^mm • ,1- »/^ l^¥. t l^ifoarg 0f tljt P^usntm OF COMPARATIVE ZOÔLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. jFouuîieîi b» prfbate suftscrfptfon, fn 1861, o/^-VV >xx^rvcv^a1^ No.^^^o ARCHIVES NÉERLANDAISES DES SCIENCES EXACTES ET NATURELLES PUBLIEES PAR LA SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES A HARLEM, ET REDIGEES PAR E. H. VON BAUMHAUER Secrétaire de la Société' AVEC LA COLLABORATION DE MM. D. Bierens de Haan, C. A. J. A. Oudemans, W. Koster, C. H. D. Buijs Ballot et S. C. Snellen van Vollenlioven. TOME VIII. LA HAYE, MARTINUS NIJHOFF, ' 1873. TABLE DES MATIERES. Programme de la Société Hollandaise des Sciences à Harlem pour l'année 1873 Pag. i — vu. P. ScHURiNGA , Les trajectoires minima: ,U if (v) ds = 0 Pag. 1. M. Teeub , Notice sur l'Aigrette des Composées à propos d'une mon- struosité de l'Hieraciura Umbellatum L // 13. P. Bleeker, Sur le genre Parapristipoma et sur l'identité spécifique des Perça trilineata Tliunb. , Pristipoma japonicum Cv. et Diagramma japonicum Blkr // 19 . H. J. RiNK , Sur la vitesse du son d'après les recherches de M. Regnault . // 25 . J, A. Groshans , Sur la nature des éléments (corps non-décomposés) de la chimie, {Suite du mémoire inséré cm T. VI ^ pag. 1) // 41. A. C. OuDEMANS, Sur l'influence que les agents de dissolution opti- quement inactifs exercent sur le pouvoir rotatoire spécifique des matières actives // 63 . E. H, VON Baumhauer , Sur le diamant // 97 . D. BiERENs DE Haan, Note sur la quadrature par approximation.. // 113. Sur quelques intégrales définies à facteur eq^P , Cos {qxP) et Sin {qxp) // 135 . çb De l'intégrale I J V {x) dx // 148 . J a P. Bleeker, Descx^ption et figure de Lethrinus Gûntheri Blkr.... // 153. Révision des espèces Indo- Archipélagiques du genre Caesio et de quelques genres voisins // 155. G. J MiCHAëLis, Mouvement d'un solide dans un liquide // 183. A. C. OuDEMANS Jr, , Recherches sur l'acide podocarpique // 193. T. Zaaijer, Sur l'architecture des os de l'homme // 264. H. C. DiBBiTs, Sur la décomposition du chlorure de calcium par l'eau // 295. II ^ TABLEDESMATièRES. J. P. VAN WicKEVOORT Crommelin , Notes sur les râles des Pays-Bas , . Pag. 297. J. E. DiBBiTS, La loi de BerthoUet contrôlée par la rotation du plan de polarisation des sels de cinchonine // 323 . C. A. J. A. OuDEMANS , Matériaux pour la flore mycologique de la Néerlande // 343 . C. H. C. Grinwis, Sur la théorie des résonnateurs n 417. C. A. J. A. OuDEMANS, Sur un fruit qui intérieurement était à moitié citron et à moitié orange // 433 . W, F. R. SuRiNGAR , Quelques observations de monstruosités végétales. . // 436 . P. Bleeker, Description de deux espèces nouvelles de Sciénoides de Surinam n 456 . Description d'une espèce inédite de Gadus (Boreogadus) des mers d'Islande // 462 . A. W. M. VAN Hasselt, Sur la différence sexuelle de la taille chez les articulés et en particulier chez les arachnides du genre nephila. . // 464. AECÏÏIYES NÉERLANDAISES DES Sciences exactes et naturelles. LES TRAJECTOIRES MIKIMA : J S . PAR P. SCHURINGA. Le Calcul des Variations a fait connaître, comme trajectoires d'un point matériel , différentes courbes qui satisfont pour diverses formes de
) Beschouwitigen ooer de mimmum-loopbanen : d 1 (f: {v) ds — 0. Juin 18'7i2.
Js,
Archives Néerlandaises, T. VIIL 1
Z p. SCHURINGA. LES TRAJECTOIRES MINIMA , ETC.
minimum une intégrale / * (p (v) ds pour des formes quelconques
de (p, — en les envisageant à un point de vue général. La
lecture du „Mémoire", que je viens de citer, m'a fait voir que
les idées et les indications de Fauteur diffèrent plus d'une fois
des vues théoriques qui m'ont guidé moi-même , aussi bien que
des résultats auxquels je suis parvenu , et qui serviront de matière
au présent exposé.
Ma dissertation se compose de cinq chapitres. Le premier com-
mence par établir , une fois pour toutes , la supposition de l'exis-
tence d'une fonction des forces (du reste arbitraires), et d'une
surface sur laquelle le point est obligé de se mouvoir, comme
cas général. Le nombre des coordonnée^du point étant trois,
la surface donnée constitue ce qu'on appelle liaisons incom-
plètes, et s'il n'y a point d'autres relations données, le mouve-
ment satisfait au principe de la moindre action, et donne lieu à
la trajectoire naturelle. Mais, outre ce pas particulier, il existe
une infinité de trajectoires gênées , que le point peut suivre si son
mouvement se trouve modifié par des obstacles. La décomposition
de toutes les forces qui agissent sur le point, tait voir que ces
obstacles peuvent toujours être représentés par une />re.mo/Wfl/er«/e
D, dirigée suivant la normale à la courbe, menée dans le plan
tangent à la surface: la ,^normale latérale." Cette pression D,
qu'on pourrait aussi remplacer par une seconde surface , coupant
orthogonaleraent la première , peut donc être regardée ici comme
une seconde liaison. D'après cela, les trajectoires gênées répon-
dent aux liaisons complètes , et l'on sait que dans ce cas le prin-
cipe de la moindre action cesse d'avoir lieu. Au contraire, le prin-
cipe des forces vives subsiste encore dans ce cas, et de même
la fonction des forces, donnée auparavant, reste inaltérée par l'ad-
dition de la force D , et c'est là ce que je prouve dans le com-
mencement de mon premier chapitre. Cette démonstration est suivie
d'un résumé succinct des principes fondamentaux et des règles du Cal-
cul des Variations , se bornant à ce qui est nécessaire pour les inté-
grales simples et pour les développements de la suite, et en ayant soin
p. SCnURlNGA. LES TRAJECTOIRES MINIMA^ ETC.
3
de fixer l'attention sur les équations indéfinies et les équations aux
limites. C'est spécialement l'excellent ouvrage de MM. Moigno etLin-
delof qui a prêté ici sa notation claire et ses théories achevées.
Ces principes établis, j'aborde le problème actuel, en le considérant
comme une question analytique de minimum relatif, revenant à
la recherche d'un minimum absolu , dans laquelle la fonction V sous le
11 ^ ._•/_ _j_ 1"1 1 ) -I-
ds'^ ds- ds'^ '
/J'Y {x , y , ::•), où X et /' signifient des fonctions indéterminées de
la variable indépendante s ^ tandis que F =: 0 est l'équation de
la surface. En substituant cette valeur de V dans les formules
rappelées au début je trouve aisément , après quelques transforma-
tions , pour les équations des trajectoires minima sur une surface ,
dans le cas général:
dv dv dx"! , .d'^x
ds ds _\
l^dx
dF
[A]
dx
dv
dv dy
dy
ds ds.
ds'
d^y
ds'-
dF
dy
dv dz
ds ds
, . . rdv dv dz~i . -,
î_dz as ds J
d
2 .-
ds^
dF
\ T. \
Ce sont les mêmes qu'a trouvées M. Eoger. D'elles résultent
pour les trajectoires minima absolues (c'est-à-dire dans l'espace
libre) les trois équations qu'on obtient en égalant à zéro les trois
premiers membres de [A]. Enfin, en traitant v comme fonction
immédiate de s , on trouve la ligne droite comme solution singulière
absolue, indépendante de g,. Les équations [A] n'ont été trouvées
qu'après l'intégrale ç, {v) — 2/ = K, K étant une constante, qu'on
reconnaît ensuite s'annuler en vertu des équations aux limites , dans
le cas général où la longueur de la courbe n'est pas donnée. Par
1*
4 p. SCIIURTNGA. LES TRAJECTOIRES MINIMA ^ ETC.
conséquent^ l'équation précédente se réduit à celle-ci : 2/- zzr g, (u) ^
dont la substitution dans le résultat d'une combinaison singulière
des équations indéfinies donne naissance à la relation remarquable :
V
[B] Rcos 0) := — -- cos 0 _
— {h — w) = 1 (/i — II) — h\ {Il — II) = — u (h — u)
est toujours négative ; pour le maximum on a la condition
(p' {h — u)=z2 {h — u) — hz=h — 2 iizzzO, d'où i/ = i A ;
donc pour le maximum lui-même : — \h ,^h^ — \h'^. C'est
ainsi que (P) devient
ou de même suivant (d)
= ^ ^"' {x-\-dh).\ \i^h— uY — h {h — u)\ du =Z
2 ^(3^ 2 'g ~"
1
= —:^h^r'^{x + eh) (l'^).
De la même manière on déduit de (2):
\f[x^h)-f{x)\-^h\r[x-^h)^f\x)\ +
+ -3^ /^' I /" (^ + h) -/" ipo) \ --- /^/I [x) =
\ Ç^ 1
~ 24] i (^— ^)^ — 4. ^(A— t^/t+Zi') ! {h—uyp{x+u)du . (2«).
Ici l'on a
cp{h — u)=:{h'—u — hy [h — uyz=z \u{h — u)\''
toujours positif; par conséquent on a, pour le même u ^ ^ h, le
maximum / 1 v 1
\ 4 / 16
Ensuite le dernier terme devient suivant (b)
D. BIERENS DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE, ETC. 121
et selon {d)
^l.f^{x + ^h). f i {h^uY—2{h-'uYh + [h—uY h^\du =
24 J Q
""24 ' ' ( 5 4 3 ^0
24 30 720 ^ ^ ^
Au lieu de l'équation (3) on trouve:
(^h^uyfvii(^x -hu) du (3«).
La fonction q) {h — u) devient ici
(p{h — u)=-^- \u{h — u)\^ \2{h — u)u-hh^\,
donc toujours négative. Pour le maximum on a
^ — lO « /^ +
0 ô à
\Ar ^^ 7
O ô O
1 r^
+ 14(/^— w)* 7^3 —28 (/^—w)=^^^ + 17/5^1 (9«).
On trouve ici
qui est toujours positif. Pour le maximum il est donc nécessaire
que
s'annule ; et cela n'arrivera que pour le cas de w i=r i /^. Pour
cette valeur on à pour le maximum lui-même
22 ^8 844 22
\ 256
128 D. B[EREi\S DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE, ETC.
Le second membre de (9^^) se transformera donc par (6) en:
1 1385,,. r^
= 40320 256-' 'io^^^("^'^)'^ =
977
^ ' eh^ !/vni {x+h) —/vin {x)\', ... (9*)
2064384
ou bien par {d) en:
40320-^ ^ ^ ( 9^ ^2^ '
„ L{h—uY ^'^ + ^ {k—uY h^ —17 {k^uy y^7 =
3 ) 0
40320^ ^ (9 ^ 362880 ' ^ ^ ^ ^
Enfin, calculons toujours de la même manière la correction de la
formule (10). A cet effet changeons dans les équations (4"), (3"),
(2«) et (6'') la fonction / {z) respectivement en /n {z) , /iv [z) ,
/vi {z) et / vni [z) ; multiplions ces résultats respectivement par
1 1 17 ^1
_/i2 + >^\ h^ et -f- — k^ : ajoutons tous
12 120 20160 362880
les produits obtenus à l'équation (5*). On obtiendra de cette
manière :
\f{x-\-h)-f{x) I -h\fi{x+h)+fi[x) I +i/.^ \fiii[x+h)+fni{x) \ -
^ r^ \p{x^h)^-p{x) I + ^7^ /^^ |/vn(.:ï^+^)+/vii(a;) | —
240 ' / ^ V /' 40320
31
-/.« |/Ix(^-f-/^)^-/Ix(^)| =
725760
=362^805/0 (^^-^)«^'^' (^-^0^^ I iJ<^-^Y - 5 (/.-^.)« h
--— (y^-z^)7A^+3O(/i-w)V^3-35(>^-?0'>^*+— (/^-w)V^6~-5(/^--'^)/^ô
D. BIERENS DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE, ETC. 129
~- 126 {h—nY¥- +42 (/^— w)^^^ 4- 105 [Ji—uyh^ — 21 {h-^u)h^
+ 255 {Il - ?0 ' /^ ' — — (/^— «^) ' /^ ' — -f- (/^-?^)/^ 8
+ 155(/e— ^O'^^^ — 155/^9 j
— 126 (/i—w)^A^ 4-255 (/^—w)=^/^7_ 155^9 1 (10«).
Puisque l'on a ici
+ 155(^— w)w/^« + 155i»|,
valeur qui est toujours négative, on peut en discuter le maximum.
En premier lieu on voit que
9^' {h-U)Z=.b{Jl-2u) j {Jl-UY U'^ H-8 (A-2/.)3 «^3^2 4.33 (^_^^)2,^2/^4 +
+ 62 {h—u) uh^ 4- 31/^8 I = 0
n'a d'autre racine utile, entre les limites 0 et /^ de w, que
u z= l â. Pour cette valeur on obtient le maximum
— ^à.l/l.^^/l. i./^4+_^/,3. 1/^3. 7,2 _,^^^\l^^,à^-{-
2 2 / 16 16 8 8 ^4 4
2 2 »( 1024
Alors le second membre devient suivant {à) -^
1 —40025 , , ^ f^
^362^8M---ÏÔ2r'^Jo^'^(" + ^)^'^ =
/^loô i/x{x^à)-/^{x)\', . . . (10^),
148625648
tandis que ce même membre devient par (d)
3628800'' ' ' ^ 11 2
1 ^ 9fS5 155 ) '^
4 4 2 ^0
Archives Néerlandaises, T. VIII. 9
130 D. BIERENS DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE, ETC.
3628800"^ f ^^ )
79833600 ^ ^ ^ ^ ^ ^
Il s'ensuit de cette discussion que tous les termes à coefficients
A^, /^*, à^j h^ disparaissent des corrections, lorsqu'on cherche à
en déduire la première forme (7"), (8"), (9"), (10"). Par consé-
quent toutes les fonctions (v {h — u) acquièrent le facteur w, et
toutes les fonctions g?' [h — u) le facteur [h — 2u) y tout comme on
l'a vu au N". 4. Par une autre analogie avec les résultats de ce N°. 4 ,
on a ici le phénomène intéressant qu'entre les limites 0 et h de
u la fonction q) {h,— u) n'a qu'un seul maximum.
6. L'antithèse que l'on a fait remarquer à la fin du N". 3
entre les résultats (1) à (5) du N^ 2 et les résultats (6) à (10),
du N". 3, ne se retrouve plus ici dans les corrections de ces
mêmes formules, telles qu'elles viennent d'être déduites aux
No^ 4 et 5. Dans les deuxièmes, marquées de la lettre ô,
on a des puissances paires de h^ multipliées par des différences
de dérivées de même ordre des fonctions f{x -f- k) et /{x). Dans
les troisièmes formules , désignées par la lettre c , on n'a que des
différentielles d'ordre impair de la fonction /(^-f- ^ /^), multipliées
par des puissances impaires de k.
Ainsi nous avons atteint notre but, le développement de la
différence / {x -|- h) — / [x) de deux manières essentiellement
différentes, et la discussion de la faute que l'on commet chaque
fois en s'arrêtant à un terme quelconque , ou de la correction qu'il
faut y ajouter dans ce cas.
Mais maintenant nous pourrons en déduire d'autres formules
très-commodes pour la quadrature approchée d'une courbe plane.
Pour ne pas devenir trop longs nous ne transformerons que les
équations (5) et (10); puisque, pour les autres formules , on trou-
verait les résultats en négligeant quelques-uns des derniers termes.
7. Commençons par substituer dans l'équation (5) successive-
ment pour x ;
H-
D. BIERENS DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE, ETC. 131
a, a -{- k^ a -\- 2 h y . . . . a -[- {n — 1) /^ ; (e)
alors pour la dernière substitution on a x -[~ à n= a ^ nà ^ soit
= 6, d'où il s'ensuit àziz (/).
n
Ajoutons les résultats de cette substitution ; on verra qu'il y
a beaucoup de termes qui se détruisent , et qu'il nous reste
m-f{a) = [^ A j/i (6)-/i (a) i - ~ V- \/n (6)-/n (a) |
H î /J» i/viii (6) — /vm (a) ( 1 +
1209600 "^ V / ./ v;i j -r
4- /ï j /i (a) +/i (a + //) +/I (a + 2/;) H b/^ (" + [«- 2] à) +
+/I (6-/.) I + R (11).
Selon que dans la partie entre crochets, au second membre,
on prend un, deux, trois ou quatre termes, on retombe sur les
résultats qu'auraient fournis les équations (1), (2), (3) ou (4).
Pour les corrections respectives , on les trouve au N". 4 ; elles
sont de la forme générale
{—l)^Ah2kd ]/2&{x J^/i)—/2&{x)\ ....... (11«).
et
(_l)^M2^+l/^'^+^ {X-^OA) . (11*).
Comme la première correction (IP) peut, à cause de 0 < d < 1
être regardée comme
moindre que (—1)* Am \f2k(x^/i)—/2k(x)\,
l'addition, après qu'on aura substitué les valeurs (e), donnera
ici pour la correction totale de (HJ :
Rj moindre que (—1)^ A/i2k j /2/. (ft) — /3/^ (a) | ,
ou bien
n^={—iyAk^^d \f^^{b)—P^{a)\ (11^).
Pour la deuxième correction , — qui ne vaut que dans le cas
où /2^H-i (a;4- ?«) ne change pas de signe entre les limites 0 et ^
de w, — il faut additionner les quantités
9*
132 D. BIERENS DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE , ETC.
f^k+\^a-^e h), p^^-^ {a+ [6 + \)h], . .fU+l {a ^[d ^n~l]h\
Soit (y2k+i la plus grande de ces dérivées f^k+i (^) pour q
entre les limites a et 6 ; puisqu'on a a <.a-^dk et a+((^-|-w — l)h
<.aj^nh n(a^_2>4)+.H_2/vii(6-/^) +
+/vn(6)| +
31
h^ |/ix(a) + 2/ix {a-^h) + 2/ix {a^2h) h
725760
+ 2/ix(6-^)4./ix(6)! +R' (12).
Pour avoir les résultats que donneraient les équations (9), (8),
(7) et (6), il faut nécessairement négliger ou le cinquième terme ,
ou encore le quatrième, ou encore le troisième, ou enfin encore le
deuxième terme dans le second membre de l'équation (12). Les
corrections respectives ont été déduites au N^ 5; elles ont ici
la forme générale
(^^xycChUQ \pk(x^h) —P^{x) \ (12«)
et
(_l)^/)^2^+l/2^+l(^_^,9/,) (12*).
Elles sont de la même forme que les précédentes (11") et (11^) :
D. BIERENS DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE, ETC. 133
par conséquent on a ici , tout à fait de même , les résultats réduits
(no et (11^0-
8. On peut encore changer le résultat (11) de telle façon
qu'il acquière la forme de la formule de Simpson. A cet efifet
prenons dans (11), une première fois b =: a -{- 2n . à ^ une autre fois
6 = a + w . 2/^ ; nous aurons :
/(6)-/(a) =^ h l/T [a] + 2/i(a + /.) + 2/i (a + 2A) + . . .
+ 2/1 (a + {2n-2-\ h) + 2/i {h-h) +fi {h) \ ~
- ^ h' \/'' {b) -/Il {a) \-h^^h^ 1/^^ {b) ~/iv (a) \ -
— — î— A« l/^K^)-/''\'«) !h ^ — h' !/^"^(^)-/^"^W t+R2«,
30240 '-^ ^ ^ «^ ^ ^1209600 *^
/(è)-/(a) = 1 2h l/i (a) + 2/1 (« + 2A) + 2/1 (« -+. 4/^) + . . .
4- 2/1 (a + [2/^-4] /i) + 2/1 (6-2/.) +/i (b) \ ~
-A.4^^ |/ii(6)-/n(a)|+-A^.16A^ j/iv (6)_/iv (a) [ -
H 256 A « l/vm (è)~/viii (a) | + R„.
1209600 '^ ^ ^ '^ wi -r
Soustrayons le second résultat du quadruple du premier ré-
sultat , et divisons par 3 ; nous trouvons
+
/(6)-/(fl) = 1 p|/i(a)+4/i(a + ^)+2/i(a+2^)-H4/i(a4-3/^)
+ 2/1 (a + 4/.) + . . . + 2/1 {b-2k) + 4/1 {b-A) H-/I (6) j -
~^' \f'Hb)-fi^(a)\-^^A^ j/vi(6)-/vi(a)!-
■~ 8^"^' '•^''"' (^^-^'^"'(^) ! + (4R2.-R„)] ; . . . (13)
où le coefficient de ^^ t/" (6) — /"(«)! s'est évanoui, de sorte
que ce terme a disparu.
134 D. BIEKEINS DE HAAN. NOTE SUR LA QUADRATURE, ETC.
Quant à la correction, elle devient par l'entremise de la for-
mule (ll'^),
((2w/^)2^+i (iî-2/^P+il
^ ^ # 22^-2 ^ ^
Ici Ton a partout ^ = (g).
2n
Si l'on voulait assujettir l'équation (11) à la même réduction ,
le résultat deviendrait bien compliqué , et encore le terme à coef-
ficient /^^ ne disparaîtrait plus. C'est pourquoi nous ne nous en
occuperons pas.
SUR QUELQUES
INTEGRALES DEFINIES A FACTEUR
eq^^ , Cos [qxP) et Sin (qx^) ,
PAR
D. BIERENS DE HAAN.
( Verslagen en Mededeelingen , 2e Série, T. 7 , p. 12.)
Prenons dans les trois intégrales connues *)
P 1
I e—i^xp~^ dx =z— T (p),
-'o qP
t 00
1 e— î^ Cos rx . xP—^ dx = ^ [{q — ri)—P + (^ + ri)—?] t (p) .... (a)
= ï-M— - Cos fp Arctg -V
/ e— î-^ »Siw ra; . xp—^ dx:=z\ [{q—rï)~P — {q -\- ri)—p] T (p) (b)
-^ 0
= L(f) ^^ Sin (p Arctg -Y
joù partout ^ > 0 et f)> 1 i,
') Voir Exposé de la théorie des projpriétés etc. des Intégrales Définies. Amst.
1862 (= Verh. Kon. Akad. v. Wetensch., Afd. Natuurk., Dl. 8), page 439
et 440.
136 U. BIERENS DE HAAN. SUR Q UELQUES INTÉGRALES DEFINIES ETC
en premier lieu xp^iy et ensuite pz=: , nous aurons
P
r ^^
pqp qp
r ^f^+-) 1 r
I e-?^^a5te^)6/^=:— J^ 11-' Cos(-Arclq-\ , (2)
r ^f^"^") /l rs
j e-F-^5m(r^y^ = _5^ P/ . 5m/ -^rc?^ _\ ; (3)
où, de même que dans ce qui va suivre, l'on a toujours p> 1.
Ces formules ne contiennent plus de facteur algébrique: la
première est déjà connue pour qzzzl ^). Dans les dernières il est
permis de prendre ^ = 0, puisque les deux dernières des for-
mules citées valent encore dans ce cas ^): donc on aura
j Cos{rxP)dx= A__.^ ^^^2"' ^^^
rP
j Sin {rxP) dx = -^ ^ ^^^ 2' ^^^
fP
qui pour p = 2 sont de nouveau connues *).
Ces intégrales sont susceptibles d'être soumises à la méthode
de la dififérentiation sous le signe d'intégration, par rapport à
quelque constante qui se trouve dans la fonction à intégrer:
la „dif/'erentiatio de curva in curvam'' de Leibnitz; et cela avec
>) Nouv. Tables d'Intégrales Définies. Leide , 1867, Table 26, N°. 4.
•) Exposé de la théorie etc., p. 442.
*) Nouv. Tables d'Intégrales Définies, Table 70, N'^. 1, 2.
D. BIERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFINIES, ETC. 137
d'autant plus de facilité que les limites de nos intégrales ne
dépendent pas des constantes, qui s'y trouvent.
Commençons par la différentiation selon la constante q dans
les intégrales (1), (2) et (3): et observons que l'on peut éluder
des réductions et des résultats assez compliqués, en substituant
dans les seconds membres des équations (2) et (3) aux coefficients
du facteur r / 1 + - "^ leurs valeurs , qui se trouvent dans les
équations (a) et {h). Ainsi nous obtiendrons
f"-^-^ xP dx = -A-^i^-^l)^ ^^)
•'o -+1 ^ iP '
pqP
I e-^^^ Cos {rxP) ,xPdx= ?^ ^:_- Cos \(l-\--\Arctg~[,. (7)
/ e-î-^ Sin {rxP) . xP dx = ^ ^ Sin S (l-h~]Arctg^ , . (8)
L'on aurait également pu trouver ces deux derniers résul-
tats en différentiant par rapport à la constante r, pourvu que
l'on eût employé le même artifice que nous venons d'indiquer.
En second lieu on pourra différentier les mêmes intégrales par
rapport à la constante p: mais dans ce cas il convient de ne
pas changer leurs valeurs; il viendra
.00 -lq.T(l+-] + r fl+-'|
e-9-P Ix .X dx= \ Pf \ p)
^0 i , .
, (9)
-+i
P' . qP
rtCO
I e— î'*^^ Ix .xP dx [ — q Cos (rxP) — r Sin [rxP)] dx z=
138 D. BIERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFINIES, ETC.
^ lLjos{lArctg:\ +
r(l + i) ^ ^
j^ 1-1— I Arctg -. Sin (- Arctg -\
/oo
e-?-^^ Ix .xP dx [r Cos (rx^) — q Sin (rx^)] dx =
0
r'(i + h
z= ^^ ^ Sin ( - Arctg ^ \ +
+ ^^ ^~ T- l{q'^ -^r^), Sin(l Arctg ^-\ —
— Arc/^ - . Cos (- Arctg - J 1 .
q \P 2/J
Donc, des deux dernières formules on déduit par résolution
algébrique
I e—s^^ Cos (rxP) .lx.xPdx=. \ ,
=: J^ P- . I ) -rl{q^ -\-r'^)—qArctgJ Sinl -Arctg-] —
F-+lLf2 q) \p q)
;..(10)
— S^?^(^^ + r"^) + r Arctg [ Cos (- Arctg ^-\\ +
1
+
'(1+^)
p2^^2_j_^2j2;,
D. BIERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFINIES, ETC. 139
I e—i^^ Sin (rx^) ,lx.,xPdxz=z
rfi+l) ^ , ^
= î^ f^ [\qArcig--- Zrl{q^+r^)lCos(-Arctgr\-
.f 1 .x-2; + l''-' q 2 ^ \p q)
!f i / n r \ ni
rArcig- + ql {q^ + ^^) ! '^^^ l - Arcfg -il
'(1 + h ^ ^ / ^
—^ ^ — \r Cosl Arclg -\-\- q Sin(- Arctg -\ |
, . ,,^>iL \p iJ \p qjj'
r
H--
p^{q^-\-r''fP
Quant aux deux intégrales (4) et (5), on peut les différentier
par rapport à la constante r
I Sin{rxP).xPdx=--^-^^Cos^, (12)
I (7o5 (rxP) .xPdx= , ^^ ^^"^ 6^ î (1^)
prP
que l'on pourrait tirer des résultats obtenus (7) et (8) en y po-
sant ^ = 0.
Différentions encore ces mêmes intégrales (4) et (5) par rapport
à la constante /?, et nous aurons
I Sin[rxP) Jx.xPdx= ^^ — r^P''- ^^^ ^ '^l^^^Y^'^
pi rP
■i'^l)
^ 1
n
-+1 2p
p'^rP
Cos—, (14)
140 D. BIERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFINIES, ETC.
'■('-J)
j Cos {rxP). Ix ,xPdx=z —^-7-7^ [^^ • ^'"^ fp^l^^''^]"
r'fl+i)
V p/ .0:
^ ^in^-, (15)
qui se déduiraient aussi des résultats (10) et (11) par la suppo-
sition de ^ = 0.
Mais nos intégrales primitives se prêtent facilement à une diffé-
rentiation répétée a fois, et donnent lieu de cette manière à des
résultats intéressants. Occupons-nous en premier lieu de la diffé-
rentiation par rapport kq. Les intégrales (1), (2) et (3), à l'aide de
l'artifice expliqué plus haut et ensuite de l'usage du théorème
de Moivre, donneront
I e— î^^ x^P dx=z\-) 1 = 1 — f • •
(16)
pqP
/oo
e—q-v^ Cos . [rxP) . x^'P dx z=
0
^ J^V ^,L f 1 V^' Cas \ (a H- lUrctg ^ =
..-^H^'^P' '^ P^ il
(^2 .^^2)2;^ 2
1
V PI Cos\(a^l\Arctq^-l, (17)
h^~^ A p) \)
I e-S-^^ . Sin (rxP) . x'^Pdxzzz
L+La \pl l\ pj q)
^A .. ,/ V
[q'^+r'^fP 2
(c)
D. BIERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFIMES, ETC. 141
rfa+h
:::- 5^ P/— Sin \ (a -^ -\Arclg-\', (18)
où la dernière réduction s'obtient par la relation des fonctions Gamma
\p/ \ p/~~'p\ p) \ p/^p V pJ
Comme nous l'avons vu, on a toujours /9>^1, sans aucune res-
triction: donc on peut prendre s pour le produit ap, de telle
sorte que s deviendra en premier lieu > a ^ mais comme cet a
ne se retrouve plus dans la formule après la réduction, s sera
tout-à-fait arbitraire. Ces formules deviennent donc
•'o -î±i
Pi ^
h ^+1 \ p g)
f e-î^^ . 8in {rxV) .x^dx=z ^ .+1^^'^ (t^ Arclg^-\ ;. (21)
formules beaucoup plus générales que les précédentes (6), (7)
et (8), que l'on pourrait en déduire en supposant s = p.
Quand on différentie de même les deux autres intégrales (4)
et (5) a fois par rapport à r, il vient, par la même réduction
que plus haut ,
f^ /l\«'^ \ p/ r ^
j Cos H an + rxP) . x'^P dx = (—1)^ ( - j r ^^^ ^^^ 2p ""
142 D. BIERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTÉGRALES DÉFINIES, ETC.
= (-!)<" - ^ , ^^ Cos !L, (22)
I Sin {^an^rx^).x^Pdx = (— 1)« ( - ) - — ^-^ Sin -_ =
rP
= {-lf-l Plsin- (23)
prP
Ici la constante a ne se trouve pas seulement à l'exposant ap ,
et par conséquent on ne peut pas s'en défaire. Mais lorsqu'on mul-
tiplie ces résultats par Cos \ an et Sin \ a^, et que l'on prend
la somme de ces produits, — ou qu'on les multiplie par /S'm j a^
et Cos j an, et que l'on prend la différence des produits, — ce
but est atteint, puisqu'on trouve
-00 ^("^"^ ) y \
/ Cos (rxP) . x^^P dx ■=: (— 1)« __^ ^ Cosi -—\an\ =
h ^ ' i+. \2p ^ )
prP
Cos
prP
0«'^+è)' (24)
.00 r(a+-\
I Sin {rxP) . x^^P dx = (— 1)« __^ ^ Sin (
Sin I — — -han\ =
prP
(« + ')
\ P/
V2 i*'- -l~ ^
2p
Sin(^\an+^y, (25)
OÙ, après avoir changé ( — 1)^ en Cos an ^ on a réduit par une
D. rflERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFINIES, ETC. 143
formule goniométrique connue. Maintenant l'on peut prendre
ap = s y où .V deviendra de nouveau tout-à-fait arbitraire , et les
résultats
f Cos {rxP) ,x'dx= ^:j:^— ^os C-y ^ y (^^)
'5+1
pr P
r
I Sin {rxP) .xsdx =z ~^~^^^^ xY /' ^^^^
pr P
seront encore plus généraux que les formules (12) et (13), qui
en sont des cas spéciaux; on les déduirait en outre en prenant
q =z 0 dans les intégrales (20) et (21).
Mais pour la différentiation réitérée par rapport à p des inté-
grales (1) à (3), on ne saurait prendre la même voie, puisqu'il
faudrait employer le théorème de Leibnitz , et qu'ainsi on n'obtien-
drait point des formules générales. Toutefois , les résultats que nous
venons de trouver nous seront ici d'une grande utilité. En effet,
la différentiation par rapport à p a eu l'effet d'introduire le facteur
Ixj et c'est ce que nous pourrons obtenir ici en différentiant
les résultats (19), (20) et (21), (26) et (27) une seule fois par
rapport à p. Observons pour cela que la théorie des fonctions
Gamma donne
p \ p J 5 + 1 V p ;
puisque
V \ f } \ V /
{d)
Ainsi le premier groupe mènera à trois équations, dont les
deux dernières doivent être résolues algébriquement pour trouver
les intégrales séparément : puis il faut changer p -\- s en s, ce
144 D. BIERENS DE HAAN. SUR QUELQUES INTÉGRALES DEFINIES, ETC.
qui n'affecte en rien la généralité de cette dernière constante.
Nous obtenons ainsi
_/,.r/^L±iWrY^-+J\
r p 1 .A \ p / \ p / /28^
/ e—9^ lx.x^dx-=: —^ — ; • - • \^^)
J f\
p'^q ^
e—q^-^ Cos {rx^) . Ix . x^ dx=z
0
I \\^K^'^ +r^)~Arctg-iSin ( — l Arctg- ]
s+p-\-\ ^, q
_|i ^/(^2 _^rMH-rirc/o- Cos (^-^^^ Arctg-) \ +
( ' q^ \ P ^/ J "
rfl + iA
, A-P ^ fï Co, ('JZl+J Arctg !:\ _
— r Sin ( ^ Arctg - j 1 ,
V p î/J
/•CO
I e— S'-^'^ Sin (rxP) .lx.x^dx-=^
•'g
— ( r Arctg - + i- ^^ iî' + *^') 1 ^^"^^ f'"^^' ^ ^'^^^^ -^ 1 "^
i q ) \ P S'y J
,Y^-Hi
/^ + n
^ V y^ ^ r^ Cos (iz:P_±l Arctq -\ +
D. BIERENSDE II4ÂN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFJiVIES, ETC. 145
+ q Sin ( ?ZI?_ZL_ Arctg i ) 1 .
Comme on a
Cos ( Arc ta - l =: ~. , Sin ( Arctq ^ ) rz:— ;;z:^==:zz , . . (é)
il s'ensuit
Sin ( i Arcig - \ z=Sin ( Arctg - — Arctg -) =
V/^2
=rj— \ûSin ( Arctq - \ — rCos ( Arctn- \ I
\{f)
Cos ( i Arctg - ) = Cos ( ——^ — Arctg - — Ai^clg - j =:
\ P ' ^J \ P Q d
= — — I qCos ( Arctq - \ -\-rSin ( -ZL. Arctg -\\
l^q'^-^r^L \ p q) \ p qjj-
Et par suite nos intégrales deviennent plus simplement
I e—Q-^'^ Cos [rx'P) . Ix . x^ dxz=z
0
'5 + 1
— r
V V / r . r ^. /s -i- i . r\
H-
Arctg - . Sin ( Arctg - )
q \ P g/
p q.
p- (^' + r"") ^P
\l{q-^ ^ r"-) . Cos (^ "^ ^ Arct^ ^\^
r .
„. .'5 + 1
+
Cos Ç^ -Arctg -\ (29)
Archives Néerlandaises, T. VIII. 10
146 D. BIERENS DE HA.AN. SUR QUELQUES INTÉGRALES DEFINIES, ETC.
/ e—9^^ Sin [rx^) Ax,x^dxz=.
•'o
~ l-JP-Z— VArctg "^ . Cosf^-±-^Arclg ^\ —
_ I / (^2 _|_ ,.2) ^ Sin ÇjïJ: Arctg ^) 1 +
r
^ P ^ . Sin f l:rJ Arctg ^-\ (30)
\ P 9/
5 + 1
Ces résultats (28) , (29) et (30) ne sont autres que les inté-
grales générales que nous cherchions ; pour s := p elles se réduisent
aux précédentes (9), (10) et (11). Quant aux deux dernières
(29) et (30), on aurait pu encore les déduire des formules (20)
et (21) par la différentiation par rapport à la constante s.
Passons au second groupe d'intégrales {26) et (27); nous pourrions
les différentier pour notre but tant par rapport à p qu'à s ; chaque
fois on trouvera le facteur Ix: dans le dernier cas on obtient
encore le facteur x^ , dans le premier cas le facteur xp+^ , de
sorte qu'alors il faudrait changer ensuite p -\- s en s. Suivons le
chemin le plus court et différentions par rapport à la constante s.
r(i±i)
j Cos {rxP) .Ix.xs dx = — — -^ f_^/ Tl n Sin (~— A +
'p'^r P
D. BIEREIVS DE HAAN. SUR QUELQUES INTEGRALES DEFINIES, ETC. 147
f Sin {rxP) . Ix . x^ dx^— ~/- \J^ • ^^'\-JZ~ ^) —
_,...„('Jl.',)].l'ti«.(l±i.)....(33,
Pour obtenir le facteur {Ix)^ sous le signe d'intégration il fau-
drait différentier les intégrales (19), (20), (21), (26) et (27) b
fois par rapport à s : mais la complication des résultats aux seconds
membres nous force à nous contenter de cette indication.
10
DE L'INTÉGRALE fir(T)dx
J a
PAR
D. BIERENS DE HAAN.
{Ferslagen en Mededeelingen , 2e Série, T. 7, pag. 26.)
Lorsqu'on intègre l'intégrale définie
00
\ y \ i—e-y J
(a)
par rapport à x entre les limites q et q -\- 1 , il vient
? 0 ^
après avoir inverti l'ordre des intégrations. La dernière donne
par intégration indéfinie
1 — e— y
•^ tX/ ■ lA/ 4 ». ^
de sorte que l'on aura pour le second membre de l'équation {b)
/^ i 1 + - ey (e-(? n)y — e-?y) )
0 y "■ 1—e-?/ )
•) Voir Nouvelles Tables d'Intégrales Définies, Leide , 1867, T. 94, N". 7
D. BIERENS DE HAAIM. DE l'iNTÉGRALE , ETC. 149
c
___ f e—y dy ^ ^ 1 ^ e— (?— i)y
0
y [ 1— e-y y
C dy li ■ ey ^ /* % i , e-?y — 1
J y [y 1—e-y) J y \ y
0 0
Maintenant les deux intégrales au second membre sont connues :
la première a pour valeur {I2n'^)^ la seconde q^lq — q ^). Par
conséquent on a
ce qui devient, lorsqu'on prend y z=x -\- q^
1
0
Dans ce dernier résultat changeons ;? en g- et soustrayons,
nous aurons
1
r i^J^^±lïdx=qiq-^flp-.{q-^p) /. (1)
J r (^ + ^)
0
résultat tout-à-fait indépendant de / 2 ^. Lorsqu'au contraire dans la
formule (c) Ton prend q égal à zéro, la quantité qlq devient
= 0 . co , c'est-à-dire, d'après les règles connues, zéro ; de sorte que
J lT{x)dxz=i'^l2n^),
*) Voir Noucelles Tables d'Intégrales Définies, T. 94, No. 32.
») Voir Nouvelles Tables d'Intégrales Définies, T. 89, No. 24.
*) Voir Nouvelles Tables d'Intégrales Définies, T. 340, No. 7.
^-) Voir Nouvelles Tables d'Intégrales Définies, T. 340, No. 5.
^) Voir Nouvelles Tables d'Intégrales Définies, T. 340, No. 2.
150 D. BIERENS DE HAAN. DE l'iNTÉGRALE , ETC.
Puis on a
1 -2 1 2
0 0 0 1
ou, si dans la dernière intégrale au second membre on change
X eu y -\- 1 j
1 1 1
f / r {2x) dxrzz^Vj lT{x)dx -h ( iT {x-^l)dxl =
0 0 0
= i[i/2. + (i/2.-l)J=i(/2--l) ... (2)
après la substitution des résultats {e) et (f/), pour q =: 1,
1
Afin d'obtenir de même l'intégrale plus générale [ l r [ax) dx
où a désigne un nombre entier positif, on prendra ax=zy , ce
qui donne
1 a
a [ IT (ax) dxzzz \ iT [x) dx. (/")
•'o "^0
Dans cette dernière intégrale on peut diviser la distance des
limites depuis 0 jusqu'à a en a parties égales, chacune d'une
unité: on trouve
a 1 2
{ IV {x) dx-= j iT {x) dx -{- 1 IT {x)dx -h
0 0 1
A-f-1 «
-\- l iT {x) dx -^ . . , -\- l It {x) dx.
A a—l
Dans chaque intégrale / / r (x) dx , substituons x z=: y -\- h,
^ h
de sorte que
I ÏY {x) dx inX It {x ~{- h) dXf
D. BIERENS DE HAAN. DE l'iNTÉGRALE, ETC. 151
il vient
a 1 /
/ / r {x) dxz=z\ l r (x) dx -^ l l T (x -\- 1) dx -\-
0
1
+ 1 iT {x -\- h) dx -\- . . . -h l Ir {x + a — l)dx.
Maintenant il faut faire usage des intégrales trouvées (e) et (d) ,
en prenant dans {d) q successivement égal àl; 2, a — 1.
Alors on trouve
a
f Iv {x)dx=il2n-\-{^l2n~-l) + (|/2^ + 2/2 — 2) -h
-i-(^/2^H-3/3 — 3) -{-... + (-i-/27r+/^/ h— h) 4-
...+ l^/27. + (a— l)/(a— 1) — (a— l)j =
»~a — 1
= a . J- / 2 71 — Y a {a — 1) -\- l f n^:=z
nzz2
= ^a \l2n^{a — ï)\ H- v"" nln. ... (3)
1 1 nzza — 1
r / r {ax) dxz=il27t — ^ {a—- 1) -i- - ^__^ n /«.... (4)
De la formule (3) on déduit , en y changeant a en b et prenant
la différence,
0 0 a
I Iv {x) dx=: [ iT {x)dx — j Lt {x)
0
= (6— a)|/27r — -1-6(6— l) + ia(a— 1)-|- V nln =
«:z«
|(6~a)|/2^— a — 6+ Ij H-v nln, ...(5)
152 D. BIERENS DE HAAN. DE l'iNTÉGRALE, ETC.
qui à son tour nous donne
b h+c
\ l r {x-\-c) dx-=.\ / r [x) dx ■=.
a a-\-c
nZZè-\-c — 1
=z{{b—a)\{l2^ — a-~b — 2c-hl)\-\-2 nln, ...(6)
n~a-\-c
0 oc
/l r [ex) dx:=z_l / r (x) dx =z
nzzbc — 1
= H^— «■) |/2/r_(a + 6)c+ Il + i^ nln, ... (7)
C n'^ac
où maintenant a, h^ c sont des nombres entiers positifs.
Le dernier résultat nous donne encore
b — a
'~~is b — a
j lT{oc) dx=z- j IV (-\dx=:
b — a
—1 [ifb—a) \l2rr—(b—a)--\- l! +c v nl?i~]
c L ' c ' n-l -1
b — a
c ^ c > «—1
où l'on a commencé la sommation à n z=z 1, puisque pour w =z= 0
le terme nln s'évanouit, comme nous avons vu précédemment.
DESCRIPTION ET FIGURE
DU
LETHEINUS GTINTHEKI Bi,kr,
PAR
P. BLEEKEK.
Lethrinus Gûntheri Blkr.
Lethrin. corpore oblongo compressO; altitudine 2f cire, inejus
longitudine absque-, 3^^ cire, in ejus longitudine cum pinna cau-
dali; latitudine corporis 2| cire, in ejus altitudine; capite aeuti-
useulo 3 cire, in longitudine corporis absque- , 4 fere in longitudiue
corporis cum pinna caudali; altitudine capitis 1 cire-, latitudine
capitis 2 cire, in ejus longitudine; linea rostro-frontali ante oculos
convexiuscula rostro concaviuscula ; ocuiis diametro 3 et paulo- ,
distantia interoculari 4 fere in longitudine capitis; naribus di-
stantibus, anterioribus valvato-tubulatis ; rostro acutiusculo oculo
paulo longiore osse suborbitali oculi siiametro longitudinali paulo
humiliore; maxillis sequalibus, superiore ante oculum desinente
3 cire, in longitudine capitis ; maxilla inferiore 2| ad 2| in longitu-
dine capitis; dentibus maxillis antice pluriseriatis^ lateribus vel
postice uniseriatiS; série externa utroque latere caninis 2 curvatis ,
intermaxillaribus mediocribus , inframaxillaribus parvis parum con-
spicuiS; lateribus 12 cire, anterioribus conicis acutiusculis et obtu-
154 p. BLEEKER. DESCRIPTION ET FIGURE DU LETHRINUS GUNTHERI.
siiisculis ; posterioribus rotundatis molaribus ; labiis latis carnosis ;
operculo postice spina plana parum conspicua; squamis corpore
48 in linea laterali, 23 vel 24 in série transversal! quarum 6 (5 J)
lineam lateralem inter et dorsalem spinosam mediam ; linea laterali
singulis squamis tubulo simplice notata; cauda parte libéra non
multo longiore quam postice alta ; pinna dorsali spinis mediocribus
osseis non flexilibus mediis ceteris longioribus 3 cire, in altitudine
corporis; dorsali radiosa dorsali spinosa paulo altiore, multo
longiore quam alta , obtusa , rotundata ; pectoralibus ventralibus
longioribus capite paulo brevioribus; anali spinis mediocribus 2^
et 3* subaequalibus radio 1* brevioribus^ parte radiosa paulo
longiore quam alta, convexa, postice angulata; caudali mediocriter
emarginata, lobis acutis capite paulo brevioribus; colore corpore
superne olivaceo, inferne aurantiaco; iride flavescente vel rosea;
pinnis roseis vel flavescentibus.
B. 6. D. 10/9 vel 10/10. P. 2/11. V. 1/5. A. 3/8 vel 3/9/
C. 1/15/1 et lat. brev.
Syn. Lethrinus haematopterus Gunth., CataL Fish. I p. 464?
(nec Schl. nec Blkr.)
Hab. Kiusiu (Nangasaki) in mari.
Longitudo speciminis descripti 120'".
Rem. C'est probablement cette espèce dont M. Giinther a eu
sous les yeux un individu empaillé de vingt pouces de long et
dans lequel il a cru reconnaître le Lethrinus haematopterus Schl.
Elle est bien voisine de cette dernière espèce , mais se fait aisément
reconnaître par une rangée d'écaillés de plus au-dessus de la ligne
latérale et par les molaires qui sont déjà arrondies et graniformes
dans le jeune âge tandis qu'elles sont coniques, même dans les
individus âgés de l' haematopterus. Les différences entre la de-
scription actuelle et celle de M. Giinther n'indiquent probablement
que des différences d'âge.
La Haye, Septembre 1872.
RÉVISION
DES ESPÈCES INDO-ARCHIPÉLAGIQUES DU GENRE
CAESIO
ET DE QUELQUES GENEES VOISINS,
PAR
P. BLEEKER.
Les genres rapportés par les auteurs à la Famille des Maenoïdes ,
notamment les Maena, les Smaris , les Caesio et les Erythrichthys ,
ne sont à considérer que comme des membres du groupe des Den-
ticiformes, c'est-à-dire des Percoïdes à six rayons branchiostèges ,
à dents coniques et pointues (ou nulles) , à os palatins sans dents ,
à menton sans pores distincts et sans fossette médiane, à pièces
operculaires non ou très faiblement armées, à trois épines anales,
à pectorales pointues et à caudale plus ou moins échancrée. Le
seul caractère de la protractilité des mâchoires ne suffit point à
séparer les Maenoïdes des Denticiformes , puisque cette protractilité
s'observe aussi à un degré assez notable dans quelques genres de
Denticini, et que d'autre part elle n'est que peu développée dans
le genre Pinjalo et dans la plupart des espèces de Caesio. L'ab-
sence de dents canines n'est pas non plus un caractère par lequel
on pourrait distinguer les Maenoïdes, puisqu'on en observe de
rudimentaires dans quelques espèces de Caesio, notamment dans
le Caesio erythrogaster K. v. H.
Les quatres genres nommés sont en partie des genres composés. Je
156 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES INDO-ARCHIPELAGIQUES
regarde comme d'un type générique distinct le Smaris insidiator CV.,
pour lequel Rafinesque avait déjà imaginé le nom de Centracanthus.
Je sépare de nouveau du genre Caesio le Caesio pinjalo , auquel
j'avais appliqué; il y a déjà plus d'un quart de siècle, le nom
générique de Pinjalo ; et j'en reviens à voir dans le Diptery-
gonotus, proposé en l'an 1849, un genre distinct du genre Ery-
thrichthys Schl. Les caractères de ces sept genres pourraient se
résumer comme suit.
I. Dorsale écbancrée jusqu'à la base , à épines postérieures plus
ou moins libres. Mâchoire supérieure fort protractile horizon-
talement en forme de tube. Ecailles petites.
A. Mâchoire supérieure squammeuse sans dents.
1. Erijthrichthys Schl. ■=. Emmelichthys
Rich. ■=! Boxaodon Guich.
B. Mâchoires denticulées, dénuées d'écaillés.
a. Vertex et front sans écailles. Bande squammeuse
temporale distincte.
2. Cenlracanthus Raf.
b. Vertex , front et région temporale densément couverts
d'écaillés.
3. Diplerygonotus Rlkr.
IL Dorsale non ou peu écbancrée. Mâchoires dentelées sans
écailles. Écailles médiocres ou petites.
A. Dorsale sans écailles. Vertex et front dénués d'écaillés.
a. Dents vomériennes.
4. Maena Cuv.
h. Point de dents vomériennes.
5. Smaris Cuv.
B. Dorsale squammeuse.
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 157
a. Vertex squammeux. Mâchoire supérieure fort protrac-
tile. Rangées longitudinales d'écaillés au-dessus delà
ligne latérale parallèles au profil du dos.
6. Caesio Cuv.
b. Front et vertex dénués d'écaillés. Mâchoire supérieure
peuprotractile. Rangées longitudinales d'écaillés au-des-
sus de la ligne latérale montant obliquement en arrière.
7. Pinjalo Blkr.
L'Insulinde ne nourrit que des espèces de Dipterygonotus , de
Smaris, de Pinjalo et de Caesio , et des trois premiers de ces
genres on n'y connaît même qu'une seule espèce. Le genre Caesio
au contraire y est représenté par neuf ou dix espèces.
DIPTERYGONOTUS Blkr.
Corpus elongatum compressum squamis ctenoideis parvis vesti-
tum. Caput vertice, fronte, regione postoculo-temporali ossibusque
opercularibus squamatum. Rostrum , os suborbitale maxillaeque
alepidotae. Dentés maxillis minimi, palatini nulli, vomerini ru-
dimentarii vel nulli, pharyngeales parvi acuti. Maxillae in tubum
horizontalem protractiles. Rictus mediocris. Praeoperculum eden-
tulum. Operculum spina vera nuUa. Squamae corpore in séries
horizontales dispositae. Pinnae, dorsalis alepidota bipartita parte
spinosa spinis gracilibus 14 quarum posteriores solitariae^ analis
spinis 3 et radiis 10 ad 12, pectorales acutae, caudalis lobis
acutis radiis divisis 15. B. 6. Pseudobranchiae.
Rem. Le genre Dipterygonotus est fort voisin du genre Smaris
CV. et s'en distingue principalement par les épines libres en avant
de la dorsale molle. Son établissement date de Tan 1849, mais
depuis, je l'avais rapporté au genre Erythrichthys Schl. (=:Erame-
lichthys Rich. = Boxaodon Guich.). Cependant, les figures publiées
des espèces de ce genre (Erythrichthys Schlegeli Blkr, Emmelich-
158 p. BLEEKEll. RÉVISION DES ESPECES INDOARCHIPÉLAGIQU ES
thys nitidus Rich. et Boxaodon cyanescens Griiich.) montrent toutes
l'os supramaxillaire squaoïmeux, et Richardson fait entrer expres-
sément, dans la diagaose du genre Emmelichthys , l'expression
„Maxillae dense squamosae". Ce caractère, si exceptionnel dans
les groupes des Percoïdes autres que les Priacanthini , les Anthi-
anini et les Epinephelini , me semble devoir être considéré comme
ayant une valeur générique, et j'ai donc séparé de nouveau de ce
type celui du Dipterygonotus leucogrammicus.
Parmi les espèces de Smaris , il en est une qui est fort voisine
des Dipterygonotus. J'ai devant moi deux poissons , un du Cap de
Bonne-Espérance et un d'origine incertaine, que je ne puis rapporter
qu'au Smaris insidiator, et où je trouve les trois épines dorsales
postérieures isolées des autres et sans membrane. La figure du
Smaris insidiator CV. publiée dans la Fauna Italica ne les montre
point avec ce caractère , mais Rafinesque les a figurées sans mem-
brane et a nommé l'espèce Centracanthus cirrus. Cette espèce ne
se distingue génériquement du Dipterygonotus leucogrammicus que
par son vertex et son front dénués d'écaillés et par la présence
d'une bande squammeuse temporale bien marquée.
Je ne connais du genre Dipterygonotus que la seule espèce type.
Dipterygonotus leucogrammicus Blkr, Contr. ichth. Celeb. in
Journ. Ind. Archip. 1849.
Dipteryg. corpore elongato compresso, altitudine 4i ad 5 in ejus
longitudine absque-, 5| ad 6 in ejus longitudine cum pinna caudali ;
latitudine corporis IJ ad 1| in ejus altitudine; capite acuto 4
cire, in longitudine corporis absque-, 4| ad 4| in longitudine
corporis cum pinna caudali; altitudine capitis 1| ad 1|, latitu-
dine capitis 2 cire, in ejus longitudine ; oculis diametro 3 ad 3 1
in longitudine capitis , diametro f ad 1 distantibus ; fronte usque
supra oculi partem anteriorem squamata ; linea rostro-frontali
rectiuscula vel convexiuscula ; naribus distantibus non valvatis,
posterioribus oculi margini supero-anteriori approximatis ; rostro
oculo paulo breviore, cum maxillis protractis dimidiam capitis
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS 159
longitndinem aequante ; osse suborbitali anteriore margine inferiore
convexo , supra angulum oris pupillae diametro humiliore ; maxilla
superiore sub oculi diniidio anteriore desinente, horizontaliter
maxime protractili; deutibus, maxillis minimis, vomerinis parvis
in thurmam ovalem dispositis ; squamis maxillam superiorem inter
et limbum praeoperculi in séries 13 cire, transversas dispositis;
praeoperculo limbo alepidoto margine posteriore rectiusculo y angulo
obtuse rotundato leviter denticulato; operculo angulo spinula plana,
linea laterali rectiuscula singulis squamis tubulo simplice notata ;
fascia squamarum temporali distincta nulla; squamis corpore 80
cire, in série longitudinal! angulum aperturae branchialis superio-
rem inter et basin pinnae eaudalis , 2Q cire, in série transversali
anum inter et pinnam dorsalem^ 10 cire, lineam lateralem inter
et spinas dorsales médias ; pinna dorsali spinis gracilibus anteri-
oribus 10 membrana unitis 2^ 3* et 4^ ceteris longioribus 1| ad
1| in altitudine corporis^ posterioribus 4 solitariis brevibus postice
membrana triangulari brevi munitis ; dorsali radiosa dorsali spinosa
duplo cire, breviore et duplo cire, humiliore ; pectoralibus acutis capite
absque rostro non vel vix brevioribus ; ventralibus acutis capitis
parte postoculari vix longioribus ; anali spinis gracilibus P brevis-
sima, 2^^ et 3^ subaequalibus radiis anteriori bus paulo brevioribus ;
caudali profunde incisa lobis acutiusculis capitis parte postoculari
vix longioribus ; colore corpore superne coeruleo , inferne argentée
vel margaritaceo ; dorso vittis 3 longitudinalibus albidis vel albido-
roseis; iride argentea vel flava; pinnis flavescentehyalinis.
B. 6. D. 14 10 vel 14/11. P. 2/13 ad 2/15. V. 1/5. A. 3/10
ad 3/12. C. 1/15/1 et lat. brev.
Syn. Emmelichthys leucogrammicus Blkr, Verh. Bat. Gen. XXIII
Maen. p. 10; Faun. ichth. Jav. spec. nov. Nat. T. Ned.
Ind. I p. 103.
Erythrichfhys leucogrammicus Gllnth., Cat. Fish. I p. 396 ;
Blkr, Atl. ichth. Tab. 294 Perc. tab. 16 fig. 2.
Hal. Celebes (Macassar) , Bulucumba ; Buro (Kajeli) ; Amboina
in mari.
Longitude 13 speciminum 55'" ad 99'".
160 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES liNDO-ARCHIPÉLAGIQUES
Rem. Il paraît que cette espèce reste dans des dimensions
petites, le plus grand de mes individus ne mesurant pas même
un décimètre. Je ne Tai reçue que de la côte sud de Célèbes et
des deux îles sus-nommées de TArchipel des Moluques.
CAESio Comm.
Corpus oblongum vel elongatum compressum squamis mediocribus
vel parvis ciliatis vestitum. Caput vertice, fronte et ossibus oper-
cularibus squamatum. Fascia squamarum temporalis valde distincta.
Rostrum, os suborbitale maxillaeque alepidotae. Dentés maxillis,
vomerini (quum adsunt) et pharyngeales parvi acuti , palatini nulli.
