ЗИбтатр of tbe Museum OF COMPARATIVE ZOOLOGY, АТ HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. | | Sfounded bp pribate subscription, ит 1861. -^б^а^. APP Deposited by ALEX. AGASSIZ. ie 12, gs ep ‚дн р > = Л у + = . "\ À у # О % у: » * а О == и 1 р 5 к | ; ы î и я = у м г ‚И ы ï хх й > чо, => = \ Né F de О | с 1 me К . - Я . в à : г { 1 т : + ra = мо ", ; Es le | "4 Lg. + , = % А г j S 1 т» 3 d 3 м Ep. PE К СА А ра К в“ ELA Te . 1 = У : ‘4 > AU 4 = 0 à - у Г '. т Е + № = à - > Г В ” < : : | tl Ÿ . ÿ ï 52 OT Lu } Aa ne Le К НЕ 4% er VAR LR Ман = ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES PUBLIÉES PAR L'INSTITUT IMPERIAL DE MÉDECINE EXPERIMENTALE A ST-PÉTERSBOURG. Tome V. ST.-PÉTERSBOURG. “1897. IMPRIMERIE DE L ACADÉMIE IMPÉRIALE DES а ^ Vass. Ostr., 9-ème ligne, № 12. TABLE DES MATIÈRES. De la rate suivant les globules blancs du sang et le nombre de ces derniers. Par MM. N. Re OS OA CLP AS ÉTTR ее NER EU PET 1 Quelques particularités de la position du médiastin antérieur chez les animaux. Avec 27 figures dans le texte. Par М. А. В. Voïnitch-Sianogensky . . . . . . . .. 46 De l'influence de certains agents pathologiques sur les propriétés bactéricides du sang. Première communication: Des propriétés bactéricides du sang dans les conditions HOPMAlCS SR ATEMENE NS TE ON ONE EN TER ENS EE RTE our 88 De l’antitoxine contenue dans le sang et les organes des chevaux immunisés contre la diph- terne An MES MR ет SIERRA E ul M ent MON 123 Les vaccinations antirabiques à Odessa. Rapport annuel de la station bactériologique d’Odessa pour l’année 1895. Par M. le docteur Р. Diaptroptoff. . . . . . . .. 155 Contribution à la question du lieu où se forme l’urée chez les mammifères. Par MM. M. NEC SEP ATOME EN EC OS PO RS Re RE eh, 163 Sur le dosage de l’azote dans les corps organiques par le procédé de Kjeldahl-Wilfarth. IBOrN SRE DB ORIENTALE рн 176 De l'influence de certains agents pathologiques sur les propriétés bactéricides du sang. Deuxième communication: Des propriétés bactéricides du sang dans l’excitation dou- loureuse, dans l’inanition et dans les troubles respiratoires. Par М. Е. 5. London. 197 Contribution à l’étude de la fonction hématopoiétique de la moelle osseuse. Par М. Г.Р. О о... аи 221 De la composition chimique de l’hémine et de l’hématine obtenues par des procédés diffé- anis 100 ME M ао. 233 Sur les rapports biologiques entre la matière colorante des feuilles et celle du sang, Par ML, ME, Noencikitor ое Per PRE ER 254 Sur l'effet des injections sous-cutanées de virus fixe de la rage. Par M. le Dr. W. ПОРОЮ RE TN Re бое о 261 Influence de l’extirpation du corps thyroïde chez le chien sur la quantité et les qualités des globules blancs du sang. Par M. le Docteur W. T. Pokrovsky . : . . . . . . . 319 Il PAG. Goudron de genévrier au point de vue chimique et bactériologique. Par M. Witold de Scholz marisire еп PharMACIE о NC CR EEE Pr 945 Sur la question de l’oxydation de l’urobiline en uroroséine. Par М. 5. $. Salaskine. . . 375 Sur le sucre des élements muqueux de l’organisme animal. Par М. М. В. Jazewitch . . 379 Sur les modifications de la constitution chimique de l’organisme dans l’inanition. Par М. В. AC NU RS ET PE о быв FAR der ram 395 Sur l’action bactéricide du suc gastrique. Par М. Е. $. London. . . . . . . . . . .. 417 Sur l’excitabilité sécrétoire spécifique de la muqueuse du canal digestif, Quatrième mémoire: Sécrétion gastrique chez le chien. Par M. le Dr. J. 0. Lobassoff. . . . . . . . 495 Table alphabétique Dar LOS d'auteurs Bialobrzesky, М, De la composition chimique de l’hémine et de l’hématine obtenues par des procédés différents . . . . . ИА О OUEN A ne Bôhtlingk, В, В, de. Sur le dosage de а Pine 1e corps organiques par LE ee de ТО ВУ АИ ARTE EEE ов Bôhtlingk, В, В, de. Sur les modifications de la constitution chine de ne done l’inanition . : Diaptroptoff, P. Les vaccinations и à о о о de т station Dar témolopique d'Odessas pour l'année 1895 ее re Dzerjgowsky, 5. К, De l’antitoxine contenue dans le sang et те organes des chevaux immu- nisés contre la diphtérie . . . . . и A A MS Er QU te Jazewitch, M. В, Sur le sucre des dc muqueux т. ооо а Kraïouchkine, \, Sur Рейеф des injections sous-cutanées de virus fixe de la rage . London, Е, 5. De l'influence de certains agents pathologiques sur les propriétés norte du sang. Première communication: Des propriétés bactéricides du sang dans les conditions normales A Е я London, Е. 5. De l'influence de certains agents а. sur ne nee Dre du sang. Deuxième communication: Des propriétés bactéricides du sang dans l’ex- citation douloureuse, dans l’inanition et dans les troubles respiratoires London, Е. $, Sur l’action bactéricide du suc gastrique . Re Lobassoff, J. 0. Sur l’excitabilité sécrétoire spécifique de la muqueuse а НЫ digestif, Quatrième mémoire: Sécrétion gastrique chez le chien . . Nencki, М. et Pavlow, 1, Р. Contribution à la question du lieu où se ne ee о а mammifères . . RARE SENS Nencki, M. Sur les rapports о ев entre be matière ne des feuilles et le Fa sang - - ne Ouskow, №, et Sélinow, А, Fe la rate лы а Ве. Е и п sang et le nombre и ces derniers . — IV Pavlow, 1. Р, et Nencki, M. Contribution à la question du lieu où se forme l’urée chez les >” MAMMITETES 4 2 000 2 Me воно о TOO EN IRAN . 163 Pokrovsky, W, Т, Influence de l’extirpation т corps rene chez le chien sur la Е et les qualités des globules blancs du sang ое 319 Roïetzky, Г. Р. Contribution à l’étude de la fonction hématopoiétique de la moelle osseuse . 221 Salaskine, 5, 5. Sur la question de l’oxydation de l’urobiline en uroroséine . . . . . . . 375 Schulz, Witold de. Goudron de genévrier au point de vue chimique et bactériologique . . . 345 Sélinow, А, et Ouskow, №. De la rate suivant les globules blancs du sang et le nombre de “ ИОН © о п раю оо т о Ви DE 0 ие. . L Voinitch-Sianogensky, А. В. Quelques а de la position du médiastin antérieur chez les animaux. Avec 27 figures dans le texte . . . . . . . + à 4 ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES PUBLIÉES PAR L'INSTITUT IMPÉRIAL DE MÉDECINE EXPÉRIMENTALE A ST --PÉTERSBOURG.. Tome У. X 1. ое QT.-PÉTERSBOURG. 1897. ÿ Е SANTO 5 RE (.- x + 1 LE © ва M: | Е 3 4 * ЗЕ РА, ПКЕ AR ah LÉ ‘ож ” ne те re Ze и ыы ne LI ra п + ми ” р ÉLUS > RESTÉS à + Aer 4 >. Е ы а ; rer LM С 32 L я < IMPRIMERIE DE L "ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES. Vass. Ostr., 9-è -ème ligne, № 12. 1 2 CE в ad D OCT 11 18397 De la rate suivant les globules blancs du sang et le nombre de ces derniers. Par MM. №. Ouskow et А. Sélinow. (De l’Institut Impérial de Médecine expérimentale à St-Pétersbourg.) Par la suite, nous exposerons les tentatives faites dans le but d’expliquer l’importance de la rate à l'égard d’une des parties constitutives du sang, les globules blancs, et les résultats obtenus. On sait que le sang de l’homme contient des globules blancs des dif- férentes espèces, se distinguant tant par la forme de leur noyau que par la grandeur de celui-ci par rapport à la quantité de protoplasme, par le carac- tère de la granulation du protoplasme, et par l'intensité avec laquelle, à l’état mort, il prend une coloration quelconque. Parmi les diverses espèces de globules différant sensiblement les uns des autres, on rencontre souvent des formes intermédiaires, des formes transitionnelles; c’est pourquoi le dénombrent des globules blancs par groupes séparés, suivant l’une des classifications qui ont été préconisées ne peut manquer d’être plus ou moins défectueux. Il est évident que plus, dans une classification donnée, il fera de groupes séparés, plus aussi dans chaque groupe. le nombre de globules blancs, se rapprochera de la quantité réelle contenue dans chacune des espèces. En 1889, l’un de nous, étudiant le sang de l’homme dans lequel en effet les diverses formes transitionnelles, surtout dans les états pathologiques, se rencontrent fréque- ment, essaya de diviser les globules blancs en onze espèces. Cette classification fut bientôt adoptée en Russie par la majorité des auteurs. Toutefois, ce ne fut pas sans soulever un certain nombre d'observations partant sur le grand nombre de groupes proposés. Reconnaissant pleinement l’inconvénient de cette 1 2 №. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT division, surtout pour les analyses du sang dans des buts pratiques au chevet du lit du malade, bientôt après vers la même époque, on proposa de diviser toutes les espèces de globules en trois grandes catégories seulement, confor- mément à ce qui a lieu depuis longtemps en histologie normale, savoir: en groupe de globules petits, comprenant les globules n’ayant qu’un noyau; en groupe de globules gros comprenant les globules n’ayant également qu’un noyau mais un noyau plus grand et souvent de forme irrégulière (sous l’ac- tion de la triple teinture d'Ehrlich, le noyau et le protoplasme prennent à peu près la même coloration); et, en groupe de globules dits à noyaux multiples. Seulement, il fut donné à ces trois groupes d’autres dénominations qui, réunissant les globules en un seul tout, sont pour cette raison mieux ap- propriées. Nous réservant de donner en lieu plus opportun les raisons qui nous ont déterminés à adopter ces dénominations nouvelles nous nous bor- nerons à déclarer, quant à présent, qu’en portant l’étude des questions touchant à la «morphologie du sang» sur le terrain expérimental nous avons trouvé avantageux à tous égards, particulièrement pour l’étude des modifications qui ont lieu dans le sang du chien, de simplifier la classification des globules blancs et de nous borner à la division communément adoptée en trois groupes. Mais, comme dans les faits que nous avons rassemblés, nous ne trouvons au- cune indication sérieuse nous inclinant à renoncer à la terminologie adoptée par nous, et qu’au contraire des faits nouveaux nous persuadent tous les jours davantage de l’appropriation de cette terminologie aux buts poursuivis par nous, nous continuerons, dans cette étude, comme nous l’avons fait précé- demment, à appeler les petits globules n'ayant qu’un noyau, globules jeunes, les gros globules n’ayant également qu’un noyau massif souvent de forme irrégulière, globules mürs; et les globules dits à noyau multiple (bien que, dans le nombre ceux-ci, on rencontre souvent des globules pourvus d’un seul noyau ayant la forme d’un batonnet), globules vieux. Chez les chiens, la division des globules blancs en trois groupes seule- ment est tout à fait possible, particulièrement quand les sujets sont dans leur état normal, attendu que les stades transitionnels, comparativement par exemple à ceux observées chez l’homme, se rencontrent rarement; en outre avec cette division, le nombre de globules de chaque groupe répondra assez exactement à la réalité. ; Nous avons réuni dans notre premier tableau les résultats de pareils dé- LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. Tableau I. Composition du sang chez des chiens bien portants. 1* à do ee Sel Quantité proportionnelle Quantité ы 2 | de ии se de de de de de de Яма! re ste globules | globules | globules globules | globules | globules |= 5 | jeune. mûrs. vieux. jeune. mûrs. vieux. [FE (1. 150 10800 6,5 5,6 87,9 700 600 9500 | 15,7 151 9100 19,1 4,0 83,9 1100 300 7600 | 20,9 152 11100 9,2 42 86,6 1000 400 9600 | 20,6 р a ? 176 9300 9,3 10,5 82,5 1000 600 7700 | 78 183 10000 23,0 10.0 67,0 2300 1000 6700 | 67 185 13900 10,0 8,2 81,3 1400 1100 | 11400 | 95 186 13200 26,1 5,6 68,3 3400 700 9000 | 12,2 244 9700 13,6 73 79,9 1300 700 7700 | 10,9 257 12400 9,4 5,1 85,5 1100 600 | 10700 | 16,7 340 12500 8,1 5.0 86,9 1000 60 | 10000 | 174 341 12500 15,3 32 815 1900 400 | 10200 | 25, 349 12100 75 5,0 875 900 400 | 12100 | 17,5 251 11500 19,6 114 76,0 1400 1200 8900 | 6,6 352 14500 10,0 72 82,8 1400 1000 | 12100 | 11,5 353 11800 19,4 70 80,6 1500 800 9500 | 11,5 358 9600 15,9 5.8 79.0 1400 500 7700 | 15,0 а аа ее ne ВБИ НОЕ et | eme] 11400 | 11.8 6,5 81,7 1300 700 9400 | 12,5 b. 8400 11,2 5,9 82,9 900 500 7000 | 14,0 ia 8200 10,5 77 818 900 600 6700 | 10,6 184 6200 11,0 5.4 83,6 700 300 5100 | 15,4 189 8700 6,4 55 88,1 600 500 7600 | 16,0 И RU |, | Moyenne | 7900 | 9,8 | 6,1 | 84,1 800 500 6600 | 14,0 с. 7,8 78,9 2200 1300 | 13200 | 10,1 в. na то 0 9,2 748 3100 1800 | 14600 | 8,1 256 | 15700 148 8.8 76,4 2200 1400 | 12100 | 87 sl) eee) 345 17100 6,5 6,0 87, D D ОА О ет ss 17400 12,9 7,5 Bain [а | 25 | №8. 79,6 2200 | 1300 | 13900 | 11,0 + N. OUSKOW ET 4. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT nombrements. Toutes les expériences sont indiquées par le numéro qu’elles portent dans nos cahiers où, dans la même colonne, nous avons inscrit également les expériences sur la leucocytose qui n’entrent pas dans cet article. Pour ne pas surcharger de chiffres ces tableaux, nous donnons les résultats de nos calculs en chiffres ronds. Faisons remarquer que tous nos chiens étaient d'apparence bien portants: sans indices visibles de maladie, bien-nourris, d’appétit normal, l’intestin fonctionnant bien, la température du corps habi- tuelle chez ces animaux, etc. etc. La quantité de globules blancs par millimètre cube, dans la moyenne de toutes nos expériences, chez les chiens bien portants, est de neuf à dix mille. Il peut se produire, certes, dans certains cas, des variations en plus ou en moins; mais nous avons observé que, le nombre des globules, atteignant 15,000, le sang d’un animal, dans ces conditions, réagit encore aux différentes matières nocives suivant le type de sang contenant de 9 à 10 mille globules; aussi avons-nous jugé possible de considérer le sang con- tenant de 9 à 15 mille globules blancs comme contenant des globules dans des limites normales. Les analyses du sang de chiens dans ces conditions constituent la division а de notre tableau; les animaux dont le sang contient une quantité de globules moindre en constituent la division b; dans la division с, nous avons réuni les résultats de l’analyse du sang d'animaux qui, bien qu’en bonne santé, présentent un sang contenant une quantité plus élevée de globules blancs, d'animaux dont le sang réagit habituellement en s’écartant déjà du type présenté par les chiens de la di- vision & de notre tableau. Nous appellerons ces animaux leucocyteux pour les distinguer des animaux dont le sang contient une bien plus grande quantité de globules blancs (de 20 à 50 mille par exemple) que, à l'exemple des auteurs, nous appellerons hyperleucocyteux. Dans notre tableau, nous faisons ressortir pour chaque groupe les quantités moyennes, et quel que soit l'écart que certains cas isolés présentent parfois, un coup d’œil jeté sur le tableau suffit pour se convaincre que la moyenne des analyses n’est pas une simple moyenne mathématique mais bien l’expression assez exacte du caractère gé- néral de chaque groupe. Quelle que soit la diversité des rapports de quantité des divers groupes les uns à l’égard des autres оп ne remarque раз moins en eux une certaine fixité. А cet égard le groupe le plus petit, celui des globules mûrs, attire plus particulièrement l'attention. Chacune des trois divisions de notre ta- bleau renferme 6 ou 7°, de ces éléments. Comme les globules jeunes subissent dans certains cas isolés un écart considérable, dans les divisions а et с de notre tableau, il en figurent deux fois plus que de globules mûrs (de 11 à LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS, 5 127%); mais, dans la division 6, avec la diminution du nombre de globules en général, le nombre de globules jeunes est moindre (9%). Nous estimons digue d'attention que, dans tout le tableau, la quantité de globules jeunes n'est que dans trois cas seulement égale à la quantité de globules mûrs ; une fois seulement (176 expérience), elle est inférieure à cette quantité. Le groupe des globules vieux est le plus nombreux, puisqu'il renferme à lui seul près des 809 de tous les globules. Comme, sur 100 globules blancs, le sang de presque tous les chiens bien portants contient approximativement la même quantité de globules mûrs (6 à 7%) et que la diminution ou l’augmentation des globules jeunes a Ja plus sensible repereussion sur l'augmentation ou la diminution correspondante de la quantité relative de globules vieux, dans chacun des cas, l'indication du rapport du groupe des globules vieux à l'égard d’un des deux autres groupes donne une idée assez exacte de la quantité de globules blancs contenus dans le sang d’un animal bien portant. Pour cette raison, nous avons fait choix du groupe des globules vieux; et, préoccupés dans la question, de connaître précisé- ment quelle est la subordination dans laquelle se trouve ce groupe à l’égard des globules mûrs, nous avons désigné le rapport entre les globules vieux et les globules mûrs par la quantité MM que nous avons placée dans la der- nière colonne verticale de notre tableau; cette colonne nous montre que «chez les chiens bien portants dont le sang possède la quantité normale des globules blancs, la quantité proportionnelle des espèces ou la quantité MM — 12,5. Dans ces résultats, on ne peut s'empêcher de voir une certaine analogie avec le résultat obtenu par 23 analyses du sang de 9 personnes‘) bien рот- tantes qui donnèrent, en moyenne, 6,4% de globules mürs. Et le contenu des espèces est à peu près égale à 12. Nous ne nous arrêterons pas, quant à présent, à étudier une aussi proche coïncidence; et nous allons passer à ceux des changements de rapports dont nous venons-de parler dans les espèces de globules contenus dans un sang normal que provoque l’ablation de la rate. Pour l’opération de l’ablation de la rate nous ne nous sommes servis que du narcose de morphine; par la raison que, contrairement au chloroforme (Borissow, Popow), ce narcose n’influe presque pas ni sur la quantité de globules blancs, ni sur leur com- position (Popow). Quant à l'opération de l’ablation de la rate elle-même elle est très simple: point n’est besoin de la décrire. La période qui suit l’opération, ainsi que l’affaiblissement général de l'animal, est vite passée; la blessure du ventre était cicatrisée le plus souvent au bout de 6 à 9 jours; et 1) Ouskow, Le sang comme tissu, 1890. St. Pétersbourg. 6 М. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT l'animal semblait se remettre. Non seulement il semblait à la vue mieux en point, encore augmentait-t-il de poids; il devenait souvent plus robuste, plus vif, dirait-on. Ses mouvements sont rapides; souvent il sont d’une telle mobilité qu’ils semblent inconscients. Notre chien répond toujours à l'appel; mais, parfois, avant d'approcher, il fait plussieurs fois en courant le tour de la pièce ou saute sur la table. Ces animaux deviennent presque tous très caressants et l’expriment à leur manière et très vivement. Dans le commencement de nos études nous nous sommes servis de chiens privés de la rate aussitôt après que la blessure était cicatrisée; dans la suite, nous n’usions habituellement de ces animaux que trois semaines après l’opé- ration. C'était dans cette période où l’animal semblait avoir entièrement ге- couvé la santé que, le plus souvent, nous procédions à l’analyse du sang. Lorsque nous consignâmes les résultats des analyses du sang des chiens privés dela rate dans notre deuxième tableau, nous fûmes de nouveau frappés de la nécessité de partager ces analyses en deux divisions: dans l’une, a, nous réunimes les cas où le sang contenait la quantité normale de globules blancs; dans l’autre, 6, les cas où les globules blancs étaient en quantité supérieure à la normale, c’est-à-dire les cas de leucocythose. Les cas d’hyper- leucocythose ne sont pas rentrés dans notre tableau comme étant des cas évi- demment pathologiques. Ii est arrivé de temps à autre après la mort de chiens normaux de trouver, par hasard, à l’autopsie, des changements qu’on pouvait tant bien que mal rattacher à la leucocythose. Aïnsi, parfois, nos chiens avaient l’estomac rempli d'aliments; d’autres fois, sous la peau, nous trou- vions une ecchymose plus ou moins considérable, conséquence évidente des vagabondages de l’animal et de l’inconstance de ses bons rapports avec ses congénères ou des procédés d'éducation appliqués sur lui par l’homme. Quant aux chiens privés de la rate, chez eux les causes de la leucocythose se trouvaient, le plus souvent, soit sous la forme de surcharge des vaisseaux de la grande courbure de l’estomac trop remplis de sang soit même sous la forme d’une suffusion dans le mésentère de la rate. Il est probable que les choses ne se passaient pas toujours sans l’intervention de microbes, ce dont, dans certains cas, nous trouvions des indications sous la forme de grandes quantités de fausses membranes à l’endroit précédemment occupé par larate, etc. etc. Certes, des déchirures étaient possibles soit par suite des mouvements de l’estomac, soit par ceux de l’intestin. C’est, du moins, ainsi que nous voulons nous expliquer qu'après avoir compté plusieurs jours de suite le nombre de globules et en avoir trouvé des quantités ne dépassant pas les limites normales, le jour où nous procédions à une expérience quelconque, c’est-à-dire quand nous faisions également l’analyse morphologique du sang LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 7 nous trouvions le nombre général de globules supérieur à la normale. Et cela n’était pas un phénomène momentané ne durant qu’une heure; ce phénomènes durait, au contraire, plusieurs jours de suite. Ainsi l’abaissement de la tempé- -rature du local pendant la nuit influait habituellement beaucoup sur l'élévation de la quantité générale de globules: et le transfert du sujet dans un local plus chaud avait ordinairement pour effet de remettre les choses en l’état. Cela seul montre la nécessité de tenir, au moins un jour ou deux avant l'analyse, Panimal dans la température voulue. Dans les mois du printemps (dans la période de l’excitationsexuelle), le nombre de globules augmente beaucoup, cela dirait-on, d’une manière épidémique. Ces deux dernières causes ont agi sur les chiens des deux tableaux. Dans le deuxième tableau, un rapide coup d’œil suffit pour distinguer sans peine се qui distingue la division а de се tableau de la division corres- pondante du tableau précédent. Tableau IL. Composition du sang des chiens dératés. |№ de Рех-| Quantité Quantité proportionnelle Quantité de de de de de de globules! globules! globules | globules| globules| globules jeune. mûrs. _vieux. | jeunes. | mürs. | vieux. MM. | périence.| générale, 170 8700 ПИ 10400 180 9200 179 14100 328 12900 348 9200 347 14800 354 15000 || Moyenne | 11800 1600 2100 то 0 1200 1200 169 18100 1000 2600 205 17000 2800 1400 245 17200 1500 2900 Ê 346 18200 1000 1300 15900 12, 334 16200 1900 1600 12000 1900 15500 17100 | Moyenne 80,3 | 1800 8 N. OUSKOW ET А. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT Les globules mûrs ne sont plus contenus dans le sang des sujets privés de la rate en rapport aussi fixe que dans le sang des chiens normaux; en revanche, au lieu de 6 à 7%, ici, ils constituent, en moyenne, 16%. Les éléments jeunes comme là, sont également en quantité extrêmement variable; mais déjà il ne saurait être question de les y trouver contenus en quantité deux fois supérieure aux éléments mürs. Ils sont en quantité égale, voire moindre, à la quantité de globules mürs (nous avons vus que, dans les sujets normaux, il n’a été trouvé des globules mûrs qu’une seule fois); de sorte que, en moyenne, les globules jeunes constituent 10,4%. Les vieux, constituant, en moyenne, 73,1%, nous donnent, par cela même, le contenu général des espèces chez les chiens privés de la rate, ou la quantité MM égale seulement à 4,5, au lieu de 12,5. | Les indices distinctifs que nous venons d’énumérer disparaissent habitu- ellement au bout de 2, 3°, ou 4 mois, suivant l’individualité du cas. Nous avons réuni dans la division b de notre deuxième tableau les cas qui, d’après le laps de temps écoulé depuis l’opération de l’ablation de la rate, coïncident à peu de chose près avec les cas de la division a; mais la quantité générale de globules, est supérieure à la normale; et néanmoins le rapport des espèces à l’égard l’une de l’autre se distingue sensiblement des précé- dents. La différence, quant à la quantité proportionnelle de globules con- tenue dans le sang des chiens leucocyteux privés de la rate en compa- raison avec les chiens également deratés mais ayant la quantité nor- male de globules, est d’un caractère entièrement autre que ce que nous voyons chez les chiens normaux quand nous comparonsla division с de notre premier tableau avec la division а de ce même tableau: chez les chiens privés de la rate, non seulement nous ne voyons aucun abaissement de la quan- tité proportionnelle de globules vieux contenus dans leur sang, nous constatons même, au contraire, une élévation manifeste, de 73,1%, à 80,3% et un abaisse- ment de la quantité de globules mürs, de 16,5%, à 10,4%; cela bien que le nombre de globules, dans le groupe des mürs, conserve une remarquable fixité (1900), et que toute l’augmentation du nombre de globules ait pour cause une légere augmentation du nombre de globules jeunes et, principalement, augmentation du nombre de globules vieux. Une telle différence du caractère des changements dans les sang, lorsque la quantité proportionnelle de glo- bules contenus dans le sang augmente chez les chiens deratés, peut, certes, avoir d’autre raison que l'absence de la rate; elle peut aussi provenir de ce que, ainsi que nous l’avons vu, chez ces animaux, l’augmentation du nombre de globules elle-même est dans ces cas, probablement déterminée, LES GLOBULES BLANCS DU SANG ЕТ LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 9 par une autre cause. Admettant l’action combinée des deux moments dont nous venons de parler, nous pouvons dire que, dans le cas qui nous occupe la quantité proportionnelle de globules jeunes diminuant et celle des globules mûrs diminuant d’une manière plus sensible encore, nous remarquons une augmentation du nombre de globules jeunes et la conservation du nombre de globules mûrs; la quantité proportionnelle et le nombre des globules vieux seuls se sont élevés simultanément. On ne voit pas cette absence de corres- pondance chez les animaux normaux; et, ainsi qu’on le montrera plus loin, ceci est Чи à des particularités de l’animal provoquées par l’ablation de la rate. М. Emélianow, le premier. dans ce laboratoire même !), а observé une augmentation de la quantité de globules mûrs chez les animaux dératés La première explication de ce fait et celle qui semble la plus vraisemblable, c’est que, chez Iles animaux normaux, les éléments mûrs qui sont en même temps les globules les plus gros, sont retenus dans la rate comme dans un filtre. C’est l'explication qui fut donné par l’auteur de cette trouvaille. Mais le dénombrement immédiat des éléments mûrs dela veine et de l’artère de la rate et la comparaison des résultats de ce calcul n’a pas fourni de point d’appui pour confirmer cette pensée. Dans le plus grand nombre de cas, on trouva, dans la veine splénique des globules mûrs en quantité, à la vérité peu supérieure, mais, enfin, en quantité plus grande que dans l’artère splénique. А l’heure qu’il est, des données, obtenues depuis, permettent de mettre en avant une autre explication de tout le changement dont nous venons de parler dans la composition des globules blancs et, particulièrement, dans la quantité relative d'éléments mûrs contenus dans le sang. Au fur à mesure que les faits se dresseront en face les uns des autres, dans la suite de ce travail, nous nous réservons de tirer des conclusions concernant le rôle probable de la rate et nous les formulerons, l’une après l’autre, dans une petite série de propositions successives. Pour le moment, nous avons déjà une de ces pro- positions; et la voici: Première proposition: Chez les animaux normaux, la rate maintient dans le sang la quantité d'éléments mûrs à un niveau peu élevé сотрагай- vement aux autres espèces de globules (environ 6 à 7, ). En comparant notre premier tableau avec le second, nous remarquons que, chez les chiens normaux dont lesang contient au total 11,400 globules, il y a 9,400 globules vieux, et, chez les chiens privés de la rate, le nombre de globules étant au total de 11,800, il n’y а que 8700 globules vieux. 1) Emélianow, Ces Archives, t. П, 1898. 10 М. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT C’est ce simple fait, le nombre relativement moindre de globules vieux, qui avec le fait suivant nous servira de fil conducteur pour trancher notre que- stion touchant le rôle de la rate. Dans presque toutes les préparations sèches de sang colorées par le mélange de teintures d'Ehrlich et faites avec du sang de chiens ayant ré- cemment subi l'opération de l’extirpation de la rate, on rencontre des glo- bules mûrs portant des indices indiquant d'habitude que les noyaux ont été divisés suivant la division directe ou suivant la division indirecte. Dans ce dernier cas, on distingue clairement deux figures rondes, s'étant écartées l’une de l’autre en sens opposés et unies le plus souvent par un ou (plus souvent) par plusieurs filaments droits. Seulement, dans ce cas, il ne s’agit pas de deux petites étoiles séparées l’une de l’autre car ces cellules res- semblent plutôt à deux anneaux détachés, aux contours très nets, et dont le bord extérieur, au lieu de rayons (et encore est-ce rare), а quelques inégalités peu considérables. Ilest relativement plus fréquent de rencontrer des figures ayant l’aspect d’un baril indirectement divisé en deux où l’on distingue deux masses noires de chromatine, séparés, de forme courbe, réunis Le long du côté courbe par plusieurs fils qui, habituellement d’ailleurs, sont droits. De sem- blables figures à division indirecte nous surprirent d'autant moins que, déjà en 1889, par la fixation instantanée des globules, on avait obtenu et dessiné, chez l’homme, de véritables pelotons lâches chromatiques dans les noyaux des éléments mürs!). Et, dans les préparations que nous avons examinées, nous n'avons jamais rencontré de division du protoplasme. Nous rencontrons les globules mûrs, dans leur période de division nette bien tranché, bien moins souvent que dans celle où nous les voyons formant de semblables figures, des figures de division indirecte. Dans ces cas, les globules mûrs se pré- sentent comme séparés en deux moitiés ayant la forme de poires dont les sommets passent l’un sur l’autre. Si la уоще qui les unit est assez longue, souvent les deux moitiés sont placées à côté l’une de l’autre et ont la forme d’une besace. Les noyaux ronds de chacune des moitiés sont unis l’un à l’autre par une mince ligament dans la voute du protoplasme. Les changements dans le noyau du globule шаг, dont nous allons parler, et que l’on rencontre plus fréquemment, appartiennent à un type tout différent. Ilarrive assez souvent de voir chez des animaux normaux comment les noyaux, perdant manifestement la substance qu’ils renferment, et, affais- sant unede leurs parois presque parallèlement à l’autre qui demeure boursouflée vus de côté, prennent la forme d’un fer à cheval; et par l’effet de la cont- 1) М. Ouskow, [. с. LES GLOBULES BLANCS DU SANG El LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 1] raction il se forme, outre les deux talles périphèriques, une ou deux autres talles moyennes. On rencontre ces formes de noyau appelées par nous plates, avec une étonnante fréquence, chez les animaux privés dela rate; ces _ plats sont plus minces et plus longs, ils sont orientiés de divers côtés et par- fois différemment courbés. Dans ce dernier cas, la coloration en rose de la figure rend seule possible de distinguer, par le noyau, un de ces globules d’un élément vieux avec ses noyaux d’un bleu foncé, déchirés, et irréguliè- rement dispersés. De sorte que, dans les phénomènes de changement des noyaux du type que nous venons de décrire nous rencontrons les formes tran- sitionnelles du noyau entier vers le globule vieux, déchiré, qui peuvent donner quelque idée du phénomène que lun de nous a appelé Karyoklasis et qui à été plus heureusement appelé, et étudié plus en détail, l’année der- nière, par ММ. Schmaus et Е. Albrecht sous le nom de Xaryorhexis!). On peut rencontrer des éléments. mürs dans lesquels le protoplasme non seulement ne se distingue pas sensiblement par la coloration du protoplasme du globule vieux, mais dont certaines lames sont colorées de la même nuance que les noyaux des globules vieux, alors que leurs autres lames conservent encore la faculté de se colorer de la nuance caractéristique indiquant qu’ils appartiennent au groupe des globules mûrs 2). Les figures que nous venons de décrire avec leur multiplicité indiquent si clairement que les éléments d’un groupe passent d’un groupe à l’autre que nous n’hesistons pas à recom- mander à tous ceux qui en douteraient d'examiner les préparations du sang des animaux privés de la rate. Ce n’est pas une simple ressemblance de formes, mais bien lestraces d’une véritable metamorphose desglobules, même de leur vivant, d’un groupe d'éléments dans un autre. Et la preuve en a été donnée, dans ce laboratoire même, par les travaux de M. Egorovsky”) et principalement par ceux de M. Markévitch °). Ayant fait à plusieurs reprises le dénombrement des globules de différentes espèces dans du sang pris à une veine isolée au moyen de deux ligatures, M. Egorovsky a acquis la preuve que, les globules jeunes diminuant, le nombre des formes müres et vielles augmente. M. Markévitch a obtenu le même phénomène à un degré plus sen- sible encore dans le sang en circulation dans le cercle de la petite circulation d’après le procédé de М. J. Р. Pavlow. 1) Virch. Arch., t. 138 (Supplementheft), 1893. М 2) Ces figures, communes à l’un et à l’autre type de globules rendent si difficile le décompte de globules par groupe que, dans deux cas, nous avons été obligé de renoncer à ce calcul. | я 3) Egorovsky. Contribution à la question des changements morphologiques des globules blancs etc. Thèse, St. Pétersbourg, 1894. 4) Archives des sciences biologiques t. Ш, 1894. 12 N. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT On sait que l’on rencontre assez souvent, dans le sang des chiens nor- maux, des formes transitionnelles entre les globules jeunes et les globules mûrs. On rencontre ces formes également chez les animaux privés de la rate, même, paraît-il, plus fréquemment; mais pas d’une manière assez sensibles pour qu’on puisse affirmer catégoriquement que ce phénomène est plus commun chez les animaux dératés que chez les animaux normaux. Done, puisque nous ne doutons pas que les formes transitionnelles observées dans le préparations mortes de sang de chiens privés de la rate ne soient que des objets commodes pour observer le passage qui а, réellement lieu d’un globule en un autre, nous ne pouvons douter que le même phénomène ne se produise également chez les animaux normaux. Car nous rencontrons tout aussi souvent chez ces derniers des formes transitionnelles; seulement elles sont dans les stades initiaux, et, pour cette raison, le phénomène ne se manifeste pas d’une manière aussi nette. D'autre part, le globule шаг, dans le plus grand nombre de cas, n’est que le stade ultérieur d’un globule jeune grandissant dans le sang; aussi, ne peut-il être envisagé lui-même que comme un stade transitionnel entre le globule jeune et le globule vieux. L'augmentation de la quantité d’éléments constituant le stade transi- tionnel indique probablement un ralentissement de la métamorphose; et l'apparition d'éléments présentant des degrés plus avancés de métamorphose indique, cette fois à coup sur, ce même ralentissement du mouvement de transformation, cela surtout lorsque, en outre, il y a en même temps diminution de la quantité d'éléments du dernier stade de développement, c’est-à-dire de globules vieux. Nous пе nions pas que l’augmentation des éléments mûrs puisse être expliquée par le fonctionnement compensateur intensifié de l’un quelconque des organes d’hématose; toutefois, en raison de l’état actuel de l’ensemble de la question et tenant compte des derniers faits que nous venons de signaler, nous nous estimons suffisamment fondés à modifier la formule que nous avons don- née précédemment touchant le rôle de la rate chez les chiens ainsi qu’il suit: 2-e Proposition. La rate contribue à la transformation plus rapide et plus complètedes éléments mürs en éléments vieux (et, probablement, au passage plus rapide des éléments jeunes en éléments mürs). Si nous prenons en considération les expériences de М. M. Egorovsky et Markévitch dans lesquelles la formation éléments vieux aux dépens des élé- ments mûrs a lieu dans le sang la rate étant complètement isolée; si nous tenons compte aussi de ce que, après l’ablation de la rate, il ne se produit jamais de période dans laquelle tous les éléments vieux, disparus du sang, soient rem- placés par des éléments mûrs même sensiblement modifiés; il convient de penser LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 13 que le rôle de la rate n’est pas celui d’une sorte d’organe spécifique, et que cet organe n'est pas même le lieu, où se produit, à l’exclusion de tout autre, cette métamophose des globules d’une espèce en globule d’une autre espèce. Le _ meilleur moyen de s’en convaincre serait, certes, de comparer le sang de la veine splénique avec celui de l’artère. S'il en était ainsi, le sang de la veine Splénique devrait contenir plus d'éléments vieux que l’artère et la différence devrait être assez considérable pour expliquer la prédominance considérable de formes vielles dans toute la masse du sang, c’est-à-dire qu’il ne devrait presque passer par la veine splénique que des éléments vieux. Malheureuse- ment de telles études présentent de grandes difficultés d’ordre purement technique. On est obligé de déplacer la rate, et, par cela même, de modifier la direction et lorifice des vaisseaux; il faut aussi refroidir quelque peu organe ce qui amène son froncement, sa contraction; enfin, il y a le contact de l’air, l’irritation des nerfs, l’ouverture du péritoine. Tout cela rend douteux les résultats de l’examen si nous voulons appliquer ces résultats à ceux que donnerait l’étude de la rate dans sa situation normale. Néanmoirs M. Emélianow dans presque toutes ses expériences, а obtenu, dans la veine plus de globules vieux que dans l’artère splénique; mais il еп a obtenu exactement autant de plus qu’il y en avait dans la veine fémorale de plus que dans l’artère fémorale. Sans sortir toute la rate et en général en nous entourant de toutes les précautions, dans une de nos expériences, la mieux réussie detoutes, aucun incident défavorable ne s’étant produit, nous avons obtenu ce qui suit: Globules jeunes. Globules mürs. Globules vieux, Dans l’artère splénique . . . 11,6 7,4 82 DR EVENEUR AN MEME 14,8 -. 4,6 80,6 М. Proskouriakow!), lui aussi, s’est livré aux mêmes recherches dans l'étude d’une autre question; sans aboutir à aucun résultat déterminé, une fois il a trouvé plus de globules vieux dans la veine, une autre fois, dans l’artère (davantage même dans celle-ci). En tous cas, cette voie, qui est loin d’être au-dessus de toute critique, n’a conduit à aucune indication permettant de conclure que dans la rate il se formât des globules vieux plutôt que dans aucune des autres parties du corps Où nous ne pouvons que comparer le sang artériel au sang veineux. Peu de personnes se rangeront du côté de la rate sous ce rapport; et l'hypothèse d’après laquelle, dans des con- ditions normales, les éléments vieux formés dans la rate en sont expulsés 1) Proskouriakow, Importance de la rate dans les variations du nombre de globules blancs dans le sang. Diss. St. Pétersbourg, 1895. : 14 N. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT par les vaisseaux lymphatiques n’aura pas plus de crédit; car de nombreuses recherches sur ce que contient l’extrémité supérieure du canal thoracique ont établi que, la situation étant normale, la rate ne contient absolument pas d'éléments vieux; cependant les changements caractéristiques de rapports des espèces de globules entre elles commencent presque aussitôt après l’extir- pation de la rate. Ainsi, par exemple, dans notre 212" expérience, nous avons opéré l’extirpation de la rate à des chiens sous un narcose de morphine. Nous prélevâämes du sang immédiatement avant l’opération; pour une seconde analyse, nous prélevâmes une goutte de sang trois minutes après l’extirpation de la rate, de sorte que la plaie de l’abdomen n’était pas encore cousue, ses bords étant rapprochés seulement au moyen de pinces: Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. AVANT орегано: ER UE 16,3 Te 85,9 Trois minutes après l’opération 10 7 Sr 48 heures après l’extirpation . 21 М. 81,9 Semblable expérience № 339. Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Avant l'opération а. (13,3) 1600 (6,5) 700 (80,2) 9500 = 11800 Trois minutes après l’ablation . . . (16,3) 2200 (17,3) 2300 (66,4) 9100 = 13600 La plaie est mal cousue; l’epiploon sort par la plaie, et, pour cette rai- son, au bout de 36 heures. . . . (2,9) 900 (2,7) 800 (94,4) 28500 — 80200 Tout ce que nous avons dit nous а conduit à la nécessité d’admettre qu’au point de vue où nous nous plaçons, la rate influe sur le sang d’une manière indirecte. П nous а semblé possible d’avancer deux hypothèses: 1° la rate ferait pénétrer dans le sang une substance qui accélère le passage des globules blancs d’une espèce en globules d’une autre espèce; 2° Ja rate retiendrait une substance quelconque du sang (que nous appellerons S) qui enrayerait, pour ainsi dire, le cours normal de la vie du globule blane dans le sang, et cette substance commencerait à circuler librement dans la masse sanguine après l’extirpation de la rate. La seconde de ces hypothèses nous à semblé répondre davantage aux faits recueillis par nous; et, par cette raison, dans lasuite, avons nous essayé de surprendre, dans le sang, la présence de cette substance inhibitoire du développement des globules blancs. П nous а fallu, naturellement, la chercher dans le sérum. Il vasans dire que nous ne donnons place ici à cestentatives qu’en raison de l’intérêt que peuvent présenter les faits sans ajouter d’impor- tance à la série de suppositions touchant le côté chimique de la question aux- quelles cette £tude а donné lieu. / LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS, 15 IT. Recherches avec du sérum de sang. Afin de ne pas faire entrer dans notre expérience un nouvel agent encore inconnu, dans tous les cas, nous ne nous sommes servis que de sérum de sang de chien. Nous nous procurions ce sérum d’après le procédé commun en observant avec soin toutes les précautions possibles pour éviter l'infection par les microbes. Nous introdui- sions dans une artère (la fémorale) où dans une veine (dans différentes veines, le plus souvent aussi dans la fémorale) une canule stérilisée à une température élevée, ou un tube en verre recourbé d’une longueur suffisante dont l’extrémité, passant à travers un tampon de ouate, entrait dans un cylindre gradué. Parfois, nous rejetions, préalablement, les premières portions de sang; et après seu- lement, nous placions l’extrémité du tube dans le cylindre entre le tampon de ouate et la paroi de celui-ci. Nous nous servions habituellement de plu- sieurs cylindres dans chacun des quels nous recueillions la quantité de 90 à 100 centimètres cubes de sang. Bien que nous n’employions jamais le même chien pour plusieurs expériences nous n’imposions pas à animal une perte de sang qui l’affaiblit trop sensiblement dans la crainte de faire couler dans nos cylindres un sang trop dilué par les liqueurs des tissus fraichement mêlées à celui-ci. Nous fermions étroitement nos cylindres, et nous les gar- dions, de 36 à 48 heures, à la température de 0°. Comme en retournant le coagulum et en l’écartant, une fois ou deux, des parois du cylindre on facilite beaucoup la formation du sérum à la partie supérieure du cylindre, avant de recueillir le sang dans ce dernier, nous y placions un petit baton de verre. Parfois, afin d'achever de nous convaincre de la pureté du sérum avant d'employer le sérum aspiré par la seringue, nous en faisions couler à travers la canule une goutte que nous transportions, pour quelques jours, dans un milieu nutritif. Dès les premières expériences avec introduction directe dans le sang d’un autre chien de sérum ainsi préparé, nous remarquâmes que le sang vivant réagit diversement, par un changement de composition des globules, suivant qu'il provient d’une veine ou d’une artère. Des expériences réi- térées, faites avec du sérum provenant d’une artère et d’une veine, la sai- gnée ayant été faite en même temps à la veine et à l'artère du même chien, nous convainquirent absolument que la différence que nous avions observée n’était pas le résultat d’une différence individuelle des chiens dont 16 М. OUSKOW ЕТ А. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT nous nous étions servis, mais qu’elle constituait véritablement au contraire une particularité propre au sérum suivant que celui-ci était d’origine veineuse ou de provenance artérielle. Notre troisième tableau réunit les résultats d'analyses morphologiques du sang de chiens, faites 24 heures après qu’il leur eut été introduit, directement dans le sang, 4 centimètres cubes de l’un ou de l’autre sérum. Pour quant à présent, dans ce tableau nous n’appelons l’attention que sur la quantité relative d'éléments mürs; car cette quantité exprime le mieux le degré de métamorphose morphologique du globule blanc dans le sang, et est comme le coëfficient de cette métamorphose; nous prions par conséquent le lecteur de vouloir porter son attention sur la colonne MM. Chaque expérience est présentée dans deux rangées horizontales de chiffres dont la supérieure exprime les résultats obtenus immédiatement avant l'introduction du sérum, et l’inférieure les résultats obtenus 24 heures après l’introduction du sérum. Il ressort de ce tableau que: Si nous injectons du sérum artériel provenant d’un chien normal, (di- vision а) la quantité relative d'éléments mûrs contenus dans le sang s’abaisse un peu; si, dans les mêmes conditions, nous injectons du sérum provenant de sang veineux, la quantité relative de globules mürs contenus dans le sang s'élève sensiblement au-dessus de ce qu’elle était avant l’expérience. De sorte que, sous l'influence du sérum artériel, la métamorphose morphologique MM s’est élevée, dans un cas, de 10 à 11,4, dans l’autre cas, de 8 à 11,5; tandis que, sous l’action du sérum veineux, dans un cas, elle s’est abaissée, de 15,8 à 7,6, et, dans l’autre cas, de 14,2 à 10,6. Pour le moment ces quatres expériences montrent que si le sérum du sang renferme la sub- stance 5 que nous cherchons, cette substance ne peut se trouver que dans le sérum veineux. 51 nous injectons du sérum veineux provenant du sang d’un chien privé de la rate dans le sang d’un chien normal, comme dans les expériences pré- cédentes, nous obtiendrons de nouveau une élévation de la quantité relative de globules mûrs dans le sang, et MM diminuera encore davantage (division b); ce qui importe en ceci c’est que le sérum artériel n’ait pas même donné la minime élévation de métamorphose morphologique qui a été obtenue lors- qu'il а été injecté le même séruni provenant du sang d’un animal normal. Il est vrai que, dans une expérience, MM s’est élevé de 15,7 à 17, et que, dans l’autre, cette quantité, non seulement n’a pas augmenté, de 14 elle est tombée à 11,5. Nous trouvons là quelque indication nous laissant supposer que, dans le sang des animaux dératés la substance inhibitoire se trouve parfois répandue (bien qu’en petite quantité) même dans le sang artériel. En 7 LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 17 Tableau Ш. Injection de sérum dans le sang. ARTÉRIEL. VEINEUX. d d | © © | °"* ® . La 95 . . 2 5 | Proportion de Quantité de ‚5 | Proportion de Quantité de ПН т 5 ы 5 an 2] = = 7 1 = = ol mn н [и] bd 5 = —Ч m « b4 mn 5 ы = — аи = я = Е Е о| 9 а - = 5 = || = =] D = (=) — я = 5 = — =] = + a QUE AE EN LEONE QUE il a. D'un chien normal à un chien normal. 172| 8,3 | 8,3 (63,4 1100011000! 9800111800 10,01! 3371 5,6| 5,6188,8 [1500/1500/24200/27200/15,8 2,1 | 7,9 190,0 | 800/2900/32700/36400|11,4 4,5 |11,1184,4 |1100|2800]21800|25200] 7,6 7 2 ") || 188|16,0 | 9,2 74,8 |3100]1800]15000] 195001. 8,0] 338] 15,2 | 5,8179,0 |1400] 500! 7700] 9600]14,2 2 2 9,6 | 7,2 183,2 |1800|1300]15000]18000]11,5 5,0 | 8,2186,8 |1000]1800]18400|21200]10,6 7 7 6. D'un chien privé de la rate à un chien normal. 150 6,5 | 5,6 |87,9 | 700 | 600] 8600]10900]15,7|| 3401 8,1 | 5,0 |86,4 |1000| 600/10900 12500/17,3 1,3 | 5,5 193,2 | 400 |1800130600|82800] 17,0 3,8 | 9,2 [87,0 | 500/1300/12500/14300! 9,5 158]11,2 | 5,9 |82,9 | 900 | 500! 7000! 8400]14,0] | 341|15,3 | 3,9 |81,5 1900] 400110200 12500]20,9 2,7 | 7,8 |89,5 | 400 |1200]14000]15600] 11,5 4,1 8, ‚8 86, 5| 700|1300|12800|14800] 9,8 с. О?ап chien normal à un chien privé de la rate. 8 |14,3 79,9 100012600\14500|18100] 7,71346] 5,5 | 7,2 87,3 |1000|1300]15900 18200]12,1 ,0 | 3,3192,7 | 800] 6001770019100 28, 0 5, 2 |17,1 77, 7| 70012500]10600|14600] 4,5 170] 16,6 |16,8|66,6 |1400|1400] 5900] 8700] 4,3355] 9,2 15,8|75.0 |3500]7000|28200|38700] 4, 7 ||. 7,0188,2 |1200|1800122000\25000 12, 6 я г |22,1|73,2 |1300]6100|20400]27800 3, 3 17,6167,0 |1400]1600] 6200| 9200| 3,6 9,7|84.3 | 80011300|11700]13800] 8,7 | 131|10,7 |13,6]75,7 |1600]2100|11800]15500]11,7 9,0 | 5,4185,6 |1800]1100]18100|21000)15,8 d. De la veine splénique à un chien normal. 0| 7,2182,8 |1400/1000/12000 12600]11,5 5,3|15,5|79, 2 900]2700]14000]17600 5, 1 353] 12,4| 7,0]80,6 |1500] 800 9500] 11800111,5 11,611 16,3172,1 1300 1905 8800111500 4,4 18 М. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT même temps, les données de toute cette division du tableau permettent de soup- соппег que la substance du sérum contrariant la métamorphose morphologique, si elle n’est identique à la substance $ cherchée, que la rate enlève au sang, elle en est, en tous cas, très rapprochée. Nous nous en convainquons davan- tage en injectant du sérum veineux provenant d’un chien normal dans un chien privé de la rate; c’est-à-dire en renforçant dans le sang la substance S (de la division c) qui s’y trouve déjà. Dans un cas, nous avons MM tombant de 12, à 4,5, et, dans l’autre, où sans cela MM est déjà peu considérable (4,7), MM tombe à 3,3 (c’est-à-dire à la plus petite quantité qui ait été observée dans les quatorze expériences du tableau), et cela pendant que, dans toutes les quatres expériences (également de la division с), la métamorphose morphologique, déjà abaissée, s’est beaucoup élevée, et, dans un cas, (169°ех- périence) a atteint de 7,7 à 28. Nous voyons la meilleure preuve de la parenté de la substance inhibi- toire du sérum avec la substanceS, qui s’accumule dans le sang après l’abla- tion de la rate, dans cellc de nos deux expériences qui font l’objet de la divi- sion d. Ces expériences ont consisté à injecter dans le sang d’un chien normal du sérum provenant du sang veineux de la rate, c’est-à-dire provenant dela veine dans laquelle nous nous sommes efforcés avec si peu de succès, ainsi que nous l’avons dit, de trouver (dans le but de nous rendre compte de l’in- fluence directe exercée par la rate sur la composition morphologique du sang) la différence entre le nombre d’éléments mûrs et la quantité d'éléments vieux. Pour les expériences de cette nature, le hasard nous а fait tomber sur des chiens dont le sang était composé d’une manière absolument identique au sang ayant la composition normale moyenne (Premier tableau). Ces animaux. après avoir été injectés avec le sérum dont nous avons parlé, nous ont donné un abaissement de ММ; l’un des chiens a donné un abaissement de 11,5 à 5,1, l’autre un abaissement de 11,5 à 4,4 ; soit exactement le même abaissement que donnèrent les chiens moyens privé de la rate chez lesquels MM, après l’extirpation de la rate, tomba de 12,5 à 4,5. Si ces deux expériences plaident d’une manière plus éloquente que quoi que ce soit en faveur de la proba- bilité de la ressemblance de la substance inhibitoire du sérum veineux avec la substance qui circule dans le sang après l’ablation de la rate, d’autre part, elles indiquent bien que la substance qui se met à circuler dans le sang ne contrariant la métamorphose des globules blancs qu'après l’ablation de la rate est de même qualité (ou dans la même quantité, ce qui est moins pro- bable) que celle que la rate dégage par sa veine chez un animal normal. Avant d'aller plus loin, résumons les autres résultats du troisième tableau. LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 19 1) Le sang veineux d’un animal normal contient une substance con- trariant la métamorphose morphologique des globules blancs du sang. 2) Le sang, en devenant artériel, s'enrichit d’une nouvelle substance qui accélère cette métamorphose. Remarque. Si, lorsque le sang devient de sang veineux sang artériel il ne se produisait que Pélimination de la substance inhibitoire, en introduisant du sérum artériel dans le sang des chiens privés de la rate on observerait le maintien pur et simple de là quantité relative d'éléments mûrs du sang au point où elle était avant et non pas la diminution considérable de ces éléments que nous voyons dans les expériences 169, 170, 180 et 181. La substance in- hibitoire ne disparaît pas du tout; car, chez les animaux privés de la rate, où elle est en quantité plus grande encore, elle peut parfois, nous le voyons, passer dans le sérum artériel C’est pourquoi: 3) П est probable que le remplacement de la substance inhibitoire par la substance accélérante, lorsque le sang veineux devient artériel, n’est pas le résultat de l’élimination hors du sang d’une substance et l’acquisition par celui-ci d’une substance nouvelle; c’est uniquement la métamorphose plus ou moins complète d’une substance en une autre. — Du moment que l’une et l’autre action de la substance dans le sang est subordonnée à l’état veineux ou artériel de celui-ci, on est amené tout natu- rellement à supposer que, dans un tel changement de substance, la gazéification qui se produit dans les poumons а une importance immédiate. C’est dans cette hypothèse que nous pensions trouver à nous expliquer, tout au moins en partie, la différence de la rapidité avec laquelle les globules passent d’une espèce dans l’autre, dans les expériences de M. Egorovsky rapellées précédemment d’une part et dans celles de M.Markévitch, d'autre part. М. Egorovsky a suivi la métamorphose des globules du sang dans la veine jugulaire et а obtenu le phénomène à un faible degré d'intensité; et М. Markévitch à observé le phénomène dans un sang ayant traversé sans arrêt les poumons pendant toute la durée de l’expérience ce sang (artificiellement il est vrai) ayant été soumis à l’action de l’air. Mais, avant d'arriver au poumon, le sang de la veine splenique passe à travers les vaisseaux capillaires du foie, qui a cessé, il y a beau temps, d’être dans l’esprit des physiologues, cet organe dont la seule fonction consisterait à sécréter la bile. Aujourd’hui, on découvre tous les jours des faits plus nombreux qui montrent le foie investi, dans la métamorphose générale, d’une fonction autre et, semble-t-il, de sa fonction la plus importante; sous ce rapport, les résultats obtenus par M. I. Р. Pavlow, dans ces dernières années, après ГорбгаМоп à laquelle il а donné le nom de da fistule d’Eck», sont particulièrement probants. Ces considérations nous semblèrent rendre nécessaire l’étude de l’action du sérum provenant du sang de la veine hépatique. Après plusieurs insuccès, dûs surtout à des difficultés d’ordre purement technique, nous +. à faire, en 20 М. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT attendant, deux expériences assez propres. Du sérum du sang de la veine hépati- que fut injecté à deschiens bien portants. En examinant attentivement, 24heures après, les préparations du sang, à notre grand étonnement, nous ne trouvâmes plus cette stupéfante quantité d'éléments mûrs qui frappent si vivement dans les préparations de sang après injection de tout autre sérum provenant de sang veineux. Ayant fait un dénombrement même incomplet, (c’est-à-dire en négli- geant de compter chaque fois jusqu'à 600 globules) nous trouvâmes, dans la plupart des cas, que la quantité de globules mûrs contenus était même diminuée par rapport aux autres espèces de globules. Par conséquent, dans les expériences de M. Markévitch, il avait été possible d’obtenir des ré- sultats plus saisissants que dans celles de M. Egorovsky, en partie par la raison que, dans les expériences du premier, on s'était servi d’un sang qui, non seulement avait séjourné dans les vaisseaux capillaires du poumon, mais aussi, qui venait de passer à travers le foie. C’est pourquoi il ne saurait plus être question de notre hypothèse sui- vant laquelle la substance $ serait directement retenue par la rate, puis- . qu'on trouve de cette substance dans la veine de cet organe. Et, en opérant l’ablation de la rate, nous privons d’abord le sang d’un organe où la substance contrariant la mutation des globules d’une espèce en glo- bules d’une autre espèce subit une certaine modification. Au sur- plus, un changement de cette nature peut avoir lieu également dans le sang lui-même et sans la rate; mais, dès lors, en second lieu, nous enle- vons au sang une de ses grandes voies à travers le foie. En d’autres termes nous avons: 3° proposition. La rate modifie, d’une façon quelconque, la substance S du sang qui contrarie la métamorphose morphologique des globules blancs: en- suite, elle conduit cette substance dans le foie où celle-ci subit une transfor- mation et (peut-être avec le concours des échanges gazeux qui ont lieu dans les poumons) elle passe dans le sang du système artériel douée, désormais, de propriétés entièrement autres. Nous ne pouvons rien dire d’un peu précis sur la substance inhibi- toireS. Peut-être bien n’est-ce pas un corps, mais un groupe entier de corps dont chacun est le produit d’un échange quelconque; nous sommes encou- ragés dans cette hypothèse par ce fait que cette substance ne se trouve que dans le sérum provenant du sang veineux. Nous regardons aussi comme vraisemblable que cette substance est un des produits de la désagrégation du globule blanc du sang ou de celle de son propre noyau. Du côté des phéno- mènes morphologiques, nous possédons dans nos expériences un cas militant en faveur de cette hypothèse; c’est un cas dans lequel le-degré d'influence du LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 21 Sérum, suivant que ce sérum provenait d’un sang renfermant un nombre plus ou moins grand de leucocytes, se manifestait d’une manière assez frappante Quoi qu'il en soit, toutes ces questions sortent du domaine assigné à la on phologie; et, à l'heure qu’il est, elles sont étudiées avec succès par des re- présentants de la science tels que MM. Kossel, Lilienfeld et leurs disciples. Ш. Les métamorphoses morphologiques des globules blancs du sang que nous venons d'étudier exercent-elles quelque induence sur l’état général de l’or- ganisme; ces changements peuvent-ils tout au moins révéler un état quel- conque de l’organisme, et dans quelle mesure peuvent-ils le faire. Ce sont là, pour quant à présent, des questions qui ont un grand intérêt théorique et qui auront une grande portée pratique lorsqu'on aura, pour les élucider, des observations faites au chevet du lit du malade. Ce qui a été fait jusqu'ici dans ce sens est loin d’être suffisant. Jusqu'à ce jour, dans l’étude des globu- les blancs du sang l'attention s’est portée principalement et presque exclu- sivement sur le nombre de ces globules. Ce qui va suivre constitue une tentative tendant à trouver un lieu entre le changement de la métamorphose morphologique du sang, d’une part, et le nombre de globules contenus dans le sang, d'autre part. L'augmentation du nombre de globules blancs dans le sang, dans l’hy- perplasie de l’un ou l’autre groupe des organes d’hématose, observée pour la première fois, vers la fin de la première moitié de ce siècle par Vir- chow, donnait une explication simple et entièrement nette de la cause déter- minant l'augmentation des globules blancs dans le sang. Les savants qui sont venus après se sont servis de l’explication donnée par Virchow dans les cas qu’il eut à étudier, mais en en tirant toutefois une conclusion con- traire, savoir: si le sang contient plus de globules blancs, c’est qu'il у еп а davantage dans les organes d’hématose. Cependant d’autres observations ne justifièrent pas les espérances de ces savants. Au fur à mesure que s’accumu- laient des agents de nature diverse déterminant dans le sang une augmenta- tion du nombre de globules, on finit par rencontrer souvent des agents avec lesquels il était difficile, voire souvent absolument impossible d'expliquer, par la seule angmentation intensive des globules dans les organes d’héma- tose, l'augmentation en présence de laquelle on se trouvait du nombre de ces globules dans le sang. Cela, dans certains cas, par la raison qu'on ne trou- 22 М. OUSKOW ЕТ А. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT vait aucun indice de cette formation intensive; et, si même on en avait, le ‘degré de la métamorphose dans les organes d’hématose ne répondait pas au degré de l’augmentation, parfois considérable, de la quantité de globules dans le sang. Dans d’autres cas, l'augmentation des globules blancs dans le sang пе se prêtait pas à l’explication adoptée; cela, parfois aussi, par la rapidité avec laquelle elle se produisait, après l’action d’un des agents (dans les expéri- ences) laquelle, pour être expliquée, aurait exigé que l’augmentation du nombre des cellules dans les organes d’hématose fût d’une rapidité et d’une inten- sité inaccoutumées; en outre, l’examen de ces organes donnaït des résultats qui étaient loin d’être rassurants. Cette situation а provoqué, dans ces der- niers temps, la naissance, dans la littérature spéciale, de différentes théories tendant à expliquer l’augmentation des globules blancs dans le sang autre- ment que par la formation intensive de ces globules dans les organes d’hé- matose. M.Lôwit, se fondant sur la diminution plus ou moins considérable de la quantité de globules qui se produit avant que ces globules n’augmentent, a supposé que, après cette diminution, il survenait un afflux intensif vers les organes d’hématose. M. Limbeck pense qu’une substance quelconque, circulant dans le sang, y attire, des organes d’hématose, des globules blancs dans une mesure bien plus: considérable que cela n’a lieu dans les conditions normales; de sorte qu’il attribue la hyperleucocytose à chimiotaxie. M. Roemer a supposé une division des globules blancs dans le sang la même; qui jusqu'ici le n’a pu être constatée par personne. M. Rieder et, après lui, son élève M. Schultz se sont montrés encore bien plus audacieux: ils ont nié le fait même de l’augmentation des globules blancs dans la masse du sang toute entière. Enfin, dans ces tout derniers temps, pendant que nous travaillions à ces études, il а paru un travail dû à la collaboration de deux auteurs, ММ. Goldscheider et Jacob, qui ont pris pour leur compte l’explication donnée par Limbeck (que celui-ci appliquait au cas de hyperleucocytose dans les processus de putréfaction) et ils l’ont étendu à tous les autres cas d'augmentation des globules blanes dans le sang. Toutes les opinions que nous venons de faire connaître ont un nombre plus on moins grand de partisans dans la littérature de la question. Afin de faire connaître tout de suite notre manière de voir sur le caractère propre de l’hyperleucocythémie, nous donnons, sous forme de tableau, les résultats de vingt expériences simples, c’est-à-dire de toutes les expériences faites par nous avec injection dans le sang de la même térébenthine. Il est indispen- LES GLOBULES BLANCS DU SANG ЕТ LE NOMBRE DE CES DERNIERS, 23 sable d'accorder une certaine importance à cette dernière circonstance; par la raison que le résultat, après injection dans le sang, dépend beaucoup des propriétés de la térébenthine elle-même que nous n’avons pas encore signalées. Dans les expériences qui figurent à notre tableau, de même que dans _ toutes celles dont nous parlerons plus loin, nous avons injecté de la térében- thine mêlée à de l’huile d’olives stérilisée, dans la proportion de 1 volume de thérébenthine pour 5 volumes d’huile d'olives; nous avons injecté chaque fois deux centimètres cubes de ce mélange. Une série assez longue d’obser- vations précédentes nous avait montré que la réaction du sang provoquée par l'injection de térébenthine sous cette forme et dans cette quantité, n’est presque pas subordonnée à la taille de Гапипа]; ceci nous exempta, dans la suite, de la nécessité de doser strictement notre injection pour chacun des cas. Nous évitions seulement de nous servir de chiens trop petits; et n’avons employé à nos expériences que des chiens ayant de 10 à 12 kilogrammes de poids. Tableau IV. La térébenthine injectée dans la veine de chiens bien portants. Е ео а, |А сошЫев 5 s’est i s’est élevée № de Élerée chaque chaque groupe groupe de cent. № de menté par centaine menté par centaines l'expérience. | l'expérience. Nombre de | globules blancs avant l'expérience, || en centaines. De combien || ils ont aug- || Nombre de globules blancs avant || l'expérience, || en centaines. De combien ils ont aug- a b. 161 179 112 244 175 104 209 140 23 27 143 9 183 228 117 100 175 189 209 209 98 140 140 186 Moyenne . 20 192 | 162 229 | 180,8 163 167 145 190 | Moyenne . 108 | 88 . и тей нь т 111 209 296 246 En répartissant les résultats dans notre quatrième tableau, nous les avons divisés en trois groupes suivant le nombre de globules blancs exi- stant avant l’injection de térébenthine. Dans le groupe a nous avons fait 24 №. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT entrer les animaux ayant un nombre normal de globules ; dans le groupe 6, ceux dont le nombre de globules était inférieur à la normale; et, dans le groupe с, ceux qui en avaient un nombre supérieur. En comparant entre eux les groupes @ et 6, il est facile de remarquer que, après l’injection de térébenthine, l'augmentation des globules est très variable dans chacun des cas, mais que dans l’un et l’autre elle est à peu près la même; de sorte que, en moyenne, nous avons се que suit: si, avant l'injection, la quantité de globules blancs était égale à 10,800, 24 heures après, leur nombre est encore augmenté de 8,800, ce qui élève tous les groupes de cent globules à 180; et si, avant l’injection de térébenthine, leur nombre est égal à 7,500, après l’injection, bien qu’ils en soit moins ajouté (5,600 seulement), chaque groupe de cent ne s’en élève pas moins à peu près à 180. Sans donner d'importance à cette circonstance que chaque quantité de 100 globules de- vient juste une quantité de 180 globules, et tout en reconnaissant que cette identité complète des moyennes dans les deux groupes n’est que l’effet du hasard, nous ne pouvons pourtant pas nous empêcher de voir dans ce fait une indication en faveur de cette pensée que, chez les chiens bien portants, l’accroissement dans le sang des globules blancs après une injection de térébenthine a, pour cause principale, non pas une modification des conditions dans lesquelles ils affluent dans le sang du dehors, mais une modification des propriétés mêmes de ces globules. A cette déduc- tion répond entièrement la conclusion que nous ferions si au lieu de nos deux groupes (а et b) de globules, nous nous représentions deux pays ayant un nombre inégal d'habitants. Dans certaines périodes, il а été remarqué que l'accroissement de la population, dans les deux pays, et l’expression de cet accroissement pour chaque centaine d'habitants est la même; si on se pose la question de savoir si, dans ce cas, l'accroissement de la population est а à uneimmigration venant d’autres contrées ou au chan- gement de la qualité des habitants (augmentation de la productibilité, par exemple, ayant pour cause l’amélioration de l’état général) on ne peut ré- pondre à cette dernière supposition que par l’affirmative, tandis que la ré- ponse à la première ne peut être qu’extrêmement conditionnelle. Sur les trois cas seulement qui constituent le groupe с du quatrième tableau, nous avons, en moyenne, après l’injection de térébenthine, 14,500 globules s’ajoutant aux 18000; ce qui porte chacun des groupes de cent à 197. Certes, on ne peut pas regarder les chiens de ce groupe comme étant bien portants alors que leur sang contient de 16,600 à 20,900 glo- bules. Pour le moins, le sang de ces animaux n’est pas normal. Nous n’en sommes, par conséquent, que d’autant plus fondé à dire que dans un orga- LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 25 nisme bien portant l’augmentation de globules blancs, après injection de téré- benthine, a principalement pour cause la modification de certaines des globules qui se trouvent déjà dans le sang. En émettant cette opinion sur la nature de l'augmentation des olo- bules blancs, nous n’avons pas le moins du monde la pensée de dire quoi que ce soit de nouveau; cela d'autant plus que, dans les doctrines de MM. Roemer et Rieder et de M. Schultz élève de ce dernier, au fond, on peut distinguer la même idée. M. Roemer voit dans la division intensive des globules le changement de propriété de ceux-ci qui jusqu’à présent fait l’objet de nos recherches; Rieder et Schultz le voient dans l’entassement renforcé, sur certains points, des globules déjà existants dans le sang. Les doctrines des autres auteurs que nous avons cités peuvent également, dans leur partie essentielle, être ramenées à une seule et unique opinion diamétralement opposée. Ces auteurs subordonnent l’augmentation des globules blancs dans le sang à une seule et unique cause: l’augmentation de leur affluence dans le sang. Et pour expliquer cette augmentation ils se livrent à des essais dont la diversité seule permet de distinguer les doc- trines qui les inspirent. Dans le même but, on fait intervenir, avec plus ou moins de succès, les faits observés dans le règne végétal, bien que la simi- litude des conditions dans lesquelles ces faits sont observés dans ce règne et dans lesquelles on désirerait les voir dans l’autre est plus que douteuse. Quant à chercher à expliqner la vérité au moyen d’une comparaison, nous trouverons, nous semble-t-il, un plus grand nombre de points de départ connus pour l’entendement, dans la comparaison du globule blanc avec l’homme et de la quantité de globules blanc existant dans le sang avec la population d’une localité quelconque; et pour cette raison est-il tout naturel de prendre pour base de l’idée même du nombre de globules la statistique de la population !). . Non seulement les globules blancs sont dans le sang, mais ils у vivent; ils y vivent, non pas comme partie constitutive stationnaire, mais comme partie constitutive toujours en voie de transformation; aussi leur nombre, dans le sang, est déterminé non seulement par leurs gains, mais aussi par leurs pertes; et ces pertes dépendent nécessairement des qualités des glo- bules eux-mêmes telle, par exemple, leur aptitude plus ou moins grande à propriélés 1) Pour faire connaître quelques uns d’entre eux, nous 313135008 cette ОЕ Фехргйпег notre profonde reconnaissance à l’ami de l’un d’entre nous, à M. А. В oulatow (1 ве), qui а choisi comme but de son activité publique la statistique, .cet auxiliaire puissant de lesprit humain. Les reproches que peut mériter la forme de l'exposition tombent tout entier sur nous, 26 М. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT prolonger leur existence dans le sang. Il suffit de reconnaître aux globules blancs cette propriété biologique commune pour qu'il en résulte се qui suit: Supposons que, dans chaque première minute, il y ait eu un nombre quelconque de globules en gain et en perte (globules ayant péri ou émigré), le nombre de globules demeurant est le résultat immédiat du rapport entre le gain et la perte. Nous désignerons ce reste, formé au bout de la première minute, sous le nom de premier reste. Dans la seconde minute, le premier reste diminue encore de la grandeur de la perte, qui continue, et que nous continuerons, comme tout ce qui va suivre, à estimer égale à celle de la première minute; pour cette raison, à son tour, cette perte donnera, au bout de la seconde minute, un second reste qui déjà sera moindre que celui de la première minute. Si les choses continuent de la sorte, dans les minutes suivantes, à chaque moment, nous aurons un reste seulement de la série des restes (du 1", du 2°, du 3°, du 4° restes et ainsi de suite suivant la minute dans laquelle ce reste s’est formé) des globules entrés dans Le sang au cours de la première minute; et, cela, jusqu’à ce que toute la quantité de globules arrivés dans la première minute soit réduite à zéro, c’est-à-dire jusqu’à ce ce que tous les globules, arrivés dans cette première minute, aient disparu du sang. Supposons que ceci ait lieu au bout de cinq minutes. Mais en fait, les globules ne cessent d'augmenter. Il en arrivera, dans la seconde minute, autant que dans la première; et, ils subiront la même perte; et, au bout de la première minute ces globules donneront un premier reste qui ouvrira une série de restes allant en diminuant, (c’est-à-dire que nous aurons des restes premier, deuxième, troisième et ainsi de suite, provenant des globules arrivés dans cette seconde minute, jusqu’à ce qu’enfin le dernier reste soit réduit à zéro). Et c’est pourquoi, au bout de la deuxième minute de toute l’observation, nous aurons effectivement dans le sang le premier reste, pro- venant des globules venus dans la seconde minute, en même temps que le second reste, provenant des globules venus dans la première minute. A la fin de la troisième minute, la quantité de globules blancs dans le sang sera effectivement formée du premier reste, provenant des globules venus dans la troisième minute, du deuxième reste de ceux venus dans la seconde minute, du troisième reste des globules venus dans la première minute; et ainsi de suite. Au bout de la cinquième minute nous aurons dans le sang: 1° Reste provenant des globules venus dans la cinquième minute, ЕО » » » » » » quatrième » D » » » » » » troisième » 4° » » » » » » » seconde » LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 27 quant au reste des globules venus dans la première minute, suivant l’hypo- thèse que nous avons faite en commençant, au bout de la cinquième minute, il est réduit à zéro. Et cela continuera ainsi. Aubout de chaque minute les globules déjà existants s’augmenteront du premier reste de cette minute et le cinquième reste, provenant de tous les autres globules venus précédem- ment, sera réduit à zéro. Non seulement dans chacune des minutes consécu- tives il y aura toujours dans le sang le même nombre de restes, mais la grandeur générale de ces restes demeurera la même. De sorte que, à partir de la fin de la cinquième minute, le nombre de globules blancs dans le sang s'établit d’une manière constante. Les cinq minutes que nous n’avons pris, tout à fait arbitrairement, que pour la commodité de notre figure sont la durée moyenne du séjour que les globules font dans le sang; cette durée peut varier dans chacun des cas, et cela, nous allons le voir, à une grande importance. Tout ce que nous venons de dire nous paraît suffisant pour que nous puissions avancer се qui Suit: ^ Définition. Le nombre de globules contenus dans le sang, à tout moment donné, est la somme des différences entre lenombre de globules venus dans le sang et ceux qui en sont sortis, des différences accumulées au cours de tous les petits laps de temps dont l’ensemble constitue la durée moyenne du séjour de ces globules dans le sang. Première conséquence. Si la période moyenne du séjour des globules dans le sang s’accroît, les autres conditions demeurant égales, la somme des globules qui se trouveront dans le sang sera plus élevée et à l'inverse car cette période sera formée des mêmes différences, mais d’un nombre plus grand de celles-ci. En développant le schéma qui a servi de base à la détermination du nombre de globules, pour simplifier, nous avons admis que, au bout de la cinquième minute, tous les globules venus dans le sang ont disparu. Ce laps de temps est pris arbitrairement comme moyenne des périodes durant lesquelles la disparition de tous les globules à lieu avant, et de celle où cette disparition a lieu après. Dans notre schéma, c’est la durée nécessaire à l’augmentation des différences constituant le nombre fixe des globules qui détermine la durée de la période moyenne. Mais, en réalité, l’accroissement des différences ne s'arrêtera que quand aura disparu Île dernier globule qui, pour une cause quelconque, demeurerait dans le sang plus longtemps que ses pareils; et c’est pourquoi: ak Deuxième conséquence. Le nombre de globules dépend de l'éloignement à laquelle se trouve la limite extrême de leur existence dans le sang. Pour rendre plus claire la conséquence qui va suivre nous allons exa- 28 №. OUSKOW ET А. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT miner deux cas extrêmes. Supposons que, dans l’un de ces cas, une partie considérable des globules nouvellement entrés dans le sang périsse au bout de la première minute et ди’ ne reste, jusqu'à l’extrême li- mite de temps pendant lequel un globule puisse séjourner dans le sang, que la plus petite partie des globules. Dans l’autre cas, au contraire, il ne sort du sang, au bout de la première minute, que la petite partie des globules nouvellement entrés dans le sang, et la grande partie continue à vivre. П est évident que, dans ce cas, le nombre de globules sera formé de la somme des restes de la plus grande quantité, et, dans le premier, de la somme des restes de la plus petite quantité; donc: Troisième Conséquence. Le changement de l’ordre dans lequel les globules sortent du sang а en elle-même une grande influence sur la quantité de glo- bules contenue dans le sang (les autres conditions telle, par exemple, celle de la quantité des gains et des pertes, n’étant pas changées) "). Nous allons montrer, à présent, jusqu’à quel point la figure prise dans la statistique de la population est applicable à la quantité de globules blancs contenus dans le sang. Selon cette figure, il convient d’envisager les 11,400 globules blancs que contient chaque millimètre cube de sang- normal (voir notre premier tableau) comme la somme des restes produits pendant la période moyenne de l’existence du globule dans le sang. Nous ignorons complètement et la quantité des globules qui entrent dans le sang au cours de cette période de temps et la quantité de globules qui, dans la même période de temps, sortent du sang. Puisque le globule se développe dans le sang d’une manière progressive, nous n’aurons comme entrant dans le sang, que des formes jeunes, puis le développement successif de celles-ci еп. formes mûres et en formes vieilles. Au surplus, au moment même où nous écrivons, dans ce cabinet, on met la dernière main à des recherches qui semblent devoir établir qu’une partie des formes vieilles peut se former même dans la moëlle des os. Ceci, d’après nous, ne peut nous indiquer qu’une chose: c’est que le sang, en passant dans cette région, y trouve des condi- tions plus favorables à la métamarphose de ses globules jeunes en globules vieux; la trouvaille dont il s’agit ne change donc rien au fond de la que- stion. Quant aux globules vieux, quels seraient les organes spéciaux qui comblent les pertes qu’ils subissent dans le sang? c’est là encore une énigme; aussi nous en tiendrons-nous à la première opinion que l’un de nous à for- mulée il y a six ans, à savoir: les globules vieux n’entrent pas dans le sang; ils sont le dernier stade de développement de la forme jeune du globule entré 1) Nous employons, ici, à dessein des expressions empruntées à la langue commune afin d'éviter de nous servir de termes mathématiques ni de formules et de dessins. LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 29 dans le sang et vivant dans celui-ci. Après avoir rappelé ce qui précède parce que cela nous semblait indispensable à notre exposition nous expérons être suffisamment clair en présentant le sang comme étant composé ainsi qu’il suit: Il se produit dans le sang une affluence continue d’une quantité quelconque (inconnue) de globules jeunes. Par une évolution progressive, arrivant à une phase plus déterminée de développement où ils prennent déjà le nom de globules mürs, ils entrent dans le groupe de ces deruiers; et la partie des globules, sortant du groupe des jeunes pour se métamorphoser dans le groupe des globules mûrs, constitue la perte du groupe des globules jeunes. Les globules demeurés dans la période moyenne de leur existence, dans le stade de globules jeunes et n’ayant pas pu passer, au cours de cette période, dans le groupe des globules mûrs, ou n’ayant pas émigré, constituent les 1300 globules jeunes qui, à un moment donné, se trouvent dans le sang. De sorte que la véritable quantité de globules jeunes ayant afflué dans le sang nous demeure, même d’une manière approximative, absolument inconnue ; à chaque minute il peut affluer dans le sang plus de 1300 globules; il peut aussi y affluer une quantité moindre; nous ne pouvons affirmer à coup sûr qu’une chose, c’est que, dans le nombre de minutes, qui constituent la période de temps pendant laquelle les globules séjournent dans le sang dans le stade de globules jeunes, le nombre de globules qui affluent dans le sang est supérieur à 1300; ce qui ne nous enlève pas la possibilité de dire, en comparant les deux cas et en nous basant sur la simple compa- raison de la quantité effective de globules jeunes, dans lequel de ces cas l’affluence des globules blancs est plus considérable. Certes, nous ne pou- vons en parler qu'avec une certaine vraisemblance seulement; quant au degré de cette vraisamblance, il est entièrement subordonné à la connaissance que nous pouvons avoir de l'identité des autres conditions au nombre des- quelles la durée de la période pendant laquelle les globules sont dans le stade jeune de leur développement, est la plus importante. Nous concevons exactement de Ja même manière le groupe des globules mûrs. Зиг la quantité inconnue de globules jeunes métamorphosés en globules mûrs, pendant la période moyenne durant laquelle les globules sé- journent dans ce stade de leur développement, 700 globules mürs n’expri- ment que le reste de la perte subie au cours de cette période par leur trans- formation graduelle en globules vieux, partie à la suite d’émigration, et peut- être aussi, partie par suite de ruine. Nous ajoutons par suite de ruine, parce que, dans certains états pathologiques, il arrive de rencontrer des traces évidentes de la désagrégation en granulations du protoplasme de globule mür. 30 N. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT C’est de la même façon que les 9400 globules vieux, qui constituent le groupe dominant dans l’ensemble des globules blancs du sang, sont formés par les globules mürs. Les globules mürs, après avoir vécu un laps de temps quel- conque (cette durée détermine leur nombre effectif), et continuant à vivre, subissent une métamorphose regressive qui commence par l’organe de la multiplication, c’est-à-dire par le noyau; et, par cela même, ils forment cette quantité inconnue de globules qui constitue le gain du groupe des globules vieux; quant aux pertes de ce groupe, elles sont constituées par la quantité . de globules ayant péri ou ayant émigré du groupe des éléments vieux. . C’est la différence entre les gains et les pertes, pendant la période de la durée moyenne des globules vieux dans le sang, qui forme les 9400 globules р effectivement existants. De sorte qu’on пе peut, en aucune façon, envisager ce nombre de globules vieux comme le nombre de ceux d’entre eux qui pro- viennent des 700 globules mürs. En effet, les 9400 globules vieux ont été formés de toute la quantité de globules ayant passé par le stade de globules mûrs avec la formation, à son tour, dans chacune des périodes moyennes de l’existence de ces derniers, d’un reste égal à 700 globules. En dernière analyse, il résulte donc de ce qui vient d’être exposé que les 9400 globules vieux, sans donner la moindre idée même approximative, de la quantité de globules ayant afflués dans le sang, proviennent de la quantité inconnue de globules jeunes ayant afflué dans le sang pendant la période moyenne, durant laquelle les globules ont été dans le stade de globules vieux, moins la quantité à laquelle s’élève la perte subie dans ce stade pendant le même laps de temps. Ajoutons à cela que, parfois, le globule blanc, semble-t-il, ne passe pas par le stade de globule mûr; de jeune, il devient directement vieux; ceci, ne peut vaisemblablement pas modifier de beaucoup la quantité de globules vieux. Tout ce qui vient d’être dit, constituant uniquement la répétition de la détermination du nombre de globules, montre, une fois de plus, qu’on а véri- tablement des raisons d’envisager les rapports entre le nombre de globules de chaque espèce, dans les cas où toutes autres conditions sont égales, comme les rapports des périodes moyennes durant lesquelles les globules séjournent dans le sang dans l’un ou l’autre stade de leur développement, circonstance dont nous avons parlé bien avant. Nous allons profiter de l’occasion pour répondre au doute exprimé, П y a quelques années, par M. le professeur Kourlow lorsqu'il disait que si nos globules vieux étaient véritablement des éléments à phénomènes re- gressifs, on ne saurait concevoir pourquoi ils se trouvent dans le sang en nombre bien supérieur aux autres formes de globules. Nous répondons ce qui suit: les éléments vieux sont dans le sang en nombre supérieur par LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 31 la raison que la durée de la vie du globule blanc, sous cette forme, est plus longue que dans toutes les autres formes de son existence; n’est-ce pas, d’ailleurs, ce que nous observons sur la peau, le cheveu et tout autre point quelconque de l’organisme? Serait-il donc possible que le sang, comme tissu, dût constituer une exception par la seule raison que, par la nature de ses fonctions, le protoplasme de ses éléments cellulaires a élaboré un mouvement améboïde au lieu d’une métamorphose cornée ? En somme, nous espérons que, par la détermination que nous avons donnée du nombre des globules blancs et par les conséquences qui découlent de cette détermination, il est assez clairement montré combien il est difficile, dans chacun des cas d’accroissement du nombre de globules, de se décider à affirmer que cet accroissement provient exclusivement d’nne augmentation de l’affluence des globules; ceci peut être un exemple particulier d’une des conséquences dont nous avons parlé on de l’une on de l’autre combinaison de ces consé- quences. Les trois conséquences que nous avons données sont loin d’épuiser tous les cas dans lesquels peut se manifester l’énorme importance, quant à la quantité de globules blancs du changement de la période durant laquelle ces globules séjournent dans le sang. Donnons quelques exemples à l’appui de tout ce que nous avons dit touchant le nombre de globules. Premier exemple. Le premier tableau (partie a) indique que certains chiens ont en moyenne dans le sang 11400 globules blancs et d’autres, (partie c), 17400. Comme les premiers constituent un phénomène plus normal, et que les seconds, souvent au bout d’un laps de temps relativement assez court, descendent également à 11,400 globules, il est permis de penser qu'avant d’avoir 17,400 globules, les seconds n’en avaient, comme les pre- miers, que 11,400. Pour le moment, nous n’attachons pas trop d'importance à savoir s’il en est vraiment ainsi. Nous sommes en présence d’un cas où le millimètre cube de sang contient, dans un cas, 6000 globules de plus que dans l’autre. Voyons jusqu’à quel point nous sommes fondés à tirer de ce simple fait la conclusion habituelle que voici: par conséquent, dans le se- cond cas, l’affluence des globules dans chaque millimètre cube de sang, est supérieur de 6000. Ou bien tirons-en cette autre conclusion: cet accrois- sement a eu lieu, parce que la période moyenne, durant laquelle le globule blanc а séjourné dans le sang, est d’une fois et demie plus longue (confor- mément au rapport 17,400 : 11,400). a) Si nous admettons la première conclusion, la conclusion habituelle avec la majeure moyenne du syllogisme, le nombre de globules n’augmente que par l'augmentation de l’affluence des globules dans le sang, nous sommes obligés d'admettre également que, dans notre exemple, il est entré dans le 32 N. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT sang 900 éléments jeunes, 600 éléments mürs et 4,500 éléments vieux de plus. Si on admet que chacune des espèces de globules se forme dans un or- сапе d’hématose spécial, ceci est un fait presque surprenant; саг les organes qui forment les globules jeunes en ont envoyé exactement un nombre égal à la quantité nécessaire pour augmenter de 1,7 fois le nombre de ceux que nous avions déjà, soit chacun d'autant de fois que l’ont fait pour leurs espè- ces respectives les organes envoyant les autres espèces de globules. Seuls les organes préparant les formes vieilles sont demeurés un peu en retard dans leur travail: ces éléments n’ont augmenté que de 1,48 fois. Si nous expliquons cette plus grande affluence de globules dans le sang par des modifications survenues dans les propriétés chimiques du sang, cette égalité presque complète devient un fait biologique en quelque sorte sans _ précédent. Car, d’après cette théorie, le sang devrait augmenter sa force d'attraction de facon que les globules jeunes augmentassent exactement de 900, les mûrs de 600 et les vieux de 4,500, c’est-à-dire corrélativement au ne de globules du sang. Nous atténuons considérablement les difficultés que nous éprouvons à expliquer le fait dont il s’agit en adoptant, sur la composition du sang, l’opi- nion que nous avons émise plus haut comme un exemple particulier expli- quant da détermination» du nombre de globules. C’est pourquoi dans l'exemple que nous analysons ici: l’affluence des globules jeunes dans le sang a augmenté (comme toujours) d’une quantité inconnue de globules. Ceci s’exprimera dans l’accroissement du reste de chacun des petits laps de temps dont l’ensemble, pour la période moyenne dans laquelle le globule est dans le stade de globule jeune, détermine le nombre effectif de ces derniers; le nombre de ces restes, dans ce cas, est, admettons-le, sans changement; mais, Comme précédemment, il est inconnu; aussi le rapport géométrique du sombre effectif de globules agrandi à celui de globules ayant existé précédemment dans le sang, peut exprimer, au moins, le degré de l’augmen- tation de l’affluence des globules jeunes dont le nombre exact est inconnu. L'augmentation de la quantité de globules mûrs et de globules vieux, en tant qu’éléments représentant le dernier stade de développement, doit être d’un nombre de fois égal. Observation. À ce sujet, nous jugeons à propos d’expliquer une fois de plus la conclusion à laquelle nous avons été amenés et qui différe de l’opinion communément adoptée suivant la- quelle, si, dans un cas donné, les globules vieux sont été augmentés de 4500, c’est que l’augmen- tation а été de 1,48 fois. Si, dans la littérature de l’objet, on emploie habituellement cette der- nière expression ce n’est sans doute que pour faciliter la mémoire. Il est admis de penser que, dans cette question, tout est dans l’affluence de 4500 globules et non dans celle, par exemple, de 2 ou de 10 mille globules. Quant à nous, nous raisonnous ainsi qu’il suit: dans certaines con- ditions, le позаЪге de globules vieux (et ce sont les globules de cette espèce qui déterminent prin- LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 3: cipalement le nombre général de globules contenus dans le sang) donc 4500 globules se sont joints aux 9,400. D’après Popinion com de globules dont à été augmenté le nombre de globule globules dans le sang et ne se rattache, en aucune fa demment. a 44 augmenter de 1,48 fois; nunément adoptée, le nombre s déja existants exprime l’affluence des ati Çon, au nombre de globules existant précé- Nous, nous avons été amenés à cette conclusion que le nombre l'augmentation est entièrement déterminé par le nombre de globules existant avant, et que sa - grandeur est déterminée par le degré de l'accroissement, c’est-à-dire par le nombre de fois au- quel doit avoit lieu cet accroissement. Quant au degré de l'accroissement, il peut être déterminé -par le rapport de quantités toutes autres. Et si cela n’a pas lieu ainsi, nous devons en chercher la raison, поп dans les globules blancs qui arrivent dans le sang, mais dans ceux qui y cir- culent déjà. sur lequel porte Ainsi, si nous observons là un accroissement des formes vieilles plus lent que celui des formes jeunes, ceci nous indique que les formes mûres se métamorphosent moins rapidement; et c’est encore confirmé par cette circon- stance que le nombre de ces formes а un peu plus augmenté que celui des formes jeunes (1,8 fois, au lieu de 1,7). b) Nous ne voyons aucune raison qui nous autorise, dans le cas dont il s’agit, à regarder l’augmentation entière du nombre de globules blancs comme le résultat de l'augmentation de la durée du séjour de ces globules dans le sang; car cette hypothèse est contre-indiquée par la conservation des rapports réciproques des différentes espèces de globules entre elles, laquelle est presque la même que lorsque la quantité de globules est normale. Ceci, d’ailleurs, ne saurait avoir lieu; il est, en, effet peu probable qui une modi- fication de la période moyenne, pendant la durée de laquelle le globule blanc séjourne dans le sang, pût jamais être partagée d’une manière égale, comme nous la voyons, entre tous les stades de développement des globules; car, là, il y a d’une part, les deux premiers stades de développements des élé- ments, et, d'autre part, des globules vieux avec leurs symptômes évidents de métamorphose regressive. Et c'est pourquoi, un moment quelconque occa- sionnant le ralentissement ou l’accélération de la période durant laquelle le globule séjourne dans le sang dans les deux premiers stades de son dévelop- pement, ne saurait, en même temps, se réperculer sur la quantité de globules vieux. Nous voyons donc, dans ce premier exemple, qu’une légère augmen- tation du nombre de globules, c’est-à-dire la leucocythémie peut bien être le résultat d’une augmentation de l’affluence de globules jeunes et que ce ré- sultat est atténué, dans une certaine mesure, par le ralentissement de l’af- fluence du globule dans le stade d’élément шаг. Exemple II. Lorsqu'on introduit dans le sang une matière étrangère on observe souvent que cette introduction amène de la leucocythémie ou de l’hyperleucocythémie. Examinons la métamorphose morphologique de la composition du sang dans la leucocythémie consécutive à l'injection de téré- 3 34 М. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT benthine dans le sang, c’est-à-dire dans la leucocythémie qui а servi de point de départ au sujet traité dans ce chapitre. Nous ne citons ici que quatre exemples; cela, bien que dans ces dernières années une foule d'exemples entièrement identiques ait passé devant nos yeux et ait figuré dans les travaux sortis de ce laboratoire. Nous avons réunis, dans notre V° ta- Tableau V. Action de la térébenthine sur la composition du sang. Мате. Somme de Quantité proportionnelle Quantité PS tous les glo- de de de de de de MM. и bules. globules! globules! globules | globules| globules| globules jeunes. | mûrs. vieux. | jeunes. | mûrs. vieux. 163 16700 13,3 7,8 78,9 2200 1300 13200 10,1 31100 3,8 2,9 93,3 1200 900 29000 35,0 183 10000 23,0 10,0 67,0 2300 1000 6700 6,7 22800 2,8 4,7 92,5 600 | 1100 | 21100 | 20,0 189 8700 6,4 5,5 88,1 600 500 7600 | 16,0 15600 1,8 2,5 95,7 300 400 14900 38,0 244 9700 13,6 7,3 79,1 1300 700 7700 | 10,8 16800 6,3 3,3 90,4 1000 500 15300 27,0 Moyenne 11300 14,1 7,6 78,3 1600 900 8800 10,4 21600 3,7 3,4 92,9 800 700 20100 27,0 b. 182 17500 7,0 7,0 86,0 1200 | 1200 | 15100 | 12,3 25100 74 7,6 85,0 1800 | 2000 | 21300 | 11,0 245 17200 8,5 12,7 78,8 1500 2900 12800 6,2 20800 9,0 15,2 75,8 1800 | 3100 | 15900 5,0 328 12900 8,3 16,0 75,7 1100 2100 9700 4,7 19500 14,0 13,7 72,8 2700 | 2500 | 14300 5,3 bleau, les analyses de quatre expériences; chacune de ces expériences et leur moyenne sont présentées dans deux rangées horizontales de chiffres; la rangée supérieure répond aux résultats du calcul avant l’expérience, la rangée in- férieure, aux résultats obtenus 24 heures après l'injection de thérébenthine, sous la même forme et à dose égale, ainsi qu’il a été dit au commencement de ce chapitre. LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 35 Та, avant tout, nous remarquons un abaissement considérable du nombre de globules des deux groupes encore en cours de développement, particuliè- rement des globules jeunes; de telle sorte que, en moyenne, ceux-ci ont été diminués de deux fois. Le groupe des globules vieux s’est augmenté en moyenne, de 8,800 à 20,100 soit de 11,300 ou de 2,28 fois, le nombre général de globules ayant augmenté de 1,92 fois. Comme nous ne connaissons pas la quantité de globules séjournant dans le sang, si nous concluons, d’après l'opinion communément adoptée, que l’affluence des globules dans le sang augmente uniquement par le seul fait de l’augmentation de la quantité de globules effectivement existants dans le sang, nous ne pourrons absolument pas nous expliquer le changement de quantité des différentes espèces de globules: et ce changement devient pour nous une nouvelle énigme. C’est précisément dans le changement de la quantité des différentes espèces de globules contenues dans le sang que nous voyons la possibilité de nous approcher de la connaissance de l’accroisse- ment de la somme générale de globules blancs. En effet: Dans cet exemple, laissant l’affluence des globules sans changement, dans la diminution de la quantité de globules jeunes nous voyons une diminution, de deux fois, de la période pendant laquelle le globule est dans ce stade de son développement. La période dans le stade de globule mûr a également diminué, mais dans une proportion moindre (9:7). Cette circonstance à elle- seule, c’est-à-dire la diminution de la durée de la période pendant laquelle le globule blanc est dans les stades des deux formes relativement jeunes, doit se répercuter sur la somme générale de globules par l’accroissement de celle-ci; car il passera plus de jeunes globules dans le groupe des globules vieux; et dans ce groupe, ces globules produiront un accroissement répondant, certainement, à la longeur de la durée de la période des globules vieux. De sorte que la période des globules jeunes étant diminuée, la somme géné- rale des globules blancs doit être plus élevé ne fût-ce que pour la raison que la période moyenne durant laquelle les globules séjournent dans le sang est devenue plus grande.!) (Voyez la conséquence № 1). Pour rendre plus frappante l'importance, dont nous avons parlé, de la diminution de la période durant laquelle le globule est dans le stade jeune de globuie blanc dussions-nous être accusé de prolixité, nous allons nous représenter le cas extrême ci-après: supposons que la période dans la forme jeune de développement ait été amenée à son minimum et réduite à zéro, c’est-à-dire que tous les globules jeunes, 1) N'oublions pas à ce propos que nous appellerons période moyenne, la moyenne de la période durant laquelle le globule est dans le stade de globule jeune, de celle où il est dans le stade de globule mûr et de celle où il est dans le stade de globule vieux. 36 М. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT en entrant dans le sang, se soient métamorphosés aussitôt en globules vieux et soïent demeurés dans le sang-pendant la durée de la période propre à cette forme de globule. Dans ce cas, la totalite des globules ne sera formé que de globules vieux et ne dépendra que de la grande période de ceux-ci; cette période ne sera pas diminuée par celle durant laquelle les globules séjournent dans les stades jeunes. Il est vrai que, dans ce cas, le nombre de ces derniers donnera déjà un petit surplus à la somme générale des globules; mais ce nombre sera de beaucoup inférieur à celui qu’ils au- raient donné s’ils avaient séjourné, non pas dans le stade de globules jeunes qui passe rapidement, mais dans celui d’élément vieux qui s’écoule bien plus | lentement. En un mot, la période de globules jeunes étant réduite à zéro, nous n’aurions en entier, dans le total des globules du sang, que le résultat de la quantité de globules entrés dans le sang perdant la période de vie de l'élément vieux; tandis que, dans l’autre condition, une partie de la somme reviendrait aussi au résultat de la quantité de globules entrés dans le sang pendant la période durant laquelle ces globules séjournent dans la forme jeune seulement. Quoi qu’il en soit, l’augmentation d’une quantité relativement faible _ de globules vieux déterminée par l’accélération de la période des globules jeunes, est loin de suffire pour expliquer l’augmentation plus que double du nombre de globules vieux que nous observons dans le présent exemple. Aussi allons-nous avoir à faire un choix entre deux parties: ou nous expliquerions la partie manquante de l’augmentation de globules vieux, conformément à l’opinion communément adoptée, par une augmentation de l’affluence des glo- bules jeunes, ou nous admettrions l’autre supposition d’après laquelle la quantité de globules vieux s’est accrue nonobstant l’augmentation dé- terminée par la diminution du laps de temps durant lequel les globules ont été dans le stade de jeunes et l'augmentation de la période durant laquelle ils ont été sous la forme de globules vieux. Mais, avant de faire choix de l’une de ces deux suppositions, voyons jusqu’à quel point nous y sommes forcés. Pour cela, arrêtons notre attention sur le groupe des formes mûres. Les formes jeunes se métamorphosant plus rapidement en formes mûres, ces dernières doivent augmenter en nombre; et, dans notre exemple, non seule- ment le groupe des globules mûrs ne reste pas sans changement, il est même diminué. Ceci nous indique d’une manière évidente que le globule blanc qui, dans son évolution, marche déjà avec rapidité vers la forme de globule vieux augmente encore cette rapidité, en comparaison avec la rapidité normale, lorsqu'il traverse le stade de globule mür. Et, à ce propos, пе perdons pas de vue non plus cette circonstance que la période durant laquelle le globule LES GLOBULES BLANCS DU SANG ЕТ LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 37 est dans le stade de globule vieux est presque de 10 fois plus longue que celle durant laquelle il est dans la forme mûre, et que, par conséquent, toute plus value venant du groupe des globules mûrs donne une grande augmen- tation correspondante du nombre de globules vieux. Cette réserve qui diminue encore davantage la nécessité d’avoir recours à l’une des deux hypothèses dont nous avons parlé étant faite, prenons d’abord la première de ces hypo- thèses car elle peut très bien aussi expliquer pourquoi une partie des globules vieux vient à faire défaut après une injection de thérébenthine, De cette façon, nous allons ramener toute augmentation de globules au changement des périodes durant lesquelles ces globules passent dans les divers stades. Nous ne voyons aucune contradiction dans ce fait qu’un seul et même agent, tel que la térébenthine, accélère le déveioppement et, pour ainsi dire, aide à l'existence des formes jeunes et des formes mûres et qu’en même temps il arrête la période durant laquelle les globules vieux séjournent dans le sang; car la forme vieille est la dernière (observée dans le sang) de la métamor- phose du globule; en effet, dans le noyau du globule vieux, nous observons déjà un processus de regression. Voilà pourquoi il ne nous semble pas contradictoire qu’un seul et même agent puisse aider à la vie du globule dans les formes initiales et la sou- tenir lorsqu'elle s'éteint dans les dernières phases de son séjour dans le sang. Nous adoptons d’autant plus volontiers la dernière des nos deux hypo- thèses qu’elle n’est même pas dépourvue de quelque fondement. IL n’est pas rare de voir, sur les préparations colorées, que, après injection de téré- benthine, les globules jeunes, avec leur petitesse et leur protoplasme souvent diaphane, contiennent non pas un seul noyau entier, mais plusieurs noyaux rappelant complètement, par leur position et par leur forme, les noyaux d’un globule vieux. | Nous voulons dire par cela que le passage des globules jeunes aux stades de développement subséquents est si rapide, la période durant laquelle ils sont dans ces stades est si courte que ce raccourcissement est même observable sur des objets morts. La rapidité de la transformation est, semble-t-il, si considé- rable que certains globules jeunes métamorphosent leurs noyaux dans le sens regressif sans passer même par lestade de globule mûr; et, dans ces cas, on rencontre, pour ainsi dire plus fréquemment, des globules vieux avec leurs noyaux caractéristiques et leur protoplasme mat assez fortement coloré mais de petite dimension (ils ne dépassant que d’un peu le globule rouge). L'augmentation de la période durant laquelle le globule est EE les formes vieilles n’est déjà pas si facile à contrôler au moyen de l’ob- servation immédiate. Nous en sommes empêchés par notre entière ignorance 38 N. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT des indices morphologiques certains de la métamorphose du noyau du globule vieux pour autant qu’elle n’est subordonnée qu’à la durée de la vie dans ce stade d'évolution. Et, malheureusement, les différents degrès de désagré- gation du noyau ne peuvent pas nous y aider, parce qu’ils sont si divers et si graduels qu’il est presque impossible de les compter. Mais le prin- cipal obstacle, c’est que le degré de désagrégation peut ne pas dépendre seulement de la durée de la vie du globule; il peut encore avoir d’autres causes. Au surplus, pour répondre à l’observation d’un de ceux qui ont lu cet article en manuscrit, nous ajouterons que le nombre d’éléments vieux (surtout) dans le sang est déterminé, non seulement par la perte provenant de la ruine de ces globules, mais aussi par la perte que produit leur l’émigration; cette der- nière, ilest vrai, peut être rendue plus difficile par la térébenthine; l’an passé, l’un de nous a obtenu un fait qui peut tout au moins être regardé comme une indication, un peu laintaine il est vrai, dans de sens de ce que nous venons dedire. Voici ce fait: Sion injecte de la tuberculine sous la peau d’un chien, un ou deux jours après au point de l’infection il se produit un abcès; mais si, en même temps, on fait, dans le sang de l’animal, une injection de térébenthine (dans la forme et à la dose que nous employons habituellement), il ne se forme pas d’abcès, et, au point où а eu lieu l’injection de tuberculine, on observe seu- lement un induration du tissu. Dans tous les cas, toute diminution de perte, l’affluence étant la même, n’en aboutit pas moins, finalement, à une augmentation de la durée du séjour du globule dans le sang (comparez la figure pour la détermination du nombre de globules). N’ayant pas les don- nées nécessaires, nous ne songeons pas à nier la part que l’augmentation de l’affluence des globules jeunes dans le sang а, dans l’augmentation du nombre de globules vieux, nous nous bornons à dire que, en adoptant cette expli- cation à l'exclusion de toute autre, nous nous mettrions en contradiction avec les métamorphoses observées dans le sang. Nous ne pouvons nous empêcher de faire observer qu’en adoptant une partie de l’augmentation des globules vieux comme étant le résultat de l’accroissement de l’affluence des globules jeunes, par cela même, nous admettons que, dansles 800 globules jeunes au lieu de 1600, que nous avons obtenus après l'intervention de la térébenthine, il y a éga- lement la quantité formée par l’augmentation de l’affluence des globules; consé- quemment, la quantité qui n’a été obtenue que par la seule diminution de la période durant laquelle les globules sont dans ce stade est en réalité moindre; c’est-à-dire que la diminution de période que nous avons exprimée par le rapport 1600:800, dans cette supposition, sera plus grande que celle que nous avons adoptée, de deux fois seulement; et, à son tour, ainsi que LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 39 nous l’avons vu, ceci répondra à une certaine augmentation du nombre des globules vieux. _ Si nous avons donné ici à l'analyse de cet exemple plus de place quil ne peut sembler nécéssaire à l'explication du fait, c’est afin de montrer, d’abord, combien il est réellement indispensable, dans l'explication du degré de leucocythémie, de compter avec les deux moments qui le provoquent; et, en second lieu, pour montrer aussi que, dans les cas de leucocythémie aiguë et, dans les cas ayant une autre origine, nous nous trouvons habituellement en présence d'indices ayant l’aspect de changement des rapports entre les groupes de globules de même caractère. C’est ce que nous voyons toujours, avant tout, dans les suppurations aiguës. Ayant introduit dans le sang d’un chien 2 centimètres cubes de viruient bouillon de culture de bactéries du charbon de 24 heures, nous obtinmes (176° expérience): Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Total général. Avant l’expérience. . (10,5)977 (7,0)651 (82,5)7,684 9.312 Après l'injection. .. (7,4)754 (4,2)422 (89,4)8,880 10,056 On а observé le même type de changement dans le sang d’un homme atteint de pneumonie fibrineuse (nous empruntons ce fait au travail du docteur Kikodze exécuté sous la direction de l’un de nous et publié en 1890) ). Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Total général. Au 4° jour de la maladie. (2,8)500 (4,9)900 (92,3)16,200 17,600 Au 5° jour de la maladie. (2,0)400 (4,0)800 (94,0)19,800 21,000 Donnons aussi les moyennes des observations faites sur 8 malades, dans plusieurs périodes différentes de la même maladie; ces observations ont été relevées en son temps et publiées en 1890 *). Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. 4,6% 4,5% 90,9% Exemple ТП. On introduisit de la térébenthine dans le sang de chiens dératés. Sur 10 expériences, on obtint en moyenne ce qui suit: 21,700 globules augmentèrent dans des proportions telles que chacune des fractions de cent s’éleva à 129, (la plus grande augmentation fut exprimée par le nombre 153 et, la plus petite, par celui de 109); donc, chez les chiens privés de la rate, après injection de térébenthine, on obtient une augmentation de globules blancs moindre que chez les chiens normaux 1) Е. $. Kikodzé, Anatomie pathologique du sang dans l'inflammation fibrineuse des poumons. St-Pétersbourg 1890. 2) N. V. Ouskow, Le sang comme tissu, St.-Pétersbourg 1890. 40 М. OUSKOW ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT (180). Ceci est entièrement conforme à ce que nous avons expliqué dans notre deuxième chapitre; саг ïci, chez des chiens dératés l'accélération de la métamorphose des globules blancs provoquée par la térébenthine peut être contrecarrée par le ralentissement de la métamorphose déjà existante dans ces animaux. Les trois expériences, consignées dans la partie © de notre У” tableau, montrent à quel point ceci peut être saisi dans les phénomènes morphologiques. Dans tous ces cas, après la térébenthine, au lieu d’un abaïissement, nous constatons une élévation considérable de la quantité de globules jeunes et une augmentation des globules vieux d’autant de fois. Aïnsi, dans notre 245° expérience toutes les formes ont augmenté de 1,2 fois; dans l’expé- ^ rience 182, les formes jeunes ont augmenté de 1,5 fois, les vieilles, de 1,4 fois, dans l’expérience 328 les formes jeunes ont augmenté de 1,3 fois, et les formes vielles, de 1,2 fois. Cette égalité, presque absolue dans tous les cas, donne une base solide à cette hypothèse que, dans cet exemple, l’augmenta- tion de la quantité de tous les globules provient de l’augmentation de l’affluence de ceux-ci dans le sang. De sorte que l’action de la matière inhibitoire 5, chez les chiens dératés ne s’est manifestée que par la neutralisation de l’action accélérante de la térébenthine sur la métamar- phose des globules. Et cette dernière circonstance, ainsi que nous l’avons vu dans le premier chapitre, n’est pas d’une petite importance quant au chiffre du total général; aussi peut-on y voir également pourquoi l’augmenta- tion des globules blancs, dans le sang des chiens privés de la rate après injection préalable de térébenthine, est bien moins considérable que celle observée chez les chiens normaux. Cet exemple nous montre le premier des deux cas dont nous avons fait la supposition pour expliquer la troisième conséquence. IV. L'exemple ТУ présente les résultats de injection de sérum dans le sang, qui sont tous consignés dans notre Ш? tableau. Nous y réunissons tous les cas d'injection de sérum artériel, et nous en comparons la moyenne avec la mo- yenne obtenue par le groupement de tous les cas d'injection de sérum veineux. Cette injection, nous l'avons montré, est particulièrement apte à arrêter la métamorphose des globules, et, par cette raison, d’augmenter la quantité de for- . mes mûres. En voici le résultat: / LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS, 4] Sérum du sang artériel. - Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Total. Avant l’expérience. 1,400 500 9,900 12,800 Après l’expérience. 1,000 : 1,400 20,300 22,700 Sérum du sang veineux. Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Total. Avant l’expérience. 1,700 1,600 13,600 17,600 Après l’expérience. 900 2,500 13,300 17,500 Dans cet exemple, nous voyons que les deux sérums agissent par une diminution considérable de la quantité de globules jeunes, c’est-à-dire en _ Taccourcissant la période durant laquelle le globule est dans ce stade de son développement. Mais, dans la suite, les choses vont un peu différemment. Suivant les considérations développées dans notre deuxième chapitre, le sérum artériel accélère la métamorphose; conformément à ce qui a été dit dans l'analyse du ШГ exemple, il est permis de penser que quelques uns des globules jeunes passent directement dans l’espèce des globules vieux sans passer par le stade de globules mürs; cette supposition est confirmée par се fait que la quantité de globules mûrs diminue un peu; cette circonstance, d’ailleurs, peut aussi signifier, pour une part, que ces globules subissent un Sort commun, le raccourcissement de leur séjour dans le sang. En somme, avec l'injection du sérum artériel, nous avons, en moyenne, une augmenta- tion de 9,900 à 20,300 du nombre de globules vieux et de 12,800 à 22,700 de la quantité générale. Dans l'injection de sérum veineux, nous voyons même un plus grand raccourcissement du stade de globule jeune; mais, comme la présence de la substance inhibitoire 5 enraye en même temps la métamorphose morphologique, le globule jeune arrivera donc, par la voie normale de son dévéloppement, à l’état de globule vieux, c’est-à-dire qu’il traversera également le stade de globule mûr; en outre, l'augmentation considérable de globules mûrs (de 1,600 à 2,500) devient compréhensible, surtout si on prend en considération que, grâce à l’intervention de cette même matière inhibitoire S, la période durant laquelle ils séjournent dans le sang augmente. En définitif, dans l’injection de sérum veineux, autrement dit quand le développement du globule est arrêté dans le stade de globule que, la quantité de globules passant dans Гезрёсе de globules vieux, diminue ; et nous avons un abaissement de 13,600 à 13,300 du nombre de globules vieux et un abaissement du total général de 17,600 à 17 Hope 42 М. OUSKOW ET A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT Outre les expériences consignées dans notre ПГ tableau où пе sont consignées que celles dans lesquelles il а été fait une analyse morpho- logique détaillée du sang, nous avons des expériences dans lesquelles il n’a été noté que le degré d'augmentation de la somme générale de globules après l'injection de l’un ou de l’autre sérum. Nous avons dressé également un tableau de ces données que nous ne reproduisons pas ici à cause de ses trop grandes proportions. Ce tableau а donné les résultats ci-après. 1) Avec l'injection desérum artériel, provenant d'animaux sains, à des animaux normaux bien portants, sur 15 expériences, nous avons en moyenne: 13,600 globules blancs ont été augmentés de 4,200; soit, chaque fraction de cent s’est élevée au chiffre de 131. Nous avons fait dix expériences semblables avec injection de sérum veineux; 3 fois, le sérum provenait de sang pris à la veine jugulaire, 5 fois de sang pris à la veine fémorale, et, une fois, à la veine rénale; et en voici les résultats: avant l’expérience il y avait 16,500 globules blancs auxquels, après l’expérience, se sont ajoutés 3,700 globules, ce qui transformait toutes les fractions de cent en groupes de 110. 2) On injecta а des chiens bien portants du sérum provenant du sang de chiens dératés. Le sérum de sang artériel, sur 7 expériences, donna en moyenne: à 12,800 globules viennent s'ajouter 6,800 globules, се qui transforme les centaines en groupes de 153. Le sérum provenant de sang veineux, sur 5 expériences, (ce sérum ne provenait que de sang pris à la veine fémorale) donna en moyenne une augmentation de 1600 globules qui, s'étant ajoutés à 11,500 globules, transformèrent les centaines en groupes de 108. 3) On injecta à des animaux, également bien portants, du sérum prove- nant de la veine de la rate. Sur 8 expériences, on a en moyenne 1400 glo- bules venant s'ajouter à 13,100 globules, ce qui élève les centaines de globules au nombre de 110. L'exemple V ne présente qu’une seule expérience touchant l’influence de la matière inhibitoire sur le changement de la métamorphose; les consé- quences de ce changement furent assez sensibles à l’égard de la queue générale de globules. Expérience 355. Un chien a été dératé depuis 8 jours. La plaie de la peau est presque cicatrisée, elle est entièrement nette et n’a pas plus d’un centimètre de long. Un des docteurs, travaillant dans le laboratoire dans des buts personnels, а mis à nu deux petits vaisseaux presque adhérents à l’os. П paraît que cette plaie а été infectée, car elle зе met à suppurer; de sorte que, au 4° jour, à Гапа]узе du sang, on trouve: LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CE 13 DERNIERS, 43 Globules jeunes, Globules mûrs, Globules vieux. Total général (9,2) 3,500 (15,8) 7,000 (75) 28,200 38,700 On injecte 4 centimètres cubes de sérum provenant de sang pris à la 1 veine fémorale d’un chien bien portant et, le jour suivant, on trouve: Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Total général. (4,7) 1,300 (22) 6,100 (73,2) 20,400 27,800 On a donc obtenu ce que nous trouvons en moyenne après injection de sérum veineux. Sans nous arrêter à la quantité de globules des deux premiers groupes, nous nous bornerons à noter l’abaissement de 28 ,200 à 20,400 du nombre de globules vieux, et le fléchissement du total All de 38,700 à 27,800. Le même jour, on injecte du sérum artériel, et ) 24 Eire après, on à de nouveau un relèvement du total général: Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Total général. _ (5) 2,900 (11,2)5,800 (83,2)43,500 52,200 Dans cette digression sur la leucocythémie, nous n’avons pas eu en vue d'analyser les diverses conditions dans lesquelles peut se produire cet état du sang, notre intention à été de montrer que cet état n’est pas seulement le ré- sultat d’un changement dans l’affluence des globules blancs dans le sang, mais qu’il peut être également la conséquence d’un changement simultané des pro- priétés des globules qui y circulent déjà. Le changement de la durée du séjour du globule dans l’un ou l’autre stade de son développement est l’une de ces pro- priétés. Nous pensons que, dans le début de la leucocythémie, lorsqu'il n’y à encore aucune possibilité d'attribuer l’augmentation des globules dans le sang à une surproduction dans les organes d’hématose, ce changement dans l'existence des globules explique suffisamment le phénomène dont nous venons de parler; dans la suite, l’augmentation des globules est vraisembla- blement le résultat de l’action combinée de deux moments, d’une production plus intense ainsi que de changements dans l’ordre et la graduation de l'existence du globule sanguin. Les exemples que nous donnons montrent, uniquement, les tentatives que nous avons faites pour nous orienter dans la diversité de ces combinaisons. Ces exemples prouvent aussi qu’il est souvent possible de distinguer avec plus ou moins de vraisemblance, si, dans un cas donné, l’augmentation des globules provient de l’augmentation de l’affluence de ceux-ci dans le sang ou des changements de condition de leur développement. Ceci sera toujours révélé par un écart dans les rapports réciproques et respectifs de chacun 44 N. OUS KO W ЕТ A. SÉLINOW, DE LA RATE SUIVANT des trois groupes; tandis que l’augmentation provenant de l’affluence des globules conservera ces rapports dans les limites normales que voici: Globules jeunes. Globules mûrs. Globules vieux. Pour l’homme ....... 