un chassis noir. De Prague, 11. Dito, d'un honime, avec un poix a la main et un chassis noir. De madame Kurack. 12. Le pourtrait du fey Roy Gustave, fait a la plume. Du sieur Paulpisky. 13. Deux portraits d'un homme et d'une femme que le sieur Paulpiski a fait faire a Rome. Du seig^ Salvius^. ,. 1^. 12 pourtraits sur fonds de toile, representans des anciens Roys dc Suede. ' Probablement d'Erasme, qui dtait de Rotterdam. * Adler Salvius, fits de Pierre Hansson , syndic de StrengnsRS, n6 en i Sgo , fut protege pendant sonenfance par i'eveque Petri Jons, fit de sericuscs etudes grace a celte liaute protection , fut cliarge , sous Gustave-Adolphe , de plusieurs missions diplomatiques, devint chancelier de cour et fut envoy^, en i6i3, par la reine Christine, pour prendre part aux negociations relatives a la paix deWestphalie. La reine le recompcnsa dc son zfele a son retour en le nommant baron. Gus- tave-Adolphe I'avait d6jk anobli , et c'estalors qu'ii avait pris le nom , moitid alle- mand, moilie latin, sous lequel il est devenu celibre. II s'employa encore a la conclusion de la paix entre la Sufede et la Pologne , et mourut peu de temps aprfes, le 2iaout i652. C'est lui qui a donn^ a la Grande Eglise de Stockholm son pre- cieux devant d'autel, travaillda Augsbourg en or, ivoire et argent, et repr^sentant la naissancc, la passion et la resurrection de Jdsus-Christ. 11 a coute 8o,ooo rix- dales banco (;i 2 fr. 12 cent, le rixdale). — La chaire de la mfeme i^glise est un cadeau de Uiadamc Elisabeth Funck, et la belle Ebba Brab^ a fait i IV^glise le present d'un lustre de vermeil, dont le poids est de 78 livrcs. Le grand cande- labre de laitoii qu'ou voit devant I'autel a 6l6 donne par le roi Magnus IL On y remarque encore la statue cquestre de saint Georges luttant centre le dragon; figure en bois sculptd, faitc en 1489, par un artiste d'Anvers. Le bouclier et les ^perons de saint Olaf sont suspendus k un des piliers prts de I'autel. 11 faul 575 Lanfjuedock. 15. 3o demis pourtraits de plusieurs pcrsonnages considerables tous de mesme grandeur, siir fonds de toile. Eric Piyning. 16. Le pour trait du feu Roy Gustave, sur un fond de bois. 17. Dito, de la l\oyne mere, sur fonds de toile. 18. Dito, du Prince Adolph, sur de la toile. 19. Dito, du General Uttemberg, sur de ia toile. De Beck. 20. Dito, de Saumaise, sur de la toile avec un chassis de bois d'ebene. 21. Dito, du mesme. 22. Dito, de Grotius, sur de la toile. 23. Dito, du mesme. citer enfin plusieurs monuments sepulcraux, des sieges royaux d'aprtis les des- sins de Nic. Tessin, ct deux tableaux d'Elirenstralil qu on voit dans cette memo ^glise : un Jugemenl dernier et una Descente de croix. Le consistoire de Stock- holm tient ses assemblees dans une salle particulifere attenante a I'eglise el ou se trouve une bibliothJ;que prise pendant la guerre de Trente ans. — Ehrenslrabl (David Klocker von), ne k Hambourg en 1629 et mort a Stockholm eu 1698, est le plus grand peintre de la Suede. Employe, dfes i646, a la chancellerie suddoise a Hambourg, il montrait beaucoup de talent a copier les anciens di- plomes et k imiter les ornements dont ils etaient d^cor^s. 11 apprit k dessiner, puis a peindre, et Tun de ses tableaux, remarque eu Hollande par un riche sei- gneur de la cour de Sufede, le fit appeler dans ce pays. Ses travaux y attirtirent I'attention de la reine veuve, Marie-Eldonore. Elle iui procura les moyens de faire un voyage en Italic, ou il resta prfes de huit annees. De retour en i65i, il re^;ut le brevet de peintre de la cour, fut anobli , ajouta dfes lors au nom de ses ancetres celui d'Ehrenstrabl, et mourut entoure de I'estime et de I'admiration publiques.il fut enseveli dans la grande eglise de Stockholm, ou Charles XII Iui fit Clever un monument. Ehrenstrahl a beaucoup produit. On ne pent nier qu'il ne se trouve dans ses oeuvres quelque chose de mani^re, qu'il dut peut-etre a son maitre, Pierre de Cortone; mais on Iui reconnait de ia grandeiu-, de la silrete de dessin, une couleur forte et simple, une bonne composition ct de la perspective. Son Jucjcment dernier est une vaste toile, non pas la meilleure qu'il ait laissee. Ses batailles, allegories, portraits et tableaux d'histoire remplissent les chateaux de la Sufede. Les principales oeuvres sont : Le Couronncment de Charles XI, La Renommee dictant a I'Hisloire, La Verity decouverte par le Temps, Lf Plafond dr la Chamhrr dc la Noblesse, etc. 376 De do 24. Lepourtrait d'un vieux Prince qui a cste Proteslans a Lcide, sur de la toile. 13e don. 25. Le pourtrait d'un Prince Italien avec un manteau bleu et un bonnet rouge, sur un fond de bois. 26. Dito, d'un vieillard avec un bonnet noir, sur du bois. 27. Dito, du Prince de Portugal estant a cheval, sur de la toile. De Beck, 28. Le pourlrait de Sa Majeste de Suede , sur de la toile , fait par le peintre Beck^ 29. Dito, du Roy de Dannemark, sur de la toile. 30. Dito, de la Royne de Dannemark, sur de la toile. 31. Dito, un grand pourtrait de son Altesse Royale, sur de la toile. 32. Dito, de Ronigsmarck , sur dito. 33. Dito, du grand chancelier de Suede, sur dito. 34. Dito, du Roy d'Angleterre, envoye de France, sur de la toile. 35. Un grand pourtrait du Roy de Pologne. 36. Dito, de la Royne de Pologne. 37. Dito, du Prince de Holstein. 38. Dito, celluy de sa fille. ' David Beck ou plutol Beck, ne a Delft en 1621, mort a la Haye cii i656, peintre de portraits, fut un des meilleurs eleves de Van Dyck. II I'ut d'abord en grande estime auprfes de Charles I" etde la conr d'Angleterre et donna des le9ons de dessin au prince de Galles , aux dues d' York et de Glocester et au prince Robert. 11 etait doue d'une trj;s-grande facilite et Ton trouve aujourdbui ses tableaux dis- perses dans toute I'Europe. II visita le Danemark et la Sufede. Christine le re^ut avec honneur et le fit genlilhomme de sa chambre. En cette qualite, il entreprit par son ordre un gi-and voyage vers les preniltres cours de I'Europe pour executer les portraits des rois , des princes et des hommes celfebres des dilKrents pays , k chacun desquels, pour oblenir cette permission, il devait donner en (5cbangc un portrait de la Rcine. Cc voyage augnicnta beaucoup sa reputation et lui valut de grandes richesses. Quelque temps aprfcs son retour, il voulut, on ne sait pour quel motif, quitter le service de la reine; clle refusa sa d(5mission. II profiladonc d'un conge de (juelques semaincs pour quitter la Suede el n'y plus revenir, nial- gre les lettres do Christine. (\oirAVuw allcjcmeines Kunsllcr-Lcxicon odcr Nacliri- ^^ "^7 7 39. Un tableau representant la Royne de France, le Roy et son frere, sur de la toiled Chez la reine. 40. Un pourtrail donne par Madame Brisie , sur de la toile. M. Boscliart, chcz M. Bourdelot. lil. Dito, du vieux Vossius, donne par Mr. Bochart. 42. Le pourlrait d'un personnages en tapisserie, avec un chassis dore. ti5. Dito, d'un homme avec un bonnet sur la teste. 44. Un grand pourtrait dune fenime, avec des perles a I'entour d'elle, sur de la toille. / 45. Dito, dune femme avec un collet autour du col. 46. Le pourtrait dune femme habillee de blanc. 47. Dito, d'une femme habillee de brocat, sur un fonds de toile. 48. Dito, du Roy de Portugal, sur de la loile, avec un chassis noir dore. 49. Dito, de Md" Marie Royne d'Angleterre. 50. i8 petits pourtraits, representans des Empereurs, des Roys et des Princes. 51. Le pourtrait de TEmpereur Rodolphe, sur de la toile. 52. Dito, de Roterodam, sur du bois. Autres chasses du Cabinet de S. M. Un Ecce Homo du bois, avec plusieurs enfans qui portent les mysteres de la Passion. Le Portrait de ]i reyne Marie d'Escosse. 8o portraits donnez par Mr. Bour- delot. Le Laocoon, Venus de Medicis, Marc Aurele et Gladiateur, modelles de cire. Trois tables de marbre arli- ficiel donnees par Du Fresne. Le Soubsigne certifie que les choses mentionnees en cet inven- chlen von dem Lehcn nnd den JVerken der Malcr, Bildliauer, Baumcistcr, Kupfcr- stechcr, Formschiieider, Lilhograplien , Zeichur, Mcda'dlnirc , Elfenhcinarbciler,e[c. Bearbeitet von Dr. G, K, Nagler. i8 vol. in-8°, Miinchen, i835. — Christine envoya dememe S6b. Bourdon en Espagne, h la suite de Don Pimentel pour peindre Ic roi et la famille royale et les principaux personnages de I'Espagnc. Don Pimentel avait le premier soilicit^ de la part de son roi le portrait de la reine de Suede, h cbevaL (Depecbes de Pierre Juel, r(^sident de Danemark a Stockbohn, 4 et iijuin i65.'^.) ' Probablemenl Louis XllI, sa femme et Monsieur. — 378 — taire se sonf trouvees dans les Cabinets de La Royne, et que celles qui ne s'y trouvent plus auiourdhuy ont este raises par moy entre les mains de sa niaieste , par ordrc expres qu'elle in'en a donnee, fait a Stockholm ce 2/1 seplcmbre i653. Dn Fresne. 51" Ordres et plans de bataille de 1600 a 1679, dessines en 1687 par le feld-marechal comte Eric Dahlberg et olTerts par lui au roi de Suede. Ce volume, fol., oblong, contient 270 planches, bien executees a la main. Si noire depot de la guerre ne possede pas deja tons ces plans de bataille, il serait utile, sans doute, de les faire copier a la bibliotheque de Stockholm. II n'est pas indiffe- rent de remarquer que chaque planche donne les noms des ge- neraux et des colonels qui se partageaient les divers commande- ments. Le texle du manuscrit est redige en suedois. On y remar- que pour ce qui concerne la France : PI. 9. Ordre de bataille des troupes fran(^aises devant Juliers, commandees par M. le marechal de la Chastre, 12 aout 1610. PI. 19 «. Ordre de bataille de I'infauterie fran^aise devant le prince d'Orange dans la journee du 2 septembre i636. PI. 19 6. Ordre de bataille de la cavalerie francaise devant le prince d'Orange dans la journee du 22 septembre i636. PI. 21 Bataille de Rethel sous le commandement du marechal du Plessis-Praslin , deccmbre i65o. PI. 24. Ordre de bataille de I'armee fran(;aise a Moyenvick , le 20 septembre i63/|. PI. 2G a. Ordre de bataille de I'armee francaise sous le feld- niarechal Milleray devant Arras, 1 3 juin i64o. PI. 27. Ordre des armees francaise et autrichienne devant Rocroy, 19 mai i643. PI. 28 a. Ordre de bataille des armees imperiale et bavaroise devant Tutllingen, 2I1 novembre i643. PI. 28 b. L'armee fran(;;aise attaquee dans ses quartiers est en- tierement d^faite devanl Tuttlingen, 24 novembre i6/i3. PI. 29 a. L'armee bavaroise rangce en bataille en face du due d'Enghien, est defaite au combat d'Allerheim, 3 aout iG45. PI. 29 b. Ordre de bataille des armees franc^aise ethessoise, en presence de l'armee bavaroise qui fut battue a la journee d'Aller- heim sous le general Mercy, 3 aoiit iG/|5. — 379 — PI. 30 a. Ordru de bataille de raniiee fr;!n(;.aise devant Diden- kofwen, 18 juin 1643. PI. 30 b. Ordi'e de balaille de Farmee franQaise sous M. le marechal de Touraine lorsqu'ii forra le camp des Espagnols devant Arras, le i5 aout iG54. PI. 37. Oidre de bataille de I'armee franc^aise sous le Prince de Conde coatre les Hollandais a Mariemont, le 37 juillct 1674. 52° Da conseil da roy. Des personnes desquelles les roys ont com- pose leur conseil et qui ont eu seance entree el voix en icelay, in-folio, de Tannee 1700 environ. 53° Etat et menu general de la depencc ordinaire de la chambre aux deniers da roy. Annee 1707. Etat des personnes qui doiuent et out droit de manger aux tables da roy duranl I'annee 1707. Manus- crit in-8°, sigoe « Henry Jule de Bourbon, » et, plus bas, « par Monseigneur, Lombard, » Appartenait au compte G. G. Tessin. 54° OuDRY. — Discours sur la maniere d'etudicr la couleur en comparant les objets les uns aux autres et sur la pratique de la pein- ture et ses trois principaux proccdes , ebauclier, peindre a fonds et re- toucher, prononces en VAcadi^niie roiale de peinture et sculpture de Paris, les 7 juin i7i9 et 2 d4cembre 1752; manuscrit in-4° de 1 45 pages '. — Le premier de ces discours a ete public par M. Villot dans le 3" volume du Cabinet de Vamatear et de I'aniiquaire, Paris, 1844, 4 vol. in-8''. II commence par : « Je me flatte d'etre assez connu de vous, Messieurs, etc., » et comprend 18 pages. 55° Lettres de madame des Ursins , deux registres petit in-4°, d'une bonne ecriture, contenant 119 pieces, 94 lettres adressees a madame la marechale de Noailles et i5 a madame de Main- tenon. Gette correspondance , commencee en aoiit 1698, va jusqu'en 1714. Ge sont ^videmment des copies, dont je n'ai pu retrouver encore les originaux. Ceux-ci ont evidemment fait jjartie des papiers de la famille de Noailles, puisque I'abbe Millot, dans ses Memoires composes sur ces documents , a cite quelques fragments, d'ailleurs pen nombreux. Les archives de la famille de Noailles ont et^ dispersees a I'epoque de la Revolution. La Bi- bliotheque iniperiale en possede aujourd'hui plusieurs collec- tions, d'une part 4o volumes, de I'autre 2 3 volumes in-folio ' Oudry (Jean-Baptisle) , peinlre et graveur, n6 a Paris, en 1686, mort a Bcauvais, en 1755. — 380 — provenant des Jacobins Saint-Honored! , mais ne conlenant ni les iins ni les autrcs la correspondance dont il s'agit. L'une etl'autre de ces deux collections offrent seulement des pieces qui comple- teraient utilement notre correspondance inedite. Dans la premiere, le volume intitule : Leltres a madame la marechale de Noailles, 2 2 32 S. F. ^ contient des lettres du chevalier Dubourg^, rendant un 37 " compte favorable de la conduite de madame des Ursins a Madrid, au. mois d'aout lyoS; — 35 lettres de Chamillart, de 1700 a 1716, dont plusieurs concernent madame des Ursins. Voici, par example, la 4° de ces lettres, non signee et sans date, mais auto- graplie. « Je vous envoie, Madame, la response que vous m'avez ordonne de faire a madame la Princesse des Ursins, et vous assure qu'elle est sur I'estat de distribution. Je souhaite que vous soyez contente de Thomme du monde qui est a vous plus fidellement. Adieu Madame. » On voit que la marechale de Noailles etait pour madame des Ursins une utile amie. — Lettre l5^ juin 1704 : "Vous demandes, Madame, avec tant de vivacite le paiement de la pension de madame la princesse des Ursins que vous auries eu satisfaction sur le champ s'il estoit en mon pouvoir de faire ce que vous desirez ; mais on ne paie rien au Tresor royal sans or- donnances. Celle de madame des Ursins ne s'expedie qu'au mois d'aout, et c'est a M. de Pontchartrain que vous aves a faire. Si je connoisses madame des Ursins, le merite de votre grande lettre ne seroit pas perdu, car je lui enverre, mais elle n'a pas plus envie de rire que moi. Ne croies pas que je vous donne du temps pour m'expliquer votre conduite a son egard et celle que vous avez tenue avec M. d'Eslrees, je suis persuade por advance quelle est niauvaise ; tout ce que vous pouvez exiger par le pouvoir que vous avez sur moi, c'est de vous entendre huit jours apres la paix, jc ne pretends pas remettre a ce temps la a vous voir. Je vous aures donnes a disner de bon cceur aujourd'hui a Lestang. Juges apres cela si je suis digne de votre amitie. » — Lettre 16°. Ce 8 aout 1705 : « Vous ne douteres pas, Madame, en lisant la lettre qui m'a ete adress^e pour vous, qu'il ne soil etabli dans le conseil d'Es- pagne que c'est vous qui me gouvernez ; car les ministres ne font jamais rien sans raison, la mienne est fort agitee depuis quelquo temps et je dois craindre de vous retrouver, car il ne m'en resle pas assez pour me deffendre conlro vous. >■ — 381 — Suivent trois lettres d'Amelot, qui joua un role si important en Espagne a cote de niadame des Ursius , etc. Le volume 16° du meme londs donne la correspondance de Noailles, de 1706 a 1709. Dans \c fonds dcs Jacobins Saint-Honore, le volume ayant an dos ce litre : Lettres cm cardinal de Noailles, V. fol. (Jacobins Saint- Honore. i5. A.), contient ili lettres de I'abbe d'Estrees, autogra- plies : Madrid, 3 mars 1702 : « Vous connailrez, Monseigneur, par la lettre de niadame des Ursins au cardinal Portocarrero et par la reponse quil i a fait le caractere des personnes a qi nous avons a faire, etc. » Madrid, 21 Janvier 1703. — 2 fevrier 1703. — 18 fevrier, etc., toutes ces lettres dirigees contre madame des Ursins. Viennent ensuite 6 lettres de madame des Ursins, dont la si- gnature est autographe ; page 1 5 1 : " Madrid, 3 Janvier 1711. Quoy- que vous m'ayez accoutumee il y a longtemps. Monsieur, a rece- voir. . . » — Page i52 : « Alagon , 6 fevrier 1711. Une incomodite que les medecins ont trouve assez considerable. Monsieur, pour m'engager. . . » — Page i54 : « Buen Retiro, 18 aoiit 1712. Jay receu. Monsieur, en tout rencontre. . . » — Page i55 : "Madrid, h Janvier 1713. Vous ne vous contentez pas. Monsieur, de me faire Thonneur. . . » — Page i5j : "Madrid, 6 avril 171/^. 11 est certain. Monsieur, que rien ne pouvait m'arriver de plus alTreux ny de plus sensible que la perte de la Reyne. . . » La bibliotheque du Louvre possede aussi, disions-nous, Irente volumes in-folio des papiers de la famille de Noailles ; mais je dois a I'obligeance du savant conservateur, M. Rathery, cette infor- mation, qu'on ne trouve dans ce depot que deux lettres inedites, non autographes, de madame des Ursins; la premiere, datee de Madrid, 4 mars 1708, adressee a M. de Torcy, et non signee; la seconde , du 5 aout 1721, a M. le cardinal de Noailles , et signee ; la premiere commencant par ces mots : « La reine douairiere d'Es- pagne m'a fait Thonneur de m'ecrire deux fois sans me repondre un seul mot de ce que je lui avois mande touchant M. le due de Saint-Pierre, par I'ordre du roi calholique. M. le due de Gramont luiavoit dii pouitant presenter ma lettre que j'avois mise a mon or- dinaire sous son enveloppe, etc. » ; la seconde par ces mots : « J'ai ignore. Monsieur, pendant plus de deux mois que j'elois fort in- commodee, absolument la perte que vous avez fails de monsieur MISS. SCIF.NT. IV. ' 25 — 382 — votre frere ^, et je ne I'ai apprise que par hasard dans quelqile vieille gazette, etc. » Je me crois du nioins assure que ces lettres, sauf les extraits de l'al)be Millot, sont encore inedites. Aucune d'elles ne se trouve dans les recueils suivanls : Lettres inedites de madame de Maintenon et de madame la prin- cesse des Ursins, 4 volumes in-8°, Paris, Bossange, 1826. Lettres inedites de madame dcs Ursins, pul)liees par Leopold Collin, Paris, 1806. Lettres de madame de Maintenon, 9 volumes in-12, 1758. Lettres de madame de Maintenon, 9 tomes en 3 volumes in-18, Amsterdam, 1756. Lettres de Madame de Maintenon, t. I, seul, Geneve, 1753, in-12. Ces lettres ofTrent par ellesmemes un veritable interet, soit par le charme du style, soit par les details nouveaux qu'elles four- nissent pour la biographie, encore assez mai connue, de la prin- cesse des Ursins. Tous les biographes de madame des Ursins passent .brievement, sur son sejour a Rome jusqu'en 1701. lis ignorent I'imporlant personnage que I'ambitieuse princesse voulut jouer des cette epoque, sans aucune mission officielle, et ils se trompent quand ils disent que madame des Ursins fut envoyee en Espagne sans avoir soUicite cet honneur. Nos lettres comblent cette lacune et corrigent cette erreur. Madame des Ursins voulait, pendant son s6jour a Rome, que I'eclat de sa maison fit honneur au roi de France. Des la premiere lettre , elle desire que I'ambassadeur de France a Rome, M. le prince de Monaco, elise domicile dans son propre hotel : « Difficilement en trouvera-t-il jamais, ecrit-elle, ou il puisse etre plus commodement et plus honorablenient qu'il sera dans Tappartement que je lui ofTre, et cela m'incommodcra si peu que, lui loge et moi aussi, je puis, dans I'occasion d'un conclave, oflrir encore des logements a deux cardinaux. » Elle fait dresser sur son hotel I'ecusson de France , donne pour cette inauguration une fete a Rome tout enticre, avec musique et flambeaux, et en ecrit tout au long a madame la marechale de Noailles et au roi , afm que personne n'ignore a Versailles quelle figure on fait a Rome en face du saint-siege, du sacre Collegeet des ambassadeurselran- ' L'^vfique tie Chalons, — 383 — gers '. Non-seulement madame des Ursins veut de la sorte fignrer avantageusement pour le roi son maitre, mais elle se croit obligee d'informer madame de Noailles , qui a roreille de madame de Maintenon , de toutes les nouvelies qui circulent a Rome dans le monde politique, et elle ne laisse pas que de joindre a ces infor- mations detaillees ses propres jugements : « Le pape me donna liier des louanges si excessives que je n'ose vous les dire. Imaginez-vous, Madame, qu'il dit a M. de laTremoille, apres bien d'aulres choses, qu'il etoit tres-fache de ne pas me voir, parce qu'il me demande- roit conseil en beaucoup d'occasions et que je lui en donnerois de meilleurs que plusieurs cardinaux. Je crois pour moi qu'il falloit qu'il eut enfretenu auparavant Je cardinal Maidalquin -. .. » L'am- bassadeur venitien, marque-t-elle plus bas, est ici « un bomme su- perbe, quereileur, et qui nie hardiment la verile quaud il croit que cela lui est bon a quelque chose. Je ne saurois lui souITrir Textravagance qu'il a de vouloir en tout s'egaler aux ambassadeurs de France et d'Espagne. On a bien gate les ministres de cette repu- blique. Je les ai vus autrefois les subalternes de nos ambassa- deurs. . . » Et plus loin : « Vous verrez bientot a Paris un nouveau nonce qui est mon ami intime. C'est un bomme sincere et tres- bon serviteur du roi^. » Elle dit enfm tout ce qu'elle sait ou prevoil du nouveau Pape, et sa correspondance, loin de rester une causerie familiere et charmante, comme celle de madame de Sevigne,prend vite et a son insu les allures du style narratifdans •les depeches diplomatiques : « Je vous dirai francbement ce qu'il m'a toujours paru du cardinal Albane etl'idee quejeme fais de ce pontificat. Je I'ai trouve, dans les visiles qu'il m'a faites, homme de beaucoup d'esprit, fort adroit, complaisant et d'une conversation tres-agreable. J'ai quelquefois eu besoin de lui ou pour mes affaires propres ou pour celles de mes amis. J'en ai tire ce que j'ai souhaite, et cela s'est passe d'une maniere qui me fait esperer qu'il me fera encore les graces qu'il pourra, a moins que, devenu plus timide depuis son exaltation, il ne soit aussi plus retcnu a agir par lui-meme. Je sais qu'il etoit charitable, bon ami, et qu'il ne faisoit de mal a personne. Malgre cela, le public I'estimoit artificieux , un donneur de belles paroles et point ' Letlrc IV, a madame la mar(5chale de Noailles, 4 aoul 1699, ^ LeItreVI, G oclobre 1699. ^ Lettre VI f, 3 mai 1700. IV. 25. — 38'i — (III tout efTectif. Peut-etre cela venoit-il de ce que, recevant ega- lement hien tons ceux qui recouroient a lui pour un menie em- ploi et favorisant ensuite celui pour qui il voyoit que le clefunt pape inclinoit davantage, le nombre de ceux qui ne pouvoient obtenir ce qu'il falloit donner a un seul ctoit bien plus grand que celui des gens qui recevoient des graces par son moyen. II a tou- jours ete ami de nos ennemis. On pent repondre qu'il Tctoit aussi de nos amis, mais ses plus inlimes sont Casnni et Fabroni, les- quels sont devoues a la maison d'Autriche. .. Je ne crois pas qu'il ait eu jusqu'a present Tidee qu'on doit avoir de notre roi , et cer- tainement il laut qu'il travaille beaucoup avant que d'etre propre a gouverner, sa naissance ni ses emplois n'ayant pu lui donner cet esprit de superiorite qui est necessaire a un prince, ni cet esprit decisif qu'un homme sage n'acquiert qu'apres une longue experience. On me fit voir pendant le conclave un bref latin qu'il fit pour MM. les chefs d'ordies, a la priere de M. le cardinal de Bouillon, sur un certain billet qu'on atlribuoit faussement au prince Vaini. Apres me I'etre fait expliquer en franrais, je fus etonnee qu'un homme de jugement put ecrire de la sorle, et e'est une des choses qui me fait avancer que ses idees ne me paroissent pas assez repondre a la haute estime ou pour mieux dire a I'admi- ration que notre roi merite par tant de verlus qui le rendent ini- mitable. Dans le commencement de son regne, il sera tres-lent a prendre un parti. La crainte de mal faire le rendra toujours in- certain dans sa resolution, et, quoique jc le croie plus porte pour I'empereur que pour la France, je suis persuadee que son pen d'experience le reliendra bien autant que son inclination a entrer dans la ligue qu'on lui propose pour le salut de I'ltalie. II fera beaucoup valoir les plus petites graces qu'il voudra accordcr au roi. Notre clerge le trouvera certainement contraire dans ses opi- nions. Les Jesuites seront favorises dans les choses qui ne sont pas essentielles, el, dans une affaire douteuse, les Allemands I'eni- porteront toujours sur la France, si I'l^troite union qui doit etre dorenavant entre nous et les Espagnols n'arrete pas son inclination, •le crois que les anciens cardinaux franrois qui dirigeoient et con- duisoient les jeunes dans le conclave n'auroicnt pas concouru a son election, quoi qu'ils en puissent dire, s'ils n'y avoient ete forces par nos ennemis et par la crainte qu'ils avoient qu'on leur donnat un sujet moins agreable. Son age de cinquante et un ans devoil ~ 385 — etre une exclusion insurnion table a notre egard, car mon seuti- iiient est qu'il vaudroit niieux avoir un pape mediocrement boii Francois, mais vieux, qirun si jeune quoique assez bieii»dispose pour la France. Je sonliendrois mon opinion par des raisons qui n'out point de replique , mais, Madame, vous ne vous souciez guere de les savoir ni nioi aussi de faire ces grands raisonnements de politique ^ . . » Madame des Ursins se croit si eiTectivement utile au roi de France qu elle n'hesite pas a demander un supplement de pension, uniquement dans I'interet bien entendu de SaMajeste « a cause du peu de bien qu'elle a el de i'utilite dont elle croit qu'il seroit au Roi qu'elle en eut davantage. » Suit un expose, curieux pour ses biographes, des revenus de la Princesse. « C'est un bien, dit-elle en terminant cette enumeration, qui ne convient guere a la pre- miere princesse de Rome, nee sujette d'un grand roi comme le notre. Toute pauvre que je suis, j'ai assez de fierle pour que vous soyez la seule a qui je veuille decoUvrir mon indigence, et je reussis si bien a la cacher aux autres qu'il n'y a personne a Rome qui ne croie, a la figure que j'y fais, que je n'aie 20,000 ecus a depenser par an. Si cela ne me menoit pas trop loin, je vous dirois en quoi consiste ma maison, et tout habile que soyez, ou vous admireriez mon industrie ou vous diriez que je in'abime. » II est curieux de voir combien, a I'appui de sa demande, madame des Ursins est habile a demontrer I'importance, meme politique, des reunions qu'elle a chez elle. Sa maison est la seule franraise qui soit dans Rome ouverte au vrai public. Les repas de I'ambas- sadeur et des cardinaux francais ne reunissent autour d'eux que les Fran(;ais et la societe officielle de Rome, au lieu que chez la princesse des Ursins , les jours qu'elle ne donne point a ses alTaires-particuiieres, il vient le soir « une centaine de personnes detoutes sortes de nations qui y sont avec liberte parce que c'est la coutume et que les speculalifs ne subtilisent point sur de simples devoirs qu'il semble qu'on lui rend. C'est dans ces assemblees ou on pent parler a des gens qu'il seroit difficile de voir ailleurs et surtout dans ces temps-ci ou I'interet du Roi est de menager les Napolitains qui n'osent aller dans aucune autre maison francoise. II y a deja trois ou quatre des plus grands seigneurs de ce pays-la ' Lcllre XiV, 27 oclobrc 1700. — 386 — qui in'ont dit d'eux-m<:mes qu'ils s'adresseroient a moi s'Hs avoient jamais quelque chose a traiter avec la France pavce que j'ai du credit parmi eux ^ . . » A celte faveur royale , qui serait aux yeux desRomains la marque d'une estime incontestable, Madame des Ursins demanda bientot que le roi voulut ajouler des preuves de sa haute confiance dans Fhabilete de sa servante devouce. Cc ful a I'occasion du manage du roi d'Espngne, petil-fds de Louis XIV : « La grande affaire dont je veux vous parler, Madame, regarde le manage du roy d'Espagne et une vue pour moi en cas qu'il se fasse avec Madame la prin- cesse de Savoye » Aussitot qu'elle avait su la resolution du roi d'accepter le testament du roi d'Espagne, elle avail songe que I'in- teret de la France etait de detruire en Espagne le parti qui restait aflectionne a I'Empereur, et qu'il fallait, par consequent, eviter d'y introduire une Allemande a qui il serait aise d'acquerir de nouvelles creatures et de conserver les anciennes. Elle avait fait approuver son raisonnement a Rome par les cardinaux franrais, par Tambassadeur d'Espagne, avec qui elle avait traite « a fond » cette question; elle I'avait meme fait gouler aux auditeurs de Rote espagnols. De ce concert elle augurait que Madame la du- chesse de Bourgogne aurait la satisfaction de voir Madame sa soeur reine de cette grande monarchic et, coumie il fallait une dame titree pour conduire cette jeune princesse , elle suppliait Ma- dame la marechale de Noailles de vouloir bien I'oirrir avant que le roi jetat les yeux sur quelque autre. La lettre XIV (de Rome, 27 de- cembre 1700) enumere avec soin tous les titres que Madame des Ursins pretend faire valoir ; elle parle espagnol , elle est Grande d'Espagne, elle a dans ce pays beaucoup d'amis devoues, « eutre autres M. le cardinal Porto-Carrero avec qui je chercherois, Ma- dame, les moyens de marier en ce pays la une douzaine de JMes- demoiselles vos filles. » En un mot, elle ferait dans cette cour « la pluye et le beau temps. » On voit clairemeut quels desseins formait la princesse des Ursins, a I'age de cinquante-huit ans (elle etait nee probablement en 1642 ) , et cond)ien est veridiquc le temoignage dc Saint-Simon, qui lui prete « beaucoup d'ambition, mais de ces ambitions vastes, fort au-dessus de son sexe et de rambilion ordinaire des honimes, ' Leltre IX, i5juin 1700. — 387 — el un desir pareil d'etre et de gouverner. » II n'est plus possible de croire, comme I'a soutenu un des biographes de Madame des Ur- sins, qu'elle hesitait a aller occuper un poste dont elle connaissait cependant tous les avantages, que, vivant a Rome tranquille, heureuse et consideree, elle redoutait des fonctions devenues tres- difficiles au milieu de tant de dissensions politiques, et que ce ne fut pas trop des instances et des ordres meme de Louis XIV pour la decider ^ Tout au plus est-il pei^mis d'avancer, en presence des lettres qu'elle envoie coup sur coup relativement a ce qu'elle ap- pelle sagrande affaire a Madame la marechale de Noailles, a M. de Torcy, a Madame de Maintenon , et meme au due de Savoie et a Madame Royale-, que, sentant lejeu lui venir, elle ne parut point s'en saisir avec trop d'empressement, et se fit meme prier pour ce qui etait I'objet de son desir secret ^. L'afTaire une fois conclue , il faut voir dans nos lettres avec quelle attention serieuse Madame des Ursins combine les apprets de son entree en Espagne : « J'ai ordinairement quatre gentilshommes , j'en prends ici un autre espagnol, et quand je serai a Madrid j'en prendrai deux ou trois qui connaissent la cour et soient gens a me faire bonneur. Des quatre que j'ai presentement, deux sont Fran^ais et deux Ita- liens ; I'un est I'aine d'une des meilleures maisons de Sicile , et le second est d'une tres-bonne noblesse de I'Etat du Pape et proche parent du prince Vaini. J'augmente mes pages jusqu'au nombre de six, qui sont tous gens de condition et capables d'etre cheva- liers de Malte , hors un qui est fdleul de M. le cardinal de Porto- Carrero et qu'on m'a prie de lui mener. Je crois que j'en prendrai deux autres a Madrid; j'ai outre cela leur maitre, qui me sert d'auuionier ; je ne vous parle pas de mes olTiciers que j'ai de toutes sortes. Je mene douze laquais que j'ai ordinairement ; j'en pren- drai d'Espagnols quand je serai a la cour Je me fais faire un tres-beau carrosse, sans or ni sans argent neanmoins, et j'en amene un autre dore que je me suis fait faire depuis quelques mois, il me servira quand je voudi'ai m'aller promener hors de la ville a six chevaux » (Lettre XXVIII.) ' Bio^raphie universelle, XLVII, 219. ' Voyez les lettres XXH, XXV, XXVI. ■* M. Sainte-Beuve, Causerics da lundi, V, Sai. — 388 — Je lie puis avoir le dessein d'analyser en detail des documents dont la lecture ne nianquera pas d'etre agreable et rapide. Qu'il me suffise de signaler, avant de publier integralement cette cu- rieuse correspondance, les principaux episodes qu'elle fail desor- mais mieux connaitre. II faut citer en premier lieu la premiere disgrace de Madame des Ursins, dont on suivra pas a pas dans ces leltres tons les progres , et qu'on verra eclater enfin dans la lettre XLV, da tee de Victoria, 2 3 mai lyo/i, ou Madame des Ursins ne se con lien t plus et prend les accents d'une Hermione : « Enfiu , Madame , le mensonge I'a emporte sur la verite , et quoique je puisse bien dire que jamais personne ne servira le Roi avec plus de zele et de probite que j'ai fait, je me vois traitee comme une criminelle qui auroit trabi TEtat, pendant que mes accusateurs triompbent ! ...» Apres son retour en Espagne, en lyoS, Madame des Ursins assiste avec anxiete aux desastres de la France et de I'Espagne elle-meme. Tantot, pleine de confiance dans la fortune du Grand Roi , elle soubaite qu'il prolonge la lutte et exprime avec ardeur les raisons de cet avis : « Si on voulait bien en France faire de mures reflexions, on reprendrait un nouveau courage et on en verrail bientot des effets avantageux. Vous qui faites tout ce qui vous plait des ministres, ce devrait etre votre ouvrage de les ranimer avec cette vivacite que Dieu vous a donnee ^ » — a Madame de Maintenon est digne de pitie, de voir de pres tout ce qui se passe Elle me represente Madame la ducbesse de Bour- gogne dans une aflliction extreme, craignant infiniment pour M. son mari, pour M. le due de Berry et pour I'honneur dc la na- tion. « (Lettre LXXII, 27 septembre 1708). — Tantot elle redoute pour I'Espagne, qu'elle voit reduite a la derniere extremite, I'im- puissance ou I'abandon des amies franraises. La correspondance inedite de Madame des Ursins olTre encore une foule de curieux details sur la misere profonde de cette cour d'Espagne, sur la nais- sance et la premiere education des iils de Pbilippe V, sur la sante de Madame de Maintenon, qui « ne dort qu'avec I'opium >• et qu'on saigne trop souvent : « Pourquoi permettez-vous que Madame de Maintenon se fasse saigner pour un acccs de fievre; on devroit acheter du sang au lieu de le prodiguer ; » — enfin sur les atTaires ' Lctlrc LXV, ilt nov. 1707. — 389 — domestiques de Madame la niarechale de Noailles et de sa nom- breuse famille. Le premier des deux registres conserves a Stockholm ne.con- tient que les quatre-vingt-quatorze lettres a Madame de Noailles que nous venous d'analyser. Toutefois les lettres X, XI, XVII, XVIII, XIX, XX, XXIII, XXIV, LXI, manquent. Le second registre contient dix-neuf lettres a Madame de Maintenon, avec trois let- tres adressees auduc de Noirnioutier, frerede Madame des Ursins, a M. de Pontchartrain et a M. le caixlinal de Janson. Ces trois dernieres n'ont rapport qu'a une affaire privee; les autres, plus soignees pour le style et plus interessantes encore pour le contenu que les lettres a Madame la niarechale de Noailles, donnent, sur nos malheurs de 1708 et de 1709, et sur ceux de nos allies, des details exprinies avec une vive emotion et un veritable palriotisme. En voici des maintenaut quelques extraits : " A Madrid, le 1 1° decembre 1706. « Voire derniere lettre du 27 novembre ou vous me faites i'honneur de vous plaindre a moi, me penetre le coeur, car vous me paroisses decouragee de tout et comptant la vie pour rien. Ce n'est point comme cela que je vous veus, Madame; il faut, s'il vous plait, que vous songiez a vivre pour les autres si vous ne vous soucies pas de vivre pour vous-meme. Que deviendroit madame la duchesse de Boui^ogne si elle perdoit une amie de votre con- fiance; croyes-vous de bonne foi qu'il lui fut possible d'en trou- ver une comme vous? Je m'imagine vous voir Tune et I'autre pre- voir tout le pis qu'il pent arriver dans nos affaires et vous en affliger; c'est trop tot que de faire des chagrins par avance, et comme tout est eutre les mains de Dieu et que nous ne pouvous penetrer dans les secrets, il faut au moins attendre qu'il nous fasse connoitre ses volontes, afin de nous en rejouir si elles sont de notre gout, ou nous soumettre a celles qui ne nous plaisent pas. II y a encore une maniere de penser plus parfaite que celle-la, qui seroit de nous rejouir egalement du bien ou du mal qui nous pourroit arriver; mais je vous avoue , Madame , que cette perfection me passe. Tout ce long raisonnement, Madame, n'a pour but que de vous exhortcr a prendre soin de votre sante et vous obli- ger a croire que tout n'est pas perdu conmie vous le craignes. Le — 390 — veritable moyen de soulenir la guerre est de trouver de I'argent, c'est pourquoi il me semble qu'on ne sauroit mieux faire que de retrancher les depenses qui ne sont pas absolument necessaires. II est bien beau au roi de se priver presque du seul plaisir qu'il lui reste , pour ^viter la depense qu'entraine avec soi les batiuiens : je comprends cela encore mieux qu'un autre, car je ne trouve gueres d'occupation plus agreable que celle de I'ajustement des maisons. J'ai fait faire dans ce palais cy des bagatelles qui n'ont pas laisse de rendre les apparlemens du roi et de la reine com- modes, qui ont fort peu coute , et qui m'ont occupe des heures dans la journee que j'aurois passe ailleurs avcc plus d'ennui. II est bien louable aussi a madame la duchesse de Bourgogne de re- duire sa depense d'habits, de table et de jeu afin d'assister mieux les miserables » A Madrid , le 20 ddcembre 1 706.. « Je fais plus de foods sur de bonnes troupes que sur tout le reste. Si M. de Cbamillart, comme vous me faites I'bonneur de me mander, Madame, pent executer le dessein qu'il a d'en met- tre plusieurs sur pied de tons cotes, nos affaires changeront de face, et les ennemis ne seront plus si fiers. Je plains extremement ce ministre. J'ai toujours cru qu'il avoit les sentimens d'un fort honnetehomme, et qu'il aimoit I'Etat. II ne faut pass'etonner que les courtisans le chargent de mauvois evenemens, puisque de tout tems on en a fait de meme pour les ministres de la guerre. Sa consolation doit etre dans la connoissance que le roi a de son procede et dans la droiture de ses intentions. Je compte encore que vos bontes qui vous font entrer en veritable amie dans ses peines, lui sont d'un grand soulagement. Je n'aprouve point du tout que Ton veuille cacher au roi, sous ombre de faire la belle ame, les fautes et les mauvois discours que font les gens, qui sont si prejudiciables pour sa M'". Comment peul-elle le savoir si on ne lui dit pas? et comment peut-on avoir la bardiesse de ne pas ap- prendre a son maitre ce qu'il temoigne vouloir savoir? Mais, Ma- dame, les ministres ne savent-ils pas eux-memes tout ce qui se passe dans la cour et ailleurs, et ne doivent-ils pas etre crus quaud ils parlent, d'autant plus qu'on ne pent pas les soupronner que la tendresse qu'ils ont les uns pour les autres les engage d'etre ton- — 391 — jours d'accord ? lis out des surveillans de leur c6t6, qui vous pourroient bien instruire s'ils avoient des passions qui les enga- geassent a rendre de mauvois offices a quelqu'un, et ecoutant les uns et les autres, vous decouvriries enfin la verite et je suis per- suadee que si le roi faisoit quelque exemple de severile, les dis- cours ne seroient plus si liceatieux, et Ton penseroit a Tavenir . plus dune fois a ne plus sortir de son devoir. Tout ce que vous nie faites i'honneur de m'ecrire, Madame, sur ces matieres me fait beaucoup de peine, ne doutant pas des chagrins qu'en retjoit le roi : je suis bien fachee de ne vous avoir point fait part de deux lettres que j"ai recues depiiis un an. La premiere etoit pour ni'a- vertir que vous trahissies TEtat par le commerce regie que vous avies avec la reine Anne qui savoit que vous 6lies la meilleure amie qu'eut le prince d'Orange. Dans une autre, on m'assuroit que vous avies envoye de grosses sommes d'argent a TEnipereur qui en payoit ses troupes : cest apparemment ce meme argent que Ton vous reproche si souvent que vous amasses sans qu'on puisse savoir ce que vous en voules faire. Vous voyes, Madame, que tout se sait; quand ce ne seroit que cette raison , cela devroit retenir de faire demauvaises actions. Au nom de Dieu , Madame, corri- ges vous done de ce vilain defaut d'interet qui vous fait si fort manquer a vos devoirs; vous me repondres peut-etre, que je pour- rois prendre ce cooseil pour moi-meme et ne plus vendre toutes les charges et les vice-royautes du roi d'Espagne a son inscu. Je crois qu'il faudra a la fin que je me resolve a ne le plus voler; il a trop de besoin d'argent pour payer ses troupes, Lorsque Sa Ma- jeste envoya M. Orry en France pour representer au roi le mal- heureux etat des alTaires , et que nous envoyanaes lespierreries de la couronne pour les engager, nous etions bien eloignes dans ce temps la de croire qu'on put faire subsister les troupes espagnoles et les maisons de leurs majestes catholiques sans fassistance du roi leur grand pere. Cependant par lessoinsdeM. I'ambassadeur, et si j'ose dire, par tout ce que je fis a Burgos, nous les avons mainte- nues quoique cclaparut presque impossible. Aujourd'hui lesFran- Q.ois manquent absolument de tout. M. Melian, I'intendanl, n'a re(ju de M. Chamillart qu'un mois de paye, de six qui sont dus a deux cens mille ecus par mois. M. le marechal de Berwik ne sait plus comment faire. 11 faudra qu'ellcs desertent ou qu'elles pillent la Castille, choses egalement prejudiciables et honleuses, ou que i -*-i — 39-2 — le roi d'Espagne les maintienue. Je crois que dans une pareille oppression il ordonnera qu'on leur donne du pain et de I'avoine, jusqu'a ce que I\I. de Chaniillarl donne des ordres pour que cette armee ne manque plus. S'il etoit possible a sa M'^ calholique de I'entretenir entierement, elle le feroit assurement de tout son coeur, et elle en devroit faire tlavantage encore pour marquer sa reconnoissance et pour satisfaire a son propre interet: mais, Ma- dame, comment ce prince pouroit-il laire pour en venir a bout? il iaudroit qu'il trouvat des Iresors qui sont rares par tout pays. Si le president de Castille n'est point trompe par les gens qu'il com- mettra pour tirer de las alcavalas ce qu'il dit qui en doit revenir a sa M'% elle se trouvera avec des secours consideraWes; mais quand meme cela seroit, cela ne viendra pas sitot, et en attendant s'il 'faut qu'elle porte le poids de la guerre en Espagne, c'est-a-dire qu'elle maintienne les troupes frangoises et les espagnoles, il fau- dra qu'elle succombe. Nous en discourions encore ce matin , M. I'ambassadeur et moi. Je ne sais comment il pent resister a tout ce qu'il fait ; depuis le depart d'Orry il a fallu encore qu'il se chargeiit des finances, c'est-a-dire du soin de faire agir ceu\ qui s'en melent, et d'entrer dans une infinite de details pour empecher qu'on en fit un mauvois usage. J'ai deja eu Thonneur de vous ecrire, Madame, que cet ambassadeur merite quelques graces du roi qui le soutiennent, car j'ai peur a la fin qu'il ne resiste pas a tant de fatigues; vous auriez peine a le remplacer s'il manquoit, Ires certainement, et il faut, s'il vous plait, le conserver. Je n'ai pas laisse ignorer a M. le marechal de Berwik, Madame, I'article de votre lettre ou vous me paries de lui avec I'estime qu'il merite: il m'en a paru aussi louchti qu'il le doit. Vous me faites un portrait de la plus part des hommes, qui n'est pas trop a leur avantage. Ce que j'y trouve de pis, c'est qu'd me paroit asses naturel ; ils nous rendent bien la pareille, car si on veut les en croire, nous avons la plus part de leurs imperfections et peu de leurs bonnes qualites, cependant il est certain qu'ils out des petilesses meprisables et qu'ils se dechirent plus les uns et les autres encore , que ne font les femmes. Si cette lettre tomboiten d'autres mains qu'en les votres, Madame, on m'accuseroit de dire du mal de tout !e genre huuiain ; mais on ne pourroit disconvenir qne je lui rends justice. La con- noissance que j'ai du monde m'attache encore davanlage a vous. J'y trouve toules les vertus et la bonte qui manquent dans les — 393 — autres; ainsi, Madame, je vous respecte et vous aime par toutes sortes d'endroits et je sens bien que je le ferai jusqu'au dernier soupir de ma vie. II La princcsse des Unins. n «A Madrid, le 1 1 novembre 1709. « N'apprehendant plus, Madame, de ne pas comprcndre la volonte du Roi, j'aUcndrai ses ordres avec beaucoup moins d'in- quietudes, puisque mon unique devoir sera, lorsque je les auray, d'y obeir aveuglement. J'ai si mal reussi jusqu'a present a vous faire approuver mon sentiment sur la paix qui semble aujourd'hui etre I'objet des voeux de la France, qu'apprehendant de paroitre opiniaire ou moins zelee que je la suis pour le bien de ma pa trie, je crois devoir vous rapporter plus en detail toutes les ralsons que j'ai pour ne me point rendre a une opinion qui paroit si generale. Cela sera long, Madame, mais vous le lires s'il vous plait a votre conimodite et vous en seres quitte pour me repondre en pen de mots si j'ai tort ou non. 