Maxilla superior mediocriter vel valde protractilis. Rictus mediocris.
Praeoperculum margine libero edentulum vel leviter denticulatum.
Operculum spina vera nulla. Squamae corpore in séries horizon-
tales dispositae. Pinnae, dorsalis indivisa tota vel dimidio basali
squamata spinis 10 vel 11 gracilibus, analis spinis 3, pectorales
acutae, caudalis lobis acutis radiis divisis 15. B. 6. Pseudobran-
chiae. Vesica aërea simplex.
Rem. Après avoir séparé du genre Caesio le Caesio pinjalo et
le Caesio gymnopterus, dont le premier est un Pinjalo et le
second un Smaris, les espèces insulindiennes de Caesio actuel-
lement connues sont au nombre de neuf. Bien que la plupart
de ces espèces soient fort voisines les unes des autres, et ne se
fassent distinguer que par quelques différences dans les proportions
du corps, dans le système d'écaillure et dans les détails de la
coloration, il y en a qui sont remarquables soit par la petitesse
des écailles , soit par la protractilité extraordinaire des mâchoires ,
soit enfin par une formule fort différente de la nageoire dorsale.
L'exposé suivant en résume les caractères principaux.
I. Dorsale à 10 épines et à 14 jusqu'à 17 rayons mous.
A. 56 à 65 écailles dans la ligne latérale. Bouche médiocrement protraciile
en tuyau court dirigé obliquement en bas.
DU GENRE GAESIO KT DE QUELQUES GENRES VOISINS. 161
a. Mâchoires à quelques dents antérieures de la rangée externe coniques
et notablement plus grandes que les autres. 58 à 60 écailles dans la
ligne latérale, 8 au-dessus de la ligne latérale.
aa. Bande squammeuse temporale du double seulement plus longue que
large. Hauteur du corps 2|^ à presque 3 fois dans sa longueur sans
la caudale. Corps et nageoires sans bandes ni taches. D. 10 '15 ou
10/16. A. 3/11 ou 3/12.
1. Caesio erythrog aster K. V. H.
b. Mâchoires à dents de la rangée externe égales.
aa. Environ 56 écailles dans la ligne latérale, 6 ou 7 au-dessus de la
ligne latérale. Bande squammeuse temporale moins du triple plus
longue que large. Hauteur du corps 2| fois dans la longueur sans la
caudale. Corps sans bandes. Lobes de la caudale à bout noirâtre-
D. 10/14 ou 10/15. A. 3/11 ou 3/12.
2. Caesio lunaris Ehr.
bb. 63 à 65 écailles dans la ligue latérale. Hauteur du corps 3 à 4 fois
dans sa longueur sans la caudale,
f . 5 ou 6 rangées longitudinales d'écaillés au-dessus de la ligne
latérale. Bande squammeuse temporale 3 fois plus longue que large.
Corps sans bandelettes ni taches. Caudale sans taches ni bandes.
D. 10/15 à 10/17. A. 3/12 à 3/14.
3. Caesio xanthonotus Blkr.
f^ 7 rangées longitudinales d'écaillés au-dessus de la ligne latérale.
Corps sans bandelette dorée. D. 10/14 ou 10/15.
§. Lobes de la caudale à bout noirâtre. Bande squammeuse tem-
porale 3 fois plus longue que large. A. 3/11 ou 3/12.
4. Caesio pisang Blkr.
§/. Lobes de la caudale à bandelette longitudinale noire. Corps semé
de taches bleues. A 3/13.
5. Caesio maculalus CV.
f ". 8 ou 9 rangées longitudinales d'écaiiles au-dessus de la ligne
latérale. D. 10/14 à 10/16. A. 3/12 ou 3/13. Corps à bandelette
longitudinale dorée .
§. Bandelette dorée située au-dessus de la ligne latérale. Lobes de
Archives Néerlandaises, T. VIII. 11
162 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES INDO A.RGHIPÉLAGIQUES
la caudale à bande longitudiuale violâtre. Bande squammeuse
temporale 3 fois plus longue que large.
6. Caesio coerulaureus Lac.
§. Bandelette dorée située au-dessous de la ligne latérale. Lobes de
la caudale à bout noirâtre. Bande squammeuse temporale moins
de 3 fois plus longue que large.
7. Caesio chrysozona C. V. H.
B. Environ 80 écailles dans la ligne latérale, 10 au-dessus de la ligne
latérale. Mâchoires fortement protractiles en forme de tube dirigé hori-
zontalement en avant.
a. Hauteur du corps environ 3^ fois dans sa longueur sans la caudale.
Bande squammeuse temporale un peu plus de deux fois plus lougue que
large. D. 10/14 ou 10/15. A. 3/12 ou 3/13. Corps à deux bandelettes
longitudinales brunâtres. Lobes de la caudale à bout noirâtre.
8. Caesio digramma Blkr.
IL Dorsale à 11 épines et à 21 rayons mous. Bouche protractile en tube horizontal.
A. Environ 73 écailles dans la ligne latérale, 6 au-dessus de la ligne laté-
rale. Hauteur du corps 4 fois dans sa longueur sans la caudale. Corps à
bandelette longitudinale bleue bordée de brun. Lobes de la caudale à
bandelette longitudinale brune. A. 3/13.
9. Caesio multiradiatus Steind.
Caesio erythroqaster K. V. H., CV. , Poiss. VI p. 333 tab.
166; Blkr., Verh. Bat. Gen. XXIII Maeii. p. 9; Kner,
Zool. Reis. Novara, Fisch. p. 64; Atl. ichth. Tab. 312
Perc. tab. 34 fig. 3.
Caes. corpo¥€ oblongo compresse , altitucline 21 ad 3 fera m
ejus longitudine absque-, 3] ad 4 fere in ejus longitudine cum
pinna caudali; latitudine corporis 2 ad 2-J in ejus altitudine;
capite 3[ ad 4 in longitudine corporis absqiie-, 4J ad 5 in lon-
gitudine corporis cum pinna caudali ; altitudine capitis 1 et paulo
ad 1 fere, latitudine capitis 11 ad 2 fere in ejus longitudine;
oculis diametro 2| ad 4 fere in longitudine capitis, diametro 1
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 16B
fere ad 1 ^ distantibus ; fronte iisque supra oculi partem anteriorem
squamosa ; linea rostro-froDtali rectiuscula vel coacaviuscula ; rostro
oculo multo ad paulo breviore cum maxillis protractis oculo lon-
giore; naribus sat approximatis sat longe ante oculum et infra
orbitae marginein superiorem perforatis ; osse suborbitali supra
anguluni oris pupillae diametro humiliore; maxilla superiore sub
oculi parte anteriore desinente oblique deorsum mediocriter pro-
tractili; dentibus maxillis parvis anticis utroque latere 2 vel 1
conicis ceteris couspicue majoribus, vomerinis in tburraam trian-
gularem dispositis; squainis genis maxillam superiorem inter et
limbum praeoperculi in séries 8 vel 9 transversas dispositis;
praeoperculo limbo alepidoto^ margine posteriore non emarginato
angulo obtuse rotuudato non ad leviter denticulato vel crenato 5
operculo angulo in spinulam planam desinente ; fascia squamarum
temporali cum fascia lateris oppositi confluente , duplo circiter lon-
giore quam lata^ squamis in séries 10 cire, transversas ^ in séries
4 vel 5 longitudinales dispositis; linea laterali mediocriter cur-
vata^ singulis squamis tubulo simplice notata; squamis corpore
leviter ciliatis, 58 ad 60 cire, in série longitudinali angulum
aperturae bracliialis superiorem inter et basin pinnae caudalis^
23 cire, in série transversali anum inter et pinnam dorsalem ,
8 cire, iineam lateralem inter et mediam dorsalem spinosam ;
pinna dorsali squamosa^ parte spinosa parte radiosa paulo breviore
sed multo altiore et corpore duplo ad triplo humiliore ^ spinis gra-
cilibus 3*, 4^ et 5a ceteris longioribus^ postica radio 1° non hu-
miliore; dorsali radiosa corpore plus triplo ad plus quadruplo
humiliore^ margine superiore rectiuscula vel convexa, postice
acutangula; pectoralibus acutis capite vix ad multo longioribus;
ventralibus acutis capite absque rostro non ad paulo brevioribus ;
anali squamosa spinis gracilibus 1* brevissima , 2* et 3^ subae-
qualibus radiis anterioribus vix brevioribus dorsali spinosa minus
duplo humilioribus ; caudali profunde incisa lobis acutis capite
longioribus; colore capite antice et dorso antice coeruleo^ dorso
postice, lateribus caudaque flavo, ventre margaritaceo vel roseo;
iride flavescente ; pinnis dorsali et caudali flavis , ceteris roseo-vel
Jl*
164 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES liNDO-A RCHIPEL AGIQUES
violascente-hyalinis , dorsali superne fusco vel nigricante^ anali
inferne coerulescente vel albido marginatis.
B. 6. D. 10/15 ad 10/17. ?. 2/17. V. 1/5. A. 3/11 vel 3/12.
C. 1/15/1 et lat. brev.
Syn. Geelstaert Nieuh., Gedenkw. Zee- en Lantr. p. 269, %.
Geelstardl i. e. Xanfhurus indicus Will., Hist. Pisc. App. p,
2 tab. 3 fig. 1.
Sparus ciming B\., Ausl. Fisch. V p. 31 tab. 263 lig. 1;
Lac., Poiss. IV pag. 113?
Cychla cuni?ig Bl. Schn. , Syst. p. 336 ?
Caesio cuning CV., Poiss. VI pag. 334?
Caesio erythropterus Blkr, Negende bijdr. vischf. Banka,
Nat. T. N. Ind. XVIII pag. 365 (err. impr.)
Odontonectes erylhrogaster Gtinth., Cat. Fish. I pag. 265.
Ekor-kuning Mal. Batav.
Hab. Sumatra (Telokbetong , Priaman , Siboga) ; Nias ; Batu ; Sin-
gapura ; Bintang (Kio) ; BaDgka (Muntok) ; Duiz 3nd-iDS ;
Java (Batavia, Bantam); Bavrean; Celebes (Macassar,
Bulucomba, Badjoa) ; Halmaheira (Sindangole) ; Amboina;
Ceram (Piru) ; in mari.
Longitudo 22 speciminum 90'" ad 355'".
Rem. L'erythrogaster appartient au groupe à 10 épines dor-
sales, à environ 60 écailles dans la ligne latérale et à bouche
médiocrement protractile , et s'y distingue par la hauteur relative
du corps, par les grosses dents sur le devant des mâchoires, par
la grande largeur de la bande squammeuse temporale, par les
8 rangées longitudinales d'écaillés au dessus de la ligne latérale ,
et par l'absence de bandes ou de taches sur le corps et sur les
nageoires. La présence de dents vomériennes , dans les Caesio ,
n'est que d'une valeur fort subordonnée. Dans l'erythrogaster le
groupe de ces dents est assez développé, mais il existe aussi
dans plusieurs autres espèces, bien qu'il ne soit pas toujours
constant dans les individus d'une même espèce.
L'ekor-kuning est une des espèces les plus anciennement con-
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 165
nues de l'Insulinde. On la reconnaît fort bien dans la figure de
Nieuhof. A Batavia elle est assez commune, mais on ne la pêche
que près des récifs des îles de la rade. Sa chair , quoique servie
souvent sur les tables des Européens , est médiocrement estimée et
peu savoureuse.
Caesio lunaris Ehr., CV., Poiss. VI p. 332; Less. , Voy. Coq.
Zool. II p. 186 Poiss. tab. 34; Riipp. N. Wirb. Fisch. p.
120; Blkr. N. bijdr. Perc. , Sciaen. etc. , Nat. T. Ne'd. Ind.
II p. 177; Glinth., Cat. Fisb. I p. 390; Klunz., Syn.
Fisch. R. M., Verh. zool. bot. Ges. Wien XX p. 769.
Caes. corpore oblongo compresso, altitudine 2| cire, in ejus
longitudine absque- , 3 J^ cire, in ejus longitudine eu m pinna caudali ;
latitudine corporis 2\ cire, in ejus altitudine; capite acutiusculo
3| cire, in longitudine corporis absque-, 4-| cire, in longitudine
corporis cum pinna caudali; altitudine capitis 1 cire-, latitudine
capitis 1| ad 2 in ejus longitudine; oculis diametro 3 cire, in
longitudine capitis, diametro 1 cire, distautibns ; fronte usque supra
oculi partem anteriorem squamosa; linea rostrofrontali concava;
rostro oculo breviore , cum maxillis protractis oculo paulo longiore ;
naribus sat longe ante oculi marginem superiorem perforatis ; osse
suborbitali anteriore supra angulum oris pupillae diametro humiliore;
maxiila superiore sub oculi parte anteriore desinente oblique deorsuni
mediocriter protractiii; dentibus maxillis parvis conicis , vomerinis
minimis in thurmam parvam dispositis ; squamis genis maxillam
superiorem inter et limbum praeoperculi in séries 8 vel 9 transversas
dispositis ; praeoperculo limbo alepidoto , margine posteriore obtuse
rotundato angulo crenato-denticulato ; operculo angulo in spinulam
planam desinente ; fascia squamarum temporali cum fascia lateris
opposiii non confluente, minus triplo longiore quam lata, squamis in
séries 9 cire, transversas et in séries 3 longitudinales dispositis; linea
laterali mediocriter curvata singulis squamis tubulo simplice notata ;
squamis corpore ciliatis, 56 cire, in série longitudinali angulum
aperturae branchialis superiorem inter et basin pinnae caudalis.
166 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES INDO-ARGHIPELAGIQUES
24 vel 25 in série transversali anum inter et pinnam dorsalem,
6 vel 7 lineam lateralem inter et mediam dorsalem spinosam;
pinna dorsali squamosa , parte spinosa parte radiosa paiilo breviore
sed multo altiore et corpore minus triplo humiliore, spinis gracilibas
3*, 4* et 5^ ceteris longioribuS; spina postica radio 1^ vix bre_
viore; dorsali radiosa corpore plus quadruplo humiliore margine
superiore convexiuscula , postice acutangula; pectoralibus acutis
capite longioribus ; ventralibus acutis capite absque rostro brevio-
ribus; anali basi squamosa spinis gracilibus P brevissima 2^ et
3* subaequalibus radiis anterioribus non brevioribus dorsali spinosa
humilioribus ; caudali profunde incisa lobis acutis capite longiori-
bus ; colore corpore superne coeruleo ; inferne roseo-argenteo ; iride
flava; pinnis dorsali violacea, pectoralibus^ ventralibus et anali
roseis, caudali coerulescente ; pectoralibus basi superne macula
parva nigra 5 caudali apicibus loborum nigra.
B. 6. D. 10/14 vel 10/15. P. 2/19. V. 1/5. A. 3/11 vel 3/12. C.
1/15/1 et lat. brev.
Syn. Wackum mare Ren. , Poiss. Mol. tab. 32 fig. 174
Bandt-hooft Ren., Ibid. II tab. 48 fig. 199?
Pisany-pisang Mal. Bat.
Hab. Java (Batavia), in mari.
LoDgitudo 2 speciminum 172'" et 224'".
Rem. Le Caesio lunaris est voisin de Terythrogaster , tant par
les formes que par la formule des écailles et par la dentition
vomérienne. Il se distingue cependant essentiellement par une ou
deux rangées longitudinales d'écaillés de moins au-dessus de la
ligne latérale, par la moindre largeur de la bande squammeuse
temporale, par l'absence de grosses dents sur le devant des mâ-
choires , et par la tache noire sur le bout des lobes de la caudale
et sur le haut de la base de la pectorale. L'espèce est fort rare
dans l'Inde archipélagique , les deux individus de mon cabinet,
provenant des récifs de Batavia, étant les seuls connus de l'In-
sulinde. Dans la Mer rouge elle paraît être assez commune. Elle a été
trouvée aussi près des côtes de Zanzibar et de la Nouvelle. Irlande.
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 167
Caesio xanthonoius Blkr, Diagn. n. vischs. Batav. , Nat. T. Ned.
Ind. IV p. 466; Gunth., Cat. Fish. I p. 391; Atl.
ichth. Tab. 303 Perc. tab. 24 %. 1.
Caes. corpore oblongo coinpresso ^ altitudine 3 fere ad 3 in ejus
longitudine absque-, 3| ad 4 cire, in ejus longitudine cum pinna
caudali ; latitudine corporis 2 cire, in ejus altitudine ; capite acuto
3J ad o\ cire, in longitudine corporis absque-, 4^ ad 4| cire,
in longitudine corporis cum pinna caudali ; altitudine capitis 1\
cire, latitudine capitis 1| ad 2 fere in ejus longitudine; oculis
diametro 3 cire, in longitudine capitis , diametro 1 fere distantibus ;
fronte usque supra medios oculos squamosa; linea rostro-frontali
leviter coneava ; rostro oculo multo breviore , cum maxillis protraetis
oculo vix breviore ; naribus sat longe ante oeuli partem superiorem
perforatis; osse suborbitali anteriore supra angulum oris pupillae
diametro plus duplo humiliore ; maxilla superiore sub oeuli parte
anteriore desinente , subvertiealiter deorsum mediocriter tantum
protractili ; dentibus maxillis parvis acutis , vomerinis taetu magis
quam visu conspicuis; squamis genis maxillam superiorem inter
et limbum praeoperculi in séries 8 vel 9 transversas dispositis ;
praeopereulo limbo alepidoto margine posteriore leviter coneavo
angulo obtuse rotundato leviter erenulato vel dentieulato ; operculo
angulo in spinulam planam desinente; fascia squamaru m temporali
cum fascia lateris oppositi confluentC; triple cire, longiore quam
lata, squamis in séries 10 cire, transversas et in séries 3 vel 4
longitudinales dispositis ; linea laterali mediocriter curvata singulis
squamis tubulo simplice notata; squamis corpore vix conspicue
ciliatis, 65 cire, in série longitudinali angulum aperturae bran-
chialis superiorem inter et basin pinnae caudalis, 24 vel 25 in
série transversal! anura inter et pinnam dorsalem , 5 vel 6 lineam
lateralem inter et mediam dorsalem spinosam ; pinna dorsali squa-
mosa, parte spinosa parte radiosa paulo breviore sed multo altiore
corpore plus duplo humiliore, spinis graeilibus 3^, 4^ et 5* ceteris
lougioribus , spina postica radio 1° vix breviore ; dorsali radiosa
corpore plus quadruplo humiliore margine superiore convexiuscula
168 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES INDO-ARCHIPELAGIQUES
postice acutangula ; pectoralibus acutis capite longioribus ; ventra-
libus acutis capite absque rostro brevioribus ; anali basi squamosa
spinis gracilibus 1^ brevissima, 2^ et 3^ subaeqiialibus radiis ante-
rioribus non brevioribus dorsali spinosa duplo fere humilioribus ;
caudali profunde incisa lobis acutis capite paulo longioribus ; colore
corpore superne pulcherrirae flavo , lateribus margaritaceo-coeruleo ,
inferne roseo ; iride fia va ; vitta rostro -oculari coerulea ; linea
laterali fusca ; pinnis irnparibus pulchre llavis , dorsali fuscescente-
caudali roseo- anali albo marginatis; pectoralibus ventralibusque
roseiS; pectoralibus basi superne macula triangulari violacea.
B. 6. D. 10/15 vel 10/16 vel 10/17. P. 2/19. V. 1/5. A. 3/12
vel 3/13 vel 3/14. C. 1/15/1 et lat. brev.
Syn. Ekor-kuning-pisany Mal. Batav.
Hab. Java (Batavia); Amboina, in mari.
Longitudo 2 speciminum 159'" et 205'".
Kern. L'espèce actuelle et celles dont la description va suivre,
se distinguent des précédentes tant par leur corps plus allongé
que par des écailles un peu plus nombreuses dans la ligne laté-
rale. Elles diffèrent encore entre elles par les formules des écailles ,
par le degré de protractilité des mâchoires et par le système de
coloration. Le xanthonotus seul a la caudale sans taches ni
bandes, le dos jaune, les flancs d'un bleu nacré et le ventre rose ;
seul aussi il n'a que 5 ou 6 rangées longitudinales d'écaillés au-
dessus de la ligne latérale. Il paraît être, dans l'Insulinde , aussi
rare que le lunaris, mais on ne l'a pas trouvé jusqu'ici en dehors
de l'Inde archipélagique.
Caesio pisang Blkr. , Derde bijdr. ichth. Amboina, Nat. T. Ned.
Ind. IV p. 113; Glinth , Cat. Fish, I p, 391.
Caes. corpore oblongo compresso , altitudine 3| ad 4 fere in ejus
longitudine absque- , 4i ad 5 fere in ejus longitudine cum pinna
caudali; latitudine corporis 1| cire in ejus altitudine; capite acuto
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 169
3| ad 3|- in longitudine corporis absque-;, 4| ad 5 fere in lon-
gitudine corporis cum pinna caudali; altitudine capitis Ijadl^-,
latitndiue capitis 2 cire, in ejiis longitudine; oculis diametro 3
cire, in longitudine capitis ; diametro 1 fere distantibus ; fronte usque
supra medios oculos squamosa: linea rostro-frontali rectiuscula;
rostro oculo breviore , cum maxillis protractis oculo non breviore ;
naribus distantibus ante oculi partem superiorem perforatis; osse
suborbitali anteriore supra angulum oris pupillae diametro multo
humiliore ; maxilla superiore sub oculi parte anteriore desinente ,
subverticaliter deorsum mediocriter protractili ; dentibus maxillis
minimis, vomerinis conspicuis nullis; squamis genis maxillam su-
periorem inter et limbum praeoperculi in séries 8 cire, trans versas
dispositis ; praeoperculo limbo alepidoto margine posteriore non vel
leviter concavo angulo rotundato non denticulato sed crenulato;
operculo angulo in spinulam planam desinente ; fascia squamarum
temporali cum fascia lateris oppositi confluente , triplo cire, longiore
quam lata, squamis in séries 10 cire, trans versas , in séries 4 vel 5
longitudinales dispositis ; linea laterali vix curvata, singulis squamis
tubulo simplice notata; squamis corpore leviter eiliatis 65 cire, in
série longitudinal! angulum aperturae branchialis superiorem inter
et basin pinnae caudalis ; 20 cire, in série transversal! anum inter
et pinnam dorsalem, 7 cire, lineam lateralem inter et dorsalem
spinosam mediam ; pinna dorsali squamosa , parte spinosa parte
radiosa non vel vix breviore sed multo altiore corpore minus duplo
humiliore, spinis gracilibus S-'^, 4a et 5^ ceteris longioribus , spina
postica radio 1° vix humiliore ; dorsali radiosa corpore quadruplo
cire, humiliore margine superiore rectiuscula, postice angulata;
pinnis pectoralibus acutis capite paulo brevioribus; ventralibus
acutis capite absque rostro brevioi'ibus ; anali basi squamosa
spinis gracilibus 1^ brevissima, 2^ et 3* subaequalibus radio l""
non brevioribus dorsali spinosa duplo fere humilioribus ; caudali
profunde incisa lobis acutis capite vix brevioribus , colore corpore
pinnisque roseo ; iride flavescente ; squamis dorso lateribusque
superne singulis basi macula coerulea ; linea laterali fusca 5 caudali
apicibus nigra.
170 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES INDO-ARCHIPELAGIQUES
B. 6. D. 10/14 vel 10/15. P. 2/16 vel 2/17. V. 1/5. A. 3/11
vel 3/12. C. 1/15/1 et. lat. brev.
Syn. Piscmg-pisang Mal. Bat.
Hab. Java (Batavia) ; Celebes (Manado) ; Ternata 5 Amboina ;
in mari.
Longitude 14 speciminum 90'" ad 150'".
Rem. Cette espèce a de commun avec le Caesio lunaris l'absence
de bandelette céphalo-caudale et une tache noirâtre sur le bout
des lobes de la caudale , mais elle est du reste fort distincte par
son corps notablement plus allongé, par la couleur rose du dos,
par l'absence de dents vomériennes, par environ dix écailles de
plus dans la ligne latérale , par la bande squammeuse temporale-
qui est relativement moins large, etc. On ne la connaît jusqu'ic
que des mers citées.
Caesio maculatus CV., Poiss. VI p. 331; Guntb., Cat. Fish.
I p. 391.
Descriptio Cuviero-Valenciennesiana sequens.
„Caudale rouge, marquée d'une raie longitudinale noire sur
chaque lobe. Une tache noire sur la base de la pectorale. Corps
sans bande longitudinale , d'un vert métallique mélangé de teintes
jaunes et semé de taches bleu de ciel , dont quelques-unes passent
au verdâtre. Le ventre est argenté. Toutes les nageoires, la cau-
dale exceptée, sont grises. L'iris est d'un beau jaune. D. 10/15.
A. 3/13. Long, onze pouces. Hab. Vanicolo."
Rem. Cette espèce habite aussi les mers d'Amboine, de Chine
et de Madagascar. M. Gunther donne la formule des écailles =
Lin. lat. 65. L. transv. 7/14, et la hauteur du corps égale à la
longueur de la tête et mesurant quatre fois dans la longueur totale.
Je ne possède pas cette espèce. Elle doit être fort voisine du
Caesio coerulaureus dont elle ne paraît se distinguer que par
l'absence de bande céphalo- caudale, par les taches bleues du
corps , par une rangée longitudinale d'écaillés de moins au-dessus
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 171
de la ligne latérale et par une tête relativement moins petite. Sa
place naturelle paraît être entre le coerulaureus et le pisang.
Caesio coerulaureus Lac., Poiss. III p. 86; CV. , Poiss. VI p.
434; Blkr, Verh. Bat. Gen. XXIII. Maen. p. 8; Giinth.,
Cat. Fish. I p. 392; Kner, Zool. Reis. Novar., Fisch. p.
65; Klunz., Syn. Fisch. R. M., Verh. zool. bot. Ges. Wien
XX p. 770.
Caes. corpore oblongo compresse , altitudine 3 ad 3} in ejus
longitudine absque-, 4 ad 4| in ejus longitudine cum pinna
caudali; latitudioe corporis 1| ad 1| in ejus altitudine; capite
acutO; 31 ad 4 fere in longitudine corporis absque-, 4|- ad 5 fere
in longitudine corporis cum pinna caudali; altitudine capitis 1\
ad 1 et paulo; latitudine capitis If ad 2 fere in ejus longitudine;
oculis diametro 3 fere ad 3 in longitudine capitis , diametro | ad
1 distantibus ; fronte usque supra medios oculos squamosa ; linea
rostro-frontali recta vel concaviuscula ; rostro oculo breviore , cum
maxillis porrectis oculo non vel vix breviore ; naribus sat distan-
tibus, ante oculi partem superiorem perforatis; osse suborbitali
anteriore supra angulum oris pupillae diametro multo humiliore;
maxilla superiore sub oculi parte anteriore desinente , oblique
deorsum mediocriter protractili ; dentibus maxillis minimis , vome-
rinis conspicuis nullis; squamis genis maxillam superiorem inter
et limbum praeoperculi in séries 10 cire, transversas dispositis;
praeoperculo limbo alepidoto, margine posteriore obliquo, angulo
obtusiuscule rotundato denticulato-crenato ; opercule angulo in
spinulam planam non pungentem desinente ; fascia squamarum
temporal! fasciae lateris oppositi contigua, triplo cire, longiore
quam lata, squamis in séries 12 cire, transversas et in séries 4
longitudinales dispositis; linea laterali parum curvata singulis
squamis tubulo simplice notata; squamis corpore leviter ciliatis
63 cire, in série longitudinali angulum aperturae branchialis supe-
riorem inter et basin pinnae caudalis , 23 cire, in série transversal!
anum inter et pinnam dorsalem, 8 lineam lateralem inter et
mediam dorsalem spinosam ; squamis supra et infra lineam lateralem
172 p. BLEEKEK. REVISION DES ESPECES INDOARGHIPÉLAGIQUES
in séries rectas horizontales dispositis; pinna dorsali squamosa,
parte spinosa parte radiosa sat multo breviore sed raulto altiore ,
corpore duplo ad minus duplo humiliore, spinis gracillimis 3^^ 4*et
5* ceteris longioribus, postica radio 1° non humiliore; dorsali radiosa
corpore quadruplo ad plus quadruplo humiliore, margine superiore
rectiuscula postice angulata ; pectoralibus acutis capite non ad paulo
longioribus; ventralibus acutis capite absque rostro brevioribus;
anali squamosa spinis gracilibus 1^ brevissiraa; 2* et 8asubaequalibus
radiis anterioribus vix brevioribus dorsali spinosa duplo ad minus
duplo humilioribus ; caudali profunde incisa lobis acutis capite paulo
ad non longioribus ; colore corpore superne coeruleo , inferne mar-
garitaceo ; iride flavescente ; vitta sat lata cephalocaudali aurea
supra lineam lateralem decurrente eaeque maxime approximata ;
linea laterali fusca; piunis dorsali ; pectoralibus aualique pallide
roseis, ventralibus albescentibus, caudali violascente-rosea ; caudali
utroque lobo fascia longitudinali coerulescente violacea vel violas-
cente-purpurea ; axillis et pectoralibus basi superne macula nigra.
B. 6. D. 10/15 vel 10/16. P/ 2 19. V. 1/5. A. 3/12 vel 3/13.
C. 1/15/1 et lat. brev.
Syn. Waccom-visch Valent., Amb. fig. 132; — Losi-losi Ibid.
fig. 167?
Wackiim Ren., Poiss. Mol. 1 tab. 27 fig. 46.
Caesio azuror Lac, Poiss. III p. 86; CV., Poiss. VI p. 327.
Smaris mauritianus QG., Zool. Voy. Freyc. p. 290 tab. 44 fig. 3.
Caesio coendeotaeniatus Ehr.
Caesio azuraureus Riipp., Reis. N. Afr. Atl., p. 130.
Caesio coerulaureus var. Cant. , Catal. Mal. Fish. p. 54.
Fisany-pisang Mal. Batav.
Hab. Sumatra (Telokbetong) ; Nias ; Singapura ; Java (Batavia) ;
Bali (Boleling); Celebes (Badjoa, Manado) ; Halmahera
(Sindangole) ; Ternata ; Batjan (Labuha) ; Buro (Kajeli) ;
Ceram (Wahai) ; Araboina; Banda (Neira) ; in mari.
Longitudo 25 speciminum 99'" ad 250'".
Rem. Le Caesio actuel et le Caesio chrysozona K. V. H. sont
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 173
les espèces du genre les plus communes de l'Inde archipélagique.
Elles se distinguent du lunaris, du xanthonotus et du pisang tant
par les 8 ou 9 rangées longitudinales d'écaillés au-dessus de la
ligne latérale, que par la bandelette longitudinale dorée du corps.
Toutes les deux présentent à peu près la même physionomie,
mais elles se font aisément distinguer Tune de l'autre en ce que
dans le coerulaureus la bandelette dorée se trouve au-dessus et
dans le chrysozona au-dessous de la ligne latérale. Puis aussi la
bande squammeuse temporale , dans le chrysozona , est relativement
plus large et les lobes de la caudale n'y sont point marqués
d'une bande longitudinale violette ou noirâtre, mais seulement
d'une tache de la même couleur vers le bout des lobes. Le
chrysozona, bien qu'ayant l'aisselle noire, ne montre point la tache
noire sur le haut de la base de la pectorale, qui se voit si
distinctement dans le coerulaureus.
Le coerulaureus est connu , hors l'Inde archipélagique , de la
Mer rouge, de Zanzibar et des îles Maurice et Ceylan.
Caesio chrysozona K. V. H., CV., Poiss. VI p. 331; Blkr,
Verh. Bat. Gen. XXIII Maen. p. 9; Gunth., Cat. Fish. I
p. 392; Kner, Zool. Reis. Novar. Fisch. p. 65 ; Atl. ichth.
Tab. 307, Perc. tab. 29 fig. 2.
Caes. corpore oblongo compresso, altitudine 3| ad 4 in ejus
longitudine absque-, 4| ad 5 et paulo in ejus longitudine cum
pinna caudali; latitudine corporis IJ- ad If in ejus altitudine;
capite acuto 3i ad 4 in longitudine corporis absque-, 4| ad 5
in longitudine corporis cum pinna caudali; altitudine capitis 14
ad 1^-, latitudine capitis 1| ad 2 in ejus longitudine; oculis
diametro 3 fere ad 3 et paulo in longitudine capitis, diametro
I ad 1 distantibus ; fronte usque supra medios oculos squamosa ;
linea rostro-frontali rectiuscula; rostro oculo breviore , cum maxillis
protractis oculo longiore; naribus distantibus ante oculi partem
superiorem perforatis; osse suborbitali anteriore supra angulum
cris pupillae diametro multo humiliore ; maxilla superiore sub oculi
parte anteriore desinente , oblique deorsum mediocriter protractili ;
174 p. BLEEKER. RÉVISION DES ESPECES INDO-ARCHIPELAGIQUES
dentibus intermaxillaribus conicis parvis ; inframaxillaribus mi-
nirais , voraerinis nullis vel vix conspicuis ; squamis genis maxillam
superiorem inter et limbum praeoperculi in séries 10 cire, trans-
versas dispositis ; praeoperculo limbo alepidoto ^ margine posteriore
non concavo^ angulo obtuse rotundato crenulato vel leviter den-
ticulato; operculo angulo in spinulam planam vix conspicuam
desinente ; fascia squamarum temporali cum lascia lateris oppositi
confluente, minus triplo longiore quam lata^ squamis in séries 12
cire, transversas et in séries 5 cire, longitudinales dispositis ; linea
laterali leviter tantura curvata, singulis squamis tubulo simplice
notata; squamis corpore leviter ciliatis 63 cire, in série longitu-
dinal! angulura aperturae branchialis superiorem inter et basin
pinnae caudalis^ 23 vel 24 in série transversali anum inter et
pinnam dorsalem, 8 vel 9 lineam lateralem inter et mediam
dorsalem spinosam ; dorsali squamosa^ parte spinosa parte radiosa
paulo breviore sed multo altiore corpore minus duplo humiliorC;
spinis gracilibus 3^^ 4^ et 5^ ceteris longioribus^ postica radio
1° non vel vix breviore; dorsali radiosa corpore plus triplo ad
quadruplo hurailiore margine superiore rectiuscula postice acutan-
gula 5 pectoralibus acutis capite non ad vix brevioribus , ventralibus
acutis capite absque rostro brevioribus ; anali squamosa spinis
gracilibus 1*^ brevissima , 2^ et 3* subaequalibus radiis anterioribus
non vel vix brevioribus dorsali spinosa duplo fere hurailioribus ;
caudali profunde incisa lobis acutis capite non ad vix brevioribus ;
colore corpore superne profunde coeruleo , inferne roseo-argenteo ;
iride flavescente ; fascia oculo-caudali aurea sub linea laterali
eamque postice sécante; pinnis dorsali, pectoralibus et caudali
roseis , ventralibus et anali ffavescentibus vel pallide roseis ; caudali
apicibus nigra; axilla nigricante; (dorso interdum insuper vitta
longitudinal! aurea gracili lineae dorsali multo magis quam lineae
laterali approximata).
B. 6. D. 10;14 vel 10/15 vel 10/16. P. 2/18. V. 1/5. A. 3/12 vel
3/13. C. 1/15/1 et lat. brev.
Syn. Caesio sfrialus Blkr, Topogr. Batav., Nat. geneesk. Arch.
Ned. Ind. II p. 521 (nec RUpp.)
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 175
Pisang-pisanq Mal. Bat.
Hab. Nias; Java (Batavia, Bantam); Duizend-ios ; Bawean ;
Celebes (Macassar, Bonthain, Badjoa); Flores (Larantuca) ;
Ternata; Amboiua; Banda (Neira);.in mari.
Longitudo 29 speciminum 85'" ad 240'".
Rem. Cette espèce, fort commune à Batavia, et s'étendant
jusque dans les Moluques, n'a pas été trouvée hors de Flnsulinde.
La bandelette caractéristique dorée se trouve toujours au-dessous
de la ligne latérale, mais je possède un individu presque adulte ,
où se trouve une seconde bandelette dorée près du profil du dos ,
mais qui du reste a la tache noirâtre sur le bout des lobes de la
caudale et tous les autres caractères de l'espèce. Quoique fort
voisin du coerulaureus , le chrysozona paraît avoir constamment ,
dans les individus d'égale longueur, le corps un peu plus allongé.
\
\
Caesio digramma Blkr, Descr. espèc. inéd. poissons Arch. des
Moluques, Ned. T. Dierk. Il p. 180.
Caes. corpore oblongo compresso, altitudine 3i cire, in ejus
longitudine absque- , 4| cire, in ejus longitudine cum pinna
caudali; latitudine corporis 2 fere in ejus altitudine ; capite acuto
31- cire, in longitudine corporis absque-, 44 cire, in longitudine
corporis cum pinna caudali; altitudine capitis 1| ad IJ-, latitu-
dine capitis 2 cire, in ejus longitudine; oculis diametro 3 cire,
in longitudine capitis , minus diametro 1 distantibus ; fronte usque
supra oculi partem anteriorem squamosa ; linea rostro-frontali
declivi rectiuscula ; rostro oculo breviore , cum maxillis protractis
oculo longiore ; naribus parum distantibus , an te pupillae partem
superiorem perforatis; osse suborbitali anteriore supra angulum
oris pupillae diametro multo humiliore; maxilla superiore sub
oculi parte anteriore desinente subhorizontaliter valde protractili;
dentibus maxillis minimis, vomerinis nullis ; squamis genis maxillam
superiorem inter et limbum praeoperculi in séries 9 cire, transversas
dispositis; praeoperculo limbo alepidoto, obtuse rotundato angulo
denticulato-crenato ; operculo angulo in spinam planam desinente ;
176 p. BLEEKER. UÉVlSrON DES ESPECES INDO ARGHIPELAGIQUES
linea laterali vix curvata singulis squamis tubulo simplice notata ;
fascia squamarum temporali cura fascia lateris oppositi confluente,
paulo plus duplo loiigiore quam lata^ squamis in séries 12 cire,
transversas, in séries 4 vel 5 longitudinales dispositis; squamis
corpore ciliatis 80 cire, in série longitudinali angulum aperturae
branchialis superiorem inter et basin pinnae caudalis y 26 cire, in
série transversali anum inter et pinnam dorsalem , 10 cire, lineam
lateralem inter et mediam dorsalem spinosam ; pinna dorsali
squamosa^ parte spinosa parte radiosa paulo longiore et multo
altiorC; corpore duplo cire, humiliore, spinis gracilibus 2'^, 3^ et
4^ ceteris longioribus ; dorsali radiosa corpore triplo vel plus triplo
humiliore margine superiore concaviuscula , antice et postice
acutangula ; pectoralibus acutis capite absque rostro longioribus ;
ventralibus acutis capite absque rostro brevioribus; anali basi
squamosa spinis gracilibus, 1* brevissiraa, 2^ et 3^ subaequalibus
radiis anterioribus non brevioribus dorsali spinosa humilioribus ;
caudali profunde incisa lobis acutis capite absque rostro longiori-
bus; colore corpore superne coerulescente , inferne margaritaceo-
roseo; rostro raaxillisque antice fuscis; iride flava superne fusca;
vittis corpore utroque latere 2 fuscis, superiore nucho-dorsali lineae
dorsali magis quam lineae laterali approximata et dorso caudae
desinente, inferiore oculo-caudali lineae laterali maxime approxi-
mata eamque postice sécante et basi pinnae caudalis superiore
desinente ; pinnis flavis vel flavescente-roseis ; caudali apice loborum
nigricante; axilla macula sat magna nigra.
B. 7. D. 10/14 vel 10/15. P. 2/19. V 1/5. A. 3/12 vel 3/13.
C. 1/15/1 et lat. brev.
Hab. Amboina, in mari.
Longitude speciminis unici 93'".
Rem. Le Caesio digramma est fort distinct de toutes les espèces
précédentes. Il a les rangées transversales d'écaillés et les rangées
longitudinales d'écaillés au-dessus de la ligne latérale plus nom-
breuses, les nageoires dorsale et anale squammeuses seulement
sur leur moitié basale et la bouche beaucoup plus protractile et
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 177
pouvant s'allonger horizontalement en avant en forme de tube. Il
se fait du reste aisément reconnaître au premier coup d'œil par
les deux bandelettes longitudinales brunâtres du corps et par la
tache noirâtre sur le bout des lobes de la caudale. — L'individu
décrit est jusqu'ici le seul qui a été observé.
Caesio multiradiatus Steind., Ichth. Mitth. (III). Verh. zool. bot.
Geselsch. Wien XI 1861 p. 176 tab. 5 fig. 1.
Descriptio Steindachneriana abbreviata sequens.
„Korpergestalt langlich kompress. Grosste Leibeshohe i - , Kopf-
lànge y\ der Totallange. Leibesdicke 1| mal in der Leibeshohe.
Die Kopfbreite gleicht fast der halben Kopflânge. Der Oberkiefer
reicht bis unter die Mitte des unteren Augenrandes. Kieferzâhne
ausserst zart, von pfriemenformiger Gestalt^ stehen nur in einer
Reihe. Stiel des Zwischenkiefers etwas langer als der den oberen
Mundrand bildende Theil desselben. — Durchmesser des Auges
3| in der Kopflânge. Entfernung beider Augen von einander z= 1
Augendurchmesser. — Untere Halfte des Operkels und Suboper-
culum unbeschuppt. — Circa 73 Schuppen in einer Reihe laugs
der Seitenlinie, 19 zwischen der Dorsale und der Ventrale. Erste
Dorsalstachel 2\ mal so kurz als der zweite, dessen Hôhe der
halben Korperhôhe gleicht. Der dritte und vierte Dorsalstachel die
langsten. Sâmmtliche Dorsalstrahlen nur an ihrer kitrzeren Basal-
halfte iiberschuppt. Dritte Analstrahl ebenso hoch wie der erste
gegliederte Strahl der Anale und circa 2| mal in der grossten
Korperhôhe. Pectorale 5^^, Ventrale 7|, Caudale etw^as mehr als
5 mal in der Totallange. Caudale tief gabelig gespalten. — Sei-
tenlinie parallel mit der KitckenprofiUinie , circa 6 Schuppenreihen
von derselben entfernt. — Ein breîtes tief-himmelblaues Band
geht von der oberen Halfte des hinteren Augenrandes bis zur
Basis der Caudale. Die oberhalb dieser Binde liegende Schuppen-
reihe ist brâunlich gefârbt, vrodurch ein schmaler, braunlicher
Lângenstreifen entsteht, da die itbrigen bis zum oberen Leibes-
rande hinauf liegende Schuppen nur an den Randern brâunlich
gefârbt sind. Zunâchst unterhalb des intensiv himmelblauen Ban-
Archives Néerlandaises, T. VIII. 12
178 p. PLEEKER. RÉVISION DES ESPECES INDO-ARCHIPELAGIQUES
des sind 2 — 8 Reihen von Schuppen sehr leicbt himmelblau gefârbt
und am hinteren Rande braunlich eingefasst. Die iibrigen Schuppen -
reiben der unteren Leibeshâlfte bis zum Bauchrande herab, sind
gleich den Seitenflacben und der Unterseite des Kopfes silber-
vreiss. Anale, Pectorale und Ventrale gelblicbweiss ; ebenso die
Caudale, mit Ausnabme eines braunen Langenstreifens in der
Mitte des oberen so wie des unteren Caudallappens. Der obère
dieser Streifen ist eine Fortsetzung des braunen schmalen Bandes ,
vrelches oberhalb des breiten intensiv himmelblauen Bandes liegt."
„D. 11/21. P. 2/21. V. 1/5. A. 3/13. C. 17 (ohne Randstrabl)."
Hab. Amboina.
Rem. Cette espèce, que je ne possède pas, est une des plus
remarquables du genre par les nombreux rayons de la dorsale.
Du reste elle est voisine du Caesio digramma, mais elle a les
écailles moins nombreuses, surtout les rangées longitudinales au-
dessus de la ligne latérale , et le corps plus allongé. Elle se distingue
aussi par la bandelette brune sur les lobes de la caudale, etc.
piNJALo Blkr.
Corpus obongum compressum , squamis mediocribus ctenoideis
vestitum. Caput ossibus opercularibus squamatum, vertice, fronte,
rostro , osse suborbitali maxillisque âlepidotum. F^scia squamarum
temporalis. Dentés maxillis, vomerini phaiyngealesque acutiparvi,
palatini nulli. Maxilla superior parum protractilis. Rictus mediocris.
Praeoperculum margine libero crenulatum. Operculum spina vera
nulla. Squamae corpore in séries obliquas postrorsum adscendentes
dispositae. Pinnae, dorsalis et analis squamosae, dorsali indi-
visa spinis gracilibus 11, analis spinis 3 et radiis 10 vel 11,
pectorales acutae, caudalis emarginata radiis divisis 15. B. 6.
Pseudobrancbiae.
Rem. Je sépare de nouveau le Caesio pinjalo Blkr du genre
Caesio, cette espèce méritant en effet d'être considérée comme
type d'un genre distinct: type qui se fait reconnaître du Caesio
par le vertex et le front sans écailles, par la mâchoire su-
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 179
périeure peu protractile^ par la direction oblique des rangées
d'écaillés du corps et par les onze épines dorsales. Je n'en connais
jusqu'ici que l'espèce type, décrite , déjà en l'an 1844, sous le nom
de Pinjalo typus.
Pinjalo typus Blkr, Topogr. Batav., Nat. Geneesk. Arch. Ned.
Ind. II p. 521.
Pinjal. corpore oblongo compresso, altitudine 2| ad 3 fere in
ejus longitudine absque-, 3 ad 3| in ejns longitudine cum pinna
caudali; latitudine corporis 2 et paulo ad 2| in ejus altitudine;
capite obtuso Si ad 4 in longitudine corporis absque-, 4^ ad 5
et paulo in longitudine corporis cum pinna caudali; altitudine
capitis 1 ad 1 fere-, latitudine capitis 14 ad 2 fere in ejus
longitudine; oculis diametro 2| ad 3| in longitudine capitis,
diametro | ad 1 et paulo distantibus; linea rostro-frontali rec-
tiuscula vel convexiuscula ; rostro oculo multo ad paulo breviore,
cum maxillis protractis oculo non ad vix longiore; naribus sat
longe ante oculum ante pupillae partem inferiorem perforatis;
osse suborbitali supra angulum oris pupillae diametro humiliore;
maxilla superiore sub oculi parte anteriore desinente deorsum
mediocriter tantum protractili; dentibus, maxillis parvis subae-
qualibus, vomerinis in thurmam triangularem dispositis; squamis
genis maxillam superiorem inter et limbum praeoperculi in séries
10 cire, transversas dispositis ; praeoperculo limbo alepidoto ,
margine posteriore obliquo, angulo obtuse rotundato crenato-den-
ticulato ; operculo angulo in spinulam planam spuriam desinente ;
linea laterali valde curvata singulis squamis tubulo simplice notata ;
fascia squamarum temporali valde distincta cute nuda sat lata
cincta , non cum fascia lateris oppositi unita , triplo ad plus triplo
longiore quam lata, squamis in séries 9 ad 11 transversas, in
séries 2 vel 3 longitudinales dispositis; squamis corpore ciliatis,
70 cire, in série longitudiuali angulum aperturae branchialis su-
periorem inter et basin pinnae caudalis, 28 cire, in série trans-
versal! anum inter et pinnam dorsalem , 8 lineam lateralem inter
et dorsalem spinosam mediam; pinna dorsali squamosa, parte
12^
180 p. BLEËKER. RÉVISION DES ESPECES INDO-ARCHIPELAGIQUES
spinosa parte radiosa longiore et multo altiore spinis gracilibus
3^, 4a et 5'^ ceteris longioribus 2^ ad 3 in altitudine corporiS;
spina postica radio 1° non breviore; dorsali radiosa corpore
quadruplo ad sextuplo humiliore, margine superiore rectiusculo
vel convexiusculo , postice angulata ; pectoralibus acutis capite
longioribus; ventralibus acutis capite absque rostro brevioribus;
anali squamosa spinis gracilibus 1^ brevi 2^ et 3^ subaequalibus
spinis dorsalibus longissimis sat multo brevioribus; caudali semi-
lunariter incisa angulis acuta, capite longiore; colore corpore
superne roseo vel fuscescente-roseo , inferne roseo-vel flavescente-
argenteo ; iride rosea vel flava ; dorso lateribusque seriebus squa-
marum singulis longitudinalibus vittula violascente , vittulis dorso
valde obliquis ; pinnis roseis vel flavescentibus , dorsali superne
late fuscescente vel nigricante, caudali postice medio et anali
inferne fuscescente marginatis.
B. 6. D. 11/14 vel 11/15. P. 2/16. V. 1/5. A. 3/10 vel 3/11.
C. 1/15/1 et lat. brev.
Syn. Caesio pinjalo Blkr, Verh. Bat. Gen. XXIII Maen. p. 10 ;
Faun. ichth. Jav. spec. nov. Nat. T. Ned. Ind. I p. 103 ;
Atl. ichth. Tab. 292 Perc. tab. 14 fig 3 ; Gunth. , Cat.
Fish. I p. 391.
Pinjalo Mal. Batav.
Hab. Sumatra (Telokbetong, Padang); Singapura; Java (Batavia);
Celebes (Macassar, Bulucomba); in mari.
Longitudo 12 speciminum 170'" ad 455'".
Kern. Le Pinjalo ne paraît pas s'étendre hors l'Archipel de la
Sonde ^ et il n'y est pas même fort commun. La plupart des
individus que j'en ai vus provenaient des récifs de la rade de
Batavia. Il devient plus grand que les plus grandes espèces de
Caesio (Caesio erythrogaster K. V. H.). Sa chair n'est pas plus
estimée que celle de l'Ekor-kuning.
SMARis Cuv. Val.
Corpus oblongum vel elongatum squamis parvis ciliatis vestitum.
Caput vertice, fronte et ossibus opercularibus squamatum. Fascia
DU GENRE CAESIO ET DE QUELQUES GENRES VOISINS. 181
squamarum temporalis. Rostmm, os suborbitale maxillaeque ale-
pidotae. Dentés maxillis pharyngealesque parvi acuti. Dentés
vomerini et palatini niilli. Maxillae in tubum horizontalem pro-
tractiles. Rictus mediocris. Praeoperculum edentulum. Operculum
spina vera nulla. Squamae corpore in séries horizontales dispositae.
Pinna dorsalis unica indivisa alepidota spinis 9 ad lôgracilibus,
analis spinis 3 et radiis 9 ad 15, pectorales acutae, caudalis
lobis acutis radiis divisis 15. B. 6. Pseudobranchiae.
Rem. L'espèce que j'ai fait connaître sous le nom de Caesio
gymnopterus ayant tous les caractères des Smaris, ne peut pas
rester dans le genre Caesio. Elle se fait aisément distinguer des
autres espèces de Smaris par les caractères suivants:
1. Neuf épines dorsales, dont les antérieures notablement plus
longues que les postérieures. Hauteur du corps plus de 5 fois
dans la longueur totale. Environ 80 écailles dans la ligne
latérale, 7 ou 8 au-dessus de la ligne latérale. A. 3/12 ou
3/13. Corps à bandelettes longitudinales dorées.
1. Smaris gymnopterus Blkr.
Smaris gymnopterus Blkr.
Smar. corpore elongato compresso, altitudine 4| ad 5f inejus
longitudine absque-, 5^ ad 6| in ejus longitudine cum pinna
caudali ; latitudine corporis 1| ad 1| in ejus altitudine; capite
acuto, 3§ ad 4i in longitudine corporis absque-, 4| ad 5| in
longitudine corporis cum pinna caudali; altitudine capitis 1^ ad
1|-, latitudine capitis 2 fere ad 2 in ejus longitudine; oculis
diametro 3 ad 3^ in longitudine capitis, diametro | ad 1 dis-
tantibus; fronte usque supra oculi partem anteriorem squamosa;
linea rostro-frontali rectiuscula ; rostro oculo breviore cum maxillis
protractis oculo multo longiore ; naribus distantibus posterioribus
ante orbitae marginem supero-anteriorem perforatis ; osse suborbi-
tali supra angulum oris pupillae diametro multo humiliore ; maxilla
superiore sub oculi margine anteriore desinente horizontaliter
maxime protractili; dentibus maxillis minimis tactu magis quam
visu conspicuis ; squamis genis maxillam superiorem inter et limbum
182 p. BLEEKER. REVISION DES ESPECES INDO-ARCHIPELAGIQUES, ETC.
praeoperculi in séries 9 cire, transversas dispositis; praeoperculo
limbo alepidoto, margine posteriore obliquo non vel vix concavo
angulo obtuse rotundato edentulo; operculo spinula nulla; fascia
squamarum temporali cum fascia lateris oppositi confluente , duplo
cire, longiore quam lata, squamis in séries 15 cire, transversas
in séries 4 ad 6 longitudinales dispositis ; linea laterali non vel vix
curvata singulis squamis tubulo simplice notata; squamis corpore
leviter ciliatis 80 in série longitudinali angulum aperturae bran-
chialis superiorem inter et basin pinnae caudalis, 19 vel 20 in
série transversali anum inter et pinnam dorsalem , 7 vel 8 lineam
lateralem inter et mediam dorsalem spinosam; pinna dorsali ale-
pidota, parte spinosa parte radiosa sat multo breviore sed multo
altiore ; corpore minus duplo humiliore , spinis gracilibus 2* 3^ et
4* ceteris longioribuS; postica radio 1^ paulo breviore; dorsali
radiosa corpore triplo ad plus triplo humiliore margine superiore
rectiuscula postice acutangula; pectoralibus acutis capite absque
rostro paulo longioribus ; ventralibus acutis capitis parte postoculari
non vel vix longioribus ; anali alepidota, spinis gracilibus 1^ brevis-
sima, 2^ et 3* aequalibus radiis anterioribus paulo brevioribus dorsali
spinosa humilioribus ; caudali profunde incisa lobisacutîs capite bre-
vioribus ; colore corpore superne coerulescente, inferne margaritaceo ;
iride flavescente ; vittis dimidio corporis superiore 4 vel 5 longitudinali-
bus aureis; rostro fuscescente; pinnis flavescentibus vel roseo-hyalinis.
B. 6. D. 9/15 vel 9/16. P. 2/19. V. 1/5. A. 3/12 vel 3/13. C.
C/15/1 et lat. brev.
Syn. Caesio gynmopterus Blkr, Zevende bijdr. ichth. Ternate, Nat. T.
Ned. Ind. X p. 372; Giinth., Cat. Fish. 1 p. 394; Atl.
ichth. Tab. 310, Perc. tab. 32 fig. 5.
Hab. Flores (Larantuca) ; Ternata ; Amboina , in mari.
Longitudo 34 speciminum 60'" ad 161'".
Rem. Le nom de gymnopterus n'est point caractéristique pour l'es-
pèce, considérée comme un Smaris, mais il semble inutile de lui donner
un nom nouveau. — Je ne la connais que des trois îles nommées.
La Eaye, Novembre 1872.
MOUVEMENT D'UN SOLIDE DANS UN LIQUIDE,
PAR
G. J. MICHAËLIS.
M. Kirchhoff ' ) a donné les équations du mouvement d'un solide
qui se meut dans un liquide, en supposant: que le liquide soit
homogène et incompressible; qu'il soit limité à l'infini par une
surface fixe; que le frottement soit négligé; que sur le solide
agissent des forces dont le potentiel est seulement dépendant de
la place que le corps occupe ; qu'au liquide aucune force ne soit
appliquée ; et que le mouvement soit issu du repos par les forces
qui agissent sur le corps. Ces équations ont la forme suivante :
_-- q -~ — 1 -— -^-«_--+-Pj— --t-Zj— .
dt ou dw ov ou dp dy
dt ^v ^u Av ■ c>a ^ 'd§ ^ ày '
d^T__^T ^T dA àA ^^ èA
d dT dT ^T _^ ^T ^^^T dA ^^ èA
dt dp dw ov or dq du^ Ou ^
d ^T aT
dt dq du
dt dr dv
j „ è^ ^ àA iA
+ ^' 3^3 ^' à?, + ' ^ 3^3
dw dp dr ^^1
dA
dA
eu iq àp da^
dA
du^
g dA „ ^^ . ^ j»-^ _
dA
..(1)
^) Journal von Crelle , t. LXXI.
184 6. J. MICHAëLIS. MOUVEMENT d'uN SOLIDE DANS UN LIQUIDE.
Les quantités u^v^Wy désignent les mouvements d'un point quel-
conque du corps suivant trois axes perpendiculaires passant par
ce point; tandis que p, q et r sont les vitesses angulaires autour
de ces axes.
T est la force vive du système, qui, comme M. Kirchhofif Ta
démontré, peut être exprimée par:
2 r=:aj j u^ H- «2 2 ^^ + ^33 ^^ + «44 ;?^ + . . . +
•+■ a j^ ^ u V -\- (t i z liw -\- etc. , (2)
qui est ainsi une fonction homogène du deuxième degré des
quantités u^v^w^ etc. Les constantes «j ^ , a^ ^ etc. dépendent de
la forme du solide et de la densité du liquide. Dans certains
cas, p. e. pour une sphère et un ellipsoïde, elles peuvent être
déterminées. Quand le corps est symétrique, par rapport aux
trois axes perpendiculaires, dans l'expression (2) il ne reste
que les six premiers termes. Tout cela a été démontré par
M. Kirchhoff.
Le potentiel des forces est représenté par A.
Entre les axes liés au corps, représentés par x, y et z, et
un système de coordonnées immobile (x<^, y^y z^) existent les
relations :
z^=ZY + Yi X -j- Ï2V ^ /s ^'
M. Kirchhoff a donné la solution des équations (1) pour un solide
de révolution sur lequel n'agit aucune force. En général on ne
peut pas les résoudre, quand la forme du solide est arbitraire.
