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L . \ 7 / "es hi | k * ; ; ca | f ' Du u ” bé i Mas cé CE Ha ru Lu à hi IPPPONTMENIen LÀ esse 2090009000 9000009U0Cr> a SOS, Ana MOTO Ÿ Ÿ 0 0 È d OC IT E Ô D 0 0 0 0 0 0 0 0 06 0 © 0 0 0 0 d ARCHIVES DES MISSION S SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES. CHOIX DE RAPPORTS ET INSTRUCTIONS PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES Q9 9-9 Q Q RQ 9 90 9 0 9 9 9 Q Q Q À DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, DES CULTES, ET DES BEAUX-ARTS. TROISIÈME SERIE. . TOME IL. IMPRIMERIE NATIONALE. a M DCCC LXXV. PAZ 4 ARCHIVES MISSIONS SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES. Et = ARCHIVES DES MISSIONS SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES. CHOIX DE RAPPORTS.ET INSTRUCTIONS PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, DES CULTES ET DES BEAUX-ARFS. TROISIÈME SÉRIE. TOME DEUXIÈME. PARIS. IMPRIMERIE NATIONALE. M DCCC LXXV. cUPAN 201 €1 Fa 41 1? af Cf Lt FERA TARA TELE TEE 1 TEATAUITET ER r ? à Tire FE = Tr LEA envi Hi HV Te THE £ THE. 2OREUT ES ANR CAE LE ta ati : , n | ETEROFFAR NHÉIMIA TEE MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. ARCHIVES DES MISSIONS SCIENTIFIQUES. DEUXIÈME RAPPORT SUR LES RECHERCHES FAITES AU BRITISH MUSEUM ET AU RECORD OFFICE, GONGERNANT LES DOCUMENTS RELATIFS À L'HISTOIRE DE FRANCE AU XVI‘ SIÈCLE, PAR M. LE COMTE H. DE LA FERRIÈRE. 12 Juillet 1872. Monsieur le Ministre, Dans mon premier rapport, je me suis arrêté à la paix d’Am- boise; J'ai cherché à en déterminer les motifs, les nécessités, les conséquences ; avant de suivre Catherine de Médicis sous les murs du Havre, il me reste à la voir aux prises avec les ambassadeurs anglais, Smith et Middlemore, ce dernier plus spécialement chargé d'agir sur l'esprit de Condé, rôle qu'il avait déjà joué auprès de Coligny. La cour, après avoir séjourné à Chenonceaux, à Chambord et à Blois, avait pris le chemin de Fontainebleau; c'est de Dam- pierre, le 30 avril, que Charles IX annonce la conclusion de la paix à la reine Élisabeth et la met en demeure de lui restituer le MISS. SCIENT. — II. 1 Havre. Cette dépèche est le point de départ des nouvelles négocia- tons : Très-haute, tres-excellente et très-puissante princesse, nostre très- chere et et très-aimée sœur et cousine, salut, amour ét fraternelle dilection. Vous aurez, de ceste heure, entendu par le s' de Foix, nostre conseiller et ambassadeur residant près de vostre personne, comme il a pleu a l'infnye bonté et misericorde de Dieu, après avoir visité cestuy nosire royaume d'une guerre intestine et cruelle et de ce qui en deppend de maulx et calamitez, nous consoler d'une paix et pacif- fication, qui se va. tellement establissant et fortifiant entre noz subjectz, de quelque qualité qu'ilz soient, que nous avons grande occasion de louer et remercier de tout nostre cœur celluy qui nous est distributeur d'un sy grant benefice, et qui a estandu sur nous sa main gracieuse et favorable à nostre besoing, chose dont nous nous asseurons que vous avez receu l'une des meilleures parties de l'ayse et de plaisir, pour le desir et affection que vous avez tousiours monstré avoir à la pacifhca- üon de nostre Estal; et pour ce que, par la declaration que vous avez faict publier des causes qui vous ont meue, durant les dicts troubles, à prendre les armes, et à faire entrer de vos gens dedans aucunes de noz places et portz maritimes, et semblablement, par ce que vous en avez declaré au dict s’ de Foix, nostre ambassadeur, et nous en avez faict dire par le vostre resident près de nous, vous nous avez ordinairement faict entendre que vostre intention n'estoit aultre que de sincerement pro- cedder en cest affaire et nous conserver et preserver les dictes places, sans vouloir rien usurper, ny vous aproprier à nostre preiudice, en at- tendant le recouvrement de nostre liberté, la reconciliation des estatz de nostre dict royaume et l'establissement d'une bonne paix et paciffica- lion entre noz subiectz. Nous avons bien voullu, pour la parfaicte assu- rence que nous avons tousiours prise en vostre foy et parolle, vous faire entendre par la presente que toutes choses sont, de ceste heure, à l'estat que vous avez monstré le desirer, tant pour Île regard de nostre personne, que pour la reconciliation de nos peuples et paciffication de tous nos dictz subiectz, et, à ceste cause, vous prions et requerons que, proceddant envers nous avec la sincerité que vous avez publiée par vos escripiz, declairée à nostre dict ambassadeur et qui nous a esté confirmée par le vostre, vous veuillez faire remettre en noz mains la ville de Havre et forteresse de noslre ville francoyse de Grace, saisye et occupée par les vostres durant les dicts troubles, avec les vaisseaux, artillerie, pouldres, boulletz et munitions qui se sont lrouvées dedans, lors qu ilz sont entrez ; en quoy faisant, vous ferez en la cause du pupiile œnvre digne de vostre grandeur et vertus, et à jamais recommandable, et qui nous obligera de 8 le recongnoistre envers vous par tous ces bons et fraternelz offices que Pur de vous pouvez attendre de vostre meilleur frere et plus seur et parfait amv, selon que nous escripvons à nostre dict ambassadeur le vous dire et declairer de ma part plus particulierement, dont et de ce qu'il vous re- dira de par nous sur ce que dessus, nous vous prions le croire, comme vous vouldriez faire nostre propre personne. Escript à Dampierre, le dernier jour d'avril 1563. Vostre bon frere et cousin, CuaARLESs!. Elisabeth répondait le 7 mai : Très-haut et excellent prince, par vostre ambassadeur residant près de nous, nous avons receu vos lettres du dernier d'avril, par lesquelles, oultre ce que nous y donnez à entendre de la paciffication, dont avec vous remercions de tout nostre cœur Dieu tout puissant, qui vous a si gracieusement ramené vos subjectz, estant desjà par un long espace de temps et en maniere lamentable separez de vous, vous y declarez aussi que, par ceste pacilication , toutes choses sont, de ceste heure, en l'estat que avons desiré, si que vous vouldriez que nous fissions remettre en voz mains la ville, havre et forteresse de la ville francoise de Grace. Pour reponse à cecy, voyant que prenez les argumens de ceste demande, tant de une declaration que fismes publier au mois de septembre dernier, contenant. les justes causes qui nous esmurent de prendre les armes, comme sur certains rapports à vous faitz, tant par nostre ambassadeur residant près de vous, comme par le vostre icy près de nous, il nous a semblé bon et convenable de toucher chascun des points, et touttefois, pour ce que nous ne voudrions que nosire lettre fust trop longue, ni encores que vous et ceulx qui gouvernent vos affaires feussiez de nous mal satisfaictz, nous avons donné charge aussi à nostre ambassadeur, comme le cas requerra, le vous expliquer plus largement, auquel vous prions donner ferme creance. Premierement, nostre declaration en la forme que l'avons faict publier, estant icelle escripte Lant en latin que en anglois, contient plusieurs causes qui nous ont consirainte de prendre les armes, dont aucunes tendoient particulierement à la preservation de vostre personne et au bien public de vostre royaume, et aucunes autres au regard que nous avons à nosire seureté et nommement à nostre droict en la ville de Calais; et touchant celles qui touchent seulement à vous, nous ne voulons pour ceste heure ni escrire ni faire dispute, mais quant à celles qui concernent nous mesmes, nous avons à alleguer que, par nostre declaration, eslant bien consideré, il appert clairement par motz ! Record office, State papers, France, vol. XXXIT. (Original. | Eu Le exprès que nous appercevons en ces troubles juste cause de douter que nostre droit au faict de la restitution de Calais ne fust esloigné , et pour ce nous y certifiasmes qu'il nous convenoit d'en prendre en ces troubles bon esgard, car telz sont nos mots exprès en nostre declaration, comme il se peult voir tant en latin, comme en anglois, et combien que icelle nostre declaration fut après mise en francois en diverse maniere et pu- bliée par impression, et comme on pourroit croire et penser par com- mandement et ordre de M. le prince de Condé, en quoy on a plus varié de nostre exemplaire qu'il n'estoit convenable; touttelois, ès mesmes copies francoises, la sentence conlient le mesme propos, et que, quant à nostre declaration, nous ne pouvons veoir comme icelle ait esté si droitement considerée et prisée, comme en tel cas il est bien requis; et quant à la maniere de parler, comme nostre ambassadeur a usé en vostre endroit, notant que nostre intention n'estoit autre que de prendre since- rement en cesle affaire et de conserver les places pour vous jusqu'au recouvrement de vostre liberté, la reconciliation des estatz de vostre royaume et le restablissement d'une bonne paix entre vos subjelz, nous ne nions point que tousjours lui donnasmes en charge de dire que nostre intention estoit de proceder sincerement et de conserver les places pour vous, mais avec cela lui baillasmes en mandement aussi de faire men- tion de nostre desir et intention que raison nous fust faicte en ce dont, à bon droit, nous avions cause de nous plaindre, et pour autant que sou- ventefois en parlant les paroles se passent legerement, et estant generales, l’on les peult interpreter en sens divers, nous lui mandasmes expresse- ment de faire mention de nostre clair et present droit qu avons à Calais, et savons qu il le fit, non seulement en propos tenus en devisant avec le car- dinal de Ferrare, mais aussi par escript à la Royne vostre mere, ce qu'on ne peut nier, et pour temoins de ce vous requerrons de permettre à nostre ambassadeur, en presence de vostre mere et de vostre conseil, monstrer le double du dict escript. Quant aux advertissemens que vostre ambassa- deur vous a faitz de nous, nostre intention est telle qu'il vous a escript, mais bien voulons affirmer que pensant qu'il ne voudra nier que, dès le commencement, par plusieurs fois, lui ayant, tant par nous mesme que par plusieurs de nostre conseil, donné à cognoistre nostre droit d'avoir restilution prealablement faicte du dict Calais, et pour oultre prouver que tousjours nostre intention estoit de demander la restitution de Calais, auparavant que nous avons faict armer aucuns de nos soldatz, nous avons pour temoins plusieurs de vostre nation et de vos bien aimés ser- viteurs, ce qu'on ne peut nier, desquels nous ne voulons icy faire escript, afin de ne vous molester avec plus longue lettre, si qu'il peut apparoïstre quelle raison nous a meue de tenir nos gens au dict Havre de Grace, dont aussi nous pensons que le sieur de Briquemault peut amplement declarer nosire intention, vous asseurant que, ayant restitution de nostre mn NfE ie ville, nostre desir n'est que de vivre en la meilleure paix qu'on pourra mettre en avant pour le bien et profit de chascun de nous”. C'est dans une pensée de conciliation que Condé et Coligny avaient envoyé en Angleterre Briquemault, le plus dévoué cham- pion de leur cause; Condé l’avait tout particulièrement recom- mandé à Cécil : Monsieur Cecile, vous entendrez par le sieur de Briquemault, present porteur, les causes pour lesquelles nous l'avons depesché vers la Royne vosire maistresse, ce qui me gardera vous en faire plus long discours; mais seulement je vous diray que vous n'avez faicl et ne ferez jamais plaisir à Prince qui desire plus s’en ressentir que je feray loute ma vie, comme de ce vous assurera plus amplement le dict s' de Briquemault, auquel j'ay donné ceste charge, et dont je vous prie le croyre, et de toutes aultres choses qu'il vous dira de ma part, me recommandant sur ce de bon cœur à vostre bonne grace, je prye Dieu, monsieur Cecile, qu'il vous donne ce que desirez. D'Orleans, ce premier jour d'avril 1562° (1563). Pour se rendre à Londres, Briquemault était allé s'embarquer au Havre et toutes les défiances des Anglais s’en étaient éveillées, car il avait eu une entrevue avec le Rhingrave qui, placé à Mon- üvilliers, tenait la garnison anglaise en respect; pourtant son pas- sage par le Havre avait un but avoué : il était porteur d’une lettre de Coligny au comte de Warwick, gouverneur du Havre. Dans cette lettre Coligny revient sur les préliminaires de la paix d'Amboise : Monsieur, pour ce que j ay entendu quil a esté faict arrest sur quel- ques navyres qui sont de present au Havre de Grace, que les marchans du dict lieu ont faict apprester, equipper et victualler pour faire le dict voyaige du Bresil et de la terre neuve, et que, pour ce faire, 1lz ont frayez beaucoup de deniers qu'il: ont empruntez de plusieurs personnes à in- teretz pour avoir achepté les dicts victualles et autres choses qui leur estoient necessaires à double par les incommoditez qui sont de present en ce pays là, et estant empeschez de partir et faire leurs voyaiges, cela seroit cause entierement de toute leur ruyne, pour s’estre engagez de tous costés; avecques ce qu'ilz ont desjà souffert et porté par les in- convenyens des guerres passées, et pour ce, Monsieur, que je voy qu'il y a grande pitié et desolation en eulx, je vous prieray bien fort de tant L_Record ofhce, State papers, France, vol. XXXIT. (Minute originale. ) 2 Record office, State papers, France, vol. XXXI. ner ee qu'il m'est possible de ne les empescher point de faire leurs dicts voyaiges et trafhq de marchandises, d'aultant mesmes que la royne d’Angle- terre, par les accordz qui ont esté faictz avecques elle, a promys de les laisser trafhiquer et faire voyaige, comme ilz avoient acoustumé , et de ne les y empescher en sorte que soit; et au regard de ce que j entends qu'il y a ung article dedans le traité de paix, dont vous estiez mal content qui porte : « que les estrangers sortiront hors de ce royaulme, cela ne s'entend point pour la royne d'Angleterre ,car mesmes monsieur le prince de Condé ne voulut point qu'il fust parlé de sa Majesté que, premiere- ment que je ne fusse de retour du voyage que j ay fays dernierement en Normandye, pour scavoir en quel estat estoient les affaires, et quel lan- gaige m'avoit tenu monsieur de Trocgmorton, et quant je fuz arrivé l'on envoya querir l'ambassadeur de sa dicte Majesté pour luÿy communiquer comme toutes choses se passoient par le dict traité de paix, et mesmes de ce qui touchoit les faictz de sa dicte Majesté, ce qu'on luy donna à entendre, oultre ne fust rien conclud que, premierement elle n'en fust ad- vertye; et pour ce faire, l'on a depesché monsieur de Briquemault, qui doit passer par le dict Havre de Grace, et duquel vous scaurez ce qu'il a à dire à sa dicte Majesté touchant ce faict, esperant que vous en decouvrirez suffisant temoignage. Pourquoy je vous prieray encores d'avoir pitié de ces pauvres gens el leur permettre quiz puissent faire leurs voyaiges, d'aultant que la saison se passe, et vous ferez beaucoup pour eulx. Je me recommande bien affectionnement à vostre bonne grace et sup- plieray le Createur, Monsieur, vous donner très-bonne et très-longue vye. De Chastillon, le xj° jour d'avril 1563. Précisons les termes du message de Condé et de Coligny : « Au- jourd'hui que la tyrannie de la maison de Guise est écartée, » Bri- quemault demandera, en leur nom, à ia reine de vouloir bien, aux termes de sa protestation, rendre le Havre au roi de France et, pour la restitution de Calais, ratifier de nouveau le traité de Cateau-Cambrésis; d’autres otages seront envoyés de France pour garantie de la restitution de Calais, au temps fixé par le traité?. Elisabeth refusa d'abord de voir Briquemault, ne voulant plus avoir aucun rapport avec le prince de Condé; si le roi de France avait adressé un message pour elle, elle désirait qu'il lui fût pré- senté par l'ambassadeur, Paul de Foix, et quand celui-ci se rendit à son désir, elle ne put s'empêcher de traiter le prince de Condé 1 Record office, State papers, France, vol. XXXII. (Original.) ? Record office, State papers, France, vol. XXXIL HENT" "en de traître, d’inconstant, de vilain parjure. — De Foix lui ayant de- mandé de formuler ses prétentions, d'abord elle sy refusa, puis elle se réserva de les faire connaître par l'intermédiaire de Thomas Smith, puis enfin elle consentit à recevoir Briquemault; mais, de prime abord, elle lui dit que son droit sur Calais était si notoire, qu’elle ne voulait ni otages, ni autre satisfaction, qu’elle voulait Calais, qu'il lui était dû et que jusque-là elle garderait le Havre. Briquemault lui ayant offert des bons de garantie qui resteraient entre les mains des princes étrangers jusqu’à la restitution de Ca- lais, elle répondit de nouveau qu'elle n’évacuerait pas le Havre qu'elle ne fût rentrée dans ses droits, et qu’elle ne donnerait pas d'autre réponse. Briquemault ne lui cacha pas que, s’il rentrait en France sans de meilleures paroles, elle devait s'attendre à la vuerre ; il lui représenta que les défenses du Havre étaient impar- faites sur plus d'un point et que la place n’était vraiment pas te- nable. C’est dans une letire à Warwick qu'Élisabeth relève cette menace de Briquemault, et elle se hâte de dire « qu'elle n’en a pas tenu compte, car elle connaît ces vieilles habitudes de vanterie des Français ; aussi l'a-t-elle renvoyé sans aucun espoir d’arrange- gement, à moins que Calais ne lui soit rendu !. » Les conseillers d'Élisabeth n'avaient pas la même confiance et ne lui avaient pas ménage les avertissements : Maitland lui avait écrit de Chenonceaux, le 17 avril, « que la reine mère et tous ceux qui avaient en main les affaires de l'État étaient disposés à traiter à l'amiable ; qu’on la mettrait en demeure de retirer ses forces du Havre; que si elle s'v refusait, elle donnerait à penser que c'était pour tout autre motif que pour le bien de la religion, et que les princes de la Germanie et les autres protestants pourraient conce- voir une mauvaise idée de ses procédés; il lui faisait part des pré- paratifs de guerre menés avec une grande hâte et du départ du maréchal de Brissac pour la Normandie, où les Suisses ne tarde- raient pas à le rejoindre ?.» Middlemore, dans une lettre à Cécil, du 19 avril, n'avait pas été moins explicite : « Ces gens-là sont dé- cidés à la guerre, et le prince de Condé lui a dit que, si la reine persistait dans son opiniàtreté el ne voulait pas rendre le Havre, elle aurait la guerre *. » l Kalendar of Stale papers, 1563. (Lettre d'Elisabeth à Warwick.) ? Kalendar of State papers, 1563. 3 Jbid. US en Voici une lettre de Smith à Cécil qui nous peint au vif la si- tuation et n'épargne guère le prince de Condé : Monsieur, j ai reçu vos lettres du 24 mars et 13 avril; j y ai répondu par mes lettres à sa Majesté et celles remises pour vous à Bartlow, mon serviteur, parti d'ici en poste, le 2 avril. J'ai reçu vos nouvelles lettres par lord Lethingion *. Tout ce qui tient à l'amiral et à la paix est expliqué ou par mes lettres, ou par les dernières dépèches que j'adresse aux lords du conseil. Lord Lethington n'a pas rencontré M. Briquemault en route, mais il a rencontré Bartlow à Abbeville, et Briquemault est parti d'Or- léans deux jours après Bartlow, ce qui fait supposer que Briquemault a pris la route du Havre. J'admets que lord Lethington est bien l'homme que vous me dites, mais sa Majesté est si résolue à demander Calais, les Français si opiniâtres dans leur refus, qu'il ne veut pas s immiscer dans l'affaire, à moins d'une ouverture des Français. Son idée serait de déléguer, de chaque côté, des commissaires ; il vient, à ce qu'il dit, pour traiter des affaires particulières de sa maîtresse (Marie Stuart) en ce mo- ment assez mauvaises, par suite de la mort du duc de Guise et de l'ab- sence du cardinal de Lorraine; il passe presque tout son temps avec le cardinal de Guise. J'attends maintenant des instructions sur ce que vous avez fait, sur ce que vous voulez faire, sur ce que je dois dire et à qui, et si vous voulez que je me mèle de ces affaires après M. Briquemault. Croyez-moi, il faut procéder par gradation : d'abord ce que vous voulez que je fasse en premier lieu; puis, si je ne réussis pas, ce que je dois faire ensuite, et je vous prie de me le dire sans parler grec, ou comme l'oracle de Nostradamus, pour que je puisse bien comprendre ce que”vous voulez; je n'ai qu'un gros esprit et je ne puis deviner les énigmes. Îl n'y a pas homme qui soit capable de rendre compte de l'état actuel de la France; toutes choses sont brouillées et plus ambiguës que jamais; le prince de Condé est remis en sa pleine autorité; pourtant beaucoup de ceux qui ont lant fait pour lui ont peur qu'il ne devienne un nouveau roi de Navarre : les hommes les plus zélés pour la religion ont pris de l’aigreur contre lui: ils craignent que bientôt toutes choses ne soient pires que par le passé (quia nunc prodit causam religionis , comme ils disent), à cause de son indifférence el froideur pour les bonnes et saintes choses; lui aussi il se met à s’affoler des femmes, à l'exemple des autres; d'ici à peu de lemps, sans aucun doute, il se déclarera hostile à Dieu, à nous et à lui-même; étant gagné par les papistes, il ne tardera pas à se joindre à Baal ; c'est ce qui montre bien que l'appui d'un homme est peu de chose quand tout repose sur lui, et cependant tout 1 Ambassadeur de Marie Stuart. PR Re n'est pas désespéré jusqu'à ce que nous voyons ce qui se fera à l'assemblée qui doit se tenir à Fontainebleau ; jusqu'à ce moment-là, tout est en suspens. Ainsi que je l'ai écrit, il est inutile d'envoyer au- cun messager pour traiter, soit avec l'amiral, soit avec d'Andelot, puisque Middlemore est ici et qu'il ne quitte pas le prince de Condé. Vous jugerez par ses lettres du bien qu'il y a fait; aujourd'hui tout doit être traité directement avec la Reine mère et le prince de Condé; tous les autres disent qu'ils ne peuvent rien, et, à la vérité, ils ont assez à faire pour ne pas se compromettre, et s'ils tentent quelque chose pour vous, ce ne sera qu'autant qu'ils le pourront en toute sécurité. S'il faut avoir la guerre, et si vous la voulez, vous ferez bien d'envoyer immé- diatement quelque homme habile pour traiter avec les Reistres dont vous aurez besoin; leurs meilleurs capitaines et les ingénieurs italiens sont disposés à vous servir; déjà ils m'ont fait des offres, mais je ne pouvais rien décider sans une commission de vous, et en cela Middlemore pourra être utile. Malgré tout ce qu'on prétend et dont on se vante, les Fran- çcais ne sont pas prêts pour la guerre, ni pour le moment, ni pour un temps rapproché ; jen suis sûr et je vous en ai déjà fait connaître les causes; je ne crois même pas quils puissent rester en paix entre eux. L'ambassadeur d'Espagne me dit toujours que son maître, tant qu'il ne s'agissait que de rébellion contre l'autorité royale ou de défendre la re- ligion , était prêt à assister le Roi, mais qu'aujourd'hui, en présence d'un conflit entre les deux couronnes pour la possession de Calais et du Havre, il ne veut pas s'en mêler et n'ira pas briser sa vieille ligue avec l’Angle- terre pour aucune nouvelle alliance; vous saurez bien, soit par notre ambassadeur en Espagne, soit directement , démèêler ce que le Roi catho- lique prétend faire; si on peut gagner quelque chose sur lui, cela refroi- dira les Français, et nous mettra dans une meilleure position: s'il n'y avait pas de plus sage que moi, je ne demanderais pas à présent Calais, mais je le pr nee si in vobis esset mascula virlus ; jamais il n'y eut une telle opportunité; mais de tout ceci, j ‘ai déjà assez écrit. Je vous prie de me dépècher un de mes hommes aussitôt que possible, car j'ai autant d'envie d'avoir des nouvelles d'Angleterre que vous désirez en avoir des miennes ! Depuis Le départ de Briquemault de Londres, Paul de Foix sou- mit à Élisabeth de nouvelles propositions; mais elle lui opposa de nouveaux refus; les choses s'aggravaient donc de plus en plus. Middlemore, dans un entretien avec Condé, l'ayant menacé, au nom de la reine, sa maîtresse, de la publication de tout ce qui ! Record office, State papers, France, vol. XXXIIT ( Traduction.) er s'était passé entre elle et eux , le prince répliqua qu'il le verrait avec plaisir, car il n'avait jamais consenti à ce que la reine gardàät le Havre jusqu'à la restitution de Calais; un blanc-seing, il est vrai, avait été donné, mais les ministres de Îa reine ayant introduit cet article-là de force, il n’en avait rien su et n’y avait pas consenti. C'est à ce moment que Smith se décida à demander à la reime mère une nouvelle audience, prétextant de son désir d'arriver à une conciliation. Pour son entrée en matière, il revint sur la mus- sion de Briquemault; la reine, sa maitresse, avait trouvé étrange que, quittant Orléans en avril, il ne füt arrivé que trois semaines après un courrier d’ambassade parti le même jour; d’ailleurs, il n'était porteur d'aucune lettre ni du roi ni de la reine. — Sur ce Catherine répondit qu’elle connaissait bien le départ de Brique- mault, mais qu’il n'avait été envoyé ni par elle ni par le roi, mais bien par le prince de Condé et l'amiral; elle insinua que les chefs protestants l'encourageaient beaucoup à agir contre le Havre. — Smith lui répliqua que tout cela lui semblait étrange; qu'elle n'en était pas à ignorer les demandes de la reine, sa maïtresse. — Ca- therine répondit que Briquemault n'avait été trouver la reine d'Angleterre que pour lui rappeler sa protestation et sa promesse: que, lorsque cette protestation lui fut communiquée à Rouen, il y était dit que, du moment que les sujets du roi feraient un accord pour la religion, elle retirerait ses troupes du Havre. — I expli- qua que la reine avait voulu dire seulement qu'elle ne s’'approprie- rait rien, mais qu'elle entendait garder le Havre, comme un gage, jusqu'à ce qu'elle füt en possession de ses droits stipulés par le dernier traité. Avant de renvoyer Smith, Catherine déclara que, si les Anglais ne voulaient rien au delà du traité de Cateau-Cam- brésis, ils seraient bientôt satisfaits, la restitution de Calais n'étant obligatoire que dans huit ans ; mais Smith insistait pour une remise immédiate et, la discussion se prolongeant, il mit en avant l'idée d'un arbitrage, ce qui valait mieux que de recourir à la force. Catherine se défendit de vouloir en appeler à la force, mais il vit bien qu'elle ne voulait que gagner du temps. En la quittant, üil alla rendre visite à la prnee ee de Condé; elle se plaignit vivement de ce qu'il était bruit à la cour des propos injurieux que la reine Élisabeth avait tenus sur le prince. — Smith ayant insisté pour en connaitre la source, elle lui dit que la reine mère avait montre au prince une lettre offensante pour lui et pour elle, écrite à ane dame PUS Que de la cour, et que Briquemault, à son retour d'Angleterre, avait confirmé tous ces bruits. Sur ces entrefaites, le prince entra dans l'appartement, et l’entrelien continua. Condé, à plusieurs reprises, manifesta le regret qu'il éprouvait de ce que la reine eût de lui une mauvaise opinion; il donnerait beaucoup pour que l'Angleterre et la France fussent amies. — Smith lui demandant pourquoi l’a- miral ne venait pas à la cour, le prince répondit que la reine mère craignait que quelque homme d'armes ne déchargeât son pistolet sur lui. — Smith observant encore que la duchesse de Guise vou- lait poursuivre l'amiral, Condé dit que cela était vrai. — Smith . remarqua qu'il était soucieux et comme un homme qui a sa pensée ailleurs !. À la suite de cet entretien avec Smith et peu de jours après, Condé, écrivant à Catherine de Médicis, ne se montre guère favo- rable à Élisabeth : Madame, je receus hier au soir bien tard lettres du sieur de la Jurée, par lesquelles il me mande comme les Angloys continuent à demonstrer de quelle mauvaise volonté ilz sont touchés, par la diligence qu'ilz font d'essayer à surprendre de voz vaisseaulx et que, s'il plaisoit à vostre Ma- . jesté luy permectre de faire le semblable sur eulx, pour seulement ar- rester les leurs, sans autrement y toucher, il n’obmectra rien de ce qu'il pensera devoir estre executé pour le bien de vosire service. Sur quoy il vous plaira men mander vostre bon plaisir, afin de luy en donner in- continent advis. Touttefois, Madame, je ne veux oublier à vous dire que l'ambassadeur d'Angleterre m'a mandé qu'il avoit envie de me venir trouver en ce lieu pour parler à moy, tellement que je l’attends ce matin à disner. Je scauray ce qu'il me vouldra proposer de nouveau, et s'il a autres moyens en main que ceux quil a desjà mys en avant et qu'il me les veuille declairer, je ne fauldray, suivant ce qu'il me descouvrira, d'en tenir soudain vostre Majesté advertie. Saint-Germain-en-Laye, ce xvu]° jour de may 1563 *. Smith se rendit à Saint-Germain au jour indiqué; il emmenait avec lui M. de la Haye et M. Stuart; ce jour-là, le jeune roi, la reine mère et le chancelier étaient à Paris; il n’y avait à Saint- Germain que Condé, M. d'Andelot et leur train. L'entretien eut l Record office, Slale papers , France, vol. XXXIHL. 2 Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, Documents français, vol. CEXXXIX, pièce s L RE PAS ME D 25e lieu avant diner, et tout en se promenant dans le parc; la prin- cesse de Condé y assistait. Smith dit qu'il venait pour savoir au juste quelle voie on voulait suivre : « Voulait-on marcher sur le Havre et avoir la guerre, ou bien, par d’amiables moyens, voulait on faire droit aux justes réclamations de la reine ,sa maîtresse, ce qui semblait résulter des dernières paroles de la reine mère? En ce cas, il valait mieux que le prince et ceux de la religion s’en réser- vassent l'honneur que de le laisser à ceux de l’autre faction. » — Le prince, avec cette facilité de parole que Smith ne put s'empêcher d'admirer, répondit qu’il n'y avait pas de place assez forte pour résister à tout l'effort du royaume, que ce n'était qu'une question . de temps, que si ce n’était dans un mois, ce serait dans deux, dans trois, dans douze, s'il le fallait, pour en venir à bout, car on était décidé à employer Le verd et le sec. — Smith répliqua qu’ils n'étaient pas intimidés par leurs forces, qu'ils les attendaient depuis sept mois, que ce n'était pas pour détourner la guerre qu’il était venu, mais que, si réellement on voulait s’accommoder, il va- lait mieux en avoir l’honneur que de le laisser aux papistes. Cet entretien eut lieu avant diner, et quand ils rentrèrent, comme il se reprenait, la princesse y mit fin en appelant le prince à la prière. Après le repas, ils se mirent à causer dans l’embrasure d'une fenêtre; d'Andelot, entrant à ce moment, vint s'asseoir auprès d'eux, et, sur l'invitation du prince, M. de Grammont se joignit à eux. Résumant son premier entretien avec Smith, au dé- vouement duquel il rendit hommage, Condé leur fit connaître que la reine Élisabeth voulait la remise immédiate de Calais , que, faute d'y faire droit, elle entendait garder le Havre. D’Andelot, prenant la parole (et il l’a facile et éloquente, remarque Smith), s’attacha à montrer quel honneur reviendrait à la reine si, se mon- trant fidèle à sa première promesse, elle témoignait qu’elle n’avait eu pour but que la cause de la religion : « Les contrats intervenus pour le Havre n’avaient eu qu'un seul objet, l’argent qu’on leur prêtait; l’article pour le Havre leur avait été arraché de force. Est- ce que jamais des sujets peuvent donner les villes de leur prince? Aujourd'hui, après cette paix, tous les Français doivent aide et assistance à leur roi pour rentrer dans ce qui lui appartient, et il y a là des embarras et des dangers pour la reine Élisabeth. » — Smith, dans sa réponse, qui se ressentit de son animation, pro- testa d'abord de son zèle pour la religion; sa conduite passée en En était le meilleur témoignage : puis, venant à discuter, il leur dé- clara que, si l’on arrivait à un accord, à la paix, sans employer la force, toutes les actions particulières seraient à jamais passées sous silence et couvertes sous le manteau de l'affection et de l'ami- tié; mais que, si on en venait à la guerre, la reine, comme c’est l’u- sage maintenant, publierait son apologie et sa défense. Là-dessus le prince appela M. de la Haye, et l'interpellant : — « Qu'en dites- vous? monsieur l'ambassadeur déclare que, si nous allons au Havre, la reine, sa maîtresse, fera imprimer tous nos contrats et écrits con-- cernant cette ville et prouvera qu'il n’y a pas eu d'articles mis de force. — Monseigneur, s’écria la Haye, à Dieu ne plaise qu’on en arrive là; pour l'amour de Dieu, cherchez une autre voie; ne ré- duisons pas cette bonne reine à cette extrémité; nous serions en- tièrement perdus et déshonorés pour jamais. » — Smith, se tour- nant vers le prince, dit que s’il ÿ avait là un papiste il ne voudrait pas avoir dit cela pour dix mille couronnes; ni la reine, ni le car- dinal ne pourraient jamais, avec toute leur puissance et leur as- tuce , lui faire avouer qu’il ÿ avait eu un contrat, comme le prince a bien pu en juger par ses actions et par ses réponses du dernier jour au conseil, et pourtant il en a la copie avec les noms et les sceaux; si l’on en vient à la force, ils ont déjà le Havre, et s'ils prennent Calais, toute la Normandie et la Picardie, ce sera de bonne prise et bien à eux; puis, dans une chaude péroraison, rappelant les bienfaits de la reine, les dangers qu'elle avait courus pour les avoir secourus, il dit que si le prince devait marcher contre eux, il en serait navré : « Laissez cela aux Guisards, ajou- ta-t-1l, laissez cela aux papistes; s'ils n'en retirent pas assez de honte, à nous le blàme; s'ils sont traités par nous comme ils doi- vent l'être, vous en recueillerez tout le fruit; ils seront plus faibles et vous plus forts; mais si la guerre s'ensuit, voilà ce qui arrivera : d’abord on révèlera au monde entier ce qui s'est passé entre la reine et vous; la reine gardera de vous une mauvaise opinion; notre alliance et amitié pour vous se changera en haine et en dis- corde , au grand plaisir des papistes; ce sera la ruine complète de la religion en France et l’affaiblissement de notre ligue commune pour la cause de l'Évangile ; le monde rira de vous et vous mépri- sera avec raison. »— Condé, se tournant vers d'Andelot :« Mon oncle, lui dit-il, monsieur l'ambassadeur ne s'était pas si avancé contre nous avant diner, quand nous n'étions que lui et moi. » Puis il dit ss Ut à Smith : «Nous sommes plus d'accord, lorsque nous ne sommes que nous deux; nous reconnaissons pour vrai ce que vous dites, et que vous n'êtes mü que par la véritable amitié et affection que vous portez à la religion et à nous; dites-nous donc votre avis sur ce que nous devons faire pour satisfaire votre maîtresse; si je devais donner ma vie, j'y suis prêt, el jy suis obligé. » — Smith répondit que le prince avait commis deux grandes fautes; il pouvait lui dire comme cet ancien : Vincere scis, Annibal, victorià uti nescis ; il était beaucoup plus fort que ses adversaires, et, à la première proposition de paix, il s'était soumis et avait recu des lois de ses ennemis. L'autre faute, c'était quand 1l avait dépêché un envoyé à la reine sans lui faire remettre une lettre de crédit. Si la reine avait accepté les offres de Briquemault, quelle autorité avait:il pour les ratifier? — « Au- cune, reprit le prince; Briquemault n’était porteur que des lettres de l'amiral et des miennes sans pouvoir ratfier. — Qu’avez-vous fait alors, répliqua Smith, si ce n'est tenter la reine pour savoir ce qu'elle répondrait. On dit : Non tentabis Dominum Deum tuum. Dieu n’aime pas à être tenté, et les grands princes non plus; mais la reine est d'un grand esprit, d'une haute intelligence; elle sait bien de quelle valeur, de quel poids sont les choses qui lui sont présentées, et elle a dit nettement ce qu'elle a sur le cœur, ainsi que Briquemault a pu en rendre témoignage; elle tient plus à vous qu’à aucun prince de la terre et serait fâchée de s’unir à quelque autre parti. » Enfin, tout en louant la dernière attitude de Condé, 1] finit en l'exhortant à prendre en main la cause et les droits de la reine, rappelant ce qui a été dernièrement fait en faveur du duc de Savoie. Sur ces paroles, le prince se leva et dit à d’Ande- lot : — « Vous le voyez, monsieur l'ambassadeur et moi nous nous quittons bons amis. » — Après un moment de réflexion, d'Andelot lui dit : « Monsieur l'ambassadeur a bien parlé; il sera bon d'y penser.» L'entretien se termina ainsi très-amicalement, Condé promettant à l'ambassadeur d'en référer à la reine mère et le priant de retarder son courrier jusqu’à sa réponse !. Quelques jours auparavant, Middlemore avait, de son côté, agi auprès de Coligny. Depuis son départ d'Orléans, l'amiral s'était retiré à Châtillon; dans toutes ces tentatives de négociations, il s'était tenu dans l'ombre et s'était effacé. Nous n'avons retrouvé L Record office, State papers, France, vol. XX XII. qu'une seule lettre de lui à la reine Elisabeth, à la date du 10 avril 1563 : . Madame, j’ay-receu la lettre qu'il a pleu à vostre Majesté m'escrire par le s' du Chastellier, par lequel aussi j'ay entendu beaucoup de gra- tieux et honnestes propos, qu'il vous a pleu luy tenir de moy, dont je me sens grandement heureux et content et mettray peine, Dieu aydant, que vous n'aurez point occasion de perdre ceste bonne opinion que vous avez , et pour ce, Madame, que je ne doubte point que vostre Majesté ne puisse bien juger qu'il nous a faillu emprunter grands deniers pour les frais qu'il convint faire pour ces guerres, et que pour en estre au- culnement remboursé, j'avoy à donner plusieurs assignations sur la vente qui se debvoit faire des prises admenées au Havre de Grace par Francoys le Clerc, et neantmoings j'ay entendu qu'on n'en peult obtenir main-levée de messieurs de vostre conseil. Je supplie très-humblement vostre Majesté commander que raison nous soit faicte, car, de ce que aucuns Flamands vouloient reclamer les dictes prises, il se prouvera assez du contraire par deux memoyres que j'envoye presentement au s° de Bricquemault, auquel j'escripts d'en informer plus particulierement vostre Majesté. Aussi je la supplie de commander qu'il ne me soit point mys d'empeschement à la vente d’aucuns bledz, cildres et autres vivres que j'avoys envoyés dernierement au Havre, moy estant à Caen, et sur ce je supplieray le Createur, Madame, vous donner en toute prosperité très-heureuse et très-longue vye. De Chastillon, cexvj° jour d'avril 1563”. Nous retrouvons Coligny le 11 mai à Essone; sur l'invitation de la reine il se préparait à se rendre à la cour. Ce fut là que Condé vint le irouver en compagnie de Middlemore; il voulait continuer sa route, mais tous ses amis le supplièrent de n’en rien faire; on parlait d’une prise de corps secrètement obtenue contre lui, à l’occasion de la mort du duc de Guise: on méditait de la mettre à exécution à un moment favorable, et s'il résistait, sa mort était inévitable; se rendant à ces avis il rebroussa chemin et retourna à Chatillon. C’est donc à Essone, le 12 mai, que Middlemore eut avec lui l'entretien que nous allons reproduire. Prenant le premier la parole, Middlemore lui exprima combien les offres portées par Briquemault avaient été désagréables à la reine; combien peu elle s'attendait de la part du prince et de la L Record office, State papers, France, vol. XXXIT. (Original. ) Le. pe ee sienne à des offres si contraires à leurs promesses, contrats et lettres et qu’elle avait juste cause {s'ils ne s’acquittaient pas autrement de leurs promesses qu'ils n'avaient fait jusqu'ici) et de dire et de croire qu'elle avait comblé de bienfaits de bien ingrates personnes, et que cette forfaiture la forcerait peut-être de faire ce que lui et d'autres regretteraient fort avant peu. — À son tour, l'amiral se plaignit des procédés dont la reine avait usé à son égard; ül savait qu'elle avait dit de lui quil était le plus faux, le plus déshonnête des hommes, et qu'elle voulait déclarer hautement que leur intention n'était pas d'établir la religion, mais de ren- verser le roi et de se faire des rois et des maîtres souverains. A ces récriminations Middlemore répliqua que ces propos n'avaient pour but que de mettre la division entre la reine, sa maîtresse, et le prince et lui; que, si elle était offensée, elle avait juste cause de l'être. — L’amiral répondit qu'elle n'aurait plus de griefs légi- times, si son argent lui était rendu et son droit sur Calais garanti: que ce qu'il avait dit pour le respect des clauses de ce traité, Dieu seul et la reine mère pouvaient en être juges; qu'il n’avait jamais varié, qu'il s'en était hautement déclaré, enfin qu'il n'avait jamais promis par lettres ou autrement à la reine qu'elle pourrait garder le Havre jusqu’à la restitution de Calais, et que, si la reine avait une lettre de lui en ce sens à montrer, il serait heureux de la voir. — Middlemore lui opposant le contrat passé pour l'occupation du Havre, l'amiral protesta qu'il en ignorait les termes, qu'il ne l'avait jamais vu avant son voyage en Normandie, lorsque Throck- morton le lui communiqua, et que si, avant d’en signer la confir- mation il avait pu croire que l'on y eût inséré autre clause que l'assurance donnée à la reine du remboursement de l'argent qu'elle avait prêté ou prêterait, et que l’aide et le secours quelle avait donné ou donnerait porterait préjudice à son droit sur Calais, que Dieu ne le bénisse jamais. Il ajouta que la Haye lui avait écrit à Orléans, peu après que le traité fut passé en Angleterre, qu'on lui avait promis de lui rendre le contrat quand il le voudrait, et qu'ainsi il le lui enverrait, parce qu'on lui avait nettement répondu qu'on ne pouvait s'en servir et qu'il ne pouvait tenir lieu d’un contrat signé par lui (l'amiral); puis protestant de son dévouement envers la reine, il pria Middlemore d'inviter sa maîtresse, puisqu'elle avait l'assurance de rentrer dans Calais, au terme spécifié dans le traité, à s'y tenir, sans se jeter dans une Les A: ns guerre douteuse; bien que la place du Havre fût très-forte, elle- risquait de la perdre, s'ils y employaient vigoureusement leurs forces, ce qu'il cherche et cherchera de tout son pouvoir à em- pêcher. — Middlemore revenant à la clause du contrat, l'amiral lui fit observer que c'était le plus mauvais des arguments, car nul d'entre eux ne pouvait rien donner, rien promettre au détri- ment des droits du roi !. L'entretien en resta là : par la double déclaration du pringe et de l'amiral, il est bien acquis ne la clause qui permettait à Éli- sabeth de garder le Havre jusqu’à la remise de Calais avait été in- tercalée de force par ses ministres dans la convention intervenuc entre eux et le vidame de Chartres et de la Haye; en outre le prince et l'amiral reconnaissent , tous deux, n'avoir aucun droit pour céder ou promettre une ville appartenant au roi leur souverain. Le seul point vraiment étrange, c'est celui qui concerne le contrat passé pour Ja remise du Havre aux Anglais; l'amiral déclare ne l'avoir jamais vu avant son voyage en Normandie, et pourtant il le ratifie sans le lire et le fait ratifier par tous les seigneurs de sa suite, pour obtenir l'argent destiné aux reîtres, et c’est après cette rati- fication que Throckmorton le lui met sous les yeux. Jusqu'ici la politique de Catherine avait eu le dessus; la mis- sion de Briquemault avait échoué, elle s’y attendait et le désirait ainsi; à sou retour en France, lorsqu'il vint lui en rendre compte, il eut la bonhomie de lui dire que, s'il avait eu un pouvoir officiel, il aurait pu faire à Élisabeth des offres qu'à coup sur elle aurait acceptées et qui lauraient amenée à consentir qu'on ne rendit Calais qu'a l'expiration des huit ans fixés par le traité : — « Quelles offres, demanda-t-elle? — I suffisait, dit-il, de donner pour otages le duc d'Anjou, le roi de Navarre ou le duc de Guise. » — Cathe- rine ne put réprimer un sourire. — « Qu'importe, ajouta Brique- mault, la qualité des otages, si votre Majesté est décidée à exécuter le traité. — Je ne vous chargerai pas, à coup sûr, répliqua-t-elle, de donner de pareils otages, je m'en garderai bien. » — Briquemault lui représentant la difficulté de reprendre ie Havre : «Eh bien! puisqu'il ne dépend pas de vous que nous ayons une bonne compo- sition , allez votre chemin, lui dit-elle , retournez chez vous, vous avez besoin de repos, et nous, nous ne perdrons pas notre temps ?. 1: Kalendar of State papers, 1563. 2 Thid. NUISS SCIENT, —11: 2 ER ee Les chels protestants n'étaient pas tous décidés à prendre part à la guerre contre les Anglais; d'Andelot pour s’excuser prétextait une indisposition |; il fallait les y amener en surexcitant leur pa- triotisme, il fallait mettre une dernière fois la reine Élisabeth en demeure de rendre le Havre; c'est sur son opiniàtreté, sur sa colère peut-être, que Catherine comptait pour vaincre les derniers scrupules de Condé et de ses amis. Pour cette nouvelle mission, elle jeta les yeux sur d’Alluye ?, un des secrétaires de ses comman- dements. Si l’on en croit Middlemore, il était un peu jeune pour une si grosse affaire, c'est son insignifiance comme caractère qui l'avait fait désigner, et Marie Stuart, parlant de lui à l'ambassadeur Randolph, disait ironiquement que c'etait un jeune homme sans barbe 5. D’Alluye partit le 22 mai, il passa par Chantilly pour voir le connétable, le prince de Condé ayant manifesté le désir qu'il s’y : arrêtàt une nuit. Dans ce retard apporté à la mission de d'Alluye, il y avait un autre calcul; Condé voulait obtenir de la reine mère que la Haye lui füt adjoint. Catherine s’y prêta de bonne grâce; cela d’ailleurs rentrait dans ses vues, car le refus d'Élisabeth, dont elle était certaine à l'avance, en passant par la bouche de la Haye n'en serait que plus grave; c était le moyen d'en finir avec les in- décisions, les perplexités de Condé que Smith signale et dont ül s’applaudit : «Le 23 de ce mois, écrit-il à Cécil, le prince a en- voyé monsieur de Grammont auprès de la reine pour lui dire qu'il veut quitter la cour. — Elle a répondu qu'elle le suivra, qu’elle ne peut rien sans lui. — Grammont ayant répliqué que le séjour du roi à Paris était cause que le prince ne s'y rendait pas, car il craignait un attentat sur sa personne : — S'il a cette crainte, a repris Catherine, demandez au chancelier pourquoi le roi et moi nous sommes restés si longtemps à Paris. — Le chancelier a ré- pondu que c'était uniquement pour obtenir de l'argent des Pari- siens, et Catherine a offert de se rendre soit à Vincennes, soit à Madrid, soit à Saint-Germain *. » Middlemore signale également à Cécil les variations de Condé : « Tout dernièrement il lui avait dit que s'il n’avait pas encore reçu ses lettres de lieutenant 1 Bibliothèque de Rouen, fonds Leber. 2? Kalendar of State papers , 1563. 3 Florimond Robertet, baron d'Alluye. # Kalendar of State papers, 1563. NOOTETS ==. MO — général, c'était parce qu'il ne voulait pas commander les troupes destinées à marcher contre les Anglais, et maintenant il annonce hautemént qu'il sera le chef de l’armée du Havre !. » Eutrons dans quelques détails sur la mission de d'Alluye : ses offres en réalité ne différaient pas de celles de Briquemault, seu- lement il avait l'autorité qui manquait à celui-ci, il pouvait parler au nom du roi, offrir de grands personnages pour olages, à l'excep- tion pourtant des frères du roi. Le 3 juin il eut sa première au- dience, il réclama tout d'abord la restitution du Havre. — Élisabeth répondit qu’elle y consentirait, mais à une condition. — D'Alluye ayant demandé laquelle : — « Mon droit sur Calais, » reprit-elle. — D’Alluye objectant que le roi voulait bien rendre Calais, mais à l'époque fixée par le traité, elle répliqua que sa demande était conforme aux termes du traité, et proposa que des commissaires fussent désignés et que leur conférence euût lieu à Calais ; le Havre serait rendu d'après leur décision; mais d’Alluye exigea que le Havre füt rendu préalablement, et sur ce il se retira. Le mécon- tentement de Cécil perce dans la dépêche où il rend compte à Smith de cette audience : « D’Alluye jusqu'ici n’a fait preuve, dit- il, que de fierté et d'ignorance?. » Ce n'était que trop vrai, les ma- nières hautaines de d’Alluve étaient peu propres à faciliter une conciliation; mais n'était-ce pas le motif du choix de Catherine? À sa première audience, d'Alluye avait paru désireux d'entrer en conférence avec quelques membres du conseil pour s'expliquer plus hardiment avec eux et en obtenir une plus franche réponse; lord Northampton, le Iord amiral, M. Wotton et Cécil furent dé- signés et jour pris pour le lendemain. Lethinglon, l'envoyé de Marie Stuart, qui venait prendre congé de Ja reine Élisabeth, fit route avec nos ambassadeurs; s’ouvrant à lui, ils lui dirent que, si la reine voulait bien leur déclarer qu'elle était disposée à rendre le Havre, aussitôt qu'une assurance pour le traité de Cateau-Cambrésis serait donnée, ils s'engageraient à envoyer, dans les huit jours qui suivraient, les noms des commissaires français désignés pour s’'abou- cher avec les leurs. Lethington ayant fait part confidentiellement à Cécil de cette communication, celui-ci proposa cette variante : « Aus- sitôt que les commissaires se seraient entendus sur la difficulté de 1 Kalendur of. State papers, 1563. : Tbud. PER Calais. » L'intervention de Lethington, acceptée de part et d'autre, n'amena aucun résultat. D’Alluye, après avoir paru consentir à ce que l’on envoyat les noms des commissaires français, changea d'avis et déclara qu'il n'avait pour mission que de réclamer le Havre et qu'il désirait que la reine répondit par un oui ou par un non. Élisa- beth rendit compte elle-même à Smith de la mission de d’Alluye, elle ne lui cacha pas que de la Haye l'avait suppliée de faire un ac- cord dans l'intérêt du prince de Condé eten vue de certains motifs particuliers, lui remontrant que, si les princes d'Allemagne et elle s'entendaient avec Condé, ce serait un grand bien pour les affaires de la religion , mais que voyant que les envoyés français n'avaient au- cun pouvoir pour traiter, ni aucune assurance à lui promettre, eile leur avait donné congé et ne le regrettait pas: elle allait envoyer en France sir Thomas Dannet pour demander, en son nom, Ca- lais, puisque les envoyés français n'étaient venus que pour récla- mer le Havre!. La première nouvelle de l’insuccès de l'ambassade de d'Alluye fut apportée en France le 8 juin par notre ambassa- deur du Croc, qui revenait d'Écosse : « La reine Élisabeth avait dû dire à d’Alluye que ce n’était, ni pour cause de la religion, ni par respect pour aucune personne, ni pour aider le roi, qu'elle avait pris le Havre, mais que c'était la revanche de Calais, et qu’elle garderait cette place jusqu’à la fin. » Ces paroles étaient trop bien dans le jeu de Catherine pour qu'elle ne les fit pas publier partout et surtout parmi ceux de la religion. Les clairvoyants du parti voyaient pourtant plus de malice que de vérité ? Au moment où Catherine , exploitant si habilement le sentiment d'indignation patriotique soulevé par les paroles d'Élisabeth, croyait enfin toucher au but et n'avoir plus qu'à pousser ce cri de guerre que la nation entière allait répéter avec elle, un événement inattendu faillit détourner Condé de la voie où elle l'avait engagé. Le 9 juin, au matin, le roi était venu du bois de Vincennes pour assister le lendemain à la procession de la Fête-Dieu, el avait passé la nuit à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés; la cérémonie ter- minée sur les sept heures du soir, il rentrait en compagnie de la reine et du prince de Condé; arrivé à la porte Saint-Antoine, il la trouva occupée par six cents Parisiens bien armés el à cheval; ils ï Kalendar of State papers, 1563. — Éecord office, State papers. ? Lettre de Middlemore à Cecil, Kalendar of State papers, 150: — 21 — étaient là pour faire un mauvais parti au prince et à sa suite, mais, reconnaissant le roi, ils ouvrirent leurs rangs pour le laisser passer et se séparérent en deux bandes. La princesse de Condé sui- vait en coche à peu de distance, elle fut assaillie par eux et ne dut son salut qu'à la vitesse de ses chevaux; les gentilshomimes qui l'accompagnaient leur criaient que ce n’était pas la princesse qui était dans le coche, mais les filles de la reine; sans rien écouter, ils tuèrent le capitaine Coupé à la portière du coche et firent cinq ou six prisonniers! Le prince s’en montra exaspéré, attribuant ce guet- apens à la maison de Guise; il déclara, en plein conseil, qu'il ne mettrait plus le pied à la cour, tant que les Guise y resteraient?. Accablée par ce nouveau coup, Catherine de Médicis écrivait à la duchesse de Savoie : « Madame, quand je pense estre hors de ces troubles, je crois qu'il semble qu'il y a je ne scais quel malheur qui nous y remet, encore que j'espere y donner si bon ordre que, avant qu’ils commencent plus grands, je leur conperay le chemin, car Jay avec moy tous les princes du sang et monsieur le connes- table qui ne jure à present que la foy qu’il me doibt, et disant le prince de Condé qu'il ne.veult que m'obeir et ne rien troubler, et de l’aultre costé ceulx de Guise qui me monstrent fort ressentir l'obligation qu'ils m'ont, j'espere apaiser ceci par la bonne justice que j'en feray et ne fauldray vous advertir comment les choses passeront. » C'est d'Alluye qui allait venir en aide à Catherine et lui per- mettre de tout raccommoder; arrivé à la cour, le 16 juin, …ül affirma qu'Élisabeth avait bien tenu les paroles rapportées par du Croc. Catherine reprit donc tout le terrain un instant perdu, et le succès de sa politique peut se mesurer à la violence du lan- gage de Middlemcere. « L'inconstance et la faiblesse du prince de : Condé sont si grandes, écrit-il à Cécil, il a si bien oublié Dieu et son propre honneur qu'il s'est laissé entrainer par la reine mère à marcher contre sa Majesté au Havre, et maintenant c’est lui par dessus tous qui a pris à tâche de persuader à ceux de la religion de trouver bon, juste et légitime qu'il y aille, et qui les sollicite le plus de servir dans cetle guerre contre sa Majesté. Le 17, il a dit hautement que la reine mère voulait l'avoir avec elle et qu'il irait 1 Kalendar of State papers, France, 1563, p. 417. 2? Jbid. % Archives de Turin. se Dors et que tous ceux de son parti devaient s’y préparer. Condé, si mal- traité par Middlemore et qui n’était pas à ignorer tous les mé- chants propos tenus contre lui à la cour d'Élisabeth, écrivait le 31 mai à Cécil pour s'en plaindre amèrement; sa lettre appartient à l’histoire de ces tristes démêlés : Monsieur je secretaire, puisque par le passé vous avez tant et si ou- vertement faict paroiïstre le zelle et l'affection que vous portez à l'honneur de Dieu, et à la conservation et defence en general de son Eglise, et à moy une particuliere bonne volunté, ainsi que par les lettres de mon- sieur de la Haye, conseiller du Roy monseigneur et maistre des requestes ordinaires de son hostel, estant par desla, et, depuis son retour, par sa bouche j'ay pu entendre, je ne me puis persuader que une tant bonne amitié, procedant d'une si saincte occasion et logée dans ung cerveau si solide et constant, puisse jamais estre esbranlée ou souffrir alteration par quelques faulx rapports que l'on s'efforce de vous faire, ny que mes ennemys ossassent artificieusement semer, car estant nourry, comme vous estes, de si long main au maniement des grandes affaires, vous nignorez point combien les grands sont subjectz à une infinité de calum- nies, pourquoy, de ma part, je ne trouve point estrange, d'autant que si Dieu m'a appellé et faict naistre en ce rang, il ne m'a voulu exempter de ceste condition, mais il me desplaist grandement que ieiles impos- tures parviennent aux oreiiles de ceulx dont je recongnois avoir receu beaucoup de plaisirs, comme de la Royne vosire maistresse. Toutes fois, combien que ordinairement la verité ayt esté puissante par la vivacité de ses rayons de penetrer avecques le temps l'obscurité des plus espesses mensonges, si nay je peu avoir ceste patience d'en attendre l'evene- ment, ains estant adverty de la sinistre oppinion que l'on essaye d'im- primer de moy en la fantaisie de la dicte Dame, deschiffrant mes actions et deportemens au grand desavantage de ma reputation, je n'ay voulu faillir de redespecher soudain iceluy s° de la Haye vers sa Majesté et l'accompagnier de la presente, par la quelle je vous prieray, Monsieur le secretaire, que sil vous reste encore quelque scentille (sic) de ceste premiere amitié vers moy, vous la demonstrez en cest endroict, affin que, le dict sieur de la Haye faisant entendre à la dicte Dame la pureté de mon cœur et le meilleur de mes intentions, vous luy assistez telle- ment de vostre credit et faveur envers elle que, de son contentement, il m'en rapporte le gré et la satisfaction que j'en attendz et desire; et pour ce que, pour y parvenir, il s'en va très-bien instruit de toutes choses, les quelles je luy ay prié vous descouvrir par le menu, je ne vous en feray icy autre ni plus ample discours, en me remettant sur sa suf- fisance, après vous avoir prié luy adjousier semblable foy et creance OM que vous feriez à moy mesmes, je supplieray le Createur vous donner, Monsieur le secretaire, avecquez sa saincte grace ce que plus desirez. Escript au Bour de Vincennes, le dernier jour de may 1563”. Condé fit plus encore, il tenta une dernière démarche de con- ciliation auprès d'Elisabeth, et un historien anglais moderne? lui rend cette justice qu'il écrivit une noble lettre; on en jugera : Madame, après avoir veu les lettres qu'il a pleu à vostre Majesté m'es- crire par les sieurs Dannet et de la Haiïe, et entendu d’eulx bien au long ce quil avoient charge de me dire de vostre part, sur la pacification du different qui se presente entre le Roy monseigneur et vous, jay pensé (veu la consequence grande que peult attirer après soy une telle divi- sion) qu'il estoit trop meilleur rechercher ies moiens de venir à une amiable composition, que de tenter le hasard d'un triste evenement des armes, qui a esté occasion que, sur la proposition que m'a faicte le dict sieur Dannet, je luy en ay mis en avant une autre, qui ne me semble moins raisonnable pour la conservation de l’un et de l’autre estat de voz Majestez que très-propre pour satisfaire à ce que vos subiectz pourroient objecter de leur interestz publicq, qui est que, s'il plaist à vostre Ma. jesté envoier pouvoir et tant m'honorer que de voulloir que je requiere, en vostre nom, au Roy mon dict seigneur, que, lors qu'il sera parvenu en aage de majorité, il ratilie et approuve, face ratilfier et approuver tant par la Royne sa mere, les princes du sang , seigneurs de son conseil privé, el par toutes ses courts de parlement le contenu au traicté de Cambresia, je m'efforceray y rendre tout devoir, et mettre autant que je pourray pour luy faure trouver bon, m'estant advis que, ce faisant, tous soubçons et mauvaises opinions seront effacées, les antiennes amitiéz seront d'au- tant plus confirmées et renouées que nos voisins {qui n attendent aulre plaisir que d'estre spectateurs de nostre commung malheur) perdront l'esperance de profiter de noz despouilles; et avecque ce, Madame, vostre Majesté ne sera aucunement blasmée en la sincerité de vos actions, quand chacun congnoistra que la gloire de Dieu, et l'affection de se- courir le Roy, vostre bon frere, ont esté la seule cause de vous faire prendre les armes. En quoy l'obligation de ceulx qui ont receu le fruict augmentera davantage le cours de vostre repulation ; et moy particu- lierement m'en tiendray plus estroitement vostre attenu, pour en tous aultres endroicts m employer à vous faire service du mesme cueur que je supplie ce bon Dieu vous donner, Madame, en heureuse prosperité ce que trop mieulx scaurez desirer. Escript à Saint-Prix, le xxvj° jour de juing 1 563*. ! Record office, State papers, France, vol. XXXHIT. (Original.) ? Froude, History of Elizabeth. ? Record office, State papers, France, vol. XXXTT, (Original. ) ue > Coligny fut mis également en demeure par Smith de lui venir en aide; nous avons retrouvé sa réponse; elle trahit l'impuissance où 1l était d'agir d'une manière efficace : « Monsieur, jay receu la lettre que m'avez escripte par le sieur de Middlemore, present porteur, et entendu de luy les propos que vous luy avez donné charge de me dire touchant les choses qui sont passées entre vostre nation et la nostre pour quelque temps en ça, et le desir que vous avez que nous demeurions en bonne paix les ungs avecques les auires, et aussi est-ce une chose grandement à desirer de tous gens de bien et, pour laquelle obtenir, tous ceulx, qui sont en lieu de pouvoir servir, se doibvent empioyer, comme je veoy que vous estes disposé de faire de vostre costé, vous priant de croire que, aussi du mien, je m “emploieray volontiers : a cela par tous les moyens que j ‘en pourray avoir, ainsi que jay prié le dict sieur de Middlemore vous dire plus amplement, suivant ce que je luy ay communiqué, auquel porteur m'en remettant, je me recommanderay en cest endroict de bien bon cœur à vostre bonne grace et supplieray le Createur, Monsieur, qu'il vous donne bonne et longue vie. De Chastillon, Île 11j° jour de juillet 1563. Grâce à l’opiniätreté d'Élisabeth, et à son refus si dédaigneux, Catherine avait donc repris toute son influence sur Condé; elle avait rendu à d'Andelot sa charge de colonel, enfin elle avait ramené à elle le connétable en flattant son désir d’omnipotence et en lui confiant tous ses pouvoirs : « C’est le connétable, écrit Smith à Cécil, qui fait tout maintenant, le roi et la reine lui ont tout remis entre les mains, il se montre beaucoup plus traitable pour les choses de Ia religion, et sur ces maüères il y aurait plus d'avan- tage à traiter avec L. et son fils, le maréchal de Montmorency, qu'avec le prince de Condé? » Élisabeth, si clairvoyante d'habitude, se faisait une fausse idée de la situation présente de la France : il y avait de nouvelles influences dont elle ne se rendait pas compte; les anciennes pratiques de Throckmorton n'étaient plus de mise; l'amiral n'avait plus d'autorité, et Smith, en lui envoyant de nou- veau Middiemore à Chatillon pour le presser d'agir en faveur des droits de l'Angleterre, faisait fausse route, le courant n'allait plus de ce côté. Dans la pensée de Catherine, la guerre était décidée: ? Record office, State papers, France , vol. XXXIV. (Copie. Kalendar of State papers, 1363. LL avant de partir pour le Havre, elle avait réconcilié le duc de Ne- mours et le prince de Condé. Toutes ces grosses affaires menées à bonne fin, le 28 juin, la cour quitta Paris; le 1°® juillet, elle était à Mantes où elle séjourna trois ou quatre jours; le 5 juillet, elle était à Gaillon où le jeune roi manda l'ambassadeur d'Angleterre; la lettre qu’il lui adressa est presque une menace : Avant l'expedition du recouvrement de ma ville francoise de Havre- de-Grace, je desire bien vous veoir et faire entendre aucunes choses; j ay advisé vous depescher ce gentilhomme present porteur, vous priant partir pour vous rendre la part que je seray et me venir trouver le plus tost que vous pourrez, priant Dieu, Monsieur l'ambassadeur, de vous avoir en sa saincte garde. Escript à Gaillon, le vj° jour de juillet 1 5637. : En quittant Gaillou, le 15 juillet, Smith se rendit à Rouen, il put y voir passer les troupes qui de tous les points de la France marchaient sur le Havre, et lorsque les autres ambassadeurs furent mandés à Louviers , lui seul ne recut pas de lettre de con- vocation. La fierté d'Élisabeth s'était bien refroidie, ses exigences bien amoindries: les instructions secrètes données à Dannet, qu'elle venait d'envoyer, en témoignent : en désespoir de cause, elle en était venue à dire que, si on lui garantissait de lui remettre Calais au terme fixé par le traité, elle préférerait encore celte so- lution à la guerre qui semblait imminente. Ces offres faites à temps auraient peut-être été agréées, surtout appuyces par Condé; mais ce n'est pas dans ces moments décisifs qu'il faut passer par les lenteurs, les finesses de la diplomatie, se laissant arracher une à une de tardives concessions, il faut savoir trancher dans le vif. Sans se rebuter, sans paraître se ressentir de l'affront qu'il venait de subir, Smith fit remettre à la reine mère de nouvelles propo- sitions; elles différent peu de celles proposées par Condé dans sa dernière lettre à Élisabeth, et les voici sans en rien retrancher Pour ce que les deux princes sont d'accord des principaulx poinelz qui mettent fin à ceste guerre qui commence à s esmouvoir, c'est-à-dire, la royne d'Angleterre de relascher sa demande d'avoir Calais incontinent rendu, et d'attendre les huict ans complectz, selon le contenu du traité du Chateau en Cambreisis, et de rendre maintenant Ie Havre es mans l Record office, State Papers ; France, vol, XXXIV. ET du roy, pourveu quelle puisse estre asseurée, qu'au bout des viu ans elle aura son droit de Calais sans cavillation ou delay, et sans qu'elle soit alors contraincte d'entrer en nouvelle guerre; et d'autre part, le roy très chrestien est content de tenir le dict traité, et rendre Calais au temps par le dict traicté prefixé, et de donner bonnes asseurances. Ces princi- paulx pointz, comme dict est, accordés , l'ambassadeur d'Angleterre estime la paix estre desja faicte en effect et ne doubte point que Dieu, qui a inchné les cœurs de ces deux princes jusques à ce, achevera tant bien le reste, à sa gloire et repos de toute la chrestienté; car il n y a nul em- peschement à ceste heure, sinon la mefhance que la royne d'Angleterre et son peuple a que, au bout du dict temps, il se fera quelque caxil- lation ou delay controuvé par mauvais gens, ennemis de la paix, qui alors persuaderont le roy à non observer le dict traicté. Pour remedier à cela, par commandement du roy et de la royne, monsieur le prince de Condé a communiqué avec l'ambassadeur d'An- gleterre , et a faict certains offres, selon ce qui est contenu en ung eseript signé de la main du dict ambassadeur, iesquelz offres le dict ambassa- deur a trouvez bons et raysonables, mais, à son opinion, non pas sufh- sants, et pour achever ceste bonne œuvre, a mis en avant ung offre par le commandement de 1a royne sa souveraine ; c'est-à-dire que commis- saires soient nommés des deux parts, lesquek accorderont ensemble de telles asseurances qui debveront contenter la dicte royne d'Angle- terre, ce que la royne sa maistresse estime la plus courle et briefve voye. Cest offre Monsieur a rejecté, comme occasion de prolonger le temps. Touiesfois le dict ambassadeur entend, que non-seulement des offres de monsieur le Prince, mais aussy cest offre cy du dict ambassa- deur, furent trouvés bons par le roy, la royne, et son conseil à Gaillon, le quinziesme de ce mois, quand il fut devant eulx , et sur cela il a envoyé en Angleterre pour avoir commissaires, tek qu'il p'aira à sa souveraine envoyer, arec pouvoir ires-ample de traicter et conclure. Les aultres articles, lesquelz le dict ambassadeur a mis en avant a mon- sieur le Prince, il n'a pas ce faict du commandement ou commission de sa maistresse, mais seulement du grand zele et desir qu'il a de trouver le moyen que le plustost la paix soit faicte et conclue; et sont telz articles qu'il a entendu avoir esté, les aucuns offerts, Îles aultres traictez en Angleierre entre messieurs du conseil d'Asgleterre et ceulx qui ont esté là, sçavoir : messieurs de Bricquemault. d'Alluye, de Fox et Lethington, pour plus amplement asseurer la dicte royne et osier toutes doubtes : à scavoir, que six hostages soient donnez pour la redi- lion de Calais, lesquelz la dicte royne choisira des meilleures maisons de France, excepitez les freres du roy irès-chrestien, et ceulx qui sont gers, comme le roy - d'Espaigne , ou quelque prince d'Allemagne, soient aussi obligez, ou par de son conseil privé; que quelques princes estran ss D bons et suflisans hoslages de leurs propres subjeciz, ou par leur escript obligatoire, ou quelques bonnes villes, comme Anvers et Bruges, Francfort et Ausbourg, ou que le roy d'Espagne, ou quelqu'un des princes protestans , telz que la royne nommera, soient faictz parties dans le dict traicté avec la royne; et que le roy soit obligé à eulx, comme à la royne, pour tenir le dict traicté ; que certaines villes de France, comme Paris, Rouen, Dieppe, Brest, Nantes, la Rochelle et Bourdeaulx s’obli- gent en une grosse somme de deniers, que Île roy tiendra le dict traicté de Cambresis touchant la redition de Calais. Et pour ce que ces articles ont esté offertz et traictez entre ceulx cy-dessus nommés, le dict am- bassadeur pense que tous ces articles, ou quelque partie d'iceulx, ou semblables seront en demande, quand on viendra à specilier ou parti- cularizer les asseurances, el pour cesle raison il les a mis en avant à monsieur le Prince, pour veoir combien d'iceulx il en trouvera bons, lesquelz tous il a rejectez, comme impossibles et deraisonables. Toute- Toys à celuy quia l'intention de garder sa foy et tenir sa promesse, il n°y a danger quelles asseurances il donne, pour asseurer et oster tout soubçon de ceulx qui ne desirent aulire chose que de vivre en paix, el sans doubte de querelle à l'advenir. Quant à la demande de largent presté et les frais de ceste guerre, et fortification du Havre, monsieur le prince de Condé a pris sur luy de respondre à la royne d'Angle- terre, et la satisfaire, et pourtant n'a voulu que soit mis en l'escript par le dict ambassadeur alors signé. Il accompagna cette note de cette lettre à la reine : Madame, suivant vostre commandement, j'ay mis cy-dessus en escript tout au long les aultres articles qui furent traicléz entre monsieur Île Prince et moy, oultre ceulx qui sont specifiez en lescript signé de ma main, desquelz articles vostre Majesté pourra penser, cependant que nous aurons response d'Angleterre, selon que m'avez dict, pour plus- tost parvenir à la conclusion de la paix, et ainsi je prie Dieu, qui est le vray autheur de paix, de vous donner ce que vous desirez à sa gloire. De Rouen, le xvuj° jour de juillet 1563”. Il ne s’en tint pas là, il écrivit une nouvelle lettre au prince de Condé : Incontinent que nostre courrier fut arrivé en la court d'Angleterre, il fust sur Île champ aussi depesché avec peu de mots que la Royne, ma souveraine, vous remercie bien fort de la peine que avez pour accorder l Record office, State papers, France, vol. XXXIV. (Copie du temps.) ces differens d'entre les deux princes, et pour ce que la commission , pour eslre escripte et scellée, demandera par adventure le traict d'un jour ou deux, la Royne l'a voulu retourner incontinent et me certifie de cela et, pour ce, je vous prie, Monsieur, faites Lant qu'il me soit donné logis en quelque lieu près de la court et pour celui ou ceulx qui seront soumis avec moy en ceste commission, desquelz j'attends de jour en jour et scay bien qu'il n'y aura nul empeschement, sinon la mer, laquelle a empesché mon courrier un jour par le calme, et si vous semble bon, vu que aux principaux pointz nous sommes d'accord et qu'il est conti- nuellement deliberé d'avoir paix, de quoy je vous asseure de la part de ma souveraine, sur mon honneur et foy, et ne refuseray le serment s'il m'est requis, il m'est advis que c’est un œuvre digne d'un chrestien-de faire abstinence de guerre tant d'un costé que de l'aultre, cependant, qu'on besoigne de mettre en perfection cet accord et traité pour saulver les vies de beaucoup d'hommes qui, par adventure, seroient en danger, et s'il vous plaist faire tant envers la Royne qu'elle commande ceste abstinence et estre fin de vostre costé, jescriprai à monsieur de War- wick et entreprendray qu'elle sera entretenue et ainsi, Monsieur, je me recommande à vous, priant Dieu qu'il vous aït en sa saincte et digne garde. De Rouen, ce xx1j° juillet 1563”. Ces lettres de chaque jour, ces demandes réitérées témoignent du peu d'espoir que conservait Smith; le 18 juillet il avait écrit à Cécil : « Si la reine, notre maîtresse, m'avait remis plein pouvoir, j'aurais pu traiter de la paix; il faut m'adresser les dernières in- tentions de la reine sans termes ambigus, et que j'aie toute auto- rité pour conclure.» Mais à l'heure présente, le plus difficile c'était de faire arriver ces propositions jusqu'a Catherine; depuis qu'elle avait recu Smith à Gaïlon, elle le tenait à distance, elle était devenue invisible, et lorsque Smith s'appuyant sur le prince de Condé lui fait demander un logement près de la cour?, afin d’avoir plus de facilités pour négocier, elle le lui assigne à Val- mont, à deux lieues de Fécamp, où elle était venue avec le jeune roi pour suivre les opérations du siége, et elle le laisse là, bien décidée à ne pas lui donner audience, et rien ne la détournera de son but : Briquemault, venu en toute hâte et porteur des lettres de l'amiral, qui la supplie d'accepter les dernières propositions de 1 Record office, State papers, France, vol. XXXIV. {Copie du temps.) 2 Jbid. 2. pie paix, ne sera pas plus écouté; à ce moment elle se montre vrai- ment Française. | À bout de voies et d’expédients, n'ayant plus qu’une confiance médiocre dans l'habileté de ses ambassadeurs, trahie par Condé, et n'ayant rien à attendre de Coligny, Élisabeth jeta les yeux sur Throckmorton pour l'envoyer en France, et encore ne put-elle se décider à lui donner plein pouvoir; dans de minutieuses ins- tructions, elle indique les points où il peut céder, ceux qu’elle ré- serve; cest sur la situation du Havre qu'il doit régler ses conces- sions; jeu dangereux dans de pareilles extrémités. Throckmorton arriva à Rouen le 26 juillet; Smith en informe Catherine et lui demande une audience; elle lui répond le même jour, et d’un ton de hauteur qui annonce les représailles qu’elle médite déjà contre ” l'homme qui naguère a troublé la France : Monsieur l'ambassadeur, j'ay sceu par vostre lettre la venue du sieur de Trogmorton avec pouvoir de la Royne vostre maistresse, et me desplaist grandement qu'elle en ait faict ceste election, pour scavoir maintenant les mauvais offices qu'il a faictz en ce royaume, pendant qu'il y a esté, ne pouvant, pour cesle cause, riens esperer de bon de sa venue, ayant pour souspicion deliberé envoyer ung homme près de luy pour ob- server ses actions , attendu que j'ay adverty les sieurs du conseil du Roy, monsieur mon filz, qui sont au camp, de sa dicte venue et, à leur advis, si nous le devions recepvoir à cesle negociation ; cependant il pourra vous lrouver en lieu où vous estes, et là, je lui feray et à vous scavoir ce qu'il aura à faire, priant Dieu vous donner ce que desirez. De Fescamp, le xxvj° jour de juillet 1563. CATERINE '. Une pareille lettre aurait dû décourager Smith, mais il revient à la charge, et le 27 juillet, la veille de la reddition du Havre, il adresse une nouvelle lettre à Catherine, où il parle de la paix comme si elle était possible encore. Madame , après mes très-humbles recommandations, la paix estant si preste à se faire qu'il n'a fallu quasi rien, sinon autorité el pouvoir de traiter et conclure, lequel pouvoir, par l'aecord et commendement de vostre Majesté, j'ay envoyé querir; puisque maintenant il est venu à L Record office, Stale papers , France, vol. XXXIV. (Copie.) “4 vostre Majesté, tout ce temps passé a esté si bien incliné à faire la paix, je vous supplie, Madame, très-affectueusement que la personne de celuy qui est venu et l’apporte, combien qu'il soit autrement par adventure à vous par quelque soupcon mai agreable, n'empesche point de para- chever si bon œuvre et tant de biens à ces deux royaumes. Voila, Ma- dame, d'un costé vous avez proposé paix, amitié, concorde, amour et union d'esprit de ces deux royaumes, repos quasi de toute la chres- tienté, de l'autre guerre, discussion, ravage et troublement on ne sait de combien de pays et royaumes, car la guerre amene guerre et enve- loppe le plus souvent les circonvoisins qui, dès le commencement, n'a- voient à faire, puisqu'on vous offre ce que vous demandez avec amitié, paix el concorde, et sans la mort d'une seule personne, il me semble certes un malheureux conseiller qui vous conseillera plustost d'hasarder voz gens et respandre tant de sang chrestien, de mespriser vos prochains princes, de mettre en danger tant de gens pour la gagner, sil estoit ceriain que la ville seroit gagnée; si vous estes en doute qu'on ne va pas de bonne foi avec vostre Majesté, je vous prie, Madame, -que la mauvaise suspicion que avez contre le sieur de Throckmorton ne poise plus que la bonne volonté à la paix et concorde qu'avez toujours experi- menlée en moy; je me fais fort qu'il se rangera à la raison et accordera à tout cela qui ne sera point deraisonable; faut-l tant estimer la qualité des personnes qui ne sont que instruments ? Vous plaist-il, Madame, sitost qu'il sera possible que nous soyons ouys et que vous assignez lieu et temps. J'espere en Dieu que nous ferons cela qui sera au contente- ment de voz Majeslez; je prie Dieu vous donner ce que vous desirez à sà gloire. De Vallemont, le xxvrj° juillet 1 563. Middlemore, qui avait rejoint Smith à Valmont , ne se faisait au- cune illusion sur la situation du Havre, car il écrivait à Cécil le 26 juillet : «La meilleure confirmation de ces tristes nouvelles, c'est que la reine mère ne veut pas recevoir notre ambassadeur, craignant quil n'ait pouvoir de s'accorder avec elle avant la prise du Havre; le connétable a dù dire que, dans trois jours, il mettra la place aux mains du roi; le secours arrivera trop tard; la place ne compte plus que mille soïdaïs. » Throckmorton étant arrivé le 27 à Vaimont, le iendemain Smith insista de nouveau pour avoir une audience. Voici la réponse iro- nique de Catherine : Monsieur l'ambassadeur, vostre homme present porteur m'a trouvé presie à monter à cheval pour aller au camp, m'ayant monsieur le con- M Un nestable escript que le comte de Warwick estoit en termes de luy rendre la place, ce que estant faict, je vous advertiray de mes nouvelles et feray scavoir ce que aurez à faire, priant Dieu, Monsieur l'ambassadeur, vous donner ce que desire. De Fescamp, ce xxvuj* jour de juillet 1563”. Reveñons en arrière et voyons comment le siége du Havre avait été mené : une partie de la responsabilité de la défaite re- vient de droit à Élisabeth : il en fut de cette guerre comme il en sera de celle de l'Irlande et de toutes celles qu’elle entreprit depuis. Sa parcimonie ne lui permit jamais de profiter des occa- sions favorables, elle ne sut jamais se résigner à un grand sacri- fice, à un vigoureux et décisif effort. Le temps ne lui avait certes pas manqué : depuis huit mois elle occupait le Havre, et si la défense se montra si insuffisante, ce n’est pas faute d'instructions, les dépêches se croisaient avec les dépêches; ce n’est pas faute de surveillance, les commissaires extraordinaires passaient et repas- saient la mer; l’habile ingénieur italien, Ubaldino, qui avait servi longtemps en France, dirigeait les travaux, et Portinary, non moins renommé en Angleterre comme ingénieur, était venu le se- conder. Le comte de Warwick, frère cadet de lord Robert Dudley, commandait l’armée d'occupation, bien jeune, il est vrai, pour une si lourde responsabilité et ayant dû ce poste plutôt à la faveur de son frère qu’à l'autorité de son expérience. Élisabeth Jui avait adjoint sir Poulet, Pelham, Denys et le jeune Fremaine qui disputait son cœur et sa faveur à Dudley; mais faute de pré- voyance, de bonne direction ou d'argent , rien ne venait à temps, ni les vivres, n1 les renforts, n1 les armes. Depuis les premiers jours de l'occupation, il n’y eut jamais de pionniers en nombre suffisant pour mettre la place en état de défense; les canons en fer envoyés d'Angleterre étaient inservables, et nous voyons dans un rapport de Portinary qu'il n y avait pas une de leurs batteries qui ne püt être facilement démontée en quelques heures. Un régime de fer avait exaspéré les habitants; aux complots Warwick avait répondu en faisant le vide autour de lui, en chassant de la ville cette malheureuse population qui avait appelé les Anglais en libéra- teurs. Dieppe et le château de Fancarville, un instant aux mains ! Record office, State papers, France, vol. XXXIV. {Copie du temps.) 7 des envahisseurs, étaient revenus en celles des Français; le cercle d'investissement s'était peu à peu resserré, et la garnison, renfer- mée dans ses murailles, ne pouvait plus tirer ses vivres que par mer. Il faudrait un gros volume pour reproduire loutes les dépêches échangées entre Warwick!, la reine Élisabeth et ses conseillers; nous nous bornerons à quelques citations. Voici une lettre du 18 mai 1963 qui nous fat bien connaïître les moyens de résis- tance de la place: elle est adressée par le comité de défense du Havre aux lords du conseil privé : Nous espérons que nous serons bien renseignés sur la force de nos ennemis, mais nous €royOns que nous somines, grâce a Dieu, en état de leur résister, vous priant de donner des instructions. afin que nos demandes d'hommes, d'argent, de vivres et de munitions soient salis- faites à temps; nous pourrons ainsi et de notre mieux nous défendre : un large fossé nous protége contre toute attaque; nos forces se trouvant di- visées par le port en deux parles, cette situation exige nécessairement un ples grand nombre de pionniers et de soldats que nous n'avons, puisque l’on travaille aux chaussées à l'entrée de cette ville et que notre tour de garde revient toules les quaire nuits, ce qui est trop de fatigue pour chacun des membres du comité de défense. Nous sommes bien satisfaits de l'arrivée de M. Portinary; par ses avis el sous sa direction, nous for- tifions une partie de la vieille ville selon les plans que nous envoyons ci- inclus?. Ces travaux marcheront aussi vile que possible avec l'assistance de tout ce que nous avons de monde, de telle sorte que nous avons bon espoir que nos défenses seront bientôt complètes, et à l'abri de toute surprise, dans quatorze jours d'ici. Les soldats font l'offre d'une journée gratuite de leur travail et le reste sera fait au meilleur marché possible. Nous n'avons plus que six cents pionniers ordinaires en état de se servir de la bêche et du panier, ainsi qu'il résulte de l'inspection faite par sir Portinary; c'est pourquoi nous vous prions de nous envoyer bientôt non-seulement des pionniers avec des outils pour eux et pour ceux qui travailleront aux fortifñications, lorsque besoin en sera, mais aussi le nombre supplémentaire de soldais que nous avons ci-devant réclamé; avec ce renfort nous ferons de notre mieux, nous ne vous demanderons plus rien, jusqu à ce que nous soyons réduits à de plus grandes extré- mités. Nos nouveiles défenses, quelle que soit leur étendue, protégeront la plus grande partie de la ville, les deux positions pouvant s’aider récipro- ! Voy. La Normandie à l'étranger ; nous les avons en partie publiées. = Record office, State papers, France. ia quement. C'est à la dernière clabauderie de Paris que nous devons sans doute que les Français ne se soient pas approchés, néanmoins leurs forces restent les mêmes, et plusieurs de leurs compagnies ont déjà pris position près de nous; ce qui sensuivra, nous le verrons bientôt par la manière dont se conduira le Rhingrave à son retour de la cour, d'ou on l'attend chaque jour; on nous assure que les galères viennent d'arriver de Marseille, et que ceux de Rouen, Quillebeuf, Honfleur et Fécamp ont préparé tous les vaisseaux en état de servir sur cette rivière et à la tête de la Seine. À Ja fin de mai, à son retour de la cour, le Rhingrave reprit le commandement de l’armée d'investissement ; 1l ÿ eut divers com- bats, diverses escarmouches, et dans celle du 27, l’une des plus meurtrières, périt le jeune Tremaine que regretta si vivement Élisabeth, et dont Marie Suart elle-même fait l’éloge?. Durant tout le mois de juin, Warwick eut à soutenir de fréquentes attaques, et dans toutes ses lettres il se plaint de l'insuffisance des vivres: « l'eau fraiche manque, la garnison est réduite à boire du vin; il en résulte, les têtes s'échauffant, de graves désordres”. » Le 28 juin, Brissac amena les Suisses et linvestissement de la place fut complet; mais un plus grand danger menaçait les Anglais, la peste s'était déclarée, et le jour même de l'arrivée de Brissac, soixante-dix-sept soldats succombaient. Warwick évaluait la perte de son armée à cinq cents hommes par semaine. Les priva- tions, le manque de vivres ajoutant encore à l'horreur du fléau, il écrivait le 5 Juillet, à son frère, sir Robert Dudley, et à Cécil : L'ennemi, contre notre attente, a ouvert une tranchée à travers le marais; la nuit passée, il a dressé une batterie à cent vingt pas de la place. Ce matin il a déja tiré sur nos défenses, ainsi on voit bien qu'ils ne perdront ni temps, ni occasion favorable; ils ont un grand nombre de pionniers, hommes ou femmes, qui travaillent sans relâche , et nous, nous en sommes complétement dépourvus, la violence de la peste nous affaiblissant chaque jour; nous espérons que vous en prendrez telle con- sidération et de tous nos autres besoins, que l'ennemi ne pourra pas obtenir l'avantage qu'il espère * 1! Record office, State papers, France, vol. XXXITI. (Traduction. ? Kalendar of State papers, 1563, p. 415. # Kalendar of State papers. 4 Record office, State papers, France, vol. XXXITE (Fraduetion.) MISS. SCIENT, -— II. | 5 RE Le même jour, le comité de défense adressait une dépêche plus détaillée : Le nombre des soldats est tellement diminué que les douze cents hommes de Suffolk et de Norfolk, desquels cinq cents ne sont pas encore arrivés , ne sont pas suffisants pour compléter les compagnies, sans parler d'un grand nombre de malades et d'invalides ; quant aux pionniers , il n'en reste que soixante capables de servir, et nous en avons grand faute en ce moment; quant au rétablissement de l'écluse entre le château et la jetée et de l’autre écluse dans la ville, et quant à la construction des moulins à vent projetée par M. Flemyng, nous n'en avons ni le loisir ni le moyen, étant contraints, par l'approche de l'ennemi, d'aller au plus pressé; d'ailleurs nous n'en serions pas capables, faute de bras; encore une fois, nous vous prions de nous assister de temps en temps de soldats et de travailleurs. La nuit passée, l'ennemi a terminé une tranchée commencée deux ou trois nuits auparavant à travers le marais, d'où les arquebuses peuvent atteindre jusqu'au boulevard Sainte-Adresse; cette même nuit, ils ont conduit cette tranchée jusqu'au bord de la mer; ils ont dressé également une batterie à cent vingt pas environ du nouveau fort; vous pouvez ainsi vous rendre compte des points de leur attaque. Is ont au moins deux ou trois mille pionniers et un grand nombre de femmes venues de la campagne pour apporter des fagots et de la terre; aussi espèrent:ils faire grande besogne en peu de temps”. Chantonnay, quoiqu'il ne se montre pas très-favorable au succès de nos armes, n'avait pas très-bonne opinion de l’habileté des dé- fenseurs du Havre : « Enfin la pusillanimité des Anglois, éeri- vait-il, et leur peu d'experience pour maintenir et venir à chief de ce qu'ils ont inconsidereement entreprins, a baïllé le chemin aux Francois d'avancer leur besoigne, plus que eux mêmes n'y cui- doient ni esperoient; car une grande partie de ce qu'ils pensaient zaigner à grand payne et perte de beaulcoup de gens, leur a esté habandonné sans combattre ?. » Du 11 au 15 juillet, la situation des assiégés s’était encore ag- gravée : « Depuis le départ de M. Fischer, écrivait Warwick au conseil privé, les ennemis, non-seulement ont tiré sur le clocher et l'ont rendu inservable, mais, deux jours durant, ils ont dirigé du rivage un feu violent contre le boulevard Sainte-Adresse; la l_ Record office, State papers, France, vol. XXXIIL ? Archives de Vienne. Voy. Mémoires de Condé, t. I, p. 170. sn SNS nuit dernière ils ont terminé une tranchée qui va de leur batterie à l'angle du boulevard Sainte-Adresse, et ils ÿ ont placé leurs paniers, et la prochaine nuit sans doute ils Y viendront en force et attaqueront le flanc du boulevard en face du château. La même nuit nos hommes ont, de leur côté, commencé une tranchée qui va de l’écluse au bord de la mer pour protéger le château et le port, mais il est à douter qu'ils puissent y parvenir par manque de bras. Malgré le secours qui nous est venu de 640 hommes, nous n'avons plus que 1,200 soldats valides; hier 1l y a eu une escarmouche sur le bord de la mer du côté de la jetée, mais l’en- nemi a déployé de telles forces qu'il a fallu se retirer *. » Du 19 au 24 juillet, nouveaux progrès des Français: « Les forces de l'ennemi, écrivait Warwick, se sont tellement augmen- tées, que nous avons été forcés d'abandonner notre tranchée de- vant l'écluse du port; ce matin elle a élé détruite par leurs bou- lets, et nous n'avons guère l'espoir de conserver longtemps le port; toute notre défense sera reportée au delà du boulevard La- grange, entre celte place et le nouveau fort; si nous avions eu les soldats et pionniers promis à sir Hugues Poulet, nous n’en serions pas réduits à cette extrémilé, mais nous ferons en sorte de garder la ville jusqu'a ce que l'amiral vienne à nous; si les secours qu'il amène ne sont pas en nombre suffisant pour déloger l'ennemi, ils seront inutiles?. » Une dernière lettre de Warwick nous fournit de nouveaux détails sur les progrès de nos armes et sur les négociations qui, déjà enta- mées avec le maréchal de camp Richelieu, amenèrent cette fois la reddition de la place : « L’ennemi a pratiqué, écrit-51, deux grandes brèches dont l'accès est facile, il s'est approché du nouveau fort jus- qu'aux fossés, et eu égard au petit nombre d'hommes qui nous res- tent pour leur défense {et encore ce sont des recrues), eu égard au grand nombre de vieux et vaillants soldats que nous avons perdus, aucun vaisseau n'étant signalé, j'ai cru devoir, en me conformant à la depêche de votre Majesté du 21 juillet, envoyer une lettre au Rhingrave, dont la copie est ici incluse; il m'a répondu le len- demain et je joins sa lettre à la mienne. Après lavoir reçue, j'ai fait partir M. Pelham avec une lettre de créance et des instruc- 1 Record office , State papers, France, vol. XXXILE, ? Ibid. — 30: — bons pour lâcher de pénétrer, autant que possible, Îies disposi- Hons du connétable. J'ai cru entrevoir qu'il n'a aucune intention de traiter de la paix, mais qu'il voudra bien traiter de la reddition de cette misérable ville. Comme je m'y altendais, il a refusé de toucher à ce qui regarde la paix; mais si je veux accepter une raisonnable composition et leur envoyer demain cinq ou six gen- lilshommes pour s'entendre sur les différents points, il est disposé à traiter. En conséquence, sir Hugues Poulet,"sir Maurice Denys et ledit Pelham , accompagnés de quelques autres gentilshommes, se sont rendus auprès de lui, et à la seconde entrevue ils ont arrêté les articles que j'envoie à votre Majesté. Quoiquils ne soient pas aussi honorables que j'aurais voulu, dans la siluation où nous étions, ils sont encore meilleurs que je ne pouvais es- pérer, et je ne doute pas que votre Majesté ne les prenne en bonne part. La brèche du château était sigrande, si facile d'accès, qu’encore que nous eussions repoussé un assaut, la brèche étant de nouveau élargie par le feu de leurs batteries, la place devait tom- ber en leur pouvoir avant la composition; ainsi nous étions réduits à faire du mieux que nous pouvions; il y avait d’ailleurs une autre brèche au boulevard Sainte-Adresse, soixante hommes y pouvaient passer de front aussi facilement que sur un terrain plat, et elle ne présentait pas plus d'obstacles que si les murs du château n'avaient pas été jetés bas; la courtine, entièrement abaltue, ne pouvait plus permettre à nos hommes de défendre la brèche; rul homme ne pouvait s’y maintenir sans danger de mort. Notre fa- rine et notre biscuit étaient épuisés, la boisson en peu d’abondance et nos soldats sur le point de se mutiner; ainsi nous espérons que votre Majesté ne sera pas mécontente, car nous n'avions plus que deux heures pour répondre aux offres du connétable. Maintenant nous altendons un prompt envoi de vaisseaux anglais et français qui sont près d'ici, et je prie Dieu accorder à votre Majesté un long et prospère règne”. » La flotte de l'amiral Clinton, retenue à Portsmouth par des vents contraires, prit enfin la mer le 30 juillet; mais, lorsqu'elle arriva en vue du Havre, la place était déjà entre les mains des Français. L’amiral Clinton va nous raconter ce dernier épisode du siéce du Havre; sa lettre est adressée aux lords du conseil privé : ! Record offive, State papers , France. (Traduction. ) «Messieurs, vous avez été avertis, j'en-suis sûr, de Pappointement du Havre; je serais bien aise de connaître le bon plaisir de sa Majesté pour ce qu'il me reste à faire; j'ai laissé les vaisseaux le Philippe-et-Marie, le Lion , le Sakar et deux galères avec huit trans- ports, à M. Winter, dans la rade du Havre, pour se joindre à ceux qu'il avait sous son commandement pour le transport des hommes et de tout ce que nous avons à amener de par delà, et J'ai laissé M. Holstock pour assister M. Winter. De mon côlé, avec l’Elisa- beth, le Jonas et la Vittoria, je suis arrivé ici ce soir, et d’après les avis du vice-chambellan, j'ai dépêché un nombre suilisant de vaisseaux qui se trouvaient ici, pour se rendre au Havre et prendre tout ce qui doit être emmené. » | Maintenant voici comment il raconte son arrivée au Havre : «Je suis arrivé hier à une heure de l'après-midi et j'en suis re- parti à deux heures du matin, trouvant lord Warwick à bord d'un vaisseau et prêt à partir. À mon arrivée, Édouard Horsey est venu me trouver avec M. de Lignerolles, de la part du roi, de la reine et du connétable pour me visiter et m'offrir tout ce qui pourrait être à ma commodité; 1l m'a dit que le roi désirait que j'allasse le trouver, et 1l m'a communiqué l'appointement du Havre; je lui ai dit que la plaie de cette mortelle épidémie avait fait pour eux (je le pensais ainsi) plus que toutes les forces de la France n'auraient pu faire, car si la mortalité n'avait pas dévoré nos capitaines et nos soldats en si grand nombre, l'on n'aurait pas eu cet avantage sur nous, ni approché si près de la ville; mais ce qui ressort le plus en évidence, c’est le noble courage du lord lieute- nant et la vaillance de ses soldats, qui a été aussi loin qu'il est donné à des hommes de pouvoir faire, ayant lutté contre cette misérable peste et toutes les forces de la France, et autant j'étais réjoui du noble courage dont ont fait preuve mes compatriotes, autant J'étais attristé de la fortune que les Français ont eue de recouvrer cette place. Je l’ai chargé de présenter l'expression de mes honorables sentiments au roi, à la reine et au connétable pour leur courtois message et l'offre qu'ils nravaient faite, mais ayant charge, par le commandement de sa Majesté, des vaisseaux et de mes hommes, je ne pouvais quitter mon bord, et sur cela nous nous sommes séparés. « Après l’arrivée d'Édouard Horsey et de ce dit Français auprès de moi, ne sachant pas à ce moment-là où était lord Warwick, j'envoyai William Drury avec un trompette au Havre pour parler au dit lord de ma part, et à son débarquement le prince de Condé, et divers autres gentilshommes qui se trouvaient là, ont usé avec lui d’une véritable courtoisie, lui offrant un cheval pour se rendre à la ville et un gentilhomme pour l'accompagner; ils lui ont dé- claré que lord Warwick était déjà embarqué. Je me suis empressé de vous faire connaître tout cela, priant vos seigneurs de me faire parvenir les nouveaux ordres de sa Majesté!. » Chantonnay a raconté dans ses curieuses lettres l'entrée de Ca- therine au Havre : « Elle mena loger le roy en une maison où M. le connestable se tenoit d'avant le siege, et furent voir la grosse tour dans laqueile les Francois esloient, et semblablement les tran- chées, artillerie et tout l'ordre du camp, combien que la peste fust effectivement au Havre ?.» Voir de ses propres yeux cette flotte anglaise qui amenait six mille hoinmes de renfort, des canons, des armes, des vivres, la voir recevoir à son bord ces soldats affamés, qui allaient porter en Angleterre ce terrible fléau qui, durant trois mois, dépeupla Lon- dres, certes il y avait là de quoi flatter l'orgueil de Catherine et c’é- tait bien la revanche de l'évacuation forcée de l'Ecosse. Cette vic- toire, préparée par elle, obtenue en dépit des obstacles semés sur sa route, c'était l'affermissement de son autorité; c'était la conser- vation à jamais de Calais, et Chantonnay a bien soin de le dire : « En recouvrant le Havre par force, les François pretendent qu'ils sont entierement quittes et les Anglois deschus de leurs preten- tions du traité de Cateau-Cambresis ?. » Enfin c'était la défaite mo- raie du parti protestant qui se montra si peu francais durant cette grande lutte entre la France et l'Angleterre, et ce que dit Chan- tonnay sur ce point s'accorde avec les dépèches de Middlemore : « L'admiral a fait tout ce qu'il a peu par escript et remontrance à la royne, afin que l’on ne suivit l’entreprinse du Havre, disant qu'on n'y feroit riens, et qu'il falloit mieulx d’ailer, par aultre moyen, avecques la royne d'Angleterre, puisqu'elle avoit si bien assisté le roy et ses subjectz, et qu'encores qu'on print le dict Havre, le royaulme de France ne seroit pourtant pour venir en repos. » ! Record office, State papers, France, vol. XXX[V. (Traduction.) ? Archives de Vienne. Voy. Memotres de Condé, t. IL. #* Archives de Vienne. Voy. Mémoires de Condé, t. I, p. 171. 3 [bid. NS C'est à Valmont où il était resté que Smith apprit à la fois la reddition du Havre et la blessure de Warwick, et sur cette nou- velle, le 31 juillet, il demanda au connétable un passe-port pour un serviteur de Robert Dudley, venu dernièrement au Havre, afin qu'il püt lui rendre compte de l’état de son frère; le conné- table lui répondit le même jour qu'il avait envoyé ce gentilhomme au Havre, encore que M. le comte de Warwick en füt parb, afin qu'il püt voir M. Poulet, le maréchal et le trésorier qui y étaient encore, pour savoir la vérité sur la blessure du comte de War- wick, et il ajouta : « La reyne vous prie de vous trouver mardi prochain à Estelan , où Le roy s’en va, afin qu’elle puisse entendre ce que vous avez à lui dire, vous asseurant que j'ay usé et fait faire tout le plus honneste traitement que j'ay pu au dict sieur comte et à tous ceux qui se sont trouvés dedans !. » Du Havre, la cour vint donc à Estelan, maison du maréchal de Brissac, et peu distante de Caudebec, mais Catherine n'y reçut pas Smith, et elle lui écrivit de Caudebec : Monsieur l'ambassadeur, le temps et les occasions ont empesché que je ne vous ay veu si tost que vous desiriez, et aussi que ce n'eust esté en lieu à propos; à ceste heure que nous sommes arrivez icy, où touttefois je ne seray longuement, si vous voulez bien venir me trouver, j'enten- dray très-volontiers ce que avez à me dire, et feray cependant donner ordre à vostre logis à Caudebec, ainsi que j'escripts presentement au controleur Dumas vous faire plus amplement entendre de ma part, priant Dieu, Monsieur l'ambassadeur, vous avoir en sa saincte garde *. Cette entrevue annoncée n'eut pas lieu, et Smith ayant de- mandé à Catherine des passe-ports pour plusieurs des serviteurs de Throckmorton, qui était retenu, par son ordre, à Rouen, jusqu'à ce que nos otages, alors prisonniers à Londres, fussent remis en liberté, Catherine lui répond d'Yvetot, le 4 août : Monsieur l'ambassadeur, j'ay receu vostre lettre par ce porteur et veu ce que m'avez escript pour le sieur de Trockmorton, lequel j estime estre de present à Rouen, et pour ce que le Roy, monsieur mon Hz, et moy, fai- sons compte d'y estre dedans huit jours, il sera tout à temps de regarder ce quil desire, priant Dieu, Monsieur, vous donner ce que desirez we l Record office, State papers, France, vol. XXXIV. (Copie.) 2 [bid. 8 [bid, >, RÉ Throckmorton, que nous avons laissé à Valment avec Smith, était retourné à Rouen Île 4 août; mais, dès le lendemain, Car- rouges lui intimait l'ordre de ne pas quitter son logis, et le con- trôleur des postes, Dumas, était chargé de le surveiller; des Suisses mis dans son logis interdisaient sévèrement toute commu- nication avec lui, soit du dedans, soit du dehors. Voici dans quels termes il se plaint au connétable : Monsieur le connestable, la reprinse du Havre faicte naguiere par le Roy (la quelle est advenue plus tost ou du tout autrement que la Royne ma maistresse ne l'attendoit) ou bien quelque autre accident à donné occasion (comme je pense) au Koy, à la Royne, sa mere, et à vous qui estes de son conseil, de rejecter et ne tenir compte de ma legation, qui ensemble avec son ambassadeur resident icy, avois pouvoir suffisant, devant que la dicte ville fust prinst, pour accorder et conclure une bonne pax entre les deux Majestés et leurs royaulmes; mais, par ce que les choses sont depuis succedées autrement que lexpectation de la Royne, ma maistresse, estoit lors, je n aVOYS plus de commission pour negocier icy avec sa Majesté touchant cela ny toute aultre chose. Sur quoy, par le moyen de nostre ambassadeur resident, je feis demander à leurs Ma- jestes congé et passeport pour m'en retourner en Angleterre ; mais voyià bien au contraire de mon desseinct, je fuz incontinent detenu prison- nier (comme vous scavez) et commis en sauvegarde, en laquelle je continue encore pour cest heure, qui est (ce me semble) une chose bien contraire et differente au traictement de vostre ambassadeur qui est en Angleterre, et aussy aultrement que l'on n'a faict à monsieur d'Alluye, quand il y fut envoyé dernierement. À ung grand personnage qui a si bon jugement et consideration de toutes choses, Monsieur, comme vous avez, ilne m'est point besoing d'user de grand discours pour vous dire combien le traictement que j'ay receu par de çà touche l'honneur du . Roy, qui sera par cy après une occasion à tout le monde de penser que l'immunité et privilege des ambassadeurs sera violé et non observé en ce royaulme, où tousjours par le passé ilz ont receu tant d'honneur, faveur et seureté, comme en quelque autre pays que ce soit. J'ay entendu par nostre ambassadeur resident et aussy par les propos que monsieur du Mas m'a tenuz depuis nagueres que l’occasion de mon arrest et estroicte garde par decà, procede soubs pretexte du traictement de vos hostages qui sont en Angleterre. En quoy faisant, il appert qu'il v a beaucoup plus de passion et affection, que de indifference pour bien peser les choses, car vos hostages sont d'autre qualité que mOV qui suys ambas- sadeur, qui (oultre le commun privilege que jay par celle) ay este ? Lettre de Middlemore à Cécil, Kalendar of State papers, 1965. er, EN es soubz le seing et scel de vostre ambassadeur, monsieur de Foix, asseuré d'aller et retourner sans aulcun destourbier où empeschement. Oultre vos hostaiges, par la fuite quilz ont voulu faire hors d'Angleterre (au contraire des sermens et promesses qu'ilz avoient faictz à la Royne, ma maistresse), ont donné occasion pour se meffier d’eulx, et d’estre traictez de sorte qu'ilz weschappent de rechef sans sceu. Combien que je vous asseure , quand je partis d'Angleterre, leur traictement n'estoit point si rigoureux que monsieur de la Salle me l'a donné à entendre. Ce que sera depuis advenu à vosire ambassadeur ou à vos hostaiges, je n'en scay rien; mais je pense bien que l'arrest quon faict de moy par deçà ne sera aulcunement cause d'amender leur traictement par delà, le quel pour mon particulier je leur souhaitte aussi bon que vous ou eulx mesmes le vouldront demander, pourveu tousjours que cela ne porte aucun pre- judice à la Royne, ma maistresse. Et par ce que les choses sont aujour- d'huy en plus durs termes entre leurs Majestez que je ne les desire, s'il plaist au Roy, à la Rovyne sa mere, ou à vous, me faire entendre par quelque argument suffisant et probable vostre disposition pour composer amyablement les differentz qui sont entre leurs Majestez, et aussv par le mesme moyen me permettre d'en faire le rapport à la Royne ma maistresse, je m'employeray non seulement le mieux que je puis pour y fare quelque chose de bon, mais aussi de vous faire apparoistre que jay esté à grand tort reputé (comme l'on m'a tenu) pour ung qui cherche de faire bresche ou divorse à l'amitié qui est entre leurs Ma:- jestéz et leurs royaulmes. Monsieur, n'ayant aucune connoiïssance du voulloir de la Royne, ma maistresse , et de ce que je debvroys aussy negocier 1CY par son comman- dement, je ne scay encore qu'en dire, ny quel fondement je doibz prendre pour y commencer qui fust ou agreable pour vous, ou seurté pour moy mesmes. Il vous plaira doncques me faire avoir liberté pour conferer avec nostre ambassadeur resident, et me faire tenir les lettres et pacquetz qui m'ont esté envoyés d'Angleterre, affin que par l'un et l'autre je puisse estre mieulx instruict comment je doibz proceder en ces affaires , et aussy de permettre au courrier qui sera venu {qui que ce soit) de s'en venir par devers moy. Davantaige je vous supply, Monsieur, de pourchasser envers le Roy et la Royne sa mere, pour me donner ung passeport d'envoyer en Angleterre pour advertir la Royne, ma mastresse, où je suys et comment je suys traicté par le cappitaine de la Salle, par le moyen duquel je suys accommodé de tout ce que jay besoing avec toute autre faveur et courtoysie qu'ung prisonnier peult avoir, lequel on entend bien garder et seurement; mais pour vous dire la verilé, je me passeroys bien avec moins de courtoysie el plus de liberté. J'ay prins la hardiesse, Monsieur, de vous escrire ceste lettre sur quelques propoz que m'a lenuz monsieur de la Salle de vostre part, aussy que par mesme +. moyen veuillez faire entendre au Roy et à la Royne sa mere ce que je vous escris presentement”. À toutes les démarches faites en sa faveur, Catherine répondait invariablement qu'elle ne le remettrait en liberté que lorsque nos otages seraient libres ; ils étaient au nombre de quatre : MM. de Mouy, de Palaiseau, de la Ferté-Fresnay, Duprat de Nantouillet; nous avons retrouvé leur requête datée du 26 août; ils deman- daient à être envoyés hors de la ville, la peste qui décimait Londres sévissant surtout dans le quartier qui entourait la Tour. Remarquons, en passant, que cette permission de sortir de la Tour fut en même temps demandée par lady Grey, qui, à ce mo- ment, y était aussi enfermée ?. Le 12 août le roi fit son entrée à Rouen; Catherine l'y avait amené pour proclamer sa majorité; mais ce n’était pas le seul but qu'elle poursuivait, elle voulait faire prononcer par le chan- celier de l’'Hospital la déchéance du droit des Anglais sur Calais, et, par un nouvel édit confirmatif de celui d’Amboise, ordonner le désarmement général et les mesures jugées nécessaires pour la pacification du royaume. C’est au palais de justice de Rouen, le 18, entre neuf et dix heures du matin, qu’eut lieu cette céré- monie, rehaussée par l'éclat d'une récente victoire. Après les deux discours du roi et de l'Hospital , une cause fut plai- dee pour la forme, puis le roi rentra à l'abbaye de Saint-Ouen et ce fut là que Catherine et le jeune roi recurent l'ambassadeur d'Éli- sabeth. Quelques heures auparavant on venait de proclamer la dé- chéance du droit des Anglais sur Calais; le choix du jour était sin- gulièrement significatif#. Prenant la première la parole, Catherine dit à Smith qu'il était libre de se rendre à Paris avec les autres ambassadeurs pour y attendre le roi; que Throckmorton n'au- rait sa liberté que lorsque les otages français auraient la leur. — Smith lui rappela qu'a Gaillon tout semblait disposé pour un ac- cord, mais elle ne prêta pas l'oreille à cette ouverture et se borna à dire qu'elle espérait que, lorsque la reine, sa maîtresse, aurait un peu réfléchi, elle reconnaïtrait qu'ils avaient raison, et que la paix s'ensuivrait. — Le lendemain, Smith eut une nouvelle au- ! Record office, State papers, France, vol. XXXV. (Original.) 2 Record office , State papers , France, vol. XXXIV. 3 Voir Recueil de ce que le roi Charles IX a dict en sa court de parlement de Rouen déclarant sa majorité. Rouen, Martin Méaissier, 1363. MR" dience. De prime abord il dit que la reine trouvait étrange que Tbhrockmorton, au mépris de sa qualité d'ambassadeur, füt gardé comme un prisonnier; sil était tel que la reine le dépeignait, il vaudrait mieux le laisser aller en Angleterre. — Catherine répli- qua que la reine Élisabeth les avait trompés; qu'elle n'avait pas tenu ses promesses, et que, si elle avait perdu le Havre, c'était bien fait. — À cette rude apostrophe, Smith faisant observer que, si des commissaires avaient été choisis des deux côtés, comme cela avait un instant paru admis à Gaillon, toutes difficultés auraient pu être aplanies, Catherine reprit : « À quoi bon descommissaires, à présent que les Anglais ont perdu tout leur droit sur Calais? » — Smith Jui objecta encore qu’à Gaillon, en présence de tout le conseil, elle avait admis qu'un plénipotentiare lui serait adjoint pour traiter définitivement de la paix, et que, pour cette mis- sion, Throckmorton avait un passe-port signé de M. de Foix. — La reine répondit qu'il était vrai qu’elle avait admis cette adjonc- tion d’un ambassadeur, mais que depuis elle avait changé d'idée ; qu'elle ne voulait à aucun prix de cet homme qui avait fait tant de mal; qu'après avoir été l’instigateur principal de l’occupation du Havre, il était venu sans sauf-conduit, et que puisque la reine Éli- sabeth retenait nos otages, elle le retiendra; que d’ailleurs il n'était pas prisonnier; qu'il était traité honnêtement el comme un gen- tilhomme; que stelle le gardait, c’est qu'il était si haï qu’elle n'avait pas envie qu'il y eût un attentat contre sa personne; qu'il était si remuant qu’elle craignait toujours qu’il n’excitat encore quelque sé- dition dans le royaume. Le connétable prit à partie Smith; il l'en- gagea à se rendre à Paris, lui promettant également que Fhrock- morton serait bien traité. — Smith réclamant de nouveau sa liberte, le connétable nia qu'il fût en prison; il était dans une maison honnête et on usait envers lui de ious les égards désirables. Snuth insistant, le connétable ajouta que Throckmorton avait agité tout le royaume et que, depuis son retour, il avait envoyé des émissaires dans le camp; qu'on avait trouvé sur eux des lettres chiffrées; qu'il voulait entrer dans la ville assiégée et qu'ainsi, par ses pratiques, Smith il avait perdu toutes les immunités d'un ambassadeur. nia que Throckmorton eût envoyé des lettres au Havre !. ! Lettre de Smith, Kalendar of State papers, 1563, p. 904. Chautonnay fat mention dans ses lettres des menées de Throckmorton et confirme le dire du connétable. (Voy. Mémoires de Conde.) se Gi ss Chantonnay parle longuement dans ses lettres du séjour de la cour à Rouen; elles ont été imprimées dans les Mémoires de Condé, nous n'avons donc pas à les reproduire ici; mais nous compléterons son récit par une lettre de lui au cardinal Granvelle; elle est inédite et datée du 17 août : Le prince de Condé et le cardinal de Chastillon arriverent à Rouen le lendemain de l'entrée du Roy, suivis de plus de cinq cens chevaux, car tous ceux de la faction des huguenots sortirent en mules et chevaux de louage; ilz ont fait vives instances d’avoir presches en ce lieu, ce qui ne fut accordé. La faute de tout cecy est à la Reine qui n'acheve de se declarer du tout de l'un des costés, et comme le connestable, qui est tout aveugle sur Ja grandeur de sa maison et du prince de Condé qui en est comme dependant, qui ne bride ni contredit au cardinal”, lequel est plus brave et insolent qu'il ne fut oncques, et montre tant qu'il peut que le pou- voir et credit de ceste cour est entierement en ceulx de sa maison, il n y a homme qui sceut persuader à la Reine, sinon qu'il est bien entre- tenir les protestans et catholiques en ce royaume, pour ce qu'il lui semble que ceste division a esté cause de la conservation de son auto- rité, et est persuadée jusqu à aujourd'hui que M. de Guise se vouloit emparer de ce royaume, chose absurde. Vray est que, par autre part, l’on pourroit dire que si elle doit monstrer faveur pour le present, ce doit estre plus tost aux protestans que aux catholiques, pour endormir les huguenots, jusquà ce qu'on se soit saisi de Lyon et de toutes les autres places; touttefois c'est grand chose de voir toute ceste cour rem- plie et farcie d'huguenots, je dis à vingt pour un catholique, et toutes les dames sur lesquelles la Reine doit avoir plus particulier commande- ment, dissimulent aulcunement. Nommement samedy, vigiles de Nostre Dame, ie Rhingrave donna un banquet en s1 galere aux dames de la cour qui avoient énvie de la voir, et fut le service de chair, tout publi- quement, combien qu'en ceste ville il y a assez bon moyen de recouvrer poissons. Quelquefois la Reyne a de bons traits contre le prince de Condé et tous les autres; s'il y avoit continuation, mais cela est en ce qui touche l'autorilé du Roy. et non la religion. En l'absence du cardinal de Bourbon, le cardinal de Chastillon pre- side le conseil, où il n'est question que de requestes particuheres. Le connestable vint à dire au conseil que le roy d'Espagne ne devoit pas être ennuyé de la prise du Havre, et de façon telle que l'on eust pu 1 Le cardinal de Chatillon. — MN — dire qu'il avoit certaine connoïissance du mescontentement du dict roy à cet esgard. [1 lui en parlera aujourd'huy et lui rappelera ce qu'a fief le Roy son maistre; c'est chose estrange de ceulx de par decà, mesmes des gens de sens, comme est le connestable qui reçoit les congra- tulations de ceste victoire, comme si tout avoit esté conduit par luy, y estant arrivé à point, comme l'on dit communement, pour y mettre les ecueulles au pain, car tout le cas estoit dressé avant qu'il arriva, et le travail qui s'est fait, au fort de la besogne, a esté du mareschal de Bordillon et autres qui estoient mieux pour porter la peine que le dict con- nestable, lequel aujourd'huy se montre tout confus en ses negociations , qu'il advient ordinairement que celuy qui a parlé tout le jour avec luy ne scauroit tirer aucune conclusion ni resolution de son dire. Le cardinal de Bourbon fit l'office du jour de Nostre Dame; le Roy n'y alla point de ce jour-là, il prit medecine. La Royne fut à la messe, mais le cardinal de Chastillon ne l'accompagna ni aux vespres, après les- quelles le cardinal de Bourbon donna à souper à la Royne et aux dames, et quant l'on se vint asseoir à table, subit que la Royne eut pris sa place, le cardinal de Chastillon prit incontinent la sienne au plat prochain avec une merveilleuse presomption , comme il fut remarqué de tous et s'ap- perçut-on que le cardinal de Bourbon en fut fasché, lequel prit par la main le cardinal de Guise et la lui serra, montrant l’autre qui fut re- marqué par aulcuns, comme par tache de son outrecuidance; ce faict, s'advancerent les deux et s’assit le dict cardinal de Bourbon au-dessus et fit asseoir le cardinal de Guise à costé de luy, au-dessus de celuy de Chastillon; après cela s'assirent les princesses, le connestable et autres seigneurs à la mesme table, et d'autres jeunes gentilhommes selon que le respect est petit par decà, entre autres un frere de Rambouillet, lequel Rambouillet, pour les bons services faits en Allemagne, est maintenant chevalier de l'ordre, et tous les enfans du connestable. Le cardinal de Chastillon, depuis quil est en court, n'a pas fait semblant d'entendre messe, quoique la Royne veuille soutenir le con- traire. L'amiral a escrit à M. de Savoie, lui demandant d'aller vivre à Coli- gny, qui est une bourgade moitié du comté de Bourgogne et moitié du comté de Bresse. La partie dans le comté de Bourgogne appartient à l'amiral, cela iui seroit fort à propos, pour n'estre loin de Geneve, ni des Suisses, ni trop esloigné d'Allemagne, mais ce seroit un mauvais voisin au comté de Bourgogne. Le chancelier, quand on lui parla de ses secretaires , a dit clairement à la Reine qu'il estoit vieux, malsain et prest à se retirer, qu'il en auroit envie ; la Reine l’a assuré que ce n’estoit pas pour cela et qu'on n'avoit pas envie de sa retraite; s’il eust parlé en ces termes avant qu'on fist le traité devant Orleans, je crois qu'il enst esté pris au mot, cr le connestable — estoit fort mal content de luy, mais arrivant à Amboise après sa prison, le conneslable incontinent commença à faire chere au dict chancelier et furent grands amis. Le retour du cardinal de Chastillon ne luy aura pas nui pour la bonne intelligence qu'il a avec M” de Savoye, de laquelle le dict chancelier est ancien serviteur et plus confident aujourdhuy que oncques ”. Chantonnay reprit le chemin de Paris le 19 août; voici une nouvelle lettre de lui, datée du jour même de son départ, et qui également n'a pas été imprimée dans les Mémoires de Condé : L'acte de la majorité du Roy s'est fait à Rouen, pour despit du par- lement de Paris, et pour lui retrancher de son autorité et preeminence, car autrement, cest à Paris que cet acte se doit faire, mais le chance- her ni la Reine n'aiment le dict parlement, ni la ville, parce qu'elle n'a pas trouvé bonnes leurs actions, et dit-on qu'ils sont rebelles, et contre- disent à tous coups les ordonnances du Roy; l'on ne cessera que l'on ne desarme Paris et crains qu'à la longue le Roy, oubliant le service receu ou ne le coignoissant, et ne s'en souvenant, aussi ceulx qui en ont esté soutenus et les ont mis a la danse, non seulement n’en sauront gré, mais en feront très-mauvais payement, et la dicte ville n’en attend pas moins. L'on commence à interpreter ici (Rouen) l'edit du Roy touchant les armes, que ce n'est que pour le menu penple et non pour les princi- paux bourgeois. Trockmorton est parti ce matin , au point du jour, avec très-bonne garde ; on le fait conduire au donjon du bois de Vincennes *. Dans une nouvelle lettre du 28 août, Chantonnay annonce au cardinal Granvelle l'arrestation de Smith, mené prisonnier à Melun, et il lui dit : «Il fault bien que l’on aye eu nouvelle que lon ait pris celui de France residant en Angleterre pour contre eschange de larrest de Throckmorton.» Le 8 septembre, Smith annonce lui-même son emprisonnement à Throckmorton : il a été mené dans le château de Melun, et sans plus de liberté que lui; il a pour gardien M. de Mauvissière qui commandait à Tancarville et fut mené prisonnier au Havre; toutes les lettres qu'il reçoit sont consignées entre les mains de M. de la Verberie; le 7, il a écrit au connétable, pour qu'il sache bien que, s’il reste enfermé ainsi qu'il est, tout accord est impossible. On ne le garda pas ? Archives de Vienne, Lettres de Chantonnay. TA en, Me. longtemps à Melun; le 13 septembre, il écrivait à Throckmor- ton que, le 9, il avait été conduit à Paris, et qu'il comptait ce jour-là aller à Poissy. Le 14, il eut une audience de Catherine, à laquelle assistèrent la duchesse de Ferrare et la jeune Margue- rite de Valois. Avec une assurance que les événements passés étaient loin de lui donner, il dit que, puisque les apparences de paix de part et d'autre se montraient favorables, il n°y avait plus qu'à nommer des commissaires, et il désigna Throckmorton, qui était sur les lieux. La reine se récria, rappelant tous ses vieux griefs contre lui. — Smith protesta contre ces accusations et fit de sa liberté une question d'honneur. — La reine répliqua qu'elle en aviserait avec le conseil. Le 16, Smith revint à la cour, et le chancelier lui renouvela toutes les plaintes articulées contre Throckmorton; pourtant la réponse fut plus favorable : le roi consentait à ce qu'il fût un des commissaires appointés pour trai- ter et à ce qu'il fût remis en liberté, s’il promettait de ne pas sor- tir du royaume sans sa permission; MM. de Lansac, de L’Aubes- pine et de Limoges seraient Îles commissaires désignés, et lon traiterait à la cour de France. Smith, dans une nouvelle entrevue avec le connétable, au sujet de ces dernières propositions, fit quelques objections : la cour devant aller à Lyon, ce n'était pas un métier d'ambassadeur de la suivre et de courir après la paix, et 1l demanda qu'on désignät Paris pour le lieu de la conférence ; le connétable lui proposant une trêve, si l'on ne pouvait arriver à la paix, il répliqua que c'était l'office d'un capitaine de négocier une trêve, et non celui d’un ambassadeur. Des deux envoyés an- glais, le moins patient c'était Throckmorton ; il avait souvent maille à partir avec Îles rudes Gascons qui le gardaient!. Le connétable ayant ses trois fils à diner à Saint-Germain, Île 1° octobre, et l'ayant invité, l'entretien tourna si mal qu'il le fit ramener le soir _ dans sa prison; aussi se vengeait-il en peignant sous les plus tristes couleurs l'état de la France : « L'Angleterre, écrit-1l, n'a rien à craindre d’une invasion; les revenus de la couronne sont appau- vris, spoliés, leur crédit est mort depuis la dernière guerre; tant que l'ambassadeur de France à Londres ne sera pas traité comme il l’est lui-même, on n’obtiendra rien de ces gens-là, et il restera prisonnier. » 1 Kalendar of State papers, 1963. — 8 — | Une rivalité sourde existait entre lui et Smith; elle perce dans leurs dépêches : Smith se plaint de n'avoir recu aucune instruc- on depuis le 12 août. À l'entendre, Throckmorton est mieux traité, mécontent d'être mis au second rang, il rappelle ses ser- vices passés €t la haute position qu'il a toujours tenue !. La discussion ne portait plus que sur un point : enverrait-on une nouvelle commission à Smith et à Throckmorton? C’est ce que voulaient Catherine et ses conseillers, car accepter Throckmorton comme ambassadeur, c'était se déjuger, se condamner; mais c'était aussi ce que repoussait celui-ci, car c'était Jui enlever sa qualité d'ambassadeur; il admettait bien qu’on donnât de nouvelles ins- tructions à Smith et à lui, mais non pas une nouvelle commis- sion ?. _La fin d'octobre et les premiers jours de novembre se passèrent en inutiles pourparlers. Catherine finit par consentir à ce que Throckmorton fût admis comme ambassadeur, à condition qu'il prit l'engagement de ne pas quitter la France. De son côté Smith donna l'assurance que la reine, sa maitresse, l'avait autorisé à or- donner, en son nom, à Throckmorton de rester jusqu à ce que la négociation füt terminée d’une manière ou d'une autre, et il se porta fort pour son obéissanceÿ. Sur cette réponse, le 8 no- vembre, Throckmorton fut conduit à Meaux, sous la garde de M. de Lignerolles et d’une bande d’arquebusiers; le 9, 1l dina à Monceaux, où il trouva Smith, et après diner, ils furent tous deux conduits devant le roi. Smith, tout d’abord, prétendit que Throck- morlon était sans aucun droit retenu prisonnier, ce que celui-ci soutint également. — Catherine répondit qu'elle entendait que cette déclaration füt renouvelée devant le conseil, ce qu'ils firent; puis ils se retirèrent, et le conseil en ayant délibéré, le connétable déclara que Throckmorton avait été pris légitimement en temps de guerre. La discussion, sans faire un pas, se prolongea jus- qu'au moment où M. de Mauvissière les reconduisit à Villemare, à une demi-lieue de Meaux. Le lendemain, M. de Mauvissière «et de Florence, secrétaire de l'ambassade française à Londres, vin- rent leur signifier que, s'ils n'avaient pas d’autre résolution à mettre en avant, Throckmorton serait reconduit à Saint-Germain : 1 Kalendar of State papers, 1563. 2 Ibid. # Record office, State papers, France, vol. XXXVIHIL, — (AOr= pourtant, par concession, ils furent ramenés le Jendemain à Meaux, où ils dinèrent avec le connétable dans l'hôtel de M, d'Oi- sel. La discussion se reprit sur la captivité de Throckmorton, et sans plus de résultat que la veille. Lorsqu'il vit qu'il allait re- prendre la route de Saint-Germain, Throckmorton demanda à “être conduit à Paris, voulant y consuller pour sa santé. Mauvis- sière trouvait cette demande raisonnable: mais, sur le refus de la reine, avec vingt archers, il escorta l'ambassadeur jusqu'a sa vieille prison de Saint-Germain; il v rentra encore plus aigri, se plaignant dans chacune de ses lettres de laffaiblissement de sa santé, des maux qu'il endurait, priant Smith de le laisser désor- mais en repos et de ne plus le fatiguer de ces éternelles redites, refusant désormais de prendre part à la négociation !. Sur ces entrefaites arrivèrent de nouvelles instructions d'Élisa- beth; elle cédait sur un point et leur envoyait à la fois leur an- cienne commission et ure nouvelle, s'en rapportant à leur dis- crétion pour s'en servir. Tout semblait donc prêt pour entrer en négociation. Le 5 décembre, Smith et Throckmorton furent con- duits au Louvre et admis au conseil: le roi et la reine V siégeaient. Smith demanda que Throckmorton lui fût adjoint et exhiba son sauf-conduit; mais Catherine observa qu'on revenait toujours sur ce qui avait été débattu; néanmoins, elle en délibéra avec le con- seil; mais la réponse donnée par le chancelier fut négative. Throckmorton demanda alors, puisqu'on ne voulait pas l'admettre comme plénipotentiaire, qu'on le laissât s'en retourner. Cette de- mande parut les étonner; la reine, ayant prié Smith de la répt- ter, le conseil, après en avoir de nouveau délibéré, persista dans son dire, et ces longues discussions n'ayant amené aucun résul- at, dans la nuit, Throckmorton reprit de nouveau la route de Saint-Germain. C’est à ce moment qu’un nouvel envoyé d'Élisa- beth, Somers, arriva à Paris. MM. de Champ et Mauvissière vinrent aussitôt demander à Smith si vraiment Somers avait pouvoir de traiter; sur sa réponse un peu vague et sur le désir qu'il manifesta de traiter particulièrement avec L’Aubespine, la reine fit savoir à Smith qu'elle entendait négocier seule et qu'elle le recevrait au Louvre, le vendredi 5 décembre, ce qui, en effet, eut lieu. Elle lui dit en commencant qu'elle se plaisait à reconnaître qu'il s'était tou- ! Lettre du 23 novembre, Kalendar of State papers, 1563. MISS SCIENT. — Jr. — 90 — jours montré plus raisonnable que Throckmorton. Encouragé par ces paroles, Smith lui offrit d'entrer en négociation; elle lui de- manda s'il en avait le pouvoir; et, sur son affirmation, elle le pria de le lui montrer; il répondit qu'il ne l'avait point apporté, que traiter à lui seul lui semblait une trop lourde charge; mais qu'il était prêt à lui faire connaître officieusement ses propres im- pressions, ce qu'elle accepta : il proposa d'abord de ratifier le traité de Cateau-Cambrésis. « Par quels moyens, reprit-elle, puisque vous avez perdu votre droit sur Calais. — Que faire alors, lui dit Smith, si personne ne veut céder? » — Elle insinua qu'elle re- grettait que ni le roi ni le duc d'Orléans ne fussent assez âgés pour épouser Élisabeth et en finir ainsi avec tous ces troubles. En le recevant, elle n'avait pas eu d'autre but que de mettre en avant ce projet, auquel elle reviendra; sur ces paroles, elle rompit l’en- tretien pour ne je reprendre qu’en présence du chancelier, du connétable, de L’Aubespine et du secrétaire d'État Bourdin. Smith renouvela ses propositions, que tous repoussèrent; comme der- nier moyen, le connétable proposa de nouveau de se contenter d'une trêve, si on ne pouvait sentendre sur la paix. Le 11 décembre suivant, Smith et Somers eurent une seconde conférence à l'hôtel de Villeroy avec L’Aubespine, mais sans que l'accord püt faire un pas; les jours suivants, de nouvelles confé- rences n'eurent pas plus de succès, À la fin de décembre, Élisa- beth écrivait à Challoner, son ambassadeur en Espagne, que les matières à débattre étaient encore indéterminées; que Throck- morton continuait à être prisonnier; qu'elle n’entendait rien ac- corder qui pût préjudicier à ses droits sur Calais; que, fatiguée des procédés insolents et si peu raisonnables des Francais, elle était décidée à faire dire par son ambassadeur au roi de France que, voyant la reine sa mère et ses conseillers si peu disposés à prêter l'oreille à des raisons si justes et si modérées, elle ne vou- lait plus s’entremettre dans tout cela et qu'elle pourvoirait autre- ment à ses intérêts Î, Coligny était de retour à la cour, il avait repris sa place au con- seil; Smith, en désespoir de cause, vint le trouver au logis du cardinal de Châtillon et lui demanda de s'expliquer sur deux points : l'argent qu'on leur avait prêté et l'emprisonnement de 1 Record office, State papers, France, vol. XXXIV.. Throckmorton si dévoué à leur cause. L'amiral reconnut que la reine avait sauvé leurs vies et qu'ils lui étaient redevables de la liberté de conscience; mais retenir le Havre, ainsi qu'elle l'avait fait, c'était là une querelle particuliète, et ils ne pouvaient agir à l'encontre du roi et de son conseil. Quent à To Leon" il était venu en France la guerre étant déjà déclarée; il était donc retenu à bon droit prisonnier de guerre; il ajouta qu'ayant sur les bras l'affaire des Guise, il ne pouvait se mêler de rien; et quant aux sommes prêlées (il en limitait le chiffre à 100,000 couronnes), la reine, aussitôt la paix faite, en serait remboursée !, Si l'obstination d’Élisabeth était orande, celle de Catherine ne lui cédait en rien, et elle avait l’avantage de s'appuyer sur le sen- timent national et d’y puiser sa force. La misère en Angleterre était affreuse : «Il faut en finir et traiter avec notre ennemi raisonnablement, écrivait sir John Mason à Cécil; il faut céder à cette nécessité ef non ponere rumores ante sa- lutem ?, » Le 28 janvier, Smith écrivait que la France était disposée à la paix, mais que vouloir obtenir la ratification du traité de Ca- teau-Cambrésis, c'était peine perdue,f Élisabeth fut forcée de se rendre à l'évidence; mais pour sauvegarder sa dignité, au lieu de répondre à Smith, elle écrivit à Throckmorton, qui avait des pou- voirs indépendants de ceux de son collègue, et elle linvita à voir la reine mère, comme de lui-même, et à lui demander si elle vou- lait consentir à la paix, sous la réserve des droits des deux na- tions. Ainsi, par la force des choses, Elisabeth arrivait sur te ter- rain que la France avait choisi et dans les termes précédemment offerts. Catherine voulut bien recevoir Throckmorton: laissons-tui raconter elle-même cette entrevue à M. de Foix : Sur la priere du sieur Trockmorton et dans le desir de la conciliation, l'ayant fait venir aux Bonshommes près de ceste ville, où je me trouvay le matin de si bonne heure, que je luy donnay le loisir et commodité, estant seul avecques moy en ung jardin où je le promenay, de me dire durant plus de deux grosses N ML tout ce qu'il voulut, attendant de luy quelque ouverture pour venir à ce bien qu'il dit tant utile et neces- saire non moins à sa maistresse qu à nous; mais ce qu'il me dit fut seu- lement qu'il voit comme nous en avons besoin des deux costés et que , si 1 Kalendar of State papers, 1564, 1565. 2 [bid. 3 Jbid. — 92 — - je voulois lui faire entendre en quels termes estoit la dicte negociation de paix et lui permettre qu'il escrivist par delà à sa maistresse , il esperoit bonne response. — Sur ce je lui répondis : « Nous ne demandons riens que la li- berté de quatre pauvres gentihommes detenuz par delà sans raison et libres de leur foy et promesse, comme iiz sont, et qu'il sembloit qu'il n'y avoit plus de difficulté que ceste là, car quant au demourant toutes choses estoient bien et en bon chemin, ayant Dieu separé les deux royaumes d'une si belle borne et tant large fossé qu'il ne falloit pas avoir crainte de s'offenser l’un l'auitre. » — [i entra jà dessus à me dire que c'estoient ostages baillés pour une somme de cinq cens mille escus, avecques laquelle il s'asseuroit que l'on ne ferdit pas difficulté de les ren- voyer et par ce moyen la paix seroit à faire, d'aultant que, pour le surplus des articles, nous estions dejà d'accord et insista fort sur ce-point, disant que c'est peu de chose à ung roy de France que une teile somme pour acheminer ung si grand bien et esviter une guerre, mesmement en ce temps qe les affaires du dict royaume ne sont pas en si bon estat que nous pensions pour assez de raisons que luy et beaucoup d'aultres co- gnoissoient, touchant, en passant, la tempeste qui y a tant fait de mal, laquelle il n'estime estre du tout apaisée, tant pour la diversité d'opi- nions qui sont ès esprits des subgetz, que d'aucunes querelles particu- lieres. — À quoi je respondis : quant au public, que, graces à Dieu, la con- ciliation commencoit a estre parmi les peuples et l’obeissance telle des subjetz, accommodés comme nous les avions fait, que n'y voyons rien à craindre; du particulier, que le Roy, mon diet filz, ÿ avoit pourveu de telle sorte que , à contentemeni de l’un et de l'aultre , il avoit mis du temps entre deux pour leur en faire avoir la raison avecques plus de commo- dité, et quant à ce qui regardoit ie dehors, nous avions telle amitié et alliance avecques le Roy Catholique et recevions de luy tant de bonnes paroles et de telles demonstrations de bienveillance que nous faisions plus tost estat d'estre fortifiés et aydés de luy en nos affaires que trou- blés, aussi que nous scavions bien que noslre amitié ne fuy estoit moins utile et necessaire que la sienne à nous, de façon que nous avions de ceste costé-là l'esprit assez reposé, ne voyant pas que d'ailleurs 11 y ait prince en la chrestienté qui avi occasion, sinon de nous aymer, et pour bien dire, de chercher d’avoir la bonne grace d'un si grand Roy et d'ung royaume si puissant que cestuy-ci, plein de bons subgetz et si affection- nez qu'ils se demonstrent en tout et partout contre l'opinion et la vo- lonté peut-estre de ceuix qui ont voulu cy-devant se prevaloir de l'aMic- ion, dont il a pleu à Dieu nous visiter ès années passées; et quant à bailier de l'argent pour ravoir les ditz gentilzhommes, ce seroit retourner à la premiere intention de sa dicte maistresse, qui n'a jamais autre chose demandé que de demourer aux termes du traité de Chasteau-Cambresis, dont nous nous garderons bien, estant tant resolus, comme par son in- se" DER fraction notoire et manifeste, elle avoit du tout perdu Callais et tout ce qu'elle pouvoil pretendre en vertu du dict traité, et que mesme j'avois esté blasmée par ceulx du conseil du Roy, mon dict fiiz, d'avoir moy seule (ainsi le pouvois-je dire) consenty que, en la negociation traitée entre noz deputés et l'ambassadeur Smith, present le secretaire Somer, on eust accordé que de sa dicte maistresse feussent reservez les droits, disant que je faisois revivre une querelle du tout esteinte et resolue par la dicte in- fraction. — Sur quoy le dict Frockmorton voulut meltre en avant celle d'Escosse faite par moy à cause des armoiries, et retourna sur les remons- trances jà tant dites , à quoy je luy sceu fort bien respondre, et quant à l’ar- gent, s’il en falloit demander, il faudroit que premierement sa dicte mais- tresse nous rendist quatre millions, lesquelz nous avoit fait despendre pour la chasser de nostre dict royaume depuis la pacilication faite avec nos subjetz. — 11 dit que sa maistresse en avoit despendu plus de deux mullions et n'avoit envoyé ces gens en ce royaume que, à la requeste et grande poursuite de nos subjetz, et pour le service du Roy, ainsi qu'il se verroit par les traités et contrats qui en avoiïent esté passés avec eulx qui leur avoient toujours fait entendre que nous le desirions ainsi; mais je uy nie tres bien cet article et dis que ce avoit esté contre nostre sceu et à nostre très grand regret, dont j'estois bien asseurée et que mesmes monsieur L'admiral avoit declaré en plein conseil, que jamais n'avoit con- senti de laisser entrer aucuns Anglois ès places de ce royaume; comme ce point se disputa assez et beaucoup d'autres et pour conclusion ne s’ouvrit aucune chose particuliere pour avancer plus avant cesle affaire, seule- ment me priant que je veuille luy permettre qu'il escrivist a sa mais- ixesseice qu'il feroit de si bonne sorte, qu'il en pourroit sortir quelque fruit, et encore quil ne voyoit rien de nouveau; si est-ce que, pour mettre tout devoir de nosire costé, je ne l'en voulus pas refuser, et lui dis que j en parlerois au conseil du Roy, mon filz, et après luy ferois scavoir ce qu'il en seroit arresté, lequel, n'y ayant trouvé aucun inconvénient, a esté cause que je luy en manday qu'il fist sa depesche que je feray tenir au dict ambassadeur Smith pour l'envoyer par delà; sur ce je feray fin, priant Dieu, Monsieur de Foix, vous avoir en sa saincte garde ve Throckmorton écrivait, le :2 février, à L'Aubespine qu'à la suite de son audience 1l s'était de son mieux employé pour la pacifica- tion et que si sa Majesté voulait le recevoir de nouveau, il lui ferait entendre en quels termes étaient les choses en Angleterre, Bourdin, en l'absence de L’Aubespine, lui répondit que leurs Ma- jestés, étant sur le partement de Fontainebleau, auraient pour ! Record office, State papers , France, vol. XXXVI, (Copie.) ER agréable de lui donner l'audience demandée et d'envoyer un coche pour l'amener plus commodément en ce lieu. Voici quelles furent les conditions proposées par Throckmorton : que la paix serait faite avec réserve réciproque des droits; que les quatre otages actuellement en Angleterre seraient remis en leur première liberté, en faisant serment et promesse de ne quit- ter le royaume sans le congé de la reine; que lui, Throckmorton, serait mis en pleine liberté pour s'en aller hors de ce royaume, sans arrêt ni empêchement, toutes et quantes fois qu'il plairait à la reine sa maîtresse le rappeler; que le roi pourrait, à son bon plaisir, révoquer tous ou. quelques-uns des otages qui sont en An- gleterre et qu'ils auraient permission de s’en revenir, pourvu que, devant qu'ils demandassent leur congé ou retournassent en France, le roi en envoyât quatre autres, ou autant qu'il en voudrait ré- voquer, lesquels seraient personnages suffisants de qualité et de biens pour succéder aux autres, et feraient les dits otages serment et promesse qu'ils ne s'en iraient hors du royaume sans le congé de la reine!. Tout le mois de février se passa en d'interminables conférences. L'argent exigé par Élisabeth pour la liberté des otages était devenu Ja grosse difficulté: Îles Français ne PR pas payer les 500,000 couronnes exigibles en vertu du traité; un gentilhomme, nommé la Halle, donna l'idée d'offrir une certaine somme à lord Robert Dudley; c'était prendre Élisabeth par son côté faible; la reine mère proposa d'y ajouter quelque riche Joyau de la couronne de France; mais on en revint à une offre plus sérieuse, et le car- dinal de Lorraine, tout récemment rentré à la cour, dit en parti- üculier à Throckmorton qu'on payerait 120,000 couronnes pour les otages, n1 plus ni moins. Remarquons, en passant, que le prince de Condé et tous ceux qui, dans le conseil, étaient les obligés d'Élisabeth étaient les plus Ie à une concession et voulaient la guerre. Throckmorton fit part à Élisabeth de l'offre des 120,000 couronnes; elle aimait à marchander; elle l'invita à demander d'abord 400,000 couronnes, avec pouvoir de se rabattre à 300,000; enfin, s’il n'y avait pas moyen d'arracher cette somme aux Fran- çais, elle se limita à 200,000 couronnes. Sir John Somers était retourné à Londres; il en rapporta celte réponse qui, délivrée ! Record office, State papers, France. AL à ee — dans la forme ordinaire des messages d'État, avait toute l'appa- rence d’un ultimatum; les deux ambassadeurs ne croyaient donc pas avoir pouvoir de traiter au-dessous de 200,000 couronnes; mais Somers avait emporté un pli cachelé qu'il ne devait remettre qu’à la dernière extrémité !. La cour de France était à Troyes quand Somers arriva; Smith et Throckmorton y étaient venus de leur côté; en dépit de leur ri- valité et de leur mauvaise intelligence, ils devaient s’employer à la même négociation. Aussitôt qu’il eut reçu la première dépêche, Smith alla trouver la reine mère; mais repoussant un pareil chiffre, elle lui dit que la reprise du Havre lui avait coûté un million de couronnes, qu'elle n'avait pas barguiné pour la somme à payer à Élisabeth, mais qu'elle ne donnerait que 120,000 couronnes ou rien. C'était bien décidé; elle quittait Troyes le lendemain, et, si on n'acceptait pas d'ici là son offre, tout était rompu. Smith revint faire part à Throckmorton de cette réponse; leur embarras était grand, lorsque Somers leur vint en aide en exhibant le second pouvoir qui leur permettait cette dernière et humiliante conces- sion. Sans perdre une minute, ils envoyèrent prier Bourdin, le secrétaire de la reine, de venir les trouver; mais, avant qu'il ne se rendit à leur appel, il se passa une étrange scène : lorsque le pli cacheté fut rompu, Throckmorton ne fut plus maitre de lui; la co- ière le prit, et, avec une violence inouie, il reprocha à Smith d’a- voir révélé à la reine mère le secret du second pouvoir. — Smith s'en défendit : comment pouvait-il révéler un secret qu'il igno- rait? Mais Throckmorton ne voulut rien entendre. Avoir passé cinq années à intriguer, à conspirer, pour aboutir à cette honte, à celte: confusion {c’est un historien anglais qui fait cet aveu ?)}, il ne pou- vait s’y résigner de sang froid; sa têle n'était plus à lui. Dans une de ses dépêches, Smith raconte cette querelle : Throckmorton Fa traité de traitre, de coquin, il la menacé de sa dague. Il avait en effet tiré son poignard , et des menaces on en serait venu aux coups, si Somers ne s'était jeté entre eux. De son côté, Throckmorton, rendant compte à Cécil de cette altercation, écrit que Smith a un peu surfait et son danger et son courage. Bourdin se rendit à l'appel des deux ambassadeurs, et la paix ! Record office, State papers, France. 2? Kroude, History of England, t. XU. LL EEE fat conclue. Les termes en étaient simples : les droits des deux nations étaient réservés, et le traité ni confirmé, ni déclaré nul; les otages devaient être remis en liberté, et le gouvernement fran- cais s'engageait à payer pour eux 120,000 couronnes; la liberté du commerce était admise entre les sujets des deux nations!. Il ne restait plus à Élisabeth” qu'à réclamer du prince de Condé les sommes qu'elle lui avait avancées ; c'est Smith qu'elle chargea. de cette difficile rentrée. Un historien anglais moderne, que nous avons souvent cité, jage sévèrement la politique d'Élisabeth : à l'entendre, elle avait fait la folie de s'engager dans cettte malheureuse guerre avec la seule nation qui, depuis la querelle d'Henri VIT avec la papauté, s'était montrée sympathique à l'Angleterre, et il porte sur la France d'alors un jugement que nous croyons devoir reproduire, ne se- rait-ce que pour faire apprécier ce qu'on pensait à l'étranger de Catherine et de son gouvernement : « La politique de la France, nous dit Froude, était disposée à être modérée, nationale, anti-espa- gnole et anti-papale; enfin, elle était alors tout ce que le gouver- nement anglais pouvait désirer qu'elle fût; la paix était dans l'ab- solue nécessité des choses ?. » Une fois la paix signée, le 12 avril, Throckmorton étant venu complimenter Catherine, elle lui demanda, ainsi qu'à Smith, s'ils voulaient l'accompagner à l’église pour rendre grâces à Dieu; ils acceptèrent, et Throckmorton prenant ia gauche du roi, Smith la droite de la reine, ils se rendirent à la cathédrale où le Te Deum fut chanté en grande pompe et où officia l'évêque de Troyes; ils ramenèrent le roi à son logis dans le même ordre, et toute cette nuit-là il y eut dans la ville grandes sonneries de cloches, décharges de mousqueterie et nombreux feux de joie. Le lendemain, Throckmorton prit congé de Catherine et du roi; l'entretien fut long et amical : Catherine revint sur son thème favori, k mariage de Charles IX et de la reine; elle se lamenta de ce qu'Élisabeth en était si éloignée; elle chercha à savoir de lui si elle consen- trait à envoyer lord Robert Dudley pour recevoir le serment du roi. — Throckmorton répondit qu'il ne connaissait pas ses inten- tions. Elle insista pour qu'il fut Pinterprète de son désir à cet 1 Record office, Stute papers, France, vol. XXXIV. ? Froude, History of England, t. XUE, p. 55. % Kalendar of State papers, 1564-1565. ER égard !. En quittant la cour, Throckmorton se présenta au logis de Condé pour lui rappeler la dette que réclamait Élisabeth ; mais il ne fut pas recu, le prince prit pour excuse un accès de fièvre. Le lendemain, il reprit la route de Paris, non plus en prisonnier, mais avec une garde d'honneur. Des deux côtés, on était revenu aux bons procédés : le 23 avril, jour où la paix fut proclamée à Paris, le prévôt des marchands et les notables de la ville vinrent au logis de ‘Fhrockmorton et, suivant l'usage, lui apportèrent des confitures et des épices ?. Le 27, il dina avec M. de Gonnor, et de leur entretien nous ne relèverons que cette phrase bonne à noter : « Gonnor ayant dit à Throckmorton que, si la reine sa maitresse et la reine mère du roi s’entendaient bien, l'autorité du pape pourrait être bien diminuée en France et en Angle- terre *, Throckmorton répondit que tout ce que ferait le roi de France pour restreindre l'autorité du pape serait bien vu en An- oleterre. » Lorsqu'ils se séparèrent, Gonnor remit à Throckmorton une chaîne d'or du poids de 1,400 onces, et, le 9 mai, lorsqu'il reçut son passe-port pour retourner à Londres, Catherine l’accom- pagua d’une lettre fort gracieuse; aussi, lorsque M. de Gonnor vint à Londres porter la rançon de nos otages, fut-il recu avec la plus grande pompe; son train se composait de cent vingt chevaux, et il avait amené soixante gentilshommes, parmi lesquels son neveu, le fils du maréchal de Brissac. Élisabeth , le 13 juin, rend compte à Smith de la réception qu'elle lui a faite : elle l'a eu à dîner avec M. de Foix; ils ont assisté à des courses à la bague, à une chasse, et, dans la prairie de Richemont, en face de la porte du château, ils ont tué trois cerfs; elle les mènera demain à Hamptoncourt pour voir le palais et chasser dans le parc. Lord Hunsdon, qui apportait l’ordre de la Jarretière à Charles IX, ne fut pas moins bien traité en France; il n'avait pas un train aussi considérable que M. de Gonnor; il emmenait sir Robert Rich, sir Georges Speke et neuf autres gentilshommes. À son arrivée à Boulogne, le canon tira; à Amiens, M. de Mauvissière lui remit les lettres du roi et de la reine, et à Paris, ce fut le maréchal de Montmorency qui lui en fit les honneurs. ! Kalendar of State papers, 19564, 1565. ? Ibid. 2Tbul, # Ibid, — 98 — Au plus fort de leur lutte, Catherine et Élisabeth furent tou- jours d'accord sur un seul point : la crainte que leur causait le projet de mariage de don Carlos et de Marie Stuart. Le cardinal de Lorraine, dans son entrevue à Inspruck avec l'empereur Ferdi- nand, lui avait parlé pour sa nièce de larchiduc Charles; mais alors Marie Stuart visait plus haut; à ce prétendant sans couronne et qui n'avait que la cape et l'épée, elle préférait don Carlos ou Charles IX resté, quoique bien jeune encore, sous le charme de sa beauté. C’est Lethington qui avait secrètement conduit les négo- ciations pour le mariage avec don Carlos par l'intermédiaire de l’évêque d’Aquila, ambassadeur d'Espagne à Londres. Philippe Il s'y était montré favorable, et, si les ouvertures venaient de per- sonues sûres et autorisées, il avait invilé son ambassadeur à y donner suite; mais ne se départant pas de ses habitudes d’astucieuse prudence, il avait recommandé d'agir avec une extrême réserve dans le choix des agents, car siles Français en avaient vent, ils fe- raienltout pour y mettre obstacle, et Élisabeth et les hérétiques d'An: gleterre ne seraient pas disposés à voir de telles praliques d’un bon œil; il ne repoussait pas d’une manière absolue ie mariage avec larchiduc; il l’acceptait, en cas de non-réussite de la négociation pour don Carlos; mais, à aucun prix, il ne voulait de lalliance de Charles IX et de Marie Stuart!. Les recommandations de Phi- lippe IE sont justifiées par les défiances de la cour de France. Smith fail part de craintes qui lui ont été exprimées du mariage de don Carlos et de Marie Stuart et des observations qui lui ont été faites sur le préjudice qui en résulterait pour l'Angleterre. Throckmorton, dans une lettre du 1° novembre, fait également part à Cécil des inquiétudes de la France et de sa jalousie; il y revient dans une lettre à Élisabeth du 26 povembre, où il insiste sur le mécontentement qu’inspire à la reine mère et à ses conseil- lers la reprise de ce projet, et se faisant l'écho d’un bruit qui cou- rait alors et qui se reproduira, 1l parle incidemment de l'offre qu'aurait faite le sultan à Charles IX d’une de ses filles qui, en l'épousant, deviendrait chrétienne?. Pour plus de clarté, jusqu'ici nous avons cru devoir suivre, sans interruption, les négociations qui amenèrent enfin la paix signée ! Lettre de l'évêque d’Aquila, archives de Simancas, ? Kalendar of State papers, 1563. ET à Troyes: maintenant, revenons sur nos pas et voyons quelles dif- ficultés Catherine eut à surmonter avant d'entreprendre son grand voyage à travers la France; elles furent nombreuses et provenaient de causes bien diverses. Nous nous arréterons aux deux principales : la réception des actes du concile, et la requête des Guise contre l'amiral. Commencons par le concile : Morvilliers, évêque d’Or- léans, écrivant à son neveu, a précisé dans quels termes le cardinal de Lorraine demandait au roi la réception du concile : « Bien de- siroit-1l que, comme il est permis à ceux de la nouvelle religion suivre la doctrine de leurs ministres, que les catholiques pussent aussi, en toute liberté, observer la doctrine qui leur est baillée de l’Église 1. » À côté de cette interprétation, où se fait jour un cer- tain esprit de liberté et de tolérance, nous placerons une note secrète adressée à Élisabeth : La Royne, à ce caresme prenant, envoya querir quelques presidens et conseillers et advocatz et procureurs du Roy du parlement de Paris pour oyr leurs raisons en ce qui avoit esté decidé au concile. Doncques le premier lundy de caresme, monsieur le cardinal de Lorraine presenta au conseil les decisions du dict concile avec plusieurs belles remons- trances du bien et proffit qui viendroit à ce royaume, si elles estoient observées, suppliant le Roy deles vouloir signer, faire publier et obser- ver, suivant ce que toujours il avoit dit par tous ses edits et mesmement par le dernier fait sur la pacitication des troubles, attendant le concile general ou national, et devant que les avoir presentés au conseil; il avoit si bien attiré la Reyne par ses doulces paroles que, sans vouloir autre- ment entendre à consequence, elle vouloit que les dictes decisions fussent signées et passées, car le dict cardinal luy avoit premierement persuadé que, tant s'en faut que cela prejudiciast aux aflaires de ce royaume, qu'au contraire ce seroit luy porter le repos tant necessaire et desire , oultre que ce seroit un service agreable à Dieu, et ne feroit en rien en- freindre ledit de la pacification de la paix, ni molester ceulx de la reli- gion pretendue reformée, mais seroit seulement pour les catholiques al- terés de scavoir la fin et resolution du dict concile. Davantage, pour ne laisser en arriere aucune occasion qui pust aider à cela, il luy donna une crainte et frayeur que nous aurions la guerre civile ou dehors. si cela ne se faisoit; que quant à la civile, elle estoit toute asseurée; et quant à celle du dehors, le roy d'Espagne, le pape et tous les potentatz d'Italie nous en menacoient, ce qui cfraya la Reyne qu'elle vouloit à toute force que cela se fist, mais plusieurs du conseil LU Mémoures de Castelnau, 1. I, P. 299. ==" (0 = s y opposerent, mesmement M. le chancelier, et mesmes les deputes de la court du parlement, qui estoient les presidens de Thou, Seguier, Harlay et Prevost, et les conseillers Vielle et de Dieu et ies advocats et procu- reurs du Roy ayant veu lesquelles decisions, dirent qu'elles n'estoient sainctes, justes ni raisonnables, ains estoient exorbitantes et contre l'au- torité du Roy, bien du royaume, et privilege de l'eglise gallicane. M. le chancelier enfonça bien plus avant, et remonstrant au sieur cardinal quel prejudice cela portoit à ce royaume, ils entrerent en pa- roles qui furent aigres, et bref le dict chancelier luy dit qu'il sembloit que ce que les siens n'avoient peu faire par les armes, il le vouloit faire par paroles obliques. Sur quoy, le dict cardinal exposa au chancelier que cestoit sa coustume de s'opposer toujours à ce qui avoit esté par les siens proposé pour le bien de la France, et qu'il ne recognoissoit le bien qu'il avoit receu de luy et des siens, adjoutant par deux fois le mot d'in- grat. À quoy, le sieur chancelier repliqua qu'il n'avoit jamais receu aucun bien du sieur cardinal, ni des siens, et qu'ils n'eussent esté payés iong- temps paravant, car tout ce qu'il avoit eu d'euix, après leur avoir fait beaucoup de service, estoit un estat de maistre des requestes exiraordi- naires qu'on donnoit en ce temps là aux laquais, et qu'il ne tenoit le rang de chancelier que de la Reyne et dit bien cet autre mot qu'ii ne vouloit payer ses dettes aux depends du Roy son maistre, et après plusieurs au- tres piques ils se separerent; depuis on n'a plus rien accordé touchant les dictes decisions et dit-on que la determination en est encore remise, jusqu'à ce que on aura seu comment le roy d'Espagne se gouvernera, pour tirer toujours les choses en longueur, et cependant les affaires pour- ront prendre quelque meilleure voye, car mesmes ceux qui sont le plus affectionnez au party de la papauté trouvent les dictes decisions prejudi- ciables à l'autorité du Roy, aux droits de l'eglise gallicane, et au repos de la France ’. Voyons maintenant ce qui advint de la requête portée contre Famiral par la maison de Guise. Catherine va nous le dire dans une lettre à la duchesse de Savoie : Madame de Guise a demandé qué le Roy mon filz et moy jugions seuls, comme verrez par ce que je vous envoye, et le Roy mon filz de son propre mouvement, sans que personne luy en dist ryen, a donné l'arrest tel que verrez, si bien que tout son conseil a dist que Dieu le faisoit parler et se sont arrestés à ce qu'il en a ordonné, comme au ju- ! Record office, State papers, France, vol. XXXVI. Voy. Mémoires de Conde, t, V, p. 0. Voy. Lettre du nonce Prosper de Sainte-Croix. — (= sement de Salomon. Dieu le fist parler aussi en celui-ci; car sans cet arrest, je pense que vous nous eussiez veu encores aux armes et par ceci tout est suspendu, au contentement des deux parties, et nous n'avons plus rien qui nous arreste que les Anglois ’. Les choses étaient-elles aussi en repos que Catherine veut bien le dire ? Ce qui nous en fait douter, c'est la violence de langage des ministres qui assistèrent au synode des trois provinces de Brie, Champagne et Picardie, tenu à la Ferté-sous-Jouarre, le 24 avril: ils étaient au nombre de soixante-cinq tant ministres que surveil- lants, et furent présidés par Chaudieu. Il est juste de rappeler qu'ils traitèrent de calomnieux le compte rendu qui en parut alors et qu'ils l'attribuèrent à un ministre révoqué nommé Denise. Nous y lisons ce qui suit : « Des lettres ayant été envoyées de tous côtés à cette assemblée, on en lut d'abord une de Bèze qui invitait les ministres à se tenir sur leurs gardes, car les prêtres ramassaient de l'argent pour déraciner la vérité; on disait tenir de bonne source que le cardinal de Lorraine et la reine mère voulaient garder le roi à Lyon, jusqu'au moment où le duc de Savoie attaquerait Genève, et qu'après, Lyon et le Dauphiné seraient remis sous l’obéissance, ainsi qu'Orléans l'avait été; on disait encore qu'un édit général d'extermination serait proclamé contre les protestants. Chaudieu déclara que jamais les églises n'auraient la paix, tant que la reine mère gouvernerait, et qu'il n’y avait pas en France de magistrats légaux; Perocel prétendit qne la reine mère avait écrit des lettres fort dures à l'amiral, se disant avertie que ceux de la nouvelle religion voulaient recommencer les troubles, mais qu'elle s'y opposerait de tout son pouvoir, en s'aidant de ses alliés, leur attribuant ainsi ce qu'elle méditait elle-même. L'assemblée, avant de se séparer, pria son président de recommander leur cause au prince de Condé et de ne pas perdre courage?. » C'est à Lyon que lord Hunsdon, qui portait à Charles IX l'ordre de la Jarretière, rejoignit la cour. Le 22 juin, Smith l'atten- dait à l’Arbresle, et le duc de Nevers vint à sa rencontre entre l'Arbresle et Lyon; il se rendit droit à la cour, où il trouva réunis le roi, la reine mère et la princesse Marguerite. Le cardinal de ! Archives de Turin. ({Autographe.) ? Record office, State papers, France, vol. XXXUHI. Kalendar of State papers, 1964-1569. Réponse des ministres, tbid. — 62 — Bourbon lui présenta le jeune Henri de Béarn, son neveu, qu'il embrassa, et ce fut le prince de la Roche-sur-Yon qui le conduisit à son logis. Le lendemain, il eul une conférence avec le conné- table, L’Aubespine et Bourdin pour s'entendre sur l’ordre à suivre pour la remise de la Jarretière. Le connétable lui dit que la céré- monie aurait lieu dans l'église Saint-Jean, ia plus vieille de Lyon, la seule où il n'y avait pas d'images et où il n’y avait pas de livres, car on y chantait de mémoire; il lui promit qu'on ne dirait pas de messe. Le connétable connaissait sans doute les instructions très- étroites données à Hunsdon, auquel on recommandait, dans le cas où il serait obligé d'assister à la cérémonie dans une église, de ne donner aucune marque d'approbation !. Le samedi 24, Hunsdon fut conduit à la cathédrale par le prince de la Roche-sur-Yon, Smith par le duc de Nevers; le roi était déja dans le chœur; à leur venue il se leva, et ils le condui- sirent à l'autel; il prêta serment sur une bible; puis les trom- pettes sonnèrent el on entonna le Te Deum. De l’église, les am- bassadeurs accompagnèrent le roi à son logis et furent seuls admis à sa table; après le diner, le roi rentra dans sa chambre, ils l'y suivirent, et en présence du chancelier, des princes du sang et de toute la cour, Smith prononça une harangue en latin, à laquelle le chancelier répondit aussi en latin. Le roi, ayant prêté serment entre les mains de Smith, fut habiilé du costume’ de l’ordre et ramené à l’église par Hunsdon qui en était également revêtu; la remise de la Jarretière eut lieu dans les formes voulues, puis la cé- rémonie terminée, ils rentrèrent pour le souper; Hunsdon fut seul admis à la table du roi. Après souper, les ambassadeurs furent con- duits dans la barque royale, où les attendaient la reine mère, la princesse Marguerite et la duchesse de Guise, et les divertissements commencèrent. Dans son curieux récit, Hunsdon nous parle de trois dames de la maison de la reine mère qui chantèrent d'une façon vraiment charmante. Le 25, les ambassadeurs soupèrent chez le cardinal de Guise, à l'hôtel du banquier Bonvisi, où se trouva madame de Guise; après souper ils revinrent à la cour où le roi et sa jeune sœur, la princesse Marguerite, dansèrent; enfin le lendemain, ils dinèrent chez le maréchal de Vieilleville, à son hôtel , et le soir, soupèrent avec le roi et la reine dans une grande halle. 