+ MUSIC RUE Lt Lee ar UA à FRA RNRERAEUT AE A \ AA à AR 4 \) ns AU US k LANTA UC 4 Nat AA ELA ju "à h RU 7 fl unit RM 6 à LL LIEU D Lu A SU ë Are HUE ù LACS ELU CARE E Tara AUS 4 WU l'«4 LM 44.4 DAARA 42 s û \ À ñ 1 Ke COTE EE K K VA ; RIR RCA CRUE PL NBA TRE ul WC LCA CAVOHUMOLEL NES a DA ee ae CAN OCR EN RENTE CREER , RES CN NN TER ve VAS à ARE ae Ne tre APPARUE (AAA CR à DAOANE AU 204 a AA A dr ns CHRNRNES None AA on (NS x à é ! $, wa 0 VA (3 ‘ Li MAIN AC, Lx a # DRASS M ERA LAON HER OR En M nt PE TM \ FARLA À Ca Li » (RCE ls \ \ PE CRLON RE ‘x d 4 tauud d'A OU de EH MON de ù 4 ‘ \ 40 k NAT d FRE ET: LAMULLE d'Qrare ne Au dia NA U 1n «À 47% I Nu War: AC ae d'a UN AAA CENERTAENE ana Queue AV l AT AEAE ni à Cats x HAN à J'e AR RES dom Le Dir à REDON SRE AA FOR SAS Le AUDE ARR NS TM 1e den a ? 3 A) 0 Nbig: A0 À RECU n ä # t À RE RE CT TE 7 er REC CES Liens deteste à DAT PE. A É ERPRIISAS - KHENMEE UN r ni À sauÿe SULTAN DR ? FA Y A â ARIANE MERE ; " û : Mr ar Pa AO na À bu \ RAA AT AT La 2 hf 4 SE Re sis ÉRTEN SS ue À LE Le ( te A : ‘ HURÉ AS TÉLÉ TETE RÉ E Pepe St re eu Lt + LEUR nn PRALENAN ENT 4 LOL DE NE à séragi 4 CAMRUATE Fat À CHR nu Q w L" : . A1 LE ONE TRE ML) AR [NES # Ha NUS on ; rs D Ar LE % sn OL Ft DAOTES de DUT TE PAR RCA LA * A 1 (ACTA f RICA fa AN ns CLR TES ÿ AE À RAR AU è * # [ue Lit 4 à à \4 Ÿ MU \ î CRE LOC DATE 3 LRRUES rt MARNE RANCE EU | Ÿ 3 LE LAON ATER RDATAUX Fe [44 EMMA ALU #, " ‘ ; À LORS ? [MISES ALL HU à A ) HA ait Ca + tan id As RUE A Ü Givi: LAN) ù ARC LE HONNEUR SRE 2# w “ri eo: - le à. L/ R-N'L's 11 € “ v'r 1 ê rl d 2" € r L 2 k Lt i SU LU ARCHIVES NÉERLANDAISES DES SCIENCES EXACTES ET NATURELLES PUBLIÉES PAR LA SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES À HARLEM, ET RÉDIGÉES PAR J. BOSSCHA, SECRÉTAIRE, avec la collaboration des Membres de la Société. SÉRIE II, TOME VIII. 18615 La Have Marvinus Nuxorr 1903. IMPR. JOH. ENSCHEDÉ ET FILS — HARLEM. TABLE DES MATIÈRES. Programme de la Société pour l’année 1908. F. À. H. SCHREINEMAKERS. — Tensions de vapeur de mélanges ternaires Page 1 J. D. van DER WaaLs. — Sur les conditions d'existence d’un minimum de température critique chez un système ternaire............... O0 L. ARONSTEIN et A. S. van NreroPp. — Sur l’action du soufre sur le toluBnE ebexylene.. 2... ... ne Ar 5 1107 H. W. Baxauis RoozeBoom — Une représentation dans l’espace des domaines des phases et de leurs complexes dans des systèmes binaires où seules les deux composantes pures existent à l’état de phasesolide ,, 92 H. W. Baxauis RoozeBoom. — Equilibres dans le système acétaldéhyde et paraldéhyde avec ou sans transformation moléculaire......... OT J. D. van DER WaaLs. — Quelques remarques sur l'allure de la trans- Lnnaon MOUSE MARNE RRERNENRER TONER CE » 104 J. D. van DER WaaLs. — Phénomènes critiques de liquides partiel- lenent SON RORAMEORRRR CE s 13100 J. À. C. Oupewaxs et J. BosscHa. — GariLée et Marius... ..... 2 IS M. W. BerseriNcx. — Sur des microbes oligonitrophiles.......... mn JSÙ W. H. Jurrus. — Réponse à quelques objections contre l'application de la dispersion anomale à l'explication de la chromosphère .. ... >. 2e J. J. van Laar. — Sur la différence de potentiel qui se produit à la surface de séparation de deux dissolvants non-miscibles, entre lesquels se partage un même électrolyte dissous ................ 220 D. J. KortTEwEG. — Sur les points de plissement et les plis corres- pondants dans le voisinage des bords de la surface 4 de vaN DER VIABLE 0 0 0 à 9 20 AO REPARER NS 290 H. W. Barauis RoozeBoom. — Sur les amalgames d’étain........ » 2A0Ù J. J. van Laar. — L’allure des courbes de fusion d’alliages solides gt d'analeneneses RSR ER RENE » 264 J. D. van DER Waazs Jr. — Sur la manière dont la grandeur b deMÉquaton diétatidépendde la densité." 0 200 IV TABLE DES MATIÈRES. J. J. van LaAR. — Sur les propriétés électromotrices d’amalgames et d'alMATES Ne PAC AAA EE A RC NE EE M. W. BerseriNoK et A. van DELDEN. — Sur l'assimilation de l’azote libre parles SbACtÉTIES ER EEE EE Lolo W. H. Jurius. — Sur quelques particularités et changements observés dans les raies de FRAUNHOFER et leur explication par la dispersion anomale de la lumière solaire dans la couronne................ W. H. Jurius. — Sur les maxima et minima d'intensité que l’on observe parfois dans l’ombre de raies spectrales fortement élargies F.' A. H. SCHREINEMAKERS. — Quelques remarques sur les tensions de vapeur des mélanges ternaires...... 2 H. HaGa, P. G. Tippexs et C. H. Winp. — La diffraction des rayons de Rénaaen MT 0e NS N RER NS ERE ee Page 296 7 1 319 314 390 999 412 OC ERA INIENMPES DE’ LA SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES À HARLEM POUR L'ANNÉE 1903. La 151° assemblée générale de la Société Hollandaise des Sciences fut honorée par la présence de Son Altesse Royale le Prince des Pays- Bas, Protecteur de la Société; plus de quatre-vingt directeurs et mem- bres y assistèrent. En ouvrant la séance le président, M°. G. vax TrENHOVEN, remercia Son Altesse Royale, au nom des directeurs et membres, pour l'intérêt qu'[l avait si clairement témoigné. Après avoir commémoré les pertes que la Société avait subies dans l’année écoulée, savoir: les Directeurs P. Brerexs De Haax, W. J. Gegrrsema et M°. C. J. E. Comte van ByLanpr, les membres natio- naux J. EF. W. Conrap, le D'. À. W. M. vax Hassezr, le Dr. T. ZaAyEeR et le D'. N. Bexrs, et les membres étrangers R. VrrcHow et H. Win, le président souhaita en particulier la bienvenue à MM. les Directeurs: Jhr. P. J. Vecerin van CLAERBÉRGEN, M°. T. C. M. Assær, D. Laax, Me, M. Typemax, D. J. van Houren, le D’. J. Nieuwenxuyzen Kru- SEM OR PH D van Hassezr, M°. EL J. D: D. Exscaené, ME. W. Ta. PanuD De Morrances, Jhr. M£. A. PriNs van Wesr- DORPE, ainsi qu'aux membres: P. J. Brok, A. E. J. Horwærpa, P. D. CHANTEPIE DE LA SAUSSAYE, F. À. F. C. Wexr, P. J. van DER STOK, EDusoirs, J. W. Mozz, J. W. van Wine, L. RoozenBure, G. J. W. Bree, J. C. Rawazr, M. Gresxorr et J. F. EYkMAN, qui assis- taient à l'assemblée pour la première fois. IT PROGRAMME POUR L'ANNÉE 1908. 0 En donnant l'aperçu des travaux de la Société pendant l’année écou- lée le Secrétaire, M. le D'. J. Bosscrra, fit savoir que la commission, nommée l’année précédente pour diriger les recherches relatives à une installation peu coûteuse de paratonnerres, surtout à l'usage des habi- tations à la campagne, avait chargé M. le D'. D. van Guzik, profes- seur à l'institut agricole de Wageningen, de rassembler les données nécessaires. Îl rappela que ces recherches étaient entreprises sur l'avis d'un bourgmestre vigilant du Brabant Septentrional, M. C. van MExsox de Dinteloord qui, ayant rapporté que depuis qu'il exerçait ses fonctions de bourgmestre quatre fermes de sa commune avaient été détruites par la foudre, avait adressé aux Curateurs de l’Institut Météo- rologiaue cette question, sl n’y avait pas moyen de combattre Le pré- jugé, surtout répandu à la campagne, d'après lequel un paratonnerre, n'offrant pas une certitude absolue de protection, et qui ne serait donc pas établi à grands frais, serait plutôt dangereux. M. van Guzir avait déjà émis sur ce sujet un rapport détaillé et l’avait déposé entre les mains des membres de la commission MM. H. A. Lorexrz, H. Haca et C. H. Win»; on est donc en droit d'attendre qu'avant la fin de cette année 1l présentera le projet d’un travail populaire, sur la publication et la propagation duquel on prendra plus tard une décision. Au sujet des travaux publiés par la Société, le secrétaire communi- qua que l’on a repris l’édition des Wémoires im 4°, dont 20 feuilles et 30 planches sont déjà imprimées et prêtes, que des Archives Néerlan- daises 40 feuilles et 33 planches sont sorties de presse et que des Ozuvres complètes de CarisrrAAN HuyGExs le dixième Tome est à moitié achevé. Il insista en particulier sur les difficultés qu'il y à à mettre la parte mathématique de la correspondance de Huy@rxs en rapport avec le contenu de ses Journaux et sur la précieuse collaboration de M. le Prof. D. J. KorreweG, membre de la commission de rédaction. L'exemple donné en 1885 par la Société Hollandaise, en rendant accessible à tout le monde tout ce qui reste des travaux d’un des grands prédécesseurs et peut-être rassemblé dans un ordre lisible, à été suivi en 1837 par le Gouvernement Italien qui entreprit la publication des ouvrages de GaLiLée, en 1897 par une réunion de savants français qui, avec l’aide du Gouvernement Français, se proposèrent de publier les oeuvres de Descarres, et enfin par l'association internationale des Académies qui décida l’année dernière de livrer également à la publicité tout ce que l’on peut réunir des travaux de LerBn1z. C’est surtout grâce à la collaboration PROGRAMME POUR L'ANNÉE 1908. IIL de M. le Prof. KorreweG que la Société a pu donner aussi l'exemple dans la méthode de classification. M. le Prof. Huco De VRIES prononça ensuite un discours sur la fécondation et la formation des hybrides, auquel 1l avait été invité par MM. les Directeurs. La traduction française de ce discours est annexée à ce programme. Après que l’assemblée eut proposé quelques nouvelles questions de concours, elle nomma: comme membres nationaux: MM. le D'. P.J. H. Cuvrers à Amsterdam, H. E. De Bruyx à La Haye, le D". [. BLEEx- bb aiEaye, le Pro” L'Bork à Amsterdam et le D JL: Krämer à Utrecht. et comme membres étrangers: MM. W. Hirrorr à Munich et P. R. BLonpLor à Nancy. QUESTIONS MISES AU CONCOURS. DÉLAI : JUSQU'AU 1° JANVIER 1904. L. On demande des recherches relatives à la cause, les symptômes et le développement de la maladie connue en Hoilande sous le nom de brûlure du lin” (v/asbrand), et aux moyens à employer pour combat- tre cette maladie avec succès. IÈE On demande: 1°. un apercu des résultats obtenus jusqu'ici avec des sels de cuivre comme moyen de combattre certaines maladies vé- gétales; 2°. de nouvelles expériences pour combler les lacunes existant encore dans nos connaissances en ce qui concerne la composition la plus convenable des sels de cuivre à employer, les maladies qu'ils per- mettent de guérir, l'époque la plus propice à l’arrosage, etc.: 3°. de nouvelles recherches relatives à la nature de l’action des sels de cuivre sur le champignon aussi bien que sur la plante nourricière. IV PROGRAMME POUR L'ANNÉE 1908. III. La Société demande des recherches nouvelles sur le développement de ce que l’on appelle le feuillet embryonnaire moyen chez l’une ou l’autre espèce d’insectivore de notre pays, p. ex. le hérisson, la musa- raigne ou la taupe. NE La Société demande un examen des transformations que subissent pendant la germination les composés potassiques contenus dans les graines végétales. Ve On a mentionné à diverses reprises des cas d’empoisonnement, chez l’homme ou le bétail, par l'emploi d’une nourriture couverte de cham- pignons de la brûlure ou de la rouille, alors qu’une alimentation avec des substances où ces champignons étaient introduits avec intention a toujours donné un résultat négatif. La Société demande des recherches pour établir si des parties végéta- les, où se développe un champignon déterminé de la famille des Ustila- ginées ou de celle des Urédinées, ont oui ou non des propriétés véné- neuses, pour déterminer la nature et l’origine du poison actif, s’il y en a un, et décrire les symptômes qu’il produit chez une ou plusieurs es- pèces animales. | VI. La Société demande un exposé scientifique des diverses méthodes de préparation du lin, surtout au point de vue de la pratique et des con- ditions dans lesquelles se trouve cette industrie en Hollande. MAR La Société demande une étude sur la nature et la grandeur du chan- gement que l’aberration de sphéricité de l’œil humain subit pendant l’accomodation. Comme ce changement n’a été observé jusqu'ici que pour un petit PROGRAMME POUR L'ANNÉE 1908. V ,» nombre d’yeux, de sorte qu'on ne peut pas encore juger de sa significa- tion générale, 1l est à désirer que cette étude porte sur un grand nombre d'individus, p. ex. 40. On désire aussi que les observations soient con- trôlées par l'application de diverses méthodes. NAIUEIL Dans le Journal de Physique, année 1900, p. 262, MM. ABRAHAM et LEMOINE ont décrit une méthode de détermination de durées excessi- vement courtes, et s’en sont servis pour établir la loi suivant laquelle disparaissent la double réfraction électro-optique (Kerr) et la rotation magnétique du plan de polarisation. La Société demande une répétition de ces recherches et l’applhication de cette méthode à l’étude d’au moins un autre phénomène encore. DÉLAI: JUSQU'AU l® JANVIER 1905. IE Au mieu du 17° siècle il s’est développé au Japon (voir Canror, Vorlesungen über Geschichte der Mathematik, Bd. IIT, 189$, pp. 646—650 et aussi Æevue semestrielle des publications mathématiques, TNT, 2° partie, pp. 18——23) une science mathématique particulière, dont on ne sait pas au juste jusqu à quel point elle doit son origine à des influences européennes. Si une telle influence a existé, 1l n’est pas improbable que ia langue hollandaise ait servi de véhicule, de sorte que cette influence aurait émané de travaux hollandais originaux ou traduits. Quoi qu’il en soit, la Société demande une étude relative à la nature et le degré de développement de cette science japonaise, en même temps qu’une recherche de ses rapports avec la science européenne. Le délai de cette question de concours, fixé primitivement au \* janvier 1904, à été prorogé jusqu'au 1% janvier 1905. IL. On demande des recherches sur la structure et le développement des feuilles panachées. | VI PROGRAMME POUR L'ANNÉE 1908. LIT. On demande des recherches sur le degré de fécondité des hybrides, en comparaison des phénomènes correspondants chez des espèces de plantes sauvages et cultivées. LV. On demande un aperçu critique des cas connus de variation par bourgeonnement. NV On demande de nouvelles recherches sur la structure et le dévelop- pement de la glande carotide. Cette étude doit s'étendre à toutes les classes des vertébrés. VI. On demande de nouvelles recherches sur la genèse des feuillets em- bryonnaires chez les Arachnides, surtout en rapport avec la question de savoir si les ,, cellules vitellines” participent, oui ou non, à la for- mation de l’épithélium instestinal. La Société recommande aux concurrents d’abréger autant que possible leurs mémoires, en omettant tout ce qui n'a pas un rapport direct avec la question proposée. Elle désire que la clarté soit unie à la concision, et que les propositions bien établies soient nettement distinguées de cel- les qui reposent sur des fondements moins solides. : Elle rappelle, en outre, qu'aux termes d’une décision des directeurs, aucun mémoire éerit de la main de l’auteur ne sera admis au concours, et que même, une médaille eût-elle été adjugée, la remise n’en pourrait avoir lieu, si la main de l’auteur venait à être reconnue, dans l’inter- valle, dans le travail couronné. Les manuscrits des réponses ne seront pas rendus. Les plis cachetés des mémoires non couronnés seront détruits sans avoir été ouverts. Il en sera toutefois excepté les plis accompagnant des PROGRAMME POUR L'ANNÉE 1908. VII travaux qui ne seraient reconnus qu'une copie d'ouvrages imprimés, en quel cas les noms des auteurs seront divulgués. Tout membre de la Société à le droit de prendre part au concours, à condition que son mémoire, amsi que le pli, soient marqués de la lettre L. Le prix offert pour une réponse satisfaisante à chacune des questions proposées consiste, au choix de l’auteur, en une #édaille d’or frappée au coin ordinaire de la Société et portant le nom de l’auteur et le mil- lésime, ou en une somme de cent-cinquante florvns; une prime supplé- mentaire de cent-cinquante florins pourra être accordée si le mémoire en est jugé digne. Le concurrent qui remportera le prix ne pourra faire imprimer le mémoire couronné, soit séparément, soit de toute autre manière, sans en avoir obtenu l'autorisation expresse de la Société. Les mémoires, écrits lisiblement, en 4o/{landais, français, latin, an- glais, italien où allemand (mais non en caractères allemands), doivent être accompagnés d'un pli cacheté renfermant le nom de l’auteur, et envoyés franco au Secrétaire de la Société, M. le D’. J. Bossona, à Harlem. FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. DISCOURS PRONONCÉ PAR M. le Prof. HUGO de VRIES, dans l’Assemblée (énérale de la Société Hollandaise des Sciences du 21 mai 1908. Altesse Royale, Messieurs les Directeurs et Membres, Honorés Auditeurs. Vom Vater hab’ ich die Statur, Des Lebens ernstes Führen. Vom Mütterchen die Frohnatur Und Lust zu fabuliren. Le principe, énoncé par Gozrne dans ces quatre vers bien connus, est un principe de dualité. Ce n’est qu’en apparence que chaque homme est une unité. On y trouve, à côté l’un de l’autre, les héritages de son père et de sa mère. Tantôt-ces deux influences se combinent, tantôt elles se contrarient, et l’une fois c’est la première, l'autre fois la seconde qui prédomine. Quiconque a étudié la ressemblance entre les enfants et leurs parents est convaincu de l’exactitude de cette règle. Et que cette règle s'applique également aux animaux et aux plantes, je crois qu'il est inutiie d'en donner des preuves. On peut en dire autant des hybrides. Ces produits de la nature, étranges, contre nature, nous renseignent sur bien des questions, pré- cisément par leurs écarts de la règle ordinaire. Les héritages des pa- rents ÿ peuvent notamment être combinés de telle façon qu’on les reconnait immédiatement, ou bien de telle manière qu'on ne les dis- tingue qu'avec peine. Il arrive parfois que les deux caractères sont FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. [X mélangés dans l’hybride au point que les deux parents paraissent avoir perdu leur individualité. Alors l’hybride nous fait l'effet d’une Imdi- vidualité nouvelle, aussi indépendante que les parents eux-mêmes. Mais, s’il en est ainsi pour les caractères extérieurs, 1l n’en est pas de même, du moims dans bien des cas, pour les caractères intimes. La dualité n’est alors que latente et tôt ou tard elle peut se mamifester de nouveau. Un des exemples les mieux connus nous est fourni par la pluie d'or, dans son hybrde Cytisus Adami. I] y a quelques dizaines d'années on pouvait voir, à l'entrée du village de Bloemendael, en venant de la Kleverlaan, dans les jardins de la maison de campagne de Rjp, actuellement la propriété de notre Directeur M. À. Sroop, un grand arbuste, aux ramifications nombreuses et étendues, placé à l’ex- trémité d’un étang peu large et parallèle à la route, et recouvrant un petit pavillon. À cette époque, cet arbuste était renommé et plus d’un habitant de Harlem se rappelle encore l'habitude que l’on avait autrefois de se rendre à Bloemendael au printemps, à l’époque de la floraison des cytises, pour aller admirer cet arbre remarquable. Il méritait d'ailleurs l'intérêt qu’on lui portait. [l produisait notam- ment trois sortes de grappes; 1] y en avait qui étaient incarnat, d’autres étaient grandes et jaunes, d’autres encore très petites et pourpres. Les grappes couleur chair appartenaient à l’hybride (Cytisus Adami), les jaunes étaient celles de la pluie d’or ordinaire (C. Laburnum), les pour- pres enfin étaient les grappes d’un arbuste autrefois à la mode, mais que l’on ne trouve plus que rarement dans les jardins d'aujourd'hui (C. purpureus). Les feuilles et le mode de croissance des rameaux cor- respondaient d’ailleurs aux fleurs. La différence était si nette qu'en plein hiver on pouvait dire quelles branches produiraient des fleurs jaunes, quelles autres des fleurs pourpres, et quelles parties de la plante enfin appartenaient au type mixte. Voilà donc un hybride qui manifeste sa double nature d’une manière toute particulière. Il le fait par une séparation qui se répète chaque année. On y retrouve, purs de tout mélange, les deux types paternel et maternel et pas d’autres que ceux-là. Dans l'hybride ils sont donc bien intimement combinés, mais ils ne se sont pas fusionnés; leurs caractères sont distribués de telle sorte que les influences ordinaires de la croissance les peuvent séparer de nouveau. Les deux types sont donc adjacents, us régissent ensemble la constitution de l'hybride sans toutefois avoir perdu leur individualité. Ce sont comme des compagnons qui, pendant quelque X HUGO DE VRIES. temps, travaillent ensemble au même ouvrage, mais dont chacun va tôt ou tard son propre chemin. Dans cette collaboration des influences des deux parents 1l arrive parfois que l’une des deux devient prédominante au point que l’autre paraît même imactive. Et cependant les deux héritages sont présents, à côté l’un de l’autre, et peuvent se séparer à l’occasion. Alors l’hy- bride se divise en deux types d’une manière encore plus simple en quelque sorte que chez la pluie d’or. Tel est Le cas pour les jacinthes et les tulipes, dont plusieurs variétés ne sont que des hybrides qui ,,rétro- gradent de temps en temps, c.à d. produisent des bulbes dans les fleurs desquels on retrouve les caractères ancestraux, restés latents chez l’hybride. Un exemple très instructif d’une pareille réapparition d’un héritage, perdu en apparence, nous est offert par une espèce de Véronique cultivée dans le Jardin botanique d'Amsterdam, la Veronica longifolia. C’est une plante vivace élégante, se multipliant par coulants et portant certaines années des milliers de grappes bleu-foncé. C’est un produit hybride de l’espèce bleue et de la variété blanche, mais ses fleurs sont de la même couleur que l'espèce type elle-même. Il trahit cependant de temps en temps sa double nature, notamment en produisant des fleurs absolument blanches. Tantôt ce sont des branches entières qui présentent à partir de la base les caractères de la variété, déjà dans la couleur des feuilles. Tantôt c’est une branche dont l’extrémité porte des grappes bleues qui produit latéralement des grappes blanches. Enfin il arrive aussi qu'une grappe est formée d’un côté de fleurs bleues, de l’autre côté de fleurs blanches. La faculté de former des fleurs blanches, que cette plante a hérité d'un de ses parents, y reste donc latente, mais garde néanmoins la propriété de se manifester de temps en temps en devenant active. M. NawpiN, qui a fait une étude détaillée des caractères externes des hybrides, exprime sa manière de concevoir leur nature dans la thèse suivante: ,,L'hybride est une mosaïque vivante.” Et M. MACFARIANE, qui est certainement le plus parfait connaisseur de la structure anato- mique des hybrides, déclare que les propriétés des deux parents se retrouvent, pendant toute la vie, dans toutes les cellules de la plante, et que chaque cellule de l’hybride doit donc avoir une structure her- maphrodite. Ainsi donc, ce que ces quatre vers de GogrHE nous révélaient pour les cas ordinaires d’hérédité, les hybrides le confirment. Tout être FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. XI vivant, du moins s'il a pris naissance par reproduction sexuelle, réunit en soi les deux héritages des parents. On les y trouve à l’état de mosaï- que, intimement combinés 1l est vrai, mais néanmoins distincts. Il n’y a pas de partie, si petite qu’elle soit, dont on ne puisse indiquer l’or1- oime, et quelque élevé que soit l’âge atteint par l’hybride, 1l garde au fond de lui-même sa double nature. Celle-c1 régit tous ses organes et se manifeste à un degré tantôt plus fort tantôt plus faible, dans certains cas même avec une intensité telle que les deux héritages peuvent être complètement séparés. Nous basant sur ces faits d'expérience, nous allons maintenant exa- miner à quels résultats nous ont conduit l’étude des noyaux cellulaires et les recherches sur la fécondation. | Le corps entier, des animaux comme des plantes, est constitué par des cellules, et chaque cellule contient un noyau. Ce noyau est le centre vital de la cellule; c’est la source où elle puise de temps en temps pour rassembler de nouvelles forces. Une cellule à laquelle on enlève son noyau ne meurt pas immédiatement, 1l est vrai, mais peu à peu la vie s'éteint en elle et elle cesse d'exister au bout d’un temps plus où moins long. C’est que le noyau règle les fonctions cellulaires; c’est lui qui met en train toute action dans la cellule, c’est donc de lui que dépend ce que la cellule est capable de faire et ce dont elle est incapable. C’est en quelque sorte le bureau central d’où partent les ordres, et ce systeme de commandements dont 1il est le dépositaire peut être considéré comme le code des lois auxquelles est soumis tout l'organisme. Chaque plante, chaque animal possède un tel code où est stipulé tout ce que l'organisme est chargé de faire, et toute cellule vivante du corps entier porte dans son noyau une copie de ces lois. Les ordres sont régulière- ment donnés, et la même régularité s’observe dans le développement, la croissance, la vie entière. Pour nous servir encore un moment de l’image que nous venons de choisir, ces petits codes ne font autre chose, en somme, que prescrire aux êtres vivants la répétition des actions vitales, exécutées par leurs ancêtres. Notre image n’est donc que l'expression de cette thèse: que le noyau cellulaire est le conservateur des propriétés héréditaires. HAroker le premier a reconnu dans les noyaux le siège de toute hérédité, et après lui HErrwiG et SrRAsBURGER ont donné à cette conception, par des recherches étendues, des fondements solides. Cette relation entre Îa cellule et son noyau, on la rencontre partout et toujours; aussi la XIT HUGO DE VRIES,. manière de voir de HarckeL constitue-t-elle actuellement le principe, universellement admis, de nos idées sur l’essence de l’hérédité. Un des nombreux points qui attirent notre attention est le rapport entre la grandeur du noyau et celle de la cellule. Aussi longtemps que les cellules sont jeunes et croissent vigoureusement, que leurs organes se développent et se préparent aux diverses fonctions de la vie future, les noyaux jouent un rôle important. Une fois que la croissance est achevée et que tout est réglé dans l’organisme, à part quelques circon- stances imprévues 1l n’y a plus d'ordres à donner. Aussi remarque-t-on que dans les cellules jeunes les noyaux sont relativement gros: ils rem- plissent alors parfois la moitié de toute la cellule; plus tard 1ls sont moins en évidence et ne sont pas beaucoup plus grands que p. ex. un des nombreux grains de chlorophylle contenus dans la cellule. On constate de même que les noyaux sont surtout gros dans celles des cellules qui sont particulièrement chargées de transmettre les propriétés héréditaires. Je veux parler des cellules sexuelles. Ce sont d’une part les cellules ovulaires, d'autre part les cellules spermatiques ou sper- inatozoïdes, appelés autrefois ,,animalcules séminaux””. Chez les animaux et les végétaux inférieurs ou cryptogames ces dernières cellules sont ordinairement animées d’un mouvement vif qui leur permet, grâce à certaines influences, à rechercher les ovules. Les végétaux à fleurs pro- duisent des grains de pollen qui germent sur lesstigmates, d’où 1ls tâchent d'atteindre les cellules ovulaires par l’intermédiaire de longs tubes. Ici ce sont ces tubes qui contiennent les cellules spermatiques, et, par la croissance de ces tubes ces cellules sont portées vers les ovules d’une manière absolument passive. Il est évident que pour ces cellules sexuelles le noyau est la princi- pale raison d’être. Car, dans la reproduction, 1l est d'importance capi- tale que le germe acquière précisément les mêmes propriétés que les générateurs. Voilà pourquoi, dans ces cellules, les noyaux sont relat- vement si grands; dans les cellules spermatiques de mainte plante ils atteignent même des proportions telles qu’ils paraissent constituer le corpuscule tout entier. Ce qui fait que ce n’est que dans ces dernières années qu'on à pu découvrir le protoplasme qui contient ces noyaux et qu'il ne recouvre que d’une pellicule excessivement mince. La fécondation consiste en une fusion des ovules et des spermato- zoïdes. Chaque ovule est fécondé par une seule cellule spermatique. Cela s'opère de telle facon que l'élément mâle pénètre dans l’ovule et FÉCONDATION ET HY BRIDITÉ. XIII s'avance vers son noyau. Dans la plupart des cas il a toutefois été impossible de distinguer si la cellule mâle toute entière ou bien si son noyau seul vient en contact avec le noyau de l’ovule. Chez les palmiers du genre Cycas, dont les feuilles nous sont devenues si familières par les bouquets Makart, 1l y a des exemples de cas où l’on reconnaît net- tement une séparation du noyau du contenu cellulaire. Dès que le sper- matozoïde à pénétré dans la cellule femelle, 1l se scinde en noyau et enveloppe; cette dernière reste en arrière et seul le noyau pénètre plus avant. Il est évident que dans ce cas la fécondation consiste essentielle- ment en une réunion de deux noyaux, car l’enveloppe ne joue plus aucun rôle dans la suite. Or, tout nous fait supposer que cet exemple est emprunté à un cas où 1l est aisé de voir ce qui se passe. mais qu’en principe c'est toujours le même phénomène qui se produit. Aussi admet-on généralement que la combinaison des deux noyaux est ce qu'il y a d'essentiel dans la fécondation, et dans les recherches microscopiques la fécondation est souvent appelée l’accouplement des deux noyaux. En quoi cet accouplement consiste-t-1l ? La réponse à cette question a été donnée par un savant belge, VAN BENEDEN. Îl est vrai qu'au commencement ses assertions n’ont été reçues qu'avec méfiance, mais peu à peu divers savants ont mis en lumière des faits de plus en plus nombreux, qui étaient d'accord avec ses idées, et dans les derniers temps les preuves se sont amoncelées au point que la manière de voir de VAN BENEDEN peut être considérée comme tout aussi bien établie que les thèses les plus renommées de cette doctrine si ardue. La réponse de VAN BëNEDEN était celle-ci: que les deux noyaux se juxtaposent simplement, sans perdre leur individualité. Même dans les cas où l'alllance est si intime quil n'y à plus à reconnaître aucune hmite, chaque noyau reste cependant ce qu'il était auparavant. Et cela durant toute la vie de l’organisme. Chaque noyau est donc un être double, une dualité nucléaire, formée d’une moitié paternelle et d’une moitié maternelle. VAN BENEDEN a donné à chacune de ces deux moitiés le nom de yrowucleus, parce que ce sont les noyaux tels qu'ils existaient avant la fécondation. Et bien qu'il continue à leur donner ce nom pendant toute leur vie, ils les considère cependant comme complè- tement indépendants. Ce n’est que plus tard, dans la production de nouvelles cellules sexuelles, que van BENEDEN a admis une sépa- XIV HUGO DE VRIES. ration de ces pronuclei, et l’expérience a appris que sur ce point 1m- portant encore 1l était dans le vrai. Chaque noyau dans chaque cellule de notre organisme est donc dou- ble et se compose d’un pronucleus provenant du père et d'un autre pro- venant de la mère. Ils régissent ensemble notre vie et notre dévelop- pement; ils contiennent ensemble toutes les prescriptions nécessaires et donnent leurs ordres d’un commun accord. Ou plutôt, il est clair que chacun d'eux contient son code complet, et chaque code est une copie du même modèle. Nous voyons ainsi que l’examen microscopique conduit au même principe de dualisme que GoETHE a reconnu dans sa propre nature, et que nous retrouvons partout, aussi bien dans la fécondation normale que chez les hybrides. S'il est vrai que dans chaque individu les pro- nuclei qu'il a hérités de son père et de sa mère restent indépendants, nous comprenons comment il est possible d'observer, parfois à un âge avancé, une séparation des deux types. Même cet hybride de la pluie d'or, dont j'ai parlé tantôt, n’est plus pour nous un mystère. VAN BENEDEN n’est pas parvenu à donner la preuve décisive de sa thèse. Il a bien pu démontrer qu'après la première segmentation nucléaire dans le germe les deux pronuclei peuvent encore être distin- gués, mais déjà dans la segmentation suivante la limite entre les deux était devenue invisible. Pour faire admettre sa manière de voir, d’autres exemples étaient nécessaires que ceux dont il s'était occupé. Nombre d'espèces, tant animales que végétales, ont dù être mises à l'épreuve. Enfin, on a réussi à trouver des cas où l’on reconnaît nettement ce qui pour VAN BENEDEN n'était encore qu’une conjecture. Nos eaux pluviales contiennent en abondance un animalcule, bien visible à l’oeil nu, qui porte en avant de la tête un seul grand œil, raison pour laquelle il a reçu le nom de Cyclops. Il appartient aux crustacés Dans cet ani- mal, ainsi que chez un grand nombre de ses congénères, MM. Rücrerr et Hicker ont constaté le phénomène en question, la dualité des noyaux. Après la fécondation, on reconnaît nettement que les deux pronueleï restent indépendants; on les retrouve après chaque segmentation cellu- laire. Au commencement il est aisé de les distinguer; mais plus tard la limite entre les deux devient moins nette parce que leur combinaison devient plus intime. La disparition de la cloison internueléaire se fait plus vite chez une des espèces de cyclopes que chez une autre, mais tôt ou tard cette cloison devient indistincte. [1 y a d’ailleurs des FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. XV espèces pour lesquelles cette disparition de la cloison, dans les organes où les cellules sexuelles doivent prendre naissance, a lieu si tard, et à un instant si rapproché du moment où ces cellules commencent à se former, que l’on est en droit de dire que l'indépendance des noyaux est assurée pour tout le cycle de la vie. L'année dernière, M. ConNkuin a découvert dans une espèce de limace, Crepidula, une preuve encore plus nette de la dualité permanente des noyaux cellulaires. Il semble maintenant que la règle constatée dans ces divers cas est générale. Chez tel animal la limite entre les deux pronuclei cessera plus tôt d’être visible que chez tel autre, mais le lien qui unit les deux moitiés devient toujours plus étroit à mesure que le degré de dévelop- pement de l'organisme est plus avancé. D'ailleurs, la collaboration des pronuclei est soumise à des exigences d'autant plus difficiles à satisfaire que le rôle des noyaux, de mettre de l’ordre dans la construction de l'organisme, devient plus compliqué; 1l faut done aussi que leurs sur- faces limites s'appliquent l’une contre l’autre d’une manière de plus en plus parfaite. [1 se peut qu'au début un contact suivant une surface plane soit suffisant, mais on peut s’'imaginer que peu à peu quantité de rides et de proéminences doivent venir augmenter la surface com- mune. Îl est évident que par là la netteté de la surface de séparation doit diminuer. La dualité de tous les noyaux dans les êtres qui se reproduisent par fécondation une fois admise, conformément aux vers de GOETHE cités tantôt, nous avons à nous demander comment les actions des deux pro- nuclei se combinent en régissant les phénomènes vitaux. Pour pouvoir répondre à cette question, nous devons d’abord Jeter un coup d’œil dans leur structure intime. | Les premiers physiologistes savaient déjà que les noyaux cellulaires ne sont point dépourvus de structure; dans bien des cas ils ont pu y distinguer aisément diverses parties. Ce n’est toutefois que dans la seconde moitié du siècle dermier que FLEMMING, dans le domaine de la zoologie, et STRASBURGER, dans le monde des plantes, ont découvert des méthodes rendant possible une étude plus profonde de leur constitution. Ils ont notamment trouvé que certaines substances colorantes se fixent dans telle partie du noyau mais ne colorent pas telle autre; de cette façon 1ls ont pu y constater la présence de filaments dans une masse transparente pour le reste. Ces cordons sont universellement connus XVI HUGO DE VRIES. depuis sous le nom de filaments nucléaires; on les rencontre partout et ils sont spécialement l’objet de toutes les recherches dans la voie dont il s'agit maintenant. Cela est tout naturel puisque, d’après les observations de FLEMMING et de SrrAsBurGER, les phénomènes présentés par ces cordons ont bien vite conduit à cette conclusion qu'eux seuls sont le siège des propriétés héréditaires. Tout le reste de la substance nucléaire n’est en quelque sorte que le milieu dans lequel 1ls se meuvent, et d’où 1ls puisent la uourriture dont ils ont besoin. Cette substance recoit ordinairement le nom de liquide nucléaire. C'est une masse d’une consistance tout Juste assez grande pour permettre aux filaments nucléaires de rester en place, tout en exécutant sans encombre leurs mouvements particuliers et très compliqués. Ces mouvements consistent essentiellement en des raccourcissements et des allongements alternatifs. L’amplitude en est excessivement grande. Dans l’un des états extrêmes les cordons sont gros et courts comme des bâtonnets, dans l’autre 1ls semblent devenus des centaines de fois plus longs et plus minces. Dans cette seconde extrémité l’exi- guité de lPespace ne leur permet pas de rester droits et 1ls s’enroulent alors en pelote. À l’état de bâtonnets, 1ls se disposent d'ordinaire autour au centre du noyau comme les rayons d’un astre lumineux. Voilà pour- quoi cet état est appelé la phase étoilée tandis que l’autre porte le nom de phase de peloton. Les filaments nucléaires prennent le premier état au moment de la multiplication par segmentation des noyaux et des cellules, ils se transforment dans l’autre afin de communiquer à la cellule, séparé- ment et librement, tous les articles de leur code de lois dont l'application est nécessaire à ce moment. Ce qui fait qu'à chaque division de la cellule la phase pelotonnée succède à la phase étorlée. Ce n’est que quand toutes les cellules ont été formées que cette alternance cesse et désormais les filaments nucléaires restent à l’état de pelote. Tous les filaments d’un même noyau peuvent être réunis sous la seule dénomination de filament nucléaire; mais 1l est recommandable pour la netteté de donner ce nom à chaque cordon. Chaque noyau contient donc un certain nombre de filaments nucléaires ou chromosomes. Et comme le nombre de ces chromosomes doit nécessairement être toujours le même, ou à peu près, dans les deux pronuclei réunis les filaments nucléaires sont presque toujours en nombre pair dans les cellules de l'organisme. M. Boverr a découvert que chaque filament adhère par une de ses | FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. XVII extrémités à la paroi nucléaire et y reste fixé pendant toute sa vie. Ce point d'attache est le point fixe à partir duquel 1l s’allonge en se glis- sant entre les autres, dans les directions les plus variées; mais, quelque compliquée que soit la pelote ainsi formée, elle se dévide toujours sans jamais s’embrouiller. Assez souvent on à pu reconnaitre divers éléments dans ces filaments eux-mêmes. Îls se composent alors de très petits corpuscules, plus ou moins granuleux, agglutinés par une espèce de colle. Ces granulations sont parfois réunies en groupes et quand cela est régulièrement le cas 1l est possible d'évaluer le nombre des granules d’une manière assez pré- cise. C’est aimsi que M. Etsen a trouvé, dans les noyaux d'une espèce de salamandre, dans chaque pronucleus douze filaments, dont chacun se compose de six parties bien distinctes. Dans chacun de ces groupes 1l a de nouveau reconnu six grains, constituant les plus petits éléments visibles, ce qui porterait à 400 au moins le nombre de particules pour chaque pronucleus. Chacune de ces particules serait-elle maintenant le siège d’une seule propriété héréditaire et constituerait-elle la limite de la structure des noyaux? Le microscope nous permettrait-1l déjà de pénétrer jusque dans la structure la plus profonde du noyau, ou bien avons-nous des raisons pour admettre une différenciation plus profonde encore? Pour pouvoir répondre à cette question nous devrions savoir quel est le nombre des propriétés héréditaires d’une salamandre, ou en général d’un animal ou d'une plante supérieurs. L'examen de ce problème nous conduirait trop loin; mais 1l est aisé de se convaincre que l’existence de milliers d'éléments constitutifs est plus probable que de quelques centaines seule- ment. En effet, ce n’est pas par quelques centaines, mais bien par des milliers de caractères distinctifs qu’un organisme supérieur, animal ou plante, est décrit assez complètement pour qu'il soit convenablement tenu compte de toutes ses propriétés. Au lieu donc de voir dans ces parti- cules réellement les éléments ultimes de la structure cellulaire, nous devons admettre qu'ils ne constituent que la limite de visibilité, mais sont eux-mêmes encore complexes, chacun d’eux se composant, selon toute probabilité, d’au moins une dizaine d'éléments plus petits encore. Après avoir jeté ce coup d’œil dans la structure interne des noyaux, revenons maintenant à nos considérations sur les deux moitiés qui les composent. Au moment de la fécondation elles s'étaient combinées. Mais combien de temps cette réunion dure-t-elle? Ces deux pronuclei XVIII HUGO DE VRIES. restent-ils combinés, ou bien se séparent-ils de nouveau tôt au tard? En général 1l est très facile de répondre à ces questions. Les deux cel- lules sexuelles qui se réunissent ne contiennent, en effet, chacune qu’un seul pronucleus. Il faut donc que les deux moitiés d’un même noyau se quittent de nouveau dès que la nouvelle génération forme à son tour des cellules sexuelles, c. à d. des ovules et des spermatozoïdes. Quant aux cellules de l’organisme même, les deux pronuclei y restent com- binés pendant toute la vie. Ils restent fidèles l’un à l’autre jusqu’à l’âge le plus avancé des organes et des cellules, même après un nombre excessivement grand de segmentations nucléaires, et jusqu'à la fin ils organisent et dirigent, d’un commun accord, toutes les fonctions de la vie. Il y à cependant des cas d'exception, notamment les cas de sépa- ration d'un hybride dont j'ai parlé au commencement. Voilà pourquoi nous pouvons à présent nous borner à considérer ce qui se passe quand 1l se forme de nouvelles cellules ovulaires ou sper- matiques. Celles-ci se forment d'ordinaire par groupes de quatre. Quand ce sont des ovules, il n’y a généralement qu'une cellule de chaque groupe qui se développe normalement et devient apte à la fécondation; toutes les autres avortent, et font place à la première. Chez les animaux la séparation des deux pronuclei précède d'ordinaire immédiatement la formation de ces groupes. Chez les plantes au contraire 1l se produit, entre ce phénomène et la formation de nouvelles cellules sexuelles, une série de segmentations cellulaires; chez les fougères 1l se forme même, dans l'intervalle, toute une génération visible à l'œil nu et dont l’exis- tence est indépendante de la plante mère. Voilà donc un exemple remarquable d’un cas où la vie et la structure de la plante sont plus compliquées que les phénomènes correspondants dans le règne animal. Tout ce qui se produit entre le moment où les deux pronuclei se sépa- rent et celui où la fécondation a lieu porte, dans le règne végétal, le nom de génération sexuelle. Il va de soi que toutes les cellules de cette génération ne possèdent que des pronuclei. C’est ce que l’on remarque du reste au nombre des chromosomes ou filaments nucleaires, qui n'atteint 1c1 que la moitié du nombre des mêmes organes dans les cel- lules ordinaires de l’organisme. Car, si ce nombre est doublé par la fécondation, 1l revient nécessairement à la valeur normale par la sépa- ration des pronucleï. L Il est évident que, pour la question qui nous occupe, cette généra- 1? tion sexuelle toute entière n’a qu’une importance secondaire; la sépara- FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. XIX tion des deux moitiés du noyau est évidemment le point capital. Il n’est donc pas étonnant que, dès les premiers temps des études modernes sur les noyaux, ce point ait vivement intéressé les savants. Avec son coup d'œil prophétique, VAN BENEDEN en a saisi la signification exacte. Avant la séparation, la limite entre les deux pronuclei est toujours devenue invisible. Nous avons vu, en effet, qu'après la fécondation cette limite finit toujours par disparaître, le plus souvent très tôt, par- fois moins vite, parfois même très tard. Il n’est donc pas possible de constater directement la séparation; le seul phénomène frappant est la réduction de moitié du nombre des filaments nucléaires. La totalité est caractéristique pour les cellules organiques, la moitié caractérise les cellules sexuelles. Ou plutôt: dans les cellules sexuelles le nombre de filaments nucléaires est normal, dans les cellules organiques 1l est deux fois trop grand. Dans les noyaux cellulaires d'une espèce de sauterelle, examinée par M. Surron, peu de temps avant la séparation les filaments nucléaires sont nettement groupés deux à deux, chaque couple étant accolé dans le sens de la longueur. [ci les divers filaments d’un même pronucleus n’ont pas la même longueur et sont donc faciles à distinguer; par contre, dans chaque couple les filaments appartenant à des pronuclei différents sont également longs. Pour se séparer, ils doivent maintenant se déta- cher l’un de l’autre dans le sens longitudinal. C’est en effet ce que l’on observe. Mais dans la plupart des cas leur juxtaposition est si étroite que les couples de filaments semblent former un cordon unique, et on reçoit alors l'impression que ce cordon se segmente longitudina- lement. Tel est d'ailleurs le terme dont on se sert ordinairement pour décrire le phénomène. Il est tout naturel d'admettre que les deux filaments jJuxtaposés portent les sièges des mêmes propriétés héréditaires. L'un d'eux les a reçus du père, l’autre de la mère, mais ce sont les mêmes propriétés au demeurant. Cela ne résulte pas seulement des observations de M. Surron, que je viens de citer, mais surtout des recherches, particulièrement importantes, faites sur ce pont par M. Bovert. Il va d’ailleurs de soi que, pour se combiner avec succès, les propriétés héréditaires corres- pondantes, provenant des deux parents, doivent être mises en contact aussi parfaitement que possible. J'ai admis jusqu'à présent que les deux pronuclei se séparent en XX HUGO DE VRIES. restant tels qu’ils étaient avant leur union, c’est à dire qu'ils sont restés indépendants l’un de l’autre et ne se sont nullement influencés mutuel- lement. Cette hypothèse est bien simple, il est vrai, mais elle n’est pas en harmonie avec les faits. Au contraire, tout porte à croire que pen- dant leur union les deux pronucler ont eu l’un sur l’autre une influence considérable, ayant pour but de combiner des façons les plus diverses les propriétés héréditaires dont ils sont les dépositaires. Pour bien comprendre cette influence nous devons d’abord examiner quelle est, dans la nature, la signification de la reproduction sexuelle. J'ai done à expliquer le but de la fécondation. Ce but est en étroite relation avec la dissimilitude des individus, avec leur variabilité géné- rale. Nous admirons les vives couleurs et l’infinité des nuances des jacmthes de Harlem. Mais nous admirons aussi la grande uniformité des divers parterres. Une seule grappe d’une teinte ou d’une forme un peu différente au milieu des autres toutes semblables nous semblerait rompre l'harmonie de l’ensemble. Mais combien la vie ne serait-elle pas monotone si tous les hommes se ressemblaient autant que ces ja- cinthes d'un même parterre. Or la raison de la différenciation gît dans le mode de multiplication. Les jacinthes d’un même parterre n’ont pas été obtenues par semence, mais elles sont sorties des bour- geons latéraux d’un seul et même bulbe. Pas en une année, 1l est vrai, mais dans le cours de plusieurs années; dans tous les cas elles ont pris naissance uniquement par multiplication végétative. Leur relation de parenté est la même que celle de milliers de grappes d’un même marronnier, avec cette différence qu’elles ne sont plus reliées par un même tronc. La règle générale est donc celle-ci: la reproduction asexuelle donne l’uniformité, la reproduction sexuelle la variété. L'uniformité n’est toutefois pas toujours aussi grange qu’elle n’en a Vair aux environs de Harlem. Depuis longtemps déjà on a l'habitude de dire qu'il n'y a pas-deux feuilles semblables sur un même arbre. La méthode actuelle des recherches statistiques nous fait voir presque par- tout des variations; chaque caractère présente, quand on y regarde de près, de nombreuses divergences, plus ou moins grandes. Mais cette varlabilité n’atteint sa plus grande intensité que par la reproduction sexuelle. À toute époque de la vie les plantes et les animaux sont soumis à l'influence du milieu. Des circonstances favorables, surtout une bonne FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. XXI nourriture, sont avantageuses pour la croissance et le développement. Cette influence se fait sentir plus fortement pour telle propriété que pour telle autre; et pour toutes les propriétés la force avec laquelle cette influence agit dépend du moment où elle se fait sentir. Or, dans la nature, les conditions vitales sont bien plus dissemblables que 1à où l’homme tâche de les égaliser artificiellement; c’est ce qui explique déjà pour une grande partie la variabilité ordinaire. Ce pouvoir de s’accommoder aux circonstances extérieures, et les différences individuelles qui en sont la conséquence, sont de la plus grande importance pour la vie. On peut prétendre en toute sécurité que c'est uniquement par ce pouvoir que de beaucoup le plus grand nombre des espèces triomphent des obstacles que d’autres espèces leur ont dressés. Du reste, dans la société humaine le rôle de cette variabi- lité n’est pas autre que dans la nature. Parmi les hommes elle se manifeste en ceci, que chaque individu choisit la carrière qui lui paraît la plus convenable. La société entière développe évidemment d’autant plus d'énergie que ce choix se rapproche davantage de la perfection. Ainsi que notre collègue M. Husrecur l'a développé dernièrement, l’éducation et l’instruction doivent surtout servir à éveiller et à déve- lopper autant que possible, dans chaque enfant, ses dispositions natu- relles. À mesure que l’on réussit mieux dans cette voie, les différences entre les hommes deviennent plus grandes et l’on satisfait pe parfai- tement à toutes les exigences de la société. Les mêmes circonstances se retrouvent dans le règne végétal, mais d’une façon plus grossière, avec un idéal moins élevé. La plante doit continuer à se développer là où elle a germé. Ses conditions vitales sont donc établies dès sa naissance, elle n’est pas libre de faire un choix. Mais cette difficulté, la nature la surmonte par la production d’une surabondance de graines. Sur chaque coin de terre germent beaucoup plus de plantes qu'il n’en pourra vivre plus tard. S'il existe maintenant entre ces germes des différences suffisamment grandes, 1l est probable que parmi eux 1l y en aura au moins un pour lequel ce coin de terre sera un terrain convenable. Ce que les animaux supérieurs atteignent par leur motilité, les plantes y arrivent en sacrifiant de grandes quan- tités d'individus. Ainsi donc, le succès de chaque espèce, dans les conditions vitales où elle est placée, dépendra pour la plus grande partie des différences individuelles de ses représentants. Aussi le progrès de la nature XXII HUGO DE VRIES. organique réside-t-il essentiellement dans ce principe, source de toute variabilité. Tâchons maintenant de répondre à la question suivante: Etant don- nées de petites différences individuelles ainsi que le renforcement : qu’elles subissent par les modifications inévitables des conditions vitales, quel moyen y-a-t-1l de rendre aussi grande que possible la variation des individus? En d’autres termes comment pouvons-nous augmenter autant que possible la probabilité qu’à chaque endroit corresponde un: individu approprié ? Nous trouvons ce moyen dans le principe des permutations et com- binaisons. Si l’on mélange simplement les propriétés distinctes de divers individus et qu'on abandonne ensuite ce mélange au hasard, il faut que dans des séries de cas se forment tous les groupements imaginabies. Tel est le principe de la reproduction sexuelle. Elle combine les diffé- rences qui existent dans les individus d’une même espèce et les groupe dans les descendants de toutes les manières possibles. Par là elle fait en sorte que, parmi tous ces descendants, 1l y en ait toujours un certain nombre qui soient appropriés aux conditions vitales qui leur sont offertes. Revenons maintenant aux noyaux cellulaires. Nous avons vu que les deux pronuclei, l’un provenant du père, l’autre de la mère, qui sont restés assemblés pendant toute la vie, finissent par se séparer pour pour- voir à [a reproduction. Ils ne se séparent toutefois pas sans s'être influencés mutuellement. Quelle est cette influence? Ou plutôt de quelle nature doit-elle être afin qu'il soit satisfait à notre conclusion au sujet de l’utilité de la reproduction sexuelle? La réponse est celle-ci, il doit y avoir eu un échange des porteurs des propriétés héréditaires, et cet échange doit résulter d’un mélange tel que par le seul effet du hasard chaque pronucleus conserve quelques-unes de ses propriétés et emprunte le reste à l’autre. Il est évident que cet échange n’est pas visible même sous le meilleur microscope. Pour l’étudier on doit examiner ses conséquences dans les propriétés des descendants. Pour un tel examen les hybrides nous sont particulièrement précieux, parce que chez ces organismes l'étude des permutations et combinaisons est beaucoup plus facile que chez les produits de la fécondation normale. En particulier, nous nous servons pour cette étude de ces hybrides dont les parents ne diffèrent l’un de l'autre que par un nombre relativement petit de caractères nettement FÉCONDATION ET HYBRIDITÉ. XXIII tranchés, et tels par conséquent que ces caractères peuvent être re- connus séparément dans l'hybride et dans ses descendants. Chez ces organismes on peut aisément faire voir que les lois de la probabilité sont vérifiées. L'exemple de M. Menez, qui a résolu cette question, il y a quelque temps déjà, dans un cas particulier et d’une facon magistrale, a été suivi dans ces dernières années par un grand nombre de physiologistes, qui se sont proposés de mettre à l'épreuve l'exactitude de ces lois chez les hybrides. Comme caractères à étudier ils ont choisi la couleur des fleurs, des fruits et des feuilles, la présence ou l'absence de poils ou d’épines, la composition chimique des graines et bon nombre d’autres propriétés encore. Chez les hybrides ces carac- tères présentent certaines combinaisons et chez leurs descendants ils sont permutés d’une infinité de manières. Tous les groupements 1ma- ginables, on les retrouve ici dans un mélange des plus variés. Mais le principe de l'échange, que j'ai tâché de faire saisir pour la fécondation normale, permet de mettre de l’ordre dans ce chaos et d'en établir exactement les résultats par le calcul. Les expériences ont chaque fois confirmé les prévisions et ont ainsi fourni la preuve de la justesse de l'hypothèse. [1 est donc évident que les hybrides ne sont pas soumis à d’autres lois que celles de la fécondation normale, mais 1ls nous apprennent à connaître ces lois à un autre point de vue. Par là leur importance est encore plus grande, et plus grande aussi la valeur que nous y attachons pour notre conception générale de la nature vivante. Leur étude établit en quelque sorte le passage de l'examen physiologique de la fécondation à l'étude anatomique des noyaux. Ils rattachent cet examen excessivement important à un genre de recherches qui, par l’excessive petitesse des objets, la certitude et la précision de la méthode et la beauté des résul- tats obtenus, ne le cède en rien à n'importe quelle autre branche. Ils nous apprennent en outre que le moyen le plus sûr d'arriver à l'explication des mystères de la nature, c’est de combiner les branches les plus diverses des sciences naturelles. Ce n’est que par leur ensemble qu'elles nous montrent la voie à suivre pour soulever le voile qu recouvre encore en plus d’un point les phénomènes de la vie. ii en CHANT = ARCHIVES NÉERLANDAISES DES Sciences exactes et naturelles, TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES PAR F. A. H. SCHREINEMAKERS. Heimipletespérimientdal Steme Haus Acétrone el hé L INTRODUCTION. Dans un article précédent ”) j'ai donné quelques considérations théo- riques sur la tension: de vapeur d'un mélange ternaire. Je vais mainte- nant communiquer quelques déterminations expérimentales relatives au système: eau, acétone et phénol. J’ai choisi ce système parce qu'il peut présenter deux couches liquides, et aussi parce qu’à des températures supérieures à 68° les courbes binodales de ce système sont des courbes fermées, avec deux points de plissement. J’ai donné antérieurement ?) une étude complète des équilibres dans le système en question, et j’en ai déduit la situation des courbes binodales à diverses températures; pour ces équilibres je renvoie à ce précédent article. La base du système ternaire est évidemment formée par les trois systèmes binaires: eau-phénol, eau-acétone et phénol-acétone, de sorte que je commencerai par parler de la tension de vapeur dans chacun de ces systèmes binaires. RUES Archives, (@),17, 99, 1902: Hbiden. (2), 4, 210, 1901. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. Ïl 2 F. A. H. SCHREINEMAKERS. II. Eau ET PHÉNOL. Les tensions de vapeur du système eau-phénol ont déjà été données dans un travail précédent ); je me contenterai donc de faire ie quel- ques remarques. Nous avons vu que dans ce système trois phases peuvent être en équilibre entr'elles entre la température de transition + 1,5° et la tem- pérature de mélange critique + 68°, savoir deux couches hquides et une vapeur. Dans la suite je représenterai toujours la vapeur par Ÿ et les deux couches hiquides par Z, et L,,,; L, est la couche aqueuse et Z,» celle qui contient la plus grande proportion de phénol. Le système de trois phases, Z, + L,1 + V, qui ne peut exister qu'entre les tempéra- tures 1,5 et 68°, a à chaque température une certaine tension de vapeur, et cette tension augmente à mesure que la température s'élève; à cha- que température correspond aussi une composition déterminée des trois phases. Le tableau suivant contient encore une fois les tensions de vapeur et les compositions des trois phases: | Tableau 1. 1 12 Te D} "ONTA 29,8° 29 mm. D RS TOC 5,96 de phénol. 38,2 48 9,5 67 6,98 : 42 4 62. 10 66 6,91 ï 50,3 94 12 63 MTS è 62 G 14,5 60 1,83 É CO SD 17 57 $,06 à CA AO 22,5 48 8,66 1 On voit à ce tableau que la vapeur contient toujours moins de phénol que la couche aqueuse Z,; par distillation à température constante la couche aqueuse doit donc se séparer en vapeur et en une couche Z,». Outre le système de trois phases: Z, + L,, + W, j'ai encore examiné le système de deux phases Z + W à diverses températures (notamment à 56,3, 15 et 90°). Je reviendrai sur ces déterminations dans la suite. *) Ces Archives, (2), 4, 348, 1901. TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 3 IIT. Eau ET ACÉTONE. Aussi loin que les recherches ont porté, dans ce système 1l n’y a pas deux couches liquides coexistantes. On n’a donc à s'occuper que des tensions de vapeur des systèmes binaires Z + De nombreuses déterminations ont été faites par M. A. E. TayLor ‘). Il a observé à diverses températures la tension de vapeur de mélanges d’eau et d’acétone qui contenaient 0, 10, 20, 30, 40, 50, 60, 70, 80, 90 et 100 % d’acétone. | J'ai également déterminé la tension de vapeur de quelques mélanges d’eau et d’acétone, contenant notamment 8,04, 15,5 et 82,947 d’acé- tone. Ces déterminations sont contenues dans le tableau 2, où 7’ est la température et P la pression en mm. de mercure. Ces déterminations, comme toutes les autres du reste, ont été effec- tuées avec un des appareils dont j'ai donné antérieurement ?) la des- cription. Tableau 2. ,- 8,40/, d’acétone. Ad 102 0 431 483 DE NE ST NES 3 2 1 EF 152 151 193 214,5 240,5 20 329 366 PT 657 FSU TIS 0055 Le 7818 8240 P 408 447,5 521 600 677 166 15,6 °}, d'acétone. RAD :35:7 40,0 45,2 49,6 54,1 57,85 62,0 65,7 68,90 JE 139 240 290,5 351 410 481 554 626,5 ‘i 11,45 74,30 ER G00;5 00 761 82,94 0/, d'acétone. 1} 28,9 34,5 40,2 45,3 48,6 5152 54,2 56,6 DO 0 230 298,5 … 376 457 518 570 635 693 770 +) Journ. Phys. Chem., 4, 290, 355 et 675. *) Ces Archives, (2), 4, 346, 1901. 4 F. A. IH. SCHREINEMAKERS. Au moyen de ces déterminations et de celles de M. TayLor, j'ai déduit par interpolation (quelquefois une petite extrapolation était nécessaire) les courbes des points d’ébullition sous pression constante et les courbes de tension à température constante. Dans les deux tableaux suivants je ne communique que les données dont j’aurai besoin pour les déductions dans le système ternaire. Tableau 3. Tensions de vapeur à 50°. 0 de. O0 804. 10000456 120% ! 300 A0 ASE ONE P 92 209 291 296 304) 395 4470 MATTER 0 Ja ED GAIN ON : TO P 536 545 564 605 Tensions de vapeur à 56,5°. AAC: 0 3,04 10 15,6 20 30 40 50 60 70 JP 126 278 295 387 422 510 570 605 633 654 DZ ED NERO AUD P 682 691 716 760 Tensions de vapeur à 68°. Ac VE O NS 04 RON ASC DRE 0 P 914 447 468 606 656 +780 Tensions de vapeur à 7 E° 0), Ac. DORÉDOINENID L186 ri 2 P 289 589 618 +780 +870 Les concentrations sont données en pourcents d’acétone. Sous 0% d’acétone on trouve donc la tension de vapeur de l’eau pure et sous 100 7 d’acétone celle de l’acétone pure. Mes observations pour 8,04 et 15,6% donnent des tensions un peu plus élevées que celles que Pon déduit des données de M. TayLor; les observations pour 82,947 sont toutefois concordantes. À 68° la tension de vapeur des mélanges d’eau et d’acétone qui contiennent plus de 30% d’acétone est déjà supérieure à une atmosphère, de sorte que je n'ai pas fait d'observations pour des TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 5) teneurs plus fortes en acétone; il en est de même à 75°. Pour obtenir des courbes de tensions de vapeur on peut représenter la tension en fonction de la proportion d’acétone dans le liquide. On obtient alors un diagramme semblable à fig. 1. Cette figure n’est toutefois que schématique; pour en déduire des données exactes j'ai dessiné ces courbes, et toutes celles dont je parlerai dans la suite, sur une grande feuille de papier à millimètres, 1 mm. représentant 0,4% d’acétone et 2 mm. de mercure. La fig. L permet donc de trouver graphiquement, à une tempéra- ture donnée, la tension de vapeur d'un mélange d’eau et d’acétone de composition déterminée; on peut trouver de même la teneur en acétone que doit avoir un tel mélange pour exercer à une température donnée une pression déterminée. Je me ser- virai de ces résultats dans le système ternaire. Le tableau 3 et la fig. 1 donnent les courbes Ki À 19 1 de tension; on én peut toutefois déduire les courbes des points d'ébullition, et l’on obtient ainsi le tableau 4 qui contient les points d'ébullition des Hiquides sous les deux pressions que je considérerai à propos du système ternaire. Tableau 4. Points d'ébullition sous une pression de 760 mm. Dre 0 8,04 10 15,6 20 90 40 50 60 70 T 100mS2"1 80,6 742 TO UOTE GA 6 63,2 1 61,8. 60,70 DÉPALUSON 82 94 90 100 ii 59,5 59,2 58,1 56,50 Points d’ébullition sous une pression de 380 mm. RO 502 10 | 15.6 20 30, 40 | 50 : .60 —: 70 5 T 81,7 64 62,6 56 A0 AD AR M Mn INC DBENEU 052.94. 90 … 100 T 40,8 40,5 39,6 37.40 On peut donc dessiner à l’aide de ce tableau les courbes des points d'ébullition pour des pressions de 760 et 380 mm., et en déduire p. ex. 6 F. A. H. SCHREINEMAKERS. le point d’ébullition, sous 760 ou 350 mm., d’un liquide qui contient CY2 / OZ , 2 0 . . N une quantité déterminée d’acétone. Je m'en servirai dans le système ternaire. IV. ACÉTONE ET PHÉNOL. Dans mes observations relatives à ce système Je n’ai jamais observé d'équilibre entre deux couches liquides. Je ne communiquerai pas ; 5 pr encore les résultats des déterminations de tensions de vapeur; Je les donnerai en même temps que les déterminations pour le système ternaire. V. LxEs COURBES BINODALES DANS LE SYSTÈME EAU-ACÉTONE-PHÉNOI.. Des données relatives à ce système ternaire, que Jai communiquées antérieurement (1. c.), on peut déduire la situation des courbes binodales pour chaque température. On trouve p. ex. Tableau 5. Compositions des solutions de la courbe binodale à 56,5°. 0, E. 85,5 89.0: 891 865 825 7910 GONE MEN 0, Ac. 0 1,7 3,9 75 115 ‘146 20 PTT RAS 9,3 7.0 6.0 6,0 6,3 9:90 AS ONRIONI 0, E. 36,9 26 297 | 9239 959 "270 508 DIRE OZ AT SL DD OM ET 0e 9,1 5,7 45 3,0 0, PA 260 40 54,5 60,0 62,0 63,0 63,5 63,5 62,5 0), E. 569 538040 0/, Ac. 1,6 0,7 0 DRASS ICONS ECO À l’aide de ce tableau on peut dessiner dans un triangle la courbe binodale pour 56,5°. La fig. 2 en donne une représentation schémati- que; les trois sommets Z, Ac et PA correspondent aux trois composantes TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES, 1 eau, acétone et phénol. Z, et Z,» sont les deux couches qui sont en équilibre entr'elles aussi longtemps qu'il n'y à pas encore d’acétone. D'après le tableau 5 la couche aqueuse Z, contient donc, à 56,5°, 14,5 % de phénol et la couche riche en phénol contient 60 % de phé- uol. La courbe binodale, dessinée à l’aide du tableau 5, a à peu près la forme ZL,4, & a, Lin. Elle partage le plan du triangle en deux parties; la partie extérieure à la courbe binodale est le champ où les liquides restent homogènes; la partie Imtérieure à la courbe est le champ hétérogène, où les liquides se séparent en deux couches. Les solutions de la courbe binodale sont deux à deux conjuguées; chaque solu- tion de la courbe peut notamment être en équilibre avec une autre solution de la même courbe. C’est ainsi que les deux solutions Z, et Z,, sont en équilibre lune avec l’autre; le tableau ne permet toutefois pas de trouver d’autres solutions conjuguées, n1 le point de plissement z où deux couches liquides deviennent identiques; cela doit être déduit de toute autre façon. Prenons p. ex. un mélange d’eau, d’acétone et de phénol dont la composition est représentée par À. Si nous portons ce mélange à 56,5°, il se sépare en deux couches liquides dont nous représentons par 4, et a, les compositions. Il est facile de trouver ces deux points s’il est possible d’analyser les deux couches. Cette analyse n’est toutefois pas toujours possible; on peut notamment rencontrer des difficultés de diffé- TUE rentes espèces, par exemple ce phénomène que les deux couches, laissées en repos après avoir été vivement secouées pour obtenir l'équilibre, ne sont complètement séparées qu'au bout de plusieurs jours. Dans ce.cas Jai déterminé de la manière suivante la composition des deux couches conjuguées. Je considère comme connue la forme de la courbe binodale; ainsi que je l'ai fait voir antérieurement (1. c.) cette forme peut être trouvée sans qu'il soit nécessaire de faire des analyses. Prenons maintenant un hquide ternaire de composition déterminée, obtenu par un mélange en proportions déterminées des trois composantes. Soit À (fig. 2) le pot qui représente ce liquide. À se sépare en deux couches que je représen- terai par 4, et a,, et qui doivent être placées avec À sur une même S F. À. H. SCHREINEMAKERS. ligne droite. La question est maintenant de trouver 4, et 4,. Puisque les deux couches ne se séparent que difficilement, l’émulsion de la couche a, contiendra, au bout d'un certain temps, encore une certaine quantité de la couche &.,. Si l’on analyse donc une petite quantité de cette couche, l’analyse ne donnera pas le point a, lui-même, mais un point À, sur la droite #, Xa,. Au lieu du point #, on trouvera de même un point À, de cette même droite. On connait ainsi trois points K,, A et K,, et ces trois points doivent ètre en ligne droite, ce qui constitue une vérification de la précision des mesures. Si l’on détermine maintenant les deux points d’intersection de cette droite À, À K, avec la courbe binodale, on obtient les points 4, et &,, c. à d. les composi- tions des deux liquides conjugués. C’est de cette manière que J'ai trouvé la composition des solutions conjuguées, données dans le tableau 6 suivant; les solutions placées en regard sont en équilibre l’une avec Pautre. J'ai réussi de cette manière à déterminer des solutions conjuguées parce qu'il est possible d'analyser des solutions qui contiennent de l’eau, de l’acétone et du phénol. Cette détermination aurait toutefois été possible, même si l'analyse des solutions avait été impossible. Ainsi que nous le verrons tantôt, cette détermination peut se faire au moyen d'observations de tension de vapeur. J'ai déterminé de cette mamière aussi la situation des solutions conjuguées du système, et j'ai obtenu ainsi des résultats qui concordent d’une facon satisfaisante avec le tableau 6. Tableau 6. Compositions des solutions conjuguées à 56,32. Branche Z, &. Branche Zn &. PAU JAI EVA 89,9 0 14,5 40 0 60 88,8 12 10,0 29,3 1.2 63,4 89,1 3,9 1,0 23,5 91 59,4 88,6 5,3 6,1 | 295. 20SNEn 86,7 1e 6,0 22.5. 280040 85,5 8,5 6,0 29,9 : ce 16,0 16,9 Fou 28,0 36,1 39,9 NS 7,4 28,8 368 AN 69,5 21120 9,0 34,0 DH JÉADE TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 9 On reconnaît à ce tableau que par l’addition d’acétone la teneur en phénol de la couche aqueuse est d’abord diminuée et augmentée dans la suite; la teneur en phénol de l’autre couche est au contraire élevée d’abord et abaissée ensuite. Au point & de la courbe binodale les deux couches deviennent identiques; ce point partage la courbe binodale en deux portions; chaque solution de la portion Z,,4 peut être en équilibre re es avec une solution déterminée de la portion Zn &. . . 3 PO © LESC Ainsi que nous l’avons déjà vu dans un travail précédent (1. c.), les courbes binodales se resserrent à mesure que la température s'élève; les deux points Z, et L,n de la fig. 2? se rapprochent l’un de l’autre et coincident à + 65°. À cette température, la température critique du système eau-phénol, la courbe binodale est tangente au côté Z—P} du triangle; à des températures plus élevées encore la courbe binodale D 2 D est détachée du côté Z P, et est toute entière intérieure au triangle. Dans ces conditions 1l n’y à pas de séparation en couches pour les systèmes binaires, mais bien dans le système ternaire. À mesure que la température s’élève le champ hétérogène se rétrécit et 1l disparait à + 92°. V1. LES TENSIONS DE VAPEUR DANS LE SYSTÈME EAU-PHÉNOL-ACÉTONE. Sur le côté /— Ac du triangle (fig. 2) nous prenons un point 4. Ce point représente une solution aqueuse d’acétone; elle contient une quan- tité déterminée d’acétone, mais pas de phénol. Traçons la droite P4—, et prenons-y un point #,. Ce point représente une solution contenant de l'eau, de l’acétone et du phénol où le rapport eau-acétone est le même qu’en Ÿ. Chaque point de la droite ?4—4 correspond donc à une solu- tion où le rapport eau-acétone est le même qu’en 4, et peut donc être obtenu par dissolution de phénol dans le hquide à. J’ai opéré maintenant de la façon suivante. Prenons comme exemple que le point À représente une solution aqueuse ‘d’acétone contenant 82,947 d'acétone. De cette solution j'ai déterminé les tensions de vapeurs à diverses températures. On trouve ces déterminations dans le tableau 13 sous 0 % de phénol. J’ai pris ensuite une nouvelle solution b et j'y ai ajouté du phénol. Le rapport eau-acétone restait ainsi 17,06: 82,94. La teneur en phénol, calculée pour la quantité totale, était 6,029. La composition de cette solution est donc connue; elle 10 F. A. H. SCHREINEMAKERS. est notamment de 6,02°%% de phénol et 93,98°% d’un mélange d’eau et d’acétone où le rapport d’eau et d’acétone est 17,06 : 82,94 Boitw, (fig. 2) cette solution. De cette solution j'ai de nouveau déterminé les tensions de vapeur à diverses températures. Ces déterminations sont mentionnées au tableau 13 sous 6,02 %% de phénol. J'ai pris ensuite une solution qui contenait 12,96 % de phénol et j'ai de nouveau déter- miné ses tensions de vapeur, que lon trouve également dans le tableau 13. D’après ce tableau, on voit que J'ai encore déterminé des tensions de vapeur de solutions qui contenaient 21,76, 29,93, 43,22, 50/89, 60,82, 66,25, 73,85 et 19,41©2 de phénol, c'est à dire de onzesolu tions toutes situées sur la droite P4—4 de la fig. 2. S1 l’on déplace le point à le long de la droite #—1c et que l'on fait donc tourner a droite P4—-b, on obtient toute une série de solutions dans lesquelles le rapport eau-acétone est toutefois un autre. Si 4 coïn- cide avec Z on a des solutions sans acétone, c. à d. le système binaire eau-phénol dont 1l a déjà été question. Si 4 coïncide avec 4c on à le système binaire: acétone-phénol. Comme on le voit dans les tableaux suivants 7 à 15, j’ai déterminé des tensions de vapeur pour plusieurs de ces séries, notamment pour celles dont la teneur en acétone au point à était de 8,04, 15,6, 22,52, Dee OUI 010,02, 01 er LD 7. Tableau 7. Tensions de vapeur de mélanges ternaires où le rapport eau : acétone — 91,96 : S,04. 0/, de phénol. D 37,3 40,2 48,1 048,3 605 05310 676 CO NIGER PIE 152 151 193 214550240292 329 366 408 447,5 RON TR TR ED DOS O0 GT TE 1220/e phénol. TANAT;O, AG 1 49,8 56,6 1608 06530 69/0072; 8 75 D TS ES COR Cl BE PS CES OT CO CURE LOTO EN GT TOO 76€ 2,41 °/, de phénol. D),,89,5 47,2 152,0 56,9. 62,1 6H IT TL NTI PE COS END PUAI9,5 172,50 214 26600330, A0 ATOM ES SN GONG Or ORNE TRE 5,93 1/, de phénol. TN 38,1 44,8) /50,00153,9, 58/1, 62/10 66,00070,5 TNT MSP RES DION 0 KES ETS OO OO RE SDS ET NEC GED 770 TS be TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. IL 10,02 /, de phénol. TO OO GI OI RC ONNOTO NT SET) OMS IE 282,820 85,800 88:30 OI GO 12 GTS 2 CUS AGO ETS "5960003000 699 766 15,19 °/, de phénol. HORS 6 56% 6210066500 0700 T5 3 0070 I 8314 86.8 | 90,10 122 155 195 247,5 298 360 430 200 580 663 147 19/81 de phénol: ASE 0 620 676, TO U76S 80,6 819 875 91,80 131 181 229,5 292 351,5 423 499 590 674 755 29,93 0/, de phénol. OR CGT GE TO TL TS 60 8270 86.60. 100.1 191.80 109,5 155 195 239,5 294 349 416,5 458 569 GT 168 40,48 /, de phénol. 18,6 563 610 653 70,0 747 TIA 830 S68 900 927 95,70 99,5 145,5 181 219 270 332 402,5 464 538 606,5 671 748 49,28 °/, de phénol. OC 622 GG TO TA TS SL IN 87.J O2 0 95.20 99 140 184 218 262 321 382 467 540 630 709 62,67 °/, de phénol. OC GT 5 666 TL IN T5 OUT 585 T0 877. 91,5 95.60 94 133 169 212 261 308 369 436 510 090 683,5 70,15 °/, de phénol. 488 56,4 623 686 73,5 789 841 880 920 95,90 89 1128) ox Er 225 280 390 430 200 580 670 14,25}, de phénol. OR CON GI 663 T0 TLS D 80,1. 849 893 | 92,0 … 95.80 89 124 157 199 238 289 308 421 492 564,5 650 80,76 /, de phénol. 19,9 568 63,2 694 T1 782 821 860 896 919 9146 96,00 CHOC DIS 22 310 SSI AIO ASIN 5240 578 1608 Tableau 8. Tensions de vapeur de mélanges ternaires où le rapport eau : acétone — 84,4 : 15,6. 0°/, de phénol. D ON AS 2 AO GAIN NES 620 657 68.9 7145 74,30 155 189 240 290,5 351 410 481 594 626,5 690,5 761 1,390/: de phénol. 302. 13,9 49,9 543 5785 621 661 691 7LI 75.60 HET 14. - 279 3971 390 460 930 600,5 669,5 762,5 . H. SCHREINEMAKERS. 3,030 demphénol: 56,2 " 60,7 644 346 414 480 550 6,14°/, de phénol. CO OC C RC 0 391 4163 544 610 9,63 °/, de phénol. 541 556 58,92 2 6 ON SIMS AONRS 14,3 0/, de phénol. GITANGE.S à 708 327 400 460 540 19,81 /, de phénol. 02 NOTION TES 297,5 348 || A0. 470 29,74 °/, de phénol. GHE TD2TE 9 3825 462 545 GA TRS TRS 286 362 AAl 511 49,6 °/, de phénol. 69.0 TL 782 8292 260 610,5 408 471 60,13 °/, de phénol. 60 0 ESS DR EN EU AGO 66,98 /, de phénol. T3 MONTE ANS CUAISTES 20 02, 74,88 /, de phénol. CAE OMEES LEE 261,5 321 382,5 451 83,0 °/, de phénol. 5 445 524,5 85,6 THON UT 085 2 8735 00 DNS DNS NO TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 115) Tableau 9. T'ensions de vapeur de mélanges ternaires où le rapport eauRacétone — 11,18 122,52; 3,08 /, de phénol. A RSS A LU 50 AM SG 10 61,9 2766106960 73,90 OS DR LC SSD SOL 588) 0673-0767 8,38 1/, de phénol. SL SA) SN EL 20 GT, 1) 65,1 268,9 07140 740 76.90 P 1305 164 213 212 326 427 494,5 574 635 696,5 766 13,950/, de phénol. RP UNS 2 05280 58,2 62,5 | 66,6 170,2. 73 OS ANT ONM222 500272 NS AO O2 NAT 5 542 5 GL2 MN GS 759,5 20,01 /, de phénol. DNSLOINA0 545,0 49,4 56,5 61,6 65,5 68,4 71,2 AS 76,7 79,1 S& P103 134 166 203 276,5 340 395 444 500 562 24,38 /, de phénol. DOTE STE SN GS DO 5S 2 GS IN GS OT OT TS 1 81,80 84 60 ROOMS DOME OT 3520 LAON LT 5 SAM G07 0 686 761 29,72 0/, de phénol. T 40,0 45,5 50,4 56,3 61,4 65,4 68,9 73,1 75,9 78,8 82,7 86,60 PMDOMISC DT 00224 28100 3311" 382,5 454 507 35,95 1/, de phénol. DAS AG AU 51,4 55,5 59,3 642 68,0 71,4 75,0 78,4 82,5 847 89,11 SO RE SMIC 95 5 230282 SSI SSL AA T 510 594, 6450 756,5 1 41,690/, de phénol. TO OO SP OMMGI CNT NTI SONT CS 0 NS LOUE G SNS AM 91:30 OMIS SEMI DNS LOS GS AS 5 50 59 58951 60400720 770 49,51 0/, de phénol. RO DOS DO OI GE ST ON TA TN NTS SMS 2 5008531583. 901 93;10 OP GS RO 08 O2 ON STATS EAN 51 572,5 0610 69761 59,49 0/, de phénol. SO SANG ONG DD 0 NT TN T9 SN S5 0 0 86,22090 00095;10 OS OCTO SOON SO MS GAMAI TN ASP 516 0 630 2758 69,29 0/, de phénol. OS A GANT D STE 2 SOU TN S OST 202 ML TN 91780 JSMTOG 53 "002 263 324 404 478 560 623 687 766 Ent 79,68 0/, de phénol. DR RS EN GS SN GS AM TS 5 102 84,70 88,9 192,20, 948, 97,22 PM? 132 167 209 263 332 412 482 544 98 651 14 F. A. H. SCHREINEMAKERS. Tableau 10. Tensions de vapeur de mélanges ternaires où le rapport eau : acétone — 68,18 : 31,82. 4,10°/, de phénol. RON NOTE MEN NUE ICRA DL MST NN GIEDE GS GG. 7 11845 ASE DSC OISE CON RDS MOIS OO 7,86 1/, de phénol. JUNE ST CEE IE RON GI M O2 0 C2, 70,7 NON TN OR SE OT SA EN STD TS TililE 13,36 1/, de phénol. TAN BOOMNS TD MAS SM AIME D SANG 002 MCE CTP 1202 or OP RO ENG GED GTI GTS TO: 20,13 1/, de phénol. DNS 52 ON AD CN AG OP SEM LONG É OST OT OR E 0 PMSL MSI 0082 STOMIES SORTE? 24,770/, de phénol. TONAD GE TAT SN IST ONG SM CLS NCA NTI ON CONS RCIP EL PAMIGL MOT ML ME DONS TS ET GO SONGS ST Or CA 29,99 0/, de phénol. PC AI,3 049,200 5515 000 IMC OO NTI SNS EC ROUE TEEN CNUCED SCT TTL 0 G GIRS 34,10/, de phénol. SCO NC NC NOTE TNT ONE S DE 62.6 PA20 AA 190,5 2061 D NS21 502 AT EST D NC0S C2 002 39,29 0/, de phénol. TN35 IL A0 3 MAT 30005 2 MOI IN CO TM NTO ANT D CS ON OS RS 5 PABI AUS AA II TAN SSD AO AA EST RGO 40,93 0/, de phénol. DANAD NAS ON 552 NCIS OT A NTS ONE SEE TOURNENT NSP EN LES DNS Gt TEE 45,57 0/, de phénol. HAT ATGN EE. HA ET P 103 134 T 455 51,9 PEU AR 10 2) 120 169 56 185 243 300 162 208 255 OS. T0 TT 324 378 441,5 517,5 595 51,48 0/, de phénol. 3 624 67 JL qi 362 “ 19,9 431 501 57,641/, de phénol. : TNA ,OUAI NS S ANNCIÇENGG TO TA TS TR SD CSS 0 213,5 272 923 0 5) 82 434 78,8 826 848 87,2 572 507 650 708 79,75 83,2 861 88,8 641,5 703 519,5 656 69,50 755 72,49 772 89,50 91,19 764 93,050 762,5 GA Je 3h! 17 T' 120 TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 15 62,96 0/, de phénol. A2 52,6" 58,4 63,8 70,0 74,6 79,0 83,4 86,9 89,5 92,0 94,00 LOS TS 0205 BSD 502 00575 633 11693,5 0746 71,060/, de phénol. OR ESS CO RO ON CS OT S TC SR SI SES 6 60090 5092/6000 5:60 SD DAMON SS D ANT 21282, 847,50 414", 5070 582,5 634 706 19,24 0/, de phénol. D OROS ONRN0S CO OMS S DAMES SOIN OL 20 196710 Il SOI CS OT ONE 2 GS 5 5 NC25 79,77 %/, de phénol. DO ON CL OM CS ANT TO M S5 Te ST 0092150 DOS SD TS 210 20270 5553;1 SOLE AG2 NN SAT) Tableau 11. Tensions de vapeur de mélanges ternaires où le rapport eauciacétone —1#49,83,19 01e 3,238 /, de phénol. PORC S OS 0 SEUL ON TT ON NS OSSI CO 96420 RO ES DOS PT ET O2 EN SAC COTON CTONT 50 7,73 0/, de phénol. 300% 300 ADR NN ENS ER NC PONS 0 O5 02 82515 0 A5 D AGE D SON SOIN CAOMGOO 751 13,32 1/, de phénol. SOON SE OM LS ONNAS OM 052 0 OC D 5 OM GS IN GO LE 6910 SO PTESOS I ON SAS CAIN NATION DAS MN CII M CTI 755 19,86 0/, de phénol. OMO ON AE 2 A9 9 M 5415 NES 0 62.3. 6501 GRO TO D 72,50 TOP DOTE MS SO SOON ASS NES UN 5865050 TOGO 68 26,35 /, de phénol. SO TT ON NS DONC LOS S TG OMS GO NIGER 75,50 OO DOM TOC NS 02 DATI M 480 5 539 GO 670. 760,5 34,42 0/, de phénol. 36,4 43,0 48,45 53,6 57,45 61,6 64,7 678 708 73,5 75,8 78,20 SOS IE TRS OM OP SIN TOI SO 505 MN GET 26290689 50748 38,72 °/, de phénol. DOS TO SNS TN ETS MN G2 AN CE ON 69 GC US AN TTL à 81520 15. 100. 80070 NC MO CO EE Or NT re) 45,950), de phénol. D O2 TGS 658 00605 TAN TITI 79,7. 83.90 1250163 2095 265 . 4925 382 443 531 594 652 756 16 F. A. H. SCHREINEMAKERS. 56,53 0/, de phénol. : 6,8 ) 6980074000 77.8 80,9 185.8 86 8 SN P 125 168,5 214,5 966 316 372,5 4429 510 573 636 708 7635 66,76 1/, de phénol. DOCS NN CNT EN CT SCC SN CO O8,7° 300 304 430, 504 D85 669 158 74,85 1/, de phénol. OMGO NICE 2 NC STE SENS D'OISE 0 DS ROSES LOMME NS 20 TS OT MOSS 84,23 0/, de phénol. NEO ROTEMNGTIN GS OU UTETINEDS NS, OT OC PASS 109 141 176 228 284,5 345 418,5 487 Tableau 12. Tensions de vapeur de mélanges ternaires où le rapport eau : acétone — 32,95 : 67,05. 10,22 0/, de phénol. FREE ONE TS US COST OL ET GO. 62 PIN ISSN 020 NS O2 NS 0 DO DAC OU TO 20,37 0}, de phénol. é 2 2 50 2 UT IE S OMC AMI RICON C EI PLIS MPEL ESS NII ATEN ESS ON GIE SOS Toi 30,35 /, de phénol. CRC RE DO ENG ne C0,7 72,80 PASS 0233 DSL DNS SCA OI MEETIO ENS TN TON CO OA CD 40,24 0/, de phénol. TES) OC ST D GT ON CRD A TELOT LTD 16.00 DNS OL D ATP NUS 52 CIO DNS DT 40,88 0/, de phénol. DNS 5 NO DA) JTE) 224 215 991 402 49,12 0/;, de phénol. D ,39,9 45,5 | 50,2 15541 60,30 6447 68,9 LT NT CN RES 4,5 226,5 "282,5, 343 A0SMNATIN 535 MN CINE 63,12 1/, de phénol. Te 42,7 1499 10662 62,5, 068 1L0072,3.0 076,6 N 80; 5 RSI CNE RU AIT Pi AIO | 190 20500268 330, ADI ATOS TON PE ECS OR 75,490/, de phénol. 0, MTL NT IS CES TES NN OR RARE 1 LICE ER) MATE 262 à St A7, 4 558,5 621 T' è IE + 28,9 236 26,6 202 27,8 198,5 30,7 200 33,3 199 39,3 200 44,0 198,5 41,6 130 48,8 143 49,9 105 57,5 107 ARCHIVES NÉERLANDAISES, TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 82,29 0/7, de phénol. 714,92 784 218,5 258 Tableau 18. Tensions de vapeur de mélanges ternaires où le rapport eau : acétone — 17,06 : 82,94. 66,8 158 40,2 376 73,2 205 45,3 457 49,1 384 43,4 378 45,4 368 50,2 395,5 57,1 401 60,4 384,5 58,5 262 68,5 321 69,5 239 80,0 264 0°/, de phénol. 48,6 51,2 542 DISRSNETIOMEGS5S 6,02 0/, de phénol. 46,3 50,6 54,5 TOURS SOS CIE 12,96 °/, de phénol. 472 50,3 437,5 492 53,3 550 21,76 °/, de phénol. 50,2 53,5 56,6 A42 500,5 561,5 29,93 0/, de phénol. SLT ONE 460,5 528 600 43,22 0/, de phénol. OLPC SE SC S 470,5 541 602 50,35 °/, de phénol. 640 67,6 716 440 501 583 60,82 °/, de phénol. 63,4 69,3 74,5 319 400 455 66,25 °/, de phénol. 74,5 80,2 85,0 AOL 492 580 13,58 °/, de phénol. 74,6 80,6 85,3 294,5 368 434 79,41 /, de phénol. EDS GOT CEUX 322 382 468 SÉRIE II, TOME VIII. 56,6 693 96,40 631 IL 18 F. À. H. SCHREÏINEMAKERS. Tableau 14. Tensions de vapeur dans le système binaire: phénol-acétone. 10,74 /, de phénol. SONT ET) AGE AOL) 27 562 ES. POMO DAONOGTES 2 10 86 DT DS ET OO M D NOIR SOA GE 20,32 0/, de phénol. DIN 36 2 AD OS OT SN 55 SEC TO S SOIR DSC AMD ON ATOS STE E 0 31,13 0/7; de phénol: TN 2020, 35,8 A0 OMS OMS ONE SS NET TG OCR G ST ORRRCOAUE PALIN 56 MUST OMS DIN EE CAC OO AT 40,20 0/, de phénol. SEEN UN ETS CO Ge GA 1 MONS Den ee Sie 380 461 542 611 681 157 50,17 °/, de phénol. DUN395 04511, 560,5 05 20 TMC INMNGS NT SAS OO 1 9 296 390 415 474 540 611 696 168 59,07 °/, de phénol. DIUAR 0 544 502 GE 5 TOP TE SOI E SOL 1e EN 243 290 361 425 499,5 580 651 65,55 0/, de phénol. CT RE D TE ET TEE RO) LD C6,” DPOMALS TITI CLONE SOUDE SCO GES 73,30 0}, de phénol. Ti 55,0 63.0. (678 685 7510800 619 001 So TER TO NN AN CDN El GED 42) 79,09 °/, de phénol. 90,0 /, de phénol. TUE MNOTO 7 D, DD SIC 6.940 ee 88,0%, 289902 000 JO ae LS ISON TELE, A8, 2 280 88,5 98 108,5 Chacun des tableaux précédents peut être représenté graphiquement de la manière connue. On a besoin d’une figure pour chacun des huit tableaux, mais, comme toutes les figures se ressemblent, je me conten- terai de donner la représentation schématique et la description d’une seule. Prenons p. ex. le tableau 8. On voit que dans ces liquides le rapport de l’eau à l’acétone est 84,4 : 15,6 et que J'ai déterminé ies tensions de vapeur de liquides qui contiennent 0, 1,39, 3,03, 6,14, 9,68, 143, 19,81, 29/74, 38,81, 49/6," 60 LS CO OS MERE et 83,0% de phénol en tout. La fig. 3 représente schématiquement MENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 19 ces déterminations. J'ai porté les températures sur l’axe horizontal et les tensions de vapeur sur l’axe vertical. Considérons d’abord le mélange binaire: eau-acétone, donné sous 0% de phénol au tableau 8. Dans la fig. 3, les tensions de vapeur de ce hiquide aux diverses tempé- ratures sont représentées par la courbe 0. La courbe avec l'indication 1,59 donne aux diverses températures la tension de vapeur d’un hquide qui contient 1,39 % de phénol, et dans lequel le rapport eau-acétone est évidemment de nouveau 84,4 : 15,6. On voit qu'à chaque série du tableau 8 correspond une courbe de la fig. 3. Cette figure fait voir plus clairement que le tableau 8 qu’à température constante la tension de vapeur d’un hquide diminue à mesure que ce liquide contient plus de phénol. re \ pu a 19° LA où EÙ ge au : acetone. 84.4: 15.6 S0° DO 70° 100° Fig. 3. J'ai donné à la droite —P% de la fig. 2? une position telle que tous ses points sont extérieurs à la courbe binodale, de sorte qu’il ne se produit nulle part de séparation en couches. Mais, à mesure que la température 9 . 212 \ 7 J MOT © s s'abaisse, le champ hétérogène s'étend, de sorte que des liquides qui \ K / / / o / ont homogènes à des températures élevées doivent se séparer en deux couches par abaissement de température. Prenons p.ex.un liquide pour lequel le rapport eau :acétone=$8,44:15,6 et qui contient 9,63 ® de phénol (tableau 8). D’après le tableau 1l a à 32,6 une tension de vapeur de 101 mm. Ce liquide s’est toutefois séparé en deux couches, de sorte que cette tension n'appartient pas à ce liquide même, mais aux deux couches qui ont pris naissance. Si l’on D*X 20 F. A. H. SCHREINEMAKERS. suppose pour un moment que la fig. ? ait été dessinée pour 32,6 et que #, soit le point représentatif du liquide, je n’ai pas déterminé la tension de vapeur du liquide #,, mais celle des deux hiquides conju- gués a, et &. J’ai déterminé ensuite la tension de vapeur à 37,6°. Le champ hété- rogène est devenu un peu plus petit; #, est toutefois encore intérieur à la courbe binodale, de sorte que je n'ai de nouveau pas déterminé la tension de vapeur du liquide #,, mais celle des deux couches dans les- quelles 1l s’est scindé; ces couches ont évidemment une toute autre composition qu'à 32,6. Tel est encore le cas aux températures sui- vantes; ce n'est qu'à + 75° que le liquide est homogène, de sorte que seules les déterminations à 77,4° et 81,0° donnent des tensions de vapeur d’un liquide homogène. Si l’on prend un liquide qui ne contient que 6,14°% de phénol, il se sépare en deux couches au-dessous de + 55°; au-dessus de cette température 1l est homogène. Les liquides qui contiennent 1,39 et 3,03 % de phénol sont homogènes à toutes les températures auxquelles j'ai déterminé leurs tensions de vapeur. Dans la fig. 3, la courbe pointillée représente schématiquement la limite entre les liquides homogènes et ceux qui se séparent en deux couches. Aux points où elles coupent la courbe pointillée, les courbes de tension de vapeur doivent donc présenter une discontinuité; prati- quement cette discontinuité est pourtant si faible que je n'ai pas pu l’observer. À chacun des tableaux précédents 7—14 correspond une figure; la fig. 3 est une d’entr’elles. Afin de pouvoir faire des interpo- lations entre les déterminations à d’autres températures et à d’autres pressions, J'ai dessiné ces 8 figures sur du papier à millimètres, en don- nant à L mm. la valeur de 0,2° et 2 mm. de mercure. Le tableau 14 donne les tensions de vapeur dans le système binaire phénol-acétone. Il est possible que les deux composantes n'étaient pas absolument exemptes d’eau. S1 tel a été le cas j'ai eu affaire à des liquides ternaires, très voisins dans tous les cas du côté phénol-acétone. Considérons à présent la tension de vapeur des liquides comme une fonction de la teneur en phénol. Prenons la fig. 8 et choisissons une certaine température, p. ex. 50°. Au point qui représente la tempéra- ture 50° j'élève une perpendiculaire, et je détermine ses points d’inter- section avec les diverses courbes. J’obtiens ainsi à 50° les tensions de vapeur de liquides qui contiennent diverses quantités de phénol, mais TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 21 où la proportion eau-acétone est toujours 84,4 : 15,6. Pour un liquide qui contient 83,0 % de phénol p. ex., je trouve une tension de vapeur de 85 mm.; si le liquide ne contient que 49,6 % de phénol la tension est déjà de 113 mm.; quand la teneur en phénol est descendue à 6,14°/ la tension s’est déjà élevée jusqu'à 240 mm., et quand le liquide ne contient plus que de l’eau et de l’acétone la tension est 296 mm. Les tableaux suivants 15—22 contiennent les tensions de vapeur à diverses températures, savoir 50, 56,5, 68 et 75°, des huit mélanges d’eau et d’acétone soumis à l’expérience. Tableau 15. Tableau 17. BE AG — 9196: 8;:04 EL: Ac = 11,48 : 22,52 0/6, PA ÉOUMET EUMNNEN Tee 00 PA 509 56,50 680 750 0 DO TS AT 0 589 0 0, CT En 1022 203 271 433 572 3,08 312 408 633 + 820 2 41 DE ORNE NN 8,38 DIAMN 359 DEAN 720 5,93 175 236 383 508 13,95 241 318 498 648 10.02 BOIS 170 20,01 20e TT LOVE ANTE 15,19 144 193 319 494 24,38 190 253 403 538 19,81 132 180 298 401 29,72 169 226 368 489 9 331 447 29,93 115 158 266 361 35,95 150 40,48 106 147 247 336 41,69 139 186 810 414 a (bL HO E (2 ENe 11001238 324 LM MIT 252 15382 62,67 JS 135 296 308 59,49 113 155 259 300 70,15 DNS 0 U220. 299 69,29 103 140 287 321 74,25 CR PEN OIL 201 79,68 + 90 122 206 281 pd) 80,76 TON 200 1 272 ann 10 Tableau 16. Hs AC—OSASEGIS? 0 A0 MÉRITE E: 4c = 84,4: 15,6 410 360 © 468 (716 +910 On 296 387 606 +780 CSC SOS GG ED 2 1,39 280 309 577 147 1530 291 319 586 129 3,03 266 300 550 114 20,13 256 3939 518 673 6,14 241 318 505 658 DATE 229 302 476 620 9 9,63 222 292 463 604 | 2999 DT TA US NE 67 1430 © 199 262 420 553 SAS OO NAN ADI 53105 A 0 252 0 0575 40700 39929 | 169, 2240 364483 D 19300 5921 0498 | 4095. 163 218 3525: 47% PT D TION OS 0 588 | 4557 0 150 (202 334 | 445 ECM 550 60 3530 00514800 136 1864 308 © 415 - 60,13 106 144 243 330 57,64 124 170 285 394 66,98 101 137 232 315 ©ù JW de) (en) ft EE (we) Li en © LS) (en) (ee) ©9 (er) D 74,88 95 130 215 295 71,06 104 141 237 322 83,00 39 115 192 260 TONER I0 123 207 281 29 F. À. H. SCHREINEMAKERS. Tableau 19. Tableau 21. E: 4e = 49,83 : 50,17 PB: Ac — 11,06 : 82,94 NE ONCE ETS Do A0 EEE0 Son | 0 475 605 — — 0 b45 691 — — 3,23 448 5174 +854 — 6,02 518 658 — —— Le NEED TOE =). | on) ET | GO “a & lon 313 479,5 728 — AUTO. 439 561 — — 19,86 391 4928 653 — 29,93 595 p01 191 — DÉS NORD NO MEN 740) 13290 3050 0305 NOTE DAMNE ON EN 1 C6 50,350009055 0282 ON DÉLUNVEENN AE G 60,82 485,0 219) NSSONRS HO NO DO NES SANS El 6625 TD 1980 TORTUE HORS TAN EE) Ve 160 HÉON DIDONNTE AN 225 |: 500 BTS M NIDS NN NTAUND NS | 1888 RUSSE EN TES | 220 RO NIET NICE Sir LOS LAN ES LOI AT 2 Tableau 20. Tableau 22. Système binaire : phénol — acétone, Hi AC—132,95 "0105 0 605 760 ei Er 0 511 648 — — 10,74 567 os — — 10,22 450 574 — —. 20,32 514 647 — =— 20,37 387 498 150 — 31,13 447 562 +794 — 30,395 330 426 650 +830 40,20 317 475 695 — 40,24 273 309 547 108 50,17 290 9067 538 678 49,12 224 295 462 606 59,07 206 263 394 497 63,12 115 207 390 442 65,55 149 JO ON 3069 75,49 103,5 141 229 306 13 2020900 120 179 227 82,29 76 102 168 226 19,09 — — 114 148 Les tableaux précédents 15 à 22 permettent de trouver la tension de vapeur en fonction de la teneur en phénol pour chacune des quatre températures 50, 56,5, 68 et 75°. Prenons comme exemple la figure schématique 4, qui se rapporte à 56,5°. La teneur en phénol est portée sur l’axe horizontal, la tension sur l’axe vertical. La courbe affectée du chiffre 0 est celle du système binaire eau-phénol. Elle a été déterminée antérieurement ‘); elle présente un maximum de tension de vapeur, notamment quand le liquide contient + 5,5 % de phénol. Les deux points a, et «, donnent la tension de vapeur des deux couches liquides qui peuvent être en équilibre l’une avec l’autre à cette température. Ces deux points sont donc situés sur une même droite horizontale. [ls repré- sentent des liquides qui contiennent 14,5 et 60 % de phénol. La courbe 1) Ces Archives, (2), 4, 351, 1901. (J'ai donné alors 56,3° au lieu de 56,5°). TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 23 se termine d'un côté en un point où le hquide contient 0 % de phénol; ce point donne donc la tension de vapeur de l’eau pure; de l’autre côté elle se termine en un point 2 où le liquide ne contient que du phénol pur. Je n'ai pas déterminé la tension en ce point; elle doit être certai- nement très petite puisqu'à 77° la tension de vapeur du phénol n’est encore que de 12 mm. Prenons maintenant la courbe affectée de 8,04. Au lieu de tensions de vapeur de solutions aqueuses de phénol, elle donne les tensions de solutions de phénol dans des mélanges d’eau et d'acétone où le rapport eau-acétone est 91,96 : 8,04. Cette courbe se termine d’un côté en un point où le liquide contient 0 % de phénol, et où la tension de vapeur est donc celle d’un mélange d’eau et d’acé- tone qui contient 8,04 % d’acétone; elle se termine de l’autre côté en un point où le liquide contient 100 % de phénol, ce. à d. au point À qui donne la tension de vapeur du phénol pur. En rapport avec le tableau 15, elle n’a été dessinée que jusqu’à 80,70 °% de phénol. Toutes les solutions de cette courbe ne sont pas homogènes; seules celles qui contiennent moins de + 6% ou plus de +63% de phénol sont homoge- nes; celles qui contiennent plus de 6% et moins de 63% de phénol se séparent en deux couches. La courbe se compose donc de trois parties; la parie à gauche de D, et celle à droite de 4, représentent des liquides homogènes, la partie 4, b, contient des mélanges qui se scindent en deux couches. Cette scission ne donne tou- : : 0% —> P} —> 200% tefois pas naissance aux deux couches b,etb,; chaque point de la portion ®. b, donne un complexe qui se sépare en deux liquides déterminés de la courbe binodale de 56,5°, de sorte qu’à chaque point de la portion 4,4, corres- pondent deux points de la courbe binodale. J’y reviendrai d’ailieurs. La fig. 4 contient encore d’autres courbes dont lallure peut être déterminée à l’aide des tableaux précédents; ce sont: la courbe 15,6 construite à l'aide du tableau 16, la courbe 22,52 (tableau 17}, la courbe 31,82 (tableau 18), la courbe 50,17 (tableau 19), la courbe 67,05 (tableau 20), la courbe 82,94 (tableau 21) et la courbe 100 (tableau 22). 24, F. A. H. SCHREINEMAKERS. De même que les courbes 0 et 8,04, les courbes 15,6, 22,52, 31,82 et 50,17 se composent de trois parties; Les trois autres courbes ne con- tiennent que des liquides homogènes. Si l’on mène une courbe par les points où les parties d'une même courbe de tension passent l’une dans l’autre, on obtient une courbe comme celle représentée par la ligne pointillée «,0,æb,a,. Cette courbe forme la limite entre les champs homogène et hétérogène. En dehors de cette courbe les liquides restent homogènes, à l’intérieur il y a séparation en couches. Cette courbe correspond à la courbe binodale pour 56,5° (fig. 2); mais, tandis que la fig. 2 ne fait connaître que les compositions des liquides conjugués, la fig. 4 nous apprend en même temps la tension de vapeur. Le point L, de la fig. ? correspond à a, de la fig. 4; le point 2,» (fig. 2) à w, (fig. 4). Dans les deux figures le point x représente le hquide critique. D’après la fig. 4, la pression critique est un peu plus grande que 380 mm. Si l’on prend deux liquides conjugués, 1l va de soi qu'ils ont même tension de vapeur. Menons dans la fig. 4 une ligne horizontale; elle coupe la courbe pointillée en deux points qui correspondent à une même tension de vapeur. La teneur en phénol des deux couches se déduit donc de la situation des deux points. On voit aussi que chaque liquide de la courbe 2,4, doit se séparer en deux couches, dont les compositions et la tension de vapeur varient avec la position du point sur /,0,. Nous verrons tantôt comment nous pouvons nous servir de la fig. 4 pour en déduire une représentation dans le triangle. La courbe 0 présente un maximum de tension de vapeur, mais ce maximum à déjà disparu dans la courbe 8,04. Si l’on ajoute donc du phénol à de l’eau pure, la température restant 56,5°, la tension de vapeur commence par augmenter jusqu à ce que la solution contienne + 5,5% de phénol; par une nouvelle addition de phénol la tension diminue. Mais, si l’on part d’une solution aqueuse d’acétone contenant 8,047, d’acétone et que l’on y ajoute du phénol, on reconnait aa courbe 8,04 que la tension de vapeur diminue continuellement. Entre les deux courbes 0 et 8,04 1l doit donc exister des formes de transition. Quand nous parlerons de la représentation dans le triangle, nous con- sidérerons ces formes de transition, et d’autres encore, de plus près, et nous en donnerons des exemples. La courbe ( donne les tensions de vapeur des liquides binaires eau- phénol, la courbe 100 celles du système binaire acétone-phénol. On voit que ces deux courbes se coupent en un point qui correspond à + 15% TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 25 de phénol. De la situation relative de ces deux courbes il suit que, quand deux solutions de phénol, l’une dans l’eau, Pautre dans l’acétone, contiennent la même proportion en poids de phénol, la tension de va- peur de la solution aqueuse est plus petite que celle de la solution acé- tonique, aussi longtemps que la proportion de phénol est inférieure à 13/,. Si la teneur en phénol est plus forte, c’est la solution aqueuse qui possède la plus grande tension de vapeur. Si l'on prend des mélanges eau-phénol et acétone-phénol contenant tous deux 73° de phénol, ils ont tous deux la même tension de vapeur, savoir + 123 mm. On voit maintenant sur la fig. que les deux courbes 82,94 et 100 se coupent en un point qui correspond à + 61°, de phé- nol. [l suit de là qu'une solution à 61°%% de phénol et 39% d’acétone présente, à 56°,5, la même tension de vapeur qu’une solution formée de 61% de phénol et 39% d'un mélange d’eau et d’acétone où le rap- port eau : acétone est 17,06 : 82,94. On voit ainsi que l'on peut rem- placer dans la solution acétonique de phénol une partie déterminée d’acétone par le même poids d’eau, sans que la tension de vapeur soit modifiée. À propos de la représentation dans le triangle, je reviendrai sur ce phénomène et d’autres encore. Dans la fig. 4 j'ai considéré les tensions de vapeur des divers mélan- ges comme fonctions de la teneur en phénol à la température constante de 56°,5. On peut également considérer la pression comme constante et représenter les points d'ébullition sous cette pression en fonction de la. quantité de phénol. De la même manière que j'ai déduit les tableaux précédents 15 à 22, j'ai cherché maintenant les points d'ébullition pour des pressions de 200, 380, 600 et 760 mm. On les trouve dans les tableaux suivants 23 à 30. Points d’ébullition de mélanges ternaires. Tableau 23. DS 200 380 600 760 mm 4048 63,2 HD (857 C0 BH: Ac = 91,96 : 8,04. 1008 NC ANREAATS TS NO DC ROTEl DPZ 0200 380 600 760mm | 62,6% 65,3 80,2 92,0 98,4 ( DOC O0 TE OS 10 TO EN UGG;0 81/00 092,9 = RO GE 103 10830 | 7125 | 662 81,6 193:6 2 D 0655 TI 820 | 80:16 068,0 1 83/4 956 Le OS 0 (GT 795. | 86.2 OO SA (607 Sid 88,0 Tableau 24. 