En faisant toutefois des suppositions particulières sur la forme
du mouvement, on peut obtenir des résultats qui ont quelque
importance.
En premier lieu nous supposerons qu'un solide sur lequel
n'agissent point de forces se meuve autour d'un point fixe, que
nous choisirons pour l'origine de (x y z).
Alors l'expression de la force vive prend la forme:
2 Tz=a^^p^ -{-a,r,q^ ^a^^r-" +a,,pq +
G. J. MICH^ëLIS. MOUVEMENT u'UN SOLIDE DANS UN LIQUIDE. 185
Elle peut être sicaplifiée. Pour cela, nous introduisons dans
le corps un nouveau système de coordonnées, dont l'origine est
aussi le point fixe.
Les deux systèmes sont liés par les relations:
X z=z a x' -\- b y' -^ c z'
y z= a'x' H- b'y' + c'z'
z = a"x' -hb"y' -{-c"z\
Les composantes des vitesses angulaires suivant les axes nou-
veaux seront représentées par n'y v'y w'y p'^ q' et r'
En considérant que les composantes du mouvement d'un point
du corps sont:
ry — qz
p z — rx
^^ — py>
ce que l'on trouve par la décomposition des vitesses angulaires,
on a les équations:
ry — qzziza (r y' — q'z') -h b {p'z' — r'x') -h c (q'x' —p'y')
pz — rx=.a'{r'y'— q'z') + b' {p' z' — r' x') + c'{q'x' —p'y')
qx—py = a"{r'y' — q'z') -h b" {p' z' — r' x') + c"{q'x' — p'tj'),
et on en déduit que:
p-=iap' '\- b q' -^ CY'
q = a'p' + b'q' -\- c'r'
rz=za'y+b"q'-hc"r'.
Maintenant les coefficients a, bj c etc. peuvent être déterminés
de telle manière que l'expression (3) devient:
2T=zb,,p'' ^b,,q'' H-6eer
'2
(4)
Ce problème est analogue à celui de déterminer les axes d'une
surface du deuxième degré. Les coefficients 6^4 , 6,5, 65 e seront
les racines de l'équation du troisième degré, représentée par le
déterminant :
1
- a
2
1
- a
2
4 6 ;
4 6;
'55 ~^> 2^
se
1
- a
56 >
'6 6
186 G. J. MICHACLIS. MOUVEMENT D*UN SOLIDE DANS UN LIQUIDE.
qui , comme on sait , a toujours trois racines réelles. Les équations
du mouvement deviennent maintenant:
b,/-^ = {b,,-h,,)p'r') (5).
dt
Ces équations peuvent être résolues de la même manière que
les équations différentielles d'Euler. Les vitesses angulaires d'un
corps, qui se meut dans un liquide autour d'un point fixe, peuvent
donc être exprimées par des fonctions elliptiques du temps. Seu-
lement , en général , les axes ne coïncident pas avec les axes prin-
cipaux de l'ellipsoïde d'inertie, et les coefficients ô^,^, ô^^, ôgg
ne représentent plus les moments d'inertie du corps.
Le corps étant symétrique, la force vive du système contient
seulement, comme nous l'avons vu , les carrés des vitesses angulaires
suivant les axes de symétrie. Si un tel corps se meut autour du
centre de symétrie, alors dans les équations (5) les axes des
coordonnées coïncident avec les axes principaux d'inertie.
Comme nous pouvons déduire des coefficients «44, a^^ etc.
quelques propriétés qui ont beaucoup de ressemblance avec celles
des moments d'inertie, nous les nommons les moments d'inertie
corrigés y d'accord en cela avec M. Clebsch, qui a nommé la
différence de ces coefficients et des moments d'inertie suivant la
même direction, chez un corps symétrique, la correction des moments
d'inertie
En comparant les deux expressions (3) et (4) on en peut déduire
les relations:
b,,a'^ +6,5 6'^ -hb,,c"'=za,,
b,,a"' +b,,b'"' + b,,c'^=a,,,
G. J. MICHAëLIS. MOUVEMENT d'uN SOLIDE DANS UN LIQUIDE. 187
et en les ajoutant:
^4 4 + ^5 5 + ^6 6 =«4 4 +<Ï5 5 +«6 6-
Donc, la somme des moments d'inertie corrigés suivant trois
axes perpendiculaires qui se coupent dans le même point du corps
est constante.
Si nous décrivons du point fixe comme centre un ellipsoïde,
donné par l'équation:
«44 ^^ + «55 y"^ + «66 ^^ + «45 ^V + «4 6 ^- + «5 6 2/^ = 1
alors les axes de cet ellipsoïde ont la grandeur:
^
1
^44 ' ^ ^55 ' ^ ^66 '
et cet ellipsoïde nous donne, de la même manière que l'ellipsoïde
de Poinsot par rapport aux moments d'inertie ordinaires, différentes
propriétés des moments d'inertie corrigés.
Considérons encore une fois l'expression (2) de la force vive
du système. Introduisons dans le corps un nouveau système de coor-
données, parallèle à l'autre, mais dont l'origine soit déterminée
par les valeurs A, ^ et (7 de (xij z). Représentons les vitesses
dans le système nouveau par u'^ i'', w' j p', ^' et r'. Nous trouve-
rons, de la même manière qu'auparavant:
u' :=iu -\- rB — qC, p' :=p.
v' z=zv -\-pC — rA. q'zizq,
w'=iw + ^i4 — pB. r'zzir,
La force vive, exprimée par les variables nouvelles, devient:
2 r= «J J ?«'- -h ^2 2 ^'^ + «3 3 ^'^ H~ («4 4 + «3 3 ^^ +
H- «2 2 ^^ «2 3 -^ ^ + «2 4 ^ «3 4 ^) P' ^ + CtC,
Si le corps est symétrique par rapport au système (x y z)j le
résultat devient de beaucoup plus simple ; alors on obtient :
2 T=:an u''^ -\- a^^ v'^ ■+- a^^ w'^ -h (a^^ -j- «33 fi^ +
+ «22C=^)p'2 + (6)
+ («55 + «33 A'- +«ij C'')fp +(«6 6 +«22 ^' +
«11 5^)r'2 _^etc.
Quand le corps est homogène, l'origine de (ic 1/ ^) est le centre
de gravité. Comme les coefficients sont toujours positifs, il suit de
188 G. J. MICHAëLIS. MOUVEMENT d'un SOLIDE DANS UN LIQUIDE.
la formule précédente que dans un corps homogène , symétrique par
rapport à trois axes perpendiculaires , les moments d'inertie corri-
gés sont plus petits pour les droites qui passent par le centre de
gravité que pour toute autre.
Pour un corps sphérique, on a:
^1 1 — - ^^2 2 — ^ ^3 3 }•
Si Ton représente par H le moment d'inertie corrigé suivant
un axe qui passe par le centre de la sphère ; et par //' le moment
suivant un axe parallèle au premier , à une distance d , alors on
a l'équation:
propriété qui a beaucoup de ressemblance avec une autre , ayant
lieu pour les moments d'inertie d'un corps de forme arbitraire.
Changeons un peu les conditions dans lesquelles Kirchhoff a
déduit ses équations, en supposant que la pesanteur agisse sur le
corps et aussi sur le liquide ; on comprend facilement qu'alors les
équations (1) prennent la forme:
d ^T ^T ?iT , , ,v
dt ^u àw àv
dt o\) au dto
É. dJl =pf -qÈl + r,g {m-m-)
dt div ov mi
dt àp dw ^v or àq
dt ^q au div àp dr
•(7)
d ^T ^T ^T
dt ^r àv au
p il- - — q ~ —
q dp
quand la pesanteur agit dans la direction de ^ , et que le centre
de gravité est choisi pour l'origine du système des coordonnées
') Journal v. Crelle, t. LII. Mém. de M. Clebsch.
G. J. MIGHAëLlS. MOUVEMENT- d'un SOLIDE DANS UN LIQUIDE. 189
lié au corps. Les quantités m et m' désignent la masse du corps et
celle du liquide qu'il déplace. Supposons maintenant que le solide
se meuve autour d'un axe fixe. Laissons coïncider cet axe avec
celui des x^. Nommons R la distance de l'origine de (a; i/^) à Taxe
de révolution. Enfin représentons par 0- l'angle que la droite B
fait avec l'axe des z ^ . Nous pouvons donc mettre :
« = 0.
^ =z R sin d-.
ï =z R cas ^.
Introduisons des coordonnées nouvelles , ayant la même origine
que le système (x y z). Supposons que l'axe nouveau des x' soit
parallèle à la droite autour de laquelle le corps se meut; et que
l'axe des z' coïncide avec la droite /?. Nous employons les formules
de transformation:
x' == a X -\- a' y -\- a" z,
y' zzzbx -\- by -\- b^' z.
z' = cx -{- c'y -\- c" z,
ce qui donne:
a^j = « H- rr' (a«i + a «2 H- «" «3) + ^' (^"'i + ^'"2 + ^"''3) +
H- z' (c«j + c' «2 + (^""s)'
y^=z^-hoo'{a^^-^ a' ^, + «"^3) + y' [h §, + h'§^ + b"^,) +
+ z'{c§, -^c'§., 4-c"^3).
z,z=Y + x' {a y, +a')'2 +^"73) +y' {^)'i + ^' U +^")'z) +
De ces formules on peut déduire les relations:
a « j -f- a' of 2 + et" « 3 = 1
Cttj 4-c'«2 +c"«3^0
b§^+b'§^+ b" ^^ =zcosd-' ^/i + ^^72 + ^"yb = — **^ ^•
c /9j H- c (9y + ^" §z = ^*** ^' ^ /'i H" ^' 72 + ^'^ 73 = ^^^ ^'
De ces équations on peut tirer les angles «j, «2> /^ui^i^^tc.
On trouve:
190 G. J. MIGHAëLIS. MOUVEMENT d'un SOLIDE DANS UN LIQUIDE.
«j a
/9 J b cos ^ -\- c sm d-.
a 2 « '
^^ — b' cos S- -\-c' sind-.
as — a
^^ — b" cos d- H- casino-.
/ j =zz c cos d- — b sin d-,
y 2 = c' cos d- — b' sin d-.
y 3 z= c'' cos 0- — b''^ sin ^.
En substituant ces valeurs dans les équations:
dci , ^ d3 dï ^^«i , o d^i , dr .
dt dt dt ^ dt ^ dt ^ dt
u = bR^ v = b'R^ w-zzh'R^^
On obtient
:hR .
dt dt dt
p ■=. \(b'cos 0- H- c'sin d-) (c'cos ,9- ~ b'sin d-) — (c'cos d- — b' sin d-) X
X (b" cos d- H- c'f sin r9-) | ,
J dt
d& , dd- „dd-
^ dt dt dt
Les équations (7) deviennent:
A --- = (a' A 3 —a" A ^ ) (^-^\ ' + (c cos d- — h sin ^^)q {^n—m' )
* dt^ \dt)
A '^=iar' A,~-aAM'^pi' + {c'cos^—b'sine-)g{m—m')
^ dt'- ^ \dt)
' dt^ ^ ' ' \dt) l, (8)
d.n ''
G. J. MICHAëLIS. MOUVEMENT d'uN SOLIDE DAx\S UN LIQUIDE. 191
^T dT dT
... , . ^T dT dT
Les quantités A désignent les expressions -^ — , — - etc. ,
nti f)ii} nt/>)
quand on y remplace les variables par:
bR, h'R, h"R, a, a', a\
Si Ton ajoute les trois premières de ces équations, après les
avoir multipliées par A^ A^ et A^ , on obtient:
{A] -h Al -^Al) ^-:: [(^bA, -{-b'A, -{-b'A,)sma — {cA^ +
-i-c'A^ -\- c" A^)cosO-^ g {m — m') = 0 .... (9).
Si l'on ajoute les trois autres équations , après les avoir multi-
pliées par a, a' et à', on obtient:
(A,a + A,a- + A,a")^-R{A,c+A,c'+A,c'')[^y=0..{lO)
La première de ces équations détermine le mouvement du centre
de gravité; la seconde le mouvement du corps autour des axes qui
passent par ce centre.
Or si l'on multiplie la première équation par R, et si après cela
on y ajoute l'autre , on obtient l'équation du mouvement du corps.
Elle a la forme suivante:
I \{Al^Al-^ Al) R + {A,a + A, a' + ^e «") ( Jf -
-i? (A, c + A, c' + A, c") (J)' + ^ ) (^^1 + ^' A, +
+ b"A^) sm& — {cA^ -^c^A.,-^ c"A,)cos d- j g {m— m') = 0 ...(11)
it) ' ^^
l'on écrit cette équation sous la forme:
2^—A('^V -{-Rsins- — Ccos3- = 0,
df" \dl)
on trouve l'intégrale par substitution du produit de deux nouvelles
variables :
192 G. J. MIGHAëLIS. MOUV EMENT d'un SOLIDE DANS UN LIQUIDE.
O^y = L_ \^{AB ^C)sin&-h(B—AC)cos(^-^c,e^^l
Cj est une constante arbitraire; pour la déterminer, supposons
que pour 0-:== d-^ la vitesse disparaisse ; alors nous avons :
On ne peut trouver l'intégrale de cette équation que par
approximation , en supposant que les amplitudes soient très petites.
A ^
En développant en séries les expressions sin o-, cos s-, e , on
voit que, dans cette supposition, l'angle ^'^ peut être exprimé assez
exactement en fonction elliptique du temps.
Si le corps est symétrique par rapport au système (x'i/' z'),
l'équation du mouvement devient :
(a. 2 ^' +«44) ^ -h Rsin&{m—m')gz=zO ..... (12).
dp
Cette équation, déjà trouvée par M. Clebsch, a la même forme
que celle qui détermine le mouvement du pendule ordinaire.
ARCHIVES NÉERLANDAISES
DES
Sciences exactes et naturelles.
RECHERCHES
SUR L ACIDE
PODOCARPIQUE,
PAR
A. C. OUDEMANS Jr.
I.
SUR LA COMPOSITION ET LES PROPRIETES DE l'aCIDE PODOCARPIQUE
ET DE QUELQUES-UNS DE SES DERIVES.
Introduction.
L'étude des résines n'offre en général pas beaucoup d'attrait
aux chimistes, d'une part parce qu'on y rencontre souvent des
matières amorphes, qui donnent peu de garanties de pureté , et
d'autre part parce que la plupart des résines sont tellement com-
plexes qu'on désespère en quelque sorte de pouvoir pénétrer leur
constitution. Les recherches de M. Hlasiwetz et de plusieurs autres
chimistes ont prouvé toutefois que beaucoup de résines doivent
appartenir au groupe des corps aromatiques, et il est probable
que l'étude approfondie de quelques-uns de ces produits naturels
énigmatiques contribuerait notablement à éclaircir la nature d'autres
membres de cette même classe. Pour cela, une première condi-
tion à remplir, c'est que la matière à étudier puisse être préparée
facilement à l'état de pureté et donne l'espoir d'obtenir des pro-
ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. VIII. 13
194 a. c. oudemans jr. recherches sur l'acide podocarpique.
duits de dérivation et de décomposition bien cristallisables , dont
le caractère chimique puisse être déterminé à l'aide de nos
moyens actuels.
Parmi différents produits naturels, que M. le Dr. J. E. de Vrij avait
recueillis durant son séjour dans l'île de Java et qu'il avait géné-
reusement mis à ma disposition pour en faire l'étude, se trouvait
aussi une assez grande quantité d'une résine cristalline qui me
parut satisfaire aux conditions que je viens de poser, et cela
m'inspira l'idée d'essayer mes forces à un examen détaillé de la
matière en question.
Une note, que M. de Vrij avait jointe à son envoi, donne au
sujet de l'origine et des propriétés de ce produit naturel les ren-
seignements suivants:
„Sur les montagnes de Java, à 4000 pieds et plus de hauteur ,
on trouve en abondance dans les forêts le Podocarpus cupressina ,
var. imhricata Blume ^). J'avais appris par hasard que cet arbre
fournit une résine amère cristallisable , et effectivement un échan-
tillon de cette résine me fut communiqué. La facilité avec
laquelle elle cristallisait me fit désirer d'en obtenir une plus grande
quantité, afin de la soumettre à quelques recherches. Mes premières
tentatives restèrent sans résultat, car ni en pratiquant des inci-
sions à différents arbres, ni en traitant par l'alcool la sciure du
bois, je ne recueillis la moindre trace de résine. Enfin, grâce
au Wedanâ de Lembang, je fus mis en possession d'un arbre a^e,
et en le fendant, je trouvai à l'intérieur du tronc une quantité
considérable de résine , dont une partie formait de grandes masses
cristallines.
„La résine est très soluble dans l'alcool à 70 pour cent, et
fournit avec lui une solution colorée en jaune foncé , qui possède
une saveur amère. A l'occasion d'un voyage auquel m'obligea mon
service, une pareille solution de résine impure resta abandonnée
à elle-même pendant quelques semaines. A mon retour, je trouvai
le liquide évaporé en grande partie , et la résine déposée en cris-
*) Le nom malais de l'arbre est djamoudjou.
\. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQUE. 195
taux volnmiueuXj mais fortement colorés. Ces grands cristaux sont
entre les mains de M. le professeur Schrotter , de Vienne ; à qui
je les ai cédés sur sa demande.
,, Depuis, je n'ai plus jamais pu obtenir de ces cristaux volu-
mineux et durs. Il paraît qu'ils ne se déposent que d'une solution
de résine impure.
,,Par des cristallisations répétées, effectuées en dissolvant
la matière dans l'alcool à 70 pour cent, à la température de
l'ébullition, j'ai obtenu la résine en cristaux blancs, mais de
faibles dimensions. Elle a un point de fusion élevé , et est assez
fortement acide pour que, mise en contact avec des dissolutions
de carbonates alcalins, elle en chasse l'acide carbonique. Avec
l'ammoniaque elle forme un sel acide cristallisé. Je n'ose décider
si la résine parfaitement pure est réellement amère. Après des cris-
tallisations répétées , il reste une eau-mère d'une amertume extrême ,
qui sèche en une masse amorphe. Je présume, d'après cela, que
la saveur amère est due à une matière étrangère.
„ Tandis que la résine cristallise avec la plus grande facilité
de ses dissolutions dans l'alcool à 70 pour cent, je n'ai pas réussi
à la faire cristalliser de sa dissolution dans l'alcool absolu. Parfois
il arrive qu'une dissolution dans l'alcool à 70 pour cent, préparée
à la température de l'ébullition , se partage par le refroidissement
en deux couches , dans chacune desquelles se déposent plus tard
des cristaux. La couche inférieure, qui occupe le volume le plus
petit , est alors celle qui donne naissance à la plus grande quantité
de cristaux."
La résine qui me fut remise par M. de Vrij consistait princi-
palement en fragments cristallins assez gros, d'une couleur jaune-
brunâtre claire, mêlés à des débris de bois et à de la fine poudre
de résine.
Pour en extraire le principe essentiel , blanc et cristallin , dont
il été question ci-dessus et que je nommerai acide podocarpigae ,
13*
196 a. c. oudemans .tr. recherches sur l'acide podocarpiquk.
j'ai suivi en grande partie la marche indiquée par M. de Vrij , et
j'ai ainsi observé à peu près les mêmes phénomènes que lui.
La masse brute fut donc épuisée par l'alcool à 93 pour cent,
puis on ajouta au liquide, après filtration, autant d'eau qu'il en
pouvait supporter sans subir de trouble permanent. Au bout
de quelques heures, des aiguilles cristallines commencèrent à se
former, et leur quantité alla en augmentant peu à peu
pendant une couple de semaines. Lorsqu'on a rencontré la bonne
proportion d'alcool et d'eau, les cristaux sont simplement colorés
en jaune et ont besoin tout au plus de 4 ou 5 cristallisations
dans l'alcool à 73 pour cent pour être sensiblement purs. Si l'on
a été un peu trop prodigue en ajoutant de l'eau à la solution
alcoolique, le liquide se partage, après être devenu trouble, en
deux couches, dont l'inférieure est colorée en brun foncé, la supé-
rieure au contraire seulement en jaune clair. Dans les deux couches
il se forme des cristaux; mais ceux de la couche du fond sont
fortement colorés, tandis que le petit nombre de cristaux qui se
déposent dans la couche d'en haut, contre les parois du vase,
sont souvent presque blancs. Il importe d'éviter la production de
ces deux couches, car il n'est pas possible d'amener l'acide à
l'état blanc, si la matière colorante ne reste pas dans une eau-
mère entièrement homogène.
La substance tout à fait blanche, que fournit la cristallisation
répétée un certain nombre de fois , convient parfaitement pour la
plupart des recherches, par exemple pour l'étude des produits de
décomposition ou pour la préparation des produits nitrés. Mais
elle n'est pas encore absolument pure, car en se dissolvant dans
les alcalis elle donne rarement une dissolution incolore, mais
ordinairement un liquide fortement coloré en jaune ou en brun.
Pour achever de la purifier, on mêle 27 parties du produit
sec avec 14 parties de carbonate sodique cristallisé et 100 par-
ties d'eau , et on fait bouillir le tout jusqu'à ce que l'acide rési-
neux ait disparu en entier ou presque en entier. Autant que cela est
nécessaire, on réduit le liquide par évaporation, et lorsqu'il est
suffisamment concentré , on obtient par refroidissement des cristaux
fc A. C. OUDEMAINS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 197
aciculaires d'une combinaison sodique. On sépare les cristaux de
l'eau-mere au moyen du filtre de Bunsen, et on les soumet à
de nouvelles cristallisations jusqu'à ce qu'ils soient devenus com-
plètement incolores. De la dissolution sodique on précipite par
l'acide chlorh3^drique de l'acide podocarpique tout à fait pur,
qu'au besoin on peut encore faire cristalliser dans l'alcool.
Les eaux-mères qui s'accumulent deviennent presque noires sous
l'influence prolongée de la chaleur, et, outre une résine brun-
grisâtre, elles contiennent probablement encore une matière colo-
rante brune et des produits de décomposition de matières albuminoï-
des, à odeur désagréable.
J'ai essayé sans succès de simplifier la purification du produit
brut, en transformant immédiatement l'acide résineux en combinai-
son sodique par l'ébullition avec le carbonate de sodium, sans
cristallisation préalable dans l'alcool. En traitant la résine brute
de cette manière, on obtient un liquide brun, qui cristallise très
difficilement ou ne cristallise pas du tout, et qui prend une
coloration de plus en plus foncée.
L'acide obtenu constitue-t-il une matière simple et définie?
C'est une question que j'ai tâché de résoudre par deux voies dif-
férentes, savoir:
lo. En soumettant une grande quantité de l'acide à la cristal-
lisation fractionnée, et. examinant les produits successifs sous le
rapport de leurs caractères physiques, et spécialement quant au
point de fusion et au pouvoir rotatoire spécifique.
2o. En transformant une grande quantité de l'acide résineux
en sel sodique, faisant subir à celui-ci la cristallisation fraction-
née , et comparant ensuite les produits de ces différentes opérations
partielles.
Le résultat de cet examen a été que le produit essentiel obtenu
forme une seule matière , bien définie , qui entre certainement pour
environ 98 pour cent dans la résine brute. Nous allons maintenant dé-
crire les propriétés de cette matière et de ses principales combi-
naisons.
198 a. c. oudemans jr. recherches sur l'acide podocarpique.
§ 1. Acide podocarpique.
C,7 H22 O3.
L'acide podocarpique cristallise d'une dissolution alcoolique sous
différentes formes, qui appartiennent au système rhombique. Des
cristaux nets prennent surtout naissance lorsque la dissolution
alcoolique presque épuisée est abandonnée à elle-même. L'eau-
mère extrêmement faible, qui a laissé déposer d'abord la masse
principale de l'acide , puis un mélange d'acide résineux et de
matière colorante brune, devient tout à fait incolore, et donne
par évaporation spontanée des cristaux peu nombreux, mais bien
conformés , dont les dimensions atteignent parfois dans une direc-
tions 4 — 5 millimètres.
Quelquefois les cristaux se présentent sous la forme de tables
rhombiques, résultant de la combinaison du prisme œ P avec
la face terminale oP et la face transversale 00 P gc. D'après
quelques mesures exécutées par mon collègue M le professeur
Vogelsang, l'angle aigu latéral du prisme (fig. 1) est d'environ
88°; pour l'angle de combinaison, des déterminations répétées et
suffisamment concordantes lui ont donné 136^; l'angle obtus an-
térieur du prisme devrait donc avoir une valeur de 92°. Les cristaux
possèdent un clivage très parfait parallèlement à la face trans-
versale. Comme les lamelles étaient extrêmenent fragiles, les
mesures ont dû être prises au microscope, et par conséquent
elles n'ont aucune prétention à une grande exactitude.
Une seule fois j'ai obtenu des petits cristaux un peu plus épais
Fig. 1. Fig. 2.
(fig. 2), qui, d'après M. Vogelsang, étaient évidemment limités
par un autre prisme co P n, la face terminale droite et plusieurs
macrodomes, ces derniers réunis en combinaison dite oscillatoire
et formant ainsi une face striée. Les faces P œ se coupent sous
un angle d'environ 30° 5 les angles latéraux du prisme vertical
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 199
ne se prêtent pas à une mesure exacte ^ attendu que les faces
sont ternes et légèrement concaves. Elles paraissent être inclinées
de 60^ à 65'', de sorte que le prisme est peut-être oo P |. Le
clivage dans la direction de la face transversale indique la bonne
position du cristal.
L'acide podocarpique est insoluble dans Feau, presque insoluble
dans le benzol, le chloroforme et le sulfure de carbone, légère-
ment soluble dans l'acide acétique étendu (surtout à la tempé-
rature de l'ébullition) , très facilement soluble dans l'alcool, l'éther
et l'acide acétique cristallisable. D'une dissolution saturée dans ce
dernier liquide il se sépare quelquefois par le refroidissement en
amas cristallins assez grands.
Il fond à 187° — 188° C, et forme après le refroidissement un
verre trauparent, qui ne redevient pas cristallin. Chauffé au-dessus
du point de fusion, il s'évapore un peu, en répandant une odeur
aromatique spéciale II ne se décompose qu'à une température
passablement élevée, et donne alors pour produit essentiel une
matière volatile , qui se condense en une masse amorphe visqueuse.
Il exerce une action énergique sur le plan de polarisation,
qu'il dévie à droite. Les déterminations que j'ai faites au polari-
strobomètre, avec une dissolution alcoolique d'un degré de con-
centration £ = 0,092, m'ont donné les résultats suivants (comme
; moyennes de 16 — 20 mesures):
T («)D
— 1,6 -> 136°,7
— 2,2 137 ,1
+ 16,8 135 ,7
+24,0 "^ 134 ,6
De ces chiffres on déduit la formule:
('0D^=::-^135^7+O''"',133(17—t) — 0^,00361(17— 1)2.
Pour ce qui regarde enfin la composition chimique , les résultats
de l'analyse élémentaire se laissent représenter le mieux par la
200 a. c. ouuemans jr. recherches sur l'acide podocarpique.
formule C^yR^^O^j dont l'exactitude est confirmée par les ré-
sultats obtenus dans l'analyse d'un grand nombre de sels bien
cristallisés et d'autres produits de dérivation.
I. 0.2260 gr. de matière
IL 0.2030 // //
IIL 0.1894 // //
IV. 0.2231 // //
V. 0.2060 // //
VI. 0.2388 // /.
VU. 0.2687 // //
VIII. 0.2243 // //
Calculé.
C,, 204 74.4
H,, 22 8.0
O3 48 17.6
~274 lÔoTÔ"
g. 0.6147 gr.
2' .. ..0.5619 //
t ë .....0.5163 //
-►^ 0.6062 //
X ^
CfQ O
^ 2-
n> cr
I.
74.2
8.0
II.
74.5
8.2
,0.5592
,0.6515
,0.7341
.0.6090
CO, et 0.163] gr. H^O
// // 0.1495 // ff
If If 0.1392 // //
// // 0.1617 // //
// // 0.1487 // //
// // 0.1779 // //
// 0.1970 // //
// // 0.1675 //
Trouvé.
m.
74.3
8.2
IV.
74.1
8.1
V.
74.0
8.0
VI.
74.4
8.3
VII. VIII.
74.5 74.1
8.2 8.3
§ 2. Sels de l'acide podocarpique.
L'acide podocarpique se dissout très facilement dans les dis-
solutions de potasse ou de soude. Si à 1 molécule CJ7H22 O3
on ajoute 2 molécules d'hydroxyde alcalin, on obtient après éva-
poration un liquide sirupeux épais, qui, placé sous un exsiccateur,
donne à la longue des cristaux peu distincts. Lorsque ceux-ci,
par la compression dans du papier à filtre, ont été débarrassés
autant que possible de l'eau-mère adhérente, on reconnaît qu'ils
ne sont autre chose que le sel monopotassique ou monosodique.
Si l'analyse donne une proportion de métal un peu plus élevée
que la formule ne l'indique, il n'y a pas lieu de s'en étonnera
quand on considère que le sel s'est déposé d'une dissolution for-
tement alcaline et que, à cause de la ténuité des cristaux, on
peut difficilement lui enlever , par la compression entre des doubles
de papier, le liquide qui le mouille.
Lorsque l'acide résineux, réduit en poudre fine, est jeté dans
une solution bouillante de carbonate de potassium ou de sodium ,
A. C. 0UDE3IANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 201
de l'anhydride carbonique se dégage et il se forme encore un sel
monopotassique ou monosodique. Un excès de Facide résineux
reste dans ce cas inaltéré.
L'ammoniaque se comporte vis-à-vis de Facide podocarpique
d'une manière toute spéciale. Elle dissout facilement la combinaison
réduite en poudre ténue , et lorsqu'on verse sur celle-ci de l'ammonia-
que en solution concentrée, il se forme un liquide sirupeux
épais y qui contient probablement le sel mono-ammonique. En effet ,
si l'on a eu soin de mettre l'ammoniaque aussi peu que possible
en excès, et qu'on précipite le liquide par le nitrate d'argent,
on obtient un podocarpate d'argent blanc et insoluble dans l'eau ,
dont la composition s'accorde à peu près avec la formule
C,,H,,Ag03.
La solution sirupeuse du composé ammonique dépose bientôt un sel
cristallin grenu , qui est extrêmement peu soluble dans Feau : c'est
une combinaison de 1 molécule de sel mono-ammonique avec 1
molécule d'acide podocarpique.
Avec les alcalis fixes je n'ai pas réussi à produire l'analogue
de cette combinaison. En dissolvant dans l'alcool 2 molécules
d'acide et 1 molécule d'hydroxyde potassique ou sodique , et
évaporant le liquide, on n'obtient pas autre chose qu'un liquide
sirupeux. L'addition d'eau à la solution alcoolique a pour effet
la séparation de 1 molécule d'acide, et dans la liqueur reste alors
le sel mono-alcalin déjà plusieurs fois mentionné.
Le podocarpate acide d'ammoniaque perd de l'ammoniaque par
la chaleur, et à la température de 100" C. il est ramené très
rapidement à l'état d'acide podocarpique pur. Une décomposition
lente a lieu aussi à la température ordinaire de l'air , comme le
prouve le fait qu'un échantillon du sel, préparé par M. de Vry
en 1861, ne contenait plus trace d'ammoniaque neuf ans après ,
bien qu'il eût été conservé dans un tube fermé par un bouchon
de liège.
De tous les podocarpates que j'ai étudiés jusqu'ici, un seul,
le sel monosodique, cristallise facilement dans Feau, avec une
composition constante.
202 A. G. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
Le sel monopotassique est beaucoup plus difficile à obtenir en
cristaux, et quant aux sels de baryum et de calcium, ils sont
bien solubles dans Teau et cristallins, mais ne peuvent être pré-
parés à Tétat de pureté que par double décomposition des sels
barytique et calcique neutres avec le podocarpate sodique. Si l'on
essaie de réaliser des combinaisons en faisant bouillir de l'eau
de baryte et du lait de chaux avec de l'acide podocarpique , on
voit; il est vrai, après éloignement de l'excès d'hydroxyde et
évaporation, se former des sels cristallins, mais ceux-ci donnent
à l'analyse une proportion de métal située entre les limites des
combinaisons
C,,H,,m'03 et C,,H,oM''03 (m' = ^ M").
Pour ce qui regarde les sels dérivés de l'acide podocarpique
par le remplacement de H^ , ce n'est que par exception que j'ai
pu les obtenir purs, et alors toujours en introduisant des métaux
bivalents dans la molécule de l'acide. La tendance à former de
pareilles combinaisons basiques est si grande chez certains mé-
taux bivalents, que, par le mélange du sulfate de cuivre avec
le podocarpate monosodique, de l'acide sulfurique peut être mis
en liberté.
Les sels dont j'ai déterminé la composition sont représentés
par les formules suivantes:
Podocarpate monopotassique G j 7 H ^ j KO 3 + j . „ - . .
Podocarpate monosodique C j 7H2 j NaO 3 + 7H 0 0
Podocarpate ammoniquc acide C^ 7H2 i(NH4)03-|-C^ 7H22O3
/liH.O
Podocarpate hémibary tique C j 7 H 2 , baO 3 + m 1 ii ^ n
Podocarpate monobarytique Cj 7H2oBa03 4-8H20
Podocarpate hémicalcique C^ 7H2 iCa03+2V2H20
Podocarpate hémicuivrique C, 7H2 iCu03-{-5H20
Podocarpate monocuivrique Cj 7H2oCu03H-xH20
Podocarpate hémiplombique C^7H2 ,pb03H-2H20
A.. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQUE. 203
Podocarpate monoplombique C,7H2oPb03+H20
Podocarpate plombique acide C^ 7H2 jpbOg+C, 7H2 2 03 4-5H2 0
Podocarpate monoargentique C^ 7H2 |Ag03-|-2'/2H20 ^)
Parmi tous ces sels , il n'y en a qu'un qui mérite une mention
spéciale ; parce que son analyse a servi à confirmer la formule
attribuée à l'acide podocarpique. C'est le sel monosodique, dont
il a déjà été question ci dessus.
Podocarpate monosodique.
C,7H2iNa03 + 7H20.
Ce beau sel s'obtient facilement en dissolvant l'acide podocar-
pique ^ ou même de petits fragments de la résine brute, dans un
léger excès de carbonate de sodium à la température de l'ébullition ,
puis évaporant et laissant cristalliser. Lorsque l'acide résineux est un
peu impur la solution est colorée en jaune foncé, et les cristaux qu'elle
fournit ont aussi une coloration assez intense; mais, par des
cristallisations répétées, on parvient à les rendre tout à fait in-
colores, si l'on a soin de séparer chaque fois aussi complètement
que possible, à l'aide de l'appareil à filtrer de Bunsen, l'eau-
mère des cristaux, et d'appliquer la méthode du recouvrement.
Le podocarpate de sodium cristallise en longues aiguilles bril-
lantes , dont la section perpendiculaire est un rhombe et qui appar-
tiennent par conséquent au système rhombique ou monoclinoé-
drique. Les cristaux sont minces: ils ont un pointement obtus,
mais qui manque de netteté.
Le sel est facilement soluble dans l'eau. 100 parties d'eau à
21° C. dissolvent 31,2 parties du sel cristallisé.
(1,294 gr. de la solution ont donné 0^207 gr. de sel sec = 0,208 gr.
de sel cristallisé.)
L'alcool le dissout encore plus facilement que l'eau.
' ) Des détails circonstanciés concernant les caractères , la préparation et la
composition de ces différentes combinaisons se trouvent dans l'original hollandais
de mon Mémoire. Il en est de même pour quelques sels des dérivés nitrés , dont
il n'est donné ici qu'un aperçu succinct.
204 a. g. oudemans jr. recherches sur l'acide podocarpique.
Pour le pouvoir rotatoire spécifique de la combinaison j'ai trouvé
à 17° C, les valeurs suivantes:
Solutioti dans l'eau.
Degré de concentration 0,046 («Jd = — > 82°,1
„ „ „ 0,064 (a]D=-^78^8
„ „ „ 0,138 («)d = -> l'à%S
Solution dans l'alcool.
Degré de concentration 0,09 (a)D=-^ 86^,1
Le sel fraîchement cristallisé contient en tout 7 molécules d'eau
de cristallisation, et possède une grande tendance à s'effleurir
dans une atmosphère sèche. Une quantité pesée de sel réduit en
poudre fine ayant été placée sous un exsiccateur, on a trouvé
au bout de 42 jours une perte de poids de 22,7 pour cent, ce
qui correspond environ à 5 molécules. A 100° C. le sel perd toute
]'eau de cristallisation. A une température plus élevée, il prend
rapidement une couleur brune.
L'analyse a conduit aux résultats suivants:
L 1,0816 gr. de sel ont perdu par une dessiccation prolongée à
1C0°C. 0,3154gr. H2 0z=:29,lpct.
IL 1,0409 gr. de sel ont perdu par une dessiccation prolongée à
lOO'C. 0,3039gr. H,0=:29,lpct.
III. 0,3546 gr. de sel ont donné par combustion avec le chromate de
plomb et le bichromate de potassium 0,6279 gr. CO2 et
0,2712 gr.H^O.
IV. 1,2506 gr. de sel ont donné 0,1654 gr. Na Cl.
V. 1,3372 // // // // // 0,1770 „ Na Cl.
Calculé Trouvé ^
^ I II III IV V
Ci7 204 48,3 — — 48,3 — —
H3, 35 8,3 _ — 8,5 — —
Na 23 5,5 — — — 5,2 5,3
0.0 _160 37,9
"422 100,0
Cj^HjjNaOs 296 70,1 — —
7H2O 126 29,9 29,1 29,1
lÔÔ^
A. C. 0UDE3IA>\S JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCA RPIQU E. 205
§ 3. Ethers de l'acide podocar pique.
La présence de trois atomes d'oxygène dans une molécule de
l'acide podocarpique et les résultats ci-dessus rapportés de l'étude
des podocarpates rendaient probable que l'acide résineux en ques-
tion devait faire partie de la classe dite des oxacides.
Pour acquérir plus de certitude à cet égard J'ai examiné aussi
plusieurs éthers dérivés de l'acide, et j'ai cherché à préparer non -
seulement des éthers neutres , mais aussi des acides éthérés.
Les tentatives que j'ai faites dans cette direction n'ont toute-
fois pas été couronnées d'un plein succès. J'ai bien réussi à ob-
tenir les éthers monométhylique et monoéthylique , mais je n'ai
pu trouver de méthode qui permît de transformer immédiatement
l'acide résineux en acide éthylpodocarpique ou méthylpodocarpique.
Néanmoins; la possibilité de l'existence de pareilles combinai-
sons ne peut faire l'objet d'un doute ^ attendu qu'il existe, comme
nous le verrons plus tard, un acide éthylbromopodocarpique.
Pour ce motif, j'ai cru qu'il n'y avait pas un intérêt majeur
à poursuivre davantage l'étude des éthers, et je me borne en
conséquence à donner ici brièvement le résultat de mes obser-
vations concernant les éthers méthylique et éthylique de l'acide
résineux.
Ether monométhylpodocarpique.
Cj 7H2J (CH3) O3.
Obtenu en chauffant le sel monoargentique avec un excès d'io-
dure d'éthyle. L'éther se dissout facilement dans l'alcool, cristal-
lise en petits grains et a son point de fusion à 174''C.
Ether monoéthylpodocarpique.
C,,H,,(C,H0 03.
Cet éther, préparé de la même manière que le précédent,
forme de fines aiguilles cristallines, qui se dissolvent très facile-
ment dans l'alcool et assez bien aussi dans le chloroforme; par
cette dernière propriété l'éther se distingue de l'acide libre. Le
point de fusion était situé, pour des produits de différentes pré-
parations, entre 143o et 146^ C.
206 a. c. oudemans jr. recherches sur l'acide podocarpique.
L'analyse a fourni les résultats suivants :
I) 0,2315 de matière ont donné 0,6460 gr. CO, et 0,1821 gr. H^O.
II) 0,1910 gr. de matière d'une autre préparation ont donné 0,5238
gr. CO2 et 0,1480 gr. H^O.
Calcu
lié.
Trouvé.
I. ^^"^II.
C
75,5
76,1 74,8
H
8,6
8,7 8,6
§ 4. Dérivés nitrés de Facide podocarpique.
On parvient facilement à nitrer l'acide podocarpique en le
chauffant avec de l'acide nitrique étendu. Suivant que la tempé-
rature et la force de l'acide varient, il se forme deux combinai-
sons nitrées différentes, l'acide mono- et dinitropodocarpique , ou
bien un mélange de ces deux acides.
Mes premières tentatives pour réaliser la substitution nitrée échouè-
rent, parce que je faisais agir l'acide nitrique dans un trop grand
état de concentration. Au commencement, il est vrai, et à une
douce chaleur, il était facile d'observer la formation d'un pro-
duit nitré jaune; mais la suite de la réaction donnait ordinaire-
ment lieu à une effervescence subite , qui se terminait par la for-
mation d'une résine jaune pâle, amorphe et visqueuse.
Après quelques tâtonnements, je me suis arrêté à la méthode
suivante pour la préparation des deux produits nitrés.
Une certaine quantité d'acide podocarpique pur est délayée
dans un mortier de porcelaine, avec de l'eau, en une bouillie
claire; le mélange est versé dans un verre cylindrique, et chauffé,
avec le double de son volume d'acide nitrique de 1,2 P. S., à
environ 70° C.,.avec la précaution de remuer continuellement.
L'acide résineux blanc prend peu à peu une teinte jaune foncé.
Quand cette teinte ne change plus, on étend d'eau le contenu
du verre, on filtre et ou lave avec soin la masse solide. Aussi-
tôt qu'une effervescence se manifeste, l'action ultérieure de l'acide
nitrique doit être prévenue par l'addition d'eau froide.
A. G. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOGARP IQU E. 207
La masse jaune est ensuite séchée à 100'^ C, puis dissoute
dans l'alcool concentré et bouillant. Par le refroidissement ^ il se
dépose de petits cristaux très brillants du premier produit nitré;
l'eau mère, évaporée, donne encore une petite quantité de la
même combinaison. En dernier lieu on obtient, à l'aide de l'évapo-
ration spontanée, des cristaux qui se distinguent au premier
coup d'œil des précédents , en ce qu'ils ont un aspect tétragonal ^ )
et présentent à peu près la forme du ferrocyanure de potassium.
Ils ont en outre une teinte jaune plus pâle , et s'attachent
d'ordinaire uniformément sur les parois du vase dans le cours de
l'évaporation spontanée. Ces cristaux sont formés par le produit
dinitré, lequel est beaucoup plus soluble dans l'alcool. Le liquide,
qui devient de plus en plus brun , refuse finalement de cristalliser, et
contient alors des matières amorphes, peu propres à une étude ulté-
rieure, et qui proviennent probablement de l'acide résineux par
oxydation et substitution de NO^ à H.
Si l'on cherche principalement à préparer le premier produit
nitré, on fait bien de prendre de l'acide nitrique plus étendu
que celui dont il a été question ci-dessus. Un très bon résultat
est obtenu en employant un mélange de 1 partie d'acide nitri-
que de 1,34 P. S. avec 4 — 5 parties d'eau. A la longue, un
résultat égal est même atteint avec des acides encore plus dilués.
vSi au contraire l'acide résineux sec est broyé à froid avec de
l'acide nitrique de 1,34 P. S. , puis porté avec précaution à une
|: chaleur tiède , il se forme beaucoup de produit dinitré.
Il existe d'ailleurs un moyen d'obtenir, sans beaucoup de peine,
le produit dinitré tout à fait pur et exempt de produit mononi-
tré. Ce moyen est le suivant: en chauffant légèrement 1 partie
d'acide podocarpique avec 4 — 5 parties d'acide sulfurique concentré
on prépare l'acide monosulfopodocarpique ; on étend le produit
brut de 40 fois sou volume d'eau, on filtre, on ajoute au liquide
filtré 1 partie d'acide nitrique de 1,2 P. S., et on fait bouillir.
(' Les cristaux ne sont tétragonaux qu'en apparence ; leur forme est probable -
ment rhombique.
208 A. C. OUDEMANS .TR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQUE.
Le précipité jaune, qui prend naissance, consiste entièrement en
acide dinitropodocarpique.
Les deux combinaisons nitrées, que nous venons d'indiquer,
se comportent comme des acides bibasiques, et donnent par consé-
quent avec les métaux deux séries de sels.
En remplaçant 2 atomes d'hydrogène par des métaux alcalins
ou alcalino-terreux , on obtient des combinaisons d'une magnifique
couleur rouge. Les sels qui résultent de la substitution des mêmes
métaux à 1 atome d'hydrogène des produits nitrés sont d'un jaune
citron et beaucoup moins stables que les précédents. Les combi-
naisons ammoniques se comportent d'une manière très particulière.
Dans une solution ammoniacale très concentrée des acides nitrés ,
il est possible de faire naître un sel diammonique ; mais celui-ci
se décompose à l'air et perd son NH 4 sous la forme d'ammoniaque.
En présence d'un excès des alcalis fixes, les deux acides nitrés
donnent très facilement des combinaisons dipotassiques et disodi-
ques. Par là , les produits nitrés se distinguent donc des matières
mères qui leur donnent naissance, et on voit de nouveau que
l'introduction de un ou plusieurs radicaux NO 2 renforce le carac-
tère acide d'une combinaison organique.
§ 5. Acide mononitropôdocarpique.
C,,H,,(N0,)03.
Le produit déposé d'une solution alcoolique chaude forme de
petits cristaux brillants, dont les dimensions s'élèvent à peine
à 1 millimètre dans une direction. Ces cristaux sont très irrégu-
liers et probablement clinoédriques.
L'acide est insoluble dans l'eau, très peu soluble dans l'alcool froid,
un peu plus soluble dans l'alcool bouillant, presque entièrement
insoluble dans le benzol et le chloroforme , complètement insoluble
dans le sulfure de carbone. Le point de fusion se trouve à 205° C.
Les analyses de l'acide ont conduit aux résultats suivants:.
I) 0,1834 gr. de l'acide séché à 100° ont donné 0,4322 gr. CO^ et
0,1109 gr. H,0.
A. C. OUDEMAr^S JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 209
§ 6. Sels de l'acide mononitropodocar pique.
Nous avons déjà fait remarquer ci-dessus qu'il existe deux
séries de mononitropodocarpates, répondant aux formules:
C,,H,„M',(NO,)0^.
C,,H,„M',(N0,)03.
Les sels de la première série sont très instables; jusqu'à pré-
sent je n'ai pu en préparer qu'un seul à l'état solide, savoir,
le sel hémibarytique C, 7H2oba(N02)03-i-2H20. Cette combinai-
son a été obtenue, sous forme de petites aiguilles jaune citron,
en dissolvant ensemble dans l'alcool bouillant 1 molécule d'hy-
droxyde de baryum et 2 molécules d'acide mononitré, et laissant
refroidir la liqueur. Le sel en question ne tarde pas à se déposer;
il constitue une matière très peu soluble dans l'eau et dans
l'alcool.
Si l'on cherche à réaliser une combinaison analogue du potas-
sium ou du sodium , en faisant bouillir une dissolution de 1 mo-
lécule de carbonate de potassium avec 2 molécules de l'acide nitré ,
et ajoutant ensuite de l'alcool, le liquide se comporte bien comme
une dissolution du sel monopotassique ou monosodique, mais il
se décompose très rapidement, soit quand on l'évaporé, soit quand
on y ajoute de l'eau. Il se sépare alors de l'acide nitré libre, et
le liquide, devenu brun foncé, tient en dissolution un sel de la
seconde série.
Pour ce qui regarde maintenant les combinaisons de la formule
Cj 7H1 j,M%(N02)0o , celles-ci sont très stables, mais souvent assez
difficiles à obtenir à l'état cristallisé. Le meilleur mode de prépara-
tion des sels potassique et sodique consiste à dissoudre l'acide
nitré dans un léger excès d'alcali caustique et à laisser la disso-
lution s'évaporer à l'air. De cette manière on obtient peu à peu
des aiguilles rouge foncé, avec reflet métallique vert, du sel po-
tassique Cj 7HjgKo(N02)03+5|H20, ou des lamelles rouge
vermillon du sel sodique Ci ^Hj 9Na2(N02)03H-9H20.
Le sel diammonique C^ ^H, ^(NHJ^ (NO 2)03+4112 0 prend
naissance quand on dissout l'acide nitré dans un excès d'ammo-
niaque chaude et très concentrée. Par le refroidissement il se dépose
Archives Néerlandaises, T. VIIL 14
210 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l' ACIDE PODOCARPIQUE.
peu à peu des cristaux rouge grenat , qui sont très instables ; sous
l'influence d'une douce chaleur, ils perdent de l'ammoniaque et
de l'eau et se transforment en acide mononitropodocarpique.
Parmi les autres mononitropodocarpates , les sels barytique,
strontique et calcique se font surtout remarquer par leurs super-
bes couleurs et leur éclat métallique. On les obtient assez facile-
ment en dissolvant l'acide nitré dans un excès d'ammoniaque
faible et chaude, et ajoutant à la liqueur une solution chaude
de chlorure neutre de baryum, de strontium ou de calcium.
Pendant le refroidissement, les nitropodocarpates alcalino-terreux
se- déposent peu à peu, le sel barytique plus lentement que les
deux autres, à cause de sa solubilité plus grande.
Les propriétés de ces combinaisons sont les suivantes:
Le mononiiropodocarpatemonohary tique C j ^H^ 3Ba(N02)03 cristal-
lise , suivant les circonstances , avec 3 ou avec 7 molécules d'eau.
Dans le premier cas , il constitue une poudre rouge carmin lorsque
la séparation d'avec le liquide s'est faite rapidement, ou des
agrégats cristallins brun café lorsque le dépôt s'est effectué len-
tement. Dans le second cas , il se forme de magnifiques aiguilles
rouges, qui rappellent un peu l'acide chromique, mais ne possè-
dent pas un éclat métallique aussi vif. Si J'en mêle ensemble
des dissolutions très concentrées de mononitropodocarpate ammoni-
que et de chlorure barytique , il se fornie immédiatement un liquide
trouble, rouge de sang, d'où se déposent des cristaux microsco-
piques du sel avec SH^O.
Le mononitropodocarpale mono strontique est un sel brun cannelle ,
se présentant sous la forme de fines aiguilles. Je n'en ai pas
déterminé la composition.
La combinaison calcique correspondante , C , ^H^ j,Ca(N02)0 3 -h
4H2O, est un sel superbe, rouge orangé avec un reflet métallique
vert; il se dissout très difficilement dans l'eau.
Les nitropodocarpates des métaux lourds s'obtiennent par
double décomposition des sels métalliques neutres avec un nitro-
podocarpate neutre. Ce sont des précipités amorphes ou cristallins ,
généralement presque insolubles dans l'eau.
A. C. OUDEMANS ,IR. RECHEKCHES SUR l'aCIDE PODOOARPIQUE. 211
§ 7. Acide dinitropodocar pique.
C,,H,o(NO,),0,.
L'acide dinitropodocarpique , dont la préparation a été décrite
ci-dessus, cristallise sous des formes qui ont beaucoup d'analogie
avec celles du ferrocyanure de potassium, mais qui pourtant
paraissent appartenir plutôt au système rhombique. Les cristaux
ne se prêtent pas à des mesures directes; toutefois ils se présen-
tent comme des combinaisons d'un octaèdre rhombique, à angle
très obtus, avec la face terminale droite oP.
Ces cristaux ont une couleur jaune sale : ils sont insolubles
dans l'eau, assez solubles dans l'alcool, presque insolubles dans
le benzol et le chloroforme. L'acide dinitropodocarpique fond à
203° C. Il est assez sensible à l'action de la lumière; sous l'in-
fluence des rayons solaires directs, la couleur jaune des cristaux
passe très rapidement au brun.
Les résultats de l'analyse sont les suivants:
1)0,4287 gr.de matière ont donnéO,8761gr.C02 et 0,2186 gr.H^O
II)0,2148gr. „ „ ,, „ 0,4440gr.CO2et0,1130gr.H^-O
III) 0,2126 gr. „ „ „ „ 0,4354gr.CO2et0,1076gr.H,O
IV) 0,8010 gr. „ „ „ „ 53 CC. N humide mesuré à 12°,7 C.
et 768,5i^m
Calculé. Trouvé.
"^ IV.
7,9
100,0
L'analyse no III a été exécutée sur un produit obtenu en fai-
sant bouillir une dissolution d'acide sulfopodocarpique avec de
l'acide nitrique étendu. Les analyses I, II et IV se rapportent
à un produit préparé par l'action directe de l'acide nitrique sur
l'acide podocarpique pur.
§ 8. Sels de l'acide dinitropodocarpique.
Les sels de l'acide dinitropodocarpique ressemblent sous beau-
14*
C
56,0
H
5,6
N
7,3
0
31,1
I.
II.
m.
'5,7
56,3
55,9
5,7
5,9
5,6
212 A. G. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aGIDE PODOCARPIQUE.
coup de rapports à ceux de l'acide mononitropodocarpique , et pour
cette raison je n'en ai étudié qu'un petit nombre, savoir les sels
dipotassique , monobarytique et diargentique.
Le premier se dissout bien dans l'eau et n'est pas facile à ob-
tenir en cristaux. Par l'évaporation spontanée d'une dissolution
du sel; on l'obtient sous la forme d'une matière indistinctement
cristalline; rouge carmin avec un reflet métallique vert. Sa com-
position répond à la formule: Cj ^Hj gK2(N02)203H-5H20.
Le sel argenlique, obtenu par double décomposition, a la com-
position: Cj ylî, 8Ag2(N02)203+4H20, et forme des flocons
orangés ; presque insolubles dans l'eau.
Un sel plus important est le dinilropodocarpate monobarytique ^
mentionné ci-dessus. Cette combinaison, très caractéristique pour
l'acide dinitré, se prépare facilement en dissolvant de l'acide
dinitropodocarpique dans un excès d'ammoniaque et ajoutant alors
une solution de chlorure neutre de baryum. Si les liqueurs ne
sont pas trop concentrées , il se dépose au bout de quelques minutes
de superbes lamelles cristallines rouge brunâtre , qui ont un reflet
métallique, mais, à cela près, rappellent le citrate ferrique en
lamelles. Les cristaux jouissent, comme ceux de l'hérapathite,
d'un pouvoir polarisant énergique. Des lamelles minces montrent
sous le microscope une couleur rose clair; lorsque deux de ces
lamelles se croisent suivant des directions déterminées, la place
où elles se recouvrent apparaît comme une tache rouge foncé.
Au premier aspect, les cristaux semblent être des lamelles
tétragonales , mais, avec un peu d'attention, on reconnaît que
les angles ne sont pas exactement droits; probablement les cris-
taux appartiennent au système rhombique. Ils ne se dissolvent
que très difficilement dans l'eau ou dans l'alcool, même à la
chaleur de l'ébullition.
Les analyses exécutées ont fourni les chiffres suivants:
I) 0,5991 gr. ont perdu par dessiccation à 130° G. 0,0616 gr.
d'eau et ont donné 0,2405 gr. Ba SO4.
II) 0,3996 gr. de sel séché à 100° G. ont perdu par échauffe-
ment ultérieur à 140" G. 0,0128 gr. d'eau.
A. C. OUDExMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 213
III) 0;4095 gr. de sel séché à 100^ C. ont donné par combustion
avec le chromate de plomb et le bichromate de potassium
0,5496 gr. CO, et 0,1330 gr. H^O.
Calculé. Trouvé.
I. II. m.
4H,0 12,6 12,8 — —
Ba 23,9 23,6 — —
IHoO ~p ~^ P ^
C 39,5 — — 39,6
H 3,9 — — 3,6
§ 9. Dérivés sulfonés de Facide podocarpique.
D'après ce qui a été communiqué ci-dessus au sujet des produits
nitrés de l'acide podocarpique, il est à présumer qu'on pourra
en déduire également deux acides sulfonés. Jusqu'ici, toutefois,
je n'ai réussi à obtenir que l'acide monosulfopodocarpique. Cette
combinaison prend naissance quand de l'acide podocarpique sec
est chauffé doucement (à environ 60"^ C) avec de l'acide sulfuri-
que anglais en quantité suffisante pour que l'acide résineux reste
dissous. Il est bon de ne pas trop élever la température, parce
que dans le cas contraire la masse se colore assez fortement, ce
qui rend plus difficile la préparation de sels purs. Il est à peine
besoin de dire que la production de dioxyde de soufre doit être
évitée autant que possible. Lorsqu'on a chauffé pendant assez
longtemps et qu'on traite ensuite par l'eau, il s'opère une disso-
lution presque complète, après que l'addition d'une petite quan-
tité d'eau a d'abord précipité une masse blanche visqueuse;
celle-ci est formée par l'acide sulfoné, lequel est soluble dans
l'acide sulfurique concentré et dans l'eau, mais insoluble dans
un mélange déterminé de ces deux liquides. Ordinairement, la
matière étendue d'eau est vert jaunâtre et faiblement fluorescente;
mais il m'est arrivé plus d'une fois d'obtenir des dissolutions
offrant une fluorescence magnifique et telle qu'on ne l'observe
que rarement dans d'autres substances, avec des teintes tantôt
vert émeraude, tantôt rouges, quelquefois aussi bleu foncé.
214 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
Pour préparer l'acide sulfoné j)ur, on sature la dissolution avec
la baryte, on filtre et on évapore le liquide filtré. A un degré
convenable de concentration on obtient un sel barytique bien
cristallisé, d'où Ton peut retirer l'acide sulfoné en décomposant
le sel par une quantité tout juste suffisante d'acide sulfurique.
§ 10. Acide monosulfopodocar pique.
Cj7H2,(S03H)03+8H,0.