'I Je demeure d'accord qu'on ne fait point la guen-e sans argent; mais vous deves aussi convenir qu'on ne doit jamais accepter une paix telle qu'on nous la propose si on peut continuer la guerre. Ainsi toute la difFiculte se reduit a savoir si le royaume peut fournir au Roi les sommes dont S. M'" peut avoir besoin. Cette question se decide en disant qu'il y a en France au moins antant d'argent qu'il y en avoit pour faire la guerre, qu'il ne circule point, parce qu'on fait malheureusement ce qu'il faut pour I'obli- ger a se cacher et qu'il deviendra aussi commun qu'il ait jamais ete des que le Roi pourra payer ponctuellement les interets qu'il doit et les autres depenses qu'il est oblige de faire. « Comme il n'y a point d'iiomme raisonnable qui puisse nier ces principes, et que d'ailleurs M. le M"' de Villeroy vous a com- munique un m^moire qui ouvre au Roi le moyen de trouver telles sommes qu'il voudra sans mettre de nouveaux impols, et sans avoir recours aux affaires extraordinaires , je suis convaincue, Madame, et tout le monde le doit etre, qu'il n'y a que le decou- ragement ou Ton est en France, qui soit cause des idoes qu'on s'y fait. "On a souLaite cette paix avant la disette, ainsi on ne peut dire, quoiqu'on doive regarder ce malheur conmie une nouvelle — 394 — raison pour la desirer, qu'il soil le principe de la n6cessit6 ou Ton croit t'tre de faire la paix a quelque prix que ce soit. A force d'ar- gent le Roi aura du bled pour scs troupes et on ne sauroit assu- rer avec autant de certitude que la paix nous rendra I'abondance. Quatre mois se passeront avant qu'on puisse joiiir des avantages qu'on en attend ; pour lors si Tannee montre de belles appa- rences, nous n'aurons plus gueres besoin de nos voisins. D'un autre cote le prix du ble augniente en Angleterre et les Hollan- dais n'en tirent presque plus de la Pologne a cause de la peste. Enfin, Madame, des gens bien senses pretendent que la mer peut bien nous procurer quelque soulagement, niais qu'il est impos- sible qu elle remedie entierement aux besoins d'un royaume comme la France. La Mediterranee nous seroit certainement ouverte en guerre comme en paix si le Roi avoit asses d'argent pour armer une flotte capable de nous y faire respecter. Ces raisonnemens, Madame, ne sont point d'une personne qui ignore I'extremite ou la France est reduite. Je crois tout ce que vous me faites I'hon- neur de m'ecrire sans demander de nouvelles autorites ; je pourrois meme vous assurer que ma crainte va encore plus loin que la votre, quand je desespere cju'on veuille en France suivre d'autres maximes que celles cjui nous ont mis en I'etat oil nous sommes. Mais il me paroit qu'il y a tant a esperer quand il est possible au Roi de trouver les fonds qui lui sont necessaires non seulement sans surcharger ses peuples, mais en remettant meme la moitie de la taille dans les deux annees procliaines. Je suis sure que vous penseries comme moi si vous eties persuadee que cela fiit bien vrai; car je suppose que M. le M'^ de Villeroy et M. Amelot ne soubaitent la paix, comme tons les autres bons sujets du roi, qu'au- tant qu'ils sont convaincus qu'il n'est pas possible de continuer la guerre tant qu'on ne s'ecartera pas des routes usees, steriles et pernicieuses qu'on a tenu jusqu'a cette heure pour trouver de I'argent. « Je ne dis pas, Madame, cjue le projet dont je vous parle soit I'unique moyen de remplir les coffres du Roi, L'auteur au con- traire pretend qu'il y en a plusieurs autres ; mais celui-cy ne de- rangeant point le systeme present des finances, ne donnant rien au hazard et pouvant d'abord produire son eflet, je suis d'autaiat plus etonnee qu'on ne s'y applique pas, que nos ennemis sans doute rabatteroient beaucoup de leur fierte s'il leur revenoit que — 395 — nous nous mettons en etat de continuer la guerre avec plus d'ar- gent et de troupes que nous n'en avons eu par le passe. « Voyes, Madame, si nies inquietudes sont moins cruelles que les votres. Vous croyes ou Ton croit en France qu'en perdant I'Es- pagne nous aurons la paix au prix de nos frontieres deja cedees par les preliminaires que nous avons vus, et moi je ne doute nullement que les ennemis pouvant nous attaquer avec soixante mille hommes de plus par le Roussillon et par la Navarre, ils ne pretendent a la paix, 1' Alsace, la Franche-Comte , les trois eve- ches, le Roussillon et peut-etre la Bretagne. On doit tout craindre d'un ennemi qui ne reconnoit point d'autre loi que celle du plus fort, et si les allies se mettoient dans cette pretention occupant deja les reniparfs de la France et de toute I'Espagne, pour lors, Madame, i! n'y auroit plus a douter qu'il ne fallut faire la paix a ces conditions. « L'esperance qu'on a de porler les Hollandois a avoir pitie de nous est une maniere de penser bien extraordinaire et bien vaine. II sera certainement toujours plus stir de mieux deffendre nos places a I'avenir et de faire de nouveaux efforts pour reduire a la raison un ennemi insolent que notre seul decouragement a rendu si temeraire. « Je ne regarde pas avec moins d'etonnement I'opinion de ceux qui se defiant aujourd'huy de la bonte de Dieu, ferment les yeux aux miracles qu'il opere continuellement en notre faveur et qui s'imaginent en le rendant, pour ainsi dire, coupable de nos pro- pres fautes, que c'est resister a sa volonte que de vouloir plus long- temps soutenir une guerre dans laquelle Thonneur de la religion n'est pas moins interesse que celui du nom franc^ois. «I1 est vrai, Madame, que Dieu ote le jugement a ceux qu'il veut pei'dre ; mais pour lors ces malheureux courent precipitam- ment a leur ruine, tout marque leur reprobation, et c'est pour eux qu'on pent dire qu'un abime en appelle un autre. J'avoue qu'il semble depuis quelques annees que les Francois ayent perdu tout bon sens puisque c'est par la faute des uns ou des autres qu'aucun des projets du Roi n'a eu le succes qu'on en devoit at- tendre; cependant pouvons nous dire sans ingratitude que Dieu ne nous ait pas aide, et que ce ne soit pas a lui seul que nous de- vons tons les avantages que nous avons remporte dans le cours de cette guerre. Je me garderai bien de prouver cette verity par une — 396 — infinite cle fails incontestables qui sans aucun fruit oteroient la reputation a tous ceux que je nommerois, mais je dirai hardiuient qu'asses bien instruite de ce qui se passe en Europe et surtout en France je suis beaucoup plus elonnoe que le royaume soit encore en etat de se soutenir, que je ne la suis de toutes ses dis- graces. «Permettes moi, Madame, de vous rappeler ce qui^s'est passe dans cette campagne pour que vous puissies encore niieux juger si c'est a tort que je pense qu 11 y a une espece d'impiele (par- donnes cette expression) a croire que c'est Dieu qui, en se decla- rant visiblenient contre nous, nous impose la dure necessite de mendier une paix ignominieuse et de la recevoir a quelque prix que ce soit. « L'annce 1709 a commence avec Ics bruits d'une paix particu- liere entre la France et les allies. Les preliminaires imprimes ont couru par toute I'Europe et le Roi nous a redemande ses troupes dans ie temps que nous pleurions encore la perte des gallons. Que devoit-il naturellement arrlver en Espagne dans une parellle con- joncture; si non une revolte generale, pulsque toutes sortes d'in- terets y engageoient la nation et qu'il semblolt par I'exemple du pape que ce n'elolt plus un crime de ceder a la force : cependant a-t-on jamais vu plus de zele ? Si la victoire remportee sur les Por- tugals en est une preuve, la patience des pauvres peuples afournir des quartiers d'hiver jusqu'au mois de julUet a trente cinq mille liommes inuliles du cote de TAragon en est une autre blen plus forte. Accordes moi, Madame, que cela ne s'est pu falre sans mi- racle et je ne dirai rien du tort qu'on a eu de ne pas entrer en Catalogue des les premiers jours du mois de mal, ayant deux fois plus de troupes qu'il n'en fallolt pour obliger I'archiduc et sa foible armee a se renfermer dans Barcelone ou a repasser en Italic. « Du cote de Flandres notre armee s'est assemblee sans qu'on seut cjuasi comment la falre subsister. Les Francois extremes en tout, s'imaglnolent dt'ja voir Marlboroug dans I'isle de France, et on pent dire a la glolre du Roi et de M. le M°' de Villars, plus grand encore par cette ressemblance que par ce qu'il vient de faire, qu'ils ont peut-etre ete les seuls qui ayent bien esperc de la Republique. Les ennemis cependant apres la piise de Tournay perdu par notre fautc et non par aucun de ces evenemens equivoques qui servent — 397 — cV excuse a I'ignorance des homines, las ennemis, dis-je, supe- rieurs en nombre, insolens par leur nouvelle conquete et avec I'avantage qu'ont tous ceux qui attaquent, n'ont gagne en sacri- fiant plus de 2 5 niille hommes dans la balaille de Malplaquet, qu'environ trois lieues de pays qu'ils ont abandonne presqu'aus- sitot que nous. Qui peut dire, Madame, que Dieu dans cette ac- lion n'ait-pas anime nos troupes avilies par leur propre misere, et qui ne voit pas un miracle plus grand encore dans la glorieuse retraite que M. de Boufllers a fait quoiqu'enveloppe pour ainsi dire par une armee victorieuse. On pensera ce qu'on voudra, mais la protection de Dieu ne me paroit pas moins visible dans la duree du siege de Mens. Je croyois avec raison qu'une ville si peuplee deffendue par une garnison foible et quasi abandonnee, prefereroit son salut a son devoir. « Vous saves, Madame, ce qui a rendu moins vives les opera- tions de nos ennemis dans la Savoye; quel qu'en soit la cause nous n'avons pas, certainement, ete malheureux de ce cote la et nous nous attendions si peu a ce qui s'est passe en Alsace que nous se- rions bien ingrats si nous n'en rendions pas de tres-humbles graces au Dieu des armees. «Voila les principaux evenemens de cette campngne, Madame, y en a-t-il un seul qui prouve que Dieu soit irrite contre nous, ou qui nous marque que c'est resister a sa volonte que de conti- nuer une guerre que nous ne faisons que pour nous deffendre? n J'avoue qu'une pareille campagne n'auroit pas rempli vos es- perances dans le temps que le Roi agissant par lui-meme enipor- toit des provinces entieres a la vue de ses ennemis ; mais la com- parant a celles qui i'ont precede, et nous ressouvenant des frayeurs qui vous agitoient, on peut ce me semble en tirer un bon augure pour I'avenir et croire sans crainte de se flatter mal a pro- pos que Forage arrive a son periode commence a s'appaiser. Pour moi, Madame, j'en suis si persuadee, que les ennemis, lorsqu'ils refusent de conclure la paix ^ux conditions dont le Roi a bien voulu convenir, me paroissent deja plus aveugles que nous ne I'avons ete et que je ne doute nullement que Dieu par un nouveau miracle n'arrete un traite si prejudiciable a la France que pour nous donner le temps de reprendre courage en reflechissant sur les diflerentes ressources qui nous restent. "Que n'aurois-je point a vous dire, Madame, sur les change- Miss. SCTENT. IV. 3G _ 398 — mens qui pourroient arriver si nous nous mellions dans la situa- tion ou je pretends qu'il est tres-facile de nous mettre en execu- tant le projet que M. le M^ de Villeroy vous a communique ; niais cetle lettre n'esl deja que trop longue. Je ne puis cependant m'em- pecher de vous donuer encore mes reflexions sur ce qui regarde M. le due de Savoye. Ce prince ambitieux et interesse n'a plus rien a pretendre des allies, son traite avec eux n'est point encore renouvelle et il pense bien davantage a agrandir ses Elats qu'a se faire Roi d'Espagne; si nos alTaires se retablissoient il abandonne- roit sans doute cette derniere idee pour suivre uniquement la premiere. Je crois qu'il n'y a que notre decouragement qui le re- tient, et qu'il sera toujours a qui plus lui donnera lorsqu'il ne craindra point de se perdre. «Enfm, Madame, il y a de I'argent et de bonnes troupes en France, nous ne saurions dire que Dieu soil declare contre nous et si nous avons perdu jusqu'a present Menin, L'isle et Tournay, ii nous reste pour equivalent, Nieuport, Charleroy, Namur et Luxembourg. Le royaume est encore done tel qu'il etoit avant la mort de Charles second. Pour lors nous faisions trembler toute I'Europe, et ce n'est selon moi que par notre aveuglement que nous nous attirons aujourd'hui le mepris de nos ennemis. Je pre- tends si pen me faire honneur de ce sentiment que je suis tres- persuadee qu'il n'y a personne qui ne pensat de meme pour peu qu'on prit la peine de raisonner ou de guerir son imagination. « J'ai grande peur, Madame, que vous ne vous lassies enfm du commerce d'une femme qui vous parle avec tant de lijjerte par ce quelle ne pent vous cacher ce quelle pense; j'ose pourtant me flatter que vouS ne m'en honoreres pas moins de votre estime et que vous voudres bien ne pas cesser de m'aimer. a La princesse des Vrsins. » En voila certainement assez pour montrer quel interet pent ofTrir cette correspondance inedite de madame des Ursins. Un jour viendra bientot, sans doute, ou un habile editeur, apres avoir re- trouve les manuscrils de Madame des Ursins, saura en donner un texte complet et irreprochable et ajoulera ainsi un nouveau re- cueil a ceux de nos epistolographes du xvii" siecle. Ce serait un service rendu aux lettres frangaises; nous serious heureux d'y avoir contribue. — 399 — 56° Les ouvrages ou recueils suivants, qui faisaient primitive- ment partie de la collection clu cliateau royal de Droltningholm , ou se trouve encore aujourd'hui, comme au chateau royal de Gripsliolni, une importante galerie de portraits historiques et d'objets d'art, porcelaines, vases, etc., ont ete transporles recem- ment (en aout i854) a la bibliotheque royale de Stockholm. Bien que je n'aie pu feuilleter que quelques-uns de ces manuscrits , voici la liste a peu pres complete de ceux qui interessent, direc- tement ou indirectement, I'hisloire ou la littorature de la France ^ Lettres de Dantzai pendant son ambassade a la cour de Dane- mark, i575-i586 -. Lettres a la reine Marie-Eltonore de diverses personnes, su6- doises et etrangeres; iGSi-g , in-folio. Lettres de la reine Christine au comte B. Oxenstierna, i6/i5- bli (un fort volume). Lettres d'hommes erudits ou celebres. On y trouve deux copies de lettres de Mazarin a Salvius. Memoires et journal de C.-M.-E.-J. von Adlerfelt, de 1706 a 1726, avec un recit de voyage, commence en franc^ais, acheve en allemand. Brouillons aulograpbes de Gustave-Adolphe , de Charles X Gustave et de Charles XI, et plans de leurs batailles. Description de la galerie et des deux salons peints par M. Mi- gnard dans le chateau de Versailles. Recueil de pieces franraises en vers et en prose , 6 volumes. ' Je me suis aid6 ici d'un travail intitule : Forleckning ojver tns. samlingen vid Drottningholm , upprdltad vid ett besok derstudes dern 13 sept. 15^1, par M. le comte A. G. Oxenstierna (manuscrit, aux archives royales, ^ Stockholm, 1 vol. in-fol.). - Voy. les Lettres de Dantzai, imprim^es dans le tome XI et a la page 3 de la preface du tome XII du recueil : Hcindlingar rorande Scandinavicns hisioria. Nous en possedons quelques-unes manuscrites a la Bibliotheque du Louvre. — La Bibliothfeque royale de Stockholm possede aussi un volume de lettres de Dantzai , peut-elre une copie de celles de Drottningholm qui semblent etre les brouillons autographes. H y a en tete du manuscrit de Stockholm une pi^ce intitul^e : • Les aifaires du comte de Boduell,» en fran(;ais, mdmoire re(;u par Dantzai, comme il Tatteste lui-meme, nau chateau de Malmo, le i3 janv. i568.» — Charles Dantzai, Carolus Dancaus, resida trente-neuf ans comme ministre de France k Copenbague. C'est lui qui donna a Mercator, mort en 1 Sgd , ce que son atlas contient de renscignements g^ographiques et stalistiques sur le Danemark. II niourut i Copenhague en 1589. — 400 — Zuinu, par le Fevre, tragedie. Guslave III, ou la revolution de Su^de. De Thistoire, parle marechal C.-M.-J. Adlerlelt, 4 tomes in-/i°. Recueil des portraits anciens qui se trouvent au chateau de Gripsholm, par C.-T, Tessin; peintures aTbuile, sur parchemiu , 24 decembre i^hj- Ouvrages de loisir de la reine Christine, en partie autographes. Polyxene, tragedie. Les Audiences de V amour, comedie. Les Caracteres et les einbarras de la cour. Le Galant philosophe , comedie. Correspondance litteraire de Grimm, 1761-8, 9 volumes in-4''. Cette collection offre aussi quelques livres imprimes rares, et entre autres : Le Rommant de la Rose, avec gravures sur hois, Paris, Guil- laumele Rret, i538, in-S". Le Lapidaire.en franc^oys, compost par messire Jehan de Mande- ville, chevalier, iinprime nouvellement a Lyon, in-12. Anecdotes de Suede, avec notes autographes de la reine Ulri- que-Eleonore, 1718. La Genealogie avecques les gestes et nobles faictz d'armes du tres-preux et renomme prince Godeffroy de BouUion , par Phi- lippe le Noir, Paris, 1499, avec gravures sur bois, petit in-folio^ Parmi Ics manuscrits danois de la Bibliotheque royale de Stock- holm, je remarque seulement une traduction de Comines, faite en 1674 par Hans Mogensen, professeur a TUniversite de Copen- hague, ou il occupa ce qu'on appelait Lectio Virgiliana et ensuite la chaire de langue grecque, puiscvcque aThrondhiem en 1578. La preface, ecrite en i6o5 et signee Arrild Hvitfeld, temoigne que ce dernier a relu et corrige cette traduction, destinee a faire con- nailre « le Guichardin fran^ais » aux Danois trop 6pris de livres comme « le Reinecke Foss, le Fauslus et autres semblables. » — Outre cette traduction de Comines, on serappelie que nous avons dejk cite, dans le premier paragraphe, un certain nombre de ma- ' Telles sont les indioalions du catalogue manuscrit de la collection de Drottniiigholm. Elles doivent ctre crronees; Michel le .Noir a imprimd La Genda- loyie... infolio.en i5i 1, el Philippe le Noir 1 a imprimee iu-quarlo en iSaS. — 401 — nuscrits eu vieille langue danoise, con tenant en general des tra- ductions ou imitations de nos anciens poenies frangais. M. Stephens enfin signale, dans son catalogue des manuscrits anglais de la Bibliotheque de Stockholm [iSlij] , plusieurs monu- ments curieux de la langue et des institutions anglo-normandes. Tous ces manuscrits, latins et fran(;ais, islandais, suedois, da- nois et anglais , presentent, comme on a pu en juger, une grande variete d'objets et sans doute aussi de provenances. Ceux que nous allons rencontrer dans les Archives rojales, a Stockholm, acquis seulement par les voies diplomatiques, nese rapporteront d'ordi- naire qu'aux relations de politique generate entre la France et la Suede. NOUVELLES DES MISSIONS. Missions donnees par M. le Ministre de rinstruciion pablique et des cultes pendant le 2° semestre de 185i, et le 1"' semestre de 1855. MM. Bazancodrt (Le baron de). — Mission en Orient pour faire I'histoire de la guerre actuelle. (Arret6 du 9 ddcembre i854-) SiCKEL (Le docteur) . — Prolongalion de sa mission pour continuer dans les archives de la haute Ilalie, el particulieremeiU dans celles de Mi- lan , des recherches relatives a notre histoire nationale. (Arrete du jg decembre i854.) — 402 — MM. FoDCHER DO Cabeil (Le comle). — Mission en Italie pour conlinuer ses eludes liistoriques et recliercher des documents concernant les relations des universites de France avec les anciennes universites ita- liennes. (Arrel^ du 18 Janvier i855.) Lebarbier (membre de I'ecole d'Albenes). — Prolongation de mission a Constantinople pour recliercher dans les bibliotheques et les serais les manuscrits grecs et orientaux. (Arrete du 22 Janvier i855.) Mariette (conservaleur adjoint au mus^e du Louvre). — Mission en Angleterre et en Prusse pour recliercher dans les musees les monu- ments relatifs a Apis et Serapis. (Arretd du 10 f^vrier i855.) Certain (De) (archiviste paleographe). — Prolongation de mission a Rome pour etudier, dans la bibliolheque du Vatican, le fonds dit de la rcine de Suede, etc. (Arrets du 19 fdvrier i855.J Baschet (Armand). — Mission en Allemagne el en Autriche pour re- cliercher les curiositis et documents bibliograpbiques qui sont de nature a intdresser noire histoire et noire litt^rature nalionales. (Arrete du 22 mars i855.) Hersart de la Villemarque (membre du comite delalangue, de I'his- toire et des arts de la France). — Mission en Angleterre pour reclier- cher dans les bibliotheques les manuscrits interessant Ihistoire et la liltdrature des ddpartemenls de Toucst de la France. (Arretd du 5 avril i855.) Godard Faultrier (correspondant du ministere pour les travaux liisto- riques).— Mission en Grcce et a Constantinople pour recherches ar- cheologiques sur les monuments de I'epoque byzanline. (Arretd du 20 avril i855.) — 403 — MM. Labordr (Theodore) (archivisle paleographe). — Mission pour recher- clier dans les bibliotheques du Piemont, de la Toscane et de la Lom- bardle, les documents et notices de nature a inleresser I'liistoire de la France au moyen age. / (Arrete du 21 mai )855.) Mas Lateie (Louis de), mcmbre ducomite de la langue, de I'histoire et des arts de la France , charge de dresser un etat exact et detaille des documents recemment decouverts dans les bibliotheques de Malta qui proviennent de la chancellerie des grands maitres de Rhodes, et qui interessent I'histoire des etablissements francais en Orient, pen- dant le moyen age. (Arrets du 24 mai i855.) Paradis (De), ancien eleve de I'ecole des chartes, adjoint a la mission de M. de Mas Latrie. Oppert (Jules). — Mission ayant pour objet d'etudier, dans la collection du Mus^e britannique de Londres et d'aulres etablissements d'An- gleterre, les inscriptions et les monuments assyriens provcnant des mines de Ninive. (Arrete du 3o mai i855.) Dantier. — Mission en Suisse, en Belgique et sur les bords du Rhin, pour rechercher, 1° dans les archives des communautes encore exis- tantes et dans les bibliotheques ou collections publiques qui ont regu des depots provenant d'anciens etablissements religieux, aujourd'hui supprimes, les pieces inediies de la correspondance des henedictins fran- ^,ais, avec les rehgieux de leur ordre ou les savants etrangers; 2° de recueillir les memoires ou autres pieces relatives a I'hisloire qui au- raient 6te rassembles par les benddictins. (Arrete du 5 juin i855.) Dumas (Adolphe). — Mission ayant pour objet de recueillir les poesies populaires dans le midi de la France. (Arretd du i4 juin i855.) Damaze Arbaud (correspondant du minislere pour les travaux histo- riques). — Mission pour rechercher, dans les archives et bibliotheques des principales villes d'Espngne, tous les litres et documents de na- — 40^1 — ture a int^resser I'hisloire politique et lilt6raire de nos provinces me- ridionales.souslegouvernement des comtes de Barcelona, a I'^poque de leur formation en etats independants. (Arrete du i5juin i855.) Bedle (professeur d'archeologie a la Bibliotlieque imp^riale). — Mission en AUemagne, afin d'observer Torganisalion de lenseignemenl ar- cheologique dans les differentes universit^s, et d'etudier les monu- ments grecs receniment acquis par les musses. : (Arrfit^du aSjuin i855.) — 405 — Rapport hi a I'Academie cles inscriptions et belles-lettres , dans la seance publique du 18 aoAt 185i, aii nom de la commission^ chargee d'exa- miner les travuux envoyes par les memhres de I'Ecolefranfaise d'Athenes, par M. Guigniaut. Messieurs , Une periode de trois ans s'est ecoulee depuis que rAcademie des inscriptions et belles-lettres de I'lnstitut a ete chargee par le Gouvernement de la haute direction scientifique de TEcole fran- <;.aise d'Athenes; depuis que la commission , perpetuce annuelle- ment par votre confiance, et si tristement mulilee aujourd'hui, dans la personne de Tillustre archeologue qui etait son president, a commence a vous entretenir, devant le Gouvernement lui-meme et devant le public savant, des travaux des jeunes membres de cetle ecole , Tune des esperances de TUniversite et de I'Academie. Si nous nous reportons un moment en arriere pour mesurer la carriere que nous nous sommes plu a parcourir avec eux, nous devons reconnaitre qu'ils ont dignement repondu a voire impulsion comme a notre attente, qu'ils ont patiemment fonde, sous vos auspices, une tradition d'etudes serieuses et de recherches souvent approfondies, quelquefois neuves, sur la Grece, ses monuments et son histoire; que meme plusieurs d'entre eux, un surtout, a qui il a ete donne d'animer, trois ans durant, ses camarades de son esprit et de ses exemples, ont porte haut et loin le renom de I'Ecole. Le souvenir de ces exemples, le soutien de cette tradition commencee, mais bien jeune encore, etaient, cette annee, dou- blement necessaires. Pour la premiere fois, I'Ecole franc^aise d'Athenes se trouvait privee de la salutaire presence d'un de ses veterans de troisieme annee; pour la premiere fois, la seconde annee d'etudes, qui nous devait les fruits de ses travaux de i853 a 1854, etait reduite a deux membres, non agreges, et qui ne pouvaient avoir, au meme degre que la plupart de leurs devao- ciers, la maturite que preparent les epreuves severes, que for- tifient et developpent les graves devoirs dont I'exercice de Tensei- ' La commission etait compos^e de MM. Raoul-Rochette, Hasc, Guigniaut, Ph. leBas, H. Wallon. MISS. SCIENT. IT. 27 — /|0f) — gnement public osl precede ou accompagne. L'elan doniie, \c zele, Ic senlimonl de I'lionneur de TKcole, y onl suppl6e, en parlie dii moins, chez MM. Reynald cl T.ebarbior, el leiir out pr^te la force necessaire pour resister a I'cnlrainenient des circonstances imprevues qui sont venues les assaillir, des distractions inevitables au milieu desquelles ils ont v^cu cette derniere ann^e. Nous vous disions, il y a moins d'un an, a pared jour, que M. Lcbarbier avait repris, avec une ardeur qui paraissait ne de- voir pas etre sans succes, les traces de M. Victor (iuerin dans Tile de PalmOS, et surtoutdans la bibliolheque du monastere de Saint- Jean ; que M. Reynald, de son cote , avait commence des etudes sur Salamine et les ilots tons celebrcs de son golfe fameux. Le re- sultat de ces etudes nous a ete d'abord transmis par M. le ministre de Tinstruction publique, dans un memoire de cinquanle pages, que nous ne pouvons considerer que comme un prelude, et tout au plus comme un essai de premiere annee. Non pas que nous n'applaudissions, en general, a ce genre d'essais, et que nous ne les provoquions meme, ainsi que nous I'avons dt5;ja fait, comme d'utiles exercices et comme des justifications uficessaires pour cette premiere annee; mais nous voudrions les voir porter sur des sujots a la fois plus neufs et plus positifs de topographic, d'archeologie et d'epigraphie. II y a tant de questions encore, de problemes int^ressants a examiner, a resoudre, soit a Athenes meaie, soil au tour d' Athenes; de localites a explorer, a deterrni- ner; de monuments a decouvrir et a cxpliquer sur le continent ou dans les lies, tout en faisant son apprentissage de membre de I'Ecole, et pour le mieux faire, que ce n'elait vraiment pas la peine de nous raconter encore une fois, d'apres Eschyle el Hero- dole, la bataille de Salamine, sans pouvoir espercr d'alteindre, a moins de les copier, a la poesie eloquente et diverse de leurs re- cits, et sans y appiiquer, avec plus de surele qu'on ne I'a fait, les regies de la critique historique ou les donnees de la geographic compar^e. Nous eussions pref<^re aunjugement au moins hasard^ sur Themistocle, qui, apres tout, sauva la Grece, et par ellc I'avenir du monde civilis^, et meme h certains dt^tails plus ou moins curieux sur la guerre de rind<^'pendancc, des recherches a peine indiquees sur le moyen age byzantin ou franc de Sala- mine. Rien de nouveau non plus dans la description de I'eglise do la Vierge surnomm^e Phancroweni, le seul monument del)oul — 407 — dans File, et si moderne, puisqu'il date de la fin.du xvii" si^cle, mais dont les iDurs, entierement peints, offrent dans leurs innoni- brables figures les caracteres Iraditionnels de I'art chretien de Byzance. Des fouilles bien inspirees, vers Ambelakia et la capi- tale ancienne de I'ile, eussent pu ajouter quelques inscriptions a celles qui ont ete publiees depuis M. Boeckh jusqua M. Ph. le Bas; mais M. Reynald s'est modestement born6 a faire un choix dans les savants recueils de ces deux maitres. Puisque le jeune membre de TEcole d'Athenes avait conru la pensee de traiter le grand sujet propose par vous, Messieurs, phisieurs annees de suite, et qu'une fortune ennemie a ravi suc- cessivement a deux de ses predecesseurs (il le rappelle lui-meme avec un douloureux souvenir que nous partageons), peut-etre eiit-il bien fait de s'y preparer a I'avance , et d'y consacrer a la fois tout son temps et toutes ses forces. Ce n'etait pas trop pour remplir dignement le programme que vous aviez ainsi trace, sur notre initiative : « Etudier la topographie de Delphes, du Parnasse et des environs, decrire la contree et les monuments dont elle recele les ruines, et faire I'histoire de la ville, du temple et de foracle d'ApoUon, tant par les relations des auteurs et les docu- ments de toute sorte qui ont ete publics, surtout les inscriptions, que par des recherches nouvelles entreprises sur place. » Vous in- diquiez, en ce peu de mots, les moyens, la methode, et vous marquiez du meme coup le but. La question qui concerne Delphes, ses monuments ct son oracle, est sans contredit la plus imporlante que presente I'archeologie de la Grece, apres celle d'Athenes. Si cette ville fut la capitale intellectuelie de I'antiquite, on peut dire que Delphes, a beaucoup d'egards, en fut la capitale religieuse. Sans doute elle n'etait pas, comme se le figuraient les Grecs avec Pindare, Yombilic de la terre; mais elle etait certaine- ment par sa position geographique , en quelque sorte culniinante, comme par le caractere eleve, general, et par la vaste influence de ses institutions , le centre du monde hellenique. Les beautes severes, imposantes, de la nature, y rivalisaient avec la magnifi- cence des chefs-d'oeuvre de I'art fondes ou reunis autour de la grotte de la Pythie, espece de metropole spirituelle du paga nisme, par la piete de tous les peuples grecs et meme des rois etrangers. Et cependant, il n'y a pas longtemps encore, nul lieu un peu celebre de la Grece antique n'etait enseveli dans une plus M. 27. — 408 — profoiule obscurite pour nous. Ce nest t[iie de nob jours, el depuis quinze ou vingt ans surtout, qu'il a commence a etre eclaire d'une lumiere croissanle, par les descriptions, les fouilles, les decouvertes du savant colonel Leake, de feu M. Ulrichs, pro- fcsseur a TUniversite d'Athenes, de Timmortel 0. Miiller, el des compagnons qui lui ont survecu, M. Curlius entre aulres; enfin, par les observations memes de plusieurs membres de cette Aca- demie. Vous aviez voulu que les resultats de ces recherches fussent rapprocbes, compares, verifies par une etude nouvelle des localiles, enrichis , s'il elait possible, par des fouilles comme celles qui avaient ete instituees sous la direction de Miiller; vous aviez voulu, avant tout, que le pays si remarquable, el les ruines si malheureusement eparses et mutilees, fussent exactement, completement decrits dans leur etat actuel. Quant aux develop- pements historiques, ils ne devaient etre que le corollaire ou le commentaire, tout a fait positif, des renseignemenls fournis par les auteurs anciens, et surtout par les monuments originaux, tels que les inscriptions. Voyons ce qu'a tente, ce qu'a pu executer M. Reynaldpour satisfaire a ces differentes conditions. 11 nous a envoye tard, bien lard, par Fintermediaire de M. le mioislre de linstiuction publique , un memoire assez considerable par le volume, et qui ne renferme pas moins de cent trente pages in-folio, d'une ecriture serree, beaucoup trop difficile a lire, sou- vent meme tres-incorrecte , principalement pour les noms geogra- pbiques, pour les noms propres, et pour les textes , d'ailleurs as- sez rares, qui sont cites par lauteur. II y debute, comme il le de- vait, par une description de la contree naturelle qui renferme Delphes avec Crissa et Cirrha, aujourd'hui Kastri, Chryso, et as- sez probablement Magoula, depuis le versant sud-ouest du Par- nasse et les rochers appeles Phedriades, jusqu'a la mer et au golfe actuel de Galaxidhi. Cette description nous a paru exacte, elle est generalement conforme a cellede M. Ulrichs; mais nous I'eussious desiree plus precise encore, plus soignee dans les details, plus c.laire, et de cette clarte qui, n'excluant pas le piltoresque, fait rinleret de la topographie. Le defaut d'une carle s'y fait d'aulanl plus senlir que Ton ne peut se former, par le recit, une idee nette de la route qu'a suivie M. Reynald dans son exploration. II si- gnale, non-seulement les accidents du terrain, mais les ruines qu'il rencontre dans toutes les directions, et qui ont di*i lui faire — 409 — regretler bien des fois de n'etre pas accompagne d'un artiste qui les eut dessinees avec les sites eux-memes. Nous avons remarque avec douleur qu'il insiste a plusieurs reprises sur la disparition d'un certain nombre des plus precieux debris qu'avaient relevcs ses devanciers, et meme de constructions importantes , comme le mur de soulenement du temple au sud, que vit encore M. le Bas en iS^d, etsur iequel , apres 0. MuUer et M. Curtius, il co- pia ces nombreuses inscriptions d'affranchissements d'esclaves, qui remontent jusqu'au uf siecle avant Jesus-Christ, non pas seulement au temps des enipereurs , comme parait le croire M. Reynald. Les maisons modernesde Kastri ne s'etendent, ne se multiplient qu'aux depens des restes de I'antiquite , qui en four- nissent trop souvent les materiaux, et qu'on retrouve a chaque pas encastr^s dans les murs de ces maisons. Esperons toutefois que des recherches ulterieures, et surtout des fouilles, que le jeune voyageur invoque lui-meme, compenseront celles de ces pertes qui peuvent etre reelles. Au lieu de mallraiter Pausanias, que nous sommes trop heu- reux d'avoir encore , et qui nous tient lieu de tant d'autres perie- getes, non pas plus savants peut-etre, mais plus anciens, M. Rey- nald eut bien fait de suivre de plus pres ce guide en general si fidele, surtout quand il entreprend, comme il le dit , avec son aide, de restituer la colline et les monuments de Delphes, deja mines en partie de son temps, mais si dilTerentsde cetle complete desolation d'aujourd'hui, qui permelagrand'peine d'en retrouver les vestiges. Les accidents du sol, si multiplies, si fortement ca- racterises , et qui out persiste , par la puissance de la nature , quand tout changeait autour d'eux de ce qu'avaient fait les honimes, sont encore ici nos meilleurs guides , et c'est par eux , c'est par les fontaines prophetiques de Castalie, de Cassotis, de Delphoussa , que nous parvenons a nous orienter, a fixer les indications des an- ciens, a determiner les environs, la position, I'enceinte sacree du grand temple d'ApoHon a Delphes, avec les nombreux edifices, theatre, portiques, autels, prytanee, elc, qui s'y pressaient , avec le stade, le gymnase, le lieu de I'assemblee des Amphictyons, les tombeaux non moins remarquables que les temples secondaires, qui s'en eloignaient a de courtes distances. Mais les trois mille sta tues qui exislaient encore au temps dePline, el dontNeron enleva cinq cents en un jour, pour se venger d'avoir ete repousse par la — liiO — Pythie, coinnie par la conscience du genre liumain, nous les cher- chons vainement, ainsi que les innombrables offrandes lies peuples , dcs cites, des rois et des particuiiers , et ces tresors qui les recelaient c^k et la, renfermes avec elles dans le peribole du grand temple. Le feu sacre quidevait y bruler eternellemeut s'est eleint; niais le laurier sacre a pousse jusqu'a nos jours des reje- tons, et I'eau de Cassotis coule encore tout pres, sous le nom de Ibntaine de Saint-Nicolas ; nul doute meme que la grotte mysle- rieuse d'ou partaient, au plus profond du sanctuaire d'Apollon, ces oracles qui gouvernaient la Grece, ne se relrouvat, a defaut du tre- pied de la Pythie, si Ton pouvait creuser sous reglise qui occupe aujourd'hui cet emplacement, M. Reynald n'a rien- tente, ni pu tenter de pared , et il se borne a decrire avec ce Pausanias, qu'il dcdaigne trop, avec Plutarque et avec les archeologues modernes, le temple et le territoire sacre, comme il avait fait la contr6e de Delphes., Nous partageons vivement le regret qu'il eprouve de n'a- voir pu , a raison des neiges et deja meme des circonstances po- litiques, suivre dans la montagne, par dela les Phedriades, la route qui I'aurait conduit a I'antre Corycien et aux mines de i'antique Lycoree, sur la cime du Parnasse. En la rapprochant de rApollon Lycien , d'une part, de Lycosoura sur le mont Lycee d'Arcadie ; et du Jupiter Lyceen, d'autre part en sondant les vieilies traditions et des symbolesplus vieux encore, contme celui du loup, qui se retrouve dans les deux pays et dans les deux cultes ; en s'aidant des decouvertes faites en Asie Mineure et en Elrurie, il eut pu instituer une discussion interessante, et arriver a des conclusions plus precises et plus neuves sur les origines de la religion et de I'oracle de Delphes. M. Reynald a mieux aim6 nous raconter, a la suite de sa perie- gese, rhisloire meme de Delphes et celle de son oracle, qui ne pouvaient olTrir rien de bien nouveau, s'ii ne parvenait a y faire entrer quelques resultats, quelques inductions, qu'une critique elevee etsavante tireraquclque jour de fetude des monuments, et surtout de celle des inscriptions, compar^es aux r^cits des histo- riens. Pour tenirlieu de recherches personnelles, qui eussent con- couru a preparer cette oeuvre que nous nous plaisons a entrevoir, et qui pourrait jeter des lumieres nouvelles sur Thisloire generale de la Grece, plus aisee a ecrire qua refaiie, quoi qu'on en ait pu dire, il s'esf content!^ de placer, apres sa trop rapide, trop sujjer- — 411 — ficielle et trop incomplete histoire de i'oracle de Delphes, una tra- duction pure et simple de la partie de I'histoire des Dorians d'O. Miillar, qui concarna le culte d'Apollon, sas origines et ses deva- loppements. Quelque merite que puisse avoir en elle-mema catte traduction , il nous est impossible de ne pas faire ici deux remar- ques rd'abord, que c'est un hors-d'cEuvre , qui pouvait tout au plus entrer dans les travaux preparaloires de la question que nous avions proposee; ensuite, que le temps qu'y a donne M. Reynald eiit ete beaucoup plus utilement employe a completer ces travaux preparatoires ou a approfondir la question elle-meme, soit sur les lieux, soit dans les textes. Nous sommes loin de dedaigner, de ra- baisser les recherches , les id^es et meme les hypotheses de I'Alle- magne savante, surtout quand elle est representee par des esprits de la trempe d'O. Miiller, et par des explorateurs de I'antiquite d^voues comme lui a son culte jusqu'a la niort; mais, a Athenes, en Grece, il faut avant tout suivre leurs exemples, et ne se servir de leurs livres que pour en profiter, pour les continuer et pour les refuter au besoin, quand ils s'egarent faute d'avoir suffisam- ment etudie les faits ou pour en avoir tenu trop peu de compte. C'est ce qui fait que nous applaudirions davantage a un autre ap- pendice du memoire sur Delphes, concernant les inscriptions qui y ont ete recueillies, si cat appendice nous fut parvenu complel, etsi, a en juger par la troisi^me partie, la seule qui nous ait ete envoyee, et qui traite des monuments epigraphiques relatifs aux affranchissements d'esclaves, I'auteur aiit fait autre chose qu'ex- traire les travaux anteriaurs, et notaniment les belles recherches de M. Wallon dans son ouvragesur I'esclavage ancien. Apres les deux memoires ou les deux compilations, interes- santes pourtant, de M. Reynald, surtout la derniere, et quoiqu'elle laisse a I'etude pour les membres da I'Ecole d' Athenes, il faut le declarer, ce grand sujet de Delphes, M. le ministre de I'instruction publique nous a envoye plus tard encore, par la seule faute des circonstances extraordinaires dont la Grece et I'Orient sont devenus le theatre, un travail prevu de M. Lebarbier. Ce travail, par sa nature, par son sujet, autant que par I'esprit dans lequel il a ete traite, forme, avec ceux dont nous venons de vous entretenir, un tr^s-frappant contraste. C'est, en principe, une continuation de la question de Patmos, que nous avions nous-memes iudiquee et provoquee lorsque nous rendions compte, I'an dernier, du me- — 412 — moire estimable de M. V, Guerin, qui nan avail guere d^veloppe qut la partie topographique, et, en quelque fa<^on, statistique. M. Lebarbier s'est attache a elucider la partie, de beaucoup plus importante, qui concerne les actes diplomatiques et historiques aussi celebres que peu connus encore, qu'on appelle ies bulles d'or, et qui sont, ici du moins, les originaux meuies des edits de I'on- dations, donations ou concessions, rendus par les empereurs de Constantinople en faveur de divers monasteres, notamment celui de Patmos. On ne saurait croire tout ce que ces pieces, parfaite- ment authentiques, peuvent repandre de lumieres, non-seulement sur Torigine, les developpements, I'influence de ces monasteres, qui tiennent une si grande place dans le moyen age byzantin. mais sur la geographic, sur I'histoire politique et ecclesiastique, sur les institutions, I'administration , les moeurs et I'esprit du Bas- Empire. II suffit, pour s'en convaincre, de jeter les yeux sur ies (juatorze bulles que M. Lebarbier est parvenu a obtenir, non sans efforts et sans sacrifices, de I'higoumene ou prieur du couvent de Saint-Jean, et qu'il nous a transmises soigneusement copiees, col- lationnees, revues, precedees chacune d'une analyse paleogra- phique et historique, suivies d'une traduction generalement tres- inteliigente et tres-fidele, et accompagnees d'annotations savantes, oil il a fait preuve, ainsi que dans ses introductions, dun juge- ment aussi eleve que ferme et siir. De ces bulles, qu'il avait d'abord portees au nombre de seize, parce que plusieurs se confondent aisement avec les copies qui en ont ete faites et que renferme le meme coffre (ce qui pourrait bien expliquer en partie les quarante dont avait parle M. Ross), la plus ancienne est de Nicephore Bo- taniate , de I'an 1079 ^^^ notre ere, assurant findependance absolue du monaslere de Cavalouri ou du Precurseur, dans ia presqu'ile de Strovilo, surle continent de I'Asie Mineure, en face de Cos. Elle fut donnee a Christodoulos, le grand reformateur de la vie monastique en Orient, qui ne se lassa jamais, dit M. Lebar- bier, par ses conseils et par ses exemples, de remettreen hoiineur dans les monasteres le travail et la purete des moeurs, et qui iait, en quelque sorte, funite de toutes ces bulles. La deuxieme est du meme empereur, et de I'annee suivante 1080, garantissant la sub- sistance et la liberte du monastere du mont Dikion , londe par Arsenios Skinouris dans I'ile de Cos, apres qu'il eut donne le mo- nastere de Cavalouri et ies biens qui en dependaient a Christo- — 413 — cloulos. Les cinq qui vieuiient ensuite ont ^le concedees par Alexis Comnene, ce grand promoteur des convents et de la vie monas- tique, de 1080 a H19. La cinquieme, de 1088, est la bulle de fondation du uionastere meme de Patmos, avec donation de Tile entiere a Christodoulos, en echaiige de ses proprietes de I'ile de Cos, pour lesquelles le convent de I'lmmaculee mere de Dieu elait sans cesse en guerre avec ses voisins. Cette bulle, deja pu- bliee plusieurs fois, mais revue et completee par une collation scrupuleuse des copies avec I'original, est remarquable a tons egards , et forlement empreinte du genie propre du fondateur de Patmos, aussi bien que de I'esprit du temps. Non-seulement Chris- todoulos a fait choix du rocher sterile et solitaire de I'Apocalypse, ce livre qui frappa si vivement les imaginations orientales, afin de separer entierement ses moines du moiide et de les condamner au travail entre le ciel et ce rocher; mais il veut que son couvent, devenu comnie un petit monde sous I'autorite unique et absoiue de son chef, soit independant et de I'empire et de TEglise elle- meme. Voila ce qu'il demande a Alexis Comnene, et ce que I'em- pereur lui accorde sans nulle dilliculte, consacrant dans sa bulle les dispositions capitales de la regie du monastere, le declarant independant de toute autorite, meme de la sienne, ainsi que Tile, domaine exclusif du couvent. « Cette bulle nous montre done a la fois, dit M. Lebarbier en judicieux historien, et fespril qui presida a la nouvelle fondation, et celui de la cour de Byzance. Christodoulos, qui n'a rencontre partout que corruption, fonde un ordre severe qu'il isole de Ja societe, mais pour lequel il exige une absoiue independance. La cour byzantine corrompue, mais tenant toujours aux formes et au langage de la religion , s'empresse de souscrire a la reformation des monasteres, et elle ne craint pas d'abdiquer tout pouvoir sur eux, et d'entrer deplus en plus dans la voie d'un morcellement politique funeste. Mais allons plus loin, nous verrons encore ce gouvernement trahir sa mauvaise organi- sation et faire I'aveu de ses vices. Nous verrons a quels dangers echappe Christodoulos en echappant a Tempire ; nous jugerons encore une fois des maux qui frappaient les peuples par ceux qui sont epargnes au couvent. L'ile de Patmos sera exempte d'abord de cette foule d'impots multiformcs qui sont leves dans I'empire sous les noms de don des corbeilles , decime sur toute chose achelee, impol mobilier, pacton, aeria, etc. On ne lui deuiau- -— tiAl^ — Uera pas de loger ai de nourrir les chefs mililaires el civils, juges, iiotaires, controleurs, percepteurs d'inipots, anibassadeurs de passage, en un mot, tous les olliciers imperiaux; de loger ni de nourrir les troupes, et parnii elles on coiiipte, outre les troupes iiationales, une foule diverse de Russes, Warangiens, Fiancs, Angles, Bulgares, Sarrasins. Elle sera dispensee de I'obligation d'approvisionner les places fortes, de toutes requisitions d'anes, mulets, chevaux, baeufs de labour, ble, vin, huile, miel, etc.; de lequipement desmatelots, des fantassins, des cavaliers; de loule corvee; de I'enlretien des routes, ports, forteresses, etc. L'edit imperial entre dans un deplorable detail, et il resume cette longue enumeration par ces mots qui condamnent Tempire : « L'ile de Patmos sera libre de toutes les vexations et violences, tant de celles qui ont lieu aujourd'hui que de celles qu'on ima- (jinera dans I'avenir. 