1 Kalendar of State papers, 1564-1565. nn à = Dr — La peste sévissait alors à Lyon d'une manière terrible; Smith nous en fait un lamentable récit; il se plaint de ce que lon v fait trop de sermons, et qu'il y a trop de monde à les entendre, jusqu'à cinq ou six mille personnes !. Les craintes que les protestants avaient conçues de l’arrivée du duc de Savoie, et qui s'étaient fait jour dans le synode de la Ferté-sous-Jouarre, ne se réalisèrent pas; lédit pour la religion fut confirmé à Lyon et Smith put écrire à Élisabeth que, grâce à cette publication, tout se pacifiait dans le royaume. Le 2 août, il était à Vienne; c’est de cette ville qu'il annonce à Cécil la mort de la princesse de Condé, et le départ du duc de Savoie retourné seul le 30 juillet, dans ses États, la duchesse restant encore avec la cour à Roussillon où était également venu le duc de Ferrare. Le 22 août, il écrit de Valence que la cour se dispose à prendre la route d'Avignon. Ce jour-là il a une audienee du roi et de la reine. Le 4 octobre, nous le retrouvons à Avignon, où il entretient Cécil des bruits du moment : «Le mariage de la reine d'Écosse est la grande préoccupation; on parle à la fois pour elle de lord Robert Dudley, du comte de Warvick, et surtout du prince d’'Es- pagne. D’autres voudraient la marier, soit avec le comte d’Arran, soit avec le jeune duc de Guise; mais ce dernier mariage rendrait cette maison trop puissante et la reine mère ne s'en soucie pas; on commence à s'inquiéter des prétentions du fils de lord Len- nOX, » Le 18 octobre, Smith fut reçu par la reine mère : l'entretien ne porta que sur des questions de commerce et de piraterie. Dans une lettre du même jour à Cécil, il annonce que le roi a obtenu une certaine liberté de religion pour les sujets du pape, et il ajoute*: « Le chancelier soutient les huguenots, mais il y a à la cour d’autres conseillers qui ne manquent pas de montrer au roi sur son passage toutes les églises ravagées par eux durant la der- nière guerre. Les religionnaires se plaignent de Damville; dans son gouvernement il exerce de grandes cruautés contre les ministres ; la plus grande partie du Dauphiné a passé au protestantisme ; dans chaque ville il y a des ministres; il en est de même en Lan- ouedoc, à Montpellier et à Nimes ?. » 1 Kalendar of State papers, 1564-1565. 2 Kalendar of State papers, 1964-1565. Record ôffice, State papers, France. RS D La cour poursuivant sa roule, le roi entra à Marseille le 6 no- vembre. Le 8, Smith fut de nouveau recu en audience; il n'avait qu'à faire connaître le désir manifeslé par Élisabeth de désigner elle-même, dans son entourage, celui que le roi ferait chevalier de son ordre; la reine et le roi lui répondirent naturellement qu'elle en ferait à son bon plaisir, mais ce fut l'occasion pour Catherine de lui demander (question délicate) quand la reine Élisabeth se marierait, et pourquoi elle n’épousait pas lord Robert Dudley; un peu embarrassé, Smith répondit à la première ques- tion qu'il n’en savait rien, mais que si elle avait voulu épouser lord Robert, il y a longtemps que cela serait fait, puisque le par- lement, à plusieurs reprises, l'avait invitée à se marier, lui laissant le choix de son époux. Le roi et la reine insistant pour avoir plus de détails, il s'y refusa, et ne pouvant vaincre sa réserve, la reine lui dit qu'elle voyait bien qu'il aimait lord Robert, ce dont il ne se défendit pas!. De Marseille, la cour vint à Arles, à Nimes, à Montpellier; dans les lettres que Smith date de toutes ces villes, rien qui mérite une cilation; c'est de Toulouse, le 1° janvier, qu'il parle à Céail du confit qui venait de s'élever à Paris entre le maréchal de Mont- morency et le cardinal de Lorraine. Le cardinal étant entré dans Paris avec une nombreuse escorte d'hommes d'armes, Montmo- rency voulut la faire désarmer, mais il s'y prit un peu trop rude- ment, il l'avoue lui-même dans une lettre au duc de Montpensier; il s’ensuivit une vraie mêlée, où le sang coula; le cardinal effrayé se retira à Meudon, et de Meudon au château de Fleury, près Fontainebleau. Ce conflit a eu les honneurs de tant de récits im- primés, dans lesquels, de part et d'autre, on s'attaque et on se justifie, que nous ne croyons pas devoir nous y arrêter; bornons- nous à dire que le cardinal exhiba une permission de la reine qui l’autorisait à se faire suivre de gens armés ?. Dans une longue lettre, écrite le 10 avril à Cécil, Smith est moins sobre de détails : « Le i5 mars, l'amiral et M. d'Andelot ont eu une conférence à Vendôme avec la reine de Navarre. Le prince de Condé a fait enlever mademoiselle de Limeuil, sa maï- tresse, de la prison où elle était retenue à Tournon, et maintenant « ! Kalendar of State papers, 1564-1565. 2 Ibid. mn ou il l'a avec lui !. » Tout en racontant celte galante aventure, Smith, peut-être avec un peu de malice, parle d'un ordre bien tardive- ment donné, qui interdisait à tout gentilhomme de causer avec les filles de la reine, excepté en la présence de la reine, ou de la prin- cesse de la Roche-sur-Yon; mais, à côté de cette mesure de ri- gueur, il énumère les beaux présents faits par le roi et la reine à toutes les filles d'honneur : chacune d’elles a reçu de la reine cinq robes d’apparat, et du roi une; l’une de ces robes est en toile d’or, aussi vante-t-on à l'avance les magnificences de la prochaine entrevue de Bayonne ?; puis il défile de nouveau son chapelet de nouvelles : « Le 19 mars, les vivres venant à manquer, la cour a quitté Toulouse et pris la route de Bordeaux, par Montauban et Agen; le mariage du prince de Mantoue et de la duchesse de Nevers a été célébré à Paris avecgrande pompe; les fêtes ont duré huit jours; le 1° avril, le roi est entré à Bordeaux, mais en coche et incognito; l'entrée solennelle a eu lieu le 9, avec un grand déploiement de forces militaires; deux mille hommes et quatre enseignes d’arquebusiers ont précédé et suivi le roi. » C’est le vendredi, 13 avril, que Catherine, d’une manière offi- cielle, allait s'ouvrir à Smith du projet de mariage de Charles IX avec Élisabeth; déjà, durant le séjour de la cour à Toulouse, elle lui en avait vaguement parlé, et sa confidente habituelle, madame de Crussol, sous sa dictée sans doute, avait écrit à la reine d’An- gleterre une de ces lettres qui, par leurs réticences calculées, pré- parent habilement les voies : Madame, je desirerois bien fort avoir cet honneur de vous faire quelque service, estant auprès de la Royne ma maistresse , je dirois volon:- tiers quelque bon office pour l'entretenement de la parfaite amitié qui est entre vous deux, mais il me semble qu'il n’en est pas besoin, d’au- tant qu'elle vous aime et estime comme la plus parfaite seur et amie qu'elle ait au monde, et qui estime autant les dons de grace et bonnes perfections que Dieu a mis en vous, el plust à Dieu que, aussi souvent, Madame, que l’on est en propos de vous, vos Majestez eussent ce bien d’estre ensemble, afin de jouir plus parfaitement de ce fruit d'amitié qui se nourrit entre vous deux, là où de ceste heure il me semble qu'il ne se 1 C’est à Dijon, à la fin de mai, qu'Isabelle de Limeuil se trouva mal durant une audience solennelle; emportée dans la chambre voisine, elle y accoucha d’un fils. ? Record office, State papers, France, vol. XLVIIT. MISS. SCIENT. —— II. D …— Gb peut plus rien adjouster, qui doit estre un grand contentement à l'un et à l’autre de vos deux royaumes; je vous diray davantage que, si-mes sou- haits avoient lieu, vous ne seriez, avec une bonne occasion, sans espe- rance de vous voir un jour. Si j'estois l’une des poupines que sa Majesté vous envoie presentement, je vous en conterois plus au long. Escript à Toulouse, le xx1x° jour de fevrier 1565 *. M. Mignet est le premier de nos historiens qui se soit servi des dépêches de Paul de Foix; dans l’'appendice de sa remarquable Histoire de Marie Stuart, il les a sommairement analysées; son tra- vail facilitera le nôtre. Smith témoigna d'abord de la reconnaissance de la reine, sa maitresse, pour les bienveillantes démonstrations dont la reine mère usait envers elle; si elle ne procédait à ce projet d'union aussi vite que l'ambassadeur Paul de Foix le requérait, elle ne voulait pas qu'on püt lui en savoir mauvais gré. Catherine re- connut que trois difficultés s'y opposaient : l’âge de son fils d’'a- bord; mais si la reine Élisabeth s'en accommodait, elle s'accom- moderait de l’âge de la reine, et le roi appuya sur ces dernières paroles : «Je voudrais bien, dit-il, que votre maïtresse se con- tentàt de mon âge, comme moi je me contente du sien.» — La seconde difficulté, c'était, si le mariage se réalisait, l'obligation pour la reine de séjourner en France; Smith en convint; mais ne pourrait-elle avoir dans son entourage, reprit Catherine. un lieu- tenant pour gouverner en son absence ?— Le peuple anglais n'obéit pas si facilement, répliqua Smith, et les lieutenants deviennent souvent trop insolents. — Catherine tint cela pour peu de chose, d’ailleurs son fils pourrait de temps en temps résider en Angleterre. — La troisième difficulté, dont de Foix lui avait fait part, c'était le mécontentement du peuple et de la noblesse que sa maîtresse redoutait, mais elle n’en comprenait pas la cause; réunies, les deux nations seraient si fortes, que pas un souverain n'oserait aller contre: Élisabeth s'intitule déjà reine de France, mais elle n’en a que le titre, elle le serait de fait. — Smith lui fit observer qu'il ne pouvait répondre à ce qui n'était pas dans ses instructions; puis se tournant vers Catherine : «Si le roi avait trois où quatre ans de plus, ajouta-t-il, et s'il avait vu la reine, et si vraiment il avait de l'amour pour elle, je ne m'étonnerais pas de cette hâte. — Quoi, 1 Record office, State papers, France, vol. XLVIIL. Li Ge s'écria vivement le roi, mais en vérité je l'aime ! — A votre âge, répliqua Smith, on ne sait pas encore ce que c’est que l'amour; mais bientôt vous passerez par là, car tout y passe, homme ou prince; c’est bien la chose de ce monde la plus folle, la plus im- patiente, la plus empressée et la moins respectueuse qu'il se puisse être. » — À ces mots, le jeune roi rougit, et la reine répondit pour lui : —« Ce n’est pas un fol amour. — J'en conviens, reprit Smith, mais c'est parce qu'il doit reposer sur de sérieuses raisons, de di- gnes et graves considérations, qu'il n'y faut procéder qu'après de müres délibérations. » Pour atténuer ces dernières paroles, Smith dit que la reine, jusqu’à ce qu’elle eût pris une détermination sur la demande du roi , ne prêterait l'oreille à aucune autre ouverture, mais qu’elle entendait rester libre de dire oui ou non. En donnant congé à Smith, Catherine insista pour qu'on abrégeàt le délai de la réponse définitive, car le roi allait à Bayonne et pensait y être vers le 12 mai. Smith se rejeta sur la longueur de la distance, et sur le désir bien arrêté qu'avait la reine de consulter les chefs de la noblesse. Catherine lui fit observer que la fête de Saint-Georges avait lieu le 23, et que ce jour-là elle les aurait tous à Londres sous sa main. L'entretien en resta là: mais dans une conversation qu’elle eut le lendemain avec Smith, pour répondre à son objection sur l’âge du roi, elle lui opposa l'exemple de Cécil qui avait eu un fils à l’âge de quatorze ou quinze ans!. Chemin faisant, les nouvelles de la France passaient de bouche en bouche et Smith va nousles redire : « On annonce le mariage de M. du Péron, de la maison de Retz, avec la veuve de M. d'Anne- baut, tué à Dreux; on dit également qu'on a intercepté une lettre du duc d’Aumale à son frère le marquis d'Elbeuf; l'amiral et d'Andelot l'ont vue, ils y ont trouvé la preuve d'une conspiration des Guise contre eux et les leurs. D’Aumale s’y dit prêt à lever cinquante mille hommes; dans un mois, il aura l'argent néces- saire, Le prince de Condé est soupçonné d'être de la conspiration, car on assure qu'il veut épouser la veuve du duc de Nevers, la fille du duc de Montpensier; on annonce la levée de douze com- pagnies d'hommes de pied en Gascogne; suivant les uns, pour fortifier les villes de Provence, en cas d'attaque des Turcs; suivant d’autres, en prévision de pratiques suspecites contre ceux de la L Record office, State papers, France. 7 religion; il y en a qui pensent que le roi veut augmenter le nombre des légionnaires pour parer à toutes les éventualités ; c’est l'avis de Monluc qui, à Toulouse, a été admis au conseil privé; on parle de l’arrivée du roi d'Espagne à Bayonne; on a assigné pour loge- ment la ville de Saint-Sever aux ambassadeurs; le prétexte mis en avant, c’est le manque de place à Bayonne, mais tous les ambas- sadeurs, et lui du nombre, à l’exception de celui d'Espagne, refu- sent de s'y rendre.» La cour, prolongeant son séjour à Bordeaux, s’y trouvait encore le 23 avril; en l'honneur de la reine Élisabeth, on y célébra la fête de Saint-Georges; ce fut l'occasion d’un léger conflit pour une ques- tion de préséance. Avant de se rendre à l’église, Smith alla trouver la reine mère et la prévint que le conseil d'Angleterre avait dé- cidé que ce serait un affront pour leur maïtresse, si l'ambassadeur d'Espagne le précédait. Catherine répondit qu'elle trouvait cette prétention singulièrement étrange, que jamais il n’y avait eu de difficultés à cet égard, car de tout temps l'ambassadeur d’Espagne avait eu le pas sur celui d'Angleterre. Quand il vint à Péglise, Smith trouva l'ambassadeur du pape et les ambassadeurs d’'Es- pagne et de Venise assis tous ensemble; on le plaça sur un gradin entre l'ambassadeur de Venise et celui d'Espagne, du côté des degrés faisant face au grand autel; de l’autre côté étaient les cardinaux de Guise, de Bourbon et l'ambassadeur du pape, le cardinal de Sainte-Croix; la reine était sur une chaise élevée, avec écusson aux armes d'Angleterre, à sa droite le roi sur une chaise moins élevée; on se borna aux chants, mais on n’encensa ni l'autel, ni les images, et on ne s'agenouilla pas?. Le 5 mai, Smith reprend son journal et l'adresse à Céail et à Leicester : « Aujourd’hui est mort M. de Fize, le secrétaire de la reine mère. « Le 6, les habitants de Bordeaux ont présenté une requête au roi; ils demandent qu'on les laisse chanter les psaumes dans leurs maisons; qu'on ne les force pas d'aller à la procession de la Fête- Dieu, ni à tendre leurs maisons de tapisseries; enfin, ils réclament un lieu plus rapproché que Saint-Macaire pour leur prêche; leurs trois premières demandes ont été accordées; quant à la dernière, 1 Kalendar of State papers, 1564-1565. ? Tbid. ze Gif on leur a répondu qu’on y ferait droit, mais qu'ils devaient s'a- dresser, avant tout, au gouverneur du roi de Navarre et à son conseil. Toutefois, malgré ce semblant de concession, force sera pour eux de se contenter de Saint-Macaire. « Le prince de Condé a marié mademoiselle de Limeuil à un gen- tihomme de sa maison et lui a donné 15,000 livres de pension annuelle. « 8 mai. — M. de Cipierre a été fait maréchal de France et M. du Péron nommé à sa place premier gentilhomme de la chambre. « Le prince de Mantoue a pris au droit de sa femme le nom de duc de Nevers. «13 mai. — Le duc de Longueville est arrivé à la cour; il a été reçu avec beaucoup d'honneur par la bande du sieur Strozzi. « Le prince de Condé est rentré à Paris; on annoncait qu'il vien- drait à la cour, mais, après un séjour de six jours à Paris, il est retourné en Picardie. « Le dimanche 13 mai, il y a eu dans les cours de son hôtel deux sermons, l’un par Perocel!, l'autre par Malo?; on y a compté de cinq à six mille auditeurs et du nombre M. de la Haye, le pré- sident de La Place, des conseillers du parlement et beaucoup de gens de marque de Parisÿ. » Sir John Somers, déja une première fois envoyé en France pour traiter de la paix, et qui semblait avoir le privilége des missions délicates, vint rejoindre Smith le 19 mai; il apportait la réponse d'Élisabeth aux propositions de mariage. La cour était à Bayonne depuis le 12 mai, Smith y envoya, le 25, un de ses secrétaires et il demanda audience pour Somers et lui. On la lui assigna pour le lendemain, à huit heures. Les deux ambassadeurs furent exacts, mais la reine ne pouvant les recevoir que dans l'après-midi, ils dinèrent avec les maîtres d'hôtel. La chambre, où ils furent introduits, était pleine de gentilshommes et de dames; elle leur sembla bien étroite et bien simple pour si nombreuse compagnie. Smith, en présentant Somers, dit qu'il était tout prêt à s'acquitter de sa commission. Le roi l'ayant trouvé bon, Somers prit la parole; ! Peroceli della Rogeraye. Voy. Kalendar of State papers, 1564-1565, général index, p. 288. ? Malot, vicaire de la paroisse de Saint-André-des-Ares, devenu protestant. Voy. France protestante, t. VIE, p. 198. % Kalendar of State papers, 1564-1565. il représenta d'abord que Paul de Foix ayant déjà transmis la ré- ponse faite à la proposition de mariage, cette communication le dispensait d'y revenir. Le roi l'ayant prié de la lui rappeler, il dit que la reine, sa maïtresse, dans une affaire de telle importance, aussi bien par égard pour les personnes qui l'avaient déjà solli- citée, que pour éviter les représentations de son peuple et de sa noblesse, avait pensé qu'il était nécessaire de laisser toutes les opinions se produire et de prendre de bons avis, mais que son in- tention était «de cheminer de bon pied,» puis il lut la réponse officielle que voici : Comme ce mariage est en soy très-honorable, ainsi n’est la Royne si deraisonable de ne penser luy debvoir estre agreable et complaire. Et combien que l'inequalité de voz ages, Syre, peult beaucoup à de- tourner son affection de ce mariage, sy est-ce, qu'estant rapportées tant d'illustres vertus, accompaignées d'une disposition et naturel plein de bonté, sa Majesté ne peult estre esmeue de refuser ung tel mariage, pourveu que toutes aultres choses qui necessairement en dependent æt y appartiennent n'y soyent trouvées repugnantes. Et affin que votre Majesté ne soit plus longuement tenue en suspens sur cest affaire, sa Majesté vous asseure, Syre, qu'elle ne laissera partir d'avecques elles quelques ungs de ses nobles (de l’authorité et advis des- quelz sa Majesté entendt user en ce negoce), avant qu'elle soit resolue de toules les difficultez qui, sur ceste deliberation, se pourront naisire; et lors sur ce vous fera respondre clairement , apertement et franchement. Après cette lecture, Somers s'assit, et Smith, prenant à son tour la parole, se dit porteur du même message. — La reine mère, se tournant vers le roi, lui dit : « Voilà très-bonne réponse.— Oui, ma- dame, répondit le roi. — La reine reprit : Les choses sont en bon chemin, et si notre projet se réalise, je voudrais que la reine votre maîtresse sût bien comment mon fils et moi nous lui rendrons d'honneur; pour ma part, je veux la mieux traiter qu'aucune de mes filles ne l’a été, et le roi mon fils ne lui rendra pas moins d'honneur; mais puisque votre maîtresse veut consulter sa noblesse, c'est une si sage reine que je ne puis que l’approuver, et mon fils et moi nous ne pouvons quavoir contentement de sa réponse. » Avant de se séparer, la reine ayant demandé à quelle époque elle pourrait connaître la résolution définitive de la reine d'Angleterre, Smith répondit que ce serait au moment de la rentrée du roi à Paris. — Elle lui fit observer, qu'étant à peu près sûre qu'à l'occasion ER vue de son entrevue avec sa fille, la reine d'Espagne, des ouvertures lui seraient faites pour le roi son fils, « car il est recherché de tous côtés, » elle comptait bien que la reine ne perdrait pas de temps. — Smith répliqua que sa maitresse, élant maintenant décidée à se marier, un mois perdu serait plus pour elle que deux ans pour le roi son ils. — « C'est vrai, ajouta la reine.» —— Sur ce, Somers promit qu'avant quatre mois le roi aurait la réponse!. Il est important de remarquer que Catherine, en s'approchant de Bayonne, cherche à rassurer les protestants; durant son séjour à Mont-de-Marsan, elle réunit, le 23 mai, les membres du con- seil, les princes du sang et les chevaliers de lordre, elle leur dit qu'on faisait courir le bruit que le roi voulait retirer l'édit de pa- cification, mais que le roi et elle étaient décidés à le maintenir jusqu'au bout, et qu'à cet égard, s'ils savaient quelque chose, elle les priait de le lui révéler; tous répondirent qu'ils ne savaient rien ?, De son côté, Philippe IT se défend de toute pensée politique dans l'entrevue de la reine Élisabeth et de Ja reine mère. Un ambassa- deur de Danemark, venant d'Espagne et passant par Bayonne, dit à Smith que le roi d'Espagne avait envoyé des lettres au roi son maitre et aux autres princes pour bien spécifier les motifs de l'entrevue; qu’elle aurait lieu, plutôt pour satisfaire au désir qu'avait la reine mère de voir sa fille, que sur sa propre recherche, et qu'il pouvait les assurer qu'aucune négociation ne serait en- lamée qui püt porter préjudice à aucun prince, n'importe de quelle religion il fûts. Le plus gros événement du moment, c'était sans contredit le mariage de Marie Stuart avec Darnley; le cardinal de Guise, ma- dame de Guise et l'ambassadeur d'Écosse , écrit Smith, depuis qu'ils l'ont appris, sont dans l'angoisse *. Une fois Smith à Bayonne, nous espérions trouver dans ses dé- pèches quelques particularités, quelques appréciations nouvelles sur ce quise passa dans cette célèbre entrevue; mais au lieu de cela il nous parle des fêtes, dont le récit nous a élé tant de fois raconté, des toilettes des demoiselles de la suite de la reine d'Espagne, écra- ! Record office, State papers, France. ? Kalendar of State papers, 1564-1565. 3 Ibid. L Fbid. <=. Fe sant par leur richesse celles des plus grandes dames de la cour de France; il s'étend longuement sur l’arrivée des ambassadeurs des diverses nations, des dîners qu'il fait en leur compagnie et en celle du Rhingrave et du président de Flandres. De tous les nouveaux venus, celui qui attirait le plus les regards, c'était l'ambassadeur turc, Polonais de nation et chrétien; le baron de La Garde l'avait accompagné et, le 18 juin, le rot dina avec lui à un endroit nommé Saint-Léonard, non loin de Bayonne. Le bruit courait que Philippe IT était venu déguisé jusqu’à Fontarabie, mais qu'à la nouvelle de l’arrivée de l'ambassadeur ture, il avait repris la route de Madrid. Du reste, cet ambassadeur ne fit qu’un court séjour à la cour etprit congé de Charles IX le 27 juin. Qu'était-il venu faire à Bayonne? Les versions étaient diverses. Était-ce pour offrir à Charles IX une des filles du sultan, qui serait devenue chré- tienne et aurait apporté une dot assez forte pour payer toutes les dettes du roi? Était-ce plutôt, au nom du roi d'Alger, pour réclamer une somme de 50,000 couronnes remise aux mains du baron de La Garde et de Pétremol, lorsqu'ils étaient tous deux à Constanti- nople. Quant aux offres de mariage dont s'était flattée Catherine dans son dernier entretien avec Smith, il en était aussi vaguement question, mais rien de précis; tantôt on mariait le jeune roi avec la fille de l'empereur Maximilien, tantôt avec l’infante de Portugal. Dans les longs récits de Smith , une particularité est pourtant bonne à mentionner : le 2 juillet, lorsque la reine d'Espagne prit congé, le duc d’Albe remit à Charles IX un écrit cacheté de ia part de Philippe IT, et sur une question du roi, il répondit qu'il avait charge de ne le lui remettre qu'au moment de son départ. Le roi et la reine, ajoute Smith, en ont paru très-troublés. II est un point sur lequel Smith s'accorde avec un historien du temps, la Popeli- nière; c'est la vague inquiétude que conçurent alors les chefs pro- testants; ils avaient la ferme conviction qu'entre le pape, la reine d'Écosse et le roi d'Espagne, par le moyen de leurs ambassadeurs, il s'était tramé, arrêté quelque chose contre eux!. Jeanne d'A bret, le prince de Portien, l'amiral, Condé, Gramont, la Ro- chefoucauld se réunirent à Cognac pour tenir conseil et parer au danger qu’ils semblaient redouter?. Le fait est qu'une certaine 1 Kalendar of State papers , 1564-1565. Ibid. Lay PE agitation religieuse s'était manifestée dans plusieurs villes : à Tours, le sang avait coulé; à Lyon, un gentilhomme protestant et un ministre avaient été massacrés, le Jour de Saint-Pierre, par le peuple qui, ce jour-là, dansait dans les rues. Il semble que de part et d'autre on se prépare à la lutte; on se ménage des alliés; ainsi, le 21 juillet, la cour étant à Montauban, les capitaines des Suisses et des Grisons viennent renouveler leur ligue avec la France. Nous avons dit avec quelle stupeur la nouvelle du mariage de Marie Stuart avec Darnley avait été reçue par la maison de Guise; c'était une difficulté, une complication de plus. Le 30 juin, Charles IX, étant encore à Bayonne, s'en était expliqué dans une lettre à Éli- sabeth, et tout d’abord il avait pris la défense de Marie Stuart «qui ne pouvoit mieux ni plus sagement faire que de suivre en cela le bon conseil de ses sujets, » et il avait supplié Élisabeth de le tenir pour agréable !. C’est par une lettre d'Élisabeth à Smith que nous savons l’ac- cueil qu’elle fit à la requête de Charles IX : « La reine sa sœur n’a tenu aucun compte de ce qu’elle-même et ses meilleurs amis lui avaient conseillé; mais elle n'admet pas d'intervention entre elles deux; elle a envoyé un gentilhomme en Écosse : ses demandes sont raisonnables et elle ne doute pas du succès de la négocia- tion ?. » L'entrevue de Bayonne, nous ne le voyons que trop par les lettres de Smith, portait déjà ses fruits; les défiances étaient devenues ré- ciproques. Âu moment de l'entrée de la cour à Angoulême, le bruit se répandit que les chefs protestants avaient levé un grand nombre d'hommes d'armes, et que, renouvelant l'entreprise d’Am- boise , ils voulaient venir à la cour. La Rochefoucauld, en appre- nant ces bruits, protesta contre de pareilles calomnies. Cette dé- claration ne rassura pas Catherine; elle n'entra dans le château de Cognac qu'avec une très-forte escorte, et donna l'ordre d'armer immédiatement trois ou quatre nouvelles compagnies pour escorter la cour. Smith insiste sur le triste spectacle qu'offre le Languedoc et la Guyenne entre les mains de Damville et de Monluc*. De la Ro- chelle 1l écrit de nouveau, le 18 septembre, que, dans toutes les ! Record office , State papers , France, vol. XXX VIII. 2 Kalendar of Slale papers , 1564-1565. 3 Jbid. 4 — villes où le roi séjourne, tout est mis en œuvre pour rétablir lau- lorité des papistes et abattre celle des huguenots. De la Rochelle, le roi s'étant dirigé sur Nantes, le 21 septembre Condé rejoignit la cour à Niort, suivi de près par le cardinal de Guise et le mar- quis d'Elbeuf qui, le 29 septembre, vinrent à Champigny, chà- teau du duc de Montpensier; Condé refusa d’y entrer. Smith re- marque qu'il portait les couleurs de la sœur du duc ae Longueville, et quelques jours plus tard, il annonce que le mariage est con- clu, et que la princesse est de la religion, et a toujours eu le prêche chez elle. Rien n'échappe à ses yeux; chemin faisant, il donne des ordres pour acheter les livres nouveaux imprimés à Paris, et parmi eux, un Récit de la querre de Hongrie, un Récit de la guerre de Malte, un autre libelle intitulé la guerre cardinale et qui traite de la lutie entre les gens du cardinal dans le pays messin et le conte de Salcedo; enfin, deux autres livres contenant tout ce qui a été fait en France pour la cause de la religion sous les rois Henri IT, François IT et Charles IX jusqu'au dernier séjour de la cour à Bordeaux !, 3 De Nantes, nouvelle lettre de Smith; il revient sur ce qu'il a déjà dit des pratiques de Catherine pour détruire la vraie religion; il affirme que depuis Bayonne, dans chaque ville qu’ils ont traversée, il y a plus de huguenots que de papistes, que le plus grand nombre des villes sont de la religion, et que, le jour même de l'entrée du roi à Nantes (le 11 octobre}, il a assisté au prêche où se trouvaient bien deux mille personnes, dont un grand nombre de gentilshommes et de dames nobles; le ministre a été très-élo- quent et se nomme Pérocel?; enfin, dans une dernière lettre à Leicester, 1l lui mande que le roi a mis des gouverneurs papistes dans toutes les villes; que le nonce du pape exige que le cardinal de Châtillon qui est à la cour ne porte plus le chapeau et les in- signes de cardinal, mais que le connétable y est opposé et a pris parti pour son neveu contre le pape ÿ. À La cour passe huit jours à Blois, Smith l’y suit, et dans ses lettres il insiste de nouveau sur les craintes qu'éprouvent les pro- testants, de la suppression de l'édit; s’il en était ainsi, ils seraient forcés de recourir aux armes. À côté de ces bruits vagues, il nous ! Kalendar of State papers, 1565. 2 Jbid. 4 Thid. ds Vase signale un violent conflit qui venait de s'élever : la reine de Na- varre, la duchesse de Ferrare, le prince de Condé ayant fait pré- cher un de leurs ministres dans la résidence royale, le cardinal de Bourbon a pris à partie Jeanne d’Albret et lui a reproché d’en- freindre les édits. Pour sa défense, elle a allégué la permission qu'elle avait obtenue du roi à Lyon; la reine mère est intervenue dans le débat et a de nouveau autorisé le prêche, mais à condition qu'ils n’y ameneraient que leur suite. Montgommery étant venu à Blois ainsi que d’autres chefs protestants, de grandes précautions, ajoute Smith, ont été prises; des chevaliers de l’ordre sont allés visiter chaque maison de la ville pour s'informer de ceux qui y lo- geaient, d'où ils venaient et où ils allaient; ce qui n'empêéchait pas la cour de passer tout son temps en fêtes : «ce ne sont ici, nous ditil, que chasses et momeries!. » Le 13 décembre, tous les gros bagages partent pour Saint-Ger- main, et les grands dogues et les taureaux anglais, avec une nombreuse escorte, prennent la même route; de son côté la cour part pour Moulins. C’est dans cette ville que le roi avait convoqué pour le mois de janvier les princes, les grands officiers de la cou- ronne et les chevaliers de l’ordre. Deux grosses affaires étaient pendantes : la querelle du maréchal de Montmorency et du cardi- nal de Lorraine, et la poursuite des Guise contre Coligny. Un rap- port secret nous fournit quelques détails sur ce dernier conflit, et nous l'analysons : Le cardinal arriva à Moulins le 9 janvier; 1l fut immédiatement reçu par le roi el la reine qui lui firent bon accueil; le lendemain 10, qui fut le samedi, il se trouva au conseil. La reine prit la parole et lui dit que tout le conseil était d'avis que l'on ne pouvait pourvoir aux affaires du royaume, que première- ment l'on n'eût apaisé les querelles particulières, et qu'il y en avait deux principales : l’une engagée entre lui et le maréchal de Montmorency, et l’autre pour l'homicide commis en la personne de son frère, le duc de Guise, et qu’elle et le conseil le priaient d'amener cette affaire à bonne composition; que l'amiral se sou- mettait à toute raison, et que partout où il serait besoin il aflir- merait par serment qu'il n’était nullement coupable de ce meurtre. . Le cardinal, après avoir protesté de son désir de faire tout devoir L Kalendar of State papers, 1565. pour la prospérité des affaires, et comme homme d’Église ei pour son honneur et celui de sa maison, réclama bonne justice, et se tournant vers le roi, il lui rappela qu'il avait l'honneur d’être de son sang, et se tournant vers la reine : « Et vous, madame, savez très-bien que j'ay aussi cet honneur d’estre vostre parent; vous, monsieur le prince de Condé, et vous, monsieur le cardinal de Bourbon, estes mes cousins: vous. monsieur de Montpensier, m'estes bien proche parent; vous, monsieur de Nevers et monsieur de Longueville, avez épousé mes nièces, » par quoi il les adjura de garder son honneur comme le leur. Quant à la mort de son frère le duc de Guise, eu égard à sa profession et n'étant que tuteur honoraire de ses enfants, il ne devait rien répondre, sinon qu'il ferait toute sa vie ce qui lui serait possible pour qu’un tel acte ne restàt impuni; il ne s'agissait ici ni de la voie des armes ni d'un combat, 1l y avait homicide manifeste, il demandait justice, ren- voi au parlement de Paris, n'ayant ni haine ni désir de vengeance contre l'amiral et désirant qu'il en sortit justifié. Le roi protesta qu'il ne le forcerait jamais de faire un accord à son désavantage; sur ce, le cardinal se retira. Le conseil décida que, pour éviter tout malheur, le cardinal serait remis à la garde de l'amiral et l'amiral à la sienne; que l’on prendrait d'ici à deux jours Îles noms de tous ceux qui étaient à leur suite; enfin, que l'on manderait à la cour le maréchal de Montmoreucy; que l'on inviterait MM. d'Aumale et d Elbeuf à ne pas venir à la cour que ces deux différends ne fussent accordés; que le roi entendait que tout cela füt jugé; enfin que madame de Guise remettrait les informa- ions et autres pièces à produire en cette cause, et adresserait au roi une demande de renvoi au parlement !. Au mois de février, ia querelle entre les maisons de Guise et de Chatillon se reprit; le roi fit venir à Meaux madame de Guise, le cardinal de Lorraine et l'amaral, leur témoignant le singulier désir qu'il avait, pour plusieurs grandes raisons, d'y mettre une bonne fin. Le cardinal et la veuve du duc demandèrent délai pour pro- duction de pièces qui ne devaient être vues que de sa Majesté; depuis, la duchesse demanda à poursuivre devant le parlement et à y présenter les pièces soumises au roi, à quoi il se refusa, et fit assembler les princes de son sang, les chevaliers de l'ordre, ? Record office, State papers, France, vol. XLIIT. = AU = les conseillers de son conseil pour juger l'affaire avec l'assistance de la reine sa mère. De part et d’autre, on s’en remit à son jugement, et l'amiral, ayant affirmé de nouveau, comme devant Dieu, qu'il n'avait fait, ni fait faire, ni approuvé le dit homicide, le roi le déclara innocent !. Pour cette fin de l’année 1566 , rien à signaler dans les dépèches des ambassadeurs : M. de Foix avait été remplacé à Londres par Bochetel de la Forest; c’est à celui-ci que Charles IX écrit, le 25 mai, à l'occasion d'un certain sieur de Savigny, qui se disait bà- tard du roi de Navarre et soutenait n'être venu en Angleterre que pour appeler au combat un gentilhomme avec lequel il pré- tendait avoir querelle, mais qui en réalité n’avait quitté la France que pour une infinité de méfaits; et le roi demandait son extradi- tion, ainsi que celle du receveur général d’Agen, nommé le Macon, sieur de Bel Assise, qui avait emporté 50,000 écus de sa recette ?. Nous touchons à l'année 1567, année grosse d'événements et si tristement marquée par la reprise de nos guerres religieuses, la mort de Darnley et les troubles d'Écosse; elle s'était d’abord an- noncée sous de meilleures espérances : le roi, écrivait-on, le 14 fé- vrier, a fait son carnaval à Paris avec de brillantes mascaradesÿ. Les défiances de Catherine étaient déjà éveillées, quelques-unes de ses lettres-au connétable en témoignent; elles ne semblent pourtant justifiées que par des renseignements encore très-vagues, très-incomplets. La mort de Darnley fut comme la première me- nace des orages à venir. Voici en quels termes Catherine annonce cette triste fin au connélable : « C’est grand heur pour la reine ma fille d'en estre debarrassée, encores que ce jeune fu (fou) n’a pas ayté roy longtemps; s’il eust esté plus sage, je croy qu'il fust encore en vie.» Maintenant voici la lettre officielle que Charles IX adressa , à cette occasion, à Élisabeth : Très haulte et très excellente princesse , très chere et très amée seur et cousine, l’inconvenient advenu en Escosse est cause que nous en- voyons presentement par’ delà le sieur du Croc ! nostre conseiller et 1 Record office, State papers, France, vol. XLIIL. 2 Jbid. 3 Ibid. # Dans une lettre du 17 octobre 1 566, à la reine Catherine de Médicis, Ducroc disait: « Monseigneur le cardinal de Lorraine m'a escrit que le Roy et vostre D à Ni maistre d'hostel ordinaire, present porteur, pour consoler en ceste afflic- lion nostre très chere et très amée seur la reyne d'Escosse et resider au- ‘près d'elle nostre ambassadeur, ainsi qu'il vous fera entendre, l'ayant chargé aussi vous visiter, en passant, de nostre part et remercier de la demonstration que vous faites à la continuation de nostre mutuelle amitié, en laquelle nous vous prierons croire que vous ne trouverez jamais, de nostre costé, que toute correspondance, comme 1l vous fera plus au long entendre, dont vous le croirez, s’il vous plaist, comme vous feriez nous mesme qui prions Dieu, très haulte et très excellente princesse, nosire très chere et très amée seur, vous avoir en sa {rès saincte et digne garde. Escript à Fontainebleau, viuj* jour de mars 1 567 * Il est un indice qui aurait dû rendre Catherine plus clairvoyante sur les menées du parti protestant, c'était l'envoi d'un ambassadeur extraordinaire d'Élisabeth pour réclamer de nouveau Calais et l'exécution du traité de Cateau-Cambrésis. Une nouvelle prise d'armes pouvait seule favoriser ces persistantes prétentions. Avisé de cette ambassade, Charles IX écrit à l'ambassadeur Henri Norris que, comme 1l est retenu plus longtemps qu'il ne pensait à Monceaux, Smith et lui peuvent venir à Crécy, petite ville très- voisine de Monceaux, «où ils seront très-bien accommodés et logés? » Cette nouvelle tentative d'Élisabeth pour rentrer dans Ca- lais est peu connue, c'est ce qui nous engage à donner en entier la relation de l'entretien qui eut lieu entre Charles IX et les en- voyés anglais. Le sieur de Smith, envoyé de Ia royne d'Angleterre, accompagné du sir de Norris, ambassadeur de la dicte dame residant en France, vint le xxix° jour d’apvril mil cinq cent soixante sept trouver le roy à Saint-Maur, auquel il feit entendre que, veoyant la royne, sa maistresse, les huit ans passés dedans lesquels par le traisté dernierement faict au Chasteau Cambresis entre le feu roy Henry son pere et la dicte dame, Callays luy doibt estre rendu, elle avoit depesché le sieur de Winter, son Majesté vouliez que je demeurasse ici deux mois plus qu'il n’avoyt esté com- mandé, et que pour ce faire, vous m'envoiriez de l'argent par mon fils.» Il est donc à croire qu’il revint en France, et qu’à la nouvelle du meurtre de Darnley 11 fut immédiatement renvoyé en Écosse: en effet, il ny a pas une lettre de lui entre celle du 17 octobre 1566 et la dépêche du 19 mai 1567. Voy. Teulet ,Rela- tions de la France et de l'Écosse, t. IL, p: 296. 1 Record office, State papers, France, vol. XL. | Original.) 2? Record office, State papers, France, vol. XL. À fo vys admiral , et le dict Smyth aussy pour venir au dict Gallais en demander la restitution, auquel lieu ils n’avoient trouvé personne qui les auroit ouis, de sorte que, suivant la charge qu'il avoit de sa dicte maistresse, il estoit passé oulire, et venu devers sa Majesté, la requerir, en vertu du dict traicté, de la restitution de la dicte place et ses appartenances. comme de chose juste et raisonnable. La response du roy fut quil s'esbahissoit grandement de ceste de- mande, d'aultant qu'il avoit tousjours estimé et tenoit pour certain, veu les choses passées depuis le dict traité, qu'elle n'y avoit plus riens, et luy sembloit qu'il n'en falloit plus parler, mais seulement de l'entretene- ment de la bonne paix et amitié qui estoit entre eulx, en laquelle sa Ma- jesté desiroit continuer, et faire congnoistre à la dicte dame, sa maistresse, l'envie qu'il a de luy demeurer bon et parfaict frere el amy; que neant- moins, s'il ne se contentoit de ceste responce, el en vouloit scavoir les raisons plus particulieres , il feroit entendre à son conseil ce que le dict ambassadeur luy avoit dict, et luy mesmes, s'il vouloit, y seroit OUY, auquel on luy satisferoit plus amplement. Là dessus se retirerent les dicts ambassadeurs, et ayant le roy commu- niqué aux princes de son sang, et seigneurs de son dict conseil là as- semblés, fut advisé d'entendre plus particulierement du dict sieur Smyth ce quil auroit à dire là dessus, le quel, retourné qu'il fut, commença à remonsitrer : que, par le dict traicté, le roy, comme successeur à ceste couronne, estoit tenu rendre la dicte ville de Callais, laquelle il avoit charge de sa Majesté de demander, et le sommer d'y satisfaire, et al- legua plusieurs raisons pour conforter la dicte demande, toutes fondées sur le dict traicté, entre autres que, si on vouloit pretendre quelque inno- vation faicte au dict traicté, c’estoit du costé du roy que l'on y avoit commencé, allegant les armoyries d'Angleterre prises par la royne d'Escosse, vivant le roy François son mary, ce qu'il avoit toleré; aussy que sa dicle maisiresse avoit plusieurs lettres interceptés, par où se verra que les cappitaines et gens de guerre françois qui estoient lors en Escosse n'avoient pas seullement charge de conserver le dict pais, mais d'entreprendre sur le royaume d'Angleterre, par où elle pretend que l'innovation premiere est du costé du roy. I luy fut respondu par monsieur le chancelier que, le dict traicté bien entendu, il se verroyt clairement qu'elle estoit descheue de ce qu'elle pretendoit au dict Callais, en ce qu'il porte que celuy qui commencera à attenter par armes est exclud et privé de tout droict; qu'il estoit char et sans difhculté que, se saisissant du Havre de Grace, elle estoit tombée en la peine du dict traité; que fonder l'innovation de nostre costé pour les armoyries prises par la dicte royne d'Escosse, c'estoit chose qui ne regardoit point le roy et ne le touchoit aulcunement; quil fauldroit qu'ils s'adressassent à elle, si raison y avoit, et encore quand il fauldroil — #0 > : commencer de ce temps-là à regarder qui auroit failly le premier, il se trouveroit que ce seroit la dicte dame royne d'Angleterre, d'aultant que l'on scavoit bien le secours, faveur et assistance de gens, d'argent, artillerye et munitions qu'elle avoit envoyées au dict pays pour defendre les Escossois, lors ses subgects et desobeissans, et pour les quels chas- tier et remettre en obeissance , sa Majesté avoit envoyé ses forces par de là, et non à aultre occasion; en quoy ils furent empeschés par l'armée que y avoit par mer et par terre la dicte dame royne d'Angleterre, qui mesmes tint la ville du petit Lieth longuement assiegée, par où elle fai- soit ouverte declaration d'hostilités, et contrairement au dict traicté, et par ce moyen perdoit le droict que le dict traicté de Cambresis lui lais- soit sur le dict Callais. Quant aux dictes lettres interceptées, quant il y en auroit de ceste substance ou non, d'aultant que l'on scait que jamais le roy n'eut ceste intention, ce seroit ung fondement qui ne seroit assis que sur opinion, et le dict traicté parle clairement, quant il dict par armes, ainsy qu'il s'est veu que, du costé de la dicte dame royne d'An- gleterre, elle a faict au dict pais d'Escosse et depuis au Havre de Grace, et à Roen mesmes, où beaucoup de ses subgects furent trouvés à la reprise de la dicte ville de Roen. Pour davantage justifier au dict sieur de Smyth ce qui regarde le faict d'Escosse, sa Majesté vouloit que l'evesque de Valence luy touchast par- ticulierement ce quil en scavoit, comme cellui qui y fust lors envoyé, et demeura par de là jusques à la resolution des choses, lequel declara que la principalle occasion, pour laquelle il | alla, estoit pour osler à la dicte dame royne d'Angleterre le souspecon qu'elle disoit avoir des forces de France, offrant, si elle vouloit en faire retirer ses gens, de faire revenir les François qui y estoient, après que l’obeissance y seroit rendue, y laissant seullement nombre suffisant et necessaire pour la garde des places fortes; mais, comme long temps auparavant elle avoit traicté avec les dicts Escossois tumulluans , elle ne voulut recepvoir aucune condilion , jusques à ce que finallement elle les reduisit avecq la faveur des dicts Escossois, et l'armée grosse qu'elle y avoit, dedans le petit Liet, et les y tint assiegés l'espace de deux mois, et jusques au traicté qui y fut faict, par où ils furent contraincts de retourner et laisser le dict pays en ia puissance des dicts rebelles, lequel traicté ne fut neantmoins point ra- tiffié par le dict roy François, d'aullant que les dicts Escossois devoyent envoier devers sa Majesté dedans certain temps après, ce qu'ils ne feirent, et ce pendant intervint son decès , de maniere que la dicte dame royne d'Angleterre, quant bien il luy pouvoit servir, ne s'en scauroit ayder, n'ayant pas esté approuvé du prince, par la mort duquel nous demeurons despourvus de ce qui concerne le dict royaume d'Escosse. Le dict s' de Smyth, laissant à part le dict faict d'Escosse, retournoit tousiours sur l'obligation du dict traicté de Cambresis, disant que le # : = 6Ù roy ne se pouvoit raisonnablement excuser de la restitution de la dicte ville de Callais, d'aultant que ce que la dicte royne d'Angleterre avoit faict, s'impatronisant du dict Havre de Grace, n'avoit esté que pour le bien de ses affaires et le luy conserver es troubles dont son royaume estoit travaillé, faisant en cest endroit office que les princes amys doibvent à leurs voysins jeunes et en affliction, comme elle avoit assez declaré par plusieurs escripts qu'elle avoit faict publier, insistant tousiours à la dicte restitution et davantage à la peyne de cinq cens mil escus portés par le dict traicté, au cas de refus. À quoy luy fut repliqué, qu'elle avoit fort mal faict paroistre en l'execution de ceste sienne publication qu'elle eut ceste intention; car comme il eut pleu à Dieu pacifier ce royaume et ung chacun relourner en l’obeissance accous- tumée du roy, elle avoit esté requise se departir du dict Havre et en retirer ses forces, pour lequel effect feurent envoyés plusieurs bons personnages devers elle; mais, au lieu d'y satisfaire, elle en feist sortir tous les François qui estoient dedans, renforça la garnison qu'elle y avoit de plus grand nombre d'hommes, d'artillerie et munitions presque incroyables, et telles de toutes armes, equipage, de chevaulx et autres provisions de vivres, qu'elle laïissoit assez à penser qu'elle n'avoit pas seullement volonté de se contenter du dict Havre, mais d’estendre ses aisles plus avant, se laissant entendre qu'elle le gardoit seullement en attendant que l'on luy eust faict raison du dict Callais, faisant tacite- ment congnoistre par là qu'elle veoyoit bien du tout avoir perdu Callais, et vouloit faire ung nouveau du dict Havre, où elle s'opiniastra telle- ment que le roy fut contraint y envoyer une armée qui tint le dict Havre longuement assiegé, non pas trop estroitement, en esperance qu'elle se recongnoistroit, et les choses y passeroient plus doulcement, ce qui ne profita de rien , de sorte que sa Majesté y feist marcher mon- seigneur le connestable, et ses principaulx cappitaines en intention de les suivre en personne, mais il advança tellement l'affaire que ceulx de dedans qui estoient en nombre de plus de six mille hommes, se veoyant prestement d'estre forcés, s’accommoderent à le rendre, en quoy ils furent pour le respect de la dicte dame royne, de laquelle le roy a tous- iours eu l'amitié en recommandation, gracieusement et favorablement traitlés; par où tout le monde peult juger si elle a raison de venir à present demander Callais, qui est ung vrai heritage et patrimoyne de la couronne de France, que ce n'est du leur-ni conquest faict sur eulx, mais chose remise en son ancienne et naturelle obeissance, fort esloignée d'eulx que Dieu a divinement séparés de nous, ayant voulu par le succès des choses, ainsy que dict est, cy dessus passées, oster toute occasion à l'advenir de querelle et guerre entre ces deux nations, et assurer le moyen de faire durer perpetuellement entre eulx la bonne paix et amitié qui y est, que sa Majesté desire conserver de sa part, encores qu'il MISS. SCIENT. — II. ( _ 1 NS eust assez occasion de demander à la dicte royne recompence des grands frais et depenses qu'il a esté contraint de faire pour le recouvrement du dict Havre, et aultre dommage par luy soufferts, dont il ne veult faire à ce instant; mais à tout cela preferer l'amilié de la dicte dame, laquelle le roy s'assure, qu'ayant bien consideré toutes ces raisons, demeurra satisfaicle, et en non moins desir de conserver l'amitié et bonne intelli- gence de sa dicte Majesté. Ne fut aussi oublié faire entendre au dict sieur Smith que le dict traicté porte que l’on ne pourra retirer, supporter ni favoriser les sub- gects l'ung de l'autre prince, sans contrevention du dict traicté, et que la dicte dame royne d'Angleterre scayt bien ce qu'elle a faict à l'en- droict des Escossois, et aussy combien de François elle a retenus et recelés en son royaulme fugitifs et proscripts de ces royaumes, sans qu'elle les ayt jamais voulu rendre suivant le dict traicté, quelque ins- tance et interpellation qui luy en ait esté faicte de la part de sa Majesté, qui sont toutes choses qui empirent sa cause, comme il est aysé à juger. Au mois de juillet, dans une lettre de Catherine au connétable, commencent à se faire Jour quelques craintes sur les mouvements des protestants, mais rien de précis; son attention semble se tour- ner du coté de l'Écosse. Le 16 juillet, Charles IX, alors à Écouen, annonce à Élisabeth que « pour le désir d’y voir plas de repos et de tranquillité et la reine de ce pays hors de laffliction en laquelle elle est, » il y envoie M. de Lignerolles, gentilhomme de sa chambre, qui la visitera en passant?. En août, en septembre, même sécu- rité; notre ambassadeur en Angleterre, Bochetel de la Forest, écrit à Élisabeth que le roi et sa mère sont venus jusqu à Saint-Quentin et Péronne, et maintenant s’en retournent vers la Champagne à la Fère en Tardenois, lieu qui est à monsieur le connétable, et de là à Marchais, maison du cardinal de Lorraine, où leurs Majestés verront les Suisses qui ci-devant ont esté levés, faisant compte d’être de retour à Villiers-Cotteretz pour la Saint-Michel. « Leurs Majestez, depuis le partement de Compiegne, ont toujours passé leur temps en toutes sortes de chasses. La reine mere, ajoute-il, lui ayant donné ordre d'acheter quelques bestes d'emble et en ayant trouvé quatre, il prie sa Majesté de faire delivrer un passe- port pour leur envoi en France. » Outre la mission de Lignerolles, Charles IX écrit de Marchais, 1 Record office, State papers, France, vol. XL. (Copie du temps.) 2? Record office, State papers, France, vol. XL. * Record office, State papers , France, vol. XL. QU Un pour remercier Élisabeth de ses bonnes dispositions envers la reine d'Écosse; il a su par son ambassadeur Norris le remède qu'elle veut porter aux affaires de cette reine, chose qu'il a trouvé con- forme à leur propre volonté, et, pour cet effet, il dépêche devers elle le sieur Pasquier, chevalier de l'ordre, qui lui en dira plus au long et qui a charge de s'accommoder et s'entendre avec elle sur ce qu'elle jugera être plus à propos!. Le cardinal de Lorraine y joint une lettre, et la remercie également et la loue « de vouloir . montrer au monde combien de tels actes sont contraires à la loi de Dieu. » Il engage le duc de Châtellerault, qui s'en va en Écosse à la visiter et à se concerter avec elle ?. À la mi-septembre la cour était revenue à Monceaux, et sans que l'éveil en eût été donné, on apprit que Rosoy et Lagny étaient occupés et la route de Paris intercepiée par les protestants. Es- corté par les six mille Suisses entrés à Meaux dans la nuit du 27 septembre, le roi prit la route de Paris : cette marche était audacieuse ; toutefois les protestants n'osèrent pas attaquer sérieu- sement l'armée royale, mais vinrent prendre position à Saint- Denis. Ce fut là que de nouveaux pourparlers eurent lieu; c'était dans le programme des guerres civiles. Voici comme ils sont ra- contés dans une note du temps : « Le 30 septembre furent envoyés d’abord en parlementaires le chancelier, le mareschal de Vieille- ville, l'evesque d’Orleans; puis de nouveau le chancelier, le ma- reschal de Montmorency, M. de Laubespine, l’evesque d’Orleans, puis encore l'evesque de Limoges et autres à Saint-Denys et Saint- Supplice; depuis le connestable y alla le 10 et le 1 1 d'octobre avec Morvilliers, l'evesque de Limoges et L’Aubespine, mais sa presence avança peu les affaires, estant entré en quelques parolles fascheuses, tant avec les princes qu'avec M. de Chastillon et son neveu, parce- quil fut reproché au connestable, qu'à une assemblée faite à Paris devant le roy, il avoit dit que M. le Prince vouloit se faire couron- ner roy à Saint-Denys et se faire nommer Louis XII. Le dernier parlement se fit le 26 octobre, où estoient pour le roy le inareschal de Montmorency, de Villars, L’Aubespine, l’evesque d'Orléans ÿ. » Nous n'avons pas à raconter la bataille de Saint-Denis, le récit en a été fait trop de fois; bornons-nous à dire que le Record office 2ecord office, State papers, France, vol. XLI. Ibid. 3 Ibid. LE — $Sh = en renferme un curieux dessin à la plume!. Pour les événements qui vont suivre nous nous servirons d’un document inédit dont voici le titre : Brief discours comment à peu près sont passées les affaires de la guerre de France, principalement au camp de monseigneur le prince de Condé, due d'Augnon et pair de France, depuis le commencement de descembre jusqu'au xv° de feuvrier. Le dict seigneur avec son armée, environ le commencement du dict : moys de decembre, prend par force la ville de Pontz sur Yonne, distante de la ville de Sens environ deux lieues, pour donner passage aux com- pagnies qui luy venoient de la Guyenne, conduistes principalement par le seigneur de la Rochefoucault pour les joindre avec ses forces; les dictes compagnies pouvoient arriver à trois mille hommes de pied et deux mille chevaux, et amenerent avec eux six pieces d'artilleries prises à Orleans, entre ies quelles y avoit deux doubles canons , une grande cou- levrine et troys pieces de campagne avec leur equpage et munitions. Au dict temps les ducs de Guise et Aumale qui estoient dedans la dicte ville de Sens avec grand nombre de cavallerie, sentant la dicte armée près d'eux, y s en allèrent une nuit tirant le chemin de Troye, sans estre apperçus de leur ennemis. et de là à Verdun. Peu de jours après fut prise la ville de Bray sur Seine, moitié par force, moitié par accord, car après avoir reçu quelques assaults se ren- dirent au s° de Genis, lieutenant de monseigneur le Prince en ceste affaire, par composition et payerent 11 V° escus. Il y en eut plusieurs d'une part et d'autre tués et blessés; entre y fut blessé le sieur de Corbouzon, frere du comte de Montgomery; les capi- taines et soldats qui estoient dedans, conduits entre aultres par ung nommé Gombault, sorti avec le reste de ses soldats, bagues sauves, et luy et sa compagnie s’allerent remettre dedans la ville de Provins, la- quelle ville fut prise miraculeusement, car ia bresche n'estoit nullement raisonnable, mais ceulx qui estoient dedans, voyant la hardiesse et plus que temerité des assailans, se rendirent. La dicte viile est du duché de Nemours. Justement après fut prise la ville de Nogent sur Seine, se voyant preste à estre forcée . et paya aussi quelque somme de deniers et munitions qui soulagerent grandement la dicte armée. Monseigneur le Prince , au dict temps, vint loger au dict lieu de Bray, que fut le 7° du dict moys, au quel lieu vint madame la marquise de ] Rotelin, mere de la femme de mon dict seigneur le Prince pour traicter ! Record office, State papers, France, vol. XIE. es (NS mé ou aviser à quelques moyens de la paix et ce pendant se faisoient plu- sieurs allées et venues par le susdict Gombault vers le Roy pour ac- corder quelques articles de paix assez peu raisonnables, pour tous jours entretenir le dict s’ Prince, soubs couleur de la dicte paix, encore qu'ils n en eussent aucune volunté , ce qu'il pensoient ne devoir estre cogneu par le dict seigneur et sa compagnie; mais le dict sieur, qui n'a jamais eu faulte de leurs advertissemens, avoit descouvert par quelques moyens certains et par quelques courriers qui alloient et venoient ordinairement de Paris vers le cardinal de Lorraine et mareschal de Vielleville, comme ils les avertissoient ordinairement qu'ils fissent tout ce qu'il pourroient pour empescher la venue des Reisters du dict seigneur Prince, ce qu'ils esperoient bien certainement faire, comme ils avoient aussi assuré le Roy, et que ce pendantils sçavoient bien comme 11 falloit traicter et entre- tenir les mareschaux en parlementant et leur faisant accroire de vouloir faire la paix. Là dessus, n'estant pour lors rien faist, se departit la dicte dame du dict lieu de Bray et s’en retourna vers la Royne. Mon dict sieur le Prince tira son chemin droist vers la Brye pour de là aller en Champagne et Lorraine pour aller recevoir ses Reistres, des quels, au dict temps , il eut certaines nouvelles et de leur acheminement. Au dict temps, monsieur de Clermont d Amboyse se departit de la dicte compagnie sans dire adieu et avec assez peu d'occasions, pour raison de quoy n'y a'acquist pas grand honneur et n'a esté sans s'en repentir. Le dict seigneur avoit reputation d’avoir auprès de soy de grands deniers, les quels 1l aymoit et vouloit garder, au moins ainsi qu'on disoit. Nean- moins son fils aisné est demeuré avec la dicte compagnie et de mon dict seigneur le Prince, et avec la plus part de la compagnie de son dict pere. Je ne veux oublyer, ayant parlé de la marquise de Rothelin, comme quelques jours auparavant elle a esté prise en son chasteau de Blandis avec les petits enfans de mon dict seigneur le Prince qu'elle avoit avec elle en garde. La prise fut faiste par son neveu qui a espousé sa miece, fille du feu sieur de Gyé, seigneur d'Entraguez, assez villement, en quoy on peult accuser l’un et l’aultre, luy par ce que, quelques jours aupara- vant, il lui avoit escrit qu il vouloit la venir Vel avec petite compagnie pour luy communiquer quelques affaires, à quoi elle prendroit bien plaisir, et que, a ceste cause, elle luy mandast s'il seroit le bien venu, comme elle fist, et aussi qu'elle avertist, quand il viendroit, ceulx de la porte de Île laisser entrer ; au dict temps il ne faillit de venir et fist avertir qu'il estoit à la porte, suivant ce qu'elle sçavoit, et la porte luy fut ouverte sans faire regarder quelle compagnie il pouvoit avoir avec luy. Il avoit avec luy tant de pied que de cheval bien troys cent personnes toutes cachées dedans les maisons, et luy, la porte ouverte, avec ceulx qui estoient les plus près de luy commença à assaillir, tuer et saccager les serviteurs de sa tante et ce pendant le reste y entra et se saisit du chasteau; estant = QE entré, la pilla et saccagea tout et ammena prisonniers la dicte dame et les petits enfans, entre aultre ung grand nombre des gens de bien et d'honneur qui s'estoient venus là dedans pour sauver leur vies et leurs biens, dont fut plus de dommage que à elle. Voilà la foy de son neveu, et le peu de diligence que telle dame a usé à garder une maison forte qu'elle pouvoit garder”. Ce fragment de journal s'arrête là. L'armée protestante , allant au-devant des Allemands, passa la Meuse à Saint-Mihiel et fit sa jonction, le 12 janvier 1568, à Pont-à-Mousson avec le prince Ca- simir, le second fils de l'électeur Palatin ; il amenait six mille che- vaux et trois mille hommes de pied. Vieilleville, qui avait tout fait pour arrêter l'invasion allemande, écrivait à Catherine de Médicis : « Vous aurez bientost ceste peste en vostre royaume, Dieu veuille qu'ils fassent un mauvais voyage.» Le duc d'Anjou mis à la tête de l’armée, malgré sa grande jeunesse, s'élait porté à Troyes, puis, suivant l'armée protestante et inquiétant ses degrières il était venu, le'16 février, se placer à Montereau pour y attendre le duc de Saxe et Bassompierre qui amenait les reïtres. Ne pas engager d'action décisive, gagner du temps et négocier, c'était le plan adopté par Catherine. Un des dangers de la situation, et dont elle tenait compte, c'était l'appui secret donné aux protestants par l’ambas- sadeur Norris, et, il faut bien le dire, par Cécil lui-même, en dépit des protestations de neutralité et de bon vouloir qu'Élisabeth affichait dans toutes ses lettres; nous en trouvons la preuve dans cette lettre de Coligny à Cécil datée de Montreuil-Bellay, le 7 jan- vier 1968 : Monsieur, les grands et vertueulx et recommandables offices que vous avez faits jusques à ceste heure pour l'avancement de nostre cause et les eflets qui s'en sont suivis, et dont nous nous ressentons à bon escient, nous rendoit un tesmoignage si certain et asseuré du zele et affection si singuliere qu'il a pleu à Dieu de mettre en vous en ce qui touche son honneur et gloire et la conservation des eglises qu'il a recueillies en ce royaume , oultre ce que nous en avons apprins par les lettres et depesches de monsieur le cardinal de Chastillon , que j'ay pensé que je vous ferois tort et à moy mesme si je voulois essayer d'augmenter une si bonne et sainte volonté par un discours de raisons, et que ce seroit aultant si je voulois adjouster de la chaleur au feu, de sorte que je me contenteray, ! Record office, State papers, France, vol. XLIT. | Original.) ee sil vous plaist, de vous supplier seulement par ceste ci de vouloir en- tendre de lestat de noz affaires de ce gentilhomme, present porteur, oultre ce que vous en dira aussi en particulier monsieur le cardinal de Chastillon, et nous continuer la mesme et semblable volonté et faire comme vous avez toujours accoustumé et que nous avons toujours at- tendue et esperée de vous, et combien que vous soyez conduit à cela pour la cognoïssance que vous avez de l'equité et justice de ceste cause, qui nous est commune avec tous les gens de bien, si ne laisseray-je pourtant, oultre le general, de vous remercier, en mon particulier, de ce que vous avez fait jusques à ceste heure. Ce sera de mesme affection que je desire estre recommandé bien affectueusement à voz bonnes graces, priant le Createur qu'en augmentant en vous, Monsieur, les siennes il vous maintienne tousjours en sa seure garde et protection”. Veut-on encore une preuve des menées secrètes des Anglais et de la sympathie qu'ils témoignaient aux réformés ? Voici ce qu'é- crivait à Elisabeth un des chefs protestants (la lettre ne porte pas de signature) : Madame, vostre Majesté a bien esté advertie des grandes troubles et esmotions qui sont pour le present en ce rovaume et comment et quant, après avoir tenté tous moyens de paix et tolleré toutes les indignités du monde, nous avons esté contraincts et forcés prendre les armes, ne trouvant aultre esperance et moiens humains pour la seureté de nos personnes et biens et liberté de nos consciences, en quoy monseigneur le prince de Condé s'est porté si prudement et vertueusement, que la memoire de luy et de sa posterité en sera à jamais prisée et honorée entre les plus grands et vaillant princes de l'Europe, et d’aultant qu'il a eu telle confiance en moy qu'il m'a bien voulu envoyer en ceste ville et pais pour m'opposer aux complots et factions des ennemys de Dieu et du Roy et garantir la Guyenne des viollances et oppressions qu'ils y commetoient, ne voullant en rien defaillir à mon debvoir et me prepa- rant de les aller joindre du plus prest pour les faire regenter du juste jugement que Dieu veult faire tomber sur leurs testes et dont je m'as- seure en son assistance , de la quelle jà y m à tellement fortifié que je en ay tullé en pieces une bonne partie qui s’estoit osé mettre en campaigne , le reste s'estant reseré es villes où ils font semblant de voulloir souste- nir, tellement que s'ilz s oppiniastrent contre les forces que j espere en brief y mener pour les assieger, il m'y conviendra gaster grand nombre de pouldre et munitions de guerre, desquelles encores que pour le present je en soye bien fourny, si est ce que je deliberé en faire un tel l Record office, State papers ,; France, vol. XL. ER > amas et magasin que je n'en puysse avoir faulte à l'advenir, ou la guerre prendroit plus loung traict, et que la resistance seroit plus grande que ny a apparance. À ceste cause j ay envoié ung navire es terres de vostre subjection et dependence, Madame, pour y achapter les sal- pestres et aultres munitions necessaires pour le faict de la guerre, ce que je supplie très-humblement vostre Majesté de permettre et octroyer aux gens que j ay depesché à ceste fin, et en cest endroict favoriser la cause commune de toutes les eglises de l'Europe chrestienne, dont mon dict seigneur a entreprint la deffence et protection , et ce faisant fairez chose bonne et saincte et digne de vostre pieté et grandeur et conforme à la bonne affection que avez tous jours declairée porter à la gloire de Dieu et advancement du regne de son fils Jesus Christ; donc certifhant et m'asseurant, Madame, qu'en recongnoissance d’un tel bien-faict, je ne fauldray d'aider et favoriser vos subjects et user envers eulx de ioute cor- toysie qu'il me sera possible de par decà, et ne seray ingrat de leur de- partir des moiens et comodités qu'il a pleu à Dieu nous bailler, et en cest endroict je prieray le Createur, Madame, preserver vostre Majesté en tout heur et prosperité pour vous employer à son honneur et gloire. Vostre très-humble et obeissant serviteur à jamais ”. Jusqu'ici nous avons vu Catherine, au nom du jeune roi, lutter seule contre les chefs protestants: mais un mouvement individuel de résistance commencait à se produire parmi les catholiques, et il est important de le signaler. À Chalon-sur-Saône, il s'établit une fraternité érigée en l'honneur du benoist Saint-Esprit : « Sous le bon plaisir de nostre roy nous avons fait, disent-ils, entre nous une fraternité qui s'appelera Confrairie et Société des Catholiques, » et ils ajoutent que, « si les personnes du roy et de ses freres estoient oppressées, de sorte qu'on n’'eust pas avertissement de leurs vo- lontés, ils promettent obeissance au chef qui sera eslu ?. » La paix devenait une nécessité, elle fut conclue dans le moment le plus favorable pour la cause royale, car la ville de Chartres, menacée par toutes les forces protestantes, n'avait plus qu à capi- tuler ; arrêtée à Longjumeau, le 25 mars 1568, elle fut enregis- trée au parlement de Paris en présence du roi, car sans cela «es mutins de ladite ville ne l’eussent permis. » L'édit d’Amboise était remis en vigueur; le prince de Condé et ses adhérents rétablis dans leurs biens et honneurs; le roi avancait les 100,000 ecus ! Record office, State papers, France, vol. XLIT. 2 Ibid. En promis aux Allemands. De son côté, le prince de Condé fit publier la paix à Bonneval où il se trouvait le 30. Le dimanche suivant, à Orléans, la cène fut célébrée en un lieu appelé la Grange du Bignon; le prince de Condé y assista avec près de six mille per- sonnes: le 10 avril, il partit sans suite avec sa femme pour sa maison de Valery. Coligny prit le chemin de Chatillon; les autres seigneurs s'étaient également retirés et avaient, en partant, baisé la main du roi; parmi eux se trouvait Montgomméry !. Charles IX annonce cet heureux résultat à Élisabeth : Madame ma sœur, le sieur de Beaumont, chevalier de mon ordre, que j envoye exprès devers vous pour vous visiter de nosire part et vous faire entendre comme il a plu à Dieu par sa bonté pacifier les troubles de mon royaulme, vous dira l'aise et le contentement que jay receu de ce que, quelques persuasions qu on ait essayé de vous faire, vous estes demeurée ferme et constante en l'amitié que jay loujours con- nue en vous, dont j'auray bonne souvenance pour faire le semblable en vostre endroict, quand l'occasion se presentera, comme je donne charge au dict de Beaumont vous dire plus particulierement de ma part, qui me gardera, m'en remeltant sur luy, de vous faire plus longue lettre, que de vous prier de croire aïnsi que vous voudriez faire à ma propre personne, priant le Createur, Madame ma sœur, après avoir presenté nes affectionnées recommandations à vostre bonne grace, vous donner bonne et longue vie ?. M. Teulet, dans le livre qu'il a publié sur les relations de la France et de l'Écosse, a longuement énuméré les causes qui for- cèrent Marie Stuart à se réfugier en Angleterre; nous ne pouvons qu'y renvoyer, nous contentant de publier les documents qui ont échappé à ses recherches. Dans les instructions données par Marie Stuart à lord Fleming, le 30 mai 1568, nous lisons ceci : « Toucher un mot au dict sei- gneur roy des bagues et joiaulx de la dicte dame, qu'elle a esté advertye avoir esté envoyez par les rebelles hors du pays pour vendre; et s’il se trouvoit y en avoir aucuns en France, que le roy veuille commander les arrester, et cependant faire defendre à tous, quelz qu’ils soient, de n’en acheter, ny ne s'en mesler et entremettre aucunement ÿ. » l Record office, State papers , France, vol. XLIT. ? Ibid. Recueil des lettres de Marie Stuart, par LabanofF, &. IE, p. 89. (Original. } nu Nous avons retrouvé une lettre de notre ambassadeur, Bochetel de la Forest, à Catherine de Médicis, dans laquelle il fait la des- criplion d'une partie des joyaux de la reine d'Écosse, qui en effet avaient été portés en Angleterre : Madame, depuis la depesche de celuy que j'ay envoyé dernierement vers vostre Majesté, je me suis enquis particulierement de ces bagues de la reyne d'Escosse qui sont par decà; j ay sceu que les grosses perles, dont m'escripvoit une fois vostre Majesté, y sont, et comme on me les a specifiées , il y a six cordons, où elles sont enfilées comme patenosires, et oultre cela environ vingt-cinq à part et separées les unes des aultres encore plus belles et plus grosses que celles qui sont enflées, la plupart comme noix muscades; elles n'ont pas esté trois jours icy qu'on les a fait apprecier par divers marchands, ceste reyne les voulant prendre pour la somme qu'elles seront evaluées; c'est à scavoir à la raison que les prendroit ung marchand qui voudroïit gaigner dessus à les revendre. Elles ont premierement esté montrées à troys ou quatre orfevres et la- pidaires de ceste ville qui les ont estimées à trois mille livres sterlins qui sont dix mille escus, s'offrant d'en bailler la dicte somme, si on vou- loit; quelques marchans italiens, qui les ont vues après, les ont prisées jusques à douze mulle escus qui est environ le prix, ainsi quon m'a dict, pour lequel ceste reyne les prendra ; il y a ung Genevois qui les a veues après tous Îles autres qui les a estimées à seize mille escus, mais je pense qu'elles lui demeureront à douze; touttelois j'en scauray tout le vray dedans deux jours. Cependant je n'ay voulu faillir, Madame, d'advertir pronptement votre Majesté de ce qui en estoit venu jusqu'icy à ma cognoissance , m'estant bien doubté, dès le commencement, qu'on ne les laisseroit pas eschapper; le reste de ces bagues n'approche pas de la valeur des perles, et en ay ouy spécifier que une piece de licorne qui est bien mise en œuvre et fort enrichie. Madame, je prie Dieu vous donner en très-parfaite santé très-iongue et heureuse vie. De Londres, ce vir® jour de may 1568. Vostre très-humble serviteur et subject, BocHETEL !. Maintenant voici la lettre qu'écrivit Charles IX à Élisabeth, lorsqu'il apprit que Marie Stuart s'était réfugiée en Angleterre : Madame ma sœur, ayant entendu que ia reyne d'Escosse, ma belle- ; £ JS : ee ! Bibl. imp. de Sant-Pétersbourg, documents français, voi. XCÏ, fol. 12. D° ue fe sœur, s'est retirée en Angleterre pour recevoir de vous l'avde, faveur, secours el amitié que une princesse affligée et poursuivie de ses subgets doit recevoir el esperer, jay bien voulu incontinent depescher le sieur de Montmorin ! exprès devers vous pour vous advertir qu'estant reduicte en l'estat auquel elle est, j'ay esté bien avse qu'elle se soit allée rendre entre voz mains, m'asseurant que , suivant ce que vous m'avez si devant mandé, qu'il falloit que les princes secourussent les uns les aultres pour reprimer et castier la Lemerité et rebellion de leurs subgetz, vous heu serez en son endroit de toute la douceur, clemence, bonté et bon tres- tement qu'elle se peult proumettre et asseurer d'une princesse telle que vous estes; de ma part je recevray tout ce que vous ferez pour elle et en sa faveur tout ainsi que s'il estoit fait pour ma propre personne, comme jay donné charge au dict de Montmorin de vous dire plus particuliere- ment, qui me guardera, men remettant sur luy, de vous faire plus longue lettre que de vous prier le croire tout ainsi que vous voudriez faire moy mesme *. À côté de cette lettre de Charles IX nous placerons deux lettres écrites par Élisabeth à Catherine de Médicis, où, répondant à la lettre qu’elle lui avait adressée par Montmorin, elle lui parle lon- guement de Marie Stuart : Très haulle princesse, ces jours passés, avons receu vos lettres par le sieur de Montmorin, present porteur, et comme il nous fut fort des- plaisant d'entendre, tant par icelles lettres et par ce que nous en dit le sieur de Montmorin, de l'indisposition de vosire personne, ainsi n'avons senti moins de plaisir par les nouvelles que nous avons eues depuis de vosire bonne convalescence et restitution à l’estat de vostre premiere santé, en la quelle nous prions l'Eternel vous vouloir longuement con- server, et quant à la charge que le sieur de Montmorin avoit receu de mon bon frere, le Roy vostre filz, et de vous, de passer oultre devers la reyne d Écosse , ainsi que nous aviez requise, luy avons donné un passe- port, par lequel il a eu accès à elle et la CORPAOAUE de se pouvoir ample- ment informer en quel estat se trouvent pour le present ses affaires , dont ne doutons qu'il vous saura faire bonne declaration, qui me garde de vous en dire icy plus avant, et prieray Dieu, très haulte princesse, vous avoir en sa garde. Escript à nostre maison de Greenwic, le xx1x° jour de juin 1908. ELISABETH ”- Il arriva à Londres le 3 juin 1568. 2 Record office, State papers , France, vol. XLIT. (Autographe.) % Record office, Stute papers, France, vol, XLIIE RU Un Voici la seconde lettre écrite le lendemain : Madame, de la reyne d'Escosse jay pensé le mieulx moy mesme d'en escripre comme de telle personne qui venant en mes mains sera seure de sa vie et honneur , et quelque chose que vous en oirez au contraire, asseurez vous quil ne tiendra à moy que loute sa cause ne vienne à bonne fin. Je ne mets en oubli qu'elle est reyne, ni aussi ay-je oubhié qu'elle est ma proche parente, ni de l'autre costé mettray-je en derriere les respects et considerations qui m'esmeuvent et contraignent de la traiter ni si solennellement, ni avec telle pompe qu'elle souhaïleroit, les- quelles plutost laisserois-je à vostre bon jugement d'en penser que souffri- ray à ma plume d'en escripre, seulement vous supplie, croyez que n'obmettray rien en son endroit que, avec son honneur, luy pourra con- ceder. ELISABETH . Dans sa réponse à Charles IX, écrite aussi de sa main et du même jour, elle ajoute : «Là où vous me faites recit du regard que j'ay toujours eu des princes au respect de leur subjets, et qu'ils se doibvent faire cognoistre comme leurs superieurs, à Dieu ne plaise, qu'onques fusse changée de ceste opinion, ferois trop contre moy mesme, chose qui seroit contre Dieu, contre nature, contre raison et contre fortune ?. » Les protestants avaient gardé la Rochelle, Montauban, Castres, Saverne, Albi, Milhaud; était-ce vraiment la paix que l'on avait signée à Longjumeau ? Les ligues catholiques s’étendaient de pro- vince à province. L'Étoile, dans son journal, cite la sainte ligue de Champagne, signée le 26 juin 1568, et à laquelle avait adhéré l'évêque de Troves. Le 11 juillet, la noblesse, le clergé et le tiers état du Maine et de l'Anjou établissent aussi leur confédération : « Nous jurons, disent-ils, dans leur acte d'association, de vivre et mourir en la religion catholique, et de nous secourir les uns les autres contre les rebelles et hérétiques sectaires de la nouvelle religion. » La liste des confédérés contenait quarante rôles°. Le 11 juillet, M. de Cadenet annonce au maréchal de Montmorency la mort de René de Savoie, sieur de Cipierre et second fils du comte de Tende, attaqué en son logis, à Fréjus, par trois cents hommes ! Record office, State papers, France, vol. XLHIT. (Copie.) 2 Jhid. 3 Le Record office possède la liste originale, vol. XLIIF, nu (MO de la compagnie de M. de Carces, sous les ordres du baron des Arcs ; il se rendait à Nice pour saluer le duc de Savoie !. Coligny était à Noyers? avec le prince de Condé; c’est de là qu’il écrit à Cécil et qu'il lui envoie un gentilhomme pour lui faire connaître l’état des choses. Au Record office, se trouve également un mémoire dans lequel les protestants répondent « à beaucoup de propos qui se tiennent aujourd'hui par tout la chrétienté et principalement au royaume de France, » se demandant si les choses qui se font aujour- d'hui au dit royaume ne sont pas pour exterminer les chefs de la re- hgion ou plutôt toute la religion ; à l'appui ils citent les paroles de M. de Martigues se vantant d’aller en Bretagne pour tuer M. d’An- delot ; ils rappellent la mort de M. de Gipierre et des gentilshommes qui l'accompagnaient; enfin il est dit dans ce factum que Coligny a élé averti par un chevalier de l'ordre et par. un capitaine, qu’on les a sollicités pour le tuer 5. Qu’y a-t-il de vrai dans ces violentes récriminations que de part et d'autre on se renvoie. Toujours est-il qu'avec de telles excitations une catastrophe était prochaine. Pour ne rien laisser de côté, mentionnons encore le rapport d’un agent secret, daté de Madrid le 9 août 1568 : il dit qu’il résulte d’une dépêche que « bon ordre a esté donné pour que la force de- meure au roy partout pour attraper tous les principaulx reformés, leur oster le moyen de s’assembler, afin que, les ayant reduits par ce point, on puisse exlerminer une telle vermine, ennemie de Dieu, du roy et de l'Estat ,et n’en laisser un seul en ce royaume qui en soitentaché, en attendant ce temps qui ne peut estre long. » 11 fait allusion à un propos tenu par le roi, il ÿy a un mois, deman- dant presque à mains jointes à la reine de «regarder tous les moyens de ne le faire retourner à la guerre, car autrement il tenoit tout son royaume perdu, que ceux de la Rochelle ne de- mandoient que leurs anciens privileges, »et il ajoute que la reine a découvert qui lui avoit soufflé cette pensée, et a volonté de « re- tirer le roy de la servitude et le rendre roy absolu et netoyer ce royaume de la peste de ces pestiferés *. » Effrayés des rapports qui leur venaient de tous les côtés, Condé et Coligny ne crurent pas prudent de rester à Noyers; le 23 août l Record office, State papers, France, vol. XLU. ? Château. 3% Record office, State papers, France, vol. XLIIT. 4 Jbrid, = ON ils parlirent en toute hâte, assignant à lous leurs adhérents la iochelle comme rendez-vous général. Au moment de son départ, Condé écrivit au roi pour lui exposer tous leurs griefs. Une copie de cette lettre est conservée au Record office; nous la donnons en entier; c'est la préface de cette nouvelle prise d'armes : Sire, 1l me desplaist grandement que, en toutes les lettres et depesches que j'ay envoyées à vostre Majesté depuis la publication de la paix, vous n'ayez peu veoir que plainctes et doleances et lant de tristes et la- mentables subiects, et que, aujourd'huy, je suis encores constrainct de continuer de mesmes avec très-justes et {rès-necessaires occasions, car si jamais un subject a peu justement se plaindre et condouloir à son Roy comme à son souverayn prince et seigneur naturel, auquel 1l doit avoir recours après Dieu, et estre garanty el conservé contre toutes injures et violences, cela aujourd'huy a bien lieu à mon endroict et de tous vos autres subjects qui font profession de la religion reformée, les quels depuis long temps ont esté incessamment vexés et travaillés miserable- ment avec toutes severités et rigueurs, ce qu'ils ont souffert d'autant plus patiemment qu'ils ont toujours esperé que le temps leur apporte- roit quelque soulagement de leurs maulx, esquels ils ont voulu esviter toutes les occasions de renouveller les troubles, ayant eu (graces à Dieu) des moyens en main pour repoulser telles violences, s'ilz eussent voulu. De quoy nous scavons, Sire, que la cause ne vous en peult estre impu- tée, comme aussi cela n'est-il jamais tombé en nostre penser, estant, vostre gentii naturel autant contraire et ennemy de telles façons de faire, que vostre vouloir et intention en sont esloignés, dont vous en avez rendu des si grandes et ouvertes demonsirations par toutes les de- pesches quil vous a pleu m'envoyer, et encores dernierement par le language que vous tinstes à la Royne, par lequel vous donnastes assez à cognoistre combien le renouvellement des troubles vous estoit odieux, la priant instamment de vouloir pacifhier toutes choses et faire en sorte que on ne retournast jamais aux guerres cruelles, qui ne vous pouvoient apporter que une desolation et ruyne ; mais, Sire, nous en imputons la cause à cest ennemy conjuré de vostre Estat, le cardinal de Lorraine et ses adherens et complices, qui en sont les seuls autheurs et motifs par les practiques et menées des quels et par l’estroicte intelligence qu'ils ont avec l'Espagnol, les divisions et partialités ont continué de- puis six ans entre vos subjects, les quelles ils nourrissent et entretiennent si soigneusement aujourd huy par les meurtres et assasinats qui se com- mettent et s'exercent journellemant soubs leur adveu, par tous les en- droicts de vostre royaume, à l'encontre de ceulx qui ne leur veuillent adherer, et qui ne sont de leur party et faction; en quoy ils abusent notoirement de vostre Majesté, de la quelle ils se sont saisis pour vous Le faire executeur de vosire ruyne , mesme engageant vostre honneur et re- putation, vous contraignant de violer et enfraindre la foy et seurté pu- blique que vous avez jurée, pour servir d'exemple à tous vos subjects et à tous peuples de nations estrangeres de ne se fier jamais à vostre pa- rolle, chose très-dangereuse et pernicieuse pour la conservation d'ung Estat, car que pourront dire ceulx qui ont entendu la prompte obeis- sance que nous vous avons incontinent rendue en posant les armes, en licenciant ‘nos forces avecques la plus grande sollicitude et dilligence que nous avons peu, en nous retirant à nos maisons, exposant nos poi- trines et estomachs nuds aux glaives et cousteaux de nos ennemis, soubs vostre seule promesse et paroile. Serat'il dictque vostre foy a servy d'ung lilet et piege pour surprendre et faire assassiner vos plus fidelles sub- jects et serviteurs, et que leur fidelle et prompte obeissance ait esté si mal recognue ? Jusques à quand sera ce qu'on vous fera entretenir votre armée pour la seureté de vos ennemis couverts qui vous environneni, et pour exterminer vos plus affectionnés et obeissans subjects et servi- teurs ? Que diront aussi ceulx qui entendront que, depuis la paix, nous n'avons peu demeurer ni dormir en seureté en nos maisons, et que, pour esviter le peril et danger de nos vies et conserver nos personnes qui estoient continuellement espiées et aguettées, nous avons esté constraincts d'aller de maison à maison avec nos femmes et enfans entre les bras, et après nous estre retirés en ce lieu qui est près des confins de la France, qu'on y a envoyé par diverses fois des espions pour ob- server la hauteur des murailles et veoir les moyens de nous surprendre, et que maintenant, de peur de faillir et effectuer ung si mechant et mal- heureux desseing, on fait marcher et acheminer par de çà la plus part des forces qu'on a entretenues jusqu à ceste heure pour cest effect, pour nous circuyr et environner, de sorte que nous sommes contrainct d'aban- donner ce lieu et nous en aller comme matratz (sic) desemparés jusques à ce que Dieu nous face la grace de trouver quelque autre lieu de seureté et retraicte, et esviter la rage, furie et cruaulté du dict cardinal et de ses associés, ennemis conjurés de la maison de France, en la ruyne de la quelle ils ont de tout temps conspiré, et de tous ceulx qui peuvent s’op- poser à leurs damnables entreprises pleines de sang et impictés. Se peult il trouver es histoires et chroniques qu'il est esté jamais commis une pareille lascheté, infidelité et desloyaulté entre les nalions mesmes les plus barbares et infidelles de ce monde. Serat'il dict que lon se soit ainsi Joué de vostre foy et promesse sans que ceulx qui vous sont obli- gés de serment ei fidelité se y soyent opposés ? Seratil dict qu'ung presire, uug tigre et ung tyran avec ses ministres el pensionnaires du roy d'Espaigne vous ayent donné la loy et à tous les aultres princes, seigneurs et gentilshommes de ce royaume, el qu'ils vous ayent reduicl à ceste extremité de vous deffaire vous mesmes ? Jusques à quand sera + fe ce qu'on les laissera abuser de vostre patience, de vostre nom et auto- rité pour vous faire autheur de vostre ruyne ? Jusques à quand sera ce qu'on tiendra pour fidelles subjects et serviteurs ceulx qui ont, de toutz temps, affecté ceste couronne pour la partager avec l'estranger, qui ont voulu maintenir contre toute verité qu'ilz estoient issus du sang des le- gitimes roys de France, et qu'elle avoit esté usurpée par vos predeces- seurs sur leurs ancestres; qui ne desirent rien plus que d'affoiblir cest Estat par troubles et divisions, comme le seul souverain et plus expeditif moyen pour parvenir à leur desseing ? Jusques à quand tiendra on pour rebelles et desobeissant à vostre Majesté ceulx qui, volontairement et franchement, se soubmettent à l’estroicte et naturelle subjection qu'ils vous doibvent, qui n'ont rien à plus grand desir que de vous servir et obeyr, et vivre en paix soubs vosire authorité et obeissance de vos edicts et ordonnances ? Je vous ennuyrois d'une trop grande longueur. Sire ,si je voulois poursuivre par la mesme ce qui se pourroit bien dire sur ce propos, lequel estant plus particulierement deduict par un requeste que j'ay donné charge à ce porteur vous presenter, je men remettray sur icelle et suppliray très-humblement vostre Majesté de la vouloir recevoir, entendre et considerer, comme venant de celuy qui est aussi affectionné à la grandeur de vostre Estat que le dict cardinal et ses as- sociés en sont ennemis mortels, et qui ne desire rien plus que vivre et mourir en l'estroicte obeissance et subjection naturelle qu'il vous doibt. Sire, je supplie le Createur qu'il vous ait tousjours en sa très-saincle garde, et teint en parfaïcte santé très-longue et très-heureuse vie. Escript à Noyers, le xxt]° jour d'aoust 1568. Votre très-humble et très-obeissant subject et serviteur, Loys De BourBon!. Condé, après avoir confié sa femme et ses enfants aux Rochel- lois, alla se mettre à la tête de la noblesse poitevine; il y fut bien- tôt rejoiut par d'Andelot, qui avait réussi à passer la Loire non loin de Saumur, et par Jeanne d’Albret, qui lui amenait quatre ou cinq mille Gascons et son fils, le jeune Henri de Béarn. Le cardinal de Chatillon, réfugié en Normandie, put passer en Angleterre avec le vidame de Chartres, et tous deux, par leurs mences, sou- tinrent efficacement la cause protestante. Une lettre de Chatellier à Throckmorton va nous renseigner sur la situation des chefs pro- testants, sur leurs ressources, sur leurs espérances. Monsieur, je scay que vous estes si bien adverty de l'estat de nos af- ! Record office, State papers, France, vol. XLIIT. {Copie du temps.) Mai faires, tant par les bons amis et serviteurs, que votre vertu vous a ac- quis en ce royaume, que par les bons moyens de la Royne, vostre mais- tresse, que, sans que je vous face plus long discours, vous aurez bien entendu, ou la violence et infidelité de quelques uns des principaux mi nistres du Roy, nostre maistre, nous a reduits, lesquels rompans la fc: publique, et violans la paix, et tous les edicts de sa Majesté, nous ont tiré, pour la troisiesme fois, en une combustion civile; mais, comme Dieu a mis le bon droict de nostre costé, ayant faict et souffert tout ce que peuvent bons et loyaulx serviteurs et subjects pour rendre toute obeis- sance et service à leur Roy et à leur maistre, nous esperons aussi, que pour defendre une si bonne et juste querelle, qui est celle que nous por- tons, il nous donnera couraige, vertu et force pour maintenir, tant que nos vies dureront, le service de nostre Dieu, l’anctorité, dignité et splen- deur de la couronne de France, les vies, l'honneur et les biens de la meilleure part de la noblesse de ce royaume, et des plus fideles subjects du Roy. Nous avons desjà de bonnes esperances par devers nous et un commencement qui nous en promet une bonne yssue, estans tous ceulx de la religion plains de couraige et de vigueur, et la royne de Navarre , et monsieur le Prince son fils declarés, monsieur le prince de Condé et mon- sieur l'admiral en ce pays, les armes à la main, et monsieur de la Roche- foucault en ceste ville, qui est bien l’une des meilleures et plus belles places de France, monsieur Dandelot en Bretaigne et monsieur le comte de Montgomery avecques luy, et des belles et grandes forces ensemble, les princes de l'Empire bien affectionnés à nostre conservation, et les Cantons evangelicques en Suysse en fort bonne volonté. Nous esperons, avec tout cela, estre les plus forts par la mer, et en avons bon commen- cement, grace à Dieu, au quel nous mettons toute nostre esperance et nosire force ; et scaichant combien la faveur de la Royne , vostre maistresse, nous peult seconder et ayder en telles extremités, et vos bons moyens envers sa Majesté, me souvenant très-bien de quel zele et affection je vous ay veu tousiours embrasser ceste querelle, j'ay pris ceste confiance avec vous, Monsieur, de vous en escrire ce mot, pour vous supplier très- humblement, et conjurer par toutes choses sainctes de vouloir bien faire entendre à sa Majesté l’equité de nostre cause, et la necessité extresme qui nous a tiré par les cheveulx et par la barbe pour la troisiesme fois aux armes, afin qu'en une querelle qui nous touche tous, puis que nous sommes membres d'un mesme corps et qui nous importe à tous univer- sellement de tout ce que nous avons de plus precieux et cher, nous puis- sions trouver en sa Majesté toute la faveur, support et appuy que nous devons esperer et atilendre d'une des plus religieuse chreptienne, et ver- tueuse princesse qui soit au monde; et pour ce que vous pourrez voir, et toucher au doigt et à l'œil, par es memoires que vous porte ce porteur, nostre bon droict, et le tort de nos ennemys, je n'entreray avec vous en MISS. SCIENT, — I]. 7 2: T'as plus longue persuasion, scaichant bien que je n’en puis avoir une meilleure , que la bonne volonté et l'affection que vous portez à l'avancement de l'honneur et service de Dieu, et au bien universel de son Eglise, et con- servation de tant de gens de bien que vous vous obligerez à jamais, et finiray ceste lettre par mes très-humbles recommendations à vostre bonne grace, priant Dieu vous donner, Monsieur, en continuel accroissement des siennes très-sainctes très-heureuse et longue vie. De la Rochelle, ce i17*° jour de septembre 1568. Vostre très-humble et très-affectionné serviteur. CHASTELLIER !. P. S. Monsieur, ce porteur s'en va pour recouvrer de la pouldre et quelques salpaistres dont nous avons très-grand besoing; s'il vous plai- soit luy en faire delivrer pour son argent, et mieux encores nous en en- voyer une bonne et grande quantité; c'est une marchandise, de quoy nous nous ayderions bien et dont nous avons grande faulte, ee qui me fait vous prier de luy vouloir ayder de vostre faveur ou il en aura besoing *. A l'exemple de Condé, le cardinal de Chätillon, en quittant la France, écrivit aussi au roi pour motiver sa fuite en Angleterre : Sire, ayant eu plusieurs advertissemens, coup sur coup, des entre- prises qui estoient resolues contre moy et des aguets qui se faisoient pour me surprendre au premier jour en ma maison par ceulx mesmes qu'on avoyt employés pour estre de la partye, et coignoissant que ceulx, qui se sont declarés de longue main mes ennemys et de tous les miens, avoient le glaive et la puissance en la main pour executer, quand üls vouldront , leur mauvaise volonté, j'ay esté contraint , à mon grand regret, quicter ma maison et ce royaulme ou il y a long temps que j'ay eu cest honneur d'estre auprès des roys vos predecesseurs , afin de conserver ma vie et me garantir de l'insolence et cruaulté de mes dicts ennemys et d'une sy dure et prochaine oppression, suppliant votre Majesté, Sire , ne trouver mauvays, sy suyvant ce qui est naturel à tous hommes, jay cerché lieu de retraicte le plus proche et aisé que j ay peu, pour la conservation de ma personne et pour esviter le danger, ensemble me faire ceste grace de croire que , en quelque lieu que je soys, je ne voudrois jamays faillir à ung seul point de l'obeissance, fidele subjection et loyaulté que je vous ds: Ma retraicte n'est point , pour defhance que j aye de vous et de votre gen- til naturel enclin à toute vertu et droicture et desireux de la paix pu- blique, mais seulement pour avoir moyen de vivre paisiblement sans 1 T1 fut tué à Jarnac. ? Record office, State papers, France, vol. XLIIT. (Original. ) = (99 n'empescher d'aucune chose, sinon de servir à Dieu, et prier pour votre bonne prosperité et santé, et de delivrer votre royaulme des miseres, ca- lamités et desolations où je prevoy qu'il va entrer au moyen de la pas- sion de ceulx qui preferent le but de leurs desseings au bien de vos af- faires et au repos et soulagement publicq, ayant ceste esperance en vostre bonté acoustumée, Sire, que vivant de cette façon, elle ne vouloit m'es- longner de sa bonne grace et aussy peu souffrir que ung sy ancien servi- teur des roys vos predecesseurs et vosire, pour fuir les troubles et cercher sa seureté et le repos en cest aage, soyt travaillé et mal traicté en ce qui luy appartient de sy long temps, de quoy je la supplye très-humblement et nostre S° de vous faire la grace de bien cognoistre ceulx qui ayment le bien et conservation de votre couronne et Estat, ensemble vous vouloir donner, Sire, en très-parfaicte santé, accroissement de tout heur et grandeur. De Senarpont, le v”* septembre 1568. Votre très-humble et très-obeissant subject et serviteur, Le cardinal DE CHASTILLON |. Arrivé à Londres, il en prévient le roi : Sire , je n'ay voulu faillir, aussy tost que je suis arrivé en ceste, de vous faire entendre par le moyen de monsieur de la Forest, vostre ambassa- deur, ce que desia je vous escript du v° de ce moys, lors de mon embar- quement , qui est que , à mon très-grand regret, jay esté contraint à l'aage où je suys d'abandonner ma maison, ma patrie et votre royaulme où j'ay eu cest honneur d'esire tousjours auprès des roys bien traicté, affin de conserver ma vie et de me garantir de l'injure et oppression de ceulx qui, de tout temps, se sont demonstrés estre ennemys du repos public, et particulierement de toute ma maison, lesquels ont aujourd'huy la force et l’auctorité en la main pour executer à leur plaisir leur mauvaise vo- lonté contre moy (comme ils en estoyent sur le point lors que je suys party). N'ayant point esté ma retraicte, Sire, pour deffiance que j'aye eu de vous et de votre bonté que avez tousjours assez faict paroistre votre naturel estre desireux de la paix et tranquilité publicques, tres esloigné de sang, cruaulté et injustice, et enclin à toute droicture et equité ; mais pour esviter le danger et violence de mes dicts ennemys et pour avoir moyen durant les troubles et orages qu'ils veulent esmouvoir en vostre royaulme sy affligé el travaillé, de vivre icy paisiblement sans m empes- cher, si non de prier Dieu pour vostre bonne prosperité et de vous donner ung bon et sain conseil tendant à l'avancement de sa gloire et au bien et repos de vostre Estat, suppliant vostre Majesté me faire cest honneur l Record office, State papers, France, vol. XLIHII. (Copie du temps.) — { — 100 — de croire que aucun desseing, intelligence ou pratique ne nous amene en ce pais, où je n'avoys jamais deliberé de vivre troys heures devant mon partement de ma maison et l'advertissement que j'eus d'y desloger soubdainement , et que je ne feray jamais faulte, en quelque lieu que je soys, à la fidele subjection et obeissance que je doy à vostre Majesté et à son service, et qu à ceste cause il vous plaist, Sire, ne m'esloigner de vostre bonne grace, me continuer vos bontés royalles, de me vouloir tousjours tenir en vostre protection, sans adjuster foy à ceulx qui, par leur passion, vouldroient calumnier mes actions et faire trouver mauvais que jaye cerché la seureté et conservation de ma personne el le repos en l'aage ou je suys, par ce seulement qu'ils sont marris de ce que j'ai es- chappé leurs mains sanguinaires. Au demeurant, Sire, pour ce peu de temps que je suys en ce pays, je ne puys vous en escrire aultre chose, si non qua cest heur d’estre aujourd'huy le plus paisible de la chretieneté. La Royne a commencé à m'user de grande gracieuseté et hospitalité, m'ayant faict recevoir et accommoder en ceste ville de maison hono- rable à mon arriver. Sire, je supplye l’infinie bonté de Dieu vous vouloir conserver en très-parfaicte santé longuement et heureusement. De Londres, ce XIII] de septembre 1568 *. Le même jour il écrivait à Catherine de Médicis : Madame, aussy tost que je suys arrivé en ceste ville je n'ay voulu fallir d'en tenir vostre Majesté advertie, et par moyen de mons’. l'am- bassadeur vous faire de reschief entendre ce que je vous escripyois à mon embarquement, qui est que, à mon très-grand regret, jay en cest aage abandonné ma maison, ma patrie et ung royaulme où j'ay eu cest honneur d'avoir esté tousjours auprès des roys bien traicté, et que ma retraicte n'a point esté pour deffiance que j'aye de vous et de vostre bonté, Madame, mais pour conserver ma vie et me garantir de l'injure et oppression de ceulx que vous scavez estre ennemys fanatisés du repos publicq, et particulierement de toute ma maison, les quels ont aujour- d'huy la force et puissance en main pour executer à leur plaisir leurs mauvaises volontés, suppliant au reste vostre Majesté, Madame, vouloir croire qu'aucun desseing , intelligence ou pratique ne m'ont conduit en ce pays, où troys heures devant le soubdain partement de ma maison je n'avoys jamays deliberé de venir, et que, en quelque lieu que je soys, vous ne trouverez que je soys autre que très-humble et très-fidele subject et serviteur de vostre Majesté et que, à ceste cause, il vous plaise continuer yos bonnes graces et bontés sur ung Sy anciens serviteur des TOYS Vos 1 Record office, State papers, France, vol. XLIIT, (Copie du temps.) — 101 — prédecesseurs et vostres , me tenir par tout soubz vostre protection et n'ad- iouster foy à ceulx qui par leur passion vouldroint me calumnier et mes actions qui ne seront] amais contre le service de vostre Majesté, ne pouvant, si non vous desirer, toute ma vie, tout bien, heur, grandeur et prosperité avec une paix, repos et tranquilité meilleure que celle qui est aujourd'huy en votre royaulme, du quel il semble, Madame, qu'il n'y a celuy qui doibve trouver mauvays que je soys party pour une sy necessaire occa- sion et naturelle à tous hommes, comme est la seureté et conservation de ma personne et chercher le repos à l’aage où je suys, si non ceulx auxquels il desplaist que j'aye eschappé leurs mains sanglantes. Au de- meurant, Madame, tout ce que je vous puys escrire de ce pays, depuys sy peu de temps que jy suys entré, est que il a cest heur que, aujour- d'huy, on y vit aussy doulcement et paisiblement qu'en aucun autre royaulme de la chretienneté. La Royne m'a usé de ceste gracieuseté et hospitalité de me faire recevoir et accommoder de maison en ceste ville fort honorablement; elle est encore à son progrès, à vingt ou vingt cinq mil d'icy. Madame, je supplye nostre Seigneur vous vouloir conserver en très- parfaicte santé et prosperité. De Londres, ce xiuj° de septembre 1568:. Il écrivait également à Cécil : Monsieur, parce que ung homme qui a esté envoyé exprès par de ça de la part de ceulx de la Rochelle, m'est venu trouver depuis mon partement de la court, je n'ay voulu faillir incontinent le depescher vers vous avec ce porteur qui est à moy, pour vous prier affectueusement, d'aultant que l'affaire qui l’a amené requiert celerité pour les occasions qui se peuvent presenter de là où il est venu, telles que son retardement importeroit, luy vouloir donner si bonne et prompte expedition, suyvant l'affection que vous avez tousjours demonstrée avoir à l'advancement de l'honneur et service de Dieu, et à ce qui touche une cause si juste et necessaire, comme est la nostre, que ceulx qui l'ont despesché vous les puissiez gran- dement obliger, et que de ma part je puisse cognoistre que la recoman- dation que je vous en fais ne luy aye esté inutile, ce que esperant de vostre bonté que vous vouldrez faire, je ne vous en diray davantage, si ce n'est pour vous prier de vouloir adjouster foy à ce que ce dict porteur vous en dira de ma part, ensemble de recevoir mes aflectionnées re- commandations à vostre bonne grace, après avoir supplié nostre Seigneur vous tenir, Monsieur, en sa très-sainte protection. De la maison de Prassin, ce Xxu] de septembre 1568 *?. 1 Record office, State papers, France, vol. LXITI. (Copie du temps.) 2 Recoril office, State papers, France, vol. LXTIT. (Original. 1 Pour appuyer ces demandes de secours, il y joignit un long exposé de leurs griefs : Monsieur, je vous envoye un abregé des deportemens tant des catho- liques que de ceulx de la religion de la France depuis la paix derniere, lequel jay faict ce matin dresser, ayant entendu ce que vous me man- dastez hyer par le s° de Ringtsmil ; il est ung peu long, mais il n'a peu estre basty sans quelque language, par ce quil contient plusieurs chefs et particularités pour le moins que l’ordre de la continuation des dicts comportemens y a esté aucunement observé, vous en recueillirez ce que bon vous semble, ce que verrez vous pouvoir servir, Vous asseurant que ce qui y est contenu est bien veritable. Sur ce je me recommande affec- tueusement à vostre bonne grace et supplie nostre Seigneur vous vouloir conserver, Monsieur, et tenir en sa très-saincte protection. De Sching, ce xxvij° de septembre 1568. Monsieur, par ce que je n'en ay point d'autre copie, je vous prie le me renvoyer d'icy à quelques jours, pour en prendre une, ou vous en faire une plus correcte, si vous en voulez avoir’. Les conseillers habituels de Catherine ne se dissimulaient pas la gravité de la situation, et Monluc. l'évêque de Valence, augurait mal de cette nouvelle guerre civile : Le langage et menées des ennemis me font craindre, écrivait-il à Ca- therine, que ceste guerre sera la plus perilleuse qui fust jamais en cest royaume, par ce quil n'est plus question de catholiques ny huguenots, d'autant que les catholiques mesmes sont divisés, en partie unis avee les dicts huguenots, et tous les jours nous oyons dire qu'il y en a qui ont juré l'union, les uns, pour estre possedés ou de l'ambition ou de l'avarice, aultres , pour estre mal contents de leur fortune, cuident en changeant de maistre se pouvoir amender; mais la plus part se revolte soubs l'espe- rance d'un repos qu'on leur presente; c'est une chose fort plausible quant on leur dit : Ce n'est point contre le Roy, ny contre sa courone, mais c'est contre les infracteurs de l’edict de paix, adioustant que ceulx qu ont demandé la revocation du dict edict n'avoient ny pouvoir, ny moyen de faire semblable demande , et encore moins de faire aucune offre d'argent; ains au contraire estoient envoyés pour remonstrer la poyreté du peuple , et que ce sont gens facsieux, qui ne mettront pas la main à la bourse et ont faict bon marché du sang des povres subiects du Roy, el scavoient bien qu'ils seroient du tout desadvoués; mais ce leur est ! Record office, Stale papers, France, vol. LXIIT. Original.) — 103 — tout un pour que, embarquant le Roy, il soit abandonné de la plus part mesmes des catholiques, attendu que c'est une guerre prinse hors du temps et necessité. Que si on avoit convoqué les Estats pour ouyr les plaintes du povre peuple et pour la reformation des abus que la guerre nous avoit apportées , il falloit commencer par là et reformer l'article de la religion pour le dernier ; mais que les conseils du Roy ont bien monstré que leur but ne tendoit qu'à ramener la guerre, n'estant encore saoulis de tant de sang espandu et de tant de pays ruinés; et quant à eulx, ils n'ont pris les armes que pour se defendre, estant advertis que l'on ne traictoit aux Estats que de la guerre, et de leur oster l'entier exercice de leur religion, pour la quelle ils ont combattu seize ans; et bien qu'ils eussent esté desfaicts par plusieurs fois, ils n'ont toutes fois rien voulu rabattre de la poursuite de la dicte religion, qu'on peult bien penser, qu'estant saisis de cent villes fortes {dont la moindre arrestera long temps ung camp royal), ils ne quitteront pas ce qu ils ont acheté avec leur sang et avec la mort de plusieurs leurs parents et associés; que si les princes les abandonnent, ils n'auront pas faulte de conducteur; remonstrant aussy que le Roy envoye par de là quattre regimens qui ont commis en Auvergne et sur la riviere de Loire tant de meurtres execrables, tant de volleries, violé lant de femmes, que la memoire de tant de mechancetés suffira à attirer l'ire de Dieu sur tous ceulx du parti catholique ; remonstrant aussi, qu’en lieux où ils commandent, ils se con- tentent d'une contribution pour entretenir leurs gens et au reste le paysan est en seureté, et pour sa personne et pour ses biens; au con- trare nos paysans sont grevés tous les jours de nouvelles impositions , et se ne laissent pas moins d'estre frappés, et d'avoir leur vie et la chasteté de leurs femmes en continuels dangers, et qui pir est, quant on vient au traicté de paix, ceulx qui ont suivi leur part sont declarés exempts de toutes imposilions et tailles durant la guerre et les nostres sont contraints de payer les arrerages , jJusques à quattre années, et ceulx qui ont voulu demourer en leurs maisons ont esté quittes en payant deux decimes et les aultres sont entierement despouillés de leurs biens, si qu'une grande partie sont contraincte honteusement mandier leur vie; concluant, comme dessus est dict, qu'ilz ne veuilent faire la guerre au Roy, et au contraire ils ne prennent les armes que pour s'opposer à ceulx qui, pour leurs passions particulieres, veuillent (comme par les cheveux) attirer la ruine et desolation de ce royanme. Et que s'ils ne sont enfin assez forts pour se defendre, pour le moins le seront ils pour ruiner avec eux ceulx qui les auront vaincus. Voilà ce que jay peu re- cueillir vrayment de leurs remonstrances, et m'a t'on promis de me les monstrer par escript, avec les quelles ils attirent beaucoup de catho- liques à leur party, aultres ont du tout levé le masque et tiennent que ceste couronne est à sa derniere fin, et que chacun tiendra pour lux el — 104 — pour les siens ce qu'il pourra usurper, et sont telles manieres de gens escoutés voulontiers en Languedoc et en Daulphiné. Qui faict que je supplie humblement vostre Majesté ne trouver mauvais, qu'avee la fide- lité que je luy dois, et la liberté qu on doibt permettre à un très-humble, ancien et experimenté serviteur, je luy remonstre : quil ne fauit esperer que ceulx qui sont saisis de tant de belles et bonnes villes, les quitteront jusques” par force, si l'on revoque l’edict, si ce n'est pour le moderer en partie, à quoy je croy qu'ils pourront consentir. Et d’aultant que les desseins mal fondés, et qui ne peuvent reussir, sont bien souvent cause qu'on ne peut faire ny paix, ny guerre, il est necessaire que le Roy prenne une bonne resolution ou d'accorder l'exercice de la dicte religion ou promptement secourir ses subiects, mesmes en ce pays, où il y a danger que plusieurs se revoltent les uns par force, les aultres practi- qués d’une faulce esperance de repos, et singulierement le peuple qui est là reduit en une grande et estroicte necessité et povreté, disant se voir abandonné, et qu'on veuille faire la guerre avec telle longueur qu'on a faict pour le passé; il y a danger qu'il ne se trouve du party de ceulx qui sont plus industrieux et vigilants et plus unis que nous ne sommes, et de qui il pense estre plus gracieusement traicté. Quant est à moy je ne voys point de remede que de promptement les secourir, et que ce soit par aultres que ceulx qui ont accoustumé de faire office de volleurs eruels et inhumains; et non par des gens de guerre. Et quant sa Majesté sera resolue de faire la guerre {que sera toutes fois au regret de beaucoup de gens de bien), je la supplieray de prendre les moyens qui luy sont proposés pour la faire avec quelque diligence et soulage- ment de son povre peuple. Signé au dessouls. Moxruc, evesque de Va- lence ‘. » Quelle conduite allait tenir l'Angleterre ? Toutes ses sympathies étaient pour les réformés; c'était d’ailleurs une occasion pour elle de reprendre le Havre, et nous verrons qu'elle le tenta. L'ambas- sadeur Norris était bien le digne suecesseur de Throckmorton; c'était le même esprit d'intrigue; qu'on en juge par le message suivant délivré à la reine mère, au nom d'Élisabeth : Il y a long temps, Sire, que la Royne, ma maistresse a, par plusieurs foys, consideré si elle vous debvoit envoyer dire ce present message, que jay maintenant charge de vous dire; mais après avoir longuement con- sideré, les occasions qui s'accroissent de jour en jour l'ayant induicte à ce faire, sa Majesté ne 5e peult plus contenir, vous priant (pour ce que l'affaire est de grand consequence tant à vous, Sire, qua la Royne ma 1 Record office, State papers, France, vol. XLIT. , — 105 — maistresse) que cecy puisse estre entendu, comme la matiere le requiert bien pesée, et y respondre pertinemment, et qu'il vous plaise considerer que sa Hautesse a, de long temps, revolu cecy en son esprit, et meurement deliberé avec ordre propre pour deduire actions entre roys et princes ayant peuple soubs leur charge, qui leur est commis de par Dieu, affin qu'il soit gouverné et preservé par tels princes qui sont en lien de bonne amytié, tant par ligues et traictés que par eslre voisins, les quelles choses et semblables sa Majesté estime estre communes entre vous et elle; et pour ce que l'affaire est de telle importance, que (estant bien consideré et y ayant bien respondu) peult apporter grand hon- neur et repos à vous deulx, et à vos royaulmes, pays et subiects; et au contraire ne la considerant comme il appartient, et n'y ayant esgard, peut engendrer deshonneur à vous, et à sa Majesté et à ses pays et subiects, trouble et confusion; et aussi, pour ce que l'affaire touche vostre Éstat de bien près, la Royne ma maistresse m'a donné charge, si ainsi vous plaist, de vous prier que ce mien message puisse estre declaré a vous, Sire, et à la Royne vostre mere, en presence de ceulx de vostre conseil privé, affin que l’aflaire soit consideré et pesé par eulx comme la cause le requiert. Vostre Majesté scait très-bien qu'aux derniers troubles , la Royne, ma maistresse, n'usa d'aultres termes envers vous, si non de vous ofirir de son bon gré tels moyens qui vous sembleroient bons, affin d'amener le different entre vos subiects à quelque bonne fin ; et sa Majesté, Sire, vous donne à entendre que, sur son honneur, et comme elle est princesse, qu'elle n'eut jamais affaire avec vos subiects à ces derniers troubles, et ne monstra jamais aultre opinion qu'elle eust d'eux; mais qu'elle se mescontentoit de leurs entreprises, el reprenoit incessamment ce qu'il faisoient, tellement que vous pouvez bien penser que veu que, ce pendant que les troubles durerent, sa Majesté ne se mesla jamais, si non à vostre adventaige, combien qu'elle ne faict doubte que vous m’entendiez bien, si elle eust voulu , elle eust troublé aysement vostre Estat. Donc, Sire, veu qu'avez maintenant la superiorité sur tous vos subiects (comme de raison), si ainsi est qu’elle se mesle maintenant en la cause qui est entre vous et vos subiects, cela ne procedera d'aulcune par- cialité envers vous, ou qu'elle veuille troubler aucunement vostre Estal, mais pour les occasions qui s'en suivent; premierement, pour le debvoir que sa Majesté doit à Dieu tout puissant, par la grace du quel elle est constituée Royne de royaulmes, pays et multitude de peuples, allin de les conserver à son honneur, et en fin d'en rendre compte, comme en pareil cas, Sire, il faut que vous faciez pour les vostres, et cela sans excuse quelconque ; secondement, pour la sincere parfaicte amytié que sa Majesté a envers vous, son bon frere, le deshonneur et troubles du quel elle ne peult maintenant veoir, qu'elle ne cherche tous moyens pour y remedier en tout ce qu'il luy sera possible; tiercement, pour ce — 106 — que, naturellement et de droict elle a à considerer son Estat que Dieu, de sa bonté et divine grace sans l'avoir merité, ou sans aulcune pollice dont elle ait usé, a preservé au milleu du monde, comme en mer impetueuse, dont elle doibt remercier Dieu, aussi ne fault il pas qu'elle soit negligente d'employer telle ayde que Dieu luy a donné, tant par conseil, prudence et pouvoir, affin de conserver son dict Estat à son honneur; et pour ces troys causes, des quelles l'une d'icelle seroit sufhisante, sa Majesté est incilée de vous dire, Sire, et à la Royne vostre mere, et à tous ceulx qui ont, par leur vocation soubs vous, interest en la police de vostre royaulme, qu'il vous plaise de pourveoir de present remede aux choses qui s'ensuivent : premierement, on veoit et c'est notoire à un chacun, et pourtant lamentable, que tout ainsi que sa Hautesse ne le veult prouver aultrement que par les edicts du roy, qui sont à mespris par tous les lieux de vostre royaulme, contemnés et violés, et ce, non seulement par personnes privées, simples subiects en cachette, la malice des quelles ne peult estre soudainement apaisée après si grands troubles, mais aussi par gouverneurs de vos provinces, villes, chasteaux , ports de mer et aultres places , ét communement par vos ca- pitanes et soldats qui sont en guarnison; et combien qu'aulcun de vos subiects qui, par l'aucthorité de vos edicts, peuvent vivre en liberté de leurs consciences, ne sont du tout excusés, toute fois la rupture des dicts edicts, voir la rupture et mespris de Dieu le Createur, qui dès le commencement, a defendu de tuer et repandre le sang, et autres tels crimes qui sont dampnables et publiquement commis, non pas seulle- ment loing de vous, mais aussi en vosire principale ville près vostre personne, et par tels de vos subiects qui veullent estre estimés et font profession de la religion romaine. Et ce qu'est plus lamentable et horrible devant Dieu, qui veoit toutes choses, iceux meurtriers sont congneus d'un chacun estre maintenus, provoqués et recompensés par aulcuns qui ont grand credict et auctorité soubs vostre Majesté, chose fort dangereuse à un prince de souffrir, le quel fault qu'il rende compte à Dieu d'avoir mis en aucthorité tels officiers et ministres, et combien qu'il soit admonesté toutes fois, ne mect-on peine dilligentement d'y remedier. Et quant aux horribles actes cy devant recités commis par vos dicts principaux ministres, si vous n'en avez la congnoissance, la Royne, ma maistresse, en est tant plus Joyeuse, esperant que vous serez moins responsable devant Dieu, n'ayant congnoissance de telles choses, mais affin que vous soyez du tout innocent envers Dieu, la Royne, ma mais- tresse, estant touchée en sa conscience vous advertir et vous prier de considerer la division de vos subiecis touchant l'opinion de leur religion, affin que vous estanl ordonné roy par dessus tous vos subiects, de quelque profession qu'ils soient, vostre plaisir soit, selon le debvoir d'ung Roy, donner audience tant qu'aux ungs qu'aux aultres, car sa Majesté ne a HOT doubte pas (considerant vostre bon naturel et clemence divulgués par tout le monde à vosire grande louange), que si vous voulez ouyr diffe- remment toutes les deux parties et prendre en vostre protection aussi bien l’un que l'aultre, tellement qu'ils puissent avoir libre accès à vostre Majesté et à la Royne, vosire mere, vous pourrez ouyr beaucoup plus de choses que ne faictes touchant horribles meurtres et saccage- mens tant par feu et par l'espée, noyans ou estranglans vos dicts subiects, en manieres diverses, monstrueuses, brutalles, barbares, et horribles à ung chrestien d'entendre, et cecy exercé à toutes sortes d'hommes, femmes et enfans, et mesmes aux femmes grosses d'enfant, de toutes qualités, tant nobles que ignobles, riches que pauvres, car acoit que sa Majesté oyt journeilement les lamentations d'iceiles cruaultés, non seullement hors de France, mais hors d'aultre pays, d’ou tels rapports sont journellement mandés par escripts et par gens dignes de foy, marchands et aultres ses subiects traffiquans en France; et pour- tant, Sire, s’il vous plaisoit faire inquisition par tous vos pays par per- sonnes de bonne conscience et non passionnées , ni menées d'aucune fac- tion, mais telles qui ayment le repos de leur pays, elle pense que vous trouverez vostre pays plus affoibly et desolé depuis la publication de vostre edict depuis six mois en ça, que en neuf auparavant tant en guerre civile que estrangiere. Et pourtant la Royne , ma maistresse, soubhaïte que vous ne prestiez l'oreille à tels personnages, combien qu'ils soient vos conseillers ou autres, lays ou d'eglise, affin qu'ils vous persuadent que la multitude de ce peuple ainsi meuriry (tant grand soit il) soient mu- ins et rebelles et pourtant dignes d'estre meurtrys plus tost que pre- servés selon vos edicts, et que vous ne debvez ouyr leur cause en justice, mais permettre à un chacun les saccager, et pour ce qu'ils sont de religion contraire à la romaine, en aulcun poinct que c'est chose dispensable de les meurtrir; car nous n'ignorons point qu'il n'y ayt aulcuns personnages grans en authorité, les quels sont tellement trans- portés par leur ambition et sans charité chrestienne, que, affin de main- ‘tenir leur orgueil et arrogance, il ne leur chault d'abuser princes chrestiens par leurs mensonges et intention de leur faire destruire jeurs bons et loyaux subiects, et ce soubs ombre d'accuser chacun d'heresie, et par ce moyen afloiblir l'Estat d'aucuns princes et: le contraindre d'estre subject à aultres. Et sa Majesté vous requiert de bien bon coeur de penser cecy d'elle, que si elle n'estoit persuadée que vous estes ou pouvez estre abusé par aulcuns conseillers qui sont sans mercy, vous faisant accroire que plusieurs d’iceulx qui different de la religion ro- maine, vous estre subiects deloyaux (au nombre des quels nous ne comprenons pas les anabaptistes et aultres semblables), toutes fois elle pense que vous leur pouvez commander comme à vos plus loyaulx subiects, aultrement elle ne s’en mesleroit point; mais ainsi que sa Ma- — 108 — jesté a desia dict, la principale et premiere cause pourquoy elle s'en mesle est le soing qu'elle a de descharger sa conscience envers Dieu; la seconde, est l'amour qu'elle vous porte, Sire, comme à son bon frere, cherchant d'esviter le deshonneur qui s’accroist par toute la chrestienté, lant envers vostre pays, Sire, qu'envers vostre Majesté, et aussi les troubles qui sen pourront ensuivre en vostre royaulme, souffrant l'op- pression de vos loyaulx subiects sans l'avoir deservi. Pour conclusion, Sire, si ces premieres considerations ne vous sémblent sufhisantes, comme elle pense qu'elles seront, elle vous prie d'accepter cette der- niere comme une chose si très-necessaire qu'elle ne la peult obmettre, mais declarer pour son estat particulier : Et ne doibt aussi estre oublié pour le vostre, c'es que, si vous ne voulez traicter avec elle, comme ung prince doibt avec ung aultre pour l'amour du debvoir que vous deux debvez à Dieu, et pour l'amour que vous portez lung à l'aultre , estant alliés et voisins, pour son honneur et gloire, car si tel desordre n'est re- formé elffectuellement , c’est-à-dire les meurtres ordinaires de vos subiects innocens pour seullement professer la religion qui leur est permise d'exercer par vos edicts, mais au contraire avouer et maintenir ceulx qui les saccagent et meurdrissent, comme si c'estoit par l'ordonnance de l'Eglise de Rome, affin d’extirper tous ceulx qui ne consentent à la doctrine de Rome, la quelle est du tout contraire à la doctrine chres- tienne, et deroge à la souveraineté de tous princes, sa Majesté veoit clerement, combien que ce soit par aventure bien tard, quel dangier est eminent lant à elle qu'à son Estat, et aussi elle ne faict nul doubte qu'aultres potentats et princes de la chretieneté consentans avec sa Ma- jesté contre l'unité de l'evesque de Rome, verront evidemment combien il est leur necessaire de pourveoir promptement à tel dangier. Et quant à ce que sa Majeslé en fera pour son asseurance, elle pensera estre des- chargée devant Dieu, et pour son honneur vers vous, $ire, son bon frere et allié, ne faisant doubte que Dieu ne conduise l’'evenement, comme il a faict par cy devant, pour la preservation d'elle et de son . Estat. Ainsi elle rapporte tout à l'honneur et gloire de Dieu sur toutes choses sans affection particuliere, d'ambition ou gain quy Iny puisse advenir, ou par hayne ou courroux qu'elle ayt contre personne qui vive. Henry Norreys :. Si ambiguës que fussent ces phrases, le mauvais vouloir des Anglais s’y faisait jour; ils n’attendaient qu'un moment favorable pour profiter de nos divisions. Déjà dans ce but des intelligences s'étaient nouées au Havre, et lorsque la conspiration sur laquelle l Record office, State papers, France, vol. XLIV._ — 109 — ils comptaient y fut découverte, leur flotte était en vue. Catherine de Médicis s'offensa des termes du message que lui avait remis Norris, mais elle enveloppa de miel sa remontrance. Voici la réponse que lui adressa Élisabeth : Quant je recepuis la derniere lettre, Madame, escripte de vostre main, je y veoiois ung present d'amour et offre d'amitié telle, que plus ne se pourroit souhaiter, ne plus ne scay desirer pour accompaigner, laquelle si ne la puis avancer, si est ce que, au pis aller, la veux accompaigner par aussy bons moyens que me se pourront presenter en vostre endroit, et si vous preniez en bonne part quelques indices de mon soing de vostre santé quant la maladie vous fascha, je m'esbahis bien fort de vostre soupçon que sembiez concevoir du message que dernierement mon am- bassadeur vous fit de ma part, qui me semble ne porta le moindre tes- moignage de la grande solicitude qui me tenoit de l'affliction de vostre esprit, lequel ne se peut bonnement reposer, quand la France, qui vous est si chere, est divisée en tant de parties. Et pourtant j'estois fort eston- née que, d'une pensée si sincere et de mots s1 plains, deust sortir ques- tion, comme aussi le langage que DENE que monstra m estoit estrange, tel que ne pense digne de ma pme, à qui je pense tant plus tost à par- donner pour avoir si bien usé de bonne memoire, en se souvenant si bien de sa lesson que dernierement il apprint, non que je crois que le Roy ou vous lui fussiez m“ d’escholle (comme vous supplie croire }, mais je nignore, Madame, ne vous desplaise, de quelle boutique telles drogues sortoient. On parle souvent de moy comme les chasseurs qui divisent la peau du loup, premier que d'avoir le corps; mais il me chaut si peu d'eux et de leur malice que rido nella manicha per udir le loro ciancie, et veois quil fault quilz payent le double pour avoir compté sans leur hoste, en faisant leur triomphe davant la victoire. Voyez, Ma- dame, jusques où me tire la colere, me faisant esgarer du premier, chemin que je lprins, qui fust de vous prier croire que le Roy, ne vous n'aurez oncques cause de m'accuser d'avoir failli en ceste bonne course que j'ay commencée, sans que je soye irritée par Lrop mauvais moyens, qui me toucheront en seureté ou en honneur, les quels ne se pourront faire sans que jy respondé, car je ne suis si outrecuidante que je crois telle- ment de ce mien paisible gouvernement (dont en toute reverence je luy rende humbles graces à qui c'est deu) que la securité d'iceluy me face si endormie, que ne face provision pour quelque accident qui me pourra esveiller. Je ne suis de ces gens qui ouvrent la bouche en attendant que Dieu leur envoye à manger. Jà, à Dieu ne plaise, que je n'usasse les bons moyens que Dieu m'a donné pour obvier et aller au devant mes malheurs, comme j'espere que vous mesme, comme ma très-bonne sœur, me — 110 — souhaitez, à laquelle je me recommande, comme à qui tout bien avec longue santé je desire. Votre bonne sœur et cousine, ELISABETH !. Notre nouvel ambassadeur à Londres, L.amothe-Fénelon, se trouvait donc ainsi dans la même situation que Paul de Foix, en 1962; 1l se plaignait journellement de faits notoires d'inter- vention, mais nous nous bornerons à une seule citation : L'ambassadeur de France desire que la Majesté de la Royne d'An- gleterre luy face scavoir quelle satisfaction il pourra donner à leurs Majestés très-chrestiennes du voyage que le cappitaine m° Oynter* a faict à la Rochelle et de ce qu'il a secouru le prince de Condé de poudres, d'artillerie, de munitions de guerre et d'argent, là ou le dict ambassadeur, sur la parole de sa dicte Majesté, a nagueres escript au Roy, son seigneur, qu elle n’avoit envoyé le dict mestre Oynter ny ses navires que pour assurer la navigation de ses subiects. Et qu'est ce qu'il respondra aussi à leurs Majestés très-chrestiennes sur ce que les prinses qui se font en mer, sur les subjects du Roy, et les preneurs dicelles se retirent es ports d'Angleterre et sortent des mesmes ports quant ils vont executer leurs entreprinses. Que ayant le dict ambassadeur entendu par un poure marinier fran- çoys avoir esié depesché commission de sa dicte Majesté au pays d'Ouest d’arrester touts les navires françoys qui y aborderont jusques à la valeur et concurrence de certaines prinses qu'aucungs Anglois et Irlandois se pleignent leur avoir esté faictes par les Bretons, des quelles ils disent n'avoir peu avoir justice en France, remonsire le dict ambassadeur que telles façons de proceder seroient contre l’ordre prescript par les trestés de paix, et dont est raysonnable que la dicte commission, si elle est de- peschée soyt revoquée, et qu'on ayt recours aux voyes ordinaires de la justice, comme en tel cas est acoustumé. Qu'il a charge de supplier la Majesté de la dicte dame de faire en- voÿer à la royne d'Escoce, sa bonne soeur, la communication de tout ce qu'aulcungs Escoucoys ses subiects ont dict et produyt contre elle, affin que, pour son innocence et justification, eile leur responde au mesme lieu, où ils l'ont defferée , et que sa Majesté ne permette opprimer soubs son authorité l'honneur, la personne, ny l'Estat de ceste princesse, que l Record office, State papers, France, vol. XLIV. (Copie du temps imédite. Woy. Correspondance de Lamothe-Fénelon.) ? Voy. Correspondance de La Mothe-Fénélon , la lettre où 1 annonce le départ de la flotte de l'amiral Ointer, t. I, p. 44. — Ill — Dieu a envoyée à recours à elle, comme au plus prochain trone royal, qu'il a estably près de l’Escoce, pour reprimer semblables injures et injustices, quant elles adviendront, ayant le dict ambassadeur commande- ment de leurs Majestés très-chrestiennes de la pryer très-instamment qu'elle veuille si bien pourvoir au faict de la dicte royne d'Escoce, qu'elle n'ayt besoing d'aucung autre secours, que du sien, pour estre remise en son Éstat et grandeur, comme la dicte royne d'Escoce leur a fait entendre que sa dicte Majesté le luy avoit promis; et ils esperent que, pour la compassion de sa necessité presante et pour l'obligation du prechein parantage, qui est entre elles deux, sa dicte Majesté l'accom- plira, le quel secours s'ils voyoient deffaillir à la dicte dame, ils s’esfor- ceroient, nonobstant leurs presans affaires, donner remede à ceulx de la dicte dame, et leur semble qu'il seroit bon pendant que sa dicte Majesté a icy dans son pays les principales personnes interessées en ceste cause, qu'elle ne permist qu'ils s'en retournassent, sans qu'elle heut accomodé le dict affaire, car ce ne sera que recommencement de troubles et de guerre, aussi tost qu'ils seront en leur pays. Et quil plaise à sa Majesté faire trouver ce garçon, qui a donné moyen à la dicte dame de sortir hors de la prison où elle estoit, lequel aucungs ont enlevé, pendant qu'il estoit en ceste court, n'ayant merité le bon acte de bon et fidelle subiect qu'il a faict envers sa royne qu'il reçoive autre chose que faveur et bon trettement de touts les princes de la terre. Qu'il soyt aussi le plaisir de sa dicte Majesté permettre que le dict am- bassadeur puysse envoyer ses gens et paquets au Roy, son seigneur, avec semblable liberté qu'auparavant, sans sauf conduys, ny passeports, et que les ports et passaiges de ce royaulme soient de seur accès et ou- verts aux subiectz du Roy, son dict seigneur, pour aller et venir en France. Le dict ambassadeur supplye très-humblement la dicte dame, ne trouver mauvais qu'il la supplye touchant l'ambassadeur d'Espaigne par ce que telles personnes, pour rayson de la charge, luy sont en re- commandation, qu'elle vueille avoir esgard à ce, que des puys le temps que Dieu a estably les roys, princes, potentats et republiques au monde , les ambassadeurs ont esté tous jours respectés et leurs personnes de- meurées intactes; mesmes au milieu des plus aspres guerres l'on a eu esgard de ne toucher à eulx ny tretter leurs personnes que bien fort honorablement, et que c'est luy cy a esté accepté de sa Majesté pour ambassadeur du roy son meistre, sur les lettres de sa legation, non qu'il ayt prié ny faict prier d'en parler, mais qu'ainsi le requiert le pareil office, qu'ils ont tous deux par de çà et qu'il luy soit par sa dicte Ma- jesté donné licence de le visiter une foys la sepimaine, aulmoings en presence de ceulx qui sont commis à le garder, — 112 — Qu'il plaise à sa dicte Majesté mander à monsieur le marquis de Win- cester de ne fere plus de difficulté de bailler au dict ambassadeur de France lettre d'exemption de l'impost du vin françois, quand il 1a luy envoyera demander pour telle quantité qu'il scait l'avoir tous jours oc- troyée aux autres ambassadeurs du Roy, ses predecesseurs, les quels, dès le commencement, sont tous jours demeurés exempts du dict impost”. Pour justifier les craintes de notre ambassadeur il nous suffira d'indiquer en quels termes étaient les chefs protestants avec Céecil. Voici ce que lui écrivait le prince de Condé: Monsieur Cecill, le plaisir et faveur que nous avons receu de vous à toutes occasions qui se sont cy devant presentées d'employer vostre credit pour nous envers la royne d'Angleterre, nous ont faict espoir que, à coup et en ce temps, auquel il semble que tous les ennemys de la religion reformée ayant conjointement complotté et conjuré la ruyne d’icelle, vous continuerez ceste bonne affection et volunté envers nous, à quoy nous n'avons esté trompé, si ce n'est d'une chose, scavoir est : que nous ne pouvions ni devions, pour le peu de moyen que nous avons eu de prendre notre revanche du passé esperer la moindre partie des bons et favorables offices qu'il vous a pleu nous despartir envers sa Majesté pour obtenir le secours et assistance que nous luy avons demandé en ces derniers troubles, et dont monsieur de Stuard nous a faict bien par- ticulierement et au long le recit. Dieu, qui est la remuneration de telles et si sainctes œuvres, le vous rendra en son Paradis. De notre part nous vous prions croire quil ne se presentera onques occasion de re- congnoistre ce plaisir faist si bien à propos que nous ne l'acceptions de la mesme franchise et affection, dont nous scavons que vous usez envers nous. Et sur ce, après vous avoir presenté ma très-affectionnée recom- mandation, je prieray le Createur vous tenir, monsieur Cecill, en sa saincte garde. De Thouars en Poitou, le dernier de decembre 1566. Votre bien affectionné et obligé amy, Loys pe BourBoN*. Voici une lettre. encore plus explicite de Jeanne d’Albret à Cécil (16 janvier 1569) : | Monsieur Cecil, si la haste de celuy que monsieur le Prince, mon l Record office, State papers, France, vol. XLIV. (Note du temps.) Cette lettre est de la fin de décembre 1568. | ? Record office, State papers, France, vol. XLIV. (Original.) Sd — 113 — frere, et mon filz ont dernierement envoyé en Angleterre, le vent, la mer et le temps opportun qu'il avoit pour partir de ceste ville et s'em- barquer m'eussent donné le loisir de mettre la main à la plume, comme à present j'en ay la commodité par monsieur de Douet, present porteur, Je vous eusse fait entendre l'ayse, jJoye et contentement que nous avons receu de par deçà, et moy particulierement, du zele et affection duquel nous avons sceu et congneu par son tesmoignage que les plus grans de par delà, et vous entre les aultres vous vous employez pour le bon se- cours et defense à la cause de la religion que nous soustenons et pour vous prier de croire que, pour la recoignoissance de voz bonnes volontés et offices, oultre ce que Dieu, qui est le chef de nostre cause et le grand remunerateur, vous scaura bien rendre et recompenser le merite de voz bonnes actions, je n'espargneray en ce monde chose qui soit en ma puissance pour vous faire cognoistre de combien j'ay en affection les personnes qui s'emploient pour la cause de Dieu, lequel je supplie, Monsieur Cecile, vous avoir en sa saincte garde. Monsieur Cecil, nous qui sommes joints à ceste cause vous sommes bien fort obligés de la bonne volonté que portez, vous priant vous y employer tousjours de plus en plus, et en mon particulier croire que je desire recognoistre et de bon cœur vostre saincte affection; je vous prie aussi que je soye recommandé à vostre belle sœur’ qui vint en France, et qui est une de mes bonnes amies. Vostre bien bonne amie, JEHANNE °. à Maintenant voyons ce qu'on pensait en Allemagne de la prise d'armes des protestants; une lettre de l'empereur à elle seule va nous faire bien apprécier la disposition des esprits : La Majesté Cesarée de l'Empereur, notre très-heureux maistre et sou- verain, a entendu très-volontiers ce que luy a esté dernierement rap- porté par l'ambassadeur du très-chrestien Roy de France de la part du dict seigneur Roy, ayant esté bien fasché d'avoir entendu l'infortune au quel il avoit esté (pour la singuliere et fraternelle amitié qu'il luy porte), ayant au contraire eu byen agreable quant il a ouy dire au dict ambas- sadeur quil se porte bien mieulx, de quoy ilse resjouist avec luy et luy desire à l'advenir très-bonne santé avec heureux succès de ses affaires. Et quant à ce qu'a dict le dict ambassadeur de l'insolance de quelques subiects du dit Roy très-chrestien qui, outre leur desobeissance, ont con- trevenu et violé non seulement les traictés, mais aussy les edicts publiés ! Une des quatre filles de sir Antony Kooke, précepteur d'Edouard VF. 2? Record office, State papers, France, vol. XLV. (Original) MISS. SCIENT, — II. S — 114 — en son royaulme, et mesme le prince de Condé, lequel jusques à pre- sent ne s'est presenté au diet Roy pour luy offrir le debvoir et service auquel il est tenu, mais au contraire, assisté de ses complices princi- paulx, s'est efforcé de practiquer nouvelles occasions de guerre; et que le dict Roy auroit esté contraint, pour telles esmeutes et odieuses entre- prinses, s'armer contre le dict prince, ses associés et autres de leur reli- gion, afin de les chasser hors de son royaulme et restablir et remettre en icelluy l'exercice de la seule religion catolique, sa dicte Majesté ne peult nier qu'aiant entendu cella, elle n’aist esté grandement estonnée, comme cest une chose bien pitoiable de veoir un royaume si floris- sant tomber de recheff en la calamité de ia quelle il s’estoit retiré depuis peu de temps avec grande peine, et qu'il est assez manifeste, non seule- ment par les exemples des anciens, mais par les modernes qui sont ad- venus de nostre temps en plusieurs lieux, combien les guerres civiles des princes et subiects ont été pernicieuses à toutes republiques. Et partant sa dicte Majesté Cesarée, comme Empereur de la chrestienté, ama- teur de la paix et repos publicq, desire ryen plus que de veoir toutes choses entretenues et conservées en bonne tranquillité et repos sans que le sang des chrestiens y soyt plus respandu, aians esté desia si travaillés par les armes et entreprinses des infideles qu'il n'est pas de besoing les augmenter et affliger davantage par guerres civiles. Et pense ver itablement sa dicte Majesté Cesarée, le Roy très-chrestien avoyr heu grandes et importantes occasions pour entrer en ceste nou- velle guerre avec ses subiects, et avoyr longuement consideré , avant que d'entreprendre une chose qui luy est d’une si grande importance, de sorte que sa dicte Majesté Cesarée pense que seroyt superflu d'alleguer les raisons d'une telle entreprinse et que l’on pourroit dire qu'elle voul- droyt donner la loÿ et prescripre les moiens de ce que se faict en son royaulme, toutes fois ne peult en tout celer ce qu'elle en scait et desire : c'est à scavoir, que sa dicte Majesté trouveroit expedient et très-utile que l'on usasse des moiens qui sont propres pour espargner le sang des chrestiens et remettre une bonne paix, et mutuelle amityé entre le Roy et ses subiects, afin que ce royaume estant restably en sa premiere tranquillité, le Roy fust soulagé des grandes peines et fascheries qui le travaillent, en quoy, si Sa Majesté Cesarée luy peult ayder et faire quelque bon offre, Elle sera tous jours preste de s'employer de bonne volonté; mais affin de ne rapporter particulierement en ce lieu les dan- gers et incommodités que les troubles de France peuvent äpporter à toute la republique chrestienne, qu il seroyt toutes fois besoing de sca- voyr, sa dicte Majesté Cesarée craint grandement que la guerre, laquelle on dict estre faicte contre les edicts nouveaux, lesquels premierement par les très-chrestiens Roys de France Henry et François et depuis par le Roy ont esté publiés touchant la religion, n'attire avec soy de — 115 — grands maulx, ruines et deplorations au royaulme de France, d'autant mesmes qu'en tous endroits, où le bruit a courru, l’on parle en mauvaise part tant du Roy que de ses principaulx ministres et conseillers, dont il est facile de juger qu'ouitre la royne d'Angleterre, de laquelle le dict Roy a cogneu la volonté par la declaration qu'en a faicte son ambassa- deur, il y aura plusieurs aultres princes qui ne sont pas de petite con- dition , lesquels, non seulement de faveur et bonne volonté les favorise- ront, mais aussy les aideront de tous les moiens qui seront en leur puissance pour la comuniaulté de la cause qui est entre eulx, emploie- ront pour eulx tous les moiens qui seront en leur puissance, cognois- sans que la cause leur est commune avec eulx. Et les hommes estant ainsy aigris et bandés, sa dicte Majesté Cesarée ne vouldroit point que le Roy puisse esperer aucun service Ou CoMmMO- dité de secours qu'il luy demande et faveur pour faire lever gens de guerre en Allemagne, quand il en sera besoing, ne generallement de toutes les forces dont le dict Roy penseroit maintenant s'aider. Encores estre comme chose bien plus difficile que le dict Roy très- chrestien en second lieu demande à sa dicte Majesté que, par son authorité, Elle empesche qu'il ne vienne d'Allemagne aucun secours de gens de chevall ou de pied pour favoriser ses subiects qui portent les armes contre luy, car sy sa dicte Majesté avecque toutte diligence et bonne volonté n'a peu empescher en l'année derniere, lors que l'occasion de la guerre estoit plus favorabie, que plusieurs compaignies de gens de cheval et de pied ne soient sortys d'Allemagne pour aller secourir ceulx qui avoient prins les armes contre le dict Ro que pourroyt maintenant ferre sa dicte Majesté, ayant esté publiée et proposée une autre occasion qui est bien plus odieuse et que plusieurs pensent avoyr communauté avec- ques les subiects du dict Roy, mais bien au contraire, si sa dicte Majesté s'oppose à ceux qui favorisent ses dicts subiects et leur defend de mener leurs troupes en France, il seroit à craindre qu'il ne fust accusé de ferre contre la liberté de la Germanie. Ainsi seroit chose qui ne seroyt point prouffitable au dict Rov et qui mettroyt les subiects de sa dicte Ma- jesté Cesarée en mauvaise opinion et le feroit soupsonner qu'elle seroit participante à ceste guerre, negligeant les choses que sa dicte Majesté avoyt à considerer en ceste occasion, lesquelles elle ne veult pas laisser passer ne faillir en ryen qui depende du debvoyr de son Empire. Pour ce que sa dicte Majesté a pensé qu'elle feroit chose digne de sa bonté et de la fraternelle amityé qu'elle porte au Roy très-chrestien, si elle luy faisoyt entendre la grañdeur et importance de ceste affaire avec son advis sur ce, aussy comme cella procede et vient d'un bon cœur amateur du dict Roy très-chrestien et qui ha en singuliere recommanda- tion la paix et commodité publique, semblablement sa dicte Majesté espere que le dict Roy prendra ces choses en bonne part, comme aussy v O'. — 116 — elle desire infiniment que le dict Roy puisse gouverner son royaume avec toutte tranquillité et tout le contentement qu'il desire. Faict à Vienne, le xvij° jour d'octobre 1568 !. De part et d'autre on cherchait à augmenter ses forces; mais si, à prix d'argent, on s'arrachait les Allemands, c’est encore sur les propres ressources de la France que l’on comptait le plus; le duc de Savoie fit à ce sujet une proposition dont une copie est venue au Recor doffice, et dont voici l'analyse : I y a en France quatre-vingt-seize évêchés et seize archevé- chés; il n’en veut prendre pour le moment que vingt et un : Paris, Meaux, Senlis, Beauvais, Amiens, Soissons, Noyon, Laon, Reims, Châlons, Langres, Troyes, Auxerre, Sens, Bourges, Or- léans, Tours, Chartres, Évreux, Rouen, Lisieux. On peut en tirer 42,000 hommes de pied combattants, sars toucher aux villes, ne prenant qu'un homme par village. Fran- cois [* en trouva plus de 4,000 rien que dans le diocèse de Paris, le plus petit de tous. Chaque village équipera, armera un homme, et payera 10 livres par mois pour la solde du dit homme qui n'aura plus à vivre sur le bonhomme. Les maires et marguilliers des villages avanceront le payement pour deux mois. Les villages par ce moyen seront quittes de nourrir les soldats qui passent. Le roi leur fera baïller des capitaines avec quelque nombre de vieux soldats pour les faconner?. Dans les premiers jours de janvier, les chefs protestants en- voyèrent M. de Vezins en Allemagne et, comme il devait passer par Londres, le prince de Condé écrivit à Élisabeth pour lui rendre compte du progrès de leurs armes : Madame, l'asseurance que j'ay que ne trouverez mauvais la hardiesse que je prends de vous faire le plus souvent qu'il m'est possible entendre des nouvelles de ceste guerre, à cette fin que vostre Majesté cognoisse que, graces à Dieu, nos affaires vont de bien en mieux, m asseurant que prendrez plaisir à les voir prosperer, nous tenant pour tout asseurés que les faveurs que avez accoustumé de baïller à ceulx qui en ont besoin pour soustenir choses saincles et bonnes nous seront accordées de vostre Majesté, la connaissance que vous avez de nostre innocence, de ce qui nous est mis à faulte contre nostre Roy, nous licenciera d'en faire long discours qui sera cause, Madame, que finiray ceste lettre pour suppher ! Record office, State papers, France, vol. XLIV. (Copie du temps.) 2 Record office, State papers , France, vol. XLVI. (Copie du temps.) Tr — très humblement vostre Majesté qu'il lui plaise tant nous favoriser que de vouloir voir ce que M. de Vezins vous dira de ma part, priant Dieu, Madame, vous tenir en sa saincte garde. D'Angers, le 1° jour de janvier 1569. Louis pe BourBox!. Coligny remit aussi à Vezins une lettre pour Élisabeth : Madame, encore que vostre Majesté aye esté amplement advertie de l'estat des affaires de par de çà par la depesche que la royne de Na- varre et messeigneurs les princes de Navarre et de Condé luy ont faicte par le sieur de Douay, et que depuis il ne soit pas survenu grand chose, si est-ce ce qu estant le sieur de Vezins dépesché devers les princes en Ale- maigne, je n ay voulu faillir avecques ceste bonne occasion à faire ce mot de lettre à vostre Majesté pour la supplier très-humblement de vouloir avecques sa puissance considerer l'estat calamiteux de ce temps et y apporter les remedes telz qu'il a pleu à Dieu luy donner et, pour ce qu'elle pourra estre informée de ce qui se presente par le sieur de Vezins, je ne l'ennuieray point d'une plus longue lettre et supplieray seulement nostre Seigneur, Madame, donner à vostre Majesté en santé heureuse et très-longue vie, et lavoir en sa saincte garde et protection. De Niort, ce 1° de fevrier 1569. Vostre très humble et très obeissant serviteur, CHASTILLON*. C'est surtout auprès du marquis de Brandebourg que Vezins avait mission d'agir; il emportait deux lettres pour lui, l’une de d’Andelot, l’autre de Jeanne d’Albret; nous les avons copiées, il y a bien des années, aux archives de Berlin, et leur place est ici : Monseigneur, encores que vous avez esté bien peu adverty de noz af- faires, d'aultant que nos ennemys font coustume de publier et advancer toutes sortes de mensonges et calompnies a nostre desadvantage pour nous rendre odieux à tout le monde, et que par ce moien il pourroit estre parvenu jusques à vous beaucoup de choses bien esloignées de la verité, le sieur de Vezins, present porteur, a esté depesché vers vous pour le vous faire entendre au vray; il est gentilhomme aultant recommandable par ses vertus que par sa suffisance et fidelité qu'aultre qu'on eut peu choisir, et lequel le sçcaura si bien faire tant pour y avoir bonne et ample instruction que pour avoir toujours esté present à tout ce qui s'est faict ! Record office, Stale papers, France, vol. XLV. (Autographe.) 2 Record office, State papers, France, vol. XLV. (Autographe. ) — 118 — jusqu'icy que je ne m'estendray point à vous en faire le discours par ceste lettre, seulement je vous supplieray , Monseigneur, le vouloir croire de ce qu'il vous dira et y adjouster foy comme à moy-mesmes qui pour la fin presenteray mes très humbles recommandations à vostre bonne grace et prieray Dieu, Monseigneur, vous donner en toute prosperité très longue et très heureuse vie. Escript à Nyort, le xxx° jour de janvier 1560. Vostre très humble et obeissant serviteur, ANDELOT :. Monsieur mon cousin, d'aultant que par la charge et instruction que monsieur ie prince de Condé, mon frere, moy et mon filz le Prince avons doné au sieur de Vezins, gentilhomme d'honneur et de qualité et present porteur que nous envoions devers vous et autres princes et seigneurs de la Germanie qui, par la grace de Dieu, portez le sainct et entier zele que nous avons commun avec vous à l'advancement de ia gloire de Dieu et le regne de nostre Seigneur Jesus-Christ, vous enten- drez bien particulierement et au vray l'estat des affaires que maintenant nous avons en main pour empescher ies effetz de la conspiration que les plus grands princes et potentats de la chrestienté, qui sont encores sous le joug et servitude du pape, ont faict d'aneantir et ruyner generallement ious ceulx qui, par la grace de Dieu, sommes distraitz de l'Anté-Christ romain et l'avons abandonné pour suivre la pure doctrine de l'Evangille. Cela 'faira que, par ceste mienne lettre, je ne vous en feray autre recit, seulement vous prieray, Monsieur mon cousin, voir le dict sieur de Ve- zins et vouloir entendre de luy les moyens et remedes quil semble à ceste compagnie plus propres et asseurés pour s'opposer et resister magna- nimement et constamment aux malheureuses et cruelles entreprises des conjurés ennemys de Dieu et traistres à ceste noble couronne, de laquelle ils ont receu tant de biens et honneurs. La conspiration et dessein des- quelz avec leur ligue papistique ne tend pas à moins qu à l'entier anean- tissement du cours du saint Evangille de nostre Seigneur, seul Sauveur, et par leur insatiable ambition à la totale ruyne des vies, biens et estats de tous ceulx qui en font profession, sans nulz en excepter. Ainsi, Mon- sieur mon cousin, ayant ouy le dict sieur de Vezins et bien pesé et con- sideré sa charge, je vous prie faire, en ceste part, ce que nous esperons de vous en une si sancte et legitime cause, et vous fairez en cela une œuvre vraiment digne de chrestien, comme vous l'estes, très agreable à Dieu et honorable à nous et à vostre posterité à jamais. Vous ouÿrez donc, s'il vous plaist, le sieur de Vezins, et le croirez comme vous vour- ! Archives de Berlin, original signe. — 119 — driez fayre moy-mesme qui supplie le Createur vous donner, Monsieur mon cousin, honneur et longue vie. De Nyort, le dernier jour de janvier 1569. Vostre bien bonne amie, JEHANNE ! Le mois de janvier ne fut marqué par aucun mouvement mili- taire important; des deux côtés on attendait l’arrivée des Allemands ; on s'observait, on se préparait. Dans les premiers jours de février Coligny était à Niort; c’est de ce lieu que, de concert avec les deux princes de Condé et de Navarre il écrit au prince d'Orange : Monsieur mon cousin, nous avons entendu que on a commencé vous tenir propos de paix et d’aultant que nous scavons au vray que c'est un moyen par lequel nos ennemis veulent empescher ou retarder le secours qu'il vous plaist nous donner, nous vous prions ne vous arrester à ces beaux langages que le cardinal de Lorraine et ses adherens font mettre en avant pour vous tromper et circumyenir, et vous acheminer le plus diligemment qu'il vous sera possible au passaige de la riviere de Loire, où estant nous aurons moyen de nous joindre avec vous pour nous rendre maistre de nos ennemis, et nous leur baillerons telle loy que nous voul- drons et que nous cognoissons estre necessaire pour vivre cy-après en seureté et repos de conscience, vous priant, Monsieur mon cousin, croire qu'il n’y a aucun moyen d'y pourvoir que par une bonne et avantageuse victoire, et après ce que nous aurons reduit nos ennemis à tel point et exttremité qu'ilz puissent toucher au doigt qu'il ny a moyen de nous pouvoir resister, ce quilz sentiront et recognoistront tous en brief et aussitost que nous nous serons joints tous ensemble, et sur ce, faisant fin à la presente par mes bien humbles recommandations à vos bonnes graces et priant le Createur vous tenir en sa saincte garde. De Niort, le 10 fevrier 1569. Vos plus affectionnez cousins, Henry, Loys DE BoURrBoN. Messeigneurs les Princes mont commandé de me signer à ce bout de lettre. CHASTILLON ° 1 Archives de Berlin. 