L'acide sulfoné, extrait du sel barytique pur, est incolore
et non fluorescent. Par évaporation ménagée, d'abord au bain-
marie et ensuite dans Texsiccateur, on l'obtient sous la forme
d'une masse amorphe, molle et cireuse, mais néanmoins complè-
tement sèche. Cette masse est extrêmement soluble dans l'eau.
Une des propriétés les plus remarquables de l'acide monosul-
foné est la facilité avec laquelle il est décomposé par l'acide
nitrique même très étendu, avec formation d'acide dinitropodocar-
pique. Une quantité d'à peine 1 milligramme d'acide sulfoné , dis-
soute dans 3 — 4 ce. d'eau, donne encore, par ébullition avec
quelques gouttes d'acide nitrique de 1,2 P. S. , un précipité assez
considérable d'acide diuitropodocarpique.
Réciproquement, la dissolution d'acide sulfopodocarpique permet
de déceler de petites quantités d'acide nitrique, surtout si le
liquide à examiner est préalablement mêlé avec un peu d'acide
sulfurique concentré. J'ai trouvé que la réaction persistait encore
avec une dilution de y^Vo ^ t^V^-
La formule de l'acide séché sous l'exsiccateur a été déduite
des résultats de l'analyse suivante:
0,9460 gr. de matière ont perdu à 125° C. 0,2710 gr. en poids.
Calculé. Trouvé.
8H2O 28,9 28,7
§ 11. Sels de l'acide monosulfopodocarpique.
L'acide monosulfopodocarpique forme deux séries différentes de
sels, répondant aux formules:
C,,H,„M'(S03H)0^
et C,,H,9M',(S03H)03.
A. G. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 215
De la première série, je n'ai examiné que le sel barytique;
celui-ci s'obtient en ajoutant de Tacide acétique au sel barytique
de la seconde série. Il donne de petits cristaux blancs , difficilement
solubles dans Teau, de la formule Cj 7H2oba(SOoH)03-h3H20.
Les combinaisons de la seconde série sont très stables, se dis-
solvent bien dans l'eau et s'obtiennent aisément en beaux cris-
taux. J'ai étudié plus spécialement les sels sodique, barytique et
calcique , dont la composition est représentée par les formules sui-
vantes:
Cj7H,9Ba(S03H)03+8H,0.
Cj7H,9Ca(S03H)03-h7H,0.
Le sel sodique forme de petites rosettes, le sel calcique et le
sel barytique se présentent en lamelles cristallines.
De la combinaison nommée en dernier lieu il a été fait une
analyse complète, à titre de contrôle pour la formule de l'acide
libre.
I) 1,0108 gr. de sel ont perdu par dessiccation à 125° C. 0,2276
gr. d'eau, et ont donné après calcination et traitement mé-
nagé par l'acide sulfurique 0,3576 gr. BaS04.
II) 0,6235 gr. ont perdu par dessiccation à 150^ C. 0,1395 gr.
H2O. Le sel, repris par l'eau, a' ensuite été précipité par un
excès de carbonate de sodium; la dissolution des sels sodi-
ques a été filtrée et évaporée, et dans le résidu calciné le
soufre a été dosé à l'état de BaSO^ ; celui-ci s'élevait à
0,2228 gr.
III) 0,2950 gr. de sel séché à 120° C. ont donné 0,4484 gr.
COo et 0,1166 gr. H^O.
Calculé. Trouvé.
8H20
22,7
Ba
21,6
S
5,0
sel séché
C
41,5
H
4,1
I
22,5
II
22,4
m
20,8
4,9
41,5
4,4
216 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
§ 12. Dérivés amidés de l'acide podocarpique.
Lorsqu'on fait bouillir avec de l'acide chlorhydrique concentré
et de l'étain la dissolution alcoolique des deux produits nitro-sub-
stitués de l'acide podocarpique, la réduction a lieu assez facile-
ment et il se forme des combinaisons chlorhydriques des dérivés
amidés correspondants; le liquide devient alors tout à fait inco-
lore. En précipitant l'étain sous la forme de sulfure et évaporant
le liquide filtré, ces chlorhydrates s'obtiennent, par le refroidis-
sement , en cristaux aciculaires , qui se déposent surtout avec fa-
cilité en présence de l'acide chlorhydrique libre , et qu'il est aisé
d'obtenir incolores par de nouvelles cristallisations. Les chlorhy-
drates se laissent facilement décomposer en ajoutant à leur solu-
tion alcoolique de l'oxyde d'argent fraîchement précipité ; ensuite ,
la dissolution ayant été filtrée et débarrassée par H^S d'un peu
d'argent dissous, on peut en séparer le produit amidé au moyen
de la précipitation par l'eau. Mais, comme dans beaucoup de cas
analogues, ces dérivés amidés sont beaucoup moins stables à l'état
isolé qu'en combinaison avec l'acide chlorhydrique-, du moins, je
n'ai pas réussi à les obtenir tout à fait blancs. Leurs dissolutions
se colorent à l'air très rapidement en brun, et à chaque tentative
de purifier le produit brut par une nouvelle cristallisation dans
de l'alcool plus faible, il prend une coloration de plus en plus
foncée. Pour cette raison, je me suis borné à l'analyse d'une
seule combinaison du produit monoamidé , laquelle était cristallisée
en très belles aiguilles blanches.
Chlorhydrate d'acide amidopodocarpique.
Ci7H,j(NH,)03,ClH+iH,0.
Se dissout facilement dans l'alcool, moins bien dans l'eau. De
l'un et de l'autre liquide la combinaison cristallise en aiguilles
blanches extrêmement petites. On l'obtient beaucoup plus belle
par l'évaporation , à une température de 40 — 60^ C. , d'une dis-
solution aqueuse contenant de l'acide chlorhydrique libre. A la
surface du liquide se forment alors peu à peu de longues et magni-
fiques aiguilles.
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE, 217
L'analyse d'un pareil produit a fourni les résultats suivants:
0,2230 gr. de la combinaison ont perdu par la dessiccation à
110*^ C. 0,0058 gr. d'eau. Le résidu, calciné avec du carbonate
de sodium, a donné 0,0970 gr. de chlorure d'argent.
Calculé. Trouvé.
CL 10,6 10,5
H^O 2,7 2,6
§ 13. Dérivés bromes de l'acide podocarpique.
De ce qui a été communiqué ci-dessus concernant les produits
de substitution de l'acide podocarpique par les radicaux NO 2 et
SO3H, on serait porté à conclure que des combinaisons analogues,
stables et bien cristallisées, doivent aussi pouvoir s'obtenir en
remplaçant de l'hydrogène par du brome. Mais il n'en est pas
ainsi, et jusqu'à présent toutes mes tentatives pour obtenir un
acide brome pur, ou ses sels, ont complètement échoué. Au
début de mes recherches, et avant que j'eusse appris à connaître
les produits nitrés, la préparation des dérivés bromes m'avait
paru très désirable, parce qu'elle pouvait fournir un excellent
moyen de contrôle pour l'exactitude de la formule attribuée à
l'acide podocarpique. La suite de mon travail et les résultats des
nombreuses analyses de nitro- et de sulfopodocarpates ont toute-
fois rendu ce moyen en grande partie inutile ; en conséquence
je n'ai pas poussé plus loin l'étude des produits bromes, et je
me contente de donner ici la description d'une couple de matières
appartenant à cette série , et de signaler les difficultés auxquelles
je me suis heurté.
J'ai essayé de préparer un dérivé monobromé en délayant 1
molécule d'acide podocarpique dans du sulfure de carbone pur et
ajoutant goutte à goutte 2 molécules de brome. Au commencement ,
l'opération marche très bien. L'attaque par l'halogène instillé a
lieu immédiatement, il se dégage du gaz bromhydrique et l'acide
résineux suspendu dans le liquide disparaît peu à peu , parce que
le dérivé brome est soluble dans le sulfure de carbone. Quand la
réaction est terminée , le liquide est presque incolore ; en le laissant
218 A. C. OUDEMAIVS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
alors s'évaporer dans des capsules plates , on obtient pour résidu
une masse blanche , amorphe, tenace. Je n'ai pas réussi à faire
cristalliser ce produit dans lalcool; toujours il se séparait des
matières tenaces ; visqueuses, impropres à l'étude, et qui dégé-
néraient de plus en plus. Cette expérience acquise, je crus
pouvoir espérer quelque succès de la préparation d'un sel sodique.
Comme le podocarpate de sodium cristallise très bien, il n'était
pas impossible que le bromopodocarpate correspondant pût égale-
ment s'obtenir sous une forme convenable. Malheureusement le
résultat trompa complètement mon attente. En saturant par le
carbonate de sodium la dissolution alcoolique de l'acide bromo-
podocarpique , je vis le liquide rougir dès les premiers instants,
se foncer ensuite de plus en plus et finalement devenir noir; il
se déposa des gouttelettes poisseuses noires , et par l'évaporation
spontanée ultérieure aucune matière cristalline ne se forma , mais
le tout se dessécha en une masse noire amorphe.
Un heureux hasard me montra la voie pour la préparation
d'une magnifique combinaison cristallisée, qui appartient à cette
série et qui, d'après les réactions et les résultats de l'analyse, ne peut
être autre chose qu'un alcoolate de l'acide éthylhrotnopodocarpique.
Dans l'idée que la méthode de préparation de l'acide bromo-
podocarpique , ci-dessus décrite, pouvait conduire à la forma-
tion de différmts produits de substitution, je la modifiai en ce
sens que les quantités nécessaires des deux matières réagissantes
furent dissoutes chacune séparément dans, l'éther, après quoi les
deux liqueurs éthérées furent mêlées rapidement dans un verre
cylindrique élevé. Une vive effervescence, due à un dégagement
d'acide bromhydrique, se manifesta. Lorsque ensuite l'éther,
versé dans des capsules de verre plates, se fut évaporé presque
entièrement (ce qui eut lieu avec dégagement continuel de gaz
bromhydrique) , il se forma une masse résineuse amorphe. Celle-ci
toutefois devint subitement cristalline, et après dessiccation com-
plète et disparition d'un léger excès de brome, le produit obtenu
était blanc de neige et avait tout l'aspect d'une substance pure
et homogène.
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 219
La dissolution de ce corps blanc dans l'alcool à 70 pour cent
dépose, après un temps plus ou moins long, de très jolis petits
cristaux clinoédriques. Ils consistent en une combinaison de l'acide
éthylbromopodocarpique avec l'alcool.
La formation de cette combinaison au sein d'une dissolution
étbérée, dans les conditions indiquées, ne peut s'expliquer que
par la circonstance que l'éther employé contenait de l'alcool. Le
produit engendré n'est d'ailleurs, — fait assez étrange, — pas
l'étber étbylique neutre, mais l'acide éthylbromopodocarpique ,, et
celui-ci paraît avoir une grande tendance à se combiner avec
l'alcool. J'ai pu me convaincre que l'alcoolate prend naissance
beaucoup plus facilement quand on ajoute un peu d'alcool absolu
à la dissolution éthérée de l'acide podocarpique , avant d'y verser
la dissolution éthérèe du brome.
La conclusion, qn'il s'agit bien d'un alcolate, se fonde non-
seulement sur les résultats de l'analyse, mais aussi sur les faits
suivants.
Lorsque la combinaison solide cristalline est chauffée au bain-
marie, elle fond en un liquide incolore épais, qui, à l'aide de
l'agitation, se transforme peu à peu, avec un faible dégagement
de bulles gazeuses, en une matière blanche solide. Le corps
primitif a alors perdu environ 11 pour cent de son poids. Si l'on
exécute cette expérience un peu plus en grand , dans une cornue ,
on voit des vapeurs d'alcool se condenser dans le col de l'appa-
reil, et il n'est pas difficile, en soumettant à la distillation
quelques grammes de la combinaison solide, d'obtenir assez de
liquide pour qu'on puisse y reconnaître , par toutes ses propriétés ,
de l'alcool presque pur. Il en a, en effet, les caractères physi-
ques (odeur, point d'ébuUition, etc.), se mêle avec l'eau en
toutes proportions, donne facilement de l'aldéhyde par oxydation
avec le bichromate de potassium et l'acide sulfurique , etc.
Alcoolate d'acide éthylbromopodocarpique.
La combinaison se dissout facilement dans l'alcool et dans le
chloroforme.
L'analyse a conduit aux résultats suivants ;
220 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPEQUE.
I) 0,9556 gr., chauffés au bain-marie, ont perdu successive-
ment 0,1070 gr. d'alcool.
II) 0,9500 gr. ont perdu au bain-marie 0,104 gr.
ni) Le résidu de l'expérience I, saponifié par un excès d'une
dissolution de carbonate de sodium, évaporé et calciné,
a donné 0,4234 gr AgBr.
IV) 0,4673 de matière, traités de la même manière, ont
donné 0,2064 gr. AgBr.
V) 0,3707 gr. ont donné, par combustion avec le chromate
de plomb, 0,8007 gr. CO, et 0,2343 gr. H,0.
VI) 0,2781 gr. ont donné, par combustion avec le chromate de
plomb, 0,6006 gr. CO., et 0,1760 gr. H,0.
Calculé.
T
rouvé.
IV.
I.
11.
~ m.
V.
VI.
1 moléc. C^HfiO 10,8
11,2
10,9
C 59,0
58,9
58,9
H 7,3
—
7,0
7,3
Br ^ 18,7
—
18,4
18,4
Acide éthylbromopodocarpique.
C,,H,o(C,H3)Br03
Cette combinaison reste, sous forme d'une poudre cristalline
blanche, quand on chauffe à 100^ C. l'alcoolate qui vient d'être
décrit. Elle fond à 158^ G, est soluble dans l'alcool et dans le
chloroforme, et forme des sels qui ne cristallisent pas de leurs
dissolutions aqueuses, mais se dessèchent en une masse amorphe
gélatineuse.
I) 0,2510 gr. ont donné, par combustion avec le chromate
de plomb, 0,5595 gr CO^ et 0,1457 gr. H,0.
.II) 0,3010 gr., évaporés avec une dissolution de carbonate de
sodium et calcinés, ont donné 0,1525 gr. AgBr
Calculé. Trouvé.
C 59,9 60,7
H 6fi 6,5
Br 21,0 21,6
A. C. OUDËMANS JR. REGHEUCHES SUR l'aCIDE PODOG ARPIQUE. 221
§ 14. Acide acétylpodocarpique.
Cj 7H2j(C 21130)03
Pour mieux établir dans l'acide podocarpique l'existence d'un
radical OH n'appartenant pas au carboxyle, j'ai soumis l'acide
à l'action du chlorure d'acétyle. A la température ordinaire ^ les
deux matières ne réagissent pas; mais sous l'influence de l'ébul-
lition, il y a formation d'un produit acétylé, comme on le
reconnaît à ce que l'acide résineux^ d'abord non dissous, dispa-
raît dans le liquide avec dégagement de gaz chlorhydrique et ne
s'en sépare pas par le refroidissement. Lorsque l'ébuUition a été
soutenue pendant une heure, et que l'excès de chlorure d'acétyle
est presque entièrement volatilisé; l'addition d'eau donne lieu à
un précipité blanc, qui, d'abord mou, devient peu à peu cassant
quand on le malaxe longtemps avec de l'eau , et est alors sensi-
blement exempt de chlorure d'acétyle. Par dissolution dans l'alcool
étendu , cette matière peut être amenée à cristalliser ^ quoique
beaucoup plus difficilement que l'acide podocarpique. Avant
de fournir des cristaux , le liquide devient ordinairement trouble ,
et sur les parois du vase il se forme un dépôt demi-fluide vis-
queux. Peu à peu, toutefois, celui-ci se transforme entièrement
en un amas de très petites aiguilles cristallines blanches. C'est
l'acide monoacétylpodocarpique. Les cristaux ont ïine odeur faible,
désagréable , qui rappelle celle de l'anhydride acétique. A 100° C
ils commencent à se ramollir, et à des températures plus éle-
vées ils prennent peu à peu une consistance butyreuse, jus-
qu'à ce que, vers 152° C, ils entrent en fusion complète. Par
le refroidissement, le liquide se concrète en une résine amorphe
translucide.
L'analyse du dérivé acétylé a donné les résultats suivants:
0,1921 gr. de la matière ont donné 0,5063 gr. CO^ et 0,1349
gr. H^O.
Calculé. Trouvé.
C 72,2 , 71,8
H 7,6 7,8
222 a. g. oudemans jr. recherches sur l'acide podocarpique.
La quantité d'acétyle contenue dans l'acide a été déterminée
par la méthode suivante^ due à M. Schiff.
Un poids connu du dérivé acétylé fut chauffé pendant plu-
sieurs heures à 100° C. avec un excès d'une lessive titrée de potasse^
Ensuite on ajouta au liquide une quantité connue d'acide chlor-
hydrique titré; le précipité formée qui consistait en acide podo-
carpique régénéré; fut séparé par le filtre et lavé avec soin ^ puis
les liqueurs réunies furent titrées en retour par la potasse.
Comme Tébullition avec la potasse donne lieu à la formation
d'acide acétique, et que, par l'addition subséquente d'acide chlor-
hydriquC; l'acide podocarpique est précipité à l'état de combinaison
tout à fait insoluble , la détermination de l'acétyle par ce moyen
comporte un assez grand degré d'exactitude.
Voici le résultat d'une couple d'expériences faites dans cette
direction.
I) Pris 0,7824 gr. d'acide acétylpodocarpique ;
Ajouté 60 c. c. d'alcali demi-normal;
Après l'ébullition ajouté 60 c. c. d'acide chlorhydrique demi.
normal
Pour le titrage en retour employé 4,5 c. c. d'alcali demi-normal
Calculé. Trouvé.
C^PsO 0,106 gr. 0,097 gr.
II) Pris 1,690 gr. d'acide acétylpodocarpique;
Ajouté 80 c. c. d'alcali demi-normal ;
Après l'ébullition ajouté 80 c. c. d'acide chlorhydrique demi-
normal ;
Pour le titrage en retour employé 10,3 c. c. d'alcali demi-
normal.
Calculé. Trouvé.
C,H30 0,229 0,221
A. G. OUDEMANS JR. RECHEREHES RUR l'aCIUR PODOCARPIQU E. 223
IL
SUR LA CONSTITUTION DE l'aGIDE PODOGARPIQUE.
Introduction.
L'étude que nous venons de faire de Facide podocarpique et
de quelques-unes de ses combinaisons a fourni les résultats sui-
vants :
lo. L'acide podocarpique fait partie du groupe dit des oxaci-
des; des trois atomes d'oxygène que l'acide renferme, deux appar-
tiennent à un radical carboxyle , tandis que le troisième se trouve
sous forme d'hydroxyle.
2o. L'acide podocarpique forme trois séries de sels , qui peuvent
être représentées par les formules suivantes:
2^ C,,H,oM',03
Les sels de la première espèce, formés par substitution de
l'hydrogène du carboxyle, pourraient recevoir le nom de sels
normaux. Ceux de la deuxième espèce ont plus le caractère de
combinaisons basiques. Il n'est pas possible de préparer des re-
présentants de cette série par l'union des alcalis fixes avec l'acide
podocarpique. Mais de pareils sels basiques s'obtiennent assez fa-
cilement par l'introduction de métaux bivalents, lesquels rempla-
cent alors aussi bien l'hydrogène de l'hydroxyle que celui du
carboxyle.
Les sels de la troisième série doivent indubitablement être
considérés comme des sels acides.
3o. Par l'introduction des radicaux NO^ et SO3H, le caractère
de l'acide podocarpique est modifié en ce sens, qu'il présente
alors plutôt les propriétés d'un acide bibasique que d'un acide
monobasique. En effet, les deux acides nitrés et l'acide monosul-
224 A. G. OUDEMANS JR. UEGHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQUE.
foné donnent facilement , et de préférence , des sels dans lesquels
2 atomes d'hydrogène sont remplacés par des métaux (même par
le potassium et le sodium).
4o. L'acide podocarpique se range parmi les corps dits aroma-
tiques. La preuve est fournie surtout par la circonstance qu'une
partie de l'hydrogène du composé se laisse substituer avec une
facilité extrême par les radicaux NO^ et SO3H.
Quelle que soit l'importance de ces résultats , ils ne nous mènent
pas encore bien loin , et il reste à remplir la pavtie la plus diffi-
cile de la tâche imposée , savoir , rendre compte de la manière
dont sont groupés les éléments de l'acide podocarpique et assi-
gner à la combinaison sa place dans la série des corps aromatiques.
J'ai cherché par différentes voies à réunir les faits nécessaires
pour parvenir à ce but.
Au cours de la préparation de l'acide sulfopodocarpique, j'avais
été frappé par la circonstance que la masse, produite par l'action
de l'acide sulfurique sur l'acide résineux , répandait distinctement
l'odeur de l'acide valérianique quand on l'étendait avec de l'eau.
L'idée me vint, par suite, que l'acide résineux contenait un
groupe valéryle, et mes premiers essais tendirent à provoquer,
en le chauffant avec de l'acide sulfurique ou chlorhydrique de
concentration diverse, des dédoublements qui, entre autres pro-
duits de décomposition, donneraient naissance à une molécule
d'acide valérianique. Mais ces essais restèrent complètement infruc-
tueux, et, de ce qui sera dit plus loin, il ressort en effet suffi-
samment que le radical valéryle ne prend aucune part à la con-
stitution de l'acide podocarpique.
Le dégagement d'une trace d'acide valérianique ,ou d'une matière
ayant une odeur analogue, ne me paraît pouvoir s'expliquer que
d'une des deux manières suivantes:
lo. en admettant que l'acide podocarpique employé contenait
encore une très petite quantité d'acide gras volatil, adhérant opi-
niâtrement à la fine poudre cristalline et provenant du bois pourri
ou vermoulu avec lequel la résine podocarpique était intimement
mêlée ;
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQUE. 225
2". En admettant que sous l'influence de l'acide sulfurique il se
forme un peu d'acide tétrahydrobenzoïque ^ dont l'odeur, suivant
M. Hermann [Annalen der Chemie und P/iarm., CXXXII p. 80) ,
rappelle celle de l'acide valérianique. Il sera établi plus loin que
l'acide podocarpique est un produit aromatique d'addition, et,
en ayant égard à sa constitution probable, l'idée que par l'action
de l'acide sulfurique il donne naissance à de l'acide tétrahydro-
benzoïque ne peut être regardée comme dénuée de toute vraisemblance.
Après avoir échoué en chauffant l'acide podocarpique avec
l'acide chlorhydrique et l'acide sulfurique, j'essayai la distillation avec
le zinc en poudre ^) , pour tâcher de mettre en évidence l'hydocarbure
aromatique qui forme le noyau de ce corps passablement complexe.
Le résultat de ces nouvelles expériences, bien que tendant à
confirmer l'hypothèse de l'existence d'un noyau aromatique, ne
conduisit pas non plus à la solution du problème.
Finalement, j'eus recours à l'examen des produits de la distillation
sèche du podocarpate de calcium. Cette fois je fus plus heureux, et par
l'étude du goudron obtenu je réussis à atteindre le but auquel je visais.
Pour l'intelligence complète de quelques-unes des réactions
dont nous aurons à parler, il peut être utile de nous arrêter un
instant sur le produit de la distillation de l'acide podocarpique avec
le zinc en poudre, après quoi nous exposerons en détail les
-résultats de l'expérience la plus décisive.
§ 1 Distillation de l'acide podocarpique
avec le zinc en poudre.
Méthanthrène C ^ 5 H j ^ .
1 partie d'acide podocarpique pur fut broyée dans un mortier de
porcelaine avec 20 à 25 parties de zinc en poudre , et le mélange in-
troduit dans des tubes de verre de Bohême scellés à un bout et ayant
une longueur de 4 à 5 décimètres. Les tubes ne furent remplis
que jusque vers la moitié ; à environ 1 décimètre de l'ouverture
on plaça un solide tampon d'amiante, puis, à l'aide de légers
chocs imprimés au tube tenu horizontalement, le mélange fut
') Zinkstauh des Allemands, mélange de zinc extrêmement divisé et d'hydrate
de zinc.
ARCHIVES NÉERLANDAISES, T. VIIL 15
226 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE RODOGARPIQUE.
réparti uniformément sur toute la partie isolée par le tampon;
de cette manière un espace libre assez considérable resta ménagé
au-dessus du mélange pulvérulent. Les tubes furent ensuite intro-
duits par le côté scellé dans un fourneau d'analyse de Glaser,
de façon que leur partie ouverte et vide faisait saillie. A son ex-
trémité opposée le fourneau fut un peu relevé au moyen d'une couple
de tasseaux de bois, et finalement un matras de verre , dans une posi-
tion horizontale , fut fixé lâchement autour de l'ouverture de chaque
tube. On procéda alors à la distillation , d'abord à une chaleur
très modérée , puis à des températures successivement croissantes ,
jusqu'à ce que le produit commençât à passer avec une couleur
noire; à ce moment, d'ailleurs, l'opération était ordinairement
terminée, et il ne se rassemblait que quelques gouttes d'un gou>
dron noir très épais dans la partie antérieure du tube.
La nature du goudron obtenu dépend à un haut degré de la
température. Si celle-ci n'est pas poussée trop loin, on recueille
dans le récipient, surtout au début, une masse presque incolore ,
d'une consistance oléagineuse épaisse, qui peu à peu devient presque
entièrement solide. Si la limite de la température convenable a
été franchie, le goudron est jaune, rouge-orangé ou brun, sur
la fin très épais et contenant relativement peu de la substance solide
dont il vient d'être fait mention. Dans tous les cas, on parvient
par la méthode suivante à retirer du goudron un hydrocarbure
d'un point d'ébullition très élevé, qui a la composition du méthyl-
anthracène et que nous désignerons provisoirement sous le nom
de mèthanthrène. ^)
On dissout le goudron brut dans une quantité aussi petite
que possible d'alcool bouillant, et on filtre le liquide. Par le
refroidissement il se dépose une matière en grains cristallins , d'un
brun jaunâtre ou parfois d'un jaune clair. Il est presque impos-
*) Dans mon Mémoire original, rédigé en hollandais, j'ai appelé cet hydro-
carbure méthylardhracme \ il me semble toutefois que cette dénomination est un
peu prématurée, et c'est pourquoi je la remplace ici par celle de mèthanthrène.
De même, je crois convenable de changer le nom de méthylmithracol , donné
dans le travail primitif à une combinaison C^gHi^O, en celui de méihanthrol.
A. C. OUDEMANS JR. RECEIERGHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQU E. 227
sible de la purifier complètement par cristallisation du sein de
Talcool. La chose est au contraire assez facile par la sublimation
ménagée. Je me suis servi, pour chauffer la matière brute, d'un
bain d'huile maintenu à la température de 100° — 130° C. Un
cristallisoir cylindrique, dont le fond est chargé du produit impur,
immerge de quelques millimètres dans le bain d'huile et est re-
couvert d'une capsule de verre. La sublimation se fait très lentement ;
la matière se dépose sur la paroi interne du cristallisoir et sur la
capsule de verre, en partie à l'état de cristaux lamellaires, en partie à
l'état de croûte cristalline cohérente, qu'on peut détacher en la raclant.
Par une nouvelle cristallisation du sein de l'alcool, suivie d'une
nouvelle sublimation , on obtient un produit blanc , tout à fait pur.
Ce produit est un hydrocarbure ayant un point de fusion de 177^ C.
et bouillant au-dessus de SGO"* C. A l'état de pureté parfaite il pré-
sente une fluorescence violette, semblable à celle de l'anthracène
pur. Il se dissout facilement dans l'alcool à la chaleur de l'ébul-
lition, moins bien dans l'alcool froid, très facilement dans le
sulfure de carbone et l'acide acétique cristallisable. A la tempéra-
ture du point de fusion il donne des vapeurs assez abondantes,
en répandant une odeur particulière , désagréable , qui rappelle un
peu celle de l'asphalte fondu.
L'analyse de cet hydrocarbure a fourni les résultats suivants:
I) 0,1519 gr. de matière ont donné 0,5199 gr. CO^ et 0,0925
gr. H,0.
II) 0,1326 gr. de matière ont donné 0,4555 gr. CO^ et 0,0753
gr. H,0.
III) 0,1435 gr. de matière ont donné 0,4926 gr. CO^ et 0,0830
gr. H,0.
Calculé. Trouvé.
r '""Il '^il
C,5 93,7 93,3 93,7 93,6
Hi, 6^3 6,8 6,3 6,^
100 Tûô^ 100,0 roô,o~
Les analyses II et III ont été exécutées sur un produit très
pur, l'analyse I sur une matière un peu colorée et impure.
15*
228 A. C. OUDRMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQU E.
Les chiffres communiqués conviennent à des formules très diverses;
j'ai choisi la formule C^^R^., > p^i'ce que c'est celle que les caractères
physiques et chimiques de la matière rendent la plus probable.
J'ai essayé, pour fixer la formule de l'hydrocarbure, de prépa-
rer un dérivé brome ; mais je n'ai, obtenu que des produits épais
et visqueux , qui n'offraient absolument aucune garantie de pureté
et ne se laissaient pas amener à un état propre à l'analyse. Je
n'ai pas réussi davantage à préparer sous forme cristalline des
produits nitro-substitués. L'acide nitrique, même assez fortement
étendu, attaque l'hydrocarbure à l'aide de la chaleur; mais la
dissolution dans divers liquides du produit brunâtre de la réaction n'a
fourni, par refroidissement ou par évaporation, que des matières amor-
phes , goudronneuses , évidemment des mélanges de corps différents.
Par contre, il est très facile de faire naître une combinaison
de l'hydrocarbure en question avec l'acide picrique. Pour cela ,
on n'a qu'à dissoudre environ 4 parties du premier composé et
un peu plus de 5 parties du second dans une petite quantité
d'alcool bouillant, et à laisser refroidir le liquide. Il s'en sépare
très vite de petites aiguilles cristallines déliées, d'un rouge orangé ,
qui à l'état humide ressemblent beaucoup à Talizarine sublimée ,
mais qui ont, lorsqu'elles sont séchées sur du papier, une légère
teinte jaune brunâtre. La formation de cette combinaison n'a lieu
que si la quantité d'alcool , dans laquelle les deux éléments sont
mis en présence , n'est pas trop grande ; autrement , en effet , il se
dépose des cristaux de l'hydrocarbure, et ce n'est que plus tard,
après Tévaporation partielle de l'alcool, que des aiguilles rouge
orangé de la combinaison apparaissent. Lorsque la solution con-
centrée chaude de cette dernière est étendue avec de l'alcool,
sa couleur rouge orangé passe immédiatement au jaune citron,
preuve que la combinaison a été dissociée. L'hydrocarbure se
comporte donc à l'égard de l'acide picrique exactement comme
l'anthracène et le fluorène (Berthelot , A?in. de Chimie et de Phy-
sique, (4) XII, p. 183, 215 et 225).
Le picrate de méthanthrène fond à 117^ C, c'est-à-dire à la
même température que le méthanthrène lui-même.
Pour l'analyse du picrate, un poids connu a été chauffé dou-
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 229
cernent avec de l'ammoniaque faible, jusqu'à ce que la couleur
rouge orangé de la combinaison eut entièrement disparu ; le liquide
a été filtré y et l'hydrocarbure mis en liberté a été lavé jusqu'à
ce qu'il fût d'un blanc pur. Le filtre a ensuite été séché, d'abord
à l'air sur du papier à filtre, puis pendant 24 heures sous un
exsiccateur. La poudre volumineuse de l'hydrocarbure a pu alors
être reportée presque sans perte sur une capsule de platine tarée.
Le filtre n'avait pas retenu une quantité pondérable de la combi-
naison, comme on s'en est assuré en le traitant par le sulfure
de carbone et abandonnant la solution à l'évaporation spontanée.
Les résultats de l'analyse sont les suivants:
I) 0,289 gr. de picrate ont donné 0,1309 gr. d'hydrocarbure.
II) 0,432 gr. de picrate ont donné 0,1961 gr. d'hydrocarbure.
Calculé. Trouvé.
C,,H,,+C6H3(NO,)30 ^ T ir
45,6 . 45,3 45,4
Lorsqu'on fait bouillir le méthanthrène avec le bichromate de
potassium et l'acide sulfurique, il se forme très lentement un
acide aromatique, selon toute probabilité un acide ()^,B.^qO^.
Comme je ne disposais que de fort peu de matière Ci-Hjç,, je
n'ai poursuivi l'oxydation du méthanthrène , sur de petites quan-
tités, que jusqu'au point où la formation d'un acide organique
put être démontrée qualitativement.
A cet effet, je secouai avec de l'éther le mélange de bichro-
mate de potassium et d'acide sulfurique, préalablement filtré et
refroidi, puis j'évaporai la solution éthérée. Elle laissa un résidu
jaunâtre, qui, chauffé avec quelques gouttes de solution de car-
bonate de sodium , ne se dissolvait que partiellement. La solution
du sel sodique, après filtration, fut décomposée par l'acide acé-
tique; il se précipita des flocons jaune pâle, qui, recueillis sur
un filtre et lavés , se trouvèrent être solubles dans l'alcool et de
nature acide. La solution alcoolique donnait par évaporation sur
un verre de montre un résidu blanc distinctement cristallin, qui
se dissolvait très mal dans l'eau, facilement dans l'alcool et dans
une solution faible de carbonate de sodium.
Un résultat plus important que celui dont il vient d'être
230 A. c. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
question fut obtenu en oxydant par CrOg , à chaud, une disso-
lution de l'hydrocarbure dans l'acide acétique cristallisable. Dans
cette opération il se forme en effet, très facilement, une quinone
de couleur orangée. A la solution acétique bouillante on n'a
qu'à ajouter peu à peu du trioxyde de chrome, jusqu'à ce qu'elle
ait pris une couleur vert jaunâtre; par l'addition d'eau, la qui-
none se sépare alors sous la forme de flocons orangés. Le
précipité, lavé, fut dissous dans l'alcool à 70 pour cent, afin
de le faire cristalliser , et les petits cristaux furent lavés plusieurs
fois avec de l'éther, pour les débarrasser de traces éventuelles
d'acide CJ5HJ0O2 ou de méthanthrène inaltéré, la quinone elle-
même n'étant que très-peu soluble dans l'éther.
De cette manière, j'obtins la quinone sons la forme d'une fine
poudre cristalline , analogue au sulfure de cadmium par sa couleur
orangée . Sous le microscope , cette poudre se présente comme un
amas de très jolies lamelles jaunes, rhombiques.
La faible quantité de matière que je possédais fut sacrifiée en
grande partie à une analyse élémentaire, dans laquelle je m'at-
tachai surtout à déterminer avec la dernière exactitude la propor-
tion d'hydrogène, attendu qu'elle devait fournir le moyen de dé-
cider si la combinaison rouge était une méthanthraquinone ou
bien une anthraquinone encore inconnue. Cette dernière supposi-
tion me paraissait la plus probable, parce que dans l'oxydation
du méthyle-anthracène on peut s'attendre à voir se former de
l'acide anthracène-carbonique, et que ce corps, d'après MM.
Graebe et Liebermann (A/iw. der Chem. u. P/mrm. , CLX , p. 124),
fournit de l'anthraquinone quand on l'oxyde, en dissolution dans
l'acide acétique, par CrOg
Le résultat de l'analyse montra toutefois que j'avais réellement
obtenu une méthanthraquinone:
0,1397gr.delamatièredonnèrent0,4134gr.CO2et0,0591gr.H20.
Calculé.
Trouvé
Cj 4HgO^ C]
isHioOi
C 80,8
81,1
81,1
H 3,8
4,5
4,7
0 15,4
14,4
100,0 100,0
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 231
On voit qu'en traitant C,5H,2? dissous dans l'acide acétique,
par CrOg , le groupe substituant CH^ n'est pas attaqué, et que
l'oxydation a lieu conformément à la formule suivante:
C,,H;,+30^C,3H,o02-hH,0.
La raéthanthraquiuone peut être regardée comme l'analogue de
la toluquinone, laquelle n'a bien pas encore été préparée elle-
même, mais dont plusieurs dérivés chlorés ont été obtenus par
M. Borgmann [Ann. der Chem. u Pharm, CLII p. 248) en faisant
agir le chlorate de potassium et l'acide chlorhydrique sur le crésol
du goudron de houille.
La méthanthraquinone est insoluble dans l'eau et difficilement
soluble dans l'éther, mais dans l'alcool elle se dissout au con-
traire beaucoup mieux que l'anthraquinone. La couleur de sa
solution alcoolique est tout à fait semblable à celle d'une solution
étendue de bichromate de potassium. Elle fond à 187" C, et
distille sans altération à une température plus élevée.
La solution aqueuse de SO2 la transforme peu à peu en hydro-
méthanthraquinone de couleur blanche.
§ 2. Distillation sèche du podocarpate
de calcium.
Lorsque le podocarpate de calcium est soumis à la distillation
sèche , il se forme , dans des conditions déterminées , un goudron
peu coloré et dont l'odeur n'a rien de désagréable. L'opération
réussit le mieux quand le sel calcique , privé de son eau de cris-
tallisation, est exposé, dans des tubes de verre de Bohême, à une
chaleur graduellement croissante.
Pour éviter la préparation longue et fastidieuse d'une assez
grande quantité de sel calcique, j'-avais cru d'abord pouvoir me
contenter de chauffer un mélange d'acide podocarpique et de
chaux. Mais l'expérience ne tarda pas à m'apprendre que de cette
façon presque toute la matière organique se perdait , sans donner une
quantité quelque peu appréciable de produit distillé liquide.
La manière d'appliquer la chaleur exerce aussi une grande
influence sur la nature et la quantité du produit de la distillation.
232 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
En me servant de cornues de verre, je ne pus décomposer con-
venablement que la partie externe de la masse; l'emploi d'une
cornue en cuivre ne satisfit sous aucun rapport, car la tempéra-
ture était difficile à régler et on n'obtenait* qu'une faible propor-
tion d'un goudron très foncé de couleur.
J'eus donc finalement recours à l'emploi de tubes d'analyse,
de longueur médiocre (4 décimètres) , en verre de Bohême. Ces
tubes furent remplis à demi de sel calcique sec, puis chauffés
dans un fourneau de Glaser, exactement comme il a été dit ci-
dessus à l'occasion de la distillation de l'acide résineux avec le zinc.
Quand la chaleur progresse lentement d'avant en arrière , il se
forme d'abord un liquide oléagineux jaune clair; plus tard il
passe une masse plus épaisse, et si la température est poussée
très haut, le produit de la distillation est ordinairement rouge
orangé et fortement fluorescent. Pour obtenii; les matières dont il
sera question plus loin, il importe de régler la température de
façon que le produit qui distille soit aussi peu coloré que possible.
En opérant ainsi, j'ai successivement décomposé, dans
l'espace d'une couple de semaines, 150 grammes d'acide podo-
carpique, qui m'ont fourni environ 90 C. C. de goudron.
Longtemps mes efforts pour extraire de la masse brute des
combinaisons définies et constantes sont restés inutiles. La distillation
fractionnée ne m'offrait qu'un faible secours, parce que les vapeurs
des différents corps associés dans le goudron, malgré la diffé-
rence considérable des points d'ébuUition, se diffusaient assez
facilement entre elles, de sorte que la température s'élevait peu
à peu depuis 150° jusqu'au-dessus de 360°, sans rester nulle
part stationnaire.
Le goudron fut distillé par petites quantités avec de l'eau , et l'opé-
ration continuée aussi longtemps qu'il passait encore avec l'eau des
gouttelettes huileuses. Il était facile de voir qu'il se volatilisait ainsi
au moins deux matières organiques différentes: d'abord, en plus
grande quantité, un liquide assez mobile , plus léger que l'eau (A) ;
ensuite, en proportion très minime , un liquide plus épais, sons forme
de gouttelettes, qui tombaient au fond de l'eau (B). Le résidu resté
A. c. oudeman's jr. recherches sur l'acide podocarpique. 233
dans la cornue (C) prit une couleur de plus en plus foncée et une
consistance semi-liquide épaisse; il fut mis à part et joint au
résidu des opérations suivantes.
La matière B, qui dans la distillation avec l'eau avait passé
surtout vers la fin et dont la densité était plus grande que celle
de A, avait l'odeur et beaucoup d'autres propriétés du phénol,
entre autres celle-ci, que sa dissolution aqueuse était colorée en bleu
par le chlorure ferrique. Comme il était à supposer que le liquide
léger A pouvait tenir en dissolution des quantités considérables
de cette matière B, je le secouai avec une solution de potasse,
et séparai ensuite, à l'aide d'une burette, le liquide oléagineux
qui peu à peu s'était de nouveau rassemblé à la surface. Il avait
perdu maintenant environ un sixième de son volume. La solu-
tion alcaline se troubla par l'addition d'un acide, effet dû à la
séparation d'un liquide brun, ayant l'odeur du phénol. Je réunis
la masse entière de ces liquides avec le produit B, rendis le
mélange alcalin, et fis bouillir jusqu'à ce qu'il fût devenu im-
possible de percevoir l'odeur du produit A. La liqueur fut alors
refroidie et acidifiée par l'acide sulfurique; il se sépara environ
2 c. c. d'un liquide brun foncé , qui s'enfonçait dans l'eau et
qui avait tout à fait l'odeur du phénol. Une partie des liquides
aqueux qui avaient été séparés des produits A et B , partie
par hasard conservée , fut secouée avec de l'éther , puis la couche
éthérée de couleur foncée fut isolée à l'aide d'un entonnoir à
robinet, et évaporée. De cette manière, je recueillis encore à peu
près 2 c. c. de la même substance analogue au phénol.
En tout, il avait été obtenu 12 ce. du produit A, 4 c. c. de
B et 72 ce. de C. Mais, comme au commencement j'avais jeté
les liquides aqueux dont il vient d'êtïe question , quelques c. c.
de B doivent avoir été perdus avec ces liquides.
Je vais maintenant, pour plus de clarté, décrire séparément
les phénomènes observés dans le traitement des trois produits
essentiels.
A. Hydrocarbure G^H^^ (Carpène).
Le liquide A fut soumis à la distillation fractionnée suivant
234 \. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l' ACIDE PODOCARPIQUE.
la méthode de M. Linnemann. Une très petite partie passa entre 147°
et 155° C. La masse principale fut recueille à 155^" — 157° C.
Ce qui distilla ensuite se bornait à quelques gouttes et avait
une odeur toute différente de celle du produit principal.
Le liquide obtenu à 155 — 15 7 '^ C. a fait l'objet des analyses
suivantes :
I) 0,1772 gr. ont donné 0,5694 gr. CO^ et 0,1809 gr. H^O.
II) 0,1803 gr. ont donné 0,5788 gr. CO^ et 0,1821 gr. H, 0.
Trouvé.
TT""" lîT
- c 87,7 87,5
H ;L3 11,2
99^ 98^7 ' •
Ces chiffres indiquent clairement que le produit contenait de
l'oxygène. Si nous admettons que celui-ci n'est pas un élément
propre de la combinaison, et qu'il s'y est introduit directement,
sans donner lieu à la formation d'autres composés que des pro-
duits d'oxydation directe, nous pouvons calculer le rapport de C
et H dans la combinaison pure, en corrigeant les proportions
centésimales, de manière que leur somme, qui n'est que d'environ
99 , soit ramenée à 100. On trouve ainsi :
I. IL
C 8'8^6~'"'^ "88^
H 11,4 11,5
J'ai essayé, en distillant la combinaison avec du sodium, de
l'obtenir exempte d'oxygène; mais cette tentative n'a pas eu de
succès, car différentes analyses du produit purifié ont fourni des
chiffres presque identiques à ceux qui ont été rapportés plus haut. En
préparant toutefois plus tard une nouvelle portion de la combi-
naison, j'ai eu soin de la préserver autant que possible du contact
de l'air, et d'en faire l'analyse immédiatement après la prépara-
tion. J'ai alors obtenu les résultats suivants:
I) 0,2331gr. de matière ont donné 0,7521gr. CO^ et 0,2517gr.H20.
II) 0,1873gr. de matière ont donné 0,6061gr. CO^ et 0,1989gr.H2O.
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'acJDE PODOCARPIQUE. 235
Calculé. Trouvé.
c 88,5 88,2
I.
IL
88,0
88,1
12,0
11,8
H 11,5 _ n^
iLÔÔfi "iOÔ^" 100,0 99,9
Ces chiffres s'accordent très bien avec les formules Cglïj ^ ou
CjoHig; et, en somme, encore mieux avec la seconde qu'avec
la première.
Pour jeter quelque jour sur la vraie formule du corps, j'ai
tâché d'en obtenir un dérivé brome propre à l'analyse. Après
plusieurs essais infructueux, j'ai réussi de la manière suivante:
Un poids d'une molécule Cglïj^ — CjoHjg est dissous dans
du sulfure de carbone pur. Au liquide on ajoute très graduelle-
ment 2 atomes de brome également dissous dans le sulfure de
carbone. L'absorption du brome est d'abord très vive, ensuite
plus lente, et accompagnée d'un dégagement d'acide bromhydrique.
Le liquide, qui doit contenir un petit excès de carbure C^R^^r^y
est alors évaporé à l'air dans une capsule plate; le résidu
est chauffé quelque temps à 60 — 80° sur un bain- marie, jusqu'à
ce qu'il reste un liquide sirupeux. Celui-ci est constitué par
C9Hj3Br, comme les résultats des analyses ci- dessous l'établis-
sent avec une probabilité suffisante:
I) 0,2311 gr. de matière, brûlés par PbCr04 , ont donné
0,4483 gr. CO, et 0,1352 gr. H^O.
II) 0,2012 gr. de matière ont donné 0,3888 gr. CO2 et
0,1213 gr. H.O.
III. 0,1634 gr. de matière, calcinés avec CaO, ont donné
0,1597 gr. AgBr.
Calculé. Trouvé.
C,H,3Br C,oH,,Br
C 53,7 55,8
H 6,5 7,0
Br 40,8 35,8
L'hydrocarbure Cgïlj^, auquel , pour abréger , nous donnerons
I.
IL
III.
52,9
52,7
6,5
6,7
41,6
236 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
provisoirement le nom de carpène, est un liquide mobile, plus
léger que Teau , très soluble dans l'alcool , le sulfure de carbone
et le benzol. Son odeur rappelle d'une part celle de l'essence de
térébenthine, et d'autre part celle du styrol. Il absorbe avec
beaucoup d'avidité l'oxygène de l'air, se comporte sous ce rapport
à la manière des terpèues, et forme par oxydation un corps
amorphe, résineux. C'est le hasard qui m'a conduit à observer
ce fait, survenu à mon détriment. Toute ma provision de CgHj 4
était restée pendant 22 jours dans un petit flacon mal bouché,
et durant cet intervalle le liquide avait manifestement perdu
de sa fluidité. Soumis à la rectification, il commença subitement,
beaucoup au-dessous de 155° (point d'ébullition de la combinaison
pure) , à développer du gaz en abondance ; cette réaction continua
encore quelque temps après que la source de chaleur eut été
éloignée. La distillation ayant ensuite été reprise, il resta dans
la cornue un résidu résineux.
Pour m'assurer qu'il y avait eu réellement fi:iation d'oxygène,
j'ai exposé ce résidu pendant quelques jours à l'air sur un verre
de montre plat, puis je l'ai encore chauffé pendant quelques
heures au bain-marie, et enfin je l'ai analysé.
Le résidu total, pesant 0,1193 gr. , donna 0,3255 gr. CO^ et
0,1063 gr. H2O. On déduit de là:
C 74,4
H 9,9
0 15,7
ÎÔÔ,^
Ces chiffres mettent en pleine évidence une absorption considé-
rable d'oxygène. Si nous supposons que l'oxydation de C 911^4
présente une certaine analogie avec celle de C 1 ^ H ^ g ? laquelle
donne naissance aux acides sylvique , piuique et pimarique , nous
avons lieu de présumer que la formule de la résine formée, ou
de l'acide résineux formé, sera C , 3H2 qO^- La production de cette
combinaison devrait alors se faire d'après la réaction:
2(C,E,,) + 30 = C.^H.eO, + H,0
analogue à
2(0, oH,,) + 30 = C,oH3oO, + H,0.
A G OUDEMANS JR RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 237
La formule CjgHoeO^ exige toutefois 78,8 C et 9,5 H. Si l'on
admet que l'acide a fixé une molécule d'eau, l'accord entre les
chiffres trouvés et ceux qui correspondent à la formule proposée
devient très satisfaisant.
Calculé
Trouvé.
C j g
74,0
74,4
H28
9,6
9,9
0,
16,4
15,7
100,0 100,0
De ce qui précède , il résulte donc qu'il existe une grande ana-
logie entre l'hydrocarbure C^R^^y obtenu par moi, et les ter-
pènes CjoHjg. Or, d'après les dernières recherches de M. Oppen-
heim (Berichte der deutschen chem. Gesellsch., V, 94 et 628),
les essences de citron et de térébenthine doivent être regardées
comme des bihydrures de cymol; le corps C9H,4 est donc aussi ,
très probablement, un semblable produit d'addition d'un des hy-
drocarbures aromatiques (^ç^ll^<^. Il fournirait le premier exemple
d'un terpène à 9 atomes de carbone. Jusqu'à présent de pareilles
combinaisons n'ont pas été rencontrées dans la nature, mais rien
ne s'oppose à la possibilité de leur existence ; les recherches faites
par plusieurs chimistes, concernant les produits d'addition des
hydrocarbures aromatiques, donnent plutôt lieu de présumer que
les terpènes ne constituent que des cas particuliers des combinai-
sons comprises dans la formule* générale Ce+^Hs + ga;.
Les hydrocarbures faisant partie de ce groupe pourraient être
désignés par les noms suivants:
C7 Hjo
Toluterpènes
^8 Hl 2
Xyloterpènes
Cg H, 4
Cumoterpènes
^1 oBfiG
Cymoterpènes.
Dans l'acception la plus large , l'ensemble de ces combinaisons
ne formerait encore qu'une simple subdivision de la série totale
des produits d'addition, dont les formules sont
238 A. C. OUUEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCA RPIQUE.
Ce+o? 1310+2^
^6+x Hi2-4-2a;?
OÙ X ne pourrait prendre une valeur supérieure à 6.
A la dernière de ces subdivisions devrait être rapporté l'hydro-
carbure CyHjg, que M. F. Wreden (Berichte der deutsc/ien cliem.
Gesellsc/i., Y., 609) a obtenu en réduisant Fisoxylol par l'acide
iodhydrique, et qui, tout comme les terpènes et la combinaison
C9HJ4 réalisée par moi, absorbe l'oxygène avec avidité. 11 serait
très intéressant de savoir si l'oxydation à l'air de cet hydrocar-
bure CgHjg conduit également à la production d'une résine.
Mais revenons à notre carpène.
La faible quantité qui m'en restait, après les expériences men-
tionnées ci-dessus, ne me permettait pas de fixer la constitution
par des expériences d'oxydation exécutées sur une échelle un peu
large. Plus tard, si je puis me procurer une plus grande quantité
de résine, je reprendrai cette étude, et j'espère alors combler
les lacunes que j'ai dû y laisser. Pour le moment, je dois me
contenter de faire connaître le résultat de quelques essais d'oxy-
dation faits très en petit.
Environ l'/^c. c. de l'hydrocarbure, mêlés avec du bichromate
de potassium et de l'acide sulfurique étendu, furent chauffés
pendant 6 — 8 heures consécutives dans un matras, disposé de
façon que les vapeurs dégagées pouvaient être condensées et que
le liquide provenant de cette condensation était ramené dans
le matras; après ce traitement, l'hydrocarbure restant fut soumis
à la distillation. Je fis une analyse de ce résidu, afin de m'as-
snrer si peut-être la combinaison C9HJ4 avait été convertie par
l'oxydation en une matière de la formule C9Hj2-Voici le résultat
de cette analyse:
0,2134 gr. de l'hydrocarbure séché ont donné 0,6862 gr. CO^
et 0,2170 gr. H^O.
Calculé. Trouvé.
C9H14 CjoH,2
c 88,5 90,0 87,7
H 11,5 10,0 11,3
iÔÔ,^ 100,0 99,0
À. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 239
On voit doDc que le carpène, chauffé avec l'acide chromique;
est oxydé en totalité , et non tranformé en une combinaison plus
pauvre en hydrogène. En effet, si par le calcul on ramène les
chiffres de l'analyse au nombre 100^ on obtient 88,6 C et 11,4 H,
ce qui s'accorde parfaitement avec la formule CgHj^.
L'oxydation fut ensuite reprise; pour commencer, on chauffa
l'hydrocarbure avec une proportion relativement petite du mélange
oxydant, et celui-ci ne fut ajouté en quantité plus grande que
lorsque le liquide fut devenu d'un vert foncé pur. Après chaque
addition du mélange chromifère, on observait un dégagement
de CO^, assez fort, mais de courte durée. L'oxydation se fit,
en général , très rapidement , et il fallut des quantités relativement
grandes d'acide chromique pour oxyder la faible masse de
l'hydrocarbure. Lorsque celui-ci eut entièrement disparu, on
ne constata pas la formation d'un précipité blanc. La liqueur
verte, qui répandait une forte odeur d'acide acétique, fut,
après refroidissement, secouée avec de l'éther; le liquide
éthéré, abandonné à l'évaporation , ne laissa qu'un peu d'acide
acétique. Après que l'oxyde de chrome eut été précipité par
l'ébullition avec la potasse, on chercha inutilement, dans le
liquide incolore, la présence de quelque autre combinaison aro-
matique.
L'oxydation de ^j^cc. de l'hydrocarbure par un mélange de
1 partie d'acide nitrique de 1,34 p. s. et 3 parties d'eau, ne donna
pas un résultat meilleur; après la disparition de l'hydrocarbure,
tout ce qui se sépara par le refroidissement fut une quantité
extrêmement petite d'un liquide huileux épais, probablement une
combinaison nitrée. Le liquide aqueux , qui était coloré en jaune,
devint rouge brunâtre quand on le satura par la potasse; l'éva-
poration de cette solution neutre donna lieu à la formation de
cristaux de salpêtre , et de la dernière eau mère on put séparer ,
au moyen d'un excès d'acide nitrique étendu, une trace d'une
matière brun jaunâtre, qui offrait des indices de cristallisation
et qui consistait vraisembablement en quelque acide nitré.
Des résultats obtenus on peut conclure avec certitude que dans
240 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQUE.
l'oxydation de l'hydrocarbure C^K^r^ il ne se forme pas d'acide
téréphtalique. La faible quantité de matière sur laquelle j'ai
opéré ne permettait pas de se prononcer sur le plus ou moins
de probabilité de la formation d'autres acides aromatiques.
Pour finir, mentionnons encore, au sujet de notre carpène,
que par l'action du brome on peut en obtenir deux produits de
substitution, CgHjgBr et CgR^^Br.^. Le premier est assez stable
à la température ordinaire ; le second ne l'est pas , car il se
décompose peu à peu avec émission de BrH et formation d'autres
produits de couleur foncée. Les vapeurs des deux bromures , sur-
tout quand ceux-ci sont évaporés en présence d'un liquide plus
volatil, attaquent fortement les muqueuses du nez et des yeux;
ces corps demandent donc à être maniés avec quelque précaution.
Ni l'un ni l'autre ne se laissent distiller sans décomposition.
B. Paracrésol («-Crésol.)
Ainsi qu'il a été dit plus haut , le produit distillé B paraissait
contenir, comme élément principal, une matière phénolique. Pour
acquérir quelque certitude à cet égard, le peu que je possédais
du produit fut soumis à la distillation fractionnée, dans une
petite cornue spécialement construite pour cet objet. Après qu'une
petite quantité d'eau se fut dégagée, en provoquant de violents
soubresauts, la température s'éleva en quelques secondes à 202*^ C ,
et il distilla environ 2} ce. d'un liquide brun clair. Le thermo-
mètre monta ensuite subitement bien au-delà de 300^, et dans
la cornue il resta finalement une masse noire, charbonneuse.
Une analyse du produit passé à 202° C. a fourni les résultats
suivants :
0,1748 de matière ont donné 0,4983 gr. CO. et 0,1262 gr. H^O.
Calcule. Trouvé.
C7 77,8 77,8
H3 7,4 8,0
0 14,8 —
100,1
A. C. OUDEMANS JR. RRCnERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPrQUE 241
Il y a, comme on le voit, un accord très satisfaisant entre
les chiffres obtenus et ceux qu'on déduit de la formule du crésol ;
la proportion d'hydrogène est' seulement un peu forte. La circon-
stance que dans le traitement de la matière en question il se
dégageait une odeur urineuse très désagréable, qui se communi-
quait même aux vêtements, me fit soupçonner que j'avais affaire
à T'^-crésol de MM. Engelhardt et Latschinoff. Toutefois, il me »f ut
impossible de faire cristalliser au sein d'un mélange réfrigérant la
petite quantité de matière dont je disposais, même en jetant
dans le liquide épais une parcelle de crésol solide préparé au
moyen de Ff^-toluolsulfonate de potassium.
Le point d'ébulition observé et l'odeur caractéristique du produit
étaient pourtant si convaincants, que je crus devoir attri-
buer la non-cristallisation à la présence d'éléments étrangers
(entre autres à une petite quantité d'un phénol supérieur). La
légitimité de cette supposition fut en effet pleinement démontrée
lorsque , à l'exemple de MM. Engelhardt et Latschinoff {Zeitschriû
fiir Chemie , V , 61 5) , je traitai le crésol qui me restait par le chlo-
rure de benzoyle , pour le transformer en crésol benzoylique. Après
une demi-heure d'ébullition avec un léger excès de chlorure
de benzoyle, il se forma d'abord une petite quantité d'une
masse visqueuse noire, qui resta attachée à la paroi du verre.