19 NET. 722 SO 905 Be de SAP. DD 5m 853 920 | 0 41,20 56,00 GTT 742 POS GIE NU T6 880 944 LEONE AU 67 1 CN TEA 206 QE P} 3,03 6,14 9,63 14,30 19.81 29,74 38,81 49,60 60,13 66,98 71,88 83,00 200 48,5 45,6 47,6 20,2 D3,1 97,2 59,9 62,0 63,6 64,6 66,1 69,0 NU] F. À. H. SCHREINEMAKERS. 600 70,2 12,9 74,8 17,0 80,0 83,4 86,2 58,4 90,2 91,4 93,3 96,7 Tableau 25. E : Ac = 11,48 : 22,952. 38.00 0] 39,8 52,40 54,6 58,1 61,0 64,5 66,4 68.8 Gel 72.8 74,85 76,9 79.0 82,6 64,20 66,6 70,0 72,9 76,0 78.0 80,4 82,8 84,5 86,5 88,6 91,0 94,9 Tableau 26. DEPAC—=WOSMSE IS? 33,30 36,2 38,3 41,2 44 4 47,0 19.2 51,1 53,7 54,5 56,2 58,0 60,0 61,4 60,30 63,2 65,5 68,5 til 74,0 76,4 78,2 80,7 81,3 82,8 84,4 86,9 88,2 760 mm 16,7 19,0 81,2 83,8 86,5 90,0 92 94,8 96,6 9769 = 19 Coer SH (de) D I I LŸ n I 1 Et © 66,60 Vo PA 71,06 79,77 0 C9 9 I © © ID ©2 NO Ji mi © C0 O9 A H © © 21 02 O0 00 C9 Or D ND) © He Jx de) OU So 1 @ à 380 79,0 82,7 600 91,0 95,0 Tableau 27. E: Ac — 49,83 : 50,17. PONT 30,3 32,4 39,0 31,8 Al, 44,5 46,6 50,0 DA 59,6 64,1 11,5 44,90 15,7 47,9 50,4 53,5 56,7 60,1 62,2 65,6 70.3 71,8 79,6 88,0 56,20 51,1 59,9 62,5 65,6 68,9 72,2 74,1 71.3 82,1 86,9 91,9 Tableau 28. PVAG= BP N5A0 TP 00) 26,5 30,3 33,8 38,0 49,7 47.3 55,7 64,7 72,0 42.2 45,6 49,4 53.6 58,2 62,8 71.2 80,7 88,6 54,3 57,7 61,5 65,9 70.3 74,7 83,3 93,5 Tableau 29. FAC ANUS P AO 25,0 26,3 28.0 30,7 33,4 39,3 44,2 51,8 56,7 64,9 72,6 40,5 411,8 413,5 46,2 49,1 55,6 60,1 67,8 73,0 81,4 89,9 52,5 54,0 55,6 58,5 61,5 68,2 72,3 80,7 85,9 94,8 760 mm OS TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANCGES TERNAIRES. 2 Tableau 30. | QC 200 380 600 760 mm 40,20 33,4 50,2 3, 70,7 50,17 40,2 57,5 11,2 78,8 59,07 49,2 67,0 81,1 89,2 65,55 57,17 15,9 90,7 98,5 1280 12 | Ci ee 79,09 84,2 — — — Système binaire : phénol — acétone. ET 200 380 600 760 mm 0 22,1 37,4 49,7 56,50 10,74 23,6 39,3 51,5 58,4 20,32 26,0 41,8 54,3 61,3 31,15 29,3 45,5 58,4 65,7 Les tableaux précédents permettent de représenter les points d’ébul- htion en fonction de la teneur en phénol, pour chacune des quatre pres- sions : 200, 380, 600 et 760 mm. La fig. 5 donne une représentation schématique pour une pression de 380 mm. Les teneurs en phénol sont portées sur l'axe horizontal et les points d’ébullition sur l'axe vertical. Considérons la courbe 0. Elle donne les points d’ébullition, sous une pression de 380 mm., de liquides qui contiennent 0° d’acétone, c. à d. de solutions aqueuses de phénol. Cette courbe se termine d’un côté en un point qui correspond à 0% de phénol, et qui donne donc le point d’ébullition de l’eau pure sous la pression de 380 mm, c-àd. 81,7 . Si l’on y ajoute du phénol et que l’on conserve la même pression, le pont d’ébullition s’abaisse jusqu à 81,4°, après quoi il s'élève de nouveau. De l’autre côté la courbe se P-380 mm. termine en un point qui est le point d’ébullition du phénol pur sous une % ne A 100% pression de 3° 0 mm. Ce point, qui doit Fig. 5. être plus haut que 100° et qui n’a pas été observé, n’a pas été repré- senté sur la figure. La courbe 100 représente les points d’ébullition des liquides qui ne contiennent que du phénol et de l’acétone. D'un côté elle se termine de nouveau en un point qui est le point d'ébullition de l’acétone pure sous une pression de 380 mm., donc 37,4°. Par addition de phénol ce point d’ébullition s'élève, et la courbe doit de nouveau aboutir au même point que la courbe 0. Les autres courbes donnent les points d’ébullition des hquides ternaires. C'est ainsi que la courbe 8,04 donne ceux des liquides où le rapport eau : acétone est égal à 91,96 : 8,04. Elle aboutit d’un côté au point d'ébullition, 64,0°, d’un mélange d’eau et d’acétone 28 F. A. H. SCHREINEMAKERS. qui contient 8,049 d’acétone; de l’autre côté au point d'arrêt commun des courbes 0 et 100. Ces détails sont suffisants pour faire comprendre l'allure des autres courbes de la fig. 5. I va de soi qu'il doit y avoir des formes de transition entre les deux courbes 0 et 8,04. La courbe 0 présente notamment un minimum et est partout convexe vers le bas; ce minimum n'existe plus dans la courbe 8,04, qui est en partie concave vers le bas, en partie convexe. Je n’ai cependant pas déterminé ces for- mes de transition. Entre les courbes 8,04 et 100 1l doit y avoir aussi des formes de transition, puisque la courbe 100, aussi loin qu’elle a été déterminée, est entièrement convexe vers le bas. Ces formes de transi- tion, qui constituent le passage graduel de la courbe 8,04 à la courbe 100, se reconnaissent à la figure. Ici encore les points des diverses courbes ne représentent pas tous des phases homogènes; 1c1 aussi 1l y a des liquides qui se séparent en deux couches. Je ne les ai pourtant pas représentés sur la figure, parce que la représentation dans le triangle dit beaucoup plus. De même que dans la fig. 4, les courbes de la fig. 5 s’entrecoupent. Le point d’intersection des courbes 0 et 100 correspond à une teneur en phénol de + 699%"et un point d'ébullition de 8251 sardone deux solutions contenant 69% de phénol qui bouillent à 82° sous une pression de 380 mm.; l’une contient 31°/, d’eau, l’autre 31°), d’acétone. Des considérations analogues s’appliquent aux autres points d’inter- section des courbes; 1ls représentent des liquides qui contiennent la même quantité de phénol et qui ont le même point d’ébullition, mais pour lesquels le rapport eau : acétone est différent. VIT. Les COURBES DE VAPORISATION ET DE CONDENSATION À 56,9°, Dans le chapitre précédent j'ai traité la tension de vapeur dans le système ternaire: eau, acétone et phénol; je vais à présent m'occuper de la représentation dans le triangle et des conclusions qu’on peut en tirer. Prenons par exemple une température de 56,5° et une pression de 300 mm. Parmi tous les mélanges imaginables, binaires et ternaires, il y en a qui sont liquides dans ces conditions, d’autres sont gazeux, d’autres encore se séparent en liquide et vapeur. Pour trouver ces liquides, nous allons revenir à la fig. 4, qui se rapporte comme nous TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 29 l'avons vu, à 56,5”. [’axe des + porte les teneurs en phénol des liqui- des, l’axe vertical les tensions de vapeur. Menons une droite horizon- tale correspondant à 300 mm. de pression. Elle coupe les courbes 15,6, 22,52, 81,82, 50,17, 67,05, 82,94 et 100. Considérons d’abord le point d’intersection avec la courbe 15,6. Ce point d’intersection repré- sente un liquide ternaire, qui bout à 56,5° sous une pression de 300 mm. La composition de ce liquide est facile à trouver (j'ai dessiné dans ce but les figures sur une grande échelle). D’après la fig. 4, ce liquide contient 8,4 de phénol, les autres 91,6% étant constitués par un mélange d’eau et d’acétone. Or, le point d’intersection appartenant à la courbe 15,6, le rapport eau : acétone est de 84,4: 15,6, de sorte que . OPA Ro /Atdieauer _. NXSLESS — ]4,3% d’acétone. Nous obtenons ainsi qu'un liquide de composition : » le liquide contient 11,3°/ d’eau, 14,3% d’acétone et 8,4% de phénol bout à 56,5° sous une pression de 300 mm. Prenons maintenant le point d'intersection de la droite horizontale avec la courbe 22,52. Ce point d’intersection correspond à 16,5 % de phénol. Comme la proportion eau : acétone est de 77,48 : 22,52 tout le long de cette courbe, nous voyons que la teneur en eau est 11,48 PUCES Ne >2 = O neur ] = ; — 100 X 83,9% — 64,7% et la teneur en acétone mi DCE 18,8%. Nous trouvons ainsi un second liquide bouillant à 56,5° sous la pression de 300 mm.; sa composition est notamment de 64,7% d’eau, 18,8% d’acétone et 16,5% de phénol. ) Ï Nous pouvons opérer de la même manière avec toutes les autres courbes. La droite qui correspond à 300 mm. de pression coupe aussi la courbe 100. Il y à donc aussi un liquide binaire: phénol-acétone qui bout à 56,5° sous une pression de 300 mm. Mais, dans le système binaire eau-phénol, un pareil liquide n'existe pas, puisque la plus haute tension de vapeur que l’on observe à 56,5° dans ce système n’est que de 127 mm. Dans le système binaire eau-acétone il y a bien un pareil liquide; sa composition se déduit tout aussi aisément de la fig. 1. Les divers liquides ainsi obtenus sont maintenant mentionnés dans le tableau suivant : 30 f. A. H. SCHREINEMAKERS. Tableau 31. Liquides dont la tension de vapeur à 56,50 est de 300 mm. D TD NIUE M GTR | Gi2, 800 17.0 8.0 0 AE NT) VENUS) GS | AA 845 380 449 0 PA DO | 84 165 65000890 NOR NT ONE Les liquides du tableau précédent, on peut les représenter dans un triangle de façon connue; on obtient alors la fig. 6. Chacun des huit points obtenus est indiqué par une croix. Le point «, représente le liquide formé uniquement d’eau et d'acétone; 9% d’acétone d’après le tableau. Le point D, est la solution qui ne contient que du phénol et de l'acétone, notamment 44,2% d’acétone. En voulant mener une courbe par les huit points, on observe que quatre d’entr’eux sont placés sur une même ligne droite, représentée par c, «, sur la fig. 6. Pour comprendre la signification de cette circonstance, nous allons dessiner la courbe binodale à 56,52. La situation de cette courbe est connue, puisque nous avons vu dans le cha- Ph pitre précédent quelles sont les com- positions des liquides qui la consti- tuent. À un point de vue théorique nous commettons cependant une erreur; la courbe binodale à été déter- minée en effet à 56,5° sous la pres- sion atmosphérique, alors que la fig. 6 s'applique à 56,5°, 1l est vrai, mais pour une pression de 300 mm. Pra- Fig. 6. tiquement cette erreur est toutefois sans importance, car elle est beaucoup plus petite que les erreurs possibles de l’analyse. Il est vrai que par variation de pression la position de la courbe binodale est modifiée: mais l'influence de la petite variation de pression dont il est question ici est tellement faible que nous pouvons prendre la courbe binodale, telle qu’elle a été déterminée sous la pression de l'atmosphère. Si nous traçons cette courbe binodale dans la fig. 6, nous obtenons la ligne Z,c, ze, L,n, et nous voyons alors que les quatre points en ligne droite sont ivtérieurs à la courbe binodale; cette droite coupe done la binodale en deux points ce, et «,. Ces deux points représentent deux liquides qui peuvent coexister, et tout liquide de la droite c, €, doit se séparer en ces deux couches. Îl est donc tout naturel que ces MENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. GA quatre liquides aient la même tension de vapeur, puisque chacun donne naissance à deux couches c, et «,, dont seul le rapport des masses dépend de Ja situation du liquide sur la droite €, €. Bes“quatre liquides, contenant 8,4%, 16,5%, 25% et 39% de phénol (tableau 31), n'étaient donc pas homogènes, mais séparés en deux couches «, et ©. Pour trouver la composition des deux couches qui sont en équilibre l’une avec l’autre, on n’a donc qu’à déterminer les points d’intersection ce, et & de la droite avec la courbe binodale. A la courbe à, €, c, db, j'ai donné antérieurement le nom de cowrbe de vaporisation. Dans notre cas elle se compose de trois parties, savoir les parties courbes à, c, et c, b, et la partie rectiligne c, «,. Cette partie rectiligne n’est toutefois qu’ex- périmentale, car la courbe de vaporisation 4,c, se prolonge théorique- ment à l’intérieur de la courbe binodale qu’elle coupe une seconde fois enc,,mde-sorte que la partie ac, est reliée à la partie c,0, par une courbe continue ‘). Comme les liquides de cette courbe théorique, inté- rieure à la courbe binodale, sont peu stables ou même instables, ils n’ont pas été observés. Occupons-nous maintenant de la courbe que j'ai appelée ,,courbe de condensation” dans mon travail précédent. Chaque solution de la courbe de vaporisation peut être en équilibre, à 56°5 et sous une pression de 300 mm., avec une vapeur déterminée. Prenons p. ex. le liquide à, ; puisqu'il est uniquement composé d’eau et d’acétone, il en sera de même de la vapeur. Quelques observations m'ont appris que la vapeur contient plus d’acétone que la solution; j'ai représenté par & la composition de la vapeur, mais la situation exacte de ce point m'est encore inconnue. Le liquide 4, ne contient que du phénol et de l’acétone; il doit donc en être de même de la vapeur qui sera en équilibre avec ce liquide. Puisque la tension de vapeur diminue toujours par l'addition de phénol à de l’acétone ou à une solution de phénol dans l’acétone, il faut d’après la théorie de van per WaaLs que la vapeur contienne toujours moins de phénol que le liquide avec lequel elle est en équilibre. J’ai repré- senté par 0 la phase vapeur, et je lui ai donné une situation conforme à la théorie. Examinons maintenant les deux couches liquides & et €, ; à 56°5 et sous une pression de 300 mm., elles ne sont pas seulement en équilibre *) Pour la forme de cette courbe à l’intérieur de la courbe binodale, voir ces Archives (2), 7, 182, 1902. 2) F. À. H. SCHREINEMAKERS. entr'elles mais encore avec une vapeur. Cette vapeur est représentée par &; sa composition non plus n’est pas encore exactement connue. Quel- ques expériences que Je communiquerai plus tard nous apprennent de façon certaine que sa teneur en acétone est très grande et sa teneur en phénol très petite, de sorte que la position de ce point doit être à peu près celle de la figure, mais 1l est encore plus rapproché du côté #— 4e. À chaque point de la courbe de vaporisation c, b, correspond done un point de la courbe de condensation cb, ce. à d. que chaque liquide de à, c, peut être en équilibre , à 56°5 et une pression de 300 min., avec une vapeur déterminée. Les compositions de ces vapeurs sont données par des points de la courbe «cb. Les mêmes considérations s'appliquent aux courbes & ce, et ac: chaque liquide de la courbe &c, peut être en équilibre avec une vapeur de la courbe ac. J'ai rehié par une droite les liquides et les vapeurs qui peuvent coexister, notamment d1 avec &, €, avec €, & avec c et Ü, avec D; j'ai tracé en outre quelques autres droites analogues. La partie expérimentale de la courbe de condensation se compose de deux portions qui se rencontrent en c en formant un point anguleux. Le point c« correspond à la droite c, c, , c. à d. que tout liquide de la droite €, & peut être en équilibre avec la vapeur c; cela est évident, puisque tous ces liquides se séparent en formant les deux couches c, et ©. Nous avons vu qu'entre les deux points €, et «, s’étend une courbe raccordant &, # et à, ©, ; une remarque analogue s'applique aux cour- bes ac et be. J’ai fait remarquer antérieurement que les deux courbes ne s'arrêtent pas en €; quand on part de a dans la direction de €, on trouve que ac se prolonge; on parcourt notamment une courbe avec deux points de rebroussement, et l'on revient en c par une courbe qui est le prolongement de cb . Considérons encore une fois la courbe binodale Z,c, &c, L,n. Une partie de cette courbe, savoir « æ&c, est intérieure au champ compris entre les courbes de condensation et de vaporisation. Qu'advient-1l de ces liquides quand on abaisse la pression au-dessous de 300 mm., la température restant 56,5°? D’après les considérations théoriques faites précédemment à l’aide de la surface &, on peut distinguer trois champs principaux. Dans ce cas special je vais déduire ces trois champs de la considération des tensions de vapeur. *) Pour la représentation et la description d'une pareille courbe, voir ces Archives (2), 7, 182, 1902. M'ENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 39 Nous avons admis une température de 56,5° et une pression de 300 mm.; des hquides dont la tension de vapeur à cette température est plus petite que 300 mm. restent donc liquides; si la tension de vapeur est plus élevée, le liquide se transforme en vapeur. Prenons d’abord les composantes eau et phénol. À 56,5° la tension de vapeur est inférieure à 300 mm. pour chacune des deux composantes; toutes deux restent donc liquides; il en est d’ailleurs de même de tous les mélanges binaires d’eau et de phénol, puisque leurs tensions de va- peur restent inférieures à 300 mm. Parmi les mélanges d’eau et d’acé- tone, tous ceux qui contiennent moins d’acétone que 4, sont liquides, puisque leurs tensions de vapeur n'atteignent pas 300 mm. ; il en est de même des mélanges de phénol et d’acétone qui contiennent moins d’acétone que 0. Tous les mélanges binaires des segments Z4«, et Pb, restent donc liquides. La courbe à, c, c, b, représente tous les liquides dont la tension de vapeur est 300 mm.; on voit donc aisément que les liquides contenus dans le champ Za, €, c, b, PA ont des tensions de va- peur plus petites. C’est donc là le champ liquide, que j'ai représenté par Z sur la fig. 6. Considérons maintenant le champ «cb 4e, c. à d. le champ vapeur. À 56,5° l’acétone a une pression de 760 mm. ; sous la pression considérée de 300 mm. l’acétone est donc gazeuse. Nous avons déjà vu d’ailleurs que la vapeur 4 peut être en équilibre avec le liquide a, et la vapeur à avec. la liquide Z,. Nous savons également que la va- peur € coexiste avec les deux couches c, et c,. Nous concluons donc que tous les mélanges de la région acb Ac sont des vapeurs. Le troisième champ, le champ hétérogène, est enfermé dans le con- tour a, c, &, b,bca. Si l'on prend un mélange d’eau et d’acétone dont la composition est représentée par un point entre a, et &, 1l se sépare en un liquide 4 et une vapeur a. Si l’on a un mélange ternaire dont la composition est donnée par un point sur & c, 1l se forme le Hquide c, et la vapeur c. Chaque mélange intérieur à la région a, c, ca se sépare en un liquide de la courbe de vaporisation 4, c, et une vapeur corres- pondante de la courbe de condensation ac. Les trois points représentatifs des compositions du mélange, du liquide et de la vapeur doivent évidem- ment être placés en ligne droite. Des considérations analogues s'appliquent aussi à la portion 0, e, cb, dont chaque mélange se sépare également en un liquide et une vapeur. Prenons enfin le triangle ce, c, ; tout mélange situé à l’intérieur de ce triangle se scinde en deux couches liquides c, et c, et une vapeur c. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VII. 3 9 4 F. A. H. SCHREINEMAKERS. Nous avons amsi à distinguer trois champs principaux : le champ liquide, le champ vapeur et le champ hétérogène; ces trois champs sont séparés par deux courbes. La courbe de vaporisation sépare le champ où n'existent que des phases liquides du champ où coexistent un liquide et une vapeur; la courbe de condensation sépare le champ va- peur du champ hétérogène. Si l’on passe donc du champ liquide dans le champ hétérogène, 1l se produit une vaporisation partielle au moment où l’on traverse la courbe de vaporisation; et si l’on passe du champ vapeur dans le champ hétérogène, la condensation commence au moment où l’on franchit la courbe de condensation. D’après la figure 6, le champ liquide se compose de trois parties, savoir les parties 7 Le a, et PA L,n e, D, , où les liquides restent homo- gènes, et la partie Z4 & €, Ln qui est le champ liquide hétérogène; tout mélange intérieur à ce dernier champ se sépare en deux couches. On voit que le champ hétérogène & « €, l1 bca se compose également de trois portions; dans deux d’entr'elles, savoir «& 6, ca et be, cb ya séparation en vapeur et wx liquide; dans la troisième c, &cilya formation de vapeur et de deux couches hHquides. On voit ainsi qu'à 56,5° et sous une pression de 300 mm. 1l n’ést possible d'obtenir qu'une portion des solutions de la courbe binodale, savoir les solutions des deux branches Z,c, et Lync,. Elles peuvent bien coexister deux à deux, mais ne forment pas de vapeur. Seules les deux couches €, et «, peuvent être en équilibre avec une vapeur. Les autres solutions de la courbe binodale, celles de la portion & ze, , ne sont pas réalisables; si l’on prend p. ex. les trois composantes dans un rapport tel qu'il devrait se former par mélange homogène le liquide critique æ, on observe que ce mélange se sépare dans les deux couches & ete, et dans la vapeur c. Le rapport des masses de ces deux couches et de la vapeur dépend évidemment de la situation du point & par rapport aux points &, & et c. J’ai déduit précédemment ”) les équations différentielles des courbes de vaporisation et de condensation. J’ai trouvé pour la courbe de vaporisation : 2) + 4 —y)]dn = AT Er Ga) + Gap) des € Li (en *) Ces Archives, (2), 7, 115, 1902. VENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 39 et pour la courbe de condensation : Peer SC bee) EG) on DRE TE S1 nous maintenons la température constante, c. à d. si nous posons UT — 0 dans les équations précédentes, nous déduisons (L c. Pique ,, Par augmentation de pression les courbes de vaporisation et de con- densation se déplacent de telle sorte que le champ liquide devient plus grand et le champ vapeur plus petit”. Il faut donc que la courbe de condensation 4 cb se rapproche du point ac par augmentation de pression; 1l doit en être de même de la courbe de vaporisation &, €, ©, b. Par diminution de pression le champ liquide doit au contraire devenir plus petit; la courbe de vaporisation doit donc se déplacer dans ces conditions vers le côté # P4 du triangle. On reconnaît qu'il en est réellement ainsi, en déduisant les courbes de vaporisation pour diverses pressions, fout en conservant la même température. Cette déduction peut s'effectuer de a mème manière que pour la courbe de vaporisation relative à 300 mm., c. à d. en faisant usage de la fig. 4. Le tableau suivant contient les compositions : Tableau 32. Courbes de vaporisation pour diverses pressions à 56,5°. “Jo E Vo Ac Vo PA Vo E Vo 4e “Jo PA Pression — 127 mm. 31,6 14,8 53,6 99,6 0,4 (0 17,4 17,6 65,0 94,5 (Ù 5,5 10,5 21,3 68,2 26,3 22 185 5,4 26,0 68,6 20,3 3,1 76,0 0 33,2 66,8 ei n nr Pression — 220 mm 15,2 2 Tao RCE He ES 10,6 10,6 78,8 95,0 5,0 0 tt 14,5 18,4 83,1 7,3 9,0 4,2 20,6 75,8 65,3 12,1 22,6 0 27,6 72,4 53,0 15,4 31,6 Pression — 180 mm. 40,7 18,9 40,4 97,2 2,8 0 22,8 23,2 54,0 73,8 _ 6,4 19,8 12,9 26,1 61,0 55,2 10 34,6 6,3 30,3 63,4 43,4 12,6 44,0 (Q 34,2 62,8 36 F. A. H. SCHREINEMAKERS. D'ANE) DEA VOB DURE De 0/9 PA Pression — 260 mm, 9,4 45,4 45,2 93 6,8 0 0 51,0 49,0 89,8 7,4 2,8 : 79 9 133 145 Pression = 400 mm. 59,7 17,3 23,0 . ne 461 21.5 32 4 . 21° o 26,7 26,9 46,4 as . 10e 15,0 30.5 15 38,3 38,5 232 7.0 34.2 58,8 ee. de 220 0 40,8 59,2 De Ste ae 0 53,0 47,0 Pression = 300 mm, L 91.0 9.0 0 Pression = 500 mm. 77,3 14,3 8,4 12,0 28,0 0 64,7 18,8 16,5 67,1 31,3 1,6 51,2 23,8 ‘ 25,0 44,3 AZ; 11,0 30,6 30,4 39,0 26,4 53,6 20,0 17,0 34,5 48,5 11,9 57,9 30,2 8,0 38,0 ELD 0 62,2 37,8 ( 2 55 : Fe Pre Pression = 550 mm. Pression = 350 mm. 64,0 36,0 0 87,2 12,4 () 47,0 47,4 5,6 81,9 15,1 3,0 98,6 57,9 13,5 70,2 20,4 9,4 13,1 63,9 23,0 56,3 26,2 15 0 67,5 32,5 34,7 34,9 30,4 k ma 195 30 5 41.0 Pression — 600 mm. 9 Sd) Ce) 8,8 43,0 48,2 52,0 48,0 0 (Ù 48,4 51,6 49,5 49,9 0,6 30,9 62,7 6,4 Pression — 380 mm. 14,3 69,7 16,0 85,5 15,0 0 0 73,5 26,5 83,7 15,5 0,8 73.0 21,2 5,8 Pression — 650 mm. 59,2 27,6 15? 32,0 68,0 (® 36,9 37,1 25,0 15,8 76,9 7,3 20,9 49,5 36,6 0. 80,0 20,0 Le tableau précédent permet de tracer dans le triangle les courbes de vaporisation à 56,5° et sous les pressions de 127, 180, 220, 260, 300, 350, 380, 400, 500, 550, 600 et 650 mm. La fig. 7 reproduit l'allure de ces courbes, mais non pas toutes parce que la reproduction est trop petite; on peut d’ailleurs se servir du tableau précédent pour Les dessmer sur une plus grande échelle. Dans la fig. 7 J'ai dessiné encore une fois la courbe de vaporisation sous une pression de 300 mm.; je l’ai affectée TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. D des mêmes lettres que dans la fig. 6, notamment 4,c,c, b,. On y retrouve aussi la courbe binodale Te) ededlatio 6e Enr toutefois pas reproduit la courbe de condensation de la fig. 6. Elevons la pression jusqu'à 380 mm.; nous venons de voir que la courbe de vaporisation doit alors se rapprocher du sommet 4c, et tel est en effet le cas d’après la fig. 7. La courbe relative à 380 mm. se compose de nouveau de trois parties, notamment de deux courbes et d’une portion rectiigne, cette dernière à l’intérieur de la courbe bimodale. Outre toute une série de liquides, nous avons donc aussi un système de deux liquides dont la tension de vapeur est de 380 mm. à 56,5°. Elevons la pression davantage, p.ex. jusqu à 500 mm .; les liquides qui ont, à la température considérée, une tension de vapeur de 500 mm. sont situés sur la courbe 500: cette courbe ne se compose que d’une seule branche, puisqu'elle est toute entière exté- rieure à la courbe binodale. Le champ liquide est done devenu beaucoup plus grand; puisque la courbe binodale est située toute entière dans ce champ, il est pos- sible de réaliser, à cette température et sous cette pression, tous les systèmes possibles de deux couches, et aucun de ces systèmes ne peut être en équilibre avec une vapeur. À des pressions plus élevées encore, à 600 et 650 mm. p. ex., on obtient les courbes 600 et 650, qui se rapprochent de plus en plus du sommet 46. À 760 mm. on n'a plus de courbe de vaporisation mais rien qu'un point, le point 4c même. Sous cette pression, la pression d’une atmosphère, l’acétone pure peut donc ètre en équilibre avec une vapeur; mais tous les mélanges, tant binaires que ternaires, ainsi que les deux composantes eau et phénol n existent qu'à l’état liquide. Revenons à la courbe de vaporisation 4,c,6,b, et abaissons mainte- nant la pression, p. ex. jusqu’à 180 mm.; nous obtenons ainsi la courbe 150. Le champ liquide est devenu plus petit, et des systèmes de deux couches une petite partie seulement est réalisable. Par diminution pro- longée de la pression, la courbe de vaporisation se rapproche du côté EP} du triangle, et sous une pression de 127 mm. elle touche ce 39 _F. À. H. SCHREINEMAKERS. côté en un point 47, tandis qu'elle se termine d’une part en un point de Ë#— Ac, d'autre part en un point de P4—4c. Nous avons donc ie: un exemple d’une courbe de vaporisation qui touche en un point un des côtés du triangle. J'ai déduit antérieurement ‘) une telle courbe de vaporisation de considérations théoriques. Sur la figure correspondante (1. ce.) on voit que la courbe de condensation touche le côté au même point que la courbe de vaporisation. [l faut donc, dans la fig. 7, que la courbe de condensation soit tangente en 47 à la courbe de vaporisa- tion, et soit d'ailleurs située toute entière, par rapport à cette courbe de vaporisation, du côté où est placé le pont 4c. Le champ liquide est ainsi devenu très petit, et se compose de deux parties qui se tiennent encore en Ÿ/. À la température et sous la pression considérées, tous les mélanges binaires qui ne contiennent que de l’eau et du phénol sont encore liquides; seul le mélange 47 existe à l’état de vapeur tout aussi bien qu'à l’état liquide. Si l’on abaïsse encore un peu la pression, la courbe de vaporisation se compose de deux portions séparées, dont chacune se termine en un point du côté #—?P}; le point #7 est évidemment compris entre ces deux points terminaux. L'une des deux portions disparaït déjà sous 125 mm. de pression, au point #, de sorte que pour des pressions plus basses encore la courbe de vaporisation se termine d'une part sur le côté Z—-P}, d'autre part sur 4—P%. Sur la fig. J'ai représenté deux courbes encore, relatives à 50 et 20 mm. de pression; je les aï toutefois pointillées parce que je ne les ai pas observées, Par diminution de pres- sion le champ liquide se resserre donc de plus en plus et fimt par dis- paraître au point 24, sous la pression du phénol pur à 56,5°. Je n’ai pas déterminé cette pression, mais elle est très petite de sorte que je ne lui attribuerai qu'une valeur de 10 mm. Nous avons donc trouvé ainsi: qu à des pressions supérieures à 760 mm. le champ liquide s'étend sur tout le triangle; sous de telles pres- sions les trois composantes et tous les mélanges binaires et ternaires n'existent qu'à l’état liquide. À une pression de 760 mm. le champ vapeur apparait au point Ac, mais a ce moment 1l n'y a encore que V’acétone pure qui existe à l’état de vapeur. Si l’on continue à abaisser la pression, le champ liquide devient de plus en plus petit. À une pres- sion de 127 mm. 1l se sépare en deux parties, dont l’une disparaît au DICes Archives, (C)AME US to 0 M0 027 TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 39 point Z sous 125 mm., l’autre au point ?% sous 10 mm. de pression. Et tandis qu'au-dessus de 760 mm. les mélanges n’existaient qu'à l’état liquide, 1ls n'existent qu à l’état de vapeur sous des pressions inférieu- res à 10 mm. On reconnaît à la fig. 7 que les courbes de vaporisation relatives à des pressions élevées ont une tout autre allure que celles relatives à de basses pressions; entre les deux 1l y a une transition graduelle que l’on observe encore mieux en tracant toutes les courbes de vaporisation au moyen du tableau. Je vais à présent déduire de la figure quelques con- séquences encore. Je ferai toutefois abstraction, dans ce qui va suivre, de la courbe binodale; le lecteur verra aisément que, dans le cas où un liquide est situé par hasard à l’intérieur de la courbe binodale, il aura à remplacer ce liquide par les deux couches dans lesquelles 1l se sépare. Menons dans la fig. 7 une droite parallèle au côté Z— 4c du triangle. Une pareille droite représente des solutions dont la teneur en phénol est la même. Traçons cette droite dans le voisinage du côté #— 4e, c. à d. que nous supposerons que la teneur en phénol est petite. Cette droite coupe chaque courbe de vaporisation en un seul point; cela veut dire que les mélanges ternaires dont la teneur en phénol est la même ont des tensions de vapeur différentes, et cette tension va en augmen- tant à mesure que la proportion d’acétone devient plus grande. Il en est toutefois autrement quand on prend une droite plus rap- prochée du point P4. Menons p. ex. une droite parallèle au côté Æ— Ac, par le point où la courbe 127 se termine sur le côté P4— 4c. On voit que cette droite coupe la courbe 127 en deux points. L'un des points d’intersection représente un liquide binaire, qui ne contient que du phénol et de l’acétone, l’autre un liquide ternaire. Ces deux liquides contiennent la même proportion de phénol, mais, tandis que l’un de deux ne contient en outre que de l’acétone, l’autre contient encore de l’eau. Ces deux liquides ont même tension de vapeur, mais les compositions des vapeurs qu'ils peuvent émettre sont évidemment différentes. En traçant sur la fig. 7, dans le voisinage de la courbe 127, encore d’autres courbes de vaporisation, on voit que la droite est tan- sente à une certaine courbe qui correspond à une tension de vapeur plus élevée. Il s'ensuit que Quand on remplace graduellement par de Pacétone l’eau d’une solu- tion aqueuse de phénol, de telle manière que la proportion de phénol, 40 F. A. H. SCHREINEMAKERS. reste invariable, la tension de vapeur augmente d’abord, atteint un maximum et diminue ensuite.” D’après la figure on doit observer un phénomène analogue pour des solutions dont la teneur en acétone reste la même, pourvu que cette teneur soit très faible. Quand on part notamment d’une solution aqueuse d’acétone, ne contenant qu'une petite quantité de cette der- nière substance, et qu’on remplace l’eau par du phénol sans que la teneur en acétone varie, la tension de vapeur commence par augmenter; elle atteint un maximum et diminue ensuite. On reconnaît sur la figure qu'il n’en est plus ainsi quand la proportion d’acétone devient considérable. Je reviendrai plus tard sur d’autres conséquences qui ont également été confirmées par l’expérience. VIII. LE SYSTÈME DE TROIS PHASES: 11 + La + V À LA TEMPÉRATURE CONSTANTE DE 56,52. En considérant la fig. 6 nous avons vu que les deux couches €, et c, et la vapeur € sont en équilibre entr’elles à 56,5° et sous 300 mm. de pression. Nous avons ainsi un système de trois phases Z, + Z, y. Si nous maintenons constante la température, tout en modifiant la pression, les trois phases doivent également changer de composition. On voit par la fig. 7 que par abaissement de pression la variation de la composition des couches /, et Z, est telle que les points représentatifs se rapprochent du côté Z—P4 du triangle; de sorte que L, coïncide finalement avec Z, et Z, avec L,n, notamment quand la pression a atteint 126 mm., c. à d. la pression du système Z, + Z, + Y quand il est uniquement formé d’eau et de phénol. Il est aisé de déduire de la fig. 7 les compositions des deux couches qui se rapportent à chaque pression; mais les compositions des vapeurs correspondantes ont dû être déterminées par l’analyse. C’est ce que J'ai essayé de faire par une des méthodes que j'ai décrites antérieurement ). 1) Ces Archives, (2), 4, 346, 1901. TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 4] Ces déterminations ne sont pas précises; elles peuvent cependant servir à donner une idée des phénomènes. Elles sont mentionnées au tableau 33. Tableau 38. Compositions à 56,5° des trois phases du système Tab) A Pression ue 7 | 4 en: mm. VoE VoA4c oP VE YoAc PA VoE 4e PA 126 SE ON 14.5 ADO) NT) PATRONETe3 180 SD OMNE TOETEE 240 16,5 59,5 722 954 924 220 SD 550 060 225 9235 540 SON ED EN 260 Se 60 230 290 48,0 D DUT 300 D0S Re 250 325 425 DS re 324 ne ee 296 770 04 350 725 195 8,0 295 370 33,5 A 380 DS NOT 13.0 BHO STD 26.0 CS MR +386 Liquide critique <+480/,E +331), 4e +19%,P4 — — — Commençons par comparer la proportion de phénol dans la vapeur avec celle dans les deux couches liquides. Dans la vapeur elle est tou- jours plus faible, comme on voit, que dans les deux couches avec la- quelle cette vapeur est en équilibre. La teneur en phénol de la vapeur diminue d’ailleurs rapidement quand la tension de vapeur augmente. À une pression de 260 mm. la vapeur ne contient plus que 0,7% de phé- nol, bien que l’une des couches en contienne 48° et l’autre encore 67%. Quant à la proportion d’acétone, on voit qu'elle est plus grande dans la vapeur que dans les deux couches. À 260 mm. la couche Z, ne con- tient que 8,87, , la couche Z, 29 % d’acétone, mais la vapeur 71,2%. Si nous représentons le système des trois phases dans un triangle, nous obtenons évidemment trois courbes ; deux d’entr’elles donnent les compositions des couches liquides, la troisième les compositions des vapeurs. On obtient ainsi ce que j'ai appelé précédemment les deux courbes de liquides et la courbe des vapeurs du système des trois phases Zi -E7, +7. J'ai représenté ces courbes dans la fig. 8. Z,x et Z,aæ sont les deux courbes de liquides, Ÿ 8 est la courbe des vapeurs; la pression s’abaisse dans la direction des flèches, notamment de Z, et Z, vers x et de Ÿ vers GB. Le point / donne la composition de la vapeur qui peut être en équilibre avec les deux couches /, et Z, ; B est la vapeur qui est en 42 F. A. H. SCHREINEMAKERS. équilibre avec le liquide critique &. J'ai relié par une droite les points æ et B, et J'ai relié de même quelques autres vapeurs avec les deux couches avec lesquelles elles peuvent coexister. Dans mon travail théorique précédent ‘) j'ai déduit cette règle que: , La phase vapeur qui est en équilibre avec deux couches liquides à une .,. C} L / composition telle qu’elle est représentée par un point situé, par rapport à la droite qui joint les deux couches, du A / N : côté où la pression augmente le long de la courbe binodale.” On voit sur la fig. 8, et aussi d’après le tableau 33, que tel est réellement le cas. La tension de vapeur augmente notam- 7 jé à ment à partir du côté Z g. 8. PA du triangle, dans la direction du point de plissement; les vapeurs en équilibre avec deux couches sont donc situées, par rapport à la droite qui relie les deux couches, du même côté que le point de plissement. Pour ce qui regarde les considérations théoriques relatives au sys- tème des trois phases Z, + Z, + F, je renvoie à mon travail précédent ?). Dans ce même travail j'ai parlé des diverses courbes de distillation. Dans le cas qui nous occupe, quand on distille à 56,5° un système de deux couches, la composition de l’une des couches varie suivant la branche x L,, celle de l’autre suivant & Z,. Les courbes 42, et æ2, sont donc les courbes de distillation du résidu; la courbe de distillation de la vapeur est représentée par 8 F. Prenons p.ex. le liquide critique x et portons-le à 56,5°. Aussi longtemps que la pression est supérieure à 386 mm. 1l reste liquide. Ce n’est qu'au moment où la pression atteint 386 mm. qu’il commence à se former une vapeur avec la composition 5. Mais, quand on enlève à æ une vapeur B, le résidu pénètre dans le champ hétérogène; il se forme donc deux couches situées l’une sur la branche x/,, l’autre sur la branche x Z,. La vapeur qui est maintenant émise est donnée par un point de 8, dans le voisinage de 8. Pendant la distillation le résidu se déplace donc continuellement dans la direc- DACes Archives (2); ME0208-N1902; ?) Ibidem, p. 205. TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 43 tion du côté Z—P}; les deux couches qui se sont formées dans la cornue changent également de composition, l’une vers Z,, l’autre vers L,. La vapeur qui distille à chaque instant est représentée par un point de Ÿ$. Pendant la distillation la tension diminue graduellement à partir de 386 mm. Quand la pression s’est abaissée jusqu'à 324 mm., le tableau 33 permet de trouver la composition de la vapeur qui passe à ce moment, et quand la pression est devenue 260 mm. on trouve dans le tableau quelles sont à cet instant les compositions des deux couches et de la vapeur, et amsi de suite. Pour de plus amples détails je renvoie à mes considérations théoriques précédentes. IX. Lrs COURBES DE VAPORISATION à 50, 68 et 75°. Après ces développements détaillés sur les courbes de vaporisation et de condensation à 56,5°, il suffira de dire quelques mots des courbes relatives à 50, 6S et 75. Dans les tableaux suivants on trouve les compositions des liquides des courbes de vaporisation relatives à di- verses pressions. Ülles ont été déduites de la même manière que pour 56,5°. Tableau 34. Les courbes de vaporisation sous diverses pressions à 50°. Vo * Vo Ac V0 PA V0 E 1/ Ac 0, PA Pression = 100 mm. 48,1 8,9 43,0 99,8 0,8 0 917,6 10,9 91, 41,4 3,6 56,0 15,2 159 69,5 21,9 Gi 67,0 9,4 19,1 71,5 29,5 6,5 71,0 4,9 23,6 71,5 18,4 8,6 73,0 0 30,4 69,6 12,0 12,0 76,0 78 15.8 76,4 Pression — 160 ‘mm. 4,3 PONT 75,0 95,6 AE (9 0 27,4 72,6 82,4 7.2 10,4 64,3 Li S) 23,8 Pression — 120 mm. 52,4 15,2 32 4 98,0 2,0 0 39,6 18,4 42,0 68,1 5,9 26,0 22 1 22,3 55,6 44 ‘Jo E 97,4 74,3 55,2 43,4 31,7 17,9 10,9 F. A. H. SCHREINEMAKERS. 21e 25.5 29 4 35.6 Pression = 200 mm. 1,2 16 13,4 17,5 QT Ati 30,8 34,4 40,0 Pression = 260 mm. 12,4 15,0 20). 11 25,8 33,9 38,5 41,8 46,5 Pression — 300 mm. 16,4 28,0 ‘Jo Ac Pression — 300 mm. 2,6 6,9 10,2 12,6 14,8 SN 22,1 DOS) 35,0 Pression — 400 mm. 6,0 7,6 13,0 Vo PA 62,0 64,5 64,4 12,0 Vo E 37,5 21,3 9,6 Pression — 350 mm. Pression — 400 mm. Pression — 500 mm. 39,6 32,4 15,3 0 Tableau 35. Les courbes de vaporisation sous diverses pressions à 68°. vo PA UE 58,3 44,9 2,7 14,5 6,9 0 Pression — 500 mm. D Ze mt 43,1 46,4 51,0 92 0 30,1 41,9 49,0 52.6 56,8 28 4 31,6 45,6 54,9 59,3 62,6 60,4 65,6 74,7 17,2 Un le 16,9 20,9 25,9 99,5 33.6 41,5 10,4 14,6 19,4 24,8 32,4 36,8 40,0 47.6 Vo PA 24,8 34,2 48,4 56,0 59,5 58,5 VA E 87,2 81,9 69,8 56,3 35,2 19,9 9,0 “lo Ë 15,8 TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. DE Pression — 550 mm. 12,8 al 20,2 2) 35,4 40,3 44,0 50,4 Pression — 600 mm. 107 1555 21,4 217,9) DID 43, DAC Pression —= 250 mm. 0 8,7 12,6 le 28.2 Pression — 280 mm. 0 1,8 3,2 19S) 6,4 10,1 14,7 20,7 29,8 Pression — 294 mm. 0,4 0 PA 0,4 5,0 12,2 24,4 35,0 Vo E 9,8 0 78,0 64,9 42.0 94,7 11,2 0 72,4 66,8 414,6 26,5 12,1 0 Tableau 36. Les courbes de vaporisation sous diverses pressions à 75°. DE P} 84,2 82.8 81,2 77,4 71.8 76,8 78.0 79,2 79,8 79,9 80,0 78,0 ‘Jo E 10.8 DAC 474 53,6 Pression — 22,0 30,3 42,4 49,9 54,6 60,2 Pression — 27,6 912 45,0 53,9 58,7 65.2 700 mm. 160 mm. 0, 4e 500 mm. Vo PA 78,4 76,8 74,0 69,4 AG F. A. H. SCHREINEMAKERS. V/o E Vo Ac Vo PA V0 E Vo Ac Vo PA Pression — 600 mm. Pression = 760 mm. 91,6 8,4 0 85,5 14,5 (9) 10,6 14,0 10,0 83,6 15,4 1,0 63,5 18,5 18,0 12,8 A? 6,0 50,1 23,3 26,6 59,2 27,6 19 29,5 PONT 40,8 31,0 31,4 25,6 16,6 33,6 49,8 21,1 42,9 36,0 1,7 31,9 54,8 9,7 46,8 43, (0) 46,2 53,8 0 + 53,6 + 46,4 Pression — 700 mm. 88.0 12.0 0 Pression = 800 mm. 81,2 15,0 3,8 83,6. 16,4 0 69,9 20,3 9,8 14,4 21,6 4,0 55,7 25.0) 18,4 61,0 28,4 10,6 34,6 34,8 30,6 39,1 39,4 DHPE 19,6 39,6 40,8 2252 {DA OS PA) 8,8 43,0 48,2 102 49,4 40,4 0 51,0 49,0 (0) 55,6 44,4 À l’aide du tableau 34 on peut dessiner les courbes de vaporisation relatives à diverses pressions et à 50°. On trouve les compositions des solutions de la courbe binodale dans un travail précédent ). On obtient ainsi une figure qui ressemble à la fig. 7. Par abaissement de température le champ homogène s'étend, les deux points Z, et Z,» s'écartent l’un de l’autre, et la nouvelle courbe binodale est toute en- tière extérieure à celle de la fig. 7. Les situations des courbes de vapo- risation sont évidemment modifiées, mais leur allure reste semblable à celle de la fig. 7. Puisque la température est inférieure à 56,5”, les tensions de vapeur des composantes pures sont plus basses que dans le cas de la fig. 7; c’est ainsi qu'on a maintenant 4c — 605 mm., /— 92 mm. et PX évidemment plus petit que 10 mm. On peut également trouver les compositions des solutions conjuguées. Quand on dessine p- ex. à l’aide du tableau 34 les diverses courbes de vaporisation, on voit de nouveau que quelques-unes d’entr'elles présentent une portion recti- ligne, et l’on n’a qu’à déterminer les intersections de ces droites avec la courbe binodale. Dans la fig. 7, donc à 56,5°, la solution critique æ a une tension de vapeur de 386 mm.; à 50° la courbe de vaporisation de 350 mm. a déjà quitté depuis longtemps le champ hétérogène, mais *) Ces Archives, (2), 4, 281, 1901. TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 47 celle qui correspond à 300 mm. y pénètre encore pour une petite partie. La tension de vapeur du liquide critique est à peu près 305 mm , donc plus basse qu'à 56,5°. Quand nous élevons la température au-dessus de 56,5°, les deux points Z, et L,n de la fig. 7 se rapprochent l’un de l’autre et coïncident à 68°, la température critique du système binaire eau-phénol. A cette température la courbe binodale touche le côté Z—P} en un seul point, et l’on doit se la représenter toute entière à l’intérieur de la courbe binodale de la fig. 7. On peut la dessiner à l’aide des déterminations précédentes (1. c.); l'allure des courbes de vaporisation se déduit du tableau 35. La courbe binodale présente maintenant deux points de plissement , l’un sur le côté Z—P4, l’autre à l’intérieur du triangle. La courbe de vaporisation relative à 500 mm. de pression est encore en partie intérieure à la courbe binodale, mais celle de 600-mm. est tout entière à l'extérieur de cette dernière : celle qui appartient à 560 mm. est tellement voisine de la courbe binodale qu’elle la touche ou la coupe en deux points très rapprochés l’un de l’autre. La tension de vapeur du hquide critique est donc + 550 mm., c’està dire plus élevée qu'à 56,5° et à 50°. Mais il se présente à cette température un nouveau liquide critique, notamment au point où la courbe binodale touche le côté Æ—P} du iangle. Ce liquide appartient au système binaire eau-phénol; mes déterminations antérieures relatives à ce système per- mettent de trouver une valeur approchée pour la tension de vapeur de cette solution , savoir 220 mm. Si l’on continue à élever la température, la courbe binodale prend une position comme celle indiquée fig. 9 ; les deux points de plissement représentent maintenant des liquides ternaires. Le tableau 37 permet de dessiner la courbe binodale; ce tableau est déduit de déterminations antérieures. |) Tableau 37. Compositions des liquides de la courbe binodale à 75°. DRE ON SU DS TN 85 STI SIG ONCE TN 54535, 145,6 2953 DA 10 | 3800 (72 1120 140 209 | 253.294 19,7 DA H0 NN dS 0 105 0 DO 100 T0 20 SU WMA N 3100376 404 112 53,6 DEEE T0 6000 05600 38 1.22 OPA 510 55,0 55,5 540 52,0 440. 1) Ces Archives, (2), 4, 276, 1901. AS F. A. H. SCHREINEMAKERS. On voit d’après ce tableau que le point de plissement B ne s'écarte pas encore beaucoup du côté #—P}; pour rendre la fig. 9 plus claire, j'ai cependant éloigné la courbe binodale du côté #—P} un peu plus que ne l’exigerait le tableau 37. J'ai dessiné en outre quelques courbes de vaporisation à l’aide du tableau 36; la courbe relative à 800 mm. a été obtenue par extrapolation. A 56,5° la tension de vapeur de l’acétone pure est 760 mm. ; à 75° elle sera donc très élevée et n’a pas été indiquée sur la fig. La tension de vapeur de l’eau pure est de 289 mm. à cette tempé- rature et celle du phénol 12 mm. S1 l’on opère donc à la pression atmosphérique on ne peut réa- liser qu’une partie des mélanges Se ternaires à 75°, notamment les / © / Fi A II 7 mélanges situés du même côté 4e que le côté Z—P} du triangle 47 TE 714 He 9; par rapport à la courbe 760 mm. S1 l’on prend donc un liquide situé de l’autre côté de la courbe 760, 1l se séparera en une vapeur (de la courbe de condensation) et un liquide (de la courbe de vaporisation 160), ou bien il passera entièrement à l’état de vapeur. Comme on le voit à la fig. 9, la courbe binodale est toute entière dans le champ liquide de 760 mm. Il est donc possible de réaliser sous pression atmosphérique tous les systèmes de couches; aucun de ces systèmes ne coexiste avec une vapeur; mais un tel système s'obtient par abaissement de pression ; la figure permet encore une fois de déterminer les compositions des deux couches qui sont en équilibre entr’elles et avec une vapeur, ainsi que les tensions de vapeur qui y correspondent. La courbe 294 touche le côté Z—P} en un point #7 qui indique une teneur en phénol de 7,2 %. Sous cette pression le champ liquide est donc divisé en deux parties qui se fusionnent en Z. Sous cette pression 1l n’y à pas seulement toute une série de solutions ternaires qui peuvent être en équilibre avec une vapeur, mais encore trois solu- tions binaires, savoir 1. une solution qui ne contient que de l’eau et de l’acétone et est représentée par le point où la courbe 294 se termine sur le côté — Ac, ?. une autre qui ne contient que du phénol et de Ti end tit lt tint MENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 49 _ l’acétone et qui est indiquée par le point où s’arrête la courbe 294 sur levcoté Pz le point ZZ. Cette dernière présente encore ceci de particulier, que la Ae, et 3. une solution aqueuse de phénol, représentée par vapeur, avec laquelle elle peut être en équilibre, a la même composi- tion que le liquide. À des pressions plus basses encore, p. ex. à 280 et 250 mm., nous obtenons des courbes comme celles représentées sur la fig. et qui se rapprochent de plus en plus du point P#4, à mesure que la pression devient plus petite. On voit sur la figure que la tension de vapeur du liquide critique x doit être comprise entre 600 et 760 mm.; d’après une autre figure elle est de + 655 mm.: j'ai trouvé également + 310 mm. comme valeur approchée de la tension de vapeur du liquide critique G. Si l’on se déplace donc de B vers + en suivant la courbe binodale, la tension de vapeur augmente de 310 à 685 mm. Ces deux pressions sont les limites entre lesquelles deux couches liquides peuvent coexister avec une vapeur. Nous distinguons donc trois cas: 1. La pression est inférieure à 510 mm. La courbe binodale est extérieure au champ liquide ; il est impossible d’avoir deux couches en équilibre entr’elles. Si l’on mélange les trois composantes dans des proportions telles que le complexe homogène serait situé à l’intérieur de la courbe binodale, 1l ne se formera pour- tant pas deux couches, mais on obtiendra une couche en contact avec une vapeur ou même une vapeur seule. 2. La pression est supérieure à 685 mm. La courbe binodale est toute entière à l’intérieur du champ liquide. Tous les systèmes de deux couches de la courbe binodale sont donc réalisables. Si l’on mélange les trois composantes dans de telles propor- tions que le complexe homogène serait situé à l’intérieur de la courbe binodale, 1l se formera deux couches; mais jamais ces couches ne coexisteront avec une vapeur. 3. La pression est comprise entre 310 mm. et 685 mm. Une partie seulement de la courbe binodale est située dans le champ liquide. Il est donc possible de réaliser un système de deux couches en contact avec une vapeur. À chaque pression ces deux couches ont une composition déterminée, de même que la vapeur. Quant aux systèmes de deux couches Z, +Z, ils ne sont réalisables que sur la partie de la courbe binodale qui est intérieure au champ liquide. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE Il, TOME VIII. 4 50 F. A. H. SCHREINEMAKERS. On voit donc que l’on peut considérer les tensions de vapeur des deux liquides critiques comme des pressions limites, puisque le système de trois phases Z, Æ Z, + W n’est réalisable qu'entre ces limites de pression. _X. LA COURBE DES POINTS DE PLISSEMENT. Dans la fig. 9 nous avons deux points de plissement «x et 8; à 75° la tension de vapeur d’un des liquides critiques est 685 mm., et celle de l’autre est 310 mm. : Si l’on change la température les deux points + et 8 se déplacent ; on peut donc considérer la composition et la tension de vapeur de Pun et de l’autre liquide critique comme une fonction de la température. Par variation de la température les deux points + et B de la fig. 9 dé- crivent une courbe: la courbe des points de plissement ou la courbe des liquides critiques. (Je donnerai d’autres détails sur cette courbe dans la suite aux considérations théoriques précédentes : ,,Tensions de vapeur de mélanges ternaires”). À mesure que la température s'élève les deux points de plissement + et & se rapprochent l’un de l’autre et coïncident à + 92° en un ,,point de plissement double.” S1 nous donnons aux liquides æ& et & le nom de liquide critique du premier ordre, nous pourrons donner le nom de liquide critique du second ordre à un liquide que l’on obtient au moment où deux liquides du premier ordre devien- nent identiques. | La fig. 10 représente la tension de vapeur des liquides critiques de premier ordre comme fonction de ME 22° Ti - Fig. 10. la température; les compositions des liquides et de la vapeur wont LLN LL / LS LL pas été représentées. Nous avons vu précédemment comment on peut trouver approximativement les tensions de vapeur des liquides critiques; le tableau suivant contient ces tensions. TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. Fil Tableau 38. Tensions de vapeur des liquides critiques. Temp. 500 56,50 680 76° Pression 305 mm. 386 mm. 550 mm. 685 mm. 7 — — 220 310 La courbe des tensions de la fig. 10 se compose de deux parties; l’une, qui va de B vers des températures plus élevées, commence à 68° et finit en 7; à + 92°. Cette branche donne les tensions de vapeur des liquides critiques qui correspondent à 8 de la fig. 9. Ce liquide critique n'apparaît en effet qu'à 68°; au-dessous de cette température il n'existe plus. L'autre branche + #7, M, donne les tensions des liquides critiques que nous avons nommés & (fig. 9) et qui existent encore au-dessous de DORE). Les deux branches passent l’une dans l’autre en Z;, de sorte que 47, correspond à un maximum de température; 47, donne le maximum des pressions. On pourrait croire que 7, est le liquide critique du second ordre: 1l n’en est pas ainsi pourtant comme 1l résulte de considérations théoriques. J’y reviendrai dans un prochain travail théorique. XI. LA REPRÉSENTATION DANS L'ESPACE. Nous n'avons considéré jusqu'ici que la représentation dans un plan; cependant, on voit immédiatement qu'il n’est pas possible de rendre de cette manière la relation entre toutes les variables. Supposons que la composition d’un mélange ternaire soit donnée par les variables + et y; la tension de vapeur est donc une fonction de x et y. Comme la tension de vapeur (2) dépend aussi de la température, on à P= Fr (&, De ce qui est une relation entre quatre variables. S1 nous maimtenons la température constante, nous pouvons écrire: ? — f (x,7), c’est à dire qu'alors la tension de vapeur ne dépend plus que de la composition. Prenons une température de 56,5° et considérons la fig. 7. Perpendicu- lairement au plan du triangle nous élèverons des droites auxquelles nous donnerons comme longueurs les tensions de vapeur des liquides corres- pondants, en prenant par exemple 1 mm. pour chaque mm. de mercure. A 59 #. A. H. SCHREINEMAKERS. ‘ Aux trois sommets #, Ac et P4 nous élevons donc des perpendicu- laires, longues respectivement de 125, 760 et 10 mm. En chaque point de la courbe de vaporisation nous élevons une perpendiculaire longue de 650 mm.; et nous opérons de la même manière pour tous les points du triangle. Nous obtenons de cette façon une surface , à laquelle nous pourrons donner le nom de surface de tension. Cette surface de tension est séparée en deux parties par une courbe dans l’espace, que l’on obtient en élevant en chaque point de la courbe binodale une perpendi- culaire, avec une longueur égale à la tension de vapeur du liquide correspondant. À cette courbe dans l’espace je donnerai également le nom de courbe binodale. La surface de tension est séparée en deux parties par la courbe binodale, et l’on voit aisément que la portion intérieure à la courbe binodale doit être constituée par une surface réglée dont toutes les génératrices sont horizontales. Imaginons que cette surface ait été construite au-dessus de la fig. 7. Menons un plan hori- zontal à la hauteur de 500 mm. ; 1l coupe la surface de tension suivant une courbe horizontale. Cette courbe d’intersection donne évidemment tous les liquides dont la tension de vapeur est 500 mm. ; la courbe 500 doit donc être la projection de cette courbe d’intersection. Si l’on mène un plan horizontal à la hauteur de 300 mm., son intersection avec la surface de tension est une courbe dont la projection est représentée par ace 0, (fig. 7), et cette section passe par les deux parties de la sur- face. La courbe d’intersection extérieure à la courbe binodale a comme projections a,c, et & b,: la portion intérieure à la courbe binodale, c. à d. la surface réglée, est coupée suivant la génératrice qui se projette EN EC On pourrait aussi représenter les tensions des diverses vapeurs, et l’on obtiendrait ainsi une surface que Je nommerai surface de pression des vapeurs pour la distinguer de la précédente. Ces deux surfaces ne coïncident évidemment pas. Si on mène un plan horizontal à une hau- teur de 300 mm., on obtient deux courbes d’intersection, l’une avec la surface de tension de vapeur des liquides, l’autre avec la surface de pression des vapeurs. Les projections de ces deux courbes d'intersection doivent avoir l'allure représentée fig. 6. La projection de la courbe d’intersection avec la surface de tension des liquides constitue la courbe de vaporisation à,€,c, b,, la projection de la courbe d’intersection avec la surface de pression des vapeurs est la courbe de condensation a cb. En général les deux surfaces sont donc entièrement séparées. Si l’on TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAILRES: De) veut se former une idée de la forme de la surface de tension des vapeurs, on ne doit pas oublier qu'il y à une discontinuité au point c où les deux branches «ec et bc passent l’une dans l’autre. Bien qu’en général les deux surfaces soient totalement séparées, elles peuvent cependant présenter quelques points communs. Ces points communs se présentent là où un liquide est en équilibre avec une vapeur de même composition, puisqu alors la tension de vapeur du liquide est la même que la pression de la vapeur de même composition. Sur la fig. 7 cela est le cas en quatre points, notamment aux trois sommets du triangle et au point #7. Considérons p. ex. le point 4e. Quand le liquide se compose d’acétone pure, il en est évidemment de même de la vapeur; les deux surfaces doivent donc avoir un point commun qui se projette en Ac. Le même raisonnement s'applique aux points Z et P4. Le liquide binaire A7 peut être en équilibre avec une vapeur de même composition; en ce point la tension de vapeur est un maximum. Les deux surfaces se touchent donc en un point situé à une hauteur de 127 min. au-dessus du point 7. Les deux surfaces n’ont pas d'autres points communs en dehors des quatre dont 1l vient d’être question. [ est évident que les deux surfaces se déplacent par variation de température. Par élévation de température toutes deux se déplacent vers le haut en même temps que la forme varie; comme on le reconnaît à la fig. 9, la forme de la surface de tension des liquides est autre à 75° qu'à 56,9. À 75° notamment, la surface réglée ne s'étend plus jusqu’au plan limite £—P}, comme c’est encore le cas à 56,5°. XII. LEs COURBES DE VAPORISATION ET DE CONDENSATION SOUS UNE PRESSION DE 380 MM. En considérant tantôt les courbes de vaporisation dans le triangle, jai maintenu constante la température et laissé varier la pression. Je vais maintenant supposer que la pression reste constante. Je commence par prendre une pression de 380 mm., puisque cette pression nous donne une bonne idée des phénomènes. Demandons-nous: quels sont les liquides binaires et ternaires qui D4 F. A. H. SCHREINEMAKERS. bouillent sous cette pression à 50°, ou, en d’autres termes, quels liquides sont en équilibre avec une vapeur dans ces circonstances ? Pour résoudre cette question, nous revenons à la fig. 5, qui se rapporte à 3S0 mm. de pression. Imaginons dans cette figure une droite horizon- tale qui corresponde à 50°; cette droite coupe quelques-unes des courbes, notamment les courbes 31,82, 50,17, 67,05, 82,94 et 100. Les points d’intersection déterminent les Hiquides dont la tension de vapeur à 50° est 380 mm. De plus, dans le système binaire eau-phénol il y a encore un liquide qui a à 50° une tension de vapeur de 380 mm. Si l’on cal- cule les compositions de ces Hquides de la manière indiquée plus haut, nous trouvons le tableau suivant : Tableau 39. Liquides qui ont à 50° une tension de vapeur de 380 mm. 0, E 73,2 66,6 43,6 24,0 11,6 0 0, Ac 26,8 31,0 44,0 53,8 56,2 60,2 07, PA 0 2,1 12,1 21,7 32,2 39,8 Sur la fig. 11, la courbe de vaporisation à 50° est représentée par la courbe à côté de laquelle est marqué 50°. A cette courbe appartient évidemment une courbe de condensation, plus rapprochée que la première du sommet Ac du triangle. Je n'ai toutefois pas représenté la courbe de condensation. On voit aisément, d'après les considérations précédentes, que l’on à de nouveau trois champs à distinguer, savoir 1. le champ vapeur, entre la courbe de condensation et le sommet 4e, 2. le champ hétérogène, entre les courbes de vaporisation et de condensation, et 3. le champ liquide, constitué par cette partie du triangle qui s'étend du côté de la courbe de vaporisation où est situé Le côté #—P. J'ai déduit les courbes de vaporisation sous 380 mm. pour quelques autres températures encore. Toutes s’obtiennent au moyen de la fig. 5, de la même manière dont nous venons de le faire pour 50°. On trouve les déterminations dans le tableau suivant : JENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES, 55 Tableau 40. Les courbes de vaporisation à diverses températures sous une pression de 380 mm. 0, E AC C7 VAE 0, 4e 0, PA Temp. — 44°. 6,7 32,3 61,0 49,0 51.0 0 0 40,2 59.8 Sul 63,1 5.8 Pa ON D 708 14,6 se he 15. : 0 72.4 27,6 Ve #85,5 4,0 10,5 Menmp. — 502 69,9 6,1 24,0 73,2 26.8 0 19.8 92 41,0 66,7 31.0 2,4 38.8 11,2 50,0 43.6 44,0 12,4 #33 0 12,0 55.0 240 53,8 21,7 28,1 13,1 58,8 11,6 56,2 32.9 16,3 16,5 67,2 0 60,2 | 39,8 10,3 20,9 68.8 : 5,9 26,3 68,2 den = 60 0 35,0 65,0 85,0 15,0 0 83,7 nn: 0,8 Temp. — 81,40. 73.0 21.2 5,8 99.8 0,2 0 #59,3 HT 13,0 92,3 0 Tu #37.0 37,0 26.0 254 1.8 72.8 20,9 49,5 36.6 20.6 3.8 75.6 94 454 45,2 18,3 53 76,4 0 51.0 49,0 15,5 T3 77.2 11,4 11,6 77,0 L'eun = FX 7.8 15,8 764 Le on 0 1.5 21,9 73,6 86,0 7.5 6,5 à ns ne #83,9 8,5 7,6 69,1 12,7 18,2 Temp. = 86,00. 55.8 16,2 28.0 19,6 0 80,4 12,8 20,0 37,2 8.8 9,0 82.2 #26.0 248 49.2 6,5 18.1 ._ 804 24,3 24,5 51,2 4.0 19.9 76,8 13,7 DORE 0 28,5 71,5 Les courbes de vaporisation à ces températures sont représentées fig. 11. Dans un travail théorique antérieur ‘) jai déduit que Par élévation de température les courbes de vaporisation se 1) Ces Archives , (2), 7, 123, 1902. 26 F. A. H. SCHREINEMAKERS. déplacent dans un sens tel que le champ vapeur devient plus grand et le champ hquide plus petit.” à On reconnait sur la figure que tel est bien le cas, du moins pour les courbes de vaporisation qui seules ont été représentées. Si l’on remarque p. ex. que le champ liquide pour 44° est situé du même côté de la courbe de vaporisation à 44° que le côté Æ—P} du triangle, on voit que le champ liquide se resserre par élévation de température. S1 l’on détermine la courbe de vaporisation à 56,5°, on trouve qu elle coupe la courbe binodale pour cette tempé- rature en deux points, qui “eprésentent des liquides dont la composition est in- diquée par un astérisque dans Île tableau 40 (sous 56,5"). Dans la fig? ces deux liquides ont été repré- sentés par a, et D, ; ces deux liquides coexistent donc, à 56,5° et sous 380 mm. de pression , non seulement entr'eux mais encore avec une vapeur. La courbe de vaporisation de 68° aussi coupe la courbe binodale relative à cette température. Dans la fig. 11 les deux points d'intersection sont représentés par a, et b,. Les compositions de ces liquides sont imdi- quées par un astérisque (sous 68°) dans le tableau 40. Entre ces deux solutions on en trouve encore trois autres ; elles sont situées sur la droite &» 0. C’est d’ailleurs à l’aide de ces trois liquides que J'ai déterminé les compositions de «&, et b,, en menant notamment une droite par les trois points représentatifs et en déterminant les points d'intersection avec la courbe binodale à 68°. On trouve aussi que la courbe de vaporisation à 75° coupe la courbe binodale de cette température aux deux points a, et b,, dont les compo- sitions sont de nouveau affectées d’un astérisque dans le tableau 40 (sous 75°). Elles sont de nouveau déduites à l’aide des trois détermina- tions situées sur la droite &, D. La courbe de vaporisation à 81,4° ne coupe plus la courbe binodale relative à cette température. À cette température et sous la pression de TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNATRES. Dit 380 mm., 1l est donc impossible d'obtenir deux couches liquides en équilibre avec une vapeur. Cette courbe de vaporisation présente toute- fois ceci de particulier qu’elle touche le côté Z—P} du triangle au point #. Ce point correspond à un minimum de température dans le système binaire eau-phénol. Si l’on détermine notamment les points d'ébullition sous 380 mm. de tous les mélanges binaires formés d’eau et de phénol, on trouve un liquide # dont le pomt d’ébullition est minimum, savoir 8i,4°. Le point d'ébullition de l’eau pure est 81°,7. Je n'ai pas déterminé celui du phénol pur, mais comme le point d’ébulli- tion du phenol pur sous 12 mm. de pression est déjà d'environ 76°, sous une pression de 380 mm. 1l sera certainement supérieur à 100°. A cette température le champ liquide se compose de deux parties qui se tiennent encore au point #7. Par élévation de température ces deux parties se séparent, et l’une d’elles disparaît déjà à 81,7° au point 7, pendant que l’autre devient de plus en petite parce que la courbe de vaporisation se rapproche de plus en plus du sommet ?4, ainsi qu'on le reconnaît à la courbe de vaporisation de 86°. Si l’on élève la tempé- rature jusqu'au point d'ébullition du phénol sous 380 mm., la deuxième portion du champ liquide disparaît à son tour, et tous les mélanges possibles n'existent plus qu'à l’état de vapeur; le champ vapeur couvre alors tout le triangle. Si l’on abaisse la température, le champ liquide apparaît d’abord en P} et va en s'étendant; à 81,7° un deuxième champ hquide apparaît en P, et à S1°,4 ces deux champs se fusionnent en 7; à des températures plus basses encore le champ liquide se rapproche du sommet 6, et à 37,4 le champ liquide recouvre le triangle tout entier. Au-dessous de cette température les mélanges n'existent donc plus qu’à l’état liquide; une vapeur seule ou une vapeur en équilibre avec un hquide est désor- mais impossible. XIII. LE sysTÈME DE TROIS PHASES /, + Z,, + V SOUS LA PRESSION CONSTANTE DE 380 MM. Dans le chapitre VIIT J'ai considéré le système de trois phases Z, + L, + V à la température constante de 56,5°. Nous allons à présent l'examiner sous pression constante, savoir 380 mm. Ce système doit 58 F. A. H. SCHREINEMAKERS. évidemment être donné de nouveau par trois courbes, deux courbes de liquides et une courbe des vapeurs. Dans la fig. 11 jai bien dessiné les deux courbes de liquides, mais non la courbe des vapeurs. Aïnsi que nous venons de le voir, les deux points a, et #, donnent les composi- tions des deux solutions conjuguées qui coexistent avec une vapeur à 56,5°. Les points à, et b, représentent donc deux liquides du système _L,+4L,+V. On voit de même que 4, et 4, sont deux liquides de ce système à 68° et que les points 4, et à, sont deux liquides à 75°. L'une des courbes de liquides du système de trois phases Z, + Z, + F sous la pression de 380 mm. devra donc passer par les points &,, a, et &,, l’autre par les points à,, 4, et à. Nous avons trouvé tantôt que la courbe de vaporisation à 509 est tonte entière extérieure à la courbe binodale de cette température, de sorte qu’il est impossible d'obtenir à cette température deux couches en équilibre entrelles et avec une vapeur. Le système de trois phases n'existe donc plus à cette température, et doit disparaître par con- séquent, entre 56,5° et 50°, par le fait que deux couches deviennent identiques. La composition de cette couche critique est représentée par æ. D’un autre côté le système des trois phases doit se termimer aussi par élévation de température, soit dans une couche critique, soit sur le côté H— PA quand les deux couches, ainsi que la vapeur, ne contiennent plus que de Peau et du phénol. Cette dernière éventualité est pourtant impossible sous 380 mm. de pression puisque, dans le système binaire eau-phénol, la plus haute pression du système de trois phases Z, + Z, — W n’est que de 220 mm., notamment à 68°, quand les deux couches deviennent identiques. Le système de trois phases binaires ne peut donc pas exister sous 380 mm. de pression, puisque sous cette pression toute la vapeur disparaït et qu'il ne subsiste plus que le système de deux phases Z, + L,. c Le système de trois phases ternaires Z, + Z, V ne se termine donc 1 pas sur le côté Z PA, mais en un point intérieur au triangle et repré- senté par 8. On voit que ce liquide critique B correspond à une tem- pérature supérieure à 75° et inférieure à 81,4°. Le système de trois phases ternaires Z, + Z, + F existe donc, sous la pression de 380 mm., entre deux températures bien déterminées, notamment entre les deux températures critiques des deux liquides eri- tiques æ et B. Posons pour fixer les idées 4 — 56° et 8 — 80°; ce sont là en effet approximativement les deux températures critiques. Cela n’est TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 59 toutefois vrai qu'aussi longtemps que la pression est de 380 mm.; car, si l’on modifie la pression, les deux points z et & se déplacent et les deux températures critiques changent également. J'y reviendrai encore. On peut d’ailleurs se faire une idée plus nette encore des phénomènes en représentant aussi les systèmes de trois phases ternaires Z, + Z,+V à température constante, ce que j'ai fait précédemment pour les tempé- ratures de 50, 56,5, 68 et 75°. Considérons la fig. 12. La courbe indiquée par 50° donne les com- positions des liquides du système des trois phases Z, + Z, -L F à 50°. Ainsi que nous l’avons vu plus haut, cette courbe se compose Er de deux branches: les deux courbes de liquides. Chacune de ces courbes se termine en un point du côté Æ#—P} et elles se raccordent au point À, qui représente le liquide critique. À chaque solution de l’une des courbes de liquides il en corres- pond une autre, sur l’autre courbe de iquides, avec laquelle Fig. 12. elle peut être en équilibre, et ces deux solutions conjuguées sont en outre en équilibre avec une vapeur. Nous avons vu que la pression augmente, le long des deux courbes de liquides, à partir de X, dans la direction du côté Z—P}. En Æ, la pression n’est encore que de 305 mm., de sorte qu'il n'existe, sur les courbes de liquides, aucun point qui corresponde à 330 mm. de pression. À 50° l'équilibre dans le système Z, + Z, + V n’existe donc pas sous 380 mm. Elevons maintenant la température jusqu'à 56°; nous obtenons alors la courbe représentée par 56° sur la figure. On doit se figurer le hiquide critique au point æ où cette courbe coupe la courbe À, 47K,. Ce liquide critique à une tension de vapeur de 3S0 mm. ; les autres liquides de la courbe auront donc des tensions de vapeur plus petites, puisque cette tension dimmue le long des deux courbes de liquides à partir du liquide critique. À 56° le système des trois phases Z, + Z, L F existe donc sous une pression de 380 mm., mais dans ces conditions les couches L, et L, sont encore identiques. Elevons la température jusqu’à 68°; 60 F. A. H SCHREINEMAKERS. les deux courbes de liquides du système des trois phases sont données par la courbe 68°; cette courbe touche le côté Z—P} au point Æ,, qui représente un liquide critique avec une tension de vapeur de 220 mm. Le deuxième liquide critique, dont la tension de vapeur est 550 mm., est donné par l'intersection de la courbe 68° avec la courbe K,MK,. Entre ces deux pressions critiques 1l existe donc une pression de 380 mm., c. à d. qu'à 68° 1l y a un état d'équilibre Z, +Z, Æ Y avec une tension de vapeur de 380 mm. Les deux couches liquides correspon- dantes sont représentées par « et à sur la figure. On trouve de la même manière qu'il doit y avoir, sur les deux courbes de liquides du système de trois phases à 75°, deux points qui correspondent à une tension de vapeur de 380 mm.; les deux pressions critiques sont notamment 685 et 310 mm. À cette température aussi 1l y a donc un état d'équilibre L, Æ.L, + V avec une tension de vapeur de 380"mm: A 80° on obtient les deux courbes de liquides indiquées par 80° sur la figure; les liquides critiques sont de nouveau déterminés parles points d’intersections avec la courbe A14/ K,. La tension de vapeur de l’un de ces liquides critiques, savoir B, est 380 mm.; celle de l’autre hiquide critique est plus élevée. À S0° on à donc encore un état d'équilibre 11 + Z,+V avec une tension de vapeur de 380 mm., mais les deux couches sont identiques comme à 56°. À des températures plus hautes encore on obtient des courbes comme 85°, pour lesquelles les tensions de vapeur de tous les systèmes de trois phases Z4 + Z, + sont plus élevées que 3S0 mm.: au-dessus de 80° 1l n'existe donc plus d’équili- bre L, +2, + V sous une pression de 3S0 mm. Menons à présent une courbe par tous les points représentatifs des liquides du système des trois phases /,+-Z,+Y, sous une pression de 380 mm.; nous obtenons ainsi la courbe & « B b, e. à d. les deux courbes de liquides du système des trois phases Z, + Z, + F sous pression constante. D’après ce qui précède, la courbe X GB Max K, est la courbedes liquides critiques ou la courbe dés points de plissement. Dans le cha- pitre X nous avons considéré la tension de vapeur du liquide critique comme fonction de la température. On voit sur la fig. 12 que la tem- pérature augmente à partir de À, dans la direction de 47 et à partir de X, également vers 47. La tension de vapeur s'élève dans les mêmes directions; toutefois, le maximum de tension de vapeur ne coïncide pas avec le maximum de température, comme Je l’ai déjà dit tantôt et comme nous le verrons plus tard par un examen théorique de la question. TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAÏRES. 61 Dans ce qui précède nous avons trouvé les courbes de liquides du système de trois phases Z1+Z,+ F sous 380 mm. de pression; si lon modifie la pression, on obtient d’autres courbes; paï augmentation de pression les deux points + et 8 se rapprochent notamment l’un de l’autre, tandis qu'ils s’écartent l’un de l’autre par abaissement de pression. Sous une pression de 220 mm. & coïncide avec À, et à des pressions plus basses encore ce liquide critique à disparu. La fig. 12 nous présente donc la relation entre trois états d'équilibre, SAVOIT : 1. Le système de trois phases Z, +Z,+ VW à tempéra'ure constante, ?. Le système de trois phases Z1+-Z,-+V sous pression constante, 3. Le système ZW, où Z est un liquide critique, donc: la courbe des hquides critiques sous sa propre tension de vapeur. X [V. LES COURBES DE VAPORISATION SOUS LA PRESSION DE 760 MM. De la même manière que nous avons déduit les courbes de vaporisa- tion sous la pression de 380 mm., nous pouvons trouver ces courbes sous la pression de 760 mm. On n'a qu'à dessiner à cet effet, au lieu de la fig. 5 qui se rapporte à 380 mm., une figure analogue relative à 760 mm., ce qui peut se faire à l’aide des tableaux 23 à 30. Dans le tableau suivant on trouve les courbes de vaporisation déduites de cette manière : Tableau 41. Me : Les courbes de vaporisation pour diverses températures sous une pression de 760 mm. Vo E Vo Ac Vo P7 Vo E Vo Ac Vo PA Temp. — 602. Temp. — 0689: 24,0 76,0 0 De se k 16,5 80,3 3,2 cos he 230 is _—. RS 44,6 45,0 10,4 & : 26,5 53,9 19,6 12,1 58,7 2952 Menmp—10620 | 0 652 348 11,2 58,8 | 32,1 65,1 2,8 | Tempo 15,2 13.8 11,0 85,5 14, 0 | 5 5 (0 77.8 29,9 | 83,6 15,4 1.0 62 F. A. H. SCHREINEMAKERS. %/0 E Vo 4e Vo PA Vo E Vo Ac V0 PA 72,8 21,2 6,0 14,8 30,0 55,2 59,2 27,6 13,2 7.3 35,1 57,6 37,0 37,4 25 6. 0 44,4 55,6 Di il 42,9 36,0 9,7 46,8 43,5 Temps 920 ( 55,6 46,4 97,2 2 8 0 73,8 6,4 19,8 Temp #01} 54.0 10,0 36,0 | 42,6 12,4 45,0 a . : : 30,8 14,4 548 SR 52,4 24,4 28,2 31,3 31,5 37,2 . a + ar 35,9 46,4 5,3 40,5 51,2 Temp—1000 0 48,8 51,2 98,8 1,2 0 + 54,9 4,7 40,4 Temp: — 851; 36.8 6.8 56.4 94,0 6,0 ( « 28,7 8,3 63,0 88,4 7,6 4,0 22,4 10,4 67,2 70,5 13,0 16,5 14,2 14,3 71,5. 58,2 16,8 25,0 9,5 19,3 ee 44,8 20,8 34,4 5,3 25,7 69,0 25,9 26,1 48,0 0 36,2 63,8 Ces courbes sont dessinées dans la fig. 13. À des températures inféri- eures à 56,5° le champ hquide recouvre le triangle tout entier; sous la pression d’une atmosphère tous les mélanges n'existent donc qu’à l’état liquide. Si l’on élève la température jusqu’à 56,5° il en est encore ainsi, mais l'acétone pure peut déjà exister à l’état de vapeur. À 60° le champ hquide est déjà devenu un peu ‘plus petit, comme on le voit sur la figure; seuls les mélanges situés dans la petite partie du triangle placée à la droite de la courbe 60° sont complètement gazeux, ou bien ils se séparent en vapeur et en liquide. Ainsi qu’on le reconnaît aux courbes de vaporisation de 62, 68, 75, 80, 85, 92 et 96°, l'élévation de température diminue continuellement le champ liquide et les courbes de vaporisation se rapprochent de plus en plus du côté Z—P} du triangle. Pour rendre la figure un peu plus claire, j'ai placé les points terminaux des courbes de 92° et 96° sur le côté Z-— 4c un peu plus loin du point Z que ne le veut le tableau 41. Si l’on augmente la température encore davantage on doit trouver une courbe de vaporisation qui touche le côté TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 63 E—P} en un point #. Sous une pression de 380 mm. cette courbe de vaporisation correspondait à 81,4°; sous la pression de 760 mm. je n'ai pas déterminé cette température. Elle doit toutefois être inférieure à 100”, ce. à d. le point d’ébullition de l’eau pure, puisque # est un minimum des points d'ébullition des mélanges binaires d’eau et de phénol. J’admettrai pour cette température la valeur de 99°. A cette température le champ liquide se compose de deux parties qui se fusionnent encore au point #. On voit qu'à 99° le champ liquide est déjà très petit, de sorte qu'il n'y à plus qu’un petit nombre de mélanges qui restent liquides à cette température, À des températures plus hautes encore le champ . liquide est séparé en deux portions, dont l’une dis- 60° 7 paraît déjà à 100° au e ] T N ( ; & : Ac= nr ne =. Pression =760 m.m. ne resserre encore par élé- Ï Fig. 13. vation de température ; la courbe de vaporisation se rapproche donc de plus en plus du sommet P}, en quel point la deuxième portion du champ liquide disparaît à la température d’ébullition du phénol pur, ce. à d. à +182°. Ainsi done, tandis qu'au dessous de 56,5° les trois composantes, ainsi que tous les mélanges binaires et ternaires n'existent qu'à l’état liquide, au-dessus de 182° tous n'existent qu’à l’état de vapeur. Sous la pression à laquelle la fig. 15 se rapporte, c. à d. sous 760 mm., peut aussi se présenter le système.de trois phases Z1 472,7. Si l’on dessine sur ia fig. 13 les deux courbes de liquides de ce système, on trouve qu'elles sont toutes deux comprises entre celles de la fig. 11, c. à d. relatives à une pression de 350 mm. Quelques-unes des courbes de vaporisation de la fig. 13 contiennent donc une petite portion rectiligne. Si l’on compare entr’elles les formes des diverses courbes de vapori- sation, on observe une transformation graduelle. La courbe de vapori- sation de 60° a une toute autre forme que celle de 99°; les courbes intermédiaires présentent toutes les formes de transition. Divers phéno- 64 | F. A. H. SCHREINEMAKERS. mènes, que Je considérerai dans là suite, dépendent de la forme et des changements de forme de ces courbes de vaporisation. XV, INFLUENCE DE SUBSTANCES ÉTRANGÈRES SUR LE POINT D'ÉBULLITION DE MÉLANGES BINAIRES. 51 l’on ajoute une troisième composante à un mélange binaire, le point d’ébullition peut être élevé ou abaissé. Prenons p. ex. des mélanges d’acétone et de phénol et ajoutons-y de l’eau. Ainsi que nous le verrons tantôt le point d'ébullition de certains mélanges sera élevé; 1l sera abaissé pour d’autres. La fig. 13 permet de voir comment ces élévations ou abaissements des points d’ébullition dépendent de la forme des courbes de vapo- risation. | Comme la fig. 13 se rapporte à une pression de 760 mm., nous supposerons que tous les points d’ébulhition soient déterminés sous cette pression. Prenons p. ex. de l’acétone pure et ajoutons-y de l’eau. Nous nous déplaçons donc sur le côté Ac—#, de Ac vers Z. Nous rencontrons ainsi successivement les points terminaux de courbes de vaporisation relatives à des températures de plus en plus élevées; le point d’ébulhtion s'élève donc, et notamment de 56,5 à 100°. Si l’on part de phénol pur et qu’on y ajoute de l’eau, on se meut de P% vers Z. Ainsi qu'on le reconnaît aux courbes de vaporisation, le point d’ébullition est d’abord abaissé de 182 à 99° (en #), après quoi 1l s'élève de nouveau jusqu’à 1000. | Prenons maintenant un mélange binaire, contenant du phénol et de l’acétone. Soient 75,3% la proportion d'acétone et 24,7% la propor- tion de phénol dans ce mélange. Dans la figure ce liquide est représenté par «; son point d’ébullition est 62,9”. Si nous ajoutons de l’eau à ce mélange binaire, le point qui représente le nouveau mélange se déplace le long de la droite aË de a vers Z. Ainsi qu'on le reconnaît à la fig. 13, où J'ai dessiné la droite af, cette droite coupe à partir de a successivement des courbes de vaporisation relatives à des températures de plus en plus élevées. Il suit de à que J'ENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 65 51 l’on ajoute de l’eau à un mélange binaire contenant 75,83 % d’acétone et 24,7 % de phénol le point d’ébullition s'élève”. J'ai pu constater par l'expérience qu’il en est réellement ainsi, en ajoutant de l’eau à un pareil mélange et en déterminant les points d’ébullition. Ces déterminations sont contenues dans le tableau suivant : Tableau 42. Points d’ébullition des liquides où le rapport acétone: phénol 5,3 ; 24,7. RO PDO 15 2100 00 098700 350 001192 "53,89 | 61,53 DG2 0GA 30 | 65,70 6700 6790 68,60 69,50 ‘© 7140 72,70 0/2 68,07 75,64 83,10 100 1 AL IO Le Mr ENT E OSSI TUE Sous 0% on trouve évidemment le point d’ébullition du mélange binaire; sous 100 % le point d’ébullition de l’eau pure, e. à d. 1002. On voit qu'en effet le point d’ébullition s’élève par l'addition d’eau. Si l’on porte sur la droite 47 les compositions des mélanges et leurs 7 OP . / c ) ) : points d'ébullition, on obtient un résultat qui est d'accord avec l'allure des courbes de vaporisation. 51 l’on prend un mélange binaire avec une plus forte proportion de / / \ / phénol, les phénomènes sont tout autres. Prenons p. ex. un mélange contenant 44,49 % d’acétone et 55,51 % de phénol, représenté par 4 sur la fig. 15. Par addition d’eau, le point qui représente le mélange se déplace le long de la droite 0}, notamment de à vers Z. Le liquide à a comme point d'ébulhition 84,8°. Si l’on va de 4 vers #, on voit d’après la figure que l’on coupe en deux points la courbe de vaporisa- tion de 80°. En sou de l’eau on commence donc par abaisser le point d’ébullition jusqu’à 80°, et il y a deux quantités d’eau telles que leur addition abaisse d'autant le point d’ébullition. Ces deux quantités sont évidemment données par les deux points d’intersection. Supposons que nous ayons dessiné entre les deux courbes de vaporisation 75° et 80° de la fig. 13 quelques autres courbes encore. Une d’entr’elles devra toucher la droite 4; c’est, comme nous le verrons tantôt, la courbe de vaporisation de 79,8°. Les courbes de vaporisation comprises entre 80° et 79,8° coupent donc la droite #0 en deux points; les courbes relatives à des températures plus basses ne la coupent plus. Déplaçons-nous maintenant le long de la droite 4# de b vers f/; nous ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE IL. TOME VIL. 5 66 PF. A. H. SCHREINEMAKERS. rencontrons d’abord des courbes de vaporisation comprises entre 84,8° et 79,8°, nous touchons cette dernière, puis nous coupons de nouveau des courbes de vaporisation relatives à des températures plus élevées, savoir de 79,8° à 100°. Nous obtenons donc que ;, En ajoutant de l’eau à un système binaire contenant 44,49 % d’acé- tone et 55,51 % de phénol, le point d’ébullition s'abaisse d’abord de 84,8 à 79,8° et s’élève ensuite Jusqu'à 100°”. La confirmation expérimentale en est fournie par le tableau 43. J'ai notamment ajouté de l’eau à un pareil mélange et J'ai déterminé le point d’ébullition après chaque nouvelle addition. Tableau 48. Points d'ébullition des liquides où le rapport acétone: phénol — 44,49 : 55,51. { F, (0) 3,0 1.8 D À D D Vi De 1,8 11,5 14,9 20,16 25,29 29,96 oi 7 84,80 M 8120008000 79 900 T9 SON SD OUPS UNE CE eu DEN ESC NES MOTENON TETS à ST AOC T 81,40 8170 83920 8460 86,80 89/40 TO00 Je dois faire remarquer que la pression n’était pas toujours 760 mm. mais variait de quelques mm. Si la proportion de phénol dans le mélange binaire est encore plus forte, b se rapproche de P4, et la droite 04 tend de plus en plus à coïncider avec le côté P4—#. Supposons que la droite #4 coïncide d’abord avec le côté #—4e du triangle. Déplaçcons maintenant à de Ac vers PA, de sorte que la droite Z4 passe de la position Z— 4c à la situation #—P}. | Pour de faibles proportions de phénol dans le mélange binaire l’addi- tion d’eau entraîne une élévation du point d’ébullition; pour de fortes proportions de phénol 1l y a abaissement du point d’ébullition qui atteint un minimum. À mesure que le point # se rapproche davantage du sommet P4, ce minimum de température s'élève et atteint finalement 99°, notamment quand #4 coïncide avec #—P4. Si l’on ajoute de l’eau au liquide &, le point d’ébullition s'élève; il s’abaisse au contraire si l’on ajoute de l’eau à 4. Il faut donc qu'il existe entre «& et à un liquide dont le point d’ébullition ne change pas quand on y ajoute de l’eau. Il n’en est toutefois ainsi que pour des quantités d’eau infiniment petites. \ (e Ce point est situé à peu près là où la courbe de vaporisation de 68° se TENSIONS DE VAPEUR DE MÉLANGES TERNAIRES. 67 termine sur le côté Ac—P4. Si l’on mène notamment une droite par ce point et le sommet #, cette droite touche la courbe de vaporisation de 68° en son point d'arrêt. Le liquide représenté par ce pomt contient environ 65,2 % d’acétone et 34,8 % de phénol. Si l’on ajoute un peu d’eau à ce liquide, on reste sur la courbe de vaporisation relative à 6$°, aussi longtemps du moins que la quantité d’eau ajoutée est très petite, et le point d’ébullition ne change pas. Considérons maintenant une droite allant de # vers un point du côté Ac—P}, situé dans le voisinage immédiat du point d'arrêt dont il vient d’être question, et notamment du côté où la proportion de phénol augmente. On concoit que cette droite doit être tangente à une des courbes de vaporisation, et que ce point de contact doit être très voisin du côté 4e—P}. Si l’on ajoute de l’eau à un pareil mélange binaire, le point d’ébullition commence par s’abaisser un peu pour s'élever ensuite. D’après ce qui précède, le mélange binaire avec 34,8 % de phénol et 65,2% d’acétone constitue une limite. Si l’on à notamment un mélange binaire avec moins de phénol, l'addition d’eau élève son point d’ébullition, mais, si le mélange contient plus de phénol que 348%, l'addition d’eau abaisse d’abord le point d’ébullition pour le relever ensuite. Tout ceci ne se rapporte toutefois qu'à 760 mm.; si l’on modi- fie la pression, les courbes de vaporisation changent de position et de forme, et la composition du liquide limite est également une autre, commé on le voit p. ex. à la fig. 11 qui se rapporte à une pression de 350 mm. | | Occupons-nous maintenant de l'influence de l’addition de phénol sur le point d’ébullition d’une solution aqueuse d’acétone. Dans la fig. 13 nous devons donc mener des droites par le sommet P#. Le côté P4—7 touche la courbe de vaporisation de 99° au point #. Par addition de phénol le point d’ébullition de l'eau doit donc s’abaisser d’abord jusqu’à 99°, après quoi il s'élève. Si l’on mène une droite par P4 et un point sur le côté #—4c pris dans le voisinage de }, cette droite touchera également une courbe de vaporisation; mais, à mesure que cette droite s’écarte du point 7, le point de contact se rapproche de plus en plus du côté Z—4c et finit par coïncider avec ce côté. S1 la droite en ques- tion s’écarte davantage du point #, elle ne sera plus tangente à une courbe de vaporisation, et l'addition de phénol n’entrainera plus qu'une S£ 5% 65 F. A. H. SCHREINEMAKERS. TENSIONS DE VAPEUR ETC. élévation du point d’ébullition. Je n'ai pas déterminé cette solution limite; 1l résulte cependant des déterminations existantes que la pro- portion d’acétone y doit être faible, plus petite même que 5%. Nous voyons donc que 91 l'on ajoute du phénol à une solution aqueuse d’acétone, le point d'ébullition s'élève quand la solution contient plus d’acétone qu’une certaine solution limite; mais, si la proportion d’acétone y est plus faible, le point d’ébullition est d’abord abaissé, atteint un minimum et est élevé ensuite.” Prenons maintenant des solutions aqueuses de phénol, donc des points sur le côté #—P}, et ajoutons-y de l’acétone. Nous devons donc con- sidérer des droites qui joignent des points du côté Z—P} au sommet Ac. Parmi ces droites il n’y en a aucune qui soit tangente à une courbe de vaporisation; on n’observera donc ni maximum n1 minimum de point d’ébullition. L’addition d’acétone entraînera donc toujours un abaisse- ment du point d’ébullition. Nous trouvons ainsi que 51 l’on ajoute de l’acétone à une solution aqueuse de phénol, le point d’ébullition est abaissé.” Leyde, Laboratoire de chimie inorganique de l’Université. SUR LES CONDITIONS D'EXISTENCE D'UN MINIMUM DE TEMPÉRATURE CRITIQUE CHEZ UN SYSTÈME TERNAIRE PAR J. D. VAN DER WAATS. Dans ma Théorie Moléculaire (Cont. IT, p. 20) j'ai déjà déduit pour un système binaire quelle est la condition de l’existence d’un minimum de température critique. En partant de la forme que J'ai admise pour l'équation d'état on trouve notamment: si l’on représente par 7°, la température à laquelle le maximum et le minimum de l’isotherme coïncident; en discutant les conditions de coexistence J'ai fait voir que les phénomènes critiques d’un système binaire sont différents, 1l est vrai, de ceux présentés par une substance unique, mais que, dans le cas où la valeur de 7°;, déterminée par l'équation précédente, est un minimum, ils diffèrent si peu de ceux présentés par une substance pure que cette équation peut être consi- dére comme déterminant d’une facon suffisamment précise les éléments critiques du mélange accessibles à l'expérience. Chez un systèmé ternaire aussi les phénomènes critiques diffèrent de ceux d’une substance simple, et on peut même s'attendre à ce que les différences soient plus considé- rables que pour un système binaire. Mais ici encore l'écart n’est pas dry tellement grand que les conditions d'existence d’un minimum de j ay puissent être notablement différentes de celles pour l’existence d’un minimum de la température critique que l’on observe. Chez un système binaire j’ai cherché cette condition en me demandant 70 J. D. VAN DER WAALS. dx D D ; ——, considérée comme fonction br de +, prend une valeur minima, c’est à dire que j'ai discuté l'équation: dans quelles circonstances expression da ba dx Pour trouver cette condition pour un système ternaire on devrait discuter d’une manière analogue les équations di l (1 0, Hi Gp ù et Je suivrai toutefois une voie un peu différente, conduisant plus rapidement au but, et donnant des résultats plus nets. Si l’on pose, pour un système binaire, Ar Res) GE niet 0e ER À ; l'équation (a — 20) (2) +2 (as —20,)x (1x) + (a, —2 0) 2° —=0 C A &. fait connaître la valeur de + pour laquelle =. prend la valeur donnée À. 25 É Nous trouvons ainsi Dès que CE 010) eunt (CA e b,) (a A0) € 0, est imaginaire. Cela n’est jamais le cas quand 2 est compris entre —# SUR LES CONDITIONS D'EXISTENCE D'UN MINIMUM, ETC. fil a Ce Fa eb ES Pb, 24 rieure à ces deux quantités qu'il peut en être ainsi. . Ce n'est que quand à prend une valeur supérieure ou infé- 51 nous posons (a —Ab)(a— ab) — (as —26,) = 0, (1) cette équation détermine le minimum de 2. Si dans cette équation nous remplaçons À par LL on CRE, le premier membre est négatif. Si nous posons le signe est le même que celui de l’expression (4, —24,)(a,—24,). Si a ve a a. 7 est maintenant plus petit que — et que un le second membre est h b. 12 1 2 positif. 11 doit donc exister une valeur de 2 qui satisfasse à l’équation ae : & (1), c. à d. qui rende minima l’expression -—. Cette valeur est comprise Dre a dy a OT EE On biententre Net = s) 22" bis D bis D D a En, dy Dans le cas où 2 >> et => 2? es mêmes remarques relatives FU b, 2 D b 2 D, aux changements de signe s'appliquent au premier membre de léqua- tion (1), et la valeur de À qui annulle le premier membre est également 0 dj (42 o UF Ts ©: d 4; comprise entre … et 2, ou bien entre — et = si 2>>--. Une valeur b bia b bis b 0 . . Le 9 . minima de à est donc telle que 2» => -—< et une valeur maxima telle | bia di9 : que An < —. 1 À prend la valeur À, on a en outre UE d sen d9 ——/\ 79 bi 1 do —Àm b, : et = 5 A4 ee mn Us Ÿ de Àm b. 1 J. D. VAN DER WAALS. M v l— x Gjo—Àmb,s à un signe contraire de celui de a1-—An b1 et a, Ame, Comme doit être positif, + devant être compris entre 0 et 1, ainsi qu'il résulte de l’ordre de succession que nous venons de trouver me pourleswaleurs den” etr Dia On serait arrivé du reste à la même conclusion en écrivant la relation ax —= }bx sous la forme: la) #}(a Je en a, dy — À Det (a, —2b,) Si d—A, est notamment positif, il est impossible de satisfaire à cette équation en attribuant au coefficient de x? une valeur positive, donc en admettant: (a — Ab )(ao— Abe) — (as 40,) > 0: Si le coefficient de +° est nul, il n’est possible de satisfaire à cette équation qu’en posant: Si par contre a, —A, est négatif, 1l n’est pas possible de satisfaire à cette équation quand le coefficient de +? est négatif. On retrouve dans ce Cas (a, — ) (a, —Ab,) tit (a, A Ÿ 2>\1e S1 nous avons donc la relation (ar— Ab) (ae —A0,)— (as 20) 0 naar \ He dx AUS 2 est inférieur à la valeur minima de 7.» OU supérieur à la valeur Œd max1mMa. Nous devons toutefois distinguer entre une valeur minima de À qui WA se présente quand I est positif, et une valeur minima de À qui cor- Op respond à une valeur négative de . La première, qui peut réellement l—> SUR LES CONDITIONS D'EXISTENCE D'UN MINIMUM, ETC. 15 Prat : a exister, exige que ne soit plus petit que 7 CE 2 . La seconde n’est évi- 12 1 2 demment pas réalisable. En résolvant l’équation (a — A1) (as AN) = Go = 0 on trouve — (abs Hasb—?Zaiobis) LV {ah —06,) (abs diobi)(anbis bas) 2 (b10, — b,,)° | Il est possible de satisfaire à cette équation par une valeur réelle de 2 dès que bb, Re) e _“ — 2) 0. TRE 1 (raoiC ve Tel est certainement le cas si M est inférieur à î et à ee mais 1l ) b, 2 b, D, peut en être ainsi même dans le cas contraire. Admettons que l’on ait d, nc d a a = IS Re 0 ba bio de … é -) ent bs =). DE b, 1 de = de b, k il y a bien une valeur minima de 2, mais, ainsi que nous venons de le Aussi longtemps que On arrive à la À Re œ voir, elle appartient à une valeur négative de ee —% même conclusion en partant de l’équ. p. 20 de Cont IT. day Pour un système ternaire on peut écrire l’équation —= j} SOS by la forme CT mt (Game 02) (as 20:)72 + + 2e AU) (EE Has is)e (ay) +2 (as —2h,s)ay = 0. Ecrivons le premier terme comme une somme de trois carrés, p. ex.: 14 J. D. VAN DER WAALS. ar 7) (ei om 2 ee mm 4 (ay —20;) (&,2—A0 5)? (ay9-— A0 )(@3—Àb,3) 1 2 en 2 (are EN Ie 12/43 13 | | a (ay 2) Fa À + ya 227) prne Vs 5: je Go nt Como) : à a —Àb Cm DIE UE | none 70 | (ce M3) Me || D es AE) a — À à ) dy Ab (ay — à Abe (Cu) | ‘ ; d1—À}Ù Si a A0 > 0 et (a A0;))(a, 210) (a 20,.)2 allm'esthpas possible de satisfaire à cette équation aussi longtemps que le coefficient de y” est positif. Si la valeur de ce coefficient s’abaisse jusqu’à 0, 1 n°y ) \ 1 . . N 0% A a qu'un système de valeurs de + et 7 qui satisfasse à l’équation, notam- ment celui qui annulle les deux autres carrés. Si le coefficient de y? est négatif, 1l y a un lieu géométrique (une ligne du second degré) don Ÿ à la même valeur. donnant tous les mélanges pour lesquels à — 3 œy ” AE re St ce lieu géométrique se réduit à un point, comme cela arrive quand le coefficient de y? est nul, 2. est un minimum en ce point ou maximum. La valeur minima de À satisfait donc à l’équation (ai A8,)(a A0.) (ar, 20, )2 | (ay A6)(a; A0,)— (a, Aa) | ms Ma ADN ED) (as —20,) (as 73) | 2— 0, ou | Gi Ab, , &o—bio, is As > Se co | © Ce re nr jo Abies An — Ds, As ds Abis, Gus —Abs, 43 —)0, Pour déterminer les valeurs de + et y on a d’ailleurs l'équation (a—24,)(A—4—y) + (a, 20, )x += (ais Ab, 3)7 — 0 et celle que l’on obtient en égalant à zéro l’autre carré. Mais, si l’on avait mis d’ Mais, si l’on avait mis d’une autre facon le premier membre de l'équation a&xy—20+y = 0 sous la forme d’une somme de trois carrés, on aurait obtenu, pour déterminer + et y, les deux équations suivantes: SUR LES CONDITIONS D'EXISTENCE D'UN MINIMUM, ETC. 19 Cr, m0) dE (a, —À0s }un == (Ge 70,;)7 — 0 GE 20:) (nr) + (Gaz Àb,3)% (a, 0e )y —= (. et En éliminant 1—+—y, x et y de ces trois équations qui sont linéaires par rapport à ces trois quantités, on retrouve l'équation (2). Pour la détermimation de x et y on peut déduire de ces trois équa- tions les relations suivantes: lg mn Ÿ dr 7 ÉrComl E dis Adsl fais Abis Gi Ah) a Ah, as, (> —Àbs ; dog — ls lag Àb33s Aya — Aie [yo — Ai, 2 —àb, ou 1) œ Y dy An » Goy—basl lag —Ass, da ba] dia bia dy —Db, dy3— Àb;3; 43 — D; | Ag —hb, , Gs— bis] (dis Ass, do —2b,, et l—2—7 He 4 las —D0z ; d3— ba) dog As, 43 —7D; 3 135 A3 — Ads S'il y a donc un minimum de à pour des valeurs positives de +, y et 1—%—7, 1l faut que ce minimum satisfasse aux inégalités suivantes: a—Ààb > 0 Ends À 0 mm 0 Al) (ai 03) (ay — Abe) — (ao — Ab) > 0 (a1—Ad1) (as —Ab,) — (as 203) > 0 (ay Ab) (303) — (a23— 013) > 0 (ai Abo) (ais 3) — (a — Ab) (ms — A3) > 0 (aio Ab) (dog Abn3) — (ay be) (dis) > 0 (ai3—A0s) (do —Hboz) — (ay — A0) (a, — 10) > 0, en même temps qu à l’équation (2). Le premier système de trois inégalités exprime que la valeur de > en question est plus petite que celles pour les trois composantes. Le 16 J. D. VAN DER WAALS. second système exprime qu'elle est inférieure aux valeurs minima de à e \ \ ° 9 \ relatives à chacun des systèmes binaires dont se compose le système ternaire. [l faut qu'il soit satisfait au troisième système d’inégalités pour que &, y et 1—+—7 soient positifs. Commençons par discuter le dernier système. D De a: CRT NC 12 13 23 Ro 3 : Posons : 4 j < ; , et admettons que PR et 7 soient plus 12 13 23 1 ds 3 CE) grands que -—, sans toutefois rien décider au sujet de l’ordre de succes- EE sion de ces trois grandeurs. Dans l’ordre de succession que nous venons d'admettre, l'expression (a, ra) (a 3 /b,:) Gur (a—2b;) (25 me 0) a a 2 . à be #12 . ° ; ee me ce est négative pour 2 — ÿ Ainsi que pour, et positive pour 12 13 dog a A . : ÿ Û D. et A— . On le reconnait le mieux par la réprésentation gra- ) 0] 5 U»] 23 phique suivante. s a a à J ; Les valeurs de = et de = sont représentées par les points 12 et 15, 12 1 3 et l'expression (a, mm 0 ;) (a, mn 0 3) est représentée par la parabole qui passe par ces deux ponts. De même, les points 23 et 1 indiquent les valeurs des rapports dos WA : à : et . et la parabole correspondante donne la valeur de l'expression c 01 23 (a 28012652) Ces deux paraboles doivent se couper entre les deux points 13 et 23; à la droite de ce point d'’intersection la première parabole est située au-dessus de lPautre, de sorte que l'expression que nous discutons est positive. SUR LES CONDITIONS D'EXISTENCE D'UN MINIMUM, ETC. tn Si nous représentons graphiquement l’ex pression (air Abo) (as — 033) — (ay) (a 20) nous obtenons la figure suivante, d'après laquelle les deux paraboles s’entrecoupent également entre 13 et 23; cette expression est positive pour des valeurs élevées de À. La troisième expression: (a, nt) GE20)) Vs (am Ab) (AD) DRE 4. 19 d13 oz 3 RS g ; D 55 et ; et, égalée à zéro, n’aura géné- 9 JPY 5e {) . ee 12 13 23 3 ralement pas de racine, du moins pas entre 12 et 3. est positive pour À — La représentation graphique de cette troisième expression est: La parabole passant par les points 13 et 23 est située au-dessus de autre. S'il y avait des races, la première parabole devrait descendre entre les points 13 et 23 jusqu’au dessous de l’autre parabole, et les deux racines seraient comprises entre ces deux points. Mais, même dans ce cas, cette troisième expression est positive au-dessus d’une certaine valeur de 2 plus petite que +. Ou bien les deux paraboles s’entre- 23 couperaient à gauche de 12 et à droite de 1; dans ce cas encore l’ex- pression serait positive entre des limites même plus étendues. 