2 Record office , State papers , France, vol. XLV. (Copie du temps.) Voy. Lettre écrite par les princes de Navarre et de Conde aux gentilshommes qui servent dans l'armée du prince d'Orange; appendice de l'Histoire des princes de Condé par le duc d’'Aumale, t. I, p. 380. — 120 — Le même jour, Coligny, Condé et Henri de Navarre pressaient le duc des Deux-Ponts de hâter sa marche et de venir droit à la Loire : Monsieur mon cousin, nous vous avons prié par plusieurs lettres et despesches vous en venir droict à la riviere de Loire pour favoriser nostre passage, et parce que nous sommes advertis que nos ennemis, sous pre- texte de quelque propos de paix, taschent d'empescher ou retarder le se- cours qu'il vous plaist nous donner, nous avons bien voulu vous faire ceste recharge pour vous prier croire qu'il n'y a moyen d'acquerir seureté et repos que par une bonne advantageuse victoire, laquelle nos ennemis cognoissent bien ne pouvoir empescher, si Dieu nous fait la grace d'estre unis et joints ensemble ; à ceste cause nous vous prions encores un coup vous approcher de la riviere de Loire, en tant de diligence, où ne faul- drons vous aller trouver et, esperant que ce sera en brief, nous ferons fin à la presente par nos humbles recommandations et priant Dieu vous avoir en sa saincte garde. De Niort, le 11 fevrier 1569. Vos affectionnez et parfaits amys, Hexry, Loys DE BouRBON. Messeigneurs les Princes m'ont commandé me signer à ce bout. CHASTILLON :. Le 19 février, nouvelle lettre de Coligny à Genlis datée de Saint- Maixent : il a recu de ses nouvelles et le prie de continuer à écrire; on le tiendra au courant des événements ?. Le plan de Condé et de Coligny c'était de gagner le Quercy et d'aller y chercher les vicomtes, puisqu'ils ne voulaient pas venir à eux, afin de s'ouvrir tous ensemble le chemin de la haute Loire, où se ferait la jonction avec les Allemands; mais l'armée catho- lique, bien dirigée par Tavannes, et qui avait l’ordre de combattre à tout prix avant l’arrivée du duc des Deux-Ponts, les gagna de vitesse, s'empara de Châteauneuf, dans la nuit du 12 au 13 mars passa la Charente, et le 13 livra la bataille de Jarnac où Condé laissa sa vie. I en fut de cette bataille comme de celle de Dreux; chaque ! Nouvelle lettre du xx; Record office, State papers , France, vol. XLV. ([m- primée dans l'appendice de THistotre des princes de Condé; t. 11, p. 382.) ? Record office, State papers, France,‘ vol. XLV. — 121 — parti la raconta à sa manière; le duc d'Anjou en fit un long récit pour le roi, son frère, et pour la reine mère!. Voici la version protestante, et c'est Henri de Navarre qui nous la donne : Messieurs mes cousins, ce mot de lettre sera seulement pour vous donner advis que, nos ennemis s’estant saisis d’un passage de riviere qui nous est grandement prejudiciable et voulant empescher qu'ilz y puissent dresser ponts et basteaux pour se rendre maistres du tout, comme c’estoit leur intention, ayant nos forces de cavalerie separées el sans aucun de nos gens de pied, ni nostre artillerie, nous fusmes chargés à l’improviste de toute leur armée, tant de Francois que d’estrangers qu'ilz ont avec eux, mais graces à Dieu, la perte n'a point esté si grande, comme nous scavons qu'ilz le disent et publient; nous ne serons du tout afloiblis, mais ce que nous regrettons le plus, c'est que monsieur le Prince, mon oncle, ayant esté fait prisonnier, a esté depuis par les ditz ennemis cruel- lement et mhumainement occis, et pour ce que nous ne faisons doubte que nos ditz ennemis ne fassent courir beaucoup de bruits qu'ilz nous ont deefaits et endommaigés beaucoup plus qu'ilz n'ont fait, et que cela pourroit apporter quelque effroi et estonnement à ceulx qui ont ceste vo- lonté et ce desir de nous servir, nous vous avons incontinent depesché ce porteur pour vous prier de n'adjouster foy aux bruits que nos ennemis feront courir, vous asseurant que nous avons envoié de bonnes et grandes forces pour vous joindre qui sont en aussi bonne volonté qu'elles feront paroistre de ne se departir et plus tost mourir tous, quoique tous les de- sastres du monde fussent tombés sur nos testes, que nous ne voyons le service de Dieu restabli en ce royaume, et seulement que vous usiez de la plus grande diligence que vous pourrez pour vous approcher de nous, comme nous nous asseurons bien que vous ferez, qui me gardera de vous faire plus longue lettre, priant Dieu, Messieurs mes cousins, vous tenir en sa saimcte garde. De Saint-Jean d'Angely, 17 mars 1569. Vostre bon cousin et affectionné amy, HExRY. Monseigneur le Prince nous à commandé de mettre ici nos signatures. CHASTILLON, ÂNDELOT. Le comte de la Rochefoucault en eust fait autant, mais on l'a envoyé à la Rochelle *?. ! Le Record office en conserve une copie. ? Record office, State papers, France, vol. XLV. (Copie. ) — 122 — Il fallait également rassurer Elisabeth sur les conséquences de la bataille de Jarnac; c'est Jeanne d’Albret qui s’en chargea : Monsieur Cecill, je ne doubte nullement que noz ennemis ne facent publier partout avec le plus grand avantaige qu'ilz pourront tout le con- traire de ce qui s’est passé à la rencontre faicte des deux armées le xur de ce present mois: mais desirant que les choses soient racontées au VraYÿ comme elles sont, ceste occasion a faict que mon filz et moy avons de- pesché devers la Royne , vostre souveraine, le sieur de Puch de Pardaillan, gentilhomme d'honneur et de qualité, et mareschal de camp de l'armée sous la conduite de mon dict fiz, sur la suffisance duquel me remettant à vous discourir ce qui en est, pour l’asseurance que j'ay qu'il est digne de foy, je ne vous en feray pour ce regard ma lettre plus longue; bien vous prierai-je, Monsieur Cecill, que pour plus aisement obtenir le se- cours et assistance que nous requerons de sa Majesté en une si juste et legitime cause, que vous veuillez continuer la bonne affection que vous y portez et ne vous espargner à faire tout ce qu'il vous sera possible pour favoriser nostre demande de tous les moyens que je scais que vous avez, et dont je me suis desjà appercue en ce que nous avons eu à negocier envers sa dicte Majesté , esperant qu oultre que vous ferez en cet endroict in fort bon office qui sera agreable à Dieu, pour la querelle duquel nous avons deliberé tant grans que petits n ‘espargner biens, ni vie +. son pur service ne soit, selon sa saincte parole, maintenu et conservé en ce royaume, pour la liberté de noz consciences contre la mauvaise volonté et animosité des ennemis et perturbateurs du bien et repos d'iceluy, que le plaisir que vous nous ferez particulierement vous sera recogneu, s’of- frant quelque bonne occasion, et lorsque me vouldrez emploier d'aussi bon cueur que je supplie le Createur, Monsieur Cecill, vous tenir en sa saincte garde. De la Rochelle, ce xx] mars 1569. De sa main : Je vous prie que mon filz, qui à ce commencement d’af- faires a besoin d'avoir des amis, vous trouve tel que luy et moy vous se- rons, et vous prie asseurer tousjours à la Royne, vostre maistresse, que, obligeant un tel serviteur comme mon filz, elle en tirera avec l'age et le temps quelque bon service. JEHANNE ‘ De son côlé le duc d'Anjou ayant annoncé sa victoire à Elisa- beth, il y a intérêt à connaître la réponse qu'elle lui fit : Monseigneur, deux jours passés, vos lettres faisant mention d'un es- cripteau qu'avons ensemble receu, nous ont esté baïllées par l'ambassa- 1 Record offices, Slate papers, France, vol. XLV. (Autographe.) — 125 — deur icy resident, dont nous avez voulu faire entendre comment une victoire, le treiziesme jour de mars, a esté par vous gaignée sur le prince de Condé qui aussi y meurt, par laquelle :l ei qu'on attend de nous une resjouissance. En premier lieu vous remercions de la bonne souvenance qu'aviez eue de nous, de nous en mander sitost des nouvelles en temps tant brouillé des grandes affaires dont, de necessité, la charge en est à vous; or nous nous en resjouirons en {ant que pourrons cy après voir à l'œil que, par effusion de tant de sang chrestien, le Roy nostre bon frere en pourra gaigner une parfaite obeissance à l'endroit de ses subjelz (comme de raison), tant de cœur que de corps, car autrement ces vic- toires nous semblent tant seulement se pouvoir ainsi nommer par titre et non par fait. Ce qui nous est souvent venu en consideration, ayant esgard aux très miserables guerres civiles, auxquelies nous craignons qu on est si soigneux plustost à faire des menées pour en nourrir et entretenir la haine civile, dont beaucoup de sang, non seulement de pauvres gens, mais aussi de ses propres et plus proches parens en soit espandu, que à paciher les troubles et apaiser les differens et discordes, car autrement nous croyons que le Roy nostre bon frere, ni la Reyne sa mere eussent esté persuadés d’avoir accepté nos oïfres qui tendoient à en procurer un accord et pacification honorable entre ses subjets; au lieu de nous res- jouir de telles victoires nous ne nous scaurons abstenir d'exprimer (te- nant l'estat quavez) le regret qu'avons de voir les affaires de nostre bon frere tellement conduites et menées, qu'il en soit contraint de vous hasarder son plus proche et très cher frere, et d'employer vos printemps et verd age aux entreprises si dangereuses, que la victoire du quel costé qui vouldra, la perte, ruine et degast sera au sang de gens de vostre : propre pays, et puisqu'on n'a voulu ensuivre n1 accepter nostre bon avis, il fault que nous en remettions le remede à la providence de Dieu tout puissant, souhaitant du cœur tel accord, que en puisse jouir du repos nostre bon frere; à tant, nostre bon cousin, après vous avoir très affec- tueusement salué, nous prions le Createur vous guider et vous avoir en sa saincte garde. Donné à Westminster, le xva d'avril 1569. ÉLISABETH ! Coligny, craignant que M. de Pardaïllan, envoyé après la ba- taille de Jarnac en Angleterre, ne püt facilement y parvenir, pour plus de süreté fit partir peu après M. de Saint-Simon et le re- commanda à Cécil : Monsieur, encores que puis nagueres la royne de Navare et monsei- 1 Record office, State papers, France, vol, XLV. (Minute originale. ) — 124 — gneur le Prince son fils, ayant depesché par devers la Reyne, vostre maistresse, M° de Pardaillan, par lequel sa Majesté aura esté advertie de l’estat de nos affaires , toutesfois le doubte que nous faisons que peut estre que la dicte depesche ne soit si tost parvenue jusque à vous , comme nous desirons pour les perils, inconveniens et empeschemens qui peuvent ad- venir sur la mer, aussi qu'il est survenu nouvelles occurrences, dont nous asseurons que sa dicte Majesté sera très ayse d'estre advertie, nous n'avons voulu faillir de vous faire une recharge par M° de Saint-Simon, gentil- homme ordinaire de la chambre du Roy. La suflisance et integrité du quel m'empesche de vous faire ceste plus longue, sinon pour vous prier de le vouloir croire de ce qu'il vous dira de ma part, comme vous vou- driez faire moy mesmes, et pour me recommander bien affectueusement à vos bonnes graces, priant le Createur vous donner, Monsieur, avec les siennes très-sainctes, très-heureuse vie. À , ce vij* jour d'avril 1569. Votre entierement bon et affectionné amy, CHASTILLON ! De son côté, Henri de Navarre recommanda M. de Saint-Simon à Elisabeth : Madame, ne voulant pas faillir de vous tenir souvent et au vray ad- vertie de tout ce qui se passe entre nous et nos ennemys, et comme les affaires succedent de l'une et°de l'autre part, la Royne ma mere et moy et les principaulx seigneurs de ceste armée avons advisé de vous envoyer le s° de Saint-Symons, gentilhomme d'honneur et de qualité, present por- teur, bien instruit de l’estat de toutes choses survenues depuis l'expedition du s' de Pardaillan, lequel nous depeschames devers vous incontinent après la rencontre des deux armées qui fut le treiziesme jour du mois passé, vous suppliant bien humblement, Madame, le vouloir ouyr et croyre ce qu'il vous dira et remonstrera de nos parts, comme vouldriez faire moy mesmes, et nous continuer, en ceste saincte et iegitime cause, com- mune à tous les potentats et peuples professeurs de l'Evangile, dont, Madame, vous estes, par la grace de Dieu, avec ceulx qui luy a pleu de mettre soubs vostre subjection et puissance, une partie bien principale, la faveur et bonne volunté que nous avons jusque icy trouvées en vous, pour nous opposer constamment aux desseigns des conjurés ennemys de nostre Dieu et du repos publicq de toute la chrestienté; et quant il vous plaira tirer de moy le service que je vous desire faire, vous me trouverez tousjours aussi prest ét affectionné que de bien bon cœur pre- ! Record office, State papers } France, vol. XLV. (Original.) — 125 — sente mes très-humbles recommandations à vos bonnes graces, et supplie nostre Sauveur vous donner, Madame, en parfaicte santé très-heureuse et longue vie. De Xainctes, le vi° jour d'avril 15609. Votre très-humble et obeissant cousin, HExRY |. L’historien de la maison de Condé a publié à l’appendice plu- sieurs lettres de la veuve de Condé, Françoise d'Orléans; celle que nous donnons 1ci est inédite et datée de la Rochelle le 12 avril: Madame, esperant et desirant que mon arrivée en vostre royaulme ne soit mal agreable à vostre Majesté, comme j'entends que aulcuns se efforcent de la faire trouver estrange, oultre ce que je crois que monsieur de Pardaillan vous en peust avoir dit des premieres occasions de ma de- liberation , j en escrips à monsieur le comte de Lecestre, de la courtoisie du quel je prens confiance qu'il prendra la peine, pour l'amour de moy, d'en informer vostre Majesté, et m'asseure sur la clarté de vostre jugement que je cognois de tout temps que vous apercevrez bien que la resolution de mon partement est prinse longtemps devant le triste evenement de la perte que nous avons faict en la mort de monsieur le prince de Condé, et lors que l’armée estoit plus fleurissante et plaine d'assurance de re- cevoir renfort de toutes parts, nous envoiant lors les fleurs nous ne pou- vions, sans meriter d'estre taxés de peu de foi, esperer moins que en cueillir les fruits, et affin que je ne parle point devant vostre Majesté sans tesmoignage de ma conception et esperance, la lettre que j'escrivis à monsieur le secretaire Cecile, par le seigneur Winter de Unguibus Anglici Leonis, en fait bien apparoistre, à ceste heure que il a pleu à Dieu nous donner ung avertissement qui dit en lettres hierogliphicques : Qui stat videat ne cadal. Neantmoins je crois que vostre Majesté est bien avertie que, hors la reputation de la mort du prince de Condé, les ennemis n'ont point eu d'avantaige à conquerir pays ou villes, pourquoi ay-je esté contraint de chercher les pays estrangers, et s appercevra bien V. M. que, ceste mienne peregrination alant esté premierement entreprinse avec mes superieurs, despuis interrompue par eulx pour aulcunes considera- tions, il n’est de merveilles si je n’ay voulu laisser de la poursuivre pour mon plaisir particulier et pour jouir des arrerages de mariage trop lon- guement procrastiné à mon domage à ceste heure pour faire justice de moi mesmes precipitée, lorsque après avoir perdu beaucoup d'occasions, en atendant l'oportunité et reiglement de mes affaires domestiques, j'ay veu que la confusion des affaires publiques prolongeeit necessairement le 1 Record office, State papers, France, vol. XLV. (Original) = 2 desordre des miennes, si est ce que ceste esperance d'ung plaisir assai- sonné d'une petite pointe de despit non moins juste que le plaisir est legitime , m'a fait prendre une resolution , et devise conforme : Posui fine curis, spes et fortuna valele. Vostre Majesté en scaura bien juger si c'est justement, ou contre raison et en jugera (je m assure) par equanimité en contrepesant la supersticieuse severité de aulcungs critiques et ri- gorens envers aultres et par aventure trop indulgens envers soÿy mesmes. Madame, faisant fin, je supplieray votre Majesté me pardonner si je l'ay ennuyé de ce long propos de mes affaires, c'est pour ne demeurer en aulcune mauvaise opinion en vostre endroit, et prie Dieu qu'il me face la grace de arriver à la bonne heure en lieu que j'aye cest heur de baiser les mains de vostre Majesté ”. Les protestants avaient dans le cardinal de Châtillon un agent bien actif; le Record office a conservé toutes ses lettres; chaque jour il renouvelle ses demandes; c'est lui qui est le grand pour- voyeur de la Rochelle; il y envoie des vivres, de la poudre, des cuirs pour les chaussures des hommes d'armes. Obtenir de l'argent était plus difficile, Élisabeth tenant à de bonnes garanties; Coligny écrit à Cécil qu'ils ont envoyé à Londres par M. de Douet le plus de bijoux et de joyaux qu'ils ont pu rassembler, et il prie Cécil de leur faire prêter par la reine sur ces gages 20,000 livres. Henri de Navarre écrit également à Cécil : Monsieur Ceciile, encores que vous vous soyez desià par ci devant employé pour les affaires de ceste cause envers la Royne, si que il se presente aujourd huy une nouvelle occasion, à la quelle tous fideles chrestiens se doibvent employer, qui est, qu'estant en necessité de re- couvrer incontinant une grosse somme de deniers, la Royne, ma mere, et moy en supplions très-humblement la Royne, à ce qu'il luy plaise nous continuer son assistance d'une bonne somme de deniers, à ceste fin que ce nous soit ung moien et à toute la chrestieneté de parvenir à ung repos perpetuel, lequel ne nous peult manquer, selon l'apparance humaine, pourveu que chascun s'efforce d'ayder ung peu de ses moyens. À ceste fin, je vous supplie, qu'en nous continuant tousjours vostre bonne volonté, faire tant envers la Royne, qu'elle nous puisse secourir ou faire secourir d'une bonne somme de deniers, qu'il nous fault promiptement recouvrer pour bailler en une armée grande et merveil- leuse qui nous est venue d'Allemagne, ainsi que plus au long vous fera entendre le s° de Douet, qui porte quant et soy plusieurs bagues pre- tieuses et de grande valeur, pour les bailler à la Royne, ou à ceulx qui ? Record office, State papers, France, vol. XLVI. — 127 — voudront prester denier, pour la securité d'iceulx, que je vous supplye de croire comme moy mesme. En me remettant sur sa suffisance, je finiray ma lettre en me recommandant bien affectueusement à vos bonnes graces et supplieray le Createur, Monsieur de Gecille, qu'il vous ayt en sa garde. À Archiac, le 6° jour de juin 1569. Vostre bien bon amy, Hexry”. À côté de cette lettre plaçons le recu d'Élisabeth : Comme nous avons ce jourd’'huy commandé à M° Thomas de Gressen, chevallier, baiïller et deslivrer au seigneur cardinal de Chastillon la somme de vingt mille livres, monnoie de notre royaulme , pour l'amiabie prest que nous faisons de ceste somme à notre seur et cousine la royne de Navarre et aux sieurs princes de Navarre et Condé, ensemble au dict sieur cardinal et au sieur admiral de France, son frere, et aultres només au pouvoir que, sur ce, a esté envoié au dict sieur cardinal par la reine, princes et sieurs susdicts, et que, pour la seureté du paiement et satis- faction d'icelle somme de vingt mil livres, nous aient esté baïllés et delivrés par le dict sieur cardinal les gaiges qui s’ensuivent, scavoir est : ung grand collier où .y a douze grands diamans, celluy du milieu en poincte, les onze en table, dont l'ung pend , au bout du dict collier, avec trois grosses perles en poire et douze couplets de cordelliere d'or, garnie chascune cordelliere de huit perles, dont y a default de trois perles sur le tout: plus une bague à pendre d'ung gros ruby Ballai et une grosse perle en poire qui pend au bout. À ceste cause et pour la descharge du dict sieur cardinal, nous luy avons faict expedier les presentes, signées de nostre main et sceilées de nostre scel, par les quelles certifions avoir receu du dict sieur cardinal, en gaige et pour la seureté de la dicte somme de vingt mil livres , les bagues cy dessus specifiées, avec condition et pro- messe que nous faisons par ces presentes des icelles bagues rendre et restituer au dict sieur cardinal, ou à ceulx qui auront semblable pouvoir de la susdicte reine, princes et sieurs ou leurs heritiers et successeurs, et nous paiant la dicte somme de vingt mil livres, monnoie susdicte. En foi de quoi avons commandé les presentes estre expediées à icelluy sieur cardinal, et icelles avons signé de nostre main et faict sceller de nostre scel. À Otlands, ce troisiesmegour du mois d'avril mil cinq cens soixante neuf. Exrzagern, R°. 1 British Mus. Bibl. Cotton, Transacta inter Angliam et Franciam. (1 5697-76.) ? Record office, State papers, France, vol. XLVT. (Copie du temps.) nn La Mothe-Fénelon (sa correspondance, à chaque page, en témoi- one!) n'épargnait ni les avertissements, ni les plaintes contre les infractions perpétuelles aux traités; il nous suffira de citer une de ces remontrances. Que sur l'advis qu'on a donné au Roy, comme au nom et par les am- bassadeur ou agens de la Majesté de la dicte Dame en Allemagne, il s'y faict levée de gens de guerre, de pied et de cheval, et grande fourni- ture de deniers aux princes protestans, et qu'à son instance, ils sont sollicités et instigués de descendre en France, il luy plaise, d'aultant que ce seroit une manifeste infraction de paix de son costé, faire cesser ces mauvays depportemens, et donner quelque satisfaction là dessus au Roy, son bon frere, qui ne peult ny veult estimer que telle chose procede aucunement de l'intention de la dicte Dame. Qu'il luy plaise aussi faire cesser le commerce de ses subjects à la Rochelle, et accepter celuy que le Roy luy offre pour eulx, en tels aultres endroits de son dict royaulme, qui presentement luy obeissent, qu'ils vouldront choisir, avecq toute faveur et bon traictement, car estime pour ceste heure incompatibles tous les aultres trafficqs de son . royaulme, avecq celuy du dict lieu de la Rochelle. Et soit aussi son bon plaisir de faire, que la pratique et intelligence que ceulx du dict lieu de la Rochelle menent ouvertement en ce royaulme, pour se fournir d'armes, de munitions de guerre, de vivres, d'argent en grande quantité, et encores tirer des gens de pied et de cheval naturels et estrangiers, et grande faveur des navires sur mer, contre le Roy et ses bons subjects, au grand prejudice de la paix d'entre ces deux royaulmes, ayent à cesser, car leurs Majestés se sont mutuellement obligées, pour elles et leurs subjects, à l'entretenement des traictés. Que pour mettre fin à la restitution et delivrance des biens des Fran- coys par de çà, sa dicte Majesté veuille expedier une lettre signée de sa main, conforme à celle que le Roy a desja signée et expediée pour la deslivrance et restitution des biens des Angloys en son royaulme, de la quelle le dict ambassadeur a mis une copie collationnée à l'original, soubz son seing , es mains de m° Cecille , et accorder, le jour qu'elle vouldra , que la deslivrance en soyt mutuellement faicte, lequel jour monsieur le mareschal de Cossé estime qui sera bon au xx ou xxv* du moys d'aoust prochain. Et par ce que les pirates, nonobstant les bonnes ordonnances de la dicte Dame, ne laïissoient estre reçus et favorisés es ports et rades de ce royaulme, et que les officiers les supportent et vont si bien dissimulant avec eulx, que ies pauvres subjects du Roy ne peuvent avoir justice de ! Voy. Correspondance de La Mothe-Fénelon, t. Let IT. — 129 — leurs depradations, il plaise à sa Majesté trouver bon, que de la part du Roy et sienne soit equippé du premier jour ung nombre de navires de guerre pour les aller apprehender et en nettoyer la mer, et asseurer la navigation à leurs communs subjects, mesmement que le dict ambas- sadeur a advis qu'il est sorty, puis peu de jours, des ports d'Angleterre plus de vingt-cinq vaisseaux armés pour aller nommement rencontrer une flotte des François qui revient des terres neuves, et piller, comme ils disent, tous les papistes qu'ils trouveront en mer. Et commander qu'il soyt pourveu aux pauvres marchands et mari- niers françoys, qui sont icy à la poursuite de leurs biens, selon les re- questes et pitoyables demandes qu'ils ont baillées au dict ambassadeur pour les presenter à sa Majesté. Durant tout le mois d'août et de septembre, mêmes intrigues du cardinal de Châtillon; nous ne mentionnerons que deux de ses lettres : | 12 août, à Cécil : « L'armée des princes a besoin d’être secourue de poudres, et d'autant plus à présent que les ennemis ont mis le siége devant Poitiers; il demande un passe-port et une lettre de Cécil pour laisser passer six letz de poudre; il les enverra par le navire qui porte M. de Cavaignes qui va à la Rochelle pour l'effet que le dit sieur Cécil sait?. » 21 août, à Gécil : « Ceux de la Rochelle ont besoin d'être se- courus de marchandises; il demande licence de le faire par lin- termédiaire d’un marchand anglois dont il donnera le nom. » De son côté La Mothe-Fénelon était infatigable pour dénoncer toutes ces menées; en envoyant à Cécil (septembre) la lettre du roi et de la reine annonçant la prise de Poitiers, il demande de nouveau qu'il soit interdit aux Anglais d'aller à la Rochelle. Nous voilà arrivé à la bataille de Moncontour : ce n'est que le 16 octobre que la nouvelle officielle en parvint en Angleterre; une lettre de Cavaignes à Cécil est la première qui donne quelques détails, mais c’est dans le but d’atténuer le mauvais effet de leur défaite : « La bataille dernierement donnée, écrit-il, les a peu af- foiblis ; leur cavalerie tant françoise qu'allemande est aussi grande que devant; ils font une partie du payement des reystres qui donnent quelques termes pour le reste; il le prie de s'entendre 1 Record office, State papers, France, vol. XLVT. (Lettre inédite.) 2 Record office, State papers, France, vol. XLVT. (Original.) 3 Ibid. MISS. SCIENT. — II. — 130 — avec le cardinal pour voir à les aider et secourir, en attendant le secours qui leur vient d’Allemagne!. » Maintenant voyons en quels termes Henri de Navarre et le fils aîné de Condé, Henri de Bourbon, annoncent à Cécil la perte de la bataille de Monticontour : Monsieur Cecill, nous envoyons à monsieur le cardinal, notre cousin et oncle, le discours de la bataille dernierement donnée le tr”* de ce mois et l'avons prié de vous en faire part, comme celluy que nous sca- vons estre si zelé en la cause que nous soutenons, que vous serez grande- ment en suspens jusqu à ce que vous en scaurez la verité, et par ce que vous ne desirerez pas moins scavoir l'estat au quel depuis ia bataille nous sommes, nous l'avons pareïllement representé par le dict discours, et depuis, par ce qu'en avons escript à nostre cousin et oncle, et scai- chant que le tout vous sera par luy faict entendre, nous en remettrons à ce qu'il vous en dira ; et par ce que nous avons entendu par le s' de Cavaignes les bons offices que vous faictes pour nous en affaires qui nous concernent et la peine que xous y prenez tous les jours, combien que la seule retribution qui vous attend du Ciel, comme à tous ceulx qui s employent vertueusement à l'honneur du Seigneur, à la deffense et amplification de son regne, soit le but principal de vos actions en cest endroict, nous ne laissons de vous en estre bien fort obligés à reco- gnoistre par tous les. moyens que Dieu nous donnera les biens que nous ressantons de vostre part, lesquels nous sommes contraincts, à ceste heure, plus que jamais ; vous prier vouloir continuer et accroistre, puis qu'il plaist à Dieu que le danger et besoing soit accreu et multiplié sur nous, et par consequant, d'autant plus à proche de tous ceulx qui font profession d’estre delivrés du joug de l'Antechrist. Nous vous ferions plus ample remonstrance, si nous n'estions asseurés que votre bon zelle n’a besoing d'excitation , et que vous considerez, avec la prudence que Dieu vous a donnée, ce qui est necessaire et expediant, tant pour le service de Dieu, que pour la seureté de céulx qui font profession d’estre de son party, et singulierement de la Majesté de la Royne, la quelle comme te- nant le premier lieu entre les princes de la religion, et pour autres par- ticulieres occasions que vous scavez, est la premiere en la hayne et envye de nos communs ennemis. Et pour ce que toutes ces choses vous en confererez avec notre dict cousin et oncle plus amplement que ne pourrions par lettre, nous ferons fin, vous asseurant que nous avons si agreable la bonne et inthyme amytié qui est entre vous, que nous esti- mons tout ce que vous faictes en son endroit estre faict à nous mesmes, l Record office, State papers, France, vol. XLVT. (Original.) — 131 — et le recognoistrons par ung accroissement d'obligations envers vous; sur ce vous ayant sallué de nos affectionnées recommandations à vostre bonne grace, prions le Seigneur vous donner, Monsieur Cecill, en tout hœur et santé multiplication de ses sainctes oraces. LU De Xainctes, ce xvj‘ octobre 1569. , Vos bien bons et affectionnés amys, Hexey. Henry pe BourBoN!. Elisabeth, lorsqu'elle reçut la lettre du roi qui lui annonçait cette victoire, se vit de nouveau contrainte, ainsi qu'elle l'avait fait pour Jarnac, de le féliciter. Les deux lettres qu’elle écrivit se ressentent de la mauvaise impression sous laquelle elle était; dans celle à la reine mère elle a bien soin de dire que c'est sur les sujets du roi que cette regrettable victoire a été remportée. Très-hault Sire, tant par vos lettres du vuj° d'octobre que nous a presentées le sieur de la Mothe, votre” ambassadeur residant auprès de nous, comme par son rapport par credit d'icelles, avons entendu le dis- cours en general de la victoire qu'il a pleu à Dieu vous octroyer en la bataille, dont escripvez, recepvant tous jours très-grand contentement du bon evenement en toutes vos choses qui touchent et concernent vostre honneur et l'advancement de la gloire de Dieu, selon la bonne affection que indubitablement vous portons, nous persuadant que Dieu faict eschoir les victoires selon sa saincte volunté, et parmission, pour inciter les ungs et les aultres de tant mieulx le cognoistre; et comme avons participé à l'aise et plaisir que recepvrez d’un si heureux succès, ainsi serons très-aise et preste de nous efforcer de faire chose qui puisse servir pour mettre fin à tant de maulx et afflictions, dont telles guerres civiles sont accompaignées, estimant estre acte très-sainct et très-sceant à notre profession, et à notre amityé commune, d'y employer le moyen que Dieu nous a donné, comme avons tous jours desyré, et nous y presen- tons encores, quand vouldrez l'adviser ; et sur ce, nous remettant pour le reste à vostre dict ambassadeur, pryerons le Createur vous tenir en sa saincte et digne garde et vous multiplier ses graces. ELISABETH ?. Très-haulte et excellente princesse, etc. Par les lettres de nostre bon frere le Roy vostre fils et par les vostres que nous a baillées le s' de la l Record office, State papers, France, vol. XLVI. (Original.) 1 Record office, State papers, France, vol. XLVL. (Copie du temps.) NE — 152 — Mothe ,; son ambassadeur residant près de nous, et par le rapport du dict ambassadeur, avons esté advertye de l’heureux succès qu'a eu nostre cousin le duc d'Anjou, vostre fils, sur les subjects du Roy, et pour la sin- cere affection que portons à nostre dict bon frere, à qui comme prince souverain toute obeissance est due en son royaulme, nous souhaitons, du meilleur endroit de notre cueur, qu'il eust mis fin à tant de miseres et calamités que, de jour à autre, entendons eschoir sur son peuple et pays par ces guerres civiles, de telle facon allumées en son royaume, et que Dieu y fust servy et honoré comme appartient, luy obey, et ses bons et fideles subjects asseurés et soulagés, vous pryant de croire que serons très-aise de nous y employer, comme chose plaisante à Dieu et seant à tout bon prince amy et allyé, et pour ce pouvez asseurement faire estat de nous, comme avons plus amplement dict au dict s° de la Mothe auquel nous nous remettons. ELIsABETH H fallait à tout prix atténuer en Angleterre la portée de cette nouvelle défaite; les lettres des princes n’y suffisant pas, c'est au cardinal de Châtillon que fut dévolue cette tâche; dans une note il résume en ces termes toutes les lettres qu'il a reçues dernière- ment : Monsieur le cardinal de Chastillon a reçeu lettres de monsieur l'ad- miral son frere datées de Montauban du xxuj° de novembre, par Îles quelles il escript que messieurs les princes se portent très-bien, et que leur armée s’enfle, de jour à auire, des troupes qui leur surviennent et se renforce de l'artillerie qu'ils ont trouvée par de là; que leurs reistres sont fort contens, et ont receu deniers, et en somme que leur armée est si rafraischie et restaurée de la perte qu'elle avoit faicte, qu'il n'y paroist plus ou bien peu. — Il ne trouvent point de difficulté à faire joindre avec eux monsieur le conte de Montgomery et les vicontes, quand ils vouldront. Leur armée sera de six mil v‘ chevaux et de xrvi° harqbouziers. Monsieur le comte de la Rochefoucauld et monsieur de Coras, chancelier de la royne de Navarre escrivent au s° cardinal que tout se porte bien à la Rochelle, et qu'ils n'y ont pour le present faulte d'aucune chose, que Saint Jehan d'Angely, qui est une très-mauvaise place, après avoir tenu une armée royalle et victorieuse sept sepmaines durant, a esté rendue avec composition fort honorable par le capitaine Pilles, lequel y a faict actes de prouesse fort memorables et signalés, ayant faict plusieurs braves saillies, tué grand nombre d'ennemys, entre les quels est mon- sieur de Martigues, encloué deux ou trois canons, mis le feu dedans ! Record office, State papers, France, vol. XLVT. {Copie du temps.) — 135 —- partie de leurs pouldres et n'a rendu la dicte place, quelle que mauvaise qu'elle soit, jusques à ce que la faulte de pouldres et munitions l'a con- traint de ce faire; il esl sorty avec ses troupes, leurs armes et bagages. On escript que le Roy l'a voulu veoir au sortir, et que de là avec bonne troupe il s’est allé mettre dedans Angoulesme. Le dit s' de Coras escript-pareillement que le s° de Romegoux, gou- verneur de Taillebourg, a surpris de nuict l'ennemy dedans la ville de Xainctes et couppé la gorge aux soldats qui estoient dedans et emmené trois ou quatre chevaliers de l'ordre prisonniers. Quant à la paix, on en est en termes bien avant, et le s' de Renty a esté despeché avec sauf conduit du Roy devers messieurs les Princes et M. l'admiral, d'ou il estoit de retour à la Rochelle le uj° de ce moys de decembre. Par le discours de leurs lettres, le dict s° cardinal cognoist qu'ils ne veulent point user de precipitation, et qu'ils en veulent avoir l’advis de ceux à qui il touche, et mesmes qui cognoissent bien qu'ils ont affaire à gens qui ont cy devant violé la foy et seureté publique. Le dict s’ cardinal n'a point receu les lettres et discours que la royne de Navarre luy envoyoit, d'aultant que celuy qu'il les portoit s'est trouvé si mal sur la mer qu'il a esté contraint de relascher. Aussy tost qu'il les aura receus, il ne fauldra d'advertir sa Majesté et messieurs de son conseil du contenu en icelles ‘. En dépit de ces assurances les protestants désiraient la paix, et une première tentative fut faite par M. de la Personne. Le récit en a été conservé. Aujourd'huy, xxiu* jour de novembre mil cinq cens soixante neuf, le Roy estant en son conseil, au quel assistoientla Royne, sa mere, monsei- gneur le duc d'Anjou, frere de sa Majesté, et son lieutenant general, representant sa personne par tout son royaulme et pays de son obeis- sance, messeigneurs le cardinal de Bourbon, duc de Montpensier et prince Daulphin, princes de sang, monseigneur le cardinal de Lorrayne, messieurs le duc de Montmorency et de Vieilleville, mareschaulx de France, les ducs de Bouillon et D'uzes, s' de Morvilliers et evesque de Lymosges, s’ de Chaulne, de Carnavallet et de Losses, tous conseillers au conseil privé de sa dicte Majesté, le s' de la Personne a faict entendre à sa dicte Majesté de bouche de la part des messieurs les Princes, mon- sieur l'admiral, el de toute la noblesse qui les accompagnent, ce qui s'en suit : Le s' de la Personne a dict au Roy de la part des messieurs les Princes, de monsieur ladmiral et de toute la noblesse qui les accompagne, L Record office, State papers, France, vol. XELVT. — 154 — que, tous ensemble le supplient très-humblement, comme ses subjecls très-humbles et affectionnés, de considerer ce qui est pour le bien de son service, et commeiln ‘appartient en aucune maniere à ung subject de capituler avec son prince, qui est cause qu'ils ne se sont osés ha- zarder, sans l'exprès commandement de sa Majesté, de requerir d'au- cune chose sa dicte Majesté; mais disent que, comme Roy, il luy plaise mettre en avant son edict, son intention et sa loy, et leur faire cest honneur que de la leur faire entendre, usant envers eulx, comme Roy, et eulx feront veoir à sa Majesté, de quelle volunté ils chemment pour le regard de son service et de l’obeissance aui luy est deue, et quel zele ils ont au bien et repos de ce royaulme, et s'il luy plaist leur comander ou trouver bon qu'ils luy demandent la paix, ils la luy demandent, le genoux en terre, avecq toute humilité qu'un subject doibt à son Prince, et si sa Majesté trouve bon d'envoyer devers eulx pour leur faire en- tendre son intention, ou que eulx envoyent, ainsy que dict est, qu'il luy plaise faire bailler toutes les securités requises et necessaires à cest effect. Sur quoy le dict seigneur Roy lui a faict de bouche la response qui s en suit : | La Personne, à mon grand regret, j employe mes forces à requerir ce qui est de tout temps mien, et aymerois mieulx veoir mes subjects reunis avec les bons qui me servent pour m'ayder à agrandir ce royaume, que de le veoir ruiné, chose que, s'ils ont la volonté telle que vous me dictes, je veulx oublyer vers eulx, et se recongnoissans en mon endroict comme m'asseurez, je leur feray cognoistre qu'ils ne scauroient avoir jamais ung meilleur Roy qui les veuille mieulx traicter. Baïllez moy par escript ce que m'avez dict, je leur feray telle response que, s'ils ont la volonté comme les parolles, ils auront occasion de se contenter. Le s° de la Personne a incontinent mis par escript ce qu'il avoyt dict à sa Majesté, et en la mesme forme qu'il l'avoit desduit, ainsy que dessus, et l'ayant rapporté à sa dicte Majesté, a esté leu au dict conseil en sa presence, et puys il la signa de sa propre main et baillé à sa dicte Majesté, moy son secretaire d'Estat present. Le Roy a esté très-ayse d'entendre ce que le s° de la Personne luy a dict de la part des Princes, de ladmiral et de toute la noblesse qui les accompagne, de la bonne volunté qu'ils ont de luy rendre l'obeissance qu'ils luy doibvent, pour venir à l'effect de la quelle, sa Majesté sera très-contente et prendra de bonne part, qu'ils deputent tels ou tels qu'ils adviseront pour venir vers Elle, et à ceste fin ont esté baïllés à Cheme- rault les passeports necessaires pour la seureté de ceulx qui viendront. Faict par le commandement de sa Majesté, estant en son conseil, au quel assistoient la Royne, sa mere, monseigneur le duc Daulphin, frere de Sa Majesté et son lieutenant general par tout son royaulme et pays ; —_ D — de son obeissance, messeigneurs le cardinal de Bourbon, duc de Mont- pensier et prince Daulphin, princes de sang, monseigneur le cardinal de Lorrayne, messieurs de Montmorency et de Vieilleville, mareschaulx de France, les ducs de Bouillon et D'wes, s° de Morvilliers et evesque de Limoges, s° de Chaulne, Carnavallet et de Losses, tous conseillers au conseil privé de sa dicte Majesté. Le xxmj° jour de novembre 1569. Ces tentatives de rapprochement ayant échoué, les hostilités continuèrent. Une lettre datée de la Rochelle (janvier 1570) résume ainsi la situation des deux partis : «L’amiral écrit du cominencement du mois que l’armée des Princes se trouve fort oaillarde et plus saine qu'elle n’a été depuis un an; la dite armée est au port Sainte-Marie, à trois lieues d'Agen, et tient le bord de la rivière de la Garonne, depuis les portes d'Agen jusque par delà Marmande; le comte de Montgommery est de l’autre bord de la Garonne, tenant tout le pays; de là jusqu’en Béarn, la campagne est libre, les ennemis clos dans les villes; M. de Damville est à Toulouse, Monluc à Agen ; leurs forces sont séparées et mal unies de volontés; la Valette, venu pour accommoder Monluc et Dam- ville, n'y a pu réussir; M. de Piles et ceux qui étaient dedans Saint- Jehan sont revenus au camp; les ponts sont rompus sur la Ga- ronne; on annonce la venuede quatre mille Espagnols à la frontière d'Espagne; les reîtres ont recu un terme et se montrent dociles; le roi a envoyé vers la reine de Navarre pour hâter la venue des députés pour traiter de la paix; le Croq, maître d'hôtel de sa Ma- jesté, est venu avec des passe-ports chercher les députés nommés par le conseil de la Rochelle : ce sont MM. de Beaumont, la Nocle, Cargeoy, gentilhomme breton , Compain, de la Chassetière, Brodeau , secrétaire de la reine de Navarre, enfin M. de Téligny, avec un sauf-conduit pour aller et venir, comme il le voudra; les pouvoirs des députés sont limités et fixés à trois points : exercice de la religion, sûreté des vies, restitution des biens?. » Durant les deux mois de janvier et de février, le cardinal de Châtillon et le vidame de Chartres ne cessent d'agir en Angleterre dans l'intérêt de leur cause$. l Record office, Stale papers, France, vol. XLVT. (Copie du temps.) Record office, State papers, France, vol. XLVIT. 4 Ibid. — 136 — Le 6 janvier, le cardinal recommande à Cécil MM. de Villars et de Lizy qui arrivent d'Allemagne; le 31 janvier, le vidame envoie à Cécil le paquet qu'il a permis de faire tenir au régent d'Écosse; il y joint un récit du siége de Saint-Jean d'Angély qu'il lengage aire |. Les pourparlers de paix se poursuivaient : le 8 mars, le roi répond au mémoire de la reine de Navarre ?. La mésintelligence de Damville et de Moniluc, tout en favorisant les progrès des protestants en Languedoc, n’était pas étrangère au désir que Catherine avait de traiter. Dans une lettre du 22 février au roi, Damville se justifie de ce dont on laccuse : «que, par son moyen, les ennemis ont noué des intelligences dans les deux villes de Narbonne et de Toulouse $. » Monluc n’échappait pas non plus aux Calomnies; on l'accusait d’avoir des intelligences avec le roi d'Espagne pour mettre en ses mains le pays de Guyenne : c'est un nommé de Perès (sic), gentilhomme de Quercy, et son fils, beau- frère du sieur de Crussol, qui avaient envoyé tout exprès un gentil- homme en cour. La reine en instruisit Monluc, qui se mit à louer haut ses services et la méconnaissance qu'on en avait, se plai- gnant amèrement d’un pareil soupçon; ül fit plus, il envoya un cartel à tous ses adversaires et à tous ceux qui voudraient main- tenir qu'il avait eu des intelligences avec le roi d'Espagne. La nécessité de la paix s’imposait à tous; l’heure de la conclu- sion s'approchait; le cardinal de Châtillon entre à ce sujet dans de longues explications avec Cécil; c’est l'exposé fidèle des condi- tions exigées pour déposer les armes : Monsieur, je vous ay cy devant amplement escript l'ouverture qui a esté faicte par les papistes de France d'ung pourparlé et abouchement de paix et le but à quoy ils tendoient; et que, sur ce, la royne de Navarre, voulant bien faire cognoistre qu'elle ne fuyoit point les occasions et moyens de parvenir à un si necessaire et desiré bien, avoit envoyé ses deputés vers le Roy, qui avoient proposé leurs demandes, aux quelles on avoit respondu. Je vous ay par mesme moyen faict entendre les artifices des dicts pa- pistes, se voulant prevaloir de la dicte negociation de paix et la faire 1 Record ofjice, State papers, France, vol. XLVIT. 3 Jbid. + Jbid. 3 Thid. — 137 — servir à l'empeschement et desfaveur de nos affaires, les bruits qu'ils ont faicts à ceste fin courir de toutes parts, les languages recherchés et visi- tations apostées tant à l'endroit de l'Empereur que du duc Auguste à diverses fins et pour divers effects, ce qui me gardera de vous en faire aucun discours ou redite par la presente, qui sera seulement pour vous prier, Monsieur, de vouloir mettre peine d'esclaircir tous ceulx que verrez estre à propos de telles impostures de nos adversaires, à ce qu'on n'en puisse estre abusé, et sur tout de n’adiouster foy aux bruits d'une faulse paux qu'ils ont semés et qu'ils pourroient encores cy après renouveler. Vous asseurant que la resolution de la royne de Navarre, de messieurs les Princes et de monsieur l'amiral, mon frere, est de jamais ne la faire, ne arrester que, devant toutes choses, Dieu par icelle ne soit cogneu et servy, et l'exercise de sa doctrine et religion estably, et que, à la con- clusion d'icelle, la royne d'Angleterre et les très-illustres princes du saint Empire n'interviennent pour en estre non seulement arbitres, fhais aussy gardiens des seuretés d'icelle, tant pour le regard des grandes obligations que nous leur avons, que aussy à ce que la cause est com- mune, la seureté y soit commune, qui est une occasion et commodité qu'il semble que Dieu presente à tous les dicts princes chrestiens pour s'en servir et la quelle tous les gens de bien, s'asseurant de leur pieté et magnanimité, ne doubtent point qu'ils n'embrassent, pour leur estre au- tant advantageuse et convenable, soit durant nostre guerre, soit advenant une paix, qu'ils eussent sceu desirer, attendu que, par là ils seroient hors du doubte et dangier, auquel ils peuvent estre, que tant de puissants princes papistes conjurés contre la verité evangelique, laquelle ne leur est pas odieuse en la France seulement, mais aussy par tous les pays ou elle est plantée, n'entreprennent à l'encontre d'eulx, suyvant les des- seigns de leur hgue, car, en premier lieu , ils peuvent estre asseurés, pen- dant que nostre guerre durera , de n’estre poinct assaillis, et ya davantage, que si, pour nous ayder à la soustenir et parachever, ils nous vouloient assister de quelque peu de leurs moyens, avec une bonne union et in- telligence qu'ils auroient ensemble {comme ils devroient et pourroient bien faire) veu qu'ils sont trop clervoyans pour ne cognoistre de quelle importance est la bonne ou mauvaise yssue de ceste dicte guerre, tant pour le general, que pour leur particulier, on n'en pourroit attendre, sinon ung bon et heureux succès qui tourneroit au bien commun. Pour le moins sommes nous resolus de la poursuivre et y mourir plus tost que de nous en despartir, jusques à ce que nous ayons obtenu une bonne et seure paix, laquelle ne se pouvant conelure que tous les dicts princes chrestiens n'en soient arbitres el depositaires des seuretés d'icelle, ils sont pour cela bien cerlains qu'elle ne pourra estre que à leur ad- vantage et avec la conservation de la religion, la seureté de leurs Estats n'y soit par eux mesmes comprise. — 138 — Ce qui me faict vous prier affectueusement, Monsieur, de vouloir faire bien peser ce faict aux dicts très-illustres princes, et combien qu'il n'y ayt pour le present esperance de paix de nostre part, à cause des condi- tions non recevables qui ont esté offertes par les dicts papistes, si est ce que, d'autant que la fin et yssue de la guerre c'est la paix , et que ne pou- vant tousjours durer, il faudra que finalment ils y soient reduits, soit par necessité, ou par autre occasion, et mesmes, si nous sommes tant soit peu secourus, que vous moyennez selon votre prudence et dexterité assez co- gneues vers les dicts très-illustres princes, que ce pendant ils veuillent bien adviser aux seuretés qui nous seroient en ce cas necessaires pour en estre tous prests et bien d'accord ensemble, et pour y demeurer fermes et re- solus, lors qu'ils en seroient par nous requis, conjoingnans en cela leurs conseils et moyens, etayans tous, avec ceste occasion et pour une si bonne fin, une vraye union et correspondence ensemble, qui les rendra tous jours d'autant plus forts et redoubtés, qu'on les verra plus estroictement lyés, tant du lyen de religion , que d'une ferme et saincte alliance, à laquelle toutes aultres doivent estre postponées. Et pour le regard de la Majesté de la royne 4 Angleterre, j'ay telle cognoissance de son asseuré vouloir et saincte resolution, la quelle elle a faicte paroistre, autant que princesse, dont nous ayons memoire, par plusieurs actes memorables à la posterité pour la conservation, tant des cglises de son royaume, que de celles des royaumes voisins, sans y rien espargner et sans esperance d'aucun profit, ou recompense en ce monde, se preparant au ciel un tresor plus precieux et durable; et d'autre part, de voyr qu'elle a si cler entendement et solide jugement à preveoir et entendre la consequence des affaires et occurences qui se presentent , et ce qui peut importer et au general et à son particulier, que je vous puis asseurer qu'elle y entrera voluntiers, si elle en est requise; en quoy il me semble qu'il fault moins regarder aux points d'honneur et d'Estat, et de respect qu'on a de commencer à recercher ou estre recerché , qu'il est bien certain (puis qu'il s'agit en cest faict principalement de la cause de Dieu) que ceulx qui y seront les premiers et plus avant entrés et qui auront prevenu et passé les-autres à l'advancement de son oeuvre, de- meureront en plus d'avantage et d'honneur. Au reste, Monsieur, par ce que par le gentilhomme que le dict ‘amiral, mon frere, ma mandé vous avoir nagueres depesché exprès, vous aurez entendu bien particulierement les desseigns des messieurs les Princes pour la continuation de ceste guerre et le chemin qu'ils pren- nent, esperant vous approcher et estre secourus ce coup à besoing par les dicts trèsillustres princes, je ne m estendray par la presente plus en avant en ce propos, mais bien vous prieray me vouloir faire response sur ce que dessus, et me tenir, le plus souvent que pourrez, adverty de vos nouvelles, ensemble vouloir faire entier estat de moy, qui sur ce me = 1, — recommanderay humblement à vostre bonne grace, après avoir supplié nostre Seigneur vous vouloir, Monsieur, multiplier les siennes, et tenir en sa très-saincte protection. De Schin ’, ce 1x° mars 1570. Pour éviter toute confusion, nous avons laissé de côté les docu- ments relatifs à Marie Stuart; c'est le moment d'y revenir, tout en observant que la tâche est à peu près faite, grâce à la cor- respondance imprimée de Lamothe-Fénélon? et à la publication de M. Teulet sur les relations de la France avec l'Écosse. Le lan- gage de la cour de France, il faut bien le dire, variait suivant le plus ou moins de contentement qu’elle avait d'Élisabeth; ainsi, en novembre 1569, Charles IX ayant à se plaindre et de la reine et des gens de son conseil qui, ne tenant compte d'aucune remon- trance, laissaient impunément voler les dépèches de son ambassa- deur, demande qu'Élisabeth fasse à la reine, sa belle-sœur, « tel et si bon traitement que sa situation mérite, car la tenant si de court et si resserrée et la traitant si mal, l’outrage qui lui est fait, va jusqu'à le toucher lui-même; en la remettant en liberté, elle montrera qu'elle a été, ce qu'il croit pour certain, menée et in- duite par autre esprit que le sien à lui faire si mauvais traite- ment ÿ, » Plus tard, lorsque Lamothe-Fénelon, ce gardien fidèle des intérêts français, signalera les préparatifs faits en Angleterre pour envahir l'Écosse et conseillera de conclure la paix avec les protestants, car durant ces longs pourparlers Élisabeth en arrivera à ses fins en Écosse, Charles IX, sous l'impression de ces avis de chaque jour, lui adressera des instructions (x avril 1570), où le nom de Marie Stuart est de nouveau mis en avant et sa cause dé- fendue avec plus de chaleur et de fermeté : Et affin quil n'advienne point d’altercation entre nous, vous luy re- monstrerez, Monsieur de la Mothe , que consideré les offres très-grandes que vous et l'evesque de Rosse luy avez faictes, pour le faict de la royne d'Escosse et de son royaulme, veoyant que, nonobstant icelles, elle faict marcher vers le dict pays d'Escosse de grandes forces., et donne encore ordre de les augmenter, et les fournir de provisions et munitions de guerre, je ne puys bonnement penser que ce soyt seulement pour chas ! liecord office, State papers, France, vol. XLVIT. ? British Museum, coll. Egerton, f° 120. (Original signé.) * Record offece , State papers, France, vol. XLVIT. (Copie du Lemps.) — 110 — tier (comme elle vous dit) ses rebelles, qui se sont retirés par dellà, car aussi ce n’est la facon d'y proceder selon les traictés , mais bien estimer que c'est à quelque aultre chose que va son intention, encores que la royne d'Escosse soit sa prochaine parente, et qu'elle congnoist bien qu'il ne peult estre, ny de mon honneur, ny de mon debvoir de le com- porter, ny souffrir, et que, si j ay le coeur comme je le doibs avoir, je ne puys degenerer de la vertu et magnanimité de mes predecesseurs, qui ont tousjours eu ceste ferme resolution , d'employer non seulement leurs forces et moyens , mais leurs propres personnes pour assister et soulager les princes, parens et amys opprimés; par quoy ne trouvera estrange la dicte royne, ma bonne soeur, si pour l'ancienne et estroicte amityé, alhance et confederation, qui a esté de tous temps observée, et de regne en regne continuée et corroborée entre mes dicts predecesseurs Roys et ceulx d'Escosse, aussi pour m'estre la royne du dict pays proche parente et belle soeur, j embrasse et veulx embrasser le faict de sa cause, comme la mienne propre, en quoy de tant que l'entreprinse est juste et saincte pour une chrestienne princesse, royne legitime et heriditaire, laquelle ne m'est loisible, sans honte et sans faire tort à ma reputation d'aucu- nement habandonner. j'espere que je seray assisté de Dieu , et que le roy d'Espagne, ny les aultres princes chrestiens n habandonneront aussi la dicte dame en ceste sienne necessité ; maïs pour n'en venir là, et devant que les choses passent plus oultre, vous prierez, Monsieur de la Mothe, très- affectueusement de ma part, la dicte royne d'Angleterre , ma bonne soeur, qu'elle ne veulle faire entrer ses dictes forces au dict pays d'Escosse, ou, si elles y sont desià enirées, de les retirer, sans y en envoyer davantage, et qu'elle veulle prendre aucun bon et present expedient, sur la Hberté et restitution de la dicte royne d'Escosse, affin qu'elle puisse aller regir et gouverner son dict roy SHARE: ainsi quelle doibt et luy appartient, estant née royne du dict pays, et ce pendant en laisser fn à ceulx qui, de par elle et soubs son auctorité, seront commis et deputés au dictgou- vernement, attendu qu'on asseure qu'il n y est donné aucun empesche- ment que par ceulx qui sont soustenus par la dicte royne d'Angleterre, ma bonne soeur, à laquelle direz davantage ces deux choses : l'une , que je n'ay rien en plus grand desir, que de continuer en tous bons et vrais offices d'amityé qu'il me sera possible avecq elle, sans y contrevenir pour chose que ce soyt, si l'obligation et la necessité du debvoir ne m'y con- traignent; l'aultre, que je luy veulx de bon coeur respondre , que la royne d'Escosse non seulement entretiendra et gardera de bonne foy tous les precedens traictés d'entre elles et leurs royaulmes, mais encore ceulx qui, pour sa liberté et restitution, pourront estre de nouveau faicts et accordés entre elles, et qu'elle vivra avec la dicte royne d'Angleterre. en vraie et entiere observance de droits et sincere amytié, sans y contre- venir aucunement, et que de ce je luy en feray telle promesse et seureté, — 141 — qu'elle aura occasion d'en demeurer très-contente et bien asseurée, de quoy vous mettrez peine d'en scavoir promptement sa volonté et de noter bien tout ce qu'elle vous dira là dessus, pour incontinant m'en advertir ”. Dans un autre rapport, nous aurons plus d’une fois l’occasion de revenir à Marie Stuart; mais tant d'intérêt s'attache à sa per- sonne, à tout ce qui la concerne, que nous devons mentionner ici la lettre du peintre français Jehan de Court, attaché à sa mai- son, qui, dans cette même année 1570, vint en Angleterre et de- manda à Cécil la permission de voir la reine, sa maîtresse : « Je vou- drois faire remettre à la reine d'Écosse, écrit-il, par l'intermédiaire de son secrétaire, un portrait du Roy, mon maistre, non comme il est aujourd'hui, mais comme :ül estoit il y a un an et demi. Le plus grand honneur que je pourrois avoir, c’est de faire une aultre fois le portrait de la reine, et par mesme moyen d'en faire quel- ques autres à la court, singulierement de monsieur le Comte et de vous, ensemble de madame vostre femme; » et comme il est en l'estat de la reine d'Écosse, à laquelle, de longtemps, il n'a fait service et que de crainte de ne se montrer un peu à elle, il ne soit cassé, et « pour ce que le Roy son maistre desire fort voir son por- « trait comme elle est maintenant, » il prend la hardiesse de lui de- mander un passe-port pour aller vers la reine et recevoir ses commandements ?. — « De Paris, ce x Juillet 1570.» La crainte ‘de perdre toute influence en Écosse, les revers graves infligés à l’armée royale par Lanoue en Bretagne, par Co- ligny en Bourgogne, la pénurie du trésor, les rivalités mal con- tenues de Monluc et de Damville en Languedoc, l'éventualité me- naçante d’un coup de main des Anglais sur Calais, toutes ces causes réunies déterminèrent enfin Catherine de Médicis, malgré les re- montrances qu’elle eut à subir, à signer la paix de Saint-Germain. ! Ces instructions n'ont pas été publiées dans la correspondance de Lamothe- Fénelon. Record office, State papers, France, vol. XLVIL. (Copie du temps.) 2? À la date du 11 février 1571, il y a une nouvelle lettre de Jehan de Court à Cécil : « Lorsque le secrétaire de la reine d'Écosse, sir Paulet, partit d'ici, il y à quatre mois, il emporta un portrait du roy son maistre garni de sa bordure ; il n’en a entendu aucunes nouvelles, et comme il ya des personnes qui retiennent les choses ou les baïillent à d’autres mains qu'à ceux à qui elles sont dédiées,il le prie de savoir ce qui en a été fait.» Record office, State papers , France, vol. XXXX VIT. Voy., pour de Court, La Borde, La renaissance des arts à la cour de France. — 142 — Les craintes qu'on avait pour Calais n'étaient pas exagérées; en voici la preuve : Advis du vuj° jour d’aoust 1570, envoyé au Roy touchant la ville de Calais. Le septiesme jour du dict mois arriva à Anvers ung gentilhome anglois apartenant à ung seigneur du conseil de la Royne, homme catholique, qui est sorty d'Angleterre pour venir estudier à Louvains, lequel a conté particulierement à quelques siens amys : Qu'il se publie vulgairement qu'il se faict en Angleterre grands pre- paratifs de navires, munitions et gens pour faire quelque brave salve à la royne d'Espaigne de dans le canal d'Angleterre, et aussi pour estre vigillants et preparés pour la garde de la coste, craignant quelque des- sente de l’armée du roy d'Espaigne au royaume d'Angleterre. Et aussi tost qu'ils auront congneu que la flotte sera passée le cap de Cornuaille et Surlingue, que leur secrette intention et deliberation du general de la dicte armée avec commission est de visiter et donner sur Calais avec impetuosité et fureur la plus grande qu'il pourra, et avec ceste deliberation tenter leur fortune, et que si Dieu vouloit qu'il la prissent, qu'il auroit acquis grand honneur et prouffict, et si non qu'ils auront patience. Et pour cest effect que la dicte Royne a ordonné en tout son païs que toutes les navires de trente tonneaulx au dessus soient appareiïllées et armées au double, tant de munitions , gens que provisions, et que toutes aultres navires et barques petites seront retenues et se tiendront prestes. Que leur instruction est de faire leur descente d'une partie de leur gens en ung lieu appelé Nyrland, le quel est quasi moictié chemin de Calais et Gravelines, et l’autre partie entre Calais et Bouloigne en quelque lieu propre. Et que toutes les petites navires et barques susdictes seront prestes et appareïllées pour faire voile et demeureront aux ports de Douvre, San- viche, Rye, et aultres ports circonvoisins, toutes chargées d'hommes, chevaulx et toutes aultres provisions et munitions de guerre. Aussi qu'il sera faict des signais de feu qu'ils ont acoustumé d'user à leur coste marine, pour faire tenir prest ung chacun, pour passer et aller de façon mettre le plus estroit siege qu'ils pourront, et adventurer et mettre au hazard trois ou quatre assaults furieux, avec intention de bien tost la prendre, ou bien tost Ia laisser, et se retirer du mieulx qu'il leur sera possible, chacun en leur païs. Qu'il y a plus de sept mois que la dicte royne d'Angleterre et son conseil scavent toutes les particularités de la dicte ville de Calais, le nombre de gens, munitions, victouailles , et que les conspirateurs et es- — 143 — pions de ceste entreprinse sont, de la plus part, de la nation françoise et de la faculté du cardinal de Chastillon et aultres huguenots de ceste race et secte, et la plus part remunerés et salariés par des Anglois ?. Il ne nous reste plus qu'à donner le récit de la dernière en- trevue entre Charles IX et les députés des chefs protestants : Aujourd'huy 5°° jour d'aoust 1570, le Roy estant à Sainct-Germain en Laie, a, en presence de la Royne sa mere, de messeigneurs le duc d'Anjou, son lieutenant general, et duc d'Alençon, ses freres, de messieurs le cardinal de Bourbon et duc de Montpensier, Princes de sang, des cardinaux de Guise et de Pelvé, des ducs de Guise, de Lon:- gueville, d'Aumale, de Montmorency, du s' de Vieilleville, tous deux mareschaux de France, des sieurs de Villiers, marquis de Villars, de Lansac, evesque de Limoges, de Birague, conte de Rez, de Sainct- Supplice, de Villequier, de Robessy et de Believre, tous conseillers au conseil privé du dict Seigneur, faict lire par moy son conseiller et se- cretaire d'Estat, les articles de paix accordés aux depputés de Messieurs les princes de Navarre et de Condé et des sieurs et autres qui sont avec eulx. : Après la lecture d'icelle, le dict Seigneur leur a, par sa propre bouche, faict entendre que, cognoissant par experience ne pouvoir par les armes mettre fin aux troubles qui sont en son royaume sans la totale ruine de ses subjets, desirant neanmoins les deslivrer des maux et calamités, dont à l'occasion des guerres ils estoient affligés, 1l s’estoit resolu d'accorder aux depputés des dicts Princes les articles qui avoient esté leus, pour sur iceux faire un edict de pacification, par le moyen du quel estant la paix restablie en son royaume, il esperoit que l’obeissance luy seroit d'un chascun mieux rendue qu'elle n'avoit esté par cy devant, et que ses edicts et ordonnances seroïent mieux gardées et observées; priant la dicte dame la Royne sa mere, mes dicts seigneurs ses freres, les dicts sei- gneurs , princes , sieurs , et autres assistants, promettre et jurer entre ses mains garder, et observer de point en point le contenu es dicts articles et faire entretenir l’edict de pacification qui en seroit faict. La Royne, après avoir dit le contentement qu'elle recepvoit de le veoir en aage de jugement pour se faire mieux obei qu'il n'avoit esté par cy devant, luy a promis et juré, puis qu'elle cognoissoit son intention, que les dicts articles accordés aux dicts depputés fussent gardés et observés, nen seullement qu'elle l’assisteroit de son conseil, mais qu'elle l’aideroit de tout son pouvoir à les faire entretenir et observer, aiant tousjours desiré de veoir son roiaume remis en mesme estat que du temps de ses L_ Record office, State papers , France, vol. XELVTHT. Pa — ll — predecesseurs. Mon dict seigneur le duc d'Anjou a supplié très-humble- ment le Roy croire que tout ainsi qu'il n'avoit espargné sa vie durant la guerre, quil ne l'espargneroit non plus pour tousjours le rendre obeiï pour entretenir la paix. Mon dict seigneur le duc a faict le mesme ser- ment, comme au semblable ont juré, chacun particulierement , les dicts seigneurs princes, sieurs, mareschaux de France et autres d'emploier leurs biens et personnes, et vies à garder, et faire garder de tout leur pouvoir les dicts articles, et ce qu'ils cognoissent estre de son intention, de quoy les aians tous le dict Seigneur remercié, les a admonestés de vouloir vivre en concorde et amityé les uns avec les autres, comme es- tant le premier bien de l'establissement de ceste paix, ce que tous les dicts princes et seigneurs luy ont aussi promis faire. De quoy le dict Seigneur a commandé à moy son secretaire d'Estat d'en faire et dresser le present acte, pour servir de tesmoignage , par tout où besoing sera, des promessés qui luy ont, ainsi que dessus , esté faictes par les dites princes, seigneurs et autres dessus nommés. Ainsi signé, CHARLES. Et plus bas De NEUFVILLE |. À côté de ce document nous placerons le mémoire qu’adres- sèrent à Elisabeth les chefs protestants pour lui annoncer la con- clusion de la paix : Messieurs les princes de Navarre et de Condé, monsieur l'admiral et les seigneurs, gentilzhommes et autres qui les ont accompagnez en la commune defense de la cause de la religion, se ressentant maintenant du fruit et effet de la faveur et assistance qu'il ont receue de très- haulte et très-puissante dame et princesse la royne d'Angleterre par une paix quil ont, avec la grace de Dieu, acquise, n ont voulu faillir, in- continent après la publication d'icelle, lui en donner advis et lui faire entendre bien particulierement comme toutes choses se sont passées, oultre ce que desjà elle pourra en avoir appris par le rapport que lui en aura faict le cardinal de Chastillon , ayant pour cet effet estimé qu'ilz ne peuvent faire meilleure eslection que du sieur de Brean, tant pour la parfaite et entiere fiance qu'ilz ont en luy, que pour ce qu'ilz l'as-- seurent qu'il scaura bien et dextrement s'acquitter de ceste charge, ayant esté témoin et vu à l'œil toutes les occurences et particularités qui sont intervenues en ce fait, lequel en premier lieu fera entendre à sa Ma- ! Record office , State papers, France, vol. XLVIHI. — 145 — jesté que le traité et pourparler de Îa paix a esté encoimmencé dès le mois d'octobre dernier, mais d'aultant que par les conditions de paix qui leur furent dèslors proposées, on leur offroit seulement une liberté charnelle de conscience, sans exercice de la religion , pour la defense et maintien de la quelle seulement il avoient esté contraincts de prendre les armes, ilz n’auroient voulu entrer plus avant dans aucune negocia- tion , estans resolus de plus tost sexposer, tous les ungs après les aultres, à une mort honorable que, par une lascheté et infidelité si grande, il leur fust imputé et reproché par la posterité d'avoir quitté et abandonné l'hon- neur et service de Dieu et leur propre conscience; que depuis sur cela la Majesté du Roy auroit envoié vers eulx le sieur de Biron, chevalier de l’ordre, capitaine general et grand maiïstre de son artillerie, et le sieur de Malassisse, conseiller en son conseil privé, pour offrir et accorder l'exercice de la religion es maisons des gentilz hommes, hauts justiciers, où ceulx du peuple pourroient convenir, si bon leur sembloit, la restitu- tion des honneurs et estat pour le regard des ditz gentil: hommes seu- lement, et pour la seureté de la paix quatre villes qui demoureroient es mains des dicts seigneurs et Princes ou de ceulx qui seroient commis par eux pour les garder; mais, pour aultant qu'en ce qui concerne le salut et redemption acquise par Jesus Christ, il n'a acception des petits et des grands, des nobles et des roturiers, et par ce moyen qu'on ne pouvoit en la cause de la religion faire acception des personnes sans irriter et offenser Dieu grandement, les sieurs Princes se confiant en sa seule bonté et misericorde voulurent, aussi peu que devant, accepter telles offres et conditions, encores que lors il y eust bien peu d'esperance de pouvoir plus longtemps maintenir l’armée en campaigne et que les af- faires fussent reduites à un estat assez douteux et incertain; que après plusieurs et divers renvois d’ambassadeurs , tant de la part de la Majesté du Roy vers les ditz seigneurs et Princes que de la part des ditz Princes vers sa Majesté, Dieu a voulu benir l’asseurance et confiance que les ditz Princes et ceulx qui les accompaignent ont en luy, ayant miracu- leusement maintenu et conservé leur armée en son entier l'espace de deux ans sans solde et au milieu de tant de desastres et perils qui se sont presentés, et après ces orages tellement incliné le cœur et volonté de sa Majesté au restablissement et repos et tranquilité publique, qu'elle leur a librement et de son propre mouvement, et contre l'esperance et conseils d'aucuns ses principaux qui sont près de sa Majesté, accordé et octroié des conditions assez tolerables et dont ilz ont quelque occasion de se contenter et louer Dieu, ainsi que la dicte Dame et Royne pourra voir, s'il lui plaist, par la lecture de l'edict qui est dressé sur le fait de la pacification , que le sieur de Brean lui portera; à quoy les ditz sieurs Princes ont d'autant plus esté induits d'y consentir que, par l'expresse permission de l'exercice de la dicte religion, qui.a esté octroié el con MISS, SCIENT, —— II. 10 — 1416 — cedé par le dict edict en une infinité de lieux et endroits de ce royaulme, la dicte religion est manifestement approuvée par sa Majesté, de la quelle il n'y a aucun en ce royaume de quelque estat, qualité et condition qu'il soit, qui ne puisse jouir avec quelque commodité tolerable, et que la seule lecture du dict edict convaincra tousjours de mensonge et ca- lomnie ceulx qui ont voulu faire croire, contre toute apparence de verité, qu'il n y alloit point en cela du fait de la religion, ains de simple re- bellion et attentat à l'Estat, puisque on voit maintenant à l'œil, comme on a desja vu aux precedents traités de paix , que, incontinent qu on a ac- cordé aux dicts seigneurs et Princes le solide establissement de la religion, ils se sont contentés et soumis franchement et volontairement à tout ce quon a voulu’. L'Allemagne avait joué un grand rôle dans ces derniers trou- bles; Charles IX écrivit de sa main au comte Palatin et au due Auguste de Saxe pour leur annoncer l’heureuse conclusion d'une paix si conforme à leurs désirs et à leurs conseils; il leur déclara qu'il ferait observer l’édit, se regardant, grâce à Dieu, comme hors de danger de retomber en de pareils maux ?. C'est à la paix de Saint-Germain que s'arrête ce deuxième rap- port; il me resterait à publier tous les documents inédits que j'ai recueillis sur les quatre dernières années du règne de Charles IX et sur les règnes d'Henri II et d'Henri IV. Agréez, Monsieur le Ministre, l'assurance de mes sentiments de haute considération. Comte H. pe LA FERRIÈRE. ! Record office, State papers, France, vol. XLVIIL. (Copie du temps.) 2 Jhid. RAPPORT SUR LES ARCHIVES PROVINCIALES DE PISE ET SUR LES COLLECTIONS RONCIONI ET AGOSTINI DELLA SETA, PAR M. MOLARD. Pise; le 23 février 1873. Monsieur le Ministre, J'ai l’honneur de vous adresser le résultat définitif de mes re- cherches aux archives de la province de Pise et dans les collections Roncioni et Agostini. Sans doute cet envoi a beaucoup tardé, et j'aurais pu, il y a un mois, en expédier une bonne partie. Mais j'ai préféré attendre un peu et vous présenter, Monsieur le Ministre, un tableau général et complet des sources où l’on peut puiser à Pise des documents sur l’histoire de la Corse. Ces sources sont au nombre de cinq : 1° les archives provinciales ou de l'État; 2° la collection Roncioni; 3° la collection Agostini; 4° les archives ar- chiépiscopales, et 5° celles du Chapitre. Un rapport particulier, qui accompagne celui-ci, est destiné à rendre compte du dépôt ar- chiépiscopal et du dépôt capitulaire. Je ne m'en occuperai donc pas ici. Toutes ces sources ont été examinées successivement et avec le plus grand soin, et si je ne craignais d'être téméraire, je dirais même qu’elles ont été épuisées. La somme totale des docu- ments par moi rassemblés dans ces différentes recherches monte à environ trois cents (294). De ce nombre, deux cent cinquante proviennent des archives de l'État, dix-huit des collections Ron- cioni et Agostini, douze m'ont été communiqués par le professeur Paganini, et quatre ont été trouvés dans les archives de Florence. Il y aura à revenir sur cette dernière recherche; je n'ai pu exami- ner suffisamment le numéro 4 qui comprend un certain nombre l'O — 11S — de liasses. Les dix autres documents sont le produit de mon travail aux archives de l'Archevèché et du Chapitre. Afin de rendre plus clair, plus compréhensible l'ensemble des opérations auxquelles je me suis livré, je vais entrer dans des détails circonstanciés sur chacune des sources auxquelles j'ai puisé. ARCHIVES DE L'ÉTAT OU DE LA PROVINCE. Ainsi que je vous l'avais annoncé, Monsieur le Ministre, dans une letire du 15 novembre 1872, les archives de la Chancellerie pi- sane ont été complétement détruites en 1315, lors de la révolte contre Uguccionne della Faggiola. Le peuple, croyant à l'existence d'une liste de proscription, pénétra dans le palais communal et fit main basse sur tous les papiers qu'il rencontra. Tels sont les dé- tails que fournit une charte du Regio acquisto Cappelk, datée du 8 décembre 1340. I suit de à que tous les documents politiques qui pouvaient servir à l'histoire politique de la Corse aux xIF et xur° siècles ont disparu sans retour. À la vérité, il est bien resté quelque chose des archives communales: un certain nombre de registres des lettres et provisions des Anciens et de celles des Sages a été conservé, mais la plupart ne commencent qu'en 1318, et les autres (le plus ancien est de 1299) gardent un silence absolu sur les affaires de l'ile. Cette dernière circonstance m'a conduit à douter beaucoup de l'effectivité de la domination pisane en Corse: J'attends, pour me former une opinion définitive, d'avoir com- mencé l'exploration des archives de Gênes. Le dépôt de la Province se subdivise en une multitude de sec- tions. Je ne m'arréterai qu'à celles où mes recherches ont été fruc- tueuses. Au premier rang viennent les Archives diplomatiques. Les Archives diplomatiques de Pise se composent de 15,995 par- chemins. Cette agglomération, qui a été formée en partie par les dépôts des anciens couvents, en partie aussi par les collections particulières acquises pour le compte du gouvernement et par les dons volontaires de divers érudits de la province, m'a fourni cent trente-neuf documents relatifs à la Corse, dont plusieurs fort im- portants. L'inventaire de ces seize mille diplômes est contenu en irente-six volumes manuscrits; mais comme dans les parties les plus anciennes, probablement par la faute des copistes, les noms propres ont été estropiés et les dates inexactement rapportées, J'ai dù le plus souvent recourir aux originaux. — 149 — Vient ensuite l'Archive de Saint-Étienne (Archivio di Santo Ste- fano). Cette collection, qui forme une des divisions les plus consi- dérables du dépôt provincial, m'a aussi donné son contingent. Dans les deux volumes du Livre des patries, j'ai trouvé les noms de cinq chevaliers corses dont les preuves manquent, par la raison qu'ils ont dû les fournir sur les lieux mêmes, c’est-à-dire à Bastia. Dans les registres des commanderies, j'ai relevé l'acte de fonda- tion de la commanderie Farinola. Ce Farinola, qui était Corse et professeur à l’Université de Pise, vivait au commencement du xvu° siècle (1607). Je ne pouvais manquer de parcourir les deux cent soixante et quatorze liasses et registres de la Chartreuse de Calci, qui sont conservés aux archives pisanes. Ces papiers furent transportés à Pise lors de la première expropriation de la Chartreuse. Ils con- tiennent des procès civils, des inventaires de succession à partir du x1v° siècle. Parmi eux, rien de relatif à ma mission, hormis un testament sans date d’un prêtre du Cap-Corse et vingt lettres traitant de la fondation d’une chapelle sous le vocable de Saint- François Xavier, dans l’église des Pères Jésuites de Bastia. Mais plus que tout devait m'intéresser ce qui reste encore des Archives communales. Sous cette dénomination sont comprises : 1° les ambassades pisanes; 2° les lettres des Anciens; 3° les provi- sions des Anciens; 4° les provisions des Sages. J'ai expliqué dans mon manuscrit la signification de ces différents termes. Les am- bassades pisanes n’ont qu'un seul volume divisé en cinq cahiers. Elles vont de 1318 à 1360. J'en ai extrait un document curieux sur un pirate marseillais qui s'était réfugié en Corse. Les lettres des Anciens sont contenues en neuf registres compris entre 1333 et 1394. Le dixième, qui est de 1426, renferme les lettres des Prieurs sous la domination florentine , et n’a aucun rapport avec mon sujet. Dans les neuf autres, j'ai rassemblé quarante-quaire documents qui sont la perle de mon écrin diplomatique. Les pro- visions des Anciens (106 volumes, de 1299 à 1405) et les provi- sions des Sages (22 volumes, de 1318 à 1402) m'ont offert un butin moins riche. Je n’y ai pu glaner que vingt-huit pièces de quelque intérêL. Les Archives hospitalières, celles du Dôme et de la Sapience l'Université de Pise), forment un ensemble de plus de deux mille registres , sans table ni inventaire. lei mes recherches ont dû né- — 150 — cessairement être quelque peu superficielles. J’ai particulièrement examiné les registres des xiu°, xiv° et xv° siècles, et, aidé des bonnes indications de M. le docteur Clément Lupi, à l’obligeance duquel je dois beaucoup, j'ai pu recueillir onze documents, qui ne sont pas très-importants, il est vrai, mais parmi lesquels un surtout, daté de 1294, est remarquable. C’est le seul diplôme, à ma con- naissance , Où 1l soit question de Sinucello della Rocca, cette grande figure de l’histoire corse au xm° siècle. M. le chevalier Tanfani, directeur des archives de Pise, m’a assuré qu'une table analytique de tous ces registres allait être prochainement dressée, et qu'il re- tiendrait soigneusement tout ce qui aurait rapport à la Corse. Je lui laisserai des fonds pour les frais de correspondance et de copie, s'il Y a lieu; mais je crois avoir pris tout ce qui en valait la peine. Des archives communales, de celles des hôpitaux, du Dôme et de la Sapience, j'ai tiré soixante copies que j'ai dû exécuter moi- même, vu le manque de personnel aux archives de Pise. LES COLLECTIONS PARTICULIÈRES. La collection Roncioni (la famille Roncioni est une des plus anciennes de Pise) se compose aujourd'hui de mille sept cent cin- quante-deux parchemins qui vont de l'an 570 à l'an 1782. Elle a été beaucoup plus riche autrefois. Dans une notice sur les archives d'Italie imprimée en 1827, le professeur Bluhme lui attribue quatre mille chartes. Il n’en reste pas la moitié aujourd'hui. On n’a pu m'expliquer les motifs de cette diminution. Dans son état actuel, la collection Roncioni contient une multitude de docu- ments intéressants sur le voyage d'Henri VII en Italie et sur les démèêlés du fameux archevêque Ruggieri avec son chapitre. J'en aitiré, pour ma part, onze titres qui ont leur mérite. Quant à la collection Agostini, elle est bien moins considérable que la pré- cédente. On y conserve sept cents parchemins compris entre 1100 et 1700. J'en ai extrait sept pièces relatives à une affaire de repré- sailles contre les nobles de Bagnaria, en Corse. ARCHIVES DE FLORENCE. Il n’y à plus rien aux archives de Florence de relatif à la Corse. Vous les documents qui s’y rapportaient furent renvoyés à Pise en 1865. Seulement, dans le Carteggio qui contient la correspondance entre Gênes et les Médicis, j'ai découvert trois lettres qui traitent — 151 — des secours envoyés par ceux-ci aux Génois, alors occupés à com- battre la révolte de Sampiero Corso. Je n'ai pu examiner différentes liasses sur les troubles de Bastia en 1746. Le professeur Lucciano les avait en main lors de mon passage à Florence; mais j'y revien- drai quand je partirai pour Gênes. Ce rapport était terminé et j'allais l'expédier, lorsque le professeur Paganini m'a communiqué douze copies de chartes de Monte-Cristo, dont l'analyse est ci- jointe. Tel est, Monsieur le Ministre, l’ensemble des travaux auxquels je me suis livré et qui ont amené l'examen plus ou moins som- maire de 21,462 parchemins et d'environ 2,400 registres. Le résultat général a été la réunion de près de trois cents chartes inédites, contenues dans un manuscrit de deux cent vingt pages in-folio, dont je vous prie, Monsieur le Ministre, de vouloir bien excuser les incorrections. Il reste maintenant à examiner quels enseignements scientifiques on peut tirer des documents dont je viens de parler. Certes, ils ne sont pas ce que je voudrais; ils ont cependant leur importance. Ainsi il est intéressant de savoir qu’en 1140 les Sarrasins de Va- lence possédaient encore une grande partie de la Corse, mais qu'ils l'avaient perdue en 1104; qu'en 1323 les seigneurs de Cinarca se déclaraient les très-fidèles sujets de la commune de Pise, ce qui, par parenthèse, n'empêchait pas les Pisans de faire brüler leur chateau; qu'enfin ces derniers conservèrent longtemps encore en Corse des fiefs relevant directement du roi d'Aragon, toutes choses nouvelles et que l’on ne trouve point dans les historiens, lesquels font finir la domination arabe vers la fin du xr° siècle et placent en 1312 la complète évacuation de la Corse par les Pisans. L'histoire ecclésiastique n'a pas moins à gagner aux études que J'ai entreprises. J'ai retrouvé les noms de trois évêques dont ne parle point Ughelli dans son Jtalia sacra. Ce sont Andrea, évêque de Sagone en 1177, Rolandino, évêque du même lieu vers 1289, el Pandolfo, évêque de Marana en 1242. Pour un quatrième, Giovanni, dont le même savant place la mort en 1311, je puis prouver qu'il était évêque de Nebbio dès 1295. Enfin j'ai des dé- tails très-étendus sur les grands biens possédés par l'abbaye de Monte-Cristo dans toute la Corse et notamment dans la Casinca. Une découverte plus importante est celle de l'existence du ser- ……— [52 — vage en Corse au xur' siècle. Je lis dans la Corsica de Gregorovius (page 17, 2° édition en allemand) : «Il n’y avait point d'esclaves en Corse; tous les Corses étaient libres au xr° siècle. » Les monu- ments écrits démentent cette assertion; plusieurs chartes prouvent que non-seulement il y avait des serfs en Corse au xu° siècle, mais encore que ceux-ci étaient vendus à Pise, hors du pays et par delà la mer, ce qui constitue une aggravation de la servitude. Toutefois les documents les plus importants, parmi ceux que j'ai rassemblés, sont ceux qui concernent le commerce de la Corse et en retracent toute l’histoire de 1281 à 1432. La plaine de Pise, couverte de marécages, ne produisait point alors les magnifiques récoltes qui l'enrichissent aujourd'hui. On achetait par conséquent du vin en Corse et, dans les mauvaises récoltes, la Casinca et la Bagnalincha fournissaient des blés très-estimés. Ce n’est pas tout; les étangs de l'île et la côte de Bagnara envoyaient fréquemment à Pise des cargaisons de poissons frais ou salés. Je n’en finirais point si je voulais entrer en des détails circons- tanciés sur le commerce particulier de Bonifazio, sur le colportage des objets de luxe à travers les montagnes de la Cinarca et sur la piraterie; car si l'imporlation en Corse de produits manufacturés était, pour les citoyens pisans, une source de gains considérables, les brigands de terre et de mer, dont le pays abondaït, prélevaient sur eux des contributions non moins considérables. Parmi eux se faisaient principalement remarquer les nobles de Bagnaria et de la Rocca. On accordait bien les représailles, mais sans grand résul- tat, et quand il s'agissait de les dénoncer, personne ne se souciait d'aller affronter le lion dans son antre, propter locum Corsiæ, ad quem nemo vull ire ob timorem personæ et bonorum. Fels sont, Monsieur le Ministre, les principaux faits qui semblent résulter des documents que j'ai l’honneur de vous envoyer. Comme je ne voulais pas borner mes travaux à la Corse seulement, j'ai recherché avec avidité tous les titres qui pouvaient regarder Îa France. C'est ainsi que J'ai été amené à faire la découverte d’une vingtaine de traités inédits entre Pise et les grandes communes du Midi, telles que Marseille, Arles, Grasse, Toulon et Nice. J'en a commandé des copies et, sitôt qu’elles seront prêtes, je les en- verrai. M. de Mas-Latrie, auquel j'en ai écrit, m'a répondu que ces actes étaient inconnus et fort importants. Pour terminer, je signalerai de nouveau les liasses qui concer- — 153 — nent le séjour de Charles VIIT à Pise. À part quelques communi- cations faites à M. du Cherrier pour son histoire de Maximilien, c'est encore un terrain vierge. Je pars demain pour la Chartreuse de Pise, où je compte rester moins de quinze jours (11 n'y a plus dans ce dépôt que 1,152 chartes déjà inventoriées}. De là je me rendrai à Gênes en passant par Florence. J'ai l'honneur d'être, Monsieur le Ministre, votre très-humble et obéissant serviteur. Francis Mozanr». RAPPORT ANNEXE SUR LES ARCHIVES ARCHIÉPISCOPALES ET CAPITULAIRES DE PISE. Pise, le 24 février 1873. Monsieur le Ministre, Les archives archiépiscopales de Pise se divisent en deux sec- tions différentes : la Mense et la Cour (Curia). La section de la Mense où sont conservés tous les titres de propriété de l’arche- vêché, tous les diplômes des priviléges qui lui ont élé conférés par le Saint-Siége, est de beaucoup la plus importante. Malheu- reusement je n'ai pu y pénétrer. À la mort du cardinal Corsi, prédécesseur de larchevêque actuel, tous les papiers de cette chancellerie ont été mis sous scellés par suite des difficultés qui sont survenues entre l’église et le royaume d'Italie. Un économe royal administre les biens vacants du diocèse de Pise, mais la partie ancienne des archives est impitoyablement fermée au visi- teur érudit. Ne sont complétement libres que les registres néces- saires à l'administration où il n'y a rien à prendre d'important pour l'histoire de la Corse. Je suis d'autant plus contrarié de ce contre-temps, que, s’il faut en croire les on dit, il y aurait à faire une ample moisson dans les vieux parchemins qui remplissent les armoires de ce dépôt. On m'a même assuré, mais j'en doute, que — 154 — là se trouve tout le dossier du procès intenté aux fameux Giovan- nali, ces hérétiques, qui, en 1348, levèrent en Corse l’étendard du communisme. Quoi qu'il en soit, sachant par M. Martelh, l’ancien chancelier de la Mense, dans quelle armoire se trouvait enfermé l'inventaire, je me suis adressé au président du tribunal pour en obtenir le descellement. Le président m'a renvoyé au mi- nistre de grâce et justice, auquel j'ai adressé une pétition. J'ai écrit en même temps à M. Fournier et au commandeur Artom pour les prier de m'appuyÿer, mais je n’ai pas encore recu de ré- ponse. Pour le cas où elle arriverait après mon départ pour Gênes, M. le docieur Clément Lupi, second secrétaire aux archives de Pise, m'a promis de me remplacer, et je dois déjà tant à son obli- geance que je puis compter sur sa promesse. M. Paganini, profes- seur à l'Université, m'ayant appris ensuite que l'archevêque Fro- sini avait fait transcrire une partie des diplômes de la Mense et que cette transcription devait se trouver dans les bureaux du vi- caire général du diocèse, je me suis transporté auprès de lui, et nous avons fait de vaines recherches. Il faut croire que la trans- cription n'existe pas ou qu’elle a été perdue. LA COUR ARCHIÉPISCOPALE. L’archive de la Cour archiépiscopale, qui est ouverte tous les jours de onze à deux heures et où chacun peut travailler moyennant la permission de l'archevêque, est composée de parchemins, de liasses et de registres. Les parchemins, au nombre de 1,200 en- viron, commencent aux premières années du xmr° siècle et finis- sent en 1831. Un millier environ gisent confusément dans une huitaine de casiers ouverts, et deux cents autres sont répandus sur les tables, dans les tiroirs, un peu partout. Aucun ordre, aucun inventaire. J'ai donc été obligé de les lire tous du premier au der- nier, et je regrette vivement le temps que j'ai perdu à cette re- cherche. Trois documents relatifs à la Corse, et encore sont-ils de médiocre importance, voilà tout ce que j'ai trouvé dans cet amas de chartes que l'humidité du local et le peu de soin apporté à leur conservation ont rendues irès-difficiles à déchiffrer, et par- fois même complétement illisibles. Mais si les archives de la Cour sont pauvres en documents corses, elles offrent une source fé- conde pour l'histoire juridique et religieuse de la commune de Pise. On y trouve de quoi reconstituer largement les cartulaires — 155 — de San Michele della Verruca, de Sant Ermete d'Orticaia et des différents monastères de frères hermites, si nombreux dans cette partie de l'Italie. Les actes privés n'ont pas moins d'intérêt, et M. Bonaini s'en est inspiré plus d’une fois dans son beau livre sur les statuts de la commune de Pise. Quant aux liasses et aux re- oistres, comme ils sortent complétement de mon cadre de re- cherches, je ne men suis que peu occupé. J'ai lu pourtant avec attention, mais sans aucun résultat, une centaine de registres traitant de la collation des bénéfices et partant de 1350. Il n'y a rien de bien sérieux à espérer des ordinations de prêtres qui com- mencent en 1560, des ordonnances des Médicis et des grands- ducs et des registres de morts et de baptêmes; tous ont rapport au seul district de Pise. Du reste, liasses et registres sont au nombre de plus de deux mille, et ïl eût fallu, vu le manque de tables ct d'inventaire, plusieurs mois pour les lire entièrement. LE CHAPITRE. Parmi les dépôts particuliers qui enrichissent la ville de Pise, les archives capitulaires occupent certainement le premier rang, et pour leur bonne tenue et pour l'importance des documents qu’elles renferment. Ces documents consistent en dix-huit cent quatorze parchemins, dûment inventoriés, et en deux cents regis- tres ou environ. Les parchemins vont de 930 à 1786. Les registres commencent à l’an 1200 et finissent à nos jours. Ceux-ci n'offrent aucun intérêt, du moins pour la Corse. Je les ai laissés compléte- ment de côté pour réserver toute mon attention aux diplômes. Dans l'inventaire de ceux-ci, j'ai recueilli sept pièces relatives à ma mission et toutes intéressantes, comme on en pourra juger en se reportant ci-après. Par la lecture du catalogue, fort bien rédigé par les chanoines, j'ai pu m'assurer que le dépôt du Chapitre est fort riche en documents allemands. Ceux-ci ont été pris en août 1854 par le docteur Sicker, professeur à l'Université d’'Insprück. Il s'y trouve aussi plusieurs diplômes français. J'en ai donné une liste à la suite de ce rapport. Les archives du Chapitre ne s'ouvrent que lorsqu'on en fait la demande, et seulement pour une heure ou une heure et demie par jour. Cela rend les recherches longues et difficiles. Parmi les richesses du même dépôt, j'ai beaucoup admiré œuvre sur les prébendes, du chanoine Adamo. Il v cite les actes des diffé- — 156 — rents consuls conservati da Medici (conservés chez Médici). Ils sont aujourd'hui disparus, ainsi qu'une bonne partie des documents contenus autrefois dans les archives du Chapitre et de l'Arche- vêché. J'ai l'honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre très-humble et obéissant serviteur. Francis MoLarp. INVENTAIRE DÉTAILLÉ DES DOCUMENTS RELATIFS À LA CORSE QUI SE TROUVENT AUX ARCHIVES PROVINCIALES DE PISE. ARCHIVES DIPLOMATIQUES. Les parchemins conservés aux archives de Pise montent à 15,999. Ils proviennent pour la plupart des monastères expropriés en 1809, des collections particulières achetées par l'État et des dons ou dépôts faits par divers habitants de la province. Je donne ci-après le tableau détaillé de ces archives, indiquant le nombre de chartes contenues dans chaque division du catalogue, et le nombre de documents relatifs à la Corse contenus dans chacune de ces divisions. Suivront les cotes de ces documents que, pour cette fois seulement, j'ai dù rédiger, suivant la méthode italienne, c'est-à-dire en indiquant la descendance des contractants et les noms des notaires et des témoins. J'ai été conduit à l'adoption de cette mesure par la raison que dans ces pièces, ou du moins dans un certain nombre d’entre elles, tout l'intérêt repose sur les an- cêtres des parties, ou sur le notaire et les témoins qui sont Corses ou d'origine corse. Pareille adjonction, je le sais, donnera à a cote une allure quelque peu lourde, mais elle m'a paru indispen- sable, et d'ailleurs j'espère pouvoir m'en passer à l'avenir. La plus ancienne charte des archives diplomatiques de Pise est du 30 avril 780, et la plus moderne du 25 juin 1852. Toutes deux sont relatives à l'ordre de Saint-Etienne. J'indiquerai pareillement les dates extrêmes pour toutes les divisions de l'inventaire. — 157 — TABLEAU DÉTAILLE DE L'ARCHIVE DIPLOMATIQUE DE PISE. NOMBRE NOMBRE de de PROVENANCES OÙ DIVISIONS. chartes chartes contenues relatives NUMEROS. au total. à la Corse. San Michele in Borgo Regio acquisto Cappelli Deposito Bonaini { Trovatelli San Michele degli Scalzi... Diversi Spedali riuniti. Santa Maria di Ponte-Nuovo. San Frediano... Regio acquisto Coletti Atti publici {Spoglio Pagnini) Santa Anna 7 3 2 9 1 H Hi 6 3 1 2 2 Deposito Galletti San Domenico = Convento del Carmine Acquisto da Scomo Regio acquisto Bigazzi Deposito Simonelli : Dono Tribolati Dono Supino Dono Micheli À ce nombre, il faut ajouter six autres pièces que J'ai quali- — 158 — fiées de douteuses, parce qu'il m'a été impossible de déterminer leur identité d’une facon précise. Le nom du lieu où elles ont été rédigées se retrouve à la fois en Toscane, en Sardaigne et en Corse. Quatre appartiennent au monastère de San Lorenzo alla Rivolta, une à la Pia casa della Misericordia, et la dernière au couvent de San Silvestro. J'en parlerai en temps et lieu. Le nombre total des chartes qui se rapportent à la Corse, dans les archives diploma- tiques de Pise, est donc en tout de cent trente-neuf, en tenant compte des six pièces douteuses dont je viens de parler. OEUVRE DE LA PRIMATIALE. {Dates extrêmes, 930-1699.) DU STYLE PISAN. La plupart des documents compris dans notre inventaire sont datés suivant le style pisan, dont il est à propos de dire ici quel- ques mots. . Il y avait en Toscane plusieurs manières de compter le temps, parmi lesquelles, le style florentin et le style pisan. L'année flo- : rentine commençait trois mois après la Nativité du Sauveur, c'est- à-dire le 25 mars de la première année de l'ère vulgaire. L'année pisane, tout au contraire partait du 25 mars de l’année qui à précédé l’ère vulgaire !, Elle était en avance de neuf mois sur l'an- née connue, et d’un an sur l’année florentine. En suivant le calcul romain qui commence au 1° janvier, on trouve pour les Pisans une avance de neuf mois dont il faut tenir compte. Nous n'avons pas fait la rectification, pensant que c'était chose inutile après l'avertissement que nous venons de donner ?. Dans plus d'un acte, lindiction étant au cours de Gênes, nous n’avons pas oublié d’en faire l'observation. Ce fut l'empereur François [®, grand-duc de Toscane, qui, en 1749, fit cesser toutes ces anomalies. Par un motu proprio du 20 no- vembre, il décida que les différents styles seraient abolis et que l'année toscane commencerait au 1* janvier. Dans la plupart des diplômes de l’Archive pisane, la date ordinaire est accompagnée 1 C'était à proprement parler l'ère de la Conception ou plutôt de TAnnon- clation. ? Voir du reste Mabillon, De re diplomaticu, 1. TE, p. 171, 172 et 186. un du calcul indictionnel. Nous n'avons pas pu en vérifier l’exacti- tude, mais il est à présumer que plus d’une faute a dû s’y glisser. DE LA PRIMATIALE. On appelle ainsi la cathédrale de Pise, à cause de la primatie de Sardaigne et de Corse, qui est un des priviléges attachés à l’ar- chevéché de cette ville. Aux archives de la province, on comprend sous le nom d'OEuvre de la primatiale tous les documents qui ont rapport à ce bel édifice, dont le nom primitif est Sainte-Ma- rie-Majeure (Santa Maria Maggiore). Le mot Dôme, qui appartient à la langue vulgaire, n'apparaît. guère que dans la seconde moitié du xrr° siècle, et, sous le nom d’ar- chives du Dôme, on a réuni toutes les liasses et tous les registres qui ne commencent qu’à dater de la même époque. Le dépôt de l'OEuvre de la primatiale a fait des pertes immenses dans le cé- lèbre incendie de 1596. Tel qu'il est maintenant, il renferme trois mille quatre cent cinquante-deux chartes, cataloguées en deux gros volumes manuscrits. * Ce fut en 1063 que les Pisans conçurent l’idée d’ériger, en l'honneur de la mère du Christ, un temple somptueux et qui sur- passerait en magnificence tout ce qu'on avait vu jusqu'alors. Pise était alors la reine de la mer Tyrrhénienne. Des guerres heureuses contre les Sarrasins de Tunis et d'Espagne avaient rempli son trésor ; ses flottes couvraient la Méditerranée et ses armes redou- tées avaient porté au loin la gloire de son nom. Tous les potentats de l’Europe s’intéressèrent à l'œuvre pieuse de la jeune répu- blique. L'empereur et le pape donnèrent des sommes considé- rables, et Byzance, où l'art déclinait depuis un siècle, envoya toute une colonie d'artistes, qui, non contents de prêter leur concours à l'érection de la grande église, répandirent dans la cité une multitude d'œuvres remarquables, dont il m'a été donné d’'ad- mirer quelques-unes dans la belle collection de M. Sapino. II semble que les nombreux ouvriers employés à la construction de Sainte-Marie-Majeure se réunirent en une sorte de société reli- gieuse, sous la direction d’un chef suprême, l'ouvrier par excel- lence (operaio). L'association, dans laquelle on n'entrait point sans une espèce d'initiation, ressemblait fort à ces ecclesiai ou cor- porations dont il est si souvent question dans les inscriptions grecques de Rome et de lPAsie Mineure aux premiers siècles du — 60 christianisme. La société de l'OEuvre de la primatiale avait néces- sairement des affiliations avec d’autres corporations ouvrières for- mées à son image et dont la coopération lui était indispensable !. L'Église protégeait de tout son pouvoir cette renaissance de l’art et de l'association. C'est ainsi que nous voyons les forgerons et mineurs de l'ile d'Elbe lancer l’excommunication contre ceux qui les troublaient dans leur travail, et l'archevêque Ruggieri confir- mait cette excommunication. Il en a été de même, je pense, dans toute l’Europe, et notamment en Écosse pour l'édification de l'église collégiale de Roslin où l'on distingue encore, gravées sur ‘la pierre, les marques particulières de chaque membre de lasso- ciation. La société de l'OEuvre de la primatiale avait ses membres e- fectifs et ses membres honoraires. Ceux-ci portaient le nom de cominis ou d’oblats (commessi, oblati). Nombre de personnes pieuses, désirant participer aux mérites acquis par ceux qui travaillaient pour la glorification de la Vierge, donnaient de leur vivant tout ce qu’ils possédaient à l'association où ils entraient avec l'autorisation des Anciens de la commune. Ils étaient reçus avec un cérémonial particulier par l’operaio, portaient un habit monastique et s’adon- naient à des pratiques religieuses, parmi lesquelles il faut com- prendre les soins donnés à l'entretien de l'édifice et aux menus détails du culte. Ils remplissaient dans une certaine mesure le rôle du nombreux personnel attaché aux temples de l'Égypte et de l'Inde. Quand la primatiale fut achevée, quand le baptistère, le cam- panile et le Campo-Santo étalèrent toutes leurs merveilles aux yeux de la chrétienté éblouie, les legs et les donations des fidèles furent employés à les entretenir. L'œuvre continua à l’état de fa- brique, et l'operaio devint un surintendant préposé à la conserva- tion du monument. L'administration des biens de la cathédrale ui fut dévolue, et ce n’était pas une mince charge, car l'OEuvre était riche et possédait des biens en Corse et en Sardaigne. Au 7 février 1341, les revenus en argent de l'OEuvre de la primatiale s'élevaient à 3,945 livres 18 sous et 8 deniers. 1 Confirmation des privilèges accordés par l'archevêque Vitale à la corpora- üon des forgerons. {Archives du Chapitre, 11 avril 1210.) Cette confirmation est précédée d'une sentence d’excommunication fulminée par l’archevêque Rug- gleri. — 161 — En consultant l'économie politique du moyen âge de Pillustre Cibrario, on verra que c'était là, comme valeur relative, une somme importante. Les revenus en nature n'étaient pas moins considérables. Ils se composaient de 289 setiers (s{aioro) une charge et deux quarts de blé, 14 setiers et une charge de sarra- sin, un setier deux charges et trois quarts de millet, 12 setiers d’épeautre, 167 barils et demi de vin, et vingt livres et demie plus une charge d'huile. Je traduis par charge le mot quarra, ne trou- vant aucun autre équivalent dans la langue française. C'est une très-ancienne mesure pisane dont je n’ai pu préciser la conte- nance. Aux termes des évaluations rejetées en note!, les revenus en céréales de l'OEuvre de Sainte-Marie-Majeure se monteraient en céréales à 70 hectolitres 61 litres 607 millilitres, à 3 hectolitres Ao litres 98 centilitres de sarrasin, 58 litres 86 centilitres de mil- let, 2 hectolitres 92 litres 356 millilitres d'épeautre. CHARTES DE LA PRIMATIALE. 1. La sentence d'excommunication, lancée par l'archevêque Daibert, en présence des consuls et du peuple de Pise, contre ceux qui, ayant molesté les ouvriers de l'OEuvre de Sainte-Marie-Majeure, ne payaient pas annuellement vingt sous à ladite œuvre (ce à quoi ils s'étaient spon- tanément obligés), étant tombée en oubli, l'archevêque Roger, de con- cert avec le chapitre, la renouvelle, et établit que, dorénavant, les sus- dits ouvriers pourront aller librement de San Mateo, dans l'Elbe, le Giglio, l'Alma, ou quelque autre lieu que ce soit de la Bouche-d'Arno, et même jusqu a Rome et en Corse, et en revenir, sans être aucunement inquiélés. Donné à Pise, l'an 1129, en présence des chancelier, vi- dames et consuls de la cité. (Signature de l'archevêque.) 2. Lamberto dell Antella, fils de feu Guido, de Florence, et Mainuccio, lils de feu Uguccione, de la même ville, tant en leur propre nom, qu'en celui de Passavante, fils de feu Bencivenni, leur associé, vendent à Ruggerotto, fils de feu Bonafede, stipulant pour Guello, fils de feu Ri- l Le stato (sextartus , setier) équivaut à 24 litres 363 millilitres. La quarra et le quarto sont deux mesures identiques et valent le quart du stao, c'est à-dire 6 litres 90 centilitres. Le staioro ou stioro (sextariata, sesterée) est l'espace de terrain où l’on peut recueillir un setier de blé. Le mot de charge ne rend pas exactement le mot quarra. Je le laisse pourtant faute d'en trouver un autre. La livre d'huile vaut 1/3 de kilogramme. MISS AS CTRNT == TI — 162 — uieri di Bandino della Casa Guaitanorï, tous les droits qui leur com- pèlent contre Andrea, marquis de Massa et de Corse, en vertu d'une créance de huit livres pisanes. Fait à Florence, le 30 novembre 1260, indiction IV (cours florentin). Roger Baldanza de Diotisalvi, notaire. 5. Roger, archevêque de Pise, voulant suivre les traces de ses prédé- cesseurs, et considérant que les forgerons et les mineurs se sont engagés à payer annuellement vingt sous au profit de l'OEuvre de Sainte-Marie- Majeure, confirme l’excommunication qu'ils ont fulminée contre ceux qui les troublaient dans leur travail, dans l'Elbe, le Giglio, Monte-Ar- gentario, l’'Alma et de la Bouche-d'Arno jusqu'a Rome et en Corse. Donné à Pise, au son des cloches, l'an premier de sa consécration et en présence du clergé et du peuple, 1° février 1279, indiction VI. h. Le prêtre Giovanni * Fisico, fils de feu Üguccione, de Nebhio, en Corse, actuellement évêque du même lieu, vend et cède à Botto Tas- callino, fils de feu Rinieri, de la paroisse de Santa-Viviana, tous les droits qu'il a sur une somme de 38 livres pisanes, capital et intérêts, reste d'un prêt fait par lui à Salvetto, fils de feu Neri, tanneur de la pa- roisse de San-Giusto, Fait à Pise, le 16 mars 1207, indiction X. Guido, fils de feu Ugohino Barbotti, notaire. 5. Don Giovanni, curé de la paroisse de Bibbona, en sa qualité de procureur de Paladino, marquis de Massa et de Corse, de Tolanduccio, fis de feu Andrea di Frediano, d'Andruccio, fils dudit Paladino, et de Zemmo, fils de feu Corso. vend à Mariano, fils de feu Rimieri di Barone, notaire à Livourne, la moitié indivise d’une pièce de terre, décrite en ses confins et située au même lieu, pour le prix de 60 livres pisanes. Fait à Pise, le 23 février 1302. indiction XV. Francesco Rossetli, fils de feu Guido degli di ser Ranuccino d'IHdebrando-Orselli, notaire. 6. Betto Tascallino, ayant acquis de Giovanni Fisico, prêtre et actuel- lement évèque de Nebbio en Corse, une créance sur le tanneur Salvetto, fait donation de la susdite créance à Bernardo, tonnelier de la paroisse de San Giorgio. Fait à Pise, le 30 octobre 1303, indiction I. Giovanni, fils de feu Jacopo d'Idebrando, notaire. 7. Le jurisconsulte Giovanni Ceccho, fils de feu Uguccione Cecchi, ci- 1 C’est probablement comme descendants des Malaspina que les marquis de Massa portaient le titre de marquis de Corse. 2? C'est sûrement le même Jean que celui dont Ughelli place la mort vers 1311. Cette charte nous apprend que dès 1297 il était évêque de Nebbio. Une charte du Chapitre le désigne comme évêque de Nebbio dès 1295. — 165 — toyen pisan, ayant été élu par les Anciens de Pise surintendant de l'OEuvre (operaio) de Sainte-Marie-Majeure , et voulant satisfaire aux devoirs de sa charge, fait l'inventaire de tous les biens qui appartiennent à cette œuvre, à Pise et dans les environs, en Sardaigne et en Corse. Fait à Pise, le 26 août 1342, indiction IX. Biagoio Clavelli de Malaventre, notaire. Le susdit inventaire est rédigé sur quatre parchemins séparés. 8. Quittance faite par Bartolommeo, archevêque de Torre (Porto- Torrès en Sardaigne) et nonce du Saint-Siége en Sardaigne et en Corse, par laquelle il confesse avoir recu de Simon Manca 3 livres et 15 sous de monnaie pisane, pour le compte de l'OEuvre de Sainte-Marie de Pise, en payement du reste d'une dîme triennale imposée par le pape Clément VI en vue d’une croisade contre les Turcs. Fait dans le château de Cagliari, le 9 septembre 1350. Naddo Clari, notaire. 9. Ser Cecco, fils de feu Nueco, de Piombino, et Jacopo, Paolo et Piero, ses fils, confessent avoir reçu, à titre de prêt, de Rustichella, fille de feu Vivolo, dit Scalso, d’Aleria en Corse, demeurant à Pise, la somme de 50 florins d'or pour un an. Fait à Pise, le 3 septembre 1376, indic- tion XIII. Extrait par Giovanni, notaire, des minutes de feu ser Piero, son père. 10. Rustichella, fille de feu Vivolo, d'Aleria en Corse, demeurant à Pise, se fait oblate de l'OEuvre de Sainte-Marie-Majeure, à laquelle elle offre tous ses biens dans les mains de don Banduccio di Bonconte, surin- tendant de ladite œuvre (operaio), lui promettant obéissance et chasteté pour tout le reste de sa vie. Fait à Pise, le 16 mai 1383, indiction V. Giovanni, fils de feu Martino di Covinaria, notaire. 11. Santino Corso, fils de feu Orlanduccio, de Venzolasca (Corse), déclare avoir reçu, à titre de prèt, du lainier Rinieri, fils de feu Jacopo, armurier, la somme de 40 florins d'or qu'il doit restituer aux calendes de juillet. Fait à Pise, le 7 mai 1387, indiction IX. Bindo, fils de feu Niccolo Clari, notaire. 12. Viviano, fils de feu Vitale, fils lui-même d’Albertuccio, de Canale, de l'ile de Corse, reconnaît avoir reçu du lainier Rinieri, fils de l’armu- rier Jacopo, la somme de 120 florins d'or, qu'il doit restituer aux ca- lendes de novembre Fait à Pise, le 13 septembre 1387, indiction IX. Bindo, fils de feu Niccolo Clari, notaire. 13. Sentence prononcée par messire Leonello, gouverneur de l'ile de Corse, par son viguier et par son conseil, dans laquelle ils déclarent à messire Ranieri, armurier, et à Giulhiano de lo Prono, eitovens pisans, 11, — 164 — que, sous huit jours, ils doivent avoir payé ce qui est dû à Zerimchelo da Luiliana di Gerardino, de Nebbio, auquel vient d'être accordé le droit de représailles contre les Pisans; faute de quoi ils seront molestés dans leurs personnes et dans leurs biens. Donné en Corse, le 10 octobre à 390, indiction XIIT (cours de Gènes). Ambrogio da Tossata da Premontorio, notaire. 14. Rinieri', fils de Jacopo, armurier de Pise, constitué en présence du gouverneur de la Corse, réclame contre la sentence précédente, allé- guant un sauf-conduit à lui accordé par le gouverneur Cortorino , et selon lequel il ne pouvait être molesté. Il en appelle au jugement de la com- mune de Pise. Fait à Biguglia, le..... 1390, indiction XII. Ambro- 910 da Fossata da Premontorio, notaire. 15. La commune de Pise, sur l'instance qui lui en est faite par l'ar- murier Rinieri, citoyen et marchand pisan, lui accorde les représailles contre les Corses, dans leurs personnes et dans leurs biens, jusqu à con- currence de ce dont il a été injustement dépouillé. Fait à Pise, le 24 juil- let 1392, indiction XIV. Nino di Tommaso, fils de feu ser Bacciameo di Malaventre, notaire. 16. Dépositions de divers témoins, produits devant D. Giuliano Doria, podestat de Calvi pour la commune de Gènes, à l'effet de prouver que donna Balduccia, femme de Domenico Lombardi, habitant à Calvi, et fille de feu Strenna, est bien la sœur de Urluccio, dit Portacogrone, et que, par conséquent, son hérédité doit lui ètre dévolue. Fait à Calvi, le 20 avril 1398, indiction V. Niccolo da Sorba, fils de feu Giovanni da Rapallo, notaire. 17. Giacomino d'Orlando, citoyen et marchand de Bonifazio (Corse), ayant, en sa qualité d'associé d'Antonio di Marte, marchand de Sassari, entendu parler de certaines réclamations faites par Giovanni Lupino, fils de feu Bernardo et marchand d'Arestano (Oristano en Sardaigne), à l'oc- casion d'un troupeau de bétail, déclare qu'il ne sait rien à ce sujet. Fait à Pise, le 10 juin 1400, indiction VIT. Giuliano di Calino da S. Giusto, notaire. 18. Bartolommeo, fils de feu Matteo di Lemmo, marchand de vin et citoyen de Lucques, donne procuration à Giusto di Gregorio, de Pise, demeurant à Lucques pour lui acheter trente tonneaux de vins corses. Fait à Lucques, le 23 septembre 1406, indiction VIT. Rissico, fils de feu Paolo Rissichi, de Lucques, notaire. 1 NH est fort question de ce Rinieri dans les provisions des Sages et dans une charte de la collection Roncioni. — 165 — 19. Le sellier Rinieri, fils de feu Jacopo, citoyen et négociant pisan, charge Alamanno, fils de feu Michele degli Albizzi, de représenter à la commune de Florence que son grand-père avait obtenu le droit de re- présailles contre les Corses, alors gouvernés par don Leonello Lomellini , et de demander qu'il puisse user de ce droit pour rentrer dans ce qui lui est dû. Fait à Pise, 15 mai 1483, indiction XV. Betto, fils de feu .-ser Giovanni, fils lui-mème de ser Betto de Filettole, notaire. SAN MICHELE IN BORGO. (94o-1741.) Le monastère de San Mamiliano de Monte-Cristo est situé dans la petite île de ce nom et tout près de la Corse. Il possédait en ce pays de grands biens, et un certain nombre de couvents corses étaient soumis à son autorité. Nous citerons entre tous le monas- tère de Santo Stcfano di Venaco. San Mamiliano de Monte-Cristo fut réuni avec ses dépendances au couvent de San Michele in Borgo, de l’ordre des Camaldules, par une bulle de Grégoire IX, datée du 10 mai 1232. C'est ainsi qu’un certain nombre de chartes de cette maison religieuse se trouvent dans les archives de San Michele in Borgo. L'union ne se fit pas sans difficulté et les moines de Monte-Cristo firent quelque résistance. L'abbé de San Mi- chele de Pise montra, de son côté, une certaine répugnance à prendre possession de sa nouvelle acquisition. Il fallut les injonc- tions réitérées du pontife pour l'y décider. Il serait excessivement intéressant de posséder le cartulaire de San Mamiliano; malheu- reusement il a disparu et il ne reste que peu d'espoir de le re- trouver. Les pirates de la Méditerranée ont plus d’une fois attaqué ce monastère et celui de la Gorgone, qui était dans le même cas. Au xiv° siècle, un bon nombre de chartes étaient déjà perdues, et on y avait suppléé par une restitulion plus ou moins heureuse, ainsi qu'on le pourra voir tout à l'heure. Cela revient à dire que plusieurs chartes de Monte-Cristo ont été falsifiées. On ne saurait donc être trop minutieux dans l'examen des quelques documents qui nous restent de l’abbaye de San Mamikano de Monte-Cristo et du couvent de Santo Stefano, qui était sous sa dépendance. Achat fait par la comtesse Mathilde, fille du comte Neri et femme de feu Guillaume, qui habitait à Cucovello dans le district d'Ampognano, de champs et de bois situés in piaggia près de Porrigiano, lieu dit Pon- ligio. Sans date. — 166 — Parmi les témoins, figure un évêque d’Acci, nonimé Riccobono. L’évêché d’Acci! était un des plus anciens de la Corse; le Ricco- bono dont il est ici question nous paraît le même que le Ricco- bonus cité par Ughelli au nombre des évêques de ce diocèse et placé en regard de l’année 930. Le document, du reste, n’est pas un original, mais bien une copie faite par un notaire, le 8 avril 1361, à Santa Lucia della Baccharaccia, et tirée d’un vieux cartulaire de l’abbaye de Monte-Cristo. Cette pièce, que j'avais cru d’abord inédite, a été imprimée par le P. Mittarelli dans les Annales Camaldulenses, t. I, p. 3. n. 14. | Sur le même parchemin on lit le testament de la comtesse Ma- thilde, par lequel elle lègue au susdit monastère les biens qu'elle avait précédemment achetés. Le testament est daté de l'an 951, indiction IX. Mittarelli a connu aussi cette pièce et l’a publiée à la suite de l’autre, dans le même ouvrage. 2. Ugo, fils de feu Azzo, vend à Bella, fille de feu Belluccio, et à Leone, fils de feu Ranieri, une serve du nom de Bellula, originaire de l'île de Corse, pour un anneau d'or de la valeur de 4o sous. Fait à Pise, le 6 mai 1114, indiction VI. Hdebrando, notaire. 3. Bulle originale du pape Gélase IT, adressée à Enrico, abbé de San Mamiliano * de Monte-Cristo, par laquelle il confirme au susdit monas- tère la possession de tous les biens qui lui appartiennent en Corse, dans l'Elbe, la Sardaigne et la Pianosa, énumérant toutes les églises et tous les couvents qui en dépendent, et accorde aux moines de San Mamiliano le droit d'élire leur abbé et d'avoir un cimetière particulier pour eux et les étrangers qui voudraient s’y faire ensevelir. Donné à Pise, par la main de Grisogone, cardinal diacre, l'an I‘ de son pontificat, 1° octobre 111 9: indiction XII. h. Pandolfo, évèque de Mariana”, choisi comme arbitre pour terminer un litige pendant entre les chanoines de Mariana et l'abbé de Monte- Cristo, au sujet du payement de certaines dimes, décide en faveur ! L'évêché d’Acci fut réuni par Pie IV à celui de Mariana. {Voy. Ughelhi, Italia sacra, t. IV, p. 907.) ? Dépendaient en 1119 de cette abbaye l'église de San Pellegrmo, le monas- tère de Santo Stefano di Venaco et celui de Santa Maria di Canoverria, situés en Corse. * Pandolfo, évêque de Mariana en 1242, n’est pas cité par Ughelii, ‘ut — 107 — de l'abbaye, et condamne en outre les chanoines à une amende de trente setiers de blé, pour la fraude qu'ils avaient commise au détriment de la partie adverse. Fait à Santa Lucia della Baccharaccia, mars 1242. Prètre Marco, notaire. 5. Copie de l'acte précédent, délivrée par ser Santino di Martinello da Vico, notaire. 15 juin 1420, indiction III. 6. Le prètre Giovanni, curé de Îa paroisse de Brando en Cap Corse et recteur de l’église de Sainte-Marie du même lieu l vend, au nom de la susdite église et pour l'espace de dix ans, à Abate, marchand de vin de la paroisse des SS. Cosme et Damien de Pise, qui stipule tant pour son propre compte que pour celui de Lunardo di Baroncello, son associé, tout le vin à recueillir de certaines vignes décrites dans le présent acte. La récolte de chaque année doit être consignée au port d'Erba Lunga (Gap-Corse), et le prix en est fixé à 24 sous le baril (mesure du pays). Fait à Pise, le 13 novembre 1281. Bonifazio di Forte de Calcinaia, no- taire *. 7. Sous ce numéro sont comprises trois chartes extraites sur l'ordre de Blaxio, évèque d’Aleria, de l'archive du couvent de Santo Stefano di Venaco, en Corse, en date du g janvier 1364, indiction If {style romain), par Ugolinaccio di Giannelluccio, notaire. La premitre, qui est datée de l'an 4o7 de notre ère, est le récit de la fondation du monastère de Santo Stefano, sous l'autorité de l'abbaye de Monte-Cristo, à laquelle il donnera, chaque année, comme signe de dé- pendance, un cheval sellé de la valeur de 7 livres. L'acte est passé à Marana, en présence de Sinibaïdi, archevèque de Ravenne et légat du Saint-Siége, d'Angelo, comte de Corse, qui approuve, et sous le règne de Bellinghiero, roi et juge. La deuxième, qui est de l'an 600, est une donation du susdit comte Angelo au couvent de Santo Stefano. L'acte est passé dans la maison du comte. La troisième, de 709, est une revendication de l'abbé de Monte-Cristo et du supérieur de Santo Stefano, faite par-devant Roland, comte de Corse, au sujet de certains empiétements sur les biens du monastère de Santo Stefano. L'acte est passé à Fogata, lieu dit Marcorio. Ces trois titres sont faux, ou plutôt ils sont une restitution ! Dans ce document, le curé Jean est qualifié de curé et seigneur de Brando et de Santa Maria: L'évêèque d’Aleria avait également une domination temporelle dans son diocèse. On peut dire la même chose des évêques de Nebbio. ? Cet acte est le premier, jusqu'à présent, qui fasse mention d'un commerce de vin entre le continent et la Corse, » — 168 — maladroite des anciens originaux détruits dans une des nombreuses guerre qui ont ensanglanté la Corse. Nul doute que le couvent de Santo Stefano n'ait été fondé dans un temps très-ancien, qu'il n’ait dépendu de l’abbaye de Monte-Cristo; nul doute aussi que les biens dont les limites sont indiquées dans les actes précédents ne Jui aient réellement appartenu par la donation de quelque grand propriétaire corse. En un certain sens, le fond de ces diplômes peut donc être véritable. Mais les originaux ayant disparu, quel- que moine, fort mal pourvu de connaissances historiques, s’est avisé de les refaire et a fort mal réussi à ce travail. Un pareil fait n'est pas particulier à la Corse, il est commun et s'est reproduit dans toute l'Europe. C’est ainsi que les religieux de Saint-Germain- des-Prés ont refait au x° siècle leur acte de fondation détruit lors du siége de Paris par les Normands. Quant à l'époque où cette res- titution peut avoir eu lieu, j'inclinerais volontiers pour la fin du xr° ou le commencement du xn° siècle. D'abord, le légat du Saint-Siége intervient dans les trois actes. Cette particularité pourrait très- bien s'expliquer par le souvenir encore récent des décisions pon- tificales qui, depuis 1077, donnèrent aux archevêques de Pise la légation apostolique en Corse à titre définitif. Ensuite on pourrait retrouver dans la présence de Bellinghiero, roi et juge, quelque vague réminiscence de Béranger, roi d'Italie, qui vivait au x° siècle. Enfin la rédaction de ces titres est en vulgaire, mais dans un vulgaire grossier et rudimentaire qui nous reporte aux pre- miers temps de la langue italienne, la première inscription 1ta- lienne connue, dans le diocèse de Pise du moins, étant de 1105. 8. Giovanni di Castiglione Aretino, abbé de Monte-Cristo, confirme aux Ammondaschi, pour deux tiers, et aux Corsolacci, pour un tiers, la possession du fief de Campoianni, qui leur avait été concédé par son prédécesseur, sous la condition d'une rente annuelle de cinq mesures de blé (mezzuui modius), livrables à la chapelle de San Pellegrino, près de la mer. Fait le 28 février 1365, indiction HIT. Guglielmo, fils de feu Sgarello della Parata, notaire ?. Q. Sentence de don Buccharono, gonfalonier de la paroisse de ‘Lal- cina, en Corse, confirmant aux Ammondaschi * et aux Corsolacci la pos- 1 Campoianni était situé près du Golio, dans le nord de la Corse. 2 L'indiction est suivant le style de Gênes. $ Les Ammondaschi étaient parents de la famille pisane des Upezanghr — 169 — session du fief de Campoianni, qui leur était disputée par les hommes d'Acci. Fait le 23 août 1365, indiction IIL. Giuliardo, notaire’. 10. Frère Bartolommeo, recteur de l'abbaye del Cavo, de l'ordre de Monte-Cristo*, accense à Lucchone Folare de Carpeneto la métairie de Megronaccio, située dans la paroisse d’Alexani, lieu dit Piano d'OI- meta, pour la rente annuelle de quatre mesures de blé. Fait à Biguglia, dans la maison blanche de messire Alberto Bagnalincho, le 6 octobre 1371, indiction IX (style génois). Symmonino, notaire. 11 et 12. Sentence arbitrale prononcée par messire Battista di Bon- glo, vicaire général du gouverneur de la Corse, et par les cinq personnes de son conseil”, par laquelle ils condamnent les prétentions de Justicolo d'Arnoso, seigneur de Podalbertino, sur les biens de l'abbaye de Monte- Cristo situés à la Codule, dans Fiumalto. Fait à Bigaglia, dans l’église de San Niccolo, le 5 octobre 1402, indiction X (style génois). Stefano d'Antonio, de Calvi, notaire. Deuxième sentence du mème magistrat, condamnant Niccoroso da Lostali et ses frères, fermiers de ladite abbaye dans le district de Cane- bari*, à payer le cens convenu de deux barils de vin et un setier de blé, et, en outre, trente années d'arriéré, le 7 novembre 1402, indiction X (style génois). Stefano d'Antonio, de Calvi, notaire. Ces deux actes sont sur le même parchemin. 13. Don Giovanni, abbé de San Mamiliano de Monte-Cristo, confirme Benedetto, Jaferro et Bertuccolo Ammondaschi® ainsi que Manuello, Jorgio et Niccoroso, de Corsolacci, dans la possession du fief appelé le Piano de Campoianni, pour la rente annuelle de cinq muids de blé (mezzun). Fait à la Giola del Castellare di Casinchia (Casinca), le 6 oc- tobre 1406. Domenico del Castellare, d'Ampognano, notaire. ll. Sentence arbitrale d'Antonio, vicaire général de l’évêque de Ma- riana, par laquelle il détermine les confins de la paroisse de Mariana et du canonicat de San Pietro di Nuvolo de Bagnarea (Bagnara), pour éviter ! [ndiction suivant le style génois. ? Camaldules. % Jai traduit, comme on le fait d'ordinaire, le mot pieve par paroisse. Canton serait plus exact. * Les gonfaloniers des paroisses {pieve) avaient également leur conseil. Dans la charte n° 9, don Buccharono prononce la sentence sur l'avis de son conseil. ® Circuito di Canebart. 5 Les Amimondascht éiaent, suivant Îles chroniqueurs corses, venus avec Le fabuleux comte Colonna, au commencement du 1x° siècle. Je les crois plutôt d'origine pisane. — 170 — les différends qui pourraient naître entre le curé Pietro et le chanoine Antoniello de Lucciana, au sujet des suntes huiles. Fait Le 10 mars 1402. Lando Sero, notaire de l’évèché. 15. Bref du pape Alexandre VI aux vicaires généraux des évêques de Massa, de Mariana et d'Aleria, par lequel il leur ordonne de faire resti- tuer au monastère de San Salvadore de Monte-Cristo tous les biens qui en avaient été indûment séparés sous prétexte de baux ou de précaires. Donné à Rome, le 14 novembre 1 500. 16. Paul III charge les vicaires généraux des évèques de Mariana et d'Aleria de faire restituer au monastère de Monte-Cristo les biens retenus indüment par des possesseurs illégitimes. Donné à Rome, 5 dé- cembre 1537. 17. Bref du pape Jules IT ordonnant à l'auditeur général de la Chambre apostolique de faire restituer au monastère de Monte-Cristo les biens qui avaient été injustement occupés en Corse et en d'autres lieux. Donné à Rome, 8 août 1553. 18. Lettres exécutoires en faveur du susdit monastère. Données à Rome, le 24 août 1555. 19. Don Filippo, fils de feu Romolo de Fantoni, moine camaldule, ex-prieur du couvent des Anges de Florence et vicaire général de sa congrégation, à laquelle appartenait le couvent de Monte-Cristo en Corse !, ayant, par l'intermédiaire de son procureur, donné en emphy- téose à D. Pier Giovanni Casello, fils de feu Bastiano, de la Bastia (Bas- tia, Corse), la moitié de toutes les terres et maquis de Loreta, lieu dit Pianiccia, appartenant audit monastère, pour la rente annuelle d'un setier de blé; après s la mort du premier concessionnaire, don Grazia di Fran- cesco, vicaire procureur de la même congrégation, confirme aux trois enfants du défunt la possession des susdites terres. Fait au monastère des Anges, le 15 juillet 1594, indiction VIT. Francesco di Pier Francesco degli Albizzi, notaire. 20. Grégoire XIV ordonne aux évèques de Mariana et d'Ajaccio de lancer un monitoire contre ceux de leurs diocésains qui retenaient in- justement les biens de l'abbaye de Monte-Cristo”. Donné à Rome, le 1° Mars 1990. ! Monte-Cristo, bien que tout voisin de la Corse, n'en est pas une dépendance ecclésiastique. Il relevait anciennement de l'évêché de Massa. ? C'est par erreur de copie que ce document a été placé à la fin; il doit étre reporté avant le précédent. — 171 — REGIO ACQUISTO CAPPELLI. (1015-1758.) 1. Lettres de Napoleone, cardinal-diacre de Saint-Adrien, à Niccolao de Prato, chanoine de Pistoia, par lesquelles, en vertu d'une bulle de Clément V, qui lui confère la dignité de légat apostolique dans les pro- vinces de Toscane, de Romagne et de Gènes, dans la Marche Trévisane et dans les îles de Sardaigne et de Corse, à l'effet de donner une solution aux difficultés urgentes qui s'y sont élevées, il confère au susdit Niccolao un canonicat dans l’église de Pistoia, et, par avance, la première pré- bende qui y vaquera, encore qu'il en ait déjà obtenu d’autres dans les églises de Saint-Martin de Tours et de Padoue. 2 avril 1306. 2. Pino degli Agnelli”, citoyen pisan, reconnaît, en présence de Gio- vanni del Mare, fils de feu Gando, citoyen génois, que la barque mâtée à voile latine, appelée Santa-Caterina, dont il est le patron, et dont le chargement consiste en grains pris au commencement de l'année dans l'île de Favugnana, appartient en réalité à la maison Peruzzi, et que le susdit chargement doit être consigné à Bône ou à Tunis entre les mains des représentants de cette maison. À la vérité, dans certains actes publics, le navire et son fret sont représentés comme appartenant à la société degli Agnelli; mais ce n'est là qu'une fiction inventée pour mieux pro- téger la cargaison, à laquelle ladite société est complétement étrangère. Fait à Bonifazio (Corse), le 22 mai 1321, indiction IV, sur le quai du port, près de la maison des héritiers Tricheti et sous l'orme qui lui fait face. Giovannino Zancalaccio et Crescovello da Pargomia, bourgeois de Bonifazio, témoins. Bartolommeo Belino, notaire. 3. Bononino de Demolade de Novare, écrivain de la barque Santu- Caterina, dont il est question ci-dessus, atteste que la susdite barque et sa cargaison appartiennent à la maison Peruzzi, de Florence, et con- firme toutes les déclarations faites par Pino degli Agnelli dans l'acte précédent. Fait à Bonifazio, le 23 mai 1321, sous la Grande-Loge de ladite commune, là ou l'on rend la justice (ubt jus regitur). Nicolao Canzellerio, Quirico, ancien de la commune de Bonifazio, et Giovanello Brignaschino, témoins. Bartoiommeo Belino, notaire. h. Cecco, dit Cannetto, lils de Puccetto, de Livourne, patron d’une ! Les Agnelli étaient une puissante famille commerçante qui vivait à Pise dans la première moitié du x1v° siècle. Elle avait un grand crédit auprès des souve- rains musulmans d'Afrique. C'est probablement la raison qui faisait que sa pro- tection était recherchée par la maison florentine Peruzrai, — 172 — barque découverte de la capacité d'environ vingt tonneaux, ayant nom $San-Nicolao , et ancrée dans le port de Livourne, promet à Orlanduccio, dit Mancino, fils de feu Guglielmi, du Cap-Corse, de partir sous quinze jours dudit port, pour se rendre à Cerimo (Corse), y charger les bois dont a besoin ledit Orlanduccio et les transporter à Livourne, le tout pour le prix de 70 livres de Pise. Fait à Livourne, le 3 octobre 1341, indiction IX. Ialvuccio, fils de feu Pesei, et Neruccio, fils de feu Ban- dini, de Livourne, témoins. Barone, fils de feu Marini, du même lieu, notaire. 5. Donna Nese, fille de feu Mariano de Campo et femme de Marco della Seta, bourgeois d'Iglesias, en sa qualité d’héritière de son père et de son frère, confesse avoir reçu de Jacopo, de San-Gemignano, la somme de 16 forins d'or et 7 sous en à-compte des 323 florins d’or, 47 sous, 11 deniers, que la commune de Pise devait à elle et à son frère. Elle reconnaît en outre avoir reçu 226 livres 13 sous pour prix du reste de sa créance, par elle vendue à donna Drude, fille de feu Vanno, de la paroisse de San Luca. Fait à Iglesias, le 5 mars 1346, indiction XIV. Oliveto da Oliveto, notaire royal pour la Corse et la Sardaigne *. 6. Betto Gorgeria de Montemellone, podestat de Pise, ayant entendu les faits exposés par Corso, fils de feu ser Guidone Rodolfi, marchand pisan, et vu un arrêté du Sénat de créance * daté du 23 octobre 1344, par lequel le droit de représailles avait été accordé à tout citoyen pisan contre les Génois et les habitants de Bonifazio, déclare que le susdit Corso a été dépouillé d'nne somme de 145 florins d'or et que le dom- mage qu'il a subi s'élève à 30 florins. Il lui permet en conséquence d'user du droit de représailles jusquà concurrence des susdites sommes. Donné à Pise, le 12 août 1355, indiction VIT, dans la cour de la Chancellerie communale. Guido. fils de feu Niccoli, de Farneta, et Bar- tolommeo, fils de feu Pietro, de Vico , témoins. Luca, fils de feu ser Ja- copo, de Vico, notaire. HÔPITAUX-RÉUNIS (DIPLÔMES ). SAN MICHELE DEGLI SCALZI. (1048-1749.) 1. L'archevèque (de Pise) Ubaldo de Lanfranchi renonce solennel- lement, pour lui et pour ses successeurs, au cens annuel de deux tivres ! Le roi d'Aragon cherchait alors à faire valoir ses droits sur la Corse. 2 Senalo di credenza. Lorsque j'arriverai aux documents extraits des lettres des Anciens ct des provisions des Sages, j'expliquerai ce que signifie ce terme. — 1735 — de cire que Ugone, abbé de San Michele d'Orticaia avait promis à Vil- lano, son prédécesseur. Îl reçoit, en reconnaissance, le présent d'un an- neau d'or. Fait à Sainte-Marie-Majeure de Pise, le 13 août 1175, in- diction IX. Andrea, évêque de Sagona (Corse) ”, Guidone, son chapelain, et plusieurs autres témoins. Ser Gallico, notaire, a écrit le présent acte en présence de Marignano et de Guinibaldo, notaires. DIVERSI. (1185-1700.) 2. Don Andrea, archevèque de Gênes, choisit comme recteur de l'église de San Cipriano, située dans la vallée de Mansilia, et de celle de Centuri, dans le diocèse de Mariana (Corse), le prêtre Bonnaccorso di Sanne, du Cap-Corse, originaire du susdit diocèse. Fait à Gènes, le 13 août 1374, indiction XI. Ser Felice, fils de feu Leonardo da Gani- baldo, notaire. TROVATELLT. (1004-1619.) 3. Astore, fils de feu Andrea, d'imola, et Orsino, fils de feu Negrone, de Corse, compagnons de La Vecchia de Landa, connétable des Génois, vendent à Cristofano di Giovacchino, fils de feu Giovanni Benini, de Massa, pour le prix de 26 ducats d'or, un esclave à peau rouge de la na- tion des Ziti, qui avait appartenu à Manfredo Pavaschieri et avait été pris par lesdits soldats en dehors des portes de Sarzana, alors que D. Spinetta di Campo-Fregoso était maître de cette ville. Fait à la Spezzia, le 2 1 Mars 1444. Ser Francesco di Niccolo da Vergi, notaire impérial dans l'État de Gênes. A. Frère Alessio da Nigrelasso, Corse et syndic de la Chartreuse de Calci, afferme au potier Gherardo di Sano, citoyen pisan, deux pièces de terre, à raison de quatre setiers de blé de cens annuel et deux grands ducats d'or d'entrée (entratura). Ces deux pièces de terre sont situées dans la paroïsse de San Concordio in Barbaricina, mesurent une étendue de 29 sesterées (séioro, sexlariata) et supportent les fondements de trois maisons inachevées. Fait à Pise, le 2 juillet 1469, dans l'hospice des Pères de la Chartreuse, paroisse de Santa Lucia de’ Cappellari. Ser Andrea, fils de feu ser Giovanni del Canipo, notaire impérial et citoyen pisan. 5. Le vénérable don Alessio de Nigrellasso, Corse et procureur de la Chartreuse de Calci, loue à Bernardo, fils de feu Matteo da Montione, de Val d' Elsa, une pièce de terre avec maison et cave au-dessous, située L4 ! Andrea, évêque de Sagona, inconnu à Ughelli. — 174 — dans ia paroisse de San Giovanni al Gaetano , en dehors de la porte Le- gazia. Le prix annuel du loyer est de 6 livres de monnaie florentine , et en outre 2 grands ducats d'or d'entrée". Fait à Pise, le 17 juin 1470, in- diction II. Ser Andrea, fils de feu Jacopo, fils lui-même de feu ser Gio- vanni del Campo, notaire impérial et citoyen pisan. OLIVETANI. (1033-1754.) 1. Girardo, surnommé de Bondo, fils de feu Bernardo, vend à P1- sano, fils de feu Lanfranco, une de ses esclaves se nommant Nera, ori- ginaire de l’île de Corse”, pour prix de laquelle il reçoit un anneau d'or de la valeur de 60 sous. Fait à Pise, près la Porte d'Or, le 7 avril 11952, indiction XIV. Tamieri, notaire. 2. Angiolino, pelletier de Bonifazio, Corse, confesse avoir reçu de Pasquale del Nole autant de peaux blanches qu'il en faut pour arriver à la valeur de 35 florins d'or; laquelle somme il promet d'acquitter à Pise, dans le délai de deux jours et dès que la lettre de payement aura été présentée à Francesco Giovanni et à Simon de Ridolfi*. Faït à Boni- faio, le 15 avril 1397, indiction XIV. Marino Guigni, de Bonifazio, no- taire. 3. Angiolino, pelletier, fils de feu Simone, bourgeois de Castello- Bonifazio (Corse), choisit pour ses procureurs Francesco et Simone de’ Ridolfi , citoyens pisans, à l'effet de faire rentrer différentes sommes , et spé- cialement celle de 35 florins d'or qu'il doit retirer de Matteo de Vitto, également citoyen pisan. Fait à Bonifazio, le 18 décembre 1384. Ber- nardo ÂAssa, notaire. SAN PAOLO ALL ORTFO. (1042-1670.) 1. Lettre de Frédéric, élu de Pise, par laquelle il ordonne à tous les recteurs des églises de son diocèse, de choisir deux ou trois femmes par paroisse, à l'effet de quêter au moins une fois la semaine, au profit des religieuses de Sant Agostino, près le faubourg de Saint-Mare, accordant ! L'entrée (entratura) est une coutume qui se conserve encore en tale. Chaque fermier paye en prenant possession une année de cens et quelquefois plus, suivant les pays. ? Les chroniqueurs prétendent que les serfs de corps n’ont jamais existé en Corse. | $ Francesco Giovanni et Simon de’ Ridolfi étaient de gros commercants de Pise et les correspondants d’Angiolino. — 175 — vingt-cinq jours d'indulgence à ceux qui feront une telle aumône. Avec la permission du susdit élu, L., évêque d’Aleria (Corse), leur con- cède une indulgence d'égale durée. Donné à Pise, le 3 février 1257, l'an 1v de l'élection de Frédéric”. 2. Vente faite par l’orfévre Giovanni, fils de feu Michele, de la pa- roisse des SS. Cosme et Damien en Kinthica”?, à Borristoro, fils de feu Marmo, de Calvi (île de Corse), d'une pièce de terre avec maison située dans la paroisse de Santa Maria Maddalena et décrite en ses confins, pour le prix de 6o florins d'or. Fait à Pise, le 10 avril 1378, indic- tion XV. Bindo di Chiaro, fils de feu Niccolo di Chiaro, citoyen pisan, notaire. k PIA CASA DELLA MISERICORDIA. (1053-1722.) Cette maison fut fondée en 1053 par l'association de douze des plus illustres citoyens pisans. Elle est composée de personnes .séculières. C’est une espèce de centralisation des œuvres de bien- faisance. Secours aux prisonniers, assistance dans les épidémies, quêtes, incendies, etc. tout rentre dans ses attributions. Cette association existe encore aujourd'hui. Quand ses membres sont en fonction, ils portent un costume particulier et gardent un rigou- reux silence. 1. Meo et Colo, fils de feu Guido Bocchetti, de la paroisse de San ! Frédéric ne fut consacré archevêque de Pise que le 21 décembre 1258, nous ignorons pour quelle raison. Toutefois, dès avant sa consécration, il jouis- sait de tous les droits d’un archevêque, et nous le voyons, principalement dans les chartes des Olivetani où il apparaît fréquemment, donner la communion, absoudre, infliger les censures ecclésiastiques, et faire enfin tout ce qui est du ressort d'un pontife consacré. Quant à cet évêque d’Aleria, du nom duquel nous n'avons que l'initiale, ce doit être le même que celui qui dans Ughelli est désigné par la lettre N. à la date de 1252, et qui chercha à attirer des colons toscans dans sa ville épiscopale dévastée par les pirates. {Voy. Ughelli, Jtalia sacra, t. UT, p. 503.) Je propose- rais, comme restitution du nom de cet évêque, Lantolfe, nom que les chartes de la Gorgone donnent déjà en 1095 à un évêque d'Aleria, inconnu d'Ughelli qui n’a, du reste, pas eu sous les yeux la charte que je viens de citer. De même que dans la série des archevêques de Pise il y en a eu un certain nombre du même nom, de même dans le diocèse d’Aleria, dont les évêques ont été à plusieurs reprises les administrateurs de l'archevèché de Pise, il peut s'être trouvé plusieurs Lan- dolfe. ? Kinthica était le quartier marchand de Pise. Muratori fait dériver ce mot de l'arabe. Mais c'est là une étymologie contestée. s — 176 — Michele in Borgo, ainsi que Marcovaldo , de Pino, en Cap-Corse, reçoivent à titre de prêt gratuit, de Manfredo, fils de feu Oddone Massario, habi- tant la susdite paroisse, la somme de 50 livres pisanes, partie en florins d’or et partie en argent, qu'ils promettent de restituer dans le terme de quatre mois. Fait à Pise, le 18 mars 1 306, indiction IV, dans la maison des susdits Meo et Colo, qui est située dans la paroisse de San Michele in Borgo. Bartolommeo di Orlandino di Capannola, juge ordinaire et no- taire. 2. Vannuccio, fils de feu Turo, dit Sannella, de la paroisse de San Concordio, près Pise, et le Corse Vivolo, fils de feu Benvenuto, habi- tant Livourne, tant en leur propre nom qu'en celui de leurs parents et alliés, se donnent réciproquement le baiser de paix, promettant d'ou- blier entièrement toutes les insultes ou voies de fait, tant publiques que privées qu ils se sont faites jusqu à ce jour, et jurent que dorénavant ils vivront en bonne intelligence, à peine de 100 livres de petits deniers pisans à payer par celle Li parties contractantes qui enfreindra le sus- dit traité. Fait à Pise, le 13 mars 1334, indiction Il, dans le cloître extérieur de la prison communale, située sur la paroisse de San Sisto. Bonaccorso, citoyen pisan, de la paroisse de San Cassiano in Chinsecu, juge ordinaire et notaire. 3. Giovanni, fils de feu Pieri Crinche, dit Crinchassino, de Campiglia’, déclare avoir recu d'Alberto, fils de feu Martino di ser Ghino, la dot de donna Fiorucciana, sa femme, fille de feu Bianchani, de Corse, habitant audit lieu (de Campiglia). I reconnaît que la susdite dot s'élève, tant en argent qu'en trousseau , à la valeur de 100 livres pisanes , et fait donation pour cause de noces au susdit Alberto, recevant pour le compte de donna Fiorucciana, de la somme de 12 livres de la mème monnaie, en confor- mité des règlements et statuts de la commune de Campiglia. Fait au chateau de pois le 18 octobre 1437, indiction I. Mone, fils de feu Staggio, Giovanni Giannis del Nero, tous deux de Campiglia, Pate fils de feu Francisco de Castagneto, témoins. Matteo di Gio- vauni Biaggio de Falgano, de Val de Sieve, juge et notaire florentin. h. Le prètre Rainieri, fils de feu Antonio Raïnieri di Giovanni, juris- consulte, fils lui-même de feu Raïnieri Damiani, se prévalant de la fa- culté accordée à ce dernier et à ses descendants mâles, par l'empereur 1 I s’agit ici de Campiglia Maritima, commune populeuse de la Maremme pisane, située près de Livourne, et où il se faisait un grand commerce de bétail ; ser Ghino en était un des principaux marchands vers 1370, et 1l est souvent question de lui dans les Lettres des Anciens. On rencontrera sa descendance daus presque toutes les chartes suivantes. — 177 — Charles IV, de créer des notaires et de légitimer les enfants naturels et incestueux, use de ce privilége en faveur de Giovanni, fils naturel d’Al- berto, fils de feu Martino di ser Ghino, de Campiglia, et d'une femme corse, appelée Domicella di Giovanni. Fait à Pise, le 7 janvier 1452, indiction XV, dans la maison du notaire ci-dessous indiqué. Guido, fils de Francesco Âlliata, Benedetto di Antonio Farconis et Bartolommeo, fils de feu Domenico de Mezzana, témoins. Francesco, fils de feu ser Piero, fils lui-même de feu ser Giovanni de Ghezzano, citoyen florentin et pisan, juge ordinaire et notaire {sceau en cire). Les empereurs romains pouvaient légitimer par un rescrit; les Césars germains, qui se prétendaient leurs successeurs directs, s'étaient arrogé le même droit et le déléguaient à des personnes de leur choix, principalement aux comtes palatins. Ceux-ci, outre le droit de légitimer les enfants naturels et incestueux, avaient en- core celui de créer des notaires et des juges ordinaires par l’inves- tituré de la plume, de l’encrier et de l'anneau d’or. Ils pouvaient aussi conférer les grades universitaires, le baccalauréat, la licence et le doctorat en droit canonique et civil, et en médecine. Lis faï- saient aussi des chevaliers. {Misericordia, ch. du 20 mars 1492.) Voici comment on procédait à la légitimation d’après l'acte dont nous venons de donner la cote. La cérémonie est commencée par Albert qui, agenouillé devant le prêtre Ranieri, le prie de vouloir bien légitimer son fils Gio- vanni. Celui-ci fléchit le genou et lui adresse à son tour la même prière; alors le prêtre Ranieri, à haute et intelligible voix, le dé- clare fils légitime, capable de contracter et d’être revêtu de toutes les dignités publiques, comme les enfants nés d’un légitime ma- riage. Il lui confère tous ces priviléges en lui passant au doigt anneau d'or qu'il tient dans sa main droite. Ensuite ledit Gio- vanni et son père Alberto prêtent serment de fidélité au saint em- pire romain dans les mains du prêtre Ranteri, Et celui-ci, pour terminer, déclare que quiconque enfreindra un pareil acte devra payer une amende de 100 marcs d'or, dont la moitié sera appli- cable à lui, Ranieri, et l’autre moitié à la partie plaignante. 5. Marcluone, fils de feu Pier Antonio, de Campiglia, vend à Gio- vanni di Francesco Guglielmi, de l'île de Corse, habitant à Campiglia une maison située au même lieu dans le district de Poggiame", pour le L Terziere, district. MISS SCTEND NT: La = Ta prix de 13 grands florins d'or que le susdit vendeur confesse avoir reçus. Fait à Campiglia, le 20 mars 1462, indiction XI. Guglielmo Michaelis Borghesis et Delfino Mariani, tous deux de Campiglia, témoins. Nicco- lao, fils de feu ser Giovanni di * ser Francesco de San Miniato, citoyen florentin, juge ordinaire et notaire. | 6. Sentence arbitrale prononcée par Bartolommeo Antonio de’ Bardi, arbitre choisi par Giovanni d'Alberto, de Campiglia, d’une part, et par Francesco di Michele Cardim, de l'autre. Le susdit arbitre déclare tout d'abord que Francesco doit à Giovanni d'Alberto la somme de 139 livres pour payement de laquelle il a déjà donné un vignoble, situé à Campi- glia, lieu dit à la Calata; mais que si d'ici à novembre prochain il lui est possible de restituer la somme empruntée, la cession du susdit vi- gnoble demeurera nulle. Giovanni d'Alberto est enfin condamné à payer à son débiteur une somme de 24 livres, à raison de la plus-value dudit vignoble. Donné à Campiglia, le 29 mars 1462. Orlanduccio di Antonio, de l'ile de Corse, et Jacopo di Antonio Bello, de Lombardie, témoins. Martino, fils de feu Bindo d'Antonio, de Val d'Elsa, juge ordimaire et notaire public florentin. 7. Donna Nese, fille de feu Lucca Muccini, de Campighia, veuve de Torneo di Antonio, du même lieu, et tutrice testamentaire de Bianca. sa fille, ayant obtenu au préalable le consentement de Di Firenze Barto- lommei, curateur (mundualdo) que le notaire lui a donné, sur sa de- mande, vend à Piero di maestro Giovanni de Piso, achetant pour le compte de Giovanni d'Alberto di ser Ghino un vignoble avec cellier, situé dans la commune de Campiglia, lieu dit à Caldana, pour le prix de 25 florins d'or. Fait à Campiglia, le 2 mai 1462, indiction X. Ghe- rardo Nicolosi, de Corse, et Chellino d'Antonio, de Campiglia, témoins. Martino, fils de feu Bindo d'Antonio, de Val d'Elsa, juge ordinaire et notaire florentin. 8. Pier d'Antonio del Curma, de Val de Serchio, et le Corse Gherardo Niccolosi, tous les deux prieurs de la société de Santa Maria de Campi- glia, et d'autres directeurs de ladite société, vendent à Giovanni d’Alberto di Martino di ser Ghino” une pièce de terre plantée de vignes et d'obi- viers, située à Campiglia, lieu dit Citerna, pour le prix de 20 florins d'or. Fait à Campiglia, le 12 mars 1466, indiction XV. Battista di Mi- chele Fruosini et Giuliano di Nanni Salvetti, Florentins, témoins. Bat- ! Il est bien entendu que la préposition di indique la descendance. 2? Un des descendants de ser Ghino faisait le commerce du bétail avec Lorenzo et Giuliano de Medici vers 1497. (Misericordia, 19 novembre 1480.) — 179 — hista, fils de feu ser Fidanza di ser Giovanni de Passananzi de’ Man- tuatini, de Valdinievole, notaire. 9. Le Corse Stefano Sossibuoni, demeurant à Campiglia, vend à Gio- vanni d'Alberto di Martino di ser Ghino la moitié d’une pièce de terre située au même lieu, lieu dit Montevalieri, pour le prix de 35 florins. Fait à Pise, le 30 décembre 1466, indiction [*, dans la boutique ou banque de la société de la Magona, située paroisse de San Jacopo di Mercato, près de la place. Antonio di Domenico, de Fucecchio, matelas- sier, et Andrea, fils de feu Michele Quaglini, témoins. Andrea, fils de feu Jacopo di ser Giovanni del Campo, notaire pisan. 10. Le Corse Francesco Paganucci, dit Franceschello, vend à Jacopo di Bartolommeo, de Campiglia, dit Fiorentino, une maison avec guérite, située au même lieu, dans le district (terziere) de Poggiame”, pour le prix de 35 grands florins d'or. Fait à Campiglia, le 19 janvier 1470, in- diction IV. Jacopo di Giovanni et Bertone Vignali, tous deux Corses, té- moins. Antonio, fils de feu Jacopo Pucci, de Pescia, notaire et citoyen florentin. 11. Antonio, fils de feu Lunardo de Boni de Rasignano, Andrea di Matteo di Bartolommeo de Mascheroni, Tommaso di Jacopo di Si- mone Compagni, citoyens pisans *; Bernardo, fils de feu Baldassarre de Bonsi, Tommaso, fils de feu Pieri de Terranuova, et Domenico, fils de feu Jacopo de Nucci, citoyens florentins, directeurs admi- nistrateurs de la Pia Casa de Misericordia de Pise et de l'hôpital de Santo Spirito de’ Trovatelli, donnent à bail à Giovanni Battista, fils de feu Pieri Ponis, citoyen et marchand pisan, une pièce de terre inculte, de nature marécageuse , prés et bois, située dans la paroisse de San Piero a Grado et dite 1pogqiuol, di Castagneto, propriété dudit hôpital, pour la durée de neuf ans et pour le cens annuel de 70 livres. Fait à Pise, le 14 avril 1470, indiction [. Giovanni di Stefano, fils de feu Juste de Lari, Francesco di Bartolommeo del Martel, Florentin, et Francesco Giulani , de Corse, témoins. Niccolao di Niccolao di Donato de’ Donati, de Volterra, notaire florentin. 12. Pietro di Conscio, Giovanni di Bartolommec, surnommé Pun- elto, Pardone di Bartolommeo di Chiappella, et Antonio di Bartolom- 9 PI 1 Les communes de Toscane étaient divisées en districts, lerzi, lerziert, qui comprenaient à peu près un tiers de leur territoire. ? Après la conquête de Pise par les Florentins, en 1408, l'administration de la Casa di Misericordia fut confiée à une commission mixte composée par moitié de Florentins et de Pisans, — 180 — meo, syndics ot procureurs des hommes de la paroisse de San Giusto in Canniccio, des faubourgs de Pise, afferment à Giovanni d’Alberto di Martino di ser Ghino, stipulant pour lui et ses associés de la Magona de Pise, toute la garde (quardia)' des prés du Guaime, pour cinq ans et pour la rente annuelle de 44 livres. Fait à Pise, le 9 juillet 1450, in- diction IT. Vivone, fils de feu Vivati, de l'île de Corse, Mario, fils de feu Michele, pourpointier, et Andrea, fils de feu Caddeo dell Apposto, ci- toyens pisans, témoins. Andrea, fils de Jacopo, fils lui-mème de feu ser Giovanni del Campo, notaire à Pise. 13. Giovanni di Giovanni da Cerreto et Muriano Leonardi, de l’île de Corse, exécuteurs testamentaires de Ferrante di Bunduccio, également Corse, vendent à Giovanni d'Alberto une pièce de terre inculte, plantée d'oliviers et de châtaigniers, située dans la paroisse de Campiglia, lieu dit Casaletri, pour le prix de 15 florins. Fait à Campiglia, le 20 juillet 1471, indiction IV. Jacopo, fils de feu Bencivenni, de ladite commune , et Leonardo, de Pise, témoins. Buono degli Alleori , de Pistoia, notaire. 14. Le Corse Cristoforo di Pietro, surnommé Biancharello, habitant à Campiglia, vend à Francesco di Lante d'Onofrio, du mème lieu, une maison avec four et grenier, située à Campiglia, dans le district (terziere) de Poggiame, pour le prix de 12 grands florins d'or. Fait à Campiglia, le 22 juillet 1471, indiction IV. Giovan Pietro del Crima, Auzerio di Tommaso, Corse, et Matteo Morelli, témoins. Buono di Francesco degli Alleori, notaire florentin. 15. Les frères Pupino et Marco, fils de feu Meo di Lucciani, habitant à Casalappi, dans la capitainerie de Campiglia, reconnaissent avoir reçu 98 livres 16 sous et 4 deniers, 11 sacs de blé et 12 bœufs, de Giovanni d'Alberto et C*, de Pise, dont ils sont les métayers. Ils s'engagent à rendre l'argent et le blé à première réquisition et à soigner en bons cul- tivateurs le bétail qui leur a été confié. Fait à Campiglia, le 1% août 1472, indiction V. Lupacciolo Benedetti et Retale Aldobrandini, tous deux de l'ile. de Corse, témoins. Giovanni d'Agostino di ser Niccolao degli Abbrac- ciabeni di San-Gemignano, notaire. 16. Jacopo Martini et Antoniello Pieri, de Campiglia, tuteurs des frères Tommaso et Vittorio, fils et héritiers de Brancazio di Michele Jacobi, donnent à Francesca di Benedetto Martini, de Capoliveri (île d'Elbe), veuve du susdit Michele, la moitié d'un palais situé sur le territoire de Je . 4 , . ; ! On appelle quardia en dialecte toscan, toute l'étendue de terrain qu'un homme peut embrasser du regard. es CR Campiglia, lieu dit al Palazzo ou à Casaletri, et quatre pièces de terre, dont deux se trouvent au même lieu et les autres à la Querciola, en dehors de la porte San-Lorenzo, comme dernier et complet payement de sa dot. Fait à Campiglia, le 14 décembre 1472, indiction V. Stefano di Sante de Modigliana, Baccio Gharosi, de l'ile de Corse, et Silvestro di Giovanni Ghalettini, di Campiglia, témoins. Bartolommeo, fils de feu Baddeo di ser Bartolommeo de’ Poschi, de San-Gemignano, notaire flo- rentin. 17. Donna Antonia, fille de feu Cristoforo , de Pise, et veuve d'Agostino Jacobi Nieri, de Campiglia, du consentement de Mariano Michi, son cu- rateur (mundualdo\, et tant en son propre nom qu'en celui de son frère, vend à Giovanni d’Alberto une maison située à Campiglia, dans le dis- trict (terziere) de Poggiame, pour le prix de 60 florins. Fait à Cam- piglia, le 8 octobre 1473, indiction VIL. Marchioni di Giovanni Straccia et Lupacciolo Benedetto, de l'île de Corse, témoins. Angelico, fils de feu Pieri, notaire florentin. 18. Testament nuncupatif fait par le Corse Giustolini Benedetti, de Bastiercha, par lequel, après avoir fait quelques legs à diverses églises et à ses nièces Chiara et Caterina, il institue Pizzinello, son frère, comme héritier universel. Fait à Campiglia, le 2 janvier 1475, dans la niaison de Paoli di Domenico, surnommé Cozonnecchia. Paolo di Domenico, Giovanni Guglielmi, Corse, Melchionne di Giovanni Straccia, Baldas- sarre Justi, Cristoforo Gaspari, Antonio di Bartolommeo di Francesco et Stefano Sozzobuoni, Corse, témoins. Giovanni, fils de feu ser Francesco Bartoli, de Correzzo, notaire florentin. 19. Quittance donnée par Stefano, fils de feu Pietro , de l’île de Corse, à Giovanni, fils de feu Alberto di Martino, de la somme de 100 grands florins d’or, prix de la vente de certains biens situés à Campiglia et vendus au susdit Giovanni. Fait à Bibbona, le 16 août 1477, indiction X. Clemente di Battista Burrulera et Potente, fils de feu Luca Menchi, té- moins. Andrea, fils de feu Francesco, fils lui-même de feu Andrea di Niccolao de’ Bastardi, de Dosadola, notaire florentin. Il suit des chartes ci-dessus qu’au xv° siècle une petite colonie corse était établie à Campiglia, où elle possédait des biens, faisait le commerce et remplissait parfois les principales dignités de la commune. C'est là une preuve de plus de lémigration considé- rable causce par les guerres incessantes qui ont désolé la Corse depuis Arrigo della Rocca, en 139%, jusqu'à la mort de Giampolo da Leca, arrivée en 1515. — 182 — NICOSIA. (1054-1678.) Ce monastère est ainsi appelé parce qu'il fut fondé dans la deuxième moitié du x siècle par le bienheureux archevéque Ugo de Nicosie. 1. Frère Niccolo di Giorgio, prieur et procureur du monastère de Monte- Uliveto (diocèse de Pise), échange une pièce de terre et deux maisons, situées à Pise dans la paroisse de la Sainte-Trinité, contre une pièce de terre et une maison, situées dans la paroisse de Bettano et appartenant à UÜliviero Grappoli, de Campoloro, en Corse, habitant à Pise. Fait à Pise, le 25 février 1444, indiction VII. Gerardo, fils de feu Francesco del Pitta, notaire. ; SAN-LORENZO ALLA RIVOLTA. (a 097-1 628.) 1. Bulle du pape Honorius LEL, exhortant les habitants de la Corse à concourir par leurs aumônes à l'entretien de l'hôpital de Stagno. o7 janvier 1217. " 2. Vente faite à l'hôpital de Stagno par Giudaccio, de Corse, habitant à Montemassimo , et par Pericciola, sa femme, fille de feu Matteo, dudit heu, de la moitié par indivis d'une pièce de terre avec maison, située dans ladite commune et décrite en ses confins. Le prix de la vente est de 10 livres 1/2 de monnaie pisane. Fait à Pise, le 15 janvier 1236, indiction IX. Bonfiglio di Bonaccorso, notaire. 9 3. L abbesse et les religieuses du monastère de Tous-les-Saints ( Oquui- Santi) choisissent pour procureurs Ricuccio di Giano, Giovanni Piglu- nelli et Jacopo, son fils, citoyens pisans, à l'effet de protester devant qui de droit contre les injustes exigences et les procédés arbitraires de Giovanni d’'Almarico , collecteur apostolique dans les royaumes de Corse et de Sardaigne. Ces exigences consistent dans la prétention de re- rer du prieuré de San Leonardo de Sassari la dime de Clément V et celle imposée par Jean XXII; les procédés arbitraires consistent dans l'excommunication lancée contre Guido, fils de feu Cecco Sardo, citoyen pisan et procureur dudit monastère, parce qu'il n'avait pas payé les susdites dîmes dans le temps voulu. Enfin lesdits procureurs doivent démontrer que le prieuré en question appartient au couvent de Tous-les- Saints, non point comme bénéfice ecclésiastique, mais comme propriété particulière. Fait le 7 septembre 1542, indiction IX. Giovanni di ser Bonincontro, de Ripa d'Arno, juge ordinaire et notaire. — 185 — h. Varini, fs de feu Jacopo Pighinelli et Jacopo, son fils, fermier du monastère de Tous-les-Saints pour les hôpitaux de San Giorgio d'Orcia et de San Leonardo di Buozeli, de Sassari, font instance auprès de l'ab- besse dudit monastère pour qu'elle les défende contre toute surcharge et notamment contre celles que veut leur imposer Giovanni di Almorico, collecteur apostolique en Sardaigne et en Corse, en les forçant à payer les dîimes de Clément V et de Jean XXIT. Fait dans le parloir dudit mo- nastère, le 29 septembre 1343, indiction XI. Vanni, fils de feu Orso di ser Felice, citoyen pisan, juge ordinaire et notaire. 5. Giovanni, fils de feu Jacopo, dit l'antico pescatore (le vieux pè- cheur), de Pistoia, demeurant actuellement à Pise, et Jacopo, son fils, vendent à Francesco, fils de feu Santi, dit Fornello, charpentier (maestro di asciu) corse, une maison située dans la paroisse de San Vito et dans la rue du même nom, pour le prix de 30 grands florins d'or de la monnaie de Florence. Fait à Pise, le 5 juillet 1487, indiction V. Clemente, lits de feu Giovanni di Lorenzo de’ Bellosi, citoyen florentin, juge ordinaire et notaire. REGIO ACGQUISTO COLETTI. (1065-1598.) 1. Guido, fils de feu Gianni da Nobbio (Corse), vend à Raflaione, fils de feu Giovanni, maitre maçon, une esclave corse du nom de Bo- nissuola, pour le prix de 22 sous. Fait à Pise, en Chinzica, près la tête du pont, le 12 septembre 1 156, indiction [IT. Guido, notaire. 2. Bulle de Jean XXIL, adressée aux provinciaux des Franciscains Mineurs, dans les provinces de Toscane et de Gènes, par laquelle ils sont autorisés à envoyer en Corse six de leurs religieux pour y prècher la parole de Dieu. Donné à Avignon, l'an 16 de son pontificat, 1° dé- cembre 1332. 3. Promesse faite par Pietro di Compagnone et Lanfranchino Morino, de Bonifazio (Corse), patrons d’une tartane, à Pietro di Barba, négo- ciant pisan, et à Niccolo, Nuccio, Giovanni et Andrea de San Germui- gnano, de transporter de Naples à Pise sur ledit vaisseau divers tonneaux de vin grec et plusieurs sacs de lupin, à raison de 1 florin d'or par tonneau et de 14 florins par cent sacs de lupin. Fait à Naples, le 10 no- vembre 1345, indiction XIV. Marino di Nuce, de Naples, notaire. l. Quittance donnée par Andrea di Giuliano, recteur de léglise de Villanuova da Saruccio, en qualité de procureur de l'archevèque de Ca: gliari, au fermier de l'œuvre de Sainte-Marie-Majeure de Pise, pour la somme de 8 livres 8 sous et 4 deniers de monnaie alphonsine que la — 04 — susdite œuvre devait donner pour la consécration dudit archevèque. Fat à Cagliari, le G juin 1349. Arnoldi di Anglade, notaire royal pour la Sardaigne et la Corse. 5. Promesse faite par Giovanni, fils de feu Calunno, de l'ile de Corse. d'habiter à Pise ou dans ses faubourgs pendant dix ans, comme les ci- toyens pisans, en conformité du privilége à lui accorde par la commune de Pise. Fait à Pise, dans la chancellerie de la Commune, le 10 dé- cembre 1356. indiction IX. Ser Ceo. fils de feu Bergo de Terricciola, notaire. ATTI PUBBLICI |{SPOGLIO PAGNINI |. :1092-193009.) Sous ce titre sont compris tous les documents pisans qui se trou- vaient à Florence dans l'Archivio de’ Riformagioni. À la formation du dépôt provincial de Pise, ces actes y furent renvovés par les soins du professeur Pagnini qui en fit l’inventaire. On les appelle atti pubblici parce que ces documents sont essentiellement politiques. Charts ecclésiastiques se rapportant à la Corse. [. Trois bulles” adressées par le pape Urbain II à Daibert, évèque de. Pise, par lesquelles, sur la demande de la comtesse Mathilde et pour remédier aux nombreux abus qui se sont introduits dans les églises de la Corse, il accorde au susdit Daibert le gouvernement de ces églises, lui confère le titre d'archevèque et le droit de porter le pallium. La pre- mière de ces bulles, du 28 juin 1091, indiction XV {style romain); les deux autres, qui ne forment qu'un seul et même acte, du 21 avril 1092. Ces trois bulles ?, la première tout au moins, ne sont que des copies authentiques. Avant la formation du royaume d'Italie, les originaux étaient conservés au château Saint-Ange. J'ignore où ils sont maintenant. Quant aux copies, elles faisaient originairement partie des archives archiépiscopales de Pise. Je crois qu'elles furent transporlées à Florence vers 1809, d'où elles revinrent lors de la création du dépôt provincial de Pise. Quelques écrivains corses font remonter à 1089 l’origine de la primatie de Corse et de Sardaigne. Les raisons qu'ils apportent à l'appui de cette assertion ne parais- sent pas assez sérieuses pour qu'on abandonne l'opinion générale- ment reçue qui la place en 1091. 1 T. XXI, :,2 et 3 rossi. In mostra stanza 5°, tavola 1°. 2 Voy. Mattei, Storia della Chiesa Pisana, et Tronchi : Annales — — Ces documents ont été imprimés souvent, notamment dans la Storia della Chiesa Pisana de Mattei, et dans les Annales de Paolo TFronci. Je pense que tous les autres, hormis le numéro 5 qui suit, sont encore inédits. 2. Bulle du pape Honoré 11° confirmant à l’archevèque de Pise toutes les dignités qui lui ont été accordées par ses prédécesseurs, savoir : le droit de monter dans les processions un cheval blanc caparaçonné, de faire porter la croix devant lui et de revêtir le pallium, la légation de Sardaigne, la primatie de Corse et de l’église Turritane ?, soit Césarée en Palestine. Donné le 21 juillet 1126. 3. Bulle du pape Eugène IIT* confirmant au siége archiépiscopal de Pise tous les honneurs et tous les priviléges qui lui avaient été ac- cordés par ses prédécesseurs. Donné le 29 mai 1146, indiction IX (style romain). A. Bulle du pape Adrien IV *, adressée à Julien, archevêque de Pise, dans laquelle il confirme tous les droits accordés à ses prédécesseurs sur l'île et les évêchés de la Corse. Donné le 30 mai 1157, indiction V. 5. Bulle du pape Alexandre IIF°, dans laquelle il confirme à l'ar- chevêque de Pise tous les droits et priviléges accordés à ses prédéces- seurs. Donné le 26 janvier 1 161, indiction X. 6. Deux bulles du même pape $ adressées à Maldo, archevèque de Pise, ou sont confirmés de nouveau les susdits priviléges. Donné le 11 avril 1176, indiction IX. 7. Bulle du pape Luce IT”, à l'adresse du mème archevèque, et qui confirme tous ses priviléges. Donné le 12 novembre 1181, indiction XV. 1 FT, XXI, 4 rosso. In mostra stanza 1°, tavola 4°. ? Je crois que cette Ecclesiu Turritana, qu'il ne faut pas confondre avec Porto-Torrès en Sardaigne , est la même que la Turris Stratonis des itinéraires. Cette primatie cessa après la disparition des derniers établissements chrétiens en Palestine vers la fin du x1n° siècle. Après Honoré IT, Innocent LIT divisa l'investiture du pape Urbain IT entre les deux républiques de Gênes et de Pise (1133). À Gênes, ou plutôt au siège archiépiscopal de Gênes, furent accordés les évêchés de Mariana, de Nebbio et d'Acci; à Pise, ceux d’Aleria et de Sagona. * T. XXI, 7 rosso. In mostra stanza 3°, tavola 1°. ‘ T. XXL. g rosso. In mostra stanza 1°, tavola 4". » T,. XXI, 10 rosso. 8 TT, XXI, 24 et 15 rossi. In mostra stanza et tavola 1". MR XXI 1 Grosso. — 186 — 8. Bulle du pape Célestin IL’! confirmant tous les priviléges du siége archiépiscopal de Pise. Donné le 5 février 1 191, indiction X. 9. Bulle du pape Innocent III? adressée à Maldo, archevèque de Pise, et confirmant tous les priviléges octroyés par ses prédécesseurs à l'église gouvernée par le susdit archevèque. Donné le 21 mars 1197, indiction [*. 10. Bulle du mème pape 3 adressée au même archevêque et confir- mant les mèmes prérogatives. Donné le 23 mars 110%, indiction =. 11. Bulle du pape Honore III ÿ par laquelle il confirme tous ses pri- viléges à l'église archiépiscopale de Pise. Donné le 8 février 1217, in- diction VI. 12. Bulle du même pape”, adressée à Vitale, archevèque de Pise, pour établir les droits du Saint-Siége à sa reconnaissance en raison des honneurs dont il a comblé l’église archiépiscopale, savoir : la primatie de Corse, celle de l'église Turritane et la légation de Sardaigne. Donne le 5 février 1218. 13. Bulle du pape Grégoire IX*, sans date, par laquelle 1l déter- mine la juridiction de l'archevèché de Pise, lui confirme tous ses privi- léges et la collation des bénéfices ?. If. — Chartes politiques ayant trait à la Corse. l. Promesse de paix * faite par le roi de Valence à la commune de Pise pour la durée de dix ans, pendant lesquels il s’oblige à admettre Ï Ï q 5 librement et sans exiger aucun droit les batiments pisans dans tous les : ] P ports de ses Etats et particulièrement en Sardaigne et en Corse. 27 jan- vier, sans date d'année, 1150 environ *. . XXT, 19 rosso. XXI, 22 rosso. XXI, 23 rosso. In mostra stanza 3°, tavola 2°. . XXI, 25 rosso. . XXF, 29 rosso. . XXI, 27 rosso. 7 La date de cette bulle doit être placée entre 1227 et 1241, époque du pon- tificat de Grégoire IX. Pour calculer l'indiction romaine, 1l faut partir du 1* janvier ou du 23 décembre, car les souverains pontifes se sont servis de ces nus deux points de départ. S T. XXIIL, 2 rosso. Stanza 2°, tavola 1°. * À cette époque Valence était encore au pouvoir des musulmans. Ce do- cument semblerait donc prouver que la Corse, ou tout au moins une parue de ce pays, était au pouvoir des Sarrasins. Fout cela rend fort problématique la domi- nation pisane. _— SO — 2. Traité de paux | conclu entre le roi de Majorque, Minorque , Lviça et la république de Pise, par lequel il est convenu que ledit souverain s'abstiendra de toute hostilité contre les navires et les citoyens de ladite république et des îles qui lui appartiennent, savoir : la. Sardaigne, la Corse, l'Elbe, la Pianosa, Monte-Cristo, le Giglio et Capraia. La com- mune de Pise promet d'observer les mêmes conventions à l'égard dudit roi, de ses sujets et des vaisseaux qui lui appartiennent. Fait le 1° juin 1185 (le catalogue porte 1184). | 3. Lettres de l'empereur Othon IV? à la commune de Pise, dans les- quelles il promet de remettre aux consuls de ladite commune le château de Bonifazio, leur donnant toute faculté de le démolir ou de le con- server, suivant leur bon plaisir, et promettant de maintenir les Génois au ban de l'empire, tant qu'ils n'auront pas consigné le susdit château aux Pisans. De leur côté, les ambassadeurs de la commune de Pise, à laquelle sont confirmés tous les priviléges à elle accordés par Othon IV et ses prédécesseurs, s'engagent à tenir sur mer 40 galères pour le ser- vice de l’empereur, et à les munir à leurs frais d'hommes et de vivres. 2 juin 1211. h. Deux pétitions” adressées par les administrateurs de la commune de Pise et curateurs d'icelle en Corse et en Sardaigne, résidant à Gippo et à Treginta, à Raimond de Cardona, gouverneur_de ces îles, pour obtenir l'exonération des impôts dont ils ont été grevés à l'occasion de la guerre du roi d'Aragon avec les barons d'Oria, se fondant sur ce que l'investiture de leurs fiefs avait été accordée sous condition de com- plète immunité. 23 mai 1335. 5. Rescrit * du gouverneur général des îles de Corse et de Sardaigne pour le roi d'Aragon, qui soumet les pétitionnaires à l'acquittement des susdits impôts et donne ordre aux ofliciers royaux de les exiger, vu l’état déplorable dans lequel se trouvent les finances du royaume de Sardaigne. 20 mai 1335. 6. Lettres patentes * de Pierre, roi d'Aragon, de Valence, de Sar- daigne et de Corse, dans lesquelles, sur l'instance qui lui en est faite par les marchands pisans, 1l défend à tous ses sujets de percevoir une laxe quelconque sur leurs marchandises, et cela, en conformité d'un traité conclu entre la commune de Pise et le susdit roi. 23 janvier 1540. TT. XXIIT, 7 rosso. Dipl. ar. pis. Version latine publiée par Amart. T. XX, 8 rosso. In mostra stanza 3", tavola 3°. 3 FT, XXII, »2 et 23 rossi. Ad 1. » F. XXIHIT, 27 rosso. [n mostra stanza 3", tavola 3°, — 188 — 7. Lettres patentes ‘ de Pierre, roi d'Aragon, Valence, elce., par les- quelles 1l donne faculté aux vicaires préposés par la commune de Pise à l'administration des fiefs qu'elle possède dans l'île de Corse, et qui re- lèvent de son domaine direct, de porter des armes offensives et défen- sives dans toute l'étendue de l'ile. 1° décembre 1349. 8. Lettres patentes * de Pierre, roi d'Aragon, Valence, etc., par les- quelles il révoque les lettres de représailles accordées contre les Pisans dans les royaumes de Sardaigne et de Corse et dans tout le reste de ses États, concédant aux négociants de Pise toute liberté de domicile et complète immunité de taxes sur leurs personnes et leurs marchandises. 14 février 1353. 9. Ordre de représailles * lancé par le gouverneur de Majorque pour le roi d'Aragon, de Valence, de Sardaigne et de Corse, contre les Pi- sans qui avaient pillé des vaisseaux majorcains au mépris des traités conclus entre le roi et la république. 2 janvier 1374 *. SANT’ ANNA. (1086-1589 .) 1. Andrea, fils de feu Angelino de Caneri *, habitant à Calvi, ile de Corse, déclare avoir reçu à titre de prèt gratuit, de maître Domenico di Tommaso, maître maçon, établi à Livourne, la somme de 90 grands florins d'or, monnaie florentine, qu'il s’oblige à lui restituer dans l'es- pace de quinze jours. Et pour le cas où il manquerait à cette condition, il consigne au susdit Domenico, son créancier, une barque munie de tous ses agrès et parfaitement équipée, avec toute la cargaison de vin qu'elle renferme, le tout équivalant à la somme de 90 florins. Fait le 3 juin 1484, indiction IT, à Livourne, dans la maison commune où demeure le capitaine et dans la salle inférieure. Donato di Michele, de Volterra, et Biaggio di Giovanni, de Fivizano, demeurant à Livourne, témoins. Jacopo, fils de feu Mattia de Rampollini de Castelfiorentino , de Val d'Elsa, citoyen florentin, juge ordinaire et notaire. 1 TT. XXIIT, 28 rosso. T. XXII!, 30 rosso. 