18—20%/ , 5—6, 74—76% Рог 16 сошел... о. 11—12%, 6—7%, 74— 82). De sorte que l’augmentation de la quantité de formes jeunes, seules, ou de formes mûres, seulement, indique, avec une grande probabilité, que l’affluence de l’une de ces deux formes а augmenté dans des proportions ех- cessives; elle indique, avec une certaine vraisemblance seulement, qu'il y a des changements simultanés dans le développement (dans le retardement) des globules. Mais, dans cette espèce, pour chaque cas, la question est tranchée par l’ancienneté des changements, leur résistance, etc. Le degré d’influence respective sur le résultat de ces moments est sans doute subordonné tant à l'état général de l’organisme que, vraisemblablement, à l’agent provoquant tout le phénomène. Nous avons été distrait de la question fondamentale qui fait l’objet de cette étude par le désir de nous orienter dans la question de l’influence de la matière S recueillie par la rate dans le sang. Jusqu'ici, nous n’avons parlé que de cette fonction de la rate; mais cet organe а une autre fonction, bien connue depuis fort longtemps, qui intéresse d’une manière immédiate le nombre de globules du sang. Dans la veine de la rate П y a toujours, comme d’ailleurs dans tout le corps, plus de globules blancs que dans l’artère; ceci а été montré, au surplus, par les études faites dans ce laboratoire même par M. M. Emélianow et Proskouriakow. Ce qu’il y a de plus particulièrement intéressant dans ses études, c’est que la prédominance de la quantité de globules blancs dans la veine de la rate sur l’artère de cet organe est plus considérable que celle qu’on observe, par exemple, lorsqu'on compare la veine fémorale avec l’artère du même nom. L’augmentation des globules dans la veine de la rate, comparativement | à l’augmentation qui se produit dans l’artère, ne se partage pas, tant s’en faut, d’une manière égale entre toutes les formes de globules. Ainsi, par exemple, les globules jeunes, d’après M. Emélianow, sont, dans la veine de la rate, en quantité deux ou trois fois plus grande que dans l’artère de cet organe; tandis que dans l’artère fémorale ils sont toujours en quantité même moindre, que dans la veine du même nom. Le rapport des quantités de formes mûres et de formes vieilles de la veine de la rate, comparativement aux quantités de ces formes contenues dans l’artère de cet organe, subit LES GLOBULES BLANCS DU SANG ET LE NOMBRE DE CES DERNIERS. 45 des oscillations; en tous cas, en admettant même que la veine de la rate renferme une plus grande quantité de formes mûres et de formes vieilles, nous n’en devons pas moins nous borner à dire que, bien qu’en traver- sant la rate, le sang éprouve des changements, ces changements ne sont, ni plus ni moins, que ceux qu’il subit en traversant les autres régions du corps. Il reste donc un fait positif facile à contrôler toutes les fois, c’est que, en traversant la rate, le sang s'enrichit de formes jeunes de globules. Par conséquent, la dernière proposition, réunissant les trois précédentes, que nous nous permettrons de formuler au sujet de la fonction de la rate sera: 4-e Proposition. La rate envoie dans le sang les éléments de forme jeune de celui-ci et contribue à écarter les obstacles qui s'opposent au dévelop- _ pement subséquent de ces éléments dans le sang. ES Quelques particularités de la position du médiastin antérieur chez les animaux. Avec 27 dessins dans le texte. Par М. А. В. Voïnitch-Sianogensky. (Travail de la Section de Pathologie générale de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale.) Au cours de nos travaux, dans la Section de Pathologie générale de l’Institut Impérial de médecine expérimentale dirigée par M. le Prof. $. M.Loukianow, sur la question des maladies du péricarde chez les animaux, nous тез frappés de cette circonstance que l’accès de cet organe, du côté du sternum, est loin d’être aussi facile chez tous les animaux. Le degré de rapprochement des sinus médiastino-costaux des plèvres et l’épaisseur de l’intervalle médiastinal qui les sépare sont très divers; mais, en même temps, l’un et l’autre sont si fixes et si typiques pour chacune des es- pèces, qu'ils ne laissent presque aucune place aux différences indivi- duelles. L’étude des particularités du médiastin antérieur, à part l'intérêt général que présentent ces particularités en ce qui concerne leur perma- попсе typique dans les différentes espèces d'animaux, n’est pas dépourvue non plus d’un certain intérêt d'ordre pratique. Parmi les diverses expériences faites sur les animaux, celles qui ont pour objet le cœur sont des plus fréquentes. Dans bien des cas, c’est un problème digne de toute notre attention que d’arriver au cœur sans attaquer la plèvre et sans mo- difier les influences naturelles de la respiration sur le cœur et la cireu- lation du sang. Ces considérations nous ont engagées à essayer d'étudier: de plus près les particularités du médiastin chez les animaux dits de А. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS ETC. 47 laboratoire. Nous avons été encouragés dans cette tentative par l'insuffisance et le manque de précision des renseignements donnés par les travaux publiés jusqu’à ce jour sur cette question. Nous nous sommes bornés, quant à présent, à étudier, au point de vue dont nous venons de parler, les cinq espèces ci-après: chiens, chats, cobayes, lapins et lièvres. Nous avons donné la plus grande partie du temps que nous avons consacré à cette étude, au chien. Bien que cet animal soit du nombre de ceux qui sont les plus habituellement employés dans les laboratoires, son médiastin est moins complètement étudié que, par exemple, celui du lapin. N'oublions pas en outre que les particularités anatomiques du média- stin du chien se retrouvent chez d’autres animaux. Cependant, avant tout, il n’en est pas moins indispensable de déterminer d’une manière plus précise la région que nous nous proposons d'étudier. Tandis que tout le monde s’accorde à comprendre sous le médiastin, envisagé comme un tout indivisible, l’espace entre les plèvres médiastinales, entériement rempli par de nombreux et importants organes et par les cavités lymphatiques ainsi que par un tissu cellulaire lâche abondant, on ne s’est pas encore entendu sur la question de la division du médiastin en ses diverses parties. C’est qu’il est difficile de tracer des limites précises et invariables entre elles. La plupart des auteurs s’en tiennent à la division du médiastin entier en deux média- stins: en médiastin antérieur et en médiastin postérieur; d’autres, comme M.J. Неше*), le divisent en deux parties: la partie supérieure et la partie inférieure. Les mêmes définitions sont appliquées au médiastin des animaux, ce qui occasionne une plus grande confusion encore; par la raison que ce qui, chez l’homme, est en haut, chez les animaux, se trouve en avant; et que la région de devant, chez ceux-ci, devient la région inférieure. Outre cette diversité de dénominations, la chose se complique aussi d’un désaccord au sujet de la limite qui sépare le médiastin antérieur du postérieur. MM. H. Luschka’), Hyrtl‘), Tillaux*) et d’autres regardent la racine des poumons comme la limite entre le médiastin 1) J. Henle, Handbuch der systematischen Anatomie des Menschen; 2. Aufl., Braun- schweïg 1875; II. Vol. p. 880. 2) H. Luschka, Die Anatomie der Brust des Menschen; Tübingen, 1863. 3) J. Hyrtl, Manuel d'anatomie topographique; traduction russe, 1860. 4) P. Tillaux, Anatomie topographique; Paris, 1881. 48 A. В. VOÏINITCH-SIANOGENSKY, QUELQUHS PARTICULARITÉS antérieur et le postérieur, tandis que ММ. №. Г. Pirogoff®), Arnold®) et Zernoff?) admettent que le médiastin antérieur est devant, et le posté- rieur, derrière le péricarde, faisant ainsi une division à part de la région occupée par cet organe. MM. Ellenberger et Baum, dans un travail ®). publié en 1891, distinguent: la région péricardiale moyenne, l’antécardiale et la postcardiale. Certes, l’essentiel n’est pas dans les dénominations; mais de s’entendre, à l’avenir, autant que faire se peut, sur la question de savoir exactement quelle est la région qu’il s’agit d'étudier. Si nous nous en tenons à l'expression «médiastin antérieur», c’est uniquement parce qu’elle а pris pied dans la science, ainsi que le dit Tillaux, et qu’elle est adoptée dans presque tous les manuels quitraitent de l’anatomie des animaux. Au point de vue topographique, cette région répond à la région antécardiale de MM. Ellenberger et Baum et est située sur le trajet allant au cœur en partant du sternum. Par devant et par le bas (ventro-oral), elle est limitée par le sternum, c’est-à-dire par la fascie endothoracique; en haut (dorsal), par le pé- ricarde; sur les côtés (latéral), par les plèvres médiastinales; en arrière (caudal), par le diaphragme; et, par devant (oral), cette région n’a pas de frontières bien marquées, et, suivant le trajet des grands vaisseaux, elle se confond avec le cou. Cette partie du médiastin qui, d’après l’expression de MM. Ellenberger et Baum, met en communication le péricarde avec le sternum, est présentée comme un ligament élastique spécial. En effet, chez certains animaux, dans son ensemble, elle est un doublement des plèvres médiastinales, comme dans le Zig. sterno-pericardiacum medium ou le méso- carde chez l’homme. La dénomination de lig. sterno-phrenico-pericardiacum que j’ai rencontrée chez М. Г. M. Dogiel !°) n’est employée par cet auteur que pour désigner la partie inférieure seulement de се ligament. Toutefois, comme l’idée de ligament ne saurait convenir, au même titre, à tous les animaux, nous avons évité d'employer des expressions rappelant cette idée et nous nous sommes bornés, en tous lieux, à employer la dénomination «médiastin antérieur», sous laquelle nous entendons ce que nous venons de déterminer. Dans nos études sur le médiastin antérieur, à part le procédé babi- ие] de préparation des cadavres et d’examen de la position de cette cloison 5) N.Pirogoff, Anatomia topographica sectionibus per corpus humanum congelatum tri- plici directione ets illustrata; Petropoli, 1859. 6) Arnold, Handbuch der Anatomie des Menschen mit besonderer Rücksicht auf Physio- logie und practische Medicin; 1847, р. 167. 7) D. Zernoff, Manuel d'anatomie descriptive de l’homme; Moscou, 1891, р. 611. 8) W. Ellenberger und H. Baum, Anatomie des Hundes: Berlin, 1891; p. 264. Е J-M. Dogiel, Anatomie, Physiologie et Farnacdlogie du cœur; Kazan, 1895; р. 3 en russe 7 DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 49 chez les animaux vivants, le thorax étant ouvert, nous avons encore eu recours à un procédé, qui consiste à enfoncer des aiguilles afin de prévenir le déplacement du médiastin; nous avons fait aussi des sections à la scie, dans le sens transversal, au travers de cadavres gelés. Le procédé employé par nous pour enfoncer ces aiguilles, ressemble à celui qui fut em- ployé par М. Зарреу!1) quand il étudia la marche des voies urinaires, et par M. Bochdalek12) dans son étude du médiastin antérieur chez l’homme. La première rangée d’aiguilles était dis- posée le long de la ligne médiane du sternum, préalablement dégagé des couches musculaires qui couvrent cette partie du squelette. Profitant des parties cartilagineuses du sternum au point où les côtes s’attachent au sternum, nous y enfoncions, dirigées vers la colonne vertébrale, des ai- guilles longues, suivant la taille de Panimal, de 3 à 7 centimètres. Comme au niveau des premiers cartilages costaux il n’existe pas de partie cartilagineuse, nous enfoncions la première aiguille à l’angle antérieur du manubrium, et la dernière, à la limite des parties osseuse et cartilagineuse de l’appendice xiphoïde; après quoi, nous disposions une rangée d’aiguilles de chaque côté du sternum le long des lignes parasternales; les aiguilles de ces rangées étaient espacées de 0,5 cen- timètre l’une de l’autre. Chez certains animaux, ces trois rangées d’aiguilles suffisaient com- plètement à la fixation de la partie sternale du médiastin; chez d’autres, il était nécessaire de placer des rangées supplémentaires; ces dernières étaient disposées des deux côtés et paral- lèlement aux rangées parasternales à la distance de 0,5 centimètre de celles-ci; les aiguilles de ces rangées étaient également espacées de 0,5 centimètre l’une de l’autre. Dès lors, si on unit par des lignes imaginaires, longitudinales et transversales, toutes les aiguilles de ces rangées, sauf celles de la rangée médiane, entre elles, on а un filet de mailles quadrangulaires de 0,25 centimètre carré. Dans sa longueur ce filet est partagé en deux par une rangée de mailles, dont la largeur est un peu différente selon les dimensions du sternum de lanimal, ou, ce qui revient au même, selon la distance qui sépare l’une de l’autre les lignes parasternales, On trans- porte sur le papier le dessin exact de ce filet de maïlles. On indique sur ce dessin la ligne mé- diane; et on marque par des points la position des aiguilles de la rangée médiane. On enlève le sternum avec les extrémités des côtes qui y aboutissent, le médiastin, le cœur et une partie du diaphragme; dès lors, on peut voir et déterminer quelles sont les aiguilles et les mailles à travers lesquelles passent les bords du médiastin. Ou peut transporter, à ce mo- ment-là, sur le dessin, la figure du médiastin, comme on le fait pour broder sur canevas. Puis, le sternum dégagé de ses muscles et de ses ligaments est placé sur le même filet et fixé, au moyen des aiguilles de la rangée médiane, aux points correspondants qui, précédemment, ont été indiqués sur le dessin. Maintenant, si, au moyen de quelques aiguilles de plus, on fixe plus solidement sur le dessin le sternum, et qu’on en trace la forme avec un crayon finement taillé, on obtient les contours de cet os. Ceux-ci conservent d’une façon assez précise leurs rapports primitifs avec le dessin du médiastin qui a été précédemment relevé. Le dessin, ré- duit de plusieurs fois au moyen du pantographe, est reproduit au net. Nous trouvions les limites des parties osseuses et cartilagineuses en détachant avec un couteau la lamelle super- * ficielle, et nous les indiquions sur Je dessin à l’aide d’un compas. Nous reproduisons ci-après la figure du sternum et des bords sternaux du médiastin que nous avons obtenus par ce procédé; savoir: pour un chien, dessin № 1: pour un chat, dessin № 22; pour un cobaye, dessin 23; pour un lapin, dessin №24; et pour un lièvre, dessin №27. Le sternum du cobaye est reproduit en grandeur naturelle; celui du chien est réduit de 25 fois (en unités carrées); quant aux sternums du chat, du lapin et du lièvre, ils sont réduits (chacun) de 4 fois (également en unités carrées). Bien que ce moyen ne soit pas sans manquer un peu de précision, particu- lièrement lorsque le médiastin est étroit, son utilité relative а été confirmée 11) Зарреу, Traîté d'anatomie descriptive; Paris, 1879. 12) Bochdalek, Ueber das Verhalten des Mediastinums zur vorderen Brustwand, zu den Lungen, zum Herzen und Herzbeutel; Vierteljahrschrift Jür die praktische Heilkunde, 1860. 4 50 А, В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS par les données résultant de l'étude de sections faites à la scie au travers de cadavres de chiens et de lapins congelés. Nous faisions geler des cadavres d'animaux dont les organes de la région pectorale étaient reconnus sains. Comme la position dans laquelle devait avoir lieu la congélation du cadavre pouvait avoir, particulièrement dans la congélation des cadavres de chiens, за répercus- sion sur Ja position du médiastin, la congélation des cadavres avait lieu dans quatre positions différentes, savoir: 19, le sternum tourné vers le bas (debout); 20. le sternum tourné vers le haut (à la renverse); 30. sur le côté droit; 40. sur le côté gauche. Afn - de déterminer l'influence de la respiration, nous fimes à la scie des sections d’un ca- davre de chien congelé dont, préalablement, nous avions rempli les poumons d’air. Pour éviter la rupture du tissu pulmonaire, nous opérâmes linsufflation par la bouche au moyen d’un tuyau dont une des extrémités était solidement fixée à une canule qui pénétrait dans la tra- chée par une plaie trachéotomique. Aussitôt, la trachée était serrée dans une ligature jusqu’à l’aveuglement complet du canal. Nous nous procurâmes aussi des sections à la scie du cadavre d’un chien dont le thorax fut ouvert du côté gauche après la mort, la congélation faite dans la position habituelle de la préparation anatomique, c’est-à-dire sur le dos; ceci avait pour but de montrer l’état dans lequel nous trouvons le médiastin, lorsque nous étudions les cadavres au moyen d’une préparation. Pour que le cadavre conservât cette position, nous suspendions l’animal, par les pieds liés à leurs extrémités, à une barre horizontale sans exercer aucune tension sur le corps; et, pour le maintenir dans la position debout, nous attachions le corps à la même barre. au moyen de ligatures passant à travers la peau et les couches musculaires dans la région de la colonne vertébrale; dans cette position, les pieds de l’animal touchaient à peine le sol et sa tête pendait librement. Pour congeler le cadavre sur le côté, l'animal était placé sur le flanc voulu et étendu sur une planche horizontale. Nous faisions nos sections à l’aide d’une scie passe- partout à dents fines. Afin d'éviter que les faces de la section ne soient salies par les poils de lPanimal, nous avions soin de gratter la peau aux endroits où devait passer la scie, ce qui ne laissait pas d'entamer le muscle; et c’est la raison pour laquelle il se produisit quelques irrégu- larités dans les tracés extérieurs des dessins. Nous nous efforcions de conduire la section perpendiculairement au sternum et de lui donner une épaisseur proportionnée à la taille de Panimal. Pourtant, dans l'impossibilité de palper les espaces intcrcostaux sur un cadavre congelé, nous ne réussimes pas à obtenir des sections identiques, passant dans divers cadavres au travers des mêmes espaces intercostaux. Nous nettoyions les surfaces des sections de la sciure au moyen d’un léger grattage au couteau; après quoi, nous lavions avec un linge trempé dans l’eau chaude, jusqu’à ce que les limites des organes se détachassent avec une suffisante net- teté. Nous placions sur la face de la section un verre transparent, préalablement couvert d’une légère couche siccative de solution aqueuse à un pour cent de gélatine; puis nous relevions le dessin avec de l’encre ordinaire et une plume d’acier. Nous prenions toujours pour notre dessin la face regardant la tête (oral). Quant la préparation était dégelée, nous vérifions chacune des parties. Le moment du commencement du dégel avait à nos yeux une importance particulière ; car ce n’était qu’à ce moment-là que nous pouvions nous reconnaître dans la masse adipeuse informe disposée entre le sternum et le cœur. Au moyen de pinces maniées avec prudence sur la - surface à demi dégelée de la préparation, il était possible de mettre à découvert les limites deslames du médiastin et la disposition des plis adipeux des plèvres (plicae adiposae pleurales), et aussi, de distinguer quelles étaient les parties du tissu adipeux (parfois très abondant)appartenant au muscle cardiaque, au péricarde ou au sternum. Le verre, enlevé de dessus la préparation pour démêler les limites du médiastin, est replacé ensuite dans la même situation qu'avant, en se guidant sur le dessin qui y est tracé; puis on complète le tracé. Nous transposions le dessin du verre sur une feuille de papier et nous obtenions à l’aide du pantographe une réduction de plusieurs fois, de telle sorte que la longueur du dessin ne dépassât pas 8 centimètres. Nous nous efforcions de noter aussi exactement que possible, dans notre dessin, les parties afférentes au médiastin antérieur, telles que les sinus pleuraux, les plis adipeux pleuraux, les bords antérieurs des poumons, le sternum et le muscle cardiaque. Nous ne notions des autres organes que ce qui se détachait de prime abord assez nettement, et ne recherchions pas les détails de peu d'importance. Nous notions toujours, lorsque la préparation était entièrement dégelée, les espaces intercostaux à travers lesquels avait passé la scie près du sternum et de la colonne vertébrale; et nous les avons DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 5] indiqués dans chacun de nos dessins. Nous avons obtenu par ce procédé 48 sections transversales à la scie au travers de dix cadavres de chiens et 2 sections, au travers du cadavre d’un lapin, Nous avons dû renoncer à reproduire une certaine partie de nos dessins, par la raison que quelques uns d’entre eux, bien qu’ils provinssent de différents cadavres de chiens, ne faisaient que reproduire le même tableau anatomique, d’autres, passant en avant au-dessous du dia- phragme, n’avaient saisi que les parties postérieures des poumons sans toucher le médiastin antérieur. C’est ainsi que, sans aucun inconvénient, il nous à paru possible de nous borner, ай ы 2 A us de sections transversales faites au travers de Nos dessins contiennent les indications ci-après. Nous avons négligé de noter lès muscles du thorax, si ce n’est en certains endroits comme dans les dessins №№ 5, 6, 7 et 11 dans lesquels sont indiqués les muscles sternaux, ou dans les dessins №№ 2 et 12, la position du ». longus colli. Les muscles sont partout marqués par des hachures comme le muscle cardiaque lui-même. Les parties osseuses des côtes, des vertèbres et du sternum sont pointillées. Afin de ne pas compliquer les détails, la fascie endothoracique est indiquée, dans quelques dessins seulement, par un simple trait; ce sont les dessins №№ 5, 9, 25 et 26. Nous donnons le dessin № 12 dans le but de montrer le passage du médiastin dans le tissu cellulaire de la base du cou. Les dessins №№ 17 et 26 donnent les rapports du sommet du cœur, chez le chien et le lapin, avec le diaphragme et la paroi thoracique. Les voies respira- toires sont partout indiquées par un seul contour, les vaisseaux et l’oeso- phage, par deux; et le contour intérieur de ce dernier organe a partout la forme d’une étoile irrégulière. [L’épaisseur extrêmement diverse de l’œso- phage et des troncs veineux que l’on observe souvent même dans des sections faites au travers du même cadavre, provient de la distension inégale des veines par le sang et de la distension non moins inégale de l’œesophage par les masses alimentaires qui y arrivent de l’estomac. Nous n’avons indiqué la veine azygos que lorsqu'elle se détachait nettement. Les lobes des poumons, | dans beaucoup de cas, ne sont pas délimitées; parce que, dans les sections, elles se présentaient comme fondues en un tout, et que, faute de temps, il nous а paru gênant de les détacher artificiellemeut ef d’avoir recours à des esquisses supplémentaires: cela d’autant plus que notre attention était principalement concentrée sur l'étude du médiastin antérieur. П faut ranger au nombre des parties qui ne se détachent pas assez nettement dans nos dessins: le ligament de la veine cave inférieure qui est formé des feuillets doublés de la plèvre droite (toutefois, par un relevé supplémentaire nous l'avons eu dans les dessins №№ 7 et 9); puis le ligament pulmonal, le cavum mediastini serosum s. lymphaticum de Sussdorf") et aussi les troncs 13) M. Sussdorf, Giebt es ein wirkliches Cavum mediastini? Deutsche Zeitschrift für Thiermedicin und vergleichende Pathologie, 1892. 4* 52 А. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS nerveux et beaucoup de petits vaisseaux sanguins. Au surplus, toutes ces parties sont dépourvues d'importance essentielle dans la question qui nous intéresse. Nous avons employé dans tous nos dessins le même procédé pour figurer les rapports de la plèvre qui, chez les animaux, а une allure plus com- pliquée que chez l’homme: chacun des feuillets de la plèvre est représenté par un seul trait. Là où, en réalité, il y a deux feuillets pleuraux, nous l’indiquons, dans notre dessin, par deux traits côte à côte, que le doublement soit une simple juxtaposition de deux plèvres (comme lorsque la plèvre costale et la pulmonale se touchent) ou qu’elles se confondent en une seule lamelle (comme dans le ligament de la veine cave, sur les dessins №№ 7 et 9, ou comme dans la cloison médiastinale). Nous employons, d’ailleurs, un trait unique pour indiquer: les plèvres costales, médiastinales, pulmonales, diaphragmales et péricardiales. Nous ne distinguons pas le péricarde à cause de sa trans- parence et de son étroite juxtaposition sur le cœur. Nous l’indiquons dans nos dessins par un coutour entourant le muscle cardiaque. Afin de ne pas surcharger le dessin, la plèvre péricardiale n’est pas représentée par une ligne à part; en réalité, cette plèvre se confond étroitement avec le péricarde. Aussi, partout où lemuscle cardiaque dans nos dessins est entouré d’une seconde ligne, cette ligne représente la plèvre costale ou la plèvre pulmonale. Nous représentons le médiastin antérieur ainsi que le postérieur par deux lignes plus ou moins espacées l’une de l’autre. Ces lignes, sans se confondre nulle part, aboutissent au muscle cardiaque ou au péricarde et se coufondent avec celui-ci sur toute l’étendue de la plèvre péricardiale. Cette dernière, ainsi que nous l’avons déjà dit, n’est pas figurée par un trait à part. Quelque serrés que soient l’un contre l’autre les feuillets pleuraux du médiastin antérieur, il a été laissé toujours entre eux un passage allant du sternum au cœur. En certains endroits, le médiastin а une allure tortueuse que mon- trent les dessins №№ 8 et 9 et le dessin schématique № 5. Cependant on ne peut pas toujours être assuré de conserver exactement la disposition primitive des sinuosités, après le travail fait sur la préparation avec la pince; c’est pourquoi, dans beaucoup de cas, il nous a semblé préférable de nous borner à indiquer le point initial du médiastin antérieur au sternum, et le point ter- minal au péricarde, en unissant ces deux points par une ligne droite double, et sans indiquer les sinuosités, qui en réalité sont fréquentes. Le dessin schématique № 5 comble une lacune dans l’étude de certaines parties du média- stin antérieur du chien. Partout où, dans les conditions normales, les poumons adhèrent immédiatement à la paroi thoracique ou au médiastin, ils sont entourés d’un double trait contournant (la plèvre pulmonale répond au contour intérieur et la plèvre costale ou médiastinale, au contour extérieur). DE LA POSITION DU МЕТА ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 53 Nous indiquons, dans les dessins №№ 3 et 4, par un écart considérable du double trait, la formation dans les plèvres de la région remplie d'air. Là où la section а passé sur la racine du poumon, les traits contournants sont inter- rompus, puisque le tissu des poumons lui-même n’est pas indiqué d’une manière spéciale. En réalité, à cet endroit, la plèvre fait un détour; de sorte que les extrémités des traits dans ces dessins devraient être fermées; toutefois nous les avons laissées séparées, afin de montrer que nous n’avons pas étudié exactement le point du passage, cela par la raison qu’il ne se faisait pas nettement voir dans les sections, et que nous nous sommes efforcés d’éviter au- tant que possible les simplifications artificielles. On remarque, dans beaucoup de dessins, up écartement des traits contournants doubles des poumons aux bords antérieurs de ceux-ci (dans les dessins №№ 8 et 10, par exemple); il reste donc une espèce de vide entre la plèvre pulmonale et le médiastin antérieur. En réalité, ce vide est rempli par les plis adipeux de la plèvre, dont nous avons parlé précédemment. Afin d'éviter de surcharger les dessins, nous n’a- vons indiqué ces plis nulle part, si ce n’est dans le dessin schématique № 5. Nous avons employé dans nos dessins les abréviations ci-après: Aa — aorta ascendens, Ое — oesophagus,, аА — атсиз aortae, Ра — plica adiposa pleuralis, Aan — arteria anonyma, Pd, Ps — pulmo dexter et sinister, AC — apex cordis, PI — pleura, Асс — arteria сатойз соттитлз, Ре — pleura costalis, Ad — aorta descendens, Pid — pleura diaphragmatica, Asd, Ass — arteria subclavia dextra et sinistra, Plm — pleura mediastinalis, Atd, Ав — atrium dextrum et sinistrum, Pr — pericardium, B — bronchus, S' — sternum, Bd, Br — bronchus dexter et sinister. Sc — stratum cellulosum (tela adiposa), Cpl — cavum pleurae, T — trachea, D — diaphragma, Va — vena azyg0s, Ft — fascia endothoracica, Ус — vena cava inferior, С — glandula thymus, Ус; — vena cava superior, В Ms — musculus sternalis, Vd, Vs — ventriculus dexter et sinister, Mic — musculus longus coll, Ур — vena pulmonalis. Ayant ainsi terminé les explications indispensables à la facile intel- ligence de nos dessins, nous allons passer à l’examen du médiastin antérieur chez les animaux; et nous commençons par le chien. I. — Lorsque nous examinons la cavité thoracique chez le chien après l'avoir ouverte des deux côtés, nous nous trouvons habituellement en présence du tableau ci-après: les organes que renferme le thorax, se sont écartés de la paroi thoracique antérieure et reposent sur la colonne vertébrale; l’espace libre qui s’est formé de la sorte est séparé en deux par une fine cloison transparente, 54 д. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS et cette cloison se trouve à peu près dans le plan sagittal de la cavité entre le sternum et le péricarde. Lorsque le thorax n’est ouvert que d’un côté, toute la différence, c’est que les organes étant déplacés vers la colonne ver- tébrale sont, en outre, refoulés vers le côté non ouvert du thorax. C’est aussi dans cette direction que va se placer la cloison péricardo-sternale. S’avançant sous forme arrondie, elle s'applique, sur une étendue plus ou mois grande, dans la région des cartilages costaux, entre la face intérieure du thorax. Cette cloison n’est pas lisse; elle est sillonnée de boursouflures, ayant la forme de poches dont la concavité est tournée vers la plaie du thorax. En examinant ces boursouflures plus attentivement, on remarque qu’elles se sont formées aux endroits de la cloison relativement les plus tenus, aux points qui ont cédé plus facilement à la pression de l’atmosphère. Quelle que soit la position que nous donnions au cadavre, la disposition des organes, d’une manière générale, reste la même; mais il suffit d'ouvrir l’autre côté du thorax, et la cloison péricardo-sternale toute entière passe dans le plan médian du thorax; en même temps les boursouflures s’effacent, et les or- ganes thoraciques sont refoulés vers le milieu. Ainsi, cette expérience fixe l'importance de la pression atmosphérique d’une manière suffisamment évidente. Lorsqu'on ouvre un côté du thorax d’un chien en vie, on se trouve en commençant en présence du même tableau que dans le cadavre; mais, bientôt, la forme bombée de la cloison disparaît; celle-ci devient plate et ses boursouflures ne se dessinent plus que pendant l’inspiration; dans l’expira- tion elles se gonflent en sens contraire et, parfois même, elles passent à travers la plaie opératoire, Ce phénomène est produit par l’accumulation d’une petite quantité d’air dans la cavité de l’autre plèvre. Le pneumo- thorax unilatéral devient bilatéral, parce que, semble-t-il, l’air passe à travers les parties perméables de cette cloison. L’animal peut succomber à l’asphyxie, si on n’a recours à la respiration artificielle; toutefois, souvent, contre toute attente l’asphyxie complète n’a pas lieu, et cela malgré la prolon- gation de l'expérience. Il est probable que, dans ce cas, l'introduction de l’air dans la cavité de la plèvre non ouverte est arrêtée grâce à l’établissement d’un certain équilibre entre la pression externe et la pression interne de la plèvre. Par rapport au péricarde, au sternum et au feuillets pleuraux dont elle est formée, la cloison péricardo-sternale constitue la partie antério- inférieure du médiastin, ou, ainsi que nous en sommes convenus plus haut, le médiastin antérieur. On ne peut certes pas partout diviser cet organe en ses parties constitutives, c’est-à-dire en deux feuillets pleuraux. Ceci se fait le plus facilement dans l’espace compris entre les premières et les troisièmes côtes, près du thorax, au point où, dans l'épaisseur du LA DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX, 55 médiastin et au milieu d’un tissu cellulaire lâche peu abondant, s’incrustent les glandes médiastinales et aussi la glande thymus qui, chez les chiens adultes, est atrophiée. À partir delà, dans la direction vers les gros vaisseaux et la base du cœur, le tissu cellulaire lâche du médiastin disparaît presque entièrement, et il devient très difficile de séparer les lamelles de cette cloison. Dans d’autres parties du thorax, à l’endroit où les plèvres costales deviennent mé- diastinales, on réussit également à dédoubler le médiastin; mais, un peu plus loin, près du péricarde et du diaphragme, les lamelles pleurales s’ap- pliquant étroitement l’une sur l’autre et le tissu cellulaire disparaissant entiè- rement, le médiastin devient aussi mince qu’une feuille de papier à ciga- rette. Le long des petits vaisseaux du médiastin il se détache un tissu adipeux, et, là aussi, sur une faible portion de cette cloison, on parvient à la séparer en deux feuillets. Grâce à son extraordinaire élasticité, le thorax étant intact, le médiastin antérieur n’atteint jamais une longueur aussi exagérée que dans le pneumothorax (du sternum presque jusqu’à la colonne vertébrale); cependant, par endroits, il forme des plis, ainsi que le montre le dessin ci-dessous. Aïnsi, И est abso- lument impossible, chez le chien, d’at- teindre le péricarde ou le cœur, du côté du sternum, même à l’aide de l’aiguille la plus fine, sans blesser l’une ou l’autre plèvre, voire, en même temps, les deux plèvres. En d’autres termes, les deux sinus médiastino-costaux en- veloppent étroitement, par devant, le péricarde et le cœur et ne sont séparés l’un de l’autre que par la cloison du médiastin antérieur, qui est extrême- ment mince et même perméable à l'air. Ces particularités du médiastin chez ie chien sont indiquées avec une suffisante netteté dans notre dessin №1 établi d’après le procédé que nous avons décrit précédemment et qui соп- siste à enfoncer des aiguilles dans le y thorax. On peut s'expliquer larelation du médiastin antérieur avec le sternum et les espaces intercostaux en suivant sur le dessin la marche et la posi- tion des deux traits, étroitement rapprochés l’un de l’autre, qui représentent 7 l у 7 / l. / и \ А 5 1 [> р DRE: Г. ) > 56 А. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS respectivement la limite de la plèvre costale, d’une part, et, d’autre part, des plèvres médiastinale et diaphragmale. Cette dernière plèvre, suivant la forme du diaphragme, а un tracé bombé; mais, dans notre dessin, nous пе représentons que la limite de son bord inférieur. Remarquons que les dessins des sternums d'animaux sont disposés de la même façon que les dessins des sections transversales, c’est-à-dire qu’on suppose que l’animal présente à l'observateur la tête et le thorax, et que le côté droit de l’animal répond au côté gauche du lecteur, et à l’inverse. Les plèvres médiastinales, qui s’écartent beaucoup l’une de l’autre à la hauteur des premières côtes, se rapprochent aux premiers espaces intercostaux, où elles ne sont séparées que par la lar- geur du sternum; la plèvre droite s’étend derrière le corps du sternum, et la gauche, au bord gauche du sternum et latéralement à celui-ci. Au second espace intercostal, l’écartement des lamelles pleurales dépasse parfois la lar- geur du sternum; le sternum est, d’ailleurs, en général, relativement très étroit chez le chien. А cet endroit, au milieu du tissu cellulaire lâche, outre les glandes médiastinales, se trouvent les vasa mammaria interna qui, au deuxième espace intercostal, se rapprochent du sternum et s’engagent sous les muscles sternaux. A la hauteur du bord supérieur de la troisième côte, après l’entrée des vaisseaux mammaires sous les muscles sternaux, les plèvres médiastinales se rapprochent brusquement en s’étendant derrière le sternum un peu plus près de son bord gauche et, parfois, tout à fait le long de la ligne médiane (се qui ne constitue pas une grande différence, vu l’étroi- tesse du sternum) et continuent ainsi dans toute la longueur du sternum jusqu'à l’élargissement de l’extrémité de l’appendice xiphoïde où elles rencontrent le diaphragme. Telle est la disposition du médiastin chez les chiens très gras (c’est un animal en cet état qui servit à notre dessin); quant aux chiens très amaigris, leur médiastinum est plus étroit que leur sternum même dans la portion qui va de la deuxième à la troisième côte. Dans notre dessin, le sternum est réduit de 25 fois sa grandeur naturelle. La meilleure condition pour déterminer la situation occupée par le médiastin entre le sternum et le péricarde est celle que fournissent les sections transversales à la scie dans des cadavres congelés avec ou sans ouverture de la cavité thoracique. Les dessins №№ 2, 3 et 4 ci-après donnent la figure de sections transversales dans un chien de forte taille auquel, après la mort, il fut pratiqué le pneumothorax gauche au moyen d’une incision de la plèvre au septième espace intercostal gauche. Le cadavre fut soigneusement congelé dans la position horizontale, le sternum en haut. Les dessins sont réduits de 16 fois. Les sections ont passé: dans le dessin №2, au sternum, à ‘a hauteur des troisièmes espaces intercostaux et, à la colonne ver- DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 57 Fig. 2. | Fig. 3. tébrale, à la hauteur des quatrièmes côtes; dans le dessin № 3, au sternum, à la hauteur des cinquièmes espaces intercostaux, et, à la colonne vertébrale, à la hauteur des sixièmes côtes; dans le dessin № 4, au sternum et à la colonne vertébrale, à la hauteur des huitièmes espaces intercostaux. Ces dessins montrent que Pair а pénétré également dans la plèvre droite, bien qu’en quantité peu importante, si on en Juge par les dimensions relativement moindres de la cavité pleurale droite et aussi par la déviation du médiastin antérieur vers la droite; ceci prouve que, dans la cavité de la plèvre droite, la ten- sion produite par la pression de Раш est moindre. On voit, dans le dessin № 3, comment le mé- Fig. 4. diastin antérieur, après avoir dévié vers la droite, s’étale, dans la région des parties cartilagineuses des côtes droites, sur un certain espace de la surface de la plèvre costale. Dans 58 А. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS le dessin № 4 comme dans le dessin № 3, les bords de la boursouflure du médiastin sont indiqués par un pointillé et le fond par une double ligne, parce que celui-ci est formé par les lamelles inséparables du médiastin. Lorsque les préparations furent dégelées, nous ритез voir que, sur les bords des boursouflures, il passe des vaisseaux sanguins qui, malgré leur ténuité, résistaient davantage à la pression de l’air que les lamelles du médiastin. Par les trois dessins, on peut se rendre compte de l’extrême longueur à la- quelle, grâce à son élasticité, peut atteindre le médiastin. Les organes tho- raciques sont comprimés sur la colonne vertébrale et déviés vers la droite, particulièrement le coeur qui s'appuie, par l’oreillette droite, sur la plèvre costale droite (dessin № 3). La formation des cavités pleurales remplies d’air a été la conséquence de l’affaissement des poumons au dépens desquels, en grande partie, elle s’est produite. Les poumons, chez les chiens, ont une si grande élasticité que, dans leur état d’affaissement, ainsi que le montrent nos dessins, ils n’occupent qu’une petite partie des cavités pleurales. Le sommet du poumon gauche dépasse au-dessus de la première côte davantage que celui du poumon droit. Nous ne donnons pas ici le dessin représentant la po- sition de ces sommets; nous nous bornerons à faire remarquer que ce dessin fut levé sur une section faite à la hauteur du cou et passant par les têtes des os brachiaux. Le médiastin postérieur est très sensiblement contracté; l’œsophage est aplati. Le diaphragme est très bas, particulièrement dans sa partie gauche (nous n’en donnons pas le dessin). Le cœur est séparé du diaphragme; cepen- dant Па été déplacé suivant l’axe longitudinal dans la direction de cet organe. Il est bien possible que ce déplacement а1 eu pour cause une sorte de traction du diaphragme sur le péricarde. Chez le chien, le péricarde ne couvre pas le diaphragme comme chez l’homme, il est rattaché à cet organe au moyen de ligaments formés de la plèvre médiastinale doublée. Deux autres dessins que nous avons par devers nous témoignent encore du déplacement du coeur suivant son axe longitudinal. Dans l’un d’eux (que nous ne donnons pas ici), une section, passant à travers les neuvièmes espaces intercostaux, a saisi le sommet du cœur (qui habituellement se trouve au huitième espace intercostal); une autre section (dessin № 2) a à peine effleuré l’arc de l’aorte et les bords des oreillettes aux troisièmes espaces intercostaux (ce qui a lieu habituellement, quand le thorax n’est pas ouvert, au deuxième espace intercostal). Chez aucun des animaux dont il sera parlé ci-après, l'ouverture du thorax n’entraîne des changements, dans la disposition des organes tho- raciques, aussi considérables que chez le chien. Pour se rendre compte de l'importance relative du déplacement des organes dans le pneumo- thorax, il suffit de jeter un coup d’œil sur les dessins des sections transver- DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 59 sales faites au travers de chiens dont le thorax n’avait раз été ouvert. Malgré la différence des positions du corps, les dessins nous montrent que le cœur se maintient toujours près de la paroi antérieure du thorax dans la région du sternum. Cependant il est fort douteux que le cœur soit, dans aucune mesure, entraîné dans cette position par une traction ve- nant du médiastinum antérieur. Ce dernier en raison de sa faiblesse, de sa ténuité et de son extrême élasticité ne peut même pas s'opposer aux dépla- cements latéraux du cœur, qui sont assez sensibles, ainsi, d’ailleurs, que nous le montrerons dans la suite. Le cœur glisse à droite ou à gauche le long de la surface interne de la paroi thoracique ne trouvant, semble-t-il, d’autre appui que dans la résistance des bords des poumons. Le médiastin antérieur, au contraire, est parfaitement apte à ces déplacements, grâce à sa longueur qui est considérable et comme constituant une réserve. Le média- stin doit son extrême longueur, dans le pneumothorax, non seulement à се qu’il s'étend, mais aussi à ce que les nombreux plis qu’il forme, à l'instar des pétales d’une fleur, se déploient en même temps que les plis adipeux sous- pleuraux qui s’y trouvent parfois. Afin de mettre en évidence la disposition des plis du médiastin et des plis adi- peux, nous don- nons le dessin schématique № 5 de la section du médiastin d’un chien, faite au niveau des sixi- èmes côtes, en grandeur naturelle. Nous représentons le médiastin par un trait en Zigzag double qui va du sternum ou de la fascie endothoracique au péricarde. Afin de ne pas surcharger le dessin, la fascie n’est indiquée qu'au sternum par un trait ситуе; саг, au delà, cette fascie s'étend entre les plèvres costales et les muscles sternaux. Ces muscles sont marqués par leur bord ex- térieur au moyen d’un pointillé. Les plis adipeux sont désignés par des ha- chures. Il est vrai que le médiastin ne suit pas toujours une allure aussi tortueuse et que cette allure n’est pas non plus celle qu’il a dans toute son Fig. 5. 60 ` А. В, VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS étendue ; ainsi, par exemple, au niveau des troisièmes côtes, il est plus court et n’est plus plissé. Mais ceci ne diminue en aucune façon la portée de notre opinion, à savoir: que l’influence de la traction du médiastin sur la position du cœur au ster- num, par son insignifiance, ne vaut guère la peine qu’on en parle. Pour étayer cette opinion, nous donnons des dessins de sections transver- sales au travers d’un chien, à la réduction d’un quart (dessins №№ 6 et 7). Le Fig. 6. chien dont il s’agit avait été congelé dans la même posi- tion, le sternum en haut, que celui qui servit aux sections figurées dans les des- sins №№ 2, 3 et 4. La section qui répond au dessin № 6 passa, au sternum, au niveau des qua- trièmes côtes, et au niveau des sixièmes espaces intercostaux, à la colonne vertébrale; la section qui fait l’objet du dessin № 7 passa dans les septièmes espaces intercostaux, par devant comme par derrière. Comme les côtes sont ш- fléchies non seulement suivant Гахе transversal, mais aussi suivant l’axe longi- tudinal du corps, et que leur courbure est dirigée du côté de la tête de l’animal, les sections (celles qui passent dans les septièmes espaces intercostaux, par exemple) saisissent toujours les côtes qui se trouvent au-dessus (les sixièmes côtes par exemple, et, si la courbure est très prononcée, même les cinquièmes). Malgré cet inconvénient, П nous а semblé préférable, dans le décompte des côtes, de nous en tenir aux points, d’une fixité relativement plus grande, pris sur le sternum et la colonne vertébrale. Ainsi, en comparant les dessins № 6 et 7, d’un côté, avec les dessins №№ 2, 3 et 4, d'autre part, nous sommes fondés à conclure que le cœur du chien est maintenu au sternum uniquement par la pression de l’air, trans- mise par les poumons. La force de sa compression contre la paroi thora- cique, la traction élastique des poumons restant la même, dépend presque entièrement de la hauteur de la pression atmosphérique. Certes, il ne faut ‘ DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 6] pas dédaigner un autre fac- teur d’une importance rela- tivement peu considérable: le poids propre de l’organe. La valeur relative de ce facteur peut être étudiée en comparant les sections transversales de chiens sou- mis à la congélation dans différentes positions. Un examen rapide des dessins que nous donnons plus bas, nous permet de constater que les déplacements du cœur, dûs à l’influence des positions différentes dans lesquelles à lieu la congéla- tion, sont très insignifiants 5 comparés à ceux que déter- Fig. 7. mine l’ouverture du thorax faite dans la même position du corps. Le peu d’importance relative du se- cond facteur, c’est-à-dire du poids du cœur, est donc hors de doute. Nous revenons aux dessins №№ 6 et 7. L’animal étant sur le dos, si on fait abstraction des vaisseaux partant du cœur, on peut envisager cet organe comme un corps flottant librement et ne s’enfonçant dans le tissu pulmonaire surtout qu'autant qu’il y est sollicité par son propre poids. On peut consi- dérer dans le cadavre l’élasticité du milieu, — dans le cas qui nous occupe, c’est l’élasticité des poumons, — comme constante. C’est cette élasticité qui empêche le cœur de s’enfoncer tout à fait; aussi une partie de cet organe demeure-t-elle non recouverte par les bords des poumons. Dans la position debout, le cœur tend à se dégager du tissu pulmonaire etles bords des poumons s'ouvrent largement, ainsi que le montrent les dessins №№ 8 et 9, qui ont trait au cadavre d’un chien congelé dans la position debout. Ces dessins sont réduits au seizième. Dans le dessin № 8, la section а passé au niveau des quatrièmes-côtes, et, dans le dessin № 9, au niveau des cinquièmes côtes en avant, et, par derrière, au niveau des septièmes espaces intercostaux. En étudiant les dessins №№8 et 9, ilsaute aux yeux, au surplus, que le cœur n’est pas défiguré, comme il l’est lorsque cet organe subit la congéla- tion hors du thorax, déposé sur une table, par exemple. Si, lorsque la congélation 62 А. В. VOÏNITCA-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS АА \ \\ с K NT Fig. 8. Fig. 9. a lieu dans la position sur le dos (et même, peut-être aussi dans la position sur l’un ou l’autre flanc), on peut expliquer la conservation de la forme du cœur par cette circonstance, que l’organe repose sur un coussin mou, formé par le tissu pulmonaire; dans la position debout, il n’en est pas de même: le cœur re- pose sur une base plus résistante et plus dure. Dans ce cas, les angles pro- duits par la non-correspondance de la courbure de la surface du cœur avec celle de la paroï thoracique, sont comblés, il est vrai, par le médiastin re- plié sur lui-même et les plis adipeux de la plèvre (voyez les dessins №№ 5, 8 et 9); cependant le cœur est inévitablement, et par une partie très étendue de sa surface, en contact avec la paroi interne, plus dure, du thorax. Là, le muscle cardiaque n’est séparé des côtes que par une couche de tissus qui, bien que formée de plusieurs lames, est très mince; се sont: le péricarde avec la plèvre péricardiale qui en est inséparable, la plèvre costale, la fascie endo- thoracique et les muscles sternaux. Toutefois, malgré le peu d’épaisseur de cette couche (particulièrement chez les chiens maigres) on n’observe jamais, sur le muscle cardiaque extrait d’un cadavre congelé, de traces de la com- pression produite par les côtes, ou l’aplatissement du muscle aux points de contact. Le même fait, nous voulons dire la conservation de la forme du cœur, est confirmé par les dessins №№ 10 et 11, reproduisant des sections transversales au travers d’un chien maigre congelé dans la position debout. DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ Ces dessins sont réduits au quart; et les sections ont passé, dans le dessin № 10, au niveau des cin- quièmes côtes, et, dans le dessin № 11, au niveau des sixièmes espaces intercostaux. Certes, il n’est pas possible de nier le rôle du plancher sur lequel repose le cœur quand il subit la congélation, mais le des- sin № 3 nous met en droit de considérer ce role comme très insignifiant. Nous voyons dans ce dessin l’aspect défiguré, la forme presque triangulaire prise par le muscle cardiaque en se congelant sur un plancher formé du tissu LES ANIMAUX. 63 Ps Fig. 10. pulmonaire (affaissé, | est vrai) et du tissu cellulaire du médiastin postérieur, et s'appuyant, en outre, légèrement sur le sac péricardiaque que le média- stin antérieur attire vers le ster- num. Bien que le médiastin pos- térieur soit plus compact et moins flexible que le médiastin anté- rieur, dans la congélation dans la position debout, si nous en jugeons par la disposition des plis adipeux sur le sternum, le sac péricardiaque n’est pas dis- tendu par le médiastin postérieur (dessins №№ 8 et 9). Ces plis dont nous reparlerons plus loin, ne peuvent prendre cette dispo- sition qu’à la condition qu'ils ne soient pas tendus, et que le sac péricardiaque se meuve librement autour du cœur. Il suffit d’ouvrir le thorax, l’animal conservant la même position debout, et, grâce à la contraction des poumons et au raccour- cissement du médiastin postérieur, le cœur, avec le sac péricardiaque, sera 64 А. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS entraîné vers le haut loin du sternum. Ensuite, nous trouvons toujours les plis adipeux défaits, et ce n’est pas sans quelque effort qu’ils peuvent être ramenés dans la situation où nous les trouvons dans les dessins № 8, 9 et 5. Si on fait abstraction de l’influence du plancher et de la suspension, il convient d'attribuer la stabilité de la forme du muscle cardiaque dans la cavité pectorale non ouverte, principalement à cette circonstance que ce muscle n’est pas exposé à la pression atmosphérique de l’extérieur. Cette pression, même sur le cadavre, est compensée par la tension élastique des poumons; et, bien que le cœur ne subissant aucune surcharge obéisse dans ses changements de forme aux lois de la pesanteur, l’influence de son propre poids n’amène aucune déformation sensible, si ce n’est une légère modification de ses diamètres; nous reparlerons de ceci plus loin. L’animal étant debout, les bords des poumons, cédant en quelque sorte sous le poids du cœur, s’effacent (dessins №№ 10 et 11); en même temps la surface de contact du cœur avec la paroi du thorax atteint des dimensions considérables. De sorte que les parties latérales de la surface sternale du cœur seules, sous la dépendance de la position du corps, tantôt s’écartent tantôt se rapprochent de la paroi thoracique; quant à la partie moyenne de cet organe, elle ne perd jamais le contact de la paroïithoracique. Aussi n’y a-t-il pas lieu de s’arrêter à envisager un changement quelconque de la distance séparant cette partie du cœur du sternum (dans la direction de la colonne vertébrale), la poitrine demeurant fermée. Si dans divers dessins (dans les des- sins №№ 6 et 7, d’une part, et les dessins №№10 et 11,d’autre part, par exemple) cette distance n’est pas la même, cela ne tient pas à la différence de position du corps: la cause en est dans le développement inégal de la graisse sous- pleurale et, en partie, dans la forme variable de la surface interne du thorax; car la graisse tend à remplir les angles. Nous trouvons la preuve de la jus- tesse de cette manière de voir dans les dessins №№ 8 et 9. En comparant ces dessins avec les dessins №№ 6 et 7, nous trouvons que, quelle que soit la position du corps, la situation du muscle cardiaque par rapport au ster- num est, à peu de chose près, la même, Comme le médiastin antérieur se dirige du sternum à la surface du péricarde et du cœur, en suivant de préférence le plan médian, à priori, nous ne pouvons admettre que les positions du corps, dans lesquelles le plan mé- dian demeure vertical, puissent influer d’une manière sensible sur sa situation. Et, en effet, nous n'avons pu observer aucune différence dans la position du médiastin antérieur, le cadavre étant debout ou renversé sur le dos. Le corps étant dans l’une de ces deux positions, le médiastin antérieur a la position ci-après: dans la région de la première côte, en avant, il est court, 7 + DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 65 large et passe dans le tissu cellulaire de la base du cou, en même temps sa plus grande partie se trouve à gauche de la ligne médiane; dans la région des deuxièmes et des troisièmes côtes, il occupe au sternum la position in- diquée par le dessin № 1, mais, plus loin, dans la direction de la base du cœur, il dévie, d’une manière plus ou moins sensible, vers la gauche, parce que là le bord du poumon droit dépasse la ligne médiane sur la gauche; à partir de la troisième côte et, approximativement, jusqu’à la septième, le médiastinum antérieur а une longueur considérable et forme des plis, se disposant dans le plan médian. Comme, sur ce trajet, le muscle cardiaque s’applique au sternum, les points initiaux du médiastin, au sternum, et ses points terminaux, au péricarde, arrivent presque à se toucher. Du niveau des huitièmes côtes au diaphragme, conformément à la position du sommet du cœur, le médiastin dévie vers la gauche. Aïnsi, dans les positions du cadavre dont nous venons de parler, le médiastin antérieur joue le rôle d’un tampon qui complète le chéneau entre le sternum et la surface du cœur; il est aidé dans cette fonction par les plis adipeux de la plèvre péricardiale. Tantôt ses plis s’enchevêtrent formant avec le médiastin antérieur une seule masse, comme dans le dessin № 5, tantôt ils s’en détachent et suppléent au manque d’acuité des bords des poumons, comme dans les dessins №№ 10 et 11. La mobilité du péricarde est, semble-t-il, la condition sine qua non pour que les plis adipeux puissent remplir leurs fonctions d’une manière satisfaisante. Si on enlève du ca- davre le cœur avec le péricarde, le médiastin et le sternum, on observe aisément qu’il existe des dépôts adipeux, en plusieurs points, entre la lame fibreuse du péricarde et la plèvre qui le recouvre. La manière dont se dispose le tissu adipeux est assez variable; toutefois, sa masse principale est répartie sur la surface sternale du péricarde et déposée sous forme d’anneau. Le bord le plus large de cet anneau adipeux se trouve sur le péri- carde au sommet du cœur, et le bord le plus étroit, à la base de cet organe. Cet anneau est partagé en deux, dans le sens longitudinal, par une légère couche adipeuse, faiblement marquée, qui répond au point où les feuillets du médiastin antérieur passent sur le péricarde. Les parties latérales de cet an- neau se dessinent sous la forme de rouleaux qui vont en s’épaississant au fur et à mesure qu’ils se rapprochent du sommet du cœur et finissent par former des lobes se détachant librement dans la cavité de la plèvre. Des formations sem- blables chez l’homme ont été décrites par M. H. Luschka !#) sous le nom de plicae adiposae pleurales. On arrive à observer, chez les chiens gras, que, à 14) H. Luschka, Die Anatomie des Menschen; Tübingen, 1863; р. 398. 5 66 А. В. VOÎNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS partir de la base du cœur et correspondant avec le trajet des grands vais- seaux, il existe une communication ininterrompue du tissu de la couche adi- peuse que nous venons de décrire, avec le tissu cellulaire lâche de la base du cou 15). D'autre part, cette couche communique avec les dépôts adipeux du médiastin antérieur disposés, ainsi que nous l’avons dit, le long des petits vaisseaux. Les sections de cadavres congelés dont nous avons donné les des- sins jusqu'ici nous permettent de penser que, le thorax n’étant pas ouvert, les lobes adipeux atteignent une longueur plus considérable, et que, dès que je thorax est ouvert, ils semblent se fondre. Quoi qu'il en soit, la dispo- sition de ces lobes est très diverse. Ils remplissent les poches des sinus pleu- raux, ils se roulent en pelottes compactes avec le médiastin antérieur et, sous cette forme, se plaçant devant le cœur, ils donnent à cet organe le moyen de s’écarter du sternum à la distance de tout leur volume. Ces lobes adipeux empêchent de distinguer avec netteté la disposition du médiastin antérieur, lorsqu’on étudie cette cloison dans les sections transversales; et, dansce cas, il est aisé de confondre la masse adipeuse informe, disposée entre le cœur et le sternum, avec le tissu cellulaire lâche du médiastin antérieur. Dans les dessins de sections transversales donnés par MM. Ellenberger et Ваим 16), cette masse adipeuse informe est représentée par une teinte bleue et forme comme une large limite entre les sinus pleuraux; quant à la lame du médiastin antérieur qui, en réalité, sépare ces sinus, il n’est indiqué par rien. Sans même avoir recours à la con- gélation, on peut se convaincre de la longueur relative des lobes adipeux lorsque le thorax n’est pas ouvert. Si l’on met le cadavre d’un chien sur le dos, que l’on dégage le sternum de la couche de muscles qui le recouvrent et que l’on enfonce des aiguilles longues, fines et aiguës dans les sixièmes espaces intercostaux, tout près du sternum, on saisit dans ses aiguilles les bords des lobes; ceci est confirmé par l’autopsie subséquente et l’examen de la cavité thoracique. Pour montrer comment le tissu cellulaire pauvre du médiastin an- térieur devient le tissu cellulaire abondant de la base du cou, nous donnons le dessin №12, réduit au quart de la grandeur naturelle. La section а passé au niveau des premières côtes. Ce dessin montre que les feuillets du médiastin antérieur s’écartent beaucoup l’un de l’autre au niveau de la première côte. Entre eux se trouve un tissu cellulaire lâche, en couches particulièrement abondantes entre les 15) C’est la raison pour laquelle les suppurations se produisant dans le tissu cellulaire lâche du cou neuvent se propager dans les plis dont nous parlons. 16) W. Ellenberger und H. Baum, la page où est le 8-e renvoi. DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 67 sommets des poumons, la ARTE veine cave supérieure et le sternum. Le long des grands vaisseaux, се tissu s'étend en avant et en arrière; de sorte que, dans la région des premières côtes, toute limite entre le médiastin antérieur et le postérieur disparaît. C’est sur cette circonstance que s’est fondé M. Pansch!?) pour deman- der que les termes de «mé- diastin antérieur» et de «médiastin postérieur» soi- ent rayés de la terminologie anatomique et remplacés 5 par les expressions «partie 9. 12. antérieure» et «partie postérieure» du médiastin, cette cloison étant envisagée dans son ensemble et comme un tout indivisible. Les cinq dessins que nous donnons ci-après sont faits en vue de l’étude du médiastin, l’animal étant sur le flanc. Les dessins №№ 13 et 14 se rap- portent à un chien congelé couché sur le flanc droit, et les dessins №№ 15, 16 et 17, à un chien congelé couché sur le flanc gauche. Tous sont réduits au quart de la grandeur naturelle. La section à laquelle se réfère le dessin №13, а passé au niveau des sixièmes côtes, et celle du dessin № 14, au ni- veau des huitièmes côtes. On voit, dans le dessin №13, que la plus grande partie du muscle car- diaque est placée à droite du plan médian; tandis que lorsque le plan mé- dian est vertical, à ce niveau, la plus grande partie du cœur est à gauche, ou tout au moins il est partagé en deux moitiés égales par ce plan. Dans le dessin № 14, bien que la plus grande partie du muscle cardiaque soit à gauche, il convient de reconnaître, ne fût-ce qu’à cause de la déviation vers la droite du médiastin antérieur, que, dans la position debout, le cœur se- rait encore plus à gauche, et qu’il n’a été déplacé vers la droite que lorsque le corps a passé de la position verticale à celle du décubitus sur le flanc. 17) Ad. Pansch, Æléments de Vanatomie de Vhomme; traduction russe de A. Tare- netzky. St. Pétersbourg, 1888. : 5 68 A. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PARTICULARITÉS On remarque, bien que dans une mesure moindre, la même déviation du média- stin vers la droite, dans le dessin №13. Il est évident que le cœur se déplace vers la droite en refoulant les bords du poumon droit, alors que le‘poumon gauche s’avance d'autant vers le plan médian. Nous trouvons dans les trois dessins suivants, qui représentent le décubi- tus sur le flanc gauche, des rapports entièrement орро- sés et exprimés d’une ma- nière considérablement plus sensible. au sternum, au niveau du troisième espace intercos- tal, et, à la colonne verté- brale, à la hauteur des cinquièmes côtes. Ce dessin montre jusqu'où, sur la gauche, а dévié le médiastin antérieur, et combien le bord du poumon droit a dépassé le plan médian dans la même direction. Dans le dessin № 16, la section a passé de biais: en avant, au niveau de la cinquième côte, et, en arrière, au niveau du septième espace intercostal; ce qui à eu pour consé- quence de nous donner en une seule coupe la figure des quatre parties du cœur DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR CHEZ LES ANIMAUX. 69 Fig. 15. et des deux orifices atrio-ventriculaires qui sont indiqués, dans le dessin, par un pointillé. La disposition du médiastin et des bords pulmonaires est la même que dans le dessin précédent. Dans le cas du dessin № 17, la section a passé, en avant, au niveau de la septième côte, et, en arrière, au niveau de la neuvième côte. Outre les rapports dont nous venons de parler du médiastin et des bords des pou- mons, le dessin № 17 nous donne le tableau de la disposition du médiastin antérieur et A à : . AO 2e (0e du postérieur près du diaphragme (sa partie › NE convexe est saisie par la gauche), et aussi || \ т celui de la position du sommet du cœur. Q Усы [1 “pe Après le dégel de la préparation sur laquelle a été pris ce dessin, le sommet du cœur s’est détaché du péricarde, et alors nous avons pu voir que ce sommet repose sur le dia- Ac" \\ о — phragme; quant à son extrémité (apex), elle est tournée vers la gauche et, par sa position, elle répond dans le dessin au bord gauche de la section du muscle cardiaque). Les bords des poumons s’écartent un peu et ne Fig. 17. 18) Dans la nature, la distance entre le bord gauche de la section du sommet du cœur 70 А. В. VOÏNITCH-SIANOGENSKY, QUELQUES PABTICULARITÉS couvrent pas entièrement le sommet du côté du diaphragme. Quand le sommet du cœur n’y fut plus, nous pûmes distinguer à travers le péricarde diaphane une étroite bande d’une nuance jaunâtre qui s’éten- dait, le long du diaphragme, entre les extrémités du médiastin anté- rieur et du postérieur. Après que la préparation fut dégelée et lorsqu'on essaya d'enlever le péricarde, nous trouvâmes que cette bande était formée par une lame de jonction entre le médiastin antérieur et le postérieur, qui s'était roulée et plissée. Aïnsi, au diaphragme, il n’y а qu’un seul médiastin indivisible depuis le sternum jusqu’à la colonne vertébrale, qui est formé de plèvres médiastinales étroitement rapprochées. La partie postérieure de ce médiastin (entre le cœur et la colonne vertébrale) est d’une longueur con- sidérable; sa partie antérieure est relativement courte et plus mince. Sa partie moyenne, à quelque distance du diaphragme, se sépare en ses parties constitutives et fournit au péricarde son enveloppe séreuse extérieure. Ainsi que le montre le dessin № 17, les bords des poumons, du côté du diaphragme, s'appliquent à la cloison médiastinale presque sur toute leur longueur et, au sommet du cœur seulement, 113 s’en écartent un peu. Donc, chez le chien, le péricarde ne couvre pas le diapliragme, il ne fait que s’y appliquer; et les deux sinus phrénico-médiastinaux sont séparés par la très mince cloison du médiastin d’une manière absolument analogue à celle dont sont séparés les sinus médiastino-costaux que nous avons décrits précédemment. Cette disposition des espaces pleuraux de réserve, chez le chien, lui assure large- ment l’espace voulu pour l’élargissement des poumons. Par conséquent si, chez l’homme, c’est dans les parties supérieures que la limite séparant le médiastin antérieur et le postérieur disparait, chez le chien, cette limite s’efface également au diaphragme. Cependant, quand on gonfle les poumons au moyen de l’insufflation, on ne parvient pas à les élargir au point de remplir complètement les espaces pleuraux antérieurs (sinus mediastino-costales). Le gonflement des poumons a lieu particulièrement au dépens d’un déplacement considérable du dia- phragme. Ceci ressort des dessins №№ 18 et 19 et de quelques sections qui ont passé près du diaphragme. Aïnsi, une section faite au travers d’un chien, dont les poumons avaient été gonflés, et ayant passé au niveau de l’appendice xiphoïde, en avant, et au niveau de la onzième côte, par derrière, а saisi une partie du canal intestinal et le foie; en outre, dans les parties latérales et dans la postérieure, elle contient une quantité con- et le plan médian a été déterminée de 2,5 centimètres (par une mensuration prise sur la pré- paration même). / DE LA POSITION DU MÉDIASTIN ANTÉRIEUR СНЕЙ LES ANIMAUX. —] sidérable du tissu pulmo- Va naire, (nous ne donnons pas В le dessin qui s’y rapporte). Quoiqu'il en soit, au moyen du gonflement par l’air, on obtient, si ce n’est l’entier rapprochement des bords pulmonaires, tout au moins un rapprochement considé- rable et dans d’autres con- ditions tout à fait inaccou- tumé. Les dessins №№ 18 et 19 sont réduits au quart. Les sections ont passé, dans le dessin № 18, au niveau des quatrièmes côtes, au 57 sternum, et, au niveau des sixièmes côtes, à la colonne vertébrale; et, dans le dessin № 19, au niveau des cinquièmes côtes, d’un côté, et au niveau des huitièmes côtes, de l’autre côté. Pour faire ressortir davantage ce dont il s’agit, il convient de comparer ces dessins avec les dessins №№ 6 et 7, qui concernent un chien de même taille, congelé dans la même posi- tion, c’est-à-dire à la ren- verse; en outre, les sections elles-mêmes ont passé pres- que à la même hauteur que dans les dessins №№ 18 et 19. Dans le premier de ces dessins, c’est-à-dire dans le dessin № 18, les pou- mons avaient si étroite- ment enveloppé le cœur, que Fig. 19. les bords des poumons rapprochés ne sont séparés l’un de l’autre que par l'épaisseur du médiastin et un pli adipeux pleural qui occupait l'angle du A AN 4 мл ) 4 — À © + © © © © 0 6 0 5 12 3 | 2160 4 5 6 3600 | 7200 | 20600 В. Sang artériel défibriné de lapins. 1 81 5 и LE 0 а 0 JA 2}, 1 21/, 31 51 71 41 b 46 1 т 1 Le re ds de à a 0 1 DATA 31/ 5 63/ 73 9 103 D Pen ele Je lue MALE Fe а 0 1 13). | 2% 31 41 53 1 Ho) diet И Ja de me а 0 da ne) 2 3 4 51 ; 3 в в о 0 о ds Ta ns т PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 97 = а. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemencement, les gouttes du sang ss d'essai sont-elles prélevées? ES EE) = b. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai. 13 5 7 12 28 51 0 0 0 0 0 Mc on | ns Ms: ri op | 138 7 0 ] 1 1 0 0 0 15 a 0 34 | 11 | 21, | 41%, 5 61/, | 81/2 | 101, |261/,|86/,| 51 DATE | 39| 0 5 0 0 0 0 0 0 0 0 оо я © | 0 0 0 0 © 0 17 a 0 1 2 3 4 6 7 8 24 b | 360 8 0 il 1 0 0 0 0 18 | a 0 Lo Ne ES NOR 7 25 | 43 | 45 | 57 |27900| © 9 Ne) © IAE MEME AS | 9 || 13 n | 864 ONE NE ое а SA ro оо ао gr b 614 36 11 7 0 0 20 со n | ae ON 2 38 | б 7 | 97 b 690 | 70 | 20 8 31 880 Ce] 22 | a 0 1/, | 1 21 | 33/4 | 5 9 b 776 | 648 | 130 | 51 | 1232 со со 23 | а 0 1 | UL | 24 | 32 | 41 | 5 9 d 780 0 0 0 0 0 80 ео | ео b | 840 | 20 0 0 0 1 0 50400 25 о 0 а 2 | Эа | 49 | 6% | 84 24 6 | 1200 | 420 | 21 6 5 4 0 1 80500 26 a 0 1 2 3 4 7 24 $ | 1324 | 358 | 146 | 113 95 7 со а а ры Te en 24 -] О | 1592 | 373 | 88 72 69 1590 | 41700 | © ©) 28 Я 0 JEANNE Ав 6! | 8 24 b | 1660 | 888 | 364 | 333 | 2188 | 107 41 37 13 23 Ce) 29 & 0 | тот | 9 10 | 24 b | 1670 | 230 | 30 90 3 0 250 | © 30 О 0 || 99 1 2 4 5, | 7 | 81 | 12 b | 1696 | 968 | 800 | 680 | 560 378 | 280 960 | 2400 | © 95 Е. 5. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS a. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemencement, les gouttes du sang d'essai sont-elles prélevées? b. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai. 31 | a 0 V2 пу. | 2% | 82 | 51% | 7/2 | 8 | 24 b | 1940 | 416 44 17 15 8 2 a 0 1 2 3 4 6 Ÿ 14 b | 2160 | 51 24 20 17 4 12 со 88 ао |, | mg | où | a, | 43); | 60 1e | 10| 98 5 | 9612 | 216 | 82 | 63 |145 36 | 288 | 510 | со 34 a 0 1/2 п | 21, | 31, | 41, 10 b | 2700 | 1100 | 1025 | 2200 | 4250 | 6200 | со 35 а 0 У 2 3 41, 7 8 b | 3600 | 2008 | 1826 | 494 | 110 | 872 | 650 36 | a | o А b | 8330 | 4500 | 3600 | 2040 | 1560 | 1760 | 2700 8® 8 С. Sang veineux défibriné de lapin. 20 an ON PNR RSS ee 8 27 В бб Во 30 В 5 р Е о (DEN 150 || 126 DEN ECC TE |145 |! со D. Sérum du sang artériel de lapin. 5 о 1 3 7124 b | 219 | 77 | 9 о À ото 1 3 п b | 348 | 183 | в о | 7% оао аз от 9 о | Вс d: ? A en ct 1 о 3 | 4 | а b | 512 | 7 о 0 в 0 0 0 о о 1 3 5 6 Я ат а | 832 | 39 |0 0 0 0 о |36000 а о Я 5 rotor tre b | 746 | 10 0 0 0 0 0 “0 PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 9 > 4 a.— Au bout de quel nombre d'heures, après l’ensemencement, les gouttes du sang S d'essai sont-elles prélevées? TE EX = b. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai. Е. Sérum du sang veineux de lapin. 38’ | а 0 1 3 7 24 b 293 57 1 0 0 a a 0 1 3 7 24 || © | | 0 | Е. Corpuscules du sang artériel de lapin. STARS 0 1 3 7 24 b 211 93 107 480 со 39° | a | 0 1 13), | 334 | 54 9 b | 333 ? 184 | 162 | 1792 | со 40! | à | -0 1 2 SR A ET 24 b 402 82 35 27 296 | 1200 | © G. Corpuscules du sang veineux de Japin OH 0 1 3 24 7 210 62 23 126 со S & L'étude de ce premier tableau permet d'avancer les propositions ci- après: 1. Quel que soit le milieu qu’on choisisse pour l’ensemencement des bactéries, que ce soit du sang artériel défibriné ou du sang veineux égale- ment défibriné de pigeons et de lapins, ou du sérum et des согризсшез de sang séparés au moyen de l'appareil centrifuge, dans tous les cas, le nombre des colonies nées des portions d'essai, manifeste, dans les périodes initiales de l’observation, une certaine tendance à diminuer. Il est évident qu’il s’y trouve toujours de moins en moins de bactéries capables de pulluler en formant des colonies. 9, Si le nombre des gouttes prélevées l’une après l’autre, à des inter- valles de temps peu considérable, est suffisant, on s'aperçoit que les varia- tions des propriétés bactéricides du sang, à en juger par le nombre des 7* 100 Е. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS colonies provenant de ces gouttes, ont une allure assez constante; ce qui permettrait de parler d’une certaine progression régulière dans la décrois- sance de la quantité des bactéries. 3, À la suite des périodes initiales, durant lesquelles les nombres con- signés dans les rangées b témoignent d’une tendance à l’abaissement, 1 sur- vient un moment où ces nombres témoignent, au contraire, d’une tendance à s'élever. 4. Le passage des rangées descendantes des chiffres en rangées ascen- dantes est de deux espèces: ou, au point où se produit le changement, les portions d’essai semblent être entièrement dégagées de bactéries (signe 0), ou, au même point, nous ne trouvons qu’une diminution plus on moins sen- sible du nombre des colonies formées. Les cas de cette dernière espèce pour- raient signifier que certaines bactéries échappent entièrement à l’influence nocif du milieu; ces cas ne sont pas rares. 5. La rangée ascendante des chiffres indiquant la quantité de bactéries contenue dans les portions d'essai, appartient aux périodes terminales des observations. Par conséquent, l’évolution générale du phénomène pourrait être représentée par une courbe formée d’une partie descendante, d’une vallée et d’une partie ascendante. 6. La partie ascendante de la courbe dont nous venons de parler, dans plusieurs cas, se distingue par une grande raideur. La quantité de bac- téries, contenue dans les milieux dont on fait l'épreuve, augmente, en des laps de temps relativement assez courts, souvent dans des proportions telles que le dénombrement des colonies devient impossible (signe co). 7. L’action bactéricide des milieux soumis à l’épreuve atteint ses degrés extrêmes d'autant plus tôt que la quantité de bactéries, par unité de volume du milieu, est moindre. 8. Dans certains cas, les rangées de chiffres indiquées sous la lettre b ne nous montrent pas les abaissements et les élévations typiques dont Па été parlé dans les propositions précédentes. Dès que l’ensemencement d’une goutte d'essai de sang défibriné et de sérum a donné un résultat entièrement négatif, tous les essais qui suivent sont également négatifs. Dans les cas de cette espèce, la courbe n’a pas de partie ascendante. Dans les conclusions que nous venons d’énumérer il n’y а en réalité rien d’inattendu, si on les rapproche des expériences faites par ММ. Еодог"), 7) 9). von Fodor, Der Einfluss des Blutes auf die Milzbrandbacillen; Sitzung der К. Ung. Academie der Wissenschaften zu Budapest am 21. Juni 1887: Centralblait für Bacterio- 100% u. $. w., 1887, t. II, pp. 170—171. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 101 Nuttall 13), Nissen 1), Buchner *) et ses élèves, Emmerich ?) et d’autres. Les quantités recueillies par nous ne font qu’établir sur des bases plus solides les déductions qui peuvent être tirées des étades de ces auteurs. Dans nos développements ultérieurs, au surplus, nous espérons montrer que le premier tableau contient des renseignements sur tels côtés du sujet qui ont échappé à l’attention de nos prédécesseurs. En examinant de plus près notre premier tableau, il est facile de re- marquer que, au point de vue de l’évolution du phénomène bactéricide, la plupart de nos expériences peuvent être divisées en trois groupes. Dans le premier groupe se rangent les expériences indiquées par les №№ 1, 2, 13, 14, 15, 16, 17, 40, 42, 37, 38”. Ce qui caractérise ces expériences, c’est que les gouttes d’essai cessent de donner des cultures sur la gélatine au bout de 1',—7'/, heures, et n’en donnent plus jusqu’à la fin de l'observation, soit jusqu’à l’extrême durée de 22—73 heures. Au deuxième groupe appar- tiennent les expériences indiquées dans la première colonne sous les №№ 5, РЕ ВР 2 о т, 28 30, 31, 52. 33, 34 35,36, 200216971370 39', 40’, 38”. Cette fois, les portions d’épreuve montrent que les bactéries, ayant éprouvé des pertes, commencent à augmenter rapidement en nombre au bout de 2'/—8 heures après l’ensemencement. Le troisième groupe est formé des expériences désignées, dans la première colonne, par les №№ 7, 81910, 12. 19, 20, 23, 24, 25, 29, 38, 41. Dans ces ехрё- riences, les bactéries disparaissent dans les portions d'essai au bout de 1—7 heures; puis, au bout de 5',—48 heures après l’ensemencement du sang, elles apparaissent de nouveau et pullulent dans le sang. On trouve des expériences analogues dans les procès-verbaux produits par d’autres auteurs [voir Hankin*®), Freudenreich®), Vaughan et Clin- tock#)]. Les autres expériences (№№ 3, 4, 11, 39) ne se prêtent pas à 18) G. Nuttal, 1. с. (voir 3-е renvoi). 19) Franz Nissen, Zur Kenntniss der bacterienvernichtenden Eigenschaft des Blutes; Zeitschrift für Hygiene, 1889, t. VI, p. 487. 20) Н. Buchner. I. Vorbemerkungen von Н. Buchner.—Il. Ueber den bacterien- todtenden Einfluss des Blutes von H. Buchner und Fr. Уо16.—Ш. Welchem Bestandtheile des Blutes ist die bacterientôdtende Wirkung zuzuschreiben? von H. Buchner und G. Sitt- mann. — IV. Versuche über die Natur der bacterientôdtenden Substanz im Serum von H. Buchner und Orthenberger; Archiv für Hygiene, 1890, t. X, p. 84. 21) R. Emmerich, J. Tsuboi und Steinmetz, nebst Bemerkungen von 0. Lôw, Ist die bacterientôdtende Eigenschaft des Blutserums еше Lebensäusserung oder ein rein chemi- scher Vorgang? Centralblatt für Bacteriologie u. s. w., 1892, +. XII, р. 364. 29) E. H. Hankin, Ueber den Ursprung und Vorkommen von Alexinen im Organismus; Centralblatt für Bacteriologie u. s. w., 1892, t. XIT, p. 811. 23) Ed. de Freudenreich, De l’action bactéricide du lait, Annales de micrographie 1890—1891, t. III, р. 426. п 24) Victor С. Vaughan and Charles McClintock, The nature of the germicidal constituent of blood-serum; The medical News, 1893, t. LXIIT, № 26, р. 706. 102 Е. 5. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS cette systématisation; principalement par la raison que dans ces expériences nos observations furent suspendues assez tôt. Il résulte donc de ce qui vient d’être dit, que l'influence des milieux, éprouvés par nous, sur les bacilles du charbon n’est pas toujours la même: certains bacilles périssent définiti- vement, d’autres demeurent absolument intacts, enfin une troisième catégorie de bacilles semblent frappés pendant quelque temps d’une sorte de stupeur et, des conditions favorables venant à se produire, ils se remettent et re- couvrent une activité vitale normale. Nous disons «semblent» parce que ce troisième groupe d'expériences pourrait être interprêté dans un sens différent, si l’on refuse aux indications par zéros une exactitude absolue. En effet, supposons que le sang contenu dans un tube quelconque renferme un nombre de bactéries moindre que ce tube ne contient de gouttes. Il pourra donc arriver que notre anse de platine plonge dans la masse sans saisir même un seul bacille, et cela bien que cette masse de sang ne laisse pas d’en contenir. А notre avis, la première explication est plus vraisemblable, et les considérations qui suivent militent еп sa faveur. D'abord, dans certaines expériences, nos portions d’essai furent prélevées, au nombre de 6—7, dans un laps de temps allant de 7 heures à 203/, heures; ces gouttes ou ces portions d'essai donnèrent des résultats négatifs, et il serait certai- nement très arbitraire de penser que, toutes les fois, l’anse пе ramena que des gouttes ne contenant point de bactéries, alors que le milieu en contenait et qu'elles y étaient soigneusement mélangées. En second lieu, il saute aux yeux que l’action bactéricide du sang s’affaiblit par dégré, ainsi que le prouve, d’ailleurs, le deuxième tableau que nous donnons ci-après. Il est donc facile de se représenter que, pendant l’expérience, il peut arriver un moment où le milieu éprouvé exerce sur les bactéries, non pas une action qui les anéan- tisse, mais une action qui seulement les paralyse, une action déprimant plus ou moins leur vitalité et les privant de la faculté de se reproduire dans les milieux nutritifs habituels. Le deuxième tableau est partagé en deux divisions. La division À est formée de 6 colonnes verticales; dans la première colonne est indiqué le numéro de l’animal (correspondant avec le numérotage du pre- mier tableau); la deuxième colonne indique, dans quels intervalles de temps il fut prélevé des portions du sang d’essai pour l’analyse; on a indiqué, dans les autres colonnes, au moyen de quantités en tant pour cent la diminution du nombre de bactéries dans les portions étudiées, en donnant pour base au calcul le rapport entre les chiffres des colonies dans les deux gouttes voisines. Dans les cas inscrits dans la division А du deuxième tableau, on a fait entrer en compte 4 ou 5 portions d’essai. La division В du deuxième tableau est composée de la même manière, avec cette seule différence que cette division com- 1 PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACYÉRICIDES DU SANG. 103 prend une colonne complémentaire indiquant à partir de quelle portion d’essai commence la comparaison des résultats. Dans cette division, on а, fait entrer _en ligne de compte les expériences dans lesquelles ce n’est pas dès le début que nous avons commencé à prélever nos portions d’essai à des intervalles de temps égaux. Les matériaux du deuxième tableau ont été empruntés aux divisions А, Б, С её F du premier tableau. Tableau IT. À. п д Ce qi Nombre des bactéries disparues, en tant pour cent des quan- , laps de temps, en] .,, : 2 № heures, les por- tités initiales correspondantes, pendant les intervalles de tions d’épreuve sont-elles préle- temps de l’animal. а ls те т де дпе! Nombre des bactéries disparues, en tant || RSS porton т Ê que ce pour cent des quantités initiales correspon-| теме dantes, pendant les intervalles de temps || ale répond-elle? | sont-elles préle- и b а vées ? № la quantité initi- de l’animal. 2 1 89 61 12 4 1 43 24 — 5 2 80 33 — Le sens général des deux divisions du deuxième tableau se dégage de lui-même au premier coup d’œil jeté sur les quantités consignées dans ce ta- bleau. Partout, on voit se répéter le même fait: une diminution constante du 104 Е. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS nombre proportionnel des bactéries qui perdent l'aptitude prolifique. C’est dans la première unité de temps, que la plus grande partie des bactéries in- troduites dans le sang, perdent leur aptitude à former des colonies; pendant la durée de la seconde unité de temps il disparaît déjà une partie proportion- nelle un peu moindre des bactéries, survivantes à la fin de la première unité de temps; dans la troisième unité de temps, il est écarté un nombre de bac- téries relativement encore moindre; et aïnsi de suite. Certes, les quantités consignées dans le deuxième tableau ne doivent pas être identifiées avec ce qu’on pourrait appeler le tant pour cent de la mortalité; car, en réalité, nous ne savons pas, si pendant que les autres périssent, certaines des bactéries intro- duites dans le milieu soumis à l'étude, ne se mettent pas à pulluler. En un mot, nous sommes dépourvus du moyen de juger dans quel rapport se trou- vent, à l'égard l’un de l’autre, les processus de reproduction et de destruc- tion. Toutefois il convient de regarder comme peu probable la pullulation des bactéries dans les périodes initiales de l’expérience. Les études micro- scopiques de MM. Nuttal®), Buchner”) et autres ne donnent pas d’indi- cation en faveur de cette pullulation; et il en est de même de la progression descendante des quantités proportionnelles inscrites au deuxième tableau. Si nous supposons que, dans les périodes initiales de l’expérience, nous n’avons pas seulement des bactéries paralysées et périssant, mais aussi des bactéries pullulant, la diminution graduelle du nombre de colonies produites par les portions d’essai, prélevées à des intervalles de temps égaux, devrait témoigner de l'élévation toujours croissante des propriétés bactéricides du milieu étudié. L’invraisemblance d’une telle hypothèse n’a guère besoin d’être démontrée. La marche générale de l’expérience montre que, avec le temps, les portions d’essai contiennent des quantités de bactéries toujours de plus en plus importantes et même extraordinairement considérables. П faudrait donc admettre que les propriétés bactéricides, après un accroisse- ment considérable, s’affaibliraient sensiblement, en quelque sorte tout d’un coup, puis disparaîtraient. Il est plus naturel de penser que ces propriétés qui, dans le commencement, se manifestent d’une manière très saisissante, s’affaiblissent peu à peu, dès le commencement même, pour disparaître ou s'épuiser définitivement au bout d’un certain laps de temps. En outre, nous signalerons encore cette circonstance que, dans le premier des trois groupes d'expérience, on observe, sur le nombre des portions d’essai préle- vées pour les analyses successives, la disparition complète des bactéries, pen- dant une durée allant au delà même de 48 heures. Dans ces cas, il se pro- 25) G. Nuttall, 1. с. (voir 3-е renvoi), pp. 361—362. 26) H. Buchner, L. с. (voir 2-е renvoi). | PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 105 и, paraït-il, une complète suppression des bactéries vivantes dans le milieu étudié, ce qui s’accorde mal avec l’idée de leur multiplication tant soit peu - considérable. Il est permis de conclure de tout ce qui vient d’être dit, que les mi- lieux étudiés par nous ont sur les bacilles du charbon non seulement une action franchement meurtrière, mais aussi une action simplement paraly- sante. Point n’est besoin d’opposer ces deux actions l’une à l’autre. Une seule et même substance, ou un seul et même groupe de substances, peut, à la fois, provoquer la paralysie ou la mort, suivant la quantité de la matière nocive absorbée et la durée de son action. La diminution progressive du nombre des colonies, avec son caractère spécial qu’indiquent les chiffres du deuxième tableau, donne à penser que cette matière nocive s’épuise ou s’affaiblit peu à peu. Tout d’abord, les bactéries apportées dans le milieu étudié, attirent à elles toute la matière nocive; aussi, pendant la première unité de temps, un grand nombre de bactéries est-il déjà écarté. Dans le nombre des bactéries écartées, il s’en trouve, vraisemblablement, non seulement de celles qui sont mortes, mais aussi de celles qui ne sont que paralysées. La diminution des proprié- tés bactéricides se rattache à la présence des bactéries, et, celles-ci man- quant, le sang, ainsi que l’a montré Buchner, peut conserver ces propriétés durant plusieurs semaines, jusqu’à 20 jours et peut-être même davantage. Dans une de nos expériences, un sérum de lapin, obtenu par l’action centri- fuge, s’est conservé pendant 47 jours, à la température de chambre, dans un tube à réaction fermé par un tampon de ouate et un couvercle en caout- chouc; or, ce sérum s’est retrouvé doué des propriétés bactéricides à un degré presque normal. Nous sommes donc facilement amenés à supposer que, dans le cas dont ils’agit, la paralysie ou la mort des bactéries ont pour cause la péné- tration dans leurs corps de la matière nocive. А ce point de vue, l’abaissement progressif du pouvoir bactéricide peut-être envisagé comme l’expression de la métamorphose à laquelle les substances nocives, entraînées dans le pro- cessus vital des bactéries, sont soumises dans ces bactéries, avant leur mort. Quoi qu’il en soit, tous les raisonnements nous conduisent à cette conviction que les termes des propriétés bactéricides» ou «le pouvoir bactéricide» ne sont pas d’un choix tout à fait heureux. Nous croyons à propos de nous référer ici à M. Charrin 77) qui s'exprime ainsi qu’il suit, sur la question qui nous occupe: «Bactéricide ne signifie pas fatalement que la matière à laquelle on applique ce qualificatif tue les parasites infectieux, pas plus que le terme de rhumatisme n’entraîne avec lui l’idée d’écoulement ainsi que l’exigerait son 27) Charrin, Les défenses naturelles de l'organisme contre l'infection; La semaine médicale, 1892, p. 495. à 106 Е. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS étymologie. Bactéricide comme antiseptique indique un élément capable de gêner dans une mesure quelconque ces parasites, que ce soit sons leur forme, dans leur mouvement, dans leur reproduction, dans leur sécrétion, la dose ou la qualité de ces sécrétions». En citant ces lignes, M. Nicolas 8) fait observer que tous ces changements peuvent, en outre, être exprimés à des degrés différents. En prenant pour base les quantités qui figurent au premier tableau, on pourrait faire un nouveau groupement de données relatives, qui ne serait pas sans intérêt, et qui pourrait servir de développement à la 7° proposition formulée par nous, en passant en revue ce tableau. Nous donnons à ce grou- pement la forme de notre quatrième tableau, qui se compose de deux divi- sions. Dans la division À, nous avons rangé les données se rapportant au sang artériel défibriné de pigeons, et, dans la division В, celles qui se гар- portent au sang artériel défibriné de lapins. Chaque division est partagée en 5 colonnes. La première colonne indique les numéros des animaux; ces numéros correspondent à ceux du premier tableau. Dans la deuxième co- lonne, on а inscrit les chiffres des colonies bactériques provenant des рге- mières gouttes d'essai; dans la troisième colonne, les chiffres des colonies bactériques des gouttes d'essai, prélevées environ 3 heures après l’ensemen- cement du sang; dans la quatrième colonne, le tant pour cent de la quantité des bactéries disparues dans l'intervalle de temps indiqué; dans la cinquième colonne, les moyennes proportionnelles de cette perte. Ces moyennes sont calculées sur les totaux de colonies bactériques, consignés dans la deuxième colonne, que nous avons divisés pour cela en groupes, suivant le nombre de chiffres dont ces totaux sont formés. Afin d’éviter un trop grand fraction- nement des matériaux, une expérience avec un nombre de colonies dont le total est formé d’un seul chiffre, est rangée dans la catégorie de celles à nombre formé de deux chiffres. L’intervalle de trois heures а été choisi par la raison que les indications contenues dans les expériences se rapportent, pour la plus grande partie, à des laps de temps de cette durée. Au surplus, on а compris dans les intervalles de trois heures ceux qui s’en rapprochent beaucoup (animaux M 3, 6, 15 et 16). Les expériences sur le sang veineux et aussi celles sur le sérum et les corpuscules du sang, pris à part, ont été négligées dans le troisième tableau; parce qu’il se trouve que, par le nombre de colonies provenant des portions d’essai initiales, ces mi- lieux ne présentent pas assez de diversité. Nous ferons encore observer que, dans :es cas inscrits au troisième tableau, l'intervalle de trois heures 28) Joseph Nicolas, Le pouvoir bactéricide du sérum dans l’immunité naturelle et acquise; La presse médicale, 1896, № 59, р. 346. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 107 (environ) a été suffisant pour atteindre la vallée de la courbe dont nous avons parlé précédemment, Tableau Ш, Nombre des colo- Nombre des colo-| Nombre des bac- | Moyennes, en tant nies provenant de nies provenant de| téries disparues | pour cent, des ] : . Па portion d'essai [dans cet intervalle] bactéries dispa- de l’animal. la portion d'essai prélevée environ | de temps, en tant [rues par grouppesl initiale. 3 heures après. pour cent. d'animaux. A. Sang artériel défibriné de pigeons. 600 100 620 100 1380 99 2700 97 6400 99 9900 87 B. Sang artériel défibriné de lapins. 3 11 46 49 53 61 66 107 115 195 360 362 384 614 690 97 776 93 780 100 840 100 1200 99 1324 91 1592 1660 1670 1696 1940 2160 2612 3600 7330 100 100 100 100 98 100 100 99 96 100 99 84 99 98 < (5) <> © © ющнеоаяноеФ- а > — [о SR IN они NES опасных” 108 Е. 5. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Ce troisième tableau fait ressortir, avec une entière netteté, ce fait in- structif que dans une unité de temps (pour le cas présent dans un intervalle de 3 heures environ) il disparaît un nombre de bactéries d’autant plus considé- rable qu’il y en а moins dans le milieu étudié. C’est le sens dans lequel s’est aussi prononcé М. Buchner ”). Dès le commencement, on а cette impression que les substances nocives se partageraient d’une manière plus ou moins égale entre les bactéries. Si nous admettons que, sous un volume donné de sang normal, il y a une quantité déterminée de substances nocives, ne уа- riant que dans des limites relativement étroites, il est évident que chaque bactérie aura pour part une quantité d'autant plus grande de ces substances, que le nombre de bactéries sera moindre. L’examen du tableau quatrième et les explications qui suivent, montreront que, lorsque nous avons admis que les substances nocives sont contenues dans le sang des pigeons et dans celui des lapins en quantités proportionnelles relativement constantes, nous n’étions pas loin de la vérité. S’il en est ainsi, nous sommes en droit de conclure que les substances nocives paralysent et tuent les bactéries, pas autant par leur contact, qu’en pénétrant dans le corps même des bactéries. On pourrait identifier l’action de ces substances nocives à l’action d’un poison introduit dans le corps d’un animal: au moyen d’une quantité déterminée de poison introduit dans le corps, on peut d’autant plus facilement frapper de mort un groupe donné de sujets que ce groupe est moins nombreux. De sorte que, d’après les données du troisième tableau elles aussi, les substances no- cives du sang manifestent leur influence fatale en passant par le corps des bactéries; et nous avons déjà signalé cette circonstance en étudiant notre deuxième tableau. Il reste encore à ajouter que, dans les expériences sur des bactéries, pour autant qu’on les envisage comme vivantes, il serait difficile de ne pas admettre que le passage des substances nocives par les corps des microbes n’ait un caractère actif. Les bactéries ne se saturent pas de parties constitutives du sang d’une manière passive, elles introduisent ces parties dans leur corps d’une manière tout aussi active que l’est tout acte de nutri- tion en général. En d’autres termes, on sent surgir d'elle-même la suppo- sition suivante: ce n’est pas le sang qui empoisonne les bactéries, mais, plutôt, ce sont les bactéries, qui s’empoisonnent de sang. Le troisième tableau permet de tirer, en outre, une autre conclusion. On est frappé, en effet, de cette circonstance que les bactéries diminuent, dans le sang de pigeon, dans des proportions plus considérables que dans le sang de lapin; le sang de pigeon est donc plus riche en substances bactéricides que le 29) H. Buchner, 1. с. (voir 2-е renvoi), p. 820. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 109 sang de lapin. П est probable que la résistance, relativement considérable, des pigeons au charbon se rattache à cette circonstance. Référons-nous en à ce propos à MM. Behring et Nissen“) ayant trouvé qu'aucun des animaux sensibles au charbon n’a le sang doué d’un pouvoir bactéricide tel que le sang du rat, animal extrêmement résistant à cette infection. Arrivons en, maintenant, à l’étude de notre quatrième tableau qui a pour objet de faire ressortir, quelle est l'importance réelle des particularités individuelles. Ce tableau est formé de trois colonnes. La première colonne contient les numéros des animaux répondant au numérotage du premier ta- bleau; les animaux sont accouplés par deux, de façon à obtenir, dans les portions d’essai initiales, des quantités de colonies bactériques autant que possible approchantes. Aïnsi que le montrent les numéros consignés dans la première colonne, les données du quatrième tableau ont été empruntées aux divisions À, С, D et E du premier tableau; on a dû négliger les autres divi- sions du premier tableau, parce que le hasard a voulu que ces divisions ne continssent pas des couples qu’il nous fallait. Dans la deuxième colonne, on a indiqué par deux nombres qui se suivent, quelles sont les parties des bac- téries introduites dans le milieu éprouvé qui disparaissent au bout d’un in- tervalle de temps d'environ trois heures. La perte de bactéries est exprimée en quantités de tant pour cent. Dans la troisième colonne, on a consigné les différences absolues entre les quantités ccouplées inscrites dans la deuxième colonne. Tableau IV. NN 0/5 % de bactéries Différences absolues | | disparues pendant entre les quantités de || | des animaux. 3 heures. tant pour cent. | 1—2 100—100 0 9 —10 100—100 0 12 —13 : 100—100 0 37—38" 100— 99 1 39 —38 99— 98 1 14 —15 99— 96 3 29 —28 99— 94 5 23 —22 100— 93 7 17 —18 99— 84 15 30) Behring und Е. Nissen, L. с. (voir 5-е renvoi). 110 Е. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS П suffit d’un coup d’œil jeté sur le quatrième tableau pour se convaincre, combien, en somme, sont peu importantes les différences individuelles. Dans certains cas, entre les quantités de tant pour cent exprimant la perte de bactéries dans les expériences comparées, on ne trouve pas la moindre différence; dans d’autres cas, la différence absolue n’atteint pas 10; un seul couple (№№ 17 et 18) présente une différence plus considérable. IL va de soi que nous п’ауопз pas l’intention de nier l’existence des variations individuelles; ces variations existent, on le sait, dans toutes les fonctions de l'organisme; et on serait peu fondé à supposer que ces variations ne fassent défaut qu’à l’égard des propriétés bactéricides. Nous désirions seulement in- diquer que, étant données les conditions dont nous avons parlé, [а quantité de substance nocive contenue dans les milieux éprouvés, varie dans nos expé- riences relativement peu. Le quatrième tableau confirme d’une manière si- gnificative cette proposition *). ; Comme nous nous trouvons en présence de variations relativement insignifiantes des propriétés bactéricides du sang artériel défibriné, il ne nous est plus possible, indépendamment des indications de la littérature spéciale, de ne pas nous poser la question de savoir, jusqu’à quel point se ressemblent ou diffèrent entre eux, le sang artériel et le sang veineux prélevés aux gros troncs vasculaires, sur un seul et même animal. D'ailleurs, l’étude de cette question ne faisait pas partie de la tâche que nous nous étions assignée; aussi nous sommes-nous bornés aux observations sur deux lapins inscrits dans le premier tableau sous les KW 20 et 20”, 21 её 21’. Le sang artériel fut prélevé à l’artère carotide, et le sang veineux, à la veine jugulaire externe. La quantité de sang, le procédé employé pour défibriner et les quantités de bactéries prises pour l’ensemencement, ainsi que les autres procédés et moy- ens d'observation à l’égard des milieux comparés, ont été les mêmes. Ces expériences ont montré que le sang veineux défibriné agit sur les bacilles du charbon qu’on y introduit de la même façon que le sang artériel défibriné. Il est vrai qu'il existe des indications donnant à penser que le sang veineux possède des propriétés bactéricides un peu plus faibles; mais ces indications sont si peu déterminées que nous ne saurions leur donner une importance déci- sive. Toutefois, nous croyons bon de faire observer que M. Fodor *) а conclu 31) Nous trouvons chez M. Fodor certaines indications concernant l'influence des parti- cularités individuelles de l’animal sur les propriétés bactéricides du sang. Cet auteur а, emporté des riches matériaux réunis par lui, cette impression, que les différences du pouvoir bactéricide du sang chez différents sujets de même espèce (chiens et lapins) oscillent dans de larges li- mites. Nou: croyons devoir faire observer que, nous aussi, nous serions arrivés à une conclusion semblable, si nous avions eu la pensée de juger d’après des donnéés quantitatives moins soigneu- sement choisies. J. von Fodor, 1. с. (8° renvoi) p. 759. 32) J. von Fodor, 1. с. (voir 8° renvoi), рр. 755—756. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 11] que le sang artériel possédait un pouvoir bactéricide supérieur à celui du sang veineux. À notre point de vue, un fait qui nous semble d’une certaine importance, c’est que le flot du sang veineux n’apporte pas dans le courant du sang artériel des conditions nouvelles quelconques, capables d’influer d’une manière sensible sur les propriétés bactéricides du sang artériel. Les changements de la circulation veineuse circonserits dans des limites normales ne sont, par conséquent, guère susceptibles de faire varier la constance des propriétés bactéricides du sang artériel. La caractéristique de l’action bactéricide, résultant des données que nous avons recueillies, conduit naturellement à se demander, à quoi se rattache, de la manière la plus immédiate, cette action bactéricide. Dans la première proposition que nous avons déduite de notre premier tableau, il est dit, à la vérité, que l’action bactéricide est propre à tous les milieux éprouvés par nous. Mais cette proposition ne signale pas les différences, existant entre les divers milieux quant à leur pouvoir bactéricide. Sous ce rapport, le rapprochement du sérum de sang avec les corpuscules sanguins est particu- lièrement instructif. Notre premier tableau donne les expériences qui se ratta- chent à cette question (voir les №№ des animaux 37 et 37”, 39 et 39’, 40 et 40’, 38 et 38"). On s'aperçoit sans peine que l’action bactéricide est expri- mée d’une manière différente, les volumes de sérum et de corpuscules étant les mêmes, et que, notamment, l’action bactéricide du sérum se manifeste avec plus de force que l’action bactéricide des corpuscules. Quand on com- pare le sérum artériel avec le sérum veineux, on constate à cet égard un certain avantage au profit du sang veineux; ce qui est également juste, semble-t-il, par rapport aux corpuscules du sang veineux comparés aux corpuscules du sang artériel. La petite quantité relative de nos expé- riences nous enlève la possibilité de nous livrer à des études comparatives détaillées des différentes espèces de sérum et de corpuscules; du reste, ces études comparatives ne faisaient pas partie de notre tâche, pas plus que l’étude comparative détaillée du sang artériel et du sang veineux. Nous tendions à nous former une opinion sur l'importance comparative du sérum et des corpuscules en général. Nous estimons que les données, dont la liste est comprise dans notre premier tableau, sont suffisantes pour qu’on en puisse conclure que les propriétés bactéricides du sérum sont supérieures aux propriétés bactéricides des corpuscules. Si l’on tient compte de ce que les corpuscules du sang sont des formations vivantes, ne perdant pas leurs pro- priétés vitales (tout au moins en entier) pendant les périodes initiales d’ob- servation, et de ce que le sérum centrifugé (ce plasma mutilé du sang, si l’on peut s’exprimer ainsi) ne peut guère être regardé comme possédant des 112 Е. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS mécanismes biologiquement actifs, il va de soi que l’action bactéricide, comme telle, peut également ne pas se rattacher à des agents biologiquement actifs. Il est évident que ce qui, de la manière la plus immédiate, détermine l’action bactéricide, peut aussi пе pas s’appliquer à des éléments ayant droit à être dits vivants. Certes, cette conclusion ne nous met pas en situa- tion de juger du processus même qui donne naissance aux substances bacté- ricides. Et, en effet, de ce que l’agent de l’action bactéricide peut être un substratum mort, il n’en résulte pas la solution de la question de savoir, d'où ce substratum tire ses parties constitutives bactéricides. Au point de vue auquel nous nous plaçons dans cette communication, pour le moment, il nous importe uniquement de retenir, que l’intervention des agents bactéricides dans le processus vital des bactéries peut être assimilée à l’ingestion dans le corps d’un organisme vivant de substances biologiquement passives ou mortes, et non pas à la iutte de deux principes biologiquement actifs, telle qu’elle se produit, par exemple, dans le phagocytose au sens étroit du mot. Notre con- clusion étant formulée de la sorte, nous n’avons aucune raison de donner une importance essentielle quelconque à ce que, dans ce que nous avons appelé notre sérum, il y ait eu une minime quantité de corpuscules, ni à cette autre circonstance, que ce que nous avons appelé nos corpuscules du sang fussent plongés dans une minime quantité de sérum. Il est indispensable de rapprocher la proposition que nous venons de for- muler, de certaines indications prises dans la littérature spéciale. MM. Hankin et Kantack*%) indiquent qu’il existe un lien étroit entre les leucocytes et les propriétés bactéricides du sang. Les propriétés bactéricides deviendraient plus fortes ou plus faibles en même temps qu’augmenterait ou diminuerait le nombre de leucocytes. Toutefois, on ne constate pas une proportionnalité complète entre les changements de la quantité de leucocytes contenue dans le sang, et le degré de développement des propriétés bactéricides de celui-ci. M. Van der Velde‘) а trouvé que l’exsudat pleural quise développe chez le lapin après l’injection dans la cavité de la plèvre d’une culture stérilisée de streptocoques, manifeste des propriétés bactéricides à un degré plus élevé que le sang défibriné du même animal. L’action bactéricide de l’exsudat en général est d'autant plus forte que l’exsudat est plus riche en leucocytes. Sous laction d’une haute température (chauffage à 60° Cels. pendant 1 heure), cet exsudat perd ses propriétés bactéricides; et si on ajoute des 33) Е. Н. Hankin, 1. с. (voir le 22° renvoi), р. 780. 34) van der Velde; voir Mittheilungen aus dem VIII. internationalen Kongresse für Hygiene und Demographie in Budapest, von Dr. M. T. Schnir я Е м. ег; Centralblat s logie u. s. w., 1894, t. XVI, p. 782. | Centrale PA PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 113 leucocytes à cet exsudat, il retrouve ses propriétés bactéricides. MM. Denys et Havet) ont remarqué que le sérum filtré du sang de chien ne té- moigne, à l'égard du bacterium coli, que d’une faible action bactéricide; quand on y ajoute des leucocytes, son action bactéricide augmente. M. Hahn‘) a isolé des leucocytes et а pu s’assurer que Ja solution physiologique de chlorure de sodium dans laquelle sont transportés ces leucocytes fait preuve d'action bactéricide. Nous croyons à propos de nous référer ici-même А M. Emmerich*) qui se prononce ainsi qu’il suit: «Nur das aus der täglichen Nahrung stammende Eiweiss, welches durch die im lymphatischen Darm- gewebe neugebildeten Lymphzellen zum lebendigen Eiweiss umgebildet, und bei deren Zerfall im Blute, als actives Eiweiss gelüst wird, besitzt allein, wie es scheïnt, bacterientüdtende Wirkung». Il n’est pas inutile non plus de reproduire l’opinion de M. Montuori *) qui suppose que la rate а un rôle important dans l’élaboration des substances bactéricides, par la raison que, après ablation de cet organe, les propriétés bactéricides, constatées dans le sang du lapin et du chien, disparaissent pour quelque temps. Les indica- tions que nous venons de faire connaître établissent avec assez de netteté, que beaucoup de savants sont disposés à rattacher les actions bactéricides aux leucocytes. — Dans l’appréciation du rapport intime qu’on suppose exister entre l’action bactéricide et les leucocytes, quelques auteurs vont encore plus loin. Ainsi М. Hankin “) affirme que la source des alexines est dans les leu- cocytes amphophiles ou dans leurs granules; et il proclame les leucocytes amphophiles des alexocytes. D’après ses observations, dans une leuco- cythose affectant le corps depuis assez longtemps, la formation de granules amphophiles а lieu d’une manière plus énergique que dans une leucocytose récente; dans ce dernier cas, les propriétés bactéricides du sang se mani- festent d’une manière plus sensible que dans l’autre. M. Hankin а pu pro- voquer dans le sang une formation intensive de granules amphophiles sous l’action d’une infusion de têtes de sangsues; dans ce cas, les propriétés bac- 35) J. Denys et J. Havet, Sur la part des leucocytes dans le pouvoir bactéricide du sang de chien; La Cellule, 1894, t. X, p. 34. 36) Martin Hahn, Ueber die Bezichungen der Leucocyten zur bactericiden Wirkung des Blutes, München, 1895. 37) В. Emmerich etc. 1. с. (voir 21° renvoi), р. 368. 38) À. Montuori, Influenza delle ablatione’ della milza sul potere microbicida del sangue; Rendi della В. Accademia delle scienze fisiche e matematiche, 1892, Fasc. VII, Luglio а Dicembre; У. aussi dans le Centralblatt für Bacteriologie п. s. w., 1893, $. ХШ, р. 671. 39) Е. H. Hankin, L. с. (voir 33° renvoi), рр. 782, 818. 40) Е. Н. Hankin, [. с. (voir 11° renvoi). 41) а) Victor С. Vaughan, Fredk. G. Novy and Charles Т. MeClintock, The germicidal properties of nueleins; The medical News, 1893, vol. LXII, № 20, рр. 536—538. — b) voir 24° renvoi, рр. 702—707. 8 - 114 В. $. LONDON, DE Г МРБОВХОВ DE CERTAINS AGENTS téricides du sang augmentent. Le même auteur à dégagé des éléments cel- lulaires des glandes lymphatiques du chien et du chat une globuline qui, en solution aqueuse, faisait preuve d’une action bactéricide analogue au sérum (on faisait infuser pendant 24 heures dans une solution de sulfate de sodium les organes dégagés de leur graisse et de leur tissu conjonctif; puis оп faisait déposer le filtrat par l'alcool). M. Hankin a extrait une globuline toute pareille du sang et de la rate de rats MM. Vaughan, Novy et Clintock “) affirment que les leucocytes sont redevables de leur action bac- téricide à la nucléine et à l’acide nucléinique. On pourrait en conclure que les propriétés bactéricides se rattachent d’une façon ou d’une autre aux noyaux cellulaires. Suivant M. Vaughan“) l’action bactéricide dépend de la nucléine dans la plus large acception du mot (nucléine, acide nucléinique, nucléo-albumine). Pour étayer sa manière de voir, il rappelle que les nuclé- ines de la levure, du testicule, de la glande thyroïde, du jaune d’œuf, pos- sèdent des propriétés bactéricides. М. Kossel®) parle de l’acide nueléinique dans le même sens. — On a essayé d’attribuer les propriétés bactéricides du sang à l'influence des facteurs pouvant avoir également un rôle dans d’autres substratums. Ainsi М. Metchnikoff#) supposait que l’action bac- téricide du sang à pour cause une haute concentration du sang peu favo- rable à la multiplication des bactéries; il se référait aussi à l’action défavo- rable qu’exercent les brusques changements dans les propriétés des milieux nutritifs. М. Hafkine #) exprimait cette pensée que les bactéries, transportées d’un autre milieu nutritif dans le sang, ne s’adaptaient pas sans coup férir à leurs nouvelles conditions d’existence. Citons aussi M. Pane“) qui met l’action bactéricide sur le compte des actions des gazes et de l’alcalinité du sang. M. Buchner “) а tenté de prouver, par une série d’expériences, que tous ces facteurs n’ont aucune importance. D’après les expériences de cet 42) Victor C. Vaughan, The principles of immunity and cure in the infectious diseases. The medical News, +. LXIII, № 16, р. 422. 43) H. Kossel, Ueber die Einwirkung der Nucleinsäure auf Bacterien; Sitzungsberichte der physiologischen Gesellschaft zu Berlin, Sitzung vom 8. Dec. 1893; v. aussi dans le Centralblatt für Bacteriologie u. s. w., 1894, t. ХУ, р. 1018. 44) Е. Metchnikoff, Sur la propriété bactéricide des humeurs; Annales de l’Institut Pasteur, 1889, t. XI, p. 670. 45) W. M. Hafkine, Recherches sur l’adaptation au milieu chez les infusoires et les bactéries; Annales de l’Institut Pasteur, 1890, +. IV, рр. 372—879. 46) М. Рапе, Sull’ azione del siero di sangue del coniglio, del сапе e del colombo contra il bacillo del carbonchio; Rivista clin. e terap., 1891, +. ХИТ, №9, р. 481; у. aussi dans le Central- blait für Bacteriologie u. s. w., 1892, t. XII, pp. 209—210. 47) H Buchner, Ueber den Einfluss hôherer Koncentration des Nährmediums auf Bac- terien. Еше Antwort an Herrn Metschnikoff. Mitgetheilt in der Sitzung der morphologisch- physiologischen Gesellschaft zu München am 6. Mai 1890; Centralblait für Bacteriologie п. s. w., 1890, t. УШ, pp. 65—69. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉIÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 115 auteur, le sérum du sang conserve ses propriétés bactéricides, même lorsqu'il est delayé de cinq fois son volume. C’est lui encore qui à trouvé que les bactéries, développées sur du sang dans des conditions favorables, tombent tout aussi bien victimes de l’action bactéricide du sang normal défibriné que les bactéries qui se sont développées dans un autre milieu nutritif; et ainsi de suite. M. Buchner “) s’en tient à cette opinion que l’action bacté- ricide du sang dépend de ses albumines. Il s’appuie principalement sur ce que le sérum du sang perd sa propriété bactéricide si on le coupe d’eau ou si on le fait dialyser vers l’eau. Quand on remplace l’eau par la solution physiologique de chlorure de sodium, les propriétés bactéricides du sérum demeurent intactes dans les deux cas; on ne découvre pas la substance bactéricide dans le diffusat. Il parait que, au fond, une composition normale des substances proteïques de sérum n’est possible qu’avec une certaine réserve de sels. En soi, les sels n’ont aucun rapport immédiat avec les propriétés bactéricides. М. Christmas Dirchinck-Holmfeld “) déclare que, dans une solution aqueuse d’albuminates extraits du sérum de sang, en faisant déposer par l’alcool, les bactéries ou périssent peu à peu ou se développent lentement. M.Buchner 55) ne conteste pas que les globulines elles-aussi ne participent à l’action bactéricide- du sang; maïs, il pense que toutes les albumines, ni toutes les globulines n’ont pas une part égale dans le processus. Plus tard, M. Metchnikoff®) se déclara prêt à reconnaître que l’action bactéricide du sang dépend des substances protéïques contenues dans le sang. M. Bordet*) donne ses conclusions dans le même sens. — Les propriétés bactéricides ne sont pas l'apanage du sang seulement; elles sont propres aussi à l'humeur des tissus [M.Gottstein 53) ], à l'humeur de la chambre antérieure[ ММ. Nuttal*), Hafkine )], au liquide du sac péricardiaque [M. Nuttall%)], aux transsudats 48) Н. Buchner, {. с. (voir 20° renvoi). 49) J. de Christmas Dirchinck-Holmfeld, Etude sur les substances microbicides du sérum et des organes d'animaux à sang chaud; Annales de l’Institut Pasteur, 1891, № 8, . 487. . 50) H. Buchner, Die keimtodtende, die globulicide und die antitoxische Wirkung des Blutserums; Münchener medicinische Wochenschrift, 1892, № 8, р. 121. 51) E. Metchnikoff, Sur la destruction extracellulaire des bactéries dans l’orga- nisme; Annales de l’Institut Pasteur, 1895, $. IX, pp. 484—460. 52) Jules Bordet, Les leucocytes et les propriétés actives du sérum chez les vaccinés; Annales de l'Institut Pasteur, 1895, +. IX, pp. 462—488. 53) А. Gottstein, Zusammenfassende Uebersicht über die bacterienvernichtende Eigen- schaft des Blutserums; Therapeutische Monatshefte, 1891, +. У, р. 288. 54) G. Nuttal, 1. с. (voir 3° renvoi), р. 391. 55) W. M. Hafkine, 1, с. (voir 45° renvoi). 56) G. Nuttal, 1. с. (voir 54° renvoi). 116 Е. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS et aux exsudats [MM. Nuttal°), van der Velde*), Buchner‘*), Навп $], à diverses sécrétions et excrétions telles que la salive [М. Sana- relli %) et d’autres, au suc gastrique Ÿ), au lait [М. Fokker %), M. Freudenreich 5)] et à l'urine [M. Lehmann®)], au suc musculaire [M. Tria, Giacomo ®)] et en général aux éléments cellulaires [M. Wooldridge®)]. Ici, il convient de rappeler le phénomène dit de Pfeif- fer®s). M. Pfeiffer et ses collaborateurs, MM. Wassermann®) et Isaieff ”), ont établi que, lorsqu’on injecte dans le péritoine de ces cobayes hypervac- cinés des vibrions cholériques vivants, on trouve dans le liquide péritonéal, extrait peu de temps après, très peu de leucocytes et une quantité de vibri- ons devenus immobiles et transformés en petits globules sphériques. Ces phénomènes ont lieu en dehors des corpuscules blancs. On observe le même phénomène lorsqu’on introduit dans la cavité péritonéale d’un cobaye normal un mélange de vibrions avec du sérum provenant d’un cobaye immunisé. Ces observations ont été confirmées, il n’y а pas longtemps, par MM. Du- 57) G. Nuttal, 1. с. (voir 54° renvoi). 58) van der Velde, &. с. (voir 34° renvoi). 59) H. Buchner, Ueber Immunität und Immunisirung; Münchener medicinische Wochen- schrift, 1894, № 37, р. 717. 60) Martin Hahn, 1. с. (voir 36° renvoi). 61) Giuseppe Sanarelli, Der menschliche Speichel und die pathogenen Mikroorga- nismen der Mundhôhle; Centralblatt für Bacteriologie u. s. w., 1891, t. X, pp. 817—822. 62) J’ai eu la preuve que le suc gastrique pur obtenu par l’alimentation simulée, suivant le procédé de M. I. P. Pavlow, possède les proprietés bactéricides dans le sens que nous avons adopté, si le suc est neutralisé ou amené à une réaction légèrement alcaline. Ceci ne concerne que le suc entièrement pur, n’ayant pas d’odeur et ne déposant pas, quand il séjourne dans la chambre. 63) А.Р. Fokker, Onderzoekingen over melkzuur gisting. I: Weckblad van hed Мед; Tijdschrift voor Geneeskunde, 25. Jan. 1890, № 4, pp. 88—91; Il: ibidem, 10. Mai 1890, № 19, р. 509—514. Compte rendu dans Centralblatt für Bacteriologie п. s. w., 1890, t. VIII, р. 426—427. 64) Ed. de Freudenreich, 1. с. (voir 23° renvoi), р. 418—438. 65) Lehmann, compte rendu dans Annales de micrographie, 1890—1891, +. Ш, р. 247: L'action de l’urine fraîche sur les microorganismes. Voyez aussi Е. Richter’s, Studien über die pilztodtende Wirkung des frischen Harns; Archiv für Hygiene, 1891, t. XII, р. 61. 66) Tria, Giacomo, Sul modo di comportarsi del tessuto musculare in alcune infezioni contributo allo studio delle influenze battericide esistenti nell’organismo запо; Вепаз della В. Accademia delle scienze fisiche е matematiche, 1890, Sett., Ott. е Nov. compte rendu dans Central- blait für Bacteriologie п. в. w., 1890, +. IX, р. 540—541. 67) J. у. Wooldridge, Versuche über Schutzimpfung auf chemischem Wege; Атсио für Anatomie und Physiologie, phys. Abt., 1888, р. 527. 68) R. Pfeiffer und Wassermann, Untersuchungen über das Wesen der Cholera- immunität; Zeitschrift für Hygiene, 1893, t. XIV, p. 46. 69) А. Wassermann, Untersuchungen über Immunität gegen Cholera Asiatica; Zeit- schrift für Hygiene, 1893, t. XIV, p. 36. Е 70) Isaïeff, Untersuchungen über die künstliche Immunität gegen Cholera; Zeitschrift Лит Hygiene, 1894, t. XVI, р. 287. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 117 bnar”), Стирег”) et Sobernheim®). Il y a là, entre autre, ça d’inté- ressant: c’est qu'une quantité donnée de sérum ne peut tuer qu’une quantité déterminée de vibrions. — En ce qui concerne l’essence même de l’action bac- téricide, qu’il suffise de noter les opinions exprimées par ММ. Buchner ‘#) et Emmerich®). M.Buchner est pour cette opinion que l’action bactéricide du sang est une manifestation des propriétés vitales de l’albumine active du sang. Il donne pour base à cette proposition ce fait, établi par lui, que, au moyen d’un chauffage à 55° С. pendant 1, heure, le sérum perd ses propriétés bactéricides; il suppose que l’action de la chaleur sur le serum entraîne la mort de l’albu- mine active. M. Emmerich conteste cette opinion. П ne reconnait dans le phénomène bactéricide que le jeu de facteurs purement chimiques. Пари transformer de l’albumine inerte, dégagée d’un sérum chauffé, en albumine active ou bactéricide, en réagissant sur elle avec de l’alcali dilué. Au sur- plus, M. Buchner, aussi, a pu rétablir l’activité d’un sérum privé de son acti- vité par une adjonction d’eau, en ajoutant Det à peu une quantité normale de chlorure de sodium. Résumant tout ce qui vient d’être dit, nous sommes fondés à sup- poser que, dans le sang vivant, il existe des mécanismes spéciaux contenus probablement dans les éléments morphologiques, et communiquant au sang le pouvoir bactéricide. A l’aide de ces mécanismes, il se forme des sub- stances dont la présence peut être révélée par leur action même dans un pro- duit aussi inerte que le sérum du sang. Nous ne savons pas d’une manière précise, dans.quel état ces substances se trouvent, d’abord dans les éléments morphologiques du sang, puis dans le liquide sanguin. Deux suppositions sont possibles: ou ces substances sont dépourvues de tous les caractères des éléments biologiquement actifs, ou bien ces caractères existent dans ces sub- stances à un degré quelconque de développement. Danslesens de la première supposition, il faudrait reconnaître que dans le liquide sanguin ces substances se 71) Dubnar, Zum Stande der bacteriologischen Choleradiagnose unter besonderer Be- rücksichtigung der Pfeiffer’schen specifischen Cholerareaction; Deutsche medicinische Wo- chenschrift, 1895, № 9, р. 137. 72) Max Gruber, Ueber den augenblicklichen Stand der Bacteriologie der Cholera; Münchener medicinische Wochenschrift, 1595, № 13, р. 277, № 14, р. 310. 73) a) Georg Sobernheim, Experimentellc Untersuchungen über Choleragift und Cho- leraschutz; Zeitschrift für Hygiene, 1893, +. XIV, р. 485. —Ъ) Georg Sobernhein, Unter- suchungen über die specifische ще der Choleraimmunität; Zeitschrift für Hygiene, 1895, t. XX, p. 438. 74) H. Buchner, Uber die nähere Natur der bacterientôdtenden Substanz im Blutse- rum; Centralblatt für Bacteriologie п. з. w., 1889, t. IV, р. 565. 75) В. Emmerich etc., (. с. (voir 21° Renvoi), 76) H. Buchner, Weber die Schutzstoffe des Serums, Verhandlungen des XI. Kongresses für innere Medicin, 1892; у. aussi Berliner klinische Wochenschrift, 1892, № 19, et Centralblatt ит Bacteriologie п. в. w., 1892, +. XII, р. 769. 118 Е. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS trouvent en solution, sans la moindre aptitude à manifester des propriétés biolo- giques typiques. Dans le sens de la seconde supposition, il faudrait reconnaître que, par exemple, dans le sérum sanguin, ces substances seraient une partie intégrale nécessaire des granulations cellulaires, dégagées de leuco- cytes et conservant, pendant quelque temps, leurs propriétés biologiques actives. П serait très facile de faire un choix entre ces deux suppositions, si nos idées sur l'essence des phénomènes vitaux étaient fixées d’une manière entièrement précise, et si, par conséquent, nous disposions d’un criterium infaillible pour distinguer ce qui est vivant de ce qui ne l’est pas. N’ayant pas l'intention, quant à présent, de préjuger la question, nous nous borne- rons à nous référer aux expériences que nous avons faites sur deux milieux nutritifs artificiels; ces milieux nous ont fourni le moyen de reproduire le tableau de l’action bactéricide dans des conditions telles que l’idée même de l’activité biologique de la matière nocive étudiée soit écartée. Nous voulons parler d’expériences faites sur des bouillons de chou et de radis. En ce qui concerne le bouillon de chou, il y a, dans la littérature spéciale, les indications de М. Freudenrich®?) qui a trouvé que ce bouillon possède l’action bactéricide. Le bouillon de radis, pour autant qu’il est à notre connaissance, n’a pas encore été éprouvé. Ces milieux nutritifs se pré- parent de la manière suivante: on coupe en petits morceaux une tête de chou bien nettoyée et lavée à grande eau ou bien les feuilles et la racine d’un radis préparées de la même manière, puis on les fait passer par la machine à hacher la chair saucisses; en sortant de là, la masse ainsi hachée est pressée à travers un linge de toile propre; le suc qu’on obtient de la sorte est étendu de cinq fois sa quantité de solution physiologique de chlorure de sodium (0,75%); ce mélange est soumis à l’ébullition, puis filtré; ce filtrat est amené jusqu’à la réaction faiblement alcaline; puis il est stérilisé dans l’auto- clave à 120° C. pendant 20 minutes. Une fois refroidis, nos deux bouil- lons furent ensemencés avec des bacilles du charbon exactement de la même manière que les milieux nutritifs dont il a été question précédemment; l'observation qui a suivie s’est passée comme dans l'étude des propriétés bactéricides du sang. Les quantités obtenues de la sorte sont groupées dans le cinquième tableau qui forme deux divisions: la division À, bouillon de chou, et la division B, bouillon de radis. Ce tableau est dressé sur le mo- dèle du premier tableau. 77) Ed. de Freudenreich, L. с. (voir le 28° renvoi). PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 119 Tableau У. A. Bouillon de chou. а. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemencement, les gouttes d’essai sont-elles prélevées? b. — Nombre des colonies provenant des gouttes d'essai. № de l’expé-|| rience 1 @. dv. 341 210 196 131 102 121 Ce) 2 а. 0 1 3 5 8 12 24 176 108 89 75 73 0 1 8 5 8 12 24 В. Bouillon de radis. co р а. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemencement, les gouttes но d’essai sont-elles prélevées? 3 =’ с = Ь. — Nombre des colonies provenant des gouttes @’еззал. 3 a. 0 il 3 6 8 10 261}, b. 516 420 55 31 65 1751 со 4 а. 0 1 3 6 8 10 261/, b. 620 431 156 235 326 2320 со Г’ехатеп du cinquième tableau montre que les bouillons, éprouvés par nous, donnent la même perte progressive du nombre des colonies nées des portions d'essai, la même vallée, puis la même augmentation du nombre de colonies, que le sang. Le procédé employé pour préparer ces milieux nutritifs, lui-même, prouve que nous sommes en présence d’un jeu de facteurs dépourvus de valeur biologiquement active. Certes, on ne saurait perdre de vue que les matériaux initiaux, ayant servi à préparer nos bouillons de chou et de radis, sont des extraits de tissus végétaux; mais il ne serait guère permis d'admettre qu'après les manipulations dont nous avons donné le détail, il se soit conservé, dans ces extraits, des formations biologiquement actives quelconques. 120 Е. S. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Il n’est pas sans intérêt de comparer ces expériences avec celles faites sur un bouillon de concombre que nous avions préparé avec des concombres frais, d’après le même procédé que les deux bouillons précédents. Ayant ensemencé ce bouillon de concombre avec des bacilles du charbon, nous avons trouvé que les bactéries s’y développaient, dès le commencement, d’une manière entièrement satisfaisante. Dans la représentation graphique des expériences qui s’y rapportent, on n’obtient pas la courbe aux deux branches typiques. Comme confirmation, nous nous en référons aux expériences in- scrites dans le sixième tableau. Тез données énumérées dans ce tableau n’exigent aucune explication particulière. Tableau УГ. Bouillon de concombre. . — Au bout de quel nombre d'heures, après l’ensemencement, les gouttes d’essai sont-elles prélevées ? rience. О D en м Ф — © re) = b. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’easai. — 0 И 3 514, 7 10 2 62 146 493 970 1385 0 11), 3 51, 7 10 10800 | 16200 | 37000 | 76700 со со Donc, quel que soit le mécanisme de la formation des substances bac- téricides dans ces bouillons de chou et de radis, il esten tous cas bien certain que les substances bactéricides peuvent manifester leur action nocive dans un état biologiquement inerte bien constaté. Ici, il est à propos de rappeler les expériences de M. Bitter 78) qui a montré qu’une solution de substances bactéricides, obtenues d’après le procédé de М. Christmas, ne perd pas son action bactéricide, en dépit d’un chauffage à 65° С. (on sait qu’à cette tempé- rature le sang défibriné et le sérum perdent leurs propriétés bactéricides). La différence dont il est parlé précédemment, entre les propriétés bactéricides du sérum et celles des corpuscules sanguins, pourrait être expliquée, du moins en partie, par les conditions purement mécaniques dans lesquelles les bactéries arrivent dans l’un ou dans l’autre de ces milieux. Pour nous reconnaître dans cette question, nous avons fait quelques 78) H. Bitter, L. c. (voir le 10° renvoi), p. 342. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 121 expériences sur du sérum sanguin, auquel il fut ajouté du verre sous forme de poudre très fine. Dans un tube à réaction, au fond duquel il y avait une certaine quantité de poudre de verre très fine, on versa une petite quantité de sérum; on remplit de la même quantité de sérum un tube dans lequel il n’y avait pas de poudre de verre. Les deux tubes furent ensemencés à peu près avec la même quantité de bactéries, et on mêla soigneusement. Ce mélange de sérum, de bactéries et de poudre de verre donna une espèce de bouillie liquide; cependant, bientôt après, le tube demeurant en repos, la poudre deverre, mouillée par le sérum, se déposa au fond, en entraînant avec elle une partie, tout au moins, des bactéries. Avant de prélever la portion d’essai, le contenu du tube fut mélangé jusqu’à ce qu’il se formât de nouveau une sorte de bouillie homogène. Les données quantitatives qui se rapportent à cette série d’expériences sont groupées dans notre septième tableau. Tableau УП. , Sérum du sang artériel mêlé à de la poudre de verre pilé. a. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemencement, les re d'essai sont-elles prélevées ? b. — Nombre des colonies provenant des gouttes d'essai de sérum pur. = с. — Nombre des colonies sorties des portions d’essai de sérum mêlé à de la poudre de verre. Ces expériences montrent que, dans un tube contenant de la poudre de verre pilé mêlée à du sérum de sang en bouillie, les phénomènes bactéricides sont exprimés d’une manière considérablement plus faible que dans du pur sérum de sang. En terminant l’examen des données recueillies par nous sur le compte des animaux normaux, nous nous croyons permis d'avancer pour conclure la supposition ci-après: le pouvoir bactéricide des milieux éprouvés par nous et en particulier le pouvoir bactéricide du sang trouve son explication la plus simple dans l'opinion d’après laquelle les substances bactéricides, ainsi qu'il SÀ 122 Е. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS ETC. Га été montré précédemment, sont entraînées dans le processus vital des bactéries à l'instar des substances alimentaires. Dans cette condition, les substances bactéricides ne sont plus des agents luttant d’une manière active, et entrant en concurrence avec les bactéries; ces substances descendent au rang de matières inertes, saisies par les bactéries, et manifestant leur action nuisible sur celles-ci en dehors de toute volonté préconçue de leur part. En partant de ce point de vue, on pourrait diviser tous les milieux naturels et artificiels dans lesquels il arrive des microbes, en plusieurs catégories. On rangerait dans la première catégorie les milieux formés de substances direc- tement bonnes à la nutrition des microbes; ces milieux méritent d’être ap- pelés milieux nutritifs dans l’étroite acception du mot. Nous placerions dans la deuxième catégorie les milieux composés de substances absolument im- propres à la nutrition des microbes; ces milieux peuvent être appelés indit- férents ou faméliques. A la troisième catégorie appartiendraient les milieux formés de substances meurtrières ou toxiques pour ces microorganismes; ces milieux méritent d’être appelés milieux toxiques. Enfin, il faudrait faire entrer dans une quatrième catégorie les milieux qui manifestent des effets bactéricides dans l’acception donnée ici à ce mot. Dans ces milieux bacté- ricides, on peut admettre la présence de substances nutritives, comme de substances toxiques; et, selon toute probabilité, les substances toxiques se comportent à l’égard des bactéries de la même manière que se comportent, à l’égard d’organismes plus compliqués, certains poisons, avidement consommés par ces organismes et se transformant en eux. C’est par la présence, dans les milieux bactéricides, de substances de ces deux espèces, c’est-à-dire de sub- stances d’espèce nutritive et de substances d’espèce toxique, qu’on pourrait s'expliquer tout ce qui a lieu dans les milieux bactéricides, quand le nombre de bactéries diminue et quand il augmente. ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES PUBLIÉES PAR L'INSTITUT IMPÉRIAL DE MÉDECINE EXPÉRIMENTALE A ST.-PÉTERSBOURG.. Tome У, X 2 et № 3. ST.-PÉTERSBOURG. 1897. x Lire à а er ча В RE > о г « - . аз: > я ТИ œ | + UE #4 17 3 $3 d à. Le ы ü 1143 MAI ЕР PE A À 1 3 cree par ordre de Pinstitut Impérial de Médecine =. : Mai 1897. — _ S$. Winogradsky, 1 р = Ltd ie à 2+ х- - # к та t а : Ч à | Me” à = ER Lu = à = ` г Ч" à : F ф LE TE L м Fr * LA х = ; ’ IMPRIMERIE DE L ACADÉMIE | IMPÉRIALE DES SCIENCES. nee Ostr., 9-ème ligne, № 12. ОСТ 11 1897 De l'antitoxine contenue dans le sang et les organes des chevaux immunisés contre la diphtérie. Par М. $. К. Dzerjgowsky. (Travail du laboratoire des sérums thérapeutiques à l’Institut Impérial de Médecine Expérimentale.) Depuis la publication des travaux de MM. Ehrlich, Wernike, Beh- ring et d’autres, nous savons que, dans l'organisme des animaux bien por- tants, après injection de doses progressivement croissantes de poisons bacté- riens solubles, il se forme des contre-poisons qui ne sont pas seulement capables de neutraliser la toxine spécifique mais qui, en outre, ont une action curative sur les hommes et les animaux infectés des bactéries correspondantes. Depuis la récente publication de ces travaux, on а avancé beaucoup d’hypothèses, parfois contradictoires, touchant l’origine et la nature de ces antitoxines. Nous n’entrerons pas, ici, dans l’examen de ces diverses théo- ries; d’autant plus que le fait même de leur nombre et de leur caractère contradictoire nous montrent que nous ne pouvons encore répondre d’une manière définitive à la question de savoir quel est l’origine et le mode de formation des antitoxines dans l’économie. Bientôt après la publication des articles de M. Roux dans les Annales de l’Institut Pasteur, un laboratoire pour la préparation du sérum anti- diphtérique fut installé dans notre institut, dont la direction provisoire nous fut confiée. Nous nous sommes trouvés, de la sorte, en situation d’aborder par voie expérimentale, la première des questions ci-dessus, c’est-à-dire la question du lieu de formation des antitoxines dans l’économie. En гёиз- 9 2 5. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE 1 8. К. ; ы sissant, on pouvait espérer еп tirer quelques indications au sujet de la der- nière des deux questions posées. Dans ce travail, nous nous sommes efforcés de déterminer la répartition locale de l’antitoxine entre les liquides, les organes et les tissus des chevaux immunisés contre la diphtérie. Notre tâche a été facilitée par cette circon- stance que, grâce à la méthode étudiée par MM. Behring, Ehrlich et d’autres, nous sommes en situation de déterminer avec facilité, même dans la plus petite quantité de liquide soumis à l’étude, la quantité d’antitoxine qu’il contient. Nous mélangions les liquides étudiés en quantité déterminée dans un récipient en verre avec de la toxine normale de diphtérie contrôlée avant chaque expérience; et nous injections ce mélange, en dose déterminée, sous la peau de cobayes. Nous regardions comme le moment de la neutrali- sation, c’est-à-dire comme la quantité limite d’antitoxine, la disparition d’une infiltration au point de l'injection. Suivant les nombreuses expériences faites par nous, ce n’est pas la mort de l’animal, mais précisément la dis- parition de cette infiltration qui indique, de la manière la plus sûre, que la neutralisation de la toxine est obtenue. Dans ce cas, le poids de l’animal n’a aucune importance: chez des cobayes de 200—500 grammes auxquels nous avions injecté la même quantité du mélange de toxine et d’antitoxine, une infiltration identique se produisait au même moment, indépendamment du poids de l’animal; ou, suivant le cas, l’infiltration ne se produisait pas du tout. Dans les tableaux que nous donnons ci-après, la force de l’anti- toxine est indiquée en unités proposées par М. Behring. Nous avons commencé nos études par le sang, dans lequel nous avons déterminé la quantité d’antitoxine contenue tant dans ses parties constitu- tives liquides (sérum et plasme), que dans ses éléments morphologiques (globules blancs et globules rouges). Un grand inconvénient, dans les expé- riences sur le plasme, pour les injections et la mesure de la dose, c’est la propriété que possède le plasme de se coaguler rapidement. Aussi avions- nous, préalablement, à étudier la question de savoir si le plasme а la même importance, au point de vue de la quantité d’antitoxine qu’il contient, que le sérum; c’est-à-dire qu’il nous fallais rechercher 1° si la fibrine des ani- maux immunisés possède des propriétés antitoxiques, et 2°, si le coagulum de fibrine ne retient pas, comme corps poreux, une certaine quantité d’anti- toxine, lorsque le sérum se dégage spontanément du coagulum. Pour résoudre la première question nous avons déterminé le pouvoir neutralisaut de la fibrine dégagée du sérum, lavée et dissoute dans une solu- tion à 10°, de chlorure de sodium; en même temps, dans l’autre partie de la _ DANS LE SANG ET LES ORGANES DES CHEVAUX ЕТС. 125 même fibrine nous déterminions la quantité de résidu solide. Nous donnons dans le tableau I les résultats que nous avons obtenus’). Tableau I. Sclution de fibrine du cheval № 85; force de son sérum — 110 unités. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Тохше 0,3. Toxine 0,3. Solution de Solution de Solution de Solution de Solution de fibrine 0,1 с. с. fibrine 0,5 c.c. fibrine 1 c. с. fibrine 2,5 с. с. fibrine 5 с. с. № 566. № 567. № 568. № 569. № 570. Jours 330 300 284 306 320 1 1. а. с. 310 1. с. 270 1. с. 270 1. а. с. 300 1. а. с. 302 2 1. с. 305 1. с. 285 1. с. 270 1. с. 296 110259 3 succombe avant succombe avant succombe après faite 272 succombe ayant 4 6 В. м. 6 В. m. 6 h. m. succombe aprés 6 h. m. 6 h. m. Le tableau I montre que la fibrine ne possède aucune propriété anti- toxique et que, par conséquent, à cet égard, elle n’est qu’une partie constitutive neutre du plasmesanguin. Les tableaux П et Ш donnent une réponse à la seconde question en montrant que le sérum ayant déposé spontanément et le sérum, exprimé du coagulum du plasme du même sang, ont la même importance au point de vue de leur force. Par conséquent, le coagulum du plasme, malgré sa porosité ne retient pas le principe actif. Tableau Il. Cheval № 85. a. Épreuve du sérum s'étant dégagé spontanément. Toxine 0,3. Тохше 0,3. Toxine0,3. Тохше0,3. Тохше0,3. Тохше 0,3. Тохше0,3. Sérum Sérum Sérum Sérum Sérum Sérum Sérum 0,0013. 0,0011. 0,0010. 0,0008. 0,0007. 0,0006. 0,0005. № 91. № 92. № 93. № 125. № 126. № 127. № 128. Jours 335 305 300 315 300 320 2 305 171. м; 330 1-1. 285 1. п. 260 1. п. 295 1. п. 288 1. е. 305 1. а. с. 280 2 1.1.327 1. п. 288 1. п. 267 1. п. 305 1. р. 282 1. р. 307 1. с. 250 3 1.0.332 1. п. 303 1. п. 290 1. 0. 310 1. р. 282 1. р. 307 1. ©. 242 4 1.0. 338 1. п. 310 1. п. 802 1. п. 322 1. р. 292 1. р. 312 1. с. 230 5 1. п. 340 1. п. 312 1. п. 807 1. 0. 322 1. р. 294 1. р. 302 1. ©. 228 Force—120 unités. 1) Dans ce tableau comme dans tous ceux que nous donnerons dans la suite, la première rangée horizontale indique la quantité de solution normale de toxine, en centimétres cubes. La seconde ligne donne la quantité de liquide éprouvé quant à l'antitoxine, en centimètres cubes; la troisième contient le numéro de l’animal sur lequel а eu lieu l'expérience; la quatrième, le poids du cobaye au jour de l'injection; et, les autres, le poids de l’animal après Vinjection. Ех- plications des abréviations: 1. а. с. — infiltration assez considérable; 1. с. т infiltration con- sidérable; 1. р. — infiltration petite; 1. t. р. — infiltration très petite; 1. п. — ee nulle, 126 3. К. DZÉRJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE b. Épreuve du sérum exprimé du coagulum. Тохше0,3. Тохше0,3. Toxine0,3. Тохше0,3. Toxine0,3. Тохше0,3. Тохте0,3. Sérum Sérum Sérum Sérum Sérum Sérum Sérum 0,0013. 0,0011. 0,0010. 0,0008. 0,0007. 0,0006. 0,0005. № 72. № 79. № 80. № 129. № 130. № 131. № 132. Jours 290 315 _ 285 340 355 855) DENT 11. 20 га 507 1 п. 200 1 щ. 320 1. п. 350 1. р. 339 1. р. 333 2. 1.1. 280 1. п. 305 1. п. 268 1.1.329 Та. с. 340 та. е. 815 . ic. 815 3 in. 292 11.312 1. п. 270 11.337 Га. с. 357 га. е. 315 1. с. 312 A в. 997 1. п. 318 1. п. 980 11.349 1а.с. 350 ia cd 1. с. 300 5 — 1. п. 320 Г: п. 282 1.1.349 i.a.c.354 та. с. 315 succombé après Force—120 unités. 6 h. m. Tableau ПШ]. Cheval № 5. a. Épreuve du sérum s'étant dégagé spontanément. Toxine 0,5. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,002. Sérum 0,0017. Sérum 0,0017. Sérum 0,0014. Sérum 0,0018. № 113. № 114. № 133. № 134. № 135. Jours 328 325 340 360 325 1 тю. 315 1. п. 325 1. п. 342 1. р. 375 реш D, цв 1. $. р. 335 1. п. 345 1. а. с. 367 1. с. 320 Sin 1210) 1. $. р. 332 1. п. 855 т. а. с. 370 1. с. 322 4 1.1.317 1. п. 325 — 1. а. с. 370 1. ©. 325 315 1. п. 340 — 1. 4. с. 372 1. с. 330 Force—60 unités. $. Épreuve du sérum exprimé du coagulum. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Sérum 0,0017. Sérum 0,0014. Sérum 0,0013. Sérum 0,0011. Sérum 0,0010. № 159. № 136. № 137. № 138. № 139. Jours 293 310 340 310 320 1 1. п. 275 1. п. 320 1. а. с. 308 1. а. ©. 310 1. а. е. 320 2 1. п. 283 1. 6. р. 320 1. а. с. 305 1. с. 300 1. с. 308 3 1. п. 300 1. p. 315 1. a. с. 307 1. с. 300 1. с. 300 4 1. п. 300 1. р. 305 1. а. с. 300 1. с. 305 succombe avant 5 1. п. 304 1. р. 295 1. а. с. 307 1. с. 307 6 В. m. Еогсе=60 unités. Г/’ехрётепсе suivante prouve que le plasme, et le sérum ont la même puissance de propriété antitoxique: nous partageons une portion de plasme en deux parties; nous ajoutons à l’une d’elles de l’oxalate d’ammoniaque afin de la maintenir à l’état liquide, d’après les données de Pagès!); nous lais- се 1) Arthur Pagès, Archives de Physiologie, t. II, 1890 et Compt. rend., 1891, #. СХИ, о 4. DANS LE SANG ET LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. 127 sons l’autre se coaguler spontanément: après quoi, les deux parties sont filtrées à travers la bougie de Chamberland. Le tableau IV montre que le sérum et le plasme liquide, mélangés à de la toxine et injectés à des cobayes, se sont montrés identiques par leurs propriétés antitoxiques. Tableau IV. a. Cheval X 11. Sérum. Plasme. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine0,3. Toxine 0,8. Sérum Sérum Sérum Flasme Plasme Plasme 0,0022. 0,0020. 0,0018. _ 0,0022. 0,0020. 0,0018. № 292. № 293. № 294. № 295. № 296. № 297. Jours 285 : 290 276 - Jours 300 320 288 1 1. п. 288 1. п. 286 10272 1 1.1. 305 1. п. 322 1. п. 285 2 1. D. 290 1. п. 292 1. à. с. 268 2 1.1.310 1. п. 325 1. а. с. 270 3 1. п. 294 1. D. 292 1. а. с. 270 3 1.1.310 1. п. 325 1. a. с. 278 4 1.10.2992 1. n. 295 т. à. с. 278 4 1.1.319 1. п. 330 1. a. с. 282 Еогсе=50 unités. Force—50 unités. b. Cheval № 48. Sérum. Plasme. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum Sérum Sérum Plasme Plasme Plasme 0,0015. 0,0014. 0,0013. 0,0015. 0,0014. 0,0013. № 324. № 325. № 326. № 327. № 398. № 329. Jours 310 340 315 Jours 335 292 288 1 11. 315 1. п. 336 1. 0. 310 1 i. n. 330 1. п. 294 1. п. 278 и ЭЛЬ 1. п. 338 1. а. с. 304 Я 10 989 1. п. 300 1. а. с. 276 3 1. n. 320 1. п. 349 1. а. с. 308 4 1.1. 338 1. п. 300 1. а. с. 280 4 Lo = 1. п. 345 1. а. с. 312 3 1.1. 340 1. п. 302 1. а. с. 282 Еотсее=70 unités. Force—70 unités. Pour séparer les éléments plastiques du sang et déterminer leur pro- priété antitoxique, nous procédions ainsi qu’il suit: Nous recueillions le sang des chevaux immunisés dans un cylindre re- froïdi à 0°. Après que le sérum s'était dégagé, nous lavions le dépôt de globules rouges dans une solution physiologique de chlorure de sodium éga- lement refroidie à 0°. Afin d'arriver à un lavage rapide et complet nous nous servions de la centrifugatiou. Comme les eaux de lavage restaient entiè- rement incolores, on concluait que les corpuscules rouges du sang ne subis- saient, par cette opération, aucun changement dans leur composition ni dans leurs propriétés. Le dépôt de corpuscules rouges du sang était agité dans la 128 5. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE solution physiologique de chlorure de sodium, et, sous cette forme, servait à la détermination. Le poids des globules sanguins, employés à l’expérience était calculé en évaporant au bain-marie et en séchant un volume déterminé de cette émulsion à 110°. Les tableaux V et VI donnent les résultats obtenus. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,5. Toxine 0,8. Émulsion Émulsion Émulsion Émulsion Émulsion 1,0. 0,1. 0,01. 0,005. 0,0033. Résidu sol. Résidu sol. Résidu sol. Résidu sol. Résidu sol. 0,1709. 0,01709. 0,001709. 0,0008545. 0,00056397. № 450. № 449. № 448. № 447. № 446. Jours 248 255 270 | 257 257 1 1. п. 247 1. а. с. 237 i.n.,faible 255 faible 247 2 1.1. 240 1. а. с. 222 succombe avant succombeavant succombe après 3 1. п. 247 succombeavant 6 В. m. 6 h. m. 6 В. m. 4 1. п. 250 6 Ъ. m. 5 1. п. 252 Force = 0,1. b. Détermination de la force du sérum, Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,0025. Sérum 0,0022. Sérum 0,0020. Sérum 0,0018. № 419. № 420. № 421. № 422. Jours 402 405 387 367 1 т 3 397 1. п. 415 1. р. 375 1. а. с. 350 2 1. п. 386 Hot 105 499 1. а. с. 380 1. а. с. 340 3 1. п. 395 те р: 422 1. а. с. 382 1 ©. 933 4 1. п. 405 DD 498) 1. а. с. 380 1. с. 328 5 — 1. п. 480 1. à. с. 385 1. с. 325 Force—410 unités. Tableau У]. Cheval № 85. a. Détermination de la force des globules rouges. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Emulsion 1,0. Emulsion 0,5. Émulsion 0 Émulsion 0,05. Résidu solide Résidu solide Résidu solide Résidu solide 0,2514. 0,1257. 0,02514. 0,001257. № 564. № 563. № 562. № 561. Jours | 235 210 225 255 п 1. с. 215 1. а. е. 195 1 Рь @> 9 1. а. с. 240 2 1. ©. 200 succombeà12h.j. succombeà6h.s. succombe avant 3 succombe avant — — 6Gh.s. 4 6Gh.m = La Tableau У. Cheval № 74. a. Détermination de la force des globules rouges. г — Force moindre 0,1 unité. Toxine 0,8. Emulsion 0,0055. Résidu sol. 0,00042725. № 445. 285 faible 237 succombeavant 6 h.s. Toxine 0,3. Sérum 0,0017 № 423. bio jme ны. mie © Du TT MED pppos 400 385 380 374 360 346 Émulsion 1,0. Résidu solide 0,2514. bio bio bete ыы CCR TE № п п n n 565. 222 . 202 . 217 . 220 . 226 DANS LE SANG ET LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. 129 b. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,001. Sérum 0,0009. Sérum 0,0008. № 574. № 575. № 576. Jours 270 305 310 1 1. п. 270 1. п. 302 1. р. 300 2 1. п. 272 1. п. 308 1. р. 398 3 1. п. 278 1. п. 312 1. р. 302 4 1. п. 280 1. п. 314 1. р. 304 5 1. n. 282 1. п. 318 1. р. 308 Force = 110 unités. Ces chiffres montrent que les globules rouges du sang, en comparaison avec le plasme, ne contiennent que des traces d’antitoxine (dans un cas 400 fois moins, dans l’autre 1100); et encore ces insignifiantes quantités peuvent-elles être expliquées par cette circonstance que, malgré le lavage le plus soigneux, nos globules rouges n'étaient pas entièrement libres de sérum. On pourrait faire l’objection que l’antitoxine des globules rouges а pu passer dans les eaux de lavage. Afin d’écarter cette objection nous avons fait l’expérience ci-après: nous recueillons le sang à froid directement dans un entonnoir cylindrique à robinet; et, après que les globules blancs sont déposés, au froid, nous ouvrons le robinet et faisons couler ce dépôt de globules; en- suite, ces globules sont séparés du sérum au moyen d’une intense centri- fugation. Après, les globules furent détruites par l’adjonction d’une quantité triple d’alcool pur, et le dépôt qui, outre de l’hémoglobine et des matières albuminoides, devait contenir de l’antitoxine fut placé sous la presse et, autant que possible, on en exprima l’alcool. Le dépôt pressé fut ensuite lessivé dans un volume de solution physiologique de chlorure de sodium double de celui des globules rouges employés au commencement, il fut filtré, et le filtrat, dans lequel devait se trouver l’antitoxine, servit à la détermi- nation. Un procédé analogue à été appliqué, avant nous, par M. Aronson pour isoler l’antitoxine du sérum. Les tableaux УП et УШ confirment le résultat de l’expérience précédente en montrant que les globules rouges du sang ne contiennent que des traces d’antitoxine. 130 5. К. DZERJGOWSKY, DE L'ANTITOXINE. CONTENUE Tableau УП. Cheval № 84. Sérum. Extrait de globules rouges. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Тохше 0,3. Sérum 0,0017. Sérum 0,0014. Sérum 0,0018. Extrait 0,2. Extrait0,04. Extrait0,002. № 571. № 572. № 573. № 560. № 559. № 558. 270 290 300 Jours 345 350 : 350 a n. 272 1. п. 286 1. п. 295 т тт. 36271 та 212 1. а. с. 317 2 1. п. 280 1. п. 292 е. а. с. 280 2 1.1.375 та. с. 325 faible 307 3 1. п. 280 . п. 295 е. а. с. 288 ) нь 9 у. ©. 888) faible 295 4 1. п. 285 1. п. 298 е. a. с. 292 т. 98 1. с. 324 succombeavant 5 1. п. 282 — е. а. с. 290 5 — 1. с. 330 6 h. м. Force—70 unités. Force—1 unité. Tableau УГ. Cheval № 85. : Sérum. Extrait de globules rouges. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,5. Sérum 0,001. Sérum 0,0009. Sérum 0,0008. Extrait 0,2. Extrait0,04 Extrait0,002. № 574. № 575. № 576. № 557. № 556. № 555. Jours 265 305 310 Jours 312 312 320 1 1 n 9700) 1. п. 802 1. р. 300 1 1. п. 300 1 а. ©1305 IC 97 п: 200 1. п. 808 1. р. 298 И. в. 320 гс 30% faible 300 Sin 202 1 ль 12 1. р. 302 3 1. п. 320 1. с. 302 succombe à 1 be 90 1. n. 314 1. р. 304 4 1.1.322 contagion 304 6h. m. 5 п. 280 1. п. 318 1. р. 308 : 5 1. п. 328 contagion 308 Force—110. Force—1 unité. Dans notre étude des propriétés antitoxiques des globules blancs, nous nous sommes aussi servi de deux procédés. Dans le premier cas, le sang fut re- cueilli au sortir de la veine dans un cylindre refroidi et déposa à la tempé- rature de 0°. Déjà, au bout de six heures, on pouvait observer dans le sang, ayant déposé liquide, la répartition de ses parties constitutives d’après leur poids spécifique, et la formation de trois couches différentes. La couche supérieure est formée du plasme presque limpide, la moyenne, des globules blancs, et l’inférieure, des globules rouges du sang. Au bout de 24 à 30 heures le plasme demeure encore liquide, et à la limite seulement de la couche des globules rouges, il se forme un coagulum contenant les globules blancs. On décantait le plasme; le coagulum, détaché des paroïs du cylindre à l’aide d’une fine baguette de verre, était saisi dans une cuiller et trans- porté sur un fin tamis de nickel sur lequel il était lavé avec du plasme afin d’en séparer les corpuscules rouges. Le coagulum, obtenu de la sorte, était DANS LE SANG ЕТ LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. #5] conservé pendant 24 heures dans un vase stérilisé à la température de 10° С., et la plus grande partie du sérum qu'il renfermait passait à travers les pores de ce coagulum. Puis ce coagulum était pressé dans un linge à travers lequel passaient, outre le sérum et ce que contiennent les globules blancs du sang, ces globules eux-mêmes. Nous employions à nos expériences le liquide obtenu qui contenait ainsi la substance des globules blancs mêlé au sérum. Si, ainsi que beaucoup d’auteurs l’admettent, les globules blancs du sang sont le lieu où se forment les antitoxines, dans ce suc nous aurions dü, еп tous cas, trouver une bien plus grande quantité d’antitoxine contenue que dans le sérum pur. Nous rapprochons dans les tableaux IX, X, XI, XII et XIV les expériences correspondantes dont la synthèse est donnée par le tableau ХУ. Il ressort de ce dernier tableau 1° que le sérum contenant le suc des globules blancs, non seulement n’est pas plus riche en antitoxine que le plasme, maïs qu’il en est même moins largement pourvue; 2° que l’extrait de globules blancs contient relativement peu d’antitoxine. Tableau IX. Cheval № 5. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,002. Sérum 0,0017. Sérum 0,0017. Sérum 0,0014. Sérum0,0018. № 113. № 114. № 133. № 134. № 135. Jours 328 325 340 360 323 1 1. п. 315 1. п. 335 1. п. 342 а ©1195 1. 6. р. 325 2 1 п. 317 1. п. 832 1. п. 345 1. а. с. 367 1. р. 817 3 1. п. 310 1. п. 335 1. п. 355 1. р. 370 1. а. с. 320 4 1. п. 315 1. п. 840 — 1. р. 370 1. a. ©. 322 5 1. n. 325 1. п. 342 — — 1. а. с. 325 Force—60. Force—60. b. Détermination de la force du suc exprimé des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Тохше 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,0022. Suc 0,0022. Suc 0,002. Suc 0,0017. Suc 0,0014. Suc 0,0013. № 161. № 162. № 163. № 177. № 140. № 141. Jours 342 330 298 315 À 375 : 332 1 1. п. 315 1. п. 810 1. п. 285 1. п. 295 1. р. 385 ‚ 1 1. 845 2 1 п. 925 1. п. 317 1. п. 293 1. п. 303 1. а. с. 392 1. а. с. 327 3 1. п. 330 1. п. 340 1. п. 300 1. п. 312 1. а. с. 395 1. а. с. 325 4 1. n. 338 1. п. 340 — 1. п. 320 1. à. с. 394 1. а. с. 322 5 1. п. 342 — — 1. п. 225 — 1. а, с. 317 Force—60 unités. 132 5. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE с. Détermination de la force de l’extrait glycériné de globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. . Extrait 0,1. Extrait 0,01. Extrait 0,05. Extrait 0,0017. Extrait 0,001. № 160. № 142. № 164. № 165. № 166. Jours 285 310 337 "1 807 0. 2845 1 1. п. 282 1. п. 302 1. с. 808 faible 282 faible 300 2 1. п. 290 1. а. с. 300 IC Я succombe après faible 285 3 1. п. 294 1. а. с. 296 1. с. 280 6 h. m. succombe avant 4 — Г. а, с. 294 succombe après 6 h. m. 5 — 1. а. с. 300 68. 3. Force—1 unité. Tableau X. Cheval № 83. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. * Toxine 0,3. Sérum 0,0018. Sérum 0,0017. Sérum 0,0014. Sérum 0,0018. № 278. № 218. № 219. № 220. Jours 302 225 367 335 1 1. п. 304 1. п. 315 1. ©. 345 1. а. с. 315 2 1. п. 304 1. $. р. 310 1. ©. 3287 1. ©. 312 3 1. п 310 1. 6 р. 325 1. с. 340 сом 4 10. 312 1. п. 330 1. с. 345 1. ©. 910 5 1. п. 308 1. п. 830 ©1952 1. ©. 320 Force—55 unité. b. Détermination de la force du dépôt de globules blancs du sang. Тохше 0,3. Тохше 0,3. Тохше 0,3. Dépôt 0,0018. Dépôt 0,0017. Dépôt 0,0015. № 245. № 246. № 247. Jours 302 315 305 1 1. п. 315 1. п. 315 1. р. 310 2 1. п. 308 р: 1315 1 а. ©. 310 3 1. п. 307 1. р. 315 1. а. с. 310 4 = 1. р. 318 1. а. с. 312 5 — 1. р. 325 1. а, с. 315 Force—55 unité. в. Détermination de la force du suc exprimé des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Suc 0,002. Suc 0,0018. Suc 0,0017. Suc 0,0015. № 279. № 248. № 249. № 950. До Dr 320 305 285 280 1 1. n. 314 i n°312 1. р. 285 1. р. 280 2 1. п. 318 1. а. с. 320 ть 25 85 Е! 1. а. с. 280 3 1. п. 325 г 25 ©. В 1. а. с. 282 1. а. с. 285 4 :. n. 320 — — 1. а. с. 287 5 1. п. 324 — — 1. а. с. 285 Force—50 unité. DANS LE SANG ЕТ LES ORGANES DES CEEVAUX ЕТС. 133 Tableau XI. Cheval № 37. a. Détermination de la force du sérum. Тохше 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,0033. Sérum 0,0025. Sérum 0,0022. Sérum 0,002. Sérum 0,0017. Sérum 0,0014. № 117. № 118. Nc 119. № 120. № 111. № 112. Jours 333 310 315 350 _ 320 313 1 1. п. 320 1. п. 287 1. п. 285 1. ©. 820 1. п. 282 1: 6. р. 282 2 1. 0. 318 1, t. р. 270 1. а. с. 282 1. с. 300 1. с. 262 faible 257 3 1. п. 337 1. t. р. 275 1. с. 290 :1. ©. 292 succombe avant succombe avant 4 1. п. 340 1, t. р. 297 1. с. 287 1. с. 280 6 В. m. 6 h. м. 5 11. — 1. $. р. 302 10 2). 1, с. 270 Force—30 unité. b. Détermination de la force du suc exprimé des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Тохше 0,3. Тохше 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,0033. Бис 0,0025. Suc 0,0022. Suc 0,002. Вис 0,0017. Вис 0,0013. № 167. № 168. № 169. № 121. № 122. № 123. Jours 265 280 270 382 380 320 1 1. п. 262 1. п. 277 1. п. 250 1. а. с. 350 1. а. с. 355 s. е. 287 2 1. п. 257 1. à. с. 272 1, р. 250 1. с. 327 1, C. 335 е. с. 265 о 0 200 1. а. с. 272 1. а. с. 240 1, с. 330 1. с. 330 succombe avant 4 1. п. 268 1, Be © 965 1. а. с. 245 1. с. 320 1. с. 335 6 В. m. 5 — — о Я ® 95 1. с. 310 1. с. 320 Force—30 unité. с. Détermination de la force de l’extrait des globules blancs du sang dans la solution physiolo- gique de chlorure de sodium. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Extrait 0,01. Extrait 0,0028. Extrait 0,0017. № 178. № 179. № 180. Jours 372 335 i 355 1 т а ©. 932 faible 385 faible 325 2 1. C.-317 succombe avant succombe avant 3 1. с. 310 6 В. м. 6 В. м. 4 1. с. 295 5 1. с. 285 Force moindre 10. 134 3. К. DZERJGOWSKY, DE Т’АМТИТОХМЕ CONTENUE Tableau XII Cheval № 79. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,0017. Sérum 0,0015. Sérum 0,0014. Sérum 0,0013. № 212. № 251. № 218. № 214. Jours 332 337 337 355 1 1. п. 330 1. п. 330 1. п. 327 1. $. р. 340 2 1. п. 335 520 11а: с. 525 1. а. ©. 397 3 1. п. 338 1. $. р. 347 1. а. с. 335 1. с. 330 4 1. п. 340 1, 6. р. 350 1. а. с. 342 1. с. 337 5 22 = 1. а. с. 346 1. с. 338 Force—60 unités. ; - Ъ. Epreuve de la force du dépôt des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxins 0,3. Dépôt 0,0017. Dépôt 0,0015. Dépôt 0,0014. № 238. № 239. № 258. Jours 375 350 357 1 1. п. 367 1. п. 850 1, $. р. 352 2 1. п. 375 гр. 350 1. а. с. 360 3 1. п. 373 1. t. р. 357 1. а. с. 370 4 1. п. 378 1. 6. р. 360 1. а. с. 365 5 — — 1. а. с. 368 Force—60 unités. в. Détermination de la force du suc exprimé des globules blancs du sang. | Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Suc 0,0017. Suc 0,0015. Suc 0,0014. № 240. № 241. № 254. Jours 382 410 330 1 1. п. 377 1. п. 410 1. 6. р. 317 2 1. п. 385 т. $. р. 412 1. а. с. 322 3 1. п. 385 1. t. р. 422 1. à. с. 320 4 — 1. t. p. 425 1. a. с 324 5 — 1. $. р. 428 г 1. а, с. 332 Force—60 unités. DANS LE SANG ET LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. Tableau ХШ. Cheval № 40. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Sérum 0,001. Sérum 0,0009. Sérum 0,0008. № 207. № 230. № 208. Jours 295 300 287 1 1. п. 297 1 п. 292 1. п. 290 2 1. п. 295 1. п. 290 1. t. р. 295 3 1. n. 298 1. п. 298 1. t. р. 305 4 1. п. 300 1. п. 310 i. t. p. 305 5 — 1. п. 310 1. п. 308 Force = 110 unités. b. Détermination de la force du dépôt des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0.3. Toxine 0,8. Dépôt 0,001. Dépôt 0,0009. Depôt 0,0008. № 339. № 340. № 341. Jours 320 320 320 1 1. п. 328 1. п. 317 1. п. 832 2 1. п. 322 1. п. 312 1. t. p.330 3 1. п. 325 1. п. 320 1. t. p.342 4 1. п. 330 1. п. 325 1. t. p.340 5 — 1. п. 322 1. t. p. 340 Force—110 unité. . Détermination de la force du suc exprimé des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,0011. Suc 0,001. Suc 0,0008. № 227. № 228. № 229. Jours 317 297 285 1 1, 1 8) 1. п. 292 1. р. 270 2 1. п. 335 1. п. 300 1. à. с. 261 3 Un. 392 1. п. 305 1. ©. 258 4 — 1. п. 312 1. с. 270 5 — 1. п. 312 1. ©. 275 Force—110 unités. 135 136 Jours д Q = Jours QE © D = $. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE Tableau XIV. Cheval № 97. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Sérum 0,0017. № 215. 302 . 290 . 292 . п. 302 1. п. 305 . 310 не bis jee ыы вЕВРВВ Toxine 0,3. Sérum 0,0015. № 216. 307 290 290 305 312 315 яяяя =. pie 5 ыы ыы СК 0 Forse—60 unités. Toxine 0,3. Sérum 0,0014. № 258. b. Détermination de la force du dépôt de globules blancs du sang. Toxine 0,3. Dépôt 0,0017. № 241. Forse—60. Toxine 0,3. Dépot 0,0015. № 242. 515 315 . 315 . 315 318 . 320 0 momo E Toxine 0,3. Dépôt 0,0014. № 255. _ 305 1. р. 310 . a. с. 310 . а. с. 310 . а. с.309 5 #5 ©5612) ie bio ыы. ыы. Toxine 0,3. Sérum 0,0013. № 254. 317 . 303 300 302 312 315 ото ppppe воре’ с. Détermination de la force du suc expimé des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 0,002. Suc 0,0018. Suc 0,0017. Suc 0,0017. Suc 0,0015. № 267. № 268. № 269. № 243. № 244. 312 305 305 295 300 1. n. 315 1. п. 315 1. n. 302 1. п. 300 1. п. 307 1. п. 313 1. п. 312 1. t. р. 300 1. t. р. 290 1. t. p. 300 1. п. 318 1. п. 330 1. t. p. 307 1. t. р. 295 1. 6. р. 300 1. п. 320 1. п. 324 1. 6. р. 310 1. t. р. 300 1. 6. р. 308 — — 1. $. р. 312 3.е. 305 ^ 1. t. p. 312 Force = 55. Toxine 0,3. Suc 0,0014. № 256. 300 . 297 . 297 . 293 . 295 . 295 я ооооо DANS LE SANG ЕТ LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. 137 Tableau XV. Comparaison des résultats consignés dans les tableaux IX, X, XI, ХИ, XIII et XIV. № du tableau . . . . IX х XI XII XII XIV № 5. № 83. № 37. № 79. № 40. №97. ера 60 55 30 60 110 60 Dépôt de globules Яо о ев — 55 — 60 110 60 Вис exprimé des glo- bules blancs . . . 60 50 30 60 110 55 Extrait des globules DANCE Te. 1 — au dessous de 10. Les précédentes expériences ont prouvé que les globules blancs du sang ne contiennent plus d’antitoxine que le plasme correspondant; mais elles ne font pas connaître quelle est exactement la quantité qu’ils en renferment. Pour déterminer la force de l’antitoxine des globules blancs, il aurait fallu se procurer de ces globules, libres de plasme ou de sérum. La méthode pro- posé par M. Alexandre Schmidt!) pour isoler les leucocytes s’est trouvée impropre pour ce but. Par une filtration prolongée. les globules blancs devien- nent muqueux, ils se collent aux parois du filtre, en sont très difficilement sé- parés et il est très difficile de les laver du plasme qui y а adhéré. Nous nous sommes servis, dans nos expériences, du procédé ci-après: le sang fraîche- ment recueilli est gardé à la température de 0° jusqu’à ce que d’abord les globules rouges et, ensuite, les globules blancs soient déposés. Alors, on décante avec précaution le plasme, et la couche, qui contient les globules blancs, est transvasée dans un grand vase contenant de la solution physiologique de chlorure de sodium refroidie à 0°. La liqueur est vigoureusement agitée et laissée au froid. Au bout de quelque temps, les globules blancs déposent au fond du vase sous forme de masse muqueuse. Le liquide ensuite est versé, et la masse muqueuse est transportée sur un verre de montre et laissée dans la position inclinée afin de permettre autant que possible à l’eau de s’écouler. Les dernières traces d'humidité sont écartées au moyen du papier à filtrer. Nous écrasons soigneusement une partie des globules blancs ainsi obtenue dans un mortier en agate et, l’ayant immédiatement mélangé à de la toxine, nous l’injectons à des cobayes. De l’autre partie, au moyen d’une solution à 10°, de glycérine nous faisons un extrait et, après avoir filtré les restes des cellules, nous nous servons de l’extrait pour les injec- tions. 1) А. Schmidt, Pflügers Archiv, t. IT, р. 813. 138 5. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE Tableau XVI. Cheval № 74. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,0025. Sérum 0,0022. Sérum 0,0020. Sérum 0,0018. Sérum 0,0017. № 419. № 420. № 421. № 422. № 428. Jours 402 405 387 367 4 400 1 1. п. 387 1. п. 415 1. р. 375 1. а. €. 350 1. а. с. 385 2 1. п. 386 1. 6. р. 422 1. а. с. 380 1. a. e. 340 1. ©. 380 3 1. п. 395 1. $. р. 422 1. а. с. 382 1. а. с. 333 1. ©. 384 4 1. п. 405 1. $. р. 425 1. а. с. 380 1. а. с. 328 1. ©. 360 5 — 1. п. 430 1. а. с. 385 1. а. ©. 325 Еогсе—=40 unités. b. Détermination de la force de l’émulsion des globules blancs du sang. Toxine 0,8. Toxine 0,8. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Émulsion 0,1. Émulsion 0,01. Émulsion 0,005. Émulsion 0,0083. Émulsion 0,0095. № 460. № 459. № 458. № 457. № 456. Jours 262 237 237 247 247 1 1. п. 265 12201225 а ©1227 е. а. с. 237 е. р. 240 2 1. 0. 272 1. а. с. 210 succombe avant succombe après succombe avant 3 1. п. 275 succombe après 6 В. т. 6 В. m. 6 В. m. 4 1. п. 272 6 В. soir. 5 1. п. 278 Force—1 unité. c. Détermination de l’extrait à la glycérine des globules blancs du sang. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Extrait 1,0. Extrait 0,5. Extrait 0,1. Extrait 0,05. № 462. № 463. № 461. № 464. Jours 240 227 247 265 1 1. п. 270 1. п. 260 1. п. 277 1. п. 248 2 1. п. 272 1. п. 267 1. п. 275 1. а. с. 252 3 1. п. 270 1. п. 260 1. п. 274 1, а. е. 260 а — 1. п. 262 1. п. 276 1. а. ©. 272 5 — 1. п. 264 1. п. 276 1. а. с. 272 Force—1 uaïité. Ces résultats permettent d'affirmer avec certitude que les globules blancs, comme les globules rouges, ne contiennent pas d’antitoxine ou n’en contiennent que des traces. DANS ГЕ SANG ЕТ LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. 139 Avant de commencer l’exposé de nos expériences sur la quantité d’anti- toxine contenue dans les divers organes, nous croyons indispensable de les faire précéder de quelques observations qui y ont trait. Nous avons étudié les organes ci-après: rate, foie, reins, glandes surré- pales, inguinales, bronchiques, salivaires, corps thyréoïde, ovaires, vésicules de de Graaf, muscle cardiaque, muscles sains et infiltrés du corps, moelle des os, moelle épinière, cerveau. Comme l’antitoxine est facilement soluble dans l’eau, il fallait la chercher dans les sucs de ces organes. Les organes étaient coupés en fines lamelles, enveloppés dans un linge de toile de tissu très serré et placés entre les deux plaques de nickel, sous le piston de la presse hygraulique à glycérine. En augmentant peu à peu la pression, nous parvenions facilement à extraire un peu des suc même d'organes aussi poreux que la rate. Lorsqu'il arrivait qu’à travers le linge il passait avec le suc des éléments morphologiques le suc était encore centrifugué. Pour la com- pression du cerveau, la toile s’est trouvée impropre et nous nous sommes servis d’un épais et solide filtre de feutre. Le cerveau était placé dans ce sac dont l’ouverture était fermée au moyen de deux lates de fer serrées par quelques vis, et nous le placions ainsi entre les deux plaques de la presse. Nous obtenions de cette façon une petite quantité de suc presque absolument pur qui nous servait aux expériences. Dans ce cas, comme dans les études du sang, nous déterminions la quantité d’antitoxine contenue suivant le pro- cédé du mélange. Nous regardions aussi comme le moment de la neutrali- sation la disparition, chez notre cobaye, d’une infiltration au point où avait eu lieu l'injection. Il va de soi que tous les заез étudiés étaient préalab- lement injectés séparément à un cobaye; et il se trouva qu'aucun d’entre eux ne provoqua d'infiltration. Dans nos études topographiques, sur la quantité de toxine contenue dans les différents organes, nous nous sommes servis de plusieurs chevaux immunisés, tués par le moyen de l'extraction du sang. Les données obtenues se rapportent donc à des organes exsangues. Ces chevaux étaient saignés dix jours après l'injection de toxine, et chacun d’eux avait reçu 400 centimètres cubes de toxine (0,05 с. с. de toxine tue un cobaye du poids de 250 grammes au bout de 48 heures). Sur quatre che- vaux qui ont servi à ces expériences (voir tableau X VII) celui de la première expérience reçut la toxine dans la veine, les trois autres en injections sous- cutanées. Afin qu’on s’y reconnaisse plus facilement, nous avons représenté les résultats obtenus d’une manière graphique dans le tableau ХУШ. 10 140 3. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE Tableau ХУП. Expérience I. Cheval № 43. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. . Тохше 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,0017. Sérum 0,0015. Sérum 0,0014. Sérum 0,0013. Jours 320 322 302 85) - Л 1. п. 305 1. п. 815 т. п. 290 1. п. 302 2 1. п. 307 1. п. 325 1. п. 300 1.р. 294 3 1. п. 315 1. п. 328 и. В а. с. 290 4 1. п. 325 1. п. 330 1. п. 312 a. с. 292 5 1. п. 330 — 1. п. 312 a. с. 300 Force—70 unités. b. Détermination de la force du suc de la rate. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Suc 0,01. Suc 0,005. Suc 0,0033. Suc 0,0033. Suc 0,0025. Suc 0,002. №363. №362. №361. № 346. №395. № 394. Jours 272 277 287 290 297 307 п 0% 1. t. p.267 1. п. 298 1. п. 285 1. ©. 282 1. ©. 292 Я 61.90 1. t. p.270 1. п. 295 1. а. с. 290 1. с. 270 1. ©. 280 Зам 225 1. а. с. 262 1. n. 300 1. a. с. 290 1. 6. р. 267 1. t. р. 275 тп. 278 1. а. с. 265 — 1. а. с. 295 1. t. р. 260 1. 5. р. 260 Бет. un 205 1.а. с. 268 — — plaie 252 plaie 254 Force—10 unités, c. Détermination de la force du suc du foie. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,01. Suc 0,005. Suc 0,0033. №354. №358. №355. Jours 312 335 345 1 1. п. 315 1. 2. с. 332 1. а. ©. 322 2 1. п. 805 1. а. с. 315 1. ©. 310 3 1. п. 325 1. a. с. 325 1. с. 315 4 1. п. 327 1. а. с. 330 1. $. р. 300 5 — — plaie 295 Force—10 unités. d. Détermination de la force du suc des reins. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Suc 0,005. Suc 0,0038. Suc 0,0025. Suc 0,002. Suc 0,0017. Suc 0,0014. № 362. №361. № 400. №399. № 398. № 397. Jours ‚ 212 272 295 278 283 283 1 1. п. 265 1. п. 290 1. п. 307 1. n. 280 1. п. 275 пр. 262 2 1. п. 275 1. п. 300 1. п. 312 1. t. р. 280 1. а. с. 272 1. a. с. 260 3 1. п. 275 1. п. 300 1. п. 810 1. t p.282 1. à. с. 275 1. ©. 258 4 1. п. 277 1. п. 298 1. п. 822 1. п. 285 1. а. с. 282 1. ©. 252 5 — — — 1. п. 290 1. а. c. 285 Force—45 unités. ‚ DANS LE SANG ЕТ LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. 14] e. Détermination de la force du suc des glandes surrénales. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 0,005. рис 0,0038. Вис 0,0025. Вис 0,002. Вис 0,0017. Suc 0,0014. № 347. №346. № 389. №388. №387. № 380. Jours 332 350 307 315 365 380 1 1. n. 332 1. п. 365 1. t.p. 305 1. a. с. 300 1. ©. 350 та. ©, 387 2 1. п. 330 1. п. 362 1. а. с. 310 1. а. с. 287 1. с. 332 зиссотЪе après 8 1. п, 335 1, п. 364 1. а. с. 315 1. ©. 285 1. с. 380 6 h. т 4 — — 1. а. с. 310 1. с. 290 1. ©. 312 5 — — 1. а. с. 315 1. ©. 288 plaie 298 Force—30 unités. J. Détermination de la force du suc des glandes bronchiques. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 0,005. Вис 0,0033. Suc 0,0025. Suc 0,002. Suc 0,0017. Suc 0,0014. № 365. № 364. № 398. №399. № 402. № 401. Jours 275 277 280 260 252 305 D n 277 i. п. 265 1. t. p. 262 1. р. 257 ia. с. 235 1. а. с. 310 2 1. n. 285 1. п. 277 п. En Co 910 1. а. с. 255 1. а. с. 297 1. а. с. 300 3 1. n. 285 1. п. 280 1. а. с. 280 1.а. с. 960 1. а. с. 230 1. а. с. 296 4 — 1. п. 282 1. a, с. 285 1. а. с. 262 1. a. с. 235 1. с. 280 5 — — — — 1. а. с. 232 1. ©. 274 Force—30 unités. g. Détermination de la force du suc des glandes inguinales. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Бис 0,010. Suc 0,005. Suc 0,0033. № 357. № 356. № 355. Jours 280 290 307 ть 5 9707 1. п. 292 1. п. 302 2 1. п. 287 1. п. 297 1. а. с. 301 3 1. n. 285 1. п. 300 1. а. с. 327 4 1. п. 290 1. п. 302 1. а. с. 322 5 — — 1. а. с. 325 Force—20 unités. h. Détermination de la force du suc des ovaires. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,5. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 0,005. Suc 0,0033. Suc 0,0025. Suc 0,002. Suc 0,0017. Suc 0,0014. № 350. J 349. № 393. № 392. № 391. № 390. Jours 330 330 285 290 ; 288 , 307 1 337 1. п. 340 1 LC р. 282 1. t. p. 287 . 1. р. 280 1. р. 285 2 1. п. 340 1. n. 345 AC 9% 1. а. с. 280 1. а. с. 275 1. с. РИ 3 1. n. 342 1. п. 345 1. а. с. 289 1. а, ©. 274 1. а. с. 272 1. с. 260 4 1.10, 345 1. п. 345 1. à. с. 302 1. а. с. 282 1. с. 264 plaie 254 5 — 1. п. 343 та. е. 302 — 1. с. 260 plaie 246 Force—30 unités. 10* Toxine 0,3. Transsudat. 0,0014. № 405. 262 . 262 . 268 . 272 . 275 . 275 DS PS EPL pen BEDBEE т. Force—70 unités. 142 S. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE 1. Détermination de la force du transsudat séreux des ovaires. Toxine 0,3. Toxine 0,5. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Transsudat Transsudat Transsudat Transsudat Transsudat 0,0033. 0,0025. 0,002. 0,0017. 0,0014. № 371. № 370. № 369. № 368. № 367. Jours 232 215 252 255 : 255 1 1. п. 230 1. п, 215 1. n. 250 1m 270 ion 265 2 1. п. 230 dan PAIE 1. п. 238 1. n. 270 1. $. р. 267 3 En 2939 1. п. 220 1. 0. 220 1. п. 278 1. t. р. 270 4 — 1. п. 224 1. n, 234 1. п. 276 1. п. 270 5 — — — — nor К. Détermination de la force du suc des muscles du cœur. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,01. Suc 0,005. Suc 0,0033. Suc 0,0025. Вис 0,002. № 383. №382. № 345. № 344. № 343. Jours 287 280 268 270 277 1 1. п. 290 1. п. 270 1. р. 252 1. р. 270 1. р. 257 2 1. п. 297 то 10 27/7 1. а. ©. 245 та, ©. 953 1. с. 249 3 1. п. 296 1. n, 282 1. ©. 287 faible 245 succombe après 4 — 1. п. 285 1.6. с.235 succombe après 6 В. т. 5 — 1. п. 284 plaie 235 6 h. m. Force—20unités. 1. Détermination de la force du suc des muscles du tronc. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 0,1. Suc 0,01. Suc 0,005. Suc 0,0038. Suc 0,0025. №380. №379. № 378. № 336. № 335. Jours 347 . 840 385 300 295 1 1 1999 1. п. 335 1. р: 355 1. а. с. 280 1. р. 280 2 1. п. 845 A CID 11210192) 1 © 279 3 1. п. 345 1, а. с. 298 1.2. с. 327 succombe avant 6 В. в. 4 1. п. 350 1. a. с. 307 1 а. 6 327 6 В. m. 5 1. п. 850 1. а. с. 309 1. à. с. 325 Force—10 unités. m. Détermination de la force du suc de la matière cérébrale. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Sue 0,1. Suc 0,010. Suc 0,005. № 381. № 374. № 375. Jours 280 387 387 1 1. п. 282 1. п. 385 1. р. 380 2 1. п. 297 1. п. 887 1. р. 362 3 1. п. 295 1. п. 890 1. а. с. 355 4 1. п. 300 1. п. 390 1. а. с. 364 5 — 1. а. с. 370 Force—10 unités. Toxine 0,3. Suc 0,0017. № 342. 290 1. р.` 277 faible 260 succombe à 6 h.s. Toxine 0,3. Suc 0,002. №334. 300 faible 307 succombe à succombe avant 6 h. m. Toxine 0,3. Suc 0,0033. № 372. 372 1. а. с. 345 LC 312 1. с. 306 1. с. 300 plaie 296 DANS LE SANG ЕТ LES ORGANES DES CHEVAUX ЕТС. n. Détermination de la force du suc de la moelle épinière. 143 Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 1,0. Вис 0,1. Suc 0,01. Suc 0,005. Suc 0,005. Suc 0,0033. №412. № 411. № 377. № 407. № 376. № 375. Jours 296 312 318 257 332 337 1 1. п. 300 1. п. 315 т 1. п. 330 1. с. 265 по 10; 887 1. а. с. 318 2 1. п. 308 1. п. 315 1. t. p. 382 1. ©. 250 1. а. с. 288 faible 300 3 1. п. 310 1. п. 324 1. р. 332 succombeavant faible 272 succombe avant 4 — 1. п. 325 1. р. 336 6 В. м. succombe avant 6 В. m. 5 — 1. п. 330 1. р. 338 6 В. т. Force—1 unité. Expérience II. Cheval № 74. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Sérum 0,0025. Sérum 0,0022. Sérum 0,002. Sérum 0,0018. Sérum 0,0017. № 419. № 420. № 421. № 422. № 423. Jours 402 405 387 367 400 1 1. п. 387 1. п. 415 1. р. 375 1, à. с. 350 1. а. с. 385 р 1. п. 386 1 в р 422 1. а. с. 380 1. а. е. 340 1. с. 380 3 1. п. 395 1. 0. 422 TA © 8 то @ь @& 888} 1. с. 374 4. 1. п. 405 1. t. p 425 1. а. с. 380 1. а. с. 328 1, с. 360 5 — 1. п. 430 1. а. с. 385 1. а. с. 325 Еогсе=40 unités. b. Détermination de la force du suc de la rate. Toxine 0,8. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Вис 0,1. Вис 0,02. Suc 0,01. Suc 0,005. Suc 0,0033. № 455. № 454. № 453. № 452. № 451. Jours 262 262 255 : 262 р 262 1 1. п. 265 1. п. 260 1. t. p. 250 1. а, с. 257 1. р. 248 2 1. п. 267 1. п. 257 т. а. с. 247 succombe après succombe avant 3 1. п. 270 1. п. 260 1. а. с. 245 6 В. m. 6 В. m. 4 1. п. 275 1. п. 265 1. à. с. 248 5 1, п. 275 1. п. 268 Еогсе=5 unités. с. Détermination de la force du suc du foie. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,1. Suc 0,02. Suc 0,01. Suc 0,005. № 435. № 434. № 433. № 432. Jours 277 277 295 305 1 1. п. 280 1. п. 290 1. п. 290 т. а. с. 295 2 1. п. 290 1. п. 290 1. р. 302 т. а. с. 288 3 1. п. 290 1. п. 290 1. р. 302 1. с. 274 4 1. п. 292 1. п, 294 1. р. 306 plaie 278 5 1. п. 290 — 1. р. 308 Еогсе=5 unités. 144 5. К. DZERJGOWSKY, DE L'ANTITOXINE CONTENUE а. Détermination de la force du suc des reins, Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,01. Suc 0,0067. Suc 0,005. Suc 0,0033. Suc 0,0025. № 440. № 480. № 439. № 438. № 437. Jours 267 305 270 270 у 275 т 1. п. 267 1. п. 307 1. п. 287 1. р. 267 1, а. с. 265 2 1. п. 260 1. п. 312 1. а. с. 287 1 а. ©. 257 1. а. с. 255 3 1. п. 265 1. п. 812 1. а. с. 287 1. а. с. 252 1. а. с. 257 4 1. п. 270 1. п. 315 1. а. с. 290 1. à. ©. 248 1. а. с. 252 5 = 1. п. 318 1. а. с. 292 1. а, с. 246 1. а. с. 232 Force—15 unités. e. Détermination de la force du suc des glandes surrénales. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,01. Suc 0,005. Suc 0,0033. Suc 0,0025. № 441. № 442. № 448. . № 444. Jours 300 305 345 у 365 1 1. п. 807 1. п. 305 1. р. 332 1. а. с. 360 2 1. п. 800 1. п. 307 1. а. с. 310 т. с. 850 3 1. п. 307 1. п. 310 1. а. с. 295 1. с. 355 4 1. п. 310 то 5 88) 1. а, с. 290 1, C. 348 5 — 1. п. 318 1. а. с. 290 Force—10 unités. 1 Détermination de la force du suc des glandes bronchiques. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Suc 0,1. Suc 0,02 Вис 0,01. Suc 0,005. Suc 0,0033. № 469. № 470. № 471. № 472. № 473. Jours 278 294 308 324 286 1 1. n. 280 1. п. 294 1. n. 308 1. р. 318 1. р. 274 2 1. п. 282 1. п. 300 1. п. 810 1. а. с. 305 1, а. с. 270 8 1. п. 285 1. п. 302 1. п. 810 1. а, с. 312 1. с. 262 4 1. п. 285 1. п. 300 151 QE 1. а. с. 315 1. ©. 250 5 — — 1. п. 815 -— plaie 250 Force—10 unités. g. Détermination de la force du suc des glandes inguinales. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,5. Toxine 0,3. Suc 0,1. Suc 0,02. Suc 0,01. Suc 0,005. Бис 0,0033. № 474. № 475. № 476. № 477. № 478. Jours ï 264. 275 300 312 316 1 1. п. 270 1. е. 277 1 №. 295 1. а. с. 300 1, а. с. 300 2 1. п. 270 1. е. 289 г а. ©. 290 1. а. с. 296 1, à. ©. 286 3 1. п. 272 1. e. 280 1. а с. 292 1. а, с. 298 15 Elo En 207 4 1. п. 274 т.е. 282 т. а. с. 290 1. с. 300 succombe à 5 — 1. e. 285 — — 6 h. m. Force—5 unités. / DANS LE SANG El LES ORGANES DES CHEVAUX ЕТС. h. Détermination de la force du suc des muscles du cœur. Toxine 0,3. Вис 0,1. № 431. 302 . 307 . 315 . 320 . 318 po no bio pute EPEE $. Détermination de la force du suc 425 muscles du tronc. Toxine 0,3. Вие 0,1. № 427. 390 1. п. 382 1. п. 395 . 398 . 395 , п. 395 Еотсе=1 unité. UNE BEBE k. Détermination de la force du suc de la moelle épinière. Toxine 0,3. Бис 1,0. № 498. 258 1. п, 260 1, п. 262 1, п. 260 1. п. 268 Jours Qt & © D Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,02. Suc 0,0125. Вис 0,010. № 430. № 481. № 429. 305 322 305 1. п. 312 1, n. 328 1, п, 805 1, п. 315 1. п, 334 1. а. с. 310 1. п. 320 1. п. 330 ac 1 1, п. 322 1. п. 332 1, а. с. 320 ЕЕ 1, п. 335 Force—8 unités. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Вис 0,02. Suc 0,01. № 496. № 495. 325 347 1. а. с. 300 1. а. с. 350 1. а. с. 290 1, а. с. 345 1 Въ Pt succombe avant succombe à 6. h. m. 6 №. в. Тохше 0,3. Тохше 0,3. Бис 0,5. Suc 0,1. № 497. № 496. 310 : 296 1. п. 300 1. а. с. 284 1. п. 804 1. а. с. 275 1. п, 308 1. а. с. 268 1: 1, QU) 1. а. с. 260 1. п. 812 1. а. с. 262 Force—0,5 unités. 145 Toxine 0,3. Вис 0,005. № 498, 355 ‚ с. 345 . с. 345 . с. 350 . с. 348 bis bis ыы. 5 Toxine 0,3. Suc 0,005. № 494. 390 1. а. с. 385 1. а. с. 365 succombe avant 6 h. m. Toxine 0,3. Suc 0,05. № 495. 282 1. р. 275 1. а. с. 262 succombe avant 6 h. m. 1. Détermination de la force du suc de la matière cérébrale. Toxine 0,3. Suc 1,0. № 502. 289 . 290 . 292 . 298 . 300 1. п. 300 Force—0,1 unité. GEO O ED N-R-R-R- Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,5 Suc 0,1. № 501. № 500. 312 300 1. р. 306 1. а. с. 292 1. а. с. 300 1. а. с. 282 1. а. с. 296 faible 260 1. à. с. 300 succombe après = 6 В. м. Toxine 0,3. Suc 0,05. № 499. 305 1. р. 290 1. à. с. 286 succombe avant 6 В. m. 146 3. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE m. Détermination de la force des globules rouges du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,5. Toxine 0,3. Émulsion Émulsion Émulsion Émulsion Émulsion Émulsion 1,0. 0,1. 0,01. 0,005. 0,0038. 0,0025. Résidu sol. Résidu sol. Résidu sol. Résidu sol. Résidu sol. Résidu sol. 0,1709. 0,01709. 0,001709. 0,0008545. 0,0005637. 0,0004862. № 450. № 449. № 448. № 447. № 446. № 445. Jours 248 255 270 257 .: 257 285 1 1, п. 247 1. а. С. 237 faible 255 faible 247 faible 237 succombe à 2 1. п. 240 1. 2. с.222 succombe avant succombe avant succombe après 68. 3. 3 1. n.247 succombe avant 6 h. m. 6 В. m. 6 h. m. 4 1, п. 250 6 В. m. 5 1. п. 252 Force—0,1 unité. п. Détermination de la force des globules blancs du sang. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. ‚ Toxine 0,5. Émulsion 1,0. Émulsion 0,01. Émulsion 0,005. Émulsion 0,0033. Emulsion 0,0025. № 460. № 459. № 458. № 457. № 456. Jours 262 237 237 247 247 1 1. п. 265 1. а. с. 225 1. a. с. 227 16 Въ © 87 1. р. 240 2 1. п. 272 1. а. с. 210 succombe avant succombeaprés succombe avant 3 1. u.275 succombe après 6 В. м. 6 В. m. 6 В. m. 4 1. п. 272 6 В. m. 5 1. п. 278 Еогсе=1 unité. Expérience 3. Cheval № 5. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Sérum 0,0017. Sérum 0,0014. № 622. № 621. Jours 335 340 1 1 п. 325 1. п. 340 2 1. п. 310 1. р. 325 3 1. п. 322 1. р. 342 4 1. п. 328 1. р. 348 5 1. п. 334 1. t. р. 350 Force—60 unités. b. Détermination de la force du suc du foie. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,8. Suc 0,0033. Suc 0,0028. Suc 0,0025. Suc 0,0022. Suc 0,002. № 638. № 632. № 631. № 630. № 626. Jours 340 305 315 295 350 il 1. п. 330 1. п. 300 1. п. 302 то 105 7) 1. р. 830 2 1. п. 335 1. п. 297 1. п. 800 1. а. с. 265 1. ©. 317 3 1. п. 387 1. п. 302 1 п. 308 1. а. с. 270 1. с. 320 4 1. п. 342 1. п. 310 1. п. 308 1. а. с. 282 1. с. 320 5 1, D, — — 1. п. 312 1, а. с. 288 1. с. 325 Ра Force—40 unités, DANS LE SANG ЕТ LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. 147 с. Détermination de la force du suc des glandes surrénales. Toxine 0,8. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 0,005. Suc 0,004. рис 0,0033. № 636. № 635. № 634. Jours 327 332 360 1 1. п. 817 1, n. 337 1. р. 367 2 1. п. 320 1. t. p. 340 Ио Elo @&5 80 3 1. п. 330 1. 6. р. 342 1. а. с. 358 4 1. п. 330 1. t. р. 338 1. а.с. 360 5 1. п. 332 1. 6. р. 338 1. а. с. 360 Force—20 unités. d. Détermination de la force du suc des glandes salivaires: Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Suc 0,0067. Suc 0,005. Suc 0,004. Suc 0,0033. Suc 0,0025. № 640. № 639. № 648. № 649. № 647. Jours 298 327 310 294 350 1 1. 0. 280 1. п. 310 1. 0. 308 1. р. 285 1. а. с. 395 2 1. п. 285 1. п. 315 1. п. 312 1. р. 280 1. а. с. 320 8 1. п. 292 1. 0. 320 1. п. 312 1. р. 280 1 2» © ЗИ 4 1. п. 300 1. п. 325 1. п. 820 1. р. 282 1, а. ©. 322 5 — 1, 10, GPS 1. п. 324 Force—60 unités. e. Détermination de la force du suc du corps thyréoïde. Toxine 0,3. Toxine-0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Suc 0,1. Бис 0,02. Вис 0,0067. Suc 0,005. № 658. № 659. № 638. № 637. Jours 232 232 307 307 1 1.0. 217 1: 2: ©, ть 25 ©, 987 1 а. ©. 287 2 1. п. 215 1. а.с. 210 1. а. с. 272 1. с. 275 3 1. п. 222 1. а.с. 205 1. а.с. 265 15 to C7 4 1. п. 998 1. а. с. 208 1. à. с. 260 succombé avant 5 1. п. 236 — 1. а. с. 262 6 В. m. Force—1 unité. f. Détermination de la force du suc de la moelle des os. Toxine 0,8. Toxine 0,5. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Suc 1,0. Suc 0,5. Suc 0,1. Suc 0,02. № 661. № 662. № 663. № 664. Jours 407 412 438 392 1 1. п. 418 1. п. 418 1. п. 422 1. а. с. 375 2 1. п. 370 1. п. 430 1. п. 432 1. C. 857 3 1. п. 390 1. п, 485 1. D. 440 1. с. 345 4 1. п. 402 1. п. 435 1, п. 445 1. с. 348 5 — 1. п. 432 1. 0. 448 1. с. 850 Force—1 unité. 148 8. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE Expérience 4. Cheval № 18. a. Détermination de la force du sérum. Toxine 0,5. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Sérum 0,0018. Sérum 0,0017. Sérum 0,0015. Sérum 0,0014. Sérum 0,0013. № 702. № 704. № 691. № 692. № 693. Jours 202 202 202 200 200 1 on 107 1. п. 202 1. п. 210 1. п. 205 1. п. 195 2 1. п. 205 1. п. 210 1. $. р. 212 1; р. 207 1. à. с. 198 3 1. п. 213 1. п. 218 i. t. p. 218 i. р. 212 i. a. с. 200 4 1. п. 218 1. п. 225 1. t. р. 212 1. р. 208 1. а. с. 203 5 1. п. 222 1. п. 228 1. t. p. 225 1. р. 230 1, а. с. 212 Еотсе=60 unités. . b. Détermination de la force du suc des muscles sains. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3; Suc 0,5. Вис 0,1. Suc 0,02. Вис 0,01. Бис 0,0067. № 645. № 646. № 650. № 651. № 652. Jours 472 492 285 285 257 1 1. п. 475 1. п. 497 1, а. с. 275 1. а. с. 268 е. а. с. 240 2 1. n. 475 513 1. а. е. 260 1 C 255 faible 225 3 1. п. 480 1. п. 508 1. а. с. 258 1, с. 228 succombe après 4 1 п. 480 1, n. 515 1. а. с. 264 1. t. p. 230 В. m. 5 — — 1. а. с. 270 6m а après Force—1 unité. — 6 В. m. c. Détermination de la force du suc des muscles infiltrés. Toxine 0,8. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Бис 0,0033. Suc 0,0025. Suc 0,002. Suc 0,0017. Suc 0,0014. № 656. № 657. № 676. № 677. № 678. Jours : 255 455 480 437 407 1 1. п. 242 1. п. 465 1. п. 467 1. п. 452 1. а. с. 400 2 1. п. 240 1. п. 465 1. п. 470 1. п. 445 1. а. с. 380 3 1. п. 248 1. п. 470 1. п. 475 1. п. 455 1. с. 875 4 1. п. 256 1. п. 472 1. п. 478 — 1, с. 370 5 1, п, 258 — 1. п. 488 Еогсе—=60 unités. ——— Cheval № 43 (expérience 1"). Cheval № 74 (expérience 2°), Plasme . . . . Contenu des resicules de de-Graf . . Glandes surrénales. Glandes salivaires . Muscles cardiaques. Glandes inguinales. He ое Rate . . Muscles sains du согрз. . . р Muscles infiltrés Corps thyréaïde. . Moelle épinière . Matière cérébrale . Moelle des оз... Globules blancs du SAN LIEU VI Globules rouges du sang . . A DANS LE SANG ET LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. Tableau ХУШ. 149 Cheval № 5 (expérience 3°). Cheval № 18 (expérience 4°). з ЧЕН | Dee DCS = IDE mm mm. | | || ч | |> ВЕН ОНИ JA re PAP MES Ce 4 - А |, №] | ры OMAN —— | = [25] T т | ЕЕ 5 Е | ] Г | : [м ЕЕ ЕН = | | JE | с ре == + =} JE JL | = | L ЕЕ а Я DE Ar зе + + + EN Fe PE EE à te 5 eee Е 1 | | | = Г = т —+ - 776 T + 4 Е 1 +—— + — FT = + JL AE + — PJ | | | = me а re = 3 7] | | - ь ПРЕ Це: о ЕЕ еее < 1 Е т 1 | = | | ны | LE | т 5 5 8 == = I il 17 — Г 150 3. К. DZERJGOWSKY, DE L'ANTITOXINE CONTENUE En examinant le tableau XVIII, nous voyons que c’est le sérum et les liquides séreux, tels que le contenu des vésicules de de Graaf et l’infiltration des muscles aux points où ont eu lieu les injections, qui renferment le plus d’antitoxine. Fait curieux, c’est que le liquide qui baigne l’ovule dans le vésicule de de Graaf contient la même quantité d’antitoxine que le sérum. П est possible que l’hérédité de l’immunité doive être regardée comme dépen- dant de ceci. La solution de cette question demande d’autres expériences que nous nous proposons d'entreprendre à la première occasion. Quant à la teneur en antitoxine, la première place parmi les organes appartient aux reins; puis viennent les ovaires, les glandes surrénales, salivaires et lympha- tiques; enfin le foie, la rate, le corps thyréoïde, les muscles, la moelle épinière, la matière cérébrale et la moelle des os. Nous trouvons la plus petite quantité d’antitoxine dans les éléments morphologiques du sang, les globules blancs et les globules rouges. Les muscles cardiaques contien- nent moins d’antitoxine que les muscles du corps. Si, maintenant, sur ces données, nous nous demandons quel est le lieu d’origine de l’antitoxine, nous n’en sommes pas moins forcés d’avouer qu’il nous est impossible de formuler une réponse précise. Cependant, grâce aux données que nous venons de faire connaître, nous pouvons poser les questions d’une façon plus précise qu’il ne nous était permis de le faire jusqu'ici. D'abord, il est permis de penser que l’antitoxine, ainsi que le montre notre tableau XVII, se forme en quantités variables dans les divers organes, et que de ces organes elle passe dans le sérum; de sorte que, ce dernier étant le lieu où vient s’accumuler l’antitoxine, en contient la plus haute quantité. En second lieu, il est permis de supposer que c’est le sérum qui est précisément le lieu où se forme l’antitoxine et que les organes n’en contien- nent еп quantité variable que parce qu’ils sont imprégnés de sérum. Toutefois, deux circonstances dans nos expériences arrêtent l’attention et permettent d'avancer une troisième supposition qui, à notre avis, présente le plus de probabilité et permet également de répondre à la question de savoir de quoi se forme l’antitoxine. Parmi les organes, nous l’avons déjà dit, ce sont les reins qui contien- nent le plus d’antitoxine. On peut interpréter ce fait en deux sens: ou les reins sont effectivement le lieu où l’antitoxine se forme le plus énergique- ment; Ou, au contraire, l’antitoxine ne se concentre dans les reins que par la raison qu’étant une partie constitutive anormale du sérum où elle s’accu- mule, elle se rend dans les reins afin de se dégager de l’organisme avec les urines. 2 DANS LE SANG ET LES ORGANES DES CHEVAUX ЕТС. 151 Dans le premier cas, le sang veineux provenant des reins devrait contenir plus d’antitoxine que le sang artériel qui afflue dans cet organe. Mais les quelques expériences de détermination comparatives sur la quantité d’antitoxine contenue dans le sang veineux et le sang artériel du même cheval, faites par nous, n’ont pas révélé de différence sensible. Du reste, il est possible que la quantité d’antitoxine, contenue dans l’un et l’autre sang, soit tellement insignifiante qu’elle n’est pas saisissable à l’aide dela méthode dont nous nous sommes servis. Si notre deuxième supposition est juste, les urines des chevaux immu- nisés doivent contenir de l’antitoxine. Nous consignons dans le tableau XIX les données qui se rapportent à cet objet. Tableau XIX. a. Détermination de la force de l’antitoxine de l’urine. Cheval № 40, le 4 Mai. Cheval № 40, le 8 Mai. Toxine 0,3. —Тохше 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Тохше0,3. Urine2c.c. Urine4c.c. Urine4c.c. Urine2c.c. Urinelc.c. Огше 0,5с.с. № 486. № 487. № 488. № 521. № 520. №519. Jours 362 375 400 Jours 285 287 287 1 1. п. 365 1. п. 375 1. п. 400 1 1. п. 290 1. а. с. 300 faible 275 2 1. п. 370 1. п. 380 1. п. 402 2 1. и. 280 1. с. 280 succombe 3 1. п, 383 1. п. 387 1. п. 410 3 1. n. 280 succombe après 3 h. a. m. 4 1. п. 382 1. п. 390 — 4 1. п. 287 6 В. m. 5 1, п. 385 1. п. 390 — 5) и | b. Détermination de la force de l’antitoxine de l’urine. Cheval M 5. Cheval № 85. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Urine2c.c. Urine4c.c. Огше 4 с. с. Urinelc.c. Urine2c.c. Огше4 с. с. № 489. № 490. № 491. № 528. № 529. №5530. Jours 285 277 390 Jours 262 я 250 р 240 1 1. а. с. 268 1. t. р. 265 1. е. 400 1 1. а. с. 245 1. п. 245 1. п. 230 2 1. а. c.248 — 1.а. с. 260 1. е. 400 а © 22 1. п. 230 1. п. 285 3. та с. 250. 1а.с. 262 1. е. 402 3 1.4. с. 215 1. п. 242 1. п. 245 4 succombe avant 1.а. с. 270 — 4 1.2.6.218 1. п. 257 1. п. 250 5 6 h.m. 1. а. с. 272 — 5 ца. с, 217 1, п. 256 152 3. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE Nous avons également étudié la sueur au point de vue de l’antitoxine contenue et nous donnons, dans le tableau XX, les résultats obtenus. Tableau XX. Détermination de la force de l’antitoxine de l’urine et de la sueur. a. Cheval № 70. Urine. Sueur. Toxine 0,5. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Urine1c.c. Urine2c.c. Urine 4 с. с. Sueur 1 с. с. Sueur2c.c. Sueur 4 с. с. №534. №535. №536. № 000. № 543. №544. Jours 290 255 217 Jours 265 275 270 1 1. р. 280 та. с. 245 2203 1 1. п. 260 1. п. 270 1. п. 262 2 AAC 80) 1. 8. ©. 292 та. ©: 192 2 1. п. 262 1. п. 267 1. п. 265 3 ис 242 LAC 998 Parce 3 1. п. 262 1. п. 285 1. D. 288 4 240 succombe avant 1.а. с. 185 4 1. п. 967 1. D. 282 1. 0. 286 в 295 6 h. m. 1. а. с. 194 5 1. п. 268 1. n. 284 b. Cheval № 78. Urine. Sueur. Toxine 0,3. Toxine 0,3. Toxine 0,8. Toxine 0,3. Urine 2 с. с. Urine 4 с. с. Sueur 2 с. с. Sueur 4 с. с. № 539. № 540. № 541. № 542. Jours 395 380 Jours 350 300 1 1. п. 385 1. п. 407 1 1. п. 382 1. п. 310 2 1. п. 375 1. п. 417 2 1. п. 340 D SE 3 1. п. 385 1. п. 415 3 1. п. 350 1. п. 330 4 1. п. 388 1. п. 420 4 1. п. 352 1. п. 835 5 1. п. 394 110. — 5 1. п. 352 Il résulte du tableau ХУШ que l’urine des chevaux immunisés contient de l’antitoxine, puisque 2—4 centimètres cubes de cette urine neutralise 0,3 с. с. de toxine normale. Il y a encore plus d’antitoxine dans la sueur. L’antitoxine est donc peu à peu excrétée de l’organisme par les urines et la sueur, ce qui explique la perte de l’immunité qui suit la cessation des injec- tions de toxine. On s'explique facilement cette perte d’immunité par cette raison que dans l'organisme la toxine se transforme en antitoxine laquelle est excrétée peu à peu forme par l’urine et la sueur. Si l’organisme ne reçoit pas la substance nécessaire à l’élaboration de l’antitoxine il perd graduelle- ment l’immunité. L’immunité acquise par les animaux au moyen d’injections de doses progressivement croissantes de toxine s’explique par la provocation et l’exal- tation graduelle d’un processus chimique qui permet à l’organisme de trans- DANS LE SANG ЕТ LES ORGANES DES CHEVAUX ETC. 153 former des doses de plus en plus grandes de toxine en antitoxines. Les expé- riences de M. Koudrévietsky) à ce sujet sur des animaux non immunisés nous paraissent intéressantes à ce point de vue. Il а trouvé que, chez les animaux sacrifiés deux heures après une injection à dose mortelle de toxine de la diphtérie, on trouve de la toxine dans les reins et les autres organes Au contraire, Îes animaux sacrifées 20—30 heures après l’injection, non seulement n’ont pas de toxine dans les reins ni dans les autres organes, mais ils contiennent même une certaine quantité d’antitoxine. En faveur de cette supposition que, dans l’organisme, les antitoxines se forment aux dépens des toxines correspondantes, il у а aussi l’action spécifique de ces dernières. L’antitoxine de la diphtérie ne neutralise que la toxine diphtérique. Ceci est également vrai à l’égard du tétanos et des autres poisons bactériens solubles. Pour la formation de l’antitoxine aux dépens de sa toxine il y a encore le fait que, dans les infiltrations aux points de l’injection de toxine, la quantité d’antitoxine contenue est aussi élevée que dans le sérum. Aïnsi, nos expériences nous conduisent à conclure avec beaucoup de probabilité que la toxine de la diphtérie injectée se transforme dans les tissus de l’organisme animal en antitoxine, puis passe dans le sérum et est emporté hors de l’organisme par les urines et la sueur. Cette conception n’a rien de nouveau puisque nous savons par les travaux de MM. Smirnoff”), d’Arsonval et Charrin*), Bonome et Viale“*) qu’on peut obtenir des anti- toxines au moyen de l’action d’un courant électrique sur les toxines corres- pondantes. L’antitoxine de la toxine streptococique obtenue par ММ. Bonome et Viale, était non seulement curative mais elle pouvait même neutraliser la toxine in vitro, de même que l’antitoxine de la diphtérie formée dans l’orga- nisme neutralise la toxine correspondante. Le processus chimique de la transformation des toxines en antitoxines а vraisemblablement pour base l’oxydation des toxines. Nous savons que sauf quelques exceptions, dans l’organisme les diverses combinaisons chimiques de la série grasse, comme de la série aromatique, sont soumises à l'oxydation, et sont éliminées avec l'urine, soit comme telles, soit unies au glycocolle, à l'acide sulfurique, à l’acide glycuronique etc. On pourrait objecter que les produits d’oxydation inutiles à l'organisme sont éliminés au bout de 48 heures; tandis que les animaux immunisés conservent leur antitoxine des se- 1) Archives de Médicine expérimentale, 1893, p. 261. 2) Вет. klin. Wochenschr., 1895, № 30—31 et 1896, № 27. 3) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1896, № 3—5. 4) Centralblatt f. Bakt., I Abth., t. 19, р. 849. 154 5. К. DZERJGOWSKY, DE L’ANTITOXINE CONTENUE ETC. maines et même des mois entiers. Mais cette objection ne nous parait pas fondée. L'organisme, qui élabore une antitoxine pour lutter contre un poison, doit certainement posséder les conditions nécessaires pour conserver long- temps cette matière curative. Déjà M. Charles Chauvet') а trouvé que, les reins étant affectés d’une maladie, les matières nuisibles à l’organisme sont incomparablement moins vite éliminées que dans un organisme bien portant. А cet égard, les expériences de M. le professeur Nencki et M-me Sima- novsky”), concernant le bromure de sodium dans l’organisme арта], sont encore plus instructives. Па été prouvé, par ses expériences, que de même que l'acide chlorchydrique libre se forme aux dépens du chlorure de so- dium, l’acide bromhydrique libre peut prendre naissance dans les glandes de l'estomac aux dépens du bromure de sodium. Plus tard, on а trouvé que, l’organisme venant à manquer de chlorure de sodium, le rôle de celui-ci est rempli avec succès par ce bromure. Et dans ce cas, le brome, élément qui d'ordinaire est étranger à l’organisme animal, demeure dans l’intérieur de celui-ci des mois durant. Sans aucun doute, la conservation prolongée de l’antitoxine, s’explique également par des causes analogues. 1) Charles Chauvet, Du danger de médicaments actifs dans cas des lésions rénales. Thèse de Paris, 1872. 2) Archiv für experimentelle Рафа. и. Pharmak., %. 34, р. 313. Les vaccinations antirabiques à Odessa. Rapport annuel da la station bactériologique d’Odessa pour l’année 1895. Par M. le docteur P. Diaptroptoff. Dans le cours de l’année 1895, 1307 personnes ont recu les inocula- tions antirabiques suivant la méthode de Pasteur. En outre 150 personnes se sont vus refuser les inoculations, soit parce qu’elles ne présentaient aucunes lésions de nature à justifier l’intervention du traitement antirabique, soit parce que les animaux, qui les avaient mordues, ne présentaient aucun symptôme de rage. Sur les 1307 personnes qui furent inoculées, 19 n’achevèrent pas le cours du traîtement: 8, parce que les animaux par lesquels elles avaient été mordues furent reconnus sains, et 11, pour des raisons qui ne sont pas par- venues à la connaissance de l’administration de la station. Sur les 1288 personnes qui sont allées jusqu’au bout du traîtement, 50 n’avaient pas été mordues, mais étaient menacées de la contagion soit pour avoir soigné des personnes malades (6 personnes), soit pour avoir traité des animaux enragés, soit pour en avoir fait l’autopsie (44 personnes appar- tenant presque exclusivement au personnel de la pratique vétérinaire). Dans les 1288 personnes inoculées, il y a, hommes. 815 о» » » » femmes .. 473 Total. . 1288 D’après l’âge, les personnes inoculées se répartissent ainsi que suit: 11 156 P. DIAPTROPTOFF, Jnsqu'à Hans ое еее 0 рЕтЕ0 Е. De 6 à 10 » а D » DLLD де CRC 323 » 221» 40» SR RP For are SG » » 41 » 60 » D UE RE PS PE PES A le CEE 133 » Au-dessus de 60 аи 29 » Total... . 1288 personnes. Quant au domicile les personnes traitées se répartissent de la manière suivante: Dans la‘ville @’Одезза : -....-... 0. 8Эбретвовиеь: » » province de KhersOn .-.------. 272 » » » » DE KIEMNS mn re cé pe ie . 380 » » » » »'PESSATADIeS MT с ET 158 » » » » Уролог. рыб) » » » » уз Пане Neue 135 » » » » зовем с Е 21 » » » » D'APOHAVA PSMROENFEE Ат à DD) »» » » d’Ekatherinoslaw . . . . . : . 4 » » » » о НИИ а зоо ее а 2 2 » »» » у Итак AS Ве Мы 1 » » » » D MONET о à бобов il » »» » » Koursk . 3 : 1 » » » » РО во о il » » » » о ато ост. © 1 » Total 1288 personnes Les morsures ont est faites par des: Hommes dans 222 хо Se 1 cas. ее а о, И 1178 En Chats PAT AN У Е LM ее 43 )» Оле EEE EE Er ces ci ИЖ PARU DNS опр Een DANIEL OMR Tr 16 » COCHONS о И НТ о 9 3» Total. . . 1238 cas. La rage des animaux ayant fait les morsures a été constatée: 1° Par voie expérimentale (trépanation des lapins) dans . .. 279 cas. Par l’affection rabique d'hommes et d'animaux, mordus en тете вет: Чао . TASSE he : 5 » а г nine. pratiquée par £a ns et de Ven HAITESNTANS EE TIMES р Е НЕ RC © 30 Par les De des de animaux о Fr les morsures dans ..:......- осо А ; Total. .. 1238 cas. LES VACCINATIONS ANTIRABIQUES À ODESSA. 157 D’après la gravité des blessures les personnes mordues se divisent en trois catégories: Morsures graves. . ...... AR De ee 179 Morsures de gravité moyenne. . .......... 509 Morsures еее ts Met ne nn a 550 Total. .. 1238 morsures. Les morsures ont été cautérisées dans . .. 201 cas. » » n’ont pas été » D ee ON) Total. .. 1238 cas. On commença les inoculations préventives: Pendant la 1*° semaine après l’accident chez . . 1092 personnes. » » 929 » » » HD и 02 » » » 3° » » » DNS 18 » » » 4° » » » Е 12 » Plus d’un mois après l’accident chez . . . . . . 14 » Total. . . 1238 personnes mordues. Par le nombre des séries de vaccinations pratiquées, les personnes traitées se répartissent ainsi que suit: Jusqu'à 4 séries (inclusivement) . . . . . . .. 5 personnes. De 5à 8 » НО Но сы 840 » » 9»15 » » О. 992 » » 16» 20 » » У О 95 » заме ве мен ее hu 16 » Total. . . 1288 personnes. Les inoculations préventives ont duré: Pas plus que 7 опт све CU MN ON 3 personnes. » » .» 15 5» » ее И » ет ео» » И EE 11660 » » » » 28 » » т Е, Е 84 » Plustque 2 о 5 9 а в о ео в бб о 70 » Total . . 1288 personnes. D’après les mois de l’année, les personnes traitées se répartissent de la manière suivante: Au mois de Janvier se sont présentées au traitement. . . . . . 51 personnes. » » » Février » » » » » ТЬМЕ 56 » » » » Mars » ) » » » ЕС 69 » » » d'Avril » » » » » И 95 » » » » Mai » у » » » Я » » » » Juin »» » » » ИЯ {0 » »p » » Juillet » » » » » И » »» d'Août » » » » ос 154 » » » » Septembre » » » » 28 » » » d'Octobre » » » » RUE И. » » » » Novembre » » » » ан 82 » » » » Décembre » » » » : 72 » Total. . . 1288 personnes. 158 р. DIAPTROPTOFF, Les personnes soumises au traitement préventif furent soignées: AIPHOPIHAIIMUNICIPAL EE PASS 505 689 personnes. à l'Hôpital militaire (soldats des divers corps d'armée). . . . . 32 » À domicile ne re PSE PAS NE EE 567 » Total . . 1288 personnes. Les personnes suivantes sont mortes d’hydrophobie avant que le trai- tement soit terminé: 1° Karpo Patika, 5 ans, originaire du village de Timacheïfka, canton de Ivankoff, district d'Oumann, province de Podolie. Le 10 janvier il est mordu par un loup dont la rage fut établie par l’autopsie. Au-dessus de ГогеШе gauche à hauteur des os sincipital et temporal, profonde déchirure de 10 cen- timètres de long en plusieurs points mettant Роз à па; mêmes plaies de 3 et de 5 centimètres, à la hauteur de l’os occiputal. Ces plaies n’ont pas été cautérisées. S’est présenté à la station le 18 janvier; le 28, il était mort. Deux personnes ayant été mordues par le même chien (dont un petit garçon de 6 ans présentant les mêmes blessures) sont en parfaite santé. 2° Antoine Grousina, 7 ans, du village de Korobtchino canton de No- vomirgorod, district d'Elisavetgrad, province de Kherson. Mordu, le 29 mai, par un chien présentant les symptômes de la rage. L’extrémité du lobule de l’oreille gauche est arrachée; le pavillon porte 3 petites plaies profondes. Sur la joue, trois petites plaies. Ces blessures n’ont pas été cautérisées. Les inoculations sont commencées le 4 juin. Grousina meurt le 2 juillet. Deux autres personnes mordues par le même chien (plaies légères) ont survécu. 3° Gabriel Timophtéichen, 10 ans, du village de Kalitine, canton de Rogeniatoïf, district de Jianpol, province de Podolie. Mordu en mars 1895 par un chien présentant les symptômes de la rage. La morsure, n'ayant intéressé que les tissus superficiels de l’index de la main gauche, il ne fut pas fait de cautérisation. Il entre à la station pour être inoculé, le 17 juin; et, le 26, il meurt. 4° Apolon Kolinsky, 3 ans, du bourg de Tomachpol, district de Jampol, province de Podolie. Mordu le 16 juin par un chien dont la rage est constatée par l’autopsie. Deux profondes déchirures de 10 et de 6 cen- timètres à la joue gauche avec perte de substance du tissu musculaire. Les blessures ont été cautérisées dix minutes après la morsure avec de la potasse caustique. Il entre à la station le 16 juin, le 28, il meurt. 5° Chalom Tchélébi, 20 ans, de la ville d'Eupatorie. Le 7 novembre 1895, il est mordu, en même temps que son père, par le chien de garde de la maison, quiest aussitôtabattu. Au dire de Tchélébi, jusque là ce chien пе présentait rien d’anormal; le médecin vétérinaire duieu, dans son certificat LES VACCINATIONS ANTIRABIQUES À ODESSA. 159 d’autopsie, déclare que d’autopsie n’a révélé aucun indice qui permette de supposer l’animal atteint de rage; en outre, les circonstances dans les- quelles ce chien а mordu Tchélébi, ne donnent également aucune raison de soupçonner l’animal d’être enragé». Les Tchélébi entrent à la station, le 17 novembre, dix jours après avoir été mordus; les inoculations sont aussitôt commencées. Chalom Tchélébi porte, à la joue gauche, les cicatrices de deux plaies profondes; sur le pavillon de l’oreille gauche, les traces de trois petites blessures; au cou, celles de 4 petites plaies; à l’avant-bras 5 petites plaies dispersées; sur le pouce de la main gauche, une blessure. Huit jours après le commencement du traîtement Tchélébi se plaignit de douleurs aux points où 1l avait été mordn; deux jours après, la température du corps s'étant élevée et le malade éprouvant une légère difficulté d’avaler, il se produisit dans le bras gauche qui avait été mordu une parésie qui, peu à peu, s’étendit à l’extrémité inférieure du même côté, puis à l’extrémité droite. Au 7° jour du commencement de la maladie, il se produisit des phénomènes d’hydrophobie et d’aérophobie. Tehélébi mourut le 2 décembre. Son père, mordu par le même chien (nombreuses et profondes morsures aux doigts de la main et aux matrices unguéales), recouvra la santé. | Ainsi, sur la totalité des personnes qui ont été inoculées à la station, 5 ont péri d'hydrophobie, les inoculations ont été impuissantes à prévenir la naissance du mal qui, dans tous les cas, s’est déclaré avant la fin des inoculations. Dans deux cas, la rage а été établie par l’autopsie; dans deux cas, elle ne fut que soupçonnée d’après le tableau de la maladie du vivant des chiens; et, dans un cas, elle fut niée d’après les données de l’observation du vivant du chien que d’après celles qui ont résulté de l’autopsie. Ce der nier cas est extrêmement instructif en ce qu’il oblige à n’adopter qu'avec une extrême circonspection les récits, sur l’état de «parfaite santé» des animaux ayant causé les morsures, et même, les résultats des autopsies n'ayant le plus souvent pour base unique que l'absence dans l’estomac et l’intestin de l’animal abattu ou ayant succombé, de matières non comestibles (copeaux, chiffons, paille, etc.). Dans le cours de cette année, il s’est présenté, à la station d’Odessa, un autre cas qui prouve combien est incertain le diagnostic de la maladie basé sur l’autopsie. En avril 1895, M-me B., de Sebastopol, se présente à la station; elle été légèrement mordue à la main par un chien d'appartement. Le certicifat d’autopsie de l'animal que М-ше В. apporte dit que des phéno- mènes observés sur l'animal, de son vivant, à part un peu d’irritation, n’ont rien de commun avec ceux de la rage; à l’autopsie, on a constaté une péri- tonite et la présence de quelques vers dans le canal digestif». 160 Р. DIAPTROPTOFF, Avec се certificat М-ше В. apporte à la station le cerveau du chien qui Га mordue; le lapin, inoculé sous la dure-mère avec de la sub- stance de ce cerveau, présente au 14° jour la forme caractéristique de la rage. Des faits de cette nature indiquent qu’il faut avoir recours à l’inoculation, dans tous les cas où il уа le moindre soupçon de rage chez l’animal ayant fait les morsures, lorsque les blessures sont telles que l'infection par le virus rabique est possible, quelle que soit d’ailleurs l’im- portance des plaies. Les faits qui depuis dix ans se sont produits à la station bactériologique d’Odessa et dans les autres instituts montrent que les lésions de la peau les plus légères causées par la dent d’un animal enragé, peuvent entrainer les conséquences les plus fatales. Les morsures sont parfois si petites que les victimes elles-mêmes les nient, alors que le développement de la rage prouve que l'infection par le virus rabique en réalité ne cesse pas d’avoir lieu. En 1894, la station d’Odessa reçut un homme adulte {un juif d’Akkerman) en pleine période d’état de la maladie rabique. Il niait obstinément avoir reçu aucune morsure et, deux jours après, il était mort de rage. Sa femme, qui vint à cette occasion, expliqua qu'il у avait trois mois, П avait été légèrement mordu par un chat étranger qu’il avait voulu chasser de sa maison. Dans le nombre de ceux qui sont morts d’hydrophobie à Odessa, pendant l’année 1895, Gabriel Timophtéichen, jeune garçon de la province de Podolie, 4 mois avant son entrée à la station bactériologique, avait été légèrement égratigné à la main par un chien suspect. Jusqu'au moment de son entrée à la station, il ne portait aucune trace apparente de morsure; le 7° jour après son arrivée, la rage se déclarait, et, le 9°, il succombait. Il arrive que l’intensité de l’infection par le virus de la rage est très forte même avec des morsures insignifiantes; ceci dépend, semble-t-il, de la disposition individuelle du sujet et de sa sensibilité au principe infectieux de la maladie. d’une part, et, d’autre part, de la virulence même de ce prin- cipe. Malheureusement, la disposition individuelle ne se prête pas à une détermination préalable et ne peut servir d'indication pour le choix de la méthode d’inoculations préventives. En ce qui concerne la virulence du principe infectieux, elle peut-être vérifiée par une expérience directe; et l’observation а, prouvé qu’elle varie d’une manière très sensible. Sur 116 lapins qui ont été inoculés en vue du diagnostic de la rage des rues, à la station bactériologique d’Odessa, au cours de l’année 1895, 89 sont morts de rage, au 13°— 17° jour après la trépanation; 9, au 11° jour; 2, au 10°; 9, au 9°; 4, au 8°; et 3, au 7°. Ainsi, dans 16 cas, (13,8°), de toutes LES VACCINATIONS ANTIRABIQUES À ODESSA. 161 les trépanations diagnostiques) la force du virus de la rage des rues a été égale à la force du virus fixe; ces données expérimentales. donnent le droit de supposer que les morsures de ces animaux, au point de vue du danger de l’infection rabique, toutes autres conditions étant égales, étaient considérablement plus dangereuses pour les victimes. C’est proba- blement par la haute virulence du virus entré dans l’organisme par la morsure que s’expliquent les rares insuceès des inoculations préventives alors même que les lésions sont insignifiantes, quoi qu’il en soit, la déter- mination de la force de la rage des rues par voie expérimentale doit servir d'indication pour appliquer une méthode plus intensive d’inoculations alors même que les lésions sont peu considérables. D’autres laboratoires ont éga- lement obtenu des données indiquant la variabilité de la force du virus de la rage des rues (Annales de l’Institut Pasteur, 1896, № 1). D’après les informations parvenues jusqu’au 20 juillet 1896, aucune des personnes, ayant achevé le traitement à la station bactériologique 4’Оезза, n’a succombé; donc, pour les personnes inoculées la proportion des morts est égal à zéro. La majeure partie des malades (60% environ) provenait des provinces possédant le zemsivo où les décès sont très régu- lièrement enregistrés. Dans les provinces de Podolie et de Клей, les infor- mations concernant l’état de santé des personnes traitées sont gracieusement fournies par les arbitres de paix. On est frappé de la diminution très mar- quée des cas où les morsures sont soignées sur les lieux par des cautéri- sations: en 1893 il à été fait en tout des cautérisations sur 31%, du total des personnes mordues; en 1896, il n’y а eu que 26%, de celles-ci qui aient été cautérisées sur les lieux, et, en 1895, 16%, seulement. Ensuite, on ob- serve que les victimes accourent plus tôt à la station pour recevoir les ino- culations: celles-ci ont été commencées, dans la première semaine après les morsures, en 1893, sur 72% des personnes victimées; en 1894, sur 76% de celles-ci; et, en 1895, sur 87%. Dans l’année 1895, Па été suivi pour les inoculations la même méthode que les années précédentes; on a appliqué plus largement les inoculations intensives. Comme précédemment aussi, la pureté des moelles servant aux inoculations, а été controlée au moyen d’ensemencement sur du bouillon. Le tableau suivant fait d’après le modèle en usage à l’Institut Pasteur, donne la statistique du traitement préventif de la rage à la station bactério- logique d’Odessa pour l’année 1895. 162 р. DIAPTROPTOFF, LES VACCINATIONS ANTIRABIQUES À ODESSA. Morsures à la tête et à la simples. . A фаер ее. ТИ ont été faites . . Cautérisations . . т ри С faites. simples. Morsures aux poignets . . multiples . Contient ont été faites . На Хе Могзигез aux membres et f simples. au tronc . _. - Аше. Cautérisations DIS Fe °° © À n’ont pas été faites . à nu. 1e Е Morsures. . . . . 4 sur parties cou- { vertes . Е Morsures multiples en divers points du COFDS M RUE US Fe SU ne ne ont été faites : ris LATE Е ФН т pas été faites . Mersures . . . . . { sur parties cou- UV vertes j Ont été exposés à l'infection } rabique par des individus pores atteints de la rage. . . . } р Total. La colonne À comprend les personnes mordues par des animaux dont la rage est reconnue expérimentalement. La colonne В celles mordues par des animaux reconnus enragés à l'examen vétérinaire; la colonne C les personnes mordues par des animaux suspects de rage. Contribution à la question du lieu où se forme l’urée chez les mammifères. Par MM. Nencki et J. P. Pavlow. (Travail de la Section de Physiologie et de la Section de Chimie de l’Institut Impérial de Médécine expérimentale). L’urée des mammifères se forme, dans le foie, aux dépens du carbonate ou du carbamate d’ammoniaque lequel est apporté dans le foie, principalement par la veine porte. Ce sont là des faits hors de doute, qui tôt ou tard, seront acceptés de tout le monde. Par nos expériences précé- dentes, il a été établi que, après avoir placé la fistule d'Eck, alors que le foie n’est plus sur la voie de la circulation de la porte, les autres organes ne peuvent, pour une longue durée, remplir ses fonctions (la formation de l’urée aux dépens du carbamate d’ammoniaque); et que, par conséquent, l'intervention du foie est pour l’organisme une question de vie et de mort. Cependant, en terminant notre dernière communication, nous n’en avons pas moins été conduits à conclure qu’il serait prématuré «de nier la possibilité de la formation de l’urée, chez les mammifères, ailleurs que dans le foie». Dans l’intention d’éclaircir cette question, nous avons continué nos expériences sur des chiens bien portants et bien nourris à la viande, auxquels il fut placé la fistule veineuse. Nous extirpâmes le foie aussi complètement que possible, et nous déterminâmes dans le sang et Гагше de ces animaux la quantité générale d’azote et la quantité d’urée et d’ammoniaque contenue avant et après l'opération. Si la formation de l’urée n’est que le résultat du fonctionnement du foie, il est évident qu'après cette opération, faite pendant la digestion, lorsque le sang de la veine porte, évitant le foie, 11% 164 М. NENCKI ЕТ J. PAVLOW, CONTRIBUTION À LA QUESTION passe directement dans le grand cercle de la circulation, nous devrions y trouver plus d’ammoniaque et moins d’urée. Deux chiens opérés de la sorte ont donné les résultats ci-après: 1° expérience. Un chien du poids de 38,4 kilogr., une semaine durant avant ME TT reçoit journellement 1,2 kilogr. de viande plus une portion illimitée de pâtée d'avoine. L urine, recueillie dans les deux derniers jours, contient 3,8 et 4,394 d’urée. Un jour avant lopération, А 10 heures du soir, on-sert à l’animal 1,2 kilogr. de viande. Le 24 mai, à 6 heures du soir, le repas de l’animal lui est servi еп pâtée d'avoine. А 10 heures du matin, оп prélève à une petite artère de la cuisse, pour être analysé, 100 с. с. de sang; après quoi, on place la fistule d’Eck. Après avoir cousu la veine, on laisse échapper toute l’urine de la vessie au moyen d’une piqûre. Quantité d'urine = 470 с. c.; poids spécifique — 1,025; réaction faiblement acide. Ceci étant fait, on extrait le foie en entier par fractions séparées, et les parties adhérentes à l’hilus et aux vaisseaux sont écrasées entre les doigts. А 111, l’opération est terminée. Le sujet est à l’état comateux; pouls, 160; respiration, 16 — 18 à la minute; il ne réagit que très faiblement à irritation. Comme au bout de trois heures les extrémités et le museau de l’animal commencent à devenir froids, on lui enveloppe le corps dans de la ouate. А 4 heures, l’animal est à l’agonie, aussi lui prend-on, à l’artère carotide, 150 c. c. de sang; aussitôt après il succombe. Bien que les moignons du foie aient été soigneusement liés, la mort а été déterminée par une hémorragie interne. On trouve dans la cavité abdominale 800 с. с. de sang; l’estomac et les intestins sont remplis de chymus. La vessie contient 56 c. c. d’urine; dont le poids spécifique est de 1,025; l’urine faiblement acide contient un peu d’albumine et, en dépôt, une petite quantité de globules rouges du sang. Après la première évacuation de la vessie, l’animal a vécu 41/, heures. Les déterminations des parties constitutives dont il vient d’être parlé, dans le sang et dans l’urine, donnent les chiffres ci-après: Sang avant Sang après l'opération. l’opération. Dans 100 gram. de sang, ammoniaque, en milligrammes . 2,6 et 2,2 3,0 moyenne 2,4 — Dans 100 gram. d’urée en milligr. (la quantité d’ammonia- que qui s’y trouvait avant étant déduite). . . . . . 42,1 40,7 Urine avant Urine après l’opération. l'opération. Dans 100 centim. cubes d’urine, urée, en grammes . . 4,57 3,69 » » ammoniaque en millisrammes .. 67,7 132,5 » >) ВУ, ОП вии EN RENTREE 2,41 2,31 En prenant 100, comme la quantité générale d’azote contenue dans Purine, nous trouvons qu’il a été excrété d’azote: | Avant l’opération. Après l’opération. DOUSAOTME LUE ее ВЫ 88,46, 74,530/, » d’ammoniaque en grammes . . . . 2,31 4,47 » d’autres parties constitutives de l’urin 9,23 21,0 Deuxième expérience. Un chien du poids de 95,1 kilogr., huit jours durant avant l’expé- rience, reçoit 800 gram. de viande par jour et une ration illimitée de pâtée d’avoine. Le jour de l'opération, à 7 heures du matin, on lui donne en outre une livre de viande. A 9 heures du matin, on lui extrait, pour l’analyse 200 с. с. de sang; après quoi on place la fistule d’Eck. Puis, on vide toute l’urine (17 с. с.) de la vessie: et on extirpe le foie dont le poids est de 551 gr. Les restes du foie, adhérents aux vaisseaux pesés après la mort de Panimal, pèsent 19 gr. Immédia- tement après l'opération, l’animal se met à marcher et, pendant 11/, heure, il paraît être à l’état normal; puis, il tombe dans l’état comateux; ensuite viennent des spasmes cloniques et DU LIEU OÙ SE FORME L'URÉE CHEZ LES MAMMIFÈRES. 165 tétaniques au milieu desquels l’animal succombe 31/, heures après que la vessie a été vidée. Quelques instants avant la mort, nous avions pris à l’artère carotide, pour être analysé, 200 с. с. de sang. On trouve dans la cavité abdominale 150 с. с. de sang liquide; l’estomac et l’intestin sont remplis d'aliments; la vessie ne contient que 11,5 с. с. d'urine à réaction faiblement acide. Avec une si petite quantité de substance il ne fut pas possible de faire l’essai qualitatif. Pour Рапа]узе quantitative, il fut prélevé 5 с. с. d’urine afin de déterminer l’ammoniaque; 2,5 с. с. pour la détermination de l’urée; et 2,5 с. с. pour obtenir la quantité générale d’azote contenue. Ces analyses ont donné les chiffres ci-après: Sang avant Sang après | l’opération. l'opération. Dans 100 grammes de sang, ammoniaque, en milligrammes 2,4 3,3 » » » urée, en milligr. (déduction faite de l’ammoniaque précédemment contenu) . . . 89,6 115,1 Urine avant Uripe après l’opération. l’opération. Dans 100 gr. d’urine, urée, en grammes . . . . 4,28 0,860 » » ammoniaque, en ones 1528 224,0 » Ре quantité générale de М соп- TENUÉNENIErAMMES ее... 2,45 0,94 En admettant comme égale à 100 la quantité générale d'azote contenue dans l’urine nous trouvons qu’il а, été excrété d’azote: Avant l’opération. Après l’opération. Ор от durée ое и 81,5% 42,60; » d’ammoniaque. . . . 5,1 21,4 » d’autres parties constitutives de line, 13,4 36 Au sujet de la méthode suivie par nous dans nos expériences il y a lieu de faire une petite observation. On sait que les chiens ne survivent que quelques heures à l’entière extirpation du foie. C’est en vue de cette circon- stance, que nous avons espéré obtenir un tableau plus régulier des méta- morphoses, dans les échanges de matières, en comparant l'urine prélevée immédiatement avant l’opération avec celle prélevée après la mort qu’en comparant l'urine normale, recueillie pendant 24 heures, avec l’urine prélevée après la mort. L’urée contenue dans le sang et dans l’urine était déterminée d’après Schündorff!), après dépôt complet, par Расе phosphoro-tungsti- que et l'acide chlorhydrique; l’ammoniaque, d’après le procédé de Nencki et Zaleski?), par la distillation dans le vide, enfin, la quantité générale d'azote, d’après le procédé Kjeldahl. Les chiffres obtenus par nous dans ces deux expériences confirment avant tout, les conclusions avancées par d’autres auteurs [Meister*)] et par nous- mêmes, savoir: l’accroissement de l’ammoniaque contenu dans le sang et 1) Schôndorff, Pflüger’s Archiv, t. ШУ, р. 423. 2) Ces Archives 1, IV, p. 241, 1895. 3) Nouvelles de P'Université de Kieff pour l’année 1894 et Maly’s, Г. В. pour 1896 page 315. 166 М. NENCKI ET I. PAVLOW, CONTRIBUTION À LA QUESTION l'urine, l’augmentation des corps azotés de l’urine et la diminution de l’urée dans celle-ci. Ceci est particulièrement sensible dans la deuxième expérience, où le chien opéré se sentit relativement bien (pendant peu de temps, il est vrai) сё n’eut des spasmes qu'après. Nous avons vu aussi, dans cette expérience, que la sécrétion de l’urine n’a pas été seule à diminuer, il en a été de même de la quantité générale d’azote. En ce qui concerne la quantité d’urée contenue dans le sang, dans la première expérience, le sang contient presque la même quantité d’urée avant et après l’opération, et, dans la seconde, après l’extirpation du foie, le sang en contient même davantage. La quantité d’ammoniaque dans le sang après l'opération augmente dans l’un et l’autre cas; cependant cette augmentation n’est pas assez considérable pour qu’on puisse attribuer à elle seule l’intoxication et la mort de l’animal. Il y a probablement d’autres causes qui déterminent une fin aussi prompte. Afin de nous rendre compte si des matières toxiques avaient passé dans l’urine,: dans notre première expérience, nous éprouvâmes les propriétés toxiques de l’urine prélevée après la mort de l’animal et restant de l’analyse. А 107 heures du matin nous injectàâmes sous la peau d’un lapin du poids de 1925 grammes 10 с. с. de cette urine. Température de l’animal avant l'injection = 39,6°, 4 heures après l'injection = 39,5°; 7 heures après, 40,1°. Toute la journée l’animal est triste et refuse la nourriture. Le lendemain la température tombe à 39,1°; le lapin se rétablit et revient à la santé. L’urine injectée ne contenait qu’une petite quantité d’albumine se coagulant à la chaleur. Lorsqu'elle était au repos, il se formait un grand dépôt d’urates; l’acide azotique, ajouté à cette urine refroidie, donna un dépôt cristallin de nitrate d’urée. Pour prolonger aussi longtemps que possible la vie de notre chien après l’opération afin de mieux étudier les conséquences qu’entraîne l’enlève- ment du foie du cercle de la circulation, nous posâmes une troisième expé- rience, dans laquelle, après avoir placé la fistule de la veine, la foie ne fut pas extirpé; nous nous bornâmes à pratiquer la ligature de l’artère du foie. 3° expérience. Un gros chien du poids de 36 kilos, 6 jours durant avant l’expérience, reçoit une ration journalière de 1,2 kilogr. de viande. П ne lui est pas servi de pâtée d’avoine. On procède à Popération à 91/, heures du soir, après avoir prélevé préalablement à l’artère carotide 250 с. с. de sang, pour l’analyse. La fistule de la veine est posée et l’artère du foie liée; puis on extrait toute l’urine de la vessie. Quantité — 140 c. c.; poids spécifique 1,036; réaction faiblement alcaline. Bientôt après l’opération, l'animal se remet; vers 5 heures du matin seulement, se produisent les premiers spasmes cloniques qui peu à peu deviennent tétaniques. Après 6 heures, l'animal tombe dans l’assoupissement et y demeure jusqu’à sa mort qui survient vers 81/, heures du matin. Peu de temps avant sa mort, déjà à l’agonie, on lui tire, pour l’analyse, à l'artère carotide, 500 с. с. de sang. А Pautopsie de la cavité abdominale le foie est dans les premiers stades de la gangrène humide. Ce que contient l’estomac n’est pas suffisamment liquide et présente une réaction acide; tous les intestins grêles sont pleins des produfts de la digestion; les reins sont DU LIEU OÙ SE FORME L'URÉE CHEZ LES MAMMIFÈRES. 167 fortement hypérémiés; la vessie contient 115 с. с. d’urine du poids spécifique de 1,049. La réac- tion de l’urine est acide. Les essais qualitatifs démontre la presence de pigment biliaire, de beaucoup d’acide urique et de l’albumine. La détermination quantitative de l’albumine donne 0,399 d’albumine se coagulant sous l’action de la chaleur. Les analyses du sang et de l'urine donnent les chiffres ci-après: Avant opération. Après l’opération. Dans 100 gram. de sang, ammoniaque, en milligr . 2,4 2,3 » » » игбе, en milligr. (déduction faite de l’ammoniaque qui s’y trouvait avant) . 82,6 81,8 Dans 100 с. с. d'urine, urée, en grammes . . . . 6,94 её 7,10 4,13 et 4,14 En moyenne 7,02 en moyenne 4,135 » » » quantité générale d'azote ОИСИ, eNOTAMMES TE а оо ро о вв 4,02 4,03 Le foie de ce chien contient 9,9 milligr., et les poumons 11,9 milligr. d’ammoniaque pour 100 parties de tissu frais. Malheureusement, dans cette expérience, les dosages de l’ammo- niaque dans l’urine, avant et après l'opération, n’ont pas réussi. En ce qui concerne la détermination de l’urée, étant donné que la quantité générale d'azote soit 100, nous trouvons que, sous forme d’urée, il а été excrété 81,5%, d’azote, avant l'opération, et 47,8%, après. Et, comme la quantité générale d'azote contenue, avant et après l’opération, était à peu près la même, il est évident que, dans ce cas aussi, la suppression du foie а provoqué une diminution sensible de l’urée dans l’urine. Il est remarquable que, dans cette expérience, avant et après l'opération, le sang contienne la même quantité d’ammoniaque. La même quantité d’urée dans le sang, avant et après l'opération, est un fait d'accord avec les résultats des deux premières expériences. Si, de la sorte, l’ablation du foie ne provoque aucun changement dans la quantité d’urée contenue dans le sang, et les chiens, comme dans notre dernière expérience, vivent plus de 10 heures après que le foie à été exclu du cercle de la circulation et sécrètent en même temps de l’urée par l’urine—l’urine contenait après l’ablation du foie encore 4,13, d’uree — nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître que le foie n’est pas le seul lieu où зе forme l’urée. Dans ses études sur cette question M. Kaufmann') arrive à la même conclusion. Ses expériences ont montré que le sang des animaux en état de jeûne dont il s’est servi contenait, en moyenne, 32 milligr. d’urée dans 100 grammes; le foie en contenait en moyenne, 109 milligr.; le cerveau, 86 milligr.; les muscles, 64 milligr.*); et la rate, 62 milligr. 1) Kaufmann, Nouvelles recherches sur le lieu de formation de l’urée dans l’organisme animal. Rôle prépondérant du foie dans cette formation. Archives de physiol., t. XXVI, р. 531—546 et Jahresbericht f. Thierchemie, 1895, р. 172. 2) А en juger par la communication de М. Schôndorff, les muscles contiennent de l’urée en quantités telles qu’il n’est pas permis d’admettre qu’elle se forme aux dépens du sang im- prégnant le tissu musculaire. Pflüger’s Archiv, 1895. 168 M. NENCKI ET I. PAVLOW, CONTRIBUTION À LA QUESTION Tous ces organes contenaient donc plus d’urée que le sang, et Kaufmann admet que tous contribuent à la formation de l’urée. Dans ces organes, ’urée n'est-elle produite qu'aux dépens du carbamate d’ammoniaque ou par lhy- drolyse de combinaisons plus complexes? c’est ce qui reste à savoir. Person- nellement, la première supposition nous semble plus probable; car, dans nos expériences nous trouvâmes chez nos chiens nourris par de la viande beau- coup plus d’ammoniaque dans les organes que dans le sang; tandis que, dans le jeûne, la quantité d’ammoniaque contenue dans les organes était réduite au minimum. Il est, au surplus, hors de doute qu'après l’ablation du foie, la sécrétion de l’urine diminue d’une manière sensible; et, il n’est pas moins certain que la raison pour laquelle la quantité d’urée contenue dans l’urine ne diminue pas n’est pas que celle-ci est retenue par les reins, mais il se forme simplement moins d’urée dans le corps après l’ablation du foie. Dans nos trois expériences, la quantité d’urée contenue dans le sang avant et après l’opération а été presque la même. Si elle avait été retenue après l’opération, la quantité d’urée, dans le sang, aurait dû être considéra- blement plus grande. Et comme, еп réalité, dans ce cas, la quantité d’urée demeure à peu près sans changement, ceci indique certainement que, non seu- lement le foie, mais les autres organes aussi, participent à la formation de l’urée, que le passage de l’urée, des organes dans le sang, dépend de la quantité qui en est contenue dans les organes et que ce passage est subor- donné à des conditions déterminées. Les résultats des expériences physio- logiques qui nous ont conduits à conclure que le foie n’est pas le seul lieu de formation de l’urée, sont encore confirmés par les observations cliniques dans la cirrhose du foie, l’atrophie aiguë de cet organe et l’empoisonnement par le phosphore. Maintenant, on s’explique les cas où, dans les graves maladies du foie, la quantité d’urée contenue dans les urines ne baisse que d’une manière à peine sensible et demeure même sans changement. Bien que les cliniciens affirment ‘) qu’il est difficile de trouver un argument plus probant contre la fonction du foie de former l’urée et que la question du lieu de forma- tion de l’urée dans l’organisme des mammifères demeure ouverte, tout cela n’en est pas moins absolument inexact. Nous répétons à nouveau ici ce que nous avons déjà dit dans notre dernière communication: de foie possède la fonction de former l’urée, cela ressort d’une manière indubitable: 1° des expériences de transfusion de М. М. Schrôder et Salomon; 2° de ce que le foie retient l’ammoniaque apporté par la veine porte; 3° de la diminution 1) Voyez Münzer, Arch. f. exp. Path. и. Pharm., t. XXXIII, р. 197 et Richter, Ber- liner klinische Wochenschrift, t. ХХХ! р. 454, 1896. 4 DU LIEU OÙ SE FORME L’URÉE CHEZ LES MAMMIFÈRES. 169 considérable de la quantité d’urée contenue dans l’urine à la suite d’une extirpation aussi complète que possible» du foie ?). Les cas d’atrophie aiguë du foie étudiés par ММ. Münzer et Richter prouvent exactement le contraire de ce que soutiennent ces auteurs. Dans les deux cas communiqués par M. Münzer, alors qu’à l’examen micro- scopique, il ne fut pas trouvé du tout de parenchyme normal du foie, l’urine contenait, dans le cas № 11 (quantité générale d’azote contenue = 100), 52,4%, sous forme d’urée, 36,7%, sous forme d’ammoniaque, et 10,99/, sous forme d’autres combinaisons azotées. Dans le cas № 13, l’azote de l’urine se répartissait ainsi qu'il suit: 52,9% d'azote d’urée; 13,3% d’azote ammoniacal et 29,8%, d’azote sous forme d’autres parties constitutives de Рагше. Ces chiffres sont très proches de ceux que nous avons obtenus en extirpant aussi complètement que possible le foie, comme, par exemple, dans notre deuxième expérience. Dans le cas № 12, où l’étude microscopique a montré la présence d’un assez grand nombre de fragments du foie assez bien conservés, M. Münzer а obtenu des chiffres presque normaux: 91,8°/, d'azote d’urée, 6,9%, d’azote ammoniacal, et 1,3% d’azote sous forme d’autres parties constitutives de l’urine. Dans le premier cas décrit par M. Richter, où il fut constaté par l'examen microscopique que les cellules du foie étaient presque entièrement détruites, deux jours avant la mort, l’urine était composée ainsi qu'il suit (la quantité générale de N contenue = 100): 61% d'azote d’urée 10% d'azote ammoniacal, et 5,9%, d'azote de matiéres alloxuriques, et le dernier jour de la vie 72°/, d'azote d’urée, 16°, d'azote ammoniacal et 6,6% d'azote de matières alloxuriques. De sorte que, là aussi, on observa une augmentation évidente de la quantité d’ammoniaque le der- nier jour de la vie et une diminution de l’urée. Le second cas cité par Richter n’a pas rapport à la question qui nous intéresse; puisque, dans les deux derniers jours qui ont précédé la mort, l’urine ne fut pas recueillie. On voit par ces chiffres, que l’augmentation de l’ammoniaque et la diminution de l’urée dans l’urine sont d'autant plus considérables que la destruction des parenchymes du foie est plus complète. Et si une partie, même très petite, des parenchymes est conservée, les changements dans la composition de l’urine sont si insignifiants qu'on peut bien en attribuer la différence aux erreurs de détermination. La fixité de la com- position de l’urine, dans ce cas, s'explique, d’abord, par cette circonstance que les cellules normales du foie qui demeurent travaillent avec une énergie redoublée, et en second lieu, par cette raison que, avec l'accumulation 1) 1. с. page 193. 2) Ces Archives, t. IV, page 212, 1895. 170 M. NENCKI ET I. PAVLOW, CONTRIBUTION А LA QUESTION de l’ammoniaque dans le sang, les autres organes, eux aussi, produisent plus d’urée. Mais, alors, ils ne peuvent remplir les fonctions du foie que jusqu’à un certain point et pour une courte durée de temps, chose que nous avons parfaitement constatée sur nos chiens ayant une fistule à la veine. Dans notre premier travail, fait en collaboration avec М. M. Hahn et - Massen!1), nous avonsindiqué que les changements importants dans la com- position de l’urée ne se produisent que lorsque l’animal présente des sym- tômes graves d’empoisonnement par l’acide carbamique. М. Magnamini, dans son travail récemment paru °), а répété nos expériences. Il а analysé les urines plusieurs jours avant de placer la fistule veineuse, puis 2 ou 3 jours après l'opération. Par cela seul il était déjà permis de s’attendre que ses déterminations ne pourraient pas être utiles à la solution de la que- stion de la formation de l’urée dans le foie. En outre, М. Magnamini раса, les fistules d’après le procédé modifié de M. le prof. Queirolo®), ce qui, dans ce cas, n’était pas un perfectionnement, mais, au contraire, une méthode moins bonne que celle employée par nous. M.Queirolo ne coud pas la veine porte à la veine cave inférieure immédiatement au-dessous du foie, mais un peu plus bas au-dessous de l'ouverture de la veine pancréatico-duodénale, qu'il lie. Nous avons vu dans nos expériences, que dans ces conditions, les phénomènes d’intoxication peuvent ne pas se produire; parce que le sang de la veine pancréatico-duodénale, cette branche extrêmement importante du système de la veine porte, arrive au foie au moyen de petits vaisseaux disposés dans le ligament hépatogastro-duodénal et forment une circulation latérale. C’est par l'application de la modification de M. Queirolo à l’opé- ration de ses chiens que s'explique également la stagnation dans le système veineux et l’albuminurie des chiens de M Magnamini. Chez nos chiens, qui eurent une fistule à la veine pendant tout le temps, jusqu’à leur mort, Ригше demeura exempte d’albumine; de même, on peut regarder l’emploi de la morphine comme la cause de l’albuminurie, Enfin, on rencontre dans le travail de M. Magnamini des erreurs de calcul; de sorte que les conclu- sions déduites par l’auteur, conformément aux chiffres obtenus par lui, ne répondent pas toujours à la vérité. 1) Ces Archives, t. I, p. 400, 1892. 2) Magnamini, Le modificationi del ricambio azotato dopo l’imnesto della vena porta colla vena : ava inferiore, 71 Policlinico, t. Ш, р. 11, 1896. 3) Queirolo, Untersuchungen zur Naturlehre des Menschien и. der Thiere, $. ХУ, 1895. DU LIEU OÙ SE FORME L’URÉE CHEZ LES MAMMIFÈRES. 171 Ainsi, dans sa troisième expérience, M. Magnamini calcule ainsi qu’il suit la teneur de l’urine en azote, la quantité générale d’azote étant égale à 100. Chiffres de Chiffres déduits par M. Magnamini. 1048 Sur les don- nées de l’auteur. Avant l'opération, en moyenne. Souspionme ха ао ве але M ONENN Ol 68,240 74,110/, » » ammoniacal ........ AE 6,00 6,04 » d'azote des autres parties constitutives de р NE PARUS ТЕ 25,67 19,85 Après l’opération, en moyenne. Sous forme d'azote urique . . . . . т. 66,00 64,12 » DNA MONIACA и лы в 12,00 11,94 » d'azote des autres parties constitutives de RULES re ML Te Le 22,00 23,94 Les mêmes erreurs se rencontrent dans la quatrième et dernière expérience: Chiffres de Chiffres déduits par M. Magnamini. PUR ES les don- nées de l’auteur. Avant l’opération, en moyenne. Sous forme d'azote urique) - 1. :. 0... . … . . 79,40% 74,449 » DA ATUNONACAlES. LL. 4,30 4,40 » d'azote des autres parties constitutives de DOTE RENE PRET ATEN: ка 16,30 21,16 - Après l’opération, en moyenne. Sous forme d'azote urique - . . . . . . . . . . . 78,40 78,40 » DR AMIMONMIACAIE AM. M 2e AURNE 11,17 10,63 » d'azote des autres parties constitutives de FORTE ARR US nee scie 10,43 10,97 M. Magnamini conclue de ses expériences que la quantité d’urée di- minue un peu après l’opération. Rien ne nous semble autoriser cette con- clusion. Dans la première expérience de cet auteur la diminution atteint 2,46% (différence entre 76,40 et 73,94, et non entre 77,10 et 73,23 comme le prétend M. Magnamini). Sa deuxième expérience ne saurait entrer en ligne de compte; puisqu'il ne fournit pas les chiffres de la com- position de l’urine avant l’opération. Dans sa troisième expérience la dimi- nution atteint 10°, (différence entre 74,11 et 64,12). Dans sa quatrième expérience, au contraire, l’azote urique à augmenté de 4%, après l'opération. Conséquemment, les rapports de toutes les autres parties constitutives de urine entre elles sont également modifiés. La seule conclusion qu’on puisse déduire des données de М. Magnamini, c’est que les chiens, opérés d’après le procédé de M. Queirolo excrètent, outre de l’albumine, de l’ammoniaque en quantité plus que normale. 12 172 М. NENCKI ET I. PAVLOW, CONTRIBUTION À LA QUESTION Dans les expériences que nous avons données ci-dessus, la quantité d’ammoniaque contenue dans le sang après l’ablation du foie ne s’est élevée que de peu; il serait donc difficile de regarder comme unique cause de la mort des animaux l'accumulation dans leurs organes de carbamate d’am- moniaque. Néanmoins, nous n’acceptons que sous réserves l’observation de M. Lieblein, disant que les tableaux présentés par la maladie après l’abla- tion du foie d’un coté et la pose d’une fistule veineuse d’un autre sont entière- ment dissemblables. Les particularités ont plutôt le caractère d’une différence quantitative que celui d’une différence qualitative. Et on sait que la quan- tité de la substance qui produit l’empoisonnement à une grande influence sur le tableau que présente l’intoxication. Nous signalons d’une manière spéciale, en се qui concerne les sels ammoniacaux, le travail du docteur Jourinsky (ces Archives t. 3). M. Lieblein n’est également pas fondé à supposer que les symptômes de l’intoxication, chez les chiens ayant une fistule veineuse, sont plutôt le résultat des modifications pathologiques d’organes importants, et particulièrement de l’appareil nerveux, que la conséquence d’actions toxiques se renouvellant sans cesse. Cet auteur ne prend garde que les symptômes d'intoxication avec la fistule veineuse font défaut dès qu’on lie non pas la veine porte, mais la veine cave (ces Archives tome 2), et qu'en outre ils peuvent être provoqués par le régime carnée ou par l'absorption de sels ammoniacaux en doses absolument non toxiques pour des chiens non opérés de même taille. Que de vives irritations physiques ou mo- rales puissent contribuer à la production des phénomènes d’intoxication, nous avons eu nous-mêmes l’occasion de l’observer '); mais puisqu'il a été constaté que le sang des chiens ayant une fistule veineuse dans la période d'intoxication contient une quantité d'ammoniaque plus que triple que le sang des chiens normaux, nous supposons que c’est précisément cette accu- mulation, dans le sang, de carbamate d’ammoniaque qu’il faut regarder comme la cause de l’intoxication. Celui de nos chiens, dans le sang duquel il a été constaté une accu- mulation de carbamate d’ammoniaque, а présenté les symptômes de l’empoisonnement après qu’on lui eut introduit dans l’estomac du citrate d’ammoniaque. П ne nous а pas moins semblé intéressant de déterminer quelle serait la quantité d'ammoniaque contenue dans le sang d’un chien qui tom- berait malade, pour ainsi dire spontanément, après une absorption abon- dante de viande. Dans ce but, avec notre concours, M. le docteur Lound- berg fit l'expérience ci-après: 1) Ces Archives, t. I, р. 400, 1892. / DU LIEU OÙ SE FORME Т’ОВЕЕ CHEZ LES MAMMIFÈRES. 