18 J. D. VAN DER WAALIS. Dans le cas où une valeur de À qui satisfait à l'équation (2) est supé- rieure à cette valeur dont il vient d’être question dans lexamen de ces trois expressions, il doit exister un minimum de 2. qui fera connaître une température critique réellement existante. Si nous mettons l’équa- tion (2) sous la forme: À (an —Abi)(as Abe) 2 Abo)? | | (a Ad) Ab} (a sn Ab 3)? a Ra (a 220,0)(a 50070 2) (C1mm 401 (Cm 0): ) | = 0, nous voyons que le premier membre est négatif quand nous donnons à à une valeur égale à la valeur minima pour le système binaire 12, ou a celle du système 13; nous représenterons ces valeurs minima par (amie Et (amis. Par contre, le premier membre est positif si nous choisissons une valeur de À qui annulle l'expression que nous devons élever au carré, — du moins dans le cas où cette racine est plus petite que les grandeurs que nous.venons de représenter par (Ah), et (Am): Dans ce/cas une des racines de l'équation de condition satisfait à toutes les exigences pour l'existence d’un minimum de à, relatif à des valeurs positives de D) 0 Où le Je prendrai comme exemple: h—=1,6, B=1,4 , dl , b=1,6, b:—=1,3 , b,—1,2 — ÿ OL : 5819. — 00 > — — 2,846, a 2,9105 PA) mA, 44,48 4, —58,912, 412 4000 0 El Nous déduisons de là: Cie == 2,902 QE HAS ins == 3,15 AN ES à Une valeur de 4<72,933... rend donc positive les trois expressions: (a: A A) Cet) ‘Ha (a 20 )8 (a, —Ab,) (a, — 203) — (a, a) 4 et (a; 0) (a —2h) ne Gant SUR LES CONDITIONS D'EXISTENCE D'UN MINIMUM, ETC. 79 Pour les valeurs de À qui rendent positive l'expression (ao — Abo) (ais — bis) — (a — Ab) (ao — A3) nous trouvons À > 2,854. Pour celles qui rendent positif: [ (dos Abz) (as Abe) — (a, — A0) (a, — A6.) nous trouvons À > 2,855, et nous voyons enfin que la troisième des 3 expressions considérées devient positive quand © = td = b DEN 102 On voit ainsi que la valeur de 2 qui satisfait à l’équation de condi- tion est comprise entre 2,884 et 2,933, et il résulte de la forme même de cette équation que cette racine est plus rapprochée de 2,933 que de 2,884. Aussi trouve-t-on An — 2,9252.... On peut se servir maintenant de cette valeur de ,, pour calculer les œ , et 2 =i=ÿ ler Mais, si le degré d’approximation auquel 2, est déterminé n’est pas valeurs de au moyen des équations de la p. 75. très élevé, les coordonnées du point auquel correspond la valeur trouvée pour 2 ne seront connues qu'avec peu de précision. On peut toutefois déterminer ces coordonnées directement, à l’aide des équations suivantes: By) + 08 + A3 Es dia (la) Æ 22% + do3 ES Br y) + bor they bofl—a—y) + br + by GORE SEE TETE bi3 (1 Y) + Bosc + bag On les obtient en cherchant le centre de l’ellipse Loy — À Vry et en éliminant la grandeur 2 des équations fx = 0 et f”, — 0. On obtient ainsi: ee Gen Ce 2) EE ere STE Cr) nie in 2) 7 nr (Diam 0e) ) ) _ (a—&3)( y) + (@od23)4 + (a3—43)9 ter > 2 — dis) + (dia bs)y 80 J. D. VAN DER WAALS. En introduisant la condition que le centre appartient à l’ellipse même, on trouve les équations que je viens d'écrire. 3 os HU 0 ne et b,; — 02 b, +0, = (CE 0) 2 Si l’on pouvait poser 4, — qui est approximativement vrai, le lieu géométrique des centres se sim- plfierait et l’on pourrait écrire: (ay —&0) ( 42 y) ss (dia ds)2 + (ais dos) g Ft Fou ta) y) HE orodrs)e (isa) y jo. | Ce serait donc approximativement une ligne droite. Avec les valeurs numériques admises on trouve : 6er) 0,287 0 0 IE) ER OO EURE 0,2 Se 0,6 ou bien 0,7 (1—2—y) — 1,5476x + 0,2984y = 0. Moyennant cette simplification, la détermination des coordonnées revient donc à la recherche du point d’intersection de la courbe du second degré, p. ex. TL 3 ((L on (Ql Y) + 22 + Ga ÿ ad —y) Ted TT dr 3ÿ Y)+ Dior + sg bot) + Deby avec la droite donnée. TR On trouve dans ce cas: 4 Aus l—x—y 2? et Y Lo lx—y 4 J'avais d’ailleurs choisi les valeurs numériques de 4,, et a; de manière à trouver ces valeurs simples pour les coordonnées. Que le centre des ellipses se déplace en même temps que ces ellipses elles-mêmes varient par changement de température n’est guère éton- nant, vu l’asymétrie autour du mélange à minimum de température critique. SUR LES CONDITIONS D'EXISTENCE D'UN MINIMUM, ETC. SI Dans la théorie des mélanges binaires j'ai dû introduire la grandeur A 4 2 \ 4 &» dont la valeur ne peut pas encore être déduite, quant à présent, des propriétés des composantes. Il résulte déjà du calcul de (2,),, au moyen de Péquation: (a —20) (a, —20:) ee (ao Ab, — 0, qui doit être satisfaite par cette valeur de 2, que pour des mélanges N TR - - : de . 3 / \ à température critique minima la valeur de 4,, n’est pas égale à Va a,, mais qu’elle doit être plus petite. Il résulterait d’ailleurs de 2 a . 9) . serait >> 5 à 5, puisque 2,0, sera dans tous les 12 41 Go in Où cas plus petit que 0,,?. On voit ainsi que l’application de notre théorie à un système ternaire exige la connaissance de &,,, 4,, et 4,,, grandeurs dont la valeur peut er 2 toutefois être considérée comme fournie par l'étude des systèmes binaires. Une nouvelle grandeur n’est done pas nécessaire pour la description des g phénomènes présentés par un système ternaire. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. 6 SUR L'ACTION DU SOUFRE SUR LE TOLUËNE ET LE XYLÈNE PAR L. ARONSTEIN et A. S. VAN NIFROEP. Les recherches sur le poids moléculaire du soufre, entreprises par M.M. L. Aronsren et S. H. MæerHuyzen ‘) suivant la méthode de l'élévation du point d’ébullition, ont fait voir que ce poids moléculaire correspond à #8, quand le soufre est dissout dans un liquide dont le point d’ébullition est compris entre 45° et 214° C. Dans les cas où le toluène ou le xylène avaient servi de dissolvant, les observations avaient fourni pour le poids moléculaire des valeurs comprises entre celles que l’on calcule d’après les formules $; et 8,. Ces auteurs ont émis l'opinion que ces anomalies pourraient résulter d'actions chimiques. Nous avons maintenant essayé de trouver la cause de ces anomalies et ce sont les résultats des expériences faites dans ce but que nous communiquons dans le travail suivant. Action du soufre sur le loluène. En chauffant jusqu'à l’ébullition une solution de soufre dans le xylène, M.M. AroxsTein et MBrHUIZEN ont déjà observé un dégagement d'hydrogène sulfuré, qu’ils ont reconnu à l’aide de papier imbibé d’une solution d’acétate de plomb. Les mêmes auteurs n’ont pas observé de dégagement d'hydrogène sulfuré en traitant de la même manière une solution de soufre dans le toluène. S'il a donc eu lieu quelque action chimique à cette température, cette action a dû être beaucoup moins importante; voilà pourquoi nous avons, dans le but de nous orienter et d'augmenter l’intensité de cette action, chauffé dans des tubes scellés, jusqu’à des températures de 250° à 300° C., des *) Ces Archives, (2), 3, 89, 1900. Verst. Kon. Akad. v. Wet. Amsterdam, NI, né, 4 TS: SUR L'ACTION DU SOUFRE SUR LE TOLUÈNE ET LE XYLÈNE. 59 solutions de soufre dans le toluène, jusqu’à ce que le soufre ne cristalli- sait plus par refroidissement des tubes. Nous avons notamment introduit dans chacun de ces tubes deux grammes de soufre et dix grammes de toluène, et nous avons chauffé pendant une dizaine de jours ; à plusieurs reprises nous avons ouvert les tubes pour laisser s'échapper lhydrogène sulfuré qui se formait en grandes quantités. Le produit qui s'était formé dans cette réaction, nous l'avons isolé par distillation du toluène restant; nous avons obtenu ainsi une masse cristallisée où nous avons reconnu, par un examen préliminaire, la présence de stilbène et de thionessale. Il se peut que ces deux composés étaient accompagnés de sulfure de tolallyle, mais 1l ne nous à pas été possible de démontrer avec certitude la présence de ce dernier. En ouvrant les tubes nous avons observé une forte odeur, pareille à celle de mercaptan, ce qui nous a fait sup- poser que l’action chimique avait eu lieu d’une des deux manières suivantes. Ou bien il se peut qu'il se soit formé du sulfhydrate de benzyle par addition du soufre au toluène, d’après l'équation C'Hs CH, LS — 0, H. CH, SH. Ce sulfhydrate se serait ensuite décomposé en sulfure de benzyle et en hydrogène sulfuré, d’après la formule JO TN CH SHC, IT, CH,), SH, S: Enfin le sulfure aurait donné finalement le stilbène, le thionessale et le sulfure de tolallyle, ainsi que M. Forsr ‘) en a fait voir la possibilité. Ou bien il se peut qu'il se soit d'abord produit de l’aldéhyde thioben- zoïque d’après l'équation O, FT OR, LE SENS SONNERIES où plutôt (C, 4; CHS); Cette thioaldéhyde aurait ensuite donné du stilbène ?) suivant : MONACO MSENC MIS CE RrS et ce dernier se serait transformé en thionessale par l’action du soufre, d’après la formule NOR ES ST CS CHE SET, S: *) Liebig's Annalen, T. 178, p. 310. *) BAUMANN ET Kcerr, Ber. D. Chem. Ges., T. 24, p. 3307 G* 84 L. ARONSTEIN ET A. S. VAN NIEROP. Pour soumettre ces hypothèses à l’épreuve, nous avons chauffé pendant 120 heures 150 cm.° de toluène contenant quatre grammes de soufre, dans un ballon muni d’un réfrigérant à reflux. En même temps un courant d'acide carbonique traversait le ballon pour enlever l’hy- drogène sulfuré qui aurait pu se dégager et le sulfhydrate de benzyle non condensé; en sortant de ce ballon, le gaz carbonique était dirigé vers une solution alcoolique d’acétate de plomb. Il se précipitait 1l est vrai une notable quantité de sulfure de plomb, mais il ne se formait pas la moindre trace de mercaptide jaune de plomb. Aussi bien la solution toluénique que la masse cristallisée dans ce liquide furent examinées dans le but d’y établir la présence de sulfhydrate de benzyle et d’aldéhyde thiobenzoïque; mais, malgré les réactions très sensibles de ces corps, il a été 1mpossible de prouver leur existence. Le seul produit que nous sommes parvenus à isoler de la solution dans le toluène est le stilbène; son point de fusion était 124° C. Pour caractériser cet hydrocarbure, nous avons préparé le bromure de stilbène, fusible à 235°—236 C., par addition de brome en solution éthérée. Ce résultat nous à donné le droit de supposer que la formation du stilbène est plus simple que nous ne l’avions admis d’abord ; la réaction se traduirait notamment par 2 C, H CH, + 28—0C, H CHCHC, H, ERA Le thionessale, trouvé dans les expériences prélimimaires, serait pro- venu de l’action du soufre sur le stilbène ainsi formé, une action qui a déjà lieu à une température de 250° C., ainsi que l’ont démontré M.M. Baumanx et Kerr. Nous avons chauffé ensuite du toluène avec du soufre en tube scellé, pendant plus d’une centaine.d’heures jusqu’à une température de 200° C. Comme seul produit cristallisé nous avons obtenu du stilbène en quantités considérables. Ce composé, que nous avons purifié, nous l’avons reconnu à son point de fusion et par la préparation de son bromure. Pour ce qui regarde l’action du soufre sur le xylène, action que nous décrirons tantôt, 1l se peut que là le premier produit ne soit pas le stilbène, mais qu'il se formât du dibenzyle comme produit intermédiaire, d’après l'équation suivante : 2 C, H CH. + SC, H CH. CH, CH AS Nous avons tâché d'isoler ce composé, mais sans succès. M. Rapts- SUR L'ACTION DU SOUFRE SUR LE TOLUËÈNE ET LE XYLÈNE. 85 ZEWSKt à publié une note ‘) sur la transformation du dibenzyle en stil- bène par l’action du soufre; des expériences, faites dans ce but, nous ont fait voir que cette réaction commence déjà à une température de 200° C., quand on chauffe du dibenzyle avec du soufre, en solution benzénique. Nous avons reconnu aussi qu'il ne se produit rien quand la température n’est que de 140°—145°, les autres circonstances restant les mêmes. En chauffant pendant une semaine en tube scellé le soufre avec le toluène à 140° C., le seul composé qui se formait était le stilbène, évidemment avec dégagement d'hydrogène sulfuré. Ces résultats sont conformes à l'hypothèse d’après laquelle l’action du soufre sur le toluène consiste en un enlèvement direct de deux atomes d'hydrogène à chaque molécule de toluène, après quoi deux radicaux C, >; CH ainsi formés se combinent pour former la stilbène. Action du soufre sur le paraxylène. Quand on porte à l’ébullition une solution de soufre dans le paraxylène, 1l se produit un dégagement d'hydrogène beaucoup plus net qu'avec une solution dans le toluène. Fout à fait comme dans les recherches sur le toluène, nous avons enlevé par un courant d'acide carbonique le gaz qui se développait, et nous l'avons conduit vers une solution alcoolique d’acétate de plomb. Après avoir chauffé pendant une heure et demie, nous obtenions un précipité de 16 mgr. de sulfure de plomb, correspondant à 2,1 mgr. de soufre, mais, ni dans ce précipité, mi dans la solution dans le xylène, nous n'avons pu observer de trace de mercaptan. Nous avons ensuite traité le soufre dissout dans le paraxylène de la même manière qu’en dissolution dans le toluène. Nous avons chauffé à 200°--210° C., pendant 120 à 160 heures, des tubes scellés contenant chacun 1 gr. de soufre et environ 30 em”. de paraxylène. En les ouvrant nous constations un fort dégage- ment d'hydrogène sulfuré et, après distillation du paraxylène restant dans les tubes, nous obtenions une masse solide composée de soufre et d'un hydrocarbure cristallisé. Pour éloigner le soufre autant que possible nous l’avons dissout dans l’éther; après filtration, distillation du dissolvant et une nouvelle cristallisation dans l’alcool, nous avons obtenu un produit pur, fusible à 81°—S2° C. Deux déterminations de poids moléculaire, effectuées par la méthode de l’abaissement du point de congélation à l’aide de solutions benzéniques, ont donné pour ce DRÉCR DAC hem. Ces: A8 p.108. 56 L. ARONSTEIN ET A. S. VAN NIEROP. composé les valeurs 200 et 205. Il restait inaltéré par chauffage en tube scellé avec une solution concentrée d’acide iodhydrique, et mis en contact avec le brome en solution éthérée il ne donnait pas de composé bromé; enfin 1l se montrait identique avec le p. p. diméthyldibenzyle p—_ CH, C; 1, CI. CL, Ci NC, p; obtenu par MM. Morwrzer WozrreNsreiN ‘) par oxydation du paraxylène avec le persulfate de potassium. Comme ce résultat ne correspondait pas à celui obtenu par l’action du soufre sur le toluène, nous avons repris l'expérience. Cette fois nous avons obtenu un corps cristallisé différant du précédent, et dans lequel nous avons reconnu un mélange de deux hydrocarbures. Ce mélange fut introduit dans une solution de sulfite neutre de soude, et cette solu- tion fut portée à l’ébullition afin d’éloigner tout le soufre restant; après dissolution dans l’éther et distillation du dissolvant, le résidu fut traité par l’alcool à froid. Par cristallisation répétée dans ce dernier dissolvant, nous avons de nouveau obtenu le p. p. diméthyldibenzyle, fusible à 81°—82° C. Un résidu msoluble dans l'alcool froid. fut traitépar l'alcool bouillant; 1c1 encore nous avons obtenu, après deux ou trois recristallisations, un produit tout à fait pur dont le point de fusion était 176°—177°; il se transformait en un composé bromé par l'addition de brome à une solution éthérée. Ce composé bromé, fusible à 205° C., fut reconnu comme bromure du p. p. diméthylstilbène ?). Le second hydrocarbure était done du p. p diméthylstilbène, préparé pour la première fois, ainsi que son bromure, par MM. Gorpsoumror et Hupp °). Cette différence dans les résultats nous engagea à faire de nouvelles recherches dans le but d’en trouver la cause. La seule différence qui, à notre connaissance, avait existé entre les deux expériences , c’est que dans la première l’opération avait eu lieu sans discontinuité, tandis que dans la seconde les tubes avaient été ouverts à plusieurs reprises pour laisser échapper l'hydrogène sulfuré qui se développait en grandes quantités. La température, 200°—210° C., ainsi que la durée du chauffage, avaient été les mêmes dans les deux cas. Il n’est pas 1m- possible que le p. p. diméthyldibenzyle se soit également formé dans la première expérience, mais ait été réduit par l'hydrogène sulfuré qui +) Ber. -DNCNem GES ANA S2" pr 2081 ber DIChemAMCGeS MIO lo UE *) Eodem loco. SUR L'ACTION DU SOUFRE SUR LE TOLUÈNE ET LE XYLÈNE. 87 restait dans le tube. Dans la seconde expérience, où l'hydrogène sul- furé était enlevé de temps en temps, cette réduction ne pouvait avoir lieu qu'à un fable degré, et il n'est donc pas étonnant qu'on y ait obtenu un mélange des deux hydrocarbures. Pour nous en convaincre, nous avons introduit dans des tubes des solutions de p. p. diméthylstilbène dans le benzène, saturées d'hydrogène sulfuré; nous avons chassé l’air par un courant de ce gaz et, après les avoir scellés, nous avons chauffé les tubes à une température de 200° C. pendant 40 heures. Nous avons obtenu de cette manière une masse qui contenait, à côté de p. p. diméthylstilbène resté inaltéré, du p. p. diméthyldibenzyle qui fut reconnu par son point de fusion. Cette expé- rience prouve donc que dans ces circonstances la réaction en question peut avoir eu lieu. Inversement, nous avons introduit dans un autre tube du diméthyldi- benzyle en solution benzénique et du soufre, et nous avons chauffé ce mélange à 200° C. pendant 40 heures. Il s'était formé du p. p. diméthylstilbène, mais en quantité msuffisante pour une purification parfaite; c'était du moins un hydrocarbure fusible entre 140° et 150° et capable de s'unir au brome en donnant un produit dont le point de fusion était compris entre 185° et 192°, alors que le bromure de p. p. diméthylstilbène pur fond à 208° C. Il est donc très probable qu'il commence par se former du stilbène et que le dibenzyle prend naissance par une action secondaire. La certitude absolue n’en a cependant pas été obtenue En répétant les expériences de chauffage du paraxylène en présence de soufre, dans des tubes scellés dont les uns restèrent fermés et dont les autres furent ouverts de temps en temps, nous avons obtenu des quan- tités inégales de dibenzyle et de stilbène, mais nous n'avons jamais retrouvé le résultat de notre première expérience, c’est à dire la forma- tion presque exclusive de dibenzyle. Avant de terminer ce chapitre, n'oublions pas de faire observer que le p. p. diméthylstilbène se présente en deux modifications. Il se dépose généralement sous forme de cristaux grossiers, mais 1] consiste parfois aussi en lamelles très minces, d’un éclat soyeux et d’une fluorescence violette. En recristallisant ces deux modifications dans l'alcool la forme primitive subsistait. Pourtant, après plusieurs essais infructueux, nous sommes parvenus une seule fois à transformer par inoculation la forme cristalline grossière dans la forme soyeuse. Le point de fusion était le are) L. ARONSTEIN ET A. S. VAN NIEROP. même pour les deux modifications. Par traitement de la solution éthérée avec du brome il se formait pour toutes deux le même composé bromé. Afin de voir si nous avions affaire 1c1 à un cas de stéréoisomérie, nous avons fait des déterminations de solubilité des deux modifications dans l'alcool absolu à 25° C. Dans les deux cas nous avons obtenu la même valeur pour la solubilité, savoir 0,21 parties d’hydrocarbure sur 100 parties d'alcool . Malgré la différence d'aspect, conservée même après les expériences de solubilité,, l'hypothèse d’une stéréoisomérie est par là rendue peu plausible. Action du soufre sur le mélaxylène. En portant à l’ébullition une solution de soufre dans le métaxylène, nous n'avons pas seulement ob- servé un dégagement d'hydrogène sulfuré beaucoup plus faible que dans le cas du paraxylène, mais la quantité qui se formait de ce gaz était même beaucoup moindre que celle qui se développait par l’action du soufre sur le toluène bouillant. Pas plus que dans nos recherches sur le toluène et le paraxylène, nous n'avons trouvé de trace de mercaptan. Nous avons introduit ensuite du soufre et du métaxylène dans des tubes scellés qui furent chauffés pendant 70 heures à 200° C. Le soufre dis- paraissait complètement et, en ouvrant les tubes, 1l se produisait un formidable dégagement d'acide sulfhydrique. Après distillation du xylène de la liqueur restante, il nous est resté un produit liquide que nous ne sommes pas parvenus à faire cristalliser, et dont le soufre fut enlevé par traitement avec une solution aqueuse de sulfite neutre de soude. Par analogie avec ce qui à lieu dans le cas du paraxylène, il se pourrait qu'il se fût formé ici du m. m. diméthyldibenzyle et du m. m. diméthylstilbène. Le premier composé est liquide, ainsi que l’ont dé- montré M. Vorrrarx?) et MM. Morrrz et WoLFFENSTEIN *); le m. m. diméthylstilbène n’est pas encore connu, mais il est probablement cristallin. Nous ne sommes pourtant pas parvenus à séparer ces deux hydrocarbures, n1 par distillation dans un courant de vapeur d’eau, ni par distillation fractionnée sous pression atmosphérique ou sous pression réduite, n1 par dissolution du mélange dans divers dissolvants. Cepen- ) Dans le Journ. f.pract. Chem. 139; p. 229Net l'A p 410 MEN ErES donne comme solubilité du p. p. diméthylstilbène, dans l’alcool à la température ordinaire, 0,76 parties sur 100 parties du dissolvant. *) Zeitschr. f. Chem., 1866, p. 489. *) Ber. D. Chem. Ges., T. 32, p. 2532. SUR L'ACTION DU SOUFRE SUR LE TOLUÈNE ET LE XYLÈNE. 39 dant nous avons immédiatement constaté la présence du dérivé stilbé- nique en ajoutant du brome à la solution éthérée de ce mélange d’hy- drocarbures, placée dans un mélange réfrigérant. En continuant à ajouter du brome jusqu'à avoir un petit excès de cet halogène, il-se produisit bientôt une cristallisation abondante d’un composé bromé. Ce composé fut purifié par recristallisation dans le xylène, son point de fusion était 167°—168° C. Le dosage du brome par la méthode de Carrus donna 44,02 %,, tandis que l’on trouve par le calcul 43,50 °/ de brome pour le bromure de diméthylstilbène. Pour préparer cet hydrocarbure même nous sommes partis de ce bromure. Nous l’avons dissout dans le xylène et chauffé pendant six heures avec de l'argent moléculaire ou du fil de sodium dans un ballon muni d’un réfrigérant à reflux. Finalement le xylène fut distillé et il restait un liquide qui cristallisait par refroidissement. Ce produit se laisse facilement purifier par recristallisation dans l’alcool ; 1l fond à 55°—56° C. L'analyse ‘) donna les résultats suivants: Observé Calculé pour C,,A., COLA 92,30 fr Ce 1,10 En ajoutant du brome à la solution éthérée il se précipitait immédi- atement du bromure de m. m. diméthylstilbène, fusible à 167°—168° C. et décrit ci-dessus; de cette manière nous avons démontré que l’hydro- carbure ainsi obtenu est en effet le m. m. diméthylstilbène. Restait encore la liqueur éthérée, d’où le diméthylstilbène avait été précipité par le brome pour le séparer du diméthyldibenzyle que nous supposions avoir été Le dissolvant du dérivé stilbénique après distillation du métaxylène. Cette liqueur éthérée fut agitée avec une solution aqueuse de potasse caustique pour éloigner le brome qu'elle contenait encore. Après avoir chassé l’éther, la liqueur restante fut distillée, une opéra- tion pendant laquelle se dégagea de Pacide bromhydrique provenant des produits bromés que le liquide contenait encore. Par un nouveau traitement à la potasse caustique on enleva les dernières traces d'acide, et le liquide fut distillé de nouveau; le produit, bouillant entre 295° *) L’analyse de cet hydrocarbure est très difficile; on n'obtient de bons résultats qu'en le mélangeant intimement avec du chromate de plomb et du bichromate de potassium. 90 | L. ARONSTEIN ET A. S. VAN NIEROP. et 302° C. n’était pas encore exempt de brome. Pour enlever complète- ment cet halogène il a été nécessaire de dissoudre le produit dans le toluène et de faire bouillir cette solution pendant trois heures avec du fil de sodium. Nous avons obtenu ainsi un liquide incolore, bouillant à 298° C., dont l’analyse donna comme résultat: Observé Calculé d'après C,, Æ,, CANONS 2 91,43 % HN 2 Deux déterminations du poids moléculaire, effectuées par la méthode de l’abaissement du point de congélation du benzène, ont donné les nombres 201 et 199, la valeur théorique étant 210. Toutes nos obser- vations s'accordent avec les résultats obtenus par M. VorrramEx et MM. Morrrz et WoLrrensTEIN pour le m. m. diméthyldibenzyle, à cette différence près que notre point d’ébullition est plus élevé de deux degrés. Il résulte de tout ceci que le soufre, en agissant sur le méta- xylène, produit du stlbène et du dibenzyle. Afin de décider si dans ce cas aussi le stilbène est le produit primaire, nous avons chauffé du m. m. dimétnyldibenzyle avec du soufre dans un ballon muni d’un réfrigérant à reflux, sans faire usage de dissolvant. L'examen des produits de la réaction n’a pas donné de résultats. En solution éthérée 1l à été impossible de former la moindre trace du bro- mure si caractéristique pour ce stilbène. Même sous le microscope nous ne sommes pas parvenus à découvrir ce composé. Nous croyons donc avoir pleinement le droit de conclure que dans l'action du soufre sur le métaxylène, le stilbène est très probablement Le produit primaire, tandis que le dibenzyle prend naissance en second lieu par réduction de ce stilbène par l'hydrogène sulfuré. Quant à la question qui nous a engagés à faire ces recherches, nous croyons avoir trouvé dans les résultats obtenus une confirmation de l'hypothèse émise par MM. AronstTeiN et MErHUIZEN, dans leur travail sur le poids moléculaire du soufre. La moindre action du soufre sur le toluène et le xylène doit produire une variation de son poids moléculaire, .dans la direction observée par ces auteurs. En effet, une molécule de soufre donne huit molécules d'hydrogène sulfuré et quatre molécules de stilbène. Même si l’on tient compte de ce que l’hydrogène sulfuré est volatil et doit s'échapper pour la plus grande partie quand on porte SUR L'ACTION DU SOUFRE SUR LE TOLUÈNE ET LE XYLÈNE. O1 l’hydrocarbure à l’ébullition, 1l y a par cette action un accroissement du nombre des molécules, ce qui suffit à expliquer l'écart; à cette tempé- rature l’action est toutefois faible. _ L’observation que cet écart est plus grand quand on emploie du toluène que dans le cas où le métaxylène est employé comme dissolvant est d'accord avec le fait que la formation d'hydrogène sulfuré est plus énergique dans le premier cas que dans le second. En étudiant l’action du soufre sur le paraxylène, nous n'avions pas seulement pour but de compléter les recherches de MM. AroxsTEIx et MetHurzeN (nous n’étions pas convaincus que le métaxylène, employé par ces auteurs, était complètement exempt de paraxylène), mais aussi pour mieux faire comprendre le mécanisme de ce processus et surtout pour bien faire voir là formation primaire du stilbène et la formation secondaire du dibenzyle. Delft, Laboratoire de Chimie de l'Ecole Polytechnique. UNE REPRÉSENTATION DANS L'ESPACE DES DOMAINES DES PHASES ET DE LEURS COMPLEXES DANS DES SYSTÈMES BINAIRES où SEULES LES DEUX COMPOSANTES PURES EXISTENT A L'ÉTAT DE PHASE SOLIDE PAR H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. Dans le cours de mes recherches je me suis servi de plusieurs espèces de représentations graphiques, dans le but de représenter les limites d’exis- tence d’une phase isolée ou d’un complexe de plusieurs phases. Ce n’est que depuis 1896, quand on a pu dire que le caractère général des équi- libres entre liquide et vapeur dans des systèmes binaires était parfaite- ment connu, qu'il à été possible de tenter de donner une image complète des autres états d’équihbre, où interviennent des phases solides. Le cas le plus simple est celui où seules les composantes du système binaire peuvent être solides. C’est de ce cas que J'ai réalisé la représen- tation dans l’espace dont les photographies ci-jointes donnent la repro- duction. Dans le cas où se forment des combinaisons chimiques solides ou des cristaux mixtes, on obtient des figures qui se déduisent d’une manière simple de celle que je vais décrire. Dans la figure en question la plus grande dimension représente la température, la largeur la concentration + des mélanges qui existent à l’état de vapeur ou de liquide; la composante 4 est à gauche, la com- posante À à droite. Les ordonnées représentent la pression. La figure n'est pas construite sur un exemple déterminé, mais de telle manière que les diverses parties soient nettement visibles sans que l’ensemble prenne une trop grande extension. Comme point de départ j’ai pris les équilibres entre hquide et vapeur; UNE REPRÉSENTATION DANS L'ESPACE DES DOMAINES, ETC. 93 on sait, d’après les recherches sur les conditions critiques des mélanges, que ces états d'équilibre peuvent être représentés par une surface à deux nappes, dont la nappe supérieure représente les liquides et l’inférieure les vapeurs. Les états coexistants, correspondant à la même pression et à la même température, doivent être situés sur une droite horizontale, parallèle à l’axe des +. Ces deux nappes se rencontrent à la gauche de la figure suivant la courbe des tensions de vapeur 0,0 du liquide 4, à droite suivant la courbe des tensions de vapeur 03D du liquide B, et en avant suivant la courbe critique CA. Les points situés dans l’espace compris entre les deux nappes repré- sentent des complexes de liquide et de vapeur. Cet espace est massif dans notre représentation, comme d’ailleurs tout espace qui représente un complexe de deux phases. La surface à deux nappes pour liquide et vapeur a été construite de telle façon que 4 est la substance dont la tension de vapeur est la plus élevée. J’admets d’ailleurs que les deux liquides soient miscibles en toute proportion et qu'il n'existe n1 maximum n1 minimum de tension. La surface s’abaisserait jusqu’au zéro absolu si l’une des deux substan- ces, ou toutes deux à la fois, ne devenaient solides bien avant que ce point soit atteint. Les deux liquides purs 4 et P se congèlent en O1 et Oz; à partir de ces points s'étendent les courbes de tension de vapeur 017 et O3K des deux solides purs, l’une dans le plan limite de gauche, l’autre dans le plan limite de.droite. Considérons maintenant des mélanges liquides dans lesquels la pro- portion de B aille en augmentant; le solide 4 ne s’en sépare qu'à des températures inférieures à O4. À chaque température correspondent un certain liquide et une certaine vapeur, qui coexistent avec la phase solide A sous une certaine pression plus grande que la tension de vapeur du solide 4 pur. Ces trois phases coexistantes sont représentées par les courbes O01G, O1F et OA, relatives respectivement aux phases solide, vapeur et liquide. Ces courbes sont situées sur une surface cylindrique, puisque pour une même température la pression des trois phases est la même. La portion #O4F constitue d'ailleurs une limite de la surface à deux nappes. On trouve de même, pour l’équilibre du solide pur B avec liquide et vapeur, les trois courbes OZ, OR et Of, relatives respectivement aux phases solide, liquide et vapeur; ces trois courbes sont également 94 H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. situées sur un cylindre, et la portion Z0;/ constitue une nouvelle limite inférieure de la surface à deux nappes. Cette surface cylindrique commence par s'élever à partir de Oz, pour s’abaisser ensuite comme la précédente. La nappe liquide de la surface à deux nappes aboutit en 77, la nappe gazeuse en #. Ce liquide et cette vapeur peuvent coexister aussi bien avec le solide 4 (point @) qu'avec le solide PB (point 77). Comme les points G, #, 1, H correspondent aux mêmes valeurs de p et /, ils doi- vent être placés sur une même droite horizontale et représentent le seul complexe de 4 phases possible. À la courbe de vapeurs 0, # aboutit une deuxième surface de vapeurs représentant les vapeurs qui peuvent coexister avec le solide 4, mais où la proportion de PB augmente. Par 037 passe de même la surface représentant les vapeurs qui sont en équilibre avec le solide 3 et où la proportion de À va en augmentant. Entre les points de fusion des deux substances pures et la température du système des quatre points @, 7, Æ et IT, les deux dernières surfaces de vapeur ne se rencontrent pas, mais viennent séparément en contact avec la nappe vapeur de la surface à deux nappes. Au-dessous de la dernière température elles s’entrecoupent toutefois directement, d’où résulte la courbe #’Z, qui représente les vapeurs en équilibre avec les deux solides 4 et B à la fois. À cette courbe FL correspondent la courbe GAZ pour le solide 4 et ZN pour le sohde #, et ces trois courbes sont de nouveau situées sur un même cylindre. | Tous les complexes de la phase solide 4 et des vapeurs avec lesquelles elle peut être en équilibre sont intérieurs à l’espace formé par la surface de vapeurs /0,/L, la surface de la phase solide Z/0,GM et les deux surfaces cylindriques GO47" et MGPL. Tous les complexes de la phase solide Æ et des vapeurs avec lesquelles elle peut coexister sont situés dans l’espace limité par la surface de vapeurs XO,FL, la surface de la phase solide XOZ/IN et les surfaces cylindriques 4037 et NE L. Ces deux espaces s'étendent jusqu'au zéro absolu à moins qu’il ne se forme dans l'intervalle de nouvelles phases solides. Les trois surfaces qui représentent les états d'équilibre d'une vapeur avec le liquide, le solide 4 ou le solide 3 se rencontrent en #. Au point #, où se termine la nappe liquide qui vient de températures plus éle- vées, concourent de même deux autres surfaces de liquides, notamment UNE REPRÉSENTATION DANS L’ESPACE DES DOMAINES, ETC. 95 celles qui donnent les valeurs de y, # et + pour les liquides qui coexis- tent avec le solide 4 ou le solide PB. Ces surfaces sont limitées inférieurement par les courbes 017 et 03, qui représentent des équi- libres vapeur-solide. À partir de ces courbes la vapeur disparaît par élévation de pression. Vu la faible influence de la pression sur la com- position du liquide, les surfaces de liquides O4 Æ#PU et O1 E PF sont presque verticales. Mlles aboutissent à gauche et à droite aux courbes de fusion OA et O3 F des solides 4 et B, et s’entrecoupent suivant la courbe ZP qui donne les liquides pouvant coexister, pour différentes valeurs de p et {, à la fois avec le solide 4 et le solide B. À cette courbe EP correspondent les courbes GQ et ZZR donnant la relation entre y et 4 pour les phases solides; les trois courbes ZP, GQ et ÆR sont de nouveau placées sur une surface cylindrique. On voit par là que les complexes formés par le solide 4 et un liquide sont compris entre la nappe liquide, la surface du solide 4, O,UQG, et les surfaces cylindriques GO04,% ei GEPQ. Un espace semblable placé à droite contient tous les complexes: solide 5 + liquide. Enfin, derrière la surface cylindrique 4/7 2Q et au-dessus de la sur- face cylindrique NAGM est situé le domaine des complexes: solide 4 —+ sohde B. Dans la figure les derniers espaces ont été limités postérieurement à une température arbitraire, et supérieurement à une pression arbitraire; mais on doit se figurer qu'ils s'étendent indéfiniment. Tout ce qui est extérieur aux parties massives constitue le domaine des liquides ou des vapeurs homogènes, phases qui passent l’une dans l’autre au delà de la courbe critique. Les six autres portions massives représentent des complexes de deux phases, dont les états coexistants sont situés dans deux surfaces latérales. Elles se rencontrent suivant quatre surfaces cylindriques qui contien- nent chacune trois courbes pour les systèmes de trois phases coexistan- tes, et ces cylindres s’entrecoupent suivant une seule ligne droite, con- tenant le seul complexe de quatre phases possible. Si cette figure était complètement connue pour un système de deux substances, elle permettrait de déterminer pour tout mélange en quelles phases il se sépare à une température et à une pression déterminées; dans le cas de phases liquides ou gazeuses elle donnerait en outre leur composition. Dans le cas d’un complexe de deux phases on pourrait du reste 96 IH. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. UNE REPRÉSENTATION, ETC. trouver les quantités relatives de ces phases, mais pour les complexes de {rois ou quatre phases on devrait connaître en outre les rapports des volumes pour pouvoir déterminer ces quantités relatives. Enfin la figure permet encore de suivre les changements d'états que subit un mélange par variation de température, de pression ?) ou de concentration. *) On peut y voir clairement p. ex. que, par la compression de vapeurs qui contiennent une quantité suffisante de À, la composante B commence par se condenser à l’état solide, et finit par disparaître pour céder la place à un liquide. Ce phénomène a été observé dernièrement par M. KuENEN (Phil. Mag., juillet 1902), pour l’acide carbonique solide en présence d’éthane. On l’observera d’ailleurs toujours pour la composante la moins volatile dans les mélanges liquides; B dans notre cas. Mais si la nappe liquide présente un maximum de tension, comme c'est le cas dans l’exemple de M. KUENEN, on pourra observer le phénomène pour les deux composantes. Si cette surface pré- sente un minimum de pression, on ne pourra l’observer que pour l’une des deux. . ES | | | ' | | À oo D om ÉQUILIBRES DANS LE SYSTÈME ACÉTALDÉHYDE ET PARALDÉHYDE AVEC OU SANS TRANSFORMATION MOLÉCULAIRE PAR H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. Le caractère de l’équilibre entre phases est déterminé exclusivement par le nombre des éléments indépendants — composantes — dont se compose le système. En général ce nombre est égal à celui des espèces de molécules. Il peut toutefois être plus petit, notamment quand parmi les diverses espèces de molécules 1l y en a qui se transforment les unes dans les autres, comme dans les cas d'association, d'ionisation ou d’isomérisation. Quand ces transformations moléculaires s’opèrent plus rapidement que la production de l’équihibre, elle n’ont pas d'influence sur ce dernier. C’est amsi que le point de congélation de l’eau est tout aussi net que celui d'une substance simple, bien que l’eau soit un mélange d’au moins deux espèces de molécules. Mais, si la vitesse de transformation est faible, le système, soumis à des opérations de courte durée, se comporte comme un système avec un nombre de composantes plus élevé que quand on opère avec lenteur. L'influence de ce retard sur les phénomènes de congélation a déjà été traitée par M. Bancrort en 1898 et par moi-même en 1899. Un bon exemple faisait toutefois défaut jusqu'ici, pour étudier à ce point de vue tout le domaine d'équilibre des phases. Or, un tel système vient d’être étudié dans mon laboratoire par M. le Dr. Horrmanx de Dorpat. C’est notamment le système acétal- déhyde et paraldéhyde, qui présente cet avantage de ne pas donner de transformations moléculaires sans l’action d’un catalysateur, tandis ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. 1 98 H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. qu'avec une trace d’acide sulfurique 1l se transforme d’une manière ;. | OR suffisamment rapide pour qu’il se conduise comme un système à une 280 on 240 160 120 80 40 Température — 40 —80 ral —160 O Mol. Acétaldéhyde Evene 100 Paraldéhyde. seule composante. C'est donc pour la première fois que nous avons eu l'occasion de nous rendre compte de la place que nous devons attribuer, parmi les systèmes binaï- res, à ces équilibres de systèmes en apparence à une seule composante. Voici les résultats prin- cipaux de ces recherches. Nous avons d’abord examiné les phénomènes de congélation de mélan- ges d’acétaldéhyde et de paraldéhyde. On sait qu’à l’état pur la paraldéhyde fond à 12600 point B). Ce point de congélation s’abaisse, par addition d’acétaldéhyde, suivant la courbe BF DC qui s'étend jusqu’au voisi- nage immédiat de l’acétal- déhyde pure. À l’aide d'instruments mis à notre disposition par M. le Prof. Kamer- LINGH ONNES, nous avons trouvé pour point de fusion de l’acétaldéhyde — 118°,45 ) (point 4): La courbe de fusion de l’acétaldéhyde ne s'étend que jusqu’à —119°,9(C), *) M. LanenBurG donne — 120°, ÉQUILIBRES DANS LE SYSTÈME ACÉTALDÉHYDE, ETC. 99 où elle rencontre celle de la paraldéhyde. Le point C est donc un point eutectique. Point de fusion % de paraldéhyde. B ne 2x 100 E PNAOES 88,1 D — 4,0 67,1 C — 119,9 1,4 tte 5 0 Nous avons déterminé ensuite les points d’ébullition des mélanges sous L atm. de pression, et à l’aide d’un appareil approprié nous avons déterminé la composition de la vapeur émise par ces mélanges bouillants. Les points d’ébullition forment la courbe }/7(G'; les compositions des vapeurs sont représentées par la courbe 76; les points principaux sont les suivants: F 207,7 point d’ébullition de l’acétaldéhyde pure Æ 41 ,1 vapeur à 2,5 % de paraldéhyde H 41,1 hquide à 53,5 % de paraldéhyde G 123 ,7 point d'ébulhition de la paraldéhyde pure. Par suité de la grande différence de volatilité des deux composantes, les courbes des liquides et des vapeurs sont fort écartées l’une de l’autre. La vapeur d'un mélange contient beaucoup plus d’acétaldéhyde que le liquide même; il est donc facile de séparer les deux substances par frac- tionnement. Nous avons déterminé en troisième lieu les températures critiques des composantes et de quelques mélanges (seule la température critique de l’acétaldéhyde avait été évaluée antérieurement à 184° par M. vax DER Waazs). Nous avons trouvé: Temp. crit. ° de paraldéhyde. L 188° 0 Fe 11,0 O 2al° 29,0 N 210° 50,0 DOME 100,0. O0. H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. Telles sont les relations aussi longtemps qu’il ne s'opère pas de trans- formation d’acétaldéhyde en paraldéhyde ou inversement. Du moment qu'on introduit une trace de catalysateur, de préférence un acide, les deux espèces de molécules peuvent se transformer l’une dans l’autre, jusqu'à ce qu'il s'établisse un état d'équilibre caractéris- tique pour la pression et la température choisies ”). Nous avons observé que par là le point d’ébullition de ous les mélanges atteignait 41,7 au bout de fort peu de temps; et comme, d’après la courbe 714, ce point d’ébullition correspond à 58,5% de paraldéhyde, nous voyons que telle est la proportion des deux substances pour laquelle 1l y a équilibre à cette température et sous la pression d'une atm. Comme la vapeur correspondante (point / de la courbe des vapeurs //@) ne contient que 2,5 % de paraldéhyde, il est donné par là une explication rationnelle du fait, connu depuis longtemps, que par distillation de la paraldéhyde en présence d’un peu de Z,80, on recueille de l’acétaldéhyde presque pure. A mesure que la température devient plus basse, le liquide en équi- libre se déplace suivant la droite 774, qui rencontre la courbe de fusion de la paraldéhyde en un point #, correspondant à 6°,8 et 88,1 % de paraldéhyde. Il en résulte que, quel que soit le mélange dont on part, quand on y ajoute une trace de 77,80, il cristallise par refroidissement toujours de la paraldéhyde à une température de 6°,8, et, comme la transforma- tion de l'acétaldéhyde en paraldéhyde s'effectue rapidement, même à cette température, la masse entière se solidifie à l’état de paraldéhyde pure. Nous avons reconnu que tel était le cas, même quand nous par- tions d’acétaldéhyde pure. Inversement, en présence d’une trace d’un catalysateur la paraldéhyde ne fond pas à 12°,5 mais à 6°,8, par suite d’une transformation partielle en acétaldéhyde. Nous ne savons rien de l'équilibre dans la vapeur à ces basses tem- pératures. Nous en savons quelque chose, au contraire, à des tempéra- tures relativement élevées. ‘) Il se forme il est vrai un peu de métaldéhyde, mais la portion qui en reste dissoute est tellement faible que l’on peut complètement négliger son influence sur le système considéré. Comment cette métaldéhyde se comporte à des températures élevées, voilà ce que de nouvelles recherches doivent encore établir. ÉQUILIBRES DANS LE SYSTÈME ACÉTALDÉHYDE, ETC. 101 Les courbes 7/G et F1G se rapportent à la pression d’une atmos- phère. On pourrait toutefois déterminer de pareilles courbes pour des pressions plus élevées et trouver ainsi comment se déplacent les points H et Z sous l’influence de la pression. On doit aboutir amsi à la ligne critique /47, où les compositions de la vapeur et du liquide, dans les conditions d'équilibre, sont évidemment devenues 1identi- ques. Une série de déterminations nous ont appris que le point P où cela a lieu correspond à 221° et 11 % de paraldéhyde. A ces températures élevées l’équihbre finit d’ailleurs par s'établir, même sans catalysateur, au bout d’un certain temps. _ De la position du point ? on peut conclure que la courbe Z/KP, qui représente comment la composition du liquide en équilibre varie avec la température, commence par se rapprocher très rapidement (portion #7 X) ‘) de l’acétaldéhyde pure, mais que cette variation de composition devient de moins en moins rapide, au point que l’on pour- rait se demander si, pour des pressions relativement élevées, cette courbe ne revient pas vers des proportions d’acétaldéhyde plus faibles. Tel est certainement le cas pour la vapeur, qui contient encore 2,5% de paraldéhyde à 41°, en contient moins à 100° et finit par en contenir 11 % à 221°. [ei on voit que l'influence de la pression finit par être nettement prépondérante. Comme la paraldéhyde est un polymère triple, l'influence de la pression est très grande. S1 l’on donne de la figure une représentation dans l’espace, dans le genre de celle que je viens de donner *), on voit que les états d’équili- bre, où il est tenu compte de la possibilité d’une transformation de l’acétaldéhyde en paraldéhyde et réciproquement, sont représentés par des lignes sur les surfaces qui se rapportent au cas où les deux compo- santes restent invariables. On peut en donner du reste une autre représentation encore, qui fait voir les phénomènes d’une manière plus générale. On peut se servir notamment d’une représentation p, {, x, et construire une surface donnant l’équilibre entre les deux espèces de molécules dans un phase homogène, vapeur ou liquide. La forme générale d’une pareille surface d'équilibre, pour le système acétaldéhyde-paraldéhyde, peut être aisément déduite de l’analogie avec d’autres équilibres gazeux -) Le point K (50°,5 et 39,4%) a été déterminé par M. TurBABA. *) Ces Archives, (2), 8, 92, 1908. O2 H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. bien connus; on doit songer que la paraldéhyde absorbe de la chaleur pour se transformer en acétaldéhyde, et se forme par compression aux dépens de cette dernière substance. U p HA Ac. Conc. Par. Ac. Conc. IG. ie 2 Fig. 3 L'allure générale de la courbe d'équilibre sous pression constante est reproduite fig. 2; celle pour température constante est donnée fig. 8. Supposons maintenant que par tous les points d’une courbe £, +, tracée dans un plan de base, on mène des plans verticaux portant des courbes p, æ, comme fig. 3; on obtient ainsi une surface y, {, x d’une forme toute particulière, qui donnerait pour chaque température et chaque pression le rapport acétaldéhyde: paraldéhyde pour lequel il y a équilibre. À l’état de vapeur et sous des pressions pas trop grandes 1l est pos- sible de déterminer théoriquement cette allure. Pour des pressions rela- tivement élevées et pour l’état hiquide le problème est plus difficile, bien que l'allure générale soit encore assez certaine. Une pareille surface d'équilibre, on pourrait se l’imaginer d’abord pour des températures supérieures à celles de la courbe critique ZW. À ces températures la surface pourrait avoir une étendue considérable, aussi bien dans le sens vertical que dans le sens horizontal. Mais la forme de la surface exige que, par abaissement de température, elle rencontre d’abord la surface à deux nappes liquide-vapeur; d’après nos recherches cela à lieu au point ?. À des températures plus basses encore, la surface d'équilibre devient discontinue et se sépare en une surface d'équilibre pour les états vapeurs et une autre pour les états liquides. Les courbes PI et PXHE de la fig. L sont les courbes d’intersection de ces surfaces avec la surface à deux nappes. On devrait y ajouter ÉQUILIBRES DANS LE SYSTÈME ACÉTALDÉHYDE, ETC. 103 évidemment les courbes d’intersection avec les autres surfaces de vapeurs et de liquides dont il a été question dans la note précédente (1. c.) Nous voyons ainsi que les équilibres particuliers, qui se présentent dans une transformation possible d’une des deux composantes dans l’autre, peuvent toujours être considérés comme provenant de l’inter- section de la figure générale dans l’espace, représentant les équilibres des phases, avec la surface représentant les équilibres moléculaires dans chaque phase. QUELQUES REMARQUES SUR L’ALLURE DE LA TRANSFORMATION MOLÉCULAIRE PAR J. D. VAN DER WAALS. Je crois pouvoir admettre comme universellement connu le fait que l'acide acétique peut être considéré comme un mélange de molécules simples et doubles, et que dans la vapeur saturée le nombre des molé- cules doubles diminue à mesure que la température s'élève. Tel est le cas aussi pour VO,. D'après ces deux exemples, les plus connus, de transformation moléculaire, on serait peut-être tenté de conclure que cette allure de la transformation est la seule possible. Il est cependant aisé de voir que l'allure inverse peut se présenter également, et de la figure 1 d’une communication récente !) de M. Baxknurs RooZEBoom je crois pouvoir déduire qu'il en est probablement ainsi dans la transfor- mation moléculaire de l’acétaldéhyde en paraldéhyde. Prenons l'équation de la transformation moléculaire, donnée à la p. 29 de Cont. IT, savoir: . (v—b)x 2(E, —EF,) 2 (H,— H,) j SE 1 | Cor) RT L À Dans cette équation, 1—x représente le poids des molécules sim- ples et + celui des molécules doubles sur 1 gr. de substance. S'il se formait des molécules de multiplicité , l'équation se transformerait en (o— bd) 1 > A log (2 = 7 D *) Ces Archives, (2), 8, 97, 19083. QUELQUES REMARQUES SUR L ALLURE, ETC. 105 Il est vrai que je ne suis arrivé à donner à cette équation cette forme simple qu'en faisant au sujet des grandeurs & et à des hypothèses par- ticuhières, hypothèses qui ne seront remplies que dans le cas où il est permis de supposer les molécules multiples comme provenant d’une simple juxtaposition des molécules simples, sans qu’il en resulte une modification plus profonde de leur structure. Comme je ne me propose toutefois d'appliquer la formule trouvée qu’à des vapeurs saturées sous basse pression, c. à d. dans des conditions où l’influence des grandeurs a et à peut tre négligée, nous pourrons considérer l’équation en ques- tion comme suffisamment exacte. Nous en déduisons do dx 1 je A rn | = CRT e + =.) 72 Pour une vapeur saturée sous basse pression: 4 1 po= À, r(1— " ) n—1 dr dp dv I a pin Un ce LITE 1 m1 d’où 1l suit que HA n Remplaçant - _. par la valeur précédemment trouvée il vient: À Ï Tia Pa ——=("—1) =) ir = ne 5) A 7 On voit ainsi que dans la vapeur saturée le nombre des molécules multiples doit augmenter ou diminuer à mesure que la température s'élève, suivant que T'dp A D PE er s Ÿ x, ar = M7 fr) ee Te Pour une substance normale — _ estapproximativement égal à 7 —®. p daT 11 106 J. D. VAN DER WAAILS. S1 la substance subit une transformation moléculaire, le facteur 7 doit être modifié, et cette modification, dépendante de la température, peut même être assez considérable. S1 nous ne désirons toutefois pas une détermination numériquement exacte, mais que nous nous demandons seulement si + peut réellement varier de deux mamières avec la tempé- rature, nous pouvons dire que: »51 la quantité de chaleur dégagée par la combinaison de # molé- cules simples pour former une molécule multiple est si grande qu’elle dépasse de beaucoup (7—1)7 7°,, comme c’est le cas pour l'acide acé- tique, la vapeur saturée sera d'autant moins associée que la température sera plus élevée. Par contre, si cette quantité de chaleur est beaucoup plus petite que (4—1) 7 7%, c’est le contraire qui aura lieu.” S1 l'on passe à des vapeurs saturées relativement denses et que l’on se rapproche de la température critique, la différence d’allure dispa- raîtra généralement. Si dans l'équation: ENT il 0) Na A Le Mn (e )= ie (en) ET CRE ES ui on : on considère la valeur de —— 3 gp POUr la vapeur saturée à toutes les températures comprises ne 0 et 7';, on trouve que cette grandeur passe par un minimum à une certaine température. Pour des tempéra- / 1 tures très basses on peut l’égaler à Ten , de sorte qu’elle est infiniment grande au zéro absolu. Mais pour “ 1 elle est également infini- ment grande, parce qu'au point critique — - est infiniment grand. mi La valeur de 7’ pour laquelle la valeur de cette grandeur est un mimi- mum doit être la même fraction de 7’. pour toutes les substances nor- males. Pour des substances à transformation moléculaire la valeur de cette fraction est modifiée. Les observations de M. SipNey Youna per- mettent de calculer, au moins approximativement, la valeur de cette fraction pour un grand nombre de substances. TJ. do OAI DCI TT GT redevient positif même pour l'acide acétique. Pour des substances qui Au-dessus de la température pour laquelle — (#—1) se conduisent comme l'acide acétique 1l y a donc un minimum de x. QUELQUES REMARQUES SUR L’ALLURE, ETC. 1e(0)I La fig. 1 de M. Baxuurs RoozeBooï (1. c.) offre un pareil minimum pour la paraldéhyde, d'où l’on conclurait que sa transformation suit la même allure que celle de l’acide acétique. Je tiens néanmoins pour possible que par des recherches directes plus précises on constaterait que ce minimum n'existe pas. Et, s’il existe réellement, 1l est probable qu'il s’observerait à une température beaucoup plus élevée. Mais même s1l était prouvé en défimtive que cette transformation encore appartient au type de l'acide acétique, je crois qu'il n’est pas superflu d’avoir fait voir que l’autre allure est également possible. La conduite anormale des alcools, de l’eau etc. est attribuée à une trans- formation moléculaire possible, et pourtant la vapeur saturée de ces substances obéit de mieux en mieux aux lois des gaz parfaits, à mesure que la température est plus basse. Toutes les observations prouvent que la vapeur d'eau saturée à 100° présente une densité plus élevée de 2’, % que la valeur théorique, déduite des lois des gaz parfaits; à la température ordinaire, par contre, sa densité ne diffère pas notablement de celle que l'on calcule par l'application des lois de Boyre et Gay- Lussac. Si le type acide acétique existait seul dans une transformation moléculaire, l'hypothèse que l’eau aussi présente une telle transformation aurait pour conséquence que l'écart devrait augmenter par abaissement de température. Il est très probable que cet écart de 2'}, % pour la vapeur d’eau saturée à 100°, écart dont il est impossible de rendre compte par les écarts ordinaires des lois des gaz parfaits présentés par les substances normales, est produit par la présence de molécules com- plexes, mais nous devons admettre en même temps que la chaleur de transformation est inférieure à la limite que nous venons de donner. L'équation dont nous venons de faire usage 1c1 a été déduite antérieu- rement (Cout. IT, p.29) par l'application directe du principe d'équilibre d’après lequel une quantité donnée de matière se distribue, à tempéra- ture et volume donnés, de telle manière que l’énergie libre soit un minimum. À ceteffet nous avons pris une quantité déterminée de matière, p. ex. l’unité de poids, et nous avons supposé qu'elle était constituée par 1x gr. de molécules simples et + grammes de molécules doubles. Une variation de + n’entraïînait pas de variation de la quantité de matière. On pourrait aussi considérer un mélange composé de 1—+ molécules simples et + molécules doubles, et appliquer le principe que, quand il y a équihbre, le potentiel thermodynamique pour une quantité moléculaire 10 J. D. VAN DER WAALS. des molécules multiples est # fois plus grand que pour les molécules simples. Îl va de soi que dans ces conditions la fonction linéaire de x, que nous avions négligée ailleurs, doit entrer ici en ligne de compte. Si l’on pose donc: É—MRT {Lu + (1—x) log (1x) E slogæ) + | + T{a(l—x) LB} Ly(1=7) E0y 1l vient dE es = MRT (ES can log(A = x)} 3 Te, et +) =MRT )u+( n LT 2) 2x + logai + BT+T. on déduit alors: 7% RE EN er ? pas dde Ho er RTE Cette dernière équation conduit aux résultats trouvés tantôt d'une manière plus sunple encore que celle employée primitivement. Elle a en outre cet avantage que les grandeurs + et & conservent la sigmifica- tion que nous leur avons attribuée dans la théorie d’un système binaire. Des transformations dans le genre de celle de l’acétaldéhyde en paral- déhyde, transformations que l’on peut provoquer à volonté à l’aide d’un catalysateur et dans lesquelles la composition peut être déterminée par l'expérience, sont de la plus haute importance pour l’étude de l’allure de la transformation moléculaire. Dans des transformations comme celle de l’acide acétique, la densité est le seul indice du degré de transforma- tion, — et cet indice est en défaut dès que nous opérons dans des cir- constances où les écarts des lois des gaz parfaits sont considérables. Aussi est-il impossible de donner la preuve expérimentale du fait qu'il y a une température pour laquelle le nombre des molécules doubles dans la vapeur saturée de l’acide acétique est un minimum. A la tem- pérature où la théorie fait prévoir ce minimum, 0,8 à 06,9 7°,, la den- sité de la vapeur saturée est déjà suffisamment élevée pour qu'il soit presque impossible d’en rien conclure avec certitude au sujet de l'allure de la transformation moléculaire. PHÉNOMÈNES CRITIQUES DE LIQUIDES PARTIELLEMENT MISCIBLES PAR J. D. VAN DER WAALS. N La communication faite par M. Kuëxex à l’Académie des Sciences d'Amsterdam, dans la séance du 27 septembre 1902, et portant le même titre, m'a suggéré les remarques suivantes. Dans ma communication du 25 mars 1899, je suis parti de cette idée que la série des points de plissement qui s’observent à diverses températures, soit qu'on les raccorde par une courbe de plissement, soit qu’on les représente dans le plan (+, r) doivent former une ou plu- sieurs lignes contigues, dans un sens mathématique bien entendu. Quand l’expérience donna pour des mélanges d’éthane et d'alcool éthylique deux courbes de plissement séparées, je les.ai raccordées par une portion théorique. S1 l’on veut raccorder les deux portions trouvées de manière à en former une seule courbe, cela peut s'effectuer de deux façons bien sim- ples. Ou bien on peut opérer le raccordement de telle manière que allure de la courbe soit continue même au point de vue de la direc- tion, ou bien on peut réunir les extrémités des lignes expérimentales par une ligne qui présenterait en ces points un changement brusque de direction, de manière à suivre à peu près l’allure de la pression des trois phases, tout en restant toujours au-dessous de cette pression. Je croyais alors qu'il fallait raccorder les deux portions de la courbe de plissement de la première manière. Les particularités qui en étaient la conséquence, savoir l’existence d’un minimum et d’un maximum de température, l'expérience en fit connaître la possibilité et nous en a 110 J. D. VAN DER WAALS. même fourni des exemples. Au moins pour ce qui regarde l’existence d’un minimum de température. Quant à la particularité présentée par l’autre mode de raccordement, c. à d. le changement brusque de direc tion, 1l n'avait jamais été observé. Une fois que le choix est fait, si l’on veut en examiner la portée, on doit évidemment examiner ses conséquences. Or, de ces conséquences je rappellerai quelques-unes: 1°. il y a un mélange dont la tempéra- ture critique est un minimum, 2°. 1l y a un mélange dont la tempéra- ture critique est un maximum, 3°. en dehors des limites de température des trois phases, 1l y a des points de plissement non accessibles à l'observation parce qu'ils sont situés au-dessus de la surface 4 empirique. Dans ces conditions 1l faut qu’à une certaine température un pli se détache du ph principal, qui se réduit à un point à une température plus élevée (le maximum de température critique). J’ai donné antérieurement (Cont. IT, pp. 187 et suivv.) de ce phénomène une description succincte, mais absolument exacte. Or, comme M. KuENEN admet comme exacte la facon dont les deux portions expérimentales de la courbe de plisse- ment ont été raccordées, je dois considérer comme une inconséquence qu'il n’en admet pas l'interprétation. Une question plus importante toutefois est celle de savoir si notre choix a été judicieux, et s’il n'aurait pas mieux valu donner à la ligne de raccordement deux changements brusques de direction. Cela voudrait dire peut-être que le point de plissement, dont l’allure est donnée par la portion théorique, est un autre que celui qui nous est donné par l’expé- rience. À la p. 321 de la communication de M. KüENEN je lis bien qu'il a déduit d’autres lignes la figure que j'avais donnée primitivement. Je crois toutefois devoir interpréter ce qu'il a écrit en ce sens qu'il s’est convaincu de cette manière de la possibilité de réunir les deux extrémi- tés des branches expérimentales. [1 me semble donc que la manière dont le raccordement doit être opéré n’est par là pas encore établie. Depuis quelque temps déjà d’ailleurs j'étais dans l'incertitude à ce sujet. Le raccordement continu exige en effet l'existence d’un mélange à maxi- mum et d’un autre à minimum de température critique. Et, bien que dans ma communication de 1899 j'aie exprimé l'opinion qu’on réussirait à en rendre compte, je dois avouer à présent que mes recherches ulté- rieures me font de plus en plus considérer comme improbable l'existence d'un maximum de température critique. PHÉNOMÈNES CRITIQUES DE LIQUIDES, ETC. IAE Il me semble que la question est maintenant tranchée par les obser- vations de M. Kuënex, qui a déterminé expérimentalement une portion de courbe de plissement, commençant au point critique de l’alcool méthylique, et donnant l’allure d’un point de plhissement qui appartient à un ph dont le sommet est tourné vers les petits volumes. La circon- dp ME 0p stance que AT est négatif, ou tout au moins plus petit que a) rest 2 dv ne en parfaite harmonie avec cette autre que Te est positif. v Je S1 le sommet de ce pli avait été tourné du côté des grands volumes, l'allure de la courbe de plissement, dans le cas des mélanges d’éthane et d'alcool méthylique, aurait également pu être rendue moyennant un maximum et un minimum de 7%, Mais à présent 1l me semble qu’on ne peut faire autre chose qu'admettre avec M. KuüeNEN que la portion théorique d’une courbe de plissement donne l’allure d’un point repré- senté par M. Korrewec (voir p. ex. ces Archives, (1), 24, p. 305, fig. 12), appartenant à un pli latéral, et que l’on obtient en prolongeant la courbe connodale de ce pli jusque dans la région labile. La discontinuité dans la courbe de plissement résulterait ainsi du fait que la portion théorique exprime l'allure d’un autre point de plissement que celui auquel se rapportent les portions expérimentales. Revenons aux mélanges d’éthane et d’alcool éthylique; à la tempé- rature 7'& il commence à se former une bosse dans la courbe spinodale, du côté des petits volumes; on obtient en même temps une nouvelle courbe connodale qui, quand on la poursuit jusque dans la portion instable, présente un nouveau point de plissement. En d’autres termes, le point de plissement déjà existant se sépare en deux. Ce deuxième point de plissement est situé du côté de l’éthane, et commence par se déplacer avec grande rapidité. À des températures plus élevées le pli latéral s'étend, et en même temps la partie du pli principal qui avait son point de plissement du côté de l’éthane se resserre. Au moment où cette dernière portion va disparaître, le deuxième point de plissement coïncide avec le point de plissement qui est dessiné en 4 (fig. l, p.319). Il y a bien quelques différences de détails avec la description donnée par M. KUENEX, mais on aurait besoin d’un grand nombre de figures aussi bien pour faire voir les divergences que pour montrer ce qu’il y a de concordant. Dans le cas de l’éthane et de l’alcool méthylique, il y a une température 112 J. D. VAN DER WAALS. T à laquelle (voir fig. 2, p. 326) le pont de plissement théorique, qui appartient au pli latéral du côté de l'alcool, coïncide avec le point de plissement que l’on observe du côté de l’éthane. À des températures plus basses ce point se déplace dans le plan 4—v du côté de l’alcool et tend asymptotiquement vers le point de plissement expérimental, avec lequel 11 forme ce que M. Korrewr@ appelle un ,,système double hété- rogène”. Quand on représente ces points sur une courbe de plissement, il faut nécessairement qu'il soit satisfait à la condition qui résulte du fait que tous ces points sort situés au-dessous du triangle des trois phases, et notamment du côté des petites pressions. À des températures très basses 1l se peut même qu'ils pénètrent dans la région des pressions négatives. La fig. 2 de M. KuEzNEN doit donc être complétée par une ligne théorique partant de 4, revenant immédiatement vers des tempé- ratures plus basses et située au-dessous de la courbe qui représente la pression du système des trois phases. L’asymptote dont se rapproche la branche supérieure, qui commence en €, , sera également une asymp- tote pour la branche théorique. Pour cette dernière branche aussi d2v 2 doit être positif, donc dx dy 0p 7e e - Il semble que l’ascension rapide de cette branche pour de basses températures soit en contradiction avec cette inégalité. Si nous remar- quons toutefois que pour des valeurs de v, voisines du volume limite, 0p Men ae . ) tend également vers l’infini, cette contradiction apparente disparait. OM, Ce qu’il y a de surprenant, à mon avis du moins, c’est que ces points de plissement théoriques servent à établir la contmuité dans l'allure des points de plissement pratiques. Mais d'un autre côté cette circonstance, que nous venons de trouver pour Pallure de ces points de plissement théoriques une signification aussi importante, et en même temps si sim- ple au fond, rend plus forte encore ma conviction que la description exacte du phénomène est maintenant donnée, du moins pour ces cas où le pli longitudinal à son sommet tourné du côté des petits volumes. Mais, si la description du phénomène est devenue plus exacte, nous devons constater d’un autre côté que nous ne sommes guère plus avancés dans son explication, et que même les chances de trouver une telle PHÉNOMÈNES CRITIQUES DE LIQUIDES, ETC. rs explication sont devenues moindres. Nous n'avons notamment plus à chercher dans quelles circonstances un mélange de deux substances peut présenter un maximum et un minimum de température critique. Même la question de savoir si la grandeur:de la molécule de la substance nor- male a une influence sur l’allure du point de plissement a perdu de son importance directe. Il en est de même de cette autre, si par le rempla- cement de l’éthane par un terme plus élevé de cette série d'hydrocar- bures la limite entre les deux manières de se comporter, située entre l'alcool méthylique et l'alcool éthylique dans le cas de l’éthane, est déplacée vers des termes plus élevés de la série alcoolique ‘). A plus d'un point de vue je suis donc ramené à chercher une cause pour la formation d’une saillie dans la courbe spinodale du côté des petits volu- mes. Dans le cas de mélanges d’une substance normale avec une autre en voie d'association, cette explication peut probablement être trouvée dp ; ) peut prendre chez ces mélanges une valeur extraordinairement grande; et comme l'équation de la courbe dans la circonstance que ( spinodale peut s’écrire: 0 p 02 Ô ”. dy dx? re 0x7 ? il pourra en être de même de la valeur de — d Il est certain que l’on peut rendre compte de cette manière de la saillie en question. Mais de cette remarque à un calcul suffisant 1l y à probablement loin. On voit dans tous les cas que la connaissance des phénomènes criti- ques de mélanges de substances non miscibles en toutes proportions a été considérablement avancée par les recherches de M. KuüENEN; j’espère donc qu'il continuera dans cette voie. *) Depuis quelque temps déja on prépare dans mon laboratoire des expé- riences dans le but d'examiner si avec le propane cette limite ne se trouverait pas entre les alcools éthylique et propylique; mais diverses circonstances ont jusqu'ici arrêté ces recherches. GAL I NU TAUIR ITUNSS PAR J. À. C. OUDEMANS et J. BOSSCHA. I. INrropucTrIoN. Dans la livraison de septembre 1901 de la Bibliotheca malhematica M. Favaro, ayant pris connaissance du Programme de la Société hol- landaise des Sciences à Harlem pour 1900 ?), a présenté quelques remar- ques au sujet d’une question, mise au concours par cette Société, et a exprimé sa surprise à l’égard des motifs, pour lesquels les juges n’ont pas cru pouvoir accorder le prix à l'unique réponse qui leur avait été soumise. La question proposée était la suivante: ,,On demande une étude comparée et critique des observations relatives aux satellites de Jupiter, mentionnées dans le Vuncius Sidereus de GaLILéE et le Mundus Jovialis de SIMON Marius. On désire voir décider jusqu’à quel point l’accusa- tion de plagiat, portée par GALILÉE contre Marius, peut être consi- dérée comme fondée (HumBorpr's Kosmos IL, p. 357). Dans le résumé du jugement émis sur la réponse, le passage suivant a particunèrement attiré l'attention de M. Favaro: ,,Le volumineux mémoire envoyé en réponse, — 235 pages in-folio écrites en langue allemande, — fut successivement soumis à MM. J. À. C. OuDEMANS à Utrecht, E. F. van De Sanpe Barkuuyzen à Leide, et J. C. KAPTEYN à Groningue. La lecture des rapports émis montre que les membres »du jury ont été amenés à examiner eux-mêmes la question posée, ce qui n'a pas laissé de leur coûter un long travail, Les trois rapporteurs ,conclurent de même: les accusations de GALILÉE n’ont aucun fonde- ment sérieux.” ‘) Archives Néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, publiées par la Société hollandaise des Sciences etc., Série IT, Tome IV, p. 2. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE IL, TOME VII. 8 116 j. A. Ô. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. Etonné que l’on pût mettre en doute la justice de l’anathème lancé par GALILÉE contre Marius et qui, d’après un témoignage tiré de la Correspondance de Huy&exs, à fait regarder l’astronome allemand comme le type du plagiaire, le savant auteur de l’Edizione Nazionale des Oypere di Galileo Galilei exprime le désir de voir publier les arguments qui ont conduit les juges à une conclusion aussi inattendue, et exprime à cet égard ses sentiments en des termes, qui ont Pair d’un défi adressé aux auteurs de la sentence. Animés du même désir que M. Favaro, celui de voir trompher la vérité, nous satisfaisons volontiers à sa sommation. M. Favaro, augurant quelque résultat important d’un travail de 255 pages, qui tend à accabler la mémoire de Marius, espère ,,voir porter à la lumière le travail dans lequel, à en juger par son étendue, la question doit avoir été traitée avec beaucoup d’ampleur, ainsi que les motifs qui ont porté les juges à s'exprimer d’une manière que plusieurs estimeront en contradiction complète avec ce qui était jusqu'ici sou- tenu généralement.” Nous devons laisser à l’auteur du Mémoire refusé le soin de satisfaire au premier de ces deux vœux. Quant au second, pour le remplir nous n’aurons pas à nous imposer un bien rude travail. Notre principal argument est l’absence absolue de preuves du délit imputé à Marius. Les nouvelles études qui, d’après M. Favaro, doivent avoir conduit à notre résultat, n’ont exigé, de notre côté, que les ressources ordinaires de l’astronomie actuelle. Nous devons également décliner l'honneur d’être arrivés à une con- clusion entièrement nouvelle, en contradiction complète avec ce qui a été jusqu'ici admis généralement. En effet, les exceptions à cette règle générale sont nombreuses et parmi elles 1l y en a d'importantes. M. Favaro cite lui-même le Mémoire de M. Jurius Meyer, actu- ellement président de la Cour de justice à Ansbach. Nous n’en avions pas connaissance, maïs, sur notre demande, l’auteur a eu l’obligeance de nous l’envoyer. M. Meyer, qui affirme, — contrairement à ce que suppose M. Favaro, — n'être ni de la même ville, ni de la même famille que Simon Marrus, tout en reconnaissant que quel- ques auteurs ont attribué la découverte des satellites de Jurrrer à GaALILÉE, cite vingt autres qui l’attribuent à Marius. Il est vrai que ce ne sont pas tous des autorités de premier ordre, et que l’on peut tout d’abord mettre de côté les lexicographes, dont on ne peut attendre GALILÉE ET MARIUS. 117 l’étude des sources ou une critique approfondie. Mais lorsqu'on prend l’avis d’un astronome, qui fait preuve d’avoir lu l'ouvrage de Marius, le jugement en général n’est nullement en défaveur de l’astronome allemand. Personne d’ailleurs ne contestera que GazILéE a été le premier à faire connaître, dans un écrit public, les merveilles que la lunette hollandaise fit découvrir dans le ciel étoilé, et que de plein droit l'honneur lui en est dû. Ce n’est pas là la question. Il s’agit de savoir, si Marius à pu de bonne foi affirmer que l’une de ces merveilles, le système des 4 satel- lites de Jupiter, a été aperçue et reconnue par lui presqu’en même temps que par GaLiLée, et si son Wundus Jovialis est un travail sérieux ou bien un emprunt malhonnète. Commençons par JEAN Dominique Cassintr (Cassini [) qui, dans son excellent Mémoire intitulé: ,,les Hypothèses et les Tables des Satel- lites de Jupiter réformées sur de nouvelles Observations” (Divers Ouvra- ges d'astronomie par M. CassiNr, Amsterdam, chez Prerre Mortier, 1736, p. 412), après avoir dit que GALILÉE mettait en doute si Marius avait Jamais vu ces satellites, s'exprime ainsi: ,,On n’en sçaurait néan- moins douter, si on examine la méthode dont il (Marrus) dit qu'il s’est servi pour les observer, qui apparemment ne seroit pas tombée dans , la pensée d’une personne qui ne l’eust pratiquée: les difficultez qui se ,»rencontroient dans la pratique de ces observations y estant fort bien »representées”. Citons encore KäsrNER qui, dans sa Geschichte der Mathematik, Tome IV p. 127, se prononce ainsi: ,,[l (Marius) ne nie pas la décou- verte” (des satellites) ,,par GALILÉE en Italie, mais l’un et l’autre ayant pu diriger leur lunette vers Jupiter, je ne vois aucune raison »de douter de la véracité de Marius”; et plus loin dans le même ouvrage, p. 133: ,,s1 GALILÉE est maltraité par les philosophes dialec- tiques, lui-même 1l a été injuste envers Marius.” Enfin (p. 134): ,,La Vraie conclusion serait celle-e1: Marius n'aurait pas fait ses observa- tions avec assez d’exactitude et se serait formé une fausse hypothèse à » l'égard des orbites des Satellites” ”). :) Ces deux dernières assertions nous paraissent peu exactes. La première manque de fondement, comme l’un de nous l’a démontré dans la Note I, annexée à ce Mémoire. Quant à la fausseté de l'hypothèse admise par Marius en 1614, nous verrons dans la suite que cette hypothèse approchaiït plus près de la vérité que celle émise par GaLiLéE en 1623. g* 118 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. HumBorpr, dans son Cosmos T. IT, p. 337, s’exprime comme suit: les Satellites de Jupiter, les premières planètes secondaires trouvées au »moyen de la lunette, ont été découverts le 29 décembre 1609 par »SIMON Marius à Ansbach et le Ÿ janvier 1610 par GarIréE à Padoue. Quant à la publication de cette découverte, Garirée devancea, »par le VNuncius Sidereus en 1610, le Wundus Jovialis de Sion Mayer, »paru en 1614. Hvuusorpr ne s'est donc pas apercu de la différence des calendriers, le calendrier Julien employé par Marius et le Grégorien employé par GALILÉE; mais quoique, si l’on n'a pas égard à cette différence, 1l semble exister un avantage de 9 jours en faveur de Marius, il n°y atta- che avec raison pas grande importance. Toutefois, 1l paraït que Hunu- BOLDT ne doute nullement de la vérité du récit de Marius. R. Wozr, dans sa ,,Geschichte der Astronomie”, p. 410, dit: ,9. Marius ne publia son écrit, le WMundus Jovialis, qu'en 1614, — et c’est pour cela que, quoiqu'il n'existe aucune raison de douter de la vérité de son récit, lon peut tout au plus détourner de lui l’accusa- tion de plagiat, mais nullement réclamer pour lui la priorité de la découverte”. Mais la question qui nous occupe ne se laisse pas décider par l’auto- rité de quelques savants, si célèbres qu'ils soient. De plus, elle ne regarde pas la priorité de la découverte, qui, étant donnée la lunette , ne pouvait échapper au premier observateur quelque peu curieux, qui dirigerait cet instrument vers Jupiter, et nous semble avoir en soi bien peu de mérite. La question posée dans le concours est celle de savoir, si Marivs a commis un plagiat et si GALILÉE avait le droit de le lui reprocher. II. ErarT DE L’'ASrRONOMIE EN 1609. Avant de procéder à l'examen de cette question, jetons un coup d'œil sur l’état de l’astronomie à l’époque des premières découvertes fournies par la lunette de LIPPERHEY. Tyono Brané, qui pendant vingt ans avait observé les étoiles et les planètes à Uranibourg, après avoir été banni de son île Huen, était mort à Prague, le 24 octobre 1601. Guirraume IV de Hesse, presque son égal en matière d'observations astronomiques , l'avait précédé dans la tombe en 1592. RorïHmanx et ByrGt, ses aides, avaient abandonné GALILÉE ET MARIUS. 119 l'astronomie. KæPLEeR s’occupait à Prague à étudier les observations, faites sur Mars par Tycxo et ses aides, pour en déduire la nouvelle théorie de cette planète; enfin TENGNAGEL s'était engagé au service de l'empereur Allemand. L’astronomie pratique était donc entrée dans un état de stagnation. Les Fagricrus dans l’Ost-Frise étaient peut-être les seuls, qui s’occupaient d'observations astronomiques. [1 semblait que Tvono, avec le vaste appareil de ses grands instruments, avait épuisé ce que l’œil nu dans une recherche systématique pouvait discerner dans le ciel étoilé et que seul le hasard püût fournir quelque fait remarquable, comme la découverte, faite par Fagricrus, de la variabilité de Mira de la Baleine, et celle de la nouvelle étoile du Serpentaire faite par SIMON Marrus et BaLpassarE CAPRA. Marius, après avoir fait, aux frais du Margrave FRÉDÉRIC DE BRAN- DEBOURG-ANSBACH, des études philologiques, mathématiques et astrono- miques à l’école princière de Heilsbronn, s'était voué entièrement au culte de l’astronomie. En 1596, il observa et décrivit la grande comète de cette année; il imagina et publia une hypothèse à l'égard du système solaire, qui plus tard parut s’accorder pour la plus grande partie avec le système de TycHo. En 1599 parurent ses Novae tabulae directionum, dont le but était de faire connaître, à l’usage des pronostics astrolo- oiques, les positions des planètes par rapport à un horizon quelconque. Lorsque Tycao, chassé du Danemark, avait accepté l'invitation de l'Empereur Ropozpuæ IT, qui l’appelait à Prague, 1l proposa à Marius de venir l’assister. Marius, muni d’une lettre de recommandation du Margrave, son protecteur, s’y rendit en mai 1601. Quelques mois plus tard 1l eut le malheur de perdre un guide si excellent, n'ayant recueilh de son séjour à Prague d'autre avantage que celui d’avoir fait la connais- sance de Kæpzer. Marius retourna dans sa patrie, d’où bientôt, sou- tenu par une pension annuelle de son patron, 1l repartit pour visiter Venise d’abord, puis Padoue. Dans cette dermière ville 1l résida jusqu’en 1605; 1l y connut Capra et GazrLée et fut un des chefs de la confrérie des étudiants allemands. De retour à Ansbach en 1606, il fut nommé astronome de la Cour et s’occupa à composer des annuaires astronomi- ques et astrologiques et à préparer sa traduction d’Euclide. Garirée ne s'était encore fait connaître par d’autre publication que celle dans laquelle 1l décrit le compas de proportion et ce qu'il y avait ajouté pour en faciliter et étendre l’usage. C'était surtout par ses leçons 120 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. publiques à Pise et à Padoue qu’il s'était acquis une certaine renommée. A Pise, où 1l ne resta que trois ans, la hardiesse avec laquelle il se mit en opposition ouverte contre les doctrines scholastiques, en énonçant dans ses leçons des vues incompatibles avec les théories des péripatéti- ciens, les expériences nouvelles en [talie ‘), qu'il organisait publique- ment pour confondre ces dernières, la liberté de sa conduite envers :*) Telle est l'expérience, rapportée par Vivranr, (Favaro, Gal. Galilei e lo Studio di Padova I, p. 41) prise de la tour de Pise et tendant à démontrer que les corps de différents poids tombent avec la même vitesse. Nezzr (Vita di Galileo, I, p. 43) la décrit comme suit: ,Ühe una palla di ferro di cento libbre, cadendo dall’ältezza di cento braccia, cade in terra nell’istesso tempo, quanto un’altra di ferro di peso di una sola libbra lasciata cadere dalla mede- sima altezza.” M. Favaro dit à ce sujet, que de la tour de Pise la philoso- phie péripatéticienne reçut un coup dont elle ne se releva jamais. Si telle est la portée de l’expérience, la philosophie péripatéticienne était ter- rassée depuis plus de quatre ans. L'expérience, en effet, se trouve décrite dans les ,Beghinselen des Waterwichts, beschreven door Simon STEviN van Brugghe 1586”, page 66, en ces termes: L'expérience contre ARisTorE est telle: ,, Prenez, — comme le professeur JAN N,CoRNETS DE GRoorT, le très diligent examinateur des secrets de la nature, et moi nous l’avons fait, — deux boules de plomb, l’une dix fois plus grande et lourde que l’autre, et laissez les tomber d’une hauteur de 30 pieds sur un pla- “teau ou sur quelque chose contre laquelle elles font un son assez fort, et il paraîtra que la plus légère n’est nullement dix fois plus longtemps en chemin que la plus lourde, maïs qu’elles tombent au même moment sur le plateau de sorte que les deux sons semblent un seul et même coup”. Les premiers ouvrages de Simon STEvIN sont pleins de faits et de démonstra- tions que l’on a attribués plus tard à GaALILÉE ou que celui-ci s’est attribué lui-même: les déterminations du centre de gravité d’une pyramide ou d’un para- boloïde tronqué, par laquelle GALILÉE entra dans les bonnes grâces du marquis Guinosazpo DEL Monte (Favaro I. ce. I, p. 30), la composition des forces au moyen du triangle des forces, l’application du principe des vitesses virtuelles, que SIEVIN d’ailleurs présente comme une chose connue, la démonstration du rapport qui existe entre le poids d’un corps et la force qui le pousse sur un plan incliné, théorie dont la priorité appartient à STEvin lui-même. À l’épo- que où parurent les ,Beghinselen der Weegkunst”, 1585, STEvIN avait même déjà composé un traité sur la pesanteur de l’air, qui malheureusement a été perdu, mais dont l'existence est attestée par les notes marginales accompagnant les vers latins qui précèdent ce dernier ouvrage, et dans lequel le titre même de Lochtwicht”, le , poids de l'air”, est cité. GarLILÉE avait de nombreux cor- respondants en Belgique, au sujet desquels on peut consulter l’ouvrage du doc- teur GEorRGEs Moncaamp, prêtre du diocèse de Liège: GaLILÉE et la Belgique, Saint-Trond. 1892. GALILÉE ET MARIUS. 121 des autorités académiques lui avaient attiré des inimitiés tellement influentes, qu'il jJugea prudent de chercher une place hors de sa patrie. À Padoue sa renommée avait grandi encore. Désireux de se signaler dans la lutte contre d'anciens préjugés, GALILÉE, par les talents dialectiques et la verve enjouée, dont plusieurs de ses productions litté- raires font preuve, ne manquait pas de gagner, à côté de nombreux ennemis, des admirateurs et amis. Toutefois, 1l s’y trouvait placé dans des conditions pénibles en raison de la disproportion qui existait entre ses revenus et les dépenses auxquelles 1l avait à faire face, tant pour son propre compte que pour subvenir aux besoins de sa famille restée sans ressources après la mort du père, VINCENZIO GALILEI. Soucieux de ménager sa réputation, 1l se vit obligé de cacher ses sen- timents sur la grande question qui menaçait d’une ruine certaine les doctrines anciennes, savoir celle de la mobilité de la Terre et du système Copernicien. Déjà en 1597, en témoignant à KePzer qu'il s'empresserait de hre le Prodromus dissertationum cosmographicarum que Pauteur lui avait envoyé, 1l écrivit ,,ce que je ferai d'autant plus volontiers, que déjà depuis plusieurs années je suis entré dans les vues de Copernic et en ai déduit les causes de plusieurs effets naturels qui indubitablement ne peuvent s'expliquer avec l’hypothèse commune. J'ai mis par écrit plu- ,Sieurs raisonnements et réfutations d'arguments contraires, que cepen- »dant jusqu'ici je n'ai pas osé publier, effrayé par le sort de notre ,,maître CoperNIC même, qui quoiqu'il se soit acquis une gloire immor- telle auprès de quelques uns, toutefois auprès d’une infinité d’autres (car tant est grand le nombre des sots) s’est rendu ridicule et insup- portable.” Malgré les pressantes exhortations de KePLER, malgré la force de ses propres convictions et la fougue naturelle de son caractère militant et agressif, GALILÉE avait continué à réprimer ses vrais sentiments. C’est ainsi qu'il était resté en bons termes, d’un côté avec les Jésuites et leurs amis, tels que CLAvio à Rome et Paoro Guarpo à Padoue, et lié avec Paoro Sarer à Venise, le défenseur influent des droits de la Répu- blique contre les empiétements hiérarchiques du pape Pauz V. 1199) J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. III. INVENTION DE: LA LUNETTE. Le 2 octobre 1608 les Etats Généraux des Provinces Unies des Pays- Bas s’occupèrent d’une requête qui leur avait été présentée par un lunetier de Middelbourg, JoHan LIPPERHEY, qui, ,,ayant inventé, ;comme Messieurs les Etats le savaient, un instrument pour voir de loin, demandait de ne pas divulguer cet instrument, de lui accorder ;un octroi pour trente ans ou bien une pension annuelle pour Le fabri- ,quer exclusivement au service du Pays.” Les Etats décidèrent que quelques délégués de leur Assemblée communiqueraient avec l'inventeur pour apprendre de lui s’il ne pourrait améliorer l’instrument de manière »à pouvoir y regarder avec les deux yeux, et avec quel honoraireul voudrait se contenter.” Avant le 2 octobre l’instrument et son usage étaient donc connus aux Etats; 1l est très probable que depuis quelque temps déjà le Prince Maurice, auquel la première lunette avait été offerte par l'inventeur, la leur avait communiquée. Trois jours plus tard les délégués, auxquels les Etats avaient adjoint un représentant de chaque province, se réunirent sur la tour du Quar- tier du Stadhouder dans le Binnenhof de la Haye, pour faire avec l’in- venteur l’essai de la nouvelle invention. Le 6 octobre ils rapportèrent que l’instrument inventé par JoHan LippeRHEY leur avait paru pouvoir être utile au service de Etat et qu'ils avaient offert à l'inventeur (qui d’abord avait demandé nulle florins) trois cents florins pour une lunette en cristal de roche et six cents florins si l'instrument se trouvait perfectionné (c’est à dire con- struit de manière à pouvoir y regarder avec les deux yeux) et bon. L'assemblée résolut de différer la question de l'octroi ou de la pension jusqu'après la livraison de la lunette. À la suite d’une nouvelle requête de LippeRuE y, lue dans la séance du 11 décembre, deux des commissai- res rapportèrent qu'ils avaient examiné l’instrument inventé par Lipper- HEY pour voir de loin avec les deux yeux et qu'ils l’avaient trouvé bon. [1 fut donc proposé de lui payer les six cents florins restants et de lui accorder l'octroi. Mais les Etats, prenant en considération que plusieurs autres avaient connaissance de cette invention pour voir de loin, refu- sèrent à LrPPkRHEY l'octroi; par contre ils commandèrent encore deux GALILÉE ET MARIUS. 128 instruments de l’invention pour voir avec les deux yeux, à livrer au même prix qui avait été promis. Le procès verbal du 13 février 1609 semble indiquer que, en défini- tive, les trois instruments ont été payés à Lipperney, 800 Horins la pièce . Ces simples données, absolûment authentiques, suffisent pour donner quelque idée de l'effet produit par l’importante invention. LiPPERHEY crut pouvoir demander mille florins pour le premier instrument et quoi- que les Etats pussent facilement se convaincre que le tube, muni d’un verre de lunette à chacun de ses bouts, ne cachait aucun mystère, 1ls concédèrent immédiatement la somme considérable de 300 florins. L’effet merveilleux produit par un appareil aussi simple avait rendu impossible d'en garder le secret. [1 paraît d’ailleurs que, comme 1l arrive presque toujours dans les inventions qui attirent l'attention publique, les inven- teurs après coup ne manquaient pas. Le 15 octobre 1608, Jacos Marius d’'Alkmaar sollicitait de son côté un brevet d'invention et nous verrons plus loin qu’à la messe automnale de Francfort,en novembre de la même année, un soi-disant inventeur offrit à vendre un instrument pareil. Remarquons encore que LrPperH£Y fit preuve de s'appliquer à l’étude de l’instrument en offrant de l’exécuter en cristal de roche, dont il devait avoir reconnu la supériorité en comparaison du verre ordi- naire, et qu'il était assez habile artisan pour imaginer et exécuter en quelques semaines le bimocle. À la rapidité avec laquelle l’invention se répandit en dehors des Pays-Bas contribuait sans doute le licenciement, — par suite de la Trève de 12 ans, — des officiers, ingénieurs et simples soldats qu'avait attirés auprès de l’armée du Prince Mavrics la rénommée de ce réformateur de l’art militaire. Deux des lunettes commandées par les Etats à Lre- PERHEY furent destinées à être offertes au roi de France Henrt IV. La lettre de l'ambassadeur JEANNIN, datée du 28 décembre 1608, qui en annonçait au Roi le prochain envoi, lui fut portée par CRÉPY, un soldat originaire de Sedan, retournant en France et qui avait servi quelque temps dans la garde du Prince ‘). Il y avait appris l’art de faire les *) Van SWINDEN, auquel nous devons les détails précédents, a exhumé des Archives de la Haye la réponse fatidique, donnée par Herr IV le 8 janvier 1809, seize mois avant l’attentat qui lui coûta la vie: ,J’aurai plaisir de voir les lunettes dont votre lettre fait mention, encore que j'aie à présent plus grand besoin de celles qui aident à voir de près que de loin.” 124 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. lunettes de Lipperney. C’est probablement CréPy qui fabriqua en France les premières lunettes où elles se répandirent bientôt. Dès la fin du mois d'avril 1609 elles se vendaient publiquement à Paris dans les boutiques des lunetiers ”). À Venise, le siège principal de l’industrie verrière, on connaissait déjà en décembre 1608 la présenta- tion au Prince Maurice d’un instrument à voir de loin. La nouvelle y était connue de PaoLo Sarpt?), à Rome elle cireulait vers la fin d’avril ”). En mai 1609, la lunette fut importée à Milan par un français qui se disait l’associé de l’inventeur hollandais *). Srrrurus eut l’occasion de la voir et de la manier chez Porfèvre qui, sur l’ordre du Comte De FuENTEs, devait la munir d’un tube en argent. Mais déjà partout on rencontrait des hollandais, des français et des italiens qui tâchaient de gagner de *) Journal du Règne de Henri IV Roi de France et de Navarre. Par Pierre DE L'EToirEe Grand-Audiencier en la Chancellerie de Paris. Avec des Remarques Historiques et Politiques du Chevalier C. B. A. Et plusieurs Pièces Historiques du même temps. Tome Troisième. À la Haye chez les FRÈRES VarzLANT. MDCCLXI, pp. 513 et 514: ,, Le jeudi, ayant passé sur le pont Mar- : chand, je me suis arrêté chez un Lunetier qui montrait à plusieurs personnes des Lunettes d’une nouvelle invention et usage; ces lunettes sont composées d’un tuyau long d'environ un pied, à chaque bout il y a un verre, mais diffé- rent l’un de l’autre, elles servent pour voir distinctement les objets éloignés, qu'on ne voit que très confusement, on approche cette lunette d’un œil et on ferme l’autre, & regardant l’objet qu’on veut connaître, il paraît s'approcher & on le voit distinctement, en sorte qu'on reconnaît une personne de demie- lieue. On m'a dit qu’on en devait l'invention à un Lunetier de Middelbourg en Zélande & que l’année dernière il en avait fait présent de deux au Prince Mau- RICE, avec lesquelles on voyait clairement les objets éloignés de trois ou quatre lieues: ce Prince les envoya au Conseil des Provinces Unies, qui en récompense donna à l’inventeur trois cent écus, à condition, qu’il n’apprendrait à personne la manière d’en faire des semblables.” La parfaite exactitude de ces détails que nous pouvons contrôler par d’autres données, permet de constater comme des faits historiques ce que cette communication contient de plus, à savoir: d’abord, que ce fut le Prince Maurice qui communiqua la lunette aux Etats, ainsi que nous l’avons déjà reconnu comme probable. Ensuite, que déjà l’inventeur et ses imitateurs construisirent des longues-vues propres à voir à différentes distances, c'est à dire ayant des grossissements différents. *) D. Berri. La Venuta di Galileo Galilei a Padova e la Invenzione del Telescopio. Atti del Regio Instituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti. Série 3e, Tome XVI, 1870—1871, p. 1789. DIBerti dc pe) Emotenle *) Hieronymi Sirturi Mediolanensis Telescopium etc. Francofurti MDCX VIIT, pag. 24. : GALILÉE ET MARIUS. 12 l'argent avec l’instrument dont tous ils prétendaient être l'inventeur. ?). Parmi eux on regrette de rencontrer GALILÉE. Au mois d'août 1609 il montra l’instrument, qu'il avait construit avec des verres achetés à Venise, aux Sénateurs de la République. Sur le campanile de St. Marc se répétait, le 23 août 1609, la scène qui s’était passée sur la tour du Binnenhof à la Haye le 5 octobre 1608. Les graves Sénateurs igno- raient-ils tous que la prétendue nouveauté, la merveille que le lecteur de leur Université de Padoue disait avoir tirée des plus profonds secrets de la science qu’il enseignait, était sortie en réalité, 1l y avait plus de dix mois, de l’humble boutique d’un lunetier de Middelbourg? N'avaient- ils pas entendu parler de cet instrument qui, depuis près d’un an, avait été estimé un engin précieux dans Part de la guerre par une autorité aussi compétente que le Prince Maurice DE Nassau? Ou faut-il croire qu'ils n'étaient que trop enclins à prêter l'oreille à la faconde de leur cicérone, qui par d’adroits détours et des réticences peu scrupuleuses s’attachait à leur faire accroire que la vieille République de l’Adriati- que pouvait très bien s’attribuer la gloire de Pinvention, due à la République de la Mer du Nord, la jeune rivale dont l'indépendance et la prospérité venaient d’être affermies par la Trève de 12 ans? Trois jours plus tard GALILÉE présenta au Doge la lunette accom- paguée de la lettre suivante: ,,Très illustre Prince, GariLeo Ga- »LILEI, très humble serviteur de votre Sérénité, veillant assidü- »ment et de toute son âme pour satisfaire non seulement à la charge qu'il remplit de la Lecture des Mathématiques dans la Faculté de Padoue, mais aussi pour apporter par quelque utile et signalée invention un bénéfice extraordinaire à votre Sérénité, se présente maintenant à Elle avec un nouvel artifice d’un instrument oculaire, »tiré des spéculations les plus profondes de l’optique, lequel conduit ,les objets visibles à telle proximité de l’æil et les représente tellement grands et distincts, qu'un objet éloigné par exemple de neuf milles se montre comme étant seulement éloigné d’un mille, chose qui pour toute affaire ou entreprise maritime ou terrestre peut être d’une utilité ,nestimable, en ce que sur mer et à une distance beaucoup plus grande que de coutume on peut remarquer les bâtiments et voiles de l’en- »nemi, de manière que deux heures et plus de temps encore plus tôt *) , Nemo erat qui authorem se non faceret”. SirrTurus 1]. c. 126 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. »nous pouvons l’apercevoir, avant que lui il ne nous apercçoive et, en » distinguant le nombre et la qualité des vaisseaux juger de ses forces, »pour lui donner la chasse, le combattre ou le fuir, et de même nous »pouvons sur terre découvrir de quelque éminence quoique éloignée les logements et les défenses de l’ennemi ou bien encore dans la cam- »pagne ouverte voir et distinguer, à notre très grand avantage, tous ses mouvements et préparatifs, outre mainte autre utilité clairement con- nue de toute personne judicieuse. Et partant, l’ayant reconnu digne »d'être reçu de votre Sérénité et estimé de la plus haute utilité, j'ai déterminé de le lui présenter et soumettre à Son jugement ce qu’Elle »Oordonnera sur cette invention et à prévoir, selon qu'il paraîtra oppor- ,tun à Sa prudence, s’il sera fabriqué oui ou non. Et tout ceci le dit ,GALILÉE présente avec toute affection à Votre Sérénité comme un des »truits de la science que celui-c1 déjà depuis dix-sept ans professe à la , Faculté de Padoue avec l’espérance d'être sur le chemin de Lui fournir des choses plus grandes, s'il plait au Seigneur Dieu et à Votre Séré- ,nité, que selon son désir il passe le reste de sa vie au service de Votre Sérénité devant laquelle 1l s'incline humblement et pour laquelle il »1mplore de la Majesté Divine le comble de toutes les félicités ”? Le lendemain le Sénat accordait à GaALILÉE la récompense, dont celui-ci avait lui-même dans sa présentation habilement insinué la nature la plus appropriée. La charge temporaire que GALILÉE occupait à Padoue, et dont le terme expirerait dans un an fut, le jour même, renouvelée pour la vie, avec une augmentation du traitement de 520 à 1000 Horins, de 6,4 lires la pièce. La nouvelle de cet évènement se répandit bientôt. Deux jours plus tard Lorenzo Prenorra écrivit de Padoue à Guarpo à Rome !). ,, Il ,n y à rien de nouveau ici, si ce n’est le renouvellement des charges des lecteurs, parmi lesquels GALILÉE, qui a attrapé mille florins pour la vie, à ce qu'on dit en bénéficiant d’une lunette pareille à celle qui fut envoyée de la Hollande au cardinal BorGHESsE. On en à vu qui vérita- ;blement font un bon effet et nous nous en sommes déjà ordinairement rendus maitres”. Un agent toscan, Giovannr Barrozr, écrivit à Brrisarro ViNto, secrétaire du Grand-Duc: ,,[l est arrivé 1c1 (le 22 août) une personne, qui veut donner au Sénat le secret d’une lunette, ou tube ou autre d) BERD, Li ps noter GALILÉE ET MARIUS. 11977 instrument, par lequel on voit de loin jusqu'à 25 ou 30 nulles, si ,Clairement qu'il paraït présent, et plusieurs l’ont vu et essayé du Campanile de St. Marc, mais on dit qu’en France et ailleurs le secret »est connu de tout le monde et qu'on l’achète pour quelques sous et »plusieurs disent l’avoir eu et vu.”” Bientôt après Barrorr écrivit au gouvernement toscan: ,, Plus que Jamais GALILEO GALILÉE, mathéma- »ticien de Padoue, a fait parler de lui cette semaine avec l'invention »de la lunette ou longue-vue. On raconte que l’étranger inconnu, qui ,Venait 161 avec le secret, ayant appris, Je ne sais de qui (on dit de FRA ,PAOLO, le théologien servite), qu'il n'aurait aucun succès en deman- dant 1000 sequins, partit sans faire d'autre effort, de sorte que Fra » PAOLO, étant lié d'amitié avec GaLrLée et lui ayant rendu compte du Secret qu'il avait vu, on dit que ce GALILÉE avec sa connaissance et avec le secours d'un autre instrument pareil mais non pas de si bonne qualité, venu de France, a réinventé et trouvé le secret et l’a mis en œuvre avec l'appui et la faveur de quelques Sénateurs et s’est procuré de ces Seigneurs une augmentation de son traitement Jusqu'à 1000 »Horins par an, sous l'obligation, à ce qu’il paraît, d'occuper ce lectorat durant toute sa vie.” Lorsque GALILÉE, payant d’audace devant ces rumeurs peu favora- bles à sa réputation, s’attribua bientôt publiquement l’honneur de lPinvention en annonçant dans le titre de son Sidereus Nuncius que les grands et très admirables spectacles, qu’il va exposer, avaient été obser- vés au moyen de la lunette par lui récemment inventée (Perspicilli nuper a se cnventi beneficio), Barrort revint à la charge auprès de BELISARIO Vinra, en lui mandant qu’à Venise on soutenait que GALILÉE s'était moqué du Sénat en donnant pour nouveau et de son invention un instrument déjà connu à une foule de gens (molto vulgare). 