5 T. XXII, à rosso. . “ Ce fut par le traité du 16 juin 1325 que Pise céda au roi d'Aragon tout ce qu'elle possédait en Sardaigne et tout ce qui lui restait en Corse. Les Aragonais 19 mirent une certaine nonchalance à faire valoir leurs droits et n’eurent jamais de souveraineté bien effective en Corse où Gênes ne tarda pas à dominer. Pourtant, de 1392 à 1500, toutes les révoltes contre les Génois furent plus où moins sou- tenues par l'Aragon. à Canart, Gap-Corse. — 189 — 2. Jacopa, veuve de Jacopo di Tommaso, de Livourne, usufruitière testamentaire des biens de son mari, se fait donner Piero di Vanne pour son légitime curateur ({mundualdo), à l'effet de donner force légale à un acte de procuration. Fait le 18 février 1485, indiction IV, à Livourne, dans la maison de donna Jacopa. Giovanni di Niccolao, armateur de Li- vourne, et Francesco di Tommasso, de l'Île de Corse, habitant audit lieu, témoins. Francesco di Niccolao Tommasi de’ Gallini de Fibbiana, de Val d'Elsa, juge ordinaire et notaire. 3. Bartolommeo, fils de feu Bartolommeo, de Campile, île de Corse, habitant dans la paroisse des SS. Cosme et Damien, huissier de la Maona ou société pour l'exploitation du bétail établie à Pise, vend à Matteo, fils de feu Gaspare Cinibatti, de la commune de Metato, en Val de Serchio, une pièce de terre en partie hutinée, située dans ladite com- mune, lieu dit Chimassano, de l'étendue de trois sesterées. Le prix de la vente est de 10 florins d’or, à raison de 4 livres par florin. Il est en outre convenu qu'au cas où Andrea di Nanne, locataire de ladite pièce de terre, ne payerait pas le cens de l’année, ce serait à l'acheteur à l’ac- quitter à sa place, sous la forme habituelle et au temps voulu. Fait à Pise, le 30 mars 1494, indiction XI, dans la cour du recteur du Stade (del retlore dello Studio”). Gregorio, fils de feu Piero de Freggiaia, citoyen pisan, et Gaspare di Giovanni, de Barbaricina (faubourgs de Pise), té- moins. Andrea, fils de feu Jacopo, fils lui-même de ser Giovanni dal Campo, citoyen pisan, juge ordinaire et notaire. SANTA MARTA. (1099-1574. 1. Les religieuses de Santa Marta di Spina donnent à bail, jusqu'à la troisième génération masculine, au prêtre Francesco di Bartolommeo, de Corse, et à son frère Bartolommeo une pièce de terre et une maison situées dans la paroisse de San Barnaba, sous la condition de payer 100 livres d'entrée (entratura), et chaque année une livre de cire tra- vaillée, à la fête de Saint-Martin. Les susdites religieuses traitent avec l'autorisation de Gherardo de Bonconti, chanoine pisan, procureur subs- titué de Giovanni Rufh, de Forli, vicaire général du cardinal Rafaello, archevêque de Pise. Fait dans le susdit monastère, le 13 février 1497, indiction XIV. Girolamo, fils de feu Giovanni di ser Bartolommeo da Vecchiano, citoyen pisan, notaire et juge ordinaire. l Probablement un agent voyer chef. — F0 = SAN MARTIXO. (1104-1720. 1. Maître Giovanni, fils de feu Bartolommeo, de Milan, marchand à Pise, et donna Nanna, son épouse, vendent à Giorgio, fils de feu Fran- cesco di Camposia, de l'ile de Corse, barbier à Pise, achetant pour le compte de donna Margherita, surnommée Corsetta, veuve de feu Fran- cesco, de Corse, et fille de Marco, de Bologne, une pièce de terre, située dans la paroisse de Sant Egidio et décrite en ses confins, pour le prix de 100 grands florins d'or. Fait à Pise, le 10 février 1494, indiction XHH. Bernardino di ser Andrea, notaire, fils de feu Antonio del Pitta, citoyen pisan, notaire et juge ordinaire. 2. Margherita, surnommée Corsetta, veuve de feu Francesco, de l'ile de Corse, vend à Onofrio de Torrigiani, chanoine pisan, une maison située à Pise, dans la rue de San Gilio, pour le prix de 62 ducats d'or de la chambre apostolique. Fait à Rome, le 30 juin 1512, indiction XV. Bartolommeo Gaslo, notaire. DEPOSITO GALLETTI. (1111-1803. 1. Jean, fils de feu Cino Buonoste, lainier, citoyen pisan, d'une part, et Pietro Ristorini, de Canari (Cap-Corse), de l’autre, en présence de Schiatta, fils de feu Überto de Ridolfi, podestat de Pise pour les Floren- üns, choisissent pour arbitres de leurs différends Bartolommeo, fils de feu Neri Moschiani, marchand de vin, et Bindo, fils de feu Gerardo, armurier. Fait à Pise, le 22 août 1414. indiction VI. Filippo, fils de feu Filippo, dit Mosca, et Lucchesino, fils de feu ser Verdiani, témoins. Ser Guglielmo di Bartolommeo Franchi, notaire. 2. Paolo, fils de feu Valentino, prêtre d’origine corse, demeurant ac- tuellement à Pise, et chapelain de l'autel de San Léonardo, dans l'église de San Matteo, et de l'autel de San Giovan Battista, dans celle de Santa Cristina, choisit pour ses procureurs Giovanni di Bartolommeo di An- tonio del Vantagoio et Alessandro di Girolamo de Venturi, de Sienne. Fait dans le château de Santa Maria à Monte, le 7 juillet 1518, indic- üon VI. Giovanni, fils de feu Tonio Benedetti, et Santi, fils de feu Bianco Soci, témoins. Ser Teofilo Bonamici, notaire. SAN BERNARDO. (1165-1658.) : 1. Lettre de Dino, archidiacre de Lucques, vicaire général de Pietro, — 191 — archevéque de Pise, primat de Sardaigne et de Corse, par laquelle il ra- ühie l'union de l'hôpital de Sant Asnello à Carraia, et de ses biens, au monastère de San Bernardo, union faite en conformité de la bulle du pape Boniface IX, datée du 3 février 1401. À cette union sont posées plusieurs conditions, entre autres que, chaque année, le susdit monastère devra payer à l’archevèché de Pise une rente de 25 sous. Fait à Pise, dans le palais archiépiscopal, le 29 janvier 1412, indiction V. Tom- maso, fils de feu Tommaso, de Campiglia, notaire. 2. Acte passé par-devant Giovanni de Vico, vicaire général de Giu- hano, archevêque de Pise, primat de Corse et de Sardaigne, par lequel dom Pietro di Duccio, de Sienne, moine du monastère de San Galgano, recteur de la paroisse de Sant Andrea à Campi, commune de Calci. et pro- cureur d'Antonio di Giovanni, de Sienne, fermier de certains biens ap- partenant au susdit monastère, proteste contre l'abbé de San Galgano qui molestait son mandant au mépris d’une sentence d’arbitres choisis par les deux parties. Fait à Pise, le 22 décembre 1434, indiction XII. Carlo, fils de feu Enrico, notaire. SAN SILVESTRO. (1201-1556.) 1. Antonio, fils de feu Marco di Sambucchello, de Corse, habitant à Campiglia, tant en son nom qu en celui de Piero, fils de feu Giovanni di Sambucchello, vend à Michele di Bartolo di Giovanni. de Campiglia une maison, une guérite et d'autres édifices situés à Campiglia et décrits dans leurs confins, pour le prix de 70 livres et 12 sous. Fait à Campi- gla, le 14 octobre 1457, indiction VI. Francesco, fils de feu Matteo di Buono, notaire de San Gemignano et juge ordinaire. 2. Gaspero, fils de feu Giovanni, de Lugano, comté de Côme, vend à Giovan Pietro di Petruccio , de Corse, habitant à Campiglia, une maison avec ses dépendances, situées au même lieu, dans le district de Pog- giame, pour le prix de 38 florins d'or de Florence. Fait à Campiglia, le 26 avril 1450. Giovanni, fils de feu ser Francesco di Bariolo da Correggio, notaire et juge ordinaire. REGIO ACQUISITO DA SCORNO. 253-1806.) L. Giovan Battista di Francesco de Nonza, en Gap-Corse, habitant actuellement à Pise, fait donation irrévocable au noble Lorenzo Checco. de Forcoli, de la moitié d'une maison à quatre étages, avec tour et co- \ lombier, située à Pise, laquelle maison appartient par imdivis à lui et — (62 à son frère Antonio. Fait le 17 novembre 1480, mdiclion XIV, à Suve- reto, dans la maison du notaire soussigné. Giovanni Lancillotto , de Piom- bino, et Michele di Loizzaro, de Suvereto, témoins. Cerbone, fils de feu Mino Badei, de Scarlino, notaire et juge ordinaire. Suit la légalisation de l'acte par les capitaines de la commune et du peuple de Suvereto (juri- diction et district de Piombino). 2. Le frère hermite Giovan Battista, fils de feu Francesco, de Nonzx en Corse, citoyen pisan, demeurant actuellement dans la ville de Gros- seto (juridiction de Sienne), considérant les bons services que lui à rendus noble Lorenzo Checcho, son cousin germain, écuyer et chef de bande de la milice du seigneur de Piombino, fait donation au susdit Checcho, présent et acceptant, d'une maison qu'il possède par indivis avec son frère Pietro, ladite maison située à Pise dans la paroisse de San Martino, rue Pietra-Pesce, près du fleuve Arno, et touchant à la voie publique par laquelle on va au quartier des Juifs. Cette donation est faite sous la condition que le susdit Lorenzo donnera 100 livres pisanes à une jeune fille à marier, et 20 livres pour faire ériger un tabernacle sous l'image de la glorieuse vierge Marie qui se trouve dans l’église de Saint- Michel à Pise, et dont la hauteur est d'environ une coudée et demie. Fait à Grosseto, le 13 septembre 1485, indiction IV, dans la chancellerie de la commune. Paolo Castellucci et Bernardino di Pietro Giorgio, citoyens de Grosseto, témoins. Jacopo, fils de feu Angelo Companatico, notaire, citoyen siennois et chancelier pour la commune de Sienne de la cour et de la commune de Grosseto. DEPOSITO SIMONELLI. 1201-1831.) 1. Muterasso Franceschini, de la paroisse de San Vito, confesse avoir reçu de Fino, fils de feu Fino Rau, 5 livres de petits deniers génois, exigibles à la Saint-Michel de septembre, pour les faire valoir dans la société maritime, constituée dans ie but de transporter des marchandises de Pise en Corse, et réciproquement. Fait à Pise, le 12 juillet 1320, indiction IT. Ceo di Ela et Guidetto, témoins. Andrea, fils de Ceppi, notaire. 2. Perino Barbalaccio, de Bonifazio en Corse, déclare avoir recu en commandite d'Uguccione di ser Piero Rau 140 florins d'or et 12 sous de monnaie pisane, qu'il doit faire valoir à ses périls et risques et rendre dans l'espace de trois mois, à Pise, Lucques, Savone, Marseille, Boni- fazio, en Corse, en Sardaigne, à Naples et en Sicile, ou en quelque autre heu qu'il se trouve. Fait à Pise, le 17 mai 1300, indichion XII Ser Paolo, Hils de feu maître Salerno de Cascina, et Michele, fils de feu Man- — 195 — duccio de Marti, témoins. Ser Fiorentino, fils de Andrea Ciampoli, notaire. 3. Matteo, fils de feu Giusfredo Battaliole, de Bonifaio, Corse, déclare avoir reçu, à titre de prêt gratuit et gracieux, 19 florins d’or d'Uguccione di ser Piero Rau, somme qu'il promet de lui restituer dans le délai de trois mois. Fait à Pise, le 2 juillet 1391, dans la galerie de la maison des nobles Casapiero et C*', située sur la paroisse de San Clemente. Giovanni, fils de feu Francesco, marchand de fromage, et Filippo, fils de feu Bartolo, dit Muculato, témoins. 4. Jacopo, fils de feu Uguccione Rau, en sa qualité d'héritier du susdit Uguccione et de procureur de Margherita, veuve de Pietro Rau, Niccolao, fils du même Pietro Rau et tuteur de Mariano, fils de feu Uguc- cione Rau, choisissent pour leurs procureurs Francesco, fils de feu Nic- colao del Rignaso, et Angelino, fils de feu Niccolasi di Bobbio, de Boni- fazio, à l'effet de faire rentrer toutes les créances de la succession du susdit Uguccione contre Matteo, fils de feu Giusfredo Battaliole, et Perimo Barbalaccio, tous les deux de Bonifazio. Fait à Pise, le 10 dé- cembre 1399, indiction II. Ser Giovanni, fils de feu Niccolo Aldigheri, et Bartolommeo, fils de feu Giovanni Riliante, témoins. 5. Ser Lorenzo, di Renzo Arrighi, en sa qualité de procureur d'Eli- sabetta, sa fille, héritière de Nanni Pucci, de Rasignano, son oncle, retire de l'hôpital de Santa Maria Nuova de Florence un dépôt de 149 florins d'or, prix d’une maison située à Livourne et achetée par le Corse Nic- colao Buonavita au susdit Nanni Pucci. Fait à Pise, le 7 mars, indic- tion III, dans le palais de Lorenzo de Medici. Giovanni Francescl et Paolo Antonio Bartolommei, témoins. Ser Antonio di ser Piero di San Barnaba del Serra, notaire. G. Le révérend Antonio di Damiano Pieri, curé de Livourne , donne en loyer au Corse Niccolao Buonavita, recevant pour lui et pour Barto- lommea, sa femme, un jardin et deux maisons situés à Livourne, sous l'obligation de payer &o florins d'or pour l'entrée, et 1 livre de cire et 12 sous de rente annuelle. Fait à Livourne, le 25 février 1517, indic- tion VI. Bartolommeo Buonaccorsi, de Florence, et Baldino di Jacopo Baldino, témoins. Ser Matteo, fils de feu Francesco degli Noceppi, de San-Germignano en Val d'Elsa, notaire. < nl , 7. Diplôme de chevalier de Saint-Etienne, accordé par Francesco de ! Les nobles Casapieri, comme beaucoup d'autres membres de la noblesse pisane, faisaient le commerce. ve MISS SCIENT. —"1r: lu — 194 — Medici, grand-duc de Toscane et grand maître de l'ordre, à Niccolao Buonavita, citoyen pisan, d'origine corse, le 20 octobre 1582. DON SUPINO. (1556-1775) 1. Henni Il, roi de France, nomme Baccio Martelli, déjà capitaine de deux galères françaises, au commandement d'une escadre de six ga- lères destinées à défendre l'ile de Corse contre les pirates (en français). Donné le 15 février 1556. Ce diplôme est signé d'Henri et scellé d'un sceau de couleur sombre, mutilé en sa partie gauche. L’empreinte dudit sceau re- présente un roi assis en majesté avec l'épée dans la main gauche et le sceptre dans la droite; deux anges soutiennent le trône. De la légence on lit seulement : Henricus, Der gratia..... Derrière est le contre-sceau aux armes de France avec deux anges pour supports. Le sceau pend de la partie gauche du diplôme sur at- tache de parchemin. Cet acte est l'un des rares documents en français qui se trou- vent aux archives de Pise. J'en connais trois autres, savoir : la co- pie faite au xrn° siècle d’une concession de priviléges par le prince Bohémond d’Antioche, et deux autres chartes commerciales qui se rapportent à des négociants pisans établis ou voyageant en France. Il est bien entendu que je parle des archives pisanes en général, et non point des papiers de Charles VIIT où se trouvent de nom- breuses pièces écrites en français. CHARTES DOUTEUSES. Je comprends sous ce titre, ainsi que je m'en suis déjà expliqué au commeucement de ce travail, tous les actes pour lesquels je n'ai pas pu éclaircir suffisamment à quel pays ils appartiennent. Plus d'une fois les mêmes localités se retrouvent en Toscane, en Sardaigne et en Corse, et 1l est souvent difficile de se décider. Le nombre de ces chartes est de six. Quatre appartiennent au monas- tère de San Lorenzo alla Rivolta, une à la Pia casa della Miseri- cordia, une autre au couvent de San Silvestro. Une dernière se trouve dans la collection Roncioni dont nous nous occuperons plus tard. Cela porte à sept les documents dont je ne puis répondre entièrement, et que je donne ici par acquit de conscience. — 195 — SAN LORENZO ALLA RIVOLTA. 1. Uberto, fils de feu Überto, donne à Sigerio, fils de "....... une serve du nom de Berta avec tout ce qui lui appartient {eum inferioribus et superioribus suis seu cum accessionibus et ingressionibus). Ledit Uberto reçoit un anneau d'or comme récompense de cette donation. Fait à Mo- risaglia (Morosaglia ?), le 29 mai 1102, indiction IX. Terolfo, notaire. La charte est presque complétement détruite, une partie du ‘texte manque et le nom du notaire presque illisible. À ma con- naissance , il n'existe aucun lieu du nom de Morisaglia en Toscane et en Sardaigne; aussi me suis-je hasardé à restituer Morosaglia au lieu de Morisaglia. Morosaglia est un nom bien connu dans l’histoire de la Corse. C'est là que fut constituée la terre de com- mune, au commencement du x1° siècle, par les soins de Sambu- cuccio d'Alando. 9. Cino di Finaccio, fils de Bianco di Finaccio, frère convers et procureur de l'hôpital de San Leonardo de Bagnaia , et Alasia, fille de feu Bellone, religieuse converse du même hôpital, déclarent avoir reçu, à titre de prêt, de maître Fabbro, citoyen pisan, diverses hardes qui sont énumérées et décrites dans cette charte. Fait dans Castel di Castro, le 1 septembre 1295, indiction VIF. Aldiso, fils de feu Ventura, notaire. 3. Fazio, fils de feu Guantino, syndic procureur du monastère de Tous-les-Saints et de l'hôpital de Stagno, afferme pour sept ans à Tingo di Bencivenni, l'église et l'hôpital de San Leonardo di Bagnaïa avec tous ses biens et toutes ses dépendances, sous condition de payer un cens annuel de 8 livres de petits deniers aquilins. Fait à Pise, le 9 juin 1300, indiction VI. Bonincontro di Ripa d'Arno, juge ordinaire et notaire, L. Giunta *, fils de feu Stefano del Cotone , de Montemassimo di Sotto (de dessous), fait donation entre-vifs à D. Guido, recteur de l'hôpital de San Leonardo de Bagnaia et recevant pour l'hôpital de Stagno, de sa part tout entière des terres boisées situées à Cerbaiola, dans la vigne de Lemutri. Fait dans Castel di Castro, le 12 juin 1226, indiction XI, Rollando Vesdominus, notaire. Dans le diocèse de Mariana, il y a un petit port de mer du nom ! Dans une des chartes qui m'ont été communiquées par le professeur Paga- mini, on trouve cité San Benedetto di Murisaglia. ? Par erreur de copie, cette charte a le numéro 4, au lieu d'avoirle numéro 2. 9 19. — 196 — de Bagnara, Bagnaria et Bagnarea. C'est ainsi qu'on le trouvera désigné dans les documents tirés des lelines des Anciens et des provisions des Sages. En Toscane un certain nombre de localités portent ce nom qu'on fait dériver de leur situation marécageuse ou du voisinage des eaux minérales; exempie : Bagnaïa sul Ceffone (Val d'Arezzo), Bagnania (Val di Merso). Dans l’île d'Elbe, il y a une plage marécageuse qui porte le nom de Seno di Bagnaia; enfin en Sardaigne, et tout près de Castel di Castro, un port de Bagnaria où s'élevait un hôpital dédié à San Lionardo. Pareil fait- se reproduisait à Bagnara en Corse. [Il n’est pas facile de se décider. Néanmoins, je crois plutôt que ces documents re rapportaient à la Sardaigne. CASA DELLA MISERICORDIA. 5. Pasqualino Rubeus de Sesto, patron d'un navire actuellement dans la darse de Gênes, déclare que Betto et Ranieri di Giovanni Grifhi, de Pise, sont depuis l’année 14106 intéressés dans son négoce pour un quart, et que dès cette époque il en a reçu la valeur en commandite. Fait à Gênes, le 20 octobre 1418, indiction XI (style génois), dans les comp- toirs (in bancis) et sous la maison de feu Bède. Battista di Paxano et Martino Bastarino, citoyens génois. Bartolino Sisto, notaire”. SAN SILVESTRO. 6. Protestation faite par Stefano di Michele, de la ville de Berre (della villa di Berra), en sa qualité d'administrateur des biens de Giovanni di Michele, son fils, contre le patron d'une barque du nom de Santa . Firma, à l'effet de le forcer à maintenir une convention faite entre eux au sujet d'un certain chargement de grains. Fait dans l'île du pont San Genesio, le 12 juin 1410, indiction VIT. Bernardo di Guglielmol notaire ?. ARCHIVIO DI SANTO STEFANO. L'ordre de Santo Stefano fut fondé par les Médicis vers 1556, dans le but de défendre les côtes de FTtalie contre les incursions mauresques. Aucun vœu de célibat ne liait les chevaliers de Saint- Étienne. Le grand-duc de Toscane était de droit le grand maître ! Il ya un Sesto dans la rivière de Gênes et un autre en Cap corse. Repett (Géographie de la Toscane) ne mentionne aucun Sesto en Toscane. ? Cette île du Pont San Genesio est peut-être une des petites îles qui se trouvent entre la Sardaigne et la Corse. — 197 — de l'ordre, qui fut installé tout d’abord dans le vieux couvent de Saint-Étienne, une des plus anciennes maisons religieuses de Pise, et dont la première charte est datée du 30 avril 780. Plusieurs Corses ont été chevaliers de Saint-Étienne. Nous en avons déjà cité un, Nicolao Buonavita, en nous occupant du Deposito Simonelli ; voici les autres : (Livre des patries, 1° volume, page 62, rubrique Corsica ”.) I. Il signor Giulio del capitano Simone Ornano, 4o ctobre 1622. Pisa. Il I signor Valentino del dottore Alessandro Farinola, 16 juin 1668. Pisa. HET signor Francesco di Simone Barbieri, 9 décembre 1692. Pisa. IV. Il signor Giovanni Favuletti, 10 juin 1693. Pisa. (Livre des Patries, volume second, rectifié à la restauration de l'ordre après 1819”, rubrique Basu«.) V. I signor cavaliere Paolo Valentino del fu signore Alessandro Farinola, 30 août 1583. Bastia. Malgré toutes mes recherches, je n'ai pu trouver les preuves de noblesse de ces chevaliers. Ou elles se seront perdues, ou ils auront fait leurs preuves sur les lieux mêmes, à Bastia par exemple. La seule pièce relative à la Corse, qui se trouve dans lAr- chivo di Santo Stefano, est l'acte de fondation de la commanderie Farinola, dont voici l'analyse. VI. Le docteur Alessandro Farinola, de Bastia (Corse), professeur à l'université de Pise, voulant conserver à la postérité le souvenir des bontés et de la faveur dont il a été honoré par la noble maison de Médicis, fonde à perpétuité, dans l'ordre grand-ducal de Saint- Étienne, une Com - manderie de la valeur de 4,000 écus, soit 12,000 livres toscanes, dont la rente est de 48o livres. Cette somme doit être placée, soit sur le Mont du Sel de Florence, soit sur des biens-fonds situés dans le do- maine de la même cité. Fait à Pise, le 15 octobre 1007 (/nstrumenti di Commande, filza vir, parte 2°, n° 567). L'Archivio di Santo Stefano forme une des divisions les plus considérables des archives pisanes. 1 Ces documents sont tirés du Livre des Patries (en deux volumes), où soni inscrits tous les noms des chevaliers et le pays auquel ils appartiennent. l ordre ne fut rétabli que le 28 septembre 1818. = 100 LIASSES CONCERNANT LA CHARTREUSE DE CALCI. Les liasses concernant la Chartreuse de Calci, qui se trouvent aux archives de Pise, sont au nombre de 274. Elles y ont été trans- portées en 1809, lors de la première expropriation de ce mo- nastère. Elles contiennent un grand nombre de procès civils, in- tentés soit à des débiteurs en retard, soit à des usurpateurs de propriétés. L'examen de ces liasses m'a donné le résultat que voici : 1. Testament du prêtre Bonaccorso, curé de Santo Stefano di Capraia, par lequel il laisse la, moitié de ses biens à Neci Stipati et l'autre à la Chartreuse de Calci; et dans le cas où le susdit Neci Stipati mourra sans enfants, sa part doit retourner tout entière au susdit monastère (sans date). 2. Liasses de la Chartreuse de Calci (34 Gorgone, Cap Corse et autres 1 eux). 3. Chartes et papiers relatifs à la chapelle de Saint-François-Xavier située dans l’église des Pères jésuites de Bastia et à la villa Giustiniano. (23 janvier 1682 — 10 juin 1704) (20 pièces). | Le 23 janvier 1682, MS Carlo Fabrizio Giustiniano donna à son frère Giacomo Ottavio une chapelle dédiée à Saint François- Xavier et située dans l'église des jésuites de Bastia, et une terre avec maison, située dans les environs de Castagno et tout auprès de la route qui conduit au couvent des capucins. Cette donation etait faite sous la condition qu’une rente annuelle de 200 livres serait destinée à l'entretien d'un chapelain et que le reste des re- venus de la terre serait affecté à l’'embellissement de la chapelle, faute de quoi la donation était dévolue aux jésuites. Le Père rec- teur de la société de Jésus mit en demeure l'abbé Giovanni Cam- millo, héritier de Giacomo Ottavio, de satisfaire aux charges de la donation. Par une transaction du 10 juin 1704, ledit abbé abandonna ious ses droits sur la chapelle et la villa, sauf celui de choisir le chapelain. Les Pères chartreux de la Corse {chartreux de Calci) demandèrent à louer à perpétuité la chapelle de Saint- François-Xavier et la villa Giustiniana. On ne voit pas le résuttat de ces tentatives. ARCHIVES COMMUNALES DE PISE, Les Archives communales de Pise, dont la partie ancienne a été deposée aux archives de l'Etat. se composent : — 199 — 1° Des ambassades pisanes, registre de cinq cahiers, allant de 1318 à 1360. 2° Des lettres des Anciens, en dix registres, de 1333 à 1426. Le dernier volume, celui de 1426, comprend les lettres des prieurs de Pise sous la domination florentine. Les lettres des Anciens sont du plus haut intérêt pour l'histoire de Pise. Là se trouvent réunis tous les ordres aux fonctionnaires, tous les mémorandums adressés aux ambassadeurs, toutes les décisions administratives prises par les Anciens, ce conseil étant la pierre fondamentale de la répu- blique pisane, comme on le va voir tout à l'heure. Malheureuse- ment, dans les quelques registres qui nous ont été conservés, il existe de nombreuses lacunes. Ce nonobstant, j'en ai pu tirer quarante-cinq documents tous trèsimportants pour l’histoire com- merciale de la Corse au xiv° siècle; plusieurs d'entre eux sont en langue vulgaire et présentent un intérêt philologique. 3° Des provisions des Sages, au nombre de vingt-deux volumes compris entre 1310 et 1402. lci, mon butin a été moindre, les provisions des Sages ne m'ont fourni que quinze pièces dont j'ai copié les unes et analysé les autres, suivant le degré d'importance qu'elles m'ont paru avoir. 4° Enfin des provisions des Anciens, contenues en cent six re- gistres et allant de 1299 à 1406. Je ne saurais trop regretter le temps que j'ai perdu à ies lire, le résultat que j'en ai obtenu est presque nul; treize documents, la plupart peu intéressants, sont tout ce que J'en ai pu tirer de relatif à ma mission. 1] est bon de remarquer que les registres des archives communales de Pise n’ont n1 table, ni inventaire détaillé: ce qui m'a obligé de les lire feuille par feuille. La partie la plus ancienne de ce dépôt a disparu sans retour. Une charte du Regio acquisto Cappelli, datée du 8 dé- cembre 1340, constate que, plusieurs années auparavant, les ar- chives de la Chancellerie avaient été détruites par un incendie. Cet événement ne peut avoir eu lieu que lors de la révolte contre Uguccione della Faggiola, arrivée vers 1315. Le peuple pénétra alors dans le palais communal et, croyant à l'existence d’une liste de proscription, brüla tous les papiers qui lui tombèrent sous la main. C'est pour cela qu'à part les provisions des Anciens, tout ce qui reste des archives communales ne commence guère qu'en 1310. Quelques mots, avant de terminer, sur la constitution commu- — 200 — nale de Pise; il serait difficile de comprendre sans cela les termes d'Anciens, de Sages, de Sénat, de Créance et de Conseil majeur et mineur. Je commence par Géclarer que je n'entends point approfondir un sujet qui est encore obscur pour les Pisans eux-mêmes, car le beau livre de M. Bonaini sur les statuts de la commune de Pise n'a point complétement éclairci la question. Je veux seulement donner une notice succincte alin que l’on puisse comprendre ai- sément le contenu des documents dont j'ai pris copie. J'écris et en partie ce qui ma été dit, en partie aussi ce que ma suggéré l'étude attentive des sources auxquelles j'ai puisé. En premier lieu, nous trouvons le conseil des Anciens. C'est là le rouage le plus important, la clef de voute du système gouver- nemental de Pise. Le conseil des Anciens était composé de douze membres qui se renouvelaient tous les deux mois et étaient élus par les notables des quatre quartiers de Pise, au nombre de irois par quartier. Les Anciens avaient eu main le pouvoir exécutif dans sa plus large extension, une partie du pouvoir législatif et, dans certains cas, le pouvoir judiciaire. À côté du conseil des Anciens se plaçait le conseil des Sages, composé aussi de douze membres, trois par quartier, choisis parmi les notables de la cité et nommés par les Anciens eux- mêmes. Ce conseil avait un mandat spécial. Quand les Anciens ne pouvaient ou ne voulaient pas décider une affaire, ils l'évo- quaient devant le conseil des Sages, nommés à cet effet, qui en décidaient sous leur présidence. Le nombre originaire des conseil- lers ne fut d'abord que de douze; plus tard le nombre fut aug- menté, el l’on eut ainsi le conseil des vingt, des trente, des qua- rante et même des cinquante Sages. À la suite du conseil des Sages, on rencontre le conseil du Sénat, appelé aussi Sénat de créance, Sénat et Créance des An- ciens du peuple de Pise. Il était aussi nommé par ceux-ci, mais avait un caractère plus permanent, plus conservateur. Son rôle était de servir d’intermédiaire entre les conseils des Anciens et - des Sages et celui du Peuple. Une affaire dont les Sages avaient : décidé était ensuite portée par les Anciens au Sénat, et ceux-ci prenaient part à la délibération. Une fois la chose discutée et jugée par le couseil des Sages et par le Sénat, il restait à obtenir l'assen- timent du conseil du Peuple dont nous allons parler. — 200 Le conseil du Peuple était composé de quinze notables élus par chaque quartier et de douze hommes du peuple. Le peuple doit s'entendre ici du moyen commerce: la plèbe, les cenci, comme les appellent les auteurs italiens, n'ont jamais eu de part au gou- vernement de Pise, qui était une sorte d’oligarchie commeiciale. Figuraient également dans le conseil du Peuple les consuls de la mer, ceux des marchands, ceux de l’art de la laine, les capitaines et les prieurs des sept arts. Là se décidaient en dernier lieu et sans appel les affaires les plus importantes. Ainsi, pour une question de représailles, la partie plaignante devail tout d’abord adresser une pétition détaillée aux Anciens; ceux-ci renvoyaient l'affaire à un conseil de Sages choisis par eux; les Sages approuvaient ou reje- taient Ja pélition après avoir écouté le rapport des Anciens. S'ils l'approuvaient, le Sénat prenait à son tour connaissance de la question; venait enfin le conseil majeur et mineur du peuple de Pise qui rendait un verdict souverain et sans appel. En somme, il n’y avait à Pise que deux puissances bien distinctes, les Anciens et les conseils qui en dépendaiïent, et le peuple qui était consulté d'après le mode que nous venons d'indiquer. Les copies qui suivent, au nombre de soixante, ont été tirées des archives communales, de celles du Dôme et de celles des hôpi- taux. J'ai dû les faire moi-même, vu le personnel peu nombreux des archives de l'État. Je pense que l'on peut s'y fier; je donne ici la troisième transcription, et j'ai fait faire en outre la collation sur les originaux, ainsi que cela est prouvé par le certificat qui les termine. Enfin'il est bon de rappeler ici que les dates qui vont suivre sont données selon le comput pisan. DOCUMENTS COPIES. I. — AMBASSADES PISANES. 1. Cote. Note diplomatique relative à un prétendu pirate pisan, qui, après avoir dépouillé des marchands aragonais, s'était retiré en Corse. 26 mai 1326. (Extrait d'une réponse à l'ambassade ara gonaise.) Copie. «Responsio pisani Communis facta prudenti viro, Petro Ma- gneli, nuntio serenissimi principis, domini Jacobi, Dei gratia l'EgIS Aragonum, Valentie, Sardineæ. et Corsicæ, ac illustris domini infantis Alfonsi, ejus primogenili et generalis procuratoris, comilisque Urgelli, ad infraseripla, hæc est : « Primo, ad litteras prædictorum dominorum , regis el infantis, missas — 202 — dicto Communi et dilatas per ipsum Petrum ac per eumdem dictas et ex- positas dicto Communi, super querulosa petitione Jacobi Pito, Johannis de Miravilla, Dominici Cardona et Raimundi Lanza, mercatorum Valen- tiæ, dicentium se derrobbatos certis mercationibus et rebus, per Petrum Guercium de Massilia, in quodam lembo Petri Helias, in mari Sancti Felicis invaso et capto per ipsum Petrum, cum quadam galea armata , res- pondetur : Quod, de ïpsa querimonia Commune pisanum plurimum et merito miratur, cum prædictus Petrus Guercius, quem dicti conquerentes asserunt esse burgensem civitatis pisanæ et cujus galeam dicunt armatam Pisis, et quem insuper dicunt redisse cum mercantüs et rebus ablatis in districtum civitatis pisanæ, videlicet in locum dictum Liburna, et, ibi exonerasse eas, numquam fuit burgensis vel habitator civitatis pisanæ, nec armavit unquam galeam suam Pisis, nec cum rebus derrobbatis in distric- tum pisanum, vel apud Liburnam venit, vel eas 1bi exoneravit. Et hoc est certum et clarum, quia numquam dictus Petrus participavit, vel fa- cere habuit cum Communi pisano in aliquo, nisi aliquo tempore, du- rante guerra de Sardinea. Quo tempore, acquisitus ad stipendia pisani Communis, eum una sua galea armata, non de gente pisana seu in pi- sana fortia, servivit dicto Communi, simul cum armata galearum dicti Communis. Post quod servitium , in discessu quem fecit a portu pisano, violenter accepit duos cives et mercatores pisanos, scilicet Lorem Sar- dum et Niccolaum Assopardum, et eos duxit in Corsicam, et nunquam postea reduit in districtum pisanum. Et res et mercimonia ablata per eum in dicto iembo Petri Helias, detulit ad terram de Grassa et Aquilam, in Provincia, et 1b1 demisit et vendidit eas. Et hoc est notorium ex fama et ex pura veritate. Unde, sicut dictum est, mirare potest Commune pisanum, quod contra eum, de re tam clara et in nichilo ipsum Com- mune tangente, querimonia fiat. » 11. — LETTRES DES ANCIENS. 2. Cote. Les Anciens de Pise font droit à la réclamation d'un citoyen de Bonifazio, en Corse, qui avait été dépouillé de trois barils d'huile pro- venant de Gaëte par le capitaine de Livourne et du port pisan. 18 mars 1334, indiction IT. (Premier volume.) . Copre. « Anthiani pisani populi, nobili viro *....... capitaneo pisani portus et Liburnæ, pro Communi pisano, salutem. Pro parte Martini de Bonifatio fuit nobis querelanter expositum quod, dum ipse cum plena fiducia et mercationis causa in terram descendisset cum tribus barilibus ole1, per eum nuper de Gaeta reducti, intendens ipsum vendere in prædicto portu seu Liburna, a te extitit impeditus, ipsumque oleum ! Le nom du capitaine manque. NT sibi ablatum, sub prætextu et colore deveti. De quo, si ita est, ut nobis asseritur, minime contentamur, scilicet quod negotiatoribus et alns, undecumque sint, in terram descendentibus, cum rebus et mercationibus, indebita noxia novitas inferatur. Et ideo volumus et tibi expresse auc- toritate præsentium præcipimus et mandamus, quatinus, visis præsen- tibus, eidem Martino prædictos barilés tres olei, detentos a te, sine ex- pensarum onere, cum effectu restituas ac immediate reddi et restitui facias, sinens eum libere vendere oleum supradictum, in loco altero prædictorum, cum debiti solutione dirictus, ne de inobedientia possis modo aliquo amplius commendari. «Sigillatæ sunt lictere mandato suprascriptorum dominorum Anthia- norunm, suprascripta die. » 3. Cote. Les Anciens de la commune de Pise prescrivent à l'officier public préposé au dévèt (divieto) dans la Maritime, de rendre à Baccia- relli de Caligi les six setiers de blé et de seigle qu'il lui a injustement enlevés le 3 septembre 1335, indiction IT. (Premier volume.) Copie « Anthiani pisani populi, probo viro officiali super bannitis et deveto pisani Communis in Maritima, salutem. Pro parte Bacciarelli de Caligis, de Cappella Sancti Pauli Ripe Arni, fuit nobis nuper queru- lose narratum quod, dum pro dicto Bacciarello, sub confidentia nostræ licentiæ, eidem per nostras patentes licteras condonatæ, adhuc duran- Anselmus Banduccii, Corsus de Capraria, deferret super duobus bestus, de terra Razignani, staria sex grani et segalis ad terram Vade, pro faciendo bladum ipsum ad civitatem pisanam deferri atque conduci, sicut de jure debebat, ipsum conductorem cum bestiis et blado prædictis capi et arrestari fecisti, in Abbathia et ante portum terre Vade, nulla causa vel legiptima ractione. De quo, si ita est, ut plurimum admira- mur: et ideo volumus et expresse mandamus , quatinus, visis præsenti- bus, eidem Anselmo prædictas bestias et bladum, sine aliquo honore expensarum, restituere debeas cum elfectu, omnem novitatem contra eum factam, penitus revocando; cum constet nobis aperte prædictum Bacciarellum nostram habuisse licteram extrahendi et extrahi faciendi de terris Vade et Tazignani suprascriptam quantitatem bladi et majorem, prout in nostris litteris sibi concessis plenius continetur, et sic dictam licentiam captionis tempore perdurare, et ea libere posse frui. Sic te habeas in prædicto quod inde merito valeas commendari. « Sigillatæ sunt suprascriptæ lictere mandato suprascriptorum domi- norum Anthianorum. Tertia nonas septembris, indictione secunda. 4. Cote. Sauf-conduit accordé par les Anciens de Pise aux habitants de Bonifazio, pour venir à Pise et y commercer. Le 17 septembre 1990: indiction IT. (Volume [.) — Ne — Copie. «Nos, Anthiani pisani popuhi, vobis universis et singulis, hominibus de Bonifatio, seu vobis suppositis, has litteras inspecturis, per præsentem paginam litterarum licentiam et securitatem concedimus et largimur, veniendi ad civitatem pisanam et deferrendi et conduceudi et deferri et conduci faciendi mercationes vestras et bladum , et, in ea standi et inde libere discedendi, pro vestro beneplacito volumptatis, absque novilate aliqua vobis realiter vel personaliter inferenda, ali- quibus represalis vel earum usu, a Communi pisano concessis contra Commune vel homines de Bonifatio, nequaquam obstantibus; man- dantes expresse Communi pisano: supposilis, quatinus hanc nostram licentiam debeant inviolabiliter observare. Ac etiam'............... et notificantes vobis, quod do singulo stario grani, solidos xz1 pisainæ monetæ, dari et solvi in civitate pisana, indubie et infallibiliter faciemus. «Sigillatæ sunt, etc. die xvr1° septembris, indictione IF. » 5. Cote. Ordre donné à Favato, commandant une galère pisane, de protéger les barques parties en Corse pour y prendre du vin, contre deux pirates qui croisaient dans le but de les capturer. Le 14 octobre 1339. (Volume Î.) Copie. « Anthiani del popolo di Pisa, a te, Favato, gomito della galea del Comune, saluta. Abbiamo novelle chè le nostre barche che sono ite in Corsica per lo vino, non puono tornare, per due vacchecte armate, stanno |à per pigliarte. Pero vogliamo et a te comandiamo es- pressamente che, in contenente, tu vadi là sempre a buona guardia et vegnine colloro in fine in porto, si chè non possano ricevere malincappo. Et questo fa segretamente, per tale che nimo possa aver lingua di te. « Data a Pisa, a di x1rv di octobre.» 6. Cote. Ordre aux capitaines de Livourne et du port pisan , ainsi qu'au magasinier dudit port, de bien traiter ét de faire embarquer Antonino Tica de Bonifazio, porteur de la présente, et les troupes génoises qui vont en Sardaigne, sur les navires qu'il leur plaira de choisir. Le 19 no- vembre 1335. (Volume I.) Copie. « Anthiani pisani populi, viris nobili* et providis, capitaneis Liburnæ et pisani portus et fundacario dicti portus, pro Communi pisano, salutem et observantiam in mandatis. Quia communi Janue per has litteras concedimus specialem posse, nuper, in portu prædicto certam quantitatem ab equo armigeram licite onerari, volumus et vobis et cuique vestrum expresse præsentium tenore mandamus quod, pro À Manque un membre de phrase. ? Un seul de ces officiers était noble, C'est pour cela que le qualificatif nobilr est au singulier. — 905 — communi Janue suprascriplo, Antoninun Ticam de Bonifatio, præsen- üium portilorem, onerari faccre in dicto portu gentem totam istius Communis, quæ ire in Sardineam dicitur, et equos, arnenses et arma gentis predicte, super quibuscumque lignis dicto Antonino placuerit, hbere permictatis, sine aliqua contradictione, obstaculo vel noxia no- vitate, ipsamque gentem amicabiliter benigneque tractetis et ab aliis similiter faciatis, et inde commendari digne possitis. «Sigillatæ sunt, etc. die xrv° kalendas decembris. » 7. Cole. Ordre au podestat de Capoliveri, île d'Elbe, et au capitaine de Vada et de Rasignano de bien accueillir les gens de Bonifazio, toutes les fois que, pour se rafraichir, ils entreront dans leurs ports. Le 31 mai 1340. (Volume IT.) Copie. «Anthiani pisani populi providis et discretis viris (Jacobo de Gualundis) potestati Capoliveri, insulæ Ilvæ, et capitaneo Vade et Ra- singnani, pro (ommuni pisano, et tam præsentibus quam futuris, nec non toti consilio et Communi cujusque dictarum terrarum, salutem et observantium mandatorum. Volumus et vobis vestrum cuique præsen- tium tenore mandamus quatinus omnes illos de Bonifatio, ad vestros portus vel ad dictas vestras terras pervenientes, benigne et amicabiliter videre et recipere debeatis, eisque petentibus, pro eorum denartis, pa- nem, vinum et alia rinfreschamenta dare et concedere, pro eorum ne- cessitatibus, liberaliter et benigne. « Sigillatæ fuerunt, etc. pridie kalendas juni. » 8. Cole. Les Anciens de la commune de Pise reprochent au podestai de Vada et de Rasignano d’avoir enlevé ses armes et un sifflet d'argent au Corse Tintone d'Alamanuccio, et lui enjoignent d'en faire la resti- lution immédiate. Le 30 mai 1341. (Volume IL.) Copie. « Anthiani pisani populhi, discreto viro, Conti Aïutamicristo, potestati terr& Vade et Rasignani, pro Commune pisano, salutem. Veniens ad nos, Tintone Alamanuccii, Corsus, de Cappela Sancti Cosme de Pisa, exposuit cum querela quod, cum esset pro certis suis factis in terra Vade cum quodam suo cultello ad latus, et extra dictam terram Vade dimisisset certa alia sua arma, videlicet lanceam unam et spa- tham unam, tum, contra formam juris et debitum rationis, fecisti eum capi et sibi dicta arma elevari et auferri fecisti, et penes te habes et etiam abstulisti sibi quemdam fischium de argento sive de auro, et hoc sit inhonestum et contra debitum rationis, et per formam brevis pisani Communis, hoc non poleras facere, cum sit civis pisanus, el civitate pisana subeat ut civis pisanus : Quare volumus tibique districte præci piendo, mandamus qualinus, visis præsentibus, in continenti, sibi dicta — 206 — arma et dictum fischium restituere debeas cum efflectu, mandatum nos- trum taliter servaturus quod de inobedientia non puniri, sed merito commendari valeas. a Sigillatæ sunt, etc. terlio kalendas jun, indictione vrir. » Cote. Ordre au douanier de Piombino de payer Piero Albergatore et ses compagnons, à raison de six deniers par jour pour chacun, pour la réquisition que l'amiral pisan, à la poursuite de pirates réfugiés en Corse, a faite de leurs personnes et de leur bateau. Le 21 juin 1341. (Volume Il.) Copie. « Anthiani pisani populi, discreto viro, Gualando Ricucchi, docanerio in Plumbino, pro Communi pisano, salutem. Pro parte Alber- gatoris Pieri et novem aliorum hominum, sociorum ejus, de communi Capoliveri, Ylbe, fuit nobis nuper expositum quod admiratus galearum Communis, de mense aprilis proxime præterito, coegit dictum Alber- gatorem et socios cum uno schifo ire secum ad insulam Corsiche, pro capiendo quasdam vacchettas cursalium qui erant circa prædictam insu- lam Corsiche; et prædictas vacchettas ceperunt, et eas captas dictus admiratus ad terram Plumbini, per dictum schifum de Capoliveri et unam vacchettam Piumbinensium destinavit, in quo viadio steterunt diebus quinque, de quibus eis non fuit in aliquo satisfactum; et petitur eis per nos satisfiendum debere, sicut fuit illis de Plumbino. Quare volumus tibique præsentium tenore, concedimus et mandamus qua- tinus, si ifa est, ut super asseritur, des et solvas, de pecunia pisani Communis apud te existente, suprascriptis de Capoliveri seu dicto Albergatori, pro se et dictis suis sociis recipienti, pro eorum soldo et paga, pro dictis quinque diebus, ad rationem solidorum sex denario- rum pisanorum, pro quolibet eorum per diem. Mandatum nostrum, sic adimplere procures, quod inde venias commendandus. « Sigiilatæ fuerunt dicte licteræ, etc. x1r° die kalendas jui. » 10. Cote. Permission accordée aux habitants de Nonza et de Calvi, en Corse, de venir commercer à Pise, du 28 juillet au 1° janvier, no- nobstant les représailles obtenues contre eux par les gens de Piombino. Le 28 juiilet 1341. (Volume IT.) Copie. « Nos, Anthiani pisani popuh, universis et singulis bominibus et personis de Caivi et Nonsi, insule Corsice, harum præsentium te- nore concedimus licentiam et securitatem liberam veniendi ad civita- tem pisanam, ejusque districtum, cum eorum vino, mercationibus et rebus, et in ipsa et ipso standi, et inde discendendi, non obstantibus aliquibus represaliis concessis a Communi et pro Communi pisano certis de Plumbino contra dictos homines et personas de Calvi et Nonsi vel = Sp alteros ipsorum locorum, duraturam hinc ad kalendas januarit proxime venturi. Mandantes universis et singulis, Communi pisano subpositis quod contra hanc nostram licentiam et securitatem venire vel facere modo aïiquo non præsumant. «Sigillatæ sunt, etc. v° die kalendas augusti. » 11. Cote. Réponse à une ambassade envoyée par les hommes de Bonifazio, pour traiter de la suspension des représailles entre eux et certains particuliers de la commune de Pise. Le 22 avril 1361. (Vo- lume III.) Copie. «Nobilibus et sapentibus viris, Potestati, Anthianis, Consilio et Communi Bonifati, amicis karissimis, Anthiani Communis pisani. « Amici karissimi, accesserunt nuper ad nostram præsentiam discreti viri Nicolosius de Albissella et Johannis Sgressolus, ambaxiatores vestri, exponentes, ut decuit, ambaxiatam eis commissam; quam audivimus et intelleximus diligenter. Set quia negotium de quo agitur non est directe negotium quod spectet principaliter ad Commune nostrum, set certos tangit, singulariter cives nostros, sicut amicitiam vestram latere non credimus, et quia præfati ambaxiatores vestri asserebant se non habere mandatum sufficiens posse perficere quædam, quæ tractabantur hinc inde pro concordia rerum et mercationum ablatarum seu sequestra- tarum : hinc inde negotium antedictum effectualiter expediri non potuit. Set pro meliore cum eis deliberavimus quod per cives nostros, quos prædictum tangit negolium, nulla ex prædictis inferatur molestia vestra- üibus, in personis vel rebus, vigore represaliirum seu jurium eorum quæ contra vestrates habent, hinc ad sex menses proxime venturos; et quod idem fiat, pro parte vestra, de vestratibus contra nostros, solvendo interim per vestrates illud quod consuetum est solvi pro qualibet eorum barcha, quæ Pisis applicuerit, nostris civibus istis. Et interim tractari, inveniri et perfici poterunt vie, modi et ordines expedientes pro concordia prædictorum quam pro parte nostrorum civium; decen- ter fieri facere offerimus nos paratos. Girca alia vero quæ nobiscum con- tulerunt super prædictis et cum certis nostris civibus, quos deputavimus ad prædictam ambaxiadam, vestri, tanquam prudentes, relationem vobis facient, viva voce; qui parati sumus ad omnia Magnificentiæ Vestræ grata. « Silligatæ sunt, die xxri° aprilis. » 12. Cote. Ordre à Gaddo Tempanelli, podestat de Piombino, d'ar- rêter les marchandises des Corses signalés par lui, principalement de ceux de Campoloro, parce qu'ils ont volé à Guillelmino di Johanni da Piombino sa barque et une valeur en marchandises de 97 florins d'or. Le 30 août 1361. (Volume TIT.) nn —- Copie. « Gaddo Campanello, potestati Plumbini. « Vogliamo chè sè avessi in Piombino alchuna mercantia o barcha, o altro navilio, o altre cose delli Corsi, nominati et scripti in della lettera, la quale ci mandasti et la quale mandasti ti rimandiamo in queste lettere interchusa, o d'alchuno del loro Comune di Campo- loro *, tu le facci arrestare et detenere ad ogni dimanda di Guillelmino di Johanni de Piombino, lo quale è stato robbato da loro certa mercan- tia di valuta di fiorini 97 d'oro, et la sua barcha et suoi corredi di valuta di zx fiorini d'oro. Et similmente, se alchuno di quello Comune di Campoloro apparisce a Piombino, fallo sostenere, et le predicte cose et homini non lassare nè rendere, di fin chè al decto Guillelmino non & facta piena restituzione della valsuta delle mercantie et della barcha et corredi allui tolte et arse, ovvero di fin chè non finno in concordia col decto Guillelmino. «Suprascripto die : 30° agosto.» 13. Cote. Ordre à Simone Maggiulino, podestat de Piombino, de bien recevoir et d’'exhorter à la paix certains particuliers de Piombino, qui viennent de la jurer entre les mains des Anciens de Pise. Il doit éga- lement surveiller le Corse Francesco di Luparello, qui est en inimitié avec l'épicier Lemmo di Becto, et si le susdit Corse ne veut pas ou ne peut pas jurer la paix ou donner caution, il doit l'envoyer à Pise sous bonne garde. Le 22 novembre 1369. (Volume IV.) Copie. « Simoni Maggiulino, potestati Plumbini. « Avemo inteso Rannuccio di Nino, Cagnasso di Necto, Nieri di Andrea, Meo di Ghino, Nino di Pilecto, ser Colo di ser Cente, ser Piero di ser Vanni, Jacopo di Vanni et li compagni da Piombino, et loro ayemo informati et ammoniti, come bizogna et con nostra licenza, ritornano a Piombino. Et pero vogliamo chè tu h ricevi liberamente, et anchè, sè vedi chè bizogni, li ammonisca alla pace et riposo di Piombino. Et con ogni studio induce Francesco di Luparello, Corso, a far pace con Lemmo di Becto, speciale, et a sigurare la decta pace. Et in quanto la decta pace fare non volesse, et non volesse et non potesse sigurarla, fallo pigliare et mandallo a la prigione di Pisa a buona guardia. «22° die noyembris. » 14. Cote. Lettre des Anciens de Pise à la commune de Bonifatio, par laquelle its la prient de faire rembourser au pisan Mone, marchand de soie, une valeur de 600 florins en marchandises, que don Manuele Bolle- rio de Sori s'était appropriée injustement. 19 avril 1372. (Volume V.) l Actuellement Campodiloro, en Corse, près Ajaccio. — 209 — Copie. « Prudentibus viris, dominis Potestati, Regimimibus, Communi et Consilio terræ Bonifatii, amicis karissimis. « Amici karissimi, exposuit coram nobis cum querela Mone Sitaluo- lus, civis et mercator noster dilectus, qualiter ipse, tanquam verus, simplex et legalis mercator, confidens de domino Manuele Bollerio de Sori, sicut necesse est mercatores confidere, dedit sibi tantum inter venam et pannos quod ascendit ad summam florenorum circa sexcentum. Quas mercantias dictus dominus Manuel consignare debebat et pro- misit Jacobo de Septimo, socio suo, et quas mercantias dictus dominus Manuel, tanquam deficiens in fide, vendidit et michil ipsi Moni nec alieui suo socio consignavit; sed de denaris receptis per eum de dictis suis mercantiis emit vinum de Sancto-Siverino, et alia sua negotia de denarüs dicti Monis facit, cessando facere eidem de suis mercantnis el pecunia ractionem. Et nunc, prout intelleximus, habet in terra Bonifatn panfilium unum portantem buctium EX et cum vino et aliis rebus emptis de pecunia dicti Monis. Quare amicitiam vestram actente rogamus quatinus, considerata puritate et fiducia dicti nostri mercatoris et fraude dicti domini Manuelis, placeat et velitis dicto Moni vel ejus procura- _tori facere fieri ractionem summariam, more mercantili, taliter quod, absque expensarum fatigactione et temporis perdictione, dictus Mone suarum mercantiarum seu pecuniæ debitæ restitutionem debitam con- sequatur. Parati pro vobis et vestris ad similia et majora : «Anthiani populi, Consilium et Commune civitatis pisanæ. « Datum Pisis, 19° die aprilis, indictione 1x°.» 15. Cote. Lettre des Anciens de la commune de Pise, adressée à don Tridano de Porto-Venere, gouverneur de la Corse, par laquelle ils le prient de faire restituer aux frères Jello et Niccolao, négociants pisans, les marchandises que leur avait volées le Corse Bonello de Tolla. Le 28 jum 1572. (Volume V.) Copie. «Nobili viro, domino Tridano de Portu-Veneris, gubernatori insulæ Corsicæ, amico karissimo. « Amice karissime, cum Gellus et Niccolaus, fratres, cives nostri di- lecti, coram nobis exposuerint cum querrela qualiter ipsi, una cum quo- dam Bonello, Corso, de Tolla, insule Corsice, de Pisis discesserunt et one- raverunt super una barca infrascriptas res, videlicet : pecias sex barac- chani, cannas viginti quatuor panni de lino, libras centum lini, farsitium unum novum , balistam unam novam, linteamina tria nova, bracchioruimn septem, pro quolibet; et dictus Bonellus etiam oneravit certas suas res, et, cum fraternali dilectione et maxima fiducia, venerunt cum dicto Bonello l Vena est le nom donné au minerai de fer de l'ile d'Elbe. MISS:. SCIENT, ——> TT. 1 — 210 — ad insulam Corsice: et cuin fuerunt ad flumen Liciani, dixit dictus Bo- nellus : « Vos vultis conducere istas vestras res ad locum Cinarche, et «oportet ut conducantur per terram. Ego conducam vestras et meas, et «faciam de vestris sicut de meis. Et vos expectabitis me hic, et, in « quinque diebus vel sex , ero reversus et faciam vobis bonam ractionem. » Qui Gellus et Nicolaus, confidentes de amicitia dicti Bonelli et dantes fidem suis verbis, fuerunt contenti. Et sic dictus Bonellus cum dictis rebus dictorum fratrum et cum suis discessit. Et prædicti expectaverunt eum apud dictum locum fluminis de Liciano diebus viginti duobus, et non fuit reversus. Et nunquam potuerunt de suis rebus aliquid habere; ac etiam prestiterunt sibi florenos quinque de auro. Quare, cum præ- dicta sint contra omne jus et fidem et contra usum mercantie, rogamus amicitiam vestram quatinus placeat vobis dictis fratribus facere jus summarium et expeditum, cogendo dictum Bonellum, tanquam fidei violatorem, ad restituendum prædictis fratribus dictas eorum res et dic- tos quinque florenos, ne dicti fratres et cives nostri habeant materiam conquerendi; nam aliter eis non possemus juris debitum denegare. « Anthiani populi, Consilium et Commune civitatis Pisanæ. « Datum Pisis, die 28° juni, indictione 1x*.» 16. Cote. Lettre à la commune de San-Miniato, laquelle est priée de faire dédommager Neruccio Cagenusso, citoyen pisan, qui n'avait point trouvé en Corse le chargement que Lone Betto de San Miniato s'était "DE ] Q ! x ! = Î T engagé à lui préparer. Le 19 décembre 1372. (Volume V.) Copie. « Prudentibus viris, dominis Potestati, Prioribus, Consilio et Communi Sancti Miniatis. « Amici karissimi, quia querela Neruccii Cagnussi, de Cappella Sancti Viti, dilecti civis nostri, veridice sensimus ipsum Neruccium naules- giasse cum quadam ejus barca, itura Corsicam pro certa mercantia et onere, Lonem Becti de San Miniate; quod viadium, secundum pro- missionem factam ipsi Loni, fecit et Corsicam ivit cum dicta ejus barca. Et cum applicuerit Corcise, petit caricum et onus, sibi a dicto Lone promissum, ab illo ad quem dictus Lone eundem Neruccium destinavit ; quod onus et caricum, nullo modo habere valuit. Inde cum sua barca redivit, quod est sibi nocivum non modicum et dampnosum, tam propter temporis amissionem, gravedinem navigil expensarum, quam etiam quia interim aliud lucrativum viadium habuisset. Unde, amicitiam vestram, de qua plene confidimus, actente requirimus et precamur quatinus, eidem Neruccio, civi nostro, ad vestram terram Sancti Mi- miatis nuper accessuro, in hüs que pro prædictis et ab ipsis dependen- tüibus contra dictum Lonem degentem in dicta vestra terra, petierit, henri faciatis jus summarium et justitiæ complementum, ut effectualiter — 211 — credimus vos facturos, reputantes debitum jus sibi per vos fiendum fore, sed ex nostra speciali gratia attributum. « Anthiani popul, Consilium et Commune civitalis Pisanæ. « Datum Pisis, die 19° decembris. » 17. Cote. Prière des Anciens de Pise au doge de Gênes de permettre le transport à Livourne ou dans la Bouche-d’Arno des vins achetés en Corse pour le compte de leur Commune. Le 12 septembre 1376. (Vo- lume VI.) Copie. « Magnilico et potenti viro, domino Dominicho de Campo- Fregoso, Dei gratia honorabili duci Januæ et populi civitatis ipsius de- lensor1, etc., amico karissimo. « Magnilice frater karissime, sentientes animos nostros ad fraternitatis vestræ vota sincera aflectione dispositos, fraternitatem ipsam stricte ex corde precamur quatinus, cum pro majore parte anni utamur cum civi- bus nostris vino forensi, et per nostros cives karissimos et mercatores empte sint in insula Corsiche barchate circiter viginti quinque vini corsichi, pro quo, medianie vestra licentia gratiosa ac favore, ipsi cives nostri missuri sunt, et illud, aut saltem, in barcas viginti, Pisas in proximo reducturi : ipsis viginti quinque aut viginti nostratum barcis eundi pro ipso vino ad partes ipsas Corsice, et inde cum ipso vino re- deundi Pisas, licentiam liberam nostris singulari gratia concedatis, lic- teras concessionis licentiæ prælibatæ, per latorem præsentium, nobis eas manentibus, transmictentes. Die duodecima septembris. » 18. Cote. Instructions à Lippo de Caprona, podestat de Livourne, et à Bonaccorsi di Colle, sur les précautions à prendre pour le retour des barques chargées de vin corse, et pour empècher quil n'aille à l'étranger. Le 15 octobre 1376. {Volume VI.) Copie. « Dominis Lippo di Caprona, potestati Liburnæ, et Bonac- churso de Colle, etc. « Sentiamo di fermo chè la galea & per venire costà et per venire a Foce et per tucto lo nostro mare, per fare andare tucte le barche del corso (vino) chè sono costà a Jenova. Et pero vogliamo et comandiamo a voi strectamente chè subito voi facciate chè tucte le barche stianno et reduchansi si in del siguro, chè non possano ricevere alchuno sinis- tro. Et a cio pogniate ogni riparo chè potete et facciate stare a buona guardia. Oltrà ci, perché sentiamo chè alchuni sono venuli costà per comprar vino et mandarlo a parti extranie, vogliamo chè pogniate rime- dio, come bizognia, chè nulla quantità di vino vada ad altro luogho chè a Pisa, per alchuna cagione, cosi di quello chè & venuto come di quello chè verrà per innanti. Et mandate banda che nulla prima possa fare Le — 212 — compra d'alchuno vino per mandarlo fuora del nostro distrecto, © altro chè à Pisa: et chi trovate fare contra, factelo tosto pigliare et man- datelo presto a Pisa, et sia chi vuole. «Di 15° di octobre. » 19. Cote. Instructions adressées aux mêmes personnages sur les si- gnaux à faire à la galère qui accompagne les barques chargées de vin corse, et sur l'ordre dans lequel on doit faire arriver à Pise lesdites barques. Le 17 octobre 1376. (Volume VI.) Copie. « Dominis Lippo de Caprona, etc., et Bonnaccurso de Colle. « Avemo dato ordine chè si guardi la torre di Foce d' Arno et di Foce di Serchio diligentemente; et stianno alla veduta. Et in caso chè galea apparischa di nocte, deuno fare due fuochi, et di di alzale la vela, si chè ogni advenimento di galea si senta. Et pero vogliamo chè voi fac- ciate stare actenti alla buona guardia, si chè ogni sinistro cessi. Et in caso che galea non venisse, mandate le barche a Pisa, a due per volta. Et di pole prime due, non mandate l’altre due, ogni volta, in sin a tanto chè le prime due non sono giunte dentro a salvamento, sigondo che tu, Bonacchorso, fusti informato. Et quelle chè ne mandate, ca- vate a pulissa, a fato si chè nullo riceva iniuria, avendo prima notitia che galea non sia presso. Et nessuna barcha lassate partire, sè pria non ve dà buona pagaria di venire a Pisa. «Di 1 g. di octobre. » 20. Cote. Instructions aux mêmes touchant la surveillance à exercer sur la côte de Montenero et la Melora, et sur le transbordement du vin des barques corses sur les barques pisanes et lhivournaises. Le 18 oc- tobre 1376. (Volume VI.) Copie. « Dominis Lippo de Caprona, vicario Liburnæ, et Bonacchurso de Colle. « Accio che a salvamento le barche del corso {vino) vegnano, avemo deliberato et vogliamo che voi facciate, ogni mattina, vedere diligente-- mente la costiera di Montenero et la Melora et ogni altro luogho et le torre, sè facesseno alchuno segno di galea o d’altro legno di remi, o se galea o altro legno di remi fusse per la contrada. Et saputo chè non n apparischa alchuna, lassate ne venire delle barche, come piace loro, ricevuta pria da loro buona sigurtà, chè lo decto vino presenteranno in Pisa: et facciendo allebbiare le barche delli Corsi in su le barche dell: Livornesi o delli Pisam, si veramente che le barche che allebbieranno 1 Pour al:are, — 215 — non vegniano insieme colle barche allebiate, accio chè non sianno 1m- pedite insieme, sè sinistro occhoresse. Et lo decto allebbiamento facte fare come vi parrà, si chè pio lievemente entrino im della Foce, in tai modo chè non abbiano bizognia d'alchuno allebbiamento in sulla Foce. « Di 18° di octobre. » 21. Cote. Sauf-conduit et permission de venir librement à Pise, ac- cordés par les Anciens de cette commune aux frères Jacopo et Pietro degli Avvocari, de Brando, en cap Corse, ainsi qu'aux habitants de Brando, de Canari, de Sisco, de Pietra-Corbaria et de la partie de la vallée d'Ugliastro qui appartient aux susdits frères; ce sauf-conduit va- lable en dépit de toutes les représailles qui pourraient exister entre eux et la commune de Pise, les dettes envers la susdite commune et les bans pour maléfice ! étant seuls exceptés. Le 16 novembre 1376. (Volume VI.) Copie. «Nos, Anthiani pisani populi, ex omni baïlia et auctoritate quam habemus, et nobis et officio nostro a Communi et pro Communi pisano concessa, actendentes ad devotionem ac fidem ac virtutem egre- giorum virorum, dominorum Jacobi et Petri, germanorum, filiorum olim domini Bartholommei de Advocarus, de Brando, insule Corsice, concedimus ac damus ipsis dominis Jacobo et Petro ac etiam commu- nibus et singularibus hominibus Communium Brandi, Canari, Sische et Petre Corbariæ, ac partis vallis Oleastri, ad ipsos dominos Jacobum et Petrum pertinentis, dicte insulæ, licentiam plenam et securitatem Hiberam veniendi ad civitatem Pisanam ejusque burgos et subburgos, comitatum, fortiam et districtum, cum eorum et cujusque eorum navi- gus, mercantiis et rebus, et ibi standi et inde discedendi tute, libere et impune in averi et personis, non obstantibus aliquibus lausibus aut repre- saliis, demeritis aut offensionibus, per eos vel aliquem eorum, vel homines ipsorum Communium, vel alicujus eorum, commissis aut perpetratis contra Commune pisanum, vel ejus singulares personas, aut aliquibus bannis, non pro malelitio seu debitis pisani Communis vel singularium personarum aut aliqua alia contrarietate, duraturam ad beneplacitum dominorum Anthianorum. Mandantes expresse omnibus et singulis ofli- cialibus pisani Communis et nostris quatinus præsentem nostram li- centiam servent, aliquo non obstante, sub pena gravissima nosiro ar- bitrio inferenda , inviolabiliter, prout seriatim continetur in ea, bannis pro maleficitio duntaxat exceptis. : «Die xvi* novembris, indictione XIV". » 29. Cote. Ordre au capitaine de Vada et à l'officier du dévêt d'arrèter Malifitium, homicides, rébellion, ete. — 214 — une barque chargée de vin corse, et de ne la laisser partir que lorsqu'elle aura donné caution d'aller à Pise. Le 9 février 1370. (Volume VIL.) Copie. « Capitanco Vade et officiali super deveto in partibus Vade. Sentiamo chè una barchata di corso (vino) & scharicath costa in Vada. Et pero vogliamo et a voi comandiamo chè voi facciate sostenere lo Pa- drone et li marinari et la barclia. Et loro nè quella non lassiate, sè prima non vi dà buona sigurtà di pio di cento fiorini di rappresentare in Pisa. tralh due ponti, tucto lo decto corso, infra lo termine chè voi li Asso POLE « 0° di febbraio. » 23. Cote. Avertissement donné à Giovanni et à ser Anthomo, qu il faut relâcher le Corse Bertuculo, sa barque et ses compagnons, sitôt qu'il aura payé la gabelle et rempli toutes les formalités. Le 19 février 1379. (Vo- lume VIL. ) Copie. «Johanni et ser Anthonio suprascriplis. «Scriptum est quod expediant Bertuculum, dictum Berrectam, cor- sum patronum, et ejus barcam et socios et quehbet stazita, cum solverit cabellam et egerit omnia opportuna. « Die 19° febbruart. » 24. Cote. Sauf-conduit accordé à Giovanni Luccisrelli, de Bomifatio, et à ses associés, pour venir à Pise et y commercer. Le 20 mars La (Volume VIL.) Copie. « Vobis, Johanni Lucciarelli de Bonifatio et socus, securitatem et licentiam concedimus liberam eundi cum vestra barca et mercantus et rebus per comitatum Pisanum, fortiam et districtum, in eis standi et inde discedendi, tute, libere et impune in averi et personis, pro vestræ libito voluntatis, non obstantibus aliquibus lausibus seu represaliis aut debitis pisani Communis, aut singularium personarum. Mandantes uni- versis ofhicialibus nôstris et pisani Communis quatinus præsentem licen- tiam et securitatem servare inviolabiliter teneantur, semel tantum. « Die 20° martir. » 95. Cote. Ordre F podestat de Livourne de laisser librement aller le Corse Bonristoro et sa barque chargée de vin. Le 25 avril 1379. (Vo- lume VII.) Copie. « Domino. Bartholommeo de Tacchulis (potestati Liburnæ). Avemo deliberato et vogliamo chè voi lasciate andare liberamente la bar- cha di Bonristoro, Corso, la quale è in Porto pisano, con bocte vinti di vino corso, et lo decto corso navigare, come li piace, liberamente. «2 He d'aprile. » — 215 — 26. Cote. Ordre au capitaine de Vada d'enlever la voile et le gou- vernail à une barque chargée de vin corse, et de ne la laisser partir que sur un ordre formel. Le 10 juin 1379. (Volume VIT.) Copie. «Gaddo Falenti, capitaneo Vade. Vogliamo et comandiamoti chè, vedute queste lectere, tu facei levare la vela et li timoni a quella barcha di Corsi, la quale è giunta costà carica di corso (vino). Et non li rendere la decta et li timoni, nè non la spacciare, sensa nostra spe- ciale licenza. «10° di giugno. » 27. Cote. Ordre au podestat de Livourne de ne permettre à aucune barque livournaise ou pisane d'aller en Corse sous quelque prétexte que ce soit. Le 6 septembre 1379. (Volume VIT.) Copie. « Domino Albiso de Lanfrancis, potestati Liburnæ, etc. « Vogliamo et comandiamovi strectamente, chè voi facciate fare strecto comandamento a tucte le barche et patroni di Livorna et de’ Pisani chè sono costa et chè venisseno o capitasseno costà, chè nessuna sia ardita d'andare nè vada in Corsica, per lo vino nè per altra cagione, a gravis- sima pena. Et faite lo decto comandamento scrivere in della vostra corte. Et oltràa lo comandamento, obviate chè nulla barcha ve ne vada delle nosire. « 6° di settembre. » j Q À ! u ! \ | C 928. Cote. Lettre à la princesse Éléonore d'Arborée, où on la prie de faire rendre au Pisan Colodi Giovanmi Nocchi, de Livourne, un troupeau de bétail saisi à la requête de Giovanni di Buzoraccio, de Bonifazio. Le 22 mars 1389, indiction VITE. (Volume VIT.) Copie. «Illustri principissæ el excelsæ dominæ, dominæ Helionoræ, Dei gratia Arboree, etc., honorabili judicisse, etc. [ustris principissa et excelsa domina, accedentem ad celsitudinis vestræ præsentiam pru- dentem virum Colum, Johannis Nocchi de Liburna, districtualem nos- trum, latorem præsentium , nobis karissimum, pro recuperatione cerli bestiaininis, sibi pro quodam Johanne Buzorann, de Bonifatio, contra juslite debitum impedili, vestre celsitudini, intuitu sacre justilie quam in præsenli causa sequitur, intime commendanies, celsitudinem ipsam districtius deprecamur quatinus eidem in consecutionem dicti sui bes- Liaminis jus summarium expeditumque ac favorabile lieri faciatis, pro honore celsitudinis vestræ graliaque singulari nostrum, vestris votis et hominibus paratorum. «22° die art, indichone VE. » 29. Cote. Ordre de restituer à deux Corses, qui ont donné caution — 216 — de ramener à Pise leurs barques chargées de vin, les voiles et les gou- vernails qu'on leur avait séquestrés. Le 12 avril 1385. (Volume VIIL.) Copie. « Domino Ragnerio Buglie, potestati Liburnæ, scriptum est quod restituat vela et temones barcharum duarum, videlicet Lello Proc- caccini et Borecto de Cintura', Corsis, patronis earum, quia securave- runt in Curia cabelle majoris de reducendo ipsas cum onere vini Pisas. «12° die aprilis. » » 30. Cote. Ordre au podestat de Piombino d’'afhicher l'avis quil est dangereux de fréquenter les parties de la Corse soumises à la domina- tion génoise. Le 23 avril 1385, indiction VIIL. (Volume VIIL.) Copie. « Domino Lapo Gatto, potestati, et Anthianis, Consilio et Com- muni Plumbini, etc. Notifichiamo a voi, per salute et scampo delli nomini et terrieri di Piombino, che lo uzare in Corsicha in delli luoghi sottoposti alli Jenovesi, è di periculo dell'avere et della persona : comandando a voi strectamente, chè cio facciate notificare a tucti li Piombinesi, et chè nullo Piombinese sia ardito overo presuma navigare alli luoghi di Cor- sicha soctoposti alli Jenovesi, per alchuna cagione, sapendo che chi vi navigherà, perderà lo legno, la mercantia et la persona. «23 d'aprile, indizione ottava. » 31. Cote. Lettre aux communes d'Heria et de Biguglia, en Corse, pour réclamer des marchandises chargées sur le vaisseau de Perino Bar- battario, lesquelles avaient été saisies par les gens d'Heria sous prétexte quelles appartenaient aux Sardes, alors ennemis des Génois. Le 23 avril 1385, indiction VIIL. (Volume VIIL.) Copre. « Dominibus nobilibus et egregüs viris, Consilio et Commu- nibus terrarum Heriæ et Bigugliæ et aliarum terrarum de Cortingho Corsice, amicis nostris karissimis. «Egregii fratres karissimi, sentientes displicenter certas mercantias pannorum de lana, baracchanorum et ferri, et aliarum mercium dilectis- simorum nostrorum concivium et mercatorum, oneratas a Perino Bar- bactario, de Bonifatio, super ligno ipsius, de mense martii proxime præ- teriti, per terrigenas Heriæ, prætextu quod essent mercantiæ Sardorum, indebite captas fore in fauce Heriæ, de mense prædicto; pro quibus re- cuperandis, ipsi nostri cives ad vos mictunt prudentem virum Johannem Martelli, civem nostrum, de re et veritate plenarie informatum : frater- nitatem vestram stricte rogamus quatinus ipsas mercantias 1psi Johann, pro ipsis nostris civibus recipienti, restitui, pro honore vestro et juris debito, integre faciatis. Tenentes à certo quod ipsas mércantias ipsi ! Centurt, en cap Gorse. — 91— vestrates, si scivissent eas fuisse nostrorum civium, non cepissent; set eas illesas et incolumes dimisissent, non ignari honorum et fructuum , quos in civitate nostra, tam ipsi quam ceteri Corsi recipiunt successive, et sunt in posterum recepturi, ac etiam singulari gratia nostrum, vestris votis et honoribus paratorum. Âlias, quod non credimus , oporteret nos de indempnitate ipsis nostratibus providere contra vestrates, remediis opportunis. «Die 23° aprilis. Inductione 8°. » 32. Cote. Lettre des Anciens de Pise à Colo Salmuli, au sujet d'un chargement de blé à lui vendu par des Corses. Le 23 avril 1385, indic- üon VIIL. (Volume VIIL.) Copie. « Colo Salmuli, ricevuta tua lectera sopral fatto del grano con- ducto in del porto di Lungone in sur una barcha di Corsi, ti rispon- diamo chè noi avemo facto dare alli uomini di Rio et di Grassula staia ducento di grano in Campiglia et factolo pagare di quà; et pero non t impacciare di cotesto grano. Et sè pur lo volesseno, paghinolo elli, pero chè non volemo fare pio debito con loro; et sè non lo vogliano, accio chè tu rimagni in concordia della compra facta per te col Corso, manda lo decto grano quà, et noi lo faremo pagare per lo Comune nostro. Et questo non falli in caso chè cotestoro non lo pagasseno. Denaro per mectere in magazzino ti mandiamo di presente per l'officiale a cid de- putato. / «29° d'aprile, indizione 8°.» 33. Cote. Lettre aux frères de la Rocca, en Corse, au sujet des mar- chandises pillées par eux sur des bâtiments pisans dans le port de Boni- fazio. Le 20 juin 1385, indiction VIIT. (Volume VIIL.) Copie. «Spectabilibus et egregtüis fratribus nostris, dominis Henricho, militi, Ambrogio et Raschiato, germanis de la Roccha. « Egregoïi fratres nostri karissimi, sentientes displicenter prædam con- tra debitum per vos factam, die primo maïi proxime præteriti, in portu Bonifatu, de vino et mercantiis baracchanorum et telarum et aliis mer- cantus existentibus super barcis Taccii Ticis et Berti Peruccini, karissi- morum nostrorum districtualium de Plumbino, juste miramur ac dole- mus maxime, considerata benevolentia qua vestrates el vestra in civitate et jurisditionibus nostris benigne fraterneque tractantur a nostris juxta nostra mandata, quibus semper cordi fuit et est erga vos el vestros præ- cipue sinceritas caritatis. Quare fraternitatem vestram stricte precamur quatinus, justitiæ et honoris intuitu nostrique singulari gralia , ipsas mercantias, ut præfertur, ablatas, vel earum valentiam quæ est librarum quingentarum januensium, eisdem Taccio et Berto, vel eorum procura- nn. toribus pro eis recipientibus, restitui faciatis. Sic enim de vestra benevo- lentia rationabiliter speramus, ad honores volaque vestra parati; alias, quod absit, ipsis nostratibus dampna passis, providere contra vos el ves- trates de opportuno remedio cogeremur. «Die 20° juni, indictione 6°.» 34. Cote. Lettre au gouverneur de la Corse, pour le prier de révoquer la défense d'exporter 180 setiers de blé, achetés dans la Casinca pour le compte de la Commune de Pise, ou, au cas contraire, d’en faire rem- bourser le prix déjà versé par Giovanni Martello, procureur et envoyé de la susdite commune. Le 16 juillet 1385, indiction VIIL (Volume VII.) Copie. «Magnifico et egregüis viris, dominis Leonello Omellino, ho- norabili gubernatori insulæ Corsicæ, nec non consulibus et consiliartis Casinghe et terre Bagnalinche, amicis karissimis. «Magnifice frater et amici karissimi, sentientes displicenter pruden- tem virum, Johainnem Martellum, civem nostrum, qui in Casingha et Bagnalincha frumentum emerat pro nostro Communi, fore prohibitum extrahere staria centum octuaginta novem grani empti per eum pro ipso nostro Communi, pro quo etiam pretium est solutum, miramur ac do- lemus, Magnificentiam Vestram et amicitiam stricte rogantes quatinus, steel emptione jam facta ejusque pretio perfecte lot ipsum gra- num per ipsum Johannem extrahi libere permictatis, aut ei faciatis pro- fecto restitui pretium dicti grani ab eo solutum, sicut honorem vestrum condecet et exigit libra juris. Quod nobis ad honores et vota vestra dis- positis cedit ad gratiam singularem; alias, quod absit et non credimus, honori et indempnitati nostri Communis contra vestrates providere coge- remur de remedio opportuno. «Die 16° julii, indictione 8°.» 35. Cote. Lettre au gouverneur de la Corse au sujet de marchandises saisies en mer par des Corses sous le prétexte qu'elles appartenaient aux Sardes, alors ennemis des Génois. Le 24 juillet 12385, indiction VII. (Volume VIII.) Copie. « Magnifico et egregio viro, domino Leonello Lomeilino, ho- norabili gubernatori Corsice, etc. fratri nostro karissimo. Magnifice fra- ter, honoribus ac beneplacitis fraternitatis vestræ dispositi, magnificen- tiam vestram stricte rogamus quatinus, pro honore vestro et justitiæ intuitu, mercantias pannorum lanæ, baracchanorum, ferri et pipperis indici et acutorum ! et aliorum, valentiæ florenorum octingentorum, ablatas per vestrates de quadam barcha Bonifasingorum in mari, sub 1 En italien, agutr, clous. — 99 — prætextu quod essent mercantiæ Sardorum, vestrorum hostium. Quæ mercantie et bona omnia sunt egregiorum civium nostrorum, Francisci Zaccu, et Johannis Grassulini, et Anthonu de Cisano et aliorum merca- torum nostrorum. Pro quibus recuperandis ad præsentiam vestram mic- timus virum prudentem Johannem Martellum, dilectum civem nostrum, [ut ea] eidem Johanni, pro ipsis nostris civibus recipienti, restitui faciatis. Sic enim de virtute et amicitia rationabiliter speramus; alias, quod absit, indempnitati ipsorum nostrorum civium providere contra vestrates de opportuno remedio cogeremur, sicut idem Johannes, ambaxiator noster, super prædictis nostræ intentionis instructus, vos, pro nostri parte, ore tenus informabit. Gui in referendis credere placeat, tanquam nobis. «Die 24° julii, indictione 8°. » 36. Cote. Lettres sur le même sujet, adressées le même jour et la même année, aux communes de Biguglia et de divers autres lieux de la Corse. (Volume VIIL.) Copie. « Similes licteræ factæ sunt, mutatæ mutandis, spectabilibus et egregiis viris dominis capitaneis, consulibus et communi Bigugliæ et alhiarum terrarum de Cortingho insule Corsice, amicis nostris karissimis. «Ista die. » 37. Cote. Ordre au vicaire de la Maritime et au podestat de Piombino de révoquer les mesures de süreté qu'ils ont prises contre le Corse Van- nuccio da Covasino. Le 1” août 1385, indiction VIIL. (Volume VIIL.) Copie. « Domino Vico Malcondini, vicario Marictime et domino Lapo Gatto, podestati Plumbini. Sentiamo chè ad instantia delli heredi di Johanni di Guido, voi avete costrecto Vannuccio da Covasino, Corso, a darvi certa pagaria di stare a ragione colli decti heredi. Et pero, Consi- derato chè lo decto Corso non è tenuto a questo, et che quello che facto avete non e justo, vogliamo et a voi comandiamo chè la decta pa- garia facciate cassare. Et ogni novità facta contro lui et sue cose, revocate in tucto. Et sè li decti heredi credono aver ragione, vegnano à noi, el si loro facta piena et directa. 1° d’agosto, indizione ottava. » 38. Cote. Prière au doge de Gênes de permettre la libre exportation du blé de la Corse à Pise, où l'on manque de céréales par suite d'une mauvaise récolte. Le 3 septembre 1385, indiction VIIT. (Volume VIII.) Copie. « Magnifico et potenti fratri nostro præcipuo, domino Antho- niotto Adurno, Dei gratia honorabili duci Januæ et ipsius civitatis et populi defensori, etc. Magnifice frater, cognoscentes penuriam frumen- torum quam anno islo in partibus nostris habemus, et providere neces- sitatibus tritici supervemientibus cupientes, fecimus emptionem certe — 920 — quantilatis grani forensis. Pro quo reducendo navigia vobis supposila misimus, quæ dietim in portu nostro ventura, Deo auspice, prestolamur. : Magnificentiam Vestram igitur deprecamur quatinus, commissariis ves- tris mandari et scribi patentes licteras faciatis ut frumenta nostri Com- munis jam empla et in porlu nostro applicantia super navigiis Januensibus non arrestent, vel impediant ullo modo, set Pisis libere et quiete con- duci permuttant, juris et equitatis intuitu, ac etiam singulari gratia nos- trum, vestris semper honoribus paratorum. « Die tertia septembris, indictione octava. » 39. Cote. Lettre au gouverneur de la Corse, au viguier et au conseil des Anciens de l'île, pour les instruire d'une suspension momentanée de représailles, consentie par la partie intéressée, afin que les Corses puis— sent envoyer des ambassadeurs chargés d'amener un accord, s'il est pos- sible. Le 19 février 1393. (Volume IX.) Copie. « Spectabilibus et egregüs viris dominis Batiste de Zoaglio, ci Januensi, gubernatori insule Corsice, vicario et consilio Anthianorum ejusdem, fratribus nostris karissimis. Karissimi fratres, intellectis dili- genter hitteris vestris, nobis directis pro suspensione represaliarum egre- gio civi nostro, Ranerio Astario, concessarum contra vestrates, statim hu- jusmodi contemplatione amicitiæ vestræ, cui sinceris animis et affectione complacere diligimus, juxta vires, eumque multis suasiombus, licet totis viribus remitentem, induximus et cum eo concordiam habuimus, ut hinc ad per totum mensem man, proxime venturi, mictendi vestros commis- sarios et oratores ad nos facultatem liberam habeatis, moraturos Pisis et in fortia nostra, toto ipso tempore, incolumes et securos. Rogantes ami- citiam vestram stricte quatinus, sine dilatione, vestros commissarios transmictatis, de concordia partbus necessaria tractaturos ; pro qua con- sequenda, nos invenient etiam fautores. Placeat igitur amicitiæ vestræ Pisanis nostris licentiam similem concedere, ad partes vestras, durante ipso termino, veniendi et in eis libere permânendi ; et de ipsa licentia per vos concedenda nostratibus, nobis vestris litteris respondere, ut pro- videre possimus rectius in agendis. «19° die febbruarii. » 40. Cote. Letire aux Anciens de Livourne pour les prier d'envoyer quelques hommes experts de la localité dans le but de conférer avec eux sur l'opportunité d'une introduction de vins étrangers à Livourne, me- sure proposée par les officiers aux gabelles dudit lieu. Le 2 avril 1393. (Volume IX.) | Copie. « Anthianis et ofhcialibus Liburnæ. : Ricevemmo per parte de’ gabetlotti di Livorna supplicatione , per la 291 — quale ei dimandano di poter mectere in Livorna certa quantità di vino vantagloso, ci0 & di Vernaccia, di Corso, di Malvagia o di Rassese, li quali vini non sono danniferi a la vendita di vostri vini, et sono et essere puono utili a naviganti et alli altri di Livorna, li quali fusseno in infer- mità. Et pero vogliamo et a voi comandiamo chè voi mandiate a noi al- chuno vostro terriere, informato delle conditioni et intentioni vostre sopra la decta materia, co quale vogliamo conferire et deliberare quello che sia salute della terra, de’ naviganti et honore vostro et del Comune di Pisa. «2° d'aprile. » _ h1. Cote. Lettre des Anciens de Pise à don Crescione, seigneur de Centuri, en cap Corse, au sujet de l'acte de piraterie qu'il a commis sur une barque chargée de sel et appartenant à divers citoyens pisans. Le 10 mai 13093. (Volume IX.) Copie. « Spectabili et egregio viro domino Crescioni, gubernatori et domino Cinturæ. « Amice karissime, querelam ab egregiis mercatoribus et civibus nos- tris, Johanne de Malaventre, Francisco ser Nuccii de Paule Luti, quon- dam juncte, Andrea Baldis caseario, Gerardo Tomei et parente Gra- naiuolo, participibus unius barcæ vocatæ Sancto-Antone, nuper accepimus quod, cum conduci fecissent barcam eorum, portaturæ buctium xx, onustam sale, ad portum Cinture, insule Corsice, pro vendendo ibi ipsum salem ; et cum patronus dicte barce ipsum salem 1bi vendere non valeret, et illud conducere vellet ad terram Bigugliæ, per vos minus juste mandatum fuit patrono prædicto ut ipsam barcam extraheret de dicto portu Cinturæ, ut a pirratis insidiantibus et illam expectantibus raperetur, recepto primo ab ipsis pirratis premio florenorum xL auri pro expulsione barce predicte. Quam barcam expulsam , Bartholommeus Briga ejusque complices et'pirratæ, cum eorum higno armato, tum hos- tiliter rapuerunt, et demum, non recepta a patrono ipsius barce redemp- tione ab 1psis pirratis petita, dictum salem exoneraverunt, barca 1psa fornimentis et armaturis omnibus spoliata. Pro quibus idem mercatores damnificati sunt in florenis quadringentis auri et ultra, præter damnum et interesse els vestra opera subsecutum. De quo, civibus nostris com- patientes, merito condolemus, memores non injuste quam amicabiliter, quam fraterne vestrates cum eorum mercantis et rebus in nostris portu et partibus receptantur, benignaque amicabilitate tractantur. Quare fra- ternitatem vestram, quam prædicta non latent, affectuose rogamus qua- tinus, honori et famæ vestræ memores, prædictam barcam, cum dictis sale, fornimentis et aliis inde ablatis, dictis mercatoribus, civibus nos- tris, vel Johanni Guidi, patrono dicte barce pro eis recipienti, aut præ: dictam eorum valentiam, restitui faciatis, sicut vestratibus per nos fieri in similibus cupirelis. Quod, licet justum debitumque sit, nobis ad bene- placita vestra dispositis cedet ad gratiam singularem. « Die x° mais. » 12. Cote. Lettre des Anciens de Pise au gouverneur de la Corse au sujet de l'acte de piraterie commis par don Crescione, etc. Mème jour, même volume. Copie. « Spectabili et egregio viro, domino Battistæ de Zevaglia, gu- bernatori et domino Bigugliæ, insuiæ Corcisæ, fratri karissimo. « Amice karissime, recepimus querelam, etc.”. Quare amicitiam ves- tram precamur stricte quatinus, pro prædictis damna passis, interponere placeat apud ipsos dominum Crescionem et pirratas favorabiliter partes vestras, ut, vestro mediante suffragio, ipsi nostri concives, ab eis inde- bite spoliati, integre consequantur ablata, eisque de præda ipsa vel ejus valentia restitutio digna fiat, sicut exigit libra juris, vestrumque ac nos- trum decet honorem. Parati semper ad quælibet grata vobis. «Die decimà mai. » 43. Cote. Lettres sur le mème sujet adressées à don Angelo de San Colombano et de la part seulement de don Jacopo. Même jour, mème année et mème volume. Copie. «Similes licteræ scriptæ sunt domino Angelo de Santo Co- lumbano etc. pro parte suprascripti domini Jacobi tantum. Die supra- scripto. » Lh. Cote. Lettres des Anciens de Pise aux gouverneurs de Piombino et aux vicaires de la Maritime, par laquelle ils leur enjoignent de faire armer un ou plusieurs vaisseaux de guerre, suivant l'occurrence, pour poursuivre et détruire un pirate croisant dans les -eaux de la Corse. Le 14 mai 13093. (Volume IX.) LE Copie. « Rectoribus Plumbini et vicariis nostris in Marictima. Rice- vemmo ia vostra lectera colla interclusa del governatore di Corsica, la quale bene intesa, avemo deliberato et vogliamo chè voi abbiate costà vostro consiglio de migliori et più savii homini di Piombino. Et sappiate sel legno nostro, lo quale è costa, sufhciente a debellare lo decto legno. Et sè per lo dicto consiglio si delibbera lo decto nostro legno essere sufficiente accio et essere vastevile a debellarlo, fatelo ben armare et di valenti homimi. Et sè non fusse sufficiente, fatelo accompagnare di lenti et d’altri legni, come parrà a voi col dicto consiglio. Et con quelle 1 Le reste comme dans la lettre précédente. — 293 — et co dicli altri chè avere potete costà, facte che sia trovato et chè si faccia lo honore del nostro Comune. Notificando a voi chè questo legno è quello che prese messere Benedecto da Piombino et la robba sua et d'altri nostri Pisani, con molta moneta di loro, della quale à Pisa ne torna grave danno et vergogna. Noï siamo informati chel decto legno ae homini cinquanta a’ remi et banchi quatordici. Et perd cautamente procedete in questi facti et fate ammonire la contrada di buona guardia, et fate li segni usati et ordinati, si chè ogni sinistro cessi. « Di 14° di iMmag210. » A5. Cote. Les Anciens de Pise prient les autorités de Messine de faire rendre à Morovello de Suvereto une barque de 4o tonneaux, qui, dé- pouillée par les Maures dans les parages de Monte-Cristo de son char- gement et de ses agrès, avait été poussée par les flots jusqu à la côte de Sicile. Le 20 décembre 1393. {Volume IX.) Copie. «Universis et singulis regiminibus, judicibus, magistratibus, officialibus et singularibus hominibus civitatis Messanæ, ad quos lictere præsentes advenerint, notum facimus et testamur qualiter quædam barca coperta duobus tertis, portature buctium x£, vocata Sanctus-Antonius, olim capta, de mense juni 1389, in mari per Mauros inter WMonte- Cristo et insulam Ylbe, et evacuata omnibus mercantiis et bonis, con- ducta sine nautis et velo, undis maris et ventis ad mare Messanæ seu Ustice, fuit et est probi viri Morovelli de Suvereto, dilectissimi distric- tualis nostri, et ad eum pertinel : pleno jure amicitiam vestram rogantes stricte quatinus, juris et æquitatis intuitu, eidem Morovello, vel latori præsentium, restitui faciatis, sicut in causa simili cuperetis pro vestra- übus nos facturos ; quos paratos invemielis ad beneplacita vestra, similia et majora, Datum Pisis, die xx° decembris. Le dixième volume des lettres des Anciens est daté de 1426 et ne content rien de relatif à la Corse. Pise était alors sous la do- mination florentine. PROVISIONS DES ANCIENS. (Provvisioni degli Anziani.) Sous cette rubrique sont compris tous les actes administratifs des Anciens de la commune de Pise, délibérations sur les pétitions, répartition du budget, élection des officiers et des employés; en un mot, tout ce qui se fait aujourd'hui par l'intermédiaire de nos divers ministères. Il ÿ avait des provisions ordinaires et des pro- visions extraordinaires. Pourvoir au traitement ou à la nomination d'un employé à la gabelle formait, par exemple, l'objet d'une pro- vision ordinaire; choisir un ambassadeur et déterminer ses ap- pointements se faisait, au contraire, par le moyen d'une provision extraordinaire. Les provisions ordinaires et extraordinaires sont réunies dans les mêmes registres et ne se distinguent que par la rubrique. Les provisions des Anciens sont contenues en 106 gros volumes qui vont de 1298 à 1406 (style pisan). Contrairement à mes pré- visions, l'examen de cette masse énorme de documents m'a donné de très-médiocres résultats. C'est en vain que j'ai lu avec attention les premiers registres qui datent d’une époque où, suivant le dire des chroniqueurs, la Corse était encore soumise à la domination pisane. Je n'ai pu en tirer rien de bien intéressant pour l'histoire et les relations commerciales de cette île avec le continent. Tout cela me donne fort à penser sur l'existence réelle de cette fameuse domination pisane dont tous les historiens parlent, et dont je n’ai pu trouver jusqu'a présent qu'une seule preuve diplomatique. On la trouvera dans la série intitulée provisions des Sages (provvisiont dei Savii). Le peu de documents que je suis parvenu à rassembler dans cette pénible lecture de cent et six registres hérissés de diffi- cultés paléographiques se rapporte au xiv° siècle. De ces docu- ments, Jai analysé les uns et copié les autres, suivant l'impor- tance qu'ils m'ont paru présenter. Pour les copies, j'ai suivi le nu- méro d'ordre à partir des ambassades; pour les cotes ou analyses, je me suis conformé à la règle suivie jusqu'ici et qui consiste à donner une série particulière pour chaque source différente. 1. Cole. Décision du Conseil du Sénat, ratifiée par le Conseil du peuple, accordant les représailles contre les vassaux de l'évèque d'Aleria à divers citoyens pisans dépouillés d'une certaine somme d'argent. Le 29 mai 1919. (Registre V, page 17, v°.) Copie. « Dominus Johannes domini Becti de Vico, Lensus Jossel- mini, Cionnis Thori, notarius, Balduccius Fronerti, notarius. et Puc- cius, dictus Malatacche, de Capella Sancti Sylvestri. Quibus et cwilibet eorum, ex forma consilu Senatus et credentiæ et aliorum ordinum Pisanæ civitatis, dati hoc anno, quinto kalendas junu, et ratificati per consilium populi, hodie concessæ fuerunt lausus et rappressalia contra subditos et vassallos et suppositos jurisdictioni et domination domini = Voir plus bas aux provisions des Sages et à la collection Agostini. = 99e as episcopi de Aleria, de Corsica, pro quantitate denariorum in dicto con- silio comprehensa, occasione robbarie eis facte per subditos et vassallos ipsius domini episcopi, possint et eis liceat uli dictis lausu et rappressalia contra prædictos subditos, vassallos et suppositos jurisdiction: et domi- nation: dicti domini episcopi, in averi et persona, ubique, occasione prædicta, ut in dicto consilio plenius continetur. » 2. Cote. Lettres rédigées en italien en vertu de la précédente déci- sion. Le 29 mai 1319. (Registre V, page 57.) 3. Cote. Provision du Sénat de créance et du Conseil du peuple ac- cueillant une pétition présentée aux Anciens de la cité par Vanne Bon- conte, Cello di Agnello, Lone Bindacchi, Betti di Seta et Guidone Mar- telhi, citoyens et marchands pisans, dépouillés par les nobles de Bagnara (île de Corse) d'une somme d'argent considérable prise sur le vaisseau naufragé de Cinetto, de Livourne. Le 26 mai 1319. (Registre VIT, page 185 v°.) 4. Cote. Provision du Sénat de créance et du Conseil du peuple ac- cueillant une pétition adressée aux Anciens de la cité par Baccione de Vecchi, Martino Bandi et Elia, garnisseur, dans laquelle ils exposent que, sur le bâtiment de Cinetto, de Livourne, qui a fait naufrage sur les côtes de Bagnaria (Corse), ils avaient en deux sacs, déposés dans la caisse de l'écrivain, 172 livres de petits deniers aquilins, somme qui leur a été prise par Alberto et Ranieri, de Bagnaria, contre lesquels ils demandent les représailles ‘. Fait le 26 mai 1319. (Registre VIT, page 189 v°.) 9. Cote. Fixation du salaire de Puccio Bonamici, notaire, pour Île mois qu'il a passé en Corse, comme ambassadeur de la commune de Pise. Le 17 mars 1522, indiction V. (Registre IX.) Copie. « Puccio Bonamici notario, ambaxiatori pisani Communis [ad] partes Corsiche, ejus salarium et mercedem unius mensis ad ractionem sohidorum viginti pisanorum minutorum per diem, cum uno fimulo. « Die xvi® kalendas aprilis, indictione v°.» 6. Cote. Fixation du salaire de Dominico Loctone, patron d'une barque qui a transporté en Corse Puccio Bonamici, l'ambassadeur de la commune de Pise. Le 17 mars 1322, indiction V. (Registre IX.) ! Les représailles n'avaient pu étre dénoncées à don Manuele de’ Avvocarii parce que personne n'avait voulu aller en Corse dans la crainte d'être assassiné (propter locum Corcice ad quem non vult aliquis ire, occasione timoris perso- narum). Tel est l'irrégularité pour laquelle les Anciens et les pétitionnaires de- mandaïient une absolution au Conseil du peuple. MISS" SCIENT. —— FI. — 220 — Copie. « Donmuinicho Loctonis, gomito unius vacchettæ suæ, cum suis marinariis, pro suo soldo et paga et naulo portaturæ Puccii Bonamici, ambaxiatoris pisani Communis ad partes Corcice, libras quinquaginta denariorum pisanorum minutorum. « Die xvr' kalendas aprilis, indictione v°.» 7. Cole. Puccio Bonamici est envoyé en Corse, comme ambassadeur de la commune de Pise, pour racheter divers citoyens pisans faits pri- sonniers, et reçoit tous les pouvoirs nécessaires pour se procurer de l'argent par tous les moyens possibles. Le 23 mars 1322, indiction V. (Registre X, provisions extraordinaires.) Copie. « Puccius Bonamici, ambaxiator pisani Communis, iturus ad partes Corcice, pro recuperactione Mann: Macigne et Guidonis Ismaglie, composituorum Galluri et Gaddi de Castello-Anselmi, notarii, cum eis ad prædictum pro Communi pisano, possit et ei liceat expendere de quacumque pecunia: pisana pro recuperactione prædictorum , el acqui- rere mutuo, vel alio modo, et promictere et dare, occasione prædicta, illam quantitatem pecuniæ de qua videbitur et ei mandabitur per do- minos Anthianos pisani populi. «Decimo kalendas aprilis, indictione V°.» 8. Cote. Présentation par les Anciens d'une pétition à l'approbation du Conseil du peuple, pétition par laquelle divers citoyens pisans de- mandent les représailles contre le Génois don Manuele de Avvocari, seigneur d'Apri dans le district de Nonza, en cap Corse, à l'occasion d'une certaine somme d'argent et de diverses marchandises, pillées par ses yassaux au préjudice des pétitionnaires. Les Anciens prient le conseil de vouloir bien passer sur l'absence de certaines formalités. Le 6 juil: let 1323. (Registre X.) 9. Cote. Texte de la susdite pétition. Le 7 juillet 1323. Mème re- gistre ‘- Copie. « Coram vobis, dominis Anthianis pisani popuh, pro parte Coli Puccn de Sancto-Paulo Ripe Arni, Nardi de Marciana, de capella prædicta, Vannis de Morteto, quondam juncte, de Sancto Vito, Ber- nardi Bruni de Sancto-Georgio Porte Maris, Vannis Bectonis, vinaru, de Sancto-Christoforo Kinthice, et Henrici Scianchati de Sancto-Vito, civium pisanorum, reverenter exponilur, quod 1psi meruerunt notitiam represa- ! La date du 7 juillet se rapporte à l'insertion dans le registre de la pétition, laquelle avait été présentée anparavant aux Anciens. Toute pétition devait d’abord être adressée à ceux-ci ou au conseil des Sages choisis par eux à cet effet; elle passait ensuite au Sénat et enfin au Conseil du peuple. + — se harum contra dominum Manuelem de Advocariis, de Janua, dominumi Apri, districtus Castri Nunxie, et certarum aliarum terrarum de Corsica, et ejus subditos et vassallos, et ejus et eorum et cujusque eorum res et bona , de certa quantitate pecuniæ, pro extimatione certorum corredorum et arnensium et vini corsi et quarumdam aliarum rerum, in carta dicte notitie comprehensarum. Quæ notitia lata fuit Pisis, dominice [ncarna- tionis anno 1325°, indictione quinta, decimo kalendas julii, et scripta et firmata a Bonaccurso, quondam Andree de Peccioli, notario de actis cancellariæ pisani Communis, et subscripta a Simone Cavalce, no- tario de Vico, scriba publico dicte cancellariæ. Et quod, in prosecutione dictæ notitiæ, non fuerunt observatæ solennitates brevis pisani Com- munis, quia non potuerunt ire nec mittere in Corsicam dicta de causa, et si ivissent vel misissent, fuissent mortui vel derrobati : qua de causa, Anthiani pisani populi, qui tunc erant, voluerunt quod facerent proba- tiones in cancellaria. Quibus probationibus factis, dixerunt quod da- rentur et concederentur represaliæ quia solennitates servare non po- terant. Et dicte represaliæ concessæ sunt, ut dictum est, a domino Conte de Monticulo, jurisperilo, assessore in cancellaria pisani Com- munis, nobili viro, domino Conrado de Roccha Contrada, pisano po- testati. Et ad puntum juris, dicta notitia et sententia represaliarum non valet, ita quod indiget quod ratificetur per consilium pisani Populi. Quare, pro parte eorum, dominationi vestræ supplicatur reverenter quod placeat vobis ponere ad consilium inde habens auctoritatem, quod dicta notitia et omnia in ea comprehensa ratificentur et appro- bentur et approbata sint et ratificata valeant, teneant, rata sint et exe- cutioni mandentur, et eis prædicti cives pisani uli possint, non obstante, quod solennitates prædictæ et quæ servari debebant, per formam brevis inde loquentis servatæ non fuerint, et non obstantibus aliquibus capi tulis brevium pisani Communis vel populi lege, aut contrarietate aliqua. » 10. Cote. Autorisation donnée par les Anciens de la commune de Pise à Lone Bindacchi, Cello Agnelli et à Pellario della Seta, de mettre à exécution les représailles qui leur avaient été accordées par la com- mune de Pise contre les nobles de Bagnaria, en Corse. Le 27 août 1328. (Registre X.) 11. Cote. Fixation de salaire à Benedetto Saragone, de Piombino, envoyé comme ambassadeur en Corse pour racheter divers citoyens pi- sans. Le 16 août 1323. (Registre X.) Copie. « Benedicto Saragonis de Plumbino, qui ivit pro Communi pisano in Corsicam, pro ambaxiatore, pro redimendo” Balduccium Ma L Provisions extraordinaires. — 2928 — cignam, Guidonem Ysmagliam et Gaddum de Castello-Anselmo, nota- rium, suum salarium et mercedem dierum quinquaginta duorum , ad rac- tionem solidorum viginti denariorum pisanorum minutorum per diem. «Die xvrr° kalendas septembris. » 12. Cote. Ordre à don Cecchino d'Alviano, capitane du peuple, de forcer Giovanni Bettone, citoyen pisan, élu ambassadeur en Corse, à se rendre à son poste immédiatement et sans chercher aucune excuse. Le 6 avril 1341. (Registre XXIX.) Copie. « Domino Cecchino de Alviano, capitaneo pisani popuh. Quod ipse, capitaneus, viribus sui officii, cogat et cogere possit et debeat Johannem Bettonis, civem pisanum de Cappella Sancti-Christofani Kin- sice, electum ambaxiatorem pisani Communis ad partes Corsice, ire sine dilactione in dictum ambaxiatum ‘. Et quod movere debeat de Pisis pro eundo ad dictas partes, inter hodie et cras, excusatione aliqua non ob- stante. Et quod eum, si inobediens fuerit, possit et debeat punire et con- demnare suo arbitrio. «Octavo ydus aprilis. » 13. Cote. Fixation d'un salaire à ser Bindo,, notaire, envoy: en Corse pour régler certaines affaires de Pucciarello di Settevie, marchand de vin. Le 5 janvier. (Registre XXXIX.) Copie. « Ser Bindus Becti Marcovaldi, notarius, electus est ambaxiator pisani Communis, a suprascriptis dominis Anthianis, iturus in Corsicam ad procurandum certa facta Pucciarelli, vinari de Septeviis, pisani vis, contra quosdam de Corsica, ad salarium ordinandum et persolvendum per suprascriptum Pucciarellum. « Nonis januari. » PROVISIONS DES SAGES. { Provvisioni de’ Savii.) Les provisions des Sages sont contenues dans vingt-deux registres qui vont de 1318 à 1402 (style pisan). Comme dans les lettres et les provisions des Anciens, on ÿ remarque de nombreuses lacunes. 1. Cote. Les Consuls de la mer adressent au Conseil des Sages une pétition pour en obtenir la destruction du pirate sarde Branca de Nurra, qui faisait un grand mal aux Pisans. Les moyens proposés pour arriver a ce but sont les suivants : 1° La commune de Pise enverra une lettre au juge d'Arborée pour réclamer la destruction ou la confiscation des 1 Provisions extraordinaires. —— 229 — propriétés dudit pirate; 2° elle fera savoir aux communes de Sassari et de Bonifazio (Corse) que, si elles ne refusent pas l'entrée de leurs ports à Branca et à ses partisans, on exercera des représailles contre les per- sonnes et contre les biens de leurs sujets. Le 6 février 1318. (Registre 1°.) 2. Cote. Le Conseil des Sages accueille la pétition des Consuls de la mer et adopte les mesures quils ont proposées. Le 6 février 1318. (Registre [*.) 3. Cote. Approbation au Conseil des Sages de la pétition de Vanne Bonconte et d'autres citoyens pisans demandant les représailles contre les nobles de Bagnara, par lesquels ils ont été dépouillés d'une somme considérable déposée dans la caisse du vaisseau de Cinetto, de Livourne, naufragé dans Îles parages de Cerlino, île de Corse. Le 26 mai 1319. (Registre IT, page 6 v° et 7). Copie. «Pro Vanne Bonconte et alis mercatoribus qui perdiderunt argentum super hgno Cinecti in Corsica. « Et intellecta petitione porrecta dominis Anthianis pro parte Vannis Boncontis, Celli de Agnello, Lonis Bindacchi, Becti de Seta et Guidonis Martelli, civium et mercatorum pisanorum, exponentium et dicentium in dicta petitione sub infrascripto modo et tenore, videlicet quod, se- cundum quod vestræ dominationi et omnibus Pisanis est publicum et notorium, lignum Cinecti Campanarit de Liburna fuit fractum in Cor- sica, in partibus Cerlini, fortie et districtus dominorum Ranieri Alberti, Leonuccn, plebani de Orto, [debranduccii Bagnalinghi, militis, et Vin- centis, nobilium de Bagnaria de Corsica, et quod prædicti mercatores pisani habebant super dicto ligno in maxima quantitate argenti. Quod quidem argentum pervenit ad manus prædictorum omnium nobilium de Bagnaria, et ipsum argentum penes se habent, prout publice scitur a pluribus fide dignis. Et, prædicta occasione, Saragone Bondimandi de Plumbino, tanquam ambaxiator pisani Communis, ivit ad dictos do- minos et eos pro parte pisani Communis rogavit quod placeret eis dictum argentum prædictorum mercatorum restituere eisdem vel dicto Saragoni pro eis. Qui nobiles absolute denegaverunt omnino restituere velle, prout dictus Saragone vestre dominationi renuntiavit. Quare, domination: vestræ supplicatur humiliter et devote, quatinus vobis pla- ceat ponere ad Consilium, de prædictis consilium habens, quod aliquis de civitate pisana vel eius districtu, sub certa et gravi pena, non au- deat vel presumat ire, stare vel mercari aut piscari vel piscari facere in territorns et forts prædietorum nobilium, vel de piscibus vel ali- quibus aliis eorum, vel alicujus eorum fidelium vel districtualium , mer- cationibus vel rebus reducere, vel reduet facere ad civitatem pisanam, — 250 — vel ad districtum pisanum. Et omnes et singuli Pisani et de pisano dus- trictu ad certam penam teneantur statim discedere de eorum terris, et prædicta notificentur eis per modum de quo videritis convenire. Îtem quod aliqua alia persona extra civitatem pisanam et districtum non au- deat vel presumat de prædictis eorum piscibus et mercationibus redu- cere vel reduci facere ad civitatem pisanam, ad certam penam. Et quod nullus de dictis nobilibus de Bagnaria, vel eorum fidelibus et districtua- libus, audeat venire ad civitatem pisanam vel ejus districtum, vel ali- quas res vel mercationes reducere vel reduci facere. Item quod prædicti nobiles de Bagnaria et eorum fideles et districtuales, et de eorum rebus, possint capi et detineri per dictos mercatores pisanos et pro eis et eorum vice, occasione prædicta, et ad hoc ut habeant intentum eorum de præ- dicto argento. Et secundum quod dicit prædictus Saragone, si prædicta feceritis et executioni mandabitis, pro certo dicti nobiles intendent ad restitutionem faciendam dictis mercatoribus de dicto argento ; Partitu facto inter dictos Sapientes ad denarios albos et giailos * : quod prædicta fiant per omnia, secundum formani suprascriptæ petitionis. «Die 26° mai. » L. Cote. Le Conseil des Sages élus par les Anciens de Pise répond négativement à la demande faite par don Gerardo Buzacarino, amiral pisan, au nom des marins qui ont pris part à l'expédition de Cinarca (Corse), de remonter l'Arno jusqu'à Pise avec la barque qu'ils ont cap- turée. IL ordonne que la solde soït mise au courant et qu'une galere parte pour Gênes avec l'ambassadeur de la Commune, tandis que les autres continueront leur croisière dans l'intérêt du commerce de la cité. Le 29 juillet 1323. (Registre IV.) Copie. « Providerunt infrascripti Sapientes viri, super üs ab An- thianis pisani populi electi et in eorum præsentia constituti, intellectis litteris domini Gerardi Buzacarini, admirati pisani Communis, continen- tibus : quod est in portu cum galeis Communis et cum una saettia capta in Corsica, et quod ipse combuxit lignum et saettiam Branche de Nurra et castrum Cinerchie, et quod placeat Anthianis ut satisfiat marinarus, et etiam pro honore Communis, quod ipsi possint venire per Arnum cum dicta saettia, pro gaudio demonstrando:; Partitu facto inter dictos Sapientes ad voces : quod una dictarum galea- rum vadat cum ambaxiatoribus Januam , et due stent ad custodiam maris. Et si non est eis solutum, solvatur eis ad minus pro uno mense, et non veniant per Arnum, sicut petunt. « Die 29° julii, quarto kalendas augusti. » ! Gallo, jaune. H s’agit des pièces d'argent et de billon avec lesquelles étaient exprimés Îles votes. NT De 5. Cote. Approbation de la dépense de 594 florins d or faite par Be- nedetto one: de Piombino, envoyé en Corse pour racheter divers citoyens pisans , lesquels étant allés en Gallure (Sardaigne) pour le ser- vice de la Commune, avaient été pris par Brancha de Nurra et conduits en Corse. De cette somme, 500 florins ont été employés au rachat des- dits citoyens , el 94 ont été dépensés pour frais de chevaux et pour le nolis de deux barques pontées. Le 16 août 1323. (Registre IV.) 6. Cole. Le Conseil des Sages élus par le Conseil des Anciens écoute la lecture : 1° d’une lettre de don Araone d'Auzia, viguier de Corse dans le port de Bonifazio pro extrinsecis Janue , et des Anciens de la commune de Bonifazio, datée du 4 août 1323, dans laquelle ils exposent que, tout récemment trois galères et deux barques pisanes sont allées en Corse; que leurs équipages ont assailli et incendié le château de Cinarca; que dans la chaleur de l’action ils ont pris une barque appartenant à Lorenzo de Capo di Pioggia et à ses associés, bourgeois de Bonifazio ; qu en outre l'incendie qu'ils ont allumé a porté dommage à un grand nombre de leurs compatriotes qui trafiquaient en ce lieu, lequel dommage monte à la somme de plus de 120 livres génoises. En conséquence, ils déclarent qu'ils ont fait séquestrer, pour une valeur de 60 livres génoises, des marchandises de Colo di Enrico, de la paroisse de Santa-Maria Madda- lena, et de Bruccio Sardo, patron de barque de la paroisse de San-Paolo a Ripa d'Arno : marchandises qu'ils sont, du reste, prêts à restituer si la Commune de Pise veut satisfaire à leurs justes réclamations. 11 sep- tembre 1323”; 2° des lettres de Raimondo Martino, consul des Pisans à Bonifazio, traitant du même sujet. 11 septembre 1523. (Registre IV.) 7. Cote. On décide de restituer la susdite barque aux gens de Boni- fazio, sous condition qu'ils en feront autant pour les marchandises séques- trées, en leur faisant observer toutefois qu'ils auraient dû avertir la Commune de Pise avant de se faire justice eux-mêmes. Le 13 sep tembre 1323. (Registre IV.) 8. Cote. Alamannone da Mare ayant écrit aux Anciens pour leur déclarer que Niccoloso et Opessinello, de Cinarca, dont ils avaient fait brüler le château, avaient toujours élé non-seulement ses amis à lui, Alamannone, mais encore les sujets très-dévoués de la commune de Pise”, que celle-ci doit donc se hâter de réparer le grave préjudice qu'elle leur ! Voir provisions des Anciens. ? Le Conseil des Sages renvoie la décision de cette affaire aux Anciens ou à ceux qu'ils éliront pour en décider. 3 C’est, avec quelques documents du Spoglio Pagnint, le seul où j'aie trouvé quelques traces de la domination pisane, MR a causé, le Conseil des Sages répond par une fin de non-recevoir à cette proposition. Le 22 septembre 1323. (Registre IV.) Copie. «Pro Niccoloso et Opessinello de Cinerchia. «Et intellectis litteris domini Alamannonis de Mari, datis 18° die au- gusti, continentibus : quodj Niccherosus et Opessinellus de Cinerchia, qui inter carissimos ei et Communi pisano numerantur amicos, substi- nuerunt a galeis pisanis dampnum et detrimentum maximum contris- tantur inde valde quia non sunt rebelles Communis pisani, sed subditi et dilecti, et testimonium opere perhibetur ; et rogat dampnum emendari eis ita quod de amicis non fiant inimici : Partitu facto inter dictos Sapientes ad sedendum et levandum : quod respondeatur quod culpa fuit ipsorum, et dicantur causæ et opera ipso- rum, quibus evenerunt eis quæ facta fuerunt, et quod Commune pisanum habet et habebit eos pro amicis, quamdiu eis placeat, et abstinebit offen- dere eos et eis, ut amicis, serviel, Si ipsi idem faciant pro parte sua. De emendatione dampni nichil respondeatur. « Die x”° kalendas octubris. » 9. Cote. Le Conseil des Sages à ce dépuiés par les Anciens de la Commune de Pise, ayant appris par les lettres des Anciens et de la Com- mune de Piombino, datées du premier mars 1361, que, le dernier jour du mois de février, trois barques de Piombino avaient été capturées à la hauteur de Monte-Argentaro par des pirates siciliens et catalans, et que trois barques pisanes, revenant de Corse, avaient subi le mème sort près des bouches de Bonifazio, ordonne pour un mois l'armement d'une galère de cent rames, à l'effet de poursuivre et de détruire les susdits pirates. Fait le 4 mars 1361 (la délibération ayant eu lieu en présence de plu- sieurs membres du Conseil des Anciens et de messire Gualtieri, vicaire impérial). (Registre XV.) 10. Cote. Ordre au patron de la gaière armée pour la destruction des pirates, de se rendre sans délai à Monte-Argentaro, à Corneto et à Porto Telamone. De là il croisera dans les eaux de la Corse et, traversant les * bouches de Bonifazio, il fera le tour de la Sardaigne, entrant dans tous les ports et s'emparant de tous les corsaires qu'il pourra atteindre. Il reviendra ensuite dans les eaux de Pise, où il continuera sa croisière pour le bien de la Commune et la protection du commerce. Le 7 mars 1507. (Registre XV.) 11. Cote. Fixation du droit d'entrée pour le vn corse. Le 6 fé- vrier 1386. (Registre XX.) Copie. «Et quod de cetera solvatur et solvi debeat, pro inmissione . PRET 233 ri vini corsi, ad ractionem solidorum xv denariorum pisanorum pro singulo barili per cabellam., « vi‘ die februartn. » 12. Cote. Confirmation de la précédente décision par le Conseil des Quarante (Sages). Le 26 avril 1386. (Registre XX.) 13. Cote. Le Conseil des Sages, à ce député par les Anciens de la cité, décide, sur la proposition du prieur des susdits, que les marchands corses, arrêtés par suite des représailles, seront relâchés momentané- ment, vu le grand nombre de marchandises que les Pisans ont en divers lieux de la Corse. Le 30 mai 1386. (Registre XX.) Copie. « Providerunt infrascripti sapientes viri, super hus a dominis Anthianis pisani populi electi, in præsentia quatuor ipsorum domino- rum Anthianorum necnon magnifici et potentis militis domini Petri de Gombacurtis, capitanei, etc., constituti. « Proposito coram eis per dominum priorem ipsorum dominorum An- thianorum, qualiter utile et honestum esset habere deliberatum consi- lium super quæstione et captura quorumdam corsorum mercatorum ad petitionem aliquorum mercatorum pisanorum; quæ quidem captura, quamvis redundet in commodum ipsorum qui prædictos Corsos fecerunt capi in curia domini capitanei, redundat in incommodum aliquorum aliorum mercatorum pisanorum, qui habent suas mercantias in quan- titate non parva in multis locis insule Corsice; et ideo consulant quod pro utilitate utriusque partis nostrorum mercatorum sit agendum, quod primo ipsi mercatores corsi, in Curia Capitanei detenti, liberentur et absolvantur ab ipsa captura per nunc; et postea per dominum priorem Anthianorum, vel aliam personam electam per ipsum, dicatur sub actu minatorio eisdem Corsis illud quod spectet ad salutem illorum merca- torum pisanorum, qui eos fecerunt capi pro quibusdam quantitatibus denariorum, recipiendis a Corsis pro mercantiis ablatis a quibusdam Corsis sub forma piratarum; et quod scribatur gubernatori Corsice de materia injuste derobationis et aliud, secundum quod videbitur super prædicta materia convenire, ac etiam mittatur grida, quod nullus civis pisanus possit aliquid mictere in Corsicam, nec aliquid commercium fiat per mercatores pisanos cum hominibus insulæ Corsicæ; et hæc intelli- gantur in transmictendo mercantiam. «30° die mail.» 1h. Cote. Le prieur des Anciens engage le Conseil des Sages à ac- cueillir favorablement une pélition de l'armurier Rinieri, citoyen et mar- chand pisan , lequel se rendant en Corse pour obtenir Île payement de —. 29m 2 quelques créances, muni des lettres de recommandation des Anciens et d'un laisser-passer du gouverneur de l'île, non-seulement n'a pu se jaire payer, mais encore a été expulsé de la Corse. Il demande qu'on lui ac- corde des représailles dans la forme où on les concède aux Corses contre les Pisans. Le 13 février 1391. 15. Cote. Le Conseil des Sages, après délibération sur le rapport à lui fait par le prieur des Anciens, déclare quil faut écrire au gouverneur de la Corse à ce sujet, et que si, dans le délai de deux mois, justice n'est pas faite, les représailles seront accordées au susdit Rinieri’, et qu'il lul sera loisible de mettre la main sur le premier Corse qui viendra à Pise et de s'en faire payer, sauf à le subroger dans ses créances. Le 13 fé- vrier 1301. HOPITAUX DE PISE. REGISTRES ET CONTRATS. { Spedali riuniti, registri e contratti.) Les registres qui concernent les divers hôpitaux de Pise sont au nombre de plus de deux mille. Il m'a été impossible de les lire tous. Je me suis borné à parcourir ceux du xim°, du x1v° el du xv° siècle. L’inventaire de ces registres n'est pas encore fait, mais on doit le commencer bientôt. Comme quelque chose peut m'avoir échappé dans cette recherche que j'ai dû abréger autant que possible, vu le manque de temps, M. le chevalier TFanfaui, directeur des archives provinciales de Pise, a eu l’ex- trême obligeance de m'assurer qu'il ferait rassembler toutes les pièces relatives à la Corse dont l'inventaire nouveau amènerait la découverte. Je lni ai laissé, à cet effet, les fonds nécessaires pour les frais de copies et de correspondance. Toutelois Je ne pense pas qu'une nouvelle recherche amène de grands résultats. Les documents sont, du reste, de peu d'importance, comme on en pourra juger par ce qui suit. La même observation s'applique aux registres des archives du Dôme et de la Sapience, qui sont si nombreux qu'il faudrait plus d'une année pour les examiner. En attendant un nouvel inventaire, tous ces registres sont, jour la cominodité des recherches, soumis à un classement artificiel. Je n'ai pas tenu compte de ce classement et J'ai placé suivant lordre de date les quelques documents qui suivent. ! On peut voir dans les chartes de la Primatiale combien les représailles ont été peu profitables à Rinieri et à ses descendants. — 9235 — 1. Cote. Frère Henri, recteur de l'hôpital de la Miséricorde de Pise, du consentement de ses collègues, donne procuration au prêtre Gio- vanni et au frère Francesco, tous deux faisant partie du personnel du susdit hôpital, pour se rendre en Corse, à l'effet de conférer au juge de Cinarca et à tous les autres Corses les indulgences et autres biens spiri- tuels dont l'hôpital de la Miséricorde a été doté par les souverains pon- üfes, et de recevoir en échange tous les dons qui pourront leur être faits pour les pauvres et les infirmes soignés dans cet établissement. Le 18 dé- cembre 1294, indiction VIE. (Registre CDV, page ‘141, Acta fratris Jacobi, notarit, 1201-1296.) Copie. « Frater Henricus, magister et rector hospitalis Misericordiæ pisanæ, ordinis Sancti Augustini, gracia pape Alexandri, [ut] dicitur, ad romanam ecclesiam nullo medio pertinents, consensu et voluntate infrascriptorum fratrum suorum et dicti hospitalis, videlicet : fratris Guillelmi, quondam Guidoccii; fratris presbiteri Raïnierii; fratris Bonac- cursi, quondam Bandini; fratris Bonaccursi, quondam Bandini; fratris Galgani et fratris Upecthini, qui sunt major et sanior [pars] capituli et col- legü dicti hospitalis; et ipsi idem fratres, una cum dicto rectore et ejus auctoritate et consensu, sibi ad invicem consentientes, pro dicto hospital: et ejus vice et nomine, fecerunt, constituerunt et ordinaverunt eorum et dicti hospitalis sindicos, procuratores et certos nuntios, fratrem presbi- terum Johannem de hospitali prædicto, præsentem et suscipientem , et fratrem Franciscum de eodem loco, licet absentem, et quemcumque corum in solidum ad eundum in insulam Corsice ad præsentiam do- mini judicis, comitis Cinerchiæ, et ad alias par tes et terras de Corsica, et ab ipso domino judice et ab alits personis et locis de Corsica , pro ipso hospitali et ejus pro pauperibus et infirmis dicti hospitalis, et eorum vice et nomine, petendum et recipiendum elemosynas ab eis et ea om- nia quæ ipse dominus judex et ali omnes de Corsica pisano hospital, pauperibus et infirmis , pro amore Dei et pro remissione eorum pecca- torum, dare,et mictere voluerint; et ad concedendum et dandum ipsis domino judici et aliis de Corsica indulgentias dicti hospitalis; et ad faciendum ipsos participes et socios de benelictis, officiis et indulcentits dicti hospitalis, sicut ipsis sindicis et procuratoribus et cuique eorum videbitur convenire; et ad faciendum absoluctiones et liberationes volo- rum et penitentiarum fractarum, et inde recipiendum quæ eis cuique convenire videbitur; et ad petendum et exigendum, in judicio etextra, omnia et singula judicia et legata, ipsis hospital, pauperibus et infirmis facta et facienda a quibuscumque personis de Corsica; et cartas inde cassandum ; et cartas confessionis, finis et refutationis inde faciendum et fieri faciendum ; et generaliter ad omnia faciendum quæ ad prædicta quodlibet prædictorum pertinent et pertinere videbuntur, et quæ RE, ipsimet facere possent : promictentes, sub ypotheca bonorum dicti hos- pitalis, se frmum et ratum perpetuo habituros totum et quicquid præ- dicti sindaci et procuratores, et quisque eorum sindacus et procurator, ofhcio fecerit de prædictis. Actum Pisis, in ecclesia dicti hospitalis, præsentibus fratre Bonaccurso, quondam Pulliensis, et fratre Benvenuto, quondam Ertaci, conversis dicti hospitalis, testibus ad hæc rogatis. « Anno 1294°, x1v° kalendas decembris, indictione VIF. » 2. Cote. Alberto, dit Sardo, fils de feu Martino di Ugliastrella, de l'ile de Corse, offre et donne sa personne et tous ses biens à l'hôpital de la Miséricorde de Pise, entre les mains de frère Henri, recteur dudit hôpital, qui a accepté avec l'autorisation de ses confrères. Fait à Pise, dans la grande salle de l'habitation du recteur, le 27 avril 1303, indic- tion I. Vanne, fils de feu Benvenuto, et Nutto, fils de feu Sacchni de Montaie, de Pistoia, témoins. (Registre XXX VIII, pages 36 et 37.) 3. Cote. Le recteur de l'hôpital de la Miséricorde de Pise, dit du pape Alexandre, avec l'autorisation de ses confrères assemblés canoni- quement, choisit pour recteur de l'église de San Niccolao di Cardo, en Corse, propriété du susdit hôpital, le Corse Alberto Sardo, fils de feu Martino d'Ugliastro, frère convers de l'hôpital de la Miséricorde. Fait à Pise, dans le même lieu que dessus, le 27 avril 1302, indiction I. Ser Martino Genovese, fils de feu Buonavita, et Archulano, fils de feu Angelo di Argubbio, témoins. { Même registre, page 37.) h. Cote. Le susdit Alberto, sur la demande qui lui en est faite par le recteur Henri, reconnait que sa donation à l'hôpital de la Miséricorde consiste dans la moitié d'une pièce de terre en partie boisée et en partie cultivée, ou susceptible de l'être. Cette pièce de terre est située à Las- sono, en Corse; elle est confinée par la terre d'Asinello, par celle du jardinier Guiduccio, et par l'héritage des frères d'Ugliastrella. Fait a Pise, dans le même lieu, le même jour et la même année. Frère Guidone, camérier, et frère Guidone Cinquena, dudit hôpital, témoins. (Même registre, page 37.) 5. Cole. Procuration générale donnée par frère Henri, prieur de l'hôpital-neuf de Pise (la Miséricorde), au prètre Ventura, membre de la communauté dudit hôpital, à l'effet de représenter les intérêts de la susdite communauté, quels qu'ils soient, en Italie et dans les iles de Sicile, de Sardaigne et de Corse. Fait à Pise, le 4 février 1304, indic- tion VI. (Registre XXXVIIT, page 806 verso.) b. Cote. Henri, recteur de l'hopital-neuf de Pise, tant en son nom — 9231 — queen celui de l'établissement qu'il représente, déclare par-devant no- taire à Alberto Sardo, recteur de l'hôpital de San Niccolao di Cardo, en Corse, qu'il devra donner, chaque année, à Pâques, vingt-quatre livres de cire vierge, à titre de cens annuel. Martino, fils dudit Sardo, s'engage de son côté à payer ou à faire payer ledit cens. L'inexécu- tion de ces conventions entraînera la peine du double (ad penam dupli). Fait à Pise, le 17 février 1304, indiction VI. (Registre XXXVIIT, page 83.) 7. Cole. Frère Henri, recteur de l'hôpital de la Miséricorde de Pise, du consentement de ses confrères réunis dans l'église de Santa Chiara, comme il est d'usage, choisit frère Pietro, dit Lombardo, présent et acceptant, pour recteur et directeur de l’église de San Niccolao di Cardo, en Corse, et lui en donne l'investiture par la remise des clefs. Fait à Pise, le 24 mai 1304, indiction [. (Registre XXXVIIT, page 69.) 8. Cole. Mention d'une donation de 500 livres de deniers pisans, faite par Bacciameo de Millo, citoyen pisan et bourgeois de Cagliari, et par donna Giacoppina, veuve de Marchense, de Sicile, et fille de feu Dato, de Bonifazio, en Corse. Cet argent est destiné par les donataires (c'est-à-dire les frères de l'hôpital), à payer un terrain acheté par lh6- pital-neuf à Deodato di Bondini, citoyen pisan. Fait à Pise, le 18 no- vembre 13504, indiction VI. {Registre XXXVIIT, page 69.) 9. Cote. Détail des biens de l'hôpital de San Niccolao della Bastia (Bastia, en Corse), délimitation des susdits biens, et énumération des personnes qui les tiennent à bail au 25 avril 1559. (Copie de 1599, occupant le registre MMXLIV tout entier.) ARCHIVES DU DOME. Les mêmes observations qui précèdent l'article des hôpitaux de Pise trouvent ici leur place, et je pense qu'il est inutile de leshrépeterr. |. Cote. Registre MXLIX contenant l'inventaire fait en 1 339 des biens de l'OEuvre du Dôme, situés dans les environs de Pise et dans les îles de Sardaigne et de Corse. Copie. « In insula Corsice. «tem habet suprascripta opera jura totius ejus quod Triadanus. filius quondam nobilis viri domini Georgii de Campo, de Capo Corso, habebat et sibi, quocumque modo competere potuisset in insula Cor- sice, videlicet in pleberio Luri et Tomini de Capo Corso, scilicet in — 9538 — terris cultis et incultis, domesticis et agrestis, pratis, campis, vineis, nemoribus, aquis, aquarum cursibus, aquæducibus, donibus, palatus, castris, villis, burgis, prædüs, possessionibus, vassallis, fidelibus, ho- noribus, juribus, jurisdictionibus, patronnaggnis, ecclesiis et venerabi- hibus locis, sive akiis quibuscumque bonis et rebus mobilibus et 1m- mobihibus, juribus, nominibus et rationibus, redditibus, actionibus, usibus, 1tineribus, passagis, decimis et proventibus quibuscumque specilicatis et non specificatis, tacitis vel expressis. Et etiam omnia 1ins- trumenta publica et privata, sibi quocumque modo pertinentia, quæ essent apud dominam Nicolam, monialem monasterii Sancte Marie de Plumbino, ved apud aliam quamcumque personam et locum, et alia sub certis modis et conditionibus comprehensis in carta donationis facte dicte opere a dicto Triadiano, rogata a Donato Martini, notario, cive pisano, anno 1322°, x111° kalendas juni, indictione IV*.» ARCHIVES DE LA SAPTENCE. La Sapienza était l’université de Pise; ses archives, fort riches, sont déposées aux archives de la province. J'extrais, de l’un des re- gistres où sont consignées les collations de grades, l’article suivant : « Victorius Bonapartius, de Bastia (Corsica), legista in studio Pisano, die 2 mensis novembris, anno 1585.» . ARCHIVES RONCIONI. On nomme ainsi une collection de 1,752 chartes, dont la pre- mière est datée de l'an 570, la dernière de l'an 1783. La plupart concernent la famille Roncioni, qui est une des plus anciennes de Pise. Grace à l’obliseance du propriétaire, j'ai pu fouiller ce dépôt qui renferme bon nombre de pièces curieuses. On y remarque des documents importants sur le voyage de l'empereur Henri VIT en Italie, et sur les démélés de l’arche- vêque Ruggieri avec son chapitre, démélés qui allèrent jusqu'aux voies de fait. Ce Ruggieri n’est autre que le fameux archevêque de la légende d'Ugolin, celui que le Dante à marqué des stigmates d'une immortelle infamie. Parmi ces documents, j'ai rencontré la bulle du pape! qui enjoint à cet archevêque de venir se justifier, sil le peut, de la mort cruelle quil à infligée au malheureux comte de la Gherardesca. ! La bulle est du pape Nicolas IV et datée du 30 mars 1290. — 239 — Le catalogue des archives Roncionti a été rédigé au commence- ment du siècle. [Il comprend sept gros volumes. Jen ai tiré onze chartes, dont l’une donne le nom d’un évêque de Sagona qui ne se trouve pas dans lltalia sacra. Les archives diplomatiques m'en ont fourni plusieurs autres, ainsi qu'on a pu le remarquer dans ce qui précède. Avec les chartes de la Gorgone, j'espère combler d'autres lacunes dans la liste des évêques corses donnée par Ughelli. 1. Alberto, fils de feu Alberto, et Vanni, fils de feu Merto, vendent à Sergio, fils de feu Leone, un esclave du nom de Jaunello, originaire de l'île de Corse, pour le prix d'un anneau d’or évalué 35 sous. Fait à Vada, près de la mer, le 1° mai 1158, indiction XII. Ser Bonaccorso, notaire du Saint-Siége apostolique. 2. Benadue, de Pino, en cap Corse, fermier de l'évèché de Sagona, emprunte pour le compte de l’évèque Rolandino la somme de cent livres de petits deniers” au pisan Guarnieri, et le subroge à tous les droits quil peut avoir lui-même contre le susdit évèque*. Fait en Corse, le > mai 1289. Ser Ramieri, fils de feu Aïuto di Salvi da San-Leonardo, notaire. 3. Rolandino , évêque de Sagona, en Corse”, ayant reçu de Guarnieri, fils de feu Corda di Capitone, de la paroisse de San Vito, la somme de P A4 livres génoises, à titre de prêt, dans le but d'acquitter la dette que la mense épiscopale avait dû contracter envers l’archevèque Ruggieri PISCOP gg8lert, lors de son voyage à Pise pour se faire consacrer, promet de satisfaire le susdit Guarnieri sur les biens de son évèché, lui donnant en outre toute faculté de percevoir les revenus de la terre d'Aronte, villa d'Aronte, qui en est une dépendance, tant qu'il n'aura pas été remboursé. Fait ! Monnaie pisane. ? Rolandino, évêque de Sagona en 1280, imconnu à Ughelli. * Sagona ou Savona était une des plus anciennes villes de la Corse. On la disait fondée par Savinus, quatrième fils de Corsus, descendant d'Hector, peu de temps après la guerre de Troie. Elle fut détruite par les Arabes, et ses évêques se retirèrent à Vico, qui en est peu éloigné. L’évêché de Sagone était un des plus pauvres de la Corse. En 1718, il comprenait 10 plébanies, 201 paroisses et 9,500 âmes. Le revenu était de 500 écus. Comme il dépendait de l'archevêque de Pise, l'évêque était obligé d'aller se faire consacrer en cette ville, occasion de grandes dépenses auxquelles il ne pouvait suffire qu'en faisant des dettes. On voit par les chartes ci-dessus que Benadue de Pino était un créancier fictif der- rière lequel se cachait le pisan Guarnieri. Mais celui-ci, peu confiant sans doute dans la solvabilité de son débiteur, fit renouveler la reconnaissance à son nom et demanda des garanties. — 240 — et rédigé à Vico {en Corse), le 1° septembre 1289, par le prêtre Nicolao de Castica, en présence de donna Maria, mère du susdit évêque Orlan- dino, du prètre Vivense, son chapelain, de Bonamanella, trésorier de l'église (clavario), de Sambuchello, du porcher Vivolo et de Busotello, habitants de Vico. 4. Frère Gherardo, évèque d'Aleria et administrateur de l'archevêché de Pise *, déclare avoir reçu d'Enrico, curé de la paroisse de Quaranta (diocèse de Pistoia), et de Cambino di Vante de San-Miniato, trésoriers, tout ce qu'ils ont perçu jusqu à ce jour, soit en argent, soit en nature, des revenus dudit archevêché. Fait à Pise, dans l'archevèché, le 17 oc- tobre 1329, indiction XIF, en présence de Vindecio, évêque de Savone, et de frère Bonifazio, recteur de l'hôpital de Sainte-Marie. Ser Manfredo di Vanni de Ripafratta, juge ordinaire et notaire impérial, chancelier de la cour archiépiscopale de Pise. Copié sur commission du susdit, par ser Guido, fils de Jacobo degli Orlandi, juge ordinaire impérial et chancelier de la cour archiépiscopale. 5. Frère Pietro, archevèque de Cagliari, collecteur des dimes papales levées en faveur du roi d'Aragon, reconnait, ayant mandat à cet effet, Simone Mancha, marchand calaritain, comme directeur des maisons de Sainte-Marie de Pise, situées dans la ville de Cagliari, et déclare en avoir reçu 5 livres, 18 deniers et 9 sous, montant de la somme qui, après estime, a été imposée aux susdites maisons pour l'année échue le 1* février passé ?. Fait dans le château de Caghari et dans la cour ar- chiépiscopale, le 24 décembre 1350. Ser Naddo di Claro, notaire royal pour la Sardaigne et pour la Corse. 6. Giovanni di Graziano, chanoine de Cagliari, sous-collecteur des dimes papales levées en faveur du roi d'Aragon, ayant mandat à cet effet de Pietro, archevèque de Cagliari, recoit de Simone Mancha, directeur des maisons de Sainte-Marie de Pise, situées à Cagliari, 5 hvres de deniers alfonsins, dont quittance. Fait dans le château de Cagliari, le 10 mars 1351. Ser Naddo di Claro, no’aire royal pour la Sardaigne el pour la Corse. ! Suivant Ughelh, fra Gehrardo {Gerardus Orlandinus) appartenait à l'ordre des frères hermites de Saint-Augustin. Il fut évêque d’Aleria dès 1322. En 1328, il se jeta dans le parti de Louis le Bavaroiïs et de l'antipape Cabarius. Archevèque intrus de Pise, il mourut misérablement en cette ville vers 1330, après avoir été dépouillé de toutes ses dignités ecclésiastiques par le pape Jean XXII. ? Le roi d'Aragon était alors en guerre avec le roi de Castille, et soutenu par l'Église. — 241 — 7. Lettre en langue vulgaire, adressée à l'armurier Rinieri ‘, à Giu- liano di Jovane et à Panoccio de Pise, par Jovane Tortorino, gouver- neur du port de Cardo, son vicaire et son conseil, où l’on accuse récep- tion d’une première lettre et où l’on expose que les susdits ont déclaré ne pouvoir pas quitter Pise à cause des représailles accordées aux Corses contre les Pisans. En conséquence, ils sont invités à se transporter, eux et leurs marchandises, dans le district et port de Cardo, où ils jouiront de toutes les garanties nécessaires, tant pour l'aller que pour le retour. Fait à Cardo, le 7 août 1391. Extrait par ser Paolo Leonardo di Gio- vanni di Grotta de Chiavari, notaire, d'une lettre de sauf-conduit rédigée par lui le même jour et la même année. 8. Giovanni, fils de feu Cino Boneste, lainier, de la paroisse de Santa Lucia de Cappellari, citoyen pisan, choisit pour son procureur, en le munissant à l'avance de toutes les pièces nécessaires, Michele Pardo, également citoyen pisan, de la paroisse de Santa Cecilia, à l'effet d'exiger de Polino, fils de feu Guglielmo di Campocasso (Corse) *, et de toute autre personne, communauté ou corporation, le montant des sommes qu il leur a prêtées. Fait à Pise, le 28 mai 1393, indiction XV, dans la boutique de la maison du chevalier Bandetto de Gambacorti, située sur la paroisse de San Sebastiano in Chinzica. Publié sur commission du susdit par ser Andrea, fils de feu Andrea di ser Nocco, citoyen pisan, juge ordinaire et notaire impérial. 9. Niccolao, fils de feu Matteo de Lastignano, en sa qualité de direc- teur de l'hôpital de Sant Iacopo de Campiglia, fait adition de l'hérédité de Giovanni di Jacopo da Ceva, et restitue sa dot à donna Fiora, fille de feu Giovanni, de Corse, veuve du susdit Giovanni di Jacopo. Fait à Campiglia Maritima, le 28 septembre 1437, indiction I. Ser Matteo di Biagio da Faigano (Val de Sienne), juge impérial ordinaire et notaire florentin. 10. Les frères Marchione et Philippo, fils de feu Giovanni Struccia, de Campiglia”, vendent au Corse Sozino, fils de feu Chiarone, et à 1 Ce Rinieri nous est déja bien connu par les chartes de la Primatiale aux- quelles nous renvoyons. Il en sera encore question dans les provisions des Sages. ? Les Campocasso étaient une très-ancienne famille de Caporali, qui ont Joué un très-grand rôle dans l’histoire de la Corse. Achille di Campocasso était le bras droit de Sanpiero Corso; mais sa mère étant tombée dans les mains des Génois, il fit sa paix avec eux pour lui sauver la vie. % Comme on le voit, Campiglia Maritima était décidément le séjour favori des Corses dans la seconde moitié du xv° siècle. Nous renvoyons aux chartes de la Miséricorde. MISS. SCIENT. —— II. 10 Et Leonetto et Andrea, fils de feu Valentino, également Corses, et habitant à Campiglia, une maison située dans ladite commune, lieu dit Brotiglio, pour le prix de 64 grands florins d'or. Fait dans le château de Campi- glia, le 30 mars 1472, indiction V. Ser Giovanni di Agostino, fils de ser Niccolao degli Abbracciabeni de S. Germignano du Val d'Elsa, juge ordinaire et notaire public florentin. 11. Folco, fils de feu Federigo, patron d'une galère appelée Allegran- sia , laquelle se trouve actuellement dans le port de Bagnaria, la loue à Bando, fils de feu Giunta de Massa, et au tonnelier Bindo, fils de feu Ventura, syndics et procureurs de la commune de Sassari, et choisis à cet effet par le podestat Enrico di Caprona et les Anciens de ladite com- mune. Il est constaté que ledit navire est en parfait état, approvisionné de 2,500 biscuits, qu'il a 25 matelots, 2 gouvernails, 60 rames, des antennes et des ancres en quantité sufhsante, enfin tout l'équipement nécessaire pour aller de Bagnaria à Porto-Torrès et de Porto-Torrès à Pise. Les locataires se chargent de payer et de nourrir les matelots pendant le voyage. Fait à Castel di Castro, le 1° novembre 1273, indic- tion |, dans la maison de Federigo, juge et notaire, située dans la rue des Matelots. Livornese, fils de feu Martino, notaire :. Ce ARCHIVES DE FLORENCE. Depuis la formation des archives provinciales de Pise, les ar- chives de Florence ne possèdent plus grand'chose sur la Corse. Le peu qui reste se trouve principalement dans la correspondance entre Gênes et les Médicis, et dans une certaine quantité de liasses relatives aux troubles qui ont éclaté à Bastia vers 1746. Lorsque je passai à Florence, le professeur Lucciana, qui s'occupe de l'histoire de la Corse au xvim® siècle, consultait les liasses en ques- tion, si bien que je ne pus les examiner à loisir. En allant à Gênes, je compte m'arrêter à Florence toute une journée et réparer cette omission involontaire. Je dois également signaler la présence au dépôt de Florence des relations des ambassadeurs florentins à la cour de France, aux xvi® et xvni siècles. Ces relations, qui sont en tout point semblables à celles des ambassadeurs de Venise, sont pleines de 1 Nous classons ce document parmi les douteux; il y est question du port de Bagnara. Comme deux ports de ce nom existent simultanément en Corse et en Sardaigne, nous n'avons pu nous décider en connaissance de cause. Toutefois 11 paraît plus probable qu'il s'agit ici du port de Bagnara en Sardaigne. es Je faits curieux sur les agissements des Strozzi, les intrigues des cour- tisans et la vie intime des souverains. On y trouve un récit fort détaillé de la mort de Henri IV. Je ne sais pas si ces relations sont connues; alors même qu'elles le seraient, on y pourrait glaner une foule de renseignements utiles pour l'histoire du pays. Les rapports entre Catherine de Médicis et le duc son frère sont particulière- ment intéressants. Voici maintenant les documents contenus dans la correspon- dance entre Gênes et les Médicis. Indice della Segreturia Vecchia, tome HT {Carteggr degli Ufficiali ducali e di varru stali italiant, affari di Genova). 1. Lettres d'André Doria et de son fils tant à Cosme de Médicis qu'à q ses successeurs (1937-1 6oi). Offre de faire faire des levées en Corse pour le compte du duc de Toscane. — Détails sur la gueïre que les Français soutiennent en ce pays et sur les secours envoyés par Cosme de Médicis à la république de Gênes ([). 2. Lettres du doge et des gouverneurs de la ville de Gênes à Cosme de Médicis et autres ducs ses successeurs (1541-1621). Dans ces lettres il est question de la guerre des Français en Corse, de la situation des combattants vers 1553 et des secours que Médicis a envoyés aux Génois (HIT). 3. Original d'un traité entre le duc de Toscane et la répubhque de Gênes, où il est dit que Cosme I‘ ayant fourni 200 chevaux pour l'en- treprise de Corse (per l'impresa di Corsica), pendant l'espace de trois mois, la république accordera le même secours à la Toscane et pour le même temps, dans le cas ou elle serait attaquée par les Français (TT). A. Lettres sur les préparatifs de Cosme [* pour la guerre de Sienne, où il est question de galères et de troupes expédiées en Corse pour sou- tenir les Génois (V)'. 5. Liasses relatives aux troubles survenus à.Bastia en 1746. COLLECTION DES COMTES AGOSTINT. La collection des comtes Agostini se compose de sept cents par- ! Les Français soutenaient alors la révolte de San Piero Caso et celle des Sien- nois en Toscane. Gênes et Cosme de Médicis tenaient pour l'empire. 10: 24h — chemins dont le plus ancien est de l'an 1100 et le plus moderne de la fin du xvin* siècle. Les sept pièces que j'en ai extraites, et dont je donne ici l'analyse détaillée, ont trait à cet acte de piralerie commis par les nobles de Bagnaria, dont il a été déjà question dans les provisions des Sages et dans les provisions des Anciens. Bien qu'en somme elles n'apprennent rien de bien nouveau, j'ai cru devoir leur donner place dans cet inventaire parce qu'elles com- plètent les idées au sujet de la procédure observée pour obtenir des représailles. La coutume était que chacune des parties deman- deresses eût son dossier particulier ; celui-ci appartient à Betto della Seta, que nous avons déjà vu figurer parmi les pétitionnaires dans les documents tirés des Archives communales dont j'ai parlé plus haut. La famille Agostini descend par les femmes des Della Seta; cela explique naturellement la présence de ce dossier dans ses archives de famille. ; Cote. Délibération du Sénat et de la créance des Anciens du peuple de Pise et de son conseil majeur et mineur, composé de quinze notables par quartier et de douze hommes du peuple, des consuls de la mer, de ceux des marchands, de ceux de l’art de la laine, des capitaines et prieurs des sept arts, convoqués par le noble chevalier Guido Baldi di Casiellano del Borgo, podestat de Pise, dans le but de soumettre à un interdit commercial les nobles de Bagnaria, en Corse, eux et leurs terres, à raison d'une grande somme d'argent dont ils avaient dépouillé divers citoyens pisans, dans le naufrage du vaisseau de Cinetto, mar- guillier' de Livourne. Dans cette délibération est approuvée la décision du conseil des Sages élus par les Anciens et dont la teneur est la sui- vante. Le 31 mai 13109. 2. Cote. Les Anciens communiquent au conseil des Sages une péti- tion de Vanne Bonconte, Cello dell Agnello, Lone Bindacci, Betto della Seta et Guido Marteili, citoyens et marchands pisans, par laquelle ils exposent que le navire du susdit Cinetto s’est brisé sur les côtes de la Corse et dans les parages de Cerlino, domaine de Ranieri Alberto, de Leoneccio, plébain d'Orto, du chevalier Idebranduccio Bagnalingho et de Vicente, tous nobles de la famille de Bagnaria; que le susdit vais- seau transportait une grande somme d'argent appartenant aux pétition- naires, argent qui devint la proie des susdits seigneurs , et que Saragone Bondimandi, de Piombino, fut envoyé, mais sans succes, par la commune : Campanuio, mot à mot sonneur de cloches. — 245 — de Pise pour obtenir la restitution. En conséquence, ils prient les An- ciens de faire défendre à tous les Pisans, sous forte peine, d'aller pêcher ou faire le commerce dans les domaines des susdits nobles, ou de porter à Pise leurs poissons et leurs marchandises, et d'ordonner que si l'un desdits seigneurs ou de leurs adhérents venait à être trouvé sur le ter- ritoire pisan , il püt ètre retenu comme otage, espérant, par ces voies et moyens, amener lesdits nobles à la restitution. Après avoir entendu la pétition et en avoir délibéré, le Conseil est d'avis que ces mesures doivent être adoptées. Fait à Pise, dans le palais de la Commune ou se rassemble le conseil du Sénat, le 26 mai 1319. Jacopo di Vitale de Titignano, notaire et écrivain de la chancellerie de la Commune, Andrea d'Iacopo de Marciana, notaire et écrivain des Auciens, et Neri della Volpe, témoins. 3. Cote. Le Conseil du Sénat, convoqué par le chevalier Muccio di Giovanni de Esculo, podestat de Pise, approuve une pétition de Guido di ser Jacopo de Fauglia, de la paroisse de San Martino en Chinzica, tendant à ce quon lui accorde contre les nobles de Bagnaria, en Corse, des représailles semblables à celles qui ont été concédées aux marchands ci-dessus mentionnés pour une somme de 2606 livres de petits deniers aquilins, et cela, à raison d'une caisse pleine d’ustensiles et de bijoux en argent ainsi que d'une balle de hardes, qu'il avait fait charger à Castel di Castro (Sardaigne) sur le vaisseau dont était patron Cinetto, de Livourne, tous ces effets, estimés de la valeur ci-dessus in- diquée, étant tombés entre les mains des susdits nobles. Fait à Pise, le 21 août 1319, indiction F*, dans le palais de la Commune. Leopardo de Calci, notaire et écrivain de la chancellerie de la Commune, ser Jacopo di Vitale de Calci, ser Bonagiunta di Galgano, notaire et chan- celier des Anciens, N. de San Savino; notaire et écrivain de la chancel- lerie communale, et Neri, crieur public, témoins. A. Cote. Le même Conseil approuve une nouvelle pétition des mar- chands susnommés, dans laquelle ils déclarent que, sur le vaisseau de Cinetto, Vanne Bonconti avait 60 marcs 5 onces d'argent, Cello dell Agnello, 80 marcs 5 onces et un demi quart, Lone Bindacchi, 52 marcs et 7 onces, Guido de Fauglia, 76 marcs et 7 onces. Ils de- mandent les représailles jusquà concurrence de la valeur desdites sommes réunies, et veulent que linterdit s’étende jusqu'à Lavazina et à Levrona, qui sont au centre des domaines des nobles de Bagnaria. Fait à Pise, le 28 décembre 1520, indiction If, dans le palais communal. Manfredi de Ripalratta, notaire et écrivain de la chancellerie com- munale, ser Jacopo di Vitale de Calei, ser Bonagiunta, Leopardo de — 2h6 — Morrona, chancelier communal, Neri, crieur public, et plusieurs autres, témoins. Extrait des actes de la chancellerie par Christofano, dit Tofano, notaire et citoyen pisan. 9. Cote. Le Conseil majeur et mineur {conseil du peuple) assemblé par Macellaio di Tommaso , de Spolète, capitaine du peuple pisan, ratifie la décision précédente du Conseil du sénat. Fait à Pise, le 20 jan- vier 1320 (style pisan), indiction Il, dans l'église de San Sisto où se tiennent les conseils du peuple, Simone da Casanova, notaire et écrivain des Anciens, ser Bonaccorso Galgani, Fanuccio, crieur public de la Commune, ser Bartoldo de Spoleto, chevalier, et Giovanni, pharmacien de la chapelle de San Sisto, témoins. Extrait par Cristofano, dit Tofano, de la chancellerie des Anciens. 6. Cote. Le Conseil du sénat approuve une pétition de Guido de Fauglia, demandant que la précédente décision de ce conseil s'étende à lui. Fait le 26 février 1320, indiction Il, dans le palais communal. Manfredi, ser Jacopo di Vitale de Lg Bonagiunta et Vanni Tancredi, crieur public, témoins. Extrait par Cristofano, dit Tofano, des actes de la chancellerie com- munale. 7. Cote. Le Conseil du peuple et des Anciens, assemblés dans l'église de San Sisto, approuve la décision précédente. Fait à Pise, dans l'église de San Sisto, le 19 mai 1321, imdiction IT. Giovanni, fils de feu Bona- vita della Spina, notaire et écrivain des Anciens, Bonagiunta Galgani, ser Gerardo et ser Todini, chevaliers, familiers du capitaine du peuple, et Neri, crieur public, témoins. Extrait par Cristofano des actes de la chancellerie des Anciens. DOCUMENTS COMMUNIQUÉS PAR LE PROFESSEUR PAGANINI. Je dois à l'obligeance de M. Paganini, professeur à l’université de Pise, la communication d'une dizaine de copies des actes de l'abbaye de Monte-Cristo. Ces copies me paraissent de la fin du xv° ou du commencement du xvi° siècle. Leur ensemble forme une petite liasse intitulée : Per la terre di San Pellegrino, copie de serip- ture per Pontichio, cassetta C, n° 29. On se souvient que l’abbaye de Monte-Cristo avait de grandes possessions en Corse, parmi lesquelles l'église ou chapelle de San Pellegrino. Ces documents ne sont importants que pour l’histoire du monastère auquel ils — 247 — appartiennent; plusieurs d’entre eux sont très-suspects. En voici l'analyse. l'. La comtesse Matilda, fille de don Neri et femme de don Gugliel- mo, demeurant à Cucuvello dans le canton (piere) d'Ampognano* (Corse), achète de don Henrico tout ce quil possédait, in Piaggia, lieu dit Pontiqie (Pontecchio), sauf la foce et reparuties, pour le prix de 60 livres, auxquelles 60 livres la comtesse Matilda ajoutera trois bœufs, deux coupes d'argent et une couverture de lit de la valeur de 7 livres. Fait à Santa Lucia della Baccharaccia, l'an 930, indiction IX, sous le règne du roi Simon .{regnante domino nostro Simone re). Don Riccabono, évêque d'Acti, Vulparello di Fornaio-Guarduccio, don Landolfe di Sorba, don Grisso, recteur de Santa Lucia della Baccharaccia, et plusieurs autres, témoins. Manuello , notaire impérial. 2. Note portant mention d'un testament de la mème comtesse Ma- tulda , par lequel elle choisit pour sépulture l’église du couvent de Santa Maria di Canovaria, lui laissant son lit garni et sa ceinture d'argent. Eïle donne en outre à l'église de San Niccolao de Campile 7 livres pour un‘parement d'autel, et lègue tous ses biens de Pontigio, ses meubles, son linge de corps, vingt chèvres et une esclave allemande qui l'a servie pendant sept ans, à l'abbaye de San Mamiliano de Monte- Cristo. Fait à Cucuvello, dans l'habitation de ladite comtesse: don Rai- nuccio de Monte-d'Olma, prêtre, don Nigello de Scata, prètre, Johan- netto Sambuchello, Rosarello dal Querceto et plusieurs autres, témoins. Manuello , notaire impérial. Ces deux documents ont été extraits d'un cartulaire de San Mamiliano de Monte-Cristo, par le prêtre Lanfranco, du comté de Milan, notaire impérial, le 8 avril 1361, indiction XIV. 3. Don Antonio de Capoliveri (ile d'Elbe), abbé de San Mamiliano de Monte-Cristo, confirme à Lenuccio et à Guglielmuccio da Lumito la possession de tous les fiefs qu'ils tenaient du susdit monastère, savoir le tiers du château de Lumito, le tiers de la terre de la Doana, à Pontecchio, et une pièce de terre à la Vignale. Don Antonio se réserve ! Les deux premières chartes me paraissent fausses, je donne les autres sous toutes réserves. Elles ont été déjà citées dans San Michele in Borgo; mais la copie qui se trouve parmi les chartes de ce monastère est en si mauvais état que je n'ai pu en donner une analyse suffisante. { Voir San Michele in Borgo au chapitre des archives de Pise.) ? La pieve d'Ampognano est un des plus anciens cantons de la Corse; elle a dis paru de la division territoriale actuelle. Si mes souvenirs ne me trompent pas, la pieve d'Ampognano doit faire partie de la Casinca. — 218 — en partie la terre de Gavazolo et octroie cette confirmation sous la con- dition d'une rente annuelle de neuf mesures de blé (mezzini), livrables chaque année à la mi-août dans le château de la Casinca. Fait à la Tor- ricella, maison d'habitation du notaire Giorgiuccio, le 18 octobre 1390, indiction XII. Les noms des témoins manquent. Il faut observer que dans cette charte et les suivantes le temps est calculé suivant le style génois. Je dois aussi rectifier quelques évaluations de mesures pisanes, données au commencement de mon travail. L'unité des mesures de capacité était à Pise Lo staio, le selier. Il se subdivisait en quarra, charge, ou demi-setier, en quarto où quart de setier, et en mezzino ou bacino qui vaut la moitié d'un quart de setier. Le baril de vin pisan contient 45 li- tres, le baril d'huile 33 litres: la livre d'huile vaut le tiers de 1 ki- logramme, soit le tiers de 1 litre. Tout ce que j'ai dit sur la valeur du setier en litres français peut subsister. Les mesures toscanes ont continué d'être employées en Corse, même après la consolida- tion de la domination génoise. h. Concession féodale de différents biens situés dans le canton d'Am- pognano (Casinca), par don Antonio, abbé de Monte-Cristo, à Pizino, fils de feu Vincentello da Lupiano, sous condition de la cense an- nuelle d’une mesure de blé, livrable à la mi-août, au château de la Casinca (nel castellare” della Casincha). Fait à la Venzolasca, le 29 oc- tobre 1390, indiction XII. Brandinuccio, de Vescovato, et Strenna, du même lieu, témoins. Copié le 28 janvier 1424, par Calza Legata, notaire, et extrait par lui des minutes de Nicoleso Venturino, notaire à la Ven- zolasca. 5. Guglielmuccio da Lumito, pour lui et ses héritiers, et Vermiculo da Lumito, pour lui et les fils de Nignellio, reconnaissent qu'ils doivent donner annuellement neuf mesures de blé pour les terres qu'ils tiennent en fief de l'abbaye de Monte-Cristo. Le cens est ainsi divisé : Gugliel- muccio doit donner trois mesures, et Vernuculo quatre mesures de blé. Fait à Monte-d'Olmo, le 27 septembre 1396. Corpiniccio da Nepita, Antone dallo Piuno, Juvone dallo Poio, Gavino Abataccio et plusieurs autres, témoins. Le prêtre Gavino di Rapaio, notaire. Copié comme ci- dessus. 6. Don Gherardo, abbé de Monte-Cristo, donne à titre de fief à l Castello en italien est souvent usite dans le sens de village, terre, district, — 29 — Jovannuculo dalla Capanella, tout nouvellement établi à Loreto, deux pièces de terre situées à la Vignale, sous condition de la rente annuelle d'une mesure de blé (mezzino), livrable au mois d'août à la Venzolasca ou au château de la Casinca. Fait à la Venzolasca, dans l'habitation du notaire, le 29 janvier 1417. Pentulaccio della Penta, capitaine, et Gra- ziano di Carclieri, du château de la Casinca, témoins. 7. Justuculo di Sant [acopo, tant en son propre nom qu en celui de ses héritiers et de Ciancaldo, Bartolommeo et Aldrovando, ses associés, et Carlotto, également en son propre nom et en celui de ses héritiers, reconnaissent par-devant don Gherardo, abbé de Monte-Cristo, que leurs prédécesseurs payaient annuellement une rente féodale au monastère de San Mamiliano. En conséquence ils promettent de donner annuellement six mesures de grains au susdit couvent, savoir : quatre mesures (bacini) pour la terre dite Trà le pubbliche, un setier pour celle de Vignole, et un autre setier pour le clos de Pontecchio, lorsqu'il aura été remis en culture; moyennant quoi ils sont confirmés dans la possession des fiefs qu'ils tiennent de l'abbaye, sans que celle-ci puisse augmenter la rente à l'avenir. Fait sur la place de la Venzolasca, le 21 février 1417. Matteo dello Brado, Justuculo dalla Casa-Bianca, Simtuculo di Benedetto et Martino di Suverbi, témoins. Calzalegata di Ferruculi, de la Venzolasca, notaire impérial en Corse. — Copié à Vescovato, dans la résidence de Pietro Ardoino, évêque de Gallipoli, le 30 avril 1494, par Carlotto da Lupiano, notare. | J'ai déjà donné plus haut l'évaluation des mesures de capacité dont il est question dans cet acte et les suivants. Je veux ici ra- conter une particularité qui démontrera combien les archives de Monte-Cristo étaient mal tenues au xv° siècle. À la fin de l'acte que Je viens de citer, acte qui est d’une longueur interminable, Justu- culo et Carlotto adressent simultanément la parole à l'abbé et lui tiennent ce petit discours : « Nos ancêtres ont souvent demandé à vos prédécesseurs en vertu de quel droit ils devaient payer une rente féodale à l'abbaye de Monte-Cristo; ceux-ci n'ont jamais ré- pondu d’une manière satisfaisante, seriez-vous à même de nous donner des renseignements plus positifs? » L'abbé reste muet. Sur quoi, lesdits Justuculo et Carlotto prennent acte et déclarent ré- server tous leurs droits pour le cas où ils parviendraient à démon- trer que ladite rente n’a pas de cause légitime, L'abbé de Monte- Cristo acquiesce à cette réserve. 8. Le cure de l'Ortale, procureur de l'abbaye de San Manuliano de — 250 — Monte-Cristo, dirige une enquête par témoins sur l'étendue des posses- sions de la susdite abbaye dans le canton d'Ampognano, à Pontecchio, Vignale et dans les environs. Fait à la Venzolasca, le 8 septembre 1451. Imperione, fils de feu Gugliermino, de la Venzolasca, notaire. 9. Accord fait entre Angioletto, fils de feu Renuccio della Casabianca, et don Giovanni Niflo, procureur de l'abbaye de Monte-Cristo, par lequel ce dernier donne en fief héréditaire la moitié du cios et de la terre de Pontecchio au susdit Angioletto, sous condition qu'il donnera chaque année une mesure de blé (mezzino), le jour de l'Assomption, dans la tour du château de la Casinca, et payera la dime à l'abbaye, tant qu'elle ne lui sera réclamée par d’autres. Le fief ainsi concédé étant inculte, toutes ces conditions sont pour valoir alors seulement qu'il sera remis en culture. Fait le 18 janvier 1499, à la Bastia, sur la place de Terra-nova. Don Calonico di Consalvo della Casa-Bianca, Retaie da Pas- toreccia et plusieurs autres, témoins. Antone, fils de feu Polo, de Vesco- vato, notaire. 10. Acte dont 1l ne reste que l'énumération des témoins et le nom du notaire, qui est un Français de Paris dont le nom, singulièrement latinisé, paraît avoir été Prevôt ou Leprévôt. « Ego Præfectus, parisiensis, juratus notarius, per ammonitionem prædicto domino Auberto Cortincho et prædicto domino Pepo, istam cartam subscripsi. » 11. Acte passé devant don Pietro Brea, vicaire général de l'évèque de Mariana, dont il ne reste que le commencement. 12. Notes sur les différents biens possédés par l'abbaye de Monte- Cristo dans la Casincha, à Campo di Loor et en d'autres lieux, qui pa- raissent être des instructions données à un agent du monastère en tournée (sans date). Cette désignation me parait se rapprocher d'autant plus de la vérité, qu'on rencontre dans ces notes des indications de fermages à retirer et de personnes à faire assigner. La pièce m'ayant paru curieuse, J'en ai commandé une copie. 6 ARCHIVES DE LA COUR ARCHIÉPISCOPALE DE PISE. Douze cents parchemins, de 1200 à 1831. CHARTES INTÉRESSANT LA CORSE. l, Le prieur et les moines de San Niccolao des hermites de Pise choisissent pour leurs procureurs en toutes leurs affaires et avec pleins — 251 — pouvoirs les frères Luca Vachatella, Michaele Cantore, Michaele de Ponte-d'Era et Michaele de San Sixto. Fait à Pise, dans le chœur de l'église du monastère, le 12 janvier 1336. Parmi les témoins, on trouve un Retale Aldobrandini, de l'ile de Corse. 2. Picignascho Angnolelli, de Nonza, en cap Corse, déclare avoir recu du corroyeur Giovanni, fils de feu Puccino Balducci, de la paroisse de San Silvestro, soixante florins d'or {monnaie florentine), à titre de prêt gratuit, laquelle somme il promet de rendre au 1° avril prochain. Fait à Pise, dans la cour de la Gabelle, près la porte des Plages (la porta delle Piugge), le 7 janvier 1360, indiction XIF. 3. Donna Filippa, veuve de Pietro Magli, de Cisanello, et donna An- tonina, sa fille, veuve de ser Giuliano Burinini, de Cantoia, s'offrent comme oblates au monastère de Sant’ Antonio de Spassavento , de l'ordre des Basiliens, et lui font donation de tous leurs biens dans les mains de Giovanni Ursi di San Pietro, prieur dudit couvent, lequel accepte du consentement de ses confrères. Fait à Pise, dans le chœur de l'église du monastère de Sant Antonio, le 23 septembre 1422, indiction XIV. Parmi les moines du susdit monastère, on rencontre Ristoro Gugliel- mino, de l'ile de Corse. ARCHIVES DU CHAPITRE DE PISE. Dix-huit cent quatorze parchemins, de 930 à 1786. CHARTES RELATIVES À LA CORSE. 1. Sanni di Abbadia, fils de feu Sanni, vend à Guido, fils de feu Guido, une esclave de l’île de Corse, du nom de Sizula , pour le prix de 67 sous. Fait à Pise, le 5 août 1156. 2. Convention conclue entre Alberto di Bagnaria {en Corse), fils de feu Cacciabati de Bagnaria, et don Marino di Ebulo, podestat de Pise. Le 23 novembre 1248, indiction VI. 3. Ordinations de prètres, célébrées dans l'église de Sant’ Apollinare in Barbaricina, par Giovanni, évêque de Nebbio, en Corse, le 25 février 1299, indiction VIE. h. Circulaire de Giovanni. évèque de Nebbio. par laquelle il donne connaissance à tous les fidèles d'une circulaire du légat apostolique , adressée au vicaire général de l'archevêque de Pise, au sujet des reli- gieuses du couvent de Tous-les-Saints. Fait à Pise, le 5 mars 1297. — 252 — 5. Vente d'une maison à deux étages, faite par Rosa, veuve de Petruc- cio Martel et fille de feu Bonaccorso de Bigurno, Corse, à Donno, marchand de soie et fils de feu Puccino. Le 10 juin 1356, indiction VII. 6. Vente de dix mille poissons salés qui se trouvent près de l'étang d'Urbino, en Corse, faite à raison de 37 sous le cent, par Antonio, fils de feu Berto Corso, à Jacopo di Giuncta, de Pise”, le 13 janvier 1587. 7. Élection du vicaire capitulaire de Sagone, en Corse, faite par le vicaire général de l'archevêque de Pise, métropolitain et primat de la Corse. Le 9 décembre 1655, indiction VIF. CHARTES RELATIVES À LA FRANCE. 1. Robert, duc de Bourgogne, déclare que le droit qu'il a sur le Dauphiné de Vienne lui a été conféré par le roi des Romans. Le 7 fé- vrier 1203. 2. Copie d'une bulle du pape Nicolas IV contre certains hérétiques allemands, publiée par l’évêque de Metz, le 26 juin 1292. 3. Bulle du pape Nicolas IV, adressée au provincial des frères prè- cheurs en France, au sujet de la nomination d'inquisiteurs contre l'hérésie. Le 27 juin 3292. h. Trève accordée sous certaines conditions aux Bourguignons, par le roi Philippe le Bel. Le 6 août 1299. 5. Promesse de mariage entre un bls du roi de France, Philippe, et une fille du roi des Romains. Le 17 août 1299. 6. Nominalion de procureurs faite par le roi Philippe le Bel, en la personne de Louis de Clermont et de l'archevêque Cartusanensis(?) à l'effet d'aplanir toutes les difficultés qui se sont élevées entre lui et le roi des Romains Henri VII. Le 23 juin 1310 *. - 1 Cerlino et Bagnari faisaient un grand commerce de poissons. Voir ci-dessus les Provisions des Sages. ? En août 1854 le professeur Ficker, de l'université d'Insprück, a extrait des Archives capitulaires les nombreux documents qui ont rapport à l'Allemagne. = DO TROISIÈME RAPPORT. Pise, le 14 mai 1875. Monsieur le Ministre, Depuis une quinzaine de jours, j'ai terminé l'examen du dépôt de la Chartreuse de Calci. Ce travail m'a donné de meilleurs ré- sultats que je ne l'espérais. En tout, j'ai réuni trois cent huit docu- ments relatifs à la Corse, dont cent quatre-vingt-huit proviennent des archives diplomatiques proprement dites, et cent vingt autres sont compris en trois liasses de lettres relatives au séquestre des biens des Chartreux en Corse et aux négociations pour en obtenir la main-levée. Mon manuscrit est tout prêt, il n’est guère moins étendu que le premier. En partant pour Gênes, je m'arrêterai deux jours à Florence à l'effet d'examiner plus à loisir les liasses de lettres sur les troubles de Bastia, dont J'ai parlé dans mon précédent rapport. Grâce à la bienveillante intervention de M. le Ministre de France à Rome, le gouvernement italien a bien voulu faire desceller l’ar- moire où était renfermé l'inventaire des archives de la Mense ar- chiépiscopale; j'ai donc pu parcourir cet inventaire, mais non les originaux qui ne m'ont point été communiqués. Le dépôt de la Mense archiépiscopale de Pise se compose de deux mille et huit cents parchemins, dont le premier est daté de lan 700 de l'ère vulgaire et le dernier de l'an 1600. II faut y ajouter une centaine de registres dont le plus ancien commence en l'an- née 1221 et dont les derniers finissent à nos jours. L'inventaire de la partie diplomatique comprend trois gros volumes manuscrits: l’un est intitulé /ndex materiarum, l'autre Index nominum, et le troisième {ndex vocabulorum. L’Index materiarum seul est impor- tant; les deux autres n'en sont que la répétition abrégée. Ces trois registres ont été compilés par le dominicain Giacomo Reginaldo Quadri, du 26 novembre 1761 au 16 janvier 1762. L'examen attentif de l’'{ndex materiarum, où les diplômes de la Mense sont très-succinctement analysés, m'a donné les résultats suivants : 1° Vente par Alberto, marquis de Corse, du tiers de la terre de Livourne à un certain Conetto. An 1146. (Diplôme 361, page de l'in- ‘ventaire 337.) — 254 — 2° ‘Transaction entre Calcisana , fille de feu Lamberto di Guidone, épouse d'Alberto, marquis de Corse, et Villano, archevêque de Pise, au sujet des droits de celle-ci sur la terre de Piombino. An 1150. (Di- plôme 371, page 64.) Ces deux diplômes ont été publiés par Muratori dans ses Anti- quités italiennes, entre la quarante-quatrième et la quarante-cin- quième dissertation et sous le titre d'Excerpta archivit pisani. Quiconque aurait le désir d'en savoir plus long sur le compte des marquis de Livourne, de Massa et de Corse, peut consulter avec fruit l'histoire de Livourne et de ses marquis, insérée au tome II des Voyages de Fargioni en Toscane. | 3° Sentence définitive, tranchant la question pendante entre Alberto, marquis de Massa et de Corse, et Betto, procureur de la commune de Pise, à l'occasion d'une autre sentence, antérieurement prononcée par le podestat de Pise, sur la possession de certaines terres situées dans : les communes de Salviano, Tregoliste. An 1296. (Diplôme 1075, page 297.) | 4° Le pape Jean XXII charge, par bulle donnée à Avignon l'an v de son pontificat, l'archevêque de Pise et ses suffragants (Aleria,. Sagona et Acci en Corse, plus les évèques de la Sardaigne) de faire recueillir, chacun dans leur diocèse respectif, sans en excepter aucun monastère ou autre personne ecclésiastique, les décimes imposées par le Saint-Siège pour dégréver l'Église romaine des charges nombreuses qui pèsent sur elle. An 1321. (Diplôme 1316, page 85.) 