173 * Un chien du poids de 33,7 kilogr., deux jours avant l’opération reçoit journellement une ration de 600 с. с. de lait et 800 gr. de pain. Un jour avant l'opération, on prend à une petite artère de la cuisse, un peu de sang dans lequel on détermine la quantité d’ammoniaque contenue. Dans 84 с. с. de sang, on trouve 1,89 milligr. NH, — 2,2 milligr. dans 100 с. с. Le jour de l’opération, le 8 février au matin, ce chien ne reçoit que la ration de lait. А midi environ, on procède à l’opération sous narcose chlorophormique, après avoir, peu de temps avant, injecté dans une veine 14 с. с. de solutiona 1%/ de morphine. La fistule veineuse est pratiquée aussi grande que possible. L’hémorragie, lorsqu’on coupe avec les ciseaux les veines est insigni- fiante, et d’ailleurs aussitôt arrêtée. L'opération, faite par le procédé décrit précédemment, se passe bien. Le jour suivant, notre chien est en bon état; jusqu’à son complet rétablissement, il est nourri exclusivement au lait et au pain. Cependant le poids de l’animal ne cesse de diminuer ; au bout de deux semaines, il est descendu à 24 kilos. Dès lors, on commence à nourrir l’animal à la viande. Le 27 février, notre chien reçoit, pour la première fois après l'opération, 100 gr. de viande; les 28 et 29 février on ajoute à la ration ordinaire de l’animal 200 gr. de viande. Le 29, se produisent les premiers symptômes d’empoisonnement qui se manifestent par la marche ataxique. Dans la nuit du 29 février au 1 mars, les symptômes d’empoisonnement s’accentuent ; il se produit des vomissements, des oscillations du corps dans la marche, le tiraillement des extrémités, la fixité du regard, un abaïissement de température très sensible; la sensibilité à la douleur n’a pas disparu. Le 1 mars, à 11/, heure de l’après-midi, on prend à l’animal 130 c. c. de sang. Pendant la saignée, le sujet est pris de convulsions générales qui ne tardent pas à passer. Les deux déterminations faites avec ce sang donnent les chiffres ci-après: Dans 55 с. с. de sang, on trouve 3,01 milligr. Sur 100 с. с. de sang NH, = 5,4 milligr » 69,0 » » 4,06 » » 100 » » ITS » 7 Dans l’intervalle du 1 au 5 mars, notre chien ne reçoit que la ration de lait et de pain; le 5 mars, on donne de nouveau à l’animal 400 gram. de viande. Dès le lendemain, on peut remarquer certains changements dans son état de santé; il n’est plus si éveillé que la veille. Cet état s’accentue peu à peu, et le 9 se produisent déjà des symptômes manifestes d’empoison- nement. La quantité d’'ammoniaque contenue dans la portion de sang prise ce jour là = 3,6 mgr. dans 100 c. c. | Le 10 mars, on donne à l’animal une ration illimitée de pain et de lait. Pendant tout ce temps, l’urine de ce chien conserve ses propriétés normales et ne contient ni albumine ni pigment bilieux. Sur 100 с. с. d'urine recueillie, le 17 mars, on trouve 32,4 milligr. NH, ou 26,7 milligr. d'azote ammoniacal. La détermination de la quantité générale d’azote contenue dans 100 с. с. d'urine, faite d’après Kjeld'ah]l, donne 0,8057 gr. d’azote total. L’azote ammo- niacal constitue par conséquent 49/, de la quantité générale d’azote. Le 19 mars, à 101/, heures du matin, l’animal reçoit une ration de 100 gr. de poudre de viande, ce qui correspond à peu près à 400 gr. de viande. On lui donne en outre 80 gr. de viande fraîche et 800 с. с. de lait. À 5 В. de l’après-midi, l’animal est somnolent; за marche est fortement titubante, et il пе réagit que faiblement à la piqûre d’une aiguille. A6 h, on prend un échantillon du sang, dans 100 с. с. duquel on trouve 2,8 milligr. NH,. Dans la nuit, on recueille 100 с. с. d'urine contenant 80,6 milligr. NH, ou 66,3 d’azote ammoniacal. La déter- mination, d’après Kjeldahl, de la quantité générale d’azote contenue donne 1,77 gr. МН. = 1,458 gr. d’azote. L’azote ammoniacal constitue, par conséquent, 4,50/, de la quantité générale d’azote. Le chien se remet de cette crise et, jusqu’au 26 mars, on le laisse en paix. Се jour là, оп lui donne 1200 grammes de viande qu’il vomit pour la plus grande part dans la même nuit. Le lendemain, à 10 heures du matin, notre chien reçoit de nouveau une ration de 800 grammes de viande dont il vomit 300 grammes à 3 heures de l’après-midi. Bientôt après, se produisent des symptômes d’empoisonnement: abondante salivation, ataxie, principalement des extrémités postérieures, puis perte de la vue; de temps à autre, tiraillement des muscles volontaires. Dans la nuit, les symptômes d’empoisonnement s’accentuent à tel point qu’on redoute une issue léthale; à 3 heures du matin, on lui prend 130 с. с. de sang. L’animal - demeure à l’état comateux jusqu’à за mort qui survient à 71/, heures du matin. Quelques mi- nutes avant sa mort, on lui prend encore 90 c. c. de sang. À L’autopsie, à laquelle on procède aussitôt après, montre que la fistule avait été posée avec succès et que l’ouverture était assez grande pour qu’il ne pût être question de la stagna- 12* 174 : М. NENCKI ЕТ I. PAVLOW, CONTRIBUTION А LA QUESTION tion du sang. Le foie est petit et jaune; l’examen microscopique de cet organe révèle l’atrophie et la dégénérescence graisseuse. Dans les reins, on constate l’enflure des petits canaux urinaires et le trouble de l’épitélium. Dans la vessie, on trouve 520 с. с. d'urine jaune et limpide dont le poids spécifique est de 1,026. Cette urine possède une réaction alcaline; elle ne contient pas d’albumine et, placée au froid, elle devient fortement trouble et depose des urates. L’addition d'acide azotique à une portion refroidie d’urine donne un dépôt de nitrate durée. La détermination de chacune des substances constitutives azotées de l’urine donne les chiffres ci-après (en taux pour cent): quantité générale d’azote — 2,253 gr.; ammoniaque 0,2078 ou 0,1711 gr. d'azote ammoniacal, ce qui constitue 7,60/ de la quantité générale d’azote. L'analyse de l’échantillon du sang prélevé dans la nuit est faite le matin du jour suivant. Dans 45 с. с. de sang, on trouve 4,24 milligr. NH,; par conséquent, dans 100 с. с. de sang, 9,4 milligr. Une quantité aussi énorme d’ammoniaque contenu nous força de renouveler la détermination le jour suivant. Dans 36 с. с. du même sang, on trouva 2,89 milligr., soit, dans 100 с. с., 8,0 milligr. NH,. Ayant fait la moyenne de ces deux déterminations, nous trouvons que ce sang contenait 8,70/, d'ammoniaque. Dans le sang, pris quelques minutes avant la mort, à ’agonie, il fut trouvé, dans 44 с. c., 2,146 milligr. NH;, soit, dans 100 с. с. 4,87 milligr. La détermi- nation de l’ammoniaque dans les organes donne les chiffres ci-après: Poids de l’organe Dans 100 gram. NE : qui à servi à la Ammoniaque, de substance, il IDE Een pesto rene détermination, en grammes. aété trouvé NH, en grammes. . en grammes. Muqueuse des intestins . . . . . 65 16,7 25,7 » de l’estomac . . . . . 60 31,1 52 1 ND CE RTE Se Le OR 57 9,18 16 Cerveau en вое ее 50 15,7 31 ЕЯ a en COS RUES TURE 100 24 24 RCINS ES ее NE MERE 48 13,5 28 BOUMONS EN а 60 12 20 Ая notre chien а vécu 48 jours après l’opération; et il résulte de l’expérience que toutes les fois après l'absorption d’aliments carnés, il présenta des symptômes plus ou moins accentués d'empoisonnement. Plus l’animal absorbait de viande, plus son sang et ses urines conte- naient d’ammoniaque. C’est surtout avant la mort que l’urine fut riche en ammoniaque, alors que son sang artériel contenait autant d’ammoniaque que nous en avions trouvé au cours de nos expériences précédentes, dans les veines mésentérique et pancréatique seulement après une abondante alimentation carnée. Et dans les organes, principalement, dans le cerveau et les pou- mons, il fut trouvé une quantité d’ammoniaque assez élevée. C’est peut- être cette dernière circonstance qui explique le phénomène observé chez l’homme, dans la cirrhose progressive du foie, sur lequel M. M ünzer !) ага le premier l’attention. En effet, М. Münzer a montré que dans cette maladie la quantité d’azote excrété par Гигше est bien inférieure à celle qui est absorbée par les aliments. Dans le cas de cirrhose atrophique du foie cité par М. Münzer et étudié par M. Favitsky, ce dernier a trouvé que, dans le dernier stade, (au 3° degré embrassant une période de sept jours), en mo- 1) Münzer, Arch. f exp. Path. et Pharm., t. XXXIII, p-182. DU LIEU OÙ SE FORME L'URÉE CHEZ LES MAMMIFÈRES. 179 уеппе, sur 16,1 grammes d'azote pris sous forme d'aliments, il n’a été excrété que 9,83 grammes par Риге et 2,52 par les matières fécales. Où donc sont passé les quatre autres grammes, c’est-à-dire le quart de l'azote introduit dans l’organisme; l'analyse ne le montre pas. La haute quantité d’ammoniaque, contenue dans le sang et dans les poumons de nos chiens ayant une fistule veineuse, indique qu’une partie de l’ammoniaque se dégage sous forme gazeuse par la respiration. Nous nous proposons de poursuivre nos études dans ce sens; et nous ferons connaître, en son temps, leurs résultats. En terminant, nous nous faisons un agréable devoir d’exprimer notre reconnaissance à M. J. A. Zaleski, préparateur à la section chimique de l’Institut, pour l’assistance qu’il nous а prêtée dans ce travail. о Sur le dosage de l'azote dans les corps organiques par le procédé de Kjeldahl-Wilfarth. Par М. В. В. de Bühtlingk. Travail de la Section de pathologie générale de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale. En entreprenant, sous l'inspiration de M. 5. М. Loukianow, l’étude des échanges d’azote chez les animaux dans certaines conditions patholo- giques, j'ai dû tout d’abord m’arrêter sur le choix d’une méthode qui aurait permis de doser l’azote avec le plus de précision et de rapidité. Cette dernière condition, non sans valeur pour un chimiste, est de la plus haute importance pour le pathologiste et le physiologiste et surtout pour le clinicien, obligés souvent de faire un sacrifice de précision pour obtenir des résultats avec plus de rapidité; car l’homme ou l’animal en observation fournissent chaque jour, ou même heure par heure, de nouveaux échantillons de substance à analyser, et il faut que le travail nécessaire soit accompli sans retard. Envisageant l’affaire sous ce rapport, je me suis arrêté sur la méthode de Kjeldahl- Wilfarth, en cherchant à l’appliquer d’une façon la plus simple et la plus commode. Comme ce procédé avait subi de nombreuses modifications entre les mains de différents expérimentateurs, j'ai cherché à choisir parmi ces modifications celles qui répondaient à mon but, et j'en ai apporté aussi de ma part quelques unes. Convaincu par ma propre expé- rience de la commodité et des avantages du procédé de Kjeldahl-Wilfarth ainsi modifié, je me suis décidé de publier la présente communication dans le but d'attirer l’attention de mes collègues, étudiant les échanges organiques, sur cet excellent procédé qui est, à mon avis, indiscutablement supérieur à В. К. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE ЕТС. 177 celui de Kjeldahl-Borodine, généralement usité chez nous en Russie et principalement à St-Pétersbourg. Le procédé de Kjeldahl!), publié en 1883 en deux langues, provoqua une véritable révolution dans certaines parties de la chimie analytique, en prenant le dessus sur tous les procédés antérieurement employés pour le dosage de l’azote dans les substances organiques. En effet, aucun des anciens procédés, longs et compliqués, n’a pu rivaliser avec la nouvelle méthode de Kjeldah! ni par la commodité et la rapidité de l'exécution, ni au point de vue de la précision et de la sûreté des résultats. Le procédé primitif de Kjeldahl à subi depuis pas mal de modifications et de perfections, пе _ portant du reste que sur l’accélération de la marche des réactions, le principe de la méthode restant le même. La principale modification appartient à M. Wilfarth?), qui proposa d’additionner une certaine quantité de métaux ou d’oxydes métalliques à l’acide servant à la destruction des composés organiques. Pour ne pas fatiguer le lecteur par une longue énumération d’autres propositions, je ne les citerai qu’au besoin, à l’examen de chaque phase de l'analyse. Après avoir fini l’étude de différentes phases du procédé Kjeldahl-Wilfarth et touché en quelques mots celui de Kjeldahl- Borodine, je présenterai quelques chiffres à l’appui de l’exactitude des résultats que j'ai obtenus, et en terminant je donnerai une description sommaire de la marche générale de l’analyse. Pour obtenir des quantités déterminées de matière à analyser, les corps liquides peuvent être mesurés dans les conditions ordinaires à l’aide d’une burette ou d’une pipette. Je préfère les pipettes, car elles donnent des quantités assez précises même en cas des urines troubles de lapin, si toute- fois elles ne possèdent pas de résidu se déposant rapidement. Cependant, même dans ces cas-là, on peut arriver à une précision suffisante, si l’on а soin de recueillir le liquide en agitant continuellement le ballon; cela ne s'applique pas aux burettes. Pour les corps solides, je n’admets pas d'autre procédé que la pesée dans les mêmes petits ballons dans lesquels on va les traiter par l'acide sulfurique. М. Kjeldahl') lui-même l’avait déjà conseillé, mais son conseil fut en partie oublié, en partie délaissé, parce qu’on а commencé à se servir pour l’oxydation de grands ballons qui ne rentraient point dans la boîte de la balance. Lorsqu’on pèse de la substance en poudre dans des tubes longs, d’où on la fait passer ensuite dans les ballons en 1) Kjeldahl, Neue Methode zur Bestimmung des Stickstoffes in organischen Kôrpern; Zeitschr. f. analyt. Chemie, т. 22, р. 366, 1883; et Meddelelser fra Carlsberg Laboratoriet; fasc. 5. 2) H. Wilfarth, Eine Modification der Kjeldahl’schen Stickstoffbestimmungs-Methode; Chem.Centralblatt, 3. Folge, т. 16; р. 17 et 113; 1885. 178 в. R. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE DANS LES CORPS introduisant le tube jusqu’à la portion large de ces derniers [Argutinski”)]|, une certaine quantité de poudre fine s’attache aux parois du tube. Certes, on peut la déterminer en repesant les tubes, mais il est plus simple et plus sûr de placer d’abord la poudre dans un ballon au moyen de ce tube et de ne la peser qu'après qu’elle y а été introduite. Ce procédé est également appliquable pour les corps liquides, pour tous les cas où l’on cherche à obtenir des résultats les plus exacts (voir les don- nées numériques). Il est superflu d’évaporer à siccité, d’après Kjeldahl, les substances liquides dans les mêmes ballons avant l’addition de l’acide [cette objection а été déjà faite par ММ. Petri et Lehmann‘)|, car l’eau s’évapore rapidement lorsqu'on chauffe avec l’acide. Les substances qu’on ne peut pas obtenir à l’état solide, telles que, par exemple, le beurre, sont enveloppées dans de l’étain en feuilles; quoiqu’on obtienne alors après la combustion avec l’acide sulfurique et l’anhydride phosphorique une liqueur non transparente mais laiteuse, ceci n’a pas d’inconvénient. L'emploi des feuilles d’étain a cet avantage, que la substance recouverte de ces feuilles se dissout dans l’acide déjà bouillant graduellement, au fur et à mesure de la dissolution de l’étain; ce procédé permet de gagner du temps, car alors la liqueur mousse beaucoup moins, et on peut mener le chauffage d'emblée assez énergiquement. En présence de ce fait, on se demandait naturellement, sil’étain ne pourrait pas remplacer le métal employé pour l’accélération de la destruction des matières organiques; or, l’expérience n’a pas justifié cette supposition, la décoloration en présence de l’étain marchant sans mercure trop lentement. Les dimensions du ballon servant au chauffage de l’acide et de la substance à analyser ont une assez grande importance. Suivant les conseils de М. Argutinski, j'ai eu assez de difficulté au début de mes recherches en utilisant les ballons de 200 centimètres cubes dans lesquels il n’y avait pas moyen de peser et qui éclataient pendant le chauffage presque dans la moitié des cas. Ла écarté cet inconvénient en les remplaçant par de petits ballons d’une capacité de 100 с. с. Il est intéressant à noter que M. Kjel- dahl lui-même employait des ballons de mêmes dimensions, comme je ал appris plus tard, et que dans tous les articles publiés après lui, où il est question des dimensions des ballons, c’est toujours de grands ballons que Von parle, de 200 à 250 centimètres cubes; dans le manuel de MM. 3) P. Argutinski, Ueber die Kjeldahl-Wilfarth’sche Methode der Stickstoffbestim- mung unter Berücksichtigung ihrer Anwendung zu Stoffwechselversuchen; Pflüger’s Archiv, $. 46, р. 581—593, 1890. À 4) Petri und Lehmann, Die Bestimmung des Gesammtstickstoffs im Harn; Zeitschrift Ли physiologische Chemie, t. 8, р. 200, 1884, / ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDAHL-WILFARTH. 179 Neubauer et Vogel”) — de 200 à 300 с. с. et dans l’article de M. Ро- роу!1с1°) — même de 500 с. с. (pour 10 с. с. d’acide). Il est évident qu’un ballon de cette dimension, ne contenant qu’une quantité aussi minime de liquide, peut éclater facilement lorsqu’on le chauffe. Le mélange de 200 gr. d'acide phosphorique anhydre et d’un litre d’acide sulfurique concentré, proposé pour la destruction des matières Orga- niques par М. Kjeldahl, est le meilleur, et la plupart des expérimenta- teurs s’en servent. L’emploi de l’acide sulfurique fumant, ou son addition à l'acide sulfurique ordinaire proposée par MM. Pflüger et Bohland’), n’est pas avantageux, car la deshydratation énergique, c’est-à-dire la carbonisation des substances organiques (ce qui constitue la propriété principale de l’an- hydride sulfurique), se fait assez vite même en présence de l’acide sulfurique ordinaire ; il y a en plus cet inconvénient, que l'acide sulfurique fumant con- tient presque toujours un peu d’acide azotique qui cède, comme l’avait déjà établi M. Kjeldahl, une partie de son azote sous forme d’ammoniaque. L’addition des métaux introduite par M. Wilfarth est d’une grande utilité, comme j'ai eu l’occasion de le dire au commencement de ma communication, la destruction de la matière organique étant très accélérée. М. УМ Шаг?) proposa d’abord l’oxyde de cuivre, mais il fut convaincu ensuite de la supériorité du mercure”). Néanmoins, certains observateurs continuaient à se servir de cuivre, et certains autres [M. Arnold!°), ainsi que MM. Arnold et Waldemeyer')] utilisent les deux métaux ensemble (SO, Cu + Hg). D’après М. Gunning 12), la destruction de la matière organique s’opère le plus rapidement lorsqu'on prend 2 parties d’acide sulfurique et 1 partie de sulfate de potasse, mais aussi la formation de l’écume est-elle trop considérable. Pour obvier à cet inconvénient, MM. Arnold et Walde- meyer ont modifié ce procédé; ils ont pris 1 partie de sulfate de potasse pour 3 d'acide sulfurique; ce mélange écume moins, d’après ces auteurs, et 5) С. Neubauer und J. Vogel, Anleitung zur qualitativen und quantitativen Analyse des Harns, 97° édition, t. I, р. 505, 1890. 6) М. Popovici, Вейгасе zur Analyse des Tabaks; Zeitschrift für physiologische Chemie, +. 14, р. 132, 1889. 7) Е. Pflüger und К. Bohland, Eine einfache Methode zur Bestimmung des Stick- stoffs im Harne; Pflüger’s Archiv, t. 35, р. 454, 1885. 8) H. Wilfarth, Eine Modification der Kjeldahlschen Stickstoffbestimmungs- Methode; Chemisches Centralblatt, 3. Folge, t. 16, p. 17, 1885. 9) Ibidem, p. 113. 10) С. Arnold, Die Kjeldahlsche Methode der Stickstoffbestimmung; Chemisches Centralblatt, 3. Folge, t. 17, р. 337, 1886. ; 11) C. Arnold und K. Waldemeyer, Zur Bestimmung des Harnstickstoffs nach Schneider-Seegen und nach Kjeldahl; Pflüger’s Archi, t. 52, р. 290, 1892. 12) J. W. Gunning, Ueber еше Modification der Kjeldahl-Methode; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 28, p. 188, 1889. 180 к. R. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE DANS LES CORPS agit presque aussi vite que celui de M. Gunning. Je ne trouve point d'avantage dans ces modifications, car la marche est déjà suffisamment rapide dans le procédé de М. Wilfarth, et il n’y а pas lieu, je pense, de se préoccuper de l’accélération du processus; c’est surtout la formation exagérée de l’écume qui gène l’opération, particulièrement lorsqu'on а affaire à des substances en poudre, et il faudrait chercher à écarter cet inconvénient. La décoloration par le permanganate de potasse sec (M. Kjeldahl) ou par le perchlorate ) et le chlorate *) de potasse recommandés chez nous pour le procédé de Kjeldahl-Borodine, ou encore par la solution de permanga- nate dans l’acide sulfurique d’après M. Czeczetk a ”), est à mon avis superflue lorsqu'on fait usage des métaux suivant l’indication de М. Wilfarth, et quel- quefois même nuisible. Cette décoloration devient superflue lorsqu’on l’applique au moment où la liqueur est déjà presque incolore, car la décoloration se produirait sans cela dans peu de temps; elle devient nuisible lorsqu’on décolore trop tôt. M. Kulisch 16) а établi que la décoloration par le permanganate de potasse, au moment où la liqueur présente encore la couleur rouge-brun [cou- leur de thé fort, suivant MM. Korkounoff et Kourloff!7)|, amène des erreurs notables dans le sens de diminution. J’ai constaté également la perte d’une certaine partie d’azote lors de l’oxydation précoce. Il est à noter, en outre, que l’oxydation au moyen du permanganate et du chlorate de potasse n’est pas sans danger, car certaine quantité de sel s’attache aux parois humides du goulot du ballon, s’y accumule en une couche assez épaisse qui, se détachant et tombant dans le ballon, fait explosion, même malgré les précautions que l’on prenne en ajoutant le sel. Cette oxydation, à mon avis, n’est point fondée, même au point de vue théorique. Parmi les nombreux articles publiés à propos de la méthode de M. Kjeldahl, И n’y en а qu’un seul, celui de M. Dafert), où l’on puisse trouver des explications théoriques des pro- cessus chimiques qui se produisent lors de l’ébullition des substances organiques avec de l’acide sulfurique. Ces données sont reproduites par 13) Stcherbak, De quelques modifications du procédé Kjeldahl-Borodine pour le dosage de l’azote dans les matières organiques, Wratsch, 1888, р. 827 et 852 (en russe). 14) Panoff, De l’usage de chlorate de potassium au lieu du permanganate dans le pro- cédé de Kjeldahl-Borodine; Wratsch, 1888, p. 786 (en russe). 15) G. Czeczetka; Monatshefte der Chemie, t. 6, р. 68; Zeitschrift für analytische Chemie t. 25, p. 252, 1866. 16) P. Kulisch, Ueber die Bestimmung des Stickstoffs im Wein, Most und in der Hefe Zeitschrift für analytische Chemie, t. 25, p. 149, 1886. 17) Korkounoff et Kourloff, De la méthode de Kjeldahl-Borodine etc; Wratsch t. 4, p. 65, 1885 (en russe). _ 18) Г. М. Dafert; Sitzungsberichte der niederrheinischen Gesellschaft für Natur- und Heilkunde in Bonn, 1884, р. 203; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 24, p. 454, 1885. ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDAHL-WILFARTH. 181 М. Fresenius'”) et comprennent les points suivants: 1° l'acide sulfu- rique emprunte à la substance organique les éléments de l’eau, avec formation de cette dernière; 2° l’anhydride sulfureux, qui s’y produit par suite du chauffage de l’acide sulfurique avec la masse carbonisée, agit en réduisant la matière а2046е; 3° par suite de l’oxydation énergique due au permanganate de potasse, des composés ammoniacaux se détachent des produits azotés qui peuvent ici prendre naissance; cette dernière réac- tion doit être considérée comme secondaire, ne se produisant que dans certaines conditions. Nous voyons ainsi que le passage de l’azote à l’état d’ammoniaque зе fait par réduction et non par oxydation. Par oxydation pure des matières organiques azotées, comme, par exemple, dans l’analyse élémentaire, nous obtenons de l’azote libre et une petite quantité de ses composés oxygénés inférieurs, mais jamais de l’ammoniaque. La carbonisation des substances organiques, ce qui constitue le premier point de М. Dafert, se produit avec grande rapidité; la masse noircit immédiatement. Ensuite, le carbone agit lentement sur l’acide sulfurique, et l’anhydride sulfureux qui s’est formé agit sur la matière organique, perdant alors tout son oxygène; de sorte qu'il ne reste, finalement, que l’azote en combinaison avec de l'hydrogène. Le soufre et le phosphore des matières organiques, passant à l’état d’acides correspondants, agissent dans le même sens, en s’emparant d’une certaine quantité d'oxygène. Ceci nous explique le fait observé par М. Asbôth”), que le passage complet de l’azote à l’état d’ammoniaque n’a lieu que dans les cas où la substance à analyser contient une quantité suffisante d’hydro- gène. Le troisième point de M. Dafert, qui, d’après l’auteur lui-même, n’a rapport qu’a des conditions particulières, est présenté, à ce qu’il me semble, dans le but de donner une explication de l’emploi évidemment utile du permanganate de potasse comme oxydant. Je ne nie pas, bien entendu, que la destruction des molécules organiques complexes, par l’ébullition avec l’acide, soit favorisée également par des processus d’oxydation, se produisant dans la même solution à côté des processus de réduction; mais j’évite, pour des raisons développées ci-dessus, le terme généralement employé «d’oxydation» pour désigner le chauffage des substances organiques avec l'acide, et je lui substitue le mot «destruction». М.К. Ulsch ?) se prononce dans le même sens à propos de l'oxydation 19) В. Fresenius, Anleitung zur quantitativen chemischen Analyse, 6° édit., t. IT, р. 727. 20) А. у. Asbôth, Ueber allgemeinere Anwendung der Kjeldahlschen Methode der Stickstoffbestimmung; Chemisches Centralblatt, +. 17, р. 161, 1886. 21) К. Ulsch, Zur Bestimmung des Stickstoffs nach der Methode Kjeldahl’s; Chemisches Centralblatt, t. 17, p. 375, 1886. 182 к. в. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE DANS LES CORPS par le permanganate de potasse; il repousse cette manière d’agir en se ba- sant sur ces faits, qu’à une température si élevée, développée par l’oxy- dation (phénomènes lumineux), il peut se faire 1° que le sulfate d’ammo- niaque déjà formé se décompose, et 2° que les composés organiques azotés, qui se trouvent encore dans la solution, brülent jusqu’au dégagement de l’azote libre. Le carbone passant à l’état d’acide carbonique se dégage de la solution qui s’éclaircit progressivement. La disparition complète de carbone coïncide avec la décoloration absolue, et à partir de ce moment toute réaction réduc- trice s’arrête. C’est pourquoi il n’y a pas raison de continuer à chauffer encore pendant quelque temps après décoloration, comme le conseille M. Argutinski*) М. Kulisch') fut amené par la pratique à la même conclusion, que le prolongement du chauffage après décoloration n’augmente point la quantité d’azote; mais cet auteur considère comme nécessaire d’oxyder la liqueur décolorée par le permanganate de potasse, pour avoir l’azote total. М. Weiske*?) prouve cependant que cette manipulation n’a aucune impor- tance dans les cas où l’on se sert du mélange d’acide sulfurique et d’acide phosphorique anhydre. Il est incontestable, que l’excès de carbone contenu dans la liqueur est facile à chasser par oxydation à l’aide d’un des oxydants susmentionnés. Est-il possible de faire passer également l’azote à l’état d’ammoniaque par le même procédé? Je suis obligé de donner une réponse négative à cette question, d’après les réflexions théoriques. On pourrait alors neutraliser, au lieu d’oxyder, et distiller la liqueur non décolorée avec les mêmes résultats que lorsqu'on la décolore au moyen du permanganate de potasse. Il est évident que les choses se passent réellement ainsi. Nous trouvons dans le travail de MM. Piflüger et Bohland”) toute une série d'analyses, où ces auteurs n’avaient pas maintenu la liqueur sur le feu jusqu’à décoloration, en l'oxydant par le permanganate de potasse, soit en distillant sans décolorer. Les résultats obtenus présentent de légères oscillations, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Dans l’analyse 14 (р. 460), par exemple, nous voyons que la liqueur а été neutralisée à l’état de coloration brun-clair, et la quantité d’azote obtenue а été plus grande de 0,6%, que la quantité théorique. Aussi les auteurs susindiqués conseillent-ils de chauffer jusqu’à ia coloration brun-clair et de ne pas oxyder par le permanganate de potasse. | 22) Н. Weiske, Ueber Stickstoffbestimmungen nach Varrentrapp-WillundKjeldahl im Herbivorenharn und Milch; Chemisches Centralblatt, t. XVII, D. 857, 1886. ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDAHL-WILFARTH. 183 Comme П est difficile de préciser le moment quand tout l'azote а passé à l’état d’ammoniaque, je maintenais la liqueur au feu jusqu’à sa com- plète décoloration, puis je la refroidissais, la diluais avec de l’eau, et je fer- mais le ballon au moyen d’une capsule en caoutchouc, ce qui est plus simple et non moins sûr que de conserver les ballons sous une cloche, au dessus de l’acide sulfurique, comme le conseille M. Argutinski*). Le goulot du ballon est rincé par un jet d’eau lorqu’on étend la liqueur, et les capsules en caou- tchouc ne touchant pas à l'acide restent absolument intactes. MM. Petri et Lehmann‘) ont procédé de la même manière. La phase suivante de l’analyse est la neutralisation de la liqueur forte- ment acide. A cet effet, la plupart des auteurs conseillent d’additionner une certaine quantité, préalablement déterminée, а’ипе solution d’alcali caustique; cette quantité est déterminée soit par le titrage préalable de la quantité d'acides égale à celle qu’ou а, employée pour la destruction des substances organiques, soit par le calcul théorique. Pour 5 c. c. d’acide sulfurique il faut 40 c. c. d’alcali contenant 270 gr. NaOH ou de 375 gr. de КОН par litre [ММ. Neubauer et Vogel*)]. Cela amène cependant un grand excès d’alcali, car une partie d’acide sulfurique est neutralisée par le mercure, une partie passe à l’état d’anhydride sulfureux et enfin une assez grande partie s’évapore sans modification. Certains auteurs ont conseillé de prendre une quantité d’alcali encore plus considérable. MM. Heffter, Holl- rung et Morgen’#) mettent de 15 с. с. d’alcali (50° de Beaumé) plus qu’il n’est nécessaire pour la neutralisation; MM. Petri et Lehmann“) en mettent 60 с. с. au lieu de 40 (du poids spéc. de 1,3), quantité nécessaire pour la neutralisation. La liqueur ainsi neutralisée bout avec bruit, surtout à la fin de la distillation, lorsque, par suite du passage d’une certaine quan- tité d’eau dans le récipient, la liqueur devient plus épaisse et, par con- séquent, son alcalinité augmente; des chocs fréquents, survenant pendant la distillation, la font souvent interrompre avant que nous puissions être certain que tout l’'ammoniaque soit passé. Pour obvier à cet inconvénient, M. Kjel- dahl avait déjà proposé d’additionner des copaux de zinc avant distillation, et ce procédé est aujourd’hui généralement adopté en Allemagne, quoique le zinc présente un autre inconvénient dont nous reparlerons plus loin. Pour obtenir une ébullition calme, M. Argutinski ajoute du talc; d’autres préfèrent de la pierre ponce. M. Asbéth®) se sert de la solution de sel de Seignette et 23) С. Neubauer und J. Vogel, Anleitung zur qualitativen und quantitativen Analyse des Harns, 9% édition, t. I, р. 505, 1890. и 24) Hésiiee Hollrung und Morgen, Chemiker-Zeitung, t. УШ, р. 432; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 23, p. 553, 1884. 184 В. В. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE DANS LES CORPS de soude caustique, en place de l’alcali pur, affirmant que cela annule les chocs d’ébullition. Tous ces mélanges, dans une solution fortement alcaline, n’atteignent pas leur but, aussi M. Argutinski conseille-t-il d'éviter le grand excès d’alcali; malheureusement, cet excès est inévitable. lors- qu'on neutralise, à la manière de М. Argutinski, par une quantité d’alcali suffisante à neutraliser tout l’acide donné. Une méthode de neutra- lisation plus perfectionnée est celle de M. Neumeister*), qui propose de déterminer la quantité d’alcali nécessaire pour neutraliser 10 с. с. de liqueur diluée après oxydation et d’en calculer ensuite la quantité corres- pondant au reste de cette liqueur. Or, cela complique d’une part le travail, car on est obligé de diluer la liqueur à un volume déterminé, c’est- à-dire la verser dans un vase gradué, la reverser dans le ballon distillateur, rincer chaque fois à l’eau et enfin transformer par calcul le résultat obtenu pour une partie de la substance donnée еп celui de la quantité totale, et d'autre part, ces manipulations complexes introduisent nécessairement de nouvelles sources d’erreurs. Prenant en considération tous ces défauts, je m’écartais, presque dès le début de mes recherches, de la technique habituelle de la méthode de Kjeldahl-Wilfarth, en ajoutant de la phénolphtaléine directement à la liqueur à analyser et en neutralisant d’après cet indicateur. Et je me suis persuadé bientôt de l’innocuité absolue de cette substance (non azotée) fournissant, au contraire, des avantages importants dûs à la neutralisation exacte. On sait bien que, pendant l’ébullition de la solution alcaline dans le ballon à distillation, de fines gouttelettes de liquide sont projetées en haut et entraînées par les vapeurs d’eau dans le récipient, en saturant une certaine portion d’acide titré. Pour écarter cette source d’erreurs, on a appliqué plusieurs artifices, comme, par exemple, un long tube montant réunissant le ballon à distillation avec le réfrigérant (M. Argutinski), un renflement sphérique du tube, une courbure en crochet de l’extrémité de ce tube recevant les vapeurs, un vase intermédiaire rempli de grains de verre, etc. On а signalé aussi [M. Bosshard#)] l'influence défavorable du zine, provoquant la pulvérisation du liquide alcalin grâce à la formation d’hydro- gène, et on а conseillé par suite de réduire Ja quantité de ce métal. M. Arnold?) suspendait une petite corbeille en fil métallique dans le goulot 25) В. Neumeister, Lehrbuch der physiologischen Chemie, +. II, р. 237, 1898. 26) E. Bosshard, Zur Stickstoffbestimmung nach Kjeldahl; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 24, p. 199, 1885. 27) С Arnold; Archiv der Pharm. [3 R.], +. 23, р. 177; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 24, p. 454, 1885. 4 ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDAHL-WILFARTH. 185 du ballon à distillation. MM. Rindell et Hannin #) déclarent qu’une couche de perles fines à 8 centimètres de hauteur ne laisse pas passer les gouttelettes de liqueur lorsque le tube est entouré de vapeurs chaudes, de sorte que les vapeurs ne s’y condensent pas. Le nombre considérable de ces propositions est une preuve de leur inefficacité. Si une partie de la liqueur alcaline passe nécessairement, comme on sait, à chaque distillation dans le réfrigérant, le moyen le plus sûr d’obvier à cet inconvénient, constituant une source d'erreurs, c’est encore de diminuer l’alcalinité de la solution. Je crois que ma technique de neutralisation раг- vient à diminuer considérablement la quantité d’alcali libre passant dans le réfrigérant, comparativement à celle qui у passe dans le procédé habituel; et ces avantages ressortent encore plus enface du procédé deMM.Heffter,Hollrung et Morgen et de celui de ММ. Petriet Lehmann. L’erreur dépendant de cette circonstance diminue également et, finalement, peut devenir imperceptible. Outre cet avantage ci-dessus mentionné, ma liqueur faiblement alcaline présente une ébullition calme, ce qui me permet de continuer plus longtemps Ja distillation jusqu’à ce qu’il ne reste dans le ballon qu’une quantité telle- ment petite de liqueur, que le ballon risque à éclater. Par le refroidissement cette liqueur se prend en une bouillie de cristaux, ce qui prouve que sa concentration est considérable. Plus on pousse la distillation, plus on est certain que tout l’ammoniaque non seulement s’est dégagé de la liqueur, mais qu’il est chassé du ballon et du tube intermédiaire par des vapeurs d’eau. Cette dernière circonstance est cependant assez longue à attendre. П est évident que l’ammoniaque, qui se dégage de la liqueur, forme un mélange avec les vapeurs d’eau remplissant le ballon; par suite du passage continu d’une certaine quantité de ce mélange dans le réfrigérant et de l’accès incessant des vapeurs d’eau pures, le mélange en question devient de plus en plus pauvre en ammoniaque. La disparition totale de ce dernier est toutefois impossible à réaliser, et la quantité d’ammoniaque restant dans le ballon sera d'autant plus grande que l’on arrête la distillation plus tôt. C’est dans la même réflexion que j'emploie les plus petits ballons pos- sibles. Je considère un ballon de 500 centimètres cubes comme suffisant pour que l’écume, qui se forme au début du chauffage, ne passe pas dans le réfrigérant, et je ne comprends point, pour quelle raison on se sert dans beaucoup de laboratoires de ballons de 1200 à 2000 centimètres cubes. Pour me rendre compte de la durée du passage de l’ammoniaque, j'avais fait les expériences suivantes. Après qu’on eût déterminé la quantité d'azote 28) А. Rindell und Е. Hannin, Zur Stickstoffbestimmung nach Kjeldahl’s Methode Zeitschrift für analytische Chemie, t. 25, p. 155, 1886. . ) г) 186 В. В. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L AZOTE DANS LES CORPS dans une solution déterminée au moyen des analyses préalables, je versai dans le récipient une quantité d'acide justement suffisante pour neutraliser l’ammoniaque, et j'y ajoutai l'indicateur. On voyait alors que peu de temps après le début de l’ébullition une quantité considérable d’ammoniaque passait d'emblée, en donnant à l'indicateur une coloration se rapprochant de la neutre, et cependant, longtemps après, chaque goutte, en tombant du réfri- gérant dans cette solution, déterminait une modification dans la coloration de l'indicateur, qui disparaissait chaque fois lorsque la goutte se mélangeait à la masse générale. Ce n’est que vers la fin de la distillation poussée le plus loin possible, que les gouttes qui tombaient ne changeaient plus la coloration. Cette disposition de l’expérience n’est, bien entendu, démonstrative que pour l'observateur lui-même, car les résultats ne se traduisent point par des chiffres, mais, en revanche, elle est infiniment plus simple que celle qui oblige à interrompre toute une série de distillations à des termes différents, ou à recueillir les produits de distillation par des portions séparées. Il nous reste la dernière phase de l’analyse — le titrage. Le procédé primitif de M. Kjeldahl, le titrage au moyen de l’iode, étudié ensuite par MM. Pflüger et Boland, est presque complètement délaissé à l'heure ac- tuelle, parce qu’il est trop long et ne permet pas, en outre, de conserver le titre de l’hyposulfite de soude. La plupart des auteurs utilisent à cet effet les solutions de soude, de potasse ou de baryte caustiques. Je me servais tout d’abord de ce dernier, car il peut être titré directement par évaporation avec l'acide sulfurique, la calcination et la pesée, се qui constitue son avantage sur les alcalis, qu’on titre suivant les solutions déterminées d’acide, et ces dernières à leur tour, sont préparées selon d’autres solutions; cela influence l’exactitude du titre. Plus tard, en introduisant un indicateur insen- зе envers l’acide carbonique, j'ai commencé à employer la solution de carbonate de soude, parce que sa préparation est beaucoup plus simple et le titre se conserve beaucoup mieux. La concentration de ma solution oscille entre ‘/,-et!/-normale. Je trouve qu’il est inutile de perdre le temps à préparer des solutions d’une concen- tration dont le rapport à la normale s'exprime par des nombres aussi simples que possible. Il est beaucoup plus commode d’opérer avec des chiffres plus com- pliqués pour effectuer le calcul, que d'exécuter des manipulations complexes avec les liqueurs titrées afin d’obtenir précisément une solution !.-normale. Depuis qu’on а abandonné le titrage par l’iode, nombre de réactifs ont été proposés en qualité d’indicateurs pour la méthode d’analyse en question, parmi lesquels se trouve même la phénolphtaléine (Czeczetka), absolument шеопуепа Ме ici par suite de sa faible sensibilité pour lammo- ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDARL-WILFARTH. 187 niaque. M. Thomson”) recommande de titrer l’ammoniaque au moyen du tournesol, du méthylorange et de la phénacétoline. L’acide rosolique, au dire de cet auteur, est de beaucoup inférieur au tournesol, au point de vue de la netteté de coloration; il indique également l’inconvenance absolue à cet effet de la phénolphtaléine. La faible sensibilité du tournesol et surtout la propriété qu’il partage avec le lacmoïde, de prendre la couleur gris-sale en présence de l’hydro- gène sulfuré, m'ont obligé de chercher un autre indicateur. Je n’ai pu m'habituer à l'extrait de cochenille proposé par М. Argutinski, саг le passage de la coloration du jaune en rose était difticilement saisissable, à ma vue du moins. La solution de tournesol sensible, c’est-à-dire la solution débarrassée de certaines matières colorantes obscurcissant la netteté du passage d’une coloration à l’autre, présente le même inconvénient, car celle aussi se décolore par le gaz sulfhydrique. Parmi les nombreux procédés de préparation de teinture sensible de tournesol, ceux de MM. Wartha“), Мовг ‘!), Fôrster *), Kretschmar 33) et Stutzer %) sont trop com- pliqués pour l’étude des échanges nutritifs; aussi ai-je apliqué ceux de MM. Classen*) et Schlôsing®) [la méthode de ce dernier est décrite par М. Frésénius*)]. Je n’ai pas essayé de purifier la solution de tournesol par dialyse d’après les indications de М. Mays*). Plus tard, grâce à l’amabilité de М. 5. M. Loukianow, qui me communiqua un travail encore inédit de М. Zalewski, fait dans son laboratoire à Varsovie, mon attention fut portée sur le congo, présentant, au dire de M.Zalewski, un bon réactif pour le titrage dans l’analyse de Kjeldahl-Wilfarth, ce qui m’engagea à l’étudier de plus près. La teinture de congo, d’un usage courant dans l’analyse du suc gastrique, a été employée, en outre, par différents auteurs pour d’autres usages. Ainsi М. Herzberg 3?) l’avait utilisée déjà en 1885 pour décéler l’acide libre 29) R. T. Thomson; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 24, p. 226, 1885. 30) У. Wartha, Ueber den Lackmusfarbstoff; Berichte der deutschen chemischen Gesell- schaft zu Berlin, t. IX, р. 217, 1876; — Zeitschrift für analytische Chemie, t. 15, р. 322, 1876. 31) Мовг, Lehrbuch der Titrirmethode, 57° édit., р. 724. ‚ 82) О Fôrster, Reinigung des Lackmusfarbstoffs; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 28, p. 428, 1889. 33) М. Kretschmar, Chemiker-Zeitung, t. Ш, р. 682; Zeitschrift für analytische Chemie, t. 19, p. 311, 1880. 34) Stutzer, dans Bôckmann, Chemisch-technische Untersuchungsmethoden, 3° éd. 4. 1, p. 116, 1893. 35) Classen; Mohr-Classen, Titrirmethoden, 67° édit., р. 77, 1886. 36) Schlôsiug, dans Grandeau, Handbuch für agriculturchemische Analysen, р. 154. 37) В. Fresenius, Anleitung zur quantitativen chemischen Analyse, 6"°.édit., t. IT, p. 681. 38) К. Mays, Notiz über еше bequeme Bereitungsweise des neutralen Lackmuspapiers ; Verhandlungen des naturhistorischen Vereins zu Heidelberg (п. F.), t. ХХШ, р. 4, 1886. 39) Herzberg, Mittheilungen der kgl. technischen Versuchsanstalt zu Berlin, 1885, р. 107, 13 158 в. в. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE DANS LES CORPS dans du papier, où la présence de l’alun exclut l'usage des autres indicateurs. L'année suivante, M. Hôsslin“) indiqua la propriété du congo de passer du rouge en bleu en présence même de 0,0019% d’acide et de ne pas changer sous l'influence des sels acides. Dans le courant de la même année, М. Schultz“) a coloré au moyen de cet indicateur des rotatoires vivants, en étudiant la formation de l’acide libre dans leurs voies digestives. Ce fut lui qui a porté également l'attention sur le fait, que la teinture de congo se colore par l’acide carbonique en bleu-violet, mais pas en bleu. M. Brücke *) a établi que la teinture de congo est un bon réactif pour l’acide minéral libre en présence d’acides organiques. A côté de ces données nous trou- vons des opinions contraires concernant les défants de cet indicateur. M. Julius“), tout en recommandant le congo pour certains usages, ajoute cependant que cette teinture, après avoir pris la coloration bleu-violette sous l'influence de l'addition graduelle de l’acide, ne change plus par l’addition de nouvelles quantités d’acide dans certaines limites, et ce n’est que sous l'influence d’un grand excès d’acide qu’il prend la coloration bleue. Се fait paraît tout d’abord en désaccord avec les recherches de M. Hôsslin; nous verrons plus loin, comment оп peut l’interpréter. M. Thomson“) nie l'usage de ce réactif dans l’acidimétrie, еп se basant sur се fait qu’en présence de chlorures et de sulfates et d’azotates de métaux alcalins le changement de coloration n’est pas net. Cet inconvénient n’a pas de valeur dans notre cas, car la liqueur ne contient que des quantités minimes de sulfate de soude à la fin du titrage. М. Wurster #), enfin, nous met en garde contre l’usage de cet indicateur en chimie physiologique, en s’appuyant sur ce fait que, sous l'influence de l’acide carbonique, cette substance non seulement ne prend que la coloration bleu-violette au lieu de la bleue, mais, en outre, elle reste rouge en présence de quantités tout à fait minimes d’ammoniaque, malgré le passage continu de l’acide carbonique pendant des heures et même des jours entiers. Cette circonstance constituant un inconvénient pour M. Wurster, devient un avantage précieux dans notre cas. Lorsqu'on titre le produit de distil- lation, obtenu dans l’analyse par la méthode Kjeldahl-Wilfarth, à laide d’un alcali, même combiné à l’acide carbonique (la solution étant dans ce cas saturée à un certain degré par de l’acide carbonique), il arrive 40) В. у. Hôüsslin, Münchener medicinische Wochenschrift, 1886, № 6; Centralblait für die medicinischen Wissenschaften, 1886, № 17, р. 302. 41) Hugo Schultz, Centralblatt für die medicinischen Wissenschaften, 1886, p. 449. 42) Brücke, Monatshefte für Chemie, t. 8, p. 95. 43) Jalius, Die chemische Industrie, 1886, р. 109. 44) Thomson, Journal of the Society of Chemical Industry, t. 6, p. 175. 45) Wurster, Centralblatt für Physiologie, 1887, р. 240. ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDAHL-WILFARTH. 189 un moment Où оп dépasse la neutralisation absolue, et l’alcali ajouté en се moment fait dégager les premières traces d’ammoniaque: il suffit alors de ces minimes quantités d’ammoniaque pour paralyser même l'influence de grandes quantités d’acide carbonique. On ne pourrait imaginer, à mon avis, un meilleur indicateur posssédant d’aussi grands avantages pour nos recherches, que celui-ci. Congo est doué de la plus grande sensibilité pour l’ammoniaque et d’une insensibilité absolue pour l’acide carbonique en pré- sence de l’ammoniaque. Avant d’avoir trouvé ces indications dans la littérature, je fis l'expérience suivante: après avoir rempli deux verres de la même grandeur avec une solution de tournesol bleu, je commençai à saturer l’un d’eux par de l’acide carbonique qu’on obtenait au moyen du chauffage du bicarbonate de soude sec. L'autre fut abandonné tel quel en vue de comparaison. Dans quelques moments la solution du premier prit une teinte rouge. La même chose arriva avec la solution de lacmoïde. Après avoir préparé deux verres avec la même solution rouge de congo et saturant ensuite l’un d’eux par l’acide carbonique, j'obtins la coloration violette et -non bleue. Mais lorsque j'avais rempli les verres d’une solution de congo neutralisée par l’acide sulfurique jusqu'à la coloration violette, j'avais beau saturer l’un d’eux par l’acide carbonique, la coloration restait sans modification, la même dans les deux verres. Cela prouve que l’acide carbonique n’agit pas à la manière d’un acide envers le congo, mais comme un corps neutre; il manifeste cepen- dant des caractères faiblement acides dans des solutions faiblement alcalines. Ceci explique, à mon avis, le fait observé par М. Julius que, lors du titrage de la solution alcaline par l’acide, il arrive un moment d’arrêt dans le chan- gement des couleurs. M. Julius titrait les eaux d’égoût d’une fabrique de couleurs d’aniline; admettant que ces dernières contenaïient de l’acide carbo- nique, on comprend que la solution d’une réaction très faiblement alcaline de- vait prendre, sous l'influence de l’acide carbonique présent, une coloration neutre qui ne changeait point pendant quelque temps jusqu’à ce que le liquide n’ait dépassé le point de neutralisation. Tout cela ne peut toutefois arriver, comme l’a démontré M. Wurster, qu’en l’absence de l’ammoniaque, et par conséquent, ces irrégularités пе s’observent point dans notre cas, c’est-à- dire dans l’analyse par le procédé de Kjeldahl-Wilfarth. Les propriétés susmentionnées du congo non seulement nous permettent de nous servir de la solution de carbonate de soude, mais encore elles augmentent la sensi- bilité des alcalis caustiques contenant toujours une certaine quantité d’acide carbonique qui obscurcit le changement de coloration du tournesol et du lacmoïde. L’hydrogène sulfuré n’agit point sur le congo, du moins 13 190 в. в. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE DANS LES CORPS dans la proportion dans laquelle il se trouve dans notre produit de distil- lation. En ce qui concerne la sensibilité du réactif, il résulte de mes obser- vations que chaque goutte de solution '/;-погтае provoque une modification de coloration tellement intense, qu’il n’arrive jamais d’hésiter quelle goutte on doit considérer comme la dernière. Le seul inconvénient, et du reste tout à fait insignifiant, de la teinture de congo consiste en ceci: dans la solution forte d’acide sulfurique elle ne se dissout раз complètement, mais donne des flocons bleus, disparaissant dans le courant du titrage à mesure que l’on se rapproche de la réaction neutre. J’introduis l'indicateur non pas avant le titrage, mais encore avant la distillation; cela constitue un grand avantage dans les cas où l’on trouve dans les substances analysées plus d’azote qu’on ne l’ait supposé, et lorsque l’acide sulfurique du récipient pourrait être sursaturé par l’ammoniaque. En apercevant dans ce cas que la couleur de l’indicateur commence à devenir alcaline, j'ajoute immédiatement une certaine quantité d’acide, sans quoi on pourrait manquer l’analyse, car je considère le titrage de la liqueur sursaturée d’ammoniaque et perdant à chaque instant une partie de son ammoniaque, comme un procédé infidèle. En terminant, je dirai quelques mots du procédé de Kjeldahl- Borodine. Ses principaux avantages consistent, au dire des auteurs qui s’en sont servi, dans la rapidité et la commodité de l’exécution avec une précision égale à celle de la méthode de Kjeldahl-Wilfarth. Cependant, en examinant de plus près les deux procédés, on constate les faits suivants. La destruction de la matière organique pour l’analyse d’après Kjeldahl- Borodine, si l’on évite l'addition précoce des corps oxydants, demande beau- coup plus de temps que dans le procédé de Kjeldahl-Wilfarth, car l’in- troduction des métaux proposés par M. Wilfarth, abrégeant considérablement la marche de la réaction, est inapplicable dans ce procédé, comme l’ont démontré M. Albitzky “) et plus tard М. Stcherbak“), ainsi que mes propres obser- vations. Ensuite, il faut beaucoup plus de temps, pour que toutes les bulles de gaz s'élèvent définitivement dans l’appareil de M. Borodine, que n’en deman- dent la distillation (20 — 25 min.) et le titrage (5 min.) ensemble; ainsi l’analyse, par la méthode deKjeldahl-Wilfarth serait déjàterminée au moment où, dans l’analyse d’après Kjeldahl-Borodine, on est encore en train de chauffer le ballon à oxydation. En ce qui concerne la précision, elle est déterminée dans les, 46) Р. М. А lbitzky, De l'oxydation des substances organiques dans le dosage de l’azote par la méthode Kjeldahl-Borodine, Wratsch, 1888, p. 562 (en russe). 47) Stcherbak, De quelques modifications du procédé de Kjeldahl-Borodine pour le dosage de l’azote dans les corps organiques, Wratsch, 1888, p. 853 (en russe). ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDARL-WILFARTH. 191 deux procédés par les quantités qu’on peut évaluer au moyen d’une burette, soit par le volume d’azote à l’état gazeux dans un cas, soit par une quantité de liqueur alcaline titrée dans l’autre. Chaque centimètre cube d’azote cor- respond à 1,2 mgr. en poids environ, et chaque centimètre cube de ma solution alcaline ‘.-normale correspond à 2,8 тег. d’azote; de sorte que алое est dosé avec deux fois plus de précision dans l’appareil de M. Вого- dine que par le titrage. Nous savons cependant qu’on détermine au moyen du titrage l’ammoniaque de la quantité totale de la substance à analyser, tandis que l’azote de l'appareil de M. Borodine ne correspond qu’à ‘/, du poids de cette substance (on dilue la solution jusqu’à 150 с. c., et on en prend dans le tube de M. Borodine 15 с, с.); en multipliant, par conséquent, les résultats par 10, nous obtenons une précision 5 fois moindre que celle de la méthode de Kjeldahl-Wilfarth. Ce qui constitue la véritable supé- riorité du procédé de Kjeldahl-Borodine parmi tous les autres procédés d'analyse quantitative, c’est que l’on peut se passer de balance chimique, lorsqu'on а affaire, bien entendu, avec des substances liquides et non solides. Cette circonstance pourrait à elle seule lui garantir une propagation dans les hôpitaux modestement installés et même à domicile du médecin, si l’ana- ]узе n’exigeait pas l’emploi d’un thermomètre de précision et d’un baro- mètre. En l’absence de ce dernier, l’analyse de contrôle d’une quantité préalablement connue d’ammoniaque devient impossible à faire sans balance chimique. En preuve de ce que l'analyse par la méthode de Kjeldahl- Wilfarth, telle que je Гм appliquée, donne des résultats très précis, je ne présenterai que quelques chiffres. Six échantillons de la même urine humaine sont soumis à l’analyse еп vue du dosage de l’azote: Quantité d’azote № des ana- | Gans 10 c. c. d’u- rine, en milli- grammes. Ecart de la mo- | Teneur centési- | Ecart de la mo- yenne, en milli- grammes. male en azote. yenne, %. lyses. 87,821 — 0,225 0,878 —0,002 87,944 —0,102 0,879 —0,001 87,699 — 0,347 0,877 — 0,003 88,188 +-0,142 0,882 +-0,001 88,311 +-0,265 0,883 +-0,003 88,311 +0,265 0,888 +-0,003 il 2 3 4 5 6 Nous voyons que l’erreur absolue est comprise dans les dixièmes de milligramme n’atteignant pas cinq dixièmes, et en évaluant pour cent, elle 192 К. В. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE DANS LES CORPS se trouve exprimée en millièmes n’arrivant pas également jusqu’à cinq mil- lièmes. Aussi parvient-on à l’identité absolue de tous les chiffres, en réduisant les nombres obtenus de la manière qu’ils ne comprennent que trois chiffres décimaux dans les nombres absolus et deux seulement dans l’évaluation pour 100. Si l’on prend en considération, qu’en mesurant avec une pipette, il faut regarder comme dernière limite de précision une goutte ou /, с. с., et que les portions ainsi mesurées peuvent s’écarter de la moyenne d’un côté ou de l’autre à une demi-goutte ou 1/ с. c. correspondant à 0,25, on conçoit aisément que, même avec une méthode analytique d’une exactitude absolue, il y aurait à observer une déviation des résultats de leur moyenne également à 0,25%; cela ferait en chiffres absolus 0,22 gr. et calculé pour cent — 0,0022%. C’est pourquoi, dans mon autre expérience, j’ai pesé sur une balance de précision dans les ballons à oxydation toutes les portions prises au moyen d’une pipette. Les résultats ainsi obtenus différaient-encore moins l’un de l’autre. № des ana- Quantité d'azote, | Quantité d’azote, | Ecart de la mo- lyses. en milligrammes. DES yenne, 0/,. 10,1575 —0,0008 10,1703 +-0,0003 10,1564 —0,0009 10,1072 +-0,0017 10,1245 +-0,0003 10,1133 0,0000 Quoique l’écart de la moyenne зе chiffre ici еп partie majeure par dix-millièmes des nombres calculés pour cent, il dépasse cependant dans la moitié des cas cinq dix-millièmes; aussi après la réduction les millièmes de ces nombres ne seront-elles pas d’accord entre elles ici comme dans le cas précédent. Pour conclure je présenterai encore une expérience sur un lapin, sur lequel j’ai étudié les échanges azoteux. Je ne choïsirai point les analyses les plus heureuses, mais je donnerai tous les chiffres des 23 paires d’ana- 1узез faites dans le courant de 39 journées d’observation. Je considère cette expérience comme convenant le mieux pour notre but, parce que tout mon temps durant cette expérience était occupé par différentes déterminations quotidiennes, de sorte que les analyses manquées ou mal réussies n’ont pu être refaites. Je ne me servais pas encore de la teinture de congo pour ces ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDAHL-WILFARTH. 193 analyses, j'employais la teinture de tournesol sensible, et par conséquent, je titrais поп pas avec le carbonate de soude, mais avec la baryte caustique. Quant à d’autres détails de l’analyse, ils étaient les mêmes que je viens d’exposer dans cet article. Toutes les données numériques absolues sont rapportées à 10 с. с. de l’urine de 24 heures de lapin, mélangée à des eaux de lavage et étendue à 250 centimètres cubes. Mois et 17° analyse | 27° analyse | Différence] 1"° analyse | 2°° analyse | Différence date. ee en milligrammes. Le 12 Janvierl 44,534 44,659 13 23,906 24,168 14 31,261 31,261 15 34,151 34,151 32,836 33,100 44,992 | 44,999 72,348 72,405 68,827 68,302 52,908 52,908 * 60,421 40,719 40,456 37,453 37,453 39,050 39,050 39,156 39,050 36,643 37,098 19,774 19,880 20,484 20,484 21,549 21,726 16,199 16,038 32,879 * 34,643 34,643 12,670 12,831 16,359 16,359 Remarque. Les jours omis dans ce tableau il n’y avait pas d’urine (le lapin étant privé d'aliments). Les analyses marquées du signe * ont été perdues. Nous voyons également ici que les différences absolues s'expriment en dix-millièmes de gramme, et les centésimales en millièmes de %,. Dans presque la moitié des analyses on constate l'identité complète des deux résul- tats. Cela n’est possible évidemment que pour les cas où оп prend les mêmes quantités de substance dans les deux analyses, car ce n’est qu’à cette con- dition que peuvent coïncider les nombres de centimètres cubes de solution alcaline dépensés pour le titrage. Comme l'erreur absolue est toujours comprise dans les dix-millièmes de gramme indépendamment de la quantité de substance employée, on peut en conclure qu'il est avantageux d'en prendre des plus grandes quantités pos- 194 R. В. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L'AZOTE DANS LES CORPS sibles, ne dépassant pas cependant par leur teneur en azote le chiffre équi- valent à 50 centimètres cubes de solution acide ‘/,-normale, c’est-à-dire 140 milligrammes d’azote. Marche de l'analyse. On prend avec une pipette 10 centimètres cubes de substance liquide; les solides sont pris en quantité de 1 à 3 grammes, et portés dans un petit ballon à oxydation (de 100 с. с. de capacité) où ils sont pesés; pour obtenir des résultats les plus exacts on opère de la même manière avec les liquides. On ajoute de 10 à 20 centimètres cubes environ de liqueur faite avec 200 grammes d’anhydride phosphorique et un litre d’acide sulfurique concentré (on fait la mensuration de la liqueur à vue d’oeil, si l’acide ne contient pas d’ammo- niaque; dans le cas contraire, on la fait à l’aide d’un cylindre gradué afin de pouvoir faire la correction), et l’on introduit dans ce mélange 0,1 с. с. de mercure (celui qui a l’habitude le mesure à vue d’œil). On pose le ballon incliné sur une toile métallique et on le chauffe légèrement tout d’abord, mais dès que le liquide cesse d’écumer, on active la flamme. On continue le chauffage jusqu’à décoloration complète, on laisse refroidir, on ajoute de l’eau jusqu’à la moitié du ballon et on le ferme avec une capsule en caou- tchouc. La liqueur refroïdie est versée dans un ballon à long goulot et à fond arrondi, de 500 с. с. de capacité; on rince plusieurs fois; on ajoute une cuillerée à café de talc et quelques gouttes de phénolphtaléine dissoute dans l’alcool et étendue du même volume d’eau; on additionne de la solution concentrée de soude caustique (333 gr. pour 1 litre d’eau) jus- qu’au moment où la couleur rouge commence à disparaître plus lentement à l'endroit où tombe l’alcali, et on laisse le ballon refroidir. Cela fait, on verse 12 с. с. d’une solution de sulfure de potasse (1 partie de sulfure pour 17, d’eau) dans un cylindre gradué; on ajoute de l’alcali au liquide refroidi dans le ballon jusqu’à l’apparition d’une coloration rouge et encore quelques gouttes de plus, puis on y verse rapidement le contenu du cylindre et l’on ferme immédiatement le ballon avec un bouchon en caoutchouc percé d’un trou dans lequel on а passé le tube communicant avec le réfrigérant. Ce tube doit avoir une position oblique en haut, à une longueur de 30 cm. au moins, et être assez large pour que les gouttes d’eau en se condensant ne ferment pas son calibre. A l'extrémité externe du réfrigérant-serpentin on adapte le tube de Péligot à l’aide d’un bouchon en caoutchouc. Ce tube contient ае 20 à 50 centimètres cubes d’acide sulfurique faible, auquel ORGANIQUES PAR LE PROCÉDÉ DE KJELDARL-WILFARTH. 195 on ajoute, s’il le faut, une telle quantité d’eau, laquelle suffise pour fermer le passage par le tube, et quelques gouttes d’une solution aqueuse de Congo, neutralisée par l’acide sulfurique jusqu’à la coloration violette. Après avoir mis en communication le ballon à distillation avec le réfrigérant, on laisse couler de l’eau dans ce dernier et l’on chauffe le ballon placé en position inclinée sur une toile métallique, en le portant tout d’abord à une douce chaleur et en le chauffant ensuite intensivement, dès que l’ébullition régulière s'établit. Les liqueurs titrées sont préparées de la manière suivante. Si l’on n’a qu’un petit nombre d’analyses à faire, on prend alors 17 grammes environ de bicarbonate de soude qu’on sèche à 150° pendant quelques heures et qu’on pèse ensuite sur une balance chimique sensible; on le dissout dans l’eau et on en fait un litre de solution. En multipliant le poids reçu, exprimé en milligrammes, par "/.., nous obtenons la quantité d’azote correspondant à chaque centimètre cube de notre solution, en milligrammes. Si l’on a toute une série d'analyses à faire, il serait plus avantageux d'utiliser la solution de baryte. On dissout dans ce cas 31 grammes environ de baryte caustique dans un litre d’eau, оп porte la solution dans ип appareil à titrage à l’abride l'air ambiant, on prend 10 à 20 c. c. de cette solution dans une cuve en platine, on l’additionne de 3 à 6 gouttes d’acide sulfurique fort, on l’évapore à siccité, le sèche, le calcine et le pèse après refroidissement dans l’exsiccateur. En multi- pliant le poids du sulfate de barium obtenu par */. eten divisant le produit par le nombre des centimètres cubes de la solution employée, nous arrivons à la quantité d’azote correspondant à chaque centimètre cube de solution de baryte exprimée par la même unité de poids que nous avons adoptée pour le sulfate de barium. Il faut faire plusieurs déterminations pareilles et en cal- culer la moyenne; il faudrait, en outre, vérifier de temps en temps le titre de la même manière. La préparation de la solution titrée d’acide sulfurique est encore plus simple. On prend un ballon rempli d’eau et l’on y ajoute petit à petit de l’acide sulfurique jusqu’à ce qu’un titrage grossier ne démontre que 5 с. с. de cette solution correspondent à la même quantité environ de notre solution alcaline. Puis on place cette solution dans l’appareil à titrage, et l’on déter- mine ensuite exactement la quantité d’alcali correspondant au nombre de centimètres cubes d’acide sulfurique introduit dans le tube de Péligot; on titre au moyen de la solution de congo ci-dessus décrite, et l’on conserve le verre après le titrage pour en comparer les colorations des titrages ultérieurs. Lorsqu'il ne reste plus qu’une petite quantité de liquide dans le 196 К. В. DE BÜHTLINGK, SUR LE DOSAGE DE L’AZOTE ETC. ballon à distillation, on arrête la distillation, on vide le tube de Péligot dans un verre ou dans une cuve en porcelaine, on le rince et l’on titre au moyen de la solution alcaline (l’indicateur étant déjà introduit dans la liqueur). En enlevant le nombre de centimètres cubes dépensés à cet effet de la quantité d’alcali dépensée lors de la première détermination et en multipliant la dif- férence par le nombre exprimant la quantité d’azote correspondant à chaque centimètre cube de notre solution alcaline, nous arrivons directement aux résultats de l’analyse. Si l’on résume en quelques mots les différentes particularités de la méthode de Kjeldahl-Wilfarth, telle que je l’ai employée en appliquant les propositions de divers auteurs et en y ajoutant quelques modifications de ma part, on a les points suivants: 1) Analyse des grandes quantités de matière. 2) Резёе dans le ballon à oxydation (M. Kjeldahl). 3) Usage des petits ballons pour la destruction des substances orga- niques (M. Kjeldahl). 4) Destruction de la matière organique par un mélange d’acide sulfu- rique et d’anhydride phosphorique (M. Kjeldahl) avec addition de mercure (M. Wilfarth). | 5) Neutralisation d’après la phénolphtaléine ajoutée directement à la liqueur à analyser. 6) Addition du talc (M. Argutinski). 7) Distillation dans des petits ballons. 8) Emploi d’un tube à longue branche montante réunissant le ballon à distillation avec le réfrigérant (M. Argutinski). 9) Titrage au moyen du congo (M. Zalewski) additionné à la liqueur titrée avant la distillation. 10) Préparation très simplifiée des liqueurs titrées. De De l'influence de certains agents pathologiques sur les propriétés bactéricides du sang. Deuxième communication. Des propriétés bactéricides du sang dans l’excitation douloureuse, dans l’inanition et dans les troubles respiratoires. Par М. Е. S. London. Travail de la Section de pathologie générale de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale. Dans mon article, publié dans le premier fascicule du tome V des «Archives», j'ai étudié les propriétés bactéricides du sang chez des pigeons et des lapins normaux”). Dans le même article j’ai cherché à exposer des considérations générales sur la nature de ces propriétés. Par l’article pré- sent (2° communication) je commence une série de comptes rendus des expé- riences, qui montrent les variations dans les propriétés bactéricides du sang sous l'influence de différents agents pathologiques. En discutant les résul- tats de mes expériences, je prenais en considération plutôt leur connection au point de vue de la nature des faits observés, que je n’ai suivi l’ordre chrono- logique dans lequel elles se succédaient, les unes après les autres. Ma deu- xième communication est consacrée à l’étude des données relatives à l’excitation douloureuse, à l’inanition et aux troubles de la respiration. Elle présentera, par conséquent, trois subdivisions. 1) Е. $. London, De l'influence de certains agents pathologiques sur les propriétés bactéricides du sang. Première communication: Des propriétés bactéricides du sang dans les conditions normales. Archives des sciences biologiques, 1896, t. У, 1" fascic., р. 88. 198 E. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS $ 1. Influence de l'excitation douloureuse. Il est peu probable qu’on puisse indiquer un état pathologique de l'organisme, dans lequel le système nerveux ne soit atteint d’une manière ou d’une autre par le processus pathologique. Il est peu probable aussi qu’on trouve un état pathologique, qui ne soit plus ou moins accompagné par des phénomènes d’irritation douloureuse. Si cette notion est vraie par rapport à des maladies naturelles, elle l’est encore plus par rapport aux processus pathologiques provoqués artificiellement. En effet, les animaux chez lesquels on provoque artificiellement un état pathologique quelconque, sont néces- sairement soumis à des violences diverses accompagnées par des impressions désagréables et par la douleur. Il en résulte que la douleur se montre comme un facteur des plus répandus de pathologie générale. En assignant la première place aux expériences relatives à l'excitation douloureuse, j'ai pris encore en considération que ce facteur n’a pas été étudié systématique- ment jusqu'à présent au point de vue des oscillations des propriétés bactéri- cides du sang. Dans la littérature on ne trouve, point que je sache, d’indica- tions concernant des expériences analogues aux miennes. | Les expériences ont été faites de la manière suivante. Deux lapins se ressemblant le plus possible entre eux, sont attachés sur les tables opératoires dans le décubitus abdominal. La peau de la région du nerf sciatique est rasée. Le nerf sciatique droit est mis à nu par une incision égale chez les deux animaux. Chez le lapin témoin on rapproche les bords de la plaie, on la recouvre avec un morceau de coton, et on laisse ce lapin en repos sur la table opératoire jusqu’à la fin de l’expérience. Chez le lapin d'expérience on lie le tronc nerveux, et son bout central est mis au contact des électrodes de l’appareil à chariot de Du Bois-Reymond. En se servant d'un élément Grénet, de grandeur moyenne, on porte l’excitation sur le bout central du nerf durant 11/,—21/, heures. L'animal marqué sous le №44 dans letableau УШ, а été soumis à l'excitation pendant 1 В. et demie, les animaux №№48 et 55 pendant 2 heures, et les animaux №№ 46, 50, 52, 53 et 57 pendant 21, heures. Je dirai entre parenthèse que les numéros des lapins dans toutes mes communications sont les mêmes; et pour le numé- rotement successif des tableaux il faut faire la même remarque. On commence par exciter la région du nerf la plus rapprochée de la ligature, avec la di- Stance entre les bobines de 130 mm. La période d’excitation dure de 4 à 5 minutes, puis succède un intervalle de la même durée, puis une nouvelle excitation de la même durée, et ainsi de suite. Au début de l'expérience, le lapin réagit avec violence: il pousse des cris, s’agite et manifeste en général des symptômes de douleur excessive. Peu de temps après, le lapin entre dans PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 199 un état plus calme. Cet abaissement de la sensibilité à la douleur néces- site un déplacement des électrodes, qui se fait dans la direction centripète, s’éloignant de plus en plus de la ligature. On rapproche aussi de temps en temps les bobines de l’appareil de quelques millimètres. Comme la durée des expériences n’était pas la même dans tous les cas, le nombre des séances d’excitation différait également suivant la durée de l'expérience. Immé- diatement après la cessation de l’excitation, on prend du sang des artères fémorales droites des lapins et on l'analyse au point de vue de son pou- voir bactéricide par la méthode déjà décrite. Les vaisseaux sont ensuite liés, les plaies cousues et les lapins sont remis dans leurs cages. Après une excitation douloureuse prolongée, les lapins restent pendant quelque temps comme paralysés ; ils refusent pendant quelques jours de suite la nourriture, et ils se remettent en général très lentement. Deux lapins indiqués dans le tableau VIIT sous les №№ 50 et 53, n'ont même pas survécu 24 heures à l’expérience. Les lapins témoins ne manifestaient aucune modification patho- logique notable après qu’on les eut enlevés de la table opératoire. Les animaux témoins représentés dans le tableau VIIT ne sont pas introduits dans le groupe général d'animaux normaux, compris dans le tableau I (voir ma première communication); j'ai pris ici en considération ce fait, que le sang de ces animaux ne fut analysé qu'après qu’ils ont passé quelque temps dans des conditions anormales, П est évident que c'était, du reste, impossible d'éviter ces conditions anormales, car les animaux d'expérience ont été soumis à l’excita- tion douloureuse attachés également sur la table opératoire. En vue de l’égalité des conditions, il était nécessaire d’avoir un élément de contrôle à part, élément qui aurait pu garantir des erreurs dans l'évaluation des résultats expérimentaux. Il est encore à remarquer que l’anesthésie n’a pas été employée ni dans les opérations préparatoires, ni pendant l'expérience elle-même. Toutes les données numériques des expériences avec excitation doulou- reuse sont rapportées dans le-tableau УП. Les rangées de chiffres mar- quées par la lettre b appartiennent aux animaux témoins, celles qui sont marquées par la lettre с et c’ appartiennent aux animaux d'expérience. Dans six cas j’ai eu deux animaux pour chaque expérience et dans un cas seulement j'ai eu affaire avec trois à la fois. Les rangées de chiffres mar- quées par la lettre а indiquent les époques où on aualysait le sang ense- mencé avec des bactéridies. Si par une raison ou par une autre on n'avait pu obtenir des échantillons de sang à comparer à des époques absolument égales, on marquait alors les deux époques: le moment où le sang de l’animal témoin a été pris et celui où on avait pris le sang de l’animal d'expérience. 200 E. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS C’est pour cela que dans les rangées marquées par la lettre a on trouve des chiffres doubles réunis par un trait d’union. Le premier de ces chiffres concerne toujours le sang de l'animal de contrôle, le second, celui de l’animal d'expérience. Les signes 0 etcoont la même signification que dans les tableaux de ma première communication. Les expériences du tableaa УШ se suivent du haut en bas dans l’ordre des chiffres croissants, exprimant la richesse en bactéridies des échantillons de sang défibriné, immédiatement après l’ensemencement. Tableau УШ. a. — Au ot de Ace Robe те après Len les) ont Tan sont- elles prélevées ? b. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai des lapins témoins. . — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai ‘des lapins d’expérience. 0 2 5 6 10 0 0 0 11 1 0 0 0 all — 17/21/82] 4947/3151) 52/3) 7 0 0 0 0 0 810 835 3800 13500 О БА 113 20-20 | a 13 NUE со 1231| 876 0 CO со —71}, (0) со 0 2100 ©.) Ce CO 208 76 134 3160 0 18000 De Lee a 2,29 и о 61/2—6%/4 18—18/!/, 4500] 255 3 CO 5040| 1675 я A do 1506 со со 0 1 5400 736 4800] 2700 6000] 3420 0 Lo —2/3 6300! 2700 5950| 5400 Dai Dre 3"/4 =: о tonte 8100| 496 7560| 852 82 202 425 1—1, 2250 5600 21/, 67 110 123 2070 6500 210 de 2—2 31), 10 47 130 3314, 1600 6300 98 4 28 1376 888 6400 69 51. 6 23 9180 61/2 25 782 со 5—5 [71/5— 72/3 670 1800 9900 [©] 61/,;—61/, 14 110 18 13500 со L’examen du tableau VIII nous amène aux conclusions suivantes. 1. Le sang des lapins témoins, qui sont compris dans le tableau УШ, ne présente au point de vue de ses propriétés bactéricides aucune particula- rité en comparaison avec celui des animauxtout à fait normaux. Ici encore nous PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 201 trouvons deux rangées de chiffres terminées par des zéros (№№ 43 et 45), une rangée interrompue par un zéro (№ 47) et plusieurs rangées composées de nombres croissants et décroissants, non interrompus par des zéros (№№ 49, 51, 54, 56). Donc, les propriétés bactéricides du sang ne sont pas sensiblement modifiées par le séjour assez prolongé sur la table opératoire, même malgré une irritation douloureuse passagère due à l'opération de la découverte du tronc nerveux. 2. Le sang des animaux d’expérience manifeste, d’après les données du tableau УШ, bien des particularités curieuses, qui doivent être étudiées avec plus de détails. Ce qui attire tout d’abord notre attention, c’est le lapin № 46. On voit ici, que les bactéridies introduites dans le sang défibriné de cet animal commencent à pilluler déjà à l’époque la plus rapprochée de l’ensemencement. En nous rapportant à la terminologie de notre première communication, nous sommes en droit de qualifier ce sang du nom de milieu autritif dans le sens restreint du mot. Il est évident d’après ce qu’on en peut juger, que le sang a perdu ses substances bactéricides d’une ma- mère complète. Ensuite, notre attention est attirée par le lapin № 55. La rangée de chiffres indiquant le sort des bactéridies introduites dans son sang, présente des oscillations irrégulières assez limitées pendant les 4 premières heures, après quoi le nombre de bactéridies accroît et au bout de 8 heures nous arrivons au signe co. Ces oscillations dans la richesse du sang en bac- téridies durant les premières heures de l’expérience n’ont pas été observées par nous à l’étude des propriètés bactéricides du sang normal. Il paraît nécessaire d'admettre que dans le cas du № 55 nous avons également affaire à une diminution notable des matières bactéricides dans le sang; donc, ce sang se rapproche par ces propriétés de celui que nous avons examiné dans l’expérience № 46. En somme, ce qui ressort de ces deux expériences, et ce que nous croyons pouvoir affirmer, c’est que l’excitation douloureuse peut influencer considérablement les propriétés bactéricides du sang, en diminuant la quantité de substances bactéricides dans le sang, ou même en les supprimant complètement. Aussi cette conclusion est-elle assez bien d’accord avec les données des expériences №№ 44, 48, 50, 53 et 57. Dans tous ces cas les propriétés bactéricides du sang des animaux d'expérience sont sensiblement diminuées vis-à-vis de celles que présentent les animaux témoins. П en ressort de soi-même une conclusion générale, que l’agent pathologique, que nous venons d'étudier, abaisse le pouvoir bactéricide du sang. En me basant sur les données du tableau VIII, j'ai composé encore deux tableaux servant à démontrer d’une manière plus nette tout ce qui a été dit ci-dessus. 202 Е. 5. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Le tableau IX est composé dans le même genre que le tableau Ш de ma première communication; il est divisé en deux parties À et B. La partie A concerne les animaux témoins, et la partie В comprend les animaux d’ex- périence. La signification des rangées verticales est indiquée par des inscrip- tions correspondantes. Il est de plus à noter, que pour obtenir les données numériques comprises dans la troisième colonne concernant les expériences №№ 46, 48, 49, 51, 52, 53 et 57, on а pris pour base des calculs les moyennes des deux quantités voisines, afin d’avoir des quantités répondant le plus possible aux laps de temps de 3 heures; dans le cas du № 55 опа pris pour la troisième colonne la moyenne des 4 indications correspondant aux laps de temps depuis 7, heure jusqu’à 37, heures. | En comparant la partie А du tableau IX avec le фа еаа Ш, il est facile de s’apercevoir qu’au point de vue du pouvoir bactéricide, le sang de nos lapins témoins ne diffère pas sensiblement de celui des animaux tout à fait normaux. D’après les données du tableau Ш, le sang de l’animal tout à fait normal est capable de tuer de 100%, à 93°/ de la quantité totale de bactéridies en trois heures environ. Les quantités absolument les mêmes se trouvent dans la partie À du tableau IX. De la comparaison des moyennes générales des parties B et À du tab- leau IX il ressort, que l'excitation du nerf sensible abaïsse le pouvoir bacté- ricide du sang ou l’abolit complètement. En effet, dans l’espace de temps de 3 heures environ, le sang de l'animal, dont le nerf sciatique а, été soumis à une excitation douloureuse, n’est capable dans la majorité des cas de tuer que 72°/, de bactéridies introduites, tandis que le sang des animaux témoins tue 95%, dans le même laps de temps. Il saute, en outre, aux yeux que dans l’avant-dernière rangée verticale de la partie В du tableau IX nous trouvons deux fois le signe 0, qui ne se trouve ni dans la division À du tableau IX, ni dans le tableau Ш. Il est évident que, dans les cas correspondants, le sang s’est montré complètement incapable de limiter l’accroissement du nombre des bactéridies dans l’espace de 3 heures environ. Il n’y a qu’une seule expé- rience, sur l’animal № 44, où nous voyons l’épuisement complet de toutes les bactéridies dans l’espace de 3 heures. Ce cas ressemble bien à ceux, où l’on ensemence d’assez petites quantités de bactéridies dans le sang des ani- maux normaux. Dans l’échantillon du sang pris à l’animal № 44, on a trouvé immédiatement après l’ensemencement 11 bactéridies. Ce cas ne s'oppose nullement à l’hypothèse du décroissement partiel des substances bactéricides dans le sang sous l'influence de l'excitation douloureuse. L’animal, affaibli par une excitation douloureuse, пе trouve ou, du moins, ne peut trouver, dans son sang, une défense contre des microorganismes, que lorsque ces derniers PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 203 Tableau IX. Nombre des colo- Nombre des colo-| Nombre des bac- Moyennes, еп tant Ne nies provenant delnies provenant de| téries disparues | pour cent, des la portion d’essai [dans cet intervallel bactéries dispa- prélevée environ | de temps, en tant | rues par groupes initiale. 3 heures après. pour cent. d'animaux. ie Интел, la portion d'essai A. Le sang défibriné des lapins témoins. 43 = 10 0 100 100 45 | 810 D 100 100 47 1305 71 95 95 49 4500 -40 99 | | 51 5400 39 99 ` 93) 54 6300 1600 75 56 8100 73 99 В. Le sang défibriné des lapins d'expérience. 44 11 0 100 100 46 835 13500 0 0 | 48 1931 142 88 72 50 5040 451 91 [ 52 4800 79 98 |) 53 6000 123 98 55 5950 5400 0 57 7560 162 98 sont en nombre relativement petit. Il est encore à remarquer que pour le tableau IX nous avons pris un laps de temps d’environ trois heures dans cette réflexion, que ce même laps de temps à été pris dans le tableau Ш. Si on avait pris un laps de temps moins long, les différences entre les mo- yennes générales évaluées pour 100, seraient plus considérables (ainsi pour les espaces de 2 heures les moyennes correspondantes sont de 94% et de 67%], et pour les espaces d’une heure elle sont de 91%, et de 47%). Le tableau X est construit à la manière du tableau II de ma première communication; certaines expériences comprises dans le tableau VIIT, ont été façonnées à l’exemple de la division А du tableau IT, et certaines autres sur le modèle de la division В du même tableau. La signification des divi- sions À et В dutableau X est indiquée par des inscriptions correspondantes. 14 204 E. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Tableau X. Nombres des bactéries disparues, en tant pour cent des quantités initiales, pendant les intervalles de temps — de l’animal. correspond la А quelle dose quantité initiale. в 0 N valles (en heures) Dans quels inter- les portions d’es- sai sont elles pré- levées? | + [RS A. Lapins témoins. 94 90 89 18 64 8 28 26 В. Lapius d'expérience. 63 12 93 46 88 71 46 : 13 L'examen des chiffres compris dans се tableau nous montre que, dans la série présente de recherches, l’action des substances bactéricides se mani- feste également d’une manière plus intense au début que dans la suite de l’observation. Cette thèse est justifiée par la comparaison des moyennes са]- culées avec les données de la colonne a réparties en deux groupes, suivant que les quantités numériques de la colonne a correspondent aux premiers échantillons, ou à ceux qui suivent. Le décroissement progressif des: sub- stances bactéricides est encore mis en évidence par ce fait, que les quantités de la colonne 6 sont partout moins grandes que celles de la colonne а. Il est évident que des deux unités de temps que l’on compare, c’est dans la seconde que la quantité de bactéridies tuées est moindre. En comparant les colonnes suivantes 6, с, 4 et e avec les précédentes « et 6, nous ne voyons plus de telles régularités. Cette remarque est juste par rapport à deux parties À et B du tableau X. Une supposition s’offre de soi-même: ne s’agit-il pas ici de conséquences des manipulations opératoires qu'ont subies les animaux témoins de même que ceux d'expérience, marqués dans le tableau X? Quoi qu’il en soit, les données du tableau X permettent d'affirmer que, sous l’in- PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 205 fluence de l’excitation douloureuse, la marche générale des phénomènes bac- téricides ne change pas beaucoup vis-à-vis de ce qu’on observe chez des ani- maux opérés, retenus simplement sur la table opératoire, en ce qui concerne la diminution progressive de substances bactéricides. Et on peut même dire plus: l’ordre dans lequel se suivent les modifications des données numériques dans les colonnes а et b nous montre, que dans la série d'observations dont nous parlons, les substances bactéricides tendent en présence de bacté- ridies à décroître progressivement, de même que chez les animaux tout à fait normaux. En résumant tout ce qui à été dit, nous pouvons émettre la conclusion suivante: le pouvoir bactéricide du sang chez le lapin diminue ou disparaît totalement sous l’influence de l’excitation du bout central du nerf sciatique; en présence du pouvoir bactéricide à un degré de développement quelconque, les phénomènes bactéricides conservent leurs caractères essentiels sans modi- fications notables. Conformément aux considérations énoncées dans ma première communi- cation, on pourrait admettre que, sous l’influence de l’excitation douloureuse, la teneur du sang en matières bactéricides baisse, ou tombe à zéro. Quel est le mécanisme de cette modification dans la constitution du sang, nous n’en savons rien jusqu'à présent. Mais, toutefois, il est hors de doute que l’exci- tation douloureuse, influençant plus ou moins le fonctionnement du cœur, le jeu du système nerveux vaso-moteur, la respiration et les autres fonctions de l’organisme, porte son influence également sur la constitution du sang. Je ne citerai pas toutes Les publications sur ce sujet, leur nombre étant trop considérable; je me bornerai simplement à indiquer l’étude de М. Мо1- kowski?), faite dans le même laboratoire où je travaillais et publiée il y a quel- ques mois. Cet auteur cherche à élucider le rôle que joue l’innervation car- diaque dans les modifications de la constitution du sang. Па reconnu qu'une modification du rythme cardiaque, même de courte durée relativement, pro- voquée par l'excitation du nerf vago-sympathique chez le chien, élève le poids spécifique du sang. Il est à remarquer ici, qu'après avoir terminé l'examen de toutes mes expériences, je chercherai à donner l’analyse com- parée des réactions pathologiques étudiées dans ce travail. Nous aurons alors l’occasion de revenir encore sur l'étude des expériences avec l’exci- tation douloureuse. 2) J.J. Moikowski, Sur les variations du poids spécifique du sang consécutives à l’exci- tation du nerf vague ; Arch. des sc. 0101. de l’Inst. Imp. de Méd. ехрёг., 1895, t. ТУ, Газс. 3, р. 241. 14* 206 в. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS $ 2. Influence de l’inanition. Parmi les facteurs des plus importants en fait de pathologie générale il faut encore nommer, sans contredit, l’inanition. 5’ est difficile de trouver une maladie dans laquelle le système nerveux ne soit pas affecté d’une ma- nière quelconque et en particulier par une irritation douloureuse, il l’est autant, d'indiquer une affection, où des phénomènes d’inanition ne prennent plus ou moins part. Plusieurs faits de la vie journalière nous font voir de même que l’inanition joue un rôle important dans l’évolution des maladies infectieuses. L'exemple typique de cet ordre de faits présente le typhus pétéchial, appelé encore, non sans raison, le typhus d’inanition. А l'heure actuelle, nous possédons des données expérimentales précises confirmant cette concep- tion. Je citerai à ce propos le travail de MM. Canalis et Morpurgo) qui ont démontré, que les pigeons, relativement peu sensibles au charbon, perdent leur immunité envers cette infection, lorsqu'on les soumet à l’inanition complète. En vérifiant et poursuivant les recherches des dits auteurs, ]’а1 trouvé que les pigeons perdent leur immunité envers le charbon non seulement dans les cas d’inanition complète, mais encore dans certains degrés d’inanition incomplète *). Les expériences de ММ. Canalis et Morpurgo ont engagé M° Bakunin et M. Boccardi®) à étudier les propriétés bacté- ricides du sang vis-à-vis les bactéridies chez des pigeons normaux et à l’état d’inanition; or, ces auteurs n’ont eu en vue que l’inanition complète. En se basant sur les résultats de leurs expériences, М“ Bakunin et M. Boc- cardi affirment, que dans l’inanition complète, le pouvoir bactéricide du sang diminue ou disparait totalement. Malheureusement il у a une lacune dans leurs expériences, qui limite la valeur de cette affirmation, c’est que, dans tous les six cas, l’examen du pouvoir bactéricide du sang n’a eu lieu que 3 heures après l’ensemencement; de sorte que les oscillations dans les propriétés bactéricides du sang, qui auraient pu se produire avant ou après cette époque, échappaient à leur observation. En me décidant à étudier les oscillations des propriétés bactéricides du sang sous l'influence de différents agents pathologiques, je nai pu évidemment пе pas porter mon attention sur l’inanition. Il m’a paru - le plus convenable de choisir pour mes expériences les pigeons, car ces 3) P. Canalis und В. Morpurgo, Ueber den Einfluss des Hungers auf die Empfäng- lichkeit für Infectionskrankheïiten; Fortschritte der Medicin, 1890, № 18 et 19, р. 548. и: 4) Е. 5. London, Perte de l’immunité et création de l’immunité envers le charbon; Arch. du laboratoire de Path. générale de l’Université de Varsovie publiés sous la rédaction de M. le Prof. 5. M. Loukianow, 1896, #азс. 3, р. 103 (en russe). 5) 5. Bakunin, е С. Boccardi, Ricerche sulla proprietà batteriologica del sangue in diversi 56247 del organismo; La Riforma medica, 1891, № 188, p. 445. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 207 animaux ont été employés déjà par les auteurs ci-dessus cités pour des re- cherches du même ordre; je cherchais de plus à complèter autant que pos- sible les résultats acquis par M” Bakunin et M. Boccardi. _ Les pigeons destinés pour l’expérience étaient entretenus dans le labo- ratoire et bien nourris (pois, eau) pendant 7 à 10 jours. Dans le cas où l’animal а été destiné à l’inanition incomplète, on évaluait chaque jour la quan- tité d'aliments qu’il absorbait, à discrétion, pendant la période sus-indiquée. Immédiatement avant de soumettre l’animal à l’inanition, on le pesait. Dans les cas d’inanition complète le pigeon ne recevait ni nourriture, ni boisson; et dans les cas d’inanition incomplète on lui donnait quotidiennement une certaine fraction d'aliments, fixée d’après l’observation préalable. J'avais en tout 13 pigeons d'expérience. 4 étaient soumis à l’inanition complète seule (№№ 58, 59, 61 et 62 du tableau XI); leur sang ne fut exa- miné que lorsque la perte en poids parvenait à 17—20%. 8 ont été soumis à l’inanition incomplète seule (№№ 65, 66, 67, 88, 69, 70, 71, 72) et un — à l’inanition complète et incomplète. 3 animaux recevaient 1/, de leur ration quotidienne normale (№№ 60, 70 et 67), 3 autres — !/, (№№ 65, 71 et 68), et les 3 derniers ne recevaient que !, (№№ 66, 72, 67). Le sang des pigeons à l’état d’inanition incomplète était analysé à l’époque où leur perte en poids atteignait 8—20%,. Certains de ces animaux, après l’inanition, étaient remis au régime abondant; après le rétablissement du poids primitif, on réexaminait le sang. Pour compléter mes expériences sur des pigeons, j'en avais fait deux sur des lapins en inanition complète. Leur sang était examiné au moment où le poids descendait à 25—30%. L'alimentation nor- male fut ensuite rétablie à l'exemple de certains pigeons. Nous ne nous étendrons pas ici à propos des animaux témoins, car les don- nées relatives à ces animaux ont été examinées déjà en étudiant le tableau I de ma première communication. Toutefois, pour plus de clarté, nous répétons ces données dans le tableau XI et XIV. Les animaux témoins étaient dans les mêmes conditions d'entretien et d’alimentation que ceux d’expérience avant le début de l’inanition. De tout ce qui a été dit ci-dessus, il résulte que les données expérimen- tales du $ 2 comprennent deux parties: la première est consacrée à démontrer l'influence de l’inanition complète ou incomplète; et la seconde, l'influence de l’alimentation abondante consécutive. A. — Les données caractérisant le pouvoir bactéricide du sang dans l’inanition, sont comprises dans le tableau XI divisé en deux parties: À et B. La division À embrasse les expériences sur les animaux en inanition complète, 208 Е. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Tableau XI. a. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemencement, les gouttes d’essai sont-elles prélevées? en 9. L' — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai de l’animal témoin. d’inanition. Perte de poids, || в Фо, Quantité de jours '. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai de l’animal d’expérience. A. Inanition complète. a) Pigeons. 0 | 4 | 11% GO 00 © © 00 Œ © © © © © 600| 350 490 | 1140 0 | 114 0 0 0 0 0 0 120 1300 1500 2400 8560 10000 13950 | 25200 ое © © 5 à ое © = © = ое à > = ооо 1380 1275 0 2700 2930 0 9900 8700 9500 0 600 120 586 654 0 620 710 670 500 21—92; 4—4 5, - 55/12 1—7 3 0 0 0 123 1183 1010 737 521 1386 1—11/, 1760 1860 dem 900 9100 5000 3—81/, | 441}, | 6—61, 74 6 0 65 2 0 В 12/324 - 28/12 4—4 320 290 3600 12500 36750 CO 3200 6500 12000 5— 51 7200 CO 27000 В) Lapins. 11 0 со 27900 51, р 0 0 30600 90730 2 13 В. Inanition incomplète. м [В 29: |489, —[65% [8 7e [10—99 122-215 —| 6 | М5 Ps Sa ee RL D 7-8 9/3 -101/3/217/3 -221/3 850 12 0 0 820 90 ; р | р 0 0 620 810 2400 36000 87000 (ce) ©) со 450 225 147 867 1200 21000 со со se 15) 50 es) ne nie BTE и 2 В» Pas 4e 6% oc 61e 6°/ hat в LIEN 81/6 1030 3260 on ae 27000 co 120 46 31 5 0 0 0 1020 1670 2500 4060 ? 20000 GE И — 1—2 —2— 131), —3— 1541), |7 61}, — Use п 12 21—22), ЗИ a 43—51. 6-7, |119,-12% 9700 9 15 2160 we) 4200 8300 ры 20000 27000 (©) 3600 2100 1760 1900 1665 CO 4600 2900 1300 720 1365 со PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 209 et la division В — les expériences sur les animaux en inanition incomplète. La division À est partagée à son tour en deux subdivisions (x et В) suivant l’espèce animale. Les rangées horizontales а comprennent les termes aux- quels on prenait les échantillons. En ce qui concerne les chiffres doubles réunis entre eux par un trait-d'union, il faut se rapporter à се qui a été dit à propos du tableau УПГ; or, comme il nous arrivait d’avoir trois animaux d'expérience pour un témoin, il y a des cas où les chiffres réunis par des tirets sont quadruples. Dans les rangées horizontales sous la lettre b sont présentées les quantités concernant les animaux témoins, et dans les rangées horizontales sous les lettres с, с’ et c” celles qui concernent les animaux d'expérience. Dans la deuxième et la troisième rangée verticales sont indi- quées la durée de l’inanition et les pertes de poids correspondantes, evaluées pour cent du poids primitif. Dans le tableau XI, ainsi que dans les précé- dents, les expériences se suivent dansl’ordre des chiffres croissants, indiquant la richesse en bactéridies des premiers échantillons de sang. L'examen du tableau XI nous amène aux conclusions suivantes. 1. Sous l’influence de l’inanition complète, le pouvoir bactéricide du sang chez les pigeons baisse ou disparaît totalement. Les expériences №№ 59 et 62 montrent un affaiblissement des propriétés bactéricides du sang avec une évidence parfaite; dans les expériences №№ 58 et 61 l’action bactéricide du sang est complètement abolie; il n’y a que l’expérience № 60 qui présente des rapports normaux. Ainsi donc, dans la grande majorité des cas l’inanition complète influence le pouvoir bactéricide du sang, en l’affaiblissant d’une manière plus ou moins considérable. 2. Les lapins soumis à l’inanition complète présentent les mêmes phéno- mènes, au point de vue des propriétés bactéricides du sang, que les pigeons. Dans l’expérience № 63 l’action bactéricide fait absolument défaut; dans l'expérience № 64 elle est légèrement affaiblie. 3. L’inanition incomplète aux degrés différents, c’est-à-dire lorsqu'on prive les pigeons de \,, 3/, et 7, de leur ration normale de pois et d’eau, exerce, en somme, la même influence sur le pouvoir bactéricide du sang que l’inanition complète. Dans les expériences sur les pigeons №№ 67 et 69, nous voyons les propriétés bactéricides complètement disparaître; dans les expé- riences №№ 65, 66, 68, 70, 71 et 72, elles sont légèrement diminuées; dans l'expérience № 66, le sang a conservé ses propriétés bactéricides comme à l’état normal. Il faut, par conséquent, reconnaître que dans la majorité des cas d’inanition incomplète, les propriétés bactéricides du sang vont égale- ment en décroissant. 210 E. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Il ne sera pas superflu d'ajouter à се qui a été déjà dit, que la perte moyenne en poids du corps, au moment où l’on examinait le sang des animaux en inanition complète, était de 19%, pour les pigeons et de 28% pour les lapins; la perte moyenne des pigeons en inanition incomplète était de 16%. L'animal № 60 a servi pour deux expériences. On le priva d’abord de la moitié de sa ration normale de pois et d’eau, et ensuite, lorsqu'il perdit 12%, de son poids primitif, l'alimentation normale fut rétablie; lorsqu'il était revenu à son poids primitif, il était soumis de nouveau à l’inanition, mais cette fois, à l’inanition complète. La privation complète d'aliments solides et d’eau durait 7 jours, jusqu’à ce qu’il perdît 20%, de son poids primitif. Il est curieux de savoir que le pigeon № 60 ne manifesta point de diminution de pouvoir bactéricide ni durant l’inanition incomplète, ni durant l’inanition complète. Après qu'on eut rétabli la seconde fois l’alimentation normale jusqu’à ce qu'il eut atteint son poids primitif, on lui iriocula de la culture virulente du charbon et on le soumit, en même temps, de nouveau à la priva- tion complète d’aliments et d’eau; trois jours après l’animal succomba avec tous les symptômes du charbon. Cette expérience peut être interprétée différemment: soit que les inanitions répétées abaissent les propriétés bacté- ricides du sang, même chez des animaux qui ont manifesté lors des premiers essais une résistance considérable au point de vue de la richesse de leur sang en substances bactéricides; soit que le pouvoir bactéricide du sang n’a aucun rapport avec l'aptitude de l’animal de résister à l’infection; soit que les propriétés bactéricides du sang accomplissent leur action de défense avec le concours des substances bactéricides d’autres parties du corps, ainsi qu'avec le. concours des autres moyens de défense de l’organisme; soit que l’action des substances bactéricides du sang peut être empêchée par certains états pathologiques prenant le dessus sur l’action bienfaisante des substances bactéricides. Il serait bien à désirer de faire certaines expériences spé- ciales, afin de pouvoir s'arrêter définitivement à l’une de ces interpré- tations. А l’heure qu’il est, d’après l’ensemble des données concernant се sujet, on doit considérer comme la plus vraisemblable celle, qui attribue les résultats de l’expérience № 60 à la perte des moyens de défense пе dépen- dant pas directement des propriétés bactéricides du sang. Quoi qu'il en soit, en présence de cette expérience unique dans son genre, il ne faut pas oublier ce fait bien évident, que les pigeons en inanition, ayant acquis une récepti- vité à l'égard du charbon, présentent en même temps, dans la grande majorité des cas, une diminution des substances bactéricides du sang, d’après les expériences ci-dessus décrites. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 211 Dans le travail de M. Boccardi et de M" Bakunin, on trouve un cas d’un pigeon qui, malgré l’inanition complète de 7 jours, а conservé les propriétés bactéricides du sang. Après l'extraction de la dose appropriée de sang, М. Boccardi et M" Bakunivn ont inoculé à ce pigeon des bactéridies sans interrompre l’inanition; quelque temps après, l’animal succombe à l’inanition, mais non à l'infection charbonneuse. Ce cas demande à être mis en comparaison avec notre № 60. Il est évident que certains pi- geons peuvent conserver la réserve normale de substances bactéricides du sang malgré l’inanition, quoique la grande majorité des pigeons ne possèdent pas cette faculté. Quant à la cause immédiate de la mort du nommé pigeon, l’absence des symptômes de l'infection charbonneuse n’ébranle nullement cette idée, que l’inanition abolit la résistance des pigeons au charbon, car l'animal ne fut infecté que dans la période relativement assez avancée de Vinanition, et il pourrait se faire, que le temps eût été insuffisant pour le développement de la maladie. М“ Bakunin et М. Boccardi interprètent l'expérience présente dans ce sens, que l’animal ayant conservé le pouvoir bactéricide du sang au degré normal dans l’inanition, se montre en inani- tion réfractaire envers l’infection charbonneuse. En somme, cette inter- prétation nous paraît bien basée, quoique en nous rapportant à се qui a été dit ci-dessus, nous ne croyons pas pouvoir rattacher cet état réfractaire uni- quement à la présence de substances bactéricides dans le sang. En me servant des données du tableau IX, j'ai composé deux tableaux complémentaires (XII et XIII), à l’exemple du tableau Ш (4) et du tableau IT de ma première communication. En comparant les quantités de la dernière colonne du tableau ХП avec les quantités correspondantes du tableau ПП (4), nous voyons que les propriétés bactéricides du sang diminuent plus considérablement dans l’inanition complète que dans l’inanition incomplète. Après les explications que nous avons données à propos des tableaux précédents, il serait superflu d'entrer ici dans les détails à propos des données comprises dans tableau ХИ. — Le tableau ХШ nous montre que la marche générale de la diminution des bactéridies dans les portions d'essai conserve son caractère typique, dans les cas de l’affaiblissement du pouvoir bactéricide du sang dû à l’inanition. Les substances bactéricides tant qu’elles sont restées dans le cang de l’animal en inanition, s’épuisent en présence des bactéries dans le même ordre suc- cessif que dans les conditions normales. > о [Re Е. 9. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Tableau ХИ. Nombre des colo- nies provenant de la portion d'essai initiale. nies provenant de | téries disparues pour cent, des la portion d’essai | dans cet intervalle/bactéries disparues prélevée environ | de temps, en tant | par groupes d’ani- 3 heures après. pour cent. maux. Nombre de colo- | Nombre des bac- | Moyennes, en = de l'animal. A. Inanition complète. B. Inanition incomplète. 0 147 39 3300 2080 2100 Tableau ХШ. Au bout de quel | Nombre des bactéries disparues, en tant pour cent des Fou № nombre а’Вепгез | tités initiales correspondantes, pendant les intervalles de les portions d’es- temps — de l’animal. | sai sont-elles pré- levées ? / 3/4 il 114 11/4 ПА Б. — Les données concernant les propriétés bactéricides du sang dans les cas d'alimentation copieuse consécutive à l’inanition, sont comprises dans le tablean XIV. 4 pigeons parmi ceux, qui ont été représentés dans le tableau XT, ainsi que les deux lapins indiqués dans le même tableau, étaient PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 213 remis après l’inanition à une alimentation abondante. Je ne faisais l'examen des propriétés bactéricides du sang chez ces pigeons qu'après le rétablisse- ment de leur poids primitif. Quant aux lapins, l'influence d’une alimentation abondante sur les propriétés bactéricides du sang était étudiée chez eux non-seulement après le rétablissement du poids primitif, mais encore au milieu de la période de rétablissement. Le lapin № 63 a été examiné au moment où il avait regagné 48° de la perte de son poids, et le lapin № 64— au moment où 1l avait regagné 509%. Le tableau XIV comprend, par consé- quent, deux divisions À et B; la division À est consacrée aux pigeons, et la division В aux lapins. Cette dernière division comprend de plus deux subdi- visions (« et В) suivant que le rétablissement du poids primitif, diminué par l’inanition, était complet ou incomplet. Dans ses traits principaux le tableau XIV est construit à l’exemple du tableau ХТ. Conclusions. 1. Les animaux №№ 71 et 64, resp. 64” dont le pouvoir bactéricide du sang n’a que diminué par l’inanition, recouvrent complètement ce pouvoir, dès qu’ils reviennent à leur poids primitif, sous l'influence de l’alimentation copieuse. 2, Les animaux №№ 68, 61, 63, resp. 63” et 69 qui ont complète- ment perdu le pouvoir bactéricide du sang par suite d’inanition, le recou- vrent également et d’une manière complète, dès qu'ils atteignent leur poids primitif, sous l’influence de l’alimentation consécutive. 3. Le rétablissement des propriétés bactéricides du sang, sous l’influence de l'alimentation abondante, se fait graduellement. Le lapin № 63, ayant perdu complètement sous l'influence de l’inanition les propriétés bactéricides du sang, manifeste au milieu de sa marche vers le rétablissement du poids primitif (№ 63’) un pouvoir bactéricide du sang bien appréciable, quoique encore faible. On constate quelque chose d’analogue chez le lapin № 64. Conformément à ce qui a été dit déjà, les deux animaux recouvrent parfaite- ment leur pouvoir bactéricide primitif du moment où ils reviennent à leur poids primitif (№№ 63” et 64”). En résumant toutes nos données expérimentales relatives à l’inanition et à l'alimentation consécutive, nous pouvons affirmer, que le pouvoir bacté- ricide du sang, sous l'influence de l’inanition complète ou incomplète, baisse ou disparaît totalement, et que, sous l'influence de l’alimentation qui suc- cède, ce pouvoir se rétablit d’une manière plus ou moins complète suivant le rétablissement du poids primitif du corps. Il paraît assez vraisemblable 214 Е. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Tableau XIV. a. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemencement, les gouttes du sang Е d’essai sont-elles prélevées? Е $. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai des animaux témoins. S с, c’. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’easai des animaux d’expé- = rience. А. Pigeons. a | O |1—3/,—|21/,—2—|4—33/,—151/,—5—|17—63/,— 11/2 27/19 Aa 37/12 Туз 8 | 6 | 1380 123 3 0 0 0 58 | с | 1265 183 27 15 - 3 0. à 61 | c’ | 1500 230 92 35 20 21 a | O |1—3/,—|3—923/,—14—33/,—|6—53/, — 1/3 31/3 41/3 61/3 4 | 6 | 2700| 1760 74 6 0 - 69 | с | 300 | 1451 89 13 1 71 | c'12500| 1246 63 8 3 В. Lapins. «) Rétablissement incomplet du poids primitif. 3 Ро | Ва АЗ 67/3 Ts | —10\; | —25%, 0 0 0 0 0 0 0 8'16| 44 2 63'| с | 62 23 17 6 8 32 332 4505 со 64 | с’| 57 9 3 5 0 0 0 12 3500 B) Rétablissement complet du poids primitif. La 11/6) 2— 15/4 — |3, -35/,014%/4 —42/3 5— 47/12 | 6—57/19 | 8—77/12 13-127/, 1 —1l/, 21h | —87/2.] —4% | 51 — 61 —81/, | —131} 8" ь | 293 | 52 10 д" 2° о” 41 VIS 63 | с | 303 | 106 16 9 5 0 1 25 98 64” | с'| 305 | 44 8 4 9 0 0 0 0 que dans certains degrés et dans certaines formes d’inanition incomplète ces rapports changent, mais j'étais obligé de laisser de côté l’étude systé- matique de ces faits. Les modifications que subit le sang sous l'influence de l’inanition, soit complète, soit incomplète, sont étudiées depuis longtemps. Nous possédons à PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 215 l'heure actuelle des données nombreuses relatives aux variations dans la constitution morphologique et chimique du sang chez les animaux en inani- tion. П est vrai que la majorité de ces recherches ont été dirigées vers la détermination des lois qui régissent les variations dues à l’inanition complète: et cependant il est incontestable, que dans les cas d’inanition incomplète les modifications dans la constitution morphologique et chimique du sang se font également d’après des lois déterminées. Il n’y а pas longtemps, j'ai eu l’occasion de démontrer que la quantité relative du sang chez des lapins soumis à l’inanition complète ne présente pas de variations notables); or, les modifications de sa constitution deviennent d'autant plus intéressantes. Dans la réflexion que j'ai déjà faite, je ne présenterai pas de revue détaillée de la littérature concernant ce sujet; je пе citerai que quelques travaux et principalement ceux qui ont été faits dans notre laboratoire. D’après Tiegel, Bourkhardt cet autres”), la quantité de globulines augmente dans le sang sous l'influence de l’inanition et la quantité d’albumines baisse. Le poids spécifique du sang chez les lapins à l’état d’inanition complète monte, comme Га démontré M. Popelf) dans ces derniers temps. L’alcalinité du sang chez le lapin sous l’influence de l’inanition com- plète parait diminuer [London ”)]. L'augmentation du pouvoir colorant du sang dans les mêmes conditions est établie par М. Raum!). Les modi- fications curieuses dans la proportion relative de différentes espèces de globules blancs chez les lapins en inanition ont été étudiées par M. Okin- tchitz !). ММ. Raum, Okintchitz et Popel se sont également convaincus que, sous l'influence de l’alimentation abondante, le pouvoir colorant du sang ainsi que sa constitution morphologique par rapport aux globules blancs et son poids spécifique changent dans le sens contraire. Tout ceci amène à penser que les variations dans le pouvoir bactéricide du sang observées chez des animaux soit en inanition, soit dans les conditions d’alimentation abondante, ne seraient que l'effet des modifications de sa constitution. Malheureusement, 6) Е. S. London, Note sur la question du changement de la quantité générale et de lalcalinité du sang dans le jeûne absolu; Arch. des sc. biol., 1896, t. IV, Ёазс. 5, р. 516. 7) 5. M. Loukiano w, Principes de Pathologie générale du sysième vasculaire, Varsovie 1893, p.318 (en russe).—Grundzüge einer allgemeinen Pathologie des Gefäss-Systems, Leipzig 1895. 8) W. Popel, Sur les variations de la densité du sang dans le jeûne absolu, simple, ou compliqué de la ligature des urétères, Archives de sc. biolog., 1896, t. IV, fasc. 4, p. 354. 9) Е. 5. London, [. с. _ 10) Raum, Haemometrische Studien; Arch. f. ехрегип. Pathol. u. Pharmac., +. ХХУШ, _ 1890; р. 61. 11) Е. $. Okintchitz, Des variations morphologiques du sang chez le lapin dans lina- nition complète et l’alimentation consécutive; Arch. du laboratoire de pathologie de Р Université de Varsovie publiés sous la rédaction de M. le Prof. S. M. Loukianow, 1893, fasc. 1, р. 1 (en russe). 216 р. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS — nous ne savons pas encore relier tous ces phénomènes par une théorie quel- conque. Espérons, toutefois, que les recherches ultérieures viendront élucider cette question. $ 3. Influence des troubles respiratoires. À côté de l’inanition alimentaire il faut placer naturellement la pri- vation d'oxygène, qui constitue l’agent principal de tous les troubles respira- toires. Personne n’ignore comment sont fréquents les troubles respiratoires dans les affections de l'appareil respiratoire ainsi que dans différentes autres affections. Je consacre donc le paragraphe 3 de ma deuxième communication à l’étude des données relatives aux variations des propriétés bactéricides du sang dans les troubles respiratoires. On ne trouve dans la littérature à propos de ce sujet que les indications de M. Еодог"?) qui a étudié les conséquences de l’intoxication par Гохуде de carbone. Les expériences de cet auteur sur le sang de lapin ensemencé avec des bactéridies prouvent, que le pouvoir bactéricide du sang baisse sous l'influence de l’oxyde de carbone. Les expériences, dont je parlerai dans ce paragraphe, ont été faites de la manière suivante. Après avoir choisi deux lapins semblables, je les attachais sur les tables opératoires dans le décubitus dorsal. Ensuite, la trachée était mise à nu et incisée. J’introduisais alors dans la trachée du lapin d'expérience une canule, munie d’un petit bout de tube en caoutchouc. Le lapin témoin ne subit pas de trachéotomie. On applique sur le tube en caoutchouc la pince de Péan qui permet de la fermer et d’ouvrir plus ou moins, au gré de l’expérimentateur. Au début, l’accès de l’air n’est que légèrement diminué. Les mouvements inspiratoires et expiratoires deviennent alors plus profonds et plus rares. 5 à 10 minutes après, l’ouverture du tube est encore diminuée et, par conséquent, les troubles respiratoires deviennent encore plus marqués; 5 à 10 minutes plus tard, on diminue encore plus Рог се du tube, et ainsi de suite. Au bout de 1 à 1!/ В. apparaît une cyanose intense, accompagnée de convulsions. А ce moment on prélève les échantillons de sang des artères fémorales préalablement mises à nu chez le lapin d'expérience ainsi que chez le témoin; ce dernier reste également tout ce temps attaché sur la table opératoire. Dans un cas, et notamment dans celui du № 78, le sang fut pris avant l’apparition des convulsions. Le sang des animaux. d'expérience est de couleur foncée; mais il s’éclaircit dès qu’on le 12) J. v. Fodor, Neuere Untersuchungen über die bakterientodtende Wirkung des Blutes und über Immunisation; Centralblatt für Bakteriologie п. s. w., 1890, t. УП, р. 759. PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 217 secoue dans un ballon avec des grains de verre, en vue de la défibrination. La coagulation est retardée par comparaison à la normale. Les résultats expérimentaux concernant les états asphyxiques artificiels, sont présentés dans le tableau XV. Ici sont signalées les données relatives aux propriétés bactéricides du sang de 8 lapins d'expérience et de 7 té- moins. Les animaux témoins du tableau XV ne sont pas entrés dans le tableau I de la première communication par la même raison, par laquelle les lapins témoins du tableau УШ n’y sont pas également entrés. La signifi- cation des rangées horizontales et verticales se comprend grâce aux légendes correspondantes; dans ces traits généraux le tableau XV est construit à la manière du tableau VIII. Tablean XY. = a.— Au bout de quel nombre d'heures, après l’ensemencement, les gouttes du sang |= d’essai sont-elles prélevées? [= | ДД Es $. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai des lapins témoins. Е à Е с, с’. — Nombre des colonies provenant des gouttes d’essai des lapins d’expé- > rience. ао |, [29—29 89—88 5—5 (61,654) 8—8 73 | b | 280 |. 16 3 0 0 0 0 74 | € | 310 630 1170 3500 8000 18000 со a | 0 | 1—11, | 3—3; |41/,-45/,,/53/,-5U/,,) 7—7 | 8—8, | 9—91/, 75 | db | 540 13 4 0 0 0 0 0 76 | € | 493 175 126 379 1670 3400 8000 со ао а 29 39-6-5994 97—97 5/6 TENUE EU Ne DA —271/; 77 | & | 790 0 0 0 0 0 0 78 | b | 880 384 240 135 130 98 520 ао со 79 | с’| 800 2700 3200 6300 10800 22000 со со со а| 0 |1) —13/. 3—8, | 4—4, | 5—5, | 6—6. И 80 16| 850 90 60 15 10 88 150 81 | c | 900 2700 3800 5400 9000 со со a | © |111) | 3—3 | 5—5 | 8—8 Pois 82 | b | 900 110 40 13 500 83 | c | 860 1210 5000 9000 18500 со а| 0 г 11/4—11.| 3— 81/4 о Ste 8—81/, 84 | b | 1540 ee 90 48 5 85 | c |1630| 2500 4000 7500 и т со al o | 3/5, [13/15/2925] 4—4 | 6—6, | 9—9 86 | b | 1620 276 148 90 10 13 83 87 | c | 1540 173 240 513 3600 5300 8000 218 Е. $. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS Conclusions. 1. Les lapins témoins ne diffèrent presque pas des lapins normaux au point de vue des propriétés bactéricides de leur sang. L’excitation douloureuse legère due à l'opération aussi que la position immobile sur la table opéra- toire pendant 1 à 1!/, В. n’influence pas, cette fois encore, les propriétés bactéricides du sang d’une manière plus ou moins marquée. 2. Les animaux d’expérience perdent, dans la majorité des cas, le pouvoir bactéricide du sang, comme ceux des №№ 74, 79, 81, 83, 85. Dans d’autres cas, les propriétés bactéricides du sang ne disparaissent pas totalement, mais diminuent d’une manière nette, comme c’est le cas des animaux №№ 76, 78 et 87. Ici comme ailleurs, les données principales, concernant l’influence en question, sont reproduites dans les tableaux complémentaires expliquant la marche du décroissement des bactéridies dans les portions d’essai et la marche de l’épuisement des substances bactéricides. Les tableaux ci-joint XVI et XVII sont construits à l’exemple des tableaux IX et X. Tableau XVI. Nombre des colo- | Nombre des bac- | Moyennes, en tant nies provenant de | téries disparues pour cent, des la portion d’essai | dans cet intervalle [bactéries disparues prélevée environ | de temps, en tant | par groupes d’ani- 8 heures aprés. pour cent. maux. № Nombre des со]о- nies provenant de la portion d’essai de l’animal. SRE initiale. A. Le sang défibriné des lapins témoins. 99 99 99 93 96 97 95 B. Le sang défibriné des lapins d’expérience. 493 126 74 880 133 85 1540 513 67 PATHOLOGIQUES SUR LES PROPRIÉTÉS BACTÉRICIDES DU SANG. 219 Tableau XVII. Au bout de quel | Nombre des bactéries disparues, en tant nombre d'heures, | pour cent des quantités initiales correspon- № А quelle portion а la quantité initia- les portions dantes, pendant les intervalles de temps — de Гала]. ||, répond-elle ? d’essai sont-elles prélevées ? а b A. Lapins témoins. 1/2 2 1ù В. Lapins d'expérience. 