11 est vrai que GALILÉE a reconnu dans son écrit que, 1l y avait environ dix mois !) ,,le bruit parvint à ses oreilles d’un certain Belge ?) Dans le manuscrit, GALILÉE avait écrit huit mois (menses fere octo) chiffre qui dans l’imprimé se trouve changé en decem. La différence s'explique en partie par le fait que le manuscrit avait été livré à l’imprimeur le 80 janvier 1610 et que la permission d'imprimer n'ayant été signée que le 1er mars, le Nuncius ne pût paraître à Venise que le 12 mars. Ce serait donc environ au commencement de juin que GaLiLéE reconnaît avoir eu la nouvelle. Cette date concorde avec celle qui résulte de la lettre de Garirée à Lanpuccr, du 29 août 1609, dans laquelle il écrit qu'il y avait 2 mois, le bruit se répandit qu'en Flandre un instrument pour voir de loin avait été présenté au Prince Maurrce. 128 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. qui aurait construit un Perspicillum au moyen duquel les objets visi- »bles, quoique situés à grande distance de l’œ1l de celui qui y regar- ,dait, étaient vus comme proches et que de cet effet certainement admirable quelques expériences furent relatées, auxquelles quelques uns ajoutèrent foi, mais que d’autres nièrent. La même chose lui avait été confirmée dans une lettre d’un noble français JAcQuESs BADOUER à , PARIS !), ce qui fut cause qu’il se donna entièrement à rechercher les raisons et à 1maginer les moyens par lesquels 1l pourrait arriver à l’in- ,;vention d’un instrument pareil, ce que bientôt après, se basant sur la doctrine des réfractions , 1l parvint à effectuer.” Mais, quelles étaient les notions que GALILÉE avait des lois de la réfrac- tion et de la mamière dont, par de simples lentilles de verre, se formentles images, c’est ce qui ressort pleinement de l’esquisse que GALILÉE donna dans son ,, Nuncius d’une théorie tendant à démontrer que le champ de la lunette augmenterait à peu près dans le même rapport que l’ouverturede : C B D l'objectif. D'après lui, les rayons visuels ZCF et BDC qui, sans la pré- sence des verres AB, CD, iraient de l'œil trouver l’objet visé, sont refractés suivant CH et ÆDI de sorte qu'ils n’embrassent que l’espace HT. GALILÉE ainsi, croit encore, d’après l’ancienne manière de voir, que la vision se fait par des rayons sortis de l'œil; d’après lui les rayons qui passent par divers points de l’objectif aboutissent à divers points de l’objet éloigné, dont la distance mutuelle dépendrait ainsi de celle des points de l’objectif; — enfin dans le dessin de GarzrLée et dans son explication l’oculaire ne joue aucun rôle, les rayons le traversent sans réfraction, de sorte qu'on pourrait le remplacer par un verre plan ou bien le supprimer tout à fait. Assurément ce ne sont pas [à des principes, ,tirés des spéculations les plus profondes de l'optique” qui, comme GALILÉE l’affirmait devant les Sénateurs de Venise, l’ont *) Il semble que cette lettre a disparu, elle n’a jamais été publiée. Nous avons peine à croire que Bapouer écrivant de Paris, où depuis plusieurs semaines les lunettes se vendaient publiquement, n'eût pas communiqué que cet instrument, à effet si merveilleux, se composait d’un simple tube portant un verre de lunette Al à chaque bout. D Lt ste) GALILÉE ET MARIUS, 129 pu conduire à la construction d’une lunette. D'ailleurs, GALILÉE lui- même a substitué en 1623 dans le Saggiatore, à ces profondes spécu- lations un raisonnement, quil nomme lui-même un ,,discorso assai facile”: Voici ce qu'il dit: , Mon raisonnement fut donc tel: Cet arti- lice consiste en un seul verre ou en plus d’un. D'un seul il ne peut A ‘ °1 A 2 5 \ . / . ètre, parce que sa figure doit être soit convexe, c’est à dire plus épaisse dans le milieu que vers les bords, soit concave, c’est à dire plus mince vers le milieu, soit comprise entre deux plans parallèles. Mais cette »dernière figure ne change rien aux objets quant à l'agrandissement ou ,là diminution, la concave les diminue, la convexe les agrandit, 1l est Vrai, mais les montre assez indistincts et troublés, done un seul verre »ne suffit pas pour produire l'effet. Passant ensuite à deux et sachant qu'un verre à deux faces parallèles ne change rien, comme il a été dit, »Je conclus que l'effet ne pouvait encore provenir de la combinaison , d'un tel verre avec l’un des deux autres. D’où je me restreignis à vou- loir expérimenter quel serait l'effet de la composition des deux autres, , C'est à dire d’un convexe et d’un concave et reconnus que celle-là me »donnait ce que je cherchais; et tel fut le progrès de mon invention, dans laquelle l’opinion conçue de la vérité de la conclusion ne me fut »d’aucun secours.” Cette dernière remarque s'applique à un curieux raisonnement par lequel GALILÉE à voulu démontrer, que le mérite d’un second inventeur peut être plus grand que celui du premier puisque, sauf la certitude de pouvoir réussir, le mérite de trouver la solution d’un problème exa- miné et énoncé exige un génie plus grand que d’en trouver un non examiné et non énoncé. Car, dans ce cas-ci le hasard peut avoir ‘) eu une très grande part, tandis que dans le premier la solution est entière- ment l’œuvre du raisonnement. Si, dans le discorso facile de GALILÉE, nous laissons de côté ce qui 2 ? n'est qu'un ornement dialectique en usage dans les disputes académiques de cette époque, il revient à dire qu'une lentille convexe agrandit mais ; l 5 rend trouble, tandis qu'une lentille concave diminue. Mais ce raisonne- ment, que GALILÉE veut faire passer comme sien, n’était pas nouveau. Il avait été énoncé à peu près dans les mêmes termes par GramBa- visTA Porta dans sa Magia naturalis, il y avait plusieurs années. Porra ajoute, que le verre concave non seulement diminue mais aussi *) Nous soulignons. 130 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. éclaircit ). En 1623, GaLILéE non seulement pouvait mais devait con- naître ce passage de Porra. En effet, dans sa Déssertatio cum Nuncio Sidereo,adressée en 1610 a Garr1ée, K &PLER, en citant le passage de PorrA, en avait même conclu que Porra fut le premier inventeur de la lunette. KeeLer, sans doute médiocrement édifié des élucubrations dioptriques de GALILÉE, le renvoie au chapitre V de son Astronomiae pars optica, paru il y avait six ans, où KEPLER expose clairement comment les verres con- caves peuvent servir aux myopes, les convexes aux presbytes, en rap- prochant par la réfraction le point d’où semblent provenir les rayons pour les premiers, en léloignant pour les seconds. Les deux figures de KæepLer se trouvent sur une même planche, lune à la suite de l’autre, sans cependant avoir aucune connexion entre elles. KrEPLEer énonce la conjecture que l’inspection de sa figure peut très bien avoir donné à quelque Belge Pidée de invention de la lunette. GALILÉE, dans le Suggiatore, ne cite ni KxpLER, ni Porra, mais que, dans l’explication qu’il s’efforce de donner de la manière dont il serait parvenu à construire sa lunette, 1l a profité du raisonnement de ce dermier, semble d'autant plus vraisemblable que sa logique ne la pas conduit à supposer possible la combinaison de deux convexes, qui agrandissent et troublent tous les deux, et laquelle pourtant a fourni plus tard la lunette astronomique. Ne pouvant attribuer à GALILÉE une part quelconque dans l’inven- tion de la lunette, on a tâché de soutenir qu’au moins il l’a perfectionnée. Mais depuis l’invention jusqu’à l'introduction de la lunette astronomique, la lunette n'a éprouvé aucun perfectionnement. Si, avant cette dermière époque, la lunette hollandaise s’est améliorée, ce dont il n’existe aucune preuve, cela doit être dû au progrès de l’art verrier. Or, GALITÉE ne fabriquait pas lui même ses verres, comme le firent plus tard Huyaexs et Campani; il les achetait dans les boutiques des verriers. On réglait le choix des verres d’après le grossissement désiré. GaciLée, selon son ‘) ,Concavo longe parva vides, sed perspicua, convexo propinqua majora, sed turbida ; si utrumque recte componere noveris & longinqua , & proxima majora et clara videbis. Non parum multis amicis auxilii praestitimus, qui et longinqua obsoleta, proxima turbida conspiciebunt, ut omnia perfectissime contuerentur.”? Après l'invention de la lunette par LippernEey, Porra en a complètement méconnu l'importance en disant que c'était une vétille (minchioneria, Berri L. c. p. 1791. M. Favaro, Opere di G. GaziLÉét, T. X, p. 292: écrit coglionaria, ce qui signifie à peu près la même chose). GALILÉE ET MARIUS. el propre témoignage, a construit des lunettes d’un pouvoir grossissant de plus en plus élevé, de 3, 7,5, 20 et même de 30 diamètres. Mais il est certain que cette dernière construction n’a guère pu constituer un per- fectionnement. La bonté d’un instrument ne se mesure pas par le grossisse- ment, mais par le pouvoir distinctif. Chaque combinaison de verres offre une certaine limite, à laquelle, en augmentant le grossissement, les images, par un défaut de netteté et de clarté dans la définition des détails, perdent plus qu'ils ne gagnent par l’amplification des dimensions. Or, pour des verres simples, qui ne peuvent être n1 achromatiques ni aplanétiques, cette limite est longuement dépassée avec un grossissement de 30 fois. Aucun opticien de notre temps ne songerait à construire, même avec les objectifs et oculaires composés les plus parfaits, une lunette hollandaise grossissant 30 fois. D'ailleurs, les dessins que GALILÉE dans son Vuxcius donne de la surface de la lune ne prouvent nullement l'excellence de ses lunettes. Voici d’ailleurs quelques détails plus précis sur la valeur des lunettes sorties des mains de GaALILÉEe. Dans la Warratio de observatis a se quatuor Jovis Satellitibus erronibus, KepLER raconte qu’au mois d'août 1610 l’Archévèque de Cologne lui confia un instrument que celui-ci disait lui avoir été envoyé par GALILÉE, mais que lui-même, quant à la commodité de la vision, il jugea inférieur à quelques autres qu’il possé- dait, se plaignant que l’instrument représentait les étoiles comme qua- drangulaires. KepLer rapporte que le champ embrassait à peu près la moitié du diamètre de la Lune (16 minutes). Il dit expressément que Jupiter, de même que Mars, Mercure et Sirius, lui apparurent ,,qua- dranguli” avec des diamètres bleus, rouges et jaunes, ce qu’il attribue à l’imbécillité de la vue, qui ferme les yeux à tant de lumière qu’accu- mule l’instrument ; 1l remarque encore que si l’on regarde par l'instrument pendant le jour, la trop forte lumière fait naître Les couleurs de l’arc-en-ciel. On peut déduire le grossissement de cet instrument de la planche qui se trouve en regard de la page 28 de l’ouvrage de SrRruRus, où cet auteur représente les rayons de courbure des lentilles plan-convexe et plan-concave de cet instrument, savoir 65 mm. et 7,5 mm., qui donnent un grossissement de près de 9 fois. Déjà avec ce degré d'amplification les lunettes de GaLILÉE présentèrent une distortion et une coloration sensibles. Nous empruntons une autre donnée à la Correspondance de Crris- TraaN Huy&exs (Tome IT, Lettre N°. 673). Remerciant Huyerxs de ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE IT, TOME VIII, 9 132 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. l'envoi de son ,,Syslema Saturnium”, GréGorre pe Sr. Vincent écrit le 4 octobre1659, que le livre de Huy&exs lui avait renouvelé les anciennes apparitions des phases de Saturne, lesquelles pendant des centaines de nuits entières 1} avait vues, 1l y avait plus de 50 années, lorsque de Belgique à Venise et de à à Rome un télescope avait été apporté par SOHOLIER à son ancien Professeur de mathématiques d'Anvers, le Père Oo Marcorius. [Il ajoute: ,,plus tard survint Garizée dont nous ,Comparämes l'instrument, assez grossier d'aspect, aux nôtres qui ne , Lui étaient nullement inférieurs”. Ceci doit s'être passé en 1611, lorsque GALILÉE montra son instru- ment aux jésuites du Collège Romain. Il nous semble qu'avec ces don- nées la supériorité supposée des instruments de GAr1LÉE n’est nullement soutenable. TV. PREMIÈRES OBSERVATIONS DE Marius. De son côté, Marius dans son Mundus Jovialis raconte la manière dont 1l est entré en possession de la lunette hollandaise. Voici l’abrégé de sa relation. , ,En 1608, à la foire automnale de Francfort, le général JOHANNES Paictrpus Fucns, conseiller intime des margraves de Brandebourg, amateur et protecteur des Sciences mathématiques qu'il cultivait lui- même, apprit qu'il s’y trouvait un hollandais, qui avait inventé un instrument par lequel les objets éloignés pouvaient être vus comme s'ils fussent très voisins. Ayant fait venir cet homme et exprimé ses doutes sur la vérité de cette invention, ce hollandais lui montra l’instrument, dont un des verres était fissuré. Après s’être assuré de l'effet, le général demanda le prix, qui fut excessif. Comme celui qui se disait l’inventeur ne voulut pas céder ce premier instrument, le marché n’aboutit pas. De retour à Ansbach, le général me raconta tout. En causant souvent avec moi sur cette affaire, le général conclut enfin qu’un tel instrument devait consister en deux verres, l’un concave, l’autre convexe et 1l en dessinait à la craie la figure sur la table. Nous primes ensuite deux verres de lunette communs, un concave et un convexe, et reconnûmes la vérité de la chose. Mais comme la convexité de l’un des verres était trop forte, nous envoyâmes à Nuremberg les véritables figures en plâtre pour les faire fabriquer en verre. Nous dûmes attendre ainsi quelques mois. Mais, en attendant, de telles lunettes parurent en public en GALILÉE ET MARIÜS. 133 Hollande. On en envoya une assez bonne qui nous amusa beaucoup, ce qui arriva dans l’été de 1609. Depuis lors je me mis à regarder le ciel et les étoiles, lorsque la nuit je fus auprès du général. De temps en temps j’eus la permission d’emporter l’instrument chez moi, où selon ma coutume J’observai les astres de mon observatoire. Ce fut alors que je regardai pour la première fois Jupiter, qui se trouvait à cette époque en opposition avec le soleil, et que je remarquai de petites étoiles tantôt devant, tantôt en arrière de Jupiter en ligne droite avec cette planète. Je crus d’abord qu’elles étaient du nombre des étoiles qui autrement, sans instrument, ne se laissent pas apercevoir, telles que celles que je voyais dans la voie lactée, les Pléiades, les Hyades, Orion et autres lieux. Mais comme Jupiter était rétrograde et que néanmoins l’accom- pagnement de ces petites étoiles continuait pendant décembre, je m’étonnai d’abord beaucoup, mais peu à peu conçus l’opinion que ces étoiles se meuvent autour de Jupiter, de même que les cimq planètes solaires, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne sont entraïnées autour du soleil, de sorte que je commençai à prendre note de mes observations, dont la première fut du 29 décembre, lorsque trois de ces étoiles se montraient en ligne droite au couchant de Jupiter. A cette époque Je croyais, ce que je confesse ingenüment, qu'il n’y eût que trois de ces étoiles qui accompagnaient Jupiter, puisque j'avais vu quelques fois trois étoiles groupées dans cet ordre près de Jupiter. Mais, en attendant, 1l nous parvint de Venise deux verres d’un poli excellent, un convexe et un concave, envoyés par le Seigneur JoHaAnNes Lenccrus, qui était revenu à Venise après la conclusion de la paix et auquel cet instrument était déjà parfaitement connu. Ces verres se trouvaient adaptés à un tube de bois; ils furent presentés au général Fucxs, afin que j’examinasse ce qu'ils pourraient montrer dans les étoiles fixes et dans celles qui se trouvent près de Jupiter. Donc, depuis ce temps jusqu'au 12 janvier, je donnai avec plus d’assiduité mon attention à ces étoiles Joviales. Je crus apercevoir qu’il y avait quatre de ces corps, qui regardaient Jupiter dans leur révolution autour de cette planète. Enfin, vers la fin de février et le commencement de mars, je fus complètement confirmé au sujet du nombre exact de ces astres. Depuis le 13 janvier jusqu’au 8 février je fus à Hall, en Souabe, ayant laissé chez moi l'instrument de crainte qu’il ne fût endommagé en voyage. Mais de retour je m’arrangeai pour reprendre mes observations habituelles et, our aue le pusse avec plus d’exactitude et plus de diligence observer P que ] P £ 9% 134 J. À. C. OÜDEMANS ET J. BOSSCHA. les étoiles Joviales, le très noble général, célèbre par sa très-grande affection envers ces études mathématiques, me céda entièrement l’usage de cet instrument. Donc, depuis ce temps jusqu'à présent je continuai mes observations avec cet instrument et avec d’autres construits plus tard. Telle est l’histoire tout à fait véritable. En effet, 1l ne me serait pas permis de mentir impunément dans un écrit public à l'égard d’un homme aussi haut placé, qui non seulement par sa très ancienne noblesse, mais aussi et surtout par sa haute et forte direction, par ses actes héroï- ques et sa très grande habileté dans la guerre est très célèbre en France, Hongrie, la Belgique et l'Allemagne. Aussi tout ce que, en cette matière, Jai observé, élaboré et maintenant donné au public, je l’attribue en entier à ce très excellent et très noble Seigneur, mon Patron et Promo- teur, que j'ai à vénérer de tout mon cœur. Et si je rappelle tout ceci, ce n’est pas avec l'intention d’amoindrir l'estime de GALILÉE ou de lui ravir l’invention de ces satellites de Jupiter auprès de ses Italiens, nul- lement, mais plutôt pour que l’on sache que ces astres ne m'ont été montrés d'aucune manière par qui que se soit, mais qu'ils ont été découverts et observés par moi en Allemagne de mon propre fait, à peu près en même temps ou un peu plus tôt que GaziLée les vit en Italie. C’est donc de plein droit que l’on attribue à Gazrcée la découverte de ces étoiles parmi les Italiens et que l'honneur lui en revient. Or, que parmi mes compatriotes allemands quelqu'un les aurait découverts et vus avant moi, c'est ce que je n'ai pu savoir, mais Je ne le croirais pas faci- lement; j'ai plutôt l’expérience du contraire, puisqu'il y a eu des person- nes qui n’ont pas roug1 d’accuser impudemment GALILÉE et moi d'erreur. Mais je ne doute pas qu'eux mêmes 1ls ne s’en repentent et ont honte de leur propre erreur et de leur jugement prématuré sur le travail d'autrui. Si donc ce petit livre-c1 parvient à GaLILée à Rome, Je demande qu'il le reçoive de moi dans le même esprit que celui dans lequel il a été écrit. Bien loin, en effet, de vouloir amoindrir quoi que soit de son autorité et de ses découvertes, je lui rends grandement grâce de la publication de son Sidereus Nuncius parce qu’il m’a confirmé (dans mon jugement). En particulier, ses observations m'ont été utiles, parce qu’elles ont été faites dans le temps même où Je me trouvais à Hall, lorsque j'avais interrompu les miennes. | Quoiqu'elles ne me paraissent pas en tous points exactes, elles m'ont été cependant de grand secours quant à l’orientalité ou à l’occidentalité et à la position relative de ces astres entre eux. La manière de GALILÉE GALILÉE ET MARIUS. 16 pour mesurer la distance des satellites à Jupiter ne m'a pas réussi, mais j'ai employé ma méthode à moi, dont j'avais déjà fait usage, avant que j'eusse connaissance du Sidereus Nuncins et que j'expliquerai ailleurs, dans la publication de mes principales observations.” Peut-on, de bonne foi, douter de la sincérité de cette relation de Simon Marius? Non seulement tout ce qu’il dit sur la manière dont il est venu en possession de la lunette porte le cachet d’une très-grande vraisemblance, mais 1l nomme lui-même le témoin haut placé, chez lequel on peut s'informer sur tout ce qu’il dit. N’est-1l pas tout naturel, d’ailleurs, qu'un astronome qui avait travaillé sous TYcHo BrAnÉ, ayant entre les mains un instrument décuplant à peu près l’acuité de la vision, dirige l'instrument vers le ciel, qu'il examine la lune et, parmi les étoiles, celle qui justement alors commençait à se montrer l’objet le plus brillant du ciel nocturne, savoir Jupiter approchant de son oppo- sition. Et une fois cette planète amenée dans le champ de la lunette, est ce que l'apparence des trois étoiles régulièrement rangées en ligne droite avec Jupiter a pu lui échapper? Et en quoi celui, qui reconnaît le mérite d’un auteur qui le premier a publié une découverte, peut-il être signalé comme plagiaire, lorsqu'il dit avoir eu occasion de la faire en même temps ou même un peu plus tôt? Le mérite d’une découverte dépend elle uniquement d’une date, qui presque toujours et particulièrement dans ce cas-ci, ne tient qu'au hasard? Le mérite de GariLée doit-il se mesurer à de tels mesquins détails? Si Marrus y eût attaché une importance capable de l’entraîner en dehors de la voie de la vérité, pourquoi reconnaît-1l que GALILÉE Va devancé dans la découverte du 4° satellite? Croit-on que dans l’en- tourage du Prince Maurice, en septembre 160$, parmi Pélite d'officiers militaires et d'ingénieurs, où brillait SIMON STEVIN, personne ne se soit avisé à regarder la lune avec l'instrument de LipperHEY et n’y ait remarqué au moins autant de détails que ne font connaître les grossiers dessins du Vuxcius publiés en mars 1610? Et si, après la publication de ce livre, un d’eux avait fait imprimer qu'il avait vu la même chose, 18 mois plus tôt, eût-1l dû être signalé comme un usurpateur et pla- gare? Ce qui rendit à la découverte de GALILÉE sa vraie valeur scien- tifique fut en premier lieu le soin qu’il prit d'observer les constellations des Satellites à des dates et heures exactement déterminées et de pour- suivre cette étude assez longtemps pour obtenir une description suffi- 136 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. samment complète du nouveau phénomène. Mais c’est là Justement en quoi Marrus reconnaît franchement tout le mérite de GALILÉE, en décla- rant avoir profité des données fournies par GALILÉE et ne se permettant d’autres réserves que celles qui regardent la parfaite exactitude de ces premières mesures de GarziLée et la valeur de la méthode que celui-ci recommandait pour mesurer leurs distances. Or, cette méthode est en effet complètement défectueuse et GALILÉE lui-même ne l’a plus em- ployée dans la suite !). Sur quoi donc se base la cruelle accusation portée contre un modeste travailleur qui, sans se hâter de recueillir en gloire ou en avantages matériels le fruit de son travail, se met à observer et étudier sérieuse- ment le nouveau phénomène dans la direction qui lui était toute parti- culière, savoir, la science de prédire les constellations des astres errants ? Pendant quatre ans consécutifs Marius y travailla. Il ne publia son travail que lorsqu'il crut avoir recueilli assez de données pour servir de base à une théorie dont, de son temps, personne ne pouvait prévoir à quel point elle est compliquée, ne fût-ce que par l’influence du temps que la lumière emploie pour arriver de Jupiter jusqu’à nous. Le verdict prononcé par GaLILée sur le travail de Marius se main- tenant jusqu'à nos Jours avec cette persistance, que l’on rencontre si souvent dans les erreurs de l’histoire des Sciences, et surtout dans celles qui regardent GALILÉE, la Société hollandaise des Sciences n’avait-elle pas raison de demander en quoi donc enfin consistent les preuves de ce que M. Favaro écrit dans sa Cronologia Galileana: »1614. Simon Mayer publie à Nuremberg son ,Mundus Jovialis”, avec lequel il tente d’usurper de GaziLée la découverte des planètes ,,médicéennes.”? *) C'est ce qui résulte du Discorso intorno alle cose che stanno in su l’acqua o che in quella si muovono (Favaro, Opere di Galileo, vol. IV pp. 63, 64) publié en 1612. GaLiLéE rapporte qu’en avril 1611 il réussit à trouver les temps de révolution des Satellites, mais que n'ayant alors trouvé aucun instrument pour mesurer leurs distances mutuelles, il nota les intervalles par le simple rapport au diamètre du corps de Jupiter. Il est possible que GALILÉE, dans ses premières mesures, ayant évalué la valeur angulaire du champ pour certaine valeur de l'ouverture de l'objectif, s’en soit servi comme mesure fondamentale pour y comparer à l'œil les distances des satellites, mais la supposition que le champ varie sensiblement avec cette ouverture est fausse pour les longues lunettes dont se servait GaziLée. Voir, sur le champ de la lunette hollan- daise et la méthode de Garirée, la note II à la fin de ce Mémoire. GALILÉE ET MARIUS. 1167 V. L’accusarioN DE GALILÉE CONTRE Marius. GALILÉE ne manqua pas de relever dans son Vuxcius la portée que les faits qu'il venait de découvrir devaient avoir pour l’appréciation du système de Copernic, vivement combattu en Italie *). C’est ainsi qu'il remarquait avec raison que l'argument contre la mobilité de la Terre, tiré de l'impossibilité prétendue que dans ‘ce mouvement elle emporte- rait la Lune avec elle, était mis à néant par le système des Satellites de Jupiter, puisque personne ne mettait en doute le mouvement de Jupiter autour d'un autre corps, soit la Terre (système de Prorémée), soit le Soleil (système de CoPERNIC). Après la publication du Vurcius, GALILÉE continua ses recherches sur le système des Sidera Medicea, qui lui avaient valu, le 10 juillet 1610, la charge de premier mathématicien de l’université de Pise et de premier mathématicien et philosophe du Grand-duc de Toscane, pour laquelle 1l quitta le lectorat de Padoue, un an après sa nomination pour la vie. Dans l’ouvrage cité dans la note de la page 136, il put commu- niquer les premières évaluations des temps de révolution des Satellites, qu'il avait obtenues en avril 1611 et d’où il déduisit les mouvements horaires dans leurs orbites, savoir: pouniletSatellite MS 9€ IL 419 NN 20 NN 0010 Dans le Wurncius il avait noté quelques fois de faibles déviations dans l’alignement des Satellites, mais rarement, et évidemment sans y attacher beaucoup d'importance. Il est certain que ses observations ne permirent pas d'y observer quelque règle fixe. En effet, ce qu'il en communique est souvent incompatible avec ce que l’on déduit des deux causes qui produisent cet effet, savoir, l’inclinaison de l'orbite de Jupiter sur l’écliptique et les inclinaisons des orbites des satellites sur celui de Jupiter. C’est ainsi que d’après le Vuxcius, le 22 janvier, à 2 heures de la ?) Dans les Pays-Bas Simon Srevix s'était depuis longtemps prononcé ouverte- ment en faveur de ce système. La Hollande s'était affranchie du joug du cléri- calisme catholique, et l'intolérance protestante de Vorrius et ses pareils, d’ailleurs impuissante contre DESCARTES, n'avait pas encore levé la tête. 138 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. nuit, le satellite [T ) déclinait un peu vers le sud. Quatre heures plus tard ,,omnes in eadem recta exquisite dispositae videbantur.” Or, en 4 heures ce Satellite décrit dans son orbite un arc de 17 degrés, évidem- ment trop faible pour produire une variation en latitude appréciable avec l'instrument de GALILÉE. De même, le 11 février, à 8 heures de la nuit, le Satellite I apparut tout près de Jupiter, s’éloignant de la droite passant par les autres étoiles un peu vers le nord; cependant à 5" 30" ,,erant omnes in cadem recta linea ad unguem.” Le chemin parcouru par ce Satellite dans la partie supérieure ou inférieure de son orbite en 2}, heures, savoir 21°,17, ne peut expliquer la variation d'apparence enrégistrée dans le Vurcis. GALILÉE n’est plus revenu sur cette particularité dans le mouvement apparent des Satellites avant sa diatribe contre Marius, c’est à dire en 1623. A en juger par les observations retrouvées par AtBert, il ne paraît pas y avoir attaché quelque importance: il n’en est plus fait aucune mention. Il est même très probable qu'il a cru devoir attribuer ces déviations dans l'alignement rectiligne des Satellites à l'effet de l’atmos- phère qu'il suppose autour ‘de Jupiter pour rendre compte de la clarté très variable des astres médicéens ?). | Le livre de Marius parut en février ou mars 1614 sous le titre: » Mundus Jovialis Auno M.DC.IX. Detectus ope Perspicilla Belgici, Hoc est, Quatuor Jovialium Planelarum, cum Theoria, tum Tabulae, propriis observationibus maxime fundatae, ex quibus situs ullorum ad Joven, ad quodvis tempus datum promptissimè $ jfacillimè supputarr *) Nous empruntons cette indication du Satellite en question à la publication d'ALBERI: Galiluei et Renierii in Jovis Satellites Lucubrationes quae per ducentos fere annos desiderabantur, ab Eugenio Alberio in lucem editae. Florentiae, Typis Societatis Editricis Florentinae MDCCCXL VI. Cet ouvrage, qui a été reproduit en entier dans le Tome V des Opere di Galileo Galilei publiées par le même auteur, contient les observations sur les Satellites de Jupiter, faites par GaLiLéE depuis 1610 jusqu’en 1619, et confiées par lui à RENtERI dans le but d’en tirer des Tables. Pendant plus de deux siècles on avait cru perdu ce travail de GaLiLée. Il a été retrouvé par AzBErt dans la Bibliotheca Palatina dei Pitti. *) Il est curieux de remarquer qu’'ALBErr, qui dans la publication, citée note 1, reproduit tout ce qui se trouve dans le Nuncius au sujet des Satellites de Jupiter, a supprimé (pag. 62) les lignes de la fin, qui traitent de l’atmos- phère de Jupiter, les 14 dernières lignes de la publication de M. Favaro (Edi- zione Nazionale, Vol. III, pp. 95 et 96). GALILÉE ET MARIUS. 139 potest. Inventore et Authore Simone Mario Guntzenhusano, Marchio- num Brandenburgensium in Franconi& Mathematico, puriorisque Medi- cinae Studioso. Cum gratia & privil. Sac. Caes. Majest. Sunptibus $ Typis Johkannis Lauri Civis & Bibliopolae Noribergensis, Anno M.DC.XIV ,. Déjà le titre a dû déplaire à GaLrzée. Le nom de l’auteur lui rappelait l’ancienne dispute à l’Université de Padoue avec BarDassare CaPra, disciple de Marrus, d’abord au sujet de la nouvelle étoile dans le pied du Serpentaire, découverte par ces deux derniers, puis à l’occasion d’un écrit de Capra sur le compas géométrique et militaire, où l’auteur avait puisé trop librement dans la publication de GazLILÉE sur le même sujet. L’éerit de CaprA avait été publié en 1607, GaziLÉe avait adressé à ce sujet aux Curateurs de l'Université une plainte contre Carra, en suite de laquelle le livre de Capra avait été supprimé avec défense de le vendre. Mais ce qui devait surtout irriter GartLée ce fut l’intention trop évidente de Popposition des mots ope perspicilli Belgici à ceux du titre du Vuncius : perspicilli nuper à se reperti beneficio ?),. Quant au livre même de Marius, GALILÉE, occupé depuis quatre ans à recueillir des données nécessaires pour la construction des tables, pouvant servir à prédire les occultations et passages des Satellites, qu'il méditait d'appliquer pour trouver la longitude sur mer, dut se sentir désagréablement devancé par les Tables de Marius. De plus, lastro- nome allemand avait donné une explication du mouvement en latitude, dont GALILÉE n'avait donné aucune raison plausible, et combattu *) Voir, au sujet d’une seconde édition, la Note III, à la fin de ce Mémoire. *) Remarquons que dans le livre de Marius il y a plusieurs endroits où l’on rencontre une correspondance marquée entre les termes employés par Marius et ceux dont s'était servi GaLILÉE dans le Nuncius. M. Favaro, dans son ouvrage Galileo Galilei e lo Studio di Padova, vol. I, p. 442, en donne 5 exemples qu'il regarde comme autant de preuves de plagiat. Cette explication nous paraît absoläment insoutenable. À supposer que Marius fut un plagiaire, il faut admettre qu'il a dû chercher à cacher son méfait. Rien ne lui eût été plus facile que d’éviter cette concordance dans le choix des mots, laquelle, au temps où le Nuncius avait acquis une telle célébrité qu'il était connu de tout le monde savant, ne pouvait échapper au lecteur. On ne peut guère douter que la concordance a été voulue et recherchée par Marius, pour bien faire ressortir que quelques faits, arrivés à GALILÉE, lui étaient arrivés à Marius lui-même. Rien, en effet, n’était plus naturel. Nous renvoyons pour les détails à l'endroit cité du livre de M. Favaro, convaincus que pour un lecteur non prévenu, la conclusion, tirée des passages reproduits, sera tout le contraire de la ,legitima consequenza” que M. Favaro semble attendre de ses lecteurs. 140 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. l'hypothèse d’une atmosphère entourant Jupiter et même la Lune. GALILÉE se plaignit auprès du Prince Frépéric Cest et le pria de demander aux membres de l’Académie dei Lyncei ,,de quelle manière il fallut répondre à Simon Marius, wsurpateur de système Jovial, S'il fallut le faire en écrivant à KePrer ou au Margrave de Brande- bourg” ‘). Après ample délibération, les Lyncéens répondirent qu'ils préféraient qu’une lettre fût écrite à KEPLER, comme étant un astronome de la même Allemagne et bien informé, l’autre manière offrant quel- que difficulté. Il paraît que GALILÉE, se ravisant, a estimé que la première manière présentait également quelque difficulté ; à moins qu'il ne faille admettre que la réponse de KEpLeR n’ait été nullement satisfaisante. Il est certain qu'une réponse de KEPLER n’a jamais été publiée ?), ce que GALILÉE n’eût pas manqué de faire si KEPLER avait jugé que les torts étaient du côté de Marius. Pendant plus de huit ans GALILÉE a gardé le silence sur le livre de Marius. | En 1619, Horarro Grasst, père jésuite, publia, sur les trois comètes qui avaient paru l’an précédent, un traité *) dans lequel il fut démontré que l’absence d’une parallaxe sensible était incompatible avec l’hy- pothèse que les comètes seraient un phénomène sous-lunaire. Grass donna les raisons, qui le conduisirent à admettre que les comètes appar- tiennent aux corps errants, se mouvant comme les planètes. Bientôt après parût un discours sur les Comètes *) sous le nom de Marro *) Favaro, Galileo Galilei e lo Studio di Padova, I, p. 446. ?) C'était à Keprer que Fuccart avait écrit le 16 avril 1610 (Hanscu, Jo. KEPLERt aliorumque epistolae mutuae pp. 492 et 493) en parlant de GALILÉE: Cet homme a la coutume comme le corbeau chez Esope, de se décorer des plumes d’autres personnes, ramassées çà et là, comme il veut aussi être regardé comme inventeur de la lunette ingénieuse, tandis qu'un Hollandais, arrivé à travers la France, l’a apportée le premier ici; elle me fut montrée à moi et à d’autres personnes, et GALILÉE l’a vue aussi; en l'imitant il en construisit d'autres et bien facilement il fit une nouvelle invention.” *) De tribus Cometis anni XDCX VIII. Disputatio Astronomica Publica habita in Collegio Romano Societatis Jesu ab uno ex Patrious ejusdem Societatis. Romae. Ex Typographia JaAcorr Mascarpr. MDCXIX. Voir G. GariLer Opere Edizione Nazionale, Tome VI p. 23. *) Discorso delle Comete di Mario Gvinvccr fatto da lvi nell’ Academia Fio- rentina nel svo medesimo consolato. In Firenze nella Stamperia di Petro Cec- connelli, Alle Stelle Medicee. 1619. Con licenza de’suvperiori. GALILÉE ET MARIUS. 141 Gurpuceor, mais composé sous les auspices et avec la collaboration de GarILée. Dans cet écrit les anciennes hypothèses sur les comètes sont examinées et celle d'Arisrors combattue, ce qui donne occasion à GaLrLée de s'étendre sur son thème favori, en tâchant d’infirmer quel- ques thèses du philosophe de Stagire. Se tournant ensuite contre Grassr, il tâche de démontrer l’invalidité de l'argument, tiré de l’absence d’une parallaxe, en citant l'exemple de l’arc-en-ciel et des halos. D’après GALILÉE, en effet, les comètes seraient constituées par des vapeurs s’éloignant en ligne droite de la terre et 1lluminées par le soleil. GRasst répliqua, cette fois sous le pseudonyme de Lorarro Sarst, un disciple fictif ‘). Il faut reconnaître que, en plusieurs points essentiels, Grasst se montra de beaucoup supérieur à GALILÉE ?). ?) Libra astronomica ac Philosophica qua Galilaei Galilaei opiniones de Cometis a Mario Gvipvcio in Florentina Academia expositae in lucem nuper editae, examinantur a Lothario Sarsio Sigensano. Perusiae, ex Typographia Maror Naccarini, M.DC.XIX. Svperiorum Permissv. *) Notons les deux suivants, particulièrement remarquables. GALILÉE avait soutenu que, le frottement de l'air étant insensible, un vase vide tournant autour d’un axe vertical n’entraînait nullement l’air qu'il contenait. Il avait même prétendu que la même chose arrivait avec l’eau contenue dans le vase tournant. GRass1 décrit avec tous les détails des expériences, dans lesquelles non seulement l’eau, mais aussi l’air, est manifestement entraînée, et donne une expli- cation tout à fait exacte de la manière dont le mouvement des parois se com- munique d’abord à la couche qui est en contact avec le verre, puis de proche en proche aux suivantes. Dans sa critique d’ARisroTEe, GALILÉE avait maintenu ce paradoxe, que la friction en elle-même n’engendre pas la chaleur. Pour que cela arrive il faut, d’après lui, que de l’un des deux corps frottants se détachent par la friction des particules. Aïnsi lorsque, avec une lime dure, on travaille du fer, la chaleur provient du détachement de la limaille. D’après GALILÉE ce n’est que le fer qui s'échauffe. La chaleur de la lime ne lui viendrait que du fer. La produc- tion de chaleur par la friction serait identique à celle d’un corps brûlant, qui s'échauffe parce qu’il perd de la matière. GRassi, pour réfuter cette théorie, prend une lame de fer, qu’il polit soi- gneusement pour empêcher que quelque particule ne se détache, il la pèse avec le plus grand soin, puis la bat avec un marteau de sorte que la chaleur du fer est insupportable à la main. Il la pèse de nouveau et constate que le fer n’a rien perdu de son poids. Cette expérience remarquable, par laquelle Grass prélude, à près de deux siècles de distance, aux célébres expériences du comte de Rumrorp, est restée dans un oubli bien peu mérité. Elle n’est toutefois pas l’unique exemple d’un tort sérieux, que le culte aveugle de GALILÉE a causé à une découverte italienne. 142 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. GALILÉE répondit en 1623 dans le Saggiatore. 11 semble que vers cette époque les rumeurs sur les avantages que lui avait procurés sa prétendue invention de la lunette s'étaient renouvelées. [l se montra blessé de ce que Grassr, en parlant de la lunette, avait remarqué que cet instrument était, sinon le fils, du moins l'élève de Garirée. Celui-e1 résolut de profiter de l’occasion pour se disculper et pour régler en même temps son ancien compte avec Marius. Exagérant la portée des mots de Grassr, en parlant d’un instrument auquel il devait wow pregi ed onori, GALILÉE donne sur l'invention l’explication invraisemblable que nous avons analysée plus haut. Quant à Marius, contre lequel sa colère se tourne d’abord, 1l dit : Pour cette fois 1l me soit pardonné, si, contre ma nature, contre ma coutume et mon intention, je montre ma sensibilité peut-être trop aàprement, et si je crie là, où par plusieurs années je me suis tu. Je parle de Simon Marius de Guntzenhausen, celui qui à Padoue, où Je ,me trouvais alors, traduisit en latin l’usage de ce qu’on nomme ,,mon compas”, et en se l’attribuant, le faisait imprimer sous son nom par un de ses disciples, et qui subitement, peut-être pour échapper à sa punition, s’en allait à sa patrie, laissant, comme on dit, dans la presse Son disciple, contre lequel, dans l’absence de Simon Marius, Je fus ,Torcé de procéder, comme on peut le voir dans la Défense que je publiai alors. Le même, quatre ans après la publication de mon Nurcius »Sidereus, accoutumé de s’orner des travaux d'autrui, n'eut pas honte de se faire auteur des choses découvertes par moi et publiées dans cet Ouvrage; en imprimant un traité sous le titre Mundus Jovialis etc., 11 à témérairement assuré qu’il avait observé avant moi les planètes ;,Médicées qui tournent autour de Jupiter. Mais comme il arrive rare- ment que la vérité se laisse supprimer par le mensonge, c’est lui-même qui, dans ce même ouvrage, par son manque de prudence et son peu d'intelligence, me met dans l’état de le convaincre par des preuves ncontestables de sa faute, en lui prouvant, que non seulement il n'a pas observé les étoiles nommées avant moi, mais certainement non plus deux ans après. Et j'y ajoute que très probablement on peut assurer qu'il ne les a vues jamais. Et quoique Je puisse, de plusieurs passages de son livre, tirer des preuves très évidentes de ce que je dis, en réservant les autres pour une autre occasion, Je veux, pour ne pas trop divaguer, ne citer qu’un seul passage. Dans la seconde partie de son Murdus Jovialis, en considérant le ? 6 GALILÉE ET MARIUS. 145 Sixième phénomène, Simon Marius écrit avoir observé avec attention que les quatre planètes Joviales ne se trouvent jamais sur une ligne droite parallèle à l’écliptique, sinon quand elles se trouvent dans leur »plus grande digression de Jupiter, mais que, si elles se trouvent hors de cette position, elles s’éloignent notablement d’une telle ligne, à Savoir vers le nord, quand elles sont dans la partie inférieure de leurs orbites, et vers l’autre côté, le sud, quand elles se trouvent dans la partie supérieure; et pour expliquer le phénomène 1l déclare leurs orbites inclinés sur le plan de l’écliptique vers le sud dans la partie Supérieure et vers le nord dans la partie inférieure. Or, cette théorie est tout à fait erronée et démontre clairement sa fraude. D'abord il n’est pas vrai que les quatre orbites des étoiles médicées Sont inclinés au plan de l’échiptique, au contraire 1ls lui sont tou- jours parallèles. En second lieu, 1l n’est pas vrai que les mêmes étoiles ne se trouvent entre elles précisément dans une ligne droite que quand elles sont dans leur plus grande digression de Jupiter; au con- »traire 1l arrive quelquefois qu’elles sont vues dans une ligne parfaite- »ment droite lorsqu'elles se trouvent à des distances quelconques, la »plus grande, une médiocre ou une très petite, et que si elles se ren- Contrent très près de Jupiter, ayant des mouvements contraires, elles »Viennent exactement en conjonction et font l'apparence d’une seule étoile. Et finalement, 1l est faux que quand elles s’éloignent du plan »de lPécliptique, elles se courbent toujours vers le sud dans la moitié Supérieure de leurs orbites et vers le nord dans la moitié inférieure; au contraire 1l y a des périodes, où les étoiles médicées s’éloignent dans une direction déterminée, et d’autres dans lesquelles leurs dévia- tions sont dans une direction contraire, à savoir, vers le nord dans la moitié supérieure de leurs orbites, et vers le sud dans la moitié infé- »rieure. Mais Simon Marius, n'ayant n1 compris ni observé cette particularité, a par inadvertence mis à découvert son erreur. Or la ,,Chose se comporte ainsi: ,, Les quatre orbites des planètes Médicées sont toujours parallèles au plan de Pécliptique; or, comme nous nous trouvons placés dans le même »plan, il arrive toutes les fois que Jupiter n’a pas de latitude, mais se trouve sous l’échiptique, que les mouvements de ces étoiles se mon- »treront sur une même ligne droite, et que leurs conjonctions, dans un endroit quelconque, seront toujours corps sur corps, c’est à dire Sans aucune déviation. Mais quand le même Jupiter se trouve hors de 144: J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. ,l'écliptique, 1l arrivera que si la latitude est boréale, comme les quatre orbites des étoiles médicées restent parallèles à l’échiptique, leurs par- »ties supérieures nous paraïtront à nous qui sommes toujours dans ,le plan d’écliptique — se courber vers le sud, tandisque leurs parties inférieures se montreront plus boréales; et au contraire, lorsque la lati- »tude de Jupiter sera australe les parties supérieures de ces cercles se ,montreront plus boréales que les inférieures, de sorte que, quand Jupiter a une latitude boréale, les déviations des étoiles médicées seront contraires à celles qu’elles auront quand cette latitude est australe, ,@est à dire dans le premier cas elles seront vues décliner vers le sud lors- qu'ils seront dans la partie supérieure de leurs cercles, et vers le nord dans les parties inférieures, mais dans l’autre cas elles déclineront en Sens contraire, savoir vers le nord dans les parties supérieures , et vers le sud dans les parties inférieures, et ces déviations seront plus gran- des où plus petites, selon que la latitude de Jupiter sera plus grande où plus petite. Or, comme Simon Marius écrit avoir observé que les dites quatre étoiles s’écartent toujours vers le sud, lorsqu'elles sont dans la moitié supérieure de leurs orbites, ses observations ont été faites dans un temps que Jupiter avait une latitude boréale; mais lorsque moi je faisais mes premières observations, la latitude de Jupi- ter était australe et restait telle encore longtemps et ne devint boréale, de sorte que les latitudes des quatre étoiles ne pouvaient se montrer comme le décrit Simon Marius que deux ans après; si donc il les à Jamais vues et observées, ce ne fut que deux ans après moi. ,, Le voilà donc, par ses propres déclarations, convaincu du mensonge d'avoir fait ces observations avant moi. Mais jy ajoute qu’il est beau- coup plus probable qu'il ne les a jamais faites, vu qu’il dit ne les avoir observés en ligne droite que lorsqu'ils se trouvaient dans leur »plus grande distance de Jupiter et pourtant la vérité est que par quatre mois entiers, à savoir de mi-février à mi-juin de 1611, quand la ,latitude de Jupiter fut très petite ou nulle, ces quatre étoiles furent toujours disposées en ligne droite dans toutes leurs positions. » Ensuite il est intéressant de remarquer la finesse avec laquelle il »veut démontrer sa priorité à mon égard. J’écrivis dans mon Sidereus »Nuncius que j'avais fait ma première observation le 7 janvier de 1610, les autres dans les nuits suivantes, voilà Simon Marius »qui, s’appropriant mes observations, imprime tant sur le titre que dans l’intérieur du livre, qu'il a fait ses observations vers la fin de GALILÉE ET MARIUS. 145 ,lan 1609, d’où l’on pourrait déduire sa priorité; toutefois la plus »ancienne observation quil produit comme faite par lui est la seconde »faite par moi; mais 1l la mentionne comme faite en 1609, et néglige ,d'avertir le lecteur que, s'étant séparé de notre Église, et n'ayant pas »accepté l'émendation Grégorienne, le 7 janvier 1610 de nous autres Catholiques coïncide avec le 28 décembre des hérétiques. Et c’est là toute la précédence de ses feintes observations. Il s’attribue aussi faus- sement l’invention de leurs mouvements périodiques, découverts par moi par de longues veilles et de grandes fatigues, et publiés dans mes Lettres Solaires et encore dans mon traité sur les corps flottants, qui a été vu par Simon Marius, (comme est indiqué clairement par son livre) et dont il a sans doute emprunté ces mouvements.” Ecartons d’abord de ce réquisitoire les accusations dont la fausseté est manifeste. Il est faux que Marrus a traduit l’usage du compas de GALILÉE, qu'il le fît publier par un disciple sous le nom (Capra) de ce dernier et puis s'enfuit subitement, laissant à son disciple le soin de se tirer d’af- faire. Le livre incriminé est de Capra, il fut publié en 1607. Depuis 1605 Marius avait quitté Padoue ‘). Il est faux également que Marrus ait laissé ignorer à ses lecteurs qu'il se servait du style ancien. Dans l’explication de l’emploi de ses Tables, Marius dit expressément .,je compte l’année et le jour en com- mençant avec le minuit précédant le premier janvier #ore Romano”, et il ajoute encore: ,,quem etiam REINHOLDUS in suis tabulis retinuit.? Cha- que astronome dut savoir que les Tables de RENHoOLD datent de trente ans avant l'introduction du style Grégorien. Lorsque Marius veut montrer comment 1l calcule le lieu du soleil (p. F.3 verso) il dit que le soleil entre dans le signe du Bélier le 10 mars, ce qui indique clairement qu'il se sert du calendrier Julien. Enfin, en parlant du 5" phénomène, savoir que l'égalité des périodes de révolu- tion n'existe pas pour le mouvement vu de la Terre mais pour celui vu ") En juillet, ou un peu plus tôt, ainsi qu'il paraît par un Prognosticon pour l’année 1628, que Marius écrivit en 1623. La Société hollandaise a pu récemment en acquérir un exemplaire. En parlant, page Br des grandes cha- leurs de juillet 1605, Marius dit: ,Ich bin damals eben auff der Reisz ausz Italia in den Alpibus gewesen, war grosse Hitz und gewaltig gedonnert.” 146 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. du Soleil, Marius dit expressément qu'il se sert du Calendrier Julien. D'ailleurs, Marius en aucun endroit de son livre ne met en regard les dates des premières observations de GariLéE et de lui-même. S'il avait voulu faussement s’attribuer la priorité, rien ne lui eût été plus facile que de fabriquer au moyen de ses tables une observation quasi-authen- tique non seulement des trois, mais des quatre Satellites. M. Favaro, en traitant dans son ouvrage: Galileo Galilei e lo Studio di Padova la polémique sur la découverte des Satellites de Jupiter, ne mentionne que la première de ces deux accusations de GaLrrée ‘). [ ne relève que l’unique argument qui reste, savoir, la prétendue preuve four- nie par GauiLée que Marius n’a pas observé les Satellites avant GaLiLÉe, qu'il ne les a vus que deux ans plus tard et même que probablement 1l ne les a vus jamais. À ce sujet, M. Favaro dit que GauILéE dans le reste de son travail a prouvé ces thèses de la manière /a& plus splendide (in modo splendidissimo). Nous avons traduit du Saggiatore tout ce qu'il renferme par rapport à l’accusation dirigée contre Simon Marius. Il faut done que ces très splendides preuves soient renfermées dans ce que nous venons de citer. M. Favaro, admettant a priori la bonne foi de GazrLée, paraît avoir jugé superflu de vérifier la preuve de GALrLÉée en accordant quelque attention au livre de Marius. En effet, en le lisant il se serait apercu que le raisonnement de GALILÉE est réduit à néant par les détails don- nés par Marius sur ses recherches, que de plus GATILÉE, qui certaine- ment a lu le livre, a dû savoir que sa preuve n'avait aucune valeur, et qu'il n'a pu la produire que dans l'espoir de pouvoir cacher à ses lec- teurs la preuve évidente du contraire. Marius, dans la deuxième partie de son ouvrage, traitant de parti- culari consideratione mundi jovialis analyse sept phénomènes qu'il à remarqués. Le sixième est formulé comme il suit: ,,Ces planètes Joviales »Secondaires se meuvent dans une ligne parallèle à l’Ecliptique, cepen- »dant de temps en temps elles dévient de cette parallèle d’une manière ‘) L'usage presque constant des panégyristes de GaLiLée de ne jamais citer Marius sans accompagner ce nom de quelque qualification ou remarque défayo- rable, paraît avoir induit plus tard M. Favaro à dire que CaprA à proba- nolement été assisté par Simon Maver de Guntzenhausen, dont le nom est marqué d’une si triste note dans la biographie de GariLée.” (Per il Centenario dalla Inaugurazione dell insegnamente di Galileo Galilei nello Studio di Padova, p. 23). GALILÉE ET MARIUS. 147 perceptible tantôt vers le nord, tantôt vers le sud, principalement lors- qu'elles sont vues en conjonction et que l’une s'approche et l’autre ,S éloigne de Jupiter.” Dans son analyse de ce phénomène, Marius remarque d'abord que, lorsque deux satellites se trouvent en conjonction pendant que le sens de leur mouvement est le même, 1ls sont tellement proches, qu'ils se touchent pour ainsi dire et donnent l'impression d'une seule étoile très claire. Au contraire, dit-il, la différence de latitude des Satellites apparaît dis- tinctement dans la conjonction du quatrième et du troisième satellite, lors- que le troisième se trouve dans sa plus grande élongation et ne présente aucune latitude, comme :il sera démontré plus loin par des exem- ples et des observations dans l'explication de sa Théorie. Puis il ajoute: Cene fut que bien tardivement que Je parvinsàrecon- naître ce phénomène ‘). Marius n'a donc porté son attention sur les déviations en latitude des Satellites qu’assez tard dans le courant de ses recherches, qui ont duré quatre ans. Or, la base de l’argumentation de GALILÉE consiste dans lincompatibilité de ce que Marius dit avoir vu avec ce que, d’après GALILÉE, il a pu voir. Mais GariLée lui-même reconnaît que cette incompatibilité n’a plus existé deux ans après la découverte des Satel- lhites et en ceci encore 1l doublait l’intervalle de temps qu’il pouvait invoquer en faveur de sa thèse. Non seulement rien ne démontre que Marius pendant ces deux pre- mières années, a donné son attention au mouvement en latitude, mais au contraire ses paroles font voir clairement que Marrus, continuant ses observations jusqu’en 1614, n’a remarqué le sixième phénomène que dans la dernière période de ses recherches, lors même que, d’après GALILÉE, 1l n’y avait plus aucune incompatibilité. Prétendre que Marrus, avant d'avoir remarqué sa loi des variations de latitude, n’a pas pu voir les Sateliites est une assertion ridicule qui conduirait à conclure, que GaLi- LÉE lui-même, qui n'en a jamais formulé quelque règle avant la publi- cation de Marrus, n’a pas lui-même avant Marrus observé les Satellites. Etendre ce raisonnement jusqu'à conclure que Marius, en écrivant son livre, n'avait pas même vu les Satellites constitue, à notre avis, une insulte grossière. Il faudrait admettre avec GaLILÉE que Marius avait menti ‘) Tarde admodum in cognitionem hujus phaenomeni veni. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE I, TOME VIII. 110) 148 cs J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. en disant qu'il avait regardé Jupiter avec une lunette. En effet, dans sa lettre a Monseigneur Prero Dinr, du 21 mai 1611, Garrrée reconnaît que les Satellites de Jupiter se voient avec une lunette ordinaire, telle qu'on les rencontre partout. Il écrit: ,,Ce n’est pas seulement ma lunette UD ue ne à à moi et les autres que j'ai fabriquées, qui font voir ces quatre planètes »Joviales, mais toutes les autres faites en un lieu quelconque, par un e ; 9 e e ñ e V4 artisan quelconque, pourvu qu'elles soient bien travaillées et montrent les objets grands et distincts” ”). Il ne reste donc plus rien des preuves splendides de GALILÉE et nous nous croyons en droit d'affirmer que tout ce qu’allègue GALILÉE pour pouvoir accuser Marius de plagiat manque absolûment de fondement. VI. Anazyse pu Munpus JovraLts. Après cela, nous pourrions considérer notre tâche comme terminée. Mais nous n'avons pas l'intention de nous contenter en faveur de Marius d’un ox liquet qui, en bonne justice, doit conduire à un acquittement de l’accusé et à la confusion de l’accusateur. Nous nous proposons de prouver que le travail de Marius, bien loin d'être un plagiat commis au détriment de GariLée, constitue un travail tout à fait indépendant et sérieux, par lequel il a, en plusieurs points, devancé GALILÉE. Nous avons dit que jamais, avant la publication du Murdus Jovialis, Garirée n'a formulé quelque loi dans la déviation en latitude des Satellites. Après le Sidereus Nuncius, 1] n’en est plus question dans ses écrits, et même les observations posthumes, publiées en 1846 par ALBERI, ne donnent à ce sujet, rien de nouveau. C’est en attaquant Marius que Garirée, en 1623, a pour la première fois tâché de donner une explication de ce phénomène. Mais celle qu'il donne est inexacte. Les orbites des Satel- lites ne sont nullement parallèles à l'Ecliptique. Il est vrai que l’incli- naison de l'orbite de Jupiter concourt à l'apparence en question, mais elle n’en constitue que la plus faible partie. Marius, au contraire, attri- bue le phénomène à l’inclinaison des orbites des Satellites sur le plan ") ALBERI, Opere di Galileo Galilei, T. VI, p. 165. GALILÉE ET MARIUS. 149 de l'orbite de Jupiter, mais il commet l'erreur de considérer cette incli- maison comme étant dirigée toujours dans le même sens par rapport au Soleil. | L'erreur de Marius est excusable, celle de GaLILÉE l’est moins. Se trouvant devant un phénomène, qui avant lui n'avait pas encore été observé avec assez de soin pour en déduire quelque loi, Marius tâche d'expliquer son sixième phénomène par une hypothèse qui n'avait rien d'invraisembable et qui, de fait, était juste. Seulement 1l admet que, de même que les temps de révolution ne sont constants que lorsque les Satellites sont vus du Soleil, la direction des inclinaisons reste également la même par rapport au Soleil. De son temps les raisons mécaniques, qui rendraient plus probable la persistance de la direction des plans des orbites dans l’espace, étaient encore complè- tement inconnues. Même la loi d'inertie dans le mouvement rectiligne n'avait pas encore été clairement formulée. Elle ne fut énoncée qu’en 1632 par CAvaLTERt dans son ouvrage Lo Specchio Ustorio. Garrrée ne l’a jamais admise. Dans la première journée de son Aialogo interno ai due massimt sistemt del mondo Tolemaico e Copernicano, paru en même temps que l'ouvrage de CavarieRt, GALiLÉE dit que tous les corps du monde se meuvent en cercles, et soutient qu'il est impossible qu'un corps ait de sa nature le principe de se mouvoir en ligne droite, parce que, la ligne droite étant infinie, 1l est contre la nature qu’un corps tende vers un but où 1l ne peut Jamais arriver. GaLiLée, au contraire, écrivant le Saggiatore en 1623, pouvait par- faitement savoir que son hypothèse du parallélisme des plans des orbites avec l’écliptique était erronée. Peu de temps après le Murdus Jovialis parut à [ngolstadt un ouvrage, dans lequel il avait pu apprendre la _ manière de vérifier sa thèse. Ce livre, les Disquisitiones Mathematicae de J. G. Loongr ), avait été publié sous les auspices et avec le nom du père jésuite SoHeINeR. On y trouve décrites, p. 83, les déviations en latitude *) Disquisitiones Mathematicae, de controversiis et novitatibvs astronomicis, Quas sub Praesidio CHRISTOPHORI SCHEINER, de Societate Jesv, Sacrae lingvae et matheseos, in alma Ingolstadiensi Vniversitate, Professoris Ordinarij, Pvblice disputandas posvit, propugnavit, Mense Septembri, Die — Nobilis et Doctissimvs ivvenis, JOANNES GEorGivs Locner, Boius Monacensis, Artivnt et Philosophiae Baccalaureus, Magisterij Candidatus , Turis Studiosus. Ingol- stadii, Ex Typographeo Ederiano apud Elisabetham Angermaniam. Anno M.DCXIV.-in-1°. 10* 150 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. des Satellites de la même manière que dans le livre de Marius, c'est à dire: australes dans les parties supérieures, boréales dans les parties inférieures de leurs orbites. L'auteur ne juge pas à propos de dire qu'il a emprunté cette description du phénomène à Marius, lequel, quel- ques pages plus haut, p. 78, 1l avait, signalé comme un Calviniste qui avait vainement et importunément tenté de faire croire que les Satellites de Jupiter n'avaient pas été découverts par un mathématicien italien, Garrirée, et dont, page 80, il avait, dans une intention évidemment malicieuse ‘), relevé l’aveu d’avoir profité des observations de GazIréx. En discutant cette apparence, l’auteur l’attribue, de même que le fera CGALILÉE en 1623, au mouvement en latitude de Jupiter lui-même, parce qu'il est probable que les Satellites qui accompagnent Jupiter en longitude, le font aussi en latitude. Toutefois ScHEINER indique le moyen de vérifier sa thèse en disant: ,,Ceci étant donné, après l’an 1617 ils »dévieront en sens contraire, savoir vers le midi dans la partie infé- »rieure, vers le nord dans la partie supérieure (de leur orbite). Le temps ,l'apprendra.” Nous verrons tantôt que déjà les observations de 1616 avaient pu apprendre à GaLILÉE que son hypothèse était insoutenable. Il est inadmissible que GarILéE n’eût pas connu ce livre, qui a dû l’intéresser déjà par le titre. En 1614, il venait de terminer sa longue dispute avec SCHEINER, caché sous le nom d’Apelles latens post tabulam. Un livre sur les controverses et les nouveautés astronomiques et portant cette fois sur le titre le nom du père jésuite en toutes lettres, put-1l échapper à son attention ? | Dans la supposition que Marius et Garirée tous les deux furent de bonne foi, CassiNr a tâché d'expliquer la différence de leurs résultats par la différence des époques de leurs observations. ,,GariLée”, dit-il p. 390, ,réfute Srmon Marius, qui avoit avancé que les latitudes des Satellites de Jupiter sont australes dans leurs demicercles supérieurs, et boréales dans les inférieurs: ce qui estoit particulier au temps de ces observations ,de Marius. GALILÉE au contraire, établit cette règle comme générale que les Satellites de Jupiter dans les demicercles supérieurs ont une ,latitude contraire à celle de Jupiter; et que dans les demicercles infé- *) SOHEINER, dans son livre, ne cite Marius que quand il trouve l’occasion de le dénigrer. Au contraire, il ne néglige aucune occasion de lui emprunter quelque nouveauté, en laissant ignorer qu'elle était due à Marius. GALILÉE ET MARIUS. 151 ,rieurs ils ont une latitude de la mesme espèce; ce qui estoit encore par- »ticulier pour le temps des observations de GALILÉE.”” CassiNI n’a pu savoir que (rALILÉE a continué ses observations jusqu’en 1619, de sorte qu'elles embrassent presqu'une révolution complète de Jupi ter autour du Soleil. Pour examiner le véritable état des choses durant la période s’éten- dant depuis la découverte des Satellites jusqu'un peu après la publi- cation du Saggiatore, 1l suffira de calculer d'abord les positions des orbites des Satellites par rapport au plan de l’orbite de Jupiter pour les deux époques 1610 et 1614, ensuite la déviation en latitude, que le ke Aie ee 7e quatrième Satellite doit avoir présentée aux conjonctions supérieures lors des oppositions de 1609 jusqu’à 1625. Le calcul a montré que les plans des orbites des autres Satellites ne différaient pas beaucoup de celui du quatrième, au moins en ce qui regarde la position des nœuds; seulement les inclinaisons sur le plan de l'orbite de Jupiter étaient un peu plus fortes ”). On peut donc admettre que les autres Satellites ont RS ie présenté des déviations sensiblement proportionnelles aux rayons de leurs orbites. Les déviations calculées pour le quatrième Satellite se trouvent con- ME signées dans le tableau suivant: | | Loncit.| Latit. | Opposition. |Lélioc. | hélioc. ent Pur Géo | : MAÉ 609 760,5) 200 52219-20614" 07" 6 678 NL ON 0 US 70 1 9) — 3,3 D on LOMME EE Ra NN 720 5) ETS 12 9 17 ,0— = 719 ,9) —15 ,6 En EAN2 00 05 ANS 0 9061 29 0) 15 :9 ll 23300029) 0 2-08 5 30 7 )9 1 1Ajuinn6l16 1264 |E 0,8 |—0,7— 28 ,1——23 8 — 4 4 LT il. IMMO ER NT EC Ro GI 333 4 053,11 9,119 ,9) +15 1 LE cet, TOGO ES EE ER no 20 AG 100520 9 À 31,510 34 4) 1458 RÉCNGOl NS 0 AL ED 9 94,8 195,7 L 5 4 IS ED Se D A0 41 9 44 7 13 fév. 1624 | 146 ,5) L 0 ,9 |—2 ,4— 5 4—— 7,8 —12 ,2 ES OS O7) 16 0 *) Voir, pour ce calcul et le suivant, la note IV à la fin de ce Mémoire. 15% J. A. C. OUDEMANS ET j. BOSSCHA. Dans ce Tableau on a séparé les deux parties dont se compose la déviation totale. La première partie & est celle qui se présenterait si l'orbite du Satellite était situé dans le plan de celui de Jupiter, la seconde à est due à l’inclinaison des orbites des Satellites sur ce dernier plan. Leur somme ç constitue la déviation totale. Sous 4 nous avons ajouté la déviation que l’on obtiendrait, si, comme le suppose GALILÉE, les orbites des Satellites fussent parallèles à l’Ecliptique. Les signes de c = a + à et de d sont pour la plupart les mêmes. Mais déjà CassINT a remarqué que l’erreur de (GALILÉE aurait pu être évitée par une étude plus approfondie des apparences. D'abord, l'égalité des signes n'existe pas toujours; lors de l’apparition de 1611 la déviation du qua- trième Satellite dans la conjonction supérieure atteignit presque + 12”, c'est à dire plus de la moitié du rayon vertical de la planète, tandis- que lPhypothèse de GaLILée la ferait négative. En 1623, lors même que GALILÉE fit imprimer le Saggialore, la différence de signe s'était montrée de nouveau. En second lieu, selon cette hypothèse, la dévia- tion ne pouvait jamais excéder ce rayon vertical, tandis que l’obser- vation continuée et attentive aurait pu montrer que le quatrième Satel- lite présente des périodes de trois apparitions successives (par exemple 1614, 1615, 1616 amsi que 1619, 1620 et 1621) où, aux conjonctions avec Jupiter, 1l passait le disque de cette planète soit au nord, soit au sud. Marius, à l’endroit que nous venons de citer, remarque quil a observé le sixième phénomène si tard, non seulement parce que les con- jonctions du quatrième et du troisième Satellite (ce dernier étant dans sa plus grande élongation) sont très rares, mais aussi parce que quel- quefois le ciel couvert en empêche l’observation. Il dit: ,, Sans doute Cette observation se ferait plus exactement près de Jupiter, mais pour ,,mo1 1l y eût été trop de difficulté, à cause de la faiblesse de mon instru- ment, comme il a été expliqué dans la préface.” Marrus continue: »Après m'être assuré de ce phénomène, savoir que ces Satellites ne se trouvent pas toujours dans une droite parallèle à l’écliptique et menée »par Jupiter, mais qu'ils s’en éloignent d’une quantité perceptible, »tantôt vers le nord, tantôt vers le sud, j'ai commencé à étudier ce phé- nomène avec plus d'attention et je suis enfin arrivé à ce résultat, qu'aux »plus grandes élongations ils se trouvent dans la ligne parallèle, mais qu'ils s'en écartent entre ces extrémités, dans la moitié supérieure vers ,le sud, dans la partie inférieure vers le nord et que cette déviation est GALILÉE ET MARIUS. 153 ,la plus grande près de Jupiter. Je n'ai pas pu mesurer avec mon instrument cette plus grande déviation, ce ne sont que des secondes, que je ne me vante pas de mesurer. Mais j'ai remarqué qu'aucun Satellite n’atteignait une déviation telle que dans sa conjonction :il semble passer au-dessus ou au-dessous de la planète. La latitude du quatrième est plus grande que celle du troisième, et celle du troisième »plus grande que celle des deux autres. Selon une conjecture pro- ,bable, faite d’après une conjonction prédite du quatrième et du troisième, j'estime la plus grande latitude du quatrième Satellite à 15 secondes, celles du troisième à 12, du second et du premier à 10 secondes. Me basant sur: ce fondement, j'ai calculé la table des lati- ,tudes des Satellites dans laquelle on peut trouver facilement la latitude ,de chaque Satellite en entrant la table avec le mouvement du Satellite augmenté de 90 degrés, comme j'expliquerai clairement à propos de , l'usage de ces tables.” Comme la dédicace de son livre porte la date du 18 février 1614, deux mois avant l'opposition de cette année, 1l est clair que c'était surtout l'opposition précédente (novembre 1612—juillet 1613) qui doit avoir fourni à Marius les observations, d’où 1l tirait ses conclusions. Et, en effet, les trois exemples qu'il donne, feuille #, pour montrer l'exactitude de ses Tables, sont tous de 1613. Notre Tableau montre qu’à l'opposition de cette année le quatrième Satellite s’écartait, à sa conjonction supérieure avec la planète, d’envi- ron 20 secondes vers le sud. Dans la première apparition, observée par Marius, celle du printemps de 1610, son attention ne fut fixée que sur les élongations pour ainsi dire horizontales des Satellites et sur le problème qu'il s'était posé, de déterminer les périodes de révolution. Dans les deux apparitions suivantes, celles de 1611 et 1612, la dévia- tion perpendiculaire (en latitude) restait très petite, de sorte que dans les lunettes, dont 1l disposait, les Satellites devaient sembler décrire des droites passant par le centre de la planète. Les figures 1—4 de la planche [ peuvent donner une idée exacte des circonstances de ces quatre oppositions. Le petit demi-axe du disque elliptique de Jupiter, aux oppositions moyennes, peut être évalué à 22”,') ce qui est conforme à ce !) Si l'on adopte pour le diamètre apparent de Jupiter à la distance moyenne du Soleil la valeur 37”,6, et ‘/,, pour l’aplatissement, le petit demi-axe, vu 5.210316 de la Terre, sera 19° 17 10.021 .,0) 154 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. que Marius disait avoir remarqué, savoir qu'aucun Satellite n'atteignait une déviation telle que dans sa conjonction il semblait passer au-dessus ou au-dessous de la planète. Nous concluons de tout ceci que les observations de Marius sur la loi que suivent les mouvements en latitude furent non seulement de son temps tout à fait nouvelles, mais de plus aussi exactes qu'on peut l’attendre des faibles moyens dont 1l disposait. Examimons enfin si les apparitions, que Marius à pu suivre, lui ont pu fournir l’occasion d'observer une rencontre du troisième et du qua- trième Satellite. On en peut distinguer quatre catégories: deux à lest et deux à l’ouest, différentes selon le sens du mouvement des Satellites. On trouve que ces apparitions ont été très favorables pour observer ces rencontres. La période, dans laquelle une même catégorie de rencontre se répète, est de 50 jours, comprenant à peu près trois révolutions synodiques du quatrième et sept du troisième Satellite. Dans chaque apparition de Jupiter 1l y a donc tout au plus cinq rencontres d’une même catégorie, soit, en tout, vingt rencontres, dont un tiers ou un quart pourra avoir été visible. Choisissons comme exemple la rencontre du 18 février 1613 N.S. Un calcul exact et minutieux fait connaître que la rencontre a eu lieu à 3! 343$ après minuit, temps moyen de Paris, ou 4" 6% 59° temps moyen d'Ansbach. Le quatrième Satellite, qui se trouvait dans la moitié supérieure de son orbite, se montra à 25”,5 au sud de la parallèle à l’échptique passant par le centre de Jupiter. Le troisième, qui se trouvait dans la moitié inférieure de son orbite, non loin de sa plus grande élongation, se montra à 2”,8 au nord. La distance des Satellites fut donc de 287,3. La déclinaison de Jupiter fut de +4°23",5, son angle horaire à Ansbach de 21 26", il fut donc parfaitement visible. La lune était au premier quartier, elle avait donc passé le méridien à environ six heures du soir et s'était déjà couchée au moment de la rencontre des deux Satellites. Marius, s’il a pu observer cette apparence, a dû estimer à l'œil la distance de 28” qui séparait les Satellites. Si Marius a continué ses observations après la publication du Wux- dus Jovialis, 11 a dû s’apercevoir qu’il a eu tort de supposer que la Higne des nœuds des orbites des Satellites était toujours perpendiculaire au rayon vecteur du Soleil à Jupiter. Après cette publication, lorsqu'il était souffrant, on n’a plus rien eu de lui à ce sujet; 1l mourut le GALILÉE ET MARIUS. 1595 26 décembre 1624, un peu plus d'un an après qu’il eut eu connaissance de la cruelle agression de GALILÉE. Dans la diatribe de GALILÉE contre Marius on rencontre encore l’assertion que Marius à pris de Garrrée les temps des révolutions des Satellites. Aucune preuve n'est donnée à l’appui de cette grave accusation. à La première estimation des temps périodiques des Satellites a été donnée par GALILÉE dans son ouvrage: Miscorso alle cose, che stanno in su l’acqua à che in quella si muovono, publié en 1612. On sait par une lettre de GaLILÉE au Prince Freperico Cest (ALBERt, Opere di Galileo Galiles, NI, p. 180), que de cet ouvrage 5 feuilles étaient imprimées le 12 mai et que l’impression devait être terminée dans une quinzaine. Le 23 juin GaALrLÉéE envoya l'ouvrage à Gruzrano pe Meter à Prague. Les premières valeurs données par Marius se trouvent dans son Prognos- ticon de l’année 1613, dont la Préface est datée du 30 juin 1612, et qui a paru probablement à la messe automnale de cette dernière année"). Comme le titre de l'ouvrage de GazILée ne faisait nullement présumer qu’on y rencontrerait des données sur les Satellites de Jupiter et n’offrait d’ailleurs rien de bien intéressant pour Marivs, il est tout au moins très douteux qu'il ait pu avoir à sa disposition les temps de GALILÉE, avant l’im- pression du Prognosticon ?). Mais les valeurs mêmes publiées par Marius suffisent pour démontrer qu’elles sont bien le résultat de ses propres observations. Pour le faire voir nous mettons en regard les temps de révolution publiés par GaLILÉE dans l'écrit que nous venons de citer, celles tirées du Prognosticon de 1613 et celles que Marrus donna en 1614 dans le Mundus Jovialis, pour les comparer aux valeurs de DeLamMBre et DAMOISEAU qui, en comparaison de celles de GAzILée et de Marius, peuvent être considérées comme rigoureusement exactes. 1) Nous devons à la bienveillance du bibliothécaire de Tubingue, M. le Dr. WiEDEMANN, d’avoir pu consulter ce livre très-rare. Malheureusement le Pro- gnosticon ou Calendarium de 1612, publié par Marius, semble complètement introuvable. *) Dans la seconde édition de sou ouvrage, Marius affirme expressément n'avoir pas eu connaissance de ce traité de GaLiLÉE. Voir la Note III. 156 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. Périodes synodiques des Satellites de Jupiter. GaziLée 1612. Marius 1612 | Marrus 1614 1 1814\e quasi mezza) HOAUST TS SDS MIIAISNO ETES 3 13 & (e un terzo incirca) 3 13 18 8 15 18 71 4 (prossimamente) RORON 7 3 56 34 16 18 (prossimamente) OMIS 28 16 184 9m DEeLAMBRE Erreurs de Erreurs de Marius et DAmorsEau. GaLILÉE 1612 1612 1614 D en ]i 181 28m 365 —- 1m 245 ——_ ]0n 65 — (Mn 65 D lé Le. 64 +2 6 + 0 6 + 0 6 Ho EN EU MÈ0 — 0 24 — © 36 — 3 9 MES AMEN — 5 71 + 17 53 + 4 8. Ces chiffres parlent par eux-mêmes. C’est surtout dans les valeurs trouvées par Marrus pour le premier et pour le quatrième Satellite que l’on remarque un progrès remarquable dans le degré d’approximation des périodes trouvées. Quant au premier toutefois, il nous semble pro- bable que le chiffre de 1612 a été dénaturé par une erreur de plume ou d'impression, 18% au lieu de 28", parce que Marius avait eu amplement l’occasion de déterminer le temps de révolution de ce Satellite à moins de dix minutes près. Les erreurs dans les périodes de révolution, publiées en mars 1614 dans le Mundus Jovrialis, sont, en fraction des valeurs entières, [l JL Il “ I 2HASC 5 IINOME 102 SES TE ou en 565 Jours 20m 375, 10" 165, 2h 34m 305 et 1h 30m 35, dans ces intervalles les Satellites ont un mouvement dans leurs orbites de O / FO 9/ O / RE aus en Se. 2)1 GALILÉE ET MARIUS. 157 Les amplitudes des Satellites, vues du Soleil, ont pour valeurs angu- laires, d’après BEsseL, MT SNS UM SÉRIE TO SP SE Avec ces valeurs, augmentées dans le rapport 5,2 : 4,2 pour avoir ces distances vues de la Terre lors d’une opposition moyenne, les erreurs dans les positions des Satellites deviennent en secondes entières : 1e Ge Do 15”, lorsque les Satellites se trouvent à proximité de la planète. On ne peut guère attendre une plus grande exactitude, si l’on a égard aux moyens d'observation dont disposaient les astronomes de ce temps. Les micromètres oculaires n’existaient pas; la lunette hollandaise pour laquelle le foyer de l'objectif se trouve en dehors de l’instrument ne les admettait pas. Les distances se mesuraient pour la plupart d’après un croquis fait à la plume. Marius n’avait pas encore réussi à observer régulièrement les éclipses des Satellites, quoiqu'elles lui fussent connues. Or, ce sont les éclipses qui ont permis de déterminer les temps de révolution avec la plus grande exactitude. Dans le calcul des périodes 1l ne tenait pas compte des excentricités des orbites de Jupiter et de la Terre, et l'influence du temps qu'emploie la lumière pour arriver de Jupiter à la Terre n’était pas encore connue. Par contre, 1l eùt égard à la ,,parallaxe”, c’est à dire à la différence entre les directions Jupiter-Soleil et Jupiter-Terre, dont aucune men- tion n'avait été faite dans les écrits de GariLée, ce qui à lui seul offre une preuve de l'originalité du travail de Marrus. L’anathème, lancé par GALrILÉéE contre Marius, à jeté dans loubli le remarquable ouvrage de l’astronome allemand. Pour la plupart des auteurs scientifiques 1l a suffi que le ,,divin philosophe” se soit prononcé contre Marius pour le condamner sans examen, comme sans retour. Le Mundus Jovialis est devenu un livre aussi méprisé que rare. Nous croyons done rendre un service à nos lecteurs en faisant suivre 1c1 un exposé rapide du travail de Marrus. L'auteur divise son livre en trois parties. Dans la première il traite du monde de Jupiter en général, de sa grandeur et de celle des quatre corps qu'il contient et de la vitesse de leur mouvement. Dans la seconde, il décrit les différences de mouvement qu'ils présentent. Dans la troisième 158 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. il explique ces phénomènes par une Théorie appropriée, pour arriver enfin au but principal de son ouvrage: la composition des Tables qui permettent de prédire les constellations des Satellites à un moment donné et la manière de s'en servir. L'évaluation des dimensions linéaires tant de Jupiter que des orbites des Satellites est affectée de graves erreurs, parce que son calcul est basé sur des données fausses, empruntées à TvcHo Brané. Il admet 35 60 19 fois trop faible, et pour la valeur angulaire de Jupiter à la distance que le diamètre de Jupiter n’est que de celui de la Terre, chiffre moyenne de la Terre, 1l admet partout dans son ouvrage la valeur d’une minute entière, ce qui est trop fort dans le rapport 5 : 3. Il dit avoir déterminé cette valeur frequenti, diligenti et diurna observatione, 11 a même tâché de constater que cette valeur varie selon la distance à laquelle la Terre se trouve éloignée de Jupiter. A cet effet, il s’est servi d’un instrument qu'il ne décrit pas ), mais il avoue que cet instrument n'a pas suffi pour mesurer cette augmentation et cette diminution. [Il en résulte que l’instrument de Marius ne lui permettait pas de mesurer sûrement avec une précision d'environ un quart de minute. Nous avons déjà remarqué que GarziLée, dans le Piscorso, dit s'être servi d’une méthode pour mesurer les distances: ,, Ho trovato modo di »prender tale misure senza errore anche di pochissimi secondi”, mais GaLrLée non plus n’a jamais décrit sa méthode ?). Cependant il est certain ‘) On n’a pas de peine à se figurer un tel instrument. La manière dont on déterminait le grossissement de la lunette et que GaziLéE décrivit dans le Nun- cius, savoir, de regarder le même objet avec les deux yeux, l’un armé de la lunette, l’autre nu, devait en susciter l’idée. Une règle divisée attachée au bout antérieur de la lunette et perpendiculaire à l’axe de cet instrument, éclairée par une lumière placée derrière l'observateur, pouvait au moins suffire pour une approximation, si l’on regardait d’un œil l’image dans la lunette et de l’autre, soit nu, soit armé d’un verre, l'échelle. Pour obtenir la vraie valeur angulaire de l’objet visé, il faut connaître le grossissement de la lunette. *) Même dans les observations posthumes publiées par ALBERI, nous n’avons trouvé, au sujet de cette méthode, d’autres renseignements que les annotations du 31 janvier et ler février 1612, savoir: 1n hac secunda observatione usus sum instru- sMmento ad intercapedines exacte accipiendas, ac distantiam orientalioris pro- ximae accepi, non enim fuit instrumentum adhuc exaclissime paratum””, et puis: ,Nota quod si in instrumento, quo distantiae capiuntur, notetur linea, quae illum secet secundum angulum, quo ductus eclipticae secat parallelum GALILÉE ET MARIUS. 159 que GALILÉE est arrivé, dans la détermination du diamètre apparent de Jupiter, à une plus grande précision que Marius. En effet, l’observa- tion du 21 janvier 1612 contient dans une note l’estimation de ‘555; c’est à dire 37”,9. Des valeurs plus directes se trouvent indiquées I. c. p. 176, savoir: 50" à la plus petite distance, environ 40” à la distance moyenne; puis: au 21 janvier 1612 41377 9 juin 1612 89” 24”. Marius estime à 1000 lieues géographiques le diamètre réel de Jupiter, à 14000 lieues le diamètre de l’orbite du quatrième Satellite. Au sujet du facteur 14 il dit: ,, De mes propres observations et de celles de GALILÉE je ,déduis que le Satellite, qui s'éloigne le plus de Jupiter, dévie de part et d'autre de Jupiter, dans la distance moyenne de cette planète à la , Terre, d'environ 13 minutes. Mais, pour être large et pour ne pas trop »restreindre à présent le théatre Jovial, je prendrai 14.” Nous ignorons dans quel écrit de GarrLés Marius peut avoir trouvé le nombre 14. Dans le Sidereus Nuncius l'observation qui donne le plus grand écart observé d’un Satellite est celle du 2 février 1610, où (GaLiLée donne d’abord une élongation de 12 minutes, mais fait suivre cette observation d’une autre faite quelques heures plus tard, qui porte cette élongation à 14 minutes. Ce dermier résultat est incompa- tible avec le précédent. La variation qui peut avoir eu lieu ne peut avoir été que de quelques secondes. Peut-être Marrus s’est-1l arrêté à la valeur maximum de cette observation. La seule valeur chiffrée concernant les amplitudes des Satellites que GaLiLée à publiée avant le Mundus Jovialis est celle que l’on rencontre dans la troisième des Lettere Solari, publiées en 1613 (Edizione Nazionale, T. V, pp. 227 et 228), où 1l dit incidemment, en parlant du quatrième Satellite: elle se trouva dans sa plus grande digression, ,,c’est à dire dans sa longitude moyenne, et comme stationnaire, et éloignée aequatori in loco Jovis, per motum Jovis in hac linea, cognoscetur nunquid medicei Planetae ferantur in planis Eclipticae parallelis.” L’instrument a donc été différent de celui que nous avons décrit dans la note précédente. Nous avons vu que GaLiLéEe en 1623 croyait que les orbites des Satellites étaient parallèles à l’Eclip- tique. Sous ce rapport, l’instrument paraît donc avoir manqué son but, 160 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. de Jupiter d'environ 15 minutes !), ce qui est autant que le denu- diamètre de son cercle.” Il faut recourir aux observations publiées pour la première fois en 1846, pour trouver les valeurs que GALILÉE attribua aux rayons des orbites des 4 Satellites. M. ATBERr a rassemblé (1. c. p. 175 et suiv.) les résultats tirés, soit des manuscrits de GALILÉE, soit d’un dessin des Jovilabiums, qui avaient servi à GALILÉE pour ses calculs. Les chiffres suivants, que nous empruntons à ALBERI, expriment en demi-diamètres de Jupiter les rayons successivement adoptés par GaLrLée. I IT TIT I Premières valeurs One DA 9 1 Jovilabium I 4 vix 6 + en 15 Codex notarum 4,45 1,33 10 + 18 Printemps 1612 5,30 9 14 24 Les dernières valeurs sont celles du Jovilabium n°. 2 que GazrLée employa pendant plus de deux années. À la fin de la troisième de ses Lettres à VeLser, datée du 1% décembre 1612, GALILÉE a donné une planche représentant les constellations futures des Satellites du 23 mars 1613 jusqu'au 8 mai 1613. Il est clair que, si cette planche fournit le moyen d'en déduire les dimensions des orbites des Satellites, on doit rétrouver les valeurs qui ont servi à Gar1Lée à la composer, c’est à dire celles que nous venons de citer en dernier lieu, savoir: 5,30 9 14 24. Marius, dans la seconde partie de son livre, en donnant des détails ") Cette valeur de 900" est presque le double de celle, 480”, que fournissent les données que GALILÉE possédait à cette époque, savoir 40” pour le diamètre de Jupiter et 12 de ces diamètres pour le rayon de l'orbite: La valeur exagérée lui servit pour combattre Scoxeiner. Celui-ci avait cru découvrir un cinquième Satellite dans une étoile qui, le 30 mars 1612 de deux minutes plus occiden- tale que le Satellite IV, se trouvait avoir, le 8 avril, la même longitude que Jupiter. Comme Scuernxr estime à 6° l'élongation occidentale du Satellite LV, il en conclut que la différence de longitude de Jupiter et de l'étoile avait varié de 8° en 9 jours, tandis que, si létoile était une fixe, le mouvement relatif aurait dû être de 14’. GaLILÉE, pour réfuter SCHEINER, dit que, le 30 mars, le Satellite IV se trouvait dans sa plus grande élongation, laquelle à cette occa- sion 1l dit être de 15 minutes. GALILÉE ET MARIUS. 161 sur chacun des Satellites, s'arrête aux chiffres suivants arrondis en minutes, c’est à dire d’après lui, en diamètres de Jupiter à la distance moyenne de cette planète: 3 5 8 18 ou en demi-diamètres : 6 10 16 26 Ces chiffres diffèrent sensiblement de ceux de Garizée. Les vraies valeurs sont les suivantes : 5,9 9,5 15 1 26,5 Dans le livre de LocHEer ou SCHEINER on trouve des valeurs diffé- rentes de celles de Marius et de GALILÉE, savoir en demi-diamètres : 6 8 10 20 On trouve, pour les erreurs, les valeurs suivantes en demi-diamètres de Jupiter: GALILÉE Marius LocHER-SCHEINER 1615 1614 1614 — (0,6 + 0,1 + 0,1 — 0,5 + 0,5 — ],5 eq + 0,9 5 or eos Es Nous en concluons que non-seulement Marrus a devancé GaALILÉE dans la publication de valeurs numériques, mais que ses mesures compa- ratives ont été plus exactes que celles que GazrLés possédait lors de la publication de l'ouvrage de Simon Marius. Dans cette seconde partie de son ouvrage, Marrus passe en revue les sept phénomènes suivants. | 1. Les Satellites circulent autour de la planete. 2. Chaque Satellite a sa propre amplitude. 3. Près de Jupiter la vitesse angulaire est maximum, à la plus grande élongation leur mouvement est lent et même stationnaire. 4. Les périodes de révolution sont inégales; le Satellite le plus rap- proché de la planète se déplace le plus vite, non-seulement en mouvement angulaire, mais aussi en mouvement linéaire. 5. Les mouvements sidéraux autour de la planète sont uniformes ; quant aux mouvements synodiques, 1ls le sont aussi, si l’on prend pour corps central non pas la Terre, mais le Soleil. 162 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. 6. Les Satellites se déplacent, quant à leur révolution entière, dans une ligne parallèle à l’écliptique, mais dans intervalle 1ls s'en éloignent, tantôt vers le nord tantôt vers le sud, d'une différence perceptible, surtout lorsque l’on en voit deux en conjonction, dont l’un s'approche, l’autre s'éloigne de Jupiter. 7. Ils ne se montrent pas toujours de la même grandeur, mais sont tantôt plus grands, tantôt plus petits. Notons quelques détails, au sujet de ces phénomènes. Après avoir décrit la manière qu'il a suivie pour trouver toutes les périodes de révolution, les difficultés qu'il a rencontrées, les dates aux- quelles il croyait être à même d’adopter un nombre approximatif, 1l dit: ,,[l nous faudra encore des observations ultérieures pour les années suivantes. Car je ne promets pas une exactitude absolue, j'ai posé des ,tondements non inutiles à l’observateur de ces astres, des fondements que Pon pourra facilement corriger dans la suite. Car 1l est nécessaire d’avoir un grand nombre d'observations, embrassant un espace de temps considérable, surtout des observations distantes, faites au moment où les positions de Jupiter relatives au Soleil et à la Terre ont été identi- ques. Nous en expliquerons plus loin la raison. Or, pour les détermi- nations des périodes de révolution il ne suffisait pas d'observer les plus grandes élongations, (c'était par là que Marius avait commencé), j'ai aussi employé les observations faites quand les Satellites étaient près de la planète, où le mouvement est plus vite. Quelle peine j’ai subie, je ne veux pas le dire, ceux-là pourront s'en faire une idée, qui ont eu l'expérience de recherches analogues.” Quant au cinquième de ces phénomènes, personne n'avait encore publié cette observation, importante pour le calcul des temps de révolu- tion. Elle lui a valu de la part de Kepzer la remarque, qu'il avait fourmi ur argument en faveur du mouvement annuel de la Terre autour du Soleil. Cependant les observations posthumes de GALILÉE démontrent que celui-ci s’en était également rendu compte dès avril 1611. À l’occasion de ce phé- nomène Marius s'étend longuement sur Les déboires que lui avait causés d’abord la non-observation de la parallaxe. | Le sixième phénomène a été amplement traité plus haut. En examinant le septième phénomène, Marius réfute l’opimon de GALILÉE qui l'avait attribué à une atmosphère entourant Jupiter. Il remarque que, d'après GariLée, le quatrième Satellite devrait paraître GALILÉE ET MARIUS. 163 le plus faible lorsqu'il se trouve en conjonction supérieure avec Jupiter. Or, dit-il, ce n’est nullement le cas, c’est surtout dans ses plus grandes digressions que ce Satellite se montre le plus faible. À cette occasion Marius combat l'opinion de GALIL£E qui, dans le VNyncius, avait soutenu que la Lune était enveloppée d’une atmosphère. Marius dit: ,,et même Ce que GaALIL&E regarde comme confirmé et concédé d’une sphère vapo- »reuse qui existerait autour de la Lune, moi je le mie également. Car aussi longtemps que j’emploie cet instrument, jamais Je n'ai vu une partie du disque plus obscure que les autres, hormis celles qui s'y montrent toujours de la même manière, n’y ayant jamais remarqué quelque autre variation que celle qui provient de l'atmosphère de la Terre, ni aussi ces taches noires mobiles qu'on voit dans le Soleil.” En observant que les Satellites doivent présenter des éclipses lorsqu'ils entrent dans l'ombre de Jupiter, Marius ne manque pas de communiquer que KæePzer lui avait écrit que GALILÉE, muni de son excellente lunette, en avait fait l'observation. !) Quant à lui-même, il lui était souvent arrivé qu'il n’apercut aucun Satellite près de Jupiter, mais qu'après quelques heures un Satellite se montrait à une distance sensible de la planète, excédant de beaucoup la distance correspondant au mouvement du Satellite dans l'intervalle. De même il avait souvent vu un Satellite à une distance notable de Jupiter, qui après quelques heures avait disparu, quoique selon son mouvement propre il devait encore être visible. Il remarque que cela doit arriver aux quadratures de Jupiter et du Soleil, près de la première quadrature à l’occident, et lors de la dernière quadrature à l’orient de la planète. Ces détails nous semblent plus que suffisants pour démontrer que l'ouvrage de Martus constitue un travail sérieux tout à fait remarquable pour cette époque. Terminons par quelques détails sur l’auteur, empruntés à la Dédicace et à la Préface de Marius. Il paraît par la première que Marrus, infirme par suite d’une chute dangereuse qu’il avait faite en Italie, se trouvait épuisé, 1l dit même ,,in summa cerebri imbecillitate constitu- tum’”, à la suite de la fatigue que lui avaient coûtée les recherches consignées dans son livre. Dans sa Préface il décrit quatre faits observés par lui qu'il n’avait pas encore mentionnés dans les dédicaces de ses Prognostics. Le premier est la découverte, faite par lui le 15 décem- bre 1612, de la nébuleuse d’Andromède, qu'il compare très justement 1) Voir la Note V, à la fin de ce Mémoire. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIIL. IL 164 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. à l'apparence d’une flamme de chandelle vue à travers une lamelle de corne transparente. Le second se rapporte à la scintillation des étoiles, au sujet de laquelle 1l dit que c'est une erreur de croire que ce sont seulement les étoiles fixes qui montrent ce phénomène. Les planètes le produisent également, la Lune seule en est exceptée, Saturne scintille le moins, puis viennent Jupiter, en troisième lieu Mars, ensuite Vénus, tandis que Mercure scintille le plus brillamment de tous ‘). Pour s’en con- vaincre 1l faut Ôter de la lunette l’oculaire, appliquer l'œil à ouverture vide et diriger la lunette vers l’étoile ou la planète dont on veut étudier la scintillation. En répétant l'expérience de Marius nous avons constaté qu'en effet le phénomène est très brillant. Le troisième fait observé par Marius se rapporte aux images des étoiles que lui présentait un instrument qu’il avait construit après son retour de Ratisbonne. Cette lunette lui montrait non seulement les 1ma- ges des planètes, mais aussi celles des étoiles les plus brillantes, telles que Sirius, Procyon, celles d’'Orion, du Lion et de la grande Ourse, comme des disques bien définis (evquisite rotundue) et 1l ajoute: ,,Je m'étonne que GALILÉE, avec sa lunette très parfaite, ne l’a pas vu. Il écrit dans Son Sidereus Nuncius que les étoiles fixes ne paraissent nullement ter- »minées par des circonférences circulaires, ce qu’on a pris plus tard pour un argument puissant pour le système de CoPeRNIc, savoir que par l’immense distance des étoiles fixes à la Terre 1l est impossible de distinguer leur forme globulaire. Or, comme 1l est certain que les disques circulaires des étoiles fixes se voient dans cette lunette, cette argumentation tombe d'elle-même, c’est justement le contraire qui se trouve prouvé, savoir, que la sphère des étoiles fixes ne se trouve nul- lement à cette distance incroyable, telle que Copernic le veut, mais que plutôt la distance des fixes à la Terre est telle que nous pouvons »voir distinctement au moyen de cet instrument la forme ronde de ces Corps en concordance avec le système de TycHo et le mien, comme 1l *) À ce sujet SCHEINER, dans ses Disquisitiones mathematicae, a commis un plagiat évident aux dépens de Marius. Il décrit la scintillation des planètes, en observant le même ordre quant à l’intensité, sans nommer Marios. C’est seulement lorsqu'il trouve l’occasion de le contredire, en parlant des taches obscures que Marius dit avoir remarquées, qu'il cite l’astronome Calviniste, ajoutant que cette manière d'observer les étoiles, avec le verre convexe seul, était en usage à Ingolstadt ,,depuis le commencement de ces nouveautés”, ce qui semble devoir signifier que, dès l’arrivée des lunettes, les jésuites d’Ingol- stadt les employaient sans oculaire pour observer les étoiles! GALILÉE ET MARIUS. 165 Sera confirmé plus loin dans la seconde partie de cet ouvrage à propos du einquième phénomène. Que toutefois les étoiles fixes brillent de »leur propre lumière, c’est ce que je concède facilement à GALILÉE, »parce qu’elles possèdent une splendeur et clarté beaucoup plus excel- lentes que les planètes.” Marius, n'ayant pas connaissance de la nature de ce que les astrono- mes nomment le diseus spurius des étoiles, l'effet bien connu de la dif- fraction, ne pouvait pas raisonner autrement. On pourrait douter si dans une lunette hollandaise l'effet de la diffraction peut être sensible. C’est pourquoi l’un de nous a vérifié le phénomène avec la plus petite des lunettes mentionnées dans la note IT à la fin de ce Mémoire; elle est de même longueur environ que celle de l’instrument que l’on voit figuré sur la table dans le portrait de Marrus placé avant le texte de son ouvrage. S1 l’on dirige cette lunette sur Sirius , le faux disque se montre immédiatement avec une beauté surprenante. C’est donc bien Marius qui à découvert le discus spurius et a prouvé par là non-seulement qu’il était un bon observateur, mais aussi qu’il avait à sa disposition une lunette meilleure que celles dont se servait GALILÉE. !) Rien ne prouve mieux l'effet fâcheux des calomnies dirigées par GariLée et ses panégyristes contre Simon Marius que l'accueil qu'ont trouvé les deux observations de MaRIUS que nous venons de mentionner. Rejetant d'avance sans examen et même sans y accorder la plus légère attention tout ce qui vient de Marius, le D'. Friscx, le savant éditeur des Opera Ommia de Kæprer, au Tome IT p. 470, cite ironiquement ces deux mêmes expériences en disant qu'elles suffiront pour faire voir quelle sorte d’observateur fut Marius! Le quatrième fait, décrit en dernier lieu par Marrus, concerne la tré- mulation que montrent les rayons solaires lorsque, à l’exemple de Davip Fagricrus et de son fils JOHANN, on reçoit sur un écran l’image du soleil formée par les rayons qui ont passé par une ouverture étroite, percée dans une des parois d’une chambre obscure. Marrus étudie le phénomène sur l’image réelle formée par la lunette qui se trouvait encastrée dans la paroi de la chambre. Son ami Davip Fagriciüs avait maintenu que ces ondulations, de même que celles des étoiles, ne pro- *) Keprer écrivit à VickENIUs, ,Oportet Mario esse perfectissimum ex Belgio instrumentum quali quidem ego careo; nam Itali perfecta sua nimis aestimant.” Haxscu, Jon. KEPPLERt aliorumque Epistolae mutuae, (1718) p. 332. 1) 166 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. viennent pas du Soleil, mais de l’air intermédiaire. De même encore que pour les étoiles fixes, Marius prétend qu'elles sont dues, au moins en partie, au corps lumineux lui-même. [Il croit remarquer trois mouvements, savoir l’ondulation provenant du Soleil lui-même, celle due à l'air, et les petits saïts que montrent l’image du Soleil et celles des taches. Il n'arrive pas à donner une explication de ces derniers. Le nom de Famriotus et la mention faite des taches solaires touchè- rent encore un point bien vulnérable de la renommée de Garirée. Nous savons maintenant par l'étude consciencieuse de M. GermarD BerrHoLD!) que JoimaANx, fils de Davip Fasricrus, a découvert les taches solaires le 9 mars 1611, et qu'il a publié sa découverte dans son écrit intitulé Jou. Fagricir, De maculis in Sole observatis, & apparente earum cum Sole conversione Narratio. 4. Wittenburgae. Sous ce titre louvrage est désigné dans le catalogue de la messe automnale de Francfort en 1611. En ce temps, les catalogues des messes furent consultés régulièrement par les savants pour prendre connaissance des nouveautés scientifiques. C’est ainsi que KEPLER, comme l’atteste sa lettre à J. M. WackHer, eut connaissance de la découverte de FaBricrus. Que GALILÉE, con- stamment à l'affût de découvertes nouvelles, avait coutume de consulter ces catalogues, c'est ce qui paraît par sa lettre du 1% octobre 1610 à Giucrano DE Mepror où 1l prie de lui envoyer l’Optique de Kæpzer, le Traité sur la nouvelle étoile et puis un ouvrage de motu Terrae dont il à lu le titre il y a deux ans dans le catalogue de Francfort. Malgré cela, en 1612, GaLiLée et SOHEINER, dans leur polémique sur les taches solaires, s'étaient attribués, chacun de son côté, l'honneur de la décou- verte, sur laquelle avant FaBriorus ils n'avaient rien publié. Mais écou- tons M. BerrHorp: ,L'œ1il du monde troublé par des taches — encore en 1672 Orro 3; VAN GUERIOKE s'oppose à une telle supposition, — quelle dût être la sensation produite par cet écrit, combien le nom de l’auteur dût-1l être célébré. Il n’en fut rien. C’est en vain que nous cherchons dans la littérature de ce temps, c’est en vain que nous feuilletons la corres- »pondance des contemporaims, nulle part nous ne rencontrons le nom ,de JoHANN Fagricrus. KepLer, MagsrLin et Simon Marius sont les ) Der Magister JonanN FagBricius und die Sonnenflecken nebst einem Excurse über Davin Fapricrus Eine Studie von GErnaARDb BERTHOLD Leipzig Verlag von VEir & Comp. 1894. GALILÉE ET MARIUS. 167 seuls qui le mentionnent.” Mais KepLee supportait difficilement que l’auteur rejetait le système de Copernic. . M. BerrnoLp rappelle que Simon Marrus, après s’être plaint de ce que SOHEINER l'avait dénoncé comme Calvinianus, ce qu'il ne fut jamais, ‘) et après avoir demandé ce que l'astronomie avait affaire avec les convictions religieuses, avait dit: ,,Les premiers inventeurs et »0bservateurs des taches solaires furent les deux FaBricius, père ,»€t fils, mais parce qu'ils sont considérés comme des hérétiques, on »Supprime leurs noms.” Puis M. BerrHoLb continue: »Mais le nom — le droit à la première découverte! Dans l’aigre dispute qui surgit entre GALILÉE et SCH£INER, on s’attendrait à voir nommé FagriCiIus en premier lieu. [ei encore nous cherchons en vain et reconnaissons trop tard, après avoir terminé la lecture peu attray- ante de cette polémique, qu'il ne s’agit pas 1c1 d'un examen objectif des faits, mais d’assertions subjectives, d'artifices et de réticences ayant ,, pour but de mettre en évidence sa propre personne. Le silence, gardé Sur les droits qui appartiennent en première ligne à Joan FaBriorus, constitue bien le côté le plus triste dé cette polémique peu édifiante. ,, Que ce silence à été gardé de propos délibéré, malgré ce que l’on savait ètre la vérité, augmente encore le dégoût que l’on éprouve en lisant cette mesquine dispute. Aucune appréciation mitigeante ne peut nous rendre sympathique le caractère de ScHriNer, et ambition démesurée de GaLILÉéE de s’attribuer toutes les découvertes nous paraîtra toujours une tache sur son écusson.”