5° Testament de Beldia, fille de feu Lapolo, de l'ile de Corse. (Di- plôme 1579, page 310.) 6° Bulle du pape Benoît XIT, adressée à l'abbé du monastère de San Bartolomeo di Fossato. de l’ordre de Vallombreuse, diocèse de Gênes, où il confirme à ce monastère la possession déja ancienne des églises de San Pietro di Lumi, dans le diocèse d'Aléria, de San Chüilicho di Archa et de San Giovanni di Calvi, du diocèse de Sagona, enjoignant à l'évêque de cette ville de ne plus troubler le susdit monastère dans Lexercice de ses droits. An 1337. (Diplôme 1587, page 160.) 7° Giovanni, archevèque de Pise, charge le frère Giovanni , de l'ordre des Mineurs, et son vicaire général en Corse, de notifier ses lettres pas- torales à Bernardo, évêque de Sagona, suffragant de son siége archié- piscopal. Par ces lettres, 1l lui commandait d’absoudre publiquement les prêtres Giovanni et Nutto, excommuniés par le susdit évêque, comme usurpateurs de dîmes réputées faussement du domaine de la mense épis- 255 — copale de Sagona; 1l lui enjoignait en outre, de rendre aux susdits Gio- vanni et Nutto les dimes qu'il leur avait enlevées, de les rétablir dans leurs dignités et fonctions, et de tenir pour nul et supposé l'interdit pa- pal qu il avait allégué dans le but de refuser cette absolution. L'évèque Bernardo accabla d'injures l'envoyé de l'archevêque de Pise, prétendant que les lettres dont il était porteur étaient complélement fausses, le réputa excommunié et le priva du droit de confesser et de prècher tous les frères Mineurs de son diocèse. An 1350. (Diplôme 1992, page 66.) | 8° et 9° Sentence du vicaire général de l'archevêque de Pise, rendue en faveur de frère Matheo, abbé du monastère de San Bartholomeo di Fossato, contre l'évêque de Sagona qui troublait le susdit abbé et son monastère dans l'exercice de leurs droits sur l’église de San Giovanni di Calvi, soumise depuis longtemps déjà à leur juridiction. An 1353. (Diplômes 2020 et 2029, page 299.) 10° Le pape Urbain V, par bulle donnée à Avignon l'an 1 de son ‘poutificat, charge l’archevèque de Pise de faire restituer à Guillaume, évêque de Nebbio , tous les biens qui dépendent de sa mense épiscopale, lui enjoignant de lancer les censures ecclésiastiques contre les déten- teurs récaicitrants. An 1363. (Diplôme 2192, page 87.) 11° François, archevêque de Pise, en vertu de la commission qu'il en a reçue du légal apostolique, impose certaines contributions à des églises corses non taxées. An 1365. (Diplôme 2198, page 147.) 12° et 13° Testarnent de Perina, fille de feu Olivo , de Calvi en Corse par lequel elle laisse à l'autel de Sant’ Andrea, dans l'église de Santa Maria de Livourne, certains effets à elle appartenant, sous l'obligation d'acquitier diverses charges. An 1438. (Diplômes 2563 et 2564, pages 328.) 14° et 15° Le pape Sixte IV charge les évêques d’Aleria et de Chalcé- doine, l'abbé de San Michele en Borgo et le vicaire général de l’arche- vêque de Pise, de faire restituer les biens de la mense archiépiscopale injustement usurpés. An 1477. (Diplômes 2668 et 2669, page 91.) 16° Commission donnée par le pape Alexandre VI (le nom manque) à l'abbé de San Michele in Borgo et au vicaire général de l'archevêque de Pise, dans le but d'apaiser les différends qui avaient surgi entre diverses personnes du diocèse d'Aleria. An 1405. (Diplôme 2719, page 99. ) Je joins à ces documents l'analyse de divers autres qui inté- ressent la France, et sont rés du même inventaire. 1° Rente instituée en faveur du Saint-Siége et prélevée sur certains — 666 — impôts du duché de Spolète et de la Toscane lombarde, donnée à , Li . . . 1 e 1 l'Eglise de Rome par Charlemagne avec l'addition de différentes cités, terres et châteaux dont Louis le Débonnaire confirme la cession. An 818. (Diplôme n° 10, page 62.) Cette charte doit avoir été publiée, et très-probablement par Muratori. Grogorovius dans sa Romische Geschichie zum Mittelalter et Bertolini dans ses Dominaziont barbariche ont parlé de ce do- cument dont on peut mettre en doute l'authenticité, ainsi que celle de toutes les autres donations faites au Saint-Siége par Pepin et Charlemagne. | 2° Le pape Jean XXII choisit Philipy ne de Valois, roi de France, pour capitaine général de l'armée destinée à combattre les infidèles. An 1333. (Diplôme 1496, pige 178.) 3° Publication du prochain passage, par voie de mer, de l'armée chrétienne qui va combattre les infidèles en Terre-Sainte. An 1333. (Diplôme 1496, page 276.) 4° À la prière de Philippe, roi de France, capitaine général des croisés, le pape fait une ample concession d'indulgences aux croisés et à ceux qui les aideront dans leur voyage d'outre-mer. An 1333. (Di- plôme 1496, page 124.) Quant aux registres dont j ai parlé au commencement de ce rap- port, ils renferment les baux souscrits par l'administration des biens temiporels de l’archevêché. J'en ai examiné une dizaine, de 1221 à 1490, et n'y ai rien vu de relatif à la Corse. lei se termine l'ensemble de mes recherches dans les différents dépôts d'archives qui se trouvent à Pise, savoir : les archives de l'État, les collections Roncioni et Agostini, les archives du Chapitre, celles de la Cour et de la Mense archiépiscopale. Les archives de la Chartreuse de Calci n'ont paru dignes d’une atiention spéciale, tant par le nombre et l'importance des docu- ments qu'elles renferment, que par l'ignorance complète où l’on était resté jusqu à ce jour à leur sujet. J’en ai donc fait l'objet d'un travail particulier que J'expédierai de Gênes, ainsi que je l'ai dit plus haut. J'ai recu du secrétaire des archives de Pise, M. le chevalier Tanfani, les vingt copies dont il a été question dans mes rap- ports précédents. Les actes qui y sont transcrits n’ont été imprimés — 257 — ni par Muratori, ni par Ughelli, et M, de Mas-Latrie assure qu'ils sont complétement nouveaux. Je n’ai pas voulu quitter Pise sans m'être enquis des docu- ments relatifs à Charles VIIT, conservés dans les archives de la province ou de l'État. Ils se composent de douze gros registres d'environ trois cents pages chacun et de six portefeuilles ou car- teggi, contenant en moyenne de sept à huit cents lettres. D’après les informations que j'ai prises, ces documents seraient restés complétement étrangers aux recherches de MM. Desjardins et Canestrini; pourtant je veux pour plus de süreté interroger M. Guasti, le directeur des archives de Florence, et consulter la publication de ces deux érudits. Un exemplaire de leur travail doit se trouver dans l’une des nombreuses bibliothèques de Flo- rence. En attendant, j'ai parcouru deux registres et un portefeuille, et J'ai pris note de cent cinquante pièces qui m'ont paru curieuses. Presque toutes ont trait à la politique de Charles VIII en Italie ; quel- ques-unes se rapportent à Maximilien , et d’autres à Alexandre VI. Si mes conjectures se confirment, si ces documents n’ont pas été publiés par MM. Desjardins et Canestrini, je donnerai l'ordre de copier une soixantaine des plus importants et d'analyser les autres. J'ai l'honneur d'être, Monsieur le Ministre, votre très-humble et obéissant serviteur. Francis Morarp. J'ajoute à ce rapport quelques notes qui sont de nature à com- pléter mon précédent travail : 1° Les numéros 13 et 14 des chartes de l'OEuvre de la Prima- tiale ont tous les deux la même date, savoir le 10 octobre 1390, indiction XIII. Je crois avoir oublié de dater l’un d’entre eux. 2° Les deux chartes de l'an 936 et de l'an 951, que j'ai indi- quées comme déjà publiées dans les annales des Camaldules du Père Mittarelli, se trouvent également dans les Antiquités ita- liennes de Muratori, dissertation XXXII. Le texte qu'il donne du testament de la comtesse Matilda est un peu différent du mien. Il porte : «Item judico meas tunicas et meas massaritias et vi- «ginti cappas ad Marianam, servitialem meam, quæ servivit mihi «annos septem. » Dans le document que m'a communiqué le pro- MISS. SCIENT, -— If, 17 — 258 — tesseur Paganini, on lit au contraire : « [tem judico meas tumicas «et meas massaritias ét viginti Capras et alamanna servitia, quæ “servivit mihi annos septem. » Le légataire est l'abbé de Monte- Cristo, recevant pour son abbaye. Le premier de ces actes porte la date de l'an 931; mais à cause de l’indiction , Muratori le place en 936. 3° Quant aux trois chartes fausses dont l'analyse se trouve re- produite à l’article San Michele in Borgo, sous le numéro 7, elles ont été également publiées par Muratori, dans le tome II de ses Antiquités, dans la dissertation XXXIT, où il traite de l’origine de la langue italienne. Voici du reste une liste des anciens documents corses donnée par Muratori, au même lieu, sur communication de don Guido Grandi, abbé des Camalduldes. Ils sont extraits des archives de San Mamiliano de Monte-Cristo, et Cambiagei les a reproduits dans le preurier volume de son Histoire de la Corse. I Querimonia Jul, abbatis insule Montis-Cristi, coram Rolando comite, totius insule Corsice domino, de varïüis usurpaloribus jurium sui cenobii, anno 719, indictione II. (Écrite en italien très-pur de Îa fin du xrn° siècle; pour achever, on y voit comparailre un notaire du saint empire romain. Ge document est complétement apocryphe. Voy. San Mi-. chele in Borgo, n° vir.) Il Berengarius, Corsicæ et Sardiniæ rex, antiquas oblationes a se facias, monasterio sanctorum Benedicti et Zenobn de Ileria, confirmat, el novas addit, x11 marti 900, indictione V. {Copie du 12 août 1447. L'acte se fait « cum licentia domini pape Alexandri.» Aucun pontife de ce nom n'occupait alors le Saint-Siège; c'est donc encore une pièce apo- cryphe.) II Donatio quorumdam prædiorum facla Silverio, abbati insule Monus-Cristi, ab Ottone Dominico et Guidone de Conti, de l'isola di Corsica, Brelinghiero re et giudice, an. 407. (Écrite en italien comme la première, avec l'inévilable notaire du saint empire romain et l'appa- rition d'un légat apostolique. Pièce aussi fausse que les deux précé- dentes. Voy. San Michele in Borgo, n° vii.) IV° Donatio facta ab Angelo comile, domino Corsice, Johanni abbati Sancti Stephani Venacensis, anno 600, ind. XI. (En italien avec l'ad- jonction du notaire impérial et du légat apostolique. Apocryphe.) V° Suivent les deux actes de 930 ou 936 et de 951, dont il a déjà été question, et que je considère comme suspects. Ces actes sont im- primés d'après une copie du 8 avril 1361. Le professeur Paganini m'en — 259 — a communiqué une autre de la fin du xv‘ ou du commencement du xvi‘ siècle. VI° Testamentum Simonis, comilis Corsice, per quod multa bona con- fert monasterio Sancti Mamiliani Montis-Crisüi, anno 826, ind. V. (On y voit apparaître un abbé Silverio, qui est peut-être le même que celui de la charte de l'an 4o7. Pièce suspecte.) VII Oblatio facta Manno, abbati insule Montis-Cristi, a Rogerio co- mite, domino Corsice, cum consensu uxoris sue Panthasilea, die vrr martii, ind. IX. (Parmi les témoins, on voit un Ambrosio, évèque d'I- leria. Imprimée d'après une copie du 8 août 1366, faite à la requête de don Paolo, abbé de San Mamiliano. ‘Pièce suspecte.) VIII Donatio multorum bonorum facta monasterio Sancti Mamiliani, insule Montis-Cristi, a Guillelmo marchione, domino in Corsica, judice Calaritano, xx1v feb. 1019, indictione IX. (Ce Guillelmo doit être un Malaspina, car les Malaspina ont commencé à gouverner la Corse vers cette époque.) IX° Hugo marchio, dominus Corsice et judex Calaritanus, mulla donat ecclesie Sancte Marie de Canovaria et Simoni abbati insule Montis-Crisli, vi mart. 1021, indictione IIT. (Dans une autre charte citée par Muratori, au tome II de ses Antchità d'Italia, page 1074, le même seigneur s'intitule : «dominus Ugonis, Dei gratia marchio Massæ, do- minus de Corsica et judex Calaritanus.» Celte charte et la précédente pourraient bien être sincères. On n'y trouve aucun anachronisme el les personnages qui apparaissent sont des personnages historiques, cités dans d'autres monuments et jouant un rôle en accord avec celui qui leur est assigné par les chroniques contemporaines. X° Altera donatio eidem monasterio insule Montis-Cristi facta ab eodem Rogerio comite, die x° augusti, 1039. Il est peu probable que le comte Roger qui est représenté dans la charte n° vir, comme faisant une donation au susdit monastère dès 981, vécüt encore en 1039, c'est-à-dire cinquante-huit ans plus tard. Du reste, comment concilier l'existence de ce Roger, seigneur de la Corse, et celle du marquis Guillaume et du marquis Hugues, seigneurs de la Corse également à la même époque? Enfin, ce qui tranche la question, on parle dans cette charte du monastère de San Vito de Gorgone. Or, le premier monastère de la Gorgone, celui qu'ont mentionné Rutilius Numatianus et saint Grégoire le Grand , ayant été détruit par les Sarrasins à une époque que l'on ne saurait préciser, l'ile resta déserte et devint une ca- 17. 4 — 260 — verne de voleurs (spelunca latronum), ainsi que s’en exprime le pape Léon IX. Un privilége du même pape, daté du 16 octobre 1051 et conservé aux archives du Chapitre, accorde l'ile déserte de la Gorgone à l'abbé Üramo et à ses moines, pour y reprendre les traditions de l'ancien monastère détruit par les Sarrasins (Bulle de Grégoire VIT, 1074. Voy. le travail sur les diplômes de la Char- treuse). En 1039 il n'existait donc point de maison religieuse dans l'ile de la Gorgone. De plus, San Vito n’est mentionné parmi les patrons du couvent de la Gorgone que vers la fin du xr° siècle. La chapelle même de Saint-Vit et le monastère du même nom, dont on trouve mention dès Tan 1047, ne furent unis que bien plus tard au monastère de Sainte-Marie et de San Gorgonio. Une charte qui cite la maison de San Vito en 1039 est donc une charte apocryphe. | Muratori lui-même n'admet que sous toutes réserves l’authen- ticité de ces étranges documents : « Io dichiaro, dit-il, chè qui nu «trovo cieco affatto. » Poursuivant l'exposition de ses doutes, il finit par rapporter au xn° et même au xt siècle la rédaction de ces diplômes. Les chartes italiennes ont été évidemment refaites de toutes pièces, peut-être même par les notaires qui les ont copiées. Les chartes latines auront été restituées vers le xu° ou le xin® siècle par quelque moine fort dépourvu de connaissances historiques. Si l’on songe qu'en 935 les Sarrasins ont dévasté toute la Marenne, et qu'ils se sont avancés jusqu'à Roselles, dans la province de Sienne, qu'au commencement du xr° siècle ils ont brûlé Pise, on comprendra facilement ce qu'ont dù souffrir les monastères des petites îles de la mer Tyrrhénienne. Il est certain que pendant plusieurs siècles ils sont restés complétement aban- donnés. Lorsque la décadence du califat de Cordoue, le dévelop- pement maritime de Pise et les progrès incessants des chrétiens d'Espagne eurent enfin donné quelque répit à ces malheureuses contrées, on repeupla les couvents désertés, on releva les autels abattus. Les débris des populations indigènes converties par la force au mahométisme revinrent volontiers à leur antique foi dont les souvenirs ne s'étaient jamais perdus. Au milieu de cette renaissance universelle, les prêtres qui desservaient les églises se ressouvinrent, eux aussi, des propriétés qu'ils avaient possédées, des biens que leurs prédécesseurs avaient administrés. Ils furent ainsi amenés à penser à leurs archives en fort mauvais état je æ — 261 — suppose, après tant de vicissitudes. Mais pour réclamer des terres occupées depuis plusieurs siècles par des gens dont la con- version était récente, 1l fallait des titres. Ces litres étaient détruits, on les refit d’après la tradition. Le savant de la communauté les rédigea avec les formules de l'époque où il vivait, et les remplit d’anachronismes historiques qu'une critique éclairée n’a pasde peine à reconnaitre aujourd'hui, mais dont l'ignorance générale rendait la découverte impossible à l’époque dont nous parlons. Telle est, selon moi, l'origine des diplômes ci-dessus reproduits. Cette origine est commune à beaucoup d’autres qui abondent dans les archives de l'Europe. La date de la plupart de ces instruments apocryphes, ou plutôt la date de leur restitution, est généralement le xn° siècle, époque de renaissance au moyen âge. Parmi les autres documents anciens contenus dans P'Excerpla archivit pisant, il faut encore citer : 1° «Placitum Pisis habitum a missis Ludovici secundi, impe- ratoris, in quo caussa nonnullorum servorum ecclesiæ pisane agitatur, an. 858. » Il y est parlé incidemment de la Corse. 2° Le Breve recordationis de la fondation du monastère de San Michele in Borgo par le bienheureux Bono, publié également par Muratori au lieu ci-dessus indiqué, et plus exactement et avec ad- Jonction de notes érudites par l'abbé don Guidone Grandi, dans son Epistola de pandectis, p. 128 et suiv. I y est question d’une dona- tion considérable de terres situées en Corse, faite au susdit Bono par un nommé Albertus de Acuto. 3° Je termine en ajoutant la confirmation de tous ses biens, tant sur le continent que dans l'ile de Corse, faite par le pape Innocent II à l’abbaye des SS. Quilico et Salvadore de Populonia, et datée de 1143. On la trouve imprimée dans le premier volume de l'Hisiwire de Corse, par Gambiaggi. Parmi les biens que cette abbaye possédait sur le continent, se trouve le Mons civitatis destructæ, ou emplacement de l’ancienne Populonie, aujourd'hui propriélé de M. Giovanni Desideri. . — QUATRIÈME RAPPORT. Gênes, le 11 juin 1873. Monsieur le Ministre, J'ai l'honneur de vous adresser le résultat des recherches sup- plémentaires faites par moi à Florence dans les portefeuilles que consultait M. le professeur Lucciana, de Bastia, au mois de no- vembre de l'an passé. Ces portefeuilles ne contiennent point, comme on me l'avait dit alors, des lettres sur les guerres de la Corse en 1736, mais bien la correspondance officielle du conseil de régence de la Toscane avec le grand-duc Francois de Lorraine, de 1738 à 1748, et la correspondance particulière du prince de Craon et du comte de Richecourt avec le même souverain. Ces deux derniers, d’origine lorraine, faisaient partie de la régence, et, à titre de compatriotes, avaient avec le grand-duc des relations plus intimes. Tous ces documents, de nature diverse, forment un ensemble de deux mille pièces, distribuées en cinq gros registres ou carteggi intitulés ainsi qu'il suit : l° Rilazioni del principe di Craon sopra la guerra in Italia, dal 1737 al 1748. (Un registre sous numéro d'ordre 173.) Il Rilazioni del conte di Richecourt sopra la guerra in Italia, dal 1737 al 1748. (Deux registres sous numéros 174 et 175.) HT Rilazioni del Consiglio di reggenza , dal 1737 al 1748. (Deux re- gistres sous numeros 176 et 177) La classe à laquelle appartiennent ces cinq registres est intitulée Régence, et indique par là la source dont ils proviennent. À cette époque, le conseil de régence de la Toscane était com- posé du prince de Craon et du comte de Richecourt déjà cités, du marquis Ginori, de l'abbé Tormaquinci et du général von. Braitwitz qui commandait l'armée. Sous celui-ci, servaient en qualité de lieutenants, le marquis du Châtelet et le général von Wachtendonk, si connu par les désastres qu'il essuya en Gorse dans la guerre de 1733. Les pièces qui ont été soumises à mon examen sont écrites en italien et en français. Le prince de Craon et Richecourt rédigent leur correspondance en français, et — 263 — les autres régents se servent de l'italien. On y remarque cependant quelques documents allemands, dus à la plume du général Brait- witz, et une ou deux lettres espagnoles provenant du commandant des troupes d'Espagne en Italie. Dans ces titres, il n’est parlé de la Corse qu'incidemment; presque tous ont trait à la neutralité pleine de périls, maintenue à grand peine par la Toscane au milieu des armées belligérantes, à des passages de troupes, à l'administration, et enfin à la guerre et aux rumeurs diplomatiques dont sont pleines les lettres de MM. de Craon et de Richecourt. Plusieurs dépêches sont chiffrées, mais le secret du chiffre n’est pas bien difficile à pénétrer. Les lettres où l’on parle de la Corse sont au nombre de qua- rante; parmi celles-ci, cinq sont de Théodore. Comme le profes- seur Lucciana n'a pris aucune copie, j'ai cru devoir les transcrire et les joindre à ce rapport à titre de curiosité. ANALYSE DES LETTRES RELATIVES À LA CORSE CONTENUES DANS LES CARTEGGI CI-DÉSSUS MENTIONNÉS. ne Correspondance du prince de Craon. 1. Lettre du 28 octobre one Cinquante-huit bataillons français sont sur Île point de s embarquer a Toulon pour aller en Corse. 2. Lettre du 25 août 1739. La Corse est presque entièrement sou- mise, el les troupes françaises n’en sortiront pas de sitôt. 3. Lettre du 9 août 1740. Les troupes francaises rendront l'ile aux Génois, qui la posséderont avec garantie de la France et de l'Angleterre ; mais on craint que la révolte ne recommence silôt après le départ des Français. h. Lettre du 26 avril 1746. Le premier convoi de la cavalerie espa- gnole est débarqué à Gênes, à San Pieri d'Arena. Le reste ne saurait être loin, car on a observé un grand nombre de bâtiments dans les eaux de la Corse. 5. Lettre du 4 octobre 746. Le baron de Neuhoff, autrement dit Théodore, est à Florence et demande des secours pour une expédition en Corse. 6. Lettre du 11 octobre 1746. Le prince de Craon à répondu à Théodore par une fin de non-recevoir. Celui-ci ayant demandé un petit — 264 — secours qui lui permit de quitter Florence, le prince de Craon lui a donné vingt sequins comme venant de lui. Il pense se faire rembourser par M. Ginvri et faire enregistrer cette aumône sous la rubrique de dépenses secrètes. 11 demande à l'empereur {Francois de Lorraine) des instructions au sujet de cet aventurier. 2° Correspondance du comte de Richecourt. 7. Lettre du 4 mars 1738. Par lettres venues de Corse, on a appris que les indigènes avaient fait répondre au commandant français qu lS avaient appris son arrivée avec bien du plaisir; qu'ils FÉES ce qui plairait au roi de France, pourvu qu'il ne füt pas question d'un arran- gement avec le :nois. 8. Lettre du 7 octobre 1738. Arrestation à Livourne d'un baron de Droste, quon suppose parent de Théodore. Le conseil de guerre 1m- périal s’est décidé à le livrer à la justice toscane. Observations sur cette arrestation qui pourrait occasionner des désagréments au gouvernement grand-ducal. 9. Lettre du 8 décembre 1739. La cour de Naples tient quatre ré- giments prêts à marcher. On pense que ces troupes sont destinées à deux expéditions successives : l’une en Toscane et l’autre en Corse. 10. Lettre du même jour. Partout on se prépare a la guerre. Les troupes françaises qui sont en Corse donnent ombrage au roi de Sar- daigne. H ne serait pas difficile à l'empereur de se procurer son alliance. 11. Lettre du 2 janvier 1740. Il est question d'un traité qui donne- rait la Corse à don Philippe. 12. Lettre du 8 mars 1740. Les troupes françaises doivent sortir prochainement de la Corse et seront relevées par des régiments espa- gnols. 13. Envoi, le 30 mars 1740, d'une lettre secrète datée de Rome et adressée au grand-duc de Toscane. Les desseins de la reine d'Espagne sont de faire attaquer les États del empereur en Lombardie et le grand- duché. Pour masquer celte attaque, les événements dont la Corse est le théâtre serviront de prétexte. 14. Les desseins de la France sur la Corse sont incertains. On pense qu elle a l'intention de la conserver pendant plusieurs années. (19 avril 1740.) 15. Lettre du 24 mai 1740. La France paye le droit accoutumé des — 265 — gabelles pour les vivres et les provisions de toute espèce qui sortent de Toscane et vont servir à l'alimentation des troupes françaises en Corse. 16. Lettre du 14 juin 1740. La France ne songe point à abandonner l'ile de Corse. Elle se fortifie dans les ports de ce pays et y fait passer des mulets achetés dans l'État de Gênes. 17. Lettre du 15 novembre 1740. La France fait journellement passer des recrues en Corse. 18. Lettre du 19 juin 1742. Fermentation parmi le bas peuple de Naples; la cour vient de rappeler de Gaëte le régiment corse et le régi- ment albanais qu'elle a à son service. 19. Lettre du 5 février 1743. Théodore a débarqué en Corse, à Ajaccio, conduit par trois vaisseaux anglais. Il a lancé un manifeste dont on enverra copie dès qu'on pourra se le procurer. 20. Copie du manifeste du roi Théodore donné à Santa Reparata, en Balagne, le 30 janvier 1743 (Voyez la copie n° 1). 21. Lettre du 19 février 1743. Après avoir croisé quelque temps dans les eaux de la Corse, Théodore est entré deux fois à Livourne, sous le nom de «chevalier Moscovite , » et a envoyé chaque fois une lettre à M. de Braitwitz, lequel, étant malade , a fait remettre ces deux missives au comte de Richecourt. Celui-ci a fait une réponse évasive. Quelle con- duite doit-il tenir dorénavant vis-à-vis de l’ex-roi de la Corse ? 22. Premuère lettre de Théodore à M. de Braitwitz {Voy. copie n° 11). 23. Deuxième lettre du même au même (Voyez copie n° it). 2h. Réponse de Richecourt à ces deux lettres {Voyez copie n° 1v). 25. Lettre du 5 mars 1743. Théodore, après avoir côtoyé la Corse, est revenu à Livourne, puis en est parti. Le capitaine de vaisseau sur lequel il est monté lui a promis quelques armes et quelques munitions. S'il en avait davantage, il pourrait faire révolter toute l'ile, qui ne sera jamais tranquille sous la domination génoise. On ajoute même qu'il a débarqué et obtenu un succès; mais ce bruit mérite confirmation. 26. Lettre du 19 mars 1743. Théodore na point réussi dans son projet de débarquement. Il attend à Livourne des transports chargés d'armes et de munitions sans lesquelles les Corses ne veulent point se déclarer. — 266 — 27. Lettre du 2 avril 1743. Théodore est incognito dans cette ville; la régence n'en ayant pas été officiellement informée, on feint de l'i- gnorer. Le chargé d'affaires de Gênes prétend qu'il habite une maison de campagne dans les environs de Livourne. Il y a beaucoup de mou- vement en Corse en sa faveur; Pise et Livourne sont pleines de Corses qui ont quitté le service de Rome et de Naples pour s'embarquer avec lui, mais la flotte anglaise n'a point d'ordres à cet égard; seul, un capi- taine de vaisseau a reçu des instructions verbales. Le consul anglais, M. Mann, a demandé à son gouvernement comment il devait se com- porter vis-à-vis de cet homme extraordinaire. Un bâtiment hollandais fait quarantaine dans le port; on croit qu'il appartient à Théodore. 28. Lettre du 15 avril 1743. Théodore est toujours à Livourne. [ne garde pas un incognito bien rigoureux. De Richecourt (l’auteur de cette lettre) affecte de n'en rien croire. Son parti n’est pas aussi fort qu'il le dit, et ses prétendus vaisseaux chargés d'armes et de munitions n’arri- vent pas. 29. Le consul anglais à Livourne à recu une très-longue lettre de son collègue de Gênes. Il y a dans cette dernière ville un parti qui voudrait se défaire de la Corse, trouvant qu'elle coûte beaucoup plus qu'elle ne rend. Ce parti l'aurait emporté dernièrement dans les con- seils de la république, et l'ile de Corse sera mise en vente. Offre en sera faite à la reine d'Espagne. Comme l'Angleterre et la Toscane ont un grand intérêt à ce que la Corse ne tombe pas entre-les mains de la France ou de l'Espagne, on fait de vives instances à Théodore pour qu'il parte; la flotte anglaise le transportera. Il habite près de San Mi- niato une petite maison de campagne connue de tous. Il n'y est pas en sureté, el l'on serait fort embarrassé si la république de Gènes le faisait demander. (14 mai 1743.) 30. Letlre du 31 mai 1743. Les tentatives du parti contraire à l'oceu- pation de la Corse ont échoué. Le gouvernement génois fait un em- prant de 82,000 génovines, en vue des événements qui pourraient avoir lieu dans cette île. Cette nouvelle est confirmée par une leltre d'A- gostino Grimaldi au consul génois Viali; pourtant le consul anglais de Gênes persiste dans sa première opinion. On pense qu'il aura été trompé par quelque membre pauvre du conseil, dont il aura acheté les indis- crélions. Théodore attend toujours les vaisseaux hollandais chargés d'armes et de munitions afin de partir pour la Corse. 31. Lettre du 11 juin 1743. Théodore, qui est toujours à Livourne. demande, par l'intermédiaire de M, Mann, la liberté d'un esclave algé- rien, nommé Raïs Moti. qui est déja avancé en âge. il voudrait l'envoyer — 267 — avec un de ses officiers à Alger et à Tunis, pour y obtenir des secours qu'il espère à cause de ses grandes connaissances en ce pays-la. 32. Lettre du 15 août 1744. Le roi de Sardaigne a fait une capitu- lation avec le Corse Rivarola pour la levée d’un régiment de celte nation. Une fois prêt, le régiment passerait par la Toscane. Quelle doit être en celte conjoncture la conduite du gouvernement ? 33. Lettre du 18 août 1744. Le bruit court que la république de Gênes a conclu un traité avec la France et l'Espagne, aux termes duquel la république donnerait aux deux nations coalisées un corps auxiliaire de dix mille hommes ; moyennant quoi, et après la victoire, Gênes ob- üiendrait les Langhes, Alexandrie .et Torione, et en retour céderait la Corse à l'infant don Phiippe. 34. Lettre du 10 novembre 1744.M. de Richecourt déclare avoir reçu, par le canal du consul anglais M. Mann, une lettre de Théodore dont il envoie une copie au grand-duc. fl pense qu'on doit faire peu de fond sur ce que dit cet homme. 35. Lettre du roi Théodore (Voyez copie n° v). 36. Lettre du 10 décembre 1744. Gênes enrôle tout ce qui se pré- sente et fait surtout des levées en Corse. 37. Les deux compagnies franches au service du grand-duc de Tos- cane ne peuvent fournir un bon service. C'est un ramassis de gens de toutes les nations, sans discipline et sans officiers capables de les com- mander. Is pouvaient être fort bons en Corse, d'ou le général Wach- tendonk les a tirés: il n’en esl pas de même en Toscane, et c'est pourquoi on en informe Son Altesse Royale. 38. Lettre du 2 février 1745. On mande de Gênes et de Corse qu'il y a des troubles en ce dernier pays, et que la république sera obligée d'y faire passer des troupes. À la suite de la correspondance du comte de Richecourt et dans le deuxième volume de cette correspondance, on trouve une douzaine de lettres réunies sous la dénomination de Lettres de l'abbé Bozzini. Ce personnage esi trop curieux pour que je n’en dise pas ici quelques mots. Lorsque les Allemands, battus par don Carlos, évacuèrent le royaume de Naples, ils y laissérent bon nombre de partisans dé- terminés, prêts à procurer le retour de leurs anciens maîtres par — 268 — tous les moyens possibles. De ce nombre était l'abbé Michel-Ange Bozzini. Ce prêtre, esprit fin et délié, avait une oreille dans le cabinet de don Carlos. Nul n'était micux instruit des secrets de la maison de Bourbon et de son ambition de dominer compléte- ment l'Italie. Il correspondait avec le cardinal Albani, à Rome, avec différents personnages de la cour de Vienne et avec le géné- ral von Braitwitz en Toscane. A la suite d’une imprudence, ou d'une dénonciation, il fut relégué par le roi de Naples à Lipari. Mais l'exil ne lui Ôta pas les amiliés secrètes qu'il possédait dans l'entourage de don Carlos, et il continua, comme par le passé, ses correspondances politiques. Quelques habitants de Lipari, gagnés par lui, le consul de Venise à Livourne, Bichi, et un cha- noine que l’on ne nomme pas, lui servaient d'intermédiaires. Ces lettres sont excessivement curieuses, principalement celles adres- sées au général Braitwitz. Dans l’une d'elles, Bozzini expose tout le plan d'une conjuration qui ne tendait à rien moins qu à soulever la Sicile et à faire de nouvelles Vêpres siciliennes. Lorsque Braitwitz eut passé au service de Naples, Bichi, qui conservait entre ses mains plusieurs lettres de Bozzini, les envoya à l'empereur François de Lorraine. Celui-ci, comprenant l'importance de ces papiers, fit offrir à Bozzini de le faire enlever de sa prison s'il consentait à lui céder les documents les plus importants de sa collection. Le mar- ché fut conclu vers la mi-novembre 1751; notre abbé, aidé par les affidés de l'empereur, put s'échapper de sa prison. Il vint ensuite en Toscane et livra au comte de Richecourt sa volumineuse cor- respondance, qui fut ensuite envoyée à Vienne. À la mort de l'empereur, on ne retrouva dans son cabinet qu'une douzaine de ces lettres, dont j'extrais les renseignements suivants : 39. 2 mars 1748. Mémoire de l'abbé Bozzini sur les manéges et plans secrets de la maison de Bourbon en Italie (c'est le titre du mémoire). La Toscane et l'ile de Corse sont destinées a former la dot du troisième infant d'Espagne, qui épousera une Française. 10. 9 juillet 1753. Lettre adressée de Pise a l'abbe Bozzni, de rési- dence à Trieste. par un sieur Paolo d'Enoff {c'est probablement un nom de guerre, un nom simule). Le correspondant de l'abbé Bozzini lui an- 5 } P nonce qu'il a reçu la visite du nommé Paolo Costa. grand seigneur corse, parent des Colonna, des Doräzzi et des Ornani, parent et ami de Gaffori , le chef des révoltés corses. C’est un homme qui ne sort jamais de sa — 269 — maison sans avoir trois mille vassaux ou amis à sa suile. Dans cette lettre, qui est fort obscure et que devaient éclaircir les lettres suivantes ou pré- cédentes, il est question d'une machination secrète contre les Génois, d'accord avec l'empereur. Il y est constaté que, dans l'ile de Corse, les affaires de la république allaient au plus mal. 3° Correspondance et délibérations du Conseil de régence. Ll. Lettre du 4 décembre 1744. On transmet au grand-duc une lettre du marquis de Sylva, consul d'Espagne à Livourne, où il demande, au nom de la neutralité, que l'on fasse partir de la Toscane l'artillerie et les bagages de l’armée autrichienne, comme l'amiral Mathews a na- guère obligé la république de Gènes à faire passer en Corse l'artillerie et les bagages de l'armée espagnole. Tel est,. Monsieur le Ministre, le résultat de mes recherches dans les papiers de la régence de Toscane. Malgré un examen mi- nutieux des archives de Florence, je n'en ai pas trouvé davantage relativement à la Corse, et j'ai lieu de croire que rien ne m'a échappé. Quant aux cinq copies qui accompagnent ce rapport, j'ai dû les faire rapidement; elles ne sont peut-être pas élégantes, mais elles sont exactes. Le francais du baron de Neuhoîff, autre- ment dit Théodore, est assez étrange; mais je l'ai transcrit tel quel, en conservant scrupuleusement l'orthographe et la ponctua- tion. Ici se termine la première partie de la mission qui m'a été confiée. En résumé, les résultats de mes recherches ont été les suivants : À Turin, J'ai trouvé quarante pièces relatives à la Corse; à Pise et dans ses différents dépôts, trois cent dix; à Florence, quarante et une ; à la Chartreuse de Calci, trois cent dix, non compris les cent relatives aux biens de la Chartreuse en Corse, qui ont été en- voyées à Ajaccio dès la première suppression. Je n'ai pas encore envoyé ce dernier travail, dont je mets au net le manuscrit, qui est considérable. Le résultat total de ces neuf mois de séjour en Jtalie a donc été la découverte de plus de sept cents documents inédits sur l’histoire de la Corse. Parmi ces documents, j'ai choisi les plus curieux, au nombre de quatre-vingt-dix, et je les ai copiés de ma main. Ce résultat, qui peut paraître mesquin, a été obtenu par l’examen attentif de neuf dépôts d'archives et d'environ trente mille documents de toute espèce, dont dix mille au moins n'étaient pas inventoriés et que J'ai dû nécessairement lire entièrement. — 270 — En exécutant le travail qui m'était confié, je n'ai point négligé de m'informer de tout ce qui pouvait intéresser l’histoire de France. Par le courrier de mardi prochain, j'envoie à M. Quicherat, directeur de l'Ecole des Chartes, les documents suivants : 1:29 avril 1165. Priviléges accordés aux Pisans par la vicomtesse de Narbonne Ermengarde. 2. 29 mars 1178. Traité de paix et de commerce entre les communes de Pise et de Nice. 3. Novembre 1179. Traité de paix et de commerce entre Grasse et la commune de Pise, - h. Mai 1221. Traité de paix et de commerce entre Pise et Arles. 5. 15 octobre 1227. Nouveau traité entre Pise et Grasse. 6. 8 août 1233. Priviléges confirmés aux Pisans dans la ville d'Arles et le bourg de Saint-Gilles par Jacques, roi d'Aragon. 7. 18 décembre 1233. Paix avec Marseille. 8. 21 février 1325. Réclamations du marchand Pierre, de Nice, par- devant le conseil des Anciens de Pise. 9-10. 22 et 23 mars 1333. Exemptions de gabelles pour le vaisseau de Daniel, de Marseille. 11. 21 juillet 1358. Galères armées à Marseille pour le compte des Florentins. 12. 29 septembre 1358. Idem. 13. 13 novembre 1358. Idem. 14. 1360. Ambassade de la commune de Pise à messire Foulques d'Agout, sénéchal du roi de Naples dans le comté de Provence. 15: 1970; Lettre des Anciens de Pise à la commune de Marseille. 16. 1593. Lettre des Anciens de Pise à la reine Marie au sujet des déprédations commises par le pirate Lionet, de Toulon. 17. Février 1311. Relation authentique des guérisons miraculeuses opérées à Bologne par le moyen d'une pierre précieuse (tirée des ar- chives de Roncioni). Parmi toutes ces pièces, les sept premiers numéros seuls peuvent — 271 — donner lieu à quelques doutes. J'ai tout lieu de croire qu'elles sont inédites. Ni Ughelli, ni Muratori ne les ont connues. Jai craint un moment que M. Pardessus n’en eût publié quelqu'une; mais M. de Mas-Latrie m'a assuré que ces titres étaient complétement ignorés en France. Une seule personne a pu s’en occuper avant moi. Dès 1848, M. Bonaini, le directeur des archives de Toscane, avait eu l’idée de publier un Codice diplomatico pisano, pour lequel ïl avait rassemblé beaucoup de documents. Ces diplômes n’ont pas pu lui échapper; mais il n’a encore rien publié, et je crois être le pre- mier à les faire connaître. J'appelle de nouveau votre attention, Monsieur le Ministre, sur les papiers de Charles VIIT qui sont à Pise et dont j'ai eu l'honneur de vous parler dans mon précédent rapport. Après un examen approfondi fait par moi à Florence, de la publication de MM. Des- Jardins et Canestrini, je puis affirmer que les papiers en question sont restés inconnus aux éditeurs des rapports entre la France et la Toscane, quoique ces papiers se trouvassent alors à Florence, d'où ils furent renvoyés à Pise vers 1866. M. Guasti a, du reste, publié plusieurs articles dans l’Archivio storico pour démontrer que, dans le travail de M. Canestrini, la partie qui regardait Charles VIIT était un peu sorvolata. Quoi qu'il en soit, mes docu- ments sont inédits. Seul, M. de Cherrier, passant à Pise, à eu connaissance de papiers de Charles VIIT et a fait demander une huitaine de copies pour en enrichir la deuxième édition de son histoire de Charles VIIT;, mais la mort l'empêcha de donner suite à son projet. Ces papiers de Charles VII ne sont autres que les lettres écrites aux Anciens de Pise, pendant la « seconde liberté, » par leurs ambas- sadeurs et leurs espions qui couvraient alors toute l'talie. Dans les dix-huit registres qui contiennent ces lettres, il y en à au moins deux mille où l’on parle directement du roi, du cardinal de Saint- Malo, de monsieur de Lisle, du duc d'Orléans, etc. Elles sont aussi intéressantes que possible. D’autres traitent d'Alexandre VI et des Borgia, du roi d'Espagne, etc. L'Italie annonce en ce moment l'intention de réorganiser ses études scientifiques et de publier le contenu de ses archives. Il serait dommage que des papiers aussi importants fussent connus ou mis en lumière par d'autres que par des Français. Dans cette intention, j'ai choisi une centaine de pièces parmi les plus intéressantes et j'en ai ordonné la copie. — 272 — Sitôt qu'elles me parviendront, je m’empresserai, Monsieur le Ministre, de vous les adresser. Me voici à Gênes, et j'y éprouve des difficultés que je n'avais pas prévues. Quoique muni d'une lettre de recommandation de M. Lanza, j'ai dû me soumettre, pour obtenir l'autorisation de pénétrer dans les archives, à des formalités qui menacent d'être longues. | Les informations que J'ai prises en attendant m'ont fourni, sur les sources où j aurais à puiser, les renseignements que voici : Les archives de Gênes sont divisées en trois dépôts : les Ar- chives du Palazzetto, celles de la Banque de Saint-Georges et celles des Notaires. On m'a dit qu'il y a au Palazzetto un cabinet de 6 mètres carrés qui contient trois mille cinq cents liasses ou registres traitant des affaires de Corse. Là se trouve l'histoire politique du pays, de 1350 à 1769. Ces documents n’ont jamais été explorés. Avant la Constitution de 1848, défense était faite de les communiquer. Depuis 1848, cette prohibition a été levée; mais on ne peut pénétrer dans le dépôt qu'après beaucoup de formalités. Pour ces trois mille cinq cents dossiers ou registres, il n’y a aucun inven- taire, rien qui puisse aider. Il faudra donc prendre toutes les liasses les unes après les autres, et ce sera long. Aux archives de Saint-Georges se trouvent les documents rela- tifs à l'administration et aux finances de l'ile, douze cents registres et deux mille liasses, qui contiennent des titres corses mêlés à d'autres. [ n'y à pas non plus d'inventaire. Des recherches ont été faites dans ces archives, entre autres, par M. de Grégori, il y a vingt ans. Ce magistrat préparait une histoire de la Corse; mais il n’a rien publié, et ses manuscrits sont en la possession de sa famille, de résidence à Bastia. Une autre ex- ploration fut ordonnée, il y a quelques années, par le gouverne- ment français. Le domaine avait besoin de certains titres dont 1l lui fut remis copie; mais il n'a pas tout pris, et il reste encore beaucoup de bonnes choses et d’utiles renseignements pour l’ad- ministration et les finances du département. : Dans l’Archivio notarile se trouvent vingt mille liasses et car- tons, encore sans inventaire. On m'a assuré qu'il y avait beaucoup de papiers importants pour la Corse, dans ce dépôt où M. de Gré- gori a beaucoup travaillé. sr OR 2 Si l’on veut un travail complet sur cet ensemble de documents, en tenant compte du manque absolu d'inventaire, je crois que, pour un homme seul, il faudra au moins deux ans. J'ai demandé aux archivistes de ces différents dépôts un état aussi exact que pos- sible (complétement exact, cela ne se peut pas) des documents relatifs à la Corse qu'ils conservaient. Dès que je l'aurai reçu, et cela ne tardera pas, je vous adresserai, Monsieur le Ministre, un rapport détaillé sur les documents corses qui se trouvent à Gênes. Mon intention est de commencer par le Palazzetto, puisque les documents qui s'y trouvent sont encore vierges de toute explora- tion. C'est ce que je ferai dès que j'aurai reçu l'autorisation d'y travailler. En attendant, je fais le catalogue des manuscrits corses contenus dans les bibliothèques de Gênes, et je recopie mon tra- vail de la Chartreuse. J'ai l'honneur d’être, Monsieur le Ministre, votre très-humble et obéissant serviteur, | | Francis Morar». COPIE N° I. 22 Manifesto dato dal re Teodoro in Balagna a Santa Reparata 11 30 gennaio 1745, del suo regno l anno settimo. Teodoro primo, per grazie di Dio re di Corsica e gran maestro dell' ordine militare della Redenzione. Avendo grazie al Cielo ! la tanto da noi bramata consolazione diritro- varei trà nostri fedeli sudditi nèl nostro regno, a dispetto di tanti tra- vigli, perdite, tradimenti, persecuzioni, e sopra tutto delle mostruose infami procedure, praticate in tutte le parti, tanto dal nemico e suoi mandatar], per frastornar ed interrompere, anzi affatto impedire il nostro ritorno co necessarii soccorsi, ma ancora dalli spergiuri, e perfidi Capi, li quali, per le proprie iniquissime intenzioni, e diabolici fimi, e chime- riche idee, non solo anno tradito noi e tutto il nostro regno, coll’ab- bandonarlo indegnamente, assieme con tutti 1 nostri fedeli, alla tiran- nica indiscretezza del nemico nostro il Genovèse ; ma anno altressi avuto l’esecrabile temerita d'adoperare ogni piu ingannevole industria per sedurre non pocchi semplici e malaccorti connazionali, e facilmente indurli à voltar vergognosamente le spalle alla miserabile loro patria nel suo maggior bisogno, per servire agli alleati del Genovèse suddetto. Avendo inoltre la piena fiducia anzi infalhibil certezza, che tutti, non meno per li gravissimi disagi e strapazi sofferti nèl tempo di nostra assenza avranno operti gli occhi per conoscer l'altrui inganni, che \ MISS. SCIENT. — II. 18 — 274 — per il solenne inviolabile giuramento di fedeltà e obbedienza a noi dovuta, si riconosceranno innanzi a Dio e à tutto il mondo per dipen- denti onninamente da nostri reg voleri, e debitori d'un vero zelo, e fede incorrotta per 1 vantaggi nostri, c del nostro regno. Quindi è, che Noï, in attestazione di nostra paterna real clemenza, per mezo del presente editto concediamo a tutti i nostri sudditi un general perdono per tutto quello, e quanto avessero macchinato, ed operato contra la nostra real persona, contro de nostri reg) diritti o contro il ben publico del nostro regno : con escluder perd, conforme con ogni piu seria deliberazione escludiamo., ed esclusi perpetua- mente vogliamo da questo graziosissimo perdono gli infami sicarj del fu dilettissimo nostro generale conte Simon Fabiani di lodevol memo- ria ,e li spergiuri, felloni e traditori Giacinto de Paulis, canonico Erasmo Orticoni, e prete Gregorio Salvini, li quali non solo dichiariamo per sempre banditi dal nostro regno; ma comandiamo ancora, che tutti li loro beni di qualurque genere restino confiscati, per esser poi colla di loro distribuzione da noi rimunerate le vedove, ed orfani lasciati da quei nostri fedeli seguaci, i quali con tanto zelo, anno sagrificato la loro vita in difesa di nostre sovrane ragioni ed a vantaggio dell amata lor patria. Siccome vogliamo , che questa nostra dichiarazione e comando serva per sentenza difinitiva, e n abbia per sempre tutto il vigore contro i suddetti perfidi nemici del comun bene; a disonore de quali ed a per- petua infamia dell’ odioso lor nome, ora per allora dichiaramo, e defi- ritivamente sentenziamo, che sieno rei di morte la piu ignominiosa chè dar si possa, sè mai avessero il temerario ardimento di meïter piede nèl nostro regno. E per contestar l’efficacia di questa nostra ben giusta determinazione, proibiamo sotto pena irremissibile di morte e confis- cazione di tutti i loro beni a tutti i nostri sudditi in genere, ed a qua- lunque loro persona in specie, di qualsivoglia sesso, grado o condiione ea siasi, laver diretta o indiretta corrispondenza con 1 prefati fel- loni Giacinto de Paulis, canonico Erasmo Orticoni e prete Gregorio Salvini, o loro aderenti, da quali sonosi non pochi lasciati subornare, e indurre ad abbandonar il nostro real servigio, e la patria nelle di lei piu urgenti occorrenze, ad in vantaggio de Genovesi a portarsi al soldo di Francia, Spagna e Napoli, ai quali pero tutti, benchè a ci0 subor- nati e indotti, per grazia speciale concediamo ïl perdono colia precisa condizione, e non altrimenti, che ritornino all obbedienza nostra, e nèl nostro regno, nèi tempo e perentorio termine di sei settimane per quelli che sono al servigio di Napoli, o di Spagna in Italia, e di tre mes per coloro che sono in Spagna o in Francia; e non presentandosi in detto lermine, vogliamo, e definitivamente sentenziano, che ora per allora sieno e restino banditi per sempre dal nosiro regno, € 1 loro NO 15 — beni siano e restino parimente confiscati à benelizio di vedove e p'u- pilli de’ nostri veramente fedeli sudditi. In quanto poi a quelli, sono al servigio di S. À. R. di Lorena, e Se- renissimo Granduca di Foscana, vogliamo, che persistino a servire con- tra quoscumque alla detta R. À. con il medesimo zelo e fedetta, che sono obbligati a servir alla nostra propria rersona, ed à nostri rappre- sentanti : e ci fin tanto che si compiacerà la detta R. A. di gradire il loro servizio, o licenziarli graziosamente, affinchè possino ritornarsene in patria. E per riprova di questa nostra invariabile volontà, faciamo sapere à tutti nostri sudditi che la nostra risoluzione s1 è, siccame è stata e sara sempre inalterabile, di assistere ed accorrere con i medesimi sudditi nostri fedeli alla difesa de’ giusti diritti diS. M. la regina d'Ungheria e di Boemia, come erede universale di tutte le monarchiè, e stati posse- duti e devoluti a fu S. M. Imperiale e Cattolica di perpetua gloriosis- sima ricordanza, come anchè , a causa comune, di assistere con tutte le forze, che Iddio ci ha dato a S. A. R. di Lorena e Serenissimo Gran- duca di Toscana, per ia difesa e manutenzione di tutti 1 suoi stati. Ed in quanto a quelli, si trovano al servigio del Sommo Pontefice e della Serenissima Republica di Venezia, concediamo a primi il termine d'un mese, ed a’ secondi di mesi tre per domandar la loro licenza, per presentarsi al nostro cospetto, promettendo premiare ciascuno di loro a proporzione della loro abilita. Finalmente in quanto a quelli, che vivono pertinaci nell indegno ser- vigio de Genovesi, li terremo per sempre banditi ed esuli dal nostro regno colla confiscazione di tutti i loro beni, se nel tempo e termine di 24 ore, per quelli che sono nelle piazze del nostro regno, e di giorni 8 per quelli che sono nel Genovesalo, non lasciano il servigio del Genovese nostro nemico comune, e non si presentano a noi, per esser ricevuti nel numero de nostri sudditi, con sicurezza che, precedente la loro pronta e perpetua obedienza e fedeltà, saranno riconosciuti con premj proporzionati alla loro capacita. In vigore perlanto della predetta nostra benigna condiscendenza, e perdono generale, a riserva di quei sicarj e traditori de quali abbiamo fatto espressa menzione, abbiamo certa speranza che tutti avranno il giusto impegno di raccoglier e raunar tutti quelli, che s’en vivono dhis- persi e divisi dal corpo de nostri fedeli, e di animar tutti, e tutti spinger all” unione e fermo volere di scacciare e sterminar per sempre dal nostro regno il nosilro comune nemico. Ed accio niuno pos:a allegare ignoranza di questa nostra fiducia, e de’ nostri precisi ordini e comandamenti, ordiniamo e comandiamo a tutti i nostri comandanti delle respettive pievi il promulgar subito questo nostro editto, aceio con tal promulgazione venga a notizia ancor degl LS Le cn 276 et assenti dal nostro regno, col ritenerne appresso di se, e conservärne copia aulentica per la loro regola, che tale per tutte le suddette cose si è il nostro regio volere. À tal fine l’abbiamo firmalo di nostra propria mano, e munito col nostro real sigillo. Dato in Balagna , in Santa Reparata, questo di 30 gennaio, |'anno di Nostro Signore 1543, ed il vi di nostro regno, che Dio feliciti ed esalt. COPIE N° II. Lettres du roi Théodore au général de Braitwitz, commandant à Livourne, Monsieur, Trouvez bon que je vous fasse part en loute confiance de ce qui m'a obligé à revenir dans cette rade. J'avois déjà que trop remarqué que le capitaine Berhley avoit été détourné a Livourne à mettre en exécution les ordres receus de l'ad- miral Matiews, et cherchoit d’un jour à l'autre , après m'avoir abbouché avec vous, mon cher général, a differer a mettre à la voile. Enfin, l’ayant sérieusement averti d'obéir, nous mîmes à la voile accompagnés d'un autre vaisseau de bo cannons, come l’admiral avoit ordoné. Etant arrivés à l'Isola-Rossa, j'y fis débarquer quelque peu d'armes et munitions, et le concour des peuples etoit des plus nombreux. Avant donné mes ordres, nous remîmes à la voile pour Ajaccio, mais dans la nuit une frégate depechée de l'admiral nous atteint, et remit l'ordre de l'admiral au capitaine Berhley de s'en revenir à la flotte, et même de renvoyer l’autre vaisseau de cinquante canons dans son poste, et de m'en don- ner avis en terre. Ainsy l'admiral me croyoit débarqué. Remarquant que le capitaine Berhley étoit charmé de ce rappel solicité par lui- même, come jappris du capitaine de la fregatte, je fis tout mon pos- sible à induire , que etant proche d Ajaccio, d'aller avec les vaisseaux dans le port et d'aller attaquer et bruler le vaisseau espagnol, come il en avoit ordre, et d'attaquer même la ville, si le gouverneur vouloit proteger l'Espagnol. Mais rien ne put le persuader; meme découvrit- il n'être nullement d'avis d'agir contre le Genois. Je passai donc sur l'autre vaisseau, et nous jettames l'ancre dans le golfe d'Ajaccio, et le capitaine Berhley se mit aussitot à la voile avec la fregatte pour aller jeindre la flotte. Le lendemain le vent s'eleva si fort que nous fimes obligés à lever ancre et chercher un autre port dans le détroit de Saint-Boniface, ou nous arrivames le soir, et nous mîmes à l'ancre sous les canons du fort genois, dit Campo-Moro. Le concour du peuple ÿ vint général, avec un zèle ei acclamation inexprimable, ce qui surprit mon capitaine Belkin très zélé, et me confia que le capitaine Berhley avoit écrit et solicité l’adnural de le rappeler, et qu'il etoit sur de me — 2717 — ramener, car 1l avoit élé asseuré que je ne seray admis dans le pays, et que les peuples s'étoient tous soumis aux Genois et que les autres er- rants eloient soutenus des Espagnols ; ainsv qu'en le rappelant, et me ramenant, il me sauveroit le né. Voilà ce que ses visites dans Livourne ont produit. Enfin, s'il avoit resté avec nioy seulement le matin, Ajac- cio etoil soulevé, et j'en etoïs le maitre; a Campo-Moro, dont j'ai receu des habitants de la ville d'Ajaccio des nouvelles instances à m'y relour- ner avec un vaisseau seul, quil me rendroit mailtre de la place; cinq jours le vent nous obligea à rester à l'ancre, puis nous retournames vers Ajaccio, mais ny voyant les deux vaisseaux de guerre que l'admiral m avoit promis de m'y envoyer, le vent etant des plus contraires, nous limes obligés par le même vent à venir à l'Isola-Rossa, en Balagne, avec grand danger, où le concour des peuples s'etoit acrü ; mais decou- vert que 52 pasants, envoyés d'Espagne pour lever autant de compagnies avec le consentement de Genne, me refroidissoient mes gens, les fideles se trouvant sans armes, et ceux attachés à l'Espagne et Genne pourvus de tout, bravants meme les autres; ne voyant comparaître mes vaisseaux et ayant donné en terre les 155 fusils que j'avois avec quelque muni- tion, Je suis revenu icy pour avoir des nouvelles de mes batiments, et mes lettres d'Angietecre et de la flotte. Car si l'on ne m'appuye sans perte de temps, l'Espagnol ÿ jouera le maitre, avec le consentement des Gennes. L'Espagne y fait des recrutes faute” à la main, et avec trois barques genoises, ils sont envoyés à Port Ercole et Orbitello avec des vivres. Meme nous avons pris cinq barques chargées du vin, huile et vivres destinés pour les Espagnols, lesquelles j'ai donné poux butin à l'équipage de ce vaisseau. Entre autres nous avons eu une platte barque caprareuse, laquelle nous suivoit de la part de ce capitaine du Sœint- Isidore. Je m'ay fait conduire à bord 52 Allemands destinés à être em- barqués pour les Espagnols. Je ne scais si l'admiral a changé de résolution sur le faux rapport qu on luy a fait de mes hdeles, mais il sera convencu du contraire, car mes gens licnent presque Ajaccio el Calvi bloqué, et suis sur, à mon retour, d'être maitre de ces places, et que mes gens mêmes metteront le feu au vaisseau espagnol, retiré sous les murailles de la ville d'Ajaccio. De grace, mon cher general, joignez vos instances aux miens pour que S. À. le prince de Craon et autres seigneurs de la regence m'ac- cordent 4,000 fusils, 12 à 15 mils livres de poudre et 30,000 de balles avec quelque loneau des pierres à fusils. Je m'obligeray à restituer ces armes a 5. À. R. dans ces magacins, aussitot que les miens seront arri- vés, el de payer la munition, et vous engage ma parolle d'honneur qu'elant maitre d'une place, je vous enveray 4 à 6 mils Corses pour le L Textuel., = 0VÉ service de S. M. la Reine et du Serenissime Grand Duc, et meme de passer moi meme avec plus grand nombre s'ils sont agreables, et de ne me jamais departir des interets de S. M. la reine d'Hongrie et deS. A.R, come par mes edicts reiterés jay fait publier. Obtenez moy aussy la permission pour mon cousin’ Frideric, et baron Grœben, de me venir joindre avec les Corses qu'ils ont ensembles, pour les avoir avec moy à mon débarquement. Obtenez moy donc l'ordre pour le magacinier de Livourne à me remettre ces armes et munitions , lequel ordre se pourra dresser, come s'il étoit pour les vaisseaux anglais ou leurs consuls ; car si je ne retourne dans les premiers jours a la vue de mes fideles, üls doivent succomber, et une grande partie sera embarquée pour les Es- pagnols, ayant dans les A villes leurs commissaires pour lever du monde et pour ramasser des vivres. Je vais prier le commandant de ces vaisseaux a me laisser ces vaisseaux, meme de me joindre un autre pour retourner sur mes cotes à croiser, jusques à ce que mes batimens comparaissent. Mon cher general, il me faut des armes et munitions a donner a ces fideles. Ainsy, sans perte de temps, assistez moy; jatten- dray icy la reponce, et cel avance si necessaire pour aneantir les veux des Espagnols. Parlez aussy fortement à l'envoyé d'Angletterre, M. Mann, enfin quil presse ce capitaine, ses commandants, ces vaisseaux dans cette rade, a m'assister, et se conformer aux avis que je donneray pour empecher ces continuels secours en vivres et hommes aux Espagnols. Vers Rostino en dedans du pays, mes gens, apres avoir receut avant hier le peu de poudre et balles que je leur ay envoyé, ont été attaquer un poste des Genois, en ont massacrés 60 hommes, et 40 Allemands ont passés avec leurs armes auprès des miens. En confiance je puis vous dire aussi, qu'en me présentant à l'Isola Capraia, j'en seray le maitre; je tiens pour cet effet ces 52 Allemands a bord, pour les debarquer avec un lieutenant, à prendre du fort la possession; mais je n'ay aucun fusil pour les armer. Come tous mes veux et demarches sont et seront toujours pour le bien de S. M. la reine d'Hougrie et de S. À. R. de Lorraine et Serenis- sime Grand-Duc, jose me flatter que la régence de Florence m'accor- dera le secours que je demande en armes et munition, et ecrira forte- ment à l'admiral Mattews de m'appuyer; simon l'Espagnol. appuyé de Gennes, Sardaigne et Rome, regnera le maitre”, et mon isle tombera entre ses mains. Je remets cette leltre au consul pour vous l'envoyer par un expres. Ne perdez aucun moment à communiquer le tout à la régence, et#de m'obtenir le secours stipulé par act, en laissant animer ce commandant ! Textuel. Peut-être régner à en mattre. — 0 — es vaisseaux d'operer pour moy, ce qui retonde a l'avantage de l'An- gleterre et de ses alliés. Ayez mes interéts a cœur, et comtés que vous n'aurez jamais heu de vous repantir a vous e!re bien voulu employer pour moy, etant avec un attachement des plus sinceres tout a vous. À la rade de Livourne, ce 12 fevrier 1743. Les Espagnols font recluter en Sardaigne, et transportent avec les barques genoises a Ajaccio et Bonifacio, et de la a Port Ercole. Comptez que les 4 à 6 mils Corses ne vous seront nullement à charge, si je les fais passer, come nous sommes convenus tout avec milord Carteret et l'admiral Mattews; car debarquant dans le golfe de la Spezzie, les con- tributions a payer des Genois même les mainliendront. Quelque infame a detourné l’admiral, car il ma promis de m'envoyer deux vaisseaux de 60 pieces, et de me laisser encore celuy que j'avois avec un autre. Meme le capitaine Berhley avoit ordre d'envoyer chercher a Livourne les vaisseaux restants et autres bâtimens de transport, pour embarquer mes gens et me conduire dans le solfe della Spezzie. Rien ne s'est en- core accompli, et le capitaine Balkin, qui a vu le zele de mes peuples et la résolution des habitans d’Ajaccio et Calvi a m'en rendre maître, en donne un detail à l'admiral, regrettant de n'avoir été appuyé ny garni d'armes dans son vaisseau pour me donner. Les Anglais aimeront à y retourner, car outre que nos Corses les ont bien traités et pourvu de rafraîchissement, les butins fails en vin et huile les ont très-animés. COPIE N° II. Je suis des plus sensibles, mon cher general, d'apprendre votre in- disposition ; espere pourtant que ce beau temps vous remettera dans cette santé parfaite que je vous souhaite du profond de mon ame. J'espère que ma derniere ecrile deux jours passé en mer, vous aura etée seure- ment remise; j'en attend la reponce avec la derniere des impatiences, et me flatte que vous m'obtiendrez le secours en armes et munitions, enfin que je puisse remettre a la voile avec les deux vaisseaux de guerre que le commandant vient de m'accorder a se joindre a celuy qui me portera. Si j'obtiens présentement ces armes et munitions de votre re- gence, complez que aux premiers jours vous apprendrez de moy de très-bonnes nouvelles, et que j'auray en mon pouvoir les magacins et battimens genoises destinés à porter à Orbitello le grain et vin que les Espagnols ont ramassés à Calvi et Ayaccio, outre 400 et plus des re- 1 Probablement pour redonde. 280 — crutes, qu'ils ont ensemble, et scauray empecher la levée de 52 compa- gnies. Il me semble avoir oublié dans ma lettre de vous notifier qu'a Barce- lone il ya 4o et plus des batimens françois prets à mettre à la voile pour Oran, où ils doivent embarquer 6 mils hommes, qu'ils y sont, pour la Sardaigne, comme ils divulgent en Corse. Dans ma lettre envoyée par un exprès à l'admiral Mattews, je luy en donne l'avis. J'apprends du consul Goldwortkin avectoutte la joye immaginable la bonne nouvelle de la deffaite des Espagnols. Il faut batter le fer presentément, et les détruire avant qu'ils puissent se jetter dans le royome de Naple, et s'ils y arrivent, les poursuivre sans se arreter, pour deloger cette R. famille d'Itallie pour toujours. J'espere que vous donnerez permission à mon cousin, baron Græœben., ei tous les Corses de me venir joindre dans ces premiers jours, pour les embarquer sur ces vaisseaux, vous asseurant de les renvoyer avec 4 mils Corses, sitot que l’'admiral Mattews m'aura envoyé les batimens de son port; et meme a ma requisition, j'en passeray davantage pour le bien et service de S. M. la reine d'Hongrie et S. À. R., et sans aucune depence pour eux, etant resolu de les maintenir aux depences des Genois, come je suis déja convenu avec l'admiral. Ayés, mon cher ge- neral, mes interés a cœur, et soyez convencu de l'altaschement sincère avec lequel je seray pour toujours tout à vous, etc. À la rade de Livourne, ce 14 fevrier 1743. COPIE N° IV. Copie de la réponse donnée au baron Théodore de Neuhoff, en date de Livourne, le 16 février 1743. La continualion de la maladie” empeche de faire reponce à la lettre du chevalier Moscorit?, dont pourtant on n'a pas manqué de faire l'usage la plus convenable, encore qu'elle n'ait produit l'effet desiré qui depend uniquement des ordres a venir. et jusques a leur arrivée, ledit chevalier est conseillé a n'ecrire a qui que ce soit par decà. COPIE N° V. Lettre de Théodore à M. Mann, du 2 novembre 1744. J'apprend dans ce moment de Livourne que le soit disant C. Beaujeu ou Waga, venu de Tunis, aye eslé arreslié à Livourne. De grace, mon her Monsieur, priés les seigneurs de la regence de faire faire desse- ! Braitwitz était malade. ? Nom de guerre de Théodore. se DO rieuses recherches de cette affaire , afin de detourner ce projet concerté, comme je vous ai marqué dans mes précédentes. Et pour en estre bien esclaircy, l'apoticaire Tomasini à Livourne avec un tel prestre nommé Sebastiano Marcantonio, de Capo Corso, ménagent cette affaire avec la direction de ce perfide chanoine Orticoni , et beaucoup de Corses. Enfin les adhérans de l'Espagne sont dans ce complot tous, et viennent flattés d'un prochain debarquement et secours de Mayorque, outre les Grecs et Albanois que le Ragotzky a ramassé pour introduire en Corse avec des batiments tunisiens. Si l'on me vouloit seulement procurer un passage en Corse avec les dispersés, je scaurois bien vite aneantir leurs projets. Mais s'y je ny parois au plutôt, vous entendrés la proclamation de dom Philipe. J'en suis avertit de tous côtés, et même de mes plus fideles en Corse, car Gesnes y donne en tout la main. vo Qp Biong #4 nil shiaié élu peut NAS 419 Lake 34 efnabésh io ét. € daiou sito do6: ie suavart Lé idee Mer lier Mossniahenrmhonal, srl Mt 52140 0h gone agnifr( anse oflisus [UE EREET nant Ja, CTI E Léféstun.s0 nat He sert ei) ok off ip sb tit 4948 vai Ha, A A0 Es efaite den Mine M ENS DANS 18, æk 948 oh Tr FRE MAL ID EG ESP te. vi sa ee chobl aféonte, SR EN à pre ve ras fx La qd} ol. gfx Ho aAf song #Ÿ aènbrotne eo. À 1er aan) ax slot qui. as bee breton) à +, te he Eos: de id sun ce tien 6 dia à 10: SR CNE MALE PRE FN ENT xrANEA ‘te, les rat La L'EErS UF MO E t 16 MP ns Arte + NT Mr ra D TS SE ARTE M TS - HER EN L' ponts AS à È * É 4 4 x : 1 1" : A HONU RENE ES & a s es PU fe QT * Le ge ; j prets ? ÿ nue vi * a al LP à AT CR St î + voa # ; $ SAFRAN TR Eau Ds 07 US RL FE Ab ae e Dub D > + HR RUE 4 arr brin APR LES": ER. 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Soumis à des peuples étrangers, les Slaves sont restés, ils l’avouent eux-mêmes, en arrière de notre civilisation: ce n'est guère que depuis la fin du siècle dernier que, sur un si- gnal parti de la Bohème, on a commencé à étudier les antiquités de cette race et le développement historique des peuples qui la composent ; les méthodes qui ont transformé l’histoire et la philo- logie ont été appliquées avec succès à ces études; mais malgré tout ! Nous aurions pu arriver à une transcription exacte des sons russes à l’aide des signes diacritiques employés, par exemple, pour la transcription du sanserit ($, €). Nous avons préféré, pour plus de clarté, suivre en les modifiant un peu les transcriptions généralement adoptées. 2 Voir au Moniteur du 21 avril 1840 le rapport de M. de Salvandy : « Exposé des motifs du projet de loi présenté à la Chambre des députés par M. le Ministre de l'instruction publique ouvrant un crédit pour la création d’une chaire de litté- rature et de langue slaves au Collége de France.» Ce rapport renferme des er- reurs graves et qui prouvent éloquemment la nécessité du nouvel enseignement qu'il réclame. Il déclare, par exemple, que Île serbe est parlé dans une partie de la Bohême (!); que le plus parlé des dialectes slaves est le polonais ; que le nombre des Slaves de Turquie ne dépasse pas deux millions, ete. — JE ce qui a été fait, 11 reste encore beaucoup à faire. Un voyage en Russie était d'autant plus nécessaire pour constater l’état de cette science nouvelle, que les publications russes arrivent difficilement chez nous et que beaucoup d’entre elles restent forcément incon- nues. J'ai découvert bien des travaux que j'ignorais ; mais malheu- reusement jai pu m'assurer aussi que pendant longtemps encore il nous sera difficile de nous tenir au courant d'une production littéraire beaucoup plus considérable qu'on ne le suppose chez nous, production dont l'ignorance constitue une lacune des plus regrettables de notre haute éducation scientifique, et pour l'étude de laquelle nos bibliothèques publiques n’offrent aucune ressource. Mon séjour en Russie a duré six mois. J'ai parcouru, en outre, la Bohême et la Pologne; j'ai visité les universités de Moscou, Kazan, Pétersbourg, Varsovie et Kiev. J'ai recueilli des renseignements sur celles d'Odessa, Kharkov et Dorpat. Le professeur de litté- rature russe et slave à Dorpat, M. Kotliarevsky, que j'ai rencontré à Moscou, a bien voulu mettre à mon service son infatigable com- plaisance et son inépuisable érudition. Les principaux slavistes que j'ai eu l'occasion de rencontrer ont été : à Moscou, M. Bodiansky, ancien professeur de langues slaves à l'université de cette ville, et M. Duvernois, son successeur; M. Popov, professeur d'histoire russe à l’université et secrétaire du comité de bienfaisance slave; MT. Bouslaïev, professeur de littérature russe à l'université, M. Bez- sonov, bibliothécaire de l'université; à Pétershourg, MM. Srez- nievsky et Lamansky, tous deux professeurs d'histoire et de phi- lologie slaye à l'université; M. Oreste Miller, professeur de litté- rature russe, et Bestoujev Roumine, professeur d'histoire russe à l'université; M. Pypine, rédacteur de la Revue d'Europe et jusqu'ici le meilleur historien des litiératures slaves: à Varsovie, M. La- vrovsky, recteur de l’université; MM. Makouchev et Pervolf, pro- fesseurs d'histoire et d'archéologie slave à la même université. J'aurai l'occasion de revenir sur les travaux de ces savants. Je tiens à leur témoigner dès maintenant ma reconnaissance pour l'obligeant concours qu'ils ont prêté à mes recherches ; je dois éga- lement des remerciments à divers membres du corps enseignant qui, sans cultiver spécialement les études dont je m'occupais, ont bien voulu se mettre à ma disposition avec une bonne grâce et une courtoisie que Je ne saurais oublier. Je citerai seulement M. Paplonsky, ancien professeur de université de Varsovie: — 285 — M. Bougaïev, professeur à Moscou, M. Veselovsky, rédacteur de la revue Beseda (à Moscou); M. Osokine, professeur à l'université de Kazan; MM. Radloff, inspecteur des écoles musulmanes, et Gott- wald, bibliothécaire de l'université de Kazan; M. Modestov, pro- fesseur à l’université de Kiev; M. Kapoustine, directeur du Jycée Demidov à Taroslavl; M. Golovatsky, conservateur du musée et de la bibliothèque de Vilna, etc. En dehors des centres universitaires que je viens de signaler, jai visilé un certain nombre de villes : Novgorod la Grande, Tver, Sergievo et le monastère de Troïtsa, laroslavl, Nijni Novgorod, Vladimir, Pskov, Vilna, Grodno, Czenstochowa , Lemberg, Krako- vie et Prague. La langue russe appartient au groupe des langues slaves parlées aujourd’hui en Europe par quatre-vingt millions d'hommes; à côté de cet idiome récemment élevé au rang de langue littéraire, il en est un autre qui joue en Russie un rôle analogue à celui du latin chez nous; c’est le slavon ou langue slave ecclésiastique (slaviansky) Cette langue, aujourd’hui réservée à la liturgie, est ou a la pré- tention d'être celle dont les apôtres slaves se servirent au 1x° siècle pour la traduction des Écritures!. Elle établit entre les Slaves or- thodoxes un lien pareil à celui que le latin établit entre les catho- liques. Cette identité d'idiome religieux aurait suffi à créer des rapports ertre les Russes et leurs congénères à une époque où l'idée religieuse avait plus d'influence sur les nations que l'idée de race ou de nationalité. Le premier annaliste de la Russie, le moine Nestor, a consacré plusieurs pages à l'histoire de la con- version des Slaves. Dès le moyen âge, les Russes, désireux d'étudier à sa source méme la littérature sacrée, fréquentèrent assidüment les monastères de la Grèce et des Slaves du Sud, notamment ceux du mont Athos. « Là, dit un historien de la litlérature russe, vi- vaient beaucoup de moines éclairés, d'ascètes grecs, bulgares et serbes ; là se rendaient les moines russes pour perfectionner leur éducation religieuse. Dans les monastères de Saint-Pantaléon et de Chilandar, on traduisait, on copiait constamment des manuscrits? » 1 Voir mon livre sur La conversion des Slaves au christianisme , p. 01 el SUIV. ? Porfiriev, fstorit slovesnosti, Kazan, 1870, p. 154. — 286 — Cette communauté d'idiome explique encore aujourd'hui des re- lations auxquelles on a voulu prêter un caractère politique, tandis qu'elles n'avaient pour point de départ que des intérêts littéraires ou religieux. Si des Russes allèrent vivre et étudier chez les Slaves de la péninsule hellénique, il arriva aussi que des Slaves vinrent s'établir en Russie. Ainsi, pour ne citer que quelques noms, Kiev eut au xv° siècle pour métropolitain un Bulgare, Grégoire Sam- blak, considéré aujourd'hui comme l'un des meïlleurs représen- tants de la littérature sacrée en Russie; avant lui, le métropolitain Cyprien, d'origine serbe, avait importé un grand nombre de ma- nuscrits serbes. Au xvn° siècle, on voit apparaître à Moscou, sous le tsar Alexis , un Croate, le prêtre Krijanitch, le premier Slave qui ait essayé de formuler une théorie du panslavisme et le premier aussi qui ail abordé en Russie l'étude comparée des langües slaves ?. La langue slavonne reste jusqu'au xvn° siècle l’idiome de la haute littérature; mais sous l'influence de l'idiome populaire (le moscovite) la langue des écrivains devient un mélange bizarre de slavon, de vocables vulgaires, agrémenté de mots polonais ou la- tins, suivant les préférences de l'auteur. Au xvm° siècle, grâce surtout à l'influence de Lomonosov, un divorce définitif s’opéra entre la langue de l'Église et lidiome national. On n'abandonna pas cependant Fétude de la première. Lomonosov, le Malherbe russe, recommande à tous les écrivains russes de lire avec soin des livres slavons pour « ennoblir leur style par l'emploi des tour- nures et des termes élevés que fournit cette langue mère. » « Sans la langue slavonne, écrit un peu plus tard Von Vizine, on ne peut connaître la langue russe Ÿ. » Les grammairiens sont d'accord pour reconnaître que l'étude du slavon est indispensable à la connais: sance de la langue russe “. Aujourd’hui le slavon figure à côté des langues classiques dans les établissements d'instruction secondaire. IL est enseigné dans les gymnases concurremment avec le russe (six à deux heures par semaine suivant la classe) ; il l’est également dans les écoles dites urbaines, où l’on apprend aux élèves la gram- - ! Porfiriev, op. cit. p. 350. ? Ce curieux personnage a été mis en lumière par M. Bezsonov, et souvent étu- dié depuis. Voyez mon travail sur les origines du panslavisme, Le monde slave, p. 318-327. (Paris, 1833.) : # Cités par Polevoi, Istoriu Ruskoï Literatury, Saint-Pétersbourg, 1872. * Buslaïev, fstoritcheshaïa Gramauka, p. 12. — 287 — maire pour les exercer ensuite à l'explication des textes !. L'élève qui, en sortant du gymnase, désire poursuivre à l’université des études de philologie slave est donc déjà préparé par les leçons qu'il a reçues. D'autre part, l’enseignement de l’histoire nationale oblige à donner aux élèves quelques notions élémentaires sur la race à laquelle se rattache l'empire russe. Tous les manuels d'histoire traitent forcément des origines slaves. Mais les notions que four- nissent les maitres et Les livres sont fort succinctes et ne dépassent guère celles que nos élèves reçoivent sur la période celtique de nos annales. On se tromperait fort en s’imaginant que les gymnases russes préparent à la patrie des générations de panslavistes poli- tiques ou littéraires : | « Beaucoup de Russes, disait récemment une revue tchèque, haussent les épaules au seul nom des peuples slaves et se rappellent seulement l'ennui que leur faisait éprouver au collége l'étude du slavon; beaucoup empruntent leur connaissance du monde slave à des livres allemands ou français; d’autres, au seul nom de Slave, se figurent un fils de la nature dans un costume pittoresque, ana- logue à celui des bandits italiens, vivant dans les rochers et chan- tant des chansons qui respirent la haine de l'Ottoman ?. » Ce n'est que dans les universités que l’on étudie sérieusement le monde slave; mais là encore la slavistique, pour employer le terme tech- nique, est une science toute récente et elle n’a point produit en- core tous les résultats qu'on est en droit d'attendre d'elle. Le développement de cette science coïncide avec celui qu'ont pris récemment les études d'histoire et d'archéologie. 1} ne paraît pas qu'on ait eu en Russie jusqu’au xiIx° siècle des notions bien précises sur les peuples slaves. Il est vrai que Pierre le Grand, frappé de la similitude du tchèque et du russe, ordonna de faire venir en Russie des écrivains tchèques pour lraduire des livres scien- ufiques ; il est vrai que la Russie entretint sous lui et ses successeurs ! Voy. Statuts des gymnases et des progymnases, Saint-Pétersbourg, 1871. — Statuts des écoles urbaines , ibid. ? Osvéta (La civilisation), n° 2, année 1875. L'article en question est écrit par un Tchèque qui a longtemps résidé en Russie. Ses conclusions diffèrent peu de celles auxquelles je suis moi-même arrivé. Un fait curieux à noter, c’est que, dans les livres russes d'éducation, les noms des villes slaves figurent non pas sous leur forme slave, mais sous celle que les Allemands leur ont donnée. Par exemple, Kœniggrætz au lieu de Kralovehradec, Laybach et non Ljublanija, etc, — 9288 — certaines relations avec les Slaves méridionaux: mais la littérature et la science eurent peu de part à ces relations. Les petites nations slaves avaient plus besoin de la Russie que celle-ci n'avait besoin d'elles, et ce fut chez elles que s'élabora l’idée d’une solidarité plus ou moins sérieuse entre les peuples slaves. Les Russes trou- vaient dans leurs archives assez de manuscrits slavons pour être perpétuellement prédisposés à l'étude de cette langue vénérée; mais ce n’est point en Russie que les études slaves, dans le vrai et large sens du mot, trouvèrent leur point de départ. Le signal partit des pays occidentaux, surtout de la Bohème. I. Tandis que ce pays était menacé de disparaître à jamais, englouti par le germanisme, quelques esprits curieux et patriotes s'occu- paient pieusement à rechercher les origines de leur patrie. En étudiant cette lointaine antiquité, ils se trouvaient fatalement re- portés à ces temps préhistoriques où la race slave n’était pas en- core divisée en nations distinctes, et à rechercher les liens moraux, religieux , intellectueis qui existaient entre ces nations. En 1745, le Tchèque Jordan publia son livre : De originibus slavicis; peu de temps après, on vit apparaître Dobner, le père de la critique historique en Bohème, l'historien Pelzel; ces noms s’effacent de- vant celui de Dobrowsky; Dobrowsky est le véritable fondateur de Ja science slave. Dès l’année 1 793, il fait un voyage à Pétershbourg et à Moscou ; rappelons seulement parmi ses travaux son Projet d’e- tymologicon universel des peuples slaves ; les Institutiones lingue slavicæ dialecti veteris (1822 }, première grammaire vraiment scientifique du slavon; la vie des apôtres slaves Cyrille et Méthode; le recueil intitulé Slavin, où il a réuni des dissertations sur une foule de points d'érudition slave. « Va chez tes frères slaves, mon livre, dit-il dans la préface, tu es un messager que j'envoie chez eux de Bohëme!. » Ces messagers de Dobrowsky furent bien recus dans les pays où il les en- voyait, et, quand il mourut en 1829, 1l laissa de nombreux élèves. Chez les Slaves méridionaux, le Slovène Kopitar fut l’émule et, dans une certaine mesure, le continuateur de Dobrowsky. Sa grammaire de la langue slovène (Grammatk der slavischen L Slavin. Bettræge zur Kenntuiss der slavischen Literatur, etc. Prag. 1808. | — 289 — Sprache in Krain, Laybach, 1808); ses publications de textes gla- colitiaues (Glagolita Clozianus, Vienne, 1836) lui acquirent une réputation telle que l'empereur de Russie le chargea d’écrire lin- troduction du célèbre Évangile du Sacre publié à ses frais à Paris en 1843. I mourut l’année suivante. Ses travaux et ceux de Do- browsky devaient intéresser d'autant plus les Russes que tous deux faisaient une large part à l’idiome slavon. D'autre part, le Serbe Vouk Karadjitch recueillait les chants serbes /1814) ; le Polonais Linde publiait en 1807 son grand dictionnaire de Ia langue po- lonaise, où il rapprochait constamment le polonais des idiomes congénères et fournissait de nombreux matériaux à la philologie comparée. Un autre Polonais, Surowiecki, étudiait les origines des peuples slaves dans une dissertation qui servit de point de départ à Schafarik ; M. Maciejowski, encore vivant au moment où j'écris ces lignes et que j'ai eu l'honneur de rencontrer l'année dernière à Varsovie, créait l'étude comparée du droit slave; Lelewell préludait à ses grands travaux historiques. Les recherches de ces hommes éminents assuraient à leurs successeurs une large base d'opéra- tions. La Bohême vit surgir Jungmann, Hanka, Palacky, Scha- farik, Kollar, Czelakowsky; chez les Slaves de Lusace, Jordan et Schmaler entreprirent la publication de deux recueils internatio- naux : Slavische Jahrbücher (1842-49) et Slavisches Centralblatt. Un Slovène, Miklosich, correspondant de notre Institut, établit défi- nitivement les lois phonétiques et les formes des langues slaves; à son nom, il faut associer celui de Schleicher, dont nous étudierons plus tard les rapports avec l’Académie impériale de Saint-Péters- bourg. J'aurai occasion de revenir sur ces hommes éminents en constatant l'influence et, pour ainsi dire, le reflet de leurs travaux dans les livres des savants russes. L'illustre Vostokov (1781-1865) peut être considéré comme le fondateur de la science slave en Russie. Dans la notice que lui a consacrée son confrère et ami M. Sreznievskv, on peut constater de bonne heure l'influence qu'exercent sur ses études les travaux 1 Voici par ordre chronologique la liste des principales publications qui exer- cèrent une influence sérieuse sur la marche des études slaves : En Bohême, Dobrowsky. Slavin, 1808.— Institutiones linguæ slavice , 1822.— Cyril and Method, 1823. Jungmann. Grand dictionnaire de la langue tchèque, Prague, 1835-30. Schafarik. Geschichte der slavischen Literatur (Pesth, 1826), — Slovanske MOSS SCIENT >> TT. 19 = = slaves publiés à létranger. Tout jeune encore, il médite un die- tionnaire comparé des langues européennes dans lequel il réserve une grande place aux idiomes slaves. Mais les livres lui font défaut; il n'a à sa disposition qu'un seul ouvrage de Dobrowsky : Litera- rische Nachrichter von einer Reise nach Schweden und Russlund. En 1810, nous le voyons occupé à traduire des fragments d'un autre livre du même savant {Slavin. Voy. plus haut). Un peu plus tard, il entre en relations épistolaires avec Kopitar, Hanka et Schafarik. Ces relations et les échanges de livres qui les accompagnent cons- tituent une grande partie du Panslavisme. Les travaux de Vostokow sur la grammaire slavonne sont fort importants. C'est lui qui pu- blia le plus ancien texte slavon connu, l'Évangile d'Ostromir (1843). C'est à lui que revient l'honneur d’avoir découvert l'existence des voyelles nasales un et en dans l'ancien bulgare (1817). Sa gram- maire slavonne sera longtemps consultée avec fruit. En 1827, dl publia une légende de saint Vacslav, prince de Bohême, qui fit grand bruit chez les Slaves d'Occident; c'est l'un des rares docu- ments slavons relatifs à leur histoire. Ce fut aussi Vostokov qui fut chargé d'écrire dans l'Encyclopédie russe l'article sur la littérature bohème. Il est à remarquer qu’à cette époque on se servait en- core en Russie du mot bogemskt (bohème), mot étranger aux Slaves, inconnu d'eux, et qu'on a depuis remplacé avec raison par le mot tchesky (tchèque). Je note encore dans les mémoires de l'Académie russe une étude sur les travaux du slaviste morave Dankovsky (1841). En 1838, starozitnosti ( Antiquités slaves ), Prague, 1837. — Ethnographie slave, Prague, 1840. Kollar. Slavy Dcera { Prague, 1821). — Die literarische Wechselsaitigkeit der Sla- wen, Pesth, 1837. Hanka. Première édition du Kralodrorsky Rulkopis, Prague, 1818. Chez les Slaves du Sud, Karadjitch. Premier recueil des chants serbes ( Pesma- rica), 1814. Kopitar. Grammatik der slawischen Sprache in Krain , 1808. — Glagolta Clozia- nus , 1836. En Pologne, Linde. Slownik lezyha polskiego , 1808-1814 (Dictionnaire polo- nas). — Surowiecki. O poczathach... dawnich Slawian sur les origines des anciens Slaves (Varsovie, 1823 ). Maciejowski. Historyja prawodastw slowianskych (Histoire des législations slaves), Varsivie, 1832-35, etc. : Un certain nombre de ces ouvrages ont été traduits en russe; la Grammaire pa- léoslave de Dobrowsky le fut dès 1825 par Pogodine et Scheviroy. — 291 — M. Vostokov fut chargé de préparer aux études de philologie slave le professeur Preiss, envoyé par le gouvernement russe dans les pays slaves et destiné à occuper la chaire slave à l’université de Pétersbourg. Les travaux de Vostokov lui assurèrent une réputation étendue en dehors de la Russie. Sur la fin de sa vie, la Société d’his- toire jougo-slave d'Âgram et la Société littéraire serbe de Belgrade le nommèrent membre correspondant. Un collègue de Vostokov à 'A-. cadémie, Kœæppen (né en 1793),occupé spécialement d'archéologie russe, fit une grande part au monde slave dans ses études. I en- treprit l’un des premiers, le premier peut-être parmi les Russes, un voyage scientifique et littéraire dans les pays slaves. « Ce voyage, a dit Pogodme, nous révéla tout un monde.» Dans son recueil d'anciens monuments slaves (1825), Kœæppen inséra des docu- ments étrangers à la Russie, par exemple, les fragments liturgiques dits de Frisingen, d'anciennes prières polonaises, etc. Dans sa Feuille bibliographique, il publia (chose nouvelle pour le temps) des notes sur le mouvement slave; on le voit échanger des livres et des correspondances avec les poëtes et philologues slaves Kol- lar, Kopitar, Karadjitch, Hanka, Jungmann, Dobrowsky !. Sauf quelques mémoires (notamment un sur les antiquités de la Svr- mie), il n’a point laissé d'ouvrage consacré spécialement aux peuples slaves ?. Kalaïdovitch (1792-1832) fut le premier qui donna à la Russie un grand travail spécialement consacré à l’histoire d’un des peu- ples congénères. Ce travail, ainsi qu'on devait s'y attendre, se ré- fère aux antiquités de la langue et de la littérature slavonne. I est intitulé : Jean, exarque de Bulgarie (1824). C’est le nom d'un di- gnitaire de l'église bulgare au x° siècle, qui compte parmi les meit- leurs écrivains ecclésiastiques de son temps. Kalaïdovitch remettait en lumière une période mal connue dans l’histoire littéraire et re- ligieuse. Son travail, aujourd'hui dépassé mais non oublié, marque un étape importante dans la marche dela science. On n'avait guère 1 Obozrente Nautchnich Trudov Vostokova. Saint-Pétersbourg, 1865. ! Voici en quels termes Kæppen, dans une lettre publiée en 1836 par le jour- nal du ministère de l'instruction publique, s'explique sur le compte de Dobrowsky : « Pour tous ceux qui savent l'apprécier, c'est un homme immortel. Demandez à chacun de ses disciples ce que c’est que Dobrowsky; même ceux qui ne partagent pas son avis vous diront que Dobrowsky a ressuscité la vie des Slaves en Europe, qu'il a rattaché les peuples congénères par des liens indissolubles. » — 292 — soupçonné jusqu'alors le haut degré de culture auquel la Bulgarie du moyen àge avait su s'élever. La correspondance de Kalaïdo- vitch ! nous le montre fort soucieux de se tenir au courant des pu- blications relatives aux choses slaves, mais encore fort mal pourvu. Il écrit à un professeur de Vilna pour lui demander des renseigne- ments de bibliographie polonaise. Un de ses correspondants lui indique le moyen de se procurer Le dictionnaire polonais de Linde, la Bibliotheca slavica de Durich (parue à Vienne, 1795; l’auteur était tchèque); la dissertation polonaise de Kossakowski sur la littérature bohème: un ouvrage latin sur lés incunables polo- nais, elc... En 1819, Kalaïdovitch rencontre à Moscou le célèbre éditeur des chants serbes, Vouk Stephanovitch Karadjitch, qui visi- tait en ce moment la Russie, comme avait fait Dobrowski. Vouk lui offrit quelques chansons serbes inédites. Après la publication du livre Jean, exarque de Bulgarie, le pre- fesseur Loboïka, de Vilna, écrivait au comte Roumiantsov : « Ce remarquable travail, qui remet en vue les anciennes pro- ductions de la littérature slavonne, donnera lieu à des recherches innombrables, surtout chez les slavistes bohèmes; je pense qu'ils sont en état de s'en servir aujourd'hui mieux que nous. Ils ont dans Dsbner un précurseur remarquable... Grace à la Providence, nous voici sorlis de notre sommeil. Le goût des antiquilés natio- nales et de l'histoire devient général. » On lit un peu plus loin : «M. Kalaïdovitch écrit dans sa préface qu'il a reçu tard la gram- maire slavonne de Dobrowsky; du reste, elle ne lui était indis- pensable que pour certaines parties de son travail. Moi, qui ai pro- fondément étudié ce sujet, je crois qu'il est impossible d'accomplir sans elle aucun travail philologique de quelque importance. » Ces deux passages d'une correspondance intime confirment plei- nement l'opinion que j'émettais plus haut sur le rôle important qu'ont joué dans le développement de la slavistique russe les sla- vistes «trangers?. La correspondance de Kalaïdovitch révèle à di- verses reprises toute l'importance qu'il attachait à l'opinion de ! Konst. Fed. Kalaïdovitch. Biographutchesky Otcherk, par M. Bezsonov. Moscou, 1862. ? Un publicisternsse, M. Pypine, dans une lettre publiée par la Revue (tchèque) du muséum de Prague , écrit : «Le mouvement slave n’a pas commencé chez nous ; pour nous, le panslavisme est une plante étrangère; il n'a pas été un be- — 293 — Dobrowsky et de Kopitar. On retrouve dans les rapports des sa- vants russes et slaves à celle époque quelque cüose de ce naïf en- thousiasme qui anime la correspondance de nos savants de la Renaissance. On épie avec passion les publications qui se produi- sent à Prague, à Moscou, à Pétersbourg, à Varsovie. « Apprends le russe, écrit le poëte tchèque Czelakovsky à son ami Kamaryt. » — Et Kamaryt lui répond en lui citant un passage du Literarischer Anzeiger sur la liltérature russe, passage qui révèle l'existence de trois cent cinquante écrivains russes et de huit mille volumes déja imprimés en cette langue. « Voilà qui serait intéressant pour nous, s'écrie Kamarvt. Ah! si de ces trois cent cinqu:nte écrivains nous pouvions en lire seulement cinquante, et de ces huit mille volumes seulement quatre-vingts. » Ces lignes étaient écrites en 1821 !. EL. Quatre ans auparavant, Hanka avait fait en Bohême une de- couverte qui émut tout le monde slave, celle du Kralodvorsky Ru- kopis, recueil d'anciens chants bohèmes. Dès 1820, un savant russe distingué, qui fut depuis ministre de l'instruction publique, l'amiral Schichkov, traduisait ces poëmes dans les mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg, dont il était président. Cette tra- duction, réimprimée dans le tome VI de ses œuvres, était à pro- prement parler une adaptation. Schichkov ne mettait les mots russes à la place des mots tchèques que là où ceux-ci étaient absolument inintelligibles, et se contentait de donner des terminaisons russes aux radicaux communs aux deux langues. Le Xralodvorsky Rukopis ? a été traduit depuis plusieurs fois en russe (notamment par MM. Berg et Sokolov ; M. Nekrasov en a donné l’année dernière une fort belle édition). Esprit curieux et éclairé, l'amiral Schichkov sentit de bonne soin.» Dans un autre article qui parut l'année suivante dans le même recueil, M. Lavrovsky, professeur à l’université de Kharkov, fait une déclaration analogue. 1 Czelakovskeho sebrane listy. Correspondance de Czelakovsky (Prague, 1865.) Il a été déjà question de Czelakovsky dans le cours de ce travail. Le correspon- dant de Czelakovsky, Kamaryt (1797-1834), occupe un rang honorable dans la poésie bohème. ? J'ai publié une traduction de ces précieux fragments dans le volume inütulé : Chants héroiques et chansons popularres des Slaves de Bohéme, Paris, 1866. On a contesté l'authenticité de ces poëmes; je persiste néanmoins à Padmettre : les savants russes n'ont cessé de la proclamer. — 294 — heure la nécessité d'entrer en rapport avec les Slaves d'Occident. Il entretint une correspondance suivie avec Hanka et fut, assure- ton, l'un des premiers à réclamer l'établissement de chaires de langues slaves en Russie !, Il occupa le ministère de l'instruction publique de 1824 à 1834; mais il laissa à son successeur, Île comte Ouvarov, le soin de réaliser cette innovation. Les professeurs d'ailleurs lui eussent fait défaut pour les chaires en question. Parmi les professeurs russes qui vers 1820-30 s'occupèrent du monde slave, je ne vois à citer que M. Katchenov sky, de Moscou. Dès 1316, il écrivait dans la Revue d'Europe (Viestnik Evropy) : «On n'a guère songé jusqu'ici aux rapports étroits qui existent entre notre langue russe et beaucoup d’autres parlées en dedans et au dehors de notre empire, et au profit que le russe —— de l'étude des divers dialectes slaves.» Le même auteur publiait* en 1817 dans les Mémoires de la Société de littérature russe de Moscou un travail fort complet pour le temps sur les grammaires des langues slaves: il signalait aussi le grand rôle joué par les Tchèques sous le règne de Charles IV; la Revue d'Europe annon- cait qu'elle ferait une part sérieuse à l'étude des peuples slaves. « Katchenovsky, a dit un' savant russe ?, fut chez nous avec Cho- miakov le premier semeur de l'idée slave. » Chomuiakov, poëte de talent et théologien mystique, réva l'unité du monde slave dans l'unité de la foi orthodoxe; mais on ne peut dire que ses travaux aient un caractère scientifique. Ils ne rentrent pas dans l'ordre d'études qui nous occupent. Je n'y ferai pas non plus rentrer les productions de l’école dite slavophile {slavianofili), terme auquel ne correspond nullement notre mot panslaviste. Depuis le règne de Pierre le Grand, deux courants se sont par- tagé la société russe. Les uns ont adhéré sans réserves aux inno- vations du grand réformateur et ont déclaré que limitation de Occident pouvait seule amener le monde russe à la prospérité et à la civilisation. D'autres, au contraire, afiirment que Pierre le Grand a fausse le véritable génie de sa nation et qu'il a dévoyé la Russie en l'arrachant à ses traditions séculaires. Secondés par le ? Vie de l'amiral Schichkov dans le Vuuczny slounik, encyclopédie bohème. Le Nauczny slovnik affirme que Hanka ne cessait d'insister auprès de amiral pour la fondation de ces chaires. ? Discours de M. Maïkov sur la slavistique en Russie, publié dans les comptes rendus du congres slave de 1867. — 9295 — développement de la littérature nationale, le mouvement d'ar- chéologie romantique qui s’est produit naguère dans toute l'Eu- rope et la haine du peuple russe pour les importations germa- niques, les adversaires du parti occidental ont entrepris de rechercher dans les origines slaves ou soi-disant telles de leur pays les élé- ments qu'ils jugent indispensables à sa régénération. Certains pré- tendent appliquer ces éléments aux Slaves occidentaux et ne voient de salut pour eux que dans leur complète russification. Les prin- cipaux représentants de cette école, que l'étude scientilique du monde slave a plutôt affaiblie que fortifiée, sont, outre Chomiakov, Aksakov, Kirieevsky, etc. M. Palacky, le patriarche de Îa science slave en Bohême, a énergiquement répudié leurs théories !. Voici deux poèmes de Chomiakov qui donneront une idée de ses tendances et de son talent, tout ensemble lyrique et mystique : LES AIGLES SLAVES. Tu as établi bien haut ton nid, — aigle des Slaves du Nord; — tu as étendu largement tes ailes. — Tu t'es élevé bien loin dans les cieux. — Vole! mais, dans la mer azurée de lumière — où ta poitrine res- pire la force — et brule de l'ivresse de la liberté, — n'oublie pas tes jeunes frères! — Vers les plaines du midi, — vers le lointain occident, regarde. — Îls'sont nombreux là où murmure le Danube, — là ou les Alpes cachent leurs sommets dans les nuages, — dans les cols des ro- chers, dans les ombres des Karpathes, — dans les forêts profondes du Balkhan, — dans les filets des perfides Teutons. — lis attendent, les frères enchainés, — le moment où ils entendront ton appel, — le moment ou tes larges ailes s'étendront sur leur faible tête. — Oh! sou- viens-toi d'eux, aigle du Nord! —- Envoie-leur ton salut retentissant! — Que dans la nuit de l'esclavage — la lumière de ta liberté vienne les consoler. — Nourris-les de la force morale. — Nourris-les de lespé- rance des jours meilleurs! — Ces cœurs glacés où coule ton sang, — réchauffe-les de ton brülant amour. — Leur heure viendra; leurs ailes seront plus fortes; — leurs jeunes ongles s'aiguiseront. — Les aigles s envoleront et les fers que la violence — leur impose, ils les briseront avec un bec de fer! ! Elles ont été exposées récemment par M. Pypine dans le Viestaih Evropy, et par M. Durdik dans la Revue bohème déjà citée plus haut. L'ouvrage de M. Pa lacky auquel nous nous référons est le Radhost (Prague, 1870-73). — Nous en avons donné une analyse et des extraits dans la Revue politique et littéraire, n° du 8 février 1879. — 296 — Voici une autre poésie du même auteur : Ne t'enorgueillis pas devant Belgrade, — Prague, Ô reine des pays tchèques ! — Ne tenorgueillis pas devant Prague, — Moscou aux cou- poles dorées! Souvenons-nous que nous sommes frères, — enfants d'une mère unique. — Aux frères les embrassements fraternels, — la poitrine contre la poitrine, la main dans la main! Qu'il ne s'enorgueillisse pas de la force de son bras, — celui qui a tenu bon dans le combat. — Qu'il ne soit pas honteux celui qui, dans une longue lutte, — a succombé sous la rigueur du destin! Le temps de l'épreuve est dur; — mais celui qui est tombé se rele- vera. — Îl y a beaucoup de pitié chez Dieu; — sans bornes est son amour. La brume funèbre se dissipera. — Attendu depuis longtemps, — le beau jour luira enfin; — les frères seront réunis. Tous seront grands, tous libres! — Contre l'ennemi marcheront leurs rangs victorieux, — tous pleins d'une pensée noble, — forts d'une foi unique! L'étude du mouvement slavophile appartient à l’histoire du mou- vement moral et religieux en Russie. Les représentants de cette école se distinguent en général par leur peu de critique : cela se comprend. Ils ne cherchaient point ce qui est, maïs ce qui devait être d'après leur théorie. Les campagnes de la Russie contre la Turquie devaient nécessai- rement appeler l'attention sur les Slaves méridionaux. On les con- naissait bien mal encore. En 1827, le Telegraphe de Moscou , l’une des revues russes les plus estimées, constatait avec étonnement que la Bulgarie était habitée par des populations orthodoxes dont la langue se rapprochait de l’ancien slavon. En 1830, un savant plus passionné que critique, Veneline, fut chargé par l’Académie de Saint-Pétersbourg de parcourir les pays bulgares. Il en apporta de nombreux matériaux. Ses Recherches sur les Bulgares !, ouvrage bizarre et sans méthode, excitèrent un vif enthousiasme chez les Bulgares, et, à défaut d'autre mérite, elles eurent au moins celui d'appeler l'attention des Bulgares sur leurs antiquités et leurs chants nationaux : «Les Bulgares, lui écrivait l’un d’entre eux, Aprilov, l Istoriko-krititcheskia Lesledovania, etc. Moscou, 18535 { nouvelle édition avec une préface de M. Bozsonov). 297 — vous mettront au nombre de leurs bienfaiteurs, et la postérité écrira votre nom au temple de l'immortalité. » Les publicistes occidentaux, trompés par des rapports peu exacts, se représentent volontiers les Russes comme sans cesse occupés à travailler les Slaves par le moyen d'émissaires politiques ou litté- raires. Il est bien plus vrai de dire que ce sont les Slaves qui récla- ment l'attention et les sympathies de la Russie. Notons en passant que Veneline n'était pas à proprement parler Russe de naissance; célait un Ruthène de Hongrie. Parmi ses travaux, il faut signaler encore un essai sur les chants populaires des Slaves du Sud. Ve- ueline eut quelques disciples sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir en temps et lieu. À cette période d'enthousiasme pri- mitif, on peut encore rattacher le nom du Polonais-Russe Zorjan Dolenga Chodakovski (Czarnocki), qui voyagea par toute la Russie et publia de curieuses recherches sur les lieux des sacrifices des Slaves paiens {Gorodistcha) (1784-1825). Chodakovski est l’un des fondateurs de l'archéologie slave !. Les recherches de Vostokov, Schichkov, Veneline, Kalaido- vitch, etc., n'étaient que des accidents isolés. L'ignorance des choses slaves était générale. J'ai dépouillé avec soin la collection complète de la Revue (oflicielle) du ministère de l'instruction publique en Russie. Les premières années (jusqu'à 1836 environ) sont fort pauvres en renseignements concernant les pays slaves. On em- prunte à la Gazette de France l'indication des journaux serbes pu- bliés à Belgrade; on traduit de l'allemand un article critique sur l'histoire des législations slaves de Maciejowski. On emploie pour désigner les pays slaves des mots empruntés à l'allemand et que les slavistes ont depuis longtemps bannis de leur vocabulaire (bo- gemsky pour tchesky, tchèque, Lemberg pour Lvov), etc. Le nouveau programme des universités russes, élaboré en 1335 par le ministre Ouvarov, introduisit dans ces universités une chaire d’his- toire nationale, et combla ainsi une lacune déplorable. Il fallait évidemment faire aussi au monde s'ave une place dans l’enseigne- ment; on s’y décida quatre ans plus tard. En 1839, trois chaires de langues ou, pour traduire plus exactement, de dialectes slaves furent établies dans les universités de Pétersbourg, de Moscou ct À Voir sur Chodakovsky le discours sur l'archéologie slave de M. Pogodine, Je l'ai traduit dans la Revue des cours littéraires, 1° Janvier 1$7o. — 298 — de Kharkov. Nous avons vu que Hanka avait souvent sollicité cette innovation. Peut-être aurait-elle été plus tôt décidée, s’il avait con:- senti à venir enseigner en Russie. En 1830, d'après un de ses biographes !, il avait été question d'établir à Pétersbourg une bi- bliothèque slave; le gouvernement russe offrait à Hanka le poste de bibliothécaire avec de fort beaux appointements; il refusa, et le projet n'eut pas de suite. Mais il ne cessa d'insister dans ses corres- pondances sur la nécessité de créer un enseignement spécial. Kollar, dans sa célèbre brochure sur la mutualité slave { Die litera- rische Wechselseitigheit, etc, Pesth, 1837) signale le même deside- ralum. Des savants russes m'ont affirmé que ce ne fut pas le comte Ouvarov, mais l'empereur Nicolas lui-même qui décida la fonda- üon des trois chaires slaves. J’ignore si cette version est exacte: mais ce qui est évident, c’est que la fondation des chaires slaves répondait à un besoin. Le gouvernement russe comprit que cet enseignement ne devait être confié qu'a des savants familiarisés par un long séjour dans les pays slaves avec la langue et la litté- rature des pays qu'il s'agissait de faire connaitre. De là une série de missions à l'étranger; ces missions ont eu pour la science des résultats importants. Ce sont ces résultats qu'il s'agit d'exposer à présent. 1 Nécrologie de Hanka par M. Pypine, dans la revue Sovremennik. RAPPORT L'ÉTAT DE LA PISCICULTURE EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS, PAR M BOUCHON-BRANDELY, SECRÉTAIRE ADJOINT AU COLLÉGE DE FRANCE. Monsieur le Ministre, La pisciculture, qui a pris de si heureux développements au Collége de France sous la direction de notre célèbre physiologiste M. Coste, et par les soins de M. Chantran, est une science qui doit avoir sa place marquée dans l’enseignement. La mission que vous avez bien voulu me confier m'a permis de jeter les bases d’un exposé pratique et économique, dont les éléments ont besoin d'être coordonnés par de nouvelles études et que J'aurai bientôt, j'espère, l'honneur d'offrir à Votre Excellence. Nous savons déjà, par les rapports de M. Ashworth, combien la Grande-Bretagne a su profiter de l’entreprise nationale de M. Coste, puisque déjà en 1860 le produit des seules pêcheries du saumon pour l'Écosse et l'Irlande dépassait 800,000 livres sterling (21 mil- lions de francs). L'Allemagne, la Belgique et la Hollande n'ont pas moins profité de notre établissement d'Huningue, à l'organisa- tion duquel M. Coste a présidé, faisant ainsi passer une conquête de la physiologie dans le domaine de l'application. Les pays que je viens de parcourir, la Suisse, l'Autriche, l'Ita- lie, présentent également la trace de progrès remarquables dus à l’heureuse initiative de la France. On serait en effet assez mal venu aujourd'hui à faire remonter jusqu'aux peuples de la Chine ou de l'Inde des découvertes aux- quelles ils sont restés parfaitement étrangers; il ne faut pas con — 900 — fondre avec la pisciculture proprement dite les pêcheries ou Part du pêcheur, qui de tout temps et dans toutes les contrées du globe ont été en grand honneur; et Rémy n'a certes pas été puiser dans les annales du Céleste Empire l’idée de la fécondation artificielle des œufs de poissons. Ce n’est pas non plus à l'Inde ou à la Chine que le Collège de France a dù adresser ses consultations en pour- suivant dans cette direction les premières tentatives de la science, couronnées de si heureux succès. Les développements d’une idée aussi féconde ne se sont point fait attendre, et Huningue a été créé. Les résultats favorables qu'on avait obtenus menacent, au- jourd'hui que nous avons perdu lAlsace, de disparaitre. On s'est préoccupé de remplacer Huningue, en France, par un établissement organisé sur le même modèle, mais vous verrez, Monsieur le Ministre, par les considérations qui terminent mon rapport, que, pour donner satisfaction aux besoins de la pisei- culture, M. le Ministre des travaux publics devra multiplier le nombre des établissements, en diminuant l'importance de chacun d'eux. M. le prolesseur Joly, de Toulouse, a publié en 1866 un aperçu de l'état de la pisciculture fluviale en France, qui permettait de concevoir les plus belles espérances; les désastres dont notre mal- heureuse patrie a été le théâtre ont remis tout en question; mais, si nous avons perdu Huningue, le laboratoire du Collége de France subsiste et continue l'œuvre commencée sous de si bril- lants auspices à une autre époque. C'est de là que part limpul- sion, et nous en avons une preuve nouvelle dans la tournée que je viens de faire en Suisse, en Autriche et en Italie. SUISSE. C’est la Suisse surtout qui a su mettre à profit la science nou- velle de la pisciculture, et les progrès accomplis dans ce pays méritent d’être signalés. Le gouvernement, l'administration can- tonale, l'initiative individuelle ont senti qu'il y avait là une source nouvelle et féconde de produits pour ce pays, si bien partagé sous le rapport des eaux et de leur qualité; la pisciculture a fait de la Suisse sa patrie adoptive. Des établissements ont été fondés par les cantons et par des particuliers; à ces derniers l'État accorde de orands priviléges; les lois sur la pêche les protégent et favorisent en même temps leurs tentatives. — JU — En Suisse, comme en France, le dépeuplement des cours d'eau et des lacs marchait rapidement et, malgré la fécondité des eaux, il était temps d'y mettre un terme : la pisciculture artificielle a rempli ce programme, et aujourd’hui on repeuple au fur et à me- sure qu'on détruit. Citons un fait entre bien d'autres, avant de passer en revue les établissements que nous avons visités : les habitants du village de Vallorbe, près de Jougne, vivaient, il y a une vingtaine d’an- nées, du produit des pêches qu'ils faisaient dans la rivière de l'Orbe. À force d'épuiser ce cours d'eau, fertile en salmonidés, sans jamais le repeupler, le poisson vint à manquer, et les pé- cheurs et leurs familles se trouvèrent réduits à la misère. Les observations du pêcheur Rémy, confirmées par les expé- riences faites au Collége de France, parvinrent aux oreilles du ré- gent du village; il s'occupa d’abord de pisciculture à un point de vue théorique, puis tenta quelques épreuves qui furent couron- nées de succès. Les habitants de la localité suivaient avec anxiété, mais avec incrédulité, les diverses phases de l’éclosion des œufs fécondés artificiellement, qui se fit dans les meilleures conditions. La commune sintéressa à ces expériences, et quelques cen- taines de francs furent mis annuellement à la disposition du ré- gent pour l'aider dans son entreprise. Le résultat ne se fit pas longtemps attendre. Aujourd'hui la rivière foisonne de poissons, . et, chiffre officiel, quatre-vingts familles vivent actuellement du produit de la pêche. Le premier établissement que nous avons visité en Suisse est celui du docteur Vouga, homme savant et consciencieux. Tous les pisciculteurs connaissent M. Vouga de réputation, et au dernier congrès scientifique de Lausanne il fil, à l’occasion de ses tra- vaux, une conférence très-appréciée par les hommes spéciaux. Sa méthode de fécondation artificielle consiste à mettre ses œufs dans un vase sans eau et à verser la laitance dessus; sur six mille œufs qu'il a ainsi fécondés l’année dernière, pas un seul n'a été frappé de stérilité. L'établissement de M. Vouga n'est pas en- core entièrement organisé, mais il a déjà rendu de très-erands services, et la Reuss, dont M. Vouga est le fermier, se trouve, par ses soins, complétement repeuplée. M. Hasler, d'Interlaken, est un homme intelligent et pratique qui est arrivé de lui-même à connaître tous les secrets de la piscicul- ture; il fait surtout des recherches sur la nature des eaux et leur influence sur le développement des poissons. Son établissement est alimenté par une source très-pure et par la Lutschine, torrent formé par les glaciers de la Yungfrau. Il y a quatre ans seulement que M. Hasler fait de la pisciculture, et l’on peut voir chez lui des sujets très-remarquables qu'il a élevés et nourris’ artificiellement. La question de la nourriture est une de ses préoccupations cons- tantes, et nous croyons que le système qu'il a adopté et qui cou- siste à mettre ses alevins dans de l'eau peu renouvelée, permet- tant aux infusoires de se développer, le mènera à bonne fin. L'établissement cantonal de Zurich, situé à Meilen, fonctionne déjà depuis seize années; il est destiné au repeuplement du lac de Zurich, des cours d'eau qui l'alimentent, et à l'amélioration des espèces qui se trouvent dans cette partie de la Suisse. L’adminis- tration alloue annuellement une somme de 3.000 francs pour l'entretien de l'établissement et le traitement du gardien. Au mois d'octobre de chaque année, des pêcheurs sont chargés par l'administration cantonale de recueillir aux sources du Rhin des saumons destinés à la reproduction. Ces saumons sont placés au nombre de cinq par chaque tonneau rempli d’eau et d’une contenance de quatre à cinq cents litres. Ils sont expédiés à Zurich par le chemin de fer et de Jà à Meïlen par bateau à vapeur; pen- dant le trajet on renouvelle l’eau trois fois. À Meilen ils sont mis dans des réservoirs en attendant l’époque de la maturité. D'autre part, dans les bassins de l'établissement sont conservées de très-belles truites des lacs, avec lesquelles on fait des croisements. Le but de ces croisements est celui-ci : on cherche à produire une variété de salmonidés, ayant la taille et la qualité du saumon, qui conserverait les habitudes de la truite, c'est-à-dire qu'on veut produire un saumon sédentaire, se contentant des eaux du lac, sans éprouver le besoin de descendre à la mer; on croit être arrivé à ce résultat, et même on pense que ces mulets sont susceptibles de se reproduire; la personne préposée à la direction de létablis- sement nous l’a assuré, et les expériences de M. Samuel Chantran au Collége de France l’ont prouvé. Dans tous les cas, les spécimens qu'on nous a montrés sont une véritable conquête, et, n'aurait-on obtenu que ce seul résultat, on aurait déjà fait beaucoup pour l'amélioration de l'espèce. Un million d'alevins sont jetés tous les ans dans le lac de Zu- — 303 — rich qui, sans cette précaution, ne contiendrait plus une seule truite, en raison de l'accroissement des espèces carnassières et particulièrement des brochets. L'établissement de M. Massart, de Berne, est un des plus com- plets et des mieux organisés que j'aie vus, et dénote chez son pro- priétaire âne grande pratique de la pisciculture. Il est situé sur les bords de l’Aar, à sept ou huit kilomètres de Berne. L'eau qui alimente les bassins est de deux sortes, eau de source et eau de rivière; pendant l'été, on fait usage de cette dernière, parce qu'elle est plus abondante et comporte avec elle plus de matières alimen- taires que l'eau de source; elle a en outre autant de fraîcheur, à cette époque de l’année, à cause de la fonte des neiges de l'Ober- land qui s'effectue dans le voisinage. L'eau de source sert pendant l'hiver et pour les éclosions. Les bassins de l'établissement sont petits, mais profonds; le plus grand n’a pas plus de {o mètres carrés de superficie et peut-être 2 mètres de profondeur; ils sont creusés dans la terre. M. Massart, comme tous les pisciculteurs qui sont obligés d’ex- périmenter pour apprendre, a éprouvé au début de nombreuses déconvenues; mais, avec de la persévérance, il est arrivé à con- jurer les malheurs qui semblaient particulièrement frapper les jeunes générations. On sait que le moment le plus difficile de l'élevage est celui qui vient après la résorption de la vésicule om- bilicale; pendant cette période, qui ne dure pas moins de quatre ou cinq mois, les jeunes alevins sont fréquemment atteints de ce qu'on appelle vulgairement la maladie des branchies, et à ce mo- ment le choix de la nourriture est aussi une chose extrêmement importante. M. Massart, quinze jours avant la résorption, transporte ses jeunes salmonidés dans un bassin spacieux, peu profond et peu alimenté d’eau, qui reste presque entièrement à sec durant sept ou huit mois de l’année; pendant ce temps, les germes d'infusoires ont eu le temps de s’y développer, et, lorsqu'on y transporte les alevins, ils y trouvent une nourrilure qui convient à leur àge. M. Massart se trouve actuellement dans des conditions qui lui permettent d'élever vingt mille truites tous les ans, de fournir à l'administration prussienne d'Huningue des millions d'œufs em- bryonnés qui, de là, sont expédiés dans les divers pays de l'Eu- rope. — 304 — Des quantités considérables de poissons blancs vivent avec les salmonidés et leur servent de nourriture : M. Massart y joint du maïs cuit et réduit en pâte. Inutile d'ajouter que les brochets ou les perches qui font apparition dans les eaux de l'établissement sont immédiatement poursuivis et détruits. La pisciculture de M. Massart est appelée à prendre ‘un grand développement, et à rendre de véritables services à la ville de Berne; le gouvernement lui a accordé le droit de pêche en toute saison et exerce une active surveillance sur sa propriété. Un voi- sin, convaincu d’avoir dérobé deux truites dans ses bassins, fut poursuivi par la police cantonale et paya bien cher sa coupable action. Depuis cette époque, M. Massart n'a rien à redouter des malfaiteurs. En outre, les pêcheurs qui prennent des poissons n'atteignant pas la taille réglementaire sont tenus de les reverser dans les bassins de l'établissement, s'ils sont vivants: sils sont morts, ils sont confisqués et donnés comme pâture aux autres. M. Massart s'est livré aussi à d’intéressantes recherches ayant pour but de déterminer l'influence des eaux de diverses prove- nances sur le développement du poisson, et, des spécimens qu'on peut voir chez lui, on a conclu que la rapidité du courant et la fraicheur de l'eau ne sont pas des choses indispensables à l'élevage des salmonidés. Nous achèverons notre revue de la Suisse par quelques mots sur l'établissement de M. de Loës, d'Aigle, et sur les mesures que l'État a prises dans ce canton pour le repeuplement des rivières. M. de Loës, comme M. Vouga, est membre correspondant de la Société d'acclimatation; à ce titre, ses instructions sont précieuses. L'administration fédérale Fa si bien compris, qu'elle a chargé M. de Loës de lPadministration de la pisciculture cantonale, et, grâce à ses soins, le poisson ne manquera pas de si tôt dans le lac de Genève, le Rhône et les cours d’eau de la contrée. Sur la demande de M. de Loës, l'État a fait établir sur les bords du Rhône, à Lay, deux viviers dans lesquels sont mis en réserve des sujets qu'on destine à la reproduction. Un préposé de l'État est chargé d'examiner le produit des pêches, et retient les poissons qui doivent faire partie de cette réserve. Et, comme la pêche dans cette partie du fleuve ne peut avoir lieu qu’au temps dû frai, les saumons et les truites ne venant pas dans ces parages en toute autre saison, il en résulte qu'on trouve facilement des — 305 — sujets de premier choix. Plus tard, ces poissons sont rendus à leurs propriétaires, qui perdraient tous leurs droits s'ils refusaient de souscrire à cette convention. Cette excellente idée, un peu mo- difiée, a été mise en pratique sur deux rivières du canton de Vaud, sur la Thièle et sur lArnon, et les pêcheurs fermiers doi- vent déposer tous les ans, dans ces viviers établis sur les bords de chacune d'elles, une quantité d'œufs fécondés qui, plus tard, four- nissent des alevins à ces deux rivières. M. de Loës est soumis aux mêmes obligations en ce qui con- cerne le canal parallèle au Rhône, et dans lequel il est autorisé à pêcher en toute saison; son laboratoire d’éclosion est assez bien organisé pour lui permettre de remplir largement ses promesses. Après s'être procuré les sujets dont il a besoin, il les fait placer dans ses bassins en attendant le moment favorable à la repro- duction; les œufs sont ensuite déposés sur des appareils qui re- çoivent directement de la montagne les eaux d’une magnifique source. | Les éclosions, qui réussissent toujours parfaitement, se font en partie sur le sable, en partie sur des claies semblables à celles du Collége de France. | L'établissement d'élevage, situé un peu plus bas, dans la vallée même du Rhône, est alimenté par une source très-abondante qui forme un ruisseau, auquel M. de Loës a donné un développement de 1 kilomètre, en le faisant se replier plusieurs fois sur lui- même dans un espace carré dont chaque côté n'a pas plus de 100 mètres. Des lacs sont ménagés de distance en distance sur le cours du ruisseau, et des trous profonds et bien ombragés servent de refuge à des quantités considérables de poissons de tout âge. Les résultats que M. de Loës a obtenus sont très-remarquables ; mais ce savant pisciculteur n'a pas encore dit son dernier mot. Ajoutons qu'il fait de temps à autre dans son canton des confé- rences sur la pisciculture, pour mettre à la portée de tout le monde les secrets de cette science nouvelle appelée à rendre de si grands services à la Suisse. C’est une pratique dont nous voudrions voir Pusage s'introduire en France. Des sociétés nombreuses sont formées ou s'organisent en ce moment, notamment à Fribourg, par les soins de M. de Boccard , et dans les environs d'Aigle; mais je me réserve d'en parler ailleurs. MISS, SCIENT, =>" IT. 20 — 306 — ITALIE. Le besoin de repeupler les rivières ne s’est pas encore fail sentir en Italie comme dans les autres États de l'Europe. Ce pays, par sa situation géographique, se trouve dans des conditions excep- tionnellement favorables à la pêche, et les mers qui l'entourent dans sa plus grande partie peuvent fournir assez de poissons pour les besoins de la population. Comme en Suisse, il y a en Italie beaucoup de lacs contenant aussi des espèces d'eaux douces ex- cellentes; mais la Suisse ne peut avoir recours à la pêche maritime et n’a pour toutes ressources que ses lacs, qui seraient bientôt épui- sés si on ne repeuplait pas sans cesse. Ensuite, les rivières et les ruisseaux d'Italie, à quelques excep- tions près, sont formés par des torrents qui sont complétement à sec pendant une grande partie de l'année; les autres cours d’eau qui ne tarissent jamais subissent, à l'époque de la fonte des neiges, des crues tellement considérables qu'il serait inutile et même im- prudent de faire la moindre tentative pour y fonder des établis- sements de pisciculture. On fait encore aujourd'hui ce qu'on a fait il y a des siècles; à Venise comme à Naples, rien n'est changé. À Commachio, mêmes dispositions que celles si bien décrites par M. Coste. Dans les villes de l'Adriatique et de la Méditerranée : Ancône, Bari, Brindisi, Civita-Vecchia, Livourne, Gênes, etc., la mer offre des ressources inépuisables. Mais il n’en est pas moins vrai que le besoin de re- viser les lois sur la pêche a été compris des chefs de l’adminis- tration, et un projet en ce sens va être prochainement soumis aux délibérations de l’Assemblée. Là aussi les lois sont devenues in- suffisantes pour la protection des pêches, et les dilapidations qui se commettent dans les caux en même temps que l'abus des en- gins prohibés et de destruction ont nécessité des mesures protec- trices et répressives. De là, à comprendre la nécessité de repeupler les rivières et les cours d’eau qui présentent des conditions favo- rables, il n'y a qu'un pas, et, tôt ou tard, le gouvernement sera obligé d'intervenir. AUTRICHE. Il y a seulement une huitaine d'années que l'usage de la pisci- culture artificielle a été introduit en Autriche. Le gouvernement — 307 — impérial en a pris lui-même linitiative, en faisant établir dans ses propriétés particulières des laboratoires d’éclosion qui versent chaque année des milliers d'alevins dans les lacs et dans les cours d'eau avoisinants. L'établissement de Salzbourg a été le premier créé (1865 ); l'État, au début, lui a accordé une subvention annuelle considérable; mais, depuis trois ans, il peut couvrir ses dépenses en élevant de dix à quinze mille sujets et en envoyant trois mil- lions d'œufs embryÿonnés dans les principaux districts de l'Au- triche, en Suisse, en Hollande et même à Huningue. . Chaque province possède maintenant son établissement de pis- ciculture. Dans lPAutriche supérieure, deux sociétés se sont constituées, l’une à Linz (1870) et l’autre à Ischl (1866); la première compte quatre-vingt-ireize membres, et la seconde vingt-neuf. Dans la province de Salzbourg, la société a pour titre : Institut central de pisciculture artificielle; elle compte quatre-vingt-seize membres. N Dans le Tyrol, à Inspruck (1869), le club se compose de neuf membres; à Torbole {1873), une compagnie anonyme vient de se former et compte déjà quarante-deux membres. Dans la Bohême, à Nachod, le nombre des sociétaires est de quarante-trois. Dans la province de Bukovine, une réunion s'organise sous la direction de M. L. Lindes, et le ministre de l’agriculture vient de lui accorder une subvention de 800 florins. Ajoutons à cela la pisciculture des princes Schwarzenberg, qui ont envoyé à l'exposition de Vienne des spécimens de leurs pêches ; l'établissement du baron Washington, le plus grand éleveur de l'Autriche, à Willon, près Gratz, et M. Pammer, à Gratz, qui em- poissonne le lac et la Murr, et nous aurons un aperçu du mouve- ment qui se produit en Autriche. L'établissement de Salzbourg, le plus considérable de tous, à été fondé sur les données de celui d'Huningue ; on se sert des ap- pareils à éclosion du Collége de France, un peu perfectionnés. Ces appareils, au nombre de cent, permettent de faire éclore tous les ans trois millions cinq cent mille œufs. Il est situé près du château impérial de Salzbourg, au pied des Alpes, et à une lieue seulement de la ville. Les bassins, au nombre de quinze, sont tous alimentés par de HO — 9308 — l'eau de source; ils sont couverts en partie, de manière à permettre aux élèves de trouver un refuge. La source prend naissance dans la maison même du garde et à l'endroit où se font les éclo- sions; un grand bassin de cette eau vive entoure la maison, et 1à sont tenus les sujets de réserve destinés à la reproduction. Les autres bassins, où il y a des sujets de tout âge, sont relativement très-pelits; celui où ont été placés les vingt mille alevins éclos cette année n'a pas plus de 2°,50 de longueur, 1",20 de largeur et 35 centimètres de profondeur. Deux autres bassins sont réservés, l’un aux carpes et l’autre aux poissons d'aquarium, qui se propagent avec une rapidité in- croyable, et qui sont d’un rapport considérable pour l’établisse- ment, dont la superficie est d'environ 30,000 mètres carrés. La nourriture se compose de poissons blancs et de viande de cheval ; moyennant 1 florin (2 fr. 5o cent.) par jour, on nourrit trente mille sujets, petits ou grands. MUNICH. La Bavière n'est pas restée en arrière de l'Autriche, et la pisCi- culture, qui a trouvé beaucoup d'adeptes dans ce pays, y a fait des progrès sensibles. Les lois sur la pêche v sont rigoureuses, mais aussi fort mal observées. Les marchés publics sont très-surveillés, et des amendes consi- dérables sont infligées aux récidivistes. L'écrevisse compte au nombre des espèces dont la pêche est prohibée au moment du frai. Les femelles portant des œufs doi- vent être rejetées à l’eau, et il n'est pas permis de les prendre, avant qu'elles ne soient adultes. H y à à Munich divers établissements, et celui de M. Küffer offre un très-grand intérêt sous le rapport de la simplicité d’ins- tallation, du peu d'espace qu'il occupe et des résultats obtenus. Ainsi j'ai vu plus de deux cents iruites de deux ans, d’un poids moyen de 350 à 450 grammes, dans une seule cuve en pierre de 1,50 de longueur sur 75 centimètres de largeur et 60 centimètres de profondeur. Dans un autre compartiment de 2”,50 de long sur 1°,50 de large sont entassées plus de six mille écrevisses, dont les plus belles pèsent 250 grammes et plus. , Te 00e Des huchens et des saumons, au nombre de six et pesant en moyenne de 10 à 12 kilogrammes, sont tellement à létroit dans une de ces petites cuves qu'ils se trouvent dans l'impossibilité de se retourner sur eux-mêmes, et ne paraissent pas souffrir de cette posilion qu'ils occupent déjà depuis longtemps. Ces résultats remarquables ont été obtenus par le renouvelle- ment de l’eau dans de larges proportions et une nourriture abon- dante. Les expériences de M. Küffer ont surtout porté sur l’acclimatation du huchen (salmo hucho), variété de salmonidés propre aux eaux de la Bavière et dont l’acclimatation en France serait facile, d’ es ces expériences faites au Collége de France. Ce poisson, qui aux qualités du saumon joint les habitudes sédentaires de la truite, atteint en très-peu de temps un dévelop- pement considérable; il s'acclimate dans toutes les eaux, et les changements de température lui sont indifférents. On le nourrit très-facilement avec des poissons blancs et de la viande de cheval salée, d'après un nouveau système dont l'expérience a démontré l'efficacité. M. Küffer pratique toutes ses éclosions sur le sable. J'ai fait en Bavière des remarques qui méritent quelque consi- dération. L’omble chevalier, si rare en France et en Suisse, abonde dans les lacs et les rivières de ce pays. La féra, que nous regar- dons comme un poisson de luxe, y est très-commune, et le blon- del, qu'on ne retrouve ailleurs que dans le lac de Neuchâtel, est un des poissons les plus ordinaires qui servent à l'alimentation. La carpe, le brochet et la perche se donnent presque pour rien sur le marché de Munich. Mais ici, tout naturellement, se pose cette question : pourquoi les Bavaroiïis, qui s'occupent tant de pisciculture, n’ont-ils pas cherché à détruire les brochets et les perches, qui sont les requins des eaux douces? Voici ce que j'ai appris à ce sujet : les brochets et les perches vivent dans des rivières où il n'y a pas de salmo- nidés, mais seulement des poissons blancs, et réciproquement les salmonidés vivent dans d’autres cours d’eau où il n’y à ni brochets, ni perches, mais des poissons blancs dont ils se nour- rissent. Il n'en est pas malheureusement de même en France, où les espèces carnassières se retrouvent dans toutes les rivières, et c’est — 910 — ce qui est cause en grande partie de leur dépeuplement. La né- cessité d’une bonne loi qui réglemente l'élevage de ces espèces se fait de plus en plus sentir; c'est une des conditions indispensables au succès de la pisciculture. En France, il faut l'avouer, il y a eu un temps d'arrêt; ce temps d'arrêt a été rempli, il est vrai, par les expériences de M. Chan- tran sur les écrevisses, expériences qui lui ont valu la croix; par les progrès de quelques établissements fondés dans le Puy-de-Dôme, dans les Pyrénées, dans la Creuse, dans la Haute-Vienne, et dans la Savoie par M. Costa de Beauregard, etc. ; par les intéressantes pu- blications de MM. de la Blanchère, Coumes, Haxo, Millet, Jour- dier, Wallon, Koltz, Carbonnier, Chabot, Maslieurat, le vicomte de Beaumont, de Séré, Rico, Lamy, Chenu, Blanchard, Berthot, Detzem, Bolot, Pouchet, et par les communications diverses faites à l'Académie des sciences, etc., indépendamment des sociétés huitrières qui se sont formées, et dont les services sont déjà ap- préciables. Plusieurs conseils généraux se sont montrés favorables aux ten- tatives privées, en accordant des subventions; il s’agit maintenant cle donner suite à ces bonnes dispositions, et de créer des ressources nouvelles à la France. Le point essentiel, ainsi que l’a si bien démontré M. Coste, est «le conserver au moyen de la fécondation artificielle cette quantité innombrable d'œufs de poissons qui se perdent soit avant d'éclore, soit à l’état embryonnaire. Pour arriver à l'application en grand cle cette expérience et pour rendre à notre pays cette manne abon- dante qui peut suffire à l'alimentation du genre humain, il faudrait que le Gouvernement se mit à la tête de quatre grands établisse- ments, dont nous proposons l’organisation dans les quatre bassins principaux de la France qui se partagent les cours d’eau de notre territoire, et qui donneraient à la pisciculture les développements dont elle est susceptible. | Une commission nommée par le Gouvernement, composée d'hommes spéciaux et d'ingénieurs, serait chargée d'étudier les cours d’eau, et de désigner dans chacun des bassins l’endroit le plus favorable. Ces établissements régionaux auraient l'avantage de pouvoirre- peupler les eaux de la contrée d'espèces susceptibles d'y vivre, et chercheraient à acclimater celles rebelles à notre climat, à cause — 911 — des variations sensibles de la température. À ces études on pour- rait joindre celle de l’expérimentation des appareils et des difté- rents systèmes d'élevage, et le laboratoire du Collége de France serait appelé à contrôler ces diverses expériences. Le programme pourrait comporter également l'influence dela nature des eaux sur le développement et lacclimatation des espèces, expériences impos- sibles à faire dans les laboratoires, qui ne sont généralement pour- vus que d’une seule sorte d'eau; il faudrait étudier aussi les diffé- rents systèmes de nourriture dont on pourrait disposer dans Île pays où ils seraient établis, systèmes appropriés aux besoins de l'élevage. Les ponts et chaussées, par leur admirable organisation, se trouveraient naturellement à la tête de cette création, avec les autorités locales, et en auraient la surveillance. Ce qui fait qu'en France la pisciculture n’a pas pris le dévelop- pement qu'on était en droit d'attendre après les expériences si concluantes de M. Coste, après les beaux travaux de M. Milne Edwards sur les crustacés, c'est l'ignorance des moyens à employer. Beaucoup de personnes bien intentionnées ont fait et font des ten- iatives, ou plutôt des expériences, qui ne leur donnent qu'un demi-résultat. Cela se comprend aisément; étrangères aux procédés connus, elles sont obligées de tout chercher, de tout apprendre et de tout deviner, et celles qui ne se découragent pas après deux années de recherches n'ont pas toujours les moyens de faire face aux nouvelles dépenses qu’exigerait une réorganisation démontrée par leur propre expérience. S'ils trouvaient les enseignements dont ils auraient besoin dans des écoles modèles de pisciculture, qui se- raient ces établissements régionaux, comme il y a des fermes-écoles pour l’agriculture, ils seraient certains de réussir et ne reculeraient plus devant des sacrifices dont ils seraient à coup sûr récompensés. Ces écoles modèles auraient sans aucun doute le plus grand succès et créeraient à la France une source nouvelle de production. GRANDS BASSINS DE LA FRANCE. . Le bassin de la Seine, qui compte 4,327,000 hectares sur une étendue de 800 kilomètres et qui est arrosé par l'Aube, la Marne, l'Oise, l'Yonne, l'Eure, etc., offre un emplacement des plus favo- rables pour le premier de ces établissements; c’est le bassin des Settons, situé dans le Morvan et proposé par M. Coste. Dans le bassin de la Loire, qui comprend un quart de la — 312 — France et dont les principaux affluents (ka Mayenne, la Sarthe, l'Allier, le Cher, l'Indre et la Vienne) traversent plus de 1,100 ki- lomètres, il serait facile de disposer le second établissement de pisciculture, soit entre Orléans et Tours, soit du côté de Clermont- Ferrand et des lacs qui l’avoisinent, notamment le lac Pavin, ap- pelé la mer morte de l'Auvergne, Le troisième établissement que comporte notre projet se ferait dans le bassin de la Garonne, de la Dordogne et de la Gironde, auxquels se rattachent les bassins secondaires de la Charente et de l'Adour. Quant au bassin du Rhône, dont le parcours en France est de 520 kilometres, c’est au-dessus de sa jonction avec la Saône qu'il conviendrait de fonder notre quatrième établissement. La féra, qui se multiplie dans le lac de Genève traversé par le Rhône, pourrait s'acclimater dans les eaux du Bourget ou dans les lacs voisins du Puy-de-Dôme. Quel beau champ d'expériences s'ouvrirait en France à lindus- trie humaine, et quelles immenses ressources des travaux entre- pris dans cette direction viendraient offrir pour lalimentation pu- blique : Notre conclusion est facile : à côté du Hboratoire d’embryogémie comparée du Collége de France, d'où sortent la plupart des prix le physiologie accordés par l'Académie des sciences, se place le la- boratoire de pisciculture qui a toujours donné jusqu'à présent ‘enseignement, les conseils, les procédés et qui vulgarise les pro- grès que la science a chaque année à enregistrer. Les quatre établissements dont nous réclamons la création ne coùteraient pas plus que le seul établissement d'Huningue et propageraient la connaissance et le goût de la pisciculture; il leur incomberait le soin d'appliquer les découvertes dont on aurait constaté la valeur; ils répandraient dans les quatre grands bassins de la France la. vie et l'abondance; ils donneraient à la pêche flu- viale les développements et la réglementation nécessaires; ils re- peupleraient la Seine, la Loire, la Garonne, le Rhône et leurs af- fluents; ils signaleraient les espèces qui conviennent le nueux à telle ou telle région, à telle ou telle localité, et fourniraient à Fin- dustrie privée, aux établissements secondaires, toutes les ressources dont ils pourraient disposer. Tel est le but que nous poursuivons avec les meilleures chances — 913 — de réussite, et que nous atteindrons sans aucun doute, si le Gou- vernement veut bien seconder nos efforts. Recevez, je vous prie, Monsieur le Ministre, avec l'expression de ma reconnaissance, l'assurance de mon profond respect. ! = BoucHon-BRANDELY. PR ES UE 2 me, AT _2noëd of 1e suc br 4 OMR AE snonBuriaths Ps Rue bref mes #00 ire ABB AUEZ 9 à ste: irscçent ; scie “oi 4 0 A £ : È v LEE er | APE he Len El TEE F4 [3 ÉRIC L2 ts DE AMAR SE DE 207 RAPPORT UNE MISSION EN ITALIE ET À MARSEILLE, PAR M. A. LECOY DE LA MARCHE. er Paris, 1° septembre 1875. Monsieur le Ministre, Chargé par Votre Excellence de compléter mes recherches sur le roi René en recueillant dans les différentes archives d'Italie et dans celles de Marseille les documents relatifs à l’histoire de ce prince, je me suis rendu d’abord à Naples, capitale du royaume qu'il posséda sept ans et auquel il prétendit toute sa vie. Ac- cueilli avec beaucoup de bienveillance par M. le commandeur Trinchera, directeur des archives napolitaines depuis 1861, j'ai pu explorer à loisir ce dépôt, peu connu jusqu'à présent des érudits français. Je crois donc utile de donner ici un court aperçu de sa composition et des ressources qu’il offre pour l'histoire de notre pays. J'y ajouterai quelques indications sur les établisse- ments analogues que j'ai visités en Italie, et où je me suis arrêté inoins longtemps. Puis je réunirai dans un seul exposé les maté- riaux que J'ai extraits de ces différentes mines. Comme presque tous les monuments remarquables de Naples, la création des archives royales de cette ville est due à la maison d'Anjou. Ce fut Charles I‘, frère de saint Louis et fondateur de la dynastie, qui installa le premier fonds à la Zecca, dont àl à conservé le nom, et en confia la garde aux Maîtres rationaux. Les registres de la chancellerie angevine vinrent s'y accumuler suc. cessivement et finirent par former une collection des plus riches. Mais les troubles politiques des siècles postérieurs en firent dis- paraitre un certain nombre : en 1585, on en comptait encore 444: il en reste aujourd’hui 378. Heureusement des notes nombreuses, — 316 — prises au xvu° siècle par Charles de Lellis sur les volumes perdus depuis, peuvent servir à combler jusqu'à un certain point les la- cunes. Ces précieuses notes sont aujourd'hui en la possession de M. Minieri Riccio, l'érudit napolitain qui s’est le plus occupé des princes d'Anjou et qui peut être le plus utile, par son savoir et son obligeance, aux chercheurs étrangers!. Les registres della Zecca, plus communément appelés Registri Angioini, contiennent, comme les mémoriaux de notre ancienne Chambre des comptes, la transcription ou l'analyse authentique des lettres ou mandements émanés du roi, des justiciers et des principaux officiers royaux. C’est la source la plus abondante pour l’histoire des princes français qui ont régné à Naples aux xm° et xiv° siècles; cependant il faut dire que la plupart des pièces se rapportent à l'administration intérieure du royaume de Sicile. Les plus anciennes (1266-1309) ont été inventoriées dans les trois premiers tomes du Syllabus membranarum ad regie Siclæ ar- chivum pertinentium, publiés par l'administration des Archives de 1824 à 1845, et dont la suite est en préparation. Aux registres proprement dits sont mélés vingt-cinq volumes de comptes, dont la série est très-incomplète et dont beaucoup ne renferment pas le détail des dépenses. À côté de cette collection, soixante-dix porte- feuilles composés de layettes (arche), de liasses (fascicoli), de chartes et de lettres (pergamene sciolte, lettere), qui ne sont encore dépouillées et classées qu’en très-petite partie, forment le complé- ment du fonds de la Zecca. Quoique la dynastie angevine ait subsisté, avec des vicissitudes diverses, jusqu’en 1442, les registres de sa chancellerie s'arrêtent en 1423, et les autres divisions du fonds ne vont pas plus loin que 1436. C'est précisément l'époque de l'avénement de René : aussi n’ai-Je pas trouvé de série régulière des actes de ce prince et ai-je dû me borner à en chercher dans les parties annexes, pour ainsi dire, du dépôt des archives. Pourtant Charles de Lellis en a transcrit plusieurs, en 1681, sur des registres originaux, ce qui montre que l’on avait conservé au moins un ou deux volumes ré- pondant au règne de René. Mais je crois que la série complète, si elle à jamais existé, a disparu dès l'époque de sa chute. En effet, : M. Minieri Riccio a-publié notamment, d'après les pièces des archives, un Ftinératre de Charles T' et un Etat des officiers de la maison de ce prince. — 9317 — par suite du triomphe de son compétiteur, les actes de ce dernier demeurèrent seuls en vigueur. Comme dans toutes les révolutions, le gouvernement du roi détrôné se trouva nul et non avenu; Alphonse d'Aragon fit dater son règne de 1435, et, grace à l'esprit de flatterie des écrivains contemporains, cette année devint, dans toutes les histoires locales, la première de la dynastie espagnole. Le contraire eût eu lieu si le duc d'Anjou l’eût emporté; ainsi vont les choses humaines. Tant que la lutte dura, les actes nota- riés du royaume de Sicile portèrent en tête le nom de René ou celui d’Alphonse, selon la ville où ils étaient passés et le part auquel appartenait cette ville : on trouve à cet égard la diversité la plus curieuse!; mais dans la capitale et dans toute la région environnante, c’est toujours René qui est désigné comme le sou- verain de droit et de fait, jusqu'à la prise de Naples en 1442. Malgré cela, le malheureux prince fut considéré rétrospective- ment comme un intrus, et l’on dut se débarrasser de ses archives particulières comme de tout ce qui rappelait au dehors son ad- ministration; car sil avait pu les emporter avec lui, on en eût retrouvé la trace dans une des provinces françaises qui lui appar- tenaient. Du reste, ses prédécesseurs immédiats n'occupent eux- mêmes que la moindre place dans les Registri Angioini. Louis F*, Louis II, Louis II y figurent presque comme des irréguliers, tandis que leurs rivaux de la branche de Duras y sont représentés par des actes beaucoup plus nombreux. Cette dernière différence na guère de cause rationnelle. Pour les recherches dans les archives de la Zecca, il n'y a pas d'autre guide qu’un répertoire de noms de lieux et de familles, composé au xvir° siècle par larchiviste Sicola; car le Syllabus membranarum, comme je l'ai dit, ne comprend jusqu'ici que les premiers registres. L'ordre chronologique dans lequel sont rangées les pièces peut aider beaucoup; mais cet ordre n'est pas établi pour les liasses et les chartes détachées. On voit donc combien il est difficile de se diriger dans un champ si peu défriché, et com- bien il reste à faire, malgré le zèle des archivistes, pour que l'ex- ploration en devienne commode et sûre. ! À côté des suscriptions regnante Renalo et regnante À Iphonso, j'ai releve les suivantes : Vacante regno ob mortem serenissime Joanne IT. — Anno xx1 Joanne Il. = Sub regimine regunalis consilui. — Anno vit Eugenu pape. — Sub regimimne et quhernacione consili et quhernatorum reipublice hujus regni Sicilie, Ete La dynastie d'Aragon, à son avénement, ouvrit un nouveau dépôt sous le nom d'archives della Regia Camera. On y fit rentrer les actes d’Alphonse antérieurs à sa victoire, ce qui compense quelque peu pour nous le vide des registres du roi René; en effet, la correspondance des princes d'Aragon, qui est considérable et dont la publication sous forme d'inventaire a été commencée!, leurs comptes, cédules et autres pièces de comptabilité, que l'on possède à partir de l'an 1432 et qui sont aujourd'hui classés dans la section financière, fournissent autant de lumières sur la guerre franco-espagnole, sur le siége de Naples, sur les divers évé- nements contemporains, que ne l'eussent fait les archives de René lui-même. C’en est la contre-partie. J'ai puisé à cette source des éléments dont il faudra nécessairement user avec circonspection. Après le règne d’Alphonse, les archives napolitaines subirent encore des transformations et des accroissements dont je dois dire un mot, bien qu'ils intéressent moins directement mon sujet. La ville, qui déléguait précédemment les custodes ou archivistes de la Zecca, demanda au roi Ferdinand If 1a réunion du dépôt de la Regia Camera aux archives du municipe; cette faveur fut accordée, mais ne fut jamais mise à exécution. Sous les vice-rois espagnols, la série de la chancellerie aragonaise est close à son tour, et un nouveau fonds commence. En 1540, don Pedro de Tolède, gou- verneur pour le compte de Charles-Quint, fait réunir ces diffé- rentes sections au Castel-Capuano. Mais un siècle plus tard, dans le soulèvement de 1647, les prisons de ce chäteau sont forcées, les tribunaux qui y siégeaient sont dispersés , et un certain nombre de documents se perdent. Un désastre plus grand survient en 1701, lors de la conspiration du prince de Macchia : le peuple se rue sur l'édifice, et dans sa fureur jette les archives par les fenêtres; le feu en consume une bonne partie. Ce n’est qu'en 1786 qu'un établissement unique et régulier est fondé d’une manière durable pour conserver, avec les papiers d'État, les titres de propriétés foncières et les registres d'actions hypothécaires. L'honneur de cette fondation revient au roi Charles IIT de Bourbon, qui devança ainsi le créateur des Archives nationales de France. Les archives générales du royaume de 1 Codice Aragonese, tomes I et I], publiés par M. Trinchera, directeur des Archives, en 1866 et 1868. — 319 — Naples furent enfin organisées, telles. qu'elles sont de nos jours, par l’administration française, en 1808 et 1812. Centralisées comme auparavant dans le Castel-Capuano, elles furent divisées d’une façon très-rationnelle en quatre sections: Carte relative alla costituzione ed alla storia dello Siato (section politique); Carte di amministrazione interna e communale e de’ libri dello staio civile (sec- tion administrative); Carte di finanza e di amministrazione de’ do- mani dello Stato (section financière); Carte giudiziarie (section judiciaire). Sous la Restauration, des règlements successifs con- sacrèrent et perfectionnèrent cet état de choses en ordonnant l'en- tière publicité des archives, le versement périodique des papiers des différentes administrations, etc. Les sections furent quelque peu remaniées, et deux nouvelles furent créées : l’une comprit la guerre et la marine; l’autre, celle du secrétariat, embrassa no- tamment les rapports avec les riches archives des monastères du Mont-Cassin et de la Cava, placées comme annexes sous la sur- veillance du surintendant des archives générales. En même temps s’organisait l'administration des archives provinciales. Puis, en 1835, par suite de l'encombrement progressif du Castel-Capuano, auquel on avait en vain réuni les édifices voisins, force fut de transporter l'établissement dans un local plus spacieux. On choisit le vaste monastère de San-Severino, presque abandonné alors, et ces cloîtres fameux, qui avaient abrité le Tasse et Montfaucon, au milieu desquels s'élève encore le platane de saint Benoit et où l’art du xv° siècle a semé ses plus admirables fresques, furent alors restaurés pour une destination digne d'eux. De profondes armoires de bois, aménagées dans les salles et dans les longs corridors, reçurent tous les monuments au passé de l'Italie méridionale. Une école de paléographie, une bibliothèque, une salle de diplo- matique, sorte de musée où sont exposés sous des vitrines, comme aux archives de Paris, les titres les plus précieux!, complétèrent la nouvelle installation, qui n'a été terminée qu'en 1869. Le budget de l'établissement est depuis lors de 91,000 francs. Le ! Parmi eux figurent un diplôme latin de Charles le Chauve, roi de France et d'Italie, daté du 6 juin 880, confirmant une donation faite par Carloman, frère de Charles, à l’évêque de Parme {c'est la pièce la plus ancienne des ar- chives); des chartes arabes et grecques; une convention entre Jeanne II et le roi Jacques (1419); les privilèges accordés à Ja ville de Naples par Charles VIT (1495). L — 320 — personnel se compose d'un. directeur, de deux chefs de section, de quatre secrétaires , de dix-neuf applicati ou employés, d'un profes- seur de paléographie et de dix élèves. Ces derniers, nommés au concours, prennent part aux travaux des archives, et c'est là, ce semble, un réel avantage de l’école de Naples sur l'École des chartes francaise, bien supérieure, du reste, sous tous les autres rapports. Seulement les examens sont loin d'aboutir toujours à un résultat satisfaisant, et il arrive quelquefois, comme je l'ai vu cette année, que les cours cessent faute d'auditeurs. Les derniers événements survenus en Italie ont fait affluer aux archives de Naples des richesses nouvelles, tout à fait en dehors du cadre général, et dont l'acquisition, plus heureuse que légi- : time, ouvre à l’érudition locale une vaste carrière. Je veux parler de tous les titres des couvents supprimés dans les provinces na- politaines, qui forment un ensemble considérable, allant du xIr° au xvin° siècle, et quon n'a pu encore mettre en ordre. Le Mont-Cassin et la Cava ont seuls conservé leurs dépôts particuliers, placés, comme je viens de le dire, sous la dépendance de la direc- tion générale de Naples, qui en possède des inventaires complets. Les autres monastères ont dùü se soumettre à la loi commune: mais leurs archives n'ont pu être emportées qu'à travers les résis- tances d’une partie de la population. Ainsi celles de l'abbaye de Monte-Vergine, près d’Avellino, d'une importance hors ligne, furent déménagées par M. Margiotti, «fra le minacce di plebi sfrenate e tumultuanti!. » Le peuple croyait qu’on voulait enlever les objets précieux du sanctuaire; il fallut employer la force armée. C'est dans ce fonds mélangé des Coventi soppressi que jai trouvé le plus d'actes émanés du roi René. J'ai mis aussi à contribution une autre série à part, dont le titre (Codici et manu- scritti) indique suffisamment la nature. Cette collection renferme soit des œuvres privées, historiques ou littéraires, soit des corres- pondances ou des copies d'actes publics réunis dans un but donné. On y remarque surtout un magnifique volume de miniatures, provenant de la confrérie de Sainte-Marthe, et des lettres origi- nales de Charles-Quint, de Philippe IT, de don Juan d’Au- triche, etc. ? Ce sont les termes du rapport de M. Trinchera Degli archtivi Napolitanr , auquel ja emprunté une partie des renseignements qui précèdent. — 321 — Après les archives, j'ai consulté successivement les diverses bi- bliothèques de Naples. Comme importance générale, la Biblio- thèque nationale {jadis royale), attenante au musée, occupe sans contredit le premier rang. Ouvert en 1804 par ordre du roi Fer- dinand IV, cet établissement fut d'abord assez pauvre, toutes les collections particulières et conventuelles subsistant encore. Un choix de manuscrits grecs et latins, la bibliothèque d'Alexandre Farnèse (Paul IT), donnée par Charles HE, les livres et manus- crits des jésuites composèrent longtemps, avec quelques acquisi- tions ultérieures, tout son avoir. L'abolition de plusieurs ordres religieux lui amena les fonds de San-Severino, des olivétains, de San-Martino, des dominicains, des théatins. Peu à peu, elle par- vint à réunir, dit-on, Jusqu'à 300,000 volumes; mais ce chiffre est exagéré. Depuis 1849 jusqu'en 1860, tout accroissement cessa; la négligence occasionna même une sensible diminution. Depuis, de nouveaux achats et surtout la deuxième suppression des monastères, notamment de ceux de Sant-Efrem, de San-Do- menico-Magsiore, de Santa-Maria-la-Nuova firent remonter Je total des volumes à 260,000, dont 10,000 manuscrits et 25,000 livres rares ou précieux. Dans le nombre, je signalerai une inté- ressante série de bibles, depuis l'édition de Mayence (bel exem- plaire sur parchemin) jusqu'à celles des Septante données à Saint- Pétersbourg et à Rome; le manuscrit du grammairien Carisio, écrit au vi‘ ou au vin” siècle; deux papyrus datant de 489 et de 551, publiés par Marini; la Flora (office divin) et le missel du cardinal de Tolède, dont les miniatures valent une galerie de tableaux, et d’autres œuvres d'art du même genre dues à des peintres fran- çais, flamands, italiens, espagnols et allemands. Citons encore, parmi les manuscrits, des autographes de saint Thomas d'Aquin, du Tasse, de Vico, de Giano Parasio, des exemplaires célèbres de plusieurs classiques, Phèdre, Eschyle, Pline le jeune, Dante, Pé- trarque, le Tasse, et une traduction en dialecte napolitain de poésies italiennes du xn° au xiv° siècle, sous le titre de Epi- gramme su’ 1 bagni di Pozzuoli. La littérature de notre pays n'est guère représentée dans cette collection que par deux manuscrits du xnr° siècle : la Guerre de Troie, par Benoît de Sainte-Maure , et le Thesaurus de Brunetto Latini (version française). Le premier a été étudié déjà par plusieurs savants; le second, qui est très- beau , est malheureusement incomplet. MISS. SCIENT. — II. 21 — 322 — Les recherches dans la Bibliothèque nationale sont faciles. Les lecteurs ont à leur disposition trois sortes de catalogues pour les imprimés : un catalogue de position, un par ordre alphabétique et un par ordre de matières, tous très-bien tenus. Pour les ma- nuscrits, des répertoires également commodes ont été rédigés et en partie publiés (fonds grec, fonds latin, et commencement du fonds arabe). Get état de choses, joint à l'empressement du conservateur, M. Volpicella, m'a permis de mettre la main sur plusieurs documents importants, en particulier sur deux ouvrages inédits propres à éclairer d'un jour nouveau l'histoire du roi René et celle de l’enluminure : la chronique de Pérégrin et le De arte illuminandi, dont je parlerai plus loin. Mais une mine plus féconde peut-être pour les annales de notre pays est la collection des manuscrits de la Brancacciana, bibliothèque fondée au xvn° siècle par le cardinal Francesco- Maria Brancaccio et située dans le quartier de l'Université. Indé- pendamment des œuvres d'un intérêt universel, comme le com- mentaire des Lois lombardes, qu'ont fait connaître les travaux de Savigny, de Pertz, de Merkel, et qui remonte au 1x° ou au x° siècle, la période angevine et les derniers temps de la monarchie fran- çaise sont représentés là par des chroniques, des mémoires, des recueils de lettres et de pièces diplomatiques. Mon attention s’est portée de préférence sur deux récits des événements de Naples sous le règne de René et sur des instructions du pape Eugène IV à ses ambassadeurs en France, traitant non-seulement des affaires de la maison d'Anjou, mais des plus épineuses questions de la politique générale. Les catalogues de cette bibliothèque paraissent complets; mais il faut toute la complaisance de M. Beatrice et de ses auxiliaires pour arriver à s'en servir avec fruit. Mes recherches dans les autres établissements de Naples ne de- vaient pas avoir autant de succès, attendu qu'ils renferment peu ou point de manuscrits. La bibliothèque de l'Université, confiée à M. Minervini, a été spécialement composée en vue des étudiants, qui y viennent en grand nombre. La porte de celle des Gerolo- mini n'est plus guère ouverte que par les trois ou quatre Pères de l'Oratoire auxquels on a laissé, par une faveur exceptionnelle, un asile dans leur ancien couvent, avec la charge de veiller à len- tretien de l'édifice et à ia conservation des livres. Üne dernière bibliothèque vient de se former avec le butin provenant des mai- — JIM —= sons religieuses récemment supprimées: elle est installée dans le quartier le plus central de la ville, rue San-Giacomo à Toledo, dont elle a pris le nom. Le principal avantage qu'elle offre, c'est d’être ouverte le soir, de cinq heures à neuf heures; et comme la Bibliothèque nationale ouvre, de son côté, de dix heures du matin à trois heures, et la Brancacciana de trois heures à sept heures, lecteurs et chercheurs peuvent trouver à tout instant du jour des instruments de travail. C'est une combinaison qui pourrait être adoptée ailleurs avec fruit. Je ne m'étendrai pas si longuement sur les dépôts d'archives ou de manuscrits que J'ai explorés dans Île reste de FEtalie. Is sont, je crois, plus connus, et je ne les ai pas autant pratiqués. Et cependant une moisson plus variée, plus précieuse en un sens, m'y aitendait. La plupart dès puissances italiennes du xv° siècle eurent des relations suivies avec René d'Anjou : les unes lai- dèrent, les autres le combattirent, toutes voulurent se servir de lui pour leur intérêt particulier. De là des correspondances confiden- tielles, des rapports d’ambassadeurs, des instructions, des avis de toute sorte qui se croisaient de Naples à Gênes, de Florence à Venise, de Milan à Paris. La diplomatie tortueuse et versatile des précurseurs de Machiavel se révèle dans ces négociations inces- santes. On y voit, mieux que partout ailleurs, comment la cause de la maison d'Anjou était intimement liée à celle de la France, et la politique de Charles VIT s'y dessine nettement derrière celle de son beau-frère. Il est clair, d’ailleurs, que les relations écrites sur les événements qui se sont accomplis dans un pays doivent se trouver plutôt en dehors de ce pays lui-même, c'est-à-dire dans. les archives des personnages à qui elles étaient adressées. Les archives du Mont-Cassin ne m'ayant fourni que quelques renseignements sur un abbé de ce monastère qui prit part à la lutte entre Alphonse et René, et celles du Vatican étant en ce mo- ment d’un accès assez difficile, je me transportai à Florence, Les lettres du chef de l'Etat {alla Signoria et della Signoria) sont la source la plus abondante que m'aient offerte les archives de cette ville, Le dépouillement des originaux m'a été singulièrement faci- hté par un répertoire analytique très-détaillé, renvoyant aux Vo- lumes et aux pages, et dispensant parfois d'y recourir. Ce gigan- tesque travail, exécuté par un archiviste au xvn° siècle, remplit d'énormes in-folio; c'est plus qu'un inventaire, c'est un résumé de 2h do — la plus riche portion du dépôt. Dans lespoir d'abréger les re- cherches des érudits, j'en donne Île titre exact: Spoglio del car- teggi universi della reppublica Fiorentina. Les registres des délibéra- tions des gonfaloniers de Florence, les notes des ambassadeurs ont été scrutés par moi avec presque autant de profit. J'ai con- sulté aussi, à la bibliothèque de la ville, une collection de lettres originales de provenance irès-diverse, dont une table alphabétique rend l'usage assez commode. A Venise, dont l'importance au point de vue des archives a été trop souvent signalée pour que je m y arrête, les registres de déli- bérations des Conseils de la république (Libri partium secrelarum), contenant les procès-verbaux des séances, les votes et les lettres commandées aux secrétaires, ont été ma ressource; car les fa- meuses Jielaziont des ambassadeurs ne remontent pas jusqu'à l'époque dont j'avais à m'occuper. J'ai cependant recueilli quelques instructions données à ces mêmes ambassadeurs. Mais ma meil- leure rencontre tians cette ville est celle que j'ai faite, à la biblio- thèque de Saint-Marc, d’un récit des événements du royaume de Naples au milieu du xv° siècle, récit émané d’un témoin oculaire et dont on verra plus bas la vaieur. Les deux puissances italiennes qui se trouvèrent Île plus mêlées aux aflaires du roi René sont le duc de Milan et la république de (rênes. À partir de l’'avénement des Sforce, le parti angevin eut dans le Milanais un allié intéressé, mais fidèle. Gênes, au con- traire, aida le roi de Sicile dans la première partie de son règne, dans son expédition à Naples et sa lutte contre Alphonse : elle sut aussi Jui faire payer ses services. Les archives de Milan sont fé- condes sur cette matière. Plus heureuses que celles de Venise, elles abondent, dès la première moitié du xv° siècle, en pièces diploma- tiques, rapports d’ambassadeurs, instructions, négociations, cor- respondances. On peut y puiser les notions les plus détaillées sur la politique française, sur le rôle de Charles VIT et de Louis XI dans les questions italiennes et dans le gouvernement de leur propre royaume. Les Relations de Candido Decembrio, de Jean Galéas, d'Angelo Acciajolo, jettent à elles seules un jour nouveau sur la vie de René dans sa prison, sur son influence à la cour, sur les intrigues qui s'agitaient autour du roi. Le plus grand nombre de ces précieux documents sont encore en désordre; point d’in- ventaire. Mais les plus anciens, jusqu'en 1441, ont été insérés en — partie dans les Documenti diplomatici tratli dagli archivi Milanesr, publication commencée par le savant Osio, directeur des archives de Milan, qui venait de mourir à mon passage dans cette ville. La seule division établie est celle en Dominio Visconteo et Dominio Sfor:esco : dans chacune de ces deux séries, les pièces sont placées à peu près suivant l'ordre chronologique; seulement on en a extrait la plupart des lettres des grands personnages pour former un recueil d'autographes. Ce dernier m'a fourni des fragments de la correspondance du roi de Sicile et de son fils Jean d'Anjou avec le duc. . Le dépôt de Milan et celui de Gènes dépendent de la direction énérale des archives de Turin, qui avait bien voulu me recom- mander à leurs conservateurs particuliers. C’est dans la seconde de ces villes que cette faveur ma été le plus utile : car J'y ai trouvé encore moins de classement régulier; de plus, j'y tom bais ‘en pleine semaine sainté, et le personnel eût été compléte- ment invisible sans l’amabilité du directeur, qui s'est mis lui- même et a mis toutes ses richesses à ma merci. Registres de délibérations, traités politiques, lettres des doges, j'ai tout dé- pouillé rapidement sans autre guide que l'ordre chronologique, et je puis dire qu'au point de vue de notre histoire ces collections ne le cèdent en intérêt à aucune autre. On doit chercher là des notions précises sur l'occupation de Gênes par Charles VIT, sur le passé de Pile de Corse, sur les progrès de la marine. En ce qui concerne mon sujet, le séjour de René à Gênes, la part active prise par la république dans le gouvernement du royaume de Naples avant l’arrivée de ce prince, les efforts combinés avec la cour de Rorne pour le secourir, lui ou la reine Isabelle, l'amitié naissante du doge Thomas de Campolrégoze pour son malheu- reux allié, tels sont les principaux points sur lesquels j'ai recueilli d'utiles matériaux. Bien plus considérable était la tâche que j'avais à remplir aux archives départementales des Bouches-du-Rhône. Les traces laissées par le roi René dans son comté de Provence sont cent fois plus nombreuses qu'en Italie. Mais, dans cette dernière étape de ma mission, Javais des auxiliaires puissants : un ordre parfait dans les documents, duü autant à la régularité des archivistes du xv° siècle qu'au zèle de leurs successeurs, des inventaires complets et détaillés, imprimés où manuscrits, la faculté de travailler au — 926 — besoin sept heures pat jour (le double environ de {a durée des séances dans les archives d'Italie), et par-dessus tout le savoir et Le dévouement de nies confrères, MM. Blancard et Reynaud. Je n'ai rien à apprendre à personne sur l'organisation ni sur le contenu de ce dépôt, Fun des plus importants de France. Les archives de . l'ancienne Chambre des comptes. d'Aix, inventoriées suivant le système un peu trop uniforme prescrit par le ministère de Finté- rieur, en composent le fonds le plus riche et sont à elles seules tout un monde. La série des mémoriaux, ou registres de trans- cription des actes de l'autorité souveraine, n’a pas eu à subir les pertes désastreuses qui ont mutilé la collection analogue formée jadis par la Chambre de Paris. Seize d’entre eux m'ont donné le texte d'une foule de pièces de la plus haute valeur, la plupart ignorées, sur les affaires de Sicile, l'administration de la Provence, les rapports avec le roi de France, l'Italie et l'Espagne. Deux re- gistres spéciaux (n° 273 et 274) sont remplis de lettres patentes et mandements rendus par René de 1470 à 1479, et concernant Anjou et le duché de Bar aussi bien que ia Provence. Les aris cultivés par le roi de Sicile, comme la peinture, l'orfévrerie, sur lesquels les archives d'Italie sont muettes par ce qu'il fut dans cette contrée constamment occupé à faire la guerre, sont au con- iraire largement représentés ici. C’est qu'il se livra surtout à ses goûts artistiques dans les loisirs que lui donnèrent, vers la fin de son règne, l’adversité et la retraite. Trois comptes, dressés par ses trésoriers, en 1465, 1476 et 1478, renferment une quantité plus considérable encore de commandes ou de payements d'œuvres d'art, de meubles, d'instruments, d'objets curieux. J'ai réuui en- viron deux cents articles sur cetie matière complexe, et je crois que plusieurs d’entre eux faciliteront la solution du problème, si souvent posé déjà, des travaux artistiques de René. Ces textes enrichissent de plusieurs noms nouveaux l'histoire de l'enlumi- nure, de la sculpture, de l’orfévrerie, de la broderie. Ils montrent le royal amateur dirigeant ses artistes, leur devisant leur besogne, en un mot collaborant avec eux. La même méthode est employée par lui avec ses secrétaires ou ses écrivains, auxquels il fait com- poser suivant ses instructions des œuvres dramatiques ou litté- ! Voir l'Appendice que j'ai ajouté aux Extraits des comptes et mémortaux du rot René. — 327 — raires. Enfin, J'ai demandé aux chartes originales de la Chambre des comptes d'Aix un complément aux notions fournies par les registres, et, bien que ces deux parties d'un même fonds fassent quelquefois double emploi, j'ai recueilli là de nouveaux actes po- litiques et administratifs, un état de la maison du roi de Sicile, un de ses testaments inconnus et diverses pièces qui ont ajouté à cette abondante récolte un regain non sans valeur. Pour faire connaïtre plus en détail le résultat de mes recher- ches, je vais maintenant passer à l'exposé des documents. Énu- mérez tous ceux dont j'ai pris soit le texte, soit l'analyse serait beaucoup trop long. Ils s'élèvent, en effet, au nombre de 695, .qui se répartissent comme il suit : | AUCDIMES EC CE ET mn Us +2: 67 Nas MBIDHOtheqUeMaUONALE. -. 