1 Il ressort du tableau XVI que le sang des animaux témoins manifestait la faculté de détruire 9 '7— 96°), de la quantité totale de bactéridies ensemencées, au bout de 3 heures environ. Ces quantités se rapprochent beaucoup de celles que donnaient les lapins tout à fait normaux (voir le tableau ПТ de la première communication). Dans ce même laps de temps, de trois heures environ, le sang des lapins d'expérience n’en tue que 80—67°; (en moyenne 75%). De sorte que, si dans certains cas sous l’influence de troubles respiratoires le pouvoir bactéricide du sang n’est pas complètement aboli, il est du moins nettement diminué. Le tableau XVII nous fait voir que l’épuisement des substances bacté- ricides du sang défibriné en présence des bactéridies se montre également dans cette série d'expériences, avec son caractère typique. Comme conclusion, nous présentons la thèse suivante: par suite des troubles respiratoires bien marqués, le sang perd son pouvoir bactéricide dans la grande majorité des cas; dans certains cas ce pouvoir n’est que diminué, en conservant quand même son caractère général. Conformément au plan général de ces études, je n’entrerai pas ici non plus dans l’exposé des données qui existent dans la littérature, sur les modifications du sang sous l'influence de l’agent en question. Il est certain 15 220 Е. 3. LONDON, DE L'INFLUENCE DE CERTAINS AGENTS ETC. que dans la série présente de faits, les variations dans la richesse du sang en substances bactéricides sont également subordonnées à d’autres modi- fications multiples de sa constitution. En me basant sur les faits recueillis par M. Grawitz'?), je ne signalerai que deux circonstances: 1° dans le sang asphyxique, le stroma des globules rouges est plus faiblement lié à l’hémo- globine, de sorte que, lorsque le sang se coagule, une partie d’hémoglobine devient libre et passe dans le sérum; 2° le sang dans l’asphyxie devient plus liquide et se coagule plus difficilement (ce qui nous est arrivé de con- stater aussi dans nos expériences). А ces faits on en pourrait ajouter beau- coup d’autres disséminés ça et là dans la littérature. Il est évident que l’on pourrait supposer, même 4 priori, une modification du pouvoir bactéricide du sang dans l’asphyxie, mais nous ignorons encore, pourquoi dans cet état les substances bactéricides tendent à diminuer et non à augmenter. Е 13) Ernst Grawitz, Klinische Pathologie des Blutes; 1896, р. 224. Contribution à l'étude de la fonction hématopoiétique de la moelle osseuse. Par M. I. P. Roïetzky. (Travail de la Section d'anatomie pathologique de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale.) E Pour élucider le rôle de la moelle osseuse dans la production des leu- cocytes, J'ai entrepris, d’après les indications de М. У. Ouskow, une série d'analyses comparées du sang arrivant dans la moelle de Гоз et de celui qui en sort. Je considérais comme dérivant de la moelle osseuse le surplus de telles ou telles formes de leucocytes dans la veine efférente relativement à leur quantité dans l’artère correspondante. Je n’admettais dans mon travail que trois variétés de globules blancs, suivant la classification de M. Ous- koff, basée sur la communauté de leur origine, savoir: les globules jeunes, les mûrs et les vieux. Dans mes expériences je prenais le sang de l’artère nourricière du tibia et de la veine correspondante qui sont appliquées à la surface interne de l’os, se rapprochant de sa face postérieure. L’artère est placée en dehors de la veine. La veine se divise parfois en sortant de l’os en deux ramuscules, et l’artère passe alors entre eux, c’est се qui m'est arrivé 3 fois. Pour ш’аз- surer d’avoir affaire vraiment aux vaisseaux de la moelle osseuse, je les faisais injecter avec de la solution de bleu de Prusse. Dix expériences ont été faites sur des chiens normaux; les 3 premières sur des chiens morphinisés, car cet anesthésique, d’après les recherches de 222 1. P. ROÏETZKY, CONTRIBUTION À L'ÉTUDE M.A.Popow, n’exercerait presque pas d’action sur la constitution morpho- logique du sang; les expériences suivantes ont été faites sans anesthésie. Après avoir obtenu du sang de la veine de la moelle osseuse, à l’aide d’une piqûre d’aiguille fine, je prenais du sang de l’artère correspondante et, si l’expérience l’exigeait, j'en prenais également dans les autres vaisseaux: artère et veine fémorales, veine auriculaire. Pour chaque vaisseau on se servait d’un mélangeur à part. Les résultats des dix premières analyses du sang de la moelle osseuse (artère et veine nourricières du tibia) des chiens bien portants sont repro- duits sur le tableau I. Ce tableau nous fait voir que: 1° La quantité totale des globules blancs dans la veine est un peu plus forte que dans l’artère correspondante, mais cette différence ne dépasse guère celle qui existe habituellement entre le sang des veines et celui des artères correspondantes des autres régions du corps, ce qui est démontré par les recherches de MM. Emélianow et Proskouriakow. 2° La quantité absolue comme la quantité relative de jeunes globules blancs dans la veine de la moelle osseuse est considérablement diminuée, plus que de moitié en moyenne, par rapport à l’artère correspondante. Cet abaissement du nombre des jeunes globules constaté dans le sang veineux de la moelle osseuse ne s’observe pas pour les veines des au- tres régions par rapport à leurs artères, ainsi que nous le voyons par le tableau IT. 8° La quantité de globules blancs märs tant absolue que relative est au contraire considérablement augmentée (4 à 5 fois), comparativement à celle qui entre dans la moelle osseuse par l'artère. 4 Le nombre de vieux globules blancs se trouve très peu augmenté: surtout lorsqu'on compare cette augmentation avec la quantité totale de vieux globules de la veine ainsi que de l’artère; elle pourrait donc être né- gligée et mise au compte des erreurs possibles de numération. Pour rendre plus démonstrative la différence qui existe dans la con- stitution morphologique du sang veineux et du sang artériel de la moelle osseuse au point de vue de leur teneur en diverses formes de globules blancs, nous présenterons les chiffres suivants de la première expérience du ta- bleau I. Quantité Globules Globules Globules totale. jeunes. mûrs. vieux. Entrés par l'artère ti CL 15000 1950 (13,0%) 840 (5,60) 12210 (81,0%) Sortis par la veine . . . .. 16400 656 (4,0%) 2788 (17,09) 12956 (79,0%) DE LA FONCTION HÉMATOPOÉTIQUE DE LA MOELLE OSSEUSE. 223 Tableau I. < Quantité. Pour cent. я ® © Е: oi A 8 à Provenance du sang. я я ta 5 о 2 a mn bd a [7 м з << 2 я a я 5 = = 5 = un M = a pe м a а 5 Ф а < © © a = „= 5 = 2 FA = > Zi El = > A > 1 |Artère de la moelle osseuse | 15000 | 1950| 840 | 12210] 13,0| 5,6 81,4 1)*—1294|-+1948| +746 Veine » » 16400 | 650 | 2788 | 12956| 4,0| 17,0| 79,012 34] 331] 106 3)* 1,5 2 |Artère » » 15600 | 1996| 764 | 12840| 12,8| 4,9| 82.3] 1) —1313|-+1462| +151 Veine » » 15900 | 683 | 2226 | 12991| 4,3! 14,0| 81,712) 35| 291 101 | 3) LS 3 |Artère » » 10900 | 915| 632| 93531 8,4| 5,8| 85,811) —459| +953] +286 Veine » » 11900| 476 | 1785| 9689| 4,0| 15,0| 81,0 | 2) 52| 950] 103 3) 2,1 4 |Artère » » 13100 | 1572 | 864 | 10664| 12,0| 6,6| 81,411) —760|+1460| 200 Уеше » » 14000 | 812 | 2324 | 10864| 5,8| 16,6| 77,612) 52| 269] 102 3) 2,0 5 |Artère » » 9400 |1908| 621| 6871| 20,3| 6,5| 73,2| 1) —1167|+1831| +836 Veine » » 10900 | 74112452| 7707| 6,8| 22,5| 70,712) 39] 394] 112 | 3) 1,5 6 |Artère » » 14500 |1305| 485| 12760| 9,0| 3,0! 88,0] 1) —515| +-087| +828 Veine » » 15800 | 790 | 1422 | 13588| 5,0| 9,0| 86,012) 60] 326] 108 3) 2 7 |Artère » » 9700 | 921| 291| 8488| 9,5| 3,0| 87,511) —481| +755] +32 Veine » » 10000 | 440 |1040| 8520| 4,4| 10,4| 85,2 | 2) 52| 359] 0,3 3) 1,5 8 |Artère » » 18200 |1692| 418|16090| 9,3| 2,3| 88.4|1) —718|+1794/+-1024 Уеше » » 20300 | 974 | 2212 | 17144| 47| 10,9| 84,412) 58| 428] 105 3) 2,5 9 |Artère » » 11600 |1136| 394|10070| 9,8| 3,4| 86,811) —599] +918] +581 Уеше » » 19500 | 587 | 1312 | 10651| 4,3 | 10,5| 85,2 | 2) 47| 333| 106 | 3) 1,5 10 | Artère » » | 12900 | 1419 | 567 | 10914| 11,0) 4,4 84,6[1) —627| +911] +16 Уеше » » 13200 | 792 | 1478 | 10930! 6,0| 11,2| 82,812) 56| 260] 100 3) 1,5 * 1) Différence entre le sang veineux et le sang artériel. 2) Ce que deviennent cent globules. 3) Augmentation du nombre des globules mûrs pour chaque globule jeune en moins. №-03 des ехрё- riences. 224 I. P. ROÏETZKY, CONTRIBUTION À L'ÉTUDE Provenance du sang. Artère de la moelle osseuse Veine » » » Artère fémorale . Veine » , Artère de la moelle osseuse Veine » » » Artère fémorale . Veine » р » auriculaire Artère de la moelle osseuse Veine » » » » auriculaire Artère de la moelle osseuse Veine » » » » fémorale Artère de la moelle osseuse Veine » » » » auriculaire Artère de la moelle osseuse Veine » » » » auriculaire Tableau IL 15000 16400 15500 17300 Quantité. 16090 17144 17279 Pour cent. DE LA FONCTION HÉMATOPOËTIQUE DE LA MOELLE OSSEUSE. 225 Nous voyons donc que: les globules jeunes ont diminué de. ...... 1294 les mûrs ont augmenté de..... RARES 1948 les vieux ont augmenté de ........... 746 c’est-à-dire, pour chaque globule jeune en moins on en trouve 1,5 mûrs en plus. Les modifications de la richesse du sang en globules blancs par suite de son passage à traver la moelle osseuse, peuvent également être exprimées ainsi: pour 100 globules de chaque espèce (jeunes, mûrs ou vieux) entrés dans la moelle par l'artère, il en sort par la veine correspondante les quan- tités suivantes: nn sn оный Gta 46e es 34 Aro LE QE ne cpu 891 Е осы №06 Ces données nous suffisent déjà pour en tirer quelques conclusions plus ou moins probantes relativement au fonctionnement de la moelle osseuse: 1° une partie des éléments jeunes est retenue dans la moelle; 2° une certaine quantité d'éléments mürs, paraissant de formation nouvelle, en sort et est versée dans le sang; 3° les éléments vieux traversent la moelle sans y subir au- cune modification quantitative appréciable. L'augmentation considérable des globules mûrs dans la veine de la moelle osseuse, constatée dans toutes mes expériences, me fait penser que cette espèce de globules proviendrait de la réserve constituée par la portion cellulaire de la moelle osseuse (médullocelles); quant au décroissement no- table des formes jeunes, observé dans la veine, décroissement qui se répète également dans toutes mes expériences, elle me permet de supposer que la réserve d'éléments mürs dans la moelle osseuse se reconstitue non seulement par leur division propre (constatée par presque tous les auteurs), mais encore par l’évolution des globules jeunes. L'évolution de ces globules apportés par les artères, est favorisée par certaines particularités de la structure des vaisseaux de la moelle osseuse (augmentation du calibre). Déjà Neumann avait attiré l'attention sur des particularités dans la structure des vaisseaux de la moelle des os et de son parenchyme. Plusieurs auteurs ont remarqué que la moelle des os longs n’est jamais purement graisseuse (Neumann, Luschka) et présente à la périphérie un aspect lymphoïde. M. Hayem la trouvait lymphoïde même chez de vieux chiens, 226 1. Р. ROÏETZKY, CONTRIBUTION À L'ÉTUDE M. Kolatschevsky la trouvait souvent rouge dans les os longs de beau- coup d'animaux adultes (chats, chiens, lapins, rats), MM. Emélianow et Antakonenko ont observé la même chose. Les vaisseaux de la moelle osseuse présentent les particularités sui- vantes: les capillaires artériels minces et étroits se ramifient peu et présen- tent des dilatations en entonnoir au moment du passage dans un réseau capil- laire veineux. Ce dernier est constitué par des capillaires très larges, sinueux, à parois épithéliales minces et donnant beaucoup d’anastomoses. D’après MM. Van-der-Stricht, Lawdovsky et autres, leurs paroïs ne seraient pas constituées par une couche serrée de cellules mais elles seraient très poreuses comme celles des capillaires spléniques. Cette différence entre les calibres des capillaires veineux et artériels est la cause du ralentissement de la circulation sanguine dans la moelle. Ce dernier facteur peut agir dans le sens susindiqué, c’est-à-dire en favorisant l’augmentation des globules mûrs, ce fait étant démontré par les recherches de M. P.Oméliansky faites sur l'oreille, sur la langue des animaux et sur l’extrémité supérieure de l’homme. Ces données nous permettent de conclure avec assez de probabilité, que La moelle osseuse est le lieu où les jeunes globules blancs stagnent tempo- rairement, et passant епзийе à l’état тит, ls entrent dans la constitution de la portion cellulaire de la moelle. Pour démontrer que les variations susindiquées soit de la quantité totale, soit des rapports réciproques entre les trois formes évolutives de globules blancs appartiennent en propre aux veines de la moelle osseuse, on à fait des analyses du sang provenant des autres vaisseaux, tels que artère et veine fémorales, veine auriculaire. Remarquons tout d’abord, que les rapports réciproques de diverses formes de globules blancs, étudiés par M. Ouskow chez le chien dans les autres régions du corps (oreille) s’exprimaient en chiffres suivants pour 100: Jeunes. Adultes. Vieux. мо. 6—7} 81% En examiant notre tableau II, nous remarquons que l’artère de la moelle osseuse renferme deux fois plus de globules jeunes que de mürs. Nous ob-. servons presque le même rapport pour l’artère fémorale. Il n’y a pas raison de supposer que ce rapport diffère dans les artères des autres régions du corps. En parcourant се tableau on s'aperçoit facilement que le rapport réciproque entre les trois formes de globules dans l’artère de la moëlle os- DE LA FOHCTION NÉMATOPOÉTIQUE DE LA MOELLE OSSEUSE. 227 seuse différe peu de celui qu’on trouve dans les autres artères. П n’en est pas de même pour les veines de la moëlle osseuse. On compte ici 3—4 fois moins de globules jeunes que de mûrs, tandis que dans les veines des autres régions, par exemple dans la veine fémorale et la veine auriculaire, les jeunes globules se comportent vis-à-vis des mûrs presque de la même façon que nous venons de le dire à propos des artères. La richesse de la veine de la moelle osseuse en globules vieux est presque la même que dans les autres veines. Nous voyons ainsi, que la première chose qui saute aux yeux, c’est que le rapport quantitatif entre les deux premières formes de globules (jeunes et mürs) dans la veine de la moelle osseuse, est absolument différent de celui qu’on constate dans les veines des autres régions. Quoiqu’on observe des modifications dans le même sens en comparant le sang veineux et le sang artériel des autres régions (dans notre cas, veine fémorale et auricu- laire), ces modifications sont relativement trop minimes pour être mises en parallèle avec celles que nous venons de voir pour la veine et l’artère de la moelle osseuse. Les faits cités sont assez démonstratifs pour nous permettre de croire que, le sang, en traversant la moelle osseuse, s’y approvisionne principalement de globules mürs. Ces derniers proviennent en partie des formes jeunes qui, d’après ce que nous avons indiqué ci-dessus, y sont retenus temporairement et y passent en majeure partie à l’état mûr. IL. La leucocytose est un état du sang dans lequel le nombre des globules blancs qu’il renferme est très augmenté. Elle s’observe dans les conditions les plus variées: dans l’état normal, dans l’état pathologique accompagnant diverses maladies (MM. Limbeck, Lôwit, Ouskow, Kikodze, Polétaew, Toumass), et dans les cas de pénétration dans le sang de différentes substances étrangères (MM. Rieder, Remer, Lim- beck, Lôwit, Ouskow, Wérigo, Tschistovitsch, E. Botkine, Goltz- mann, Sémakine etc.) Ces derniers facteurs produisent tout d’abord une diminution plus ou moins grande mais presque toujours peu durable du nombre de globules blancs, diminution remplacée ensuite par une augmen- tation notable. La nature de la leucocytose n’a pas été élucidée jusqu’à ces derniers temps. 15* 228 1. Р. ROÏETZKY, CONTRIBUTION À L'ÉTUDE Lüwit l'explique par l’afflux dans le sang des leucocytes provenant des organes hématopoiétiques; ce fait se traduit par l’appauvrissement du sang, de ces derniers en globules blancs. Cet appauvrissement détermine une excitation des organes hématopoiétiques qui commencent à déverser des glo- bules dans le sang d’une manière exagérée. Cet avis et partagé par MM. Pro- skouriakow, Kourlow et autres. MM. Kikodze et Popow inclinent à considérer la leucocytose comme résultant du ralentissement de la destruction des vieux globules blancs. Pour savoir quelles seraient les modifications dans la constitution morpho- logique du sang sortant des vaisseaux de la moelle osseuse dans la leuco- cytose, j’injectais aux chiens un mélange d’essence de térébenthine et d’huile d'olive stérilisée, dans la proportion volumétrique de 1:5. J’injectais 2 с. с. de ce mélange en une fois dans la veine fémorale. Cette expérience а été répétée quatre fois. Le sang а été pris de la veine et de l'artère de la moelle osseuse et de la veine auriculaire; Н а été analysé avant l'injection et 24 heures après. Les résultats sont présentés dans le tableau Ш. Si nous comparons, par exemple dans notre 2°° expérience, les résultats du passage du sang à travers la moelle osseuse avañt l’expérience et pendant la leucocytose développée, nous constatons les faits suivants. Avant l’injection le nombre de globules blancs jeunes entrant dans la moelle osseuse était de 1419 et il en sortait 792: leur nombre ayant di- minuée de 627. Après l’injection, il en entrait 1089 et il en sortait seu- lement 496, la différence étant de 593. La différence était donc presque identique dans les deux cas. Le nombre de globules blancs mûrs entrant par l’artère avant l’injec- tion était de 567, tandis qu’il en sortait par la veine correspondante 1478, c’est-à-dire une quantité deux fois et demie plus considérable. Après l’in- jection il entrait 455 globules et il en sortait 1035, leur nombre ayant également augmenté de deux fois et demie. Le nombre de vieux globules blancs avait très peu augmenté, On a obtenu les mêmes résultats dans les autres expériences comprises dans ce même tableau. En nous basant sur ces données numériques, nous pouvons conclure que dans la leucocytose produite chez des chiens bien portants par l'injection de l’essence de térébenthine оп ne constate pas d’éxagération de la fonction hématopoiétique de la moelle osseuse. Aïnsi mes expériences avec l’essence de haine confirment l’opi- 0101 émise par M. Ouskow dans son dernier ouvrage. Cet auteur croit que DE LA FONCTION HÉMATOPOËTIQUE DE LA MOELLE OSSEUSE, 299 Tableau Ш. Quantité. Pour cent. Provenance du sang. № des expériences. Jeunes. Artère de la moelle osseuse |[11600/1136| 394110070 9,8 3,4 86,8 | Avant l’inject.| 1)*-599|-+-918|-+581 Veine » .» » 12500| 537|1312]10651| 4,3110,5 85,2 | d’essence de |2) 47| 333| 106 » auriculaire . . . . [14000/1540| 5601119001] 11,0] 4,0 [85,0 | térébenthine.| 3) . . | 1,5 Artère de la moelle osseuse |16800| 940] 453/15407| 5,6| 2,7 191,7| 24 h. après | 1)—421|-+412|-+509 Veine » D » 17300| 519| 856/15916| 3,0] 5,0 192,0] l'injection. 56| 190| 103 » auriculaire . . . |18000| 954] 450/16596| 5,3| 2,5 [92,2 и Artère de la moelle osseuse |12900]1419| 567110914] 11,0] 4,4 |84,6 | Avant ес. Veine » » » 13200| 792/1478|10930] 6,0]11,2 (82,8 | d'essence de » fémorale . . . .|13800/1882| 690/11228] 13,6] 5,0 81,4 | térébenthine. Artère de la moelle osseuse |19800]1089] 455118256] 5,5| 2,3 |92,2 | 24 В. après Veine » » » 120700! 49611035/19169| 2,4| 5,0192,6| l'injection. » fémorale . . . . . [21000/1008| 462119530] 4,8] 2,2 [93,0 2) nl Veine auriculaire . . . . [14000/1624| 588/11788] 11,6] 4,2 [84,2 | Avant l’inject. d'essence de térébenthine. Artère de la moelle osseuse |23100| 693| 346122061 95,5| 24 h. après 229|-+350] —211 Уеше » » » 23200] 464| 696122040] 2, 95,0| Рщесйоп. 67|. 200 99 » ‘auriculaire . . . 123700] 728] 426]23700 95,0 8) © à | LE | Уеше fémorale . . . . . |15000/1725| 750/12525 Avant l'inject. d'essence de térébenthine. Artère de la moelle osseuse [19000| 817| 380/17803 24 в. аргёз 1)—335|-+504 —9311| Veine » » » 20100] 482| 884118734 l'injection. |2 59| 933| 1051 » fémorale . . . .. 191800] 850] 436|20514 Зе I) * 1) Différence entre le sang veineux et artériel. 2) Ce que deviennent cent globules. 3) Augmentation du nombre des globules mürs pour chaque globule jeune en moins. 230 1. Р. ROÏETZKY, CONTRIBUTION À L'ÉTUDE l'augmentation des globules blancs du sang dans la leucocytose ne dépend pas uniquement de leur afflux exagéré des organes hématopoiétiques (en ce qui du moins concerne la moelle osseuse) mais nécessite l'intervention d’un autre facteur. Dans la leucocytose non expérimentale, survenue au cours d’une ma- ladie ou apparaissant spontanément sans cause appréciable, on observe de toutes autres modifications dans la constitution morphologique du sang. Dans le tableau IV sont représentés les résultats de l’examen du sang de deux chiens malades (expérience 1 et 2) et d’un chien bien portant (expé- rience 3). Dans la première comme dans la seconde expérience nous voyons une modification dans les rapports de différentes espèces de globules blancs entre elles: dans le sang artériel on trouve le nombre des globules jeunes deux fois moindre que celui des mürs. Dans la seconde expérience on compte 2043 globules jeunes et 4076 mûrs, et dans la première expérience on trouve 1346 globules jeunes et 2814 шатз. Dans le sang veineux sor- tant de la moelle osseuse nous constatons une augmentation considérable des globules blancs mürs, de sorte que chaque globule jeune en moins а été remplacée par 5 mürs dans notre première expérience et par 7 dans la seconde. On observe donc dans la leucocytose plus prolongée une sorte l’exal- tation de la fonction hématopoiétique des organes, due probablement à l’ir- ritation exercée par le sang anormal, mais cela n’arrive pas toujours; notre 3" expérience du tableau IV en fournit la preuve; il s’agit ici d’une leuco- cytose spontanée chez un chien autrement normal. Les résultats chiffrés de cette expérience nous montrent que, les modifications du sang ont été les mêmes que dans les cas de leucocytose expérimentale, c’est-à-dire que les rapports réciproques de différentes espèces de globules blancs entre elles ont été nor- maux, et le nombre des globules sortis de la moelle osseuse ne dépassait pas celui qu’on trouve chez les chiens non leucocytosés. Il en résulte que l’aug- mentation de la quantité totale de globules blancs est due non pas à leur afflux provenant des organes hématopoiétiques, mais à une autre cause dont. parle М. Ouskow d’une façon assez détaillée dans son ouvrage ci-dessus cité, fait en collaboration avec M. А. Sélinow *). *) Archives, t. V, p. 1, 1896. DE LA FONCTION HÉMATOPOÉTIQUE DE LA MOELLE OSSEUSE. [a => — Tableau ТУ. Quantité. Pour cent. Provenance du saug. № des expériences. Artère de la moelle osseuse | 20000 15900 1)* —506|-+2286| —900 Veine » » » 21000 15000] 4, 0 | 2) 62| 181 95 ) 4 Artère de la moelle osseuse | 68000 ‹ —591|+-4626| 465 Veine » » » 72600 ) } 75 214| 100,7 » auriculaire . . . . | 84700 р 7 Artère de la moelle osseuse 16900 | 9,3 —718|+-1794|--1024 Veine » » » 17114) 4,7 т 58| 428 105 ) ен оо 17279 | 11,8 2,5 * 1) Différence entre le sang veineux et artériel. , 2) Се que deviennent cent globules. 3) Augmentation du nombre des globules mûrs pour chaque globule jeune en moins. En résumant ces observations j’en tire les conclusions suivantes: 1° Dans la moelle des os longs chez les chiens normaux il se produit l'évolution des jeunes globules blancs qui у passent de l’état jeune à l’état mür, се qui se traduit par l’augmentation notable des globules mürs dans le sang sortant de la moelle osseuse (quelquefois l’augmentation des globules mûrs est égale à la diminution des formes jeunes). 90 Les vieux globules blancs (leucocytes polynucléaires) ne se forment pas dans la moelle osseuse: la quantité entrante et sortante étant presque la même. 30 La fonction hématopoiétique de la moelle osseuse n’est pas aug- 232 I. Р. ROÏETZKI, CONTRIBUTION-A L'ÉTUDE DE LA FONCTION ETC. . mentée chez des chiens dans la leucocytose expérimentale provoquée par injection d’essence de térébenthine. 4° Cette fonction de la moelle osseuse est quelquefois exaltée dans la leucocytose pathologique, car la quantité de globules blancs mûrs contenue dans le sang qui sort de la moelle se trouve augmentée relativement à celle qui existe à l’état normal. & RS De la composition chimique de l’hémine et de l’hématine obtenues par des procédés différents, Par M. M. Bialobrzeski. (Section de Chimie de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale). En 1853 M. Teichmann!), professeur à l’université de Cracovie à obtenu des cristaux d’hémine, matière colorante du sang, en traitant le sang par l’acide acétique glacial et par une petite quantité de sel marin. Ce procédé est utilisé actuellement pour les analyses qualitatives du sang, mais il devient insuffisant lorsqu'on veut obtenir des grandes quantités d’hémine. On a proposé depuis, beaucoup de procédés différents décrits dans la monographie de Preyer”); tous ces procédés, même celui de Cazeneuve), fournissent une proportion trop petite de matière et qui est en outre impure. Ce fut Hoppe-Seyler qui, en appliquant les observations de Teich- mann, de Goudoever, de Rollette, de Witich et d’autres, à obtenu le premier des plus grandes quantités d’hémine “), d’hématine et d’hématoporphy- rine *) et les a étudiées. Hoppe-Seyler précipitait les globules rouges par une solution de chlorure de sodium et les traitant ensuite par l’acide acétique glacial il obtenait des cristaux d’hémine. Pour avoir de l’hématine on traitait les globules rouges secs par l’alcool éthylique bouillant en présence d’acide 1) Teichmann, Zeitschrift f. ration. Med., М. Е., t. III, p.375 et t. VII, р. 141. 2) Preyer, Die Blutkrystalle, Jena 1871, p. 239. 8) P. Cazeneuve, Thèse pour le doctorat en Médecine, Paris, 1886. Вий. Societ. СТит., +. 27, р. 485. | 4) Hoppe-Seyler, Medic. Chem. Untersuchung, Berlin 1868, f. ТП, р. 379. 5) Ibid. 1871, f. IV, р. 523. . . Deer 234 M. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE sulfurique et d’un excès de sel marin, après avoir dissous ce mélange dans les alcalis et neutralisé par l’acide sulfurique, on obtenait un précipité d’hématine pure, et de ce dernier par élimination du fer à l’aide de l'acide sulfurique concentré on obtenait l’hématoporphyrine. En analysant les produits ainsi obtenus, Hoppe-Seyler calcula pour l’hémine la formule suivante: C,, H., Az, Ее О, HCI, pour l’hématime — CH, Az, Ее О; et pour l’hématoporphyrine — C., H,, Az, O,; l’hémine est donc considérée ici comme une combinaison de l’hématine avec l'acide chlorhydrique. L’auteur explique la formation de l’hématoporphyrine par l'équation suivante: C,, Н» Az, Fe, О, + 4 H, 50, + 0, = C;; H Ая, Oo (Н,30,), + 2 FeSO,+H,0, et par une décomposition ultérieure de la combinaison Ce Н» AZ; O0 (H, SO.) sous l’influence d’une grande quantité d’eau, avec formation de C,,H,,AZ,0,,. Се qui est intéressant à noter ici, c’est que Гоп obtient par l’action de l’acide sulfurique sur lhématine, un produit plus riche en hydrogène que celui dont il dérive. En 1884 M. Nencki et M-me Sieber ontentrepris une étude appro- fondie sur la matière colorante, obtenue par leur procédé nouveau avec du sang de différents animaux !). Voici ce procédé: le sang précipité en solution de 4 à 5 pour 100 de chlorure de sodium et évaporé jusqu’à 63 à 66 pour 100 d'humidité, est bouilli avec 4 fois son volume d’alcool amylique et 20 с. с. d’acide chlorhydrique concentré, pour deux kilogrammes de mé- lange. Vingt quatre heures après la filtration il se dépose au fond du vase de beaux petits cristaux microscopiques d’hémine. М. Nencki et M-me Sieber ont démontré au moyen d’analyses répétées, que le sang de provenances différentes contenait toujours la même hémine, dont la formule C:, H,, Az, Fe O, CI, ne correspond pas, comme on le voit, à celle de Hoppe-Seyler. L’hémine obtenue par le procédé de Nencki-Sieber renferme une molécule d’alcool amylique de cristallisation pour 4 molécules d’hémine: (C: Н. Az, Fe О, CD, С.Н» О. Pour l’hématine obtenue par saponi- fication М. Nencki et M-me Sieber donnent la formule suivante: С. H3 AZ, Fe O,. П en résulte que les cristaux d’hémine, dissous dans les alcalis, non seulement perdent leur acide chlorhydrique, mais retiennent de l’eau dans leur molécule suivant l’équation: (C:, H:, Az, Fe О, CD, С, H2 0 + + 4 Na OH — 4 Cy Ho AZ, Fe О, + С.Н» О + 4 Na CI. Sous l’influence des agents réducteurs l’hémine fixe l’eau et l’hydro- gène et forme l’hexahydrométaporphyrine suivant l'équation: C:, H:, Az, Fe O, CI + 2 H 0+HCI + H, = Cy H,, AZ, О, + Fe CL. 1) Nencki п. Sieber, Archiv f. experiment. Patholog. и. Pharmacol., t. ХУШ, р. 401. ET DE L’HÉMATINE OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 235 М. Nencki et М-ше Sieber considèrent l’hématoporphyrine obtenue par Hoppe-Seyler comme un anhydride d’un autre produit, nommé égale- ment hématoporphyrine et obtenue par l’élimination du fer sous l’action de Рас14е acétique saturé d’acide bromhydrique!). De l'analyse du chlor- hydrate d’hématoporphyrine et de l’hématoporphyrine pure préparée par la saponification du premier. il résulte pour ce dernier la formule suivante: СН» AZ 0,, qui prouve, ainsi que les réactions de cette substance que l’hématoporphyrine de Nencki et Sieber est. un isomère de la bilirubine. Peu de temps après la publication des travaux de M. Nencki et M-me Sieber, Schalféeff proposa le procédé simplifié de Hoppe-Seyler pour la préparation de l’hémine *). L'auteur a cherché surtout à écarter les manipu- lations préliminaires sur ie sang et à obtenir des grandes quantités d’hémine par l’action directe de l’acide acétique sur le sang, selon les indications de Teichmann destinées aux recherches microscopiques. Schalféeff fait chauffer au bain-marie, jusqu’à 80° 4 volumes d’acide acétique glacial dans un petit ballon de capacité de 300 à 400 gr. Puisony verse un volume de sang défibriné. Refroïdi à 55 —60° le mélange est chauffé de nouveau jusqu’à la température primitive, ce qui demande de 3 à 5 minutes. L’hémine se dépose en beaux cristaux volumineux. La proportion d’hémine ainsi obtenue est au moins de 5 gr. par litre de sang employé à cet effet. En se basant sur de nombreuses expériences, Schalféeff croit que la forme et la régularité des cristaux dépendent des quantités relatives d’acide acétique et de sang ainsi que de la température à laquelle on opère. En terminant l’auteur affirme que «le mode de prépara- tion et les caractères physiques de la substance ne laissent point de doute sur son identité avec les cristaux de Teichmann. La chose la plus impor- tante dans le cas présent consiste à déterminer avec précision la forme cristalline de la substance». Les propriétés chimiques de l’hémine obtenue par le procédé de Schalféeff ne sont pas encore étudiées, quant à sa forme cristalline, elle est décrite par Lagorio”). Le dernier procédé proposé en 1895 par Cloëtta‘), ressemble à celui de Hoppe-Seyler pour la préparation de l’hémine impure, dont l’auteur obtenait son hématine par saponification. D’après le procédé de Cloëtta on fait déposer les globules rouges du sang en solution aqueuse de sulfate de 1) Nencki u. Sieber, Archiv f. experiment. Pathol. u. Pharmacol., t. XXIV, p. 450. 2) Schalféeff, Journ. de la Soc. russe Phys.-chim. 1885, р. 30—35 (en russe). 3) Lagorio, Journ. Soc. Russe Phys. Chim. 1885, р. 35—37 (en russe). | 4) Cloëtta, Archiv f. experiment. Patholog. und Pharmacol., t. 36, p. 349. 16 236 М. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE + soude à 2 pour 100, оп l’additionne ensuite d’alcool et l’on évapore à la température de 30°. La poudre ainsi obtenue est triturée, par petites portions (40 à 50 gr.), avec l’alcool à 96%, dans un mortier en porcelaine, et, après être acidulée avec de l’acide sulfurique, le mélange est placé dans un petit ballon. Cette liqueur est chauffée avec beaucoup de précautions au bain-marie. Après avoir décanté la couche foncée d'alcool, Cloëtta ajoute une nouvelle quantité d’alcool acidulé avec quelques gouttes d’acide sulfu- rique; on répète cette manipulation jusqu'à ce que l'alcool décanté ne devienne que faiblement coloré. Cloëtta réunit les extraits ainsi obtenus, les filtre, et après les avoir laissés déposer pendant 24 heures, il filtre de nouveau la liqueur et ensuite la chauffe jusqu’à l’ébullition; puis il ajoute quelques с. с. d'alcool saturé par l'acide chlorhydrique; quelque temps après, les cristaux d’hémine se déposent. L'analyse élémentaire des cristaux obtenus par Cloëtta а fourni une proportion plus grande d'hydrogène et de fer et une proportion moindre de carbone et d’azote relativement à celles qui se trouvent dans la formule donnée par Hoppe-Seyler, aussi que dans celles de Nencki et Sieber. Cloëtta donne pour son hémine la formule suivante: C,, H,, N, Fe O, H CI, qui ne correspond pas aux formules de ses prédécesseurs. Or, Cloëtta n’a pas obtenu d’hématine avec une proportion centésimale nécessaire de fer, car l’hématine préparée de la manière habituelle contenait 8,80%, au lieu de 10,03°/ de fer, comme l’exige, d’après l’analyse de l’hémine, la formule supposée de l’hématine СН. Az, Fe O,. En se basant sur ces faits Cloëtta pense que son hématine est formée avec des substances contenant une quantité plus grande et une quantité moindre de fer, ou avec une hématine renfermant du fer et une autre hématine exempte de fer. Le travail de Küster publié еп 1896 '), ainsi que son travail antérieur °), viennent élucider certaines questions, et ont beaucoup aidé à la connaissance des vraies propriétés de l’hémine et de l’hématine; ils ont confirmé en même temps les données de M. Nencki et M-me Sieber. Küster en étudiant les propriétés du chlorhydrate d’hémine préparée par le procédé de Nencki-Sieber, remarque que sa composition centési- male changeait par la dessiccation à la température de 110°.et a confirmé de la sorte cette opinion de Nencki, que l’hémine se dissocie sous l'influence de l’eau en perdant son chlore. Les combinaisons de l’hémine avec les acide acétique et bromhydrique obtenues par Küster, déterminent sa composition et ses caractères, et avec le chlorhydrate obtenu antérieurement, elles 1) Kister, Beiträge zur Kenntniss des Hämatins, Tübingen, 1896. 2) Küster, Bericht. d. d. chem. Gesellsch., 572. ET DE Т’НЕМАТМЕ OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 237 dt démontrent que l’hémine appartient à la série d’éthers. En ce qui concerne l'hématine, Küster n’y trouvait point la même teneur centésimale en fer, laquelle était constatée par Nencki et Sieber dans leurs préparations. En présence des résultats si contradictoires obtenus par différents auteurs (Hoppe-Seyler, Nencki et Sieber, Cloëtta) l’idée m'est venue d'étudier de plus près la nature de l’hémine préparée par les procédés sus- indiqués, et j'ai entrepris à cet effet sous l’inspiration du professeur Nencki, le travail présent, où je cherche, en répétant les analyses de l’hémine et de l’hématine, à élucider la cause de ce désaccord persistant à l’égard de la composition centésimale de ce corps. On sait, que Hoppe-Seyler lui-même considérait les produits dont il faisait l’analyse, comme impurs. Grâce à ce fait son calcul de la formule de l’hémine est erroné, car il ne prenait pas en considération, comme l’a remarqué Nencki, la présence de l’acide acétique de cristallisation dans les cristaux de son hémine !). Comme le procédé d’Hoppe-Seyler se rapproche plus ou moins de ceux de Schalféeff et de Cloëtta, il était intéressant d'étudier tout d’abord ces derniers pour pouvoir И ensuite, еп me rapportant aux observa- tions propres, combien sont justes les formules de l’hémine et de l’hématine données par Hoppe-Seyler. Procédé de Nencki-Sieber. Ayant а ma disposition du sang de cheval, je Гал utilisé pour l'extraction de l’hémine. Versé dans des cylindres hauts et étroits, le sang se séparait au froid en une couche de serum et une couche de globules blancs et rouges; ces derniers se déposaient au fond et étaient faciles à séparer. Traités par l'alcool ils se prenaient en une masse grumeleuse. Après avoir séparé ensuite l’alcool par expression j’évaporais cette poudre jusqu’à en- viron 63 à 66%, d'humidité, се qui se reconnaît avec l’habitude au toucher. La perte d'alcool est ici minime, car presque tout l’alcool dépensé est re- couvré après distillation. En le faisant bouillir avec l’alcool amylique, je ne me suis pas aperçu, contrairement à ce qui à été constaté par M. Küster, que la quantité d'alcool amylique joua un rôle dans la production de l’hémine, се qui l'influence sur- tout, c’est le degré d'humidité des globules rouges, comme l’ont supposé 1) Hoppe-Seyler, Bericht. 4. d. chem. Gesellsch., 1885, р. 608. ÿ 16* 238 M. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE M. Nencki et M-me Sieber, ainsi que М. Küster. J’obtenais le meilleur rendement еп hémine en ajoutant 5 с. с. d’acide chlorhydrique en plus de се qui est habituellement exigé et en prolongeant l’ébullition jusqu’à 10 minutes, puis en séparant rapidement l’alcool amylique au moyen d’un pressoir en zinc. On le filtrait ensuite à travers un filtre épais et laissait cristalliser. Les résultats ainsi obtenus sont les suivants: 3300 gr. de poudre de sang ont fourni . . . . . . 6,2 gr. d’hémine 5100 » » » » SC doc 11,4 » » 2300 » » » Е ве 48 » » 1150 » » » » ИЕ 2,06 » » 900 » » » Е TARA = 1774020) » 3400 » » » ET PO ие 6,19 » » En se basant sur les nombreuses expériences analogues, on peut con- clure qu’un kilogramme de globules rouges secs fournit près de 2 gr. d’hémine. | L'alcool amylique décanté et distillé peut servir de nouveau au même usage. Lorsqu'on lave les cristaux d’hémine à l’alcool et à l’éther, ces derniers se colorent fortement tout d’abord, et au fur et à mesure qu'on continue le lavage ils pâlissent et deviennent enfin d’un rose-clair; cette coloration persiste malgré les lavages répétés, et ils passent ainsi colorés à travers le filtre. Ceci nous fait penser que l’hémine ainsi obtenue renferme une sub- stance étrangère soluble dans l’alcool et l’éther et mieux encore dans le chloroforme. C’est pourquoi je propose de purifier l’hémine d’une manière un peu différente, savoir: traiter le dépôt d’hémine sur un filtre par une petite quantité d'alcool éthylique afin de chasser l’alcool amylique, puis l’enleveravecduchloroforme, recueillir dans un vase propre et laisser pour quel- ques minutes en remuant continuellement; après avoir filtré le chloroforme fortement coloré, laver le dépôt sur un filtre avec une nouvelle portion de chloroforme qui passe cette fois-ci faiblement coloré; ceci étant fait, И faut sécher l’hémine sur du papier à filtre le transporter ensuite avec de l’aleool pur dans un petit ballon et après avoir secoué la jeter sur un filtre, puis la laver à l’eau froide jusqu’à ce que la liqueur filtrée ne soit plus troublée par le nitrate d'argent. Après avoir lavé encore une fois avec de l’alcool et de - l’éther, je séchais l’hémine jusqu’à poids constant dans un’exsiccateur au dessus de l’acide sulfurique. L’hémine préparée de cette manière, étant mélangée au chloroforme et à l’alcool, ne les teint pas tout d’abord, et même après un long séjour elle ne teint plus l’éther. Il m'a paru intéressant de savoir de quelle nature était cette matière colorante mélangée aux cristaux d’hémine. Comme le dépôt de cette matière ' я DE rev т » ; ET DE 1 HÉMATINE OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 239 qu’on obtient par évaporation du chloroforme ayant servi au lavage des cristaux est minime, on utilisait l'alcool amylique après la séparation de l’hémine, afin d’en obtenir des quantités plus grandes; on le réduisait à un petit volume par distillation, et la matière colorante s’en séparait en même temps que les cristaux caractéristiques de sel marin. Séparée par filtration, cette matière colorante se dissout instantanément dans le chloroforme en abandonnant les cristaux de sel marin. La solution est filtrée et distillée jusqu’à un très petit volume; filtrée ensuite à travers un petit filtre elle est versée à petit jet fin dans une grande quantité d’éther (1 litre), il se dépose alors une substance brune amorphe et l’éther est fortement coloré. On laisse dé- poser le mélange pour quelques heures, puis on le filtre et le lépôt resté sur le filtre est lavé avec de l’éther; on chasse l’éther par distillation et le chloro- forme est évaporé ensuite dans le même ballon au baïin-marie. La masse sèche ainsi obtenue est secouée avec de l’éther, et il ne reste ainsi non dis- soute qu'une partie de la substance qu’on lave à l’éther et qu’on mélange avec la substance antérieurement obtenue, insoluble également. Cette sub- stance est amorphe, d’une couleur brun-clair, peu soluble dans les alcalis et encore à condition d’être chauffée, difficilement décomposable par l'acide azotique. L’éther fortement coloré laisse après l’évaporation un dépôt qui sèche vite et se transforme en poudre d'une belle couleur violette et d’une odeur spécifique agréable. Cette substance est très soluble dans l’éther, dans l’alcool, dans le chloroforme et dans les alcalis; elle est précipitée de ces derniers par les acides. La combustion avec l’acide azotique demande un long chauf- fage dans un tube scellé. : Le spectre de la solution de ces deux substances dans le chloroforme ne diffère point de celui de l’hémine pure, décrit par MM. Hoppe-Seyler, Nencki et M-me Sieber. On peut également purifier l’hémine au moyen du lavage dans l’alcool et l’éther, comme l’ont proposé М. Nencki et M-me Sieber, mais cela de- mande beaucoup de temps et en outre la pureté de la préparation peut être suspecte. Pour être certain qu’il ne se passe quelque modification dans la com- position centésimale de l’hémine et de l’hématine lorsqu'on les traite par le chloroforme et pour étudier les substances étrangères mélangées à l’hé- mine, j'ai répété les analyses de l’hémine et de l’hématine préparées par le procédé de M. Nencki et M-me Sieber. L’hémine provenant du sang de différents animaux 2 toujours, selon Nencki et M-me Sieber, la même composition. Il m’a paru intéressant de 240 М. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE savoir si sa composition ne changeaiït pas sous l’influence de quelques au- tres facteurs. А cet effet j’employais pour la préparation d’hémine поп seulement le sang de chevaux bien portants, mais encore celui de chevaux immunisés contre la diphtérie. Le dosage du chlore et du fer a été fait par sé procédé de Carius, en chauffant la substance jusqu’à 180° dans un tube en verre scellé, en о. sence 4’ас1е nitrique et de nitrate d'argent; de plus, on dosait le fer au moyen d’une solution titrée de permanganate de potasse. Le dosage volu- métrique de l’azote était fait par le procédé de Dumas; celui du carbone et de l’hydrogène, dans un tube fermé d’un bout, en présence de l’oxyde de cuivre, du chromate de plomb, et d’une spirale de cuivre et d'argent réduits. Les substances à analyser étaient séchées jusqu’au poids constant au dessus de l’acide sulfurique et de la chaux vive dans un exsiccateur. L'analyse élémentaire des cristaux d’hémine préparés par le procédé de Nencki-Sieber а donné les résultats suivants: 1) 08',2382 de substance ont fourni 0,0500 AgCI = 0,0123 CI et 0,0302 Fe, О. = 0,0212 Fe. 9) 08',2722 » » 0,0575 AgOI = 0,01423 CI et 0,0348 Fe, О. — 0,02433 Fe. 3) 08°,3308 » » par le titrage 0,0292 Fe. 1) 05",3312 » » 26°°,3 d’azote à 230 et 756,2 mm. de pression. 2) 08",3049 » » 24CC4 » 23,50 её 757 » » 1) 08°,2330 » » 0,5356 CO, = 0,14605 С et 0,1204 H,0 = 0,01337 H. 2) 087,2205 » » 0,5073 CO, = 0,13835 С её 0,1153 Н.О = 0,01281 Н. Calculé: ОБзетуе: Pour (Сз› Ha, AZ, Ее 03 Cl), С; H,9 0 т П. Ш. С == 63,09 62,68 62,74 = Н = 537 5,73 5,81 = Az— 8,86 8,87 8,94 = Fe — 8,86 8,90 8,94 8,82 CI = 5,59 5,16 5,22 = Ces résultats de l’analyse du chlorhydrate d’hémine concordent bien avec ceux de M. Nencki et M-me Sieber et confirment la justesse de la formule donnée par ces auteurs. L’hématine obtenue par la saponification de l’hémine au moyen des alcalis doit avoir aussi la même composition centésimale puisqu’elle пе ren- ferme pas dans sa molécule de liquides et d’acides de cristallisation: ces derniers étant la cause principale de la différence des hémines préparées par des procédés différents, comme l’avait démontré Küster. Néanmoins, en appli- quant le procédé de MM. Nencki-Sieber, Küster ne trouva point une composition centésimale telle qui soit d'accord avec la formule calculée par M. Nencki et M-me Sieber С.Н. AZ, Fe O,. 5 9 LA # # ET DE L HÉMATINE OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 241 La préparation de l’hématine ne présente pas de difficultés. On se dé- barrasse des traces de chlore en la dissolvant plusieurs fois dans les alcalis en précipitant par l’acide acétique et par le lavage à l’eau chaude; м s’est aperçu cependant que grâce А ces manipulations l’hématine perd du fer. J’obtenais l’hématine en dissolvant à froid une partie de chlorhydrate d’hémine dans 3 parties de soude caustique en présence de 60 с. с. d’eau et en précipitant ensuite par l’acide chlorhydrique:; Je lavais tout d’abord à l’eau froide jusqu’à la réaction neutre et ensuite à l'eau chaude; et enfin, après lavoir séchée sur du papier à filtrer, je l’abandonnais dans exsic- cateur à air raréfié. Par le lavage à l’eau chaude seulement un l’hématine perd également son chlore. Les résultats de l’analyse sont les suivants: 1) 0Ë°,3033 de substance ont fourni 0,0041 AgCI = 0,00101 CI et 0,0404 Fe, 0. = 0,0283 Fe. 2) 0Ет,3198 » » 0,004 AgCl = 0,00099 CI et 0,0419 Fe, О. — 0,0293 Ее. 1) 05,3611 » » 31,1 d'azote à 23,5 C et 757,4 mm. de pression. 2) 08т,3546 » » 30 с. с. d’azote à249 С et 756 mm. de pression. 1) 08,3031 » » 0,7297 CO, = 0,1971 С et 0,1530 H,0 = 0,0170 H. 2) 0Ет,2311 » » 0,5498 CO, = 0,1499 C et 0,1153 H,0 = 0,01281 Н. Calculé: О bservé: Pour Cao H39 AzZ4 Fe 04 I. IT. C — 64,86 65,02 64,86 Н = 5,40 5,61 5,54 Az — 9,46 9,64 9,46 Fe — 9,46 9,33 9,36 С = — 0,33 0,31 Il résulte de ces analyses que l’on peut obtenir de l’hématine à une teneur centésimale en fer exigée par la formule de M. Nencki et M-meSieber, mais à condition que l’hémine ne reste pas longtemps en contact des acides et des alcalis, et qu’elle en soit au contraire séparée sur un filtre immédia- tement après dissolution et précipitation, et en outre que la dissolution se fasse à une température modérée, ne dépassant pas 20°. Les analyses du chlorhydrate d’hémine, provenant du sang des chevaux immunisés contre la diphtérie, ont donné les mêmes résultats confirmant la formule de M. Nencki et M-me Sieber, ce qui nous permet de conclure, que les saignées répétées et l'injection de toxine n’influencent point la com- position centésimale de l’hémine. Exemple I. Cheval, pesant 26 poudes, ayant reçu du 13 Février 1895 au 1 Septembre 1896—16830 с. с. de toxine en tout et ayant fourni dans ce laps de temps 68litres,5 de sang (par 5 litres en une fois). 900 gr. de globules rouges secs ont fourni 15",841 d’hémine pure et 08г,36 de substance étrangère. 242 М. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE 1) 08",6372 de substance ont fourni 0,0797 Fe,0, = 0,0557 Fe et par le titrage 0,0556 Fe, се qui fait en moyenne 8,729. 2) 05",2855 de substance ont fourni 0,0615 AgCI = 0,0152 CI et 0,0356 Fe,0;, = 0,0249 Fe. 1) 08",3754 » » 3055,6 d’azote à 24,59 C. et 753 mm. de pression. 2) 08*,2418 » » 18°°,8 d'azote à 19,5° С. et 759 mm. de pression. 1) 05т,2822 » » 0,6501 CO, = 0,1773 С et 0,1445 H,0 = 0,01605 H. Ce qui donne pour 100: C H AZ Fe CI № 62,82 5,69 9,03 8,72 — II. — — 8,91 8,74 5,32 Exemple 11. Cheval, pesant 27 poudes, ayant reçu du 12 Décembre 1894 au 15 Septembre 1896 — 17545 c. c. de toxine et ayant fourni dans ce laps de temps 62 litres de sang. 1250 gr. de globules rouges secs ont fourni 25°,314 d’hémine pure. 1) 05т,3639 de substance ont fourni 0,0805 AgCI = 0,0199 CI et 0,0466 Fe, О. = 0,0326 Fe. 2) 0Ет,1525 » » par le titrage 0,0135 Ее. 05т,3791 » » 81 c. с. d’azote à 24° C. et 753 mm. de pression. Ce qui fait Az — 9,070/,; Ее — 8,95 et 8,859/,; CI = 5,46%. Exemple ПТ. Cheval, pesant 26 poudes, ayant reçu du 13 Sen 1895 au 1 Août 1896 — 7075 с. с. de toxine et ayant fourni 371.,5. de sang. | 2400 gr. de globules secs ont fourni 487,21 d’hémine pure qu’on а traité par l’eau chaude. L’analyse оне a donné les chiffres suivants: 1) 08*,3248 de substance ont fourni 0,0081 АС] = 0,0020 CI et 0,0428 Fe, О. = 0 ,0299 Fe. 2) 08т,3334 » » 0,0099 AgCI = 0 ,0024 CI et 0,0439 Fe, de — 0,0307 Fe. 1) 01,2841 » » 2356,4 d’azote à 23° С. et 756,5 mm. de pression. 1) 0=т,2110 » » 0,5002 CO, = 0,1364 С et 0,1110 H,0 = 0,01233 H. Calculé: Observé: Pour С.› Hs, AZ, Fe 0, I. IT. С = 64,86 64,64 — Н = 5,40 5,84 — Az— 9,46 9,23 "= Fe — 9,46 9,21 9,20 Cl = — . 0,61 0,71 Il ressort de ces analyses que l’eau chaude hydrate l’hémine en la transformant en hématine par substitution de l’oxydrile au chlore. En ce qui concerne les substances étrangères mélangées à l’hémine et qui restent après la distillation de l’alcool amylique ayant servi à la prépa- ration de l’hémine, je les ai analysées séparément: celle qui est soluble dans l’éther ainsi que celle qui y est insoluble. Substance insoluble dans l’éther. Pour chaque préparation les analyses sont présentées à part. Les préparations sont numérotées. 1) 05”,2741 de substance ont fourni 0,0526 AgC1 = 0,0130 CI et 0,0304 Fe, О. = 0,02198 Fe. 08т,2583 » » 18°°,6 Ф’ахофе à 18° C. et 763 mm. de pression. 02,2798 » » 0,6662 CO, — 0,18169 C et 0,1630 H,0 — 0,0181 H. 2) 08°,2717 » » 0,0519 AgCI = 0,01283 CI et 0,0309 Fe, O3 = 0,0216 Fe. 05°,3243 » » 2256,5 d’azote à 18° C. et 763 mm. de pression. 3) 05”,2422 » » 0,0422 AgCI = 0,0104 CI et 0,0283 Fe, О. = 0,0198 Fe. 0Е",3635 » » 25° d'azote à 22,5° С. et 756,7 mm. de pression. 4) 05",3978 » » 28° d’azote à 22,5° С. et 756,7 mm. de pression. 9 # ГА LA # ET DE Г HÉMATINE OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 243 Ce qui donne pour 100: 1. 2. 8. 4. © 64,93 LE Eu ai H 6,46 5h es Az Е 7,93 71e 8,08 Fe 7,16 7,95 8,18 Е. CI 474 472 4,29 га __ Substance soluble dans l’éther. 1) 08*,2221 de substance ont fourni 0,0447 AgCI = 0,0110 CI et 0,0197 Fe, О, —0,0137 Fe. 08т,3389 » » 2155,2 d'azote à 22,5° C. et 760,8 mm. de pression. 0,1913 » » 0,4570 CO, — 0,1246 С et 0,1148 H,0 = 0,01275 Н. 2) 0Ег.2052 » » 0,0365 АдС1 — 0,00903 CI et 0,0176 Fe, О, — 0,0123 Fe. 08',2480 » в 1555,4 d'azote à 20° C. et 774,8 mm. de pression. 08',2161 » » 0,5180 CO, — 0,1412 С et 0,1174 H,0 — 0,0130 H. Ce qui donne pour 100: С Н ИА Fe С т, 65,13 6,66. 7,09 6,16 4,95 о. 65,34 6,01 7,24 5,99 4,40 Les analyses élémentaires nous font voir que ces substances, surtout celle qui est soluble dans l’éther, sont pauvres en azote et en fer et pré- sentent vraisemblablement des produits de décomposition de l’hémine. La différence de la composition centésimale de différentes préparations et l’in- stabilité de la proportion relative des deux substances qui varie pour chaque cas viennent à l’appui de cette supposition. On n’a pas trouvé de xanthine dans l’hémine de M. Nencki et M-me Sieber. Procédé de Schalféeff. Le sang défibriné de boeuf, de chien ou de cheval était chauffé avec l’acide acétique anhydre suivant les indications de Schalféeff. A l’acide acétique chauffé par petites doses (par 200 с. с.) au bain-marie jusqu’à 80°, on ajoutait en remuant 50 с. с. de sang; la température baissait alors jusqu’à 60 à 65°; on chauffait de nouveau le mélange au bain-marie pendant 3 à 5 minutes jusqu’à la température antérieure. On vidait ensuite le contenu des ballons dans un grand verre, et aussitôt les cristaux d’hémine commen- çaient à se déposer. La rapidité de la formation de cristaux dépend beaucoup de la température. Le mieux est de mettre le vase dans de l’eau froide; grâce à ce refroidissement tous les cristaux se déposent au fond du vase en 24 heures, et on peut les séparer parfaitement par décantation de la couche supérieure du liquide. M. Schalféeff propose de ne pas décanter toute la 244 M. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE liqueur mais d’en laisser une vingtième, et de la verser avec les cristaux dans un grand vase rempli d’eau; mais il se forme alors une substance amorphe dont il est difficile de зе débarrascer. А l’examen microscopique de l’hémine lavée selon l'indication de М. Schalféeff, on constate beaucoup de corpuscules blancs de forme irrégulière, probablement d’albumine. Prenant tout cela en considération je décantais complètement la liqueur et je lavais ensuite le dépôt avec de l’acide acétique glacial en l’additionnant de quelques gouttes d’acide chlorhydrique afin d’éviter la dissociation de l’hémine; le liquide étant décanté et le dépôt infusionné plusieurs fois avec de l’eau froide contenant également de l’acide chlorhydrique, on le lavait sur un filtre à l’alcool et à l’eau jusqu’à се que le liquide traversant le filtre ne donna plus de précipité avec le nitrate d'argent. Lavé définitivement avec de l’alcool et l’éther le dépôt était séché tout d’abord sur du papier à filtre et ensuite dans un exsiccateur au dessus de l’acide sulfurique. А l’examen _ microscopique de l’hémine ainsi purifiée on ne constata que des traces mi- nimes d’albumine. Si on emploie des grandes quantités de sang, on trouve, outre l’albumine, parmi les cristaux d’hémine, des caïllots de sang qui sont beaucoup plus difficile à séparer; l’hémine peut être débarrassée égale- ment de cette substance en sécouant avec de l’alcool ces cristaux lavés à l’eau et les décantant en suspension dans l'alcool; les caillots restent alors au fond du verre. La préparation de l’hémine pure, comme on le voit, nécessite un la- vage long et minutieux et encore ne peut-on garantir la pureté absolue de la préparation. J’appliquais aussi le procédé de М. Hoppe-Seyler pour la purification de l’hémine; or, étant fortement bouillie avec l’acide acétique glacial, elle perdait une partie de son chlore et de son fer. | La préparation de l’hémine par le procédé de М. Schalféeff doit être considérée comme très avantageuse, puisque en ne préparant que par petites doses et refroïdissant dans de petits verres on en obtient pas moins de 5 gr. par litre de sang. Si l’on fait cristalliser l’hémine dans des grands verres, за, quantité est moindre. 2 litres de sang et 8 litres d’acide acétique ont fourni 85°,25 d’hémine, 3,5 » » 14 » » » 14,52 » Pour un litre d’acide acétique on а environ 1 gr. d’hémine. Le rendement est bon en tout cas. Je ne peux pas, toutefois, partager l’avis de M. Schal- féeff, que la préparation de l’hémine par ce procédé ne soit pas coûteuse car, quoiqu’on puisse recouvrer par distillation l'acide acétique qui est assez cher, avec 15 à 20% d’eau, elle prend cependant après les manipula- ET DE L'HÉMATINE OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 245 tions avec le sang une espèce d’odeur impossible à chasser; tandis que l’alcool amylique employé par М. Nencki et M-me Sicber est distillé à l’état de pureté absolue et avec une perte relativement minime. Les cristaux d’hémine préparés par le procédé de M. Schalféeff sont appréciables à l’oeil nu. A l’examen microscopique ils présentent de petites tables rhomboédriques allongées, bien régulières, d’une couleur marron-clair, souvent réunies plusieurs ensemble. Cette hémine est d’une couleur vio- lette vive, très soluble dans les solutions alcalines faibles, sourtout dans lammoniaque; dans les alcalis concentrés il se forme, au contraire, des gru- meaux et la dissolution se produit lentement. Le chloroforme et l’alcool sont colorés en partie par l’hémine, mais en agissant ensemble ils la dis- solvent facilement; l’éther ne se colore point. [acide acétique et l’acide chlorhydrique ne dissolvent l’hémine qu’à l’ébullition, les acides nitrique et sulfurique la dissolvent même au froid. En suivant rigoureusement les indications de M. Schalféeff, j'ai obtenu avec du sang de boeuf, de chien, et de cheval presque les mêmes quantités et la même forme des cristaux d’hémine, Les analyses de ces cri- staux ont fourni les chiffres suivants: Sang de boeuf. 1) 08',3235 de substance ont fourni 0,0598 AgQI = 0,0147 CI et 0,0405 Fe, О. = 0,0283 Fe. 2) 08',2593 » » 0,0471 AgCl = 0,01165 CI et 0,0324 Fe, 0; = 0,02267 Ее; et par le titrage on а constaté 05",0225. 1) 08',2490 de substance ont fourni 19 с. с. d’azote à 20° С. et 754 mm. de pression. 2) 0Е",3210 » » 240,4 d'azote à 20° С. et 756 mm. de pression. 1) 05,2080 » » 0,4752 CO, = 0,1296 С et 0,1020 H,0 = 0,01133 H. 2) 08r,2990 » » 0,6850 CO, —0,1868 © et 0,1400 H,0 = 0,01555 H. Sang de cheval. 1) 0:т,3317 de substance ont fourni 0,0605 AgOl = 0,01496 C1 et 0,0420 Fe,0,— 0,0294 Fe. 2) 08т,1870 » » par le titrage 0,01614 Fe. 1) 08°,2578 » » 19,6 d'azote à 19° С. et 751,7 mm. de pression. 1) 08",3409 ; ; 0,7804 CO, — 0,2128 С et 0,1634 H,0 — 0,01815 H. Sang de chien. 1) 08',3565 de substance brulée avec la potasse, dissoute dans l’acide chlorhydrique et précipitée par l’ammoniac, ont fourni 0,0447 Fe, = 0:0,0318 Fe; la même quantité a été obtenue par le titrage. 1) 0",3922 de substance ont fourni 29°°,6 d’azote à 199 С. et 761,5 mm. de pression. Ce qui donne pour 100: С Н Az Fe CI Sang de boeuf 1 62,30 5,44 8,65 8,74 4,54 2 62,47 5,20 8,64 8,74 4,49 див = = == 8,67 — Sang de cheval. . . 1 62,42 5,32 8,65 8,86 4,51 An 2 ei 8 2 8,63 ЧЕ Sang de chien 1 — — 8,68 8,78 — 246 М. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE La présence de l’acide acétique dans le filtratum après dissolution de l’hémine de М. Schalféeff dans les alcalis et за précipitation par l’acide chlor- hydrique étant facile à démontrer au moyen des réactifs ordinaires on pouvait supposer en se basant sur les recherches de M. Küster qui а obtenu l’acé- tate d’hémine par le chauffage de l’acide acétique avec l’hémoglobine, que la composition centésimale indiquée ci-dessus de l’hémine de M. Schalféeff correspondrait à la formule suivante: [С На, Az, Ее О, CI] + С На № Ее0.. 0COCH,+ С.Н. 05; son poids moléculaire est de 2525,5 ce qui exige: 62,72% С, 5,18% H, 4,21% CI, 8,877, Fe et Az. La difiérence qui existe entre ces chiffres et les données sus-mentionnées de l’analyse rentre dans les limites des erreurs d'analyse. L’obstacle principal à l’obtension des chiffres identiques consiste, selon toute vraisemblance, dans l’impureté prévue de la préparation. L’héminede M. Schalféeff, de même quede M. Nencki et M-me Sieber, perd son chlore par l’action de l’eau chaude. L'analyse d’une telle prépa- ration donne pour 0°,4416 de substance — 0,0128 Ag CI = 0,0031 01, ce qui fait 0,70, de CI. Par le même procédé dont se sont servis M. Nencki et M-me Sieber pour la préparation de l’hématine avec leur hémine, on est arrivé également à obtenir l’hématine avec de l’hémine de M. Schalféeff, mais la proportion de fer y était la même que dans l’hémine. Le fer de l’hémine de M. Schal- féeff est probablement plus facile à éliminer; c’est pourquoi il ne faut prendre que 2 parties de potasse ou de soude caustique pour une partie d’hémine et neutraliser immédiatement la solution refroidie par l’acide chlor- hydrique. Je lavais l’hémine ainsi préparée sur un filtre à l’eau froide tout d’abord et ensuite à l’eau chaude. Malgré cette précaution, le liquide filtré contenait 0,2 de fer, en moyenne. En dissolvant l’hématine dans les alcalis étendus et refroidis nous évitons nor seulement une grande perte de fer mais en outre nous la débarrassons de l’albumine et des caiïllots de sang qui sont moins solubles dans les alcalis étendus que l’hémine. Résultats de l’analyse élémentaire de l’hématine: Sang de boeuf. 1) 0,5*6372 de substance ont fourni 0,0061 AgC1 = 0,0015 CI et 0,08385 Fe, О. = 0,0587 Fe. 2) 0,3022 » » 0,0397 Fe, О. = 0,02779 Fe; опа constaté par le titrage 0,0274 Fe, ce qui fait en moyenne 9,120} Fe. 8) 0Ë*,2115 de substance ont fourni au titrage 0,0191 Fe. 1) 05",2085 » » 17,2 d’azote à 19° C. et 755,5 mm. de pression. 2) 0$°,2355 » » 19 » 18,5° (. её 762,5 » » 1) 05°,2392 » » 0,5676 CO, = 0,1548 С et 0,1188 H,0 = 0,0132 Н. 2) 0Ет,2400 » » 0,5691 CO, — 0,1552 С её 0,1180 Н.С = 0,0131 H. У) L4 Га # , ET DE L HÉMATINE OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 247 Sang de cheval. 1) 08",4058 de substance ont fourni 0,0056 АС] = 0,0013 CI et 0,0530 Fe, О. = 0,0371 Fe 2) O8*,2111 » » . au titrage 0,0192 Ее. eu: | 1) 0,2807 » » 2355,4 d'azote à 18° C. et 761 mm. de pression. 1) 08',2101 » » 0,4987 CO, = 0,1360 С et 0,1036 H,0 — 0,01151 Н. Sang de chien. 1) 05",3281 de substance ont fourni 0,0430 Fe,0, — 0,0301 Fe; par le titrage 0,0298 Fe, ce qui donne en moyenne 9,270, Fe. 07,2281 de substance ont fourni 18°°,4 d’azote à 22,5° (. et 756,7 mm. de pression. 08',2005 » » 0,4744 CO, — 0,1294 С et 0,1030 H,0 = 0,01145 Н. Ce qui fait pour 100: С Н Az Fe CI Sang de boeuf 1 64,71 5,51 9,44 9,21 0,23 2 64,66 5,45 9,32 9,12 == НОВ 8 — — — 9,08 se Sang de cheval . . . ; 64,13 5,48 `9,63 9,14 0,32 AN = — 2e 9.09 ee Sang de chien 1 ER = ВМ 9,28 9,27 - В, Cette composition centésimale correspond à la formule calculée par M. Nencki et M-me Sieber pour l’hématine: С., H;, Az, Fe O,, dont le poids moléculaire (592) exige 64,867, С; 5,409. Н; 9,46, Az et Ее. L’hématine, obtenue avec l’hémine de Schalféeff ne diffère en rien де l’hématine de Nencki et Sieber; ses rapports avec les acides sulfurique et nitrique, ainsi qu'avec les alcalis indiquent son identité avec l’hématine de ces auteurs, qui à son tour possède les mêmes propriétés que M. Hoppe- Seyler attribuait à son hématine!). L’hématoporphyrine obtenue avec l’hémine de M. Schalféeff était pré- parée, suivant les indications de М. Nencki et M-me Sieber”), par l’action de l’acide acétique saturé d’acide bromhydrique sur l’hémine. Je ne décrirais pas le procédé longet laborieux de la préparation de l’hématoporphyrine. Je renvoie ceux qui désireraient étudier de plus près ces questions au travail de M. Nencki et M-me Sieber que je viens de citer. | Avec 20 gr. d’hémine on a obtenu 1°,98 de chlorhydrate d’hémato- porphyrine en forme de beaux cristaux allongés. Le chlorhydrate d’hématoporphyrine séché dans le vide au dessus de la chaux, perd son eau de cristallisation et sa forme cristalline, et ne se dissout pas dans l’eau sans résidu. Sa solution alcoolique donne un spectre avec ста raies d'absorption, les mêmes que Nobel°) a décrites pour son 130- a hématoporphyrine. Après l’adjonction à ce mélange de quelques gouttes 1) Hoppe-Seyler, Medic. chem. Untersuchung, Berlin 1871, p. 526— 528. 2) Nencki und Sieber, Archiv f. Pathol. и. Pharmacol., $. XXIV, р. 430. 3) Nobel, Pflüger's Archiv Г. Physiologie, +. 40, р. 501, 1887. 248 M. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE d'acide minéral quelconque ces raies disparaissent, et deux lignes bien nettes de chaque côté de la ligne du sodium viennent les remplacer. Норре- Seyler les considère comme le spectre de l’hématoporphyrine. ( Les rapports de l’hématoporhyrine obtenue avec l’hemine de Schalféeff, aux acides et aux alcalis sont les mêmes que ceux que M. Nencki et M-me Sieber attribuent à leur hématoporphyrine. L'analyse élementaire du chlorhydrate d’hématoporphyrine a donné les chiffres suivants: 08',3012 de substance ont fourni 0,1330 AgCl = 0,0329 CI. 08°,2578 » » 19°°,8 d’azote à 19° C. et 752,2 mm. de pression. 08°,3989 » » 0,8762 CO, = 0,2389 С et 0,2079 H,0 = 0,0231 H. Ce qui fait pour cent: 59,880/, С, 5,790, Н, 8,7394 Az et 10,920/, CI. Tandis que la formule Cie His AZ Оз НС! calculée par Nencki et Sieber pour le chlorhydrate d’hématoporphyrine exige: 59,530/, С, 5,890/ Н, 8,68%/, Az et 11,00/, CI. Ainsi donc l’hématoporphyrine obtenue avec l’hémine de Schalféeff est identique à l’hématoporphyrine de M. Nencki et M-me Sieber. La xanthine n’a pas été constatée dans l’hémine de Schalféeff. Procédé de Cloëtta. Cloëtta ne donne que des indications bien vagues sur la technique qu’il а suivie pour l’extraction de son hémine, telle que, par exemple: «par le chauffage plus intense ou par l’adjonction plus considérable d’acide sulfurique il peut se produire une décomposition de l’hémine», ou encore: al faut prendre des précautions en ajoutant de l’acide chlorhydrique, саг l’hémine pourrait se décomposer». Ces indications sont trop indécises pour qu’on puisse en se basant sur elles répéter ses expériences avec la certitude d'obtenir les résultats identiques. Du reste, Cloëtta lui-même s'était aperçu que la composition centésimale de son hémine dépendait de différentes conditions de la préparation. L’auteur l’analysait, à ce qu’il paraît, à l’état impur, саг il а obtenu de la même préparation 63,15°/ et 63,55% de carbone, et 7,67%, et 6,77%, d'hydrogène, la différence étant de 0,90. И serait un peu hasardeux de calculer les moyennes d’après ces données et- d’en tirer des conclusions. Après la recristallisation de son hémine dans alcool chaud Cloëtta n’a obtenu que 6,26%, d'hydrogène; ici la diffé- rence dépasse également 0,5%, c’est à dire les limites des erreurs d'analyse. Les figures des cristaux d’hémine obtenus par l’adjonction de la solution alcoolique d’acide chlorhydrique en à la solution alcoolique froide та = то à РКА , ЕТ DE Г НЕМАТТКЕ OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 249 d’hémine, que présente cet auteur, ne sont pas nettes. Le produit obtenu d’après les indications de Cloëtta présente à l'examen microscopique (microscope de Zeiss; Ос. Ш, obj. 7) en présence du prisme de Nicol, l'aspect amorphe et non cristallisé, et ce n’est qu’au bout de deux semaines de son séjour dans la même liqueur qu’on peut у décéler la présence des cristaux. En suivant, autant que possible, les indications de Cloëtta j'ai obtenu son hémine de la manière suivante: 50 gr. de globules rouges déposés dans la solution de sulfate de sodium à 2 pour 100 et séchés à 30° jusqu’à 52,3%, d'humidité ont été mélangés dans un mortier en porcelaine avec de l'alcool à 96%, dans la proportion de 1 : 4; cela fait, on ajoutait de l’acide sulfurique, goutte à goutte, jusqu'à une réaction faiblement acide et une coloration brune du mélange, ce qui arrivait généralement après l’adjonction d’un centimètre cube d’acide environ, Le mélange placé dans un ballon de 500 с. с. de capacité était chauffé au bain-marie jusqu’à 40 à 42° С. et remué fréquemment. Le bain-marie n’était pas chauffé jusqu’à l’ébullition, de sorte que le mélange s'élevait à la température sus-indiquée en 15 mi- nutes. Pendant le chauffage la réaction devenait neutre, ce qu’on constatait à l’aide du papier de tournesol, et l’on ajoutait alors quelques gouttes d’acide sulfurique jusqu’à la réaction faiblement acide. En exprimant ensuite l’alcool fortement coloré dans un pressoir en zinc on obtenait les globules du sang décolorés, de sorte qu’il serait superflu de répéter le chauffage avec l’alcool. Vingt-quatre heures après, la liqueur filtrée était séparée par décantation d’une petite quantité de précipité blanc, chauffée à l’ébullition et mélangée ensuite avec de l’alcool saturé par le gaz chlorhydrique dans la proportion de 5 с. с. pour 100 с. с. de liqueur filtrée. Au bout de 3 jours les cristaux зе sont déposés au fond du vase; Cloëtta les considérait comme de l’hémine. Le résultat fut bon au point de vue de la quantité d’hémine, car on avait ainsi en moyenne 6 gr. de substance environ pour 1000 gr. de globules secs. Le chlore qui se trouve dans le sang à l’état de chlorure de sodium, entre, par suite de l’adjonction de l’acide sulfurique, en combinaison avec la matière colorante mise en liberté et forme le chlorhydrate d’hémine qui reste insoluble à la température peu élevée et qu’on а pu constater sous l’aspect de petits cristaux brillants lorsqu'on exprimait la liqueur; ils sont séparés par filtration. Par sa forme, ainsi que par la façon dont elle se com- porte envers les acides, les alcools, le chloroforme et les alcalis, cette substance est absolument identique à l’hémine de Nencki et Sieber. Malheureusement, la quantité de ces cristaux était trop petite et insuffisante pour effectuer l’analyse. Si l’on précipite les globules rouges par la solution 250 М. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L'HÉMINE de chlorure de sodium et non par le sulfate, toute la matière colorante reste alors sur le filtre en forme de chlorhydrate d’hémine impar, et ensuite, par l'addition de l'acide chlorhydrique alcoolisé, on n’obtient pas de précipité. L'hémine obtenu par la méthode de Cloëtta est de couleur violette intense, elle possède un magnifique reflet métallique, se dissout complète- ment dans le chloroforme, est peu soluble dans l’alcool et dans l’éther. Le produit fraîchement préparé est presque entièrement soluble dans les alcalis à chaud; mais cette propriété diminue petit à petit par le séjour dans l’exsiccateur. Par la concentration de la solution mère et par l’agitation avec un mélange de chloroforme et d’eau acidulé d’acide chlorhydrique il se dissout dans le chloroforme une matière colorante non cristallisée, les graisses et la cholestérine, et la solution aqueuse transparente d’une couleur pourpre surnage. On obtient le même résultat en mélangeant la solütion mère avec 5 fois son volume d’eau et de chloroforme et en agitant le mélange. Les solutions aqueuses colorées donnent un spectre caractéristique décrit par Hoppe- Seyler et Nencki pour l’hématoporphyrine. Ce fait permet de supposer que la matière colorante du sang se décompose, même sous l’influence de petites quantités d'acide sulfurique en donnant de l’hématoporphyrine et de l’hémine plus ou moins modifiée. Les analyses répétées de l’hémine de Cloëtta m'ont toujours fourni une teneur centésimale plus élevée en azote et en carbone, et beaucoup moindre en fer que celle observée par Cloëtta. _ Les analyses élémentaires des trois produits préparés séparément ont fourni les résultats suivants: 1. Produit obtenu avec l’addition d’uu с. с. d’acide sulfurique pour 50 gr. de globules rouges. 1) 0#",2722 de substance ont fourni 0,0540 AgCI = 0,0134 CI et 0,0357 Fe, 0. = 0,02499 Fe. 2) 05т,2382 » » 0,0490 AgCI = 0,0121 CI et 0,0318 Fe, О. = 0,0222 Fe. 3) 0%',1568 » » par le titrage 0,01450 Fe. 1) 05т,3373 » » 24°°,6 d'azote à 24° С. et 758,6 mm. de pression. 1) 0=",3010 » » 0,7056 CO, = 0,1532 H,0 = 0,01702 H. 2. Produit obtenu avec addition de 11/, с. с. d’acide sulfurique pour 50 gr. de poudre. 1) 07,2210 de substance ont fourni 0,0407 AgCI = 0,010074 CI et 0,0274 Fe, О. = 0,01918 Fe. 2) 05",3012 » » 0,0586 AgCl = 0,0145 CI et 0,0375 Fe, О. = 0,02625 Ее. 3) 0т,3050 » » au titrage 0,02623 Fe. 1) 0,1098 » » 7,7 d'azote à 16° C. et 769 mm. de pression. 1) 07,2283 » › 0,5867 CO, = 0,1463 С её 0,1282 H,0 — 0,0142 Н. 1) Cloetta, Archiv f. experiment. Pathol. и. Pharmacol., t. 36, p. 356. 9 LA CET: и ЕТ DE L HÉMATION OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 251 3. Produit obtenu avec addition de 2 с. с. d’acide sulfurique pour 50 gr. de poudre. 1) 02",3140 de substance ont fourni 0,0619 AgCI = 0,0153 CI et 0,0373 Fe, O3 — 0,0261 Fe. 2) 08,2759 » » 0,0547 AgCI = 0,01353 C1 et 0,0332 Fe, 0. — 0,0232 Fe. 3) 08',3171 » » 0,0631 А5С1 = 0,3156 Cl et 0,0868 Fe, 0, — 0,02576 Ее. 1) 08',2062 » » 13°°,9 d'azote à 16,5° С. et 760 mm. de pression. 2) 0Е",2136 » » 14,2 » 1 > » 1) 0=т,3151 » » 0,7492 CO, — 0,2043 С et 0,1827 H,0 — 0,0208 H. Ce qui fait pour 100: @ H Az Fe C1 il 63,92 5,65 8,15 9,17 4,92 = = = 9,32 5,07 = — = 9,24 os 2. 64,07 6,21 8,05 8,67 4,55 — — = 8,71 4,80 ры ее Е = 3. 64,83 6,44 7,85 8,30 4,87 те = 7,16 8,40 4,90 == 2e = 8,12 4,90 Il résulte de ces données que la composition centésimale de l’hémine change par l’addition d’acide sulfurique en ce sens que le carbone et l'hydrogène augmentent, et l’azote et le fer diminuent. Par l’action, même d’une quantité relativement petite d’alcool saturé d'acide chlorhydrique, sur l’extrait froid obtenu par l’action de l’alcool et de l’acide sulfurique sur les globules rouges secs, il se produit une quantité plus grande de substance amorphe et la liqueur reste faiblement colorée. Cette substance, lavée à l’eau sur un filtre, et ensuite à l’alcool et à l’éther, est d’une couleur marron sans reflets, très soluble dans le chloroforme et dans l’acide sulfurique, soluble en partie dans l’alcool et dans les alcalis, dans ces derniers à chaud seulement. Par le chauffage avec de l’acide azotique dans un tube en verre fermé elle se dédouble difficilement. La préparation séchée jusqu’au poids constant dans un exsiccateur, au dessus de l’acide sulfurique présente à l’analyse élémentaire la composition centésimale suivante: 1) 05т,3451 de substance ont fourni 0,0620 AgCl = 0,0153 Cl et 0,0365 Fe, О. = 0,0256 Ее. 2) 05”,2877 » » 0,0543 А=С1 = 0,0134 01 et 0,0811 Fe, 0, —0,0218 Ее. 3) 05°,2697 » » au titrage 0,0199 Fe. 1) 05",3147 » » 20,4 d’azote à 15° С. et 762,5 mm. de pression. 1) 05",2110 о» » 0,4990 CO, = 0,1361 С et 0,1197 H,0 = 0,0133 H. Ce qui fait pour 100: C H Az Fe CI 6450 630 7,61 7,41—7,57—7,37 448—465. 17 252 M. BIALOBRZESKI, DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE L’HÉMINE En tenant compte de certaines propriétés de l’hémine de Cloëtta, qui font penser au mélange de deux substances, j’ai appliqué la technique indiquée par М. Nencki et M-me Sieber, suivant laquelle cette hémine en solution chloroformée est partagée en deux: une partie soluble dans l’éther et une autre insoluble; on a obtenu 42,86% de première, её 57,17°, de seconde. Substance insoluble dans l’éther. 1) 0=",3565 de substance ont fourni 0,0752 AgCl = 0,0186 CI et 0,0381 Fe, О. = 0,0266 Ее. 2) 0,3072 » » 0,0641 А=С1 = 0,01586 01 et 0,0319 Fe, 0; = 0,02233 Ее. 3) 0=",4518 » » 0,0482 Fe, О. = 0,0337 Ее. 1) 0£”,2682 » » 192,6 d'azote à 15° C. et 762,5 mm. de pression. 2) 05',2458 » » 17,2 » 18,5° C. et 763,8 mm. de pression. 3) 05т,2547 » » 1722 » 18° C. et 763 mm. de pression. 4) 08",3250 » » 22,4 » 19,5° C. et 759 mm. de pression. 1) 08,3101 » » 0,7373 CO, = 0,2011 С et 0,1791 H,0 = 0.0199 H. Ce qui donne pour 100: 1 1. 2. 3. 4. С 64,85 — — — H 6,41 = = = Az 7,65 8,09 7,82 7,91 Fe 7,48 7,26 7,45 = CI 5,21 5,16 — — Substance soluble dans l’éther. 1) 08:,2857 de substance ont fourni 0,0483 AgCI = 0,0119 CI et 0,0240 Fe, О. = 0,0168 Fe. 2) 07,2662 » > 0,0492 AgCI = 0,0121 CI et 0,0228 Fe, Оз = 0,0159 Fe. 1) 0:т,3438 » » 2156,6 d’azote à 25° C. et 755,5 mm. de pression. 2) 05°,3783 » » 23,4 » 2590: ев 55) » 3) 07,3185 » » 19 » 23° С. её 760,7 » » 1) 0=",3140 » » 0,7538 CO, = 0,2054 С et 0,1632 H,0 = 0,01813 H. Ce qui fait pour 100: C H Az Fe C1 6541 5,74 6,97—6,81—6,72 5,88—5,97 4,16—4,54 Ces produits ont fourni des quantités de carbone et d'hydrogène assez différentes, c’est pourquoi je ne présente qu’une seule analyse pour chacun. La substance soluble dans l’éther et la substance insoluble obtenues par Cloëtta sont identiques aux produits viciant l’hémine de Nencki et Sieber; et en outre, d’après les données de l’analyse, la substance insoluble dans l’éther se montre identique à celle que l’on obtient par l’action de l’alcool saturé d’acide chlorhydrique sur l'extrait froid. Comme preuve que le produit appelé hémine par Cloëtta n’est qu'un produit de décomposition de l’hémine, on peut invoquer le fait ET DE L'HÉMATINE OBTENUES PAR DES PROCÉDÉS DIFFÉRENTS. 253 suivant: 10 gr. de cette substance ne fournissent par le procédé de Nencki et Sieber que 0°,06 d’hématoporphyrine, tandis que la même quantité d’hémine de Nencki et Sieber ainsi que de celle de Schalféeff fournissent environ 1 gr., c’est-à-dire 10°, de chlorhydrate d’hématoporphyrine. La quantité d’azote trouvée pour l’hématoporphyrine pure obtenue avec l’hémine de Cloëtta est égale à 9,72), tandis que la formule exige 9,799]. АА: 17* Sur les rapports biologiques entre la matière colo- rante des feuilles et celle du sang. Par M. Nencki. А la suite et pour compléter les recherches de М. Bialobrzeski!) sur l’hémine, je voudrais attirer l’attention sur la valeur biologique, récemment indiquée par ММ. Schunck et Marchlewski?), des relations génétiques intimes qui existent entre la phylloporphyrine (dérivé de la chlorophylle) et l’hématoporphyrine obtenue par M-me Sieberet moi. D’après MM. Schunck et Marchlewski «la phylloporphyrine C,, H,, Az, О se rapporte, selon toute vraisemblance, à l’hématoporphyrine С.Н, Az, О, comme, par exemple, l’antraporphyrine à l’oxyantraquinone, c’est-à-dire, que les deux substances ne présentent que deux degrés différents d’oxydation de la même substance fondamentale». Les spectres de ces substances en solution éthérée, acide ou alcaline et ceux des sels de zinc correspondants sont les mêmes, avec cette petite différence cependant, que les raies d’absorption de l’hématoporphyrine sont légèrement déplacées vers la partie rouge du spectre. D’après les photo- graphies de Tschirch, faites à l’aide du spectrographe à quartz, l’analogie s'étend aussi dans la région ultravivlette. Dans les dissolvants neutres les deux substances présentent la même coloration et sont fluorescentes. Con- servées dans des tubes soudés, en solution éthérée, elles se décolorent complètement au bout de quelques mois, sous l’influence de la lumière diffuse. 1) B'alobrzeski, Arch. +. У, р. 233. 2) Schunck et Marchlewski, Ann. d. Ch. u. Pharim., t. 290, р. 306. ел М. NENCKI, SUR LES RAPPORTS BIOLOGIQUES ENTRE LA MATIÈRE ETC. 25! IL est aussi intéressant à noter un lien de parenté entre les propriétés chimiques de l’hémine et de la phyllotaonine, substance génératrice de la phylloporphyrine. Traitée par les acides chlorhydrique, bromhy- drique ou acétique, l’hémoglobine donnent des hémines correspondantes: CH, Оз Az, Ее, C,, H,, О, Az, FeBr et C., H,, О, Az, FeO COCH,'), c’est-à- dire des éthers d’hématine, dont on peut obtenir l’hématine par saponi- fication: С, H,, О, Az, FeOH. La phyllotaonine possède également cette propriété de donner facilement les éthers. Par l’action de l’acide chlorhy- drique en solution dans l’alcool méthylique ou éthylique sur l’alcachlorophylle, il se forme un éther correspondant de la phyllotaonine, dont on peut obtenir au moyen de saponification la phyllotaonine: C,,H,,Az,0,O0H. En traitant la phyllotaonine par l’anhydride acétique, les auteurs susmentionnés ont ob- tenu l’éther acétique C,, H,, Az, О, ОСОСН.. L’hématine, ou plus exactement l’hémochromogène, en se combinant avec les différentes substances albuminoïdes forme des hémoglobines des diffé- rentes espèces de sang. Il y a quelques années Bertin-Sans et Moitessier?) ont obtenu la méthémoglobine avec l’albumine et l’hématine, en solution alcaline. Par l’action du sulfure d’ammoniaque sur la méthémoglobine ils ont obtenu l’hémoglobine et de cette dernière l’oxyhémoglobine. Malheureu- sement, les données de ces auteurs manquent de preuve essentielle, c’est qu’ils n’indiquent pas dans leur communication, s’ils ont obtenu des cristaux d’hémoglobines correspondantes. M. Küster*), d'autre part, est parvenu à pousser assez loin la dissociation de la molécule d’hématine. En agissant par l’acide chromique en solution acétique, cet auteur a obtenu deux acides exempts d'azote, d’une composition relativement simple: C.H,,0, et C,H,,0,. Il faut espérer que la connaissance de la structure de ces acides ne se fera pas attendre. Sous quelle forme et en quelles combinaisons la chlorophylle ce trouve-t-elle dans la cellule végétale, nous l’ignorons à l'heure actuelle. Et les rapports qui existent entre les propriétés chimiques de la chlorophylle et de la phylloporphyrine sont loin d’être aussi simples que ceux de l’hématine avec l’hématoporphyrine. Les résultats obtenus par MM.Schunck et Marchlewski sont d’une grande portée en chimie biologique, car ils jettent la lumière sur l’époque la plus reculée de l’évolution du monde organisé et indiquent l’origine com- mune des règnes animal et végétal. La théorie de Darwin sur l’origine des 1) Küster, Вейгасе zur Kenntniss des Hämatins, Tübingen, 1896. 2) Bertin-Sans et Moitessier, Bull. Soc. chim., mai 1893. 3) Küster, loc. cit. 256 М. NENCKI, SUR LES RAPPORTS BIOLOGIQUES ENTRE espèces est basée sur la variabilité des formes suivant les différentes condi- tions de la lutte pour l’existence. Or, la diversité des organismes se reconnait non seulement par leur forme et par la structure de leurs organes, mais encore par la constitution chimique des cellules vivantes. De la nature de ces combinaisons chimiques dépend le caractère des échanges nutritifs; et l'aspect des cellules et leur différentiation en des organes séparés se trou- vent à leur tour subordonnés à ce dernier facteur. En d’autres termes: la forme du complexus de cellules constituant les organes est déterminée par les échanges nutritifs élaborés par ces organes selon telles ou telles conditions extérieures de la lutte pour l’existence. Avec les changements dans le milieu ambiant changent également non seulement la forme des cel- lules, mais encore leur constitution chimique et par conséquent leurs échanges nutritifs. De tout ceci résulte que, pour la compréhension approfondie de l’histoire de l’évolution du monde organisé, il ne suffit par de comparer les formes des cellules, mais il est nécessaire en plus de prendre en considération leur composition chimique et leur mode de nutrition. Sous ce rapport le tra- vail de MM. Schunck et Marchlewski indiquant un lien de parenté entre la matière colorante des feuilles et celle du sang est d’un intérêt capital. | Grâce aux énergiques et persévérantes recherches bactériologiques des vingt dernières années, nos connaissances sur les organismes mono- cellulaires et sur leurs échanges nutritifs ont considérablement gagné du terrain, се qui nous а permis de considérer à des lumières nouvelles les phé- nomènes vitaux des organismes plus élevés, animaux ou végétaux. Grâce aux travaux de M. Winogradsky nous savons que les nitrobactéries privées de chlorophylle ne forment des combinaisons organiques complexes qu’à l’aide de CO,, AzH, et des sels inorganiques et qu’elles vivent et se reproduisent dans ce milieu minéral. Ici la réduction de l’acide carbonique et la synthèse de la matière organique s’opèrent de la même manière que chez les plantes vertes, avec cette différence cependant que l’oxygène dans ce cas ne se dé- gage pas à l’état de liberté mais se fixe sur l’ammoniaque pour former l’acide azoteux. D’autres espèces de bactéries vivent et se reproduisent au profit des sels ammoniacaux d'acides organiques, d’une composition relativement simple, comme: acides malique, tartrique et citrique, ou encore aux dépens de matières hydrocarbonées. Enfin, plusieurs espèces se nourrissent à la façon des animaux au profit des substances azotées complexes, еп empruntantde l'oxygène nécessaire soit à l’air, soit à la substance elle-même. Nous assistons ainsi à une diversité excessive des modes de nutrition chez ces organismes dépourvus de la chlorophylle et de l’hémoglobine, se faisant tantôt sur le type animal, tantôt LA MATIÈRE COLORANTE DES FEUILLES ET CELLE DU SANG. 251 sur le type végétal et présentant de plus tous les intermédiaires possibles, parmi lesquels le plus intéressant est l’anaérobiose — caractère essentiel des fermentations typiques. Il est à noter que la constitution chimique des microorganismes varie non seulement d’une espèce à l’autre, mais encore chez la même espèce elle varie suivant les différentes cuis extérieures de l’existence. Il en est de même pour la forme: aucune classe d'êtres orga- nisés ne présentent une telle variabilité de formes que celle d'organismes dits inférieurs. Je prendrai comme exemple l’évolution du bacille charbonneux dans l'atmosphère de différents gaz (Spilmann); ensuite leur évolution sous forme de filaments mycéliens à spores (Koch), et la forme asporogène (Roux). Et on peut citer des centaines d’exemples analogues; toutes, elles nous montrent que la création des espèces nouvelles з’орёге ici avec une facilité beaucoup plus grande que dans les classes d'organisation plus élevée, d'apparition plus tardive. Il y a lieu de supposer que ces organismes primitifs, construisant leur corps avec des substances aussi simples que Рас14е carbonique, l’eau et l’ammoniaque, étaient parmi les premiers habitants de notre planète. L'organisme végétal а déjà besoin d’une sub- stance particulière, la chlorophylle, pour transformer l’acide carbonique en amidon, sous l’influence de la lumière. А l’époque plus avancée de l’exi- stence de notre planète la même substance fondamentale qui donna naissance à la chlorophylle, produit la matière colorante du sang, dont les fonctions sont beaucoup plus restreintes, car son rôle ne consiste qu’à transmettre l’oxygène de l’air aux éléments cellulaires des organes. La chlorophylle, du reste, n’appartient pas uniquement aux plantes; nous la trouvons chez plu- sieurs protozoaires et chez certains animaux inférieurs. Ainsi Brandt à établi que les corpuscules de chlorophylle, observés chez beaucoup de protozoaires chez quelques coelentérés, et chez plusieurs planaires, doivent être considérés comme des algues monocellulaires qui sont morphologiquement et physio- logiquement indépendantes de l’animal qu’elles habitent. Ces algues, que Brandt désigne sous le nom de z0ochlorelles (Zoochlorellen), peuvent bien végéter isolement après la mort de leur hôte animal. Si un tel animal con- tient peu de zoochlorelles ou n’en contient pas du tout, il se nourrit à 18 manière de tout autre animal еп se servant des substances organiques рге- cédemment élaborées. S'il contient une quantité suffisante de ces algues, il peut se nourrir à la manière de plantes en assimilant des substances inorga- niques. Brandt en conclue que, ces corpuscules verts constatés chez des animaux correspondent d’après leurs aptitudes physiologiques aux grains de chlorophylle des végétaux, mais ils se distinguent au point de vue morpho- logique. L'opinion de Brandt а été confirmée plus tard par Gésa-Entz, 258 M. NENCKI, SUR LES RAPPORTS BIOLOGIQUES ENTRE Kessler, Hamann, Dogear et Rémy-Saint-Loup. Engelmann!), au con- traire, affirme, qu’il y а plusieurs années, qu’il avait trouvé des vorticelles vertes, dont la cuticule et la sous-cuticule étaient colorées nôn par des grains de chlorophylle, mais par une substance verte soluble, analogue à la chlorophylle par ses réactions microchimiques. Cet auteur à établi que, grâce à cette substance, les vorticelles sont capables de dégager l’oxygène à la lu-. mière. Ainsi il existe des animaux qui, à l’aide d’un pigment lié à leur protoplasma vivant et que l’on ne peut pas différencier de la chlorophylle, assimilent le carbone de l’acide carbonique à la lumière, absolument comme les plantes vertes. D’après les recherches ultérieures d'Engelmann”), il existerait des bactéries qu’il appelle purpurobactéries (Purpurbacterien) dont le protoplasma est coloré par un pigment rouge la bactériopurpurine et qui également dégagent l’oxygène à la lumière, comme le font les plantes vertes. Ce dégagement de l’oxygène est intimement lié à la présence de la bactério- purpurine dans le protoplasma, de sorte que leur évolution, leur croissance et leur multiplication пе sont durables qu'à la lumière. À côté des plantes privées de chlorophylle, on voit des classes entières d'animaux privés de sang rouge. Les insectes, chez lesquels toutes les parties du corps sont accessibles à l’air par l'intermédiaire de la trachée, se passent évidemment d’hémoglobine destiné à transmettre l’oxygène. Leur vaisseau sanguin dorsal contient le sang incolore avec beaucoup de corpuscules in- colores. Chez les coelentérés, les ascidies et les mollusques acéphales le sang, au lieu d’être rouge, se présente sous forme d’un liquide incolore contenant des substances albuminoïdes plus ou moins solubles et des éléments cellu- laires. Chez beaucoup de céphalopodes, de gastéropodes et de crustacés les vaisseaux sanguins contiennent une substance albuminoïde soluble, l’hémo- cyanine, bleuissant à l’air, et à laquelle on attribue un rôle dans la respira- tion. Quant à la constitution de cette substance ainsi qu’à celle de la chlo- rocruorine découverte par M. Ray-Lankester chez certaines annélides, nous n’en savons rien ou presque rien, malgré les analyses et les formules données par M. Griffiths. D’après les recherches de Mac-Munn et de quelques autres auteurs, le spectre de l’hémocyanine ne présente pas du tout de raies d'absorption, tandis que dans celui de la chlorocruorine on constate les lignes d’absorption se rapprochant de celles de l’hématine. Dans le liquide périviscéral chez l’Echinus, Mac-Munn а découvert encore un pigment, jouant un rôle important dans la respiration, c’est l’échinochrome. Ce n’est 1) Engelmann, Pflügers Archiv, t. 32, 1883. 2) Engelmann, Pflügers Archiv, t. 42, 1888. LA MATIÈRE COLORANTE DES FEUILLES ЕР CELLE DU SANG. 259 que chez les vers et chez tous les vertébrés que nous trouvons un sang rouge contenant l’hémoglobine '). D’après ce que nous savons sur la physiologie des globules rouges, leur fonction nous paraît assez limitée. Leur rôle consiste en transmission de l'oxygène aux tissus, tandis que les globules blancs trans- mettent à certaines parties de l’organisme des aliments et d’autres sub- stances telles que: graisses, pigments, corps etrangers, bactéries etc., inso- lubles dans les sucs de l’animal. Plus est différencié un organisme donné, plus devient marquée la division du travail entre les différentes cellules qui entrent dans sa constitution. Ainsi donc, nous trouvons dans le monde organisé d’une part, des exemples multiples de synthèse de la matière organique aux dépens de l’acide carbonique, sans le concours de la chlorophylle; et d’autre part, des phénomènes d’oxydation de la matière organique avec formation d'acide carbonique sans le concours de l’hémoglobine. De plus, nous savons maintenant que chez les représentants les plus élevés du règne animal ou végétal, c’est-à-dire chez les plantes vertes et chez les animaux à sang rouge, les pigments correspon- dants (chlorophylle et hémoglobine) dérivent de la même substance fonda- mentale. Nous avons hérité cette doctrine que le monde animal et le monde végétal se trouvent en telle dépendance réciproque l’un de lPautre, que l’exi- stence séparée de l’un d’eux serait impossible, et leur coëxistence devient, pour ainsi dire, nécessaire. Moi, je ne partage pas cette manière de voir. Je crois au contraire, qu’il y avait une époque où le règne animal, sauf les protozoaires, n'existait pas du tout, et que le rôle dans l’économie de la nature dévolu aujourd’hui aux animaux, appartenait alors seulement aux microbes, agents de putréfaction et de décomposition. Il serait encore pré- maturé de faire des conclusions définitives à cet égard. J’ai cru cependant utile de signaler ces rapports et de diriger l’attention des chimistes vers la question aussi importante que peu élucidée. La dissociation des molécules d’hémoglobine et de chlorophylle est déjà assez avancée, et les recherches ultérieures doivent dévoiler la structure chimique de ces pigments par voie de synthèse. On conçoit aisement qu’alors cette question pourrait apparaître Sous un Jour nouveau. Il y a quelque temps j’ai eu l’occasion de signaler *), à propos de Pori- gine de l’hématoporphyrine dans l’organisme animal, que, par l'action du ferment pancréatique sur l’albumine, il se forme une substance, signalée déjà par M. Gmelin, qui donne avec le brome un produit de substitution, 1) Les exceptions peu nombreuses de cette règle on trouvera citées dans la Physiologie et Pathologie chimique de M. W. D. Halliburton. 2) Nencki, Berichte d.\d. ch. Gesellsch., t. 28, р. 566. 260 M. NENCKI, SUR LES ВАРРОВТ$ BIOLOGIQUES ENTRE LA MATIÈRE ETC. le «protéino-chromogène» de M. Stadelmann. Ла démontré que la сот- position centésimale de l’hématoporphyrine et surtout des mélanines animales se rapproche beaucoup de celle de la protéinochromogène; de sorte qu’il est bien possible, que ce soit justement cette substance qui donne naïssance à des pigments du sang, de la bile et au pigment mélanique, qui existent dans l'organisme animal. Si cette hypothèse était juste, cela aurait donné une grande probabilité à cette supposition, que de même, dans la cellule végétale il se formerait tout d’abord, par hydrolyse de la molécule d’albumine, un groupe chromogène d’où dériverait ensuite la chlorophylle. Е Sur l'effet des injections sous-cutanées de virus fixe de la rage. Par M. le Dr. W. Kraïouchkine. (Travail de la Section antirabique de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale.) Il y 10 ans que, d’abord, à la station établie auprès de l'hôpital vété- rinaire du régiment des Gardes à cheval, puis, à l’Institut Impérial de Médecine Expérimentale, nous traitons par les inoculations pastoriennes des personnes mordues par des animaux enragés. Pendant cette période de temps nous avons inoculé plus de 2000 personnes et nous avons fait un grand nombre d'expériences sur les animaux. Une partie importante de ces expé- riences а eu pour but d'étudier comment se comporte l’organisme des ani- maux à l'égard de l'introduction du virus fixe sous la peau, et aussi les conditions dans lesquelles l’inoculation hypodermique est susceptible de déterminer la rage. On ne saurait douter que l’étude du virus fixe n’ait, à ce point de vue, une grande importance pratique pour l’application des inoculations préventives de la rage. Cependant dans la littérature spéciale on ne trouve que peu de recherches sur les conditions diverses dans lesquelles les inoculations sous- cutanées peuvent déterminer la rage. Seul Helman') а publié une étude spéciale sur ce sujet; encore cet auteur employa-t-il aux inoculations, sous la dénomination générale de virus rabique, des substances diverses. Beau- 1) Helman, Action du virus rabique, Annal. de l’Inst. Pasteur, 1889, р. 1. Voir aussi Е. Semmer, Résumé des résultats des recherches de Ch.J. Helman sur la rage. Ces Archive 1893, t. II, р. 186. 262 W. KRAÏOUCHKINE, coup d'auteurs, il est vrai, parlent des effets des injections sous-cutanées, mais d’une manière incidente seulement, et sans insister sur leurs conclusions lesquelles, du reste, ne sont pas toujours d’accord. Il y a des auteurs qui avancent qu’en injectant le virus fixe sous la peau des animaux, on provoque presque toujours la rage, d’autres affirment, au contraire, que la rage ne se produit pas infailliblement dans tous les cas; enfin, il y en a même qui assu- rent qu’en entourant de certaines précautions lintroduction sous la peau du virus rabique, il ne se produit aucune maladie. La plupart de ces auteurs ne nous font pas connaître le degré de virulence de la substance employée par eux lequel peut bien varier, comme nous le verrons, surtout quand on a affaire à un virus de passage. On ne trouve ensuite aucune indication sur le degré de concentration de l’émulsion employée ni aucune mention sur la quantité et la qualité de la substance dont on s’est servi pour inoculer les animaux en expérience. Des données aussi incomplètes ne permettent au- cune conclusion, si ce n’est que le virus fixe, injecté sous la peau, agit d’une manière extrêmement inconstante. Il est évident que la nécessité de démêler les causes probables de cette inconstance s’impose aujourd’hui plus que jamais. En même temps, il est indispensable de déterminer quelles sont les conditions dans lesquelles on obtient la rage à la suite de l’injection sous-cutanée de virus, c’est-à-dire à la suite du mode d’inoculation pratiqué sur les personnes soumises au фгал- tement préventif. C’est dans ce but qu’est écrit ce mémoire. En commençant cette étude nous avons, tout d’abord, à examiner les qualité du virus fixe et à nous poser la question de savoir s’il conserve tou- jours le même degré de virulence. On sait, en effet, que le virus fixe est un produit de laboratoire, un virus artificiel, dont la force et la pureté peuvent dépendre des soins de l’expérimentateur. Il conviendra ensuite d’expliquer jusqu’à quel point l'infection dépend de la quantité de virus introduite sous la peau, car la quantité de matière infectieuse introduite dans l’économie ne peut rester sans l’influence sur la transmission de la maladie, sur sa gravité et la durée de la période d’incubation, etc. Après avoir examiné la qualité et la quantité de virus introduit sous la peau, nous étudierons les conditions de l’action propre au virus indépendamment du milieu dans lequel 11 est introduit. «Plus on s'éloigne du virus du début et du virus des premiers passages, moins l’inoculation hypodermique est susceptible de déterminer la rage» dit Pasteur”), et il est évident que, pour les buts que nous poursuivons, il est 1) Pasteur, Lettre de Pasteur sur la rage, Annal. de l’Inst. Pasteur, 1887. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RACE. 263 indispensable de chercher à savoir quel est exactement ce degré d’affaiblis- sement. Après avoir discuté les effets de l’introduction du virus dans le tissu cellulaire sous-cutané, nous nous occuperons de la question, jusqu’à quel point les suites de l’injection s’expliquent par sa pénétration accidentelle dans les tissus voisins (la peau, le tissu musculaire), ce qui est parfois inévitable, ainsi que nous le verrons plus loin, lorsqu'on introduit le virus en injection sous-cutanée. Nous espérons de la sorte arriver à connaître Les rapports qui existent entre la virulence propre au virus fixe et son intensité d'action autant que celle-ci dépend du lieu de son introduction. Enfin, nous allons nous efforcer d’élucider autant qu’il nous sera pos- _sible l’influence de l’état général de l’organisme sur les effets des injections sous-cutanées, car la réceptivité individuelle 5ourrait être modifiée par une rupture d'équilibre ayant pour cause telle ou telle autre lésion de l’organisme. Le plan de notre étude étant ainsi tracé, nous allons procéder à l'examen détaillé de ces trois divisions de notre travail. т. Nous commencerons par faire connaitre les propriétés du virus fixe dont nous nous sommes servis et par examiner jusqu'à quel point notre virus répond aux exigences de Pasteur. Pour juger du degré de virulence de notre virus, il nous fallait trouver un critérium quelconque. Pasteur mesurait la force du virus de la rage par la durée de la période d’incubation chez des lapins inoculés sous la dure- mère à la surface du cerveau, avec une quantité de virus supérieure à celle qui est nécessaire pour donner la rage à l’animal. Pasteur supposait que pour les animaux de la même espèce, la virulence est en raison inverse du nombre des jours d’incubation, lorsque toutes les conditions d’inoculation, sont, autant que possible, égales ‘). Dans sa lettre à M. Duclaux, Pasteur?) dit que le virus fixe après le 178° passage de lapin à lapin, a acquis la propriété de donner la rage à des lapins au bout de 6 jours d’incubation et, dans un tiers des cas, au bout de 7 jours. On peut considérer, continue Pasteur, que la virulence du virus est alors fixée. 1) Pasteur, Maladies virulentes et vaccins-rage. (Conférence de Pasteur au congrès international de médecine de Copenhague). Comp. rend. Acad. 4. Sc., 11 août 1884. 2) Pasteur, Lettre de M. Pasteur à M. Duclaux, Annal. de l'Inst. Pasteur, 1888. 264 W. KRAÏOUCHKINE, En се qui concerne notre virus fixe, c’est М. le prof. М. Kroug- levsky qui le reçut de Pasteur (au 116" passage) еп 1886 et qui appliqua la méthode préventive à St-Pétersbourg; en octobre 1886 nous en étions déjà à notre 128° passage; depuis lors, ce virus n’a pas cessé d’être passé de lapins à lapins. Pendant une période de plus de neuf ans, il a été em- ployé à ces passages plus de sept milles lapins. Au début, le virus fixe que nous possédions donnait, le plus souvent, une période d’incubation de sept jours; puis l’incubation ne dura plus que six jours, et, à l’heure actuelle, au 482° passage, la période d’incubation est tombée à cinq jours. Cette dimi- nution progressive de la période d’incubation а été observée également par d'autres auteurs [MM. Protopopow '), Finkelstein”), Calabrese®)]. Nous considérons comme période d’incubation le temps qui s'écoule à partir du moment de l’inoculation jusqu’à l’apparition des premiers symptômes de paralysie; c’est ce que faisait Pasteur lui-même. Pour donner une idée plus nette de la diminution progressive de la durée de l’incubation dont nous venons de parler, c’est-à-dire de l’exaltation de la virulence du virus, nous donnons sur le tableau ci-après les courbes du degré de virulence de notre virus, au fur et à mesure de l’augmentation du nombre des passages, c’est-à-dire au fur et à mesure que notre virus s’est éloigné de sa source d’origine (la rage des rues). Ces courbes (tableau Г) montrent qu’au début, la force du virus s’exprimait, dans la majorité des cas, par des périodes d’incubation de sept à huit jours; puis, le nombre des cas où la période d’incubation est de huit jours diminue peu à peu et ceux, dont la période d’incubation est de sept jours, augmente. А partir de 1890, le nombre de lapins morts après des durées d’incubation de 6 jours, aug- mente déjà sensiblement. Dès 1893 on voit apparaitre des cas d’incubation d’une durée de cinq jours, et ces cas forment déjà une proportion considé- rable en 1895; tandis que les incubations d’une durée de huit jours, par rapport à ce qu’elles étaient dans les premières années, sont dans une très faible proportion. Un coup d’œil rapide sur les courbes de ce tableau montre la marche régulière de la diminution des périodes d’incubation qui va en s’accentuant, d’année en année, au fur et à mesure qu’on s'éloigne du virus initial. Cette régularité dans la diminution de la durée de l’incubation, ob- 1) Protopopow, Principes du traitement préventif de la rage, Kharkoff, 1888 (en russe). 2) Finkelstein, Contribution à l’étude de la rage canine. Extrait des comptes-rendus pour l’année 1891, du laboratoire de médecine de la Circonscription militaire du Caucase (en russe). 3) Calabrese, Sur l'existence dans la nature d’un virus rabique renforcé, Annal. de l’Inst. Pasieur, 1896, р. 99. r) 6 2 _ SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE, ‘эпитет эр JUEMO э1 SUEP вита пр UOHE[NOOUL] 4 9402915 quefe 3э зэпоопт SuIde] Sp [RIQU98 эзашом ‘7 "01481 © urder эр эзел ®[ эр зпмл пр 59410995009 5955834 эр S2IQUON ‘8 e "eguur,I ор UE 1009 9[ SUep 941099105 зв® 19 Sarnoour surde] эр jexou98 o1xquou ne j10ddex 1ed ‘juo9 mod уаз uo swurdxo ‘smofs {® 7e 39 д ‘9 ‘@ эр uoryeqnour,p эротлэ4 eun,p 3104 ne ‘XI зпид пр 9948 S9[N9OUI 939 210л8 sgide ‘oquooons quefe suIde] эр элашох | ° ® Ф\ллллллл/@ -злпо[ u9 ээтдхо потдеапочкр эротлэ@ ®1 эр ээла( ‘5 Е LPL= UE ee ME РИ Ее а STE me | ее Е Е Cd ue = г ee TE о ne 20 аа Е ЕЕ ева AREA 13914 ей 715 ВЕ 266 W. KRAÏOUCHKINE, servée sur un si grand nombre de cas, ne peut être accidentelle et montre que les périodes d’incubation de 5, 6, 7 et 8 jours dépendent exclusivement de la force et des propriétés du virus. Ces courbes montrent aussi que, chez les lapins inoculés avec du virus fixe, la maladie survient, parfois, après des périodes d’incubation prolongée. Nous entendons par incubation prolongée les cas où la rage se déclare après une période d’incubation de neuf à quinze jours; ces Cas, on le voit par nos courbes, se sont produits chaque année dans une très petite proportion. Ces cas proviennent de certaines causes accidentelles, au nombre desquelles il faut placer, en première ligne, les imperfections de la technique des inoculations sous la dure-mère. Si on injecte sous la dure-mère l’émulsion virulente promptement et en quantité supérieure à deux ou trois gouttes, presque tout le liquide injecté s'écoule au dehors, et les particules en suspension de la matière nerveuse rabique sont rejetées par l'effet de l’élasticité du tissu, de sorte qu’il ne reste sous la dure-mère, qu’une très petite quantité de virus. Il peut donc arriver que, sur deux ou trois lapins inoculés avec le même virus dans des conditions à peu près iden- tiques, l’un d’eux subisse une période d’incubation d’une durée plus longue que l’autre, ou que les deux autres. La vraisemblance de cette explication est confirmée par les expériences de Pasteur’) dans lesquels ce maître a montré avec évidence que, la quantité de virus introduite sous la dure-mère étant moindre, la période d’ineubation est plus longue. La taille et l’âge des lapins peuvent aussi avoir leur part d'influence sur la durée de l’incubation ainsi que l’ont fait observer Pasteur lui-même), puis MM. Protopopow*), Blasi et Russo-Travali”. 3 D’après nos observations, l’âge des lapins, lorsque ces animaux sont inoculés sous la dure-mère, n’influe pas autant sur la diminution de la période d’incubation que sur la durée de la maladie après que celle-ci s’est déclarée. Chez les jeunes lapins tout le cycle des symptômes morbides amène plus vite la mort de l’animal. En ce qui concerne la taille (le poids) des lapins inoculés, les expériences faites par nous dans ce but et consignées dans notre tableau II, montrent que, dans la moitié des cas, chez les lapins d’un grand poids, les premiers symptômes de la rage se manifestent un jour plus tard que chez les lapins d’un poids moindre. 1) Pasteur, Maladies virulentes.. ete. 1. с. 2) Pasteur, Chamberland et Roux, Nouvelle communication sur la rage, Compt. rend. Acad. d. Sc., 1884, $. XCVIII, р. 457. 3) Protopopow, L. с. 4) Blasi et Russo-Travali, La rage expérimentale chez le chat, Annal. de l’Inst. Pasteur, 1894, p. 339. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 967 Tableau Il. Durée de la période d’incubation chez les lapins inoculés sous la dure-mère, suivant le poids de ces animaux. Poids de № Poids de Durée de la chaque lapin, | de la période de la chaque lapin, | de la période paire. en grammes. d’incubation. paire. en grammes. d’incubation. | 1 ° 10 2610 7 jours 1810 6 » 11 2510 7 5 1700 йо 12 2700 T5 1910 7 » 13 ; 3000 6 » 1750 6 » 14 2500 6 » 1600 T D 15 2000 5 5 1450 5 » 7 16 2150 6 » 6 1450 6 » 7 17 1900 6 » 7 1320 6 » 8 18 1920 6 » 1220 LES 1420 D D» Toutefois, malgré l'emploi de procédés d’inoculation méticuleusement les mêmes dans tous les cas, les premiers symptômes de la rage chez les lapins se produisent dans certains cas plus tard que d'habitude. Il est assez dif- ficile d'expliquer les causes de ce retard dans l'apparition de la maladie; et on ést forcé de se contenter de les attribuer à des causes individuelles. Tout се qui vient d’être dit prouve que Îles variations de la durée de l'incubation peuvent se produire en dehors de l'intensité du virus qui, en soi, conserve une certaine fixité; car, si cette durée subit quelques variations, 18 268 W. KRAÏOUCHKINE, celles-ci ne dépassent pas certaines limites très étroites. D’après Pasteur, ces variations peuvent osciller dans l’intervalle de deux jours; par consé- quent, le virus fixe inoculé sous la dure-mère des lapins donne constamment une période d’incubation d’une durée de cinq à sept jours. Tous les faits cités ci-dessus ne se rapportent qu’à la matière du bulbe des lapins rabiques dont on se sert exclusivement pour les passages. Cepen- dant, pour les injections sous-cutanées, pratiquées sur les personnes, on se sert de la moelle épinière; donc, pour juger de la virulence de la moelle épi- nière il faut que le principe virulent soit distribué d’une manière égale dans la moelle épinière et dans la moelle allongée. Pour écarter tout doute à ce sujet nous avons entrepris une série d'expériences ayant pour objet d'étudier la virulence relative de la moelle épinière et de la moelle allongée chez ceux de nos lapins qui avaient succombé après inoculation avec du virus fixe. Cette série d'expériences est présentée sur le tableau Ш. On voit que seize paires de lapins ont été inoculées par nous. Chaque paire fut inoculée avec du virus provenant du même lapin; mais, un des lapins de chaque paire fut inoculé avec de la moelle allongée, et l’autre, avec de la moelle épinière. Tableau Ш. Durée de la période d’incubation chez les lapins inoculés sous la dure-mère _ avec différentes parties de la moelle épinière. Partie de la moelle ayant servie à l’inoculation. Renflement Partie Renflement Moelle cervical de la moyenne lombaire de | extrême de la allongée. moelle épi- de la moelle la moelle moelle épi- nière. épinière. épinière. nière. 7 jours 6 » 7 jours 10 6 » 18 > O1 O1 O1 I I © Où Où Où «I OO I Où O1 O OL SUR L'EFFET DES INJÉCTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 269 Tous ces lapins furent inoculés par la méthode de la trépanation sous la dure-mère. L’examen de ce tableau montre que la moelle épinière de nos lapins, inoculés avec du virus fixe, est virulente sur toute son étendue, mais elle l’est moins dans la majorité des cas (12:16) que la moelle allongée. Quant à la virulence propre aux différentes parties de la moelle épinière, nous ne trouvons que des variations inconstantes et peu prononcées, comme c’est le cas aussi avec le bulbe et qu’on peut s'expliquer de la même manière. La virulence de toute la substance de la moelle épinière des lapins ayant succombé à l’introduction du virus fixe sous la dure-mère est donc un fait indiscütable; quant au degré de virulence des différentes parties de cette moelle, il peut se produire de légères variations. En ce qui concerne les symptômes de la maladie chez nos lapins, ils sont complètement identiques à ceux qui ont été décrits par ММ. М. Gamaleïa’), А. Hogyes”), Ferré), Finkelstein‘), Protopopow, et autres. En parlant des symptômes de la maladie chez les lapins inoculés sous la dure-mère nous ne pouvons passer sous silence un phénomène assez constant, la présence du sucre et de l’albumine dans les urines. Sur 30 cas étudiés par nous, dans 26, Па été trouvé de lalbumine et du sucre, et dans deux, de l’albumine seulement. Dans tous les cas on constatait l’apparition dans l’urine d’abord de l’albumine, puis du sucre. L’albumine apparaissait ordinairement en même que temps la fièvre, souvent plus tard. Quant au sucre, nous ne ришез l’observer que dans les dernières heures de la vie des lapins inoculés. L’albumine et le sucre ne furent déterminés que qualitativement; la première, par trois procédés: l’ébullition, l'acide azotique, et l’acide acétique avec du ferrocyanure de potasse; le sucre, par l'épreuve de Fehling et de Trommer. Dans un cas, nous avons dosé le sucre au moyen du polarimètre de Laurent, et nous trouvâmes jusqu à 49), de sucre. La présence d’albumine et de sucre dans l’urine chez les lapins inoculés de la rage par voie expérimentale, а été également constatée par М. Colasanti‘). 1) №. Gamaleïa, Traitement préventif de la rage. Agenda du médecin, 1887 (en russe). 2) А. Hogyes, Le virus rabique des chiens des rues dans ses passages de lapin à lapin, Ann. de l’Inst. Pasteur, 1888, р. 140. 3) Ferré, Contribution à l’étude séméiologique et pathogénique de la rage, Ann. de V Inst. Pasteur, 1888, p. 187; idem 1889, p. 604. 4) Finkelstein, 1. с. 5) Protopopow, 1. с. 6) G. Colasanti, Ueber die Glyco-Albuminurie bei der Lyssa. Moleschotts Untersu- chungen zur Naturlehre, 1894, +. ХУ, 1. 3, р. 285. +. 270 W. KRAÏOUCHKINE, Après avoir examiné la virulence de notre virus fixe, nous passerons, conformément au plan que nous nous sommes tracé, à la question de savoir quelle est l'influence de la quantité de virus introduite sous la peau. Pour élucider cette question nous avons inoculé plusieurs animaux, lapins et chiens, avec des doses différentes d’une émulsion de moelle épinière de lapin dans la solution physiologique de sel marin. Notre émulsion fut préparée avec une partie en poids de moelle sur sept ou dix parties de solution physiologique de sel marin filtrée à travers du marli préalablement bouilli dans l’eau. Le degré de virulence de cette émulsion fut toujours éprouvé sur des lapins au moyen d’inoculation sous la dure-mère. Les injections sous-cutanées furent faites de préférence dans les parties latérales du ventre, c’est-à-dire aux mêmes points que chez les personnes soumises aux inoculations préven- tives. Les premiers symptômes de paralysie étaient notés comme le moment du début de la maladie. Nous inoculâmes en tout 51 lapins et 32 chiens. Pour mieux faire ressortir les résultats obtenus nous résumerons nos expé- riences sur les deux tableaux ci-dessous (tableau IV et tableau V). Bien que les animaux, désignés dans ces tableaux, n’aient pas été in- Jectés en même temps, ni avec un virus provenant du même lapin, nous ne nous en permettrons pas moins d'établir des comparaisons et de tirer des con- clusions; car l’émulsion de moelle, ayant servi aux inoculations, fut toujours contrôlée, quant à son degré de virulence, au moyen d'’inoculations sous la dure mère; et les lapins ainsi inoculés furent atteints de rage après une période d’incubation de six à sept jours. Nous voyons, par toute une série de lapins inoculés (tableau IV), que la maladie n’atteint pas les animaux n'ayant reçu qu’une très faible dose de notre émulsion (0.25.5. СЕВ maladie пе зе déclare que lorsque on а atteint la dose de О, Бой mesure que la quantité d’émulsion introduite augmente, les cas de maladie deviennent plus fréquents, à tel point que, sur 25 lapins inoculés avec une quantité d'émulsion inférieure à 2 с. c., quatre furent pris de rage: её, après l'introduction de plus de 2 с. с. et jusqu'à 15 с. с. d’émulsion introduite, sur 26 lapins, 10 succombèrent. Il est non douteux que la quantité de virus fixe, introduite sous la peau à des Japins, n’est pas sans influence sur le résultat: plus la quantité de virus introduite est considérable, plus sûrement la maladie se produit. Mais, chez les chiens, la quantité de virus introduite n’a pas la même importance; chez ces animaux, ainsi que le montrent nos expé- riences, plus la quantité de virus introduite est considérable, moins l’inocu- lation hypodermique est susceptible de déterminer la rage. En effet, sur dix-sept chiens inoculés sous la peau avec une quantité d’émulsion infé- rieure à 1 с. с. par kilogramme de poids, il еп à succombé sept; tandis que, SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 97] Tableau IV. Lapins inoculés sous la peau avec du virus fixe. ; [Combien de jours Combien de jours Я SE «2 | après l'injection № Е ВЕ НЕ après l’injection Я и В=5| seproduisit | Е Е Эв=5] se produisit ‘> ; р SD .— < b [278% du lapin. b [EF S$ a 2553] la | mort = |9яЯ8| la Ох © ая maladies : © EC Я © maladie. |? mort. | о Survie. | 3 10. | 12 3 : Survie. 4 4 4 4 11 12 4 } 5 13 1220 0,5 | 39 1450 5 11 13 14 1480 0,5 > Survie. 40 1380 6 15 1530 0,5 41 1470 6 и 16 | 1150 | 05 | 4 | 1550 6 ро 17 1430 1 12 | 14 43 1800 6 18 1240 1 Survie. 44 1820 8 О | 12 19 1720 1 3102 |1 45 1800 8 } Е 20 1640 | 1 \ 46 1400 10 Вии: 21 1680 1 Survie. 47 1430 10 16 | 18 22 1830 1 48 1840 10 10 . 12 25 1770 1,5 Lo UT 49 1530 12 Survie. 24 1860 1,5 50 1510 12 9 11 25 1479 1,5 Survie. 51 1970 15 14 15 26 1310 2 sur quinze chiens, injectés avec une quantité supérieure à un centimètre cube d’émulsion par kilogramme de poids, il n’en а succombé que trois. Ce fait confirme l'observation de Pasteur, дит а dit, que la rage а paru se déclarer à la suite d’un quart de seringue plus fréquemment que par une ou plu- sieurs seringues. , <] nous nous arrêtons à étudier la période d’incubation des lapins qui ont été pris de rage, nous ne voyons pas que la durée de cette période dé- pende d’une manière plus particulière de la quantité de virus introduite; 272 W. KRAÏOUCHKINE, Tableau V. Chiens inoculés sous la peau avec du virus fixe. : Are 92 ! : . s A р 5 à € 2 S|# £E Combien de jours Ale ВЕНЕ ЕЕ ombien de jours £ я (SRE S|£'T Яаргёз l'injection Я 22 =$ =. éjaprès l'injection Я |3Я Léosz 22.| se produisit Я lo8cz|$2 = Я.“ - Е = "5 2 | 8 ВЕ | па. mt $ ВЕН 1 |35570 9 0,25 | 17 8790 8 0,9 10 11 2 | 6650 2 0,3 18 7930 10 1,2 13 15 3 | 6490 2 OS Survie. 19 6050 8 1587 100 4 | 12350| 35 |038 | 20 | 62380 8 1314 5 | 4220| 175 | 05 |} 21 | 5790 8 1,3 | 6 | 4020| 2 05 | | 13 ||22| 8320] 14 1,7 $ 7| 5620| 275 | 05 | 10 13 ||23| 8760 15 17 = 8| 5230| 275 | 05 Survie. 24 | 9430| 15 7 Е 9 | 7600| 3,75 | 05 12 | 15 55| 8730 16 1,8 Е 10 | 14320 7 0,5 } За 26 | 10230 20 2 11 | 13820 Й 0,5 о 27 | 11530 24 2 12 | 1580| 5 0,7 11 | 13 |l28| 9120 20 2,2 13 | 6100! 5 (rs. NIQURR 29 | 9730 24 24 | 15 | 20 14 | 5370| 6 08 |f ; 30 | 9790] 24 24 A 15 | 7540| 6 0,8 13 | 16 ||31| 10130] 24 2,4 ne 16 | 9630! 8 0.8 | 13 ||32| 6430] 20 3.3 9 | 14 ainsi, par exemple, le lapin № 51, après une injection sous-cutanée de 15 с. с. d’émulsion virulente, est atteint de la maladie au quatorzième jour; le lapin № 34, après une injection sous-cutanée de 4 с. с. d’émulsion viru- lente, tombe malade au 45° jour; et le lapin № 11, ayant reçu 0,5 с. с. d’émulsion, succombe de la rage après une période d’incubation d’une durée de onze jours. Nous voyons le même phénomène se produire chez les chiens: le chien № 29, ayant reçu 24 с. c., est atteint de la maladie au quinzième jour; tandis qu’un autre chien, № 17, qui ne reçoit que 8 с. с., succombe déjaau onzième jours. La période d’incubation, chez les lapins, а été, en moyenne, de quatorze jours et demi; chez les chiens, elle fut de onze jours et demie. Chez les premiers, la mort est intervenue au 17-e jour, chez les seconds, au 15-me. En observant la marche de la maladie chez les lapins inoculés sous la peau, nous n’avons pas remarqué de phénomènes autres que ceux qui se SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 973 19 produisent lorsque ces animaux sont inoculés sous la dure-mère. En се qui concerne les chiens, les symptômes furent plus caractéristiques. Un des premiers indices était l’élévation assez rapide de température allant parfois, dans le rectum, jusqu’à 40° et au-dessus. La fièvre, dans le plus grand nombre de cas, était accompagnée de perte d’appetit, d'inquiétude générale, ou, au contraire, de prostration et d’apathie; dans l’un comme dans l’autre cas, on ne remarquait aucune tendance à mordre; le plus souvent ces chiens demeu- raient caressants et soumis. Pendant la fièvre, une très grande quantité de nos chiens portaient fréquemment le museau à leur abdomen en poussant des cris plaintifs, d’où on pouvait induire que l’animal éprouvait des douleurs. On provoquait toujours de la douleur en passant légèrement la main sur l'abdomen ou les extrémités postérieures de l’änimal, ce qui semblait indiquer l’existence de l’hypéralgésie. Presque simultanément avec ces phénomènes, il se produisait de la parésie, de la faiblesse dans les extrémités postérieures rendant la marche chancelante. L'état parétique faisait bientôt place à la paralysie des extrémités postérieures qui ne tardait pas à s'emparer des extrémités anterieures; et nos chiens succombaient dans un état de pros- tration complète. Tout le cycle des symptômes de la maladie se déroulait en moyenne dans deux ou trois jours, parfois même dans les vingt-quatre heures. Quant aux animaux qui résistaient, tant chiens que lapins, pendant toute la période d'observation qui, chaque fois, ne dura pas moins de cinq mois, ils ne se distinguèrent en rien des animaux normaux. Le virus intro- duit sous la peau provoque donc tantôt une maladie mortelle, tantôt ne révèle sa présence dans l'organisme des animaux par aucune affection déterminée. Ainsi, malgré la virulence constante du virus fixe, за quantité 1n- troduite sous la peau n’est pas en rapport direct avec son action ulté- rieure. Chez les lapins une plus grande quantité de virus introduite donne une plus grande fréquence de l'affection, chez les chiens, c’est le contraire qui a lieu. En ce qui concerne la durée de la période d’incubation, il nous а été difficile de constater qu’elle dépendit, d’une manière déterminée, de la quantité de virus introduit. Il est vrai que l’action pathogène des microbes ne soie généralement pas une valeur constante, mais comme nous sommes en рге- sence d’un virus exalté et fixé il est difficile de s’expliquer ces résultats Le fait que la question de dose n'intervient que d’une manière inconstante et contradictoire dans les expériences d’inoculations sous-cutanées, nous fait supposer que ce virus trouve dans le tissu cellulaire sous-cutané quelque influence qui empêchent son action. Nous allons faire connaitre les tentatives faites par nous pour éclaircir cette obscure et importante question, 294 W. KRAÏOUCHKINE, IL. D'une manière générale si l’on considère la fréquence de l'affection chez les lapins et les chiens, après l’injection sous-cutanée des quantités de virus susceptibles de donner une maladie mortelle, on constate, à n’en pouvoir douter, que plus de la moitié des lapins inoculés sous la peau avec du virus fixe ne sont pas atteints par la maladie, et que ces cas sont aussi fréquents chez les chiens que chez les lapins. Cependant d’autres auteurs [ MM. Frisch), Krouglevsky ?), Helman?)] ont trouvé que les lapins sont plus sensibles que les chiens au virus fixe inoculé sous la peau. Cette susceptibilité à l’égard du virus serait si considérable chez les lapins, qu’il fut impossible de les préserver de la rage par les inoculations pastoriennes: les lapins succombaient souvent à la suite d’inoculations préventives. Dans nos expériences la rareté relative des cas de rage chez les lapins donne à supposer que les propriétés du virus fixe subissent des modifications dans le sens indiqué par Pasteur, c’est-à-dire que son aptitude à produire la rage, lorsqu'il est introduit sous la peau, iraït en s’affaiblissant au fur à mesure que se multiplient les passages de lapin à lapin. Cette supposition semble d’autant plus fondée que, le virus rabique que nous avions à notre disposition, avait passé de lapin à lapin pendant dix années consécutives, après avoir déjà passé par ses animaux сша Ou Six années de suite dans le laboratoire de Pasteur. Nous avions donc un virus rabique ayant passé de lapin à lapin pendant quinze ans. Il est très probable que les propriétés de ce virus avaient pu être modifiées. Pour vérifier cette hypothèse nous nous Пугашез à une série d'expériences comparatives sur des lapins et des chiens auxquels nous introduisimes, en injections sous-cutanées, du virus de la rage des rues. Nous nous зегуйиез pour cela d’un virus pris à des chiens enragés envoyés vivants à l’Institut où ils furent gardés en observation jusqu’à leur mort. Nous primes à ces animaux, immédiatement après leur mort, les mêmes parties du système nerveux central que chez les lapins; l’émulsion fut préparée exactement de la même manière que celle de moelle de lapin, c’est-à-dire avec une partie en poids de moelle sur sept à dix parties en volume de solution physiologique de chlorure de sodium. Les résultats de ces expériences sont consignés dans les tableaux VI et УП. 1) А. Frisch, Die Behandlung der Wuthkrankheït, Wien, 1887. 