? C’est ainsi que des deux hérétiques allemands, modestes et patients travailleurs , l’un a été dépouillé de sa gloire par ScHæiNeR et GALILÉE, tandis que l’autre, décrié par ScHeINER et ignoré ou pillé par lui dans ce que son travail avait de plus remarquable, a été signalé ignomi- nieusement par GALILÉE comme faussaire et voleur. Quant à GazrLée, 1l continue à être célébré comme l'inventeur de la lunette ?). Utrecht, Harlem, décembre 1902. D Moi la Note III. *) Tout récemment encore, par un auteur aussi distingué que M. DASsTRE, dans la Revue des deux Mondes du 15 octobre 1902, page 905. INFOYIDIE,S, NOTE IT. VÉRIFICATION DE L'EXACTITUDE DES TABLES DE Martus. PAR J. À. C. OUDEMANS. Cassinr, dans le Mémoire cité page 117 de notre texte, s’est expri- mé d’une manière encore pius péremptoire que KASTNER au sujet du manque d'exactitude du travail de Marrus, en disant: ,, Ainsi les con- »tigurations tirées de ces Tables, n’avoient aucune ressemblance aux configurations véritables, lors que GALILÉE mit en doute si Marius avoit jamais vu ces Satellites.” A la page précédente du Mémoire de Cassinr, (p. 411) on lit même: Mais les Tables que Marius dressa ne pouvoient pas bien servir à faire cette distinction: car dans l’époque de 1610 elles s’éloignent de plus de 40 degrez de la pluspart des observations que Garrrée fit du premier Satellite de Jupiter, qui est le plus proche”, etc. Remarquons d’abord que l’époque où ,,GALILÉE mit en doute si ,MaRIus avait jamais vu les Satellites de Jupiter” n’a pas été anté- rieure à 1623. Or, il n’est nullement étonnant que les premières tables des Satellites, construites d’après des croquis, faits à la plume, sans aucune mesure faite au micromètre (qui n’était pas encore inventé), de 1610 à 1613, se soient montrées très peu exactes dix ans plus tard, en 1628. Toutefois, ce que Cassinz dit de l’époque de 1610, n’est nullement confirmé par le calcul. Pour juger du degré de précision atteint par les GALILÉE ET MARIUS. 169 tables de Marius, j’ai comparé ses époques et ses périodes à celles de DeLamBre: Celles-ci se basent sur les éclipses des Satellites, observées depuis 1660 jusqu'à probablement, 1815; (3439 éclipses du premier Satellite, immersions ou émersions; 498 immersions et 602 émersions du second Satellite, etc.); aujourd’hui même, les éphémérides des Sa- tellites de Jupiter sont calculées, pour la Connaissance des Temps et les autres annales astronomiques, d’après les Tables de DeLaunay, qui ne sont, sauf quelques améliorations, que la continuation de celles de DELAMBRE; nous pouvons donc supposer avec toute securité que celles-c1 représentent presque exactement les positions des Satellites dans la période de 1609—1613. Avant de donner les résultats de ces calculs, je remarquerai que les tables de Marius et de DecamBrs diffèrent entre elles dans leur con- struction. Marrus donne les époques — c’est à dire les distances angu- laires des Satellites, dans leurs orbites, de ce qu’il nomme l’apogée, — pour les commencements des années 1609— 1631; ensuite leurs mou- vements, l°. dans les mois accomplis de l’année, à compter de janvier 0,0, 2°. dans des journées entières, 3°. dans les heures et 4°. dans les minutes. Par le commencement de l’année 1l entend minuit avant le 1% janvier, pour le méridien d’Ansbach. [l emploie le calendrier Julien, comme 1l le dit expressément. De leur côté les tables de DELAmBre donnent, pour chaque année de 1660 à 1840, la première ,,conjonction moyenne” en temps civil, au méridien de Paris. Par temps civil DecaAMBrE entend également le temps compté à partir de minuit. Mais il y a une différence entre les deux tables dans la manière d'écrire les Jours. Par exemple: DEram- BRE donne pour la première conjonction moyenne en 1660: 11715127, tandis que Marrus aurait désigné ce moment: 1659 + janvier Oi 7! ete., vu qu'il compte toujours le temps déjà passé. La ,,conjonction moyenne” chez DELAMBRE est identique à l’,,\apogée moyen” chez Marius. DrLamBrEe emploie dans ses tables le calendrier Grégorien; et les moments qu'il obtient pour les conjonctions moyennes ont été dimmués par des constantes, qui sont égales, pour chaque Satellite, aux sommes des constantes ajoutées à toutes les tables accessoires qui, pour ce Satel- lite, donnent les perturbations. En comparant les deux tables entre elles il faut enfin prendre en considération la différence en longitude de Paris et d’Ansbach. 170 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. De P Atlas d’Axpresz je déduis comme longitude d’Ansbach Est de Green- WAGh SM LA FAR RU CARE ne 10° 3420” et de la Connaissance des Temps: Paris Est de Greenwich OI 1 © Diitérence-/Ansbach HSE PAR ER: 8° 14 6,5 — 39n 5654 Donc pour rendre comparables les deux tables nommées, 1l faut d’abord retrancher du moment, donné par DELAMBRE pour une conjonc- tion moyenne, 10 + 1 — 11 jours, ensuite y ajouter, outre 82" 56,4 pour la différence en longitude, la constante donnée par l’auteur dans l’Introduction, et qui, p. e. pour le premier Satellite est égale à JL 44m 165,5. Enfin, sl est nécessaire, ce qui est généralement le cas, 1l faut ajouter un nombre de révolutions entières, suffisant pour que la somme devienne positive. Agissant de cette manière, la comparaison pour la première époque de Marius du premier Satellite se calcule ainsi: DELAMBRE MINOR er li HOME — 100 années... —. ( 14 99 24,8 Réduction au Calendrier Julien. ..... — 10 0020020 nà au nombre de jours passés. — 1 0 0 0,0 Constan ess Me Ines enr cr + 0 0 44 16,5 Dirrérence deslonsitudeste "27 + 32 ,4 Grévolutions PP PAMPNRRSARAURS + 10 14 51 x" Première conjonction à Ansbach, | CalendienJunen es DIM AN SMEEENt Dans les tables de Marius on trouve: HAT AN ee en NO OO jours PAP AMES D OPA Aheures HARAS ere Ah JS) MMS à » do 0 des ON JOISCCONTES EE 5 Distance de l'apogée moyen:........ 115 28° 31 ou — 1 29 = 1048 au lieu de zéro d’après DiLAMBRE. GALILÉE ET MARIUS. 171 Pour les autres Satellites on trouve de la même manière !) + 11°,45, — 22°,87 et + 19,79. Les révolutions synodiques des Satellites selon les deux calculateurs nommés n'étant pas égales, le mouvement moyen différait aussi; on trouve qu'en adoptant le mouvement selon DELaAmBrE comme exact celui selon Marius devançait dans une année Julienne de ONU; — 0.69%: + 59,85; — ]°,38 de sorte que la table suivante mdique l’erreur des positions moyennes selon Marius il IT III AVI 1609 janvier 0 — 19,48 é comptée C T positivement lorsque l’image de l'objectif se trouve en dehors et en arrière de l'instrument. Comme dans la lunette hollandaise le grossisse- ment @ est positif, l’anneau oculaire se trouve dans l’intérieur de l’in- d strument en 0, 0,, de manière que BC— 2 Dans les binocles ordinaires, à grande ouverture et faible grossisse- . - 72 \ ment, le cylindre 0, Z, 0, L, de rayons émergents enveloppera complète- ment l’image p, p, de la pupille, de sorte qu’une partie seulement de la lumière qui entre dans l'instrument peut pénétrer dans l'œil. Au contraire, dans les instruments à fort grossissement, tels que ceux dont se ser- vaient GALILÉE, Marius et les astronomes de leur temps, et dont on Himi- tait l’ouverture pour ne pas trop troubler les images, le cylindre émer- gent peut être plus mince que l’ouverture de la pupille. Le premier de TON LL / / ces deux cas a été représenté dans la figure. Si le faisceau de rayons incidents, comme /, 0, /, 0, , fait avec l'axe l'angle &, le cylindre émergent sortira sous un angle Gx avec l'axe. Ce dernier angle peut atteindre une valeur y, 0, L”,, telle que le bord infé- e e- / NI " VA rieur du cylindre émergent passe par p,. Dès que cette valeur est dépas- sée la partie inférieure de la pupille ne recevra plus de lumière. [’ob- scurcissement de la pupille croîtra avec l’angle Gx jusqu’à ce que, le rayon inférieur du cylindre émergent étant arrivé en 0, p,, aucune lumière n'entre plus dans la pupille. C’est cette position qui limite complète- ment le champ de la lunette On peut donc distinguer dans la lunette hollandaise deux champs, 1°. celui qui comprend les objets qui sont illuminés par toute la lumière qui peut entrer par la pupille et que nous GALILÉE ET MARIUS. 175 nommerons le champ à clarté maximum et 2°. le champ à clarté variable qui comprend, outre le premier, une zone annulaire où les images ne sont formées que par la lumière admise par une partie de la pupille, d'autant plus petite que l’image de l’objet se trouve plus près du bord du champ. Dans un binocle on peut s’en rendre compte en remarquant que le champ n’est pas nettement défini. Si l’on dirige l’instrument vers une surface uniformément éclairée, on aperçoit vers le bord du champ un anneau qui s’obscurcit vers la limite extrème du champ. Il n’est pas possible de déterminer exactement le bord intérieur de cet anneau. Lorsque l'observateur doit mesurer le champ, il choisira pour limite un point intermédiaire entre les deux bords de l’anneau et qui, lorsque celui-ci n’a qu’une faible largeur, ne s’éloignera pas beaucoup du milieu entre la limite du champ à clarté maximum et du champ à clarté variable. Ce qui précède s'applique exclusivement à une position déterminée de la pupille ou de son image. Ordinairement l'ouverture de l’oculaire de la lunette excède sensiblement celle de la pupille, on peut donc pro- mener l'œil sur la surface de l’oculaire de manière à explorer successi- vement divers champs. Toutefois à chaque position de l'œil correspon- dent un champ à clarté maximum et un champ à clarté variable d’éten- dues constantes. On voit. facilement que les positions extrêmes du cylindre de rayons émergents, déterminées par les directions 0, m, et 0, p, embrassent un angle Oy 02 Pi Pa Ge ‘ BD En désignant par & la distance de l’image de la pupille à l’oculaire on aura : 2 ) ; CR Gp Ga — d d + aG G La valeur angulaire du champ à clarté maximum est donc : D Gp n dG—LaG? 2 176 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. Pour le champ à clarté variable, compris entre les directions extrêmes 0 P, bo, , On aura de même co 0102 mp1 > == Se , BD d’où Le D + Gp dG + aG? Lorsque dans les instruments à faible ouverture et fort grossissement le diamètre de l’anneau oculaire est moindre que le diamètre de l’image de la pupille, ces expressions deviennent Here + MOCE C2) LE Gp D + TOC. Si, comme nous l’avons remarqué tantôt, l'observateur estime l’éten- due du champ en adoptant comme limite un point intermédiaire entre les bords de l'anneau diffus qui entoure le champ à clarté maximum, son évaluation donnera une valeur > peu différente de la moyenne de æ et de GB’; dans le dernier cas, on aura, indépendamment de la valeur de 2): PE Je Se 2 . dG+aG? d+aG Le Conservatoire des Arts et Métiers à Paris possède un modèle d’une lunette de GALILÉE, construit d’après un dessin envoyé de Florence. Ce dessin. dont je dois une copie à l’obligeance de M. G. Tresca, ingénieur du Conservatoire, porte l’inscription: ,, Cunnocchiale adoprato da Galileo l'auno X610 per le osservaziont descritte nelle Sidereus Nun- cius. Distanze focale piedi Par. 3 poll 10 pari a met. 1,245. (Scala natu- rale). À gauche se trouve représenté l'objectif vu de face avec l’inscrip- tion: Prospetto del” obbiettivo del 1° Cannocchiale, à droite l’oculaire avec l'inscription: Prospetto del’ oculare del 1° Cannocchiale. Un deuxième dessin porte l’inseription: Secondo Cuunocchiale di Galileo regalatogli dal Granduca (Scala naturale); on y a également Joint l’objectif et l’ocu- laire vus de face. GALILÉE ET MARIUS. 77 Des deux lunettes la première doit être celle dont parle Garrrée dans le VNuncius comme ayant un grossissement de 30 fois. La longueur repré- sentée dans le dessin est de 1245 mm., la même qui se trouve désignée comme distance focale dans l'inscription. Quant à la seconde, nous présumons une erreur dans l'inscription. On sait que GALILÉE à offert une lunette au Grand-duc de Toscane, mais non pas inversement. Nous empruntons au dessin de la première les mesures suivantes: le diamètre de l’objectif est de 53,5 millimètres, mais un diaphragme appliqué contre la face postérieure rétrécit l’ouverture à 20,5. [’ocu- laire a un diamètre de 25 millimètres, 1l est entouré d’un tube de bois dont l’ouverture de 15,5 oblige de tenir l’œ1l éloigné au moins de 10 0,9 30 millimètres, sensiblement inférieur au diamètre de l’image de la pupille millimètres de l’oculaire. L'anneau oculaire est donc de —= 0,683 qui ne peut guère avoir été moins de ? millimètres. En la posant égale \ É \ / : 2 DN 22 à 3,9 mm., le champ à clarté maximum a dorc été 8 ,50.80 20,5 Ru LT EE DE ETAT GAIGE œ celui à clarté variable SDS ATP 1245.8022710.900 6’ = 167 en moyenne y = 747" — 467”, ce qui s'accorde bien avec les ,mimuta quaedam”” dont parle GarIrée. En diminuant de moitié l'ouverture de l'objectif on trouverait : LA LEE 74 D £’ aie e? 33. et la moyenne, comme précédemment: Vi 1 AT GT La diminution de l’ouverture agrandit donc le champ à clarté maxi- mum, rétrécit le champ à clarté variable, et ne change rien au champ moyen, comme l’indiquent d’ailleurs les formules. Il ne faut donc pas s'étonner, lorsque Marius dit que la méthode de 118 J. A. C. OUDEMANS EX J. BOSSCHA. GALILÉE pour mesurer les distances des étoiles en valeur angulaire ne lui a pas réussi. On se demanderait plutôt si GaLrLée a fait l’essai de la méthode qu'il recommande. M. J. A. C. Ounemaxs a fourni les moyens de vérifier les calculs précé- dents en mesurant au moyen d’un sextant, aussi exactement que possible, la valeur angulaire d'objets qui couvraient complètement le champ d’une lunette hollandaise. [1 a l'avantage d’avoir à Utrecht pour voisin M. J. A. Kocx, médecin en retraite, qui occupe ses loisirs à construire des instruments d'optique et a acquis dans cet art une grande habileté. [a suffi de lui exprimer le désir de pouvoir essayer des lunettes hollandaises, comme celles dont se servaient GALILÉE en Marius, pour les obtenir de son obligeance dans deux ou trois jours. M. Ouprmaxs en a essayé trois, dont les objectifs avaient des distances focales de 65, 86 et 125 centi- mètres: l’oculaire était le même pour les trois instruments, savoir de 2,08 centimètres; on en déduit les valeurs suivantes : Grossissement CONS 41,3 60 distance des verres 4 629,2 839,2 1229,2 mm. L’observateur tenait l'œil fixé aussi près que possible de l’oculaire. Mais, comme la distance de l’image de la pupille à la cornée est de 2,5 millimètres, on ne peut guère évaluer à moins de 3 millimètres la dis- tance de l’image de la pupille à l’oculaire. La pupille de l’observateur (M. Oupemaxs) est remarquablement étroite et d’après lui n’atteint pas tout à fait 2 millimètres. C’est pourquoi nous avons préféré vérifier les observations relatives au champ, en calculant le diamètre » de l’image de la pupille d’après chacun des groupes d'observations, inscrites dans le Tableau de la page suivante. Nous obtenons ainsi: = 1,95 non, 1,90 2,05 moyenne 1,97. Avec la moyenne nous avons calculé le champ pour chaque observa- tion afin de le comparer à la valeur observée. GALILÉE ET MARIUS. 179 Lunette I Lunette IT Lunette LT CS a 6292 G—14183, d—8392 G—60, d —1229,2 Ouverture Champ Ouverture Champ Ouverture Champ D Observé Calculé D Observé Calculé D Observé Calculé din. 9,4 97,4 SU NO ONE SON PORTES 19 94 9’,4 21 CASE 2e ED AS JA 9,3 9’,4 14 OCT UNT 119 DÉOMEAES HE 97,0. 97,4 Î G1547 La concordance des valeurs observées avec celles déduites de la théo- rie nous semble aussi complète qu'on peut la désirer. Seulement, la première série faite avec le plus faible instrument semble mdiquer quel- que diminution dans l'étendue du champ, lorsque l’on réduit à près d’un quart l'ouverture de l’objectif. Il en résulterait que M. Oupemaxs a évalué le bord du champ un peu en dehors du nulieu de la zone à clarté variable. Au contraire, dans les lunettes hollandaises à faible grossissement et à large ouverture, telles que les binocles de théâtre, l'influence de l’ouver- ture sur l'étendue du champ est sensible, ainsi que le témoignent les mesures suivantes de M. Oupemaxs, faites avec une lunette d’un gros- sissement de 2,91 fois et une longueur de 70 millimètres. Dans ces expé- riences, M. Orrngmaxs avait interposé entre l’œil et l’oculaire un verre . positif pour corriger son hypermétropie, de sorte que la distance entre Pimage de la pupille et l’oculaire a dû être de plus de 3 millimètres. Ouverture 2 Demi-champ To 15 2°35' — 0,0451 10 9° ÿ/ — 0,0364 5 1°45/ — 0,0306. Ces valeurs satisfont à la relation 0,00202 D — 0,01504. Dé Avec G — 2,91 et d — 70, le coefficient 0,00202 donnerait pour & la valeur de 5,47 millimètres. Les mesures d’ailleurs n’ont pas admis une grande exactitude, vu que dans les circonstances données 1l était difficile de maintenir la pupille dans une position absolument fixe. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VII, 12 NOTE III. Les DEUX ÉpirTIoNs pu Munpus JovrAzLIs PAR 1 120OSSCEA M. G. BerrHoLp, en citant les termes dans lesquels Marrus montre son indignation d’avoir été décrié comme Calviniste par le père jésuite SCHEINER, renvoie le lecteur au Mundus Jovialis, Schlusswort Ad Can- didum Lectorem, Blatt @,, verso. L’exemplaire du Mundus Jovialis, appartenant à la Société hollan- daise des Sciences, ne contient pas ce Schlusswort Ad Candidum Lecto- rem. La feuille G n’a que 6 pages dont la dernière, qui serait G, verso, porte les Errata. Il en est de même de l’exemplaire de la Bibliothèque d'Utrecht et de ceux appartenant aux Bibliothèques de Bruxelles et de Bonn. La circonstance singulière qu’un exemplaire du Mundus Jovialis contenait une réfutation d’un passage des Disquisitiones Mathematicae,) lesquelles ont paru après le livre de Marrus, ne se laissait expliquer qu'en admettant, ce qui était inconnu jusqu'ici, qu'1l existe deux éditions de ce dermier ouvrage. Pour vérifier cette conjecture Je me suis mis en rapport avec le docteur G. BerTrHoLD, qui s’est empressé de m'indiquer la source à laquelle 1l avait emprunté sa citation. C'était l’exemplaire du Mundus Jovialis appartenant à la Bibliothèque de Wolfenbüttel. Ce fut par l’obligeance de la direction de cette bibliothèque que J'ai pu constater que celle-ci a, en effet, le privilège de posséder de ce livre déjà rare un exemplaire, différent de ceux des bibliothèques citées plus haut. [1 n’est pas difficile d’en reconstruire l’histoire. L'éditeur du Mundus Jovialis, JonAnNes LAUR, était le beau-père de Martus. LaAuUR a sans doute cédé au désir de son gendre de pouvoir *) Notre Mémoire était déjà sous presse, lorsque nous reçumes le volume XII de l’Edizione Nazionale des Opere di GaziLEeo GaLiLer. Nous y rencontrons, à la page 137, une lettre de SCHEINER à GALILÉE, ayant accompagné l'envoi des Disquisitiones Mathematicae. Notre conjecture que GALILÉE à eu connaissance de ce livre (voir page 150) se change donc en certitude. GALILÉE ET MARIUS. 181 répondre à SCHEINER sans délai. Dans ce but, les six pages de la feuille G ont été remplacées, dans les exemplaires qui restaient à vendre, par une feuille entière de 8 pages et par deux pages supplémentaires d’une feuille 77. Marrus en a profité en donnant d’abord de nouvelles Tables des Satel- htes de Jupiter, puis un Avertissement ad Candidum Lectorem, dans lequel 1l exprime ses sentiments sur les procédés de SonxiNrr. Comme les deux dernières pages de la feuille 7 contenaient les deux premières Tables, les exemplaires de l'édition augmentée, comme celui de Wol- fenbüttel, donnent en double ces deux Tables: Xpochae Quatuor Pla- nelarum Jovialium in annis complets et In mensibus anni communs, savoir d’après les premiers calculs et d’après les calculs corrigés. Nous faisons suivre ici la traduction de l’ Avertissement au Lecteur. » Voici, Lecteur bénévole, les Tables des planètes Joviales plus exactes, que Je vous avais promis de construire, dans le cas où Je remarquerais dans les Tables quelque chose qui eût besoin de correc- tion. Car 1l faut savoir que même la plus petite erreur, commise depuis le commencement et non remarquée dans l’intervalle de quelques pério- des, se manifeste enfin avec le temps, ce qui est arrivé encore avec ces miennes Tables; aussi même actuellement je n'en promets pas une per- fection absolue, puisqu'il paraït manquer, dans la théorie des Joviales, encore quelques choses qui ne peuvent être aperçues que par des obser- vations à longs intervalles, à cause de la trop grande distance de la Terre à Jupiter, par laquelle toute l'amplitude du Monde Jovial devient tellement contractée, que les moindres différences ne peuvent pas être aperçues s1 facilement. , Est ce pour cela que m'a poursuivi d’injure non méritée SCHEINER, le jésuite d’Ingolstadt, duquel j'avais attendu toute autre chose que ce qu'il vient de vomir contre moi dans ses Disquisitiones Mathematicae? Car le ‘/,, juillet j’eus la visite du très savant Pzrrus Saxo Horsarus, étudiant de mathématique, venant directement d’Ingolstadt de la part dudit ScHEINER, me disant entre autres que SCHEINER se proposait de publier un livre (qui avait déjà été imprimé l’année précédente *)) sur 1) Ce qui constituerait de la part, soit du messager, soit de SCHEINER lui-même, un mensonge évident, parce que dans le texte du livre de SCHEINER le WMundus Jovialis se trouve cité à plusieurs reprises. 12% 182 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. quelques nouveautés astronomiques, et me donnant l'espoir de recevoir bientôt des lettres de lui, dans lesquelles 1l traiterait avec moi amicale- ment d’une affaire pareille en matière astronomique. Cette proposition me plaisait en effet; et tandis que j'attends ces lettres, voilà qu'on m'envoie le */,, août de Nuremberg le traité dont Horsarus aupara- vant m'avait fait mention. ;, l'andis que je le parcours avidement, je trouve, au lieu d'amitié ura- nique, des calomnies, des dénigrements et plusieurs autres choses ignom1- nieuses contre moi, qui n'avais mérité de sa part rien de tel, et émises le plus faussement, de sorte que je ne pouvais m'étonner assez. Et même, ce qui est bien le plus abject, il allègue contre moi en choses astronomiques ma religion, me nommant, en manière d’opprobre, un Calviniste, ce que je ne fus jamais; c’est à tel point que l’orgueil, la jalousie, la présomption et la haine religieuse l’ont fait aberrer. Je ne veux pas répondre à des calomnies tellement frivoles afin de ne pas iriter de plus en plus des frelons, déjà irrités sans que j'en aie donné la moindre occasion. »Que mon Mundus Jovialis réponde, qui bien loin de chanceler par l'effet de telles calomnies s’en trouve plutôt raffermi. En effet, ce qu'il contient de principal reste encore intact et ne sera Jamais détruit par les efforts de SCHEINER, tant qu'il ne produit des raisons plus solides. Mais au moins j'ajoute ceci, et l’affirme sous serment, que, en dehors du Sidereus Nuncius, je ne possède rien et même n’ai lu rien de GALILÉE. Et même je n’ai Jusqu'ici pu me procurer le livre d’'APezzes ‘); je ne 1) Les Tres Epistolae De Macvlis Solaribvs, Scriptae ad Marcvm Velservm. Avgvstae Vind. II. Virvm Praefect. Cum observationum iconismis. Avgvstae Vindelicorvm, Ad insigne pinus. Cum Privilegio Caes. perpet. Anno M.DC.XII. Non. lan. Les trois lettres sont datées du 12 novembre 1611, du 19 et du 26 décembre suivants. Cette publication de SonEINER fut suivie d’une autre sur le même sujet, intitulée: De Macvlis Solarib. et stellis circa Iovem errantibus, accvratior Disquisitio ad Marcvm Velservm Avgvstae Vind. IT. Virvm Perscripta. Inter- iectis observationum delineationibus. Avgvstae Vindelicorvm Ad insigne pinus. Anno M.DC.XIT. Idib. Septembr. Cet ouvrage est divisé en trois parties, portant les dates: la première, du 16 janvier 1612, la deuxième du 14 avril 1612, la troisième du 25 juillet 1612. Dans cette dernière SCrTEINER s’approprie le procédé de Jon. Fapricius pour observer les taches solaires sans lunette, qui consiste à recevoir sur un écran l’image formée par les rayons passant par une ouverture étroite. Les Tres Epistolae de ScHeINER, écrivant sous le nom d’APELLEs latens post GALILÉE ET MARIUS. 183 sais comment cela est arrivé, parce que je l’ai recherché avec la plus grande diligence à Nuremberg. Les premiers inventeurs et observateurs des taches solaires furent les deux FaBricius, père et fils, mais comme ils sont estimés hérétiques, leurs noms sont supprimés. Ce que d’ailleurs SCHEINER vend entre autres choses comme nouveau, savoir que le soleil se couche et se lève sous forme ovale, qu'il sache que cela m'a été connu depuis 1596, et cependant la chose n’a pas lieu tout à fait comme il le dit. Car la moitié supérieure est à très peu près sphérique, mais j'inférieure comprimée, ce qui arrive de ce que Le bord inférieur est sujet à une réfraction plus grande. 11 écrit ensuite que la troisième étoile de Jupiter est éloignée de 10 demi-diamètres du centre de Jupiter, le qua- trième de 20, de sorte que, si le troisième et le quatrième se trouvent du même côté dans leur plus grande élongation, alors le troisième sera précisément au milieu entre le quatrième et le centre de Jupiter, ce qui est tellement faux que l’on aurait honte de le contredire; et qu'il ne s’agit pas 161 d’une méprise, c’est ce qui paraît par la figure ajoutée qui fait voir la même chose. Mais toutes les observations depuis 1609 jusqu'ici sont contraires à cette opinion. ,, Ce qu’il note au sujet du mode d'observer les restitutions périodiques, que l’on devrait faire d’abord près de Jupiter où la conjonction des Satellites arrive fréquemment, est puéril; en théorie 1l parle bien, mais nullement au point de vue pratique. J’ai inventé en 1611 la manière d'observer la couleur des étoiles. Comme aussi la même année le */,, d'octobre j’ai imaginé la manière d'observer avec le tube les taches solaires dans le soleil même, sans aucun détriment des yeux, ‘) de même encore que ceci: que les taches solaires ne passent pas sur le disque du soleil dans la direction de l’Echiptique mais font un angle avec elles, comme aussi je l’ai montré au dit HozsaTus par une figure dessinée le !’,, de novembre de l'an 1611, qu'il à examinée avec admiration en ajoutant que cela lui avait été confié en secret par SCHEINER.?) Où sont tabulam”” furent envoyées par VELSER à GALILÉE le 6 janvier 1612. GaALILÉE répondit par la première de ses Lettres solaires datées du 4 mars, dans laquelle il prétendit avoir observé les taches il y avait 18 mois. La deuxième Lettre solaire, accompagnée de son Traité sur ,les choses qui nagent sur l’eau” etc. qui venait d’être imprimé, fut envoyée à Vriser le 14 août 1612. Dans les deux Lettres GauiLréE critique APELLES. La troisième Lettre Solaire, écrite après que GALILÉE eut eu connaissance de l’Accuratior Disquisitio, est datée du 1er décembre 1612. ‘) En projetant sur un écran l’image formée par la iunette. “) Dans l’Accuratior Disquisitio, de 1612, p. 18, au contraire, en parlant 184 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. l'étoile monstrueuse d’Andromède, où les observations, faites pendant le jour de Jupiter, Mars et le cœur du Lion et plusieurs autres choses . 2 PPS 220 Lé 4 , . à) . A encore, qui ont été inventées et observées par moi? Que si les mêmes choses ont été aperçues par d’autres, J’applaudis, pourvu qu’on ne 2 O / / \ ) N m’accuse pas faussement de les avoir dérobées à d’autres, ce que je veux fuir aussi loin que possible. En effet, les astronomes un peu diligents s'appliquent actuellement, à l’envi les uns des autres, à ces nouveaux phénomènes. Mais vous, Amateur bénévole de mes travaux, pour autant qu'ils témoignent heureusement du génie allemand, jugez en plus sincèrement et portez vous bien.” Selon un caleul de M. Oupemaxs, Marius dans ses nouvelles Tables adopte pour les périodes synodiques des Satellites de Jupiter les valeurs suivantes : Il Je ie Do 39° IT 3 13 18 5 III 7 3 57 9 IE 16 18 2 52 Ses erreurs (voir page 156) deviennent ainsi : Il (7? RUMEURS 6° IT Ù 11 +0 6 LIT —? 21 0 2 AU En ne S Ou voit que les périodes des deux derniers se sont encore sensible- ment améliorées. | Le livre de Wolfenbüttel n’est venu entre nos mains que lorsque notre Mémoire était déjà prêt à être mis sous presse. Nous n’avons pas jugé nécessaire d’y rien changer. L’énergique protestation de Marius contre les indignes procédés de son détracteur ne peut, selon nous, que confirmer les conclusions auxquelles nous avait conduits l’analyse de son ouvrage. des taches, Scneiner dit: ,,Motus omnium videtur esse, parallelus eclipticae, de quo tamen sententiam tanquam certissimam nondum tulerim.” Dans les Disquisitiones Mathematicae de 1614, ScHeiNeR n’en dit plus rien. NOTE IV. CALCUL DES ÉCARTS EN LATITUDE DES SATELLITES DE JUPITER À L'ÉPOQUE DES OBSERVATIONS DE Marius. PAR JAAMC OIUDENMNTANS: Le Tableau suivant fait connaître la position des plans des orbites des Satellites de Jupiter par rapport au plan de l'orbite de Jupiter lors du commencement et de la fin des Observations de Marius. 1610,0 1614,0 Longitude du Longitude du Satellites nœudascendant Inclinaison nœud ascendant Inclinaison il SIN HAE DO HO. SI 20 6 SO ED CR IT 316 24 41 OR? SHOMEOMU D GIE IIT SOC) Sn 2 50 42 8309 48 11 9 49 837 IV SIL) TT) OMAGNDO SIL 0% 4H 9 41 23 Ecliptique 276 28 46 1 19 29 DO CIM 1 19928 Les formules, qui ont servi pour calculer le Tableau de la page 151, sont les suivantes: | Soit 2 le rayon vecteur de la Terre, (valeur moyenne 1,0000,) Ps Jupiter ". s.2070.) 2. la longitude et 8 la latitude héliocentrique de Jupiter, A la distance de la Terre à Jupiter, Sb la longitude du nœud ascendant de Porbite de Jupiter sur l’écliptique, 1 Vinclinaison de cet orbite sur l’écliptique, Sbyv la longitude du nœud ascendant du plan de l'orbite du quatrième Satellite sur le plan de l'orbite de Jupiter, Ty l’inchinaison du plan de l'orbite du quatrième Satel- lite sur le plan de l’orbite de Jupiter; alors nous avons: 186 J. A. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. D _. 498, "87 ——< 5(1,7783)sin(2—£d) a = — = sin I sin cn ,2028 : — —,498,"87 sin CR SÛR Ivy — = + 1er + (3,4142). A (a Pdrv) sèx Ji. LA ne 2 98 "87.r sin (34142) sin G. 498,"87 représente le rayon vecteur de l'orbite du quatrième satellite, vu du Soleil, lorsque Jupiter se trouve à la distance moyenne de cet astre, savoir 5,2028. Les nombres entre parenthèses sont des logarithmes. La révolution sidérale moyenne de Jupiter étant — 4332, 588 jours et celle de la Terre — 365,25637 jours, on en déduit que la révolution synodique moyenne de Jupiter est égale à 398,88407 jours. Par une division continuée l’on trouve, de la manière connue, entre ce dernier nombre et le nombre de jours dans une année tropique moyenne, 365,2422, les nombres de proportion l, 10, 1, 6... et par làque 76 révolutions synodiques de Jupiter s à peu près dans 83 années tropiques. En effet: 16 X 398,88407 30315,1893 jours 53 X 5695,2422 — 30515,1026 22 Différence. . 0,0867 jours. Si nous ajoutons 3 X 83 ans — 249 ans à 1608, 1609, 1610, etc., nous aurons 1857, 1858, 1859, etc. et, en effet, les oppositions de Jupiter dans la première série tombent, à un jour près, aux mêmes jours que dans les années de la seconde série. C’est pourquoi, pour calculer les nombres de la Table p. 151, indiquant la déviation du satellite IV dans les oppositions de la planète, 1l n’était pas nécessaire d'employer les tables de Jupiter de Bouvarp ou Leverrier pour calculer les longitudes, latitudes et rayons vecteurs, correspondant à foules ces oppositions; nous l'avons fait pour calculer le moment de l’opposition du 7 décembre 1608; en 1857 l’opposition avait lieu le 8 décembre à 8197 t. m. de Paris, plus tard de 18* 31” seulement qu’en 1609. Donc pour les années sui- vantes 1l suffisait de consulter les annuaires astronomiques de 1857, 1858, 1859, etc., et d’y emprunter les éléments nécessaires pour le calcul. NOTE V. SUR UNE PRÉTENDUE OBSERVATION D'UNE ÉCLIPSE D'UN SATELLITE DE JUPITER, FAITE PAR GALILÉE LE 12 JANVIER 1609. PAR JA, (OC Ovnmirines Quoiqu'il soit certain que GALILÉE, pendant ses premières observa- tions, n’a pas eu conscience d'observer, en dehors des occultations des Satellites, des éclipses causées par l'ombre de Jupiter, et que pro- bablement l’idée ne lui en soit venue que plus tard, on rencontre dans le Vademecum de Pastronome (1SS2) de Houzrau l’assertion suivante : »Dès le 12 janvier 1610, cinq jours seulement après la découverte des Satellites, GALILÉE observa la première éclipse d’un de ces petits corps. (GaLILEUS, Sydereus Nuncius 1610; edit. S°. Francofurti, 1611, p. 18. Reproduit Galulei Opere edit. Milano IV, 1810, 336; edit. Firenze DEL, 1843, 79; V, 1846, 43). C'était une émersion du Satellite IT.” | Dans le Sidereus Nuncius on hit ce qui suit: ,, Die igitur duodecima ,(Januari), hora sequentis noctis prima, hac ratione disposita Sidera MAC Ori. -e x() ik Occ. ,erat orientalior Stella occidentaliori maior, ambae tamen valde conspi- ,Cuae ac splendidae; utraque distabat a [love serupulis primis duobus; ,tertia quoque Stellula apparere coepit hora tertia, prius minime con- ,Specta, quae ex parte orientali Tovem fere tangebat, eratque admodum ,exigua. Omnes fuerunt in eadem recta et secundum Eclipticae longi- »tudinem coordinatae.”? 188 J. À. C. OUDEMANS ET J. BOSSCHA. Dans le manuscrit original, dont l’Ædrzione Nazionale donne le facsi- mile, l'étoile orientale proche de Jupiter manque. Enfin, dans le journal original des observations tenu en italien par GaLiLée et dont une page a été reproduite en facsimile comme Document X XIII dans l'ouvrage, cité dans notre texte, page 146 note 1, l’observation de cette soirée se trouve décrite dans les termes suivants: Adi 12 si vedde in tale costitutione (ici suit dans le texte un dessin montrant Jupiter avec trois satellites, comme dans la figure précédente) era stella occidentale poco minor della orientale, et Giove era in mezo ,lontano de l’una et dallaltra quasi 1l suo diametro incirca: et forse era una terza piccolissima et vicinissima à 2 verso oriente; anzi pur Vi era veramente havendo 10 con più diligenza osservato, et essendo più imbrunita la notte.” De cette dernière description 1l résulte clairement, que l’apparition de la petite étoile orientale n’a pas été soudaine, comme lorsqu'elle sort de l’ombre de Jupiter, mais que plutôt une observation plus attentive et une obscurité croissante du ciel ont permis d'acquérir la certitude qu’une faible étoile d'apparence encore douteuse était bien réellement présente. Selon mon calcul, en appliquant aux Tables de Marrus les correc- tions données dans la Note [, les distances angulaires des Satellites à leurs apogées furent à 172 31" du 2? janvier 1610, calendrier Julien, temps civil à Ansbach, correspondant à une heure après Le coucher du Soleil, le 12 janvier 1610 à Padoue, I IL III IV 1516228", 9512224, 553025, 5525050". Les élongations furent les suivantes : + 210”, — 4#52",5, + 335”, + 0756”. Le système des Satellites présentait donc, lors de l’observation de GaALILÉE, la configuration suivante: %X XX % () X IE ee T7 il Il ne pouvait donc être question d’une éclipse du Satellite LL. Au lieu GALILÉE ET MARIUS. 189 de se cacher dans l’ombre de Jupiter, comme le veut Houzeau, il venait ? à de passer sa plus grande élongation occidentale. Quant à LIL et IV, les distances angulaires de leurs apogées, de 5 signes et quelques degrés, les placent, vus de la Terre, en avant de Jupiter et non derrière. Ils y 9 ne pouvaient donc non plus être éclipsés ce soir là. Enfin le Satellite I se trouvait à 1° 16° 28°—46° 28° de son apogée, tandis que, pour sortir POSE ) de l’ombre, il aurait dû se trouver à 17°S” environ. Cette sortie doit donc avoir eu lieu 3'}, heures avant l’observation, c’est à dire 2!/. 2 2 7) heures avant le coucher du Soleil. Elle ne peut pas avoir été observée par GALILÉE. La comparaison de la configuration donnée par GALILÉE avec celle qui a dû se présenter, montre bien que Marius avait raison de dire que les premières observations de GALILÉE étaient peu exactes. Le Satellite IT s’éloignait beaucoup plus de la planète que le troisième, et l’un des autres, probablement le Satellite L, n’a pas été vu du tout. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES ) PAR M. W. BEIJERINOCK. Je désigne sous le nom d’,,oligonitrophiles” ces microbes qui, dans la libre concurrence avec les autres microbes, se développent dans des milieux nourriciers où l’on n’a pas introduit avec intention des com- posés azotés, mais d’où l’on n’a pas non plus pris soin d’enlever les dernières traces de ces composés. Ils ont la propriété de fixer, soit seuls, soit en symbiose avec d’autres microbes, l’azote atmosphérique libre, afin de s’en servir comme nourriture. Ils prêtent à deux séries d'expériences d’accumulation, différentes en principe. On peut notamment les laisser se développer: 1°. À la lumière, aux dépens de l’acide carbonique de l’air, et l’on obtient alors des orga- nismes oligonitrophiles colorés par dela chromophylle. 2°. Dans l’obscu- rité, en présence de nourriture à carbone, ce qui donne des oligonitro- philes incolores. J’ai fait des expériences dans les deux conditions; les épreuves à la lumière sont de longue durée et ne sont pas encore terminées. Elles ont cependant déjà fourni un résultat dont je parlerai en premier lieu et qu m'a engagé à continuer l’étude de la question dans divers sens. Je communiquerai ensuite quelques résultats obtenus avec des organismes oligonitrophiles incolores. 1. Oligonilrophilie chez les Cyanophycées. L'expérience à été faite de la manière suivante: De grands ballons bouchés de telle façon que l’on y pouvait intro- duire de temps en temps de l’air, privé de toute combinaison azotée par *) Traduit de Centralblatt f. Bakteriologie ete., 7, 961, 1901. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 191 un lavage dans l’acide sulfurique concentré, et d’une capacité de 3 litres ou plus, furent remplis pour la moitié environ d’une solution composée de Eau de conduite ou distillée 100 gr. RÉPONSE EE Dore sans addition d'aucune autre substance; cette solution fut infectée par 1 à 2? gr. de terreau !). Pendant l’hiver j'ai placé ces ballons devant une fenêtre exposée au sud, au printemps et pendant l'été au nord-ouest, par une température ambiante de 16 à 20° C. Il se forme au commen- cement une pellicule de phosphate de calcium que l’on fait disparaître en secouant les ballons. L'eau de la distribution ne contenant que peu de combinaisons organiques, 1l ne se produit aucun trouble dû à des microbes incolores. Par contre, au bout de 8 semaines pendant l'hiver et de 4 à 5 semaines pendant l'été, 1l se développe wxe flore caractéris- tique, formée de plusieurs espèces de Cyanophycées. Une fois qu’elle a pris naissance, cette flore croît rapidement en donnant au liquide une couleur vert bleuâtre ou vert de gris. Au commencement les Cyanophycées se développent comme des colo- nies isolées, fortement adhérentes aux parois du ballon; plus tard il s'en forme des pellicules, une vraie ,,Horaison de l’eau”, constituée prin- cipalement par des {#abaena, notamment 4. catenula. Les colonies de cette espèce, fixées aux parois, s'étendent rapidement en formant une mince couverture. J’ai trouvé encore un plus grand nombre d'individus d’une espèce vert bleuâtre foncé, voisine de Vostoc paludosum ou peut-être même identique avec lui; elle commençait par adhérer au verre et plus tard elle flottait librement dans l’eau. Plus rarement on observe cà et là une masse mucilagineuse bleu verdâtre, reconnue comme AVostoc sphericum ?). Toutes ces espèces appartiennent, comme on voit, aux Cyanophycées immobiles; les Oscillariées mobiles ne se développent pas, 7) A Delft l’eau de conduite contient par litre 0,42 mg. d'azote et le terreau privé d’eau 0,96 %. Cet azote présent dans le sol y existe toutefois sous une forme qui le rend assimilable pour une très petite partie seulement parles Cyanophycées et les autres microbes. Aussi est-il prouvé que les organismes oligonitrophiles ont la propriété de pouvoir assimiler l’azote libre de l’air, soit tout seuls, soit en symbiose avec certains autres microbes. Je communiquerai plus tard les observations qui s’y rapportent. ©) Je n'ai pas pu déterminer toutes les espèces de Cyanophycées obtenues dans mes expériences; il se peut que quelques-unes n'aient pas encore été décrites. 192 M. W. BEIJERINCK. dans ces conditions, d’une part parce que le liquide de culture, bien qu'on n'y eût introduit que 1 à 2 gr. de terreau par litre, contenait cependant trop de matières organiques pour permettre leur développe- ment, et en second lieu parce que ces organismes n’appartiennent pas aux oligonitrophiles, mais ont besoin pour leur croissance de quantités notables de composés azotés. Dans ces cultures les Chlorophycées, particulièrement CÆlorococcum et Chlorella, ne font pas complètement défaut, ainsi qu’on pouvait s’y attendre, mais elles sont présentes en si petite quantité que ce n’est que par l'examen microscopique qu’on les découvre. Ce fait est surtout remarquable parce que l’expérience apprend qu’un liquide de culture dont la composition est: Eau de conduite. HO Le sr RAP OP RSR ARE 002 NH EMOS RERS eREe 0 et qui à été infecté par une trace d’une culture de Cyanophycées obte- / / VAN A e , \ à nue précédemment, se recouvre déjà après 3 ou 4 semaines d'une pelli- cule verte, essentiellement constituée par le CAlorococcum infusionum. Ce n’est que beaucoup plus tard, quand les combinaisons azotées sont consommées, que l’on voit la couleur se foncer parce qu’il commence à se développer des Awabaena. Dans ces conditions de culture je n’ai 2 N Û . ! pas obtenu d’autres espèces que ces Axabaena, mais il se peut que cela ait tenu à un état fortuit de la matière servant à l'infection. Quand je n’infectais pas avec du terreau et que je me servais, non de l’eau de la distribution, mais de l’eau puisée au grand canal à Delft, une eau peu différente de celle de la Meuse et assez semblable par con- séquent à l’eau fluviale ordinaire , avec cette différence toutefois qu’elle est plus fortement contaminée par des corps organiques, l'allure de l'expérience était autre. Il se forme notamment alors une riche culture de Diatomées, qui se dépose sur la paroi du ballon ou reste flottante, mélangée de quelques Chlorophycées des genres Æaplhidium, Chlorella, Chlorococcum et Scenedesmus, sans que la culture perde par là son caractère de Diatomées. Beaucoup plus tard, c’est à dire après 8 à 10 semaines, la couleur de la culture passe du brun au bleu verdâtre, parce \ / \ / 2 que les Cyanophycées commencent alors à se développer, et ce dévelop- pement continue aussi longtemps qu'il reste une quantité suffisante de phosphate de potassium et des autres nourritures minérales. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 193 [1 me semble que l’on peut expliquer comme suit cette expérience frappante: l’eau du canal contient beaucoup plus de substances organi- ques et surtout plus de composés azotés assimilables que l’eau de la dis- tribution; aussi longtemps que ces substances sont présentes il ne peut se développer que des Diatomées, qui supportent, comme on sait, une grande quantité de substances organiques. Dès que ces substances sont consommées par les microbes, et que les combinaisons azotées ont été trans- formées en Diatomées, les Cyanophycées oligonitrophiles sont capables de supporter la concurrence et le caractère de la flore esttotalementmodifié. L'expérience suivante, bien simple, prouve que réellement les Diato- mées peuvent supporter, dans leurs liquides nourriciers, une forte pro- portion de substances organiques et surtout de composés azotés assimi1- lables, comme des sels d’ammoniaque et du salpètre. Un grand verre cylindrique est rempli à moitié de terreau de jardin et pour l’autre moitié d’eau pure; on agite fortement le tout et la bouillie est placée devant une fenêtre. Au bout de quelques jours ou de quelques semaines, cela dépend de la température et de la saison, on voit se déposer sur le verre, du côté éclairé, une couche brun foncé de Diatomées, formée d’abord par les Diatomées qui sont sorties du terreau en rampant vers la lumière, et se sont ensuite fortement développées par croissance et multiplication. Après quelques mois le dépôt est remplacé plus ou moins complètement par des Chlorophycées, et cela se produit évidem- ment quand les Diatomées, ainsi que certains autres microbes comme les bactéries, ont consommé la plus grande partie des substances orga- niques assimilables en les transformant en matières impropres à l’assi- milation. Dans ces conditions toutefois les Cyanophycées ne se déve- loppent pas encore, parce que la proportion des composés azotés restants est encore beaucoup trop élevée. Bien que je considère comme certain que, dans mes expériences avec de l’eau de la distribution ou puisée au canal, la flore des Cyanophycées ne se développe que quand la proportion des substances organiques dans le liquide de culture est devenue très faible, je considère cependant cette très faible teneur comme ayant une importance capitale pour la réussite de l’expérience. J’ai pu m'assurer dans tous les cas qu’en l’ab- sence presque complète de substances organiques il se produit des phé- nomènes tout autres, sans que Je puisse toutefois communiquer pour le moment aucun résultat décisif obtenu dans ces conditions. 194 M. W. BELJERINCK. En principe l’expérience de culture de Cyanophycées 1c1 décrite n’est pas absolument nouvelle; elle a en effet été faite déjà en 1892 par MM. SorHLüsING fils et LAURENT, mais dans des conditions assez différentes !). Ces auteurs ne se sont notamment pas servis de liquides de culture, mais ont opéré sur une couche de sable et dans des conditions beaucoup plus compliquées que les miennes. Le point important, c'est qu’ils ont observé comme moi le développement à la lumière d’une flore de Cyanophycées, quand les combinaisons azotées faisaient complètement défautetquel’acide carbonique était la seule source de carbone. Ils sont arrivés à ce résul- tat que ces Cyanophycées assimilent de l’azote libre, en quantités très faibles 1l est vrai, mais parfaitement mesurables. Leurs expériences ne sont toutefois pas complètement convainecantes, parce que leurs cultu- res ont certainement contenu beaucoup d’autres microbes encore, comme des bactéries; cependant, eu égard à mes propres expériences, je consi- dère leur opinion comme exacte. L’oligomitrophilie des Cyanophycées rend compte en quelque sorte des deux observations suivantes: M. GRABBNER ?) a constaté qu’un ter- rain sableux frais, quand 1l se transforme en tourbière de bruyère, com- mence par se recouvrir d’une végétation de Cyanophycées, qui penètre jusqu'à quelques mm. au-dessous de la surface. Et M. Treus, qui a visité l’île de Krakatau trois ans après l’eruption qui la dévasta, a trouvé que les cendres volcaniques portaient une couche de Cyanophy- cées (mobiles?) parmi lesquelles 1l cite spécialement Zirgbya verbeekiana et L. minutissima *). Si l’on rejette complètement la théorie de la géné- ration spontanée, on pourrait donc se figurer que des germes de Cyano- phycées, provenant de l’espace universel, aient été les premiers habitants de la terre, puisque nous ne connaissons pas d’autres organismes capables de former leur substance aux dépens de l'acide carbonique et de Pazote libre de Pair. Du moment que j’eus compris la condition capitale de la culture des *) Fixation de l’azote libre par les plantes. Ann. de l’Inst. Pasteur, 4. NE, p- 832, 1892. Dans leurs cultures les auteurs ont trouvé principalement Nostoc punctiforme, N. minutum et Cylindrospermum major. , *) Studien über die norddeutsche Heïde. Botan. Jahrb., 20, 1895. *) Notice sur la nouvelle flore de Krakatau, Ann. d. Jard. Bot. d. Buiten- zorg, 1, 18388. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 195 Cyanophycées, il m'était facile d'obtenir, sur un substratum solide, des cultures pures des formes qui avaient pris naissance dans des milieux D liquides. Je me suis servi à cet effet de plaques de silice ou d’agar d’où 0Q LL ÉME . 2 N T9 j'avais extrait, par un lavage prolongé à l’eau, toutes les substances organiques solubles, et qui contenaient environ 0,02 °% de X?/ PO*. Quand j'ensemençais sur ce terrain les cultures en liquides de Cyano- ; / 2 G) Z Q + \ °\ ÿ phycées, 1l s’y développait, par une exposition à la lumière devant une fenêtre au nord, en moins de quinze jours les colonies d’Avabaena très étendues et fortement ramifiées. Quelque temps après 11 s’y formait aussi les colonies, plus petites et plus compactes, des autres espèces. Les plaques doivent être préparées avec beaucoup de soin, car, quand il y reste trop de matières organiques, il ne s’y développe que des bac- téries et des CAlorella ‘), mais pas de Cyanophycées. C’est pourquoi = 2 \ ZLOK 121 / / je u'opère le lavage que quand la plaque a déjà été coulée dans la boîte en verre, notamment de telle manière que la boîte est placée dans une grande cuvette de verre, dans laquelle je laisse circuler jour et nuit de l’eau fraîche de la distribution. Pour introduire le phosphate de potassium dans les plaques, je verse sur ces dernières une solution de ce sel, et J y laisse séjourner cette solution en la déversant et la renouvelant de temps à autre. Finalement je chauffe quelque peu la plaque au-dessus de la flamme d’un bec de gaz, afin d'éloigner les gouttes d'eau qui y adhèrent et ne conserver pour la semence de Cyanophycées qu'une surface d’agar ,,sèche”. Les Cyanophycées mobiles, comme les Oscillariées et les espèces voi- D pay ) P sines, ne croissent pas sur ce terrain de culture; quand on les y trans- porte, elles meurent même au bout de peu de jours. Pourtant, M. A. VAN DELDEN parvint à obtenir dans mon laboratoire une culture pure d'une pareille espèce mobile, apparentée à l’Oscillaria et provenant de Veau du canal de Delft. IL y réussit en prenant les deux précautions spéciales suivantes: d’abord il fallait extraire de l’agar les substances organiques beaucoup plus complètement que dans le cas précédent, à quoi l’on parvient en se servant d’un courant d'eau distillée pour le lavage; en second lieu il fallait introduire une petite quantité d’un com- posé nitré; le nitrate d’ammonium fut reconnu comme le mieux approprié. *) Les chlorelles, comme beaucoup d’autres Chlorophycées inférieures, suppor- tent sans préjudice, comme je l’ai fait voir antérieurement, une grande pro- portion de substances organiques. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. 13 196 M: W. BELJERINCK. Un terrain d'agar, préparé de cette facon, est en même temps propre à la culture de plusieurs espèces de CAlorophycées, qui pour la plupartsont très sensibles à des traces de substances organiques. Mais revenons au groupe des oligomtrophiles, qui présentent la propriété spécifique de pouvoir vivre presque sans azote en combinaison, puisqu'ils sont capa- bles d’assimiler l’azote libre. 2. Aérobiose et anaérobiose chez les bactéries oligonitropliles. Bactéries méso- el polynitrophiles. La ,,culture élective” d'organismes oligonitrophiles, dans des liquides de culture où le sucre fournit le carbone organique, a été effectuée pour la première fois par M. WixocRapsky 1), notamment dans des circon- stances où l’anaérobiose était possible, et où 1l se formait toujours une forme déterminée de ferment butyrique que cet auteur a appelée Clostri- dium pasteurianum. M. WinoGrapskY se servait de solutions contenant 2 à 4° de glucose, la quantité nécessaire de nourriture minérale et 2 à 49% de CaC0”, mais dans lesquelles 1l n’introduisait pas avec intention de composés azotés. Ces solutions remplissaient en partie de grands ballons de verre à fond plat, bouchés de telle facon que l’air y pouvait être renouvelé de temps en temps et remplacé par un air purifié au moyen d'acide sulfurique concentré. À cet effet le bouchon était traversé par deux tubes de verre, dont l’un débouchait à peu près à la surface du liquide, tandis que l’autre s’arrêtait dans le goulot. L’infection s’obte- nait au moyen de terreau. [Il commençait par se développer une riche flore d'organismes aérobies, ce qui rendait possible dans la suite l’anaé- robiose du ferment butyrique oligonitrophile. Il a opéré également avec des cultures pures de cette espèce, en l’absence de l’air et en introdui- sant de l’azote dans les ballons de culture. En répétant ces expériences, j'ai observé que la présence de traces de composés azotés est nécessaire pour le développement du ferment butyrique; la même remarque s'applique d’ailleurs aux organismes oli- gomtrophiles que J'ai découverts, en ce sens que dans des liquides de culture, préparés avec des précautions telles que l’azote combiné y fait complètement défaut, la croissance de ces organismes est très ") Recherches sur l'assimilation de l'azote libre de l'atmosphère par les microbes. Arch. des Se. biol. St. Pétersbourg, T. III, 1895, n°. 4. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 197 faible et s’arrète même bientôt, aussi bien dans les cas d’aérobiose que dans les cas d’anaérobiose dans une atmosphère d'azote. Les conditions de mes propres expériences différaient de celles dans les- quelles travaillait M. WinograpskYy en ceci, que Je ne permettais que Paérobiose ou du moins que je laissais pénétrer l’oxygène en telles quan- tités que la fermentation butyrique était rendue impossible ou tout au moins considérablement réduite. J’employais d’ailleurs d’autres sources de carbone. Il en est résulté la découverte d’un genre de bactéries oligo- mitrophiles non encore décrites, appartenant aux aérobies. À ce genre, aisément reconnaissable à la grosseur de ses individus, je donnerai le nom d’Azotobacter ‘). J'en ai reconnu jusqu'ici deux espèces différentes. L'une, A. chroococcum, est très répandue dans le terreau des jardins comme d'ailleurs dans tous les sols fertiles ?); l’autre est tout aussi répandue _ dans l’eau du canal de Delft. Dans mes expériences Je rendais facile l'accès de l’oxygène en recou- vrant le fond d’un grand ballon d’ErLENMEYER d'une couche peu profonde du liquide nourricier, dans lequel s’opérait la culture; je renouvelais d’ailleurs l'air à la facon de Winograpsky. Comme le fer- ment butyrique ne peut pas exister en l’absence complète d'oxygène, mais est un organisme ,,microaérophile”, c. à d. que pour se bien déve- lopper il a besoin d'oxygène, d’une faible pression il est vrai (ce que M. WinoGrapsky n’a pas remarqué), le libre accès de l'air n’est pas à lui seul un préservatif suffisant contre le développement de ce ferment dans les cultures aérobies. C'est pourquoi je me suis servi dans mes expériences de sources de carbone que lAzotobacter assimilait facile- ment, mais qui nentrent que difficilement ou même pas du tout en fermentation butyrique. J’ai trouvé comme substances particulière- ?) Peut-être le nom de Parachromatium, qui indique la parenté de notre microbe avec le genre Chromatium de M. WinocrapskY, serait-il préférable. Des considérations physiologiques m’avaient d’abord conduit à une tout autre opinion, mais des études ultérieures me portent à croire que cette parenté géné- rique est indubitable. M. ZerrNow, en examinant mes préparations, avait déjà émis la même opinion. ?) Outre le terreau de jardin j'ai encore examiné: le sol d’une prairie, pris à diverses profondeurs, de l'argile d’un champ de froment, du sable des dunes provenant d'un champ de pommes de terre, ainsi que du fumier de feuilles, le tout avec le même résultat. Le sable des bruyères, au contraire, ne contient pas l’Azotobacter. 15 198 M. W. BELJERINCK. ment bien appropriées: la mannite en solution de 2 à 10%, et les pro- pionates de calcium, de potassium ou de sodium, en solutions de !},°/. La fermentation butyrique ne s’opère que difficilement ou lentement dans la mannite, elle ne s’opère pas du tout dans ces propionates. Le saccha- rose et le glucose se prêtent moins bien à ce genre d'expériences parce que ces sucres, surtout le glucose, se transforment très aisément en acide butyrique en labsence de combinaisons azotées. [l est vrai qu'une faible fermentation butyrique, du moins en présence de carbonate de calcium, n’est pas fort préjudiciable à mon expérience, parce que les buty- rates sont des sources de carbone faciles à assimiler pour le C4roococcum. En tâchant d'obtenir des cultures pures des organismes oligonitrophi- les sur substrat solide, j'ai reconnu que les bactéries saprophytes ordi- naires, dont les germes foisonnent dans les matériaux d'infection, ne se développent pas, ou presque pas, dans les accumulations, ce qui provient de l’alimentation azotée insuffisante, de sorte que l’on peut qualifier ces bactéries de »polynitrophiles”. Certaines autres espèces se comportent de façon intermédiaire au point de vue de l’alimentation azotée, et seront considérées d’un peu plus près au 4, sous le nom de ,,mésomi- trophiles’”. C’est le moment de faire remarquer un autre point encore, par lequel se caractérisent les organismes oligonitrophiles aérobies. Ils ne forment notamment pas de spores, ce qui à pour conséquence que des expé- riences entreprises avec du terreau chauffé dans l’eau bouillante ne con- duisent pas à des cultures de CAroococcum. Il en est autrement du ferment butyrique; celui-ci forme des spores qui résistent parfaitement à des températures de 90 à 100° C. Bien que la fermentation butyrique inise en train par de la terre pasteurisée s'effectue plus lentement et moins bien qu'avec de la terre fraîche, on constate cependant en prin- cipe les mêmes phénomènes, sauf pour les symbiontes plus ou moins accidentels qui sont bien différents dans les deux cas ). Quand je *) De nombreuses expériences nouvelles me font croire que cette dernière assertion, basée sur l’autorité de M. Winocrapsky plus que sur ma propre expérience, n’est exacte que quand il y a beaucoup de carbonate de calcium en présence. J’ai reconnu qu'en l'absence de cette substance l'azote libre n’est fixé que quand le Chroococcum existe dans la masse, mais la quantité d'azote combiné peut même élre triplée quand les cultures contiennent en méme temps le fer- ment butyrique ou un de ses congénéres. Maïs cette question sera traitée am- plement dans un travail ultérieur. SUR DES MICROBES OLIGONITTROPHILES. 199 traiterai les organismes mésomitrophiles, je parlerai d’une espèce parti- culière et intéressante de ce groupe, et qui se présente très souvent après la pasteurisation, quoique pas toujours, comme symbionte des oligonitrophiles proprement dits, savoir le Granulobacter sphericum. 3. Accumulation d’Azotobacter chroococcum du terreau de jardin. J’ai obtenu de très riches cultures de la facon suivante, très simple. Un liquide nourricier composé de Eau de conduite. .... 100 Nannite pe nan r 2 HOPIITO MAN 0,02 est introduit en couche peu profonde dans un ballon d’ERLENMEYER, infecté ayec une grande quantité, p. ex. 0,1 à 0,2 gr., de terreau frais, et exposé à une température de 27 à 30°C. Par la présence de X?ÆP0O* la réaction est faiblement alcaline ‘) et il se sépare peu à peu du phos- phate de calcium sous forme d’une mince couche superficielle, formée de petits sphérites. Des combinaisons azotées autres que les faibles quantités contenues dans l’eau et la terre font ici complètement défaut, mais ces faibles quantités sont nécessaires pour le succès de l'expérience; sans elles 1l ne se développe que peu de microbes, comme nous l'avons vu, et ce développement s’arrête bientôt, ce qui s'applique non seulement au Chroococcum mais aussi au ferment butyrique. Des quantités quelque peu considérables d'azote combiné sont toutefois préjudiciables. C'est ainsi que l'expérience ne réussit pas quand la solution nutritive contient plus de 10 mg. de ÆNO° par litre, tandis que des quantités plus faibles encore d’autres composés azotés sont déjà suffisantes pour rendre impos- sible la concurrence du Céroococcum avec les nitrophiles. Toutefois, même des quantités bien plus grandes d’azote combiné ne gênent en rien le développement des cultures pures de notre bactérie; elles sont même avantageuses pour sa croissance. Dans les accumulations, le Clostridium pasteurianum de M. Wixo- GRADSKY se comporte de façon un peu différente vis à vis de l'azote combiné. De notables quantités d’azote combiné, introduites avec inten- ton, servent d’abord à la croissance des formes polynitrophiles ordinaires, *) La réaction alcaline est avantageuse pour l'expérience. On peut aussi se servir de KH°PO*, mais alors le résultat est incertain. 1 200 M. W. BELJERINOK. et la fermentation butyrique commence normalement dès que la diphé- nylamine et l’acide sulfurique ne permettent plus de déceler des nitrates ou des nitrites, et que l’on ne trouve plus de sels ammoniacaux au moyen du réactif de NEssLEr. Dans la solution nourricière pauvre en azote que nous venons de décrire, il se produit à 30° C., au bout de 2 ou 3 jours, à la surface de la solution une pellicule formée par la remarquable bactérie à grandes cellules: l’Azotobacter chroococcum. Cette pellicule superficielle se déve- loppe pendant plusieurs jours, semblable à une Mycoderme, et se peuple de diverses espèces de petites bactéries, d’amibes et de monades, et par- fois même d’infusoires. Les petites bactéries ont besoin de plus d'azote combiné que le C#roococcum, mais moins que les espèces ,,polymtrophiles” saprophytes ordinaires; on peut donc les appeler ,,mésonitrophiles”. Par leur nombre elles se comportent vis à vis de C/roococcum comme les bactéries acétifiantes vis à vis de Saccharomyces mycoderma dans une pellicule mycodermique sur de la bière gâtée; leur présence ne se recon- naît qu'au microscope et ne se trahit pas par des caractères visibles de la couche de CAroococcum. Par une analyse chimique leur présence ne serait reconnue qu'avec peine. Si l’on fait l'expérience avec du propio- nate de calcium à 0,5 %, comme source de carbone au lieu de mannite, et en infectant avec du terreau, on obtient au bout de 3 à 4 jours des pellicules de notre espèce qui ne laissent voir au microscope que peu d’autres bactéries ou n’en présentent même pas du tout, mais on les décou- vre toujours par culture sur un substratum solide. Il est remarquable que la présence des organismes mésonitrophiles est avantageuse pour La croissance du Croococcum et que, quand ils font défaut, comme dans les cultures pures, on n’obtient jamais les belles pellicules des accumu- lations grossières. Mais je reviendrai encore plus loin sur ces faits. Les bactéries saprophytes polynitrophiles ordinaires, comme les fluorescen- tes, les espèces d’Aerobacter, Proteobacter, Saccharobacter et les bac- téries du foim sont rares dans les cultures d’Azo/obacter et y font sou- vent complètement défaut, bien qu’elles soient nombreuses dans les matériaux d'infection. Comme les moisissures et les levûres font com- plètement défaut au commencement, nous avons ici un nouveau cas d’une expérience d’accumulation parfaite, dont j'ai décrit un autre exemple à propos des bactéries de l’urée ). *) Ces Archives, (2), 7, 28, 1902. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 201 La présence d’amibes dans les pellicules de Céroococcum mérite une mention spéciale, parce que ces organismes se nourrissent de préférence de Croococcum et se multiplient avec une telle rapidité qu'ils peuvent causer de grands ravages dans les cultures de cette espèce. On en trouve plusieurs formes qui se développent en abondance sur les terrains solides appropriés aux cultures pures de C#roococcum. Ces amibes y forment ces membranes pures que j'ai décrites antérieurement sous le nom de , Voile” ‘) et qui sont exemptes de bactéries, de sorte qu’elles peuvent devenir le point de départ pour la culture pure des amibes, qui se lais- sent facilement isoler des voiles, et se combiner avec d’autres micro- bes qui leur servent de nourriture. Bref, l'accumulation de C#roococcum est une expérience qui en même temps se prête bien à l'étude des amibes. Mais revenons à notre bactérie elle-même. Notre expérience d'accumulation n’exige pas nécessairement l'emploi de manmite ou de propionates, mais donne encore de bons résultats, quoique moins certains, avec plusieurs autres combinaisons du carbone. C’est ainsi que j'ai pu remplacer la mannite par du glucose, du lévulose, du lactose, du saccharose et du maltose, et dans tous ces cas j'ai obtenu de riches cultures de C£roococcum. Le glucose et le saccharose donnent cependant des pellicules mucilagineuses, qui tombent bientôt au fond. Le glucose et le lévulose donnent aisément lieu à une fermentation buty- rique; le saccharose, le maltose et le lactose aussi, quoique moins faci- lement. Ces espèces de sucres ne peuvent donc être employées comme nourriture qu'en solution dans des couches peu épaisses et bien aérées des liquides nourriciers, pour empêcher plus ou moins complètement cette fermentation due à l'absence de l’air. La glycérine est moins bien appropriée parce qu'on ne peut s’en servir qu'en faibles concentrations, p. ex. 2 à 37% tout au plus, et encore la pellicule ne se forme-t-elle que lentement. Cependant les cul- tures que l’on obtient ainsi finissent par être très pures, et ne contien- nent plus alors que très peu d’autres bactéries, mais beaucoup d’amibes. J'ai observé la même chose en employant de l'alcool éthylique qui, en solution à 2%, se prête bien à la culture de l’ Azotobacter, mais est également favorable au développement des amibes. - Le Chroococcum ne peut pas du tout se nourrir avec le sucre de lait, que le ferment butyrique assimile très bien au contraire. 1) Centralbl. f. Baxt. ete., (1), 19, 257, 1896 et 21, 101, 1897. 202 M. W. BEIJERINCK. Les substances suivantes sont aussi bien assimilables; je les ai rangées d’après le degré d’assimilabilité, en ce sens que les premières substances s’oxydent le plus facilement. Ce sont: les propionates, les butyrates, les lactates, les malates, les succinates, les acétates et les citrates. Les produits de l’oxydation sont de l’anhydride carbonique et de l’eau. Le Chroococcum n’attaque n1 les tartrates n1 les formiates. On peut conclure de cet aperçu que notre espèce sera capable de se nourrir encore avec beaucoup d’autres sources de carbone que celles que Je viens de nommer. Dans tous les cas le pouvoir oxydant de cette bactérie est très développé et peut être comparé le mieux avec celui des bactéries fluorescentes, qui se distinguent toutefois du C4roococcum par leur bésoin beaucoup plus grand d'azote combiné. La membrane impure du Croococcum, obtenue sur les milieux nourriciers mentionnés, est constituée au commencement par des bâton- nets très gros et courts (4x d'épaisseur sur 5—7 x de longueur), arrondis aux extrémités et restant parfois groupés en très grands diploco- ques ‘). C’est ce que l’on reconnaît à la Fig. 1 de la planche, faite tou- tefois d’après une culture pure (voir $ 5). La plupart des cellules sont en repos, mais quelques exemplaires se meuvent lentement. La paroi cellulaire est constituée par une membrane mucilagineuse d'épaisseur variable, qui est directement visible ou que l’on peut aisément rendre visible, quand le pouvoir réfringent de la paroi diffère trop peu de celui de l’eau pour qu’elle soit nettement accusée, en introduisant dans la préparation une espèce quelconque d’une petite bactérie qui, ne pouvant pénétrer dans la paroi, permet d’en reconnaître le contour comme le laisse voir la Fig. 2. Pour l’explication de cette figure Je renvoie lail- leurs au $ 5 où je parle des cultures pures. Quelques cellules de cultures jeunes (Fig. 1) laissent voir une grande vacuole, très nette, située contre la paroi. Les cellules nourries de mannite forment parfois de la graisse (voir Fig. 4) qui se distribue dans les cellu- les d’une manière très régulière, comme des gouttelettes d’huile. Avec 1) En faisant usage de liquides nourriciers où des propionates ou des acétates servaient de source de carbone, j'ai obtenu parfois, dans les accumulations obte- nues avec du terreau comme matière infectante, une forme beaucoup plus petite, que je considère toutefois comme une variété d'A. chroococcum. J'ai isolé de l’eau du canal une deuxiéme variété d'A. chroococcum, dont les cellules sont beaucoup plus longues. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 203 du saccharose et du glucose il se forme moins de graisse, mais le dépôt de mucus autour de la cellule est beaucoup plus considérable. À mesure que les cultures deviennent plus âgées la membrane surna- geante change de couleur et de structure; elle devient d’abord brune, plus tard même noire, et par suite d’une segmentation répétée des bactéries elles-mêmes il se forme des paquets semblables à des sarcines. Cela ne s'opère toutefois pas toujours avec la même facilité, mais dépend notam- ment de la source de carbone employée: c’est ainsi qu'avec du sucre la formation directe des sarcines brunes est difficile, tandis qu’elle est aisée au moyen de butyrates et même avec du sucre quand 1l y a eu précé- demment une fermentation butyrique. La Fig. 3 représente l’état brun, obtenu par culture pure sur l’agar au glucose. La substance colorante brune est insoluble dans les dissolvants ordinaires, comme l’eau, l’alcool, l’éther, le chloroforme et le sulfure de carbone; elle se dissout difficile- ment dans les alcalis, en subissant une décomposition. Elle diffère com- plètement de la chromophylle. C’est en raison de cette substance colo- rante que Jai choisi le nom spécifique de c/roococcum. Aïnsi que je l’ai déjà dit, le changement de couleur est accompagné d’un changement notable dans l'apparence microscopique des bactéries. La plupart des individus dimimuent en grosseur et leur forme devient plu- tôt sphérique, de sorte que l’on ne voit plus les bâtonnets gros et courts des états jeunes, mais des microcoques assez petits. Par suite d'une segmentation répétée, les paquets de sarcines peuvent attemdre des dimensions considérables. De pareilles colonies de sarcines se forment souvent, et directement, quand on se sert de liquides nourriciers arti- ficiels constitués par de l’eau distillée aussi pauvre que possible en combinaisons azotées; elles y peuvent former des membranes assez étendues, dont la croissance continue pendant un temps remarqua- blement long. L° 4. chroococcum peut facilement donner naissance, surtout dans les pellicules superficielles des accumulations grossières, à des formes d'invo- lution; ces formes peuvent devenir des cellules géantes, mesurant 10 à 15 &, et donnant l’impression d’amibes ou de cellules de levûre (Fig. 4). En parlant des cultures pures, je reviendrai sur la formation intense de mucus, qui se produit quand le liquide contient des quantités insuf- fisantes de composés azotés et lorsque le sucre sert de source de carbone. 204 M. W. BEIJERINCK. 4. Les bactéries mésonitroplules. J'ai déjà dit qu’à la vérité les bactéries ,,polynitrophiles” saprophytes ordinaires sont rares dans les cultures des oligomitrophiles, mais qu'il s’y développe assez abondamment des espèces particulières que je qua- lifie de ,,mésomtrophiles”?, eu égard à leur besoin d’azote. L'exemple le mieux connu de ce groupe est le Bacillus radicicola des tubercules des papilionacées; mais cette espèce je ne l’ai pas rencontrée avec certitude dans les accumulations des oligonitrophiles ‘). Bien que je n’aie pas encore examiné complètement les espèces mésonitrophiles trouvées dans les accumulations, 1l n’est cependant pas superflu d’en dire quelques mots. Ces organismes s’observent aussi bien dans la fermentation buty- rique d’après les préceptes de M. Wixocrapsxy que dans mes cultures d’Azotobacter; ce sont en partie les mêmes organismes dans les deux expériences. Cependant, dans la plupart des fermentations butyriques j'ai rencontré une espèce intéressante que J'ai trouvée plus rarement dans mes cultures du C#roococcum sans fermentation butyrique, et que Jintroduirai 1c1 sous le nom de Granulobactler sphericum. Ainsi que son nom l'indique, cette forme appartient au genre Granulobacter que J'ai créé antérieurement ?), et auquel appartient aussi le Clostridium pasteurianum. Cette espèce, comme toutes celles de ce genre d’ailleurs, produit des spores qui supportent la pasteurisation; même dans les expériences où l’on se sert de terre pasteurisée comme matière d'infection, on peut donc l’observer aisément. et bien souvent elle constitue dans ce cas la seule impureté qui se développe assez abondamment à côté du fer- ment butyrique. | Le (à. spherieum est microaérophile, mais à un degré moindre que le ferment butyrique, et il se rapproche par conséquent du type mésoaéro- phile auquel appartiennent les spirilles; c’est ce que l’on reconnait le ‘) Voir la fin de ce paragraphe. *) Je dois faire remarquer ici que le nom générique de Granulobucter s'ap- plique à nn genre naturel, c. à d. en relation générique et systématique avec les autres genres, et ne doit pas être considéré comme ,morphologique” ainsi que c’est le cas pour le nom Clostridium, ou comme ,, physiologique” ainsi que Photobacter. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 205 mieux par le fait qu'on peut le cultiver sur des plaques en plein air, ce qui n'est pas le cas avec le ferment butyrique. Quand la solution nutri- tive a la composition suivante: Eau de conduite. .... 100 Glucose en inn 2 HOTÉIDQ) SIREN E 0,02 CHLORE TETE 2 et que l'infection a été faite par du terreau pasteurisé, 1l se produit, vers 30° C. et en empêchant le trop libre accès de l’air, au bout de 2 ou 3 jours une fermentation caractérisée par l'odeur agréable des alcools éthylique et propylique. Cette fermentation est causée par notre bactérie qui se présente au microscope, en partie comme des clostridiums pres- que sphériques de 1 à 2 # de diamètre, avec des spores oblongues excentriquement placées, pour une autre partie comme de petits clos- tridinms ordinaires dont les spores sont situées aux extrémités et un peu sur le côté. Les spores sont petites, mesurent environ 0,3 à 0,5 w, et sont placées à l'extrémité la plus grosse dans les clostridiums allon- gés. Traités avec de l’iode, les clostridiums sphériques aussi bien que les oblongs se colorent en bleu intense. Il est aisé d’obtenir des cultures pures, en transportant les organis- mes du liquide nourricier en question sur un terrain solide de même composition, mais sans craie, solidifié par ? % d’agar. On voit souvent les colonies de @. sphericum s y développer immédia- tement en culture pure, parce que le ferment butyrique ne peut pas se développer sur ce terrain et que les autres microbes aérobies sporogènes n'existaient pas ou qu'en petite quantité seulement dans l’accumulation faite avec des matériaux pasteurisés. L’absence d’autres microbes aéro- bies dans ces conditions de culture prouve que parmi les organismes sporogènes 1l n’y en a aucun qui soit oligonitrophile en dehors du fer- ment butyrique, puisque dans le cas contraire certains d’entre eux se _ seraient multipliés dans les ballons ouverts. On obtient le G. splericum tout aussi bien avec de la terre fraîche qu'avec de la terre pasteurisée, du moins dans l’expérience où se pro- dut une fermentation butyrique, mais on ne l’observe pas quand Paé- ration dans les accumulations est vraiment complète. Je n'ai pas réussi à faire croître le G. spkericum, d’une façon con- 206 M. W. BEIJERINCK. venable du moins, sur les milieux nourriciers solides ordinaires, riches en azote. Sur l’agar imbibé d’eau de la distribution et contenant 2 de saccharose et du phosphate de potassium, — terrain très favorable à la croissance des cultures isolées, — ne réussissaient que fort peu d’ino- culations; au contraire, on voit bientôt la croissance s’arrêter de sorte que cette espèce dégénère rapidement (comme beaucoup d’autres orga- nismes microaérophiles) lorsqu'elle est exposée au libre accès de Pair pendant trop longtemps. Une deuxième espèce mésomtrophile remarquable, que l’on rencontre souvent en grandes masses dans les accumulations de C#roococcum dans des solutions de mannite infectées au moyen de terreau, est un court Sprrillum, très facile à reconnaître, d'environ 1 d'épaisseur et 1 à2 « de longueur. La plupart des individus sont remplis de petites gouttes de graisse qui donnent à l'organisme un pouvoir réfringent telle- ment élevé qu’il semble noir quand la mise au point du microscope est imparfaite. La figure de respiration” dans la chambre de verre fait voir avec grande netteté l'accumulation ,,mésoaérophile”, sous forme d’une ligne fine assez éloignée du ménisque; quand il y a assez de man- nite en présence elle se conserve pendant plusieurs jours. Les seules autres bactéries dont le besoin respiratoire, dans ces conditions d'absence presque absolue de combinaisons azotées, est comparable à celui de ce Spirillum, sont le ferment butyrique et ses congénères; mais celles-ei sont beaucoup plus fortement microaérophiles, de sorte que dans la chambre de verre elles produisent une ligne de respiration encore plus rapprochée du centre. Cette espèce prouve que dans le terreau de Jardin existent aussi de vrais spirilles. Sa culture pure sera décrite à une autre occasion. Je devrais encore parler d’une ou deux autres espèces mésonitrophiles, voisines du Bacillus radicicolu, mais Je ne les ai pas encore suffisam- ment étudiées. J’ai reconnu que ces espèces favorisent considérablement le développement des oligonitrophiles, de sorte que leur examen ulté- rieur sera certainement fructueux. 5. Culture pure d'Azotobacter chroococcum. L'isolement d'A. chroococcum des membranes surnageantes de nos accumulations s'obtient aisément par le transport sur un terrain de cul- ture dont la composition est la suivante: SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 207 Hauteullée "0000 100 MERE ARE 2 RRNPRO PT... | RE O0 00, AGE) à 2 Les 2% d'agar contiennent d’ailleurs une quantité suffisante des autres aliments minéraux nécessaires. Cultivé à 30° C., le Céroococcum y donne déjà au bout de 24 heures des colonies semblables à de l’amidon, et contrastant nettement avec les colonies aqueuses, transparentes, des mtrophiles. Il est vrai que ces derniers organismes étaient refoulés par le CAroococcum dans les accumulations, mais sur Les plaques ils se déve- loppent de nouveau, grâce à la présence de composés azotés dans l’agar. Comme toutes les autres espèces cessent de croître au bout de peu de Jours, tandis que les colonies de C#rooccccum continuent à se développer pendant longtemps, et grossissent comme de grandes masses d’un mucus blanc, il est aisé de les reconnaître dans le mélange. Les cultures pures de CAroococcum se développent avec beaucoup de vigueur dans les milieux les plus divers. Je les ai cultivées pendant longtemps sur une gélatine à décoction de feuilles de pois avec 2% de saccharose, sur de l’agar à 4% de glucose et sur de la gélatine de viande ordinaire; sur ce dernier milieu 1l se produit peu ou point de liquéfaction et la croissance n’est que faible. Dans des milieux nourriciers liquides, la croissance des cultures pures est notablement favorisée par la présence de petites quantités des com- posés azotés les plus divers. Surtout les nitrates sont bien assimilés, même dans des concentrations de L gr. p. litre. C’est ainsi que j'ai obtenu une croissance assez rapide dans Eau de la distribution . . 100 Manmnite PAUSE 2—] () PRET DO RARE 0,02 HONOR LEUR AN. EE 0,1 ?) Ces plaques d’agar abandonnent du liquide après solidification; il est donc ! s Là Q A A nécessaire de les chauffer avec précaution dans les boîtes de verre mêmes, afin que le liquide superflu se condense sur le couvercle et puisse être enlevé. On comprend que le chauffage doit être suffisamment modéré pour qu'il ne se pro- duise pas une nouvelle fusion. On peut obtenir de cette manière une concen- tration quelconque d’agar. 208 M. W. BEIJERINOK. Les sels d’ammonium ne sont assimilés que difficilement, ce qui 9 A GT ANO , / 0 72 n'empèche pas que J'ai observé un développement considérable dans 10 AA NUL ut le: 100 Crlucose en ane 2 KT PO RARES 0,02 CNITE) RP IO RENE 0,02 L’asparagine agit à peu près comme les sels d’ammonium; la peptone est d’une assimilation difficile. De même que les accumulations, les cultures pures deviennent d’un brun foncé quand on les conserve pendant quelque temps, surtout quand le glucose sert de source de carbone et qu’une trace de salpètre sert de source d'azote. Il semble toutefois que les cultures pures chan- gent de caractère à un autre point de vue encore; je n’ai en effet Jamais pu obtenir ces belles membranes, semblables à des Mycodermes, qui se produisent toujours dans les accumulations. Il se peut toutefois que la formation de ces membranes soit intimement liée à la présence des nom- breux autres microbes ‘). Dans tous les cas les cultures pures, transpor- tées sur le terrain solide dont je viens de parler, se reproduisent pendant longtemps sans modification. S1 l’on transporte sur ce terrain, non le C#roococcum en culture pure, mais une solution nourricière contenant ce microbe avec un des méso- mtrophiles dont il a été question, sa croissance est certainement acti- vée, surtout quand les microbes associés sont ceux dont nous avons parlé à la fin du $ 4, voisins du Bac. radicicola, le Granulobacter spheri- cu où le Spirillum terricole. Mais quand on choisit le Bac. radicicola lui-même pour remplir le même rôle, on peut aussi observer cette favorisation quoique à un moindre dégré. C’est ainsi que dans une cou- che peu épaisse de la solution nourricière suivante: Fautde conduite 100 D'ACCHATOSE PEU ? K 2 POS RENE 0,02 le Bacillus radicicola (provenant d’un trèfle blanc) seul ne donnait qu’une croissance médiocre, caractérisée par la formation de mucus; avec l’Azotobacter seul j’observais une assez forte croissance de cellules non 1) On verra dans mon travail ultérieur que cette dernière explication est exacte. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 209 mucilagineuses, qui tombaient au fond du hHquide; mais quand les deux » PRET 72 C : : Zh, Le \ / microbes étaient réunis, la croissance était très forte et accompagnée d’une formation abondante de mucus. Le même résultat s’obtenait avec LE RASE ARE ae un organisme mésomtrophile isolé de l’eau du canal. Mais nous verrons dans mon travail ultérieur que l’analyse quantitative du gain en azote ne s'accorde pas toujours avec l’impression de croissance profuse, que l’on acquiert par la simple imspection des cultures, au microscope ou à l'oeil nu. J’ai entrepris d’ailleurs plusieurs expériences dans le but d'activer la croissance du Czroococcum par symbiose avec des algues inférieures. J’ai mis à profit à cet effet quelques-unes de mes cultures pures de Chlorophycées, comme Les Sfckococcus major, Chlorella vulgaris, Cys- tococcus humicola (provenant de Parmelia parietina), Pleurococeus vul- garis, Chlorococcum infusionum et la Cyanophycée Anabaena catenula. Ces expériences n’ont toutefois pas encore donné de résultat important. L’apparence microscopique des cultures pures de C#roococcum sur des terrains solides est semblable à celle des membranes des accumula- tions. Mais comme on est ici plus libre dans le choix des aliments, la concurrence étant exclue, je vais entrer dans quelques détails. On remarque d’abord une grande différence, suivant que l’on cultive avec une nourriture riche en azote ou en présence de traces seulement d'azote combiné et de beaucoup de carbone organique. Dans le dernier cas, surtout quand un sucre assimilable est dispomible, il se produit un épaississement colossal de la membrane cellulaire, sous forme de mucus végétal qui se reconnaît ici très nettement comme substance constitu- tive de la membrane cellulaire. Pour rendre visible cette paroi mucila- gineuse, je me suis servi où bien de bleu de méthylène, qui colore la paroi et le contenu cellulaire avec une intensité inégale, ou de la même méthode que j'ai appliquée à Pexamen des membranes des aceumulations encore impures, savoir l'introduction dans la culture d’une espèce de quel- que petite bactérie, p. ex. une bactérie du vinaigre, qui laisse nettement voir la couche de mucus parce qu’elle ne peut pas y pénétrer. Dans la Fig. 2 on voit l’image d’après nature du bord d’une colonie de Céroococcum dans Eau distillée....... A 0) OT TN A SE et 2 Nnnite mere ne 2 210 M. W. BELJERINCK. photographiée en même temps que la bactérie du vinaigre. L'état de développement correspond au commencement de la formation des sar- cines, qui peut 1c1 se présenter même dans les vieilles cultures, ce qui fait que dans la figure on voit le protoplasme des cellules du CArvococ- cum comme des sarcines irrégulières. Les parois mucilagineuses des agrégats cellulaires adjacents sont confondues; les petits grains inter- posés sont les bactéries acétifiantes. = Aussi longtemps que les cultures sur le terrain solide en question sont encore jeunes et croissent rapidement, probablement grâce à la présence de composés azotés facilement assimilables, elles se présentent sous le même aspect que les membranes des accumulations jeunes, ainsi qu'on le voit dans la fig. 1, qui représente une pareille culture pure, très jeune, mais qui aurait tout à fait la même apparence si elle avait été faite d’après une jeune membrane d’une accumulation sur hquide nour- ricier. De même que ces dernières, les cultures pures changent souvent de couleur, depuis le blanc jusqu'au brun foncé ou noir; les conditions de ces changements de coloration ne sont toutefois pas encore bien con- nues. La couleur brune s'obtient surtout quand on nourrit avec du glucose et provient exclusivement de vieux paquets de sarcines, dont les parois cellulaires ne sont pas fortement transformées en mucus. Il est probable qu’il se forme ici des états de repos; dans tous les cas ces cultures brunes font songer à certaines formes de lmago et Dematium, dont la substance colorante est probablement la même que celle du Chroococcum. Même le contenu cellulaire des formes brun-foncé, repré- senté p. ex. Fig. 3, rappelle tellement les champignons plus élevés que je viens de citer, que la photographie pourrait passer pour celle d’un de ces organismes. Il est d’ailleurs remarquable que bien souvent 1l se développe quelques-uns de ces champignons quand les expériences d’ac- cumulation de Croococcur échouent, p. ex. parce que les germes de cet organisme manquaient par hasard dans la matière d'infection, ou bien quand par l'emploi de ÆÆ2PO* au lieu de XA2H PO" la réaction acide contrarie le développement de notre microbe. La ressemblance des cultures de l’4. chroococcum avec certaines Chroococcacées est également très frappant. La mobilité de cette espèce est toujours restreinte et ce n’est que dans des cultures très jeunes qu'on peut l’observer facilement. Une pareille culture, âgée de 24 heures seulement, sur eau à l’agar avec saccharose et phosphate de potasse, a été représentée Fig. 1. Le nombre des indi- SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. AOIal vidus mobiles dans un champ visuel microscopique ne dépasse peut être pas une dizaine et encore la plupart de ces individus s’arrêtent-1ls bientôt. Cette circonstance, jointe à la structure mucilagineuse de la paroi cel- lulaire, était dans mon laboratoire un obstacle à la coloration des cils, mais M. ZerrNow a eu l’obligeance de faire avec mes matériaux, culti- vés par lui dans un ,,bouillon à spirilles”, quelques belles préparations qui ont permis de conclure que de beaucoup le plus grand nombre des individus mobiles possèdent un seul cil vibratile polaire. Quelques rares individus en ont certainement plus d’un, placés décidément sur le côté, quoique dans le voisinage du pôle. Les individus non mobiles ensont privés. Pour les états d’involution, en partie très étranges (Fig. 4), je ren- voie à l’explication de la planche. 6. Azotobacter agilis. Cette espèce, que l’on ne trouve pas dans le terreau de jardin, se ren- contre dans l’eau du canal de Delft, à côté de l’Azotobacter chroococcum, et on peut l'obtenir par l’expérience d’accumulation décrite pour ce dermer. C’est ainsi que j'ai obtenu de belles cultures d’4. agilis dans le liquide nourricier suivant: Fautdurcanalmee ns 100 Mannite reunion D CU ENEID ER EMTEC 0,02, après exposition en couche peu profonde à une température de 25 à 30° C. L'eau du canal doit être fraîche et non pasteurisée, puisqu'il s’agit de laisser concourir tout son monde microbien, sous des conditions déter- minées, avec l’4. agilis qui ne forme pas de spores. Bien que l'infection en ce cas ne soit pas produite directement par du terreau, on peut s’at- tendre cependant à ce que l’ 4. ckroococcum se développe en même temps, parce que cette espèce ne fait pas défaut dans l’eau du canal. Aussi cela arrive-t-1l réellement de temps en temps et il se peut alors que l’A. agiles soit entièrement refoulé. Une des formes du C#roococcum que l’on observe souvent dans ces circonstances n’est pas tout à fait identique avec celle que l’on obtient au moyen de terreau, et fut reconnue comme une variété dont les propriétés restent constantes par hérédité dans les cultures pures. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. 14 IL M. W. BEIJERINCK. Bien que les cultures pures d’4. agilis assimilent le glucose et le lévulose beaucoup plus facilement que la mannite, ce dernier sucre m’a donné de meilleurs résultats que les premiers dans les expériences d’ac- cumulation. Cela provient certainement de la facilité avec laquelle Les deux premiers sucres subissent, dans leurs solutions un peu concentrées, une fermentation acide, préjudiciable au développement de l’4. agilis. Mais en outre je tiens pour possible qu’une partie de la mannite s’oxyde lentement à l’état de lévulose, sous l’action de bactéries étrangères, surtout des bactéries acétifiantes, qui se rencontrent en grandes quan- tités dans l’eau du canal à Delft, et que l’influence favorable de la man- nite repose au moins en partie sur cette lente transformation, une solu- tion très diluée de lévulose étant certainement favorable pour P Agilis. Eu égard à la teneur très variable de l’eau du canal en combinaisons azotées, on pouvait s’y attendre que les expériences avec l’4. agilis présente- raicnt une marche très irrégulière, différeraient au point de vue de la durée du développement et ne réussiraient pas toujours; c’est en effet ce qui a lieu. Dans la plupart des ballons 1l se forme néanmoins, après 3 à 7 Jours, une membrane d’4. agilis d’une pureté plus ou moins par- faite. Comme la formation de mucus dans cette membrane est beaucoup moindre que chez 4. chroococcum, elle est aussi beaucoup moins cohé- rente, et dans les préparations microscopiques la plupart des individus d’ À. agilis sont séparés. Dans des préparations toutes fraîches leur mobi- lité est très faible, mais au bout de quelques instants ils commencent à se mouvoir, et finalement il se peut que tout soit en mouvement. Vu la grandeur extraordinaire et la transparence parfaite de ces bactéries, on peut obtenir ainsi des images particulièrement belles. En se servant d’un assez grand nombre d'individus pour les prépa- rations microscopiques, on peut obtenir sous le couvre-objet une , figure de respiration” visible à l'oeil nu ). Alors on constate que l°4. agilis appartient aux organismes ,,mésoaérophiles”, c. à d. que la plus grande accumulation n’a pas lieu dans le ménisque même, mais nettement à une certaine distance, ce qui veut dire que cet organisme, tout comme les spirilles, recherche une tension médiocre de l’oxygène. Toutefois, comme les spirilles s’accumuleraient encore un peu plus près du cen- tre, il a un besoin d'oxygène un peu plus grand, de sorte que l’on peut dire que l'A. agilis se rapproche davantage du type des bactéries ) Voir Centrabl. f. Bakt. etc., 14, 827, 1895. SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. DAS aérophiles. À ce point de vue Îles cultures pures se comportent de la même façon que les accumulations grossières. LÀ. agilis pouvant assimiler, tout comme le Ckroococcum, un grand nombre de corps organiques, l'expérience d’accumulation pour cette espèce réussit encore avec plusieurs autres substances que les sucres mentionnés. C’est ainsi que j'ai parfois obtenu de bons résultats avec du sucre de canne et d’autres espèces de sucre en solution à 2%. Dans d’autres cas J'ai obtenu de belles pellicules de l’ 4. agilis avec ", °/ de lactate de calcium, ou !}, % d’acétate de calcium. Avec 2 °/ d'alcool comme source de carbone j'ai également obtenu de riches cultures d” 4. agilis, mais, avec les sels d'acides organiques que je viens de nommer, leur développement était en retard sur celui dans des solutions de sucre. Avec des propionates et des succinates les résultats étaient moins satis- faisants; 1l est vrai que ces substances aussi sont énergiquement assimi- lées, mais alors le développement trop fort d’autres bactéries et aussi des amibes et des monades est gênant, parce que ces derniers organismes se nourrissent de préférence de l’ A4. agilis même. L'eau du canal de Delft étant riche en substances organiques, il suffit parfois d'ajouter seulement un peu de À2/77 P O* et de cultiver à 25°—28° pour y développer une mince pellicule d’4. agilis. Cela ne réussit toutefois pas toujours et dépend évidemment du rapport variable entre la substance azotée et celle sans azote de l’eau ‘). Il était à prevoir que, par suite de la grande quantité de substances organiques contenues dans l’eau du canal, les organismes mésonitrophi- les et même les polynitrophiles auraient une influence désavantageuse, et que les amibes, les monades et les infusoires contribueraient à donner à l'expérience un caractère beaucoup moins certain qu’à celle décrite au $ 3 pour l’4. chroococcum. La culture pure de l’4. agilis s'effectue sans difficultés particulières, si l’on prend soin de satisfaire aux conditions de cultures mentionnées. Le terrain solide suivant est p. ex. approprié: Daisies 100 RENE JUN STE NeMEE 72 GIUCOS CANNES D) INR ORNE NE 0,02. 1) L'eau du canal de Delft est renouvelée de temps en temps par de l’eau de la Meuse à Rotterdam. Sa matière organique oxydable correspond à envi- ron 24 milligrammes de permanganate de potasse par litre. | 14* 214 M. W. BELJERINCK. Les autres aliments minéraux nécessaires se rencontrent en quanütés suffisantes dans l’agar. Si l’on trace sur ce terrain des traits inocula- toires, provenant de pellicules de l 4. agilis, et que l’on cultive à 30° C., on voit déjà au bout de 24 heures de petites colonies qui continuent à croître pendant plusieurs jours. [l est vrai que les organismes mésoni- trophiles, ‘surtout une espèce très répandue dans l’eau du canal et qui donne naissance, sur le même terrain de culture, à de grandes colonies aqueuses, sont toujours en avance dans leur croissance et que le nom- bre des germes de | 4. agilis dont se développent des colonies est relativement petit, mais l’image microscopique de cette bactérie est tellement caractéristique qu'on la reconnait immédiatement dans le chaos des différentes colonies. S1 dans le terrain de culture solide en question on remplace le glucose par ‘}, 7, de propionate de calcium, et que l’on trace sur la plaque des traits ou stries d’A. agilis, on observe au bout de quelques jours, autour des colonies, des champs de diffusion assez étendus d’une sub- stance colorante jaune verdàtre, rappelant celle des bactéries fluores- centes, et ce caractère aussi peut servir à reconnaître notre espèce. Une fois qu’elle a été obtenue en culture pure, on peut La faire se développer sur les terrains nourriciers les plus divers. Dans un bouillon de viande à la gélatine sans substances étrangères, la croissance n’est que très médiocre et caractérisée par la formation d’alcali et du précipité blanc particulier dans le voisinage du trait inoculatoire, carac- téristique pour les bactéries productrices d’alcali. 1 ne se produit pas du tout de liquéfaction. Sur ce terrain de culture la mobilité est très grande. Elle est toutefois plus grande encore quand on cultive sur un bouillon de viande à l’agar. Quand on ajoute du sucre au bouillon de viande à la gélatine, par exemple 2% de saccharose, il y à une faible formation de mucus, c. à d. que les bactéries se recouvrent, comme l’ 4. chroococcum, d’une paroi cellulaire épaisse, mucilagineuse. Sur l’agar ou la gélose de commerce au glucose et à phosphate de potasse, mais sans autres aliments, comme sur tout terrain nourricier pauvre en azote, les vieilles cultures pures d’4. agilis, conservées dans des tubes à réaction, produisent une substance colorante très diffusible, capable de se diffuser dans l’agar auquel elle donne une coloration violet foncé. Il m'est impossible, pour le moment, de dire quelle est la fonc- tion de ce pigment remarquable, qui par sa couleur ressemble au SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. 215 pigment non diffusible colorant en rouge-violet le genre Céromatium parmi les sulfobactéries. A. agilis ne forme pas de spores, de sorte que cette bactérie ne résiste pas à la pasteurisation, comme nous l'avons déjà vu. La coloration des cils a présenté dans mon laboratoire des difficultés telles que je me suis adressé encore une fois à M. le Prof. Zerrnow, à Berlin, auquel j'ai envoyé des cultures de l4. agilis pour lui demander son avis. Il a eu l’obligeance de me donner de très belles préparations, prouvant à l'évidence que les cils forment des faisceaux polaires, ainsi qu'on le reconnaît à la Fig. 6, qui est une reproduction d’une photogra- phie faite d’après une de ses préparations. À ce propos 1l m'écrivit que dans un bouillon de spirilles 1l n’y avait pas un seul mdividu qui n’eût été animé d'un mouvement des plus vifs. ... D’après la nature de ce mouvement, régulier et ondulatoire, quoique vif, et ressemblant fort à celui des monadines, je m'attendais à trouver un ou plusieurs cils polaires, et cette prévision a été confirmée par les préparations dans un bouillon de spirilles, où la culture en pleme vigueur avait été tuée par la formaline. Ce résultat n’a toutefois pas été obtenu sans peine. Les 6 à 10 cils, fixés à un pôle ou aux deux pôles à la fois, s'appliquent d'ordinaire contre la paroi recouverte d’un ectoplasma très gluant, ce qui fait qu'ils semblent partir de la paroi latérale.” Au commencement jai également été induit en erreur et j'ai cru voir avec certitude des cils latéraux, mais un examen minutieux des préparations m'a donné la conviction que la manière de voir de M. Zrrrxow est exacte, au moins pour la grande majorité des mdividus. L'accumulation de l’4. agilis dans une eau de canal contenant du sucre et du phosphate est le premier stade d’une flore et d’une faune excessivement riches, qui s’y développent quand on abandonne la culture à elle-même vers 18° C. Le liquide finit par devenir pâteux par suite d’un monde de microbes, composé, en dehors de |” 4. agilis même, surtout de spirilles et d'autres bactéries, puis d’amibes et de monades et parfois aussi d'infusoires. Il est certainement remarquable qu’un tel monde de microbes puisse prendre naissance en dehors de toute combinaison azotée. 