0 Et pour exercer toutes ces vexatious, quelle foule de fonc- tionnaires! Secretaires, logothetes des finances et de la guerre, gardiens de notre tresor et du vestiaire, economes des saintes demeures, preposes aux domaines imperiaux, directeurs des hos- pices et des elablissements d'orphelins (ceux-ci du moins mon- trent que la charite publique etait pratiquee dans I'empire), preposes a la garde de notre sacre tresor imperial, intendants par- ticuliers des domaines libres de la couronne, intendants du ma- teriel, tels sont les grands officiers de Tempire. Au second rang : protonotaires, logariastes, chartulaires , notaires imperiaux el simples notaires. Les bulles suivantes allongeront encore cette lisle inlinie de fonctionnaires, qui tous pouvaient opprimer, puis- que la defense d'opprimer Patmos leur est faite a tous. L'admi- nistration imperiale, fondee par Dioclelien, etait devenue le fleau de I'empire. » Les bulles qui suivent temoignent a la fois de I'influence crois- sanle des moines de Patmos a Constantinople, et de I'extension territoriale qu'ils reprennent bientot, soil sur les cotes de I'Asie Mineure, soil dans les iles, meme dans celle de Gr^te, apres avoir paru vouloir se concentrer sur le rocher de Saint-Jean. Partout ils obtiennent les memes privileges qui leur avaient ete conferes a Patmos, partoul ils entrenl en possession et des terres et des hommes, des Pariki et des Proscaihimeni, veritables serfs atta- ches a la glebe, en Orient comme en Occident, si bien que lous — 415 — les privileges recounus aux maitres aboutissaienl finaiement a Tesclavage des sujets, au nioins cVune partie d'enlre eux. Une buile de Jean Comnene, de 1119, confirme celles de son pere, et y ajoute de nouveanx bienfaits. Meme apres la division de I'empire eiitre les Grecs et les Latins, sous les empereurs de Nicee et de Trebizonde, le monastere de Patnios agrandit ses proprictes en Asie, sur les bords du Meandre et ailleurs. Les Lascaris, les Pa- leologues ne lui sent pas nioins favorables que les Comnenes. Le voeu du saint fondateur Christodoulos, celui du premier et pieux donateur Alexis, qui, de concert, avaient interdit aux moines toute acquisition hors de I'ile, sont conipleteinent eludes. Les bulles d'Andronic I'Ancien et d'Andronic le Jeune, de la fin du xiii' siecle et du commencement du xiv% jusqu'en I'annee i32i, qui est la date du dernier de ces precieux documents exhumes par M. Lebarbier, en fournissent les preuves convaincantes. Vous entrevoyez. Messieurs, ce que pourra devenir avec le temps le travail, deja si considerable et si meritoire, de ce jeune erudit, qui continue, en ce moment meme, ses recberches a Constantinople, 011 la protection eclairee et efficace du Gouver- nement de TEnipereur lui a fait ouvrir les archives de la chan- cellerie ottomane et des depots publics. II y trouvera, sans aucun doute, des pieces nombreuses, qui, reunies a celles qu'il possede et aux documents connus, lui fourniront tons les materiaux ne- cessaires pour ecrire une histoire authentique de ces monasteres d'Orient, qui offrent avec les notres bien des analogies, mais des differences plus frappantes encore, et qui ont joue un role si sin- gulier et si important dans I'empire byzantin. C'est pour aider a ce louable dessein, c'est pour reconnaitre les efforts et le succes reel des premiers travaux de M. Lebarbier, que nous n'hesitons pas a vous proposer d'en temoigner publiquement votre approba- tion a M. le miuistre de Tinstruction publique, et d'assurer ainsi a ce digne jeune homme la distinction qu'ont obtenue plusieurs de ses devanciers, et qu'il ne merite pas moins qu'eux, de passer une troisieme annee a I'Ecole d'Athenes. II a contribue beaucoup , dans I'annee qui acheve de s'ecouler, a la maintenir, en depit de bien des obstacles, a la hauteur de ses devoirs et de sa reputation commencee. Nous avons la confiance que ses bons exemples se- ronl courageusement suivis par MM. Boutan , Delacoulonche el Fustel de Coulanges, qui etudient, en ce moment, sur le conti- — 416 — uent cle la Grece et dans les iles, quelqiies-unes des questions pro- posees par vous; nous avons I'espoir I'onde que des Iravaux de plus en plus serieux eclaireront tant de points denieures obscurs pour la geographie, pOur Thistoire, pour Tarcheologie de I'art, sur cette terre rlassique qui a garde le privilege d'inspirer et de miirir les jeunes esprits. Cette heureuse inspiration, cette vertu, en quelque sorte, le- condante du sejour de la Grece n'a pas cesse. Messieurs, d'ani- mer, cette annec encore, sur noire terre de France qui lui doit tant, les pr^decesseurs de ceux dont nous venous de vous enlre- tenir. Ainsi , M. Beule, avec I'activite et I'energie qui le distin- guent, a commence et termine, en deux volumes qui resteront, la publication de ce grand memoire, oii nous avions annonce un livre digne du sujet, sur YAcropole d'Athenes et ses juonuments. M. Han- riot a public egalement, dans un recueil estime, un memoire In devant vous sur Y Emplacement de V Agora d'Athencs, qui a obtenu les honneurs, non-seulement d'une discussion interessante de la part des archeologues divises de I'Academie , mais d'une refuta- tion en forme d'un des plus eminents parmi eux. Ce proces vi\*e- ment debattu, et toujours pendant, a certains egards du moins, sera, nous I'esperons, renvoye des deux parts au tribunal du pu- blic savant. M. Emile Burnouf nous a envoye de Toulouse un autre memoire, dont la lecture a ete autorisee et commencee, sur une exploration tres-attentive et tres-complete qu'il fit, il y a quelques annees, de Tisthme et des mines qui y subsistent, dans un Voyage d'Athenes a Corinthe, dont les resultats ont ete fixes, comrae il le faudrait toujours, par une carte et par un plan exe- cutes avec une habilete toute particuliere. M. le ministre de I'ins- truclion publique, d'apres le voeu que vous aviez exprime, a fait publier dans les Archives des missions, qui sont devenues en partie celles de I'Ecole francaise d'Athenes, une excellente Des- cription de la Laconie et de Sparte, par M. Mezieres, et un inge- nieux Memoire sur Vile d'Egine, par M. About, dont nous vous avions rendu compte en i85i et i853. Enfin, M. Cb. Benoit a public en son propre noin, avec une confiance legitimee par les suffrages de I'Academie frant^aise et par un jugement d'une si grande autorile, son Essai historiiiue el Utitraire sur la comcdiede Menandre, et, pour le rendre plus digne encore et de ses juges el de son sujet, il y a joint, non-sculement — 417 — le texte de la plus grande parlie des fragments du poete, mais encore des notes, comme sa modestie les appelle, si pleines d'eru- dition el de saine critique qu'il eut pu sans crainte vons les pre- senter a vous-memes comme de veritables memoires, I'histoire litteraire de I'antiquite, d'ailleurs, n'etant pas raoins de voire do- maine que I'histoire litteraire dc la France, glorieusement con- tinuee dans voire sein. Vous le voyez, Messieurs, nous ne nousetions pas trop engages lorsque nous vous disions qu'il se formait peu a peu , dans I'Ecole d'Alhenes , une tradition de fortes etudes , de travaux serieux el divers, puises aux sources vives et des temps et des lieux, qui prendraient un jour leur rang dans la science, dans leslettres, et qui pourraient avoir leur pari d'influence sur I'avenir de I'erudi- tion comme sur celui du haul enseignement dans notre pays. Le Gouvernemenl n'en est pas nioins convaincu que nous; il a les yeux sur TEcole d'Alhenes, dont les membres, meme les plus jeunes, se sont fait remarqucr par la fermete calme el intelli- gente de leur conduite, par leur vif sentiment de I'honneur de la France, par leur allachement a la grande cause de la civi- lisation europeenne, autant que par la perseverance de ieurs travaux et par I'exact accomplissement de tons Ieurs devoirs dans les conjonctures difficiles, quelquefois mena^antes, qu'iis ont tra- versees. La recompense ne nianquera ni a leur conduite ni a Ieurs succes, et e'en est une deja qu'iis sauront apprecier, que de voir, par une mesure recente de M. le minislre de I'instruction pu- hlique, I'Ecole franraise d'Alhenes replacee au rang que luivoulut donner son fondateur si bien inspire, entre I'Ecole normale, qui est encore et qui restera, nous I'esperons, sa feconde pepiniere, et les Facultes, qui marquenl le but oil elle doit tendre, que deja meme elle a alteint par quelques-uns de ses plusanciens el deses plus dignes membres. Nous aimons a prendre acle, au nom de i'Academie, de cette mesure vraiment reparatrice, qui aidera, avec le temps, au developpement, a la solidile de I'enseignement superieur, de I'enseignement si bien nomme academique, source et regie a la fois, le Gouvernemenl le proclame lui-meme, de tout enseignement digne de ce nom. QDESTIONS PKOPOSEES A L'icOLE FHANQAISE D'ATHENES POUR l854-l855. J^es sujets d'explorations et de recherches proposes, en i854, — 418 — aux membres de I'Ecole franc^aise d'Athenes, pour la scconde annee d'etudes, conform^ment au decret du 7 aout i85o, snnt les suivants : Questions d^j^ proposees en i852 et i853, ct qui rcstcnt a i'^tude, indepen- damment dc la question de Delphes, qui pourra etre reprise. 1° Decrire Tile de Lesbos; rectifier la carte qui se trouve dans Plehn [Lesbiacorum liber, Berolini, 1826, in-S"); completer les notices donnees sur cette ile par Tournefort, Dapper, Pococke, Ricbler et M. de Prokesch; explorer enfin les restes des villes an- ciennes, surtout de celles dont la position est encore incertaine, telles que iEgirus , Agamede , Hiera , Metaon , Nape et Tiarae. 2° Explorer la contree comprise entre le Pence, le golfe Ther- maique, I'Haliacraon, et les chaiues qui separent I'Epire de la Grece orientale ; cbercher a penetrer dans les bautes vallees du mont Olympe, et decrire surtout, dans la partie de la Tbessalie et de la Macedoine qu'on vient d'indiquer, les localites que M. le colonel Leake ( Travels in northern Greece) n'a pu visiter. LVVcademie desire que ce travail , ayant pour objet la geograpbie comparee, I'epigrapbie et I'arcbeologie , soit, autantque possible, la continuation de celui que M. Mezieres a envoye, en 1862, sur la Magnesie, le Pelion et I'Ossa. 3° Recueillir en un corps d'ouvrage tout ce que les auteurs an- ciens ont rapporte de relatif a I'bistoire, aux institutions reli- gieuses et politiques, generales ou particulieres, aux moeurs et coutumes des peuples de I'antique Arcadie. h° Recbercher au nord d'lasos, en Carie, le mur designe par M. Texier [Asie Mineare, t. Ill, pi. 1^7-1/19) sous le nom de Camp retrancM des L^leges, en suivre le developpement jusqu'au point oil il s'arrele, en dresser le plan, en signaler les principaux carac- teres, cbercber a en determiner la destination, verifier enfin s'il ne se rattacberait pas a un systenie de defense qui aurait eu pour objet de mettre le temple des Branchides a I'abri des attaques des Cariens. 5° Etudier, totalement ou parliellement, la geograpbie pbysique et la topograpbie des iles voisines de la Tbrace, c'est-a-dire Lemnos, Imbros, Samotbrace et Tbasos, en relever les antiquites, ,en suivre Tbistoire depuis les temps anciens jusqu'a nos jours. — 419 — recueillir les vestiges des exploitations metallurgiques qui y ont eu lieu, et decrire I'etat acluel de ces iles. Questions proposees pour ia premifere fois. 6° Determiner, en reprenant les traces du colonel Leake, de feuPuillon-Boblaye.de M. Curtius, et en approfondissantl'explo- ration generale faite par M, Beule, en i85o, la position des prin- cipales villes de I'ancienne Triphylie du Peloponnese , specialemeni d'^pcam; rechercher le nom, I'origine, le veritable emplacernent de cette antique forteresse ; en etudier, en decrire et en dessiner les mines si reniarqiiables et si bien conservees, 7° Faire une exposition aussi detaillee, aussi exacte et aussi complete que possible, de la topographie, des antiquites et de la geographic comparee de Tile de Chios, en etudiant les localites, en consultant les auteurs , en s'aidant des traditions et des mines , en profitant, mais avecmesure et critique, des travaux modernes, notamment de ceux de Poppo, de Goray, de Kofod-Wilte, d'Ec- kenbrecher, et en donnant une attention particuliere a letat de I'ile pendant le moyen age byzantin , venitien et genois. Sun LA TOPOGRAPHIE des Domes de I'Attique, par M. Ch. Hanriot , uncien memhre de VEcole frangaise d'Athenes. 1" PARTIE. — DlfeMES URBAINS. OBSERVATIONS PRELIMINAIRES. Dans un travail special, soumis, il y a peu de temps, a la faculte des lettrcs de Paris ^ j'ai traite en detail de la topographie des denies de I'Attique, et discute la plupart des questions qui s'y rapportent. Mon intention n'esl pas de revenir ici sur toules les parties dece sujet, ni den presenter un tableau d'ensemble, mais seulement de m'arreter sur un certain nombre de points concer- nant lesquels la science est encore incertaine, et qui ont ete plus ■particulierement I'objet de mes explorations. ' Recherches sur la topoyraphie des Denies de VAuique, thfese soutenue le 23 juii- iet i853, par C. M. Hanriot, ancien membrc de I'^cole frangaise d'Atlifenes, etc. in-8° de xxxv-271 pages, avec une carte. Paris, librairie de Durand, rue des Gr^s, h. — 420 — On a beaucoup fait, dans les deux derniers siecles, et surtoiit de nos jours, pour eclaircir la topographie d'Athenes et celle de I'Attique; tons les arts se sont donne la main pour reproduire lidelement I'etat actuel de cette terre celebre, et des monu- ments qui attesteront a jamais son antique splendeur; mais, quel que soit le zele des nations civilisees ct des Grecs eux-memes, il reste bien des problemes a resoudre, surtout en ce qui regarde, les emplacements de ces nombreux demes a cbacun desquels se rattachent des noms celebres et des faits qui sont devenus le pa- trimoine de I'histoire. On a peine a croire que des localites telles que Acharnes, Halae-Arapbenides, Decelie, Halimus, Icare, Co- thoce , Eleutheres , Marathon , Thria , Panacte , Probalinthe , Orope, Sphettos , Phlya , Phalere , OEnoe, Munychie, Chollides, etc. soient encore aujourd'hui livrees aux dissentiments et aux decisions con- tradictoires des archeologues. Ceux-ci, a la verite (je veux parler ici des antiquaires allemands et anglais), n'out pas peu contribue a cet etat d'incertitude et a ces obscurites, par le soin qu'ils ont eu de tout remettre en question , et de s'eriger en adversaires des opinions precedemment reques. De nombreux savants, en efiet, parmi lesquels Boeckh, Leake, Grotefend, 0. Muller, Forchhammer, Preller, L. Ross, Curtius, Ulrichs , se sont, de nos jours, occupes de la topographie de I'At- tique', et le livre de M. Leake, public pour la seconde fois en i8/u, s'est acquis assez d'autorite pour devenir en quelque sorts cJassique. II resume tons les autres, et les continue. Je dois dire pourtant que ce livre lui-meme a grand besoin d'etre controle; sur bien des points je I'ai trouve en contradiction avec la nature des lieux, non moins qu'avec les textes anciens; et c'est Tautorite meme qui s'attache au nom de M. Leake qui m'a determine a combattre ses erreurs. Avant d'aborder cette tache et de discuter les emplacements particuliers des demes, il est necessaire que je rappelle au lecteur la configuration generale de I'Attique et les grandes divisions na- turelles de cette contree, comme aussi ses divisions poliliques an- t^rieures a la repartition des demes en dix tribus. Le noyau de la peninsule attique est le mont Parnes, dernier ' On trouvera, Jans IMntroductioii de ma ihhse (p. xxiii-xxxv), I'indicalion A peu pr^s compliHc de tons les ouvrages relalifs a ce sujct. — 421 — prolongement est de la chaine ceiebre qui , sous les noms de Pinde, de Parnasse, d'Helicon et de Citheron, forme Tarete centrale de la Grece superieure. De cette masse principale, dont la hauteur atteint i/ii3 metres, se detachent des ramifications plus basses qui , avec le cours des fleuves et les rivages , marquent les graudes divisions du sol. — Au nord, le fleuve-frontiere Asope, la cote qui fait face a TEub^e, et la chaine du Parnes, avec le Pentelique, determinent une region qui , eu egard a son caractere montagneux , avait re^u les noms de Diacrie, Epacrie, Hyperorie, et dans la- quelle, a defaut de grandes plaines, se trouve (outre la campagne maritime d'Oropeet la valleed'Aphidna) la petite, mais renommee plaine de Marathon. — Au sud du Parnes, une rangee de hautes collines, courant dans une direction sud-ouest, s^pare en deux la region appelee Ade, Aktij, qui comprenait, avec la plaine sa- cree d'Eleusis, la plaine plus vaste oii se dresse le rocher d'Athenes et ou coulent le Cephise et le faible Ilissus : ce chainon , dit Cory- dalle ou j^galeos, se termine au cap Amphiale, qui touche presque a Salamine. — Parallelement a cette ligne et plus a Test, court aussi, dans une direction sud-ouest jusqu'au cap Zoster, la chaine de I'Hymete, qui separe la plaine d'Athenes de la contree interieure appelee Mesogee, comprise entre THymete et le haut rebord de la cote orientale. Enfin la designation de Paralie s'appliquait au littoral, tant de la Mesogee que de cette montueuse poinle sud de I'Attique qui, forniee par le Laurium, aboutit au cap Sunium, vis-a-vis lequel s'etend le cercle entier des iles qui furent jadis les faubourgs maritimes d'Athenes. Prise ainsi dans son ensemble, I'Attique affecte une forme trianguiaire qui peut etre representee de la facon suivante : N"*'!. Plaine d'AtlicnfS. 2. Region d'Eleusis. 3. Mesogee et Pnrolie, 4. Diacrie. P. Soraraet dti Parnes. B. Somrael du Briless-Pen- telique. C. Col du Citheron a Eleu- theres. 0. Embouchure dc i'Asope, pres d'Orope. S. Cap Suntun, Z. Cap Zostra. A. Gap Araphiaie. MISS, SCIENT. IV. 28 — ^i22 — A ces qualre divisions etablies par la nature, correspondirenl. dans les plus anciens temps de I'histoire attique, un pareil nombre de divisions politiques et peut-etre merae religieuses, qui, sous des denominations diverses et successives, persisterent jusqu'a la r^forme operee par Clislhenes, c'est-a-dire pendant un espace de temps d'environ dix siecles (Cecrops, i55o? — Clisthene, 5io). Nous voyons en effet que, sous les Pelasges, I'Attique comprenait quatre cantons : Cecropia , Autochthon , Actaea , Paralia ^ , souvent en guerre les uns avec les aulres; puis, sous les loniens, quatre tribus : Geleontes, HopHtes, ^gicores , Argades, formant entre elles une confederation a la tele de laquelle se trouvent douze cites dont Philochore nous a transmis les noms (cf. Philochor. ap. Strab. 397). Au nom mythique de Thes^e se rattache un premier essai d'unite et I'institution d'une capitale unique; mais les qualre Iribus n'en subsistent pas moins avec leur subdivision federative en douze phratries et en trois cent soixante yivr) , qui semblent representer plus particulierement les families conquerantes ^. Tous ces faits sont resumes par Thucydide, dans un passage qu'il im- porte de se rappeler pour bien comprendre I'organisation territo- ritoriale de I'Attique durant la periode de temps qui prec6da la nouvelle repartition des habitants en dix tribus, repartition par laquelle la societe athenienne fut arrachee enfin a la forme aris- tocratique, pour entrer dans les destinees glorieiises que lui ouvre I'avenement du regime populaire : « Sous Cecrops et les premiers rois, dit Thucydide, I'Attique fut, jusqu'a Thes^e, morcelee en plusieurs petits etats independants, ayant chacun leur prytanee et leurs archontes, et se gouvernant en villes autonomes. Souvent jneme ils etaient en guerre les uns avec les autres, comme, par exemple, les Eleusiniens sous Eumolpe le furent contre Erecthee. Thesee se rendit assez fort pour dissoudre tous ces pouvoirs inde- pendants, et pour forcer ies cantons a reconnailre la suprematie ' lis furent ensuile nommds Cranais, Atthis, Mesojeca, D'mcria; puis Dias, Athenah, Posidonia, Ilcphmstias ( cf. Pollux, Onomast. VIII, 109; Herodolc, V, 66). Cclte tradition est confirmee par la l(5gende du partage entre les quatre fils de Pandion, iegende qui nous a ete conservee par Sopliocle (ap. Strab. Sga). ^ Sur les opinions emises par divers auleurs concemant I'ordre hierarcliique et la signification k altribuer aux qualre anciens noms des tribus alh^niennes, voyez M. Guigniaut, Religions de Vantiquitd, cbrip. i, p. 35 sq. du livrc VII, avec la note y aftcrente, p. 884 sq. de la 3' partie du tome III. — 423 — d'une cite unique. II n'y eut plus des lors en Attique qu'un seul prytanee et qu'un seul chef. Mais, meme apres cette concentra- tion du gouvernement, la plupart des anciennes families et de celles qui se formerent ensuite, continuerent a Labiter au sein de leurs domaines, et a vivre entourees de tous leurs serviteurs , dans les lieux ou elles avaient toujours vecu , et ou se trouvaient leurs sanctuaires parliculiers et, pour ainsi dire, leur penates domes- tiques. Quitter ces demeures hereditaires et changer de canton, c'eiit ete poureux quitter la patrie. » (Thucyd. II, i5-i8 passim.) Cette espece de feodalite ionienne ' , a laquelle Thesee avait seulement donne un centre, se maintint puissante et oppressive dans les ages suivants. Pour la renverser, il fallut I'elan imprime au peuple par I'expulsion des Pisistratides et par le patriotisme de Clisthenes. Cehardi citoyen introduit la democratic dans I'Etat en brisant le cadre des quatre tribus, et en disseminant les phra- tries et les yivrj dans dix nouvelles tribus, dont les delimitations ne s'asservissent plus a la configuration nalurelle du sol. C'etait detruire les dominations locales des Eupatrides, et substituer une division purement civile de la population a la division jadis eta- blie par la conquete. A la place des y^vrj on eut des hrjfiot , et dans ce seul changement de mots se fait sentir toute la valeur de la reforme operee par I'aieul de Pericles, Vingt ans apres, en 490, ce peuple regenere montrait sa force a Marathon, et Ja demo cratie athenienne commengait par un coup d'eclat sa brillante carriere. Le deme, dans la constitution de la republique athenienne, est une des parties de la tribu , et chaque tribu est la dixieme partie de I'etat. Le deme est done un corps politique qui ne doit pas etre confondu avec la bourgade. 11 y avail des bourgs, et meme des villes, qui n'etaient point des demes, de meme que nous avons en France des villages qui ne sont point des communes. Ce dernier mot semble le plus adapte a I'idee qu'il faut se faire des denies de I'Attique. Leur nombre, a Torigine, ne nous est point connu, mais il ne dut pas etre fort different de celui qui nous est indique parPolemon, vers 200 avant J.C. Ce periegete, qui s'etait sp^cialement occupe de I'Attique , et qui a fourni bien des mate- ' Le mot feodalite est certainemenl un anachronisme dans une pareille ques- tion, mais je le crois propre h donner une idee, asscz juste dc la situation terri- toriale et politique de I'Attique avant la revolution de 5 10. M. 28 . — 1x2(1 — riaux a Pausanias, compte cent soixante et cHx denies (voy. Polem. ap. Strab. SgG); et ce chiffre est encore, a pen de chose pres, celui que nous retrouvons a I'epoque d'Auguste : il y avait alors cent soixante et quatorze demes, au rapport de Strabon , confirnie par Eustathe. En ajoutant a ce nombre les localites qui n'avaient pas le titre de denies, on peut porter a environ deux cents le chiffre total des vilies on bourgs de I'ancienne Attique^ De ces deux cents emplacements, vingt-neuf seulemeot sont aujoui-d'hui connus avec une certitude qui ne saurait que difficilement etre contest^e : ce sont ceux d'Athmone , d'^Exone et d'Hahne-^xonides, d'Alopece, d'Amphitrope, d'Anagyre, d'Anaphlyste, d'Aphidna, deBraurou, d'Eleusis.d'Hephestiades, do Thoricos, de Cephisia, de Colone, de Cydathenaeum, de Lampra, des deux Paeania, de Potamos, de Prasies, de Rhamnunte, de Salamine, de Sunium, de Tricorythe, de Trinemeia , de Phyle et enfin de Psaphis; les autres sontou contestes, ou encore inconnus, et c'estsur eux que, laissant les autres de cote , je vais appeler I'altention du lecteur, en commenrant par les denies qui composaient la ville d'Athenes. Athenes, avec son faubourg des Longs-\lurs et son triple port, fonnait une ville dout le pourlour est evalue, par Thucydide, a lyd 1/2 stades^, c'est-a-dire a pres dehuit lieues. Isocrale I'appelle la plus grande des vilies grecques, fj.£yMrjv tcov EXXrjvlhav 'vsdXiv. Depuis Thesee, en effet, qui avait fonde une nouvelle cit^ au pied du roclier de I'antique Cecrops, elle n'avait fait que s'accroilre, avait convert tousles roehers d'alentour, la rive de Illissus, et s'6- tait efendue, au nord jusqu'au Lycabette; au sud, par le moyen des Longs -Murs, jusqu'a la mer. II est aujourd'hui admis par tons les savants que la ville d'Athenes etait divisee en un certain nombre de denies, entre lesquels la population decette grande cite etait repartie; mais on est fortement en disaccord, tant sur le nombre de ces demes urbains, que sur la place qu'ils occupaient dans Venceinte de la ville. Le plus recent et le plus ing^nieux travail qui ait et^ fait sur ' Le nombre actual des villages derAttique, y compris I'Oropie et Salamine, est de /i 1 , ou Ton compte une population de 17,162 habitants. Dans ce chifl're ne sont pas compris Athfenes ni le Piree, dont la population est evalui^e, pour Athenes, a 26,109 habitants, pour le Pir^e, a 2,828, d'apr^s le recensement de 1 844. •' Thuc. II, i3. — 425 — cette question, est celui d'Hermann Sauppe ^ public, a Weimar, en 1846. L'id^e nouvelle emise par ce savant, c'est qu'ii y avait dix denies urbains, iesquels correspondaient aux dix tribus, qui, de cette fa^on , etaient toutes representees dans la population d'A- thenes, et s'appuyaient toutes a I'Acropole, pour de la rayonner sur tout le territoire. D'apres les conclusions du memoire de M. H. Sauppe, les demes urbains seraient : 1. Pour la tribu Erechtheide, Agryle inferieure (?); 2. Pour la tribu Egeide, Collyte; 3. Pour la tribu Pandionide, Cydatbenaeum ; 4. Pour la tribu Leontide, Scambonides ; 5. Pour la tribu Acamantide, le Ceramique inlerieur; 6. Pour la tribu OEneide, Bulades (?) ; 7. Pour la tribu Cecropide, Melite; 8. Pour la tribu Hippotboontide, Ceiriades; 9. Pour la tribu iEantide, Eretria (?); 10. Pour la tribu Antiocbide, Colone interieur. On voit que, sur ces dix demes, trois ne sont pr^sentes, par M. Sauppe lui-meme, qu'avec hesitation en qualite de demes urbains. Je crois que ce doute est, en realite, tres-fonde pour Eretria, qui n'est connu que par un unique passage de Strabon (p. 445; cf. p. 447), et qui n'est nulle part cite comme d erne 2; je pense, en outre, que Ceiriades, quoique admis avec conGance par M. Sauppe, doit etre rejete en dehors de la ville, ainsi que j'essayerai de le prouver tout a I'heure. Mais , nonobstant ces diffi- cultes, dont je ne veux pas dissimuler la gravite, je penche for- tement a admettre le principe pose par Je savant de Weimar, et je le regarde comme tres-propre a resoudre la question si contro- vers6e des demes urbains. II serait etonnaut, en eflet, que deux ou trois seulement des tribus n'aient pas eu leur deme en ville, quand toutes les autres avaient le leur. L'esprit d'unite generale et de democratie qui avait preside a la reforme de Clisthenes, et qui est I'esprit meme de la nation athenienne, ne s'accorderait pas avec cette lacune; et les dix statues des heros eponymes, pla- cees au-dessus du Tholus, dans I'Agora, n'etaient, sans doute, quelesymbole et le resum^ des dix denies repandus dans la ville, ' H. Sauppe, De demis urbanis Athenarum. Weim. i846, in- 4° Progr. ^ Leake (Top. oj Atli. i84i, I. 445) en fait, avec raison, un quartier el non uu dcme d'Albbnes : « urban district". — 426 — et qu'il ne faut pas confondre avec les subdivisions purement ci- viles et de police urbaine appelees quartiers, xcbfxat, Ces dix demes, resultats des primitives agglomerations distinctes qui s'etaient grou- pees autour de I'Acropole pelasgique, se maintinrent distincts et divers au sein de la communaute d'une mcme ville. Dos inscrip- tions de toute date le prouvent : tout en etant habitant d'Alhenes, on etait Colyttien, Cydatheneen, Melitien, etc.; et'ces noms.re- presentaient , non un simple arrondissement, une delimitation locale, niais surtout une certaine diversite d'origine, de famille, de sacrifices particuliers, diversite perpetuee par cet attachement inalterable aux liens h6reditaires , qui est un des caracteres speciaux de la grande famille atbenienne. Certains de ces demes, mais pas lous, avaient comme nn prolongement exterieur en dehors des murs, et leur unite domestique ne souffrait nullement de cetle separation toute materielle. La topogiapbie civile d'Athenes etant ainsi comprise, il ne res- terait plus qua justifier le principe de M. Hermann Sauppe, en determinant avec exactitude quels etaient les dix demes urbains qui representaient les dix tribus. 1. La conjecture de M. Sauppe relativement au deme urbaiu de TEreclitheide me semble de nature a etre legitimement accep- tee. Nous savons en e(Tet, d'apres un passage de Lysias cite par Harpocration ^ , que le deme d'Agryle inferieure avoisinait et pro- bablement meme enfermait rApS>7TT6s, lieu eleve, situe au-dessus du stade d'Athenes, et ou pretaient serment les juges heliastes. L'opinion de M. Leake lui-meme n'est pas tres-eloignee de celle de M. Sauppe, puisqu'il pense que le deme d'Agryle inferieure comprenait tres-vraisemblament le faubourg d'Agrse. "2. Le deme Colly te, de la tribu Egeide, est universellement admis comme deme urbain ; mais s»'il n'y a pas de contestations sur ce point , il y en a de grandes concernant I'emplacement qu'il faut assignor a Collyte dans Athenes. Comme cette question ne pent etre separoe de celle qui regarde Meiite et Golone interieur, je la traiterai quand j'en serai venu a ces derniers denies. 3. Cydathengeum, deme Pandionide, qui comprenait les plus anciens bailments de la cite de Thesee, est le premier a qui les savants modernes aient consenti a accorder le litre de deme urbain , ' Harpocr. v° kpSrirlSs (cf. Leake, Top. oJAth. I, aSi ; i8ii). — 427 — titre qu'il possede aujourd'hui irrevocablement. 11 renfermail le lieu appele Lenaeum, et s'etendait au sud de I'Acropole. La se trouvaient, au rapport de Thucydide, les plus anciens sanctuaires de la cite, et, a ce que je pense, i'Agora elle-meme. 4. Scambonides , selon Stuart et W. Gell ^, etait dans la plaine d'Eleusis, et cette opinion, adoptee par O. Miiller et Grotefend, reparait encore dans Kiepert et dans Forbiger; mais ce deme est tenu pour urbain par Leake, Forchhammer, Chr. Wordsworth, L. Ross, H. Sauppe, Curlius-. Les raisons pour le ranger au nombre des demes de la ville sont qu'il se trouve, dans les ins- criptions , associe a d'autres qui sont connus comnie demes de la ville et des faubourgs ; qu Hesychius le place kdijvrjcri ; que la rue Myrmex, Mi;pfji>73ios (jtrpaTros, qui s'y trouvait, et qui lirait son nom de Myrmex, pere de Melite, semble indiquer un rapport de voi- sinage entre Scambonides et Melite ; qu enfui une inscription du v" siecle avant J. G. , citee par Boeckh, et ou il est fait mention de I'Agora des Scambonidiens , fut decouverte pres du temple de Thes^e. J'opposerai aussi a I'opinion de Stuart la grande inscrip- tion trouvee, le lo octobre i836, dans la Pinacotheque , et ou nous voyons Scambonides manifestement associe aux demes ur- bains ou suburbains, et servant de demeure, aussi bien que Me- lite, Colly te, Cydathensum, aux ouvriers employes a la construc- tion de TErechtheum. Cette derniere circonstance , en effet, ne permet guere de supposer que ce deme se trouvat dans la plaine d'Eleusis, d'oii les ouvriers auraient eu a venir chaque matin tra- vailler a I'Acropole, pour sen retourner chez eux le soir, faisant ainsi tons les jours pres de dix lieues en pure perte. Je crois done que I'opinion emise par MM. Leake, Forchhammer, etc., est de beaucoup preferable a celle de Stuart, et que Scambonides etait dans la ville; mais ou? C'est ce qu'il est plus difficile de decider. M. Leake, qui, dans son texte [ibid. p. 444), le place au sud- sud-ouest de la ville, semble se retracter dans ses Addenda (p. 636). Selon M. Forchhammer, ce deme etait entre la colline des Nymphes et le Pnyx, et il s'appuie , pour cette fixation , sur le voisinage sup- pose de Scambonides et de Melite , d'apres la legende de Myrmex, ' Sluart, II, p. 298, et W. Gell, p. 2A; Miill. /. l p. 228; Grotef. Encjci Pauly, \° Attica: Kiepert, Atlas von Hellas. 2 Leake, Top. of Ath. 18/u, I, 2/i4; Forchh. Top. p. 88; Sauppe, 1. 1, p. 1 T) M|.; Curlius, Hall. Lit.Zeii. 1842, ii" i25. — 4^8 — lils de Melanippe et pere de Melite. Mais cette legende me parait un appui fragile, et je pencherais plutol a chercher ce denie dans une region nioins occupee, peut-etre (d'apres rinscription frouvee vers le temple de Thesee) vers le nord, dans le quartier de I'actuel bazar. Scambonides etait de la tribu Leontide. 5. Le Ceramique interieur, 6 svrdsToi AjttiiAoii Kepa|ue;s -nr^Aews. » Un pared temoi- gnage, appuye sur I'autorite du registre ofliciel que cite le scho- liasle , ne laisse guere subsister d'incertitude sur la situation de Meiite, et il devient evident que ce deme ne doit pas etre cherche au nord de TAcropole, mais bien a I'ouest, demaniere a embras- ser le Pnyx, qui s'y trouvait compris. G'est ce qui resulte encore d'un passage de Demosthene ^ oil I'expression -apbs MsA('t>;v avco prouve que Meiite etait un lieu eleve, et qu'il lallait inonter pour s'y rendre ; circonstance impossible a comprendre , si Ion cherche ce quartier au nord de I'Acropole , ou il n'existe point de colline ni de situation naturelle qui puisse justifier I'expression de De- mosthene. Loin de la, cette region entiere, comme le savent lous ceux qui ont visite Athenes, olTre une pcnte conslarament des- cendante qui s'elend bien au dela des limites septentrionales de I'ancienne ville; en sorte que Demosthene eiit du dire que Ton descendait a Meiite, et non pas que Ton y montait. A ces deux principales preuves se joigneut des inductions qui ne semblent pas non plus a lejeter, 11 est naturel, en ellet, qu'un quartier aussi ancien que Meiite, ou nous avons vu qu'Hercule avait ete initie aux petits mysteres , et ou avaient habite les heros eufants de Thesee et d'Ajax, soit assigne a la partie de la ville ou s'etait jadis etablie I'Athenes primitive -, et qui offrait en realite la situa- tion la plus avantageuse, la plus agreable et la plus forte aux an- tiques habitants de la cite des Theseides. II est a noter aussi que le remarquable tombeau taille dans le roc, a I'extremite ouest du chemin creux qui separe les deux collines du Pnyx et de Musee, etvers I'endroit ou dut exister autrefois une des principales portes de la ville, correspond, avec une sensible exactitude, aux indica- ' Deniosth. c. Con. liv, 27. ' Time. II, 1 5. — 431 — tions que nous possedons sur Teuiplacement du lombeau de Ci- mon ou de celui deTliucydide, lous deuxsiLues dans la region de Melite, et non loin des portes dites Melitides : Uposyap Tats MeXrj- Tttyt 'ZsiXais HaXov(xiva.is ealiv iv ^oih) Ta xaXoiiieva Kifxwvia fxr>;|uaTa (Marcell. VU. Thucyd. S 17; cf. Herodol. VI, ii3, et Pausan. I, XXIII, g). Enfin la proximite de Melite et de TAgora, qui r^sulte avec evidence de plusieurs passages des auteurs anciens \ et qui d'ailleurs n'est pas contestee, suftirait a refuter le sentiment de MM. Leake, Ross, 0. Midler, sur la situation de Melite, s'il ^tait reconnu universellement que I'Agora etait au niidi de I'Acropole, comme je me suis efTorce de le demontrer dans un autre travail '^, ou du moins a Touest de cette eminence, entre les collines de I'A- reopage, du Pnyx et de Musee, comme le pense M. Forchhammer. Mais c'est ici une preuve qui ne pent elre invoquee que sous be- nefice d'inventaire, et dontla valeur est subordonnee a la solution de cette question de I'Agora, qu'il serait bien desirable de voir resolue, tant cette incertitude gene toute la topographie d'Athenes. Quoi qu'il en soit, la situation de Melite a I'ouest de I'Acropole, et non au nord , me parait un fait mis a peu pres hors de doute par les textes et les circonstances qui viennent d'etre enonces, et je ne crois pas necessaire d'y insister plus longtemps ^. Dans I'ensemble ' Plat. Parmen.p. 126, A; Demostb. c. Con. Liv, 87. ^ M^moire sur T Agora et le Thoius, lu a I'Acad. des Inscr. et BeUes-Letlres, aout et septembre i853, publie dans la Revue Archeolocjique , n°' de juiWct et aout i854. ^ II existe', toutefois, sur la situation de Mdlite, un tdmoignage fort important, que je ne dois pas n^gliger ici. Platon (R(SpubL IV, p. 439) parlc d'uii person- nage qui, rcvenant du Piree le lony du nair septentrional, s'arreta k conteinpler les cadavres du Barathre; et Plutarque, de son cote, nous apprend que, de son temps, le lieu ou Ton jetait les corps des supplicids ^tait situd tout prfes de I'en- droit oil se trouvait jadis la maison de Tbemislocle avec I'hieron d' Artemis Aris- tobule, bieron que I'on sait avoir ^te k Mdlite (cf. Plutar. Thimist. 22). De la semble resulter avec Evidence la notion que Mdlite ^tait une partie d'Athfenes, voisine du point ou le long mur septentrional rejoignait la ville. M. Ross a bien senti cette consequence, parlaquelle se trouverait ddtruite la supposition que Me- lite dilt etre cherchd au nord de I'Acropole, et, pour ^cbapper h cette refutation si directe des iddes admises par lui sur la topographic entifere d'Atbines, il a pretcndu (Ross, to 'dy)ae~iov, p. 18, n" 4 7, et p. 20 exlr.) que Platon avail ddsignd ici, par I'expression de ^opetov teT^os, non le long mur septentrional rejoignant le Piree a Atli^nes, niais bien la portion nord de I'enceinte de la ville, iii6 rriv dvoy-aaiav toU yopsioM rel^ovs evvost ou;^( to fianpov ysiyoi , aAAa to ^opsiov fiipos TOW xw^ov Tou aatsos. Je laissc au lecleur a decider si une pareille inter- — 432 — des d^mes urbains, Melite represente la tribu C^cropide; son uoni est un de ceux qui reviennent le plus frequemment dans les ins- criptions^. 8. Ciriades a ete niis par M. Sauppe au nonibre des denies urbains, et place par lui dans la region dusud, par la raison que le nord lui parait occupe. C'est, dans son systeme, le deme re- presentant la tribu Hippothoontide. Mais ni Ciriades, ni Coele , pour lequel ce savant avait d'abord pencbe, n'etaient, a ce que je crois, renferines dans I'enceinte de la ville, et c'est un point que j'examinerai ulterieurement. II faudrait done cboisir un autre deme urbain pour THippotboonlide. Cette difficulte sera facile a resoudre si, en considerant que le Pir^e et Phalere etaient enfer- mes dans la meme enceinte qu'Atbenes, on aduiet que ces deux denies maritimes faisaient civilenient partie de la ville elle-nienie, comme tout porte a le penser. Alors le Piree serait legitimemeiit substitue a Ciriades pour represenler le deme urbain de I'Hippo- thoonlide. 9. Par la meme raison, Phalere, qui est connu comme deme de r^antide, representerait cette tribu parmi les demes de la ville, au lieu d'Erelria, deme des plus douteux, que Ton ne ren- contre dans aucune inscription , et que tons les archeologues nio- dernes ont rejete, a I'exception du seul M. Sauppe, qui, toutefois, reconnait lui -meme combien peu cette designation presente de vraisemblance. 10. II reste la tribu Antiochide, dont le deme urbain parait avoir ete Colonos Agoreeos-, different du deme exterieur de Colone, qui se nommait Colonos Hippios, et qui est celebre pour avoir ete la patrie de Sophocle. A la verite , Krueger, Leake , Forchhanimer, regardent le KoXwvds A-yopaios comme une colline voisine de I'A- gora, et non pas comme un deme; mais, quelles que soient les transpositions qui aienl ete operees dans la repartition des denies entre les tribus, je ne saurais adniettre que le seul Colone exte- rieur ait pu etre enregistre dans quatre tribus differenles, Antio- chide, Egeide, Leontide, Ptoleniaide, qui, toutes quatre, dans pretalion est legitime, et si clle ne dcQote pas plutot le vice ladical du systeme lopograpliiquc propose par 0. Mullcr et adniis par MM. Leake et Ross. ' Roeckh, Corp. Iiiscr. n°' 85, 172, 181, i85, 255, 270, 273 sq. 281, 285, 290, 3o3, 3o5, 3i3, 353, 397, li2i , 426, 485, 48i, 606. ^ Leake, Toponr. n. 118. — 433 — les inscriptions ^ se presentent avec un deme de ce nom. II me parait done incontestable qu'il y avait au moins deux Colone; et, puisque nous trouvons dans la ville un lieu ainsi appele, il est a croire que le Colone de la ville elait reellement un deme. Cest aussi ce qu'ont pense MM. Ross, Grotefend, Boeckh, H. Sauppe, C. Goetling^, qui font du Colonos Agoraeos le deme Antiochide des inscriptions, I'autre Colone etant probablement Egeide. Pour ce qui regarde I'emplacement precis de ce Colone urbain , c'est une question encore obscure. II est certain neanmoins que ce deme etait voisin de Melite, puisqu'on le confondait souvent avec ce dernier, ainsi que nous I'avons vu par le passage precite du scholiasle d'Aristophane^, qui nous apprend en meme temps que tons deux elaient situes vers le Pnyx. Ayant done du assigner a Melite la coUine meme du Pnyx, il est necessaire de reconnaitre que Colone urbain, dont le nom indique une situation elevee, oecupait, soit la colline dite des Nymphes, au nord du Pnyx, soit celle de Musee, au sud. La question se trouve ainsi resserree dans de tres-etroites limites, et il ne reste plus qu'a choisir celle de ces deux collines qui, par rapport a la situation de TAgora, justifiera le mieux lepithete d'Agoreeos que Ton donnait a ce Colone. Par la, en suivant les idees que j'ai exposees ailleurs sur I'Agora, je suis amene a penser que le deme urbain de Colone s'etageait sur la pente du mont Musee qui se trouve le plus a proximite de I'Agora, eelle-ci etant supposee au pied meridional de I'Acropole, et touchant meme au mont Musee par le Tholus et plusieurs autres monuments. A ce point de vue, et en se rap- pelant que Melite, comme nous I'avons vu, etait souvent eonfondu avec Colonos Agoraeos, on s'expliquerait la mention dans Pline d'un oppidam Melite'^, qui n'est autre probablement que la forte- resse macedonienne du mont Musee, et qui, en realite, apparte- nait plutot a Colone qu'a Melite. Cette expression d'oppidum Me- lite deviendrait ainsi une nouvelle preuve a I'appui de ce que j'avance, a savoir que Colone urbain oecupait la colline de Musee. ' Boeckh, Corp. Inscr. n" ii5, i85, 200, 295, 66i, 796 et 172; Ross, Dit Demen von Attica, p. 12/i et i25. - Sauppe, De Demis urb. p. 18 sq. ; Gottling, Mus. rhen. IV, p. 340 sqq. ^ Schol. Arist. Av. 997, au mot Mtton; of. jEIian. V. H. XIII, 12. Voyez ci- 7(T7, ToOs 6poi;s Si [lif &)(Siv eiiisiv (Strab. p. 65). » ■ Strab. I, IV, S 7, p. 65, C. — ?i35 — A la verite, Meursius, Wordsworth, Leake se sont appnyes cle ce texte pour etablir que les limites de Melite et de Gnlytte ^taient nelteinent detertninees par des steles ou barrieres, interpretation diametralement contraire a celle que je viens de transcrire; mais ce sens est repousse par Forchhammer et Hermann Sauppe, comme il Tavait deja ete par les savants auteurs du Strabon franrais, les- quels declarent, dans leur note, qu'ils ont bien connu ce sens, mais que « la phrase grecque, de quelque maniere qu'on la cons- triiise, ne saurait I'auloriser. » Tout ce quartier du Pnyx, que, par suite des considerations precedentes, j'ai attribue aux demes Colytte, Melite et Colonos Agoraeos, est aujourd'hui enticrement inhabite, et forme, avoc celui de I'ancien deme Cydathenasum, la partie la plus deserte et la plus ruinee d'Athenes. II n'y a pourtant pas a douter que les rochers du Pnyx et ceux qui I'avoisinent n'aient ete jadis con- verts de maisons; car, ainsi que je I'ai dit plus haut, on y distingue encore tres - aisement et partout les nombreuses et ineffac^ables traces quy creusa le ciseau, traces qui ont ete recemment rele- vees, avec le plus grand soin, par M. Emile Burnouf, et qui, mises en regard des auteurs anciens , peuvent fournir aux archeo- logues les elements d'une restitution detaillee de cette partie de I'antique Athenes. Mais il semble que, des les temps anciens, quand les Atheniens ne surent plus se contenter des modestes et etroites demeures qui avaient sutfi aux Arislide, aux Miltiade et auxPhocion , et qu'un peuple d'esclaves se pressa autour de chaque particulier, on commenca a delaisser ces rudes rochers du Pnyx et des eminences voisines, pour aller chercher, au nord et a Test de I'Acropole, des terrains ou les habitations pussent s'etendre en liberte, el ou Ton n'eut pas a aplanir des rocs, ni a taiiler au ci- seau des rigoles, des cilernes, des routes, des escaliers. En meme temps que I'antique force, I'antique simplicite se perdait; et la ville primitive, avec ses petites maisons etagees sur une pente apre et sans ombrages, devint une ruine et un quartier mal fame; les riches citoyens se balirent ailleurs leurs maisons, devenues des palais. G'est ce que fait bien sentir le grand orateur popu- laire, quand il reproche si hardiment aux Atheniens leur carac- tere degenere : « Nos ancetres, dit-il, etaient si simples et si atta- ches aux mcRurs antiques, que ceux qui connaissent la maison d'Aristide, celle de Miltiade et des autres grands hommes de ce — 436 — temps-la, voient que rien ne les distingue des maisons voisines. .. Mais voyez nos gouvernants d'aujourd'hui; lis out passe, les uns de la misere a Topulence, les autres de Tobsurite a la splendeur; quelques-uns se sont bati des maisons dont la magnificence in- sulte meme a nos edifices publics : leur fortune a augmente a me- sure que I'Etat a d^peri. T»)v kpttjicihov, x)v MtXTiaZov, xai twv T^TS AafXTi-paJv oixiav, el tjs Apa. ol^ev vfi&v oTTOfa -wot' e(/7tv, dpi rfjs ToO ysiTOvos oiihev crefxroT^par oicrav. . . Evtot hi (vOv) ris tS/a; oUlas T'iv h](io(7ict}v o(xo§0fi>7fxaTwi' (T£fxvoTepas ehl KaTsaxs^aa^iivot (Demosth. 