2) Krouglevsky, De l’inoculation aux personnes du virus rabique d’après la méthode de Pasteur, Gasette de médecine militaire, 1887, Avril et Mai (en russe). 3) Helmaun, [. с. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 975 Tableau VI. Lapins inoculés sous la peau avec du virus de la rage des rues. à Combien de jours après l’injection s’est produite Combien de jours après l’injection № s’est produite 5 du lapin. la mala- de la mort en grammes. sion virulente introduite, en centim. cubes en grammes. introduite, en centim. cubes. la mala-| Е de la mort. sion virulente Quantité d’émul- Quantité d’émul- 30 | 32 Survie. 20 DA 46 48 Survie. 20 21 15 16 16 18 DL 22 Survie. 66 67 16 17 14 15 16 17 == = SI © > ND © © 4 4 4 6 8 8 8 8 9 9 9 9 10 10 10 62 ND N ND D = Таблица УП. Chiens inoculés sous la peau avec du virus de la rage des rues. | Combien de jours après № Poids res RAR l'injection s’est produite ER virulente, en par kilogramme 7 ЕЕ RER стат ее: cent. cubes. de poids. la maladie. la mort. В ВН ЕАО еее 1 24220 1,5 0,06 Survie. a 2 730 0,5 0,05 3 о 0,75 0,15 31 | 32 4 4700 2,25 0,4 26 _ № 5 7830 : se = Survie. т 6 8870 7 9160 8 0,9 м 8 19840 18 0,9 т Survie. D 9 9720 10 1 10 10560 16 1,6 18 1 11 8950 14 1,7 19 А recouvré la santé. 2,4 Survie. = D [SL ra сх > — Le] 276 W. KRAÏOUCHKINE, En comparant ces résultats avec les précédents, on voit combien est sensible la différence entre l’action de l’inoculation hypodermique de virus de la rage des rues et celle du virus fixe. Le virus de la rage des rues, introduit sous la peau, produit la rage et détermine la mort plus sou- vent que le virus fixe. En outre, il fallut pour donner la rage, une quantité de virus de la rage des rues inférieure à celle du virus fixe, car dans ces expé- riences nos lapins et nos chiens furent atteints de rage à la suite de l’injec- tion de 0,25 c. c. seulement; la période d’incubation, chez les lapins et les chiens est, en moyene, plus longue que chez ceux de ces animaux qui sont inoculés avec du virus fixe; de plus, lorsqu'on introduit sous la peau du virus de la rage des rues, on remarque que la durée de la période d’incubation dépend de la quantité de virus injecté. Si nous examinons le moment auquel se produit l’affection chez ceux de nos lapins qui furent inoculés avec du virus des rues, nous voyons que plus la dose de virus est forte plus la période d’in- cubation est courte. Comme dans les expériences consignées sur les tableaux VI et УП, nos animaux ne furent pas inoculés sous la peau simultanément, mais, seulement, au fur et à mesure que nous pouvions nous procurer le virus nécessaire. Pour comparer d’une façon plus saisissante l’action des deux virus de la rage, du virus des rues et du virus fixe, nous fimes une autre expérience compara- tive (tableau VII). Tableau VIII. Lapins inoculés avec du virus de la rage ins i lés avec du vi г TS Les Lapins inoculés avec du virus fixe Poids, en grammes. Date où la maladie s’est produite. Date de la mort. Date où la maladie s’est produite. Date de la mort. Période d’incubation. = = $ =] El T 2 Quantité d’é- mulsionintro- duite, en с. с. en grammes. Quantité d’é- mulsionintro- duite, еп с. с. 2 11700 1 [1650 : 3 [1850] 2 16 ŸETTie 4 |1950| 2 5 [2150] 8 5 déc. | 7 déc. | 10 jours 6 |2500| 8 Survie. >> сл Qt Le 25 novembre 1895, il fut inoculé 12 lapins; on introduisit, sous la peau des six premiers, du virus de la rage des rues, et sous celle des autres, + SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 977 du virus fixe. Ces injections contenaient la même quantité de virus et elles furent pratiquées à peu près aux mêmes endroits. L’émulsion qui servit à ces injections fut préparé exactement comme il a été dit précédemment. Sur les six premiers lapins, auxquels il fut injecté du virus des rues, cinq furent atteints de rage; tandis que sur ceux auxquels il fut inoculé du virus fixe en quantité correspondante un seul mourut de cette maladie. En outre, nous remarquâmes que la durée de l’incubation dépendait complètement de la quan- tité de virus injectée. Pasteur avait donc raison quand il disait que, plus le virus de la rage des rues, en passant par des lapins, s'éloigne de son ori- gine, moins il est propre de déterminer la rage par inoculation hypoder- mique. Maintenant on comprend pourquoi les données recueillies par nous et que nous avons fait connaître précédemment, ne concordent pas avec les don- nées des autres auteurs; ceux-ci, ayant étudié la question avant nous, ont eu affaire à un virus moins éloigné de son origine première. Nous, nous possédions un virus, qui nous avait été envoyé par Pasteur il y a plus de neuf ans, déjà fixé; depuis, pendant toute cette période de temps, il n’avait cessé d’être transféré de lapin à lapin; ses propriétés pouvaient donc être modifiées. Nos expériences montrent que ces modifications présentent les caractères suivants: 1°l’introduction du virus fixe sous la peau donne d’abord la rage moins fréquemment; 2° dans le cas où la rage se produit, celle-ci а lieu bien plus tôt, c’est-à-dire après une période d’incubation beaucoup plus courte; 3° le développement de la rage dépend peu ou point de la quantité de virus introduite sous la peau. Tout ceci indique que le virus fixe possède des propriétés particulières, distinctes de celles du virus des rues. À priori, on pouvait déjà penser que les propriétés du virus fixe subissent des modi- fications qui le distinguent du virus naturel. En effet, le virus naturel de la rage se conserve et se multiplie au moyen d’inoculations naturelles ou de morsures intéressant, suivant la profondeur de celles-ci, les téguments externes ct les tissus voisins de ces téguments. Le virus artificiel de lapin n’est pas dans les mêmes conditions: pendant des longues séries de passages il a le temps de s’acclimater, pour ainsi dire, dans la substance nerveuse des lapins qui devient son milieu de culture habituel; de sorte qu’il ne trouve plus dans le tissu hypodermique les conditions favorables à sa propagation. Si l’on tient compte des autres propriétés du virus fixe qui ont pu être observées (son aptitude à donner des périodes d’incubation raccourcies lorsqu'il est inoculé sous la peau, et le peu de dépendance de l’effet de la quantité de virus introduite), il convient de supposer que le succès des inoculations de nos animaux d'expérience а eu principalement pour cause des circon- 278 W. KRAÏOUCHKINE, stances fortuites, autrement il serait difficile de concilier, d’une part, l’affaiblissement que subit la virulence à l’égard du tissu cellulaire sous- cutané, et d’autre part, la maladie mortelle avec courte période d’incu- bation qui suppose un accroissement de virulence. 1 Dès lors, оп se demande comment 5’ехрИаие le caractére accidentel de l’infection dans ce cas. D'abord voyons quels sont les tissus qui peuvent être intéressés par les injections et comment se comporte le virus à l’égard des lésions qui en peu- vent résulter. Rappelons-nous que les lapins et les chiens, comme les autres ani- maux, ont le muscle sous-cutané assez étroitement uni à la peau; aussi, quand on saisit un pli de la peau pour produire l’injection, ne peut-on guère faire autrement que de soulever en même temps le muscle sous-cutané. C’est ainsi que, quand on pratique une injection sous-cutanée sur des animaux, le liquide est très souvent introduit non pas dans le tissu cellulaire sous- cutané comme chez l’homme, mais dans le tissu cellulaire qui se trouve entre les deux couches de tissu musculaire, ce qui ne peut avoir lieu sans lésions de la couche musculaire extérieure. Si l’on tend légèrement la peau et qu’on en saisisse entre les doigts un très petit pli seulement, l’injection peut-être faite sous la peau, dars le sens strict du mot et, quelque-fois, dans l’épais- seur du muscle sous-cutané; dans ce dernier cas, le liquide d’injection, s’il est en quantité un peu considérable, doit être poussé avec effort par une vigoureuse pression sur le piston de la seringue et, alors, il se produit une déchirure des tissus. On a à tenir compte, dans les injections sous-cutanées, de toutes ces circonstances défavorables, surtout dans les expériences sur des lapins, chez lesquels, en raison de l’absence de graisse dans leur tissu cellulaire et en raison de l’élasticité de leur peau, il se produit très facilement des lésions facheuses dans les tissus. Cherchons donc à expliquer comment se comporte le virus à l’égard des lésions accidentelles qui se produisent à la suite des injections sous- cutanées. Il est d'autant plus indispensable d’élucider cette circonstance que des accidents semblables peuvent se produire dans les inoculations pré- ventives faites aux personnes, surtout quand on a affaire à des enfants qui souvent s’agitent et se défendent pendant l’opération. Dans ce but, nous avons fait quelques séries d'expériences avec ino- culations d’animaux dans les muscles et dans la peau. Ces expériences ont eu lieu sur.des lapins et des chiens. Pour les inoculations dans le tissu musculaire l’émulsion de moelle 9 = LA SUR L EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 279 était injectée dans l’épaisseur d’un muscle quelconque; ou bien nous prati- quions une incision dans le muscle, puis les bords de la blessure étaient hu- mectés avec l’émulsion. Nous fimes de la sorte des expériences sur trente trois lapins et dix-sept chiens. Comme précédemment, nous avons résumé chacune de ces expériences dans un tableau général: chaque espèce d’ani- maux fait l'objet d’un tableau séparé. (Voyez tableaux IX et Х.) Tableau IX. Lapins inoculés dans le tissu musculaire avec du virus fixe. = Quantité Combien de jours après = Partie du corps ou а été faite d’émulsion |l’inoculation s’est produite а virulente in- =) l’inoculation. troduite, en l'affecti ] + = Centicubes | ПО сть jl Dans l'épaisseur des muscles de l’épaule roc du 0,1 10 11 2 О PE EN EE RL 0,1 Survie. 3 Dre sacre ом 0,25 8 | 10 4 DRM ВОВА ee RE SI TAPIE 0,25 ` Е 5 ЕЕ NE Е 0,25 À Survie. 6 Dans l’épaisseur des muscles du dos . 0,5 9 12 d т О И 0,5 10 11 8 Dans l’épaisseur des тизс]езае l’épaule LAUCHE MENU CE NN UC 0,5 12 14 9 Dans l'épaisseur des muscles de la cuisse gauche... »: 0,5 1] 15 10 ICS ла MORE о 0,75 12 14 11 Dans l’épaisseur des muscies du dos . 0,75 10 12 12 » » » » de l’épaule ОО о ие 0,75 9 12 13 PACE Te CAE 0,75 11 12 14 и man 0,75 13 14 15 Dans l'épaisseur des muscles de lé- раме TOILE M CNE TR 0,75 9 10 16 Е о о S RSR ER LC ee 0,75 9 12 17 » В 0,75 10 11 18 » Е RS LC 1 12 15 19 Dans lépaisseur des muscles de la CuISSeNArOitE CI UE OA 1 11 13 20 а | т 1 9 10 21 Dans l’épaisseur des muscles de lé- paule droite и 1,5 9 11 22 о. 1,5 6 8 23 DR st ue Е Re 1,5 7 9 280 W. KRAÏOUCHKINE, Combien de jours d’après Les bords de l’incision du muscles sont l’inoculation s’est produite № du lapin. enduits avec de l’émulsion virulente de moelle. l'affection. la mort. © © CO =J Où Or À À D 1 ыы Tableau X. Chiens injectés dans le tissu musculaire avec du virus fixe. — Quantité | СошЫеп de jours après Injection dans le tissu Poids d’émulsion [l'injection s’est produite virulente in- musculaire. en grammes. | troduite, en р cent. cubes. du chien. affection.| la mort. fo Л De l’épaule gauche . : Des deux cuisses et de lépaule De la cuisse gauche . . . Dans la région des fesses . . » » » De l’épaule gauche De la cuisse gauche . Е Dans la région des fesses . . . De la jambe gauche . . Du dos хе De l’épaule droite » . EU ‘мамам <. < O0 =] <> сл № © — <> ND ND ©=u O9 NO bi bd bd pd Ve pod bed » se Des deux cuisses et de lépaule | gauche . Ne И Une semaine après, l'animal s’est remis. Des deux cuisses et du dos . . 15 © 9 LA SUR L EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 281 On peut déduire de ces expériences que l'introduction du virus fixe dans le tissu musculaire des lapins et des chiens provoque presque toujours la rage. Les petites quantités, ne dépassant раз 0",25 de notre émulsion, inoculées à des lapins, restent quelquefois sans action; mais l'introduction de l’'émulsion en quantité supérieure à 0”,25 entraîne toujours une maladie à dénouement fatal. Toutefois, chez les chiens, des quantités d’émulsion relativement considérables ne conduisent pas toujours à une issue fatale; dans un des cas, une injection de 5 с. с. d’émulsion, faite à un chien adulte, pro- duisit il est vrai l’affection, mais au bout d’une semaine l’animal était réta- bli. Une cinquième environ seulement de la totalité des chiens et des lapins, dans le tissu musculaire desquels il fut introduit du virus fixe, ne furent pas malades. En moyenne, la durée de la période d’incubation fut la même pour les lapins comme pour les chiens: les premiers éprouvèrent les atteintes de la maladie, en moyenne, au dixième jour, les seconds, à l’onzième. Avec les in- jections sous-cutanées, de même qu’avec les injections dans le tissu muscu- laire il n’a pas été possible d'observer que la quantité de virus introduite eût une influence quelconque sur la durée de la période d’incubation. Cette absence d'influence de la quantité de virus sur la durée de la période d’incu- bation s’explique par cette circonstance que la période d’incubation la plus courte peut se produire, même sous l’action du virus en petites doses; puis, quelle que soit la quantité de virus injectée, l’affection ne se produit pas plus rapidement. Cette explication est confirmée par une expérience (tab- leau IX) sur dix lapins, auxquels le virus fixe ne fut pas injecté mais simp- lement déposé sur la plaie vive des muscles. On voit, en effet, par cette ex- périence qu’une quantité insignifiante de virus donne presque la même durée de la période d’incubation qu’une grande quantité. Il convient done de conclure, comme résultant de ce qui vient d’être exposé, que l'introduction du virus fixe dans le tissu musculaire provoque la rage, bien plus souvent et en doses moindres, que lorsque ce virus est т- troduit sous la peau; et que les lésions du tissu musculaire, lorsque le virus est injecté sous la peau, peuvent accroître considérablement la fréquence des cas de rage. Il résulte de ceci qu’on est forcément amené à supposer qu’une des causes les plus immédiates de l'infection, dans les injections sous cutanées, doit être attribuée à la lésion du tissu musculaire. Il est probable, que c’est là l'explication des résultats obscurs, souvent contradictoires, sur l’action du virus introduit sous la peau. Bien qu’on ne sache pas d’une manière certaine comment agit le virus fixe introduit dans le tissu musculaire 282 W. KRAÏOUCHKINE, de l’homme, on n’en doit pas moins prendre cette circonstance en considé- ration dans le traitement antirabique. Voyons, maintenant, comment agit le virus fixe introduit dans l’épais- seur du derme. Dans ce but, nous avons fait des expériences sur des lapins et sur des chiens. Et, comme les injections dans l’épaisseur du derme réus- sissent difficilement chez les lapins, nous ne faisions à ces animaux que des égratignures ou des incisions. Ces égratignures de la peau étaient humectées avec de l’émulsion de moelle ou simplement frottées avec de la substance de moelle contenant du virus fixe. Elles ont été faites sur le dos entre les omo- plates, ой sur la partie supérieure du cou afin d’empécher l’animal de lécher la place de l’inoculation (tableau ХТ). Tableau XI. Lapins inoculés dans une égratignure ou une incision de la peau avec du virus fixe. Combien de jours après Région dans lequelle а, été faite l’effraction] Nombre d’é- | l’inoculation s’est produite gratignures Е de la peau. | ou d’incisions. НОВ, Ru Egratignures à la nuque et le dos . . 12 14 EAN SANS US EME 14 16 » ОИ оо ee Ro 11 14 » SEL 13 15 Incisions de la peau sur le dos . she 13 15 » sur le dos et sur le cou. . . 13 13 u lapin. || га № © O0 — <> Où > © D = Sur la partie postérieure dn cou . Idem а Ces expériences ont montré que, lorsqu’on inocule sur une érosion de la peau, la rage se produit, chez les lapins, presque aussi souvent que lors- SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 283 L2 qu'on les inocule dans le tissu musculaire, (environ dans les 79° des cas, c’est-à-dire bien plus fréquemment que ne le virus est introduit sous la peau). En comparant la quantité de virus introduit sous la peau et dans l'épaisseur du derme, nous voyons que, dans le dernier cas, il faut pour déterminer la rage, beaucoup moins de virus. La durée moyenne de la pé- riode d’incubation est d'environ 12 jours. De même que dans les inoculations dans le tissu musculaire, il nous fut impossible d'observer aucune relation entre la quantité de virus introduite, c’est-à-dire entre l’étendue de la lésion épidermique et la durée de la période d’incubation. Еп ce qui concerne les chiens, à notre extrême étonnement, sur dix cas, nous п’ауопз pu réussir une seule fois à déterminer la rage de cette façon. Comment expliquer ce fait? Par une susceptibilité moindre de entra ou par des causes purement anatomiques ? En observant la marche de la guérison des érosions et des égrati- gnures, faites à la peau de nos lapins et de nos chiens, nous remarquâmes que, chez les premiers, les érosions de la peau se cicatrisaient, se couvraient d’une eschare et guérissaient extraordinairement vite: entre le quatrième et le sixième jour l’eschare commencait à se détacher et, à l’endroit de l’é- rosion, il restait une cicatrice à peine perceptible. Pendant tout le proces- sus on ne pouvait observer la moindre réaction inflammatoire. Chez les chiens, au contraire, la marche de la guérison des écorchures et des incisions de la peau était bien plus lente et toujours accompagnée de suppuration. Serait-ce qu'il existât un rapport quelconque entre la suppuration et l’absence d'infection dans ce cas? Ne sait-on pas que Virchow!) expliquait par la suppuration cette circonstance que les animaux, sous la peau desquels il avait été introduit des morceaux du tissu nerveux d'animaux enragés, demeuraient fréquemment indemnes de la rage. Pour trancher cette question, nous essayâmes dans nos expériences, de provoquer chez nos lapins la suppuration en les inoculant dans les érosions de la peau, car ainsi que nous l’avons fait observer précédemment, chez les lapins, les égratignures simplement badigeonnées avec du virus fixe guérissaient rapidement et toujours sans suppurer. Dix lapins furent inoculés dans la peau du dos de la manière suivante: on leur fit à tous dix incisions de l’épiderme, toutes pareilles, qu’on frotta, à cinq d’entre eux avec de l’émulsion de moelle à laquelle il fut ajouté de la culture du staphy- locoque doré (staphylococcus pyogenes aureus) sur bouillon, à cinq autres, avec la même émulsion mais sans culture du staphylococque. 1) Roger, Les maladies contagieuses propres aux hommes et aux animaux, (traduction russe) St-Pétersbourg, 1894, page 109. 284 W. KRAÏOUCHKINE, Tableau ХИП. Combien de jours : HUE œl Combien de jours Les incisions de la | après Рпосша- || : Les incisions de 1а | après l’inocula- tion se produisit peau sont badigeon- tion se produisit peau sont badi- ; Ù В nées. Vaffec- geonnées. ne nor tion, [2 mort. 1 6 |} Avec un mélange | 11 13 2 Avec de l’émul- 13 14 7 || d’émuision de 11 13 3 sion de moelle Survie. 8 moelle et de cul-£ Survie. 4 (virus fixe). 14 16 9 ture dustaphylo- || 11 | 14 5 (| 13 15 10 coque. (| Survie. Dans cette expérience (tableau XII), deux des lapins, inoculés avec le mélange de virus fixe et de culture du staphylococque ne furent pas mala- des, alors qu’un seul des animaux témoins échappa à l’infection, ce résultat indiquerait, semble-t-il, que le staphylocoque réagit contre le développement de la rage. Cependant, en observant nos lapins inoculés avec ce mélange, nous n’avons presque pas remarqué de réaction dans les éro- sions qui leur avaient été faites; chez le lapin № 8, seulement au qua- trième jour de l’inoculation, il se produisit de l’enflure et de la rougeur aux endroits de la plaie; quant à la suppuration, il n’y en eut dans aucun cas. Comme chez les lapins il est généralement plus difficile de provoquer la suppuration que chez les chiens, et que, chez ces derniers, l'introduction du virus dans le tissu musculaire donne la même proportion des cas d’affection que dans l'introduction du virus sous la peau, nous modifiâmes légèrement les conditions de notre expérience. Dans la série d’expériences qui suit, l’émulsion de virus fixe mélangée à du bouillon de culture du staphylococque fut introduite dans le tissu musculaire de nos chiens comme dans celui de nos lapins. Pour la première expérience nous nous servimes de quatre lapins et de quatre chiens; nous injectâmes à deux de ces lapins et à un des chiens, le mélange de virus fixe avec la culture du staphylocoque; à un autre chien une émulsion de moelle et d’essence de térébenthine laquelle, comme on le sait, provoque rapidement chez les chiens une abondante suppu- SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 285 ration’). Afin de parer à l’action immédiate de cette essence sur le virus fixe, les injections ont été faites séparément. Les deux autre lapins et les deux autres chiens servirent de témoin. Dans tous les cas, le bouillon de culture du staphylococque fut étendu de son volume de solution physiologique de chlorure de sodium. Les injections furent faites dans les muscles de l’épaule gauche. Tableau ХШ. Combien de jours après l’injection se produisit Espèce de l'animal et Nature de l’injection. Résultats de expérience. son №. Lapin № 1. Chien № 1. Lapin № 2. Chien № 2. Lapin № 3. Lapin № 4. Chien № 3. Chien № 4. 1 с. с. d’émulsion virulente de moelle. 1,5 с. с. de la même émul- sion. 0,25 c. c. de bouillon de culture de staphylocoque. 0,5 c. c. de bouillon de culture de staphylococque. 1 с. с. d’émulsion virulente de moelle +0,25 с. с. de bouillon de culture de sta- phylocoque. Même mélange et dans la même quantité. 2 с. с. d’émulsion virulente de moelle +0,25 с. с. de bouillon de culture du sta- phylocoque. 2 с. с. d’émulsion de moelle; puis 0,5 с. с. d'huile de térébenthine. la ma- ladie. la mort. Mort de paralysie rabique. Idem. Au 6° jour tuméfaction au point de l’injection; au 12° jour après l’injection, fluctuation; au 27° jour, l’abcès s’ouvre sponta- nément. Au 5° jour après l'injection, abcès; au 8° jour, l’abcès s’ouvre. Au 6° jour après l’injection, abcès. Mort par la rage paraly- tique. Le lapin de contrôle, ino- culé avec la moelle de celui qui a succombé, au moyen de la tré- panation, succomba à la rage après une période d’incubation d’une durée de 8 jours. Pas de suppuration; mort de la paralysie rabique. Suppuration insignifiante; mort de la paralysie rabique. Au 53° jour après l'injection, suppuration abondante; l’abcès est ouvert au couteau, Mort de la paralysie rabique. Le lapin, inoculé sous la dure-mère avec de la substance provenant de ce chien, tomba malade et succomba à la paralysie rabique après une période d’incubation d’une durée de sept jours. 1) N. Uskoff, Giebt es eine Eiterung unabhängig von niederen Organismen? Virchow’s Archiv, 1881, $. LXXVI, page 150. JO 286 W. KRAÏOUCHKINÉ, Cette expérience, dont les détails sont consignés dans le tableau XIII, montre que la suppuration développée sur les points inoculés avec du virus fixe non seulement n’arrête pas la maladie, mais qu’elle l’accélère même, c’est-à-dire qu’elle diminue la durée de la période d’incubation. Comme dans cette expérience l’émulsion de moelle contenant le virus de la rage fut introduite en quantité plus grande que la culture du staphy- locoque, nous Ишез une seconde expérience dans laquelle le virus fixe fut injecté, en quantité à peu près égale à la culture du staphylocoque!). Les injections furent faites aux mêmes endroits que précédemment (Voyez tab- leau XIV). Ainsi que nous l’avons déjà vu, les injections de virus fixe dans les muscles ne donnent pas la rage avec une sureté absolue, particulièrement lorsque l’on n’introduit qu’une quantité relativement faible d’émulsion viru- lente; il en fut exactement de même dans l’expérience que nous reproduisons sur le tableau XIV; les animaux de contrôle ne furent pas malades après l'introduction du virus fixe. Tandis que la même quantité de virus fixe, mêlé au bouillon de culture du staphylococcus, provoqua la rage chez les lapins comme chez les chiens, et la durée de la période d’incubation eut une cer- taine tendance à diminuer. Mais comme dans les cas d’infection par morsure ce ne sont pas seu- lement les staphylocoques dorés mais bien d’autres microbes aussi qui peuvent pénétrer dans la plaie, nous fimes encore une troisième expérience. Dans cette expérience, au lieu de culture pure de staphylocoques, nous emplo- yâmes du pus d’une plaie située à la plante du pied d’un malade dont toute cette partie était atteinte d’un plegmon, et nous ensemencâmes un bouillon avec ce pus. Les tubes contenant le bouillon ensemencé furent tenus à l’étuve à 38° C.; au troisième jour, le bouillon ?), devenu trouble, fut mélangé, en quantités égales, avec de l’émulsion de moelle provenant d’un lapin ayant succombé à l’inoculation du virus fixe. Les injections furent faites aux mêmes endroits que dans les deux expériences précédentes, c’est- à-dire dans les muscles de l’épaule gauche. L’action du bouillon de cul- ture, injecté séparément, а été contrôlé par des expériences spéciales (tableau XV). Ainsi, il est donc évident que les divers microorganismes souillant le virus fixe de la rage n’arrêtent pas l’action de ce virus. I1 est très probable 1) Dans cette expérience, la culture du staphylocoque était d’ensemencement récent et provenait d'en malade atteint d’ostéomyélite; elle nous avait été gracieusement offerte par M-me le docteur М. К. Schoultz, auquel nous adressons nos cordiaux remerciements. 2) Sous le microscope, le bouillon contenait un mélange de divers microbes. SUR ТЕРЕЕТ DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 987 Tableau XIV. Combien de Espèce de jours après l’in- re 5 о et Nature de l’injection. и, Résultats de l’expérience. о ) - son №. т р la mort. Lapin № 5. | 0,25 е. с. d’émulsion viru-| — — Aucune réaction; le lapin vit et lente de moelle. se porte bien. Chien № 5. | 0,5 с. с. de la même émul-| — — Idem; le chien reste bien рог- 8101. tant. Lapin № 6. | 0,25 с. с. de bouillon de — — Ге 11° jour après l'injection, à culture de staphylocoque. l'endroit où elle а été faite, abcès. Chien № 6. | 0,5 с. с. de la même cul- — — Le 6° jour après l'injection, à ture. - l’endroit où elle а été faite, abcès. Lapin № 7. | Mélangé: 0,25 с. с d’émul- 8 10 Le 8° jour, abcès. Mort de sion de moelle -+0,25 с. с. paralysie rabique. Le lapin, ino- de bouillon de culture du culé sous la dure-mère avec du staphylocoque. virus provenant de celui qui а succombé, tombe malade et suc- combe à la paralysie rabique après une période d’incubation ayant duré sept jours. Lapin № 8. | Méme mélange en même — — Le 11° jour après l'injection, quantité. abcès. Pendant toute la durée de l’observation, ce lapin ne présente aucun des symptômes de la rage. Lapin № 9. [Mélange: 0,1 с.с. d’émulsion| 10 11 Le 8° jour après l'injection, de moelle +0,25 c. c. de abcès. Mort de la paralysie ra- culture du staphylocoque. bique. Le lapin, inoculé sous la dure-mère avec du virus prove- nant de celui qui а succombé, tombe malade et succombe à la paralysie rabique après une pé- riode d’incubation de six jours. Lapin № 10. Mélange: 0,1 с. с. d’émul-| — — Le 18° jour, abcès, à l’endroit sion de moelle+-0,1 с. с. de où а été faite l'injection; pendant culture de staphylocoque. toute l’observation, il ne présente aucun de phénomènes de la rage. Chien № 7. |Mélange: 0,25 с. с. d’émul-| 11 18 Le 3° jour, abcès, à l’engroit où sion de moelle +0,25 с. с. a eu lieu l’injection. Succombe à de bouillon de culture de la paralysie rabique. staphylocoque. 8 10 Le 8° jour, abondante suppu- Chien № 8. 0,5 с. с. d’émulsion de ration. Succombe à la paralysie moëlle; puis, ensuite, 0,5 rabique. Le lapin, inoculé sous с. с. d'huile detérébenthine. la dure-mère avec de la substance provenant du chien qui а suc- combé, succombe, à son tour, à la paralysie rabique, après une période d’incubation de huit jours. que le virus naturel des rues possède les mêmes propriétés; car dans les mor- sures il est inévitablement apporté avec le virus de la rage quantité d’au- 288 W. KRAÏOUCHKINE, Tableau ХУ. Combien de jours après 16 octobrell'inject. s’est и pe me Résultats de l’expérience. ni- fo il fut injecté: Espèce de l’a mal et son + = © Я = 0,5 с. с. de Le 19° octobre. Légère tuméfaction à l'endroit de l’ino- bouillon de culation; 20° octobre, le chien est triste; il ne mange раз; culture. 21° octobre, le chien est faible; il reste couché; 22° oc- tobre, le matin, on le trouve mort. Pendant toute la durée des symptômes, un peu de fièvre. Autopsie. А l’endroit de l’injection, petit abcès circon- зег; à part une augmentation du volume de la rate, les organes internes ne présentent aucun changement ma- croscopiques. Etat fébrile incessant; une fois, la température atteint 40°. А l’autopsie, dans les cavités péricardiaque et pleu- rale, on trouva une accumulation de pus et, aussi, un abcès à l’endroit de l’injection. 3 с. с. d’'émul- Mort de la paralysie rabique. . [sion demoelle. 1,5 с. с. de la Idem. . | même émuls. Chien |2 с. с. de шё-| 9 | 11 Le 19° octobre, le chien est faible; il est couché; le 25 № 11. [lange d’émuls. octobre, paralysie des extrémité postérieures; le 26 oc- virulente de tobre, l’animal succombe. A l’autopsie, on trouva, à l’en- moelle avec droit de l’injection, un peu de suppuration. Le lapin, ino- du bouillon culé dans la dure-mère avec du virus provenant du chien de culture. № 11, succombe la paralysie rabique après une période d’incubation d’une durée de sept jours. Chien |3 с. с. de mé-| 9 | 11 А succombé à la paralysie rabique avec les mêmes phé- № 12. lange. nomènes que le précédent. A l’endroit de l'injection, sup- puration considérable. Chien |4 к. с. de mé-| 9 | 11 Le 19 octobre, abcès à l’endroit de l’injection. L’animal № 18. lange. succombe, avec les mêmes phénomènes que les deux chiens précédents, à la paralysie rabique. Chien |6 к. с. de mé-| ? 4 Те 18° octobre, à l’endroit de l’injection, abcès; le’ 19 № 14. lange. octobre, le chien est étendu sans connaissance; le 20 oc- tobre, mort. Autopsie: à l’endroit de l’inoculation, abondante quantité de pus liquide et décomposition du tissu sous-jacent, les muscles forment une masse brune putride. Le lapin, inoculé avec la moelle provenant de ce chien, au moyen de la trépanation, succombe le lendemain. Lapin |1 к. с. de шё-| 9 | 10 Paralysie rabique. A partir du jour de l’injection jus- № 13. lange. qu’au moment où commença la paralysie, la température se maintient au-dessus de 40°. А l’autopsie, on trouve, à l'endroit de l’inoculation, une importante suppuration. Le lapin de contrôle, inoculée avec de la moelle provenant de cet animal, succombe à la paralysie rabique après une pé- р riode d’incubation de sept jours. Lapin| 1,5 к. с. de О Un peu de fièvre. Abcès à l’endroit de l'injection. Mort № 14.| mélange. de paralysie rabique. Lapin 1,5 к. с. @е | 10 | 11 Succombe avec les mêmes phénomènes. Le lapin de con- № 15.| mélange. trôle, inoculé avec le virus provenant de celui-ci, tombe malade, et succombe à la paralysie rabique après une pé- 7 riode d’incubation de sept jours. Lapin| 1,5Kk. с. de NE ï 2 | Mort de paralysie rabique. A l'endroit de l’injection, № 16.1 mélange. infiltration considérable. >] LA SUR L EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE, 289 tres microbes provenant de la cavité buccale de l'animal enragé. Ces micro- organismes étrangers n’affaiblissent ni n’arrêtent l’action du virus rabique. | Pour en revenir à la question des causes pour lesquelles ceux de nos chiens, auxquels il fut injecté dans la peau du virus fixe, n’éprouvèrent pas les atteintes du mal, nous sommes amenés à conclure que, dans cette circon- stance, la suppuration n’y fut pour rien. En se fondant sur les expériences de ММ. Vestea et Zagari!), Blasi et Russo-Travali?), Bardach®) et Roux‘), et aussi sur nos propres observations, il y a lieu, croyons-nous, de supposer que, la plus grande fréquence de la rage chez nos lapins après les inoculations du virus dans la peau s’explique par leur susceptibilité à la linfection lorsque le virus est introduit dans les ramifications cutanées extrêmes des nerfs. Mais chez les chiens, l'introduction du virus dans des faisceaux nerveux relativement assez importants ne détermine pas toujours la rage. Il est très probable que c’est par cette circonstance qu’il convient d'expliquer les résultats négatifs de nos expériences lorsque nous avons in- troduit à nos chiens le virus fixe dans des égratignures et des érosions. On peut donc conclure par ces expériences que les lésions de la peau, le virus étant introduit en injections sous-cutanées, peuvent jusqu'à un certain point favoriser l'infection chez les lapins; mais, en ce qui concerne les chiens, ces lésions, semble-t-il, n’ont aucune importance. Mais les lésions de la peau n’ont pas, еп génèral, l’importance qu’il est juste d’attribuer au lésions du tissu musculaire qui, elles, sans aucun doute, favorisent l'infection. Après avoir élucidé de la sorte la question de savoir où il convient de chercher les causes de l’inconstance de l’action du virus fixe, lorsque ce virus est introduit en injections hypodermiques, nous ne voyons pas encore, avec une netteté suffisante, comment ce virus se comporte à l’égard du tissu cellulaire sous-cutané, en dehors de toutes lésions occasionnelles quelcon- ques. П se pourrait donc que, si l’on introduisait le virus fixe dans le tissu cellulaire sous-cutané avec une extrême précaution sans interesser le tissu musculaire, les nerfs ou les vaisseaux on ne déterminerait pas d’affection; 1) Vestea et Zagari, Compte rendu d’une année d’observations et d’expériences sur la rage... etc., Giorn. internaz. 4. scienze mediche, IX, Naples, 1887; cité d’après un résumé Ann. de VInst. Pasteur, 1887, р. 492. — Vestea et Zagari, Sur la transmission de la rage par voie nerveuse, Annal. de l’Inst. Pasteur, 1889, р. 237. à 2) De Blasi et Russo-Travali, Compte rendu des vaccinations prophylactiques et expé- riences faites à l’Institut antirabique.. еёс., Palerme, 1889; cité d’après un résumé Ann. de l’Inst. Pasteur, 1889, p. 270. 3) Bardach, Nouvelles recherches sur la rage, Annal. de l’Inst, Pasteur, 1888, р. 9. 4) Roux, Notes de laboratoire sur la présence du virus rabique dans les nerfs, Annal. de VInst. Pasteur, 1888, р. 18. 290 W. KRAÏOUCHKINE, ou, du moins, оп ne la déterminerait que dans de cas rares. Сене question a déjà été soulevée dans le travail de Helman') qui est arrivé à la con- clusion que le virus rabique, introduit et localisé dans le tissu cellulaire sous-cutané, ne produit pas l'infection. Cet auteur travaillait avec un virus de diverses provenances, qu’il désigne sous le nom général de virus rabique, et ne se servait que des lapins. En ne faisant d’injections qu’au front, entre les orbites, où le tissu musculaire sous-cutané fait défaut, il essaya de prouver que, le virus injecté étant rigoureusement localisé dans le tissu cellulaire sous-cutané, les lapins ne contractent la maladie que rarement. En in- jectant à des lapins, en cet endroit, 0°,2 d’émulsion, il n'eut que peu de cas de rage. Dans nos expériences de contrôle, il s’est trouvé qu'à се point de la tête, il n’est possible d'introduire en injection sous-cutanée qu’une très petite quantité d’émulsion; or, avec une aussi petite quantité de virus fixe nous n'avons jamais réussi à donner la rage à nos lapins quel que fût l'endroit où le virus fut injecté. En outre, l’endroit dont cet auteur а fait choix pour y pratiquer l'injection est couvert d’une peau relativement épaisse qui adhère aux parties sous-jacentes, aussi пе saurait-on être assuré que le liquide injecté fût réellement introduit dans le tissu cellulaire sous-cutané. Ainsi donc, la question de savoir quelle est l’action du virus, rigoureu- sement localisé dans le tissu cellulaire sous-cutané, ne nous paraissait pas suffisamment éclaircie. Quant à son importance dans la pratique des ino- culations préventives, elle ne saurait faire de doute. Aussi avons-nous fait un certain nombre d'expériences sur ce sujet. Afin d'éviter d’occasionner des lésions à la peau et aux muscles sous- cutanés à l’endroit où le virus est introduit, (lésions presque inévitables lorsqu'on injecte le virus directement sous la peau au moyen d’une seringue), nous remplaçâmes les injections par l’introduction directe dans le tissu cellulaire de fragments de moelle épinière, pris à un lapin ayant suc- combé à l’inoculation du virus fixe. Pour cela, nous nous servimes d’un instrument à fabriquer les cigarettes, lequel est formé d’un tube métallique s’ouvrant dans le sens longitudinal; il est à charnières et présente, lors- qu'il est ouvert, deux moitiés de tubes parallèles. On у introduisait un petit morceau de moelle long, de un à quatre centimètres puis on saisissait la peau de l’animal de façon à former un pli aussi grand que possible; on perçait ce pli à sa base avec un bistouri pointu, et on intro- duisait dans l’ouverture ainsi pratiquée le petit tube métallique avec le 1) Helman, 1. с. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 291 fragment de moelle qu’il contenait. En laissant échapper le pli retenu jusque là entre les doigts, il se trouvait que l’extrémité de notre tube était logé dans le tissu cellulaire; alors, retirant lentement et avec précaution le tube, et en même temps repoussant la moelle qu’il contenait au moyen d’une ba- guette en verre, on s’efforçait de faire entrer la moelle dans le tissu cellu- laire, au milicu et entre les deux incisions faites dans la peau par le bistouri. De cette façon, les morceaux de la moelle pénétraient dans le tissu cellu- laire sans entrer en contact ni avec les incisions de la peau, ni avec les muscles sous-cutanés; en outre, le virus fixe sous un volume peu con- sidérable, était déposé en qnantité importante sans distension ni déchirure du tissu cellulaire, ni des muscles sous-cutanés. Ce procédé écartait le danger de blessure des tissus voisins avec l'aiguille de la seringue, оп n’avait pas à craindre non plus d’injecter accidentellement le virus dans l’épaisseur des muscles sous-cutanés. Nous avons employé ce procédé pour introduire des morceaux de moelle de deux centimètres de long chacun, dans quinze lapins, dont un seul devint malade, et encore sa maladie ne présenta-t-elle que de très vagues symptômes; un mois et demi après avoir reçu ces fragments de moelle, ce lapin se prit à maigrir et succomba avec les symptômes de l’épuisement, sept semaines après l’opération. Cependant pour prouver d’une manière plus saissisante l’inocuité rela- tive de l'introduction sous-cutanée du virus fixe sous forme de morceaux de moelle placés dans le tissu cellulaire, un plus grand nombre d’expériences comparatives sur des lapins et des chiens nous paraissait nécessaire, car les cas de rage à la suite d’injections sous-cutanées avec une ‘seringue, suivant le procédé habituel, ne sont pas trop fréquents aussi. Pour arriver à élucider la question qui nous occupait en sacrifiant le moins d'animaux d’expérience possible, nous avons employé à nos expériences comparatives des cobayes; ces animaux, ainsi que nous рашез nous en convanicre, contractent faci- lement la rage à la suite d’injections dypodermiques de virus fixe. Nous placimes sous la peau de chacun de nos cobayes, au nombre de six, un centimètre de moelle épinière prise à un lapin ayant succombé à l’inoculation du virus fixe après une période d’incubation de cinq jours; et nous injectâmes à chacun de nos six autres cobayes de l’émul- sion de moelle provenant du même lapin et préparée, pour chacun de ces cobayes, avec un centimètre de moelle épinière. Bien que la virulence de la moelle épinière, ainsi que nous l’avons vu, soit presque la même sur tous les points de cette moelle, pour écarter tout doute, nous coupâmes la moelle épinière du même lapin en douze morceaux en commençant par le bout céphalique pour finir par le caudal. Nous plaçâmes sous la peau de nos 292 W. KRAÏOUCHKINE, animaux d’expérience, les morceaux impairs 1", 3°, 5°, 7, 9° et 11°; tandis que les morceaux pairs furent utilisés pour préparer six por- tions d’émulsion. Nous consignons dans notre ХУГ tableau les résultats obtenus. Tableau XVI. Inoculations avec des morceaux || Inoculations avec de l’èmulsion de moelle. de moelle. Combien de jours Combien de jours après l’introduct. de après l’introduct. de la moelle se produisit la moelle se produisit 1 8 9 1 2 41 43 2 Survie. 3 Survie. 3 12 13 4 8 | 9 4 5 6 5 40 41 5 12 13 6 Survie. | 6 16 18 Cette expérience nous montre que les cobayes, animaux les plus sen- sibles au virus rabique, contractent la maladie plus rarement et plus tard, si on leur introduit le virus sous le peau sans entamer la couche mus- culaire sous-cutanée. Il est toutefois possible de soulever quelques objections à l’égard des conditions de ces expériences. D'abord, un groupe d’animaux est inoculé avec de la moelle délayée, tandis que l’autre groupe recoit cette moelle en morceaux entiers et nous créons, de la sorte, à l’action du virus des con- ditions différentes. De plus, le virus fixe n’est pas introduit dans le tissu cellulaire sous-cutané, mais entre deux couches musculaires. Aussi avons- nous modifié les conditions de notre expérience en introduisant sous la peau le virus fixe en émulsion à tous les animaux d’expérience, mais d’après un procédé particulier. Si on soulève la peau du ventre d’un lapin ou d’un cobaye en un grand pli, et qu’on la regarde à contre-jour, on peut voir que le muscle sous-Cutané y est également compris, et que ce dernier occupe la partie inférieure du pli, alors que la partie supérieure n’est formée que par la peau; on peut, d’ailleurs, s’en assurer également par le toucher. C’est dans cette SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 293 + partie supérieure qu’on introduit l'aiguille de la seringue, puis оп desserre les doigts, lachant le pli tout entier, et on retire de quelques millimètres seulement, l’aiguille de la seringue dont le bout reste strictement sous la peau, sans que le muscle sous-cutané ait été intéressé. On injecte alors, avec lenteur et précaution, l’émulsion dont on avait préalablement remplie la seringue. Nous injectèmes, par ce procédé, 2 с. с. d’émulsion à chacun de dix lapins. Pour servir de comparaison, nous injectñmes sous la peau de dix autres lapins la même émulsion de moelle et dans la même proportion, mais d’après le procédé habituel. Un des dix premiers lapins, succomba le neuvième jour; et à l’autopsie il fut constaté une pleuro- pneumonie bilatérale. L’inoculation de contrôle, faite à un autre lapin avec de la moelle de l’animal qui venait de succomber, donna un résultat négatif. Sur la seconde dixaine de lapins inoculés sous la peau de la manière habi- tuelle deux succombèrent; tous deux présentaient les phénomènes de la ра- ralysie rabique. Nous Ншез la même expérience sur dix-huit cobayes, sous la peau de chacun desquels nous injectâmes un centimètre cube d’émulsion virulente. (Voyez tableau XVII.) Tableau ХУП. Injections d’après le procédé Injections faites d’après le pro- modifié. cédé habituel, Combien de jours Combien de jours après après l’injection se È l'injection se produisit || produisit des co- Jo norte jo el ) ï 1 = l'affection. mort bayes. |laffection. а 11) 11 | 12 1 6 7 2 \ 2 8 9 3 : 3 5 9 4 Survie. 4 9 10 5 5 Survie. 6 2) ess 6 7 8 7 7 Survie. 8 Survie. 8 и 9 9 Survie. 1) Pendant qu’on pratiquait l'injection le cobaye зе débattit, et l’émulsion pénétra dans le muscle sous-cutané; а l’autopsie il fut trouvé sous le muscle sous-cutané une partie de la masse de moelle non absorbé. 2) Ce cobaye succomba en mettant bas. 294 W. KRAÏOUCHKINE, Afin de renouveler la même expérience sur des chiens, nous fimes nos in- jections dans la région inguinale; à cet endroit, la peau de ces animaux est très mince, presque dépourvue de poils, et, si l’on place l’animal sur le dos, en exerçant une traction sur les pattes de derrière, la peau forme entre la cuisse et le tronc un pli naturel assez mince, translucide. Profitant de ce pli nous introduisimes de l’'émulsion virulente de moelle à cinq chiens, comme nous l’avions fait à nos lapins et à nos cobayes des deux expériences précédentes; l'injection faite à cinq autres chiens témoins fut pratiquée d’après le procédé habituel, sur le ventre. П fut injecté à chacun de ces chiens 3 с. с. d’émulsion virulente. Les résultats de cette expérience sont présentés dans le tableau X VIII. Tableau XVIIL Injections faites d’après le procédé habituel. Combien de jours _ Combien de jours № Poids après l’injection se № Poids après l’injection se produisit produisit du chien. | en grammes. du chien. | en grammes. l’affection.| la mort. l'affection. la mort. | 1 9820 1 10120 Survie. 2 8620 Ont été bien por- 2 8750 12, D'or 3 6350 tants pendant 3 9340 2 4 8130 quatre mois. 4 8600 Survie. 5 7520 5 7430 17 | 20 Ces expériences sur les chiens ont donné le même rèsultat qu’aupa ravant. Toute cette série d'expériences sur trois espèces d'animaux mettent en évidence toute l’importance que les lésions accidentelles exercent sur les résultats des injections sous-cutanées; et on comprend pour quelle raison, avec ce procédé d'introduction du virus, l’action de ce dernier dépend peu de la quantité de virus introduit, et pourquoi aussi, dans le cas où la rage se produit, elle a une période d’incubation très courte. Ces faits doivent trouver leur explication dans une action très intense du virus lorsqu'il pénètre dans le tissu musculaire. La maladie et la mort du cobaye № 1 du tableau XVII, du nombre de ceux qui furent inoculés sous la peau d’après le procédé mo- difié, confirme entièrement ce que nous venons de dire. SUR ТРЕРЕЕТ DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 995 Aïnsi, toutes les données concourent à nous convaincre que {е virus fixe n’a pas la propriété de provoquer la rage à la suite d’injections hypo- dermique et que celle-ci dépend principalement des lésions accidentelles du tissu musculaire et, peut-être aussi, en partie, des lésions accidentelles de la peau et des branches nerveuses. Maintenant, il n’est pas sans intérêt d’élucider la question de savoir si cette indifférence du virus, introduit sous la peau, n’a pas pour cause l’action directe exercée sur lui par le tissu cellulaire. Le virus introduit dans le tissu cellulaire sous-cutané pourrait peut-être s’atténuer ou même se dét- ruire? Déjà, en 1887, M.Gamaleia'), pensait que la substance vaccinante des inoculations préventives renferme le virus à l’état vivant, mais il sup- posait que le vaccin rabique semble ne pas parvenir jusqu’aux centres ner- veux (son milieu de culture) et qu’il ne se reproduit pas, mais qu’il périt dans le système lymphatique où il est injecté. Puis, sur le même thème, mais dans une direction un peu différente, nous possédons le travail de ММ. Ва- Без et Cerchez”?) dans lequel ces auteurs étudient l’action qu’exercent sur le virus rabique les cellules et les liquides des animaux naturellement ré- fractaire à la rage. Ces auteurs introduisirent dans le sac lymphatique de grenouilles des morceaux de moelle épinière et de bulbe, pris à des lapins morts de la rage à virus fixe; à divers intervalles de temps, ces morceaux étaient extraits de ce sac et étudiés au point de vue de leur degré de virulence, au moyen d’inoculations sur des lapins. D’après les expériences de ces deux auteurs, nous voyons que le virus fixe, dans le sac lymphatique des gre- nouilles, subissait une atténuation de virulence. Cette atténuation se pro- duisait d’une façon très irrégulière; et souvent, elle était accompagnée d’une infection par une maladie inconnue, non rabique, dont les lapins, qui ser- vaient à contrôler le degré de cette atténuation de virulence, périssaient as- sez souvent. Quant à nous, nous nous sommes proposé de déterminer l’influence du tissu cellulaire sous-cutané des animaux non réfractaires à la rage et, de pré- férence, du tissu de ceux de nos animaux sur lesquels nous avions fait nos autres expériences. 1) N. Gamaleia, Sur les vaccinations préventives de la rage, Annal. de l’Inst. Pasteur 1887, p, 236. | 2) Babes et Cerchez, Expériences sur l’atténuation du virus fixe rabique, Annal. de lInst. Pasteur, 1891, р. 625. 296 W. KRAÏOUCHKINE, Dans les expériences que nous avons entreprises à cesujet, nous avons introduit, sous la peau de nos lapins et de nos chiens, de petits morceaux de moelle épinière, d’après le procédé que nous avons décrit précédemment. Un ou plusieurs jours après, nous retirions le morceau de moelle avec lequel nous préparions une émulsion dont le degré de virulence était déterminé par inoculation à des lapins sous la dure-mère. Chez quatre des huit lapins employés pour l’expérience les morceaux de moelle restèrent sur place pendant 24 heures, et 48 heures chez les quatre autres; un neuvième lapin inoculé sous la dure-mère par le même virus fixe servait de témoin; enfin chaque morceau de moelle retiré de dessous la peau des lapins était inoculé en émulsion à un lapin et à un cobaye. Les résultats de cette expérience sont consignés dans le tableau XIX. Tableau XIX. 2 8 = SRE re inoculés [Combien de jours après l’ino- ЕЕ || Э = а IMOCUS | оп les animaux inoculés San |S.2% | sous la dure-mère sous la dure-mère sont Leo 21882 = | avec des morceaux SO à Я Я 52 de moelle retirés de Е morts de la #82 | Зох dessous la peau. tombés paralysie ra- 823 ==> malades. bique $ ь 299 |24heures.| Lapin. . . . . . 7 9 Cobaye 5 6 8 300 » API Re 6 8 боба. 6 8 301 » но A0 6 8 Cobaye” о. 8 10 302 » APR ere 6 8 CODAYEN TEA 7 303 |48heures.| Lapin. . . . . . 8 10 Après l’ouverture de Cobaye . 7 9 la peau et la mise à nu de l'endroit où la 304 » Lapin . 13 15 moelle avait été intro- Cobaye 7 8 duite, chez les lapins №№ 303—306, la mo- 305 » Lapin he 8 9 elle est liquéfiée et Cobaye . 7 9 ressemble à de la crême. 306 » Lapin AU И 9 оу. 6 [7 Eemarque. Le lapin témoin inoculé sous la dure-mère avec de la moelle avant que les autres lapins en aïent reçu sous la peau, а présenté les symptômes de la paralysie après une période d’incubation de six jours et succomba deux jours après les atteintes du mal. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANGES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 997 ci Nous fîimes une autre expérience, toute semblable, sur des chiens aux- quels nous introduisimes sous la peau de la région inguinale des morceaux de moelle de trois centimètres de long, comme nous l’avons indiqué tout à l'heure. Cette expérience est consignée dans notre tableau XX. Tableau XX. Animaux inoculés [Combien de jours après l’ino- sous la dure-mère | culation les animaux sont avec des morceaux de moelle retirés de | _ morts de dessous la peau. и paralysie га- г bique. № des chiens auxquels il fût placé des mor- ceaux de moelle. Les morceaux de moelle ont été enlevées au bout Qt D Lorsqu'on eut incisé la peau à Репагой où avait eu lieu l’intro- duction de la moelle, chez les chiens № 54 et 55, les morceaux de 48heures. ARE ne Survie. moelle étaient liquéfiés 010) et à moitié absorbés; on eut de la peine à recueillir les restes de la masse de la moelle. Qt © Ces expériences montrent que le virus fixe, qui a séjourné sous la peau des lapins ou des chiens pendant quarante-huit heures, subit peu de modifications de virulence; en outre, on а observé que l'absorption de la moelle introduite sous la peau, a lieu plus rapidement chez les chiens que chez les lapins. Mais, lorsque la moelle est introduite en morceaux, les liquides des tissus et leurs éléments morphologiques, ne pénétrant pas dans toute l’épais seur du morceau de moelle, ne peuvent exercer leur action d’une manière égale sur toutes les parties de ce morceau; de sorte que l’influence des tis- sus sur la virulence du virus fixe peut être entravée. C’est pour cette raison, que dans les expériences qui suivent, nous remplacâmes les morceax de mo- elle par de l’émulsion en nous efforçant de l’introduire exactement dans le tissu cellulaire hypodermique, par le procédé modifié que nous avons décrit précédemment. Nous injectämes à chacun de nos lapins 2 с. с. d’émul- sion; quant aux chiens ils en reçurent tout le contenu de la seringue, c’est- à-dire un peu plus de 2“”,5. Pour le reste, nous procédâmes de la même façon que dans les expériences précédentes. (Voyez tableaux XXI et ХХП). 298 W. KRAÏOUCHKINE, Tableau XXI. Combien de jours après l’ino- À О - 1 1 6 1 . . № des 1аршз| Une partie de Animaux inoculés sous là | Дир les animaux sont auxquels il |l’émulsion intro- dure-mère avec des mor- fût introduit | duite à été reti- ceaux de moelle retirés de de l’émulsion.| rée au bout de: dessous la peau. morts de paralysie ra- bique. tombés malades. 24 heures. 2 jours. 6 6 6 5 6 6 5 5 Remarque 1. Le lapin inoculé sous la peau avec l’émulsion qui avait séjourné sous la peau d’un autre lapin fût frappé de paralysie rabique au cinquième jour, et succomba le hui- tième jour après l’inoculation. Remarque 2. Quand on eut incisé la peau à Репагой où avait été faite l’injection, on trouva, chez les lapins № 222 et № 323, que les parties liquides de l’émulsion avaient été ab- sorbées; il restait une petite quantité de substance de moelle assez compacte incrustée dans le tissu sous-jacent; de sorte que, pour nous emparer d'elle, il fallut couper avec des ciseaux la peau en même temps qu’une partie du tissu sous-jacent. Il résulte de ces expériences que, chez les lapins et chez les chiens, le hissu cellulaire sous-cutané n’exerce d'action sensiblement attenuante sur le virus fixe et que les moelles rabiques y conserve leur virulence jusqu’à leur absorption complète. Lorsqu'on introduit le virus sous la peau, la cause im- médiate de la non-infection ne réside pas donc dans le tissu cellulaire sous- cutâné, mais 0 faut la chercher sur les voies de la propagation de la matière virulente en partant du lieu d'injection. Afin de ne pas nous écarter du plan que nous nous sommes tracé, nous terminerons ici l’examen de la question de savoir jusqu’à quel point l’infec- tion dépend de causes locales; et, nous étudiërons maintenant comment et jusqu’à quel point l'infection dépend de l’état général de l’organisme. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 999 Tableau XXII. Combien de jours Animaux inoculés|après l’inoculation sous la dure-mèrel les animaux sont avec des morceaux de moelle retirés [tombés] morts de - | paralysie es.| rabique. des- bout de: ma de dessous la peau. lad de l’émulsion. mulsion introduite a été retirée au № des chiens sous la peau inguinale quels il fut introduit Une partie de l’é- 56 24heures.| Lapin . Cobaye 57 DOUTE AS ten . + . |. . . . . [En incisant l’endroit où avait été | faite l'injection, on trouva, dans le tissu cellulaire du chien № 57, une assez grande quantité de tissu adi- peux ce qui rendait difficile de dis- tinguer la masse de la moelle; en la cherchant, on fit une lésion à un petit vaisseau sanguin; l’hé- morrhagie qui suivit nous enleva tout possibilité de trouver la masse de la moelle. ADI NE Er On trouva sous la peau du chien ОЕ воре № 58 la masse de moelle presque absorbée; on en recueillit à grande peine une très petite quantité. Sous la peau du chien № 59, ce qui restait de l’émulsion injectée était si insignifiant, qu’il fut im- possible d’en retirer quelque chose pour les inoculations. Remarque. L’émulsion prise pour être introduite sous la peau des chiens, inoculée à un lapin lui donna la rage après une période d’incubation de cinq jours. ` Ш. La célèbre expérience de Pasteur !) avec la poule, soumise au refroi- dissement, les expériences de M. M. Canalis et Morpurgo ?) sur le 1) Pasteur, Bulletins de l'Académie de médecine, 1878. , 2) Canalis und Morpurgo, Ueber den Einfluss des Hungers auf die Empfänglichkeït für Infectionskrankheiten, Fortschritte der Med., 1890, $. 693 et 729. 20 800 W. KRAÏOUCHKINE, jeûne, et les études de M. M. Charrin et Roger’), sur l'influence de la fatigue, indiquent d’une manière évidente que, lorsqu'on introduit un virus dans l’économie, la résistance des tissus et de l’organisme entier peut être amoindrie par la rupture de l’équilibre normal qu’occasionne une lésion quel- conque. Mais nous ignorons complètement comment les ruptures de l’équilibre normal, en général, se répercutent sur l’action du virus fixe, lorsque ce virus est introduit sous la peau. M. M. Blasi et Travali”), qui ont étudié l’in- fluence du jeûne sur la marche de l’infection rabique, provoquée par le virus fixe, ont fait quelques observations sur ce sujêt. Malheureusement, ces auteurs пе se sont appliqués à déterminer l'importance de ce facteur que lor- sque l’inoculation est faite dans le système nerveux central; c’est-à-dire lorsque le virus est introduit dans le milieu le plus favorable, dans le milieu où il produit ses plus sensibles effets. Les expériences de ces auteurs ont été faites sur des lapins et des pigeons qu'ils ont soumis à l’action du jeûne, mais ils n’ont pas constaté que le jeûne eût une influence quelconque sur le cours de la maladie. Il nous a été impossible de trouver dans la lit- térature spéciale d’autres observations de cette nature. Dans nos expériences, nous avons rompu l'équilibre normal de nos animaux par trois moyens: la saignée, le jeùne et le froid. Mais nous avons employé ces moyens toujours avec modération: d’abord, afin de ne pas provoquer de troubles graves dans l’organisme qui pourraient obscurcir le tableau de la maladie rabique; et en second lieu, afin de nous rapprocher autant que possible des ruptures d'équilibre normales. Оп sait que les ino- culations préventives sont appliquées, la plupart du temps, le plus tôt pos- sible après la morsure, principalement dans les cas où les lésions sont nombreuses et étendues, c’est-à-dire dans les cas où il а pu se produire une. perte considérable de sang. C’est pour cela qu’il y a quelque intérêt à étudier l’action du virus sur les animaux ayant subi une perte de sang un peu con- sidérable. Quant à l’étude de l'influence du froid sur l’action du virus introduit sous la peau, elle nous a été suggérée par un accident dans notre pratique de traitement pastorien: un de nos malades ayant subi un refroidis- sement pendant le traitement nous présenta certains phénomènes morbides que nous n'avions jamais constatés jusque là chez nos malades. Nous parle- rons, plus loin, de ce cas rare. Toutes les expériences, dont nous parlont, eurent lieu sur des lapins et sur des chiens. 1) Charrin et Roger, Contributions à l’étude expérimentale du surmenage; son in- fluence sur l'infection, Arch. de Physiologie, 1890, p. 273. 2) Blasi et Travali, 1. с. SUR ТРЕРЕЕТ DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 301 Expériences de saignée. La saignée a été faite par veine jugulaire; elle prenait à l’animal le tiers environ de son sang, en admettant que, chez les chiens, la quantité totale du sang est égale à '/, et, chez les lapins, à /,, du poids du corps. L’émulsion était préparée comme d’ordinaire et injectée sous la peau du ventre: aux lapins à la dose de 0“”,25 par 100 gr. de poids, et aux chiens, de 0”,5 par kilogramme de poids. Tableau XXII. | & | À quel mo- | Quantité d’é-|Date ou le su- | Espèce de] Я шел etquellelmulsion viru-| jet ressentit Date Période | animal | ‘5 Е quantité de |lente injectée,| les atteintes | её son №.| 24 5 sang fut tirée, le 25 mai, en[delaparalysie) de la mort. d’incubation. Я jencent. cubes.| cent. cubes. rabique. Lapins: 1 1750 | 25 mai — 30 4 DT 7 juin. l1jours и 2 1180 |195» — 18 2,5 Il conserva la santé _ see 3 1370 |95 » —925 3 7 juin. 11 juin. |13jours) 8218066. 4 1220 |} à 3 6 » | 10 » 12jours) ns 2 р 7 Bien. + } Survie __ fsaignée. Chiens: : | , 1 [13502 | 23 mai —170 й Survie. с 25 » —9280 saignée 2 7500 |23 » —190 3,75 6 juin. 9 juin. |12jours) 316166. 25 » —125 , 3 5620 } т 2,15 4 » | 6.» 10jours\ Sans 4 5230 : 2,75 эзагуте. — saignée. Pour l'expérience du tableau ХХШ, le 25 mai 1895, on saigna trois lapins à la veine jugulaire, et le même jour, on leur injecta sous la peau l’émulsion virulente de moelle: les trois autres lapins servirent de témoins. Sur les quatre chiens, soumis à cette expérience et auxquels on injecta sous la peau l’émulsion virulente, deux furent saignés, chacun deux fois. Dans l'expérience suivante, le 17 décembre, (voyez tableau XXIV) le nombre des animaux soumis à l'expérience était le même que dans l’expé- rience précédente; quant à l'injection d’émulsion virulente, elle fut faite le lendemain de la saignée. 20* 302 W. KRAÏOUCHKINE, Tableau XXIV. ä | A quel mo-| Quantité d’é- [Date ou le su- гы Espèce de] Е [ment ев ачеПе ши] 101 viru- jet ressent Date Période l'animal | = À quantité de |lente injectée,| les atteintes | et son №. | & & [sang fut Ыгбе, 1е18 décemb.de la paraly-| de la mort. d’incubation. я lencent.cubes.| en с. с. sie rabique. L«b] Lapins: ] р Е 1 2270 | 17 déc. — 40 5,5 30 décembre.| 31 décembre.] 12jours Ayée 2 1770 |17 » —30 4,5 , AE — ЕЕ 3 1950 |17 » —35 5 ur — ES 4 2000 |} 5 31 décembre.| 2 janvier. |13jours) gans 5 1900 Rien. 4,75 шв ©. == Е. 6 1650 4 29 décembre.| 31 4ёсеште.| 11 jours Chiens RER 7 | 1 10230 | 17 déc.—225 5 2 janvier. 4 janvier. ES Avec 2 8790 |17 » —195 4,5 S UT vie — saignée. 3 9720 Pi 5 1 janvier. | 3 janvier. ии Sans 4 6540 ns 3,D Survie. — saignée. Dans ces deux expériences, (tableaux ХХШ et XXIV) # ne fut pas possible d'observer qu'une seule saignée considérable ait eu une influence quelconque sur l’action du virus fixe introduit sous la peau. Les deux autres expériences ont été faites dans le but d’observer comment agit le jeûne sur l’action du virus. Pour ces expériences, nos animaux ont été soumis à un jeüne in- complet. Ils n’étaient pas privés d’eau et on les nourrissait par petites rations, une fois dans deux ou trois jours. Pendant deux ou trois semaines, nos lapins et nos chiens furent maintenus à ce régime, jusqu'à ce qu'ils aient perdu vingt cinq pour cent de leur poids primitif; après quoi, il leur fut in- jecté,sous la peau, de l’émulsion virulente de moelle. Après l'injection on les tenait au même régime, encore pendant deux semaines environ (voyez tableaux ХХУ et XX VI). SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE, 303 Tableau ХХУ. ! Poids du [Quantité d’émul- Combien de jours Poids initial, [corps au mo-| sion virulente Espèce de après linjection se produisit la mort par la pa- га]. rab. l’animal et ment de l’in-| introduite sous en grammes, | jection, еп |]а peau, en cent.l l’affec- grammes. cubes. tion. son №. 1780 1320 Survie. 1 4 | Ani - 2 1820 1380 3,5 8 | 5 Е 3 2050 1510 4 Survie. j еда 4 1670 1680 4 DS | 2 AE 5 1740 1730 4 Survi аи: 6 1570 1570 4 } urvie. émoins. Chiens: | 1 16450 12120 6 Survie. } Auimaux 2 6320 4020 2 10 13 jeûnant. 3 5600 5620 2,75 9 11 Animaux 4 5220 5260 2,75 Survie. } témoins. Une autre expérience eut lieu le 30 Juillet (Tableau XX VI); dans cette expérience on introduisit sous la peau des quantités moindres de virus fixe. Таблица XXVI. Espèce d Poids du [Quantité d’émul- Res a | Poids initial, [corps au mo-| sion virulente pe, и Раша] et ment de l’in-| introduite sous р pose № еп grammes. | jection, en |]а peau, en cent.| Райес- ar lat, EVE grammes. | cubes. GONE En Lapins: 1 1900 1460 2 14 16 \ дбитеия | Е DD оо 5 Survie. j jeûnant. 4 1720 1730 2 3 | № \ Laine 5 1420 1420 1 : ОА 6 1820 1840 9 SET, j Chiens: Е 1 10120 7520 2 12 14 ; Animaux | 2 8510 6106 1,5 1 jeûnant. 3 9820 9820 2,5 Survie. = } Animaux 4 8300 8310 2 témoins. | 304 W. KRAÏOUCHKINE, La Dans ces expériences nous avons obtenu des résultats concordant avec les observations de MM. Blasi et Travali, c’est-à-dire que le jeûne n’a pas d'influence sensible sur l’action du virus fixe introduit sous la peau. Donc, chez les animaux affaiblis par un jeûne incomplet, l’action du virus, introduit dans le tissu cellulaire sous-cutané, a la même intensité que chez les animaux normaux. Passons, maintenant, au ОЕ des animaux 1066$ sous la peau avec du virus fixe. Il semblait probable, en se tenant à certains faits décrits et quelques une de nos propres observations que, sous l'influence du refroidissement ou du rechauffement du corps des animaux inoculés, l’action du virus serait modifiée. En effet, déjà en 1887, M. Babes!) en rechauffant des lapins qui présentaient deja des symptômes de rage après avoir été ino- culés par trépanation avec du virus fixe, remarqua que ces animaux vivaient un jour ou deux de plus que les animaux témoins. M. Babes trouva encore, que le cours de la maladie а une allure moins régulière quand les animaux sont gardés dans un local froid. M. Ferré”), en rechauffant des lapins déjà malades, pendant la période où la température du corps s’abaisse, dans une étuve à 32° centigrades, a également observé que le dénouement fatal était reculé de un ou deux jours. Nous trouvons chez M. Finkelstein*) que, pendant la saison chaude de l’année, la durée de la période de la fièvre, chez les lapins frappés du mal, après avoir été inoculés sous la dure-mère avec du virus fixe, est un peu plus longue que pendant la saison froide. Ceci est d'accord avec nos propres observations: la plus grande durée de la maladie, ainsi que ces cas exceptionnels à période d’incubation trop longue correspon- daient le plus souvent à la saison chaude de l’année. C’est en raison de ces données incomplètes qu’il nous a semblé non dépourvu d'intérêt d'étudier l’action du virus chez les animaux soumis à une basse température, d'autant plus, que les personnes traitées ont à subir assez souvent les rigueurs du temps. Pour refroidir nos animaux on leur taillait court le poil et on les aspergeait d’eau froide. L’abaissement de température allait souvent jusqu’à deux degrés centigrades et se maintenait jusqu’à ce que la peau des animaux füt sèche. 1) Babes, Studien über Wuthkrankheït, Virchow’s qe 1887, В. 110, 5. 594. 2) Ferré, 1. с. 3) Finkelstein, 1, 6. SUR ТРЕРЕЕТ DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 305 1° expérience. Le 17 août, nous prenons trois paires de lapins; la ‚ première, après avoir reçu sous la peau une injection de 4 с. с. d’émulsion virulente de moelle, est tondue de près et, le soir, elle est mouillée avec de l’eau; on renouvelle cinq fois l'immersion à intervalle d’un jour; la seconde paire, ayant reçu la même quantité d’émulsion sert de témoin; quant à la troisième paire, elle subit les mêmes bains d’eau froide, mais elle ne reçoit pas d'injection d’émulsion virulente (tableau XX VII). Tableau ХХУП. Combien de jours après l’injection Animaux soumis 23 se produisit 1 Observations. à l'expérience. en grammes, l’affec- oi. la mort. Survie. sion virulente in- troduite sous la || peau, еп с. с. || Quantité d’émul- Le lapin № 1, entière- ment tondu, et mouillé avec de l’eau. | Le lapin №2, tondu | 1730 _ |? mala-| 96 À l’autopsie, on trouva une pleu- et mouillé avec de die mal résie purulente. l’eau. définie. Le lapin de contrôle, inoculé avec de la moelle prise à celui qui venait de succomber fut frappé de la maladie avec les phénomènes de la paralysie rabique, au hui- tième jour; et, le onzième jour après l’inoculation, il succomba, Le lapin Л 3, n’a pas | 1920 Paralysie rabique. été mouillé (lapin de contrôle). Lapin № 4, de con- |1800 x Survie. trôle. Le lapin № 5, tondu et|1780| Rien. mouillé avec de l’eau comme le № 1. I1 ne fut observé aucun phé- nomène anormal. Le lapin № 6, tondu et | 1800 mouillé avec de l’eau comme le № 1. 2° expérience. Le 5 décembre, quatre lapins reçoivent sous la peau Зе. с d’émulsion de virus fixe, pour chacun d'eux. Deux de ces lapins, 306 W. KRAÏOUCHKINE, tondus de près, furent exposés à une gelée de 1° à 6°, tous les jours une heure durant, pendant toute une semaine; les deux autres servirent de témoins . (tableau XX VIII). Tableau ХХУШ. Combien de jours après l'injection Animaux soumis à че produisit Observations. l'expérience. р l’affec- tion. Poids, en grammes. peau, еп с. с. la mort, sion virulente in- Quantité d’émul- troduite sous la Le lapin № 7, tondu et 2 35, А l’autopsie, il fut trouvé une exposé à la gelée. d’une | pleurésie purulente. L’inoculation pleu- | de contrôle faite avec la moelle du résie lapin qui venait de succomber puru- donna un résultat négatif. lente. Le lapin № 8, tondu et 13 Paralysie rabique. exposé à la gelée. | Lapin № 9, témoin. | 1890 Paralysie rabique. Lapin J 10, témoin. |2130 Survie. 3° expérience. Те 27 décembre, on introduit avec beaucoup de pré- caution, sous la peau du ventre de quatre lapins, 4 с. с. d’émulsion, par le procédé modifié qui a été indiqué précédemment, en s’efforçant de ne faire pénétrer l’émulsion que dans le tissu cellulaire sous-cutané sans interesser les muscles sous-cutanés. Deux des lapins tondus de près sont portés, aussitôt après inoculation, dans une cave froide, où ils demeurent pendant deux jours à la température de 0° environ: les deux autres sont gardés, non tondus, à 25° également pendant 48 heures; ensuite tous les quatre sont tenus ensemble à la température de chambre. (Tableau XXIX). SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 307 Tableau XXIX. наз ä Е ео Combien de jours Animaux soumis à | 4 [© = 5 sjaprès l'injection Рея бое: Observations, l’expérience Cv ë г Е Le l 6 ян Еее l'ait la mort. ® |S © à | tion. nn D | AE FA AR EE PR PR A PO | Le lapin Ra a | 11, tondu | 2250 q et gardé dans un local urvie. froid. Le lapin № 12, tondu 1470 | Jusqu’à la mort, à part les phé- et gardé dans un local nomènes de l’épuisement lent et froid. progressif, il ne se produisit aucun autres symptômes. Deux jours avant la mort, le poids du corps était de 1250 grammes. А l’autop- sie, il ne fut trouvé aucun change- ment macroscopique appréciable de nature anatomo-pathologique. Le lapin de contrôle, inoculé sous la duremère avec de la substance provenant de celui qui avait suc- L combé, ne fut pas malade. Le lapin № 13, non |2350 tondu, et gardé dans un survie local chaud. | Le lapin № 14, non |1300 4 Site tondu, et gardé dans un ` local chaud. | 4° expérience. Pour cette expérience (le 19 août), on prend trois paires de chiens; la première paire reçoit sous la peau 6 с. с. d’émulsion et subit tous les jours, une semaine et demie durant, l’action du froid (douche chaque soir et séjour en plein air pendant la nuit); la seconde paire, après la même injection, sert de témoin; la troisième paire subit le refroidissement, mais ne reçoit pas d'injection (voyez tableau ХХХ). 508 | | Animaux soumis à Гех-|. périence. Poids, en grammes. Chien № 1, à| 6830 poils longs, tondu, mouillé avec de l’eau. Chien № 2, & 7340 poils courts, non tondu, mouillé avec de l’eau. W. KRAÏOUCHKINE, Tableau XXX. le19 еп с. с Combien de jours ; аргёз l’injection se produisit ^ Observations. l’affec- tion. Août, la mort. Quant.d’émulsion virul. qui fut intr. sous la peau 13 Le 22 août Contractions fibrillaires des extrémités postérieures. Lorsqu'on lui touche légèrement cette partie du corps, l’animal pousse des gémissements (hypéresthésie). Le 24 août, l’hypéresthésie est passée; il зе pro- duit de la faiblesse dans les extrémités posté- rieures (parésie); le chien chancelle. Le 29 août, paralysie des extrémités postérieures. Le 31 août, prostration générale. Le 1 sép- tembre, l’animal succombe. L’inoculation de contrôle, faite à un lapin, provoque, chez ce dernier, la paralysie rabique. . Le 29 août, élévation de la sensibilité douloureuse de la peau du ventre; le chien est couché; si on le force à se lever, il chan- celle beaucoup. Le 1 séptembre, la situation est la même; l’animal a beaucoup maigri. Le 8 séptembre, le chien s’est remis, bien que la nutrition générale est encore moins bonne qu'avant. Le 21 séptembre, il se rue sur le chien № 3 qui partage la même cage et lui fait de cruelles morsures auxquelles ce der- nier succombe vingt quatre heures après. Le 25 séptembre, ce chien ne se distingue par rien d’un chien, en bonne santé. Chien № 3, non mouillé. Chien № 4, non mouillé. Chien № 5. | 9840 Chien № 6. | 8340 Le 22 sépt., ce chien succombe aux mor- sure que lui a faites le chien №2. Les inocula- tion de contrôle de substance provenant de ce chien, faites à un lapin, ne donnent aucun effet. Le 1 séptembre, exaltation de la sensibilité douloureuse de la peau du ventre; les extré- mités postérieures sont rigides, contractées, tremblantes; l'animal piétine avec elles, ses extrémités antérieures demeurant au repos. Le 2 séptembre, le chien est cou- ché; paralysie des extrémités postérieures; elles sont fortement étirées, immobiles; les extrémités antérieures conservent la faculté de se mouvoir; l’animal peut lever la tête; grande faiblesse; salivation. Le 3 séptembre, immobilité générale, l’animal пе fait plus que respirer; il succombe vers le soir. — — — Les chiens № 5 et 6 furent mouillés avec de l’eau comme les № 1 et 2, mais ne reçurent = — — | pas d'injection d’émulsion virulente. Pendant toute la durée de observation, ils semblaient en bonne santé, sauf un seul jour où, après la première aspersion, il se produisit une lé- gère diarrhée. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 909 (2 5 expérience. Le 5 septembre même expérience avec quatre chiens, mais on leur injecte cette fois 0”,5 par Кот. de poids; huit jours de suite, deux de ces animaux sont exposés au refroidissement, comme précédemment: les deux autres servent de témoins (tableau XXXI). Tableau XXXI. Combiende jours après l’injection Animaux soumis DE se produisit 1. introd. sous la peau, le 5 Sept., еп с. с Observations, à l’expérience. l’affec- tion. Poids, en grammes. la mert. Quantité d’émul- sion УШИ traine celles de derrière. Le 17 sép- tembre, il est couché; il ne peut se lever; il lève librement la tête. Le 18 sép- tembre, au matin, il succombe. Le lapin de contrôle, inoculé sous la dure-mère avec de la substance provenant du chien qui а succombé, meurt de la paralysie rabique après une période d'incubation ayant duré six jours. 34 Le 27 séptembre, le chien saisit sou- vent avec les dents l’endroit de son corps où a eu lieu l’inoculation; il pousse des gémissements lorsqu'on lui touche le ventre; parésie des extrémités postéri- eures. Le 18 séptembre, il est dans le même état. Le 20 séptembre, l’animal est un peu plus fort, maïs Па les extré- mités postérieures encore faibles et flé- chissantes. Le 22 séptembre, ce chien se remet. Le 24 séptembre, la faiblesse s’ac- centue de nouveau davantage; perte de l’appetit. Le 28 séptembre, amaigrisse- ment et faiblesse; il n’y а pas paralysie; l'animal marche. Le 8 octobre, ce chien succombe avec les phénomènes de l’épui- sement mais sans paralysie. L’inoculation de contrôle avec de la substance provenant de cet animal donna un résultat positif. sant des gémissements et en se soutenant sur les extrémités antérieures alors qu’il mouillé avec de l’eau. 11 13 Le 16 séptembre, paralysie de lar- 2 | Le chien №7, à | 6130 3 poils longs, rière-train; le chien se déplace en pous- tondu et mouillé avec de l’eau. Le chien № 8, à |16120 1 poils courts, non tondu, mais 2 — Le chien № 9, 4220 Survie. non mouillé. | Le chien № 10,| 6100 8 ET, non mouillé. | 310 W. KRAÏOUCHKINE, 6° expérience. Le 16 janvier même expériences, sur six chiens, avec la seule différence que le refroidissement est plus modéré: le séjour à l’état mouillé ne se repète pas chaque jour (sur chaques 3 jours 2 fois, en tout 7 fois) et ne dure qu’une demi-heure ou trois quarts d'heure pendant un temps rigoureux. Dose d’émulsion virulente 0°”,25 par ko. de poids de l’animal (tableau XXXII). Les résultats de toutes ces expériences se laissent résumer ainsi qu’il suit: 1° Le refroidissement des lapins, comme nous l’avons pratiqué, n’a pas d'influence sensible sur l’action du virus fixe injecté sous la peau; rien qu’une seule expérience (la 3° expérience, du tableau XXIX) laisserait soup- соппег un effet favorisant l'infection de la part du refroidissement. 20 Quant au refroidissement des chiens, inoculés avec du virus fixe, il favorisa la rage plus souvent et, parfois, avec une période d’incubation plus courte que d'habitude: sur six chiens, inoculés sous la peau et soumis au refroidissement, cinq furent pris de rage, et dans ce nombre trois suc- combèrent; alors que, sur le même nombre de chiens témoins, un seul fut pris de rage et y succomba. La marche de la maladie, chez les chiens malades, ainsi que le mon- trent trois de nos cas, ne présentait pas le type connu. Les chiens №№ 2 et 11, après l’apparition des premiers symptomes, se rétablirent; dans ce cas, il semblerait que la maladie n’ait été provoquée que par le refroidissement, et que l’organisme aurait bien pu résister, sans cette influence nocive. Quant au chien № 8, la maladie affecta chez lui le caractère chronique, dura trois semaines, et l’animal succomba enfin avec des signes d’épuisement sans les symptômes habituels de paralysie. ММ. Celli et Marino-Zuco!) ont observé une forme toute semblable, chez les chiens, en inoculant la rage des rues d’un chien à l’autre; ces auteurs donnèrent à cette forme de la maladie le nom de rage consomptive. Aïvsi, dans nos expériences, le refroidissement du corps des chiens, le virus fixe ayant été injecté sous la peau, aida l'infection qui se manifesta soit par l’apparition de la maladie avec issue fatale, soit par toute une série de symptômes nerveux aboutissant à un retour à la santé. L’action du virus se manifesta même lorsqu'il ne fut introduit qu’en faible dose comme dans notre 6° expérience, par exemple, où le chien № 11 devint enragé à la suite de 1) Celli e Marino-Zuco, Sulla trasmissione del virus rabico da сапе а сапе, Annale del” Instituto d’igiene speriment. della Reale univers. di Roma, 1892, vol. II, p. 81. SUR ГЕРЕЕТ DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 911 Tableau XXXII. =D 2 S Е р # [= 27: s|Combiende jours Е liniecti Animaux soumis| ^ Я [SE 2 a |2P тои Е ES se produisit : : cu 2 =: Observations. à l'expérience. |A HI£SÈS я я | я 7 ®,3 | Райес- alle se аа la mort. вое! tion. С’ ^^ Le chien № 11 |26610 mouillé avec de l’eau à partir du jour de l’in- jection. 10 Le 26 janvier, faiblesse des extrémités postérieures, douleur à l’endroit où а été faite l’injection; l’animal pousse des gé- missements au moindre attouchement au ventre; les extrémités postérieures sont tirées d’une manière anormale: elles sont tendues, mais en même temps faibles et fléchissantes. Le poids du corps а perdu 7 klgr. de son poids primitif. Vers le soir la température atteint 40°. Le 27 janvier, au matin, la température du corps est de 40° environ, au surplus, l’état n’a pas changé; il est impossible de prendre la température par suite de l’état d’inquié- tude de animal. Le 28 janvier, l’animal chancelle; la plupart du temps, il est couché. Le 29 janvier aboiement ra- bique; l’animal est très inquiet; il ne cesse de se mouvoir, bien que la marche soit chancelante. П ne témoigne pas de tendance à mordre; il а toute sa connais- sancé; il est caressant. Le 2 février, l’animal s’affaiblit, il ne se lève раз vo- lontiers et ne le fait pas sans difficulté à cause d’une grande faiblesse des extré- mités postérieures. Le 9 février, il se remet petit à petit: moins de faiblesse. Le 13 février, ce chien à recouvré la santé. Survie. Le chien № 12 | 6490 aussi mouillée avec de l’eau. Le chien № 13 [35578 9 non mouillé. Survie. Le chien № 14 | 6620 2 Se. non mouillé. Chien № 15. |20130| — — — Les chien № 15 et 16 furent mouillés avec de l’eau comme les № 11 et 12; mais Chien № 16. | 7840] — — — | Из ne reçurent pas d'injection d’émulsion; | pendant toute la durée de l’observation on ne remarque aucun écart de létat normal. 312 W. KRAÏOUCHKINE, l'injection de 0”,25 par kgr. de poids; habituellement, dans nos expérien- ces, des doses aussi minimes ne déterminèrent pas la rage. aurez le tableau V). , En observant le cours de la maladie chez ceux de nos chiens qui, ayant reçu l'injection sous-cutanée de virus fixe, furent soumis au refroidissement, dans deux cas, (tableau XXXTT, Sion № 11, tableau ХХХ, chien № 2) nous avons observé des symptômes т еадеан ceux qui se développèrent chez un de nos malades pendant qu’il suivait le traitement préventif. Ce cas, unique dans son genre pour mille personnes que nous avons soignés, mérite une description détaillée. Le 15 décembre 1893, M. Ch., domicilié à Cronstadt, fut mordu par un chien enragé, (ainsi qu’il le fut prouvé plus tard par voie expérimentale) au médius de la main droite: à l’ongle, déchirure de 2,5 de long traversant l’épaisseur de la peau. En même temps, quatre autres personnes furent mordues par le même chien: la fille de M. Ch. et trois autres personnes. Toutes ces personnes suivirent le traitement préventif en même temps que M. Ch. sui- vant les mêmes procédés et aux mêmes doses. Pendant les inoculations, M. Ch. allait souvent à Cronstadt, et comme il n’avait pas l’habitude de se couvrir beaucoup, à plusieurs reprises il eut froid. = Le 17 décembre, M. Ch. arriva à S.-Pétersbourg après de longues courses en voiture quand il eut très froid. Le 18 décembre, matin, nous fimes à M. Ch. la première inoculation avec de la moelle de six jours; dans la soirée: mal de tête et léger état fiévreux. Le 19 décembre, matin, inoculation avec de la moelle de cinq jours. Toute la journée le malade se sent bien. Le 20 décembre, matin, inoculation avec moelle de ста jours. Le malade part pour Cronstadt; il faisait très froid (21° degrés au-dessous de zéro avec grand vent); et pendant le voyage, M. Ch. eut tellement froid qu’en arrivant au but de son voyage, il ne pouvait se servir de ses doigts. | Те 21 décembre, М. Ch. arriva de Cronstadt dans la matinée pour recevoir l’inoculation; en route, il avait eu froid. On lui inocula de la moelle de quatre jours. Dans la soirée, il eut des frissons et il éprouvait une sensation de chaleur et de douleur à l’endroit où il venait d’être inoculé. Du 23 au 27 décembre, tous les matins, la série des inoculations fut renouvelée dans le même ordre que les cinq octo des premiers jours du traîtement. Au cours des inocula- tions de cette série, deux ou trois heures après chaque inoculation, M. Ch. éprouvait de la douleur au point de l’injection, mais les téguments externes ne présentaient pas de chan- gement. Ces douleurs duraient toute la soirée; mais disparaïissaient vers le matin. Le malade était fiévreux tous les soirs; le 27 décembre, jour où la température fut la plus élevée (elle alla jusqu’à 39,5°), dans la soirée les douleurs de l’abdomen, aux points où étaient faites les inoculations, devinrent plus violentes à tel point que le malade marchait ployé. Cependant, vers le matin, tous symptômes du mal avaient si bien disparu que le malade venait tous les jours très aisément à l’Institut continuer la série des inoculations. Le 28 décembre, au matin, inoculation avec de la moelle de trois jours; dans la soirée, le malade se sent mieux et l’état fiévreux à diminué. Le 29 décembre, inoculation avec de la moelle de deux jours; dans la soirée, le malade se sent beaucoup mieux; les douleurs sont insignifiantes, pas d'état fiévreux. Le 30 décembre, inoculation avec de la moelle de quatre jours; le malade se trouve bien portant; pas de douleurs. Il part pour Cronstadt où il passe vingt-quatre heures, ce qui l’em- pêche d’être inoculé le 31 décembre; dans la soirée du même jour, en route, entre Cronstadt et St-Pétersbourg de nouveau М. Св. eut froid; cependant il continua à se sentir bien. SUR L'EFFET DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE. 313 Le 1 janvier, dans la matinée, en se rendant à l’Institut pour se faire inoculer, il eut des frissons et se sentit légèrement fièvreux; inoculation avec de la moelle de quatre jours; dans la soirée, frissons et chaleur; température voisine de 39°; douleurs au point de l’inoculation avec le même caractère que précédemment ; il prend le lit. Le 2 janvier, les inoculations sont suspendues à la moitié du traîtement. Douleurs dans les parties latérales de la poitrine, plus fortes du côté gauche; dans la soirée, température 38,5°. (Jusqu'au 3 janvier, c’est le malade lui-même qui rend compte des phénomènes morbides qu'il éprouve et que nous enregistrons sur ses déclarations; car, le matin, quand le malade se pré- sentait chez nous, tous ces phénomènes avaient disparu sans laïsser traces. Nous ne pûmes suivre personnellement le malade qu’à partir du 3 janvier) 1). Le 3 janvier. Hypéralgésie des parties antérieures et latérales de la poitrine: un léger attouchement à ces parties du corps cause de la douleur; mais une pression plus ou moins forte ne provoque aucune sensation anormale. Sur l’abdomen, douleurs aux points des trois dernières ino- culations; les téguments extérieurs, en ces points, ne se distinguent en rien des téguments nor- maux. Assez fréquents accès de douleurs névralgiques dans la région des muscles pectoraux, des parties latérales de la poitrine, sur ies côtés de la colonne vertébrale et dans la région de l’omoplate droite. Dans la nuit, ces accès étaient plus fréquents; quant à leur durée elle variait quelques minutes à une heure. Tous les phénomènés morbides étaient plus accentués du côté droit. Dans la soirée, température, 38,3°; pouls normal; insomnie ayant pour cause de vives douleurs. j Du 4 au 8 janvier. Les douleurs névralgiques ne diminuant pas, elles commencent à se repercuter dans le bras jusqu’au milieu de l'épaule, et l’hypéralgésie s’étend à la peau de la moitié supérieure de l’abdomen et la peau du dos des deux côtés de l’épine dorsale; en même temps, elle prend une intensité telle que le malade supporte à peine sa chemise; abondante transpi- ration: les gouttes de sueur coulent le long de sa poitrine et le font souffrir à cause de l’hype- resthésie de la peau. Dans les deux jambes, sensations d’engourdissement; une analgésie, peu accentuée d’abord, sur les pieds et les jambes va en s'étendant, et atteint peu à peu les cuisses. Le degré de l’analgésie ne répond pas aux plaintes du malade auquel il semble que ses jambes sont de bois et qu’il ne sent pas ses pieds; cependant, il ressent assez distinctement (bien que d’une manière moins sensible que normalement) la piqûre d’une épingle, la traction qu’on exerce sur les poils de la peau de ses jambes, l’application d'objets chauds ou froids. La force mus- culaire n’est pas diminuée: le malade se lève de son lit sans aide. Le réflexe tendineux du genou est plus élevé. L’évacuation des urines est un peu maladive au commencement de l’acte, mais elle а lieu librement, sauf pendant quelques heures de la journée du 6 janvier où, certaine difficulté d’uriner s’étant produite, la vessie dut être vidée à l’aide du cathéter. Les pupilles sont rétrécies d’une manière inégale, la droite est plus étroite; mais elles réagissent bien, toutes les deux. La température est normale; le pouls donne environ cent pulsations. Constipation et mauvais appetit. Du 9 au 15 janvier. Tous les phénomènes précédents se mettent à disparaître petit à petit; d’abord la sensibilité normale de la peau se rétablit sur les jambes, puis sur la peau du dos, l’hypéralgésie fait place à des démangeaisons; elle demeure encore à un faible degré sur la 1) Fci, nous croyons qu’il n’est pas sans intérêt de dire quelques mots du degré de virulence de notre virus fixe atténué, que nous employons pour nos inoculations préventives. Les moelles épinières de lapins, contenant le virus fixe, à partir de cinq jours de dessiccation et davantage, ne provoquent раз la rage chez les lapins, lorsqu'on introduit sous la dure-mère une émulsion faite avec ces moelles. Les moelles de quatre jours ne donnent pas toujours la rage aux lapins; et, dans ces cas, les lapins de contrôle n’éprouvent le mal qu'après une période d’incubation dont la durée n’est pas moindre de douze à quinze jours. Les moelles de trois jours ne peuvent provoquer l'affection rabique qu’au bout de neuf à onze jours. Enfin, les moelles de deux jours, ne donnent la rage que dans certains cas seulement, lorsqu’elles proviennent de petits lapins dont la moelle épinière est mince; habituellement, les premiers indices du mal, chez les lapins inoculés, se produisent au bout de sept à neuf jours. Pour entretenir notre virus fixe, nous choisissons des lapins pesant environ 1500 gram- mes. Quant à la dessiccation des moelles épinières, elle a eu lieu dans une étuve dont la tempé- rature constante est de 20°. 314 W. KRAÏOUCHKINE, poitrine et sur l’abdomen. En revanche, il se produit une hypéralgésie intense du cuir chevelu de la tête, principalement de la région occipitale (vive douleur quand on passe la main sur les cheveux) et des accès de douleurs névralgiques lancinantes dans les pavillons des ore- illes, la mâchoire inférieure, le larynx et la tête. Ces accès, bien que fréquents, ne sont pas de longue durée; ils ne durent pas plus de cinq minutes. Quand on place Ja main sur le front du malade en pressant légèrement, les douleurs s’apaisent; quant à l’hypéralgésie, elle constitue un phénomène incessant. Le malade avale sans la moindre difficulté. Sudation abondante et sommeil très mauvais. Dans l'intervalle des accès, le malade se sent bien et, suivant son habi- tude, il parle beaucoup et avec enjouement. L’urine est foncée, poids spécifique 1025, elle con- tient une grande quantité de mucus; elle ne renferme ni albumive, ni sucre, ni pigments bilieux. Du 16 au 21 janvier. Les douleurs névralgiques lancinantes ont disparu, puis il en est de même de l’hypéralgésie; il ne reste qu’un peu de sensibilité douloureuse de la peau dans la région des deux hypocondres, de Ja faiblesse dans les jambes, et particulièrement, dans les articulations des genoux. La force musculaire des jambes ne semble pas au-dessous de la nor- male, П convient de faire remarquer que tous les phénomènes morbides commencèrent par se produire sur le côté droit; c’est aussi sur ce côté qu’ils furent le plus accentués et qu'ils persistèrent le plus longtemps. Du 22 au 29 janvier. Tous les phénomènes morbides ont disparu presque sans laisser de traces; il reste de la faiblesse et une légère exaltation de la sensibilité cutanée dans la région des deux hypocondres. En examinant le malade, on peut constater les phénomènes suivants: trem- blement de la langue, des paupières fermées, des doigts écartés, les bras étant tendus, et élévation du réflexe tendineux du genou. La sensibilité douloureuse cutanée des bras est un peu inférieure à celle de la peau des jambes. On peut, en outre, observer un peu d’hésitation dans la marche, hésitation qui est la même que les yeux soient ouverts ou qu’ils soient fermés. Au nombre des sensations subjectives, le malade se plaint de faiblesse dans les jambes, quand il marche, princi- palement dans les articulations des genoux et surtout après être resté quelque temps couché il ressent aussi une légère exaltation de la sensibilité cutanée dans la région des deux hypocondres comme, par exemple, à la suite d’un faible sinapisme. Enfin le malade se plaint d’avoir de mau- vais rêves et de ressentir une certaine irritation, Nous avons vu ce malade une année après sa maladie; il se sentait en parfaite santé. En ce qui concerne la fille de M. Ch. ainsi que les trois autres personnes qui avaient été mordues en même temps que lui, elles reçurent un nombre d’inoculations deux fois supérieur; elles achevèrent la série entière; et ni pendant la durée du traîtement, ni après, il ne fut observé, chez ces personnes, aucun phénomène morbide. Cet exposé de la maladie de M. Ch., ne présentant pas d'indices per- mettant de classer son cas dans la catégorie d’une des formes pathologiques déterminées '), nos expériences nous suggérent l’idée que les refroïdissements éprouvés par le malade n’ont pas été dans cette circonstance sans exercer une certaine influence: ils ont créé des conditions particulières à l’action du virus. Cette action s’est manifestée par une série de symptômes nerveux qui, dans d’autres conditions, ne se seraient pas produits. L’observation suivante vient à l’appui de cette manière de voir. Parmi les malades, soignés à notre section à titre ambulatoire, nous rencontrons parfois des sujets qui éprouvent, d’une manière plus ou moins prononcée, des malaises telles que maux de tête, lassitude générale, affaissement, douleurs assez vives aux points des inoculations, etc. etc.; tandis que, parmi les 432 malades, hospi- 1) M. le professeur V. Bechtiérew, que nous avons appelé en consultation le 4 janvier, n’a pu trouver, dans l’ensemble des symptômes, une forme clairement définie de maladie nerveuse. SUR Г’ЕРЕЕТ DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGE, 31 5 talisés à l’Institut, qui ont été traités par les inoculations préventives, et qui, par conséquent, ne sont exposés, dans aucune mesure, à éprouver les atteintes du froid, nous n’en avons pas rencontré un seul qui ait exprimé les mêmes plaintes. Cette influence du refroidissement nous а, suggéré de conseiller à tous les malades, qui sont venus nous réclamer les inoculations préventives de Pasteur, de se bien garder des refroidissements du corps; en outre, nous ordonnons des bains chauds comme une condition essentielle du traîtement. Nous avons pu remarquer que les malades, qui suivent rigoureusement nos prescriptions à ce sujet, supportent les inoculations sans être affectés; tandis que, dans le nombre de ceux qui les dédaignent, il nous arrive fré- quemment entendre des malades se plaindre de divers phénomènes morbides. Il va de soi, toutefois, que les écarts de ce régime ne sont pas, à nos yeux, les seules causes des plaintes dont nous parlons. Parmi les phénomènes locaux, nous avons pu observer de la déman- geaison et de la douleur aux endroits des piqüres. Ce dernier phénomène est très fréquent; cette douleur, toutefois, n’est pas très vive et se mani- feste, le plus souvent, vers le soir et disparait à l’approche du matin. Souvent, à l'endroit douloureux, on peut trouver une induration, provenant des inoculations précédentes. Quelquefois, (dans la cinquième partie des cas, environ), ces douleurs et ces indurations sont accompagnées de rougeur des téguments externes, et de la tuméfaction des ganglions de laisselle. Nous ne pensons pas qu’il y aït lieu d'attribuer en- tièrement ces phénomènes à l’action du virus fixe; et cela, pour les raisons que voici: d’abord, une injection d’émulsion de moelle, provenant d'animaux sains, peut également provoquer un gonflement des ganglions lymphatiques; ainsi, М. С. Paul’), en injectant à des neurasthéniques du filtratum d’émulsion de substance grise du cerveau de brebis saines, ob- serva parfois de la tuméfaction des ganglions lymphatiques. En second lieu, les phénomènes que nous venons d’analyser, se présentant d’une manière vague et inconstante étaient loin de répondre toujours au de- gré de virulence de la substance d’inoculation. Sans repousser l’obser- vation de M. Babes°), concernant la relation qu'il у aurait entre la rougeur se produisant à l’endroit de la piqûre et le degré de virulence de 1) С. Paul, Du traîtement de la neurasthénie par la transfusion nerveuse, Bull. de Р Асад. de méd., 1892, № 7, 3-me série, t. XX VII. 2) Babes, Behandlung der Wuthkrankheït des Menschen; article du Handb. 4. speciel. Therap. inn. Krankheïten, Penzoldt und Stintzing, 1894, t. I, р. 550. 21 316 W. KRAÏOUCHKINE, l’émulsion, ni celle de M. Gamaleïa”), qui a observé sur lui-même que la réaction locale augmente d'intensité avec le degré de virulence de l’émulsion injectée, nous n’en sommes pas moins enclins à penser que, dans l’énorme majorité des cas, le phénomène dont il est question à pour cause des impuretés accidentelles de la substance d’inoculation, impuretés provenant de Pair ambiant et tombées dans l’émulsion pendant sa préparation. C’est à la même opinion que se range M. le prof. N. Krouglevsky”). Chez nos malades, les phénomènes locaux dont il s’agit, disparaissaient assez vite sans laisser la moindre trace. Nous n’avons jamais observé aucun autre phénomène local; sauf dans un cas, où, il se produisit un abcès au point de l’injection, chez un malade qui, pendant son traîtement par les inoculations préventives, était déjà atteint d’une urétrite purulente. Les phénomènes morbides généraux, observés chez nos malades, étaient de caractère très vague, et tous provoquaient des plaintes d’ordre subjectif. Bornons nous à signaler comme les plus fréquents: 16 vertige, la fatigue, irritation nerveuse générale, sommeil mauvais et inquiet. Il n’est pas dou- teux qu’une part considérable de ces sensations doive être mise sur le compte de l’état de nervosité dans lequel se trouvent les personnes ayant été mordues par des animaux enragés. Toutefois, il convient de reconnaïtre que, dans certains cas, assez rares, les inoculations préventives provoquaient, chez les personnes, une sorte de rupture d'équilibre dans le fonctionnement du système nerveux. En ce qui concerne les phénomènes d’ordre objectif, l'observation la plus attentive, exercée sur ceux de nos malades qui furent hospitalisés pendant la durée du traîtement dans les locaux de notre Institut, ne put faire découvrir aucun symptôme asser marqué; tous les malades de cette catégorie se sentaient dans un état entiè- rement satisfaisant et, tous aussi, presque sans exception, augmentaient de poids. Cette insensibilité relative de l’homme au virus fixe de lapin ne peut être considérée comme une circonstance avantageuse; au contraire, l'absence de réaction nous enlève la possibilité d'apprécier le dégré d’immunité ac- quise et la dose nécessaire dans chacun des cas donnés. П va de soi, pour- tant que cette insensibilité qui n’est peut-être qu’apparente, n'exclut pas dans la pratique une prudence indispensable dans l’application des inocu- lations préventives à l’homme. pe 1) Gamaleïa, De la méthode pastorienne pour prévenir de la rage les personnes mordues (tiré de la première livraison des Travaux de la Station bactériologique d’Odessa), Odessa, 1886. 2) М. Krouglevsky, L. с. SUR Т’ЕРЕЕТ DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DU VIRUS FIXE DE LA RAGI ЗЕЕ 1 “» Q Pour terminer, nous nous permettrons de résumer encore une fois tous les résultats de notre travail. 1) La moelle épinière des lapins ayant succombé après inoculation de virus fixe se distingue peu, au point de vue de son degré de virulence. de la moelle allongée. 2) Contrairement à ce qui à lieu pour le virus de la rage des rues (naturel), la quantité de virus fixe (de laboratoire), introduite sous la peau, n’est раз en rapport direct avec son action sur les lapins et sur les chiens. 3) Le virus fixe, introduit dans le tissu cellulaire sous-cutané des lapins et des chiens, est beaucoup moins virulent que le virus naturel des rues; c’est-à-dire qu’il provoque bien plus rarement une affection mortelle. 4) Quand on introduit avec précaution le virus fixe dans le tissu cellu- laire sous-cutané (des cobayes, des lapins et des chiens) sans occasionner de lésions aux tissus environnants, les propriétés infectieuses de ce virus sont ramenées à leur minimum. 5) Le tissu de moelle des lapins, ayant succombé à la suite d’inoculation de virus fixe, introduit sous la peau des lapins et des chiens, conserve sa virulence jusqu’à се qu’il soit absorbé. 6) А peu d’exceptions près, le virus fixe, introduit dans le tissu mus- culaire des animaux, provoque toujours une affection mortelle; c’est pour cette raison que, dans les injections sous-cutanées, les lésions du tissu mus- culaire favorisent l’infection. 7) L'introduction du virus fixe dans des érosions de la peau des lapins détermine très souvent, chez ces animaux, une affection à dénouement fatal; mais, chez les chiens le même procédé donne un résultat négatif. 8) La présences de microbes, déterminant une suppuration ou un phlegmon, n’empêche pas l’action du virus fixe; parfois même, elle favorise l’apparition plus rapide des symptômes de la rage. 9) Le jeûne incomplet ou une perte de sang assez considérable, chez les lapins et chez les chiens, n’a aucune influence sur l’action du virus fixe, injecté sous la peau. | 10) Le refroidissement du corps favorise l'infection chez les chiens ino- culés sous la peau. Il est très probable que, chez l’homme, ce facteur agisse dans le même sens. о И RES = к \ - >: . roll м + ‚ TA ки + атом A4 NT 2 1! CE 2 (QE = о G = CPI TT А ta MT EU Са i FOR т * La sd, р 1 х LIL à у у > ь. D г | и $ RAT D 1 ит 2 | L и dd $ 1 и’. . м р ou AT 94 р их a Fe: LIL £ 14 St Ы = ы \ ` Le . - у 3 р te ь LA ah ‹ . ; (rs F à =. ; { > PRE LL | s M й 8 | р à PT > LA ув : р . 89 Е à ` я H , кл и 8 Е] в à UT Г | À DT ap n ei Г. { } an Val Г. $ } #, : MITA L т = в 4 ь LI Ur # LS : 1: м Le < 4 Е е: р > > | 2” NA ER р Уи | "À, = "т а IN: у " + у ” + Fer 2 р 4 р ГЕ F lei 1 0 1 à “à \ тб. 17 Le у à ai Lu № — с € у я 3 3 » ы ue г 21 | +. ` ыы Le = 3 À : ^ Ю - . è р ‹ 9 2 HIS Li + MM ELU eme LA 05 À 2 Pur. НЕЕ FER оны Г né \ Fa ani "4 д A м & у 19 И I _ ура sr ei * Foie Né Ait т 1] STEAM ле сии . ыы | =: 2 . | Г t LA | ыы - > < r : À F Е Er | IMPRIMERIE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES. Vass. Ostr., 9-ème ligne, № 12. ОСТ 11 1897 Influence de l’extirpation du corps thyroïde chez le chien sur la quantité et les qualités des globules blancs du sang. Par M. le Docteur W. T. Pokrovsky. (Section d’Anatomie pathologique de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale), Nos connaissances sur la physiologie du corps thyroïde sont de date récente. Il y a 15 à 20 ans seulement que l'attention des physiologistes et médecins, et surtout des chirurgiens et thérapeutistes, fut portée sur cet organe. Et depuis, ses fonctions, encore énigmatiques, continuent à pas- sionner les exprits du monde savant. En 1873, Gull'), en Angleterre, observait quelques cas d’une affection nouvelle (?) qu’il a décrite sous le nom d’éfat crétinoide des femmes adultes. Quelques années plus tard (1877), un autre médecin anglais, Ога?), en publiant quelques observations de ce genre, donna le nom de myxædème à cet état morbide et indiqua en même temps son caractère essentiel, atrophie de la glande thyroïde. La publication de ces faits provoqua le plus vif intérêt parmi les médecins, et en conséquence une commission de divers spécialistes fut nommée en Angleterre (1883) pour étudier cette question. Les comptes rendus des travaux de cette commission parurent en 1888 3). Sur le continent, ce furent les observations de Kocher°) et des Reverdin “) en Suisse (1883), de Вгипз 5) et d’autres qui ont été le point de départ des recherches sur се sujet. L'état cachectique consécutif à l’ablation des goîtres volumineux, très analogue au myxædème, a reçu de Kocher le nom de cachexie strumiprive. А partir de cette époque les observations concernant cette affection dite nouvelle abondent dans la littérature, et on est arrivé à reconnaître que les 22 320 Т. POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION deux formes d'affection, myxædème et cachexie strumiprive dérivent de la même cause unique, de la suppression des fonctions du corps thyroïde. Or, son rôle dans l’économie restait alors absolument inconnu et négligé. Il n’y a que depuis 8—10 ans que l'étude de cette question est tombée entre les mains des physiologistes et expérimentateurs. Elle а acquis depuis une extension considérable en attirant l'intérêt le plus vif de toutes parts; et on trouve aujourd’hui un grand nombre de travaux relatifs à la physiologie et à la pathologie du corps thyroïde. Nous ne nous arrêterons pas sur l’aperçu de ces données littéraires, ceci étant déjà fait avec détails dans les thèses de Rosenblatt *) et Heinaz ?) faites à l’Institut Impérial de Médecine expérimentale, et auxquelles nous renvoyons les lecteurs. Qu'il nous suffise de dire, que les recherches expérimentales ont été dirigées principalement du côté des modifications que subissent les organes et les systèmes sous l’influence de l’extirpation des glandes thyroïdes et des effets que produit cette opération sur le système nerveux (Rosenblatt, Autocratoff”), Rogowitch*), et dans ces derniers temps, on se préoccupait surtout de la recherche des toxines qui se déve- loppent dans l’organisme dans la suite et déterminent la mort de l’animal (Lindemann, Benissowitch, Bagénoff, Notkine *) *]. De l’ensemble de toutes ces données expérimentales et recherches physiologiques il résulte que les animaux thyroïdectomisés présentent une forme grave de convulsions et succombent du 2-me au 7-me jour. dans un état d’amaigrissement profond et d’hypothermie. Ces troubles tiennent à certains produits toxiques de désassimilation, comme par exemple le thyro- protéide de M. Notkine, lesquels s'accumulent dans le sang et agissent principalement sur le système nerveux. La glande thyroïde paraît élaborer et sécréter un ferment spécial qui détruirait l’action de ces toxines. Ces notions générales, quoique encore hypothétiques, sont admises actuellement par tout le monde. La phase suivante de l’étude de cette question comprend l'application thérapeutique de la glande elle-même ou de ses préparations dans les cas de myxœdème, de goître et d’obésité. Les succès de ce mode de traitement avaient fourni des éléments précieux relatifs à la physiologie et à la patho- logie de cet organe; ils excitèrent vivement l’intérêt des physiologistes et médecins tant au point de vue théorique que pratique, et soulevèrent de nombreuses discussions. Nous laisserons cependant de côté ce chapitre de recherches car il nous entraînerait trop loin. *) Cité d’après Heinaz 17). DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 321 Malgré les nombreuses et persévérantes recherches concernant les fonctions de la glande en question, un point échappa étrangement à l’inve- stigation des observateurs et resta entièrement négligé, même dans ces derniers temps, c’est celui des modifications du sang sous l’influence des conditions ci-dessus. Il est vrai qu’on Ра étudié au point de vue chimique (Schneider ”), Benissovitsch, Bagénoff et Notkine), mais les anatomo- pathologistes et physiologues paraissaient avoir oublier que le sang est avant tout un véritable tissu et que la suppression du corps thyroïde pourrait également retentir sur lui comme sur les autres organes, tels que reins, foie, système nerveux etc., en provoquant certaines modifications morphologiques, très vraisemblables а priori. On rencontre ça et là dans la littérature quel- . ques brèves indications de ce genre, comme par exemple, dans Schneider: «dans le myxœdème le sang est plus dense qu’à l’état normal; dans certaine phase de la maladie la proportion des globules rouges et du résidu sec est augmentée», ou encore chez Roth: «l’analyse du sang chez une femme myxcæ- démateuse faite par le 0’ Gabritchewsky a donné les résultats suivants: poids spécifique — 1,054; quantité d’hémoglobine — 95%, quantité de globules rouges — 4210000, de globules blancs — 7120, d'éléments neutro- philes — 54,68°,, dymphocytes» — 36,56%, formes transitoires — 6,88%, éosinophiles — 1,88%. Au bout de quelque temps du traitement thyroïdien, lorsque la malade présentait de l’anémie, une autre analyse de son sang donna les résultats suivants: quantité d’hémoglobine — 58%; poids spécifi- que — 1,045; globules rouges — 3750000; le rapport des globules blancs aux rouges — 1:500; les proportions de diverses variétés de globules sont presque les mêmes que dans la première analyse: éléments neutro- philes 52,3, lymphocytes — 37,6% , formes de transition 9°, éosinophiles— 1,1%». Dans un autre cas, également présenté par M. Roth à la société de neuropathologie de Moscou, l'analyse du sang faite par М. Gabritchewsky, a donné: le poids spécifique — 1,058; quantité d’hémoglobine — 80%, globules rouges 4126000. Les globules blancs sont aux rouges dans la pro- portion de 1 : 600, la proportion d’éosinophiles — 5,4%, c’est-à-dire un peu plus élevée qu’à l’état normal. Nous devons noter dans le travail de Heinaz une observation très intéressante (pages 12— 17—22) au sujet de l'influence de la suppuration des plaies postopératoires sur l’évolution des convulsions et sur la survie des chiens. Ces chiens (avec suppuration postopératoire) ont présenté de la leucocytose (de 20 à 40 milles de globules blanes) avec conservation du rapport des globules blancs aux rouges — 1 : 250, minimum 1:300. «Leur état, dit l’auteur, est moins grave et l'affection évolue plus lentement» 22* 322 T. РОКВОУЗКУ, INFLUENCE DE L'EXTIRPATION (page 16). Et plus bas, page 20: «Notre interprétation de ce fait est basée sur l’hypothèse, que les globules blancs possèdent le pouvoir de détruire Ja substance toxique pour l’organisme, circulant dans le sang...» Quoi qu'il en soit, le fait que la suppuration prolonge la survie de l’animal est incontes- table. Nous avons entendu personnellement M. N. B. Ouskoff affirmer la même chose, mais l’auteur donne une autre interprétation à ce fait. La suppuration permet à l’animal de lutter plus longtemps contre l’invasion de la maladie grâce à ce que la substance toxique saisie par des globules blancs du sang est rejetée au dehors avec le pus de la plaie. Chez les chiens de Heinaz, opérés proprement la leucocytose ne durait que 24 heures, après quoi la quantité de leucocytes s’abaissait jusqu’à la normale. Ces cas là ont précisément présenté une forme des plus graves de la maladie, à début brusque, à marche rapide et la mort à courte échéance, en 2 jours et demie en moyenne. C’est ce qu’on a observé aussi chez les animaux de M. Gley*. Les chiens opérés par cet auteur n'ont présenté point de suppuration et la maladie а évolué ici d’une manière extrêmement rapide et brutale (p. 20, 22). La leucocytose consécutive à la thyroïdectomie attribuée par beaucoup d’auteurs qui l’ont observée (Horsley, de Gervain et Sanz) à l’ablation de la glande, ne tiendrait selon Heinaz qu’à la suppuration de la plaie. Les observations accessoires ou accidentelles que nous venons de citer, relatives à la leucocytose des chiens thyroïdectomisés ou des malades myxœædémateux, sont intéressantes par des interprétations contradictoires que leur donnent différents auteurs. D’autre part, elles nous font supposer des modifications du sang analogues à celles qui ont été décrites dans beaucoup de maladies, telles que pneumonie fibrineuse, fièvre typhoïde, choléra etc., et enfin, en avançant dans cet ordre d’idées on peut se poser directement la question sur la valeur du corps thyroïde comme organe d’hématopoièse, ou du moins de se demander, quelle serait son influence sur les globules du sang; n’agit il pas en qualité de régulateur des processus complexes de leur vie, de leurs métamorphoses etc? Les travaux de ММ. №. Ouskoff, Lôwit Goldscheider, Jacob, Tchistowitch, Kurloff, Gabritchewsky et d’autres, ainsi que toute une série de recherches faites dans ces dernières années dans le laboratoire d'anatomie pathologique de М. М. Ouskoff ont été inspirés par la question de savoir, quel est le rôle des globules blancs dans le sang, quelles sont leur origine et leurs métamorphoses, qu’est ce que l’hypo- et hyperleucocy- *) Cité d’après Heinaz. DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 323 tose etc. Ces travaux ont largement contribué à l'élargissement de nos connaissances sur l’hématologie et à maintenir l'intérêt pour l'étude de се monde encore mystérieux des leucocytes. L’examen du sang après la suppression de la fonction thyroïdienne pourrait nous fournir des renseignements précieux aussi pour la clinique; il n’a donc pas pu rester négligé pour plus longtemps. Afin de combler cette lacune dans nos connaissances sur les fonctions du corps thyroïde М. М. Ous- koff me chargea d'étudier les modifications dans la constitution du sang d'animaux thyroïdectomisés. Avant d’entrer en matière je tiens à exprimer ici ma plus vive grati- tude à l’Institut qui met avec beaucoup de complaisance tous les moyens possibles à la disposition de ceux qui y travaillent. Disons en premier lieu que la glande thyroïde ne doit pas être consi- dérée comme un organe purement hématopoiétique à la manière des gan- glions lymphatiques et autres, d’abord en raison de sa constitution histo- logique, et de plus, parce que la différence entre le sang entrant dans la glande et celui qui en sort est très minime. Cela ne veut pas dire cependant qu’elle ne jouât aucun rôle dans la sanguinification, elle pourrait, par exemple, posséder les fonctions analogues à certaines fonctions de la rate étudiées par ММ. М. Ouskoff et Sélinoff dans leur dernier travail. Ces auteurs écrivent ceci: «La rate des animaux normaux maintient la quantité d’élé- ments vieux à un niveau relativement peu élevé (6 à 7°, environ) grâce à ce qu’elle favorise la transformation plus rapide et plus parfaite des éléments mürsen vieux (et probablement aussi le passage des jeunes à l’état mür)»*). Ne trouverait-on-pas quelque chose d’analogue dans les fonctions du corps thyroïde? C’est cette question qui préoccupait principalement M. N. Ouskoff lorsqu'il me proposait d'entreprendre les recherches présentes, Nous nous sommes proposé avant tout de suivre simplement les modifications quantitatives et qualitatives des globules blancs chez les chiens thyroïdectomisés, en vue de quoi nous avons entrepris quelques expériences dont la description se trouve ci-dessous. Le procédé d'examen du sang а, été le même que l’on utilise généralement dans le laboratoire de M. Ouskoff, savoir: la numération des globules blancs se faisait à l’aide du mélangeur Potain et du compte-globules de Zeiss. On aspirait du sang dans le mélangeur (de l’incision pratiquée sur l'oreille), et on le diluait avec de la liqueur de N. Ouskoff (solution d’acide acétique glacial au 1, + la solution de chlorure de sodium à *,,) dans la proportion de *) Son rôle de producteur des formes jeunes a été établi auparavant par M. Emélianoff et autres médecins. 324 T, POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION 1:100. On en déposait successivement trois gouttes dans le compte-globules. _ Оп comptait 100 champs microscopiques en tout: deux gouttes par 33 dans chacune, et dans la troisième on en comptait 34. On effectuait la numération d’après la formule précise. Pour la coloration on employait la couleur d’Ehrlich préparée d’après la méthode d'Egorowsky. On comptait pas moins de 500, généralement 1000 globules, et on en déduisait les proportions centésimales et les quantités respectives de chacune des variétés d’après la classification de M. N. Ouskoff. L’extirpation de la glande était pratiquée par incision médiane, absolu- ment de la même manière qu'avait décrite Rosenblatt pour cette opéra- tion: «On commençait par inciser la peau immédiatement au dessous du. cartilage cricoïde et on prolongeait l’incision à 3 ou 4 travers de doigts. On écartait ensuite les muscles sous-hyoïdiens avec une manche de scalpel et une sonde cannelée jusqu’à la trachée, et on maintenait la plaie béante à l’aide d’écarteurs. On tombait alors sur les lobes de la glande placés de chaque côté de la trachée et caractérisés par une couleur rouge- grisâtre et par des vaisseaux abondants aboutissant aux extrémités des lobes. Après l’avoir dégagé soigneusement des tissus environnants et du nerf récurrent, et lié en masse ses vaisseaux afférents le plus loin possible de l’organe, on l’enlevait munie de sa capsule». Les glandes extirpées étaient toujours examinées microscopiquement. Dans toutes les opérations on faisait usage de la morphine comme anesthésique parce qu’elle n’a pas d'influence sur la constitution des globules blancs du sang *). On commençait les recherches 24 heures après l'opération, lorsque les animaux s’étaient complètement remis du narcose. En obtenant, dans mes expériences d'essai, des résultats déterminés et constants у ai associé, dans mes observations ultérieures, quelques éxpériences supplémen- taires; j'introduisais, par exemple, dans le corps de l’animal opéré, des fragments du corps thyroïde récemment enlevé d’un autre animal. Cela modifiait évidemment les conditions de l’expérience, et l’examen du sang d’un tel animal ne pouvait plus servir pour l’étude des effets que produit la thyroïdectomie. Grâce à ce fait nous voyons des expériences de durée fort variable représentées sur le même tableau, car nous avons cru utile de les grouper ainsi afin de rendre plus saisissables les effets de la thyroïdectomie chez le chien, au point de vue de la constitution morphologique du sang. À la fin de cet ouvrage nous présentons en qualité de faits expérimentaux bruts une description complète quoique courte de ces expériences. *) Popoff, Sur l'influence de l’anesthésie sur la leucocytose et l’aleucocytose. DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 325 Tableau I. Mort. т Ен variété pour 100. Quantités absolucs. à т totale des © Е mois € . х ; . An © : Е Е 5 ; : Е ы Observations. Ее Е 4 5 =] D | © D) ra date. blancs. © = = в = | = Е 1895. 18 Décemb. 6983 11,47| 9,30 | 79,50] 900 | 649 | 5434 | 14 » 11064 12,0 7,58 | 80,42 | 1328 | 838 | 8898 | 16 » 12660 — — — — — — | Opération le | 18 » 12158 4,85 | 11,54| 83,61 | 489 | 1472 | 10197 | 14 Décembre. | | 19 » 10601 7,10 | 15,21 | 77,88| 752 | 1612 | 8237 { 1 20 » 14976 10,2 | 20,65 | 69,33 | 1527 | 3095 | 10354 { И 19562 6,8 | 2150| 71,70| 1330 | 4205 | 14027 | 22 » 18342 9,0 | 13.30 | 77,70 | 1650 | 2440 | 14252 | 23 » 12630 4,8 | 10,2 | 85,0 586 | 1288 | 10756 ] 24 » 10896 5,4 | 11,6 | 84,0 589 | 1264 | 9043 ] 1896. 4 Avril 14000 7,0 4,4 | 88,6 980 | 616 | 12404 Opération le 4 Avril. { an 0 23170 | 2,66| 9,0 | 88,34| 542 | 1830 | 20798 ие 6 » 21792 4,7 | 13,0 | 82,30 | 1025 | 2834 | 17933 | HD) 31170 1,32 | 13,21 | 85,47| 414 | 4117 | 26642 8 » 14050 1,47 | 14,0 | 84,53| 207 | 1967 | 11867 } 24 Mai 10180 20,0 4,2 | 75,80 | 2036 428 | 7716 25) > 10838 62 4.7 || 79.091 1774 514 | 8650 Opération le 8 25 Mai. TRE ] 27 » 14303 | 10,35 | 10,0 | 79,65] 1480 | 1430 | 11393 J 80 Avril 10433 13,2 7,0 | 79,80 | 1377 730 | 8326 À | 1 Mai 9950 — = = = Ti Га и 9255 11,8 6,50 | 81,70 | 1092 602 | 7561| : Opération le 7. 8 Mai. AS) 17206 1,37| 8,97| 89,66| 235 | 1545 | 15426 р В О сезон Moyennes avant l’opér. 10355 13,1 6,3 | 80,7 | 1303 | 625 8427 Moyennes après l’opér. 17063 5,5 | 13,6 | 80,9 908 | 2238 | 13917 326 Т. POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION Tableau II. Survie et expérience de contrôle. Proportions pour Quantités absolues. An, Quantité totale des А mois et к ; À . : | : Observations. globules date. blancs. №.03 des expé- riences 1896. 20 Janvier 9087 29 » 7432, Opération le 22 Janvier. | 2. 1717 2688 1522 18 Avril Opération le 18 Avril. 21 Février 12200 22 » 13000 Opération le 23 Février. 1377 1267 1971 1356 755 910 Expérience de contrôle. Moyennes 10861 11,0 6,15 | 80,65 | 1750 | 763 | 8348 avant l’opér. Moyennes après Рорёг. 17676 10,5 8,0 | 80,56 | 1721 | 1309 | 14646 DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 327 Tableau IIT. Opérations sur des chiens préalablement dératés. ie Ness POS Quantités absolues. 4 Quantité : =. totale des и À . Observations. | © 4 globules 2 2 5 F à < blancs. 5 = = о € = 1896. 13 Mars 13600 28,65 | 9,75 | 61,60 | 3796 | 1326 | 8458 || Opération le | 13 Mars. 4. 