216 M. W. BEIJERINCK. 7. Courte diagnose du genre Azotobacter (Parachromatitm) et des espèces qui en sont déjà connues. Il n’est pas inutile peut-être de donner, à propos de la planche qui accompagne ce travail, un court aperçu des caractères les plus impor- tants des bactéries oligonitrophiles dont 1l vient d’être question. Azotobacter (ou Parachromatium). Grosses bactéries, se présentant à l’état jeune comme de grands diplocoques ou de courts bâtonnets de 4 à 6 ou moins encore, parfois beaucoup plus grands, à contenu hyalin présen- tant souvent une vacuole, et munis d’une paroi mucilagineuse d’épais- seur très variable. Etats jeunes plus ou moins mobiles par suite de cils courts, isolés et polaires ou groupés en faisceaux polaires au nombre de 4 à 10, presque aussi longs que les bactéries elles-mêmes. Spores absentes. Organismes oligomitrophiles, e. à d. se développant dans des solutions nutritives à source de carbone appropriée, mais très pauvre en combinaisons azotées, assimilant en symbiose avec certains autres microbes l’azote atmosphérique et par là capables de concourir. Sur ces propriétés peut être basée une méthode d’accumulation et de culture pure. Les cultures pures croissent sur les terrains nourriciers les plus divers, de préférence sur ceux pauvres en azote. Optimum de tempéra- ture pour la croissance non loin de 28° C. On en connaït Jusqu'ici les deux espèces suivantes: 1) À. chroococcum. Donne naissance à des membranes superficielles dans les accumulations sur de l’eau de conduite à ? % de mannite et 0,02 % de A°77 POS, infectée par du terreau. Quelques individus seu- lement des cultures jeunes se meuvent sous l’action d’un seul cil polaire; la plupart sont immobiles. Les individus des membranes jeunes corres- pondent au diagnostic du genre; les vieilles sont constituées de micro- coques de grosseur très variable, restant réunis en paquets comme des sarcines et garnis d’une paroi mucilagineuse. Ces états âgés sont souvent bruns ou noirs. Cette espèce peut oxyder de nombreux composés du carbone en formant de l’anhydride carbonique et de l’eau; elle est mi- croaérophile. À côté de la forme principale j'ai rencontré deux variétés dans le terreau et dans l’eau de canal. 2) À. agilis. Très répandu dans l’eau du canal à Delft. S’obtient en cultures accumulatoires ou pures, d’une manière analogue à celle Archives Néerlandaises, Sér. II, T. VIII. M. W. Beijerinck, Bactéries oligonitrophile{ see PS VAE A", (a SE DE ST. LRO! Nitie ÿ Rod ENT SE NN AR ts C3 ; =" er TL ge Fe : F 1149 Fig. 1—4 Parachromatium (Azotobacter) chroococcum. Fig. d—6 P. agilis. BA l'A sf Phot. A. van Delden. Impression au crayon de J. B. Obernetter, Munich. 7 th £ (lil SUR DES MICROBES OLIGONITROPHILES. L 217 décrite pour l'espèce précédente. Très mobile par des faisceaux de cils polaires. Belles et grosses bactéries, très transparentes, rappelant des monadines; parfois avec paroi, protoplasma, noyau, granules et vacuoles nettement visibles. Croît sur les terrains les plus divers, de préférence sur de Peau à l'acar pur avec 2% de glucose et 0,02 de X2ÆP Of, Peut engendrer une substance colorante, verte en présence de sels d’aci- des organiques, rouge en présence de sucre, qui se diffuse dans le ter- rain de culture. Ne liquéfie pas la gélatine. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Les cinq premières photographies ont été faites d’après nature, la sixième d’après une préparation colorée par M. ZETTNow. Fig. 1. Azotobacter chroococcum. Culture jeune, âgée de 24 heures, sur de l’eau à 0,02°% de phosphate de potassium, 2% d'agar et 2°/ de glucose. Quelques individus seulement sont mobiles. Grossissement 1000. Fig. 2. Azotobacter chroococcum. Culture un peu plus âgée, sur H°0O — phos- phate — mannite — agar, avec une bactérie acétifiante afin de faire voir les épaisses parois de mucus, dans lesquelles les bactéries du vinaigre ne peuvent pas pénétrer. Crrossissement 500. Fig. 3. Azotobacter chroococcum. Etat sarcinoïde brun foncé, sur H°0O — phosphate — mannite — agar. Les paquets de sarcines sont trop épais pour pouvoir être photographiés dans un même plan. Grossissement 1000. Fig. 4. Azotobacter chroococcum. Etats d’involution sur H°O — phosphate — glucose — agar, pris au bord d'une vieille colonie libre. Gouttelettes de graisse surtout visibles dans les petites cellules. Grossissement 800. Fig. 5. Azotobacter agilis. Culture sur H°O — phosphate — glucose — agar, âgée de deux jours. Dans le protoplasme on reconnaît le noyau aïnsi que les vacuoles et les granules; dans quelques cellules en voie de segmentation on reconnaît le fuseau nucléaire. Grossissement 1000. Fig. 6. Azotobacter agilis. Coloration des cils; photographie d'après une préparation de M. Zerrnow, à Berlin. Cils groupés pour la plupart en fais- ceaux polaires. Grossissement 1000. RÉPONSE A QUELQUES OBJECTIONS CONTRE L’APPLICATION DE LA DISPERSION ANOMALE A L'EXPLICATION DE LA CHROMOSPHÈRE PAR W. H. JULIUS. On n’a fait jusqu'ici que peu d’objections contre la théorie dans laquelle les phénomenes multicolores, observés en dehors du disque solaire et dans les taches, sont considérés comme provenant d’une dis- persion anomale de la lumière ,,blanche” émise par ie noyau solaire \). Cela provient peut être de ce que personne jusqu'ici n'a encore rencon- tré les difficultés contre lesquelles son application, comme celle de toute théorie, se butera nécessairement un Jour. À ma connaissance MM. J. Wrzsine, J. Fényr S. J. et À. SCHMIDT sont les seuls qui aient émis des doutes, mais ces doutes me semblent toutefois devoir disparaître par une application conséquente de la théorie. En principe, les objections faites par M. Wirsin@ ?) sont les suivantes: 1. Il nest pas parvenu à démontrer une notable dispersion anomale À pour les vapeurs de calcium et d'hydrogène, bien que dans le spectre de la chromosphère les raies de ces gaz et de l’hélium soient beaucoup plus intenses que celle du sodium. 2. Il est vrai que la nouveile théorie donne une explication aisée des déplacements et des déformations des lignes spectrales, que l’on observe DCS Archives AO) EME MOUIEMENSS et MIOU?? *) J. WicsixG, Ueber die Bedeutung der anomalen Dispersion des Lichtes für die Theorie der Sonnenchromosphäre und der Protuberanzen, Astr. Nachr., n°. 9499, T. 156. RÉPONSE A QUELQUES OBJECTIONS, ETC. 219 dans le spectre des protubérances, sans qu’il soit nécessaire de recourir au principe de Doppcer et conclure ainsi à l’existence de vitesses très considérables dans la direction du rayon visuel; cet avantage serait tou- tefois peu important, puisque l’observation directe de l’ascension des protubérances conduit à des vitesses du même ordre de grandeur que celles déduites des déplacements des raies spectrales. 3. Si la lumière chromosphérique était réellement de la lumière pho- tosphérique anomalement dispersée, on devrait, pour une disposition normale des masses gazeuses, c. à d. si la densité augmente avec la distance au centre, observer de notables déplacements unilatéraux des raies chromosphériques brillantes dans le voisinage immédiat du bord, tandis qu’on devrait strictement voir, à de plus grandes hauteurs, une fine raie double, dont le milieu ne serait pas sensiblement déplacé par rapport à la raie normale. Or, MM. Hace, Moucer et JeweLzz ont fait des déterminations très précises de la longueur d’onde de la raie double de l’hélium et de la raie Z,, aussi bien dans la chromosphère que dans le voisinage de taches, mais rls ont toujours constaté une concordance parfaite, alors que la théorie ferait prévoir de notables différences. Aussi M. WirsinG conclut-il de ses considérations qu'il n’y a aucune raison d'abandonner, en faveur de la nouvelle théorie, nos anciennes idées sur la nature de la chromosphère et des protubérances. Pour ce qui regarde la première de ces objections, 1l me semble que le résultat négatif des expériences de M. WirisiN& ne constitue pas une preuve contre ma théorie; on ne peut en effet pas admettre que les cir- constances expérimentales sont approximativement les mêmes que sur le soleil. Et inversement, même si l’on parvenait à démontrer, par des expériences de laboratoire, l'existence d’une dispersion anomale chez divers gaz, cela ne constituerait pour le même motif qu’un argument insuffisant en faveur de mon explication des phénomènes solaires. La nouvelle théorie doit trouver sa Justification surtout dans le fait que, mieux que les idées admises jusqu'ici, elle donne une explication logique de plusieurs phénomènes solaires. On ne peut la réfuter qu’en prouvant qu'un autre système d'explication est plus fructueux, ou bien qu’elle est en contradiction formelle avec des observations positives. La seconde objection est suffisamment réfutée par cette remarque, qu on peut considérer cette prétendue ascension” des protubérances 220 W. H. JULIUS. comme une illusion d'optique, sans qu’il soit pour cela nécessaire de faire des hypothèses accessoires et forcées. J’ai fait voir !), en effet, qu'en combinant les idées fondamentales de MM. A. Scamipr et R. Empex et les miennes, on déduit de l'hypothèse, d’après laquelle le soleil serait une masse gazeuse à laquelle on peut appliquer les lois de la dispersion, comme conséquence nécessaire une nouvelle idée sur la nature des protubérances. Ces dernières ne seraient que les parties visibles (par dispersion anomale) des tourbillons ou des ,,vagues écu- mantes” de la mer solaire gazeuse. S1 donc une protubérance paraît s'élever, cela veut dire que les brisants s’observent successivemeut en divers endroits. Les parties inférieures (les plus rapprochées du bord) redeviennent invisibles après la disparition des différences de densité | qui existent dans les tourbillons; les parties plus élevées, où le tour- billonnement commence en général plus tard, s'illuminent; ce n’est pas la même matière que l’on observe dans les phases successives d’une même protubérance, mais ce sont des portions gazeuses toujours nou- velles qui deviennent visibles par la dispersion anomale; 1l n’est donc pas question d’ascension avec des vitesses extraordimaires. J'arrive maintenant à la troisième objection, que je considère comme la plus sérieuse, parce qu'il y est question d’une contradiction di- recte entre les conséquences de la théorie et les données de l’obser- vation. À l'époque où M. WirsinG a écrit cette critique (juin 1901); la réfutation gisait déjà dans un coffre à Padang, mais sous forme de cryptogramme non encore déchuffré, car ce n’est qu’en août 1901 que, en examinant de plus près les spectrogrammes obtenus à Sumatra par M. le Prof. NyLaAND, au moyen de sa chambre à prisme, Jai pu con- stater que réellement les raies chromosphériques présentent toutes le caractère de fins doublets ?). Dans la littérature relative aux éclipses on trouve presque généralement que les raies chromosphériques sont décri- tes comme des objets peu nets, ce que l’on attribuait presque toujours à un défaut dans la mise au point. Il va de soi que l’on à toujours visé le milieu de ces objets, ce qui a fait trouver pour les longueurs d’onde des valeurs qui en moyenne concordaient fort bien avec les raies de Fraunhofer ou les raies d'émission correspondantes. D’après la théorie D'ICes Arcmves (Ce Lt m0 0 2) Ces Archives, (2), 7, 88, 1902. RÉPONSE A QUELQUES OBJECTIONS, ETC. 221 il faut qu’à certains endroits tantôt l’une, tantôt l’autre composante du doublet devienne prépondérante, de manière à produire les déplacements et déformations fréquemment observés dans les raies chromosphéri- ques; mais on ne doit pas du tout s'attendre à trouver un fort déplace- ment wrélatéral dans le voisinage du disque solaire, déplacement que M. WirzsiNG considère comme une conséquence nécessaire de ma théorie, en vertu de la stratification ,,normale” de la masse gazeuse. C’est ce que je ferai voir d'une manière plus détaillée, à propos des objections présentées par M. ScHmipr. | On voit ainsi qu'il n'y à pas ici de contradiction entre la théorie et les données fournies par l’observation. Dans son beau travail sur les protubérances ‘), M. Féxyr émet des doutes semblables à ceux mentionnés sous 1 et 2. À la page 114 il dit que ma tentative d'expliquer les déplacements des raies spectrales par la réfraction est digne d’être prise en considération, mais 1l lui semble sujet à caution que la dispersion anomale, que dans un laboratoire on constate d’une manière frappante chez les raies du sodium, puisse s’ob- server aussi pour les raies de l'hydrogène; et 1l doute que les circonstances dans lesquelles on observe ce phénomène dans un laboratoire existent également sur le soleil, au point de pouvoir fournir l'explication des déplacements des raies spectrales observés dans le spectre de la chro- mosphère. Je crois toutefois avoir tout autant de raison de demander si les cir- constances pour l'observation d’une dispersion anomale notable ne pourraient pas être beaucoup plus favorables sur le soleil que dans notre laboratoire. | Nos expériences n’ont pour l’astrophysique qu’une signification très limitée. En appliquant nos connaissances de physique à des problèmes d’astrophysique, nous ne pouvons faire qu'une généralisation dont l’exac- titude ne peut être mise à l'épreuve qu'au moyen d'observations sur les corps célestes eux-mêmes. À la page 115, M. Féxy: dit que l'explication des déplacements des raies par le principe de Dorprer ne saurait être abandonnée, puisque *) J. FéNyI S. J., Protuberanzen, beobachtet in den Jahren 1888, 1889 und 1890 am Haynald-Observatorium, Kalocsa 1902. 299 W. H. JULIUS. l'observation elle-même fournit la preuve qu'il doit exister des dépla- cements très considérables, produits par des mouvements dans le sens du rayon visuel. Cette assertion est certainement basée sur la rapidité de l'ascension des protubérances. Mais, encore une fois, d’après notre théorie cette ascension n’est qu'illusoire, de sorte que l’application du principe de Dorpzer reste limitée aux mouvements réels, beaucoup plus lents, des masses gazeuses. C’est M. À. Sonmipr ‘) qui à fait des remarques importantes, rela- tives à des conséquences plus intimes de notre théorie. L’ingénieux promoteur de l’idée que, dans les considérations sur la nature du soleil, on doit accorder une signification fondamentale à l’influence de la réfrac- tion, fait avec raison une distinction entre la réfraction commune, ordinaire (qui produit le bord solaire apparent dans la masse gazeuse ilhmitée, soumise à la gravitation), et les actions réfringentes fortuites et irrégulières des ,,Schlieren’”. I] croit que j'aurais mieux fait de cher- cher l'explication de la lumière chromosphérique, par dispersion ano- male, dans cette réfraction ordinaire que dans la réfraction accidentelle. Mais en essayant lui-même de déduire, de la dispersion anomale qui accompagne cette réfraction du premier ordre, les particularités de la lumière chromosphérique, il se heurte à des contradictions avec les phénomènes observés. Il en conclut qu’il ne revient à cette disper- sion anomale qu’une signification peu importante, et accorde la préfé- rence à sa propre théorie, d’après laquelle la lumière de la chromosphère et des protubérances doit être considérée comme la lumière émise par des couches gazeuses incandescentes superposées, et réfractée d’une ma- nière irrégulière (mais non sélective) ?). Il me semble maintenant que la différence dans notre manière de voir provient de ce que M. Scrmrpr considère les actions réfringentes ,,acci- dentelles” comme relativement faibles”, une opinion à laquelle je ne saurais me rallier. Admettons un moment que les gaz solaires soient uniquement soumis à l'attraction universelle des masses, et faisons abstraction de toute ") A. Scamiptr, Ueber die Doppellinien im Spectrum der Chromosphäre, Physik. Zeitschr., 3, 259—261, 1902. *) A. Sonmint, Erklärung der Sonnenprotuberanzen als Wirkungen der Refraktion in einer hochverdünnten Atmosphäre der Sonne, Sirius 23, 97—109. RÉPONSE A QUELQUES OBJECTIONS, ETC. 228 rotation, perte de chaleur ou autre cause pouvant produire des mou- vements internes; supposons d’ailleurs que Péquiibre soit établi. Dans ces conditions il ne reste que la courbure régulière des rayons; cette courbure est accompagnée d’une dispersion tant régulière qu’ano- male, de sorte qu'à proprement parler, comme M. Scamrpr le fait . remarquer, on devrait voir un disque solaire exactement circulaire avec un bord violet; en dehors de ce bord on ne pourrait voir, comme lumière anomalement dispersée, que des couleurs à très grand indice de réfraction, c. à d. que dans le spectre de cette lumière extérieure on ne verrait que les composantes du côté du rouge des doublets chromo- sphériques. Contrairement à cette conclusion, l’observation fait voir les deux composantes avec la même intensité moyenne. L'absence d’une bordure violette de la photosphère provient, d’après M. Scamipr, de ce que le pouvoir réfringent est déjà extraordinairement petit dans la région de la sphère critique, donc de la disparition de la dispersion normale. Or il me paraît fort possible que la dispersion ano- male ne soit pas non plus suffisamment forte pour se présenter nette- ment dans ces conditions — peut être que tôt ou tard on constatera cependant une certaine predominance des composantes du côté du rouge des doublets dans le spectre du ,, flash” ?). Mais tenons maintenant compte de la perte de chaleur et de la rota- tion du soleil. Il en résulte des courants; le long des surfaces de dis- continuité, suivant lesquelles viennent en contact des masses gazeuses animées de vitesses différentes, il se forme des vagues et plus tard des tourbillons (v. Hezmnorrz, Embex); les divers éléments qui constituent la masse sont continuellement mélangés. Dans ces conditions il n’est pas bien possible d'admettre l'existence locale de quantités isolées, plus ou moins grandes, d’un gaz déterminé. Les tourbillons donnent nais- 1) Il est à remarquer que, précisément au commencement ou à la fin d’une éclipse totale, la dernière ou la première trace d’un spectre continu s'étendent beaucoup plus loin dans l’ultraviolet qu'on ne l’observe dans le spectre solaire ordinaire, pour la même intensité lumineuse moyenne. (Voir à ce propos les remarques de M. EversnEeD dans les Memoirs of the Roy. Astron. Soc. Appen- dix II to Vol. LIV, p. 303). D'ailleurs ii arrive souvent que les fortes protubé- rances, à raies nombreuses, donnent dans l’ultraviolet un spectre continu (ibidem p. 389). Ici on constate certainement l'influence de la dispersion normale, mais les données actuelles ne permettent pas encore de décider avec certitude si l’on a affaire avec la réfraction ,ordinaire” ou avec la réfraction irrégulière”, 224 WAR UP LUS: sance à des différences de densité locales dans le mélange, ce qui réalise les conditions nécessaires pour l’existence d’une courbure extraordinaire des rayons et par conséquent d’une dispersion normale et anomale dans toutes les directions. [1 est évident qu’à chaque instant une petite partie seulement de la masse totale tourbillonne; dans la plus grande partie de la masse la densité augmente encore, lentement et régulièrement, vers l’intérieur du soleil, ainsi que l'exige la loi de la gravitation; aussi la formation du bord photosphérique, par la réfraction ordinaire, n'est-elle que fort peu troublée par les tourbillons. Par contre, 1l se peut que la variation de l'indice de réfraction % sur une certaine étendue s dans une du : région tourbillonnante, c. à d. le T° devienne considérablement plus ds 7) Q , grande que le Tr? suivant le rayon solaire, dans une masse ,,normale- dr ment stratifiée”. La courbure des rayons est dn ds d'logn ñ ASE 1 P x ne différant que fort peu de l’unité, on peut considérer cette courbure dn ds nantes du soleil, des valeurs qui dépassent de beaucoup celle de la cour- bure régulière des rayons, surtout pour les espèces de lumières anoma- comme proportionnelle à —; elle prend donc, dans les parties tourbillon- lement dispersées. Voilà pourquoi, contrairement à la manière de voir de M. Scamipr, je considère les actions réfringentes irrégulières comme relativement fortes, bien que l’intensité lumineuse de ce qui est visible en dehors du bord solaire soit faible par rapport à la lumière photosphérique, et cela pour deux raisons: d’abord parce qu’une partie seulement de la masse entière est entraînée dans le mouvement des tourbillons, en second lieu parce qu'il n'y a que quelques espèces de lumière du spectre continu qui subissent une forte déviation. Cette différence d'opinion n'empêche pourtant pas que la façon dont M. ScHumipr se représente la réfraction ordinaire et celle dont je me figure la réfraction extraordinaire se complètent mutuellement d’une manière très satisfaisante. C’est d’ailleurs le travail bien connu de RÉPONSE A QUELQUES OBJECTIONS , ETC. 225 M. Sonmipr, datant de 1891, qui a conduit à mes considérations sur le soleil. Il me semble donc que jusqu’à ce moment rien ne s'oppose à l’hypo- thèse qui attribue la lumière de la photosphère et des protubérances presque exclusivement à une dispersion anomale dans des tourbillons, et pour une petite partie seulement à une réfraction ordinaire. Dans le cas où la lumière que l’on observe en dehors du disque solaire proviendrait pour une notable partie d’une émission propre des gaz en cet endroit, cette lumière propre ne proviendrait pourtant pas spécialement des portions de la chromosphère qui semblent présenter des formes particulières (protubérances, etc.); en vertu du mélange par- fait des gaz cette radiation devrait être émise uniformément par toute la masse environnante, à peu près comme nous le constatons dans la repartition lumineuse des anneaux de la couronne, où il n’y a qu’une faible structure "). 1) L’anneau À — 3987 s’observe sur une de nos épreuves, obtenues au moyen de la chambre à prisme, nettement limité au bord intérieur, tandis que les raies chromosphériques voisines Æ et ÆK sont peu nettes et présentent une structure compliquée, le caractère principal étant la duplication. Il en résulte que la lumière de l’anneau coronal semble plus purement monochromatique que celle d’une raie chromosphérique, et doit probablement être considérée comme lumière d'émission (Preliminary Report of the Dutch Expedition to Karang Sago (Sumatra) for the Observation of the Total Solar Eclipse of May 1901, by W. H. Juuus, J. H. Wrcrerpixx ard A. À. Nyranp, Amsterdam, 1902.) SUR LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL QUI SE PRODUIT À LA SURFACE : DE SÉPARATION DE DEUX DISSOLVANTS NON-MISCIBLES, ENTRE LESQUELS SE PARTAGE UN MÊME ÉLECTROLYTE DISSOUS, PAR J. J. VAN LAAR. I. Déjà en 1892 M. Nzrwsr |) a fait voir quil doit se produire une différence de potentiel à la surface de séparation de deux liquides super- posés, tels que l’eau et le phénol, entre lesquels se partagent inégale- ment les molécules neutres et les ions d’un même électrolyte dissous. Il est vrai que l’expression qu'il donne pour la force électromotrice, il ne l’a déduite que dans le cas où l’une des deux phases est une solu- tion solide, mais on reconnaît aisément qu’elle s'applique également au cas qui nous occupe ?). Pour le moment la mesure directe de cette différence de potentiel offre encore de très grandes difficultés *). Mais, comme des expériences sur ce sujet, quoique dans une autre direction, ont été faites dans ces derniers temps, entre autres par M. Rresenrecp *), iln’est peut-être pas inutile de donner la théorie exacte de ce phénomène, telle que je l’ai écrite 11 y a plus d’un an pour un traité d’Electrochimie qui doit encore paraître. ) Zeitschr. f- physik. Chem, 9, M31141892; *) Voir aussi RiEsenrezD, Wied. Ann., (4), 8, 617, 1902. DIbidemdec: *) NeRNsT und RIesENFELD, 1. c., pp. 600—608; Rresenrezn, 609—615; 616—624; le même, Diss. Inauy., Güttingue 1901; Hitrorr, Wied. Ann., (4), 9, 248—245, 1902. / SUR LA DIFFERENCE. DE POTENTIEL, ETC. 2 &2 Er Considérons une solution de KCÏI dans les dissolvants À, et À, : A, A, | ke | LPTCN, | MANN CO El CI'K F | Quand 1il y a équilibre entre les particules #02-dissociées, électrique- ment neutres, de KCI dans les deux phases, 1l n’est pas nécessaire pour cela qu'il y ait équilibre entre les i04s dans Les deux dissolvants. L’éga- lisation des potentiels thermodynamiques pour des équivalents des par- ticules non dissociées dans les deux phases (équilibre de partage) nous donne en effet: Po CE (1) Mais les deux équilibres de dissociation donnent: 492 PCR mn re EF OM ror male se Poe (2) Il faut donc uniquement que re de Came ie Ar (3) et ce serait tout à fait par Lasard que nous aurions encore A Cm CC En général 4 y aura donc pas équilibre de partage entre les ions dans les deux dissolvants. Dans le deuxième dissolvant il y aura p. ex. relativement trop peu d'ions K et un excès d'ions CI. Et comme il tend à s'établir un état d'équilibre, 1l devra passer des ions K de A, dans À, où ils resteront dans la couche limite, tandis que les ions Cl correspondants, devenus libres, resteront dans la couche limite de A... (inversement des ions C1 passeront de À, dans AÀ,, et les ions K corres- pondants, libres, resteront dans À,. Tous deux s'ajoutent, dans la couche limite, aux ions de même nom dont 1l vient d’être question). 1] en résulte la formation d'un jewrllet électrique, et par conséquent une différence de potentiel. C’est cette différence de potentiel qui établit, entre les 1ons, l’équilibre qui n'existait pas encore. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE IT, TOME VIII. 15 ras] 2 OD J, J. MAN LAAR, Il est d’ailleurs aisé de donner de cette différence de potentiel une expression mathématique. Soient /”, le potentiel électrique de AÀ,, , celui de À, , de sorte que À = V,—V, est la chute de potentiel à la surface limite {dans le cas qui nous occupe À est donc positif); pour exprimer l'équilibre des ions K nous avons alors: F2 K, Dr de + Ade—=0, € comme on le reconnaît immédiatement en faisant virtuellement passer par la couche limite, de gauche à droite, une quantité d'ions K telle que la quantité d'électricité transportée soit égale à de. Comme les grandeurs se rapportent à des équivalents, et que ceux-ci ne corres- pondent pas à l'unité de quantité d'électricité, mais à une quantité e(—= 96530), nous voyons que nous devons encore diviser Kb, Par €. Pour l’équilibre des 1ons CI nous trouvons de la même manière: Fc oi a ——— — Ade = 0. € Ici le terme avec A est négatif parce que la charge négative entraîne le changement d'énergie électrique — A de. Ces deux relations nous donnent donc, après division par de: A aie ATEN — TU On, L € € On voit immédiatement que les deux équations en A ne sont pas contradictoires. [l en résulte notamment la relation De =—=R = fn 2 —/{? Da Gr CC qui conduit immédiatement à (3). Introduisant la relation: mu = uw + RTlogc, où e est la concentration des ions, nous pouvons encore écrire: 1! / / D 1] CK) a [ee —#y) + Rltog 2 | CK; JL / / ñ C An | (a, 4 a) + RTlog "ee | CC; \ . WA 4 A 1 AA 6 Q SUR LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL, ETC. 229 IT. Sauf dans la couche limite, où 1l y a un excès d'ions à charge positive ou négative, par suite de la formation du femllet, on a partout on à donc aussi EE ne “ke 2 °C Ge de sorte que nous trouvons, en additionnant les deux équations (5): l j , 5 À = >. | Ce CARE ci) — (tx) | ï (6) Il résulte immédiatement de cette dernière relation que, dans des solutions diluées, où les grandeurs w’ sont sensiblement indépendantes de la concentration, /a différence de potentiel À doit également étre indépendante de la concentration. Qu'on laisse donc se partager beaucoup où peu de KO! entre les deux dissolvants, on doit observer toujours à peu près /a #7€me différence de potentiel A. S1 l’on retranche l’une des équations (5) de l’autre, au lieu de les G.- c . K. Ci : additionner, en tenant compte de ce que —* = —*, on obtient: ce c K, CL, r] f] K, Î / / / / } ART log er 6 (ue CITE 162 CI ) == (ge rame ) ; ( C 2 4 1 2 1 K, = 27 Posant maintenant te Ro KE | / / fJ1 77 us (a) ka a, = RTlog K,, | où À, et À,, sont des grandeurs qui dépendent de la nature des deux dissolvants (pour des solutions difuées elles ne sont que fonctions de la température) — ce sont ce qu on appelle les coefficients de partage des ions positifs et négatifs — les équations (6) et (7) se transforment en HOT K il 2: \ = De log he (6a) et Er (7a) 230 JD OVANLAAR. L'équation à laquelle M. Nerxsr est arrivé d’une autre manière est identique avec notre équation (5). (Dans celle de M. Nerxsr #—W,—#,, de sorte-que notre A— Æ). Si l’on remplace notamment w’,. —#",. K> K CI ') 7: / L6 re 7 ] Ai LU re par ÀTlog K,, a 4 ca, Pal RT log K,,, (5) se transforme en | RP NERO UR Fc D LCR ET D Æ 2 À = : log K }. ni - De, + K Cl, et telle est l'expression de M. Nernsr. Ainsi que nous venons déjà de le faire remarquer, les grandeurs À et Æ,, ne sont autre chose que les coefficients de partage des ions positifs et négatifs. En effet, pour les ions positifs on aurait p. ex. dans l’état d'équilibre de partage: ou bien GP JR das L = d’où il suit que "= X,. De même pour les ions négatifs. ch ke La relation suivante, donnée par M. Nerxsr !), C 72 Pa SL AD a 7 Ex X Ka— C X Ego 2 où K,,, est le coefficient de partage des molécules KCI neutres, et C; et C, sont les constantes de dissociation dans les deux phases, résulte immédiatement de la signification thermodynamique de ces quantités. Car si l’on écrit cette relation sous la forme: RT [og K,. + log Key] = RT'[log C,— log C, E log KKee et que l’on tient compte de («) et des relations fil 27 FES 4 ER / "J] TRS RT 09 Ka 4 Ka, 4 Ka» RTlg QG = ANT = 2. 7 Re,” dt MC 1 CS A 7 en Re elle passe immédiatement dans l'identité / / / A / W // Cat K) + ( CLONE ci) = (& HG ONE ee cu) HA —(yu' Dane —p} ) | (u’ Lis 7 ) * HO TSANEES ORANGE UE CUS *) Zeitschr. f. physik. Chem., 8, 138, 1891. SUR LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL, ETC. 231 Il faut toutefois accorder la préférence, non à la formule (5), mais à la formule (6), ou (64) que nous en avons déduite, parce que dans ces dernières nous avons éliminé les concentrations des 1ons et que nous n°y 2 A rencontrons plus que les coefficients de partage > et A. IIL. Si l’électrolyte dissous s’est maintenant partagé de telle façon que la concentration totale dans 4, est c, et dans 4, est c,, nous avons donc: Ce Ci; C; : C HT où il est possible de déterminer les grandeurs c, et c«, par l’analyse chimique, et les grandeurs z, et æ, par des déterminations de conduc- tibilité électrique. Dès qu’il sera possible de déterminer expérimentale- ment À, il y aura moyen de tirer de l’équation (6a) la valeur de K cl Le e Ne | —, et de (7a) le produit À, X Æ,,,; nous serons ainsi en état d’éva- Ke ER K > luer séparément les valeurs des grandeurs À, et À, donc aussi de ; CENT, , / . RE : / PC A MSC an Ge Il résulte encore de (64) que A est positif (comme nous l'avons sup- posé dans la figure) lorsque Aa Ky- Ce n’est que dans le cas tout à fait particulier où l’on aurait À, —X, que A serait nul. On voit donc qu’ez général, quand un électrolyte se partage entre deux dissolvants non-miscibles, 1l doit se produire une diffé- rence de potentiel. Cette différence de potentiel est donnée par (64). [Il résulte de l’équation (7a) que, pour des solutions diluées, le rap- port des concentrations des o%s dans les deux dissolvants doit être à peu près indépendant des concentrations totales. Cette équation peut d’ailleurs être déduite immédiatement de (3). En effet, cette équation, qui est une conséquence de (1) et (2), c. à d. de l’équilibre de partage et des deux équilibres de dissociation, on peut l'écrire: CE C r JL CT CPU mbale RL] Up |, ke (C la et ceci se transforme immédiatement en (7a), parce que De) DTANTAINED AAIRe Ga c log np 0 2 log = — tn (CE sh Ce, CC ll Des équations (64) et (74) on peut encore tirer une conclusion importante. Comme les grandeurs A, et Æ,, pour des solutions #exdues sont spécifiques, 1l faut donc qu'en faisant usage d’autres sels, mais des mêmes dissolvants 4, et 4,, nous retrouvions sensiblement /es mémes valeurs. Pour NaCÏ nous aurons p. ex.: 9 C di Na, 7 7 Re cn. d'où il doit être possible de déduire les deux grandeurs Æ,,, et À, par la détermination expérimentale de A’, e,, , %CNar Ï fat sexe que la valeur de Æ,, déduite des solutions de KCI de À, et À, soit à peu près 2dentique avec celle déduite de solutions de NaCI dans les mêmes dissolvants. Par suite de l’indépendance de X, et À, de la concentration, les grandeurs À devront avoir, dans les Ro diluées, un caractère additif presque parfait. C'est ainsi que l’on devra trouver, pour les mêmes dissolvants 4, et 4, : A A Em —_— KCI NaCl À Ko, À Ya NO.' De même pour d’autres combinaisons. Il est aisé d'étendre ces considérations au cas d'électrolytes 0#- binaires, comme CaCl, , ZnCL, etc. Dans les différentes équations inter- 2 27, 07) 2 viendront encore les valences des ions, puisqu’alors la relation fonda- mentale (4) prend la forme plus générale : RUE — — 1e RE e VE VE IV. La question de savoir jusqu'à quel point et de quelle manière la valeur de A, donnée dans (6) et (6a), dépend encore de la concen- tration des ions, ne peut être résolue qu'en faisant usage d’une équation d'état pour calculer les valeurs de 72 etc. Si l’on admet que l’équation SUR LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL, ETC. 239 de van per Waars s'applique aussi à des phases liquides, on obtient p. ex. pour l'espèce de molécules #,: WA F0 7J1 bn = bn D (log 1) — RU og 1) + es) L'Ghe] + Î 2. RTE 0, n (a ay 2% po +... )+RT loge. 1 NI x, est ici le nombre des molécules du dissolvant. Pour Ÿ et & nous posons: DNA UNS le a hd Vaio + Lhheje +. Calculons maintenant la valeur de / / / / Ba ka) Cr Ex) ou, ce qui revient au même, de (eye, —& œ) à (eg — L'on). S1 nous indiquons par l'indice 1 le dissolvant, par 2 le sel (ec, non dissocié et par 3 et 4 les deux ions, nous obtenons pour y l'expression — (4, NE AC CNT A(C) HART ZA: / [ x Re A CE (43)0)] + 2 : | me (Us ba) — 5; (ai — is) + + Ho (39 — die) À a (ass — dis) + 2 (ass — ax]. Si lon songe que 7, — %, et que a,, — 4,, le dernier terme se sim- plifie comme suit: 2 ta Fu _ A (Gt) ne Ho Can 2) .n WE (ass a, On trouve pour w',—4",, une expression analogue, où les grandeurs 2 A1 $ k, et #, (les capacités calorifiques des mêmes ions, sous volume infini- ment grand), (&)o> (&o> (3)o> (A1)o (ES constantes d'énergie et d’en- * tropie de ces ions) seront les mêmes. Les grandeurs 4,,, 43», @zs Et d5y n'auront pas non plus changé, de sorte que nous RÉRoNE écrire, pour la valeur de la différence (’ —È ) mn ) : I 234 J.J. VAN LAAR. SUR LA DIFFÉRENCE DE POTENTIEL, ETC. D 72 mn (Gsy— nr) Ha du) pe 1(@ 31 4 41 RAT] SG -0) EU -0) | 2 | ( a )+ V—-b V'— V / DD ha + (dy da) DEN ( (a33— CE" = Les grandeurs qui se rapportent au deuxième disant ont été affectées d’accents. Nous pouvons faire encore un pas de plus, et admettre comme pre- mière approximation : / / D, = 0,, Da —d;, dr — Us Posant en outre: Tr / V V À D 0, en 0, 10 0) ie CPCteE IL Do —® 2 day dir A — e Len ; ; & Ÿ v OT | (Q Q (1— x) c 0 Comme d’ailleurs l'équilibre de partage exige que — Cie.) nous voyons que À prend la forme: A = Ay +A(I —x)c ou encore, en vertu de l’équilibre de dissociation exprimé par (ze) (1x) c — Cte., cette autre: AA rc). C'est surtout la valeur de A, qui déterminera si À est positif ou négatif. Si A est positif. On voit en même temps que A—A, augmente ou dimi- nue avec le carré de æ&e, c. à d. que pour des électrolytes fortement dissociés, où æ est voisin de 1, cette différence doit être sensiblement proportionnelle à 6°. OME VIIL BL, ô © Fig. 2. (1611). Ô © Fig. 4. (1613). = # % ARCH. NÉERL. SÉRIE Il. TOME VIII. PP LEA A, o ë O (o] Fig. 1. (1609—10). Fig. 2, (1611): ô û © (©) Fig. 3. (1612). Fig. 4. (1618). dE D RL + D. J. KorreweG, Sur les points de plissement et les plis correspondants dans voisinage des bords de lu surface m de van DER Waars. CÔTÉ DES GRANDS VOLUMES. Température un peu plus élevée que la température critique de la composante principale. Archives Néerlandaises , Sér. 2, T VUE CÔTÉ DES GRANDS VOLUMES. Température un peu plus basse que là température critique de la composante principale. ; } Les figures se rapportent au dia- gramme ?, æ. K est le point critique dé la compo- sante principale. : à P le point de plissement. R le point de contact critique. KP donne la direction de la ligne des. points de plissement. La ligne connodale est tracée en trait plein. | La Spinodale est pointillée, = SUR LES POINTS DE PLISSEMENT ET LES PLIS CORRESPONDANTS DANS LE VOISINAGE DES BORDS DE LA SURFACE Ÿ DE VAN DER WAALS PAR D. J. KORTEWEG. PREMIÈRE PARTIE. — PARTIE DESCRIPTIVE. 1. Tout comme dans ma ,, T’Aéorie générale des plis” *) je désire com- mencer ce travail par un aperçu succinct des résultats obtenus. Considérons la surface 4 de van ner Waazs: ?) = = MRTIog(o—ba) © + MRT{œloga + (1—a) tog(1—x)}, (1) \ ou dx = & (1%) + 2 a,x (1—x) + a 2° — — a +2(,a— a)xr+(a ta, —2,a,)x?, (2) De = bn (a) + RD (la) + a = =h+(b ba tte —2)e. () 2) Ces Archives, (1), 24, 295—368, 1891: La théorie générale des plis et la surface d de van DER WaaLs dans le cas de symétrie. Voir pp. 320—368. *) Nous choisissons ici l'équation de la surface d sous la forme que M. vax DER Waars lui a donnée au commencement, c. à d. sans les corrections empi- riques reconnues nécessaires pour améliorer l'accord avec les données expérimen- tales. C’est ainsi que ax p.ex. est considéré comme indépendant de la température, . et tous les résultats et toutes les formules communiqués dans ce travail reposent sur cette supposition. [l n'aurait pas été difficile de tenir compte de ces correc- tions, comme l'ont fait MM. Verscaarrezr et KEzsom dans des travaux que je citerai tantôt, aux dépens toutefois de la netteté des résultats, raison pour laquelle j'ai cru mieux faire en les laissant de côté, du moins pour le moment. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. 16 236 D. j. KORTEWEG. On sait que ce n’est que dans Le cas où la température 7 correspond à la température critique 7 de la substance principale qu'il y a un point de plissement sur le bord += 0, et qu’il y en a toujours un dans cette circonstance. Ce point de phissement coïncide avec le point criti- que de la substance principale, pour lequel v = 3 b,; ce point nous le représenterons toujours par À, et le point de plissement par ?. Quand la température change, le point de plissement et le pli corres- pondant peuvent se conduire en général de deux façons tout à fait dif- férentes. Il se peut notamment ow bien, comme on le voit dans les quatre premiers cas de la figure 1 de la planche, où sont repré- sentées des projections (v, x) du bord de la surface d, que par é/éva- tion de température le point de plissement quitte le bord en dedans, c. à d. sur la surface même, pour disparaître de la surface par abasse- ment de température, ow bien, comme l’indiquent les quatre derniers cas de la même figure, que ce point vienne sur la surface par abaisse- ment, pour la quitter par éévation de température. À ces deux manières de se comporter du point de plissement corres- pondent évidemment deux allures différentes des courbes connodales et spinodales. Ces deux courbes coupent en effet toujours le bord de la surface à des températures plus basses que 7}, la connodale aux points de contact de la tangente double à la courbe qui constitue le bord x — 0, la spinodale aux deux points d’inflexion de cette même courbe; elles se détachent au contraire complètement du bord quand la tem- pérature s'élève au-dessus de la température critique de la substance principale. En vertu de cette propriété, on voit que dans les quatre premiers cas de la fig. 1 elles doivent tourner leur convexité vers le bord + = 0, et leur conca- vité dans les autres cas; c’est ce qui a été représenté sur la fig. 1, où les courbes connodales sont tracées en trait plein, les spinodales en pointillé. Par abaissement de température on obtient donc toujours, dans les quatre premiers cas, une figure comme la fig. & Hig. a. ci-contre le représente schématiquement. Dans les quatre derniers cas, au contraire, une élévation de température fait que les courbes connodale et spimodale, ainsi que le point de plissement même, disparaissent simul- tanément de la surface. Outre sur cette différence dans l’allure des courbes spinodales et con- nodales, il me paraït utile de fixer l’attention sur deux autres circonstances SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ELC. 237 encore. D'abord sur la direction de la tangente au point de plissement; cette tangente, prolongée du côté des grands volumes, peut être inclinée vers l'extérieur de la surface, comme dans les cas 1, 2, 5 et 6 de la fig. 1, ou bien, comme dans les quatre autres cas, vers l'extérieur. C’est de cette circonstance que dépend le genre de condensation rétrograde 1). Je désire eusuite poser la question de savoir si le point de plissement, en s’'avançant sur la surface d, soit par élévation, soit par abaissement de température, se déplace du côté des grands volumes, comme dans les cas L, 3, 5 et 7, ou bien vers les petits volumes, comme dans les autres cas; à quel propos nous remarquons encore que dans la fig. 1 de la planche la droite XP peut être considérée partout comme une petite corde de la courbe des points de plissement dans le dia- oramme ®, +, et donne donc la direction initiale de cette courbe, telle qu'elle part du pomt À. Les trois différentes alternatives, que nous venons de distinguer ainsi, conduisent aux huit cas représentés fig. 1, et nous pouvons nous deman- der dans quelles circonstances ces huit cas se présentent, pour une substance donnée à laquelle on ajoute une autre substance; dans l’hy- pothèse évidemment que les conditions, moyennant lesquelles la déduc- tion de l'équation (1) de van per Waars est exacte, sont remplies à un degré d’approximation suffisant. 2. La réponse à cette question est contenue dans la représentation graphique de la fig. 2. Il se trouve notamment que ces divers cas sont 3 a. b À déterminés par les valeurs des grandeurs — — x et A — y, Qui ont a 1 1 rempli déjà un rôle important dans ma ,, TAéorie générale des plis”. Pour mieux illustrer mes résultats, j'ai donc porté les valeurs de x et y sur deux axes dans la fig. 2 de la planche, et j'ai distingué par des chiffres et des couleurs différentes les divers champs où sont situés les points, dont les valeurs de x et > conduisent à chacun de ces cas. C’est ainsi p. ex. que le champ blanc 1 donne tous les systèmes de valeurs de x et > pour lesquels le point de plissement s’avance sur la surface D par élévation de température, se déplace, à partir de Æ, du 1\ À propos de ces deux sortes de condensation rétrograde, voir p. ex. l’ar- ticle de M. van ner Waazs: ,Statique des fluides (Mélanges)” dans le Tome I des ,Rapports présentés au Congrès international de Physique, réuni à Paris en 1900”, pp. 606—609. no 238 D. J. KORTEWEG. côté des grands volumes, et se trouve situé sur la ligne connodale de telle façon, savoir à droite et au-dessus du point de contact critique À (où la tangente à la courbe connodale est parallèle au bord x = 0), : pou = NE qu'on en peut déduire de la manière connue que la condensation rétro- / 1 SN \ \ S grade éventuelle sera de deuxième espèce (c. à d. avec formation pas- sagère de vapeur) et que cette phase vapeur, passagèrement formée, contiendra une plus grande proportion de la composante additionnelle que la phase rémanente, plus dense. De même le champ bleu 5 donne les valeurs de x et > pour lesquelles le point de plissement s’avance sur la surface d par abaissement de tem- pérature, en se déplaçant du côté des grands volumes; la condensation rétrograde est de première espèce et la phase passagère, plus dense, contient moins de substance additionnelle que la phase rémanente. 3. En considérant cette représentation graphique, on observe immé- diatement qu’un des huit champs, dont on pouvait attendre a priori l'existence, le champ 8, fait défaut. Il en résulterait que pour des sub- stances normales la combinaison d’une condensation rétrograde de deuxième espèce et d’un point de plissement qui s’avance sur la surface par abaissement de température, pour se déplacer du côté des petits volumes, ne peut pas se présenter. Tous les autres champs sont au contraire représentés sur la figure. 4. Remarquons le point x = 1, y — 1 où ne se rencontrent pas moins de six champs. Ce point, en effet, représente un cas tout particu- lier, notamment celui où les molécules de la substance additionnelle se comportent, vis à vis de celles de la substance principale, tout à fait comme si elles étaient identiques avec elles, tant au point de vue du volume qu’au point de vue de l'attraction. Si l’on avait en outre a, — a, et b, —Ÿ,, ce qui n’en est évidemment pas une conséquence nécessaire, on reconnaît aisément que, par abais- sement de la température au-dessus de la température critique, le pli s’étendrait spontanément sur toute la largeur de la surface 4. Il est vrai que tout écart des égalités 4, — a, et b, — b, doit em- pêcher une telle éventualité, mais il est évident que dans ces conditions la manière dont se comportent le point de plissement et le pli corres- pondant dépend des valeurs de 4, et /,, c’est à dire que nous ne pouvons plus nous contenter de la première approximation, qui est déterminée SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 239 par les valeurs de x et > et qui suffit dans tous les autres cas pour déterminer le pont de plissement et le ph dans le voisinage du bord. D'ailleurs, déjà pour des systèmes de valeurs de x et > voisins dex = 1 et > — 1, plus que pour tout autre système, nos considérations seront limitées au voisinage immédiat du point Æ et de la température critique 7% de la substance principale, l'influence des grandeurs 4, et b,, de la première surtout, se faisant très fortement sentir aussitôt que l’on s’en écarte. 5. Avant de passer à l'examen des lignes limites entre les divers champs, je veux encore faire remarquer que nous ne pouvons pas attri- buer la même importance à toutes les parties de la représentation gra- phique. C’est ainsi que tout ce qui est situé à gauche de l’axe > se rapporte à des valeurs négatives de ,a,, c. à d. au cas où les molécules de la substance principale et de la substance additionnelle se repous- sent, un cas qui probablement ne se présentera jamais. De même nous ne pouvons attribuer qu’une signification mathéma- tique aux cas où > est négatif, donc aussi ,4,, ce qui correspond aux points inférieurs à l’axe x. Si la relation ,4, — : (2, + b,) s'apphquait D 2 même à des valeurs fort inégales de 4, et 4,, > devrait toujours rester supérieur à /}, et la portion située au-dessous de y — !} perdrait sa signification physique. 6. S1 nous considérons maintenant les lignes limites entre les divers champs, nous rencontrons d’abord la /xile parabolique qui sépare les champs contenant du bleu (bleu, vert, violet) des autres. Elle touche l’axe y au point x — 0, y — ‘,. Son équation est: Ryrn3xt 1} —8(y—x) = 0, ou bien, si nous transportons l’origine au point > = 1, x — 1 et que nous introduisons les nouvelles coordonnées x = x — 1,3 —>7— 1, une transformation qui servira également à simplifier les autres lignes limites, | Gr} 8 (x) = 0. (H) Partout à l’intérieur de cette parabole, c. à d. dans les champs 5, 6 CAMNONe A: 240 D. J. KORTEWEG. Chen mn 0 EC et à l’extérieur, c. à d. dans les champs 1, 2, 3 et 4, CN) 0 C’est donc de la situation à l’intérieur ou à l'extérieur de cette para- bole qu’il dépendra si le point de plissement s’avance sur la surface correspondante par abaissement où par élévation de température, et si les lignes connodale et spinodale tournent leur concavité ou leur con- vexité vers le bord. Pour des points situés swr la limite parabolique, le point de plisse- ment À, qui apparaît à la température critique de la sub- stance principale, doit être considéré à ce moment comme un point de plissement double, homogène. La projection sur le plan vw, + est alors conforme à la fig. à ci-contre. Le passage du cas général à ce cas particulier est illustré par la fig. « ci-jointe, représentant la même projection pour une température un peu inférieure à celle de la température critique de la substance principale, et dans le cas où les valeurs de x et > indiquent un point situé dans le champ Fig. b. vert 6, dans le voisinage du champ jaune 2. Tout près du point de plissement P il s’en trouve alors un second 2”, qui se confond bientôt avec P par un abaissement plus avancé de la température. À mesure que le point indicateur situé dans le K champ vert se rapproche davantage du champ jaune, la fusion des deux points de plissement s’opère à une température de plus en plus rappro- chée de la température critique de la substance principale, et en un point de plus en plus rap- proché de Æ. Sur la imite même, la fusion s'opère précisément au point À. Au-delà de la limite, c. à d. dans le champ jaune, le pli correspondant à P n’existe plus et le point ?” prend le rôle du point P. 1. Dans la représentation graphique on trouve comme deuxième ligne limite la droite DO = D 0e (5) SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 24] Elle sépare les champs 3, 4 et 7 contenant du rouge, où 27 —34"<0 et où la tangente au point de plissement, prolongée dans la direction des grands volumes, s'incline vers le bord, de ceux où cette inclinaison a lieu vers l’intérieur de la surface 4. Nous avons déjà dit que de cette inclinaison dépend le genre de con- densation rétrograde. Pas exclusivement toutefois. C’est ainsi que dans les quatre premiers cas de la fig. 1 la conséquence d’une même imcli- naison est tout à fait le contraire de ce qui a lieu pour les quatre der- mers; de là que à cet effet la ligne parabolique forme aussi une limite. Il s'ensuit que l’on observe une condensation rétrograde de première espèce (c. à d. avec formation temporaire de la phase la plus dense) dans les champs 3, 4, 5 et 6; dans les deux premiers cas toutefois la teneur en substance additionnelle est la plus forte dans la phase tempo- rarement existante, tandis que c’est le contraire dans les deux autres; et l’on observe une condensation rétrograde de seconde espèce dans les champs 1 et 2 (avec la plus forte teneur dans la phase temporaire, la moins dense) et 7 (avec une teneur plus faible dans cette même phase). 8. La troisième courbe limite est une cubique dont l’équation est: (257 NC CRE A ON (6) Elle se compose de deux branches, présentant d’un côté l’asymptote commune 2 — 3x —9Q — (7) et se prolongeant de l’autre côté paraboliquement vers l'infini. La branche de droite, qui rappelle plus où moins une parabole, (x —= |, = 1) Entre les deux branches, donc dans les champs 2, 4 et 6, on a: C7 m0 0) 27 5%) ENG C0) dans tous les autres champs cette expression est => 0. Dans le premier cas la tangente AP à la ligne de plissement, dans le diagramme (v, x), se dirige vers les petits volumes, dans le deuxième vers les grands volumes. _ Si l’on se demande toutefois si, p. ex. par abaissement de tempéra- ture, le point de plissement se déplace du côté des grands ou des petits volumes, on retrouve encore une fois la limite parabolique. 249 D. J. KORTEWEG. On trouve alors que le point de plissement se déplace du côté des grands volumes par abaissement de températu: : dans Les champs 2, 4, 5 et 7, et par élévation de température dans les autres champs. 9. Voici finalement un tableau où sont indiqués les caractères des divers champs: Champ 1 (27 -38x)-8(7 -x)>0; 27 -8x >0;(2y -8x ) -4(4y -3x (27-38) +167 >0 2 n Zi 5 ÆÙ0 n <0 3 n 0 5, «0 n 0 4 » =: » 05 1 <0 D 99 T0: 9 >} n 0 6 - US y > - 0) l ” 0 9 << n = Où : À a —& : b,—b Re =) = 22 (8) dj b, Il me semble inutile de former également un tableau des propriétés physiques des divers champs, puisque l’on peut déduire immédiatement ces propriétés des dessins de la fig. 1 de la planche. 10. Il n'est pas sans importance peut-être d’examiner comment varie la largeur des champs 2, 6, 5, 7 et 3 à mesure que l’on consi- \ : ; / O2 dère des valeurs plus grandes de >’. On trouve aisément que le champ bleu 5, mesuré suivant une direction parallèle à l'axe x, a une largeur 9 . e Da . . . e limite égale à 3 tandis que tous les autres champs croissent indéfini- ment en largeur. Cette croissance est proportionnelle à V/+ et telle que les champs jaune et rouge fimssent par avoir la même largeur; 1l en est de même des champs vert et violet, et la largeur des deux premiers finit par être à la largeur des deux derniers dans le rapport 0,732. .:1. Si en outre on tient compte du champ blanc (mesuré p. ex. à partir de l’axe y), sa largeur est proportionnelle à +’, en première approxima- tion, de sorte qu'elle finit par l’emporter sur celle de tous les autres, le champ orangé excepté, dont la largeur est toujours infiniment grande. Les rapports limites (> = o)peuvent donc être représentés comme suit: SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 243 blanc jaune vert bleu violet rouge orangé 0,782 1 OMR ON TS | Moon (9) On remarquera que si y reste constant, tandis que x augmente, on aboutit toujours au champ orangé; au contraire, si x reste constant et que y augmente continuellement, on finit par arriver dans le champ blanc. En d’autres termes, une forte attraction des molécules de la substance additionnelle par celles de la substance principale finit par être favorable aux conditions du cas 4, et un grand volume des molé- cules de la substance additionnelle est favorable à celles du cas I. 11. Nous finirons cette partie descriptive par l’énoncé de quelques formules, obtenues dans le cours de notre étude et dont la déduction sera donnée dans la seconde partie de ce travail. Nous ne les considérons pas comme nouvelles, puisqu'au fond elles doivent être identiques avec celles, trouvées par MM. Kzssom ‘) et VerscHarreLr ?), si l’on y introduit les hypothèses simplificatives sur lesquelles repose léquation de la surface 4, dont nous faisons usage. La facon dont elles sont déduites, notamment par la méthode de développement systématique en séries, ne diffère pas non plus considérablement de celle à laquelle M. VERSCITAFFELT à eu recours. Dans ces formules nous avons restreint autant que possible le nombre des notations. Ce sont toutes des formules d’approximation qui s’appli- quent au voisinage du point À et de la température critique 7’, de la substance principale. ) W.H. Keesos. Contributions to the knowledge of van DER WaaLs’s Ÿ-sur- face. V. The dependence of the plaitpoint constants on the composition in binary mixtures with small proportions of one of the components. Vers!. Wis- en Nat. Afd. Kon. Akad. v. Wet. X, p. 831—345 (Nov. 1901); Proc. Roy. Acad. IV. p.…293—307. Leiden, Comm. Phys. Lab. N°, 75. *) J. E. VersonarreLT. Contributions to the knowledge of van DER WaaLs’s b- surface. VII. The equation of state and the d- surface in the immediate neighbourhood of the critical state for binary mixtures with à small propor- tion of one of the components. Vers. Wis- en Nat. Afd. Kon. Akad.v. Wet., XI, p. 255—260 (Juin 1902); p. 328—342 (Sept. 1902); Proc. Roy. Acad. V, p. 321—-350; Leiden, Comm. Phys. Lab. N°. 81. Peu après la publication du présent article dans les Versi. Wis- en Nat. Afu. Kon. Akad. v. Wet, de janvier 1903, M. VersonarreLT à fait la comparaison de ses résultats plus généraux avec les miens. Vers. Wis- en Nat. Afd. Kon. Akad. v. Wet. XI, p. 663—667 (Févr. 1903). 2 44 D. J. KORTEWEG. Nous commencerons par donner des expressions pour les rayons de courbure À'sp. et R'eonn. des projections, sur le plan (v, x), des courbes spinodale et connodale, au point de plissement; on verra qu'au voisi- nage du point Æ le rayon de courbure de la ligne connodale est tou- jours, en première approximation, trois fois plus grand que celui de la spinodale. f? 5) / / ) // / Rp. = 3 TRY — 8x P—éy—xr) (10) (9) ñ Ro — d DE [C2 em 5 x}? == 6 (y —x")] = 3 Rep. (11) Les rayons de courbure sont pris positivement quand les courbes tournent leur convexité vers le bord, comme on l’observe dans les cas 1 à 4 de la fig. L, et xégativement dans les cas 5 à 7. Je ferai remarquer en passant que, sur la surface Y même, vu la forte inclinaison du plan tangent dans le voisinage de la ligne de contact, les rayons de courbure correspondants sont tout autres, notamment beaucoup plus petits, mais restent dans le rapport 1 : 3. Quand le point de plissement coïncide avec le point critique X, P ces deux rayons de courbure deviennent même nuls, et les deux courbes présentent alors un point R ü de rebroussement. 12. La connaissance du rayon de courbure conn. est surtout utile parce qu'on peut s’en servir pour déterminer, d’une manière bien simple, nd les différences des densités et des volumes entre les phases du point de plissement et du point de contact critique, du moins en première approximation ‘). Remarquons à cet effet que le petit angle que la tangente au point de plissement forme avec le bord (> = 0) est donné par: Il ; ; 1 Or, d’après la fig. d on a, au degré de précision considéré: 1) Une pareille méthode a déja été indiquée par M. Kezsom, à la fin du travail de M. VERsCcHArFELT (Juin 1902) que je viens de citer. SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 245 VPp —VRrR— BOIRE Lane 9b / / / / / / = CROIRE —8(7 —x')]xpr (13) TP — TR — RQ —= 9 Le? on == 3x )—8(y—x)]x"p. (14) 13. Je donne maintenant les formules qui déterminent l’état qui correspond au point de plissement à une température 7’, peu différente de la température critique 7. de la substance principale. Ce sont: 4 TT (27 —8x)—8(y—3%) 7 zp—= (15) 5) vp— 380, —= 3 b, (27 — 34) — 4 (47 — 3%) (29 — 3x) + 167" \œP. (16) p an / 719 / / se de et + 2x/{ ap. (17) À l’aide de (15) les expressions (13) et (14) peuvent être trans- formées en 96, ’ TT} LEP TERRES HAE 18 CP UIR 9 (R> 3% ) A ( ) et 9 T— TT. ER Ro no 2 Fa 19 TP— TR 16 27 9x) æp TE (19) et nous pouvons y ajouter encore: PER PR pos 3x) (Up—vr)xp=— Pr EUT 9 / /\3 Perl 0 14. Enfin, voici quelques formules qui se rapportent aux états coexis- tants;, l'indice 1 se rapporte toujours à l’état liquide, l'indice 2 à l'état vapeur. Là où 1l n’y pas d'indice, la grandeur en question se rapporte tout aussi bien à l’un qu’à l’autre des deux états coexistants, soit parce 246 D. J. KORTEWEG. qu’elle à la même valeur dans les deux phases, au degré d’approximation L / à Z e ! L 3 L 3 e VA considéré, soit parce que la formule dont il s’agit s’applique également bien aux deux états. Fm ae D TP — À, Pope Tr rer yes%0) (23) I ee = (89 — 3) (on v)s (24) 4b, | 54 TT 1 1 / / ! une ee ne CC | 2 5 Ty 0 + LRr 8e) (2) (27 — 88) +16(87—2%)}e. (23) La formule (23) reste encore vraie pour des phases non coexis- tantes. DEUXIÈME PARTIE. — PARTIE DÉMONSTRATIVE. Transformation de la surface 4 et développements préparatorres. 15. Nous commencerons par transformer l’équation de la surface 4, en introduisant les grandeurs suivantes: pe 26) 30, ” TUE MRTS ce qui veut dire que dorénavant nous mesurons le volume à partir du volume critique, notamment avec le volume critique même comme unité; et de même la température #’ par rapport à la température eriti- que x — Le DUR et l'énergie libre L’ avec HART, comme unité. SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 247 S1 nous posons en outre: 1494; A0 on 01 PO EL mr QUE) —b, / mm Li or — — — À : = ;) D 1 nous déduisons aisément de (1), (2) et (3) comme équation de la nou- velle surface 1: , &d x D—=— (+7) 07 8h (bx + v) cer ++) {aloga + (12) og(1—a)}, (28) où / 9 9 / / - ES ax DE (29) D NE, de sorte que dD MORTE CU 5 no Re nn Un à OÙ 16. Pour des recherches dans le voisinage du bord, 1l est recomman- dable de développer Ÿ’ autant que possible suivant les puissances de x. C’est pourquoi nous écrivons: DE (lon 1) 2707 20 Lo nie 1 € te Ho (32) ?) Si l’on voulait considérer ax comme une fonction de la température, on pourrait le faire le plus simplement en mettant le second terme du second d'x(l+et+et®+....) membre de (28) sous la forme: ve. ———, Alors la formule = S UE resterait l'expression de la température critique de la substance 4 principale, à condition de prendre pour a, la valeur que cette grandeur acquiert à cette température critique. Dans l'hypothèse de Crausius, que ax est inver- sement proportionnel à T, on aurait alors & = —1,e:,— +1, etc. La formule (29) aussi resterait alors valable, et il serait aisé d'apporter dans les dévelop- pements en série et les formules qui s'en déduisent tous les changements nécessaires. 248 D. J. KORTEWEG. où, sous forme finie ‘): ÿ =. Lu ÈS Se es vi + Dee . ; D02E 27 —23 1 9(2x—2) —(1+ RU. SE rome Er 2 3% ee me ? ou bien, développé suivant les puissances de v’: =; LUC yo En ne an 9 CO lue) oh me +... (36) / / 9 / 5 / / / Xi Han Lex —"[@y7—82)+277 |o CO REA CT EC) = Or T EN) — — y 4y TT 6x—3%)v—+.. (38) Pour cette dernière expression nous écrirons brièvement: = Connu en en (39) !) Sous cette forme elles peuvent faire usage dans des recherches sur les états au voisinage du bord de la surface Ÿ, mais à des températures éloignées d’une quantité considérable de la température critique de la substance principale, ainsi que l’a fait M. Keesom dans son travail: Contributions to the know- ledge of the Ÿ-surface of van DER Waazs. VI. The increase of pressure at condensation of a substance with small admixtures. Vers. Wis- en Nat. Afd. Kon. Akad. v Wet., X, p. 182—792, (Mars 1902); Proc. Roy. Acad., I, p. 659—668; Leiden, Comm. Phys. Lab. N°. 79. SUR LES POINTS DE PLISSEMEN', E'IC. 249 Détermination du point de plissement et distinction des divers cas possibles. 17. Pour déterminer les coordonnées v’? et æp du point de plisse- ment nous avons les relations suivantes : !) 024)” 02” 0) = —= dx? dy dx " 924 02 Dire 09 0% dy2 (40) no DL 2%’ 0" - + 3m? ne nos CRT -i- DE —= 0, (42) où » représente la tangente ?) de l'angle que forme la projection (v’, x) de la tangente commune aux courbes spinodale et connodale, au point de plissement, avec la projection correspondante du bord. Si l’on tire des équations (32), (36) et(37) les valeurs des dérivées de 4”, en première approximation, pour les substituer dans les équations précé- dentes, où l’on peut considérer, comme il est aisé de le reconnaître, les grandeurs #, æP et v’p comme infiniment petites du même ordre, on trouve: mn à) = (D 7 EN) fe A y x) (43) 3 Ohi1e 19 | NE ES CAEN (44) m° OHÉ- er et el 21 de : Ro Co 7 d' + = DEA y —?x")xp—=0, (45) d’où l’on déduit facilement PS Pr ; n= (7 —3x)er, (46) 1) D. J. KorreweG. Ueber Faltenpunkte. Wiener Sitzungsberichte, Bd. 98, Abe (889); p: 1171. DIE oc rcit. p. 110. 250 D. J. KORTEWEG. 4 EE 0 (0 / I / ç / / / / (/ {/ v one LC ) — 4(47 —3%x)(27 —3x)+16% ]xp. (48) En revenant à la première surface L, à l’aide des formules (26), on déduit immédiatement de ces équations les formules (12), (15) et (16) de la partie descriptive de ce travail, auxquelles on peut ajouter la formule (17) par application de (31). On arrive alors tout d’abord à la formule (23), donnée à la fin de la partie descriptive comme appli- cable aussi au cas des phases coexistantes. Peut-être cela semble-t-il sujet à caution, parce que pour ces phases ce n’est pas v”, mais v’? qui est du même ordre que x et /’; cette difficulté est toutefois résolue par / la remarque que 5 ne contient aucun terme en v? seul. v 18. De ces formules (46),(47) et (48) résultent maintenant les condi- tions pour les huit cas à considérer, et l’on en déduit toutes les particu- larités de la représentation graphique, décrites dans les $$ 2——9. Il ne me reste qu'à dire quelques mots de la construction de la limite cubique: (297 —3%)"—4(4y —3%x)(27 —3x) +167 —0. (49) En examinant cette équation de près on constate que la courbe qu’elle représente possède un point double, situé à l’infini sur la droite 2 y — 8x — 0. Il est donc facile d'introduire un paramètre, ce que l’on obtient en posant: 27 — 8x —=S, (b0) d’où l’on déduit 8°— 4s(s+2»)+16% — 0 | (51) et par conséquent , s2(s—4) 7. 5 = Css MNT GE 0) SM en) Les points de la branche de gauche sont fournis par les valeurs de s comprises entre + æ.et 2, ceux de la branche de droite par les autres valeurs. SUR LES POINTS DE PLISSEMENT , ETC. 2 il Pour s—2 on obtient les deux branches infinies, qui correspondent à l’asymptote: 2y/ — 3x — 2. (53) 19. Le calcul des largeurs relatives des champs pour de très grandes valeurs de »’, dont il a été question au $ 10, ne présente pas non plus de difficultés. Si nous posons, le long de la courbe cubique, / ! / 3x —=?y +£Vy, (54) Rs . son équation se transforme en d’où il suit que, pour une valeur infiniment grande de 9’, # prend les valeurs —2y/2, 0 et +212. Pour la branche de la courbe cubique située le plus à gauche nous avons donc approximativement: BL SEy> LI6—48— 0, (55) V2. (56) NEC Le PE un AV NES (57) tandis que à # — 0 correspond évidemment la branche moyenne avec asymptote, pour laquelle: DRE NS a on (58) dy: ’ y” EU 1202. | (59) En tenant compte de ces circonstances, on trouve que la largeur de ? la bande jaune est, à l'infini, 0 3—V/3)y 2.17, celle de la bande ? ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VII. by verte: “4 6.y/>, celle de la bande bleue —, celle de la bande violette Je D. J. KORTEWEG. encore une fois VE. >’ et celle de la bande rouge- = —1/3) 2.7, d'où l’on déduit aisément les rapports de (9), puisque D 2) La courbe spinodale. 20. L’équation de la courbe spmodale s'obtient par Pélimination de m entre (40) et (41). On doit toutefois songer que, le long de la courbe spinodale, v’ est de l’ordre x, de sorte qu’on doit tenir compte des termes en v'?. On obtient amsi: m D ; O5 70 (60) Vsp. 4 ï et 9 _t = 34}n + PE, — x) Ysp. — 0, (61) d’où l’on déduit l’équation de la courbe spinodale suivante: 19 Il / É ! / 4 / CS" eme 3 [RS RE 3x}? — ù (y nur )] Lsp. —- 3 D — (62) Telle est du moins son équation sur la surface J’. Pour la trouver sur la surface d primitive, on doit la transformer, à l’aide de (26), en (vsp— 30,) —30,2[(Ry —3%x) —S (y — %)]x55. + 120,24 = 0. (63) Au même degré d’approximation, l’équation du cercle: (b— 3h} +(x— R—3) = R?, (9 petit) peut s’écrire: (u—38,)}—2 Rx +29 RD—0, d’où éolte immédiatement l'expression (10) pour le rayon de courbure, en projection (v, +), de la courbe spinodale. Les deux premières relations connodales. Equation de la courbe connodale. 21. Soient maintenant P (x, v) et P, (x,,v) deux points conju- gués de la connodale, c’est à dire deux points représentant des phases coexistantes; supposons d’ailleurs #’, >>’. SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 255 Posons / 1/4 / [/4 L/4 1/4 C V0 — y; Va 0 +4; me —Ëy; mx Es; (64) de sorte que ] 1 Il To TT 4 D —= (1 vo) 1— (2 vi): Po (a +); = en (65) (2°, 0") représente donc un point situé au milieu de la corde de contact et £ est la tangente de l’angle que la projection de cette corde sur le plan (v', +) fait avec la projection du bord. _ I] est aisé de prévoir, et les calculs le confirment, que les grandeurs uv et. sont du même ordre que £'; par contre, y n'est pas de ce même ordre, mais #?. 22. Tenant compte de ces circonstances nous déduisons, de la pre- mière relation connodale: Due (66) , 0%, en première Fa La Ce 8 [74 Loge" + En — (27 34)" 9) = ou bien, retranchant de part et d’autre log x”: 710 er 27 DC) (68) À En A : 11,Z Comme =; est du même ordre que #, nous pouvons développer le /0g en Œ EE NE raie série et nous obtenons, après division par 4: ce D) / 1 at “ )&. (69) Remarquons en passant qu'au point de plissement cette formule se transforme en (46); elle conduit d’ailleurs directement à la formule (24) de la partie descriptive. LT 954 D. J. KORTEWEG. De même la deuxième *) relation connodale: fournit par approximation: DITS 9 9 3 Te HP ee AU 72 ; RS [2 ; ae / É L’ U e an 0 ne 2 ANA po à 0) 17 3%) En) / nn [24 1 : oh | de 9 ! 3 0 4 )6 ue = NS Et o ConT (o D) me EUl En SES, 3 / / / IN OUT thon or +) 00) nr (72) NX d’où il suit, en vertu de (69): 3x) —8(>" re 20 et EE (73) 23. Cette formule nous donne facilement le rayon de courbure de la projection (v,+) de la courbe connodale. Il suffit à cet effet de remar- quer que, par définition, / " 2 ce Ÿ'conn. == EE; conn. —% + ËY; (74) de sorte qu’en première approximation: / Vconn.— 3 b, ” Y9= E® conn. = € 5 À — Xconn. (75) 901 La substitution de ces dernières relations dans (73) fournit immédia- tement l'équation de la courbe connodale et l’on en déduit, tout à fait 1) On doit aller ici jusqu'aux termes d'ordre £ ‘ ou #°, puisque tous les termes d'ordre inférieur s’entredétruisent. Pour plus de clarté j'ai conservé les bino- mes (v"+#) et (v"—#), bien qu'il soit évident que, en vertu de la différence dans l’ordre de grandeur de vw” et #, on puisse p. ex. remplacer directement (v"+ 4) par #°. SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 255 de la même facon que pour la courbe spinodale, la valeur du rayon de courbure 2'eonn. de la formule (11)..Il est superflu d'ailleurs de rappeler ici comment les formules (13) et (14) se déduisent de cette valeur, et de quelle manière on arrive aux formules (LS), (19), (21) et (22). Par contre, nous avons à dire quelque chose de la déduction de la formule (20), car, pour y arriver, nous avons besoin d’une expression de p un peu plus précise que celle donnée dans la formule (23). En développant (31) aussi loin qu'il est nécessaire, nous trouvons ‘): 8 SN RS CHE 3 9 En ONE Dpt in" - ! ÉRRR Dre A ; e EN L 24 > p= T1 a A 2) AU) ou bien Ras Glo +2 (27 —3#)a—12(7 —#)0r, (17) Pr de sorte que 6 0) (Cr 8x )(xp—2r) — e x )(æp—«r) —12(y—%)(vr—vr)2P, (18) puisque dans le dernier terme la différence entre x? et r est petite par rapport à celle entre v'P et v’r, en vertu des formules (13) et (14). Il est maintenant aisé de déduire: I / / 5) / / / \ DUR — 2 (v =) r)= (y — 3 4 )æp(v p—v'r), (79) soit en remarquant que dans la fig. 4, $ 12 (partie descriptive), appli- lé = / \ ? ORNE quée au diagramme (+, +), on a à un degré de précision suffisant: .PQ.m, RO PO" y RPQ=PQ you PO iyu— | ‘) On pourrait croire qu'il est nécessaire d’admettre encore dans cette ex- ; JR : AE pression le terme rar y regardant de près, on constate toutefois que ce terme n’ajouterait à l'expression (78) qu’une petite grandeur d'ordre plus élevé que toutes les autres. 256 D. J. KORTEWEG. soit en appliquant les formules (13) et (14) et remarquant que Vp—0r = 3 (Vp—vr). On obtient ainsi, par substitution dans (78): — Dh 5 d / a ! ! / / d a a (— GP + TRY —5x Pæp—12(y —% er Ÿ(e p—v R), (80) le $ ou enfin, en remplaçant { par sa valeur tirée de (47): von Jin 3 Fr /\9 / / — Re 127 — 34 Yæp(v D 7) ——= ll / 719 ÿ Drm Cm), C1 I] Eu égard à (18), on déduit immédiatement de là la formule (20). La troisième relation connodale. 24. Nous avons déduit amsi les principales formules. Toutefois, pour rendre cette étude complète, nous traiterons encore la troisième relation connodale, d'autant plus qu’elle conduit également aux for- mules (47) et (48), ce qui constitue donc un contrôle. Cette troisième relation est: (82) dL” 0” Nous commençons par réduire L'— —% _ à l’aide de (32), dx D et nous trouvons, en allant jusqu'aux termes d'ordre #'* ou 7°, comme on reconnaît qu 1l est nécessaire, EAN OUI — jp = D = dx 0 Ô à ——(1+ 7) x + ee css L Il s’ensuit: SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. DOM / 0", / OL", / " Ce / Dr en (1 F)(a' Em) (1 #) Hp 20, — eV 3 Je 079 DS SET aie MOD mo. ci (Er 2v0'#) Ar Con a+ 40 y) m7 GT) 5) C / ! DA | IPINME 9 ! D c mn QT 8e) RE Go) ee En) GE 0 4) (+ E) + DA 21 / QU 72) no 72) He (39 —2x')n"2 —00 (x LI Ep) —20,yx 2. (84) QUE Egalant cette expression à l’expression analogue pour LR pe (PT QUr ? 1 D. l’on obtient en remplacant 7 par — 7, on trouve, 1 après division par #, 9 bo 2 pi v CRT nm (er mnt) cie 87 tx x) vx” -|- 12 — ÿ -l- à (39 —2%)p2"— 4092 E— 45,2"? = 0, (35) En première approximation cela fournit: (27 —3%x")x", [Ron | H | Oo équation qui est identique avec la relation (69), déduite de la pre- mière relation connodale. Pour pouvoir déduire de (85) quelque chose de nouveau, nous devons donc combiner cette équation avec la première relation connodale; 1l est toutefois nécessaire à cet effet de pousser un peu plus loin l’approximation de cette dernière. Deuxième approximation de la première relation connodale. 25. Reprenant donc la première relation connodale et faisant usage de: dL' Ÿ | LH) oga Era +R ra +... (86) 258 D. J. KORTEWEG. nous trouvons sans grandes difficultés, et poussant l’approximation jus- qu'aux termes en #2 et y”, Ën pe (1H) og — ë, D ee = d +9 (9 2)0"x 9 16 y — 2x )n" + 4ooËy + hosya” — 0. (87) Au même degré Rene nous avons d’ailleurs: 1 +È : log — ne 1e : L” où, dans le second terme du second membre, on peut faire usage, en toute sécurité, de la première approximation fournie par l'équation (69). Y ayant égard, et multipliant par + et divisant par 4, on transforme l'équation (87) en: DEEE (ya) mr mo 2)" — 3%" t (2 " 9 ! [? [/4 1/4 F, + 99 — x 0 x mie 40 Ex" + 4o,x"2—0. (88) Réduction ultérieure de la troisième relation connodale. Déduction de l'équation (25) de la partie descriptive. 26. Additionnant membre à membre les équations (85) et (88), on trouve maintenant: \) 1 27 NS / IN SU _ v +è om co er — 99 —3%)En—9 (y —1%)0 2 + 0 5% ) VERS os [rm 8x)" + 16(3> —92%x)]#22" = (89) de *) Il est remarquable que les termes ch : x, ©” s'évanouissent, ce qui a comme conséquence que À et à, c. à d — à 4 D disparaissent du résultat q 1 — d 1 final. Nous nous sommes convaincus de diverses manières de l'exactitude de cette conclusion. SUR LES POINTS DE PLISSEMENT, ETC. 259 Si l’on y ajoute l'équation (72), déduite de la deuxième relation con- nodale, après l'avoir multipliée par v”, on peut diviser par #° et l’on obtient : | DRE, 65 , / IN 9 / IN 3 / / 4 Un y KE [er 84) 16 (3 —2x/)]a"— 0, (00) ou bien, faisant usage de (69) et résolvant par rapport à v”, L/4 ! Î 9) Il / PN92 / / / l/ LA / 1/4 DRE En TE EI(Ry -8x) 2407-84) x) 16(87 72% )}e, (91) ou enfin, à l’aide de (73): [24 18 ÿ/ il / 14 / ns een) SC dr 1! / IN 3 / / f / En / / [4 nel 3x) 247 —34)(/—x) + 16(89—2%)1}e", (92) d’où, en vertu de (65) et (26), résulte immédiatement l'équation (25). De cette manière nous avons déterminé le point de départ, ainsi que la tangente en ce point, de la courbe décrite, dans le diagramme (v, x), par le point situé à mi-chemin entre ceux qui représentent les phases coexistantes. Autre détermination du point de plissement, indépendante de la première. 27. Les formules (73) et (91) permettent aisément une nouvelle détermination du point de plissement. En ce point on a en effet: A. VERRE " / A=Ù: & =Gpt D p, Or, de (73) résulte immédiatement (47), et (91) donne: Il / / / / / vp— Qt + 3 27 = 38%) 224278: (x) 216(87 2% )lvr; (93) et cette équation, mise en rapport avec (47), permet de retrouver (48). CADRE ISA NAN CANNES D EAN PAR H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. Comme il n’y a qu'un petit nombre d’amalgames qui aient été bien étudiés jusqu'ici, J'ai confié à M. van HETEREN une étude sur les amal- games d’étain, semblable à celle faite dans le temps par M. Brx , sur les amalgames de cadmium. Ce sont les principaux résultats des recher- ches de M. van Hererex que je me propose de communiquer ici. À l’état liquide l’étain et le mercure sont miscibles en toutes pro- portions. Ces divers mélanges déposent, à des températures différentes, une phase solide. Les températures où la solidification commence sont représentées, dans la figure ci-dessous, par les deux lignes 4C et CB, 34°,5) sous un certain angle. qui s’entrecoupent en C (0,3 at. % Sn et Comme la courbe CB se termine au point de fusion de L'étain, il faut que la phase solide qui se forme soit de Pétain pur, ou soit formée de cristaux mixtes contenant ce métal comme composante. Une analyse faite à 25° C. apprit que la phase solide, déposée par l’amalgame liquide, contient 94 at. % Sn. Vu la grande difficulté qu'il y à à obtenir par cette voie des résultats certains, nous avons effectué à 25° des mesures de différences de potentiel entre des amalgames contenant 0,001 à 100 at. % Sn et un autre con- tenant 16 at. %.. Ces mesures ont conduit à ce résultat que les amal- games non saturés prennent un potentiel qui s'élève avec la teneur en étain, jusqu'à ce que l’amalgame soit saturé, à 1,2 at. %. À partir de cette concentration jusqu’à 99 at. % le potentiel ne change plus, ce qui veut dire qu'entre ces limites coexistent deux phases de concentra- tion invariable; l’une d’elles est liquide et contient 1,2 %,, l’autre est solide avec 99 at. % d’étain. *) Zeitschr. f. physik. Chem., A1, 641, 1902. SUR LES AMALGAMES D’ÉTAIN. 261 On voit ainsi qu'à 25° les cristaux qui se forment sont presque de l’étain pur; il en sera done de même, à plus forte raison, à des tempé- ratures plus élevées. En comparant les valeurs des potentiels à 25° et 50°, pour des amalgames entièrement liquides, nous avons pu calculer la chaleur d’amalgamation. Nous avons notamment trouvé que le passage d’un atome-oramme Sn dans un amalgame liquide contenant 0,01 à 1,00 at. 4 Sn, c. à d. du mercure presque pur, absorbe environ 3000 cal. On peut considérer la courbe CB comme la courbe des solutions saturées d’étain. Son allure est caractéristique. La portion qui s'étend de 120° au point de fusion de l’étain est presque rectiligne, la portion moyenne présente une augmentation très rapide de la solubilité avec la température, et la portion inférieure au contraire une augmentation très lente, en même temps d’ailleurs qu'une solubilité très faible, de sorte que cette partie de la courbe est très voisine de l’axe Hg. Dans un com de la figure, cette portion de la courbe ainsi que la suivante, qui s’étend jusqu'au point de congélation du mercure, ont été repré- sentées à une plus grande échelle. Courbe BC. | A/S Temp. Sn Temp. 100 231°,6 20,80 90°,0 S9,95 QUI E 10,79 ot 76,62 183 ,7 &, 14 65 2 61,44 Eee 1,20 25 ,0 49,99 133 4 0,60 0 ,0 35,33 107 4 0,36 se 28,96 09 0 0,30 5 L'inflexion particulièrement rapide de la portion moyenne de la courbe BC fait prévoir que les mélanges liquides de Sn L Hg se sépareraient en deux couches, à des températures plus basses encore, s'1l ne se formait pas de phase solide. Quand on refroidit jusqu'au-dessous de — 34°,5 on constate à cette température, pour tous les amalgames contenant 0,3 à 85 % d’étain, H. W. BAKHUIS ROOZEBOOM. 0,10, 20030 0 SON OO Te 1Pe ON /00| Q OS /.0 CR 20 une transformation accompagnée d’un dégagement notable de chaleur et d’une diminution de volume sensible. Vers des concentrations plus élevées d’étain, elle devient d’abord plus forte pour s’affaiblir ensuite. U ! 1 2 ns T 9] D] SUR LES AMALGAMES D'ÉTAIN. 263 Le maximum est atteint vers 50 %.. Cette transformation à lieu suivant la ligne CD de la figure; cette ligne s’étend donc au moins jusqu'à 85 | Par cette transformation prend naissance une nouvelle phase solide, qui coexiste aussi avec la deuxième courbe de fusion C4. L’existence d’un maximum d'intensité vers 50 %, fait supposer qu’il se forme des cristaux mixtes dont la composition est d'environ 50°. La modification d’étain, présente dans ces cristaux, doit être différente de l’étain pur. Entre — 34°,5 et — 38°,5 ces cristaux mixtes continuent encore à se séparer de la solution mère (qui se déplace suivant C4), ce qui est accompagné d’une dilatation. Cette variation de volume s’affaiblit à mesure que la teneur en étain s'élève et elle disparaït vers 75%. La température — 38°,6 n’est pas seulement le point de congélation du mercure, mails C’est aussi la limite des points de solhidification de tous les amalgames jusqu'à +60%% Sn. (ligne AZ). Comme la ligne C4 des solutions saturées se termine également en ce point, il semble qu’au point de congélation de Hg la solubilité de l’étain soit devenue nulle, de sorte qu’il ne s’y solidifierait pas an mélange eutectique, mais uni- quement le mercure restant. Ce point 4 présente néanmoins tous les caractères d’un point eutec- tique, puisque non seulement la ligne À Z est horizontale, mais aussi parce que tous les mélanges, jusqu’à 60 % Sn, restent à cette tem- pérature pendant un temps plus ou moins long, ce qui prouve qu’il y a un résidu liquide qui se solidifie complètement. Au sujet de la nature de la modification d’étain qui se présente dans les cristaux mixtes au-dessous de — 34°,5, nous sommes encore com- plètement dans lincertitude, surtout parce qu’on n’est pas encore par- venu jusqu'ici à reconnaître de quelle façon se comporte, dans les amalgames, la modification grise, qui peut exister au-dessous de 20° C. On peut toutefois déduire de la diminution de volume, qui accom- pagne les diverses transformations à — 34°,5 et à des températures plus basses, que le volume spécifique de cet étain doit être plus petit que celui de l’étain gris et plus grand que celui de l’étain liquide, donc aussi plus grand que celui de l’étain ordinaire. L’ALLURE DES COURBES DE FUSION D’ALLIAGES SOLIDES ET D'AMALGAMES, PAR J. J. VAN LAAR. L. Dans ses recherches sur les amalgames d’étain, M. van HETEREN a observé une courbe de fusion ?) sur une étendue beaucoup plus grande que toutes celles étudiées jusqu'ici (notamment depuis 0 jusqu’à environ 100 at. de mercure). Cela doit surtout être attribué à cette circonstance, que les points de fusion des deux métaux sont très différents: 231°,6 C. pour l’étain et — 389,6 pour le mercure. Il en résulte que la courbe de fusion de l’étain rencontre celle du mercure pratiquement à 100 at. , de mercure, de sorte que la courbe de fusion du mercure n’a même pas été observée. Nous voyons ainsi, pour la première fois, une courbe de fusion dans tout son parcours, et la question se pose maintenant de savoir si allure trouvée par M. van HETEREN pouvait être prévue théoriquement. Nous pouvons répondre affirmativement à cette question. Commençons par faire, au sujet des potentiels moléculaires # et w, de l’étain à l’état solide, et à l’état liquide dans l’amalgame, l’hypothèse la plus simple possible, savoir | um —=e—cT—{(#, + À) Tlog T ec TL —(k, + R) Tlog TP + RT log (1— x) (Æ, étant la chaleur spécifique pour un volume infiniment grand). Nous (1) —= admettons par là que les cristaux, qui se séparent de l’amalgame, sont de l’étain pur et non des cristaux mixtes, — une hypothèse que l’expé- rience à à peu près confirmée —, et en second lieu que les grandeurs € ") Dissertation, Amsterdam 1902. Voir aussi la note précédente de M. Bax HUIS RO0ZEB00M. *) Dissertation, p. 18. L’ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 265 (énergies) ne sont pas fonctions de x. Nous abandonnerons tantôt ces hypothèses simplificatives, et nous ferons voir alors qu’un calcul plus exact des fonctions z et o—=23%° y, modifie guantitative- ment, mais non qualitati- vement, l'allure des cour- bes de fusion. Ce que RE étain NOUS nous proposons de CURE faire voir immédiatement, cest que l'allure toute OK ? / entière, représentée par la fig. 1, est déjà rendue qualtativement par les équations (1), par suite À a (0) de l'allure de la fonction Eole æ). Egalant les deux potentiels, opération par laquelle les termes (4, + 2) T'log T disparaissent, on obtient notamment: logarithmique log (À (e—e)—(c —c) T = —RTlog(1 —x), ou bien, posant 4 —e—4 (chaleur de fusion de l’étain solide en passant dans lPamalgame) et 6 —c— y: Ge ON) d’où 1l suit: - | FRERE 2 y — Rlog(1— x) (2) Telle est la forme la plus simple de la courbe de fusion. _ Introduisons la temperature de fusion 7, de l’étain pur. Posant à cet effet x — 0, nous obtenons: de sorte que nous pouvons écrire : 266 JON ANVAN LLAUIIR mi “bu TM = 0 RINEe 0 (3) US RDANÉ TEML è ET DATE 1— 6 og(1—+) \ 7 / R 1 où nous avons posé, pour abréger, d = ——. q On voit immédiatement que, par développement de la fonction logarithmique, cette formule devient, pour de petites valeurs de x: ein BTS q ce. à d TETE T,— 1 T; 2, q ce qui est la formule bien connue de van ?r Horr pour des solutions très diluées. Mais, dès que les solutions ne sont plus très diluées , il west plus permis de se contenter d’un ou de deux termes du dévelop- pement de log (1—x), et l’on doit conserver intégralement cette fonction. Je vais maintenant faire voir que réellement la relation ap- prochée Ti d 1— 0 log (1 — x) rend déjà qualitativement l'allure trouvée. FT Pour — nous trouvons: dx LENS 1e Û du (1—609(1—2)) 1 —% Pour x — 0, devient 77} et on a =" 0 pou" PACE s’accorde déjà avec l'allure continuellement descendante de la courbe vers # —= l; on voit de plus que, pour + — 0: Cu) AE SUN EE) nn dx à q L'ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 267 e. à d. la valeur limite donnée par M. van tr Horr, tandis que pour al ï: à æ— ] j co Onpourralt encorese demander si la courbe doit dax présenter un point d’inflexion. Dans le cas A étudié par M. van HETEREN, une pareille inflexion est nettement accusée vers x — 0,8 ; il se pourrait toutefois que l'allure fût celle de la fig. 2, où je n'ai pas représenté de point d’inflexion. Cherchons à cet effet la dT valeur de FT ET e 7 g JP 0 1 Û _ mo maplx 2] 2 pr Die 2 On voit done que -— s’annulle lorsque da? DC di quand ou L — log(1— x) — Lt Al Comme 4 = —© doit être positif, nous voyons que le point d’in- { flexion ne peut se présenter que pour une valeur de / comprise entre Pour nousitrouvons 2—10/\pour = 00 — (1865: Une inflexion pour une valeur plus élevée de + ne serait possible que moyennant une valeur négative de 0 (4 compris entre — & et 0, ce qui correspondrait à une valeur de + comprise entre 0,865 et 1). Mais ny a pas dinflexion quand 0 !},, ce. à d. quand ÿ > DIT, ou bien, en calories-grammes > UE ce qui dans notre cas, où 7, — 505, reviendrait à g => 2000 cal. gr. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. 116 268 J. J. VAN LAAR. Mais il est évident que cette dernière conclusion sera modifiée par l’adjonction des termes correctifs nécessaires à la formule approchée (3). On voit toutefois que la possibilité de l'existence d'un point d'in flexion est déjà exprimée par la simple formule (3), €. à d. par la seule allure de la fonction Zog(1—x). II. Nous allons établir maintenant une relation plus exacte que (3). Dans une conférence que j’eus avec lui, M. van per Waazs attira mon attention sur une expression pour le terme correctif de w,, qui pourrait être considérée comme assez approchée ‘). Cette expres- sion est : 72 Ci OH re) Après avoir fait voir (p. 98) que ce terme correctif est réellement de l’ordre +?, et fait remarquer que le coefficient de +? (dans le cas qu’il considérait) n’était pas constant, mais devenait plus petit à mesure que _æ devenait plus grand (p. 104), il est arrivé à l’expression approchée précédente (pp. 124 et 125), par analogie avec une relation empirique de THOMNSEN. | Bien que M. van per Waazs ait déjà donné brièvement la déduction de sa formule, 1l n’est peut-être pas inutile de la reproduire 1c1 encore une fois. La chose en vaut d'autant plus la peine, que dans un grand nombre de formules — relatives à l’abaissement du point de congélation, à l'élévation du point d’ébullition, au changement de tension de vapeur ete. — on rencontre toujours /a méme grandeur importante g, — (42, )x = 0. S1 donc cette grandeur est une fois pour toutes exactement connue, on peut mieux comprendre un grand nombre de problèmes ayant rapport à des mélanges binaires. Le potentiel thermodynamique /o/al étant représenté par *) Ces Archives, (1), 26, 91, 1892. Voir aussi plusieurs passages dans Cont. IT, e. a. pp. 4345, 148, 152. Il y a quelque temps M. van pER WaaLs est revenu sur cette question dans ses ,Systèmes ternaires” (ces Archives, (2), 1, 343, 1902). Là il donne une expression plus générale et plus exacte, contenant la température et la pression critiques du mélange (voir spécialement pp. 402 et suiv.). T/ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 269 = —2 (4,4) P(lag P—1) + | E(le)o)— LE Ca 6)o) | — — | four y | + RTE (x, log n,), on obtient pour potentiel #oléculaire de la composante %, : , 1 Ne me À eo. le — 0 , N for D | RT+ R Top. Ée À l’aide de 2 6 a RUN pe on trouve maintenant : frar= Zn. RT leg (V—b) + ; donc 6 pr 210 00 (T0) oc CT ec 0 2 Le nn 0 PONT EC AO Retranchant 0 Re À. 4 VA V —b HERO E 1l vient: V ne . Ô Ô D nan = RP b) b, ne nat Mio). # 02, Ne pes J'ai posé à — »,?a, + 2n,n,a,, + n, 74, et pour à j'ai pris la relation Iméaire 0 — 7,0, + 2,b,, bien entendu dans le cas de deux composantes. L'expression de z, devient ainsi: ë, = = O0 ne EU AO one) re Cm ACT Ù + FLE b, — 7 —(r,a Ema,) + AT log n.. (4) Posant maintenant 2, —= 1 — x, #, — », il vient: A Tlog T1) ATP D) 1) + [4e Lai + RTD 2 —- En y [U—x)a, Exa,]+ RAT log (1— x). 18* 270 DA PAIN ANA: Pour déterminer maintenant la fonction complète de + — à part le terme 27/04 (1— x) — nous allons chercher la valeur de RTV 2 | ne, METZ [Ü—x)a + za]. Nous supposerons notamment que, en comparaison de ces deux expres- sions, le terme avec l/og(—56) ne varie que fort peu avec #. Si l’on pose p = 0 dans l’équation d'état, ce qui est certainement Fa pour hi lè des phases hiquides, le terme 7e peut être remplacé par et a l'expression précédente devient: (2) a, +9x(l—ra,s +ra)h 2((1—xa ra) 7 à AU ONE v Remplaçant encore Ÿ par b, ce qui est approximativement permis pour des liquides à basse température, on obtient: (ra e(lr)a, aa) 2e, ra) (0) 50) Ses à : ou, toutes réductions faites: — a (2) 0 +221 x) 0) —2a,, 27h, + as? 0 b? ‘ ce que l’on peut encore écrire: Cr ne D —2a,,0,0, ka, b.? 2 b, b, b? ; Nous obtenons en définitive l’expression approchée suivante: — — T'(log D M et, ji) + Led ah] AO Li Ai ja + RPlog(l æ) Pi où nous aVONs posé 2 / ) db — 240,0, +ab,= À. Pour l'expression correspondante de y, on trouve évidemment: _ p, Dog T1) — RT(og(F,—0,) 1) CEA FD 2 Un. Se _. RT log à. L'ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 271 Comme (laissant » de côté) l’équation d’état donne: RES NO Pi ; a a a TRUE DE ED D. 2 donc Log (V,—b,) — log a UE log T, on peut écrire en général: 1 /j De = 8e —0c T a ne an 706) 9 A2 (5) Ua = € —Cy T—(ks +R) Tlog T + à, ; + ATlogx | (A ra) Dans ces expressions, nous avons posé a CE C0 ntm = (ea) 7; 1 9] TE De = (1) — (%, +R) +, ab) +R) Blog : d; en même temps que À UT NME ue = do, et encore me = F. b CG 0’ ss . ° Remarque. La grandeur 4, = peut aussi s’obtenir en effectuant 07 1 dË 3 opération uw, = È—: . Pour le terme — | pdV + pV, qui entre 3 dans €, on peut écrire — foi = R Toy (W—ÿ) — = On peut donc obtenir la fonction de x demandée en calculant (Y — b) a 0 fa ee Co) une expression pour laquelle on trouve comme tantôt: 2 = 2 di dl + ab —2 asbl, à moin D 0? de J. J. VAN LAAR. Les deux méthodes de calcul sont évidemment identiques. La der- OK 3 A 0 LA Fe ART O LL nière à cet avantage qu’on reconnait immédiatement que la dérivée du À er LAS 0? terme correctif par rapport à æ, c. à d. oi "est autre que = (ci de sorte que L 2" sh. Im SA VE —= : Cu = æ dx 07 0x2 0x2 Kb b où nous représentons par €, g'1 et w, les grandeurs £, y et g, où l’on à négligé les termes en /0g9(1—x) et log. Quant à la grandeur d€ | (@ ï : es qu'on se rappelle qu’on peut aussi l’obtenir en effectuant “A sue ” % l'opération 2, = (ls) —. 2 © de Remarquons encore que, pour des électrolytes et d’autres solutions aqueuses, M. van DER Waars a toujours trouvé (1. c. p. 101) que «, était végatif. Or, il est clair que si l’on pouvait poser 4, = Va, ,, le or Een pe (ainsi que je l'ai observé pour les amalgames d’étain). [1 semble donc que, quand une des composantes est une substance ex voie d'association coefficient &, serait égal à , donc toujours positif (comme l’eau) ou dissociée électrolytiquement, 1 n'est pas permis de poser, avec M. BerrHELOT, &,a, = 4,,°, indépendamment d’ailleurs de cette circonstance que, dans ces cas, a, et a, , pas plus que 4, et b,, ne peuvent être considérés comme constants. Nous avons maintenant, pour l’étain à l’état solide : y —=e—0c T—(x, +R) TloT, et pour l’étam dans lamalgame liquide : (6) li =e —QT—(& LR) TlogT + — q(1—+). y À enr Egalant ces deux potentiels on trouve, comme au I: 2 Ge — 9 TP = — —_ — RTlog(—-: To y 10 (1 + rx?) h og ( 5); d'où L'ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 273 en à? == ds ï (1 —- na) (7) y —Rlog(l—x) Pour x — 0, cette expression donne 1 - Love T=T, 5 (re) 1 — —Zo4(1— x) 0 ou bien, introduisant CS n == 0: do Jo acer Tv se (S) 01 — 4709 (1—x) Telle est l'expression plus exacte qui doit remplacer la simple relation (3). IIL Nous allons montrer maintenant que la formule trouvée repro- duit qguantitativement, d’une manière satisfaisante, les valeurs de 7 : | aT observées par M. van Hererex. Comme — Ga) = T0 MES MCE sible de déduire 9 avec grande exactitude de l’allure initiale de la courbe de fusion. Des valeurs de 7, correspondant à x — 0 at. % de mercure Conan D'L00b 7 — 06 et > —0,2338 0); on déduit DE RE — . — environ 200. Les déterminations de MM. Heycock et NEVILLE, d effectuées entre + — 0 et x — 0,1, fournissent d’ailleurs également IT === . — 200. Pour Ÿ nous pouvons donc admettre la valeur (7,—=273,15 da 251,63 — 504,8): D =="0,396. 7) Voir la note précédente de M. Barauis RoozeBoom, p. 261. 274 DA ANPAINE AVAIRE Si l’on prend maintenant pour « et > les valeurs suivantes (déduites des observations relatives à des valeurs plus élevées de x): D 00H r = — 0,74, on obtient 1 17, (10,74 x) (9) 1— 0,396 709 (17) d’où l’on déduit les valeurs suivantes de 7. es n | Gr) Dre 0,1005 |0,0101°| 1,0420 10,00045°0,856% 1,0005 AU ON 22101 0 0 0,1716 0,02945| 10745 10,00133*0,7621| 10018 | 197,5 (198,6 | if 0,2338 |0,0546°| 1,1054 |0,00247°0,6839 . 10036 | 185,2 \1837|#45 0,2969 10,0881°| 1,1395 10,00399°10,6089 1,0066 172,8 173,0 | — 0,2 0,3856 |0,1487 | 11930 10,00673°0,5108| 10132 | 155,6 |1552) +04 0,5001 |0,2501 1,2745 |0,01133 |0,3968 1,0286 1348 |133,4| + 0,9 0,5973 |0,3568 | 1,3602 |0,01616 |0,3114| 10519 | 117,3 M115,2| +21 0,6467 |0,4189 | 1,4119 |0,01894 (02719) 10697 | 109,3 1074119 0,6754 10,4562 1,4456 |0,02067 |0,2502 1,0826 105,0 108,4! + 1,6 0,6813 |0,4642 | 1,4528 |0,02103 |0,2458| 10856 | 1040 1024| +16 0,7104 0,5047 | 1,4907 10,02286 0,2250| 1,1016 99,9 | 99.0 | + 0,9 0,7155 (05119 | 1,4978 (002319 l02214| 11048 99,2 |988|+0,4 0,7477 |0,5591 | 1,5454 10,02533 [0.1995| 11270 95,0. | 95,4|—0,4 0,7547 |0,5696 | 1,5565 |0,02580 |0,1949| 1,1324 941 |940|401 0,7963 10,6341 | 1,6301 002873 0.1687| 1,1703 89,3 00010 0,8189 |0,6706 | 1,6767 003038 (0,1552| 11957 86,8 | 88,4 | — 1,6 0,8921 |0,7958 | 1,8817 10,03605 (0,1155| 1,3121 TNT | — 0 0,9483 |0,8993 | 2,1731 |0,04074 |0,0889%) 1,4579 65,5 | 65,2 | + 0,3 On voit que l’accord est très bon; l’écart moyen est d'environ 0°,9. L'expression proposée par M. van pre WaaLs pour le terme correctif rend donc fort bien l’allure de la courbe de fusion dans toute son éten- due, c. à d. depuis 212° jusqu'à 65°. Elle reproduit même, d’une OK . e e- \ 17 manière satisfaisante, les quatre observations à des températures plus L'ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 217) basses encore ‘), ainsi qu’on le reconnaît au tableau suivant. Dans ces quatre dernières observations les valeurs de x et / ont été déterminées par l’analyse de la phase liquide, en équilibre avec la phase solide à une température donnée. | 2 Déno- 2 È Numero £ A be minateur. , + rateur. calculé. | “< 2 el © 0,9879 0,9759| 27482 (004421 100723: 1,6114 229 | 25021 0,9903 lo,9807| 28357 |0,04443 00714, 1,6223 157 | 150/+0,7 0,994 looss2| 30326 l0,04477 00699 16403 | — 01 0,0 —0:1 0.9964 [09928 32282 |0,04497 (00690! 1,6516 | — 14,9 ses L'accord est même surprenant, si l’on songe que dans cette région la courbe de fusion est presque verticale, de sorte qu’une variation presque insensible de + entraïne 1c1 une variation de 7’ qui peut atteindre plu- sieurs degrés. On ne peut pas oublier non plus qu'ici doit se faire sentir l'influence de la composition de l’étain qui se sépare du mélange. En effet, cet étain n'est plus pur, mais contient au moins 1%, peut-être A O ; même 6% de mercure. IV. Considérons à présent la formule æ PUS Ce 0,74 =) 1—0,396 /og(1— x) 2 = 5, d'un peu plus près. Pour de faibles valeurs de + elle devient: # 1 + 0,0453 x? 0 0: Eee L'= 0,506 (22 7% %) Le coefficient de +? étant par hasard presque égal à zéro, la courbe de fusion présente dans ce cas une allure presque rectiligne sur une \ assez grande étendue (de 232° à 120°). En général une telle particula- rité exige que d2— "}, ÿ + x soit nul ou du moins très petit. | Comme dans le cas d'équilibre entre l'étain solide et l’étain dans l’amalg amalgame on à 4 = y,, ou bien —T, [1— 0,396 x+ 0,004? *) Voir Baxaurs Roozepoow, 1. c. p. 261. 