2* Olynth.). » Dans le plaidoyer d'Eschine contre Timarque, le quartier du Pnyx parait encore comme un lieu habite : 6 ovtos eipyKSi -crepi twv oiKrjaiwv twv iv rff Uvvxi (vEsch. c. Tim. p. ao , Tchn.) ; mais deja ce ne sont plus que maisons en mines, cilernes beantes , rues desertes et mal fam^es : t-jreihr) hd enrev. . . -nrepi ttjs £pr](xi-xs -raxjTYjs Kcti toO tSttov rod iv rrj UvmkI. .., ws S' eTveiitnjrrdyj rav oiKOTrshuv xal tmv Xdxxwv... {Ibid.). « Vous notes pas surpris, sans doute, 6 Atheniens, dit fareopagite Autolycus, que ce quartier soit mieux connu de Timarque et de ses pareils que des membres de fAreopage; et tout le peuple ^clatait de rire a ces mots (Esch. ibid.); » car il savait a quoi s'en tenir sur les nioeurs de Timarque et de ceux qui fr^quentaient les solitudes du Pnyx. Le meme fait topographique resulte des details fournis par Demosthene dans la Plainle contre Conon. Melite y est indique comme le lieu de reu- nion des debauches, des ivrognes, et de ces gens perdus, qui s'ap- pelaient eux-memes les inities dePriape. Dans ce tableau que trace Demosthene des conciliabules qu'y tenaient les Diotime, les Ar- chebiade, les Chcer^nime, les Conon, meme en faisant la part des exag^rations de favocat, il restait encore de quoi faire fr^mir la morale publique; aussi voyons-nous dans les lexicographes que le nom de Melitien ^tait synonyme de debauche, MeXirsvs- xdTrpios (Hesych. h. v.). Get etat de choses ne fit qu'empirer par la suite i; et, des le temps de Sylla, tels etaient I'abandon et la mine de ce quartier d'Athenes, que le terrible Romain put en profiler pour ' Outre le desir de s'etablir plus commod^menl, les Atheniens durent Stre portes k abandonner les rochers du Pnyx, par ce motif que, n'ayant plus, pour ainsi dire, de vie politique, ni d'orateurs, ni de liberie, ni meme de marine, ils n'avaient plus, comme autrefois, intcret h se grouper autour du /Sv/fxa devenu muel, et en vue d'une mer o{i ils ne pouvaient plus voir que les flottes de leurs maitres. — ^37 — faire abattre de nuit, sans obstacle et comme a i'insu des Athc- niens, une bonne partie du mur qui defendait la ville de ce cole, et penetrer par cette breche dans la cite surprise : A^tos he SiiAAas t6 (isTa^v Trjs IIsipatKJ/s -avXrjs xai rfjs lepas waTatrxat^as Kcti awoy.a.'k^j- I'as ■wepj uiaas vvktos ecrrjXaLvve (ppiKwhrjs (Plut. Sjlla, ili). Sous les empereurs, Athenes se porte de jilus en plus au nord et a Test; c' est la que se trouverit tons les monuments de cette epoque; c'est la qu'Adrien batit sa ville nouvelle, et le quarlier du Pnyx devint si desert, que Pausanias ne le mentionne meme pas et le passe completement sous silence. Un pen avant le voyage de Pausanias, Plularque avait encore vu a Melite la vieille et chetive maison jadis habitee par Phocion : H 8s oima. toO ^eA)xt6vos in viiv iv MsXhrf heiKvvTai (Plut. Phoc. 18), et, non loin de ce respectable debris, on lui montra aussi un antique hieron que, six siecles auparavant, le vainqueur de Salamine avait erige, pres de sa propre maison, en I'honneur de Diane Conseiilere : Exsito §e xd tov SeiJuairoxXsovs eixoviov iv tw volw ifjs Ap KrloSoiXrjs iii xaO' rjixas (Plut. Them. 22). Mais ce qui montre bien dans quel etat d'abandon se trouvait des lors ce quarlier, autrefois le plus noble d'Athenes, c'est ce qu'ajoule ici Plutarque : « Aujourd'hui, dit-il, pres de I'bieron d'Arl^mis et a Tendroit ou se trouvait la maison de Themistocle , les esclaves publics vont Jeter les corps des supplicies , ainsi que les vetements et les lacets des pendus ^. UXrjctov Se rrjis oixias xaTserxevacrev ev Me- Xkrj TO ispbv Trjs Aprsfi/Sos AptaloSovXrjs, ov viiv ra <7et3[xixra rav Q-ava- Tovp-evcji' ol §J7fx(0j 'zspoSdXXovcri, xai to. iixa-via xal tovs ^poyovs raiv iTtayyo[j.svo}v xai xadaipsdivTcov ixipipovcTi [Ibid.]. » Ce qui vient d'etre dit de Melite peut s'affirmer aussi de Colone urbain et de Colytle, que nous avons vus etre contigus a Melite jusqu'au point d'etre confondus avec ce dernier. Et en efTet, si, du n^ siecle de notre ere, qui est celui de Plutarque, d'Adrien el de Pausanias, nous descendons jusqu'au iv* siecle, sous les em- ' D'apr^s la position que j'ai cru pouvoir assigiier a Melite, ce iieu correspon- drait k I'endroit qui sort a present aux ^quarrisscurs, et qui se trouve k Touest et au pied de la colline des Nymphes. Je puis dire meme que, sur la partie des ro- chers qui domine ce lieu rebutant, j'ai remarque, a 200 metres oiiest du mo- dcrne observatoire, et a 4oo metres nord-ouest du (3r?f^a, une plafcforme taill^e dans le rocber, au-devant de laquelle se trouve un large perron de forme monu- mentale, egalement taille en plein roc, et que, selon ce que je peiise, cet em- placement, qui est cvidemmcnt celui d"un ancien ('difice important, pourrail bicn etre celui dii temple d'Arlemis-Aristobule. MISS. SCir.NT. IV. 2() — ^38 — pereurs Constance et Julien, la nous rencontrons un noiiveau el important temoignage sur I'aspect plus que jamais triste et d^sole que presentait alors le quartier de M^lite ct de Colytte. Dans un discours a la louange d'Ampeiius, proconsul de Grece, le sophiste Himerius, qui tenait ecole a Atbenes, et dont S. Basile et S. Gre- goire de Nazianze fureot les disciples, s'exprime ainsi : « II y avait, au beau milieu de la ville , un endroit tres-resserre appele Colytte, qui avait encore, a la verite, le titre de derae, mais qui n'etait plus guere qu'une dependance du niarche. Attire par I'an- tique renommee du lieu, Ampelius s'y rend, et ses regards s'e- prennent de la beaute naturelle du site, tandis c|u'ils sout choques par le delabrement des habitations; il sen afllige pour la ville, et veut qu'a. I'avenir Athenes n'ait plus a rougir de cette tache. Sts- veoirds Tis rjv KoXvtTos oiiTa xaAoiifxsvos ev rw fxeaaiTarfo rrjs -croAews ', hrjftov ixkv iywv s-aww^iov, ijop%5 §£ XP^'? Tt(iM(isvos. Kara S>; xXios rd TsiT^ai epysrai xai owtos eiti tov tOuov, ind tj); (prjij.-ijs hj aay coy ov- (xsvos' ihojv hs T);v (liv (picyiv -/jyafrdyj lov rditov, Tr) Karao-xeii;? §£ yjaxyvdr) iirep Tijs ■zsbXsws , oii [i9]v d(^fjK£ 'srXiov ipvOpiiaai Ti/v -zsdXiv eiri T« mpiy^iaTL (Himer. ap. Phot. p. ^jb, b. 6). » Enfin , si nous arrivons aux ages modernes, nous trouverons entierement consommee la ruine de ce quartier occidental, deja commencee dans les ages anciens. II n'est aujourd'hui aucune parlie d'Athenes qui presente une solitude aussi complete que ces collines du Pnyx, des Nymphes, de Musee. La, aucune maison ne s'eleve, aucun sanctuaire n'appelle le voyageur, et le temps n'a respecte que ce qu'il ne pouvait detruire, c'est-a-dire les in- nombrables empreinles taillees dans le rocher, et cette tribune ' M. Leake nie parail se servir a tort de cetlc expression, iv tu y^eaafsdtai , pour prouver que Colytte etait au centre de la ville, « in the centre of the city» (Leake, Top. of Atb. i84i, I, p. /i/i3), et, selon lui,au nord de i'Acropole. Je crois que les mots du texte correspondent sculement a notre locution i' en plein Paris. 1) Tout le passage d'Himerius est, du reste, assez obscur; mais il merite d'etre etudieavec soin. Par le mot ejTSva-nos , jc pense que I'auteur a designe la sorire rochcuse enlre les collines du Pnyx et de Musee, auquel oas nous Irouve- rions ici un nouvel exempie de la confusion entre Coiytle et M^lite, puisqu'a vrai dire cette gorge appartient plutot a Melite qu"a Colytte. Les mots dyopSs Se ;^pe/a TiyLoiiievos , si je les ai bien entendus, s'appliqueraient trbs-bicn h. celle gorge par laqnelle passe la route la pins directe entrc le Piree ei la region au sad de I'Acropole que j'ai assignee h I'Agora. D'aprbs Telat acluel des lieux, il est encore facile dc voir qu'une route tris^frcqiienldfi par les chars a traverse cette gorge. — 439 — qui defie tous les efforts des siecJes , parce qu'elle est aussi ine- branlable que le roc clont elle fait partie. CONCLUSION. Dans les reflexions qui precedent , j'ai cherche surtout a eclairer la topographie de la ville d'Alhenes, en detern)inant quels etaient les denies qui composaient la cite, et quelle etait la situation de chacun d'eux par rapport a I'Acropole, leur centre commun. Ces points bien etablis, il deviendrait plus facile de resoudre une foule d'inter.^ssantes questions de detail qui sont jusqu'ici pen- dantes, et de mettre en quelque sorte sous les yeux lu panorama fidele de TAthencs de Pericles et de Demosthene. Les vestiges qui subsistent encore sur le terrain, et qui, pour la partie occiden- tale, ont deja ^te relev^s avec soin, aideraient beaucoup a cette taciie, et ces ruines confuses se peupleraient de souvenirs precis. Mais j'ose dire que ce resultat si desirable me parait impossible a atteindre, tant que Ton s'obstinera a chercher Melite, Colylte, Colone urbain dans la region septenlrionale, et I'Agora dans la region occidentale. Mon plus vif desir serait d'arriver a commu- niquer a d'autres la conviction que je me suis faite sur ce sujet; mais je suis loin de me flatter d'y avoir reussi. J'aiirais deja ob- tenu beaucoup, si je pouvais du moins provoquer sur ce'poinl quelques nouvelles recherches de la part des eminents archeo- logues qui seuls, par I'autorite de leur savoir ot de leur noni , ont droit de prononcer dans ce debat. Pour me resumer, I'opinion que je suis conduit a proposer sur I'ensemble de la topographie d'Athenes est celle-ci : chacune des dix tribus etait representee dans la viile par un deme, et ces dix demes urbains etaient : 1. Tribu Erechtheide, Agryle inferieure (au sud-cst de I'Acro- pole); 2. Egeide, Colytte (colline dite des Nyniphes, a I'ouesl de I'Acropole ) ; 3. Pandionide, Cydathenasum (au sud de I'Acropole); !\. Leontide, Scambonides (au nord de I'Acropole) ; 5. Acamantide. Ceranlique interieur (au nord-ouest et ai! sud de TAcropole); (). OEneide, Butades (au nord-cst et au sud de TAcrii- pole?); M. . 20. — dliO — 7. Tribu C^cropide, M^lite (colline du Pnyx, a Touest de I'A cropole); S. Hippolhoontide,lePiree (port compris dans renceinle de la ville); 9. iEantide, Phalere (idem.); 10. Antiochide, Colonos Agoraos (colUne de Musee, a I'ouest de TAcropole). Leiir disposition topographique peut etre figuree comme il siiif N. ^o. Colytle * - ^Gs ^^ ■/ . a M elite 9-1, Actopole " E. © Ct, Colonos /^ 'y^^f, ^^r^n aporaos ^i^ ^^e^ '^'6 agoraos '^V •, ^^a Z. D ernes suburb ains. — Ces conclusions etant admises, les diffi' cultes relatives a certains demes qui, par les uns sont mis dans la ville, et par les autres sont rejet^s au dehors de Tenceinte , se trou- veront parle fait resolues, puisque, d'apres M. Hermann Sauppe, chacune des dix tribus ne coniptait qu un seul deme urbain. Des lors, Coele, Ceiriades, Diomeia, qui appartiennent a des tribus deja representees parmi les denies de la ville, devront prendre place en dehors des murs d'Atheues, bien que M. Leake considere Diomeia, M. Sauppe Ceiriades, etM. Forchhammer Ccele, comme ayant fait partie de la ville meme. On peut, d'ailleurs, opposer a Topinion de ces savants des raisons directestirees des textes anciens et de I'etat des lieux. Code, KolXrj. — Cette localite, qui fut la patrie de Leptine, et qui renfermait les tombeaux de Cimon et de Thucydide, a ete placee, par O. Midler et par MM. Leake', Ross, Ulrichs, etc. au '• Leake. Top. of Athens, i84i,1, p. 442; Llrichs, 0« \tfiivei xal xa ^elxrt T«5v Aerjvaiv ; Ross, TO eiKTsrov , «.T.X, p. 18, note 47; Forchh. Top. of Ath.p. li^ et 74 sq. — Conlrc I'opinion que Cocle ne fut pas un d^mc, voycz Ross, Die De- — 441 — nord d'Alhcaes; par M. Forchhammer au sud, enlro le moiit Musee et les collines de I'llissus. Cette divergence d'opiuions est la consequence inevitable de la I'aQon dont ces savants entendenl la situation de Melite; car les textes anciens ne permettent pas de douter qu'il n'y eut correlation etroite entre Melite et Coel6. D'apres la position que le scholiaste d'Aristophane (voy. ci-dessus) assigne lui-nienie, en se fondant sur le tableau officiel des circonscriptions de la ville, il devient done necessaire de ranger aussi Coele dans ia region occidentale, et non point dans la region septentrionale. Quanta la situation exterieure de ce deme, elle senible resulter des textes suivants : « Le tombeau de Thucydide, dit Marcellinus, se trouve pres des portes, dans an lieu de I'Attique qui est appele Coele. ilcrli Se avroO Ti(pos 'VsXr)<7iov tmv 'zsvXav sv ywpio) Tfjs MltKfjs 6 KoiXrf KaXeiTOLi; » et plus loin il ajoute que « le monument de Ci- mon est a Coele, pres des portes Melilides : Tlpds yap -rats MeXijTtcrt •srtiAaw ecrliv ev KoiXyj tA xaXovyLeva KipLwvia. fxvrj(ia.Ta (Marcell. Vit. Themist. § 55; cf. Vit.Thucyd. S 17). Pausauias dit de meme : Mvrj(xa. (tou 6ovKt;S/§ot;) eo-7(V oO 'usSppM 'zsvXaiv MsXnihcov (Pausan. I, xxiii, 9). Que si, malgre I'expression ev yoipiw -^vs ATlixtj; b KolXrj xxXeiTai, on voulait encore placer Coele dans Athenes meme, et en dedans, non en dehors des portes Melitides, on rencontrerait une grande difficulte a faire concorder avec cette opinion la phrase ou Herodote nous appcend que Cimon fut enterre au devant de la ville, et a Textreniite de la route qui y arrive par Coele, Tsdaitlat Se K/fxaJv -crpc) toO aaleos, ■zssp^jv -rrfs Sta KotXrjs xaXsofJLSvijs oSoO (He- rod. VI, io3). EnGn, si Ton consulte le terrain, on verra qu'au sud-ouest des eminences du Pnyx et de Musee, le sol se courbe et se creuse pour former la vallee dans laquelle vient se perdre rilissus , et on comprendra que ce fond ait pu etre appele \LoiXrj. Si, en outre, ou observe que, dans cet endroit meme, se trouve une grotle tres-remarquable, pratiquee au ciseau dans le rocher, on ne sera pas eloigne d'y voir le tombeau, ou de Cimon, ou do Thucydide; et, en presence d'un pareil accord des textes, des lieux et des monuments encore existants, il sera difficile de con- server des doutes sur la veritable situation de Coele. Par suite, lemplacement precis de la porle Melitide devra etre cherche non nun von Aiuha, h. v.; Grolefend, EiicycI. Pauly, Attica; Boeckli, Inscr. n°' i58, '•175, 3o5, 65o et 65i. — kli2 — loin clc la, et pmbablemeut dans la depression qui separe le mont Musee d« rocher plus ii I'ouest dans lequel est taill6e la grotte ci- dessus indiqu6e. Diomeia, deme Egeide, pent, avec une grande probabilile, etn* consider6 coninie exterieur, puisque le Cynosargc, qui en faisail partie, est connu comme ayant ete en dehors des murs, sv tm Kvvocxapyei yv(ivct;o-j )((t}piov, 6 YJv airadev toO Te(';^ov5 evhsHO, rj hcohsKo. ald^ict (^sch. c. Ti- niar. p. 53, Tchn,). Au nord-ouesl, la limite est fixee par la chapelle Haghia Triada, clout i'emplacement marque la situation de I'ancienne porteDipyle. (Voy. Raoul-Rochette, Journ. des sav. juin i85i.) Au sud-est, nous avons compris dans I'enceinte de la ville le deme d'Agryle inferieure avec le Stade; et, par la, nous sornmes amene a reporter la ligne des niurs d'Athenes au sud du Stade. Au sud-ouest, enfin, les idees que nous nous sommes faites concernant la si (nation respective de Melite et de Ccele, nous por- tent a souscrire entiei-ement aux vues de M. Forchhammer et de M. Raoul-Rochette , qui etendent, de ce cote, les limites d'Athenes jus([u'au pied des coUines du Pnyx, des Nymphes, de Musec, au ' A 5oo luelies est du palais du rui , sur le plan d'Athenes par Aldcniiovcn. — lllltl — lieu de les arreter, comiue M. Leake, siir le I'aite cle ces eminences. En outre des preuves apport^es par ces deux savants, on peut citer encore les traces d'habitations dont les trois collines sont revetues dans toute leur etendue, et desquelles 11 resulle que la villc se pro- longeait, en efTet, jusqu'au pied occidental des rochers. J'ajou- terai ici que, si mes souvenirs et nies notes sont fideles, il existe tout le long de la crele d'un rocher qui se trouve au-devant et a I'ouest des collines du Pnyx et de Musee, une trainee de vestiges paraissant apparlenir a une muraille antique avec tours, dans la direction exacte du Piree; et je ne serais pas eloigne d'y voir un debris du long mur meridional, veuant se rattacher a I'enceinte d'Ath^nes, precisement entre les collines du Pnyx et de Musee, a la base de ces eminences. Ce qui semblerait le demontrer, c'est que le revers nord de ce rocher, c'est-a-dire celui qui, d'apres I'id^e ci-dessus emise, aurait ete a I'interieur des longs murs, porte les nienies empreintes d'habitations que les trois autres collines, tan- dis que son revers sud, c'est-a-dire celui que je suppose en dehors des longs murs, comme aussi de I'enceinte de la ville, ne montre point les traces du ciseau. La se trouve seulement la grolte que je regarde comme le tombeau de Cimon ou de Thucydide, toni- beau que Ton sait avoir 6te en dehors de la ville. Le perimetre en tier de I'enceinte d'Athenes , ainsi que nous I'apprennent plusieurs textes anciens (Thuc. II, i3, et le schol.;" Dion Chrysost. Orat. 6), mesurait 60 stades, ou environ 10,000 metres. Or, si on relie entre eux, par une enceinte circulaire, les quatre points extremes que je viens d'indiquer, on arrive a de- crire un pourtour de 9,000 metres, chiffre qui se rapproche sen- siblement du chiffre rond ancien ; d'ou Ton peut inferer que les vues ci-dessus emises, tant sur les denies urbains et suburbains que sur I'enceinte d'Athenes, sont en quelque sorte confirmees par ce resultat general qui les einbrasse toutes. Pour terminer ce chapitre des denies urbains, il nie resterail a traiter ici des denies du Piree et de Phalere, que j'ai rattaches ci- vilemenl a la ville; mais, vu I'importance de la question topogra- phique r^cemment soulev^e au sujet de ces deux localites, il me semble plus convenable de reserver cette matiere pour un cha- pitre special. — 4/i5 — Happort lie M. Chahaille sur les manuscrits du Tr^sor de Brunetto Lalini conserves dans les hibliotheques de Rennes, Lyon, Berne el Geneve. Monsieur le Ministre, J'ai I'honneur de rendre comple a Votre Excellence du resultal de la collation des manuscrits du Livre du Tresor, par Brunetto Latini, conserves dans les hibliotheques puhliques des villes de Rennes, de Lyon, de Berne etde Geneve, et de I'exanien de quel- ques autres manuscrits renfermant des pieces ou des documents qui se rattachent aux ouvrages dont la publication a ete decidee par le Comite et approuvee par Votre Excellence. Cette nouvelle collation du texte du Tresor a ete laite sur la copie deja soigneusement revue du manuscrit 198, fonds du sup- plement franrais, a la Bihliotheque imperiale de Paris. La leron de ce manuscrit est datee de 128/i ; c'est la plus ancienne et la meil- leure que je connaisse. Executee onze ans avant la mort de Tau- teur, elle a ete adoptee pour base de la publication de cet ou- vrage, dont vous avez bien voulu me charger. La bihliotheque de la ville de Rennes possede un manuscrit cote 1/17, in-folio, velin, renfermant, enlre autres ouvrages sur les sciences, le texte de la premiei'e redaction du Livre du Tresor, date de i3o3 ; ainsi la transcription a du en etre faite sur un texte con- temporain de Brunetto Latini, mort, comme on sait, en 1295. On y ti'ouve la ler^on du manuscrit 1 98 , moins les interpolations critiques si curieuses qui se renconlrent dans ce dernier. Malgre le soin qu'on a pris de revoir cette lecon, comme le t^moignenl les lettres et les mots pointes pour en indiquer la suppression , elle n'est pas tres-correcte ^ j'y ai remarque meme d'assez fre- quentes omissions de memhres de phrase et de phrases entieres. Dans la partie consacree a Thistoire nalurelle, le chapitre de la Huppe manque totalenient, par Tinadvertance du copiste, car la ruhrique ou le sommaire de ce chapitre a ete surcharge et change en celui de I'Arondelle. Enfin cette lecon porte la faute si gros- siere qui, dans la plupart des manuscrits franrais et jusque dans ' Je signalerai, entre autres, uno faule !j;ravc de lecture : au livie III, cha- pitre « Des choscs dont li sires se doit garder por la raison dou commun , » au lieu de : "Nu!c cliartrc dc ventc », on lit: cNule cliarite devant. » — /1/iG — la traduction italienue clu Trhor, Iransfonnc le noin du prophclo Esdras en Eloras. Cependant, el malgre ses imperfections, ie inanuscril de la ville de Renncs est precieux. D'abord il donnc, comnie je I'ai deju fait reuiarcjuer, la leron non interpolee de ia premiere redaction du Livre du Trdsor a la date de (fevrier-avril) i3o3 ^ , en dialccle de rile-de-France, c'est-adire dans le dialecte dont s'est servi tres- probableftient Brunette Latini. De plus, ce volume renferme une serie d'ouvrages didactiques en prose et en vers, propres a donner une idee assez juste de I'etat des sciences au xiv" siecle, tels que rimage du Monde, la Mappenionde, par Pierre (extrait et traduc- tion en vers de Solin) , le Milliaire de Metbode, les Lunes de Sa- lomon, la Leltre a savoir le riouvel kalendricr, par Guillaume de Saint-Cloud, le Lucidaire des Grands, le Livrc de Sydrac ou de la Fontaine de toutes sciences, etc., etc. -. A la bibliotheque publique de la ville de Strasbourg, je u'ai trouve d'autrc recueil encyclopedique que I'ouvrage de I'abbesse Herrade^. Seulement, parmi les belles sculptures dues au ciseau d'Erwin de Steinbachet de sa fille, qui decorent le pilier, pres de la celebre horloge de la cathedrale de cette ville, j'ai remarque les figures allegoriques de faucienne et de la nouvelle loi, dont une minialure du manuscrit n° 7066 du Tresor olfre I'exacte repro- duction. De Strasbourg je ine suis rendu a Bale. Ea biI)Iiotheque de cette ville, riche en manuscrits sur Thistoire locale, posseds un seul manuscrit franr^ais et ce n'est point le Tresor de Brunelto Latini. .Ie passai a Berne alin d'y collation ner ma copie sur le manuscrit du Tresor conserve dans la bibliotheque de cette ville, et surloul ' Le scribe nous apprend qui! se nommait Robin Bouleniont, el qu'il a copi^ les 1 13 feuillets, in-fol. ^ trois colonnes, du Tresor, du jour de ia Purification (2 f^vricr) au mardi aprfes Quasimodo ()6 avril), dc I'aiinec i3o3, c'est-u-dirc en deux uiois et deuii. Peut-etre faulil attiibuer les omissions et Ifs errcurs du copiste a la precipitation qu'il a mise dans son travail. - Voiz" Descriplion, Notices ct Hxtraits des maimscrils de la bibliotheque ptibh — I^a poucire oi\ moust garist et sainne , Et si puet bien garir arsure : L'iilropique, bien li est sainne, Tex est fa loy et sa nature. (Manuscrit (le la villede Berne, n°646, fol. 70,00!. 2 , recto el verso. ) DE LA MAGNETE. Magnete est une bone pierre qui est trovec entre une gens qui hont nom Tur- gidi. En Ynde le trouve-on ; elle ha color de fert et atrait le fer h soi. Cel qui vuet savoir se sa feme fait folie ou non, mete la magnate desouz le chief de sa feme, quant ele dormira : se ele est chaiste, ele le baiserat en dormant, et se ele est autre, elle cherra jus du lit come se on la boulast jus. Et se .1. lerre entre en une meson por embler, etil mete .1. charbon de feuparmi, ctmete sor le char- bon de la poudre de la magnete, si que la funi^e en aille amont parmi les iiij quantons de la maison, tuit cilz qui serout en la meson s'enfuiront ainsi come se fote la maison deust cheir : ainsi puet prendre le lerre ce que il voudra en la masom. Ele porte Concorde entre home et feme, et done k home bonne parole et se on le done a home en poudre mise en oile, la poudre I'espurgera de ydropisie. La poudre en est bonue en arsure et k eschaudeure, se on ie met des- sus; et ha tele vertuque aynmant que li maronier liont au passar mer, ne puet atraire lefer a li ceste pierre pesant. Meme manuscrit, fol. 77-78. Quelques-unes de ces vertus sont attribuees a I'airiiant, clans le roman du Renart. L'aymant a teus dignit^s De sa feme, par nuit presist K'il fait le fier a lui tenir, L'aymant et si le mesist Cascun jour le puet-on veir Desous son kevec (chevet), et dormir As marouniers ki vont par mer. . . Le fesist sus; par Saint-Espir, En dormant se degieteroit Et d'autre part, s'aucuns honi fust La dame et en haul conteroit, Ki de riens se feme mescrust, Ki ki Toist, toute sa vie, Dont ses cuers fust en jalousie, Ses amors etsa druerie, S'il voloit savoir le voisdie A cui et u sans rien celer. (T. IV, p. 321-322.) La Bible Guiot de Provins s'en tient aux proprietes reelles de raimant. (Meon, Fabliaux et contes, t. II, p. Ssy.) N° If. TiiESon, liv. II, ch. Liii. La verileit est mainles fois fauc^e de mensonge, et mensonge est covertc en semblance dc vcritcit. Ihid. All commancement de lotes choses pance la fin ; car on ne doit chose encommancier an cui est mal perse- verer. il. 3o. — 456 — TRESOR, iiv. II, cli. Liii. Li saige hons ne vucul mic cngiguier autrui ne ne puet estre engigni^. Ibid. Ta promesse soil par grant cousiddralion. Ibid. Ne soies pais tous jours en oeuvres, maix aucunes fois laixe rcposer ton couraige, mais garde que cil repozer soil plain de sapience et de penser honeste. Ihid. oh. i.iv. Cathon : Ne croire plus autrui de toy que toy meysme. Ibid. cli. xcii. Li maistres: Paix fait mains bicus, et guerre les destrut. Salustes : Per Concorde croixent lez petites chozes et per descordc deslruent lez grans. Ibid. ch. Lxxiv. Li maistres : On ne se doittnie tropt enbaucieren prosperiteit nc trop trobler en aversiteit. Ibid. cb. LXii. II n'est nulz si grant gain com de garder ceu que on ait. Ibid. cb. Lxm. Viciouse cboze est es bautes bizoignes dire moz de solas. Ibid, Graces : A I'ome triste se convienne trisle parolie , et az saige saige paroUe ; se la parolie est dissemblablc de la fortune de celui qui lai dist, toutes les gens s'en gabent. Ibid. Bien saicbe que tu dis, que quant la parolie t'est issue de la boucbe tu ne la pues rapeller. Ibid. Li maistre: Ne descuevre ton secreit, car se tu meysme ne lou pues seller, tu ne doles niant deman- der si Ton ne te sele mie. Ibid. Therences : Tiens-toy, que tu oyes plus volontier que tti ne parolie. Ibid. ch. xcvi. Li maistre : Sens ct cognixence doit tousjours al- ler devant I'euvre; car on doit devant penser et avoir consoil que on faicel riens. Ihid. ch. CI. Se tu vuel anrichier, nc croisse mie ton cbaitcit, mais apetise ta covoitise, etc., etc. N" III. COMMENT JCLIOS CESAR FDT PREMIER EMPERECR. Endementes Cesar porcba^a tant amont et aval, aprfcs ce que il avoit cues tantes victoires et mainz pais sousmis au commun de Romme , qu'il aclray k soy les courages des gens des pays qu'il avoit conquis, et assembla grant est, et comcncja i venir sur ceulx de Romme et leur faire guerre, lant que enCn ii desconfist Pompde, qui pour lors estoit s(5nateur de Romme, lequcl avoit cou- quis grant partie des regions devcrs soleil levant jusques en Ynde et submis k la communile de Romme. Avec icquel Pompde Ic bon Calbon de Romme et plu- sieurs autres sages bommes et vaillans qui pour le bien publique (sic) el pour — '4bl — gardcr la franchise ile Romnie se combalirent centre Cesar en une contr^e de Grfece que I'on «ppelle Tliessale. L^ fiirent desconfis Pomp^e, Catlion et ceulx de leur compaignie, et ia plus grant partie mors; h iaquelle bataille ot grande et merveilleiTse occision, car Pompee avoil de son coste la plus grant partie de ceulx de Roniaie et grant partie de la puissance du peuple d'Orient. Et C^sar avoit de son cost^ ceulx de France et de la Graiit-Bretaigne qui k present est noniniee Angleterre, lesquelz il avoit conquis et submiz k ceulx de Ronime; et avecqucs ce avoit de son cost6 grant partie de la force du peuple d'Occident. Aprez laquele desconfiture Cesar vint a Romme et mit en sa main touteia sei- gneurie de Romme ; el pour ce (|u'il ne povoient avoir roy a Romnie selonc I'es- tablissement qui avoiteste faitau temps Tarquinuslorgueilleux, de qui le conipte a parli5 cy-devant, les Rommains I'appelerent empereur. Et ainsy Julius Cesar fut le premier empereur de Romme, et ne lint son empire que environ trois ans et demi, car les s(?nateurs ou Capitole du palais qui estoit k Romme, en ung con- seil qui estoit la assemble, le tu^rent en trayson de grefes longs et agus qu'ilz avpient boutez en leurs chausses, pour ce qu'il estoit deffendu que nul ne portast coustel ne nul autre barnois ou conseil. Icelui Julius C^sar estoit bomme tres sage, bon pbilosopbe, preux et vaillant en amies ct de grant conduite. Qui de la et de ses fais vouldra plus avant savoir, quiera Lucan et la le trouvera. Aprez la mort Julius Cesar, Octovien son neveu fut empereur, lequel fu par excelence nommd Augustus Cesar, qui valoit autant a dire comme empereur croissant, car il tint en son temps toute ia monarchic du, monde. En son temps nasqui nostre sauveur Jhcsu-Crisl, et avoil ja regne xlij ans et six mois, et depuis la Nativity r/'gna xiij ans. Cestui Augustus Cesar fu moult sage, preux et vaillant, et plain de bonnes condicions etvertus, sinon que il estoit merveilleusement luxurieux. 11 list mourir ceulx qui son oncle Julius Cesar avoient tu^. (Manuscritde la ville de Geneve, n° itio, le Livrcdu Tre'sorjliv. I, ch. xxxviii.) N" IV. « Vie de sainte Catherine en proven(^al (poitevin), petit in-8°, ronde du xiii-xiv'' siecle. Le debut manque, la marge du haut de la i"* page porta ces mols : « Maioris monasterii 171 7, p. 5 19. Catalogue. » Le texte commence par ces vers ; "Per nos fu besoines et pris, Horn per son ergoil lo prrdet, A la parfin fu en crois mis. Le verais Deos lo nos rendet. « Ja bom paradis non aguist Se il per nos moit non sufrist; Eiso que la dama dist Mais nos lo savem itant bon Le saives toz esbaloit , <)u il esgarda per tot raison. Non se sorent vers lei rescondre Diablesaveit vcncu home, N'a raison non pount respondre, Dreiz est que fust vencus per home; Mais perlaverlu Dami-De Horn nos tollit nostre pais Forunt luit venru et torbd. Et Iioni nos rendet paravis; L'uns comenccl I'autre es^arder, ^' 3o.. Anc non poguirotit niozsoner; Quant iso vit li ampercrc Que chascuns dels saives vencus ere, Irasquet sei , et per grant ire Lor comencet ico a dire ■. (iChati, nial^ur^, dolent, Et vos non respondres nient; Molt esti^s Tautre jorn fer, Ores n'oses pluz moz soner. Cisli feima que sola vei A vencu vos cincanta et tnei , L'autr'er le preisies molt poi , Molt m'av«5s fait, so vei, corl joi; Non cuidasse pas que cent feimes, Saives clerzesses, crislianes, O un de vos osast parler; /1 58 — Et una vos fail fouz sembler ; Costa est sola, et vos cincaiite, Jamais de vos non tcndrai conle. Bien vei que o ses saives i\h Vos a toz vencus etoniz, Neguns o lei parler non osa; Anc feima non fist mais tal cliosa ; Chascuns s'en pot tener per fouz ; Vos n'ax^s pas d'izo lo lous. » Imc rospondetle maistre aiis aulres Qui ot parl^ au la dame alqucs, Et parla o I'emperaor Bellamenl, cum ab son signor: « Emperere, so le voil dire, Bien vei que lu as molt grant ire. . . FIN DD POEME. Un autre miracle pres molt Qui vers est et de ren ne dot, Quar del sepulcre o ella geist Uns rivez d'oile tostemps n'eist. Tuit cil qui vant a icel poi O pount veer encora oi, Et neis en des os plus menus Est oiles a present vf^,us, O que que il slant port^. So sat horn ben de verite, Et malapde qui s'en oient Negun autre metgepoiment; Iqui essa sunt tuit san^ : Itats est li vertus de De. Isi convertit Katherina l,es chevaliers et la reina Que tant grant nii^l per Deu sufrit Per cui martire receuit. So avenc el quint jorn de noembr" Alia a Deu, cui de no s menbre; Per Deu suffrit iquesla peina El senten jorn de la setmeina, Endreit terci , sufrit martire A ital ora cum Deus ses sire, Aitortu M. le Minislrc de I' instruction imhli(}uc. Vans , i833, in-8°. — 403 — Happort In a I'Acadcmie dcs inscriptions et belles-lettres, dans la seance pulilique da 10 aodt 1855 , au nom de la commission' charqee d' examiner les travaux cnvoyes par les memlres de V Ecole frangaise d'Athenes; par M. Guigniant. Messieurs , Nous venons vous entrelenir aujourd'hui tres succinctement des travaux des niembres de I'Ecole franraise d'Athenes : le lemps, les n^cessites de cette seance, qui doit suffire a tout, nous en font une loi imperieuse; et, sans refuser nos encouragements publics, au moment ou ils sont le mieux merites , nous pouvons cependant donner a nos observations, a nos eloges, une mesure d'autant plus etroite que nos directions ont ete plus fidelenient suivies. Grace a vous. Messieurs, grace au zele soutenu de ses jeunes inembres, I'Ecole d'Athenes commence a vivre sur ses propres oxemples, a se former peu a peu des traditions. Trois memoires nous ont ete envoy^s, aux termes des regie- men ts, paries trois membres de la seconde annee d'eludes, MM.Bou tan, Delacoulonche et Fustel de Coulanges. Le premier s'est em- pare d'une question que nous avious des longlemps proposeo, question de topographic et d'archeologie , qui avait ses difficultes. sa nouveaute, mais par cela meme son interet scientilique. II s'a- gissait de dccrire I'ile de Lesbos, encore imparfaitemenl connue, de completer les relations des voyageurs, d'explorer les restes des villes anciennes, dont les positions n'avaient pas ete, a beaucoup pres, exactement determinees. M. Boutan, dans deux voyages successifs, ou il a plusieurs fois croise I'ile en lout sens, est par- venu a reunir les elements d'une description presque aussi complete et aussi exacte que nous pouvions la desirer. II a visite toutes les localiles principales, explore toutes les ruints, et fixe, par la dis- cussion critique des lextes compares aux lieux, nonseulement les trails reconnaissables du plan de I'antiquc Mitylene, de ses ports, de ses environs, mais toutes les positions de Lesbos sur lesquelles nous avions demande des eclaircissements, Hiera, Tiaras, Aga- med ', vtlgiros, Melaon, Nape, sansparler de Methyame, d'Eresos, ' Ka coiDuiissioii elait composee de MM. Hasi-, president, Cuigniaiil, secrc- itiirc. Ph. le Bas, H. VVallon , Bruuct de Preslc. — 464 — tl'Antissa, de Pyrrha et d'autres encore. Toiiles ces villes, lous ces bourgs plus ou nioins connus, plus ou moins celeliies, il les a reportes sur la carte la plus sure de Tile, celle du capitaine Copeland, en renricliissant de beaucoup d'indicalions topogra- phiques nouvelles, en y Irarant avec soin son itineraire, \ niar- quant exactenient les ruines, et rectifianl sur plusieurs poinls tres-importants celle de Plehn, qu'il lui elait impose de verifier. A ce travail capital, dont nous avons ete pleinenient satisfaits, et qui comptera cerlainement parmi les raeilleurs de ce genre qui aient eie executes jusqu'ici par les membres de notre Ecole d'Athenes, M. Boutan a cru devoir joindre deux essais, qui ne lui ^taient pas demandes. L'un de ces essais, coroliaire assez naturel de son voyage, consiste en un tableau de moeurs, ou les habitants de Metelin actuelle sont rapproches, en des traits ingenieusement frappants, de ceux de I'anlique Lesbos, dont ils ont garde en grande partie les usages primitifs et surtout le caraclere hospitalier. L'autre est une vue rapide de I'histoire ancienne de Tile, qui nous a paru nianquer de critique pour les temps rccules, connus seule- ment par la tradition, et qui, pourlereste, n'aurait pu acquerir un certain merite d'originalit^ qua condition d'etre plus appro- fondie. Mais M. Boutan avait deja renipli sa veritable tache, el assez bien pour que nous n'ayons pas a insister davantage sur ce point. M. Delacoulonche avait pour sa part, d'apres le programme adopte par I'Academie en i853, a n recueillir en un corps d'ou- vrage tout ce que les auteurs anciens ont rapport^ qui soit relatif a I'histoire, aux institutions religieuses et politiques, generates ou particulieres, aux moeurs et coutumes des peuples de I'antique Arcadie. » Ce n'etait pas moins qu'une histoire complete de cette contree et de cette population singulieres, si inlimement unies Tune a l'autre, mais si morcelees toutes deux, qui conserverent avec une fidelity presque egale, a travers toutes les revolutions de la Grece, s'y melant sans en etre entamees, pour ainsi dire, jus- qu'au temps de la ligue acheenne, la simplicity forte, mais rude, et la physionomie patriarcale des ages primitifs. M. Delacoulonche n'a pas recule devant I'etendue et les dillicultes d'un tel sujet, et c'est la le premier eloge que nous lui devons. 11 n'a rien neglige pour s'cn rendrc maitre, et pour juger aussi surement le pays, en I'etudiant sur place, en lui demandant le secret des impressions^ — 465 — natives clu climat et dii sol, que les peuples qui en garderent ia durable empreinte, meme au temps du libre essor de leur activile morale, manifeslee par les r^cits de Thisloire, apres les lointains (^chos de la tradition, Un memoire de pres de deux cents pages in-folio tres-serrecs est le fruit deja considerable des observations et des recherches du jeune voyageur, recherches dont les resullats sont present^s en general avec une juste mesure de critique, une ordonnance large et claire, et dans un style dont le relief elegant, mais simple, fait valoir les choses sans les- exagerer. Nous voudrions pouvoir analyser ce travail a la fois solide et ingenieux ou, pour la pre- miere fois, les legendes mylhologiques , les croyances locales on nationales, la religion en fin , conservee en Arcadie avec une si vive originalile, prennent la place qui leur est due a cote de I'his- toire politique et en tete des institutions diverses dont se compo- sait i'etat moral et social du pays. Mais une analyse nousmenerait trop loin aujourd'hui, et nous aimons mieux, nou pas pour faire ombre au tableau, mais au conlraire pour eclairer d'avance les travaux ulterieurs que nous nous plaisons a atfendre de M. Dela- coulonche, terminer un peu brusquement par la double remar- que d'un des plus competents parmi nous en fait d'archeologie et d'histoire de la Grece : c'est, d'abord, que i'auteur de ce' memoire aurail pu , disons mieux, aurail du puiser davantage aux deux sources si fecondes, quand on sait les interroger habilement, de I'e- pigraphie etde ia numismatique; c'est, ensuite, qu'il est a regretter que M. Delacoulonche, sans doute faute de temps, se soit arrete, dans son recit d'ailleurs si interessant, a la reduction de la Grece en province romaine, et qu'il n'ait pas recherche quelles furent les destinees de I'Arcadie apres la conquete. C'eut ete la, a quel- ques egards, la partie la plus neuve de son etude; car c'est la sur- tout qu'il y a des decouvertes a faire. Strabon, Pausanias, Plu- tarque, Lucien , Athenee, Philostrate, Stobee, les sophistes, les Peres grecs, les historiens byzantins et la Chronique de Morh, fourniraient des donnees curieuses dont on pourrait tirer le meil- leur parti , en s'appuyant des inscriptions et des medailles. Avis au jeune membre de I'Ecole d'Athenes, qui, mieux qu'aucun autre, est en mesure de combler cette lacune de son travail, ou plutot de lui donner cette seconde partie, et d'en faire de la sorte une veritable et complete histoire de I'Arcadie, cette pierre angulaire — 466 — cachee aux plus vieux ibndemenls dc loule I'hisloiie du Pelopon- iiese. Ce que M. Dclacoulonche a a pu faire pour I'Arcadie, M. Fuslel de Coulanges , le plus jeune des inembres de rEcole dans cette secondc ann6e, I'a tente avec un labeur des plus louables el uii enthousiasnie sincere, pour ie sujet plus restreint, il est vrai, de Tile de Chio. II a tache de Tembrasser dans toutes ses epoques, sous tousses points de vue, et il y'a reussi a beaucoup d'egards, apres de serieuses etudes prealables, apres deux voyages et un sojour pr>/longe sur le territoire de cetle ile. Dans un nienioire fort etcndu aussi, puisqu'il ne comprend pas moins de deux cent cinquante pages in-folio, il a traite successivement de la geogra- phie physique de Chio et de ses productions, des mines de I'an- tiquite et de cclles du moyen age, auxquelles se rattachait natu- rellement la geographic comparee; de Torigine et du caracterc des Chiotes, de leur induslrie et de leur commerce, des revolu- tions du regime municipal, de la religion, de la lifteiature et des arts a Chio dans les temps anciens; puis, aux siecles du moyen age el aux temps nioderaes, de Thistoire du monaslere de Nea- moni, comme representant ici la periode byzantine; de Tile sous !a domination, on, pour mieux dire, sous rexploitalion genoise; enlin, de la regeneration de la race grecque a Chio sous les Turcs, de la renaissance de son gouvernemenl municipal, et avec lui de sa prosperite commerciale, jusqu'a la deplorable catastrophe de 1822. Des neuf chapitres que nous venous d'indiquer, et qui torment les divisions du memoire, les trois derniers, concernant le moyen age et les temps modernes, sont les plus neufs et les plus interessants. L'auleur y a fait usage de documents inedits, de copies de bullcs d'or, d'autres titres originaux et d'une chro- nique conservee dans la famille Giustiniani, qui repandent un grand jour sur cetle partie de son sujet, el donnent beaucoup de valeur a son travail. La partie antique n'apas el6 moins soigneuse- ment oludiee; mais, par suite des revolutions et du grand desastre (!ont nous venous de parler, elle devait moins fournir, surtoul en fait de monuments et d'inscriptions, quoique le jeune auteur en ait recuilli une qui n'est pas sans importance, et dont il a es- saye une i-estitution presque toujours heureuse. Le reproche que Ton pent adresser a son mt-moire, malgre Ions ses merites, et quoi(|u'il \ ail fait preuve d'un sens ]iisloii(|ue souvenl Ires reel , — 467 — c'esl d'altribuer Irop exdusivement aux Chiotes certaincs parti- rularites, ceiiains trails de caractere qui ieur sont communs avec les autres Grecs, surtout insulaires; c'est, par contre, de Irop ge- neraliser certains autres fails, et den tirer des inductions excessives relativenienl a la race et aux niceurs des habitants de I'ile, qui auraient persiste jusqu'a nos jours, avec une Constance inouie, en depit des vicissitudes nombreuses et diverses des temps anciens et modernes. Nous croyons qu'ii y a la un pen d'exageration , et comme en certains autres endroits du nienioire un peu de jeunesse ot d'inexperience, parmi des promesses d'aveniret des qualites his- loriques que nous somnies heureux de constater. Nous pouvons le dire avec assurance, cetle division d'etudes est une des plus distinguees qui aient encore passe a I'Ecole d'Athenes; c'est a ce point que nous serions embarrasses si, dans la diversite des merites egalement reels , nous avions a assigner des rangs precis. Nous n'hesitons pas toutefois, en consideraut I'importance relative des travaux produits, le degre plus ou moins avance vers la perfection dont ils temoignent, enfin I'opi- nion qu'ils nous ont donnee des services que leurs jeuncs auteuis peuvent rendre aux sciences liistoriques, a declarer que la parlie topographique du nienioire de M. Boutan sur Lesbos est digne d'etre publiee des aujourd'hui; que le travail de M. Fustel de Cou- langes sur Tile de Chio, en retouchant quelques chapitres trop peu approfondis, en modifiant I'esprit un peu trop systeniatique de quelques autres, deviendra une excellente nionographie de cette lie; que, pour ce qui concerne M. Delacoulonche et son histoire de I'Arcadie, demeuree incomplete, niais deja fort remar- quable, soit par Tetendue des recherches, soit par le talent de I'execution, il est a desirer qu'une troisieme annee de sejour a I'Ecole soit accord^e a I'auleur pour completer son oeuvre et la perfectionner, sous I'inspiration meme qui lui a si bien reussi jusqu'a present. Nous eprouvons un veritable embarras a vous entretenir de M. Lebarbier, pour qui nous avions obtenu, I'annee derniere, de M. le ministre de I'instruction publique, en recompense de ses premiers travaux relatifs a I'histoire des monasteres d'Orient, la distinction que nous demandons aujourd'hui pour M. Delacou- lonche. Nous croyons qu'il a loyalement prolite du signale bien- fait de cette troisieme ann^e de sejour en Orient, et de cette mis- — 468 — sion prolongee a laquelle les circonslances clevaient etre de plus en plus favorables. Nous savons qu'il a poursiiivi , qu'il poursuit encore avec zele et succcs ses recberches dans les archives otto- manes, dans les depots publics, dans les bibliotbeques des mo- nasleres, a Constantinople et aillenrs; qu'il y a fait plusieurs d6- couvertes interessantes et pour Thistoire et pour la litterature; qu'en ce moment memo, sur les precieuses indications d'un cata- logue trouv^ dans la bibliothcque du Saint-Sepulcre, avec beau- coup d'autres pieces, il vient de se transporter dans la presqu'ile de I'Athos, pour y explorer de nouveau les bibliotbeques deja tant de fois, mais non pas toujours sterilement soUicitees, des couvents fameux du Monte-Santo. Mais deux des menibres de TAcadeniie, dont la baute competence pour les letlres grecques et orientales est d'a'lleurs sufiisamment justifiee par leurs noms, nos bouorables confreres MM. Hase et Reynaud, ayant ete direc- tement charges par M. le ministre de I'instruction publiquc d'exa- miner les documents divers transmis a plusieurs reprises par M. Lebarbier, votre Commission de I'Ecole franc^aise d'Albenes se trouvait des lors dans I'impossibilite de se prononcer par elle- meme sur la valeur de ces documents, qui ne lui ont pas ete sou- mis. EUe attendra done pour vous en parler, et pour faire ressor- lir ces nouveaux services rendus par le jeune voyageur a la science, qu'elle puisse les apprecier en connaissance de cause, on que M. Lebarbier revienne devant elle avec un travail dont elle soit regulierement constituee juge. La Commission, du reste, vous le savez, Messieurs, n'est pas dans I'habilude de rien onioltre de ce qui pent contribuer a rhonneur de I'Ecole d'Athenes, a cette emulation feconde, a cette tradition de travaux animes d'un meme esprit, qu'elle se plait a voir grandir entre ses membres de toutes les epoques. Voila pourquoi, selon son usage, elle croit devoir vous signaler, en finissant, les theses soutenues pour le doctoral, dans le cours de cette annee, devant la faculte des lettres de Paris, par deux anciens de I'Ecole, et non pas des moins dignes, M. Jules Girard et M. Eugene Gandar. 