15 » 18342 4,73| 9,10 | 86,17 | 869 | 1669 | 15804 | 16 » 30400 3,57 | 14,80 | 81,63 | 1085 | 4500 | 24815 5 Février 17669 18,27 | 6,33| 75,4 | 3229 | 1118 | 13322 Opération le | 5 Février. | 3. 6 » 21472 9,4 3,2 | 87,4 | 2310 | 786 | 18370 7 » 48296 2,61| 6,74| 90,65 | 1261 | 3255 | 43780 8 » 46277 2,16 | 11,5 | 86,34 | 1000 | 5323 | 39954 13 » 10854 5,18| 5,28| 89,54] 562 | 572 | 9720 | Opération le 13 Février. 9 14 » 27219 1,80 | 10,5 | 87,70| 490 | 1858 | 24871 15 » 33656 1,77 | 14,0 | 84,23| 596 | 4712 | 28348 16 » 21666 1,50| 9,0 | 89,5 326 | 1859 | 19432 Moyennes avant l’opér. 14300 17,5 7,1 | 75,5 | 2792 | 1005 | 10508 Moyennes après l’opér. 30915 | 3,4 | 9,8 | 86,7 | 992 | 2995 | 26928 Passons maintenant à la description des résultats de la thyroïdectomie. Il ressort en premier lieu de l’ensemble de nos expériences, que le tableau clinique de la maladie apparaissant habituellement le 2 jour 328 т. POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION après l’opération est une image exacte de cette affection grave qu’on а décrite déjà depuis longtemps. Pour ce qui concerne les modifications du sans, nous étions surpris, dès les premières préparations microscopiques, bien faites et colorées, de leurs caractères tout singuliers: 1° ce qui saute tout d’abord aux yeux, c’est l’absence presque complète des formes jeunes, ou du moins leur diminution tellement considérable qu’elle nous а paru invraisemblable; et cependant, les recherches ultérieures et la numération rigoureuse ont confirmé ce fait, comme on le voit nettement dans notre tableau I. Ce phénomène s’observe généralement à la fin du deuxième jour après l’opération et persiste durant toute la maladie ou jusqu’à une nouvelle intervention expérimentale (greffe thyroïdienne dans le tissu cellulaire sous-cutané ou dans la cavité abdominale). Outre cela on apercevait une augmentation anormale des formes mûres qui présentaient en même temps quelques particularités bien manifestes: dans la majorité des cas leurs dimensions étaient plus grandes, leurs noyaux plus volu- mineux, comme gonflés, pareils à ceux que l’on rencontrait principalement dans la forme lobulée, mais le caractère distinctif le plus saillant consistait en ce que, parmi les formes mûres habituelles on trouvait de telles qui par leur aspect occuperaient une place intermédiaire entre ces dernières et la forme suivante, et présentaient aïnsi un certain degré de passage à l’état vieux. Ces formes possèdent les traits caractéristiques suivants: la coloration du noyau et du protoplasma restant la même que chez les mûres, la forme et l’aspect du noyau sont ceux de l’espèce vieille; ce dernier est souvent fragmenté, mais les fragments ne présentent pas cependant une coloration bleu-violette intense comme celle de vrais globules vieux. On constate de plus que les fragments du noyau sont réunis entre eux par des filaments très fins et sont plus volumineux que ceux des formes vieilles (polynucléaires des auteurs). Vu que cette varieté de globules présentait des nuances de coloration des noyaux et du protoplasma très variables, et que la forme du noyau présentait également divers degrés de transition entre la forme mürs et la vieille, il nous а paru légitime de les considérer comme une forme fransitoire, intermédiaire entre les globules mononuclé- aires ou mûrs et les polynucléaires ou vieux. En comptant ces globules on hésitait souvent à laquelle des deux variétés on devrait les rapporter. Nous les rangions, après un examen attentif, tantôt dans la catégorie des mürs, tantôt dans celle des vieux, suivant la prédominance des caractères de l’une ou de l’autre de ces variétés. L'existence de ces formes est un fait précieux en faveur des liens génétiques intimes entre les différentes variétés de leucocytes, fait apte à convaincre de visu les plus sceptiques à cet égard. Celui qui DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 329 voudrait apprécier sans parti pris la classification dont M. Ouskoff est un partisan ardent, devrait absolument examiner ces formes transitoires. Nous ne voulons nullement dire par là que nous soyons les premiers à observer ces formes: MM. Ouskoff et Sélinoff en parlent dans leur dernier ouvrage sur les variations des formes nucléaires chez les chiens dératés. Ces auteurs disent que «ces variations se rencontrent très souvent chez des chiens dératés. Et ce n’est que par la coloration rose que l’on peut distinguer, d’après le noyau, cette forme de globules d’un élément vieux avec ses noyaux colorés en bleu foncé, fragmentés et irrégulièrement disséminés. Ces variations dans la forme des noyaux nous permettent aïnsi d'assister au passage d’une forme de globules en une autre, et à tous les intermédiaires entre le noyau intègre du globule mürs et le noyau fragmenté du glo- bule vieux polynucléaire». Et plus loin: «on peut rencontrer des éléments _ mürs, dont le protoplasma ne se distingue pas par le mode de coloration de celui du globule vieux, et même certains lobes se colorent de la même manière que les noyaux des vieux globules et certains autres conservent encore la propriété de prendre la couleur caractéristique des éléments mürs». On rencontrait plus rarement des formes intermédiaires entre les éléments jeunes et les mürs, or cela peut s'expliquer facilement par се fait que la quantité absolue et la quantité relative (pour 100) de formes jeunes se trouvaient considérablement diminuées. La quantité des globules vieux oscille le plus souvent dans le sens d'augmentation, mais toutefois cette augmentation n’est pas constante et en tout cas très faible. Tout ce qui a été dit précédemment se rapporte aux expériences du premier groupe, où les animaux présentaient un tableau typique de l’affec- tion et où tous sont morts. Pour exprimer d’une façon succincte et cialre les modifications qu'a subies le sang des animaux de ce groupe nous avons calculé les moyennes des proportions de diverses espèces de globules pour 100. А cet effet nous avons pris tous les chiffres obtenus avant et après l'expérience. Nous recon- naissons toute la grossiéreté et l’inexactitude de ce mode de calcul, et nous nous en sommes servis quand même, afin d’obtenir au moins quelques données communes pour tout le groupe. Ces moyennes avant l'opération sont de 13,1 jeunes; 6,3 mûrs; 80,7 vieux et après › » БВ № ПЭ» 505 Nous voyons ici les mêmes rapports que pour chaque expérience à part, 330 Т. POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION c’est-à-dire, qu’à l’état normal la quantité des globules jeunes est beaucoup plus considérable que de mûrs et qu'après l'opération on observe juste- ment le contraire; il en est de même pour les moyennes, comme nous venons de le voir, Remarquons entre autre que nos moyennes des proportions p. 100 de diverses formes de globules concernant les animaux avant l’opé- ration concordent assez bien avec celles qu'ont obtenues ММ. Sélinoff et Ouskoff*#) avec un nombre beaucoup plus considérable d'expériences; ceci nous autorise à croire que nous avons eu affaire à des animaux réellement bien portants. Ainsi nous voyons d’après le tableau I que la thyroïdectomie provoque une diminution de formes jeunes. Analysons maintenant quelle part dans ce phé- nomène revient à l’ablation du corps thyroïde et quelles sont les autres circonstances que l’on pourrait incriminer. D’après MM. Sélinoff et Ouskoff (loc. cit.) une leucocytose quelque peu prononcée s'accompagne toujours d’un abaissement considérable de la proportion de l'espèce jeune, chez les chiens en expérience ainsi que chez l’homme lors des infections diverses. Les auteurs expliquent ce phénomène par une suractivité du passage de différentes formes aux stades plus avancés de développement, c’est-à-dire aux formes vieilles, ce qui amène une élévation du nombre de ces dernières; or, c’est précisément cette forme qui détermine principalement la quantité totale des leucocytes. En se basant sur ce fait on peut supposer que la diminution de la proportion des globules jeunes dans les expériences du tableau I dépendrait en partie de cette condition (leucocytose), car nous avons ici une augmentation du nombre génèral des leucocytes qui s’élève de 10 à 17 milles. Les expériences № 4 et en partie 3, où on voit nettement que la quantité relative de formes jeunes change en raison inverse de la quantité totale de leucocytes, plaident en faveur de cette supposition. Ce phénomène post-opératoire doit donc être attribué en partie à un certain degré de leucocytose traumatique. Et d’autre part, l'influence directe de la suppression du corps thyroïde est surtout évidente dans notre expérience № 1 où, avant toute apparition de leucocytose et malgré même une diminution du nombre total de globules, la proportion des jeunes a également diminuée. Comme on est obligé d'étudier ce phénomène sur des quantités de globules assez petites par rapport aux autres variétés, nous le laissons de côté, en attendant, pour у revenir plus tard, et nous passons maintenant à l'étude d’un autre phénomène beaucoup plus marqué, à l’augmentation de la quantité relative et de la quantité absolue de globules mürs. Si nous avons invoqué plus haut la leucocytose comme un facteur pouvant agir dans le même sens que l’extirpation de la glande, et indépendem- DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 33] ment de cette opération, nous devons complètement éliminer son rôle. en raison de ce qui à été dit ci-dessus, dans la production du Léon présent et l’attribuer directement à l’ablation de la glande; on peut même soupçonner que laugmentation de la proportion relative des globules mürs soit modérée dans une certaine mesure sous l'influence de la leuco- cytose et qu’en l’absence de ce facteur elle serait encore plus prononcée. Pour démontrer que les phénomènes analysés ci-dessus concernant le premier groupe d'expériences sont intimement et nécessairement liés à l’extirpation du corps thyroïde, absolument comme le complexus d’autres symptômes (principalement du côté du système nerveux) caractérisant la cachexie thyréoprive, il serait intéressant de comparer ce premier groupe avec le second, comprenant les expériences № 2, № 6 et une expérience de contrôle (tableau IT). Tous les chiens ont survécu ici. Dans les deux premières, la cachexie ne se développa pas, malgré l’extirpation habituelle des deux lobes glandulaires; elle пе se manifesta pas également chez le chien de contrôle chez lequel оп n’enleva qu’un seul lobe, l’autre étant remis еп place après dissection et ligature de ses vaisseaux. Le sang ne présentait pas ici des modifications caractéristiques du premier groupe. Ainsi, dans expérience № 2 la proportion des jeunes avait légèrement diminué, et celle des mürs avait une peu augmenté, mais ces phénomènes, comme on le voit d’après le tableau IT, sont à peine marqués comparativement à ceux qu’on а observés chez les animaux du premier groupe, et si l’on observait pendant certains jours une proportion de mûrs plus élevée que de jeunes, elle était loin de former le double de cette dernière. Il n’y а qu’un seul jour, le 25 janvier qui fait exception: la proportion des jeunes était alors de 4 p. 100 et des adultes de 11,2 p. 100, mais cela coïncidait précisément avec une augmentation générale considérable des globules dont le nombre s'élevait de 15 milles à 24, c’est-à-dire avec une hyperleucocytose qui, comme nous le savons, modifie elle-même les quantités relatives des jeunes et des шагз et qui peut tenir à d’autres conditions n'ayant rien de commun avec la thyroïdectomie (Sélinoff её Ouskoff, loc. cit.). Il est intéressant à noter que le chien de l’expérience № 2 а manifesté justement ce jour, le 25 janvier, quelques symptômes de cachexie thyréoprive. Le chien de l’expérience № 6, compris également dans le second grouve, ne présentait après l'opération rien de semblable à la cachexie, et aussi son sang ne présentait il aucune modification relativement à ce qu’on avait constaté avant l'opération. Ces deux expériences du 2° groupe, comparées à celles du premier, indiquent nettement qu’il ya une dépendance réciproque quelconque des 392 T. POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION deux phénomènes: accidents cachectiques d’une part et, d’autre part, varia- tions caractéristiques dans les globules blancs du sang. Les éxpériences du 2"° groupe présentent en même temps des exemples de survie à la thyroïdec- tomie, analogues à celles que l’on trouve dans beaucoup de travaux; les auteurs attribuent généralement ce phénomène à une action compensatrice des glandes accessoires ош surnuméraires, souvent difficiles à découvrir. Notre expérience de contrôle plaide en faveur de cette interprétation, On enleva dans ce cas un seul lobe de la glande, de sorte qu’on ne laissa à l'organisme que la moitié de la glande, et malgré cela, la fonction, encore peu élucidée de l’organe, était accomplie par cette moitié aussi bien que, non seulement оп ne constatait rien d’anormal dans l’état général de l’ani- mal, mais encore les proportions des globules blancs restèrent elles les mêmes qu'avant l'opération, sauf une faible diminution de Ia proportion des mûrs et en partie des jeunes, les deux derniers jours; mais ici encore, il faut incriminer la leucocytose qui faisait son apparition à ce moment (on comptait 26 milles de globules blancs le dernier jour). Les formes ci-dessus décrites des noyaux de globules mûrs qui paraissent présenter divers stades d’évolution vers le noyau du leucocyte polynucléaire ou vieux (Ouskoff) et l'élévation considérable de la proportion des globules mürs observées après la thyroïdectomie comme après la splénectomie (Sélinoff et Ouskoff), ces faits, y compris quelques autres indications assez vagues raportées par différents auteurs [Bardach %), par exemple, a observé une augmentation et une hyperémie du corps thyroïde dans ses experiences avec le Charbon sur les chiens dératés] nous ont poussés à entreprendre une série d'expériences que nous avons réunies dans le tableau Ш. Ce tableau comprend les résultats de la thyroïdectomie chez des chiens précédemment dératés. Dans notre expérience № 4 la rate fut enlevée 4 mois avant la thyroïdectomie, dans le № 3, un mois et dans le № 9, immédiatement avant la thyroïdectomie. Tous les animaux ont succombé en présentant des symptômes plus ou moins marqués de la cachexie thyreoprive tels que convulsions, tremblements etc., et de pair avec ces phénomènes on constatait une augmentation de la proportion des globules mûrs dans le sang. En procédant aussi grossièrement que pour les cas précédents, c’est- à-dire en tirant les moyennes de l’ensemble des données de trois expériences, avant et après l’opération (sauf le 19 février du № 9), nous avons obtenu les chiffres suivants (pour 100): Jeunes. Mûrs. Vieux. avant la thyroïdectomie . . . . . . . 170/, 7,7% 75,5% après DÉC Вод 3,4 9,8 86,7 DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 333 En jugeant d’après ces moyennes nous voyons qu’il se développe une leucocytose assez considérable accompagnée d’un abaissement considérable de la proportion des jeunes avec conservation de la proportion primitive des mürs ou même une légère diminution de ces derniers dans les premiers temps. En rapportant ce dernier phénomène à l’influence de la leucocytose qui apparaît pour une raison quelconque plus rapidement chez les animaux dératés, nous devons attribuer le premier à une tendance des mürs à élever leur proportion. Quoi qu’il en soit, l'élévation de la proportion des éléments mürs s’observe finalement dans toutes les expériences d’une manière constante, malgré l'apparition et même les progrès de la leucocy- tose. Notons ici que la leucocytose aussi intense ne s’observe que durant une seule journée dans tous les cas. Les faits, tels que: élévation plus tardive de la proportion d'éléments mürs ou son degré moindre, durée- plus courte de ce phénomène après thyroïdectomie chez les chiens dératés que chez les chiens n’ayant pas subi de splénectomie préalable, — tous ces faits nous permettent de supposer qu’une partie du moins des particularités relatives au troisième groupe d'expériences serait sous la dépendance de la suppression de la rate, et qu’il y aurait par conséquent quelques connexions fonctionnelles entre ces deux organes en question. Comme d’autre part, les effets susindiqués de l’extirpation du corps thyroïde chez des chiens normaux se rapprochent beaucoup de ceux qu'ont observés MM. Sélinoff et Ouskoïff à la suite de l’extirpation de la rate, une autre supposition se dresse de soi-même, c’est que tout autonome que soit la fonction du corps thyroïde, elle serait par rapport au sang la même que celle de Ia rate. N'’entrons pas plus loin dans le domaine des hypothèses. Notons encore ce fait que les essais séduisants *) de la greffe thyroïdienne dans le tissu cellulaire souscutané ou dans la cavité abdominale n’ont pas réussi chez nous: en provoquant la suppuration ils ont montré une fois de plus que ce phénomène s'accompagne de leucocytose, or l’intervention de ce dernier facteur masque tellement la marche des expériences et obscurcit les résultats dus à la thyroïdectomie, qu’il devient presque impossible de les utiliser pour l’étude de ces derniers. * Malgré ces accidents défavorables et avouant que le nombre d’expé- *) Roth (loc. cit.) rapporte une observation suivante de Bicher: «Une crétine de 33 ans, présentait après extirpation du goître des crises épileptiques, le myxædème faisait de rapides progrès et la malade tomba dans un état soporeux profond». Bicher lui transplanta alors un fragment de goître d’une autre femme. La plaie se ferma par prémière intention. Les accidents épileptiques cessèrent et l’état psychique s’améliora. 3 mois après la maladie recidiva. Nouvelle opération, et disparition consécutive de symptômes du myxædème, pour 9 mois. 334 т. POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION riences est très insuffisant, nous pouvons cependant établir un fait positif . qui n’a jamais manqué, c’est que les accidents de la cachexie thyreoprive sont toujours accompagnés de modifications caractéristiques dans la constitu- tion morphologique du sang. 1° expérience. Le 11 décembre 1895. Petit chien, jeune, alerte, pesant 6400 gr. Température 38,7° Globules blancs 7650. 13 décembre. Globules blancs, 6983. Globules rouges 6020000. Pour les quantités de diverses formes de globules blancs et les dates correspondantes voir le tableau ci-dessous. 14 décembre. Thyroïdectomie complète à 1 В. de l’après midi; asepsie rigoureuse; point d’hémorrhagie. 15 décembre, Le chien est tout à fait bien portant en apparence, prend le lait volon- tairement. La température est de 38°. Poids, 6100 gr. 16 décembre. Même état (deux jours après l’opération); il prend du lait. La plaie se ferme par première intention. 18 décembre. Depuis hier son état a subitement changé. Il reste couché, ne mange plus, est triste et gémit de temps en temps. La plaie est complètement guérie, les sutures sont enlevées. Poids, 5900 gr. Température 38,9°. 19 décembre. Etat de dépression profonde, tremblements généralisés, il paraît souffrir, pousse des plaintes à chaque instant. Poids 5800 gr. Température 38,5°. 20 décembre. А partir d’hier on constate les mouvements convulsifs presque continus des membres postérieures avec tremblements généralisés. Dans les intervalles entre les accès le chien essaye encore à marcher mais la démarche est chancelante, incertaine et les pattes sont écartées. ПП пе boit pas de lait et est nourri à la sonde. Les accès de convulsions sont aujour- d’hui moins fréquents. П reste couché tout le temps quoiqu'il peut marcher et même courir, mais avec beaucoup de difficultés par suite d’une ataxie très prononcée. Lorsqu'il reste debout son train postérieur vacille. Le lait introduit avec une sonde est retenu. Température 38,1°— 37,12. 21 décembre. L'aspect et l’état général du chien sont meilleurs; il ne gémit plus. La démarche ataxique spastique et chancelante persiste. Pas de grands accès convulsifs. Poids 5500. 22 décembre. La faiblesse générale et l’état de torpeur sont augrnentés. Hier soir il а eu un grand accès de convulsions violents; aujord’hui ils sont moins forts et plus espacés. Le lait introduit au moyen d’une sonde est rendu. Température 38°—37°, 23 décembre. Mouvements convulsifs presque continus des membres. Le chien se tient à peine debout. Depuis hier, on note un écoulement abondant du nez et de Гей droit (pan- ophtalmie). Poids, 5050 gr. Température 37,8°— 37,25. 24 décembre. Le chien reste couché, immobile, en état de prostration et d’amaigrissement considérable; l’intelligence est conservée; pas de convulsions. La respiration est très difficile à cause de l’écoulement nasal. Le chien est mort dans la nuit du 24 au 25 décembre. | 27 décembre. Autopsie. Le cadavre est très émacié. La plaie est complètement guérie, la cicatrice fine est à peine perceptible. Le cœur, le foie, la rate ne présentent aucune particu- larité bien marquée. Le lobe inférieur du poumon droit présente des foyers disséminés de la pneumonie catarrhale. La couche corticale des deux reins est légèrement épaissie et d’une couleur grisâtre. Le rein gauche est plus volumineux que le droit. A l’examen microscopique des préparations (fixation par la liqueur de Muller, traitement: alcool à 80°/,, alcool absolu, huile de cèdre, inclusion dans la paraffine) on constate: l’épithélium rénal est bien conservé dans tous les canalicules et glomérules de Malpighi. Point de vésicules colloïdes, ni de dégénérescence colloïde de l’épithélium. DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CNIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 335 Proportion pour НЕ р о р Quantité absolue. Quantité Quantité An, mois et date. [totale des glo-| des globules bules blancs. rouges. мыьБнБнБннБн —_—_———————————— À 1895. 11 Décembre,avant l'opération. . 13 Décembre . . 6,020,000 79,50! 900 14 0 ыы: 7,080,000 В: 80,42 | 1328 16 Décembre, après l'opération . . 7,528,000 18 Décembre. . . 7,824,000 83,61 | 489 19 SNS 8,056,000 7, 77,88| 752 20 А 8,888,000 69/33 1527 21 tee 8,104,000 71,70 | 1330 22 Rien 8,000,000 77,10 | 1650 93 - OU 8,896,000 85,0 586 24 SE 7,984,000 84,0 589 2° expérience. Le 17 janvier 1896. Chien de taille moyenne, carlin, bonne nutrition, tout à fait bien portant en apparence. Poids, 7500 gr. Température 38,5°. Globules blancs 13967. 20 janvier. Globules blancs 11569. Globules rouges — 7696000. 22 janvier. Avant l’opération, 9340 globules blancs, 7080000 rouges. Opération le jour même, hémorrhagie considérable lors de l’ablation du lobe gauche, la ligature s’étant détachée. 24 janvier. 24 h. après l’opération, le chien a l’air bien portant et gai. Les bords de la plaie se sont bien accolés. Il prend le lait avec appétit. 25 janvier. Les sutures sont enlevées; réunion par première intention. Il a eu quelques accès convulsifs pendant la journée. Il а l’air déprimé, se tient mal debout. Poids — 7350 gr. Température 38,1°. Le soir on constate un léger écartement des bords de la plaie. 26 janvier. L’animal va beaucoup mieux aujourd’hui. Pas d'accès convulsifs. Mange du pain et du lait. 27 janvier. Le chien se porte à merveille, court, mange aisément le lait. Point de con- vulsions. Poids 7200. Température 38,3°. 29 janvier. Il а l’air tout à fait bien portant; on observe cependant de temps à autre quelques mouvements convulsifs légers des pattes postérieures; il est gai, mange bien du pain avec du lait. La plaie est presque guérie, laisse exsuder une toute petite quantité de pus. Comme le chien n’a pas présenté de tableau typique des accidents graves consécutifs à cette opération, il doit rentrer dans le nombre bien restreint des cas de survie qui sont connus depuis longtemps dans l’histoire de cette opération. L'observation fut interrompue. Un mois après, le chien est réexaminé, on le trouva tout à fait normal. Globules blancs, 9500; Globules jeunes 15,630/,, mûrs 8,300/,. 1 mars. Le chien est tué par le chloroforme. À l’autopsie on constate: la plaie est par- faitement guérie. А la place du lobe gauche extirpé on ne trouve aucun vestige de la glande. Un petit fragment du lobe droit resté sur la ligature est demeuré intact. C’est à lui que le chien 23 336 T. POKROVSKY, INFLUENCE DE L'EXTIRPATION 4 . х х 5 # э LA doit vraisemblablement la guérison complète après l’opération. Malgré les recherches les plus soigneuses on n’a constaté de glandes accessoires ou surnuméraires ni dans la cavité thoracique ni sur la trachée. Proportion pour Quantité absolue. D 100. Quantité Quantité An, mois et date. | des globules [totale des glo- Е р Е à . о - rouges. ules blancs.) 5 = = 8 а = 1896. 17 Janvier, avant nr re opération. . . 7 0 20 я р le 11569 15,40! 6,05 | 78,55 | 1782 | 700 | 9087 22 DEN EI 7,080,000 9340 12,7 7,8 | 79,50 | 1182 726 | 7432 Opération. 24 Janvier. . .. — 15420 9,0 | 11,45 | 79,55 | 1388 | 1717 | 12315 Ав — 24000 4,0 | 11,2 | 84,80 | 960 | 2688 | 20352 DIS PARLE — 9255 10,5 | 16,37 | 73,13| 972 | 1522 | 6761 AUDIT т 7 200000 8414 11,43 | 16,26 | 72,31| 961 | 1366 | 6087 DO 7756 000 8000 13,45 | 11,35 | 75,20 | 1076 | 908 | 6016 29 Février 9500 15,63 | 8,30 | 76,07 | 1485 | 789 | 7226 3° expérience. (Chien dératé). 5 février 1896. Grand doguin, très bien portant. La rate a été extirpé depuis un mois, (le 10 janvier 1896). Poids 14450 gr. Le sang présentait les modifications caractéristiques des animaux dératés (voir le tableau ci-dessous). Thyroïdectomie totale à 4 h.; bien réussie, sans moindre perte de sang. 6 février. Faïble exsudation de sang par la plaie. Sur la poitrine au dessous de la plaie on constate une tuméfaction œdémateuse. L’aspect général de l’animal est bon. Le soir on enlève deux sutures inférieures; pas d’exsudation sanguine; ces sutures sont remplacées par des nouvelles. Poids, 13600 gr. Les résultats des analyses du sang sont compris dans le tableau ci-desous. 7 février. Point d’hémorrhagie. On n’observe ni convulsions, ni abattement. L'animal paraît bien gai, Poids 13500. 8 février. L'état général s’empire, Les attaques de convulsions graves apparaissent. Les sutures sont enlevées; les bords de la plaie sont bien réunis, mais le soir même ils s’écartent légèrement. Mort dans la nuit. 9 février. On ne constata rien de particulier à l’autopsie. DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ЕТС. 337 Proportion pour р ый : 100 р Quantité absolue. Quantité : | Mois et dates. totale des glo-| с; Е Е 5 Ре £ и bules blancs. = = 2 5 З 2 -> > = = - es ЕЙ | 5 Février avant Горёгаоп 17669 18,27 6,33 | 75,40 | 3229 | 1118 | 13322 6 Février, 24 heures après _Popération ое 21472 9,4 3,2 87,40 | 2310 786 | 18376 о о À. 0 48296 2,61 6,74 | 90,65 | 1261 | 3255 | 43780 о ре 46277 2,16 | 11,5 86,34 | 1000 | 5323 | 39954 4° expérience. (Chien dératé. Greïfe thyroïdienne après la thyroïdectomie). 13 mars 1896. Chien noir, taille moyenne, bonne nutrition. Splénectomisé depuis 6 mois (1° septembre 1895). Poids, 6800 gr. Les résultats de l’examen du sang sont présentés ci-dessous. Thyroïdectomie à 3 h., avec anesthésie par la morphine, presque sans hémorrhagie, 14 mars. La plaie va bien. Rien de particulier à noter, Poids, 6650 gr. 15 mars. Le chien est abattu, déprimé, ne prend aucune nourriture. Réunion de la plaie par première intention. Point de phénomènes convulsifs. Poids 6300 gr. Température 38,95. 16 mars. Depuis la nuit d'hier les attaques convulsives apparaissent; tremblements généralisés auxquels succèdent des convulsions cloniques et toniques des membres postérieurs. Les attaques se sont aggravées dans la journée et devenues plus fréquentes. Poids, 6100 gr. Température 38°. А 2 h. et demie, transplantation du corps thyroïde (dans le tissu cellulaire souscutané de l’abdomen) récemment enlevé d’un autre chien tout à fait bien portant. 17 mars. L’état de l’animal а complètement changé: les attaques convulsives ont disparues, et il ne reste qu’un léger tremblement dans les membres postérieurs. Pendant le pansement de la plaie abdominale (celle du cou avait déjà guerie par première intention) et l’extraction du sang de l’oreille, le chien ne présentait pas de convulsions; l’opération fini, il marchait sans difficulté et est allé tout seul à sa place habituelle. Poids, 6050 gr, Température 37,9°. Ne prend aucune nourriture et ne boit que de l’eau de temps en temps. 18 mars. L’état général s’est encore amélioré. Aspect moins abattu qu'avant la greffe. Point de phénomènes convulsifs. Poids, 6000. Température 38,6°. 19 mars. Poids, 5750 gr. Ne prend aucune nourriture, boit de l’eau. 20 mars. Le tableau clinique ne présente pas de changements. Lorsqu'on enlevait les sutures de la plaie abdominale on s'était aperçu qu’à l’endroit de la greffe il s’est formé un abcès et les fragments du corps thyroïde y flottaient librement. La plaie est nettoyée et laissée ouverte. Nous avons dû suspendre l'observation pour 6 jours, pour des raisons imprévues. Du 21 au 26 mars l’animal ne présentait aucun changement notable. L'intelligence est conservée. Point de convulsions violentes. Anorexie absolue. А partir du 26 mars les trem- blements généralisés réapparaissent, surtout dans les membres postérieurs. Mort le 27 mars, dans la nuit. 29 mars. Autopsie. La plaie du cou est complètement cicatrisée, par première intention. Au niveau de la plaie abdominale, à l'endroit de la greffe, un large foyer de suppuration. La couche corticale des reins est légèrement épaissie. Point de rate. 338 Т. POKROVSKY, INFLUENCE DE L'EXTIRPATION mn . з Эа Proportion pour Quantité absolue. AE 100. = з $ — — 1 SE bservations. Mois et dates. 2 $ и ä С à (0) 2 = = 2 5 я = 5 = à Е = © Е = D ; cs] Е ES = ыы 13 Mars, avant l’o- © pération. . . . [13600 | 28,65| 9,75] 61,60| 3796 | 1326 | 8468 15 Mars, deuxième jours après l’o- pération . . .|18342| 4,73 9,10 | 86,17 | 869 | 1669 15804 16 Mars. . . . . |30400| 3,57 | 14,80 | 81,63 | 1085 | 4500 | 24815 16 Mars, greffe мо 1 28000] 212] 127613512 1018 | 6125 | 40857 | thyroïdienne. № > сообь [1500 | 95 9,0 | 87,70 | 1492 | 4068 39640 19 » .....|24900| 8,65| 7,31| 84,04 | 2159 1820 | 20921 Ds м чо 4 4,0 | 91,8 | 1342 | 1278 29330 5° expérience. (Thyroïdectomie avec greffe thyroïdienne dans le tissu cellulaire souscutané). 4 avril 1896. Jeune, petit chien, l’air bien portant, gai et alerte. Thyroïdectomie à 3 В. sans trace d’hémorrhagie. ; 5 avril. La plaie va bien, paraît se fermer par première intention. Point de modifications dans l’état général. 6 avril. Deux jours après l’opération, l’animal se porte à merveille, en apparence. La plaie paraît se fermer par première intension. La démarche normale. Point de convulsions L’appétit est conservé. : 7 avril. Le chien est abattu, reste couché la plupart du temps, marche et court sans, difficulté. Tremblements légers. Poids 6700 grammes. 8 avril. L'état général s’empire. Tremblements généralisés. Les bords de la plaie se sont écartés tout le long. А 1 h. greffe de corps thyroïde d’un autre chien dans le tissu cellulaire souscutané de l’abdomen. 9 avril. L’aspect et l'état général sont encore pires: grande faiblesse, attaques convulsives assez violentes, principalement dans les membres postérieurs. Température 39,3°. Poids, 6450 gr. Légère suppuration de la plaie du cou; par la plaie abdominale il transsude également un peu de pus à travers la suture médiane. 10 avril. L’aspect général du chien s'améliore. Enlevé de sa place habituelle, il fait plusieurs tours de chambre, sans difficulté; ce n’est qu’à la fin de ces mouvements que survinrent plusieurs convulsions toniques dans les membres; il rentra ensuite dans sa case. Les plaies suppurent. Les sutures de la plaie abdominale sont enlevées, ses bords restent béants ainsi que ceux de la plaie cervicale. On sacrifie l’animal. Le tableau suivant nous présente les résultats chiffrés concernant l’analyse du sang. DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 399 ро ро Quantité absolue, Mois et dates. Observations, © а ен з 3 S © + «a 2 £ 5 = a 2 æ © Cire 50 © 4 Аг! эха l’o- pération. . . . | 11860 14000 | 7,0 | 4,4 | 88,6 | 980 | 616 | 12404 Opération. 5 Avril . . . .|23170| 2,66 | 9,0 | 88,341 542 | 1830 | 20798 6 » ов | О ZE 13,0 | 82,80 | 1025 | 2834 | 17933 "7 › 311701 1,32 | 13,214.8547 || 414) 4117 | 26642 8 » ... . [14050| 1,47 | 14,0 | 84,53 | 207 | 1967 | 11867 Le8 Avril, greffe 9 » . . . . [23075] 3,80 | 8,0 | 88,20! 877 | 1848 | 20350 | thyroïdienne. 10 » .....| 30960] 4,30 | 11,20 | 84,50 | 1328 | 3460 | 26176 6° expérience. 18 avril. Chien, mâtin, à poils longs, tout à fait bien portant d'apparence, bonne nutrition générale, humeur gaie. Poids, 7950 gr. Le sang présente la composition normale (voir le tableau ci-dessous). Opération à 4 В. faite aseptiquement autant que possible, sans trace d’hémorrhagie; la plaie est pansée avec du coton. 20 avril. Le chien a l’air tout à fait bien portant. Bon appétit; mange du pain et du lait, La plaie est sèche, le pansement se maintient bien. 22 avril. L’animal ne présente rien d’anormal. 23 avril. Les sutures sont enlevées. Réunion par première intension. 25 avril. Le chien est tout à fait bien portant, а gagné en poids; 8970 gr. l'expérience est suspendue. À l’autopsie faite un mois après (le 25 mai) durant lequel l’animal ne présentait rien d’anormal, on пе constata point de glandes accessoires. Il n’est resté d’un côté qu’un petit fragment (sur la ligature) de la glande extirpée. SES IE EE EE I EC) A POLE Quantité absolue. Quantité ù Mois et dates. totale de glo- Е те ы d ; в 5 = 5 Е = 5 bulos blancs. © = a 5 = = | 18 Avril, avant l’opération 8200 11,8 4,2 84,0 968 344 6888 20 ›» 24 heures après l’opération . . . . . . 9800 10,67 | 12,0 77,33 | 1046 | 1176 7578 D Ge | и 11400 210 | 11,18 | 67,82 | 2394 | 1274 | 7732 И. 15818 16,64 | 3,74 | 79,62 | 2632 | 591 | 12595 D DD EE ee lle 10732 12,38 8,85 | 83,77 | 1330 413 8990 340 T. POKROVSKY, INFLUENCE DE Г’ЕХТИВРАТТОХ Cette expérience doit être rapportée dans la même catégorie que celle de contrôle, Nous la considérons comme bien caractéristique et instructive. On a qu’à jeter un coup d’oeil sur les chiffres du 20 avril, 2 jours après l’opération pour comprendre notre surprise. Quoique la quantité des globules mûrs ait augménté (3 fois plus que la quantitité primitive), la quantité des jeunes estresté stationnaire. Il est évident que nous sommes en présence de quelque parti- cularité qui se manifeste encore plus nettement les jours suivants: le 22 avril nous avons déjà 21,00/, de jeunes contre 11,18% mûrs сё à partir de ce jour les proportions (р. 100) relatives des jeunes et des mûrs se maitiennent au niveau presque normal: 16,64—3,74 12,38—3.85 En ne jugeant que par ces chiffres, du 20 avril, il est clair que l’animal a bien supporté l’opération et présente un des cas rares de survie que plusieurs expérimentateurs ont eu l’occasion à observer. En effet l’animal se rétablit et fut sacrifié; on n’a pas constaté à l’autopsie de glandes accessoires, comme dans l’expérience № 2. Aïnsi nous avons obtenu au moyen de l’examen du sang un élement précieux de diagnostic qui mérite d’être noté, 7° expérience. 30 avril 1896. Chien pesant 6750 gr., de taille moyenne, bien portant; espèce intermé- diaire entre le mâtin et le carlin, Globules blancs, 10433, quantité de jeunes р. 100, 13,22}, de mûrs 7,00°/ de vieux 79,800/,. 1% mai. Globules blares, 8161. 3 mai. Globules blancs, 9255. Proportion des jeunes 11,80/,, des mûrs 6,5%, des vieux 81,7%. А 3 h. de l'après-midi thyroïdectomie, bien réussie. Asepsie rigoureuse. , 4 mai. 24 В. après l’opération, on compte 17206 globules blancs répartis ainsi qu’il suit: Proportion Quantité p. 100. absolue. JCUTES EN ет. 1,37 237 AUILOS ESP TU Free 6,97 1200 VICUT IE PC ETS 81,66 15769 6 mai. Le soir de la veille apparaissent les accidents caractéristiques de l’affection à forme très grave. А partir de ce matin, attaques convulsives incessantes, la dernière attaque vers 1 heure, et l'animal succombe brusquement avant que l’on eût le temps de lui pratiquer la greffe, А l’autopsie, cicatrisation complète de la plaie par première intention. Les organes internes пе présentaient rien 4’апогша]. Le foie et les reins sont légèrement congestionnés. 8° expérience. (Greffe thyroïdienne dans la cavité abdominale chez un chien thyroïdectomisé). __ 28 mai 1896. Chien pesant 7700 grammes, bien portant, méchant et irritable. Pour les chiffres de ’analyse du sang voir le tableau suivant. 25 mai. À 1 В. thyroïdectomie totale par le procédé habituel. 27 mai. Le chien s’est bien remis de lPanesthésie, а l’air tout à fait bien portant, ne DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 341 manifeste aucun symptôme de l’affection, est méchant est agité comme d’habitude. Urines abondantes. L’appétit est conservé, mange du pain et boit du lait, 28 mai. Dès le matin l’animal présente les accidents les plus graves de laffection: Attaques convulsives incessantes, avec dyspnée. Il s’agite, se précipite d’un coin à l’autre de la chambre et tombe à chaque instant; dès qu’il s'efforce de courir il est pris de convulsions toniques. On n’a pas pu le peser, mais à vue d’œil il paraît notablement amaigri depuis hier. Dans l'intervalle entre les attaques on lui pratique la greffe thyroïdienne dans la cavité abdo- minale; la glande provient d’un autre chien préparé d’avance sur une autre table opératoire; elle а été préablablement incisé plusieurs fois à sa surface et ainsi introduite le plus rapi- -dement possible dans la cavite abdominale, à travers une petite incision. On n’a pas pu recueillir du sang ce jour-ci par suite des accès convulsifs incessants. 29 mai. L’animal est tout à fait méconnaissable: point de convulsions, il reste tranquille- ment couché ou bien court et marchesans difficulté; il a cependant l’airinquiet. Il restait tranquille pendant qu’on lui pratiquait l’incision sur РогеШе pour en extraire du sang, de sorte que l’on n’a pas été obligé de le tenir. Poids, 7050 grammes. Réunion de la plaie par première inten- tion. 30 mai. Même état qu’hier: il а l’air triste, les mouvements lents. On n’observe point de phénomènes convulsifs. Ne prend aucune nourriture. 31 mai. On observe de nouveau des légers mouvements convulsifs sous forme des trem- blements généralisés. Il est très faible, reste tout le temps couché. Le lait introduit avec une sonde est rendu. L’animal est sacrifié. Autopsie. La plaie cervicale est guérie par première intention. La plaie abdominale présente une légère suppuration dans le tissu cellulaire souscutané. Point de péritonite. La glande greffée se trouve adhérente à l’épiploon, immédiatement au dessous de l’incision de la paroi abdominale. Les organes ne présentent rien de particulier. Proportion pour 100. Quantité absolue. Quantité Mois et dates. totale de glo- bules blancs. 24 Mai, avant l’opération . 10180 20,0 25 opération . . . . 10938 16,21 4,7 27 ие. 14303 10,35 | 10,0 29 ee ee 31000 4,01 2,70 30 а. 12600 8,5 6,54 9° expérience. (Opération double, — Splénectomie et thyroïdectomie). 12 février 1896. Carlin, pesant 8000 grammes, bien portant. Pour les chiffres relatifs à Рехашеп du sang voir le tableau qui suit. ив 13 février. Avec anesthésie appropriée on pratique la double opération: оп extirpe tout 342 Т. POKROVSKY, INFLUENCE DE L’EXTIRPATION La d'abord la rate après quoi on recueille du sang à analyser, et ensuite on enlève les deux lobes de la glande thyroïde. 14 et 15 février. L'état général assez bon, l’animal est cependant un peu triste, chancelle un peu en marchant, on n’observe pas de phénomènes convulsifs bien marqués. L’appétit est conservé, Poids, 7800 gr. 16 février. Les deux plaies sont guéries par première intention. L’animal se porte assez bien en apparence, se tient bien debout, pas de convulsions. I1 а mangé du pain avec du lait. 18 février. А partir du soir d’avant-hier les accidents les plus graves de la cachexie strumiprive apparaissent ct l'animal meurt le 17 matin. А l’autopsie on ne constata rien de particulier sauf une paleur assez prononcée des pyramides et un certain degré de friabilité de» la couche corticale des reins. Proportion pour 100 Quantité absolue. Quantité Mois et dates. totale des glo- bules blancs. 12 Février, avant l’opération 15944 ge immédiatement après l’extirpation dela ПЕ ооо ‘оса В 0° où 6 10854 Пе ы ое о о че 27210 15 » О в le es tele ile 33656 И 216 66 Expérience de contrôle. 21 février. 1896. Chieune, d’une taille moyenne, alerte et gaie, l'air bien portant. L’examen du sang montra les rapports tout à fait normaux (voir le tableau ci-dissous). 23 février. Opération avec anesthésie habituelle à la morphine. On enlève le lobe gauche de la glande, le droit est disséqué de la même manière comme dans les cas précédents, compris dans les ligatures et remis en place. Asepsie possible. 24 février. La plaie se ferme par première intention. La chiene va tout à fait bien, mange avec beaucoup d’appétit et en général se trouve en même état de santé qu'avant l’opération. 26 février. Hier soir (2 jours après l’opération) on а enlevé les sutures. La plaie pré- sentait un bon aspect, cicatrisation par première intention. Ce matin cependant on constate un écartement superficiel au niveau de deux sutures et une légère suppuration. La plaie est lavée et badigeonnée avec du nitrate d’argent. La chienne se trouve tout à fait bien sous tous les rapports. 27 février. Outre une leucocytose peu prononcée la chienne ne présente rien d’anormal. La plaie est presque complètement cicatrisée. 6 mars. La plaie а guérie, il n’en reste qu’une petite cicatrice entourée d’une zone infiltrée. 11 mars, L’animal est absolument bien portant. Il ne reste qu’une petite cicatrice au niveau de la plaie, sans trace d'infiltration. L’observation est suspendue. DU CORPS THYROÏDE CHEZ LE CHIEN SUR LA QUANTITÉ ETC. 343 Proportion pour ue р р Quantité absolue. Quantité 100: Mois et dates. totale desglo| с; d mn bd bules blanc = Е в м а 5. = = > и ER 21 Février,avant l’opération 12200 15,5 6,2 18,3 А 13000 10,6 | 65 | 82,9 23 » opération. 24 » АЕ 20400 9,88 6,75 83,37 оо т я 18737 8,0 6,76 | 85,24 м Г. 29300 9,25 | 8,84 | 81,91 28 » о Eur 22630 9,67 6,0 84,38 А о 22900 8,0 | 3,50 | 88,70 и ISERE 26400 8,0 | 3,45 | 88,55 Bibliographie. 1) Gu1l, Опа Cretinoid State supervening in Adult Life in Women, Clin. Soc. Transact. Vol. VII. 2) Ord, On Myxoedem ect. Medico-chirurg. Transact., Vol. LXI. 3) Report of а Committee of the Clinical Society of London nominated December 1883, to investigate the Subject of Myxoedem. London, Longmans, Green and Co., 1888. 4) J. et A. Reverdin, Note sur vingt-deux opérat. de goître, Rev. médic. de la Suisse, 1883, №№ 4, 8. — Contribution à l’étude du myxædème, consécut. à l’extirpation totale ou part. du corps thyr., Rev. médic. de la Suisse rom., T. УП, 1887, №№ 5 et 6. 5) Kocher, Ueber die Kropfextirpation und ihre Folgen, Arch. f. klin. Chir., 1883, Bd. XXIX. Corresp.-bl. f. schweiz. Aerzte, XII, 1889, №№ 11, 15. 6) Bruns, Zur Frage der Entkropfungskachexie, Bruns-Beitrag zur Klin. Chir., т. Ш, 1888. 7) Bircher, Das Myxoedem und die cretinische Degeneration, Sammi. klinischer Vor- träge, № 357, 1890. 8) Horsley, Remarks on the Fonction of the thyr. Gland., British medic. Journal- Jan..-Fevr. 1892 Virch. Festschrift 1891. 9) Lôwit, Studien zur Phys. und Pathologie des Blutes und der Lymphe, Jena, 1892. 10) A. 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Thèse, 1895 (en russe). 17) Markewitch, Sur les modifications morphologiques des globules blancs dans les vaisseaux sanguins. Archives, t. Ш, 1895. 18) Volkowitch, De l’extirpation du goître. Rev. de Chir. 1885 (en russe). 19) Autokratoff, De l’influence de la thyroïdectomie sur le système nerveux. St.- Pétersbourg, thèse, 1888 (en russe). 20) Rogowitch, Des effets de la thyroïdectomie. Cour. de Р Univ. de Kiew, 1888 (en russe). 23) Notkine, Sur les fonctions du corps thyroïde. Archives Rus. de pathol. clin. méd. etc. 1896, mai, juin (en russe). 24) Sélinoff et Ouskoff, De la rate d’après les modifications des globules blancs. ces Archives 1896, p. 1. 25) Bardach, Travaux du 8° Congrès des naturalistes et médecins russes (en russe). Goudron de genévrier au point de vue chimique et bac- tériologique. Par M. Witold de Schulz, magistre en pharmacie. (Section de Chimie de l’Institut Impérial de Médecine expérimentale). Les travaux de М. Nencki et M-me Sieber')et de M. Raptschew- ski”) sur le goudron de pin, lequel ces auteurs avaient recommendé comme moyen de désinfection dans la dernière épidémie de choléra en Russie (1892— 1895), provoquèrent le plus vif intérêt et ont attiré l’attention sur les diffé- rentes espèces de goudrons et leurs propriétés. M. Nencki et M-me Sieber établirent 1° que l’action désinfectante de la solution alcaline de goudron est beaucoup plus grande que celle du goudron lui-même ou de l’eau goudronnée; 2° que le goudron et ses solu- tions jouissent de propriétés désodorisantes bien marquées; 3° que le goudron de pin est plus actif que celui de tremble et de bouleau, et comme il est en outre meilleur marché et ne possède pas d’odeur aussi pénétrante que ces derniers, faut-il le préférer à d’autres espèces de goudrons. M. Raptschew- ski considère également le goudron comme un moyen de désinfection de grande valeur et recommande le mélange de goudron, d’alcali et de savon noir, auquel ils donna le nom de pixol. М. Danilewsky?) conseille de trai- ter le goudron par le lait de chaux; М. Hirschsohn*) — par l’acide oléique ou par la colophane et la soude caustique; M. Hedmann — par la potasse 1) Nencki et Sieber, Ces Archives, t. 2, р. 357, 1893. 2) Raptschewski, Journal de Médecine militaire, p. 13, 1893, (en russe). 3) Danilewsky, Revue d'Hygiène publique, t. XIX р. 1, 1893, (en russe). 4) Hirschsohn, Journal de Pharmacie, 1893, № 8 et 10, (en russe). 346 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER caustique et l'alcool méthylique. Les solutions de M. Nencki et de M. Вар- tschewski se sont montrées plus efficaces que celles des autres auteurs. Il résulte des données de M. Nencki et M-me Sieber, que la valeur du gou- dron de pin au point de vue bactériologique dépend de ses propriétés phy- siques et chimiques. «Nous sommes arrivés à reconnaître», disent ces au- teurs'}, «que le pouvoir désinfectant du goudron de bois est très variable selon sa marque et son mode de fabrication. Non seulement les goudrons de hêtre, de bouleau, de tremble et de pin jouissent de propriétés de désin- fection différentes, mais même le goudron de pin, de différentes provenances, était loin d’avoir les mêmes propriétés. Il est évident, que la diversité de l’action des goudrons sur les bactéries provient de la diversité des propriétés physiques et chimiques du produit, ce qui est, du reste, facile à constater de prime abord». En Russie on prépare généralement le goudron de pin par da carbo- nisation en meule». On en obtient par ce procédé tantôt un produit tout à fait liquide, contenant beaucoup de phénols et jouissant de propriétés désin- fectantes très prononcées; ou bien c’est un produit épais, formé de substan- ces à hautes températures d’ébullition, pauvre en phénols et riche en hy- drocarbures. C’est cette différence de composition qui constitue, sans doute, la cause des résultats discordants obtenus par divers auteurs, qui ont étudié l’action désinfectante du goudron de pin. Dans le travail de M. Nencki et M-me Sieber ) et aussi dans l’article de M. Adolphi*) nous trouvons la description des propriétés physiques, que doit posséder un goudron destiné à la désinfection. Avant d'aborder les résultats, que j'ai obtenus avec le goudron de ge- nièvre, je tiens à présenter un exposé sommaire de се qui est connu sur la composition chimique du goudron de hêtre, de chêne, de pin, de bouleau et de tremble. Parmi les goudron, provenant des espèces de bois autres que les cônifè- res, le mieux connu c’est celui de hêtre. Selon Reichenbach (1832), Hla- siwetz, Hoffmann, Marasse, Thiemann et autres, il renferme de petites quantités de phénol et de crésol, mais il est surtout riche en gaïacol, créo- sol, et dans les portions, bouillant à 2400 — 290° C., on trouve aussi des éthers diméthyliques de pyrogallol, de méthylpyrogallol et de propylpyrogallol. ММ. Béhal et Choay“), en étudiant les créosotes de chêne et de hêtre, qui 1) Nencki et Sieber, loc. cit. р. 361. 2) Nencki et Sieber, loc. cit. 3) Adolphi, Pharmacien, № 12—15, 1894 (en russe). 4) Béhal et Choay, Comptes rendus, t, СХУШ, p. 1339, 1694.—Compte-rendu in Chem. Centralbl., t. II, р. 204, 1894. AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 347 présentent des mélanges absolument identiques et fort complexes, ont isolé les phénols suivants: phénol, ortho-, méta - et para - crésol, ortho - éthylphé- nol, méta -xylénol 1.3.4, méta - xylénol 1.3.5, gaïacol, créosol et éthyl- gaïacol. Ces auteurs ont aussi constaté la présence d’une petite quantité de quelque substance renfermant du soufre, probablement du thiophénol, et ils ont trouvé de plus une substance, qui donne par l’action de l’air et de l’am- moniaque, un produit se dissolvant dans les alcalis avec couleur bleue in tense, mais non identique au pittacal C,, H,(0 . CH), 04. Le goudron de bouleau, selon les résultats obtenus par Pfrenger !), con- tient du gaïacol et du créosol 1.3.4, un peu de crésol et de xylénol 1.3.4 et, peut-être, des traces de phénol. М. Nencki et M-me Sieber ont montré, que les phénols du goudron de pin sont composés de dérivés de la pyrocatéchine et principalement de gaïacol et aussi de méthyl-, éthyl- et-propylgaïacol. On n’a pas constaté de phénols mono-ou triatomiques. Le goudron de tremble, dont les phénols n’ont pas été étudiés de plus près, contient, d’après les affirmations de M. Adolphi?), du gaïacol. M. Nen- cki et M-me Sieber*) ont aussi constaté dans cette espèce des dérivés du pyrogallol. Parmi les goudrons, employés en médecine, celui de genièvre, d’un usage courant autrefois en dermatologie et presque entièrement remplacé dans ces derniers temps par celui de bouleau et de pin, n’a pas été étudié jusqu’à présent. I. Etude chimique du goudron. 1. Propriétés du goudron de genévrier. Le goudron ou huile de genièvre (OZ. Cadinum, OÙ. Juniperi empyreuma- ticum est préparé en France par la résinification du Juniperus oxycedrus Linn. et des autres espèces de genévrier. Frais-préparé, c’est un liquide filant, jaune- brun qui devient plus tard brun-foncé, huileux comme le baume de Pérou, tout à fait limpide en couche fine, de réaction faiblement acide, d’une odeur goudronneuse rappelant celle du goudron de pin, d’une saveur aromatiquement âcre et amère. Il est plus léger que l’eau et ne contient que peu de substan- ces solubles dans l’eau. Son poids spécifique déterminé au picnomètre à 15° C. dans trois échantillons différeuts a donné les chiffres suivants: 0,9874, 0,9830 et 0,9904. Le goudron de genévrier est complètement soluble dans l'alcool absolu, dans l’alcool amylique, dans l’éther du р. sp. de 0,720, le т _ der Pharmacie, +. 228, р. 713, 1890. 2) Adolphi, Ces Archives, t. Ш, р. 33, 1895. 3) Nencki et Sieber, loc. cit. 348 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER benzol, le chloroforme et le sulfure de carbone. Soluble en majeure partie dans l’lacool à 90—959, et dans l’acide acétique à 96%. En agitant le goudron de genièvre avec l’éther du pétrol оп obtient un liquide trouble, rouge-brun, d’où se précipite au bout de quelque temps une faible quan- tité d’une substance noire-brunâtre, s’attachant aux parois du vase. Les solutions aqueuses d’alcalis ne dissolvent le goudron que partiellement. En 1895, lorsque j'avais déjà commencé ce travail, les articles de M. Hirschsohn!) vinrent apporter des données précieuses sur la solubilité des goudrons de genévrier, de bouleau, de hêtre et de pin dans les différents dis- solvants. Dans le tableau ci-après on trouve les données relatives à ce sujet, y joint celles qui concernent le goudron de tremble, empruntées en partie à l’article de M. Adolphi et en partie résultant de mes propres expériences. Tableau I. La solubilité des goudrons de genévrier, de bouleau, de tremble de hêtre et de pin dans les différents dissolvants. Dissolant Goudron de | Goudron de | Goudron de | Goudron de | Goudron de IÉSOFTARE: hêtre. Rp bouleau. tremble. | genévrier. ОО У въ мо Presque com-| Complète- | Incomplète- | Incomplète- | Incomplète-. plèt. soluble.Iment soluble.|ment soluble.|ment soluble.|ment soluble ИВА > » » Presque com- » plèt. soluble. Acide acétique glacial (ОБ MR REP Er Complète- » » Incomplète- » Е ment soluble. ment soluble. Ether absolu, р. sp. ONDES EL ERA Incomplète- » Complète- » Complète- ment soluble. ment soluble. ment soluble. Alcool amylique (point d’ébul. 132° C.). . . [Presque com- » » Presque com- » plèt. soluble. plèt. soluble. Benzol (point d’ébul, 80°)! Partiellement) Liqueur » Incomplète- » soluble, trouble. ment soluble. Chloroforme . . . . .| Incomplète- | Complète- » » » ment soluble.|ment soluble. Sulfure de carbone . . [Partiellement) Liqueur » » » soluble. opalescente. Huile d'olive . . . . | Peu soluble. » » Peu soluble. » Essence de térében- CRITE ECM, QUES dre » Complète- » Incomplète- » ment soluble. ment soluble. Benzine du pétrol. . . » Partiellement|Partiellement| Peu soluble. | Incomplète- а soluble. soluble. ment soluble. Auiline pure . . . . .| Complète- Complète- | Incomplète- [Presque com-| Complète- ï ment soluble.|ment soluble.|ment soluble.| plèt. soluble.|ment soluble. Potasse caustique, poids spéc. 1,33 . . . . . |Partiellement Partiellement|Partiellement| Complète- |Partiellement soluble. soluble. soluble. [ment soluble.| soluble. 1) Hirschsohn, Journal de Pharmacie, № 52, р. 817, 1895 et № 49, 1896 (en russe). AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 349 On voit par ce tableau que le goudron de geniévre se comporte envers les différents dissolvants de la même manière que celui de bouleau et n’en dif- fère que par la solubilité complète dans l’aniline, Par sa solubilité dans l’ani- line il se rapproche de celui de hêtre et de pin, mais ils se distinguent les uns des autres par leur solubilité différente dans l’alcool à 90° et à 95°. Mélangé à l’eau dans la proportion de 1 p. 10 et filtré ensuite, le gou- dron de genièvre donne de l’eau goudronnée, liquide presque incolore, d’une réaction faiblemement acide. Par addition de quelques gouttes de solution de sesquichlorure de fer, à 1 p. 1000, l’eau goudronnée se colore en rouge, par l’eau de chaux en rouge-brun, par l’ammoniaque elle prend la couleur de ma- dère. Elle se comporte envers les réactions de Hirschsohn!) avec l’aniline et l’acétate de cuivre de la manière suivante: 5 с. с. d’eau goudronnée agités avec 2 à 3 gouttes d’aniline et avec son volume d’acide chlorhydrique, ne se colorent presque pas. Agité avec du chlo- roforme ce mélange prend une coloration jaune. Une partie de goudron de genièvre est agitée avec 20 parties d’éther du petrol et filtrée. Le filtratum est mélangé ensuite à son volume de solu- tion aqueuse d’acétate de cuivre à 1 р. 1000. Lorsque l’on agite, cette li- queur prend une nuance verdâtre. Les résultats de mes expériences concordent parfaitement avec ceux de de M. Hirschsohn. Les réactions colorantes caractéristiques des différentes espèces de goudrons sont présentées dans le tableau suivant. La solution de goudron de genièvre dans l’éther pétroléique donne avec la solution d’acétate de cuivre et avec le lait de chaux les mêmes réactions que le goudron de pin, mais les autres réactions ne coïncident pas. 2. Eléments constitutifs du goudron de genévrier et leur dosage. Le goudron de genévrier renferme des substances suivantes: 1° Acide acétique et ses homologues. 20 Hydrocorbures (temp. d’ébull. = 210° à 400° С.), consistuant la prin- cipale partie du goudron. 3° Phénols et substances, qui s’en rapprochent. 4° Produits résiniformes. Les trois premières de ces substances sont volatiles et distillent com- plètement en abandonnant dans la liqueur une masse résineuse. L'acide acétique, imprimant au goudron la réaction acide, à été dosé dans trois échantillons différents de goudron au moyen de l'agitation avec 1) Hirschsohn, loc. cit. 350 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER Tableau Il. Les réactions colorantes caractéristiques des différentes espèces de goudrons. EEE Goudron Goudron Goudron Goudron Goudron de hêtre. de pin. de bouleau. | de tremble. | de genévrier. ——_—_—_—_—_—__—_—_— Eau goudronnée addi- tionnée de quelques gouttes de solution de sesquichlorure de fer, ИО EE Couleur Couleur Couleur Couleur Couleur rouge. rouge. gris-vert. rouge. rougeâtre. Eau goudronnée addi- tionnée d’aniline et de HCI . . . . . . [Couleur rose. » Couleur D) Couleur jaunâtre. jaunâtre. Eau goudronnée addi- tionnée d’eau de Couleur Couieur Couleur Couleur Couleur CHAT MANS . | rouge-brun. | rouge-brun. | rouge-brun. | rouge-brun. | rouge-brun. Solution de goudron dans l’éther pétrolé- ique, à 1 : 20, et solu- tion d’acétate de cuivre, à 1:1000 . . Pas de Couleur Pas de Pas de Couleur coloration. | verdâtre. coloration. | coloration. verdâtre. de l’eau distillée et neutralisation par une solution ,, normale de potasse caustique, le papier de tournesol servant d’indicateur. On en а trouvé pour chacun les proportions suivantes p. 100: I. 0,459, П. 0,9759], ПТ. 0,5209, Pour déterminer la quantité totale des substances volatiles et non vola- tiles, contenues dans le goudron de genièvre, je distillais dans un ballon de verre 500 à 1000 grm. de ce dernier. On arrêtait la distillation dès que le thermomètre avait atteint 400°. П n’en restait alors dans le ballon qu’une quantité relativement petite de résidu. J’ai eu l’occasion d’observer ici le phénomène déjà signalé par M. Nencki et M-me Sieber, à savoir: lorsque le thermomètre s'élevait à 250° et au-dessus, l’eau passait de nouveau à la distillation, provenant de la décomposition des corps en distillation. La distillation terminée, on pesait séparément le produit distillé et le résidu resté dans le ballon et on évaluait la perte par différence. Voici les résul- tats de la distillation des deux échantillons différents de goudron de genévrier: AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 851 А. В. т II. р. т. Ш. IV. Produit distillé . . . 82,33% 80,200, 90,670/, 90,000) 90,95 ый 90,700, RéSIdU о 16,66 11,67 7,67 6,67 6,30 6,30 PE EE EN 1,01 8,13 1,66 3,33 2,75 3,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 П s’en suit que la quantité passant à la distillation du goudron de ge- nièvre oscille entre 80,20%, et 90,95%. Pour le goudron de pin, d’après les données de M. Nencki et M-me Sieber, elle est comprise dans les limi- tes entre 35% et 66%. Et pour le goudron de tremble, elle est de 72%, (Adolphi). La premiére portion qui passait, était de couleur jaune et renfermait l'eau, l’acide acétique et des traces de goudron. Les portions suivantes étai- ent de couleur foncée et renfermaient des phénols, des substances térében- thoïdes et des huiles indifférentes, ne se dissolvant que partiellement dans les alcalis. Les dernières portions, exposées à l'air, prenaient rapidement une coloration vert-brunâtre foncée et renfermaient D пе des hydrocar- bures. Pour le dosage des phénols, j'utilisais le produit de distillation ob- tenu avec 500 à 1000 grm. de goudron de genièvre. Pour débarrasser le produit distillé de l'acide, on le traitait par une solution de carbonate de soude jusqu’à réaction alcaline, on agitait et on séparait la partie dissoute au moyen d’un entannoir à robinet. Le résidu était traité par un volume égal de potasse caustique à 20 p. 100, agité violemment, chauffé jusquà l’ébulli- tion et abandonnée ensuite pour quelque temps au repos. On voyait alors la liqueur se séparer en deux couches, la couche supérieure jaunâtre et légère- ment trouble composée d'hydrocarbures, et l’inférieure, d’un brun foncé, présentait une solution de phénols. Le poids des hydrocarbures obtenus était de 331, (À) et de 43, 50% (В) du goudron employé, tandis que dans le goudron de pin leur poids oscillait entre 20,7%, et 26,3%, (Nencki et Sieber) et dans celui de tremble il constituait 15%, (Adolphi). La couche inférieure alcaline, ayant pris à l’air une coloration brun- foncée, presque noire, était traitée par l’acide chlorhydrique dilué, il s’en sé- parait alors des phénols sous forme d’une couche sirupeuse d’un brun - noir, laquelle a été séparée, au moyen d’un entonnoir à robinet, de la liqueur aci- de, puis lavée tout d’abord avec la solution de carbonate de soude, ensuite avec de l’eau et finalement pesée. Le procédé que je viens de décrire pour le dosage des phénols donne des résultats assez satisfaisants, si l’on pèse les phénols bien séchés, ce qui 24 352 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER d’ailleurs n’est pas si facile à réaliser. En effet avec les phénols on pèse géné- ralement les hydrocarbures, qui s’y trouvent mélangés et lesquels ne peuvent être complètement chassés, même lorsqu'on les traite encore une fois par un alcali concentré. Il est à regretter, que nous ne possédions jusqu’à présent de procédé permettant de doser avec précision les phénols dans les goudrons. La mé- thode, proposée par M. Koppenschaar pour le dosage des phénols dans le goudron de houille, au moyen du brome, n’est pas applicable ici, car le goudron de genièvre renferme non pas du phénol mais le gaïacol. Après séparation des phénols bruts de la solution alcaline par addition d'acide chlorhydrique, il en restait encore une certaine quantité dans la so- lution. Afin d'éviter cette erreur dans le dosage, j'avais recours au procédé suivant: On introduisait dans le ballon à distillation, garni d’une toile métalli- que et muni d’un tube de dégagement, 25 grm. de goudron de genièvre. On distillait au feu directe jusqu'à ce que le thermomètre se fût élevé à 350° (С. On ajoutait à ce moment au produit distillé 25 с. с. de soude cau- stique à 20 p. 100. Ce melange était chauffé presque à l’ébullition et bien secoué, après quoi on le versait, encore chaud, dans un entonnoir à robinet. Après avoir laissé déposer, la solution rouge-brune de phénates était versée dans un cylindre gradué. Les hydrocarbures restés dans l’entonnoir ont été agités encore une fois avec 25 c. c. de solution de soude caustique à 20 p. 100 puis ils étaient pesés, s’il le fallait. La solution de phénates, faiblement colorée cette fois-ci, était ajoutée au contenu du cylindre, aciduliée d’acide chlorhydrique (1:1) et agitée avec 50 с. с. d’éther. Le volume de l’éther était mesuré avec précision à l’aide d’une pipette; on en prenait une quan- tité déterminée que l’on déposait dans une cuvette de verre, évaporait pen- dant deux heures vers 50° С, et, après reffroidissement dans un exsiccateur, on pesait. Les proportions des phénols bruts dans le goudron de genièvre, éva- luées par ce procédé sont les suivantes. Goudron de genévrier À. т. П. Ш. ODÉCAUIDAREMON ресет 9,830 9.1205 9,89% Au bout de trois jours de dessiccation dans l’exsiccateur . 9,75 9,60 9,85—9,75 Goudron de genévrier B. I. TE Отели рат попроси ARE MORE ь 9,040 8,970/, Au bout de trois jours de dessiccation dans l’exsiccateur . . . . 9,84 8,81 AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 353 En traitant ces phénols encore une fois par une solution de potasse caustique à 20 p. 100 et en poursuivant ensuite les dosages par le procédé ci-dessus, on obtient, bien entendu, des chiffres moins élevés. Une partie des phénols bruts ainsi obtenus était séchée au moyen du sulfate de cuivre et soumis ensuite à une distillation fractionnée. On a ob- tenu les proportions suivantes des phénols pour 100 de goudron employé. I. IT. De 180° à 2002 0,0580/, 0,0440/, » 200 » 215 0,197 0,166 » 215 » 925 0,885 0,712 » 225 » 240 1,179 1,124 » 240 » 260 1,769 1,620 » 260 » 280 0,983 0,860 » 280 » 300 0,245 0,230 » 300 » 350 3,932 3,890 9,2480/, 8,6460/, Les fractions séparées contenaient encore d’assez grandes quantités d'hydrocarbures, car par le chauffage de la solution de phénates avec la soude caustique à 20 р. 100 il surnageait une couche jaune huileuse d’hydrocar- bures. On ne parvient pas de se débarrasser complètement des hydrocarbu- res, même après qu’on ait traité les phénoles pour le troisième fois par de l’alcali concentré. 3. Extraction des phénols chimiquement purs. Pour isoler les différents phénols, j'avais essayé plusieurs procédés. Appliquant le procédé de M. Baumann!), qui consiste en transforma- tion des phénols en éther benzoïque par agitation de leur solution alcaline avec du chlorure de benzoyle, je n’ai pu obtenir un composé cristallin de gaïacol qu'avec la premiére fraction, ce qui était d’ailleurs à prévoir et ce qui fut confirmé plus tard par une autre voie. Toutes les autres fractions de phénols, traitées par du chlorure de benzoyle, donnaient des composés liquides. Il y à 18 ans, le professeur Giacosa, qui travaillait à ce moment au laboratoire de M. le professeur Nencki à Berne, a découvert, que les phénols chauffés avec de l’acide chloroacétique et la soude caustique forment des combinaisons cristallines très stables; ainsi, avec du phénol ordinaire on obtient dans ces conditions l'acide phénol-glycolique, С, H,0. CH. СО.Н. Tout récemment ce même procédé a été proposé par Lederer *) pour la prépara- tion des phénols chimiquement purs; on а même obtenu un brevet de l’Alle- 1) Baumann, Berichte а. 4. ch. Gesellsch., t. 19, р. 3218, 1886. 2) Lederer, Pharmceut. Centralhalle p. 708, 1895. 24* 354 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER magne. Malheureusement, ce procédé était inapplicable, ni pour le goudron de pin, ni pour celui de genièvre, parce que les gaïacols de ces goudrons ne donnent point de produit cristallisé par ce mode de traitement. Après une série de tentatives infructueuses, qui m'ont pris beancoup de temps et de matériaux, je suis arrivé enfin à reconnaître, que l’unique moyen sûr pour séparer les phénols d’avec les hydrocarbures et autres pro- duits indifférents consiste à convertir les phénols en sel cristallin de po- tassium. Afin d’obtenir des quantités plus grandes de phénols purs, j'ai pris 25 kilogrammes de goudron de genièvre, provenant du midi de la France, et je le distillais jusqu'à ce que la température ait atteint 350°. Pour expulser Гас14е, le produit distillé était secoué avec une solution concentrée de car- bonate de soude. Le résidu insoluble dans le carbonate de soude était traité par la solution bouillante de soude caustique à 20%. Les phénols étaient sé- parés des hydrocarbures surnageants à l’aide d’un entonnoir à robinet et aci- dulés fortement d’acide chlorhydrique. Les phénols étaicnt recueillis, lavés tout d’abord à la solution faible de carbonate de soude, ensuite à l’eau et enfin distillés. On a obtenu 1 kilogr. 75 de phénols bruts, pour la purification desquels j’utilisais les procédés suivants. 1° Les phénols ont été traités à chaud par la solution au cinquième de Na OH, les phénolates séparés d’avec la couche surnageante d'hydrocarbures, les phénols dégagés encore une fois au moyen de l’acide chlorhydrique et enfin distillés. Ces opérations furent renouvellées trois fois. 2° On faisait traverser les phénols, en solution dans la soude caustique (20%) au 5-me, par de la vapeur d’eau, pendant quelques heures. Le contenu du ballon était ensuite neutralisé par l’acide chlorhydrique et les phénols distillés dans un courant de vapeur d’eau, et extraits ensuite de la solution aqueuse par l’éther. 3° La solution éthérée de phénols était traitée, par petites quantités, par une solution alcoolique de КОН frais-préparée, il s’en separait alors de fines aiguilles de phénates. On filtrait, on les lavait avec un mélange d’eau et d’éther, puis avec de l’éther pur, elles étaient ensuite dissoutes dans l’eau et, après acidulation avec de l’acide chlorhydrique, agitées avec de l’éther. La solution éthérée étant séparée, l’éther en chassé, on distillait les phénols restants. Le produit distillé a été transformé encore 2 fois en une combinaison potassique et chaque fois traité par l’acide chlorhydrique, agité avec de l’éther et, après l’expulsion de ce dernier, le résidu était séché au moyen de sulfate de cuivre anhydre et enfin distillé. Ce n’est qu’en employant ce procédé long de purification que je suis AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 309 arrivé à séparer les phénols chimiquement purs à point d’ébullition entre 200° et 240°. 4 Séparation des phénols chimiquement purs les uns des autres et leur caractéristique. La difficulté de la séparation des phénols tient au voisinage de leurs points d’ébullition. M. Nencki et M-me Sieber les ont séparés à l’aide d’une distillation fractionée, et avec chaque fraction ils préparaient un pi- crate, car ils avaient observé, en étudiant les phénols du goudron de pin, que le gaïacol et ses homologues, ainsi que quelques autres phénols, formaient avec l'acide picrique des composés parfaitement cristallisables, de couleur jaune, orange ou rouge. En utilisant cette propriété des phénols on pouvait séparer les uns des autres ceux, qui ne зе séparaient point au moyen de la distillation fractionnée. М. Goedike’) а préparé et étudié, sur le conseil de M. Nencki, toute une série de ces combinaisons. La méthode générale de préparation de ces picrates est la suivante. Les phénols sont dissous dans une petite quantité d'alcool à 50%, et mélangés de solution d’acide picrique dans l’alcool à 50%, saturé à chaud. Dans certains cas le changement de со- loration survient immédiatement, la couleur jaune d’acide picrique passant au rouge ou au rouge-brun. L'alcool est chassé par le chauffage au bain ma- rie jusqu’à l’apparition d’un trouble. Lorsque la liqueur se refroidit, il s’en sépare le picrate sous la forme d’aiguilles jaunes ou orangées. Les cristaux séparés de la solution-mère par aspiration sont lavés légèrement avec de l'alcool dilué et séchés à l’air entre les doubles de papier à filtre jusqu’à poids constant. Les phénols et l’acide picrique sont mélangés dans la pro- portion de leurs poids moléculaires; on prend cependant un petit excès de phénol, afin d'éviter un excès d’acide picrique dans le picrate. Béhal et Choay °) ont isolé les parties constitutives des créosotes de hêtre et de chêne (les phénols mono- et bivalents) de la manière suivante: Les monophénols étaient séparés des éthers diphénol-méthyliques par sous- traction du groupe méthyl de ces derniers et distillation dans la vapeur d’eau. Les premiers passaient alors et les seconds, non volatils, restaient. Les phé- nols monovalents ont été ensuite fractionnés, près de 20 fois, avec le défleg- mateur de Le-Bel à 5 boules, et chaque fraction à point d’ébullition con- stant а été converti en éther benzoïque, après quoi on la fractionnait à nouveau. La principale portion d’éther distillé était saponifée, le phénol 1) Goedike, ces Archives, t. П, р. 422, 1893. . 2) Béhal et Choay, Bull. Soc. Chim., [3], 11, 466. — Voir aussi Chem. Centralblait +. IT, p. 85, 1894. 356 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER fractionné et rétransformé en éther benzoïgne. Lorsque cette transformation était impossible à réaliser, on obtenait des dérivés nitrés ou bromés du phé- nol. Les monoéthers des diphénols étaient précipités sous forme des sels de strontium et décomposés ensuite par l’acide chlorhydrique. Ni le procédé de M. Baumann, ni celui de MM. Béhal et Choay, bien rationnel à ее qu’il paraît, n’ont pu être appliqués pour les phénols du goudron de genièvre, ces derniers étant constitués par de phénols bivalents et de plus, comme j'ai eu l’occasion de le dire, ils donnent, à l’exception du ga- iacol, avec le chlorure de benzoyle des composés non cristallins mais huileux. Je séparais chaque phénol du goudron de genièvre par la distillation fractionnée répétée 20 fois, suivant les indications de Beilstein”), à l’aide du déflegmateur de Le-Bel et Henninger”) et de Glinsky°) à 5 boules, et chaque fraction a été transformée en picrate, comme l'avaient fait M. Nencki et M-me Sieber. Les fractions séparées étaient des liquides trans- parents, inactifs sur la lumière polarisée, faiblement réfringents, d’odeur agréable rappelant celle de vanille, marquée surtout dans les fractions supé- rieures. Conservés à la lumière diffuse pendant une année ils restaient in- colores. Leur poids spécifique oscillait entre 1,113 et 1,0548 et était d'autant plus bas que la fraction était plus riche en carbone. La solution alcoolique de chaque fraction, mêlée avec de la solution alcoolique de sesquichlorure de fer donnait une coloration vert-émeraude intense. Mé- langée à de la solution alcoolique de КОН (р. sp. 1, 33), elle s’échauffait et se prenait en un magma blanc cristallin, ne se colorant point, même après un long séjour. Fraction de 200° à 216°. La première portion de cette plus petite fraction, était du gaïacol, ce qui est démontré par les données suivantes. Additionné de Ее, CI, sa so- lution aqueuse reste incolore; la solution alcoolique prend la coloration bleue par addition d’une toute petite quantité de Fe,CI,, laquelle chauge en vert-émeraude sous l’influence des quantités plus grandes de Fe, CI. L'analyse élémentaire de ce gaïacol (р. sp. 1,113) a donné les chiffres suivants: 08,804 ont donné 0£",7466 CO, — 67,780/, С et 0",1956 H,0 — 7,21, H. 1) Beilstein, Handbuch der org. Chemie, 3-me éd., +. 1, р. 33. 2) Le-Bel et Henninger, Ber. d. d. chem. Gresellsch., р. 1074, 1874. 3) Glinsky, Annalen der Chemie, t. 195 р. Э81. AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 357 : 0.СН . Le gaïacol, EC OH 3 , exige 67,747, С, 6,45% H et 25, 81% O Attendu que le gaïacol en solution alcaline forme avec le chlorure de benzoyle une combinaison parfaitement cristallisable, on dissolvait la fraction après refroidissement, selon Baumann, dans la soude caustique à 109, et on l’agitait soigneusement avec du chlorure de benzoyle. Le produit obtenu était séparé par filtration, lavé à l’eau chade et récristallisé plusieurs fois dans l’éther. Le point de fusion de ces cristaux est de 58° à 59°. L'analyse élémentaire а fourni les chiffres suivants: | 08',3818 de substance ont donné 18,1306 CO, = 73,620, С et 05",1892 H,0 = 5,50% H ть O.CH, _ Le benzoïlgaïacol, С, H, < 0—C,H,0 5,41% O exige 73,68% С, 5,26% H et Fraction de 216° à 226°. Cette fraction renferme la masse principale de phénols du goudron de genévrier constituée par du créosol (méthyl-gaïacol), С, H,, 0,. La solution alcoolique donnait avec le sesquichlorure de fer une coloration vert-émeraude. А l'analyse élémentaire on а obtenu les résultats suivants: I. Fraction de 216° à 218° (р. sp. = 1,0967). 08,2762 de substance ont donné 05',7040 CO, = 69,51°/ C et 06',1904 H,0 — 7,660 H IL. Fraction de 218° à 220° (р. sp. = 1,0916). 08",3018 de substance ont donné 05",7702 CO, = 69 ,590/% С et 08',2311 Н,О — 7,66 H III. Fraction de 220° à 222° (р. sp. = 1,0838). 08',3268 de substance ont donné 08",8330 CO, = 69 ,520/, С et 051,2268 H,0 = 7,68% Н IV. Fraction de 222 à 294° (р. sp. = 1,0896). 0т,3482 de substance ont donné 05",8896 CO, = 69,67% С et 07,2394 H,0 — — 7,419, H У. Fraction de 224° à 226° (р. sp. = 1,0840). 08",3290 de substance ont donné 08',8404 CO, = 69,66% С et 05",2310 H,0 = 7 800 H 358 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER En superposant les cinq analyses nous avons: С 69,519], 69,590/, 69,520/, 69,670, 69,660/, H 7,66 7,66 7,68 7,41 7,80 0 29.83 29,75 22,80 22,92 29.54 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 Le créosol, CACHE NS exige 69,567 С, 7,24% H et 23,19% O. Avec les fractionnements, bouillants de 216° à 222°, on а préparé par la méthode usuelle le picrate, qui forme des aiguilles jaunes fondant à 95°— 96°. Leur analyse а fourni les résultats suivants: 08',3964 de substance ont donné 05",6612 CO, = 45,699, С et 0",1220 H,0 — 3,52/, H Avec 08',2810 de substance on a obtenu 27°°,8 d'azote à 18° C. et 768 mm. de pression, ce qui fait 11,550/, Az. La formule, C.H.(CH,) € Où + CH, (NO), OH, exige 45,784 ©, 3,54% H, 39,24% О et 11,44%, Az. Fraction de 226° à 240°. Cette fraction a été partagée en une série de subfractions: 1. Fraction de 226° à 230° (р. sp. = 1,0767). 1) 08",2620 de substance ont donné 05",6742 CO, = 70,180) С et 05",1850 H,0 = 7,84/, H 2) 0=т,300 de substance ont donné 08т,7716 CO, = 70,150/, С et 0#,2100 H,0— 7,700 H IT. Fraction de 228° à 232° (р. sp. = 1,0748). 0%",3372 de substance ont donné 08',8720 CO, — 70,530/, С et 08',2350 H,0— 7,74/, H III. Fraction de 230° à 234° (р. sp. = 1,0734). 1) 05,3294 de substance ont donné 08',8532 CO, — 70,680/, С et 0%',2450 H,0O— 8,270, H 2) 0Ë”,4248 de substance ont donné 187,102 CO, = 70,759/, С et 07,3093 H,0— 8,090, H AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 399 IV. Fraciion de 232° à 236° (р. sp. = 1,068). (57,2896 de substance ont donné 05",7546 CO, — 71,060/, С et 08',2165 H,0— 8,350, H La formule, C,H,,0,, exige 71,05%) С, 7,83% H et 21,06, 0. Avec la fraction bouillant de 232° à 236° on a préparé le picrate cris- tallisant en forme d’aiguilles rouge-orangées, fondant à 90° — 91°. L’ana- lyse а donné les chiffres suivants: 02",3296 de picrate ont donné 08',5720 CO, = 47,330/, С et 0#",1188 H,0 — 4,009, H Avec 08",3420 de picrate on а obtenu 33°°,8 d'azote à 20° C. et 754 mm. de pression, ce qui fait 11,210/, Az. La formule du picrate C,H, 0, + C,H,(N0,), ОН exige 47,26% С ВУ, 11.02% 47 et 37,8057 О. Pour savoir 1°, si la substance C,H,,0, était un éthylgaïcol, C,H,(C,H.) Е ou un dimétbylgaïcol, С, Н,(СН.), Ce et 2,, si elle renfer- mait un seul groupe hydroxyle, j’ai procédé de la manière suivante. 1° La fraction bouillant de 232° à 236°, mêlée avec de la КОН dans la proportion de 1:6, était fondue dans un petit creuset de platine jusqui'à ce que la portion de matière employée à cet effet donnât, après neutralisation par l’acide chlorhydrique, une coloration verte par addition de Fe, CI.. On la dissolvait à ce moment dans l’acide chlorhydrique dilué et la solution, faiblement acide, était ensuite agitée avec de l’éther; on vapo- risait l’éther, on dissolvait le résidu dans l’eau, le décolorait, l’évaporait, et le résidu ainsi obtenu était récristallisé dans une petite quantité d’eau. Ce composé cristallisé en forme d’aiguilles fines était de l’acide protocaté- chique. Séché à 110°, il présentait le point de fusion à 197°, l’eau de cris- tallisation étant totalement éliminée. А l’analyse on а trouvé les chiffres suivants: ) 08т,1760 de substance ont donné 05",3510 CO, = 54,389 С et 08",0641 H,0 = 4,04% Н La formule de l’acide protocatéchique, С, Н. (0H). СООН, exige 54,54% С, 3,90% Н et 41,56, 0. Fondu entre deux verres de montre, il a donné de la pyrocatéchine (temp. de fusion 103°— 104°). 360 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER 20 La fraction bouillant de 232° à 236° a été traitée par l’eau de baryte chaude. Le sel de barium, se séparant pendant le refroidissement, а été récristallisé dans l’eau bouillante, séché tout d’abord entre les doubles de papier à filtre et puis dans un exsiccateur. Les cristaux présentaient l’as- pect squameux et ont fourni à l’analyse les chiffres suivants: 08",4652 de substance ont donné 05°,2393 BaSO, = 30,250/, Ba. La formule, Ba (С, H,, O,), + H, 0, exige 29,98%, Ba. Par le chauffage il dégageait l’odeur de girofle et brunissait, c’est pourquoi on ne peut pas le sécher à 100°. Par ces données ci-dessus on peut conclure avec Cale que la fraction, bouillant entre 232° et 236°, était constituée par de l’éthylgaïacol et non par le diméthylgaïacol. La composition du sel de barium а montré la présence d’un seul groupe hydroxyle valent et le passage en acide protocatéchique а, indiqué la disposition des chaînes latérales С, H,:0. СН,: ОН =1:3 :4. MM. Béhal et Choay, comme nous avons eu l’occasion de ledire plus haut, ont constaté de l’éthylgaïacol dans la créosote du goudron de hêtre auquel ils ont donné le nom de homocréosol. Cette substance était du poids spécifique de 1,0959 (à 0°) et bouillait de 229° à 233° sous la pression de 755 mm. La structure de leur éthylgaïacol est la même que celle que nous avons trouvée, М. Nencki et moi. V. Fraction de 235° à 240° (р. sp. = 1,067). 08",2614 de substance ont donné 02",6886 CO, = 71,849, С et 05",1956 H,0 — 8,310, H La formule du propylgaïacol, С, H,(C; Н.) 74 а exige 72,209, C et 6490 NE Le picrate, obtenu avec cette fraction, en forme de fines aiguilles rouges fondait à 58° et а fourni à l’analyse les chiffres suivants: 05",1840 de picrate ont donné 05',3260 CO, = 48,320/, С её 08",0710 H,0 — 4,280/, Н Avec 08",1920 de picrate оп а obtenu 17°°,5 d’azote à 20° С. et 760 mm. de pression, се qui fait 10 4300 A7: La formule, С, H; (С; H,) (0. СН.) OH+ С, H, (NO, ОН, exige 48,61% С, 4,30% H et 10,639, Az. AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 361 Cette fraction, de même que la précédente, fondue avec КОН её traitée ensuite de la même manière (voir p. 359) a donné de l’acide protocatéchique (point de fusion 198°), ce qui détermine la disposition des chaînes latérales ОБ. Е: ОН 1:3: 4. Le propylgaïacol, que j'ai obtenu diffère de celui de М. Nenckiet М-ше Sieber, provenant du goudron de pin, diffère aussi du cérulignone de Pastro- witch”) bouillant entre 240° et 241° et de la substancet que Reichenbach а extraite de la portion du goudron de hêtre à haute température d’ébullition et à laquelle il donna le nom de «principe oxydant», en ce que, étant dissous dans l’alcool, il ne se colore pas en bleu par addition d’eau de baryÿte. Les phénols du goudron de genièvre sont donc constitués par le gaïacol et ses dérivés: méthylgaïacol (créosol), éthylgaïacol et propylgaïacol. La masse principale est consituée par le créosol; l’éthyl et le propylgaïacol viennent en- suite, et enfin, le gaïacol qui ne s’y trouve qu’en très petite quantité. Les phé- nols mono- et trivalents n’ont pas été constatés. On décèle les phénols trivalents dans le goudron en les transformant en cérulignone ?) |éther oxyquinonediméthylique С, H, (0. CH,), O,] par Гас- tion de la solution de bichromate de potasse. On procède de la manière sui- vante. La fraction de goudron bouillant au-dessus de 260° est traitée par la solution de bichromate de potasse et agiteé pendant quelque temps. La li- queur est ensuite chauffée, elle brunit et devient épaisse. А l’analyse micro- scopique on constate, parmi les substances amorphes, de nombreux cristaux brun-foncés de cérulignone. Je n’ai jamais pu obtenir de cérulignone avec les fractions du goudron de genévrier à points d’ébullitions élevés. Mes recherches sur les phénols du goudron de genévrier ont confirmé le fait établi par M. Nencki et M-me Sieber, voir la différence qui existe entre le goudron de conifères et celui d’autres arbres forestiers. On trouve dans le goudron de hêtre, de bouleau et de tremble les diphénols et des dérivés des triphénols (pyrogallol), à côté de petites quantités de mono- phénols, tandis que le goudron de cônifères (pin, genévrier) ne renferme que des diphénols et leurs dérivés: gaïacol et ses homologues (méthyl-, éthyl- et propylgaïacol). 1)Pastrowitch, Monatsh. für Chemie, t. IV, р. 188. — Voir aussi Ber. d. а. chem. Ges., p. 1236, 1883. 2) Hoffmann, Вет. 4. 4. chem. Ges., t. ХТ., р. 321. WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER Tableau III. Phénols trouvés dans les différentes sortes de goudron. Espèces des goudrons et noms des auteurs, qui les ont analysés. Phénols monova- dérivés. Phénols bivalents: lents: phénol et ses | pyrocatéchine et ses dérivés. Phénols trivalents: pyrogallol et ses dé- rivés. Goudron de hêtre, d’après Reichenbach, Marass et Hoffmann. Créosote de hêtre et de chêne, d’après Béhal et Choay. Goudron de bouleau, d’après Pfrenger. Goudron de tremble, d’après Nencki et Adolphi. Goudron de pin, d’après Nenckiet Sieber. Goudron de genévrier, d’après Schulz. Phénol, créosol, xylénol. Phénol, otho-, méta, paracrésol, ortho- éthylphénol,métaxy- lénol 1. 3. 4, méta- xylénol 1. 3. 5. Phénol, crésol, xylé- nol 1. 3. 4. N’ont pas été déter- minés. Pas constaté. » Gaïacol, créosol. Gaïacol, créosol, ho- mocréosol (éthyl- gaïacol). Gaïacol, créosol 1524 Gaïacol. Gaïacol et méthyl- gaïacol (créosol), éthyl- et propylgaïa- col 1. 8. 4. Méthylgaïacol (créo- sol), éthylgaïacol 1.3. 4 et traces de gaïacol et de propyl- gaïacol 1. 3. 4. Ether diméthylique du pyrogallol, du méthyl- et propylpy- rogallol. Pas constaté. Constatés, mais раз étudiés de plus près. Pas constaté. » 5. Acides gras volatils. Dans la distillation du goudron, les acides gras volatils passent en même temps que les hydrocarbures et les phénols, ce qui détermine la réaction acide du produit distillé. Pour les séparer, on agitait le produit distillé avec une solution de carbonate de soude afin de les transformer en sels sodiques, on décantait la solution alcaline à l’aide d’un entonnoir à robinet et on éva- рога au bain-marie jusqu’ à l'apparition de cristaux. Après le refroidisse- ment on voit se former une masse brune cristallisée d’acétate de soude. On la sépare de la liqueur et récristallise plusieurs fois en présence du charbon animal. La solution aqueuse de cet acétate de soude est précipitée par du nitrate d’argent et le précipité d’acétate d'argent est récristallisé dans l’eau chaude, séché dans un exsiccateur, calciné et enfin pesé. AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 363 1. 0€,2314 de AgC,H,0, sec ont donné 0%,1498 Ag — 64,730), - 2. 08т,2192 » » 08",1418 Ag — 64,470/, En moyenne 64,650/, La formule AgC, H; О, exige 64,677, Ag. Par la quantité d’acétate de soude on peut conclure que la masse prin- cipale d’acides volatils est constituée par l’acide acétique et la proportion d’autres acides est relativement minime. La plus grande partie de l’acétate de soude se séparait à l’état de cri- staux, et la solution était traitée par l'acide sulfurique dilué (1:5); les acides gras supérieurs, peu solubles dans l’eau, surnageaient alors en couche huileuse. La liqueur ainsi acidulée était distillée dans la vapeur d’eau. Le produit de la distillation avait l’apparence laiteuse et présentait à la surface une fine couche huileuse. Les acides volatils, solubles dans la liqueur, étant séparés par addition de chlorure de sodium, il n’en surnageait que quelques gram- mes d’acide, de sorte qu'on ne pouvait pas, malheureusement, les soumettre à la distillation fractionnée. On est, toutefois, en droit de supposer que le goudron de genièvre, de même que celui de pin et de tremble, renfermerait, outre l’acide acétique, aussi ses homologues, tels que acides propionique, valérique et caproïque. II. Action désinfectante et antiseptique du goudron de genévrier. Bien qu’il soit peu probable, que le goudron de genévrier serait jamais employé en qualité de désinfectant, car il est neuf fois plus cher que celui de pin et quatre fois et demie, que celui de bouleau, il m'a paru cependant intéres- sant d'étudier ses propriétés désinfectantes et antiseptiques et de les compa- rer à celles des goudrons sus-mentionnées, d'autant plus, qu’on apprécie la qualité du goudron non seulement d’après ses proprietés physiques et chimi- ques, mais aussi d’après son pouvoir bactéricide. M. Nencki et M-me Sieber ont démontré, que non seulement diverses espèces de goudrons présentent de grandes variations sous ce rapport, mais que la même espèce produit des effets différents suivant le mode de préparation. J'ai étudié les propriétés désinfectantes et antiseptiques des liqueurs suivantes: 1° goudron de genièvre pur, 2° eau goudronnée, et 3° solution alcaline de goudron. | Je me suis servi pour mes expériences des cultures de deux jours des 364 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER * microbes suivants: Вас. cholerae asiaticae Koch, avec d’autres bactéries intestinales provenant du cadavre d’un cholérique, Bac. typhi abdominalis, Bac.pyocyaneus, Бас. prodigiosus, Staphylococcus albus et aureus, Sireptococ- cus erysipelatis et d’une culture de 6 semaines du bacille tuberculeux, Bac. tuberculosis, Koch. Dans mes recherches sur le pouvoir désinfectant et antiseptique du gou- dron de genévrier, de l’eau goudronnée et de la solution alcaline de gou- dron, j'ai suivi la technique appropriée du laboratoire de M. le professeur Nencki à l’Institut Impérial de Médecine expérimentale. 1. Goudron pur. 0,°5 de goudron sont ajoutés au moyen d’une pipette à 10% de culture pure de deux jours, et agités soigneusement; au bout de 2, 5, 10 minutes etc. on en retire avec une anse de platine, trois fois de suite, et l’on en transporte dans des éprouvettes renfermant chacune 10 с. с. de bouillon stérilisé. Ces éprouvettes sont ensuite placées dans ип thermo- state chauffé à 37—37,5° С. et examinées quotidiennement, durant 10 — 14 jours, le bouillon ne troublait-il pas dans ce laps de temps, c'était l’in- dice de la mort des bactéries; si le trouble apparaissait, on le soumettait à l'examen microscopique. Dans la grande majorité des cas, par le seul fait du trouble dans le bouillon, оп peut affirmer qu'il y cest resté des bactéries vi- vantes. Dans les tableaux ci-après la croissance des bactéries est indiquée par le signe + et l’absence de croissance par le signe —. 2. Eau goudronnée. 5,0 de goudron sont soigneusement mélangés avec 100 сс. d’eau bouillante et filtrés après refroidissement. Pour 10 с. с. de culture pure on prend 10 ou 20 c. c. d’eau goudronnée et on procéde en- suite comme pour l’essai du goudron pur. 3. Solution alcaline de goudron. On dissout 1,0 de КОН dans 100 c.c. d’eau, on chauffe jusqu'à ébullition, оп additionne la solution de 5,0 de goudron et on agite soigneusement. Vingt-quatre heures après on la filtre. On prend 5 à 10 c. с. de cette liqueur pour 10 с. с. de culture pure, оп procède ensuite comme pour le goudron pur. On voit par le tableau ci-joint, que ni les bactéries intestinales prove- nant d’un cadavre cholérique, ni le bacille typhique, ni celui du pus bleune sont tués ni par le goudron pur à 5 р. 100, ni avec l’eau goudronnée à 21, р. 100, même au bout de deux jours. La solution alcaline de goudron à 2°, р. 100 а manifesté au contraire une action franchement désinfectante en tuant le bacille du choléra en 20 à 30 minutes, celui de la fiévre typhoïde en 2 minutes et celui du pus bleu, qui comme on le sait est très résistant, en 10 minutes (comparer avec le ta- bleau VII). 565 AU POINT DE VUE CHIMIQUE ЕТ BACTÉRIOLOGIQUE. +++ +++) ++ +++ +++) | + +++ ++ + +++ ++] + || Eee ane nee ESS о баб CR SES +++ +++ +4 lt) Hit +++ +++ 4 + + ol ll HE El Hi plate lle EE EE) pole 4 ll IE EE) Вы Sel NS eee pl | | 4 IE IEEE El Be NE Pr EE EE ES ES ET о о D D D D +++ +++ + + 4 ++ +++ | + alulelelricnoecalosenonslelelrielrierosielozieuorl ele [alrleltigroslecloclerlorl el 6 =. ñ | ео = =— И Е 5 ue "зори UT Е Е Е 5 ‘зоупати аз Е <> |3 55 "зэзпоти оч ME РЕ к С a ‘90 ‘2702080 snouvhooñd syvunuopqn ча? ‘эр эвиэо2 ов ‘эпттеоцо пир эллерео пр зэ[еицзэуот 59119398 { : HOM эр 45/1 39 чолрпоз эр 9/о°/тб ‘os «(пеар ‘2 ‘9 007 anod НОМ ЭР 0‘Г 39 uoapnos эр 0‘G) иолриоэ эр эпЦ®5[е 1и019110$ { op ‘9 9 OJ 39 элизрао эр ‘9 ‘9 OT ( позрио8 эр %/c/16 “тоз (пеэр ‘9 ‘9 OOI лп0@ uoxp -n08 эр 0'6) ээпцолрпов пвэр 0 ‘2 ОГ 39 эмо ор ‘9 ‘9 OI ` полрпоз эр 0/66 ‘то ‘полрпо8 эр ‘2 ‘9 G‘O 39 элиз по эр ‘9 9 OT "Я uozpnor PAT фк НОЯ эр %Ÿ/x 32 uoxpnos эр of/xe ‘310 “(nvo,p ‘9 ‘9 00Т лпо@ НОЯ эр OT 39 подрпо8 эр 0‘ uoIpnog эр эп UOINIOS эр ‘2 ‘9 ОТ 32 элаурао эр ‘9 "9 ОТ uoipnos эр 9/ 5/5 9тоз ‘(ne9,p ‘о ‘о о0т лпо@ чолр -n0$ эр 0‘@) ээаполрио8 пвэф ‘2 ‘9 OI 139 o1npn9 эр 9 9 OI - полрпо8 эр 9/56 J10S ‘похрпо8 эр ‘2 ‘9 G‘Q 39 элиз[иэ эр ‘9 ‘о OT "у uOIpnot es, au ms, mens 7 ежи шиь, “209 ‘nejq snd np зпЦюза ‘eproydÂy 91497 EL 9P ITU ‘ооцезетоло эр эопазае 1 — э1818 э[ ‘эотеззтоло в[ ONbIpur + OUSIS OT ‘зоицеоте 39 зозпепбов SUOIJNIOS запер эр ‘лэллещей эр иотриоз пр SUO[[UEYP9 хпэр эр эзавзоезитзур поцоу А 366 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER Le pouvoir désinfectant du goudron et de sa solution alcaline а, été essayé aussi à l'égard des spores du bacille charbonneux, fixées sur des fils de soie. Je procédais de la manière suivante. Les fils de soie chargés de spores du charbon étaient introduits dans une éprouvette cylindrique stéri- lisée, arrosés avec du goudron ou avec sa solution alcaline à 5%, et y aban- donnés pour un temps déterminé. Puis on retirait les fils à l’aide d’une pince stérilisée, on les plongeait pour quelque temps dans l’alcool absolu, afin de les débarrasser du goudron et on les transportait ensuite dans le bouillon. Les éprouvettes étaient placées dans un thermostate à 37° C. (voir le tableau V). Tableau V. Action désinféctante de deux échantillons du goudron de genévrier et de leurs solutions alcalines sur les spores du charbon. Le signe + indique la croissance, le signe — l’absence de croissance. Solution alcaline de goudron Goudron pur à 50, Durée de l’action. А В А В ‚нии Nous инь, mr ть, n/a cer SR, 1,2 |°8 | 1 | 2 |8 |1 | 2 | ааа NÉNULES END NP а = | LEA ++ ++ + ++ + +++ | + DOTE LR Pr ИА +++ +++ +++ | + AGE NE EE +++ ++ ++ +++ | + | + Heures Tr SENTE SEE +++ + + ++ ++ ++ | + а +++ + + ++ + + ++ | + DA tee ++ +++ +++ +++ | + Jours: ES ee ER CS À — Е Ne he la | | — — ВИ Е ++ +++ el —|— | — | — | — И A AMP AE +++ ++ il ——|— | — | — DE SE DE LOT EE À || — || — би внс Е ||| —|—|—|—|— | — RE |= | ||| —|- | 2 О SEE AE | © | — | — CHR — | + À = | — || — | — 10 EE ES À В 5 О || Е О | || — Nous voyons par ce tableau, que les spores du charbon sont tuées par le goudron de genévrier, même au 7° jour et sûrement au 8"° ou 9”. La solution alcaline de goudron à 5%, tue les spores du charbon au bout de 24 heures (comparer le tableau IX). AU POINT DE VUE CHIMIQUE ЕТ BACTÉRIOLOGIQUE. 367 L'action antiseptique, c’est-à-dire celle qui arrête la croissance et la multiplication, du goudron de genévrier et de sa solution aqueuse а été essayée de la façon suivante. On additionnait à 10 с. с. de bouillon stérilisé ou d’un exsudat pleural 1 à 2 с. с. de solution antiseptique, on l’ensemençait avec les microbes donnés et l’abondonnait à l’étuve pour quelques semaines (voir les tableaux VI et VIT). L’inspection des tableaux VI et УП nous permet de voir, que par ad- dition de 1 à 2 c. с. d’eau goudronnée à 10 с. с. de bouillon la croissance des bactéries suivantes: Sfaphylococcus albus et aureus, Streptococcus erysi- pelatis et Bac. ур abdominalis, est arrêtée pour quelques jours, tandis que, avec 1 с. с. de solution alcaline de goudron à 5%, pour 10 с. с. de bouillon, les trois premiers de ces microbes sont tués en 24 h., et la croissance du Bac. prodigiosus n’est arrêtée que pour un jour. La solution alcaline de goudron, ajoutée à l’exsudat pleural, ne retarde que faiblement, et seulement pendant les premiers jours, la croissance des bacilles cholérique et typhique et du streptocoque de l’érysipèle. Tableau VI. Action antiseptique de l’eau de goudron de genévrier. Le signe + indique la croissance, le signe — l’absence de croissance. Temps, exprimé en jours. Nom de l’espèce microbienne. 1|2|3|4[5 [67| | э[1|2[3 [4 |5|6|7[8|9 1 с. с. d’eau de goudron | 1 с. с. d’eau de goudron А pour 10c.c.de Бои Шоп.|В pour 10 c.c.de bouillon. Staphylococcus aureus . . . . . . . . . . + ныне] ы5 ны] +|н= » ее но ++] 444) 14 | Streptococcus erysipelatis . . . . . . . ||| PL Po +555 Bacillus typhi abdominalis . . . . . . . . ++ а » DIOCYANEUS EE бо боб о la | » cholerae asiaticae, Koch. . . РО О » prodigiosus. . . . . . a + + 2 ç. с. d’eau de goudron | 2 с. с. d’eau de goudron А pour 10c.c. de bouillon |B pour 10 c.c. de bouillon. Staphylococcus aureus . . . . . . . . . . —]—Ù+ +5] |Нее|НН]не|Нн| 5 » GDS оо —| | ++ а Streptococcus erysipelatis . . . . . . . +++ il Bacillus typhi abdominalis. . . . . . . allie » pyocyaneus . . . el llli » cholerae asiaticae, Koch. . Е D MN DTOHITIOSUS nn eee a hill 25 368 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER Tableau VII. Action antiseptique de la solution alcaline de goudron de genévrier. Le signe = indique la croissance, le signe — l’absence de croissance. Temps, exprimé en jours. Nom de l’espèce microbienne. ee 123 [4|5|6| 73| 3[1|2| [4 [5[6|7[8[9 1 1 с. с. de solution alca- | 1 с. с. de solution alca- line de goudron А pour | line de goudron В pour 10 c. c. de bouillon. 10 с. c. de bouillon. Bacillus cholerae asiaticae, Koch . . . . . [++ [#44 44 » typhi abdominalis . . . . . . . +444 4 4 » pyocyaneus. еее #4 #44 la 44 4 о ИИ. о оо аа el Staphylococcus albus . . . | — » CULCUS ENCRES ев 4 |. EEE EEE Streptococcus erysipelatis . . . . . . . [1-1 1 с. с. de solution alca- | 1 с. с. de solution alca- line de goudron А pour | line de goudron В pour 10 с. с. d’exsudat pleural.|10 с. с. d’exsudat pleural. Bacillus cholerae asiaticae, Koch. . . . . ||| -=|-Н-ы-Нн-Н-=. » typhi abdominalis. . . . . ee 4 » pyocyaneus. . . . . ++ +4 + » prodigiosus. . . . . . . . . . . [—|+ 4444 + + Staphylococcus albus . . . . . . . . . . || +++ ++ tr » GUNCUS EN Ne REC Ра 4 4 | Siremtococcus erysipelatis LE EE Eee Essais de la désinfection des cultures du bacille tuberculeux. Pour apprécier l’action désinfectante d’une substance quelconque, on procède de deux manières, soit en ensemençant un milieu nutritif stérilisé avec de la culture soumise à la désinfection, ou bien on inocule avec cette culture un animal sensible à l’infection donnée. Bien que ce dernier procédé soit de beaucoup plus compliqué et plus couteux, c’est à lui que j'ai eu re- cours dans mes recherches, car par le réensemencement simple de culture pure du bacille tuberculeux d’une éprouvette dans une autre on a souvent des échecs qui peuvent masquer les résultats. J’opérais, à l’exemple de М. Goriansky!), sur des cobayes, animaux très sensibles, comme on sait, envers la toxine tuberculeuse. 1) Goriansky, ces Archives, t. Ш, р. 149. AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 369 Dans mes essais de la désinfection des cultures du bacille tuberculeux par la solution alcaline de goudron de genévrier je procédais de la manière suivante. Je prélevais avec une anse de platine des parcelles de pellicule, qui recouvrait la culture de six semaines du bacille tuberculeux dans le bouillon glycériné (dans une fiole d'Erlenmeyer-Kresling) et je la transportais sur un verre de montre stérilisé où elle a été arrosée avec de la solution alcalive de goudron. Au bout de 4 à 24 heures je décantais cette dernière; le fragment de pellicule était lavé à l’eau stérilisée, trituré ensuite dans de la solution stérilisée de sel marin à 0,75 et enfin injecté, avec une seringue de Pravaz, dans la cavité abdominale du cobaye. Tous les cobayes étaient entretenus dans les mêmes cenditions, nourris avec les légumes frais en abondance et observés rigoureusement, ce qui est absolument nécessaire, lorsque les animaux survivent pendant des mois. 1° expérience. Le 9 juin 1896 on a injecté, dans la cavité abdominale du cobaye № 1, un c. с. d'émulsion de culture tuberculeuse pure, soumise à la désinfection de 4 heures par la solution alcaline de goudron de genévrier à 25%, Poids primitif du cobaye, 240 gr., restait à peu de chose près stationnaire durant les 7 premières semaïnes: le 22 juin 236 gr.; le 4 juillet 235 ог.; le 30 juillet 230 gr. Pais l’animal commença à maigrir considérablement, et les derniers jours la respiration devint fréquente et superficielle. Il est mort le 8 août, c’est-à-dire 59 jours après linoculation; poids 180 gr. À l’autopsie on а constaté que le feuillet péritonéal pariétal postérieur était parsemé de tubercules gris de grosseur d’un grains de ше. Foie rouge- brun, présentait des tubercules analogues. Rate augmentée de volume, d’un rouge-brun, on y trouvait également des granulations tuberculeuses. Les poumons en renferment autant. Les ganglions mésentériques sont tuméfés, ct à la coupe ona constaté dans quelques uns du ramollis- sement au centre. L’examen microscopique des nodules écrasées et de la portion ramollie des ganglions mésentériques, avec coloration d’après Ziehl-Neelsen, а décélé la présence d’une quantité considérable de bacilies tuberculeux. 2° expérience. Le 9 juin 1896, le cobaye №2, pesant 605 gr., est inoculé, dans la cavité abdominale, avec une émulsion de culture tuberculeuse pure après 4 heures de désinfection par la solution alcaline de goudron de genévrier à 259%. Poids: le 22 juin 589 gr., le 11 juillet 495 gr., le 30 juillet 465 gr. Dans les premiers jours d’août la respiration devient fréquente, l’animal mangeait très peu et était ара лапе. Le 14 août (65 jours après l’inoculation) il suc- combe. Poids 414 gr. Autopsie. Péritonite adhésive. Le péritoine est transparent. Le foie ct la rate sont augmentés de volume et parsemés de tubercules gris d’une grosseur de grain de pavot et plus grandes; on en trouve beaucoup dans les poumons. Les ganglions mésentériques sont tuméfiés, quelques uns présentent du ramollissement au centre. А l'examen microscopique des tubercules on a constaté un nombre considérable de bacilles de Koch. 3° expérience. Le 9 juin 1896 оп а, injecté dans la cavité abdominale du cobaye № 3, ре- sant 593 gr., 1 c. с. d’émulsion de culture tuberculeuse soumise pendant 5 heures à la désin- fection. Poids: le 23 juin 570 gr., le 11 juillet 545 gr., le 30 juillet 546 gr. А mesure que son poids baïssait le cobaye devenait de plus en plus apathique, mangeait peu. Les derniers jours la respiration devient fréquente et superficielle; l’animal meurt le 17 août, 68 jours après lino- culation. Poids 520 gr. Autopsie: ascite, le péritoine présente ça et là des tubercules gris, gros comme les lentilles. Le foie et la rate sont augmentés et parsemés de tubercules grisâtres de volume d’un grain de pavot à celui de lentille. Les poumons en renferment également. Les ganglions mésentériques sont durs et augmentés de volume. A l’examen microscopique des tubercules on constate des bacilles tuberculeux. : 4° expérience. Le 9 juin 1896 on injecte 1 с. с. d’émulsion de culture tuberculeuse, soumise à la désinfection par la solution alcaline de goudron à 250/, pendant 6 jours, dans la cavité ab- 370 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER dominale du cobaye № 4 pesant 328 gr. Dans les premières semaines après l'injection le poids de l'animal s'élève à 361 gr. ct ensuite il commence à baisser: le 11 juillet 353 gr., le 30 juillet 292 ог., le 9 août — deux mois après l’injection — l'animal meurt, poids 242 gr. Autopsie. Les organes abdominaux sont le siège d’un processus tuberculeux bien marqué, surtout le foie, la rate et les poumons. L’intestin présente des tubercules de grosseur d'un grain de pavot ou de ше, Des ganglions mésentériques sont très volumineux, quelques uns présentent au centre du ramollissement de couleur grisâtre (tubercules?). Le microscope y а décélé, ainsi que dans les tubercules du foie, de la rate et des poumons, des bacilles de Koch en quantité. 5° expérience. Le 9 juin 1896 on injecte dans la cavité abdominale du cobaye № 5, pesant 337 gr., une seringue d’émulsion de culture soumise à la désinfection pendant 8 heures par la solution alcaline de goudron à 25°. Poids de l’animal: 22 juin 366 gr., 11 juillet 350 gr., 30 juillet 348 gr. Le 16 août, c’est-à-dire 67 jours après l’injection, le cobaye est mort, son poids était de 265 gr. Autopsie: péritonite adhésive, tuberculose des organes abdominaux et des poumons. À l’examen microscopique on constate des bâtonnets tuberculeux. 6° expérience. Le 9 juin 1896, 1 c. с. d’émulsion de culture tuberculeuse, soumise à la désinfection par la solution alcaline de goudron à 25°/, pendant 12 heures, est injecté dans la cavité abdominale du cobaye № 6, pesant 311 gr. Le 22 juin 304 gr., 11 juillet 304 gr., 30 juillet 280 gr. Mort le 13 août, 64 jours après inoculation; poids 220 gr. Autopsie: Le péritoine est transparent, le foie présente des tubercules peu nombreux de coleur grisâtre, la rate est légè- rement augmentée de volume et renferme des nodules analogues. La quantité des tubercules gris dans les poumons n’est pas grande, mais plus considérable, que dans 16 foie et la rate. Le micro- scope y revèle des bacilles tuberculeux. 1° expérience. Le 9 juin 1896 on injecte 1 с. с. d’émulsion de culture tuberculeuse, soumise à la désinfection pendant 18 heures par la solution alcaline de goudron à 250/,, dans la cavité abdominale du cobaye № 7, pesant 337 gr. Le 22 juin 327 gr. le 11 juillet 321 gr., le 30 juillet 263 gr. Mort le 9 août, deux mois après l’injection, poids 216 gr. A l’autopste: les caractères du processus tuberculeux des organes abdominaux sont peu marqués. Les tubercules contenaïent des bacilles tuberculeux. 8° expérience. Le 9 juin 1896, on injecte 1 с. с. d’émulsion de culture tuberculeuse, sou- mise à la désinfection par la solution alcaline de goudron à 250/, pendant 24 heures, dans la cavité abdominale du cobaye № 8, pesant 365. Deux premières semaines après l’inoculation le poids s’élève considérablement, jusqu’à 400 gr., ensuite il commence à baisser: le 11 juillet 377 gr., le 30 juillet le poids а de nouveau augmenté, 390 gr.; durant sept dernières semaines il descendait toujours, l'animal devint apathique et mangeait très peu, Le 27 août, 79 jours après inoculation, l’animal est mort; poids 257 gr.— Autopsie: Le feuillet péritonéal pariétal antérieur est transparent, le postérieur renferme quelques tubercules. Le foie est d’une couleur rouge- grisâtre, rempli de tubercules gris de grosseur inégale. La rate est augmentée de volume, cou- leur rouge-brune, présente des tubercules semblables. La quantité des tubercules dans les poumons est insignifiante. On en trouve également dans les ganglions lymphatiques. Dans tous ces organes on a constaté des bacilles tuberculeux. 9° expérience. Cobaye témoin. Le 9 juin 1896 on injecte dans la cavité abdominale du cobaye № 9, 1 c. с. d'émulsion pure de culture tuberculeuse, n’ayant pas sumi de désinfection préalable. Poids primitif de l’animal 425 gr. Il est mort 17 jours après l’inoculation, poids 250 gr. Autopsie: Dans la cavité utérine on trouve deux fœtus. Les poumons, le foie et la rate sont normaux. Les ganglions lymphatiques sont tuméfiés et remplis, à la superficie et dans la profondeur des tissus, de tubercules de grosseur d’un grain de pavot à celle de lentille. Les bacilles de Koch n’ont été constatées que dans les tubercules des ganglions lymphatiques. L’examen des poumons, du foie et de la rate ont donné le résultat négatif. L'expérience de contrôle avec la culture pure non désinfectée du bacille tuberculeux а montré que ma culture était très virulente. L'espace de temps de 24 heures а été insuffisant pour détruire les bacilles tuberculeux, qui, comme от. le sait, sont des plus résistants parmi les microorganismes connus: c'est grâce à cette propriété qu'ils peuvent supporter l’action des agents AU POINT DE VUE CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE. 371 désinfectants. Par les travaux de ММ. Galtier'), Vallin?), Perrot et Martin*), Schill et Fischer‘) Villemain‘), Guttmannn°) et Jäger’) nous savons, qu’on n’est jamais sûr d'arriver à tuer le bacille tuberculeux par quelque ce soit désinfectant connu en l’espace de temps plus ou moins court, en une heure par exemple. D’après M. Cornil®), l'unique moyen sûr de le détruire consiste en ébullition. Avec la température de 100° on y parvient en très peu de temps et celle de 125° les tue instanta- nément. Malheureusement, le chauffage ne peut pas être appliqué dans tous les cas. On considérait, il n’y а pas longtemps, le lysol à 10°, et l’acide phé- nique à 5%, comme les meilleurs désinfectants, surtout à l’égard du bacille de Koch, lesquels désinfectent les crachats des phtisiques en 24 heures. Or, il ressort des recherches de M. Goriansky”), que le vinaigre de bois, ou acide piroligneux officinale, serait de beaucoup plus actif sous ce rapport; il tue la culture pure du bacille tuberculeux en une heure et désinfecte les crachats phtisiques en 6 heures. D’après cet auteur, la culture pure du bacille tuberculeux n’est pas détruite par la solution alcaline de goudron de pin à 25%, même après l’action de 4 jours. Les recherches de M.Spengler ”), relatives aux propriétés du parachlorophénol, ont établi que cette substance est un désinfectant par excellence, dont la solution aqueuse à 2%, mélangée aux crachats à égal volume, tue le bacille tuberculeux en une heure. Il est à regretter, que le prix relativement élevé de ce produit exclue son usage dans la practique usuelle de désinfection. - Je résume mes recherches en propositions suivantes: 1° Le goudron de genévrier ne renferme que les phénols bivalents et notamment, les dérivés de la pyrocatéchine, tels que gaïacol, méthylgaïacol (créosol), éthyl- et propylgaïacols. 90 Le goudron de genévrier est plus pauvre en phénols que celui de pin et de tremble. 1) Galtier, Comptes rendus de l’Académie des sciences. 1877. 2) Vallin, Bulletin de l'Académie des sciences. 1885. 3) Perrot et Martin, Revue de Médecin. 1883. 4) Schill et Fischer, Arbeiten aus dem Kaïserlichen Gesundheïtsamte. 1884, t. И. 5) Villemain, Thèse de doctorat. 1888. 6) Guttmann, Zeitschrift f. М. Medecin. 1888, t. XIII. 7) Jäger, Arbeiten aus dem Kaïserlichen Gesundheitsamte, +. У. 8) Cornil, Les Bactéries et leur rôle dans l’étiologie, l’anatomie et l’histologie patho- logiques des maladies infectieuses. 1891. 9) Goriansky, loc. cit. 10) Spengler, ces Archives, %. IV, р. 1. 372 WITOL D DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER Tableau УШ. Tableau comparatif de l’action du goudron et des autres désinfectants actuellement en usage. . Solution . Eau phéniquéc . . . Espèce de la liqueur désinfectante. . Eau goudronnée . . Mél.de goudron etd’eau . Emulsion de goudron . . Lait dechaux goudron- née Sue) loto elle Melle te . Emulsion de goudron . . Lait de chaux gou- dronnée. . Eau goudronnée . . . Mél. d’eauet de goudron 15. Emulsion de goudron . Eau goudronnée . . . Mél. d’eau et de goudr. . Emulsion de goudron . . Vinaïîgre de bois (Acet. pyrolignos. crud.) . Vinaîgre de bois, saturé de carbonate de soude acquese de solvéol CARDIO EE MEME EU . Sol. acq. de créoline . » » de lysol. saitde chaux de ое Ко ед печ . |2 р. d'acide phé- Quantité de gou- dron ou d’autre désinfectant em- ployée. Quantité de liquide ajouté. 5 p. de goudron | 100 p. d’eau chaude. de pin. » 100 p. d’eau froide. 100 p. d’eau chaude. 100 p. de solution froide de KHO à1/,0/,. 100 p. de lait de chaux froid à 20/. 100 p. de lait de chaux froid à 50/. 0,3 р. de сгбозофе.| 100 р. d’eau froide. 5 p. de goudron | 100 p. d’eau chaude. de bouleau. 100 p. d’eau froide. 100 p. de solution froide de KHO à !/,0/,. 100 р. de lait de chaux froid à 20/,. 100 p. de lait de chaux froid à 50/,. ex р de tremble. 100 d’eau froide. 100 p. de solution chaude de KHO à 194. 5 p. de goudron | 100 p. d’eau chaude. de genévrier. » » » » 100 р. d’eau froide. 100 р. de solution chaude de KHO à 10}. 10 c. c. de bouillon froid. » 2 cent. cub. 2 » 3,6 p. de solvéol.| 100 p. d’eau froide. 1 р. de créoline. 1 р. се lysol. 2 р. de chaux vive. nique. 5 р. d'acide phén. » . de goudron | 100 р. d’eau chaude. Mélange de solu- tion et de goudron. Mélange. Emulsion. Mélange. Méjange. Emulsion. Mélange. Mélange. Mélange. Emulsion. Mélange. Emulsion. Mélange. Désinfection Désinfection è lète de complète de | £°MP la culture du la culture du t bacille de bac. typhique ё еп minutes. ue Я 8 8 30 30 5 5 8 4 7 10 5 5 2 2 40 20 N'a pas été | №а pas été réalisée mêmelréaliséemême au bout de 2h.|au bout de2h. 15 15 20 20 10 10 25 №аз pas été réalisée même au bout de2h. 10 25 95 25 Pas réalisée, | Раз réalisée même au boutmême au bou de 2 jours. | de 2 jours. Même résult.| Même résult. 2 20—30 6 4 4 4 5 d’ap. НШег.|5 Фар. НШег. 5 » Esmarch.|5 » Esmarch. 20 d’après | 20 d’après Schotélius. | Schotélius. Point réalisée|Point réalisée même au Бои тёте au bou de2b., d’après|de 2 h.,d’après Liborius. Liborius. 5 5 2 2 AU BOUT DE VUE CHIMIQUE ЕТ BACTÉRIOLOGIQUE. 373 Tableau IX. Tableau comparatif de l’action du goudron et des autres désinfectants sur les spores du charbon. Désinfection complète, en Espèce de la liqueur hemren В dons = 1 Observations. désinfectante. Quantité d’eau ajoutée. Quantité d’alcali caustique ou de savon Heures.| Jours. Quantité de goudron ou d’autre désinfec- tant ot Acide phénique . . 20—30 Solution sapophénique froide ee 20 Même solution chaude à 40° Sublimé. . . Créoline . . Lysol. . . Solvéol. Solutol . . . . » Goudron de bouleau . . » Solution alcaline de gou- dron de bouleau Même solution de goudron Solution alcaline de gou- dron de pin à 40° C. . . Goudron de tremble . . . Goudron de genévrier . . 9 On arrive à la dés- infection complète, une fois en 7 jours, une autre fois en 8 jours et la troisième fois en 9 jours. Goudron de genévrier al- caline Vinaîgre de bois (Ace. py- rolignosum crudum) . 374 WITOLD DE SCHULZ, GOUDRON DE GENÉVRIER AU BOUT DE VUE ETC. 3° Il jouit d’une acidité moindre, et en même temps d’un pouvoir désinfectant plus faible en comparaison avec d’autres goudrons, qui ont été étudiés. 4° Le mélange aqueux de goudron à 5%, de même que l’eau gou- dronnée, ne manifeste presque point d’action désinfectante. 5° La solution alcaline de goudron de genévrier est douée de pro- priétés désinfectantes très accusées qui, cependant, sont inférieurs à celles du goudron de pin, de bouleau et de tremble. La solution alcaline de gou- dron de genévrier, mélangée à volumes égaux à de la culture de deux jours de bacilles intestinaux provenant du cadavre d’un cholérique, à celle du bacille typhique ou du bacille piocyanique, tue les premiers en 20—30 mi- nutes, le second en 2 minutes et le troisième en 10 minutes. 6° L’eau de goudron de genévrier ne jouit de pouvoir antiseptique qu'à un faible degré. Ajoutée à 10 с. с. de bouillon en quantité de 1 à 2 с. с., elle entrave la croissance de quelques microbes seulement, et encore ne fût-ce que durant les premiers jours. 7° Les spores du charbon extrêmement résistantes son tuées par le goudron de genévrier pur en 7—9 jours, et par sa solution alcaline à 5% en 24 heures. 8° La solution alcaline de goudron de genévrier n’exerce qu’une faible “action sur la culture pure du bacille tuberculeux, il ne le détruit pas après 24 heures d’action. Tous les cobayes, inoculés dans la cavité abdominale avec la culture du bacille tuberculeux insuffisamment désinfectée, ont suc- combé au 60° jour environ. Е Es Sur la question de l'oxydation de l’urobiline en uroroséine. Par M. S. S. Salaskine. (Section de Chimie de l’Institut Impérial de Médecine Expérimentale.) En 1883 ) M. le professeur M. Nencki et M-me N. 0. Sieber décrivirent une matière colorante des urines jusqu'alors inconnue арра- raissant dans certaines conditions pathologiques et la nommèrent wroroséine. Ces auteurs l’avaient constatée dans 10 pour 100 environ des urines morbides analysées, et notamment dans les affections suivantes: la chlorose, l’ostéo- malacie, la nephrite, la fièvre typhoïde, le cancer de l’œsophage, l’ulcère de l'estomac, la pérityphlite et le diabète. Selon M. Rosin*) се pigment se trouve également dans l’urine normale mais en très petite quantité; l’urine de cheval en renferme une quantité suffisante; Ш est surtout abondant dans celle de l’espèce bovine. Pour obtenir de l’uroroséine on ajoute 5 à 10 с. с. d’acide chlor- hydrique à 50 à 100 с. с. d’urine, à la température ordinaire; si l’urine contient de l’uroroséine elle se colore en rouge ou en rose; en acidulant avec des acides minéraux on obtient cette coloration au bout de 1 à 3 minutes; agitée avec de l’alcool amylique cette urine cède tout le pigment en question à ce dernier en le colorant en rouge. А l’examen spectroscopique de l’extrait ainsi obtenu on observe une bande d’absorption caractéristique de l’uroroséine entre D et №, plus rapprochée de D, dont le maximum repond à À = 557. 1) Nencki et Sieber, Journ. f. prakt. Chemie, $. XXVI, р. 333, 1882. 2) Rosin, Deutsche Medic. Woch., № 3, 1893. 25+ 376 3. 5. SALASKINE, SUR LA QUESTION L’addition de l’ammoniaque ou des alcalis caustiques et des carbonates al- calins décolore immédiatement les solutions rouges; elles sont également décolorées par l'hydrogène naissant; la coloration primitive peut être resti- tuée par addition d'acide en excès dans le premier cas, et dans le second, par action de l’oxygène de l’air. L’uroroséine est un corps fort instable; l’urine colorée en rouge par addition de l’acide chlorhydrique perd cette coloration au bout de quelques heures, même à la température ordinaire; les extraits amyliques sont plus stables sous ce rapport. Les auteurs sus- mentionnés croient que la matière colorante en question s’élimine proba- blement de l’organisme sous forme d’un acide sulfo-conjugué facilement dé- composable par des acides minéraux, déjà à la température ordinaire. M. Nencki et M-me Sieber pensent que l’uroroséine se distingue par son origine des autres pigments urinaires actuellement connus dont les ans dé- rivent de la bile, soit, de la matière colorante du sang, les autres de l’indol ou du scatol. Il est très probable que l’uroroséine пе sôit qu’un produit de dédoublement de l’albumine dû à l’action d’un microorganisme quelconque, assez rare dans le tube intestinal. Quoi qu’il en soit, la question de l’origine de l’uroroséine est aussi très importante au point de vue théorique. Etant donné l'intérêt que présente à cet égard le travail de M. le Dr. J. Zawadski, relatif à l’obtention de l’uroroséine par oxydation de l’urobiline, M. Nencki m’engagea à répéter les expériences du dit auteur. Le Dr.J. Zawadski”) déclare, qu’en ajoutant à la solution faiblement alcaline d’urobiline une petite quantité de calomel et après avoir séparé par filtration le protoxyde de mercure formé, il obtenait une liqueur rose- rougeâtre, qu’il acidulait avec de l’acide chlorhydrique et épuisait ensuite par de l’alcool amylique; que cet extrait amylique ne donnait plus de bande d'absorption caractéristique de l’urobiline, mais présentait une bande propre à l’uroroséine; et qu’il jouissait en outre de toutes les propriétés, décrites par М. Nencki et M-me Sieber comme caractéristiques de l’uroroséine et lesquelles je viens d’énumérer ci-dessus. En répétant les expériences de М. Zawadski j’additionnais suivant ses indications la solution faiblement alcaline d’urobiline d’une petite quantité de calomel, je filtrais, j’acidulais le filtratum avec de l’acide chlorhydrique de poids spécifique de 1,19 et j'épuisais ensuite par l’alcool amylique. La solution était rouge tout d’abord, mais par un long séjour cette coloration changeait ensuite en violet et fina- lement en violet-cerise. En ce qui concerne les bandes d’absorption de cet extrait amylique, on constate, à l'examen spectroscopique, fait immédiatement 1) Г. Zawadski, Arch. f. exper. Path. и. Pharmak., $. XX VIII. 9 DE L'OXYDATION DE L'UROBILINE EN UROROSÉINE. 911 après le traitement ci-dessus, soit le spectre de l’urobiline, soit, en même temps que ce dernier, une faible bande correspondant à À — 558. Cette der- nière devient de plus en plus marquée lorsque l’on abandonne la liqueur et se divise en deux parties: une ombre de À — 606 à À = 580 et une bande obscure À — 580 à À — 540; la raie de l’urobiline persiste. J’analysais l'extrait amylique ainsi préparé deux mois après sa préparation; la dis- position des bandes restait la même, mais la première bande devint unifor- mement sombre sur toute l’étendue, la bande de l’urobiline était nettement visible. Si l’on ajoute à cet extrait, ayant séjourné longtemps, de l’alcali jusqu’à réaction alcaline, on obtient un spectre fort complexe: dans la partie rouge absorption complète jusqu’à À = 656: À = 656 à À = 622 ombre: À = 622 à À — 596 bande obscure, mais plus claire que celle dans la partie rouge; À = 568 à À— 550 bande; À = 550 à À = 530 ombre; À — 530 à À — 510 bande. | Pour élucider l'influence de différents facteurs dans la réaction de М. le Dr. Zawadski, j'ai fait les observations suivantes: si l’on ajoute du calomel à la solution alcaline d’urobiline, la sépare ensuite du protoxyde de mercure par filtration et examine le filtratum au spectroscope sans l’aciduler avec de l'acide chlorhydrique, on constate alors la bande d’absorption сагас- téristique de l’urobiline, laquelle est cependant légèrement déplacée vers la partie rouge du spectre. Lorsqu’on n’ajoute que de l'acide chlorhydrique d’un poids spécifique de 1,19 à la solution alcaline d’urobiline, on obtient les mêmes changements de colorations des liqueurs par le séjour et les mêmes phénomènes spectroscopiques que dans le cas où on la traite préalablement par le calomel avant qu’elle soit acidulée avec de l’acide chlorhydrique. Les acides minéraux, en quantité de 2 à 3 gouttes pour 2 à 3 c. c. de solution urobilique faiblement alcaline, n’amènent pas les modifications ci-dessus décrites. Ainsi donc, je n’ai pas pu confirmer les résultats obtenus par M. le Dr. Zawadski. ММ. Garrod et Hopkins’) qui avaient répété les expé- riences de M. Zawadski déclarent, que le spectre qu’ils ont obtenu cor- respond à celui du composé mercuriel d’urobiline, et que M. Zawadski а eu affaire justement à cette combinaison et non à l’uroroséine. Ils consi- dèrent comme impossible la transformation de l’urobiline en uroroséine par la voie qu’a suivie ledit auteur, en se basant sur ce fait qu’il a opéré sur le milieu alcalin, or, on sait bien que ce dernier décolore l’uroroséine. D'accord avec ces auteurs sur ce point que le produit obtenu par М. Za- 1) Garrod et Hopkins, Тот. of Physiol., t. XX, №№ 2 et 8, р. 129. 