276 DJ NAINUL ANR: Ra el te PRE on peut écrire : 0 9 da st C2 vo 07 mm 0, ù q : Or, d’après un théorème connu , Sn Be t)=— à D'ailleurs z, le potentiel moléculaire de la phase solide, est indépendant de x, de sorte que 0, dx — F NT — 0, et par conséquent: CRM OR O4 On voit ainsi que, pour le cas où la phase solide ne contient pas de ei, dx 0 Mais alors la phase liquide est éxs{able et nous nous trouvons sur la mercure, Ce qui est le, cas ICI, courbe spinodale, de sorte que l’amalgame liquide devrait déjà depuis longtemps s'être scindé en deux phases de composition différente. du ; QU Or, 1 peut s’'annuler, — donc aussi — 0 4 dx dans ce cas 1l y a donc toujours deux tangentes horizontales. A la limite —, pour deux valeurs de x; on obtient évidemment un point d’inflexion avec une tangente horizon- GAS HO} ne _e dL de Ù G ne dæ dx \q on voit que ce cas limite se présente quand tale unique. Comme 1h et Pa dx 0x? sont nuls à la fois. Or, du JT 2 A & du 2 À 1—2rx Se = D QUE sea en cat z)4 dr 1—x Deer) 0% (l e. 1° (1+rx) de sorte que ce point d'inflexion est déterminé par les relations DE) RT CS?) ET (Are) 22 (LE 72) 0002 LALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 211 Par division on trouve: | z (il Hrx) =(1— >) (1—2 rx), —9 (1 +r)z+l= 0. ou Aussi bien pour 7 négatif que pour » positif on en déduit : FU ep) Des” és ui (a) Fr où +, représente la valeur de æ qui correspond au point d'inflexion. Cetemeleurdenr “peut warier de (= 0) alt="), quand y est zégatif. Par contre, si r est positif, x varie de ‘}, (r— 0) à 0(r = «). Le signe + devant l’1+7r—+L? conduirait dans les deux cas à des valeurs impossibles de x. Nous avons en outre: nr ET ONE OI Cr) OT UN OPTION TT FA d’où, remplaçant 7 Par sa valeur (8): 0 ee =. I ne | 2) Dee en rx) Are)" ms. du où le signe inférieur se rapporte à des états pour lesquels _< PACA 0 stables. Il en résulte: æe(1— 2) 7 er (1H og (1—xe)) 4 [( rare)? Æ a 2]. On déduit maintenant de l’équation qui a donné (a): 17 14 =3, + de sorte que l’on a aussi : 978 DAT VAN ANA: 9 3 ae (7) (AW 7) Ar) 072 (ee TA et par conséquent _ 27 0(1—x)° Tee PCR Re) (6 log (2 )) — 30e] (0) Si donc x est égal ou supérieur à cette valeur, on trouve sur la 24 courbe de Éneson un ou deux points où = — (). OX De l’expression précédente de 7 il résulte immédiatement que Si À, | AE y Nue du RE ë 5 c À donc x, était régatif, +. de pourrait jamais s’annuler, voire même OT prendre une valeur positive. L'existence d’états évstables sur la courbe de fusion ne peut donc être attendue que pour des valeurs positives de 2 ; encore faut-1l que & atleigne où dépasse la valeur (b). Combinant les relations (4) et (4), on obtient la condition de stabilité des phases le long de la courbe de fusion toute entière. — 0,74 et (a) donne x —= 0,865. Léqua- tion (&) donne en outre, avec 0 — 0,396, Dans notre exemple r — = 27 X 0,396 X(0,137)2 su 0863 (1,137[2x1,137(1-0,396 090,137) -3%0,396X0,863/ ee 0,180 ii a oras LI8T LS * € 304 Dans notre cas & — 0,0453, de sorte que nous nous trouvons par- tout dans la région stable (ainsi qu’on le reconnaît d’ailleurs à la forme de la courbe de fusion observée). Si & avait eu la valeur 0,059; nous aurions obtenu un point d’inflexion avec tangente horizontale, et si avait été supérieur à 0,059 nous aurions vu la courbe de fusion pré- senter en deux points une tangente horizontale. Ce dernier cas n’est évidemment pas réalisable, et lamalgame liquide homogène se sépare- rait alors en deux phases liquides hétérogènes de composition différente ”). *) Il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que, quand la phase solide est une solution solide des deux composantes, l’existence d’un point d’inflexion à tangente horizontale dans la courbe de fusion indique encore toujours qu'il y a des états instables. En effet, d'après la relation générale L’ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 219 Une autre question est celle-ci: pour quelles valeurs de + et7 a-t-on No pour la première fois a — 0 — c. à d. où le pli commence-t-il, sans ï on GITES T GR CRD El u' 21 aT ; É : —— ne peut s’annuler qu'en wn seul point avec x,—+x,, mais en deux points avec dæ oc Qt” d’inflexion à tangente horizontale. M. px Visser croit avoir observé un pareil point chez des mélanges d'acide stéarique et d’acide palmitique (Rec. Traw. Chem. d. Pays-Bas, (2), 2, nos. 2 et 4, 1898). II n’est évidemment pas impos- sible que l’on se trouve ici dans un cas où la grandeur & ait précisément la valeur (b). Comme la courbe des points de solidification extrêmes présente éga- lement un tel point d’inflexion dans ce voisinage, il faut que les conditions d° 0° Q Q ® al A . » 0 et 3 es O soient satisfaites à peu près simultanément sur les deux 7 0x lignes, une circonstance qui en augmente encore le caractère fortuit, puisqu'il faut dans ces conditions que pour la phase solide aussi la valeur de & soit toute particulière. Nous devons faire remarquer à ce propos qu’en général la à ne O0! d° simultanéité des conditions Et et s — 0 pour les deux phases n’exige dx” De DÉS GÉANT Che , donc dans le cas limite, en deux points coïncidents, formant un point . C’est donc un pas x, —*,. La dernière circonstance exige en effet nouvel hasard que les deux points d’inflexion semblent coïncider. Mais de cette coïncidence-là une raison peut être donnée ici. L’équation d’où se déduit (a), savoir ræ—2(1 + r) x + 1 —0, donne æ — ‘}, pour r —0. Or, M. px Visser a observé les deux points d'inflexion vers æ — ‘/, (— 0,525), de sorte que r est à peu près nul, aussi bien dans la phase solide que dans la phase liquide (donc b, — b2). Et dans ce cas il faut que les valeurs de « soient les mêmes pour les deux points d'inflexion, c. à d. toutes deux — /,. Dans le cas étudié par M. DE Visser, il se peut donc qu'il y ait eu coïncidence fortuite des deux points d'inflexion. Il faut alors, eu égard à 2 2 = 0 et _ — 0, que la phase liquide aussi bien que la phase solide se ; : soient séparées en deux couches, de composition identique il est vrai. Maïs le plus faible retard dans les phénomènes de solidification aurait dû causer un déplacement vers l’intérieur du pli, et les deux phases auraient dû se scinder en deux couches de composition quelque peu différente. Il me semble toutefois plus probable que les courbes présentent presque un point d’inflexion à tangente horizontale, et qu’elles sont érés voisines, mais ne se touchent pas réellement. 280 SN VA NOTA AIR nous demander si nous nous trouvons, oui ou non, sur la courbe de fusion, circonstance que nous avons examinée tantôt ? Pour y répondre, nous n’avons qu’à combiner les relations dp dy ST RARE : ue (rer aire 0, afin d’en déduire les valeurs de x et 7'au point le pa Critique”. Nous trouvons comme plus haut : PA AR ET AL 2 en se RME (3a) F Quant à la température 7; du point critique, on la déduit de D UT — (, ce. à d. de (voir plus haut): ; l' On obtient ainsi: 2% Ll'e (1—xe) 1 — JF | 39 0 (1 rx) : | ‘ ET ou bien, comme 1 +rx=3——— : D Te D (38) Coma € Û DANONE 2 \ 9 4 d4. À cette température — et à d’autres plus basses, puisque ns œ devient alors positif — on se trouve donc dans le pli. Dans le cas de mélanges d’étain et de mercure on trouve, avec r —= — 0,74, x —= 0,863 (voir plus haut). Pour 7: on a donc: __ 504,8 0,0906 le — 27 GEO 2È0) 2. 0,596 A à X Ce point critique” correspond ainsi à 16° C., une température plus basse de 57° que celle qui correspondrait à x = 0,863 (13,7 at. % Sn) sur la courbe de fusion, savoir 83°,2 C. Il y a évidemment des cas où la distance est plus faible, de sorte qu'une légère surfusion suffit déjà pour entrer dans le pli, ce qui con- duit nécessairement à une séparation en deux couches hquides, si la phase solide ne se forme pas. L’ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 281 Je remarque encore en passant qu’en général la valeur x, #e corres- pond pas au point d’inflexion dans le cas où il y en a un (avec tan- gente oblique bien entendu) sur la courbe de fusion, lorsque le point | dur de, critique n’est pas situé swr cette courbe. Car Se DU Une (x OX” 2 /2 conduisent pas à —— OR 0, à moins que ces dérivées ne s’annulent sur XL la courbe même. V. D'après ce qui précède, la valeur de 4, la chaleur de fusion de l’étain. dans amalgame liquide, est donnée par ax = nQ+ ni) Dans l'hypothèse que le mercure est wonoalomique en dissolution dans l’étain, on trouve par le calcul que, pour de faibles valeurs de +, 1) LÉ: q —= 2550 calories-grammes. En effet, —° — ÿ (voir plus haut), de do RTNRXC 504,8 Ü OMAN expérimentalement 1690 cal.-gr. Si ce dernier nombre se confirme réel- sorte que 4) — — 2550 cal.-gr. M. PErsoN trouva lement dans la suite, on doit en déduire que le mercure est associé au degré 1,5 environ. Or, il résulte de la formule précédente qu'à 25° C., où z est à peu D 1 > Ï N 4 \ 9 72 . ® près égal à l’unité, on devrait avoir: = RO 0 LOIR MINT Cale tandis que M. van HeTeren trouva, par des observations de forces électromotrices, + 3000 cal.-gr. Il résulterait de là que la valeur em- ployée pour g, est à peu près 1,4 fois trop forte, ce qui constituerait une confirmation du fait que le mercure n'existe pas à l’état atomique dans l’amalgame. Pour pouvoir nous rendre compte de l’état moléculaire de l’'éaix dans l’amalgame, nous devrions connaître la courbe de fusion du zer- cure et en déduire l’abaissement du point de congélation, et déterminer en outre la chaleur de fusion du mercure en présence de très faibles quantités d’étain; mais cette courbe de fusion n'a pas encore été 282 DARTANVPAINR ANA: observée. Or, 1l y a des raisons pour admettre que l’étain n'existe pas non plus à l’état d’atomes dans l’amalgame. En effet, la grandeur r = — b; + b,, que nous avons trouvée égale à — 0,74, donne pour . la valeur 0,26, et 1l en résulte pour l’étain un volume moléculaire 1 (1) environ 4 fois plus grand que celui du mercure (4,). Or, le volume atomique du mercure est 14,7 et celui de l’étain 16,1, de sorte que pour une constitution monoatomique des deux composantes le rapport = serait environ égal à 1; en réalité ce rapport est égal à !/,. On doit 1 en conclure que Pétain est constitué par des molécules contenant plu- sieurs (peut être même six) atomes. Certes 1l serait désirable que cette question fût tirée au clair, car dans nos calculs les valeurs que nous avons attribuées à x ne sont vala- bles que pour autant que l’on puisse regarder comme atomiques le mer- cure aussi bien que l’étain. Et il en est de même pour tous les calculs analogues relatifs à d’autres amalgames. Qu'il me soit permis de fixer encore une fois l’attention sur ce point, que l’on déduit l’état moléculaire du #ercure de l’abaissement du point de congélation de l’éaix, produit par l'addition de faibles quantités du premier métal — et l’état moléculaire de l’éaix de labaissement du point de congélation du wereure, sous l’influence d’ux peu d’étlain. Les solutions diluées nous apprennent notamment la constitution de la sub- stance dissoute, mais ne nous font jamais rien connaître au sujet de celle du dissolvant. On le réconnaît par exemple à la formule limite: Je — T— #24 HAN Jo où 7, et 4, se rapportent p. ex. à l’é/air comme dissolvant. Car si l’étain n’était pas monoatomique, mais #-atomique, la concentration x du mercure dissous deviendrait # fois plus grande; mais aussi 4, devien- drait » fois plus grand, parce que la chaleur de fusion se rapporte à 1 mol., done à # atomes. Par contre, si le mercure était #-atomique, le æ seul changerait dans le second membre de l'équation précédente; æ deviendrait alors # fois plus grand, et l’on observerait ainsi un abais- sement du point de congélation (7,—7) # fois plus petit que celui que Von aurait calculé pour du mercure monoatomique. Cette manière de procéder nous fait donc connaître l’état moléculaire L’ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. 283 aux bords (x — 0 pour lé mercure, 4 — 1 pour l’étain). Mais pour pouvoir conclure quelque chose au sujet de la constitution des deux composantes pour d’autres valeurs de +, on devrait poursuivre minu- tieusement la courbe de fusion toute entière, ce qui dans bien des cas peut devenir extrêmement difficile. VI. Il y à toutefois encore un moyen d'apprendre quelque chose au sujet de l’état moléculaire de l’étain solide; c’est d'examiner la compo- sition de la phase so/ide, en équilibre avec la phase liquide. Egalant notamment les potentiels moléculaires du #ercure dans les deux phases, on obtient: / /\9 CAEN E = €, —c, T+RTlogx + À : Di (+7 x) les grandeurs affectées d’accents se rapportant à la phase solide. On en déduit : | e—. CLEA T log x + de —#}? DAT) TR T og _ FE »(1—*") en SE S d É CE a P ou bien, posant e,—€", — 9, et introduisant le point de fusion 7", du mercure pur: T ; / (Qi 7.) = RT og". + id, donc : RAT ; a (1— +)" æ'y(1— 2) y / 2 Ce | 10 TEE Ï Go za Er RT(1+rx)) D : b, b, Or, dans l’état liquide 4, = x, X ni (voir plus haut) = 4, X 5 de 2 2 C2 NRC UT RES D t | TO ne 0 Te _ = sorte que Sn — > Mo ADEr X 7 X à Cette grandeur est JDA EU donc égale à 0,1144 X — DC ie 0,745. La valeur du terme correctif est donc — posant &, — x, et r — 7, ce qui est permis, du moins comme première approximation : us IC 0,012 à ( 0,99 L + 1— 0,74 X 0,988 1— 0,74 X 0,01 ; ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE II, TOME VIII. 19 284 J.J. VAN LAAR. L'ALLURE DES COURBES DE FUSION, ETC. \ puisque à 25° on a trouvé comme composition de la phase liquide æ — 0,988, et que celle de la phase solide est 3 — 0,01" (peut-être même 0,06). La valeur en question devient donc: 0,745 X°(0,0020 —0,9950) = — 0,74: Une augmentation de + de 0,01 à 0,06 p. ex. n’y apporte pas un grand changement. Quant à la valeur du terme principal {og —, elle est z 0,988 10 “2 ca D £ 9 LA or X 23026 — 4,50, log de sorte que nous obtenons (à 25° C.): , _ 2X 298,2 X 234,5 ue 63,7 209.80 —= 64h 1kcalÈ ee tandis que M. Person à trouvé g = 2,82 X 200,3 = 565 cal.-gr. La valeur que nous trouvons est donc environ 15 fois plus forte. Ce résul- tat ne peut d’ailleurs pas être infirmé par une petite erreur sur le terme correctif — 0,74. Par contre, si nous admettons que l’étain est hexa- : atomique dans l’amalgame solide, +’ devient 6 fois plus grand (= 0,06) et go S’abaisse à + 4400 cal.-gr. De plus si nous portons à 0,06 Ia valeur initiale de +”, de sorte que +’ devient égal à 0,32 dans le cas d’un étain hexa-atomique, la valeur de g', commence à se rapprocher de la valeur expérimentale. On voit ainsi que dans ce qui précède il y a des arguments suffisants en faveur de l’hypothèse d’une multi-atomicité, aussi bien du mercure que de l’étain. Des expériences précises dans la voie indiquée e1-dessus, ainsi que de nouvelles déterminations des deux chaleurs de fusion, devront nous renseigner complètement sur ce point. SUR LA MANIÈRE DONT LA GRANDEUR D DE L'ÉQUATION D'ÉTAT DÉPEND DE LA DENSITÉ PAR J. D. VAN DER WAALS Jr. $ 1. On a fait voir de diverses façons que l’on tient compte, en première approximation, de l'influence de l’étendue des molécules sur la forme de l'équation d'état, dans l'hypothèse où les molécules sont des sphères parfaitement dures et élastiques, en diminuant le volume Ÿ occupé par Le gaz ‘) de quatre fois le volume propre des molécules. Si nous donnons le nom de ,,sphère de distance” à une sphère concentrique avec une molécule et dont le rayon est 25 (x étant le rayon de la molécule), nous pouvons dire que nous devons diminuer V de la moitié du volume total de toutes les sphères de distance; c’est cette grandeur que l’on représente habituellement par d, ou plutôt, eu égard à la variabilité de la correction avec la densité, par 0. On est arrivé à cette conclusion par des voies différentes, qui toutes ont conduit à des résultats concordants; il n’y a donc aucune raison de douter de son exactitude. | On serait peut-être tenté de conclure de là que, pour trouver cette influence en deuxième approximation, on doit diminuer Ÿ de la moitié de l’espace réellement occupé par les sphères de distance, de telle manière qu'un segment commun à deux sphères ne vienne qu'une seuie fois en ligne de compte; en d’autres termes, que l’on doit remplacer à, par 0, —XS, YS représentant la somme de tous les segments communs 7) Si je ne parle ici que de ,,gaz”, c’est parce que l'équation d'état ne peut pas s'appliquer à un liquide, à moins de tenir compte d’autres termes d’approxi- mation encore que ceux dont il sera question ici. HO 286 J. D. VAN DER WAALS JR. à deux sphères de distances. C'est de cette facon que M. le Prof. van per WaAaLs ‘) a trouvé un premier terme correctif, et M. van Laanr ?) en à trouvé un suivant en partant de considérations analogues. Je me bornerai 161 à la discussion du premier, pour lequel M. le Prof. van DER TUE Waars (1. c.) a trouvé — — où, 7 Au sujet de l’exactitude de ce premier terme l’accord n’est pas una- a Par une méthode entièrement différente M. BorrZzManx *) a trouvé D D O2 sion au sujet de ce résultat douteux, une véritable discussion n’a pas Bien que M. Bozrzmann ait exprimé le désir d’entrer en discus- eu lieu et la question est restée pendante. Je crois être en état à pré- 1D 2 7 sent de faire voir que la valeur — de la correction n'est pas justi- 3 bo fiée, tandis que je donnerai un raisonnement conduisant au terme s7 d’une manière plus rapide que celui de M. BorTzMaNx. Pour bien comprendre quelle hypothèse nous devons faire pour 110 22 arriver au terme correctif — 30 V? le mieux est de partir de l'équation du viriel, telle que M. le Prof. van per Waars l’a appliquée, dans Cont. Chap. IE, à la pression extérieure et à la pression due à Pattrac- tion moléculaire, et dans ces Archives ((2), 6, 302, 1901) aux forces qui agissent dans le choc de deux molécules. Je commencerai toutefois par faire remarquer qu’il n’est pas néces- saire d'appliquer cette équation du viriel à une quantité déterminée de matière, enfermée dans une enceinte à parois solides et de volume déter- miné, ainsi qu'on le fait généralement. Cette équation peut, en effet, A ° / 6 © À £ ° \ être appliquée tout aussi bien à une partie d'une phase homogène, séparée par une paroi idéale de la matière environnante, faisant partie d’une seule et même phase. À l’intérieur de cette surface nous n’aurons pas toujours les mémes molécules; nous pouvons néanmoins admettre qu'à deux instants différents 4, et #, le nombre des molécules sera le A \ N q A même, à fort peu près du moins, et que de même la valeur de 7) Ces Archives, (2), 6, 299, 1901. ?) Ibidem, p. 308. Archives du Musée Teyler, (2), 7, 1901. MiVerst. Kon. Akad. Amsterdam, VII, p. de mars 1899. Vorlesungen über Grastheorie IT, p. 151. SUR LA MANIÈRE DONT LA GRANDEUR Ÿ, ETC. 287 dx l'expression #4 gi Ta la même à ces deux instants, de sorte que nous dl pouvons poser: d & dx 0 — EMX — — dt dt £ ainsi que deux équations analogues relatives aux deux autres axes des coordonnées. Nous déduisons de là: dmax dy dns DST | + y 1 2 | À (4) NT dt S'il est permis de négliger le volume propre des molécules vis-à-vis du volume entier occupé par le gaz, et si Les forces moléculaires agissent de telle façon qu'elles s’'annullent en moyenne à l’intérieur de la phase homogène, le second membre n’a une valeur notable qu’à la limite du volume considéré et peut donc être ramené à une intégrale suivant une surface. Quant au premier membre, 1l est indépendant de cette circonstance que l’espace que nous considérons est entouré d’une paroi idéale ou solide; dans le dernier cas il ne dépend pas d’ailleurs de la nature de cette paroi. Le second membre doit donc également être indépendant rt de ces circonstances. Or, dans le cas d’une paroi solide, RE 0 et Qi l’on peut mettre le second membre sous la forme: — fr Fco6 (0, no o (B) Dans cette expression 7 représente le rayon vecteur mené de l’origine des coordonnées vers un point de la surface, do est un élément de sur- face et cos (2, r) le cosinus de l’angle formé par le rayon vecteur et la normale. P'est la force, par unité de surface, qui fait que les molécules reviennent dans l’espace fermé; elle peut être décomposée en une pres- sion moléculaire — et une pression p exercée par la paroi. V Na Ati dx Dans le cas d’une surface de séparation idéale, —= est le moment de ; dt mouvement transporté à travers la surface et vers l’intérieur, dans le 288 J. D. VAN DER WAALS JR. sens de l’axe des + positif; un moment transporté vers extérieur doit être pris négativement. Dans ce dernier cas d’ailleurs le second membre peut encore être représenté par l'équation (3), bien qu’alors ?” ne repré- sente pas une force agissant réellement sur les molécules de l’extérieur vers l’intérieur. S'il n’est pas permis de négliger le volume propre des molécules, on doit tenir compte du viriel des forces qui agissent pendant les chocs entre molécules. Si nous représentons ce viriel par Z, l'équation (4) prend la forme suivante: cms —1— | Precs (2, r) do = — I +3 PF. Puisque 2° et 7 sont indépendants de la nature de la surface limite, P doit en être également indépendant. Or P est plus grand que 2”; pour une paroi solide cela veut dire que le nombre des chocs augmente par suite du raccourcissement du chemin librement parcouru par les molécules; pour une surface idéale cela veut dire que le transport de moments de mouvement a augmenté, par suite de la transmission instantanée, ce. à d. avec une vitesse infiniment grande, d’un moment de mouvement du centre d’une molécule située d’un côté de la surface au centre d’une autre située de l’autre côté, au moment du choc entre ces deux molécules. : En tout cas la manière dont nous avons déduit la grandeur P, que nous pouvons considérer comme représentant la pression règnant dans une phase gazeuse ou liquide, nous garantit d’une part que cette grandeur est indépendante de la forme et de la nature du recipient qui contient cette phase; d'autre part que nous obtenons cette grandeur P en cherchant la pression qui s’exercerait contre une paroi plane, si les molécules, tout en conservant leur énergie cinétique, ne s’attiraient pas, a NE ou bien en ajoutant à à la pression, exercée sur la paroi plane, par les molécules soumises à des attractions mutuelles. La manière dont M. le Prof. van per Waars a tenu compte du viriel des forces agissant sur les molécules pendant le choc consiste à admettre qu’en première approximation P est aussi la pression exercée sur les sphères de distance; on arrive ainsi au viriel 2 P D, , mais ce résultat doit encore être divisé par 2 parce que toutes les forces ont été considérées deux fois. Toutefois, comme les sphères de distance ne SUR LA MANIÈRE DONT LA GRANDEUR Ÿ, ETC. 289 peuvent pas être considérées comme des parois solides et immobiles, il 2 A L \ G n’est peut-être pas superflu de donner une preuve à part du fait que / 2 \ | 7 réellement elles sont soumises en moyenne à une pression ?. Cette preuve, je la donnerai au $ 2 de cette note. be — (O0 32 V siste à dire que le viriel a été pris trop grand, parce que quelques sphères de distance s’entrepénètrent. Sur ces parties communes, qui ne sont donc pas disponibles pour des chocs avec d’autres molécules que les deux molécules dont les sphères de distance s’entrepénètrent, s’exer- cerait une pression nulle, mais sur les portions extérieures des sphères de distance la pression serait encore P; ou bien, ce qui revient au même, la valeur moyenne de la pression, pendant une certaine durée 7 (car toute pression que nous considérons, la pression P y comprise, n’est autre chose qu'une moyenne dans un certain temps), exercée sur un élément do d’une sphère de distance, serait plus petite que P puisque cet élément ne serait soumis à la pression ? que pendant une partie seulement de la durée 7, et ne subirait aucune pression pendant le reste du temps, comme étant située à l’intérieur d’une sphère de distance et à l'abri de tout choc. J’ai deux objections à faire valoir contre les calculs qui sont basés sur ces considérations. En premier lieu on y admet qu’une portion d’une sphère de distance ne subit aucune pression, dès qu’elle est située à l’intérieur d’une autre. En réalité c’est le contraire qui a lieu: pour qu’un point subisse une pres- sion, 1l faut qu'il soit choqué par une molécule, donc qu'il soit situé à Pintérieur de la sphère de distance de cette molécule; on voit ainsi que des considérations où l’on admet une force nulle à l’intérieur d’une sphère de distance et une force P à l’extérieur ne sont certes pas précisément conformes à la réalité. Cela n'empêche pourtant pas qu’au point de vue de la pression les points intérieurs à une sphère de distance sont L'hypothèse qui conduit maintenant au terme correctif en quelque sorte dans d’autres conditions que les points extérieurs. Cependant, je ne me figure pas bien comment on devrait tenir compte de ces circonstances différentes. Feureusement que nous n'avons pas besoin de le savoir pour trouver le terme correctif, ainsi qu’on le verra par ma deuxième objection. En second lieu on a oublié de temir compte du fait que non seule- ment quelques portions de sphères de distance sont communes, mais 290 J. D. VAN DER WAALS JR. qu'une pareille pénétration se présente aussi à la surface limite. Que cette surface soit réelle ou idéale !), une portion s’en trouve nécessaire- ment à l’intérieur de quelques sphères de distance moléculaires, et devrait à la rigueur également être considérée comme à l’abri de la pres- sion. Si nous admettons qu'en moyenne une fraction 1/2 de la surface limite est intérieure aux sphères de distance et subit une pression nulle, tandis que sur la surface libre s’exerce une certaine pression que nous nommerons ?,, la grandeur ? devrait, d’après la facon dont elle a été À il introduite, représenter la pression moyenne, c. à d. ———- P,. Si nous examinons maintenant quelle partie de la surface totale des sphères de distance est intérieure à d’autres sphères, et que nous trouvons pour cette fraction 1/21, nous obtenons pour pression moyenne sur une sphère nie de distance: He. P;. Si nous avions A—= À, la pression moyenne 1 sur la surface limite serait la même que sur les sphères de distance, et il n’y aurait pas lieu d'apporter une correction au terme 0... : PGA On voit donc que l’on n'arrive au terme correctif D y qu'en admettant que sur chaque élément de surface, qu’il appartienne à une paroi réelle ou à une surface limite idéale, que la surface soit plane ou courbe, et que cet élément soit intérieur ou extérieur aux sphères de distance des molécules, s'exerce toujours la pression P, sauf qu’il y a exception pour les sphères de distance, qui ne subissent pas de pression dans les parties situées à l’intérieur d’autres sphères. Pour voir si nous devons réellement apporter une correction, nous devons donc examiner si à, est oui ou non égal à 2. C’est ce que nous ferons de la manière suivante. Soit 47 le centre d’une molécule et supposons que le cercle tracé avec ce point comme centre soit l’intersection, avec le plan de la figure, de la sphère de distance (1) de cette molécule. Nous allons chercher quelle est la pression moyenne qui s’exerce, pendant un temps 7, sur un élément de surface do dont P est le centre. A cet effet, nous décri- ‘) À vrai dire, nous ne devons pas intégrer le viriel suivant la paroi elle- même, mais suivant la surface contenant les centres des molécules qui viennent choquer la paroi, c. à d. suivant une surface située à une distance & de la paroi. SUR LA MANIÈRE DONT LA GRANDEUR Ÿ, ETC. 291 vons autour de P une deuxième sphère (IT) avec un rayon 25 et nous menons également le plan tangent ZA. Nous pouvons maintenant distinguer deux cas: 1°. l’espace intérieur à la sphère IT, mais extérieur à la sphère 1 et situé à gauche du plan tangent (espace dont l'intersection avec le plan de la figure a été couverte de hachures), contient le centre d’une molé- cule; dans ce cas le point ? tombe dans la sphère de distance de cette molécule. 2°. L'espace considéré ne contient le centre d'aucune molécule. Supposons que, pendant la durée 7, le premier cas se présente durant T Gi _ et Je deuxième Cas durant. 7. Pendant l’espace de temps 7 7 u— 1] 7 conditions qu'un élément de paroi plare et subit donc une pression moyenne ?. Cette pression ? nous est fournie par l'équation du viniel, de sorte que, pour la déterminer, nous n’avons pas à nous demander si T, l'élément de surface do se trouve entièrement dans les mêmes 202 J. D. VAN DER WAALS JR. —1 les considérations, en vertu desquelles P était égal à P;, sont exactes oui ou non. Mais aussi longtemps que nous nous trouvons dans 7 le 1% cas, c’est à dire durant l’espace de temps —, nous pouvons L admettre avec certitude que do ne subit aucune pression. La pression np 2 L moyenne sur do est donc Pour trouver 2 en première approximation, nous déterminerons le volume v de l’espace hachuré et nous admettrons que la probabilité de la présence d’une molécule déterminée dans cet espace est représentée par —_. Si » est le nombre total des molécules, la probabilité que cet T° : v espace hachuré contient une molécule sera donc # —-. En moyenne la 2 Je 2 1 v valeur de = sera égale à cette probabilité; de sorteque==#7" ee LL PUR 7 Il 3 / / \ à On trouve aisément que v — 1 0 07 étant égal à 26, c. à d. au rayon de la sphère de distance, de sorte que LAS no RAR D. ide | LN ER Le viriel intérieur Z devient donc 3 Pb, Ge 7 et l'équation (4) prend la forme: Em PV — Ph, (1—È =) P(r= 6) Je NS IAE RE S V $ 2. Comme j'ignore si l'exactitude de l’hypothèse qui m'a servi de point de départ, — savoir qu’il est permis d'admettre que la pression exercée sur les sphères de distance est égale à ? en première approxi- mation — à été expressément démontrée, je me propose d'en donner 11 la preuve. Cette pression P doit être considéree e. a. comme la pression qui s’exercerait sur une paroi immobile, s’il n’y avait pas de pression moléculaire. Or, les sphères de distance ne sont pas du tout des parois solides et immobiles. Par suite de leur mouvement, le nombre de leurs SUR LA MANIÈRE DONT LA GRANDEUR Ÿ, EC. 293 chocs augmente, en même temps que la force active dans les chocs croît proportionnellement au mouvement relatif des molécules, et ce mou- vement relatif est en moyenne plus vif que celui des molécules individuelles. Nous serions tentés de conclure de ces deux circonstances que la pres- sion qui s'exerce sur les sphères de distance doit être plus grande que P. Mais d’un autre côté on a ceci. L’impulsion subie par une molécule, choquant normalement une paroi fixe avec une vitesse s, est 275. Par contre, si la molécule bute centralement, avec une vitesse s, contre une autre molécule de même masse et immobile, elle s'arrête et la deuxième molécule prend une vitesse s; ici l'impulsion est #5. Eu égard à cette circonstance on s’attendrait à trouver pour la pres- sion exerceé sur une sphère de distance une valeur plus petite que P. Le raisonnement suivant, bien simple, suffira pour faire voir que ces deux influences se contrebalancent et que réellement les sphères de dis- tance subissent une pression ?, du moins dans le cas où il est permis de négliger le volume propre des molécules par rapport au volume total occupé par le gaz. Figurons-nous deux molécules [ et [IT ayant la même masse. Le rai- sonnement que Je vais donner s’appliquerait également à des mélanges, ce. à d. à des molécules dont les masses seraient inégales, mais je me bornerai à considérer 1c1 des molécules de même espèce. Soient sets, les vitesses des molécules, #, v, w et ,, v,, w, les composantes de ces vitesses; je représenterai d’ailleurs par f(x, v, w) et P(u,, v,, w,) la probabilité qu'il y a des molécules dont telles sont les composantes des vitesses. Si nous représentons par s, la vitesse relative, nous aurons 8 = (u—10) + (0— 0) + (00—00 ). Prenons la direction s. comme axe d’un système de coordonneés sphériques, © étant l’angle des latitudes et l’angle des longitudes ; dans un pareil système un élément de surface de la sphère de distance de la molécule L peut être représenté par r? six © dd db. Le nombre de fois qu'un pareil élément de surface est frappé, par unité de temps, par une molécu.e du groupe [T, est Fu, 0, ) Fr, v1, 41) du do du du, dv, dun s, r? sin Ô cos à do dy. Par un pareil choc la vitesse relative s, ne change pas toute entière de signe, mais seulement la composante perpendiculaire au plan tangent 294 J. D. VAN DER WAALS JR. au point où le choc se produit, de sorte que l’impulsion est # s, cos @. L’impulsion totale de tous les chocs est donc: Eu, v,w) Fu, 01, 21) du do du du du dun s,? r? sin ® cos? D dd dy. L'intégrale octuple de cette expression fournit la pression totale exer- cée sur l’ensemble de toutes les sphères de distance. Or | | r? sin À cos? D dD db — Le r? si l’on intègre par rapport à d entre les limites 0 et ? +, et par rapport Il ne à ® entre 0 et 27: telles sont bien les limites puisque ces parties de la ; 1 sphère de distance de la molécule I, pour lesquelles DST; ne sau- raient être frappées, étant donnée la valeur de s,. Si nous remplaçons maintenant s,? par s?+s?, une substitution qui est permise puisque les termes en ss, cos(s,s,) donnent en moyenne une somme nulle, nous pouvons immédiatement intégrer par rapport à du, dm et dw, le terme en s?, et nous obtenons: | Fa, 01, 1) dun du dun = 1. De même le terme en s,? peut être intégré immédiatement par rapport à du, do et dw, et nous obtenons fre v, w) du dv dw = n. Nous trouvons ainsi: TrÈn | 1 ms E(u,v,w) du de du + | m8? Pa, 0,%,) du, du, de | Ces deux intégrales fournissent chacune #87, où #5? signifie le double de la force vive moyenne d’une molécule. Nous obtenons ainsi pour la force totale exercée sur les sphères de distance: 4 DAO NET) 3 TI? n?2mMms2 e SUR LA MANIÈRE DONT LA GRANDEUR Ÿ, EIC. DE) et, si nous la divisons par la surface totale 47? de ces sphères, nous trouvons comme pression moyenne: ce qui est identique avec la pression qui s'exerce sur une paroi fixe. En évaluant la probabilité des chocs, je n'ai pas tenu compte de étendue des molécules ni de leur attraction mutuelle. Il est donc évi- dent que nous n'avons fait que déterminer une première approximation. SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES D'AMALGAMES 19100 /MLILILNQIES PAR J. J. VAN LAAR. I. Il y a quelque temps déjà, j’ai trouvé l’expression exacte de la différence de potentiel qui se produit entre deux solutions (solides et liquides), contenant l’une deux métaux, et l’autre deux électrolytes dont les deux métaux considérés sont des ions. Or M. REINDERS vient de publier récemment un travail ‘) où le même sujet est traité, quoique brièvement; c'est pourquoi je me propose maintenant de faire connaître les considérations auxquelles m'ont conduit cette étude. uppos les deux métaux soient solubles en foutes proportions. Supposons que les deux mé el peut certainement être le cas pour des amalgames ou alliages mel t certainement | g iquides, quand la température est supérieure au point de fusion des liquides, quand la températ t deux métaux, et il peut en être de même pour des solutions solides de deux métaux, fût-ce à l’état d'équilibre métastabile. o Soient 47 la phase métal, Z l’électrolyte liquide dans lequel les deux métaux existent à l’état d'ions. Soient encore AZ, le métal /e plus positof, M, le plus négatif. Pour l’équilibre entre 47, et les ions de ZZ, on a: cree A de (Fe Fan) de = 0. VA Dans cette équation w,», et we, représentent respectivement les poten- tiels thermodynamiques moléculaires du premier métal dans l’amalgame et des ions métalliques correspondants dans l’électrolyte; V,, et V4 sont les potentiels électriques de part et d'autre du feuillet électrique qui a ”) Versl. Kon. Akad. v. Wet. Amsterdam, 28 juin 1902; Zeitschr. f. physik. Chem. 42, 225, 1902. SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES , ETC. 297 pris naissance. On arrive immédiatement à cette relation en transportant virtuellement, de l’amalgame dans l’électrolyte, une quantité d’ions métal telle que la quantité d'électricité transportée soit de. Le premier terme doit être divisé par », €, parce que telle est le charge d’une molécule oramme, représentant la valence et « la charge d’un équivalent-gramme. Di Pon pose maintenant Ve, — V,, = À, on a donc: Nm = | () 1€ V1 € puisque la même relation est applicable au deuxième métal. ° Nous allons maintenant transformer cette expression de A, tout à fait générale. Pour des mélanges nous pouvons toujours écrire: = + RT log c, \ LL Q S HET Q où € représente la concentration de la composante considérée. Si nous représentons par 1—x la proportion du métal 47; dans la phase métal et par + celle du métal 47, , on a donc: l— x / fJ] ! / fi T (w'm—t{'e) + RT log > (um, —t@'e,) + RTlog" 1 5 À = ——— = = 1€ VaE 2 et dans cette équation les fonctions &' sont en général dépendantes non seulement de 7, mais de + ou de c. Ce n’est que pour des solutions extrèmement diluées que nous pouvons les considérer comme indépen- dantes de la concentration. Posant maintenant: 6 2. Tu. (Q) il vient : Tete ee (3 12 C, æ ARE see Hs (2) V1E €] V9E GC C’est sous cette forme que l’expression a été donnée par M. NERxsT ? q P ] ; *) Dans tous ces calculs j'ai négligé la (faible) correction qui résulterait des changements dans les propriétés capillaires de la couche limite. Voir à ce propos ma note sur l’électromètre capillaire dans ces Archives, (2), 7, 443, 1902. #) Zeitschr. f. physik. Chem., 22, 540, 1897. 298 TAC AIN AUANRe qui l’a toutefois déduite d’une toute autre manière et qui a omis les facteurs 1—x et x, une erreur qui a été redressée par M. RerNpees, quoique par un raisonnement quelque peu incertain. En outre M. 7 P Nernsr écrit toujours — à la place de —, P étant la , tension de disso- p c lution” du métal et » la pression ,,osmotique” des ions métalliques. Mais dans le cas de solutions diluées ces grandeurs sont proportionnelles à nos Æ etc. Un avantage de notre manière de raisonner c'est que la signification thermodynamique des grandeurs À, données par la relation (a), est évidente, tandis qu'il n’en est pas de même des grandeurs P chez M. Nerxsr. On peut aller plus loin encore et transformer l'équation double (2) en une équation unique. Car on tire immédiatement de (2): ae KO); = (y OU DIENE U Si nous posons maintenant c = & + €, , ©. à d. la concentration foéale des ions métalliques, nous avons donc: 1e C CG —= KR Ur) (3) En substituant cette valeur dans la deuxième des équations (2), nous trouvons : À ge Mob oz) Pour 7'=— 273 + 18 et c — 1 on a: RL 5 0001984 X 291,15 — 0,077. € SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES , ETC. 299 Le logarithme népérien est en même temps réduit en log. vulgaire et le A est exprimé en volts. La formule devient ainsi: DT top OLA (12) + Ka] (4) 189 = CE Il va de soi que l’on peut toujours déterminer les grandeurs À; et K, de telle sorte (notamment en ajoutant une constante à la constante de we) que c — 1 corresponde à une solution ormale d'ions dans l’élec- trolyte. Si l’on veut déterminer A pour une autre température, on n’a 1—18 F0 seront modifiés. Si la concentration c n’est pas égale à 1, on doit, à 18”, 0,0578 — log ce. D qu'à multiplier par L + mais on doit y songer que À, et À, aussi diminuer encore À de Il résulte clairement des formules (2) et (3) que, pour des valeurs données de c et x, il n’y a qu’une seule concentration €, d'ions qui soit en équilibre avec les deux métaux à [a fois. Si cet équilibre Ne + : n'existait pas dès le commencement — s'il y avait, par exemple dans le cas d’un amalgame d’étain, relativement trop d'ions mercure dans l’élec- trolyte — ces derniers se déposeraient sur l’amalgame, et un nombre /£ = / . CE , . . , électriquement équivalent d'ions étain passeraient de l’amalgame dans l’électrolyte en s’y dissolvant, jusqu’à ce que la proportion d'équilibre füt atteinte. S1 les valences », et », sont égales, comme dans l'exemple étain et mercure (où toutes deux sont égales à 2), cet échange ze #odifie pas la concentration fotale c. Si c est donc primitivement égal à 1, la concen- tration totale resfe normale; seul le rapport de €, à c, change jusqu’à ce qu 1l soit satisfait à la relation (3). IT. La formule (4) est l'expression à laquelle j'étais déjà arrivé dans le temps. Elle détermine Aig sans aucune ambiguité, du moment que c=1 K,, K, et x sont connus. La formule (3) donne d’ailleurs la relation entre €, et c (— 1). Ainsi que je viens déjà de le faire remarquer, les grandeurs À et À, restent généralement fonctions de +; nous y revien- drons tantôt ($ [IT), mais pour le moment nous traiterons ces grandeurs comme des constantes (c. à d. comme des fonctions pures de 7). Le plus souvent À; est excessivement grand en comparaison de Æ,. SL nous supposons p. ex. que AZ, représente de l’élais et A1, du mercure, ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE IT, TOME VIII. 20 300 J. J. VAN LAAR. on à pour des solutions normales (e = 1), d’après les données de M. WILSMORE ‘), A1 = — 0.085 ?), A, — — 1,027, de sorte que: ÆK—10-5; Æ,—10-%6. Pour la presque totalité du domaine de miscibilité de l'amalgame, notamment depuis 4 — 0 (étain pur) jusqu’à # — 1—10—% environ, nous pouvons donc poser, avec une précision suffisante : A = 0,0289 Log 04 (1x), où nous négligeons À, æ. Comme 0,0289 /09!° À; = !\, , nous pou- vons encore écrire : A—= A; — 0,0289 log" (1—x). (4a) Entre æ — 0 et x — 1— 10% la différence de potentiel echange donc que parce que 1—x varie *). On a par exemple: D = (|) NN = Ÿ — — US _ = À, —0,0013 = — 0,086 — 0,5 — A1 — 0,0087 — — 0,094 — 0,9 — À, — 0,0289 — — 0,114 — 0,99 — À, —0,0578 = — 0,143 — 0,999 — À, — D 086 paie — ]—10-10 | —A, 0,289 —— 0,374 — 1—10-2 | —A, 0,578 — — 0,663 — ]—]0-0 | —A,—0,867 — — 0,952 On voit par ce tableau que, même pour + = 0,999, la valeur de A n’est encore que peu différente de la valeur A; pour æ = U (étain pur), et *) Zeitschr. f. physik. Chem., 36, pp. 91 et 97. Voir aussi 35, pp. 291 et 333. *) M. Wirsmore donne A, e ET 0, 4? 7 Z; g) See) o,/ C2 2,3 7 5? CES 2 Les points M, N,R,S, T, U, V sur l'axe x— 1 correspondent respectivement aux ordonnées: —143 mV (xæ—0,99), —172(x—0,999), —374(r—1—10—10), — 663 (x = 1— 10-20), — 9592 (x — 1 — 10—30), — 1007 (x — 1 — 10-32) et — 1027 — À, (x — 0). Hiole Si l’on veut calculer À entre x — 1—10-% et 1, il n’est plus per- mis de négliger À, vis à vis de À, (1 —x), et l’on doit écrire: A = 0,0289 Zog!°[10-3(1—2) + 10-5567, où æ est posé — 1 dans le terme 4°, #. On peut écrire aussi : A = 0,0289 Zog!°[10-%%6(1 + 10%6(1—>)], ou bien A — À, + 0,0289 Log 0(1 + 102% (1—x). (40) Cela donne p. ex.: pour æ —=1— 10%, A— A, + 0,0202 =— 1,007 et pour x —1—10—%, A— A, +0,0005 —— 1,026; 20% 302 J. J. VAN LAAR. et pratiquement toutes les valeurs de + supérieures à 1—10—%* donnent À = À, | La courbe pointillée dans la figure précédente représente A comme fonction de la concentration c, des ions mercure dans l’électrolyte (réduite à c — 1). Les abscisses des points d’intersection d’une droite horizontale avec les deux courbes donnent donc des valeurs correspon- dantes de x et ©. Si l’on met la formule (3) sous la forme : ni 1 DATE ES , JD TL que l’on peut encore écrire : x = 1. l— > à (3a) parce qu’il est permis de négliger le terme 1 dans le dénominateur, du moins jusqu'à æ — 1—-10-%, on voit que €, est pratiquement nul depsir—\0'jusque = 11 Pour UOTE 10-%%6, et pour x = 1—10-% ©, n’est encore que 10-26 —0,0025: Ce n’est que pour des valeurs extrêmes de +, de 1—-10-% jusqu’à 1, que « devient notable et croit rapidement d'une valeur presque nulle à l’unité. On voit donc qu’une grande partie de la courbe pointillée se confond sur la figure avec l’axe + — 0. Presque tous les 1ons dans l’électrolyte sont de l’étain : presque tous les ions mercure, primitivement présents, se sont déposés sur l’amalgame, en échange d'une quantité électriquement équivalente d'ions étain, qui de l’amalgame sont passés en solution dans l’électrolyte. Si l’on veut avoir une équation donnant À en fonction de c&,, on déduit de A = 0,0289 log (4, (1— x) HE K, x) RE) — Cy RCE en premier lieu : ee 0 Conte » K,c + A, (1—c2) Ke, + A,(1—e) donc, après substitution: SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES , ETC. 303 EURE 16, + le = (UE 1 A ,0289 Zog K ou encore 1 —c C. A ( 20 0q K; K, (5) une expression qui présente une grande analogie avec (4). Cette analogie devient plus grande encore si l’on écrit: À = DO289 og 2 ou bien A = À, — 0,0289 Zog (€, + 2 (1—0)), tandis que (4) peut être mis sous la forme : A = À; + 0,0289 Zog!°( (1——x) + = ) Par là on reconnaît clairement que la courbe À = f (c,) est par faite- ment symétrique avec A = f(x); on n'a qu'à retourner la fig. 1 pour voir que la deuxième courbe est identique avec la première. Si l’on remplace c, par 1—c«, on trouve que les deux courbes peuvent être représentées, dans presque toute leur étendue, par A= À, + 0,0289 /0g'9(1—x) A= A, — 0,0289 og °(1—c). La première s’abaisse depuis A= A1 jusqu'à A = A, environ, lors- que æ (la concentration du wercure dans l’amalgame) varie depuis 0 jusque tout près de l; pour la seconde, A augmente depuis A, jusqu'à à peu près A, pendant que c, (la concentration de l’éfaix dans Pélec- trolyte) croît depuis 0 jusque tout près de 1. Il est facile de calculer quelle est la quantité d'ions mercure qui se précipite, quand l’amalgame se compose primitivement de x, mol. de mercure et 1—x, mol. d’étain et est mis en contact avec un électrolyte où la concentration des ions mercure = (c,), sur une concentration 304 UTNAINOT A ANR totale — 1. Supposons d’ailleurs que l’amalgame contienne # mol.-er. et l’électrolyte # mol.-gr. d'ions métal. On a donc primitivement: m(1—+,) étain n(1—(e,),) ions étain 7 Ty NINETCUTE n(c)) ions mercure. Après l'échange de #7 ions mercure de lélectrolyte contre #7 ions étain de l’amalgame, on obtient: m(1— 29 — 7) = mn (1—x) étain a (1— (0 )o | ions ? étain mx, +y)= mx mercure | n (er) ee Y)=n€ ions mercure. D Les valeurs de + et c,, correspondant à l’état d'équilibre, sont done données par 72 Bo +7; = (cp — Ÿ 5 0 et par l'équation (3), p. ex. sous la forme (34), notamment er C— 10%, de sorte que cette dernière demient: mm D nn Do ——7 = 10-86 0 hr ee d'où l’on déduit y sans ambiguité. De là résultent aussi > et €. O 2 De la figure précédente on peut déduire graphiquement les valeurs correspondantes de + et @&, en traçant une droite verticale donnant la 2 Z le proportion totale « du mélange des deux métaux dans les deux phases. Cette proportion est notamment donnée par ME (Co) F= m + n Prenons sur cette droite un point Pitelque PDP Er Een les grandeurs # et x sont invariables en vertu de l'échange par quan- tités équivalentes. Les points ?, et P,, donnant c, et +, l’ordonnée de P,c.àd. PQ, donne la valeur de A. 11 peut toutefois se présenter encore diverses complications. En pre- mier lieu le degré de dissociation électrolytique ne sera pas tout à fait SUR LES PROPRLÉTÉS ÉLECTROMOTRICES , ETC. 205 le même avant et après l’échange, de sorte que la concentration normale primitive c = Î sera quelque peu modifiée. En second lieu le calcul devient plus compliqué quand les deux métaux n’ont pas la même valence; e ne reste pas imvariable dans ces conditions, parce qu’un cer- tain nombre d'ions bivalents p. ex. sont remplacés par une quantité deux fois plus grande d'ions monovalents; alors la relation (3) devient aussi plus compliquée, etc. En troisième lieu 1l peut arriver que l’élec- trolyte se charge tellement d'ions de première espèce (p. ex. ions étain) que la solution deviendrait swrsaturée par rapport au sel d’étamn. Comme il se précipite alors une partie de ce sel, une partie de la quantité totale d'ions reste inactive, ce qui fait que le rapport #7 : # ainsi que ç aug- mentent. Par là la verticale PQ se déplace un peu vers la droite, tandis que P s’abaisse x peu sur cette verticale. En effet, c, étant devenu relativement trop grand, il se dépose sur l’amalgame encore quelques ions mercure en échange d’un nombre égal d'ions étain. Il se précipite ainsi toujours #% peu plus d’étain qu’on ne le déduirait de l’état de sur- saturation primitif. D + y TA , \ Pour la dérivée = on trouve, d'après (4): ï d'A EU SE re ( DGA LOS SN IEEE EUR rer ART : 0,0289 X 0,43 ae een une expression que l’on peut écrire, pour presque toutes les valeurs de x: GUN 0,0125 da 5 On voit que la courbe A = f(x) s’abaisse continuellement depuis dA Je 2 f) Pros 2 dx RE JS très grande, 1l est vrai, mais pas encore égale à l'infini négatif. Aueque A Pour 7— 1, , ce qui est une valeur Les mêmes remarques s'appliquent à la courbe A = f'(c,), mais dans l’ordre de succession contraire, ainsi que nous l'avons vu plus haut. S1 nous abandonnons l'hypothèse que À et À, sont indépendants de æ, il peut se présenter des maxima et des minima, et la courbe A = j (:,) n'est plus tout à fait la symétrique de la courbe A = f(x). 306 J.°J: VMANVLAAIR: Examinons maintenant d’un plus près le cas où À et X, sont encore fonctions de x. ITTI. Dans un travail précédent ‘) j'ai fait voir que, quand on admet comme exacte l’équation d'état de van DER WaaLs, w»n, peut être représenté par: ; Ce em, — (ue ml + — b, 22 + RT log (1—x), où A=4a dt} +a,b?—2?a,b, 0, et b =D, (1—x) É b,r= 0, (À + rx). Cette expression, M. van DER Waars lui-même la déjà donnée en 1891. Pour zh, on trouve: À (1x) : o + F ( pe ) ER TMogx. Um, — (ue nn) Si l’on admet que les grandeurs y’, relatives aux ions métal dans l’electrolyte, sont indépendantes de + en vertu de la faible concentration des ions, on trouve comme expression plus exacte que celle donnée plus haut: ! / A1 x? ; 1=< L(ez me 12 cal —- 1 2 — R7T log é \ = — io Rp / / À tp OL w [Ce mo — a. un b, b2 ; = T9! log Ca 9 V9 E O 4 A ce qui, eu égard à (mo — Be, = R To (Kio et (mo — Be, = RT log (Ko) se transforme en Te 1 os — log | (A) eB,% 1€ si l’on pose pour abréger: ?) Ces Archives, (2), 8, 270, 1903. SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES, ETC. 307 RARE RES A $ B a A re TOP Admettant » — 7, = y et remplacant €, par la valeur C (Ke je CBL TE Cr) (A Jo BUT à (3bis) ju tirée de €, __ (Kio? (x) (Oh te? onobment, 21880 pour c—"1" 5) — RE log"? | (Ai) eR(1— x) +(K,), pra à | . (&bis) Me c—1 Avec ces expressions plus précises (34s) et (4bis) l'allure générale des deux courbes est encore la même que précédemment. Il se pourrait toutefois qu’il se présente maintenant un maximum ou un minimum. En effet, comme (Bree) 24% ; d(B,(1—x)) 2A1— x 9 OR TIUE dx MODE nous trouvons maintenant, avec ? = 2: AE T ie ne fin | (A )ur" (A) | ——— (1) 0175 v (6) Or, cette expression s’annulle en premier lieu si ABS) 0 0 HU IE NEA me ï mr : 0. De Mais il est aisé de faire voir ‘) que dans ce cas en ca sont tous Æ æ *) M. le Prof. Baxnuis RoozrBoom m'a fait remarquer que l'existence de maxima et de minima, comme conséquence du fait que ce facteur s’annulle, pourrait bien, et pour plus d’une raison, se présenter dans la région instable. Une étude entreprise dans ce but, que je reproduis ici, a confirmé cette prévision. 308 J. J. VAN LAAR. deux — 0, ce qui indique que nous avons affaire à des états lobes, puisque nous nous trouvons alors sur une courbe spirodale de la sur- face «4. Il faudrait donc que le mélange homogène se fût déjà séparé depuis longtemps en deux phases coexistantes — liquides ou solides — de composition différente. Ce que nous venons de dire peut d’ailleurs être démontré d’une manière générale. La formule (4bis) peut notamment s’écrire: (2 ! 7 Him, lt e, (2m; tZ er To DR D Re n. E RT ne oT | VE Le si l’on a égard aux expressions données plus haut pour (4,),, (4,), Um, €b im. S1 nous admettons donc comme tantôt que Le, Et Le, SONb indépendants de €, et e,, donc aussi de x (l’électrolyte étant supposé en solution très diluée), nous trouvons: Um, —tk'e, LM er ASPIETE É raon O0 me RT i dx ye N dx Oral Comme CZ De | D L = Ç— TL —: L — — 7 m 3: M S D € étant le potentiel thermodynamique total, nous aurons: CP 0 020 Dee (l ») 020 70 —e LE, —T) —> dx Où?’ 0x dx? ? et l’on a lzm — Le LM L'e, GA RTS RS nor RE de DT NO a mi) 22 | Cette dérivée peut donc s’annuller, ou bien parce que 5, devientnul TRS 0 0 m1 @11D) : ; ( SL _ = s’annullent alors en même temps ), ou bien parce que 0 dx à) — — () coïncide avec … DA æ (1 RTS le deuxième facteur s’évanouit. Or 1 — (, ainsi qu'on le reconnaît aisément, p. ex. par différentiation de SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES, ETC. 309 Um, ; et il est prouvé par là que pratiquement le facteur en question ne DA . - . . s EN . peut jamais devenir nul, puisque =; — 0 ne se rapporte qu'à des points OT : dans la région /ubile. Par contre 1l est possible que le second facteur s’annulle, c. à d. que (A ) ae (A) Ce 0) LA [2 mt €» (PAT E emnt 2C remmmetidentique avec re = (Er) rt | — (1), mais alors les valeurs de (À), et (X,), ne peuvent pas différer aussi considé- rablement que nous l’avons admis jusqu'ici. Je traiterai ce cas séparé- ment dans un paragraphe suivant. C L Co . Comme + ou = contient à présent, non seulement æ# et 1—-x, Co C) LA 2 mais encore e8,% et el," il n’est plus possible d'exprimer 1—x et æ explicitement en fonction de c, , et de même on ne peut plus exprimer A comme fonction explicite de €, , ainsi que nous l'avons fait dans la formule (5). La courbe A = f(c,) ne sera donc plus la symétrique de A= f(x), amsi qu'on le reconnaît d’ailleurs par la comparaison des IA ,dA : expressions “et “2. Il suit notamment de (3bis) que der 9 7 2 x?+p (1—x)? EU CO Dante de, Fo el? TB, G de [(KA he (1x) +(K,), et) x? En combinaison avec (6) cette expression donne : * - a x? 7 (1—x)? Ta d'A 0,01 25 [A )o (6 )o €P2 x A à (7) dc (Ki )o (Ka o 7 TROP) 2 À x (1—x) On voit que le facteur 1— a disparu. Toutefois, comme Ta TN d Ç dx COST ANT de» dr da AU et que EE contient ce facteur dans le dérominaleur, on voit que de 2 210 J. J. VAN LAAR. d'A dC»” — x pour les valeurs de x pour lesquelles ce facteur — 0. En ces points la courbe doit présenter des points de rebroussement. Nous ve- nons de voir, il est vrai, que ces circonstances ne se présentent que dans la région labile; nous n’avons donc pas besoin de nous y arrêter. TIT. Examinons maintenant le cas où les caractères électromoteurs des deux métaux sont fort peu différents l'un de l’autre, comme c’est le cas p. ex. pour le mercure et l’argent, l’étain et le plomb, etc. Avec le premier système de deux métaux on a: À, (mercure) — — 1,027 À, (argent) = — 1.048 K, — 10-178X2 K, — 10-181 Mais il se présente ici cette circonstance désagréable que les valences sont différentes (7, — 2, », — 1), ce qui rend les formules très com- pliquées. C’est pourquoi je préfère prendre comme exemple le système étain-plomb, où A3 (étain) = — 0,085 À, (plomb) = — 0,129 Ge LOTS Ks=A0SSS La formule (4) devient alors ( = 2): A = 0,0289 Zog10 (103 (1—x) + 10-# x), puisqu'il n’est plus permis de négliger A, vis à vis de X,. Comme A DORE a 0 on peut encore écrire: A = Aj + 0,0289 Zog10 ((1—x) + 0,030 >), ce qui exprime une décroissance plus régulière depuis A, jusqu’à A, (voir fig. 2). Si l’on tient compte de la correction traitée au $IIL, (4bis) peut être mis sous la forme (y = 2): (A o A = A; -+ 0,0289 Zog'0 Le (1—r) —— a : 1 Jo SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES , ETC. o11 d'A D’après (6), A peut maintenant s’annuler dès que da (Æ, jo Bi T — (KA, )p RAT — 0, Per CS ; nee), eZ —B:(—2x) — a (Æo Si l’on remplace B, et GB, par leurs valeurs, cette égalité devient ES — }9g (A )o RTL È AT 72 -/1e -110 Yo by! 8,2 33 47 AT 20 D ONG) Le Ho 02e net ee (+ a)=n a+): À ou bien, comme en 1 a En (nm me, ee), D M 9 ne C0. 7 9 RIM Er) 0 0 h DINENCOrE, AVEC — 79, : 40 To d, 2x —1+ rx" — og (Æ)o RTS TN (Er) (X)o à b, Posant encore —° — 4 et remplaçant - ps par nous obtenons, set do *) Ces Archives, (2), 8, 271, 1903. DL J, J. VAN LAAR. 21% ele Dome Re io), Dès que les grandeurs 4, x et r ont été déduites de la courbe de fusion (8) on peut, pour des valeurs données de À et À,, calculer la valeur de x S . ENTER © LUZ qui satisfait à l'équation précédente. La valeur de x détermine sil y a un maximum ou un minimum. Pour de très petites valeurs de + on peut notamment écrire: A = A + 0,0125 log | x LACÈ dax | (Æ)0 On voit donc que À commence par croître avec æsi TS er —1>>0, 1/0 donc si (A) GER D PRE 0 (A) Or, nous avons toujours supposé (4), => (4,),, ce qui fait quil n’est possible de satisfaire à l'inégalité précédente qu'avec des valeurs positives de B,, c. à d. quand « est positif. Tel est p. ex. le cas pour des amalgames d’étain et sera probablement le cas pour tous les amal- games, pour des raisons que j’ai données antérieurement ?). Ainsi donc un #aximum n’est possible que quand x est positif, un minimum quand + est #égalif. Un maximum ou minimum ne se présente toutefois que s’il est pos- sible de satisfaire à (S) par une valeur de + comprise entre 0 et 1. dx — L + rx? (in Comme l'expression varie depuis — 1 (x = 0) jusqu'à Il : Lee (x = 1), on voit que pour x positif on doit avoir 7 ob àd. > ——, 8 eee ra à Gin (80) afin qu'il se présente un maximum pour une valeur de + comprise entre 0 et 1. Si l'inégalité devenait une égalité on trouverait un maximum pour x = 0. ‘) Ces Archives, (2), 8, 264, 1908. SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECIROMOTRICES, ETC. LD Si æ est #égatif, la condition de l'existence d’un minimum entre æ — 0 et x — 1 est évidemment: = &Ts 0 1 (A) 1 Tes # NEEUN. L'on 2, 1 (ASS 0,0125 (2) Dans le cas d'égalité le minimum coïncide avec x = 1. Les figg. 3 et 4 rendent, dans les deux cas, l’allure des deux courbes A— f(a) et A = f(e,) Ho CCE Fig. 4, D’après la formule (7), = s’annulle pour /a méme valeur de x que Go 1 : 1 _ suit d'ailleurs de (36%) que l’on a alors €, = ——— — 7, dx l—> ir de sorte que les courbes À = f(c,) et A = f(x) sont tangentes au maximum OÙ MINIMUM COMMUN. On voit immédiatement d’après (8a) que, si (A,), et (X,), — ou A, et À, — sont peu différents, l'existence d’un maximum est possible. Pre- nant par exemple pour «&, 0, 1, et r les valeurs trouvées pour l’étain et le mercure, nous devrions avoir, pour 7 = 7: 0,0453 1 a DI25, © ad 007. ous deep Poiee 314 J. J. VAN LAAR. Or, pour l’étain et le mercure A; —A, = 0,942, une valeur beaucoup trop grande, comme nous l'avons déjà fait observer au $ IT. Si nous e \ / SL. A pouvions admettre, dans le système étain-plomb, les mêmes valeurs pour les grandeurs & etc., nous trouverions A, -- A, — 0,044, ce qui serait encore à peu près 8 fois trop grand. V. Je ferai enfin quelques remarques relatives à la courbe A = j(+), dans le cas où l’amalgame ne reste pas liquide (ou solide) pour éoutes les valeurs de +, mais où 1l y a un domaine plus ou moins étendu dans lequel coexistent un amalgame solide et un autre liquide, comme c’est le cas pour le système étain-mercure au-dessous de 232°, mettons à 25°. La fig. 5 fait voir quelle est, dans ce cas, l'allure des courbes A= f(x) et A—f(c,), aussi bien pour l’amalgame liquide que pour l’amalgame solide. A À À ay = (>) = Fig. 5. Les courbes représentent en partie des états stables, en partie des états métastabiles. Il est facile de voir comment ces courbes sont situées l’une par rapport à l’autre. Le point de fusion de l’étain pur est 232°; à 25° l’étain liquide est done métastabile, de sorte que 4 >> us. Or, d’après la formule (1), Um; lee A EE 1 VE ? de sorte que, comme w, est le même dans les deux cas (puisqu'on sup- pose que la concentration des ions métal reste normale), on a aussi (A1) >> (A); en d’autres termes, le point À (fig. 5) est situé au-dessus SUR LES PROPRIÉTÉS ÉLECTROMOTRICES , ETC. 1181 de 4’. On constate de la même façon que — la phase hquide étant la phase stable pour le mercure à 25° — (A, } 55 Var. {enaX, 5) » VAT. A2UCOSUM, és sphaericum , D replans. Gr. polymyva. Cette espèce, très répandue dans le sol, a déjà été décrite antérieurement par l’un de nous dans un travail sur la fermen- tation butylique ‘); nous l’avons retrouvée depuis très souvent dans le terreau de jardin. Le B. solaniperda KrAMER ?) est probablement iden- tique avec elle, ou du moins c’est une variété très voisine. Le Po/ymyxa produit dans lextrait de malt une fermentation active et de longue durée; 1l se forme alors une culture mucilagineuse, quise recouvre d’une couche de mousse filante et persistante et qui se dilate fortement par le gaz provenant de la fermentation et consistant presque exclusivement en acide carbonique. L’écume est constituée par des bâtonnets mobiles et par des clostridies minces, sporifères, ne contenant que peu de granulose. Sur de la gélatine au malt 1l commence par se former des colomies trans- parentes, minces, qui plus tard liquéfient énergiquement et sont alors fort semblables à celles de B. mesentericus vulgatus. Cette espèce, Je l'ai cultivée depuis plusieurs années comme une espèce aérobie ordinaire, et c’est avec une pareille culture d’ancienne date que j'ai observé, en symbiose avec CAroococcum, régulièrement une fixation notable d’azote (Epr. 45), tandis qu'une culture pure où le Chroococcum fait défaut ne se développe qu'exceptionnellement (voir 5) dans la solution nutritive pauvre en azote. Les nitrates sont énergique- ment réduits en nitrites et sels d’ammonium, mais non en azote. En *) Fermentation et ferments butyliques (1. c. avec planche). *) Micura, System der Bakterien, Bd. II, 1900, p. 573. € ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 540 présence de sucre les premières substances constituent la meilleure source d'azote, mais les nitrites et les sels ammoniacaux aussi peuvent remplir ce rôle. Notre microbe supporte toutes ces combinaisons azotées dans des concentrations beaucoup plus élevées que C#roococcum, ce qui fait que quand on a un mélange des deux espèces dans une solution nourri- cière privée d'azote, la dernière disparaît par l'addition mème de petites quantités (p. ex. 0,1 %%) de ces combinaisons en faisant place au Polymyxa. Les deux variétés de Polymyæa, qualifiées de Tenax et Mucosum, ont été isolées du sable de bruyère aride, où elles sont très répan- dues ‘). Le nom de 7enax a été donné à cette variété parce qu’elle s'attache fortement à l’agar, d’où elle ne se laisse détacher que difficile- ment au moyen d'un fil de platine. Mucosum, par contre, recouvre d’une couche mucilagineuse épaisse et peu adhérente la plaque d’agar au glucose et ressemble beaucoup à CAroococcum, sauf que les colonies de ce dernier sont troubles comme de l’empois, tandis que celles de Mucosum sont plutôt transparentes. Au microscope on observe chez Tenax et chez Mucosum des bâtonnets et de minces clostridies avec spores allongées (Epr. 47 et 48). Granulobacter sphaericum. Cette bactérie intéressante a déjà été décrite brièvement dans une communication précédente sur des oligonitrophiles?). Depuis nous l’avons soumise à diverses expériences et nous l’avons isolée à nouveau maintes fois. Les petites clostridies, presque sphériques ou piriformes, avec spores allongées, se laissent isoler ordinairement des accumulations infectées par du terreau ou par du sable des dunes, de préférence après chauffage de ces matériaux jusqu'à 85° C. Par transport les clostridies s’amincissent et s’allongent, tandis que, par une culture prolongée à l’air libre, plu- sieurs souches perdent leur force végétative. Dans d’autres cas la forme est beaucoup plus stable et se rapproche alors davantage de l'espèce précédente; chez cette forme moins variable les spores et les clostridies *) Plusieurs échantillons de sable de bruyère, recueillis à Wageningen et pris à diverses profondeurs, m'ont été fournis par mon ami M.le Dr. O. Prrscu. Je n’ai pu déceler À. chroococcum dans aucun d'eux. Pourtant, au moyen des formes de Granulobacter que j'en ai isolées, je n'ai pu observer de fixation d'azote que quand le liquide de culture contenait en outre A. chroococcum, d'autre provenance, et j'ai vainement tâché d'isoler du sable d’autres espèces qui fixassent l'azote de l'air en symbiose avec Granulobacter. #MCes Archives, (2), 8, 204, 1903. 22% 394 M. W. BEIJERINCK ET A. VAN DELDEN. sont d’ailleurs plus grandes. La transformation des cultures est surtout lente quand on cultive sur de l’agar au glucose pauvre en azote; en symbiose avec Chroococcum + Radiobacter on observe alors une crois- sance exubérante et une forte formation de mucus chez les trois espèces. Nous n'avons jamais observé de croissance sur de la gélatine au malt. Les colonies sur de l’agar au glucose ont une tendance à se développer latéralement et à se ramifier; elles rappellent ainsi Bacillus subtilis. La variabilité de Gr. sphaericum est imtimement liée à sa microaéro- philie, qui est assez prononcée. La forme n’est pas absolument anaéro- bie, ainsi qu'il résulte déjà de sa simple isolation à l'air libre; cepen- dant les cultures exposées en plein air perdent rapidement leurs pro- priétés, surtout le pouvoir de fermentation et la tendance à former des clostridies. De même l'intensité avec laquelle se fixe l'azote libre en présence de CAroococcum diminue sous l'influence d’une aération pro- longée; le pouvoir ne se perd toutefois pas complètement et, quand on ne regarde pas au temps, le rendement final, obtenu avec des cultures vieillies et peu actives, n’est même pas beaucoup plus petit qu'avec des cultures fraîches. Des colonies fraichement isolées, cultivées en même temps que C4roo- coccum dans le hiquide nourricier à glucose et sans azote, croissent avec beaucoup de rapidité en assimilant l’azote libre et donnent naissance à un mélange d'alcool propylique et d'un peu d'alcool butylique, ainsi qu'à un arome spécifique particulièrement agréable. Il se forme en même temps de petites quantités d'hydrogène et d’anhydride carbo- nique. L'aspect microscopique de ces cultures est surprenant à cause de la riche croissance des deux espèces, mais, dans des conditions encore inconnues, le développement de CÆrooc ccum S'arrète et cet organisme peut alors même être refoulé complètement par Gr. sphaericum. De pareilles cultures peuvent néanmoins fixer beaucoup d'azote, d'où l’on doit conclure que Gr. sphaericum doit de lui-même, sans C#roococcum, être en état de fixer l’azote libre et d'employer même pour sa crois- sance la combinaison azotée à laquelle 1l a lui-même donné naissance. Pourquoi la présence de Céroococcum est pourtant si avantageuse, voilà ce qui est encore incomplètement expliqué. [l est certain que cette influence ne consiste pas seulement en un enlèvement d'oxygène, : car, si telle était la seule cause, bien d’autres bactéries devraient être en état de remplir le même rôle que CAroococcum, ce qui n’est pas du tout le cas. C'est ainsi que nous avons essayé les cultures ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. d90 combinées suivantes, aussi bien dans des solutions de mannite que dans des solutions de glucose, et toutes avec un résultat négatif: Sphaeri- cum -+ Mesent. vulgatus, Sphaericum + Subtilis, Sphaericum Aëro- genes l, Sphaericum + Fluorescens non liquefaciens, Sphaerieum + Aërogenes ?, Sphaericum + Radicicola (de trèfle blanc), Sphaeri- cum + Radiobacter. En aucun cas nous n'avons observé une crois- sance quelque per importante, bien que nous eussions conduit les cultures pendant des mois. Nous avons souvent essayé aussi d’acti- ver la croissance de pareilles cultures combinées, ou même de cultures pures de Sphaericum, en limitant l’accès de l’air, le tout en vain. Seule l'addition de CAroococcum était capable de produire une croissance et une fixation d'azote, surtout avec Gr. sphacricum. Sphaericum est une bactérie très répandue que l’on trouve aussi dans l’eau de la distribution, au point que, quand nos solutions ordinaires de mannite ou de glucose étaient simplement portées à l’ébullition sans ètre stérilisées, des semences de CAroococcum s'y développaient parfois fortement; mais on constatait alors toujours une infection avec l’une ou autre espèce de Granulobacter. Granulobacter reptans. C’est une forme intermédiaire entre l'espèce précédente et Gr. polymyxa; on lobtient en culture pure de la même facon que Gr. sphaericum, notamment dans notre solution nutritive ordinaire, pauvre en azote, par infection avec du terreau pasteurisé + Chroococcum. Dès que la forte croissance à commencé, on s’en sert pour tracer des traits inoculatoires sur de l’agar au glucose; 1l se forme alors, comme dans le cas précédent, des colomies fortement ramifiées, en couche mince et s'étendant bien loin. On peut toutefois obtenir aussi les colonies caractéristiques de Æeptans en transportant les cultures, obtenues par infection au moyen de terre pasteurisée + C/roococcum , sur des plaques de gélatine au malt, où Sphaericum ne se développe pas et où les colonies de ÆReptans sont très faciles à reconnaître. Elles y forment notamment de masses en plaques minces, étendues, assez con- sistantes, constituées par des bâtonnets et des clostridies allongées et sporifères. Par l’iode elles se colorent en bleu intense ou violet foncé. Dans une solution de malt Æeyfans produit une forte fermentation, tout comme Polymyxa. Les bâtonnets qui se forment pendant cette fermentation se groupent sous le couvre-objet dans des figures de res- piration comme des spirilles, toutefois à une distance beaucoup plus grande du ménisque, ce qui prouve leur forte microaérophilie. Des e 390 M. W. BELJERINCK ET A. VAN DELDEN. cultures longtemps poursuivies dans du malt liquide hquéfient énergi- - Ë 4 £ \ . . quement la gélatine au malt où on les transporte, tandis que des colonies fraïchement isolées y croissent pendant des semaines sans provoquer de liquéfaction. Bien qu'il soit certain quil se fixe beaucoup d’azote dans les accu- mulations bien aérées, par symbiose de C#roococcum avec les espèces aérobies de Granulobacter, nous sommes néanmoins convaincus que ces ; ! AU AT RSS espèces sont dautant plus actives que leur microaérophilie est plus prononcée, ce que l’on peut reconnaitre à l'éloignement de leur ,,hgne de respiration” du ménisque dans les préparations microscopiques. Nous avons reconnu dans tous les cas que des colonies fraîchement isolées, fort microaérophiles, de Sphaericum et de Reptans fixent, dans / 72 9 A . un temps déterminé, plus d'azote que les mêmes colonies devenues plus aérophiles par une longue culture à l'air libre. Leur activité spécifique A g NUL A \ L / a ne se perd toutefois pas complètement, même après une culture aérobie de deux années. c) Les ferments anaérobies butyriques et butyliques des cullures accumulatrices. Bien que le but principal de ce travail soit de prouver la fixation d'azote dans les cultures aérobies, la clarté exige que nous communi- quions quelques résultats obtenus avec les espèces vraiment anaérobies de Granulobacter, e. à d. avec les formes de ce genre ne croissant pas à l’air libre, mais cependant microaérophiles, comme les précédentes. Les espèces dont 1l s’agit ici ont été décrites antérieurement comme Gr. butylicum et Gr. saccharobutyricum ‘). Les cultures qui ont servi à ces descriptions étaient obtenues dans des expériences à l’aide de malt de farine, et ne sont pas, à la vérité, complètement identiques avec les ferments butyriques et butyliques trouvés dans nos accumulations actuelles. C’est ainsi qu’un malt de farine n’entre pas immédiatement en fermentation butylique, sous l'influence d’une culture de C#r00- coccum + ferment butyrique dans notre liquide nourricier au glucose; il faut pour cela une certaine accommodation ?), et il en est de même *) Fermentation et ferments butyliques (ces Archives, (1), 29, 7, 1896). *) Un examen de la question difficile et très importante de l’accomodation chez les bactéries ne serait pas à sa place ici. Je m'en occuperai à une autre occasion, ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES, 991 du ferment butylique. Au reste, les formes que l’on obtient dans ces conditions de culture si différentes sont tellement identiques qu’on ne doit pas songer à baser sur la différence d’accomodation la détermi- nation de nouvelles espèces où même de variétés. Aussi sommes-nous pleinement convaincus que ce sont les mêmes spores qui, dans l'infection au moyen de terreau de moût de farine ou de notre liquide au glucose pour accumulation d'azote, produisent la fermentation butyrique ou bien, quand elles appartiennent à Gr. bulylicum, la fermentation propyl- butylique, et que ce n’est que dans ces conditions nutritives spécifiques que prend naissance l’accommodation dont nous venons de parler et qui fait donc encore défaut chez les spores présentes dans le terreau. Au sujet de la fixation de l’azote libre par le ferment butyrique, nous sommes arrivés en principe au même résultat que M. Winocrapsky '), qui à donné à l'agent de cette fermentation le nom de Clostridium Pas- teurianuwm; 11 existe cependant une différence entre son expérience et la nôtre au sujet des bactéries concomitantes, qui rendent possible la fixa- tion d'azote dans les fermentations butyriques. D’après lui 1l s'agirait uniquement d’un enlèvement d'oxygène, qui pourrait fort bien se pro- duire par les espèces aérobies sporulentes, lesquelles restent vivantes, comme le ferment butyrique lui même, dans la terre pasteurisée. Quant à nous, nous n'avons Jamais obtenu de culture satisfaisante aussi long- temps que nous suivions le précepte de M. Wino&rapskY, de pasteuriser la terre servant à l’infection. Il est vrai que bien souvent 1l se produisait ainsi dans nos liquides nourriciers une vraie fermentation butyrique, mais cette fermentation s’arrêtait toujours bientôt, comme toute croissance d’ailleurs. Il ne se changeait rien à ce résultat quand nous nous servions pour les transports de liquides contenant, au lieu de glucose, du saccharose ou de la mannite, avec ou sans craie; pas davantage en ajoutant pendant Pinfection telle ou telle autre bactérie ordinaire, non sporulente, comme les Aérobacter, Radicicola, Fluorescens liquefaciens où Fluorescens non hiquefaciens. Ce n’est que par la présence de CAroococcum que les circonstances étaient complètement modifiées: la fermentation butyrique s’accomplissait alors régulièrement Jusqu'à ce que tout le sucre avait disparu et l’on obtenait un rendement d'azote semblable à celui que L M. Winocrapsky avait atteint, c. à d. 3 mgr. d'azote fixé par gr. de 1) Assimilation de l'azote libre, loc. cit. 399 M. W. BELJERINCK ET A. VAN DELDEN. sucre ou même plus. Dans beaucoup de ces cas l’examen par culture le plus minutieux ne permettait plus de découvrir, après quelques trans- ports, aucune autre bactérie aérobie que CAroococcum et aucune autre anaérobie que le ferment butyrique. De pareilles cultures, productives au point de vue de la formation d'acide butyrique et de fixation d'azote, se caractérisaient toujours par le fait, que la pellicule superficielle de C#roococcum fimissait par se colo- rer en brun foncé passant au noir, en même temps que l’acide butyrique et le butyrate de calcium qui se formait au commencement dispa- raissaient complètement avec formation de carbonate de calcium, oxydation produite par CAroococcum. Ce processus d’oxydation, pour lequel CAroococcum est la seule bactérie appropriée que nous ayons trouvée, et l'absorption d'oxygène, nécessaire à l'anaérobiose du ferment butyrique, sont à notre point de vue les principales circonstances, mais non les seules, qui rendent la première bactérie si utile pour la fixation d'azote par le ferment butyrique. Dans nos expériences d'infection au moyen de terreau pasteurisé, il est souvent arrivé qu'il ne se produisait pas de fermentation butyrique, mais une fermentation propyl-butylique ‘), aussi bien dans une solution de glucose que dans une solution de mannite. Dans de pareils cas les bactéries concomilantes aérobies et sporulentes pouvaient donner un gain d'azote, même en l’absence de Céroococcum, tout comme s’il se format de l’acide butyrique. Mais, même dans ces circonstances, la présence de Chroococcum était si décidément avantageuse que ce n’était pas la peine d'étudier plus loin les phénomènes qui se produisaient quand le Chroococcum faisait défaut. Enfin, plusieurs infections au moyen de terreau, qui n’était même pas pasteurisé, ont fourni des cultures où manqualent 1l est vrai les caractères extérieurs de la fermentation butyrique et propyl-butylique, mais où nous trouvions au micros- cope un petit nombre de bacilles et de clostridies que nous devions considérer comme agents de cette fermentation, et précisément dans ces expériences où nous observions en même temps une croissance particu- lièrement vive de C#roococcum et Radiobacter nous obtenions un rende- ment d'azote très élevé (Epr. 15 et 17). *) Autrefois nous étions d'opinion que cette fermentation produisait essentiel- lement de l'alcool butylique, et voilà pourquoi cet agent avait (loc. cit.) reçu le nom de Gr. butylicum. Plus tard nous avons reconnu que la masse conte- nait surtout de l'alcool propylique. ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 999 S'il s'est produit une forte fermentation butyrique dans ce genre d'expériences, une gouttelette de la culture, introduite dans la chambre de verre !) pour l'observation de la ligne de respiration, donne un résultat très convaincant, d’une part par la formation d’une ligne d'accumulation, particulièrement nette, des bâtonnets microaérophiles très mobiles, à une distance considérable du ménisque, d'autre part . \ ? L A par la croissance très forte de C#roococeum dans le ménisque même, aux dépens de la combinaison d’azote formée par le ferment butyrique. Quand on a affaire à une culture du ferment butylique anaérobie, l'expérience ne réussit pas du tout avec la même élégance. Comme les ferments butyriques et butyliques observés dans nos expé- riences présentaient des différencés considérables, il n’est pas impos- Se Ha sible que les variétés rencontrées 1e1 se comportent autrement que celles rencontrées ailleurs. Avant de terminer ces considérations, nous désirons encore faire remarquer que, dans les accumulations où du terreau frais avait servi à l’infection, de sorte que toutes les bactéries capables de se déve- lopper avaient pu se multiplier dans nos liquides nourriciers, nous avons observé le phénomène suivant. Dans la culture aérobie 1l arrive sou- A / N A A / vent que toute la masse, abandonnée à elle-même sans être remuée et maintenue au-dessous de 28° C., finit par se ,gélatiniser”” com- *) Notre chambre de verre se distingue de celle décrite précédemment en ce que la préparation est appliquée contre la face inférieure du porte-objet, qui doit donc être aussi mince que le couvre objet lui-même; le couvre-objet ne tombe pas en vertu de la capillarité. L'installation est la suivante: une petite cuvette rectangulaire, de 6 cm. sur 4, et de 1 em. de profondeur, peut être complètement fermée au moyen d’une plaque de verre de l'épaisseur d’un couvre- objet. La souttelette destinée à la culture ou à l'observation microscopique adhère à la face inférieure de cette plaque et est recouverte par un grand couvre-objet ordinaire, de telle manière toutefois qu'il reste, par l'intermédiaire d'un fil de pla- tine, un espace en forme de coin entre le mince porte-objet et le couvre-objet qui y adhère (ainsi que je l’ai représenté dans Centralbl. f. Baht. Bd. 1V, 1893, p. 821). Dans cet espace les microbes s'accumulent, soit par déplacement, soit par multiplication, à l’endroit où la tension de l'oxygène est la plus convena- ble pour l’espèce considérée. La cuvette contient un peu d’eau afin d'éviter l’évaporation de la gouttelette d’épreuve, et la chambre toute entière est à son tour placée dans une autre cuvette, contenant également de l’eau. Une pareille culture peut, sans se dessécher, être observée durant des semaines et des mois. On peut se procurer l’appareil complet chez M. J. W, Gizray, fabricant d’in- struments scientifiques à Delft. 340 M. W. BEIJERINCK ET A. VAN DELDEN. plètement par suite d’une formation abondante de mucus sous lPin- fluence de Céroococcum ‘). Ce mucus à deux propriétés remarquables. Mélangé avec le réactif de NessLer, 11 commence par le jaunir; ensuite la coloration change en noir par la séparation de mercure métallique, ce qui prouve une action réductrice. En second lieu 1l est capable d'entrer en fermentation butyrique et alors la masse gélatinisée se Hquéfie complète- ment avec formation de gaz. Comme la cellulose ne subit pas la fermen- tation butyrique, mais bien la pectine de la membrane cellulaire, nous sommes tentés de conclure que le mucus de C#roococcum est formé par cette dernière substance. Il est aisé de démontrer que dans la liquéfac- tion, sous l’action du ferment butyrique, de la couche de pectine de la paroi cellulaire ordinaire chez les plantes supérieures agit un enzyme spécifique, secrété par ce ferment, la pectinase. Il n’est pas impossible que ce soit le même enzyme qui agisse dans notre cas sur le mucus de Chroococcur et en provoque la liquéfaction. 9. (GAIN D'AZOTE DANS LES ACCUMULATIONS GROSSIÈRES DE CHROOCOCCUM. Pour le dosage de l’azote nous nous sommes servis de la méthode de KieLpanr, avec la modification qu'y a apportée M. JobLBAUER À), en : ia je e vue des traces de nitrates introduites dans mainte expérience par linfec- tion au moyen de terreau. ?) Ce mucus se compose (ainsi que je l’ai fait voir dans ces Archives, (2), 7, 209, 1902) des membranes cellulaires, fortement épaissies, de cette espèce. Un mucus, en apparence tout à fait semblable, peut être formé dans nos solu- tions nutritives par B. radicicola et Radiobacter, mais les propriétés chimiques en sont autres. | *) Nederlandsche Staatscourant , 1899, n°. 277. On brûle le filtre sec avec 15 em°. d'acide phénolsulfurique (100 p. de phénol + 900 S0"H” de 1,8). Au bout de quelque temps on ajoute encore 2 gr. de poussière de zine, 2 em°. d'acide sulfurique concentré et une goutte de Hg d'environ 1 gr. On abandonne pendant quelque temps avant de passer à la combustion, afin d'éviter une for- mation de mousse. La combustion au bain de sable dure de 4 à 5 heures. —- On lave la masse dans un ballon d’un litre de capacité, on y ajoute 125 p. de soude caustique (500 gr. NaHO + 10 gr. Na°S par litre) et en outre 25 cm. de Na°S (250 gr. de Na°S par litre); on distille enfin avec 2 morceaux de zinc N î et on récolte le destillat dans 10 SOIF ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 341 Afin d'obtenir une masse bien appropriée à la combustion dans Pacide sulfurique, nous avons précipité la culture de bactéries à l’aide de quelques gouttes d’acétate basique de plomb et nous avons filtré; nous avons ensuite sèché et brûlé le précipité avec le filtre et nous avons jeté le filtrat. Nous avons cependant reconnu que nous perdions de cette facon une petite quantité de l’azote fixé, de sorte que nos résultats sont tous un peu plus fuibies que les gains réels; la différence est toutefois peu con- sidérable, et nous gagnions beaucoup de temps en évitant l'évaporation dans le vide. La donnée indiquée par ,,Blanco”” dans le tableau suivant indique la correction qu'il fallait apporter par suite de la teneur en azote des réac- tifs employés dans l'analyse: de l’acide phénolsulfurique, de la pous- sière de zinc, du mercure, de la soude caustique et de l’acide sulfurique. Il y avait aussi une correction due à la teneur en azote des filtres, de la terre et de l’eau, éléments qui tous ont été analysés plus d’une fois. En multipliant par 1,4 les dixièmes de centimètres cubes d'acide sulfu- rique normal, on trouve le poids correspondant d'azote en milligrammes. Dans la terre dont nous nous sommes servis, stérilisée et privée d'air, il y avait ainsi 4 X 1,4 — 5,6 mgr. N par gramme, notre eau de con- duite contenait 0,42 mer. W par litre, notre mannite 2,8 mgr. par gramme, tandis que notre saccharose et notre glucose étaient exempts d’azote. Ne be cm. SOBHE nn Diiérence Le Die diminuée Avant la Après la PS De plane distillation. | distillation. | Blanco. | 20,6 19,9 0,7 0,0 Terreau, 1 gr. 20,6 15,9 4,71 4,0 Hecieaus l'or. 20,6 15.9 4,7 4,0 2 Filtres, 3 gr. 20,6 19,2 1,4 0,7 Eau de conduite, 1 I. 20,6 NOÉ 1,0 0,3 Mannite, 2 gr. 20,6 L9,7 0,9 0,2 Saccharose, ? gr. 20,6 19.9 0,7 0,0 Glucose, 2? gr. 20,6 19,9 | 0,7 | 0,0 342 M. W. BEIJERINOK ET A. VAN DELDEN. Nous allons maintenant donner d’abord, sous forme de tableau, un aperçu des rendements d'azote fournis par les accumulations grossières, 25140; Afin d'examiner si, à la fin de l'expérience, il restait encore du glu- cultivées au moins pendant 24 heures à 28° C. et puis à 23 cose ou de la mannite, nous avons opéré comme suit: Glucose. Dans un mince tube à réaction on verse un peu de bleu de méthylène et de potasse caustique et on fait bouillir, puis on introduit au fond du liquide bowillant, au moyen d’un tube de verre, quelques gouttes de la solution à examiner; s'il reste encore du glucose, le bleu de méthylène se décolore immédiatement par réduction. Mannite. On laisse s'évaporer sur un. porte-objet une gontte du hquide à examiner. S'il contient encore de la mannite, on voit se for- mer au bord de la goutte un anneau blanc caractéristique d’aiguilles cristallines. La présence d'acide lactique était décelée par la belle réaction au moyen d'yttrium de M. le Prof. H. BEnrens. À cet effet on extrait l’acide en secouant le liquide en présence d’éther, puis on évapore l'éth:r dans un verre de montre, on neutralise à l'ammonmiaque et on ajoute une petite quantité d’un sel d’yttrium; l’acide lactique se préci- pite alors sous forme de microsphérites de lactate d’yttrium, fortement biréfringents et très caractéristiques. Dans ces expériences la fermentation butyrique était presque ou tout à fait impossible, mais il se pourrait qu'il eût existé des organismes anaérobies, à l’état de germes isolés, dans toutes les expériences avec les accumulations grossières; dans quelques-unes d’entr'elles même en grandes quantités. Il est toutefois bien difficile de les distinguer, au microscope ou par culture, de Polymyxa, Reptans et Sphaericum, car il faut pour cela que les anaérobies soient excessivement nombreux. Dans toutes ces expériences l'azote était surtout fixé sous forme dalbu- mine bactérienne dans les cellules de CAroococcum, car, bien que les cellules de Granulobacter et Radiobacter soient relativement beaucoup plus riches en albumine que celles de Ckroococcum, leur nombre est cependant beaucoup trop restreint, pour l'emporter dans l’ensemble. (Voir le tableau aux pages suivantes). 345 A ASSIMILATION DE I, AZOTE LIBRE PAR LES BACTERIES. | Cu | Ge 0 SATA 90 9JIuueY ‘AOU T F0 neg € L'O OoueIT *SIOY XN9p 9}10dSU81} ‘dos 08 GOT |2008 606 [679 88 |SFI | LG | “mdurwnosoo0omæ) | w0 (06 T'ON | IF | à LG G6O SIM F LI T, 90 9J}uuv L'O uv *amdurt ‘24998 “ou brrAdoïd [009 L'O OOUVIT UN9909001HJUESINP | 9449} 9P ‘IS F ‘IPHGUT IEP UOeuMOoT | 096 |S86IS F9 CTOT TT G9T 2e |9'os |-oxdsrexy nvoxrog nq| 00 06 TN | 8 T ——_—_————_— — 5 = 5 ROIS ee | ÊE a He (@o) [S] Sa Gr) + (qe) SÈS Le Se ==, | EE Z ae RS E |S | ‘uoroaro sa | D AE “91710 me ET “son bieuro 5.9 E a CRETE Me SME TD9FUT P ap Belo2s SE "6-2 SOUDIII(T : 7 DEN oprnbry 5 6| 2% — ® S # JA . . e = @. si “LOU U9 9702 P ÉAE Pr Ge JUAUOPUIAT cHOSNT en = 8 9S09N1N) & 9JIUUC JU c0°0 1OdH 3 c0°0 1OdH 3 OOT 2}MpU09 9p ne :& ‘QU SANJn9 9p 2pMbET O0T 22Mpu09 9p ne :[ ‘ou 2rnqno 9p op "SAUHISSOH9 SNOILV'IANNOOV ST SNVG HLOZV,Œ NIV) me M. W. BEIJERINCK ET A. VAN DELDEN. 944 “onbrrA7 -nq [o00pe,p sed ‘zes op dnoonvog Gr‘ |gc'c8 [TL‘FG|G9"2T “on brr43 -nq [o090çe,p sed ‘285 op duoonvag | 296 |Gr'e2 |[GO'cG GL'CT ‘zu$ op duoonvog |6GT |28‘ca |LL'L |ca'a *ze3 op n24 GR'O |IO‘2I TIC |co'e ‘65 9p JUau -09edop op Sex) ICT |10FG |IG2 |gT'e STT |80€G 669 (G6r © SRE AE we #3 S ee le ee ‘son bIeuwus = = ES sonbIUu9nT | © Re ———— 5ñT 5 *ISUL U9 9702 p JUOTI PUY — 919 F, ë g'O 9soontn | *09P 07 T'0 ner ‘19 G'O 9SI[H199S ne L'O DOUÉ EN ee 'SIOZ LT ayxodsuer} NUIT T, * AOU €Z FIG 86 6‘0g | “Mmdur wn9009004149 | WHO 008 EG ON | 8 °8 GE Fou 15 GO 9STIH9}S 09P&T UE AHUO9 *II09) *SIOF LT 9710dsue47 QUIL T, nv'AOUCÇZ g6T | FIT | 608 | mdurwno0090077) | ,W0 006 T'ON | 8 £ UE pe “19 GO 9STHPS AOÛ AE OUIULOO “ILIO ‘SIO] 9 9310dsuUr DUOLIO ue 1) 10 0) à + L D) 8 e6 |€eTr | 9'oc |‘mdur wno009001) | M0 006 T'ON | L 9 GE Ft ‘19 GO 5SHH9S "AOÛ QU AUUIO9 II0) *SIOF XIS 9}10dSUU1} NEO T, FI 0 6 pu GET PO | Ar eo) Cu GUE N | Q L GL 6 GEO 21H —Z 9H I, 90 °HUUtI T'O nez *18 GO 9SI[L199S AOU 20 ooutid ‘SIOF XIS 9710dsuex UVOLIO T, FIG 68 L'TE | 908 | ‘“mdu wmo009001%9 | ‘9 008 ‘T'ON | G ‘+ GT Sr AU ‘(97072 Suvs) ‘AOUF ne QUUI09 “AIO | SIOP 8107 ay1odsuex} ‘18 9 die) e ‘dos 0€ 19 09T | L'eG | ‘mur n°900001) |, (06 T'ON | FF "6 E D = re = É = | $S ee *UHO1J99I109 se | SE ‘91n9[n0 8, ne 19 S: S SO: — UOLFIITUT D ap S &| « = œ = ES 9191}UTT sal 5e 9OUSIII(I 5 ‘ “ aptnbtrT 5 se © H,0S Eu . a ss "SHUXISSON SNOILV'INNNOOV SAT SNVA ALOZV 4 NIVY 345 4 AZOTE LIBRE PAR LES BACTERIES. ASSIMILATION DE IL, ‘nxedstpe esoon9 | gc'e *Souab0u9y red on bre] 2pOE,p UOTEULOG | 640 ‘on b -1[qnq [000pe,p sed ‘ze$ op n94 | cop “on brÂ3 -nq{ [000[2,p sed ‘ze5 op dnoontog ‘quosoid 910009 asoonçs ‘onbrrÂqnq [0097e,p 90v13 sed ‘105 op dnoontog “naedstp. ® osoonts ‘onbrrÂ} -nq [0097e,p sed ‘z88 9p dnoontog | e6‘9 “on brrÂJ OS IITIFS GG IG8'CT 09‘FI [86 & |60‘G OLIS (GG OTG6C'IT OST, (98 FIIGT OT CL'GeT| 88 0G 9S'FI GC'egT 08 0G 98" FI 19€ GTu net aWImUO) "1107 v6T IST GG 0 91}LT GO 9S09n[H) 90 0 ner D CAR : Fe Lee Gg'0 9XTLA & CRACP GO 9Soonf1 90°0 Le: L'O OUI GFI Ice G£'0 21)TLT Fa CRACX p FO 9JHUUCI 90 0 ner L'O OOUCI L'ET Ce "OU ne SUUO09 ‘AIO, 8LT TGS Ge'0 9H & CRACX p TO 2S09n[1) FO 0 ner L'O OOUCIT T'8I AL VIT CHI O'9T GE Der S'EI 808 9 0G 6 606 608 608 G'O£ *SIOF [ 9}10dsux} ‘Indtut Wn990900149 ‘9S09n[6 NU 91nJ[N9 aun,p 9}10dSUUI} “InduTI Wn99090014 ‘And'wut Wn990900149 ‘SIOJ TZ 97104Su817 ‘IndwuT WN9909001H9 "SIOF 0G 910dsuex7 “indut wn990900149 *SIOF 0G 9710dsuex4 “INAUT WN9290900170 ‘19 GO 9STIH9S DUAL T, “eU0 008 G'oN 0 006 G'oN “19 GO PSILTNS NUOIIAT, ‘eU9 006 G oN ‘19 GO 981978 NVOLIO T, “00 008 T'oN Û C 19 GO PSIT9S RUOIIO T, *,U9 OCT ‘G'oN ‘5 GO 9SHPIS NUATIOT, “09 OET CON ‘19 GO PSS | GI GI :AueL OT ut.) 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Blanco 0,7 ul J ? 1,21|Pas de dégage. & 19 8T: Fan 01 ment de gaz. 2] Mannite 0,6 5 Terre 2,— > Filtre 0,35 = 5. | 5| N°1, 300 om°. | Chr 3,7 Z Qau 14 le : | EAroococeumimpur, || 20,6 | 13,2 | 7,4 Ë Fe Fe Fe transporté six fois. à 2 |\Conr commen 3,65! 5,11} 17,01| 0,85 | Peu de gaz. = >? gr. 0 e 5 DNA 375 5 6. T | N°1, 300 cm”, |C de 5 NY: cm”, | Chroococcum i | op El 9 au 16 Terr eumimpur,| 20,6 | 11,3 | 9,3 5551 7 77| or 2 ye - ADR UpSe ) % 5,95 9; £ : ae Sn cu . transporté G fois. Corr. comme au ! 1,01| 25,87 1,29 Beaucoup de gaz. 7 Te n°40 3,75 d. 8 N°1 300 em° GÜrooroce à MUC 23nov.au mEvreS Æ LE ee ococeumimpur,|M30 9 Mt; 19,5 15,75,22 7342| 367 RUES nu ce La transporté 17 fois. Conan one 2,05| 73,42 | 3,67 Beaucoup de gaz, 8. 8 | N° 200 0m° |cl . nd 3,7 are bu- 23 nov. se sr ROUMnnT 30,9 9,8 21,1 17,65/24,7 998 É Er Sté ou . transporté 17 fois. d Blanco 0,7 160/24,71/, 82,28 4,12 Beaucoup de gaz, du déc. e s Eau 01 pas d'alcool bu- Glucose 03 tylique, Terre 2 { Filtre D. | 12 | N°1, 800 cm°. | Chroococeum impur, 13,5 u nee 23 nov | Terreau transporté 17 Rte ; Corr. comme au a Es Ds dede) bu- au 5 déc. stérilisé 0,5 gr. - n°. 4 3,7% tylique. 10, 6 | N°.2, 150 em°. | Chroococcumimpur, | 30,9 | 12,8 18,1 14,86/20,80/138,52| 6,93 | Beaucoup de gaz, 28 nov. Terreau transporté 20 fois. Blanco 0,7 pas d'alcool bu- au +déc. stérilisé 0,9 gr. Eau 0,04 tylique, glucose Glucose 0,19 a disparu. Terre 2 Filtre 0,55 3,24 > 11. 6 | N°9, 150 cm°. | Chroococcumimpur,| 30,9 | 13,1 | 178 ? |1456/20,88/135,73| 6,79 | Beaucoup de gaz, 4 28 nov. Terreau transporté 20 fois. Corr. comme au pastraced'alcool au 4 déc. stérilisé 0,5 gr. n°,10: 3,24 butylique, glucose | encore présent. 5 12. 12 | N°1, 200 cm2. | Chroococcumimpur,| 30,9 | 17,2 | 13,7 10,19/14,26| 71,30 | 3,56 | Beaucoup de gaz, © 28 nov. Terreau | transporté 21 fois. Blanco O7 pas d'alcool bu- Æ au 10déc. stérilisé 0,9 gr. | Eau 0,06 tylique. H Mannite 0,4 è ue Terre ra | Filtre 8 | = Lo 13. 6 | N°2, 200 0m°. | Chroococcumimpur. | 30,9 | 16,0 | 14,9 11,59/16,22| 81,10| 4,05|Peu de gaz, pas € 30 nov. | Terreau Blanco 07. d'alcool butyli- = au 6 déco, | stérilisé 0,0 gr. Eau 0,06 que. & | Glucose 0,2 “ Terre 2 7 | | Filtre S | œ | L | = à : = a 14. 12 | N°.2, 200 em°. { Chroococeum impur, | 20,6 17,2 34 | 2,09! 2,92! 14,60| 0,73! Formation d'acide $ au transporté d'une Blanco Wen lactique pat £& 30 déco. culture au glucose. Eau 0,06 | Aërogenes. E Al | Glucose 0,2: £ Er | Filtre 0,30 | 5 1,31 à 15. g { N°.9, 200 cm°. | Chroococeum impur,| 30,8 | 114 19,4 115,8 >11111,20| 5,66 |Glucosea disparu. T7 au | Terreau transporté 1 fois. | | Corr. commean | n°.12 3,91 | ee Er 16 janv. stérilisé 0,6 gr. | | | | M. W. BEIJERINCK ET A. VAN DELDEN. | | TT GTO HI ( 2S018998S ‘(95001 97911) T ne B[OOTOIPEY + | GTO .OdH.N “onbrrAdoïd [c09 2%) OOUCIT _ 9srimosud nvor 9 IS0IPHIIES [Up uormeumtoT |S20 |T9'GT (697 |Ge'e Sy |F9C | 608 |-19} + waos00001)| (08 nv ÉT GRO THIN &O 92SouI9 90 nes ‘F ‘où SUUP Ë L'O OUrIT SIOJ Fe 9}104SUV1J nredstp eosoont9 | T8'e |0G 92 |FG CT 68‘OT er |98 |S808 | -mdut wnos090014f) | *, 9 008 8 $N TS ZIu "18 GO PSITH9S nU AUWO) *LIO!) ‘SIOF G 9310dSu24J BAIL T, mredstpeotuuey | 2e |6r99 |8c 8T/6F 6 0er |S82 | 806 | “mdur un9909001) | ‘WE 008 ‘T'ON "2QULL0} Ke Gi ou ‘18 GO 9SUrPIS -SUUI] Juaua | nt AUUO0) 1107) NBAIIA T, 8304 sed opruuuig | GTT |O082G |9FT GTE Do | 11e LOUE SIBZ NB |. U0 008 T'ON Ê -— | er er a sr | = LEE À S > ©) EE 2 = =: Si *UOTJ291109 SR OS SAR ‘oxn[n9 *sonbivwony 5 © = = & |+6 : . 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Nous introduisions ainsi, comme on voit, d'ordinaire environ 3 mgr. V dans 200 à 300 cm°. de liquide nourricier. Voici maintenant le résumé des résultats obtenus par les détermina- tions d'azote dans les cultures grossières: En employant du terreau comme matière d'infection, nous n’avons jamais obtenu des cultures grossières, assinulant l’azote, où le C#rco- coccum n'a pas pu être reconnu. Il est vrai que le temps au bout duquel le développement de cette bactérie était reconnaissable était très variable, mais nous avons toujours observé que, aussi longtemps que ce développement n'avait pas encore commencé, il n’était question ni d'une forte croissance des bactéries concomitantes, ni d’assimilation d'azote. Quand cette espèce avait fait par hasard défaut dans la matière d’in- fection, nous n’observions pas de croissance notable ans la solution nourricière à mannite, que nous employions de préférence; l'addition d’une culture pure suffisait alors pour mettre en train la croissance des autres bactéries et l'absorption d’azote. Les plus hauts rendements d'azote que nous ayons pu atteindre ont été obtenus dans de pareilles cultures grossières, p. ex. dans les épreuves 8, 10 et IL faites en novembre et décembre 1901. Comme matière d'infection avaient servi le 17° et le 20° transport de notre série princi- pale dans une solution à mannite. Le liquide nourricier ne contenait toutefois pas de la mannite mais du glucose. Déjà au bout de 6 jours le sucre avait disparu et la quantité d'azote, fixée dans les expériences, était de 6,93 à 6,79 mor. par gr. de sucre ou 138,6 à 135,8 mgr. par litre de liquide de culture. Ces quantités sont plus que le double des plus grands nombres trouvés par M. Winocrapsky dans ses fermen- tations butyriques, qui ne dépassaient pas 3 mgr. d'azote par gramme ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE IT, TOME VIII. 23 348 M. W. BEIJERINCK ET A. VAN DELDEN. de sucre. En outre nos cultures ont une durée beaucoup plus courte. Dans ces expériences 1l n’y avait pas plus de fermentation butyrique que de fermentation propyl-butylique. [l est néanmoims probable qu’il existait dans les cultures beaucoup de bacilles de ces fermentations et que ces organismes prenaient une part active à la fixation d'azote. Leur présence n’était toutefois pas indispensable, puisque la combinaison Radiobacter + Chroococcum est suffisante pour la fixation d’azote et que dans beaucoup d'épreuves cette combinaison existait certainement seule. Dans ces cultures, comme dans les cultures très productives en azote en général (mais pas sans exception), 1l se produit un assez fort dégagement de gaz, occasionné par diverses formes d’Aërobacter, dont trois ont été découvertes dans les cas considérés. Ainsi qu'il a été dit au $ 1, deux d’entrelles produisaient un acide, la troisième un alcali. Par l’analyse microscopique nous avons reconnu que la masse princi- pale des bactéries était constituée en majeure partie par Céroococcum , en second lieu par Aadiobacter et en troisième lieu par ces formes d’Aërobacter. Quoiqu'il mérite mention que surtout les bâtonnets et les clostridies des ferments butyriques et butyliques contiennent beaucoup d’albumine et possèdent une membrane de mucus beaucoup plus mince que les cellules de CAroococcum et de Radiobacter, c’est à peine si dans l’ana- lyse les espèces de Granulobacter viennent en considération. Nous ne voulons pas prétendre par là que ces organismes soient sans importance pour la fixation d'azote dans les cultures grossières. Tout au con- traire, 1l est certain que même un nombre restreint d'individus de Gra- nulobacter est très actif à ce point de vue, notamment par formation d’une combinaison azotée au moyen d'azote libre, combinaison que le Chroococcum transforme encore dans la suite. Mais c’est là une toute autre question que celle de savoir d’où provient en définitive Palbumime bactérienne trouvée par Panalyse. D'ailleurs, comme nous l'avons déjà dit, le Granulobacter peut faire complètement défaut dans ces cultures. Le tableau fait voir que malgré l’emploi d’une matière infectante apparemment semblable, et dans des conditions nutritives certainement identiques, le résultat des épreuves est néanmoins très variable; c’est ce que l’on remarque surtout quand on compare entr’elles les cultures 2, 3, 4,5, 6, 7, 8,9, 12, 17 et 18, toutes prises à notre série principale et transpor- tées de la facon décrite. Cela doit évidemment être attribué à des circon- stances dont il est bien diflicile de se rendre maître dans les expériences, et F ÿ / 4 ASSIMILATION DE L'AZOTÉ LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 349 qui proviennent d’une part du nombre relatif de germes, semés par hasard, et des diverses espèces existant dans les cultures, d'autre part de l’état particulier d’accomodation de ces espèces. L'expérience 14 prouve que, dès que Aërogenes se multiplie notablement, la formation d'acide lactique entraine une forte diminution de l'assimilation d'azote. On voit dans l’épreuve 19 que l’addition de Xadicicola du trèfle l l rouge ne suflisait pas à elle seule pour garantir un résultat favorable. Nous croyons du reste que la description des expériences dans le ablea suffisa ire S idérations générales plus tableau est suffisamment claire et que des considé gS étendues sont inutiles. 99 3. (GAIN D’AZOTE DANS LES CULTURES ,, PARTIELLEMENT GROSSIÈRES Nous désirons nous occuper maintenant des rendements d’azote obtenus dans les cultures que nous avons qualifiées de ,, partiellement grossières ”. Ce sont des cultures où nous n’avons pas semé le mélange complet de bactéries existant dans la terre fraîche, mais seulement les formes sporogènes, restant vivantes après un chauffage de 5 minutes à 85° C., auxquelles on peut d’ailleurs ajouter encore quelques formes déter- minées non sporogènes. (Voir le tableau aux pages suivantes). On voit d’après ce tableau que, conformément aux données de M. WinoGrapsky, nos cultures ont prouvé à l'évidence que la pré- sence d'espèces non sporogènes n’est pas absolument nécessaire pour la fixation d'azote (Epr. 20, 22, 23). Toutefois, quand nous ajoutions Radiobacter au terreau pasteurisé, le résultat s’'améliorait quantitative- ment dans certains cas (Epr. 28), et restait défavorable dans d’autres (Epr. 29). Mais quand nous semions le C#roococcum en même temps que du terreau pasteurisé, les résultats devenaient décidément plus favorables (Epr. 21, 25, 26, 30) et comparables à ceux des meilleures cultures grossières, bien que nous n’ayons jamais pu réaliser les plus hauts rendements obtenus avec ces dernières. M. W. BEÏIJERINCK Ef A. VAN DÉLDEN. 200 TG ‘ou np om OUT 97pU09 9P NU :3 ‘ou 9107109 9P opimbrrT * STUAISSOUD INANATIANLUVA" SHHALTAO SAT SNVA HLOZV,A NIV) ombrrvrethrUy lee Ur punlecee DANCE FEU 0 08 EN EN eg | 18 Z OIUI9) ee ou "19 GO PSS ‘ItrAB “onbrrAqnq SproY NE JUUTO9 * ITO0°) *osnorod oun,p NU9LIOT, eg uee LH RU TOUT 0 re. 8e |S8'6T | 908 | sStmosed nvonog | ‘00 008 G'eN | GT | “38 T6 Ge 0 SXPTLA “on brr{quq & UBIHOI, | no onbryAdord 90‘0 nv ‘19 Z OIUI9 [0008 1x onbrx &O esoonpg ‘oSn0[ | ‘15 G‘Q 9811978 * [LAB -Aqnq oprot IN 6O ooueIg -od oun,p sstmosed QUOI J, za nee MN NS es US DENT PLT |8€ | 908 | next +°00000109 | *,w0 08 G',N | FT | ‘Te HET 0 QHET) GO 9HIN gO 9S00n[9 ‘JJIUUVUL 9p 90‘0 ne" *AutlOT as917 ‘on brrAqnq L'O ODUVIT *19 ÿ 9IUI9 ne ‘,9pP} PIED UOMEULO | TE O |069 |FGT |608 Fée |FS8r | 808 | ‘ostmosed nou | ‘uw (OZ TN | 08 | ‘08 5 LS a “he DE re mg) + Las DE | Se A °c 8 ES) © | ‘uorp9r109 Sa | 2% ; ‘9xn7[n9 =: Da D sonbreuroy E © B| $£ È 5 à Se) UOTJOOFUL P e = 5 È 2e SE - ve & 5 5 9191}U SENS D © _|gE 90U9.19]JI(T He aprnbrrT TS “ISUL U9 9}0ZU,p : OL ©) 6 ci JUOWEpUIT F BOS our) = C0'0 04H: G0‘0 50H 3 8 2S09N[L) ré 9JIUUCTN OOT °HNPU09 9p nef : TJ ‘Qu ainqqno 9p epimbrT 291 / 2 ASSIMILATION DE L AZOTE LIBRE PAR LES BACTERTES. *onbrrAqnq API9E,P UOTJEUTO NT *O9ULIOFSUBIY FUOU -279[duooutr'uueyt 99WII0} -SUCI} Juom9y9d -WOOUI 9JIUUUN ‘nxvdstp e os0on[s) “onbrrAqnq 9PI98,p sooviy ‘niedstp quoura39du09 sed eu 9jruuex ‘onbrifqnq aproe,p sed :nxed -SIp © 9JIUub *nIedStp quou9ordu0 sed eu 9yIuuey 69 & Gi Me) CT SF 0 Oxo) OF OT 0L'6 POTI 80'G (0) 22 GT G£'OI GT GET 1C°e 6& ‘ou Ut AUUO) * LION) G£T Lun Me (ne) SAT NUOTIOT, 2JLUUCN nez OOUCIG La (O)ES — Seine — ne) (A9) Le CAUSE | UUOIIO F, aS090|1) ne" OOUCI 98 1Q ee (de) ON Sen F4 le) T4 == © 10 © C0 SOS AT a}IUU CI nent ooue| 6& — — 91[0T 9509011) nr ooutIT . 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Rendement EE | Liquid LE 10 ; d'azote en mgr. 2e |o à iquide : = = pne EE 2 | Poe ce | un és) mme AT Ve = : ection. 2 | TE A o [EL : Fe = EE culture. te 28 |3S correction [ele | MEME SE Remarques. co FE | CAS NE nn E Té | TE Ë |#S% —=— ÊT 3 20. 20 | N°. 