La partie demeurée liquide, séparée par décantation et aban-
donnée au refroidissement, se coagula immédiatement en une
masse cristalline. Celle-ci fut pressée entr'e du papier, et dissoute
dans l'alcool bouillant. Par le refroidissement il se déposa des
grains cristallins, dont le point de fusion était situé à 68*^ C,
et dont l'analyse conduisit aux résultats suivants:
I) 0,1985 gr. donnèrent 0,5776 gr. CO^ et 0,1048 gr. H^O.
II) 0,2003 gr. donnèrent 0,5826 gr. CO, et 0,1051 gr. H,0.
Calculé. Trouvé.
I.
II.
C,4
79,3
79,3
79,3
H,,
5,7
5,9
5,8
0,
15,0
"ïô6,'cr
Archives
1 NÉERLANDAISES,
•T.
VIII.
16
242 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
On voit que le dérivé benzoylique obtenu était bien T'^-crésol ben-
zoylique. MM. Engelhardt et LatschinofF donnent pour le point de
fusion de ce composé TO"" C, et pour celui du j-crésol benzoylique
38° C; quant au (?-crésol benzoylique ^ ils le décrivent comme un
liquide. C.
Matière pbénolique Cj^HooO (Hydrocarpol).
Matière phénolique Cjr;H^2^ (Méthanthrol).
Un essai préliminaire, exécuté sur la masse sirupeuse laissée
par la distillation du goudron brut avec l'eau ^ montra qu'elle
contenait encore un peu de f^-crésol^ et que, sous la pression
atmosphérique ordinaire, elle commençait à bouillir vers 230"' C;
la température, toutefois, ne tarda pas à s'élever jusqu'au-delà de
260° C, et il passa finalement un liquide jaune très épais, d'une
odeur aromatique.
Pour éviter autant que possible les phénomènes de décomposition
et d'oxydation , la masse principale du goudron fut distillée dans
le vide ; cette opération devant être continuée pendant plusieurs
jours de suite, à cause de la tension excessivement faible de la
vapeur des matières qui constituent le goudron, l'emploi d'une
pompe pneumatique mue par la vapeur rendit d'excellents services.
La distillation commença à environ 90° C; mais bientôt Ja
température monta à 218° C, et pendant plusieurs heures elle
resta stationnaire à 220^ ; l'opération put encore être continuée
jusqu'à ce que la température eut atteint à peu près 250'' C.
Arrivé à environ 230°' C, j'eus à lutter contre une difficulté
imprévue ; à la suite d'une légère diminution de pression , produite
par le mouvement d'ascension du piston de la pompe pneumatique,
le liquide contenu dans la cornue commença subitement à écumer
et à rejaillir, de sorte que le produit de la distillation fut forte-
ment souillé. Après quelques tentatives infructueuses, je parvins
enfin à lever cette difficulté, en remplissant la cornue de petits
fragments de coke, jusqu'à une hauteur telle qu'ils dépassaient
d'environ ly^ centim. le niveau du liquide. L'écume venait alors
se briser contre les saillies du coke, et n'exerçait plus aucune
influence fâcheuse sur la marche de l'opération.
â
A, C. OUDEMANS JR. RKCHKRCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 243
Comme je l'ai déjà dit, cette distillation du goudron dans le
vide prit un temps très considérable. Les vapeurs se dégageaient
avec une tension si faible, qu'à la température de 220^ C, en
une heure de temps, je pouvais à peine recueillir l ce. de pro-
duit distillé. Lorsque le thermomètre fut arrivé à 230° , et que
j'eus obtenu environ 30 ce. d'un produit peu coloré, il ne passa
presque plus rien: je résolus alors de cesser la distillation dans
le vide et de continuer l'opération sous la pression ordinaire de l'air.
Dans ce nouveau traitement, il se présenta des phénomènes
que je ne m'expliquai que plus tard, et dont, pour ne rien
omettre, je dois faire ici mention.
La distillation lente du dernier résidu, exécutée, comme je
viens de le dire , sous la pression atmosphérique , me donna , en
assez peu de temps, un produit passablement fluide, qui différait
tout à fait de celui que j'avais recueilli dans le vide, à 220°.
Lorsqu'il ne resta plus que 2 — 3 ce de liquide dans la cornue ,
la fluidité du produit diminua de nouveau fortement: la plus
grande partie s'arrêta dans le col de la cornue, et devint peu
à peu complètement solide et cristalline.
La distillation fut alors bientôt terminée ; la cornue ne conte-
nait plus qu'une petite quantité de charbon, d'où l'on pouvait
encore extraire par le sulfure de carbone une trace d'une com-
binaison fortement fluorescente (probablement un hydrocarbure).
La température à laquelle a lieu la formation du produit fluide
se trouve au-dessus de 360° C , et dang le dernier stade de l'opé-
ration la chaleur est si forte que le verre des petites cornues
(verre à base de soude) se ramollit.
L'étude attentive du produit fluide, dont il a déjà été question
plusieurs fois , montra qu'il consistait en un mélange de 3 matières ,
savoir: 1^ le carpène 0^13^4 décrit précédemment, 2^ T'^-crésol
et 3° le corps pliéuolique sirupeux qui distille dans le vide à
220" C. Quant à la méthode suivie pour cette étude, je puis
me dispenser d'en parler, attendu que j'ai déjà exposé en détail ,
p. 233 et suiv. , la manière d'isoler les trois éléments principaux
qui viennent d'être nommés. Il suffira d'ajouter ici que la pré-
16-*^
244 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOGARPIQUE.
sence du carpène a été démontrée par la détermination du point
d'ébuUition (155 ' C.) et par une analyse élémentaire de l'hydro-
carbure puriiié à l'aide de la potasse; que l'existence de l'^-crésol
a été confirmée par la préparation de la combinaison benzoylée
fusible à 68° ; et enfin que le troisième élément a été reconnu
à ses caractères physiques (point d'ébuUition dans le vide, etc.)
et aux résultats de l'analyse élémentaire.
La circonstance que les points d'ébuUition du carpène et du
paracrésol sont tous les deux beaucoup plus bas que celui du
phénol distillant à 220° C. dans le vide, nous oblige d'admettre
qu'à la température élevée , à laquelle a été exposé le résidu resté
dans la cornue , il y a eu décomposition de la matière primitive ,
et que l'hydrocarbure Cgïï^^ et le paracrésol appartiennent l'un
et l'autre aux produits qui prennent alors naissance. Nous verrons
d'ailleurs, plus loin, que le corps solide qui passe à la fin de
la distillation a la même origine, c'est-à-dire qu'il doit également
être considéré comme un produit de décomposition du phénol distil-
lant à 220° C. dans le vide.
Passons maintenant à la description de cette dernière combi-
naison, que nous nommerons
Hydrocarpol (CjgH^oO).
Tel que je l'aï obtenu, ce corps constitue un liquide de couleur
jaune, fortement réfringent, d'une consistance sembable à celle
d'une térébenthine de Venise très épaisse, doué d'une odeur
aromatique faible mais très caractéristique et n'ayant rien de
commun avec celle du phénol ou du crésol. A l'état de pureté
parfaite il serait probablement incolore, mais il est difficile de
le débarrasser de tout élément étranger. A l'air il prend peu à
peu une couleur plus foncée, sans toutefois que sa composition
soit beaucoup altérée.
L'hydrocarpol est presque insoluble dans l'eau, très soluble au
contraire dans l'alcool, l'éther, le benzol et surtout le sulfure
de carbone.
Il se dissout facilement dans la potasse, et se laisse de nou-
veau précipiter de cette dissolution par l'addition d'un acide.
A. C. OUDKMANS JK. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 245
Par rébullition avec l'acide nitrique, Thydrocarpol donne nais-
sance à un dérivé nitré , qui cristallise très difficilement en grains
rouge-brunâtre, et qui paraît se décomposer avec une grande
facilité.
L'odeur de cette combinaison a beaucoup d'analogie avec celle
du musc.
Les résultats de l'analyse de Thydrocarpol , obtenu par distil-
lation dans le vide à 220° C, ont été comme il suit:
I) 0,1875 gr. de matière ont donné 0,5780 gr. CO, et
0,1501 gr. H,0.
II) 0,2147 gr. de matière ont donné 0,6630 gr. CO^ et
0,1719 gr. H,0.
III) 0,2070 gr. de matière ont donné 0,6386 gr. CO, et
0,1656 gr. HoO.
Calculé.
Trouvé.
I.
IL
m.
^1 6
84,2
84,1
84,2
84,1
Hoo
8,8
8,9
8,9
8,9
0
7,0
100,0
La raison pour laquelle j'ai donné à la matière phénolique
CjgHooO le nom d'hydrocarpol , c'est qu'elle appartient indubi-
tablement à ce qu'on appelle les produits d'addition de la série
aromatique. Plus loin, on verra que l'acide podocarpique et le
composé CjeH^oO peuvent être considérés comme des dérivés
du diphényle. Or, si dans l'hydrocarbure Cj^Hj^ on suppose
l'hydrogène remplacé par des radicaux alcooliques C^H2^-|-i et
par de l'hydroxyle, de telle sorte qu'il en résulte une combinaison
saturée à 16 atomes de carbone, la formule de cette combinaison
devra être C^gHigO; un pareil corps pourrait être désigné briè-
vement par le nom de carpol, et il nous conduit à regarder
le composé C j ^ H ^ q 0 comme une matière relativement sursaturée
de la série aromatique.
246 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
La décomposition que Thydrocarpol pur éprouve à une tempé-
rature élevée (au-dessus de 360°) offre beaucoup d'intérêt.
Si l'on introduit quelques grammes de la combinaison dans une
petite cornue, et qu'on la chauffe sur une petite flamme de gaz
de manière à la faire bouillir très légèrement , elle se décompose
peu à peu en matières d'une constitution plus simple ; ces matières
sont précisément celles que nous avons déjà appris à connaître
comme produits de décomposition des dernières parties du goudron
épais qui reste après la distillation de Fhydrocarpol, à savoir:
le carpène, le paracrésol et une substance pbénolique d'un point
de fusion assez élevé.
De ce fait je crois pouvoir inférer que ces dernières portions
du goudron épais , qui à une température élevée se comportaient
exactement comme l'hydrocarpol, en étaient réellement formées
pour la plus grande partie.
Je dois faire remarquer ici que la décomposition de l'hydro-
carpol sous l'influence de la chaleur se fait très lentement et , en
outre, d'une manière incomplète; car, avec les produits de décom-
position les plus volatils, le carpène et le crésol, il passe une
quantité considérable d'hydrocarpol ^), et ce n'est que plus tard
qu'on voit apparaître le phénol solide dont il a été question
précédemment.
J'ai cherché , sans succès , à opérer un dédoublement plus com-
plet de l'hydrocarpol à l'aide de quelque réaction simple. Dans
cette tentative j'avais spécialement en vue la formation d'un
hydrocarbure C9Hj2? suivant l'équation
Ci6H2oC> = C7H8 0 + C9H12 ;
l'étude de ce corps' Cglïj^ aurait peut-être fourni le moyen de
jeter plus de jour sur la constitution du carpène.
J'avais surtout attaché beaucoup d'espoir à la distillation de
l'hydrocarpol avec P2O5. MM. Engelhardt et Latschinoff {Zeilschrift
fur Chemie, nouv. sér. , p. 621 — 622) ont employé cette réaction
^) En même temps il se forme aussi du méthane CH^ et une quantité d'eau
très petite , mais nettement appréciable.
A. C. OUDEMAiXS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 247
avec succès pour préparer le i-crésol au Qioyen du thymol, et
par là ils ont eu même temps éclairci la structure chimique de cette
dernière combinaison. En effet, sous l'influence de P^O^ , le thymol
CjoHj40 se décomposa essentiellement de la manière suivante:
P,03 + 6(C,oH,,0)=z6(C3HJ + 2
C,H,0^ PO
3H,0,
et du phosphate de crésol obtenu on put isoler le crésol an moyen de
la potasse , avec formation de phosphate de potassium. La preuve
que le corps nommé /-crésol par MM. Engelhardt et Latschinoff
donnait de l'acide oxybenzoïque quand on le fondait avec la
potasse, ne fut fournie que plus tard par M. Barth {Aîin. der
Chem. u. Pharm.j CIV, p. 361 et suiv.).
A l'exemple des deux chimistes russes, j'ai chauffé l'hydro-
carpol avec -l de son poids de PoOg. La réaction ne se produit
qu'à une température un peu élevée, mais elle marche du reste
assez bien quand on a appris à la régler. Au commen-
cement il se formait de l'hydrogène phosphore spontanément
inflammable; mais, en appliquant la chaleur d'une manière
très lentement progressive, je parvins à éviter le dégagement de
ce gaz, et à faire distiller une petite fraction de matière avant
que la masse ne se carbonisât dans la cornue.
Le produit distillé avait l'odeur désagréable de l'hydrogène
phosphore, mais on lui enleva cette odeur en le chauffant dou-
cement avec une dissolution faible d'acide chromique.
Après cette purification, on en sépara facilement, par la dis-
tillation avec l'eau, un liquide léger, qui, d'après sa composition
et ses caractères physiques (point çrébullition 155° C), n'était
autre chose que du carpène.
0,2146 gr. de cette matière donnèrent 0,6923 gr. COç, et
0,2146 gr. H^O.
Calculé CaH,,. Trouvé.
C 88,5 88,0
H 11,5 . 11,2
"100,0 99,2
248 a. c. oudejvuns jr. recherches sur l'acide podogarpique.
Le résidu , soumis à une ébullition prolongée avec l'eau , fournit
encore, en très petite quantité, des gouttelettes d'un liquide oléa-
gineux, qui bouillait à 360^ C, possédait une odeur faible et
spéciale, et avait beaucoup d'analogie avec le phosphate de phénol
découvert par M. Scrugham. Ce corps ne peut avoir été que du
phosphate d'<'-crésol ; de même que la combinaison de M. Scrugham ,
il donnait, par ébullition avec l'acide nitrique, un produit nitré
phosphorifère.
D'après ce qui a été dit plus haut au sujet de la décomposition
de l'hydrocarpol par la distillation sèche, il est probable qu'il
s'est aussi formé un phosphate de méthanthrol, mais que
celui-ci a été décomposé sous l'influence de la haute température
à laquelle la cornue était exposée.
Phénol solide CjsHjoO (Méthantrol).
Le phénol solide, qui se forme dans la dernière phase de la
distillation de l'hydrocarpol, se laisse assez facilement isoler,
attendu qu'il est beaucoup moins volatil que la matière qui lui
donne naissance. Dans la distillation j'en obtins une petite
quantité à l'état pur, en chauffant d'abord fortement le col de
la cornue pour faire égoutter l'hydrocarpol adhérent, et ensuite
le lavant, pour ainsi dire, à plusieurs reprises avec de petites
quantités du phénol solide fondu.
Ainsi obtenue , la combinaison en question était presque blanche ,
et seulement souillée par une petite quantité d'une matière inso-
luble dans la potasse. Cette matière fut facilement enlevée en
secouant la dissolution 'potassique avec de Téther. La liqueur
alcaline, acidifiée par l'acide sulfurique, abandonna à l'éther la
plus grande partie du phénol précipité ; une petite partie se sépara
au bout de 24 heures de la solution aqueuse éthérifère, sous la
forme d'une masse feutrée, indistinctement cristalline. La solution
éthérée, évaporée au bain-maïie, laissa un liquide oléagineux,
qui par le refroidissement se prit en une masse cristalline radiée.
Celle-ci avait son point de fusion à 122" C, tout comme les
cristaux feutrés dont nous venons de parler et auxquels elle était
identique par ses propriétés chimiques.
A. C. OUDEMA.NS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 249
L'analyse de la matière fournit les résultats suivants:
0,1815 gr. donnèrent 0,5733 gr. CO. et 0,0978 gr. H.O.
Calculé. Trouvé.
C 86,5 86,5 86,1
H 5,8 6,3 6,0
0 7,7 7,2^ —
'ïôô,"o 'looTT
On voit que les chiffres obtenus s'accordent bien avec chacune
des deux formules CjeH^^O et G^-R^^^^ mais pourtant encore
mieux avec la seconde qu'avec la première; je dois d'ailleurs
faire remarquer à ce sujet que , vu le peu de différence des deux
teneurs en C et en H, j'ai mis tous mes soins à obtenir des
résultats analytiques aussi exacts que possible ^).
Il y a toutefois d'autres raisons, plus importantes, qui m'ont
conduit à regarder la formule Cj-Hj^O comme plus probable
que la formule C , ^ H j ^ 0 ; ces raisons sont :
1". que du méthanthrène C,5Hj2 a été obtenu dans la dis-
tillation de l'acide podocarpique avec le zinc en poudre;
2^ que la production de CH4, dans la distillation sèche de
l'acide podocarpique et dans la décomposition de l'bydrocarpol
sous l'influence d'une haute température , se laisse mieux expliquer
en adoptant la formule Cj-Hj^O qu'en admettant la formule
C,eH,,0.
Au sujet de l'anthracol, ou plutôt des différents anthracols
(analogues aux naphtols) dont l'existence peut être présumée,
nous ne savons encore rien.
§. 3. Récapitulation des résultats obtenus
par la distillation du podccarpate de calcium.
Les recherches dont il vient d'être rendu compte ont appris que
le podocarpate de calcium, soumis à la distillation sèche, donne
trois produits volatils principaux, savoir:
' ) Le mauque de matière to2d à fait pure m'a empêché de faire des analyses
plus nombreuses. La quantité du produit impur était trop petite pour qu'on pût
songer à le purifier par la distillation fractionnée.
250 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
P. Carpène C9HJ4.
2\ Paracrésol C^HgO.
3 ^ Hydrocarpol C j g H ^ 0 0.
La comparaison des formules des deux premières de ces combinai-
sons avec celle de l'acide podocarpique suggère immédiatement une re-
lation très simple; exprimée par la formule de décomposition suivante:
C,,H,,03 = CO, + C,H,, + C,H30.
Si l'on compare l'acide podocarpique à d'autres oxacides de
la série aromatique ^ d'une composition plus simple , à l'acide
salicylique par exemple , il est permis de supposer que les combi-
naisons CgHj.^ et C^HgO ne sont en réalité que des produits
de dédoublement d'une matière phénolique CjgH^o^? laquelle
pourrait être dérivée directement de l'acide podocarpique par
l'élimination de CO2.
Cette matière C ^ gH^ ^^^ ^'^ P^s été obtenue par nous en nature,
mais bien sous forme d'hydrocarpol, lequel renferme H ^ de moins.
Il n'y a pas lieu de s'en étonner, si l'on réfléchit que l'hydro-
carpol doit déjà être rangé parmi ce qu'on appelle les produits
aromatiques d'addition (voir p. 245) , et que par conséquent une
matière qui contient encore 2 H de plus doit se trouver dans un
état relativement très instable et être facilement décomposée par
la chaleur.
Pour ce qui regarde l'hydrocarpol CjgHooO, la production de
ce composé se laisse donc expliquer très simplement par une
décomposition de CjgH.-j^O, sous des conditions déterminées de
température, dans lesquelles cette combinaison fragile se dédou-
blerait en Cj gHo^O et H^.
Il y a pourtant une circonstance qui paraît difficilement con-
ciliable avec cette manière de voir, c'est que la formule du sel
calcique employé, Cj^H^iCa O3 ou C3.iH4 2CaOg , ne s'adapte
pas aussi simplement aux formules des produits engendrés dans
la distillation sèche.
Si de la formule C3 4H4 2Ca06 on retranche les éléments d'une
molécule de carbonate de calcium, qui doit nécessairement se
former, il reste C33H42O3, et avec ce résidu la formation des
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCEUE PODOCARPIQUE. 251
produits ci-dessus décrits ne se laisse expliquer qu'en admettant
un dégagement d'oxyde de carbone.
Dans ce cas , en effet , on pourrait poser les équations suivantes :
P. C3.,H,.CaOG==:CaC03 + CO + C,gH,,0 + C^ ^H.oO
2«. C,eH,,0 =C,H30 + C,H3,.
MaiS; comme l'expérience a appris que la quantité d'hydrocarpol
formé est certainement six ou sept fois plus grande que celle du
carpène et du paracrésol pris ensemble, il faudrait admettre en
outre que C^eHooO peut aussi se dédoubler suivant la formule
suivante :
La formation du méthanthrol Cj-Hj^O, lequel existe pro-
bablement en petite quantité dans le goudron brut, peut être
regardée comme le résultat d'une réaction secondaire. Nous
avons vu, en effet, que cette matière prend naissance lorsqu'on
chauffe i'hydrocarpol à une température qui dépasse tant soit peu
le point d'ébullition 5 selon toute apparence, cela a lieu d'après
l'équation :
3(C,eH,„0) = 2(C,H30) + 2(C,H,J+C,,H,,0+CH,.
Pour m'assurer autant que possible de l'exactitude des for-
mules adoptées, j'ai aussi étudié les produits de décomposition
auxquels donne naissance la distillation sèche de Tacide podo-
carpique pur, en accordant une attention spéciale aux gaz qui
se dégagent dans cette circonstance.
§ 4. Distillation sèche de l'acide podocarpique pur.
Dès mes premières recherches sur l'acide podocarpique, j'avais
déjà reconnu qu'il pouvait supporter une température très éle-
vée (d'au moins 330° C.) sans éprouver de décomposition
sensible. Un essai en petit, dans lequel quelques grammes de
l'acide résineux furent soumis à la distillation sèche, eut pour
seul résultat que, à une température dépassant beaucoup 360",
il passa dans le récipient, outre une petite quantité d'eau, une
masse liquide épaisse, qui resta pâteuse après le refroidissement,
et que je regardai simplement comme un anhydride.
252 A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'acIDE PODOCARPIQUE.
En reprenant l'étude des produits de distillation, il me parut
assez probable que, par une chaleur maintenue dans des limites
convenables et réglée avec soin, l'acide résineux pourrait être
scindé , en tout ou en grande partie , en combinaisons plus simples.
J'avais devant l'esprit les recherches de M. Hlasiwetz sur l'acide
guaïacorésinique , lesquelles ont montré qu'à une forte cha-
leur cette combinaison peut être distillée presque sans altération,
mais qu'à une chaleur très modérée elle fournit du guaïacol et
de la pyroguaïacine.
Comme il me semblait désirable de déterminer autant que pos-
sible quantitativement les produits gazeux qui pouvaient se for-
mer, l'appareil distiliatoire devait être disposé de façon qu'aucune
partie des gaz dégagés ne pût se perdre; en outre, à raison de
la possibilité du dégagement de CO et CH^, l'air contenu dans
l'appareil, .dont la présence eut été un grave embarras, devait
en être chassé. Je remplis cette dernière condition , de la manière
la plus simple et la plus facile, à l'aide d'un courant de CO^
pur; ce gaz était ensuite absorbé par la potasse avant qu'on pro-
cédât à la recherche de CO et CH4 dans le mélange gazeux.
Il est clair qu'en opérant ainsi on ne pouvait pas déterminer
simultanément la quantité du gaz CO2 formé dans la distillation;
je fus donc obligé de faire, eu vue de cette détermination , quel-
ques expériences spéciales. Pour celles-ci, je me servis d'une
petite cornue d'environ 20 ce. de capacité, qui était reliée
hermétiquement, au moyen d'un anneau de caoutchouc, à un
récipient d'une capacité égale. Dans la tubulure de la cornue
était fixé, à l'aide d'un bouchon de caoutchouc , un tube de verre
recourbé à angle droit, qui conduisait à un gazomètre rempli
d'air ; la tubulure du récipient était mise en rapport , de la
même manière, avec les tubes de dessiccation et d'absorption.
Pour une détermination de CO^ , on introduisait dans la cornue
1 — 2 grammes d'acide podocarpique , on assemblait l'appareil,
on interceptait par un robinet à compression la communication
entre la cornue et le gazomètre, et enfin on procédait à la dé-
composition de l'acide podocarpique. L'expérience terminée, on
4
A C. OUDEMANS .IR. REGHE RCttES SUR l'aOIOE PODOC ARPIQUE. 253
faisait traverser l'appareil par de Tair sec et privé de CO2 ,
jusqu'à ce qu'on eût la certitude que tout le COo était fixé sur
la chaux sodée du tube d'absorption.
Lorsqu'il s'agissait de recueillir les autres produits gazeux de
la décomposition, l'appareil recevait les petites modifications sui-
vantes. Au lieu d'un gazomètre à air, on reliait à la cornue un
appareil à dégagement de CO2 , et la tubulure du récipient était
munie d'un tube abducteur, qu'on pouvait introduire dans l'ouver-
ture d'un gazomètre de Simpson, en verre , d'une capacité d'environ
1 litre.
Dans la cornue on mettait de nouveau 1 — 2 grammes d'acide
résineux, on montait l'appareil, et, avant d'y adapter le gazo-
mètre en verre, on faisait passer pendant 1 — 11- heures un
courant de CO2. Le robinet de l'appareil à dégagement d'acide
carbonique était ensuite fermé, l'embouchure du tube abducteur
introduite dans le gazomètre fermé par en haut et rempli d'eau ,
et celui-ci placé dans une cuve contenant assez d'eau pour que
la tubulure se trouvât tout juste au-dessous de la surface. On
chauffait alors la cornue, et quand le dégagement de gaz avait
cessé, on faisait passer de l'acide carbonique jusqu'à ce que le
gazomètre fût presque plein. Les gaz restés dans l'appareil dis-
tillatoire en étaient de cette manière expulsés complètement. Pour
priver de CO^ le mélange gazeux obtenu , ou jetait très rapidement
quelques petits bâtons de potasse par la tubulure du gazomètre,
on fermait celle-ci avec un bouchon de caoutchouc , et on agitait
le gazomètre, en l'ouvrant de temps en temps sous l'eau , jusqu'à
ce qu'en présence d'un excès de potasse on n'observât plus
d'absorption.
Avant de faire connaître les résultais de l'examen concernant
la nature et la quantité des gaz, je dois encore décrire en peu
de mots les phénomènes qui s'observent dans la décomposition
de l'acide podocarpique.
La décomposition d'une quantité relativement petite d'acide
résineux exige beaucoup de temps, et elle n'en reste pas moins
très incomplète, attendu qu'il se forme proportionnellement beau-
254 A. C. OUDEMANS JH. RECHERCHES SUR l' ACIDE PODOCARPIQHE.
coup d'hydrocarpol et seulement des quantités très minimes de
carpène, de paracrésol et de méthanthrol. Si l'on fait refluer
les produits distillés^ la décomposition marche de plus en plus
lentement^ parce que la présence d'une quantité croissante de
carpène et de paracrésol abaisse notablement le point d'ébullition
du résidu resté dans la cornue. J'ai donc réussi le mieux en ne
laissant pas refluer les produits volatils, mais en maintenant du
reste la température aussi bas que possible.
C'est seulement à 330° C. que l'acide résineux fondu com-
mence à dégager du gaz; ce phénomène ne prend toutefois une
grande intensité qu'à des températures où le thermomètre à
mercure refuse ses services.
Dans le cours de la décomposition on peut distinguer très
nettement les périodes suivantes:
I. L'acide résineux abandonne une petite quantité d'eau , qui
se rassemble dans le col de la cornue (à environ 330° C).
II. Du gaz se dégage graduellement, et il passe une quantité
de plus en plus grande d'un liquide oléagineux épais (essen-
tiellement de l'hydrocarpol). Il se forme peu à peu une quantité
très faible d'eau (estimée tout au plus à 3 ou 4 centigrammes
pour 1 gramme d'acide résineux).
III. Le dégagement gazeux diminue ; la distillation de produits
volatils s'arrête ; dans la cornue il reste encore une petite quantité
d'un liquide qui se laisse bien chasser d'un point à l'autre au
moyen de la flamme , mais qui ne peut être distillé qu'avec une
peine extrême. Ce liquide est fluorescent , et par le refroidissement
il se concrète en une masse cristalline radiée.
IV. Il ne reste , lorsque la cornue entière est chauffée fortement ,
rien qu'un peu de charbon.
Nous verrons que ces périodes ont chacune leur signification
propre, et que, en ayant égard aux faits observés dans la dis-
tillation du podocarpate de calcium, elles ne sont pas difficiles
à expliquer.
En premier lieu , maintenant , j'ai tâché de déterminer la quantité
^d'eau qui se forme au commencement de la décomposition. A cet
A G. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOC ARPIQUE. 255
effets lorsque dans la cornue^ préalablement pesée avec son con-
tenu, la production d'eau avait cessé, je la laissais refroidir,
j'absorbais soigneusement Teau avec du papier à filtre, et je
prenais alors de nouveau le poids de la cornue.
Le résultat fut que l'acide résineux, à une température d'en-
viron 330^ C, perd en tout 3,1 — 3,3 d'eau pour 100 parties.
Cela correspond exactement à 1 molécule d'eau (3,3 pour cent)
pour 2 molécules d'acide résineux.
La décomposition commence donc par la formation de ce qu'on
appelle un anhydride alcoolique, suivant la formule:
2(C,,H,,03) =: C3,H,,05 + H,0,
et la constitution de cet anhydride peut probablement être re-
présentée par la formule abrégée :
> 0
CigH;
20 CO.H.
Dans la suite de l'action, c'est, à proprement parler, cet an-
hydride qui se décompose.
La quantité de CO^ qui prend naissance n'est pas toujours la
même ; dans différentes expériences j'ai trouvé les chiffres suivants :
N". 1
8,5 \
8,9 1 pour 100 parties
N°. 2
N«. 3
9,2 ( d'acide résineux.
N». 4
9,3 ]
ce qui fait un peu plus que 1 molécule CO2 pour 1 molécule
d'anhydride (1 mol. CO^ correspondrait à 8,0 % du poids de
l'acide résineux).
Poursuivant l'examen, j'ai reconnu d'abord qu'il ne se forme
pas de combinaisons gazeuses de la formule C^H^n. En effet, le
mélange gazeux, secoué avec un peu d'eau bromée, n'en faisait
nullement changer la couleur.
Un essai préliminaire a montré ensuite que le gaz, privé de
CO2, était absorbé en partie par le chlorure cuivreux dissous
256 A. C. OUDEMANS JK. RECHERCHKS SUR l'aGIDE PODOG ARPIQUE.
dans l'acide chlorhydrique , et qu'il contenait par conséquent du
monoxyde de carbone.
Une couple de déterminations du CO qui se forme dans la
distillation d'un poids connu d'acide podocarpique ont été effec-
tuées de la manière suivante. Après l'absorption de CO.^ par la
potasse ; le gaz qui restait était mesuré , puis on en faisait passer
une partie dans une cloche sur le mercure. Ici, on absorbait CO
par le chlorure de cuivre et ensuite CIH par un excès de solution
de potasse, après quoi le résidu était mesuré à l'état humide.
Au moyen du volume de CO trouvé après réduction, il était
facile de calculer en poids la quantité totale de ce gaz. J'ai
obtenu ainsi, dans deux expériences:
]s^o^ 1 3 3 i
' ' CO pour 100 parties d'acide résineux :
N°. 2 3,5 ^^ ^ ^ '
ce qui correspond à peu près à 0,7 molécule CO pour 1 molécule
d'anhydride.
Enfin, j'ai pu me convaincre que le gaz qui restait après l'ab-
sorption de CO5 et de CO n'était que du méthane ^). Pour cela,
ce gaz fut conduit d'abord à travers un tube à chaux sodée,
puis sur de l'oxyde de cuivre chauffé au rouge, et on détermina
les quantités d'eau et de CO2 qui s'étaient formées.
Dans une expérience j'ai trouvé qu'environ 70 ce. gaz avaient
donné par combustion 0,1104 gr. CO^ et 0,0870 H.O.
En calculant la quantité de CH4 qui répond au CO^ trouvé,
on obtient:
0,0401 gr. CH,.
Cette quantité renferme 0,0100 gr. H,
et nous avons trouvé 0,0097 gr. H.
Si le gaz avait été un mélange de CH^ et de H, il aurait dû se
former plus d'eau par la combustion.
Les gaz qui se dégagent quand l'acide podocarpique se dé-
1) Il n'y avait guère d'intérêt à exécuter une détermination quantitative du
CH^ formé, attendu que le dédoublement de l'hydrocarpol reste toujours
incomplet.
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 257
compose sous l'influence d'une température élevée sont donc : le
dioxyde de carbone, le raonoxyde de carbone et le méthane.
Quant aux produits liquides qui se forment simultanément, ils
paraissent être en grande partie les mêmes que ceux auxquels
donne naissance la distillation du sel calcique. Seulement il faut
remarquer que la proportion des différents éléments est tout autre
dans chacun des deux cas. L'acide podocarpique pur donne en
effet presque exclusivement àe l'hydrocarpol, un peu de méthanthrol,
et seulement des traces de matières pouvant êtres volatilisées
avec l'eau.
La preuve que le produit principal est réellement de l'hydro-
carpol, est donnée par le point d'ébullition (220'^) observé en
distillant ce produit dans le vide , ainsi que par les résultats des
analyses suivantes :
I) 0,2301 gr. ont donné 0,7087 gr. CO., et 0,1863 gr. H^O.
Il) 0,2012 gr. ont donné 0,6183 gr. CO., et 0,1629 gr. H,0.
Calculé, Trouvé.
I.
II.
C
84,2
84,0
83,8
H
8,8
9,0
9,0
0
7,0
100,0
La quantité des produits facilement volatilisables était trop
minime, pour que leurs propriétés pussent être constatées d'une
manière suffisamment certaine; toutefois, je regarde comme pro-
bable qu'ils sont identiques avec le carpène et le paracrésol.
De même je crois pouvoir admettre, et cela sur des bases
meilleures, que le produit passant en dernier lieu, dont il a été
question p. 254, n'est rien autre que du méthanthrol. La quantité
obtenue ne suffisait pas pour une analyse , mais bien pour recon-
naître la solubilité du produit dans la potasse, et par suite sa
nature phénolique, ainsi que pour étudier ses caractères physiques.
Or, ces derniers étaient les mêmes que ceux du méthanthrol
décrit précédemment; pour le point d'ébullition, entre autres, je
Archives Néerlandaises, T. VIII. 17
258 A. C. OUDEMANS .IR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE.
trouvai 120° C, ce qui s'accordait sensiblement avec le résultat
antérieur.
Finalement, je ne dois pas négliger d'avertir que l'hydrocarpol
obtenu dans la distillation de l'acide podocarpique a une odeur
très spéciale , qui rappelle un peu celle des produits de distillation
de l'acide tartrique. Cette odeur est probablement due au mélange
d'une petite proportion de quelque matière étrangère, mais il m'a
été impossible de constater son origine véritable. Peut-être faut-il
la rattacher à l'existence d'une trace d'un acide organique volatil ,
qui passe avec l'hydrocarpol; la quantité de ce corps est d'ailleurs
si petite , qu'elle ne communique , à un petit nombre de ce.
d'eau, qu'une réaction acide à peine appréciable.
§ 5. Récapitulation des résultats obtenus par
la distillation sèche de l'acide podocarpique.
Les expériences décrites dans le § précédent ont montré qu'à
une température de 330" C. l'acide podocarpique se dédouble en
anhydride et eau, suivant l'équation:
2(C,^H,,03) = C3,H„05+H,0;
qu'ensuite cet anhydride donne pour produits de décomposition
essentiels: le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone et
l'hydrocarpol, tandis qu'il faut considérer comme produits secon-
daires: le méthanthrol, l'eau et propablement aussi le carpène
et le paracrésol.
Si l'on cherche toutefois à établir la formule de décomposition
de l'anhydride, on reconnaît, d'après les quantités trouvées
de CO2 et de CO, que l'hydrogène doit aussi nécessairement être
compris parmi les produits de la décomposition, et que celle-ci
ne peut se faire que suivant la formule:
C3,H,,0, =C0, + CO 4- 2 (C. ,H,oO) -h H,.
Il est vrai que les expériences ci-dessus décrites n'ont pas dé-
montré l'existence de l'hydrogène parmi les gaz mis en liberté;
au contraire, si l'analyse exécutée mérite une confiance entière,
son résultat prouve précisément l'absence de l'hydrogène.
A. G. OUDEMANS JR. RECdRRfiHES SUR l'aCIUE PODOCARPIQUE. 259
Mais, en jugeant la valeur de ces expériences, on ne doit
pas perdre de vue :
1^ que la quantité d'hydrogène, qui devrait se former d'après
la formule en question , ne s'élève qu'à ^in du poids de l'acide
podocarpique , ce qui donne pour 2 grammes à peine 8 milli-
grammes de H, correspondant à 72 milligr. d'eau.
2". que l'hydrogène, vainement cherché par nous, peut très
bien être entré dans l'une ou l'autre combinaison, que nous ne
saurions indiquer d'une manière précise.
Il est possible, par exemple, que la petite quantité d'eau , qu'on
voit apparaître dans la 2e période de la décomposition , contienne
effectivement l'hydrogène qui figure dans notre formule de décom-
position.
Cette hypothèse me paraît surtout très acceptable à raison de
la fluorescence des derniers produits de distillation, restés adhé-
rents aux parois de la cornue. Le méthanthrol, qui en fait une
partie essentielle, n'est pas fluorescent, tandis que cette propriété
se rencontre chez le méthanthrène Cj.Hjç,. D'après cela, je
regarde comme probable que l'hydrogène est passé peu à peu à
l'état deau en réagissant sur CjgHj^O:
Ce point n'a du reste qu'une importance tout à fait secondaire ,
et mon seul but, en présentant ces remarques, a été de rendre
compte, autant que possible, de tous les phénomènes que j'ai
observés dans le cours de mes recherches.
§ 6. Conlusion.
Sur la constitution de l'acide podocarpiqne.
Si nous rapprochons tous les faits- qui peuvent servir à éclairer
la constitution de l'acide podocarpiqne, nous arrivons à conclure
que la formule de structure la plus simple est celle-ci:
/ OH
, CO,H
17*
260 A. C. OUDEMANS JR, RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQU E.
Mais, considérant en outre que le radical CgH^^ doit renfermer
un noyau benzolique, je suis porté à croire que nous avons
affaire ici à un produit de dérivation du diphényle , et , qui plus
est, à un membre du groupe anomal des produits d'addition.
Les faits observés indiquent en effet que l'acide podocarpique
contient H 4 de plus qu'une matière aromatique — au sens ordi-
naire du mot — complètement saturée.
Tant que la constitution du carpène obtenu reste inconnue,
il est impossible de rendre cette idée par une formule entière-
ment élaborée. Du reste , quand même cette constitution nous
serait dévoilée, nous nous trouverions encore dans Tincertitude
concernant la place qu'occupent les radicaux subtituants CO2H,
OH, CH3 etc. Un seul point a pu être mis hors de doute: c'est
que le radical OH prend vis-à-vis de 1 radical méthyle la posi
tion qui est ordinairement représentée par les chiffres 1.4.
Quoi qu'il en soit, il ne me paraît pas inutile de montrer
comment la formule de structure de la combinaison pourrait être
exprimée. A cet effet, je partirai de la supposition que la com-
binaison CgHj^ possède une constitution analogue à celle des
terpènes , supposition qui , d'après ce que nous avons dit au sujet
de la nature de cette combinaison, repose sur un fondement
assez solide.
Le carpène peut alors être représenté par une des formules
suivantes :
I. n. m.
C.H3(H,) \ceI c,H,(H,) J^^^ C,H,(H,) IC3H,.
'CH3 ^'^'
Ces trois formules sont l'expression brute de plusieurs cas
d'isomérie, dont il est difficile de déterminer le nombre aussi
longtemps que nous savons si peu de chose touchant l'influence
que le H^ en excès (placé entre ( ) dans la formule) exerce sur
la nature des hydrocarbures aromatiques. Si l'on admet que le
placement différent de ces atomes d'hydrogène exerce une influence
analogue à celle qui s'observe pour le placement différent de CH 3,
A. C. OUDIfiMANS JR. RECHERCHES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 261
OH etc. ; si l'on suppose en outre que cet hydrogène en excès
peut être fixé par (ous les atomes de carbone du noyau benzolique ,
et non de préférence par ceux qui sont liés au carbone des radi-
caux alcooliques; alors la formule No. I peut déjà comprendre
nombre de corps isomères.
Prenons , pour donner un exemple , un seul des triméthylbenzols ,
savoir celui qui est exprimé par la formule
ICH,
CgHs j 2CH3
( 3CH3
et supposons que 2 atomes d'hydrogène soient répartis à volonté
sur les six atomes de carbone , de telle façon qu'il en résulte
chaque fois un autre placement relatif des radicaux ; cela pourra
se faire, d'après mon calcul, de 3 manières différentes, qui se
laissent indiquer par les chiffres suivants :
1.2; 3.4; 5.6.
De ce qui vient d'être dit , il ressort suffisamment que nous
ne pouvons encore nous former qu'une idée assez vague de la manière
dont de pareilles combinaisons sont construites ; jusqu'à nouvel
ordre, nous devons donc nous contenter d'écrire les formules
du carpène telles qu'elles ont été données ci-dessus , sans nous
livrer à des spéculations hasardées sur la structure précise de ce
composé.
D'après cela, la constitution de l'acide podocarpique sera suffi-
samment indiquée par les trois formules brutes suivantes, appli-
cables , respectivement , aux divers cas qui peuvent se présenter
par rapport aux radicaux alcooliques existant dans le carpène.
I.
II. III.
OH
OH
iCO.H
1CH3
iCO.H ^2
PTT COoH
C,,H,(HJ CH3 C.HJHJj ^
CH3 f^^3
C, ^E^{E,^) çjjj
[CH3
C.Hs V^^^^
CH3
\ z 0
Le dédoublement du podocarpate de calcium en CaCOg , C^H
1 4
262 A C. OUDEMANS JR. RECHKRCUES SUR L ACIDE PODOGARPIQUE.
et CyHgO s'expliquerait de la manière la moins forcée au moyen
d'une structure analogue à celle que représente le schéma suivant.
11 ne faut d'ailleurs pas perdre un instant de vue que le nombre ,
la nature et la place des radicaux substituants (sauf en ce qui
concerne les groupes CH^ et OH appartenant au paracrésol)
sont ici pris tout à fait arbitrairement, de sorte que le schéma
est seulement destiné à rendre sensible une idée indiquant la
constitution de l'acide podocarpique dans ses traits généraux.
COOH
C
H_C C~OH
CH,— C C— H
C
C
CH
H^
H— C
C H C
C>
C'
CH;
^H
CH-
H
H
Cette figure schématique exprime surtout nettement que, dans
la décomposition de l'acide podocarpique, un des anneaux ben-
zoliques n'a besoin que d'emprunter un seul atome d'hydrogène
aux radicaux qui entourent l'autre anneau, pour se transformer,
avec élimination de CO^, en paracrésol.
Elle montre ensuite que dans le radical CgHjg il n'est plus
resté qu'une seule des liaisons doubles des atomes de carbone du
noyau benzolique correspondant. Sous ce rapport, il importe peu
que les radicaux substituants consistent en SCHj, ou en CjHg
et CH3, ou simplement en C3H7; puisque, dans les deux
A. C. OUDEMANS JR. RECHERCEIES SUR l'aCIDE PODOCARPIQUE. 263
derniers cas, certains atomes de carbone du radical Cglïj 5 devront
être unis à 2H.
Lorsque la séparation des deux anneaux benzoliques s'opère,
le fragment CjjH^,, doit nécessairement présenter deux liaisons
doubles entre les atomes de carbone, attendu que un atome
d'hydrogène est enlevé au radical CgHjg et qu'en même temps
le lien des deux anneaux benzoliques se trouve rompu.
En finissant, je crois pouvoir faire remarquer que la manière
dont je viens de considérer la constitution de la combinaison
CJ7H22O3 est, au point de vue de la formation de la méthan-
thraquinone dans la distillation sèche en présence du zinc,
en parfaite harmonie avec les vues qui ont été récemment déve-
loppées par M. Fittig {Berichte der deutsch. chem. Geselhch., VI,
p. 178) au sujet de la structure de l'anthraquinone.
SUR T; ARCHITECTURE DES OS DE L'HOMME,
PAR
T. ZAAIJBR.
On sait que les os qui composent le squelette de l'homme ne
possèdent pas partout la même densité et la même dureté. Si
Ton examine le sternum, les vertèbres, les extrémités des os
longs , etc. , on trouve dans la substance osseuse des cavités plus ou
moins grandes , qui sont remplies par des parties molles, telles que
vaisseaux sanguins, nerfs, moelle des os; ailleurs, par exemple
dans le temporal , le sphénoïde , le frontal , on voit des cavités
remplies d'air, et dont les parois sont tapissées par une mem-
brane muqueuse. Dans d'autres parties du squelette, la substance
osseuse est au contraire très serrée et très dure; il n'y a qu'à
rappeler la pyramide du temporal, qui doit précisément à cette
circonstance son nom de rocher, ou la table vitrée des os du
crâne, ou encore le corps des os longs, surtout des plus grands ,
dans lequel les mêmes caractères sont également bien accusés.
- La différence de densité et de dureté des différentes parties
des os a conduit à distinguer une substance compacte ou dure et
une substance spongieuse, et cette distinction est mentionnée dans
presque tous les Manuels. Le tissu compacte se trouve avec une
épaisseur plus ou moins grande à la surface des os, tandis que
le tissu spongieux occupe leur partie interne , en présentant , bien
entendu, des différences, suivant qu'il s'agit d'os longs, de ver-
T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURË UES OS DE l'hOMMË. 265
tèbreS; d'os du crâne, etc. La disposition relative est surtout très
remarquable dans les grands os longs. Ici la substance compacte
est le plus épaisse au milieu de l'os , et elle s'amincit progressive-
ment vers le haut et vers le bas, de manière à ne plus former
qu'une lame mince au niveau et au voisinage des extrémités
articulaires. Cette lame mince limite la substance spongieuse qui
compose les extrémités généralement renflées de l'os, tandis que
la cavité médullaire proprement dite , qui existe dans la diaphyse ,
se perd vers le haut et vers le bas. Dans les vertèbres , au moins
pour ce qui regarde le corps de ces os , il peut à peine être
question d'une partie compacte. Elles consistent presque entière-
ment en une masse extrêmement poreuse, traversée par de très
amples canaux vasculaires , et qui est limitée à l'extérieur par
une couche fort mince. La plupart des os du crâne, ainsi que
d'autres os plats, sont formés de deux tables compactes, entre
lesquelles se trouve une masse osseuse plus tendre, qui porte,
comme l'on sait, le nom de diploé. Il est à peine besoin de
mentionner expressément que la distinction en masse compacte et
masse spongieuse ne se laisse pas maintenir partout avec rigueur ,
et que des états de passage s'observent en beaucoup de points,
tandis que, d'un autre côté, des os plats très minces, l'os lacry-
mal par exemple, ne sont formés que d'une seule couche de sub-
stance osseuse dure.
Jusqu'à une époque assez récente, notre connaissance des
rapports mutuels entre la substance compacte et la substance
spongieuse des os se réduisait à ce que je viens de rappeler
succinctement. La substance spongieuse était considérée comme un
réseau irrégulier de lamelles osseuses d'épaisseur inégale, laissant
entre elles des aréoles de grandeurs différentes et en communica-
tion les unes avec les autres. Dans les divers Manuels que j'ai
consultés à ce sujet (Hildebrandt-Weber , Henle, Meyer, Wilson,
Gray, Hyrtl, Langer, Jamain, Beaunis et Bouchard, Aeby) on
ne trouve guère plus que ce qui a été rapporté ci-dessus. Quelques-
uns (Weber, Hyrtl, Sappey) distinguent encore im tissu celluleux
et un tissu réticulaîre -^ le premier est caractérisé par la petitesse
266 T. ZAAUER. SUR l'aRCHITEGTURE DES OS DE l'hOMME.
des cavités qui restent entre les lamelles osseuses, tandis que
dans le second ces lamelles ont pris la forme de trabécules, ce
qui a pour effet que les mailles sont plus grandes et communi-
quent entre elles par des ouvertures beaucoup plus larges. Jamain ,
à l'exemple de Gerdy, distingue le tissu réticulaire de la sub-
stance spongieuse proprement dite, à laquelle Gerdy avait donné
le nom de tissu canalicukdre.
Ces distinctions toutefois n'ont pas une bien grande importance ;
elles ne nous aident en rien à mieux comprendre la signification
de la substance spongieuse et ses rapports avec la substance
compacte. M. Aeby , il est vrai , regarde la distribution des deux
éléments comme j^parfaiiement ordonnée/' et dans le placement
de la substance compacte à la périphérie et de la substance
spongieuse à l'intérieur il voit „w/i arrangement qui seul peut satis-
faire aux exigences mécaniques ;" mais c'est là tout ce qu'il en dit.
Bien que Duhamel paraisse déjà avoir remarqué quelque chose
des relations caractéristiques de la substance spongieuse ^), M.
Humphry, de Cambridge, est le premier, à ma connaissance,
qui ait eu des idées assez justes concernant la structure du tissu
spongieux. Dans son Traité du squelette humain ^), on trouve
plusieurs passages qui ne laissent aucun doute à cet égard. C'est
ainsi qu'on lit p. 11: „/^ is inleresting lo observe the manner in
tvich the cancelli are arrangea near the extremiiies of the bones
sa that the direction of their plates is chiefly perpendicular to the
articular surface and'' — ajoute-t-il immédiatement, pour marquer la
') Mé?noires de V académie royale des sciences, 1743, p. Ml: i/ Une circonstance
a laquelle il faut prêter attention , puisipc elle peut nous fournir quelque lumière
sur la formation de la substance spongieuse des os, cest que les lames osseuses
intérieures ne s étendent pas de toute la longueur des os , elles sont plus courtes que
les extérieures et elles se recourbent vers V axe des os, ou elles se rident, elles se
plissent , il en part des plaques et des filets osseux , ce qui contribue à la formation
du tissu spongieux des os , qui comme l'on sçait est en grande quantité à l'extrémité
des os longs." Et plus loin, p,289 : /' i^ers les extrémités des os on aperçoit que
les lames osseuses rentrent vers l'axe de l'os , où elles forment des espèces de
voûtes plus ou moins surbaissées , etc.
*) A treatise on the hmnan sJceleton {including the joints) , Cambridge. 1858.
T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURK DES OS DE l'hOMME. 267
signification qu'il attribue à ce fait — • ,jt/ierefore in tlie Une of
tlie pressure the hone has lo hcar-^ t/ius a/fordimj llie mosl e//ective
support." — M. Humpbiy n'a donc pas seulement reconnu une cer-
taine régularité dans la structure de la substance spongieuse,
mais il en a aussi apprécié l'importance pour la fonction des os ,
spécialement au point de vue de la pression qu'ils ont à supporter.
En traitant de cbaque os en particulier , l'auteur décrit aussi ,
avec plus ou moins de détail , la substance spongieuse ; plus loin ,
nous aurons l'occasion de revenir sur ses observations. Sur plusieurs
des planches qui accompagnent son ouvrage, le tissu spongieux est
représenté d'une manière assez exacte. ').
Il paraît cependant que l'ouvrage de Humphry est resté à peu
près inconnu sur le continent. Du moins, personne n'a accordé
quelque attention à ses observations touchant le sujet qui
nous occupe. Elles ont échappé, entre autres, à M. Sappey.
Celui-ci a vu un certain ordre dans la manière dont les lames
osseuses sont disposées dans le tissu spongieux, ainsi que le
prouve le passage suivant ^): ,,Au niveau des surfaces articulaires ^
les lames et colonnes osseuses sont en général perpendiculaires au
tissu compacte j qu'elles soutiennent ainsi très efficacement. Sur les
points où celui-ci est recouvert par le périoste y elles lui sont ordi-
nairement obliques et quelquefois parallèles, A mesure qu'on s'éloigne
de ce tissu elles s'inclinent irrégulièrement les unes sur les autres
et n'affectent plus aucune direction déterminée," Cette dernière
assertion, toutefois, montre clairement que M. Sappey n'a jamais
observé les rapports d'une manière bien nette. Ses figures sont
défectueuses (par ex. la fig. 148, représentant le fémur), et en
décrivant les os du tarse il ne fait pas la moindre mention de
^,) Voir, entre autres, le fémur sur la pi. XXXVIII, le calcanéum sur la
pi. XLI, etc. Ainsi que nons l'apprend la préface et que je l'ai recueilli de
la bouche même de l'auteur lors du séjour que j'ai fait à Cambridge dans l'été
de 1868, toutes les figures sont dues à Mme Humphry, qui les a dessinées sur
pierre, avec un remarquable talent, d'après des pièces préparées pour la plupart
par M. Humphry lui-même.
*) Traité d'anatomie descriptive, 2e éd., Paris, 1866, t. I, p. 71.
268 T. ZAAIJER. SUR l' ARCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
la Structure si caractéristique de la substance spongieuse dans le
calcanéum.
A M. Hermann Meyer, de Ziirich, revient incontestablement
l'honneur d'avoir le plus contribué à nous faire connaître les
relations réciproques et la signification des deux parties constituantes
des os. Dans un Mémoire d'un petit nombre de pages^), il a
donné la description, accompagnée de figures schématiques, de
la remarquable structure de la substance spongieuse dans diffé-
rentes parties du squelette. L'ancienne opinion, que le tissu
spongieux aurait pour but de ne pas trop augmenter le poids de
de l'os quand augmente la surface , peut être conservée comme
exacte; mais il y a plus. Les parties dont ce tissu se compose
sont arrangées de telle sorte que, nonobstant le relâchement de
la substance osseuse {,Jhré faction j'^) le pouvoir de résistance de
chaque os soit assuré au plus haut degré possible. Examinée
attentivement, la substance spongieuse montre une ^^architecture
bien entendue j' qui est dans le rapport le plus intime avec les
/onctions de l'os, et qui par suite se retrouve toujours la même
dans les mêmes points du squelette. 11 n'y a à faire d'exception
que pour les minces lames et colonnes qu'on trouve dans les
cavités médullaires d'un certain volume, où elles forment un
réseau délicat, destiné en quelque sorte à soutenir la moelle.
La substance spongieuse présente des formes différentes , suivant
qu'elle doit offrir de la résistance dans une seule direction ou
vers plusieurs côtés à la fois. Un exemple de la première forme
se trouve à l'extrémité inférieure du tibia. Sur une section frontale
on voit des lames osseuses parallèles , qui se portent vers le haut ,
se perdent insensiblement dans la substance compacte , et sont
unies entre elles par des lames transversales. — Lorsque plusieurs de
ces systèmes de lames viennent à se couper, il est clair que,
suivant la manière dont cela a lieu, le tissu devient susceptible
de résistance dans des directions diverses.
^) Die Architedur der Spongiosa. Zehnter Beitrag zur Mechanik des menscli-
lichen Knochengeriistes {Archio fiir Anatomie , Physiologie und icissenschaftliche
Medicin, von Reichcrt uiid Du Bois-Reylnond , année 1867, p. 615).
T. ZA/VIJER. SUR l'a RCH ITECTURE DES OS DE l'hOMMë. 269
C'est dans l'astragale et dans le calcanéum ') qu'on peut voir
le mieux comment , de cet arrangement des lames de la substance
spongieuse, naît une véritable ^^architecture intérieure'' des os.
Sur une section sagittale de l'astragale -) on voit partir de la
face articulaire supérieure deux systèmes de lames; l'un de ces
systèmes se dirige vers la face destinée à l'articulation avec le
scaphoïde, l'autre vers la face inférieure, qui s'appuie sur le corps
du calcanéum. Le premier système se laisse poursuivre, dans la
même direction qui l'a conduit à la tête de l'astragale, à travers
le scaphoïde ^) et le premier cunéiforme jusque dans la base du
premier métatarsien. De même qu'on le voit à la partie inférieure
du tibia, les lames, uniformément distribuées, s'éloignent de la
face articulaire de la base du métatarsien pour former la sub-
stance dure de la diaphyse , et de là elles vont , en s'entrecroisant
d'une manière particulière, s'implanter sur la face articulaire de
la tête du même os. On peut admettre ici que les lames venant
d'en haut transmettent la pression aux os sésamoïdes et au sol,
») Le calcanéum est l'os où la structure en question a attiré pour la première
fois l'attention de M. Meyer.
*) Voici ce que dit M. Humphry (p. 498) de la substance spongieuse de cet
os : „Immediately beneath that Une {the Une of greaiest width of the articula)'
surface for the Uhia, where the greatest weight is received) is a dense mass of
cancelli ; and from thèse anumber of strong laminae radiate into the interior of the
boue , and are directed forwards , towards the upper fart of the articular surface
for the scaphoid bone , and bachcards and dowmoards , toioards the hinder articular
surface for the os calcis. It is évident , therefore , from the structure displayed b\j
a section of the astragalus that the weight of the leg is distributed , chiefy, in
thèse two directions , viz. forwat ds to the scaphoid , and backwards , to the hinder
part of the os calcis , and that but little weight is transmitted toioards that îmder
and fore part of the astragalus , ichich , resting upon the anterior facet of the os
calcis, upon the calcaneo-scaphoid ligament, and tipon the tendon of the tibialis
anticus , is comparatively devoid of firrn support."
') Humpliry, p. 502: A vertical section made from before backwards shews the
cancelli in ils upper part to be strong, and well-marked , and directed straight
forwards beiween the two articular surfaces!' - '^mwyj^'c^ parle aussi des lames
dirigées d'arrière en avant dans les os cunéiformes , mais il ne dit rien de l'ar-
rangement dans le premier métatarsien.
270 T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
tandis que celles qui viennent d'en bas communiquent la pression
à la première phalange du gros orteil.
Le second système de lames de l'astragale est dirigé en bas et
en arrière, et il se continue dans le calcanéum, de telle sorte
qu'on voit apparaître dans cet os deux systèmes de lames diffé-
rents, séparés l'un de l'autre, sous le sillon du calcanéum , par
un espace assez considérable; l'un de ces systèmes se porte vers
la tubérosité du calcanéum et vers le sol , l'autre vers la face
destinée à l'articulation avec l'os cuboïde. L'élégance de l'archi-
tecture du calcanéum n'est pas médiocrement accrue par de nom-
breuses lames courbes, disposées d'avant en arrière, et la con-
vexité tournée en bas, à la partie inférieure de l'os (voir la figure).