270: eee 7 | Bibliothèque Brancacciana.. ......... s) Mont-CassinrwAnchivesarerces .sa0Meénos D. ut 3 Jo APCE 2 EIRE Donne PRES, h3 RS er restons 3 e NRORINESS D UP ed ne one 26 PA LS ns LOT mi € ; Milsns-Archivesy Prat ob Siren tic Aile! 56 éme Archntesemie are à 02 doté ae rl À h5 Nsculen Archives #1. den or, 128 HORAIRE TR 699 Je me contenterai de signaler ici les principales de ces pièces en en résumant la substance et en en donnant des extraits. Je commencerai par les chroniques et mémoires, qui sont en pelit nombre, et je présenterai ensuite dans l’ordre chronologique la série des actes, letires et documents divers. CHRONIQUES ET MÉMOIRES. L. Gaspari Pelegrin historia À lphonsi primi Aragonu, Neapolis regis. (Bibl. nat. de Naples, IX, C 22.) Ms. latin, sur papier, de 186 feuillets, dont les premiers et les derniers manquent. Le titre ci-dessus, est fourni par les rubriques qui précèdent chaque livre ou chapitre. L'auteur de cette histoire inédite est un témoin oculaire, un : — 328 — personnage de la suite d'Alphonse, et, selon toute apparence, un panégyriste à gages. Néanmoins il raconte en détail la lutte de ce prince contre le roi René, la campagne des Abruzzes, les deux siéges de Naples, les intrigues des capitaines; son récit dévoile même quelques-unes des causes secrètes du dénouement de la guerre. La partie conservée de son œuvre va de l'an 1419 à lan 1443 environ. Les 8°, 0° et 10° livres, dont j'ai pris copie (fol. 1 36- 178), et qui seuls ont trait à l'histoire de René, sont accompagnés de miniatures initiales fort médiocres et portant les rubriques suivantes : Quomodo rex Alphonsus habel prelium cum gente de-Abru- cio. — Quomodo rex Alphonsus vadit post regem Reynellum et mu- lierem suam, et intraverunt se fugiendo ad Neapolim. — Quomodo rex Alphonsus intrat in Neappolem, et rex Reynellus et mulier sua fugiant et se vadunt ad Franciam. Le style est boursouflé, obscur et parfois incompréhensible. On reconnait un certain nombre d'expressions ou d’acceptions espagnoles. L'imitation de lanti- quité, de Virgile surtout, va jusqu'a la manie. Le royaume de Naples est sans cesse appelé regnum Latin; la narration est émail- lée de discours à la Tite-Live et à la Quinte-Curce. Cette raison, jointe à la partialité peu dissimulée de l'écrivain, ne permet d'user qu'avec mesure de son texte. Le manuscrit ne paraît, du reste, qu'une copie, contemporaine il est vrai, mais offrant des altéra- tions évidentes. 2. Thome de Chaula, Siculi pairie, Clarimontis oriundi, gestorum per illustrissimum Alphonsum, Aragonum et Sicilie regem ad eundem {abri V]. (Archives de Naples, Codici, n° 6o.) Ms. latin, sur par- chemin, de 30 feuillets non numérotés. Autre panégyrique contemporain, paraissant, comme le précé- dent, rédigé sur commande. Style aussi déclamatoire, et encore moins nourri de faits. Quoique le manuscrit soit complet, le récit ne va pas jusqu'à l'expédition de René en Italie et ne contient que les faits qui la préparèrent; aussi je ne m y arrête pas davantage. 3. De failli di Alphonso I d'Aragonia libri X. (Bibl. nat. de Naples, X,C.6.) Ouvrage de Bartolomeo F azia, contenant des détails plus inté- ressants que celui de Pérégrin, mais déjà connu et imprimé. Cet exemplaire n'est qu'une copie du xvrr° siecle. — 9329 — A. Cronica del regno di Napoli, dal principio sino all” anno 1511. (Bibl. Brancacciana, 2 G 11.) Ms.‘italien, sur papier, de 178 feuillets. La date comprise dans le titre denote l'époque du chroniqueur anonyme, qui s'arrête au moment où il écrit, et qui a vu une par- tie des événements qu'il raconte. Le récit, en effet, est particu- lièrement développé à partir du milieu du xv° siècle. Les détails particuliers qu'il renferme sur Naples et l'Italie donnent à entendre que l'écrivain est indigène; certains passages le montrent, au con- traire, singulièrement étranger à l’histoire des pays voisins. Des surcharges, des notes ajoutées en marge et de la même main que le texte, paraissent indiquer que ce manuscrit est bien loriginal. Initium : La cita de Napoli vole dire in greco cila nova....... Lacune à partir de la mort de Ladislas (fol. 34). Le texte re- commence au fol. 36 verso par les mots : Anno Domini w cecc x117, a di vr del mese de augusto, la serenissima regina Margarita....... Finis : À dxxvirr de jugno 1511, de jovedi, intro papa Julio in Romu. Quelques dernières éphémérides ont été ajoutées après coup par l'auteur. Le siège de Naples et la conduite de René, l'expédition posté- rieure du duc Jean, son fils, sont retracés avec limpartialité un peu sèche d'une chronique, et cependant assez longuement pour rectifier sur plus d’un point la version espagnole. 5. Diario di cose occorse in Napoli dal 1266 al 1478. (Bibl. Brancac- ciana, 2 F 12.) Ms. italien, sur papier; l'ouvrage va du fol. 9 au fol Lu: Ce journal, le plus instructif et le plus détaillé des mémoires du temps, a été publié par Muratori comme anonyme et d'après un autre exemplaire. Je me borne donc à signaler les particularités du manuscrit. C'est une copie du xvi° siècle ou du commencement du xvu*. En tête, on lit ces mots, d’une écriture plus récente : Auctore Caracciolo Tristano. Ne serait-ce pas là le véritable au- teur? L'ouvrage est transcrit entre deux autres compositions his- toriques de Tristan Caracciolo (que Villeneuve-Bargemont appelle T'rajan) et de la même main. Caracciolo, familier de René, mort dans les premières années du xvi° siècle, a fort bien pu arrêter — 330 — son Journal en 1478. Toutefois Soria, qui a énuméré ses œuvres, et Muratori, qui en à édité plusieurs, ne mentionnent pas celle-ci. On l'a attribuée à tort au duc de Monteleone : ce personnage était seulement le propriétaire du manuscrit. C’est ce que prouve de reste un autre exemplaire du Diario (Archives de Naples, Manu- scrult, n° 13), qui est intitulé : Diornale dell hustorie del regno di Napoli che si conservano per il duca di Monteleone. Ce dernier ma- nuscrit est aussi une copie, paraissant écrite au xvu° siècle; le Diario SJ trouve mêlé à divers fragments historiques. Dans un troisième exemplaire que j'ai rencontré à Venise (Bibl. de Saint- Marc, mss. italiens, n° 43), et dont l'écriture est un peu plus an- cienne, il est encore joint aux œuvres de Tristan Caracciolo. Enfin il en existe des transcriptions plus modernes à la Bibliothèque na- tionale de Naples (X C, n°® 11, 18, 30 et 351). 6. Annali di Ludouco di Faymo, dal 1250 usque ad 1499. (Bibl. nat. de Naples, X CG, 1° partie, fol. 21.) Ms. italien, sur papier; copie du xvi° siècle. Cette chronique générale, dont le titre indique la date, ne con- üent pour le règne de René que de brèves éphémérides. 7. Croruca de Juliuno Passaro, setwolo Napelitano, dall an 1055 al 1516. (Mème manuscrit, 2° partie, fol. 0.) Ouvrage du même genre, écrit de la même main. L'auteur dit qu'il continue les éphémérides commencées par ses ancêtres. II fait suivre son récit d'une longue liste des Napolitains imposés pour les dépenses de lentrée triomphale du roi d'Aragon; cette liste remplit dix pages, et le total de l'impôt prélevé monte à 1,901 écus, ce qui n'empêche pas le zélé courtisan de faire aus- sitôt après l'éloge de la libéralité d’Alphonse. 8. Historia del regno di Napoli, de 1040 à 1498. (Bibi. de Saint-Marc, à Venise, mss. italiens, n° 42.) Ms., sur papier, de 85 feuillets. C’est le récit le plus intéressant, le plus spécial et le plus in- connu des événements du règne de René. Le savant Domenico Dellelio, citoyen de Gaëte, àgé de soixante-cinq ans, est venu à Venise comme chancelier de Conrad Orsino, engagé au service de ! Rerum Ttalicarum scriptores, t. XXL. — 331 — la république. Il s'est lié avec un Vénitien, dont le nom ne nous est pas parvenu, et lui à raconté tout ce qu'il avait vu et entendu des affaires de Naples. Celui-ci a entrepris, en 1481, de mettre par écrit les souvenirs qu’il a recueillis. Telle est, d’après son préam- bule, l'origine de son ouvrage. On a là une précieuse garantie d'authenticité. Parmi les faits importants qui nous sont révélés par les mémoires de Dellello, il faut signaler la cause première et toute fortuite de la découverte qui ouvrit les portes de Naples au roi d'Aragon : Alphonse lisait sous sa tente un livre traduit du grec en latin par Léonard Arétin, secrétaire de la communauté de Florence, qui le lui avait offert lui-même; ses yeux tombèrent sur l'histoire de la guerre des Goths; il vit que Bélisaire avait arraché Naples à ces barbares en passant par un ancien aqueduc, et la fantaisie lui prit de tenter une seconde fois le coup; il fit cher- cher laqueduc, le retrouva et réussit. 9. Mémoire rédigé par Raymond Talon, élu de Sisteron, sur les droits de René d'Anjou au trône de Sicile, avec un historique succinct des faits relatifs à la succession des rois et reines de ce royaume et une argumentation dans le gout du temps. (Archives des Bou- ches-du Rhône, B 664.) Ce manuscrit original n’est plus une chronique, mais un plai- doyer; cependant il a aussi un côté historique. Il à été écrit vers 1443, après l'occupation de Naples par Alphonse, que l’auteur traite d’envahisseur et de Lyran. 10. Mémoire analogue, mais plus étendu et anonyme. (Archives des Bouches-du-Rhône, B 150.) Registre de 308 feuillets. Résumé historique et exposé de la cause, suivi de nombreuses pièces justificatives : inféodation du royaume à Charles [*; serment prêté au pape par Jeanne [®; confirmation de l'adoption de Louis [°, duc d'Anjou; annulation par Jean XXII des droits de Ladislas de Duras et de sa postérité; investitures données à Louis II et à René; etc. 11. De arte illuminandi. (Bibl. nat. de Naples, XII E 27.) Ms. laun, sur papier, de 10 feuillets. Bien qu'il soit étranger à René d'Anjou, je dois ajouter ici un court aperçu de ce petit traité, déja mentionné plus haut, et qui se — 332 — lie si intimement à l'histoire de l’art cultivé avec le plus d'amour par le roi de. Sicile. L'écriture du manuscrit, qui paraît bien être l'original, est fine et serrée, et remonte certainement au x1v° siècle : peut-être, si on la rencontrait en France, ne l'attribuerait-on qu'aux premières années du siècle suivant; mais la pratique des manus- crits italiens fait reconnaïtre qu'il y a presque toujours un écart d'environ cinquante ans entre l'écriture des deux pays, en d’autres termes, que les caractères écrits, comme l’art, comme la littéra- ture et comme une foule de choses, se modernisent un demi-siècle plus tôt en Italie qu'en France. Je crois donc le traité en question plus ancien que la plupart des compositions analogues connues jusqu'à présent. Il diffère de toutes quant à la lettre; mais 1l se rapproche, quant au fond, de plusieurs d’entre elles, comme on en peut juger par les titres de ses divisions, écrits à l'encre rouge en tête de chacune d'elles. Préambule : Zn nomine sancle et individue Trinitalis, amen. In prinus quidem simpliciter....... De bictuminibus ad ponendum aurum. De aquis cum quibus temperuntur colores ad ponendum in carta. De coloribus artificialibus , comodo ftunt, el prumo de nigro. De albo. De rubeo colore artificial. De qlauco. De purpureo colore. De qluuco colore natural. De azurio sive celesti colore natural et artificialr. De viridi colore: De colore rosaceo, alias diclo rosecta. De colore brasilu liquido et sine corpore ad faciendurm umbraturam. De assisä ad ponendum aurum in cart. De modo ustendi ed. De aquis seu bictumuubus ad artem tlluminandi necessarus, el primo de aqu4 colle. De clar& ovorum, el quomodo prepuratur. De aquä qumme arabice. De aqu& mellis vel zucchart. De coloribus, quomodo debent moleri el invicemn miscert ac in pergameno pont. De modo operandi colores. Ad florizandam de azurio de Alamaniu. Ad florizandum cinabrium. — 333 — Ad faciendum corpora licterarum de cinabrio. De coloribus ad illuminandum cum pizello. Ad lemperandum cerusam caus4 profilandi folia et alia opera pizelë. De croco. Ad faciendum scribendum de cinabric. Ad faciendum primam investituram cum przello. Ad illustrandum colores post operationem eorum. Ad ponendum aurum cum mordente qui accipit aurum per seipsum. Fin : Quia optimum erit. Deo gratias. Amen. Ces rubriques sufliront à donner une idée de l'ouvrage, qui est, à proprement parler, un recueil de recettes à l'usage des enlumi- neurs, mais qui contient les détails les plus techniques sur les procédés trop oubliés de ces merveilleux artistes. Il ne porte aucun nom d'auteur, et le titre même a été ajouté postérieurement; tout fait supposer pourtant que cet intéressant opuscule est d’origine italienne. ACTES ET DOCUMENTS DIVERS. 1435, 4 juin, Dijon. — René, prisonnier du duc de Bourgogne, nomme Isabelle de Lorraine, sa femme, son lieutenant général et la charge d'aller prendre possession de son royaume de Naples. (Marseille, B 11, fol. 341.) 1435, 21 septembre, Milan. — Ligue offensive et défensive conclue, pour soixante ans, entre les ambassadeurs du roi René et le vicomte Gaspard, cousin et procureur du duc de Milan, envers et contre tous, excepté le pape, l'empereur, les rois de France et d'Espagne et le duc de Savoie. Des secours d'hommes, de chevaux, d'armes, de navires el de vivres seront donnés à René par le duc de Milan à partir de l'entrée du premier ou de l'un des siens sur le territoire du royaume de Sicile. La ville de Gaëte sera laissée en gage au duc, pour garantir les sommes dépensées par lui et par les Génois en faveur de la cause de René de- puis la mort de la reine Jeanne. René prendra à sa solde, pour deux ans au moins, 1,900 cavaliers de l’armée ducale. Il ménagera en outre la réconciliation de Francois Sforce avec le duc, ou sinon traitera ledit François en ennemi. Tous les ans, chacune des deux parties devra fournir à l'autre, si elle en est requise, et dans les deux mois qui suivront la réquisition, 1,500 cavaliers où un nombre proportionnel de vaisseaux 334 — armés qui serviront six mois: au delà de ce terme, leur entrelien sera aux frais du réquisiteur. Le duc limite son intervention à l'Italie. (Milan, Leghe, pace, etc., n° 796, fol. 168; Marseille, B 655.) 1435, 8 octobre, Milan. — Le duc Philippo Maria, contrairement au traité précédent, signe avec le roi Alphonse d'Aragon, son prison- nier, des conventions portant que ce prince sera mis en liberté, que le duc ne laissera aucun autre que lui s'emparer du royaume de Naples, que Gaëte embrassera sa cause et que les deux parties se prêteront une assistance mutuelle, Mäian, Leghe, pace, etc,, n° 506, fol. 168 et 180. SEM E 79 1435, 13 novembre, Dijon. — Relation de Candido Decembrio, ambassadeur du duc de Milan à la cour de Bourgogne. I rend compte à son maïtre des espérances que l'on a de voir le duc de Bourgogne s’accorder avec le duc de Bar (René), et l'engage à traiter avec ce der- nier avant que les Vénitiens ou les Florentins l'aient accaparé. Curieux détails sur son entrevue avec René : a Da poi che fu gionto à Digione, como scrisse à la Vestra Signoria . el duca de Barri mando li andasse à favellare: si che, presa licentia dal cancellero de Borgogna, inseme cum lui fu da la presentia sua, e si lo ritrovay in una camera molto guardato e destreto, e con la barba grande ; el quale, in presentia d’ogni persona, quasi lacrimando me disse queste parole : Te prego, mi voglie recommandare al signor mio cusino, e dighi che ho gran desiderio de vederlo. Ne altro disse, e de subito el cancellero de Borgogna me redusse seco de fora. La matina seguente, el dicto duca de Barri me fe dire secretamente, per uno de li suoi piu fedeli, che e hi per la sua liberatione, che s’anoma el protonotario, e credo sia messer Jacobo Surich”, queste parole : El re Rayneri non pote heri parlare como desiderava, per li guardi cha d'intorno. lo ho havuto licentia de conferire con lui, per altre nostre pratiche che ha- vemo con questi de Borgogna, si che m a dito che tu referissi queste parole al tuo signor : como novamente l’a sentito de la higa fata tra la sua signoria e lui?, de che se ne conforta molto, e prega el dito signor tuo voglia perseverare in questo bon principio, che l'trovara per elfecto chel sera sempre suo bon figlolo e amico, e potra disponere de ie cosse del reame, e cossi de Venetiani et Firentini. quanto lui proprio. E digli che quando li ambassadori che nuy expectamo de giorno in giorno seran ritornali qui cum li capituli de la dicta liga, che l’ re Rayneri, avisato li dicti capituli, de subito mandera dal prefato tuo signor uno messe ! Jacques de Sierck. René ignorait encore la trahison du due de Milan, — 335 — proprio che l'avisara de tuta sua intentione à pieno. Ancora vole el dicto re Rayneri che tu avisi el prefato tuo signor de tuto el suo stato, e como hoggi haveno obtenuta la liberatione de suo figlio, che era qui venuto per slare in loco del dicto re, e poi non volevano liberare ne l'uno ne l'altro; si che hoggi lo mandaremo in loco che sera ben securo, acio che questi non habieno casone de mutare proposito...» Le duc de Bourgogne a demandé pour la rancon de René trois mil- lions de ducats, puis deux, puis un million. Il sait bien que son prison- nier ne peut payer une si forte somme; mais il veut obtenir en gage le duché de Bar et le garder. Afin d'atteindre ce but, il recherche mainte- nant l'alliance de René, et non plus celle du roi de France. Le duc de Bar préfère rester en prison toute sa vie. (Milan, Dominio Visconleo , an. 1435.) 1435, 25 novembre, Naples. — Serment de fidélité ct hommage lige prêté par la noblesse, et le peuple de Naples à la reine Isabelle , comme lieutenant de son mari, dans la cour du Castel-Capuano. H s'élève entre les délégués des différents quartiers une discussion sur leur rang res- pectif. La reine est obligée de se retirer et fixe ordre dans lequel ils jureront fidélité. Les quartiers de Capuano et de Nido accompagnent leur serment d’une protestation et de la réserve de tous leurs priviléges. (Naples, Bibliotheca Brancacciana, 2 G 20, fol. 47.) 1436, 13 des calendes de mars {17 février), Florence. Bulle du pape Eugène IV confirmant à René l'investiture du royaume de Sicile accordée à son frère et prédécesseur Louis IT, en considération des ser- vices rendus récemment à l'Église par la maison de France et de la dé- votion de René envers Île Saint-Siége. Gui de la Bossaye, damoisean, reçoit cette investiture au nom du prince absent. Bien que par la mort de la reine Jeanne le royaume soit dévolu au pape, celui-ci le confère à René d'Anjou el à ses descendants ou collatéraux de l'un et de l’autre sexe, notamment à Charles d'Anjou, son frère, aux conditions ordi- naires. René prête serment dans la forme usitée et rend au pape l'hom- mage du royaume de Sicile et de toute la terre citra Farum , excepté Bénévent et son district. Il promet de secourir l Église, de défendre son terriloire, et s'interdit loute prétention aux titres d'empereur, de roi d'Allemagne, de seigneur de Lombardie ou de Toscane, etc. (Marseille, B 656.) 1436, 7 avril, Gênes. — Thomas de Campofrégoze écrit à René et à sa femme Isabelle qu'après bien des troubles et des collisions il a été — 330 — élu doge de Gènes, que la république a retrouvé la paix , et qu il se met à 18 disposition s s'ils ont quelque chose à lui demander. (Gênes, Lettres des doges, an. 1436.) 1456, 26 mai, Gênes. — Le même mande à la reine Isabelle quil a reçu ses ambassadeurs, qu'il est disposé a tout tenter en sa faveur, quoi qu 1l puisse arriver, et que ses vœux les plus ardents sont pour la délivrance du roi son mari. ( Gênes, Letires des rat à an. 1436.) 14306, 28 mai, Castel-Capuano. — Commission donnée par la reine Isabelle à l'évêque de Fréjus, à Guillaume Saignet, Antoine Hermentier, Jean Martin, Charles de Castillon et Jean Ones ses conseillers, pour nommer un lieutenant général militaire chargé de la défense des comtés de Provence et de Forcalquier en l'absence de René, qui doit ètre bientôt délivré, et de son fils Jean, trop jeune encore. Autre commission aux mêmes pour vendre ou engager des terres du domaine royal en Provence, à l'effet de subvenir aux frais de la guerre, «a cum, exuberantibus nobis undique, tüm pro solvendis gentis armigere stipendis quam als negociis in exitum deducendis, expensarum pro- fluviis, ad incombencia nobis onera suplere ac hujus Sicilie regni sua- rumque provinciarum tuicioni financiarum carencià comodè providere nequeamus. » (Marseille, B 656.) 1436, 6 août, Dijon. — René emprunte à son cousin Louis de Cha- lon, prince d'Orange, qu'il a fait venir auprès de lui pour rechercher les moyens de hâter sa délivrance, une somme de 15,000 francs en monnaie blanche ayant cours dans le duché de Bourgogne. Il s'engage à la fui restituer à Besançon à la prochaine fête de Noël, ou sinon à lui céder les fiefs qu'il tient de lui en Provence jusqu'a parfait rembourse- ment, et il renonce spécialement au droit introduit en faveur de ceux qui passent des obligations en prison. (Marseille, B 13, fol. 226 v°.) 1436, 8 décembre, Gênes. — Le doge de Gênes remercie le comte de Pulcino de lui avoir envoyé la nouvelle si désirée de la délivrance de Rene. « Hunc enim principem eum esse auguramur, per quem non modo inclitum illud Sicilie regnum eternam pacem sit consecuiurum , verum tota Italia sit quiete et dulci ocio fruitura. » (Gênes, Lettres des doges, an. 1136.) 1437, 21 février, Gênes. — Le même écrit à Ja reine Isabelle que la flotte génoise se préparait a aller secourir la ville de Naples lorsqu'on a Er reçu ses lettres annonçant que le roi d'Aragon avait levé le siége, Beau- coup de trirèmes aragonaises ont passé en vue de Gênes, regagnant leur pays. On n'armera que le nombre de vaisseaux suffisant pour maintenir le libre accès des ports. Des marchands de Flandre ont écrit que René était parti en Anjou, au grand contentement de tous; le pape souhai- tait ardemment cette délivrance. (Gênes, Lettres des doges, an. 1437.) 1437, 29 février, Naples. — Traité conclu entre le doge de Gênes et les provisores du royaume de Sicile, d'une part, et les plénipoten- tiaires nommés par la reine Isabelle, d'autre part. La république de Gênes promet d'envoyer des vaisseaux et des troupes au secours de la reine dans le courant du même mois, et en retour Isabelle cède aux Génois les gabelles de la ville de Naples pour quatre ans, confirmant toutes les immunités et concessions à eux octroyées précédemment par la reine Jeanne. La flotte envoyée comprendra cinq grands navires chargés de 450 hommes d'armes et de 300 arbalétriers, de provisions de sel et de blé, etc. La concession des gabelles de Naples sera annulée si René ou Isabelle payent à Gênes, dans le délai de deux ans, la somme de 17,000 aurei. Les priviléges et immunités des Génois dans le royaume de Sicile seront confirmés, notamment leur droit d'emporter la quantité de blé nécessaire à la consommation de leur ville et de son district. Les gabelles de Gaëte leur seront restituées. Le présent traité devra être ra- lifié par René en personne dans les deux mois qui suivront son arrivée au royaume. (Gênes, Materie politiche, mazzo 12.) 1437, 4 octobre, Naples. — Serment de fidélité des nobles et barons du royaume de Sicile à René et à sa femme Isabelle. Le texte du serment est suivi de deux cent sept signatures autogra- phes, en tête desquelles se lit celle de Jacques Candola (Caldora), duc de Bari, et d'autant de sceaux. Le tout remplit une immense pancarte. (Marseille, B 657.) 1437, 24 novembre, Viviers. — Vente de la baronnie d'Aubagne faite par le roi de Sicile à Charles de Castillon, pour le prix de 8,000 florins, en vue de payer les navires génois Doria, Spinola et Corsa, qui faisaient voile en ce moment de Naples à Marseille et que René avait retenus pour le transporter en Sicile, lui et son armée. (Marseille, B 11, fol, 170.) 1437, © id. decembr. (9 décembre). — Bulle d'Eugène IV privant l'abbé du Mont-Cassin, Pirrus Thomacelli, du gouvernement de son abbaye , parce qu'il a déserté la cause du pape et de René pour embras- MISSS SCTEN D "IT: 22 a ser celle d'Alphonse d'Aragon, et qu'il s'est emparé de la citadelle de Spolète, dont il était le châtelain. Le prieur est chargé d'administrer le couvent. L'abbé fut ensuite arrèté et enfermé au chateau Saint-Ange. Le re- gistre de ses actes est resté en blanc à partir de l'an 14337. (Mont-Cassin, Codex diplomaticus , t. IV, an. 1437.) 1438, 12 janvier. — Exemption d'impôts accordée par René a Jean Martin, ei l'avait accompagné en Flandre et avait négocié sa délivrance auprès du duc de Bourgogne. Martin est de plus confirmé dans l'office d'avocat fiscal et de maître rational . en récompense de ses grands services. (Marseille, B 11, foi. 178.) 1438, 15 mars. — René, ayant reçu de son clergé de Provence des plaintes sur Îles entraves apportées par ses prédécesseurs à la juridiction et aux priviléges des églises du comté, voulant protéger la liberté de l'Église et espérant que De lui en tiendra compte, révoque et annule toutes conslitutions ou sentences contraires à cette liberté rendues no- tamment par Louis [IT et ses agents. Afin que le clergé et les officiers royaux vivent en bonne amitié, tout désaccord qui surviendra entre eux sera apaisé par deux commissaires pris, l’un dans le conseil du roi, l'autre parmi les clercs. (Marseille, B 11, fol. 310.) 1438, 31 mars, Castel-Capuano. — La reine Isabelle donne la chapel- lenie de Saint-André d'Amalfñi, vacante par la démission de son confes- seur l'évêque de Sainte-Agathe, qu'elle en avait pourvu précédemment, a Girard Simonet, clerc de Reims, familier et serviteur du roi son mari. Dans cette pièce, comme dans plusieurs autres actes d'Isabelle, la sionature autographe Ysabels regina est intercalée au milieu du texte, après les mots per manus nostrt predicte. (Ün certain nombre de chartes émanées de René offrent la même particularité.) (Naples, Coventi soppressi, reg. 73.) 1438, 10 avril, Gênes. — Le doge et le conseil de la république de Gènes ordonnent une dépense de 1,250 livres pour la réception du roi René, attendu très-prochainement. Le jour de son entrée solennelle, tous les ofliciers de la ville (videlicet anciani Bale, Monete, Romanie et Sancti Georqgu) revêtiront leurs habits de drap rouge, et ceux qui n’en possèdent pas en emprunteront. Défense à qui que ce soit de paraître en vêtements noirs, sous peine de 25 florins d'amende. Toutes les femmes auront, par extraordinaire, le droit de porter des perles et des joyaux sans payer aucune redevance, (Gênes, X, 953.) — 999 1438, 8 juillet, Naples. — René confirme et étend les priviléges de l'Université de Naples. Louis Caracciolo, chevalier, est nommé Justicia- rius scolarium studii Neapolitani en récompense des services qu'il a ren- dus. Plusieurs droits lui sout donnés sur les marchés de la ville. Les écoliers sont autorisés à lui nommer trois assesseurs, dont le premier sera choisi par les élèves du royaume de Naples, le second par les Ita- liens, le troisième par Îles ultramontains. Ces assesseurs, avec les docteurs et Les grands écoliers (magni scolares), formeront un conseii qui prendra part à l'administration. (Naples, Covenli soppressi, reg. 73.) 1438. — Le roi «René premier» est inscrit sur le registre de l’asso- ciation ou collége de Sainte-Marthe, fondé à Naples par la reine Mar- guerite, en 1400, pour s occuper d'œuvres pies. Ce magnifique manuscrit, sur lequel la reine Isabelle fut inscrite aussi à son arrivée, en 14395, contient les armes et les portraits peints, exé- cutés au fur et à mesure, de soixante personnages nobles admis dans la mème confrérie. René est représenté assis, la figure jeune et imberbe, la couronne sur la tête, le sceptre dans une main et le globe dans l'autre, vêtu d'une robe violette et d'un manteau rouge, le tout sur un fond d'or; ses armes sont supportées par deux anges à genoux. Cette miniature a environ 8 centimètres sur 6. Au dessous on lit : « Rex Renatus primus intravil domum Sancte Marthe anno M GCGG XxXVIHI, secunde indictionis. » (Naples, Codices, n° 58.) 1139, pridie kal. april. (31 mars), Charles VIT ayant fait prier le pape, par ses ambassadeurs, de procurer une trève entre René et Alphonse d'Aragon, Eugène IV, désirant avant tout le bien de la paix, autorise l’évêque d'Albano, son légat, à quitter Avignon et la Provence pour se rendre auprés de ces princes et conclure tout accord qui sera jugé utile. (Marseille, B 11, fol 317.) 1440, 31 janvier, Bénévent. — Billet du châtelain et du recteur de Bénévent racontant que, au milieu de la nuit, à deux heures, un gros de cavaliers napolitains s'est présenté demandant à entrer dans la ville. On. n'en a laissé pénétrer que vingt-cinq, et dans le nombre s’est trouvé le roi René, sous les habits d'un rustre (saccomando). Ii à logé chez l'ar- chevêque et a promis de partir le lendemain. (Milan, Dominio Visconteo, an. 1440.) 1440, 15 avril, Florence. — Lettre du cardinal Acciapozzi à François Sforce. Il lui annonce que tous les cardinaux ont supplié le pape, en 2" — 9310 — consistoire , de porter remède à l'état du royaume de Sicile. Il a été dé- cidé qu'on enverrait demander à René et au roi d'Aragon de déposer leur querelle, et, comme on est certain que le premier obéira et l’autre non, le pape aura ainsi un juste motif d'attaquer Alphonse. (Milan, Donunio Visconteo, an. 1440.) 1440, 10 août, Naples. — René nomme la reine Isabelle son lieute- nant général dans les duchés d'Anjou, de Bar, de Lorraine et dans le comté de Provence, et l'envoie en France avec pleins pouvoirs. (Marseille, B 12, fol. 90.) 1440, 6 novembre, Gênes. — Lettre du doge de Gênes à l'ambassa- deur de la république à Florence. On ne peut assez s'étonner du chan- gement survenu dans les dispositions du pape, qui avait promis pour le printemps une flotte considérable et des troupes destinées à secourir le roi René. On prépare tout, puis soudain l’on apprend que le pape traite avec Alphonse. Et quel traité, bone Deus! Pour les vingt années de Ila- beurs et de dépenses employées au soutien du royaume de Sicile, la ré- publique n'aura aucune rémunération; si René lui a concédé quelques priviléges , 1ls seront frappés de nullité ,: etc. Il parait impossible d'ame- ner les citoyens de Gênes à accepter de pareïlles conditions. (Gênes, X, 113.) 1441, 27 mars. — Pour remédier à la misère et a l'oppression du peuple du bailliage de Chaumont et pays de Bassigny, victime des débats prolongés entre le roi de Sicile, duc de Lorraine, et ses sujets lorrains, d'une part, et le comte de Vaudemont et ses gens, d'autre part, le roi Charles VII avait convoqué à Bar-sur-Aube ledit comte et le conseil de René, autorisé par le marquis du Pont, fils de ce prince et gouverneur de la Lorraine en son nom. Du consentement des parties et en considé- ration de l’affinité résultant du traité de mariage déjà conclu entre Ferry, fils du comte de Vaudemont, et Yolande d'Anjou, fille de René, le roi arrête l'accord suivant, après délibération de son grand conseil : Le 5 comte recevra dans deux ans des terres et seigneuries pour une valeur de 22,000 livres tournois, plus le revenu du grenier de Joinville, qui passera après lui à son fils Ferry, moyennant quoi 1l renoncera à toute action ou prétention sur le duché de Lorraine, ainsi qu'a toute réela- mation contre René ou les siens. Suivent plusieurs clauses de détail. Par ce traité de paix final, tout sera oublié et pardonné, et les sujets des deux parties vivront en bonne amitié. Les conventions seront jurées dans la main du roi, par Charles d'Anjou et le marquis du Pont pour le compte de René, par le comte de Vaudemont et Ferry pour eux et les leurs, sous peine de 100,000 écus d'or d'amende. Le roi servira d'ar- — Jhl — bitre s 11 survient quelque nouveau différend. René et le duc de Calabre, son fils, ratifieront l'accord le plus tôt possible. (Marseille, B 205, fol. 38.) 1441, 26 avril, Gênes. — Ligue conclue entre la république de Gênes et le plénipotentiaire du pape, pour s'opposer aux entreprises d'Alphonse d'Aragon sur le royaume de Sicile et le chasser au besoin par la force. La procuration du pape à son délégué dit qu'Alphonse a refusé l'en- trée du royaume au légat envoyé pour rétablir la paix, tandis que René, au contraire, s'est soumis aux volontés du Saint-Siége et s'est montré disposé à la concorde. (Gênes, Materie politiche, mazzo 12.) 1441, 25 novembre, Crémone. — Traité passé entre Nicolas Mathieu Guarna, de Salerne, commissaire de René, et François Sforce, gonfa- lonier de l'Église romaine. François s engage au service du roi de Sicile avec 1,000 lances et 1,000 fantassins, à raison de 10 ducats par lance et de 2 ducats et demi par fantassin chaque mois. Cet effectif pourra être augmenté en vue d'accélérer la conquête du royaume de Sicile. René promet à Francois l'office de grand connétable du même royaume et lui en donne dès à présent le titre. Il le nommera, pour cinq ans au moins. maestro portulanato del reame. Les châteaux et places pris par François se- ront tous remis à René sans distinction : le comte lui rendra l'hommage de ses terres et de ses charges, et il arborera ses étendards; etc. (Marseille, B 205, fol. 118.) 1442, 16 mars. — Raymond Candola, camerlingue du royaume ‘de Sicile, promet à François Sforce, traitant et acceptant pour la majesté du roi René, fidélité perpétuelle et ligue offensive pendant cinq ans, un service de 200 lances pendant le même temps, le passage et les vivres pour les troupes alliées sur toutes ses terres. Candola aura pendant ces cinq ans la } jouissance et la garde des châteaux de Sanguino et Bagnolo ; il aura en outre, pour Es les tailles’et impôts ie à la chambre du roi de Sicile pour les terres à lui appartenant; etc. (Milan, Dominio Visconteo, an. 1442.) 1442, 25 avril, Gènes. — Délibération du doge et des conseils de la république de Gênes, assistés de 250 notables, sur les demandes de se- cours faites par les ambassadeurs du roi René, assiégé dans Naples. Le pape a promis d'envoyer de son côté des troupes, si les Génois envoyaient des navires. Cependant l'assemblée se montre très-divisée d'opinion. En- fin Jean de Odono, après avoir fait ressortir la haine et l'inimitié perpé- tuelle du roi d'Aragon contre la république, après avoir cité le discours 342 — de Cicéron dans le sénat romain au sujet de la déclaration de guerre à Mithridate, demande qu'on envoie la flotte génoise protéger le royaume de Sicile, non-seulement pour le présent, mais pour l'avenir. Cette mo- tion est adoptée par 170 Voix. (Gênes, X, 960.) 1442, 22 mai. — Înstructions données aux ambassadeurs du pape auprès du roi de France. Ge document, très-important, mais très-long , est un résumé de la politique d'Eugène [V. En ce qui concerne la cause du roi René, les ambassadeurs feront valoir aux yeux de la reine Isabelle et de Charles VIT îes efforts tentés par le pape pour la soutenir, les se- cours qu'il a prêtés en armes, en provisions de blé, etc. Ils solliciteront à la cour la faveur et l'appui de Charles d'Anjou, frère de René, de maitre Pierre Berchebien, médecin du roi, et surtout du cardinal Ro- main, en qui le Saint-Père a toute confiance. À l'audience royale, ils demanderont une expédition à main armée contre l'antipape; le concile de Bâle et leurs adhérents, comme hérétiques obstinés, avec lesquels on ne peut en finir autrement. Iis feront vaioir les immenses services rendus par le pape à la maison de France en la personne de René et du roi iui-même, notamment dans les négociat' ons qui ont eu lieu récem- ment à Arras pour arriver à une paix avantageuse avec le duc de Bour- gogne. Puis ils solliciteront la révocation de Îa pragmatique sanction donnée à Bourges, qui lèse'les droits du Saint-Siége et viole le droit humain comme le droit divin; car le pape ne peut croire qu'un pareil acte ait été rendu du consentement du roi. « Quis vero fuerit inceptor et machinator tanti sceleris omnibus notissimum est.» Des faveurs et des concessions sur d'autres points seront accordées, s’il le faut, pour obte- nir cette révocation, concessions dont ia nature et la limite sont déter- minées. (Naples, Bibliotheca Brancacciana, ms. 5 H 7, fol. 166.) 1442. — Compte d'Alphonse d'Aragon pendant le siège de Naples, soutenu par René contre ce prince : emprunts fréquents aux habitants du pays; ravitaillement du château de l'OEuf; achats d'armes et de vivres; équipement d'un vaisseau qui devait arrèter les secours envoyés a René par les Génois, mais qui arriva lrop tard; ambassades au duc de Milan; don de 10 ducats pour certaines pauvres femmes de la ville as- siégée; fabrication de poudre, bombardes et spingardes, et de «certes ar- tellaries secrets quel” dit senyor mana fer per forniment e municio de son camp ;» travaux aux forts et bastides: prise de la tour d'Octave et du château des Fratri; récompenses à des officiers et soldats; don de 30 du- cats à un trompette du duc d'Anjou, passé récemment dans les rangs d'Alphonse, etc. (Naples, Cedolarie di tesorarte, n° 4.) — 343 — 1442, 14 juin, Gênes — Le doge et les conseils de Gênes, ayant appris la défection de la ville de Naples, tombée au pouvoir du roi d'Ara- gon le 2 du même mois, décident d'envoyer deux commissaires et un navire chargé de 100 arbalétriers au secours du Castel-Nuovo, où René s'est, dit-on, réfugié. : (Gênes, X, 959.) 1442,7 septembre, Florence. — Les prieurs des arts et gonfaloniers de Florence décident que, pour leur part de cadeaux, ils offriront au roi René, présent dans leurs murs, une des lionnes de la ville. En même temps ils commandent à un orfévre une croix neuve pour remplacer celle qui a été volée clans le logis de René et qui lui avait été prêtée par les chanoines de Saint-Laurent. (Florence, Délibérations des gonfaloniers , n° 48, 101 SEE) 1443, 5 février. — René confirme les lettres de protection accordées aux juifs par sa mère Yolande et garantissant leur liberté individuelle contre toute vexation, attendu qu'ils ne respirent, dit-il, que sous le seul bouclier de notre tuteile. (Marseille, B 13, fol. 36.) 1443, 5 février. — Beaucoup d'amis communs de René et d'Alphonse d'Aragon leur ayant conseillé, dans l'intérêt public, d'adopter un modus vivendi el de conclure ensemble une trève, René donne procuration à Tanguy du Châtel, son sénéchal de Provence, et à trois autres de ses conseillers pour signer en son nom celle irève, qui durera dix ans et s étendra à tout le territoire provençal. (Marseille, B 666.) 1445, 26 mai, Châlons. — Relation de Jean Galéas, ambassadeur extraordinaire du duc de Milan auprès du roi de France. Il rend compte des tentatives faites par Charles VII et sa cour pour réconcilier René avec le duc de Bourgogne. La réussite de ces tentatives est considérée comme peu probable. Une grande rivalité existe aussi entre René et le dauphin, «e questo per che esso re Raynero e quelo che governa tutto questo reame, et e stato quelo che ha facto fare quela ordinanza e ri- ductione delle gente d'arme, como ne mandamo una copia alla Signoria vestra. » (Milan, Dominio Visconteo, an. 1445.) 1447, 8 janvier. — Le comte François Sforce ayant demandé à Al- phonse d'Aragon l'autorisalion d'acheter des chevaux dans le royaume de Sicile pour une somme de 5,000 à 4,000 ducats, ce prince la lui re- fuse en lui donnant pour raison qu'il n'est pas de son parti. (Milan, Dominio Visconteo, an. 14 h7.) — 344 — 1448, 12 mai. — Aux conditions de trêve proposées par le légat du pape, Alphonse d'Aragon répond arrogamment : « Reverendissime in Christo pater et domine amice nobis carissime, reddite nobis sunt littere vestre, simulque cum hïs modificationes seu habilitationes quedam porrogationis induciarum vel treugue inter nos et 111. ducem Andegavie faciende, quam ad vos certà formä transmisera- mus : que profecto ejusce modo sunt, ut eas nullo pacto acceptare pos- simus. Quod reliquum igitur est, postquam induciarum tempus trans- ierit, bellum inter nos subsequi necesse erit. Datum in nostris felicibus castris, apud Juncaricum, die x11 mañ, xt ind., anno M r01° XL vu. « Rex ALFONTIUS. « Rex Aragonum, utriusque Sicilie. » (Marseille, B 14, fol. 3 v°.) 1491, 27 février, Tours. — L'ambassadeur florentin Angelo Accia- jolo, envoyé auprès du roi de France pour demander son aide, rend compte du traité qu'il a obtenu : la communauté de Florence et le duc de Milan promettent de soutenir tous les intérêts du roi en Italie. Charles VIF s'engage, de son côté, à les seconder dans toutes leurs guerres jusqu à la Saint-Jean 1453, et de leur envoyer à cet effet un prince de son sang ou un autre capitaine; il espère que, d'ici la, on trouvera moyen de pacifier les différends qui subsistent en Italie entre les membres de la famille royale et d'autres personnages. Le roi a signé ce traité, rédigé en forme de lettres patentes, aux Montils-lès-Tours, le 21 février. : (Florence, Lettere à la Signoria, vol. VIII, n° 231.) 1493, 10 mai, Florence. — La communauté de Florence supplie le roi René de hâter son expédition en Italie et de ne pas Îaisser refroidir l'ardeur des troupes florentines, qui sont admirablement disposées et armées. Les conventions faites avec lui par Acciajolo seront exécutées en temps et lieu; on les a consignées dans un acte public signé et ratifié. qu'on lui envoie. Ces conventions portent que René se rendra en Îtalie pour secourir les Florentins et le duc de Milan contre tous leurs enne- mis; il s y trouvera le 15 juin 1453. La ville de Florence lui donnera 10,900 florins d'or par mois, et lui remettra le commandement de toutes ses troupes. Îl amènera au moins 2,400 cavaliers à lui. Celle des deux parties qui voudra renoncer au traité devra en prévenir l'autre deux mois à l'avance. Si René a besoin de retourner en Provence ou en France, 1 en sera libre, à condition d'envoyer à sa place le duc de Calabre, son fils: etc. (Florence, Lettere della Signoria, reg. 37, fol. 37 v°; Marseille, B 673.) — 345 — 1453, 29 juin. — Avant de partir eu Lombardie, René rédige son testament. Cette pièce, inconnue jusqu ici, diffère peu du testament de 1474, publié depuis longtemps. On y remarque cependant quelques clauses particulières : un legs de 1,000 écus d'or à Marguerite, reine d'Angleterre (fille de René), plus une rente de 2,000 livres tournois si elle devient veuve; une rente de 1,200 livres assignée à Blanche (fille naturelle de René) pour son entretien, plus une somme de 3,000 livres pour sa dot, qui augmentera de 500 livres chaque année si l'héritier du roi de Sicile tarde à la marier au delà de ses quinze ans; l'obligation pour ce même héritier d'accomplir le vœu fait par René d'aller en pèlerinage au saint sépulcre, etc. Jean, duc de Calabre, fils aîné du testateur, est institué hérilier universel. Les exécuteurs lestamentaires sont Louis de Beauvau , Pierre de Meuillon , Robert de Baudricourt , Vital de Chabannes. (Marseille, B 205, fol. go.) 1493, 4 juillet, Sisteron. — Lettre de René au duc de Milan l'avisant quil est en marche pour le rejoindre, qu'il a vergogne de lui en écrire plus long du fond de ces montagnes, et qu il lui en dira bientôt davan- tage quand il sera plus près. (Milan, Donunio Sforzesco, Cartegquio di principt, n° 3.) 1453, 31 août. — Le dauphin (Louis XI) ayant offert à la république de Venise de l'aider contre le duc de Milan (allié de René) et demandant de l'argent pour cela, on lui répond que les temps sont peu propices, en ajoutant force remerciments et protestations de dévouement envers toute la maison de France. (Venise, Libri partium secretarum, vol. XIX, fol. 211.) 1453, 3 octobre, Venise. — René étant descendu en Lombardie et ayant cherché à détacher de l'alliance du roi d'Aragon la république de Venise, celle-ci, après délibération des conseils, lui fait répondre qu'elle lui est très-reconnaissante de ses dispositions amicales, qu'elle lui est toujours restée dévouée, mais que, après la ligue formée contre elle par François Sforce, devenu duc de Milan, et la communauté de Florence, elle a été forcée de s'unir aux Aragonais. Du reste, elle ne désire rien tant que la paix, et, si elle peut l'obtenir présentement à des conditions süres et honorables, elle est toute prête. Cette réponse est votée par 70 voix contre 101. (Venise, Libri partium secretarum consil Rogatorum, vol. XIX, fol. 215.) 1453, 10 octobre. — Protestation adressée par René aux proviseurs de l'armée vénitienne : « Magn: et prestantes viri, Deum et homines testari audemus non odio NT vestro, nori rancore, non deniqué ullà ambitionis libidine, gressus nos- tros in ltaliam direxisse, sed transitum nostrum Christianissimam Fran- corum regis magestatem, justis petitionibus et querimontis amicorum communium benignè deflexain. proprium quoque interesse nostrum, quod inibi versari dignoscitur, nos merito impulisse OL QRUEE Adversus nos ligam et confederationem cum dicto Aragonum rege firmastis;... que- sitis coloribus, pacem queritis, ut juribus nostris in nostro Sicile regno destrahatur. Justè ergo monemus ut arma in Italiam feramus, tüm ad amicorum preservationem , tüum ut adversarii nostri conatus reprimamus. » (Gette lettre n'obitint qu'une réponse évasive.) (Marseille, B 14, fol. 137.) 1453, 28 octobre. — Nouvelles des victoires de René et du duc de Milan en Lombardie. ils ont pris toutes les places du Brescian. L'’ennemi s’est retranché ; on n’a pu lui donner 12 chasse. (Florence, Lettere della Signoria, £* XLVIF, p. 185.) 1453, 1° décembre. — René ayant fait demander à Florence de l'ar- gent et ses quartiers d'hiver en Toscane, on lui refuse ce dernier point et on l'engage à prendre ses quartiers en Lombardie, « perche ci e dentro la riputatione maggiore della Sua Maesta. » (Florence, Lelicre della She f* XLVIT, p. 207.) 1453, 11 décembre, Venise. — Comme, après les succès de René et du duc de Milan, il est urgent de pourvoir au salut de l'État et de rechercher tous les secours possibles, la république envoie un ambassa- deur au dauphin, en Savoie, pour le prier de descendre en Italie et de protéger les Vénitiens. (Venise, Libri partium secretarum, etc., vol. XIX, fol. 232.) 1453, 22 décembre. — Lettre adressée de Florence au duc de Milan. René a mandé à ses gens qui étaient à Florence de partir de cette ville le 20 courant. Il veut s'en aller trouver le roi de France pour lui de- mander de l’aide. Ge n'est pas bon signe; on craint qu'il ne revienne pas. (Milan, Dominio Sforzesco, an. 1453.) 1454, 8 janvier, Alexandrie. — Lettre de René au due de Milan. H lui est attaché plus que jamais, et il le prie de ne pas croire ceux qui üennent des discours contraires. Ce sont paroles de soldats. I ne se sé- pare pas de lui parce qu il sen va en France, mais c'est pour mieux servir sa cause; et si telle n “était: pas sa ferme intention, il ne ferait pas venir à sa place son fils unique, qu'il recommande à l'amitié du duc. (Milan, Dominio Sforzesco, Carteggio di principi.) — 347 — 1494, 17 jun, Florence. — Lettre de l'ambassadeur Angelo ÂAccia- jolo au duc de Milan. Un de ses amis lui a écrit de France que Charles VIT est courroucé contre le roi René depuis que celui-ci est re- venu de Lombardie et qu'il lui a adressé les plus sanglants reproches. On dit que René avait écrit au sire de Précigny pour tâcher de se faire rap- peler d'Italie par le roi de France, et que sa lettre était tombée dans les mains de ce dernier. Le roi de Sicile est blâmé par les Français comme par les Italiens; on fait maintenant peu de cas de lui, mais non de son is. (Milan, Donunio Sforcesco, an: 1454.) 1459, 28 septembre, Angers. — René, ne pouvant encore, à cause de ses grandes occupations, exécuter le projet qu'il avait d'aller visiter avec la reine son comté de Provence, délègue Ferry de Lorraine, Tan- guy du Châtel, Louis et Bertrand de Beauvau pour recueillir les aides dans ce pays, y remettre les crimes de lèse-majesté et autres, confirmer les priviléges, etc., promettant ce ratitier leurs actes par des rescrits spé- CIAUX. (Marseille, B 14, fol. 178.) 1458, 5 kal. decemb. (27 novembre), Rome. — Bulle du pape Pie IT adressée au roi René. L'évêque de Marseille est venu demander au pape d'investir René du royaume de Sicile et de ne favoriser en rien son rival; les ambassadeurs du roi de France ont fait naguère une dé- marche semblable. Le pape regrette de ne pouvoir les satisfaire, mais le moment est tout à fait inopportun : il est urgent de maintenir la paix entre les princes chrétiens pour défendre la foi menacée. Du reste, il a toujours réservé les droits de René et les réservera encore, et il l'engage a persévérer dans sa dévotion au Saint-Siége. (Marseille, B 678.) 1459, 22 août. — René, après avoir donné à Jeanne de Laval, sa femme, le comté de Beaufort en Anjou, considérant que le séjour de la Provence plaît beaucoup a cette princesse, lui donne le choix , après sa mort, entre ledit comté et la gabelle du sel de la grande traite de Pro- vence. (Marseille, B 14, fol. 263 v°.) 1460, 10 octobre, Venise. — Charles VII avait fait demander par son ambassadeur Nicolas l'alliance de la république de Venise et sa pro- tection pour le duc de Calabre; il s'était en mème temps plaint du pape et de sa partialité pour Ferdinand d'Aragon au détriment des princes d'Anjou, et avait enfin fait certaines ouvertures au sujet d'un concile contre les Turcs. Le conseil délibère sur ces différents points et répond, . — 518 — sur le premier, que la république est toujours trés-attachée au roi de France, qu'elle le remercie vivement de ses propositions et qu elle se réfère, quant au duc de Calabre, aux paroles de ses derniers ambassa- deurs; sur le second, qu'elle ne peut rien dire; sur le troisième, qu'elle est prête a prendre part à toute entreprise contre le Turc. Ces réponses sont votées par 110 voix contre 6. (Venise, Libri partium secrelarum , etc., vol. XXI, fol. 20.) 1460, octobre, Milan. — Instructions données à l'ambassadeur du duc de Milan auprès du roi de France. Aux plaintes du roi sur l'affaire de Gênes, il répondra que son maître aurait pu s emparer de cette ville avant l'arrivée du duc de Calabre, et qu'il ne l'a pas fait; quil a refusé de s'entendre avec le roi d'Aragon; que les clauses de la ligue italienne auxquelles il est astreint l'ont seules empèché de prêter assistance au duc Jean. Au sujet du royaume de Naples, il a fait jadis tout ce qui était humainement possible en faveur d'Isabelle et de René : il a donné 12,000 ducats à son parent Michel pour qu'il s'engageàt a leur service; en épousant la fille de Philippe Visconti et en embrassant sa cause. il s'est réservé expressément la faculté de défendre René contre le roi d'Ara- gon; plus tard, il a envoyé ses soldats dans la marche d'Ancône pour se porter personnellement au secours du roi de Sicile, mais il en a été em- pêché par les troupes de Philippe Visconti et du pape. Pour le présent, il n'y a dans toute l'Italie aucune maison qui doive profiter plus que la sienne de la victoire du roi René. Si celui-ci était resté à Milan au lieu de repartir. lors de sa dernière expédition, l'on aurait obtenu une paix avantageuse, car le désaccord s était mis entre les Aragonais et les Véni- tiens; mais il lui a plu, pour des motifs inconnus, de retourner en France, malgré les prières et l'argent des Fiorentins, et force a été au duc de Milan d'entrer dans la ligue italienne avec le roi d'Aragon, par égard pour ie pape, et dans la pensée que cette ligue ne tiendrait pas longtemps. Îl a, du reste, laissé passer les troupes de Jean d'Anjou avec les drapeaux de son père sur le territoire milanais, et ii a refusé du se- cours à Ferdinand malgré ses instances. Enfin il n'a aucune intelligence avec le dauphin ou le duc de Bourgogne, quoi qu'on en ait dit. (Müan, Trattati, Potenze eslere, an. 1460.) 1461, 25 février, Bourges. — Charles VIT, roi de France, seigneur de Gênes, en reconnaissance des nombreux services que lui ont rendus dans ses guerres son beau-frère René et son neveu Jean d'Anjou, notami- ment de la part prise naguère par ce dernier à ia réduction et au recou- vrement de la cité de Gênes, cède à René la somme de 25,000 ducats d’or due par Alaman de Pazzi et d'autres marchands d'Avignon à feu Perrin . de Campofrégoze, chevalier génois, et revenant à lui. roi de France, — 949 — , par confiscation. Il mande à son trésorier Jean d'Etampes de recouvrer la somme sur les débiteurs. (Marseille, B 680.) 1461, 12 novembre, Milan. — François Sforce, duc de Milan, ré- pond au roi de France, qui se plaignait du mariage convenu entre la fille de ce prince et le fils de Ferdinand d'Aragon. Avant de traiter de ce mariage, il a fait offrir la main de sa fille au roi René pour son fils Jean; à quoi il a été répondu par Jean Cossa qu'on ne dit plus un mot de ce projet. René étant retourné en France malgré toutes les supplica- tions du duc, celui-ci avait fait dire à Jean d'Anjou que, puisque la mai- son de France ne briguait plus sa faveur et que la puissance du roi d'Aragon était à redouter, il lui fallait contracter alliance avec Ferdi- nand ; Jean répondit qu'il comprenait cette nécessité et qu'il le priait de lui réserver néanmoins ses bonnes grâces, et René lui-même écrivit d'Anjou dans le même sens. (Milan, Trattati, Potenze estere, an. 1461.) \ 1462, 28 septembre, au camp devant Barcelone. — Trève conclue entre les rois de Sicile et d'Aragon, à l'instigation du roi de France, al- lié de Jean d'Anjou, qui combattait en Espagne pour son père. Durant dix ans, les sujets des deux parties commerceront librement. Des con- servateurs de la trêve seront nommés de part el d'autre, et dès à présent Louis de Beauvau est désigné par René. Au-dessus d'eux, le roi de France sera l'arbitre suprême. Le roi d'Aragon ratifie ce traité, en se ré- servant la faculté d'aider au besoin son cousin Ferdinand, maître du royaume de Naples, contre les princes d'Anjou. (Marseille, B 681.) 1464, 29 novembre, Cravant. — René envoie sommer le duc de Sa- voie, de passage à Cravant, de lui restituer la ville et le comté de Nice. Procès-verbal de la sommation et de la réponse du duc, qui refuse de rien entendre et prétend que tous les droits sont pour lui. (Marseille, B 683.) 1465, à septembre. — Vannella Capice, dame napolitaine, ayant fidèlement suivi le parti de René et de son fils, et par suite ayant été forcée d'abandonner sa demeure et ses biens au royaume de Naples, ob- tient une pension annuelle de 400 florins en Provence, où elle s’est réfugiée, René lui avait déjà donné un logis dans son verger d'Aix. (Marseille, B 15, fol. 169.) 1465. — Compte de Pierre Garnot, tenu en Provence pendant le se- — DD — jour du roi de Sicile en Anjou. Plusieurs articles intéressants relatifs à la guerre du Bien public, aux monnaies de Provence, aux ambassades du roi d'Aragon, à la construction d'une levée entre Arles et Tarascon, à des travaux d’orfévrerie, etc.! (Marseille, B 214.) 1466, 20 août, Barcelone. — « Instructions per los reverents, egregi, nobles e magnifichs senyors deputats del general e conseil representants lo principat de Cathalunya, fetes intervenint e censentint hi la ciutat de Barchilona, als reverents, magnilischs e honorables mossenyors frare Ponç Andrieu, abbat de Ripoli, mossenyor Arnau de Vilademany e de Blaves, cavallier, e Miquei Cardona, ciuteda de Barchinonàa, per raho de les coses que per part del dit principat han à fer, segons devall sera dit. » Ces ambassadeurs étaient chargés d'aller offrir au roi René le trône d'Aragon et de Catalogne, et de li tenir le discours suivant : « [lustrissimo el virtuosissimo senor, no deu esser ignorat per Vestra Altesa com à Nostre Senor Deu a plagut appelar al seu regne lo illus- trissimo senor en Pere, rey d'Arago et comte de Barchinona, de loable recordatio, sens progenia algana del seu cors legitimament descendent. Et per quant molts reys, princeps e seynors han acostament à la suc- cessio, entre losquais es vesira illustrissima Senyoria, per co losdits de- putats e concell nos han tramesos à aquella, per sabir, on à Nostre Se- nyor Deu os plasent ells recaygessen en deliberatio de haver vestra serenissima Excellentia per rey e senyor, si acceptaria la senyoria € si serie en dispositio de continent anar o trametre lo iflustrissimo senyor duch de Calabria, fill vostre, en Cathalunya. » (Marseille, B 15, fol. 255.) 1407, 13 mai, Gênes. — La ville de Barcelone, s'étant soumise au roi René, et les RE se souvenant de leur vieille amitié avec ce prince et son fils, concluent ensembie une trêve par l'entremise de Raymond Puget, délégué du roi de Sicile, pour mettre fin aux dissensions qui divisaient les deux cités : toute hostilité sera suspendue; les sujets des deux parties vivront en amis sur toutes les mers d'Orient et d'Occident et dans tous les pays; etc. (Marseille, B 686.) 1467, 20 novembre, Angers. — En présence de René et de son conseil réuni dans ia chambre de paremeni du château d'Angers, Gui de Laval, sire de Loué, délégué du duc de Calabre, après avoir vu la constitution faite par le feu roi Jacques d'Aragon dans sa cour tenue à ! Ce document a été utilisé dans l'appendice que j'ai ajouté aux Extraits des comptes et mémoriaux «du roi René. — 901 — Girone, jure que ledit duc de Calabre, gouverneur général des terres du roi de Sicile, observera et respectera cette charte, aïnsi que les priviléges et libertés des prélats, clercs, chevaliers et citoyens de Catalogne. (Marseille, B 686.) 1468, 22 mars, Saumur. — Le roi de Sicile confirme la convention conclue par Jean Cossa, son. lieutenant en Provence, avec René de Pazz et Jean de Martinis, Florentins, et avec Mathieu et Ambroise de Contarenis, Vénitiens, au sujet de la pêche du corail sur les côtes de Provence : les susnommés auront, à l'exclusion de tous autres, excepté des habitants du pays, le droit de se livrer à cette pèche entre le Var et le Rhône, pour dix années, et moyennant un cens de 4 écus sur chaque quintal de corail pêché par eux. | (Marseille, B 15, fol. 222.) 1469 , 27 janvier, Aix. — Les États de Provence, assemblés par Jean Cossa, lieutenant général du roi de Sicile, afin de venir en aide à ce prince dans l'entreprise faute pour recouvrer le royaume d'Aragon, votent un subside de 70,000 florins, en priant le roi d’avoir égard à la pauvreté du pays. (Marseille, B 49, fol. 287.) 1469, 19 jum, Cordoue. — ‘Traité d'alliance offensive et défensive conclu pour deux ans entre Henri, roi de Castille, et René, roi de Si- cile, malgré leurs prétentions respectives sur le trône d'Aragon. (Marseille, B 16, fol. 9.) 1470, 26 juin. — René autorise Jacquet d'Aspremont à faire marier entre eux certains serfs el serves de seigneuries différentes, dans le du- ché de Bar : | « Nostre bien amé Jacquet d'Aspremont nous a fait exposer que, en plusieurs villes de nostre bailliage de Saint-Mihiel, mesmement en nostre prevosté de Saint-Mihiel, y a plusieurs hommes et femmes de serville condicion, de poursuite et de formariage, qu'il tient en fiefz de nous, demeurans les ungs en la ville d'Ambly, les autres en la ville de Troyon, et les autres ailleurs, qui sont en aige compectant, se delaissent à ma- rier pour ce que es villes où ilz demeurent ilz ne treuvent femmes pour prandre en mariaige qui ne leur actiengne de lignaige, et ne se pevent marier es autres villes où le dit exposant a hommes et femmes de pa- reille condicion, lesquelles choses lui sont très-prejudiciables et dom- mageables, etc.» (Marseille, B 274, fol, 66.) 141,14 juillet, Angers. — Deuxième testament de René, renouvelant — 352 — la plupart des dispositions du précédent. Jeanne de Laval, que le roi de Sicile avait épousée depuis, est recommandée à ses héritiers, et tous les dons que son mari lui a faits ou lui fera avant sa mort sont ratifiés. Re- commandations de finir les édifices et travaux d'art qu'il laissera ina- chevés, et de se conformer aux volontés de ses prédécesseurs touchant le royaume de Sicile. Nicolas, duc de Calabre et de Lorraine, fils du duc Jean, décédé, et petit-fils du testateur, est instilué héritier universel. (Marseille, B 690.) 1472, 28 octobre. — Statuts de René ordonnant que les crimes et délits de ses officiers soient réprimés sévèrement par le sénéchal, « sub- lato quocunque velamino indebito;» que les prisons soient visitées quatre»fois par an, dans un but d'humanité, par l'avocat et le procureur des pauvres, et qu'ils relâchent les prisonniers s'il y a lieu; que les do- nations soient entourées de la solennité nécessaire pour être valides; que les clercs menant une vie ignominieuse ou exerçant une profession vile, comme celle de boucher (massellaru), soient frappés d'amende, etc. (Marseille, B 21, fol. 117.) 1473, 17 octobre. — René donne à Jean, son fils naturel, à cause de l'affection qu'il lui porte et afin qu'il ne reste pas sans bien, le mar- quisat du Pont, au duché de Bar. (Marseille, B 18, fol. 207.) 1475, 30 mai. — Donation à Jean Cossa et à ses descendants des châteaux de Marignane et de Gignac, en considération de ses longs et fidèles services, parce qu'il a abandonné sa famille pour s'attacher au roi de Sicile, qu'on ne sail s'il a brillé davantage dans la guerre ou dans la paix, el que la mauvaise fortune de son maitre n’est qu'une raison de plus pour récompenser une telle constance. (Marseille, B 17, fol. 124.) 14795, 31 juillet. — Vente des bains thermaux d'Aix faite à Alain Léault, seigneur de la Brinania, barbier de René, pour le prix de 450 florins. « Cum superioribus annis emi et curie nostre acquiri fecerimus cerla balnea et caudanas, ac quedam viridaria simul contigua, intra eandem civitatem, loco vuilgariter appellato à las Caudanas,... et hoc animo et intencione faciendi dicta balnea et caudanas in melius reparari; cumque exinde saniori usi consilio disposuerimus predeclarata balnea, caudanas et viridaria vendere, et pecunias ex illis proveniendas utilius, propiciüs et consultius exponere et exbursare in eâ pro aliis balneis el caudanis, — 933 — sive galice estuves, apud nostrum regale palaeium Aquensem condu- cendis et derivandis, etc. » (Marseille, B 17, fol. 152.) 14706, 17 février. — René donne un nouveau sceau au tabellionnage de la Marche (dans le duché de Bar), l'ancien ayant disparu dans les combats dont ce lieu avait élé naguère le théâtre; « lequel scel est des armes du duché de Bar, ouquel ledit seigneur a fait mectre une fleur de lys en lieu d’une des crois craisectées sur le dos des deux bar- beaux, pour différence dudit scel perdu, à celle fin que d’icelui ne se peust faire aucune fraude OU abuz. » Marscille, B 274, fol. 75 v°. 7  14706, 11 avril, Pertuis. — René, pour dissiper les soupçons de Louis XI, jure dans les mains de ses ambassadeurs, et sur la vraie croix de Saint-Laud , qu'il n'aura de sa vie aucune intelligence avec le duc de Bourgogne ni avec les autres ennemis de Sa Majesté, et qu'il ne mettra en leurs mains ni son pays de Provence ni aucune place en dépendant. Marseille, B 273, fol. 154 v°. 7 1476, 12 avril, Pertuis, — Protestation déposée par René entre les mains d'un notaire de Pertuis contre les novations faites par Louis XI dans ses duchés d'Anjou et de Bar, sans aucune cause légitime, et que ce prince lui demande de ralifier en abandonnant lous ses droits sur les villes et habitants de ces deux pays. Il ne peut lui résister; mais ce qui est fait par la violence n’a ni vertu ni efficacité. Aussi proteste-t-il de toutes ses forces. revendiquant pour li et ses héritiers l'intégrité de ses droits. : (Marseille, B 695.) 1456, 1* avril-31 oitobre. — État des dépenses et revenus parlicu- hiers de René, dressé par Jean Mairesse. On trouve dans ce compte de nombreuses mentions d'objets d'art, de travaux, de meubles, de cos- tumes , etc. (J'ai déjà utilisé ailleurs ces articles intéressants, qu'il serait oiseux de reproduire ici". (Marseille, B 216.) 1476, 29 mai, Lyon. — Louis XI accorde au roi de Sicile, son oncle, main-levée du duché d'Anjou, des terres de Loudun, Beaufort, Mire- beau, la Roche-sur-Yon, Chaïlly, Longjumeau , et des autres biens qu'il avait saisis sur lui et sur la reine son épouse, «à sa supplication et requeste, desirans tousjours plustost l’augmenter et acroistre que aucune chose lui oster du sien, tant pour consideracion de la proximité de ! Voy. l’appendice aux Extraits des comples el mémoriaux du rot René. MISS. SCIENT, —— IT, 29 — 904 — lignaige dont il nous atient que pour les grans et notables services qu'il a faiz es Lemps passez à nous et à nostre couronne et est tousjours prest de faire. » (Marseille, B 695.) 1470, 26 octobre. — En considération des services que lui a rendus et lui rend continuellement son valet de chambre et enlumineur Georges Trubert et en faveur du mariage de celui-ci avec Marguerite, nièce de Jeanne Bonnate, d'Arles, René lui assigne une pension annuelle et via- gère de 100 florins. (Marseille, B 273, fol. 168 v°.) 1477. 1* janvier, Venise. — Réception, par le conseil de la répu- blique de Venise, d'un ambassadeur du roi René, qui offre pour aider les Vénitiens son petit-fils, le bâtard de Calabre, fils nalurel de Jean d'Anjou, et son neveu, le duc de Calabre, héritier du royaume de Si- cile. L'ambassadeur raconte en outre que Ferdinand d'Aragon a envoyé récemment une députation à René pour lui faire deux propositions : la première relative à une trêve et à l'exclusion des navires vénitiens de tous les ports provençaux, pour laquelle on promettait une grosse somme ; la seconde concernant la cession des droits de la maison d'An- jou sur le trône de Sicile, cession qu'on payerait également par une montagne d'or. René a congédié les députés sans vouloir leur répondre, espérant que Dieu ferait triompher sa juste cause, sinon de son vivant, au moins sous le règne de son neveu et héritier, auquel il ne voulait porler aucun préjudice. (Venise, Libri partium secretarum , vol. XXVIIT, fol. 34.) 1477, octobre-1478, avril. — Compte de Jean de Vaulx, trésorier du roi de Sicile. Dépenses analogues à celles que j'ai relevées dans le compte de 1476’. Nourriture de treize pauvres servis à table par le rai durant tout le carème; don de 12 florins «a une pauvre fille qui a esté violée à Aix;» don de 35 florins à treize compagnons et un capitaine chargés de garder Marseille, «parce que le peuple s'en étoit presque tout fouy pour la mortalité; » etc. (Marseille, B. 216.) 1478. 4 mai.— Cinquante écus d'or sont ordonnancés a maître Nicole Merlin , «pour ung livre d'astrologie escript en alman, hislorié et signé, que ledit maistre Nicole a présentement envoyé par deça audit sei- oneur roi de Sicile.» j (Marseille, B. 274, fol. 108.) ï Vox. l'appendice aux Extraits des comptes el mémoriaux du rot René. 309 — 1478, 26 décembre. — « À Jehan du Périer, dit le Prieur, mares- chal des logeys du roy, la somme de 11° x florins,... en consideracion des bons el agreables services qu'il luv fait chaque jour, et mesmement pour certain livre ou hystoire des apostres qu'il a nagueres dressié et mis en ordre selon la matiere que ledit seigneur luy a baillée. » (Marseille, B 293; fol. 193:) 1470, 8 juillet, Aix. — Lettres patentes de René déferidant les jeux de dés, de cartes, de trinquel et tous les jeux de hasard dans les mai- sons el sur Îles places. à cause des abus qu'ils ont engendrés dans toute la Provence, des rixes, des homicides. des blasphèmes et profanations de fêtes qu'ils occasionnent, particulièrement à Noël et au carnaval; d’où vient sans doute que ce pays est frappé presque sans interruption des plus terribles fléaux, comme la guerre et la peste. Suit le texte d'une ordonnance publiée en provençal dans la ville d'Aix, établissant des amendes séveres contre les blasphémateurs, les joueurs, les marchands de jeux, les ruffians ; etc. Ceux qui les dénonceront auront leurs dé- pouilles : les insolvables seront arrêtés. (Marseiile, B 17, fol. 216.) 1479, 24 décembre. — « Commission au s°' de Cottignac pour aller el transporter par les citez, villes et chasteaulx de Prouvence et terres ad- Jrcentes, pour trouver jusques au nombre et quantité de 151° compai- gnons et gens de marines armez et embastonnez, pour eulx deffendre contre leurs ennemys et les offendre s'ilz voient que besoing soit, et aussi d'avoir des bastons à feu et autres pour fournir aucune fustes, et que lesdites gens et compaignons se rendent dedans le v° jour de jan- vier prouchain venant, armez, embastonnez et en point, à Marseïlle. » (Marseille, B 273, fol. 204.) 1480, à Janvier, Tours. — Ârrentement du revenu des «ville, halle, chastel et prévosté de Bar, » fait à Louis XI par l'évêque de Marseille et Honorat de Berre, délégués de René pour le prix de 6,000 livres tour- nois par an et pour six années. Le roi de Sicile se réserve les « auto- rilés, noblesses, dignités prérog atives et pr ééminences» dont il avait coutume de jouir au duché de Bar. Le roi de France protégera ses su- jets contre toute vexation et pourra mettre des capitaines, lieutenants et gens de guerre dans les places fortes; les autres charges demeurent à la collation de René. (Marseille, B 702.) 1400, 19 janvier. — Trêve conclue entre Jean, roi d'Aragon, el lené, roi de Sicile (en langue catalane). La suspension des hostilités — 9560 — el la protection réciproque des sujets des deux princes sont stipulées pour un temps indélerminé, à leur bon plaisir, et dureront encore six mois après la dénonciation de Îa trève. (Marseille, B 702.) 1480, 10 juillet. — Constatation du décès du roi René par l'archi- viste Honorat de la Mer : « Anno incarnationis Domini nostri Jhesu Christi millesimo r11° xxx", die lune, decimà mensis julii, horà secundä post meridiem vel cirea, serenissimus et inclitus dominus noster rex Renatus {cujus anima in requie sempiternà permaneat, amen), princeps pacis et misericors, cum plausu et ploratu Provincialium et insuper Aquensium, obnt et suos dies clausit extremos. Cujus vicera in capellà suà regali Nostre Donune de Monte Carmelli ejusdem civitatis Aquensis, ante altare ejusdem ca- pelle, cepelliuntur, corpus vero ad latus majoris altaris ecclesie Sancti Salvatoris, ad manum dexteram respiciendo corum ecclesie predicte, honorihcè et regaliter humatur. — De Mari. » | (Marseille, B 18, initio.) RAPPORT UNE MISSION SCIENTIFIQUE EN ASIE MINEURE, PAR M. THÉOPHILE DEYROLLE. Trébizonde a été si souvent décrit par tous les voyageurs qui l'ont visité, Texier, Hommaire de Hell ont déjà si savamment parlé de ses antiquités, que je ne crois pas devoir insister sur les monuments anciens de cette ville, qui sont d’ailleurs peu nombreux. Je dois signaler un fait géologique intéressant, c’est celui de la découverte, aux environs de cette ville, d’une caverne à ossements, en bas de la montagne de Bostépeh, qui domine Trébizonde à l’est, à l'endroit où cette montagne arrive à la mer. Des ouvriers tra- vaillant à la route qui suit le rivage découvrirent l'entrée de cette grotte et, pensant y trouver des trésors, s'y précipitèrent, bousculant et foulant aux pieds plusieurs grands squelettes d'ani- maux qui tombèrent en poussière. Un des ingénieurs français, qui conduisait les travaux de la route, narriva que plus tard et fit des recherches superlicielles, qui amenérent la découverte de quelques ossements et de dents que ses connaissances paléontologiques lui firent présumer ap- partenir à l'ours des cavernes, ainsi que celle de deux petits an- neaux en plomb, fortement oxydés. Ce ne fut que deux années après la découverte de la caverne, à mon arrivée à Trébizonde, que j'eus connaissance de ce fait. Les ossements avaient été dispersés et perdus, et je ne vis que les anneaux de plomb. MISS. SCIENT. — II. 31 — 358 J'aurais désiré fouiller le sol de la grotte et y faire une re- cherche approfondie; mais depuis longtemps, elle était babitée par une bande de bohémiens, qui, pour s’y installer plus commo- dément, en avait complétement bouleversé le sol. Le 13 avril, Je quittai Trébizonde emmenant avec moi un drogman et plusieurs chevaux chargés de bagages; après huit heures de marche nous.arrivèmes à Cheïtanlik-Melessi (quar- tier des diables), localité dont le nom dit assez l'aspect fantas- tique. Depuis cet endroit, nous commençämes à gravir les flancs de la montagne par de mauvais sentiers trés-rapides, et bientôt nous fümes à la limite des neiges, à 2,000 mètres environ au- dessus de Trébizonde, au lieu dit Tchairlik-Khan (khans des prairies ). | Pendant la nuit, le temps devint affreux, la neige tomba en abondance; le matin, les muletiers refusèrent de partir; cepen- dant, à force de promesses et de menaces, je parvins à les dé- cider; mais à peine avions-nous fait une heure de chemin qu'il devint impossible d’avancer, le vent souffiait avec une telle vio- lence que nous ne pouvions nous tenir debout, les chevaux qui portaient les bagages furent renversés ; le chemin de la montagne de Kolat était Ac euent impratücable, il nous fallut revenir sur nos pas. Une grande caravane était dans notre cas, mais les conducteurs . aimaient mieux attendre la fin de la tourmente, düt-elle durer plusieurs jours; ils me conseillèrent, si j'étais pressé, de rétro- orader et de gagner la route neuve à Djewislik; pour cela, nous dûmes redescendre dans la vallée du Galian-Sou, puis traverser une arête de montagnes escarpées, par un sentier excessivement rapide, mieux fait pour les chèvres que pour des bêtes de somme. Après Djewislik, nous suivimes la chaussée que fait construire le souvernement ture, mais la consiruction en est si incomplète, et toujours si défectueuse, que nous regrettions PR les plus détestables sentiers de la montagne. Avant d'arriver à Ardasa, nous franchimes le col du Zigana qui est élevé de 2,021 mètres au-dessus du niveau de la mer, et à 28 kilomètres de Trébizonde. Nous avions mis quatre journées pour parcourir cette distance. — 359 — Nous nous arrêtämes un jour à Gumuch-Khané {maison de l'argent), où ont passé, presque forcément, tous les voyageurs anciens et modernes, se rendant de Trébizonde en Arménie ou en Perse. | Je repris ma route, en suivant la vallée du Scharchout-Sou, petit fleuve qui se jette dans la mer Noire à Tiréboli ou Tripoli. Nous fimes la renconire, en chemin, de nombreuses cara- vanes de Persans qui portaient à Trébizonde d'énormes balles de coton; nous croisämes aussi plusieurs fois des troupes considé- rables de Kurdes, qui allaient à Constantinople s'engager pour une année ou deux comme portefaix ou domestiques. À une journée de Gumuch-Khané, nous laissàmes la vallée du Scharchout-Sou pour gravir les hauts plateaux où se trouve Bai- bourt; la route serpente autour de petits mamelons qui sont cou- veris de beaux pâturages; mais, dans ces vallons fertiles, une pluie, mêlée de neige, avait lellement détrempé le terrain que les chevaux s'enfonçaient parfois dans la boue jusqu’au-dessus du jarret; les nombreux cadavres de bêtes de somme qui jon- chaient les bords du chemin attestaient combien il est dangereux en hiver de le suivre. Nous arrivämes alors, non loin du viliage de Balachor, dans un endroit où s'élève un grand tumulus. Des fouilles, superlicielles il est vrai, ont été faites par MM. Briot, ingénieur français, et Fewsi-Pacha, sans ameneraucun résultat. TUE Le 20 avril, dans la soirée, nous étions à Baïbourt. | Le château dont cette ville prend son nom a été minutieuse- ment décrit et parfaitement dessiné par Texier dans l'album de son voyage. Après l'avoir visité en détail, je repris la route d'Er- zeroum où J'avais hâte d'arriver. En partant de Baïbourt, on suit la chaussée neuve qui côtoie la grande vallée du Tchorock-Sou que lon traverse à quatre heures de la ville, sur un pont de construction moderne, près de Maden-Khan (maison des mines). En cet endroit commence Ja montée du Kop-Dagh qui sépare le bassin de l'Euphrate supérieur {nommé par les Turcs Kara- Sou) de celui du Tchorock-Sou {eau sale ou puante); non loin du sommet, près du village de Kop, sont construits et doivent être en- tretenus par le gouvernement de vastes khans, mais ils sont en si mauvais état (la toiture en est efflondrée et le sol couvert 24. — 360 — d'eau), que nous ne pûmes nous y arrêter; les autres khans étaient pris par les caravanes, de sorte que, pour me procurer un gîte, je fus obligé d'user des pouvoirs que m'avait conférés le pacha de Trébizonde; nous logeàmes au village de Kop. Le matin, la neige cachait complétement la terre, les muletiers refusèrent encore de marcher et nous firent rester une partie de la journée dans un affreux taudis, jusqu'au moment où passa une caravane de Persans: nous suivimes ces hardis voyageurs ; c'est à peine si la neige qui tombait toujours nous laissait voir leurs traces. | Au sommet du Kop-Dagh, le temps s’éclaircit un peu et nous pûmes jouir du curieux spectacle d’un millier de bêtes de somme défilant une à une, comme un immense serpent, dans les nom- breux détours que fait la route en suivant les flancs de la mon- tagne. Nous étions alors à 2,500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Après huit heures d’une marche pénible, pendant laquelle nous fimes à peine 16 kilomètres, nous arrivames au village de Per- noghaban. À parlir de ce village où commence la plaine d’Atchskaleh, la voie était en si mauvais état que nous préférions passer à travers champs. Mais c'était encore peu comparativement à ce qui nous attendait entre le pont d’Atchskaleh et Ilidja, village à six heures d'Erzeroum. Constamment nous étions arrêtés par d'épouvantables fon- drières où les chevaux culbutaient dans une boue liquide les ca- valiers et les bagages; nous fûmes obligés d'abandonner une partie de ces derniers à la garde des muletiers et de continuer notre route à pied. Le 25 avril seulement nous vimes Erzeroum: nous avions mis douze journées pour faire 350 kilomètres. Je n'avais cessé, pendant tout ce voyage, de calculer, au chro- nomètre, la marche de nos chevaux, qui était en moyenne de 5,000 mètres par heure, de relever les angles que faisait la route, et de pointer les hauteurs barométriques, rassemblant ainsi des documents qui me permettraient plus tard de rectifier beaucoup d'erreurs géographiques. Erzeroum est la capitale d'un des plus grands vilayets de l’'Ana- — 361 — tolie, qui comprend les districts de Kars, Baïbourt, Van, Mouch et Erzingham. On voit dans cette ville plusieurs monuments intéres- sants, entre autres le Tchifté Minaret qui a été dessiné avec de minutieux détails par Texier. N'ayant que peu de choses à faire à Erzeroum, je repris Île 9 mai la route de Van. Nous traversämes au Deveh-Boïmi la chaîne de montagnes qui sépare les eaux de l’'Euphrate de celles de l’Araxes, et après être descendu dans une grande plaine, où coule un affluent de ce dernier fleuve, nous arrivames après douze heures de marche à Hassan-Kaleh, sur le bord du Mahmoud- Tchaï. Cette ville est bâtie sur un contre-fort de la montagne du Kiretschli-Dagh, qui s’'avance comme un cap dans la plaine; elle est dominée par une forteresse, probablement très-ancienne , où je n'ai trouvé aucune trace d'inscriptions. À la sortie de la ville, près d'un pont, coulent deux sources minérales, l'une chaude, l’autre froide; elles sont fortement. chargées de principes ferrugineux; ces eaux thermales ont une grande réputation. Après avoir traversé le village de Ertef, on gravit une mon- tagne et, par un vallon accidenté, on pénètre dans la vallée du Pasin-Sou qui, avec le Mahmoud-Tchaï, forme lAraxes supé- rieur. Nous suivimes, en le remontant, le cours de cette rivière, pas- sant par plusieurs villages kurdes où nous ne fümes reçus qu'avec de grandes difficultés, tout en étant obligés de nous tenir conti- nuellement sur nos gardes, de crainte d'être volés d’une masse de petits objets. Nous franchimes, près du village de Akwéran, la montagne de Kasbel-Dagh, de l’autre côté de laquelle nous aperçûmes la vallée du Khinnis-Kaleh-Sou, un des affluents de l'Euphrate inférieur (Mourad-Tchai). Pour la première fois, en cet endroit, je vis des Kurdes campés; ils habitaient sous de vastes tentes, faites d’une étoffe de laine brune et noire, entourées d'une clôture à claire-voie, de joncs ou de lattes entrelacées. Les hommes, qui avaient un aspect farouche, étaient tous bien armés. Les femmes se montraient à visage découvert, et je vis qu'elles . — 302 — portaient à la narine gauche un petit bijou fait le plus souvent de turquoises enchàssées dans l'argent. Autour du campement paissaient de nombreux troupeaux; le long de la route, je remarquai des tombeaux kurdes. La pierre qui les recouvre est ornée de divers attributs guerriers. Le 12 mai, nous nous arrêtàmes quelques heures à Khinnis- Kaleh. Cette petite ville est surtout remarquable par une forte- resse pittoresquement située, mais à laquelle il est bien difficile d’assigner un style ou une époque. Le plateau de Khinnis est entrecoupé de ravins profonds, dans lesquels coulent, entre des murailles granitiques complétement per- pendiculaires, plusieurs grands ruisseaux qui affluent tous au Khinnis-Kaleh-Sou. À quelques heures de la ville, [a vallée s’'élargit; des villages arméniens nombreux et considérables, ayant un air prospère, sont espacés sur le bord de la rivière; ils sont entourés de belles cultures et de magnifiques prairies. Le 13 mai, vers le soir, nous vimes enfin le cours majestueux de l'Euphrate (Mourad-Tchaï). Pendant la belle saison , le passage à gué est possible, mais au printemps les eaux sont si hautes que les voyageurs doivent traverser le fleuve sur de petits radeaux faits d’une vingtaine d'outres et de pianches; nous y primes place avec nos bagages, et les chevaux tenus en main passèrent à la nage. Cette traversée ne laisse pas que d'être très-périlleuse; car à cette époque le fleuve, impétueux et débordé, a près de 300 mètres de large; trois heures après avoir quitté la rive, nous arrivames à Gop, chef-lieu du canton formé par ia plaine de Bou- lanlik. À un kilomètre de ce village, sur une éminence ayant l'ap- parence d'une forteresse, est un monastère qui contient une église arménienne très-ancienne, m'assura le prêtre arménien qui men fit les honneurs; elle est sous l’invocation de saint Daniel. Malgré les murailles qui le protégent, ce monastère, comme tous ceux de la contrée, a été souvent pillé par les Kurdes nomades. | En quittant Gop, nous cotoyons deux petits lacs près desquels sont plusieurs villages entourés de champs bien cultivés. Il en est ainsi jusqu'à Aklat, sur les bords du lac de Van, où nous arrivons le 13 mai. | — 3068 — Cette ville, bâtie sur les ruines de l'opulente cité arménienne de Klat, ne compte plus aujourd’hui que de misérables maisons, cependant elle est située dans une position magnifique, au double point de vue commercial et militaire. Elle est, en effet, sur la route qui conduit d'Erzeroum à Van et à Bitlis; elle défend les districts de Boulanlik, de Melesgerd et de Bayazid contre les incursions incessantes des Kurdes. Au milieu de beaux vergers, qui sont la principale ressource du pays, s'élèvent des ruines de mosquée et des tombeaux; parmi ceux-ci on remarque surtout celui du sultan Baïandour, un chef des tribus tatares qui au xv° siècle firent invasion dans ces con- trées. La ville et les jardins sont traversés par un ruisseau qui coule dans un ravin entre deux murailles de rochers à pic, où sont creusées des grottes artificielles, probablement des sépultures, qui attestent, avec les restes de tours et de remparts qu’on heurte à chaque pas, l'importance qu'a dû avoir cette cité sous les rois arméniens, arabes, grecs et tatars aux différentes époques où ils furent les maitres du pays. En quittant Aklat, nous suivons le rivage du lac, au pied du Nimroud-Dagh, montagne qui a donné naissance à de nombreuses traditions. Sur la route de Bitlis, je ne vis rien d'intéressant, si ce n'est les ruines d’une petite forteresse et des tombeaux arméniens d’une epoque assez reculée, très-curieusement sculptés. Deux kilomètres avant d'arriver à Bitlis s'élève, sur le côté de la route, un immense caravansérail en ruines, véritable forteresse où les caravanes les plus considérables venaient se réfugier pour ètre à l'abri des Kurdes voleurs. La ville a un aspect des plus agréables, grâce à sa position pit- toresque sur les deux côtés d’un ravin, où coule une délicieuse ri- vière, et à ses maisons bien bâties, à demi-cachées au milieu des arbres fruitiers. J'y admirai plusieurs monuments intéressants, des mosquées el une grande forteresse complétement en ruines où existent en- core quelques inscriptions arabes. Je m'arrêtai peu à Bitlis, remettant à l'époque de mon retour le soin de Pétudier plus minutieusement. Pétais pressé d'arriver à Van, le véritable but de mon voyage. — 964 — Pendant quatre jours nous fimes une route pénible; car il nous fallait constamment traverser, à leur embouchure, les rivières et les ruisseaux qui affluent au lac; puis gravir les chaînes de ro- chers qui séparent ces petites vallées. Dans les parties basses, la végétation est plantureuse, mais sur les montagnes, à part quelques buissons de chêne, elle est maigre et chétive et rien ne vient rompre la monotonie de ce paysage volcanique, d’une teinte uniformément grise. Enfin, le 23 mai, j'arrivais à Van, quarante jours après mon départ de Trébizonde. Comme pendant la première partie du voyage, javais pris de nombreuses notes scientifiques indiquant avec soin le nom et la position des endroits où je passais, et chaque fois qu'une halte m'en laissait le loisir, je me livrais à des recherches zoologiques, qui me donnèrent des résultats intéres- sants, surtout en ornithologie et en entomologie. Van est bâtie devant la face sud d’une arête de rochers, se di- rigeant de l’est à l’ouest, qui s'élève comme un immense monu- ment au milieu d'une plaine, à 2 kilomètres du lac. Ce rocher, d'un calcaire très-dur, est complétement à pie du côté de la ville et descend en pentes escarpées du côté opposé. Le sommet, qui depuis les temps les plus reculés a dû servir d’acropole, est couronné par une forteresse d'une date compara- tivement récente, maintenant dans un état complet de délabre- ment. La cité, qui s'étend au pied sur une longueur d’un peu plus de 2 kilomètres, a la forme d’un trapèze ; elie est entourée de forti- fications, faites de briques en terre séchées au soleil, actuellement dans un piteux état. La ville est fort malsaine, aussi pendant la saison chaude les habitants vont se loger dans un faubourg peu éloigné; c’est un endroit très-agréable, au milieu des jardins fruitiers qu'arrosent des eaux qui descendent des montagnes. C'est autour du rocher de Van que sont creusées les vastes chambres et les niches, dans lesquelles sont gravées les inscrip- tions assyriennes, qui depuis longtemps déjà ont attiré l'attention des archéologues. Schulz, qui en a donné une description complète, dans les mé- moires adressés à la Société asiatique de France, les copia pour la première fois : depuis, Hommaire de Hell, Texier, etc. , et les voya- as SOS geurs anglais en firent de nouvelles copies; mais à cause de la difficulté énorme que présentait l'estampage, tant par la position qu'occupent ces inscriptions que par leur nombre, une quantité d'erreurs s'étaient glissées dans les copies de ces voyageurs; aussi versions différaient-elles notablement entre elles. les | | dl Û + | Le ut} RNA RARE 4 NN NN NK AAA NN NN ALAN \ NAN SN NN \N À À KR NN SR NT NN N NX 79 7 2 ZA NN N / Grandes chambres creusées dans le rocher, au sommet, à la parue Est de la montagne. À NN NS NN L 8 OR REES . NS NN & x NN Se | KR NS NN NN KN NS KKK rene nt N NN N À ‘2paunt oun p ape re uondnosur | erdo ZpA49G no p EE =" 30% NS We AL x à! 2 — J0( / Ji JUL ognbsopy —- ‘on gutpr} uordr19sut } 2DABIS JS0 NO UVA 9p IOHP01 NP 9HArq — 307 — Après avoir passé plusieurs jours à visiter ces monuments, les églises de Van et les monastères des environs, je commencai les- tampage d'après le procédé de Lottin de Laval. Opération difficile et pénible par suite du manque complet où je me trouvais des moyens d'élever des échafaudages, le pays n’offrant aucune res- source soit en bois, soit en cordes, soit en hommes pour m'aider à les construire. La première inscription que j'estampai fut celle qui se trouve gravée au fond d’une niche en plein cintre, creusée dans le rocher, au côté nord-est de la forteresse de Van. | Niche et inscription au nord-est du rocher de Van. Cette besogne dura plusieurs jours, j'opérai ensuite l’estam- page de deux grandes inscriptions en gros caractères gravées dans des riches carrées à 10 et 12 mètres au-dessus du sol. Je réussis bien pour la première; mais un violent coup de vent vint enlever mon estampage, au moment où j'achevais le car- tonnage de la seconde. Je fus obligé de recommencer l'opération, ensuite je montai au Khorkor où je fus en présence d'une véri- table difficulté. Les chambres, devant lesquelles sont placées les inscriptions, sont à une hauteur énorme au-dessus de la ville et la faible saillie du rocher ne me permettait pas d'établir un échafaudage suffi- sant. Ma position fut jugée tellement périlleuse que je ne pus trouver personne autre que mon drogman pour m'aider dans ce travail. Ÿ ” ju jun, ill Dares # Dei y | y { ; d ji, A \ : | 1] / l a : er 4 Î ! ] M) NES RENTE jai Ci lÉATRRNEE- 2 l'ÉRRe —— / [es . RAF] 23 Jo ne \ Ho ee UE 4 | DA — 369 — Les gens du pays venaient nous considérer, par curiosité, s’at- tendant à tout instant à nous voir tomber dans la ville, à ho mètres sous nos pieds. Ces travaux durèrent plus de deux se- maines. J'aurais voulu pouvoir estamper les inscriptions, mentionnées * Plan de la chambre supérieure. ANAL EE NES SR KE RSS NRSSSENS KR à K CE RER SNS EE = na de NRA ge N « Se . ANNE EE (KR AN : à NS N N ALES KŸ KI NW \ EN NES KI N Ne RS NN N ge RENNES AN À NN KK NN KINNS NN NS NS NX NK EUX S à K N è N \ AN AR SL Le NN N\ | à NNAAR NS à SE « Ne Escalier. Grande chambre du Khorkor. CL LD ; 22 LIDIL 22 RARES L L L 7 CL UE Cd LL CAL OILGCR LL ; Z LLC LL /LALLOOCCCCLl ll LOS Facade du fond de la grande chambre. par Schulz, qui se trouvent dans la ville: mais la plupart, qui se trouvent sur des pierres employées dans la construction des / Q ï églises, ont été cachées par une couche de chaux récemment ap- # — 370 — posée qui bouche les caractères, et le clergé arménien ne voulut pas m'autoriser à les laver..Il me fut aussi impossible, faute d’un énorme matériel de cordages et de poulies, d'arriver à estamper la grande inscription irilingue. Plan de la chambre inférieure. N SE EE N X À KE ù KR SN & NN N \ SN \ NS NN N À N NE NK LS NN KR NN \ NS À | NN MAS ANA \ NW NN AN ERA à NN AN RER RSS SSERERKKEKERERUKRUERRKKRR NS AKKNNRRNTKRKK NN AN NS NS NN NS Facade du fond de la chambre inférieure. Je partis ensuite pour aller recüeïllir les inscriptions qui sont éparses dans les monastères des environs de Van. À Kopans-Kaleh, j'eus beaucoup de peine à décider le desser- vant à me permettre de faire lestampage d'une pierre gravée sur toutes ses faces, et servant d’autel dans une petite chapelle. Quand mon travail fut terminé à Kopans, j'allai à Yedi-Ki- lissa, à 4 kilomètres plus à l’ouest. JY estampai plusieurs inscrip- tions dont une qui était restée inconnue; puis de là à Schuchans, où je moulai deux inscriptions. 1008 On m'avait indiqué, dans les jardins de Van, la demeure d'un nommé Adhamara , où se trouvaient deux cylindres autour desquels sont gravés des caractères cunéiformes. Malgré l'appui que me donna le pacha de Van et des promesses d'argent, cet homme ne ‘45 eq-udi TV D))) Lu Ton y | d À PL, D 2 CT) ) 5). $ x © LS IX / \) # NAN e R) ni 11 \ £ AU | SA É 4 N KES = 4 0 + ; ÿ Îen d NY ] = N } <) / fe \ WP U//) }s w Ve rc nt À { k Ka 3 { * { \ Mt | « RS LS LA ELA \ K ‘ \ = — 971 IN Il | | nul “IEUBJUSY OP 219SEUOUI NP 2[RIQUYS ON À = CR GEL" E7 = 25 YTINIUE « = - = É s . LS S : a 2 = —- RS LES j ÈS ENS RE 722 Æ = : - = — TT FR : S À À "= = - = = : : ; 2 — ES js = Se EP SU k a, = =. : 413 BEEN a =, NE | — 373 — voulut point consentir à me laisser creuser autour de ces pierres qui soutenaient un pilier de sa maison, et je n'en pus voir le pourtour. Il me restait encore à estamnper la grande inscription de Arkipri-Dagh ou Akkipri-Dagh, à 2 kilomètres à l’est de Van. J'estampai toute la partie supérieure de linscription, ne croyant pas nécessaire de faire ce travail pour l'écriture de la partie basse, qui-est presque complétement effacée, les stu- pides habitants de la localité ne manquant jamais de mutiler ce qui est à leur portée chaque fois qu’ils en trouvent l’occasion. Le 3 juillet, je quittai Van, emportant un énorme et précieux bagage scientifique, riche surtout en documents archéologiques et en dessins; ayant aussi un réel intérêt dû à mes collections d'oiseaux, de reptiles , d'insectes et de plantes, ainsi qu'aux obser- valions géographiques et météorologiques que j'avais faites quoti- diennement pendant mon séjour. | En route, je m'arrêtai sur le rivage du lac à Cavache-Khan, lieu voisin de la petite île où s'élève le monastère de Aghtamar, un des monuments les plus curieux du règne des rois chrétiens d'Arménie. J'y trouvai une inscription cunéiforme dont je pris l'empreinte; elle était gravée sur les deux faces d’une pierre placée sous le portail de l’église du monastère. Le 10 juillet, j'arrivai à Bitlis où je séjournai quelque temps, dessinant plusieurs monuments et des vues de cette ville. La fièvre que m'avait occasionnée mon long séjour à Van, et les Plan de l'église d'Eochk-Wank, au Thortoum. MISS 2 SCIENT. 11; 29 é — 37h — pénibles travaux auxquels je m'étais livré, me foreèrent bientôt IN M » re qe ! Eu LTE ND = ss FRE Te > = > nn T\ Ÿ Vi . 1 NN ss Ta ” AUS Eglise d'Eochk-Wenk. Fr = FVANTES pre js DUR (E, PSE 1 3 à (l = : - AR ES pr me j' C2 oo [= ss à — 375 — à reprendre la route d'Erzeroum, où un peu de repos et les soins d'un médecin français améliorèrent ma santé. Je profitai de ce séjour pour aller explorer, à l'extrémité de la plaine d'Erzeroum, les mamelons calcaires de Atchskaleh. Jy trouvai des coquilles fossiles remarquables parce qu'elles sont les seules que j'ai pu recueillir pendant tout mon voyage, malgré des recherches spéciales. Les instructions qu'un savant géographe et archéologue, M. de Khanikof, m'avait données de la part de la Société de géographie de Paris, m'engagaient à visiter les montagnes du Lasistan et surtout du Thortoum, vallée du Tchorock-Sou, où coule un af- fluent au nord d'Erzeroum. Le 29 juiilet, je partis pour cette localité où je fis une quan- tité de dessins d’après d'anciennes églises géorgiennes, très-inté- ressantes par leur architecture et les inscriptions qui y sont placées. J'ai représenté ici le plan et une vue d'ensemble de l’é- glise d’'Eochk-Wank, la plus remarquable d'entre elles. On voit aussi au Thortoum des ruines nombreuses de chà- teaux forts. Cette contrée, excessivement montagneuse, est fertile en arbres fruitiers, dont les produits justement renommés sont exportés au loin. En quittant cette vallée, je gagnai, par les hauts plateaux de la montagne de Dumly-Dagh et de Giaour-Dagh, celle du Tchorock- Sou, passant par un chemin qui n'est pas indiqué sur les cartes les plus récentes. Dans le district d'ispir, jadmirai, aux villages de Fisrick et de Kosaba, des forteresses qui datent de la domination arabe, autant que J'ai pu en juger par leur architecture et surtout par une pe- tite inscription arabe irouvée sous le portail du château de Kosaba. Mon intention était de rejoindre les rivages de la mer Noire à Surmineh , en suivant la vallée qui porte ce nom. J'aurais ainsi fait une route analogue à celle des Dix mille; mais le consul français d'Erzeroum ayant été récemment dévalisé par les Lazes de cette contrée, les caïmakans d'Ispir et de Baïbourt se refusèrent à me donner des guides et des zaptiés (gendärmes) pour m'’escorter dans cette expédition. Je remontai donc le Fchorock-Sou jusqu'à Baïbourt, et de là ASE — 376 — j'allai visiter le lieu dit de Cing-Égl ises (Bech-Kilissa), où se voient des ruines encore très-intéressantes d'églises qui sont de beaux monuments de l'art byzantin. À cette époque, j'appris les premiers revers de nos armées et je revins immédiatement à Trébizonde par la route de la mon- tagne Kolat-Dagh, dont j'avais inutilement tenté le passage en partant pour EÉrzeroum au mois d'avril. J’arrivai le 25 août, et quelques jours après je m'embarquai pour la France. RAPPORT ve UNE MISSION ARCHÉOLOGIQUE EN ALGÉRIE, PAR M. ANT. HÉRON DE VILLEFOSSE. Le 1° novembre 1873. Monsieur le Ministre, La mission que vous avez bien voulu me confier en Algérie avait pour but spécial de relever, soit par la copie, soit par l’es- tampage, les inscriptions antiques récemment découvertes dans la _ province de Constantine. Parti de Paris le 6 mars dernier avec mon confrère et ami, M. Jules de Laurière, que vous aviez adjoint à ma mission, j'arrivai à Alger le o au matin, et je crus devoir m'arrêter quelques jours dans cette ville pour entrer en relation avec les archéologues algériens et faire plusieurs visites officielles, qui devaient assurer le succès de mon voyage. Mon séjour dans la métropole de l'Algérie me fut, en effet, très- profitable. Grâce aux précieux renseignements qui me furent donnés par MM. Mac-Carthy, Letourneux, Féraud, et en particu- lier par M. Cherbonneau, correspondant de l’Institut, que ses nombreux voyages dans l’intérieur du pays et sa connaissance ap- profondie de l'épigraphie algérienne me désignaient naturellement comme le meilleur guide, je pus me mettre en route avec con- fiance. Mon temps d’ailleurs fut presque entièrement consacré aux études archéologiques. Je trouvai au musée une intéressante col- lection épigraphique à étudier et un certain nombre de monu- ments figurés qui ne pouvaient manquer d'attirer mon attention. MUSÉE D'ALGER. Le musée archéologique d'Alger a été fondé en 1858, et M. Adrien Berbrugger, secrétaire du maréchal Clauzel, en fut le — 378 — premier conservateur. Il est aujourd'hui placé, avec la biblio- thèque de cette ville, sous la direction de M. Mac-Carthy. Les inscriptions latines y sont nombreuses; la plus grande quantité provient de Cherchell et des environs d'Alger; quelques- unes ont été rapportées de Tunisie. M. Léon Renier les a presque toutes publiées dans son grand recueil épigraphique de l'Algérie; mais celles dont il na pas pu prendre copie lui-même ont été quelquefois relevées d’une manière inexacte par ses correspon- dants; c’est ce qui m'autorise à indiquer ici les corrections que je crois pouvoir proposer pour quelques-uns de ces textes. En outre, le catalogue du musée, rédigé par M. Berbrugger {édition de 1861), contient beaucoup d'erreurs de transcription. INSCRIPTIONS DE CHERCHELL (CÆSAREA) le DIS MA NIBVS GEMINVS PRISCINVS VIXIT EEE LANNIS IN VERRIVS ärmpé, PRISCVS FILIO te sh, BEGET H ; S ù une grappe. E ; S 3 qe Hi É Difi]s Manibus. Geminus Priscinus. Vixit annis quinque. Verrius Pri- scus filio fecit. H{ic) s{itus) est). S(it) t(ibi) t{erra) l(evis) M. de la Mare, qui a communiqué cette inscription à M. Re- nier, a [u à la deuxième ligne CRIKINVS; il a oublié deux points à la sixième ligne et les deux lettres de la septième. Il est intéres- sant de remarquer que le cognomen du fils est un diminutif de celui du père. De Sur une plaque de marbre blanc : D:MS:S ENCORE TRONTANFE CITCRESCENTISILVANTI MILITICLASSISSYRIACAE MARITOSVOBENEMERENTI Renier, n° 3998. — Livret du musée, n° 50. = pb Ds) M{anibu!s s{acrum). Lucia Petronia fecit Crescenti Silvanu, militi classis Syriacæ, marito suo bene merenti ñ Dans Siülvanti, NTI forment un monogramme. À la troisième ligne, M. Renier lit : Silvani(oni) et M. Berbrug- ser Silumti. Ce dernier donne une sixième ligne contenant les lettres BRV. Cest un graffite ajouté par une main moderne. 3; Sur un marbre très-usé par le frottement. LEON: V'IBNESECMNDI.:VERN MPINS GEMEEEVSSRIEIO" SVO"F: HIC : LAPISOSSATEGITMISERICOLLECT AZI EC VIDAEEX CVMMISERINO VIN ZI ME IG EE WI VE QVEMPARV OM EMI DR EURE GREMIO ZE 5) FALEGEVERSVCVLO SEE MT IMAGE, Gette inscription métrique servait de seuil dans une maison de la rue des Bains, à Cherchell; elle est tellement fruste qu'on ne peut en distinguer que quelques mots ? lL Sur une stèle à fronton avec le croissant : ATM:BARIBAL:F:-VIXIT:ANIS QVINQYE:EREPTVS:EST :SVIS Au-dessous, dans une niche, un personnage portant une grappe *. ds Sur une stèle arrondie, avec le croissant : GENVIS : SVTOR DOMNO SATVRNO:V Au-dessous, dans une niche, un personnage f. ! Remier, n° 3941. — Livret du musée, n° 98 b. ? Renier, n° 3990. Livret, n° 82 b. 3 Livret, n° 124 b. ! Remier, n° 3922. — Livret, n° 129 b, avec la lecture Ingenuus. 6. D M (s CARVSIAESE{(verae) Le reste de l'inscription est exact dans l'ouvrage de M. Remier !. FA Sur une plaque de marbre blanc : D:.:M\ 8: AEMILIA - VER NA:TINGITAN AVIXITANNIS XXVII AVELLI VSFLAVS:VXO RI:PIENTISSIMI H-S-E-S-T:T'L: D{us) M{anibus) s(acrum). Aemilia Verna, Tingitana. Vixit annis wi- ginti septem. Avellius Flav(u)}s uxori pientissimi (sic). H{ic) sta) e(st). S{it) t{ibi) t(erra) 1(evis) *. 8. Haut. 0°,47; larg. 0”,36. Une scène des plus curieuses est gravée sur ce marbre. Trois personnages, revêtus de la toge ample ({foga fusa) et couronnés de laurier, s'avancent vers la droite; celui qui se trouve au pre- mier plan tient dans la main droite une branche d'olivier. Derrière eux des hommes, habillés d’un vêtement court, serré à la taille, portent sur leurs épaules l'image de l'arche d'un pont que tra- versent des guerriers et des chars; un bateau est amarré à l’une des piles du pont. À la hauteur de la tête des deux premiers por- teurs et devant l'image, on lit dans un cartouche à queues d’a- ronde : PONSMVLVI EXPEDITIO IMPERATORIS C'est évidemment une allusion au triomphe de Constantin sur ! N° 3962. ? Livret, n° 58, avec la lecture Aurelius. — 381 — Maxence. On sait que ce dernier, vaincu ad saxa Bubra, s'enfuit et se noya dans le Tibre avec son cheval au pont Mulvius. Cette représentation n’est pas en relief; elle est gravée en creux et in- diquée seulement au trait. Malheureusement il ne reste qu'une partie de cet intéressant monument, le côté droit est brisé !. 9. Sur une plaque de marbre, qui conserve d’un côté un fragment d'inscription latine de la belle époque ?. On remarque, sur le côté opposé, une inscription des bas temps. Je n’en donne ici que les quatre dernières lignes, sur lesquelles seulement porte ma rectifi- cation Ÿ. AA D de A ANSXVIII DESSXLVISOR®PSDIEI ERATÉGEMSQVI®SE AIMAYZETSPATSFIL 10. Sur un fragment de marbre blanc : VII O VNO NIV HORMS CPS Sel BEN INSCRIPTIONS DE DIVERSES LOCALITÉS. Après Gherchell, Orléansville, Ténès, Mouzaïaville et les envi- rons d'Alger (Matifou) ont fourni au musée le plus grand nombre d'inscriptions. Je donne ici celles que je crois inédites ou pour lesquelles j'apporte une lecture nouvelle. PEuvret, n° 72. ? Renier, n° 3894. À la troisième ligne, je lis SIDHVS. % Renier, n° 3948. — 9382 — EP: Sur une pierre trouvée à Ténès {Cartenna) : Haut. 0°,26; larg. 0”,41. HORREA FORTIA ET - FELICIA CASSIOR - DIVITAZ# ET:MARIANI: Horrea fortia et felicia Cassior{(um) Divitia[ni] et Marian: js 12: Sur une stèle à fronton, avec une rosace. Pierre noire brisée en bas et à droite. Elle porte au musée le n° 4Ao4 et l’indica- tion Zeffoun. m Haut. 0°”,27; larg. 0",40. D'EMTS MODISECVN DILASAMS FILIVSPOSVIT PATRIBENEZZ RENTIVIXIT Ds) M{anibus) s(acrum) Modif) Secundi Latatis. Filius posuit patri bene [melrenti. Vixit [annlis..}. : .- :... J'ignore la provenance de la plupart des inscriptions qui suivent. SR Sur une stèle arrondie : ÆCVNDIO:ET APICLA : SATVRNO V . S . LÉ: . À : Au-dessous, dans une niche, deux enfants avec la grappe. l Javret, n° 356. D:.M45 F ANT SF VS tés AVES EST-V-A:I-M:I Dis) M{anibus) s(acrum). Faustus. Hic situs est. Vfixit) a(nno) uno, m/ense) uno. 15; Sur un fragment de marbre blanc : Haut./0%,20; lors, 0,10: NATO ERVS RECU 16. Sur deux fragments d'une pierre rougeatre taillée en forme de colonne : $ a partie inscr. du fragm. «, 0", MAT OM LOS Haut. de la partie inscr. du frag Q,109; larg. 01,10 Haut. du fragm. b, 0”,16; larg. 0°,14. &. b. NIQUE IN V ARAI POSV ETPR: SALV TEE 17. Sur un fragment de marbre blanc : Haut, 0°,14; larg. o",10. OMVNE SICRIM RVNT l Provient de Cherchell. Livret, n° 174. — 584 — 18. Sur un morceau de marbre blanc brisé en haut et à droite : CAIV EXVETERIR XVI"DECESSIT-H Q-BALIENIS:F ANNORVM:L:D HS:E: (SASTE Le musée possède deux inscriptions marquées comme prove- nant des ruines de Carthage. L'une est une dédicace au dieu Mars, protecteur de l’empereur; elle a été rapportée de la ville de Za- gouhan et non pas de Carthage. M. Guérin l’a estampée dans une maison de celte ville, où elle était encastrée dans l’un des murs de refend de la cuisine !. Quant à la seconde, elle est publiée, mais, au lieu de Q:VILANIVS ?, j'ai lu Q:VLLANIVS. INSCRIPTIONS SUR BRIQUES. Deux estampilles de potier m'ont paru dignes d'être signalées. 19. Estampille ronde à trois registres circulaires * : SR PNR TR EE PAVOPVSDOLIAR. .... INC SC 0 MN AE AT ALPETANBERN..... D: Deux palmes, l'une au-dessus de l'autre. 20. Sur le rebord d'un dolium provenant des ruines de Tanara- musa castra “ : Long. 0”,13; haut. 0”,05. IEEE |. T#SEVE-MARCELL-ET ARZ/20TIZ/SGEMELL | PRISCVS#E ZM | ! Guérin, Voyage en Tunisie, IT, n° 290. ? Renier, n° 4062. * H est probable que c'est ia brique trouvée à Bougie et publiée par M. Re- nier, n° 3544. Le musée du Louvre possède deux re trouvées en Italie, avec la légende CALPETANIVERNA; la marque de fabrique (deux palmes) est la même. 4 Livret, n° 182. — Sur cette ville, voir Renier, Archives des missions scien- tifiques , 1° série, t. LIT, p. 316. — 385 — À la fin de la deuxième ligne, les lettres ET forment un mo- nogramme. 2 L- Sur un fragment de brique recourbée, trouvé à Tipasa : XVIIIER: Les caractères sont tracés à la pointe d’une manière très-né- gligée. Les statues antiques sont peu nombreuses, mais quelques-unes méritent une mention spéciale. 1° Le beau Torse de Vénus, trouvé à Cherchell, en 1846, dans les thermes de l’ouest. Plusieurs musées et collections en possèdent des moulages. 2° La statue de Neptune, plus grande que nature, trouvée dix ans après dans le même terrain !. Le dieu est représenté ici en- tièrement nu, avec une barbe épaisse et une abondante chevelure qui retombe derrière le dos. La jambe gauche (brisée) était légè- rement portée en avant, ainsi que l'indique le mouvement du corps, et la main du même côté portait le trident. Un dauphin est sculpté à sa gauche et forme groupe avec lui; il tient un hippo- campe dans la main gauche à moitié ouverte. Manquent : le bout du nez, le bras droit avec le trident, la jambe droite, toute la queue du dauphin. 3° Le groupe érotique du Faune et de l’Hermaphrodite (même provenance). Dans un groupe semblable à celui-ci, provenant de la collection du sculpteur Malaiesta et publié par le comte de Clarac ?, les têtes sont antiques, mais n'appartiennent pas au mo- nument entièrement restauré par le Fiammingo. Celui de Cher- chell, au contraire, n’a subi aucune restauration et nous offre, quoique mutilé, le type exact d'un sujet souvent reproduit dans l'antiquité. L'hermaphrodite est assis sur un rocher; son bras gauche est orné d’un bracelet (armulla), et sa main repose sur la pierre. Le mouvement du bras droit indique qu'il devait servir à attirer le jeune faune placé devant lui. Ce dernier a la jambe gauche engagée entre les deux cuisses de lhermaphrodite, serrées MheusAfr- ia à 207, 2 Clarac, Musée de sculpture, pl. 671, n° 1736. — 380 — comme dans une crise voluptueuse. La poitrine de l’hermaphro-- dite est nue, ainsi que le reste du corps, jusqu'à la naissance des parties sexuelles, qui sont, ainsi que les jambes, à moitié recou- vertes par une légère draperie; sous le sein droit, on aperçoit un fragment de la main gauche du faune. Une pelite couleuvre est sculptée au pied du rocher. C’est sans doute une allusion aux im- tentions criminelles des deux personnages. On sait que ce petit animal était le symbole de l'infécondité et de la disette!. Dans une autre repétition restée au musée de la ville de Cherchell, un aigle, sculpté aussi sur le rocher, tient la couleuvre dans son bec. Manquent : la tête, le bras droit et les parties inférieures des jambes de lhermaphrodite. H ne reste du faune que le ventre, les deux cuisses et un fragment de la main gauche. Un Bacchus, jeune, avec la panthère, d'une exécution des plus médiocres, trouvé près de Mouzaïaville; une femme romaine, drapée; une petite tête de Jupiter; une tête de jeune fille cou- ronnée de fruits, et un siége en marbre blanc n'offrent aucune particularité remarquable. On sait combien il est fréquent de retrouver en Afrique des restes de l'époque chrétienne. Le musée d'Alger possède deux sarcophages des premiers temps de l’Église, découverts à Dellys. Cette ville occupe l'emplacement de Rusuccurium, dans la Mau- rilanie Césarienne. Le premier, qui n'est pas complet, esi représenté par deux fragments importants, dont les sujets sont : Daniel dans la fosse aux lions?, et les Trois jeunes gens dans la fournaise. J'ai signalé une lampe chrétienne du musée de Constantine portant cette der- nière scène *. Le second est un superbe monument qui a été interprété d’une manière très-fantaisiste par feu M. Berbrugger *. Il a vu, dans les 1 Cf. Lajard, Mémoire sur deux bas-reliefs nuthriaques découverts en Transyl- vante, p. 191. , ? Un bas-relief semblable a été trouvé à Cuiculum {aujourd'hui Djimila) et publié par le commandant de la Mare (Rev. archéol. 1° série, VI, 189). Le même sujet se retrouve aussi sur le sarcophage chrétien de Collo (Ann. de Cons- tantine, 1858, pl. X). % Comptes rendus de la Soc. de Num. I, 280. * Rev. Afr. Il, 309. — Rev. archéol. 1° série, XV, Ag. Il est gravé dans l'Algérie, revue illustrée, première et unique livraison, p.53) — 387 — bas-reliefs qui décorent la partie antérieure, lhistoire d'un mé- decin et les différentes phases de sa vie, tandis qu'il faut y recon- naître des scènes tirées de l'Ancien et du Nouveau Testament, scènes répétées sur un grand nombre de sarcophages de la même époque trouvés soit à Rome, soit dans le midi de la Gaule. La vérité a déjà été rétablie par MM. Julien Durand ! et de Rostan?; mais en Algérie on s'obstine à conserver au domaine d'Esculape le tombeau de ce médecin malgré lui. Daniel empoisonnant le serpent des Babyloniens, le Miracle de Cana, l'Hémorroisse, le Christ enseignant les fidèles, la Multiplication des pains, la Gué- rison de l’aveugle-né, et le Reniement de saint Pierre; tels sont les sept sujets sculptés en haut-relief sur la face antérieure. Chaque scène est placée entre deux colonnes torses d'ordre corinthien, amorties tantôt en un fronton, tantôt en cintre sürbaissé. Le cou- vercle présente un cartel accosté de deux plates-bandes de dau- phins nageant dans les flots, très-finement exécutés et d’un mince relief. Quelques bronzes, verres et terres cuites ont été rassemblés dans une pièce séparée du reste du musée, au même étage que la bibliothèque. Au milieu de ces objets, un verre, sur lequel je crus distinguer quelques traces de couleurs, attira mon attention. Je fus assez heureux, après l'avoir soigneusement examiné, pour y découvrir un sujet intéressant et d'autant plus utile à signaler qu'il rentre dans une catégorie dont on possède de très-rares spé- cimens. Ce gobelet de verre a été trouvé, en 1852, près de l’'emplace- ment actuel du musée, et fait partie de la collection donnée à cet établissement par M. de Mondésir; le catalogue du musée en fait mention, mais sans le décrire’; sa forme est celle d’un gobelet monté sur un pied circulaire peu élevé, qui présente le profil d'une doucine; la panse arrondie s'évase à la partie supérieure et la base est décorée extérieurement d’un mince filet: le diamètre de l'orifice mesure 0,09, dimension prise y compris l'épaisseur du verre; la hauteur est de 0",07. Les couleurs qui étaient ap- pliquées sur le verre ont presque entièrement disparu, on ne distingue plus que quelques traces de rouge et de bleu; cependant, l Annales archéol. de Didron, t. XVTIE, p. 16. 2? Congrès archéol. 35° session, 1868, p. 268. 3 Livret, n° 49, p. 94 et 95. — 388 — * en le regardant avec soin, on ÿ remarque l'estampage d'un sujet deux fois répété et qui représente un combat de gladiateurs. J'en donne ici la description telle que je la retrouve sur mon calepin de voyage : 1° Un gladiateur casqué debout (traces de couleur rouge) por- tant le subligaculum (traces de couleur bleue); son rival vaincu est étendu devant lui sur le dos. 2° La seconde scène est analogue et ne diffère que par la posi- tion du gladiateur vaincu : il est tombé à genoux; son grand bou- clier est étendu au-dessous de lui et il pose ses deux mains dessus, en tournant la tête en arrière vers le public de lamphi- théâtre, comme pour implorer la pitié et demander sa grâce. Une borne, une palme et une couronne complètent le tableau. Le vase est intact, mais comme je l'ai déjà dit, la couleur est presque entièrement enlevée, il n'en reste que des fragments très- légers; avant son application sur le verre, le sujet avait été très-lé- gèrement gravé à la pointe ou esitampé dans un moule. Le même fait peut se remarquer sur un vase en verre, de forme arrondie, que possède le musée du Louvre et qui a été fabriqué de la même façon. Je veux parler du curieux vase trouvé à Nimes en 1858, et que le musée doit à la libéralité de M. Pelet. Le sujet qu'il re- présente est tout à fait différent; c'est un combat livré dans un marécage entre des grues et des pygmées, sujet qui se retrouve sur un grand nombre de vases antiques et qui paraît avoir été fort en honneur parmi les artistes de l'antiquité. Les pygmées sont armés de lances et de boucliers; les grues, les ailes à moitié éployées, se défendent à coups de bec. La conservation des couleurs appliquées sur ce vase est égale- ment peu satisfaisante; presque partout elles ont disparu et on peut y observer ce tracé léger et cette espèce de dépôt métal- lique, dont éclat et la netteté m'ont permis de retrouver toute la scène du vase d'Alger. Ces vases présentent tous deux un fond translucide, celui de Nimes est vert, celui d'Alger est d'un blanc laiteux; les figures en couleur sont formées d’une sorte d’émail assez épais, appliqué sur le fond, et formant relief. Il est évident que ce verre a été peint et qu'après cette opération il a subi une seconde cuisson qui a solidifié les couleurs; l’action du temps et le séjour de ce monument dans un milieu plus ou moins favo- rable ont altéré sensiblement l'émail et l'ont même détruit en — 389 — grande partie; les petits fragments qui en restent ont perdu leur éclat et s’écaillent facilement à l'ongle. Partout où la couleur a disparu, on reconnait un dessin léger, mais très-exact, de la scène représentée et un pointllage serré produit par les oxydes contenus dans les matières colorantes. Les couleurs qui ont le mieux résisté sur le vase de Nîmes sont le rouge et le jaune. On connaît un certain nombre de verres ornés de représenta- tions de combats de gladiateurs; mais ce sont des verres iso- chromes jaunes ou blancs, colorés dans la pâte et dont le relief est venu dans un moule; on en compte douze dans les collections d'Europe, parmi lesquels cinq appartiennent à la France !, tandis que les seuls verres polychromes de ce genre sont avec celui d'Alger ceux du musée de Copenhague trouvés, en 1870, dans une sablière située à Thorslunde, près Hœie-Taastrup, dans les environs de Roskilde en Sélande. M. C. Engelhardt, qui vient de les publier *?, les attribue au 1v° ou au v° siècle; c'est peut-être les rapprocher beaucoup de nous et je serais assez porté à les croire plus anciens. I ne reste qu'un petit fragment de l’un, et les deux autres sont loin d’être entiers. L'un de ces fragments représente un loup ou un chien, et, tout en rentrant dans la catégorie des verres poly- chromes à figures, il ne fait pas partie de la série qui nous oc- cupe en ce moment. Le dessin est assez grossier; les couleurs ont dû être appliquées sur le verre par un procédé analogue à celui employé pour les deux vases dont je viens de parler. M. C. Engelhardt signale également de précieux verres à figures polychromes en relief, trouvés, il ÿ a plusieurs années, près d’un squelette inhumé dans un banc de gravier à Varpelev, canton de Stevn. Ils sont aussi au musée de Copenhague, et le savant con- servateur ajoute que le fait de n'avoir pas découvert en dehors du Danemark des verres de ce genre doit être un simple effet du hasard, car il ne peut y avoir de doute sur leur origine romaine. Son travail était déjà terminé quand M. G. de Mortillet, du musée 1 Voyez Benjamin Fillon, L'art de terre chez les Poitevins, p. 295. — Fran- çois Lenormant, Rev. archéol. nouvelle série, XIT, p. 304.—Sacken und Kenner, Die Samml. des K. K. Münz- und Antiken-Cabinets, 1866, p. 458.— Henri Baudot, Mém. de la Com. des antiq. de la Côte-d'Or, VIT, 205, pl. 1 et 2. — Bulletin de la Soc. archéol. de Tarn-et-Garonne, 1869. 2? Mémoires de la Société royale des antig. du Nord, nouvelle série, 1872, p. 57 et suiv. pl. X, XI, XII. MISS. SCIENT. — II. 26 — 9390 — de Saint-Germain, lui communiqua un excellent dessin du vase de Nîmes que M. Engelhardt a pu faire graver et insérer, avec une note, dans son article}, Je regrette vivement de n’avoir pas rapporté un dessin de celui d'Alger; je tenais à le signaler parce que, tout en étant le plus anciennement découvert parmi ceux dont je viens de parler, il était le plus inconnu. Un amateur distingué, M. le lieutenant Dufour, attaché au bu- reau arabe d’Aïn-Beida (province de Constantine), possède aussi un vase de verre antique orné de peintures, découvert par lui à Khamissa (T'hubursicum Numidarum), au milieu des ruines d’un grand édifice qui occupe les numéros 10, 14, 18, dans le plan de cette ville donné par M. Chabassière?. Il a bien voulu me montrer ce verre à mon passage à Aïin-Beïda. L'orifice de ce vase mesure 0",09. Des branches d'arbre entrelacées et garnies de fruits et de feuilles entourent la panse; deux oiseaux voltigent dans le feuillage. Le fond du vase est orné d’une charmante étoiïle à six rayons encadrée dans une guirlande de fleurs aux couleurs les plus vives. Tout cela est frais, coquet et d’une conservation parfaite. La couleur appliquée sur un verre bleu translucide forme un léger relief recouvert d’une sorte de vernis que longle ne peut entamer, et sur lequel laction de l'eau n'a pas d'autre effet que de lui donner plus d'éclat et de vivacité. Sa fabrication me parait être de la même nature que celle des vases indiqués plus haut; sa forme est exaciement semblable à celle du vase de Nîmes, cest un gobelet rond, sans pied, et, chose remarquable, ces deux vases portent, au fond, la même décoration, une étoile entourée d’une guirlande de fleurs. On sait que les peintres de vases grecs adoptaient ainsi une sorte de fleuron ou un décor par- ticulier qui permettait de reconnaître les pièces sorties de leur atelier. Faut-il en conclure que ces deux vases ont la même ori- gine ? Dans quel pays ces vases ont-ils été fabriqués? C’est une ques- tion qui reste à éclaircir et que de nouvelles découvertes nous ap- prendront peut-être. Dans tous les cas, il reste bien établi qu'on a trouvé à Alger, à Nimes et à Khamissa trois verres peints et fa- briqués par les mêmes procédés. Je ne puis rien affirmer au sujet de ceux de Copenhague que je n’ai pas eus entre les mains. ! Voir l'article cité, p. 62. ? Ann. de Constantine, 1866, pl. Il. LE SOÛtE GUYOTVILLE.. Aux environs d'Alger, entre Guyotville et Cheragas, sur le plateau du Baïnem, j'ai parcourü d’anciens alignements de dol- mens, dont les restes sont encore imposants. On prétend auil y en avait autrefois près de cent, en cet endroit; il en subsiste dix ou douze, tournés tous de l’est à l’ouest, l'ouverture étant placée à l'est. Leur longueur moyenne, de côté, est de 1,50, et la lar- geur de l'ouverture de 0”,75. Ce sont, comme on le voit, de pe- tites dimensions. D’après les renseignements qui m'ont été donnés par le curé de Guyotville, de l’autre côté du ravin des Beni- Resous, sur le grand Cheragas, près de la ferme de Calla, ces mêmes alignements se retrouveraient en bien plus grand nombre. CHERCHELL. L'histoire de la ville de Cherchell {Caesarea) a donné lieu à plu- sieurs travaux que je crois inutile d'indiquer ici; qu'il me soit per- mis seulement de constater que les plus beaux morceaux de sculp- ture antique trouvés en Algérie proviennent de cette localité. J’ai parlé plus haut de ceux qui avaient été transportés au musée d'Alger; le Louvre possède un petit bas-relief d’un travail assez délicat et dont le sujet est peu ordinaire, donné au musée par M. Rattier !, ainsi qu'un buste de Ptolémée, fils et successeur de Juba IL?, offert en 1844 par M. le capitaine d'Agon de la Con- trie. Ces deux monuments ont été découverts à Cherchell. Quand on arrive dans cette ville, en venant d’Alger, on est frappé de la quantité de débris antiques, chapiteaux, fragments d’in- scriptions, de statues ou de bas-reliefs que l’on rencontre à chaque pas. D’immenses colonnes en brèche d'Afrique servent de bancs aux promeneurs le long de la route; les bestiaux viennent s’a- breuver dans des sarcophages antiques, et au coin de toutes les rues les bornes sont faites avec les fragments de piliers qui sup- portaient jadis les architraves des temples. En parvenant sur la place publique devant les ruines du fort Mauresque, on aper- coit des tambours de colonnes cannelées et des restes de chapi- ! L. Mercklin, Archäol. Zeit. XX, 298, pl. CLXVI. ? Lenormant, Journal des Débats (24 janvier 1844 ).-— L. Renier, Rev. archéol. 1° série, XIV, 2, p. 4o7, pl. CCCXVIT «. a6. — 392 — .teaux corinthiens qui donnent une haute idée du monument auquel ils ont dû appartenir. On se croirait au Forum. I y a sur cette place une grande vasque à ombilic qui mérite aussi d'être remarquée. Le fort a dû être construit entièrement avec des ma- tériaux romains; on y retrouve des fragments de poterie, de cla- veaux d'arcade, de bas-reliefs, d'entablements; un gigantesque morceau de ces ruines s’est détaché et est tombé à mi-côte de la falaise où le retiennent des lianes et des figuiers sauvages; la mer au-dessous est jonchée de débris et, si on avait le moyen d'y en- treprendre des dragages, on y ferait assurément des découvertes importantes au point de vue de l’art ou de la science. Sur l’un de ces débris j'ai distingué les lettres T H. Au milieu de cette abondance de fragments on est frappé de ne pas trouver de restes plus imposants de l'architecture antique; mais cette absence s'explique facilement en songeant à toutes les descentes dont la côte d'Afrique a été le théâtre. La position excep- tionnelle de Cherchell devait en faire le point de mire des peuples qui ont tour à tour été les maïtres de la Méditerranée et je n'ai pas besoin de rappeler tout ce qu'une guerre, suivie d'invasion, entraîne de ruines et de dévastations dans un pays. Les monu- ments antiques les plus importants sont les suivants : Les aqueducs. En sortant de Cherchell par la porte d'Alger, dans la direction de Marengo, on remarque pendant fort longtemps les restes d'un aqueduc romain, qui est surtout fort bien conservé à l'endroit où on traverse l'Oued-Bella. On aperçoit encore de dis- tance en distance les traces de la conduite d’eau sur les flancs de la montagne. C'était pour amener à Cæsarea les eaux de l'Oued- el-Hachem. Ces ruines portent le nom de petits aqueducs. Quelques mètres avant l'endroit où la traverse de Tipasa vient s'embran- cher sur la grande route se trouvent, toujours à droite, les grands aqueducs, au-dessus d’un vallon où coule un petit affluent de l'Oued-el-Hachem. Ces aqueducs sont très-beaux et offrent trois étages d'arcades superposées. Il ÿ a environ quinze ans ils étaient encore presque intacts : aujourd'hui une des arcades du milieu s'est écroulée, et il est bien à craindre que le reste de la construc- ton n’éprouve bientôt le même sort. L'amphithéätre est également près de la porte d'Alger. Son grand axe mesure environ 120 mètres et le petit axe 4o mètres. Il reste encore près de sept rangées de gradins et ïl est facile de — 393 — constater l’existence d'une praecinctio après le cinquième gradin. L'enceinte est fort apparente; on reconnait deux vomiloria, un à chaque extrémité du grand axe. Les côtés correspondant au tracé du petit axe sont trop en ruines pour Eouee y distinguer quelque chose. Le côté nord-est est le mieux conservé. Les Thermes. Derrière le champ de manœuvres des chasseurs d'Afrique on remarque les restes d’une grande construction à laquelle on a donné le nom de thermes romains. Je ne sais sur quel fondement repose cette dénomination; pour mon compte, je suis tenté d’y voir tout autre chose. Cette construction est faite en petit appareil interrompu de temps à autre par un lit de trois briques !. Les deux absides, qui existent encore dans un très-bon état de conservation, peuvent permettre de supposer que c'était un des grands temples de la ville. Ces absides ont encore leur dallage antique; elles ont 7 mètres d'ouverture et sont séparées l’une de l'autre par un mur de 2°”,30. Une des absides du temple de Vénus et de Rome existe encore à Rome, et tous ceux qui ont visité les ruines de Carthage ont pu admirer cette belle suite des absides du temple d'Esculape, découverte dans le jardin de la chapelle Saint-Louis. Cette construction mérite une étude spéciale qu'il faudrait se bâter de faire avant son entier écroulement. C'est certainement un des monuments les plus importants de la ville : si on hésite à y voir un temple, peut-être y reconnaïtra-t-on une basilique païenne. À peu de distance de la porte de Milianah on remarque une arcade encore debout. Elle est très-basse et construite en grand appareil. Le terrain est jonché de débris tout autour. En sortant par la porte de Tenès et en se dirigeant vers le port on arrive dans le quartier où ont été trouvés les restes les plus importants de la vieille Cæsarea; on pourrait presque y rele- ver encore les plans de quelques maisons romaines. Le monu- ment le mieux conservé dans ces parages est une sorte de piscine rectangulaire, enduite entièrement de ciment, et dans laquelle on descend par des escaliers placés aux quatre angles. Elle a 35 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur; sa profondeur est de %,75. M. de Villiers du Terrage en a publié un excellent plan ?; ! Chaque lit de brique est séparé par 1°,79 de petit appareil. Les dimension de l’appareil sont 0",10 à 0” ,12 sur 0,08 à 0",010. 2 Mém. de la Soc. des antiq. de France, XXHT, 35, pl. I. M il croit que ce monument fut construit primitivement pour servir de vivier et qu’on le transforma ensuite en un lieu propre à prendre des bains. Le musée de la ville, fondé par M. de Lhotellerie, est sans. aucun doute le plus beau et le plus riche de toute l'Afrique ro- maine. Il est situé dans une petite cour où on a réuni les sculp- tures et les inscriptions : elles sont aujourd'hui sous la garde d'un barbier, peu archéologue, qui emporte la clef dans ses tournées, et qu'il faut chercher longtemps avant de pouvoir pénétrer dans ce sanctuaire. L'état d'abandon dans lequel se trouvent ces anti- quités fait regretter qu'on n'ait pas jugé à propos d'en trans- porter en France au moins une partie pour enrichir nos musées. [1 y a là en effet d’intéressants sujets d'étude, dont plusieurs sont la copie de célèbres originaux grecs. On sait combien Juba II et la reine sa femme, de la famille des Lagides, étaient passionnés pour les lettres et l’art grec; ils ne négligèrent rien pour décorer leur capitale d'ouvrages célèbres, qu’ils faisaient sans doute venir de la grande Grèce. J'ai parlé plus haut du groupe érotique du faune et de l’herma- phrodite; j'indiquerai en second lieu une répétition en marbre du célèbre bronze du Capitole, connu à Rome sous le nom de Marzio et que nous appelons le Tireur d’épines, statue qui a fait partie pendant quelque temps du musée du Louvre !. La répétition du musée de Cherchell n’est pas intacte; la tête et le bras droit manquent. | Une autre copie antique en marbre blanc existe dans la collec- tion du Louvre; elle est dans un état de mutilation très-regret- table : la tête, la jambe gauche (moins le pied), le bras gauche, le biceps droit et l’exirémité du pied droit manquent. Une partie du pied gauche (moins les doigts) et de la main gauche est resiée sur le genou droit. On ignore la provenance de ce marbre; je suis porté à croire que c'est celui de la villa Borghèse, dont on aura fait disparaître les parties modernes ?. M. Ravaisson a bien voulu me sivnaler une tête en marbre à la Bibliothèque nationale qui a dû appartenir également à une copie du Tireur d’épines. Deux têtes colossales de femme, creusées intérieurement, pré- ! Comte de Clarac, Musée de sculpture, n° 1502, pl. DCCXIV. ? Visconti, Sculture del palazzo della villa Borghese detta Pinciana, part. IN, SÉVILLE: n° 0. — 395 — sentent un caractère d'énergie et de vigueur qui me fait hésiter à les attribuer à Vénus. Une tête d'homme barbu, colossale et égale- ment creuse, offre une grande analogie avec les types de Jupiter ou de Neptune, mais le mouvement du cou et celui des yeux pa- raissent indiquer plutôt une posture qui ne peut convenir à ces deux divinités. Peut-être faut-il voir une représentation de l'Océan ? Un torse de Diane portant la robe finement plissée, serrée à la taille, et le baudrier sur la poitrine. La tête, les jambes et les bras sont brisés. — Ün second torse, d’un travail moins fin, repré- sentant une Diane courant, pourrait avoir appartenu à une copie de la Diane à la biche. Une Vénus, entièrement nue, avec un dauphin à ses côtés. La pose devait être celle de la Vénus pudique ainsi que le fait sup- poser le mouvement des bras. Üne Minerve, majestueusement drapée, à la façon des statues grecques. La déesse est vêtue d’un péplos, et chaussée de san- dales. L’égide est passée sous le bras gauche, comme une écharpe, au lieu de couvrir la poitrine !; elle est devenue un simple orne- ment. La tête et les bras manquent. Un jeune Faune courant. À ses côtés se trouve une panthère, dans l'attitude d’un chat qui va prendre son élan pour saisir sa proie. Le faune la regarde en souriant. À droite du faune la par- dalide est posée sur un cippe. Manquent : la tête et la queue de la panthère; le nez et les bras du faune. Le groupe est en plusieurs morceaux. Une statue de femme présente un caractère tout particulier. On dirait que c'est le produit d’un art local, qui n'a subi l'in- fluence romaine que d’une manière très-éloignée. Je ne sais quel” personnage l'artiste a voulu représenter; c’est très-probablement un portrait; 1l est traité d’une façon rude, presque sauvage; mais en même temps les détails sont indiqués avec soin. Cette femme est debout près d'un cippe carré; elle est chaussée de bro- ! Cette disposition de l'égide se retrouve sur l'Athéné Agoraia du Louvre. (Frôh- ner, Catal. de la seulpt. ant. n°121.) — Visconti (Museo Chiaramonti, pl. XIV) en cite plusieurs exemples et cherche à l'expliquer. — Voir aussi les statues de Dresde, de Rome et d'Angleterre publiées par le comte de Clarac (Musée de sculpture, pl. CDLXTIT, CDEX VIT, CDLXXI, CDLXIIT), ainsi que la patère du / trésor de Hildesheim (Wieseler, Der Hildesheimer Silberfund , Taf. IT). — 396 — dequins et vêtue d’une tunique et d'un manteau, serrés à la taille par une ceinture : les cheveux sont relevés sur le front et sur- montés d’une couronne de fleurs et de feuillages; deux grandes nattes passent sur Îles épaules et viennent retomber de chaque côté sur la poitrine. Ces quelques exemples suffisent pour montrer l'importance de ce musée au point de vue de la sculpture antique. Il serait fort né- cessaire qu'un archéologue en fit un étude spéciale et en dressât le catalogue. Les notes que j'ai pu prendre en passant , d’une manière très-rapide, me confirment dans cette idée. L'étude des nombreux fragments d'architecture qui y sont recueillis fournirait écalement le sujet d’une publication sérieuse et utile. Je ne puis oublier de signaler quelques têtes d'hommes, traitées à la façon archaïque et qui doivent être classées parmi les ouvrages du siècle des Antonins : on sait que limitation des sculptures ar- chaïques fut en grand honneur à cette époque. Une têtæ d’'Hélios, un beau torse d'Hercule, une statue de Pan, très-mutilée, une tête de Bacchus, et quelques bustes d’empereurs romains, Diadumenier , Macrin, dont Cherchell était la patrie, etc., sont mêlés à des fragments de tous genres, au milieu même de la cour. Enfin un des morceaux les plus curieux et qui mérite d'attirer tout particulièrement l'attention des archéologues, c’est le frag- . ment de la statue de Thoutmès [°, que j'aurais dû citer en commen- çant. Depuis qu'il a été découvert, M. Henri Sauvajol a trouvé, en 1859, à Souk-Arrhas (Thagaste), le piéaestal de la statuette d’un pharaon assis. On ne connaît encore que ces deux monu- ments égyptiens trouvés en Algérie, car les scarabées de Cherchell ne sont pas en réalité égyptiens, ce sont des imitations antiques d'art phénicien, comme la plupart de ceux qui ont été découverts en Sardaigne depuis quelques années !. | M. Léon Renier a publié dans son grand recueil toutes les ins- criptions de Cherchell ?. 1 Sur quelques-uns des monuments trouvés à Cherchell, voir : Green, Bulle- tin archéol. de l'Athén. fr. I, p. 38. — Lenormant, ibid. p. 46. —— Devéria, Mém. de la Soc. des ant. de Fr. XXVI, p. 4o. — Rev. archéol. 1" série, IIT, p.763; V, p. 346; XIV, 1 et 407; 2° série, X, 37. — Beulé, Comptes rendus de l'Acad. des inscr. 1° série, TT, p. 17. — Revue Africaine, T, p. 222 à 227; TL pe08 2 N° 3873 à oo. { — 9397 — À l'entrée du musée, j'en vis une qui venait d’être récemment apportée par les zouaves : 22. Sur un dé de piédestal en pierre, entouré d’une large moulure : Haut. 1°,12; larg. 0”,54. GRANIAES MARCELLINAES QUAESET#Y CREMENTIAES QÉGRANIVSY FELIXYEXDEC ALAEHRACW PATER FILIAE DVLCISSIMAE Graniæe Marcellinæ, quæ et Crementiæ. Q{uintus) Granius Felix, ex dec(urione) alæ Thracum. Pater filiæ dulcissimæ. _ Cette inscription a été trouvée par M. Didier, lieutenant au 4° zouaves, dans les travaux entrepris sur le plateau des Beni-Me- D our l'établissement du nouveau camp de Cherchell. On n’a pas indiqué ici le numéro que portait l'aile des Thraces, dans laquelle a servi ce décurion, mais il est certain que c'était la secunda ala dont on a retrouvé la mention sur un autre mo- nument découvert à Cherchell, aujourd'hui au musée d'Alger, monument élevé aussi par un ancien décurion de cette secunda ala en l'honneur d’un personnage qui en avait été préfet !. Deux autres inscriptions de la même localité mentionnent, l’une, un decurio alæ Thracum?; l'autre, un eques alæ Thracum. Salluste raconte dans la guerre contre Jugurtha que; après le départ du consul Albinus, son frère Aulus, qui avait pris le commandement de l'armée, fut trahi par des Liguriens et des Thraces qui passèrent à l'ennemi “. Il y avait donc déjà des Thraces à cette époque dans l’armée d'Afrique. 1 Remier, n° 3885. Voir aussi le n° 3580. ? Renier, n° 3893. $ Renier, n° 3934. Voir aussi le n° 3650. # «Cohors una Ligurum cum duabus turmis Thracum. » G. G. Sallustit bellum Jugurthinum, c. 65. — 398 — 23. J'ai trouvé au musée un autre petit texte que Je crois inédit : Long. 0°”,34; larg. 0”,21. DOMITIVSMONIA NVS : VIXIT - ANNISI MESES VI-ORAS:VI Donutius Monianus. Vixit annis quinquaginta duobus, me(n)ses sex, oras sex. 24. En sortant de Cherchell par la porte d'Alger, on rencontre deux petits marabouts; puis on traverse un pont jeté au-dessus d'un ravin qui va se perdre dans la mer. Immédiatement après ce pont, à gauche, se trouve le jardin de M. Belle. On venait d'y faire des fouilles récentes et d'y déterrer plusieurs fragments de colonnes en pierre, des chapiteaux corinthiens et de nombreux morceaux de plaques minces de revêtement en marbre blanc. Au milieu de tous ces débris, j'ai copié une inscription gravée en magnifiques caractères sur un morceau d'architrave en pierre blanche : Haut. des lettres, 0,09; haut. de l’architrave, 0®,30; larg. 1°,80; profond. 0,28. TL: CL:PRISCIANVS"-PROC: AVG EE Ti(berius) Cl(audius) Priscianus, proc(urator) Aug(usti) fecit. Ce personnage nous est déja connu par une autre inscription trouvée également à Cherchell, inscription qui nous indique les différentes fonctions dont il a été investi !, La face de ce fragment qui se trouve à la partie inférieure de la pierre, au-dessous de l'inscription, est élégamment sculptée et remplie par des entrelacs de feuilles de vigne et de grappes de raisin. De chaque côté de ces sculptures on voit encore la place qui reposait sur les colonnes. Il est probable que Tiberius Clau- dius Priscianus avait consacré en cet endroit un petit temple à un dieu dont le nom n'est pas venu jusqu'a nous. La situation charmante de cette langue de terre, vis-à-vis de la mer et au-dessus d'un petit ravin des plus pittoresques, en faisait un lieu des.plus propres au recueillement. ‘ Renier, n° 3880. — 399 — 25. M. le commandant du Potet ma communiqué la copie d’une inscription trouvée dans les mêmes fouilles : Long. 0",20; larg. 0”,06. IOLITANAPRO SALVTEFLORI Iolitana pro salute Flori. Le surnom lolitanus se retrouve dans une inscription d’Arzew {Portus Magnus) !. 26. Je dois encore à M. du Potet la copie d’un autre texte trouvé, en juin 1872, dans la démolition du mur sud du fort de Cher- chell. Il était gravé sur deux pierres; la première partie est aujour- d’hui perdue. e: 0 se, © a 5,1 FARICVS STATVLIBENT APATREEIVS + REMISSI Dans la propriété de M. Augier, marchand de vins, à Bellevue, sur la route d'Alger, il y a plusieurs débris d'inscriptions encastrés dans le mur du jardin. TE Sur une plaque de marbre blanc : Long. 0°,32; haut. 0°",1 2. CLAVDIVS 28. Sur un autre fragment de marbre blanc : Haut. 0”,14. ... .filiæ. H(ic) sfita) e(st). ! Renier, n° 5827. — 100 29. Sur ‘un troisième fragment : Haut. 0°”,09. 30. Chez M. le chef de bataillon du Potet, ancien commandant su- périeur de Cherchell, je vis plusieurs morceaux antiques, parmi lesquels j'indiquerai seulement une margelle de puits, bordée d’en- trelacs, et quelques briques portant toutes le nom du même potier. Marque de potier, en forme de croissant : Diam. 0,13. EXOFTVCVSI Ex offficina) Tucusi. Ces briques ont été découvertes à Zurich, près Cherchell. Elles servaient à recouvrir uñe sépulture dans laquelle on a trouvé des fragments de verre et deux plats ronds en terre dite de Samos. Je possède un de ces plats. TIPASA: La ville de Tipasa appartient aujourd'hui tout entière à un riche colon, M. Trémault. qui a rassemblé dans son jardin le pro- duit de ses fouilles et en a formé un intéressant petit musée. Eiie s'étend sur une longueur de près de 1,400 mètres, au bord de la mer, et renferme encore dans son sein toute son histoire, car les inscriptions qu'on y a trouvées jusqu'ici sont peu nombreuses. La seule qui nous ait conservé le nom de cette colonie ! est mainte- nant encastrée dans la muraille de Bordj-el-Kifan (le fort de l'eau), à Alger. On retrouve sans peine l'enceinte de la ville ancienne, dans la- quelle on peut constater encore l'existence de cinq portes. La ! Renier, n° 4o41. Je ne parle ici que des inscriptions trouvées en Afrique ; — O1 — mieux conservée est à l’ouest; c’est celle qui regarde Cherchell; elle est flanquée de deux grosses tours défendues en avant par un fer à cheval, au milieu duquel passe la voie romaine. Le diamètre intérieur de ces tours est de 8 mètres; elles sont à 18 ou 20 mètres de distance l’une de l'autre. Près de là se trouvent les ruines du théâtre, en bien mauvais état, mais cependant encore reconnaissable; l’hémicycle mesure de 24 à 25 mètres d'ouverture. Dans l'intérieur de la ville, le monument le mieux conservé est une espèce de nymphæum formant demi-cercle et qui a dû être décoré avec beaucoup de magnificence; une double rangée de bases de colonnes atteste encore sa splendeur passée. L'eau qui en jaillissait venait du col de Sidi-Moussa : on aperçoit par derrière le regard des eaux, dont il est facile de suivre la trace; les con- duits sont soutenus par de petits piliers carrés. Par devant, cinq bouches d'eau, séparées l’une de lautre par des colonnes de marbre blanc, alimentaient un petit bassin où les habitants ve- naient puiser; on voit encore les traces des cordes le long des pa- rois. Le diamètre de l’hémicycle est de 10 mètres, intérieurement. À côté de cette fontaine, un grand bâtiment, dont j'ignore la véritable destination, est encore debout; on lui a donné le nom de Thermes. I est bâti en petit appareil; cependant, la base jusqu’à la hauteur du linteau des portes, l'encadrement des baies et les angles des murs sont en grand appareil. Tout au bord de la mer, on remarque un columbarium de une autre existait, en 1672, à Cordoue, dans la maison de don Martin Alonso de Cea. A X W FL'HYGINO:V:C:COMITI ÉRePRAESIDIr:P.: MC: OBMERITAIVSTITIAE EIVSTABVLAMPATRO NATVSPOSTDECVRSAM ADMINISTRATIONEM ORDO:TIPASENSIVM OP ETVELTP (Hubner, Corp. inscr, lat, IT, n° 2110.) Peut-être cette tabula patronatus avait-elle été envoyée en Espagne au comte Hygin? Peut-être aussi, ce qui est plus probable, at-elle été trouvée à Tipasa par des Espagnols dans une de leurs nombreuses descentes sur la côte d'Afrique. — 102 — forme circulaire, où les tombeaux étaient placés sous des arcades (arcosolia). Il est entouré d'une immense nécropole qui couvre plusieurs hectares et au milieu de laquelle certaines sépultures sont creusées dans le rocher; de distance en distance on voit les bases de petits édifices carrés ou ronds, d'une architecture soignée, qui renfermaient sans doute les tombes des familles riches. Mais le monument le plus digne d'intérêt est sans contredit la basilique. Elle a 34 mètres de longueur sur 15 mètres de largeur. L’abside a 4°,50 d'ouverture et 3,85 de profondeur. Le plan en est connu; il est donc inutile d’en parler à ce point de vue!. Hya cependant encore bien des choses à dire sur ce monument, que je compte étudier plus tard dans tous ses détails. Il conserve une inscription chrétienne tracée sur le sol, en mosaique, au milieu de la nef et dont il est essentiel de donner le texte, quoiqu'’elle ait été déjà publiée?. L'état de mutilation dans lequel elle se trouve fait craindre qu'elle ne disparaisse bientôt complétement. SF NOSSE SREDDAS MAKOSS ONATYMC NARECEPITPII VITAFRATRESNECM ICTOSSPERANTIFA OSCMITATAPAREN NNTI IIIK-SEP-PY NSPOSITVSEST TIVS-IV M. Léon Renier n'a publié que huit inscriptions de Tipasa 5. Il ! Les ruines de Tefaced, avec un plan de la basilique, par Leclerc. (Rev. arch. 1" série, VII, 553, pl. CLI. ? Rev. Afr. 1869, p.72 3 Renier, n* 4o/1 à 4o48S. — 03 — est bien étrange qu’une ville dont les ruines sont encore si impor- tantes ait été aussi inféconde. On prétend qu’une partie de la ville d'Alger a été bâtie avec les pierres de ces ruines, ce qui permet de supposer que, parmi les inscriptions d'Icosium, quelques-unes appartiennent à Tipasa. M. Berbrugger a donné dans la Revue Africaine ! plusieurs textes découverts depuis la publication du re- cueil de M. Renier. Je les ai tous revus dans le jardin de M. Tré- mault; celui qui parait le plus important est malheureusement le plus illisible. 32. Sur un dé de piédestal carré, encadré de moulures sur trois faces; sur le côté droit est sculptée une œnochoé; sur le côté gauche, une patère. Larg. 0”,70; Haut. 0”,70; Profond. 0”,60. VICTORIAEAVGVSTAE EDVCATVINSTANTIAQVE CLANDICONSIMEPNS WWWNAVGCONTIGITDE HEMULILATES SSIIE AP L VSQVE- Cette inscription, très-fruste et dont il m'a été impossible de prendre un estampage à cause de la violence du vent, a été trouvée sur le mamelon du phare, près de la mer. 9. Sur une grande dalle, entourée d'une moulure, brisée en haut : Long. 0,98; haut. 0”,60. ##,ST AMENTO WCRITIIFELICIS WE DICANTE KL AVDIAFA BIOLA [Ex Le]stamento [C(añ)] Critn Felicis, [dJedicante [Claudia Fabiola. Rev. Afr. 1866, p. 302; 1867, p. 173 et 485 ; 1868, p. 148. — Oh — Nous connaissions, par Shaw, une inscription provenant de la même localité, où il est déjà question du testament de Critius Felix !. La nôtre a été trouvée par M, Trémault, en 1872, près de la douane, dans les ruines d’un petit édifice formant hémicycle du côté de la mer, La partie gravée était engagée dans la maçon- nerie, tandis que le côté gauche, où les lettres manquent, a été grossièrement creusé pour former une conduite d'eau. 34. Sur une pierre, dans un cartouche à queues d’aronde : Long. 1°,54; larg. 0",34. CORNELIAE L:FILFLORAEVXORIRARISSIMAE L:MARCIVS:FEROXVIREIVSINSOLOQVODEI S PLEN DIDIS SIMVSORDOCONCESSITMAVSO LAEVM CONSECRAVIT Corneliæ, L{ucu) filfiæ), Floræ, uxori rarissimæ. L{ucius) Marcius Ferox, vir ejus, in solo quod ei splendidissimus ordo concessit, mauso- læum consecravit*. Trouvée à 600 mètres environ en dehors de la porte de Cher chell. , | | 39. Sur une stèle à fronton, brisée à droite, avec le croissant : Haut. 0”,49; larg. 0",47. D- M: IVL-SEVERZZ VIXIT : ANN# TIMENSIBVS# DIEB-XXVO# Dis) M{anibus). Julia) Severfa]. Vixit ann[is] duobus, mensibus. . .. | dieb{us) viginti quinque, ofris]. ... l Remier, n° RAR ? Rev. Afr. V, p. 4oo, avec la lecture C: MARCIVS. — 05 — 36. Sur un couvercle de sarcophage en forme de toit : 1Dientibe HONORATI Le couvercle est scié à droite; il manque donc une partie de l'inscription. SES Sur un fragment de plaque en marbre blanc, trouvé près de la fontaine romaine : HAE BA AEMILIA : EDBIINEAP . .Julifæ]....... Æmilia filiæ plissimæ)]. . 90. Sur un fragment en pierre tendre trouvé, au nord de la ville, dans la colline appelée El-Crabia : O ENTI DVD EI DEC Un autre fragment parait avoir fait partie de la même inscrip- tion; il porte le mot : VIPIAE 39. Sur un grand linteau en pierre : Haut. des lettres, 0”,23. — Long. du linteau, 1°",50; haut. 0,28. band CALIP "TI Je ne sais comment M. Berbrugger y a vu le nom de Claudius Pit(holaus) !, H a pris pour IT le chiffre romain II surmonté d’une barre horizontale. ! Rev. Afr. 1866, p. 302. MISS. SCIENT. -— Il. : 27 — 06 — A0. Sur un fragment de pierre tendre, brisé en haut, à droite et a gauche : MARTT MERENT CS marit{o bene] merent/i|. A. Dans un reste de médaillon qui ornait le devant d’un sarco- phage : NEPTI La partie supérieure est brisée. A2. Sur un chapiteau qui a dû appartenir à un édifice chrétien : EGARTIFEX M. Berbrugger indique comme conjuguées les lettres R et F; ce sont les lettres À R !. 13. Sur un petit fragment de marbre blanc, également chrétien : DIGVI CIde|dicavi Ll. Sur une dalle de sarcophage en pierre tendre : Haut. 0°,62; larg. 0°,67. RPACAVI L5. Pendant le peu de temps que j'ai passé à Cherchell, chez M. le commandant du Potet, il ma assuré qu’on avait trouvé, en jan- vier 1849, sur la rive gauche de l'Oued-el-Hachem, en même 1 Rev. Afr. 1868, p. 148. — 07 — temps que le fragment publié par M. Renier en tête des inscrip- tions de Tipasa !, le fragment suivant, brisé en bas et à droite: IMP : CAESARZ L:SEPTIMZZ SEVER OZ# PERTINAZ ADIABENZ Imp{eratori) Gæsar{[:] L(ucio) Septimfio] Severo, [pie], Pertina[ci, Au- g(usto) Arabico] Adiabenfico]. . ..... Le jardin de M. Trémault renferme aussi quelques sculptures : un Amour tenant une iorche renversée, représentalion fréquente sur les sarcophages; un Char lancé au galop; un Hermaphrodite assis, à comparer avec ceux de Cherchell; plusieurs chapiteaux et des montants de porte sculptés. Mais ce qui mérite d'être tout par- ticulièrement étudié, ce sont les deux magniliques sarcophages qu'il a eu le bonheur de découvrir. dans la même fouille, à côté l’un de l’autre. Ils avaient déjà été violés, ainsi que le prouvent les mutilations de leurs faces antérieures. Le premier est divisé en quatre compartiments par des colonnes torses surmontées de chapiteaux corinthiens et reliées par des cintres surbaissés. À droite et à gauche apparaissent les Dioscures debout, à côté de leurs chevaux qu'ils tiennent par la bride. Une légère chlamyde flotte sur leurs épaules, laissant tout le corps à découvert; ils sont coiffés du pileus {fratres pileati) surmonté d’une petite croix ?. On sait qu'ils étaient la personnification de l'étoile du matin et de l'étoile du soir; les places qu'ils occupent à chaque extrémité du sarcophage se rattachent à une idée symbolique : le commencement et la fin de la vie. Les deux scènes du milieu sont de la même nature : dans la première, les deux époux sont 1 N° 4o4 2. ? On retrouve les Dioscures sur trois bas-reliefs votifs de Sétif; l'un consacré à Saturne (Delamare, Archéologie, pl. LXXXIT, n° 3) ; le second, portant la dédicace PROTOGENIS {Renier, n° 3317), est exposé dans la promenade publique de Sétif; le troisième a été publié par M. Delamare { Archéologie, pl. LXXXIT, n°3);il lut partie aujourd'hui du musée africain du Louvre (Frôhner, Seulpt. ant. n° 5 9) D'or] — 08 — debout devant un trépied, c'est la scène nuptiale !; dans la se- conde, ils sont arrivés à un àge plus avancé et se donnent la main en jetant l’un sur l'autre un regard passionné. Le petit Amour qui est debout au premier plan porte une torche allumée, un peu inclinée et qui brüle encore de quelques feux; c'est l'emblème de leur affection. On aperçoit à l'arrière-plan deux grands enfants. Les faces latérales sont décorées avec moins de luxe; on y voit de chaque côté un sacrificateur conduisant un bœuf pour le sacrifice. Le second sarcophage est certaiment chrétien. Au centre est le Bon Pasteur, sous la figure d’un jeune homme imberbe, portant un vêtement court, serré à la taille; deux brebis sont couchées à ses pieds et dirigent vers lui leurs regards suppliants; il en tient une troisième sur ses épaules. Le fond de la face antérieure est strigilé; les extrémités sont arrondies et on y remarque de chaque côté le groupe du Lion dévorant la gazelle qui se retrouve sur d’autres tombeaux ?. Ce groupe est ici admirablement sculpté; les têtes des hions surtout ont un caractère de force et de majesté peu ordinaire. C’est la septième représentation du Bon Pasteur trouvée, à ma connaissance, dans l'Afrique romaine $. BOUGTIE. (Saldæ.) D'Alger à Philippeville, nous fimes le trajet par mer; c'était la façon la plus rapide, et il s'agissait pour nous de ne pas perdre de temps. Le bateau sur lequel nous étions embarqués s'arrêta trois heures dans la rade de Bougie; nous en profitàmes pour visiter la ville, et, pendant que M. de Laurière photographiait la porte de Fatma à l'entrée du port, je m'informai des inscriptions récem- ment découvertes. Dans une maison en construction, appartenant à M. Dufour, rue Saint-Joseph, derrière l'église, j aperçus une pierre inscrite trouvée par les maçons en établissant les fondations : ! Voir une scène analogue : Monum. de l'Inst. archéol. de Rome, vol. EV, pl. IX. =): : d'Escamps, Marbres Campana, pl. CVIE. ? Notamment sur un cippe funéraire trouvé à Aumale (Rev. Afr. IIT, 128). — Voir aussi un sarcophage au Louvre {salle d'Adonis). 