11 suffit de citer les titres de celles du pre- mier, de Megarensiuni ingenio , ytuis, de V Eloquence attique eliidii'o principalement chez Lysias; il sutlit de dire que le second a repris en sousocuvre la question tant controversee par les anciens et par les modernes, de Ulysiiis Ithaca, pour faire deviner que ce sont la — 469 — encore des travaux inspires du sejour de la Grece, de ses souve- nirs historiques heureusement rapprocWs des caracteres physiques du pays, d'une intime familiarite avec ses chefs-d'oeuvre litte- raires, avec son langage, qui s'eclairent, comme ses monuments, d'une plus vive lumiere au contact de son beau ciel. Faut-il s'etonner si, dans les developpetiients nouveaux apportes, sous I'administration actuelle , a notre enseiguemenl superieur, I'Ecole d'Athenes, fondee depuis neuf ans a peine, s'est trouvee prete pour donner, parmi ses anciens membres , cinq professeurs a une seule faculte des leltres, deja popularis^e par leurs succes; si un autre de ses membres a ^te juge digne, par le merite speciale- ment litt^raire et vraiment attique des theses que nous citions tout a I'heure, d'enseigner la litterature grecque a I'Ecole nor- male, et si la distinction trois fois rcp^tee de vos eloges publics, justifies deja par la publication du livre sur I'Acropole d'Athenes, avait designe d'avance I'auteur de ce livre pour I'insigne honneur d'occuper, bien jeune encore, la chaire d'archeologie successive- ment illustreepar deux de nos plus ^minents confreres? Questions d^j^ propos^es eu iSSa et i853, etqui restent k i'dtude, indcpen- damment de la question de Delphes, qui pourra etre reprise. 1° Explorer la contree comprise enlre le Pence, le golfe Ther- maique, I'Haliacmon, et les chaines qui sepaient I'Epire de la Grece orieutale; chercher a penetrer dans les haules vallees du mont Olympe, et decrire surtout, dans la partie de la Thessalie et de la Macedoine qu'on vient d'indiquer, les localites que M. le colonel Leake {Travels in northern Greece) n'a pu visiter. L'Academie desire que ce travail, ayant pour objetla geographic comparee, I'epigraphie et I'archeologie, soit, autant que possible, la continuation de celui que M. Mezieres a envoye , en i852, sur la Magnesie, le Pelion et I'Ossa. 2° Rechercher au nord d'lasos, en Carie, le mur designe par M. Texier [Asie Mineure, t. Ill, pi. iZiy-iAg) sous le nom de Camp relranch^ des Leleges, en suivre le developpement jusqu'au point ou il s'arrete, en dresser le plan, en signaler les principaux caracteres, chercher a en determiner la destination, verifier enfin s'il ne se rattacherait pas a un systeme de defense qui aurait eu pour objet de mettre le temple des Branchides a I'abri des at- taques des Cariens. — 470 — 3°Etudier, totalement ou parliellenient, la goographie physique el la topographic cles iles voisiues de la Thrace, c'est-a-dire Lemnos, Imbros, Saiiiothrace etThasos, en relevcr les antiquitcSj en suivre I'histoire depiiis les temps anciens jusqu'a nos jours, recueillir les vestiges des exploitations nietallurgitpies qui y ont eu lieu, el decrire I'elat acluel de ces iles. li° Deterniiner, en reprenant les traces du colonel Leake, de feu Puillon-Boblaye, de M, Curtius, ot en approfondissaot I'ex- ploration g^ndrale faite par M. Beul6 en i85o, la position des principal es viiles de I'ancienne Triphylie du Peloponnese, specia- lenient cVEpeum; rerherc.her le nom, Torigine, le veritable em- placement de celte antique forteresse; en etudier, en decrire et en dessiner les mines si reniarquables et si bien conservees. Questions proposees pour la premiere fois. 5° Continuer Texploration de la Macedoine meridionale, et etudier principalement la contree comprise entre THaliacmon in- ferieur et le bas Axius, jusqu'au pays de Moglena et aux monts Tekes, Nidsche, Turlo et Doxa, au nord et a Touest. Decrire avec un soin particulier le bassin de Tancien Lydias, avec ses embran- chemenls superieurs , ou furent I'Emathie et la Boltiee; fixer la limite de ces deux cantons ; determiner les emplacements des viiles antiques, et completer la geographic comparee, I'archeologie et I'histoire de celte importanle contree, en recourant aux sources tant classiques que byzantines, jusqu'a la prise de Constantinople, en tenant comple des inscriptions et des m^dailles , en s'aidant des travaux modernes, particulierement de ceux de Pouqueville, de Cousinery, de MM. Leake, Boue, Viquesnel, Griesbach, Tafel, SchalTarick, etc. 6° Visiter, si I'etat du pays le permel, le mont Olympe de Bithynie et y marquer I'emplacement de toutes les mines helle- niqucs et byzantines; examiner surtout celles que Ton rencon- trera sur le versant est de la montagne , jusqu'a la riviere qui coule a Aineh-gheul (Melangia?) , et qui et.t peul-elre le Gallus de Strabon (XII, p. 5/|3) et d'Ammien Marcellin (XXVI, 8). Des- cendre la meme riviere qui se jette dans le Sangarius (Sakaria), non loin de Lefk6, suivre le cours de ce fleuve juscju'a son em- bouchure et explorer le quadrilatere corapris entre le Sangarius a — 471 — i'ouesl, DabliK (Tereklu?), Modra (Moudourli) et Claudiopoiis (Boli) au sud, le Billaeus (FiliasTchai) a Test, et le Pont-Euxin au nord. Recueiliir partout les inscriptions, et chercher a com- pleter les notices topographiques et archeologiques donnees par MM. Aucher, Chesney et Ainsworth. NOUVELLES DES MISSIONS. Mrssioxs donnees pur M. le Ministre de V instruction puhlique et des cultes pendant le 2' semestre de 1855. MM. Lebarbier. — Prolongation de mission en Orient pour reehercher, dans les bibliotlieques du mont Alhos, les manuscrits grecs ou oriea- taux. (Arretd tlu 3 juiilet i855.) SiCKEL (Le docteur). — Mission a Viennepour eludier, dans les archives et les bibliotlieques de cette vilie, les documents qui sont de nature a inldresser I'bistoire politique et litt^raire de la France au moyen age. (Arret(5 du 7 juiilet i855.) GoDARD (L'abbe), ancien professeur au seminaire de Langres. — Mis- sion en Algdrie ayant pour objet des rechercbes relatives a I'^gliso d'Afrique. (Arrete du 9 aout i855.) MiCKiEwicz, bibliotb^caire a I'Arsenal. — Mission dans la Turquie d'Europe pour examiner la situation des pays grojco-slaves au point de vue scientifique et litteraire , et pour etudier specialement I'orga- nisation de I'cnseignement public. (Arrete du 5 septembre i855.) — un — Zmorski (Roman). — Mission en Servie pour y elutlier la langue, ics mocurs et les progres de linstruclion , et pour en explorer les ar- chives , les bibliolheques el les anliquites. (Arretddu ii septembrc i855.) HipPEAU, professeur a la faculle des leltres de Caen. — Mis.sion en Anglelerre pour recliercher les documents inleressant I'histoire dc I'ancienne Normandie ou relatifs aus poetes anglo-normands. ( Arretti dn 3o septembrc i855.) Belly (Louis). — Mission en Egypte poUr recueillir des plans el des dessins exacts des anliquites siluees dans le Delia. (Arrcle du 6 oclobre iS55.) Valery (M"" V). — Mission a Florence pour completer les reclierches lilteraires et arlistiques entreprises par feu son mari en Sicile ct en Italie. (Arrets du 18 oclobre i855.) FoNTENAY (Le comte de) (membre de la societe d'acclimatalion). — Charge, pendant le cours de la mission en Orient qui lui a ^te conliee par la society pour recherches speciales sur I'agriculture , d'eludier les manuscrits , documents , inscriptions , etc., qui peuvent offrir un intercl scientifique et litteraire. (Arrete du 21 oclobre iS55.) Bartiioldi et Gerome. — Mission ayant pour objet I'etude des anliqui- tes de I'Egyple, de la Nubie et de la Palestine, ainsi que la repro- duction par la photographic des principaux nioninnents el des types humains de ces divers pays. (Arrete du 23 oclobre i855.) 473 Suite dcs Notices ct cxlrails lies mannscrils roncernanf Vldstoire oii la liltdra- lure de la France qui sont conserves dans les hihholhcques on archives de Suede, Daneniarh c! Xorvege. — rtapport de M. A. Gejjfroy ; 3' partie. § 3. ARCHIVES ROYALES DF, SUEDK. Jadis placees clans qiielques chambres du chateau royal de Stockholm, les Archives royales du royaunie de Suede occupent aujourd'hui une maison situee au pied de la hauteur dite Kungs- backen , a cole du chateau. C'est un emplacement (jui n est pas defi- nitif, on doit le souhaiter, car I'espace y manque et y manquera encore apres que le Museed'archeologie scandinave, actuellement place sous le meme toil, aura ete transports dans le palais qu'on lui edifie lentement; les batiments actuels ne sont d'ailleurs en aucune faron appropries a leur usage, et nulle precaution tout a fait sufFisante n'en ecarte le danger, si frequent dans le Nord , des incendies. La collection des Archives royales comprend en general toules les correspondances des agents diploma tiques suedois a I'exte- rieur, anterieurcment au dernier demi-siecle. A la fin de chaque annee, le departement des Affaires etrangeres doit remettre aux Archives du royaume les documents diplomatiques qui ne sont plus compris dans la derniere periode de cinquante annees, et qui des lors sont accessibles au public. II faut comprendre, bien entendu, dans ces correspondances les minutes ou brouillons des reponses ou des instructions adressees aux agents par les diffe- rents ministres des affaires etrangeres. Ajoutez-y beaucoup de lettres, niemoires, notes, etc., documents issus des differentes necessites de service et qui restent attaches a Thistoire diploma- tique. Nous ne nous occupons , parmi tons ces documents, que de ceux qui interessent specialement Thistoire des relations Qptre la France et la Suede. L'incendie du chateau royal, en 1697, oiise perdirentunegrande partie des anciens traites conclus par le gouvernement suedois, a detruit, il est vrai, beaucoup des papiers qui se rapporlent a la periode comprise entre les annees iG33-iG5o, fort iraportante pour cette histoire. Cetle lacune est toulefois a pen pres coni- blee, soit paries supplements a la correspondance du Chancelier JIISS. SCIEN'T. IV. 3l — 474 — de Suede avec les membres du Gouvernement et du conseil {Bila- gor till Piiks-Kanslerens Bref till Begcringen och Badet, 4 forls vo- lumes in-folio), pendant les annees i633-iG36, soit par les lellres ou messages que ce memc personnage recevait des princi- paux generaux ct ofllciers de la guerre d'Allemagne, et de nom- breux correspondants en Allemagne, Hollande, Danemark , France et Suisse. D'ailleurs, on a conserve la correspondance de Jean Oxenstierna et de Salvius avec le gouvernement suedois pendant les negociations de la paix dc Westpbalie , et I'administration des Archives a pu acquerir dans les derniers temps leur correspon- dance particuliere et une partie de leurs papiers. On comprend que le premier travail pour qui veut etudier dc telles archives et en dresser un catalogue, quelque sommaire qu'il doive etre, c'est de se procurer des listes diplomatiques bien exactes. Or, ces listes sont dilllciles a etablir rigoureusement pour les epoques pendant lesquelles les fonctions des agents n'etaient pas encore tres-regulieres ou quand deslacunes se presentent dans la suite des documents conserves. Voici toutefois les listes dont se servent MM. les archivistes de Stockholm; ils les ont redigees sur un registre qui est sans cesse tenu a jour, c'esta-dire auquel la lecture quotidienne des documents apporte des modifications fr6- quentes et soigneusement recueillies. II m'a ete permis de prendre copie de ces listes; elles seront utiles a quiconque s'occupera de nos relations diplomatiques avec le Nord depuis le milieu du xvi® siecle. (Cf. les listes inserees dans les Annuaires historiques publics par la Societe de I'histoire de France en i848 et i85o.) AGENTS DIPLOMATIQDES DE LA SXlknE A LA CODR DE FRANCE. ■ Sous Gustave I" (Vasa). i54i. Frantz Trebow. 1542. Conrad Peutinger , Sten Ericson Lejonhufvud , Knut Lillie, George Norrman. i543. J. Philip Wild und Rhein-Graf, envoye pour traiter avec Frangois I". Sous ^ric XIV. i56i. Charles Mornai. 1662. Jean d'Herbouville. i566. Joachim Grip, Pontus de la Gardie, George Boye. 475 — Sous Jean III. 1570. Pontus de la Garclie (Baron), Ciaes Bielke. 1573. Hogenschild Bielke (Baron), Gustaf Baner, Axel Bielke, Andreas Lorich, a Dantzick. Sous Charles IX. 1607. Lc Docleur Jacobus van Dyk. 1610. Abraham Lejonhufvud (Baron), Olof Strale, Jacob van Dyk. Sous Giislave II (Acloiphe). 1621, i632. Christophe Rasch. 1625. Charles Baner. 1628, i63o. Jean Zobelius. 1629, i633. Hoppe. i63o. Laurent Nilsson. i63o. Eric Larsson. i63o. Nicolas Rasch. i63o. Benoit Oxenstierna (Baron). i63i. Jean Erskin. Sous Christine. i633. Jean Heppe, resident. i633. Lofller, chancelier, a Wiirtemberg. 1635. Streiff. i635. Axel Oxenstierna (Baron). i635, 16/io, 1644. Hugo Grotius, ambassadeur. i636, i64i, Jean Adler Salvius. i6lih, i6/i5. De Cerisantes. 1647. Magnus Gabriel de la Gardie (Comte), ambassadeur. i6/i5. Schering Rosenhane, a Munsler. i648. Mathias Biornklou , a Munster. i648. Schering Rosenhane, ambassadeur. i652, 1654. Mathias Palbitzki. i652, i65/i. Petrus Riddal. i65i, i653. Jonas Cling, correspondanl. i652. GustaveSparre (Baron). M. 5.. — 470 — Sous Cliai'lp.s X (Gustave). i65A- Antoine de Courtin. i656. Claes Toll (Comte). i65g-i()6i. Malliias Biornklou. Sous Charles XI. i66o-i653. Stephanus Gambrotius Hirschenstierna. 1661, 1662. Clacs Tott (Baron), Nils Bjelke (Baron). 1661, 1662. Augustin Lcionskold (Baron). i66d. Van Eyck. i665, 1668. Olto Vilhelm Konigsmark. 1666, 1670. Esayas PufTendorf. 1667. Eric Dahlberg. 1669, 1670-1672. Jean Ekeblad. 1672. Gustave Adolphe de la Gardie (Comte). Claes Tott (Feld-marochal), ambassadeur, envoye extraor- dinaire, 1672, mort a Paris en 167/1. 167/i. Pierre Sparre Larsson (Baron). 167/i, i68g. Nils Eosander Lilieroth. 167/1, 1678. Charles Bonde (Baron). 1679. GrafTenthal. 1679-1682. Nils Bjelke (Baron). Sous Charles XII. 1702, 1719. Daniel Cronstrom , envoyi; extraordinaire le /| no- vembre 1708. 1712. Eric Sparre (Baron). 1716. George Henric Gortz. Sous Ulrique-El(5onorc. 1719. Eric Sparre (Comte). 1719. Carl Gustaf Bielke (Comte). 1719. Pierre Nicolas von Gedda (Baron); qnitle Paris le 3i aoiit [ill septembre) 1737. Sous Fr6d6ric I". 1728. Charles Sparre (Baron) , Pierre Nicolas von Gedda, a Sois- sons. — /i77 — 1737. Pierre Fleming. 1739, 17^2. Charles Gustave Tessin (Comte), ambassadeur. 17^2. Charles Claes Ekeblad (Comte). X'jlxk. Charles Frederic SchelTer (Baron). Sous Adolphe-Fr^d^ric. 1752. Ulric Schefier (Baron), ambassadeur en 1763, rappele en 1765. 1765. Gustave Philippe Creutz (Comte), ambassadeur en 1772, rappel6 en 1783. Sous Gustave III. 1783. Eric Magnus Stael von Holslein, revient en Suede en 1792. 1795, 1796, 1798, 1799. Eric Magnus Stael von Holstein (Ba- ron). 1800. Charles Auguste Ehrensviird (Baron), ministre plenipoten- tiaire, mort en i8o5. 1810. Jean Henri von Essen (Comte). Gustave Lagerbjelke (Ba- ron), signa la paix de Paris. Gustave Lagerbielke (Baron), envoye extraordinaire et mi- nistre plenipotentiaire. i8n. Germond Louis Cederhielm (Baron), envoye extraordinaire et ministre plenipotentiaire, mais ne prit pas possession. i8i/i. Curt Bogislas Louis Christian von Stedingk (Comte) , signa la paix de Paris. 1818. Gustave Lowenhielm (Comte), envoye extraordinaire et ministre plenipotentiaire. AGENTS DIPLOMATIQDES DE LA FRANCE A LA COUU DE SUEDE. Sous Gustave 1" (Vasa). i54i. Christophe Richer. Sous Eric XIV. i565. Charles Danzay. Sous Jean III. 1670. Charles Danzay, a Stettin. 1672. Baligny de Thou. — (lis — 1673. Gui cle Lansec, a Dantzick. i574- Claude Pinart de Cramailles, mort en i6o5. Sous Gharies IX. i6o2. Jacques Calmet, Jean Cureul. 1610. Jean de Thumieres de Boiscize. Sous Gustave II (Adolphe) . 1625. Louis des Hayes. 1629. Hercule de Chavaie, a Altmark. i63o. Hercule de Charnace, a Westeras,. i63i, i635. De Br^ze. i632. Saiot-Etienne. Sous. Christine. i633. De Hamel. i633. De la Grange des Ormes, a Heilbron. l633, i635. Manasses de Pas de Feuquiere, a Francfort-sur-le- Mein et a Heilbron. i634. Claude de Mesmes, comte d'Avaux^, a Stockholm. i635. Claude de Mesmes, comte d'Avaux, a Stumsdorf -. 1639. Charles d'Avaugour. i636. De SaintChaumont, a Visniar. iG37, 1639. L"e baron de Rorte, rappele en i643. i638. Claude de Mesmes, comte d'Avaux, a Hambourg. i6/i5. Le baron de Rorte. i6li5. Gaspard de la Tuilerie de Courson, aBromsebro. i6/i5, 1662. Pierre Chanut. ]6/i6. De Saint-Romain, 1648. Henri due de Longueville, Claude de Mesmes, comte d'A- vaux , Abel de Servien , a Munster. 1648. Gaspard de la Tuilerie. iC49- Flecelles, comte de Bregy. i66i. Pierre Chanut, I'auteur des Memoircs, a Lubeck. i654. Lomenie de Brienne. ' Voyez, sur lout le personnel de celte legation et 'sur le ci'remonial (ju'ob- scrvait la cour de Sufede h lY'gard du comte d'Avaux , les Ephcmdridcs d'Ogicr, 17 decembre i634, 19 fevrier, 8 niai, 17 mai, 20 ddcembre i635. * Ou Altmark. — 479 — Sous Charles X (Guslave). i656. La Salle. i656. Charles d'Avaugour. 1657, 1666. Hugues Terlon. i658. Hugues de Terlon, I'auleur des Memoires, a Roskild. Sous Charles XI. 1660. Hugues de Terlon, anibassadeur, a Copenhague. 1660. Antoine de Lombres, a Oliva. 1662. De Chassan, 1662. Antoine de Courlin. i665, 1668. Arnauld de Pompone, arrive a Slockholni le i4 fe- vrier i665. 1671. Honore de Courtin. 1671. Le marquis de Vaubrun. 1672. Isaac de Pas de Feuquiere ^. 1677. De THopital de Vitry, a Cameen , en Pomeranie. 1682. Bazin de Baudeville '^ 1691. De la Piquetiere ^. 1691. De Bethune. 1693. Jean de Mesmes, comle d'Avaux. 1666. Godefroi d'Estrades; Honore Courtin, a Breda. 1679. Godefroi d'Estrades; J. B. Colbert; Jean de Mesmes, comle d'Avaux, a Nimegue. Sous Charles XII. 1697. De Guiscard, rappele en 1701. 1697. Harlay, le comte de Crecy, de Caillieres, a Riswick. 1701, 1707. de Bonac , en Pologne. 1702. Du Heron, en Pologne. 1707. De Besenval, en Saxe. 1710, 1721. Campredon, en Suede. * C'esl le Ills de Manassfes dePas deFeuquifere, ambassadeur en SuWe, en i633, et auteur des Memoires. ^ Voyez les Recherches sur les alliances cntre la. SuMe el la France, p. 202- 217. ^ D(^s i685, il travaiiiait en Sufcde h I'lmion avcc la France. (Voy. Pufendorf, J\es (jeslm Frid. JFilL, chap, XIX, § 20.) — 480 — lyi j Colbert de Cioissi, u Slralsund. 1717. De la Mark, Sous Frdd^ric 1". 1725. Le marquis de Brancas-Cereste. 1728, 1737. Le comte de Casteja. 1737. Le coiute de Saiot-Severin d'Aragoii. 17^3. Antoine de Beaupoil, marquis de Lanmary. 17/I9, 1762. Marquis d'Havrincour. Sous Adolphe-Frc'deric. 1763. Baron de Breteuil. 1767. L'abbe du Prat, charge d'affaires. 1768. Le comte de Modene, miaistrc plenipolonliaire. Sous Gustave I If. 1771. Gravier, comte deVergennes. 177/i. Comte d'Usson de Bonac. 1779. De Sainte-Croix, charge d'anfaires. 1783. Marquis de Pons. 1790, 1791. (Jaussen, charge d'affaires. Sous Gustave IV (Adoiplie). 1795. BivaJs, ministre plenipotentiaire. ijQy), 1796. Le Hoc, ambassadeur. 1796. Perrochel, charge d'affaires. 1802, i8o4. Bourgoing, ministre plenipotentiaire. 1802, i8()4. Caillard, secretaire de legation. 1802, i8o/i. Fenelon , secretaire de legation. Sous Cliarlcs XIII. 1810. Desaugiers, charge d'affaires, rappele en juillcl. 1810. Baron Alquicr, envoye extraordinaire , jusqu'en novembre 1811. 1810. Due de Cadorc (Paix de Paris). 1811. Sabatier de Cabre, charge d'alfaircs. 18 14- Dc Rumigny, charge d'affaires. — 481 — Sous Charles XIV (Jean). 1818. De Rumigny, envoye extraordinaire elininistreplenipolen- tiaire, rappele en 1820. 1818, 1820. De Merona, secr^taii'e de legation , charge d'afl'aires. \82i. Comte d'Agoult, envoy6 extraordinaire et ministre pleni- potentiaire. 1822. Coulomb, secretaire de legation, 182/i. Marquis de Gabriac, envoye extraordinaire et ministre plenipolentiaire. 1826. Baron de la Salle, charge d'affaires. 1826. Comte de Montalembert, envoye extraordinaire et mi- nistre plenipotentiaire. 1828. Tallenay, secretaire de legation. i83o. Due de la Moskowa (notifie i'aveiiement de Louis-Phi- lippe P'). i832. Marquis de Saint Simon, envoye extraordinaire et ministre plenipotentiaire, rappele en i833. i833, 1837. Billecoq, charge d'affaires , secretaire de legation. i83o. Marquis de Dalniatie, envoye extraordinaire et ministre plenipotentiaire. i834. Due de Montebello , envoye extraordinaire et ministre ple- nipotentiaire. i836. Comte de Mornay, envoye extraordinaire et ministre ple- nipotentiaire. 1839. Marquis de la Valette, charge d'affaires. 1839. Edouard de la Cour, secretaire de legation. 1844, juin. M. de Bacourt, envoye pour feliciter le roi Oscar. 1844, 3i decembre. M. Victor Lobstein , secretaire de legation, aujourd'hui ministre plenipotentiaire. EXTRAITS DES CATALOGUES, INDICATIONS CENEUALES. J'extrais des catalogues manuscrits des Archives royales les in- dications suivantes pour ce qui rcgarde les relations de la France et de la Suede : Actes de I'ambassade de M. dc Mornay, i56i, ct Lotties de Ponlus de la Gardie. — 482 — Traites cnire la France et I'Auglelerrc, i542, lOyy, 1715, 1786 , etc. Lettres et declarations des personnes royales de France aux rois de Suede, i56i, 1769. Lettres de Ch. Baner, i625. Lettres de Lars Nilsson, etc., a Salvius; lellres de France, 1628, i632. Papiers de Hugo Grotius, i635, iG36, i6/i3. (Voyez plus loin.) Papiers de Claes Tolt, i654, iC55, 1657. Papiers de Courtin, 1657, i65g. Papiers de E. Pufendorf , i665, 1669. Relations del'an 1670. Papiers de Konigsmark, 1666, 1674. Papiers de G. A. de la Gardie ,1672. Papiers de Tot t, 1672, 1674. Papiers de P. Sparre, 167/i, 1675. Papiers de N. Lillierot , i684, 1O89. Papiers de Lillierot. Recit de sa mission politique en France, i68i, 1686. Papiers de Lillierot. Lettres a Sam. Mansson, 1676, 1679, 1C80, i683, i68/i, 1688. Papiers de Jean Palmquist, 7 volumes : iG85, 1G87, 1689, 1691, 169/11 1703. Correspondance de la legation suedoise, a Paris, avec des per- sonnes frangaises, 1628, 1704, 1710, 1768. i63o. Alliance entre la Suede et la France; Westeriis, 5 mars, signee par les commissaires suedois, avec pieces justificatives et ratification royale. Instructions pour les envoyes de la Suede, i63i , 1738. i633. Conge; Heilbronn, 19 avril; avec ratification royale, Fontainebleau, 16 mai. 1634. Ratification. 1034. Convention entre i'Union evangelique et la France; 10 (20) septembre. iG3C). Alliance entre la Suede et la France ; Wisraar, 20 mars. Ratification royale; Versailles, 2 septembre. 1637. Pleins pouvoirs donnes au comle d'Avaux pour traitor avec les plenipotcntiaires suedois; Saint-Germain, 2 juillet. iG38. Acle de prolongation de I'alliance entre la France et la — 483 ~ Suede; Hambourg, 6 mars. Ratification royale; Compiegne, lo niai. i638, i6l\.o. Pleins pouvoirs donnes par la reine Christine a Salvius pour trailer avec la France; ii aout i638, ii juiliel i6-4o. i6di. Ratification de i'aliiance de Hambourg; Reims, 12 aout. i6/i3. Ratification de I'aliiance de Hambourg; Reims, 20 juin. i6d6. Garantie de la paix de Bromsebro donnee par le roi et, la reine sa mere; 2 3 septembre. 1 6^7. Convention entre les commissaires suedois et le resident franc^ais M. de Chanut pour I'envoi de quatre batiments de guerre en France; Stockholm, i^mars. i656. Pleins pouvoirs donnes a I'ambassadeur franrais M. d'A- vaugour, pour traiter avec la Suede; 2 3 mai. 1667. Description des presents apportes par I'ambassadeur Terlon au roi Charles-Gustave. i658. Ratification royale de I'aliiance conclue a Francfort-sur- le-Mein, le i5 aout, pour la ligue defensive du Rhin; Fontaine- bleau, i3 septembre. 1660. Pleins pouvoirs donnes a I'ambassadeur Terlon pour servir de mediateur entre la Suede et le Danemark; Montpeliier, 5 avril, 1660. Ratification du roi de France aux articles qui garan- tissent la paix d'Oliva; 22 septembre. 1660. Ratification du roi de France a ceux qui garantissent la paix de Copenhague; 22 septembre. 1660. Ratification du roi de France a ceux qui garantissent I'aliiance de Francfort du 21 aout; Paris, 2^ septembre. 1661. Alliance pour dix ans entre la France; Fontainebleau , 12 (22) septembre. Articles secrets. 1662. Eclaircissements sur les articles secrets de Fontainebleau ; Fontainebleau, 8 (18] Janvier. 1662. Ratification deTalliancede Fontainebleau; Paris, 22 Jan- vier. — Ratification des articles secrets; 22 Janvier. — Ratifica- tion des Eclaircissements. Ratification du roi de Suede aux articles secrets ; Stockholm, 10 juin. 1662, Pleins pouvoirs pour le chevalier Terlon; 25 juillet. — Acta d'abolition des articles secrets; Stockholm, h{ih) decembre. ' Traite de commerce cntrc la Suede et la France; Stockholm, 2 0 (3o) decembre. 1662, i663. Traite; 24 decembre 1662 (3 Janvier iGG3); Stockholm. 1672. Traite pour dixans; Stockholm, A (i4) avril. Traite secret; meme date. 1675. Traite defeusif; Versailles, i5 (25) avril. 1698. Traite; Stockholm, 9 (19) juillet. Papiers de Dan Cronstrom, 5 volumes; 1702, 1719, 170/1, 1707. Papiers de Dan Cronstrom. Leltres au baron Goerlz, 1718. Papiers de E. Sparre, 1712, 1717, 1719. 1720, 2 volumes. 1715. Traite de Versailles; 3 avril. 1727. Acte d'accession; Hanovre, 1725. Leltres desarabassadeurs Bielke et Gedda; 1719, 1728, 1737, 8 volumes. Actes du congres de Soissons; 1728, 1729. 173/1, 1735. Traite de subsides (ambassadeur Casleja); i4 (i5) juin 1735. 1738. Convention de subsides; 3o octobre (10 novembre). Depeches de Fleming; 1737, 17^2; 2 volumes. Depeches de Tessin; 1739, 1742. Depeches des ministres de France a la legation su^doise a Paris; 1742, 1760. 1767. Convention entre la Suede et la France sur la partici- pation a la guerre prochaine. 1767. Plan des operations militaires, signe par les commis- saires des deux parties ; 2 2 septembre. 1767. D'Avrincourt. Declaration concernant les subsides; 22 septembre. Depeches du comte de Creutz, 1766, 1783; 6 volumes. 1784. Traite secret d'une alliance defensive entre la Suede et la France, signe par Gustave 111 et Louis XVI; 19 juillet. Depeches de M. de Stacl-Holstein, 1783, 1792; 3 volumes. Depeches de M. de Slael-Holstein; 1793, 1795, 1796. Lettres du roi; 1797. Depeches de M. de Stael-Ilolstein ; 1798. Depeches de M. de Slael-Holslein et de M. Brinkmanu; 1799. Depeches: 1783, 1792. — Telles sont les principales indications des catalogues. — — 485 — Void, enire tous ces documents, ceux que le temps ni'a permis d'examiner avec le plus d'altention , de resumer ou de faire copier. — Les recherches necessaires pour pouvoir affirmer s'ils sont tous absolument inedits seraient sans fin. Apres en avoir fail d'assez longues deja, a la suite desquelles j'ai du supprimer un grand nonibre des notes que j'avais prises dans un premier travail , il m'arrivera peut-etre d'inserer, au milieu de renseignements et de pieces qui ofTriront, je Tespere, de I'interet et de la nouveaule, quelques indications superflues. J'adopterai ici, comme tout a I'heure, I'ordre chronologiquo. XVl' SIECLE. — • LETTRES DE FRANCOIS l", HENRI IT, CHARLES IX, CATHERINE DE MEDICIS, ETC. 15i2. — DE FRANCOIS I" AU CHASCELIER PYIIY'. (Aniograplie. Un seul feuillet avec I'adrcsse : A Monsieur le Clianccllier tic Suedde.) II La Rocliellc, 2 janvicr i542. « Mons'' le CliancelK, J'ay receu vos letres du x'"^ du passe par lesquelles j'ay enlendu comme vous avez soustenu ported favorise ma juste querelle envers les princes d'Allemaigne, de sorte que vous leur avez fait cognoistre mon innocence et inlegrite, et la mallice et callomnies de mes ennemys, dont je vous mercye de bien bon cueur, et vous prye suivant le contenu de vie Ire user de dilligence a voz trouver pardevcrs ces deux roys, mcs bons freres, parfaicts amys et allyes, et les pryez de ma part de eulx tenir prestz et leurs navires armes et en estat de servir pour le commancement de mars prochain, vous advertissant qj'ay certain advis que nous sommes et nos allyez menassez pour ce temps-la de I'empereur et d'aucuns ses adherans. A quoy j'espere que nous resisterons si bien a layde de nf e seigneur que nous mettrons nos ennemys en necessite deulx deffendro et non dassaiilir, et a tant je priray Dieu, Mons'' le chancellier, qu'il vous ayt en sa saincte garde. Escript a la Rochelle, ce deux^ jour de Janvier mil vcxlij. « Francois. « Bayard. » ' Celte letlre se trouve, ainsi que ies pieces suivantes, dans le dossier intituld; • Lettres et declarations des personncs royales de France nux roisde Suede. » — 486 — 1545. DU DAUPHIN HENRI {HENRI II) AC CHEVALIER ERIKSSON LEIONHUFVDD. (Original. La signature autographe.) ftCompiegne, i3 novembre i545. ■ — Lettre 362 de I'edition de 1687, in-folio, page i3i. Les chifTres en sont ici expliqu6s : « Venit modo ad me Ilebbius : dixit avere scire 56 49 87 h 85 84... an Justinus venisset Thucydidcm Patrem Josephum Grotius Ahaliam chiffres ou sous des noms siipposi's; le bonhcur, aprJ's unc pdnible rcclierclie, ni'cn a fail Irouvcr la clef. — Slockliolni, ce x" de Novembrc, i'an 17 if). Signe oOi.AVK Benzell. » — ri93 — Terenlio liaditurus. Ex Gunione idem 23 55... sciibitur. " Et Gallo Delgio mihi deux lignesplus has: « Ait Eusebium ejus esse ingeniiul 35 52 56... Cardinalem Richelium negotia nialit traclari 70 29 fi3 videbinius brevi... » — Deux b'gnes.pius apud se bas : — l635, 7 uiai. Lellre commcnrant par : « Luteliam liac. . . » 11 faut y ajouter uu postscripluni qui a ele iuq^rimc, du reslc, dans la correspondance d'Eric Benzclius, p. 81 : « Poslridie quam — 49/1 — lioec scripseram niisi ad Butlillerium filiuni. Dictus est abiissc in Biilanniam Armoricam, ubi est frater Regius et forte non redi- turus intra menses aliquot. Restat igitur ut conveniam Bulioniuni et ex ipso sciam quid mandati acceperit. Scriliit mihi ex Cassellis Hernianus Wolfius tres cohortes hostium cajsas ex Guilielmo Duce ad urbcni Neustadium ct ad lacus magnum parvumque. Eunidem Ducem 3 (12) Aprilis ivisse Hildesheimium ut cum Bannerio agat de exercitu xx millium componendo, quo eatur in Thuringiam et Herzfeldium contra copias PicolomincTei Isolani et Carpi, et pono si ista bene succedant, Mansfeldius cogatur in prseb'um. Pacem Pirnenscm vult evanuisse castello Coburgo contra induciarum fidem capto a Ca^sareanis, de quo ultuni se Electoren caBsis tribus CcTsareanorum in Bohemia cohortibus addit Neustadium et Neo- Lurgum de deditione agere, sed pulo et ipsum Wolfium lua3 Su- bliniitali scripsisse. 8 May novi calendarii, hora nona matutina. « — On ne trouve pas les lettres suivantes dans les editions citces plus haut : — i63A, 3 (i3) octobre : « Vix abierat Caleteusi via.. . » — ] G35, 12 mai. « Nox haic multo. . . « — A la suite de cetle letlre est anuexee la piece suivante : « Ex- trait des registres du conseil priv6 du Roy, i5 juin i635. Sur la requete presentee au roy en son conseil par les religieux Carmes et confreres de la Confrairie du Saint-Scapulaire duMout-Carmel, contenant que depuis 4oo et tant d'annees ladite confraiiiie a este intitulee. . . » C'esl une sonimation a la Sorbonne de renvover au Pape la censure du livre Y Alliance spirituelle avcc la Vierge mere de Dieu. — i~635, juin ou juillet. « Omnes experior scribendi » Lc posts-criptuin manque dans I'edition de 1687 : « Jam nunc mihi dicitur. . . » : — i635. La Icttre commengant par : « Multos soepe viris » marquee 1 (11] aoul i635 dans le manuscrit de Stocliholm, est datee du 1 (11) aout iG34 dans I'edition de 180C. — iG35, 17 (27) aout. " Quanquam scripsi. .." Les chiffrcs sont expliques dans le manuscrit. — i635, 7 septembre-, « Ex partibus ad Rlienum.. . » — iC35, 9 (19) octobre. « Quid nunc potissimum. . . » avec un pcst-scriptum : « Franquendaliam. . . » — 1 G35, 2 ( I 2) octobre. « Lileras quas scriberc. . . « L'edition dc — 495 — 1G87 place a la fin de cetle lettre le post-scriptum qui, dans le ma- nuscrit, fait suite a la precedente : « Franquendaliam.. . » — ]635, 6 (16) novembre. « Postquam cum Uteris. . . » dechif- free dans le manuscrit. — i635, 7 decembre. « Jaclatuni diu. . . » Le manuscrit donne un second post-scriptum. — i635, 10 (20) decembre. «Sextu8 jam dies. . . . » Un post- scriptum a aj outer. — - i635. Plaintes des archeveques, eveques et autres ecclesias- tiques representant le clerge de France, contre ceux de la reli- gion reformee : « Puisque Dieu , par la valeur de V. M. . . » — i635. Lettre conimenc^ant par: « Quanto cum irrisu.. . » II laut ajouter ce post-scriptum : « Hebbius rem pecuniariam suam quolidie mihi commendat : eamque dicit moram esse suo discessui. » — i635. Lettre commenrant par: « Nudius tertius » Cor- rections a faire : Videntur Prascoquis locisque de peritos rerum Cimonis. . . Colonial Belgiccc non diu se in Callimacho cum Annibale. . . hello iinperatore — i635, 8 juin. « Biduum est » 11 faut ajouter un post- scriptum imprime dans la Correspondance de Benzelius, p. 80 : "Jam nunc intelligo classem Neapolitanam fuisse xxxv galearum, XII galearum earum navium partem plane periisse impactam Cor- sicis rupibus : alias ita exarmatas ut intra mensem usui esse ne- queant. Vallis Felinas statum ni mature succurratur, esse in pei'iculo, VI millia ab Helvetiis Pontificiis in agrum Mediolanensem perve- nisse; in Carintbia vicinisque partibus maximos delectus agi, in- traque duos menses Flispanicum ibi exercitum ad xx millia fore. Grequiacum ipsum esse Pigneroloe, ejus copias nondum Alpes transisse, ideo quod exhaustae essent missis Lafortio periclitanti et in Picardiam auxiliis; cui damno supplementa qua^ri sed tem- pore opus. Ab Imperatore postulatum transitum suo militi per agrum Venelum. » — i635, 19 juin. « Advenisse pridem in Saxonicas. . . » Le manuscrit donnc Ics interpretations suivantes : « Addit /i'8, Venetus 118, etc non facile a Clodio ([uod nobilatilalem BeUjicw Ilispaniensis Ilispano — 496 — uietuat ne Terentius. . . . Pindarum. ...» Gallia belliim II faut de .plus ajouler ce posl-s crip turn : « Secretarius legati His- paniaj cum ultra praifmilum in urbe mansisset custoditus et nunc dimissus est. Ego pecuniam niihi quondam debitam oblatamque iterum , iterum comiter recusavi. Tentatus an, si a Suecia dese- rerem, operam meam veliem regi ad res belgicas germanicasque addicere, dixi non impedire legationem mihi creditam quominus utilitafes communes persequerer, caeterum fidem me Subliuiitali tuse habiturum servaturumque. » — i636, /i Janvier. « Cum nuper in Parlamentum » Un post-scriptum a. ajouter. — iC56, A f6vrier. «Immensas gratias. . . » D6chiflree dans Ic manuscrit. — i636, 8 (18) avril. « Sollicitum me.. . » Une ligne do plus a la fin; finit par : « earn patiuntur. » — i636, 8 mai. « Ex quo postremum.. . » Dechiflree dans le manuscrit. — i636, 20 (3o) mai. « ^gre tandem.... » Dechiffr^e. Un post-scriptum a ajouter. — i656, 21 mai. « De negotio.. . » Dechiffree. Une apostille : 0 Postquam literas obligaveram. . . » — 1637, 21 (3i) juin. «Pro binis literis debitor tibi sum Le P. S. est ici dechifire. « Cujusquam 33, 38, 79 etiam Arnhcmii Ad Mimnermum poslerum minus a Virginio . . . arcana Pacem Hispano et Potamonis et Galbae sunt cognila, rectum judico. De Fabio.. . Saxonis Brandenbargici Davausio curant ut in Mimnermo. . . ausi non suntD 21 70.. . ipsa polius pace Salvias patrimonia Annibalis, quandoquidem cum rota Illud do Impeiatoris Germania aequalilate super Tullo et Vespasiauo.. . diligenter sequi'. Lotharingia Pomerania Simonides ille quo Fabius, . . » Ilummy Davausius Ml y a ici eu marge ce renvoi : 1 Acceilit quod illurum possessio vi sola; noii pactis nilitur. » • -_ /,97 — — 1643, 20 (3o) mai (re(;ue le i3juin) : « IllustrissimeDomine, in prselio ad Rocroium periisse dicuntur Galloi'um III millia, hostium supra quatuor, signa capla sunt ferme ducenta, quae primum ostentata in domo piincipis Condaji nunc in aede cathedrali suspenduntur. Mitto historian! ejus praelii curante principe editam. Nunc dicitur is qui sub duce Anguiano est exercitus ire in Hannoniam, Burgundicus vero in comita- tum Burgundiae; Guebrianus contra Bavaricas et Lotharingicas copias quae se jungere dicuntur. Princeps Thomas arcem praDci- puam Astae nondum cepit ueque spes videtur liberandoe arcisDer- lonae. Rex Hispaniae ad Caesaraugustam est; Silva inter Tortosam ct Fragas. Motta Odincurtius Almtrasiam in Catalonia recepisse dicitur. Vanasunt quae de Siciliae urbibus jactabantur. Buquoium accepimus ab Hispanis obtruncatum quod Albuquorcio, ita ut Me- lo volueral, de imperio cquestri cedere noluerat, ej usque exempio irritati equites male se ad Rocroium gesserint. Dux Carolus Wor- matias est ; Mileraius ad Aquas ; Marchio Bressaeus Brovagii ; Es- quillonia in urbe cui regina promisit tutelam suam contra vim omnem. Dux Aurelianensis uxorem Medoni recepit ubi archiepi- scopus Parisiensis nuptiis gorum benedixit, ad majorem caulio- nem hac forma : « si conjuncti non estis, ego vos conjungo. » Dux Guisius qui nunc iterum archiepiscopus Remensis dicitur, intra Galliam est Marchias, Redeunt et Espernonius , ElbcEvius et Sanclo- Germanus. Episcopus Bellovacensis additus est ministris regendi status, ut et pr^^ses Belleurius reginae cancellarius. Proplerea re- gina Romam misit ut eidem Bellovacensi dignitatem cardinali- tiam obtineat. Gerberius hie est missus ab Angliae rege ad luctus indicia peragenda et res alias. Cantatus est hymnus Te Deum laudamus ob victoriam ad Rocroium. Burgundicus exercitus dici- tur futurus ad xviii millia. Pecuniae a;gre hie expediuntur. Videtur res eo ire ut exprimantur ab iis qui plusculum sibi sumpsere. Vi- cecomiti Turenaj et Gassioni spes fit de dignitate marescalli Fran- ciae. Ranzovius a captivitate rediit. Qui ituri sint ad coUoquia de pace nondum constat. Ante regis mortem dilecti ad id fuerant dux Longovillanus, Davausius, Emeriacus. Davausius quin iturus sit non dubitat, sed multi putant De Chavigniacum, ut se exi- mat impendentibus procellis , Icgationem quam nuper excusaverat nunc libenter acceplurum. Dandelotus filius Marescalli Castilio- naci ad Romanam ecclcsiam se contulit, dclicilus amoribus vir- — 498 — "iinis lion bona? fama\ Bekius cum lo millibus ilicilur au":ere Melonis exercitum. Quod niulli Gemianorum principum volue- lant, quodque magls a re Protestantium fuisset ut per circulos dcligercntur qui pads colloquia dirigerent discussuni est al) aliis, qui et Palatinum negotium Viennaj seorsim Iraclari volunt, Bavaro luaxinie adore qui et impedivit ue Haraburgensiuni conqueren- tium de rcgeDanise, et civitalum Ansiaticarum pro Hamburgensi- bus laborantium ratio haberetur, ita ut faciendum censuerant le- gati Electoris Mogontiacensis. Proponitur Francofurli ut totus is qui ibi est conventus transferatur ad loca colloquii de pace. Gue- brianus et naves et niachinas secum babet nudtas. Kegina episco- patus et alia quaa vocant beneficia uat ex consilio Mazarini , Bei- lovacensis, Lexoviensis Episcopi et Vincentis qui est ex ordine missionis. Maxima est Condoei auctorilas ideo quod assiduus sit ubi res aut status aut pecuniaria; Iractantur. Dat causas rciereu- das quibus vult, primus sententiam dicit, signal acta. Die domi- nica venit ad me Giraulius jussu De Chavigniaci, quern dicebat jussu regina^ venlurum ad me sed morbo impecliri. Venit autem ad me Chavigniacus ipse die Jovis sub vesperam et de luctu solaliisque quaedam prasfatus, dixit reginam constantem fore in proposito regis defuncti ad continuandum ])ellum aut pacem fa- ciendam cum regina Suedios celerisquc focderatis. De foederibiis ipsis, quanquam ego bis eorum mcntionem injeci, nibil dixit. Vi- dentur aliquid mutarc velle, ut et nuper scrips!. Vespere diei Veneris vidi et salutavi et regem et reginam regentem. Dixi ea quai ad minuendmn magis quam augendum luctum pcrtinebanl. Inter laudes defuncti regis non tacui curam ejus pro sociis. Dixi pncterea ea qua3 tempori congruebant. Bespondit rt'gina benigne admodum de suo in reginam dominam nostram afi'ectu, pra:;terea constantissimani se fore in persequendis vestigiis regis mariti sui, idque me significare jussit. Deus res et regni hujus et Suedici in concordia ad feiicitatem servet, idenique, « 111™° domine, Excellentiam tuani in prosperis rebus diu servet. "Lutetia;, xx (xxx) maii ciaiocxLiii. " ExcellentioB tua; addictissimus devotissimusque cuUor. » « II. Grotius (signature seule autograpbe). ^ P. S. « llassici qui bic sunt ix Francicorum millia supra pro- miss um accepcrc. " — 499 — — 1(343, ly ('^7) juin. "Dominica die quae praeteriit » P. S. : « Intellexi eum qui cursori Viennensi. . , » — 1643 , i5 (26) juillet. « Accepi litteras regina^ clomina;, datas X junii. . . » P. S.: « Accessi comitem Briennium. » — i6/i3, 29 juillet (8 aout). « Theodonis villa; deditio.. . » Premier P. S, : « Ad Theodonis villam, . . » Second P.S., ici auto- graphe : « Legati Gallici pra;ter xti pueros nobiles alios assument sed Germanos. Nonvidenlur profecturi