Ces lames sont de la plus haute importance eu égard à la pression à
laquelle le calcanéum est exposé à sa partie inférieure, et elles
ne sont sans doute pas dénuées non plus d'utilité pour l'inser-
tion du tendon d'Achille ^). — Dans l'os cuboïde, les lames
qui viennent des deux faces articulaires antérieure et postérieure
se croisent, ce qui a pour résultat que dans une partie de Tos
la direction des lames est peu distincte.
A l'extrémité inférieure du tibia, sur une section sagittale, —
où la face articulaire se montre distinctement excavée, ce qui
n'est pas le cas sur une section frontale, — on remarque encore
un système bien accusé de lames parallèles à la face articulaire.
Une pareille disposition paraît exister surtout aux surfaces d'ar-
ticulation concaves. On voit aussi en ce point, d'une manière plus
nette qu'en beaucoup d'autres , que le nombre des lames osseuses
ï) Cela s'accorde assez bien avec la description de l'architecture du calcanéum,
telle qu'elle est donnée par M. Humphry, p. 501: ,.A section shews that ihe
hardest part of the os calcis , corresponding with the hardest part of the astraga-
us is that, which lies beneath the groove hetween its articular surfaces. Under
Uliis hardest part the structure is more cancelloîis than elsewere ; indeed there is
often quite a cavity there and the medulla is supplied hy nutritions arteries passing
through the adjacent wall of the bone. The hinder articular facet for the astragalus
is underlaid by dense tissue , front which Unes af cancelli radiale hacltwards atid
doionwards. Near the hinder aud under surface they are crossed by cancelli ^ which
are disposed occording io ihe outline of the bone!'
T. ZAAI.1ER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME. 271
augmente au voisinage du cartilage articulaire , qu'il y est environ
doublé, ce qui paraît dû à l'interposition de lames plus petites
et plus courtes , qui sont unies aux grandes. Grâce à cette multiplica-
tion des lames , la pression se trouve répartie avec encore plus d'uni-
formité et sur un plus grand nombre de points de la surface
articulaire.
A l'extrémité supérieure du tibia, les deux surfaces articulaires
reçoivent la pression des deux condyles du fémur. On y voit,
aux deux côtés , un système de lames analogue à celui qui vient
d'être indiqué à l'extrémité inférieure du tibia ; en outre, de chaque
surface articulaire, à savoir de la partie située près de l'épine
intermédiaire , il part encore un autre système , qui se croise avec
celui du côté opposé, et là se rattache à la substance compacte.
Ces lames entrecroisées ne se distinguent d'ailleurs pas toujours
avec la même netteté. Au-dessous des surfaces articulaires , on voit
des lames transversales {quergeliende Streckbanchûgé) , qui se croisent
sous l'épine intermédiaire et se confondent en partie les unes avec
les autres. ^)
L'extrémité inférieure du fémur montre le même arrangement
que les deux extrémités du tibia, sauf toutefois l'entrecroisement
des lames tel qu'on l'observe au haut du tibia. Les lames trans-
versales sont très fortement développées.
A l'extrémité supérieure du fémur, sur une section frontale, la
substance spongieuse se montre dans toute sa beauté. Un système
étendu de lames part de la partie de la surface articulaire située
sous la dépression qui donne attache au ligament rond et de la
moitié inférieure-extérieure de la tète, traverse le col et se rend
à la substance compacte du côté externe. Ce système, dont la
convexité est tournée vers le haut, s^ oppose à l'extension que tend
i) Humpliry , p. 489: „A seciion of tlie tibia sheios also the plates of
ihe cancelli diverijing from the inside of the toall , as it expands and becomes thinner ^
above and below. Ai the lower part theij run verpendicularly to the articular surface;
above , they do the satiie, but are directed in greaiest number towards the middle
of each articular facet , where there is a thicJcisch stratum of dense boue intervening
between them and the cartilage."
272 T. ZAAIJER. SUR l' ARCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
à produire la pression exercée sur la tête du fémur {Zugcurven) y
et il se croise avec un autre système, agissant en sens inverse
(Druckcurven) , qui se détache à la hauteur du petit trochanter
de la substance compacte du côté interne^ d'où il se rend au
grand trochanter. Un troisième système (qui n'est pas figuré tout
à fait exactement par M. Meyer)se développe immédiatement au-
dessus du précédent, se dirige en haut vers la partie interne
du segment supérieur de la surface articulaire , et transmet directe-
ment la pression exercée par le bassin à la substance dure du
côté interne du fémur. Enfin, il y a encore quelques lames qui
viennent de la moitié extérieure de la surface articulaire supé-
rieure et se perdent dans le premier et le troisième systèmes,
ainsi qu'un petit nombre de lames qui dans le grand trochanter
marchent parallèlement à la surface ').
Sur une section de l'os iliaque, passant par la facette auri-
culaire et la partie supérieure de la cavité cotyloïde , on voit que la
contre -pression exercée par la tête du fémur est transmise par
deux systèmes de lames, dont l'un la communique à la substance
dure de la face externe, l'autre à celle de la face interne et de
la facette auriculaire ^).
Dans la rotule on voit deux systèmes principaux, parallèles aux deux
faces; les lames affectent donc la disposition biconvexe, et elles sont
unies par d'autres lames, dirigées à angle droit sur la face articulaire.
1) Humpliry, pag. 474. ffThe disposition of the homj plates forming the can-
celli {in the neck of the fémur) is icorthy of remark. In the upper end of the hone
they run, in great strength and in parallel Unes from the sumniit of the head,
where the greatest weight is borne , dowmvards to the expanding inner wall of the
shaft, which is there very ihick and is strengthened hy the proximity of the lesser
trochanter. Other plates, passing off from ail round the interior of the wall in ils
whole circumference , where it expands , above the level of the lesser trochanter , run
upwards and converge, near the junction of Ihe neck with the great trochanter, so
as to form a séries of arches which support the upper loall of the neck. The great
trochanter itself, which lies externat to the Une in which weight is transmitted , is
composed of very light structttre i. e. of délicate cancelli enclosing large cells."
J'omets , pour abroger , la description donnée par M. Humpln^ de la substance
spongieuse de l'cpipliyse inférieure du fémur; elle concorde assez bien avec celle
de M. Meyer. Toutefois, M. Humphry ne fait pas mention des lames transversales.
*) M. Humphry ne dit rien à ce sujet.
T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMiME. 273
Tels sont les résultats généraux obtenus par M. Meyer et que
je n'ai pas cru pouvoir me dispenser de faire connaître. Quelques
autres points, dont il est question dans son Mémoire, seront
encore mentionnés plus loin.
Après lui, le premier qui se soit occupé du même sujet est
le Dr. Julius Wolff, de Berlin. ^
On pourrait s'étonner que le travail réellement remarquable de
M. Meyer ait si peu attiré l'attention. Cela tient certainement,
au moins en partie, à ce que les figures données par l'auteur
sont schématiques et ont par suite inspiré moins de confiance
que ne l'eussent fait des dessins véritablement fidèles. C'est ce
qui est arrivé à M. Wolff, qui n'a été convaincu qu'après avoir
vu les objets préparés par M. Meyer. C'est aussi ce qui m'était
arrivé à moi-même, lorsque j'eus pour la première fois connaissance
des recherches de cet anatomiste; j'avais, à cette époque , préparé
et examiné quelques sections d'os, mais je les avais bientôt mises
de côté comme médiocrement satisfaisantes; plus tard, j'ai reconnu
que ces sections n'étaient pas suffisamment nettoyées et que c'était
là la cause de leur peu de netteté.
Tandis que M. Meyer, pour obtenir ses préparations, s'était
borné à scier les os en long et à les laisser ensuite macérer et
blanchir, M. Wolff fit exécuter, dans une scierie d'ivoire, des
coupes très minces, qui étaient nettoyées par un jet d'eau énergique
et ensuite par l'ébullition dans une dissolution de soude , traitement
qui leur donnait en outre une très belle couleur blanche. Cette
méthode a aussi été suivie par moi dans ses parties essentielles ;
toutefois, je fus obligé de pratiquer moi-même les coupes, à l'aide
d'une scie très fine. Les os, à l'état frais, étaient soigneusement
débarrassés des parties molles adhérentes et privés complètement
de la membrane périostique ; les sections faites , un arrosage vigou-
reux leur enlevait autant que possible le sang et la substance
médullaire qui les imprégnaient, après quoi je les chauffais douce -
' ) Ueher die innere Architedur der Knochen und ihre Bedeutung f'âr die Frage
vom KnochenwachstJmm , in Virchow's ArcJiiv fur pathologische Anatomie und
Physiologie und filr klinische Medicin, t. L. p. 389.
Archives Néerlandaises T. VIII. 18
274 T. ZAAIJER. SUR l' ARCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
ment, pendant quelque temps, dans une solution de potasse de
1^ à 1 pour cent. La chaleur ne doit pas être poussée jusqu'à
l'ébullition du liquide, parce que les préparations deviennent alors
très fragiles et se désagrègent facilement. Souvent il m'en a coûté
beaucoup de peine pour chasser les dernières impuretés logées
dans les mailles délicates du tissu.
M. Wolff s'est principalement occupé de l'extrémité supérieure
du fémur. Sur des sections frontales menées par la tête , le col ,
le grand trochauter et la diaphyse du fémur , on observe constam-
ment, d'après lui, les particularités suivantes.
La substance compacte, dont l'épaisseur est la plus grande à
la partie moyenne de l'os, s'amincit progressivement des deux
côtés vers le haut, jusqu'à ce qu'enfin elle cesse entièrement. Au
côté latéral cela a lieu à l'angle inférieur externe du grand
trochanter, et au côté médial là où commence la voûte de la
tête articulaire. Cet amincissement résulte de ce que, à chaque
côté, des trabécales se détachent successivement de la substance
compacte pour concourir à former la masse spongieuse. Celle-ci
apparaît un peu au-dessous' du petit trochanter , et à partir de ce
point elle occupe tout l'espace jusqu'à l'extrémité supérieure de
l'os. Environ cinquante trabécules se détachent à chaque côté du
tissu compacte; en beaucoup d'endroits on peut les y poursuivre
assez loin, même à l'œil nu.
M. Wolff distingue différents groupes de trabécules , suivant les
points auxquels elles se portent. Parmi celles qui viennent du
côté médial (côté des adducteurs), les inférieures se rendent,
fortement dirigées en haut , dans la partie supérieure de la diaphyse
et dans la partie inférieure du grand trochanter; les suivantes
divergent plus en éventail et se rendent à la partie supérieure
du trochanter , au col et à la tête. Ensuite on voit une série de
trabécules qui divergent moins et qui, en haut et en dedans,
pénètrent dans la tête du fémur; enfin, il y a encore quelques
trabécules plus faibles , qui se distribuent dans les parties supérieure
et inférieure de cette tête. — Les trabécules qui viennent du côté
du trochanter se dirigent toutes, en courbes allongées, vers le
T. ZAAIJER. SUR l' ARCHITECTURE DES OS DE l'iIOMME. 275
côté interne , à l'exception de celles qui se détachent le plus haut ;
celles-ci restent dans le trochanter.
Ici également , les trabécules moyennes divergent le plus et se par-
tagent , tout comme cela se passe pour les trabécules moyennes venant
du côté des adducteurs. Dans l'enfoncement sellaire au côté supérieur
du col on voit une petite quantité de substance osseuse compacte , de
laquelle partent des trabécules dans les deux directions, en dehors vers
le grand trochanter; en dedans vers la tête du fémur. Au sommet
du grand trochanter, là où s'insère le muscle moyen fessier, se trou-
vent encore quelques trabécules , qui se portent verticalement en bas.
Les trabécules d'un côté se croisent avec celles de l'autre côté
à peu près sur la ligne centrale de l'os. Ces innombrables croise-
ments se font tous sous des angles de 90"^; lorsque, comme il
arrive en quelques points, les angles sont arrondis, leurs côtés
n'en restent pas moins perpendiculaires l'un à l'autre. Partout aussi les
extrémités des trabécules sont à angle droit avec la surface de l'os.
Sur une section sagittale menée par l'axe de l'os, on voit,
dans la partie inférieure et jusqu'au-dessus du petit trochanter,
une série de trabécules montant verticalement, parallèles par consé-
quent à l'axe de l'os , et un second système qui croise le premier
et qui est perpendiculaire à cet axe. Plus haut sur cette section,
dans le col et la tête , on voit les trabécules qui s'élèvent à droite
et à gauche converger les unes vers les autres et se croiser.
Lorsque la section n'est pas exactement sagittale et ne passe pas
par l'axe de l'os, les trabécules convergent aussi dans la partie
inférieure de la pièce.
Une section transversale, prise perpendiculairement à l'axe de
l'os au niveau du petit trochanter, montre à chacun des quatre
côtés une série de trabécules parallèles au contour de l'os. On
distingue en outre sur cette section une disposition des trabécules
en fer à cheval; l'ouverture de ce fer à cheval est tournée vers
l'intérieur. Sur une section transversale passant par le bas de la
tête du fémur , on voit en premier lieu des anneaux concentriques,
et en second lieu des trabécules qui se dirigent en rayonnant du
centre de la section vers la périphérie.
18*
276 T. ZAAIJER. SUR l' ARCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
En combinant les renseignements fournis par les différentes
sections, on peut se former une idée de la structure de la partie
supérieure du fémur 5 bien entendu y il ne faut pas perdre de vue que
les trabécules qui se montrent sur les sections ne sont, dans la
grande majorité des cas, pas autre chose que des coupes de lames
osseuses, lesquelles lames présentent souvent des ouvertures plus
ou moins grandes , à tel point , que parfois il ne reste plus que
des tiges osseuses très minces reliées ensemble ^). Aux côtés interne
et externe il y a une âérie de lames dirigées d'avant en arrière
et qui, comme elles convergent vers le haut, doivent en réalité
affecter une disposition en toit. Dans la moitié inférieure de l'os,
on voit aussi deux séries de lames allant de dedans en dehors ,
Tune parallèlement à la face antérieure, l'autre parallèlement à
la face postérieure. Ces lames s'élèvent d'abord (comme on le
reconnaît sur une section sagittale passant par Taxe de l'os)
parallèlement les unes aux autres, mais vers le haut elles finissent
aussi par converger en forme de toit. Dans le col et la tête, la
substance spongieuse est donc partout formée de lames concen-
triques, qui se rencontrent en cône à leur sommet.
Relativement à l'architecture des autres os, M. Wolff ne nous
apprend que peu de chose.
En ce qui concerne l'humérus ^), il se borne à dire que chez
l'homme la substance spongieuse de cet os, tout en possédant
une structure fort remarquable, diffère entièrement de celle du
fémur , tandis que chez les quadrupèdes (chevreuil , bœuf) , elle
montre un arrangement très analogue à celui de ce dernier os
Sur des sections verticales frontales, menées par le milieu de
l'extrémité supérieure du tibia ^), on voit d'abord, se détachant
aux deux côtés de la couche extérieure de la substance compacte ,
') C'est ce que j'ai vu admirablement dans ie fémur et aussi dans l'humérus,
aux endroits où les lames commencent à se détacher distinctement de la sub-
stance compacte, çà et là les tiges osseuses forment alors un réseau extrême-
ment délicat {substance réticulairé),
2) p. 419.
») p. 4.20.
f T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME. 277
des trabécules parallèles qui se dirigent droit en haut. De la
couche moyenne partent à chaque côté des trabécules qui se ren-
contrent et se croisent à la limite de Tépiphyse ou , chez l'adulte ,
dans ce qui reste de cette partie ; celles du côté interne se rendent
au point d'insertion du ligament croisé du côté externe, et vice-
versa. De la couche intérieure de la compacte procèdent des
trabécules un peu moins distinctes, qui passent d'un côté au
côté opposé.
La description de la substance spongieuse du calcanéum , donnée
par M. Wolff, concorde dans les traits essentiels avec celle de M.Meyer,
que j'ai communiquée ci-dessus. M. Wolff fait toutefois encore mention
d'un quatrième système de trabécules parallèles^ qui marchent de haut
en bas à la face postérieure de la tubérosité du calcanéum , et qui sont
évidemment en rapport avec l'action du tendon d'Achille.
Après avoir résumé les travaux dont l'architecture des os a
été jusqu'ici l'objet, je vais maintenant faire connaître les résultats
de mes propres recherches. Mon étude s'est bornée aux vertèbres
et aux os des extrémités inférieures ; les circonstances ne m'ont
pas permis de l'étendre à d'autres parties du squelette.
Les os examinés provenaient presque exclusivement de per-
sonnes adultes, surtout d'hommes. Tout d'abord j'ai remarqué qu'il
existe une grande différence dans le degré de finesse du tissu spongieux
chez des individus différents ; chez quelques-uns les lames sont beau-
coup plus épaisses et plus solides que d'ordinaire; leur nombre est alors
aussi plus petit, et les mailles sont plus grandes. Chez d'autres, les
lames sont extraordinairement minces et les mailles très petites.
Si l'on pratique des sections verticales , suivant diverses direc-
tions , sur des vertèbres prises dans différentes parties de la colonne
vertébrale ' ) , il saute immédiatement aux yeux que les mailles
deviennent plus larges à mesure que le volume des vertèbres
augmente, par conséquent à mesure qu'on descend plus bas.
^) Humphry, p. 137: The bodies of the vertebrae are composed of very ligM
spongy structure , which is surrounded hy a thin wall of nioderately compact tissue ....
The chier direction of their cancelli is vertical; in some parts it is more horizontal
as near the lower surface of the last lumbar vertebra. The cells of the cancellated
tissue are wider in proportion as the bodies qf the vertebra are large.
278 T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
Les lames, qui se montrent sur les différentes sections, des-
cendent ordinairement tout droit de haut en bas et sont unies
entre elles par des cloisons transversales ; celles-ci sont placées en
haut et en bas parallèlement à la surface du corps vertébral ,
d'où il résulte une disposition réticulaire très régulière. Le nombre
des lames rattachées aux deux facejs de la vertèbre est plus grand ,
surtout à la face inférieure, que celui qu'on observe vers le
milieu de la hauteur; ici la disposition est moins régulière et
les mailles sont plus larges. Ces particularités sont le mieux
accusées dans les vertèbres lombaires.
Sur des sections sagittales menées à travers ou au voisinage
des larges canaux vasculaires, dont les ouvertures se trouvent
à la face postérieure des corps vertébraux, le tissu spongieux
perd souvent son aspect régulier et présente alors des lacunes
assez grandes, très irrégulières.
Aux limites des sections (tant sagittales que frontales) , là où
la mince couche osseuse compacte qui entoure la vertèbre est
infléchie en dedans , les lames ont une direction un peu différente.
Celles qui viennent d'en haut se portent obliquement en bas et
en dehors, et là s'appuient sur la mince couche compacte;
celles qui de ce point se dirigent vers le bas ont souvent une
inclinaison en dedans.
Les sections transversales montrent un arrangement réticulaire
très régulier, où l'on peut reconnaître souvent, surtout vers la
périphérie, une disposition radiée et un agrandissement progressif
des mailles.
A l'endroit où les arcs se détachent du corps de la vertèbre, on voit
les lames verticales de la face supérieure aussi bieii que les lames
horizontales de la face inférieure changer de direction; cela est
surtout bien évident lorsque le trait de scie a passé par le milieu
de l'épaisseur de l'arc. — Les deux systèmes convergent et ren-
forcent la couche compacte des arcs, qui plus loin présentent à
l'intérieur une masse spongieuse irrégulière.
La structure des vertèbres devient plus distincte à mesure
qu'elles sont situées plus bas. Dans l'apophyse odontoïde de la
ï. ZAAIJER. SUR l'architecture DES OS DE l'u031ME. 279
seconde vertèbre cervicale on ne voit pas encore de lames nette-
ment longitudinales et transversales, mais on les distingue bien
dans les vertèbres cervicales suivantes.
Le sacrum offre , quant à la direction des lames, les mêmes
caractères que les vertèbres ordinaires; mais la netteté diminue
à mesure qu'on descend. Dans les ailes du sacrum la direction
des lames est moins bien accusée; çà et là j'ai cru reconnaître
un cours oblique en dehors et en bas.
Pour ce qui regarde le tissu spongieux de la partie supérieure
du fémur, je n'ai rien à ajouter ici à la description exacte donnée
par M. Wolif et résumée ci -dessus.
A l'extrémité inférieure du fémur, sur des sections transver-
sales, les lames se dirigent des deux côtés parallèlement à la
substance compacte ; au côté externe elles sont plus fortes et plus
distinctes qu'au côté interne. Au milieu les trabécules sont très fines,
La compacte s'arrête, de même que dans le tibia, à la limite
épiphysaire ou tout près de cette limite.
Sur des sections frontales j'ai vu les choses à peu près
telles qu'elles ont été décrites par M. Meyer. Surtout au côté
interne, les lames marchent parallèlement à la surface de l'os.
Les lames transversales sont le mieux accusées au-dessus de la
partie concave de la surface articulaire, là où elles sont le plus
effacées dans la figure donnée par M. Meyer, Si l'on scie dans
la direction sagittale, on voit les lames supérieures, qui se
détachent de la compacte au côté postérieur, se porter avec une
légère courbure en avant et en bas, tandis que les lames infé-
rieures descendent presque en ligne droite. Les lames du côté
antérieur sont moins arquées, mais elles sont pourtant aussi un
peu inclinées en arrière, ce qui fait que les deux systèmes se
croisent en des points innombrables.
Dans l'épiphyse il y a un tissu réticulaire très fin; sur plu-
sieurs pièces j'ai vu, au voisinage du cartilage articulaire, quel-
ques lames parallèles à ce cartilage.
Les sections verticales frontales de la partie supérieure du
tibia présentent le tableau suivant. Les lames extérieures se
280 T. ZAAIJER, SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
portent en haut et un peu en dehors ; celles qui leur succèdent
à l'intérieur vont plus directement en haut; toutes sont unies
entre elles par des connexions transversales. Au centre des sections
on voit des mailles rondes ; ici les lames ne suivent plus un cours
aussi régulier. Immédiatement au-dessous de l'éminence intercon-
dyloïdienne , les lames qui viennent des deux côtés se croisent
les unes avec les autres. Sous chacune des deux surfaces arti-
culaires il existe 4 ou 5 lames transversales (les quergehende
Steckbandzûge de M Meyer); les inférieures se joignent d'un côté
à l'autre, les supérieures suivent la courbure des surfaces arti-
culaires et s'arrêtent aux bords de l'éminence intercondyloïdienne.
M. Humphry indique ici „a thickisch stratum of dense hone-^^ il
est probable que ses préparations n'étaient pas complètement
dégorgées. Moi aussi je ne suis souvent parvenu qu'avec beau-
coup de peine à nettoyer les fines mailles du tissu, surtout im-
médiatement au-dessous des cartilages articulaires.
Si l'on mène des sections sagittales par le sommet de l'émi-
nence intercondyloïdienne , la substance spongieuse montre une
série d'arcs élégants, qui se forment de la manière suivante.
Une partie des lames qui au côté antérieur sortent de la sub-
stance compacte '), à savoir les plus extérieures de ces lames,
suivent à peu près la face antérieure de l'os et se terminent
en haut avant d'atteindre l'éminence intercondyloïdienne. Les
trabécules qui naissent plus à l'intérieur s'infléchissent en haut
et en arrière, depuis l'éminence intercondyloïdienne jusqu'à un
peu plus de 1 centim. au-dessus de la limite épiphysaire. Plus
bas on ne peut plus les suivre distinctement.
Parmi les trabécules qui viennent du côté postérieur de la
compacte, les extérieures s'élèvent suivant une direction sensible-
ment verticale, les moyennes s'inclinent tant soit peu en avant,
et les suivantes se portent en avant avec une légère courbure.
Les systèmes qui viennent des côtés antérieur et postérieur se
^) Dans le tibia la couche compacte est beaucoup plus épaisse au côté anté-
rieur qu'au côté postérieur.
T. ZAAIJER. SUR I.'aRCHITEGTURE DES OS DE l'iIOMME. 281
croisent aux endroits où ils se rencontrent. Il en résulte donc
une structure assez semblable à celle qu'on trouve plus haut,
dans le fémur, à savoir une série de petites voûtes emboîtées
les unes dans les autres et reliées ensemble en une foule de points.
M. Humphry a figuré une section sagittale du tibia ï), où l'on
reconnaît plus ou moins la disposition que je viens de décrire;
mais dans son texte il n'en fait aucune mention.
Sur les sections frontales de l'extrémité inférieure du tibia j'ai
vu ce qui a été décrit et figuré par M. Meyer. J'ajouterai seule-
ment que dans la malléole les lames sont en partie parallèles
à la surface, et croisées par d'autres lames perpendiculaires à
cette même surface.
Les sections sagittales montrent qu'à la face antérieure les
lames quittent la compacte en plus grand nombre et à une plus
grande distance de la surface articulaire.
Les lames qui viennent du côté antérieur et du côté postérieur
convergent vers le bas, et les plus internes se croisent. Près de
la surface articulaire leur nombre augmente, et on voit 2 ou 3
trabécules transversales dirigées parallèlement à cette surface.
A la partie supérieure du péroné, les lames venant de la surface
articulaire se portent verticalement vers la compacte du côté
interne. Les autres lames ont une direction descendante un peu
oblique. A la partie inférieure on voit les lames se diriger droit
en bas ; les mailles sont très petites. Dans la malléole externe ,
tout comme dans celle du tibia, les trabécules sont parallèles à
la surface extérieure et coupées par des lames transversales.
Dans l'astragale j'ai retrouvé les systèmes décrits par MM. Hum-
phry et Meyer: le premier dirigé en arrière et en bas vers la
surface articulaire postérieure du calcanéum, avec des liaisons
transversales bien distinctes, parallèles à la concavité de l'arti-
culation; le second allant dans la direction de l'os scaphoïde.
Il y a encore un troisième système, composé d'un petit nombre
de lames, qui d'en haut et en arrière se porte en bas et en
avant, vers la facette articulaire antérieure du calcanéum. Ce
*) Plate XL.
282 T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
système est aussi mentionné par M. Meyer ^) et paraît avoir été
également remarqué par M. Humphry {voir la note à la page 116).
Une plaque de l'astragale, sciée d'en haut et en avant vers le
bas et l'arrière, autant que possible dans la direction de la
partie inclinée en arrière de la surface articulaire supérieure,
montre des trabécules très régulièrement dirigées en bas et serrées
les unes contre les autres. A l'angle interne inférieur de cette
plaque, les lames vont obliquement d'en haut et en dedans vers
le bas et le dehors, disposition qui me semble être en rapport
avec l'insertion du ligament talo-tibial postérieur (Henle).
Au sujet du calcanéum je puis être bref. Mes observations ont
confirmé celles de M. Humphry et de M. Meyer; j'ai aussi vu
les lames parallèles à la face postérieure signalées pour la première
fois par M. Wolif , et dans aucun des nombreux échantillons que
j'ai examinés ne manquait la cavité sous la face articulaire supé-
rieure. Sur des sections verticales frontales, l'os présente un
arrangement réticulaire très régulier, parfois avec une disposition
concentrique des lames au côté supérieur.
L'os scaphoïde et les os cunéiformes, vus sur des sections ver-
ticales sagittales , offrent des lames très régulières allant d'arrière
en avant, et en outre deux ou plusieurs lames parallèles aux
surfaces articulaires concaves. A la face inférieure du scaphoïde
l'arrangement réticulaire est moins régulier, et dans le premier
cunéiforme on voit, à la partie inférieure de la section, un système
de lames légèrement courbes se porter d'en haut et en avant
vers le bas et en arrière, ce qui est certainement en rapport avec
l'insertion du muscle tibial postérieur.
L'os cuboïde, scié dans la direction verticale sagittale , montre ,
à la partie supérieure de la section , les lames étendues sans
discontinuité de la face articulaire postérieure (pour le calcanéum)
à la face articulaire antérieure (pour les deux derniers métatar-
siens); les lames situées plus en dessous convergent vers le bas
à partir des faces articulaires, et se rencontrent près de la tubé-
rosité du cuboïde, au niveau de l'insertion du ligament calcanéo-
') Page 621.
T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITEGTURE DES OS DE l'hOMKË. 283
cuboïdien plantaire. Au centre les mailles sont grandes et irrégulières.
Le premier os métatarsien possède une structure analogue à
celle qui a été observée dans les autres os longs.
Dans la base de ce métatarsien on trouve de fines lames et de
petites mailles 5 du côté de la tête , les lames venant de la compacte
supérieure se dirigent vers le bas , et réciproquement. Dans la tête
les mailles sont si petites , que le cours des lames ne peut y être
exactement reconnu.
Les autres os du pied ne présentent pas de particularités
demandant une mention spéciale.
J'ajouterai ici quelques remarques concernant la signification
qu'il faut attribuer à la disposition particulière affectée, d'après
ce qui précède, par les éléments des os. Ainsi qu'il a été dit,
M. Humphry, le premier qui ait décrit la structure régulière de
la substance spongieuse, a pensé que les lames osseuses sont
placées „m the Une 0/ the pressure the bone has to bear^ thiis
a/fordinq the mosl effective support.'' La dernière partie de cette
assertion peut seule être admise comme généralement vraie ; la
première paraît moins exacte, car il y a à citer bon nombre
d'exemples où les lames ne sont pas précisément placées dans la
direction de la pression à laquelle l'os est exposé (col du fémur ,
calcanéum, etc.)
Dans le Mémoire de M. Meyer se trouve surtout signalée la
connexion qui existe entre l'architecture de la substance spongieuse
et les rapports statiques et dynamiques des os. C'est ainsi que
l'arrangement spécial des lames osseuses aux extrémités articulaires
(par ex. à l'extrémité inférieure du tibia, où le nombre des lames
dirigées de haut en bas croît à mesure qu'on se rapproche du
cartilage articulaire) ne peut guère avoir d'autre but que de
distribuer la pression aussi également que possible sur tous les
points de la surface articulaire, sans que la masse osseuse soit
notablement augmentée. On apprécie aussi facilement l'importance
des systèmes de lames qui se croisent dans le calcanéum et dans
les parties supérieure et inférieure du fémur et du tibia. Grâce
284 T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
à cette disposition, les os résistent mieux à la pression relative-
ment élevée qu'ils ont à supporter. Le fait que les lames de la
spongieuse , là où elles ne se croisent pas , sont unies entre elles
par des lamelles transversales , a une signification de même nature,
car la solidité de l'ensemble doit se trouver ainsi considérable-
ment accrue.
La distribution qui s'observe dans le corps des vertèbres n'est
pas non plus dépourvue d'utilité à ce point de vue. A mesure
qu'on examine des parties de la colonne vertébrale situées plus
bas , et où par conséquent la pression est plus grande , les lames
verticales deviennent plus distinctes et plus solides, tandis qu'à
la partie inférieure du sacrum elles sont de nouveau moins apparentes.
Il est digne de remarque, en outre, que toutes les lames
dirigées et croisées en des sens divers (Druck- und Zugcurven)
finissent par se trouver serrées les unes sur les autres près de la
surface. La force qui agit sur l'os (et il est ici surtout question
des os longs et creux) se concentre donc d'autant plus sur les
couches superficielles, qu'on s'éloigne davantage du point d'ap-
plication.
La substance compacte pourrait, d'après cela, être considérée
comme une spongieuse contractée, ou bien, si on le préfère, la
substance spongieuse peut être regardée comme une compacte
relâchée et épanouie.
La différence fondamentale qu'on croyait autrefois exister entre
les deux parties constitutives des os ne peut donc plus être admise ,
au moins à ce point de vue; elles ont, l'une et l'autre, une
importance égale pour la fonction de l'os. Elles forment un seul
tout , l'os , dans lequel on peut bien distinguer une portion com-
pacte et une portion spongieuse , mais sans attribuer beaucoup
de valeur à cette distinction.
Lorsque M. Meyer, dans l'automne de 1866, traita ce sujet
devant la Société des sciences naturelles de Zurich et montra ses
préparations, M. Culmann fixa l'attention sur la concordance de
l'arrangement architectonique observé dans certains os avec les
lignes théoriques de la statique graphique-^ il fit remarquer, en
T. ZAAIJER. SUR l'aRCIIITECTURE DES OS DE l'hOMME. 285
effet; qu'en beaucoup d'endroits du squelette humain les trabé-
cules de la substance spongieuse sont disposées exactement suivant
les mêmes lignes que la statique graphique trace dans les
corps qui ont des formes semblables à celles des os en question
et qui sont soumis à des forces analogues. M. Culmann dessina
une grue, à laquelle il donna les contours de l'extrémité supéri-
eure d'un fémur humain, en supposant une charge conforme aux
relations qui existent chez l'homme. Dans cefte figure il fit tracer
par ses élèves, sous sa surveillance, les lignes dites „ de traction
et de pression" {Zug- und Drucklinien) ; or il se trouva que ces
lignes étaient partout identiques à celles que la nature a réalisées ,
à l'extrémité supérieure du fémur , dans la direction des trabécules.
M. Wolff a spécialement développé ce point de vue et lui a
consacré une grande partie de son Mémoire. Ne pouvant le suivre
ici pas à pas dans ces considérations, je me contente de citer
sa conclusion *): „En un mot, nous arrivons à ce résultat si-
gnificatif, qu'à l'extrémité supérieure du fémur humain la substance
osseuse est exclusivement répartie suivant les directions des tra-
jectoires de tension mathématiques, que par conséquent l'os est
construit en lignes de pression et de traction."
Il me paraît toutefois que , par ses recherches seules , M. Wolff
n'était pas complètement autorisé à émettre cette assertion. Si
l'on examine les figures jointes à son Mémoire, savoir, celle de
la grue de M. Culmann et, en regard, la figure un peu schéma-
tique de la portion supérieure du fémur , on trouve incontestablement
une grande analogie, au moins dans la direction des lignes qui
y sont tracées; mais, à mon avis, cela ne suffit pas. En premier
lieu, une étude exacte de la forme mathématique de la tête du
fémur serait encore nécessaire , et ^ ensuite il faudra tâcher au
moins de déterminer à quelle espèce de ligne courbe correspond
la direction des trabécules ^). Alors seulement on pourra décider
0 Page 413.
») Des recherches, dans lesquelles mon collègue M. van Geer veut bien me
prêter son concours , nous ont déjà appris que la tête du fémur n'est pas un
segment de sphère, comme on l'a presque généralement admis jusqu'ici. Ces
recherches toutefois ne sont pas encore terminées; j'espère pouvoir en rendre
compte plus tard.
286 T. ZAAJJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
si réellement „la Nature a construit l'os comme l'ingénieur con-
struit son pont; c'est-à-dire de façon qu'avec une dépense minimum
de matériaux soit obtenue la forijie la plus convenable." ^)
M. Wolff a rattaché à son travail des considérations assez
étendues concernant le mode d'accroissement des os. Cette question
me semble si importante , et elle est dans un rapport si étroit avec
notre sujet , que j*e crois devoir en exposer les points essentiels.
Comme on le sait, Duhamel est le premier qui essaya de
résoudre le problème par la voie expérimentale. Des résultats
obtenus en nourrissant de jeunes animaux avec de la garance,
il déduisit que les os croissent en épaisseur par l'apposition de
couches qui prennent leur origine dans le périoste ^); la célèbre
expérience dans laquelle il entourait d'un anneau de fil d'argent
les os encore jeunes , le conduisit à la conclusion que les couches
osseuses se dilatent ^). L'accroissement en longueur a lieu, suivant
Duhamel, dans toutes les parties de l'os chez les animaux très
jeunes, mais plus tard seulement à ses extrémités ^). — Après
lui, vers l'année 1772, Hunter ') exécuta des expériences qui
étaient essentiellement les mêmes que celle de Duhamel, mais
il arriva à des résultats différents. Son opinion, — que dans
l'accroissement des os en épaisseur il y a apposition à la surface
externe et résorption à la surface médullaire, et que l'accroisse-
ment en longueur se fait exclusivement par les cartilages épiphysai-
res, — a trouvé surtout dans Flourens ^) un chaleureux défenseur,
et a ensuite été assez généralement adoptée.
Pourtant de temps en temps des voix s'élevèrent pour affirmer
que les os ont aussi un accroissement interstitiel, et ici il faut
•) WolfF, p. 417.
^) Mémoires de f académie royale dea sciences , 1743, p. 110.
=») Ibidem, p. 102.
") Ibid. p. 138 et 139.
^) Transactions of a Society for the improvement of médical and chirurgical
knowledge, vol. II, London, 1800, p. 277.
^) Recherches sur le développement des os et des dents , Paris, 1842. — Théorie
expérimentale de la formation des os^ 1847.
T. ZAAIJER. SUR l' ARCHITECTURE DES OS DE l'hOMiME. 287
citer surtout Volkmann ^) , dont les doutes ; à l'égard de l'ancienne
doctrine, se fondaient principalement sur des faits pathologiques.
L'autorité des expériences avec la garance fut aussi attaquée,
entre autres par Gibson -) , puis de nouveau défendue par
Lieberkiihn ^).
L'adversaire le plus décidé de la doctrine de Hunter et de Flourens
est incontestablement M. Wolff. Dans plusieurs écrits *) publiés
successivement il l'a combattue chaque fois avec des armes nou-
velles, et maintenant, appuyé sur ses recherches concernant
l'architecture des os, il conclut que l'ancienne théorie doit être
rejetée tout à fait, et que l'accroissement des os, aussi bien en
épaisseur qu'en longueur, a lieu exclusivement par intussusception.
M. Wolff motive son opinion de la manière suivante. L'os
n'est pas passif dans son accroissement, comme il devrait l'être
d'après les idées anciennes, et en outre il est impossible qu'il
le soit. A tous les âges, l'architecture intérieure des os pré-
sente une image géométrique semblable; cette similitude, sans
doute, n'est pas parfaite, mais cela n'est pas non plus nécessaire ;
en partie, les différences sont de nature individuelle. Pour que
cette similitude géométrique se conserve quand l'os grandit, il
faut de toute nécessité que chaque particule séparément prenne
part dans une juste proportion à l'accroissement de l'ensemble.
Tous les mathématiciens , à qui M. Wolff' a soumis la question ,
') CJiirurgische Erfahricngen nher Knochenverhiegiingen und Knochemcachsthum ,
m Virchow's Archiv, t. 24, p. 512. — Notiz heirejfend das interstitielle Knochen-
wachsthum, in Centralhlatt fiir die medicinischen Wissenschaften , 1870, p. 129.
*) Meckel's Ârchio , t. IV, 1818, p. 482 (reproduit d'après les Menioirs of
the literary and philosojph. Society of Manchester, 2e Sér, t. I).
') Arcliiv von Reichert und Du Bois Reymond, 1864, p. 598.
'•) Be arlificiali ossium productione in animalihis , Berlin, 1860. Dissertatio
inaugurahs. — Die Osteoplastik in ihren Beziehungen zur Chirurgie und Physiologie ,
in Langenbeck's Archiv f'àr klinische Chirurgie, t. 4 p. 183. — Ueher Knochen-
wachsthum. Vorlàufige Mittheilungen, in Berliner klinische Wochenschrift , 1868.
p. 62, 76, 110. Ueber die Bedeuimg der Architectur der spongi'ôsen huhstanz
fur die Frage vom Knochenwachsthini. Vorlàufige Mittheihcng , in Centralhlatt
fur die medicinische Wisschenschaften, 1869, p. 849.
288 T. ZAAIJER. SUR l'aRGHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
ont déclaré partager son avis touchant la croissance exclusivement
interstitielle.
Déjà antérieurement ^ ) , M. Wolff avait institué des expériences
destinées à montrer qu'il n'y a pas de résorption à la surface
médullaire des os creux. Aujourd'hui il s'est convaincu que la
vieille expérience de Duhamel , avec l'anneau métallique , confirme
son opinion ; il a trouvé , en effet , que les couches osseuses
situées en dedans de l'anneau s'infléchissent et ne disparaissent
pas, quoique plus tard, avec les progrès de l'accroissement, elles
puissent être coupées , comme il l'a vu entre autres sur le crâne
d'un jeune chien.
La résorption à la face médullaire est donc niée par M. Wolff
d'après le résultat de ses expériences, et il est d'ailleurs impossible
qu'elle ait lieu. En effet, par la résorption des couches internes
de la substance compacte , les lames qui en proviennent perdraient
leur appui. Elles devraient donc ou bien disparaître elles-mêmes
et être remplacées par d'autres, ou bien trouver un nouvel appui
dans les couches compactes situées plus en dehors; or ni l'un
ni l'autre ne se peut, à cause de la liaison intime qui existe
entre la substance compacte et les trabécules.
Si , dans les conditions normales , le périoste contribue à l'accrois-
sement de l'os, cela n'a lieu en tout cas que dans une mesure
extrêmement faible ; c'est ce qui résulte des anciennes expériences
de M. Wolff avec l'alimentation à la garance et avec des plaques
métalliques glissées sous le périoste. Mais, comme les trabécules
externes doivent continuer à s'appuyer sur les couches externes
de la substance compacte, ce mode d'accroissement des os n'est
pas non plus possible. Tout au plus une très mince couche,
„statiquement superflue," peut-elle être formée par le périoste
à la partie moyenne de la diaphyse.
L'ostéogenèse par le périoste dans les états pathologiques ne
peut servir de preuve pour ce qui a lieu dans les conditions
normales.
') Berliner klinische TFochenschrift , 1868.
T. ZAAÏJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOMME. 289
Relativement à raccroissement en longueur, M. Wolff a cherché
à établir expérimentalement qu'il se fait sans l'intervention du
cartilage intermédiaire entre la diaphyse et l'épiphyse. Encore une
fois, d'ailleurs , cette intervention doit être jugée impossible ,
puisque l'architecture de l'os s'en trouverait altérée, ce qui n'est
pas le cas. La persistance, jusqu'à une certaine époque, de la
couche cartilagineuse interposée entre la diaphyse et l'épiphyse est
qualifiée par M. Wolfif de „ particularité du jeune âge."
Ces considérations, bien entendu, ne s'appliquent pas seulement
à la partie supérieure du fémur, mais aussi à tous les autres os.
L'opinion embrassée dans cette question par M. Wolff me semble
un peu exclusive. Ses expériences, surtout sur 'l'accroisement en
longueur, jointes aux observations de M. Volkmann et d'autres,
montrent suffisamment que la théorie de Hunter et de Flourens n'est
plus soutenable ; mais , à mon avis , elles ne donnent pas encore
le droit d'admettre une croissance purement interstitielle. Quant
aux raisonnements fondés sur son étude de la substance spongieuse ,
bien que M. Wolff y donne des preuves fréquentes de sagacité,
ils entraînent encore moins ma conviction. Je suis porté à croire
que, même dans les conditions normales, le périoste doit avoir
pour l'accroissement des os plus d'importance que ne lui en attribue
M. Wolff. Cette opinion n'a pu être que confirmée par la décla-
ration suivante de M. Ruge ^) : „Ses préparations, qu'il (M. Wolff)
a eu la bonté de me montrer, ne prouvent nullement, à mon
avis, la non-existence de l'apposition par le périoste.''
M. Ruge a eu recours, pour la solution du problème de Fac-
croissement interstitiel des os, à l'étude microscopique. Il a trouvé
ainsi que les corpuscules osseux augmentent en volume seulement
pendant la vie fœtale , qu'après la naissance ils n'éprouvent géné-
ralement plus de variation mesurable, que la substance inter-
cellulaire des os augmente d'une manière constante avec l'âge
(bien entendu jusqu'à une certaine limite) et que par là la distance
ï) Ueher cellulares und intercelhdares {sog. interstitielles) Knochenwachsthum
iu Vircliow's Archiv , t. 49. p, 241.
Archives Néerlandaises T. VIIL 19
290 T. ZAAIJER. SUR l' ARCHITECTURE DES OS DE l'hOMME.
entre les cellules devient plus grande dans toutes les directions ,
qu'il existe donc bien réellement un accroissement interstitiel en
même temps qu'un accroissement par le périoste et par les cartilages
épiphysaires.
M. Wolff fait remarquer ' ) que l'augmentation de la distance
entre les corpuscules osseux ne prouve rien, au fond, contre la
théorie de la juxtaposition; cette remarque est juste , mais il n'en
paraît pas moins certain que le fait observé par M, Ruge parle
en faveur de l'accroissement intei'stitiel , bien que cela aussi soit
nié par M. Wolff.
Tout rôle dans l'accroissement des os est refusé par M. Wolff
au cartilage intermédiaire entre la diaphyse et l'épiphyse. Le
qualifier simplement de „ particularité du jeune âge" n'est pas
précisément apporter un argument bien fort à l'appui de cette
opinion. Il est vrai qu'il serait difficile de fournir la preuve que
l'arrêt du développement coïncide exactement avec la disparition
de la couche cartilagineuse 5 mais il est pourtant bien établi, je
croi», qu'entre ces deux phénomènes il ne peut y avoir une grande
différence de temps. En outre , il ne faut pas perdre de vue que ,
dans les cas de développement lent et imparfait du corps, les
cartilages épiphysaires persistent plus longtemps que d'ordinaire ,
ce qui prouve bien qu'il existe une connexion entre l'accroisse-
ment et la présence de ces couches cartilagineuses.
De ce qui précède, bien que je m'y sois borné à quelques
points principaux, on peut tirer, me semble-t-il, la conclusion
que l'accroissement des os a lieu aussi bien interstitiellement
que par apposition partant du périoste et des cartilages épiphy-
saires. Des recherches ultérieures devront nous apprendre quelle
est la part de chacun des trois facteurs dans cet acte important.
0 P. 41.2.
p
T. ZAAIJER. SUR l'a RCHITECTURE DES OS DE L HOMME. 291
NOTE ADDITIONNELLE.
Depuis la première publication de ce travail ^ ) il s'est écoulé
près de deux années ; ce qui me détermine à ajouter ici un
résumé succinct des nouvelles recherches faites à ce sujet par
différents observateurs. On verra par cet aperçu que la théorie
de M. Wolff ne peut pas encoie se flatter d'avoir conquis beau-
coup de partisans.
M. Kôlliker ^) a communiqué à la Wùrzburger physik.-med.
Gesellschafl j dans la séance du 2 mars de l'année passée, le
résultat de ses recherches concernant la distribution et la signi-
fication des cellules à noyaux multiples , ou myéloplaxes , des os
et des dents. A la fin de sa communication sont examinées les
causes qui font que dans un cas il disparaît du tissu osseux,
tandis que dans un autre cas il s'en forme. La théorie de M. Wolff
n'est pas appuyée par les phénomènes de résorption et d'accrois-
sement des os à leur surface externe mentionnés par M. Kôlliker ,
et celui-ci rejette absolument l'idée de l'accroissement interstitiel.
Armé de nouvelles expériences, dont nous ne pouvons donner
ici un compte détaillé, M. Lieberkiihn^) a pris énei'giquement la
défense de la doctrine de Hunter et de Flourens, et a signalé
les erreurs dans lesquelles, à son avis, est tombé M. Wolff. Il
a montré, en outre, que les insertions des muscles se déplacent
pendant l'accroissement des os. Chez un jeune chien, une pointe
en argent fut enfoncée dans l'humérus, à une distance de 26 mm.
de son extrémité supérieure , justement à l'extrémité inférieure
du muscle deltoïde. Cinq mois et demi plus tard, la pointe se
trouvait à 40 mm. au-dessous de l'extrémité de l'os et à 7 mm.
au-dessous de l'insertion du muscle, lequel avait bien pris un
^) Nederlandsch Tijdschrift voor geneeskunde, 1871. 2e Sect. p. 113.
^) Verliandlungen der phi/sikal.-medicm. Gesellschaft in Wiirzburg , nouv. sér. ,
t. II, p. 2i3; et Centralhlatt fur die medicinischen Wissenschajten , 1872, p. 353.
^) Centralhlatt, 1872, p. 420.
292 T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITEGTURE DES OS DE l'hOMME.
accroissement notable, mais s'était pourtant éloigné, à la distance
indiquée, du point d'insertion primitif.
M. E. Martini^) a fait, le 30 juillet de l'an dernier, dans
une réunion de V Artzllicher Verein de Hambourg , une communi-
cation sur l'architecture d'os et d'articulations ayant éprouvé
des altérations pathologiques; comme, dans ce travail , la question
de l'accroissement des os a été laissée intentionnellement à l'écart,
je puis me contenter de cette simple mention , d'autant plus que
j'ai à faire connaître des observations analogues, par lesquelles
M. Wolfif a cherché à étayer sa théorie.
Auparavant , toutefois, un mot sur les recherches de M. Maas 2) ,
qui a expérimenté d'abord sur des lapins et ensuite, d'après
le conseil de M. Waldeyer, sur des cochons d'Inde. Il a répété
les expériences ordinaires avec des anneaux et des pointes de
platine, et il en aussi institué d'autres, plus ou moins modifiées ,
pour tâcher de résoudre le problème de l'accroissement des os.
Il se déclare partisan de la théorie de l'apposition , et pense que
l'architecture spéciale du tissu spongieux n'a rien de contraire
à cette théorie.
Le nouveau travail de M. Wolff^) est une contribution à la
théorie de la guérison des fractures; il y décrit très exactement
la disposition des lames osseuses après des fractures, avec dé-
formation plus ou moins prononcée, de la partie supérieure du
fémur ^).
Dans la guérison des fractures il se passe, à l'endroit de la
0 CentralUatt, 1872, p. 579.
*) Arcliiv fur klinische Chirurgie, t. XIV, p. 198.
^) ArcUv fur klin. Chir., t. XIV, p. 273.
*) Dans un numéro de la Deutsche Zeitscàrift fiir Chirurgie (t. II, p. 247),
dont je viens de prendre connaissance, M. Kônig déclare qu'il ne saurait par-
tager l'opinion de M. Wolff concernant la guérison des fractures, et que deux
des pièces étudiées par ce savant lui paraissent n'avoir aucune valeur démon-
strative; l'une, tout au moins, ne parlerait pas en faveur de la théorie, tandis
que l'autre prouverait clairement le contraire de ce que M. WolfF cherche à
établir.
T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITECTURE DES OS DE l'hOiMME. 293
solution de continuité , deux actes bien distincts. Le premier , de
nature inflammatoire , est la formation du cal ; la substance osseuse
poreuse à laquelle il donne naissance n'a qu'un caractère transitoire.
Le second acte consiste dans la production de vraie substance
osseuse persistante, spongieuse ou compacte, dans la direction
du maximum de pression ou de tension , avec résorption simultanée
de toute la masse osseuse devenue statiquement superflue. Cette
production et cette résorption s'étendent aussi aux deux côtés de
la fracture; elles s'accomplissent pareillement dans une foule
d'affections, où la „statique" normale des os subit des pertur-
bations.
M. Wolff voit dans ces recherches la confirmation de sa théorie j
et il se prépare à réfuter en détail les opinions de M. Lieberkithn
et de M. Kôlliker, „qui, même aujourd'hui, se sont encore placés
au point de vue étroit et suranné de la théorie de l'apposition."
M. G. Wegner ^), dans un Mémoire traitant de l'influence du
phosphore sur l'organisme, se range du côté de la théorie de
l'apposition. Il ajoute toutefois que les observations récentes de
Hueter , Volkmann , Wolfî" et Ruge rendent probable que l'expan-
sion interstitielle du tissu osseux a aussi une certaine part dans
l'accroissement général des os; — mais la théorie de M. Wolff
lui paraît aller trop loin. M. Wegner se montre, à mon avis,
un peu trop sceptique à l'égard des résultats positifs, ci-dessus
mentionnés , des recherches de M. Ruge.
Le dernier travail , ayant rapport à notre sujet , qui me soit venu
sous les yeux, est celui de M. H. Wolfermann, de Berne-).
L'auteur a étudié, dans le squelette humain , les os des extrémités
supérieures et inférieures, les ceintures scapulaire et pelvienne,
les côtes et les vertèbres, et il a étendu ses recherches aux os
du cheval, du bœuf, de l'ours, du lama, du chien et de quelques
autres animaux {CheloniamidaSj Arclomysmarmotciy Phoca groen-
landica. etc.)
) Virchow's Archiv, t. 55, p. 25
) Archiv von Reichert u. Du Bois-Reymond , 1872. p. 312.
294 T. ZAAIJER. SUR l'aRCHITEGTURE DES OS DE l'hOMME.
Chez l'homme, ses observations ont fourni en général les mêmes
résultats que les miennes ^ qui lui étaient restées inconnues. Chez
les animaux qu'il a examinés, la substance spongieuse présen-
tait aussi des dispositions semblables.
Ses recherches ne l'autorisent pas à nier l'apposition et la
résorption. Peu enclin à adopter la théorie de M. Wolff , il pense
que ce sera l'affaire des histologistes de tirer cette question au
clair. Il ne paraît pas que M. Wolferman» ait eu connaissance
du travail de Ruge, car dans ce cas il en aurait certainement
fait mention ^).
Explication des planches.
PI. IIP.
Fig. 1. Section frontale de la partie supérieure d'un fémur droit.
„ 2. Section sagittale du calcanéum gauche d'un homme
de 72 ans.
PI. IIP.
„ 1. Section sagittale de la partie supérieure d'un tibia droit.
„ 2. Tranche de 1 cm. d'épaisseur, prise dans la partie
inférieure d'un fémur droit.
„ 3. Section frontale d'une' deuxième vertèbre lombaire.
(Par méprise la figure est placée dans une position
renversée.)
„ 4. Section sagittale de la partie inférieure d'un tibia gauche.
Les figures sont des photographies de grandeur naturelle ,
exécutées par M. Hoffmeister et reproduites par M Bruining de
Leyde.
') tJn de ses jours j'ai encore pris connaissance d'un travail de M. L. Stieda
{die Bilduwj der Knochengeioehes , Leipzig 1872), qui, se fondant sur des re-
cherches microscopiques, déclare ne pouvoir accepter l'opinion de M. WolfF.
SUR LA DÉCOMPOSITION
DU
CHLORURE DE CALCIUM PAR LEAU,
PAU
H. C. DIB BITS.
On sait que lorsqu'une dissolution aqueuse de chlorure de
calcium est évaporée jusqu'à siccité, le sel obtenu présente une
forte réaction alcaline, due à la présence de l'oxyde de calcium.
Une dissolution étendue de chlorure de calcium peut au contraire
être maintenue en ébuUition et évaporée jusqu'à un certain point,
sans manifester dé réaction alcaline. La décomposition mutuelle
du chlorure de calcium et de l'eau, qui peut seule expliquer la
réaction alcaline obtenue dans le premier cas, n'a donc pas lieu
aussi longtemps que la liqueur , à raison de son état de dilution ,
bout à une température qui ne dépasse pas encore beaucoup 100^ ;
mais elle se produit quand , par les progrès de la concentration ,
le point d'ébullition s'est élevé d'une quantité notable.
M. D. a cherché à déterminer la température à laquelle cette
décomposition commence, ou, en d'autres termes, la mesure dans
laquelle une solution de chlorure de calcium peut être évaporée
sans subir d'altération. Des cristaux de CaCP+6H^0, parfaite-
ment neutres et exempts de fer, furent chauffés dans un matras
de verre pesé, de manière à faire bouillir le liquide provenant
de leur fusion. Chaque fois que le point d'ébullition s'était élevé
de P ou 2°, on notait la température et on pesait le matras;
la perte de poids, représentant l'eau échappée, donnait la com-
position du liquide restant. A l'aide de l'interpolation on déduisit,
des nombres trouvés, les points d'ébullition correspondant à des
rapports déterminés en équivalents entre le chlorure de calcium
et l'eau. Les résultats ainsi obtenus concordent assez bien avec
296 H. c/dibbits. sur la décomposition du ghlorure etc.
ceux qu'a fait connaître M. Legrand {Ann.de Chim. et de Phys. ^
le sér.; LIX, p. 437). En général, les températures déterminées
par M. D. sont de l.J- à 2° plus élevées que celles de M. Legrand ;
à 170" seulement, et au-delà, la différence monte à environ 3°;
au point de saturation elle est de 2|o (182^ au lieu de 179°,5).
Selon toute probabilité , ces faibles écarts tiennent à la différence
des indications des thermomètres employés par les deux obser-
vateurs. Par contre, les résultats obtenus par eux .pour la com-
position de la solution, au moment où elle est saturée à la
température de Fébullition, sont exactement les mêmes ; ils
trouvent l'un et l'autre CaClM-l,90H2O, ou 325 parties de
de CaCl- pour 100 parties d'eau.
Pour déterminer la température de décomposition , l'auteur essayait
fréquemment, au moyen d'une bandelette de papier bleu de tour-
nesol, si les gouttes d'eau, qui pendant l'opération décrite se
condensaient dans le col du matras, avaient une réaction acide.
Les premières traces d'acide chlorhydrique dégagé doivent naturelle-
ment se trouver dans l'eau qui se condense partiellement. Dans une
première expérience la réaction acide fut observée de cette manière
à partir de 153"^, dans une autre à partir de 148°. Il est clair
que la température la plus basse est ici la plus probable.
Le chlorure de calcium , dans une dissolution bouillante , com-
mence donc à être décomposé vers 148o, ou vraisemblablement
à une température encore un peu plus basse, attendu qu'au
moment où l'on observe la réaction acide il s'est déjà écoulé un
certain temps depuis le commencement de la décomposition. D'après
les expériences mentionnées plus haut, le sel est à 147°:
CaCP +4H^0. La dissolution bouillante commence donc à se décom-
poser quand la composition est devenue environ CaCP+4H^0.