5 Deux sarcophages de Phiippevile, un de Collo, un de Lambèse et deux petits monuments de Carthage. — 1h09 — AG. Sur un dé carré de piédestal entouré d’une moulure : Haut. 1°,07; larg. 0°,56. A VORMÉTÉ MATE L À I DIAVG:LIBERTAE M°:AVRELIVS-M:F PAU A VIRE EAN VS MATRMPITSSIMAE ZOEABORD:CONCESSO. EMI ANT Q REED EDIC : DEC WWUIRNICTORIAT - TER NOSSPORTVLASDIS TRIBVITETLVDOSCIR CENSESPOPVLO EXHIBVIT Aurellæ Laidi, Aug(usli) libertæ. M{arcus) Aurelius, M{arci) f{ilius), Pal(atina tribu), Aurelianus, matri piissimæ, [loco ab ord({ine) concesso, [posuit dedi]cavitq{(ue). [Ob qu\am dedic{ationem) dec{urionibus) [et ejq{ui- tibus) R(omanis) victoriat(os) ternos sportulas distribuit, et ludos cir- censes populo exhibuit. J'eus le regret d'apprendre qu'une autre inscription découverte à côté de celle-ci avait disparu depuis quelques jours, et que l'idée de la copier n'était venue à personne. M. le colonel Brunon, a qui javais demandé de faire transporter dans les bureaux du génie celle qui existait encore, m'a dit, à Constantine, que l'officier chargé de ce soin n'avait pu en retrouver la trace à Bougie. Je me félicite de l'avoir copiée; mais, si sa perte est réelle, elle n’en est pas moins regrettable, et prouve une fois de plus combien sont inutiles les décrets et les ordonnances du gouvernement général au sujet des antiquités découvertes en Algérie. Tant que les cou- pables ne seront pas sévèrement poursuivis, ils continueront leur œuvre de destruction; les faits déplorables que j'ai constatés plus tard, notamment à Lambèse, sont cependant connus des muni- cipalités qui ne font rien pour les empêcher. Un personnage portant les mêmes noms, Marcus Aurelius Aure- lianus, est cité dans une inscription de Lambhèse, où il est ques- — 10 — tion de la reconstruction d'un tabularium !. C'est peut-être le même que le fils d’Aurelia Laïs. Ce texte a de l'intérêt pour l'his- toire de Saldæ, puisqu'il mentionne les jeux du cirque et une distribution de victoriats aux décurions et aux chevaliers romains. CONSTANTINE. En arrivant à Constantine, le 22 mars, mon premier soin fut de me rendre chez M. le général de Lacroix, commandant de la province, chez lequel je trouvai l'hospitalité la plus généreuse. Il manifesta des dispositions très-favorables à la mission dont j'étais chargé, et c'est à lui que je dois d’avoir pu voyager si facilement dans l'intérieur du pays pendant deux mois. Si j'ai eu le bonheur de faire quelques découvertes intéressantes, quil en partage l'hon- neur, puisque sa bienveillance et sa bonté ont si efficacement contribué au succès de mon voyage. Pendant les quelques jours que nous passämes à Constantine, notre temps fut partagé entre l'étude des objets recueillis dans le musée ? et celle des autres monuments antiques de la ville, no- tamment les inscriptions de la Casbah, les ruines de l’aqueduc ro- main et le tombeau de Præcilius, qui est aujourd'hui tombé dans un état d'abandon déplorable; il sert de réceptacle aux immon- dices de tout le faubourg qui l'entoure. Malgré les difficultés qu'il fallait surmonter pour y pénétrer, M. de Laurière en a fait une excellente photographie, qui servira à rectifier plusieurs points du dessin trop inexact de M. Féraud ÿ. De mon côté, avec l’aide de M. le docteur Reboud, médecin- major au 3° tirailleurs algériens, dont le nom est bien connu de tous ceux qui s'occupent de l'épigraphie sémitique, je pris des es- tampages de toutes les stèles phéniciennes découvertes au Cou- diat-Aty. Je les ai fait parvenir depuis, avec des photographies, au président de la commission du Corpus des inscriptions sémi- tiques, à l'Institut. | 46 bis. Un antiquaire de la ville, M. Costa, possède un verre antique ° 131 D. et n° 1405. ? Le musée de Constantine a été décrit par M. Cherbonneau, et les princi- paux monuments dessinés par M. Féraud ( Album du musée de Constantine, 1862). # Voyez les planches de l'album cité. ! Renier, n — All — d’une grande beauté et d’une conservation parfaite, que lui-même a recueilli dans ses fouilles du Coudiat. Ce précieux objet était renfermé, avec de la terre et quelques coquillages, dans un vase de poterie commune que la pioche a brisé. Il est blanc; sa forme est celle d’une timbale; la décoration qu’il porte est en relief et non pas gravée, ainsi que le dit M. Marchand qui l'a déjà si- gualé!. Deux couronnes séparées par une palme décorent de chaque côté la panse arrondie; le groupe qu’elles forment à droite se trouve donc reproduit à gauche. Mais, ce qui le rend particu- lièrement intéressant, c’est l'inscription grecque qu on y remarque. D'un côté du vase : | AAB ETH N De l’autre côte : NEi KHN Ads Tyv verunv. Nesnr est évidemment pour véxnr. C’est ainsi que, sur les monnaies de Nicopolis, on lit : NEIKOTIOAEQC, NEIKOTIOAITON :. Les palmes et les couronnes, qui sont les emblèmes de la vic- toire, confirment cette interprétation. On pourrait citer de nom- breux exemples de l'emploi de la diphthongue es pour :; je me con- tenterai d’en indiquer deux tirés des inscriptions grecques du Louvre. Dans une invocation aux divinités égyptiennes Anoubis, Osiris et Isis, trouvée à Ghemblick, près Cyzique, le nom d’Osi- ris est écrit Ooerpus: et, sur le dossier du fauteuil de la statuette d'Euripide, provenant de la villa Albani, on lit EiQryévesx pour ÎGryéverxs. Deux filets concentriques, en relief, entourent le verre en haut et en bas; la base est décorée d’une moulure ronde en torsade. 1 Ann. de Const. 1866, p. 41 et 50. L'interprétation de l'inscription grecque par M. Marchand n’est pas admissible. ? Comparez les légendes des monnaies de Nicopolis de Judée. (De Sauley, Numismatique de la Terre Sainte, D: 179, 174.) * Frôhner, Catal. des inser. gr. du Louvre, n° à et 121. — 12 — Il y a une analogie frappante de forme entre ce petit vase et un autre que possède le musée du Louvre, mais la décoration exté- rieure est différente. Ce dernier est orné sur la panse de plusieurs petits ronds en relief; il a été trouvé dans l'ile de Chypre !. GASTONVILLE. Je profitai de mon séjour à Constantine pour me rendre à Gas- tonville, où on me signalait deux inscriptions récemment décou- vertes. C’étaient des bornes milliaires. A7. Sur une borne cylindrique en miarbre blanc : DNFLA VIOCONS.F ANTIOFORT ISSTMOAC NOBILIS SIM GERESARIA IXXX D(omino) n{ostro) Flavio Constantio, forlissimo ac nobilissimo Cæ- sari — [IIXXX. Cette inscription se place entre les années 292 et 3032. 18. Sur une borne cylindrique en marbre blanc : IMPCAESARCMESSIVS QVINTVSIRAIANVS DECIVSINVICTVSPIVSE ELIXAVG-PONTIFEXMA XIMVSIRIBVNICIAEPO TESTATISCON SZ TERPATRIAEZZz VIAMIM BRIBVS "700 TATECONLABSA ZM PONTIBVS RES MW Imp{erator) Cæsar C(aïus) Messius Quintus Trajanus Decius, Invictus ! Musée du Louvre (salle Asiatique ). ? Comparez Renier, n° 4416. — 13 — Pius Felix Auglustus), pontifex maximus, tribuniciæ potestalis, con- s[ul IT, palter patriæ, [proconsul], viam imbribus [et vetus|tate conlabsa[m cum] pontibus res[ttuit]. Ces deux inscriptions ont été découvertes par un colon, M. Cloa- ret, entre Gastonville et Robertville, près de la voie romaine de Cirta à Rusicade. M. Léon Renier en a publié deux tout à fait semblables provenant des mêmes parages !. AÏN EL-BEY. (Respublica Saddaritanorum.) En visitant les ruines qui se trouvent aux environs du péniten- cier d’Aïn el-Bey, je n'ai relevé qu’une seule inscription inédite. A9. Sur une:-stèle arrondie : Haut. 0°,48; long. 0°,42. (Buste de femme, de face, avec boucles d'oreilles et collier ; les seins sont indiqués. ) DM PARSNVEERE EV CIHONORATIPA RRINVARRIX PAM NA DER N Cette inscription a été trouvée par M. de Laurière, au sud-est du pénitencier, sur une petite colline nouvellement défrichée, au milieu de débris romains, de fragments de colonnes et de pierres de grand appareil. LAMBÈSE. (Lambæsis. ) Le 50 mars, nous étions à Lambèse, dont les ruines ont été 1 Renmier, n° 4411 et 4413. 2 Sur Îles inscriptions d’Aïn el-Bey, voyez le travail de M. Cherbonneau, Ann. de Const. 1862, et Rev. Afr. 1862, p. 193. — Ll4 — déjà l’objet de tant d’explorations. Sans parler de Shaw, de Peys- sonnel et d’autres voyageurs qui ont visité cette ville avant la con- quête française, dès 1847, M. le commandant de la Mare y exécu- tait d'importantes recherches !. En 1852, M. Léon Renier y relevait plus de huit cents inscriptions, et, l’année suivante, 1l augmentait encore son recueil de deux cents textes?. Ces résultats merveilleux devaient être consignés quelques années plus tard dans son grand ouvrage sur les {nscriplions d'Algérie, où la ville de Lambèse est représentée par près de quinze cents inscriptions. Depuis l'apparition de cet ouvrage, les ruines de Lambèse ont été l'objet de nouveaux travaux qu'on doit particulièrement à M. Moll, officier supérieur du génie ÿ. En 1865, M. Barnéond, di- recteur de la maison centrale, y exécula aussi des fouilles qui produisirent d’heureux résultats *. Mais le champ des explorations est si vaste qu’on y trouve toujours à glaner, et J ai pu y recueillir à mon tour les textes suivants ÿ 90. Dans l'intérieur du ten:ple dit de Jupiter, sur un revêtement en marbre blanc encore debout, à gauche en entrant, on remarque une grande inscription dont les lettres sont presque entièrement effacées. Le mur est trop calciné pour qu’il soit possible de distin- guer d’autres lettres après Juno... Haut. des lettres, 0°,15. AY #TIOVIOPTIMOMAXYIVNOZZE ]Numinibus| Aug(ustorum) Jovi Optimo Maximo, Junofni Reginæ]... 61) LE Sur un dé de piédestal entouré d’une moulure sur trois côtés, 1 Rev. archéol. octobre 1847. — Mém. de la Soc. des antig. de Fr. t. XX. ? Voyez les rapports de M. Léon Renier, Archives des nussions scientifiques, 1 Série. Pet LL $ Ann. de Const. 1856-1857, p. 157 à 170; et 1858-1859, p. 170. # Ann. de Const. 1866, p. 239. * J'ai mtercalé quelques inscriptions qui m'ont été envoyées depuis par M. le curé de Lambèse. — 15 — brisé à la partie supérieure. {Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse.) Haut. 0”,65. ÉMe eT eeh street aile CAELESTI SACR RESPVBLLMB DDMEP [Deæ] Cælesti sacrum. Respubl{ica) Lamb(æsilanorum), d(ecreto) d(e- curiorum), p(ecunia) p(ublica). _ Cette inscription a déjà été publiée par M. Renier (n° 147): mais, dans la copie que m'envoie M: l’abbé Delrieu, il indique qu'il manque une ligne à la partie supérieure. C’est pourquoi Je restitue Deae. 92. Dans un jardin de Lambèse. — Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. | SAN QG PIAVES SDIIVINERNYAE SAC OSTUNTP ES ORVFINOLEG IAVG | [Amp(erator) Cues(ar) Titus) Ællius) Hadrianus Antoninu]s Aug(ustus) Pius, [div Hadriani filfius), divi Trajani Part(hici) nepo]s, divi Nervæ [pronepos, ponilifex) maxlimus), trib(unicia) pot(estate) XXIIT, imfp(era- tor) IT, co(n}s(ul) IIIT, p{ater) patriæ), [D(ecimo) Fonteio Frontinano L{u- cio) Stertinijo Rufino leg{ato) [August pr(o) pr(ætore) per leq{ionem) 1]1 Aug(ustam)....... 52 bis. | Près du temple de Jupiter, sur le côté d’une clef de voûte qui porte une couronne sculptée : 1 ON1E FRONTNIAN CONSYVLIS LEGAVGVSTOR PROPR DPP “ATRPOE [D(ecimi) F'\onteii Frontinian/i|, consulis, leg{ati) Augustor(um) pro pr(ætore). [D(ecreto)] d(ecurionum), p{ecunia) p{ublica). L'KVI COS VIE EN D9. *PROV:NV % Hi 43M /RNAVGVSTANI TRIAE:PROCOS:E£:£ Au-dessus de la porte d'entrée du prætorium, on distingue encore quelques lettres rongées par le feu et le temps. L’entablement portant l'inscription mesure 7",50. La hauteur des lettres est de 0”,12. — 16 — Malgré le mauvais état de cette ins- cription, j'ai jugé utile de la reproduire, en donnant surtout la position exacte des lettres à peine visibles, ce qui permettra de la restituer plus facilement. Dans les copies prises Jusquici, on a négligé ce soin, et on a placé à la troisième ligne le mot procons{uli) qui appartient à la deuxième. Je ne suis pas sans hésitation sur toutes les lettres que j'indique; lins- cription est dans un tel état de dégrada- tion, et surtout placée si haut, qu'il de- vient très-difficile de l'étudier. Ajoutez à cela qu'il n’y avait pas à Lambèse d'échelle assez longue pour atteindre le dessus de la porte du prætorium et que je fus obligé de faire attacher ensemble, avec de mau- vaises cordes, plusieurs petites échelles, ce qui rendait mon ascension assez pé- rilleuse. Voici les seuls mots dont je suis par- faitement sûr : À la premère ligne : pe XVI COS VII......[triblunicia) pot{estate) XVI, consuli VII. Cette mention est très-importante; c'est elle qui permettra de reconstituer lins- cription. La seizième puissance tribuni- tienne de Commode (192) correspond à son septième consulat. Il en est de même pour Gallien (267) et pour Dioclétien (299). Lequel choisir de ces trois em- pereurs? Des travaux considérables furent entrepris à Lambèse sous le règne de Marc- Aurèle, particulièrement dans le camp de la IIT° légion ; tout porterait à croire qu'ils furent continués sous Commode et que le prætorium fut construit pendant le règne de ce prince, mais la mention de — 17 — la provincia Numidiae, à la troisième ligne, ne permet pas de s’ar- rêter à cette hypothèse, puisque le diocèse de Numidie dépendant du proconsul d'Afrique ne fut converti en province que sous Sep- time Sévère. À la deuxième ligne : . RENE PROCESS ER AVGVSIT ANT. [pare paltriæ, proconsuli. À la troisième ligne : ERON:NV..... prov(inciæ) Nu[m{idiæ)]. Cette inscription est connue depuis longtemps, mais ce qui en reste avait été toujours incomplétement ou inexactement relevé !. 53 bus. Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. PROSALVTE:IMPP-CAESS:L:SEPTIMII SEVERI:PII-PERTIN : AVG:ARAB-: ADIAB-:PART:MAX-ET-M-AVRE LI: ANTONINI-AVG-PII-FELICIS IMAXIMIFORTISSIMIQUEPRINCI ÉSHMOT EN END IES PE TE TVIL Le AE°:AVG-MATRISCASTRORVM LEG-ITT- AVG-EORVM:BALINEVM:VE® TVSTATECONLAPSVM-RESTITVIT Pro salute imp{eratorum) Cæs(arum) L{uci) Septimiü Severi Pii Per- üin(acis) Auglusti) Arablici) Adiab{enici) Part(hici) Max{imi) et Miarci) Aureli Antonini Aug(usti) Pi Felicis [et L(ucu) Septmi Getae, Caesaris Aug(ust)], et Juliæ Aug(ustæ) matris castrorum. Legio terlia Aug{usta) eorum balineum vetustate conlapsum restituit. La même année, la troisième légion relevait aussi un temple consacré à Silvain ?. 94. Texte relevé dans les constructions adjacentes au temple de ! Voyez Renier, n° 83, d’après les copies de MM. de Larmina et Delamarce. — Texier, Rev. archéol. 1818. 2 Renier, n° 1408. — 18 — Jupiter (Capitole). — Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lam- bèse. Haut. 1,06; épaiss. 0”,40. — Haut. des lettres, 0”,08. CFABO :FAB ANOVET LoLV CLLANOLEG AVG:-PR-PR C:V:COS-DES PRAESIDIVS TILS SFr AVLTVLLIVS IVSTANVSP:P ILEGIHIAVGSEVERANE C{aïio) Fabio Fabiano Vetilio Lucilliano, leg{ato) Aug{usti} pr(o) pr(ætore), c(larissimo) vfiro), cons{uli) des{ignato), præsidi justissimo. Aul(us) Tullius Justianus, primus) plilus) leg(ionis) tertiæ Aug(ustæ) Severianæ. Cette inscription est très-intéressanté; elle nous fait connaître un nouveau gouverneur, C. Fabius Fabianus Vetilius Lucillianus. qui ne saurait être identifié avec le Fabius Fabianus cité dans deux inscriptions de Kalama!. Ce dernier vivait beaucoup plus tard, sous les empereurs Valentinien et Valens. DE Sur une borne milliaire, dans le jardin du curé : PERPETV OIMPERA TORES NSTAN TIOAZZZ Perpetuo Imperatori Constantio Alug(usto)]. rRenier,m°”. 2553 €ti2544: — 19 — 96. — Devant la porte de la mairie de Lambèse, sur un cippe carré. — Estampage envoyé par M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. D'MASA A: D\ ; DO M I TIAITO S AR D'ONICO POLIA : ALECXAN DRIA:VIXIT :AN NIS:LÈX/FECER VNIT "DO MTITIAE PAPRTE-P LES STMO Dites ŒrDOMTIPIO POLIACASERIS SARDONICO MIL:COH VII L Vi SA Tr ANO RVIM NERO T RON NES EL LI RACE RVNIT DO Mu T INA: V7 UE © D{iis) M{anibus) s(acrum)..D(ecimo) Domitio Sardonico , Po(l)ha (tribu), Alecxandria. Vixit annis septuaginta. Fecerunt Domitiæ patri piissimo. Dis) M{anibus) s(acrum). Q{uinto) Domitio, Pofl)lia (tribu), Caseris, Sardonico, mil(iti) coh(ortis) septimæ Lusitanorum. Vixit annis octode- cim. Fecerunt Domitiæ..... d[ulcissi]mo. l Ces deux personnages appartiennent à la gens Domitia, dont on a déjà trouvé de nombreux représentants à Lambèse!, Un Do- mitius Sardonyx est même mentionné dans l’une de ces inscrip- tions ?. l Cf. Remier, n* 585 à 6o. 2 N° 596. — 120 — S 1: Sur un cippe carré entouré d’une moulure, dans le jardin du curé de Lambèse : Haut. 0°,66; larg. 0,38. ET MAS WNLMAR Cm SAECVLARIS )LEGIII AV GVA REIN AU ALFN GENVAVXOR ETHERESEIVS PIISSIMAMA WATOINCOM PARABIL-H-S-E EXISI-N-F-C D{us) M{anibus) s(acrum). [Jjulfius) Marclius] Sæcularis, centurio le- g(ionis) tertiæ Aug(ustæ). V{ixit) a(nnis) quadraginta. Julia Ingenua uxor et heres ejus piissima marito incomparabili. H{ic) s(itus) e(st). Ex sester- tium mille nfammum) ffaciendum) c(uravit). 58. Sur un dé d’autel hexagonal, aujourd'hui à la pépinière de Batna, mais qui vient très-probablement de Lambèse : ETBOZ% VSFORTV NATVSPA RÉNTIS MONIMEN TVM-EX-IS MILLE-DV CENTIS-N EX-PRAES CROPEUO EIVS FECERVNT H-S-E- ER et Bo[mbijus Fortunatus parenti monimentum ex — 21 — sestertium mille ducentis n(ummum), ex præscripto ejus, fecerunt. Hfc) - s{itus) e(st). 59: Sur le chemin de la forêt. — Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. VALERIOPR ICIANOQVI VIXITANN. VMENSXD JEBVSVIVAL ERIVSPRISCI PINIANVS SPECVÉATO PATERDYLCI SIMOFILIOFEC TDAIMATISTTL Valerio Priciano, qui vixit ann{is) quinque, mens{ibus) decem, die- bus sex. Valerius Priscipinianus, speculatofr]. pater dulcisimo { sic) filio fec(it) : S PRESS s{it) tÜihi) t(erra) I(evis). À la neuvième ligne, la lettre R de pater est placée dans le D qui suit. 60. Sur une stèle, dans un ravin, à l’est des ruines. — Copie de. M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. DMS PANVA RDA NOT AIN OCTV C'IVMÉVICTO RNVSVXORRA RS TS SEM E Ds) M{anibus) s(acrum). Januaria. V{ixit) an(nis) quatuordecim. Claïus) Julfius) Victorinus uxori rarissime. À la cinquième ligne, R et A sont liés. MISS. SCIENT, — II, 28 — 129 — 61. Sur une stèle, dans un ravin, à l'est des ruines. — Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. (Petit buste. DMS MVCIAEFAWT ÆVMXX-M-FABI VS -COMMODVS ENVGIMRENT Dfüs) M{anibus) s(acrum). Muciæ Fautiæ. V{ixit) a{nnis) viginti. M(ar- cus) Fabius Commodus conjugi merenti. PT On a retrouvé dans la nécropole de l’ouest plusieurs inscriptions appartenant à la gens Fabia, et, entre autres, celle d'un L(ucius) Fabius Com/munis! !. Il est probable qu'il faut lire Com{modus). 62. Sur une stèle, dans un ravin, à l’est des ruines. — Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. D MS CLANWLIOFE LICIVET V-A ERVHIILRCIN LIVSEELIX PATRIKARISSI Dis) M{anibus) s{acrum). C{aio) Julio Felici, vet{(erano). Vfixit) a(n- nis) sexaginta novem. C{aïius) Julius Felix patri karissi(mo). sf 62 bis. Dans un jardin de Lambèse. — Copie de M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse, — La pierre est brisée à droite et à gauche. Haut. 0,53; larg. 0,78. F-AVRELI| EG H-M-M! ANNIS 1 Remier, n° 608. — 23 — 63. Sur un sarcophage qui sert d’abreuvoir sur la place publique du village. — Estampage envoyé par M. l'abbé Delrieu, curé de Lambèse. CNE NPErVS NMIFCRONRMERE RANVS:SE:VIVO Caius) Æmilius Victor, veteranus. Se vivo. 64. Sur une plaque de marbre, en deux morceaux, à environ * 10 mètres à l’ouest du praeiorium : l'inscription est gravée dans un cartouche à queues d’aronde. Haut. 0”,21. D:M:S CAEMILIVS : VICTOR : VETERANVS - SEVI VO:SIBji: ETPETRONIE-VENVSTE CONIVGI EX-S-AL:N IDE M OVEDEDIC AVIT: Dis) M{anibus) s{acrum). C(aïus) Aemilius Victor, veteranus, se vivo sibi et Petronie Venuste conjugi, ex sestertium quatuor millibus n(ummum), idemque dedicavit. 65. Sur un petit cippe à trois registres qui se trouve dans l’inté- rieur du praetorium : Prêtre sacrifiant, debout devant un autel. CIVLIMAGNISACERD Un bélier. Caïn) Juln Magni sacerd(otis). 66. Sur un fragment, au temple d’Esculape : NM RISO 1IPNEXE REOVEN CXPERIVS IDEDIC/ = VO 67. Dans le jardin de M. Masson, sur une pierre plate encadrée d'une moulure : IVLIVSDONATVSEQLEGHIAVGEXOP NEVIXITANISLVETMILEXANORVM XX VEFECIVMENMEONIV'GIMER 68. Sur une pierre, brisée à droite et en bas, devant le praetorium, sur le bord de la voie romaine : Haut. 0°,24; larg. 0°,42. LIVE SPRON TINA:CAN TVAPCO 69. Dans la maison de M. Masson , sur un fragment de pierre en forme de roue, percé d’un trou au milieu et qui a dù servir de meule : .… RAGENASE. …. NLEUESNEQ . … ex NECENIVRIAR : 2 EF MONECOr RE Le praetorium sert aujourd’hui de musée; on y a réuni un grand nombre de monuments de toute nature trouvés dans les ruines de Lambèse et de quelques villes voisines. Je me permettrai d'appeler . votre attention, Monsieur le Ministre, sur un des plus importants, la dédicace de la Schola des Optiones de la III légion Auguste. Il y a plusieurs années, M. Léon Renier avait demandé à l'un de vos prédécesseurs qu'il fût transporté à Paris et déposé au musée du Louvre : je ne puis que renouveler ce vœu en vous demandant d'y joindre le monument suivant. ZRAÏA. (Zarai.) 70. | L'important tarif de douanes de Zraia, monument unique dans son genre, a déjà fait l'objet d’un commentaire de M. Renier, mais le savant épigraphiste n'avait pas vu le monument lui-même ; il avait dü faire son travail d’après un calque sur papier huilé, exécuté — 125 — par un ouvrier maçon italien et envoyé de Batna par le capitaine Payen. Aussi était-il resté dans l'incertitude sur le sens et la lecture de certains mots que le calque n'avait pas fidèlement rendus. Au moment de mon départ, il me recommanda vivement de recher- cher ce précieux texte, qui devait se trouver réuni à un grand nombre d’autres inscriptions et débris antiques dans le praetorium de Lambèse, C'est là, en effet, que je l'ai retrouvé. Malheureusement il a été cassé en deux morceaux depuis sa découverte. C'est une dalle peu épaissé et d'aspect fort modeste; les lettres Y sont gravées sans grand soin, et bien des archéologues ont dû passer à côté sans se sentir attirés. L'inscription, qui est entourée d’une moulure, me- sure, dimensions prises à l'intérieur du cadre, 1°,28 de longueur sur 0",40 de largeur. Entre la vingt-cinquième et la vingt-sixième ligne, il y a un es- pace de 0",23 qui ne porte aucune trace de lettres et qui paraît n'avoir jamais reçu de gravure. Les principales rectifications que j’apporte à ce texte sont les suivantes : À la treizième ligne, au liéu de TENVAR{iam), il faut lire TERNAR (ram). À la dix-huitième ligne, au lieu de PEL‘ EQVINA, la pierre porte PELLEOVELLA, ce qui est bien plus en rapport avec le mot caprina qui vient immédiatement après. À la dix-neuvième ligne, l'S initial de scordiscum existe très-net- tement comme l'avaient supposé MM. Renier et Mommsen !. À la vingtième ligne, au lieu du mot incompréhensible VOPA, il y a RVDIA, dont l'explication est toute naturelle. L'inscription entière doit se lire maintenant : Imp(eratoribus) Cæs(aribus) L(ucio) Septimio Severo, tertium, et Marco) Aurelio Antonino, Auglustis), Pis, co(n)sulibus. Lex portus post discessum coh{ortis) instituta. LEX CAPITULARIS. Mancipia singula, denario uno semisse. Equum, equam, denario uno semisse. Mulum, mulam, denario uno semnsse. Asinum, bovem, semisse. l Archäolog. Anzetger, 1858, n° 120. — (DD — Porcum, f. Porcellu(m), #. Ovem, caprum , f. Edum, agnu(m), 4. Pecora in nundinium anmunïia. LEX VESTIS PEREGRINÆ. Abollam cenatoriam, denario uno semisse. Tunicam ternariam, denario uno semisse. Lodicem, semisse. Sagum purpurium, denario uno. Cetera vestis Afra, in smgulas lacinras. LEX CORIARIA. Corium perfectu(m), f. Pilos(um), F. Pelle(m) ovella(m), caprin{(am), 4. Scordiscum malac(um), p(ondo) c(entum). Rudia, p(ondo) centum, semisse. Glutines, p(ondo) decem, semisse. Spongiaru(m), pondo decem, H. LEX PORTUS MAXIMA. Pequaria, jument(a) immonia; ceteris rebus, sicut ad. caput. Vini amp{(horam), Gari amp{horam), f.... Palmæ, p(ondo) centum, semisse. Fici, p(ondo) centum. . ... Datas mero...? ..[mo]dios decem. Nuces, modios dec[em]..... Resina picea lumini in p{ondo) c{entum). Ferriam|: 1222 La brisure du coin inférieur de droite a enlevé Cinq à Six lettres des deux dernières lignes !. MARKOUNA. + { Verecunda.) À peu de distance de Lambèse, on aperçoit l'arc de triomphe de Verecunda, qui semble faire partie de la même ville. : ! Voyez sur cette inscription : Renier, n° 4111; Gerhard, Arch. Anz. 1858, n° 120; Moniteur du 6 décembre 1858; Mém. de la Soc. des antig. de Fr. t. XXVW, p.70; Wilmans, Exempla inscr. latin. n° 23738. — 1927 — TA: Sur un dé de piédestal ; à environ 500 mètres de l’arc de triomphe, à gauche de la route qui vient de Lambèse, en allant vers l'est : IMPCMAVRE LIOCAROIN MIC TOrIO RELICIAVG PONTMAX® TRBPOTEST De PPRESPMV NVERECVND. Imp(eratori) C(æsari) M{arco) Aurelio Caro, Invicto, Pio, Felici Au- g(usto), pont{ifici) max{imo), trib{unitia) potest{ate), p{atri) p(atriæ). Res- p(ublica) mun(icip) Verecund(ensium). À la huitième ligne, VND forment un monogramme. Cette inscription, élevée sans doute en l’année 283, est la seule de cet empereur trouvée jusqu'ici à Verecunda; elle est d'autant plus intéressante, qu'un autre texte de la même localité mentionne un temple élevé en son honneur, sous le règne de ses fils Carin et Numérien, par la ville de Verecunda !. On sait que Carus était d’origine africaine ?. ENCHIR-FEGOUSITA. (Basilica Diadumene.) Sur la route d’El-Kantarah, à environ quatre heures de marche de Batna, quelques instants avant d'arriver au caravansérail d’El- Ksour, on aperçoit à droite, de l’autre côté de la rivière, un petit mamelon couvert de ruines; la plaine qui l'entoure est également semée de débris. Cet endroit est indiqué sur la carte du bureau arabe de Batna sous le non d'Enchir-Fegousia; l'aubergiste du Ksour l'appelle El-Badia. À l'aide de trois soldats appartenant au poste _voisin d’Aïn-Touta, je pus y déterrer deux grandes pierres portant chacune deux inscriptions, une sur chaque face. Elles sont de l’époque chrétienne et proviennent certainement d’une basilique. 1 Renier, n° 1433 ? «Fabius Cerilianus qui tempora Cari, Carini et Numeriani solertissime per- sequutus est, neque Romæ, sed in Iyrico genitum, neque Pannoniis sed Pœnis parentibus asserit natum.» (Vopiseus, dans Hist. Aug. script. VI, éd. Saumaise, p. 249) N AEMVLE Eu. SIQVIPOTESN NSIMALEVOLVS4 A ESGEME N NNOSTROSIMILA TARELABORESN SIBENEVOLVSES GAVDE N Aemule, si qui potes, nosiros imitare labores. Si malevolus es, geme; si benevolus es, gaude Elles sont placées à 7 mètres l'une de l’autre et formaient les pierres d'angle d’une construction entièrement enfouie, au milieu de laquelle on trouve de nombreuses tracés d'incendie. Baïtna Ærnchur Fegousia das Tête des eauæ Carapañsérail d'El Kscur your Oct Échelle de re Les ruines de Fegousia sont, je crois, inéxplorées et mérite- raient cependant une étude spéciale. Leur position sur le bord de la voie romaine, la facilité avec laquelle on peut s'y rendre, tout devrait engager à les visiter. Le plan ci-joint {voir la planche I), dressé à la hâte par M. Jules de Laurière pendant la demi-journée que nous y sommes restés, donnera une idée de leur importance. La partie haute indiquée sur ce plan sous le nom d’acropole ren- ferme les restes de plusieurs grands monuments. On y trouve à chaque pas des débris de poterie rouge, des fragments de tuiles et de briques. 7l. Sur plusieurs de ces fragments, j'ai relevé la marque suivante : LIITA L(egio) tertia Afugusta). — 130 — Deux autres inscriptions ont été découvertes par les soldats que M. le lieutenant Danzer avait bien voulu mettre à ma disposition. | 7: Sur un tombeau en forme de caisson : Haut. 0°,60; larg. 0°”,44. (Deux coquillages à pourpre.) PVR PVRI ORVM Sans doute pour purpur(ar)iorum. Le côté opposé porte une moulure, et l'inscription qu’elle ren- fermait a été martelée. Les deux coquillages sont évidemment une allusion à l'inscription ; 11s sont de l'espèce que les anciens appe- laient murex, le corps en forme de coquille à colimaçon et l’orifice très-allongé. On peut rapprocher cette inscription d'une autre trouvée dans les mêmes parages, au sud de la plaine de Kessour; sur la face antérieure d'un tombeau de même forme et divisée aussi en trois lignes : MAXI MO RVMI. L 76. Sur un tombeau en forme de caisson : Haut. 0°,46; larg. 0,42. D M5 EMPSR LIN UV SANISVICS ITLXXXXMIII EREDESEIVS PATRIMERTI D{us) M{anibus) s(acrum). Caïus Primus, an(n)is vicsit nonaginta, mensibus quatuor. Eredes ejus patr1 mer(en)ti. EL-KANTARAN. (Calceus Herculis.) jé Dans l'intérieur d'une petite mosquée, sur un sarcophage ar- rondi, en forme de caisson qui sert de base à une colonne : D M VLLIAE. VIX-: ANNIS-LXX ! Renier, n° 1627. Archives des Missions scientifiques, 1. Il. Fuines dans la plaine a environ 6 ou 500 maires: NS > de l'angle B . = | & nn È eo «3 s D Ÿ z- 2. MS HAUTES ®, 2 à : - = à . , e ûl FE : #'. — 8e == FT = Es N Le - par ‘ S dE À — on 5o La partie haute de ces ruines à laquelle sous donnons le nom d’acropole est située sur un escarpement qui do- mine l’Oued-Ksour; les portions les mieux conservées s'étendent entre les points G, K, F, B. Il est facile de reconnaître dans le rocher les traces d’un escalier (au point E) qui aboutissait à un sanctuaire dont les restes sont encore très-apparents : c'était probablement le temple du Dieu protecteur de fa ville. Toutes les constructions encore visibles sur cette petite colline témoignent d’une grande précipitation; les matériaux appartiennent à l’époque romaine et à l’époque byzantine, mais la ville a ête plusieurs fois ruinée de fond en comble. Les deux inscriptions (n° 72 et 73) ont été déterrces aux points D et D’ et sont encore en place; les autres (n° 79 et RÈTES DES DAS DO EHLESDers _ - _ MA — « D 5 1, s a)2,2. JH°" . DAMES ERA = ‘ ; » Ruines HS 2 * à s ? à œq Lg Û ÿ ) 2 = à ° s # À J à LA } » | : so # { 1? NN LS ® 4 » AURA : ( li > 4 Ê s x N° 26 : ù 4% 0 = à A. ï S de \ AU J ie è 0 RUES Lans ï PLAN a ENCHIR-FEGOUSIA. 36) ont été trouvées dans la plaine, à l’ouest. Direction de Batna ——- — 31 — fer Dans le village, sur un pilier soutenant une sorte de plancher sous lequel on passe dans une rue : NE-EX:S£ BISKARA. (Ad Piscinam.) J'ignore la provenance des deux inscriptions suivantes, qui sont actuellement déposées dans la cour de la casbah de Biskara. 79: À la Casbah, devant la maison du commandant supérieur : MIPÉRRS CNE PO PARUS SA CR: PRO-SALVTE IMP:CAESARIS-M:AVRE LI-ANTONINI-AVG:PII- M ANNIVS VALENS})LEG#/ AVG P/FICATVS N-P-AL ZT UWIETP ROSALVTE SVAE TSVORVME AGE NE Mercurio Aug{usto) sacr(um). Pro salute imp(eratoris) Cæsaris M(arci) Aureln Antonini Aug(usti) Pi. M{arcus) Annius Valens, centurio leg(1o- nis) [tertiæ] Augustæ)....ficatius. ........ et pro salute sua et suo- M. Féraud a déjà publié cette inscription, mais incorrectement. Il a confondu la cinquième ligne avec la sixième !. 80. À la Casbah, devant la maison du commandant supérieur, sur une borne milliaire carrée : NL PPPrEŒPANE"S ARIBVSCV IBIOTREBO WGALLOETCV WiOAFINIO GALLOVEL MIANO S ! Ann. de Constantine, 1872, p. 425. — 1 — Imp(eratoribus) Cæsaribus Caïo Vibio Trebofn](iano) Gallo et Caiïo Viblio Afinio Gallo Veldumiano Volussiano, Augustis invictissimis. III. Cette inscription a été, comme la précédente, déjà publiée par M. Féraud, mais inexactement !. TOBNA. (Tubuna.) ôL. Sur une pierre de l'enceinte du quadrilatère byzantin, vers le milieu, du côté nord. Haut. 0”,95; larg. 0,44. DIVO:COMMODo IMP-CAES:-L:Z# TIMI-SEVERI-PZ PER MIN ACIS:: AVG-ARABICI- ADIABENICI Z# TRI: Q: CLP 74% VSQ 77 AL: CVSZLWIEZLESX À TVAZEE/MON : IVIRQVAMEX SVA:LIBERALI HATEPR OM SIT PO SVIT-A DEMQ : DEDZYZ Divo Commodo, imp(eratoris) Cæs(aris) L(ucii) [Sep]timi Sever1, P[u], Pertinacis, Auglusti) Arabici, Adiabenici [ fraltri. Quintus) Clallp[urnijus, Q{uinti) [fill(ius), Pal(atina) tribu, . . ... cus[us], statua[m ob] hon(orem) duumviratus, quam ex sua liberalitate promisit, posuit idemqlue) ded[rc](avit). 82. Sur un tombeau, en forme de caisson, employé dans la cons- truction de l'enceinte byzantine, au nord. Haut. 0”,52; larg. 07,47. D MS QC OSGON JVSMAXIMVS VIXITANNO SXXXV l Ann. de Constantine, 1872, p. 426: — 133 — Ds) M{anibus s(acrum). Q(uintus) Cosgonius Maximus. Vixit annos triginta quinque. Cette inscription a déjà été publiée d’après une copie in- complète de M. de la Mare! NGAOUS. Arrivé à Ngaous le 11 avril, j'y retrouvai quelques inscriptions déjà publiées par M. L, Renier. Je crois devoir donner de nouveau la copie de l’une d'elles. 83. Sur une colonne, dans une des rues du village : Haut. o”,83. IMP-CAES-MSAV RELO : SEERO-AO 4010 -FELCI-AV W4:%4CO : M X I MZ Sn de CO-MAGS4 . PONT 4 14040 RBEM00 me Il -COZ WWROCO EM N À Ma rectification porte sur la seconde et la troisième ligne. En revanche, M. de la Mare a lu plusieurs autres lettres que je n'ai pas vues dans les lignes suivantes. Nos deux copies se complètent l'une par l’autre ?. 81. Dans une inscription (Renier, n° 1672) servant de pilier à l’in- térieur de la grande mosquée, il y a à la huitième ligne : AJuutrles à) joe ce ia ker.« 1 Renier, n° 1665. ? Renier, n° 1670. — 34 — . 85. Dans la même mosquée, sur une autre colonne (Renmier, n° 1671), je lis à la neuvième ligne : PROCINVIÆVOBIS 86. Dans la cour même de la maison du caïd se trouve une grande inscription (Renier, n° 1674), que j'ai fait entièrement déterrer; elle est brisée à droite. NCIAE!ZITC#VMPROSALVTEADQVE AETERNITATEIMP VIVALERICONSTANELE ARE E OS DEDICANTEAVRELIOALMACIOVPPPN NVMINIEOR CVRANTE L-TONEIO TER TE provi[nciae........ pro salute adque aeternitate Imp{era- torum) ... .... : Flalu VNakrConsanthe. __. dedicante Aurelio Almacio, v(iro) p(erfectissimo), praeside) p(rovinciae) N(umi- diae) numini eor(um) [devotissimo|, eurante L{ucio) Tone1o. M. Renier avait déja rectifié le nom de ce praeses dans la table de ses inscriptions d'Algérie; mais sa correction porte [Dlalmacto. Je suis certain qu'il y a sur la pierre Aurelio Almacio. 87. Sur une pierre trouvée près de l'Oued-Barika, à la fontaine d'Ain-Dar; recueillie et conservée par le fils du caïd, Si-Assounah ben-Bachtarzi; elle est brisée à droite. — Copie de M. du Martray, capitaine d'état-major, communiquée par M. le docteur Reboud. AGNVM vi: NVMANIMAPROANIMAVITAPRO TASANGVINEPROSANGVINEPROSALV DONATISACRVMSOLVETEXVISOCAPIT ORCOMORAFAVSTINAAGNVMPROVI OLIBENSANIMOREDDIT : anne sue anima pro anima, vita pro [uilta, sanguine pro san- gume, pro salu[te] Donati sacram solvet, exviso capilte], Orcomora Faus- ina agnum pro...... libens animo reddit. — Asa SÉTIF, (Sitifis.) 86. Dans le jardin public qui est à l’ouest de la ville, et sert de musée. QSMVNESVRE ANVS SA ERD he et An devant un autel. VNACVMSARRENIAG AP ANCILSCONYGSVASvSLA cc É Un bœuf paré pour le sacrifice. ; On lit sur son épaule : Q M Q{uintus) Mu(natius) Urbanus, sa[cJerd(os), una cum Arrenia Ancil(la) con(juge) sua. V{otum) s(olvit) lfibens) a(nimo). A(nno) p(rovinciæ) ducentesimo septimo. Q{uintus) M{unatius). Cette inscription a déjà été publiée par M. Renier (n° 35 15), d’après un dessin de M. Aubin. Il est nécessaire d’y faire plusieurs corrections. Les lettres gravées sur le corps du bœuf sont les initiales de Quintus Munatius, au lieu de 1: O: M. La date avait été oubliée; enfin , il faut lire Ancilla au lieu de Aucilla. 89. Dans le même jardin : L:DOMITIVS DAPNVS:PE TRONIANO FILIO : FECIT L(ucius) Domitius Dapnus Petroniano filio fecit, — 136 — 90. Sur une stèle, au même endroit : D:M:5 MSIUMES SAVS TS A TVRNINVS:-V:A-XXVIII Dis) M{anibus) s(acrum). Marcus) Messius Saturninus. V{ixit) a(nnis) viginti octo, m{ensibus) septem. ...... Dans le jardin public : ICIACETCO STANTIVS TRASMARIN VSQVIVICSI TANNOSVI GINTISEPTE POSE NVSANPCCCEe lc jacet Co(n)stantius Tra(n)smarinus qui vixit annos viginti septe(m) plus minus. An(no) provinciæ trecentesimo nonagesimo ‘. AÏN-AZIS-BOU-TELLIS. Une des plus importantes tribus de la province de Constantine, celle des Quled-Abd-en-Nour, occupe une partie des vastes plaines qui s'étendent entre Constantine et Sétif. Elle se compose d’une population essentiellement agricole : la terre y est facile à culti- ver, et sa fécondité étonnante a valu à cette contrée, dans la langue arabe, le nom de pays de l'or. Les Romains, à qui cette fertilité n'avait point échappé, fondèrent dans cette région de nombreux établissements, dont on trouve encore des vestiges importants. M. Féraud, interprète principal de l’armée d'Afrique, fit partie, 1 Cf. Renier, n* 3434 et 3435. — 137 — il ya quelques années, de la commission envoyée dans cette tribu pour établir les limites du territoire arabe. Pendant cinq mois, il parcourut le pays et fut à même de recueillir un certain nombre d'inscriptions latines. Il eut le bonheur de trouver à Aïn-Azis-bou- Tellis deux monuments très-curieux au point de vue de l’histoire des sacrifices chez les Romains !. Sa copie, malheureusement fort imparfaite, à cause de l'état de dégradation dans lequel étaient les deux pierres, ne lui permit pas d'en donner un texte entièrement satisfaisant. | J'ai pu apporter à la lecture de M. Féraud quelques corrections que je crois utile de signaler. Un Arabe s’est emparé de ces pierres et les a employées comme matériaux dans la construction de son gourbi : il a eu soin de les placer de manière à ce que la partie inscrite se trouvat à l'intérieur de son habitation, ce qui a peut- être contribué -encore davantage à leur dégradation; elles méri- taient un meilleur sort. Voici le premier de ces textes : 92. ‘Haut. de la pierre, 1,00; larg. 0",55. DAS EE CPKRIMVS SACSATVRNIAG NVTAVRVDOM NO TOMEICLATEL VARPRENERRC BE CE GEWVIWDO VI € L A WW RWIACAPON E ERCVLIEDVMERC AEDVAVENERI#ER WX E SION V2 (Deux animaux affrontés.) ÿfECORA WIN WW _ PAC ISIOAES primus sac(erdos) Saturni, agnu(m) tauru(m) Domino, ovic(u)la(m) Tel{ljuri, berbece{m) [Jovi], ovic{u)la(m) [Nutric]i, capone(m) _Erculi, edu(m) Merc{urio), ædua(m) Veneri...... tes[tim]oni[o] Plecora. La pierre est excessivement fruste, et il aurait fallu démolir en- tièrement la demeure du malheureux Arabe pour placer l'inscription dans un meilleur jour. La seconde pierre est dans le même état. l Ann. de Constantine, 1864, p. 78 et suiv. (article de M. Leclerc). MISS. SCIENT. — II. 29 ho — 93. Haut. de la pierce,la 7,00; larp6",50: { Palme. CT CR OP NT IN Vie SE COMVEIN ADNESES. 4 CE RD O SA GNW DO MINOTAVRVDOMI N OOVICWV LA M VENT CIBERBECE AOVIFOMIEN LATELVZZ/"///N V HER C VLIAGNA : VENERI - EDV MERCVRIOVRSBE:TESTI MONIOZZZE ZM UIXN (Instruments de sacrifice.) FEV 1 C(aïus) Aponius, secundus sacerdos, agnu(m) Domino, tauru(m) Domino, ovicula(m) Nutrici, berbece(m) Jovi, ovicula(m) Te(l)- lufri, aghnu(m) Herculi, agnafm) Veneri, edu(m) Mercurio..,....tes- HMOENO: | :.. 9. Sur un dé carré, dans un cartouche à queues d'aronde : NVTRICISAVG TEMPLVMSCGHOS TILIVSSFELIX®SSA CERDOSSSATVR - NISSÉPHFSID/// Nutrici Aug(ustæ). Templum Cl{aius) Hostilius Felix, sacerdos Sa- turni, s{ua) p(ecunia) flecit) id{{em)q{ue) d(e)d{icavit)|. 95. à La rareté des monuments consacrés à cette déesse, non-seule- ment en Afrique, mais encore dans toute l'étendue du monde romain, donne à celui-ci un intérêt particulier. Tout récemment, M. Mommsen a publié une inscription de la tour de Marboursg }, connue par une copie de Gruter et portant cette même mention : NVTRICI: AVG{usteæ) Il a cru devoir, sans en donner le motif, la modifier ainsi : [Fortunae adjjutrici Auglustæ), et 11 semble qu'il se soit ensuite repenti de cette interprétation, Corpus inse. la HT, n° 5314. — 39 — car dans la table des matières, au mot nutrix, il rénvoie à cette inscription. [l est intéressant de retrouver trois mentions de cette dea nutrix à Aïin-Assiz-bou-Tellis {voir les deux numéros précé- dents). Peut-être faut-il la rapprocher de la déesse athénienne Kouporpô@os L'à et y voir une des nombreuses formes sous les- quelles la terre était honorée chez les anciens ! 96. Sur un dé carré : SIEVANO:S IL VESTRI : AVG : PR O-SAL:IMP-D'-N- QUE :PRECEPIS TI-VOTVM TIB EL: SOLXIMVS. EC: RVIBRNINS.. L AINTO?.ET “C IV LEVANT VA RIVSZE WU Silvano Silvestri , Aue(usto). Pro sal(ute) imp{eratoris) D(omini) n(os- tri). Que precepisti votum tibi solvimus, C{aïus) Rubrius Lanio et C(aïus) Johns Jdnuarius .. . 1...) 07. Sur un cippe entouré d'une moulure : BCHISSATV R OS V D À KXX TSMODEST ASMARSKY HPHFS SVOT : SINONREVS 6 SESINEDIEMORI C{aio) J{ulio) Saturo. V{ixit) a(nnis) nonaginta. T{ita) Modesta mar(ito) k(arissimo) plia) flecit). | Voti si non reus se sine die mori. 1 Sur le culte de cette déesse, voir Stéphani, Comptes rendus de la Com. arch. de Saint-Pétersbourg, 1859, p. 133. 20. — Ll0O — 98. Sur un cippe plat : D''MeS: CED'OMA TV S'AFELEXES AC ERDOS : SATVR NIV ZZ2D Dis) M{anibus) s(acrum). C{aïus) Domitius Felix, sacerdos Saturni. 99. Sur un cippe entouré d'une moulure, près de la fontaine : DM7S ORCHIVA MVSTIA VAE KI ANNIS K Ra REV Dfus) M{anibus) s{acrum). Orchiva Mustia. Vixit annis triginta quin- que. 100. M. le docteur Leclerc, qui a publié les inscriptions recueillies par M. Féraud chez les Ouled-Abd-en-Nour, a reconnu avec saga- cité, dans le texte qu'il donne sous le n° 1, deux inscriptions dis- tincles; mais sa lecture Orsenius est inadmissible !. Je n'ai pas pu retrouver la pierre qui les porte; elle est maintenant, paraït-il, au musée de Constantine, c'est-à-dire dans un coin du jardin public. Il me semble cependant qu'il est facile de rétablir la vérité. Voici la copie de M. Féraud : | AVRELI: DÉéMESSCORCH ASHON NIVSFAVSTINVS ORATA VGA®L WBX Il suffit d’une seule correction pour rendre certain le texte de cette inscription; il faut remplacer par IV le second N de la deuxième ligne. a Aurelia Honorata. [ Vlixit)] a(nnis) decem. Dis) M{anibus) sfacrum). C{aïus) Orchivius Faustinus. V(ixit) a(nnis) quinquaginta. L Mém. de la Soc. arch. de Constantine, 1864, p. 78. — 1h == 101. Cette pierre (n° 100) fut découverte par M. Féraud dans les fon- dations d'un grand bâtiment carré, placé au pied de la colline où gisent les ruines principales. Au même endroit, il en découvrit une autre que J'ai retrouvée en place, mais fortement ébréchée à droite. Haut. 0”,30; larg. 0°,30. POELE IVS FEDOSVZ SEVIVENZ#Z FECITVZZ ANR P(ublius) Elius Fedosu[s]. Se viven[te] fecit. V[ix](it) an(nis) nonaginta [septem]. ; C'est un cippe massif et carré entouré d’une moulure. M. Fé- raud y lisait PEDIVS. LIEUX DIVERS. 102. En quittant Aïn-Assiz-bou-Tellis, après avoir visité la fontaine romaine d'Ain-Kareb, nous allâmes prendre notre gîte chez le caïd de l'Oued-bou-Salah. Le cheik Aïssa me conduisit sur les bords de la rivière, à environ trois quarts d’heure de marche de la mai- son du caïd, pour me montrer l'inscription suivante, sur une stèle arrondie : (Bas-relief représentant une femme drapée et voilée et un homme drapé se donnant la main.) DSMSSS AVREVICTOR DARSENISVIX® ANSICYS Le graveur avait d'abord écrit ANIC®S ‘% avec le chiffre d’an- nées entre les deux derniers cœurs, puis il l'a effacé et a intercalé un cœur entre AN et IC. L'endroit où se trouve cette pierre est une petite colline appelée — 142 — la Mestaoua (fraction des Beni-Lemeil). I n’y a aucune trace de ruines aux alentours; le cheik m'a assuré que cette pierre avait été apportée de Gabara-Jaal. DS. Sur la route de l'Oued-bou-Salah à Bordj-bou-Akkas, après avoir passé Ain-Beni-Ouakeden : DM LQVINT VSSECV ND S AV EALXATE Dis) M{anibus). L(ucius) Quintus Secundus. V{ixit) a(nnis) quinqua- ginta. | re 104. Col de Fdoulès. — Le 7 mai au soir, nous campions au col de Fdoulès par un froid très-vif. Je voulais prendre pour M. Léon Renier un estampage de la fameuse inscription gravée sur un frag- ment de rocher, au point culminant du défilé. Je le lui ai remis à mon retour à Paris, et j'espère qu'il parviendra, avec sa sagacité habituelle, à éclaircir le sens très-obscur de ce document !. Je crois pouvoir indiquer d'avance quelques corrections, I faut lire : À la deuxième ligne, VCVTVMANI À la quatrième ligne, ET: POST: PONENTESOMNZS GA À la cinquième ligne, ADVERSVSMEERCITVM..... 105. Sur la route de Bordj-bou-Akkas à Djimila, après avoir dépassé Sidi-Nasser, sur une stèle arrondie : (Homme drapé, debout.) CLIN LIN SM ; ARCIANYS: VIXIT : ANNIS XXXXIII C(aïus) Julius Marcianus. Vixit annis quadraginta tribus. ! Renier, n° 3499. — Ann. de Const. 1856-1857, pl. 11. — 43 — DJIMIL A. (Cuiculum.) 106. Sur un dé de piédestal encadré de moulures : Haut. 0”,90; larg. 0”,75. D | AE IMPCAESMAV RELIANTONINAVG ARMENTAGIHME IMPCAES L:AVRE ÉTVERVAVOANR MENIACIPARTHI CUP MAS ST PEN I D'D:P-P- {Concoridiæ Imp(eratoris) Cæs{aris) M{arci) Aurelii Antonini Aug(usti) Armeniaci et Imp{eratoris) Cæs{aris) L(ucii) Aurelii Veri Aug(usti) Arme- maci, Parthici, Maximi, d{ecreto) d{ecurionum), p(ecunia) p{ublica). AÏN-BEIDA. 107. Devant la maison du commandant supérieur d'Aïn-Beida, sur un fragment de borne milliaire trouvé à Enchir-el-Amari : Haut. 0°,27. [Cae]S ARIPLI VALERIANOPI INVICTOAVG PPPROCONSV 108. Sur un second fragment, provenant du même endroit : LUIOIS LOAVG — hhh — 109. Devant la maison du commandant supérieur : (Deux figures. } DÉMYSS IVLHROGATA VIXITHANNIS LXVHIVLHIAN VARIVSGGEN ‘ ER ET ®IVLIABER EGI® FILIA : EIVS :- PIIS SIMEFECERVNT® HS S E (Une figure, debout.) Dis) M{anibus) s(acrum). Jul{ia) Rogata. Vixit annis sexaginta quin- que. Jul(ius) Januarius gener et J ulia Beregi filia ejus piissinie fecerunt. H{ic) sfita) est). CHEZ LES SELLAOUAS. (Entre Aïn-Beida et Guelma.) 110. Sur une pierre trouvée dans l'intérieur d'un gourbi, dans la plaine des Sotaras. — Copie de M. le lieutenant Dufour. GENIO COLÆR - ND : GVLVGÆ-NVYREG CS NUE M USSR" R: DRVSVS : PMLEG//M/ZR YF VLGVR TEM:IVN- HONOR:S-P-D-D-: Cette copie, très-incorrecte, m'a été envoyée par mon ami, le lieutenant Dufour; le mauvais temps l’a empêché de prendre un estampage. Cela est d'autant plus regrettable, que les quelques mots lisibles dans là copie permettent de croire que le texte est fort important. | (11. Sur une colonne en forme de borne milliaire. — Copie de M. le lieutenant Dufour. | Haut. 1°,10. P-P- UISTERM | B -ZZ ZTADA- XVII — 45 = 112. Copie de M. le lieutenant Dufour : DMS GHERIZAL : HON -EQV: COL-G-EL-V-A:VC s 115. F Copie de M. le lieutenant Dufour : D MS M:VALERIANVS:PICTOR RVTI:MACC:FIL-P-VIX: AN XXXX VIII Dis) M{anibus) s(acrum). Marcus) Valerianus Pictor 0 fil(ius). Plus) v{ixit) an(nis) quadraginta novem. KSAR-BAGAÏ. | (Bagaïa. ) Ksar-Bagai ou Barai était une ville déjà flérissante à l'époque impériale, ainsi que le constatent les inscriptions qui suivent. Au temps de saint Augustin, ce fut une des cités d'Afrique où le christianisme fit le plus de progrès : plusieurs conciles y furent tenus; mais les dissensions religieuses laissèrent dans ses murs de profondes traces; les donatistes y commirent des horreurs, brü- lèrent la basilique et jelèrent au feu les livres saints !. Lorsque Solomon fut envoyé par Justinien pour rétablir l’ordre en Afrique et chasser les Vandales, un de ses capitaines, nommé Gontharis, chargé de poursuivre les Maures du mont Aurase, vint établir son camp près de Bagaïs. Procope dit que c'était alors une ville aban- donnée ?. Il est probable que les Byzantins s'y fortifièrent : c’est à cette époque qu'il faut faire remonter la construction de l’im- mense quadrilatère dont l'enceinte existe encore. Mon compagnon de voyage, M. Jules de Laurière, en a dressé l'excellent .plan ci- joint avec une exactitude scrupuleuse {voir planche Il); en y jetant les yeux, on verra que ce fort avait des dimensions beaucoup plus considérables que les autres redoutes byzantines construites sur les plateaux voisins. 1 Morcelli, Africa chrisuana, 1, 91. ? Procope, Guerre contre les Vandales, ch. xix. — 16 — Détruite de nouveau par ordre de Kahina, reine de l'Aurès, a la fin du vrr° siècle !, cette ville devint une bourgade arabe, que Peyssonnel visita en 1725, et où il ne trouva rien qui fût digne d'attention ?; elle est aujourd'hui tout à fait inhabitée. M. le capitaine Payen écrivait, en 1860, qu'il avait remarqué en cet endroit leS restes d'une grande basilique dont les colonnes étaient encore debout, mais enterrées jusqu'aux deux tiers de leur hauteur ÿ. J'ai revu ces colonnes; elles sont de la belle époque ro- maine, mais n’ont jamais dû appartenir à une basilique. Grâce à la bienveillance du général de Lacroix, j'avais emmené de Khenchela trente soldats, à l’aide desquels ces colonnes ont été promptement déchaussées; elles étaient disposées, d'une façon fort irrégulière, dans un bâtiment dont les murs sont, au contraire, régulièrement établis. On peut s'en convaincre en examinant le point marqué H sur le plan de M. de Laurière, où la position des colonnes est in- diquée et où sont marquées également les deux tranchées que nous avons fait pratiquer. Cette construction est relativement très- récente; c'était certainement une mosquée élevée avec des mate- riaux de toutes les époques. | 114. Au nord-est de l'enceinte byzantine, sur un dé de piédestal : LMP) CRAN BRTS D VAT AN T'ON NAME LE DATE VAI HADRIANI®SNEP DA NATUR AU ANA PARTHICISPRO NEPHDIVISNER VAESABNEP LA VER EL TONWE RO-AVGPON MAXGTRIBVN POTHIIHCOSHIIHPHP D:6\D % PS Po Imp(eratori) Cæs(ari), divi Antonin fil(io), divi Hadriani nep(oti), divi Trajani Parthici pronep(oti), divi Nervæ abnep(oti), L{ucio) Aurelio ! Justin Pont, Études historiques sur les Amamra. ? Dureau de la Malle, Voyage de Peyssonnel, I, 353. * Ann. de Constantine, 1860, p. 101. PLAN DE L'ENCEINTE DU KSAR-BAGAÏ (PROVINCE DE CONSTANTINE). Le fort byzantin de Ksar-Bagaï est un immense quadrilatère flanqué de tours rondes à trois de ses angles, el, sur les côtés, de plusieurs petites tours carrées faisant saillie. Le côte AB mesure 235 mètres ; le côté BC, 280 mêtres ; le côté CD , 283 mètres et le côté DA, 374 mètres. Au point K se trouve une enceinte intérieure, sorte de second fort bâti sur la partie la plus escarpée : c’est au milieu de cette seconde enceinte que j'ai retrouve l'inscription n° 115, brisée en deux morceaux. Au point H on remarque les substructions d’une mosquée arabe, décorée de colonnes antiques encore debout ; le tracé de la fouille que j'y ai fait exécuter est indiqué sur le plan en pointillé; cette mosquée est entourée d’un cimetière arabe. La lettre L indique l'emplacement de lins- criplion n° 116; en E se trouve la figure d’une pierre plate, très-longue, décorée d’une croix grecque en relief, inscrite dans un cercle; cette pierre est placée dans l'enceinte, à 60 mètres environ de la tour C. Le chapiteau byzantin {n° 125) se trouve dans la plaine, dans la direction indiquée par F. Les autres inscriptions font partie des murs d’enceinte, — A7 — Vero, Auglusto), pont{ifici) max(imo), tribun{icia) pot(estate) [[, co(n)- s{uli) II, p(atri) p{atriæ). D(ecurionum) d({ecreto), p(ecunia) p(ublica). Cette inscription, gravée en l'honneur de Lucius Verus, collègue de Marc-Aurèle, en l'année 162 de notre ère, a déjà été plusieurs fois publiée, mais elle a eu la singulière mauvaise fortune d’être toujours donnée d'une manière incorrecte. La copie de M. Steffen ! renfermait une inexactitude que n'ont pas reproduite MM. Dewulf? et Justin Pont $; mais ces deux officiers ont commis chacun une autre petite erreur de transcription. 115. Je ferai la même remarque au sujet du texte suivant, dont la découverte appartient également à M. Steffen“ et qui a été réé- dité, avec le précédent, par MM. Justin Pont et Dewulf. M. le ca- pitaine Payen l'avait retrouvé en place avant ces deux derniers, en 1896 *. La pierre est maintenant brisée en deux morceaux. _ Dans l'enceinte byzantine, au milieu de débris qui semblent les restes d’un fort intérieur : Long. 1”,90; larg. 0,42. IMP : CAES: M : AVRELIO : ANTONINO : AZÆZNTIACO : PART HICO-: MEDICO : GERMANICO:SARMATICOAVZÆPONT:MAX'TRIB POTEST : SXX VII :IMP : VII: COS-II-P-P-ZZZ6S P : ANTONIVS:CASSIANVS:PROC:AVGZ// 9/77 EDICAVIT Imp(eratore) Cæs{are) M{arco) Aurelio Antonino, Afrmelniaco, Par- thico, Medico, Germanico, Sarmatico, Au/g]{usto), pont{ifice) max{imo), trib(unitia) pot(estate) XX VIIIT, imp{eratore) VIIT, co(n)s(ule) IIIT, p{atre) p{atriæ), [proco(n)s{ule)], P(ublius) Antonius Cassianus, proc(urator) Au- g(usti) [s(ua) p(ecunia) f{ecit) et] dedicavit. Cette inscription est entourée d'une moulure. La mention du quatrième consulat de Marc-Aurèle doit certai- nement être attribuée à une erreur du graveur, car cet empereur n'a été que trois fois consul. 1 Renier, n° 3246. ? Ann. archéol. de Constantine, 1867, p. 224. 3 Ibid. 1868, p. 220. * Renier, n° 3247. * Ann. archéol. de Constantine, 1858-59, p. 102. =. 1 116. Sur une demi-colonne en grès rougeatre : {WW CAËSARMAVRELIVS WNERVSANTONINVS WWL1IX AV GPART-MAX BW 1T -MAX-PONT- MAX -GERM-MAX BP -TRIB-POTEST:-. IMP - CONS :IfII- [mp(erator)] Cæsar Marcus) Aurelius [Sejverus Antoninus, [ féllix. Augustus), Part(hicus) max(imus), [Brlitfannicus) max(imus), pont(ifex) max(imus), Germ{anicus) max{imus), [p{ater)] p(atriæ), trib{unitia) po- testfate) 024 imp({erator), cons(ul) III. On remarquera que le titre de pontifex maximus n'occupe pas son rang ordinaire; il devrait précéder immédiatement celui de pater patrie. C'est probablement une erreur du graveur. EYE Sur un cippe, en forme de caisson, engagé dans les murs du fort byzantin : D MS Qc MA ERA WA3NA E KR II SN ARVS-ME #40 H: VITII : PRÆ VAR TAS:EG:ll: WG PAR : MRETFECC Düs) M{anibus) s(acrum). Q{uintus) Valerius . ..cius. V(ixit) anfnis) .….... Valerüi [J Januarius, mil(es) [cJohortis nonæ prætorianæ [et] Martia- Ifi]s [lJeglionis) tertiæ Auglustæ), patri mere(n)ti fec(erunt) *. ! Voyez le texte de cette inscription donné par Dewulf, Ann. de Constantine, 1867, p. 229. — 149 — 118. Dans la plaine, en dehors de l’enceinte byzantine : (Buste drapé.) D. M.S ACEZA AMAR CIAVIXITANNIS Dis) M{anibus) s(acrum). Acfrinjia Marcia. Vixit annis..... 119. Sur un grand cippe portant deux personnages sculptés à la partie supérieure : | DAMES L':SEY/W V AWD SERVILEZZ TVNATVS ÉIGAEEVEI CVS FU 777 Dfüs) M{anibus) s{acrum). L{ucius) Se[ruilius] Hon{oratus] v(ixit) a(n- 1 © ERNPES Servillu For]tunatus et Gætulicus. . ... NÉE 120. Sur un cippe arrondi, dont la partie supérieure est brisée : T:ABBVSVRBNVS V:A:LV:DIESVII [Dfis) M{anibus) s(acrum)], Titus) Abbus Urbanus. V{ixit) a(nnos) quinquaginta quinque, dies novem. 124. Sur un fragment emplové dans la construction de l’enceinte £ Ÿ byzantine : MCRIXIN IVSTHESPI ANV SM [D{is)} M{anibus) [s(acrum)]. M{arcus) Crixinius Thespianus. ..,. — 50 — P22. Sur un tombeau, en forme de caisson, employé dans la cons- truction du quadrilatère byzantin : D MS GATERIVSM P-V-A-bx-P-M SEPTIMIASAL \PCUE Dis) M{anibus) s{acrum). G(aïus) Aterius m{aritus). P{ius) vfixit) a(n- nis) septuaginta, p(lus) m{inus). Septimia Sal(via) uxs(or) flecit). 125: Dans la plaine, à environ 300 mètres de la tour ronde de l'en- ceinte byzantine, sur un magnifique cippe en pierre blanche dont la partie supérieure est brisée : Haut. 0”,72; larg. 0";40. shepiac = Ma)le lai ve ke LUS PR UATS SIME ÉINENS F94 | Sur une dalle brisée à droite. — Copie de M. le lieutenant Du- four. X - MEMORIAUXE# H*ICIPRIANO WA PIS GER A GAUIENSI LOGI- XX *E * MA ANNOS : PZZZPCCX QE D°C Ce texte est bien incorrect; cependant, j'ai cru devoir le donner iel quel, à cause du nom géographique qu'il contient. C'était la pierre tombale d'un évêque de Bagaïa : Ciprianus ... episcopus Ba- galiensis. M. Dufour m'a promis de m'en prendre un estampage à — 51 — son prochain voyage au Ksar-Baraï; dès qu'il me sera parvenu, je pourrai probablement rectifier cette première copie et en donner une lecture. 125 Sur un chapiteau byzantin palmé trouvé dans la plaine, à quelques mètres de l'enceinte : DEO GRATIAS César prétend que les habitants de l'Afrique avaient coutume, de son temps, de cacher leur blé sous terre !. C'est un usage qui sest conservé très-vivace autour de Ksar-Bagaï; on ne peut sortir de l'enceinte sans rencontrer de tous côtés les ouvertures rondes de ces greniers improvisés. Il serait même très-dangereux de s’a- venturer dans la plaine sans y prendre garde. KHENCHELA. (Mascula.) Le village actuel de Khenchela est situé au pied du versant oriental de l’Aurès, dans une position des plus importantes au point de vue militaire; il commande la route de Batna à Tebessa, en même temps que l'entrée du désert, du côté de Biskra. Des plaines fertiles, de belles forêts font de son territoire un centre important de colonisation. Le gouvernement français y a créé de- puis longtemps une maison de commandement, où réside un offi- cier des affaires arabes; mais, depuis la dernière insurrection, Île général de Lacroix, comprenant tout le parti qu'on pouvait tirer, non-seulement de cette position stratégique, mais encore des avan- tages naturels.du sol, y a organisé un village destiné à devenir _très-prospère, quand on aura terminé les routes qui le mettront en communication avec Constantine et la côte. Dans les travaux entrepris, sous la direction du commandant Brault, pour le tracé de ce nouveau centre, on a découvert quelques textes latins que jai pu relever pendant mon court séjour dans cette localité. Les inscriptions recueillies jusqu'ici à Khenchela sont peu nom- breuses. M. L. Renier en a inséré cinq dans son recueil ?. En 1859, M. le capitaine Payen, chef du bureau arabe de Batna, y releva ! Cæsar, De bello Africano, c. Lxrv. ? Renier, n° 3248, 3249, 4089, 4ogo, 4og1. — 152 — deux autres textes, dont l’un se trouvait sur une borne milliaire de l'épaque de Constantin !. Quelques années plus tard ,en 1866 ,M.Fé- raud , interprète de l'armée, yfit une récolte épigraphique plus abon- dante et eut le bonheur de découvrir un fragment de la fin du iv° siècle, qui permettait de fixer à Khenchela l'emplacement de Mascula*?. L'année suivante, M. de Saint-Pont y relevait une ins- cription votive à Saturne $. Enfin, pour ne rien oublier, en 1868, M. le lieutenant Pont reproduisit, dans ses Études historiques sur les Amamra, deux textes déjà publiés. 126. Sur un fragment PUVPAR AN ee entouré d’une moulure à gauche et brisé : à droite : PROBAEATITVDIN TINVSMAXIMVS RFTOSISSIMISEN SVISMELIORECVL SVNTQVAELONG CV RANPEIAEL PAR RC AINES QUA 5SIMILISOLLER TIAFAB Pro beatitudin[e temporum]......... [D(omini) n(ostni) F (avius) Va- l(erius) Constantinus maximus . ........ [victolriosissimi sem|per Au- g{usti}]. se autre suis meliore cul[tu].......:. sunt quæ long{o]..... ..curante falllo Antiocho v{iro) p{erfectissumo) p(raeside) p{rovinciae) N{u- LTD ANS NE ve DEC sms ta quas simili sollertia fa- biricaverant?} 2." 127. Sur une dalle brisée à gauche : Long. 0",60; haut. 0”,44. NIANIETTHEODOSI ESIDANECLECTAM EDICAVITCVRANTE ÉEULP'P CVR'REIPVBIC Ke RE RE ! Ann. de Constantine, 1858-59, p. 92 et 93. ? Ibid. 1866, p. 167. 3 Ibid. 1867, p. 404. M. Jules Marchand, qui a interprété cette inscription, lit à la troisième ligne sacr(auit). Je n’ai pas vu ce texte, mais il me semble plus raisonnable d’y lire sacer(dos). JL 166 128. Fragment de gauche d'une inscription, probablement métrique, qui, d'après la forme des caractères, me paraît appartenir à la pre- mière moitié du vi‘ siècle de l'ère chrétienne. Haut. 0°,60; larg. 0”,53. TRUXITmoE + Haec quoqu|e] anriiot de con|struxit mœn{ia....... Cette inscription, malheureusement mutilée et dont il reste si peu de chose, était placée sans doute sur un monument public dont elle rappelait la construction. Elle doit être contemporaine de celle de Tebessa, où Solomon nous apprend qu'il fit reconstruire cette ville après la défaite et l'expulsion des Vandales. Il est permis de croire que les victoires de ce général procurèrent à l'Afrique un moment de tranquillité, pendant lequel les villes s’efforcèrent de réparer leurs désastres. | 129. Sur deux fragments, qui semblent appartenir à la même ins- cription : «. AR 4 CONS P-#..... . HÉQNENI #4... MISS, SCIENT,. — II. 30 — 54 — b. Aer 4 TGRATIA..:... FATPRE VAALEM te Ces deux fragments sont encastrés dans un mur de la cour du bordj, à côté l’un de l’autre. M. Féraud a cru, à tort, qu'ils étaient sur la même pierre; sa copie, du reste, est inexacte!. Le premier a sans doute fait partie d’une inscription impériale; les mots con- s{ul), p{ater) [patriae] viennent à l'appui de cette hypothèse. 130. Au-dessous d’un chapiteau corinthien, taillé dans le bloc qui portait l'inscription complète : . Diam. 0°,25. SSIMO IMP RE 13L. L'inscription suivante a été entièrement martelée, et j'ai pu très-difficilement y reconnaitre quelques lettres. Elle est brisée en trois morceaux. n Long. 1°”,80; larg. 0",60. OMS ARRRRPAENEN TIC EE IN PRES DC EN TVRONISLEG ONIS. IIIHSAVG VND#CIMEÎCLAVDIESÀ Les lettres mesurent 0",11 de hauteur. Les deux premières lignes sont illisibles; tout ce qu'on peut en dire, c'est qu'elle con- tenait le nom d’un centurion de la légion tertia Augusta, qui passa ensuite, avec son grade, dans la légion undecima Claudia. Le gra- veur a sans doute oublié le mot et ou item à la fin de la troisième ligne ou au commencement de la quatrième. Ann. de la Soc. archéol. de Constantine, 1866, p. 172, n° 186. = —— 16 102: Sur une stèle, brisée à la partie supérieure : Haut. 0°”,20; larg. 0,33. (Bas du corps d’un homme, debout, avec un petit autel à sa droite.) SATVRNOSAVG SACRVM®S®ADI ECTVYSMVIEIC VS -DE PECORIBVSHEVESELHAY : Saturno Auglusto) sacrum. Adjectus, vilicus, de pecoribus v{otum) s(olvit) lfibens) a(nimo). 133. Sur une stèle, portant à sa partie supérieure un bas-relief qui représente un homme, debout, étendant la main droite au-dessus - d’un autel carré : Haut. 0”,08; long. 0”,38. SA:TVR-:-NI-AV:G: SA : CRVM :L:AEL- Saturni (sic) Aug(usto) sacrum. L{ucius) Ælfius)......... On remarquera que les syllabes sont séparées dans chaque mot par des points. Une inscription de Guelma let une autre, décou- verte à Khamissa, par M. Chabassière ?, présentent la même par- ticularité. Ce n'est pas là une simple question de curiosité; ces exemples offrent, au contraire, de l'intérêt, puisqu'ils nous ap- prennent comment les Romains divisaient les syllabes. 134. Sur une stèle à fronton, ornée d’une étoile à six rayons : Haut. 0",42; larg. 0,35, ® Sa) ENS ce ENS PANNE SAUTTS VIX-ANN'XXX. EPICTESIS : CoN SERMER-FECEE D'henier, n° 4247. 2 Ann. de Constantine, 1866, p. 154, n° 150. 30. — 56 — | Ds) M{anibus) s(acrum). Eumusus. Vixit annis triginta. Epictesis con- ser(vo) mer(enti) fecit. 135. Sur une dalle plate, entourée d’une bordure : Haut. 0°,35 ; larg. 0",30: D,.M.S CAECILIA® BON ASVIX : ANS XRSA VNICAE":FIL MATERMEF D{üs) M{anibus) s(acrum). Cæcilia Bona. Vix(it) an(n)is viginti uno. Unicæ filliæ) mater m(erenti) f{ecit). 136. Dans la cour du bord) : : ZEN UD WNICNWLEZ WSSIWSPATEZZ /AECARISSMZ LION EE SE Dans la cour du bord; : MOLIMEM TVM:SAPIDIZZ FECITVXORILZ CIVSVIXITANN ISLI Molimemtum (sic) Sapidi[æ] fecit uxori L{u]cius. Vixit annis quinqua- ginta uno. 3 138. Encastré dans le mur du fond de la cour du bord] : TITVSMAICI TIVS : ELPIDI NIVS:V:AN NIS:: XV EFII Titus Mæcitius Elpidinius. V{ixit) annis decem et octo. ! Cf. Ann. de Constantine, 1866, p. 170, n° 183. — 157 — 139. Dans la cour du bordj : WICÀ FOR IN AT AV YVANISXXXII _ «ARE ROUES ca For[tu]nata. Vlixit] an(n)is triginta duobus. 140. Inscription encastrée dans la cour du bordj, près de la fontaine. — Tombeau en forme de caisson. D MS VALERIASA TVRNINAVIX ANNESELX Ds) M{anibus) s(acrum). Valeria Saturnina. Vixit annis sexaginta 7 141. Inscription encastrée dans la cour du bordj, près de la fontaine. — Tombeau en forme de caisson. DMS Gé EMI NP I À OMAINTAMMISNE ANNISLVFLAVIVS Dis) M{anibus) s(acrum). Geminia Quinta. Vixit annis quinquaginta cnnque.. HlAVIUS... ses. 0. "+ 142. Sur une dalle de grès, brisée à la partie supérieure : WN LEGSIIAVG. SEVIVOCVMLIBERISEXESLXINIZZ 1A7. Sur une pierre tumulaire déterrée, en décembre 1871, à Zoui (caïdat des Ouled-Rechech, cercle de Febessa), sur la voie romaine de Thamugas à Theveste. — Copie de M. le capitaine Ragot. (Personnage debout, avec un animal à sa droite.) ISPOMPONI VSSATVRNIN LM SV EXD LA XXVXX | « Fr s . : ] 3 . . rre . . sc . ; . È T'{itus) Pomponius Saturninius, Vixit a(nnis) triginta quinque. ! Morcelli, Africa christ. 1, 214. ; — 160 — KHAMISSA. (Thubursicum Numidarum !.) M. Jules Chabassière, géomètre à Constantine, fut chargé, en 1865, par la Société archéologique de la province, de diriger des fouilles a Khamissa. Ses recherches ont été fructueuses; il en a consigné le résultat dans un rapport adressé au président de la Société, et les inscriptions qu'il a recueillies ont été publiées et commentées par M. Marchand ?. J'ai revu une partie de ces textes, et j'y apporte quelques corrections. 128. Sur un bloc rectangulaire, encadré d’une moulure. (Chabas- , SIÉFÉ HUE EC) IMP : CAES : M : AVRELIO : CLAVDIO. PIO FELICI AVG-P M:GOTHICO-M- PARHICO-M-TRIB:P-III-COS:II-P-P: PROCOS-RESPVB:COLONIAE THVBVRS: NVMIDARVM-: Imp({eratori) Cæs(ari) M{arco) Aurelio Claudio, Pio, Felici, Aug{usto), p(ontifici) m{aximo), Gothico m{aximo), Parthico m{aximo), trib{(unitia) p(otestate) IIT, co(n)s{uli) IT, p{atri) p{atriæ), proco(n)s{uli). Resp{ublica) coloniæ Thuburs(icensium) Numidarum. Cette inscription est intéressante à plusieurs points de vue. C’est la première fois qu'on rencontre sur un monument épigraphique le nom de T'hubursicum Numidarum , dont on s’accordait, du reste, a voir les ruines à Khamissa. En second lieu, elle mentionne le deuxième consulat de Claude le Gothique, que Borghesi n'a pas indiqué dans ses fastes consulaires; cependant, tous les collecteurs de fastes le mentionnaient avant lui. Deux inscriptions d'Espagne, aujourd'hui disparues, avaient déjà fait connaître ce deuxième consulat de Claude le Gothique. L'une se trouvait à Jativa (Sæta- bis)$; la puissance lribunitienne n'y était suivie d'aucun chiffre, 1 Voyez, sur cette ville, Delamare, Rev. archéol. 1 série, XII, 2, p. 636. — Le général Creully, Rev. archéol. 1°° série, XIV, 1, P- 182. ? Ann. de Constantine, 1866, p. 129 et suiv. * Hubner, n° 3619. — A6Il — le consulat seul était indiqué comme obtenu pour la seconde fois. L'autre, découverte à Sagonte !, a été publiée à diverses reprises par tous les antiquaires du xvrr et du xvin° siècle. On y remarque Tindication de la troisième puissance tribunitienne et du deuxième consulat. Aussi M. Mommsen a cru y voir une erreur du lapicide; il en conclut que celui qui a composé l'inscription a probable- ment ajouté un chiffre au consulat. L'inscription de nn vient détruire cette supposition ?. 149. Su un dé carré, en forme de piédestal, entouré d'une mou- lure, et jeté au fond d’ün trou très-étroit. (Chabassière, n° 118.) FORTVNAE:-REDVCI AVG: SACR: C:VASIDIVS:C:FIL-PALAT- BELLICVS:MILES:CO HORT X-VRBANAE-: OPÉTORIBENTEVRIAE. SIGNIFER:FISCI-:CV RATORC OPIIO: AB ACTIS VRBI:VETERANVS : AVG: DECVRIO-AEDIL-PRAEF: IIVIR-I1:D-OBHONOREM AEDILITATIS-INLATIS-REI : PHS-III-N LEGITIMIS-AM PLIVS-EX-:HS-V-N-POSVIT: IDEMQ : DEDICAVIT Fortunæ Reduci Auglustæ) sacr(um). C(aïus) Vasidius, C(aï) filfius), Palat(ina tribu), Bellicus, milés cohort{is) decimæ urbanæ, optio centu- riæ signifer, fisci curator, optio ab actis Urbi, veteranus Auglusti), de- curio, ædil(is), præf(ectus) duumvir(orum) j{uri) dficundo), ob honorem ædilitatis, inlatis reipublicæ sestertiis quatuor millibus n(ummis) legiti- mis, amplius ex sestertium quinque millibus nfummum) posuit idemque) dedicavit *. 1 Hubner, n° 3834. 2? Sur ce second consulat de Claude, voyez encore : de Rossi, Inscr. christ. urb. Rom. n° 11, p. 18 et 22. — Wilmanns, Exempla Inscr. latin. n° 1036, note 1. # Wilmauns {Exempla Inscr. latin. n° 1366) a reproduit la copie de M. Cha- bassière. — 62 — 150. Sur un dé de piédestal, entouré d’une moulure. (Chabassière ,- n° 139.) | Haut. 1°,28; larg. 0°,50. DIS-MANIB-SAC HYMETIANO LV VE NEkaPAO ACERBISSIMO FLORE:IVVEN TVTIS-:ERZAXTO SCRIPTOR:CA SVIDOLEVIX AN ESRI ES VAE DIESSVOSINE CRIMINE®SVI TAESPOSTVMI VS AN LCA OR CVSSPATER POS NI TER HE SASEERC Dis Manib{us) sac(rum). Hymetiano, juveni pio, acerbissimo flore juventutis erfeplto. Scriptor casui dole! Vix{it) an{nos) viginti, m(enses) octo, dies quinque, sine crimine vitæ. Postumius Victoricus pater posuit. H{ic) s(itus) e(st). 151. Sur un dé carré, à deux compartiments. (Renier, n° 2951.) D'OMES TPE MESS [IVLIA.,| M-AVRELI OPTATA | VSROSA ROSARIE., | 48 HET LP PIAVI | ROSARI XITAN Ve L X VI | VIXITAN H::,8 Far he FAR SURUE Dis) M{anibus) s(acrum). Julia Optata Rosari(i). Pia vixit an(nis) sexa- ginta sex. H{ic) s{ita) e(st). R Dis) M{anibus) s(acrum). M{arcus) Aurelius, Rosari(i) fil{ius) , P(apiria tribu), Rosarius. Pius vixit annis quinquaginta quinque, mense uno. Hic) s(itus) e(st). — 163 — Cette inscription a déjà été publiée en partie par M. Renier. Sa copie ne contient pas l'épitaphe de Julia Optata. 152. Sur un dé de piédestal, entouré d’une moulure et employé dans une construction : CAEREL | Q:CAE LIAMVS | CILIVS TACIA | PRZ# TVSSIBI ETCOIV GIVIVIS Cærellia Mustacia. _ Q(uintus) Cæcilius Prfivaltus, sibi et co(n)jugi vivis. is Cippe en forme d’autel, déterré près de l'oued. — Estampage communiqué par M. de Laurière. DAMES CANVMEEN S ZOBICVS LIB-VAVII Dlus) M{anibus) s(acrum). C(aïus) Julius Zobicus lib(ertus). V{ixit) a(n- nis) octo. 154. Sur une stèle à double fronton arrondi : Haut. 0”,92; larg. 0",58. (Un croissant.) | (Un croissant.) D°M°S: D:MES: MATRO CRESCES NiTC A P-V:A: EAP AE LXXXXI LXXXV DPSrE ERSYE Dis) M{anibus) s(acrum). Matronica. Pia) v(ixit) a(nnis) octoginta quinque. Hic) s{ita) e(st). Dis) M{anibus) s(acrum). Cresce(n)s. Pfius) v{ixit) a(nnis) nonaginta uno. H{ic) sfitus) e(st). — 6h — 155. Cippe carré, entouré d'une moulure : Haut. 0”,80; larg. 0”,48. (Guirlande, avec deux bandelettes.) D'M:S AEMILIVS:-SA Dis) M{anibus) s(acrum). Æuilius Saturus. . . . 156. Sur un fragment de stèle brisée, déterré par M. Dufour, lieu- tenant au bureau arabe d'Aïn-Beida : CMD C-F-ASZZ PE VAR K XAU + SLÆEE Cléius):2. C{aïü) f{iius), As[ per]. P{ius) v{ixit) a(nnis) triginta quin- que. H{ic) sfitus) e(st). 157. Sur une stèle longue, près de l'oued : POSTVMA RAVEF EN À N VMZZZ VXORYS Postuma Rutini Numfisiani] uxor. [P{ia) vix(it) anis) | . 3 TRE 158. Sur une stèle arrondie : IVLIVSPATE RNVSFAVS TINIFILPV A LXVHS E Julius Paternus, Faustini filfius). P{ius) v{ixit) a(nnis) sexaginta quin- que. Hic) sfitus) elst). es GO 159. Sur une stèle à fronton, placée à côté de la précédente : FMVIUMA TRON AZ FAVSTINIVX ORPIAV ARox .... Matrona. . .Faustini uxor. Pia v(ixit) a(nnis) octoginta. 160. Sur une stèle à deux compartiments : Dis) M{anibus) s(acrum). L{ucius) Julius Privatus. P(ius) v(ixit) an- (nis) viginti quinque. Ds) M{anibus) s(acrum). Orfa Munda. P(ia), se viva, monimentu{m) posuit. V{ixit an(nis). Laberia Lucustina. Pia v{ixit) an(nis) septuaginta (2) (Croissant. ) (Croissant. ) D'Mi4S D M S$S pi ER RE ORFAM NSP Ral VNDAP VACCINS SEVIVA RAVES EAN MON AN:-XXV MENTV DOS VIR V':AN (Croissant.) 161. ( Croissant.) LABE RIALV CVSTN A PJ A V:AN TRUST — 166 — 162. Sur une stèle à fronton et à deux compartiments : D: Mu [VERS CRISPINV SPIVS ANXXXX AVCESTE D{us) M{anibus) s(acrum). Julius Crispinus. Pius v(ixit) an(nis) quadra- ginta. Hic s{itus) e(st). 163. Sur un dé carré à deux compartiments : DM | DM. S M-PO|pPPrOS STVMI|TVMI VSPRI VS F1 SES hrs e SEDATI P V ANVS|ANN PIVS:-VI | XXXVII NÉTOA NU ETS LE NIS-XXV II-H-S'E- | Dis) M{anibus) s(acrum). M{arcus) Postumius Priscus Sedatianus. Pius vixit annis viginti septem. Hic) s(itus) e(st). Düs) M{anibus) s{acrum). Publius) Postumius Fidus. P{ius) v{ixit) ann/is) triginta septem. Hfic) s(itus) e(st). Cette inscription n'est pas inédite, mais la copie de M. Boisson- net, d’après laquelle M. Delamare l’a publiée !, est inexacte. ! Rev. -archéologique, 1856, p. 652, n° 29, et Renier, n° 3040. + 67 — 164. . Sur un dé carré à deux compartiments : Haut. 1,°28; larg. 07,52. DENTS DA MtS ON INT EVE PIN CRENVESr: CHIENS IVSTI-F: | PVDENS BAC AD IVSAUE SATVR PAPIR NINVS TERTVL PNR IN VS ERAPSUTE D AN s9i dE Dis) M{anibus) s{acrum). Q{uintus) Vinicius, Justi ffiius), Papfiria tribu), Saturninus. P{ius) vfixit) a(nnis). . ... H{ic) situs) e(st). Dfüs) M{anibus) s(acrum). L{ucius) Vinicius Pudens, Justi f{ilius), Pa- pir(ia tribu), Tertullinus. Pus) v{ixit) a(nnis) viginti quinque. Hic) s(i- tus) e(st). 165. Sur un dé carré, entouré d’une moulure : Ds) M{anibus) s{acrum). Pompeius Augustalis, se vibum (sic) una Haut. 1°,50; larg. 0°,58. D MS PO MPEIVS ANGNSUE ETSSSENV I BVM-:VNA CVM:CON IVGE:MO NE M EN DV M IN SIENNE P:V-ANN LXX XW PARENT RE NS EEE A PRO Sen D MS DONATA SORICIO NIS-SEVI BA:VNA CVM:MA RITO:ME MORIAM CONIVNC SIT P-V-ANN IBVSME OMNES EORV M ERV NT — 168 — cum conjuge monimentum insütuit. P{ius) v{ixit) annfis) octoginta quin- que. Dis) M{anibus) s(acrum). Donata Soricionis, se viba (sic) una cum marito memoriam conjuncsit. P{ia) vfixit) annfis). Parentibus merentis(simis) omnes lili) eorum posuerunt. 166. Sur une stèle à fronton : M-1VLIW\S GENTILIS PIVS -NIATT "eee Marcus) Julius Gentilis. Pius vixit Cette stèle et les deux suivantes {n° 166 à 168) ont été trou- vées, à côté l’une de l’autre, dans la petite vallée qui s'étend entre le théâtre et la grande nécropole. 107: Sur une stèle ronde : (Croissant. ) 1 VEN A: "M IVLI:GENTI LZNIXIT ANN.XX Fe Se 6 Julia, M{arci) Juif) Gentilis f{iia)..... Vixit ann(is) viginti. Hic) s{ita) e(st) 168.:+ Sur une stèle à fronton : CVRTIA.L:-F- HIOLLNT TEA M:AVELTECE NTILIS:VXO REPAS VEA LV Curtia, L{ucu) f{iia), Pollitta, M{arci) Julifi) Gentilis uxor. P(ia) v{ixit a(nnis) quinquaginta quinque. — 169 — 169. Sur une grande stèle : (Homme et femme drapés, debout de chaque côté d’un autel.) D°M'S EME S LVCIVSRVFINVS LVCIAMETONIA PIVSIVLer PIA VIX ANNIS ANNIS SEVIVOPOSVIT SEVIVOROS.V ÉRDEDICANVES PRENFEEDTCA VIT (Amour (Amour tenant une torche tenant une torche _ renversée.) renversée.) Dis) M{anibus) s(acrum). Lucius Rufinus. Pius vix(it) annis..... se vivo posuit et dedicavit. . Dfus) M{anibus) s{acrum). Lucia Metonia. Pia vix(it) annis..... se vivo (sic) posuit et dedicavit. Cette stèle est sans doute celle que M. l'abbé Godard avait re- marquée à Khamissa !. Ma lecture diffère de la sienne; je n'ai pas vu les chiffres d'années qu'il indique. Quant à la représentation des Amours avec la torche renversée, si fréquente sur les monu- ments funèbres de l'Italie, on la rencontre aussi sur d’autres tom- beaux africains, et, entre autres, sur le grand tombeau du Ksar- el-Ahmeur ?. | 170, Sur une stèle ronde : Haut. 2°,00; larg. 0°,90. DaMeS MANLIAVI FT ALISPV AN - XLIII ÉrSrTE Dis) M{anibus) s(acrum). Manlia Vitalis. Pfia) v(ixit) an(nis) quadra- . ginta tribus. H{ic) sfita) e(st). cher, fr: KR 259: ? Ibid. IT, p. 288 et pl. MISS. SCIENT. — TI, 3L Sur une stèle ronde : M:AEMILIVS RVFVS:C:AEMI LI-PROCVLI-F:P VEX : X XXIWII HASRE Marcus) Æmilius Rufus, C{aïi) Æmiln Procul falius). Plus) vixit) a(nnis) triginta sex. H{ic) s(itus) e(st) 172: Sur une stèle ronde : DNS CVET VRI VSPAST# Dlus) M{anibus) s(acrum). C{aïus) Veturius Past[or] ?. .. 173. Copie de M. le lieutenant Dufour. (Un cavalier, avec un bouclier attaché à la selle de son cheval.) Q"'POMPETVS OAFPONTRE SA TANER NY DVES MAN SS VIX : AN:LXXXI HSE Q{uintus) Pompeius, Q(uinti) fiius), Quir(ina tribu), Saturninus. Pius vix(it) an(nis) octoginta uno. Hfic) sfitus) e(st). La stèle qui porte cetie inscription a été déterrée, deux jours après mon départ, par M. le lieutenant Dufour, qui a bien voulu m'en envoyer la copie. C'est également à son obligeante amitié que je suis redevable du numéro suivant. ! Cf. Renier, n°” 2942 à 2947. — 71 — 174: Stèle arrondie. — Copie de M. le lieutenant Dufour: D M S$S À NI A GP L'OÉAl MICTO. NIV SE ME KR RETARD IDIANVS VAXKIX | P-V-A-LXINI [Dis) M{anibus) s(acrum)]. An(n)ia Victoria: P(a) v(ixit) a{nnis) unde- viginti. Dis) M{anibus) s(acrum). C(aïus) P....: Lolius Meridianus. Plius) v{ixit) a(nnis) sexaginta quatuor. Peut-être faut-il lire Caïus Plotius Meridianus? 175. Sur une strigile, de forme très:élégante, appartenant à M. le lieutenant Dufour, on lit dans un petit cartouche : ) L:MVCI ( Elle a été trouvée à Khamissa: MDAOUROUCH: (Madauri. ) Les ruines de Madaure sont peut-être, après celles de Lämbæsis, de Thamugas et de Thubursicum Numidarum , les plus importantes de la province; malheureusement, elles n’ont jamais été sérieuse- ment explorées et renferment encore toute leur histoire. À l'époque de la ferveur archéologique en Algérie, la contrée voisine n’était pas assez soumise pour qu'on püt y séjourner sans danger. Cependant, dès 1843, M. le chef d’escadron Mitrecé explora cette localité !; en 1846, la colonne expéditionnaire du maréchal Randon traversa le pays : on fit à Madaure d'importantes observations, dont M. Ber- brugger publia le compte rendu ?. M. l'abbé Godard visita aussi cette ville et en fit connaitre quelques inscriptions *. Enfin, en 1857, M. Léon Renier publia la grande inscription de Titus Clau- dius Lovella, que je n'ai pas retrouvée dans les ruines #. Son ar- ! Delamare, Rev. archéol. 1" serie, XIT, 2, p- 664. 2 Rev. Afr. I, 255. Thid. 259: & Rev, archéol. 1° série, XIV, 1, p. 4 29. st — 172 — ticle renferme en outre de précieux renseignements sur l’histoire de cette cité, où Apulée reçut le jour et où saint Augustin fit la plus grande partie de ses études. Le recueil épigraphique de FA1- gérie ne contient que dix-neuf inscriptions de Mdaourouch !; sans faire aucune fouille et en me contentant de copier les textes que je trouvais à la surface du sol, j'y ai relevé près de cinquante inscriptions inédites dans l’espace de quelques heures. Il est évi- dent que de sérieuses recherches, entreprises sur ce point, condui- raient à des découvertes certaines. “NA0: Sur un petit autel carré, entouré d'une moulure, découvert près du marabout : Haut. 0°,98 ; larg. 0°,37." L FLE Où AVG: PROSALVTEIMPCAE MAVRELISEVERI C-IRCETIVSERON GRONHA-:SACERD CAELT:ARAS:SVIS SVMP -FEC:ET:DED Lilleo Aug(usto). Pro salute Impleratoris) Cæ(saris) M{arci) Aureli(i) Severi [Alexandri Aug(ush)], C(aïus) Ircetius, Corn{elia tribu) ? Gronha, sacerd{os), cæl(a)- t{as) aras suis sump{tibus) fec{it) et ded{icavit). Je crois que, à la cinquième ligne, il faut lire CORN. Le lapi- cide a commis une faute en plaçant R avant ©. C'est une trans- position de lettres qui peut échapper à un graveur et dont on a d’autres exemples. 12%: Fragment d'inscription employé dans Îa construction du chà- teau byzantin : Et, SAROVIMOIINES ....ETAMPLIA.... st COM. RECU ET ECC 18" et amplia[ta BÉBÉ EE Ce fragment d'inscription a déjà été publié, maïs avec une lec- ? Renier, n° 2923 à 2941. — 173 — ture différente, par M. Marchand (n° 178 des inscriptions recueil- lies par M. Chabassière !). 178. Sur un cippe carré, brisé à gauche : (Buste de femme. — Double guirlande. ) MAINS LIA + C-IVE : Q_ VA VRBNS Em A BD L . MVeVSAGER? PIA PLVTON AN PIVS-V:-A Il DU SHURS [D(üis)] M{anibus) s{acrum). [Jullia. ....... [For]tu[nata]. Pia [oix](it) an(nis)....... C{aïus) Julius, Q{uirina tribu), Urbanus, ædilis, sacerd(os) Pluton(is). Pius v{ixit) a(nnis) septuaginta uno. [H{c)] siti sunt. 179. Sur une grande stèle à fronton : (Double guirlande. Buste de femme et croissant.) EP MNT NE M US DOVe LILAS) EM VICTORIA | PRONIVS PIAVIX XT | BAL:SILLE SA CE R DÉERAP EN TOMNLES SEMPR Q''PIVSNIX NIASSPES PL, D.N:N SIN A'PIA VIXXIT:N XVI L Ann, arch. de Constantine, 1866, p. 165. EN | Lo —— Dfüs) M{anibus) s(acrum). Julia Victoria. Pia vixxit...,.,........ Sempronia Spesina. Pia vixxit an{nis) sexdecim. Dis) M{anibus) s{acrum). L(ucius) Sempronius Balsille *, sacerdos Plutonis. Pius vixit annfis)....,..... Sur un cippe rectangulaire : (Triple guirlande. } DM S CLAVDIA MANNI CHA CVSMICT PIAVIXIT ORICVS ANNIS SACERD XZ OSPLVT : ONIS: P GOTIEN * À: MI | H S E Dis) M{anibus) s(acrum). Claudia Chia. Pia vixit annis quadraginta ? ,......M{arcus) Annius Victoricus, sacerdos Plutonis. Pfius) v{ixit)............. V{xit) a(nnis) tribus. H{ic) s(itus) e(st). 181. Sur un cippe en forme d’autel : (Guirlande. } D Mas Lui VLIVS “EF OE LAET VS -SACERD* LIBERIPATRIS PIVS-VIXITAN N I S pou HASETE Dis) M(anibus) s(acrum). C{aïus) Julius, L{ucüi) f{iltus), Q(uirina tribu), Lætus, sacerd(o}s Liberi patris. Pius vixit annis nonaginta quinque. H{ic) s(itus) e(st). : 1 Cf. BASSILLE. Renier, n° 1166. — 175 — 182. Sur un grand cippe, brisé par en bas : D M S ANTONIA | C:IVEVS VICTORA | SATVRN PIASOBR | NVSSA FRVGIV | BININVS NNSXLIIH | PIVSQVI ESS NE OBSINGV CV ESA EUSUR E M TVRNNVS | AMOREM SABINIA | NEPOTM NVSCON | SVORVM IVGIRARS | MORTVS SÉMASOMENT NE ere. PIE TATLIS Dis) M{anibus) s(acrum). Antonia Victoria. Pia, sobr{ia), frugi, v(ixit) annis quadraginta tribus. Hfic) s{ita) efst). C(aïus) Julius) Saturninus Sa- binianus conjugi rarissimæ omn{ium), pietatis C{aïus) Jul(ius) Saturninus Sabinianus, pius, qui, ob singularem amo- rem nepolum suorum, morlu(u)s 185. À environ 10 mètres du fragment précédent se trouvait cet autre fragment, qui paraît en être la suite. La nature des deux pierres est la même, leurs dimensions sont exactement sem- blables, et les lettres semblent être gravées par la même main. GVLARES GR AMETAE VIRTVTES MORVM SITIFISEPVL F ECWND:Æ DYUSYVAN TEUCINVSY Lx K ASR FS2S NE ET SE BA AD PROPXA GANDAM LIN Æ V EM M,E,M LOHR, ! AMFECIT — 476 — RL: gravitate morum, Fecundæ Tecusæ kari issime et sibi, ad LE ET in ævum memoriam, fecit. PEU ONE (sinjgulares virtutes Sitifi sepultus. V Gixi an(nis) septua- ginta quatuor. i 84: Sur un cippe carré : (Deux guirlandes.) FLAVIA TI:CLAVDIVS TE RSDOVL MASTER I F1 LA GLLVCI IST SON 1 N LE EST 1 : RONA LE V NÉNCAOGR SAC EIN UN 7S PIAVUXTTOPET NS EAN NISSNMEETT LTII A NN IS HE SSE* EVI HSE Flavia Tertulla, Cl{audii) Lucini Festianini uxor. Pia vixit annis quni- quaginta tribus. H{ic) s{ita) est). | Tiberius) Claudius, Tiberii filius, Quirina (tribu), Lucinus. Pius vixit annis quinquaginta sex. H{ic) s{itus) e(st). 185. Sur une stèle à fronton : (Deux guirlandes.) D M S Dms OBSEORT ! CL FOL EI ASVCEIS .WS:HAE SAPLA - VI EN S-PIVS XITANNIS VIX.Nbow II H-SGE6 1 H£6 Se ET Dis) M{anibus) s{acrum). Obstoria Succissa. Pia vixit annis quinqua- ginta duobus. H{ic) s(ita) e(st). D{iis) M{anibus) s{acrum). C{aïus) Lollius Lætus. Pius vix(it) an(nis) nonaginta quinque. H{ic) s{itus) e(st): — 477 — 186. Sur uné stèle brisée : L'OCLATVSSABI NVS:V-A:VII H SE L(ucius) Oclatius Sabinus. V{ixit) a(nnis) octo. H{ic) s{itus) e(st). 187: Suf une stèle allongée : (Homme et fenime, drapés.) D MS DMS C: ELIRL);, SURVIE NIVSVI ANVMI TALISPI SIAPIA VS V:A y NIXIT LX XI ANNIS HS s EKXXV : LAS IL: Dis) M{anibus) s(acrum). C(aïus) Cerinius Vitalis. Pius v{ixit) a(nnis) septuaginta uno. Hic) s(itus) e(st). Diis) M{anibus) s(acrum). Servilia Numisia. Pia vixit annis octoginta quinque. H{ic) s(ita) e(st). 188. Sur une petite stèle à fronton : (Guirlande. ) D MS F5 A BE VAS L EXAND ERQVIRI NA-MAN TELUS PIVS-VI XIT : ANIS XXE H:'S'E- D{uis) M(anibus) s(acrum). Fab(ijus Alexander, Quirinä (tribu), Mantu- tius. Pius vixit an(n)is triginta. H{ic) s{itus) e(st). — 178 — 189. Sur une petite stèle à fronton : D MS Cri VAL VS BARTE PV IXIT : AN :LXV PSE" D{us) M{anibus) s{acrum). C{aius) Julius Baric(io). P(ius) vixit an(nis) sexaginta quinque. H{ic) s{itus) e(st). 190. Sur une stèle allongée : (Femme drapee.) D MS FIN OV EE EVS"PVIRTT A'XXXXV HFS'E; Ds) M{anibus) s(acrum). F{lavius) Novellus. P{ius) vixit annis qua- draginta quinque. H{ic) s(itus) e(st). 191. Sur une stèle allongée : (Deux guirlandes.) FLAVIA S AB A VAaXIT ANNIS Fred Dis) M{anibus) s{acrum). Flavia Saba. Vixit annis sexaginta duobus. 192. Sur une stèle à fronton : (Guirlande. } D MS ECANAR TT . PEREGRINA PIAVIXITAN NIS:LXX-H:S:E — 179 — Dis] M{anibus) s(acrum). Flavia, Titi) ffilia), Peregrina. Pia vixit annis septuaginta. H{ic) s{ita) est). 193. Sur une stèle à fronton : (Guirlande.) DIS:MANIB: SAC: IVLIA CÉPTI MA-PIA-VIXT AN:‘LXII-H-S'E Difi)s Manib{us) sac(rum). Julia Ceptima. Pia vixit an(nis) sexaginta duobus. H{ic) s{ita) est). | 194. Sur un petit cippe : MAR CIA PEER A NFLXII Marcia. Pia vix(it) an(nis) sexaginta duobus. 195. Sur une stèle : (Deux grosses guirlandes et une petite.) D, MS FADILLATER M'AEMI MIX PA VI PIVSYSE XITANN- SOINS VS NRC ET SE OP PE INT SV DATVSPIVSVIXIT XITAWNI ANNIS-X-H:5S:E: Se LrIbOX H:S:E£: Dis) M(anibus) s{acrum). Fadilla Tertia. Pia vixit annfis) octo. Hic) s(ita) e(st). Datus. Pius vixit annis decem. Hfic) (situs) e(st). Marcus) Æmilius Sensus. Pius vixit annis octoginta. H{ic) s(itus) e(st). 106 Sur uñe dalle : DM S .-uD'AùxS: D MS MAR ANTO MARCI CI N I A AELPI ONO NA M NA = RATA E H A VAIIII P-VA DORA VIIII P-V-A XL Dis) M{anibus) s{acrum). Marcia Onorata. P{ia) v{ixit) a(nnis) novem. Dlüs) M{anibus) s(acrum). Antonia Namehadora. Pia) v(ixit) a(nnis) quadraginta. ? Dis) M{anibus) s(acrum). Marcia Elpina. P(ia) vixit) a(nnis) quatuor. 197. Sur un cippe à fronton : DYX M" 5 LLVTATIVS AW LI QUIRINA FAVSTA NIVALIS QVIRINA P-V:AL" P-V:A-LXII 1.5 & Dis) M(anibus) s(acrum). L(ucius) Lutatius, Quirina (tribu), Nivalis. Plus) v(ixit) a(nnis) septuaginta sex. Julia Fausta, Quirina (tribu). Pia) v(ixit) a(nnis) sexaginta duobus. Hic) s{iti) s{unt). 198. Sur un cippe brisé à gauche. M S IVSSECVRVSCLAVD PIVSVIXITANNIS V LEÉSYE [D{us)] M{anibus) s(acrum)........ ius Securus Claud{iunus]. Pius vixit annis.....quinque. H{ic) s{itus) e(st). — ASI — 199. Sur un cippe, en forme d’autel, brisé en bas : (Deux guirlandes.) D°M7S | CAELFUGAVIVS GETVL MARTI APEA 'AELSPI VISITE VV Dlus) M{anibus) s{acrum). Cæli(a) Getula. Pia vixit. ......... Gavius Martialis. Pius vixit. ......... Sur un cippe carré : EP UN TS M :SCRIB Où NP AEVES CELSINVS QVIR :PIVS VIXT - ANIS DO AN 1 0 H:-S-E Dïis) M{anibus) s(acrum). M{arcus) Scribonius Celsinus, Quir(ina tribu). Pius vixit an(n)is quadraginta novem. H{ic) s(itus) e(st). 201. Sur un cippe en forme d'autel : (Triple guirlande.) DeNeS L VCCEZYI L A R A LVCCEIHONORAT VO Rai: AM ERIRV LVCCEIAHONORA TA:FILIA-V':A-XXX IVLIA-HONORA RAS NAN RES. NP HS: S: — 182 — Ds) M{anibus) s(acrum). Luccelia H]ilara, Lucceï Honorati uxor. V{ixit) a(nnis) septuaginta quinque. Lucceia Honorata filia. V{ixit) a(nnis) triginta. Julia Honorata. V{ixit) a(nnis) septem. H{ic) s(itæ) s(unt). 202. Sur un cippe en forme d'autel :. {Guirlande. } DIS-MANB-SAC MATTIA-FELICYLA MATTI-HONORAT: FILIA - PIA : VIXIT : AN NIS-V-H:-S-E-% Dis Manib{us) sac'rum). Mattia Felicula, Matti Honorati filia. Pia vixit annis quinque. H{ic) s{ita) e(st) ‘. 205. Sur une dalle en marbre blanc, ‘trouvée près de la fontaine romaine : Be SANT 4 5 IWEL-: MON TICLAVDIWS NINAPIWIXIT HONORATVS ANISIX ES ZE NLXX CLAVDIVS YA ZT, ANVS N° ANXV TI CLAVDIVS VIN DIN ARIVS : PVE//XX IN DIV SFORTVNIVS VDDIANXXNV Dis) M{anibus) s(acrum). Jul{ia) Monnina. Pia vixit an(n)is octoginta. H{ic) efst) s{ita). Ti(berius) Claudius Honoratus. [P{ius) v(sxit) a]n(nis) septuaginta. [Ti(berius)] Claudius. . ... anus. | P{ius)] v(ixit) a(nnis) quindecim. Ti(berius) Claudius [Nu}ndinarius. P{ius) v{ixit) [an](nis) viginti. [Ti(berius) Clajudius Fortunius. { P{ius) v{ixit)] an(nis) viginti quinque. ! C. Renier, n° 2938 et 2939. — 183 — 204. Sur une stèle allongée : (Double guirlande.) TFLAVI } TFLAVI VSMONI VSGEM MVSPV ÉÈNS ANIS PV XVII WWE HSE Titus) Flavius Monimus. P{ius) vlixit) an(n)is octodecim. : Titus) Flavius Gemellus. P(ius) vlixit) [a](nnis)...…. Hic) s{itus) e(st). 205, Sur un magnifique cippe rectangulaire, servant de pilastre à l'intérieur du marabout : | Buy MES VIT R® PFAN Nr LOT NIO:P HONO AN I: RATAE COSTA PIAE V- PH D O AN'XXX P:V-.Z XXXVI HÉSSSVNT | Dis) M{anibus) s{acrum). Vitruviæ Honoratæ piæ. V{ixit) an(nis) tri- ginta. P(ublio) Fannio Panio Sapido. Pfius) v(ixit) [an](nis) triginta sex. H{ic) s{iti) s(unt). 206. Sur un cippe en forme d’autel : (Double guirlande.) D MS D MS CLAWW LB TAS BR: A LC W, CAEN ST STA GEN'A PI TVRNINVS AV EXLT PNR NV EX ANNIS AN'ELXX L'XAuUXRrV EH: 9"E: H'S"'E — 18h — Dis) M{anibus) s(acrum). Cla[udia] Alc[an]cina. Pia vixit annis sep- tuaginta quinque. H{ic) s(ita) e(st). Dis) M{anibus) s(acrum). L(ucius) Fabricius Saturninus. Pius vix(it) an(nis) septuaginta. H{ic) s(itus) e(st). 207. Sur une stèle longue, dans l'intérieur du château byzantin : DIS-M:S-SAZ/Z NIASATVRNINZ PIA:VIXIT : ANZ XXXX HIC-SZZ Dis M{anibus) s(acrum). Safbi]nia Saturnina. Pia vixit an[nis] qua- draginta. Hic s{ita) [e(st).] 208. Sur un cippe employé dans la construction du château by- zantin : D M % IV LA QUIRIY IVECVNDVS PIVSVIXIT ANISLXX HSE Dis) M{anibus) {s{acrum)]. Jul(ius). . ... , Quirifna tribu], Jucundus. Pius vixit an(n)is septuaginta. Hfic) s{itus) e(st). 209. Sur un cippe carré, employé dans la construction du château byzantin : FCLTITIFILZZ QVIRINA PVDENTILLA É PIA VIXY AD EX ele ME NOV: 10 XXII SE CLEO. Dis) [M{anibus) s{acrum)]. Fi{avia), Titi filfia], Quirina (tribu), Pu- — 85 — dentilla. Pia vix[it] an{nis) tredecim, men(sibus) sex, d{iebus) viginti duo- bus. H{ic) s{ita) e(st). O(ssa) t(ua) bfene) q{uiescant). 210. Au même endroit, sur une pierre longue et très-étroite, bordée d'une corniche : WIINICTOR LA FT AW, 26 Dans un gourbi arabe assez éloigné du centre des ruines, j'ai trouvé un intéressant petit bas-relief représentant une femme À Ta] ju NURIE 0) D ARR TT TOR TE An nr nn ee EE A oral 1 x : HE a us (1 nl ji au tre pie È ï TS 2) ie on oil ï] Hors Ant | D : sn TT AIR ho TE Li ATEN ANNE CU (A Ut : : eu ne (Be HN at se A “UE ne au NN A il | ! if à Vo HR à Lt fi of , {q[ie 1 iles 1 ul ; Aie RAI ARLON HN il} | (4 pt autre fs 4) au ñ Le RAR REP ANTON EL | Al ifhl Ds HE il gi à É 1 iQ he ë dE : \: Me nl mi in il ï Pa | % mn (ù oi ji if) 1) AAC su LL Ë F1] lt n HN fl 1nii AL cat ns du ji ji es ps is PAU I À ‘il nt nn PA il qi sh M à A En intl ju al PXà qui Wu Lo A RTE fl “tt pal sa NE RUE ‘ | à an NU | li fl pi sn [us f au Î is nt à ; tit ne ie À 1 l à . oi is lé 3 . nl LE D RE ln M 0.5 92 drapée et voilée, debout, dans une niche. Devant elle, on aperçoit une autre petite niche contenant un sac et au-dessus linséription : 0,55 ES PU M te THVS Ce petit sac contenait donc l’encens qu'elle offrait aux dieux !. L Cf. Tite-Laive, X, 23. « Publice vinum ac thus præbitum : supplicatum iere viri feminæque. » MISS. SCIENT. — II. 32 — 186 — 22e Sur un cippe engagé dans la muraille du château : (Guirlande.) D:M S M : SERVILIVS PRIMVSE PI Vas: VERTE ANNIS-XXV STE Dis) M{anibus) s{acrum). M{arcus; Servilius Primus. Pius vixit annis viginti quinque. Hfic) s(itus) e(st) *. 249: Au même endroit que le n° 211, sur une dalle brisée : ATVLAZ IVSDATI ANVS POMPON VIII ANVS VAN vs NOVNO MENSIHIHI RA DIE VI HSE HSE PU Eee ER E M EST RS H{ic) s(itus) e(st). SON LUS Paire NE Datianus Pomponianus. V{ixit) anno uno, men- s(ibus) quatuor, die{bus) sex. H{ic) s{itus) e(st). 2 Sur un cippe en forme d’autel : (Guirlande.) D MS FL:EMERI TAFLAVE REC HAE FL: PBIVIX ANN:XXX HSE: Dis) M{anibus) s(acrum). Fl(avia) Emerita Flavi(i) Achæi fil(ia). Pia) vix(it} ann(is) triginta. H{ic) s(ita) e(st). ! Renier, n° 2940, d’après une copie incomplète. D'AUTE 215: Su un cippe en forme d'autel : { Guirlande.) D MS | TISCEAVDIVS FORTVNATVS PIVSEN IEEE T ANN'XXX HP SNE Dis) M{anibus) s{acrum). Ti(berius) Claudius Fortunatus. Pius vixit ann(is) triginta. H{ic) s{itus) e(st). 216. Sur une stèle allongée : { Guirlande. ) D'MES QVETIIVSTO"RFIE" OVER RSEENE NO CE ANS ar P LE VS VAR A NN ES ERRUREX AN SE Dis) M{anibus) s(acrum). Q{uintus) Vettius, Q{uinti) filfius), Quir(ina ribu), Innocens. Pius vixit annis octoginta quinque. H{ic) s(itus) e(st). La copie de M. l'abbé Godard, reproduite par M. Renier (n° 4257), est tres-défectueuse. Las 18 à Sur un double cippe : DUMYS D MS D VBILA GRANIA MeA R TI MATRO ALT: ERÉE NA: PTA VIX:AN VIXIT:AN ERCANSNE LXXXXV ASE GRANIAMAT R'ON'AUP'I A — 188 — Dis) M{anibus) s(acrum). Dubila Martiali(s) fil(ia). Vix (it) an(nis) no- vem. H{ic) s(ita) e(st). Dis) M{anibus) s{acrum). Grania Matrona. Pia vixit an(nis) nonaginta quinque. H{ic) s(ita) e(st). Grania Matrona pla‘. 218. Sur un cippe en forme d’autel : Haut. 1°,45; larg. 0°,30. H-S-E.SETINVS MARITVSPIVSFECIT Dis) M{anibus) s(acrum). Obstoria Secura c(onjux). P(ia) v(ixit a(nnis) triginta uno. H{ic) s(ita) e(st). Setinus maritus plus fecit. 219. Sur un cippe carré : (Deux guirlandes.) DMS CLODT'OCLO ANS MMS DIT VUS MAND HERM REA PAMOCIVS": AVISHAPMVES ANNIS VIXIT ANNIS H S S Dis) M{anibus) s{acrum). Clodia Stimandra. Pia vixit annis. Quintus) Clodius Hermocius. Pius vixit annis. Hfic) s(iti( s{unt). 1 M. Renier a déjà publié cette inscription {n° 2936) d’après une copie de M. Aubin. Je la donne de nouveau, ayant lu différemment les chiffres d'année. — 189 — 220. Sur une dalle plate, trouvée près des ruines de la basilique : l'inscription est entourée d’un cercle inscrit dans un carré. Haut. 0”,55 ; larg. 0",52. . MYKIVSIYUYS BARGEVSHEPOSVIRHONE STYSVICXITINPACEFIDEUS ANISXXXHIMINVSDIESXIII DEPOSITVSESTVIDVSSEP TEMBRES HICSEC Monogramme du Christ avec l'A et l'Q. Munius Julius Bargeus Nepos, vir honestus, vicxit in pace fidelis an- (n)is triginta tribus, minus dies tredecim. Depositus est v idus septem- bres. Hic sec(lusus) ? 22 Sur une grande dalle plate, trouvée près des ruines de la ba- silique : l'inscription est entourée d'un cercle, inscrit dans un carré. Les deux angles de gauche sont remplis par deux patères; l’angle supérieur de droite, par une palme, et l'angle inférieur du même côté, par un petit vase en forme de phiale. Long. à droite et à gauche, 1°,05; long. en haut et en bas, 0°,95. Diam. du cercle inscrit avec sa bordure, 0",66. X AM #22PATERHABES ACIAEPREMIA PLV DOME APR E (patère) (phiale } er La bordure est formée de raies de cœur sculptées. M. Ed. Le Blant, membre de l'Institut, à qui j'avais communi- qué celte inscription, a eu lextrême bonté de me remettre la note suivante : ( «Le fragment que vous avez bien voulu me faire voir porte aux deux angles de droite, si mes souvenirs sont exacts, une palme et une phiala; puis ces restes de l'épitaphe ....PATERHABES.. . ue CIAE. Je persiste à penser que la légende mentionnait la récompense accordée à la vertu du mort, et que le mot innocenCIAE peut être suppléé avant PREMIA. C'est ainsi que nous lisons sur unmarbre de Lyon (n° 48 de mon recueil) : INNOCENTIAE MPRITVM (probablement meritum) ABENT APVT DEVM. On a relevé à Rome une épitaphe datée de lan 393 et portant in cRRISTVM CREDENS PREMIA LVCIS ABET {de Rossi, Inscr. christ. Rom. I, 412), et j'ai lu sur un fragment encastré à Saint- Ambroise de Milan : (PRREMIA LETVS HABET. Les figures de votre inscription paraissent s’accorder avec sa formule. Je n'ai pas à vous rappeler que la palme est le symbole de la victoire du chrétien sur le siècle; mais il ne sera pas inutile de noter que la phiala figure dans des scènes egalement relatives à la félicité du paradis. Les Actes de sainte Perpétue rapportent que, dans une vision, la martyre aperçut son frère Dinocrate tiré du purgatoire et reçu dans le séjour céleste : | « Video locum 1illum quem videram tenebrosum esse lucidum; et Di- nocratem mundo corpore, bene vestitum, refrigerantem. ... et pisci- nam illam quam retro videram summisso margine usque ad umbilicum pueri l: et aquam de ea trahebat sine cessatione, et super margine phiala erat plena aqua ; et accessit Dinocrates et de ea bibere cæœpit, quæ phiala non deficiebat. (Passio S. Perpètuæ, S VILLE, cta sincera, éd. de 1713, p. 96.) « Dans le récit d'une autre vision du paradis, je lis encore cette mention d’une phiala céleste : «Tunc 1ibi Cyprianus phialam quæ super marginem fontis jacebat, ar- ripuit; et cum illam de fontis rivulis implesset, hausit; et iterum im- | Dans la vision précédente, Dinocrate était apparu retenu dans ie purga- toire et consumé de soif aupres de cette piscine, alors inaccessible. — 9Ï — plens muhi porrexit, et libenter bibi. (Passio S. Jacobi, $ VI, Acta sin- cera, p- 2206.) « Ces deux textes, d’origine africaine, de même que votre ins- cription, vous sembleront peut-être pouvoir en être rapprochés utilement. » On me saura gré, j'en suis sûr, d’avoir reproduit cette note du savant épigraphiste. | SOUK-ARRHAS. (Thagaste.) 2292: Devant la maison du commandant supérieur, on a réuni quelques inscriptions qui sont loutes connues, à l'exception des deux suivantes, je crois. Sur trois grandes pierres longues : «. RTICVM:ADDITIS' #5 b. CMILIBVS :-NVM (58 MVM-PATRIAE:SV 70) CSS [polrticum, additis sestertium ducentis mi{l)libus nummum patriæ su[æ]. .......... Ces trois pierres, qui s'adaptent parfaitement, faisaient partie d'une grande inscription gravée sur une seule ligne, entre deux moulures. On est tenté de les rapprocher de trois autres fragments publiés par M. Léon Renier (n° 2903); les lettres ont la même dimension, et l'inscription élait aussi sur une seule ligne. ses ‘HO == LR Sur un cippe à deux registres : D MS D MS MAPRO | MAPRO NIVSDO ARTE NATVSPI | PRONIZ VSVIXIT | NVSP# Ma ANNXXX HSE A RÉAMASE Dis) M{anibus) s{acrum). M{arcus) Apronius Donatus. Pius vixit an- nis triginta tribus. Hfic) sfitus) e(st). Dis) M{anibus) s{acrum). M{arcus) Apronius {[A]proni[a]nus. P{ius) fu]{xit) annfs) triginta. H{ic) sftus) e(st). TÉBESSA. ({Theveste.) Nous avons recueilli peu d'inscriptions à Tébessa, mais notre temps a été entièrement consacré à l'étude de la basilique, sur laquelle nous nous proposons d'écrire un mémoire spécial. C’est surtout à M. Jules de Laurière que revient l'honneur d’avoir levé le plan de ce grand monument et de ses annexes, dont l'étude offre tant d'intérêt. M. de Bosredon, capitaine au bureau arabe, m'a adressé, avec une libéralité et une obligeance des plus rares, des dessins de tous les fragments de sculpture, des chapiteaux et des mosaïques; M. Baroche, garde du génie, m'a gracieusement fait les deux coupes de l'édifice, l’une longitudinale, l’autre trans- versale; j'ai pu rassembler ainsi les éléments d’un travail déf- nitif. M. À. Lenoir! a donné, dans son Architecture monastique, un plan de cette basilique, mais ce plan avait été levé avant le déblayement complet du monument, et il contient un grand nombre d’inexactitudes. Par exemple, les dispositions de la ba- lustrade n’existent pas entre chaque colonne, comme il l'indique; la balustrade ne règne qu’entre les quatre premières colonnes, en partant de l’abside, puis elle relie la quatrième colonne de droite à la quatrième colonne de gauche, en traversant la nef centrale l Arch. monast. IT, p. 483. - — 193 — dans toute sa largeur; elle forme ainsi la clôture de l'autel. Plu- sieurs autres corrections importantes existent encore dans le plan de M. de Laurière : l'emplacement du baptistère, l'agencement des chambres qui entourent le trèfle, les dispositions de l’atrium, la balustrade de l'entrée, les tours, les escaliers ont été de sa part l'objet de recherches. spéciales et fort heureusement couronnées de succès. DEA Au milieu des matériaux qui ont servi à élever les construc- tions adjacentes à la basilique, à l’est du monument : Haut. 0°,60; larg. 0”,40, DAMES NÉE MINS MER IEP AP RUN? HN SES DR NT S ENE EXCACE DDC NE LD ROME NTE"I IT ENZS RNVEVS-PATERPET-L VE TIVSTENAX:FRATER:PIVS HTC. Düs) M{anibus) s{acrum). Marcus) Vettius, M{arci) filfius), Pap(ria iribu), Rufus. Pius vix(it) a(nnis) viginti novem. Marcus) Vettius Rufus pater, et L{ucius) Vettius Tenax frater pius, f{aciendum) c(uraverunt). 2929: Sur un cippe, en forme de caisson, trouvé parmi les maté- riaux des constructions adjacentes, à l'est de la basilique : D'M,S CORNIFICIA FORTVNATAVI Dis) M{anibus) s(acrum). Cornificia Fortunata vixit a(nnis). ...... 226. Dans l'atrium de la basilique, sur un fragment de frise : DEMO A..,. Les lettres sont coupées par le milieu. — 194 — RDA Au-dessus de la porte d'un monument funéraire appelé par les indigènes Soumat el-Khonag (la tour des défilés). Il est situé sur l'ancienne voie romaine de Theveste à Capsa, à la hauteur de Feriahna, à 5 ou 6 kilomètres à l’est de la frontière tunisienne. — Copie de M. le capitaine de Bosredon, chef du bureau arabe de Tébessa. DISSMANIBVS® CHIVLIVSSDEXTERSVETMILHINALAG EQSCVRSTVRMAES ARMORSCVSTOS9SSIGNI ‘FERST VREMITITASANNISSXXVISDIMISSEMER HONESTA®SMISSIONESDVOVIRATVGEGITNCOL SVA $ THELEPTES VIXITANLX XXV & HICCREMATWVS TVTIASTERTIASMARITAËZIVLIS DEXTRISVIXANLXX HICGCREMATASESTS 228. Inscription chrétienne relevée sur le parcours de la voie ro- maine de Fheveste à Capsa, à quelques kilomètres, au nord, du Soumat el-Khonag, x un endroit appelé Henchir-bou-Sebaa. Elle se trouvait sur une pierre engagée dans un reste de construction byzantine (ancien fort carré) de 14,50 de côté. Deux colombes, grossièrement indiquées, garnissent les deux triangles extrêmes du cartouche. — Copie de M. le capitaine de Bosredon, chef du bureau arabe de Tébessa. | IHNOMINEDNIDINATQVE ue SARBATORISI VXRIe Colombe. TEMPORIB BIRIBEATISSIMIE Colas LE fAYSTINIERSCIMECMVYNITIOF VNV | MASTIAW AEXVNE OPROPRIOf ECIT | In nomine D(omi)ni D(e)i n(ostri) atque salbatoris Jh(es)u Chr(ist)i. lémporibhus = T2 = 2 1 l°,° . . 19 : dyayuaidv mws| dvayuaioy m@s, comme F et l'édition Meursius. . 28 : rpôrous] rômous, comme tous les mss. excepté À, Sc. (Lecon à + 2 » DUT TT FE Co CR . D : ouvbérou] ouvbécews (meilleur), comme H, Bar., Bodi., S. . 25 : xatéyvwolo] xardyvwola (à rejeter). ñ . 26 : peranxeyerpiouévous| uerayezpiouévous, comme Bar., Bodi., C, E, H. h : môca nai woia CAYLA moôo nai wO0 àTÎa. © O1 ©!" Ex Pt ns pied FORTE Sn TS D 9 . 8 : après otvbeoiw, un tiers de ligne en blanc (lacune remplie par les mots xai Ts xarà Tù oyfua diaDopas, dont je dois la restitution au ms. H). Cette précaution de laisser un espace blanc fait voir que le copiste travaillait sur un exemplaire de bonne souche. POIL LS| : éautnv| aÿrv, comme Bar., Bodl., S,. P. 6,1. 31 : r10épeba], comme les autres mss., au lieu de érdéueüa, proposé avec raison par Meybaum. Rien n'est plus admissible en effet que la suppres- sion de le qui, devenu majuscule, a pu rester en blanc. P. 7, 1. 4 : après raÿro, add. roûro, comme E, Bar., Bodi., S. P. 7, 1. dernière : Qavepüs yeyévnrœu] Qavepôy meniynroi, comme Bar. et comme la marge de À, B, D, E, F, Bodi., Sc. De plus le ms. O donne en marge : yp. Davepüs yeyévnru, comme Bar. Cette particularité marque l'étroite parenté des mss. O et Bar. et sépare le premier de Bodi. P. 8,1. 16 : 70» eipnuévor] Tôv eipnuévæwr, comme Bar., Bodl., S. P. 9,1. 25 : érépar] deurépar. Lecon particulière à O. Je préfère la vulgate. P. 11,1. 7 : émivelvwper| émireivouer. Même observation. P. 14,1. 10 : wov] more, comme À, F, G, S. Le ms. O n'a pas de lacune ici comme Bodi. P. 15,1. 6 : aûrnr] aûrn xaÙ aürnr, comme Bar., Bodl., S. et tous les mss. de Paris, excepté B. P. 19, 1. 20 : npuoouévor| ñpuoouévou. Om. drar Corn Qdvn, comme Se. ! Pour la désignation des manuscrits d'Aristoxène, voir le $ », P: 517. * Lorsque Îa variante de ce manuscrit [O) st identique à celle de K, colla- tionné en partie plus haut{($ 2), on se borne à signaler cette similitude et l'on ne répète pas ici les rapprochements indiqués à propos de ce premier manus- crit. — 526 — 15,1. 27 et 80 : traceur] rdcews. D ni : ouolmuaros| cuolnuaror. 2 DL P. 15,1. 26 : À deedeuyuévou, à ouvmuuévou n puxroÿ] à diebeuyuévoy et ainsi des autres mots, comme B, C, D,E,F,G, H, Bar., Bodl. P.a7.41. 201et404 7 mer: 19,1 7 : après fpgoopévou, répétition de xarè +. 7. à. o. ouws. P. 19, L 33 : cxédaoüu] dtacuédacdu, comme F, Bar., Bodi. P. 20, 1. 1, üire en marge : xa0 y Tà oiuQova Tüy iaQwvor diapéper, comme P. 20, 1. :8, tableau en marge : ÉÉdrrbacis ES Séxrdacs est peut-être une altération de ééaWuss, réunion. P. 21, 1. 1 : xaraonaodelons] xaracmabeiceus. P. 21,1. 5 : om. Crn. P. 21,1 15 : mws| m&s, comme F. P. 21, 1. 19, en marge : ôpos Trévou. P. 22,1. 5 : rakir] æpâkir, comme C, EL, H, Bar. et Bodl., à la marge. P. 22,1. 14 : après oÿo6v|] rür, comme Bar. et Bodl. P. 22,1 18 : yrwpuwrara| yvwpmwrarn, comme presque tous les mss. P. 22,1. 19 : voïs drlouévous] Tüs dnTouéyns, comme B, F, Sc. (A rejeter.) P. 23, 1. 32 : om. dusepéyn, ñ dè comme tous les mss. excepté les plus anciens (M, V, R, Barb.) ets. P. 24, 1. 7 : doÿpuerpor] cüpuerpor. P. 24,1. 11 : œuuvdy dè }eyéolw|. Transposition : &. À. d. P. 25, 1. 16 : deï ydp... La scholie est en marge (voy. Meyb. p. 94). La lecon dwdendre (ibid. 1. 7) confirme la correction de Meybaum. Le reste comme dans Bar. et Bodl. : - P. 27, L 19 : après &v, add.rÿ, comme Bar., Bodl., S. P. 27, 1. 23 : wpôrov 71] mpüror re, comme Barb., R. P. 27, L. 31 : diaQuAarTouoa, comme l'édition et Sc., lecon meilleure que celle des mss. Bar. et Bodi., daQuadrTouoar. P. 29, L. 16 : fowr] icor. P. 29, 1. 19 : #] , comme K. P. 29, L. 30 : après ouu@wvwr, add. éxaoTov, comme K. ñ D Fee PR Rp P. 31, 1. 5 : Üroxeymvores| xeymvores. ç P. 36, 1. dernière : après of, add. æepi, comme Bar. et Bodl. P. 57, 1. 21 : roûrwr| roûrou, comme Bar. et Bodl. P. 4o, L 19 : nv Tüv] rds rüv, comme Bar. et Bodi. P. 4o, 1. 27 : d' &yvorur] à dyvorar, comme H. 42,1. 6 : AauGdvn] AeuGdve, comme Bar. et Bodl. P. 42,1. 31 : raÿrä| radra, comme Bar., Bodl., etc. Lee) . — 527 — P. 43,1 25 : æpodié}Got| mpoé}bor. P. 44, L 17 : éuninlwuer| éuninlouev. P. 44,1. 21 : titre en marge, dpyñ. P. 44, 1. 26 : après puurôr, om. éx. P. 46, 1. 6 : om. # comme tous les mss. excepté R, qui est venu confirmer la restitution proposée par Meybaum. P. 46, 1. 7 : après le mot réraprov, qui termine le folio, intercalation d'un cahier de huit feuillets appañtenant aux Harmoniques de Bryenne. Par là s’ex- plique l'étendue inusitée que les Éléments d'Aristoxène paraissent avoir dans ce volume. (Voir mon premier rapport, p. 500.) P. 46, 1. 22 : ré uéowy dé] +. à. u. Bonne transposition qui confirme celle _ de l'édition Marquard. ( Harmonische Fragmente des Aristoxenus, elc. 1868, in-8’, p- 66.) — Sur les mérites et les imperfections de ce travail, voir ma traduction française d'Aristoxène, p. xviIr et passim.) P: 47, L 15 : om. r@r. P. 47, 1. 23 : xard dvricTpé@oyra] xai rà dvriolpée., comme S. P. 48, L. 17 : om. re xai dyopoiov. Por Ter n| P. 49, 1. dernière : om. xai Ayavoÿ. P. 50, 1. 22 : pia| péar. P. 50, 1. 33 : om. dmaË dole uerpeïoüm, comme F, H,L, M, V, Barb., Bar. et Bodl. P. 52, 1. 18 : éuueeïs| éxueleïs, comme E, H, Bar. et Bodl. P. 53,1. 31 : om. # »n7n, comme Bar., Bodl., S. et les mss. de Paris. P. 54, 1. 5 : did reoodpwr| à rerlapor. P. 54, 1. 25 : duoir] duoi, comme Bar., Bodl., Sc. . 54, 1. 31 : om. dé ovoë. . 05, L. 2 : dypnola] dypiola, comme D, E, G, H. . 99, L. 22 : Côdyyor] Cldy7yos. . 09, . 29 : d@cipelcÜw] d@opelolw, comme L, Sc., Bodl. (Bar. dfopiclw). 96, 1. 18 : dOopicüw| iÇopiclu. . 06,1. 21 : r& ro] 7& biffé et remplacé en marge par ro. . 57, 1. 14 : did recodpwvy] did mévre, comme C, E, F,G,H, M, V, Barb., R. . 29, L. 9 : après dpor, add. xoivdy, comme F, — Bar. donnait en marge : 7e. uôvov.— L : xa° Eva xowvdv Gpoy yiv. Tporor. D D D © © © D © © P59, 14 59 : #7] en marge : 6. P. 60, I. 16 : après eis äxep, add. xai, comme E, H, Bar., Bodl. P. 61,1. 11 : uÜvwvr] uovor, comme F, I. Cette leçon a l'avantage de faire éviter une suite de quatre génitifs pluriels. P. 62, 1. 18 : om. route. P. 62,1. 26 : après did wévre, répétition depuis æpôs oùs jusqu'à aour0érew» compris, puis r&» [ajouté comme dans À, B, E, F, Barb.) yev@r 85% ouyxet- uevoy ÉxaoTov, ëx æÀ. comme Sc., Bar., Bodl. P. 62,1. 30 : om. ÿ, comme V, Barb. H, Barb., Bodi., S. P. 62,1. 33 : duyônoeru] delxvuru, comme E, G, H, Bar., Bod!., S. P. 65, 1. 24 : dr] à, comme M, V,$., Barb., Bar., Bodl.- — &», lecon proposée par Meybaum, se retrouve dans les mss, R et @. — 028 — P. 63, 1. 25 : après eici, ad1.709, comme Bar. et Bodl.; addition inadmissible. P. 63, 1. 27 : restitution, dans le texte, de douze mots omis par Bodl. et in- sérés à la marge de Bar. (depuis OËdTEpos jusqu'à wepis40vTw ). P. 64, 1. 18 : étépou Tobtwv| éréps roÿro, comme B, E, Bar., Bodl. P. 64,1. 22 : Coyyou] Cloyyos, comme E, G, H, Sc., Bar., Bodl. P. 64, 1.28: 70r| 750, comme DE, 11, 5e P. 65,1. 23 : après wepi, add. dé, comme E, F, G, Bar., Bodl., S. P. 66, 1. 10 : povor riderai| transposition : +. u® P. 66, L. 13 : après re, add. 709. Addition à rejeter. P. 66,1. 18 : y deatove dè rovw] év diarôvou dé rorw, comme B, F, G, H, LS Pas Bodt. P. 66, L 19 : éureceiru| cuureceiru, comme D,E,G,H,L,S, Bar., Bodl., M.R, V, Barb. P. 67, 1. 9 : ia] miav, comme E, F, M, V, Barb., Sc. P. 67, L. 30. Ce manuscrit contient les quatorze mots omis par Bar. et Bodi. Presque tous les manuscrits, même les plus anciens que nous connaissions , pré- sentent des lacunes dans ce chapitre, un des plus intéressants de l'ouvrage. P. 67, L 31 : après r5vos, add. rfera, comme E, G, M, S, V, Barb. P. 68,1. 19 : roÿ] roÿre, comme E, G, Bar., Bodl., S. — M. Marquard adopte cette lecon. Je préfère celle que m'a fournie H : xai roÿ. P. 68,1. 22 : être Bhéderer| émdédersr, comme F, G, L, Bar., S. P. 69,1. 4 : ri0éves ve] riévar ye, comme les autres manuscrits, excepté H, qui confirme la lecture de Meybaum. P: 69: 1.9 : ere er de P. 69, 1. 21 : ouvauQorepu] ouvau@orepo, comme M, V, Barb., E, G. — H : cuvauQorepu, avec la désinence o écrite au-dessus de æ. P. 70, 1. 25 : rù aÿro r&] même lecon et, en marge : ro. P. 70, I. 31 : dë vo] dé va. \ P. 70, 1. 32 : T®] en marge : ro. P. 30, 1. 32 : après drd, add. roÿ, comme M, V, Barb. P. 71,1. 8 : draQéper] draQéperr. P. 71,1. 30 : rovos” ditovou yèp oùrw...| rovos dirovou:oÿrw yàp... comme tous les manuscrits. — Du reste, la poneluation des copistes na aucune im- * portance. P. 73,1. 12 : &Ë &v (restitution de Meursius). Ces deux mots sont omis ici comme partout; mais on les retrouve à la marge de B. P, 73,1. 25 : péoos| pépous, comme B, C, E, F, G, M, V, Barb. Le ms. H confirmait la correction de Meybaurn. PP "5 %:onr ou, come CE, Fe He P. 74,1. 15 : après ovyxemeévwr, add. xai, comme B, H, L, M, V, Bar. Bodl. P. RAT 10 : 005 mas 120-108. P. 54, 1. 24 : id rerdprou] même leçon. La bonne lecon : à reccdpwy ne se rencontre que dans les mss. M, R, G, H. La collation du ms. O fait voir qu'il a certainement la même origine que le Codex Baroccianus de Meybaum (Bar. dans notre nomenclature); en effet, de tous les manuscrits connus jusqu'ici, — 529 — c'est celui qui s’en rapproche le plus; mais il n’a pu être copié sur cet exemplaire lui-même, pas plus qu'il ne fui a servi de modèle. 5° Fol. 212 r. à 229 v. Alypius, Introduction musicale. Tout ce que je puis dire de cette copie, c'est que, en certains passages, je l'ai trouvée plus complète que le manuscrit Barozzi. (Cp. éd. Meybaum, p. 2, 1. 21.) r 6° Fol. 230 r. à 242 v. Gaudence, Introduction harmonique. Ce texte, serait peut-être à collationner. Il contient l'addition si- gnalée plus haut à propos d’un autre exemplaire. {Cp. $ 3, 6°; éd. Meyb. p. 14,1. 22.) 7° Fol. 242 v. à 256 v. Nicomaque, Manuel harmonique. Copie empruntée à la même famille que le texte décrit plus haut ($ 3, 3°). Le passage de Meybaum situé p. 19,1. 8 à 12, y donne lieu à la même observation. 8° Fol. 257 r. à 330 v. Claude Ptolémée, Harmoniques. Figures exécutées avec ün grand soin. 9° Fol. 331 r. à 461 v. Porphyre, Commentaire sur les Har- moniques de Ptolémée. Titre : Hop@upéov eis ra douovema [roXeuaiou Ürouvnua. Arrivé à la fin de ce que nous avons appelé la portion À du commentaire !, le copiste a écrit : Télos rod rerdprou xeQahaiou. Il faut observer que cette souscription n’est pas particulière au chapitre 1v et que par conséquent elle n’a pas une grande portée à elle seule; mais on lit à sa suite : Ets roù aûroÿ eis Tù € neQa- Âaïov, ais Td « Eup@uvias d’ 1 pèr aiobnoss xaTalaubdves ». Cette formule £re rod aûrod semble indiquer que son auteur a voulu accentuer l'attribution du commentaire entier à Porphyre. Au fol. A61 et dernier, le texte est suivi d’un grand tableau intitulé : ToÙ évapuoriou yévous elwdnous. HMoirtplus haut, "$ 1%); pi /51a. — 590 — $ 6. MaxuscriT GREC.DE L'Escüriaz Ÿ. LL. 13. (Voir le Catalogue de M. Miller, n° 249.) 1° Fragments anonymes relaüfs à la cithare. — 2°, 3°, 4° Chapitres de Théon de Smyrne sur la musique. — 5° Psellus, Traité d'arithmétique. — 6° Psellus, Traité de musique. — 7° Fragment anonyme, en partie inédit, sur les conson- nances. — 8° Fragment inédit sur la musique, d’après Bacchius l'Ancien. Ce volume a reçu le n° 252 dans une classification antérieure. M. Miller en a donné une description détaillée. On ne reviendra ici que sur les parties de son contenu traitant de matières musi- cales. 1° Fol. 170. Deux morceaux de musique notée. Titre du pre- mier : À xo) épuabia (ms.: dpuacia) à md Ts pouvons pera- ÉXnbeïoa. Série ou échelle commune modifiée (ou plutôt transposée) d'après la musique. Titre du second morceau : 6 Karwy... RÈGre. M. Vincent a publié ce texte musical { Notices, etc. p. 254), d’après un manuscrit de Paris (ancien fonds grec, n° 3027, fol. 34), et la copie d'un manuscrit de Munich!. Au jugement du savant académicien, la xoëÿ épuabla serait une simple gamme de‘cithare exécutée par la main droite, tandis que la main gauche v fait un accompagnement. Le xavw» contient la suite complète des notes du trope hypolydien avec intercalation de sons élrangers à cette échelle. L'examen du manuscrit de l'Escurial, qui confirme le plus souvent les lecons de Munich, r;'a donné la pensée de revenir sur ! Zariino, comme M. Vincent l'a plus tard rappelé lui-même (Réponse à M. Fé- us, etc. 1859, p. 90), d'après son contradicteur (Mém. sur l'harmonie sünultanée des sons, etc. 1858, p. 41), avait déjà publié ia xon Gpuabia dans ses Sopphmenti musicali (Venise, 1588), «tratta da un’ antico libro oreco dal gentilissimo M. Mi- chaele Soffiano da Scio delché me ne fece coppia....» (p.283). Cette reproduc- tion, dont j'ai pris connaissance, est défectueuse. Elle n'eût offert aucun secours au savant éditeur des Notices et extraits sur la musique des anciens Grecs. M. Fé- is, dans le mémoire précité (p. 41 à 51), discute en longs détails les opinions de M. Vincent sur la signification de la xom ôpuabie. Bien que ses assertions soient le plus souvent arbitraires et inexactes, on ne ira pas sa discussion sans in- térêt ni même sans profit. H a reproduit le morceau musical d'après l'édition de M. Vincent, combinée avec celle de Zarlino (cp. Fétis, Mém. cité, p. 9), et en a donné {L. c. p. 46) une traduction nouveile en notation moderne. (Lire à la main draite _- au lieu de 2 et u au lieu de je APS Z 1H 7 i Re die ; F “ LS à Les ee + +: “ds 1ÉS \ | Fepae ex © tr = 4 Le en ss he LÉ x RL PIS AU asia e ie à Fe È Ar L nr "1e WT ë 0 es D ou te PU pe LR ss ‘Dee sn _ Ps ne: a EURE E DA LOC . 3 ne es . : à Et sf S = , MAL BU EP ESS © APRET a 1e en Tr 2 2e ie * Er | ed Haut Ci | ! AR Fa NE CA & LUN 2 OUT dE MR 0e SU ee 42 00 FH RAT 55 Rue de SOU vel os. : Six Le Le? D ue £ + .- A: #$T Leo Ts 5e ve VU nu va Lay FA ë CR À je, A We 1 L's ; , “ 74 ve 1 1 4 4 LBI À , HE: LS au dx ne Lu vo à pr" eo =, Es Fe Es RS + si. "1 +: 4 = Le 7e NO 0 Ver M tr PE ÿ L d! ir - * 4 A; Fe re ++ LA + =? Æ E 2 HE PE PP ve db ahée AUS, Jai PTT TU RU Le teainh tal nai var FRITES RLUTTLETUE & drive dont ide durs aupisetrls hante o tt sb ni0q dl ta JADAANEN ve M) Ac . NS a ON DS #39 mbtiinee Nbr ul | % Archives des Missions scientifiques , 3° Serie. Tome IL, p. 531. TABLEAU COMPLET DE LA NOTATION DES SONS M (Avec application à la nuance aiguë du genre diatonique e 1. 2 5 4 6e s CUS MONS MO ES CR Z “ar & TONS 2 L= = & ê È E = = a an à SES ae) à = Hyéoponrens se a E 10 523 &4b 5 CM ESS M €, © 3. ÉYPOMSTIES PRET S 2 H 4ll 50 6 °We dE TS 4H HR FYEOPHRNGIEN A IT A 33 50 5WW'y 8— 107 NF 12% SOLE à AAA = A ET EE ÉIYPOEOLPENT RUE NN SSNRE AL] 6 7W 8e 9e UNS CE. hd TS E tro BIEN EL meute Re 50 1W 8V 9x V0 ZT HE OS Dons es ee re 6H 8— 9 04 11 1399 4 W 5% = NRE = Lu = | = M Ÿ M RAS DREN EE AE 1TW 24 107 UVY 1271 14 X 56 WI h = us — £ M F 7 PAR IGIERE RE cs er 6 1007 HF LV OV bP OR E FH TL — jé F LL 7 ÉOLIEN 2 A PE nt 9 1 UV 1279 0 V EXO 3 — F E M 7 Ce LYON pee ER 10 75:19 51e 43 Bu % 15 D: 17 CORP Tr ee R REVET HIT CL HYPERDORIEN où MIxOLYDIEN... 11 Y 1399 14 Y 15 X 16T 18] 190 2N an M à M 7 D) 18 À HYPERIASTIEN où HYPERMIXOLYD. 12 7 14 X 15 © 16 T 17C 190 2 = ZN fs M F 7 C K PA K HYPERPHRYGIEN . . ...... 13 09 15 © 16 Y' 17 T 18 [| MORE M F LL 3 4 gs < À ÉYPERBOLIENS ed 14 X 16 T 17 C 18 CO AN À 4 37 OR 0 ÉRBEÉRÉTDIEN.- Je CPL URR 15 D 17C 18 P 191] 20M 2 | 36 2H OC © 9 TEE 1) Dans la nuance chromatique aiguë, la seule du genre chromatique dont ce tableau pi chiffre placé devant la paramèse suflit pour les deux notes. 2 La trite synemménon et la paranète diezeugménon chromatique aiguë sont à l'unissoi ®) La nète synemménon et la paranète diezeugménon diatonique aigué sont à l’unisson: rt. 5S EMPLOYÉS DANS L'ANCIENNE MUSIQUE GRECQUE. matique. — Pour les quatre autres nuances, voir page 531.) 8 S = © ; £ S = = = Er = = an 3 a Ë = er 15 () 16 TE 17 18 (G) 20 21 22 23 25 us Le} N Dent N LS] [X] (=?) TS >> NE, SWEmMAN Trite hyperboléon. & ZhHSD XXNE > ZMNVT Paran. hyp. diat. & LhRhRXX XX — > Li D> UD VIVITI>DDREXZKX ZOO LU Puran. diez. chromat. [%) rs —i en] > [e +) ni © Le] © [M] © [el Qt LA =] DOTE ed VPN 0 D "IVIESE. = = ps œ C1 © [VI res LU] @ 20 nd —] MR ex © OR N RE N [‘e] LES ONE NE, #7 > Z T1 NÈTE HYPERBOLÉON. es Le] NN (æ) D > SO >= NE SOEmMAINKIMROCTOOF < Trite diezeugménon. D 21 = [eo] LM] Læ) SO XXNE > ZINNVTA-DXI1X27rO0T70NO LU TNS ParAMÈsE. es de 22 = © [LV] ren 9 SJ NN Le) 12 [We] es = ZhSE x XX NE, “> ZINNVTA—'>ZX TJ2< NÈTE DIEZEUGMÉNON. [Le] Qt 23 x IRHXXXX ->UDDUDVTIVT>ZX Paranète hyp. chrom. < H > Z C K 21 2? 23 2% 25 F40.25 28 29 30 32M' N a 22 23 24 25 26 AU 28 29 30 310! 33 K' \ KE GPA 23 24 25 26 27 LI 2 30 31 32 M' 34 |' Z NT PTE ie 24 25 26 27 28 PE 310’ 32N' 3K' 35H Pr KL UE MMA 25 26 27 28 29 eg 310! 32=' 33N' 3: |' 367! PR UC Ne CES 26 27 28 29 30 L 32M' 53 A' 5:K' 35H 37 KP PTIT MINES PTE SUR © © 30 it Le) 310’ O' 33kK' 3% |!" 35H!.36 7° 58 À’ KT ANSE L'oeet PCR TRE A 32 M' M' 3% |! 350’ 36H’ 37F' 31/F Lay LORS L NE HEMANKMrOCTONOF UDEUER VIDE Z KZ OTIOTILU- LH SX Paran. synem. chrom. LhSd XXNE > ZINNVTA->rXRIX7r7007I0Q AU 2 ES egrés d'intonation, la paramèse et la paranète synemménon chromatique sont à l'unisson. [x sont identiques. * Archives des Missions scientifiques , 5° Série, Lome IL, p. 531. TABLEAU COMPLET DE LA NOTATION DES SONS MÉLOproUES EMPLOYÉS DANS L'ANCIENNE MUSIQUE GRECQUE (Avec application à Ja nuance aiguë du genre diatons Pour les quatre autres nuances, voi à / tatoniqu tique: » Voir page 53 } e et du , cbroma . genre! PA I. Fa = 3 ; E TONS 5 # 6 ES ë = 3 : = É à à SOS TROPES. c É Ë = =: = = à EE à 3 à Ce. HYPODORIEN... 10 89 4 be SHC VER à €. Q SRE HYPOÏASTIEN A . . . 2 HU 50: CAVE T9" A h 3 KE HyPOPHRYGIEN 33 50 SW 8 — 10 78 € H HOME FXROLONTENT 28e Re ET En iu 6M 7W 8% 9° uw 27 3 A ns = | 100 ÉYPORYDIEN te Ce te 5Q 1W 8V De M7 H h se rl H F L DORTENÉS ESP RRRE AR eE 6H 8— 92m 10 H I1VY 1399 4 W A E ui 1 en JASTIEN 1TW 94 107 11VŸ 127 EX Bo DER à PHRYGIEN..... 8 — 107 il F 127 18 09 10Npen , E H JL el FR ÉOLIEN Eee ue. 94 NY 12 7 49 V GNU CE D À lMDIENE EN EEE esse. 107 12 7 18 À 05 Oo TAC RES + F L +Æ F CNE HypERDORIEN où MixOLYDIEN. . . 11 W 1369 14 15 X 1607 18m 190 = 4 T0 Hypenrastien où HYPERMIXOLYD. 12 7 14 X 15@ 16 T 17C 190 20= F 4 F 1 C K x FTYPERPHRYGIEN. 1309 15 D 16 Y 17 T 18 ] 2 M 2LA MF à GE HYPERÉOLIENS SM l X 16 T 17 C 18 MN O0 NC 4 1 C 906. HYPERLYDIEN. ......... ....15 © 11C 18 P 10 1 20M 22 20 F € © 0. S'S + Dur 130 ER M DGSE 1 X ST 1 213 15 D ST F BY X WT En 7 156 17 C EF C 15% 167 81 Du 16.7 11€ 19 O EC K LIT IST] 20 M ES 1 18. 20 2K Fr 1 1977 20 M 2 | : DU 2 N'21K 3H A > 2N 21 27 Dr € 2 K 3H 5r D NN 23 H M7 GA : HT 2 D 7 Trite Synemménon. 5 TOOF< ne 4 < 12 +2 2 82 — (2 12 = = (=) #2 +2 r2 1 21 £ 12 Er] Fr NE OEMANKmzxOC #2 [M LA si — — — — [2° M [=] Le] œ ES] [=] [#1 ® XXNE —->ZINNVTA-D>zx;x 1270070017 ne PARAMÈSE. 12 LA M] © #2 12 12 co = eo [211 = 12 Le] d| synem. chrom. CN Dee UN LI NN ER RO OU UE Spa ee _ — _ Le] oo 1 [ep] 2 =) LI [e7] Le] El ë ÿ T>S0 >> NE NwEmMMINKHz}7OCTOOF < Trite diezeugménon. Co [=] synemm. diat. LES XNEL-> ZANNVTA—-SXx 127 © 6 © 14 Pre. 2) 17 [1 Le] +2 Le] LA n°1 LCI Le] LE] = Lud œ S à Bi ss œ Ro) Fa S o @ LÉFPENRRX TS WU VIVT>z KZ KZ O2 OU Poran: die. chromat. Le o Le] t2 4 Cd LA eo ao œ 12 L2 Le] 2 [2 © [=] Li LS œ PES PeNE ES A NNVNEMN REX AR = OhDE Pn de dioion Le] ed $) TRS XXNE > ZNNVTA—-!>Xx 12 7 O© OZ Nère sYNEMMÉNON. E TF0 XXNE => ZAINNVTA— ZX 2127 Nère DIEEUGMÉNON. LE 4 LD Le Le 2 2 +2 œ e CADRES. AE V>S<0 >> NE SwEMMN<@OA—AÀZ> Trie hyperboléon. 2 œ Le = & = 3 ES >UDœURVTVT=>Z Paranèke hyp.chrom. La = LE — \ OR e - SD XXNE —-> Zz-MNNVT Paran. hyp. diat. 2 = 30 L EA 5 = & ZRSO XXNE —> Z1 Nère HYPERBOLÉON. 2 = a ; ed b j : produi® les degrés d' ' SPA Y romatique sont à l'unisson, M 0 Dans la nuance chromatique aiguë, la seule du venre chromatique dontuce tableau ] grés d'intonation, la paramèse et la paranète synemménon ch q chiffre placé devant la paramèse suffit pour les deux notes. = > Q . “ s : 6 ® La trite synemménon et la paranète diezeugménon chromatique aiguë sont F 3 : ü LE A . . : F (6) La nète synemménon et Ja paranète diezeugménon diatonique aiguê sont à l'unisson anisson Liens sont identi [ues. ee: Cu PE LS LES RTE NERO EN Gr Eat = F * stét 7 Ri y LpE AE ; ts © "A ER Hg maté apr hot me M 04 2 , ñ AE + \ _ Ed ex. ‘cpieurez- ’ QEAE %3 AEMREUQE + Lo ‘ 6 > 1 _ LEA AN 4 sn pepe . ) # ns pes À Ph | A re œ Leur % Æ FA + # —+ ue: = «az = l'un de 9 }, au grave, l'autre de 7 L à l'aigu. Je ne serai guère plus affirmatif en ce qui regarde la nomen- clature des tropes placée sur la marge de droite de ce morceau. Toutefois j'incline à voir dans cés tropes ceux sur lesquels on peut transposer la musique placée ici dans le trope lydien. Il se- rait intéressant d'examiner l'effet produit, surtout dans le genre enharmonique !. Ma traduction est, pour l’un et l'autre fragment, rigoureusement conforme au Tableau de la notation que l’on vient d’avoir sous les yeux (pl. I). M. Vincent avait placé le premier morceau une tierce à l'aigu du diapason traditionnel, et le second, un demi-ton seule- ment à l’aigu de ce diapason. Il est évident que cette transposition ne change en rien le caractère du chant, mais un système de no- tation étant conventionnellement admis, il est préférable d'y ac- commoder tous les textes musicaux que l’on veut traduire. Cette observation s'applique pareillement à la traduction de quatre notes grecques que M. Bellermann présente comme appar- tenant à un « traité anonyme sur la musique conservé à l'Escurial, » tandis qu'elles ne sont autre chose qu’un extrait de notre premier texte (fin du chant de la main droite). Le musicologue allemand les place à l'octave grave du degré adopté par M. Vincent, et par conséquent urre quinte au grave de ce qui me paraît être leur po- sition véritable ?. Une dernière remarque sur le premier morceau a trait au changement de rpérn (1. 16, main gauche) en »#rn, que M. Vin- cent à cru nécessaire. Les deux manuscrits portant des notes mu- 1 Je ferai tôt ou tard cette transposition, et l’on pourra exécuter les mélodies qui en résulteront sur l’harmonium à quarts de ton que M. Vincent a fait cons- truire et qu’un savant artiste, M. Ad. Populus, maître de chapelle à Saint- Jacques-du-Haut-Pas , touche avec une expérience consommée.-— Les hypothèses de M. Fétis sur le rôle de la nomenclature de ces tropes ne peuvent se soutenir. 2 Voir Bellermann, Anonymi scriptio de musica, p. 4 et 8; Vincent, Notices, elc. p. 256. La transposition de M. Vincent est d'autant plus surprenante qu'il a exposé ailleurs ([. c. p. 123) les bases de la concordance établie de longue date entre les échelles ancienne et moderne, MISS. SCIENT. — I]. 35 es he . a \ e | ï e E [a ,* 3 sicales, c'est-à-dire B, C, donnent celles-ci : ou y: Si l'on maintient Tor» et que l’on sous-entende disleuyuéver, on aura le signe de la ligne 9. J'adopierais volontiers la corde TRÉTA OUVNIL- uévar dont la notation CS se rapproche sensiblement de la lecon que présentent les manuscrits, mais l'oreille n’est guère satisfaite du résultat obtenu avec cette variante!. La nouvelle traduction du second texte (pl. IV-V, p. 607), à part la différence de diapason, est conforme à celle de M. Vincent dans les parties qui se rapportent au trope hypolydien. D'un autre côté, l’auteur de cette table a introduit une note étrangère à ce trope dans les cinq endroits où l'intervalle, au lieu d’être d'un demi-ton, était d'un ton entier. M. Vincent en à conclu que la note intercalaire devait partager ce ton en deux et, pour parler le lan- gage moderne, compléter une échelle chromatique, entièrement composée de demi-tons. Après avoir établi que le y placé au-des- sous de certaines notes était l'initiale du mot ypœuarexn [xopdr], assertion que justifie la valeur de ces notes, il à émis cette con- jecture que le @ placé au-dessous des cinq notes intercalaires pou- vait être l’initiale du mot GavAër et signifier que « le son n’est pas employé. » La comparaison des manuscrits de Munich? et de l'Es- curial m'a conduit à une solution tout autre. Observons d’abord que, dans ma lecture, chaque note interca- laire (la cinquième exceptée) n’est plus à un demi-ton de ses deux voisines, mais bien de trois tons plus aiguë que la note qui la précède et de deux lons plus aiguë que celle qui vient à sa suite. | Cette régularité dans la distance ne peut être l'effet du hasard. Ce n'est pas tout. Les cinq notes appartiennent au même trope, ou en d'autres termes, il faut les rattacher à un seul et même trope pour qu'elles aient la valeur constante que nous venons de leur ! Je ne reproduis pas lannotation qui suit la xoun Gpuabia (6 xav&y oëûros 2x. 7. À.). M. Vincent en a donné un texte correct et une traduction francaise. (L. c. p. 257.) ? J'ai retrouvé une copie du manuscrit de Munich dans les notes inédites de M. Vincent. — Cp. Tzetzes, Altgriech. Musik, ete. München, 1874, p. 101. * On sait que la théorie admet ce mélange de plusieurs tropes ou tons. Cp. Aristide Quintilien, p. 29 de Meybaum. Je n’en connais pas d’autre exemple dans la pratique. — 535 — reconnaitre, et ce trope se trouve précisément être celui dont le nom commence par un @®, savoir, le phrygien !. Appelons : V, la récension de M. Vincent. — R, la récension nouvelle. Rapprochant de cette double lecture, : B, ms. de Munich, — C, ms. de l'Escurial, nous obtenons le tableau suivant : SONS INTERCALAIRES. 1°" son. 2° son. 3° son. A° son. 5° son. - VE n° V T (e) [ap] n + 1 V À ch F Y Mt L LL E À q B. F X À (ep) Q 1 LL L + q “A F À À Lu (e) L LL V < h g ( (y g @ Je laisse à de plus sagaces le soin d'expliquer cette intercalation de sons phrygiens dans une échelle hypolydienne. Il est temps de passer aux autres articles du manuscrit qui nous occupe. Les cinq premiers sont des fragments présentés comme anonymes dans le manuscrit et dans les catalogues, mais qui appartiennent à la classe trop nombreuse des Excerpta ou extraits d'auteurs spéciaux dont le nom, probablement indiqué dans la copie primitive et supprimé dans les reproductions, ne peut être rétabli que par les lecteurs auxquels est familier l'ouvrage ainsi défiguré. Trois de ces fragments (2°, 3°, 4°) se retrouvent dans Théon ! La cinquième note intercalaire, si l'on adopte ma lecture, est de deux tons et demi plus aiguë que la note précédente et d'un ton et demi plus aiguë que la note suivante. Noter que notre cinquième note intercalaire est la dernière, à laigu, de l'échelle phrygienne. Le son 33 qu'il faudrait ici n'appartient plus à celte échelle. {Voir pl. [.) C’est sans doute pour cette raison que l’on a pris le son 32. 4 ? Lapsus typographique; lire A: U9 (Sa) — 536 — de Smyrne, et fournissent un texte beaucoup plus correct que l’imprimé. J'en donne la collation !. Les deux morceaux suivants {5° et 6°) ont été empruntés au traité de Michel Psellus sur les quatre sciences mathématiques. Les articles 7° et 8° sont des textes positivement anonymes. Ils devraient, en raison de leur rang dans la pagination du manuscrit, porter ici les n° 5 et 6; mais il vaut mieux les placer en dernier, afin de ne pas séparer des fragments qui ont un caractère com- mun, celui de pseudanonymes. 2° Fol. 171. Titre : Movorxoù xavôvos xaratour, section du ca- non musical. Ce morceau correspond, dans l'ouvrage de Théon de Smyrne sur les Notions de mathématiques utiles pour la lecture de Platon, au texte dont l'éditeur Ismaël Boulliau a fait le cha- pitre xxxv de la partie musicale intitulée : Ileoi rs Toù xavovos XATUTOUNS. Collation complète 2, Page 135 de Boulliau, ligne 1 du chapitre : # dé] om. dé, — II était naturel de supprimer cette conjonction, la phrase devenant indépendante de ce qui pré- cède. P. 135,1. 3 : y Tÿ dexddt rerpaurios| dexarerpaurios. P. 135,1. 4° : #] à. Confirmation de la traduction latine. P. 137, 1. 2°: dte2odoi] dutpodoav. Boulliau proposait deAGr. La lecon de l'Escurial est préférable. La mèse divise en deux parties égales la longueur totale du canon. P. 137, 1. 6 : éyouoar uivmour] xiv. éy. P. 137, L. 8° : roù ueyédous| rd uéyedos. Confirmation de la traduction latine. P. 137, 1. 11 : 76] r@v. Cette faute, dans le manuscrit, se reproduit chaque fois que le mot r& est employe. P. 137, L. 13 : om. vo. P. 137, 1. 14° : æpoohaubavouérn méon] omis. Ces deux mots ont embarrassé Boulliau. Il propose rñs æpoolau$avouévns et n'arrive qu'à une interprétation eu satisfaisante. Il est permis de supposer que les mots omis dans le manus- crit de Saint-Laurent sont une glose nommant les limites de l'intervalle obtenu. Ces limites sont en effet le proslambanomène et la mèse. P. 137, 1. 16 : dmhaciar row] dimAdoiov mäou. Celte variante, qui n’a au- cune valeur au point de vue critique, est bonne à recueillir sous un autre rap- 1! M. Vincent, dans une de ses notes inédites, signale le manuscrit 3031 de Paris comme renfermant aussi un fragment de Théon de Smyrne, compris entre les pages 74 et 151 de Boulliau. ? L'astérisque sert ici à signaler les variantes qui paraissent dignes d'être adoptées, és PE » — 537 — port. Elle fait voir que le copiste ne connaissait pas la matière traitée et que, si son travail peut améliorer le texte de Théon, ce résultat n'est dû qu’à la bonne qualité de son original. Praordere omrorde..x. jusqu’à Bapi. P. 197, 1. 24 : nv pèr] u. +. comme dans le ms. 2450 de Paris, dans nn je crois reconnaitre le cod. 3 de Boulliau. P. 137, 1. 25 : éo] eios. Cette correction, inadmissible d’ailleurs, accuse un compilateur appartenant à une époque où le pluriel neutre avait déjà cessé de faire mettre le verbe au singulier. Toutefois l’altération peut aussi être attribuée aux LR P97,,128-10m; 70. RASo LS] n oe. P. 138, L. 4° : après æpôs, add. 9», comme les CC. RR. de Boulliau et le ms. 2450 de Paris. P. 138,1. 11 : après dmarns, add. dmd péoou roù dià Teocdpwy, mpôs Tù dmd uéons. Cette addition diffère légèrement de celle que Boulliau a trouvée dans les manuscrits de Paris (éws HE roù d. . @. t. d. a.) et qui est préférable. Je lirais volontiers : y r@ dia Teccdpor (1 11) et éy r@ did mévre (1. 13), comme plus haut (11. 6 et 9). P. 138,1. 18 : fre œapurärn] ürepundrn, effet de l'iotacisme (ÿ pour ñ). — Même faute plus bas, 1. 26; p. 139, 1. 2, 10; p. 140, 1. 4, 20. 199,4, 19 : om. ñ 138,1. 20 : om. xai n vYTn. .. 138, 1. 21 : xai EoTin n uèr| &o: dE À pèr. 138, 1. 25-28 : après dd TECOUpWY, OM, WpÔs jusqu à dà Teoodpwv. . 199, L. 1 : y TO] ro. - 139, 1. 8 : row] Tovor, comme le ms. 2450 de Paris. 139, L. 10 : om. 5% 139, L. 18° : év yp Tr Toù xavdvos ueyélei] éolw yàp Tù Toù xavdvos ué- D 0 © 5 © OÙ D yebos. P. 139,1. 22 : éxarépwber diupounévn'ñ d Ündrn] Énatépuwr" diupounévn dà ündrn. — Je propose : &o7o uèr [ñ| méon déya diupebeions [rñs xopdñs] ÈË Ena- Tépober ioupouuévn. La mèse, divisant la corde en deux parties égales, à six par- ties de chaque côté. 139, 1. 27° : après démo, add. pèv. 140, 1. 3 : yiveru] om. yàp pèr. 140, 1. 4° : après éri, add. rm». 140, 1. 5 : om. évreüler dè êmi dn. Ëv. 140, 1. 7 : Tv] nr. 140, 1. 8 : om. dé. 140, 1. 10° : après yéveru, add. va. 140, 1. 18 : om. démlactemodirpros. 140, 1. 23 :«s, en marge : Leg. 4& pds y| 6 æpès y. Confirmation de la traduction latine. P. 140, |. 24 : rerparAdoios| rerparAdoo». P. 140, 1. 26 : om. 6. P. 141, 1 3°: € corrigé en 0 par Boulliau d’après deux manuscrits de Paris] 0. TETE Confirmation de cette correction. — 938 — P. 141, 1. 4° : dis, omis par le C. R. 1 de Boulliau, ajouté par les autres ma- uuscrits de Paris et celui de l'Escurial. P_141, 4.9, 11,197 s xai. Le copiste a confondu ici et ailleurs, mais ici sans corriger et en soulignant seulement, le signe s (six) et <, abréviation de xai. P. 141, 1. 20° : om. dis, qui est surabondant. P. 141,1. 22° : après é», add. dé. P. 141,1. 25° : après æpôs, add. dè, comme le ms. 2450 de Paris. P. 141,1. 26 : ÿrarnr] Éxepurérnr. — Om. #. Peut-être faut-il adopter le mot dont ÿzeourérny est une altération et, au moyen d'une restitution que Boulliau a reconnue nécessaire, lire tout le passage ainsi : æpùs rnv ÿmérnr mpôs dè ri» DapUrErnv, À OÀN XL. T. À. P. 141,1. 27 : après érirpiro, add. 6. P. 141,1. 28 : après le dernier mot de ce chapitre, le texte du manuscrit continue sans interruption avec le commencement du chapitre xxxwi : Âvrire- rovÜaor dE ai Aouxai TOy xINoEwY. 3° Fol. 172 r., avant-dernière ligne. Titre : [ect xararuxvcs- cews. Sur la catapycnose ou le fractionnement (du canon musical) ! Chapitre xxxvi dans l'édition du traité de musique de Théon de Smyrne. Collation complete. P. 142 de Boufliau, 1. 2 : xarà œuxvoÿ, 7° et 8° mots du chapitre dans Boul- liau.] Karamuxvoÿræ , 1 mot dans le fragment manuscrit. Cette variante ne peut être conservée, quoiqu'elle vaille mieux que la lecon vulgaire. Boulliau a traduit comme s'il lisait xaramuxywbévros. — Kararuxvoÿra ne serait admissible qu'au- tant que l’on changerait en nominatif les noms d'intervalle mis au génitif. Pris: LS: fesoo5 fptOAOS. P. 142,1. 6 : xt, comme l'imprime. [ faut lire érei, comme Boulliau l'a fait. Pransai: après érirpérou, add. dë. P. 142,1. 10 : s] xai (voir plus haut, p. 141, 1. 9). Cette variante erronée se reproduit dans tout le morceau. | P. 142,1. 18 et passun : Aeiuparos] Añuuaros. P. 142, 1. 20 : TOvOIs| ToûTois. P. 143,1. 1°: ro péypr ris reheuris diaclmuaros ÜnepGiGacavres| T0 pu. 5. 5. ioînua dr’ aÿris ÿrep6. Cette variante, avec l'addition 7 aÿrÿs, peut se sou- tenir : «Surpassant d’un huitième l'intervalle compris depuis celle-ci (la nète hyperboléon) jusqu à la fin (de la règle).» — Même observation, p. 144, 1. We P. 143,1. 7 : après ünepGiÉdoavres, add. ëyouer. — L'omission de ce mot doit être une faute purement typographique. Il se retrouve dans le ms. 2450 de Paris, ancien fonds, dans le n° 450 du supplément, et probablement dans Îa plupart des onze autres copies de Théon que renferme la Bibliothèque nationale. 1 Voir, touchant la distinction à faire entre la xararou»y et la xaramuxvwous du canon, Vincent, Notices, etc. p. 26 et 104. — Cp. mon Étude sur Aristoxène et son école ( Revue archéolog. 1857, note 44), et ma traduction des Éléments har- moniques d'Aristorène, p. 10. — 539 — P. 143,1. 15° : dregevyuévns] dieleuyéver, comme l'édition l'écrivait un peu plus haut (1. 10). Même observation, 1. 20. P. 143,1. 18° : dmoGi$doavres| dro616. {comme plus bas, p. 144, 16) P. 143,1. 23 : œaparñrnr] meprwhrnr. Les scribes ont souvent pris l'un pour l'autre les signes abréviatifs des prépositions æepi et map. P. 143,1. 24°: n aûrn] aÿrn. P. 143,1. 29 : om. Trôv. — Après Bapurépar, add. fs vArns, comme plus haut, 1. 19. P. 144,1. 5 : om. ro. P. 144,1. 9°: À Tir ypoparinnr ouvnuuévou Tôvou Tôvw GÉvrépar...| # éole xai ypouaren ouvnuuévn (lire cuynuguévwr) rôve 6Ëvr. Les deux variantes sont également admissibles. P. 144,1. 14 : diebeuyuévor] diebevyuérnr. P. 144,1. 20° : om. ëo%4. Remplacé plus loin (1. 22), après péow», par &ola. Les verbes qui suivent sont tous au futur. P. 144,1. 23° : æpôs] eis. Cette préposition remplace avantageusement æpôs dans la circonstance. {Voir les lexiques.) P. 144,1. 25 et 30° : dnepGiSdoaoir] dnepBiSacdyrwv (1. 25) et ÜrepGidoavos (L 30; peut-être pour drep6Éacdyrwr), sous-entendu u&v. Les verbes &07e1 et yevñoera ne suflisent pas pour justifier le datif. Le génitif absolu est plus vrai- semblable. P. 144,1. 28 : om. cé. P. 144, même ligne : ürepGacduevor| ÜnepGi6aouévor (sic). Peut-être faut- il corriger ainsi : roÿ dyddou dè ürepGiSacauévou Eye nv Ürardv dudrovoy ouu- Sebnuévar (ou plutôt ouuGé6nxes ). P. 144, L. 30° : raürns] dnû raÿrns (comme 1. 7 et 18 de l'édition). Cette ad- dition de dr pourrait être insérée aussi en d’autres endroits de cette page où Boulliau a traduit par un génitif, notamment 1. 11 et 15. Pi dir, : éE] éé, Ÿ P. 145,1. 4 : 0’ x. +. À.] Ov (lire 0) xai êv dmoAcémouor xarà 50 Ëy aÿr&r (pour aÿr@, cp. ci-dessus, p. 137, L. 11) ñ rôv Ürarüv [Ürdrn] yevfoera Tovw ris oùons (lire dns) dÉvrépa. La correction proposée par Boulliau (xarà ro évayrios rüy »nT@v) aurait besoin d'être confirmée. P. 145, 1. 13 : yévos'rd de dpudmov]| yévorro dÈ évapuôwov. Variante à exa- miner. P. 145,1. 14° : après ééwpounéror T&v, add. ypœuarixüy (restituer xai). La théorie nous permet d'adopter cette addition. Le premier point pour établir le genre enharmonique, c'est bien de supprimer l'indicatrice diatonique ou chro- malique, ce qui détermine la formation d'un intervalle de deux tons, partie in- tégrante du tétracorde enharmonique. P. 145,1. 17° : d dv, comme le cod. 3 de Boulliau. P. 145,1. 20° : après ürobeions, add. yàp. P. 145,1. 21° : dv é@eËñs éndydoo ai oi Aoumoi| oi (comme le ms. 2450 de Paris) éQ. ér. Aormoi. \ P. 145,1. 27 : üro] dro. Le dernier mot du morceau est éyer (l. 29 de l'édition), qui est — 540 — suivi d’un simple point dans Boulliau, mais d’un alinéa dans le ms. 2450. 4° Fol. 173 v. Titre : flep? dræloyir. Ce texte correspond exactement au chapitre xxxn1 du traité de Théon de Smyrne. Collation complète. Page 133, ligne 7 du chapitre” : après ofov, add. &s 5’, 0’, 46° - yeœuerpruñr dè rhy Taûr® Àdyw Ürepéyouoar nai Ümepeyouévnv, oiov x. +. À. Cette addition con- firme et rectifie la restitution que Boulliau avait proposée. Le manuserit de Paris 336 du supplément a la même lacune, qui provient de la répétition du mot oîov. Le n° 2450 l’a aussi, mais le copiste l’a signalée dans une note mar- ginale : Acines yewuerpixn dvaloyia. P. 133,1 15°: ofo» s', n', 46°] om. ofov. Après 16’, add. 8’ 46° sm”. Addition à examiner. P. 123,1. 16 : xa] xai aussi, mais en marge: s {voir plus haut, sur la p. 141, 1: 9): P. 133,1 15-17 : roûrov d. &. &. d. x. dpuôuoïs x. d. 0. ôp. T@v s'* dimAdotos 6 16",] 7. d. &. &. x. dpuduoïs o. 6p. roÿrwr: dimAdoios uèv 6 16... Peut-être faut-il remplacer dptôuoïs par épôuS, changer le xai de l'édition en &ë (figuré en liga- ture presque de la même façon que xai, s') et lire, en combinant les variantes de l'édition et du manuscrit : roûrwy d'énaoloy éy dpiôu® ÈË &Aws oùrws pä- To, Ty ÊË OimAdoios pèr Ô 16... 134,1. 4° : avant 0”, add. ra. 134,1. 5* : avant »', add. rc. 134, même ligne : om. mpôs de s' dimAdoua. 134, 1. 7 : om. xai. 134,1. 8° : avant pèr n'] add. ra. 134, 1. 9°: avant s’, add. ra. 134,1. 12 : did maodr nai dia mévre] dis did macûr. 134,1. 13-14 : om. rôv pèr Jusqu'à dd œacdr. -194,1 17 : om. dis. 134, 1. 18° : n |] em, comme C. FR. 2 de Boulliau, 2450 et suppl. 356. 134, 1. 20° : om. év +5. Ces deux mots ne sont pas plus nécessaires dans cette phrase que dans celles qui l'entourent. P. 134,1. 25° : après xai, add. roÿ. P. 134,1. 28 et XI TE em] n. P. 134,1. 30 : om. æpôs 0" émirpirou, nai vd 20" mpôs 16° dimhaciou, iso xat... On pourrait supprimer #wov et lire ŒrAdo:ov. Théon considère le rapport double {2:1) comme se composant de la somme des deux rapports épitrite (4 : 3) et hémiole (3 : 2). P. 135, 1. 6° : après æpôs n', add. #wotou. Cette addition, fautive dans sa forme actuelle et dans le lieu qu’elle occupe, est très-admissible à la ligne pré- cédente, avec une légère modification. Je dirais volontiers : rà de 0" æpôs s' à mévTe fpuohov x Toù 0 pds n.. Press De fpioov| fuotou. mo to 0 0 ou 0 mi — 6541 — 4° bis. Fol. 173 v. (Suite immédiate du morceau [ep dvæo- yiv.) Fragment sans titre, commençant sur la même ligne que la fin du précédent, dont il n’est séparé que par un court espace blanc. Seulement, la première lettre de la ligne suivante est une majuscule, selon l'usage pratiqué dans un grand nombre de ma- nuscrits. C’est, dans Boulliau, le chapitre xxxiv, intitulé : [lep} AEUUUATOS L. T. À. Collation complète. Page 135, ligne 1 du chapitre et passim : Agïupa| Afupa. P. 135, 1. 2 : ovs'] wvs'. — Plus loin : ouy’. P. 135, 1. 3° : ebpioneras dè oùrw dvo (ms. 2450, duoiv); ms. de l'Escurial : edpioxerou ou duoïr (sic). Peut-être devrait-on lire : eüp. oùv dot». P. 135,1, 5 : om. rpis. Paa90: 1.6 0m. r@. P. 135, 1. 7 : om. roù (comme ms. 2450). Pad 1 9 : 0°] Uy. On a déjà vu plus haut cette singulière variante (sur peti4s , À. 4). BP h166 Liu :,om,#:. P. 135,1. 12, 13 et passim : yiveru] yévoyrtu. Cp. la varianie relevée plus haut (sur la p. 157, 1. 25). P. 36,1. 2 : om. éroydo. P. 136, 1. 3 : radra] aura. P. 136, 1. 4 : om. pis. P. 136, 1. 5° : après ra dé, add. rpis. Cette addition confirme la traduction latine. P. 136,1. 6 : roûrwy de] xai rourwr. P. 136, 1. 9° : om. p / 6”, comme C. R. 3 de Boulliau (ms. 2428 de Paris) et le n° 2450. C’est le lieu de faire ressortir l’utilité que présenterait une nou- velle édition de Théon de Smyrne au double point de vue de la philologie grecque et de l’histoire musicale. Ismaël Boulliau lui- même, mécontent, avec raison, de celle qu'il avait donnée en 1644, était dans l'intention de la représenter au public rectifiée et aug- mentée d’un certain écrit du même Théon. Tel est du moins le té- moignage de Meybaum (9° page de l'avertissement placé en tête de. son recueil), qui, pour sa part, a réédité, avec des corrections, le chapitre v (p. 77 de Boulliau), relatif aux intervalles, dans ses notes sur (raudence (p. 36). La traduction française de ce traité, un des plus précieux monuments de la théorie musicale grecque, est encore à faire. On pourrait l'enrichir des nombreux diagrammes =" A = inédits que renferment certains manuscrits de Paris, notamment le n° 336 du supplément grec. 5° Fol. 205 v. Titre : Évraÿda dpifudy œuvrouwréoa Qpaous (lire ëx@paous). Explication plus sommaire des nombres. Ce fragment, anonyme dans le manuscrit, ne fait qu’un avec le traité d'arithmétique de Michel Psellus, première partie de son ouvrage sur les quatre sciences mathématiques. 6° Fol. 213 v. Titre : Ts pouorxs ouûvoÿis nxp16wuérn. Aperçu exact sur la musique. Ce texte est dans les mêmes conditions que le précédent et forme la troisième partie de l'ouvrage de Psellus. (Voir, sur ces deux fragments, mon premier rapport, p. 501.) Remarquons en passant que la deuxième partie { Géométrie) se lit au fol. 113 r. de ce manuscrit avec l'indication du nom de son auteur, et que la quatrième { Astronomie) vient à sa suite (fol. 128), mais sans cette indication. — On trouvera plus loin ($ 7, 4°) la notice et (deuxième partie, n° 5) le texte inédit d'une lettre de Psellus qui fait en quelque sorte le pendant de la Zuüvoÿes. 7° Fol. 175 r. Titre (en rouge) : IlSs deï xarahaéobar tas diaPop®r TéËeus. Comment on doit comprendre l’ordre des différences (ou rapports mélodiques). Ce fragment a été publié en 1841 par Fr. Bellermann (Anonymi scriptio de musica, n° 103, p. 97),et traduit ou plutôt analysé par M. Vincent (Notices, etc. p. 37). Je le reproduis dans une dispo- sition plus conforme aux manuscrits, que ne l’a fait l'éditeur alle- mand, et j'y adapte une interprétation plus directe que celle du savant académicien français. De plus, les parties inédites dont ce texte est accompagné dans le manuscrit de l'Escurial viennent accroître de trois nouveaux articles, très-courts d’ailleurs (soient les n°% 103 a, 103 b, 103 c), l’anecdotum musical de Bellermann et le recueil correspondant de M. Vincent. — 543 — ÉDITION NOUVELLE. 103. Ils def xarahaGéoUœ Très diaPopy raËeis !. Né ma@r . ......... 16 Z°7y nai Ad maoûvy nai dia mévre*.. 18 Z 0, 0 Z 7. M AO OU. à emeuiere see ES MT OR y RE DTEN LR us een dec LUS 3 DURS ou neo MISTEGO pr... .. ., .…. 6" Di D) ao 0e 7 DéMOS OS EoTD , 0 1, 0 Z y der nai ém0ydoos xaeîrau. TRADUCTION NOUVELLE. COMMENT ON DOIT COMPRENDRE L'ORDRE DES RAPPORTS ( MÉLODIQUES ). Double octave. ........ 12 23 — y Quinte redoublée...... 12 : 4. — 9 : 3. Diétane. a. alu... 20 10 ce Di. Amie l.:....4,... -.. dat8. 06 6. DTA ER 12:9. —8:6.—4:35 dt ut. 9:8; rapport d'ou lui vient sa dénomination de sesquioctave. PARTIE INÉDITE. 103 a. — TABLEAU SANS TITRE. Tévos Ceois dicois dieois dleots Es Ée Es Et En £9 oo ox of ! Ms. daPôpwr. Rapprocher de ce titre la phrase de Georges Pachymère (Vincent, Notices, p. 4o2) : (ñ dppovinÿ) xaraauGdver P0oyyov mpds P0dyyor diaPopr. 2.X a ici la valeur de æpôs et correspond à notre signe :. 3 Cette ligne est placée au troisième rang dans le manuscrit de l'Escurial. # On a pu remarquer l'absence de la quarte redoublée (di maoûr nai did reo- adpwv). Cela vient sans doute de ce qu'elle ne comporte pas un rapport super- partiel (n +1 : n) comme toutes les autres consonnances et le ton. ® Ligne placée au deuxième rang dans le manuscrit de l'Escurial. — 94h — Ton EE | demi-ton demi-ton | RS — — # “a a fe diésis diésis diésis diésis . 64 65 66 67 68 69 70 71 7 103 b. — À ér evdeias Éxfeois voù wavros ouoriuaros rüv im Choyyw». 6 Æ 9 VI A4 a" [él Y 0 L'EST ER TABLEAU EN DROITE LIGNE DES DIX-HUIT SONS DE TOUT LE [DOUBLE] SYSTÈME. br0 vague 6: [Core RE OT MG il est probable que, à chacun de ces caractères alphabétiques, qui sont précisément au nombre de dix-huit, correspondait un des dix-huit sons dont se compose le système des cinq tétracordes. Voici, selon toute vraisemblance, quelle devait être la disposi- üon du tableau complété. 1 Proslambanomène. 2 Hypate hypaton. 3 Parhypate hypaton. 4 Lichanos ou indicatrice hypaton. Paramèse NTIES 5 Hypate méson. Trite diézeugménon 13 6 Parhypate méson. Paranète diézeugménon 14 7 Lichanos méson. Nète diézeugménon 15 8 MEse. Frite hyperboléon 10 9 Trite synemménon. Paranète hyperboléon 17 10 Paranète synemménon. Nète hyperboléon 18 11 Nète synemménon. 103 c. ‘TEXTE SANS TITRE. Êri Ts Ourayopdou ÀAVoas d pros nai Bapurepos Gb yyos nakeïrau mary, Ô dÈ TeheuTaios xai OÉUTATOS, VYTY. « Dans [l'échelle de] la lyre octachorde, le premier son, qui est en même temps le plus grave, s'appelle hypate, et le dernier, qui est en même temps le plus aigu, porte le nom de nète.» Je ne me rends pas un compte exact de ces divers nombres; toutefois, 1l est facile de reconnaître, dans ceux qui correspondent aux deux limites du ton, le rapport acoustique de 9 à 8 ou 72 à 64. — Relire à ce propos le premier chapitre de Georges Paclivmère. — 9545 — À la suite de cette phrase vient un petit tableau qui n’a aucun rapport avec ce qui précède : [Aeerovsov *] r0vos | TÔvos À [usrovio»| [peromov] | xpœuarixod Tpimmromon Kai évapuorov. . . | déeous | deous douovixoù dirovoy ° * Ms. de l'Escurial, dsatoyou, correction d’après le cod. Thuanus de Boulliau. — | b Ms. ri. Peut-être doit-on lire XpœuaTIndy. — ° Restitué par le ms. 336 suppl. de | Paris. — ‘ Ms. de l’Escurial, diarovou. — ° Ms. de l’Escurial, Gorovoy, corrigé | par le C. R. 1 de Boulliau. Ce tableau dérive de celui que l’on trouve dans le traité de mu- sique de Théon de Smyrne, chap. xn et p. 88 de Boulliau. Les additions et corrections m'ont été fournies par divers manuscrits de ce traité. {Suite du n° 103 c.) 1 D \ 3 ! Texte en manière de titre, à l'encre rouge : Or: @béyyos 01) Davis Tôois mi play Tdouv (ms. Tdcoi). « Comme quoi le son est la chute de la voix sur une tension unique. » Ces mots avaient sans doute été tracés en tête d’un extrait de quelque théoricien de l’école d’Aristoxène. Chez celui-ci, on re- trouve cette définition, énoncée dans les mêmes termes (El. Harm. éd. Meyb. p. 15; p. 20 de ma traduction). 8 Fol. 174 r. Morceaux inédits sur la musique. À la suite des fragments qui, présentés comme anonymes dans le manuscrit, viennent d’être rendus à Théon de Smyrne (ci-dessus, p. 536), j'ai trouvé de courts morceaux sur les diverses espèces de conson- nances, sur les tropes, sur la æoxy (mot à mot nœud) ou série mélodique, et sur la notation de quelques consonnances. Ces textes paraissent avoir été empruntés à la même source que l’/ntroduction musicale de Bacchius l'Ancien, publiée en grec seulement par Mer- senne dans son Commentaire sur la Genèse, puis avec traduction latine par Meybaum dans ses Musicæ antique auctores. Ma première pensée — 540 — fut qu'ils représentaient la forme primitive de cette Introduction, qui, dans cette hypothèse, n'aurait été disposée en forme de ques- tionnaire que vers l'époque à laquelle se place la rédaction des épwramoxpisets grammaticales, c'est-à-dire au xiv° ou xv° siècle. Mais il ne put en être ainsi : les fragments de l'Escurial ont con- servé une trace de la forme interrogative æ6ow avec un compa- ratif. Il n’en faut pas davantage pour établir que ces fragments ont été rédigés dans le style affirmatif d'après le petit catéchisme mu- sical de Bacchius!. (Voir le texte, à la seconde partie, n° 1.) ST. Maxuscrit DE L'Escuriaz ®. IL. 1. (Voir le Catalogue de M. Miller, n° 217.) 1° Lettre de Michel Psellus à un César byzantin grand amateur de musique. — 2° Lettre de Psellus sur le Limma. — 3° Lettre de Psellus sur le Rapport de la quinte, etc. — 4° Lettre de Psellus sur la musique. — 5° Psellus, Notions prél- munaires de rhythmique. Ce manuscrit est présenté par M. Miller comme ayant fait pro- bablement partie de la bibliothèque d'Antoine Augustin , archevêque de Tarragone, et comme étant le manuscrit dont parle Fabricius (B. G. éd. Harl. t. X, p. 78; cp. Pluer, p. 182). L'examen du volume a changé pour moi cette probabilité en certitude. D'abord, Allatius, cité par Fabricius, dit que le manuscrit d’Augustin por- tait dans la bibliothèque de ce prélat le n° 191: or le nôtre porte, en deux endroits, un numéro d'ordre qui mérite d’être rap- proché de ce chiffre, le n° 291. L'ouvrage d’Allatius, Diatriba de 1 M. Fétis a écrit : « Bacchius surnommé l'Ancien, de qui nous avons deux traités de musique, qui ne sont vraisemblablement que des parties distinctes d’un même ouvrage...» {Mém. sur l'hurmonie simultanée des sons chez les Grecs, etc. 1859, p. 8.) Personne jusqu'ici n'a mis en doute cette assimilation, et cepen- dant il suffit de rapprocher les deux textes portant le titre d’Introduction à l'art harmonique et placés tous deux dans les manuscrits sous le nom de Bacchius l'Ancien, pour reconnaître que le Bacchius de Meybaum, appelé aussi Denys (Asowÿo1os) dans certains exemplaires, est un sectateur d'Aristoxène, tandis que celui de Bellermann, traduit par M. Vincent, est un canonicien, partisan de la théorie musicale professée par les Pythagoriciens. I est probable que l'analogie des noms (Béxyeros — Atovÿoios) aura conduit les copistes à confondre deux au- teurs distincts. — Du reste, le nom de Béxyesos était déjà porté l'an 133 de notre ère. (Cp. Albert Dumont, Textes éphébiques, p. 72, 2° colonne.) =— 547 — Psellis (p. 48), a pu contenir une faute typographique répétée de- puis par les bibliographes. De plus, les différents détails recueillis par M. Miller {p. xu-xu et 164-166 de son Catalogue) sur le vo- lume d'Augustin se rapportent tous au manuscrit de l'Escurial, qui a été longuement analysé par le savant académicien !. À partir du fol. 206, il est presque entièrement composé d’opus- cules, signés ou non signés, dont Michel Psellus est l’auteur, textes inédits et même inconnus pour la plupart, Je ne donnerai ici que la notice des textes relatifs à la musique. 1° Fol. 207 r. Lettre de Psellus à César, peut-être Michel Ducas, son ancien élève?. (Voir mon premier rapport, p. 01-502.) J'ai retrouvé un second exemplaire beaucoup plus correct de cette lettre dans le manuscrit qui fait plus loin l’objet du $ 14. (Voir le texte à la seconde partie, n° 3.) 2° Foi. 243 v. Titre : ÉËrynois TEAEWTÉOA ED TOÙ ÀELMUATOS. Explication plus complète du limma. M. Vincent a publié en 1847 le traité de Psellus sur la Psycho- gonie ou génération des âmes. (Notices, etc. p. 316-337.) Il a fait suivre ce traité de trois fragments du même auteur qu’il propose d’intercaler dans l'ouvrage sur les quatre sciences mathématiques. Le morceau sur le limma me parait rentrer dans cet ordre et devoir augmenter d’une portion nouvelle la réédition dont est digne l'ouvrage du polygraphe grec. Il à été publié à Upsal dans une brochure intitulée : Michaelis Pselli in Platonis de animæ procrea- tione præcepta Commentarius, nunc primum ex codice bibliothecæ Acad. Upsal. edidit, emendavit, latine reddidit, commentariis et prolegomenis persecutus est C. G. Linder, Upsal, 1854; in-8° de 70 pages. L'auteur, on le voit, ignorait la publication de la Psychogonie, faite par M. Vincent en 1847 *. M. Linder a donné, à 1 Ce manuscrit contient une particularité paléographique qui mérite d’être signalée. Le groupe de lettres eà y est remplacé par le groupe pr. Exemples : Splyw pour SéÂyw, dpiBior pour deAPior, etc. 2 L'empereur Michel Ducas cultivait et encourageait l'art musical. (Voir l'His- toire byzantine de Psellus récemment publiée par M. C. Sathas, p. 290.) $ L'abbé Migne a reproduit les textes donnés par Linder ainsi que sa traduc- tion latine. { Patrologre, &. CXXIT, col. 1077-1114.) ne mentionne pas l'édition de la Psychogonie due à M. Vincent. — 548 — la suite de la sienne, le texte de trois fragments nouveaux de Psel- lus : 1° Énarratio mathematicæ artis in Timæo Platonis de animæ subslantia et generatione, résumé de l'opuscule précédent; 2° Ce- teræ ex Timæo Platonico doctrinæ enarratio; enfin 3° Ejusdem (se. Pselli) ulterior liminatis enarratio. Pour ma part, j'ai relevé dans le manuscrit de l’'Escurial deux morceaux de Psellus qui ont leur place naturelle à côté de ceux que MM. Vincent et Linder ont fait connaître; mais, avant de quitter l’article relatif à l'Enarratio limmaiis, j'ai quelques remarques à pré- senter sur l'édition de ce texte produite par le philologue d'Upsal. M. Linder a bien vu que Psellus, en écrivant sur le limma, s'est inspiré de Théon de Smyrne et surtout de Proclus. Il restait à rap- procher ce morceau du chapitre où CI. Ptolémée traite la même question. {Harmoniq. 1. T, ch. x.} La citation textuelle de Ptolémée commence à Îa ligne 12 de l'édition Linder : +à pér yàp.. Après une courte reprise de l’au- teur, elle se continue jusqu’au mot ériexarool6yd00s (éd. Linder, p: 6451 1%) Le manuscrit qui contient une seconde copie de la letlre pré- cédente m'en a aussi procuré une seconde de ce fragment. Les variantes réunies des deux manuscrits de l'Escurial, que je note- rai À et B, fournissent quelques améliorations au texte publié d’après le manuscrit d'Upsal. Exemples : Éd. Linder, page 64, en montant, ligne 5 : après roûro, À et B ajoutent ch. P. 64, 1. 4 : après r», À et B ajoutent ro2. P.64,1. 2 : après xÜüxlw»r, À et B ajoutent roërwr. P. 66,1. 5 : eivu] À, B: r&v, conséquence d'une ligature mal lue parle copiste du ms. d'Upsal. P. 66,1. 11 : daAtoouer] À : daXdoouu, B : dadéyoucu. P. 66,1. 4 en remontant: ouyrelodai| À et B: ourrelodou. P. 68,1. 2: après ra dé] À et B ajoutent r@». P.68,1.5: À et B : Gav, confirmation de la lecon proposée par Linder. 3° Fol. 248 r. Titre : Ér/vois ms Eos Tù diù mÉVTE muuo- Auov, x. T. À. Solution sar le rapport hémiole de la quinte, puis sur cetle proposition que, en outre des cinq figures considérées par Platon, il n’en existera pas d’autres comprises dans des figures équilatérales et équiangles égales entre elles, et enfin sur les com- munes mesures. C'est encore une lettre de Psellus. Elle est-adressée à quelque — 919 — prince (peut-être à l'empereur Michel Ducas, son ancien élève), qui lavait consulté sur divers points de musique et de géométrie?. Elle se retrouve, comme la précédente et comme le morceau qui vient à sa suite, dans un autre manuscrit de l’Escurial que nous venons de citer, lequel est peu différent de celui-ci, mais généra- : lement mieux ponctué?. {Voir le texte à la seconde partie, n° 4.) 4° Foi, 265 v. Titre : Ilepi uouosxÿs, Sur la musique. Ce morceau ne me parait pas devoir être incorporé, comme les fragments de Psellus publiés par M. Vincent, dans la partie musi- cale de l'ouvrage sur les quatre sciences mathématiques. C'est plutôt une lettre écrite par Psellus à la sollicitation de quelqu'un de ses élèves. {Voir le texte à la seconde partie, n° 5.) 5° Fol. 267 v. Lettre de Psellus intitulée : MpoËa louer sis Tv pubpuañr émiolmunr, Notions préliminaires sur la science du rhythme. _ Cet écrit est un des plus importants, au point de vue musical, parmi tous ceux qui composent la partie connue de l'œuvre si considérable de Michel Psellus. On y rencontre en effet des vestiges d'un ouvrage qu'Aristoxène avait composé sur les Éléments rhythmiques Ÿ, et dont il ne nous reste qu'un fragment. La lettre de Psellus a été publiée en 1842, par M. Julius César, dans le Musée Rhénan (Rheinisches Museum für Philologie, nouvelle série, t. H, p. 621-633). L'éditeur avait sous les yeux une copie faite évidem- ent sur le manuscrit de Munich n° 165, olim 98, et les extraits empruntés par Morelli au manuscrit de Venise n° 74. M, Vincent en avait préparé une nouvelle édition. Il voulait y joindre une ira- duction française dont je n'ai retrouvé que les premières lignes ! Ou peut-être à Andronie Dueas, autre fils de l'empereur Constantin IX, Un manuscrit vénitien de la Psychogonie (cod. 639 ) porte en suscription : eês rô» Ây- dporimov. (Villoison, Anecd. gr. t IT, p. 248.— Cp. Vincent, Notices, p.325, n. 6.) ? On sait que Théon de Smyrne avait consacré à la géométrie les deuxième et troisième parties, aujourd'hui perdues, de ses Notions de mathématiques utiles pour la lecture de Platon. IH ne serait pas impossible que Psellus ait connu la troisième partie, qui traitait de la stéréométrie. M. Th. Henri Martin, dans un article. biographique sur Théon, publié en 1857, a écrit : «Il est faux que Psellus ait copié Théon de Smyrne.» Mais le savant académicien 1gnorait alors l'existence du texte qui nous occupe. MAMRnEE. Westphal suppose que le morceau de Psellus contient quelques-unes des parties perdues du traité d'Aristoxène. {Wetrik, 2° éd. t,F, p. 44.) MISS. SCIENT. — II. 36 ONE dans ses notes inédites. M. R. Westphal à reproduit ce texte dans la deuxième édition de la Metrik der Griechen (1867), t. 1, p.18 du supplément, Le manuscrit de lEscurial diffère à peine de celui de Munich. S 8. MANUSCRIT GREC DE L'EscurIAL X. IV. 8. (Voir le Catalogue de M. Miller, n° 401.) Chants ecclésiastiques. j Je croyais trouver dans ce volume quelques chants grecs accom- pagnés de leur notation. Toutefois le résultat négatif de ma re- cherche ne doit pas ôter tout espoir de mettre la main sur quelque document musical lorsque l’on compulsera les octoechi, surtout ceux qui sont, comme celui-ci, antérieurs au xim° siècle. $ 9. Manuscrit GREC DE L'EscuriAzL Ÿ. IV. 6. (Voir le Catalogue de M. Miller, n° 476.) ° Michel le Syncelle, sur la syntaxe. — 2° Georges de Corinthe, sur la syntaxe. — 3° Maxime Planude, sur la syntaxe des verbes. — 4° Théodore d'Alexandrie, sur l'accentuation. Je me bornerai à donner sur ce manuscrit, dont je n'avais pas à faire un examen détaillé, quelques notes qui intéressent moins la philologie que la bibliographie de la grammaire grecque. Ce volume porte les anciens n° 265 {probablement de la bibliothèque de l’évêque Ant. Augustin), I. À. re — IV, H. 16, et II, À, 7. ° Titre : MryanÀ mpeoburépou nai médodos Epi rs Toù Àdyou ourTdËews, oyedaobeioa êv Édüve (lire Édéoon comme le manuscrit de Paris 2594, fol. 76) rns Mecomorauias. Michel le Syncelle, Méthode Pour étudier la syntaxe. Premiers mots : Kaÿämep TO dvÜpurivor coua, process Lot, dmù draPéper pEpdr xai peÂGY ouvapuohoyeitar ai àTap- Tiberar, oÙTo dm. .... Derniers mots : Iodro» pér perd raûrny Tir mpayuareiar ras DointTixàs diaoa@noouer Bi6hous. Üne main du xvim° siècle a écrit sur la marge supérieure : « Non Syncelli sed omnino Theodosii Grammatici est. Vide num. nonum — 951 — hujus plutei (se. À) paulo ante redium quo loco habetur suo ger- mano auctoris nomine. » M. Miller attribue à Darmarius l'exécution de ce manuscrit, mais, entre les feuillets 97 v. et 164 v., l'écriture ma paru être d’une autre main. | 2° Fol. 169 r. Titre complet: lewpyiou pnrporohérou Kopir- Dou rod æporepor Idpdou dvoualouévou &epi GUvTÉÉEUS ToÙ Àdyov, 3 \ >, \ À / \ 6, / E \ / Tor mepi ToÙ un ookomitesv nai Bapbapitew. — Er: wep} ouvrd- Ées Te ua mpobéoews Tv ÉnudrTov, ua iva à Toro yvwpioas 2 " \ \ 2 Ÿ Ok " 2 dé \ 2 fe ouvTdoon Av AATA TEXviANr duokoubiav' el dÉ mou meta oixelas duabécews éxreceïros Trois dos, oÙris aûTà xarà À6yov yvwpioau. Premiers mots : Oxrw eios wdvra Tà uéon Toù you. Fol. 197 r. Derniers mots : EŸAnmros yàp Trois Gorriraus Tuy- A AA dé \ , Ë À4 4 Xoveuv" els dE Tv oÙvTabiv TOÙ À0YOU Davu... 3° Fol. 198 r. Titre : Toÿ co@wrérou dvdpès Maëtuou roù ITAa- voUon éxbeois wDéduLoS DEpi TAS TV PAT ourTdËéews. Maxime Planude, Exposé utile sur la syntaxe des verbes. — Tlep} uerabari- xdy aa auerabdrowr. Sur les transitifs et les intransitifs. Premiers mots : Tor Énudror, Ta pèv oddauñ peTabaivoucar sis Érepor mpéowmror é ré X0yw Tir oûvraËir Éyer ... Fol. 242 r. Derniers mots: Ka? éd xai dmodt« nai DEP GE Tà IUÉTIA. Au fol. 200 v. commence une liste alphabétique de verbes tran- sitifs. 4° Fol. 242 v. Titre : Oewdwpou (sic) ypauparixod À XcËar- dpéws mepi mpoowdr. Premiers mots : bocwdios déua eiol* bÉcia Fol. 314 v. Derniers mots : Aëdosxa dé xat dEdolxauer at de- Pont. À. doixaor, norvos. $ 10. Manuscrir GREC DE L'Escurrar ®. IL 15. (Voir le Catalooue de M. Miller, n° 231.) Traité anonyme , inédit, d'accentuation et de grammaire. Anciens numéros relevés sur le manuscrit, qui ést du xv° siècle : VI E. 5; — TT. B. 10. Les cinquante premiers feuiliets de ce volume, seule partie dont 36. j'aie fait l'examen, contiennent une grammaire grecque anonyme et sans titre, ce qui explique comment elle est signalée iei pour la première fois. Le æivaË placé en tête dil: ep mpoowdias nai &- œœ mpoowdlia, et on lit d’une autre écriture, à la marge de droite : l'oauparixoù ddmrov. J'ai rapproché de ce traité ceux des grammairiens Moschopoulo, Guarini, Chrysoloras, Constantin Lascaris, celui dent parle Dé- métrius Procope (Fabric. B. G. fin du t. XI), les anecdota gram- maticaux publiés par Bachmann, Boissonade, Bekker, M. Miller; j'ai compulsé aussi le chapitre consacré par Fabricius et par son continuateur aux textes de grammaire; enfin j'ai consulté plu- sieurs manuscrits de Paris, notamment les n° 1733 et 25941. Après toutes ces recherches ?, je demeure dans l'opinion que cette grammaire était restée inédite, et mème inconnue des bibliographes. Voici une notice sommaire de l'ouvrage. Folss mA. Ilepi DROTHÔQS , sur l’accentuation. J'ai transcrit ce morceau, qui forme comme un petit traité à part. (Voir le texte à la seconde partie, n° 6.) Fol. 4 r. Sur les vingt-quatre lettres de l'alphabet. Fol. 5 v. et suivants : Explication des parties du discours, 1° nom, 2° verbe, 3° participe, 4° article, 5° pronom, 6° prépo- sition, 7° adverbe, 8° conjonction. Fol. 21 r.