antemensis hujus finem. » — Sans date. « Theodonis villa duci Anguiano dedita est XV augusti « P. S. : « Sunt qui putant in arcano conve- nisse. , . » — i6/i3, 10 (20) juin. « Aula ha^c mutationes » P. S. : « Castilionanum aiidimus fore inspectorem. . . » — 1 (343 , 3 2 (22) aout. « Apud reginam regentem. ... » P. S. : « Bavaricai copite apud. . . » — 1643 , 19 aout. « Venit ad me nunquam visus » P. S. : n Galli alias etiam. . . » — Sans date. Recue le 10 septembre. « Novis imperiis abesse. . . » P. S. : 0 Dux Bellifortius. . . » — Sans date. « Ad regem Angliaj. Serenissime rex. Retulerit absque dubio redux. . . » — 1643, 4 septembre. Au quartier d'Ehrstein. « Monsieur. La necessite que Ton dit n'avoir point de loy. . . » — 1643, 9 septembre. "Dux V'indocinensis et uxor ejus.. . » P. S. : 0 Chavigniacus erit in consilio. . . » — 1643 , 9 septembre, « Video plerosque rerum prudentes. . . » P. S. : « Venit ad me Tracyus. . . « — 1G43, 16 septembre. « Adhuc diCTertur mens ad reginam aditus. . . » P. S. : "Dux Engolismensis credilur. . . » — 1643, 3o septembre. « Begin a adhuc icterica est, ex a^gri- ludine quadam, ut creditur, animi. . . » Premier P. S. : « Apparel ex mandatis. . . » Second P. S., ici autographc : « Accepi litteras excellenlitc vestraj, datas x sept, de eximendo a malis Benfeldio et augendo exercitu Guebiiani mittendoque trans Bhenum. Jam feci quantum mese fuit poteslatis. Videbixiius quid sit cvenlurum. Bcs Gallicoj semper miras habent latebras : nunc eo magis quia in Siculi sunt manu. » — 1643 , i4 octobrc. « Regina} valctudo procedil in melius. . . » P. S. : « Sunt hie quidam a Landgravis.. . " — 500 — — i6/i3, 2 1 octobre. «Regina regcns plane convalescil. . . » y*. S. : « Melo ipse a raontibus. . . » — i643, 29 octobre. « Quasram mihi adituin ad reginam. . . » P. S. : ' Audimus qui in Italia sunt.. . « — i6^3, 4 uovenibre. « Die hujus mensis x" » P. S. : « Comes Chavigniacus. . . » — iGi'i3, 11 novenibre. « Accessi die Jovis elapse . " /'. S. : '< Hiberni Romanenses. . . » — i6/i3, 18 novenibre. « Qua^ro aditum ad reginam » P. S. : « Molta Odincurtius impar. . . » f . S. aulograplie : « Accepi litteras excellentias vestraj scriptas. . . » — i6/i3, 26 novembre. « Residens a Polonia.. . » P. S. : <■ De re Benfeldii nihil. . . » — i6/i3 , 2 decembre. « Crescit fama mali apud Danubium. . . » P. S. : « Piccolomineum a rege. . . » — iG43, 5 decembre. « De Tubingue. Relation dc ce qui s'est passe a larmee du roy en Allemagne, jusqu'a sa desroule. Le ma- rochal de Guebriant ayant passe le Rhin. . . . » (Cette piece se trouve ici au milieu des lettres de Grotius.) — i6d3, 9 decembre. « CardinalisMazariuus qui magnam. . . » P. S. : « Saxonici qui Francofnrti. . . » — i6/i3, 16 decembre. « Vidi exemplum litterarumMcrcii. . . » P. S. : « Addam qua; hie dicuntur. . . » — 1643, 24 decembre. « Est hie Ranzovius, levi, ul dici- lur. . . . » P. 5. ; «Marchio S. Chaumonlius ad cardinalem. . . » — 1644, 9 Janvier. «Proposuit regin:c Ranzovius.. . » P. S. : <' Postquam haac scripseram.. . " — i644, 28 Janvier. «Piclouici quidcm motus » P. S. : « Venit hue in diversas. . . » — 1644, 3 fevrier. -Magna nee miranda tamen » P. S. : Ragoskium retro. . . » — 1644 , 17 fevrier. « Vidi scriptum danicum. . . "P. S. : « Non Brugius is de quo sermo fuerat. . . » — 16/1 4, 2 5 fevrier. « Exspecto adhuc mandata » P. 5. ; « Intelligimus ex Uberlinga. . » — 1644, 2 mars. « Paratus ad bellum.. . >> P. .S. ; « Jam nunc intelligo. . . « — i64/i , 9 mars. « Incalescunt hie disputationes iheologic*. . . " P. 5. : Qui regi Anglia; favenl. . . » — 501 — — i644' 16 mars. « Jaclantur hie sermones. . . » P. S. : « Qui regis Angliae ves niagnas. . . » P. S. autographe : « Accepi litleras excellentia) vestrae. . . » — i6/i4, 2/i mars. A Oxenstierna et Salvius : « 111"" et Exc"" Domini. Res aulicse hie manenl ... » P. 5. ; « Controversum inter Chavigniacum. . . » — lQll^, 3i mars. Aux memes : « Copia? moveri ex omni parte. . . » P. S. : Proponunt Galli tanquam. . . » — iG/|/i, 20 avril. Aux memes : « Oratio quam die Martis. . . » P. S. : « Ossen villa jam Brisaeo. . . " — iGhli, 28 avril. Aux memes : « Ex quo nuntius hue adve- nit. . . " P. S. : « Hispanis in Italia. . . y P. S. autographe de huit lignes : « Aecepi litteras. . . » — iGl[h, li mai. Aux memes : « Edictum Reginae nostroe. . . » P, 5. : " Rumor hie est decern millibus. . . » P. S. autographe de neuf lignes : « Aecepi, lUuslrimi. . . » ' — 1644, 11 mai. Aux memes : « Profeeti sunt Dux Aurelia- nus. ..." P. 5. : « Discimus jam ducis ...» P. S. autographe : « Accepi litteras , lUustrissimi ...» — i6d^i, 18 mai. Aux memes : " Cum ad rem pertineat. . . » P. S. : « Ludovicus Haro . . . « — 1644, 2/i mai. Re(;ue le 4 juin. « lUustrissimi et Excellen- tissimi Domini. Dux Aurelianensis Gravelingam obsidet, bene capto tempore, dum Rex Anglix' et Daniae, plane nolentes Flan- driam Gallis accrescere , domi negotium habent ita grave ut ex- ternis se miseere non possint. Habet Dux seeum xx ferme homi- num millia, pluribus et opus est ut uno vallo includat oppidum, et castellum non minus firnium oppido. Dux Anguianus apud Virodunum est. Sarcinaa ab eo proemissoe prseda hosti fuere. De Catalania evenit quod prcTsagieram , ingens damnum acceptum est. Dum Uerdam adversus obsidionem quam parari audiebat obtegit Motta Odincurtius, transiit interim Sieorim amnem exer- citus Regis Hispaniae ad xvi millia. Molta Odincurtius qui partem tantum hostilisexercitus venisse arbitratur obviam ivit; eqtiitatus ejus illico cessit, peditatus ca?sus aut eaptus est, tria millia di- cunt qui minimum, sex qui plurimum. Verdae partim ex vetere presidio, partim ex illis quos illuc fuga tulit, iv esse millia di- cuntur, spe cxigua ut diu tutari oppidum possint " Cette longue lettre continue ii donncr ainsi, a pou pros oxclusivement , — 502 — des nouvellcs mililaires. Nous ne ia transcrivons pas tout euliere ici, parce qu'cllc csl impriraee dans la Correspondance de Ben- zelius, page 82. — i5A/; , 26 mai. Aux nicmes : « Dux Aureliancnsis. . . • P. 5. ; « Runiores hie sunt. . . » — iC^'/i. 11 juin. Aux memes: » Vallum illud castrorum. . . •• P. S.: « Galli qui Gravelingam. . . » » — lGf^l^, 11 juin. Aux mcmes : « Ilispani in Belgica L-eti. . . » P. S. : '< Dubito an varum sit . . . • — 1O44, 16 juin. "Plurimum debeo Excellencia; vestra? et pro epistola. ..." Cette lettre, qui se trouve dans I'edition dc 1687 sous le n° iGyS, page 728, col. B, est ici entierement au- tographe. — iGA'i, 2A juin. A Oxenstierna etSalvius : « Multa^mihi quas ab amicis. . . » P. S. : « Epistola Palatini Posna^ ulilis — 16/1^, 3o juin. Aux monies: "Dixit nuper in publico car- dinalis ...» P. 5. : « Sparsi bic rumores ...» — i6/i4 , 6 juillet. Aux memes: « Vidi D. Comitcm Cbavignia- cum. . . » P. S. : Cette lettre , qui se trouve dans I'edi- tion de 1687, sous le n° iG85, page 730, col. B, est ici entie- rement aulographe. — idii^, 29 aout. A Oxenstierna et Salvius : « Conveni Ducem Aurelianensem. . . » P. 5. ; « Regiua regens in Parlamentum. . . » — i04/i, 10 septembre. Aux mcmes: « Regina regens se adhuc parat. . . » P. S. aulographe de deux lignes : « Obscssores Philip- psburgi ...» Second P. S. : . Regina jam bine abiit ad Fontem Bellaqueum ...» — iG44, ih septembre. Aux memes : « Motuum novorum quornm. . . >• P. S. : 0 Copiae missa3 a Prajfecto. . . » — 503 — — l6^^, 2 1 septembrc. "Ill"'' et Exc""" Domine. In hoc lem- poris articulo. . . » P. S. : « Cardinalis Mazarinus non sine peiiculo aegrotat. . . » Enlieremenl aulographe. — i644, 28 septembre. A Oxenstierna et Salvias: "Cardina- lis Mazarinus febri laborat. . « P. S. : « Pontifex simul. . . » — 16^4 » 29 septembre. « 111'°° et Exc"" Domine. Filiorum est paterua. . . P. S. : Has litteras miseram die. . . » Aulographe. — iG/J/i ) 1" octobre. A Oxenstierna et Salvius: 0 Video copiani navalem. . . « P. S.: « Qui hie vulgantur. . . » — 1644, 5 octobre. Aux memes : « Cardinalis Mazarinus qui- dem. . . )' P. 5.; « Elector Magontiacensis. . . » - — 16 Ml, 17 octobre. •Ill"'" et Exc™" Domine. Accepi litte- ras. . . >> P. 5. ; « Supplicitcr rcsponsum. . . » Autographc. — iC/i/i, 19 octobre. A Oxenstierna et Salvius : « Regina re- gens hue rediit. . . . « P. S. : « D. Cerisantes dum mihi nocei-e studet. . . » — 1644, 22 octobre. Aux memes : « Cardinalis habet se non quam vellet bene. . » P. 5.; « Duo video dubitari. . » — 1644. 27 octobre. Aux memos : « Vidi his diebus ducem Angulanum ...» P. 5. : « Regina Anglia3 hoc ipso die ...» — 1644-. 2 novembre. Aux memes : « Est in Uiq^ara Regina Anglian. . . » P. 5. ; " Si qui ex Flandria hue. . . » — 1644, 9 novembre. Aux memes : « Res hie neque optimal sunt P. S. : « Novaj ab Hispania. . . » — i644, 21 decembre. Aux memes : « Marescallus Gassio ab aula. . .« P. S. : '< Fama hie per urbem. . . » — 1644. 29 decembre. <. Ill""" et Exc"" Domine. Recte ac- cepi litteras » Cette lettre se troiive dans I'edition de 1G87 sous le n" 1717, page 740, col. A. EUe est ici entierement aulo- graphe. — 1645. 29 Janvier. AOxenstiernaetSalvius:«Lilter£caFran- cofurto. . . » P. S. : » Audimus praiterea. . . » P. 5. aulographe : "Vidi oden quam D. Cerisantes inscripsit D. cardinali Mazarino. Rident affusim eruditi omnes et observant tria manifesla peccala contra prosodice leges, qualia ipse, in pueris, discipulis quondam suis, ferre non debuit. Ego vero duo non mala esse quoe de Hora- tio sumpsit. . . » — 1645. 1" fevrier. Aux memes: « Quoe nuper de italicis. . . » P. S. : " Turc«; itcrum navibus. » — 504 — — i645. Sans date de uiois : « 111""' ct Exc"' Doniine. Litleras Exc. vestrsB calendis aprilibus ...» Aulographe. — i6A5. 3o mars. A Oxcnslierna et Salviiis : « Qiu-c Franco- furto vcniunt litleroe . . » P. 5. ; « Dux Bavarus inter alia . . » — 1645. 5 avril. « Constitutum est in conventu . . . » P. S. : « Litteroe quas a filio meo ...» — i6/i5. 4juin: •111""" Domine. Summa Illustr. Dominationis vestroc in me benevolentia facit ut . . . » Lettre adressee a Magnus de la Gardie. . . » Tribuno Praetorianorum Regina?. » XVn' SIECLE. LETTRES DE LODIS XIV, LOUIS XV, ETC. DE MARIE DE MEDICIS A GUSTAVE II ADOLPHE. aBruxelies, 3 septembre i632. « Monsieur mon frere, «Le desir que j'ay eu dans les presentes occurrences. . . » Lettre portee par le sieur de Vaux pour obtenir delivrance du Sieur Des Hayes, qui avait ete envoye au Roi pour une negociation. DE LOms XIV AU ROI DE DANEMARK. « 28 aout 1643. «Tres-baut, tres-excellent prince, etc. -« Le feu Roi , notre tres-honore seigneur et pere , . . . s'est si souvent laisse entendre qu'il compatissait aux maux survenus a la maison palatine. . . » {Copie). DE LOUIS XIV ET ANNE D'AUTRICHE A CHARLES X GUSTAVE, i65i-i659. — Paris, 11 septembre i65/4. Compliments de bon avene- ment au roi de Suede. — Paris, 11 septembre i65/i, presentee en audience publique par le baron d'Avaugour. Meme sujet; presque memes lermes. — 5aris, 11 septembre i65/l. Felicitations par le comle de Brienne pour le mariage du Roi. Lettre adressee a la princesse Eleonore-Hedvige, reine de Suede. — Paris, ]8 octobre i654. « Nous avons accorde au baron d'Avaugour de revenir. » — 505 — — Paris, 6 mai i655. Signe : Anne. « Au Roy de Suede, mon- sieur nion frere. « Monsieur nion frere, Le nomme Jean Janssen. . , » — Paris, 3 avril lOGa. Re(^ue le 3 juin 1662. « Le zMe que nous avons ...» — Saint-G.ei'main, 10 mai 1662. Regue le lo septembre 1662. « Comnie nous n'avons rien . . . » Difficultes sur la paix cVOliva . . . — Paris, 20 mai 1662. Rerue le 3 juin. « II y a desja plusieurs mois. . . 1. — Paris, 20 mai 1662. Regue le 27 juin. «La joye des heu- reux evenemens ...» — Saint-Germain, 25juillet 1662. Contre-signee Letellier. (Les precedentes leltres du Roi sent contre-signees De Lomenie, ) « Le d^sir extreme. . . » — Saint-Germain, 25 juillet 1662. Contre-signee Letellier. A Hedvige-Eleonore, reine de Suede. « Envoyant en Suede Ter- lon. . . » — Paris, i6 novembre 1662. A la Reine. Contre-signee De Lomenie. « Votre verlu et votre propre nierite. . . » — Paris, 3o novembre 1662. Regue le i3 decembre. Contre- signee De Lomenie. Au Roi. « L'amiti6 qui est. . . » — Paris, 16 mars i663. Au Roi. « Le sieur Usidal, baron de Wildenbruk ...» — Paris, 21 mai i663. Contre-sign6e De Lionne. Regue le 17 juin « Notre cousin, le due de Mecklenbourg. . . » — Paris, 25 mai i663. Regue le 17 juin. Contre-signee De Lionne. Au Roi. « Le sieur Gamberosius . . . » — Paris, 23 mai i663. Lettre aatographe de De Lionne, avcc cette adresse : « Pour M. Gamberosius. » « Monsieur, « Je vous envoye la response que le Roy a commande esire faite de sa part au menioire que vous m'adressastes dernierement, dont le titre estoit : << De quilmsdam Regiai maiestalis et regni Saecim desideriis. Vous verrez, par ladite response, les senti- mens de Sa Majeste sur tous les points contenus dans vostre me- moire. Cependant, je demeure, Monsieur, votre tres-afiectionne serviteur. » On y a joint cette piece inlitulec : " Responce du Roy au me- IV. 33. — 508 — moire que le sieur Gamberosius a presenle a S. M. » Rerue a Stockholm, le 26 juin i663. Commence par : « Sa Majeste a eu fort agreable la confidente communication que le Roy et le Re- gime de la couronne de Suede ont voulu luy faire de leurs senti- mcns , intentions et desirs sur les afTaircs ...» — Paris, 19 juillet i663. Weque le G aout. « Ayant, cy-devani, fail fournir. . . » — Paris, 2^ decembre iG63. Presentee en audience du 27 dti- cembre. « Sire , « Je liens a un honneur si grand le mariage quele Roy vient de faire de M. le due d'Anguien , mon fils, avec une princesse qui est de la maison de V. M. . . nous vous prions de Tapprouver. . . » Signe : >< Louis de Rourbon. » Henri- Jules de Rourbon, Monsieur le Prince, fds du grand Conde, epousa en i663 Anne de Raviere, princesse palatine du Rhin. — Paris, 2/1 decembre iG63, Presentee en audience royale. • Sire, « Ayant I'honneur d'entrer dans Talliance de V. M. , par mon mariage. . . » Signe : « Henry Jule de Rourbon. » — Paris, 22 fevrier i66/i. Recue a Stockholm, le 17 mars iGG/j. « Nous faisons tant de cas ...» — Versailles, 12 mai iGGZi. « Nous avons escoutte. . . » — Fontainebleau , 16 juillet 16G/1. « Comme I'amitie enlre les potentats . . . Nous vous envoyons le sieur chevalier de Terlon , ayant considere qu'outre safidelite et la grande connoissance (ju'il s'est acquise en tant de voyages de toutes les affaires du Nord , il vous seroit d'ailleurs plus agreable qu'aucun autre, ayant eu le bonheur en plusieurs occasions importantes de vous faire paroistre sa sincerity et son zele pour tous vns interests, lors mesme qu'ils sembloicnlestre, en quelquc faron, desunys des nostres. •• — 509 — — Fontainebleau, 16 juillet i664. Autre lettre de creance poarTerlon, nomine ambassadeur. — Fontainebleau, 26 juillet 166/i. « L'Electeur de Mayeuce nous a fait. . . » — Paris, 16 decembre 166/1. « Le sieur yVuguslin Leyons- kiold ...» — Vincennes, dernier aoust 1664. « Le sieur chevalier de Ter- lon ...» Signee Marie Terese.' 'Contre-signee De Brisacier. — Vincennes, i/iseptembre 1664. « Nous n'avons pas voulu laisser partir de Terlon ...» Signee Anne. Contre-signee De Fraisset. — Saint-Germain, 3 juillet i665. «Renvoyant vers Vostre Majeste Terlon ...» — Paris, 28 aout i665. « Nous avons recu. . . » Reclamations de TElecteur de Mayence . . . — Paris, 25 novembre i665. « Ayant bien. . . » — Paris, 20 decembre i665. « L'estat present. . . » — Versailles, 22 Janvier 1666. « II a plu enfin. . . Notre mere est morte ...» — Saint-Germain, i/; mai 1666. « Noire bonne soeur.. . » A la Reine. — Saint-Germain, i^tnai 1666. « Ayant estime. . . » — Fontainebleau, 23 juillet 1666. « Nous avons regu . . . » Presentee au Roi par Pomponne, le 21 aout. — Vincennes, 7 septembre i666. « Des I'instant mesme. . . » — Saint-Germain, 19 octobre 1666. « L'interest que V. M. . . » — Saint-Germain, 27 octobre i666. « Nous avons escoute. . . » — Saint-Germain , 17 decembre 1666. « Nous avons rec^u ...» — Saint-Germain, 28 Janvier 1667. « Nous avons reru la lettre de V. M. du 8 de I'autre mois. . . » — Charleroi, 8 juin 1667. « Nous venous de recevoir advis. . . » — Versailles, juillet 1667. « Le sieur comte Oxenstiern ayant pris. . . • Contre-signee Arnauld. — Saint-Germain, 23 septembre 1667. Lue en stance du se- nat, le 1 1 octobre. « La paix entre nous. . . » (Paix de Breda). — Saint-Germain , 8 fevrier 1 668. « Ayant pris depuis quelques jours la resolution. . . » (Motifs de la campagne). — Saint-Germain, i5 juiii 1668. • Le sieur de Pomponne, conseiller. . . » — 510 — -;:r Paris, i6 novembre 1G68. « La Icltic; clout V. M. . . » — Saint-Germain, 3 1 Janvier 1G70. « L'ambassadeur d'Anglc- terre. . . » — Paris, 23 Janvier 1671. « Nous avons reru la lellre. . . du 29 novembre dernier. . . » — Versailles, 10 avril 1671. «Depuis que, par le rctour. . . » — Tournay, 8 juin 1671. « Le soin que nous avons. . . » Lettre de rappel de Pompon ne. — Saint-Germain, 17 septembre 1671. « Ayant choisi le sieur de Pomponne pour succeder a Lionne. . . • — Saint-Germain, 11 octobre 1671. « Le sieur Cpurtin . . . « — Versailles, 17 septembre 1771. «Le Roy ayant toujours de- sire. . . » Signee Louis. Gontre-signee Tellier. — Saint-Germain, 2 A avril 1672. « Nous avons vu. . . » — Versailles, 7 octobre 1672. « Aiant bien voulu. . . » — Versailles 7 octobre 1672. « Nous aurions plutot. . . » — Versailles, 10 oclobre 1G72. « « Le choix que nous avons fait du sieur marquis de Feuquiere ...» — Versailles, i5 decembre 1672. « Nous avons accorde. . . » DU DUC D'ORLEANS A CHARLES XI. -~- Paris, 20 decembre i665. Presentee en audience le iG fe- vrier 1666. Autographe. « Monsieur, « Bien que j'aye prie le sieur de Pomponne que Ic Roy, mon seigneur et frere, envoie en qualite d'ambassadeur extraordinaire vers V. M. , de lui faire connoistre la tres-parfaite inclination que j'ay pour elle et combien je souhaite de. trouver les occasions de luy en rendre des preuves, je ne laisseray pas de luy en donner des assurances par celle-cy. Je prie done V. M. de me faire la grace de croire que je n'ay pas de plus forte passion que cello de luy tesmoigner par les effects que personne no s'int^resse plus ([ue je ne fais en tout ce (jui la rogarde et que je suis tres-vcii- tablement, Monsieur, votre tres-alfeclionne frere ct serviteur, « Philippe. » — 511 — — Sans date. « Au Roy de Suede, monsieur mon frere. » (Non autographe. ) « Monsieur, « J'ay difere quelque tems a respondre a la lettre qui m'a este rendue de la part de V. M. par son ambassadeur, atendant quel- que succes du sujet de son voiage, auquel j'ay contribue aupr^s du Roy, mon seigneur et frere, autant que jay pu. . . n 11 ue me reste apres cela qu'a souliaiter toute sorte de succez aux entreprises de V. M. , comme il y a lieu de I'esperer par ies sages conseils de la reyne, de laquelle je sere tousjours. . . » DE LOUIS XIV A CHARLES XI, 1673-1693. 1673. 27 Janvier. 1677. 9 avril. Ix fevrier. 1678. 1 1 juin. 10 fevrier. ig aout. 17 mars. 1G79. 3 fevrier. i8 juin. 21 avril. 10 aout. 19 mai. 20 aout. li septembre. 20 aout. 1680. 19 Janvier. Nancy, 20 aout. i5 mars. 1674. 24 avril. 10 juillet. k mai. 12 juillet. juillet. 22 juillet. 23 juillet. 1682. avril. juillet. 22 mai. 7 septembre. i683. 3i juillet. 4 (i/i) decembre. ' 9 septembre, J 675. ik Janvier. 19 decembre. mai. i684. 1 5 septembre, mai. i685. 21 juin. 7 mai. 20 juillet. 1676. 17 Janvier. 8 decembre. 7 fevrier. 1686. 3i aout. 27 fevrier. 1C87. 3i Janvier. 5 novembrc. ilx mars. 1677. 19 fevrier. i688. 27 mars. ig mars. 1699. i""^ mai. — 512 — 1699- I'ijuillet. 1691. 26 octobre. i69'o. 28 avril. 1692. 9 decembre. 1691. 17 octobre. — — — 26 octobre. i6g3. 3o septembre. LETTRES DIVERSES. Dans les papiers de Lillieroth, 1674-1680, je trouve les mor- ceaux qui suivent : — Extraits de la lettre du Roi a M. de Feuquieres (12 pages). 3i mars 1678. « Je r^pondray principalement a ce qui regarde la maniere dont on vous avoit parle touchant ies conditions de la paix et la treve qui avoit este proposee par le roy de la Grande-Bretagne. . . » — Copie de la letlre de M. le marquis de Bethune a M. le mar- quis de Feuquieres. Varsovie, 8 mars 1678. tEnlin, Monsieur, apres une longue attente, je vois toutes ies mesures que j'ai prises icy rompues, . . » — Copie de la lettre du Roy a MM. les plenipotentiaires. Escrilc a Saint-Germain, le 9 avril 1678. « Mon cousin , « MM. Colbert et comte d'Avaux , comme dans le temps mesme que mes amies viennent ...» DE LOUIS XIV ET LOUIS XV A CHARLES XII. Ce ne sontguere que des lettres de credit, despleins-pouvoirs, des felicitations d'avenement, des notifications et felicitations pour raariages, traites, etc.; mais I'indication des dates et lieux d'envoi peuvent servir a I'histoire, soit pour resoudre uue difliculte de chronologic, soit pour reconstituer un itineraire. 1697. lo juin. du dauphin par le 27 septembre. comte de Guiscard. 19 decembre. 1700. 16 avril. 1698. 7 mars. 21 novembre. 27 mars. 1701. 3 avril. lojuillet. i6juin. 9 octobre. 2 aout. 1699. 18 avril. 2 aoiit. 2 5 mai. Compliuients 8 septembre. 513 1 yoi. 6 octobre. 1702. i"juin. 10 aout. 1703. 17 mars. 1704. 25juin. 26 juin. Naissance du due de Bretagne. Lettre du dauphin. i5 avril. Mort du jeune prince. Lettre du dauphin. 20 avril. 8 Janvier. 3o Janvier. o.lx fevrier. 28 avril. ik juillet. i5 fevrier. Naissance du ducd'Anjou.Lcltre du dauphin. 1705. 1707. 1710. 1710. 1711. 1712. 171/j. 1715. 171G. 1717. 1 5 fevrier. 5 juin. Au senat. 10 juillet. i5 avril. i5 avril. 21 mai. 12 fevrier. 18 fevrier, 9 mars. 26 mars. 17 avril. 10 mars. ill avril. 5 septembre. Mort de Louis XIV. Lettre de Philippe , due d'Orleans. 5 aout. i5 mars. 17 mars. Dans la meme liasse, se trouve, avec ces pieces de chancelle- rie, une lettre, entierement aulographe, de Louis XJV a Charles XII : Lettre regue a Demotica, le i3 novembre 1713. « Mousieur mon frere, « J'ay receu la lettre de Votre Majeste, escritte de Demirtache, pres d'Andrinople , du i5 de may dernier. Je suis fort sensible a rinterest que vous me tesmoignes prendre aux traittes de paix que j'ay conclus a Ufreck et a ceux que j'ay moyennes entre le roy d'Espague, mon petit-fils, et les mesmes puissances qui lui fai- soyent une injuste guerre. Votre Majeste juge bien de mes senti- mens lorsquelle me marque estre persuadee a quel poinct je de- sire que la paix me donne les moyens de contribuer a la satisfac- tion de Votre Majeste par le restablisseuient d'unc paix juste et avantageuse entr'elle et tons ses ennemys apres les grands travaux qu'elie a essuyes avec tant de gloire , et de conserver et maintenir la mesme amitie et correspondance qui a este entre les roys nos — 5U — prodecesseurs, eslant avec loute la passion el I'estime possiblo, « Monsieur nion frere , votre bien bon frere , « Louis. » oA Fonlaineblcau, le 19 septembre 1713. » — Versailles, i6 mars lyi/i. Re^uc a Demitoka, 5 aoiit lyi/j. D'une ecrilure a peu pres semblable a celle de Louis XIV, niais nou de sa main, « Monsieur mon frere, « Je n'ay rien oublio dans le cours d'une guerre tres-difficile pour marquer a V. M. mon affection a ses inlercts, Familie que j'ay pour die. Je croy luy en donner encore de nouvelles preuves en travaillant suivant le plan que le baron de Sparre luy expli- quera. Je scay que son zele pour V. M. n'est pas moindre que ce- luy qu'il a fait paroitre en toutes les occasions pour mon service. Ainsy, je lui ay conlie sans peine ce que je vous dirois moy- iiiesme , si j'avois le plaisir de voir V. M. et de I'assurer que je suis , " Monsieur mon frere, votre bon frere, « Louis. » — Saint-Cloud, 20 juin 1716. Au roy de Suede, monsieur mon frere. « Monsieur, « C'est avec beaucoup de douleur que je me vois obligee de les- iiioigner a V. M. la part que je prens dans la perte qu'ellc vient de faire par la mort de la reyue douairiere de Suede. . . « Votre tres-affectionnee soeur et servante, « Elisabeth-Charlotte. » — Versailles ,171/1, 12 septembre. « Monsieur mon frere , « Vous saves quel est Tynterct que je prends a tout ce qui vous icgarde. Ainsy vous pouvcz juger du plaisir que j'ay d'aprendre par V. M. mcsmo son hcurcuse arrivec dans ses ostals. II nc me suffil pas d'asseurer V. M. que j'y suis Ires-sensiblc, je veux encore — 515 — luy faire connoistre par les cfTels mes sentimens pour elle, et que je suis, avec autant cVeslime que d'amitie veritable, « Monsieur mon frere , votro bon frere , « Louis. » De la meme ecriture que la lettre du 16 mars. — Versailles, 3o avril lyiS. Recue a Slralsund, 19 (3o) mai 17l5. « Monsieur mon frere, « Ayant resolu de depescher un ambassadeur extraordinaire vers V. M. pour cultiver la bonne correspondance que je desire d'en- Iretenir avec elle, j'ay faict choix du comte de Croissy, lieutenant general dans mes armees, comme d'un sujet en qui j'ay une con- fiance particuliere et qui a toutes les qualites propres pour se bien acquitter de cet employ. . . » — Paris, i"' mars 1717. Du due d'Orleans. « J'ai receu la lettre que V. M. m'a faict I'bonneur de m'ecrire sur le rappel de M. le comte de Sparre, son ambassadeur. . . » § 4. ARCHIVES DES AFFAIRES txRANG^RES A STOCKHOLM. Le depot des archives annexees aux affaires etrangeres a Stock- holm contient en general, sauf un cei^tain nombre de dossiers re- serves par des motifs speciaux , les documents diplomatiques con- ceruant la periode des cinquante dernieres annees. A mesure qu'une annee s'ecoule, les documents relatifs a celle qui se trouvc preceder cette periode sont portes aux archives du royaume, ou elles deviennent publiques. II faut pour penetrer dans le depot des affaires etrangeres une autorisation particuliei'e. Je n'ai point examine ces archives. Je ne les mentionne ici qu'afin de saisir I'occasion de faire connaitre un certain nombre de documents tres-importants pour fhlstoire des relations entre la France et la Suede qui y sont conserves , et qui , bien qu'imprimes , sont ac- cessibles seulement a un petit nombre de personnes, en Suede meme. Je veux parler d'une suite de lettres ecrites en franc^ais et contenues dans le dossier cote E, n" i3 1/2, portant de la main du senateur comte sucdois Ulric Scheffer la suscriplion suivantc: — 516 — Une parlie de la correspondance particuliere du roi avcc dijfureiits souverains et autres personnes distinguies dans les pays etrangers, dcpais la revolution de i772. — En 18/17, '^ fltlai pendant lequel Gustave in avait interdit la publication dc ses papiers ctant depuis cinq ans ecoule, M. le baron Manderslrom, aiors direc- leur general des affaires ctrangeres, aujourd'bui ministre plcni- potentiaire de Suede a la cour de Viennc, crut devoir livrer a. Timpression ces documents^; ne voulant pas, toutefois, en etendro la publicite, il tira seulement a quarante cxemplaircs. Sept du- rent elre reserves pour les bibliothoqucs de Suede; ajoutez les dons speciaux; il est clair que celte publication laissa ces docu- ments a peu pres inedits. Leur importance est telle cependant que j'ai cru devoir en prendi'e une copie presque integrale; j'en don- nerai ici les fragments qui m'ont senible avoir le plus de valeur historique. Autre part deja j'ai invoque ces curieux tcmoignages, au coui- niencenient d'un long travail Sur les intcrets da Nord Scandinave dans la question d' Orient [Revue des Deux-Mondes , i5 fevrier i855). Les pieces que je ne pouvais employer, a propos d'une question tout actuelle, qu'en passant et que par courtes citations, meri- tent d'etre donnees iutegralement. J'y ajouterai d'ailleurs ici, pour en cxpliquer ou en completer certaines donnees restees obscures, des fragments , ceux-la tout a fait inedits , des depeches diploma- liques conservees dans le depot des Archives royales. On sait, pour le rappeler en quelques mots, qu'apres la mort de Charles XII la Suede, epuisee et vaincue, dut accepter, d'une part, la constitution de 1720, qui remplara la royaute souveraiue par une dangereuse oligarchic, facile a corrompre; de I'autre, la paix de 1721, qui ceda a la Russie la Livonie, Tlngrie, I'Esthonie et la Carelie. Non contente d'acquerir enfm les cotes de la Baltique, objet de sa longue convoitise, la Russie comprit aussitot que I'a- narchie suedoise , resultat inevitable de la nouvelle constitution , ' Sous cc titrc : Recucil dc documents inMils concernant I'hisloire de Sahde. Tome I". Correspondance ini5dite de ce souverain , sous le regne de Gustave III. Stockholm, 18/17, in-8°- Chez Nordstcdt et fils. — Sans nom d'ddileur. — Lc second volume contient des documents qui nc conccrncnt en rien la France, et qui sont par eux-memes moins importants. Us onl rapport aux ncgocialions du niariago chi fn'rc do Gu^lavc III, due de Sudcrmanic. II y a d'amusanls details sur les pt'lites cours d'Allcmagne. — 517 — lui offrirait une ouverture favorable dans les affaires de ses voisins, et elle associa a ses projets une puissance toute nouvelle, mais deja ambitieuse, la Prusse. Unies par leurs interets communs, Prusse et Russie imposerent d'abord a la Suede leur garantie en faveur de la constitution de 1720. La funeste periode qui fut marquee en Suede par les discussions des chapeaax et des bonnets a'yant encourage leurs esp6rances , elles firent un autre pas en avant; et, de meme qu'on avait vu leur traite defensif de 1764, qui ga- rantissait secretement \A constitution de Pologne, devenir le pre- lude du partage ulterieur de ce royaunie, de meme elles ajouterent a leur garantie de la constitution suedoise un article secret qui preparait le partage 6ventuel de la Suede au profit de ses deux voisines. Ces trames perfides , Gustave III les rompit en faisant la revolution de 1772. Mais ce fut la France qui I'assista dans cette tache, en lui accordant des subsides, et qui le soutint apres la revolution contre le ressentiment de ses ennemis trompes. Les preuves de cette amitie constante de la France, de celle des Bourbons d'Espagne et de la cour de Vienne , ennemie de la cour de Berlin , les faits memes de la garantie russo-prussienne et du traite secret, faits jusqu'a present inconnus , les curieuses marques du depit de Frederic II et du prince Henri de Prusse, et les temoignages de leur mauvaise volonte, que la politique fran- <;aise eut a surveiller et a contenir, voila les principaux traits qui ressortiront de la lecture de nos documents. Les premiers mon- trentcombien Gustave III avait lieu de compter sur Tamitie de la France et de ses allies qui, en effet, ne lui fit pas defaut. Les autres font comprendre de quelle utility ces bons offices devaient ctre, soil pour I'avenir de la Suede elle-meme, soit pour le main- tien de I'equilibre europeen. 1. LETTRE DE LOUIS XV A GUSTAVE III. ( Au d^pot des AfTaires ^trangferes a Stockholm. Autograplie. ) '( Monsieur mon frere et cousin , « V. M. connait trop mes sentiments pour n'etre pas bicn per- suadee dc la partcjue j'ai prise a I'heureuse revolution qu'elle vient d'operer en Suede. Elle aura vu dans la lettre que le baron de Lieven lui aura remise de ma part combien mon ca-ur a ele — 518 — alTecle cVun evencment qui a contribue au bonheur de sa nation '. Je ne doule pas que toutes les autres puissances, des qu'elles se- ront exactemcnt informees de toutes les circonstances du cbange- ment arrive dans le gouvernement de V. M., n'y donnent d'autant plus leur approbation quelles n'ont aucun droit de se meler de I'administration purementinterieure de son ropume. Les repon^es que V. M. doit recevoir des cours differentes auxquelles elle a fait part de ses dispositions ne lui laisseront, ace quej'espere, aucun motif d'inquietude a cet ^gard; mais si, centre toute vraisem- blance, quelque ennemi de son autorile legitime entreprenait dc faire revivre I'anarchie tyrannique quelle a detruite, V. M. Irou- vera dans la fermet6 de son courage les ressources nccessaircs pour soutenir la justice de sa cause, et elle eprouvera constam- ment de ma part le meme interet que j'ai loujours pris a sa con- sideration et a sa surete. Elle a p<)ur garanls de mes sentiments la parfaile estime et la sincere amitie avec laquelle je suis, mon- sieur mon frere et cousin, « De V. M. « Le bon frere et cousin , « Louis. «A Fontaineblcau, ce i3 octobre 1772.0 2, LETTRE DE GUSTAVE HI A LOUIS XV. [Ibid. Minule de la main du comte dc Sclieffer-. Sans dale. M. le baron Man- derstrom la place en novembre 1772) n Monsieur mon frere et cousin , » Ricn ne pent elre plus salisfaisant pour moi que de recevoir des assurances inlimes de la partde V. M. dc I'int^ret constant et sin- ' La revolution avail eu lieu dans la journce du lO aoul 1772. - Le comle Ulric Sclieffcr, nd le 5 aoul 1716, avail scrvi dans les arm(5es francaisesde 17/13 a 1751. II elail devenu colonel du r(5gimenl le Royal Suddois. 11 succcda a son frere Charles-Frederic Scheffer coinnie anibassadeur dc Suede a Paris, dc 1751 a 1769. Rappclc alors en Suede, devenu iniuistre, chevalier de I'ordre des Seraphins CI comle en 1771,!! fut nn des principaux instruments de la revolution de 1772 eljouil de toule la favour do Gnslave III. II sr relira dc-; affaires en 1783 et niourut le li mars 1799. — 519 — cere qu'elle veut bien prendre a ce qui me regarde, et dii soin quelle se donne pour cmpecher que mes voisins n'eclatenl dans les mauvaises intentions qu'ils avaient formees centre moi et contre mon royaume en voyant qu'ils allaient y perdre une inlluence dont ils n'avaient jusqu'a present fait qu'un usage trop dangereux et trop funeste. V. M. peut etre persuadee que lant que j'existerai je niaintiendrai la forme qui m'a delivre d'un joug si odieux. Mais je tacherai de le faire par des moyens qui, en assurant ma propre tranquillite, n'entraineront point un si fidele et si tendrc allie que Test V. M. , dans des embarras que je serais au d^scspoir de causer. Je fais volontiers cet aveu et mon cceur ne dementira jamais tons les sentiments que la plus vive amitie y a fail naitre. Les mesures que prend V. M. pour seconder mes vues me parais- sentsi bien dirigees que je suis presqu'assure de leur succes et que je lui en fais tous mes remerciments, mais j'avoue que je ne com- prends rien dans la conduite que tientle roi de Danemark a mon egard. II a deja donne a votre ministre des assurances qui, dans d'autres circonstances, devraient paraitre satisfaisantes , et il vient d'en donner egalement au mien; malgre cela il fait des prepa- ratifs si formidables dans la Norvege que tous mes sujets sur la frontiere en sont alarmes et qu'il m'a ele impossible de ne pas y tourner une attention plus suivie. Si c'est de concert avec quel- qu'autre cour ou si Ton se flatte de pouvoir susciter quelque me- conlentement dans I'interieur de mon royaume, c'est ce que j'ignore encore. Mais en attendant j'ai cru essenliel de me presen- ter moi-meme sur la frontiere , et c'est ce qui m'a determine a faire le voyage que je fais actuellement , sans egard a la rigueur de la saison a laquelle il faut me preparer. La declaration que mon mi- nistre a du remettre en meme temps a la cour de Danemark doit vraisemblablement debrouiiler cette situation et, ace que j'espere, amener une plus grande certitude de la faron de penser de cette cour. En tous cas je trouve qu'il est bien doux de pouvoir deposer dans le sein de V. M. avec une confiance entiere tout ce que ma situation peut avoir d'embarrassant , et je comple toujours sur I'a- mitie dont elle m'a donne des prcuves si evidentes. C'est avec ces sentiments et ceux de la plus haute estime que je suis, etc. » — 520 — 3. LETTRE DE GUST AVE III A CHARLES III, ROI DESPAGNE. [Ibid. Minute de la main du comte de ScbelTer.) «Le7 Dovembre 1772. « Monsieur mon frere et cousin , a Conime je n'ignore pas jusqu'a quel point V. M. a pris part a I'heureuse revolution qui s'estpassee dans mon royaume le igaout dernier, et I'aniitie particuliere avec laquelle elle seconde mes vues justes et pacifiques, conjointement avec mon bon et fidele allie le roi de France, je ne saurais me dispenser de lui en temoigner ma vive reconnaissance. II est dans le sang des Bourbons d'etre lies de la plus tendre amitie a\ec les souverains de ma maison , et j'ai bien herite de mes ancetres la meme fagon de penser pour V. M. et tout ce qui lui apparticnt. J'y ajoute encore tous les sen- timents que vos grandes qualites et votre amour pour la justice et I'equite excitent dans mon coeur, et je ne doute pas que V. M. ne soit entierement convaincue de la haute estime et de I'amitie par- ticuliere avec lesquelles je suis, etc. » 4. RfePONSE DE CHARLES III. [Ibid. Autograplie.) 0 Monsieur mon frere et cousin , « J'ai ele certainement tres-aise et afTecte de I'heureuse revolu- tion que les talents, la sagesse et la fermete de Votre Majeste ont su amener dans la forme du gouvernement de son royaume. Le bonheur de ses peuples, I'honneur de la royaute et Tequilibre du Nord la faisaient desirer depuis longtemps. Ce grand ouvrage etait reserve aux qualites superieures de \ . M. J'espere qu'on ne tentcra pas de le troubler et que pouvanl le consolider la Suede acqucrra de nouveau son ancienne consideration. Mon altachement a sa famille et les liens qui m'y unissent me feront toujours contribuer aufant que possible a cet.objet salutaire et interessant. Je desire — 521 — « que Voire Majesty en soil persuadee et de la haule eslime et aniilie particuliere avec laquelle je suis, « Monsieur men frere et cousin , « De Votre Majeste , " Le bon frere et cousin , « Charles. «A Madrid, ce 28 decembre 1772." 5. LETTRE DE L'IMPERATRICE-REINE A GUSTAVE III. {Ibid. Autograpbe.) « Monsieur mon frere et cousin, « Je suis tres-sensible a I'attention que Votre Majeste me marque a m'ecrire au sujet du grand evenement qui vient d'arriver dans votre royaume ; sa faron de penser a mon egard me flatte el elle peut compter sur le plus sincere retour de ma part. Mes soubaits pour la satisfaction de V. M. et pour celle de sa famille sont aussi reels que ceux pour la conservation de la tranquillite du Nord, et c'est sur ces sentiments que je vous prie d'etre persuade de I'a- mitie avec laquelle je suis, Monsieur mon frere et cousin, « De Voire Majeste, ' 7. LETTRE PE GUSTAVE III A CHARLES III. (Minnte de la main dii comte de Scheffer. ) 0 Lc 24 mars 1 773. « Monsieur mon frere et cousin , « Les marques que V. M. m'a donnees tout nouvellemenl deson souvenir et de son amitie, jointes a la conduite tres-favorable a mes interels que V. M. a bien voulu prescrire a ses ministres dans toutes les cours, me font recouiir aujourd'hui a V. M. avec une conGance entiere dans une conjoncture dont les circonstances lui seront developpees par le sieur do Llano', a qui je ni'en suis ou- vert. V. M. verra par son rapport qu il ne s'agit pas de mes inte- rels seuls, mais que ma cause est dans ce moment celle de tous les rois et de lous les Etats qui veulent conserver leur indepen- dance. J'altends tout de la puissance de V. M. et de sa sagesse, et serai toujours avec la reconnaissance la plus vraie, Monsieur mon frere , « De Votre Majeste, « Le bon frere , « GuSTAVE. » 8. RliPONSE DE CHARLES III. (Ibid. Autographr.) X Monsieur mon frere et cousin , " J'ai senti la critique situation dans laquclle Voire Majesl^ se ' Ministre de S. M. Calholiquc a la cour dc Suede. — 523 — trouvait. Je me suis concerte avec le roi de France pour nous employer a parer le coup qui menacait Votrc Majeste et son royaume; nous avons lieu d'esperer qu'on y a rcussi, au moins pour le present. Nous continuerons dans les memes principes et, selon les circonstances, j'emploierai tous les moyens qui me se- ront possibles pour donner a V. M. des preuves de Tinteret sin- cere que je prends a la conservation de son royaume, et pour convaincre V. M. des sentiments d'amitie avec lesquels je suis, « Monsieur mon frere et cousin, • De Votre Majeste , « Le bon frere et cousin , « Charles. «A Aranjuci, ce 20 mai i773.» Une depecbe particuliere adressee au comte de Scheffer par le €omle de Creutz, ministre de Suede a Paris, et reproduite aussi par M. le baron Manderstrom, pent servir de commenlaire au.v trois lettres precedentes. Ce qui mettait Gustavo 111 si fort en omoi, c'etait sans doute la connaissance d'une alliance secrete conclue, apres le parlage dc la Polognc, entre la Russie et le-Da- nemark. Ce document montrera precisement ou en etaient les liaisons de la Suede avec la France : « Paris, 4juillet 1773. » Le comte se felicite d'abord de ce que M. d'Aiguillon a beureu- sement triomph^ des intrigues employees pOur lui nuire. Le roi doit en etre content, ecrit-il, car ce ministre parait augmenter tous les jours de zele et d'activit6 pour ses interets, et la Suede est I'objet principal de toute sa politique « II me le dit sans cesse, et il a bien raison de penser ainsi. Le partage de la Pologne ferait tort a son ministere sans I'eclat que la revolution de Suede fait jaillir sur lui. Si la Suede etait opprimee, la France serait a jamais couverte d'ignominie. Elle ne trouverait plus ni allies ni amis; elle resterait seule et verrait I'Europe sous le joug sans pou- voir y remedier. Voila ce que je ne cesse de repeter a M"^ d'Ai- guillon, et ce qui fait la plus forte impression sur son esprit. '■ Mais ce que je lui represente avec plus de force, c'est qu'il ne M. 3i. — 524 — faul pas elrc; dupe do la Russie. Son langage est flalteur, luais si elle avait fail ties piojels qirdle ne voulut execuler qu'a la paix, que deviencliail la Suede au cas que Ton s'y fiatPVoila pourquoi je lui ai fait sentir la necessil6 de fournir au roi de plus grands inoyens pour accelerer le leLablissemeut de son armee et de sa marine, ct de repondre a la Russie avec les menies caresses et la menie anii- tie, afin que si elle est de bonne foi on puisse profiler de ses dis- positions pour se lier avec elle; que, si elle ne Test pas, on puisse la retenir en monti'ant qu'on est prepare a tout. « J'ai eu I'honneur de mander au roi que M"^ d'Aiguillon ni'avait promis de faire des avances vers la fin de I'annee, apres que les i,5oo,ooo francs de cette annee auraient ete pay^s, mais qu'il recommandait le plus grand secret sur tout ceci. II est done neces- saire de continuer a representer sans cesse les besoins du roi a M"^ de Vergennes, afin que \r d'Aiguillon trouve la besogne avancee par rimpression qu'auront faite au conseil les depeches de ce niinistre, lorsqu'il sera question de faire des avances. • Pour ce qui regarde les 5^7,000 francs, je le repete encore, S. M. ne doit pas en avoir la moindre inquietude. lis seront tou- jours avances jusqu'au dernier teirne du payement des subsides, et alors payes en supplement pour couronner le tout. » Le comte de Creutz pai'le ensuite des dillicultes qu'il a cues pour toutes ces negociations de subsides et de secours extraordinaires au moment de la revolution et au mois de novembre suivant, et de la necessite ou il a ete de cycler quelque chose pour ne point se brouiller avec M' d'Aiguillon. « J'ai eu bier le plaisir de parler longtemps de vous avec M"^ d'Ai- guillon. Ce ministre a pour vous la plus veritable amitie et la plus haute estime de vos talents. Croyez-moi, c'est un grand bonheur que les ministres des puissances alliees se connaissent personnel- lement. La liaison personnelle de M'' de Choiseul et du prince de Kaunitz rendait celle de leur cour encore plus intime. Depuis la retraite du premier, la froideur a ete sur le point de succeder a la chaude amiti6 que les deux cours avaient Tune pour I'autre. Voire correspondance avec M'"" d'Aiguillon est d'un grand avan- tage; elle rafraichit et fortifie les sentiments qu'on a dega pour V. E. » 525 0. LETTRE DE LOUIS XV A GUSTAVE III. (Ibid. Aulographe.) « Monsieur mon frere et cousin, « J'ai regu avec le plus sensible plaisir la medaille que les Etals assembles avaient deniande a Voire Majeste de faire frapper a I'occasion de I'heureuse levolution qui a fait revivre lesanciennes lois dans le royaume de Suede, et qui y a etabli la nouvelle cons- titution qui fait la gloire personnclle de V. M. et qui assui-e pour toujourslebonheurde sa nation. C'est un monument dontje conser- verai d'autant plus precieusement le souvenir qu'ilconsacre letalent et le courage superieurs dont V. M. a donne les preuves les plus signalees, et auxquelles mon cceur a pris la part la plus sincere. Mon interet sera loujours egalement vif pour tout ce qui pourra avoir rapport a V. M., et je ne cesserai jamais d'etre, avec Testime la plus pai-faite et i'ainilie la plus lendre, Monsieur mon frere et cousin, « De Votre Majeste , «Le bon frere et cousin, « Louis. " A Versailles, ie 3 d<;cembre 1773." 