En distillant dans une cornue , il fallut pousser le point d'ébul-
lition jusqu'à 160° avant d'observer une réaction acide dans le
liquide recueilli. Cela tient évidemment à ce que les premières
portions d'acide chlorhydrique se dissolvent daus les gouttes d'eau
qui se condensent à la partie supérieure de la cornue et de là
retombent dans le liquide bouillant.
à
ARCHIVES NÉERLANDAISES
DES
Sciences exactes et naturelles.
NOTES SUR LES
RALES DES PAYS-BAS,
PAR
J. P. VAN WICKEVOORT CROMMELIN.
Le genre Rallus , établi par Linné , ne comptait qn'un nombre
très-restreint d'espèces lors de la publication de la 10e édition
du Systema Naiurae. Cette édition^ à mon avis, doit être adop-
tée comme base de la Nomenclature spécifique, et comme point
de départ pour les questions concernant le droit de priorité ; elle
mérite la préférence sur la 12^, puisque le naturaliste suédois y
fit, eu 1758, pour la première fois l'application du système bino-
minal dont il est l'auteur. J'ai remarqué avec satisfaction que
mon opinion s'accorde avec celle émise récemment par M. Olpbe
Gaillard [Rem. sur les Règles de la Nom. zooL, p. 5). Le nombre
des espèces du genre Rallus fut considérablement augmenté dans
la dernière édition publiée par Linné , ainsi que dans celle rédigée
par Gmelin^ cependant Latham en sépara bientôt quelques-unes
pour les ranger dans son genre Gallinula, formé déjà par Brisson
aux dépens du genre Fulica de Linné. Ces Râles, retranchés de
leurs congénères et réunis à tort aux Poules d'eau , en furent
éloignés avec raison, — après que Bechstein eut basé sur l'un
d'eux son genre Crex, — en 1816 par Vieillot, qui proposa
pour ce groupe le nom de Porzana^ tandis que Leacb le divisa
19**
298 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
simultanément en deux coupes génériques, en donnant aux plus
grandes espèces la dénomination à'Ortyqometra , proposée déjà
antérieurement par Linné, et aux plus petites celle de Zapornia.
Ces dernières subdivisions sont généralement adoptées aujourd'hui;
toutefois l'opinion des ornithologistes varie au sujet de quelques
espèces, séparées actuellement de V Ortygometra type et placées
par les uns dans un troisième groupe sous le nom de Porzana y
tandis que d'autres les réunissent sous ce même nom avec les
Zapornia de Leach, auxquelles Kaup {ISat. Stjst., p. 173) donna
le nom de Phalaridion, tandis que Pucheran {Rev. ZooL, 1845,
p. 277) leur assigna celui de Rallites. Enfin la découverte d'une
multitude de Râles exotiques a donné lieu à la formation de plu-
sieurs autres subdivisions génériques.
Déjà en 1819 YieiWot (Nouv. Dict.d'Hist.nat, n.éà.j t. XXYlll,
p. 547) supprima son genre Porzana et en replaça les espèces
dans le genre Rallus. Sa manière de voir fut embrassée par Cuvier
{R. A., 2e éd., I, p. 538) et Lesson {Traité d' Ont., p. 535),
ainsi que par Degland {Orn. Eur,, II, p. 262) et aussi par le
Professeur J. van der Hoeven (Handb. der Dierk., II, p. 632).
Les caractères qui ont servi de base aux diverses subdivisions
mentionnées plus haut, et qui ont été pris de la forme plus ou
moins allongée et comprimée du bac , de la longueur relative des
ailes, des tarses et des doigts, de la division plus ou moins com-
plète des doigts antérieurs, ainsi que de l'enveloppe cornée des
tarses, forment, à mon avis, des distinctions trop peu marquées
et varient trop d'une espèce à l'autre pour qu'ils puissent con-
stituer des genres distincts; de plus, les oiseaux en question se
ressemblent tellement par le mode de coloration , et leur manière
de vivre présente tant de rapports, que je me crois autorisé à
leur conserver le même nom générique, tout en adoptant néan-
moins des subdivisions plus ou moins tranchées. Le genre Rallus
donc, ainsi que je l'envisage, à l'exemple des naturalistes que
j'ai cités en dernier lieu, comprend cinq espèces vraiment euro-
péennes, qui toutes ont été observées dans les Pays-Bas et qui
sont les représentants de quatre subdivisions. D'ailleurs une seule
J. p. V. WICKEVOORTCROx"tfMELL\. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS. 299
espèce américaine a été rcDContrée accidentellement en Angleterre ,
savoir en Octobre 1864: c'est le Rallus caroUnus de Linné (New-
ton, P. Z. S. y 1865, p. 196); tandis que le Rallus virginianus
du même auteur a été recueilli en pleine mer, à la distance de
500 milles anglais de la côte d'Irlande (Harting, Handb. of Br.
B., p. 152). Ces deux oiseaux ont été répartis dans les deux
sous-genres Mustelirallus et Pardiralliis de Bonaparte.
Rallus aquaticus L.
Le Râle d'eau (Rallus aquaticus L.) se distingue de ses con-
génères d'Europe surtout par la forme allongée du bec; il est
d'ailleurs trop bien connu, de même que les espèces suivantes,
pour qu'il soit besoin d'en donner une description détaillée. Il
habite pendant la saison des couvées toute l'Europe, si l'on en
excepte les régions les plus froides. En Russie, oi\ Pallas le dit
fréquent, il est commun à une latitude aussi élevée que celle de
St. Pétersbourg (Fischer, J. f. 0., XX, p. 389); il a été pris
eu Finlande près de Helsingfors (Nordmann, Bull. Soc. Nat. Moscou^
1860, t. XXXIIIa, p. 35); en Suède il niche dans les marais
de plaines et de montagnes du midi et du centre , sans cependant
dépasser la région des bois (Westerlund, Pet. Geogr. Mitlh. , 1870,
p. 379), et on l'y trouve même quelquefois en hiver dans la pro-
vince de Schonen (Wallengren, Naum.j IV, p. 259). Il s'avance
aussi jusqu'en Islande , où il est rare toutefois ; on y a trouvé ses
œufs (Faber, Om. Not. Danm. p. 39, et A. Newton, B. Gould
Iceland, p. 410), et il paraît même qu'il y passe parfois l'hiver
dans le voisinage des sources chaudes (Faber, Prodr. Isl. Orn.y
p. 31) ; il a été observé aussi bien en été qu'en hiver aux îles
Feroe (Holm, Arch. ISai,, XIV. 1, p. 216), et il y passe surtout
en automne (Droste, Muller /. /. 0., XVII, p. 345) ; on l'a ren-
contré en hiver aussi aux îles Shetland (Saxby, Zoo/. , p. 9095),
ainsi qu'à Lewis et Harris, deux des Hébrides (Macgill., Brit.
Birds. , IV , p. 523) , où il niche également (Gray , Birds. W. Scotl.j
300 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
p. 334). L'espèce se trouve toute l'année aux Orcades (Baikie
and Heddle, Hisl. Nal. Orc, ZooL, I,p. 69), en Irlande (Thomp-
son, Nat. HisL Irel.j II, p. 322) et en Angleterre (Mont.,
Orn. Dict.y II, Latham, Gen, Hisl. y IX, p. 368, et autres
auteurs anglais).
Dans les Pays-Bas, le Râle d'eau n'est pas très-abondant, comme
d'ailleurs il ne l'est guère nulle part ; on n'y a trouvé ses couvées
qu'en très-peu d'endroits, surtout au lac de Kralingen, près de
Rotterdam , ainsi qu'en Groningue. Il s'y voit , de même que dans
plusieurs autres pays , en plus grand nombre à son passage d'au-
tomne; c'est alors que les chasseurs le rencontrent, en Octobre
et en Novembre, dans des lieux où il ne se tient point en été,
comme dans les endroits humides et boisés le long et à l'inté-
rieur des dunes maritimes de la Hollande, où quelques individus
passent souvent l'hiver, surtout quand il est doux. J'en vis
fréquemment en Décembre et en Janvier, et j'en reçus un récem-
ment , tué le 15 Février dernier sur l'étang de Bloemendaal, au pied
des dunes, non loin de Harlem. On en trouve parfois l'hiver en
Danemark (Faber, Orn. Not. Danm. , p. 39) ; il est évident qu'il en
hiverne plus ou moins régulièrement dans les contrées du centre
de l'Europe, telles que plusieurs parties de l'Allemagne et de
l'Autriche (Meyer et Wolf, Tasch. Deutsch. Vog. Il, p. 407, et
plusieurs autres auteurs allemands) , la Suisse (Schinz , Verz. Schw.
Wirb. , p. 113) , la France (Vieillot , Nouv. DicL, t. XXVIII , p. 552 ,
et autres auteurs français) , y compris la Savoie (Bailly , Orn. Sav. ,
IV, p. 241). L'espèce est surtout commune en hiver dans les pays
méridionaux, comme la Macédoine (Drummond, Ann. Mag. Nat.
HisL t. XVIII, p. 14), les Cyclades(Erhard,AWm.,VIII,p. 9),
les îles Ioniennes, surtout celle de Corfou (Drummond, A/iw. i¥a^.
Nat. Hisl.j t. XII, p. 421). Elle est sédentaire dans la Grèce pro-
prement dite (Lindermayer , Vog. Griecli., p. 129), ainsi qu'en
Epire (Powys, Ibis y 1860, p. 349); elle se trouve toute l'année
en Italie [Fauna d' II. Salvadori, Ucc. p. 229), en Sardaigne (Gara,
Orn. Sarda, p. 156) , en Sicile (Malherbe, F. Orn. Sic. , p. 193) ; elle
se montre à Malte à son double passage ainsi qu'en hiver (Schembri ,
J. p. V. WICKEVOORT GROMMELIN. NOTES SUH LES RaLES DES PAYS-BAS. 301
Cat. (Ml. Malta, p. 110 i); Wright, Ibis, 1864, p. 149); elle
paraît aussi passer l'hiver dans le Midi de l'Espagne, car elle
est commune en cette saison en Andalousie (Watkins, Zool.y p.
5607) et elle est sédentaire au lac d'Albufera, province de Valence
(Vidal, J.f. 0., m, p. 313). En Afrique, le Râle d'eau a été
observé dans les environs de Tanger (Carstensen , Naitm. , II. 1 ,
p. 79); il est sédentaire en Algérie (Loche, Expl. se. de l'Alg.,
Ois., p. 337), et niche communément dans la partie orientale
de l'Atlas, dans les marais de Zana et de Djendeli (Salvin,
Ibisj 1859, p. 360); M. Tristram l'a rencontré en Novembre
dans le Sahara sur un étang à El-Aghouat (Ibis, 1860, p. 80),
et M. Drummond en a vu un individu près de Tunis {Ann.
Mag, NaL HisU, XVI, p. 108); M. Brehm l'a observé le 18
Novembre jDrès d'Alexandrie [J. [. 0., II, p. 82); il est d'ail-
leurs commun en hiver dans le Delta , surtout près du lac Fayoom
(Shelly, Ibis, 1871, p. 315), mais il ne paraît pas s'avancer
jusqu'en Nubie (Shelly, Birds of Eg., p. 273). L'espèce est répandue
et sédentaire par toute la Palestine, depuis la Mer-Morte vers le
Nord (Tristram, P. Z. S., 1864, p. 452); elle a été observée en
hiver près de Georgievsk , dans la province Caucasique. [Bidl. Soe.
Nat. Moseou, XII, p. 274); Pallas l'a rencontrée fréquemment
dans la Sibérie occidentale (Zoogr., II, p. 153) , et Radde a recueilli
à l'embouchure de TUssuri un individu qui ressemblait en tous points
à ceux d'Europe (Reise S. 0. Sib., II, p. 311); il paraît cepen-
dant qu'il s'en reproduit une variété dans les environs des eaux
minérales de Darazum , en Daourie (Dybov^ski et Parrex , /./. 0. ,
XVI, p. 338).
Le Muséum des Pays-Bas a reçu un bon nombre d'individus
du Japon (Temm. et Schleg., F. Jap. Intr., p. 25, et Av., p. 122) ;
l'espèce est d'ailleurs sédentaire dans les marais de Hakodadi,
0 Sur l'autorité de M. Gerbe (Degland, Om. Fur. , 2e éd. , II , p. 387) j'ai classé
(Arçh. Néerl. etc., II, p. 85) parmi les synonymes du l'roc. leucorhoa V. le
Thaï, melitensis de Scherabri {Cat. Orn. Malta, p. 118). Ayant depuis eu l'oc-
casion d'étudier moi-même l'ouvrage de cet auteur, j'ai reçu la conviction que son
espèce n'est point identique à celle de Vieillot , mais se rapporte au Proc. pelagica L.
302 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
dans le Nord de cet empire (Whitely , Ibis, 1867, p. 206); elle ne
me paraît toutefois pas y différer , ni être identique avec les Râles
que M. Swinhoe a reçus de Tientsin et qui habitent probablement
dans tout le Nord et le centre de la Chine (P. Z. S., 1863,
p. 322), ainsi qu'avec ceux du continent de l'Inde, queM. Blyth
a séparés de l'espèce type sous le nom de /?. mc^^CM5 , parce qu'ils
diffèrent de ceux d'Europe par la taille un peu plus forte, par
l'épaisseur du bec et des pieds, ainsi que par le trait plus foncé
sous l'œil. Ces Râles seraient assez rares dans le centre et le midi
de l'Inde, et s'y montreraient principalement dans la saison froide ;
M. Jerdon ne les a observés lui-même que dans le Nord de cette
contrée, et M. Adams les a rencontrés dans le Punjab; (B. of
Indicij II, p. 727) en outre, on en a tué près de Colombo à Ceylan
(Layard, Ann. Mag. Nat. HisL, 1854, XIV, p. 267); cependant
M. Blyth a lieu de croire que ces Râles, propres à l'Asie orien-
tale, ne s'avancent pas plus loin vers l'Ouest que la vallée du
Bas-Gange, tandis que le type européen se montrerait même jusque
dans les autres parties de l'Inde (Ibis, 1873, p. 80). Enfin le
Rallus aquaticus a été signalé par Gurney comme ayant été recueilli
dans le Sud de l'Afrique, savoir en Natal et dans le pays de
Damara {Ibis, 1859, p. 249, et P. Z. S., 1864, p. 3); cepen-
dant le même auteur a démontré plus tard [Ibis, 1868, p. 471),
que ces individus ne doivent pas être rapportés à l'espèce d'Europe ,
mais au R, coerulescens du midi de l'Afrique.
Rallus crex L.
Le Râle de genêt (Rallus crex L.) , le type du sous-genre Orty-
gometra ou Crex, en est pour quelques ornithologistes l'espèce
unique, tandis que d'autres lui associent quelques espèces exoti-
ques, ou même aussi les trois suivantes et celles qui leur sont
voisines. Il se reconnaît à son bec court et très-comprimé, mais
surtout à ses doigts antérieurs moins allongés que chez ses con-
génères , dont il se distingue encore par ses habitudes plus terrestres.
Il est dans les Pays-Bas, comme en général dans les parties tem
J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS. 303
pérées de l'Europe, pendant le temps de la reproduction plus
abondant que le Râle d'eau; il y habite les champs de trèfle et
de blé , mais surtout les prés destinés à la fenaison , et s'y montre
à l'époque de sa migration , en Septembre et en Octobre , dans les
petits vallons boisés des dunes maritimes. En Asie il est commun
dans l'Afghanistan (Hartlaub, J. f, 0., III, p. 319) ; il a encore été
rencontré dans le Nord de l'Inde (Jerdon, Birds of Jndia, II,
p. 727); cependant il ne paraît pas s'étendre très-loin vers l'Orient,
car quoiqu'il ait été cité comme ayant été trouvé en Chine, M.
Swinhoe ne l'y a jamais observé (P. Z. 5'., 1863, p. 321). Pallas
l'a remarqué dans les parties tempérées de la Sibérie occidentale ,
jusqu'à la Lena, ainsi qu'en Kussie (Zoogr.^ II, p. 153), où il
s'avance plus vers le Nord que le précédent, car non-seulement
il est commun comme lui dans le gouvernement de St Pétersbourg
(Fischer, ZooL Garten y XI, p. 351), mais il habite aussi en été
celui de Vologda (Mejakoff, Bull. Soc. Nat. Moscovv , t. XXIX^,
p. 634) et on l'a même observé dans cette saison à Wuitègra,au
lac Onega, dans le gouvernement d'Olonez (Alton et Bi'own, Ibis ^
1873, p. 67); il a également été rencontré en Finlande jusqu'à
la province de Nord-Karelen (Nordmann, Bull. Soc. Nat. Mos,,
t. XXXIIIa, p. 35). Il niche dans l'île de Gothland (Wallengren ,
Naum.j III, p. 87), et se reproduit dans toute la Scandinavie , où
sa limite septentrionale se trouve en général entre le 6 7e et le
68e degré L. N. (Wall., Naum., IV, p. 259); on l'a aussi trouvé
sur la côte de Norvège, à la même latitude, le 16 Juin (F. et P.
Godman, Ibis, 1861 , p. 90) , et même en 1868 à Tromsoe presqu'au
70e degré L. N. ; un individu arriéré fut tué à Drontheim le
12 Novembre 1866 (Holmgren, Skand FogL, p. 894, et Collet,
Orn. Bem. Norg. Fauna, p. 49). L'espèce n'a pas encore été observée
en Islande; toutefois une femelle adulte fut tuée par M. Holboll
à Godthaab dans le Sud du Groenland (Reinhardt, J. f. 0., II,
p. 425, et Ibis, 1861, p. 11); plusieurs individus s'égarent par-
fois sur la côte atlantique des Etats-Unis. (Baird, Birds jS.Am.
p. 751) et un jeune fut tué par M. Wedderburn le 25 Octobre
1847 aux Bermudes {Cotitr. Orn., 1849, p. 86).
304 J. p. V. WIGKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
L'espèce a été observée l'été aux îles Féroë, où selon Svabo
on en a trouvé une couvée à Sando (Holm, Arch. f. NaL, XIV
1, p. 215), et M. Muller en possède des œufs provenant de la
même localité ; il l'y a vue d'ailleurs au printemps et en automne ,
même le 5 Octobre (Feilden , ZooL s. s. , p. 3252) ; elle se reproduit
également aux îles Shetland (Jardine, Birds Gr. Br.ylll,]^.331),
ainsi qu'aux Orcades (Low, F. Orc, p. 94), où elle paraît se
montrer parfois même en hiver (Baikie et Heddle, H, N. Orc.Z.
I, p. 68). Elle niche surtout en grande quantité dans toutes les
Hébrides, même les plus extérieures, y compris St. Kilda (Gray ,
Birds W. Scotl.y p. 331); en Irlande elle est si abondante pen-
dant la saison des nichées, qu'on peut évaluer son nombre à 500
contre un seul Râle d'eau; on l'y a rencontrée aussi à plusieurs
occasions en hiver (Thompson, Nai, Hisi. IreL, II, p. 315 et
325), ce que d'ailleurs Latham croyait déjà pouvoir supposer (Gew.
Syn. , III. 1 , p. 250) ; elle paraît également hiverner parfois dans
quelques comtés de l'Angleterre {ZooL, p. 1299, 2535, 6606,
et Yarr. , Brit. Birds, 3e éd., III, p. 111), où elle se reproduit
de même, mais en plus petit nombre dans le midi que dans le
nord (More, Ihis, 1865, p. 439); on l'a aussi trouvée le 31
Décembre à l'île de Wight {ZooL s. s., p. 739). Il paraît que
quelques individus passent l'hiver, quoique très-rarement, dans le
centre de l'Europe, savoir dans le grand-duché de Bade (Kettner,
Beitr. Bhein, NaL, 1849, I, p. 88); l'espèce est de passage et
sédentaire dans le midi de la France (Jaubert, Bich. Orn. etc.,
p. 490) ; elle ne se montre guère d'ailleurs dans les contrées méri-
dionales que lors de ses migrations; ainsi M. Saunders assure
qu'elle ne se reproduit pas dans le Sud de l'Espagne (7 />?>, 1871,
p. 224) , quoique M. Vidal la dit commune dans TAlméria en été
(J. /. 0., III, p. 313); elle niche cependant en Piémont, en Lom-
bardie et en Vénétie, et n'est que de passage dans le reste de
l'Italie (Salvadori, F. d'il. Ucc, p. 230), mais elle est plus abon-
dante en Sicile au printemps qu'en automne (Benoit, Orn. Sic,
p. 168); M. Gara la dit sédentaire en Sardaigne {Orn. Sarda.,
p. 158), néanmoins M. Salvadori assure ne l'y avoir jamais ren-
J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS. 305
contrée en hiver {Cat. Ucc. Sard., p. 77). Elle se trouve toutefois
pendant l'année entière en Palestine (Tristram^ P. Z. S., 1864,
p. 452), et elle a été observée par Kiippell en Arabie et en Egypte
{Sysl. Ueh. Vôg. N. 0. Afr., p. 128), où on la trouve isolément
dans les champs de trèfle (Shelly, Birds. Eg.^ p. 274); un indi-
vidu fut pris en mer le 17 Novembre près d'Alexandrie (Hart-
mann, J. /. O.y XI, p. 230). Selon Brehm, l'espèce hiverne en
Nubie (J. /. 0., III, p. 373), et s'avance jusqu'au 15° L. N.
(/. /. 0., I, p. 75); il l'a rencontrée au Soudan le 15 Septembre
{J./.O., IV, p. 480) et M. von Heuglin en a trouvé bon nombre
à la mi-Septembre à Chartum, oii beaucoup d'individus perchaient
sur un tamarinier; ils disparurent au commencement d'Octobre
(/. f. 0., X, p. 402). Elle est sédentaire et de passage en Algérie ,
où quelques rares individus nichent dans les plaines humides (Loche ,
ExpL Se, de VAlq, , Ois. , p. 343) ; on l'a observée à Tanger (Cars-
tensen, JSaum.y IL 1, p. 79), ainsi qu'aux Açores (Godman, //>î>,
1866, p. 102), et à Madère, où elle n'est que de passage acci-
dentel (Harcourt, Ann, Mag. Nat. HisL, IL t. XII, p. 63). Elle
serait commune au Natal, dans les terres, mais seulement en été ;
elle est plus rare aux côtes (Gurney , Ibis , 1863 , p. 331) ; un individu
fut tué en 1864 au Cap, près du Wijnberg (Lajard, Birds S. Afr.,
p. 338) , et selon M. Atherstone l'espèce aurait été très-abondante
en 1869 sur la côte de Graham's Town (Layard , Ibis , 1869 , p. 377).
Rallus porzana L.
La Marouette {Rallus porzana L.) est beaucoup moins abon-
dante que le précédent et s'en distingue surtout , ainsi que les
espèces suivantes, par la taille moins forte, le bec moins élevé
et les doigts plus longs. Elle habite en Europe , pendant la saison
de la reproduction, en général les mêmes contrées que le Râle
d'eau ; cependant en Russie on l'a observée plus vers le Nord , comme
dans le gouvernement de Vologda (Mejakoif , Bull. Soe. Nat. Moscou ,
t. XXIXb , p. 634) et dans les marais près de Wuitegra et à Wal-
dushki (Alston and Brown, Ibis, 1873, p. 67), de même que
Archives NÉERLA^DAISES, T. VIII. 20
306 J.P.V. WICKEVOORTCROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
dans la majeure partie de la Finlande (Nordmann , Bull. Soc. Nat.
Moscou^ t. XXXIII^, p. 35); elle niche rarement dans Fîle de
Gothland (Wallengren, Naum.j III, p. 87); en Scandinavie elle
a la même limite septentrionale que le R. aquaticus (Westerlund ,
Pet. Geogr. Mitth., 1870, p. 379). Quoique l'espèce n'ait pas été
rencontrée en Islande, ni même aux îles Féroe ou aux Shetland,
elle s'égare cependant parfois jusqu'au Groenland, où deux indi-
vidus ont été capturés, l'un à Godthaab le 28 Septembre 1841,
(HolboU, Orn. Beitr. Groenl., p. 6), et l'autre à Nenortalik en
1856 (Reinhardt, Ibis, 1861, p. 12). Elle est rare aux Orcades ,
à l'île Sanday (Baikie and Heddle, H. N. Orc. Z., I, p. 69);
elle se reproduit dans la Grande-Bretagne, mais plus rarement
en Ecosse que dans le Midi (More, Ibis , 1865, p. 439); en Ir-
lande, où elle a été souvent tuée à l'époque de ses migrations,
il est probable qu'elle niche également , quoiqu'on n'en ait pas
encore de preuves certaines (Thompson, Nat Rist, Irel. , II, p. 320).
M. Blyth en a trouvé un individu au marché de Londres en Jan-
vier 1834 (Yarr. , Hist. Br. B., III, p. 11); l'espèce ne paraît
d'ailleurs pas hiverner dans le centre de l'Europe, quoique dans
plusieurs contrées elle arrive de bonne heure au printemps et ne
reparte que tard en automne : ainsi dans les Pays-Bas, par exemple,
on l'a observée tant en Février qu'en Novembre ; elle ne se repro-
duit dans notre patrie qu'en petite quantité, du moins ses cou-
vées n'y ont été trouvées jusqu'ici qu'en peu de localités , comme
en Groningue , en Frise , en Gueldre près de Zutphen , au lac de
Kralingen près de Rotterdam et à Valkenswaard en Brabant. La
Marouette serait commune l'hiver en Andalousie (Watkins , Zool. ,
p. 5607), comme d'ailleurs dans tout le midi de l'Espagne, où
M. Saunders n'a pas pu acquérir de preuves de sa nidification
{Ibis y 1871, p. 224), quoique selon Vidal elle serait sédentaire
au lac d'Albuféra dans la province de Valence (J. /. 0., ÎII,
p. '313) ; elle se voit aussi en hiver aux Baléares (A. von Homeijer,
/. /". 0, X, p. 429); elle est surtout de passage en Sardaigne
(Cara, Orn. Sarda, p. 158), où elle niche probablement (Salv.,
Cat. Vcc, Sard., p. 77), de même qu'en Sicile près de Catane
J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS. 307
(Benoit, Orn. SiCj p. 168) et de Syracuse (Malh., F. Orn. Sic. ^
p. 194) , ainsi que dans le nord et le centre de l'Italie {F. d'It.y
Salv. t/cc. , p. 230), Selon Naumann^ plusieurs individus hiver-
neraient tant en Dalmatie et dans le sud de la Hongrie qu'en
Crimée et en Turquie {Nat. Vôg. DeutschL, IX, p. 531); l'espèce
se trouve d'ailleurs toute l'année en Epire (Powys, Ihis , 1860,
p. 349) 5 elle est aussi sédentaire en Grèce (von der Mithle , Beitr.
Orn. Griech., p. 91), ainsi qu'à Corfou (Drummond, A^m. Mag.
Nat. HisL, 1843, XII, p. 421); elle niche communément en Crète
(Drum., Ami. Mag. Nâi. HisL, XII, p. 427), et M. Strickland l'a
vue en hiver à Smyrne (Yarr. , Hist. Br. B., III, p. 13). En Asie
elle a également été observée dans la Sibérie australe (Pallas,
Zoogr.j II, p. 155); elle est commune en Oude dans la saison
froide (Irby, Ihis ^ 1861, p. 246), comme dans tout le reste de
rindoustan (Jerdon, B. of Ind., II, p. 723); un individu en fut
pris le 24 Septembre au lac Karatag sur le Karakoram à la hau-
teur de 16,000 pieds (Hume, La/iore ta Yarkand, p. 293). On l'a
rencontrée à Damiette, et elle est assez commune dans le Delta
(Shelly, Ihis y 1871, p. 315), où elle serait probablement séden-
taire (Shelly, B. Eg., p. 274); elle se voit d'ailleurs l'hiver dans
toute l'Egypte et en Abyssinie (Rupp. , Stjsl. Ueb. Vôq. N. 0. A/r. ,
p. 128). M. von Heuglin l'a rencontrée le 27 Septembre au bord
de la mer Rouge (J. /. 0., XIII, p. 43), et M. Brehm en No-
vembre et en Janvier au Nil Bleu près de Chartum (/. f. 0. ,
V, p. 78 et VI, p. 410;, où elle se voit déjà dès le commen-
cement de Septembre. M. von Heuglin l'a en outre observée au
Bahr-el-Abiad (/. f. 0., X, p. 402, et XI, p. 28). M. Drum-
mond l'a vue dans les marais à Biserta {Ann. Mag. Nat. Hist.,
XVI, p. 108) et M. Gurney fils à Laghouat sur les frontières du
Sahara {Ihis , 1871, p. 299). L'espèce est sédentaire en Algérie
(Loche, Expl. Se. de l'Alg., Ois. p. 339); on l'a rencontrée à
Tanger (Carstensen, Naum., IL 1, p. 79), où M. Drake en a tué
le 23 Mars deux individus , qui étaient plus tachetés de blanc que
ceux d'Europe {Ibis , 1867, p. 428;; elle paraît également s'égarer
parfois jusqu'aux îles Canaries, où un individu fut pris en Mars
1829 (Berthelot, Orn. Can., p. 40). 20*
308 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES Rai.ES DES PAYS-BAS.
RaLLUS PUSILLUS P.
La plus petite espèce a été longtemps confondue avec la sui-
vante ; Naumann fut le premier à l'en distinguer (Teram. , Man.
d'Orn.j II, p. 693), et peu après elle fut remarquée dans le Nord
de la France et décrite par Vieillot , qui en fit son Rallus Baillonii
(Nouv. Dict., t. XXVIII, p. 548), dénomination sous laquelle la
plupart des ornithologistes continuèrent de la désigner, et que
Temminck adopta également en abandonnant celle de stellarisy
donnée par lui-même. Toutefois , plusieurs des naturalistes les plus
distingués s'accordent aujourd'hui à indiquer l'espèce sous le nom
de pygmaea, proposé d'abord par Naumann , quoique celui assigné
par Vieillot ait été publié le premier, préférant ainsi l'équité à
la stricte loi prescrite par le droit de priorité. ^ ) Cependant Pallas
découvrit déjà dans le siècle dernier, en Daourie, un oiseau dont
il donna la description sous le nom de Rallus pmillus [Reise, 111
Anh.j p. 700, No. 30), que Gmelin adopta avec raison {S. iV. ,
13« éd., I, p. 719, No. 30), mais auquel la plupart des auteurs
modernes ont substitué celui de minutus , que Pallas a employé
à tort dans son dernier ouvrage (Zoogr,, II, p. 155), où il cite
par erreur cette dernière dénomination comme l'ayant appliquée
déjà dans son Voyage. L'oiseau cité par ce naturaliste fut depuis
considéré par Bechstein et tous les autres ornithologistes comme
le type de l'espèce suivante ; toutefois M. Swinhoe vient de sug-
gérer l'idée que le Rallus pusillus de Pallas pourrait bien être
identique avec l'espèce décrite par Naumann sous le nom de pyg-
*) C'est pour la même raison que j'ai préféré {Arch. Néerl., II, p. 67) pour
un de nos Busards d'Europe le nom spécifique de aequipar , donné par G. Ciivier ,
quoiqu'il n'ait été publié qu'en 1831 par Lesson (Tr. d'Oru., p. 85) et qu'il soit
à cet égard postérieur à celui de Swainsonii proposé par Smith {S. Âfr. Journ. ,
1830, I, p. 384). A mon avis, lorsqu'il s'agit du droit de priorité, il faut aussi
avoir égard aux noms usités dans les grands Musées ouverts au public,
lors même qu'ils n'ont pas encore été publiés; pourvu que l'emploi en soit bien
constaté, il équivaut selon moi à la publication, surtout dans un journal exotique
que fort peu de personnes ont l'occasion de consulter.
J, p. V. WICKE VOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RRLES DES PAYS-BAS. 309
}iiaea, vu que celle désignée par les auteurs sous les noms de
pusilkis et minulus n'a pas encore été observée aussi loin vers
Test que la Daourie (P. Z, S., 1871, p. 414). Cette assertion
m'a engagé à étudier derechef les descriptions données par Pallas
et par Gmelin et de les comparer tant avec celles des autres
auteurs, — surtout de Naumann, — qu'avec des individus des
deux espèces en question. Par cet examen j'ai reçu la conviction
que le Ralius pusillus de Pallas est distinct de celui de Bechstein
etc. , mais qu'il se rapporte à l'espèce décrite comme nouvelle par
Vieillot et par Naumann. Pallas compare son R. pusillus pour la
taille à VAlauda vulqaris (arvensis) , mesure que Naumann donne
de son pygmaea, tandis que son pusillus égale en grandeur l'A/.
cristata. Pour la couleur et les formes, l'oiseau de Pallas se rap-
procherait du R. aqualicus, ce qui toutefois se peut dire en quel-
que sorte des deux espèces, surtout quand on n'a égard qu'aux
parties inférieures ; mais , dans son Zoographia , l'auteur le dit plus
ou moins semblable au R. porzana, comparaison qui n'est juste
que pour le pygmaea N., et seulement encore par rapport aux
parties supérieures. Il est vrai que Pallas décrit les jambes comme
étant d'un verdâtre très-pâle, ce qui ne se dit guère de la plus
petite espèce ; cependant il est très-probable qu'il n'a fait sa des-
cription qu'après son retour, donc sur une peau sèche; or dans
cet état les pieds du pygmaea N. ont perdu leur couleur propre
et sont ordinairement tant soit peu verdâtres. La coloration des
parties inférieures chez l'oiseau de Pallas , surtout celle des flancs ,
me paraît se rapporter plus à la dernière espèce qu'au pusillus
de Naumann etc. Mais, ce qui à mon avis est le caractère décisif,
c'est la desci'iption que Pallas donne des parties supérieures en
ces termes: Vertex, cerviXy dorsum ferrugineo nigroque liturataj
dorsum lineolis longiludinalihus vagis albis-^ cette description
convient parfaitement au pygmaea N. , surtout pour la manière
dont le dos est parsemé de petites stries blanches , et que Pallas
a admirablement rendue par le seul mot vagis ^ exprimant ainsi
leurs différentes directions. Si l'auteur avait eu sous les yeux un
individu du pusillus de Bechstein etc., il aurait, suivant son exac-
310 J. p. V. W ICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
titude ordinaire , décrit les parties supérieures et surtout le dos d'une
tout autre manière : par exemple , au lieu du mot vagis , il aurait
sans aucun doute employé celui de raris. La description donnée
par Pallas me semble se rapprocher le plus de celle que Naumann
donne de la femelle adulte de son ptjgmaea (Nat, Vôg. Deiitschl.y
IX, p. 573). D'ailleurs, comme M. Swinhoe l'affirme, l'espèce
suivante n'a point encore été observée dans l'Asie Orientale;
M. Radde, il est vrai, rapporte au R. minutm de Pallas deux
mâles de taille très -différente, qu'il a recueillis en Daourie,run
tué à la fin de Mai au Tarei-nor et l'autre le 4 Août près
de Kirinsk {Reisen S. 0. Sib., II, p. 311) ; mais les mesures qu'il
en donne égalent à peine celles du pygmaea N. , tandis que le
pusillus des auteurs modernes a la taille sensiblement plus forte.
Enfin , selon MM. Dybovrski et Parrex , le pygmaea N. serait assez
commun en Daourie, dans les environs des eaux minérales de
Darasun, où ils ont aussi trouvé ses œufs. (/./". 0., XVI, p. 338.)
L'espèce appelée pygmaea par Naumann doit donc , à mon avis ,
porter le nom de Rallus pusillus P. ; elle a été figurée par Werner
(Temm., Atlas Mati.d'Orn,^ II), par Jardine et Selbj (///. o/ Om. ,
I, pL XV, et IlL of Brit. Orn., II, pL 30, f. 3), par Roux (Om.
Prov., II, t. 332), par Naumann {Nat. Vôg. Deuischl.y IX, t. 239),
par Gould [B.ofEur., IV, pi. 344, et 5. o/ (ïr. ^r., part. VI),
par Dubois [Ois. Belg.j pi. 213), par Schlegel {Fauna vanNed,,
pi. 255), par Fritscb {Vôg. Fur. t. 32, f. 3), et dans le Diction-
naire Universel d'Histoire naturelle (2e éd. Ois. pi. 17, f. 1). Le
poussin a été représenté par Marchand {Rev. Mag. Zool., 1868,
pL 3), et les œufs par Naumann et Buhle {Fier. Vog. Deutsch.j
h. IV, t. 7, f. 13), par Thienemann {Taf. Col. Abb. Vôg., LIS,
i 2 a—c) et par Badeker {Fier Fur. Vôg,, t. 44, N°. 3).
En Asie l'espèce a encore été observée dans le Nord de la Chine
(Swinhoe, Ibis, 1863, p. 97), elle habite d'ailleurs en été dans
tout cet empire (Sw., P. Z. S., 1871, p. 414); M. Swinhoe l'a
même recueillie à Amoy {Ibis, 1867, p. 389). Le Musée des Pays-
Bas l'a reçue du Japon, et possède également un individu qui
aurait été tué aux Philippines (Schlegel, Mus. des P. B., Ralli,
J. p. V. WICKEVOORT CRÔMMELIN. NOTES SUR LES RâLES DES PAYS-BAS. 311
p. 30). Elle est commune dans les environs de Calcutta (Blyth,
Ann. Mag. Nat. tlisl.j XII, p. 170); elle est même plus abondante
que la Marouette dans tout l'Indoustan, particulièrement dans la
saison froide ; M. Jerdon l'a tuée en Mai dans le Bengale Oriental
[B. qf IncL, p. 724). Elle niche dans l'Inde Supérieure, en Cache-
mire et dans les vallées des régions basses (Hume, Lahore lo Yarkand^
p. 293). Elle a même été observée, quoique rarement, à Ceylan
(Layard, Ami. Mag. Nat. HisL, II s., XIV, p. 267) ; elle hiverne
en Perse (Gould, B. Gr. Br.)y et Euppell l'a observée en Arabie
et en Egypte {Sijsl. Ueb. Vôg. N, 0. Afr., p. 128), où toutefois M.
Shelly assure ne l'avoir jamais rencontrée {B. qf Eg.^ p. 275).
L'espèce est sédentaire aux Cyclades (Erhard, Naum., t. VIII,
p. 7), ainsi que dans les marais de la Grèce proprement dite
(Linderm., V'ôq. Griecli., p. 129) 5 elle est abondante dans ceux
de la Bulgarie (Gould, B. (^r. /?r.) , et très commune en Avril dans
celui de Inkerman en Crimée (Irby, ZooL^ p. 5361); il est donc
probable qu'elle habite également quelques autres provinces du sud
de la Russie, toutefois je ne l'ai trouvée signalée dans aucune
des Faunes locales publiées dans le Bulletin de la Société impériale
des naturalistes de Moscou, Elle est assez rare dans la Bukowine
(Zawadzki, Fauna Gai. Buk. Wirh., p. 117), et niche régulière-
ment eu Hongrie (Baldamus, Naum.y IL 2, p. 87); elle habite
aussi la Dalmatie (Naum, Vog, Z)ei^^5cA/., IX, p. 574), et Natterer
l'a trouvée au mois d'Avril enillyrie, près de Trieste (v. Pelzeln,
Verh. Zool. Bot. Ges., XXI, p. 722); quelques individus ont été
tués en Mai, Août et Octobre à l'étang de Furt, dans la haute
Styrie, par M. Hanf [Verh. Zool. Bot. (^e^., IV, p. 621, et XVIII,
p. 966). L'espèce se reproduit très rarement en Tyrol (Althammer ,
Naum., VII, p. 402), mais elle ne^ paraît pas habiter la Haate
Autriche ; du moins MM. Hinterberger et Brittinger ne la signa-
lent pas parmi les oiseaux de cette province. Selon Palliardi elle
serait rare en Bohême (Syst. Ueb. Vôg. Boh., p. 58); toutefois
M. Fritsch ne l'y a jamais rencontrée dans aucune collection
(/. /. 0, XX, p. 381). Elle se trouve aussi, quoique rarement,
en Silésie (Gloger, Ueb. Sdug.y Vog. etc. Schles., p. 51), où le
312 J. p. V. WICKE VOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
Comte Koedern en a trouvé une nichée près de Glogau
(Naum.j VI, p. 403); Brehm l'a obtenue de Ahlsdorf près de
Wittemberg en Saxe (Biideker, Ëier Eur. Vôg.), Naumann Ta
souvent observée pendant la saison de la reproduction en Anhalt ,
surtout dans les marais entre l'Elbe et la Saale, où elle arrive
en Mai et d'où elle repart avant le mois de Septembre ; elle habite
aussi la Franconie et la Hesse , particulièrement dans la vallée du
Mein {Nal. Vôg. Deutsch,, IX , p. 575), où elle n'est pas rare
dans les environs de Hanau; elle y niche dans le bois de Bischofs-
heim ainsi que près de Enkheim, et y reste parfois jusqu'en Oc-
tobre (Jager, Syst. Ueb. Wett. Vog.y 2, p. 29, et Zool. Gart. y
V, p. 378); elle a été observée sur les bords du Danube dans
le Wurtemberg (Landbeck, Jahr. Ver. Vat. Nat., II, p. 228),
et se trouve aussi, quoiqu'en petit nombre, dans le Grand-Duché
de Bade (Kettner, Beitr. Rhein. Nat. ^ I, p. 89). L'espèce est
rare en Suisse pendant la saison des couvées (Schinz , Verz. Scliw.
Wirb.j p. 114); en Italie, elle se reproduit en Lombardie, en
Véuétie et en Toscane {F. cVIt. Salv. Ucc.j p. 231); elle est rare
en Sardaigne à son passage au printemps (Gara, Orn. Sarda ^
p. 159) ; elle ne se montre qu'en petit nombre en Sicile (Benoit ,
Orn. Sic. y p. 170), ainsi qu'à Malte en Mars et en Octobre
(Wright, Ibis, 1864, p. 150); elle a été observée plusieurs fois
en été aux Baléares , et s'y voit aussi en hiver (A. v. Homeyer ,
J. f. 0., X, p. 482).
Dans la presqu'île Ibérique elle est commune toute l'année
au lac d'Albuféra dans la province de Valence (Vidal, ./. /'. 0.,
III, p. 313); elle n'est pas rare aux bords de la Ségure dans
la province de Murcie (Saunders, Ibis, 1869, p. 172), mais ne
se trouve qu'en petit nombre en Andalousie (Machado, Allg.
Deutsch. Nat. Zeit., n. f., II, p. 254), où elle niche près de
Séville (Saunders, Ibis, 1871, p. 224); on la dit commune au
Portugal (Smith, Ibis, 1868, p. 455), elle est rare en Galice
et y fut observée en Février à la Corogne (Naceyro, J . f. 0.,
III , p. 304.) L'espèce arrive en Mars dans le Midi de la France
(Crespon , Orn. du Gard , p. 452) , où elle est surtout nombreuse
J. p. V.WICKEVOORTCROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS BAS. 313
à son passage, tandis que quelques paires y demeurent pour se
reproduire (von Muller, «/. /. ()., IV, p. 228); elle est d'ailleurs
commune dans plusieurs parties de cette contrée durant la saison
des couvées (Jaubert, Rich, Orn., p. 489), comme dans les ma-
rais de St-Laurent près de Grenoble (Bouteille et Labatie, Orn.
Daiiph. , p. 208) , ainsi que dans ceux de la Savoie , où elle arrive
en Avril et qu'elle quitte vers le mois de Septembre (Bailly , Orn.
Sav.j IV, p. 263); elle se montre quelquefois sur les bords du
Doubs et de l'Ain (Ogerien, Ilist. NaL du Jura, III, p. 261),
mais elle est très-rare dans le département de l'Yonne (Bert,
Cat, Mélh. An, Vert, etc., p. 72), de même qu'en Lorraine, où
elle a été tuée près de Nancy (Godron, Zool. Lorr. , p. 19). Elle
niche dans les environs de Nantes (Marchand, R. M. Z. , 1870,
p. 299), et assez fréquemment dans les marais de la Picardie
près d'Abbeville (Vieillot, Nouv. Dict. etc., t. XXVIII, p. 548),
mais plus rarement dans le département du Nord , où elle séjourne
depuis la fin d'Avril jusqu'en Août (Degland, Orn. Eur., II,
p. 273, et de Norguet, Cal. Ois. etc. y p. 45). Elle a été observée
en Avril dans le Luxembourg (de la Fontaine , Faune Lux. ,
Ois. p. 245) , et se montre accidentellement en Belgique , dans
les marais de la Flandre et dans ceux de la Campine aux envi-
rons de Hasselt (de Selys, Faune Belge, p. 117). Dans les Pays-
Bas une femelle fut prise sur le nid, près de Bois-le-Duc en Bra-
bant ; un autre individu tué dans notre patrie se trouve au Musée
de Leyde, et je possède dans ma collection un jeune mâle, qui
me fut envoyé de Zwartsluis, en Overijssel , le lei' Septembre 1872 ;
les chasseurs de bécassines rencontrent d'ailleurs quelquefois ces
petits Râles à la fin d'Avril dans cette dernière province, où selon
toute apparence l'espèce pourrait bien se reproduire , les individus
qu'on y observe au printemps ne paraissant pas s'avancer plus
loin vers le Nord. L'espèce est généralement regardée comme rare
en Angleterre, quoiqu'on l'y ait capturée dans plusieurs comtés
et en dififérentes saisons: elle a été observée le 19 Septembre et
à la fin d'Octobre près de Deal en Kent {ZooL, p. 2923 et p.
3035) ; quelques individus ont été tués près de Penzance non loin
314 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
de Landsend en Cornouailles (Rodd, ZooL, p. 6210, et s.s. p. 2275),
ainsi qu'une femelle adulte en été aux environs de Bristol en
Sommerset (Yarr., HisL Br. B., 3e éd., III, p. 122); l'espèce
se montra en Janvier 1823 dans le Cambridgeshire (Zoo/. Joum.,
II, p. 279), où une femelle et sa couvée furent prises dans les
premiers jours d'Août 1858, après qu'on en eut déjà déniché une
en Juin (P. Z. S., 1858, p. 560, et ZooL p. 6329); un tout
petit Râle appartenant probablement à cette espèce fut capturé
en Suffolk , ainsi que plusieurs individus en Norfolk tant en Avril
qu'en automne (Sheppard and Whitear, Trans. Linn. Soc. y XV,
p. 48, et Yarr., /. c); on y trouva également deux couvées en
Juin 1866 [Zool. s.s., p. 339 et p. 442); enfin l'espèce fut ob-
servée dans le comté de Derby le 8 Novembre 1821 (Fox, Zoo/.
Journ. , III , p. 394) , et même en Ecosse , savoir près de Locker-
bie et peut-être aussi en Caithness-shire (Jardine, B.of Gr. Br.,
III, p. 336, et Gray, Bird qf West Scotl. , p. 334); on l'a en-
core rencontrée à l'île de Man (Hadfield, ZooL s.s., p. 3272),
et M. Thompson la signale comme ayant visité l'Irlande le 30
Octobre 1845 aux environs de Youghal {Ann. Mag. Nat. Hist.j
XX, p. 169).
L'espèce est de passage accidentel à Madère (Harcourt,
Ann. Mag. Nal. Eisl., II s., XII, p. 62), et rare en Tanger
(Drake, Ihis, 1867, p. 428); elle est sédentaire en Algérie et
s'y montre aussi de passage à l'époque de ses migrations {Expl.
Se. de VAlg.y Loche, Ois. p. 340), elle y niche dans les marais
de Zana dans la partie orientale de l'Atlas (Salvin, Ibisy 1859,
p. 361). M. Gurney fils a obtenu à Laghouat un individu diffé"
J^ant de ceux d'Europe par le blanc de la gorge [Ibis y 1871, p.
299); M. Tristram l'a rencontrée dans les roseaux à Tamerua
au Sahara [Ihis j 1860, p. 80), et M. Vierthaler en hiver à Char-
tum {iXaum.y III, p. 20). Des individus à teintes très-vives ont
été recueillis par Smith dans le Midi de l'Afrique (Jardine, J5. o/
Gr. Br. , p. 337) : l'espèce y habite le pays de Damara , où, d'après
M. Andersson , elle se reproduit en assez grande quantité à Oman-
bondé et da ns les marais près du lac Ngami , ainsi qu'aux bords
J. p. V.WICKEVOORTCROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS. 315
des rivières Teoughe et Okavango (Gurney, P. Z. S., 1864, p. 7);
M. Layard, qui la dit commune dans un petit nombre d'endroits,
en a tué des individus à Swellendam, au bord du Buffeljagts-
Rivier , mais il Ta insérée dans son Catalogue sous le nom spéci-
fique de minuta [Birds S. A/r., p. 338, et Gurney in And. ^^Vt/^
of Damara-Land.j p. 317); on l'a aussi rencontrée à Maritzburg ,
dans le Natal (Gurney, IhiSj 1865, p. 273), ainsi qu'à Mada-
gascar (Hartlaub, Orn. Beitr., p. 81, et Newton, Ibis, 1863,
p. 458). En Afrique se trouve également une espèce qualifiée par
M. von Heuglin du nom de fasciata, qui paraît être identique à
Vegregia de Peters, et à Vangolensis de Hartlaub, mais que Schlegel
a rapportée au pygmaea de Naumann {Mus. cVHist. Nal. P. B. ,
Ralli, p. 30), quoiqu'elle s'en distingue suffisamment tant par
la taille que par la coloration du bec et du plumage. Enfin la
Nouvelle-Hollande nourrit une espèce décrite et figurée par Gould
sous Fépithète de fluminea (B. of Austr., VI, pi. 79), dénomi-
nation à laquelle il convient de substituer celle de Novae-Hollan-
diae proposée par Cuvier (Lesson, Tr, d'Orn., p. 537), comme
ayant été donné antérieurement à la même espèce (Pucheran ,
R. M. Z.y 1851, p. 278)5 celle-ci a également été classée par
Schlegel parmi les synonymes de la présente 5 elle me semble
toutefois en différer spécifiquement, moins par la taille que par
la coloration, surtout par le blanc des sous-caudales. Ces deux
dernières espèces ont même été rangées par G. R. Gray dans un
sous-genre différent de celui où il place le pyqmaea d'Europe
{Handlist of B,, III, p. 62).
Rallus parvus Scop.
La dernière espèce européenne, le type du genre Zapornia de
Leach [Syst. Cat. Mamm. and Birds in B. M., p. 34) , dans lequel
on classe également la précédente, a été rapportée généralement
au Rallus pusillus de Pallas ; cependant j'ai tâché de démontrer
plus haut que l'oiseau de ce dernier auteur est identique au pygmaea
de Naumann, et non à l'espèce désignée par Bechstein et les orni-
316 J. r. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
thologistes modernes, sous la dénomination spécifique de pusilla.
Celle-ci doit par conséquent, à mon avis, porter le nom de Ballus
parvus , que lui assigna Scopoli en 1769 {Annus I Ilist. Nat.>
p. 108, N°. 157 ^) et qu'elle aurait dû porter toujours, comme
le plus ancien: la description qu'en donne ce naturaliste étant
assez claire, et le rouge de la base du bec surtout ne laissant
aucun doute sur l'identité de l'espèce. Elle fut nommée plus tard
Rallus mixtus par Lapeyrouse (Mam. et Ois. de la H. G., 1799,
p. 38) , et Vieillot lui donna le nom de ce dernier auteur {N. Dict. ,
t. XXVIII, p. 562). Elle a été figurée d'abord par Montagu (On?.
Dict.f suppl. et app.) , sous les dénommsitions de little et olivaceoiis
') Ceux qui rangent le Rallus forzana L. clans un genre distinct de celui du
U. aqiiaticîcs L. et même du R. crex L. , et qui font par conséquent de Porzana
un nom générique, doivent, eu ayant égard an droit de priorité, assigner à 1^
Marouette la dénomination spécifique de Fulicula que lui donna Scopoli {op.
cit., p. 108, N*^. 158), qui la décrivit très-exactement. De même , si l'on n'admet
pas les noms spécifiques employés par Brisson, pour la raison très-valable que
cet auteur n'a point adopté le système binominal, il convient de désigner notre
petit Grèbe d'Europe sous le nom de Colymhus nigricans , à l'exemple de Scopoli
{op. cit., p. 77, N". 101), la description de cet auteur étant trop caractéristique
pour qu'il puisse y avoir de doutes au sujet de l'espèce, et la dénomination
proposée par lui étant de beaucoup antérieure à celle de Col. minor donnée par
Gmelin. J'ai publié ailleurs {Arcli. Néerl., 1Y\ p. 397) les raisons qui m'ont
engagé à conserver au genre Grèbe le nom Colymbus, tandis qu'il faut selon
moi indiquer les Plongeons sous la dénomination générique de Cepphus que leur
assigna Moehriug; son ouvrage étant postérieur à la 1ère édition du Sijstema
Naturae, qu'il convient de considérer comme base et point de départ pour la
priorité des noms génériqUes, puisque déjà à cette époque Linné a émis l'idée
du genre tel qu'on le comprend encore aujourd'hui. Ensuite la dénomination géné-
rique de Branta, donnée par Boie à ï Aitkyia rujina , a été employée auparavant
par Scopoli pour désigner le genre oii il place l'Ânser hernicla {op. cit. , p. 67) ;
par conséquent le nom générique de Bernicla , donné par Stepliens à un sous-
genre des Oies, devra être substitué par celui de Branta, proposé par Scopoli.
Enfin, pour se conformer aux règles de nomenclature adoptées par la plupart
des ornithologistes, il faut indiquer la Pie vulgaire d'Europe sous le nom de
Pica rustica, lui conservant ainsi la dénomination spécifique que lui assigna le
même auteur {op. cit., p. 38, N*^. 41), puisqu'elle a été publiée la première
après l'introduction du système binominal.
J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-RAS. 317
Gallinule (ou Gall. minuta et F, Foljambei dont la dernière fut
appliquée à tort par Eyton à l'espèce précédente [Cal. Bril. B.^
p. 46); elle a été représentée ensuite par Selby (///. Brit. Orn.^
pi. XXX, f. 4) , par Weruer (Temm. , Man. d' Orn. , II) , par Naumann
(iVrt/. %. Deuhchl. JX ; t. 238) , par Roux (Orn. Prov. , II , t. 331) ,
par Jardine (B. Gr. Br. , III, pi. 31), par Kjaerbolling (Orw. /)rt7i.,
pi. 38 et suppl. pi. 18), par Dubois {Ois, Belg., pi. 212), par
Gould (B.o/Eur., IV, pi. 345, et B.o/Gr. Br, , part. VI *), par
Fritsch {Vôg. Eur., t. 32, f. 4 et 5) et par Sundevall {Svenska
Foglarnciy pi. 76, f. 5); Naumann et B\ih\G {Fier. Vôg.DeutschL,
h. IV, t. 7, f. 12) , Thienemann (Taf, Col Abb. Vdg.,t 73, f. 3. 3)
et Biideker (Fur. Vôg. , t. 44, N°. 4) ont publié les ligures des œufs.
Comme je l'ai déjà fait remarquer, il y a toute apparence que
les deux mâles recueillis par Radde en Daourie , et rapportés par
lui à l'espèce dePallas, sont identiques à la précédente. Celle dont
nous nous occupons pour le moment a été signalée, il est vrai,
comme habitant le Japon et le Népaul ; mais ces assertions n'ayant
pas été confirmées, il est très probable qu'elle n'a pas encore été
trouvée en Asie jusqu'ici, sinon à Erzeroum au sud de la mer
Noire, en Avril et en Mai {P. Z.S., 1839, p. 134). Elle est com-
mune en Crète à la fin d'Avril, mais plus rare à Corfou (Drum-
mond, Ann. Mag. Nat. HisL, XII, p. 421 et 427); elle habite
aussi les marais de la Grèce (v. d. Mithle, Orn. Beiir., p. 91),
ainsi que la Turquie (Naumann, N. V.D., IX, p. 555), où elle
a été trouvée, mais en petite quantité, aux environs de Constan-
tinople (Elwes et Buckley, Ibis^ 1870, p. 332), et le midi de la
Russie (Naum. /. c), car elle se montre communément en Avril
en Crimée (Irby, ZooL, p. 5361), et passe en Tauride, surtout
à la fin de ce mois (Schatiloff, Bull. Soc. Nat. Moscou, t. XXXIII 6.,
p. 508) ; elle habite la province de Jekaterinoslaw , en s'avancant
vers le Don (Kaleniczenko , Bull. Soc. Nat. Moscou, t. XII, p. 274) ;
elle se reproduit aux environs d'Uman dans le gouvernement de
^) M. Gould cite à tort parmi les synonymes le Rallus mimitzcs de Gmelin
(Syst. Nat., 13e éd., I, p. 719), qui est une "espèce américaine.
318 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
è
Kiew, où on Fa rencontrée jusqu'au 28 Août(Goebel, J. /. 0.,
XVIII, p. 181, et XIX p. 145); elle niche même, quoique très -
rarement, dans le sud de la Livonie (Meyer, Vog. Liv,iL Esthl.j
p. 217), et se voit aussi en Courlaude (Lichtenstein , Bull. Soc,
Nat. Moscou y I, p. 296). L'espèce est commune durant la saison
des couvées dans la Bucowine (Zawadzki, Gai. Buk. Wirh.^
p. 117); elle n'est pas rare à la même époque en Transylvanie
(Bielz. , Wirh. Sieh. , p. 113) , et niche régulièrement dans plusieurs
autres localités de la Hongrie (Baldamus, Naum. IL 2, p. 87);
elle se montre en Moravie à son passage d'automne , notamment
en Octobre (Schwab, Verh. K. K. Zool. Bot. Ges., IV, p. 531) ;
elle se reproduit aux bords des étangs de Frauenberg , en Bohême ,
où toutefois elle semble être plus rare actuellement que jadis
(Fritsch, /. /. 0., XIX p. 381); elle niche aussi, mais en petit
nombre , dans la Haute Autriche , où sa ponte se fait au commen-
cement de Juin (Hintèrberger , Vog. Osterr.y p. 83 , et Brittenger ,
Brûtv. Ob. Ôsterr.j p. 107); on ne Fa observée que rarement,
aux mois d'Avril et de Mai ainsi qu'en automne , à l'étang de
Furt en Styrie (Hanf, Verh. K. K. Zool. Bot. Ges.yYïll, p.b43),
et Natterer Fa rapportée de FIllyrie (v. Pelzeln, Verh. K, K. Zool.