1, 200 em°. | Terreau pasteurisé 7 déc. au Craie 4 gr. Bi lo SE 0,7 OR 00) ACER) POTRRONenNe 16 janv. Eau 0/06 butyrique. Reste Glvécse 02 de mannite, Filtre 0,35 Craie (0 . 21. 14 | N°. 2, 200 cm°. | Chroococ.+ terreau | 20,6 392 |. 17,4 Li 14.09/19,7 : è 8 au 22 Terreau pasteurisé d'une pe- ÿ Es ne 109/19,72| 95,60! 4,93 | Glucose disparu. avril. stérilisé 0,5 gr. |louse. GE QD Ni acide buty- Craie 2 gr. Eau 0/06 rique ni alcool Mérreau 9) Rent ou Filtre utylique. 22. 15 | N°.2, 200 cm°. | Terreau pasteurisé B à “sl 8 au 23 Tee RO NES 20,6 | 15,8 ÿ SÈ 0,49, 0,68] 3,40! 0,17/ Glucosea disparu. avril, stérilisé 0,5 gr. NS to Acide butyrique. 5 Craie 2 gr. È “D 93. 9 | N°29, 200 em°. | Matière du n°. 21 | 20,6 | 12,7 | 7,9 259 à pasteurisée. Chektomroon > Glucose a disparu. 41 25. 20sept.au 1or nov. 26, 20 déc. au 10 janv. 21 27. 27 déc. au 16 janv. 20 28. Perreau stérilisé 0,5 mx i Chrovcoc.+ ferment butyrique de 20. Chroococ.+ ferment N°.1, 300 cm. butyrique de 22. Craie 6 gr. N°. 2, 200 em°. | Chroococ.+infection | spontanée du | Jiquide bouilli. | N2.1, 200 em°. | Chroococ.+ ferment | butyrique de 29. N°.2, 200 em°.| Radiobacter + 17 janv. au 7 févr. 29. |2 17 janv. au Tiévr. 30. 27 janv. au 14 mars. | 46 | reau stérilisé 0,5 gr. Craie 0,5 gr. | terreau pasteurisé. | Radiobacter + N°.1, 200 em’. terreau pasteurisé. Terreau | stérilisé 0,5 gr. | 22 | | N°.1,:200/6m>.1| Chroococe. | Terreau + Radiobacter | stérilisé 0,5 gr. |+terreau pasteurisé . 20,8 20,8 20,8 20,8 15,8 21 HE 6,9 = Blanco 0,7 Eau 0,1 Mannite 0,6 Filtre 0,39 1,7 6,6 Corr.comme au #2 1,179 11,3 Blanco Eau Glucose Filtre 2,9 Blanco Eau Mannite Filtre 8,6 Blanco 0,7 Eau 0,06 Glucose 0,2 Verreau Filtre 5,0 Blanco 0,7 Eau 0,06 Mannite 0,4 Terreau Filtre comme au 3,51 4,85! 6,19 9,99! 1,39 9,70 5,29 Au 37,03 10,40 1,49 14,54 72,70 10,39) Acide butyrique. Manuite n'a pas complètement disparu. Mannite a dis- paru; pas d'acide butyrique. Mannite n'a pas complètement disparu, traces d'acide butyrique. | Glucose a disparu. Mannite incom- plètement trans- | formée. | 3,68 | Mann.incomplète- ment transformée. Formation d'acide |butyrique. 06 "NAIL NVA °V WA HONIUASITE ‘M NW £ "SALUAILOVEA SA'L UVA AUALUI ALOZF /1 HA NOLLV'ILINISSYF 22 M. W. BELJERINCK ET A. VAN DELDEN. En présence de craie et par infection avec de la terre pasteurisée le glucose entre très facilement en fermentation butyrique; dans notre solution nourricière n°. ? cette fermentation est accompagnée d’une fixation d'azote. On ne comprend pas très bien pourquoi les nombres obtenus dans ces expériences (Epr. 20, 22 et 23) sont si faibles. Nr une modification dans l’aération mi l'emploi de saccharose, de lévulose ou de mannite n’améliorèrent ces résultats. Le rendement d’azote s'élevait il est vrai quand la fermentation butyrique avait commencé, en présence de Æadichacter, mais elle n’a jamais atteint le maximum que nous nous attendions à observer. La grande importance de C#roococcum pour cette série aussi se recon- naît p. ex. quand on compare entr'elles les expériences 21 et 22, dont la première, dans laquelle cette espèce était introduite en même temps que du terreau pasteurisé, donna 4,93 mgr. d'azote fixé par gramme de sucre, tandis que les spores obtenues par la pasteurisation du terreau, où le C#roococcum faisait donc défaut, ne produisaient que 1,6 mgr. L'expérience 22 prouve en outre qu’il ne s’agit pas 1c1 d’une diminu- tion de l’accommodation des ferments, puisque le terreau pasteurisé, employé tout seul, donc sans symbiose avec CAroococcum, ne produisait que 0,17 mgr. pendant le même nombre de jours de culture que dans l'expérience 21. Les résultats avantageux que l’on peut obtenir par ces cultures partiellement grossières dans le glucose, contrairement aux cultures complètement grossières de la série précédente, doivent être expliqués par cette circonstance que beaucoup de bactéries contenues dans le terreau non pasteurisé transforment le glucose en acide; tel est notamment le cas pour toutes les ucrescentes, aussi bien celles qui liquéfient que celles qui ne Hiquéfient pas la gélatine, tandis que dans les cultures partiellement grossières cette formation d'acide, si perni- cieuse pour la fixation d'azote, n’est à redouter principalement que de la part du ferment butyrique; toutes les autres espèces sporogènes ne sont que faiblement productrices d'acide. On sait que de la craie, même très finement divisée, ne neutralise qu’assez difficilement les acides dans les solutions nourricières, et l’influence favorable de CÆroococcum réside sans aucun doute en partie dans sa forte action oxydante sur les acides organiques, et d'autre part dans son pouvoir de former en toutes cir- constances un alcali. Dans de nombreuses expériences avec plusieurs espèces d’autres bacté- res, nous ne sommes pas parvenus à remplacer cette influence favorable de ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 353 Chroococcum (et Radiobacter), pas plus dans les solutions à mannite que dans celles à glucose. Nous avons essayé Aérogenes, Coli, les Fluores- centes, Prodigiosus et Radicicola, soit séparément, soit combinées entr'elles de diverses facons ou avec du terreau pasteurisé, le tout en vain. Nous basant sur la relation de parenté entre Æadiobacter et Radicicola, nous croyons cependant que surtout cette dernière espèce devrait être en état de remplir le même rôle, si la culture en laboratoire ne la mettait pas dans des circonstances anormales. Aux expériences remarquables de cette série appartient 26, où les seules bactéries qui accompagnaient CAroococeum étaient des espèces qui restent vivantes dans l’eau de conduite soumise à l’ébullition. Nous avons obtenu plus d’une fois de pareilles cultures. Au microscope on À n'y reconnaît, à côté de beaucoup de C#roococcum, que des bâtonnets qui permettent aisément une culture aérobie sur des plaques d’agar au glucose à 28° C. Les colonies que l’on obtient ainsi appartiennent pour la plupart à Granulobacter polymyxa, et parmi elles on remarque la bactérie ordinaire de la pomme de terre, Bacillus mesentericus vulgatus, ainsi que des états intermédiaires entre cette espèce et le Gr. polymyxa. En un seul cas nous avons pu y reconnaître une colonie de Sphaericum. Le rendement d'azote obtenu dans cette expérience, 3,49 mgr., peut être considéré comme bon. Déjà après le premier transport de pareilles eul- tures grossières dans la même solution nourricière, le rendement d’azote s’abaïssait et devenait, par transports répétés, égal à celui que l’on obtient par des cultures combinées de CAroococcum + Polymyxa ou Chr. + Sphaericum (Epr. 51 et 52). Cette perte graduelle du pouvoir d’assimiler l’azote libre va, ici comme toujours, de pair avec la diminu- tion de la microaérophilie chez ces espèces, propriété avec laquelle cette fonction varie pour ainsi dire proportionnellement. Pour de plus amples détails nous renvoyons encore une fois à la description des expériences dans le tableau. 4. GAIN D’'AZOTE DANS LES CULTURES DITES ,,ALTERNANTES . Nous donnons le nom de ,,cultures alternantes” à un genre spécial de nos cultures partiellement grossières. Ce sont des cultures obtenues par transport dans des solutions nourricières où une nourriture différente 394 M. W. BELJERINCK ET A VAN DELDEN, fait se développer une autre combinaison microbienne que celle qui avait été introduite. Après un nombre de transports suffisants dans les nouvelles conditions, la combinaison est transplantée une dernière fois dans la solution primitive. Dans le cas spécial où nous avons appliqué cette méthode, nous avions en vue d'éloigner les organismes anaérobies peut-être encore inconnus. Îl est vrai que nous avions déjà tâché d’at- teindre ce résultat en traçant, au moyen des cultures grossières, des traits inoculatoires sur des plaques d’agar au glucose, et en découpant de ces plaques des mélanges de colonies qui paraissaient convenir pour le but proposé, mais nous n’étions pas arrivés de cette manière à un résultat absolument convaincant. Nous avions notamment constaté que le trans- port direct d’une culture grossière donnait toujours un résultat beaucoup plus satisfaisant que linfection du liquide nourricier au moyen de frag- ments de la plaque d’agar, même quand nous employions à cet effet le trait tout entier, e. à d. non seulement les colonies mais aussi les espaces intermédiaires. Nous éroyions d’abord devoir admettre que nous avions tué par la culture, au contact de l’air bre, une bactérie anaérobie indis- pensable pour là fixation intensive d'azote. Mais plus tard nous avons compris qu'il ne s'agissait pas ici d’une élimination d’organismes anaé- robies, mais d’une diminution de la nicroaérophilie de toutes les formes fixant l’azote. Par l’étude de Gr. sphaericum aussi bien que de Gr. reptans il était en effet établi, comme nous lPavons déjà fait observer, que du moins chez ces espèces-là la propriété de fixer l’azote libre diminue par une culture aérobie; nous étions donc en droit d’attendre la même chose des symbiontes non sporogènes, spécialement de Æadiobacter. C’est pourquoi nous avons essayé d'atteindre cette élimination de toutes les formes de Grawulobacter, aussi bien anaérobies qu’aérobies, sans faire usage d’un terrain nourricier solide, notamment par trans- port d’une culture grossière avec mannite dans une solution où puisse se produire, 1l est vrai, une vigoureuse croissance de Cäroococcum, de sorte que l’oxygène disparaîtrait pour la plus grande partie, mais qui ne contienne pas de sucre, afin d’exclure le développement de Grarulo- bacter. Pour attemdre ce but, des sels d'acides organiques ont étéreconnus la source de carbone la plus appropriée. Il est vrai que dans les circon- stances choisies il ne se fixe pas d’azote du tout, mais l'expérience a appris que cette fonction peut être temporairement suspendue sans pour cela disparaître pour toujours dans les inoculations ultérieures. Nous avons employé p. ex. la solution suivante: ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. DES Eau de conduite 100 Acétate de sodium 0,5 RP OZ 0,05 Terreau frais ® Le terreau sert de source d'azote, indispensable dans ces expériences parce que, comme nous l'avons dit, il n’y a pas d’assimilation d’azote libre dans une solution d’acétate de sodium. La culture à lieu à 25° et la pellicule bactérienne qui se forme, constituée principalement par du Chroococcum, est transportée dans une solution nutritive semblable, mais préalablement stérilisée. Ces inoculations sont répétées Jusqu'à ce que l’on ait obtenu l’élimination des Grauulobacter, qui ne sont pas capa- bles de vivre ou de concourir dans la solution d'acétate; puis on trans- plante de nouveau dans la solution de sucre. Voici un aperçu d'üne pareille expérience : ae Rendement d’azote Ci 10 °2°# 2 .| en milligrammes. Durée Liquide Différence | E SR de la de SES et LE ne = 2 culture. culture. ee Conection SIREN SEINS oi Len 4 + CE | 4 | <3 = À 11 févr. | Eau 200 | 20,8 |. 5,4 15,4 11,9 16,6] 83,0) 4,16 au Mannite 4 | Blanco 0,7 14 mars | K°HPO* 0,1 Hitrenn0 3 CN Mlerreau | | Mannite 0,4 jours. ee) 0,5 Terreau 2 | 3,D La mannite avait complètement disparu sans qu’on eût observé des phénomènes de fermentation, et dans l’examen microscopique aussi bien que bactériologique nous n’avons trouvé que des formes aspores, dont la plus petite partie était Aërogenes, le reste contenant, outre le C#roocuccum, plusieurs variétés de Radiobacter; 11 n'y avait certainement pas de Gra- nulobacter. La quantité d'azote fixée était néanmoins considérable Nous nous croyons donc en droit de conclure que ce procédé constitue un moyen, non seulement pour écarter certains groupes de bactéries avec des propriétés physiologiques déterminées, mais encore pour conserver tout à fait invariables, au moins à travers toute la série de transports nécessaires pour la purification, les espèces capables d’assimiler l’azote. 296 M. W. BELJLRINCK ET A. VAN DELDEN. 5. GAIN D’AZOTE DANS LES CULTURES PURES ET LES CULTURES COMBINÉES D'ESPÈCES BIEN CONNUES DE BACTÉRIES AÉROBIES. Nous réunissons dans ce groupe toutes les expériences qui se rap- portent à des espèces isolées et à des combinaisons d’espèces différentes en culture pure. Nous avons établi tout d'abord qu’à lui seul CAroococcum, placé dans nos solutions nourricières, n’est pas capable de fixer l’azote hbre (comme dans les exp. 314 et 314), ou ne Passimile (comme dans 31c) qu'en quantités tellement minimes qu'il nest pas possible d’y attacher beaucoup d'importance. Quand nous avons reconnu plus tard que ces mêmes cultures, quand on y introduit des spores de Granulobacter, provenant soit de l’air soit du liquide de culture imparfaitement stéri- lisé, fixent l’azote en quantités considérables et que même un nombre relativement restreint de bâtonnets de Grawulobacter, difficilement reconnaissables, est encore efficace, nous avons cru pendant longtemps devoir admettre que, dans toutes les cultures combinées de C#raococ- cum avec des espèces non sporogènes, qui se montraient accumulatrices . d'azote, 1l devait être entré, sans qu’on s’en soit aperçu, des germes de Granulobacter. | Mais, par l'accroissement de nos connaissances sur ce sujet, nous avons reconnu que cette manière de voir était trop étroite et qu'il doit certainement exister des bactéries, aérobies et sans spores, complètement différentes de Granulobacter, capables de fixer l’azote libre en symbiose avec Chroococcum. Ces espèces, dont nous avons considéré adiobacter et Aërogenes de plus près au $ 1, et que nous avons citées en traitant des cultures alternantes, sont moins spécialisées que Granulobacter dans leurs conditions nutritives; contrairement à ce dernier genre, elles peu- vent p.ex. se nourrir parfaitement de sels d’acides organiques, parti- culièrement de malates, citrates et succinates, mais avec ces espèces il ne se produit de fixation d’azote qu’en présence d’un sucre comme source de carbone ‘). Cette dernière circonstance doit probablement être attribuée à cette autre que chez ces espèces aussi la microaérophilie n’est ‘) Dans les derniers temps nous avons reconnu que les lactates, les malates, l’amidon et la cellulose suffisent, dans ces conditions et en l’absence complète des Granulobacter, à la fixation de l’azote libre. Nous reviendrons plus tard sur ce fait important. ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BAOTÉRIES. 301 possible qu’en présence d’un sucre, et il semble que la microaérophilie soit toujours la condition indispensable pour lPassimilation de l’azote libre. Des cultures pures à considérer en premier lieu, dont celles avec Chroococcum (31a, 310, 31c) ont déjà été suffisamment discutées, quel- ques-unes seulement (Epr. 32 à 35) ont été notées dans le tableau, parce que des nombreuses expériences faites à ce sujet la plupart don- naient déjà au premier coup d’oeil la conviction qu'aucune fixation d'azote n’y pouvait avoir eu lieu, puisqu'il n’y avait pas eu de crois- sance; aussi ces cultures n'ont-elles pas été analysées. Il peut toutefois arriver aussi que, sans assimilation notable d'azote, 1l se forme une si grande quantité de mucus qu’on se trompe au sujet de l’intensité du premier phénomène et qu’une analyse semble nécessaire, et inversement une culture combinée avec une croissance faible en apparence peut cependant, dans certaines circonstances, donner lieu à une assimilation d'azote. Voilà comment nous avons été conduits à examiner aussi les cultures pures d’Aërogenes, Coli, Radiobacter et des granulobactéries Mucosum, Reptans, Sphaericum et Tenax, le tout avec un résultatnégalif, il est vrai; aussi ces expériences n'ont-elles pas été reprises. Pour le Granulobacter polymyxa nous avons pu faire voir que cette espèce peut se développer toute seule, sans azote combiné, dans des conditions encore imparfaitement déterminées. L'expérience qui a fourni ce résultat a été faite au moyen d’une solution nourricière au glucose; mais nous avons perdu la culture et un nouvel essai est resté infructueux. Nous avons d'ailleurs assez de raisons pour admettre que nos autres granu- lobactéries Aeptans, Mucosum, Tenax et Sphaericum sont également en état d’assimiler tout seuls, dans des conditions convenables, l’azote libre de l’air. M. W. BEIJERINCK ET A. VAN DELDEN. € 393 e GB UE, FO 9yuuerq “2950 90:0 Lu: “15 GO 9SI9S Rat es : : LO men RE does quo sedoyruuem | TO |OLG |Fc'O |6£°0 6€ 808 N99090014() e 9 008 T ‘oN RON nor Ft nas 9P nt 3 WU) 0) Re q 91OOUT) 0 Oo © FI 8 08 UN99090014() e 09 006 ‘T ‘oN IST GEO OTIU FO 9JuutI 90/0 ner ‘oJlUUUU 9P L'O OOUUIT dnoonteq a1ooux | Q 0 0 |60°0 9T 6 | 808 ‘Wn9909001,) “09 00T TT ‘oN == a ee ce dE É = FE 09 = S °c EH re HA A © = ESS) — En EE uoroor100 sé | SE na *1NJ[09 me de ‘son breton 7? = = nee a jo LE Se HOT op 2 "259 GE | oouoyi(T aprnbrT he ‘LS U9 97028 pP - OL. ® 8 uTex) Ne 8 ë 9S090]1) è G0‘0 ,0dH ;X c0‘0 1OdH 7 OOT 2JNpU09 9p ne :% ‘QU oanJqno op opmbvrT OOT 2YMpPU09 9p nez :T ‘Qu o1nJ[no 9p opinbrT "SHINNON SHOHASA Œ SAANIANONY SHANTINO SAT LA SAUNA SHANLTNO S4'1 SNVA HLOZV A NIV) 909 / 4 ASSIMILATION DE L AZOTE LIBRE PAR LES BACTERIES, ‘99 ULIOFSUUI} JUIWIIIIJUI 2109 -uU9 Std 9JIUuUUIN EE -IOJSURIY JUOU -979[du09 2109 -u9 Std 9JLUUUIT ‘9S00n[S 9P dnoonvoq 91oou'y CROP UOTJEUIOJO [LES XN9ULHU ONU Sa. “9S09n[S 9P dnoontoq o1oou ‘9504 -U099p JUAWAI -a1ju9 sed 2s09n[1) “9504 -W099P JUOUAI -91quo sud os09n[9) EL 0 6G'0 90 0 99‘0 (Ù 09'FI 16 G 60 G egtTr log‘ |69'T O8T (930 (6T0 0 oh © 0G 8T (9° |(68T | 0 0 |60‘0 GE Dé ne AUWU09 *AT0() 9'€ ICT 1e So ne SUIUIO09 "L10) GE Ter ce QU nt 2aHUW0)9 "107 @ Te 68 ‘ou nt aUmO) "10 ET TG Ge 0 91ILT gO ?S09n[1 90 0 nez L'O OUI cg TG'T | G£‘0 CRUUEC JO 9S0on[n 90 0 ner L'O ooutig EL TOUL ceO HIHI ZOO 9S09n[9 ner CI 9'LT G'6I 9'LT CGI 8‘0G 8 08 808 8‘0G 8‘08 °Z SOU95019Y + wN990900 140) *[ SOU930419Y + WN990900.14() *19}98q -OIpU —+ snyes -[NA SNIII9}U9S9 JU °197984 -OIPEX + snges -[NA SNOLI9JU0S9 *SOJUUAIA 9119} 9P Sotumod ap 9[0st ‘snyus -[NA SNOLIOJUOSO ‘snJ05 -[NA SNOILTOFUOSO TT "09 008 T'oN | GG AU (De IE NN CC 0 006 ‘G “eN | CF "U9 008 ‘G ‘oN | GG Au) (00e EN INQUE *9S00n[S op TJ SIC 00 006 & ‘oN | ST auvlOT nt autel OT nt "09P LT °96 Ab} TEE ne URLS QT “IA9F G ne AUeT FT ‘Fe "AUCÉOT nt £ ‘9P 98 °88 ‘AueLOT n®œe 9P 96 °88 2 tl GAIN D'AZOTE DANS LES CULTURES PURES ET LES CULTURES COMBINÉES D'ESPÈCES CONNUES. Liquide de culture n°. 1: Eau de conduite 100 Liquide de culture n°. 2: Eau de conduite 100 K°HP0O: 0,05 K°HPO* 0,05 Mannite ? Glucose 2 ] cu) 3 NS 1 Gain Ê 3 qe EE 5 d'azote en mgr. sus De on es BE 2 ÿ Liquide Matière : ae Différence SE Ë 5 Ss5 |[$Ss de THON ES et at FE Ê 22 Remarques. = [82 culture. : conection. |= SIN = |$$E 3° | | | AS ES | ml 1 5 ci 2 (= LS 2e — - p 3la. 21 | N0, 1, 100cem°. | Chroococcum. 20/81 19,2 1,6 0,09! 0 0 O |Encore beaucoup 17 janv | Blanco (OO | | de mannite. : E 0,06 | | au Bau D, | 7 févr. Mannite 0,4 | | Filtre 37 | | 81. | 84 | N0. 1, 200cm°. Chroococcum. 20,8 | 19,4 1,4 0.110 0 O {Encore beaucoup 20 déc, Cor. comme au | de mannite. au n°. 27 1,51 | 14 mars | | | | | | 81e. | 27 | N°. 1, 200 cm”. Chroococcum. 20,8 | 16,9 3,9 0,39! 0,54] 2,70| 013| Mannitepasentie- 20 déc. Terreau Blanco 0,7 | | | rement décom- au stérilisé 0,5 gr. Eau 0,06 | | posée, 16 janv. Mannite 0,4 | J Derreau2 | | Piltre 5 | | + L oo ë/| t 21 27 | Rien que Chroococcum. 20, 8,5 nu 0,7 $ coccum. cale ucose Ï Filtre 0,35 131 2» 15 | N°. 2, 200cm°. | Mesentericus vul- | 20,8 | 19,5 1,3 _ | 009 0 0 0 Glucose pute Ste O7 catus Bianco 0,7 rement ceci 26 déc. Hs 1° de gatus. Re 006 posé. LOS $ BASS Glucose 0,1 SNS Filtre 0,35 121 33. 15 | N°. 2, 200cm°. | Mesenterious vul- | 20,8 | 17,6 3,2 DA ee ME EC EURE RE manne 26 dé ‘ gatus, isolé de Blanco 0,7 rem 2 ae pommes de terre Eau 0,06 PIECE a * Ë EE vivantes. Glucose 0,2 10 janv. Filtre 0,35 1,31 34 99 | N°, 2 200em°. | Mesentericus vul- | 20,8 | 19,5 1,3 0 0 to (0 pie Dean mes 3 J ratus + Radio- Corr. comme au de'glucose, trés 14 janv. ga Te n°. 33 131 mucilagineux, au RER: + Ë faibleformation D févr. d'acide, 35 49 | N°. 2, 200cem°. | Mésenterieus vul- | 20,8 | 19,5 | 1,3 0,19) 0,26] 1,30! 0,06 Eutqre ER Ft 6 ES dio- Corr. comme au de glucose. 1 sanv gatus + Radio ue : _ Lacter. n°. 33 1,31 | | 11 févr. | | allo ae e 5 : ë 36. 93 | N°, 1, 200 em°. Chroococeum 20,8 | 17,6 2 3,2 1,69! 2,36] 11,83! 0,59 A e 17 déc. CroEenEsu SD RE 51 ment transfor- au 2e ; mée. 10 janv. s. re : . 9 Qc x 731 ite 8 = 87. 29 | N°.1, 200 om°. Chroococcum 20:8 | 17,2 è 3,6 2,09! 2,92] 14,60 | 10,73 Meet 18 déc. + Aërogenes 2. RE dat | transformée. au 10 janv. | sc K “NATH NYA °F LA MONJTUALIAH A * A" UVA AUALT ALOZY 1 AG NOLLVTINISSV "SALUMILOVE S M. W. BELJERINCK ET A. VAN DELDEN. 360 15 L REVERS 66 of -9p quowoqord NU AULUWUO9 *LIO) ‘19)98QOIpENT ‘IA9J 9 -W09 sud osoont) | FO |088 |99'T|GT'T Ge Ce I0c UN 9909001() eW9 006 G'oN | 98 | ‘TF TT GgO MI 0‘0 9S0184098S F 2S0184908 ‘IA9F 9 *2S0IBUH998S 90'0 ner 0010 ,0d4H,Y ne op dnoonvoq | L'O ooueIg "1099UOIPEX + 00G °mp ‘AUC( EG 910909 9SH I[| ( 0 0 |60‘0 CT Je ROUE UWN9909001U°) -U09 9p ne | GI *0F 1G GEO SUIU G UV9HOT, 90 0 ne ‘IHTAUST *J9ULI0F FO 9JIUUCIN ‘19 GO 9SI[H197S NE -SUL1JJU9W979[d L'‘O ODUCIT *1999840IpEY + UVOLIO T, ‘SICU )Z “09 sed ojuuey | FLT |O6 FE | 869 GGTF Ge ter | OX WU90090014) EU OOG TION TS 068 T£'T GO MINT &O 9JuutI ‘AUTO *O9ULIOJSU EI] 90‘0 ne" ‘9JIUUCUL 9p ne JU9W9I9IJUI 9109 L'O OOUCIH ‘& S2U95019Y + % T Sreu ‘09P ST “ue sed opruuvy 680 088 |99'1 | 61} ga |£SeT | 80 UN99000014f) “eU0 008 T'oN | EG | *s8 = D LSRURRE PEN] 2 © TD eo er D cit É E *1992q0pnu g'O ®Ssoon[o ‘TEU 9 5 -er9 op so1ods 90‘0 ne ‘(9[0ST JUOOUOLCIF) | "18 GO PSI[H97S ne a dnoonvoq L'O OOUCIT suejdor + NUOIIOT, ‘IHAU TG 2 J9 Wunos000014) | [GG | SFOTIFS 0768 FI SSI |FG | 908 un99090014,) "019 006 G CN | GI | ‘67 pe) : e = © D er y : dl Sr | Se É 2 ee =) 4 Le Lo) = = lo *UOI}DOI.L09 Se | © + : ‘91nJ[n9 =. us ‘son bieuro =. ® E = ge 3.8 39 le HORSOTUE.D ap = = ue ° 8° GS 9OUIIIHI( F ns STE opimbrT m à ae. *IOUL U9 9}0ZU | | A ure + E : H,0S Fe "e W9 à 362 ‘SHANNO9 SHOHASH A SHANITINOO SHHNALTINI SAT SNVA ALOZV A NIVL) € € 363 AZOTE LIBRE PAR LES BACTERIES. ASSIMILATION DE L’ ‘Sn onu 9P uOrJUUIOF aquepuoqe:9asod -U099P JU -8,0} Sud 9soon[9 "9JIUUEIX 9P dnoontoq 9roouz ‘Snonuxt 9p dnoonvtoq‘ourx0} -SUCIJ JUOU9] -a[dwoout 9s0on[9 ‘99ULI0F -SUCI} JUOUAI -8)03 sed 9}UUCIY ‘99 UUI0} -SUIJ JUOUI -8)03 sed 9JIUUI ‘9809 -n[$9p dnoontoq 910909 9JS2I II “9901009 -2p qjuowayord -WOJUI 9}IUUCI ‘JULIOF 890 OTO O9'FI OG'GI OT CG 00 &6 & 0G'G OF 0 60 G 680 Te ce ju nt 2UU0) "Ir0) AE ES à Gen nt aUHUI0) "107 L'y DE NEC net aU0) "107 GC IST 26 SU nt 30) 107) 9€ ICT eu nt aUUI0) "LI07) cie Ter ce Qu nt AUTO) "10 ) GT. 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Chruococcum 20,8 "157 5,1 3,99! 5,02) 25,10! 1,25 | Mannite pastota- 15 déc. + Sphaericum Corr. comme au lement decom- (i 1 d is) #21 1,51 é au (isolé depuis n°. 27 (5 posée, 10 janv. moins longtemps). Chroococeum 20,8 | 15,8 5,0 3,69! 5,16] 25,80 | 1,29 | Glucose incomplé- + Reptans Corr. comme au tement trans- + Radiobacter. £ n°33 1,31 formé. Fr / £ Em. (e) 4E = ; = = Terreau ne ni AE Bo 0,7 CSSS ii a 10 janv stérilisé gr. + Radiobacter. Eau 0,06 pure trans- " ô Glucose 0,2 é Ë Terreau 4 ÿ Fa Filtre 0,35 2 5,31 ES 55. NISETREE nm? “hr à a ù | Es ts 30 1, 200 em”. Chxoococoum 20,8 | 19,0 1,8 0,29, 0,40! 2,00 0,10 | Mannite incom- El C. | + Aërosenes 2 IC à E Ha | Pol LA Cox 1. comme au plètement dé. z 16 janv. | x Polymyxa: n°. 27 1,51 composée. [2 a G 56. É N°. 2 900 cm° se 7e A Ê nue 54 | N°: 2, 200 cm°. NL 20,8 | 15,9 | 4,9 3,59) 5,02/.25,10 | 1,25/Tli reste “encore à 5 ne Û | Die RUES Corr. comme au beaucoup deslu- | 2 ù rie u a: 5 Es A 5 févr | + Sphaericum. CE) 1,31 cose. ë E [= Col | © 57. 9€ o D] 3 SP ont c né ne F = a 18 Je 22 | N°1, 200 cm°. Chroococeum 20,8 | 175 3,3 1,19! 2,50! 12,50! 0,62} Mannite pastota- © éc + Aërogenes 2 Jorr l 8 au LS Re Cu JE ONE lement trans © Ë Os SI um. 11217 1,51 | formée. LE | | = rs 5S. 9€ 0 1: 900 om ‘ir ; 20 8 7.9 : 9 | Ë Ë à 22 | N°. 1, 200 cm. Clroococcum ; 20,8 | 17,2 3,6 | 2,09! 2,92} 14,60! 0,78 | Mannite pastota- © déc. + Aërogenes 2 te | | re Se È ee cs Corr. comme au lement trans à 10 janv. sSphaerieum: n°. 27 1,91 formée, E | E | | b | 6 k | = pus PEN ES,200/0m: Chroococcum 20,8 | 18,6 2,2 | 0,89} 1,241 (6,201: 0,31 lanta in 1è- 2 14 janv. + Mesenterieus vul- Corr: commeau | Etlee FASO pee 1 fe |gatus + Radiobacter. | n°. 33 1,31 | | ARR ë à févr. F DS 3229 | cm6; beaucoup 60. 21 900 em”. ps : : = - | ae |. de mucus, E » ne stérilisé 0,5 gr. | + Rudiobacter. | n° 29 351 | | LEE FE T févr PE Qu | 2 ; | E 61. 5 | N°, 2, 200 cm* hr : © | A ; TA sa De | 36 |À , 200 cm°. € Rroogts cum 20,8 1,89) 2,64| 13,20 | 0,66/ Glucose pas tota- Ë Fe ! + 1 SE DRRCUS | comme au | lement décom- Vulgatus | | n°, 33 1,31 &:abond 14 mars. ? | 3 posé;abondante S + Radiobacter, | frmation de = œ | muous. 364 M. W. BEÉIJERINCK ET A. VAN DELDEN. Il est remarquable que dans un cas déterminé (Epr. 33), notamment avec le champignon de la pomme de terre (B. mesentericus vulgatus), nous ayons obtenu un résultat positif au moyen d’une culture pure, mais cette propriété spécifique avait déjà disparu après le premier transport et nous ne l’avons plus retrouvée dans d’autres isolations 1). Il est néanmoins probable que cette espèce, par suite de son ubiquité générale, ait quelque importance au point de vue de l’accumulation d'azote dans la nature. Si nous passons aux cultures combinées, nous devons faire remarquer en premier lieu qu’en l’absence de CAroococcum elles donnent un résultat douteux ou décidément négatif. Telles sont les expériences avec Mesen- lericus vulgatus + Radiobacter (Epr. 34), Sphaericum + Radiobacter, Sphaericum + Radicicola, Reptans + Radiobacter, Reptans + Radicicola, Mesentericus + Radicicola, Mesentericus + Fluorescens et Subtilis en diverses combinaisons. Comme nous avons des motifs pour admettre que dans des conditions déterminées, même en culture pure, toutes les formes de Grazulo- bacter peuvent assimiler l'azote libre, ces expériences avec résultat néga- tif ne peuvent pas encore être considérées comme convaincantes; nous concluons plutôt à un état insuffisant d’accomodation dans tous les cas où des Granulobacter faisaient partie des combinaisons. Nous sommes arrivés maintenant à l’examen de celles des combinaisons dont Chroococcum fait partie et nous y observons souvent, comme avec les cultures grossières, une accumulation fort notable d'azote. Ce sont surtout les combinaisons avec Æeptans et Sphaericum qui sont remar- quables. Nous y avons observé notamment les faits suivants. Il se peut, et tel est Le cas pour les cultures les plus productives, p.ex. pour les épreuves 49 et 50 que le CAroococcum ne remplisse dans la matière soumise à *) La forme employée ici a été isolée du terreau de jardin par l'expérience suivante: quand on infecte au moyen de ce terreau des plaques de pommes de terre vivantes, à l’air libre et à une température inférieure à 25° C. on ne voit rien s'y développer. Mais à 37° C. il se développe sur le tissu vivant 3 espèces de bactéries, savoir: toujours B. mesentericus et B. subtilis et rarement Granulobacter polymyxa. Ces circonstances nous fournissent une bonne diagnose pour les formes de ce groupe. A l'abri de l'air et à des températures infé- rieures à 25° C. il peut se développer aussi, sur des pommes de terre vivantes, 2 formes anaérobies qui produisent ce qu'on appelle la , putréfaction humide’, ce. à d. la fermentation pectique. ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 369 l'analyse qu’un rôle tout à fait secondaire, et que cette matière soit constituée presque entièrement par des bâtonnets, clostridies et spores de Sphaericum ou Replans même. Une pareille éventualité nous donne la conviction que, dans des conditions convenables, ces dernières bactéries doivent être en état de croître et de fixer l’azote à elles-seules, donc sans symbiose avec Chroococcum, un fait sur lequel nous avons déjà attiré l’attention en parlant des cultures pures. Nous ne nous figurons pas encore clairement quelle circonstance spé- cifique cela exige. Pour la bonne réussite d’une pareille expérience, les espèces citées doivent certainement se trouver dans un état particu- lier d’accomodation, en rapport avec leur microaérophilie. Il est d’ailleurs remarquable que toutes les cultures combinées de C#roococcum avec des formes de Granulobacter ont donné lieu à une assimilation d'azote plus ou moins intense, indépendamment de la présence d’autres bactéries concomitantes, de sorte que la grande importance de ces combinaisons pour le phénomène en question est mise absolument hors de doute. Nous avons en outre acquis la conviction que la combinaison Chroococcum + Aërogenes (Epr. 36 et 37) aussi peut donner lieu à une assimilation d’azote, faible 1l est vrai, mais incontestable. Pour les résultats remarquables, quoique pas tout à fait compréhen- sibles, obtenus avec la combinaison CAroococcum + Radiobacter, nous recommandons d'examiner les expériences 39 à 44. L'examen complet de notre tableau fait voir d’ailleurs que le pouvoir d’assimilation pré- sente, dans les cultures combinées, un caractère beaucoup plus variable encore que dans les cultures grossières, ce qui s’explique par le rapport qui existe entre cette fonction et la microaérophilie, avec laquelle elle augmente ou diminue, en ce sens que l’état ,,anaérobie” des bactéries concomitantes serait la condition pour obtenir le rendement d’azote le plus élevé. Nous avons notamment pu prouver, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer maintes fois, que dans les cultures aérobies sur plaques, surtout avec des espèces de Granulobacter, le besoin d'oxygène augmente, c. à d. que la microaérophilie diminue, et en même temps le pouvoir d’assimiler l’azote doit diminuer. La culture sur plaques, base de toutes ces expériences, est done préjudiciable pour l’assimilation d'azote au point de vue quantitatif, ainsi qu'on le reconnait le mieux en comparant l’expérience productive 50 avec l'expérience 51, très peu productive; on voit par là combien l’activité de Sphaericum est dimi- 24% 366 M. W. BELJERINCK ET A. VAN DELDEN. nuée par culture à l’air libre. On constate quelque chose d’analogue avec Replans, d'après les expériences 53 et 54 d’une part et 49 d'autre part. Nous avons enfin à parler de ces groupes de cultures combinées où nous avons employé, à côté de CAroococcum, deux autres espèces encore. En comparant les résultats de ces expériences (33 à 61), on voit immé- diatement qu’elles n’ont rien appris de particulier. Nous sommes reve- nus néanmoins plus d’une fois à ce genre d'expériences, d’une part parce que nous espérions arriver ainsi à une combinaison par laquelle il serait possible de fixer tout autant d’azote que dans les cultures gros- sières, et d'autre part parce que ces cultures produisent une quantité de mucus si considérable, que nous croyions pouvoir nous attendre à un fort rendement d’albumine, jusqu'à ce que l’analyse nous apprit que nous nous étions trompés. Bien que dans plusieurs de ces expériences la durée de la culture ait été trop courte pour que nous eussions atteint le rendement maximum d'azote, 1l ne nous est pas possible de bien expli- quer comment ce rendement est si faible; ici aussi nous songeons à une accomodation insuffisante des bactéries soumises à l'expérience aux con- ditions nutritives dans lesquelles elles ont été placées. Pour le reste, dans ce cas aussi nous croyons que nous avons donné dans le tableau précédent assez de détails des expériences pour pouvoir nous abstenir de plus amples développements. 6. EXPÉRIENCES SUR LA NITRIFICATION DE L’AZOTE LIBRE. Une solution composée de 100 p. d’eau de la distribution, 1 de glu- cose et 0,05 de À? 77 PO* fut infectée le 28 déc. 1901 avec le 26° trans- port de notre culture grossière à mannite. Par comparaison avec des cultures parallèles nous avons constaté que le 23 janv. 1902 1l y était déjà fixé 70 mgr. d’azote libre par litre, en même temps quil s'était formé une épais mucus de CAroococcum, à réaction très faiblement alcaline. L’azote devait avoir été fixé en majeure partie sous forme de protoplasme du CAroococcum lui-même. Le 23 janv. nous y avons intro- duit un peu de terreau frais, d’une part pour ajouter des bactéries capables de transformer l’albumine de Croococcum en sel d’ammonium, et en second lieu pour introduire les ferments de la nitrification. Après ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 367 3 semaines nous avons distinctement pu constater la formation de nitrite et vers le milieu de mars 1902 nous n’y trouvions plus de nitrite, mais seulement du nitrate en grande quantité. Par voie colorimétrique, au moyen de la réaction de diphénylamine et acide sulfurique, nous avons trouvé que lie filtrat du liquide contenait en tout environ 250 mgr. de nitrate par litre (calculé comme ÆWO”*) Comme les 70 mgr. d’azote correspondent à 500 mgr. de ÆWO*, nous voyons qu’au bout de 7 semaines la moitié à peu près de l’azote libre assimilé était mtrifié. Et comme cet azote a dû être entièrement contenu dans l’albumine de la masse bactérienne nouvellement formée, surtout dans C#roococcum, nous avons ainsi une mesure approchée de la vitesse avec laquelle se mitrifie l'azote, présent dans le corps de C#roococcum à l’état d’albumine. Nous avons repris ces expériences plus d’une fois et toujours avec le même résultat. En les effectuant, il est recommandable de ne pas se fier exclusive- ment à la réaction qualitative au moyen de diphénylamine et d’acide sulfurique, mais d'opérer quantitativement comme nous l’avons décrit, et cela pour la raison suivante: Quand on introduit du terreau frais, sans plus, dans l’eau de la distri- bution, la réaction par diphénylamine et acide sulfurique ne réussit pas au commencement, même quand on mélange 5 à 10 gr. de terreau avec 50 em°. d’eau. Et cependant ce terreau contient des substances capables d’être nitrifiées après dilution avec de l’eau et par aération, sans qu'il soit nécessaire d'ajouter des sels où d’autres substances. Au bout de quelques jours la réaction à la diphénylamine + acide sulfurique est positive, indépendamment de l'azote atmosphérique fixé ou non fixé. Mais nous avons trouvé que 0,5 gr. de terreau dans 50 em°. consti- tuait la limite de sensibilité de la réaction, car en employant moins de terreau encore, 1l n’y avait plus moyen de découvrir du nitrate ou du n1- trite. Si l’on a donc employé pour l'expérience en question plus de 50 cm”. d’eau et moins de 0,5 gr. de terreau pour l'infection, un résultat positif de la réaction qualitative susdite prouve déjà, sans aucune détermination quantitative, que de l’azote atmosphérique a été nitrifié ”). ) Notice historique. Après la publication du travail sur l’oligonitrophilie (voir ces Archives, (2), 8, 190, 1903), dont la communication à l’Académie des Sciences d'Amsterdam date du 30 mars et du 25 mai 1901, M. le Dr. W. 368 M. W. BEIJERINOK ET A. VAN DELDEN. 7. RÉSUMÉ ET CONCLUSION. Il y a deux procédés importants pour obtenir des accumulations d'organismes oligonitrophiles, conduisant à des cultures de bactéries qui fixent énergiquement l'azote libre de l'atmosphère; d’abord, le pro- cédé de culture complètement grossière, ensuite, le procédé de culture partiellement grossière. Une cullure complèlement grossière s'effectue comme suit: On intro- duit 100 p. d’eau de conduite, contenant 2 p. de mannite et 0,05 de ÆA?2H POS, en couche peu profonde dans un large flacon d'ERLENMEYER, on infecte au moyen de terreau frais et on cultive entre 23 et 282 C: Déjà au troisième jour commence une culture de bactéries où C#roococ- cum est prépondérant. Après quelques transports la plupart des impu- retés ont disparu, mais il reste toujours quelques #{uorescentes, qui ne produisent pas d'acide dans la solution de mannite. Si l’on inocule cette culture dans 100 p. d’eau de conduite, ? de glucose et 0,05 de X2ÆPO*, on obtient la combinaison CAroococcum + Granulobacter (sous diverses formes) + Xadiobacler, qui donne lieu au rendement d'azote le plus KeüGer de Halle a. $., dans une lettre du 6 sept. 1901, a attiré notre atten- tion sur le passage suivant d’un travail qu’il avait publié dans Landwirschaftl. Jahrb. 1900, p. 701: ,Hier mag zunächst noch ein Versuch kundgegeben werden, der dafür Zeugnis ablegt, dass unter denselben Verhältnissen, unter welchen wir die Algen züchteten” (le travail de M. KrüGEer traite notamment la question de savoir si les aloues à chlorophylle inférieures sont en état d’assi- miler l’azote libre, dont la réponse est négative) ,bei Organismen welchen das Vermügen eigen ist, sich des freien Stickstoffs der Luft als Stickstoffquelle zu bedienen, Stickstoffaufnahme aus der Atmosphäre stattfindet. Von mehreren Versuchen sei hier das Ergebnis cines derselben mit einem aus dem Boden gezüchteten Organismus augeführt. Dazu wurde wieder eine Nährlôsung ohne Zusatz von Stickstoffverbindungen, die pro 100 cem. nur 0,0003 g. Stickstoff enthielt, verwendet.”.... Au bout de 62 jours il constate dans 100 cm’. une augmentation de 4,6 mgr., dans 200 cm°. 6,8 mgr. et dans 300 cm”. 8,5 mgr. d'azote fixé. M. KrüGer continue en ces termes: , Es wurden also nicht unbeträchtliche Mengen von elementarem Stickstoff assimiliert und die Entwickelang der Kul- turen machte keineswegs den Eïindruck, dass dem Organismen irgend ein wich- tiger Nährstoff nicht zu Gebote stand.” L'organisme dont il est question ici était Chroococcum, ainsi que nous avons pu nous en assurer à l’aide d'un tube de culture que M. KRüGER nous envoya en même temps que sa lettre; la cul- ture n'était toutefois jas pure, mais un mélange complexe de microbes. ASSIMILATION DE L’AZOYE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. 369 élevé que l’on ait atteint jusqu'ici, savoir 7 mgr. d’azote fixé par gr. de sucre assimilé. Il n'y à pas moyen de répéter les transports dans la même solution au glucose, par suite de la formation d’acide par les Fluorescentes, ce qui entrave la croissance. Mais, si l’on transporte alors dans une solution à mannite, ou si Von suit la méthode de culture ,,alternante”, en employant passagère- ment l’acétate de chaux comme source de carbone, — nourriture qui ne convient pas aux Granulobacter, — on arrive enfin, avec la mannite, à la combinaison des deux espèces non sporogènes CAroucoccurr + Radio- bacter, par laquelle peuvent être fixés, dans la solution à mannite, environ 4 mgr. d'azote par gramme de mannite assimilé. Dans cette culture les Granulobacter font défaut, mais on y trouve encore des Fluorescentes, ainsi qu’un petite quantité d’Aërogenes et Coli. Le procédé de culture partiellement grossière est le suivant: On prend une solution de 100 p. d’eau de conduite, 2? de mannite et 0,05 de K2HP04, ou bien 100 d’eau, 2 de glucose, 2 de craie et 0,05 de A? PO"; on infecte avec CAroococcum + terreau pasteurisé et on cul- tive de nouveau entre 23 et 28° C. Après des transports répétés on obtient une combinaison fixant de l’azote, formée de CAroococcum et de diverses espèces de Granulobacter, avec des impuretés constituées par quelques bactéries accessoires, sporogènes. Le plus haut rendement d'azote atteint dans ce genre d’expériences, savoir 5 mgr. d’azote fixé par gr. de sucre (Epr. 39), a été fourni par une combinaison de C#roo- coccum avec la bactérie aérobie, mais fortement microaérophile, Granu- lobacter reptans. Tous les Granulobacters sont plus ou moins microaérophiles. On peut mesurer approximativement cette propriété en appliquant aux colonies sur agar au glucose la réaction à l’iode. On voit alors que les organismes les plus microaérophiles contiennent aussi le plus de granulose et se colorent donc en bleu intense, tandis que les individus les moins micro- aérophiles (donc les plus aérophiles) ne prennent qu’une teinte bleu elair ‘. ?) Par cette simple expérience on peut obtenir des ,bactéries de l’alinite”, capables d’assimiler l'azote libre, non seulement, comme l',alinite” du com- merce, dans l'imagination de l'observateur, mais en réalité. Qu'on se garde bien de confondre à ce propos la réaction bleu-violette sur la granulose des Granulobacter avec la réaction rouge violette sur le glycogène, si caractéris- tique pour le groupe Megatherium, non fixateur d'azote. “ 310 M. W. BEIJERINCK ET A. VAN DELDEN. Il semble d’ailleurs que l'assimilation de l’azote libre aille de pair avec la microaérophilie chez toutes les espèces capables de remplir cette fonction. La propriété de la microaérophilie se mânifeste par cette cir- constance que, dans une goutte du liquide de culture, placée dans la chambre humide, 1l se forme, soit par croissance, soit par motilité, des accumulations non dans le ménisque même, mais à quelque distance vers l’intérieur, où l’air dissous doit avoir une tension plus faible. Cette préférance pour une basse pression de l'oxygène se perd toutefois par hérédité dans des ‘cultures à Pair hbre, du moins pour Granulobacter, et en même temps disparaît l’état d’accomodation nécessaire pour la fixation d'azote. Cette perte de l’état d’accomodation par culture aérobie permet d'expliquer pourquoi les combinaisons de cultures pures d’espè- ces connues ne peuvent donner lieu à une fixation d’azote, importante au point de vue quantitatif, que quand elles sont fraïchement isolées des cultures accumulatives grossières. Nous sommes d'avis que le résultat principal de nos recherches est que nous avons prouvé, comme il a déjà été remarqué dans l’introduc- tion, que dans l’assunilation de l'azote libre par les bactéries il com- mence par se former une combinaison soluble, qui sort par diffusion des organismes actifs, se propage autour d'eux et est ainsi mise à la disposition d’autres microbes *). Pourquoi cette combinaison, dont la nature chimique est encore inconnue en ce moment, est si difficilement assimilable pour les bactéries qui la produisent, et si facilement au contraire pour CArvococewm qui s’en sert pour sa croissance, voilà un point qui n’est pas encore élucidé. Mais 1l faut remarquer que cette dernière espèce se conduit vis à vis des combinaisons azotées en général d’une manière excep- tionnelle, non seulement au point de vue de Pavidité extraordinaire avec laquelle elle extrait de la solution même les moindres traces de ces substances, mais aussi au point de vue de Paction qualitative qu’elle montre à leur égard. Nous avons notamment reconnu que C#roococcum est une des rares bactéries qui engendrent directement de Pammoniaque ?) aux dépens ") Ou même de végétaux supérieurs, comme c'est le cas avec Radicicola. *) Par contre, la formation d’ammoniaque aux dépens d’amides et d’albumi- noïdes est une fonction très répaudue parmi les bactéries, et bien connue par les cristaux de phosphate double d’ammonium et de magnésium qui se forment dans de vieilles cultures, de différentes espèces, sur agar ou sur gélatine. ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. Snfell de nitrates et de nitrites, et cette action de C#roococcum sur les nitrates peut devenir tellement intense que, dans des conditions de croissance avantageuses, 1l n’y a même pas moyen de prouver une formation inter- médiaire de nitrite !). À notre connaissance, le CAroococcu:r est unique à ce point de vue. Il est bien vrai qu'il y a encore d’autres bactéries qui forment WH* au moyen de nitrates et de mitrites, mais cela a lieu d’une autre manière, ainsi qu'on le reconnaît au tableau suivant, où nous avons établi un parallèle entre C#roococcum et les bactéries B. sublilis et B.mesentericus, isolées de pommes de terre vivantes. Nous nous sommes servis des liquides nourriciers suivant: 1. Eau de conduite 100 Malate de calcium n K2HP0° 0,05 KNO* 0,05 2. Le même que 1, avec XWO? au lieu de XNO*, 3. Le même que 1, avec mannite au heu de malate de calcium. 4. Le même que 3, avec ÆWO? au lieu de XNWO*, Liquide de culture 1 2 3 Ca Mal KNO° | Ca Mal KNO° | Mannite KNO* ZE Mannite XNO* Chroococcum NH° NH° NH° NH° pas de XNO° pas de KNO° Mesentericus NH pes de NH° NH° NH° vulsatus et KNO° et KNO° Subtilis pas de NH° | pas de NH° pas de MA || pas de NH° mais unique- mais unique- ment KNO° ment KNC° Ainsi qu'on pouvait sy attendre, Granulobacter polymyxa, avec ses variétés Tenax et Mucosum, appartient comme Mesentericus aux bacté- ries qui forment de l'ammoniaque aux dépens de nitrates et de nitrites. Pour Splaericum et Replans 11 nous a été impossible d’en fournir la preuve, probablement à cause d’un défaut dans l’expérimentation. *) Quand la croissance est ralentie et que les conditions vitales sont défavo- rables, nous avons pu constater la transformation de nitrate en nitrite même chez Chroococcum. OS M. W. BELIJERINCK ET A. VAN DÉLDEN. On voit d’après ce tableau que la formation d’ammoniaque aux dépens de XWO®, en présence d’un malate comme source de carbone, n’a pu être démontrée que pour C#rooc:ccum, mais pas chez les deux autres espèces, qui se distinguaient au contraire de CAroococcum par une formation abondante de nitrite. Une démitrification, c. à d. une séparation d’azote libre de nitrites, ne s’opère m par C#roococcum n1 par les deux autres espèces. Nous avons donné ces développements sur la conduite de C#roococcum vis à vis des nitrates et des nitrites, parce que nous nous sommes plus d’une fois demandé si la combinaison azotée, mise en liberté par les bac- téries qui fixent l’azote libre, ne serait pas un nitrite; mais nous n'avons jamais découvert de traces de nitrites dans les cultures pendant la fixation d'azote, pas plus que de l’ammoniaque en présence de CAroococcum. Et l'hypothèse que les nitrites se forment passagèrement, mais disparaissent immédiatement parce que CAroococcum les transforme en ammoniaque, et que l’ammoniaque elle-même est employée pour la eroissance de l’une ou l’autre espèce de bactéries, ne satisfait pas théoriquement, parce que les Granulobacter qui fixent azote ne se nourrissent pas facilement avec leur propre produit d’assimilation, mais satisfont au contraire aisé- ment leur besoin d'azote au moyen de nitrites. Nous avons également considéré la possibilité de la formation d'un sel d’hydrazine ou d’hydroxylamine et nous avons essayé de les décou- vrir par des réactions basées sur les propriétés réductrices de ces sub- stances, sans arriver toutefois à un résultat décisif. Faisons encore remarquer enfin que CAroococcum forme de l’alcal en toutes circonstances, même en présence de glucose et d’autres espèces de sucre, ce qui est d’ailleurs aussi le cas pour Xadiobacter. Nos considérations, 1l faut l'avouer, n’expliquent rien des processus chimiques de la fixation d'azote, mais elles font connaître des faits qui peut-être facihteront un jour une telle explication. Nous croyons qu'il est prouvé que toutes les espèces de Grarnulo- bacter, tant aérobies qu’anaérobies, placées dans des circonstances avantageuses, sont capables d'employer pour leur croissance, quoique difficilement, la combinaison azotée qu’elles engendrent, et peuvent donc fixer l’azote en culture pure. M. Wixocrapsxy l'avait déjà observé pour le ferment butyrique et nous avons pu nous convaincre de l'exactitude de son assertion, non seulement pour ce qui regarde cet orgamisme-là mais aussi pour le ferment butylique, Quant aux formes ASSIMILATION DE L'AZOTE LIBRE PAR LES BACTÉRIES. De aérobies de ce genre, nous avons pu prouver la même propriété pour une souche de Granulobacter polymyxa, mais d’autres isolations n'étaient plus en état de croître, sans intervention de C#roococcum, dans nos liquides de culture pauvres en azote. En un seul cas une culture pure de Bacillus mesentericus vulgatus, isolée du terreau au moyen de tran- ches de pommes de terre vivantes, assimilait l'azote libre sans l’inter- vention d’autres bactéries, mais elle avait déjà perdu ce pouvoir après un seul transport. Toutes nos observations prouvent qu'il existe dans le sol même et particulièrement dans le terreau une combinaison azotée, formée par les bactéries assimilatrices d'azote, qui se propage dans toutes les directions et est mise à profit par d’autres organismes pour leur nutrition azotique. Surtout CAroococcum paraît remplir à ce point de vue un rôle important dans le sol, et nous avons fait voir que le protoplasme de cette bactérie se transforme aisément en ammoniaque et peut être nitrifié ensuite, ce qui fait qu'il est possible de transformer en peu de temps l’azote atmos- phérique libre en nitrate. Pour expliquer l'influence extraordinairement avantageuse que C4roo- coccum exerce sur la culture artificielle, spécialement des Granulobacter, nous devons encore rappeler que ces dernières bactéries produisent des acides qui entravent leur développement; or, ces acides sont en partie neutralisés, en partie oxydés par Croococcum. Pour ce qui regarde Æadivbacter, cette espèce aussi doit transformer Pazote en une combinaison qu'elle cède à son entourage et qui peut servir d’aliment azoté du moins à C#roococeum et certainement aussi à adiobacter mème, quand CAroococcum est présent. Les rapports entre ces deux espèces de bactéries rappellent vivement ceux qui existent entre le Radicicola, apparenté de près à Fudiobacter, et les Papilionacées. L'observation, que certaines variétés de Æadiobacter dénitritient énergiquement, c. à d. éluminent l’azote des nitrates et nitrites dans des conditions nutritives convenables, nous à conduit à nous demander s'il n'y aurait pas d'autres bactéries démitrifiantes capables de fixer l’azote libre en symbiose avec CAroococcum, mais toutes nos expériences dans cette direction ont donné un résultat négatif. Delft, Laboratoire de Bactériologie de l'Ecole Polytechnique. SUR QUELQUES PARTICULARITÉS ET CHANGEMENTS OBSERVÉS DANS LES RAIES DE FRAUNHOFER ET LEUR EXPLICATION PAR LA DISPERSION ANOMALE DE LA LUMIÈRE SOLAIRE DANS LA COURONNE PAR W. H JULIUS. C’est surtout par les recherches de M. JEWELL, sur la coïncidence des raies solaires et métalliques ”), que l’attention a été attirée sur certaines particularités variables des raies de FRauNnorer. Nous n’avons pas en vue ici les irrégularités qui se présentent dans le spectre des taches et des facules, provenant de troubles dans des portions relativement petites du soleil, mais des anomalies présentées par la lumière solaire moyenne, anomalies que l’on observe aussi quand on éclaire la fente par une partie d’une image solaire imparfaitement nette. D’après le prin- cipe de DoppLER, nous pouvons nous attendre à observer, dans ces circonstances, des déplacements des raies résultant de la rotation du soleil, de celle de la terre et d’une variation de la distance entre ces deux astres par suite de l’excentricité de l'orbite terrestre. Mais, même quand on tient compte de toutes ces influences, il reste encore certaines irrégularités. | M. JeweLL a notamment constaté que certaines raies de FRAUNHOFER coïncident exactement avec les raies d'émission dans le spectre des élé- ments obtenu au moyen de l'arc voltaique, tandis que d’autres ne le font pas, et que les déplacements sont inégaux, tant pour les raies des ‘) L. E. Jewerr. , The coincidence of solar and metallic lines. A study of the appearance of lines in the spectra of the electric arc and the Sun.” Astroph. Journ., ILI, pp. 89—113, 1896. Du même: ,Spectroscopic notes. Absolute wave- lengths, spectroscopie determinations of motions in the line of sight, and other related subjects.” Astroph. Journ., XI, pp. 234—240, 1900. RAIES DE FRAUNHOFER. 319 divers éléments que pour les diverses raies d’un seul et même élément. De plus, il a parfois trouvé que ces déplacements n'étaient pas les mêmes pour diverses séries de photographies, et pour quelques-unes des raies 1l semblait même que l'intensité fût variable. Pour expliquer ces phénomènes, M. JeweLi à recours à certaines hypothèses sur la densité, la pression et la température des gaz absor- bants et rayonnants, dans les diverses couches de l’atmosphère solaire, et admet en outre que les éléments y montent et descendent avec des vitesses différentes. Le spectre solaire anormal de Axe. Beaucoup plus grandes que les irrégularités dont 1l vient d’être question sont celles qui ont été observées dans le spectre solaire anormal”, récemment décrit par M. G. E. Haze ‘). Ce spectre particulièrement remarquable a été photographié par hasard 1l y à assez longtemps déjà, en février 1894, dans une série d'épreuves faites dans le seul but d'examiner les particularités du réseau. Ce n’est que quelques mois plus tard que l’on découvrit qu'un phéno- mène très extraordinaire venait d'être photographié. M. Hare hésita longtemps avant de publier sa découverte accidentelle. Des reproduc- tions de la plaque furent envoyées à divers spectroscopistes avec prière de les examiner et de chercher s’il n’y avait pas moyen de trouver pour le phénomène une cause en dehors du soleil même. Mais, comme aucune explication n’en a été fournie, on s’est contenté de mesurer et de décrire le spectre aussi exactement que possible. Sur une seule et même plaque on à pris successivement douze épreu- ves, dans le spectre du 3° ordre d’un réseau plan. Une image solaire de 51 mm. de diamètre était projetée de telle manière que l’image d’une tache venait tomber exactement sur la fente. La longueur de cette dernière (6,5 mm.) correspondait à un huitième environ du diamètre solaire. Les premières épreuves font voir le spectre normal sans modification considérable. Puis vient le trouble, qui atteint son maximum dans le 8% spectre pour décroître rapidement dans les quatre suivants. *) Georce E. Hare. ,Solar research at the Yerkes Observatory”. Astroph. Journ., XVI, pp. 211—233, 1902. 316 W. H. JULIUS. M. Hare a donné les reproductions de quatre spectres, dont chacun s'étend depuis À = 3812 jusqu'à à — 4132. Le n°. 1 à été obtenu avant le trouble; le n°. ? est le spectre le plus anormal; le n°. 3 est ce que M. Hare appelle le ,,spectre intermédiaire” (intermediate spec- trum) et a été obtenu quelques instants après le spectre anormal; le n°. 4 fait voir de nouveau le spectre solaire normal, photographié un autre jour sur une autre plaque. Les n%. 1, 2 et 3 montrent une bande sombre à travers tout le spectre; c’est l'ombre de la tache pro- jetée sur la fente. Les caractères principaux du spectre anormal sont les suivants: 1°. La bande provenant de la tache solaire y est beaucoup moins sombre que dans les spectres photographiés avant et après Le trouble. 2°. L’intensité et la largeur d’un grand nombre de raies de FRAUN- HOFER ont considérablement diminué. C’est ce que l’on observe le mieux pour les bandes, larges et sombres, 77 et À du calcium et la raie H3 de l'hydrogène, presque complètement effacées dans le spectre anormal. 3. D'autres raies, au contraire, sont exfraordinairement renforcées. 4°. Plusieurs raies ont plus ou moins changé de place. On observe les mêmes particularités, quoiqu’à un degré généralement plus faible, dans le spectre mtermédiaire, qui forme ainsi la transition entre le spectre normal et le spectre anormal. Cette remarquable complication n'existait pas seulement dans la lumière émise par une portion relativement petite du disque solaire, p. ex. dans le voisinage immédiat de la tache; au contraire, elle se con- statait presque également bien sur toute la largeur du spectre et était donc à peu près la même pour toute la lumière émise par une très grande surface du soleil. Les instants des 12 expositions et la date exacte n’ont pas été notés, mais il est certain que la durée totale du trouble a été très courte. M. Haze considère le phénomène comme ,,une perturbation remar- quable de la couche renversante” (a remarkable disturbance of the reversing layer). Maïs n'est-il presque pas impossible de se figurer qu’une couche relativement peu épaisse de l’atmosphère solaire subisse soudainement, et simultanément en tous les points d'une grande éten- due du soleil, une modification considérable, au point de rendre pour ainsi dire méconnaissables pour un moment ses pouvoirs émissif et absorbant en certaines régions du spectre? RAIES DE FRAUNHOFER. on Aussi me semble-t-il que l’origine du phénomène doit être cherchée quelque part sur le chemin de la lumière entre le soleil et la terre. Or, si un faisceau lumineux composé traverse des milieux produisant une dispersion anomale, la composition de ce faisceau doit être modifiée. Ainsi: que je l'ai fait voir antérieurement ‘), les propriétés de la lumière chromosphérique peuvent être déduites de l'hypothèse que cette lumière provient de la lumière photosphérique, par dispersion anomale. D’après cette hypothèse le spectre de la chromosphère nous apprend quelles sont les espèces de lumière qui peuvent suivre, dans l’atmos- phère solaire, des trajectoires assez fortement courbées. L'idée était donc toute naturelle que ce seraient les mêmes ondes qui joueraient un rôle important dans le spectre anormal de HALe. Afin d'examiner cette question sans préjugé, avant de consulter les tables de M. Haze ou un tableau des raies chromosphériques, j'ai indiqué sur les reproductions du spectre dans l’Astrophysical Journal un certain nombre de raies qui me paraissaient affaiblies dans le spectre anormal. Au moyen de l’atlas photographique du spectre solaire normal de M. Georce HrGes, j'ai pu facilement déterminer les longueurs d’onde de ces raies; on les trouve dans la première colonne du tableau LE. La seconde, la troisième et la quatrième colonne font connaître les intensités de ces raies dans le spectre normal, intermédiaire et anormal, telles que M. Haze les a données (ces données sont empruntées aux tables de RowLanD pour le spectre normal, et évaluées par M. Apams pour les deux autres spectres). M. are dit expressément que ces intensités ont été évaluées dans chaque spectre individuellement, c. à d. sans comparaison avec un autre *). La cinquième colonne fait connaître l’intensité que présentent les raies correspondantes du spectre de la chromosphère, obtenu par M. Locxyer pendant l’éclipse de 1898, à Viziadrug *); la sixième colonne enfin donne les substances absorbantes. ») Ces Archives, (2), 4, 155, 1901; (2), 7, 88 et 473, 1902. ?) En choisissant les raies qui paraissaient affaiblies dans le spectre anormal, j'ai évidemment dû comparer entr'eux les trois spectres. Voilà comment il se fait que mon tableau contient certaines raies dont les intensités, estimées par : M. Apams, ne sont pas relativement faibles dans le spectre anormal. . 5) Lockver, CarisHoLm-BaTTeN aud Pepcer. , Total Eclipse of the Sun, January 29, 1898. — Observations at Viziadrug”, Phil. Trans. À, vol. 197, p. 151—227, 1901. AS W. H. JULIUS: Tableau TL Raies dont l’intensité est moindre dans le spectre anormal que dans le spectre normal. Intensité dans le spectre Longueur = | £ £ É D a OPA ee LOS D , dt = Z = 4 ae Ë Remarques. ae = < = 2 © = D Nes) Sue EE “ ÉANERRE = 3811,4 :. C | °) 3812,6 4 Fe 38374,09 À 9 — AC) Fe 3318.47 22 25 — 3,3 | Fe, Fe| 1=3818;19 et2 361812: Hz 3389,05 ? 19) — 8 H | M.HALE mentionne Fe, Mn. 3395,80 ü 12 — 3 Fe 3899,30 à) 4 — 2 y 3903,09 10 12 — | 2—3 | Fe 3905,66 12 20 — 2 Cr, Si 3906,70 14 — . 2 Fe 3913,63 9 7 — 6 Ti 3914,49 7 8 D* ‘Re # Il est fort probable que 3916,54 3 — 4% ) V |ces intensités aient été esti- 3920,41 10 LOF AAIDE 3 Fe | mées trop grandes en compa- 3923,09 12 2e 1 T2 3 Fe |raison des nombres de la HO 10 Ca |seconde colonne. Voir la 3944,16 15 1 ONDES Al | note 2 à la page précédente. 3948,91 15 15 — D RSR 3950,10 D — 2 3 Fe 3993,02 17 15 _ Fe etc 3908,35 5 8 — : Ti 3961,67 20 20 — 6 Al H 3968,63 | (100) 7 ll 10 Ca He 3910,18 ü 8 — 10 Tel *) Non mentionnées dans 3911,89 6 e) — 2 Fe le tableau de M. HALE, mais 3986,90 6 8 — distinctementaffaibliesdans 5 HDI Ée .. . 4% . JF la reproduction du spectre 4012,50 D : 5% | 5—6 | Ti,etc.| anormal. 4033,22 ti 12 3 | 3—4 |Mn, Fe 4034,64 6 10 — | 3—4 |Mn, Fe 4045,98 30 30 5 7 Fe 4063,76 20 20 — |6—71]| Fe 4071,91 15 15 TE (6) Fe 4077,88 8 10 Te | 0) Sr H 4102,00 40 fl — 10 IT RAÏES DE FRAUNHOFER. 379 Le tableau IL a été dressé de la même manière; 1l contient les raies qui, sur les reproductions, font nettement l'effet d’être rez forcées dans le spectre anormal. Tableau BE Raies dont l'intensité est plus grande dans le spectre anormal que dans le spectre normal. Intensité dans le spectre mue > o 2 Longueur ALLÉE Si & d'onde. | = Z ee PE = Remarques. +) 2e: € = NEUVE DE ES RE NA ER Ée 3921,86 . — 20 Zr, Mn 2 UNIES = 25 ? 3930,45 8 15 28 | 3—4 Fe 3937,39 | — — 10 ? 3940,25 | — 7 12 ? 3950,50 2 — 15 ï 3962,29 3 — 11 Fe? 3973,17 6 — 15 DIN Zi e Ca 3981,92 | 4 13 30 (ES Ti, Fe * Cette raie n'es! pasmen- 599297 3 4 10 | y, Gr |tionnée dans le tableau des 3996.80 | — + 9 9 raies chromosphériques de : ; “ M. Humpureys (Eclipse de 4013,90 8 12 5 Ti, Fe 1901). 4014,67 6) 9 20 Fe 4023,38 | — — 10 ? 4033,77 2 5) 15 Mn 4040,79 3 6 20 4 Fe 4044,09 6) 20 15 Fe Le résultat est très frappant: Les raves afjuiblies correspondent pres- que sans exception à des raies chromosphériques; quant aux raies renfor- ’ cées, elles ne se rencontrent pas, pour la plupart, dans le spectre de la chromosphère. ARCHIVES NÉERLANDAISES, SÉRIE IT, TOME VIII. 25 380 W. H. JULIUS. M. Lockver a donné l'intensité des raies chromosphériques suivant une échelle où 10 indique les raies les plus fortes et 1 les plus faibles. S1 nous tenons compte de cette circonstance que dans sa liste le plus grand nombre des raies portent les nombres 1 et 2, notre tableau fait voir que, par la simple observation du spectre solaire anormal, nous avons pu mettre en évidence les fortes raies chromosphériques. Cela ne saurait être un effet du hasard. Il n’y a donc pas à en douter, les deux phénomènes — l’affaiblissement des raies de FrauNHor&R dans le spectre anormal et l’origine du spectre de la chromosphère — doivent être attri- bués à des causes présentant une étroite relation. Par contre, 1l ne paraît pas que le re forcement des raies du spectre anormal soit aussi intimement lié à la composition du spectre de la chromosphère. Si notre manière de voir est exacte, et que réellement la lumière chro- mosphérique a été séparée par une forte incurvation de la lumière blanche” émise par des couches plus profondes, ces rayons particuliers doivent présenter en général une intensité moindre dans le spectre du disque solaire ‘). Les raies de FRAUNHOrER qui correspondent à des raies chromosphériques doivent donc se détacher, dans le spectre solaire ordinaire, sur un fond plus ou moins obscurci. La mesure de cet obscurcissement, à des distances différentes du milieu d’une raie d’ab- sorption, dépendra évidemment de la forme de la courbe de dispersion dans le voisinage de cette raie; l’obscurité moyenne de ce fond dépend d’ailleurs en premier lieu de la quantité de matière qui produit la dis- *) On pourrait s’imaginer que les rayons constituant la lumière de la chro- mosphère ne doivent faire défaut que dans le spectre du bord, maïs non dans celui des portions centrales du soleil. I1 suffit toutefois d’un coup d'oeil jeté sur la fig. 4 d’un précédent article (ces Archives, (2), 4, 161, 1901) pour se con- vaincre que la lumière chromosphérique visible peut fort bien provenir, pour une partie, de points situés du côté opposé à la terre. La lumière chromosphé- rique qui arrive à la terre peut venir de n'importe quel point de la ,sphère critique” de Scamipr. Pour la plus grande partie elle nous est envoyée par la face postérieure du soleil; mais alors la moitié à laquelle nous faisons face fournit la lumière chromosphérique dirigée vers d’autres régions de l'univers, et cette lumière doit donc être absente dans le spectre du disque. (Il y a lieu de supposer qu’en moyenne il y a plus de lumière chromosphérique emise dans des directions fai- sant un angle ascez grand avec l'équateur solaire que vers les régions équa- toriales, y compris l'orbite terrestre. RAIES DE FRAUNHOFER. 381 persion anomale et en second lieu de la direction et de l’intensité de la variation de densité des gaz que traverse la lumière, c. à d. de l'activité” du soleil !). Nous attribuons done uné double origine aux raies sombres dans le spectre solaire: une absorption réelle des ondes dont la période coïncide exactement avec la durée de vibration de la matière, et une déspersion de la lumière avoisinante, fortement déviée ?). Cette dispersion sera surtout considérable là où existent dans le milieu des différences de densité particulièrement grandes; l'élargissement de la plupart des raies de FRrAuNHoOrER dans le spectre des taches peut être expliqué de cette façon. Cette lumière dispersée n’a évidemment pas disparu; l'absence de certaines raies dans le spectre d’une tache est contrebalancée par une augmentation d'intensité des mêmes rayons dans la lumière venant des facules voisines. La distribution de la densité des gaz solaires peut donc être telle à un endroit, qu’une portion limitée du disque semble émettre un nombre relativement grand de rayons à indice de réfraction particu- lhièrement élevé ou bas. Dans le spectre de ces parties du disque (qui sont les facules) les raies de FRAUNHOFER nous apparaîtront non seulement plus étroites et plus faibles que d'ordinaire, mais nous pourrons aussi y trouver des raies contrastant avec le fond par un plus grand éclat. Ces raies plus lumineuses ne coïncident pas avec les raies d'absorption correspondantes; leur longueur d'onde moyenne sera généralement plus grande ou plus petite que celle de la lumière absorbée, car, selon la dis- tribution accidentelle de la densité, le faisceau contiendra une plus grande proportion de rayons à indice de réfraction tantôt élevé, tantôt bas. Les considérations précédentes nous suggèrent une explication du spectre anormal de Harr. Les raies particulièrement faibles dans ce spectre sont en effet exacte- ment celles qui produisent une forte dispersion anomale, ainsi que l’apprend la composition du spectre de la chromosphère. Pour 77, X *) L'influence possible de la courbure générale ou régulière des rayons (d’après le principe de M. Soumipt) sur l’apparence des raies spectrales n’a pas été con- sidérée dans cet article Si nous étions capables d'observer ou de calculer les rayons des ,sphères critiques” pour des ondes subissant la réfraction anomale, il nous serait possible d'évaluer cette influence, maïs jusqu’à présent nous ne possédons pas encore les données nécessaires pour ce calcul. *) Voir ces Archives, (2), 4, 161, 1901. De 382 W. H. JULIUS. et 15, ainsi que pour certaines raies du fer, on constate nettement que la clarté anormale affecte particulièrement les larges ombres des raies, c. à. d. les portions dont nous attribuons l’origine, dans le spectre nor- mal, non à une absorption, mais à une dispersion. De plus, la bande obscure provenant de la tache a disparu. Cela veut dire que les ondes qui, dans des circonstances ordinaires, font défaut dans le spectre de la tache à cause de leur forte dispersion, sont de nouveau présentes, au moment de la perturbation, dans le faisceau reçu par l'instrument. La raison de tout cela deviendra évidente quand 1l nous sera possible de trouver une cause plausible, réurissant de nouveau les rayons forte- ment dispersés, dans un angle assez grand pour embrasser une portion considérable du disque solaire. A cet effet 1l n’est pas nécessaire d'introduire une nouvelle hypothèse. La même idée relative à la constitution du soleil ‘), qui nous a permis d'expliquer les propriétés de la chromosphère et des protubérances, nous fournit ic1 encore une fois les données nécessaires. En effet, si nous admettons (d’après la théorie de Soxmrpr) que le soleil est une masse gazeuse 1llimitée, 1l doit s’y former des surfaces de discontinuité semblables à celles dont la forme générale a été déterminée par M. Empex ?) pour un soleil nettement limité, rayonnant et tour- nant. Ces surfaces doivent s'étendre jusqu'aux portions extrêmes de la masse gazeuse — une conclusion qui s accorde parfaitement avec la structure visible de la couronne. Le long de ces surfaces de discontinuité 1l se forme notamment des vagues et des tourbillons; les axes de ces tour- billons coïncident à peu près avec les génératrices de ces surfaces de révolution et sur ces axes la densité est un minimum. Cela permet de rendre compte de la stratification que l’on observe plus ou moins distinctement dans toutes les bonnes photographies ou dessins de la couronne. Cette apparence particulière pourrait avoir du reste une autre cause, que cela serait indifférent pour les considérations suivantes. Tout ce que nous devons admettre, c’est que la densité de la matière coronale varie d’une manière qui correspond à la structure striée que l’on reconnaît pendant une éclipse totale de soleil. *) Ces Archives, (2), 7, 473, 1902. *) R. Empen, Beïiträge zur Sonnentheorie, Ann. d. Phys., (4), 7, pp. 1746—1917. RAIES DE FRAUNHOFER. 390 Une proéminence coronale qui, à un moment donné, se dirige exac- tement vers la terre peut être comparée assez grossièrement à un faisceau de tubes de verre à travers lesquels on regarde dans le sens de la lon- gueur. Une pareille structure doit réunir et conduire les rayons qui y pénètrent en diverses directions. Et 1l doit en être de même quand les portions à grande densité optique alternent avec celles à faible densité, non d’une mamière tranchée, comme dans le cas de l’air et du verre, mais d’une façon graduelle. Dans la fig. 1 la densité optique de la matière est représentée par le degré de rapprochement des stries verti- cales. Un rayon pour lequel la constante A à € B de réfraction du milieu a une grande va- leur positive suivrait par exemple le che- min 44’, serpentant autour des parties les plus denses de la structure; un rayon BP’ dont la constante serait fortement Pr PUR : . négative suivrait de même les régions raréfiées. Par contre un rayon CC” pour lequel la constante serait exactement / \ / © Q 3 / égale à zéro ne serait pas influencé par les variations de densité: et une certaine lumière pour laquelle la constante de ré- fraction serait à peu près égale à zéro devrait suivre un long chemin sensible- ment parallèle à la structure, avant de présenter une déviation notable. À Or, la couronne présente quelquefois des proéminences pointues excessivement longues. Nous n'avons qu’à supposer que, ax #moment où le spectre anor- mal a été photographié, la terre était exactement placée duns la direction d'une pareille proéminence coronale, pour expliquer toutes les irrégularités observées dans le spectre. La lumière qui manque d’ordinaire dans Île spectre solaire, par suite de la forte dispersion, a été rassemblée par la saillie coronale, de là l’affaiblissement des raies de FRAUNHOrER, spécialement dans le spectre de la tache. Comme les anomalies étaient produites par une distribution particulière de la matière dans la grande étendue de la couronne, comprise entre la source lumineuse et la terre (et non par des troubles dans une ,,couche renversante” relativement mince), elles 384 W. H. JULIUS. ont pu apparaître à la fois sur une grande étendue du disque solaire. La rareté du phénomène est une conséquence de la faible probabilité qu'il y a de faire une photographie au moment exact où une proéminence coronale extraordinairement longue s’interpose exactement entre la terre et l'endroit du disque solaire qui 11lumine la fente; sa courte durée enfin / my : s est une conséquence de la différence de vitesse angulaire entre la cou- ronne et la terre dans son orbite. Ainsi que je l'ai déjà dit, 1l n’y a pas en général de raies chromosphé- riques correspondant aux raies de FRAUNHOFER qui sont extraordinaire- ment renforcées dans le spectre anormal. Comment pouvons-nous main- tenant expliquer ce renforcement? On serait peut-être tenté de songer à une absorption dans la cou- ronne; car, s'il est vrai qu’une proéminence coronale très longue était tournée vers la terre, les rayons ont dû traverser une couche exces- sivement épaisse d’un milieu absorbant. Mais en y regardant de près cette explication est peu probable. Les particules des gaz excessivement raréfiés constituant la couronne n’exerceront les unes sur les autres qu’une influence très faible; leurs périodes seront donc presque absolument constantes et donneront lieu à des raies d'absorption très nettes et très étroites. Il est donc assez difficile de comprendre comment une raie, déjà présente dans le spectre solaire normal, serait renforcée par le pouvoir absorbant de la couronne. D'ailleurs, en examinant le tableau de M. HALLE, on remarque que plus d’une raie, intense dans le spectre anormal, présente une intensité beaucoup plus faible dans le spectre intermédiaire (qui n’a été photographié que quelques moments plus tard); et l’inverse s’observe également, c. à d. que des raies sont fortes dans le spectre intermédiaire et très faibles dans le spectre anormal. Cela ne s’accorde pas bien avec l’hypo- thèse de Pabsorption. Le tableau LIT contient quelques raies présentant cette particularité. RAIES DE FRAUNHOFER. 389 able IR Raiïes dont l'intensité dans le spectre intermédiaire est très différente de celle dans le spectre anormal. Intensité dans le spectre TE 2 = mn = Ê = SARA. 2e : Remarques. 5: = LEE € et EE/NEURES — | Em 2005.28 MOMINOTININEE 2 Cr, Si URL | — | 90 Si 3921,71 9 14 — Ti, La,Zr,Mn den 40 | | 00 Zr, Mn ten | 100). ? On | | "13 Y DO 40 1 Ni EU 0 | 19 ? 4005,86 | 3 | 25 5 ? 4057,39 4 — 15 | 1—2 Co, Fe AGE T6 TRANS ? Dans le spectre de la chromosphère les raies correspondantes parais- sent faire défaut. (Il n’est pas impossible que les faibles raies chromo- sphériques notées à — 3905,66 et 2 = 4057,39 appartiennent à un autre élément que les raies d'absorption anormalement renforcées). Pour arriver à une explication plus satisfaisante du phénomène de renforcement, nous supposons que ces raies d'absorption occasionnent une dispersion anomale des ondes voisines, mais très faible. Alors, les indices de réfraction des ondes voisines ne différant pas considérablement de l'unité, les directions de ces rayons ne peuvent être notablement modifiées qu'après un long parcours à travers la couronne, dans un sens à peu près paralièle à ses lignes de structure. Ainsi donc, tandis que les rayons fortement réfractés, en pénétrant dans la saillie coronale dans différentes directions, étaient obligés de suivre les lignes de structure en s'ineurvant autour d'elles, et étaient en quelque sorte concentrés vers 286 W. H. JULIUS. la terre, pour les rayons très faiblement courbés, que nous considérons en ce moment, 1l peut arriver qu'ils ne soient courbés que dans un seul sens, sur toute la longueur de la proéminence coronale, et sortent dans une direc- tion qui ne rencontre pas la station d'observation. Dans un faisceau lumineux constitué par ces rayons la divergence de ces rayons aura augmenté et leur intensité lumineuse aura diminué. Cet étalement de la lumière voisine fait donc que la raie d'absorption paraît élargie en quelque sorte et par conséquent renforcée. Mais il est évident aussi que quelques instants plus tard, sous l'influence d’une autre portion de la couronne, les circonstances peuvent devenir favorables pour que cette lumière faiblement courbée rencontre l'observateur. Dans ces conditions la raie d'absorption s’affablit de nouveau. (De pareilles alternances doivent d’ailleurs se présenter aussi pour les rayons plus fortement réfractés, voisins des raies du tablean L, et se succéder même beaucoup plus rapidement; mais cela ne change pas le fait que leur intensité #0yeune doit être augmentée aussi longtemps que Les lignes de structure de la pro- tubérance coronale sont dirigées vers le spectroscope. Pour certaines par- ticularités observées dans l’ombre des raies voir la note à la fin de ce travail). Dans les deux spectres anormaux un certain nombre de raies d’ab- sorption sont plus ou moins fortement déplacées. [Il se peut que cela soit dû en partie à un mouvement dans la direction du rayon visuel; mais après tout ce qui précède 1l ne sera plus nécessaire d'expliquer encore une fois en détail comment la dispersion anomale aussi peut rendre aisément compte de ce phénomène. Une dissymétrie dans la courbe de dispersion, ainsi qu'une distribution particulière de la densité dans la matière de la couronne, peuvent affecter inégalement lintensité de la lumière des deux côtés de la raie d'absorption, et provoquer ainsi un déplacement apparent de cette raie. Particularités des raies dans le spectre solaire normal. Si notre manière de mettre les anomalies particulièrement grandes du spectre de HALE en rapport avec une position toute spéciale de la terre vis à vis de la couronne est exacte, nous devons nous attendre à observer toujours de pareilles irrégularités, quoique à un degré plus faible, puisque la lumière solaire qui nous frappe doit toujours traverser la couronne. RAIES DE FRAUNHOFER. 3871 D'après les recherches de M. Jewezr, dont il a été question plus haut, cette prévision est confirmée. Plus d’une raie solaire est variable en intensité et en position, de sorte que M.JeweLr les considère comme peu propres à servir de repères pour une détermination très précise des lon- gueurs d'onde. Ce sont pour la plupart précisément les raies les plus apparentes du spectre, et spécialement celles qui présentent une dégra- dation sur les bords (,,shaded lines”) ‘). M. Jewerz attire spécialement l’attention sur le fait que, dans le spectre solaire, toutes les raies nettement dégradées présentent à un degré plus ou moins fort la constitution typique suivante ?). Sur un fond large, médiocrement obscur et s’éclaircissant graduelle- ment sur les bords, on constate une raie d'absorption centrale nettement Fig.2 Fi 9.3. accusée (fig. 2). En outre, la courbe d'absorption montre souvent deux dépressions de part et d'autre de la raie centrale, comme l'indique la fig. 3; elles sont tantôt symétriques, tantôt dissymétriques. D'après M.Jewezc ces dépressions ne proviennent pas d’une illusion d'optique, produite par contraste, mais existent réellement. Pour les expliquer 1l admet que la large bande d'absorption est produite dans les portions inférieures de l'atmosphère solaire et sous forte pression; qu’à des niveaux plus élevés le rayonnement l'emporte de nouveau et donne lieu à une rale d'émission assez large; que finalement la raie d'absorption nette est formée dans les régions supérieures, où la pression est très basse. La position de cette raie d'absorption centrale est ordinairement asymétrique par rapport à la raie d'émission, comme on le voit claire- ment chez Z7 et À. La raie centrale elle-même varie aussi quelque peu en largeur sur différentes épreuves et son maximum d'intensité ne cor- respond pas toujours à son milieu. Le déplacement de cette raie cen- 2) Astroph. Journ., XI, p. 236, 1900. *) Jewerr, ,Certain peculiarities in the appcarance of lines in the solar spectrum and their interpretation.” Astroph. Journ., IIT, p. 99, 1896. 388 W. H. JULIUS. trale dans /7 et À n’est pas toujours le même, mais, pour autant qu'on l’a observé, il a toujours lieu du côté du rouge par rapport à la raie d'émission et à la raie métallique correspondante (dans l’arc voltaïque). M. JeweL en conclut que la vapeur absorbante du calcium s’abaisse sur toute la surface solaire, parfois avec une vitesse de 75 lieues par minute. Sur les mêmes épreuves où il a reconnu une forte dissymétrie dans les raies 77 et À, M. JiweLz a examiné aussi les raies dégradées d’autres éléments (#e, Al, Mg, Si). Les plus fortes raies du fer et une raïe de l'aluminium laissaient voir des déplacements du même genre que ceux observés pour 77 et A, mais à un degré beaucoup plus faible et tantôt du côté du violet, tantôt du côté du rouge. Certaines autres raies au contraire, appartenant à #/4 et Si, n’offraient pas trace d'un déplacement, pas plus que les raies peu dégradées du fer, la faible raie du calcium 2 = 3949,056 et beaucoup d’autres encore. Si nous n admettons pas, pour le déplacement et l'élargissement des Ne Fe ; re raies, d'autre explication que celles basées sur le principe de DoPpLEr et sur l'effet de la pression et de la température, nous arrivons à des con- = \ 4 . . clusions très étranges au sujet des conditions dans lesquelles se trouvent les éléments dans l’atmosphère solaire. Ainsi que M. JeweLz l'a fait remarquer ‘), la faible absorption dans les portions dégradées des raies nest pas moins surprenante, si l’on songe à l'énorme profondeur de l’atmosphère solaire et à la haute pression qui doit exister dans les cou- ches absorbantes pour qu’elles puissent produire une large bande d'absorption. En faisant diverses hypothèses au sujet des conditions dans lesquelles se trouveraient les gaz dans l'atmosphère solaire, M. JeweLL parvient à rendre compte de la plupart de ces circonstances remarquables. Mais on devra accorder que ses explications reposent sur un nombre de sup- e- D e 2100) e VA positions, arbitraires et indépendantes les unes des autres, beaucoup L] SIN 9 ° L plus grand que ce n’est le cas dans notre manière d'expliquer les phé- nomènes, basée sur une courbure sélective des rayons, et qui peuts’appli- quer séparément à chaque phénomène, sans qu'il soit nécessaire d’intro- duire des suppositions nouvelles. Dans notre théorie, seule les lignes sombres centrales des raies de FRauNHorER sont réellement produites par une absorption. Leur fond D AS tioph Joue ED 06! RAIES DE FRAUNHOFER. 3299 d'intensité variable doit être considéré comme un effet de la dispersion anomale des ondes voisines non absorbées. Cet étalement de la lumière a surtout lieu là où la densité varie d’une facon relativement rapide, c. à d. dans les tourbillons au sein des régions les plus profondes du corps gazeux. Mais quelques-uns de ces rayons fortement dispersés peu- vent être rassemblés de nouveau par la couronne, grâce à sa structure tubulaire” et conduits à travers ses saillies plus ou moins grandes. Cela s'applique surtout aux ondes le plus fortement réfractées, qui, dans le spectre, sont très voisines des raies d'absorption réelles; il en résulte des raies d'émission apparentes à peu près au milieu des raies d'absorption apparentes 1). [1 est fort probable que le spectre anormal de HAzE nous laisse voir un cas où ces bandes d’émission apparentes ont acquis une largeur extraordinaire. Nous sommes donc en droit d'attendre qu'un examen systématique du spectre solaire, photographié à divers instants, nous offrira toute espèce de cas intermédiaires. Afin de choisir judicieusement les instants des épreuves, 1l serait désirable de connaître à peu près la forme et la position des protubé- rances coronales. [l serait recommandable, dans tous les cas, de tenir compte de la phase actuelle de la période des taches solaires, puisqu'il semble que la forme de la couronne est en relation avec cette période. Il est d’ailleurs possible qu’une observation simultanée du réseau pho- tosphérique, découvert par M. JANsseN, nous donnerait quelques ren- seignements sur la position des saillies coronales, et contribuerait à l'extension de nos connaissances relatives à leur influence sur le spectre de FRAUNHOFER. ‘) Une circonstance très remarquable est celle-ci, que l'ombie des 1aics Xet H, de la raie du fer à — 3720,086 et de quelques autres raies dégradées est parfois en partie divisée en un certain nombre de lignes faibles et nuageuses, situées symétriquement par rapport à la raie centrale. Dans tous les cas la dis- tance entre les composantes augmentait avec la distance du centre (JEWELL, Astrophysical Journal, 8, pp. 51— 53). Notre théorie permettait de prédire qu'une telle particularité se présenterait de temps en temps. La discussion de ce phénomène fera l’objet de la note suivante. SUR LES MAXIMA ET MINIMA D'INTENSITÉ | QUE L’ON OBSERVE PARFOIS DANS L'OMBRE DE RAIES SPECTRALES FORTEMENT ÉLARGIES, PAR W. H. JULIUS. En examinant une série de photographies du spectre solaire, faites en 1888 et 1889 par M. RowLraxDp, M. JEwELL découvrit que sur une des épreuves l’ombre des raies // et À était séparée en un système de raies faibles et nuageuses, placées symétriquement de part et d’autre des raies d'absorption centrales "). La distance entre les composantes de la série était d'autant plus grande qu'elles étaient plus éloignées de la raie du milieu. Sur quelques autres photographies du spectre solaire, faites par M. RowLaNp et par lui-même, il n’observa que de faibles traces de ces séries; mais dans l’ombre de quelques-unes des plus fortes raies du fer et d’un petit nombre d’autres éléments il trouva une structure sem- blable, les raies composantes étant faibles, nuageuses et très rappro- chées les unes des autres. L'épreuve sur laquelie la structure de 77 et À s’observait le mieux présentait encore une autre particularité, consistant en ceci que en moyenne l'ombre de ces raies était exceptionnellement faible. Dans le spectre anormal de Haxe ?), qui était caractérisé par l’ex- trème faiblesse du fond d’un grand nombre de raies d’absorption, on pouvait d’ailleurs reconnaître de pareils maxima et minima d'intensité au microscope, bien qu’ils ne fussent mi aussi clairs ni aussi régulière- ment distribués que dans le cas décrit par M. Jewezr. S1 nous admettons comme principale cause de la dégradation des raies 1 ) L.E.JEwELL, Astrophysical Journal, IIT, 108, 1896 et VIII, 51—53, 1898. *) G, E, HALE, Astrophysical Journal, XVI, 232, 1902. MAXIMA ET MINIMA D'INTENSITÉ DANS LES RAIES SPECTRALES. 9391 de FRauNHorER non l’absorption, mais la dispersion anomale des rayons qui, dans le spectre, sont situés de part et d'autre de la raie d’absorp- tion ‘), il est facile de rendre compte du phénomène en question, et d'expliquer aussi pourquoi il ne se présente distinctement que très rarement. Considérons un mince faisceau lumineux, de longueur d'onde parfai- tement déterminée, appartenant à l'ombre d’une raie de FRAUNHOrER. Ce faisceau émane des couches profondes du soleil avec une certaine di- vergence, et nous supposons qu’il se propage maintenant à peu près dans la direction des lignes de structure de la couronne (1. c. p. 383). Admet- tons que sa longueur d'onde soit un peu plus élevée que celle de la raie d'absorption; pour cette espèce de lumière, le milieu possède alors une constante de réfraction positive, et les divers rayons du faisceau serpentent à travers les parties les plus denses de la structure , tubulaire”. Si nous avions supposé que la longueur d'onde était un peu plus petite que celle de la raie d'absorption, la constante de réfraction aurait été négative et les rayons se seraient courbés autour des portions les plus raréfiées de la struc- ture coronale. Dans l’un et l’autre cas la divergence du faisceau monochro- matique doit alternativement augmenter et diminuer, et cette espèce particulière de lumière doit atteindre la terre avec une intensité déter- minée par le degré de divergence (peut-être même de convergence) du faisceau au moment où 1l quitte les régions extrèmes de la couronne. Par rapport à un faisceau d'une autre lumière, dont la longueur d'onde ne diffère qu'un peu moins de celle de la raie d’absorption, le milieu aura un indice de réfraction beaucoup plus grand, de sorte que les rayons de ce faisceau particulier peuvent avoir subi une incurvation, complète ou partielle, de plus que ceux appartenant au faisceau précé- dent, dans leur route à travers la couronne. Ce faisceau peut donc émerger avec une divergence tout à fait différente, disons plus grande, et présenter ainsi dans le spectre une intensité plus petite que le faisceau avoisinant, considéré en premier lieu. À mesure que nous nous rapprochons davantage de la raie d’absorp- tion, nous passons par des ondes atteignant la terre en faisceaux dont la divergence est de nouveau plus petite, qui offrent donc une intensité plus grande, et ainsi de suite. Il est clair que de cette façon 1l doit se ‘ *) Ces Archives, (2), 8, 374, 19085. 392 W. H;, JULIUS. produire des alternances de clarté et d’obscurité relatives, de part et d'autre de la raie d'absorption médiane. Les ondes qui correspondent au milieu d’une de ces franges doivent avoir achevé exactement une incurvation complète (c. à d. la distance entre deux points d’inflexion consécutifs) de plus que celles qui correspondent au milieu des franges adjacentes. Du type ordinaire de la courbe de dispersion 1l résulte immédiate- ment que, si l’on s'éloigne de la raie d'absorption, à des différences égales de l'indice de réfraction correspondent des différences croissantes de longueur d'onde. La distance des franges doit donc augmenter de part et d’autre du centre, conformément à ce qui a été observé. Notre explication exige en outre que ce système de faibles raies ne soit visible que dans une lumière solaire nous arrivant à travers une saillie coronale suffisamment longue. Dans la note précédente j'ai fait voir que, quand cette condition est remplie, l’obscurité moyenne de la raie de FRAUNHOrER doit être anormalement faible. [l n’est donc pas étonnant qu'il en soit réellement ainsi sur l'épreuve laissant voir par- faitement la structure particulière de 77 et À. Mais la formation d’un système de franges nettement définies exige en outre qu'il soit satisfait à une autre condition encore; 1l faut notamment que la configuration de cette portion de la couronne (animée d’un mouvement de rotation) à travers laquelle nous regardons reste à peu près la même pendant toute la durée de l’exposition de la plaque. Et, comme 1l n'en sera ainsi que dans des circonstances toutes spéciales, nous voyons que, même dans des cas ou l’ombre des raies de FrauNnorER est faible, les franges peuvent néanmoins faire défaut. Dans un petit nombre de cas une structure pareille a été observée dans quelques raies d'émission du spectre de l’arc voltaïque, fortement élargies. M. Kayser rencontra le phénomène chez une raie du spectre ‘du plomb ; M. RowranD aussi paraït en avoir fait une fois l’obser- vation et, après plusieurs tentatives infructueuses, M. JiweLz parvint à obtenir une photographie du spectre voltaïque du calcium où les séries de franges étaient assez nettement visibles chez /7 et X. Cette épreuve a été obtenue en faisant usage d’un courant direct extrêmement puissant et en n’exposant que pendant trois à quatre secondes. Dans ces condi- ") H. Kavser, Handbuch der Spectroscopie, Il, p. 358. MAXIMA ET MINIMA D'INTENSITÉ DANS LES RAIES SPECTRALES. 393 tions la vapeur surchauffée du calcium formait, autour des pôles, une atmosphère beaucoup plus étendue qu'avec un courant faible. M. Kayser ‘) dit que les circonstances exactes sous lesquelles le phé- nomène se produit sont restées inconnues. En rapport avec les considérations précédentes je tiens pour possible que dans ces expériences la vapeur métallique a formé, pendant la courte exposition, une espèce de flamme à structure tubulaire, dirigée par hasard exactement vers le spectroscope. Cette manière de voir paraît raisonnable si nous songeons au ,,souffle” bien connu, un phénomène qui se présente fréquemment dans un arc puissant, chargé de beaucoup de vapeur. Les rayons émanant du centre de l'arc, produisant la large bande d'émission, subissent une dispersion anomale dans la vapeur avoisinante et traversent la saillie en forme de flamme suivant une trajectoire sinueuse. Je me suis convaincu par une expérience bien simple que la distri- bution particulière de la lumière, que l’on a observée dans toutes les raies de FrAuNHOrER fortement élargies ?), peut être imitée d’une manière frappante dans le spectre d'absorption de la vapeur du sodium. Il suffisait à cet effet de forcer la vapeur absorbante à prendre une structure plus ou moins tubulaire, telle que nous supposons exister dans la couronne. Un faisceau de lumière électrique, légèrement convergent, fut recu sur la fente d’un spectroscope à réseau. À une distance d’un peu plus de 100 cm. de la fente, et à environ 1,5 em. au dessous de l’axe du faisceau, je plaçai l’orifice d’un bec de Bunsex de construction spéciale, d’où sortait une flamme au sodium. Cet orifice était en forme de fente (30 cm. de long sur 0,2 cm. de large) et disposé de facon à être exacte- ment parallèle à l’axe du faisceau incident. La pression du gaz était quelque peu variable, et malheureusement je ne disposais pas d’un bon régulateur. Afin de pourvoir de sodium la longue flamme, la lampe était munie, de part et d’autre de son orifice, d'une étroite gouttière dans laquelle je versais une solution d’un sel de sodium. Ce liquide pénétrait dans la flamme par l’intermédiaire de morceaux de papier d’asbeste. En consi- *) loc. cit. MJEwELL, Astroph. Journ., LIL, p. 101; Hare, Astroph. Journ., IL, p. 156—161. | 394: ON TI EUS: dérant cette flamme dans le sens de sa longueur, on regardait en quelque sorte à travers un tube comprimé, dont les parois étaient constituées par de la vapeur de sodium. La densité de cette vapeur diminuait aussi bien vers le centre que vers l'extérieur. J’ai observé les raies du sodium dans le spectre du troisième ordre. Malgré la grande longueur de la flamme les véritables raies d'absorption étaient étroites; elles se détachaient sur un fond assez obscur, dont l’in- tensité diminuait graduellement sur les bords et dont la largeur atteig- nait quelques unités Axasrrüm. La distribution de la lumière s’accordait parfaitement avec la description, donnée par M. JeweLz, des raies de FraunHorer fortement dégradées. Tout près de la raie d'absorption centrale on y constatait positivement une augmentation de l'intensité lumineuse (ressemblant à ce que M. JEWELL supposait être des raies d'émission dans le spectre solaire); cette augmentation doit être attribuée, sans aucun doute, au rassemblement, par la structure tubulaire de la flamme, des rayons les plus fortement courbés, et non à un rayonnement direct de la flamme. En interceptant la lumière électrique, les raies d'émission étaient en effet à peine visibles dans le champ obseur. D'ailleurs, dès que la flamme était troublée par le souffle, ou quand on la recouvrait en partie par un diaphragme, la large bande sombre et sa partie médiane claire devenaient asymétriques par rapport à la raie d'absorption. Ni le principe de Doppcer m1 l'influ- ence de la pression sur la longueur d’onde ne peuvent avoir joué ici un rôle important. | Dans l'ombre j'ai du reste observé des maxima et des minima, sem- blables à des franges, mais leur apparence était si peu régulière et si peu stable, qu'il n’y avait pas moyen de mesurer leurs distances. IT ne peut pas non plus être question de photographier le phénomène avant que l’on ait trouvé le moyen de conserver invariable, pendant un temps suffisamment long, la structure de la vapeur du sodium que nous venons de décrire. Les appareils nécessaires sont maintenant en voie de con- struction. Quelque imparfaite que soit cette expérience, elle donne néamoins une nouvelle force à l’assertion qu’un grand nombre de particularités du spectre solaire peuvent être expliquées par la dispersion anomale. ) Voir l’article précédent, p. 387. HÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES À HARLE : = 5 s : : ë . g À #7 ‘ — ET RÉDIGÉES PAR 1 SECRÉTAIRE, la collaboration des Membres de la Société. (MARTINUS NUHOFF.. er A: _H, W. Bakhuis Roozeboom. E quilibres dans le système nb et paraldéhye naturelles paraissent à des époques indéterminées, en. “livrais AR _ sons ne se vendent pas séparément. F. A. H . Schreinemakers. Timo de. ae de Re Re PE. | NN aison J. D. Yan der Waals, Sur les conditions d'existence d’un miniiumede temp L. Aronstein et A. $. van Nierop. Sur l’action du soufre sur lé toluène et Sie: ns - H. W. Bakhuis Roozeboom. Une représentation dans l'espace dés domaines des phases et de leurs complexes dans des systèmes binaires où seules les deux COR PORAnEeS FES existent à l'état de phase solide. "7 RSR 5 CA ER ER der lis TOP ayec où sans transformation moléculaire... ... Sarabies CNRS CUNU UT AR IR LEE DE J. D. van der Waals. Quelques remarques sur l'allure dé la transformation moléculaire. Se 104 J. D. van der Waals. Phénomènes critiques de Li res partiellement miscibles. ne #8 Les Archives Néerlandaises des sciences exact de 6 à 12 feuilles d'impression, avec un nome illimité de pl ches coloriées et noires. | F LES EE 2 Trente feuilles forment un volume. ; È Avec la dernière livraison de chaque volume ES souseript € reçoivent gratis une table des matières, un titre général et uw couverture. = | Les abonnements engagent à un volume seulement. Les Ji Le prix du volume, avec les planches, est fixé à fl: es D On souscrit chez l'éditeur et chez tous les libraires “ Pays-Bas et ae l'étranger. [ à XXX, années 1866-1896) sont mises à la ol des Savants Bibliothèques ou Etablissements publies au prix de 120 florins (2 francs, 200 Reichsmark). S'adresser directement au Secrétaire © Société hollandaise des Sciences à Harlem. Se HARLEM — IMPRIMERIE DE JOH. ENSCHEDÉ ET FILS. Amos MÉRAMANES DES É 2 ï A PUBLIÉES PAR _ LA SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES À HARLEM, ET RÉDIGÉES PAR 1. BOSSCHA;. SECRÉTAIRE , avec la collaboration des Membres de la Société. ? 0 ST — LA HAYE . se ©“ + MARTINUS NIUHOFF. Re Le Er TS DS RDRCRE AT 3 LA Re. bidenare et J. Do vi > Marus. se _ M. W. Beijerinck. Sur des inicrobes oligonitrophiles . ARR ee + . Julius. Réponse à quelques objections ep fan 1 ù none à Re de 1 ue | a bn de de Riou non- miscibles, entre Tesques se e partage u un | même - lyte dissous... SR A Se Rec ES AR ae Les Arehives Néerlandaises des sciences : de bi 49 feuilles ee avec. un nombre limit 2e _ches coloriées et noires. RE Trente feuilles forment un volume. in = Avec la dernière livraison de chaque volume les. | reçoivent gratis une ne des matières, “un titre général et _ couverture. Fe FR À, sk AS Rx Les dans engagent à un volume seulement. Le :. sons ne se vendent pas. séparément. 4 on 6 Le pr ix du volume, avec les planches, est fixé al : ue. - Où souscrit chez l'éditeur jet chez tous. les Jibrai | Pays -Bas et ue l'étranger. os os ee. Société hollandaise des. Sciences à à Harlem. se a Le ee = HARLEM — IMPRIMERIE DE JON. ENSCHEDÉ ET FILS (TES ET NATURE PUBLIÉES PAR _ LA SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES À HARLEM, ET RÉDIGÉES PAR | : nn. LP HUSSOHA 4: — - ë : SECRÉTAIRE, Re avec la collaboration des Membres de la Société. . LA HA di. Re Le MARTINUS NIUHOFF. SE re 1908. ee . D 3 . Rene de Les ph Le Piment et ee pa on 1 HS le / voisinage des bords de la surface 4 de vaN DER WAALS.:...:....4, 44e. CH. W. Bakhuis Roozeboom. Sur les amalgames d'étain.… re. Li eUE Le de J. van Laar. L'allure des courbes de fusion d’alliages solides et d’a … J D. van der Waals Jr. Sur la manière dont la Phi b de lé use d'état te dépend de la ARNO CAT ee em unit RES et AL RE ee mise _J. J. van Laar. Sur les propriétés éléctromotrices D et a ne se M. W. Beijerinck et A. van Delden. Sur l'assimilation de l’azote libre par les bactéries. : | W. H. Julius. Sur quelques particularités et changements observés dans les raies de. Es _ Feaunuorer et leur “oo par la dispersion anomale de la que solaire dans le GoutOnne.s.:.i Le. Re NT en AT É PATES sets se W. H ire Sur. les maxima et minima d'intensité que l'on obser ve e parfois dans” A SR MN PR ap à nn ne tn .…... © CONDITIONS DE LABONNEMENT, Les. Archives Néerlandaises ue sciences exactes e che coloriées et noires. AE ente feuilles forment un volume. ” “ a ‘engagent à un volume seulement. Les an ne se vendent _pas séparément. : . à ‘Le: prix du volume, avec les planches, est fixé c fl en. | On: souscrit chez l'éditeur et de tous les Re se Bas et l'étranger. e | Société hollandaise des Sciences à | Harlem. 2 ee ME Ve HARLEM == INPRIMERIE DE JOH. ENSCHEDÉ ET, FILS. 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