-29 v. Titre: Apyn To xavorioudrwr. Analyse gram- maticale du mot rÜ7Tw, par questions et réponses. En voici la traduction : Quelle partie du discours ?..... verbe. Déquelmoders REMRERRRPEe indicatif. De quelle voix (diddeois) ). .... active. Aquellépersonne "tree atacne: De quelle conjugaison ?....... de la 1° des barytons. ! L'examen du n° 2594 de Paris m'a donné l’occasion d'y rectifier une indi- cation bibliographique. La note placée en tête du volume mentionne un article intitulé Michaelis compendiosa expositio VIT parlium orationis ad vitandos barba- rismos ac solæcismos. Au nom de Michaelis, le catalogue imprimé ajoute celui de Pselli. L'auteur de l'addition aura confondu cet article avec Îe suivant, &epi our- réë£ews, lequel n’est pas de Michel Psellus, mais de Michel ie Syncelle, bien que ce surnom soit absent dans le manuscrit. pas ? J'ai pu compléter cette vérification grâce à l'obligeance! de M. Egger, qui a bien voulu m'ouvrir sa bibliothèque, si riche en anecdota de toutes sortes, no- tamment en textes grecs relatifs à la grammaire. — 593 — Puis, Exercices sur les diverses formes de ce verbe. Presque tous les paragraphes, dans cette grammaire, com- mencent par la formule yévwoxe üTe. Fol. 44 r. : Chapitre æept oomuopod (sic). Exemple : Éu6ÿ Xéye ‘mouodvros rôde, éyévero vode, où éyd œoudiv Tôde, éyéveto TOde, oodoëmov ydp ol: ToùrTo. Ensuite et jusqu’à la fin, observations relatives aux différences qui distinguent le dialecte attique et la langue ordinaire. Fol. 50 r. Les lignes de la dernière page sont disposées de facon à former une croix. Dans cette page sont cités les noms des prin- cipaux écrivains grecs. S 11. Maxuscrir Grec De L'Escurraz 3. ILE. 2. (Voir le Catalogue de M. Miller, n° 58.) Damascius, Doutes et solutions sur les prenuers principes. La bibliothèque de l'Escurial renferme trois exemplaires de cet important ouvrage, dont la seconde moitié, longtemps considérée comme une composition à part!, est restée inédite. Le manuscrit dont il s’agit ici, noté K dans la classification des vingt manuscrits de Damascius dont j'ai rappelé ou révélé lexis- tence il y a treize ans, appartient à la même famille que le beau volume de la Bibliothèque nationale n° 1989 (ms. B). Dans l’un comme dans l’autre, le texte ne subit aucune interruption au point où s'arrête le manuscrit de Munich dont Fr. Kopp a fait le prototype de son édition (Francfort, 1826, in-8°). Il en est de même cles deux autres exemplaires de Saint-Laurent (mss. Let M). Celui-ci a beaucoup moins de notes marginales que celui de Paris. Co ManuscRIT GREG DE L'EscurIAL T. I. 14. {Voir le Catalogue de M. Miller, n° 131.) 1° Damascius, Doutes et solutions, etc. — 2° Définitions dites de Platon.—- 3° Com- mentaire anonyme sur le traité de Ptolémée intitulé : Tétrabiblos. — 4° Por phyre, Introduction au Tétrabiblos. — 5° Tableau anonyme des douze signes du zodiaque. — 6° Paul d'Alexandrie, De l'influence des astres. Anciens numéros du volume : VIT. À. 16; — I. E. 16; sur le dos 0° 47. | M. Egger a montré, dès 1836, que le texte de Damasetius ne devait former — 994 — 1° Fol. 1 à 381 : Damascius, Doutes et solulions sur les premiers principes (ms. L de ma classification). Cette copie, qui date de1541, est due au calligraphe Andronic Nuccius et se place, par sa belle exé- cution et par le grand nombre de ses annotations marginales, à côté du manuscrit B. On remarquera que, faite à Venise, elle n'a pas néanmoins la même disposition que le manuscrit du xu° siècle conservé à Saint-Marc, le plus ancien exemplaire actuellement connu du Trailé des premiers principes, et dans lequel le texte est partagé en deux traités distincts !. 2° Fol. 381. Le début des définitions de Platon (comme dans presque tous les manuscrits contenant Damascius). 3 Fol. 383 r. Titre : ÉÉmynTis dvwvuuos eis Tir reTpAi6 or [zoXeuaiou. Commentateur anonyme du Tétrabiblos de Ptolémée. Commentaire du premier livre. Premiers mots : Ta mpooëu moeïrar © [lrokeuaïos pos roùs riv doîpovouiav ui oiouévous eva Téyvnv, aXN é0éhovtas arr douoldrTor desxvüvar, dons TÉY- vns ÉXOUTNS TÔ XATÉANTTOY xai TO EÜYonolov, xai TaÛTs OÙans dyayxaias TÉYvNs. Fol. 421 v. Commentaire du livre Il. Fol. 447 v. Commen- taire du livre IL. Fol. 492 r. Commentaire du livre IV. Fol. 517 r. Derniers mots de l'ouvrage : Kat ri» mapaxemmérny aÿrés (sic) toù Cwdiou uoïoar Aabévres, Éouer dpynv Toù dwdexdrou TOmou, Tù d8 aÜTOu ua ÊTrL TOY ÀOITOV HÉVTPUWY DOINONVTES ËX Ts mpoTaPar- péoews Tüv dvaQopüv Toù Ths dp0ñs oQaious uavôvos, ÉÉouEr tas dPXAS DAVTUY TOY HÉVTOW. Fabricius parle dans sa Bibliothèque grecque (éd. Harl. t. V, p. 288) de Scholies sur le Tétrabiblos, publiées en latin seulement par Georges Valla en 1502, exégèse insérée plus tard sous le nom de Démophile dans une édition de l’Isagoge où Introduction [au T'étrabiblos] composée par Porphyre, avec une traduction latine qu'un seul et même traité. J'ai repris cette thèse en produisant des arguments nouveaux et, je crois, décisifs. Voir ma Xotice biographique et bibliographique sur le philosophe Damascius (dans la Revue archéologique, 1860-1861), où jai déjà parlé, d’après M. Miller, des copies espagnoles du æepi épyüv (mss. J, K, L, M). ! La copie du æepi dpy@r que renferme ce manuscrit de l'Escurial est men- tionnée par Îriarte dans son Cataloque des manuscrits grecs de Madrid, p. 328, col. 1. — 595 de Jérôme Wolf (Bâle, 1559, in-fol.). H mentionne aussi la pa- raphrase du Téirabiblos due à Proclus et publiée en grec par Mé- lanchthon (Bäle, 1554, in-8°), puis, avec une traduction latine, par ÂAllatius (Leyde, 1654, in-8°); mais notre manuscrit n'est pas au nombre de ceux que Fabricius a signalés. Tout au plus peut-on citer, à titre de rapprochement (ibid. p. 257), un manuscrit de Ve- nise (Saint-Marc, n° 303) contenant une « Expositio in Tetrabiblon el Fructus sive Kdpros (sic), » et un autre de la même bibliothèque (n° 314) où se trouve : Quadripartilum cum expositione Anonymi, etc. Les extraits qui précèdent n'ont d'autre objet que de mettre Île lecteur sur la voie des recherches à faire pour établir ou écarter l'identité de ces divers textes. A° Fol: 518 r. Titre : TopQupéou eloayawyn Eis Tr AmOTEÀEO- parTexmv Toù [lroeuafou. Introduction de Porphyre [ou d’Antiochus l’astrologue] au T'étrabiblos de Ptolémée, publiée en 1559 comme on vient de le voir. 5° Au fol. 536 se lit le mot rélos. Puis avec le fol. 539 com- mence un nouveau texte qui a pour titre : Kavdvsov Toù ühou xu- xhou Tév 16 Cowdlwr nai mûs pepièetau sis Tods oynuariomous. Ce fragment, peut-étre inédit, débute par un tableau que je re- produis à titre de repère. ) ükop | puoïi[pal xux}os pot n - diderpos TPIY@YIGUÔS 4 TETPAYWYICUOS ÉÉaywnouos Premiers mots du texte : Tÿs oûparias diabéoews ar TOde rù ÉyxapaTTOpevor oxiua diaxemmérns os (sic) ToÙ Cwdiaxod xÜxdou mespécoua xaû Ooov olôs TÉ Elu xai TOs wEpi aûTiv dvouaotas Tr 16 Tomœwr dia Bpayéos ExPeïvas 2 \ . ELA Fol. 542 : Iepi éxnracews. — ÉxnrTwous dè Aéyetou brar à md — 556 — mp... (?) éxÉarrdueros éviaurès els éxeïlvo Tù Cwdior éxméon bmou mponyouuérn cubuyia ém) ris yevéoews éyéreto. 6° Fol. 543. Titre : IHavaou À cEavdpéess DEpi OXOdEGTOTELRS. Paul d'Alexandrie, De l'influence sidérale. Premiers mots : O rÿs oixodeomotelas Tpômos xarahauGdvera OÙTUS. C'est le début du chapitre qui porte le même titre dans l'édition de Paul d'Alexandrie (/ntroductio in doctrinam de viribus et effecus astrorum) donnée par Ranzovius avec une traduction latine d’An- dreas Schato. Witeberg, 1586, in-4°. Derniers mots : Ér) d p Tù dvdmaluv. Puis vient un grand ta- bleau représentant les douze ofxo: où mansions, et intitulé æepi DVoudTor. Non-seulement le chapitre ne se termine pas, dans lédition, par ces mots suivis du même tableau; mais dans aucune partie du volume imprimé je n'ai retrouvé texte ou tableau qui puisse être assimilé à ce que donne le manuscrit de l’'Escurial. Quelle est l'étendue de la partie non comprise dans Ranzovius? Je ne saurais, à cet égard, que faire une supputation. Le texte manuscrit occupe les feuillets 543, 544 et la première page du feuillet 545, en tout cinq pages du volume, qui est in-folio, tandis que le chapitre cor- respondant de l'édition n'y remplit que soixante et quelques lignes. Il est donc permis de présumer que la collation du manuserit donnerait quelque résultat important. Ajoutons que le texte connu et publié de Paul d'Alexandrie est une seconde édition de son ou- vrage, comme il nous l’apprend dans la préface adressée à son fils Cronamon. Peut-être le fragment dont il s'agit appartiendrait- il à la première forme du livre, où l’auteur aurait cru devoir faire quelques suppressions !. 1 M. Miller a inséré dans la notice de ce mänuscrit deux signatures détaillées ou souscriptions d'Andronic Nuccius. Je vais en reproduire une troisième, dans laquelle ce copiste rend un juste hommage à l'ambassadeur d'Espagne, Hurtado de Mendoza, et à Charles-Quint. ÉreAcdôn ro œapôr BiSlior à ourdponñs nai SÉcdou Toù xarà mévra dpiolou yevvaiou re nai Cuhou=Üods ai edyeveoladrou évopôs xuoiou Aiéyou ÉË oixtas Tüv Medouw» Îoravias, mpeceuroÿ rcù yaAnvordtou xai éxhaumporérou dyiou nu@r aÿfevros ai Baorhéws Kapohou méurrou aÿroxpdropos Kaloapos Aÿyoiolou egruyoÿs, 6v oûte, Xpislè, œavravaË! À peine est-il be- soin de rappeler que don Diego Hurtado de Mendoza fit servir sa fortune, son crédit, et jusqu'aux négociations diplomatiques dont il fut chargé, à la recherche — 5571 — UE MANUSCRIT GREC DE L'ESscUuRIAL D. . 19. (Voir le Catalogue de M. Miller, n° 194.) Damascius, Doutes et solutions, etc. Ce volume (ms. M de notre classification) n’a que cinquante- neuf feuillets, dont le contenu correspond au commencement de l'édition Kopp. Le feuillet 59 se termine par les mots suivants : GT G A) 2 traité du Gel. Ce rapprochement nous permet de restituer un mot, æiobnrixoù, laissé en blanc par Brandis (Schol. in Aristot. p. 494 b, 1 33). — 560 — $ }5. Manuscrit GREC DE L'EscüurraL ®. L. 2. {Voir le Catalogue de M. Miller, n° 177.) ° Rufus d'Éphèse , Noms des parties du corps humain. — 5° Jules l'Africain, Poids et mesures. — 3° Ë lus Promotus, Dynamér on. Volume qui a porté antérieurement les sigles [. K. 6. et L. E. 2 C'est sur les indications et à la demande du savant et regret- table docteur Ch. Daremberg que j'ai consulté ce manuscrit. Fol. 1 r.: Rufus d'Éphèse. Titre : Pou@ou ÉGeotou dvouaoiæt Tv ToÙ dvbÜpwrou uopiwv, Dénominations des parties da corps hu- main. L'examen que M. Daremberg avait fait au British Museum d'un manuscrit de cet -ouvrage (cod. Burn. xerv, 4} lui fit voir que l'édition de Clinch (Londres, 1726) pouvait être améliorée par une nouvelle récension. La transcription que je lui ai rap- portée correspond seulement à la première page et à la dernière. La mort prématurée qui vient de l'enlever à la science, et la diffi- culté de retrouver ce document, conservé dans ses papiers, m'em- pêchent de faire une collation qui serait nécessaire pour apprécier la valeur du manvscrit de l'Escurial. 2° Fol. 72 v. à 74 r. Fragment de Jules l'Africain sur les poids et mesures (au point de vue médical). J'ignore si ce morceau est inédit. J'ai seulement constaté qu'il n'est pas compris dans l'édition des Cestes qui fait partie du recueil de Thévenot (Veteres mathematici, in-fol. 1693, p. 275 à 4162). 3° Fol. 136 r. Titre : IlaË oùv Seÿ rod duvauepod. C'est la table des inatières d’un ouvrage qui commence ‘au fol. 139 r. du volume et qui porte letitre suivant : AfAiou Tpoucrou Aefardpéas duvauepér. Traité dédié par l'auteur à ses fils, autant du moins qu'on en peut juger par celte apostrophe : GéAraror aides. Fol. 188 v. Fin du chapitre 130 et dernier : duuœvsaxoù , dvèyo.... 6, xnpoù p (en marge: < p), &ioons < p, é\aiou uup- divou, 50 dpxobr. ? Sur les Cesles de Jules l'Africam, voir Fhein. Mus. t. XXV, 1870, p. 447. — 961 — Le médecin d'Alexandrie Élius Promotus a laissé plusieurs écrits anxquels la Bibliothèque grecque de Fabricius {t. ANT, p. 36) con- sacre les six lignes suivantes (l'édition de Harles, où la bibliosra- phie médicale est restée à faire, n’a même pas mentionné cet auteur !). « Ælius Promotus Alexandrinus græcus medicinæ scriptor quem ferunt extare in Italia Aou Ioouarou iarpund, Quoind nai dvTeraünTixd quædan manuscripta, Leidæ inter libros Vossianos?. Ex ejus libro &ept 066) nai dnAnrnplor Gapudxowr qui ms. ex- tat Romæ in B. Vaticana, quædam affert H. Mercurialis HI, 4 Var. lect. Plura etiam lib. 2 de Venenis. » (Cp. B. G. t. XIE, p. 780, où Fabricius ne dit rien de plus.) Le savant bibliographe, on le voit, ne cite pas le Dynaméron, titre qui dans la littérature médi- cale n’est attribué d'ordinaire qu'au traité de Nicolas Myrepsus. M. Daremberg m'a dit avoir découvert un premier exemplaire du Dynaméron de Promotus dans la Bibliothèque Saint-Marc de Venise. J'ignore s'il à fait cette découverte sur l'indication suivante, que je relève dans les Anecdocta græca de Villoison. « CI. Bongio- vanni Ælii Promoti, medici Alexandrini qui post Pompeii magni tempora vixisse creditur, Auvauepoÿ in cod. 295 S. Marci biblio- theca latentis prologum et excerpla cum sua versione latina pro- telit; quod quidem Auvapeoôr editione dignissimum esset. » (T°. IT, P. 179.) Je n'ai pas qualité pour donner suite au souhait exprimé par Villoison, mais je profiterai de lautorisation que m'a fort obli- geamment accordée la famille Daremberg de publier la table des cent trente chapitres du Dynaméron inédit, d’après le manuscrit de l’Escurial, exécuté selon toute vraisemblance d'après lexem- plaire de Venise. {Voir le texte, à la seconde partie, n° 7.) 1 Cette bibliographie a été faite par C. G. Kubn ({Additamenta ad Fabricu elen- chum medicorum velerum. Lips. 1826, 2 vol. in-6°), qui a publié l'avant-propos et un chapitre d'Elius Promotus, le cxvirr°. ? Cp. Cxtalog. mss. Angl. t. II, 1° partie, P- 58, n° 2129 (Bibl Is. Vossü, DUO"); # Fabricius (B. G. t. XIII, p. 4) accentue duvduepor, en parlant du traité mé- dical ou plutôt pharmaceutique de Nicolas Myrepsus connu sous ce même titre, et le manuscrit de l'Escurial, comme Villoison, duvauepoy, à propos de eelui d'Élius Promotus. Voir dans la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 1874, n° 47, p- 729, l'analyse d'un travail critique sur Élius Promotus, publié dans le Rhei- nische Museum de 1873. 2 GE 2e $ 16. MaxuscriT GREC DE L Escurrar D. Il 22. (Voir le Catalogue de M. Milier, n° 216.) Apollodore et Phion de Byzance, Poliorcétiques. Le nem de Philon ne figure pas dans ce manuscrit, et le texte du célèbre mécanicien de Byzance succède à celui du Pseudo- Apollodore! (Description de l'Hélépole) dans des conditions qui méritent d’être rapportées. Au fol. 70 v., en regard du mot grixhiceoiv (Vet. math. p. 48), un lecteur du xvin° siècle à mis cette annotation : « quod sequitur non inveniuntur (sic) in ed. Paris. 1693». Comme le discours continue, sans autre pause qu'un simple point en haut, cette note ferait croire à l'existence d’un texte complémentaire inédit, maïs la suite n'est autre chose que la partie de la Bélopée de Philon qui commence avec les mots ürav eis Éhaocov cuvatpor | V. M. p. 50, lake Cette copie a dù être faite sur ou d’après un original dans lequel manquaient plusieurs feuiliets, et, très-probablement, d’après le précieux manuscrit de l'Escurial, remontant à la fin du x° siècle, où M. Miller a constaté (Catalogue, etc. n° 278, p. 23%, note 3) la disparition de deux feuillets immédiatement avant celui qui commence avec drav ËAaooov. - J'ai retrouvé à peu près la même disposition dans un de Paris copié par Jean Rhosus en 1575 d’après la même source, le n° 26 du supplément grec (cod. pl?) dans la récension de M. Wescher). Après le mot érhloecuw, on y lit a linea, les mots drav Ëlacao»r, etc. et, à la marge, cette annotation qui, celle-ci, est exacte : « Hic incipit Philonis Belopæeca, ed. Paris. p. 50, I. 17. — Eod. loco cod. 2438. » Voilà donc trois copies d’Apollodore et, de Philon qui semblent dériver du manuscrit de Saint-Laurent coté 278 dans le catalogue de M. Miller ?. ! M. Wescher, sur la foi du manuscrit Mynas {suppl. grec n° 607 de Paris), qui ne reproduit pas la Description de l'Héiénole comprise par Thévenot dans les Poliorcétiques d'Apollodore, met en doute l'attribution du morceau à cet auteur. (Voir Poliorcétique des Grecs, Paris, 1867, in-4°, p. xxvir et 195.) ? Sur l'utilité qu'il y aurait à compléter la collation de ce manuscrit, exécutée en partie par M. Miller, voir Journal des Savants, 1868, p. 187. 2 — 0563 — 5 17: Maxuscrir Grec N. 101 DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE Maprip. (Voir Catalogue d'Iriarte, n° 101.) Choricius, Discours et Ha As à Titre, à l'intérieur, d’une écriture moderne : Æncomia et Epi- stolæ diversorum. — Même titre sur le dos du volume {on a écrit economia ). ré C’est un fort in-4° écrit sur papier au xur° siècle, qui comprend cent quatre-vingt-neuf feuillets et renferme les discours {Acyo:) et dissertations (diaXéËe:s) du sophiste Choricius de Gaza. Au fol. 188 r. on lit: Krÿua Korolayrivou rod Aacudpews év Pédeo dwpnôér. Villoison, en rappelant cette note, observe que C. Lascaris is de sa propre main la maine partie des copies conservées à la Biblioteca nacional. Je n'ai pas vérifié le fait qui me paraît douteux, mais j'ajouterai que ce savant précurseur de Coray a enrichi la bibliothèque madrilène d’un grand nombre de manuscrits grecs remontant aux x1° et x11° siècles, qu'il avait re- cueillis en Grèce, en Italie et en Sicile?. (Cp. plus loin $ 22.) Iriarte à consacré à ce manuscrit une notice détaillée (p. 394 à 406), que Villoison a souvent mise à profit (1. c. p. 17 à 67) à propos des Extraits sententieux de Choricius insérés par Macarius Chrysocéphale dans son Rosetum. Entre autres morceaux inédits contenus dans le manuscrit de Madrid, j'ai noté comme étant particulièrement digne d’être pu- blié un A6yos Ep} Tv péucv, texte qui porte aussi cet autre titre plus significatif : Trèp Ty éy Auovüoov (et non pas Azovÿow comme l'écrit Villoison) rô» Blov eixovi&évTer $. 1 Voir aussi mon premier rapport, p. 503. ? [miarte, dans la préface de son catalogue (p. 1), dit que soixante volumes environ de la bibliothèque de Madrid proviennent de Constantin Lascaris, soit qu'il les ait écrits de sa main, soit qu'il les ait rapportés de ses voyages. 3 Sur les artistes dionysiaques, voir Foucart et Wescher, Inscriptions recueillies à Delphes, 1863, in-8°; C. Wescher, Monument bilingue de Delphes ,'1868, in-1°; Foucart, Étude sur un décret relatif aux artistes dionysiaques d'Argos ; Rev. arch. août 1870, p.107, ct ses deux thèses pour le doctorat ès lettres, sur les asso- cialions religieuses et dramatiques chez les Grecs. Voir aussi Corpus inscr. gr. n° 3069, 1. 30. I n’est pas impossible que la déclamation de Choricius contint D64 — . Fol. 151 v. Premiers mots : Mudeis tuor, d DALOVTES, UvEudUs or vouion Tiv Ürobeorr Déperr. Fol. 164 r. Derniers mots : Kai roùro» éxtéoor or Ts ouun- yopias puobdr ÿv Ünèp Ths Téxyns ÉQopés édli eipyacdunr. Villoison a publié quelques lignes de ce morceau (p. 67), que Macarius avait comprises dans sa compilation. Léon Allatius avait dressé un vaste programme d’Anecdoia greca, en neuf volumes, dont il n’a pu réaliser qu'une partie. Fabricius nous apprend qu'il ÿ avait fait une place à plusieurs discours de Choricius; mais il est probable que les manuscrits qui lui auraient servi sont ceux qui ont été consultés par le cardinal Maï et publiés dans les divers volumes de son Spieileqium romanum. (Cp. Boisso- nade, Choricius, 1816, in-8°, passim.) Plusieurs de ces exercices oratoires ont été attribués dans tel manuscrit à Choricius, dans tel autre à Procope de Gaza, son com- patriote et son maître. Boissonade, dans son édition partielle, à plusieurs fois renoncé à trancher la question. L'ensemble imposant que représente le manuscrit de Madrid fournirait peut-être une solution à ces doutes !, | $ 18. MaxuscriT GREC ©. 35 De LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE MaAprip. 1° Claude Ptolémée, Harmoniques. —2° Porphyre, Commentaire sur les Har moniques de Ptoléniée. — 3° Aristide Quintilien, sur la Musique. — 4° Aristoxène, Éléments har moniques. — 5° Nicomaque, Manuel harmonique. — 6° Manuel Bryenne, Harmoniques. — 7° CI. Ptolémée, ffurmaniques {auire copie). Ce volume, écrit au xvr° siècle sur papier in-folio, esl composé de plusieurs traités relatifs à la musique et offre, entre aulres par- ticularités, celle de renfermer deux copies de Ptolémée ( Harmo- niques) qui sont évidemment issues de deux scurces différentes. quelques réminiscences du traité perdu d’Aristote, qui avait pour ütre : Néxae dovvoiauai, ou de celui de Dicéarque, Hepi drovvoranüy dywvwy, dont il ne nous reste qu'un fragment de quelques lignes, conservé par le scholiaste d’Aristo- phane (Av. v. 1403. Collection Didot, Fr ugm. hist. gr. vol. II, p. 249). =! La critique générale s’est peu occupée jusqu'ici da sophiste Choricius. On lit avec intérêt les appréciations de M. Caffiaux, bibliothécaire de Valenciennes, sur le mérite et les défauts de cet écrivain. C'est à M. Cafiaux que l'on doit la première traduction francaise d’un de ses écrits, l'Éloge de Marie. ( De l'oraison funèbre dans la Grèce païenne , Valenciennes, 1865, p- 1:89 et 2 79-) — 565 — Voici la table du contenu telle qu'on la trouve en tête : CI. Ptolemæi de musica hbri 3. Porphyrii in ejusdem elementa lib. 3 (sic). Aristidis Quintiliani de musica, 1. 3. Aristoxeni Elementa harmonica, lb. 3. Nicomachi Enchiridion, lib... {le papier est enlevé). Manuelis Bryennii Harmonicorum , |. 3. C1. Ptolemæi Harmonicorum, 1. 3. Au fol. 1, même table, plus ancienne, en langue grecque. 1° Fol. 2 r. à fol. 70 v. CI. Ptolémée, Harmoniques. Premiers et derniers mots comme dans l'édition. Quelques vérifications m'ont convaincu que cetle copie appartient à la même famille que les manuscrits désignés dans Wallis par les lettres À et B (n° 164 et 165 du fonds Savilien, à Oxford), lesquels dérivaient d'un exemplaire du Vatican. à 2° Fol. 33 r. à fol. 199 r. Porphyre, Commentaire sur les Har- moniques de Piolémée. Formule à remarquer fol. 132 r. (chap. v): Ér) roÿ aÿroÿ éËr- ynous es Tù « ZuuDœwvias d' ñ pèr alobnois xarTakauÉdyer. » Puis, premiers mots de ce chapitre : xpn yiwone.... comme dans l'édition. Cette formule, à partir du chapitre v, se rencontre en tête de tous les suivants, ou bien est remplacée par cette autre : où » dpxn . .. 3° Fol. 200 r. à 259 v. Aristide Quintilien, Sur la musique. Cette copie est exécutée avec soin; la ponctuation y est assez cor- recte, ce qui est, comme on sait, de la plus grande rareté dans les manuscrits. Je n'ai relevé que les variantes qui se rapportent aux deux pre- miers diagrammes (édition de Meybaum, p. 15 et 22). Ces relevés, dont je vais reproduire la partie importante, font voir que l’exem- plaire de Madrid se rapproche assez des manuscrits de Paris cités par Meybaum, mais que la disposition des notes musicales grec- ques, dans cet exemplaire, est beaucoup plus admissible que celle des cinq manuscrits que Meybaum avait à sa disposition. (Cp. Meyb. in Aristid. Quintil. p. 224.) MISS. SCIENT. — II. 37 — 560 — En ce qui concerne les diagrammes de la page 15, il est im- possible d'admettre la lecture que propose Meybaum. Ce philo- logue, désespérant de rétablir la leçon véritable de son auteur et ne voulant pas laisser en blanc le texte de ses diagrammes, a eu la singulière idée de faire concorder une notation primitive dont le théoricien grec donne le tableau (p. 15), et qui procède par diésis enharmoniques ou quarts de ton, avec celle qu’Alypius a exposée tout au long et dans laquelle les vingt-quatre diésis de l’octave sont représentés non plus par vingt-quatre signes, mais par Mingt et un, en vertu d’une classification dont M. Vinceut a découvert et révélé le principe. { Notices, note G, p. 125.) Une différence fon- damentale distingue les résultats que donne la lecture hypothétique de Meybaum ei l'usage que je crois pouvoir faire des caractères con- servés dans les manuscrits (pl.VI, fig. 1). Pourconformer cette lecture au système de Îa ñotation dite pythagoricienne, Meyhaum a été forcé d'altérer presque toutes les notes, vocales et instrumentales, qu'il avait sous les yeux, tand:s que ces mêmes notes, moyennant des modifications rarement répétées et insignifiantes, donnent lieu constaument, selon moi du moins, à celte observation que tel son donné est représenté par une même lettre dans les deux no- tations vocale et instrumentale. Tantôt la lettre affecte une même position (ex. tantôt la position inverse lex. 7 Ün savant musicologue francais, Perne, a écrit une dissertation sur ce passage d’Aristide Quintilien, étudié d’après les sept manus- crits de Paris !, et a fait justice des erreurs de Meybaum. Toutefois, la plupart des lectures qu’il adopte m'ont paru hasardées et J'ai dû en présenter d’autres sur lesquelles je ferai d’ailleurs les plus ex- presses réserves. Quant aux échelles des anciens tons désignées dans Platon par les mots Aud:o7:, dwpuoli, eic., la notation pythagoricienne qu’en donne Aristide Quintilien (p. 22) a été interprétée par Perne, — qui a copié Meybaum, — d’une façon presque aussi arbitraire que la notation primitive dont nous venons de parler l'avait été par cet érudit?. Du reste, les divers transcripteurs d’Aristide Quintilien 1 Revue musicale de M. Fétis, 1828 et 1529 ,t. FT, p. 25, 219; t. IV, p. 433, A8 1. ? Même revue, t. IV, p. 226, pl. VIE — Pour ne citer quun exemple, Perne a figuré par les mêmes lettres vocales et instrumentales, sauf une exception, ME cd he Li — 9507 — ont accumulé toutes les causes d'erreur et de confusion sur ce malheureux passage. Les noms des échelles ne se rapportent plus aux signes des sons qu'elles renferment. Les lettres instraumen- tales, au lieu d’être placées sous les vocales correspondantes, selon l'usage universellement suivi chez les anciens !, se trouvent sur la même ligne que celles-ci et à leur suite. Je me propose d'aborder ultérieurement l'éclaircissement de ce texte, question que les pu- blications de Perne ont laissée presque entière. Pour le moment, je dois me borner à une reproduction du manuscrit de Madrid, accompagnée de quelques corrections qui n’ont rien de définitif. MPIEVIP He, 7, p. 608:) | Je ne donnerai pas la collation des diagrammes dans lesquels Aristide Quintilien (p. 27-28) expose la notation dite pythagori- cienne, que jappellerais volontiers notation des quinze tons ou tropes par opposition à celle qui a précédé, 5 æapd rois dpyaious dpuovia (p. 15), et qui est plutôt la notation des harmonies. Les tableaux dont cette collation donnait les variantes, complétement défigurés dans tous les manuscrits, sans excepter celui qui nous occupe, ont été soumis par Meybaum à un travail de restitution, qu'après un nouvel examen je considère, pour ma part, comme un des résultats les plus remarquables que nous ait laissés l’éru- dition du xvir° siècle. | Les variantes relevées en quelques passages du texte proprement dit mont permis de reconnaître que cet exemplaire d’Aristide Quintilien est une bonne copie appartenant à la famille oxonienne, ainsi que le beau manuscrit de Paris n° 2460. 4° Fol. 261 r. Aristoxène, Éléments harmoniques. Cet exem- plaire ne m'a fourni aucune leçon notable. À la page 2, ligne 29, de l'édition Meybaum , il donne fautivement droyeuvômeror comme les deux manuscrits de Paris D, E?, Il se rapproche aussi des ma- nuscrits d'Oxford, Bar. et Bodl., mais n’a pu les avoir pour mo- les échelles dorienne et phrygienne, ce qui n’est et ne pouvait être conforme à aucun manuscrit. De plus, il a donné à ces lettres le même degré d'intonation dans les deux échelles. Quant à M. Fétis {Hist. de la musique, t. IT), il va jusqu'à prendre les numéros d'ordre (æ, B, y...) pour la notation primitive qu’Aristide Quintilien veut décrire. (Cp. F. Bellermann, Die Tonleitern der Gr. p. 61.) l Anonym. de Musica, éd. Bellermann, n° 78. — Vincent, Notices, p. 34. 2 Voir plus haut, p. 517, la nomenclature des manuscrits d’Aristoxène. (El. h.) a 97. 068 — dèles. Ainsi, page 2, ligne 18, il contient le mot xévo» qu'ils ont omis tous deux. Page 25, il n'a pas la scholie. 5° Fol. 288 v. Nicomaque, Manuel harmonique. Plusieurs points de ressemblance avec les copies d'Oxford, notamment page 1, ligne 21, éd. Meybaum, le mot ædyntras des autres manuscrils, accentué mhavyras, ce qui me paraît être la bonne leçon, tandis que Meybaum préfère l’autre. 6° Fol. 305 r. à 418 v. Manuel Bryenne, Harmoniques. Je n'ai pu faire un examen comparatif de ce texte. Suscription du copiste : H BiËXos aûri Ün” éuod me TOÙ Naurhiéws Tor use viOÙ Avdpéons | (Lire À »dpéov) LETA TN TS marpidos ÿ Üro Toupxwr d\wou, Éver/nor diaTp{éovtos EeypéQn êtes TS dmd Seoyovias à ® v d 1554). Cornélius Murmuris est l’au- teur d’une copie de Cyrille exécutée en 1559 et conservée à VEs- curial {voir Catalogue de M. Müller, n° 434). Son travail de trans- cription, dans le manuscrit de Madrid, a pour limite sa signature, et l’article suivant est venu s’adjoindre à ce travail dans l’opéra- tion de la reliure. 7° Fol. 419 r. Autre exemplaire des Harmoniques de Ptolémée. Dès les premières lignes, il est aisé de voir que cette copie diffère non-seulement de celle qui se lit en tête du volume, mais encore des onze manuscrits consultés par Wailis. Ceux-ci donnent tous ( D” 1,1. 6,de l'édition in-4°) : éxouol@r, et celui de Madrid, éxov- oléwr, leçon qui d’ailleurs ne vaut pas l'autre. J'ai de plus trouvé dans ce texte une différence assez remarquable en ce qui concerne le nombre et la teneur des diagrammes. Tantôt il omet des figures comprises dans le premier exemplaire du volume, tantôt il en donne que celui-ci n'a pas. La copie n'est pas achevée : elle s'arrête après le mot érioxéVacbau (liv. IL, ch. x1v, 1. 6). J'ai déjà rappelé que les chapitres xiv, xv et xvr des Harmoniques sont présentés dans plusieurs manuscrits comme une continuation de l'œuvre de Ptolémée par Nicéphore Grégoras, savant écrivain byzantin qui mourut en 1350. (Fabr. éd. Harl. B. G. t. VIT, p. 638.) Je ne serais pas surpris que la collation de ce texte fournît quel- ques résultats intéressants au double point de vue de la philologie grecque et de l'archéologie musicale. — 969 — $ 19. Manuscrir GREC N. 62 De LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE Maprip. (Voir le Catalogue d'friarte, n° 62.) Fragment anonyme sur divers intervalles mélodiques. Ce fragment figure dans un volume in-4° qui a pour titre, d'une écriture du xvim° siècle : « Plutarchi clarissimorum apud Romanos et Græcos legislatorum atque imperatorum apophthegmata. [tem apophthegmata lacænica, ac de Homero. — Accedunt incerti auc- toris quædam de musica. » Le manuscrit a été exécuté à Milan par Constantin Lascaris en 1460. Pressé par le temps, je n'ai pas examiné en détail les textes pré- cités de Plutarque. La notice d'Iriarte à cet égard mérite une atten- ton toute particulière. Quant au fragment relatif à la musique, j'en ai rencontré l'indi- cation dans la préface du savant bibliothécaire espagnol, où l’on trouve une liste des textes qu'il croyait inédits lorsqu'il publia son catalogue en 1769. L'intérêt du morceau réside principalement dans cette circons- tance que c’est presque le seul texte grec où il soit traité du dis- diatessaron !. Les difficultés presque inextricables que présentent la lecture et la traduction de ce fragment ne m'empêchent pas de lui attribuer un certain degré d'antiquité. La langue de notre anonyme est bien celle des musicographes publiés par Meybaum. Mais il ne faut jamais oublier non plus que la littérature byzantine réussit souvent à nous donner le change, et que son style, surtout dans les écrits didactiques, diffère à peine de celui qui caractérise les techniciens des époques antérieures. Quoi qu'il en soit, ce fragment devra être étudié par les historiens de la musique grecque. Je compte moi- même y revenir un jour, et reconnais combien il reste à faire pour l’élucider après un premier essai d'interprétation. (Voir le texte à la seconde partie, n° 2.) ! Michel Psellus, dans la section musicale de son ouvrage sur les sciences mu- thématiques, mentionne incidemment le disdiatessaron, dans le sens de quarte redoublée, à côté du disdiapente ou quinte redoublée, et du disdiapason ou double oclave. —— Cp. Aristot. Probl. XIX, $ 41, éd. Bekker, p. 921 b, L 1-13. — 970 — $ 20. MaxuscriT GREC N. 70 DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE De Maprip. (Voir le Cataloguc d’Iriarte, n° 70.) Pollux, Onomasticon. — Extraits des Harmoniques de Manuel Bryenne. Volume in-4° de 123 feuillets, écrit sur papier à la fin du xiv° siècle. Fol. 1 r. Note, d'une très-belle écriture du xvim® siècle : « Ono- masticum hoc vartis locis decurtatum est, ultimo præsertim libro in cujus fine postrema 23 capita desiderantur. — Fragmenta De musica varlis itidem foliis interpolata, 1° nimirum fol. et 68° ad 72%, foliis denique 122 v° et 123°. Codicem hunc Constantini Lascaris fuisse et ab ipso Rhodi comparatum, constat ex ipsius Lascaris subscriptione quam ad operis finem videre est. » En effet on lit au fol. 123 v. : Kavoayrévou Aacadpews Toù Buêavtéou xrua év Péde xrnbér. Autre note : « Julii Poflucis Onomasticum in libros X digestum. Cui incerti authoris fragmenta de musica pluribus inserta. » Ces fragments, comme le morceau n° 2, sont mentionnés dans la préface d'Triarte parmi les textes inédits; mais c'est une erreur de ce savant : je les ai retrouvés tous trois (après les avoir transcrits 1) dans les Harmoniques de Manuel Bryenne d'où ils ont dû être ex- traits peu de temps après l'époque de cet écrivain. Ils correspon- dent aux pages 397 à 425 de l'édition (Wallis, Opp. mathemat. t. IT). Les variantes qu’ils donnent sont sans importance. Je vais rapporter, ne füt-ce que pour rendre plus complète la notice qu [riarte a consacrée à ce manuscrit, une sorte de scholie sur le onzième vers du premier chant de l’Iliade, dont le savant bi- bliographe n’a pas donné le texte. | Foi. 2 r.: Tôr* Xodoyv nriuno dpnTipa... E3 068 [res] d@édor rùd nrépaoer, dvrilein dè Tù wvôumacer, ! [riarte a signalé et même un peu exagéré la dificulté de cette transcrip- tion : «Ad scripturæ celeritatem accedunt informes litterarum ductus, diflicil- limi nexus, vel potius nodi Gordiano suppares brevissimaque compendia siglis simillima, neque notis illis minus arcana quas Cangius mediæ et infimæ græci- tatis glossario subjecit. Quibus effectum ut verba etiam ad fragmentorum vel initia vel exitus pertinentia ægre legerim, etc.» (P. 255.) 2 Ms. rnv. * Ms. yap. On sait la ressemblance des abréviations de dé et de yap. # — 571] — did@opor œdhur ÉEer tir oûvraËiv: oÙvexa Tôv! Xponv GYOUATEY dpnTApa À aÛTN oÙvTaËrs x) êv DpOTNVOPINOÏS nai Er émuwWeTinots à Xeuxds immos Tpéyer" Ô Immos heuxôs éoluv. El uéy roi ein do érrt- Derixà, do nai Tà dpÜpa wpooyiverar mu Ty wpocspnuévor ua! Üroole)houÉv er ?. TRADUCTION. Tor Xovonv nriuno dpnTÿpa... « Si l'on retranche le mot ÿréuacer et qu'on le remplace par @v6- acer, on aura une construction différente : - Oùvexa Tdv Xpüonyv wvouacer dpnTiot. «La construction est la même pour les mots appellatifs et pour les qualificatifs : à Xeuxds Inmos Tpéyes, à immos \euxôs ol. Si cependant on avait deux qualificatifs, on ajouterait aussi les denx articles, ceux des mots dont on a parlé antérieurement {ceux des mots exprimés) et ceux des mots sous-entendus. » S 21. Manuscrir GREC O. 4 DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE Maprip. Damascius, Doules et solutions sur les prenuers principes. Je compléterai par quelques détails la notice de ce manuscrit (ms. J de ma classification), qui fait partie d’une Étude, déjà citée, sur le philosophe Damascius®. Le volume est noté dans le catalogue manuscrit de la Bi- bliothèque comme exécuté au xv° siècle, mais je continue de croire avec M. Miller qu'il est du xvr°. Au fol. 174 r., après les mots : érei xatà dhnÜesav oùde . . . les- quels terminent la première portion du æept àpx@r dans les exem- plaires qui, comme celui-ci, admettent la division du texte, le reste 1 Ms. sn. 2 Ms. ümorelopérwr. * Voir Revue archéologique, 2° série, t. Il, p. 419, 1860. (Page 49 du tirage à part.) — En renvoyant à ce passage, je dois rappeler qu'il s’y trouve une er- reur, rectifiée depuis dans les additions et corrections du tirage à part. L'auteur des notes qui m'ont été communiquées par M. Miller, et que je cite à propos du manuscrit J, est M. Miller lui-même et non pas Iriarte, comme je l'avais cru et dit. C’est directement sur les manuscrits de Madrid que le savant académi- cien à fait le travail dont je réclamais plus haut la publication (p. 509) et au- quel il a bien voulu me laisser faire quelques emprunts. — 572 — de la page (neuf lignes) et la page suivante sont restés en blanc. J'ai dit en 1860 que cette copie devait avoir beaucoup d’ana- logie avec le manuscrit de Munich (ms. E) et avec les trois copies de Venise {mss. Q,R, S). La collation partielle que j'en ai faite a confirmé cette opinion et de plus établi que le manuscrit J w’a pu être copié sur E. Selon M. Miller, cest probablement le n° 145 de l’ancienne bi- bliothèque Hurtado de Mendoza. J'ai cherché en vain ce numéro sur et dans le volume; on lit avec peine 2013 ou 2015 écrit au dos, et, sur la tranche, 959. Sa. MaxuscriT GREC N° 71 DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE Mapnip. (Voir le Catalogue d’Iriarte, n° 71.) Scholies homériques dites de Didyme, ou petites scholies. Ce volume, que je regarde comme un des plus précieux mo- numents paléographiques de la Bibliotheca nacional, date du xr° siècle, s'il faut en croire l'indication du catalogue maruscrit et l'aspect de l'écriture. (Iriarte le fait exécuter au x.) Il est sur parchemin et contient 178 feuillets. Note du xvim° siècle : « Didymi in Iliadem Homeri Scholia; codex initio et fine mutilus; desiderantur enim in vi libros priores scho- lia et xxiv' aliquot folia finem versus deficere videntur. » Autre titre sur le dos de la couverture et à l'intérieur : « Vocabu- larium græcum. » Ce titre erroné a été suggéré à son auteur par la disposition du texte en deux colonnes dont la première contient les mots commentés, et la seconde, la glose du scholiaste. C'est encore un des nombreux manuscrits cédés par Constantin Lascaris à la Bibliothèque de Madrid. On lit au fol. 177 v.: Kaw- olavrivos à Adcaapis xai ToÙTO év Mecor (sc. Meocodvn) Tis Dune- las @ynoaTo. Voici les premiers mots de ce qui s'est conservé dans ce manus- cri Gähar xararebveidros sic) Gaha H4TA0av0VTOS dv mor dpiolevoyTa xaT Ovriva ävÜowmoy (sic) GOTE xaTa- éxrave (sic) oGaidruos (sic) ÉxTwp |. duvaoTetoyra dméaTeiven ô AauTpùs ÉxTwp. ‘ 1‘ IL H, 89-90. ? Lire #»/pwnoy mors ou plutôt #5hp@nruy æore. — 9175 Ces gloses, que j'avais recueillies simplement à cause de leur position dans le manuscrit, dont elles sont devenues le début, se trouvent être inédites et très-probablement particulières au ma- auscrit de Madrid. Je me suis assuré qu'il n'y en a aucune trace 1° dans l'édition d'Homère avec les scholies (dites) de Didyme, donnée à Bâle chez Hervagius en 1541; 2° dans l'Homère de Schre- velius accompagné des mêmes scholies (1656), dans celui de Barnes, etc.; 3° dans les scholies de Venise publiées par Villoison eu 1706, et reproduites par Bekker; enfin 4° dans le commentaire d’'Eustathe, éd. de Leipzig, 1825-1830. Au fol. 168, j'ai relevé à titre de spécimen la première et la dernière ligne du sommaire (ÿré0eo:s) du vingt-quatrième chant. Les sommaires ont été écrits par un copiste qui a eu la fantaisie d'imiter l'écriture semi-onciale du 1x° siècle. Leds xndôpevos Éxropos Qérw mods À ia [om. méureil. Kai évraubot Ajyer” n Ouypou ils. Cette dernière ligne n’est pas dans les éditions. Je n'ai pu, faute de temps, vérifier et préciser la valeur de l'as- sertion contenue dans la note citée plus haut sur l’état de mutila- tion de ce manuscrit, mais, quoi qu’en dise Iriarte?, les points de repère qui vont suivre tendent malheureusement à la confirmer. Fol. 174 v. iodoxeroÿ. Scholie : éÉtodro. Fol. 176 r. Première ligne : or ies Xdous de ous woinoe Kpoviwy*. Schol.  ur} roù ubivous ràs Yuyds. Fol. 176 r. Avani-dernière ligne : [ocofuap®. Schol. mooaus fUÉpOUIs. Hol. 177 v. (fin). ÂuQiemovs. Schol. ne no x[okoüvro|. Rubrique finale : Evruy cs DETANPHTOL ai n À Ts Luddos. On remarquera en outre les particularités suivantes dans la pa- 1 Ms. Anyet. ? Après avoir constaté la perte des scholies relatives aux six premiers chants, [riarte ajoute : «In cæteros vero Hiadis libros ad totum usque xx1v“” scholia procedunt sine intermussu , ita ut nihil ex eis desideretur, » HR ON Gor: 41:11n@; Gtrr. PO) Gb ë Il, ©, 804. — 574 — gination, Le fol. 2 commence le deuxième quaternion; le fol. 6 commence le troisième, marqué d’un chiffre à demi rasé par la reliure; le fol. 12 commence le quatrième quaternion. Je conclus de ces observations que le volume n'est pas arrivé complet dans les mains de Lascaris; que le savant Grec se sera empressé de numéroter les quaternions, lesquels ne sont pas égaux entre eux; que, dans le temps écoulé entre l'achat et la reliure, le premier quaternion et peut-être aussi ceux qui terminent le ma- auscrit auront perdu quelques feuillets, et que la pagination, qui se suit sans interruption, est venue postérieurement au travail du relieur. sf Nous venons de voir que les scholies de l’/liade commencent avec le vers 89 du septième chant. Il n'est pas indifférent d’ob- server qu'un manuscrit du 1x° ou x° siècle, conservé à Rome, ren- ferme les scholies relatives aux chants I à VI. On connaissait jusqu'ici les scholies homériques conservées à Leipzig, à Munich, au British Museum (cod. Towleian.), à Moscou. à Leyde, à Venise?. Il faut désormais faire entrer dans ce groupe les scholies du manuscrit de Madrid, que le catalogue d'Iriarte avait déjà cité comme méritant une collation, mais sans preuve à l'appui, tandis qu'un coup d'œil jeté par hasard sur la première page et une note prise à la hâte m'a fait mettre le doigt sur une addition qui très-probablement n'est pas la seule. J'espère que cette constatation et les présomptions qu'elle fait naître tenteront un jour quelque philologue, pourvu que l’on ne professe pas pour les scholies faussement attribuées à Didyme le mépris outré d’un phi- lologue allemand qui a donné une assez récente édition du Didyme authentique *. ! Voir à ce sujet, dans la belle édition de T'Iliade donnée par M. Alexis Pier- ron (t. II, P- 518), la lettre de N. Schow à Villoison, qui a été communiquée au savant éditeur par M. Egger. Cette lettre, ainsi qu’une autre adressée au même par Gottlieb Heyne, avait été annexée par Villoison à son exemplaire d'auteur des scholies de Venise dont M. Egger est devenu possesseur. ? Cp. Bernhardy, Græc. lit. histor. 3° édit. t. Il, p. 305. .# Maurit. Schmidt, Didymi Chalcenteri Grammatici Alexandrini fragmenta que supersunt omnia, collegit, etc. Lips. 1854, in-8°, p. 214. — Sur l'importance relative des petites scholies homériques, voir la savante et piquante Introduc- tion que M. Alexis Pierron a placée en tête de son édition de VIliade (t. I, DL) MO 29. Manuscrit GREC N. 48 DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE Maprig. (Voir le Catalogue d’Iriarte, n° 48.) L’Introduction harmonique du Pseudo-Euclide attribuée à Zosime. Volume 1in-4° de 145 feuillets, écrit sur papier au xiv° siècle. J'essayerai de compléter, surtout au point de vue de la philo- logie musicale, la notice déjà détaillée à d'autres égards que le bi- bliographe espagnol a consacrée à ce manuscrit. Fol. 1 r. Note écrite au xvin° siècle : « Nicomachi Geraseni Pythagorici Arithmelicæ introductionis li- bri Il, cum scholiis marginalibus. « Diophanti Alexandrini Arithmeticorum libri VI, et alter de numertis polyqgonis. « Accedunt Zosimus de Harmonica et Euclides Sectio canontis musICt. » Les observations qui vont suivre porteront sur l’avant-dernier article, « Zosime, sur l'harmonique,» texte qui n’est autre chose que l'introduction harmonique publiée par Meybaum sous le nom d'Euclide le géomètre. he I se présente ici deux questions dont Fintérêt n’a pas besoin d'être mis en relief. 1° Quel est le véritable auteur de cette Intro- duclion harmonique ? 2° Le texte n’en est-il pas plus étendu dans le manuscrit de Madrid que dans tous les autres exemplaires connus ? . Rappelons d'abord certains détails paléographiques dont quel- ques-uns ne sont pas mentionnés par Îriarte. _ Au fol. 137 r. Titre du temps : Zwcotuov, puis, d'une écriture plus récente dans laquelle friarte croit reconnaître celle de Cons- tantin Lascaris : &epi dpuovixns. Premiers mots : À puovu éoli émiolnun SewpnTian aa mp: ATIXN TÂS TOÙ HPUOOUÉVOU Quoews, comme dans le texte imprimé. Les mots qui suivent immédiatement cette phrase, depuis »p- uoouéro» jusqu'à éyov (éd. Meyb. p. 1, L. 4-7), se retrouvent dans le manuscrit de Coventry et dans celui de Vulcanius mis à profit tous deux par Meybaum, qui leur préfère une leçon empruntée à une citation du passage par Manuel Bryenne (Harmoniques, 1. 1, ch. vi). ! Ed. Meyb. même page, ligne 7, notre manuserit donne 8474 _— 576 — (sic) ÉmTa, el se rapproche ainsi du cod. Vulcanius (où on hit, plus correctement, &o%e), tandis que le manuscrit Coventry avait ecrit ice. : Fol. 141 v. Le texte placé ainsi sous le nom de Zosime se ter- mine par les mols : didypauua, cyñua émimedor ràs Tüv uo)oyou- uévoær [au lieu de la vulgate : pehwdouuéver) wepéyor duvdueus, qui se retrouvent au milieu de la dernière page dans l'édition Mey- paum (p. 22,1. 14-16). Après quoi, sous un nouveau titre {le titre ordinaire de ce texte), écrit de la main du copiste : joaywyn dpuovixn EvxXeidou, se con- tinue la rédaction imprimée, avec des variantes semblables à celles du cod. Baroccianus. Enfin, au bas du fol. 142 r., viennent les derniers mots : oùtos Ô dpos Ts xaTà Tù npuoouévor éoli wpayuareias, les mêmes avec lesquels finit le texte vulzaire de lIntroduction harmonique (éd. Mevyb. p. 22,1. 22-23). Nous pouvons aborder maintenant l'étude des deux questions posées plus haut. En premier lieu, que penser de cette attribution de l{ntroduction harmonique à un Zosime qui apparaît pour la pre- mière fois dans la littérature didactique? Harles la repousse réso- lüment (B. G.t. VIIT, p. 73), en mentionnant ce manuscrit de Madrid, et adopte, comme Iriarte, l'opinion de Meybaum, pour qui le traité dont il s'agit ne pouvait être que l'œuvre d'Euclide le mathématicien. S'il est permis, ce que je crois, de laisser au cé- lèbre geomètre la rédaction du petit traité qui porte le titre de Kararoun xavôvos cu division du monocorde, il devient par suite impossible de voir en lui l’auteur de l’Introduction harmonique, où sont professées des doctrines musicales absolument opposées. Cet argument, qui d’ailleurs n’est pas nouveau !, me dispensera d’in- sister sur cette autre considération que, sauf erreur de ma part, l'auteur du Commentaire sur les Harmoniques de Ptolémée cite trois fois Euclide comme auteur de la section du canon musical, et pas une seule comme ayant écrit l’Introduction harmonique?. M faut donc regarder ce dernier ouvrage comme ddéororos, et, le nom d'Euclide écarté {à moins qu'il ne s'agisse plus que d'un homonyme du canonicien), adopter soit le nom de Cléonide d’après le ma- ! Cp. Vincent, Notices, elc. p. 103; R. Westphal, Metrik, etc. 2° éd. p. 73, 85; W. Chappell, The history of musik, London, 1874, p. 30, note a. 2, Fabric: BG 24404". P- 203. — 977 — nuscrit de Georges Valla l, ou celui de Pappus d'Alexandrie, d’après un codex Vaticanus, ou enfin le nom de Zosime, sur le témoignage du manuscrit conservé à Madrid ?. Ce n’est pas tout. Le manuscrit de Vulcanius, au dire de Mey- baum, suscite une cinquième solution en écrivant : Àvcœvtuou Eic-- aywyn dpuovin. Le Zwotuou de Madrid serait-il une altération de ce mot dvwvüuou? c’est assez peu probable. À l'appui du nom de Zosime, et à titre de simple rapprochement, je remarquerai que parmi les vingt personnages de ce nom que Fabricius, puis Harles, ont mentionnés dans la Bibliothèque grecque (t. VIIL, p. 71), j'ai cherché auquel pourrait convenir le texte de l'Introduction harmonique. Pline le Jeune parle bien (Ep. v, 19) d'un Zosime son affranchi, musicien et artiste dramatique, à qui. entre autres qualifications élogieuses, il donne celle de « Homo litteratus. » Il ajoute même : « Utitur et cithara perite ultra quam comœædo necesse est. » Mais, en l'absence de données plus positives, il est préférable de suspendre son jugement et de se borner à re- connaître que ce texte attend, de quelque fait imprévu et de l'es- prit critique qui le mettrait à profit, la désignation du nom de son auteur ÿ. Passons à la seconde question. Un détail qui avait échappé au savant bibliographe espagnol, c’est que l’espace compris, dans Mey- baum, entre les mots duvduers et oùros reproduits plus haut, espace qui correspond à cinq ou six liynes de son édition (p. 22,1. 16- 22), est rempli, dans le manuscrit de Madrid par un texte de trente lignes, qui, d'après une supputation facile, correspond à plus de soixante lignes ou près de deux pages du volume imprimé #. 1 Voir aussi à la Bibliothèque nationale le manuscrit grec n° 2535. — Cp. Miller, Manuscrits grecs de l'Escurial, p. 323. 8: ? Je mentionnerai purement et simplement la conjecture hasardée par Davis Grégory. Le célèbre éditeur des Eléments d'Euclide serait tenté d'attribuer à CI. Ptolémée les deux ouvrages musicaux souvent présentés sous Île nom du géo- mètre, tout en reconnaissant qu'ils sont rédigés dans un esprit différent. Fabri- cius à fait justice de cette conjecture (B. G. éd. Harl. t. V, p. 80). $ Un manuscrit musical grec du xx‘ siècle, conservé à Saint-Marc (cl. VI, n° 3), porte la note suivante : EüxAeidou xavdvos nararou#. Zwouos dipÜou ëv K. IL. evruyds. Peut-être le Zosime auteur, dans le manuscrit de Madrid, se confond-il avec le copiste de celui de Venise. Une confrontation des deux écri- tures trancherait sans doute cette question. (Voir Marquard , Aristoæen. Fragmenta : p- X11.) 4 La lione du manuscrit comprend environ 62 lettres, et la page 50 lignes, s) l 5 $ — 578 — Cette notable différence {qui ne m'est apparue qu'après avoir quitté Madrid, et dont je n'ai pu me rendre compte sur place) s'explique-t-elle par une simple transposition, par une interpola- tion relativement moderne, ou enfin par la restitution d'un passage d'autant plus important qu'il y serait question de la puissance ou fonction des sons mélodiques? Si ee n'eût pas été dans les der- nières heures de mon séjour en Espagne que j'ai pris connaissance de ce manuscrit, je n'aurais pas manqué de rapporter la collation de cette page problématique. $ 24. Manuscrit GREC N. 7 De LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE Maprin. (Voir le Catalogue d’Iriarte, n° 5.) Lexique grec-latin. Volume in-fol. écrit sur parchemin au xv° siècle. 267 feuillets. Signature du calligraphe en grec et en latin. Iriarte a donné la première; voici l’autre : « Hoc manu sua exaravit Jo. Thessalus Scutariota, absolvitque n° decembris die a Christo nato 1470. Fol. 1. Premiers articles : A Ah! o ! exclamatio, interjectio exclamantis. à Tanquam que. &ATOS Însatiabilis, illesus {sic) et innocens. Dixième article : n d6pa Ancilla. Fol. 267, dernier article du lexique : ‘&V, dmds, 0, À. Vultas, aspectus, frons. Ce manuscrit se rapproche beaucoup par sa belle exécution, mais diffère par son contenu de celui que possède notre Biblio- thèque nationale sous le n° 2628 de l’ancien fonds grec!. Il dif- La ligne de Meybaum a 28 lettres. La division == 66 donne le nombre de lignes imprimées auquel semble répondre le texte additionnel de Madrid. ! C’est un volume du xvi‘ siècle, écrit sur parchemin et qui comprend 399 feuillets. Les premiers articles de ce lexique sont : Âarros, intangibilis, dayès, infrangibils (sic), déapès, non grave. Dernier article : OO, vultus, aspec- lus, frons (comme le manuscrit de Madrid). Note sur la garde : Confer cum codice 2244 et cum cod. 2065 et cum cod. 2211. (Ces numéros se rapportent à l'avant-dernier classement des manuscrits grecs.) Scriptum puto manu Georgil Hermonymi. — Anciens n°: Lxxxv, 85, 2181. — 579 — fère aussi du lexique grec-latin conservé à l'Escurial! Fabricius et mème Harles (B. G.t. VI, p. 63) semblent ignorer l'existence du manuscrit de Madrid. Iriarte en avait pourtant signalé le ca- ractère original. $ 25, MANUSGRITS LATINS DE LA BIBLIOTHÈQUE D'Ossuxa (Manri). 1° Commentaires de Jules César. — 2° Livre de Vergerio sur l'éducation. J'ajouterai ici quelques indications à celles que renferme mon premier rapport, concernant les manuscrits d’'Ossuna. 1° Commentaires de Jules César revisés par Julius Celsus Cons- tantinus. Ce Jules Celse est considéré comme étant lui-même l'au- teur d'un Commentaire sur la vie de Césur, publié d’abord à Siras- bourg, sans nom, en 1473, puis par J. G. Grævius dans son édi- tion de César (1697), et, la même année à Londres, par Dodwell, je crois. Jungermann en a donné un extrait relatif à la guerre d'Espagne d’après un manuscrit de Paul Petau (éd. de Grævius, 1. IE, p. 185-191). H dit avoir trouvé ce fragment, sans nom d’au- teur, dans un manuscrit de Cujas, et, dans celui de Paul Petau, sous le nom de « Fr. Petrarca. » Dodwell croit l’auteur de ce com- mentaire ltalien de naissance et beaucoup plus moderne que Ju- lius Celsus, qui vivait au vi° ou au vu° siècle. Grævius a remarqué qu'il était chrétien et qu'il ne doit pas remonter au delà du xn° ou du xtu° siècle. Du surnom Constantinus donné à Celsus, on a con- clu qu'il devait être de Constantinople. (Cp. Menagiana, 1, IV, p. 84.) D'après J. Sirmond, dans ses notes sur Ennodius, p. 73, on lit à la marge d'un Jules César du Vatican : «Julius Celsus Constan- tinus V. C. legi. — FI. Licerius Firminus Lupicinus legi. » Sir- monc ajoute que ce Lupicinus était le fils d'Euprepia, sœur d'En- nodius, l'évêque du Tessin, et florissait au commencement du “Apisiecle. La plupart des explications qui précèdent sont empruntées à ia Bibliothèque latine de Fabricius augmentée par Ernesti (t. [, p. 255- 259). Juste Lipse, de son côté, rapporte que plusieurs manuscrits ! Voir le catalogue de M. Müller, n° 68, fol. g1. a des Commentaires de César présentent celte souscription à la fin du texte : «Julius Celsus Constantinus legi commentarios Cæsaris:; ». et d'autres manuscrits : « Jul. Cels. Constantinus V. C. legi, » no- tamment un manuscrit de Thou, au début du IF livre de la guerre des Gaules, et, au début du livre IT, en marge : «F1. Licerius Firminus Lupicinus legi; » — d'autres encore cette formule : « Jul. Celsus, vir clarissimus (alias, vir consularis) et comes recensui; » — ou celle-ci : «CG. Julii Cæsaris per Julium Gelsum commentaru. » Les divers manuscrits de César portant la trace d’une révision faite par Constantin Celsus! présentent tous une rubrique dif- férente de celle que j'ai lue dans le manuscrit d'Ossuna, savoir : Julius [om. Celsus] Constantinus emendavit. Le volume se termine par ces mots : « quarum laudibus et vir- tute » qui sont aussi, dans le texte imprimé, les derniers des Com- mentaires sur la guerre d'Espagne attribués à Jules César. 2° Traité d'éducation de Pierre Paul Vergerio. Le volume où se trouve cet ouvrage contient en outre le De senectute ou Calo major de Cicéron, son Lælius ou De amicitia, et ïes Paradoxes. Le livre de Vergerio porte le titre suivant : «Petri Pauli Ver- geri Justinopolitani, viri doctissimi, ad Übertinum Carrariensem de ingenuis moribus et liberalibus studiis adolescentiæ. » Depuis la rédaction de mon premier rapport, j'ai retrouvé, ou plutôt les personnes préposées à la réserve de la Bibliothèque na- tionale m'ont communiqué, non pas l'édition de Milan, 17/44, que j'avais mentionnée d’après un article de dictionnaire biographique, mais une autre, contemporaine du manuscrit d'Ossuna. Elle mé- rite de nous arrêter un instant. C’est un petit volume in-8°, sans ütre proprement dit, sans pagination, sans divisicn par chapitres. Le titre suivant, confondu avec le texte, en occupe les premières lignes : « P. P. Vergerii Justinopolitani ad Ubertinum Carrariensem de ingenuis moribus opus preclarissimum. » 1 Voir, sur Celsus et sur sa révision de César, Fabricius, Biblioth. latina, éd. Ernesti, t. [, p. 255-259; Juste Lipse, Œuvres complètes , éd. in-8°, 167o%t. 1, p. 485. Voir aussi Vossius, De Hist. lat. 1. I, ch. xux, et Instit. orat. 1. V, ch. 11, $ 10; H. Dodwell, Dissertat. de Jul. Celso ad Grævium, à la suite de ses Annales Quintilianei et Statiani, Oxon. 1698, in-8°, sect. XI. — Cp. Cataloque gén. des mss. des bibliothèques publ. des départements, t. T, p. 298; t. Il, p. 400 00e p. 340. ; — 581 — Fin : «Parisius, per Guidonem Mercatoris MccccLxxxxTm die. xx1 nouébris!. » | Dans la reliure du volume sont compris plusieurs autres mor- ceaux sur l'éducation, extraits du Pseudo-Plutarque, de saint Ba- sile, etc. traduits en latin. J'avais rapporté deux fragments de Vergerio relatifs à l'histoire de la musique. Ils se retrouvent tous deux dans cet incunable. Voici une partie du second, qui, pour ne pas être inédit, n’en est guère plus connu, et offre un certain intérêt au point de vue de ce que l’on peut appeler la physiologie de la musique. (26° fol. de l'édition.) « Siculi quidem modi? ad remissionem animi magis faciunt et quietem, Gallici vero contra, ad exercitationem et motum, Itali autem inter hos medium tenent, et item quæ Ÿ pulsu aut cantu fit melodia decentior est, quæ vero spiritu atque ore minus videtur ingenuis convenire, sed et ad sonos saltare et muliebres ducere choreas, indignæ viro voluptates videri possunt. Tametsi sit in his rebus* fructus aliquis, quoniam et corpus exercent et multam membris dexteritatem adjiciunt, sinon lascivos juvenes redderent, eorumque mores bonos nimia navitateÿ corrumperent. » À la fin du manuscrit d’Ossuna on lit la note suivante: « Angelus ltalicus hunc lHibrum Ciceronis, etc. item cujusdam oratoris Pauli Petri (om. Vergerii) Justinopolitani . . ... exscripsit ad instantiam .…… R% Jacobi de Hospitali archidiaconi Belchitensi in ecclesia Ce- saraugustani. » Grace aux recherches que don Cajetano Rossel, le sous-directeur de la Bibliothèque nationale, a bien voulu faire au département des imprimés, j'ai lu dans la Biblioteca antiqua de Ara- gon, de Felix de Latana (1796, in-4°, t. I, p. 361), une mention de «Micer Jayme Espital» (en latin Michael Jacobus Hospitalis) avec cette indication : « fuè illustre jurisperilo de Zaragoza. » Ce personnage, qui dut naître vers la fin du xm° siècle ou au com- mencement du x1v°, est probablement le père ou l'oncle de larchi- 1 Edition non mentiownée dans le Manuel du libraire de Brunet. ? Modi, dans le sens où les écrivains grecs du 1° siècle emploient le mot rpôrot, les genres du chant, son caractère. % Le manuscrit et l'édition : «que.» — Je rétablis partout l'orthographe ordi- naire. # Ms. d'Ossuna : « Tametsi in eis sit fructus...» Leçon préférable. * Ms. d'Ossuna : « vanitate.» Leçon préférable. MISS. SCIENT. — II. 38 rt QE se diacre nommé dans le manuscrit. Du reste cette question n'est importante que par son côté historique, et nous n'avons pas à la discuter. $ 26. TROIS MANUSCRITS EN LANGUE ROMANE DE LA BIBLIOTHÈQUE D'OssuxA. 1° Breviari d’amor. — 2° Roman de la Rose. Premier exemplaire. — 3° Même ouvrage, deuxième exemplaire. 1° Plut. I, littera N, n° 19. Bréviaire d'amour. Magnifique vo- lume écrit sur vélin in-fol. de 259 feuillets. Le texte débute par une table de 254 chapitres dont les titres commencent tous par une majuscule enluminée. On rencontre, à chaque page au moins, une vignelle couleur et or. Écriture du x1v° siècle. En 1864, un professeur de philologie romane à l'Université de Vienne, M. Ad. Mussafña, a publié dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences de cette ville (classe de philosophie et d'his- toire, livraison de juin, p. 407-449) une notice de deux manus- : crits renfermant l'œuvre de Matfre Ermengaud et conservés à la Bibliothèque impériale autrichienne. À cette occasion, il passe en revue les autres exemplaires de ce poëme!, mais il semble ignorer l'existence de l’exemplaire d'Ossuna, lequel n'est pas mentionné davantage dans l'édition du Breviari d'amor entreprise par la So- ciété archéologique de Béziers (t. [, p. x-xix). 2° Roman de la Rose. In-fol. écrit sur parchemin ordinaire au x1v° siècle. 1 Voici sa nomenclature, qui peut intéresser nos romanistes : A. Paris, ms. fr. n° 857, olim 7226. 3. 3. suppl. fr. 2001. ms. fr. 858, olim 7227. ms. fr. 1601, olim 7610. : fonds S. G. fr. n° 137 (résumé en prose). Ms. de Lyon, n° 1223. Ms. de Carpentras, n° 377. Paris, bibliothèque de l’Arsenal, n° 140. (Fragment.) Londres, ms. du British Museum. Saint-Pétersbourg, Ermitage, 5, 3, 66. Vienne, deux manuscrits. Madrid, ms. de la Biblioteca nacional. ( Abrégé.) Escurial, ms. S. I. 3. Je signalerai, sur l'indication de M. Paul Meyer, un article sur ce dernier ms. dans le Jahrb. f. rom. und engl. Lu. t. IV, p. 54. HO — 583 — “ La souscriplion du copiste n'est pas d’un ascète : « Detur pro pena scriptori pulcra puella. » 3° Méme ouvrage. Autre exemplaire écrit sur vélin au xv° siècle. C'est un beau volume in-fol. rempli d’enluminures. I contient la continuation de Jean de Meung. $"27. LA BIBLIOTHEQUE CAPITULAIRE DE ToLEDE ou ArcHivo HISTORICO PROVINCIAL. HISTORIQUE. CATALOGUE DES MANUSCRITS GRECS. Je ne reviendrai pas, dans ce second rapport}, sur l'intérêt que pourrait présenter une exploration complète de cette bibliothèque; je me bornerai à donner sur ses-origines et ses progrès quelques détails empruntés pour la plupart à la notice que lui a consacrée M. Giuseppe Valentinelli dans un mémoire très-instructif sur les bibliothèques d'Espagne. (Comptes rendus de l’Acad. des sciences de Vienne, classe de philos. et d’hist. Publié à part, Wien, 1860, in-G°.) Les anciens documents établissent que la bibliothèque du cha- pitre métropolitain a été fondée dans les premiers temps de l'église tolédane, par l’évêque Olympio, et qu’elle s’accrut aussitôt par les soins d'un autre prélat, Asturio; mais les données sont très-in- certaines jusqu'à l’année 1380, époque où l'archevêque Pierre Tenorio donna au chapitre sa propre bibliothèque. Au xvi° siècle, elle reçut de nouvelles richesses grâce à la libéralité du célèbre cardinal archevêque de Tolède, Fr. Ximenès de Cisneros, et du chanoine J. B. Perez qui en fut le bibliothécaire jusqu'en 15941, époque où il devint évêque de Segorbe. Les archevêques Fonseca, Tanera et Siliceo suivirent ces louables exemples. En 1801, le cardinal archevêque Antonio de Lorenzana, qui fonda la biblio- thèque de l’archevêché, acheta à Rome, pour celle du chapitre, un certain nombre de manuscrits orientaux et grecs, acquis par le cardinal espagnol Saverio de Zelada vers 1598. À la fin du xvur° siècle, le jésuite Andrea Burriel fit un cata- logue raisonné de cette bibliothèque, lequel fut transcrit purement Voir plus haut, p. 506. I. = HOT et simplement par deux prêtres du chapitre, Joachim et Jean Vil- labobos. En 1808 , le chanoine Frias dressa un catalogue sommaire qui fut complété 1l y a quelques années par Michel de San Ro- mano !. Quant au catalogue publié par Hænel , je m'en suis ex- pliqué dans le premier rapport (p. 506)?. M. Valentinelli cite, parmi les volumes précieux que possède la bibliothèque capitulaire, un manuscrit du 1x° siècle contenant : Forum Judicum Visigothorum (cajon XIIT, n° 5. dans le catalogue de Hænel) ,qui a été mis à profit par l’Académie nationale d'histoire de Madrid (1815, in-fol.). Ce volume renferme quelques feuil- lets palimpsestes qui ont fourni un fragment inédit de Tite-Liveÿ. D'autre part, les Monumenta Germanie historica ont tiré parti d’un manuscrit de la même provenance contenant une copie de la loi salique. Enfin M. Miller, dans la courte visite qu'il a faite en 1843 à la Bibliothèque capitulaire, consacra quelques heures à l’examen d’un Étienne de Byzancet. 1 Cp. Toledo religtosa , Séville, 1852, in-8°, p. 90-99. — Sisto Romano Perro, Toledo en la mano (description historico-artistique), Toledo, Lopez, 1857, t. Il, p. 681-688.— Jos. Amador de los Rios, Toledo pintoresca, Madrid, Boin , 1645, p. 106. : ? Je ne puis néanmoins me dispenser de faire voir, par quelques exemples, combien est défectueuse la publication de Hænel. Le titre de l'ouvrage donne à croire que les catalogues dont il se compose doivent être complets : «Catalogi hibrorum manuscriptorum qui in bibliothecis Galliæ, Helvetiæ, Belgni, Britan- niæ magnæ, Hispaniæ, Lusitaniæ asservantur, etc.» Or, pour citer d’abord le catalogue de l'Escurial, ni les quatre manuscrits d'Aristoxène, ni les trois exem- plaires de Damascius dont j'ai parlé plus haut, ne s'y trouvent mentionnés. Ces omissions n'ont rien d'étonnant, si l’on songe que ce catalogue, pour ce qui re- garde le fonds grec, n'occupe que neuf colonnes du volume. Hænel visita la bibliothèque capitulaire de Tolède en 1822. Manuel Varouez, professeur à l'Université, en était alors le conservateur. Le bibliographe allemand reproduisit le catalogue de Frias, qui a seize colonnes dans son livre, maïs qui est encore fort incomplet. C'est ainsi que M. Valentinelli cite un manuscrit du xi° siècle, Samsoni abb. Cordubensis apologetcus , omis par Hænel. M. Libri l'a loué pour la sévérité de sa critique (Journal des Savants, 1841, p. 430), mais, quelque lignes plus loin, il ne donne pas les mêmes éloges à la méthode adoptée pour les ca- talogi : «Hænel s'en étant tenu le plus souvent, dit-il, à des catalogues anciens, qui ne répondaient nullement à l’état des bibliothèques dont il parlait » (p. 436). Observons enfin que Hænel, qui mentionne dix bibliothèques situées à Madrid, semble n'avoir pas connu celle de la famille d'Ossuna. 3 Cp. Kreissig, Commentatio de Titi Liwvii Historiarum reliquus ex palimpsesto toletano erutis. Misenæ, Klinkicht, 1849 , in-8°. “ Voir la lettre de M. Miller au directeur de la Revue archéologique , numéro — 585 — Depuis que la « Bibliothèque du chapitre métropolitain de To- lède » est devenue « l'Archivo historico de la Province, » un certain nombre de manuscrits grecs et autres ont été transportés à la Bi- bliothèque nationale de Madrid, où, lors de mon voyage, ils occu- paient une vaste armoire. Les administrateurs de cet établissement avaient bien voulu m'autoriser à prendre connaissance de son contenu, mais je n'ai pu, faute de temps, tirer grand profit de cette faveur tout exceptionnelle. * CATALOGUE DES MANUSCRITS GRECS CONSERVÉS À LA BIBLIOTHÈQUE CAPITULAIRE DE TOLÉDE |. Manuscrits en grec ancien. 1. Victor d'Antioche. Commentaire sur les quatre évangélistes. In-fol. (Cajon ou armoire) [, n° 12. — Z?, 2. Texte grec des quatre évangélistes. In-fol. IT, 10. — Z. 3. Collection canonique; actes des 5°, 6° et 7° conciles. In-fol. VIEIL, 22.— Z. h. Saint Éphrem ; ses opuscules. — Divers opuscules par saint Basile et autres. In-4°, IX, 14. — Z. 5. Opuscules de divers Pères grecs. In-fol. IX, 20. — Z. 6. Homélies, par divers. In-fol. IX, 32. 7’. Textes grecs et syriaques destinés à la collection des œuvres de Théophile d'Alexandrie. In-fol. IX, 405. — Z. 8. Dévotionnaire (Devocionario) grec écrit par Philippe Vidal, Romano et Monge, en 1717. In-12. XXXIV, 37. 9. Partie d'été du bréviaire grec. In-4°. XXXT, 28. — Z. 10. Psautier selon le rit grec. In-8°. XXXI, oo — Z. 11. Messe grecque de saint Jean Chrysostome. In-8°. XXXI, 30. — Z. na - Évangiles , ou lecons des quatre évangiles selon la division des Grecs. Int XXXE, 31. — Z. 13". Éuchologe grec selon saint Basile et saint Jean Chrysostome. In-4°. XXXI, 32. — 7. 14. Liturgie (office) de saint Jean Chrysostome. In-8°. XXXI, 33. — Z. de janvier 1872, p. 61. Gp. son article publié au Journal des Savants, numéro de novembre 1838, p. 689 à 706. ! Cette liste, que j'ai numérotée pour la facilité des renvois, est une traduc- tion de l'extrait du catalogue général, écrit en espagnol, qui m'a été communi- qué par M. José Foradada, bibliothécaire en chef de lArchivo. Je le publie avec son autorisation et crois devoir lui en laisser la responsabilité. ? L'initiale Z. indique que le manuscrit provient des acquisitions faites à Rome par le cardinal de Zelada. Les manuscrits suivis de linitiale L. ont été achetés, à Rome également, par le cardinal Antonio de Lorenzana. 3 L'astérisque sert à désigner les volumes que j'ai eus entre les mains et dont 1 sera traité dans les paragraphes suivants. — 986 — 15. Notes sur le missel slave traduit du latin par Et. Rossi, présentées à Be- noit XIV par Mathieu Caraman, archevêque de Zara!. In-fol. XXXI, 35. — Z. 16. Epistolaire grec. In-fol. XXXVIIL, 21. — L. 17. Evangéliaire grec ?. In-fol. XXXVIIT, 22. — L. 18. Etienne de Byzance. Histoire des villes de la Grèce. In-4°. XLV, 30. — Z. 19. Thucydide, Histoire du Péloponnèse. In-4°. XLIX , 21. — Z. 0". Plutarque, Œuvres morales. In-fol. LI, 5. — Z. 21". Mélanges d'observations sacrées et profanes. In-fol. LXXX VIII, 22. — Z. 22". Aristote, Métaphysique. In-fol. XCIV, 12. — Z. 23". Alexandre l'Aphrodisien et divers. Commentaires sur Aristote. In-fol. XCIV, 23. — Z. 24. Alexandre l'Aphrodisien, Commentaire sur les Analytiques d'Aristote. In-fol.- XCIV, 24. — Z. 25. Porphyre, Introduction aux Catégories d'Aristote. In-4°. XCV, 8. — Z. 26°. Héron d'Alexandrie, Pneumatiques. In-16 $. 27. Divers traités philosophiques. In-16. XCVI, 37. — Z. 28". Collection d’écrits relatifs à la médecine, par divers auteurs. In-fol. XCVIF, 10m A: 29. Euclide. Catoptriques. — Éléments. Scholies marginales en hébreu. In-fol. XCONIL 1192217. 30°. Théon d'Alexandrie (et Pappus), Commentaire sur les œuvres de Cl. Pto- lémée. In-fol. XCVIIT, 14. — Z5. | EE ? 31". Alexis Cominène et Léon, fils de l'empereur Basile. Tactiques. In-4°. XCIX, 16. — Z. 32. Anonymes. Grammuire grecque. — Discours sibyllins. In-8°. XCIX, 44. = 33. Théodore de Gaza, Grammaire grecque. In-4°. C, 1,2, 3. — Z. 34. Anonyme, Traité sur les noms attiques. In-4°. C, 4. — Z. 35. Anonyme, Accentuation grecque. In-8°. C, 5. — Z. 36. Esope, Fables. In-4°. CI, 12. — Z. ! Ce livre est rédigé en langue italienne, mais contient un très-grand nombre de textes grecs et slaves. ? Le volume contient des offices de canonisation de papes et de prélats, entre autres, celle de saint Charles Boromée. # La sigle manque dans l'extrait du catalogue qui m'a été remis; mais elle est sûrement comprise entre celle de l'article précédent et celle du suivant. * Manuscrit transféré à la bibliothèque de Madrid. 5 Hænel : Geographia Ptolemæi. Cette fausse indication a fait croire à M. Ch. Muller qu'il existait un &codex toletanus » de la Géographie de Ptolémée ( Archives des müssions , 2° série, t. IV, 1868, p. 284). M. Muller qui, depuis, a eu le ma- nuscrit lui-même sous les yeux, s’est assuré qu'il ne renfermait pas la Géogra- plie: mais, comme il a bien voulu me le faire savoir, on ne lui a pas donné la faculté de voir les autres manuscrits composant la bibliothèque capitulaire ni même d’en parcourir le catalogue. Restait donc à vérifier si ce texte figurait dans quelque autre manuscrit de Tolède. Nous pouvons aujourd'hui fournir à cette question une solution négative, — 587 — 37. Canons grammaticaux. — Écrits divers de Philostrate et de Diogène. In-4°. CI, 13. — Z. 38. Platon, Lettres. In-4°. CI, 14. — Z. 39. Collection des Géoponiques de Constantin, 04 C1 157217; 4o. Dion Chrysostome, Discours. In-fol. CI, 16. —Z. 41. Euripide, Tragédie d’Jon. In-/°. CIF, 33. 42. Apollonius de Rhodes !. Les Argonautiques. In-fol. CIT, 34. — Z. A3. Pindare, Lycophron et autres poëtes. In-4°. CIE, 35. — Z. Manuscrits ex grec moderne. 1. François, évêque de Zacynthe, Traduction du Triomphe de la Croix, de Fr. Jérôme Savonarole. In-4°. XVIT, 26. — Z. 2. Lettre adressée à Bernardinus Sabinus. In-fol. CXIX, 21. — Z.. 3. Lettres adressées à Manuel Sidi, marchand à Malte. In-4°. CXX, 6. — Z. Voici, d'après Hænel, l'indication de quelques manuscrits grecs de Tolède qui ne figurent pas dans ce catalogue. Leur absence vient de ce qu'ils ne sont plus à l'Archivo. On les retrouverait sans doute parmi ceux qui, de ce dépôt, ont été transportés à la bibliothèque nationale de Madrid. Cajon I, 22, 23, 24. Anon. expositio græca psalmorum. Sæc. XIV ?. Membr. fol. XXVII, 2», 3. Eusebii historia. Sæc. XIV et XV. Membr. fol. XXVIT, 2. Eusebn historia ecclesiastica. Sæc. XI. Membr. fol. XXVII, 4. Eusebui chronicon. Sæc. XV. Membr. fol. LI, 14, 19. FI. Josephi Hist. belli Jud. Sæc. XV. Membr. fol. XCIV, 9 à 11, 13 à 19. Ouvrages divers d’Aristote. {Texte grec ou traduction latine?) — [1 est permis de conjecturer que d’autres manuscrits grecs omis par Hænel font partie de ce groupe. $ 28. MANUSCRIT GREC DE L'ARCHIVO HISTORICO DE TOLÈDE, N° 7°. 4 Textes grecs et syriaques destinés à la collection des œuvres de Théophile d'Alexandrie. J'ignore si cet apparatus a été consulté pour établir la publication intitulée : « Theophili episcopi Alexandrini litterarum monimenta quæ extant omnia, nunc primum collecta et digesta, » dans le 1! Hænel : Apolloni Alexandrini (sic\ Argonautica, etc. 2 Sur l’âge attribué aux manuscrits dans le catalogue de Tolède reproduit par Hænel, voir plus bas, p. 590, note 1. $ Ce numéro d'ordre est celui que J'ai placé devant chaque article de la liste qui précède. Il suflira de se reporter à cette liste pour avoir la sigle des ma- nuscrits. Du reste, ce numérotage n’est pas arbitraire; ainsi, le manuscrit de Tolède n° 7, dans notre nomenclature, est bien le manuscrit occupant le sep- tième rang dans le catalogue des manuscrits grecs qui sont restés à l’Archivo. — 588 — recueil de Galland, Bibliotheca Patrum, t. VIT, p. 603. Venetüs, 1770 ; J'y ai trouvé, en le feuilletant, des remarques bibliographiques, des collations de textes recueillis d'après des manuscrits grecs et syriaques, des extraits accompagnés d’une traduclion latine et, entre autres documents, des copies ou des variantes rapportées du Vatican, d'après les manuscrits ci-après désignés. a. Cod. Vatican. 1599, p. 301, ouvrage qui a pour titre : wepi Ts d'ylas dvaGopäs; copie. | b. Cod. Vat. 573, p. 79; copie. ce. Cod. Vat. 1632 (sæculi 1x circiter); variantes. d. Cod. Vat. 52; variantes. e. Cod. Vai. 9, p. 45; copie. f. God. Vat. 361, p. 192; copie d'un texte syriaque avec traduction lstine. $ 29. MANUSCRIT GREC DE L'ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE, N° 11. Messe grecque de saint Jean Chrysostome. Ce manuscrit n’est pas ancien {fin du xvi° siècle ou comimence- 3 ment du xvrr°). Titre : H Sea AesToupyia TOÙ y dylois aTpos nur lo. X puco- oTopov. Premiers mots : Eÿy[n] Aeyouéyn Ürd roù lepésos. Signature du copiste : lyvérios à iepouôvayos à Xpuoôclouos. $ 30. MANUSCRIT GREC DE L' ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE, N° 12. Évangiles ou Lecons des quatre évangiles selon la division des Grecs. En tête de ce volume on trouve une note de deux pages écrite en anglais et intitulée : « Feast mentioned in my greek Evangelium or Evangeliarium. » 1 Sur les ouvrages de Théophile d'Alexandrie, voir l'utile publication de Dowling, Notitia scriptorum SS. PP. etc. Oxonn, 1 839, in-8°, p. 200,211, 219, 240, 245. — Cp. Vossius, Mathesis, p. 225; Heïlbronner, Matheseos unwersa historia, p. 364. — Bernardin Baldi, dans sa Chronica dei matematict, déjà citée, dit de lui (p. 56) : « Fu gran teologo e matematico.» Voir aussi Fabricius, B. G. t. V, p.95; XII, p. 653, et dans l'édition Harles, t. VIT, p. 108. — 589 — Début de la note : « À. C. 462 Simon Stylites septfembris] 1.» Fin de la note : « The conception of the B. Virgin first mentio- ned in the Emp. Manuel Comnen constitution of the 12 century. Ed. 209, in wich also the feast of Constantin et Hilari in express and taken notice of Id. p. 90.» Le manuscrit proprement dit contient 4 16 pages en parchemin. Il a pour titre : « Evangelium seu lectionum quæ in 1v evangeliis hinc inde depromptæ in ecclesia græca per annum recitari solent codex antiqua manu exaratus, decimoque, ni fallor, seculo adscribendus. » Notes préliminaires en écriture du xvu* siècle, savoir : 1° ren- voi de chaque leçon au passage de l'évangile ; 2° autre table dressée suivant l’ordre des textes évangéliques; 3° explication et tableau paléographique des caractères de l'alphabet grec; 4° explication des ligatures; 5° table des iotacismes; 6° exemples de permutations de voyelles; — en tout 39 pages remplies de cette écriture. Le texte grec manque dans la partie comprise entre les feuillets 1 et 52. $ 31. MANUSCRIT GREC DE L ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE , N° 13. Euchologe grec selon saint Basile et saint Jean Chrysostome. Manuscrit en papier de xit-119 pages, qui par les observations paléographiques a beaucoup d’analogie avec le n° 12. C'est la co- pie d’un très-ancien manuscrit de Rome, faite au xvim° siècle. Titre : « Euchologium S. Marci Romæ in bibliotheca Barberina asservatum. » Passons rapidement en revue les observations de l'annotateur moderne. Renvoi au livre de Léon Allatius, De Eucholoqüs mss. daté de 1644. À cette époque, le manuscrit en question cité par Alla- tius était déjà réputé avoir plus de neuf cents ans de date, ce qui en placerait l'exécution vers le milieu du vrr° siècle. Il est écrit en onciales. Renvois à la Bibliothèque de Fabricius (t. V, p. 72), Moni- faucon, Biblioth. Biblioth. t. T, p.171, et Diarium italicum, 1702, p. 210. — Le manuscrit a été trouvé dans la bibliothèque du cou- vent des frères Prêcheurs de Saint-Marc [à Rome] et transporté dans la Barberine. — Goar l'a vu (Cp. p. 176)! Au fol. IT r. Titre : « Liturgiæ S. Basilii, S. Chrysostomi et Præ- ! Voir aussi Fabricius, B. G. p. 385. — 590 — sanctificatorum ex Euchologio ms. S. Marci Barberino descriptæ, quibus adjungitur index rerum omnium quæ in eodem ins. com- prehenduntur, non solum titulos inscriptionesque officiorum præ se ferens, sed etiam prima et ultima verba orationum rubrica- rutnque, et integras prout se habent in ms. ecphoneseis complec- tens, orationes præterea quæ a Goaro prætermitituntur universæ ex integro repræsentalæ, variæ denique lectiones, omniaque quæ ex ms. illo edidit Goarus, præterea, quæ hic integra exhibentur cum originali dxpré@s collata. » Suit une notice très-étendue à propos du prototype. Au fol. III v., un calque de l'écriture suivie dans le manuscrit. Puis, un tableau des ligatures de l'écriture onciale; — une liste des iotacismes; divers exemples de & pour ô7, de letires man- quantes, etc. Fol. 2 à 21 : Extraits ayant pour titre général : «E codice perau- tiquo literis uncialibus exarato seculi ut creditur noni in bibliotheca Barberina Romæ asservato n° 77.» Fol. 59 et suivants. Série d’orationes mesonychæ annoncées plus haut comme ayant été négligées par Goar. Fol. 78; note en anglais où H. Savilius est cité. Fol. 81 à 119.Variæ lectiones Euchologii etc. ad examen revocatæ. Première ligne de la récension : 1. 27, lege æpoceuynr mod (lire DPOTEUY NY LOU). Tout le travail paléographique compris dans ce volume paraît être, comme le n° 12, l’œuvre d’un savant anglais. $ 32. MANUSCRIT GREC DE L ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE, N° 20. Plutarque, Œuvres morales. Très-beau volume in-fol. écrit sur parchemin vers la fin du xvi® siècle 1. | Voici la traduction d’une liste en grec des opuscules insérés dans ce manuscrit. L'ordre de ces opuscules n'est pas le même ici que dans les éditions de Plutarque dont j'ai pu avoir connaissance. Ce ! Le catalogue reproduit par Hænel fait remonter cette copie au x1v° siècle, ce qui me semble de tout point inadmissible. Cette observation s'applique à plusieurs autres manuscrits mentionnés par ce bibliographe. Aussi n’ai-je pas cru devoir reproduire les dates assignées dans son catalogue aux treize articles qui n'y sont pas omis. | — HOL — n’est pas non plus l'ordre dans lequel Eamprias, le fils de Plu- tarque, avait rangé les œuvres variées de son père pour en envoyer la liste à un sien ami!. À tilre de rapprochement, je joindrai à chaque article l'indication du rang qu'il occupe dans la dernière édition (Bibliothèque gr. lat. de Didot) et dans la liste de Lamprias. Ordre Ord re de de Lamprias. l'edit. Didot. Ordre du manuscrit. 1. Préceptes politiques. ; 102 55 2. Épitre consolatoire à sa femme. 110 - 48 3. Gloire des Athéniens. 186 2 4. Utilité de la philosophie pour les généraux. 7 22 5. De la gérontocratie. 73 54 6. Isis et Osiris (alias I. et Serapis). 116 26 7. Vertus des femmes. 12/ 19 8. À un chef ignorant. U 53 9. L'usage de la viande. 4 69 10. Le Destin. 56 15 11. Questions platoniques. 139 70 12. Sur la musique. À l 79 13. Les stoïciens plus incroyables que les poëtes. 77 7h 14. Aristophane et Ménandre. 119 6o 19. Sur l'âme d’après le Timée. (5S He 71 16. La vie selon la doctrine d’Épicure. 81 76 17. Sur la vie cachée. 168 78 18. Influence du vice sur l'infortune. y 36 19. De l'amour paternel. D 39 20. L’envie et la haine”. 1 42 21. Monarchie, démocratie, oligarchie. 1 56 22. Récits érotiques. | - 210 51 23. Questions physiques. 206 63 24. Opinions des philosophes {sur Îa nature]. 59 62 25. Le premier froid. 89 65 26. L'étude de la vertu. 170 30 27. Parallèle des Grecs et des Romains. 126 22 28. Questions romaines. 135 20 29. Questions grecques. 1 21 30. Vies des dix orateurs. ho 58 31. Décrets contre Démosthène. 39 59 32. Contradictions des stoiciens. D 73 33. Sur le mot EI. 119 | 27 34. Propos de table”. 183 19 1 Voir cette liste et celle que l’on à trouvée depuis Fabricius dans un ma- nuscrit de Venise. (Fabric. éd. Harl. B. G. t. V, p.199.) — Les articles marqués d'un astérisque sont ceux qui sont omis dans la liste du manuscrit de Venise. ' — 592 — La note suivante se lit au bas de la première page de l'index : Acémlouoi] Xéyos uè, «il manque 47 discours. » Cette note prouve que son auteur portait à 81 le chiffre des traités divers attribués à Plutarque (81 — 34 — 47). Les dernières éditions de Plutarque n'admettent que 79 articles. Il n’y a pas d’autre conjecture à tirer de cette divergence, sinon que l’annotateur a considéré comme autbentiques deux écrits refusés aujourd’hui à Plutarque, tels par exemple que la vertu d'Alexandre! et la vie d'Homère. On vient de voir que ce manuscrit contient les principaux ou- vrages composés par le polygraphe en dehors de ses vies parallèles. Le peu de vérifications que j'ai pu faire ne m'ont pas laissé la pensée que le texte de Tolède soit sensiblement différent des bonnes copies déjà connues. Ce n'est pas encore là que se retrouvera lori- ginal du Gepi épyacias, dont M. Paul Antoine de Lagara découvrit en 1865 une traduction en syriaque, qu'il a publiée après l'avoir retraduite en grec ancien ?. Néanmoins le manuscrit de l’Archivo se recommande par une exécution élégante qui rendrait la collation de son texte facile et rapide. Il est à souhaiter qu'on n’entreprenne pas une nouvelle édition du Plutarque moraliste {notamment de son dialogue sur la musique), sans Pavoir mis à contribution. $.33. MANUSCRIT GREC DE L' ARCHIVO HISTORICO DE Ÿ'OLEDE, N° 21. Mélanges d'observations sacrées et profanes. Ce n'est pas l'ancienneté de ce manuscrit qui le ferait valoir aux yeux des philologues. Il date du xvn° siècle. Il n’est pàs bien vo- lumineux, ne comprenant que 57 feuillets écrits; mais il peut offrir un grand intérêt par la nature des renseignements paléogra- phiques dont il est rempli. C'est l'indication de plusieurs manus- crits qui pour la plupart, sinon tous, se retrouvent à Tolède, où 1 Cp. Bibl. græc. éd. Harl. t. V, p. 182. ? Cp. Dübner, dans la Revue de l'instruction publique, 20 avril 1865. Entre autres exemples de recueils partiels des œuvres morales, voir Fabricius, B. G. t. XII, p. 312, et dans l'édition Harles, t. V, p. 198. — L'ordre des ouvrages d’un auteur donné dans les divers manuscrits n’est pas un point indifférent pour le classement a priort de ces manuscrits dans leurs familles respecuves. 5 Le peu de temps que j'ai pu consacrer à l'Archivo ne m'a pas toujours permis de vérilier l'identité des manuscrits tolédans et de ceux que décrit l'au- — 593 — ils sont entrés sans doute postérieurement à la rédaction du recueil qui nous occupe. Notes sur un manuscrit du Vatican (ms. de Tolède, n° 32). Texte apologétique publié dans les actes des synodes (Coll. nov. Ven. t. XII, col. 986). Comparaison du texte de ce volume avec celui de l'édition. Notes sur un évangéliaire (ms. de Tolède n° 2?) : Index des cha- pilres des évangélistes Matthieu et Marc. Notes sur un manuscrit contenant Diogène (sic) et Isocrate. (Ms. de Tolède n° Ao)) Mention d’un texte présenté ainsi : Asoyévous À6yos 1æ, TPHIHOS Ümép TOÙ Po» un dAvou. (Onzième discours de Diogène, comme quoi la ville de Troie n’a pas été prise.) C’est le onzième discours de Dion Chrysostome ”. À ox Oida uèr éyaye oxeddv dre diddouerv uèv àvôparous dTAVTOS xokerér éoliv, ééarareir dë fddiov. (P. 87.) Toù arod, sept 16yov doxnoews. {Sur l'exercice oratoire.) Dis- cours 18 de Dion. | Toù aToÙ mepi xdXXous. (Sur la alé } Discours 21 de Dion. À ox Os Yndos veavionos .… eue texte] «sine titulo : » Apyoi” [load : xai &AÀ& Edpor Tis dv aa oÙuTavra dTÉVwS T Épyou Tivds Éxôuera nai DpdEens. Discours d’Isocrate à Démonique. Discours d'Isocrate à Nicoclès. Isocrate, panésyrique d'Hélène. C'est un volume de 235 feuillets en papier in-4°. Il est du xvI° siècle ou du commencement du xvu° siècle. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 19: Manuscrit de Thucydide, 216 pages in-5° en papier, écriture du xvn° siècle. k Notes sur un maruscrit de Theodulus magister. (Ms. de Tolède n° 34) teur de ces notes. Ainsi s'expliquent et la phrase qu'on vient de lire et les signes de doute qui accompagnent certains rapprochements. ! On sait que plusieurs des opuscules de Dion Chrysostome portent en titre le nom de Diogène le Cynique. C’est de [à évidemment qu'est venue lattribution de ce morceau et de ceux qui le suivent à un auteur désigné sous ce même nom. Je signalerai à ce propos une obligeante indication que je dois à M. Cou- gny, professeur au lycée Saint-Louis. — 594 — Titre : Éxhoy) ôvoudrer dvrixr (sic) xara 4)}QaËnTor. Aou AiquahowTor moiù xat aiyuahwTds yivouœ. Manuscrit du xv° siècle, in-4°. Notes sur un évangéliaire. (Ms. de Tolède n° 172) : Manuscrit des quatre évangélistes, elc. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 43 : Mänuscrit de Pindare et de Lycophron avec scholies de Tzetzes. In-4° de 196 pages, écrit sur papier au xvr° siècle jusqu a la page 166, puis au xvn° siècle. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 29. {Rien à signaler.) Notes sur le manuscrit de Tolède n° 20. (Rien à signaler.) — Voir $ 32. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 30. (Rien à signaler.) — Voir $ 30. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 4o. (Rien à signaler.) Notes sur le manuscrit de Tolède n° 1 grec moderne : Manuscrit de Savonarole, écrit au xvr siècle. Volume de A86 pages, in-fol. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 27 (2). Titre: Toù @roco- Qou] nom illisible : peut-être WeAXoÿ] sept rôv bvrev, &. ide@v, &. duyxñs, &. mpoddou, &. à (sc. mpurns) doyñs. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 33 {Théodore de Gaza) : Dialogus [eo w'oTevs. À vwvguou. GihoooQint Tiva xat Seoho- YA. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 32 Anonymi Etymologicôr : &° xe@ahaïov, ëmws à Tir éruuoho- ynouv deyôuevos bQeihe: cuomeir, p. 282. Divers morceaux de théologie. Manuscrit du xvr siècie en papier: volume in-12 de 306 pages. Notes sur le manuscrit de Tolède n° 10 : Manuscrit contenant les Psaumes. Écriture du xn° siècle. In-8° de 583 pages. Notes sur deux manuscrits de provenance indéterminée : Synopsis Horologi. Écriture du xu° siècle. Officium Acathisti {sic}, xi° siècle. Manuscrit svriaque. (Pro- babhlement le manuscrit de Tolède n° 7.) — 595 — RES MANUSCRIT GREC DE L' ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE, N° 22. Métaphysique d’Aristote. Manuscrit sur parchemin; très-bonne écriture du xv° siècle, qui rappelle la main élégante de Jean Rhosus. 51 feuillets, Titre : Aproloréhous Toy uera Ta Guoixd mpdTor. Début : H wepi ris dAnbeias Sewpia ... Ces premiers mots sont en effet ceux avec lesquels commence le premier livre mineur de la Métaphysique, Bi6Xlov & ÉXaTrov, qui prend le rang de livre IT lorsque l’on en donne quatorze à l’ou- vrage entier |. Derniers mots : xai ras dpyas Sewpioai éoluw. (Fin du pre- mier livre mineur.) Puis : Apsolotedous wepi Ts mpwrns GrhoooQias? Tor uera Tà Quound. Vélos. L'écart entre ces deux citations : ÿ mepi.... et xai rüs dpyds... est de deux ou trois pages dans les éditions (Cp. Bekker, p. 993- 994). Il est ici de cinquante feuillets. Cette singularité, que j'ai re- levée à la hâte, n'a-t-elle d'autre cause qu'une simple transposi- tion 2? Encore faudrait-il que le manuscrit où elle se rencontre fût 1 Sur la disposition de cet ouvrage, voir Félix Ravaisson, Métaphysique d'Aris- tole, passim, et notamment t. [, p. 27, 35, 71, 79 à 87, et comme conclusion, p- 106, où le savant académicien propose de renvoyer l’& &ar7ov, dans une note, à la suite du premier livre proprement dit, MM. Pierron et Zévort ( Mé- taphys. d'Aristote, trad. en français, t. I, p. cxvr) sont aussi d’avis que l'é@aà &arlov doit être considéré comme un appendice de l'éA®à ueior ou premier livre. S'il faut en croire Asclépius de Tralles et Jean Philopon, cités par M. Ra- vaisson (l. c. p. 34-35), le premier livre mineur aurait été attribué à Pasiclès de Rhodes, fils de Boetus le frère d’Eudème et, comme ce dernier, disciple d’Aristote. Il semble que le copiste de notre manuscrit ou de son original pri- mitif ait adopté cette tradition et rejeté ce premier livre à la fin comme non au- thentique. — Cp. Buhle, Aristot. opp. t. T, p. 175, et Bekker, Aristot, Metaphys. lib. «’. Voir aussi Cataloque gén. des mss. des départements, t. IV, p. 535. ? M. Ravaisson cite l'opinion d’après laquelle le titre de «Philosophie pre- mière » était celui qu'Aristote aurait donné à son livre s’il l’eût achevé (L. c. p. 4o). Plus loin {p. 55), il rapporte divers passages des textes aristotéliques où le Sta- girite cite le mepè ris mpwrns @uloco@ias. L'expression est en toutes lettres au livre XI de la Métaphysig. éd. Didot, t. IV, p. 218,1. 25. — Cp. Ravaisson, L c. P: 93: # Le manuscrit contient un texte à peu près équivalent à celui de la Métaphy- sique telle qu'elle est éditée. — 996 — l'objet d’un examen plus approfondi. Entre autres circonstances qui motiveraient une vérification, je rappellerai, après M. Ravais- son (p. 48), que François de la Mirandole {Exam. vanit. doctr. gent. IV, 5) a parlé d’un manuscrit de Saint-Marc à Florence, où se lisait une rédaction du cinquièine livre de la Métaphysique dif- férente de celle des autres manuscrits. Bekker n’a pas connu les manuscrits aristotéliques de Tolède. SD: MANUSCRIT GREC DE L'ARCHIVO HISTORICO DE ÊOLÈDE, N° 23. Écrits de Gémistus Pléthon. Volume de 452 pages où se trouve (fol. 347) le traité de Pléthon sur la Comparaison de Platon et d’Aristote, ainsi que son commen- taire explicatif des Xôysa uayexd où yaXdaïxd ou oracles dits chal- déens (fol. 441). Ces deux textes ont été publiés, le premier à Bâle en 1574, le second, avec les Oracula sibyllina, par Opsopæus en 1599, et, en 1689, par Servatius Gallæus. Je regrette de n’avoir pu rapporter la collation de ces deux opuscules dont une nouvelle édition ne serait pas inutile. L'histoire comparée des doctrines de Platon et d’Aristote a donné _ lieu, surtout depuis le milieu du xv° siècle, à toute une littérature qu'il faut connaïtre pour pouvoir apprécier la philosophie néo- platonicienne et aussi certaines controverses religieuses !. S 20: MANUSCRIT GREC DE L'ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE, N° 26. Extraits philosophiques. = Pneumaliques d'Héron. On lit sur le premier feuillet de ce volume : Éx ré Doaryer- Xouxiou (sic), « De la bibliothèque de Franchellucius. » Ces mois 1 Cp. W. Gass, Gennadius und Pletho, Aristotelismus und Plaionismus in der griech. Kirche. Breslau , 1844, in-8°, notamment première partie, p.11, et deuxième partie, p. 54. — Voir aussi sur cette question : Georgii Trapezuntii Comparatio Platonis et Aristotelis. Venetiis, 1523 , et, parmi les modernes, Jac. Carpentarius (Charpentier), Platonis cum Aristotele in universa phulosophia comparatio, Paris, 1573, in-4°, et R°° (le P. Rapin), La comparaison de Plaion et d'Aristote, avec les sentiments des Pères sur leur doctrine et quelques réflexions chrétiennes. Paris, 1671,in-12. Consulter, pour la bibliographie ancienne de cette question, Fa- bricius, B. G. éd. Harl. t. IIL, p. 373. — 597 — sont biffés. Je n'ai aucune idée du personnage désigné sous ce nom bizarre. | Fol. 3 r. Début : Hpdx%erros à ÉGéoios dpxnv Tv bvruy Ëdero Tù @Dp: mpôTO» Te yap Tôv A XwY Tv dv oœuÈTur | aÿTo Éwpa xai ellixpivéoTepor, ËTt de dpaoÎnpiwTepor* ToüTwr dE DévTor p0o- nHEIv nyEiTO T} AP. Ilu0aypas à Zapuos, vios Mynodpyou ... Tout en reproduisant ces lignes j'ai un vague souvenir de les avoir lues dans un livre imprimé. Si au contraire elles sont iné- dites, ce commencement promet une série de notions sur l’histoire des sciences, et il y aurait lieu d'y revenir. Quant aux Pneumatiques d'Héron d'Alexandrie, traduits tour à tour en italien, en latin, en allemand et en francais, on sait com- bien l'unique édition grecque de cet ouvrage laisse à désirer?. Le temps m'a manqué pour apprécier la valeur de l’exemplaire con- servé à Tolède. 37 MANUSCRIT GREC DE L'ARCHIVO HISTORICO DE TOLÈDE, N° 28. ( Actuellement à la bibliothèque nationale de Madrid. } 1° Constantin l'Africain, Éphodes. — 2° Fragment médical. — 3° Janus Dama scenus. — 4° Avicenne, Sur les urines. — 5° Autre fragment médical. Ce volume est un petit in-fol. de 307 feuillets en papier. Il à porté la sigle B, 5. Je le crois de la fin du xiv° siècle. On lit sur le dos de la reliure maroquin rouge : A. A. DE MEDICINA. Les feuillets de garde, qui sont très-mutilés, laissent encore apercevoir quelques mots où l’on reconnait des prescriptions mt- dicales. Je m'arrêterai quelque peu sur ce manuscrit, qui pourra intéresser les médecins hellénistes. 1° Fol. 3 v. (Le recto est resté blanc). Image coloriée repré- sentant trois personnages occupés à écrire. La moilié supérieure 1 Expression à remarquer. 2 Traductions italiennes, Urbin, 1570, in-4°; Urbin, 1595, 1592; Paris, 1583; Ferrare, 1589; Bologne, 1647. Traduction latine de Commandin, Amste- lodami, 1680, in-4°. Traduction allemande de Cation, avec un appendice de Sa- lomon de Caus, Bamberg, 1687, in-4°. Traduction française de La Hire (citée par Harles, B. G.t. IV, p. 256, d’après Thévenot). Edition grecque-latine, dans le recueil des Veteres mathematict (Paris, 1693, in-fol.). MISS. SCIENT. — II. 99 — 598 — du feuillet est consacrée à l’un d'eux et le reste aux deux autres qui sont placés face à face. Au-dessus de celui de gauche, on lit: Oùros éolir (sic) ! Kwvolavrtivou Aouyxptrou TOÙ ne © os mr yaw mince (lire : dué ueremoinoe) Tir wapoboar (BiéAon eis Tnv Éldda y\dTlar. Pissite du personnage de droite : Obros éoliv © DOITNS TS Bi6Xov, Toüvoua Épépou BaylaPap ë6nr ÉXynêap vids ToÙ ÀGooiov. Premier feuillet de la pagination. Titre en latin : Varia de medicina Eee manuscripta. — Titre en grec : Bi62os œuvreber- rétn map Élu Impov BaycnQap, ëbnr Éynbae meTamoumbeïoa eis Ty ÉAXdo® Ve wap Kowvolavtévou À cuyxpérov Prynvoÿ. Ovo- poélerar d nai éQodia Tv émodnmourTwr. Ce titre indique la parenté de notre manuscrit avec le cod. palatin. n° 296, dont M. Daremberg a parlé dans son travail sur les Éphodes (Archives des missions, t. Il, p. 496). Puis vient le IlaË ou la table des matières. L'indication du livre a été omise pour les premier, troisième et sixième. De plus le chapitre xxv du deuxième livre est en même temps le premier du livre IIT qui en a seize, appelés &vdœu. Semblablement, le chapitre xvn du livre IIT est en même temps le premier du livre IV. Le livre VII est désigné par une annotation générale : À pxéc 00 roù C* BiGiov. Le texte des Éphodes se termine au fol. 262 r. avec les mots : &olw 08 Sepuér. Puis vient la formule finale : Télos évraÿ0a Que Bios Tor ÉGod to». J'ai dit, au cours du premier rapport, que le livre des Éphodes était encore inédit?. Avant que le regrettable historien de la mé- decine grecque n’en eùt publié des extraits dans les Archives des ! On sait que les copistes de cette époque accentuent presque toujours ainsi, au lieu d'écrire oùros ou. ? Manuscrits de la Bibliothèque nationale sous le nom de Constantin : 1° Cons- tantinus Asyncrius ; Viaticum peregrinantium (É6pos BuoaQüns). Ms. gr. n° 2224 (xrv° siècle). (x1v° siècle). — 3° Ms. gr. n° 2287, ex arab. in lat. {xiv° siècle). — 4° N° 2310, ex arab. im græc. (xrv° siècle). — 5° N° 2311, ex arab. in græc. {x1v° siècle). — 6° N° 2312, ex arab. in græc. (xv° siècle). — 7° eg Rheginus. Suppl. grec, n° 57, où manque “a fin du livre VI et tout le livre VIT {xv° siècle). — 8° La biblio- thèque d’Avranches possède, sous le n° 234, un manuscrit latin du xm° siècle ayant pour titre : Constantini Africant Monachi Cassinensis Viaticum. — 599 — missions, toute la partie du livre VII relative aux fièvres avait été mise au jour sous le nom de Synésius (Daremberg, L. c. p. 499)! 2° Fol. 262 v. Anroudpiov rù émovouabouevov IN AFIN (xéxxo:). 3° Fol. 267 r. Titre : Xvyypauua oùy Se Toù dyiou Twdvvou Toù Aapaoxnvod @epi Ts Qloews nai duvduews, rs te (f. 1. être d8) ai Ths idudTnTos Tv xevoüvTor Gapuduwr nai ET Doiwv ÉTÉpor cidév évobñvar rà dEéa Qépuaxa xai Spautrara (ms. Spuuer.) æpds To éhaTloÿoüæs Tv de ééue aûTér ual Tv dÉUTITA. Premiers mots : lo: re à vis Pappaxomocias “ee éolir évar- Tlwous dmodwxodca Ta méûn dmd ToÙ dvÜpwrivou ouuaros. Fol. 300 v. Derniers mots. (Sur le KAvo7rp10v unrpexôv) : un Ày aa) GETAUÉNEUDOY H. T. À. Puis, par un retour aux Éphodes que je ne saurais expliquer : Téos et iAnQer Bléos Tv ÉGod/wr, et enfin : Téos efAn@er n deXr (sic). Le D’ Daremberg a reproduit par deux fois le titre qui précède (Zvyypauua, x. +. À), 1° d’après le manuscrit bodléien n° 708 (L. c. p. 486), et 2° d’après le manuscrit de Paris 2239 (p. 500). IL est aisé de reconnaitre, à la seule inspection de ces titres, que les deux exemplaires précités, d'une part, et, de l’autre, celui de Tolède, appartiennent à deux familles differentes. 4° Fol. 301 r. Titre : Toù Feeg re xoi ÀOYIWTÉTOU Hœi ToPawréTou xai FÉeaien év nuiv TOÙ vu EME XUPOD roù ÂAEnrésdvou aie ToÙ Vdarweidous oÙpou, Tv émiPdverar Éxovtos dvw xUxhOU doavel “ia euxdr Üdwp ?. Premiers mots : Éd» mepi Ts ÉmPaveias fau Toù xÜuaTos Üdwp idous (lire dns?) Anmréraror wepirlæpa... 18 chapitres. Fol. 304 r. Derniers mots : xdpra dméhAuTau. 5° Même page. Titre : Ilep Urog'ldceur Ds Mapa DAY (LE- yiolor dvdpôr mapekdéouer. ! Synesius, De febribus, etc. edid. vertit notisq. illustr. Jo. Steph. Bernard. Ac- cedit Viatici, Constantino Africano interprete , libr. VIT pars ; Amstelod. 1749, in-8°. ? La bibliothèque de l'Escurial possède plusieurs exemplaires de ce traité d'Avicenne. Cp. Miller, Catalogue des manuscrits grecs de l'Escurial, n° 150, 228 et 281. 39: — 600 — : À A s A 1 / \ Premiers mots : Apeoîor oûpor Tr ouoldoer oûuuerpor, rÿ dè ÿrooldoes heuxdy nai Aeïov xai duæhdr, 22 chapitres. Le chapitre xx11 commence ainsi (au verso du dernier feuillet) : TS écyrarenc (sic) éav év T® dprolépo uéper éou0ÿ uera muxva ou. Il se trouve brusquement interrompu avec les mots suivants qui terminent la page : dTa Ürommia êmi Tà méÀn aûTod eiôn éÉéyer. x € / el 2 / &s BC Guorov Aiyurriou ... $ 38. MANUSCRIT GREC DE L ARCHIVO HISTORICO DE TOLÈDE, N° 29. Euclide, Éléments. Cet exemplaire d'Euclide est d’une bonne écriture du-xvi‘ siècle. C'est un in-folio en papier qui comprend 170 pages. Je n’en ai pas abordé la coilation, mais si elle devait faire connaître un texte en rapport avec l'exécution des figures, cette collation pour- rait n'être pas sans utilité !. $ 39. MANUSCRIT GREC DE L ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE, N° 30. Théon d'Alexandrie et Pappus, Commentaires sur la Grande Composition de Claude Ptolémée. Volume in-fol. de 297 feuillets, écrit.sur papier et portant la si- gnature de Jean Rhosus « Presbyter Cretensis » et la date de Ve- nise, novembre 1487, qui se rapporte à la transcripüion des livres I, II, IV de Théon (fol. 154). À la fin du livre II le copiste a mis cette note : rù y‘ oùx &olr «le livre III manque. » On sait qu'il est attribué à Nicolas Cabasilas, archevêque de Thessalonique en 1350. (Fabric. B. G. t. VIIT, p. 208.) A Date pour la transcription du livre VI : Venise, 28 mai 1488 (fol. 220). — Pour la transcription des livres V et VI de Pappus: 10 janvier 1487 (fol. 298) ?. On voit que Rhosus a transcrit Pappus 1 Sur l'auteur du XV° livre des Éléments voir une récente Lettre de M. Th. Mar- tin au prince B. Boncompagni. D'après le savant académicien , ce livre pourrait étre l'œuvre du philosophe Damascius, et non pas celle d'Hypsiclès à qui on l’attribue généralement, ainsi que le XIV® livre ( Bull. di bibliogr. e di storia delle Sc. mat. e fs. t. VIL. Giugno, 1874 ). ? L'auteur du catalogue reproduit si légèrement par Hænel n'a sans doute pas ouvert ce manuscrit, puisqu'il le présente comme exécuté au x1v° siècle. — 601 — avant Théon d'Alexandrie. Le premier feuillet est en parchemin et fait plutôt office de feuille de garde. Ii contient, en écriture du xvi° siècle, une table grecque des matières qui se rapporte évi- demment à un autre volume, mais où l’on trouve certaines indi- cations qui, par les problèmes qu'elles font naître, méritent de nous arrêter un instant. Voici la substance de celte table : Les œuvres mathématiques de Ptolémée avec l'exégèse de Théon. Écrits géométriques d'Ératosthène. Empédocle, sur la sphère. Ecrits mathématiques de Nicomaque. Commentaires de Pappus sur plusieurs livres de Ptolémée, Ecrits d'Achille sur l'arithmétique. = . F5 © D Reprenons les articles 2, 3, 4 et G. N° 2. La Bibliothèque grecque de Fabricius, dans le chapitre consacré aux écrits d'Ératosthène, lui donne bien, après Stra- bon, Lucien ei Pline, la qualification de grand géomètre (B. G. éd. H. t. IV, p. 118); on y lit bien la mention de ses Merpnoes ou Karauerpyoeus, Calculs sur la mesure de la terre, cités par divers anciens, mais on y chercherait en vain, même dans la nomen- clature des scripta deperdita, la trace d'un texte géométrique altris bué comme ici au célèbre mathématicien d'Alexandrie. N° 3. Le texte d'Empédocle sur la sphère était probablement le petit poëme souvent publié depuis Frédéric Morel (Paris, 1584, in-4°), notamment dans la Bibliothèque grecque de Fabricius {(an- cienne éd. 1. [, p. 477, et éd. Harl. t. [, p. 816) !. N° 4. Ce que l’auteur de la table appelle ici les « écrits mathé- matiques» de Nicomaque n'est sans doute autre chose que son pufunTexn eicayayr, publiée par Chr. Wechel (Paris, 1538, in-4°). Toutefois, aucun des nombreux manuscrits de Nicomaque cités par Fabricius et son continuateur ne porte cette indication : maÜn- marin. (B. G. éd. H. t. V, p. 629.) N° 6. Cet À yes doit être l’Achille que l’on dit auteur d’un fragment de commentaire sur les Phénomènes d’Aratus, publié par Pierre Victor à Florence en 1547 (B. G. éd. H. t. IV, p. 42) et Une erreur plus grave, c’est d’en avoir fait (col. 996) un exemplaire de la Géographie de Ptolémée. (Voir plus haut p. 586, note 5.) ! Le traducteur latin de ce poëme, Florens Christianus, a cru pouvoir l'attri- buer, non plus à Démétrius Triclinius comme F. Morel, mais à Georges Pisidas, attribution contestée par Fabricius qui, du reste, a laissé la question pendante. Te ps que l'on identilie quelquefois, à à tort ou à raison, avec l'écrivain érotique Achille Tace, À yo des Tarios ou Xrdérsos. Ici encore, il nous faut constater le silence de la bibliographie grecque sur l’exis- tence d’un écrit d'Achille relatif à larithmétique. En résumé cette note, écrite sur parchemin et qui vraisem- blablement appartenait dans le principe à un manuscrit de même matière, menlionne trois ouvrages {articles 2, 4 et 6) dont les titres apparaissent pour la première fois. L’utilité de ces notions, si vagues qu'elles soient, n'échappera pas au lecteur qui se rend compte des circonstances fortuites dans lesquelles se sont faites et peuvent se faire encore les découvertes de textes inédits. Il ne faut rien négliger. C’est déjà quelque chose, je dirai plus, c'est la pre- mière chose que d'apprendre qu'à une époque forcément posté- rieure au xv° siècle {puisque la note est du xvi°), on a possédé un manuscrit contenant des textes sur lesquels il n'avait encore rien été dit. J’y vois, pour ma part, une présomption que ces textes peuvent ne pas être à tout jamais perdus. Mais il est temps d'examiner le contenu du volume lui-même. Fol. 4. Commentaire de Théon sur Île premier livre de la Grande _ Composition de Ptolémée. Premiers mots : = DPOTPETÔLEVOS AP TOY ÉXLOX- TOY, TÉXVOY ÉriQdve, Ürayopever». (Comme dans les éditions.) Fol. 39 v. Commentaire de Théon sur le second livre. Premiers mots : AsmhaGôvres év r® mæpè rourou (BiÉliow mepi Te Tôv xaÜGkov xai aaTd pépos mepi Te TOÙ oÙparoD nai ys ODerX6v- Toy mponOb va. Fol. 74. Premiers mots : ArËeXdov à Hrokéuœos v T& mpute Tÿs ZvrTdÉsws. .. Fol. 122. Commentaire de Théon sur le livre IV. AuxËe)0ov Ô Tr. &v 7@ Tpére BiGdie dou à ris Sewpnoete ouubaivorra wepi TNY TOÙ ALOU AVNOL. Fol. 153 v. Une note marginale du copiste observe que Île pro- tolype n'avait pas de figures dans ce livre. Autre note marginale due pareillement à Rhosus, après le texte du livre IV : Cf (onpelwoa) Aeï yivwoners GT T0 Tpirov (B1EXiOr éoli per TOÙ TETAPTOU fvwuévor (ms. oËvouEvor) J. Fol. 157 r. Commentaire de Théon sur le livre VI. Premiers — 605 — mots : ÉÉeAdévres Gepi Tv év TS œéurTe Bibhis Éxtedeméver, Aéywdn sepire rûsuaraonevÿs xal xpnoews rod doÎpoXdéou pydvou.… Fol. 162, après les mots roïs (ms. Tÿs) eis TOÛTO À0YIOHOIS, es- pace blanc pouvant recevoir vingt lignes et note marginale conte- nant aussi la signature abrégée de Rhosus : C. (onpelwoa) Ori éyradla Xeëmer md Toù xemmévou (46 Aro, 1e Fol. 222. Commentaire de Pappus sur le livre V. Titre : Iér- TFOU À sËavdpéws eis ro wéuntoy Tor KA. IIroeualou palnparTinr œxoluov (ms. oay0œor). Premiers mots : AueËe]0ov 6 Irokeuaïos nai êv TO TeTapro Bd Tév palnparixdr dmd molwr Tnploewr Tà weEpi Tiv cEANrN», éÉerdleur . Note marginale : Bi£Aéa 6, €, mai s ire | Fol. 260. Commentaire de Pappus sur le livre VI: Premiers mots : Ér TD & BuÉ Xe Tv palnuarTindry dmd Toù Iroe- patou, pote xePakaiw à ToÙ doÎpohdéou xaTaTXEUN Te ua YpROLS. Au dernier feuillet, vom du ROSESSenE d’une écriture du xvi° siècle : Hpax} cs TOÙ l'ephavdou xœi Tv dns DilouvTor ?. On voit qu'il manque dans ce manuscrit, par rapport aux édi- tions, le commentaire de Théon sur les livres V5, VIT, VIIT, IX, X et XIIL. Je ne parle pas des livres IIT, XI et XIT, celui-ci presque entier, qui sont perdus. Le partage entre Pappus et Théon des commentaires grecs exis- tant actuellement sur l’Almagesie n’est pas encore définitivement arrêté par la critique. Le manuscrit de Tolède, en ce qui regarde son contenu , est, sauf erreur, le seul, avec une copie de Florence“, qui présente nommément le livre VI du commentaire de Pappus, et dont le texte finisse avec ce même livre. Les observations du copiste et l'examen du manuscrit, repris à loisir, feraient peut- être avancer d’un nouveau pas cette question d'histoire littéraire. ! Cette note de Rhosus semble faire entendre que le célèbre copiste attribuait à Pappus un commentaire sur le livre IT de Ptolémée. I faudrait revoir à ce point de vue tout nouveau le texte commençant au fol. 174 de notre manuscrit. ? Cedoit être le philologue du xvr° siècle cité par Buhle, Opp. Aristot. t.[, p.289. % À moins qu'il ne se trouve entre les feuillets 153 et 157 un fragment de ce cinquième livre dont je n’aurais pas pris note, ce qui me paraît presque impos- sible. On sait d’ailleurs que ce livre nous est parvenu incomplet. * Bandini, Catal. codd. gr. Laurent. t. I, p. 35. $ 40. MANUSCRIT GREC DE L ARCHIVO HISTORICO DE TOLEDE, N° 31. Tactiques de l'empereur Léon !. Volume de 265 feuillets écrit sur papier au xvi° siècle. Le titre est seulement en latin, après les mots suivants: Àe} rolvuy ému- Ofvar roùs oÎpariwras. Sunt XVIII diataxes. Derniers mots de la XVIIT° diataxis : rives àrepydououu. L'auteur d'une notice placée au dernier feuillet? renvoie à Fa- bricius, B. G.t. VI, p. 392, et t. X, p. A74A (ouvrages d’Alexis Comnène), et t. VI, p. 368 (Tactiques de Léon): mais ces passages de la Bibliothèque grecque ne font aucune allusion à Fattribution énoncée dans le manuscrit de Tolède : « Alexis Comnène et Léon fils de Basile, T'actiques. » L’annotateur renvoie aussi à Montfaucon (Catal. bibl. Coislin, p. 105). Serait-ce une tradition perdue, mais que notre manuscrit conserverait en quelque sorte à l’état latent, d’après laquelle l’empereur Alexis Comnène aurait revisé les dix- huit Diataxes d'un prince qui l'avait précédé de deux siècles sur le trône de Constantinople? C’est là un point à examiner de près en collationnant le texte de ce manuscrit avec l'édition de Meur- sius qui est unique et dont l'imperfection a été reconnue par Fa- bricius*. ! Voir mon premier rapport, p. 505. 2? C’est sans doute à cet annotateur que se rapportent les mots suivants placés au bas de la notice : « Scripsit manu sua Raphael Vunassa Chius, in Vaticana bibliotheca scriptor græcus, mortuus mense oct. a. 1780.» 5 B. G.t. VI, p. 370. H faut ajouter toutefois que cette édition, faite en 1612 sur un manuscrit des plus incorrects, a été sensiblement améliorée, postérieure- ment à l'appréciation de Fabricius, dans la publication de Jean Lami (Jo. Meursu opera, t. VI, p. 535 à 920, Florence, 1745, in-fol.), d’après un manuscrit de la Laurentienne. Comme le texte des Tactiques dans ce manuscrit porte le titre vulgaire (év mohéuois raxrixdy oûvrouos mapadoois), différent de celui que pré- sente le texte de Tolède, il est probable que ces deux exemplaires ne sont pas de la même famille et que la collation de ce dernier texte ne serait point inu- tile. — 605 — ÉDITION NOUVELLE DU PREMIER TEXTE. PI TT. É KOINH OPMAOÏA : H ÂTIO THE MOY3IKHZ METABAHOEÏSA. [xarà xÜapodiar *.] Nota. À — ms. de Paris; B — ms. de Mumich; C ne de l'Escurial. À proTepäs XE1POS. AcËäs yetpôs. Avdiov ° 017: æ ® ÿmoÂvdiou xatd marà 1 Upooap6avôueros x Atémeum1os" MF TÙ dGTOVOY. rù (0 ES æ € dmepludiou x. 7. érovov. 2 MéOY K < Lrary M C Ô. EE a & 4 O ÿrepaoliou" ua- 3 Nfry [dteé.] M |] X pc pLar ex) M K Td TÔ dar. | a LU æ = Ÿdmromoliou x. Tù 4 ZuvynuéryE MZ Atdrovos M XPHaTIROV. : a a æ | Audiou xarà Tv 5 Evrypuévn © MZ Méon M < Tpiv yEv@v. = Se a Z ÿdmepGpuyiouu.r. 6 Atérovos [uéowr|" K D Ilapénecos ME évappôviov À. À : “o= ; «a E ÿrepraoliou* x. . 7 Atdrovos Ke Toi M L TÔ d1GTOVOY. ‘4 'oùZ | a LI ÿmepraoliou" x. 8 Ilapdpecos KE Z2vyuHENn M Z TÙ ÉVAPHLOVIOV. GET 4 € 9 Toitn [ôteé.] Mu Nr M CA JERPONAE EN 0,0 10 Armeum10s" MF Oéeia ppwmaru) K K’ : æ C ONE 11 Trary [ueo.| Mc OÉE. drovos D D ra star o |’ 12 [apurdry [ueo.] M U OË. uéon K <’ * Les troïs mss., ‘puaoia. — ? À, C om. x. 210. — © C om. — * C, KO. — * A ne donne pas la notation musicale. B, C, Z, Correction de M. Vincent. — ‘ Lire ÿroæolov. — # C, ouynpSéyn (sc. vÂTn ouvnuuévwr). — * & à la place de be (Comme dans la no- tation donnée par Aristide Quintilien, p. 22.) — Ÿ C, Yrep@puy1o. — * C, ürspidoio». — ! CO, Yrepiioiov. — " Miss. LTD | Audmeurros [@006yyos|, son situé à la quinte [de la mèêse]. C’est la corde lichanos hypaton diatonique, — * Mss., OK sans accent. | | À prolepäs XEIPOS. Acéiäs yeipos. pe 0 DFE i o Z' 19 XpwaTIxy K K 0. Toapancoos Kc’ o Î oùE: 1 À Méoy K à ÔËE. TOÉTY K L . ; ; ONE : o LU 19 Iapauecos Ke ©: ouvpupérm K Z' tue LA = Pt UE o e'° 16 NyTy' M y OË. vyTy K 4 p = la place de TT (Comme dans Aristide Quintilien.)— 1€, n — * Mss. rpéin . Ë : La correction est de M. Vincent. Peut-être faut-il lire rp{rn [de£.] avec les notes Ë Cette le- con donne un résultat plus avantageux pour l'oreille. — * Note additionnelle. TRADUCTION NOUVELLE DU PREMIER TEXTE. PI. HI (Morceau de cithare.) TROPE LYDIEN, GENRE DIATONIQUE. | 1 2 3 & 5 6 1 8 9 10 : 11.492 AS MEN 16 | | ù À Main De 2e Se pee fer | | + a —— A TS PT droite. OR me î î 1 ice î î î 1 î ï T ï T 1 ï ne | ] 1 ï ï ï 1 l T [ 1 ï 1 1 1 1 p [__""8 à 1 1 ï [ i Ï i 1 0 [ i I 1 3 1 i u | _ 10 à ! Ù J ï î j 1 1 1 1 1 [ 1 1 1 RL 1 | LI i ë Main "BC: SYRE : TSSRNSS ROSES PRE SRE MORE CRE DRE: PRES DESSERT D ji a RSR : EC RENNES CT sp ENS" CNRS DRE DOS DR RS DORE GR M 2 h CON Ts pa on ET CL fe ©: @ | 25 Nes els | gauc €. À PRE RE NU COR JR CE LEE RS DO GR ne me a EN er = 7 = s Nora. Les chiffres placés au-dessus des notes musicales indiquent la concor- dance de ces notes avec les lignes du texte grec. (] ben ee ur. ASE Tale dr re ARE ro this Es mn‘ —1607 — SECOND TEXTE. PI. IV. € 14 (à xavwv.) DISPOSITION PRÉSENTÉE PAR LE MANUSCRIT DE L’ESCURIAL. Ô KANON. Àpyn adroÿ. W NX 7 2 Q © CP O = | Z E À 6° ) F H* w Ne Q AG NE KA N h À O CRE re Dore Os L Lovin MAC Cr reve "Er L mu Des 2 0 à à Æ E x D x @ 4 A - Nora. Les notes marquées d'un astérisque sont écrites en caractères plus grands du double dans le manuscrit. ÉDITION ET TRADUCTION NOUVELLES DU SECOND TEXTE. PI2V ; ÉCHELLE CANONIQUE [HYPOLYDIENNE|. DB 010 6-12 14 là 15 21 MOSS SUR AN 07 SDL 20 20 210 DS D TE 0: HO SRE OSEO RD LR OR ACROSS RREUE RERET PINE , ne nn TU RON UE eee MR ue CDN el CE DE LS ON A LS 11 QD, nm. 2 QU: T-@- 1® “ EN ER NS D AS... ,C P. OZ NN, 1 mt Z'°E ÀA,LFM®@ DR Er eu FL EE < Gé OUR SR OA RENE 24 AU RI x £ Hal ju PE x g a Nora. Les chiffres placés au-dessus des notes litiérales désisnent le numéro d'ordre de ces Hiotes dans notre tableau de la notation grecque. (PI. I.) * M. Vincent a lu 4 (pour 4 c'est-à-dire son ou degré d’intonation n° 6 du tableau. Je conserve a lecon des manuscrits. — ? Mss., E' La correction est de M. V. —- ° B, % (PO a SN Vs vi LA c'estädire n° 11. — < B, Ft 0, ie M. V.alu ù (pe al — © Mss LE Correction de LE V. — Ms. À M. V.alu : c'est-à-dire n° 16. — 6 B, fe C’, Fr M. V. a xt “ c’est-à-dire V' (23 — ! Mas. ns La correction est de M. V. — : B, a C, FA M. V.alu dE c'est-à-dire n° 28. — 606 — : ; —" 607 — Aprolepäs xe1pos. Acbias yeipôs. ONU ; Lou 7e Le à 13 XpœopaTutr KK Of Tapamecos K C’ SECOND TEXTE. PI. IV. (9 | p. oO EX < ! 1 4 Méoy K 2 ÔË. tpiry KL ; ; ( xavcn.) ZE o U! DISPOSLTION PRÉSENTÉE PAR LE MANUSCRIT DE L'ESCURIAL. 15 Iapaueoos Ke Dé ouwmumuém KZ! a © o 2'° À O KANON. 10 NT: M [7 ÔË. vyty K u' px adToÙ ni N m > ARS RER | e & C'PYO e* » O à la place de ". (Comme dans Aristide Quintilien.)—" €, — © Ms. rpirn à E K La correction est de. Vincent. Peut-être faut-il lire rpérn [dres.] avec les notes E Cettele- F çon donne un résultat plus avantageux pour l'oreille. — * Note additionnelle. H x SS NE A NA N h À re) RE NTOSIENLEATEA u mm V C OK. Nome EU = ="h h JE (J x g x g x @ x © Nora. Les notes marquées d'un astérisque sont écrites en caractères plus grands du double dans le manuscrit. TRADUCTION NOUVELLE DU PREMIER TEXTE: PI. III. | (Morceau de cithare:.) ÉDITION ET TRADUCTION NOUVELLES DU SECOND TEXTE. IDE TROPE LYDIEN, GENRE DIATONIQUE. ÉCHELLE CANONIQUE [HYPOLYDIENNE|. 5 11 HONTE GE BE ER A ES hi 17 18,19 20.21" 22 2820 251 20.27.3220 1 2 3 4 5 6 71 8 9 OAI TO TRE NL LETTRE) 16 f) È Man y PR RE CT HE en pe ee | || k “ RS — 1 — RER Ps droite, mme, a ——— T T I ms" | a == ; ï | Nora. Les chiffres placés au-dessus des notes liltérales désignent le numéro d'ordre de ces . D. Es | 3 s) . D LES ms) | 45 Main Re ne — RE, otes dans notre tableau de la notation grecque. (PI. I.) gauche, QE ——]—_———— * M. Vincent alu À (pour ai c’est-à-dire son ou degré d'intonation n° 6 du tableau. Je conserve : k leçon des manuscrits. — ? Mss., d La correction est de M. V. — © B, “ C, x M. V.alu Nora. Les chiffres placés au dessus des notes musicales indiquent la concor- a V V V 3 TT D CNE 9 € N° d'ordre... y «0 4e us 1€ 9 10 n na 6 xy A | Manusertt : 2° 24€ VO CARO » 2E 2° Rancée..( Manuscrit : 2° '2 GI 9) mb Y y [ Proposé: 1° 1 4 9 € <4<>< D | Proposé: 2°: EL Pl ENS PERS 45 N° d'ordre... ns #7 À À6 Ad Às Ày u u6 uù us y° | Manuscrit: 1° RH 4. 6€ CIC <<, 56 A 3° RANGÉE. .( Manuscrit: 2° F 3 1 9 9 > 037 | Proposé : 1° = :3: 6 MC CC D EUR | Proposé : 2° ss F9 MODS EDS Fig. 2. NOTATION DITE PYTHAGORICIENNE DES ÉCHELLES TONALES DE PLATON. (Manuscrit de Madrid, fol. 207-208, — Voir éd. Meybaum, p. 22.) a’ ÀAvdoTi°. Manuscrit.%p 905" Em RE Proposé. .; PH UE D EN EE G' dwproTi Manuscrit... @ C p. mu € C Ô 0 <> x v C2 FCuORCEE Proposé... ® CPTIZEAS <> KOUCUFCOESS [y] Gevyio71. Manuscrit., A LU 9-R X CM-1 FC u CE LC 7 = Proposés #7 AT RWÉNMREOUOCEMTERSE [9] éaoi. Manuscrit. J CTE6CpTr£ÈE Proposé... 9 CITE DC PTIT ZE [e'] mrËéoAvdtoTi Manuscert.::9 "ROX GG LC x EDR RCE PropesE "TU R VOST CITE PR VLPTE [s'] ouvrovokudoTi. Manusat Le CTI ENS Sr OTM Proposéi 4.19 EC 049 ME Faso CoiT * 1° notes vocales; 2°notesinstrumentales. * Le rapport des notes avec les dénomis L e, pour redevenir M, passe par les nations tonales dont elles sont accompagnées formes P, P, NN. (Avdo7{, etc.) est une question à réserver. ® Toutes les corrections proposées dans f Cette lettre et les suivantes sont Îles cette planche sont purement conjecturales. notes instrumentales qui correspondent aux Perne restitue arbitraire- notes vocales ®, C, P, ete. CMS UT. — ment V sd — 608 — 1. NOTATION PRIMITIVE D'APRÈS ARISTIDE QUINTILIEN. PI 4 — 609 — SECONDE PARTIE. TEXTES GRECS INÉDITS!. No ja NOUVELLE REDACTION PARTIELLE DU TRAITÉE DE BACCHIUS L'ANCIEN, INTITULE INTRODUCTION À L'ART MUSICAL. Extrait du manuscrit de l’'Escurial Y. I. 13 (n° 249 du Catalogue de M. Miller ). (Voir la notice, 1° partie, $ 6, 8°.) 1] Eiôn ouuQunir év T@ Teleiw ovolmuart 5° dd TECOdpuwr, did mévte, id macv, dd macüy nai did Tecodpuwr, did macwr ai dd Gévre, dis did waov. (Cp. Meyb. Bacch. p. 3.) 2] Or: Tpeis Tomot" Guvÿs 0Ëds, uécos, Bapôs. (Cp. M. B. p. 11.) 3] Orr méln Ts uelwdias d:äveots, émiraots, uovy, oTdouis ”. Âveots éolu xivyois peÀdv dd Toù 6Évrépou O6 yyou ëmi Td Bapirepov. | ÉTi- Taois dé éol xivmois peAüy dmd Toù Bapurépou GO0yyov mi rd OÉvre- pov. Moy dé éoTuv Ürar émi Toù adroù GOdyyou mheloves AéËeis pelw- dévrar. Erdois dé éoliw ÜmapËis éuuelos CObyyou. (Cp. M.B. p. 11.) A] Oi vos rpeis Toémous® àdovres àädouor Gplyiov, AUdiov, dwpror, ÜnoBpÜytov, droAUdOv, Ümodwpiov, drepBptytov, drepAUdor, Ürepdc- pso [ÿ]° mËoAddO. Toûrowr à puËoAddos OÉbTraros *: roûrou éyouevos d Addos", Baprepos muiroviw:Troù dE Audiou Bapirepos Godyios, Tôve, Toù dE puéoAvdiou Tprpurovie 5: Bapirepos dà à dwpios, Toù uèv Gpu- yiov, Tovw, Toù dE Avdiou, dirôve *, Toù dè puËoudlou, [Tr] di Tecoû- pay :rodtou dë Bapürepos dnoAbdUOS, ppurovlw, Toù dÈ Gouyiou, Tpumu- Toviw, roù dë Avdiou, [Tr] did Teoodpwr, Toù dë puËo]vdiou, Tpurovw: Toù de droAvdloU Bapirepos droBplyi0s, TOvw' Toû' dÈ dwplou, Tomui- ® Ms. rporor. — ” F. 1. raois. — ° Ms. rpomous, comme Meybaum, qui a trouvé partout une rédaction sensiblement différente de la nôtre (p. 12, 1. 11) : of rods Tpets Tpômous ddovres Tivas ddouor; — Addiov, PpÜyior, ddpiop. — Où de roÿs ra, Tivas ; — MiËoAddiov, Addiov, OpÜyiov, dopiov, ÜroAidiov, ÜroGpiy1ov, Ürodwpto». Les deux rédactions peuvent se soutenir, étant fondées en raison ; toutefois, celle du frag- ment inédit est plus vraisemblable. En effet, le compositeur qui fait chanter les trois régions de la voix «aiguë, moyenne et grave» (Meybaum, Bacch. p. 11, 1. 21) devra em- ployer les sons compris dans les sept tropes énumérés. (Cp. Meyb. Not. in Bacch. p. 12.) — © ÿ doit être ajouté; drep@pÜysov et ümepAtdoy ne peuvent être qu'une interpolation. — © Ms. et Bacch. GÉvrepos. La confusion du comparatif et du superlatif se produit à chaque instant dans Îles manuscrits antérieurs au xv° siècle. Cp. téxte n° 4, note?. — © C’est ici que se trouve, dans le manuscrit, le mot æocw dont ïl a été parlé dans la première partie, $ 6, 8°, p. 546. — © Ms. rpmpurdve. — * Ms. diarôvo. — * Ms. TÈ. 1 La traduction francaise de ces textes à pris place dans l'Annuaire de l'Asso- cation pour l'encouragement des études grecques en France, année 1874. ES re F° 174 v. — 6GI0 — Toview, To dè Gpuyiou, T@ dià Tecoäpwr, Toù dE Avdiou, T& did mévre, roù de mËoXvd (OU, Terparôve nai Mpiroviw, roù dè puËoAUdIOU, evTaré- vo. (Gp. M. B. p. 12.) 5] Toôros dé éol moxÿs uuehoïs oyua: mhonÿ dE nékos ré élu à da Tv Eyytola GO6yywr pelwdeïreu, dre pèv dueuévms Tÿs LE wÔ (AS, dre de émirervouévys. (Cp. M. B. p. 15.) 6] Ayhoÿo: dè Ghbyyor rà S eldn Tor cuuGondr oÙror-Tyv ur da reoodpor 7 nai Di, ryv dé did mar nai dia mévre 7 nai © *. (Cp. M. B:p:132) 7] À or dià recodpwr èx Toro uvéolmue 6 nai s' mn dè did mévre 8x TOvwy ys, » 08 dd mac®v Êx TOvwY S, dè did maodv nai dd TEO- cépws x rover ms, m de [ois] dia macdr x TOvwy 16. (Cp. M4 Ï Ms. Z oi LU. — * Ms. Z xai K. — ? Ms. ouvéolnxé muws. Cette altération s'explique par la paléographie. — * Pour la suite immédiate du texte (fol. 175, r.) Ilôs deï x. 7. À. voir la première partic, $ 6, 7°. N° 2. [SUR DIVERS INTERVALLES MÉLODIQUES.] Extrait du manuscrit de Madrid N. 62 (n° 62 du Catalogue d'Iriarte). (Voir la notice, 1° partie, $ 19.) 1] Ais did recodowv* pouvoir, rouréoli df ôuro GO6Yywv rot 40p- dy duodetor xai mepavôuevor” xai xakOULEVOY OÜXTÉYO pÜO. 2] To‘ dis did Tecodpwr* TotoùTov * éoliv ruine Ô veboar XEÏVTAL ÉV TO dpydvo y pèr mpwrty, ÿ ai drary" uakouuérym, hyov éroréÀer Bapdr, ñ dÈ dEUTÉPA, Ÿ HA DAPUTATIY, HÉCOV, dE TITI , Ÿ HA WALAVŸTY, Da- péuecov, ÿ dè TeTdpry, n nai vYTm, TÜv GEVr. 3] Ürar [uèr]' oÙv Ty vpry nai rÿ mdr wpoosyyièn à povomds, moisi va GÜdyyov éx Tév ù veupdy * ÜTav dÈ TŸ MAPAVTY AA TŸ DApU- méry, moisi 65, ai roùro ol dis did Tecodpwr. |] Oixeia pouoinÿs dvouarta:ÿ vfTy nai n maparyrn, xai 7 ÜTATY ua À DaApUTATY. Nyry pêr » Écydry, maparÿry dE n où Ths ÉcydTys Ümdry dE ÿ DOWTY, DALUTATN dË Ÿ LETÈ TV DPWTIV, 5] Ad reoodpwvy*. — To di Teccdgur x reoodpwr uëv Goyywv * Fort. legend. Ga macûr. — p. Cp. Mich. Psellus, Musique, dans L. Alard, de Ve- terum musica, p. 182 : TÔ dû racdeur ès dà reoodpwr P0. eir” oùr xopdGr dto- dedor xai Gepauvouevor. — * Ms. 6 © Forme attique pour rooûro. — ° Ms. y#rm, aparnirn : DOPUTAFI, drdrn. La transposition adoptée est absolument nécessaire. Cp. le texte n° k, 2° POS Voir aussi dans la première partie de ce rapport, p- 544, le texte 103c.—" Ajouté uëèy, comme antécédent de la particule dé qui va suivre.— 5 Peut-être faut- il lire deUrEpoy. — * Ms. Ais di TEcodpay La correction n’est pas douteuse, M Gt ouviolara, Tpiëv dè diaolypérwy. Âvakoyet dé d uèv G00yyos dpw wpo- récews, To de diaolmpa aûtÿ Tÿ mpordoer. Aid roûro oi à GOdyyot Tpia diaclpuara éyovot, domrep nai |Ô] dpor Tpeis wpordceis. 6] Mera dé rù da Teoodpur, éol Tù di mévre, x GO0yywr ur €, Dao Tlmudrwr dE Ô. 7] Era Tù did œao@v, x Gb6yywv uêèr dur®, diacTlmpdrwr dE émrd. Aid maoûvr dé héyerar drs auuQuvei d dydoos Gb6yyos T$ mpwTw naTà duriQaovor, à 0Ëds T® (Paper, icoypovws, xard Tadrdv xpovonévwr duGo- Tépuy Tov G06yywr, ds DAnpoïoba Tyv ua0 dmal}ayyv Tôv G06yyuwr dvdéaoiw péypr To did marwv:xai mdr doyyv ToÙ did Daodr AauGé- vetvi, TÔ dis di Tecodpor nai dis did mévre, nai dis did maowv, ai GO6yyov G00yyw ouuQuveir nai Tér perd Td did maodr Ghbyywv dËv- Tépuws ddopévwr", Tv dè mpù Toù dia maodv Papurépws. 8] Kai Tù uèv mpù Toù did may did Tecodpwvy ar ToÛTO dd Teo- odpoy Àéyerar Tù dè perd TÔ did maody dis did" Teocdpwr, domEp nai TÔ did mévTe, mpù Toù uèv did maody aùTd did mévre, perd dè TÔ did mar | dis did mévre nai Td did maodvr dE, Td pèr pro oÙTw di maowr Àéyeru”, To dè era To id maodr dis [did maodv|, émd Toù 8ydoov Gbdyyou, dydoov nai adTd Tÿ TéËer GOdyyov dTéyov, ouuGawyor TE ° T@ mpù aûToÿ 07000 G06yye. Or yäp À6yov d mpüros G06yyos yet Gpùs Tôv dydoov eis dv Tù diè macdv oUuTErApUTA, TÔv aÙTÔv nai Ô dyd00s mods Tùv dm aÿTo xai mer adrTdr TarTlôueror dydoov eis dv TO dis dd maodv DAypoirau”?. 9] Audolmua Aéyera Td dmd Gb6yyou eis GO6yyov perabaivor. 10. Ais dià Tecodpwy". — Toÿüro uovoimôr dvond éco Ümep mueis Ga- uev OuTéyopôor, ÿ Tù dis upoletv did Teoodpuwr yopddr' donep uai TÙ Tpéyopôor Tô did Tpuv, xai Ürary, 9° méoy. Movouxÿs yàp eidn TÉcOApa vytn, Ümdry, (Bdp6irov nai Topor: ÿ Téooapés eiot xopdai, uai ÿ pv Dpwry ÜBeruévor Ever Tdv GO6yyov, ñn de deurépa GËdr”, m dÈ TpéTy, ETt GÉVTepor, uai n Terdpry, ÊTt OEUTEPOY. 11] Orar [uèr]! oùv Ty mowTyv yopôv xpoloas ris perammôyoy Tds én péon do yopôds, aa &) Oo mi Tyv Terapryv mods Tù moujoat péÀos OËÙ dd ÜGeruévou, ToÙTO Xéyerai dd Teoodpwr uéÀos. OTar dé mél émavaoTpén" mods Tv mpwrpr yopôyv dmd Ts TeTdprys ”, xaÏ veUOY aüTyv, eîra peramomom" mi Tv verdpryv, Àéyera dis did Tecodpuwr * ot, dans le sens de parce que, est de la meilleure grécité. Toutefois, ce n’est pas une preuve décisive de l'antiquité de ce morceau. — À Après la6dvyerv, le ms. ajoute éxrw qui est inutile, F. 1. ÿ.-—* Ms. ra. Cp. Psellus, L c. p. 186. —! Ms. ddovrwv. —" Ms. did dis. —" Ms. }crnurou. f. 1. Addenror. —- ° Ms. ouuPwyoy Ti. — B,. CGpr Psellus, L. c. Ph 20: Ô \ À0 Q 27 g 00 N AE UN 2 Ouivs A NH RE » yàp Àdyoy à mpôros Éywr Pôdyyos mpôs TÔy Ôydoov dva@aivesTa, TO» auTor xai 6 dydoos mpès Ty mevrenudéxaron Eyes. — 1 Ms. ÿ. — "Ms. Sn, — * Ms. dnmavaoTpéÿn. — * Ms. ro recodpwr. —" F. 1. ueranndnon. OA S F° 207 v. F° <08 r. — 612 — uéhos". mel nai rerapratos" Aéyerat d mdvu Tv mpwTyr nuéoav ciséaÀ- Àwy, mrot diaeirwv VO, xaè Th Toirn eioéd}AAwy. 12] Êrs rd dia reccdpor* émirpirés écliv dpifumrints*- à de ÉTÉTEITOS ouuGuvs ol. Tù dis oÙv° di Teccdpuwr ouuPwrov ” ÉOTv ÿ T@ dis da recoäowv ioôv éol Tù did maocdr°, mr doov Tù uëv xara]Amhous® Éyet Tà Ô xopôdas rois D, rù dé duà maodv uaral)mdous uëv, cwbotoas * dé rù dvéhoyor. H rù drrhoür Àeyouevor mAivbLOY aivirrerar * ëv TOUTE yap dimhaï eioiv ai vebpar, récoapes évÜer, nai récoapes évber *. * Ms. éri rôv à. Aéy. d. à. r. F. 1. Aéy. dià recodpur, leçon que j'ai adoptée dans la traduction. — * Ms. serapräs. — * Ms. dis à. 7. — * Ms. ou (sic) dotbxnrinfs. — * Ms. &p. — ? Ms. cuuQve oüuQwvyor. Le copiste aura écrit deux fois le même mot, ce qui n'est pas rare, et oublié d'effacer la première forme, qui était fautive. — ° Ms. dis ia œacdy. — * Ms. xar dhAmaous. — ° Ms. céboucu. F. 1. colour. — ‘ Après ces mots, le ms. ajoute : xai T0 is ia Teccdpwv x. T7. À. (répétition du texte des $$ 5, 6 et de la première phrase du $ 7). N° 3. LETTRE DE MICHEL PSELLUS À UN CÉSAR BYZANTIN (MICHEL DUCAS?)), GRAND AMATEUR DE MUSIQUE. Extrait de deux manuscrits de l'Escuriai : A= ms. ®. IIT. 1 (n° 217 du Catalogue de M. Miller), fol. 207. B—ms.%>[,9 (n°245). f0l..60. | (Voir la notice, 1° partie, $$ 7, 1°, et 14, 2°.) Iôreoov &s aÿAnrys Sélyow* ce rÿ Tv éudr Âd6ywr 9y4ÿ, Ÿ ©S dvha- puhos mods” Tv on évraywvidoua uovotxiÿv; Üp® yap uai ce Aoyixr Adpav dvrireivorra nai dvraderv meipouevor": dole uixpoù deiv ÜTd Où uéhous xai dropyoüuar nai rais yeoci xuuEakigw nai ÉTIXPOT® T7 OÙ, domep ôpGainoïs | Sesyousvos* xpoiuaoiwr. À} }a où uèr mévTn duvd- uevos ÿ Àdyois ÿ uyxavmuaor Ta Éuà Searpideu uéÀy, xaTavayxäers, éyo dà mOowv clarppwr nai Tadvrwy Tà où mpivuu SÉéÀyTpa"! My- more oÙv, Gomep à av éxeîvos, rosyoous}ys ‘ d£ oùros ua xepaoG6pos donet T@ pübew Sebs. Hüket uèv év Tois dpeot nai ÉCXIpTA uavmmois® Ghuast. Âvrpyour dè ToûTo ai te méroat nai véma, xai elyev auiobor Tv dyravan}aoiv Ts oixelas &0ÿs DÜOVYV. Oùruw dE ndy® Tv oùr uékos dvaxlwuesvor mods Tyv ur Eyo Go- vyv * ei 05 un dvrnyeiv ébéheis", und àhAws Toÿs ooùs bubuods juir émideitxvuobat, ei un TobTous éÉwymoaiuecba, XE {00 El TV TÉYYNY Àv- * A: Spiyo. Plus lon: Spryouevos et Soiynrpa. — * A: œapà. —° À: œepouevor. —3#UAE XEP Sir. J'adopte la leçon de B; du reste le y euphonique, contrairement à l'opinion commune, était suivi très-souvent, dans l'antiquité, d'un mot commençant par une con- sonne. Les textes épigraphiques, notamment les inscriptions éphébiques que publie en ce moment M. Albert Dumont, le prouvent surabondamment.— * A : Spryôusvos. — l'A: Tpayoonpids. — © À : mavesmoïs. — * À : Spies. — * Mss. ycipo. — 613 — Bpsomou Opauds (ÜpBeds roûTw Tù dvoua). Mereyeipièero dè Tyv xifdpar &s oÿdeis 4ÀÀos pouoomouds, xal émedcinvu Tv mio lmumr 0ù Baothsüot xai myendoiw, oùd émedidou Tyv Téyvyv xpnudrwy moAÂGr : d\]à more pv émi T@v d\owv, mors de nabquevosi mi r@v dur, Aéouor xai Pouoi val deABior*, nai myÿreoiv dméxpouer Tds yopdds. Kai oùre Tyv yalyr dmyËlou , oùre Tv pür mods Tv oineiav GpyéoTpar: d\]d rapÿr adTé nai uyxäéov ” aimôAov, ai moo6ariwr BAñyn:xai Tà pèv ouvwpY0ÜvTo * rois éneivou péheot, à dE mpéuer nalolueva al d OPdË éxeivos wap’ oddevds Toûrawr | WOODY Ts povounÿs slcempariero. Ilépemu yobv xdyow° mpùs Tv zubapar Tüv cv értolo}dv, ai dxoUw Talrys Méws, site, &s Aéwv éméyov did Ts mÔovÿs TÔv SUuOv, Eire, ds Taüpos, Tù dyépwyor cÜévos daudéwvy Ts Glosws, eire ®s 4)ÀO T4 Ty Snpiwy npËta ÉTIOHIPTÉY Hal yavÜmevos ?. AA a un Gôornons qui Tÿs pelipporou Gwvÿs: undè, ds Eerpñvai, éy uaipw eTopoys Tv H0ovyv: 70Ë, À Âmro)Àw, Dapà HÉDOs Tv xÉAuy perayetpièm: uyde, ws Mapotas, eis äpulAav muiv xatiolaro- aix dep épeir Botloua:, Sauudoior pèr al ws, où mévu dà miÜavdr Tois So))ois’. Eipnxaor yoüv rives Toy mdha coGér dTt 8Ë dvaroÂÿs pds dvou Toù oùpavoÿ xivounévou nai SE Écrépas sis dvaroAyr Tv maryrr dolépwr, péÂos T1 dpônTov dmù Ts ToiadTys dvTruuvmoews ylyvera” OÙ Tyv aio0m- oiy 9 ÉMÉXNDOS * muy Bois EYE OÙ dUvarar. Toradrys pèv oÙv ÉuTremÀG uovornÿs Tov dmavra ypovor YÜovÿs uypaTou DAnpÈv. Éy® yoür', uéyiore Kaïoap, nv un émioléAÂys molddus, dÂN os dméolehas dmoypooavr Éyw Tyv môovyv. OÙ walaoi éxeivor Âcovpior* où mdvras ToÙs TebvmuôTas Tÿ yÿ xareywvyuor", GA’ EÏTE UYTND TOÙ oixeiou pa Doudds, elite m Yuvn TOÙ yauirou, aire Ô dvnp yausTÿs, ua érelvyueoav oi Épouevot, TA TOUTWY TapiyedovTEs cwpuara, xai ÉVACIS * dommlois éyyAGovres ?, duopeola eilyor Seduara. Éyæ de * oùx éyuoémlw * cou Ts émtolo)ds Üais ddvyous, à]]à me- piépuara &v Vuyÿ rabras moiobuevos, dpär del xai duoderv dou. AAN oùx eirov iva um yo8Qns, dAX iva eidos Ünws Ép® oVOOEpyoÙ” yapuros, mods por T° Tor yerhécwv émoldêns péÀr, ua Tv ovv émiGaivys povoinyr. | 3 A : émimabuevos. Les trois premières lettres barrées en rouge. — * À : dpiQros. — " Mss. dnnétour. — * À : pyxddouow. — * A: ouvopy. B : ouveËopy. — * Om. A. —2+Mss. yavvÜuevos , qui d’ailleurs pourrait être maintenu. Sur la double leçon yav. cl yavv. Cp. Boissonade, Philostrati Epistol. 46, p. 132. — 1 À : Côovnocu. —" À, après æufavoy, mais biffé en ronge : rs @wyÿs. Cette variante ferait croire que le manuscrit a été écrit à la dictée. — * A : ÉRIxNpa. = HINISS: à OÙY. — 2 À: Aoüpuos. Même variante Procl, in Tim. éd. Schneider, p. 365, n° 46. — * A: xareywvuor. —* Mss. ËnAors. —* B, en marge : éxyA0@. Leçon préférable? — * À : dn. — * À : éyxwx. Cp. Yelàos. éd. Boisson. p. 176,1. 2. — ? Forme primitive du mot povooupyoÿ. — ° Om. A. MISS. SCIENT. — I, 40 F° 208 v. F° 248 r, F° 248 v. Fe 349 v. LETTRE DE MICHEL PSELLUS SUR LE RAPPORT SESQUIALTÈRE DE LA-QUINTE, SUR UN POINT DE GÉOMÉTRIE RELATIF AUX ANGLES SOLIDES ET SUR LES COMMUNES MESURES. Extrait de deux manuscrits de l'Escurial : A= ms. ®. IIT 1 (n° 217 du Catalogue de M. Miller), fol. 248. B=ms. Ÿ. L'5,(0,2%5)-t%0lquos (Voir la notice, 1° partie, $$ 7, 3°, et 14, 2°.) [Titre :] Éréuois ms éco Tù did mévTe ppuôuov, nai dm [map " ri Dévre oynuara où olaboera Éteoor cyua mepieyopuevor dd ioom)EU- puy xai icoywviwr icwr dors. Oùx émoloÿs LÉTOw mpoopuet Tà rouüTa Gyruara, ÀoyiwTare, aAÂà moddoïs nai ueydlois ouyypéupaot : mpayuaremwdéolara” ydp ou nai moXuBwyotara. ÀN 8y@ eis ôoov éco: ouolethas Ép@ : nai mprôr VE TEpi TOÙ LovOIHOŸ SEwpuaTos. CUL FER ds oi mepi Dis | HovorxwTarot Tüv à] Âw» ye- vouevor dpymv oixetoTéTyv mepi Toùs GÜ6yyous nai Très cuuGwvias me- TOivTa" nai TOÙS pèv ioous Ty dpiüuwr rois ioorovois GÜ6yyois apa- ÉaAdvres rods d' dvicous rois dviootovois. Kai did Taüra ToÙs éropious xai mohamhacious Àdyous ÉGapuocartes Tais ouuGuwvias Tyv uv dd TDac®v ApOD ER ONG: T@ dirai À6y &, Tv dÈ did GÉVTE TO MOA(&, Tv d did Tecodpwy T@° ÉMITPITE. Or: dorep à DTrAdOLOS Xdyos BE èmt- Tpirou uai mpuoÂiou oÙyxeITu, oÙTws ÿ dia maoûv x Ts Üd Teccapwy nai di mévre. Über ñ did TECOdPUY TH ÉTITPÉTO GOOOŸXEL TpOCAP- uôTTor dv m iù mévre T@ mokiw où yap oùrw Aéyeru map’ aûroïs » dià mévre êv puoiw À6Vo ds Tais TÉooapot ÿ Toioiv, ÿ dUO, ÿ pu& a paSalkouérn xopdais, dAX ÜTr GxTo Tüv cuuracdv oÙoùv Y0pÜ®r Tor Depiexovodr Tr Te did Teocädpwr ouuuwriar xai Tÿs did mÉvVTE ai Ts di maodv. Qoudrews dÈ nai rod dimAaoiou ]6you mepiéyovros &» ÉauT® TO ve émirouroy Àdyov xai rdv mpubluov, où Tlubay6petot rdv dmdouor Dpocapudoavres Tÿ did macdv cuuQwvia, TÜv LÈv ÉmÉTEITOY dv Àoyov émouoavro Tÿ dia Teoodpuwy, TÜv dE MOOV T DIX DÉVTE. ÉË duaho- yias Toryapoür n dià mévTe ouuGuvia rdv puôov ÉxAypwoaro À6yov. EvuSé6mue yèp Tir ur did macdv ovyucioba én dvo Tor ÉGelËÿs nai DpoTwr ouuPovridr, Tÿs Te did mévre xai did TEGOdpwy , TÔv dE Om AG- oiov, x dUO Tr ÉGEËÿs ai DoWTwY ÉTIMOpIwY, To Te Mio}iOU ua TOÙ * Restitué d'après une phrase de cette lelire (Cp. note). — ? A: mpayparewdésTepa. — © À : omission depuis T® jusqu'à drà TEGOpUY (19 mots); resutution en marge du manuseri!. — 615 — émirpirou. Meidora dE évraüda pv To émurpéTou TÔv muôtov À6Vov: net de Tÿs dia Tecoäpwr Tyv dia mévre cuuGuwviar : Wole nai Tv ÜTep- oxnv arr, Toutéoli TÜv Tovor, TiDeoôar xarà rdv émoydoov À6yov, Ci) peidwr éotiv à puôAtos TOÙ ÉmiTpirou. Âxo?oÿfws dè routots nai Tù pèv x Tÿs did maodv xai did mÉVTE GUv- Tibéuevor" péyedos y Touimhaoiw À0yw° érileoav', rd d Ex Tÿs dis dd macy y Tetpamhaciw, Tù à Ex Tÿs did Dacdr ua id Tecodpwr éti- dou» dotuGwvor*, dia Tù moteiv Àdyov Tüv" Our moùs Tà Tpia, UATE éTILÔpPLOY ÊVTA, UyTe mOÀÀYGTÀAGLOY. Toradry pv n émiAuois voù mpwTou Éyrpuaros: wepi de où uy ouv- iclacüa Érepor oyÿua mapdi Ta mévre Tebewpyquéva * T® IAdron: Cyxuara, mepieyôuevor dTd ioomketpwy nai icoywviwr iowr &\AYXoIs, évreU0er àv Sewpyoot TI. ad pér ydp dVo Tprywvwr émimédwr oleped yowvia où ouviolarau äraca yàp olepet ywvia Ümd ÉAaTlôvwr Tecodpuwr dpOGv ywridv émiré- dœwv DEPIÉYETA * ai Jap Depléxovoar TalTyv This TOY Tor Tprywvwr Jovi, Tecodpuwr ÔpOür éAdoooves dmro|demrimwrara T@ lecopnëtoy édeiyOnoav”. Où Toivuy md düo Tprywvwy émimédwr oleped ywvia ouviolarai: md dE Toy Tprydvov, 9 Tÿs mupauidos, ÜTd Teoodpwv, M TOÙ OnTaédpou, dmd mévre, m ToÙ eixooaëdpou * Ürd de ÊË Toiywvwr ioomAstpwy xai ico- yoviwr mods Ëvi cnuelw cuviolauévwr, oùx ëoTla oTeped ywvia. OÙoys yo Tüs isomkelpou Tprywvou ywvias dinoipou 0p0ÿs, Écorra ÉË réooap- o1v 6pÜais ica: [dmep dûvvaror|": éraca yàp olepeà ywvia dmd 8}acoovwy Teoodpwr 0p0üvy mepiéyera Ürd dÈ TeTpaywvwr Tir TOÙ xUÉOU yw- vla DEDIÉYETA" ÜTÔ dé Tecodpwr, ddUvaror : ÉcOvTat yèp mdr Téooa- pes OpÜai' dr dÈ merrTaywvwy com Astowv ai icoywvwr, ÜRÈ pÈr Toi@v, m ToÙ dwdenaédpou, ÜTd dÈ Tecodpwr, ddvvarov* oÙoms yÈp Ts TOÙ mevraywvou icometpou ywvias 6p0ÿs nai Déurlou Écovrai ai récoapes ywvia Tecodpwr OpÜdr ueidous, ümep ddüvaror. Oùx àpa mapà Tà eipmuéva mÉVTE oxuaTa ÉTepoy oyÿua olepedr ovolabñoerar dTd icomheüpor nai icoywvior mepieyouevor. Üre D 5 Toù ioomAeupou xai icoywviou evtTaywvou yowvia 6p0y or nai DÉUTTOU, dédernTar xd oO Ta Tr EdxAcidy. Evdpuerpn dà ueyéOn Aéyera (édyrToas yèp nai mepi rourou TeAeu- Tév | év T@ ypdpuari, ws dE nai mepi duyduewr) Tà TS aÙT® uérpo HETOOÛUMEVA. 1 Mss. ouyribépevos. — * À : omission depuis Aoy&@ jusqu'à TETpAr AXE (11 mots). Restitution en marge du manuscrit. — l Mss. ériero. — © Mss. douuP®. — h Mss. Tôv. — \ Avant le mot œepi, Ba un espace blanc. — ! Voir note ".— * Ms. Sew- pnUÉva. — 1 Mss. DEPIÉPXETU. — Mss. édely0n. — " Mss. om. Restitué d'après Euclide, x111, 18, scholie. ho. F° 249 v. [OS 100 le — GIG — AocÿpueTos dé, &v pydèv ÉvdéyeTa nolvdv UÉTOOY VevédÜ au. Edetar d duvduet oûumerpoi eioiv drav Tà dm aÙTéy TETpdywva TD adT® YwpI& (LETOÏTAI *. Âodpuerpor dé, drav rois dm aÙT@y Terpaywvois umdèr SvdÉYTE Yw- pioy xotvôr HÉTpOv yevécÜau. Toùrwr où dmouetmévwr, deluvurau dti Tÿ mporebeion ebbela ä@ s Son? Tà uéroa (TO Te myyuaior, ai Td malaoTaïor, ua Td OAXTU- Xaïov, nai Td modaior Aau6dverou), drapyovoir ebbeïar m'AÿOEL GmeLpot, oÙuueTtpoi Te xai doUuueTpot, ai uèv pue mOvor, ai dÈ duvdyuel ÔVOY, ai d8 uyust nal duvduer. KaÂeloôw oùv 9 mporebeïioa edbeta bnry. Kai ai TaÿTy oùuuerpor, site pjner xai duvduer, eire duvdpuet môvor, OnTai. Ai dè vabry dodupetpor nard Tù ouvauGôTepor, TouTéo TL AXEL Ha duvduet, àhoyot xaksicÜwoar, Kai To uër m0 Tÿs mporebelons ebbsias TETpéywrOv, OyTÔv. Kai T4 TOUT GULUETOS, DTA. Ta dë roûrw doiuuerpa narà Trd ouvau@Gôrepor, àoya xakeiobw. Kai ai duvauevar aûrd, &oyos. Ei pèv rerpéywvor sig, adrai ai mAeu- E° 250 v. pai" ei dè Étepd Tiva edOVypauna, ai ioa aÿrois Terpdywva | dvaypd- Goucaz. Ta dà ovuuetoa eyéôn® pds à}AmAa' Àdyov Ever dr dpiiuds moùs dptÜp0v. fa dà dotuperpa oùx Eyes rooüror À0yo0v. ñ y, CPE perpeirou. — ? MSs. Sos. — Miss. ueyéles. — © Ms. Dapa}}nÀs. N%35. LETTRE [DE MICHEL PSELEUS SUR LA MUSIQUE. Extrait de deux manuscrits de l'Escurial : A— ms. ®. IT. à (n° 217 du Catalogue de M. Miller), fol. 265. Bims, Lolo nit5 ) Mol ns (Voir la notice, 1° partie, $ 7, 4°.) Iepi uovornñs. re:65v. H dAyôns uovorxr Dept s elpnTai Tù «muets de povouxÿs x}éos oiov axoVOpEr », Gepi 4s molÂdus dvaruvduy ou, où xaf dpuoviav éoTi" Tv dvrwr dmdévrwr oUolmua; Eire yàp Tv naŸ adrd êx cwuéTwy OÙ- civ, cite Cwÿs } xivposws didiou DowToupyds airia mpoÿmapyor, site À : ëmi. — Sur la citation qui précède, voir la note ! de ma traduction RAT: — 617 — voytai oùola, elre duyn dÀ7, mavri raïra ouvpouoola povotmoïis Tiot decpois”, ai cuurerAñpwrar pérpois xa}AioTous. Asürepa dE pétpa uovotnÿs naTd yévy nai eidn dwpiopéva, xai dm Tv nperTTOvr Muiv évddOoueva Té Te Év oùpavé Cor didiov «ai xévm- oiv ämavolov, xai duvduets yevvyrinds dAUTwS ouvuGaivovTa. Émendd» dè reheurvres dvelpoper tas T@v ouvbéron Cow xwmosis edpt0uws * ouviolaiuévas, nai Tàs Guwväs edapudoTous, xai Tds dm duGo- TÉDWY TOTUY oUuuiyvuuévas yopelas Terayuévas - tr dÈ Üpydvwv oU- out@vY mavroiwr éuueheis Dotmowper eÙreyvlas: TOTE dy Tv ÙTÔ Tÿs povoixÿs duvapury moospyouévnv émi T4 dAG, ai duxrelvoua ÊT aÿTd - Sewpoiuer. Kai oi év ToUTois pouvoir émiolÿuy SEwpyTit TE nai œpaurumy uéÂous Teelou Te uai dpyavinoù | nai Téyvy mpendvTwr év méeot nai pupois ouvreivouoa mods n0@v xaraouevnr. TéAerov dà pélos Aéyera Td ouyxelueror x ASËsws nai péÂOUS ai bubuoÿ. Opyardr dé éoi uéhos Tù x Tor ouvribeuévwr d\Ayhois CÜ67y- ywr ounoléuevor, d xakeirar xpoiois. Évror dè To coPoy ÉowTIxNr ÉGacar Tyv aûToÙ uouoixyr dd Tv Tÿde AadY ÊR AÛTO TÙ voyTÔv xd dos * dydyouoar Tyv Vuyrv. Kai éxaolov uèv Tor év rois péÂeot pé- TOWY LT dpuÜpv", nai Ts év Toûrois ouuQwvias xaTidelv, doOrEpel DAp- epyôv ol Ts uovorxÿs. Tà dé év rois d)o!s évavtia ouvdet uai oUve- xet mepi pèv tv @orv, Tù eldos nai Tyv Üyv, mepi dE TÜv oùpardr, Très mi avri awyoeis, mepi d Tv duyyv, A0 yov, dhoyiar EF, Suudy, pabuuiar", nai Tds Das Tÿs Cwÿs duaBGopoTpTas, mepi dÈ Tv oÙoiar, Taÿrov, SéTepor, xivyotw, oTdotv, Üuotov, dvopotov, Ëv, mÀÿ00S, xai Tà &ÀÀG Tà ToIaÜTa. Ére de Épyov pouoixÿs, m Tv Epywv ÉTavophwois, ai m Toy mabr Separeia: ratry dà ouveyys ouvÿnla Tv Ébvdv Tüv etdouwTATEON uééTty, üv dE nai Ta dvouara Éyovor ai dpuovio, Awptor nai Avdros xaë Dovyror xakoïueva, diè Tù Tà Éfvn Tara xaraxopows aûrais | xe- XPAob, To omovdelw nai oTlabep péhet maipauvboduerar Tyr TOŸ wé- fous drep6olir. Ai ydp mepi rds vüuGas atkwdiar nai roùs Kopt6avTas DapaBpoovns méoys SÉdvreis worodoiv muäs* xai wapaGopis pyvepd- Toy) re douuovior xal maladr duaprpuärTwor droÂvouor, mepiwduviar * Te Yuydv émmouGiéouor- nai Tà Toy oBuyudv dà süpuÜua xai apÜvb Ua’, onpeid slot Ts ÉÉews Toù owuatos ua mpoobynais ÿ dGapéceoiwr”: dOTEp Tà ovOIXQ dpyava Émirelvoueva yalwuera drd Tÿs dvapuooias eis dpuoviar xabiotata. Tosadrns dà oÙoys Ts ÜÂns uouornÿs, Ÿ dpuoviny mepiéyerar v aÙTÿ * Mss. dciouoïs. — * Mss. edptôuous. — * À + Pbdyyov. — * À : xd2os.— ‘ Peut- être faudrait-il lie bupén, — 6 A: dyaloyiar. — h Mss. émtOuiay. — * Mss. map Ppootvns. — ? À : pmvupdrwv. Om. re, — * Mss. wepiwduveiar. —" Mss. &puÜpa. — ” À: dQaipeor. F° 266 r. F° 2166 y. F° 2:67 Fr. Foa67x- — 618 — &s pépos Tÿs daolynarinÿs 1:41 Év 0 Guvÿs, Td cuuGwvor xal douu- Gwvor émixpivouoa. Mépy dÈ Tÿs uovotuÿs Tà ouvExTIAWTATA TÉCOApA* TO Te dAuxdv, xai Td drepyaolindv Tÿs ÜÂys, Ô xai momTindr naeïrau, xai TÔ éÉayyekTixdr, Ô ai épunreuTimdr mpocayopesderu mi âor d TACOETAL TÙ ÜTOXDITIXOY ”. Td dAwmÔdv eis Tpia uépy méliv Téuveru eis Te TÔ douonxdv, 4al TÔ Évbpindv, pal TÔ eTpinov. TÔ debrepor T@v Ts dÀns pouvons ep, dmep drepyac mdr elvai Dauer Ts Ühys, TehctoTepor pévror nai dvwTepov T0 duxoŸ Setéov” émeidm ® Tù uér môvor Téyvys éoliv Épyor, Tù dE nai Goocws aa TÉyvNs" mépn d xai rourou Seréor Tésoapa. Hodro» dnepyiéera Tr rÿ douovinÿ Ümoneiuevor LÉ |p0s : xaTaoxEvdeer yäp dE adroù Ta diyx puOuoù [uai]? AéËews onuawvdueva, ériva xpoÿ- UaTa HahEËTA. Aevreoov émepydero Tù Tÿ puÜuinÿ Üronciuevoy LÉOOS‘ xATAOAEULÈSE yao Ÿ rois Apotuact D Th ASËer ypovwr Tivè TaË ÿ* ÉuOUdS xaheërau. Toétor àreoydlerar r@v roù dumoû pepy Td Th ueTpinÿ dTonElLEVOY xaTaoxevd£er yap di aÿToÙ Ta xaÂOUUEVA HÉTpa. Térapror naracusvager Td Téhetor nai povoinmdr xahoduevor uépos, dep WÔy naheîrau. Td pèv ôpyavimod mokuuepés’ éoliw ÿ éÉayyehia* did Te yap T@r éunveto Tor nai did Toy xpovol@v, nai did TOY ÉvTaTwY ÉTAVTWY ÉRITE- Acîrou. TÔ dE bubpuudr émaor roïs rod éÉayyeÂTmoù uépeor* mapdaxerTu, diya Toù drouprrixod. TO pévros ye ddmdr sis aÿAwd ar nai Avpwdtay wat x10a0w0iar diponra. Éo7: dE mévra T4 Tÿs uovornÿs Épya dvahoya Tais Tor àc]lpwr wEpiô- dois. H pèv yap mi dcËa roy X0poY nivnois peuipyTat Tv TOÛTwr GepiBopér : dveiooovoa dè ër dpuolepà, Tv dvrioipoGor dyaxvuÀET, Eproÿoa Tyr Sarépou xai D'havwuévmr wepiodor: rù dÈ oÎaciuov adovod Tv môvpov Tÿs ys Érideixvvoiv douoviav ‘ TÙ dè 0Ëd nai Papd ouvrér- TOUOX pds a AqAa Tor wpér Tr aûxAov xai Tv oToryelwy Ts Évar- Tias duvduets | Tpômor Tivd sis radrdr ouvuQGaiver. Kai Tà uèv ouvdmret TOÏS yxois Tÿs oÙpavias douovias * Tà Ÿ év eix0oIw aÿTÿs GMOTUTOUTAI Tù xdAÂos. Kai dAws wepi Ts WÔds nai mepi ToÙs PuOuods ua mepl ras xOpeias, olxet0TnTés eioiv Tÿs muetéoas dpuovias moùs Tv Selav LOU ctxnv. Kai cymuara dé nai uopGwuara tivwr dyakudrwr" Péceis sodwr HA MÉTPUY auvTdEeIs, nai xivpoels eÜTAuTOL cœuaTwr peuiumvrat. Aid TAÛTA DAidves HA TpOSWÔ A * Ho dO%pau6ot, nai Üpvot xal YOpElL, Ha ? Mss. HEITILOD. — ° À om. éredn... Seréov. (18 mots) restitués à la marge. — s ñ s L P Moss. om. — 4 Mss. TdËiy: à. — * À: DOÂUUEPES. Pre mohyLEpAs- Atom: LE- peor... dmonpirixod (5 mots) restitués en marge. — * À : ni deËa. —" Mss. raÿrov. YA a]. LEIUNVTAE, qui a éte pointillé. == AE DpoTodixs. — 619 — Ôpyxnoets Év ÉOpTais T@Y map Édyouw Sedr ouvéolnoar al émerymdet- Ünpoav: nai v vuuGaywyios dÈ nai yaurAlas àopara nai mOÏSY ATÜTOS elpubpos, évapuôvôs Te yeup@v xpôTos cuvénTe Tv mpTpr cUUT Or Ts émi maudomrotia* ouvOdoOU yuvands nai vÔPOs. Ïl pr oÙv mpwTy ai iolopouuévy LovotxY Saunalounévy TOUT TÉS éou" mepi ÿv dè omovddéouer onuepor, air émnymua oiov* Énetnys éo Tir. Y À : émirndedOnoav. — * Mss. émemadomouia. — * Miss. ojov. N° 6. TRAITÉ ANONYME D'ACCENTUATION GRECQUE. Extrait du ms. de l'Escurial ®. EEE 15 (n° 231 du Catalogue de M. Müller). (Voir la nolice, 1° partie, $ 10.) l'pauparimod ddmaov, ILepi mpoowdias nai moou mpocwd. lévwone 071 mpoowdio* eioi déua: 0Ëeïa /, Bapeia \, œepiomwpéry ” TT, paxpa —, Bpayeïa —, daceïa C, din D, dmboTpoGos ?, iGèr —, xai dTodaoT0À1? 7: livwone Te Tôvor eioi dvo, m OËeia nai n mepiomwuévn : n yàap Ea- peia ovÀAAaGnds Tovos éoTir. Vivwons dt m OÉeta Éyer TOmous Toeis eis oÙs Tiberou, Tv Àÿyovoar, Ty» mapalÿyouvoar nai Tr wporapahyÿyouoar. Kai Aÿyouoa uèr Àéye- Ta, TÔ Télos Ts AéËews, oioy Tuyôv: IIpodpouos, rù MOZ, »ÿ @e6- dwpos, Tù POE, ÿ À6yos, rù T'OZ &\ lo Tv oiov dv eimous, Tù TéÀos énelvms Ts AéËews Aéyera Aÿyovoa Oebdwpos, rù POZ Aéyera Ày- yovoa, nai Td AU) Aéyeru mapalñyouoa, uai Td O Àéyerat mpoTapa- Aÿyovoa. Kai més xaeîra Tù émi Ts Ayyoboys Éyov Tv 0Éeïar, ws Td d oo- Gôs émi rd DOZ ; — OËdrovor. Is Tà mi ris mapahyyotons, ds d A6 yos émi Tù AO; — IlapoËtrovoy, xai Bapirovoy. I@s rù émi Ts wporapahkynyotons Éyor Tyv OÉeïar, ds Tù Oecbdwpos ëmri Tù O; — IporapoËtrovos xai Baporovor. Oùroi eiotv oi Tpeis Tomot Ts OÉclas : Tÿs dÈ WEPIOTWHÉVYS Où TOMO cici ddo: Aÿyouou, oîov mo1&, Pod, nai » mapalÿyouoa, oiov ados, OÙTOS, éXEÎVOS. à * Ms. mpoowdeiu. — * Ms. mepiomouérn. Hors Fo FRE F 9 F9 a v. — 620 — Kai ms nahefra Td mi rÿs Ayyobcns Éyov Tv mepiomwuévymy; — Iepiomwuévor. Ts dE rù émi rs mapahnyotons; — Îlporeotomwuévor. l'ivwone dti y En ÿ Aÿyovoa nai ñ mapahyyovoa nai ai 000 manpai, Kai Èyet ais Tyv mapahyyovoar TÜv TOvOr, ds TÔ Dotnow, OÉclar ÔGel- et iva éyyp°. Aéyer yàp Ô navwv * «paxpà Dpù uanpäs où DEpIOTATAI » Ei dé eiot nai ai ddo Bpayeïar, ÿ re Aÿyovoa, xai wapahyÿyovoa: uai oÙTws OEetar yodPe. | Aéyet yap à xavwv * (Éméve Bpaxeias TEPIOTW- uÉvn OÙ TIGETA ». Ei dë 3 Anyouod Ent panupà ds rd d héwy Tuydv, ñ dà mapalÿyouoa Ëvr Boayeït, nai oùrows OÉstay yodGe. Aéyer ydo, ds eimouev*, d xav@r, Te «émérw Bouyeias mepiomwuévm où TiOeTau ». Ei dë m Anyouoa ën Boayeïa nai yes Émévw abris 7010» ®S Tù d0- ds mi ro DOTE, Éstar ypaGe. Aéyer yàp à xavov* « âGA PO nai ai- TIQTIXN y OÙoa dd cuvaipédEws OÉvyETUu* » Ei Ôè ëvr d Tovos émi Ts mpomapalyyolons ds d @eobdwpos %' à Hoédpouos, 0Ëetar nai oùrw ypéGe. Aéyet yäp d xavwv * « æpù dvo auÀ- AaËGr mentomwuévy où TiÜerou. » AùTn éolir m uébodos ris dÉsias ms iva yod@ns° arr. Elepi Tñs meoionwuévns nai Tüv TOrwy aÿris. | GEPICTWUÉVY ÊYEL, @S ElDNTAL, TÔÜTOUS 000 * Ty Ànyouoay al tr TAPIE SE Âv yoûv ëve° Aÿyouoc mexpée nai yet ÉTAT AÛTS rÉvO», mena uévnv, dGeiher iva Eyn°, eire ouvypnuérn éoTir, &s Tù moi, elite où, ds T0 moÙ y ms, | nai m uèv Èv ouvnpyUÉ ÈXVEL DEDIOTWHÉVNY. Aéyer yäp à navwv: «œäoa ouvaipeois 86 OËcias nai Bapeias mepiorw- uévyr moisi». Ei de oùdèr êvr ouvmpyuévy, ve dÈ paxoà, nai oÙTw mepomätau. Aé- yet Ydp à xavwy : u WÉY ÉUA LANPOXATLANATOY BEDICHÈTAI ». Iepiomdvra, ylvwone, nai moAÀai dortuai Tv Üvouar@y nai moAÀai yevinal, &s TÔ TO C0OGD, Tù y®, T® xaÀ®, Tv CGOCDVY, T@Y Ha- ÀA@yr. Kai éoTiv à xavwv TOvwr * « Dâda yevixy xai dOTIX 5 LaXPOXATÉ- ÀnuTos mi Ts uanxoûs Eyouoa TÔY TOYOY, MEPIOTATEU ». Ôre êm € m ebbcta sis OZ puxpdv GEÉvTOvou uôvou, xai mepromärat ÿ L 1 3 = a | T = \ _ _ VEVIAN, TÔTE DEPIOTATA HAE 1} doTtxy , oiov * coGùs, coGoÿ, [soGw]. Ore Ôè Papirerui” ÿ edbeïa, Baplvera xai doTixy, oior* m À605, &æ hOOuS. Oÿroi eiot xai Of TÔRO! Ts MEPIORWUÉVNS KA OÙ XAVÔVES aÜTYs. ° Voir plus bas la note". — * Ms. eirouer. — * Ms. GËeivero. — * Ms. #. — 8 Ms. rotxn. — * Ms. Bapeivereu. — 621 — livwone ri mäs Àdyos nai méca }éËs D" amd Pwvyiwy àpyETA &s TÙ lwdvyns, louvdaïos, 16, nai Tà ToaürTa, dmd ovuCwvou, ds Tù Fur To, Ya ]w, ypaGa nai Tà dou. Kai ei pv äpyerar dmd ouuGwvou mAmr Toù P, pyre dimv ypdge moTè émévo Tÿs ToundTns ÀéËews Ts dpxouévys amd ouuGwyOU, LATE daceïav, si ur TOvov, D OÉetar, } Tepiomwmévyv, ds dmairei Ô avwY, Tÿs TouadTys ÀASËEwS. Ei de äpyerar dmd Gwvyyevrros (vds Tv énTà), ÿ ViAnv yodGe érävw, à dacetay, xai mévrore pèv Vihÿv yod@e. Écliw dre ÔGeiker ina yodPys* xai dacelar: ypäpe dE, dv ëyor nai TOvor, y OÉetav, } Papeïav, » wepi- CTHUÉVAV, ©S TÔ HAOUG TUXÔV, ÿ TÔ EldOV, ÿ FÔ ÜTEP. Op&s ; Éxdoly AéËs Éyer rdv 6Gerhôuevoy abroÿ (sic) TOvOY : Td uêv pxouoa, 0Éstar (mpù dvo ovlAaËGy mepiomwpévn où Tifera) : Td dÈ sidov we- ptorwuévmv (mäva Gioer paxpd...): Tù d rep Bapeiav (wäca dp0r Ha aitiatixy...)\. Îva dè yivwouys ds év mapodow môTe va ypaBns* dikiv, nai môTE da- celav, oies oÙTow. EÜuGova Va eiot rpia: K,TT, T, xai daoéa Tpia: O, D, X. Ta dd yoïr oùuGova duoBwvotor tais AéËeouv airiwes Vi- Aoïvyrari: Ta de dacéa dmoBuwvoÿot | rois dacéois*. T'pdQeis oùv Tuydr muêv nai yvoms Tiva Shoes” mi Tù H, div ÿ daceïar: nai Tibou dmicbEr» TOù yoduuaros, où Eyes Tv duGiéoklav” (rod muiv ) Tuydv, ASE éyovoar eis Tù Téos Ev Tor VrAGr ouuGovrwr, D Toy dacéwry, xai ei pèv OuoGovei perd Toù diAoÿ ouuGaovou, Tifou dilmv: ei dÈ perd ToUTou pÈv OÙy duoBovet, OuoBovet dè perd Toù dacéou *, Téfou daceiar, oîoy 8@° muiv, oùy dpohoyet, 8@ äpua, Taÿ0 oÙrws. Opäs; OuoGwvet rù daod ® is Td qutr, ai éyeru’ 8’ muir: Èm nu yap ôGelker iva [un] simns. Aube dà Eve td TT daXdr, rd dë quir émird H éyet dacetav, SE dydyuys érodmm Tù drAdr TT eis rù daod D, xai yodGeis éQ’ nur. Qoatrows ai Td oÙùy omodoyei. Abri dacbverar Td dpohoyer (rd Ô), érpdmy vd K sis Td X Tù daod, nai yp4Geis oùy duokoyei oùx ômoloyet é0ele [ypaGivul]t. A:d dé Es ro K ddr érpdmy eis Tù daod X , nai ouoGwvnoer. Opoiws nai Td &pua', èm” dpua Y0ekev iva ypaPñ dTe dE oÙy‘ dpo- Guvet, érpdmy td TT eis Tù dalod ® nai ypdBerar ÉG’ äpua. Oùrw ypdGerar nai Td Ta’ oùrew. Taûr’ oùrw Y0e)e ypxBÿvau Où de oùy duoBwvet Td YAdr perd Toù dacéws, érpary Tù T eis Tù daod O, xai ypdGerau Taëÿ0” oùTw. : est à peine utile d'observer que le manuscrit ne porte ni parenthèse, ni aucun autre signe indiquant des cilations. — i Ms. ÿrhoÿyre. — * Pour dacéoi. — * Ms. fuir. — Ms. yvoûs Te malnons. — " Ms. du@i6oA (sic). — * Pour daoéws. — ! Ms. Acy. Peut-être Aéye. -—- ‘ Cette addition est indiquée par la suite du texte. — " Ms. dpua. — ° Ms. ypaDeïvau. DM SE dc’: F9 3r: F°3 v. Fire, — 622 — Kai aüry Soir ÿ mébodos iva ypaGys" Tv daceiar. l'ivwone drt mâca és ris apyera dmd roù P dactveru, oiov* Gw- Haios, DouumavÔs, DUA' MAVTOTE OÙTWS WS AOYETA TÔ ÔvOUA Ÿ TO üua md roù P, daceïar riÿou éravw roù P. livwone dre dv àoynra m A£Ëis dd Toù P, xai Syoeis dmioher XSËw riwd, ÿ mo00eotv rehsurdoav eis Guvÿev, ëvôa To P dmhacidèera (rd po), oiov da, Émitümua GoÙs, xaTaÿoOus, uai TA OmOLX”. " Ms. 7paQeis. — * Le texte de ce morceau contient plusieurs locutions appartenant à la basse grécité, telles que va &yn, d@eihsr, Eve, etc. J'ai consulté à cet égard M. Émile nd éditeur de nombreux écrits en langue grecque vulgaire. 1 m'a fort cbliseamment répondu par une lettre dont je citerai les principaux passages. «Les deux expressions va yn et iva ypd@ns sont du plus fréquent usage dans le grec vulgaire du moyen àge et même dans certain grec ecclésiastique, tel que celui des Vies des saints. — ÔGeira est employé très-souvent impersonnellement et il a le sens de TOËREL OÙ dei. — Quant à æùs iva yoiQns F cette expression est des plus communes; on peut sous- entendre un verbe après &@s, soit éeihet, ou DpérEl ... — Permettez-moi d'ajouter une observation sur la transformation que vous me semblez faire subir à &w. Vous dites : . Non, êys doit rester ce qu'il est, la troisième personne du présent de l'indicatif. Méne après &v, on trouve souvent, dans ce grec, &ys à l'indicatif, etc.» — M. Legrand a bien voulu revoir les épreuves de ce rapport. Au lieu de Evn. k N° = ” p0 KporaQinà mpôs pedua 0Coaany. xoîs “. pi ITpôs wreplyte. pue Kararoria duoerrepinoïs. pa" los puddus. pas Âvwrepinà duoevTepixois EUÜTO- / A 3:47, q 3) ei6" Ilpùs aiyilwnas 1. pol. / a ES 0) 22 se / ñ pty Ïlpos Ta év puxTipoir. px Tpoyionot xatwrepinoi. pd [pds rods &v puurfipor molbmrous. pun Tpoyicuor ducevrepiuoïs dywrepi- pie’ [lods rs Tüv puxripor duowdias. Hoë. pis’ pds Très Tv uuripor aiuopba- pxl' Yrobermd" duoevrepunoïs. yias. p\' Émibéuara duoeyrepnoîs. pig Hpos æO0voY OÙÀAWY HA mapoulidas. 1Ms. d@lañuods. Corrigé d'après Le texte du chapitre. — % Ms. éytwTas. Cor- rigé d’après le texte du chapitre. — * Ms. xoAfxous. Corrigé d’après le texte du chapitre. — * Ms. riveouous. Corrigé d’après le texte du chapitre. — * Ms. xoAMXOUS Corrigé d’après le texte du chapitre. — “ Chap. exxiv du texte et exxv de l'index. — Ms. ÿroue0a. Corrigé d’après le texte du chapitre. MOTS INCONNUS EMPLOYÉS DANS LES TEXTES PRÉCÉDENTS. äro>ouremos (texte vit, chap. 61). fuixpavor? (vr1, 4). daceos (V1, passin ). évoypoÿan (VII, 23).- diaxpona? {VI1, 108). | xotAddpio» (wir, 20). énnaraÿuËs (VII, 7). mo :sodbve? (VIT, 78 ). TABLE ALPHABÉTIQUE DKS MATIÈRES TRAITÉES DANS LES DEUX RAPPORTS SUR UNE MISSION EN ESPAGNE. AcuiLLe. — Sur l'Arithmétique, p. 601. Æxius Promorus. — Voir ÉLrus. ALYPIUS. — Introduction musicale, p. 520, 529. ANECDOTA GkRÆCA contenus dans le second rapport, p. 543, 530, 604-629. ANONYMES. — Fragments relatifs à la cithare (% xorn épuabia) d'après un ma- nuscrit de l'Escurial, p. 501, 530. Fragment inédit faisant suite au n° 103 de Bellermann, p. 543. Fragment inédit sur la musique, d'après Bacchius l'Ancien, p. 545. Traité inédit d’accentuation, p. 551, 619. Commentaire du TETrABIBLOsS, de CI. Ptolémée, p. 554. Fableau des douce signes du zodiaque, p. 555. sx 160 ee ANONYMES. — Fragment inédit sur divers intervalles mélodiques , p.502, 969,610. Lexique grec-latin, p. 504, 578. Extraits philosophiques, p. 596. Fragment médical inédit, p. 599. Anriocaus l’Astrologue (Introduction au Tétrabiblos attribuée à), p. 555. APOLLODORE. — Polorcétiques, p- 062! ARISTIDE QUINTILIEN. — Sur la musique, p. 523, 565. Aristote. — Métaphysique, p. 595. ARISTOXÈNE. — Éléments harmoniques, p. 500, 517, 520, 522, 525, 567. AVICENNE. — ‘Traduction grecque de son traité des Ürines, p. 599. Baceæius l'Ancien {Fragment anonyme d'après), p. 545, 6og. BasiLe (Euchologe selon Sainr}, p. 589. BIBLIOTHÈQUE CAPITULAIRE DE TOLÈDZ. — Voir ToLrËDE. BRYENNE. — Voir Manu. Ceuse (Julius Celsus), éditeur des Commentaires de Jules César, p. 505, 570. Cesar (Jules). — Voir CEcse. CHANTS ECCLÉSIASTIQUES, p. 950. Cnoricrus. — Discours ei dissertations, p. 503, 563. Cicéron. — De l'Anutié; de la Vieillesse; les Paradoxes, p. 580. CLAUDE PTroLÉMÉE. — Voir ProLÉMEE. Comnène (Alexis). — Voir LEON. CONSTANTIN L'AFRICAIN. — Éphodes ou Viatique, p. 505, 597. Damascrus. — Traité des premiers principes, p. 500, 553, 554, 557, 571. Extraits divers sur le Traité du ciel, retirés à Damascius, p. 558. Dinyme (Scholies homériques dites de), p. 504, 572. Dion CarysosroMs. — Onzième discours, Sur la ville de Troie, p. 593. Dropnante. — Arithmétique en six livres et Traité des nombres polyqones, PP 70: Éuius PROMOTUS. — Dynaméron, p. 502, 560, 622. Emp£pocze. — Sur la Sphère, p. 601. ÉRATOSTHÈNE. — Écrits géométriques, p. 6o1. ERMENGau (Matfre). — Breviari d'amor, p. 582. Eucnoroce de Tolède, p. 589. Eucrine, — Division du Canon musical, p. 519. Introduction harmonique du Pseudo-Euclide, p. 520, 525, 575. Éléments, p. 600. Eurecnius. — Paraphrase des IxeuTIQUES d'Oppien, p. 559. ÉvancézrarRe de Tolède, p- 286. GAUDENGE. — Introduction harmonique, p. 500, 520, 529. Gémistus PLÉTHON. — Voir PLÉTHON. GEORGES DE CORINTHE, — Sur la Syntaxe, p. 551. HÉRON D'ALEXANDRIE. — Pneumatiques, p. 597. Jean Carysostrome (Messe de S'), p. 588, 589. JEAN DamascÈNEe ou plutôt Janus Damascenus. — Sur là nature et la puissance des remèdes, p. 599. Juzes CELse. — Voir CELst. JULES L'AFRIGAIN. — Poids et mesures, p. 560. Léon (L'empereur). — T'actiques, p. 505, 604. — 626 — ManueL BRYENNE. — Harmoniques, p. 524, 568. Sur un fragment extrait des Harmoniques , p. 570. MAxIME PLANUDE. — Sur la syntaxe des verbes, p. 551. MicueL LE SYNCELLE. — Sur la syntaxe, p. 550. Mrcuez Psezzus. — Traité d'arithmétique, p. 542. Traité de musique, p. 501, 542. Lettre inédite à un César byzantin, p. 501, 547, 612. Lettre sur le limma, p. 501, 547. Lettre inédite sur la quinte, etc. p. 502, 548, 614. Lettre inédite sur la musique, p. 502, 549, 616. Notions préliminaires de rhythmique, p. 549. Recueïl de lettres inédites, p. 546, 559. NIGOMAQUE. — Manuel d'harmonique, p. 520, 529, 368. Introduction arithmétique avec scholies, p. 575. Écrits mathématiques, p. 6o1. Pappus D'ALEXANDRIE. — Commentaire sur la COMPOSITION MATHÉMATIQUE de Pto- lémée, p. 600. | Pauz D'ALEXANDRIE. — De l'influence des astres, p. 556. Pæizox de Byzance. — Poliorcétique, p. 562. PLanuDe. — Voir MaAxIME. PLaTon (Définitions de), P- SU PLETHON (Gemistus). — Ecrits divers, p. 596. PLuTarQuE. — OEuvres morales, p. 569, 590. Poux. — Onomasticon, p. 570. PorPHYRE. — Commentaire sur les HarmoniqQues de Cl, Ptolémée, attribué à Por- phyre, p. 529, 565. Introduction au Tétrabiblos, p. 555. Promorus. — Voir Erius PromMorus. Psezzus. — Voir Micaez PsELzLUus. Proc£mée (Claude). — Harmoniques, p. 529, 565, 568. ROMAN DE LA ROSE, p. 582. Rurus D'ÉPuèse. — Noms des parties du corps humain, p. 560. ScHOLIE inédite d’un vers de l'Iliade, p. 570. SrmPLicius. — Extraits de son commentaire sur le Traité du Ciel, retirés au phi- losophe Damascius. SyNCELLE. — Voir MICHEL LE SYNCELLE. THÉODORE D'ALEXANDRIE. — Sur l'accentuation, p. 551. Taéonore MÉTOCHITE. — Annotations sententieuses, p. 559. THéoN D'ALEXANDRIE (Traité d’harmonique attribué à), p. 499, 511. Commentaire sur les TABLES MANUELLES de Ptolémée, p. 526 — Sur la COMPOSITION MATHÉMATIQUE de Plolémée, p. 600. THÉON DE SMYRNE. — Sur la musique, p. 500, 515. Fragments de son ouvrage sur la musique, p. 536. THÉéoPHILE D'ALEXANDRIE. — OEuvres diverses, p. 505, 583. Tocèpe. — L'ancienne bibliothèque capitulaire de Tolède, aujourd'hui Archivo historico de la province, p. 506, 565. — Catalogue des manuscrits grecs de cette bibliothèque, p. 585. — Cp. P- 592-094. VerGerio (P. P.). — Son livre sur l'Éducation, p. 503, 580. Zosime (L’Introduction harmonique du Pseudo-Eunclide, attribuée à), p. 575. PLANCHES I. Tableau de la notation grecque dite pythagoricienne. II-TL. Échelle commune {édition et traduction nouvelles), p. 605, 606. IV-V. Echelle canonique {édition et traduction nouvelles), p. 607. VI. Notation primitive d’après Aristide Quintilien, p. 608. TABLE DES MATIÈRES SUIVANT L'ORDRE DANS LEQUEL ELLES SONT PLACÉES DANS CE VOLUME. Deuxième rapport sur les recherches faites au British Museum et au Re- cord Office, concernant les documents relatifs à l’histoire de France au xyisiècle, par M. le comte H. pe LA FERRIÈRE.. . ........... ï Rapports sur les archives provinciales de Pise et sur Fa ou Ro cioni et Agostini della Seta, par MEMORARD ER eRee 2, Rapport sur les études slaves en Russie, par M. LEGER... .... RO PEU Rapport sur l’état de la pisciculture en France et dans les pays voisins, par M. BoucHon-BRaNDELY, secrétaire adjoint au Collége de France. . Rapport sur une mission en Îtalie et à Marseille, par M. À. Lecoy DE La MARCHE. .... Le NOM ENTRE SAR PACE UE PNR A ATEN PR DA Rapport sur une mission scientifique en Asie Mae par M. Théophile LOULILOE à à ce ER EE EP PR RE Rapport sur une mission archéologique en Algérie, par M. Ant. H£ERON DE VILLEFOSSÉ. . .... RME RDA SE NAN LAS SEE AE ERNEST ST RARE Rapports sur une mission littéraire et philologique en Espagne, par M. Ch. Émile RUELLE : Premierrapport . . ....... An a UE NON R 2 De IE SCENE AE DO ee dada ds td dr ee RER Pages. DR Fe 9 UES ET Qu : Mes cs 67 pou x Vs ï x" , p KE k À £ Et = à sf Fe ie { , Leon! $ d 2 À Ro LT ut tE LP NE RE NH a) Sage + 4 1 : jo et SP : : PAT (u> |? ROLE “e AS D He CU ©: à tt SR DE " ! My e ; pe Le: . A x a 'ÆY CAR | * k a. es) ne dé (9 à | ue UN CN ne Ê Ne : © S 1D | S Qu ; 5 en N xi > CO DRE EE A ÈE 5 ET CH se vendent a A ge ARCHIVES DES Ô + 5 Les XE « A F © RER RER RERO RRE RER RERENERE x ’ = — 4 À 1 ET A LR P NS L' nn 3 9088 01298 7848