10. LETTRE DU DUG D'AIGUILLON A GUST AVE III. (Ibid. Aulographe.) " Sire , « J'exprimerais dillicilement a V. M. a quel point j'ai ete touch(^ et llatte des nouvelles assurances qu'elle a daigne me donuer de i'estime et des bontes dont elle m'honore. Je me borne a la sup- plier d'etre bien convaincue que j'en sens vivement tout le prix el que je n'ai rien plus a cceur que de les justifier et de m'en rendre digne de plus en plus. Ses intt-rets sont si etroitement unis avec ceux du Roi mon maitre que je ne pourrais les perdre de vue un instant sans ti'ahir mon devoir. Sa gloire ne m'est pas moins chere, mais je ne pretends pas me faire un merite aupres d'elle du zele inalterable avec lequel je la defends ; la cause est trop bonne et Irop belle pour que je nc scnte pas combien il est glorieux pour moi d'en etre le chevalier. J'espere que bientot je n'aurai plus a — 526 — combalire pour die, et que lout I'univers rendra a ses vertus et a ses talents le meme hommage queje leur rends dcpuis longtenips. Je ne suis point etoune de I'impression qu'a faile sur V. M. I'ex- travagant et indigne complot dont son ambassadeur lui a transniis les details et I'objet ; il est heureusement aneanti, et je crois qu'il est inutile que je I'assure que le Roi nion maitre n'en avait au- cune connaissance, et qu'il persiste invariablement dans les prin- cipes dont V. M. est instruite et qu'elle a approuves. II est plus determine que jamais a lui donner tous les secours dont elle pourra avoir besoin pour soutenir son autorite envers et contre tous ceux qui voudraient I'attaquer. « J'ai tout lieu de croire qu'on en a abandonne le projet, mais je vois avec douleur qu'on suit avec opiniatrete celui qu'on a forme depuis plus d'un an d'inspirer de la jalousie et de I'inquie- tude aux puissances voisines de V, M. et de lui supposer des des- seins ambitieux, malgre les assurances que nous ne cessons de donner de son excessive moderation. La verite percera a la Iin les nuages dont on cherche a Tenvelopper, et V. M. parviendra a la faire connaitre en persistant a suivre la conduite admirable qu'elle tient. Je la siipplie tres-liund)lement de mc permettre de lui tcmoigner combien j'y applaudis, et de mettre a ses pieds riiommage bien sincere de ma vivc reconnaissance, de mon de- vouement sans bornes, el du profond respect avec lequel je suis, « Sire, « De Votre Majeste, « Le Ires-humble et trcs-obeissant servilcur, 1 Le due d'Aiglillon. « Versailles, ce iS decembre 2773.* Quel est cet « extravagant et indigne complot » dont paric le due d'Aiguillon? M. le baron Manderstrum pensc qu'il s'agil proba- blemenl d'une intrigue politique dans laquelle quclque ministre de France a I'elranger aurait Irempe a I'insu de son souverain. Nous n'oserions encore hasarder une r^ponse, mais nous pouvons citer a 'ce sujet une depeclie entierement inedite du comic de Creuiz a Gustavo III qui se trouve aux Archives du royaunie et donue quelques indices : — 527 — 77J. "Monsieur mon frere, « Le comte Doenhof m'a rendu la lettre que Votre Majesty a bien voulu m'ecrire, (jui in'a fait un plaisir sensible en nie lenouve- lanl les assurances de son amitie, dont je fals un cas infini. Je n'ai jamais cbange de faron de penser vis-a-vis de Votre Majeste; mon coeur ne saurait se dementir, mais j'ai craint les suites de ses entreprises, etmes craintes ne sent pas encore calmees sur son sujet. Tout le monde n'envisage pas du meme ceil la revolution qui s'est faite dans le gouvernement de Suede; cela pent causer des guerres et repaudre, Sire, de I'aaiertume sur le resle de votre regne. « 11 y a des moments de calme auxquels de forts orages succedent; la Suede en est menacee, et je ne vois pas comment elle y pourra resister. J'ai cru qu'en ecrivant a Votre Majeste ma probite de- mandait que je me servisse du pinceau de la verite et non de celui de la flatterie pour lui exposer mes craintes sur I'avenir. 1 Jamais je ne desirerai plus d'etre trompe dans mes conjonc- tures que dans les circonstances presentes; cependant, j'ai tout lieu d'apprehender le contraire. Votre Majeste vient de calmer I'a- larme qu'EIle a causee aux Danois, et je suis persuade de ses sentimens pacifiques; sans doute qu'ils convienuent a sa situation ou son plus grand objet consiste a gagner, a reunir les esprits. Autant qu'il m'est revenu de la Russie , rimporatrice, ayant eprouve I'embarras que souvent les ambassadeurs suscitent a sacour, s'est, a ce qu'on ma dit, determinee a ne recevoir que des minislres du second ordre; je suppose done que Votre Majeste se confor- mera appertement a cette regie pour le caractere qu'elle donnera au comte Posse; en attendant je fais des vceux pour que les affaires tournent selon i'avantage de Votre Majeste, en I'assuranl de la tendresse pleine de consideration avec laquelle je suis, n Monsieur mon frere, Telle est la maniere sous laquelle j'envisage ma propre situa- tion et celle des afTaires en general. Je la confie a un oncle qui m'est cher et a un souverain qui par ses qualites jouit de Tad- miration de toute I'Europe, Sous Tun ou i'aulre de ces litres son amitie me sera precieuse a conserver, tout comme je m'efforcerai toujours de convaincre V. M. du sentiment de la haute estime et de Tattacliement parfait avec lesquels je serai toujours, « Monsieur men frere , « De Votre Majesty , etc. • 33. LE PRINCE HENRI DE PRUSSE A LA REINE DOUAIRIERE DLRIQUE-ELEONORE. {Ibid. Copie, malbeureusemeot incomplfete, an depot des affaires etrangferes.) dDecembre 1772. « Je souhaite du fond de mon coeur que rien- au monde ne trouble votre tranquillite. Vous pouvez etre persuadee que le roi pense de meme, et il n'y a que les lois que les engagements imposent qui pourraient le forcer d'agir autrement. II fera tout ce qui est pos- sible d'obtenir par la n^gociation pour entretenir la tranquillite. Je souhaite qu'on y reussisse, mais a moins que le roi de Suede ne trouve moyen de concilier les esprits , je ne prevois rien d'heu- reux , et je crois de mon devoir de vous le dire lout natureile- ment. La Russie n'est pas la seule qui trouve son interet blesse par la nouvelle forme de gouvernemenl en Suede. Les Anglais en sont plus faches encore. Jugez, ma chere soeur, quelle sera la po- sition du roi de Suede si ce feu vient a s'enibraser. Ne vous flat- tez pas des Turcs; je suis convaincu et certain qu'ils feront leur paix; mais si meme cela n'arrivait pas, je vous assure que cela n'influera pas sur les affaires de Suede. Ce qui vous prouve , ma chere soeur, qu'on voudrait pour tout au monde vous tirer de ce labyrinthe, c'est la franchise avec laquelle je vous ecris. Elle pent paraitre dure, mais il y a des verites, lorsqu'on est oblig6 de les dire, qui ne souffrent pas de voile. La seconde raison est que si on n'avait pas affaire a des parents, on aiirait un moyen siir, en ir- ritant les esprits, de s'emparer d'un domainc qui arrondirait nos dtals; on est bien eloignc de cetfe pensee, ot si I'honneur exigeait urt — 555 — pareille extremity, je suis sur qu'on niontrerait le plus grand des- interessement, au moins c'est ma faron de penser, et j'espere qu'on I'adoptera. Vous avez la bonte de me feliciter, ma chere soeur, sur notre prise de possession de la Pologne, etc. (sic) « Les affaires dependent des circonstances dans lesquelles on les entreprend. Si on hasarde le nieilleur projet dans un temps ou les combinaisons poiitiques sont defavorables , il peut reussir, mais ii est impossible qu'il se maintienne. Je crains bien que ma sincerite ne vou deplaise. Je donnerais ma vie si je pouvais faire sentir a vous et au roi votre fds la triste verite dont je suis pene- tre; et ce qui me cliagrine le plus, c'est que tous les partis qu'il peut prendre seront difficiles pour lui et remplis d'ecueils. II ne •peut se desister volontairement d'un plan de gouvernement qu'il a arrange lui-meme, et s'il choisit le parti desespere de le de- fendre, il aura tant d'adversaires que sans perte de sang, et sans meme cueillir cette vaine gloire, il se trouvera sous les lois qu'on voudra lui dieter. Je voudrais prouver cela sur table, et je jure mon honneur que je ne le dis pas pour grossir les objets. Outre tous 3es ennemis du dehors, il aura ceux du pays, car un parti etouff6 n'est pas un parti eteint. Dans I'armee, dans tous les etats, il verra le desordre regner d'abord que des armees ennemies auront mis le pied dans ses etats. Voila un tableau qui me fait fremir; je le trace parce qu'il est temps encore, et parmi le choix des re- medes, peut-etre le roi votre lils en trouvera qui pourront pre- venir ce danger. Je benirai le ciel lorsque cette triste affaire sera terminee, etc., etc. [sic] » 34. LE ROI DE PRUSSE AU ROI DE SUEDE. [Ibid. Autographe.) « 23 Janvier 1773. "Monsieur mon I'rere, « Je viens de recevoir la lettre que V. M. m'ecrit d'Oerebro; avec toute la satisfaction possible, je vois que V. M. approuve ma fran- chise, meme elle veut que je la pousse plus loin. Je ne doute pas que V. M. n'ait de bons allies, mais je les trouve bien eloignes de la Suede, et par consequent pen en etat de I'assister. Elle me dit quelle est satisfaite des temoignages d'amitie que lui out donnes M. 3G. — 55G — ses voisins. Je me garderai bien de la Iroubler dans I'heureuse securite dont elle jouit, et bien loin de nie plaire a propheliser des inforlunes, j'aimerais mieux annoncer des prosp6rit6s. Ce- pendant je declare a V. M. conime a tout son royaume que je ne nie suis jamais cru prophete, ni voyant, ni inspire; je ne sais que calculer I'avenir sur de certaines donnees qui peuvent quel- quefois tromper par la vicissitude des evenements, et qui souvent repondent au pronostic qu'on en a porte. Je pourrais me servir de la reponse de ce devin qui avait pronostique les malheurs qui menaf^aient Cesar, ce grand homme , aux ides de mars. Cesar lui diten le renconlrant : « Eh bien ! ces ides de mars sont venues »; le devin lui repondit : « Elles ne sont pas encore passees. » V. M. sait le reste; mais le cas n'est pas exactement pareil : la catastrophe de Cesar n'est point a craindre pour V. M. , et si les presages de I'avenir iui font de la peine, je puis comme un autre couvrir de fleurs les precipices pour les cacher a ses yeux. Elle pent toutefois compter que s'il y a quelqu'un qui souhaite la souslraire au ha- sard des Evenements, c'est moi, et que si les choses tournent au- trement, ce ne sera pas ma faute, etant avec toute la considera- tion et toute I'amitie possible, « Monsieur mon frere, « De Voire Majeste , « Le bon frere et oncle , « Frederic. » 35. le prince henri de prdsse au roi de suede. {Ibid. Autographc.) • De Berlin, 7 de f^vrier 1773. • "Sire, « Je suis louche on ne pent pas plus par les preuves de I'amitie de Votre Majesle; il est bien rare que la franchise soit un chemin pour cultiver I'amitie, c'est ordinairement I'ecueil ou ellese brise. Vous ne pensez pas ainsi, et moi, j'aime plus a deplaire qu'a voiler la verite. Cependant je crois en avoir dit assez sur le sujet interessant qui regarde la situation de Votre Majesle. La question qu'elle me fait est une question des droits des souverains; elle me demande, el voila ses expressions : dites-moi ce que j'aifuit pour — 557 — m'attirer I'orage donl vous me inonirez que je suis infaillibleinent me- nace! Je sais trop que vous connaissez , Sire, vos interets et ceux des puissances qui vous environnent, en un mot le systeme poli- tique de toute I'Europe. DeJa, ilestaise deconcluie qu'ii n'arrive aucun changement dans un Etat qui n'interesse tous les autres. II en est qui croient en profiter, tout comme d'autres s'en trouvent tres- leses , et c'est sur cette combinaisonquesont fondees ensuite lesme- sures que prennent toutces corps politiques, soitpour ieur surete, soitpourle renversementd'un systeme qui Ieur est nuisible. Comme les souverains n'ont point de tribunal ou Ieur cause se plaide , ils ont le droitde se rendre justice eux-memes. Si plusieurs souverains sont d'accord, si les traites les unissent,la justice qu'ils se ren- dent devient aisee , et dans ce cas, I'accoaimodement est I'nnique chemin qui reste a la partie la plus faible. Voila comme j'envisage I'Europe; entrer dans la discussion des droits de chaque prince serait un labyrinthe dont on ne sortirait pas, mais il est aise de determiner Finteret des Etats par Ieur situation, et par la liaison que les traites mettent entre eux. Je souhaite que cet orage s'e ioigne de Votre Majeste, on qu'il reste toujours dans les cas des probabilites, sans qu'il se realise; mon bonheur sera considerable si, dans quelque cas qui se presente, je puis vous donner des preuves de ma tendre amitie et de la veneration avec laqueile je suis, •• — Histoire de France par le S"^ d'Hannonville, historiographe , un gros volume in- A" (c. xiv. 1-17.), Paris, rue des Poir^es, pres le college des Jesuites, 1729. Manuscrit. Commence par:« Abrege hislorique de la monarchic de France. La monarchic des Francois — 564 — occupe le pays qu'on nommoit ancienneiiienl. . . » finit par I'enu- m^ralion des enfanls de Louis XV. — Piece satirique : « Le diable, pesant le niarechal de Saxe et M. de Lowendal dans une balance, dit : Tous deux vaiHants, Tous deux galants, Tous deux contents, Tous deux paiHards, Tous deux pillards, Tous deux batards, Tous deux sans foi, Tous deux sans loi, Tous deux h moi. — Fragments de lettres sur Maurepas. — Harangue deM. le marquis deFenelon, ambassadeur de S. M, le roi de France, dans son audience du 23 avril 1744^, a Mes- sieurs des Etats generaux des Pays-Bas Unis. Onze pages (en sue- dois). — Ecrit satirique contre le ministre des affaires etrangeres Gei'- main-Louis de Chauvelin, qui, apres avoir joui longtemps de Ten- tiere confiance du cardinal de Fleury, I'ut disgracie et exile a Bourges, le 20 fevrier lySy. On Taccusait d'avoir, par le trait6 de Vienne, en lySG, sacrifie les interets des allies de la France a I'enipereur Charles VI, dont il aurait requ pour ce service des sommes considerables, en menie temps qu'il en recevait de ses ennemis. On assurait qu'il avait fait donner avis aux cours de Ma- drid et de Turin des uegociations entaniees avec I'Autriche, et que le cai'dinal prenait le plus grand soin de cacher a ces deux cours alliees de la France. « Extrait d'une tabletle de M. Chauvelin, trouvee sur le chemin de Grosbois^ a Bourges: « Regu de la reine d'Espague , pour avoir engage le cardinal de Fleury a declarer la guerre a I'enipereur pour mettre obstacle a la paix, par an: 3oo,ooo livres. » Les directeurs de la compagnie des Indes me font tous les ans ' C'etait la terrc du ministre disgraci(^. Grosbois est voisiu de |}oissy-Saint-Le- ger(Scine-et-Oise). Ce Ite terrc a apparteiiuensuilc a Monsieur, frCiede Louis XVI, a Barras, h Moreau et h Berthier. — 565 — pour ma part sur I'agiolage des caisses et fraudes dcs actions ; 200,000*. « Des Strangers retires en France, pour les prot^ger contre leurs creanciers: 5 0,000*. < Quo- rum auctor esse nolim. » P.-S. « Consilium Gallorum ducendi in Belgicaj interiora exercitus maguo captum animo successum ta- men non habuit apparente illico utprocessum fuerat commeatuum inopia. Interim in Deyenveldij stativa quae in via Doclanum erant, hostis noctu irrumpens, diripuit et cuncta inde ad oram maris usque populabundus percursat, multumque timeri video ne ut in Ducatu BurgundiaB ita et in Campania hybernet non levi Gallise malo hostis. ...» — Finit par : « lUuc mitti inlelligo. -. — .. Lutetiac, 10 octobris, N. Cal. iG36.» — Ces deux morceaux fer- ment dans 1 edition in-foiio de 1607 deux lettres scparees, adrcs- sees a Camerarius, pages 268 et 270. A Salvius. — oDomine, Pro binis literis debitor tibi sum... " 1637, 20 (3o) julii. — Imprimedans I'odition de 1G87, p. 340, sous la dale du 21. — 571 — Au meme. — « 21 ( 3 1 ) julii. — P.-S. « Resumo calamum. . . » En marge, on lit ces interpretations : « Hispano pour Virginio, Saxonis pour Potamonis, Brandenburg! pour Galbaj, DavausiopourFabio, pace pour Mimnermo, Germania pour Annibalis , Lolharingia pour Tullo, Pomerania pour Vespasiano, Rumus pour Simeon, Davau- sius pour Fabius. » — Dans I'edition de 1687, ce P.-S. est place a la suite de la lettre 800, qui commence par : « Pro binis Uteris. » Le texte que j'ai vu a Stockholm, et que je n'ai pas copie en en- tier, doitetre different en quelques details de celui de I'edition de 1687, car je ne retrouve dans celui-ci ni le mol Potamonis ni le mot Simeon. H y a ici Polonie et Simonides. Nous avons deja ren- contr6 parmi les documents des Archives royales (voir plus haut) un dechiffrement de ce P.-S. un pen different de celui-ci. 1644, 18 juin. — « Cum jam naves apud Batavos. . . » Trois lignes de P. S. — La lettre, mais non le P.-S., se trouve dans r^dition de 1687, page 727. A la Reine. « Accepi cum debita. .. » — i6/i5. Lutetige, 8( i8). . . 0 Etuis, Schmalzi. . . » — A Schmalchius, Lut. 12 (22) mars i635. A Oxenstierna. — « Magnos semper viros. . . » — Hambourg, 16 (26) fevrier i633. A Oxenstierna. — « Sicut illae gentes quas. . . » — Hambourg, 20,(3o) Janvier i634. L'edilion de 1687 ne donne pas de lettres a Axel Oxenstierna avant la fin de i634. La premiere est la 359*^ de cette Edition, dont nous avons donne pins haut le dechiffrement. ric. 1745. Lettre d'un olhcier franrais a son ami, ou est rapport(5e la relraite des Franc^ais et des Espagnols du Piemont. Tome XXIII. 1746. Catalogue des pieces representees depuis plusieurs annces sur les differents theatres de I'Europe. Independamment du catalogue general , 11 y a un grand nombre de liasses qui ne sont pas memc cousues, el qui contiennent des pieces remarcjuables. — 591 — Dans une de ces liasses de pieces detachees , je signalerai les suivantes, toutes originales avec les signatures autographes, et plusieurs enlierement aulograpbes. LETTRE DE LOUIS XIV A WRANGEL. «Fontainebleau, dernier aout i646. » « Monsieur Wrangel. Le sieur Baron D'Avaugour m'aianl donne avis. . . » Signe « Louis. » Contre-sign^ ode Lom^nie. » DE MAZARIN A WRANGEL. "Mars 1647. " Monsieur, j'ex^culerois avec plus de plaisir le coinmandeinent que m'ont fait leurs MM. d'envoyer a V. E. quelques galanteries de celles que produit ce climat, si le depart precipite de M"' de Paris ne ni'avait ote le moyen d'en faire un choix digne de V. E. . . La Reine a voulu que M""" votre fenime eut le portrait du roy et le sien, et le roy que V. E. eiit une espee de sa main puisquil s'en sert si bien tous les jours pour la cause commune. . . » II le compli- mente ensuite sur sa nomination au commandement general des armees de Suede. Signature autographe. LETTRE DE LOUIS XIV A CHRISTINE. (Copie.) (I 2 9 ddcembre 1647. « Tres-Haute, Puissante, Excellente Princesse, notre tres-chere sceur, cousine et alliee, Nous avons regu un meme jour vos deux iettres du 19 octobre et 6 novembrc , Tune toucbantnotrc rupture contre le roi de Baviere, I'autre sur le payemenl par avance et aug- mentation des subsides... » Quant au premier point, on a refuse les avances du roi de Baviere qui , ayant viole ses Iraites avec la Suede, offrait de maintenir ceux avec la France; avis a ^te aussi- tot communique des propositions au gouvernement de Suede, ordre a ete donne aTurcnne de quitter le Luxembourg pour mar- — 592 — cher vers le Rhin. Cependant, pour ne point exposer les posies avances de Tarmee, la rupture avec la Baviere a ete dilFeree pen- dant quelque temps , et TafTaire envoyee aux plenipolentiaires reu- nis. La guerre est maintenant proclamee avec le due de Baviere et la Suede ne doit point s'ofTenser d'un retard motive, comme on I'a dit, par ia crainle d'exposer les postes avances avant I'arrivee des secours sufTisans. Le roi de France espere done que la reine de Suede n'aura donne aucun credit aux calomnies repandues sur cette affaire. — Quant au 2* point, il est impossible au roi de France d'augmenter les subsides et meme , si la guerre continue en- core quelques annees, il sera force de les dimiuuer; cependant, il envoie a la reine le sieur Chanut pour aviser s'il est possible a quelqu'expedient. Sign^ 11 Louis. ■ Contre-sign^ aDE Lomenie. » LETTRE DE LA REINE ANNE D'AUTRICHE A LA REINE DE SUEDE. (Copie.) EUe repond encore a la deniande de nouveaux subsides par un refus. LETTRE DE MAZARIN A LA REINE DE SUEUE. II repond a I'accusation d'avoir arrete la rupture de la France et de la Baviere, et a la demande de subsides. Cette lettre repro- duit les arguments de celle du roi. LETTRE DE LOUIS XIV A WRANGEL. « Monsieur le marechal Wrangel, ayant choisi le sieur Mathias Thomin (ou Strom?) pour I'envoyer vers vous sur un sujet que j'ai particulierement a j^oeur, j'ai desire par I'avis de la Reine reggnte M"'" ma mfere Taccompagner de cette lettre pour vous prier de le croire enlieremcnt sur ce qu'il vous dira do ma part et de vous as- surer que j'aurai un ressentiment parliculier de I'assistance que j'esp^re que vous lui donnerez pour faire reussir ce dont je I'ai charge, sur quoi je remets a. lui de vous entretenir. Priant Dieu qu'il vous ait, M'' le general Wrangel, en sa s'" garde. Saint-Ger- main-en-Laye, 3 fevrier iG/jg. » Signe « Louis Conlre-signd «Le Tellier. n 593 LETTRE DE WRANGEL A LOUIS XTV. « Sire, Votre Majeste ayant trouve agreabie. . . » — Reponse a leltre precedente. II assure le Roi de son zele a le servir dans Taffaire traitee par le sieur Mathias Thomin. LETTRE DE WRANGEL A MAZARIN. « Monseigneur, Votre Eminence verra par celle. . . » — Meme sujet. LETTRE DE MAZARIN A WRANGEL. «9 F^vrier 164.9. « Monsieur, personne ne sait mieux que V. E.. . » Encore pour lui recommander d'une maniere tres-pressante la mission du sieur Thomin. Signature aulographe. LETTRE DE WRANGEL A MAZARIN. oF^vrier 1649. « Monseigneur, par la lettre que j'ay eu I'honneur de recevoir de Voire Eminence. . . » LETTRE DE MAZARIN A WRANGEL. «Saint-Germain-en-Laye, 16 avril 16/19. « J'ai toujours eu beaucoup de passion de servir M"' Rosen... » — II est encore question du desir qu'a la France d'engager un corps de troupes tres-considerable a la suite du licenciement des troupes suedoises. , Signature aulographe. LETTRE DE LODIS XIV A WRANGEL. * . «Compifegne, 22 mai 1649. « Monsieur le marescbal Wrangcl , ayant tousjours recognu votre affection. . . » — LeRoi approuve le licenciement des troupes de Wrangel. II desire engager uue partie de ces soldats a son ser- — 594 — vice, el lui cuvoie le sieur Milet avec uue mission speciale a eel ellet. Signe • Louis. Contre-signd «de Lom^nie. » LETTRE DE MAZARIN A WRANGEL. * (iCompifcgnc, 22 mai 1649- « Monsieur, le Roy envoyant ce gentilbomme vers S. A. M' le Pi-ince Palatin ...» Signature aulographe. LETTRE DE LOUIS XIV A WRANGEL. « Aiant sceu coninie vous avez rebutte les semonces du mar^- chal cle Turenne qui desiroit etre assiste de vos troupes contre nion service et que vous aviez niontre en cette occasion une affec- tion toute sincere a mes interests en donnant avis a mes plenipo- tentiaires a Nuremberg de son dessein et de la resistance que vous aviez apporte d'y contribuer, je vous escris cette letlre par I'avis de la reine r^gente Madame ma mere pour vous temoigner avec quelle satisfaction j'ai ressenti I'effet de vos bonnes dispositions, vous assurant que je m'en souviendrai et que vous eprouverez ma bonne volonte en toutes sortes de rencontres oii je pourray vous procurer vos avantages. Cependant c'est de bon coeur que je prie Dieu vous avoir. Monsieur Wrangel , en sa sainle garde. Escrit a Dijon, le xxvii° jour de mars i65o. » Signe « Louis. Contre-signd « Lom^nie. » « Comparez avec cette derniere lettre, du 27 mars i65o, celle de Turenne a Wrangel pour I'entraincr dans la prise d amies en faveur de Conde, 11 fevrier i65o, que nous donnons plus loin, page 622. — 595 — LETTRES DE TURENNE A WRANGEL. Dans la menie liasse, comprenant un nombre infini de pieces detachees, sans aucun litre ni classement general , je rencontre jusqu'a soixante et dix lettres de Turenne, toutes originales, avec signatures autographes, quelques-unes entierement autographes. Cinquante-huit sont adressees a Wrangel , et on appreciera facile- men t i'importance de ces documents nouveaux pour Thistoire des belles campagnes de Turenne et des opt^rations militaires de la guerre de Trente ans. Douze sont adressees a divers autres person- nages et ont generalement rapport a la guerre. Quelques-unes ce- pendant, ce ne sont pas les moins curieuses, ont trait aux affaires interieures de la France, si troublee pendant la minorite de Louis XIV. On vena surtout par cette correspondance combien Turenne, apres avoir donne leplan de campagne, comme I'atteste la pi-emiere lettre, faisait soigneusement concorder ses mouve- ments avec ceux de' son allie, afm de couvrir et d' assurer sa route. On remarquera quel prix il faisait de la cooperation d'un general comme Wrangel et d'un secours comme celui de Tarmee suedoise. « L'armee suedoise etant laplus puissante, il faut, ditil, prendre sur elle ses mesures. » L'histoire des deux pays est ega- lement interessee a ce qu'on public enfin les innombrables docu- ments encore inedits sur cette grande epoque que renferment les archives publiques ou particulieres de la Suede. En i854, a paru a Stockholm le premier volume d'un ouvrage intitule : Arkiv till upplysning om SvensJta krigens och krigsinrdliningarnes Jiisioria, c'est-a-dire : Archive pour I'eclaircissement de I'histoire des guerres et des institutions militaires de la Suede. Cette publication, en- treprise aux frais de I'Etat et sous la direction du regrettable prince Gustave, due d'Upland, troisieme fds du roi Oscar, a pour but d'imprimer les principaux documents relatifs aux guerres suedoises en general. Le premier volume , ^dite par M"^ R. M. Klinckovstrom , contient la periode de i63o a i632. Un tel ou- vrage ne pourra pas manquer de faire connaitre des pieces pre- cieuses pour I'histoire de la France, et celles que nous publions ici meriteront sans doute d'y figurer. Cette correspondance de Turenne est en effet un commentaire authentique et precieux des marches habilement combinees par les deux grands generaux de la guerre de Trente ans. — 996 — " Monsieur, <. Vous avez sceu par M. Avaugour^ en quel estat esloient les choses clu coste de de(;.a, et'la proposition que je luy avois dit de vous faire. Depuis cela ayant appris que vous avez pris voire marcbe vers la Turinge , j'ay creu qu'il estoit necessaire que je vous envoyasse une personne de creance afin qu'il vous deduisit les choses que je peux faire, et en quel estat je suis, et aussi qu'il pust sQavoir de vous ce que vous jugerez plus necessaire pour le ser- vice des deux couronnes et de la cause commune. « Jefais partir de Mayence le s' Grotius, qui m'y viendra retrou- ver apres avoir appris vostre intention. « J'ay sceu que M. le mareschal Torstenson ne se trouve pas pre- sentement a I'armee a cause de son indisposition 2, je vous supplie Monsieur d'estre asseure que je me porteray toujours avec beau- coup de joye pour tascher d'effectuer les choses donton sera con- venu entre nous, vous honorant comme je le dois, et estant tres- veritablement , « Monsieur, Votre tres humble serviteur, • TURENNE. fA Baar-le-Duc, le 3 avril i646. «M. Wrangel. » Comparez ici les mouvements indiques dans la lettre de Tu- renne a d'Avaugour , en date du 2k niai i646, que nous don- nons plus loin, page 62 5. « Monsieur, « Je vous avois ecrit au matin par ce capitaine qui s'en relour- noit, mais ayant ouy dire qu'ils out este renconti-es avec une par- tie que je leur avois aussy donnd de quinze chevaux de cette ar- * D'Avaugour, plenipotentiaire fran^ais , scrvait souvent d'interm^diairc enU-e les deux armees. ' Torstenson litail force par scs infirmilcs d'abandonncr sa glorieusc carritre. — 597 —- mee , je me remettray entierement a la lestre que j'escris a mons'' d'Avaugour et vous rends graces de I'escorte qu'il vous a pleu donner a ce capitaime qui a passe jusqu'icy, vous suppliant de me conserver vos bonnes graces et me croire, « Monsieur, « Votre tres humble serviteur, « TURENNE. 0 Au camp d'Auberwesel ', le jour de juin i6/i6. » Monsieur, « Je receuz bier celle que vous m'a\ez faict Thonneur de mes- crire, et suis bien resjouy que ceste place se soil rendiie dans le lamps qu'elle a faict, afin de me rendre au plustot au lieu on nous avons concerte par ensemble, me remettant a M' le baron d'Avau- gour pour vous en faire s(;avoir les particularilez, auquel j'escris en chilTrcs pour cest effect. Je vous supplieray me croire tousjours, « Monsieur, "Voire Ires bumble el trcs affertionne servileur, n TURENNE. « All camp prez Scborendorf, le 9 seplenibrc ifi/iG. » « Monsieur, « Je vous escrivis bier comme Scborendorff s'esloit rendu, et que je partois ce matin; mais, craignant que mes lettres ne vous soient pas rendues, je vous fais ce mot pour vous donner advis comme je pars a present pour Guemund ou je seray aujourdbuy, et en cas que je n'y apprenne de vos nouvellcs , je marcheray droit a La\vingben\ c'est, « Monsieur, « Voire Ires bumble et Ires affectionne servileur, « TuRENNE. «Au camp dc Scborendorf, le 10 septembrc iG.'iG.d 11 En marchant. » « Monsieur, " Encor que le gentilbomme que je vous envoyay bier ne soil point de retour, si est ce que je n'ay point laisse de marcber au- jourdbuy, et vaaHedenem loger pour demain aller a Lawingben , si ce n'est que je ne recoive nouvelles de Voslre Excellence; a.u * Lauingcn, en Bavifere, sur le Danube, au N. 0. d'Augsbouri;. — 603 — conlraire, cependant, je vous suppliray me croire toujours avec autant de verite que personne, " Monsieur, « Voire Ires humble et tres affectionne servileur, « Tdrenne. " <(En niarchepourIIeclenliP.ini', lo 13 scpfenibre iG/i6. » " Monsieur, 0 Je me suis donne Thonneur d'escrire a Vostre Excellence par une plus prompte voye, celle-cy est seulement pour vous remer- cier de Tartillerie qu'il vous a pleu me prester, estanl tres satis- fait du major et des autres olficiers, vous suppliant de me croire lousjours Ires veritablement, « Monsieur, « Votre tres humble et tres affectueux serviteur " TllRENNE. (V Au camp de Lawinghen , \c 1 4 septembre 1 646. » n Monsieur, « J'ay commande de la cavalerie pour escorter vostre artillerie et rendre graces tres humbles a Vostre Excellence de ce qu'il a pleu me la prester, le major et les autres officiers ont tres bien I'aict leur debvoir. « Je passe aujoardhni le Danube, el marcheray entre Augslourg et llhein^,je laisse deux hrigades dans Laivinghen, et Icar ordonneray de s'y accommoder le mieux (jails pourront. J'espere avoir bien tost I'honneur de voir Vostre Excellence de laquelle je suis, « Monsieur, « Le tres humlile et tres affectionne serviteur, " TCRENNE. oAu camp de Lawinghen , Ic 1 A septembre i646.» ' Heidenheim, villc aclnellc de Wurtembcrg, sur ia Brcntz, a 82 kil. S. d'EHwangcn, a 78 E. de Stullgard. - Rbain, petite viile rortifi^c de Baviire, au S. du Danube, sur le Lecb, tout prfes de son embouchure. — 60'i — « Monsieur, « Je vous envoie une lettre de M. do Barnbai (?) el du gouverneur de Donavert. K Je serai demain apres midi avec neuf regiments aupres de Burgau', et vous ferai savoir si j'aprens quclque chose, si Icsavis continuent, nous pourions marcher droit a Rhein. C'est, « Monsieur, "Voire tres humble et Ires affectionne serviteur, " TUBENNE. 0 Ce jeudi , a quatrc heurcs du soir. » Comparez ici la lettre du 17 oclobre 16/16, que nous donnons plus has parmi les lettres de Turenne a divers correspondanls. II y parle de la prise de Rhain et d'une marche avec Wrangel siir Augsbourg. II y a d'ailleurs ici une interruption dans notre correspon- dance, parce que Turenne et Wrangel sont reunis. « Monsieur, '< Je vous envoye [e passeport qu ii vous a pleu me demander pour les grains que ceux de Neubourg veulent faire assendiler dans le pays pour les transporter a Rain, j'en escriray encore au com- mandant de Lawinghen de ne les laisser pas seulement passer aupres de sa garnison, mais aussy d'y prester toute sorte d'assis- tance. « Vous sjippliant de me croire que je suis tres veritablement , . Monsieur, " Votre tres humble et tres afiecrionne serviteur, « TORENNE. nSaulgau, le li febvrier iGi7.» Messieurs les deputes de Baviere qui sont a Ulni ayants desirez que le commerce puisse demeurer libre dans les pays, le leur ayant besoing ' En Bavi^rc, i\ 10. d'Augsbourg. — 605 — (le vin, el ceux cy de sel, je lear ay donne I'asseurance ue inon v^..^, vous suppliant de les en vouloir aussy asseurer du vostre. « Monsieur, « Arrivant au quartiei' general, j'ai trouve celle que vous lu'avez fait riionneurdenrescriresur les clifficultesdes contributions ducom- luandant de Nordlinguen , et s'il vous plait, a cesfe heureque M. de Mortaigue et Monsieur Douglas sont a Ulm, de leur vouloir remettre ceste affaire, je le feray de mesmes a M. de Tracy. Et comme vous parlez du Kocher et du Necker, je vous diray qu'il n'y a plus que huict ou dix heures de la au Rhin, de sorte qu'il se trouveroit que ceste garnison de Nordlingen tiendroit une partie de la Souabe. « J'ay envoye M. d'Hoquincourt pour prendre le chasteau de Tubingen, qui m'est fort necessaire pour tenir une porte sur le Necker. <' On a pris aussy ces jouis passes Bahlingen ' ; il y avoit septante chevaux et septante honinies de pied qui se sont rendus a discre- tion. " Pour ce qui est des enlreprises sur le Lech, je vous envoyeray un de ces jours quelqu'un pour vous dire ce que je veux faire, cependant je demeureray toujours, n Monsieur, « Yotre tres humble et Ires alfeclionne serviteur, «' TURENNE. nASaulgau-, le 16' febvrier 1647.11 « Monsieur, « Sur la nouvelle que M. de Konigsmarck m'a mande qu'il avoit iaisse son bagage et infanterie dans Mariendai, et ayant desire de moy que je feisse advancer quelques regimens vers Scorendorff affin de luy donner moyen de marcher vers le Meyn, je ni'y en vas avec dix regimens de cavallerie, laissant le bagage dans mes quar- liers. Si nous apprenions de la que I'ennemy s'y eust engage avec ' Bahlingen, ville du VVurtemberg occidental, sur i'Eiach et la Steinach, au N. 0. de Reutlingen. ' Entre Stultgard ct FriedricsLafen. — 006 — la partie devaut Mariendal , je continuerois mon chemin jusques laavec M. Konigsmarck. A mon retour, je ne niancqueray pas d'en- voyer quelqu'un vous trouver, et vous eusse donne un lieu oil nous nous fussions veus sans que je pars demain matin. Je vous supplie tres humblement de me croire, « Monsieur, « Votre tres humble et tres affectionne serviteur, '« TURENNE. (lASaulgau, ce 18 fi^bvrier i6ii7.» "< iMonsieu)', « Ayant jugo a propos de vous envoyer ce gentiihoninie pour vous proposer de ma part les choses dont je I'ay instruit, je I'ay voulu accompagner de ce mot pour vous supplier de I'escouter favorablement en sa descharge et me faire la faveur de me croire tres veritablement , " Monsieur, « Votre tres humble et tres afiectionn6 serviteur, « TuRENNE. • Blaubeure', le 27 f^bvrier 1647. » « Monsieur, « Vousenvoyant M. du Perron pour vous communiquer quelque chose sur les difilculles qui se sont presentees pour les quartiers, je supplie tres humblement Vostre Excellence le vouUoir entendre et adjouster foy sur ce qu'il luy represenle de ma part, me croyant tousjours avec autant de verife et inclination que per- sonne, « Monsieur, • Voire tres humble et tres affectionne serviteur, « Tdrenne. « A Gingen-, le 3 avril 16^7.1) ' Biauberen, Arm Flaviw, ville de Wurtembcrg sur le Blau, a i5 kit. O. d'Ulm. Victoire des Fran^ais sur les Autrichiens, en 1800. ^ Giengen, k Vextrdmite orienlale du VVurlembcrg, sur un petit affluent du Danube, au S. O. de Gmund. — 607 — « Monsieur, n Le gentilhomme qu'il a pleu a Vostre Excellence m'envoyer, m'a trouve sur mon parlement cVHailbron\ et comme il n'a pen attendre plus longlemps que j'en fusse de retour ni venir avec moy, a cause qu'il eusse trop esloigne son chemin, il s'en retourne incontinent luy ayant donne un memoire sur ce qu'il a pleu a Voire Excellence me proposer, la suppliant de me croire, >' Monsieur, « Voire Ires humble el Ires aft'ectioune serviteur, « TURENNE. (I Gesldorf , le 7 avryi i647.» « Monsieur, • « Ayant juge a propos d'envoyer quelqu'un vers Vostre Excel- lence pour tacher de vuider nos affaires touchant les quartiers, j'ay dit a M. de Paris de vous trouver de ma part, vous suppliant tres Lumblement le vouloir escouter en ce qu'il vous dira, et luy adjouster entiere creance, comme je I'espere, et que vous me croirez tres veritablement, « Monsieur, « Votre tres humble et Ires affectionne serviteur, « TUBENNE. «Diertzbach, Je i4 avryl i647.» « Monsieur, 0 Envoyant vers Votre Excellence le sieur David, quartier- maistre general de cette armee, pour conclure avec luy touchant queM. de Paris m'a rapporte, je vous ay voulu supplier, Monsieur, de ne pas seulement signer ce qu'il vous presentera de ma part, mais aussy luy vouloir donner audience telle en touttes les choses ' All N. du Wurtemberg , sur le NecLcr. — 0U8 — ([u'il voiib proposeia, comme je I'espere de Voire Excellence a laquelle je siiis et deaieureray toujours, Monsieur, « Le tres humble et tres ailectioune serviteur, « TURENNE. i « Monsieui , " Je renvoyc vers Vostre Excellence celuy qu'il luy avoil pleu m'envoyer, qui luy dira I'eslat des affaires de ce pays, et comme des qu'elles seront achevees, je relourneray vers Bischofsheim, et Jonneray un lieu a Vostre Excellence ou je puisse avoir I'honneur ' En Fraiicoiiie, eiilrc Mergeirlieim et Wiiiizbourg. - WiirUbourg, siir Ic Mein, dans le cerclc de I5asse-Franconie (Bavitrc sep- icnli'ionale). '' Gross-Gcrau, villc acUielle de Hesse-Darinsladl. — (309 — (le la veoir, la suppliant cepeudaut de me croire tres veritable- ment, Le tres humble et tres affectionne serviteur, « TORENNE. « Ebersbach , ie 10 may i648.» « Monsieur, u Depuis que nous nous somnies separez , j'ay encore attendu quelque temps pour faire la rejouissance pour la paix, mais n'ayant point des nouvelles de V. E., et ayant sceu conime I'armee de Baviere se separoit, j'ay fait faire les salves et ay mis cette ar- mee dans les quartiers. II n'y a rien de nouveau en ce pays. Je supplie V. E. de me faire sgavoir de ses nouvelles do temps en temps, a quoy je ne manqueray de mon coste, on sgaura a Hail- ' Est-cele cbaleau de Huyslmrg, j>rfes cle Halberstadt? M. " 4o. — 620 — bron ou je seray, continues moy I'honneur de vos bonnes graces et me croyez , « Monsieur, « De Votre Excellence , « Le tres humble et Ires afTectionne serviteur, — 622 — Compitgne, 8 avril 1649. Lettre de couiplinients entierement autographe. ' Lettre re^ue^ Nuremberg, le 3o aout 16 '19 : 0 Monsieur, « Je n'ai peu laisser partir M. des AHus (?) qui s'en va ou est V. E. sans I'assurerde la continuation de mon service tres humble. Je la supplie de me coutinuer Tamitie qu'elle m'a promise, j'es- pere que nous pourons nous revoir quelque jour. On passe icy le temps a la chasse et a faire bonne chere. Toutes les reconciliations sont faites, et on parle fort de la paix avec I'Espagne. Je demande a V. E. la continuation de I'honneur de ses bonnes graces, estant tres veritablement , " Monsieur, » Votre tres humble et tres affectionne serviteur, « TURENNE. ' P. S. V. E. me permettra de prendre la liberte d'assurer Ma- dame votre femme de mon service tres humble. « A Compiegne, le 6' aoust i64i)- » « Monsieur, « Je ne double pas que V. E. n'aie appris I'arrestation de Mon- sieur le Prince, et comme il n'est pas seulement soubronne d'avoir eu aucun dessein contre TEstat, ayant este trompe par une per- sonne pour la conservation duquel il s'estoit mis mal avec beau- coup de gens , le Roy a donne une declaration I'annee passee , par laquelle il proniet a tons ses subjects qu'on ne mettra personne en prison qu'au bout d'un certain temps qui ne va qu'a deux mois il n'en soit pris cognoissance par les juges ordinaires qui sont les cours de parlemenl qui condamneront ou absoudront suivant ce qu'on aura faict; on ne demande que la mcsme chose pour Mons*^ le Prince. Je crois que V. E. ne peut pas desapprouver cette demande, et j'espere que par I'estime que tons les gens d'honneur faisoyenl de Mons"" ie Prince que V. E. sera touchee de son malheur et qu'elle me fera la grace de m'addresser a Stenay les officiers qui voudroyenl servir pour une cause si juste. J'espere qu'on reme- diera par sa liberte a taut de malheurs, ot V. E. auroit pilie de — 623 — voir coninie la France est gouvernee par des interests pai ticuliers et point clu tout par le bien de I'Estat. Je me confie en Tamitie que V. E. me iaict I'bonueur de me promettre, et la supplie de me croire , « Monsieur, « De Voire Excellence, « Tres humble et tres affectioune serviteur, « TURENNE. n A Steiiay, le 1 1 febvrier i65o. » On sail que Wrangel ne repondit pas a I'appel factieux de Tu- renne. Louis XIV en remercia le general suedois par la lettre que nous avons citee plus haut, page 69/1. « Monsieur, « Le frere de Monsieur de PodeM'ils, general dans les armees du Roy, qui a rendu de grands services, el lequel je considere et estime fort, ayant tous ses biens dans la Pomeranie, et particu- lierement son chasteau de Demmin avec les terres qui en de- pendent, je supplie tres humblement V. E. de le vouloir consi- derer avec tout ce qui luy appartient. II s'appelle Felix de Pode- wils, et je vous auray une tres particuliere obligation s'il plaist a V. E. de I'honorer de ses bonnes graces et de sa protection , ainsi queje Ten supplie instamment, et vous asseure que je suis tres veritablement, n " Monsieur, « De Voire Excellence, « Tres humble et tres afiectionne serviteur, « TUKENNE. B A Pai'is , ce 2 1 ° may 1 6(53. • LETTRES DE TURENNE A DIVERS'. Copie de i'original de la resolution de M. le mareschal de Turennc, sans dale: « M. de Turenne n'est point assez fort pour secourir Mem- ' Adress^es, soit au diplomate franijais d'Avaugour , qui , nous I'avons dit , ser- vaitd'intermddiaire entre les deux gendraux ct coninmniquait ces letlres k Wran- gel, soit A des princes ou chefs elrangers, ellcs contribuent, comme les pr^c^- dentes , k dclairer I'histoire de la guerre. — 624 — mingen , les regimens de Casparlo(?) et Vreitz qui font quinze cents dragons estans en lieu ou ils peuvent en deux jours joindre M. Enckefort (?), et outre cela I'armee de I'Empereur est en un poste d'ou elle pourroit destacher un corps pour le venir couper sur le Necker, et conmie cela luy oster moyen de regagner le Rhin. « II semble a M. de Turenne qu'il ne faut point que les armees agissent autrement qu'en se pouvant donner la main, car il arri- vera tousjours un inconvenient que Ton a souvent veu qui est que les ennemis avanrans centre une armee seule, ils la poussent si loing qu'ils luy ostent tons moyens de se remettre si tost en cam- pagne. « L'armee suedoise estant la plus puissante, il faut prendre sur elle ses mesures, et suivant la marche des ennemis et le moyen que l'armee suedoise donnera de I'approcher, on y correspondra de ce coste icy sans perdre un moment de temps. « Pour les cavalliers qui ont quitte ceste armee, on a trouve fort raisonnable qu'ilz ayent servi la couronne de Suede toutte ceste campagne, puisqu'ils demeurent si fermes dans leur opi- niastrete a ne vouloir pas revenir, mais on ne doubte pas que M. Wrangel ne trouve un des trois expediens, de les rendre, de donner d'autres cavalliers a la place, ou que la couronne de Suede donne le pareil nombre de regimens et d'hommes qui luy sont venus du service de celle de France. » Ce dernier paragraphe fait allusion a des difTicultes qui s'etaient elevees entre la France et la Suede, a Toccasion de 2,000 reitres qui avaient passe de l'armee de Turenue dans celle de Konigs- mark. On trouvera d'amples renseignements a ce sujet dans les M^moires tires des depecbes de Chanut, par Linage deVauciennes, Cologne, 1677, in-i8, pages 192, 280, etc. Copie de ia leUre du m.ir^chal de Turenne i M. le baron d'Avaugour, du 16 avril i646. " Monsieur, '< J'ay receu en arrivant icy celle qu'il vous a pleu m'escrire d'Hutling ' et en mesme temps eu nouvelles de Lauingen que les ' Est-ce Tulliiigen, prts dc Stulgard? __ 625 — ennemys debvoyent estre arrives hier au soir a Thonawerth, sur quoy je marcheray vers Gopping^ et en y faisant assambler I'ar- mee j'auray Thonneur de troiiver Mous"^ Wrangel pour voir quelle resolution on pourra prendre , c'est « Monsieur, « Votre tres humble serviteur, « TURENNE. « P. 5. Quand nous serons ensemble je vous assure que je seray tres aise que nous puissions faire quelque cbose contre I'ennemy. « Au camp au-dessous de Lorch. » A monsieur le baron d'Avaugour : « Monsieur, « Je ne doubte pas que vous n'ayez receu mes precedentes et suis bien aise que vous soyez revenu a I'armee coninie je I'ay veu par la vostre. ■? Je me tiendray prest a passer le Rhin le dernier de ce mois, ou le premier de I'autre vers Bacharac ou Sainct Goarbaus. En cas que Tarmee de I'ennemy fust ensemble sur le Main vers ScbafTen- bourg ou plus bas, il seroit necessaire que M. le general Wrangel commandast un corps pour me venir lecevoir vers Limbourg ou Nassau sur la Laone^, de peur que jene fusse rencontre par une grande marche des ennemis dans le cbemin du Rhin a la Laone, ou en passant la Laone ; sy I'ennemy avoit pris la porte