Bot. Ges. y XXI, p. 722); elle se reproduit encore en Tyrol , quoi-
que rarement (Althammer, Naum., VII, p. 402), de même qu'en
Suisse (Meisner et Schinz, Vog. Schcoeiz , p. 240) , où elle paraît
être demi-sédentaire dans le canton de Neuchâtel (Vonga, Bull.
Soc. Se. nat. Neuch., II, p. 413). L'espèce est assez commune
au temps de la reproduction dans le midi de FAllemagne,
savoir dans le Wurtemberg , particulièrement le long du Danube ,
(Landbeck, Vog. Wurt.j p. 67) dans plusieurs parties de la
Bavière (Jackel, Abh. Zool. Min. Ver. Reg., I, p. 104), comme
aussi dans les vallées du Rhin et du Mein, ainsi qu'en Saxe
et en Anhalt, surtout aux bords des lacs du Mansfeld et des
étangs aux environs de Zerbst, non loin du confluent de l'Elbe
et de la Saale, où elle séjourne depuis le mois de Mai jusqu'en
Septembre (Naumann, Nat. Vog. />., IX, p. 555); elle habite
également la Silésie (Gloger, Ueb. Saûg. Vog.etc. Schles.fj^.bl),
J. p. V. WICKEVOORT GROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS. 319
OÙ elle niche dans l'Ober-Lausitz (Tobias, L f. 0., l, p. 216)^
ainsi que près de Glogaii (Roedern , Naum. , VI , p. 403) ; elle
se reproduit aussi dans le Brandebourg, car on a trouvé des cou-
vées aux environs de Cottbus dans le Bas-Lausitz (Kutter , J./. 0. y
XIII, p. 334), ainsi que dans la région traversée par la Havel
et dans le voisinage de Ratbenow (A. v. Homeyer, /. /'. 0.,
XVIII, p. 228); selon Boeck, elle nicherait dans la Prusse pro-
prement dite (Borggreve, Vdq. N. D., p. 106 *); d'après E. von
Homeyer (Syst. Ueh. Vog. Pomm., p. 64) et Holland {Wirb.
Pomm. , p. 74) , il y a toute apparence qu'elle se reproduit en
Poméranie, aussi y a-t-on tué une paire près de Stargard; dans
le Mecklenbourg , une couvée fut enlevée d'une tourbière aux en-
virons de Wismar et une femelle fut prise le 31 Mars au lac de
Butzow (Zander, Syst. Ueh. Vog. MeckL^ p. 85). L'espèce est
rare en Brunswick (Blasius , /. /. 0. , XII. B , p. 65) ; elle se
montre accidentellement en Westphalie (Bolsmann, Naum., IL
3 , p. 34) , en Oldenbourg (Negelein , Naum. , III , p. 62) et aux
environs de Hambourg (Willemoes, Zool. Gart., VI, p. 78). On
Ta encore observée dans le Holstein , près de Erunsbiittel (Faber ,
Orn. Not. Danm. F. , p. 39) , et en Jutland [Naum. , /. c).
Un mâle fut pris au commencement du printemps 1852 dans
l'île de Gothland, lorsque le sol était encore couvert de neige
(Meves, Naum., VIII, p. 118), et le 17 Juin 1862 on a obtenu
la preuve que l'espèce a même niché dans la partie septentri-
onale de la province de Calmar, en Suède (Wesferlund, Peterm.
Geog7\ Mitth., 1870, p. 374). Elle n'a été observée jusqu'ici
qu'une seule fois en Ecosse, savoir, le 12 Mars 1852, à Thorn-
ton à la rive de l'Isla, en Banffshire (Yarr. , Hist.Br. 5.,3^éd. ,
III, p. 118); il est vrai qu'on pourrait conclure de l'ouvrage de
Gray [B. of W. Scott. , p, 334 et p. 514) qu'il s'y fit deux
captures, mais la déclaration de Gurney fils [Scot. Nat., I , p. 269)
a rectifié l'erreur en les rapportant au même individu. On n'en
i) L'auteur révoque en doute la distinction spécifique de cette espèce et de
la précédente,
320 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS.
cite également qu'une seule faite en Irlande : celle d'un mâle tué le
il Mars 1854 à BalbriggaU; aux environs de Dublin (Tristram, ZooL^
p. 4298.) A ce qu'il paraît^ on n'a pas encore acquis la certitude
que l'espèce se reproduit en Angleterre, quoiqu'on l'y ait obser-
vée dans plusieurs comtés et en diverses saisons , notamment près
de Ashburton en Devon (Montagu , Orn. Dict. , Suppl.) et à Devon-
port le 13 Mai 1829 (Rowe, Cal. Mamm. Birds etc. Dev.,p.SO'^
Newton, Ibis, 1865, p. 222), ainsi qu'en Août 1831 dans le
même comté (Moore, Mag. Nal. Hisi., I, n. s. , p. 323) ; en Som-
merset au commencement d'Octobre 1870 (Smith, Zool. s. s.,
p. 2386) ; en Sussex aux environs de Shoreham en Octobre 1835
(Yarr., /. c), et, si les observations sont justes, il s'y serait fait
trois captures plus récentes , savoir , à Seaford au commencement
de Mars 1848, dans les marais de Pevenscy en Mars 1862, et
près de Hasting le 15 Avril 1859 [ZooL, p. 2148, p. 6537 et
p. 8330); on la rencontra en 1812 non loin de Chelsea , sur les
bords de la Tamise (Yarr. , /. c.) , dans le voisinage de Cam-
bridge en Mars 1826 (Yarr., ZooL Journ., III, p. 605) et le
2Q Mars 1864 (Saville, Zool. s. s. , p. 9118); en Norfolk en Mai
1812 (Mont., /. c.) et à une autre occasion près de Yarmouth
(Hoy, Mag. Nal. llist., VII, p. 53); on l'y aurait aussi vue en
Mars 1847 et en Mars 1852 {ZooL, p. 1777 et p. 3477), ainsi
que le 9 Octobre 1869 dans le North-Lincolnshire (Cordeaux,
ZooL s. s., p. 1977). L'espèce s'est montrée aux environs de Derby
(Selby, Br. Orn., II, p. 186) et en automne 1807 dans le voisi-
nage de Manchester {Mag. Nat. HisL, II, p. 275); enfin dans le
Yorkshire sur la rive de la Yore le 6 Mai 1807 (Sims, ZooL
Journ. , I, p. 131) , ainsi que près de Scarborough'(P. Z. S., 1836).
L'espèce avait été signalée déjà en 1815 par Temminck comme
visitant les Pays-Bas accidentellement {Man. (V Orn. , le éd., p.
448) ; néanmoins on ne l'a pas admise dans les ouvrages publiés
récemment sur la Faune de cette contrée. J'ai eu toutefois l'avan-
tage d'y constater son apparition, en enrichissant ma collection
par l'acquisition d'un jeune mâle tué aux environs de Zwartsluis ,
en Overijssel, le 9 Septembre 1872. Elle est très-rare en Belgique ,
J. p. V. WICKEVOORT CROiMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS-BAS. 321
OÙ elle a été observée plusieurs fois dans les champs de fourrages ,
près de l'eau, dans le Brabant et aux environs de Liège (de Sélys,
Faune Belge ^ p. 117); elle est fort peu répandue dans le Luxem-
bourg (de la Fontaine , Faune Lux. , Ois. , p. 244) , et se montre
irrégulièrement dans le Nord de la France (Degland, Orw. i^wr. ,
II; p. 272); elle y est même plus rare que l'espèce précédente
(de Norguet, Cal. Ois. N. Fr., p. 45) , aussi M. Bâillon ne l'a-t-il
vue qu'accidentellement dans les marais de la Picardie (Vieillot,
/. c.) ; elle n'est pas plus fréquente en Lorraine , où elle a été
trouvée aux environs de Metz et de Nancy (Godron , ZooL Lorr. ,
p. 19), ainsi que dans le département d'Eure-et-Loir (Marchand,
R. M. Z.j 1867, p. 138); elle est également très-rare dans celui
de Seine-et-Marne , où elle arrive en Mars pour repartir en Octobre
au en Novembre (de Sinety, R. M. Z., 1854, p. 431); elle ne
se voit qu'accidentellement dans le département de l'Yonne (Bert,
Cat. An. Vert, etc., p. 72); elle est de passage dans celui du
Jura, où elle vient en Mars et séjourne parfois jusqu'à la fin
d'Octobre (Ogérien, Hist. Nal. du Jura y III, p. 261), et se voit
aussi dans le Lyonnais (Olphe- Gaillard, Naum.^ V, p. 51). Elle
se montre régulièrement dans l'Ouest de la France (Degland, /. c),
et est même assez commune dans le département de la Charente-
Inférieure, où elle passe en Avril {BQXixQmituXy Faune dép. Char.
Inf.y p. 31). Picot de la Peyrouse l'a déjà trouvée dans les Pyré-
nées (Vieillot , /. c.) ; elle arrive dans le midi de la France à la
fin de Mars (Crespon, Orn. Gard., p. 451), et quelques paires
y nichent dans les marais du littoral (Jaubert, Rich, Orn. etc.,
p. 488); elle se reproduit aussi en Dauphiné, où il s'en fait un
double passage (Bouteille et Labatie, Orn. Dauph., p. 207); elle
paraît en Avril dans la Savoie , où elle passe en nombre assez con-
sidérable et en outre se propage communément, mais on la voit encore
en plus grande abondance dans les rizières du Piémont (Bailly , Orn.
Sav., IV, p. 259); elle se reproduit d'ailleurs dans toute l'Italie ,
où elle est assez commune {F\ d'It. Salvador!, Ucc., p. 231);
elle se voit aussi en Sicile (Benoit, Orn. Sic., p. 169); en Sar-
daigne elle est de passage au printemps (Gara, Orn. Sarda, p. 158,
Archives Néerlandaises, T. VIII. 21
322 J. p. V. WICKEVOORT CROMMELIN. NOTES SUR LES RaLES DES PAYS- BAS
et Salv. ; CaL Ucc. Sard., p. 77), et à Malte elle est plus abon-
dante à son passage d'automne qu'à celui de Mars (Schembri,
Cat. Orn. etc., p. 112, et Wright, Ibis, 1864, p. 150). L'espèce
est commune au midi de l'Espagne, dans la province deMurcie
sur les bords de la Ségure , et se propage sans doute aux envi-
rons de Séville (Saunders, Ibis, 1869, p. 172, et 1871 p. 224),
dans l'Andalousie, où elle est surtout abondante (Machado , ^4%.
Deutsch. Nat. Zeit., II n. f. p. 254). Ou la dit commune au Por-
tugal (Smith, Ibis, 1868, p. 455). Sédentaire eu Algérie, ainsi
que la précédente, l'espèce s'y montre en plus grande abondance
aux époques des passages annuels; M. Loche y a capturé des
individus sur les lacs Halloula et Fetzara {ExpL Se. de VAlg.,
Ois., p. 342), et M. Drummond en a vu dans les marais à Bi-
serta [Ann. Mag. NaU HisL, XVI, p. 108).
Il résulte de l'aperçu que je viens de donner des Râles qui
habitent l'Europe, que la dernière espèce a la distribution géogra-
phique la plus restreinte, tandis que la précédente occupe la région
la plus étendue, quoiqu'elle soit la moins septentrionale; celle-ci
et le Râle d'eau s'avancent plus que les autres vers l'Orient; la
Marouette et le Râle de genêt s'étendent au contraire le plus
vers l'Occident; enfin ce dernier, qui est également très-répandu ,
est de tous ses congénères celui qui pénètre le plus au Nord.
Harlem, Mai 1873.
LA LOI DE BERTHOLLET
CONTRÔLÉE PAR LA ROTATION DU PLAN DE
POLARISATION DES SELS DE CINCHONINE,
PAR
J. E. DIBBITS.
Les pages suivantes contiennent la partie essentielle d'un travail dans lequel
l'auteur, enlevé prématurément, il y a quelques mois, à la science et à l'en-
seignement, avait cherché à contrôler la réalité de la loi de Berthollet par l'étude
de la rotation du plan de polarisation des sels de cinchonine. Le manuscrit oîi
il avait consigné le résultat de ses recherches a été publié intégralement par le
frère du défunt, M. le Dr. II. C. Dibbits, professeur de chimie à Amsterdam, sous
le titre: De wet van Berthollet getoetst aan de draaiing van het polarisatievlak
hij cinchonme-zouten , Haarlem, 1873. Nous nous bornons à traduire l'exposé
des expériences propres à l'auteur, exposé qui est précédé, dans le Mémoire
original, de l'explication détaillée de la loi de Berthollet et d'un résumé his-
torique des principales recherches expérimentales, exécutées par divers savants, pour la
vérification de cette loi. L'auteur s'était proposé de développer, dans un dernier
chapitre, quelques conclusions générales et quelques considérations théoriques
concernant le sujet en question; mais il en a été empêché par la maladie qui,
dans les deux dernières années de sa vie, ne lui permettait plus aucun travail
suivi. La même circonstance explique aussi pourquoi il n'est fait aucune mention
dans son Mémoire de plusieurs faits récemment constatés, tels que l'influence
de l'agent dissolvant sur la rotation du plan de polarisation, etc.
2r
324 J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC.
Beaucoup d'alcaloïdes possèdent , à Fétat de dissolution , la pro-
priété de faire tourner, à droite ou à gauche, le plan de pola-
risation de la lumière polarisée transmise. Ce pouvoir, d'intensité
différente pour chacune de ces substances , varie en outre suivant
que l'alcaloïde est libre ou combiné à des acides , et dans ce der-
nier cas il dépend de la nature de l'acide.
Il est facile de déduire de là une nouvelle méthode pour vérifier
la loi de Berthollet. Si l'on a déterminé successivement le pouvoir
rotatoire d'un alcaloïde combiné avec un certain acide, et celui
du même alcaloïde en combinaison avec un autre acide, l'étude
du pouvoir rotatoire d'une dissolution qui renferme à la fois les
deux acides et l'alcaloïde pourra faire connaître si ce dernier s'est
combiné en entier avec l'un des premiers, — et, en cas d'affir-
mative , avec lequel des deux , — ou bien s'il s'est partagé entre
les deux acides. Soient A et B deux acides , C un alcaloïde. On
a déterminé le pouvoir rotatoire de A C = /> , et celui de B C
= q. Si l'on trouve maintenant le pouvoir rotatoire du mélange
Ah-^H-C = /9, on peut en conclure que A C existe seul , sans
B C. S'il est au contraire z=z q ^ B C seul a pris naissance. Enfin
s'il présente une valeur intermédiaire entre p et q , cela prouve
que C s'est combiné en partie avec A , en partie avec B. Ou bien ,
on a deux acides, A et 5, et deux bases, C et D , dont C est
un alcaloïde, D une base qui n'exerce aucune influence sur le
plan de polarisation. On détermine le pouvoir rotatoire tant de
A C que de B C. Ensuite on mêle , en proportions équivalentes ,
d'abord A C avec B D , puis B C avec AD y et on observe chaque
fois le pouvoir rotatoire du mélange. Si dans les deux cas on le
trouve égal au pouvoir rotatoire de A (7, il en résulte que C est
combiné entièrement avec A , D entièrement avec B. S'il est égal
au pouvoir rotatoire de ^ C, les seuls produits formés sont B C
et A D, L'un et l'autre résultat seraient contraires à la doctrine
de Berthollet. Si le pouvoir rotatoire du mélange des deux sels
est plus petit qui celui de A C , mais plus grand que celui de
B Cj ou réciproquement, la dissolution renferme aussi bien
A C que A By et par conséquent aussi AD et B D, Il y
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET , ETC. 325
a quatre sels de formés, en accord avec la loi de Berthollet.
M. Bouchardat ^ ) avait déjà exécuté des expériences qui méritent
d'être mentionnées ici. Il se proposait d'examiner si le pouvoir
rotatoire du camphre appartient aussi à l'acide camphorique, et
à cet effet il prépara une dissolution de cet acide dans l'alcool.
Dans un tube de 299 mm. de longueur, cette solution imprimait
au plan de polarisation une déviation de H- 12^. Pour apprécier
en outre l'influence que la présence d'une base exerce sur le pou-
voir rotatoire de cet acide, il „ satura" celui-ci avec une disso-
lution de soude caustique, qu'il ajouta jusqu'à concurrence de y j
du volume de la solution acide. La déviation du plan de pola-
risation n'était plus maintenant que de -h 7". Ayant ajouté ensuite
à la solution, qui avait pris une réaction alcaline, -^^^ de son
volume d'acide chlorhydrique , de manière à la „ sursaturer", il
vit la déviation remonter à 4- 11°. M. Bouchardat a constaté éga-
lement qu'une solution de camphre dans l'alcool, qui imprimait
au plan de polarisation une rotation de + 22° pour les rayons
bleu-violet, ne le faisait plus dévier que de + 12° lorsqu'on y
ajoutait ^V ^^ son volume d'ammoniaque, et que la déviation
remontait à H- 21° quand à cette nouvelle solution on ajoutait
de nouveau yV ^^ ^^^ volume d'acide chlorhydrique.
De ces expériences M. Gladstone ^) conclut que le camphorate
de soude et le camphorate d'ammoniaque ne sont pas complètement
décomposés par l'acide chlorhydrique. Toutefois, à cause de l'in-
suffisance des données communiquées par M. Bouchardat concernant
les quantités relatives des matières qu'il a employées, il est im-
possible de juger jusqu'à quel point le résultat de ses recherches
peut être regardé comme un argument à l'appui de la loi de Berthollet.
Mon attention a été fixée sur la méthode que je viens d'indiquer
par M. E. Mulder ^), professeur à Utrecht, qui a aussi fait tout
') Ueher die optischen Eigenschaften der Carnphersàîire {Joiirn.fiirprakt. Chem.,
XLYII (1849, II), p. 455 et suiv. Cf. Compt. rend., XXVIII, p. 819.)
*) Journ. filr prakt. Chem. v. Erdmanti und Werther , LXIX (1856, III) , p. 259.
^) Une communication préliminaire à ce sujet a été faite par M. Mulder dans
ses Scheikmdige aanteekeningen , t. I, N^J. 4 (1867), '^.'ihh.{Nieuwe méthode ter
nadere ioetsing der leer van Berthollet^.
326 J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC.
ce qui était en son pouvoir pour m'en faciliter l'application. J'ai
tâché de mettre son idée à exécution avec toute l'exactitude pos-
sible, et pour cela j'ai procédé de la manière suivante.
Successivement, j'ai déterminé de combien le plan de polari-
sation de la lumière jaune de la flamme du sodium est dévié par :
1° une dissolution aqueuse de biacétate de cinchonine ^); 2 ''une
dissolution aqueuse de bichlorhydrate de cinchonine; 3° le mélange
des dissolutions aqueuses de un équivalent de bichlorhydrate de
cinchonine et de deux équivalents d'acétate de soude ; 4° le mélange
des dissolutions aqueuses de un équivalent de biacétate de cin-
chonine et de deux équivalents de chlorure de sodium. Dans chaque
mélange se trouvaient donc en présence : 1 équiv. de cinchonine ,
2 équiv. d'acide acétique, 2 équiv. d'acide chlorhydrique et 2
équiv. de soude. Toujours le même volume de la dissolution ou
du mélange contenait la même quantité de cinchonine. Pour poids
équivalents j'ai adopté: cinchonine 308, acide acétique 60 , acide
chlorhydrique 36,46, soude 31.
Les sels ont été préparés par moi de la manière suivante:
Préalablement, il fallait déterminer la force de l'acide acétique
et de l'acide chlorhydrique que je devais employer. Du bicarbonate
de soude fut transformé par la calcination en carbonate de soude.
Celui-ci fut dissous dans l'eau et la dissolution filtrée, afin de
séparer le fer que le sel pouvait renfermer et qui, après la cal-
cination, y existait à l'état de peroxyde. En évaporant ensuite
la dissolution, et calcinant de nouveau, j'obtins du carbonate de
soude pur. Avec ce sel je préparai une dissolution aqueuse , telle
que, dans 1000 ce. de dissolution, il y avait 53 grammes (1
équivalent) de carbonate de soude. La solution normale ainsi ob-
^) An sujet du pouvoir rotatoire de diiFérents alcaloïdes et de quelques-unes de leurs
combinaisons , des recherches et des communications ont été faites par M.Bouchardat:
Sur les propriétés optiques des alcalis végétaux (Ann. de chim. et de phys , , "è^ ^év . ,
IX (1843) , p. 213 — 243) , et par M. L. Wilhelmy : Ueber das moleculare Drehungs-
vermôgen der Suhstanzen {Pogg. Ann., LXXXI (1850) , p. 527 — 532. Cf. Jahresher.
von J. Liebig und H. Kopp fiir 1850, p. 175 et 176.) Leurs résultats m'ont été
utiles en me guidant dans le choix d'un alcaloïde approprié aux recherches que
j'avais en vue.
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC. 327
tenue fut titrée avec l'acide acétique à examiner, et plus tard
avec l'acide chlorhydrique à examiner. Par là on connaissait la
proportion de C- H"^ 0- et de H Cl contenue dans ces acides.
Pour préparer le biacétate et le bichlorhydrate de cinchonine,
la cinchonine fut dissoute dans l'acide acétique et l'acide chlor-
hydrique ^ dans la proportion de un équivalent de l'alcaloïde pour
deux équivalents de l'acide, avec addition d'eau jusqu'au volume
désiré. L'acétate de soude et le chlorure de sodium furent obtenus
par le mélange , en proportions équivalentes , de la solution normale
de carbonate de soude avec l'acide acétique ou avec l'acide
chlorhydrique.
Mes observations eurent lieu dans une chambre d'où la lumière
extérieure était exclue avec tout le soin possible.
Comme source de lumière j'employai une lampe à gaz de Bunsen,
dans la flamme de laquelle se trouvait constamment du chlorure
de sodium. La flamme était entièrement entourée d'un grand
tuyau noirci, qui présentait deux ouvertures latérales, savoir, un trou
pour le passage du mince fil de platine qui portait le chlorure de
sodium dans la flamme , et une fente qui laissait pénétrer la lumière
dans l'appareil de polarisation. Les rayons lumineux , après avoir
traversé la fente, étaient rendus parallèles entre eux par une forte
lentille convergente. Le faisceau ainsi obtenu était polarisé par un
cristal biréfringent de spath calcaire, qui rejetait latéralement et
par conséquent mettait hors d'action le rayon ordinaire , et laissait
émerger le rayon extraordinaire. La lumière polarisée traversait
ensuite un tube de verre long de 1,464 m. , qui était fermé aux
deux extrémités par des lames de verre usées et aplanies avec
beaucoup de soin, et qui était rempli de la solution à étudier.
Pour pouvoir opérer ce remplissage , le tube portait , en son milieu ,
un autre petit tube vertical. Près de l'extrémité du grand tube
se trouvait, comme analyseur, un prisme de Nicol, muni d'un
limbe gradué , avec vernier. La lumière tombait ensuite sur l'étroite
fente d'un appareil spectral de Steinheil à un seul prisme , au
moyen duquel elle était observée.
Une petite lanterne noircie, dans laquelle brûlait une faible
328 J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET , ETC.
mèche à l'huile et qui pouvait être fermée par une valve , donnait
la lumière nécessaire pour la lecture du limbe divisé.
Pour commencer , des observations étaient faites le tube de verre
restant vide, afin de déterminer aussi exactement que pos-
sible le point où la lumière polarisée était complètement éteinte
par l'analyseur, ou du moins éprouvait le maximum d'affaiblissement.
Ce point, nous l'appellerons le zéro. Ensuite on remplissait le tube
du liquide qu'on voulait étudier, et on déterminait de nouveau
le point d'extinction.
Pour chaque détermination l'analyseiir était tourné deux fois,
une fois en partant de droite et une fois en partant de gauche , vers le
point d'extinction. Chaque fois j'arrêtais le mouvement de rotation à
l'instant où l'œil ne percevait plus de lumière. La lecture était
alors faite, et la moyenne des deux positions observées était
prise pour le point d'extinction.
Une condition indispensable dans ces observations, c'est que
l'œil possède une grande sensibilité aux impressions lumineuses.
Avant de pouvoir commencer à observer, avec quelque chance
de succès, j'avais toujours besoin de rester longtemps dans
l'obscurité. Les premières observations que je faisais ensuite
étaient ordinairement rejetées, comme trop incertaines. Après un
certain nombre de déterminations acceptables, la fatigue de l'organe
visuel exerçait manifestement une influence perturbatrice sur l'exac-
titude de mes observations, de sorte que celles-ci ne pouvaient
jamais être continuées longtemps de suite.
Le point auquel, en faisant lentement tourner l'analyseur, je
voyais disparaître la dernière trace de lumière , était différent dans
presque chaque observation. Souvent même j'éprouvais beaucoup
de peine à fixer ce point d'une manière tout à fait exacte. Il
n'est pas' difficile d'en trouver les raisons. D'abord, il était im-
possible de rendre la flamme absolument tranquille; sans cesse
elle vacillait plus ou moins , et en même temps son pouvoir éclairant
subissait de légères variations: à son maximum immédiatement
après l'introduction d'une nouvelle quantité de chlorure de sodium
dans la flamme, il diminuait ensuite peu à peu jusqu'à un certain
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET , ETC. 329
point. La sensibilité de l'œil n'était pas non plus une grandeur
constante. Eu outre, pour que les rayons lumineux restent per-
ceptibles dans leur plus grand état d'affaiblissement, il ne paraît
pas indifférent qu'ils tombent sur telle ou telle partie de la rétine.
J'ai exécuté de nombreuses séries d'observations pour déterminer
tant le point zéro que le point d'extinction pour les différents sels
et mélanges. A l'origine, j'opérais avec un tube de verre qui avait
2 décimètres de longueur. Les acides acétique et chlorhydrique
que j'employais dans ces premières expériences contenaient, dans
1000 ce. , le premier 326 grammes d'acide acétique pur , le second
108,835 grammes d'acide cblorhydrique pur. Partant de 1 gramme
de cinchonine, j'y ajoutais la quantité nécessaire d'acide acétique
ou chlorhydrique, puis avec de l'eau j'étendais les solutions ob-
tenues de manière à les amener à un volume de 50 ce. La moyenne
de 44 observations ayant pour objet la détermination du zéro me
donna pour ce point — 8°52 ',6. Quant au point d'extinction relatif
au biacétate de cinchonine, je le trouvai à H- 0°9',9, et celui
du bichlorhydrate de cinchonine à + 1^39',9. Ajoutant à ces quan-
tités 8o25',6, on avait donc les nombres suivants pour la grandeur
de la déviation à droite produite par chacun de ces sels:
Point Grandeur de la
d'extinction. déviation.
Biacétate de cinchonine (42 obs.) . . + O'' 9',9 + 8°35',5
Bichlorhydrate de cinchonine (40 obs.) + 1°39',9 +10° 5^,5
Différence . . . rSO'fi
Ces expériences furent répétées avec des solutions plus concen-
trées , qui renfermaient 6 grammes de cinchonine dans un volume
de 50 ce. Le résultat fut alors:
Point Grandeur de la
d'extinction. déviation.
Biacétate de cinchonine (46 obs.j . . > 39°56',5 + 48'22',1
Bichlorhydrate de cinchonine (20 obs.) + 50°16',2 + 58"41',8 .
Différence . .TWW/Î
Le sixième de cette dernière différence est 1^43',3, c'est-à-dire
Ool3',-3 de plus que ce qu'avaient donné les solutions avec 1 gramme
de cinchonine. Cet écart indiquait que les déterminations n'avaient
pas atteint toute l'exactitude voulue.
330 J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC.
Du biclilorhydrate de cinchoùine (1 équiv.) et de l'acétate de
sonde (2 équiv.), tous les deux en solution, furent mêlés entre
eux. Le point de départ , dans cette expérience , avait été 6 grammes
de cinchonine. Il se forma un précipité, qui disparut seulement
après que j'eus étendu avec de l'eau jusqu'à 200 ce. , puis secoué
pendant longtemps. Cette solution, quatre fois plus étendue que
celle des dernières expériences relatées, donna comme moyenne
de 24 observations:
Point d'extinction + 4''20 ,6
Grandeur de la déviation + 12o46',2.
D'après les expériences précédentes , si toute la cinchonine existait
à l'état de biacétate de cinchonine, la déviation devrait s'élever
à + 12''5',5, et si toute la cinchonine existait à l'état de bichlor-
hydrate de cinchonine, à 14°40 ,4. La différence relativement petite
entre 12o5',5 et la valeur observée 12"46',2 montre que dans le
mélange la cinchonine se trouvait ou bien en entier, ou bien en
très grande partie, à l'état de biacétate de cinchonine. Dans le
premier cas , la différence en question devrait être attribuée à ce
que les déterminations et les observations qui pouvaient avoir de
l'influence sur le résultat trouvé n'ont pas eu toutes un degré
suffisant d'exactitude.
J'essayai d'obtenir une solution encore plus concentrée, qui contînt
les deux sels en mélange. J'opérai sur 3 grammes de cinchonine ,
réunis les solutions de bichlorhydrate de cinchonine et d'acétate
de soude, et ajoutai de l'eau jusqu'à ce que le volume fût de 50
ce. Très peu de temps après le mélange des deux solutions , une
forte cristallisation fut observée. Chauffé au bain-marie jusque vers
55« C, le liquide redevint limpide, le précipité s'étant redissous.
Le matras dans lequel le mélange se trouvait fut alors abandonné
au refroidissement et au repos. A la température ordinaire , après
un temps considérable, la solution resta parfaitement limpide. Mais
dès qu'on déboucha le matras, la cristallisation s'y produisit de
nouveau instantanément. On avait donc affaire ici à un cas de
sursaturation.
La même expérience fut encore répétée, mais cette fois en
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC. 331
introduisant 6 grararaes de cinchonine dans le même volume de
50 ce. Comme ci-dessus, une cristallisation s'opéra au sein du
mélange. A la température d'environ 11" C. le précipité était
entièrement redissous. Je laissai le liquide se refroidir, et vers
55° C. la cristallisation se manifesta de nouveau.
Pour augmenter la différence entre la déviation produite par le
biacétate de cinchonine et celle due au bichlorhydrate de cincho-
nine, et obtenir ainsi des déterminations plus exactes et des
résultats plus certains , je remplaçai le tube de verre long de 0,2 m.
par un autre, qui avait une longueur de 1,464 m.
Comme dans ces nouvelles expériences je devais employer d'autre
acide acétique et d'autre acide chlorhydrique que dans les premières,
j'eus de nouveau à déterminer la concentration de mes deux acides.
De l'acide acétique je pris quatre portions, que j'étendis de 2,
de 5, de 11 et de 19 parties d'eau. Pour neutraliser, au moyen
de ces liquides , 5 ce. de la solution normale de carbonate de soude ,
colorée légèrement en bleu par le tournesol , il fallut en employer
respectivement: 2,8 ce, 5,6 ce, 11,15 ce. et 18,56 ce. De là
on pouvait déduire que 1000 ce. de l'acide acétique contenaient
323 grammes de C=^ H* 0^
La force de l'acide chlorhydrique fut déterminée de la même
manière. Deux portions de cet acide ayant été étendues de 9 et
de 19 parties d'eau, il fallut en prendre, pour neutraliser 5 ce.
de la solution normale: 11,75 ce. et 23,55 ce. Cela donne pour
la richesse de l'acide chlorhydrique: 155 gr. H Cl dans 1000 ce. ^).
^) L'estimation ci-dessus, savoir, que dans 1000 ce. de l'acide acétique il y
avait 323 gr. C* H* 0^ et dans 1000 ce. ào. l'acide chlorhydrique 155 gr. HCl,
pourrait paraître un peu trop élevée , si l'on effectuait le calcul avec les données
du texte. De ces données, en effet, on pourrait déduire que 1000 ce. de l'acide
acétique ne contenaient que 154,9842 gr. H Cl , et pour l'acide acétique on pour-
rait trouver une différence encore plus sensible. Nous ferons remarquer , toutefois ,
que lorsqu'on fait, pour déterminer le point de neutralisation , une série d'ex-
périences dont les résultats ne concordent pas complètement, il ne convient pas
d'attribuer à toutes une valuer égale. Ainsi , si l'on trouve successivement qu'une
certaine quantité d'une base dissoute est neutralisée par 11,15, 11,2 et 11,18
332
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET , ETC.
Les quatre sels nécessaires pour mes expériences furent ensuite
préparés de nouveau , en quantité suffisante , avec le plus grand soin.
Je procédai alors aux observations ayant pour objet la déter-
mination du zéro et de la déviation occasionnée soit par chacun
des deux sels de cinchonine isolément, soit par les mélanges
indiqués. Une première série de plusieurs centaines d'obser-
ne sera pas mentionnée ici; je ne l'exécutai qu'à titre d'exercice
personnel, pour me mettre en état d'atteindre une plus grande
exactitude dans les observations suivantes. Je noterai seulement
que les résultats de ces expériences préliminaires étaient en
accord avec ceux des déterminations postérieures, que je vais
communiquer.
Instruit par les expériences dont il a été question ci-dessus , p.
330 — 331, j'avais maintenant préparé toutes les solutions, qui devaient
être étudiées dans le tube de verre, de telle sorte que dans un
volume de 125 ce. il y eût toujours 4 grammes de cinchonine.
DÉTER3IINATI0N DU ZERO
I.
II.
Point d'extinction:
Demi-somme
Point d'extinction:
Demi-somme
A droite :
A gauche :
ou moyenne :
A droite :
A gauche :
ou moyenne :
5'> 1'
16^45'
10° 53'
10^36
ir30'
11° 3'
4 58
17 4
11 1
10 30
11 20
10 55
7 0
16 5
11 32,5
9 55
11 57
10 56
6 10
16 44
11 27
8 34
13 20
10 57
6 33
17 5
11 49
8 56
13 20
11 8
5 10
17 8
11 9
7 55
— 14 45
11 20
5 10
16 18
10 44
7 19
14 15
-10 47
4 12
— 17 10
10 41
8 20
13 20
10 50
ce. d'un acide , ce sera probablement le plus petit de ces nombres qui se rap-
prochera le plus de la vérité. En outre, la chance d'obtenir un résultat exact
est d'autant plus grande que la dissolution avec laquelle on titre est plus étendue.
En tenant compte de ces deux circonstances, nous croyons que les indications
du texte sont suffisamment justifiées.
J. E. DI6BITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC,
333
Point d'extinction: Dcmi-somrae
Point d'extinction:
Demi-somme
A droite : A gauche : ou moyenne :
A droite :
A gtauclie ;
ou moyenne :
7° 10' 16^20' ir45'
- 6n9'
— 15ol5'
10°47'
5 14 17 2 11 8
— 6 1
15 45
10 53
5 24 17 36 11 30
7 4
—14 32
10 48
5 50 16 6 10 58
— 7 30
15 10
—11 20
Moyenne de 12 déterminations:
— 7 44
—14 20
—11 2
iri3',l
7 54
14 0
10 57
— 6 20
15 30
— 10 55
6 4
—16 10
—11 7
— 3 36
19 0
—11 18
— 6 55
15 55
11 25
Moyenne
de 18 déterminations:
— 11'1',6
III.
IV.
Point d'extinction :
Demi-somme
Point d'extinction:
Demi-somme
A droite :
A gauche :
ou moyenne :
A droite :
A gauche:
ou moyenne :
— 0°55'
—21" 55'
11°25'
—6° 18'
— 15°36'
— 10"57'
0 30
—21 0
—10 45 ^
—7 50
14 40
—11 15
—1 40
—19 36
—10 38
—8 18
—13 20
10 49
1 20
20 20
10 50
—8 35
—13 55
11 15
—3 30
—18 30
11 0
—8 16
—14 0
11 8
4 4
—17 50
10 57
—8 35
—14 25
11 30
3 18
—18 18
—10 48
—9 9
13 35
11 22
4 30
—18 16
11 23
—8 24
—13 30
—10 57
3 35
—17 15
—10 25
—8 4
-14 6
—11 5
—4 24
—18 20
11 22
Moyenne
de 9 déterminations:
Vloyenne
de 10 déterminations:
ir8',7
-10o57',3
En tout 49 déterminations. La moyenne générale , qui fut main-
tenant adoptée pour le point zéro, est: — 11^4,8.
334
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET , ETC.
DETERMINATION DE LA DEVIATION DU PLAN DE POLARISATION PAR
UNE SOLUTION DE BIACÉTATE DE CINCHONINE.
Je préparai trois solutions de ce sel , qui toutes les trois furent
soumises à Texamen.
Première solution.
Point d'
I.
extinction :
Demi-somme
IL
Point d'extinction:
Demi-somme
A gauche
A droite :
ou moyenne ;
A gauche
: A droite
: ou moyenne:
+8rio'
+91^24'
+86^7'
+ 80" 0'
+93'^ 0'
+ 86°30'
83 35
89 0
86 17,5
82 20
90 50
86 35
85 0
89 0
87 0
82 40
90 14
86 27
83 12
88 28
85 50
83 30
89 30
86 30
83 40
89 40
86 40
83 30
88 52
86 11
85 12
87 20
86 16
84 20
88 26
86 23
84 0
87 34
85 47
83 36
89 30
86 33
Moyenne
de 7 déterminations:
84 20
89 4
86 42
+86'18',2
83 44
89 40
86 42
Température ]
L9°C.
83 0
89 30
86 15
^
Moyenne de 10 déterminations:
+86^28',8
Température 19° C.
m.
Point d'extinction:
Demi-somme
IV.
Point d'extinction:
Demi-somme
A. gauche
A droite :
ou moyenne :
A gauche
A droite :
ou moyenne :
+ 70^10'
+96" 10'
+86 10'
+ 79^50'
+92^54'
+86°22/
80 20
91 40
86 0
80 20
92 10
86 15
81 0
91 50
86 25
81 10
91 50
86 30
84 4
89 0
86 32
81 34
91 40
86 37
84 1
89 45
86 53
82 0
90 44
86 22
83 36
90 24
87 0
Moyenne
de 5 déterminations :
83 20
89 4
86 12
+86"25',2
84 25
88 11
86 18
Température 21" C.
Moyenne de 8 déterminations:
+86°26';2
Température 19^ C.
En tout 30 déterminations , dont la moyenne est :
+86° 25^,0
Le zéro était —11" 4^8
P. c. la déviation totale +97"29',8
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET , ETC.
335
Deuxième
I.
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
+87^30' +85M8'
+84" 6'
85 10
84 58
85 24
84 0
84 40
85 0
83 40
82 20
82 15
84 8
84 20
87 20 86 15
86 36 85 47
86 58 86 11
87 20 85 40
87 10 85 55
87 30 86 15
89 4 86 22
89 40 86 0
89 45 86 0
87 44 85 56
88 6 86 13
Moyenne de 12 déterminations:
+86« r,8
Température 22« C.
III.
Point d'extinction: Demi-somme
A gauclie : A droite : ou moyenne :
+82^20' +90« 0' -l-86nO'
82 30 90 34 86 32
83 10 89 58 86 34
82 36 89 34 86 5
83 16 88 20 85 48
82 36 89 40 86 8
Moyenne de 6 déterminations:
+86^12^8
Température 20fo C.
solution.
IL
Point d'extinction : Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
+8r55' +90n5' +86" 5'
82 5 90 15 86 10
83 40 87 56 85 48
82 4 89 20 85 42
82 34 88 34 85 34
81 40 89 20 85 30
Moyenne de 6 déterminations :
+85"48',2
Température 23^'^ C.
IV.
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
+ 80M0' +90n6' +85«28'
82 1 90 57 86 29
81 56 90 4 86 0
82 7 91 5 86 36
81 0 90 42 85 51
82 0 89 4 85 32
82 28 89 18 85 53
Moyenne de 7 déterminations:
+85«58',4
Température 22'^ C.
En tout 31 déterminations, dont la moyenne est:
+ 86°0',5
Le zéro était . . . . — 11^4',8
Déviation totale. . . +97'^5',3
;36
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC.
Troisième solution.
I.
II.
83 0
83 30
84 8
82 41
83 10
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
^_80' T +91^15' +85«41'
80 56 90 44 85 50
80 20 91 10 85 45
78 14 93 40 85 57
80 50 90 6 85 28
81 18 90 32 85 55
80 4 92 26 86 15
83 22 88 50 86 6
84 30 87 20 85 55
80 41 90 25 85 33
81 40 90 24 86 3
Moyenne de 11 déterminations:
+85°51',6
Température 22|-^ C.
En tout 18 déterminations, dont la moyenne est:
+85«57',9
Zéro —11' 4^8
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche ; A droite : ou moyenne:
+83'^ 50' +88nO' +86« 0'
83 16 89 16 86 16
88 40 85 50
89 26 86 28
88 6 86 7
89 25 86 3
89 10 86 10
Moyenne de 7 déterminations:
H-86« 7 ',7
Température 2P C.
Déviation totale . . H-97« 2',7
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTIIOLLET, ETC. 337
DÉTERMINATION DE LA DEVIATION DU PLAN DE POLARISATION PAR
UNE SOLUTION DE BICHLORHYDRATE DE CINCHONINE.
Point d'extinction: Demi-sonime
A gauche : A droite : ou moyenne :
+ 103M2'-hl09n6' +106^29'
105 0 108 16 106 38
103 42 110 20 107 1
103 20 109 52 106 36
103 29 108 45 106 7
102 55 110 5 106 30
102 20 110 20 106 20
104 59 108 3 106 31
104 26 108 10 106 18
105 0 108 18 106 39
104 12 108 28 106 20
106 6 107 16 106 41
104 54 108 26 106 40
103 58 109 16 106 37
104 16 108 0 106 8
103 44 109 32 106 38
103 45 110 25 107 5
103 46 109 12 106 29
Moyenne de 18 déterminations:
+ 106«32',6
Zéro , . . . — llo 4',8
Déviation totale +117^37, 4
Température 19o C.
Archives Néerlandaises, T. VIII. 22
338
.T. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET , ETC.
DETERMINATION DE LA DEVIATION DU PLAN DE POLARISATION PAR
UN MÉLANGE DES SOLUTIONS DE BICHLORHYDRATE
DE CINCHONINE (1 ÉQUIV.) ET d'aGÉTATE DE SOUDE (2 ÉQUIV.).
Je préparai deux mélanges, qui furent étudiés tous les deux.
Premier mélange.
I. IL
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
H-8i3«46' +88«20' +860 3'
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
+ 820 10' -1-880 30' _|-85«20'
82 45 89 0 85 52,5
83 35 88 15 85 55
85 5 86 25 85 45
83 55 88 45 86 20
84 5 87 33 85 49
85 15 86 55 S6 5
84 55 87 55 86 25
84 40 88 0 86 20
81 55 90 5 86 0
84 10 87 20 85 45
84 40 87 20 86 0
Moyenne de 12 déterminations:
-t-85«58',0
III.
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
+810 14' 4-89058/ -f-85o36'
81 26
80 0
79 55
82 25
82 0
81 30
80 5
81 50 89 32 85 41
81 20 89 56 85 38
80 37 91 5 85 51
81 10 89 34 85 22
80 40 90 10 85 25
80 30 90 0 85 15
80 50 90 50 85 50
81 0 89 54 85 27
80 20 91 0 85 40
Moyenne de 10 déterminations:
-i-85o34',5
Température 20o G.
En tout 40 déterminations, dont la moyenne est:
H-85«43',0
Zéro — IP 4',8
Déviation totale . . . H-96n7^,8
82 40 90 0 86 20
83 0 87 46 85 23
83 5 89 5 86 5
82 50 88 40 85 45
82 15 88 9 85 12
83 15 86 45 85 0
84 5 86 55 85 30
83 40 88 0 85 50
83 5 87 50 85c 27,5
Moyenne de 10 déterminations:
-h85«39',5
IV.
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
-f83«25' -|-87«25' -l-85o25'
89 46 85 36
90 40 85 20
91 5 85 30
88 55 85 40
89 30
90 20
90 55
Moyenne de 8 déterminations:
-}-85<'35',l
Température 20o G.
85 45
85 55
85 30
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET. ETC.
339
Deuxième mélange.
I.
II.
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
+82n5' +89"57' +86» 6'
83 59 87 45 85 52
88 2
86 56
88 11
89 5
Moyenne de 6 déterminations:
+85«47',3
Température 19^" C.
Point d'extinction: Demi-somme
A gauche : A droite : ou moyenne :
+ 83«36' -^-89020' +86028'
82 30 88 30 85 30
83 4
88 2
85 33
83 16
89 40
86 28
84 4
86 56
85 30
83 7
87 57
85 32
83 35
88 11
85 53
83 10
89 0
86 5
82 35
89 5
85 50
82 0
90 30
86 15
Moyenne de 6 déterminations :
-1-86" 3',0
Température 20° C.
m.
Point d'extinction:
Demi-somme
A gauche
: A droite :
ou moyenne :
-1-8P
55^
+ 90»
b'
+ 860 0'
83
52
86
52
85 22
83
16
88
20
85 48
83
5
88
1
85 33
83
45
88
13
85 59
83
11
87
25
85 18
Moyenne
de 6
déterminations :
+ 85"40',0
Température
21«C.
^n tout 18 déterminations, dont la moyenne est
+85050',1
Zéro .
. .
. . .
. .
. 11» 4',8
Déviation
totale
■ •
+96o54',9
22=
340
J. E, DIBBITS. LA. LOI DE BERTHOLLET , ETC.
+ 8P30'
81 5
81 25
81 55
82 40
83 0
84
83
83
DÉTERMINATION DE LA DEVIATION
UN MÉLANGE DES SOLU
DE CINCHONINE (1 ÉQUIV.) ET DE
I.
Point d'extinction:
A srauclie : A droite
-89«20
90 39
88 55
89 45
89 32
89 28
87 40
87 35
8y 20
87 41
Moyenne de 10 déterminations:
+ 85039',5
Température 18° C.
m.
Point d'extinction;
A gauche : A droite
+ 80"20' -h90« 0
81 6 89 50
80 38 90 34
81 15 89 3
79 20 90 50
Moyenne de 5 déterminations :
+ 85«17',6
Température 21*^ C.
83 35
Demi-somme
ou moyenne :
+ 85^25'
85 52
85 10
85 50
86 6
86 14
85 50
85 20
35 10
85 38
DU PLAN DE POLARISATION PAR
TIONS DE BIACÉTATE
CHLORURE DE SODIUM (2 EQUIV.).
IL
Point d'extinction:
A droite :
-900 5/
89 21
A gauche :
-J-80"29'
Demi-somme
ou moyenne :
+ 85017
81
81
82
81
81
80
80
0
30
10
55
3
31
19
88
88
89
91
89
90
50
42
55
3
31
33
85
85
85
85
86
85
85
13
10
26
55
3
1
26
Moyenne de 8 déterminations:
-+-85026',4
Température 21" C.
Demi-somme
ou moyenne :
-h85010^
85 28
85 36
85 9
85 5
Point d'extinction:
A srauche : A droite
+ 79055'
80 27
81 8
80 40
80 38
79 54
81 12
80 32
IV.
Demi-somme
ou moyenne :
+ 90045' +8502O'
85 46
85 34
85 53
85 37
85 24
85 45
85 59
91 5
90 0
91 6
90 36
■90 54
90 18
91 26
Moyenne de 8 déterminations:
+ 85039',7
Température 19" C.
En tout 31 déterminations, dont la moyenne est:
+85032^,6
Zéro — IP 4^,8
Déviation totale. . . +96o37',4 i)
*) La circonstance que les différentes séries d'observations pour une même
solution n'ont pas toujours donné des résultats absolument concordants paraît
dépendre en partie de la difl'érence des températures auxquelles les observations
ont eu lieu. Une élévation de température devait nécessairement diminuer la
densité de la solution et par conséquent aussi la grandeur de la déviation. C'est
ce que confirment, dans la plupart des cas, les résultats de mon travail. Toute-
fois, les différences de température étaient en général trop faibles pour avoir,
dans les conditions données , une grande influence , et en aucun cas elles ne pou-
vaient modifier le résultat final.
J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC. 341
Le résuliat de mes recherches est donc que les différentes solu-
tions et les différents mélanges ont dévié le plan de polarisation
de la manière suivante:
Biacétate de cinchonine:
première solution + 97°29';8
deuxième „ . . . . + 97" 5',3
troisième „ .... H- 97° 2', 7
Bichlorhydrate de cinchonine . . . +117°37',4
Bichlorhydrate de cinchonine avec acétate de soude:
premier mélange 4- 96"47',8
deuxième „ + 96<'54',9
Biacétate de cinchon.avec chlor.de sod.+ 96''37',4
Ce résultat montre que lorsque la cinchonine se trouve dans
une solution en présence de l'acide acétique, de l'acide chlorhy-
drique et de la soude , dans la proportion équivalente indiquée,
le pouvoir rotatoire qu'elle exerce correspond à celui du biacétate
de cinchonine, nullement à celui du bichlorhydrate de cinchonine.
On voit en outre qu'à l'état de solution un mélange de biacétate
de cinchonine et de chlorure de sodium ne se distingue pas d'un
mélange de bichlorhydrate de cinchonine et d'acétate de soude,
lorsque les quantités de ces sels sont dans chaque cas équivalentes.
Cela, d'ailleurs, est tout à fait conforme à ce qu'avaient trouvé
la plupart des observateurs antérieurs qui se sont occupés de
cette question.
S'il est permis de tirer du résultat obtenu une conséquence au
sujet de la loi de Berthollet, cette conséquence est la suivante:
le mélange qui réunit à l'état de solution, dans la propor-
tion équivalente indiquée, les deux bases et les deux acides en
question, contient seulement, — dans la limite d'exactitude que
mes expériences comportent, — du biacétate de cinchonine et du
chlorure de sodium, pas de bichlorhydrate de cinchonine ni, par
342 J. E. DIBBITS. LA LOI DE BERTHOLLET, ETC.
conséquent , d'acétate de soude ; deux sels seulement , non quatre.
La loi de Berthollet n'est donc pas confirmée par le résultat de
mes recherches.
Toutefois ; une preuve absolue de l'inexactitude de cette loi n'est
pas fournie par ce qui précède. La possibilité existe, dans notre
cas, que le bichlorhydrate de cinchonine et l'acétate de soude se
trouvaient en quantité si minime que l'influence de leur présence
échappait complètement à l'observation. Cela serait d'accord avec
la conclusion que M. Méhay a cru pouvoir tirer, pour un autre
cas, de ses recherches ^). Mais alors on aurait aussi le droit de
dire qu'on ne parviendra probablement jamais, par la voie de
l'expérience, à trouver une preuve péremptoire contre la loi de
Berthollet, supposé même que cette loi n'eût aucun fondement réel.
') Compt. rend. LXVII (1868, II), p. 403.
MATÉRIAUX
POUR
LA FLORE MYCOLOGIQUE DE LA NÉERLANDE,
PAR
C. A. J. A. OUDEMANS.
II.
En 1867 j'ai donné dans les Archives Néerlandaises (t. II, p.
1 — 65) une première Notice sur les Champignons découverts dan
les Pays-Bas postérieurement à la publication du Prodromus Flora
Batavae. Depuis cette époque, j'ai continué à rassembler des maté
riaux pour la future flore mycologique de notre pays , et aujourd'hui
je crois le moment venu de faire connaître , dans le même Journal ,
les résultats les plus intéressants de mes recherches des six dernières
années. Il est vrai que la plus grande partie de ce qui va suivre
a déjà paru dans le NederL Kruidk, Archief (2e Sér, , l^e et
2g part., p. 164 — 184 et 252—267); mais, outre que ce Recueil ,
écrit en hollandais, n'est certainement pas aussi répandu que les
Archives Néerlandaises ^ je crois rendre service à ceux qu'intéresse
notre flore mycologique en réunissant en un seul tout les faits
épars dans les deux Communications précitées. Je profiterai d'ail-
leurs de l'occasion pour étendre un peu ma liste, en y insérant
quelques-unes de mes dernières trouvailles, restées inédites jus-
qu'ici, ainsi que les résultats des recherches de M. le Dr. Sprée
{NederL Kruidk. Archief, V, p. 331—352).
344 C. A. J. A. OUDEMANS. MATERIAUX POUR LA
I. SPOMPERA.
A. IIYMENOMYCE TES.
a. AGARICINI.
AGARICUS.
A. Leucospori.
I. Amanita.
1. A g. 1 e n t i c u 1 a r i s Lasch (Linnaea No. 18 ; Fr. Epier, p. 10). —
Dans la campagne d'Elswoud, prés de Harlem; Oct. 1869. —
F. W. VAN Eeden (Figuré dans la „Flora Batava", pi. 1100,
livr. 218).
IL Lepiota,
2. Ag. racliodes Vitt. (Mang. p. 158, t. 20; /^r. Epier, p. 13).—
J'ai trouvé pour ee ehampignon, déjà mentionné antérieure-
ment , une seconde localité , savoir le Vondelspark , à Amster-
dam, où je Tai maintenant déjà observé, en abondance, trois
années de suite, au mois d'Octobre.
Il croît agrégé en touffes de 2— 4 individus, plus rarement
solitaire. La plupart des individus restent relativement petits ,
c'est-à-dire, ont un ebapeau qui n'est pas plus grand qu'une
pomme; quelques-uns seulement se développent d'une manière
complète. C'est ainsi que j'ai trouvé deux échantillons dont
le chapeau mesurait 2| décim. en diamètre et le stipe 2 décim.
en hauteur. La chair du chapeau avait chez ces échantillons
jusqu'à 3 centim. d'épaisseur, et les lamelles jusqu'à 2| centim.
de largeur. Les écailles du chapeau, qui commençaient à se
montrer à une distance de 2| centim. du sommet du stipe
et qui se trouvaient distribuées en cercles, étaient d'un brun
foncé à leur bord antérieur et toutes un peu détachées de la
chair blanche. Les lamelles, entièrement libres par rapport
au siipe, étaient très ventrues, d'abord blanches, ensuite
jaunâtres. Le stipe portait, à une distance de 4 centim. du
sommet, un anneau à demi réfléchi, large de 1 centim.,
auquel on distinguait une moitié inférieure membi'aneuse et
une moitié supérieure spongieuse et blanche. Cet anneau n'était
FLORE MYGOLOGIQUE DE LA NEERLAiNDE. 345
toutefois pas double, comme dsLusVAg. procerus, maïs suïï]Ag,
Le stipe se composait d'une couche périphérique brune , charnue,
de 4 — 5 miliim. d'épaisseur, et d'un tissu médullaire blanc,
délicat, paraissant comme formé de fils arachnoïdes. A l'ex-
térieur le stipe était, surtout vers le bas, d'un brun sale;
au-dessus de l'anneau , toutefois , il était blanchâtre. La base
du stipe est renflée -globuleuse.
3. A g. polystictus Berk. (Outl. p. 95, Coo/ce Brit. Fung. p.
17). — Dans un lieu sablonneux, parmi Therbe, le long de
la route entre Eemnes et Baarn, un peu au-delà de la bar-
rière Groeneveld, à droite; août 1872. — Oudemans.
Inodore, charnu; épiderme du chapeau entier ou rompu
en écailles: stipe atténué vers le bas, rempli à l'intérieur de
fils cotonneux , écailleux au-dessous de l'anneau fugace , luisant-
soyeux au-dessus ; lamelles rapprochées entre elles , ventrues ,
arrondies en avant et eu arrière, libres, blanches avec un
reflet jaune pâle.
L'anneau reste en grande partie attaché au bord du chapeau.
Chez les échantillons récoltés par moi , le chapeau était légè-
rement convexe, mais toujours renflé au centre en un
mamelon large et obtus. Le diamètre du chapeau, de même
que la longueur du stipe, était de 7 centim. chez les plus
grands individus.
La couleur du chapeau est le brun-roussâtre pâle.
4. A g. granulosus Fr. (Epier, p. 17). 6. fer rugi ne us. Dans
les bois à essences mêlées , parmi la mousse. Oct. Boekhorst ,
près de Lochem. — Sprée {NederL kfuidk. Archief, V, p. 331).
IIL Tr icholoma.
5. A g. portent os us Fn. (Epier, p. 26). — Dans les bois de
Pins. Boekhorst près de Lochem. — Sprée (ibid).
6. A g. Kussula. Schae/f. (t. 58; Fr. Epier, p. 30). — Dans un
bois de Pins. Boekhorst près de Lochem. — Sprée (ibid.),
IV. Colhjbia.
7. Ag. confluens P. (Syn. p. 368; le. et Descr. t. 5 , f. 1 et 2 ;
Fr. Epier, p. 88). — Dans le Haarlemmerhout et dans le
346 C. A. ,1. A. OUDEMANS MATERIAUX POUR LA
bois de Vogelenzang. Sept. 1867 et Oct. 1868. ~ F. W.
VAN Eeden („Flora Batava", livr. 215, pi. 1085).
8. A g. 0 0 ni g- en us P. (Syn. p. 388; Fî\ Epier, p. 89). — Sui-
des cônes de Pin. Velhorst près de Lochem. Oct. — Sphée
{Nederl. kruidk. Archiefj V, p. 332).
V. M y: c en a.
9. Ag. luteo-albus Boit. (t. 38, f. 2; Fï\ Epier, p. 103).—
Sur la mousse et sur les feuilles à demi pourries des Pins.
Velhorst près de Lochem. Oct. — Sprée (ibid.).
10. A g. cohaerens A. S. (Consp. p. 163; i