de Vetzlar avec toute son armee, je ne pourrois plus passer a moins que M. Wrangel vinst jusqu'a Nassau sur la Laone avec la sienne. Je n'ay point encor de nouvelles que I'armee de Baviere s'assemble , vous suppliant de me croire tousjours, <« Monsieur , n Votre tres humble serviteur, « TuRENNE. nAMayence,le 2k may i646. » ' Goppingen, dans les Alpes de Souabe, prfes de Tubingue. ^ La Labn, affluent du Rhin , sur la rive droite. — 626 — Copie dc la leltre de M. le mar^cLal de Turcnne escrillc a M. le baron d'Avaugour : « Monsieur, n Je croy que ce gentilhomme sera arrive auprez de vous. Les affaires ne sont point changees de face, et I'ennemy eslant a Aschaffenbourg, comme tons les advis me I'apportent, je peux aisement estre rencontre entre icy et ia Laone , de sorte que je ne peux pas marcher que je ne sQache I'armee de Svede advencee jusque vers Linibourg, n'estant pas raisonable que je me mette en une marche sy dangereuse avec de gros canons el du bagage , I'ennemy pouvant en vous laissant six ou sept heures a sa main droiteme tourner dans la marche. J'ay eu de tres grandes difficultes a faire le pont a cause des rochers et du vent. Je vous supplie que je puisse avoir promptement de vos nouvelles et que je scache quand vous arriverez a Limbourg. C'est , « Monsieur, <■ Votre tres humble serviteur, V « Tdbenne. » u Au camp prez Bacharak, le 9 juin i646. " Commaniqud par M. le baron d'Avaugour, Ic 8 juiliet i646. « Je vous supplie de dire a Mons'^ le general Wrangel que j'avois marche et passe le Rhin lundi dernier suivant ce que je vous avoismande; et ayantappris que les ennemis arrivent ce mesme jour a Fridberg, j'ay envoye une partie de mille chevaux, qui m'a rapporte comme les ennemis marchoient contre luy etme cou- poient le chemin , de sorte que je ne vois plus que Ton se puisse joindre par ce chemin icy, et m'en vay prendre celuy de Coloigne et tascheray de faire le pont plus haul que Wesel, sinon j'iray passer la; tout ce que je pocfirois faire en remontant le Rhin se- roit une diversion fort foible , et toute esperance seroit ostee de se pouvoir joindre. Je laisse deux ou trois mille hommes sur le Rhin et suis, « Monsieur, « Votre Ires humble serviteur, " TURENNE. I' Auquartiergendral, le 5 juiliet i6/16.» — 627 — « Messieurs, « Comme je croy qu'il est uecessaire que vous soyez advertis de ce qui se passe entre les arniees, je vous diray comme apres la prise de Rayn nous estions allez devant Augsbourg , esperans faire quelque chose par la dissention des habitansqui sont de difTerente religion et mesme en estions venus si avant qu'il y avoit lieu d'en bien esperer, mais les armees ennemies s'estant approchees de nous, nous n'avons pas creu pouvoir continuer le siege et resister a I'ennemy en mesme temps. « Ce siege ne nous a afToibli que d'un peu d'infanterie , mais cela n'est pas considerable, M. de Baviere a remonte sa cavalerie et renforce son infanterie, M. I'archiduc a aussi eu du renfort du cote de Bohaime de sorte que je croy que nous sommes esgaux en force. « Nous ne nous esloingnerons point de I'ennemy trouvant assez a vivre ou nous sommes. II ne s'y est rien passe en nous retirans d'Augsbourg qui puisse donner le moindre adventage a I'ennemy; c'est, • Messieurs, « V. . . . (1 Au camp de Vertingen, le 17 octobre i6i6. » Cette leltre est sans adresse et sans signature, au moins sans une signature complete. Le contenu et I'ecriture prouvent evi- demment que Turenne en est Tauteur; mais a qui est-elle adres- see? A Wrangel et d'Avaugour? Peu importe pour qui veut y chercber principalement la suite des operations militaires. A MM. les bourgmaistres , consulz et senat de la ville d'Ulm. « Messieurs , « Dans le partage qui s'est faict des quartiers d'hyver, le regi- ment de Beauvau ayant escbeu d'avoir les terres qui dependent de la ville d'Ulm, jay creu vous debvoir prier comme je fais de les vouUoir faire entrer dans les villes et leur faire donner la sub- — 628 — sistance qui leur sera ordonnde par M. Tracy, commissaire general de ceste armee, a quoy ra'attendant je demeureray a tousjours « Messieurs, « Votre tres humble serviteur, « TURENNE. • AGingen, le 3 avril iGA?." « Monseigneur, « Mods'' ie comte de Hohenloe Schillingsfiirst m'ayant repre- sente le miserable estat de son pays, je I'ay bien voulu recom- mander icy a Vostre Altesse et la supplier affectueusement d'y vouloir aussy jetter ses yeux favorables en le soulageant autant que faire se pourra sans rincommodite de ses trouppes, au bien et adventage desquelles contribuera tousjours volontiers ses offices celuy qui est, etc. » Sans signature et sans date. Ces indications semblent avoir litd arracb(5es. Mais it y a en marge d'une autre ecriture : a le marechal Tourenne, i" avril 1647." A son altesse M. le Landgrave Frederic, general major de la cavallerie de I'armee capitale de Suede a Mergentheim^ « Monsieur, « Je supplie tres humblement V. A. que je puisse avoir de Lauda ou de Mariendal deux cents sacs de farine. Vous m'obligerez extres- mement, car noire infanterie commence a manquer de pain. Je m'assure que S. E. M. le marechal Vrangel le trouvera fort bon a cause que nous sommes si pres de vos quartiers. Faites moy I'hon- neur de me croire , de Votre Altesse. « Monsieur, « votre tres humble et tres obeissant serviteur, « TURENNE. «Ce 6° mars 1648. » ' Sur la route de Stutgard a Wurzbourg. — 629 — (c Copie de la lettre de M. le mardchal Turenne k M. le baron d'Avaugour. « Monsieur, « J'ay receu vos deux lettres a une demie heure runedel'autre et ayant aussi les mesmes avis de Lauvingen , je ne m'arresteray pas icy el m'en va marcher. « J'avois donne ordre a mon infanterie de marcher vers Hirstein, niais je m'en va la faire revenir dans la vallee de Schorendorff, et quand j'apprendray que M. le marechal Wrangel approchera , je me mettray en quelque lieu proche de Gepping et quand vous approcherez je pourray conferer avec M. le marechal Wi'angel. Je vous supplie de me croire, (1 Monsieur, « Vostre tres humble serviteur. « Turenne. dPrfes Heidenheim, ce 27 avril i648. » ( Monsieur, Votre tres humble serviteur, « Turenne. » n Aucamp, ie 6juin i6i8. A Monsieur, Monsieur le comte Cartz grand chambellan et premier ministre de S. A. El. de Baviere. — 630 — Extrait d'une lettre de Monsieur de Turcnne I'crite a M. le baron d'Avaugour, le 3i decembrc. Sans ann^e. « Je ne sray pas ce que la Cour et M. Ic comte Servien vous respondront sur ce que dit M. le prince Charles Palalin qu'il envoyera des regimens en ces quartiers icy. Mais pour moy je vous supplie de lay dire jusqu'a ce que les places soyent rendues et que nous repassions le Rhin, que nous ne pouvons vivre qu'en ces lieux la qui font des contributions des places de Sa Majeste, que si j'ay eslargi deux ou trois compagnies dans les lieux qui leur appartenoient, ^a est pour oster le fardeau des lieux presses afBn qu'ils puissent mieux payer leur satisfaction; mais que des que leurs trouppes ou leurs garnisons s'en plaignent je les fais sortir tout aussy tost. • Pour ce qui est des terres d'Ulm, MM. Douglas et de Tracy sont convenus qu'on ne leur demanderoit plus des contributions au mois de juin, c'est pourquoy on les a assignes a un regiment de cavallerie seulement pour les deux mois d'avryl et may, passe lequel temps il ne leur sera plus rien demand^. 1 Pour ce qui est de Bibrac la garnison n'en est point sortie et on altendoit la resolution qu'il plairoit prendre a M. Wrangel, affin de mettre le regiment qui estoit dans Bibrac a Rotembourg et point d'autre et comme il ne reste plus guerres a conclure, M. de Turenne envoyera a son retour de Flailbron quelqu'un a Mons'' Wrangel a'Kn d'en convenir, jugeant tres necessaire de mettre fin a cest affaire la. » Sans sicrnatiire ni date. A Monsieur Douglas. « Monsieur, n J'ay receu la lettre qu'il vous a pleu m'escrire, et ne m'oppo- seray point a la subsistance que messieurs du cercle de Suabe voudront donner aux regimens qui sont venus avec vous. Pour ce qui est du parlagement des quartiers, comme nous n'en tenons pas la dixiesme partie de ce que vostre armee occupe en Allemagne, aussi je croy que vous ne trouvez pas raisonnable de vous loger — 631 — dans ceux de Tarmee de France; si cest pour le payement de vostre milice, nous vous y aiderons tres volontiers. n Et corame vostre arniee estoit si eloignee et le temps de la ratification de la paix appi'ochant, je croyois qu'il n'y monteroit point de trouppcs en Suabe, so contentant d'en tirer I'argent qu'ilsdoivent a vostre milice. D'avoir eslargi quelques compagnies dans vos quartiers pour faciliter aux autres vostre payement, je ne scay pas si cela vous donneroit subject de desirer vous loger dans nos quartiers, cela est en bien differens termes, car je I'ai fait vos trouppes n'y estans pas, et n'en pretendant ricn plus suivant le traicte que leur satisfaction , et a ceste heure les regi- ments de cette armee sont tous dans les quartiers. Je ne doubte pas, monsieur, qu'il ne vous plaise considerer ces raisons, et si vous venez a Ulm, comnie on le diet, je seray tres ayse d'avoir I'honneur de vous voir et de vous assurer que je suis. « Monsieur, « Vostre tres humble s^iteur, « TURENNE. 0 \ Tubinguen , le 6 janvicr 1 6/19. « M. Douglas. » Bien que les atlas el les livres speciaux dont nous nous sommes entoures, ceux de Spruner, de Berghaus, etc., ne nous aient pas permis de retrouver absolumcnt toutes les stations indiquees par cette correspondance de Turenne , on a pu suivre cependant les marches habiles qui out tant contribue a amener la glorieuse paix de Westphalie. On a dans ces lettres les moyens d'apprecier quelle a ete, dans cette paix, la part des amies, celle de la diplo- matic, quelle confiance a paru regner entre les deux generaux, quelles inspirations chacun d'eux recevait de son gouvernemenl, questions importantes pour I'histoire diplomatique etmilitaire, et pour I'histoire generate. Les fragments qui suivent proviennent des rapports transmis par un nomme Morin a Wrangel , et se trouvent dans la meme liasse que les lettres prccedentes. Ce Morin sembie avoir servi d'agent aupres des cantons Suisses et des Efats d'ltalie, tant la po- litique de la Suede etait alors etendue, tant ses generaux s'entou- — 632 — raient d'informations g^nerales et loinlaines. Toutefois, ce Morin ne parail pas etre au service de Wrangel puisqu'il dit en parlant de la flotte frariQaise : " Notre flolte. .. ■> Peut-etre est-ce un espion qui transmet a Wrangel les depeches de notre ambassadeur en les apostillant de sa main? i(De Piombino, i" aoiit 16^7. '1 Noire armee navale est arrivee ici depuis quatre jours, com- posee de 20 galiotes, 3o vaisseaux et plusieurs brulots , barques, tartanes et aulres bateaux , attendant des nouvelles de ce qui suivra de cette revolte de Naples. . . » dRome, 4 aout 1647- « II n'y a plus a douter que le royaume de Naples iet Sicile ne soient entierement revokes, n'y ayant villes forteresses ni villages ne brulant et tuant tout ce qui s'oppose aux libert^s publiques. Le vice-roi de Naples s'est sauve dans des vaisseaux avec quelques nobles napolitains, ne pouvanl resister a la furie de plus de vingt mille habitans amies , lesquels ont decouvert que toutes les pro- messes et caresses qu'il leur fesait n etaient que pour les attraper... La capitale de la Calabre s'est portee a cet exces qu'elle a tue tons les ministres espagnols et meme ceux qui tenaient leur parti et jusqu'a leurs enfans et a mis le feu a leurs niaisons. — Par le passe ces peuples avaient crie : Vive le roi catholique; et a present ils ne parlent plus du nom du roi seulement; ils veulent se mettre republicains ; ils ont fait mettre la statue d'un cheval sans bride sur la place publique sur un piedestal avec cette ins- cription : Vive la liberte. — La plus grande partie des nobles se sauvent ou ils peuvent; ils seront reduits a toute extremite si ces peuples deviennent resolus, d'autant qu'ils n'auront pas un sou de leurs revenus assign^s sur des gabelles deja 6teintes. . . » • Genes, 6 aout 1647- 1 Si notre armee navale s'avance du cote de Naples, nous verrons de belles affaires, car le lumulle y croit tons les jours et en Sicile aussi. Et les Milanais, voyant notre armee puissante en Piemont, comniencent a afficber par les rues que si on ne les exempte des impositions, ils feront pire que les autres. » — 633 — Aposlille de recriturc de ce meme Morin a la lettre prec^denle, qui est seulement sign^e de lui : « H y a des choses qu'on ecrit un peu avec passion , car le peuple proteste de vouloir vivre sous la domination espagnole pourvu qu'on lui confirme ses privileges , ce que le vice-roi a fait. » 0 Turin, 16 aoiit 1647. « La revolte de Naples s'estapaisee par la presence du vice-roy. . . Le due general du bataillon de Naples s'est sauve, ayant eu des intrigues secretes avec les Fran(^ais; de meme a fait son frere, dans la maison duquel on a trouve des pieces d'or avec Teffigie des rois de France. Mais don Joseph de Carafia a ete tue par le peuple pour le meme sujet, ayant voulu introduire les Fran^ais a Naples et leur fournir des armes. » Parmi les liasses non brocliees qui nous ont deja offert des lettres de nos rois, de Turenne, etc., on trouve encore des lettres, la plupart en franrais, de Torstenson, de Konigsmark, d'Otto de Stenbock, de H. Appelboom et Laurent de Geer, qui sont pries, en i645, duranl la guerre entre la Suede et le Danemark, de louer deux navires pour la reine de Suede; enfin, beaucoup de lettres eparses de ce Morin dont nous avons deja rencontre des rapports adresses a Wrangel. Ces lettres sont de la fin de 16/17. II faudrait a coup siir un long et penible travail pour classer seulement ces innombrables pieces; mais I'historien du xvii° siecle et particulierement celui de la guerre de Trente ans retirerait sans aucun doute d'un tel travail des fruits inattendus. Le plus grand nombre des liasses sont completement classees et ordonnees. Elles forment une enorme quantite de gros volumes petit in-folio ou in-quarto, brocbes et cartounes, et elles se divi- sent en collections particulieres. La principale de ces collections est certainement celle des pa- piers de G. G. Wrangel, comprenant au moins 200 de ces vo- lumes in-folio et in-/i°. Dans le volume n" 71, intitule : C. G. Wrangels BrefvexUng med utlandshe Herrar, je ti'ouvc : Une correspondance avec le baron D'Avaugour, ambassadeur MISS. SCIENT. IV. 'l 1 — 63a — du roi de France, plenipotentiaire pour la mediation enlre les cou- ronnes de Sukle et de Pologne, 1 656— 1667, Lettres ^criles de Dantzick, de Marienbourg, etc. Six lettres de Duquesne a Wrangel , entierement autographes. On sait que Duquesne, dont le perc avait servi sur les flottes de Chrisliue, avait pris du service sur les floltcs suedoises apres la paix de i6d4. H avait en cette occasion coniballii les Danois, et avait failli faire prisonnier leur roi Christian IV, dans un combat en vue de Gothenbourg. II est curieux de voir en quel style et pour quelles raisoiis il olTrait ses services, et combien, a Texemple de Turenne, il estimait Wrangel. On aimera sa Tranche energie et son dedain des cours, qui donnent quelquefois a son style une veritable eloquence : 0 INIonseigneur, « Ausitost que jay seu que Vostre Excellence estoit a Stockholm ou je croy que mes lettres luyseront rendus plusfacillement, je nay voulu perdre loccasion de luy rendre mes obeissances et I'aseurer de la continuation de mes tres humbles services et de mes veux pour sa prosperite a laquelle je prendray tousjours tres grand part V. E, estaiit la persone du monde que j'honore le plus. o Je me suis donne Thonneur de luy escrire il y a plus de trois mois lorsque quelques vesseaux de Tarmee navale du roy allant secourir Dunquerque furent pris par les Anglois et comme mon frere avec son vesseau avoit esvite cette mauvaise rencontre ayant eu permission d'aller a la guerre d'un autre coste ou il a fait quel- ques prises quy ont paye son armement quy avoit este fait a nos despens. II est a present de retour dans le dessain de retourner en mer dans quelque temps, non pas a Tarmee, ou tres peu de vieux ofliciers servent a cause des personnes de faveur que Ton introduit dans le commandement, pour mon parliculier je nay point ser\'y par cette reson depuis le voyage du Roy a Bordeaux ny ne pretens pas servir que ce ne soit avec honneur et satisfaction quoyque ce ne soit pas mon element d'estre inutile. 0 Depuis quelques jours il est alle en Angleterre de la part de la Cour ung envoye. Ton ne sait encor comme il r^ussira et sy les Anglois rendront les vesseaux du Roy qu ils ont pris, 0 Une parlie de I'armee des Hollandois est depuis leur combat contre les Anglois posee a I'entree de Tamise, tous ces Anglois en — 635 — enragent et font leur effort a se mettre en estat de les chasser de ce poste ou lis incomniodent fort le negoce prenant tons les vesseaux quy viennent de loing aborder la riviere et depuis six jours ils out pris trois vesseaux charges de suci-e qu'ils ont envoye au Havre pour se rajuster. « Je me suis estonne comme quoy les HoUandois se sent con- tentes de la prise de deux vesseaux de guerre dans la derniere rencontre de leurs armees ou les HoUandois avoient barre sur tes Anglois lesquels j'estime n'avoir pas este malheureux d'avoir este quite a sy peu de perte, ails avoient eu afiaire a V. E. ils en auroient taste a la mode des Danois que Ton dit ycy cjuy arment en faveur des HoUandois. Ma curiosite me porte fort a s(^avoir ce que V. E. fera dans ce rencontre et sy elle ne fera pas ronfler le canon. " Je suis fort persuade que la Suede tiendroit apoiut d'honneur que la fin du monde surprist cazy toutte i'Europe les armes a la main et qu'elle ne I'eust pas, et particulierement du regne de cette genereuse guerriere que je sais avoir tant d'estime pour vos^en- timens. « J'advoue que j'aurois grande jalousye sy j'entendois dire que V. E. ne fust pas encor grand admiral, Elle y ayant lant de droit et cette charge se raporte sy fort a son humeur que je n'en saurois doubter. Quelle me face done I'honneur de me ferre advertir quand cela sera, a celle fin que dans la rejouisance c[ue j'en feray je fasse tirer le canon, non pas celuy du Roy, mais plus de cin- quante pieces que j ay gaignees sur ses ennemis. «Je finiray la presente, Monseigneur, en vous suplyant tres humblement d excuser la liberte que je prens des affaires quy vous touchent et ou je prendray toute ma vie tres grand interest, comme la personne du monde qui vous est le plus acquise et qui se sent parfaitement , <' Monsieur, de Vostre Excellence « Le tres humble et tres obeissanl et tres atTectionne serviteur, « Du QuESNE. • Paris, cejour-de-l"an 1 653. B ii . — 630 — « Monseigneur, « Jay seu par les lettres dc M. d'Avaugour que vostre Excellence nie fait tousjours I'honneur de se resouvenir de nioy, jc luy pro- teste que je ni'en estime infuilment son oblige. Cela me fail naislre tant de desirs de vous aUer voir que sy j'avois eu responce a la derniere que je vous ay escripte lors que japris les nouvelles du grand armemant que n^ous avez fait je serois party pour avoir rhonneur d'estre de la parlye dans la croyance que le roy ne I'auroit pas eu desagreable ayant-eu Fhonneur aultrefois de luy baiser les mains lors que la reine luy raconta que j avois servy sur la flotte soubs vostre commandement. « Je croy que V. E. n'aura pas resu mes leltres, qu'elles auront este perdus puisque mesme M'' d'Avaugour a quy je les avois adresses ne m'en a fait aucune mention. C'est ce quy me fait rev- lerer a V. E. mes sentimens quy sont tous remplis de Testresmc desir de recognoitre en toutes occasions I'honneur de vostre amy- tye, que sy le roy estoit dans la mesme intention de me fere I'hon- neur de se servir de moy ainsy que la i-eyne I'estoit quand V. E. me fist I'honneur de m'escrire de sa part, en I'annee i653, je croy que je trouverois presentement plus de disposition et de fa- cilite d'obtenir mon conge de France que en ce tanps la, cest pourquoy sy V. E. juge que mes services soient utiles a sa majeste, EUe la pent asseurer de ma Gdelite et sincere affection et pour I'esperience V. E. sait qu'elle sera plustot augment^e dans les em- plois honnorables que j ay en France depuis huit annees que je suis party de Suede. J'atendray done que V. E. me fasse la grace de me dire ses intentions et qu'elle me conserve incessamment I'honneur de ses bonnes graces. " 11 y a peu de nouvelles de la marine en ces lieux. On croit la perte de cinq galeres de France. S'il est vray, c'est une notable perte. II y avoit plus de 2,000 homnies de service dessus. L'on en acuse le peu d'experience du commandant, quy estoit monte a cc poste par faveur et par son bien. L'armee angloise, commandee par Blake, est aux environs de Cadiz, tant pour empescher les Espaignols d'aller secourir les Indes, que pour atendre la flotte (juy en doibt venir avee I'argent en Espaigne. Eu sorte que ces messieurs les Anglois sont les mestres ez mers de de(;a. lis ont fait un acommodement avec les Turcs d'Alger pour leurs vesseaux — 637 — anglois, mais ils n'avoient pas reussy a Tunis. Quand ii plaira a -V. E. m'honorer de ses commandemens, elle pourra adresser ses lettres chez le S' Brisval, rue des Bourdonnois, a Paris. Je suis, « Monseigneur, de Vostre Excellence, <■ Le tres humble, tres obeissant et afleclionne serviteur, <• Di; Qi;esne. 0 Paris, leaS aousi i655. « P. S. J'aprens que les Holandois envoyent force yesseaux de guerre au Sund, a dessain de se joindre aux Danois pour vous empescher d'attaquer Danzig, en cas que vous en eussiez le des- sain. S'il arivoit rupture enlre vous et la Ilolande, en estant ad- verty des premiers, jepourois, avec quelques vesseaux que j'ay, faire progres soubs vos commissions. Cecy soit dit a V. E. par advis. Nous devons demain, M. Relmgue (?) et moy, diner en- samble, et nous cclebrerons la sante de V. E. et aux bons succ^s des armes de Suede. » « Monseigneur, « Voisy pour la troisienie fois que je me donne I'honneur de vous escrire sans en avoir eu de response, je ne me puis per- suader que V. E. aye reru mes leltres quoy que je les aye adresses a M"" d'Avaugour pour vous les faire rendre plus seurement. Jes- crivois la premiere au coiliencement de I'annee derniere ausitost que j'apris les nouvelles de Tarmenient de la flotte a Stockholm ei vous fesois response a celle que vous m'aviez fait Thonneur de m'escrire i'annee precedente de la part de la reyne et comme jay tousjours conserve cette inviolable alTection pour le service de la Suede et le souvenir de Teslime et bienveillance dont vous m'avez honnore jay este tres marry que mes leltres aient este perdues , me persuadant, puisque vous m'aviez fait Thonneur de me parler de retourner en Suede lorsque vous n'aviez pas encor de guerre, que vous seriez plus aise que jy alasse a present quil y a de grandes forces navales que Ion dit se'preparer en Holande pour aller tra- verser les conquestes du Roy dans la mer Ballique. C'est pour quoy, Monseigneur, sy V. E. croit que mes services soient utilles a Sa Majeste et quelle veuille me donner un employ honnorabic, M. it . . — G38 — Elle la peustasseurer que je y ay loiile la disposilion que 1 on peusl souheter et que a present je pouray obtenir mon conge de cette cour plus facillement que en un autre temps. « Sy vous aviez regu mes precedentes je me persuade que dans cette conjoncture vous auriez este bien aise d avoir un nonibre do bons hommes et officiers propres a conianderdesbrulotsetj aurois eu cela en main et prest a I'ouverture des glaces et mesme un vesseau de guerre de 2 4 pieces de canon sil en eust este de besoin quy auroit servy a passer lesdits homines et officiers soubs tel pre- texte que Ion auroit voulu, car sy les Hollandois se declarcnt il seroit besoin garder le secret. Mais comme je vois desja le mois de febvrier advance et que les lettres sont longlamps d'alleret ren- voyer response, je ne say sy V. E. gouteroit les choses. « Toutefois je feray mon possible pour ne point disposer dudil vesseau que surla fin de mars, quej'espere avoir response a cellecy. Vous pouvez, s'il vous plaist, adresser vos lettres a M'' Ambreus ou a M' Brisval, a Paris, ou j'espere sejourner jusqucs au prin lanps; je vous demande ausy la grace, Monseigneur, de me dire depuis quel temps M"^ d'Avaugour vous a vu depuis qu'il est party de Suede, a cause que je luy ay escrits tres souvent et prye de vous aseurer tousjours de mes obeysances et de me mander s'il vous avoit rendu mes lettres et je nen ay eu aucune nouvelle de- puis qu'il arivast a Stocholm. Cest ce qui m'a donue subject a diverses pensees que je ne veus point determiner que je n'aye rec^u I'honneur des voslres et comme je ne say pas sy V. E. est aupres du Roy ou ailleurs j'ay escript a M''le comte de Lagarde^ que Ton m'a dit ycy qu'il y estoit, a cette fin quen votre absence je puisse savoir les volontes de Sa Majeste. « Je vous puis dire de nouvelles de France ou Ton ne parle a la cour que de rejouissances, fort pen de la guerre sy non denvoyer quelques convois aux places conquises en Flandre et fort peu de la marine, croyez moi tousjours tres parfaitement. X Monseigneur, " De Vostre Excellence, « Le tres humble et tres obeisani et Ires afiectionn^ servifeur, « Du QCESNE. uParis, le lo febvrier i65(i.» ' De La Hardie. 639 " Monsejoneui , « Lorsque je ne m'alendois presque plus de recevoir de vos nou- velies, dans la croyance que Voslre Excellence n'avoit pas reru la quantite de leltres que je me suis donne I'honneur de luy escrire depuis le comencenient de cette guerre, ou qu'elle ne me jugeoit plus digne de son souvenir, j'ay enfin reru celle que M. d'Avau- gour m'a escriple de Varsovye du 7 aoust, laquelle ne m'a este rendue que le 10 octobre. G'est ce quy est cause que je n'ay pu partir avec le porteur, M. le chevalier De Terlon , quy est charge de rendre a V. E. la presente, quy Tasseurera que je faits tout mon possible de me mellre en estat de partir, et suivre I'ordre quy m'est donne de la part de S. M. et de V. E. « Et comme il pourra ariver que je seray oblige d'aller par terre, sy les occasions de la mer manquent, V. E. pourra a tout hazart me faire expedier un passejjoit et m'adresser a vostre resident a HamboLirg, a cette fin que j'aye le passage, les officiers et les troupes favorables, et mesme V. E. me pourra marquer la route la plus pronte qu'il faudra que je lienne quand je seray au dit lieu de Hambourg, pour aller joindre V. E., dont j'ay une grande impatience et encores une plus forte colere contre ceux quy sont cause des cmbaras que causent les Moscovites. Quoyque 61oigne des lieux, je ne lesse de bien voir que les coupables pourront un jour sen ressouvenir. Le tanpsdira tout. Gependant,Monseigneur, que V. E. me continue toujours I'honueur de sa bonle et bien- \eillance, et me rende ses bons offices aupres de S. M., I'asseu- rant qu'il n'y a personne au niondc quy aye plus de desir de la servir et d'aquerir I'honneur de son estime. Je seray ravy de trouver a Hambourg les ordrcs de V. E, et qu'ele me croye tous- jours tres passionne pour luy tesmoigner en toutes occasions que je suis, " Monseigneur, de Votre Excellence, « Le tres humble et tres obeissant serviteur, i( Du QUESNE. » I'aiis, le 20 oclobre iG56. " P.S. Depuis pen de jours, Ton asseurequelesvesseauxanglois, ■ — G/iO — qiiy sont vers les costes cVEspaignes, out pris deux galioiis venant des Iiules fort riches en barres cVargent. L'on croit qu'il y en a uii coule a fond. » « Monseigneur, « C'est la seule lettre que j'ay eu I'honneur de recevoir de Vostre Excellence depuis plus de deux ans, que celle escripte de Brem- werde, du 1 5 febvrier dernier. La reson pourquoy je n'ay pas plus lost fait responce, c'est I'indisposition oil j'ay este depuis unmois, et hier seulement je sortis du logis pour la premiere fois pour aller voir M. le comte Tot, avec quy j'ay eu quelques conferences, des son aryvee, sur beaucoup de points concernants vostre ser- vice, et dont il ni'a dit vous avoir escript, ce que je n'ay peu faire moy mesme, de crainte que nies lettres ne fussent seurement rendues et pour n'avoir pas de chiffre. ■< Et comme par la vostre V. E. ne me fait nulle mention de ces choses, je croys que ces dites lettres ne vous seront pas parvenues, et comme le dit sieur comte Tot est sur le point de parlir et aller en diligence vers vous, je I'ay entretenu des choses quy se pouront executer dans les occasions quy ont grande apa- rence de s'offrir, et dont sans doute V. E. se resouviendra bien que je luy en ay parle autrefois, et mesme j'ay ouvert au dit sieur Tot quelques expediens que je croy que V. E. ne desaprouvera pas. C'est un mallieur que je n'ay plus tost apris qu'elle fust sy pres, j'aurois peu faire ce voyage en peu de temps, mais depuis la partance du chevalier de Terlon, je n'ay re^u nulle nouvelle que par la vostre derniere, et comme des le commencement je dis a M. Tot le dessain que j'avois de partir sur les premieres lettres que je receverais de V. E. il trouva bon que j'atendrais qu'il eust eu de vos responces , et qu'il pouroit aryver des occurrences sur les ouvertures que je luy ay faites oij l'on pourroit traiter quelque chose d'advanlageux, ainsi que je le croy encor sy l'on tombe dans celle guerre. Je n'en puis dire davantage sans chiffre, re- mettanta M. Tot ou de vous en escrire ouvertement s'il reste ycy plus Jougtamps, ou de vous en entrelenir de quelque voie. » Cependaut, Monseigneur, je suis tousjours dans les mesmes sentimens que j'ay tesmoignes a V. E. 1 Au reste, pour ce quy est de la corespondance de la France avec la Holande, je ne vois pas ies choses se disposer a co qu'elle — 641 — puisse estre tres bonne, quoyque M. de Thou ^ soit parly pour aller embassadeur vers eux, car depuis un mois les navires de guerre holandois quy sont dans la mer Mediteranee ont pris, je ne say soubs quel pretexte, deux vesseaux du roy, savoir, la Reyne et le Chasseur, qui estoient amies par des capitaines particuliers. Ces nouvelles ne sont confirmees que de bier, et qu'ils ont mis les esquipages frangois a terre en Catalogne. Je ne croy pas que cette affaire se passe sans que Ton n'en aye du ressentiment. Depuis peu de jours, un autre vesseau arme par un parliculier a pris dans la dite mer du Levant un grand vesseau holandais, quy a fort com- batu, qui s'est trouv6 charge de partye derobe de I'Espagnol. Nous verrons dans peu ce que cela produira. « J'auray rhonneur de vous escrire plus particulierement par M. lo comte Tott. Cepandant croyez moy, " Monseigneur, de Vustre Excellence, <■ Le plus humble et obeissant et plus passionne serviteur, « Du QUESNE. oCe 3 apvril 1 607. » « Monseigneur, ■< J ay recu la leltre quil a pleu a vostre Exelence de mescrire du 7 du mois passe que je croy vieux stille par laquelle j aprens que V. E. na point rec^u celle de M" le comte Tot louchantles expediens que je luy ay proposes advantageusement du service de sa Majeste de Suede notamenL en cas de rupture avec vostre voisin ce que je vous espliquerois par mes lettres par la voye d Alemaigne que V. E. m'ordonne, sy hier lors que je comuniquay vostre lettre a M"" le comte Tot il ne m'eust asseure quil partira la semayne ou nous alons entrer et quil nemanquera pas de tout bien faire entendre a V. E. « Cest pourquoy elle aura agreable que je difere encore huit jours pour luy pouvoir parler plus savammant louchant ce quy pent ariver enlre la France et la HoUande d'ou Ton attend un cou- rier de la part de I'embassadeur qui y est arrive des le 26 du passe. « Je vous puis bien asseurer que sy M' les Estats ne donnent satis- ' Jacques-Auguste dc Thou, tomte de Mcslay. — 6^2 — faction au Roy sur la prise que Ruiter a laite des deux vesseaux de sa Majeste et quils continuent la fierte que leur aiiibassadeur a tesmoigne en celte cour par sa derniere audience, que les choses yront a une ruplion. . A la fin du volume, on trouve les pieces suivantes : "La maison du roy, la cavallerie, etat de toutes les compa- guies, combien d'bommes, etc., I'infanlerie, I'estat major. « Les places ou le roy tientgarnison, avec le nom des comman- dants, « De I'artiglerie : "Autrefois les canons de batterie estoient... Pour ce qui est de la poudre, y a un scul bomme, nomme Bar- delot, qui fait faire toute la poudre en France a un certain prix. » Comment se compose cette poudre. — De la flotte de France: • Auparavanl le roy donna a chacque capitaine de vaisseau cent escus par mois pour sa table, etc... » fi pages. « Estat du nombre des vaisseaux du roy qui sont en France, les lieux de leur construction, le temps qu'ils ont este bastis, avec le nombre de leurs canons et leurs pons et equipages d'honnnes. » " Rolle des officiers de la marine, suivant leur anciennete. » ' A I'epoque ou laroyautd danoise etait asservie par ia noblesse, vers I'av^nc- nienl du Frederic III, iC'iS, Corfitz Ulilfeldt, gondre du roi , liabilc et biillant, fut soufj^otme d'aspirer au trone sur lus ruincs dc laristocralie. Cesl cc qui liala la revolution royalisle de iGGt). Dt^jouc paries grands, Uliirddt se r6fugia en Sutde, oi\ 11 joua un role iiiiporlaul. — 645 — « Ordre et reglement touchant ce que le roy desire dorenavant observer a la mer enlre les vaisseaux et galeres de S. M. et les vaisseaux et galeres des aulres princes et Estals a I'egard des hon- neurs et saints, etc... — Fait a Saint-Germain, 26 fevrier i666. — LOUIS. — De Lionne. » Dans le tome X in- 4° de la meme collection des papiers de Wrangel, les pieces qui suivent peuvent ofTrir quelque interet : La premiere m'a paru curieuse et occuperait singulierement sa place, soit dans le tableau des negociations qui ont precede le traite des Pyrenees, soit a cole de la belle letfre de Voiture sur Gustave-Adolphe bien connue : « Pouvait-il cbarmer la balle dont il fut frappe, etc. » « Extractum ex literis rectoris Mogunlinensis ad collegium Vien- nense Societatis Jesu exaratis, 9 septembris i655. — Videtur eo jam deventuni, ut hasrelici de calholicis triumphare incipiant. Quum non modo coUapsa in Polonia rerum facies in pejus quotidic ruat, sed et Elector Brandeburgicus hostem se infensuni prodiderit, colleclione lanti exercitus et studio pertrabendi in fosdus suum status Imperii, unica nobis superest spes quam ^rcanam haberi volo. Venerat ad nos prasterito tempore' quidam ex Borussia astro- logus secreto mihi referens unde tantos ad bellandum spiritus SuecicTc rex bauserit : nempe repertam esse in cancellaria regia S. Brigittaj profeliam talem ut vigore ejus Gustavo-Adolpbo felici- ter omnia cesserint : quodque ante fineni mundi palatinus Rheni in Suecia caput erecturus sit, qui non modo Poloniaj regnuni sibi subiget, sed et imperium romanum in aliani formam trans- fundet; tandemque debellato Turca Terram Sanclam recupera- bit. Ad investigandam rei certitudinem atque in posteroruni cau- telani, scripta S. Brigittaj universa diligenter perscrutati sumus; nihil tamen simile reperimus; proeterquam quod in libro quodam ob vetustalem valde illegibiii (qui in monasterio Maris Fores- taeni (?) BononiaB asservatur), ea qua dicebam ad verbum reperta sunt. Quid porro eventurum tempus docebit. Interea B. Pater Romae de primariis capitibus et veiut Ecclesiaj calbolicic colum- nis, Hispano ct Gallo, reconciliandis consilia agilat. Quod si pro- cesserit, nondum nobis spes deesset obtinendse super hereticis Lu- theranis et Calvinistis victoria^. Sed de bis plura proferam. — Nova. Polonos abdicate rege suo Garolum-Gustavum unaniuiiter in protectorem recepisse pro cerlo dicitur. Qme res mulfas dilli- — 0^6 — cultates nobis pariel. Pra^sertini periculum Rakociano capili per Walachos paratum subversuin est. — In summa, fortuna nobisjani novercari incipit. » Une vingfaine de letlres de Gerard de Geer d' Amsterdam , ecrites a Wrangel en 1671 et 1672, en franrais. Wrangel lui achete des vins, des etofles et des velours, par Tentremise de Me- rian , a Francfort. Mais, en juin 1G72, la corrcspondance devient politique. G. de Geer entend dire que la Suede a reru de I'argent de la France pour se tourner contre la Hollande ; si ccla est vrai, e'en est fail de la Hollande; cependant la ruine de la Hoi lande serait celle de la Suede. II decrit ensuite en temoin ocu- laire et en patrlole I'invasion des Franrais. — Amsterdam, 28 juin 1672 : « Les villes de la Trans Isalunie (le pays de trans- Yssel?) se sent rendues dune faron Irop Lonteuse pour la de- crire... L'on a resolu ici de se deffendre jusqu'a la derniere extre- mite : en verite, monseigneur, ce pays est bien bas, attaque de tous cosies sans avoir personne qui Tassiste : le roy d'Anglelerre dit ne pouvoir rien faire sans le roy de France, et retient les deputes de cet Estat a Hamptoncourl : les troupes de Telecleur de Bran- debourg viendront quand tout sera perdu : les places de V\esel, Emmerick, Rees, etc., vont estre demantelees, Enlin, c'est une chose piloyable, et je souhaiterois avoir este plus mechant devin , mais, selon les apparences, la France aura conquis tout le pais avant qu'ou le puissc secourir... » — Amsterdam, 2 juillet 1672 : • Nous n'avons ici que de la confusion : les villes de Dordrecht, Rotterdam et Harlem, ayant voulu aunuler I'edict perpeluel qui a este fait, passe peu d'annees, pour supprimer la charge de lieu- tenant general des provinces, les villes susdites Font execute et invite S. A. M. le prince d'Orange pour venir recevoir cet em- ploy comme ses illustres predecesseurs. On croit qu'Amsterdam suivra et les sept villes du quartier du Nord, et puis louto la Hol- lande. Voila un changement considerable en si pen de temps, et Ton ne doule pas que les affaires ne prennent un meilleur pli. » — 26 juillet 1672 : « On a fait arreter et mene prisonnier a La Haye le sieur Cornells de Wilt, frere dn pcnsionnaire, et qui a este plenipolentiaire sur la nolle; on luy met sus qu'il n'a pas voulu se baltre contre la ilotte fran^aise , et que I'admiral de Ruyter en a este tellement faclie qu'il a este sur le point de passer i'epee au travers du corps du susdit de Witt. L'on a fail — 647 — arreter aussi trois burguemestres a Gorcum , et Ton clit que ie jour cle demain, qui sera le 27, aurolt este pris pour rendre au\ Franrais Dordrecht, RoUerdam et Gorcum. L'on dit aussi que ]e S' de Mombar decouvre bien des choses. 11 est certain qu'on a voulu rendre tout le pais a la France, et que cela est provenu la pluspart a cause cle cette faction centre S. A. M. le prince d'Orange. L'on vient me dire qu'on a dessein de faire arreter aussi M. le conseiller pensionnaire de Witt » Cinq a six letlres de d'Avaugour, 1656-7. Dans le tome LXVI infolio de la meme collection : Copies de deux lettres de Louis XIV : « Tres chers grands aniys, alliez et confederez, Ayant pris depuis quelques jours la resolu- tion de faire nous-meme en personne une course le mois pro- chain pour une expedition de guerre... » Finit par : " ....d'utilite qui nous en pourioit revenir. Cepcndant nous prions Dieu... Es- crit a Saint-Germain en Laye, le 22 Janvier 1668. — LOUIS. — De Lionne. n — n Tres chers grands amys, alliez et confederez. La conduite qu'ont tenue nos ambassadeurs pendant tout le cours de la negociation de la paix qui a este heureusement conclue a Breda.... Saint-Germain, 12 octobre 1667. — LOUIS. — De Lionne. » Collection ties p;ipiers Je Peiir Bralii^, i3 volumes ou liasses in-folio et in-quarto. Dans le XXXVIIP volume in-folio intitule : Letlres adressces a Pierre Brake, je trouve : Quatre lettres de D'Avaux : « Monsieur, je ne scaurois assez m'ex- pliquer de loin sur la joie que j'ay receue de la promotion de V. E. C'est une des meilleures nouvelles que M. de Saint-Romain m'a rapportees de Suede.. . Hambourg, 7 mai i6/ii.» Signature autographe. Adresse : « A M. le comte de Brahe, Drotz ' du royaume de Suede. >> — « Monsieur, je metz a ce coup la main a la plume pour prendre conge de V. E. . . Hambourg, 16 aoiit 1642. » — "Monsieur, c'est ralTeclion que vous aves au bien pu- blic qui fait approuver a V. E. la nouvelle dignite qu'il a plu ' Dignitd su^doise fort elevee. D'Avaux traduil lui-nidme dans ses letlres ce mot par vice-roi. Cost en latin dapifer. — 6.'i8 — a LL. MM. dc me desparlir. . . Paris, 3 octobre i6/i3. » — » Monsieur, je ne pouvois souhaiter unc meilleure occasion de me ranientevoir eii voz bonnes graces cjue d'avoir a vous escrire par ordrc du Roy tres chretien, que Sa Majesle vous strait beau- coup de gre de rafTection que vous avez tesnioignee vers la France pendant la commission dePrusse, dontvous esties le chef, et que si vous alles en sa cour comme il s'en estoit parle, il vous fera cognettre sa satisfaction par de meilleures preuves, comme aussy Testime qu il fail de voire nierile, dontS. M. est bien informee. . . Je vous prie, monsieur, au nom de S. M. T. C, d'aider a main- tenir la bonne correspondance et I'union entrc les deux couronnes que nous servons, ainsi queje vous y ay toujours veu porte; car cela reussira au grand avantage de Tune et de I'autre, dont la preuve certaine se peut tirer des continuels artifices et efforts que la maison d'Autriche fait de toutes partz pour nous diviser. . . "Danzic, 20 i656. » Lettre tout entiere autographe. Lettre de Courtin : « Monseigneur, les petits soins que j'ay lasche d'apporter a satisfaire V. E. dans la petite curiosite qii'elle avoit tesmoignee pour la langue bas-bretonne ne meritoient pas qu'elle se donnast la peine de m'escrire sur ce sujet. . . Copenhague, 2 avril 166/1. » Autographe. Lettre de d'Avaugour, adressee sans doute a Wrangel : "Mon- seigneur, Sy depuis quelques semaines on ne m'eust fait espe- rer I'honneur de vous voir bientost en cctte ville , je n'eusse tanl tarde a vous niander la presente lettre de M. d'Avaux que j'ay bien voulu accompagner de ces lignes, tanl pour vous raffrai- chir la memoire de votre serviteur et vous assurer la continuation de ses obeissances que pour vous dire aussy que comme vos en- tretiens et conferences particulieres' avec M. d'Avaux en Prusse onl porte le roi tres chietien de lui faire lever dix mille hommes pour servir ou le bien commun le requerra, ils occasionnent pa- reillement a S. M. d'offrir une alliance aujourd'hui a la reynepour faire la guerre par mer ainsy que par terre, d'oii Ton peut assez conjecturer le desseing de la France n'estre autre que de vouloir contreindre les ennemys a la paix generale plustost par amies que non par des traictez particuliers. Et comme votre grande expe- rience aux affaires d'Etat vous apprend que I'uuique moyen d'y parvenir consisle aux eflorls des deux couronnes unies pour cela, je vous conjure aussy, Monsieur, de vouloir appuyer de voire — 649 — autorile ceste proposition, puisqu'en efiet la pensee en vient aii- lant de vous et de M. ie general que de M. d'Avaux. Et qu'au reste un lei armement en mer feroit line puissantc diversion aux forces de la raaison d'Autriche, comme voire bon jugement vous fera mieux cognoistre que toutes mesraisons, lesquelles j'obmelz aussy pour n'eu estre importun et pour vous assurer que je suis d'inclination ainsy que de debvoir, Monsieur, voire humble el obeissant serviteur, 5--. . .^^2. .— G57 - 0 Oppkrt (Jules). Mission en Angleterre , 4o3. Paradis (De) , ancien ^ifeve (le I'Ecoie mission iiltdrairu en Angleterre, des Chartes. Mission ^ Malte, 4o3. exdcul<''e en iSAg ct i85o, 90 et PiTBA (L'abbd). Rapports sur una i53. R RcNiER (Ldon), bibliothdcaire k la Uoa dn liecueil (jSn^ral des inscriptions Sorbonne, charg(5 de la publica- romaines de laGaule, 1Z2. Salzman (Auguste). Mission en Orient, Sickel (Lc docteur). Mission dans la 91. Haute Italic, 92. — Prolongation de Sanson (Alplionse), docleur en nidde- sa mission, ioi. — Mission a cine. Mission en Orient, 162. Viennc, ^171. Servois (Gustave) , i\h\c de I'EcoIe des Chartes'. Mission k Rome, i52. Thomas, arcliitecte. Mission^ Kborsabad, iSa. Valeric (Thdodore). Mission dans les Villemarque (Le vicpinle Hersart di. provinces danubiennes, 92. i,a). Mission en Angleterre, /|03. Valehy (M°"). Mission h FJorence, 4.72. Zmorski (Roman). Mission en Scrvie, /172. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LA LIVRAISON. Pages. Rapporl de M. Chalin sur la mission qu'il a executee en i853 i Rapport de M. Victor Langlois sur I'exploration arch^ologique de Ja Cilicie et de la Petile-Armcnie , pendant les anndes 1 852-53 37 Nouvelles des Missions 9 ' Plancre : Tombeau de Sardanapale, a Tarsous. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Les Archives des Missions scientifiques el liiUraires paraissent a des epoques ind^termin^es, par livraisons de 3 ^ 4 feuilles in8°, acconipagiiees, s'il y a lieu, de planches on de gravures.sur bois, de manifere a former chaque annee un. volume in-8° de 36 i 4o feuilles environ. Le prix de I'abonnement est de 9 francs pour I'annee. O.N SODSCRIT . CHEZ GIDE ET J. BAUDRY, EDmj:iis, rue Bonaparte, n° 5, A PARIS. ■■,-^--