378 3. $. SALASKINE, SUR LA QUESTION DE L'OXYDATION ETC. wadski n’a pas été de l’uroroséine, je ne puis pas cependant partager l’avis de MM. Garrod et Hopkins, que ce serait un composé mercuriel de l’uro- biline, car j’observais les mêmes phénomènes en n’employant que de l’acide chlorhydrique et que de plus, le commencement d’onde correspondant à la bande d'absorption du composé mercuriel d’urobiline se trouve plus rap- prochée du bout violet du spectre que pour le produit obtenu par M. Za- wadski: il a observé le maximum d’absorption à À— 557, c’est-à-dire plus près de D. En me basant sur mes expériences, je crois que M. Zawadski a eu de l’urobiline modifiée par l’action de l’acide chlorhydrique fort. Je ne puis non plus partager l'avis de ММ. Garrod et Hopkins que М. Zawadski n'aurait même pas pu obtenir de l’uroroséine en opérant sur le milieu alcalin qui le décolore. Il est vrai que les alcalis décolorent l’uroroséine, mais aussi sa coloration ainsi que ces caractères spectrosco- piques sont-ils restitués par addition d'acide; donc le milieu alcalin n'exclut pas en principe la possibilité du passage de l’urobiline à ce composé uro- roséique lequel on obtient en alcalinisant ses solutions acides. En terminant cette note, je repète encore une fois, que je crois que M. Zawadski n’a pas obtenu de l’uroroséine et que la bande correspondant à celle de l’uroroséine qui apparaît lors du traitement ci-dessus décrit, serait due à la modification de l’urobiline sous la seule influence de l’acide; car la bande d'absorption de l’uroroséine disparaît après un long séjour de ses solutions ainsi que par suite de l’alcalinisation, tandis que dans le cas pré- sent la bande persistait après un séjour de deux mois, et par alcalinisation les solutions donnaient un spectre fort complexe. Sur le sucre des élements muqueux de l'organisme animal. — Par М. М. В. Jazewitch. Section de Chimie de l’Institut Impérial de Médecine Expérimentale. Des faits nouveaux d'ordre chimio-physiologique observés dans la glycosurie pathologique m'ont suggéré l’idée du travail présent. Je Гай entrepris en visant un but clinique. M. le professeur Nencki a observé à St.-Pétersbourg un cas de pentosurie chez un malade atteint près d’une année de diabète sucré; la quantité totale du sucre excrété par l'urine était relativement petite, de 0,3 à 0,8%. Les analyses répétées des urines de ce malade que nous avons faites, M. Nencki et moi, ont révélé la présence de pentoses (C;H,,0.) à côté de la glycose. La présence des pentoses а été démontrée par la réaction colorante avec la phloroglucine et par la formation de pentosazones plus solubles dans l’eau que ne le sont les osazones du sucre de raisin; après la seconde récristallisation les osa- zones plus solubles présentaient le point de fusion à 158°—160° qui cor- respond à celui des pentosazones. La pentosurie a été intermittente et non continue: dans certaines portions d'urine la recherche des pentoses fut né- gative tandis que la glycose ne faisait jamais défaut. MM. Salkowski et Jastrowitz!) sont les premiers qui aient porté l'attention sur l’apparition des pentoses dans les urines. Dans un cas observé par М. Salkowski”), 1) Salkowski et Jastrowitz, Centralblatt f. 4. med. Wissenschaften, №№ 19 et 32, 1892. 2) Salkowski, Ве. klin. Wochenschr., № 17, 1895. 380 M. B. JAZEWITCH, SUR LE SUCRE outre la pentose, on а aussi constaté de la glycose, et dans deux autres cas, exclusivement des pentoses. M. Blumenthal!) rapporta des observations analogues. Sur 80 апа- lyses des urines diabétiques faites par MM. Külz et Vogel), il n’y avait que 4 qui n’ont point donné de réaction propre aux pentoses, 12 ont pré- senté une réaction peu marquée et dans 64 elle était parfaitement nette, avec sa ligne d’absorption caractéristique; le point de fusion des osazones obtenus était à 158°. Le diabète expérimental de ММ. Minkowski et Mering”*), dû à l’extirpation du pancréas, apporta un point de vue nouveau dans l’étiologie de cette maladie. On avait pour la plupart considéré jusqu'alors le diabète sucré comme une maladie constitutionnelle chronique n’intéressant particu- lièrement aucun organe et résultant d’une perversion générale des actes nutritifs, sans qu’on pûtincriminer une lésion viscérale déterminée. Les expé- riences classiques desdits auteurs ont attiré l’attention de toutes parts et furent ensuite vérifiées et confirmées par nombre d’autres (MM. De Domi- nicis, Hédon, Gley, Lépine, Harley, Sandmeier, Schabade et autres). Les recherches anatomo-pathologiques sur le diabète fournirent également dans ces derniers temps des données très intéressantes. Ашя, M. Han- semann‘) ayant recueilli les données nécroscopiques des diabétiques à l’Institut anatomo-pathologique de Berlin, pour 10 ans, présente la statistique suivante: Diabète sucré sans lésions du pancreas . . . . . . . 8 cas. » » » indication au sujet du pancréas . . 6 » » » avec affection du pancréas . . . . . . 40 » Affection du pancréas sans diabète . . . . . . . . а М. Dieckhoff*) а réuni 53 cas de diabète sucré avec modifications pathologiques du pancréas, qu'il avait trouvés dans la littérature y joignant ses propres observations. Sur ces 53 cas on trouve: Pancréatite aiguë . - . . . . . . . . . . . : . 5 cas (10%) » Chronique ge со. . D GA Cafcinome. . C0 PARIS ослов, 7/0) Atrophie dégénérative, lipomatose. . . . . . . . 21 » (400/)) еее re AL PES 4 » (79/0) 1) Blumenthal, Berl. klin. Wochenschr., № 26, 1895. 2) Külz et Vogel, Zeütschr. f. Biolog., t. 32, р. 185—192. 3) Minkowski et Mering, Archiv für exper. Patholog. und Pharmakolog, t. 26, 1889. 4) Hansemann, Die Beziehungen des Pancreas zum Diabetes, Zeütschr. f. п. Мест, $. 24, 1894. 5) Dicckhoff, Вейгасе zur pathologischen Anatomie des Pancreas mit besondererBerück- sichtigung der Diabetesfrage, 1895. DES ÉLÉMENTS MUQUEUX DE L'ORGANISME ANIMAL. 381 М. Schabade”) а trouvé dans la littérature 190 cas de diabète sucré où les lésions du pancréous ont été très accusées. L'ensemble de ces faits expérimentaux et cliniques met hors de doute le rôle important des maladies du pancréas dans l’étiologie et la pathogénie du diabète. Les recherches de М. Hammarsten”?), récemment publiées, sur le pan- créas nous montrent que cette glande prend aussi part dans les phénomènes de pentosurie. Cet auteur а extrait du pancréas un nucléoprotéide qui, par l’ébullition avec les solutions faibles d’acides minéraux, donne de la pentose. Ce fait fut confirmé par М. Salkowski*), qui а en même temps émis l’opinion que la pentosurie résulterait de la suractivité dans la production et la dé- struction de ce nucléo-protéide; or ce dernier se trouvant principalement dans le pancréas, aussi pourrait-on considérer la pentosurie comme une manifestation de l’affection de cet organe. On ne peut nier que les rapports entre les affections du pancréas et l’apparition de la pentose dans Рагше ressortent logiquement des faits acquis jusqu’à présent à cet égard. Il était intéressant de savoir si les autres organes participant à la digestion ne renfermaient également des pentoses en combinaison avec les albuminoïdes, les nucléines ou sous une autre forme quelconque. On sait depuis longtemps que le mucus des glandes, bouilli avec des acides minéraux dilués, peut donner naissance à un corps possédant les réac- tions propres aux hydrates de carbone, telles que: réduction de l’oxyde de cuivre et de bismuth, coloration brune par l’ébullition avec les alcalis cau- stiques. M. Eichwald qui a le premier constaté ce fait au laboratoire d'Hoppe-Seyler croyait pouvoir attribuer à ce produit de dédoublement de la mucine le caractère hydrocarboné. M. Obolensky“) en se basant sur l'incapacité de cette substance de subir la fermentation alcoolique et de dévier le plan de polarisation, la différencie de la glycose ordinaire. M. Landwehr®), еп 1883, а imaginé un procédé de préparation d’un hydrate de carbone pur avec les tissus animaux, il qualifia son hydrate de carbone du nom d’achroglycogène ou gomme animale. La composition élé- mentaire de cette gomme animale, déséchée en présence d’acide sulfurique dans le vide, réponderait, selon M. Landwehr, à la formule C;,,H,,0,, + 2 Н,О; elle se dissout facilement dans l’eau, est insoluble dans l'alcool et 1) Schabade, Sur la question du diabète pancréatique, thèse. Moscou, 1895 (en russe). 2) Hammarsten, Дейзейг. У. physiol. Chem., t. 19, р. 28. 3) Salkowski, Ueber die Pentosurie, eine neue Anomalie des Stoffwechsels, Bert. Квт. Wochenschr., № 17, 1895. 4) Obolenski, Archiv für die gesammte Physiologie, t. 4, 1871. 5) Landwehr, Zeitschrift für physiologische Chemie, t. 8, р. 123—127, 1883. 382 М. В. JAZEWITCH, SUR LE SUCRE dans l’éther, ne réduit pas l’oxyde de cuivre, ne fermente point; ne se dé- compose ni sous l’influence de la salive, ni par la diastase et le ferment pan- créatique; par l’ébullition avec les acides étendus elle se transforme en sucre qui réduit l’oxyde de cuivre et que M. Lan dwehr n’a pas réuissi à obtenir à l’état cristallin. L’alcool, à condition d’être employé en grand excès, pré- cipite dans la liqueur concentrée une poudre blanche qui n’a pas été cependant analysée. Ce sucre possède une saveur faiblement-sucrée avec arrière-goût un peu amer, il ne fermente pas sous l’influence de la levure. Les pentoses n'étant pas encore connues à cet époque, M. Landwehr ne pouvait en tenir compte dans ses recherches. C’est pourquoi il serait intéressant de rechercher les pentoses dans les muqueuses gastro-intestinales et les glandes salivaires. Que Гоп obtienne des résultats positifs, cela parlerait en faveur de la participation de ces organes dans la genèse de la pentosurie; dans le cas contraire, le rôle particulier du pancréas — d’où M. Haämmarsten а préci- sément retiré la pentose — dans ce processus pathologique serait encore plus évident. Partant de ces considérations je m’efforçais de résoudre la question en cherchant à déterminer, quelle espèce de sucre pourrait-on obtenir, d’une part, avec la gomme animale préparée selon M. Landwehr et d’autre part, avec les glandes salivaires, les muqueuses stomacales et intestinales bouillies avec des acides minéraux dilués. Pour préparer la gomme animale on utilisait les glandes sousmaxil- laires du bœuf; après les avoir débarrassées de la graisse et morcelées, оп en prenait 500 à 700 gr. qu’on déposait dans la marmite de Papin, remplie d’une quantité d’eau double par rapport à celle de la matière introduite, et on faisait bouillir le mélange pendant 6 heures environ. Après refroidissement la liqueur était filtrée à travers une toile et ensuite exprimée. Les produits filtrés, chauffés à l’ébullition dans un ballon au feu direct, ont été additionnés, avec précaution, d’acide acétique, par petites doses, jusqu’à réaction neutre ou légèrement acide, un excès d’acide étant nuisible. Après la coagulation aussi complète que possible des albumines on ajoutait quelques gouttes de perchlorure de fer et, afin de précipiter l’acétate basique de fer formé, la liqueur était chauffée encore pendant quelques minutes (un excès de perchlorure de fer est aussi à éviter). Après refroidissement la liqueur était filtrée à travers un filtre plissé, et le filtratum dilué de son volume d'alcool à 80°. Ce mélange d’alcool et d’extrait aqueux à été additionné de perchlorure de fer et de carbonate de potasse et en même temps soigneu- sement remué; les quantités de ces derniers varient pour différents cas, DES ÉLÉMENTS MUQUEUX DE L'ORGANISME ANIMAL. 383 suivant l’expérience, et ne peuvent être déterminées d’avance, une fois pour tous. Le dégagement d’acide carbonique et la précipitation d’un composé ferro- gommeux ne commence qu'après qu’on ait introduit des quantités suffisantes de perchlorure de fer et de carbonate de potasse. La liqueur doit être soig- neusement agitée plusieurs fois jusqu’à ce que le précipité floconneux brun ne soit tassé au-dessous d’un liquide limpide comme de l’eau, ce qui demande 1 à 2 h. environ. Le précipité était lavé plusieurs fois à l’eau distillée et bouilli 3—4 fois avec de nouvelles portions d’eau jusqu'à ce qu’il n’y eût plus la moindre trace d’albumine (décélable à la réaction dubiuret). Се com- posé ferrogomique а été déposé sur un filtre. Après l’avoir laissé sécher pour quelque temps je le transportais dans une cuvette de porcelaine tenue sur la glace et, par addition précautionnée, goutte à goutte, d'acide chlor- hydrique fort, en agitant continument, je le décomposais à froid. On obtenait ainsi un liquide jaune-vif qu’on recueillait dans un verre et diluait avec le tripie de son volume d’alcool; il s’en séparait alors un précipité blanc Яо- conneux, friable, de gomme animale. Après le refroidissement complet on recueillait la gomme animale sur un filtre et on la lavait plusieurs fois à l'alcool; on obtenait ainsi une substance blanche, visqueuse, soluble dans l’eau, insoluble dans l’alcool et dans l’éther, ne réduisant pas l’oxyde de cuivre et ne se colorant pas par l’iode. Il est à noter ici que mes ana- lyses n’ont pas confirmé l’opinion de М. Landwehr, qui avançait que la gomme animale serait exempte d'azote: celle que j’ai obtenue en contenait toujours. Afin de transformer la gomme animale en sucre j'ai eu recours, dans la grande majorité des cas, à l’acide sulfurique à 2% en quantité de 200 à 300 с. с. On faisait bouillir pendant 1! à 2 h., après quoi on obtenait une réduction plus prononcée de la solution alcaline d’oxyde de cuivre. L’acide sulfurique était eloigné au moyen du carbonate de barium; après avoir séparé le sulfate de barium par filtration, la liqueur était concentrée à 100—50 с. с. par évaporation au bain-marie à 40°—50°. Les pentoses ont été recherchées dans cette liqueur par la réaction de M. Tollens, suivant la méthode de M. Salkowski, savoir: on dissolvait à chaud de la phloroglucine dans l'acide chlorhydrique concentré, de façon qu’il en restât une certaine partie non dissoute; après refroidissement on prenait 5— 10 с. с. de cette solution et on y ajoutait 1—2 с. с. de liqueur à essayer; puis on plaçait l’eprouvette dans un verre rempli d’eau bouillante. L'apparition de coloration rose-cerise, tout d’abord en forme d’anneau à la superficie de la liqueur, qui ensuite Репуа 1 uniformement, indiquerait la présence des pentoses. En vue de l'analyse spectroscopique on extrait la liqueur par l’alcool amylique, après 26 304 М. В. JAZEWIYCH, SUR LE SUCRE refroidissement, en la diluant tout d’abord avec son volume d’eau et la traitant ensuite par l'alcool amylique; ce mélange étant bien secoué, оп en obtient une couche nettement colorée correspondant au volume d’alcool amylique employé. Cette portion colorée est ensuite soigneusement décantée dans le tube de l’appareil spectroscopique. Les pentoses donnent une bande d'absorption bien nette entre les lignes Cet D, dans la partie jaune-orangée du spectre. Та! fait 4 expériences analogues d'extraction de la gomme animale des glandes sous-maxillaires, toutes ont donné des résultats presque identiques savoir: la substance réductrice obtenue avec cette gomme ne donnait pas de réactions des pentoses, la coloration avec la phloroglucine était jaune-brunâtre au lieu du rose-cerise, à l’examen spectroscopique on ne constatait point la bande d’absorption caractéristique; au polarimètre on а noté dans deux cas une légère déviation du plan de polarisation à droite, et dans deux antres, probablement à cause de trop petites quantités de sucre,’ point d’action sur la lumière polarisée. Afin d’obtenir des osazones avec ce sucre, j'ai eu recours, au début de mes recherches, dans les expériences que je viens de décrire ainsi que dans les suivantes, au chlorure de phénylhydrasine et à l’acétate de soude; 100 gr. de solution donnée ont été additionnés de 2 gr. de chlorophénylhydrazine et de 4 gr. d’acétate de soude. Plus tard, j'ai utilisé, selon M. Laves!), la solution de phénylhydrazine dans l’acide acétique, dans le but d'obtenir une meilleure précipitation des osazones; on ajoutait à cet effet 2 gr. de phényl- hydrazine à 100 c. c. de liqueur et on y versait ensuite de l’acide acétique, goutte à goutte, jusqu'à dissolution complète de phénylhydrazine. On chauffait au bain-marie pendant 17, h., le précipité jaune d’osazones сот- mençait alors à se déposer, après refroidissement ils cristallisaient progres- sivement et au bout de 3 heures on pouvait les recueillir sur un filtre. Ces cristaux provenant de la gomme des glandes salivaires se présentaient sous formes d’aiguilles jaunes et de tablettes groupées en druses, peu solubles dans l’eau froide, mieux dans l’eau chaude, solubles dans l’alcool, peu so- lubles dans l’acétone, insolubles dans l’éther. Recristallisés dans l’eau chaude de même que dans l’alcool chaud à 50%, et séchés ensuite jusqu’à poids constant ils entraient en fusion à 174°, si on élevait la température lentement et progressivement de 18° à 180°, en une demi-heure; dans les cas où оп chauffait énergiquement d'emblée, de 18° à 180° en 4 minutes, leur point de fusion était de 188°—192°. Lavés à l’acétone et récristallisés 1) Spassky, Etude critique sur les méthodes de dosage du glucose dans lurine, 1895 (en russe). DES ÉLÉMENTS MUQUEUX DE L'ORGANISME ANIMAL. 389 encore une fois dans l’acétone chaud ils fondaient, au chauffage rapide (en 6 minutes de 18° à 180°), à 185°. Plusieurs expériences concernant les points de fusion m'ont permis d'observer des grandes oscillations à cet égard, subordonnées à la rapidité plus ou moins grande du chauffage; M. Fischer attire également l’attention sur ce fait. Dans la plupart de mes expériences J'élevais la température de 18° à 180° en 6 minutes, la marche plus rapide du chauffage génant l’observation. Pour avoir de la gomme des muqueuses stomacales je me suis servi de la caillette des bovidés. L’estomac ouvert a été bien lavé avec de l’eau; d’abord on constatait l’ab- sence du sucre et d’amidon dansles eaux de lavage et dans la muqueuse, après quoi on séparait la muqueuse de la sous-muqueuse, on la broyait et en en pre- nant 400—600 gr. on les faisait ensuite digérer dans l’eau bouillante de la marmite de Papin durant 6 heures. Pour le reste on opérait de la même manière comme dans l’extraction de la gomme animale des glandes salivaires. Précipitée par l’alcool, la gomme animale de la muqueuse gastrique se di- stinguait quelque peu en apparence de la gomme provenant des glandes -salivaires: elle se déposait sous forme d’un précipité blanc fin qui se tassait plus vite au fond du vase, était moins soluble dans l’eau à chaud, insoluble dans l'alcool et l’éther, ne se colorait point par l’iode, ne réduisait pas Рохуйе de cuivre. Bouillie avec de l'acide sulfurique étendu à 2°, pendant 1!,—2 h., elle réduisait nettement la solution alcaline de l’oxyde de cuivre. Après qu’on se fût débarassé de l’acide sulfurique par le carbonate de barium la solution était concentrée au bain-marie à 100 c. c. La recherche des pen- toses au moyen de la phloroglucine et du spectroscope a donné des résultats négatifs. Dans un cas on a observé la déviation à droite de la lumière pola- risée, dans les deux autres point de rotation. Les osazones préparés de la même manière que ceux du sucre de glandes salivaires, cristallisaient sous forme d’aiguilles et tablettes groupées en rosettes; ces cristaux étaient peu solubles dans l’eau froide, beaucoup plus dans l’eau chaude, solubles dans l'alcool, moins dans l’acétone, point dans l’éther. Après la récristallisation, séchés jusqu’au poids constant, ils fondaient à 185°, au chauffage rapide. J'ai fait 3 expériences analogues déstinées à obtenir de la gomme animale et des sucres correspondants avec la muqueuse gastrique, elles m'ont donné toutes des résultats absolument analogues. Pour retirer la gomme animale des muqueuses intestinales j'ai mené les expériences de la même manière que précédemment. L'’intestin grêle provenant de l'espèce bovine a été soigneusement lavé, la muqueuse, séparée par grattage de la sous-muqueuse, était broyée; on en prenait 300 à 450 gr. 356 М. В. JAZEWITCH, SUR LE SUCRE que l’on introduisait dans la marmite Papin à eau bouillante; on faisait bouillir pendant 6 heures, puis on procédait de la façon ci-dessus décrite. La gomme précipitée en dernier lieu par l’alcool, se présentait sous forme de petits flocons blancs, ressemblant beaucoup à la gomme animale obtenue avec la muqueuse gastrique, était soluble dans l’eau à chaud, insoluble dans l'alcool et l’éther, ne se colorait pas par l’iode, ne réduisait pas l’oxyde de cuivre; après l’ébullition pendant 1/,—2 В. avec l’acide sulfurique à 2% on obtenait la réduction, mais moins accusée qu'elle ne l'était dans les ехрё- riences avec les glandes salivaires et la muqueuse gastrique; après la sépa- ration de l’acide sulfurique par le carbonate de barium et la concentration de la liqueur à 50—100 с. с. par évaporation au bain-marie, on n’a révélé la présence des pentoses ni à l’aide de la réaction de M. Tollens, ni à l’analyse spectrale; on n’a pas constaté de pouvoir rotatoire dans aucune des trois expériences portant sur la muqueuse intestinale. Avec la phényl- hydrazine le rendement en osazones fut très petit; par leur forme cristalline et leur solubilité ils étaient identiques à ceux que j'avais obtenus précé- demment; je n'ai pas pu les purifier par récristallisation, leur quantité étant trop minime; à l’état impur ils présentaient le point de fusion à 176°, lors. du chauffage rapide. Attendu que ma tache principale consistait à découvrir la présence de pentoses dans les organes des voies digestives et que je n’ai pas réussi à les obtenir avec la gomme animale de ces organes, était il tout naturel d'y soupçonner l’existence d’une substance hydrocarbonée, ayant le caractère des pentoses, combinée aux albumines et nucléines et qui, peut-être, échap- pait à la méthode de recherche proposée par M. Landwehr. C’est à cause de cette reflexion que j'ai entrepris le traitement directe des organes en question par l’ébullition prolongée avec les acides minéreaux étendus. On prenait 500 à 700 gr. de glandes sous-maxillaires provenant des animaux de Г espèce bovine, débarrassées de graisse её broyées; on les ar- rosait dans un ballon avec le double de leur poids d’acide nue à 3%, et on chauffait au Баш de sable pendant 3—4 heures; de temps à autre on 6 ait le pouvoir réducteur de la liqueur; c’est grâce à ces essais répétés qu’on est arrivé à fixer la durée nécessaire du chauffage, de 3 à 4 heures: à ce moment on obtient la réduction la plus nette; le chauffage plus prolongé diminue légèrement le pouvoir réducteur. Après 3—4 В. d’ébullition on ob- tenait une liqueur sombre, épaisse, qu’on filtrait après refroidissement à tra- vers un filtre en papier; elle passait lentement; pour éclaircir le filtrat ainsi obtenu, ox le diluait avec son volume d’eau et chauffait à l’ébullition avec du charbon animal en excès. Après le traitement, répété 2 fois, par le charbon DES ÉLÉMENTS MUQUEUX DE L'ORGANISME ANIMAL. 387 animal, on а une liqueur parfaitement transparente et incolore, On зе déba- rassait de l’acide sulfurique, comme d’habitude, par le carbonate de baryte. Dans les premières analyses les albumines ont été précipitées par l’acétate neutre de plomb, dont l’excès а été enlevé au moyen de l'hydrogène sulfuré, Dans les analyses ultérieures on s’est aperçu qu’il suffit de traiter la liqueur plusieurs fois par du charbon animal en grande quantité pour la débarrasser des albumines et des peptones, ce qui était démontré par l’absence de réaction du biuret; оп concentrait la liqueur à 100—50 с. c. par évaporation au bain-marie. La liqueur ainsi préparée réduisant fortement l’oxyde de cuivre, déviait à droite le plan de polarisation; ni à la réaction de M. Tollens, ni à l’analyse spectrale on n’a décélé la présence de pentoses; par la phényl- hydrazine on obtenait des osazones identiques d’après leur forme et leur solubilité à ceux qu’on avait obtenus dans les expériences précédentes: en forme d’aiguilles et tablettes groupées en rosettes, peu solubles dans l’eau froide, solubles dans l’alcool, moins solubles dans l’acétone et pas du tout dans l’éther; les cristaux étant recristallisés dans l’acétone fondaient à 185°—188°, et recristallisés dans l’alcool chaud (А 50%), à 175°—180° 7). Par le même traitement de la muqueuse gastrique (caillette 400 à 600 gr.) on obtenait une liqueur réduisant nettement l’oxyde de cuivre; dans deux expériences, elle déviait légèrement le plan de polarisation à droite, dans deux autres expériences elle ne présentait point de pouvoir rotatoire. Les pentoses n’ont pas été constatées. Avec la phénylhydrazine elle donnait des osazones (aiguilles et tablettes) fusibles, après recristallisation dans l’acétone, à 185°—188°, et dans l’eau chaude, à 188°—190°. La muqueuse de l'intestin grèle (300—400 gr.) а été traitée de la même manière: après l’ébullition avec l’acide sulfurique à 3% durant 3—4 heures, le filtrat a été décoloré et débarrassé des albumines et peptones au moyen du chauffage à l’ébullition, répété 3 fois, en présence de grandes quantités de charbon animal. On concentrait la liqueur au bain-marie à 100—50 с. с. après l'avoir débarrassée de l’acide sulfurique par le carbo- nate de baryte. Le liquide transparent ainsi obtenu ne donnait pas la réaction des albumines et des peptones, réduisait l’oxyde de cuivre en so- lution alcaline: les pentoses n’ont pas été constatées; on n’a pas observé de pouvoir rotatoire dans toutes les trois expériences. Avec la phénylhydrazine on obtenait des osazones tout à fait semblables par leur aspect et solubilité 1) Dans cette expérience comme dans les suivantes on élevait la température de 18 à 180° en 6 minutes. 388 М. В. JAZEWITCH, SUR LE SUCRE avec ceux obtenu précédemment, recristallisés dans l’acétone, ils étaient fusibles à 185°. Il est à noter que le rendement en osazones а été en général relati- vement petit; aussi fallait-il employer de grandes quantités d’organes. Ainsi, 500 gr. de glandes salivaires transformés en gomme animale, n’ont fourni que 0,32 d’osazones; 500 gr. de mêmes organes traités direc- tement par l’ébullition avec les acides minéraux étendus ont donné 0,38; 450 gr. de muqueuse stomaçale convertie en gomme ont donné 0,18 d’osa- zones, et 485 gr. de cette muqueuse traitée directement par les solutions d'acides minéraux ont fourni 0,23 d’osazones. La muqueuse intestinale en fournissait encore moins. Les quantités ci-dessus des osazones présentent les osazones purifiés par recristallisation, et-il va sans dire qu’une certaine perte en est inévitable. | Опа fait aussi des expériences avec la mucine pure. Га mucine а été obtenue par le procédé de M. Hammarsten ainsi que suit: l'extrait aqueux de glandes sous-maxillaires était filtré à travers un filtre ordinaire en papier, le produit de filtration était mélangé avec une quantité d’acide chlorhydrique nécessaire pour former une solution à 1,5%; on précipitait la mucine par addition de 3 volumes d’eau distillée; recueillie de nouveau sur un filtre elle était Gissoute dans une solution d’acide chlorhydrique à 1,57, et précipitée en diluant la liqueur, lavée à l’eau et ensuite traitée plusieurs fois par l’ébullition avec alcool. Il se formait une masse blanche que l’on triturait dans un mortier pour la transformer en une poudre fine. Par ébullition avec l'acide sulfurique étendu à 2%, au bout d'une demi- heure, on obtenait une réduction nette de l’oxyde de cuivre. On faisait bouillir pendant 1 à 1° В. L’acide sulfurique a été enlevé par le carbonate de barium. Pour se débarrasser des albuminates on ajoutait de l’acétate neutre de plomb, l'excès de plomb était ensuite enlevé par l'hydrogène sulfuré, et la solution concentrée par évaporation au bain-marie. Elle était notoirement réductrice à l’égard de l’oxyde de cuivre, ne donnait pas la réaction des pentoses, avec la phénylhydrazine on obtenait des osazones en forme des tablettes jaunâtres; leur quantité ne fut que très petite, de sorte qu’il n’y avait pas moyen de les purifier par recristallisation; leur point de fusion était à 176°—180°. Quant aux oscillations des températures de fusion des osazones, elles sont sous la dépendance de la rapidité avec laquelle on élève la température ainsi que du degré de pureté des préparations. La plus constante température de fusion s’observe après la cristallisa- tion dans Pacétone, ce dernier extrayant la portion brunâtre et les cristaux jaune-clairs restant sur le filtre; recristallisés encore une fois pas dissolution DBS ÉLÉMENTS MUQUEUX DE L'ORGANISME ANIMAL. 389 dans l’acétone chaud ils présentent des osazones à point de fusion constant. à 185°, en élevant la température de 18 à 180° en 6 minutes; par le chauffage plus rapide, еп 4 minutes à la même température, le point de fusion s'élevait à 190°— 192", or, comme j’ai eu l’occasion de le dire plus haut, cette accé- lération du chauffage gêne beaucoup l’observation. _En résumant les résultats de mes expériences je juge le nombre des données acquises assez suffisant pour me permettre de formuler des pro- positions suivantes : 1° On n'obtient des pentoses ni avec la gomme animale des glandes sous-maxillaires et des muqueuses gastriques et intestinales préparée selon М. Landwehr, ni avec la mucine pure, ni avec les muqueuses gastro- intestinales elles-mêmes ainsi qu'avec les giandes salivaires en les faisant bouillir avec des acides minéraux étendus. 2° Toutes ces substances fournissent du sucre réduisant l’oxyde de cuivre en solution alcaline, dextrogyre au polarimètre, formant un osazone avec la phénylhydrazine, dont le point de fusion est à 185°. Il est à re- marquer en plus que les essais de fermentation avec la levure de biere furent négatifs, tandis que dans les expériences de contrôle avec la glycose, dans les mêmes conditions de température, on obtint une fermentation énergique. La teneur centésimale en azote permet de classer ce sucre dans le groupe des hexoses. L’analyse élémentaire а été faite par la méthode Dumas. Analyses: 1. Quantité d’osazone de la muqueuse gastrique 08°,2046. У — 27%,4; Н — 759 mm; température 15,22. Az —15,660/,. 2. Quantité d’osazone des glandes salivaires 05°,2354. У — 32,0; Н — 755 mm.; température 16,35. Az — 15,80/. 3. Quantité d’osazone de la muqueuse gastrique 05",1631. У — 21%,7; H — 756,3 mm.; température 15,20. Az — 15,59]. 390 M. B. JAZEWITCH, SUR LE SUCRE "+. 1 T № de Azote 0/,.| Moyenne. Azote calculé pour 100. l'analyse. A PP nt CU Eee? 1 15,66 17,07 pour le pentosazone C,, H,, О. Az, 2 15,8 15,65 15,64 pour le glucosazone C;, H,, О. Az, Convaincu que mon sucre appartenait à la classe des hexoses, jai tenté à l'obtenir à l’état pur, suivant le procédé de M. Kueny'), en partant de son éther benzoïque dont on peut dégager par saponification graduelle son radical hydrocarboné. On ajoutait à cet effet 40 gr. de chlorure de benzoyle et 150 c. c. de soude caustique à 12%, à 200 c. c. de solution neutre de sucre provenant de la muqueuse gastrique et débarrassé d’albumines et peptones; le tout étant placé dans un ballon, on agitait soigneusement pen- dant environ une demi-heure, jusqu'à ce que la liqueur ne dégageàt plus d’odeur de benzoyle; il se déposait alors au fond du ballon un précipité graisseux, épais, de couleur jaune-clair, se solidifiant rapidement sous l’eau, après l’avoir soumis aux lavages répétés avec de l’eau sur un filtre, je le faisais dissoudre dans l’éther à froid et le saponifiait ensuite par une solution alcoolique d’éthylate de soude; au bout de 15—20 minutes je l’additionnais d’acide sulfurique à 15%, en quantité nécessaire pour la pro- duction du sulfate acide de soude, je l’étendais de la moitié de son volume d’eau et enfin je le débarrassais de l’acide benzoïque en épuisant plusieurs fois par l’éther; l’excès d’acide était ensuite éliminé au moyen de carbonate de barium. Le résidu évaporé dans le vide en présence d’acide sulfurique à été extrait plusieurs fois avec l’alcool; après l’évaporation de l’alcool dans le vide on obtenait une substance sirupeuse, épaisse, contenant quelques cristaux en forme de tablettes quadrigonales, inactifs envers la lumière polarisée. Séchée à 100° et fondue avec le sodium métallique cette substance donnait la réaction nette du bleu de Prusse avec les sels de fer et l’acide chlor- hydrique, ce qui révélait la présence d’azote. La même liqueur sirupeuse а été obtenue, par le même procédé, avec le sucre retiré des glandes sali- vaires; l’azote y fut également constaté. La présence de l’azote indique que cette liqueur renfermait soit de la glycosamine, soit une amine sucrée quel- conque. Au sujet de glycosamine M. Tiemann”) nous communique qu’il 1) Kueny, Zeitschrift für physiolog. Chemie, t. 14, p. 330, 1890. 2) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. 19, р. 50, 1886. DES ÉLÉMENTS MUQUEUX DE L'ORGANISME ANIMAL. 391 en avait obtenu un osazone qui, à l’état impur, est fusible à 180°, tandis qu'après purification au moyen du lavage avec acétone et recristallisation dans l’acétone chaud, ils fond à 205° precis; l’auteur affirme que l’osazone provenant de la glycosamine est identique à celui du glucose. Il est à noter que M. Tiemann') avait confirmé antérieurement се fait observé par M. Ledderhoze que, par l’action de l’acide azoteux sur la glycosamine, on y pourrait substituer l’hydroxyle au groupe amine; or ni l’un ni l’autre n’ont pas réussi à obtenir ce sucre à l’état pur, mais seulement à l’état d’un sirop; ce produit était toujours pauvre en azote. M. Tiemann n’a pu que confirmer ce qu'avait déjà enoncé M. Ledderhoze, c’est que ce sucre réduit la liqueur de Fehling, dévie à droite le plan de polarisation et ne fermente pas sous l'influence de la levure de bière. Dans son dernier article?) publié en collaboration avez M. Fischer, M. Tiemann qualifia ce sucre du nom de chitose. M. Müller *) tout récemment a retiré un sucre du mucus des voies respiratoires (crachats des bronchites chroniques) qu’il appela mucose. Ce sucre réduit l’oxyde de cuivre, dévie à droite le plan de polarisation, ne fermente pas au contact de la levure de bière, donne avec la phénylhydrazine un osazone fusible à 180°; après le lavage à l’acétone et la recristallisation, son point de fusion s’élève à 198°; l'analyse élémen- taire indique sa place parmi les hexoses. M. Müller établit avec beaucoup de probabilité la présence de la glycosamine dans ce sucre. MM. Bayer et Licbreich ont les premiers indiqué l'existence d’un groupe hydrocarboné dans la cérébrine du cerveau. M. Thudichum ‘) а obtenu ce sucre à l’état cristallin et lui donna le nom de cérébrose. Il possède la propriété de réduire la solution alcaline d’oxyde de cuivre, de dévier à droite la lumière polarisée, et ne point fermenter en contact avec la levure. D’après son analyse élémen- taire il appartiendrait au groupe d’héxoses. М. Thierfelder”) le considère comme identique à la galactose; l’osazone qu'il а préparé avec ce sucre, étant chauffé lentement, fond à 175°, et par le chauffage rapide, à 185; dissous et recristallisé dans l’acétone il entre en fusion à 192°. М. Môrner”°) a préparé avec la globuline du sang une substance gommoïde qui, par ébullition avec des acides, donnait une substance sacharoïde laquelle réduisait l’oxyde de cuivre, fournissait avec la phénylhydrazine un osazone à point de fusion 1) Berichte der deutschen chemischen Gesdischaft, +. 17, р. 245, 1884. 2) Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, t. 27, р. 139, 1894. 3) Müller, Sitzungsberichte der Gesellschaft zur Beforderung der gesammiten Naturwissen- schaften, Marburg, № 6, 1896. ù 4) Thudichum, Grundzüge der anatom. und klin. Chemie, p. 55. 5) Thierfelder, Zeitschrift für physiolog. Chemie, $. 14, p. 330, 1890. 6) Môrner, Centralblatt f. Physiologie, +. УШ, № 20, 1894. 392 M. B. JAZEWITCH, SUR LE SUCRE à 170°—172°, М. Pavy a le premier obtenu avec de l’albumine pur un hydrate de carbone qui, traité par la phénylhydrazine, donne de l’osazone fusible à 189°. Dans un travail de М. Krawkow”) qui vient de paraître, l’auteur, en vérifiant les expériences de М. Рауу, au laboratoire de M. Sal- kowski, établit que l’albumine traité par des acides abondonne facilement un groupe hydrocarboné. Avec l’albumine d'œuf, l’albumine et la globuline de sang et la fibrine on obtient par le même traitement une substance hydrocarbonée donnant avec la phénylhydrazine un osazone fusible à 183°— 185°. М. Notkine?) a retiré une substance hydrocarbonée du corps thyroïde en faisant bouillir son thyroprotéide avec les acides; un hydrate de carbone qui s’en détache alors réduit l’oxyde de cuivre, forme avec la phénylhydra- zine un osazone à point de fusion à 160°. Il a obtenu aussi de la gomme animale avec le thyroprotéide et avec l'extrait aqueux du corps thyroïde, par le procédé de M. Landwehr: «cette gomme, de même que celle du thyroprotéide, réduit lentement la solution alcaline d’oxyde de cuivre et, avec la phénylhydrazine et l’acétate de soude, donne un osazone qui, par sa forme cristalline ainsi que par sa température de fusion, est identique avec l’osazone provenant du thyroprotéide dans les mêmes conditions». Si peu nombreuses que soient les données précises relatives aux pro- priétés des substances hydrocarbonées provenant des différents tissus animaux, elles nous permettent cependant de constater une anologie profonde qui existe entre toutes ces substances (points de fusion des osazones, propriété négative ne pas fermenter, action sur la lumière polarisée), et peut être même, leur identité complète. Il n’y a que la pentose de M. Hammarsten qui en fait exception sous ce rapport. Moi, pour ma part, en me basant sur mes propres expériences, je ne puis reconnaître qu’un fait positif sans le généra- liser en attendant, c’est que l’hydrate de carbone retiré des muqueuses gastriques et intestinales et des glandes salivaires est absolument identique avec la mucose de M. Müller provenant du mucus des voies respiratoires, et de plus, que ce corps, de même que la mucose de M. Müller, appartient au groupe des hexoses. Ce qu’on peut affirmer avec plus de conviction, à mon avis, c’est que les substances hydrocarbonées obtenues par ММ. Pavy, Môrner, Krawkow avec les différents albumines, en jugeant par les températures de fusion de leurs osazones, ont un ensemble de caractères communs. Les réflexions théoriques sur l’existence d’un groupe hydrocarboné préformé dans la molécule d’albumine avaient été émises déjà depuis long- 1) Krawkow, Pflüger’s Archiv, t. 65, р. 281, 1896. 2) Notkine, Archives russes de pathol., méd. clin et bactér., t. IL, № 1, р. 35, 1896. DES ÉLÉMENTS MUQUEUX DE L'ORGANISME ANIMAL. 393 temps par divers savants (MM. Mulder, Berzélius). Ces considérations avaient pour base tant les propriétés chimiques des albuminoïdes (caractère des produits de dédoublement de ces substances obtenus par différents modes de traitement), que les données correspondantes du domaine de pathologie et de physiologie. Le professeur А. Danilewsky développant ces idées sur la Structure de la molécule albuminoïde, arrive «à se représenter la position réciproque des groupes atomiques de telle facon que la molécule d’albumine serait formée de parties construites sur ie même type»). L'auteur appelle ces groupes «série élémentaire» et se figure le groupe hydrocarboné comme en faisant partie; «en désignant ce groupe par la lettre U, la série élémen- taire serait construite de la manière suivante: U— AzH — CO — AzH— CO — АН — В où À indique un radical non azoté d’un groupe acidamide quelconque» ?). Il est à remarquer ici que le terme groupe hydrocarboné employé par abré- viation par .M A. Danilewsky est conventionnel; l’auteur croit plus exacte de supposer que «dans la molécule d’albumine il y aurait des groupes atomiques préexistants qui ne peuvent être convertis en .état hydrocarboné que dans certaines conditions et encore n'est-ce qu’assez difficilement». M. Pavy se prononce avec conviction absolue dans ce sens que le groupe hydrocarboné constitue la partie essentielle de la molécule d’albumine et considère les substances albuminoïdes comme des glucosides. M. Krawkow partant de ses recherches personnelles lesquelles lui ont démontré l’absence du groupe hydrocarboné se détachant de certaines substances albuminoïdes qu’il avait analysées (vitelline, caséine, gélatine, nucléoalbumine de pois), arrive à la conclusion que le groupe hydrocarboné ne présente point la partie çon- stitutive essentielle de la molécule d’albumine. Il doute qu’on puisse trancher définitivement cette question d’après les faits acquis jusqu’à présent. La tâche la plus proche consiste à chercher de s’orienter dans les propriétés её la nature de ces substances hydrocarbonées. J'ai cherché à savoir si Гоп ne pouvait pas relier la pentosurie aux processus pathologiques des muqueuses du tube digestif; la présence de la pentose dans les organes de digestion aurait été en faveur de cette sup- position, or je n’ai eu que des résultats négatifs à cet égard. M. Müller est arrivé aux mêmes résultats en cherchant la pentose dans le mucus des voies respiratoires; enfin, il résulte du travail de M. Krawkovw, récemment publié, que différentes substances albuminoïdes, traitées par l’ébullition avec 1) Danilewsky, Substance fondamentale du protoplasma, p. 17, 1894 (en russe). 2) А. et В. Danilewsky, Eléments de Physiologie, t. II, р. 298 (en russe). 394 M. B. JAZEWITCH, SUR LE SUCRE DES ÉLÉMENTS MUQUEUX ETC. les acides minéraux étendus ne donnent pas non plus de pentoses. Il ne reste ainsi qu’un seul générateur indiqué par M. Hammarsten, c’est le pancréas; donc l'hypothèse de M. Salkowski qu’il y aurait un rapport entre la pento- surie et les affection du pancréas se trouve encore plus solidement confirmée par les données ci-dessus énoncées. Nous sommes heureux de saisir l’occasion de témoigner ici à M. le professeur M. Nencki qui nous à inspiré ce travail notre sincère reconnais- sance pour ses conseils de haute compétence et notre profond respect. Que M-me N. О. Sieber et M. J. A. Zaleski veuillent bien accepter nos plus vifs remerciements pour leur bienveillante assistance dans nos re- cherches. Зиг les modifications de la constitution chimique de l'organisme dans l’inanition. Par М. В. В. de Bühtlingk. Travail de la Section de pathologie générale à l’Institut Impérial de Médecine expérimentale. La question de l’inanition, qui est d’une haute importance au point de vue de la pathologie générale et des autres branches de la science médicale, a déjà bien des fois attiré l’attention des savants et suscité nombre de travaux expérimentaux et d'observations cliniques dont l’énumération serait en dehors du plan de notre courte communication. Mais malgré la grande quantité de travaux traitant cette question, nos connaissances sur l’inanition présentent encore tant de lacunes, que même plusieurs particularités essentielles de ce processus, et d'autant plus différents détails doivent être considérés comme tout-à-fait inconnus. On commença tout d’abord par étudier la durée de l’abstinence que peu- vent supporter différentes espèces d'animaux et par déterminer leurs pertes de poids, on passa ensuite aux divers phénomènes particuliers, et dans ces derniers temps l'attention fut portée surtout sur l'échange matériel, qui est devenu aujourd’hui plus accessible à notre investigation grâce aux perfections modernes des procédés d’analyse. La quantité et les qualités des produits de désassimilation excrétés dans l’inanition sont assez bien déterminées. Reste à savoir, par quoi précisément se traduit le résultat de cet écart des échanges normaux; en d’autres termes: quelle serait la différence dans la composition chimique de l'organisme inanitié et de celui qui est normalement alimenté. Or, cette question capitale demeure jusqu'ici presque totalement négligée. 396 в. К. DE BÜHTLINGX, SUR LES MODIFICATIONS DE LA On ne trouve dans la littérature que fort peu d'indications sous ce rap- port, et encore ne comportent-elles que la teneur en eau et en résidu solide de l’organisme succombé à l’inanition; de plus, la plupart de ces analyses ont porté non sur l'organisme entier, mais seulement sur des différents organes. Le seul travail où on puisse trouver des renscignements sur la quantité totale d’eau dans l'organisme inanitié est celui de MM. F. Bidder её С. Schmidt!), datant de 1852. Ces auteurs ont, entre autres, déterminé la proportion d’eau et de résidu solide dans les différents organes d’un chat mort d’inanition, et comparativement, dans ceux de l’animal témoin. Comme les auteurs donnent aussi les poids absolus des organes pris à part, il est facile d’en calculer la teneur centésimale en eau de l’organisme entier. Il est toutefois à regretter que les auteurs ont mal choisi leur animal témoin, ce qu'avait déjà remarqué М. 5. M.Loukianow ?): pour l’expérience ils se sont servis d’une chatte de 2606 gr., et comme témoin ils ont pris un chat de 1505 gr., lequel était en outre plus jeure. Grâce à ce fait et étant donné le nombre fort restreint d'expériences, leurs résultats relatifs à la proportion d’eau n’ont pas grande valeur. Les seules données bien probantes et obtenues sur un assez grand nombre d'animaux, qui aient été publiées à propos de ce sujet, sont celles de М. $. М. Loukianow) qui а opéré comparativement sur des pigeons inanitiés et des pigeons normaux. Or, ces chiffres ne nous permettent pas non plus de juger de la quantité totale d’eau contenue dans l’organisme entier, car les poids absolus, ne touchant pas directement le but des re- cherches mentionnées, ne s’y trouvent indiqués que pour quelques parties du corps seulement. Ainsi donc, même pour la proportion d’eau, nous ne savons rien de bien précis, et quant à celle des autres substances, notre ignorance en est absolue. Afin de combler cette lacune dans nos connaissances sur l’inanition, М.Б. M. Loukianow me chargea de reprendre la question, qu’il avait déjà entamée dans le travail auquel je viens de faire allusion. J’ai entrepris une série d'expériences relatives à la proportion d’eau, de substances extraites avec l’éther, d'azote et de sels minéraux dans l’organisme inanitié et, 1) Е. В1а4ег её С. Schmidt, Die Verdauungssäfte und der Stoffwechsel; 1852; р. 331. 2) S. M. Loukianow, Sur les modifications dans Ja composition des organes et des tissus daps des conditions pathologiques; 1"° communication: proportion d’eau et de substances solides dans les organes et les tissus des pigeons inanitiés comparativement aux pigeons normaux. C. В. de l'Université de Varsovie, 1888, №№ 6 et 7 (en russe). Voir aussi Zeitschrift für physiologische Chemie, 1889, +. XIII. 3) S. M. Loukianow, L с, CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 397 parallèlement, dans l’organisme normal. Comme sujets d'expérience j'ai choisi les souris blanches. Mes expériences ont été faites de la manière suivante, Un certain nombre de souris étaient tenues au laboratoire pendant un certain temps, bien nourries d'avoine et de pain de seigle trempé dans l’eau. Ensuite, 10 d’entre elles ont été placées dans des bocaux séparés, et privées com- plètement de nourriture et de boisson. On recouvrait les bocaux avec de la toile métallique et on les nettoyait deux fois par jour. En surveillant con- tinüment le poids des animaux et leur état général, je cherchais à leur faire perdre jusqu’à 35%, de leur poids primitif; je les sacrifiais alors, sans attendre la mort par inanition. Ceux qui sont morts avec une perte de poids rela- tivement petite, n’ont pas servi aux analyses. Lorsque la perte de poids du corps avait atteint le degré voulu et que les animaux se trouvaient en état d’abattement profond, je choisissais 5 d’entre eux, présentant, autant que possible, les mêmes pertes, et je les tuais par le chloroforme. Le même jour on prenait également 5 animaux normaux dont le poids correspondait au poids initial des 5 animaux inanitiés. Il serait bien difficile de trouver, dans le nombre relativement petit d’animaux dont nous disposions, que les poids séparés des témoins correspondent exactement à ceux des animaux d’expé- rience; mais, par contre, on trouve aisément 5 souris dont la somme des poids équivalerait à celle des poids initiaux des souris inanitiées. Les souris témoins ont été tuées aussi par le chloroforme; pour les unes comme pour les autres on se tenait ensuite au même procédé de traitement. Tous étaient des mâles et présentaient, à peu de chose près, le même poids, de 20 à 21 gr., au moment où on les transportait de la réserve générale de l’Institut au laboratoire. Chaque souris, tuée par le chloroforme, était placée sur une plaque de verre. On ouvrait la cavité abdominale suivant la ligne blanche, l'estomac était saisi avec une pince, retiré au dehors et séparé ensuite de l’œsophage par un coup de ciseaux; rien ne s’écoulait ni par le bout supérieur ni par le bout inférieur de l’œsophage. On retirait ensuite tout le canal gastro-intestinal, le mésentère étant sectionné le plus près possible de l'intestin: le rectum était sectionné au-dessus de Гапиз, et on plaçait enfin le tout sur la même plaque de verre. S'il restait quelques matières fécales dans le bout inférieur du rectum, ce n’était guère difficile à les ex- primer par l'anus. Tout le canal gastro-intestinal était soigneusement débar- rassé de son contenu. Dans les deux premières expériences, on incisait à cet effet l'intestin suivant sa longueur, avec des ciseaux, et on nettoyait bien ses parois; dans les deux dernières expériences, il m’a paru plus commode et 398 в. В. DE BÜHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA plus propre d'exprimer le contenu sans inciser l’intestin, en le plaçant sur la plaque de verre et en exerçant sur lui une pression au moyen de ciseaux courbes. Après avoir évacué une portion de l'intestin de cette façon, je la sectionnais et la remettais ensuite dans la cavité abdominale. Par ce dernier procédé on perd moins du liquide des tissus et on salit moins la paroi extérieure du tube intestinal, alors que l’évacuation des matières fécales est aussi parfaite que par incision longitudinale, les parois intestinales minces et transparentes laissant facilement percevoir le moindre reste de chyme. J’ouvrais enfin l'estomac par sa grande courbure et je le nettoyais de son contenu. Je sai- sissais ensuite la vessie à l’aide d’une pince, et je l’attirais en dehors de la cavité abdominale sur une feuille de papier à filtre qui s’imbibait de l’urine après que j’eusse incisé la paroi vésicale, de sorte que le contenu vésical ne pénétrait point dans la cavité abdominale. Les cadavres de toutes les 5 souris du même groupe ainsi préparées ont été placés dans le même bocal préalablement pesé, qui demeurait toujours fermé afin de limiter la vaporisation des pièces. Malgré toutes les précautions, il fut, bien entendu, impossible d’éviter complètement une certaine perte de substance et surtout d’eau lors de l’évacuation du tube gastro-intestinal et de la vessie. Mais comme toutes les conditions — procédé de traitement, temps employé à cet effet, température et humidité de l’air etc. — étaient égales d’ailleurs, pour les animaux d’expériences et les témoins, l’erreur due à cette perte peut être considérée comme négligeable. Après avoir pesé les bocaux renfermant les cadavres, on morcelait ces derniers en fragments aussi petits que possible, au moyen de ciseaux; ensuite l’instrument et le bocal étaient lavés à l’eau distillée, et la matière jointe aux eaux de lavage était chauffée dans une cuvette de porcelaine, tout d’abord au bain-marie jusqu’à disparition d’eau visible, et puis à l’étuve à 105° C., jusqu’à ce que le tout n’eût atteint une consistance solide permettant de le réduire en poudre dans un mortier. On broyait avec beaucoup de précaution en triturant la masse par petites por- tions; les portions ainsi réduites en poudre étaient placées dans une cuve de verre préalablement pesée; le mortier et la cuvette de porcelaine, aux- quels adhère toujours certaine quantité de graisse et de poudre, ont été lavés à l’eau et ensuite à l’éther, que l’on recueillait dans un creuset en porce- laine, évaporait à siccité, et dont on joignait le résidu à la masse générale de substance. Enfin, le tout était transporté dans un étuve et séché jusqu’à poids constant. Tous les matins on plaçait la cuvette contenant la substance dans l’étuve à température oscillant entre 103° et 105° C.; la nuit on la tenait dans un exsiccateur. Passé une semaine, je commençais à peser la cuvette avec son contenu, chaque matin, et j’arrêtais la dessication lorsque CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 399 j'arrivais au poids constant, à quelques dixièmes de milligrammes près; je considérais comme vrai poids le plus petit des nombres ainsi obtenus. La masse séchée avait les apparences d’un feutre fin (grâce à la pré- sence des poils), très friable, de couleur jaune-brunâtre chez les animaux inanitiés, et d’un brun foncé chez les témoins. Cette masse feutrée était recouverte d’une couche de poudre très fine, provenant des autres parties constitutives, laquelle adhérait aux filaments de la masse générale grâce à la présence de substances graisseuses. Cette masse est assez uniforme pour permettre la pesée exacte, très hygroscopique, et présente, grâce à sa friabilité, des conditions physiques non moins favorables pour sa dessiccation complète qu’une poudre fine. Les différents dosages ont été éxécutés sur des portions séparées de cette substance. Deux portions servaient pour le dosage de l’azote et étaient pesées dans des ballons à col long de Kjeldahl; deux portions suivantes, pour la détermination de la graisse, étaient pesées dans des tubes en papier à filtre, destinés à être placés dans l’appareil de Soxhlet; c’est pourquoi on les introduisait dans un tube à essai fermé avec un bouchon et muni d’un crochet à l’aide duquel on le suspendait. Le reste était pesé dans une grande capsule de platine couverte d’une plaque de verre, mais seulement après que les 4 autres analyses fussent terminées, afin de pouvoir reprendre de la matière en cas d’échec d’une des analyses. Ce reste était destiné à l’incinération. On dosait l’azote par le procédé de Kjeldahl-Wilfarth en se tenant rigoureusement aux détails du procédé décrits récemment dans ce recueil *). La quantité des substances extraites par l’éther était dosée à l’aide de l’appareil de Soxhlet; la distillation de l’éther durait de 6 à 7 heures. La communication de М. С. Dormeyer‘) qui indique l’inexactitude de cette méthode pour le dosage des graisses et propose un autre procédé, a paru lorsque j'avais déjà terminé mes expériences, de sorte que je n'ai pu en profiter. J’ajouterais cependant que, vu la différence énorme dans les proportions de graisse chez les animaux inanitiés et les animaux nor- maux, l’ancien procédé me paraît suffir dans notre cas. J’analysais les cendres suivant rigoureusement les indications de М. F. Hoppe-Seyler‘); 4) В. В. de Bohtlingk, Sur le dosage de l’azote dans les substances organiques par le procédé Kjeldahl-Wilfarth, ces Archives, t. У, №№ 2 et 3, р. 176. 5) C. Dormeyer, Die quantitative Bestimmung von Fetten, Seifen und Fettsäuren in thierischen Organen; Pflüger’s Archi, +. 65, р. 90—108; 1896. — Voir aussi Е. №. Schulz, Ueber die Vertheilung von Fett und Eiweiss beim mageren Thier, zugleich ein Beitrag zur Methode der Fettbestimmung; Archiv f. 4. ges Physiologie, +. 66, 1879, р. 145. 6) Е. Hoppe-Seyler, Handbuch der physiologisch- und pathologisch-chemischen Analyse 6e éd., р. 301—323; 1893. ре 400 в. в. DE BOHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA la matière carbonisée, avant d’être convertie en cendres, était épuisée par de l’eau afin d’en retirer les sels alcalins, volatils à haute température. Les chiffres indiquant la quantité totale des cendres ont été obtenus par la pesée directe, et non par l’addition des quantités d’acides et de bases trouvés, comme le faisait M. G. Bunge’). Je n’entends nullement par là que le procédé de cet auteur soit inexact; au contraire, il est même plus rationnel, parce qu’une partie de l’acide carbonique des cendres seulement se trouvait déjà formée dans l’organisme, tandis que l’autre partie rentre en combinaison avec les bases mises en liberté par suite de la combustion des acides organiques, après s'être formée directement de ces derniers ou dégagée de la masse carbonisée en voie de combustion; de plus, le taux de cet acide est inconstant, il s’en perd une partie suivant l'énergie du chauffage à cause du passage des carbonates terreux à l’état d'oxyde. Puis, il est à remarquer que l’acide phosphorique passe en partie à l’état d’acide pyrophosphorique, peut-être aussi métaphosphorique, tandis que l’autre partie reste sous forme d'acide orthophosphorique (phosphate de fer). Malgré tous ces arguments j'ai, cependant, préféré de peser directement les cendres obtenues, attendu que l’autre procédé présente quelque chose d’artificiel et qu’il suppose des méthodes plus précises que celles dont nous disposons aujourd'hui. Même un chimiste de la compétence de M. С. Bunge®) déduit la moyenne des deux résultats obtenus par deux dosages du fer dans la même substance d’après les chiffres 0,0112 et 0,0092, en considérant cette précision comme suffisante pour le cas donné, bien que la différence entre les deux résultats soit près de 18%. | J’ai fait deux paires @’ехрёмепсез de la manière que je viens de dé- crire; c’est-à-dire, deux expériences portant sur des souris inanitiées et deux autres, sur des souris normalement nourries; pour chacune de ces 4 expé- riences j'ai employé 5 souris. Première expérience. — Du nombre des souris soumises à l’inanition, au bout de 3 jours et 3 heures à partir du moment où on les a privées de nourriture et de boisson, je prenais 5. Elles présentaient les poids initial et final suivants: 7) G. Bunge, Lehrbuch der physiologischen und pathologischen Chemie, 372 éd., р. 97 et 98; 1894. м 8) G. Bunge, Ueber die Aufnahme des Е!зепз in den Organismus des Säuglings; Zeit- schrift für physiologische Chemie, +. 13, р. 405. 1889. CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L’INANITION. 401 Poids initial. Poids final. Perte pour 100 du poids initial. gr. gr. №1 29.02 14,84 33 №2 24,37 16,31 53 №3 24,66 15,97 35 №4 25,07 16,81 3 №5 25,77 17,41 32 Total: 121,89 81,34 Perte moyenne: 33,25%. Deuxième expérience. — Faite parallèlement à la précédente, elle comprend 5 souris témoins pesant: gr. №1 21,20 № 2 29,65 №3 24,89 №4 26,06 №5 27,10 Total: 121,90. Après l'évacuation du contenu gastro-intestinal et vésical, le poids général des 5 souris inanitiées était de 77,38 et des 5 témoins, de 114,04. Les quantités de résidu solide, d’azote, de substances extraites par l’éther et de cendres, que j’ai constatées pour ces deux expériences, sont re- produites sur le Tableau I ci-après. Pour abréger, j'appelle les substances volatiles à 105° C. du nom de leur principal représentant, eau; et je désigne sous le nom de graisse les substances extraites au moyen de l’éther. Cela ne veut pas dire, bien entendu, que ce n’est que sur ces substances qu’a porté le dosage. La première colonne comprend les quantités absolues des substances provenant des 5 animaux étudiés pris ensemble: la deuxième présente la proportion de ces substances pour 100 du résidu sec; et la troisième, leurs proportions (p. 100) dans l’organisme entier débarrassé du contenu gastro- l 27* 402 в. В. DE BÜHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA intestinal et vésical. Je n’ai pas calculé leur rapport au poids initial de l'animal, parce que les souris d’expérience ainsi que les témoins avaient en somme le même poids initial, et, par conséquent, les quantités absolues de la première colonne peuvent parfaitement servir pour comparaison. Tableau [. 178 expérience. 278 expérience. Cinq souris inanitiées. Cinq souris témoins. En 0% du |/,dupoids En 0% du grammes. [résidu sec.| total. |grammes.|résidu sec. ESS 100 114,0400 | — 100 54,7188 2 70,714 | 79,3704| — 69,598 2,7727 | 12,235 3,588 | 3,4396 | 9,991 3,016 Graisse 1,9940 | 8,799 2,577 | 9,7571| 28,143 8,556 Cendres . . 3,3452 | 14,762 4328 | 3,4143| 9,848 9,994 Troisième expérience. — Les pertes quotidiennes des animaux pendant l’inanition furent excessivement petites dans cette expérience. Abstraction faite de deux souris mortes tout au début de l’expérience avec une perte de poids relativement peu importante, je n’ai trouvé qu’au bout de 6 jours et 14 heures, à partir du commencement du jeûne, 5 d’entre elles qui aient perdu de 35 à 38%, du poids primitif. Je m'explique cette longue résistance à l’inamition, trop considérable pour des animaux aussi petits, 1° par leur excellent état d’embonpoint au moment où on les а soumis au jeûne (voir la quantité de graisse des témoins, 4”° expérience parallèle à celle-ci); 2° par leur entretien soigneux et propre; enfin et surtout par les grandes chaleurs d'été, qui leur permettaient d'économiser les réserves nutritives, en épargnant les dépenses pour la production de la chaleur. La surveillance du garçon de laboratoire, consciencieux et bien au courant de ses affaires, et mon obser- vation personnelle continue excluent tout soupçon d’un apport accidentel de nourriture. J’ai trouvé pour les poids initial et final, et pour la perte pop 100 du poids du corps, les chiffres suivants: CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 403 Poids initial. Poids final. Perte: pour 100, fu poids initial, gr. gr. №1 20,68 13,38 35 №2 21,82 15,45 37 №3 22,59 14,19 97 №4 23,17 15,04 30 №5 23,91 14,89 38 Total: 111,97 70,95 Perte moyenne: 36,659. Quatrième expérience. — Elle porte sur 5 témoins de l'expérience précé- dente, dont les poids étaient | gr. №1 18,62 №2 20,10 №3 29,21 №4 23,64 №5 27,40 Total: 111,97. Les résultats d'analyse des deux dernières expériences sont réunis sur le Tableau П qui suit, disposé absolument de la même manière que le premier: Tableau II. 37° expérience. 47 expérience. Cinq souris inanitiées. Cinq souris témoins. En 0% du |Hdupoids| En р du | dupoids grammes. résidu sec.| total. |grammes.|résidu sec] total. 67,3900 | — 100 106,8900 | — 100 48,6685 — 72,219 | 69,2453| — 64,782 2,2841 | 12,198 3,389 | 3,2261| 8,570 3,018 1,5896 | 8,184 2,274 | 14,1638 | 37,625 | 13,251 2,9038 | 15,506 4,309 | 3,2908 | 8,740 3,078 404 к. В. DE BÜHTLINGKX, SUR LES MODIFICATIONS DE LA L'examen de ces deux Tableaux nous montre que les modifications provoquées par l’abstinence, quoique différant dans les deux Tableaux quant à leur intensité, présentent toujours le même caractère. Les modifications plus accusées du Tableau IT tiennent probablement à се que les souris de ce groupe étaient plus grasses au début de l’expérience, et qu’elles étaient inanitiées à un plus haut degré, c’est-à-dire jusqu’à une perte de poids plus considérable. L’analogie absolue des données dans les deux Tableaux me permet de les réunir ensemble, et j’en fais un troisième; ici, les quantités absolues de la première colonne ne se rapportent plus aux 5 souris, comme dans les deux premiers Tableaux, mais à une seule, et représentent ainsi les moyennes pour 10 souris. Tableau Ш. Moyennes Moyennes pour une souris inanitiée. pour une souris témoin. En 0, du |/,dupoids En 0% du |/,dupoids grammes. résidu sec.| total. |grammes.|résidu sec.| total. 14,4770 bi 100 22,0930 _ 100 10,3382 =? 71,467 | 14,8616 _ 67,190 nl 92 3,486 | 0,6666 | 9,246 3,017 Graisse |. | 105557 | 18492 2,426 | 2,3991 | 39,884 | 10,904 Cendres о | 06259 |1 15.13% 4,316 | 0,6705 | 9,294 3,036 Ce qui saute tout d’abord aux yeux à l’inspection de ce Tableau, c’est une diminution considérable de graisse dans l’inanition. П fallait, bien en- tendu, s’y attendre, car il est connu de tous que le rôle principal de la graisse consiste à servir de réserve nutritive, et on a constaté à plusieurs reprises sa disparition totale dans l’inanition. Il est à noter cependant que les souris ayant perdu près de 35°, de leur poids primitif et prêtes à mourir, renfermaient quand-même 2,4269) en moyenne de substances solubles dans l’éther. Il est de plus à remarquer que la proportion initiale de graisse n'infiuence nullement sa proportion dans les phases aussi avancées de l’ina- nition comme celles que nous avons observées. Cela ressort des Tableaux I et П où 123 animaux moins gras de la 1° expérience contenaient finalement un peu plus de graisse (2,577, du poids total) que les animaux plus gras CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 405 de la 3°” expérience (2,274). Je juge de la quantité initiale de graisse par celle des animaux témoins. Le fait que chez les animaux plus gras la teneur en graisse à la fin de l’inanition est même inférieure à celle des animaux moins gras, tient probablement à une plus courte durée du jeûne chez ces derniers. Il ne faut donc pas croire que toute la graisse — abstraction faite d’une certaine quantité qui reste toujours intacte — soit dépensée dès les premières phases de l’inanition. Il est, au contraire, plus légitime de supposer qu’elle participe à la production de l’énergie pendant toute la durée de l’inanition, bien qu’à un degré moindre à la fin qu’au début. La consomma- tion de graisse dans les périodes avancées de l’inanition est encore assez grande, de sorte que la perte relative de graisse, pour chaque unité de temps, surpasse la totalité des pertes relatives de l’organisme; sans cela la teneur centésimale en graisse dans les phases avancées d’inanition, étant donné la diminution générale du poids du corps, ne pourrait plus diminuer. Ces considérations concordent bien avec les résultats obtenus dernièrement par М. Е. Уо16?) qui croit que l’organisme à l’état d’inanition ne recouvre, au début, que de 9 à 14% de l’énergice nécessaire par oxydation des albu- minoïdes (par conséquent, la plus grande proportion d’énergie se développe au dépens des graisses); mais qu'il arrive un moment où ces rapports changent: la proportion d'énergie développée par oxydation des albumivoïdes marche alors parallèlement au rapport de la quantité présente d’albuminoïdes à celle de la graisse, pendant tout le reste de l’inanition jusqu'à la mort. Si l’on enregistre ces phénomènes graphiquement, on voit que les deux courbes montent rapidement. М. Е. Voit confirme donc également ce fait que la graisse participant à la production d'énergie tant que dure l’inanition, cède à cet effet, à chaque moment donné, une proportion plus grande de sa quantité présente que l’albumine, sans quoi le rapport des quantités présentes d’albumine et de graisse devrait diminuer et non augmenter. En termes moins précis M. C. Voit!) а énoncé la même chose. Ce savant а constaté que dans certains cas, pendant l’inanition, il arrive une élévation brusque dans la destruction des albuminoïdes et que ce moment survient généralement de bonne heure chez les animaux jeunes et maigres, beaucoup plus tard, ou même pas du tout, chez les vieux et gras. De tout ce qui a été dit on peut conclure, ce me semble, que ce n’est 9) Erwin Voit, Einfluss des Kürperfettes auf den Eivweisszerfall im Hungerzustande; Münchener medicinische Wochenschrift, +. 43, № 46, р. 1132; 1896. 10) Carl von Voit, Handbuch der Physiologie des Gesammt-Stoffwechsels und о Е ort- pflansung; — Handbuch der Physiologie, herausgegeben von L. Hermann,t. VI, 1° partie, p.94; 1881. 406 R. В. DE BÜHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA qu'un certain excédent de graisse qui soit facilement ct rapidement dépensé. Après avoir dépensé cet excédent au début de l’inanition, l’organisme соп- serve encore une partie considérable de graisse qu'il ménage à l’état d’inanition autant que les albuminoïdes et dont il garde une certaine quantité, graduellement décroissante, jusqu’à la mort. Selon M. С. Voit, on ne trouverait une certaine quantité de graisse après la mort par inanition que chez les animaux qui étaient gras, alors que chez les animaux maigres et plus riches en albuminoïdes elle disparait complètement. Mais, évidem- ment, il s’agit ici du tissu adipeux perceptible à l’œil nu à l’autopsie. Retournous maintenant à l’examen du Tableau ci-dessus. La question de savoir, quelle est la proportion d’eau dans l’organisme inanitié, n’est pas encore définitivement tranchée malgré sa simplicité apparente. J'ai déjà eu l’occasion de dire plus haut qu'il est facile de calculer les moyennes pour la teneur en eau de l’organisme entier, d’après les chiffres présentés par MM. F. Bidder et C. Schmidt. On obtient ainsi les quantités suivantes en pour 100 du poids du corps: chatte en inanition. . . ..... 58.920 Chat TÉMOIR re PU 67,96%,. Selon ces auteurs, l’animal inanitié devient beaucoup plus pauvre en eau, mais ils avouent eux-mêmes que leur témoin, étant plus jeune, renfermerait probablement plus d’eau dans ses tissus que l’animal adulte de l’expérience. D'après les chiffres obtenus par М. 5. M. Loukianow, on voit que la proportion d’eau chez les pigeons à jeûne, comparativement à celle qu’on trouve chez les normaux, était plus élevée, en moyenne, pour le sang, le muscle crural et le fémur; elle était au dessous de la normale pour le cerveau, le foie, le pancréas, la раго1 intestinale, larate et les poumons, et enfin, pour le muscle pectoral, les reins et le cœur elle se trouvait augmentée chez les mâles et diminuée chez les femelles. Etant donné une augmen- tation considérable de la proportion d’eau dans le tissu osseux et dans les muscles du squelette, en comparaison avec son abaissement dans les autres organes, et en même temps, la prépondérence quantitative des os et des muscles dans l’organisme, on prévoit déjà, d’après les chiffres de М. Ъ. M. Loukianow, que la proportion relative d’eau dans le corps entier devrait augmenter dans l’inanition. М. С. de Noorden !) émet l'opinion que, dans l’inanition avec privation 11) С. von Noorden, Lehrbuch der Pathologie des Stoffwechsels; Berlin, 1893; р. 167. CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 407 d’eau, du moins chez l’homme, la perte d’eau paraît être plus grande que celle qui correspondrait à la quantité éliminée par les tissus en voie de destruction, de sorte qu’il arrive finalement l’appauvrissement de l’orga.- nisme en eau. М. С. Voit *) а constaté que la composition des organes пе change presque pas par l’inanition, mais que chez an chien succombé à l’inanition on а trouvé dans la plupart des organes une proportion d’eau légèrement augmentée par rapport à la normale. J’ai constaté dans mes expériences, pour un groupe de souris comme pour l’autre, une proportion d’eau plus élevée chez les animaux inanitiés qu’elle ne l'était chez les témoins. Cette différence est bien accusée dans le Tableau П et beaucoup moins dans le Tableau Г; ce qui se comprend, à mon avis, très aisément. Des animaux inanitiés les souris du Tableau IL ont présenté une proportion d’eau plus considérable puisqu'elles se trouvaient dans une phase plus avancée d’inanition, et parmi les témoins ce sont les souris du même Tableau qui, étant plus gras, renfermaient moins d’eau. Alors que toutes les autres substances organiques (l’albumine, par exemple) ne se trouvent dans l’organisme qu’en combinaison avec une quantité considérable d’eau, la graisse, par contre, entre dans la constitution de l’organisme, en majeure partie du moins, sous forme de gouttelettes graisseuses presque pures, ne renfermant point d’eau appréciable. Il est donc facile de prévoir a priori que plus l’organisme serait gras, moins il renfermerait d’eau. Cette notion concorde bien avec les résultats que j'ai obtenus, savoir, que la proportion d’eau chez les souris témoins du Tableau I, renfermant 8,556% de graisse, était 69,598%, et chez les souris du Tableau П, ayant 13,251°, de graisse, elle était seulement de 64,782%. Pour ce qui concerne les souris inanitiées, nous ne saurons pas déterminer, à quel point précisément la proportion plus grande d’eau observée dans la seconde série, dépend de la proportion plus petite de graisse chez ces ani- maux, et quelle part dans ce phénomène revient à ce fait que, par suite d’une abstinence prolongée, les tissus sont devenus plus riches en eau. Mais une fois énoncé que la graisse dans l'organisme se rapporte à l’eau d’une ma- nière tout autre que les autres substances, la question s’impose, si cette proportion élevée d’eau chez les souris inanitiées ne serait exclusivement subordonnée à la disparition de la majeure partie de la graisse chez ces ani- maux. Dans ce cas, le rapport de l’eau aux autres substances moins la graisse peut être même abaissé au lieu d’être élevé. 12) L. c., p. 99. 408 в. В. DE BÜHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA Que l’on se représente un animal avec une certaine quantité de graisse dont il perd une partie, pour une raison quelconque, en conservant intacts les autres principes constituants de l’organisme, nous aurons alors la pro- portion d’eau, ainsi que d’autres substances, élevée par rapport à leurs pro- portions initiales; on ne pourrait, toutefois, affirmer que dans ce cas les organes et les tissus soient devenus plus riches en eau. Si, en partant de là, nous allons examiner le rapport de l’eau aux autres substances excepté la graisse, nous arrivons, en nous rapportant aux chiffres du Tableau Ш, aux résultats que voici: les souris inanitiées ont renfermé en moyenne 14°,1243 de substances non-grasses, y compris 10°,3382 d’eau, tandis que chez les souris témoins on а constaté 19",7009, y compris 14°,8616 d’eau, soit 73,2 d’eau pour 100 du poids total des autres substances moins la graisse, chez les premières, et 75,4%, chez les secondes. Ce calcul nous explique non seulement pourquoi à l’autopsie des ani- maux morts d’inanition nous trouvons une sécheresse perceptible à la vue de tous les tissus, mais il donne en outre réponse à une question beaucoup plus importante, savoir: l’organisme en inanition dépense-t-il seulement cette quantité d’eau qui est mise en liberté par la destruction de diverses substances organiques, ou n’en retient-il pas une partie, ou même, n’y ajoute-il pas, peut-être, une certaine quantité provenant des substances qui restent dans l’organisme ? А l'inspection seule de mes Tableaux on pourrait répondre à cette question ainsi qu’il suit: la quantité relative d’eau chez la souris inanitiée est plus grande que chez la normale; cela paraît dire qu’une certaine quantité d’eau résultant de la destruction des tissus, soit retenue dans le corps; or, en réalité, les choses ne se passent pas ainsi. Si l'organisme, à l’état d’inanition, détraisant | une molécule organique, avait éliminé l’eau se formant par oxydation de l'hydrogène de cette molécule, ainsi que l’eau combinée, il n’y aurait pas eu de changement dans le rapport de la quantité d’eau à celle des substances non-grasses; et cependant, ce rapport change dans le sens de diminution; cela indique que, outre l’eau provenant de la destruction des tissus, l'organisme en élimine encore une certaine quantité qu’il emprunte aux éléments constitutifs intacts. Ce fait vient à l’appui de la conception de M. C. de Noorden qui croit que l’organisme inanitié perdrait plus d’eau qu'il n’en serait mise en liberté par suite de la destruction de ses tissus: mais toutefois оп ne peut pas en tirer la conclusion que fait Г auteur: г relative Wasserverarmung des Kôrpers wird die Folge». Voyors maintenant ce que devient l’azote. Dans les deux groupes de souris inanitiées la quantité relative d’azote est augmentée. Ce qui prouve CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 409 que la perte relative de substances azotées dans l’inanition, par rapport à leur quantité primitive, est moindre que les pertes relatives de l'organisme entier. Cette interprétation est cependant passible d’une objection que voici: Paugmentation de la proportion d'azote pourraît-être due ici à une accumu- lation des produits d’oxydation incomplète des substances azotées, lesquels sont relativement plus riches en azote. Je ne nie point la possibilité de ce phénomène, mais l'accumulation de ces produits n’est pas assez grande pour déterminer une élévation appréciable dans la proportion de l’azote. C’est ce que je vais prouver par un calcul fort simple: en multipliant le poids de l'azote, suivant les règles habituelles pour la recherche des albu- minoïdes, par 6,25, on obtient pour les 4 expériences les quantités ci-après, en pour 100 du poids général de l’animal. 1 ехр. рлехр: Sep 4" exp. В 70 4 69.598 72019 _ 64782 Graisse . . 2577 8,556 DOTE OI Albumine . 22,395 18,851 DEN 18,863 Cendres . . 4,323 2,994 4,309 3,078 100,009 99,999 99,983 99,974 Les sommes de ces substances зе rapprochent beaucoup, comme on le voit, de 100, dans toutes les 4 expériences. En supposant que les souris des expériences 1 et 3 (inanitiées) aient renfermé une quantité considérable de quelque substance riche en azote, les sommes des chiffres de ces deux expériences, par le calcul ci-dessus, auraient dû surpasser 100. Le fait que les sommes ci-dessus se rapprochent toutes du nombre 100, indique, 1°, que les méthodes analytiques employées sont assez exactes : 2°, que le nombre 6,25 convient bien à la recherche des substances albumi- noïdes et collagènes telles qu’elles se trouvent dans l’organisme des souris blanches, sinon dans les organismes en général; 3°, que la quantité des matières hydrocarbonées (glycogène) chez les souris blanches est minime, car, ces substances n’ayant pas été déterminées du tout, les taux des substances constitutives de l'organisme n’en présentent pas moins de déficit qui correspon- drait à la proportion des dites substances. Supposant que le facteur 6,25 soit par trop fort et que les chiffres obtenus pour l’albumine soient ainsi plus élévés qu’en réalité, on pourrait admettre que ce qu’ils représentent en sus du réel, correspond précisément aux matières hydrocarbonées dont on n’a pas tenu compte dans ce calcul. Cette conception serait, toutefois, en désaccord avec l’opi- nion généralement admise suivant laquelle tout le glycogène est dépensé déjà 410 к. В. DE BÜHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA au début de l’inanition: et vraiment, que l’on prenne au lieu de 6,25 un nombre moindre, on aurait un déficit non seulement pour les souris temoins, mais aussi pour les souris inanitiées. Les différences tout-à-fait insignifiantes entre la 1° et la 2"° expérience et entre la 3“° et la 4°”, de 0,010%, dans le premier cas et de 0,009%, dans le second, se trouvent dans les limites des erreurs analytiques; c’est pourquoi on ne peut pas les considérer comme exprimant la présence du glycogène chez les témoins et son absence chez les animaux d’expérience. Passons enfin à l’étude des cendres. En jetant un coup d’œil sur le Tableau Ш, on s’aperçoit facilement que les chiffres absolus des cendres, dans l’inanition, sont peu diminués et en conséquence leur proportion relative est considérablement accrue. Cela implique l’idée que le tissu osseux, étant le plus riche en sels minéraux, est fort peu atteint dans l’inanition. | Voyons maintenant combien cette notion s’accorde-t-elle avec les don- nées obtenues par la méthode des pesées directes de chaque organe. Selon М. С. Chossat®), les os ne perdent que 17%, dans l’inanition, et il n’y а que le tissu nerveux et les yeux qui sont encore plus résistants sous ce rapport. D’après М. С. Voit *), le tissu osseux perd 14% de son poids et n’est surpassé en résistance que par le système nerveux et le cœur. Les organes essentiels de la vie (cœur, système nerveux central) diminuent peu de poids dans l’inanition non parce qu'ils se détruisent moins vite, mais parce qu'ils maintiennent leur nutrition au dépens des autres organes moïns importants ; c’est ce qu’avaient déjà indiqué ММ. W. Manasséine”), Vierordt”), Г. Hermann”), Е. Voit®), Е. Miescher!), С. Voit*) et autres. Par contre, pour le système osseux, on devrait admettre que son tissu se détruirait très lentement dans l’inanition. Selon M. В. Schuchardt”), le sternum, les fémurs et les tibias des 13) С. Chossat, Recherches expérimentales sur l’inanition;, Mémoires présentés par divers savants à l’Académie royale des sciences de l’Institut de France, +. VIII, р. 438—640, 1843. 14) С. Уо1%, Zeitschrift für Biologie, +. П, p. 351; 1866. 15) В. А. Manasséine, Sur la question de l’inanition; Archives de clinique médicale de S. Р. Botkine, $. I, р. 122—296, 1869. 16) Vierordt, Grundriss der Physiologie, р. 270, 1871. 17) L. Hermann, Grundriss der Physiologie, p. 200, 1877. 18) Erwin Voit, Amtlicher Bericht der 50. Versammlung der deutschen Naturforscher und Аегле in München, р. 242, 1877. 19) Е. Miescher, Schweizer Literatursammlung zur internationalen Fischereiausstellung in Berlin, 1880. 20) Carl von Voit, Handbuch der Physiologie des Gesammistoffwechsels und der Fort- pflanzung, р. 99, 1881. 21) B. Schuchardt, Quaedam de effectu, quem privatio singularum partium nutrimen- бит conslituentium exercet in organismum ejusque partes, dissert. inaug., 1847, p. 22. CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L’INANITION. 411 pigeons inanitiés ont perdu 0°,366 sur 5*,34, soit 8,2°/, de leur poids initial; parmi les autres organes il n’y avait que les yeux (4,3%) et le cerveau (5,8%) qui ont perdu un peu moins. MM. F. Bidder et C. Schmidt ont constaté que, bien que le poids absolu du tissu osseux chez leur chatte ait diminué dans l’inanition (de 379°,26 à 325", soit de 14,3%), la quantité de substances solides des os n’a pas du tout changé: en fait, la quantité absolue de substance osseuse desséchée était de 206,70, avant comme après l’inanition. En se basant sur ce fait, ainsi que sur celui que le rapport des substances collagènes aux sels de chaux était le même chez l'animal d’expérience comme chez le témoin, et que la quantité des. phosphates alcalino-terreux excrétés avec l'urine et les fèces, pendant l’inanition, était insignifiante et correspondait juste à la quantité d’albumine décomposée, les auteurs en concluent que les substances solides des os ne prennent aucune part dans les échanges matériels. Par les données de М. 5. M. Loukianow, nous voyons enfin que les fémurs des pigeons, examinés à l’état frais, ne présentaient pas non plus de diminution de poids, dans l’inanition. La moyenne de toutes les expériences pour le poids du fémur du pigeon normal était de 0,245, du poids général, et pour le pigeon inanitié, de 0,269, du poids initial. La différence de ces chiffres avec les résultats obtenus par MM. C. Chossat, C. Voit, F. Bidder et C. Schmidt, qui ont également étudié les os à l’état frais, tient à ce que ces auteurs ont déterminé le poids du squelette entier, tandis que М. 5. M. Loukianow n’a pesé que le fémur droit. D’après les recherches de М. L. Hermann ci-dessus mentionnées, nous savons cependant qu’en l’ab- sence de sels de chaux dans la nourriture des pigeons, les os en mouvement ne diminuent pas de volume, tandis que les os immobiles, tels que sternum, os du crâne, sont bien amincis. Il est bien probable que de même dans l’inanition où les sels de chaux ne sont pas introduits dans l’organisme, différents os se comportent d’une manière différente. Les recherches récentes de М. Weiske*?) confirment pleinement cette opinion. L’auteur a constaté que chez le lapin en inanition ce sont les os qui perdent le moins, сё que parmi eux les os longs et les dents ne perdent rien de leur poids. Admettant que mes souris inanitiées, avant d’être soumises au jeûne, avaient la même composition du corps que les témoins — or, cette conception est la base des expériences de contrôle — on peut tirer des résultats que J'ai 22) H. Weiske, Ueber den Einfluss der Nahrungsentziehung auf das Gewicht und die Zusammensetzung der Organe, insbesondere der Knochen und Zähne; Zeitschrift für physio- logische Chemie, t. XXII, p. 485, 1897. 412 к. в. DE BÜHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA « obtenus, quelques notions bien intéressantes rélatives à la dépense de maté- riaux dans l’inanition, comparativement à leur quantité initiale. Г emprunte à cet effet les chiffres-du Tableau Ш. ne gr. Sur 14,8616 d’eau sont dépensés 4,5234, soit 30,449; » 2,3921 de graisse » 2,0394, » 85,26»; » 0,6666 d’azote » 0,1623, » 24,35»; » 0,6705 de cendres » 0,0456, » 6,80». Les chiffres, ainsi comparés, nous rendent bien saisissable l’énorme proportion de graisse dépensée dans l’inanition, et en même temps la perte minime en sels minéraux. Il serait curieux de savoir, quelle proportion des sels éliminés par l'organisme à jeûne provient des substances albuminoïdes consommées. Ne disposant pas de chiffres pour la quantité des cendres de Та chair de souris, nous nous rapportons aux chiffres trouvés pour la chair d’autres animaux. En faisant somme de tous les sels minéraux que М. G. Bunge #) a trouvés dans 100 parties de viande de bœuf desséchée, nous avons 4,291. La souris inanitiée a dépensé, pendant toute la durée de l’inanition, 0,1623 d'azote, ce qui correspondrait à 1°,0144 de matières albuminoïdes. En divisant ce nombre par 95,709, soit par 100 moins 4,291 (100 parties de chair desséchée présentant 4,291 parties de cendres, correspondaient aux matières albuminoïdes + les cendres) et multipliant le quotient par 4,291, nous trouvons que les 1°,0144 d’albumine consommée devraient donner 0“,0455 de cendres. Ce nombre se rapproche beaucoup de 0,0456 de cendres trouvées en moins chez les souris inanitiées, et vient à son tour à l’appui de ce fait que la part du système osseux dans les échanges nutritifs chez les animaux à l’état d’inanition, n’est que fort restreinte. On sait que chaque gramme d’albumine par l’oxydation, telle qu’elle se produit dans l'organisme vivant, soit en eau, acide carbonique et urée, développe 4,1 calories, et chaque gramme de graisse animale en fournit 9,423. Avec ces chiffres on peut effectuer le calcul bien instructif que voici. Les souris témoins du Tableau I possédaient en moyenne une réserve d'énergie correspondant à 361,01 dont 17°*!,63 reviennent à l’albumine et 18°*1,39, à la graisse. Les souris soumises au jeûne pendant 3 jours et 3 heures, ont dépensé 3°*,42 cal. par oxydation des substances azotées et 14°“ 63, par oxydation des substances non-azotées, soit 18°*,05 en tout. En état 23) G. Bunge, Lehrbuch der physiologischen und pathologischen Chemie, 3° éd., р. 100, 1894. CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 413 proche de la mort et ayant perdu 33,25%, de leur poids initial, à l’époque où elles étaient sacrifiées, elles disposaient encore d’une certaine réserve égale à 17,95 cal. Bien entendu que, si on les laissait vivre encore quelque temps jusqu’à ce que la mort пе survienne par inanition, elles auraient dépensé encore quelques calories, mais il n’en reste pas moins surprenant que les animaux succombent à l’inanition alors qu’ils disposent encore d’une réserve d'énergie égale à presque la moitié de leur réserve initiale. Pour les souris du Tableau IT, les chiffres sont les suivants. La réserve d’énergie avant l’expérience était de 16°*,53 répondant aux albuminoïdes, et de 26,69, aux dépens des graisses, en somme 43,29. Durant la période d’inanition de 6 jours et 14 heures, Па été dépensé 4°*!,85 aux dépens des albumines, et 23,81, par oxydation des graisses, soit 281,66. Les souris inanitiées ayant perdu 36,65%, de leur poids primitif, possédaient encore une somme d'énergie équivalant à 14°*,5, soit 33,55% de l’énergic initiale. La dépense plus grande d’énergie dans ce cas tient évidemment à ce que les souris de ce groupe étaient plus grasses que celles du pre- mier, et, jouissant ainsi d’une quantité plus grande d'énergie latente, elles pouvaient maintenir plus longtemps le taux de leur nutrition sur leurs propres économies, avant d'arriver à cet état de prostration générale où je les sacrifiais. Ce n’est pas, cependant, la seule cause de la plus grande durée de l’ina- nition chez les souris du second groupe. Elles étaient effectivement dans une phase plus avancée de l’inanition, c’est ce que prouvent les chiffres de l’énergie potentielle dont elles disposaient encore au moment ой on les а sacrifiées, rapportée au même poids du corps. Pour 100 gr. de poids du corps les souris du premier groupe présentaient 23°%,20 et celles du deuxième, 21,61. Ces dernières ont pu, de sorte, exister avec une proportion d'énergie qui aît été probablement insuffisante pour les premières. Cette circonstance, ainsi que le fait que les animaux succombent à l’inanition disposant encore d’une réserve d'énergie relativement considérable, nous font penser que ce n’est pas par l’épuisement des sources d'énergie, voir des matériaux combustibles, que se produit la mort dans l’inanition, mais que d’autres facteurs y inter- viennent, et c’est à des recherches ultérieures qu’incombe la tâche de les mettre en lumière. Outre la détermination des parties intégrantes susnommées de l’orga- nisme, j'ai fait l'analyse quantitative des cendres dans les 4 expériences relatées ci-dessus. Bien que l'exactitude des méthodes d’analyses pour la détermination du résidu sec, de l’azote, de la graisse et des cendres nous permette de tirer des conclusions d’un nombre relativement restreint d'expériences, en prenant 414 В. в. DE BÜHTLINGKX, SUR LES MODIFICATIONS DE LA en considération que chacun des résultats comprend la moyenne des résultats relatifs à 5 animaux, et qu’en somme cela fait 20 animaux analysés, on ne peut pas dire autant de l’analyse détaillée des cendres. Ici, pour obtenir des chiffres plus probants, ce n’est pas le nombre des animaux analysés qui im- porte, mais celui des analyses. Je n’accueille donc les résultats de cette partie de mes recherches qu'avec grande réserve, et je ne présente que cer- tains des chiffres obtenus, notamment ceux qui étaient les plus constants. Ces chiffres, réunis dans le Tableau IV, indiquent la proportion de po- tassium et de sodium chez les animaux d’expérience et chez les témoins. Tableau IV. Pour 100 des .| Pour 100 du poids Chiffres absolus. cendres. total. K,0 Na,;O K,0 Ма. О 1'° expérience: cinq souris d'expérience 0,0744 2,424 2,218 0,096 28 expérience: Cinq Souris | - Се er LEE 0,1571 2,569 4,601 0,138 38 expérience: cinq souris d'expérience: 1. AC expérience: cinq souris témoins 0,1029 1,930 3,127 0,096 0,0722 | 1,935 2,486 0,108 Moyenne pour les souris d'expérience #0 100138 0,0147 2,208 2,352 0,094 0,102 Moyenne pour les souris ПОПОВ L 6 De 2° | ФО 0,0260 2,252 5,878 0,068 0,117 On voit par ce Tableau que, dans l’organisme des souris normales, la quantité de sodium est plus grande que celle de potassium, or, dans l’absti- nence le premier est dépensé en proportion plus grande que le second, et leur rapport réciproque chez les souris inanitiées se rapproche plus de l’unité, comme il suit: Chez les souris témoins de la 2° expérience K,0: Na,O = 1: 1,79, de la 4°” » ICO Мао 1: 160 Ев моуениее 1: №90: CONSTITUTION CHIMIQUE DE L'ORGANISME DANS L'INANITION. 415 Chez les souris d'expérience de la 1° expérience K,0: Na,0 = 1: 0,92, de la 37° » ICO Na 0111728 en moyenne... 1: 1,06. La dépense de potassium et de sodium en pour 100 de leurs quantités initiales: sur 0°,0260 Na,0 est dépensé 0%,0113 = 43,46%, » 0°,0151 К.О » » 0.0013 — 8,41». Ces chiffres représentent les moyennes des deux paires d'expériences. Je пе nie nullement que себе différence énorme dans la dépense de potassium et de sodium pourrait tenir en partie à des erreurs d’analyse, mais toutefois, comme elle a été de même sens dans les deux séries, cela donne lieu de supposer que le rôle du potassium dans l'organisme serait autre que celui du sodium. Le premier constituerait, pour ainsi dire, un élément plus fixe de l’organisme, solidement lié aux tissus et ne les abandonnant qu’à mesure qu’ils meurent, alors que le sodium n’accomplit que partiellement ce rôle, en contribuant d’autre part à recouvrer toutes sortes de dépenses dues aux diverses fonctions vitales. Cet avis est en désaccord, il est vrai, avec les faits constatés par М. I. МипК*), qui а trouvé que dans l’inanition la dépense de potassium est plus grande que celle de sodium, mais, par contre, il s’ac- corde parfaitement avec certains faits généralement adoptés. Le sang, par exemple, renferme du potassium lié en majeure partie aux éléments figurés, tandis que la plus grande partie de sodium se trouve dans le plasma; or, comme ce dernier diffuse continüment à travers les parois vasculaires, en charriant des matériaux nutritifs aux tissus de l’organisme d’une part et servant, en plus, à l’élaboration de sécrétions et d’excrétions, il n’y а pas raison, ce me semble, de douter de sa dépense plus considérable que ne l’est celle des globules du sang destinés, eux, de transmettre l’oxygène sans s’user, à се qu’il paraît, par cette fonction. On sait de plus, que des quan- tités considérables de soude sont éliminées journellement par les glandes des voies digestives; n’en considérant que les sucs pancréatique et intestinal et la bile, on se rappellera que la réaction alcaline des premiers est due à la pré- sence du carbonate de soude, et que les sels sodiques des acides glycocholique et taurocholique forment une des principales parties constituantes de la bile. On 24) I. Munk, Berliner klinische Wochenschrift, 1887, р. 431. 28 416 в.в. DE BÜHTLINGK, SUR LES MODIFICATIONS DE LA CONSTITUTION ETC. devrait s'attendre par conséquent à une dépense plus grande de sodium et de po- tassium à l’état d'alimentation normale qu’elle ne l’est à jeüne, lorsque les fonctions digestives sont réduites à leur minimum. Il est vrai que la majeure partie des sels éliminés dans l’intestin sont absorbés de nouveau, maïs peuvent- ils resservir à l’organisme, cela nous paraît fort douteux. Il est bien connu [М. Lunin ®)] que les sels minéraux ajoutés comme tels aux aliments orga- niques, ne peuvent, d’aucune façon, remplacer ceux qui sont naturellement liés à ces aliments. Malheureusement, le dosage du potassium et du sodium dans l’urine des animaux normalement alimentés ne peut nous fournir aucun rensei- gnement sur la quantité dépensée de l’un ni de l’autre, car l’urine renferme, outre les produits de désassimilation, encore tout excès de sels introduits avec les aliments, et ne donne que la mesure de la quantité totale des sels ingérés. DR RS Е _25) №. Lunin, Ueber die Bedeutung der anorganischen Salze für die Ernährung des Thie- res, Diss., Dorpat, 1880. Our l’action bactéricide du suc gastrique. Par М. Е. $. London. Travail de la Section de pathologie générale à l’Institut Impérial de Médecine expérimentale. On sait que presque tous les sucs du corps, tels que salive, lait, urine, exsudats, transsudats etc., possèdent des propriétés bactéricides plus ou moins prononcées, lesquelles se manifestent si nettement dans le sang. Le suc gastrique n’en fait pas exception. Malheureusement, il était impossible jusqu’à ces derniers temps de recevoir, pour les recherches correspondantes, du suc gastrique absolument pur, exempt de substances arrivant dans l’es- tomac des parties adjacentes du tube digestif. Aussi les données qu’on trouve dans la littérature sur l’action bactéricide du suc gastrique ne doivent-elles être accueillies qu’avec réserve. La technique imagineé par M. le professeur У. Р. Pavlow et ses collaborateurs, nous permet aujourd’hui d'obtenir le suc gastrique à l’état de pureté absolue. Naturellement, l’idée nous est venue de l’étudier au point de vue de son pouvoir bactéricide. Le pouvoir bactéricide des sucs digestifs présente incontestablement un intérêt capital non seulement au point de vue physiologique, mais également au point de vue de pathologie générale. Des substances provenant du monde extérieur et peuplées plus ou moins de microorganismes pas- sent constamment par le tube digestif. Depuis longtemps dejà on émettait l’idée que le rôle principal dans la défense contre les bactéries tendant à pénétrer dans notre organisme, serait dévolu à l’estomac. Dans l'étude du suc gastrique, ce qui attirait tout d’abord l'attention, c’est la présence de l’acide chlorhydrique libre que beaucoup d’auteurs considéraient comme 418 Е. 5. LONDON, un agent bactéricide essentiel. Les recherches que j'ai entreprises, sur le conseil de М. $. М. Loukianow, relatives aux propriétés bactéricides du sang, m’ont indiqué pourtant la nécessité de distinguer les milieux bactéricides des milieux, à proprement parler, toxiques. Conformément aux considérations énoncées dans ma communication antérieure concernant ce sujet !), le suc gastrique autant qu'il renferme de l’acide chlorhydriqne libre, capable de tuer les bactéries, doit être considéré comme un milieu toxique. Or, nous savons, par exemple, que la salive, quoique non acide, possède un pouvoir bactéricide non douteux. Il est à se démander, si le suc gastrique ne possèderait, lui aussi, outre l’action toxique due à l’acide chlorhydrique libre, un pouvoir bactéricide, dû à la présence de substances bactéricides particulières; ou, en d’autres termes, ne devrait-on pas considérer le suc gastrique non seulement comme un milieu toxique, mais aussi comme un milieu bactéricide dans le sens strict du mot? Avoir à notre disposition du suc gastrique pur était, bien entendu, une condition зе qua non pour la solution de ce problème. Suivant le conseil de M. 5. M. Loukianow, je ше suis mis à l’étude de cette question; j'ai institué quelques expériences avec le suc gastrique de chien, mis à ma disposition grâce à l’obligeance de M. le profes- seur J. P. Pavlow et MM. les docteurs М. J. Damaskine et J. 0. Lo- bassoff. J’utilisais des sucs gastriques de provenances différentes. J’en avais tout d’abord des échantillons provenant d’une fistule gastrique ordinaire chez un chien auquel on avait pratiqué une œsophagotomie. Le suc gastrique sécrété lors de l’alimentation fictive de l’animal (les aliments avalés étant rejetés en dehors par la fistule de l’œsophage) ne possédait aucune odeur et restait limpide malgré un long séjour à la température ordinaire. J’en avais, de plus, des échantillons provenant d’un autre chien ayant subi la même opération et dans les mêmes conditions expérimentales. Ce suc était trouble et présentait une forte odeur acide; par le séjour à la température ordinaire il devenait de plus en plus trouble. Les renseignements recueillis à propos de ce chien, m'ont fait connaître qu’il était malade. Le premier comme le second suc était, paraît-il, exempt de contenu intestinal, mais toutefois, on ne peut nier la possibilité du passage d’une certaine quan- tité de contenu duodénal, car l'estomac n’a pas été séparé du tube inte- Stinal. J’avais, enfin, des échantillons d’un suc absolument pur. Ce suc provenait d’une portion isolée de l’estomac, opéré par le procédé du pro- ‚ )Е.-5. London, De l'influence de certains agents pathologiques sur les propriétés bactéricides au sang; 1"° com.: Des propriétés bactéricides du sang dans les conditions normales; ces Archives, $. У, fas. 1, 1896, р. 88. SUR L'ACTION BACTÉRICIDE DU 806 GASTRIQUE. 419 fesseur J. P. Pavlow. Lors de l’alimentation fictive ce petit estomac fonctionne de la même manière que le grand resté en communication avec l'intestin. Séparé d’une part de l’œsophage et d'autre part du duodénum, le petit estomac sécrète un suc qu’on doit considérer comme complètement exempt de toute impureté. J’instituais mes expériences de la manière suivante. On dosait l'acide libre dans les échantillons de suc au moyen de la solution !/,-nomale de М№М ОН et on calculait la quantité de la solution alcaline nécessaire pour donner une réaction faiblement alcaline à 2” de suc. La quantité corres- pondante de liqueur alcaline était introduite dans une éprouvette, qu’on fermait avec un tampon de coton et que l’on stérilisait ensuite; puis on y transportait, à l’aide d’une pipette stérilisée, 2° de suc à analyser; la liqueur se troublait, mais ce trouble disparaissait rapidement lorsqu'on agitait, même légèrement, la liqueur. Si le trouble persistais, cela indiquait que le mélange était encore acide. Pour vérifier la réaction, on saisissait avec une anse de platine stérilisée une goutte de liqueur qu’on déposait sur du papier de tournesol. S’il était nécessaire d'ajouter du suc ou de la solution alca- line, on le pratiquait soit à l’aide d’une pipette stérilisée dans le premier cas, soit au moyen d’une anse de platine dans le second. Le suc neutralisé était ensemencé avec telles ou autres bactéries en suspension dans la solution physiologique de chlorure de sodium (à 0,75 pour 100). Pour étudier l’ac- tion bactéricide, on а eu recours aux bactéridies charbonneuses, aux bacilles de la fièvre typhoïde, aux spirilles du choléra asiatique et aux bacilles pyo- cyaniques. En saisissant avec une anse de platine une goutte de ma solution saline renfermant les bactéries, je la déposais dans le suc à analyser en agitant soigneusement, afin que les bactéries se répartissent uniformément. А l’aide de la même anse de platine, préalablement rougie au feu et re- froidie, je prélevais une goutte d’essai et l’ensemençais ensuite sur gélatine au bouillon-peptone. Les colonies ayant poussé dans les boîtes de Petri étaient comptées par la méthode usuelle. Certains échantillons de suc ont été soumis, avant la contamination, à la température de 55° C. durant une heure. Le suc se troublait alors dans la majorité des cas: un dépôt flocon- neux se formait; ceci n’influençait pas, cependant, la réaction. Dans un cas, le suc neutralisé а été mélangé à son volume de bouillon, avant d’être ense- mencé; dans le but de contrôle on a ensemencé avec des bactéries deux autres éprouvettes: l’une contenant du bouillon pur et l’autre renfermant du suc pur non neutralisé auquel on avait ajouté son volume du même bouillon. J’ai réuni tous les résultats obtenus dans le Tableau Г, comprenant les divisions: À, Б, С, D, et Е. 420 Е. 5. LONDON, Tableau I. a. — Au bout de quel nombre d’heures, après l’ensemen- cement, les gouttes d’essai sont-elles prélevées? bactéries. Ф a 5 3 я я © d — > = © я Fa Espèces de 5. — Nombre des colonies ayant poussé dans les gouttes d’essai. A. Suc gastrique pur, neutralisé. 1 | Estomac | Anthrax | a 0 1 2 4 63/, | 73) 9 malin b 210 146 104 52 18 - 10 0 2 » » a 0 1 2 4 63%, | 73, 9 b 270 103 43 40 6 0 40 3 » » a 0 112 3 4 5 7 8 24 b 353 158 121 70 35 10 0 0 4 » Typhus | а 0 1 3 4 6 9 24 b 104 49 31 5 0 0 0 5 | Petit | Anthraz| a | o | 2 | 34, | 4, | 6 8 | °7 estomac malin b 675 | 132 83 75 67 15 0 6 » Choléra | a 0 1 5) 3 4 24 49 b |18900 | 10800 | 7200 | 6300 | 876 0 0 7 » Pyocya- | a 0 1 21, 5 48 neus 6 | 4000 | 1700 | 820 | 4200 со 8 » » a 0 1 2 3 4 6 25 b |18000| 1800 | 1060 | 820 630 ? 0 9 » » 0 1 2 3 4 6 25 a b |36000| 980 | 700 | 604 564 120 со 0 1 2 3 4 24 48 117000] 18000 | 1500 | 3500 | 1787 | 70 со < 8& В. Suc neutralisé mélangé à du bouillon (6); suc acide pur mélangé à du bouillon (b’); bouillon pur (b’”’). Ц Estomac | Anthrax | а 0 2 3 4 6 7 28 . malin b 265 84 52 32 16 0 0 b’ | 275 0 0 0 0 0 0 6” | 230 466 975 | 2374 | 13500 | со со SUR L'ACTION BACTÉRICIDE DU $06 GASTRIQUE. 421 a. — Au bout de quel nombre d’heurcs, après l’ensemen- cement, les gouttes d’essai sont-elles prélevées? Provenance bactéries. b. — Nombre des colonies ayant poussé des gouttes d'essai. С. Suc neutralisé d’un chien malade (catarrhale). Estomac | Anthrax 0 1 21} 4 9 malin 106 | 149 | 567 | 1200 | © 7 0 1 3 4 273 143 | 376 | 1100 | © Typhus 0 1 2 3 5 T1} 456 | 938 | 2135 | 6375 | 13500 | 31700 D. Suc neutralisé se troublant par le chauffage. Estomac | Anthrax 0 2 8 4 24 malin 271 | 313 | 364 | 579 со Typhus 0 1 3 . 4 6 900 | 2160 | 2430 | 3270 | 4320 Petit Pyocya- 0 1 2 8 4 24 estomac neus 31500 | 40500 | 58400 | 62500 | со со Е. Suc neutralisé ne se troublant pas par le chauftage. Petit Pyocya- | a 0 1 2 3 4 24 estomac neus b |90000 | 9000 | 5400 | 7200 | 2700 | 178 La division À du Tableau I nous montre que le suc gastrique de chien, neutralisé ou faiblement alcalin, extrait par le procédé ci-dessus indiqué, soit de l'estomac entier, soit du petit estomac, exerce une action bactéricide typique sur les microbes du charbon, de la fièvre typhoïde, du choléra et du pus bleu. Les bactéries introduites dans un de ces milieux tantôt périssent définitivement, tantôt décroissent tout d’abord dans une certaine mesure pour se reproduire ensuite, après un temps variable. La division B nous fait voir que le suc gastrique neutralisé conserve son action bactéricide sur les bactéridies charbonneuses, même dans les cas où on l’additionne de bouillon nutritif. Le suc acide pur, mélangé à du bouillon, se montre comme un milieu toxique. Les bacilles du charbon y périssent très rapidement et en totalité. Les bonnes qualités nutritives du bouillon qu’on à 422 Е. S. LONDON, utilisé dans ce cas se manifestaient avec une évidence parfaite, comme on en peut juger par les chiffres de la dernière rangée horizontale de la division Р. La division C est très instructive, dans ce sens que le suc neutralisé, provenant de l’animal malade, ne jouit pas de propriétés bactéricides (№№ 12, 14) ou n’en possède qu’à un degré très faible (№ 13). La maladie de l’animal n’ayant pas été bien déterminée, il faut, toutefois, croire que la muqueuse stomacale était le siège d’un processus catarrhal. La division D nous fait voir que le suc gastrique neutralisé se trou- blant par le chauffage ne manifeste point d’action bactéricide. Il est intéressant de comparer ce fait avec les résultats de l’expérience présentée dans la division Е. On en peut conclure, il paraït, que le suc gastrique qui ne devient pas trouble par le chauffage, conserve son action bactéricide. En nous basant sur les données du Tableau I, nous avons construit deux Tableaux complémentaires, lesquels expliquent certains détails non sans valeur. Tableau II. Nombre des colo- Nombre des colo-| Nombre des bac- Moyennes, еп tant № de nies ayant poussé [nies ayant poussé| téries disparues | pour cent, des [des gouttes d’essaildans cet intervalle] bactéries dispa- l'expérience. [des gouttes d'essai prélevées environ | de temps, en tant | rues par groupes initiales. 4 heures après. pour cent. d'animaux. А. Anthrax malin. 52 40 70 83 B. Pyocyaneus. 18000 630 36000 564 117000 1787 SUR L'ACTION BACTÉRICIDE DU $06 GASTRIQUE. 493 D’après les résultats du Tableau П nous pouvons affirmer que le suc gastrique neutralisé de chien manifeste envers le Bac. pyocyaneus une action bactéricide plus intense qu’envers le Bac. anthracis. Cette conclusion, découlant des moyennes évaluées pour 100, représentées dans la dernière colonne, acquiert une grande valeur, car dans les expériences avec le Bac. руосуатеиз on а pris des quantités relativement plus considérables d'éléments bactériens que dans celles faites avec le Bac. anthracis. Le sang de lapin se comporte envers ces deux espèces de bactéries d’une manière absolument opposée, comme Ра établi M. H. Buchner!). Tableau IL. Au bout de quels № de А quelle goutte| laps de temps, : la quantité ini- | en heures, les tiale correspond-| gouttes d'essai Nombres des bactéries disparues, en tant pour cent des quantités initiales correspon- dantes, pendant les intervalles de temps — l'expérience. elle? sont elles pré- levées? ь | р | g | Я 1 1 1 78 29 1 1 2 50 50 2 1 1 62 58 2 1 2 84 7 5 1 11}, 58 23 3 3 1 42 50 6 1 1 43 33 86 8 1 1 90 * 41 23 23 8 1 2 94 Al . 9 1 1 97 29 14 7 9 1 2 98 19 10 1 1 85 17 77 49 11 1 2 88 88 Les données du Tableau Ш nous permettent de conclure qu'à mesure du développement des phénomènes bactéricides dans le suc gastrique neutra- lisé, la proportion disparaissante pour 100 de bactéries présentes devient de plus en plus petite. Nous assistons au même ordre de faits en étudiant les propriétés bactéricides du sang. Il est de plus à noter que le Вас. pyocyaneus pousse dans le suc gastrique neutre sans former de pigment. Transporté ensuite dans le bouillon, 1) H. Buchner, Ueber die bacterientôdtende Wirkung des zellenfreien Blutserums; Centralblatt für Bacteriologie u. з. w., 1889, t. У, р. 821. . 424 Е. 3. LONDON, SUR L'ACTION BACTÉRICIDE DU SUC GASTRIQUE. sur gélatine au bouillon peptone ou sur gélose, il est capable de donner une culture avec coloration typique. | Ainsi donc, nous sommes amenés à conclure que le suc gastrique pur de chien, à l’état naturel, c’est à-dire acide, manifeste envers les bactéries une action toxique et que le même suc, étant neutralisé ou légèrement alcalinisé, manifeste une action bactéricide typique. Cela veut dire, en d’autres termes, que le suc gastrique peut être considéré non seulement comme un milieu toxique, mais encore comme un milieu bactéricide. Le suc gastrique provenant d’un animal malade, neutralisé à un degré correspondant, n’exerce presque pas d'action bactéricide et peut être considéré comme un milieu nutritif. Le suc gastrique normal, neutralisé et chauffé à 55° C. pendant une heure, se montre tantôt comme un milieu nutritif, tantôt comme un milieu bactéricide, suivant qu’il se trouble ou non par le chauffage. Une supposition s'impose, c’est que l’action bactéricide serait liée d’une manière ou d’une autre à des substances se séparant de la solution dans les con- ditions ci-dessus indiquées. Зиг l’excitabilité sécrétoire spécifique de la muqueuse du canal digestif. Quatrième mémoire. Sécrétion gastrique chez le chien. Par M. le D-r J, 0. Lobassoff. Travail du laboratoire de Physiologie à l’Institut Impérial de Médecine expérimentale. Г. En 1894 le D-r КЫ еше") а fait une étude sur la sécrétion des glan- des stomacales du chien en utilisant le procédé, imaginé par le professeur Pawlow, d'isolement partiel de l’estomac avec conservation de son inner- vation. Voici les principales conclusions de cet auteur dans leurs traits gé- пбёгапх. La sécrétion des glandes d’estomac est une fonction fort complexe. Cette complexité consiste en ce que chaque espèce d’aliments exige une sécrétion spéciale, différant pour chaque cas quant à la durée de sa période latente et de sa période active, ainsi que par la quantité du suc sécrété, la vitesse de sécrétion ?), son pouvoir digestif et son acidité. Et de plus, la vi- 1) Activité sécrétoire de l’estomac du chine, thèse. St. Pétersb. 1891. Voir aussi ces Ar- chives, +. П, р. 461. 2) La vitesse sécrétoire est evaluée d’après la quantité du suc sécrété dans une unité de temps donnée, et par conséquent elle est en raison directe de la quantité totale du suc sécrété et en raison inverse de la durée de la sécrétion. 426 1. 0. LOBASSOFF, SUR Т’ЕХОТАВИЛТЕ SÉCRÉTOIRE tesse sécrétoire ainsi que les qualités du suc — puissance digestive et aci- 46 — пе sont pas les mêmes pendant toute la durée de la digestion, mais varient d’un moment à l’autre de l’acte digestif. Chaque езрёсе d’aliments imprime un caractère spécial à ces variations; il est encore à noter que, bien que l'acidité du suc varie avec les oscillations dans la vitesse de sécrétion, les variations du pouvoir digestif en sont indépendantes. Les caractères par- ticuliers de la sécrétion gastrique pour chaque espèce d'aliments se répètent avec une telle constance et une telle fixité que nous sommes en droit de di- stinguer plusieurs espèces de sécrétions: sécrétion du régime lacté, celle du régime carné, celle qui est propre à l’ingestion de pain, et correlativement, diverses espèces des зисз: le suc gastrique du lait, le suc de la viande et le suc du pain. La conclusion principale du D-r Khigine est que la muqueuse ga- strique s’adapte aux différents aliments qui se trouvent dans l’estomac. Ces faits ayant été établis, M. Khigine chercha à les analyser en étudiant l’influence des éléments constitutifs de la nourriture introduite di- rectement dans l’estomac sur la sécrétion du suc gastrique. L'auteur а montré que, ni l’acide chlorhydrique, ni le suc gastrique, ni les solutions de carbonate de soude (alcalis), ni celles de sel marin (sels neutres), ni l’albumine (blanc d'oeuf liquide), ne provoquent pas la sécrétion. Cette dernière n’est provoquée que par l’eau et surtout par les solutions de peptone. Si nous ajoutons encore que les albuminoïdes peuvent également déterminer la sécrétion lorsqu'ils ont été digérés par le suc gastrique, nous allons ainsi résumer toutes les données analytiques de М-г Khigine. Ces données et celles du D-r Dolinsky') relatives à l’excitabilité spécifique de la muqueuse gastro-intestinale par l'acide, stimulant de la sécrétion pancréatique, et surtout le fait de l’adapta- tion des glandes stomacales aux différentes espèces d'aliments, ont permis à M. Khigine de conclure que cette adaptation a pour base une excitabilité spécifique de la muqueuse gastrique. On voit par là que l’auteur n’a qu’en- tamé l’analyse du processus sécrétoire de l’estomac, toute sa complexité, ses traits caractéristiques pour chaque espèce de nourriture étant restés sans explication. Nous avons poussé cette analyse aussi loin qu’il nous était possible. La majeure partie de nos recherches а été faite sur le dernier chien de M.Khi- gine «etit-ami °). On trouve dans le mémoire dudit auteur des renseig- 1) Dolinsky, Influence de l’acide sur la sécrétion pancréatique, thèse. St. Pétersb. Voir aussi ces Arch. $. III, р. 399. 2) Ce chien est marqué du № 4 dans le travail de M. Khigine; nous l’appelons ici de son nom propre «Petit-ami. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF, 427 nements sur ce chien et son observation du 2 avril jusqu’au 14 août 1894. Le 2 avril 1894 il а subi l’opération d'isolement d’une portion de l’estomac par la méthode de M. le professeur J. Pawlow; après quoi il a servi aux expé- riences de M. Khigine jusqu’au 14 août 1894. Pour la commodité des ex- périences avec introduction dans l’estomac de diverses solutions et surtout de substances solides on lui pratiqua en septembre 1894 une fistule gastri- que, un peu à gauche de la ligne abdominale médiane. Enfin, pour évaluer les quantités de la sécrétion psychique d’une part, et surtout dans le but de comparer la quantité et la nature de cette sécrétion dans les deux portions de l’estomac, la grande et la petite portion isolée, nous lui pratiquâmes le 6 avril 1896 une oesophagotomie. П supporta bien ces deux opérations sup- plémentaires, sans grande perte de poids. Га observé ce chien de la fin du mois de février 1895 jusqu’au mois d'octobre 1896 (à l'exception de 4 mois). L'animal se portait bien; ce n’est qu’accidentellement qu’il а eu quelques accès de malaise durant lesquels on interrompait les expériences, exeptées celles de contrôle. L’état des voies digestives, entravé parfois par une expérimen- tation inhabile ou trop persistante avec des substances irritantes (alcool, extrait de Liebig, graisse), a été surtout rigoureusement surveillé. Pour ju- ger de l’état des voies digestives avec exactitude et précision on à institué les expériences de contrôle lesquelles ont été faites à la fin de chaque journée d'observation. Ces expériences ont eu encore un autre but: si, après l’expé- rience, on donnait à l’animal à manger en le laissant ensuite libre dans la chambre, le suc s’écoulant au dehors corrodait la peau au pourtour de l’ori- fice du sac stomacol isolé, ce qui inquiettait le chien, menaçait sa santé (hé- morrhagie des artérioles et usure profonde des tissus) et, enfin, usait peu à peu la muqueuse elle-même du sac isolé; la recolte du sue durant l’acte digestif, le plus longtemps possible, écartait en grande partie ces complications; c’est pourquoi nous avons suivi le conseil de M. Khigine de recueillir le suc chez le chien qui a mangé après l’expérience jusqu’à ce que la sécrétion ne tarît considérablement. Quoi qu’il en soit, la surface de la portion isolée di- minuant peu-à-peu, et des fois, même considérablement, grâce à notre négli- geance, elle a diminué actuellement d’un ‘/, ou d’un //,; donc, en comparant la vitesse de sécrétion dans nos expériences avec celle observée par M. Khi- gine, il faut faire la correction correspondante. De cette façon la quantité de suc éliminé par le sac isolé а diminué. Or, ce qui est remarquable, quoique bien compréhensible, vu que l’innervation, la circulation sanguine et lym- phatique étaient conservées dans ce sac, c’est que la sécrétion de suc a con- servé, dans ses moindres détails, toutes les allures et toutes les particulari- tés caractéristiques pour chaque espèce d’aliments. 428 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE En instituant les expériences nous avons cherché de remplir les condi- tions suivantes: 1° L'expérience n’a été faite que lorsque le chien était absolument =: portant. 29 On faisait attention surtout à l’état des voies digestives et en par- ticulier à celui de l’estomac. 39 L’estomac doit être vide, en vue de quoi, et aussi pour que mr lit du chien reste le même dans différentes expériences, il recevait toujours le dernier repas 13 à 14 В. avant l’expérience. Si l’estomac n’a pas été complètement évacué au bout de ce temps on pratiquait son lavage à l’eau tiède. 49 On ne commençait l’expérience qu’après qu’on s’était persuadé, еп observant 15 à 20 minutes, que l’estomac ne sécrète point de suc; dans le cas contraire on attendait jusqu'à ce que la sécrétion cessât. 50 On tâchait surtout de ne point exalter l’appétit du chien, si toute- fois l'expérience ne l’avait exigé; on cherchait dans plusieurs cas de dissiper à l’animal, autant que possible, toute idée, toute envie de manger. On ex- périmentait à cet effet dans une pièce à part et toujours close; personne n’y entrait durant l’expérience, et l’expérimentateur lui-même demeurait inerte, afin de ne pas attirer l’attention du chien. Pendant l’expérience le chien restait sur la table, ou bien on le plaçait dans une stalle de la manière décrite par М. Konovaloff *) dans sa thèse de doctorat. Le suc а été recueilli à l’aide d’une canule en verre ou еп caout- chouc, percée de plusieurs trous, que l’on introduisait dans le sac isolé et par laquelle il s’écoulait dans une petite tasse ou un cylindre gradué. On Je pré- levait par portions séparées correspondant à telle ou telle période de l’acte digestif. Ces portions ont été notées dans l’observation et analysées au point de vue de leur acidité et de leur puissance digestive. On prenait une partie de chacune des portions, proportionnellement à leurs quantités, et on en fai- sait avec, encore une portion laquelle représentait ainsi les propriétés de la totalité du suc sécrété dans des conditions déterminées. L’acidité a été déter- minée au moyen d’une solution de baryte caustique (généralement de 0°”, 5 de barium pour 1 с. с. environ); on employait comme indicateur la solu- tion alcoolique de phénolphtaléine à 1%. L’acidité a été notée dans l’obser- vation, rapportée à l’acide chlorhydrique et évaluée pour 100. La réaction pour la recherche de l’acide chlorhydrique n’a été pratiquée que dans des cas rares; on se servait alors de la tropéoline. 1) N. N. Konovaloff, Les pepsines artificielles et le suc gastrique normal, thèse St. Pé- tersbourg 1893, p. 8 (en russe). SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 429 Le pouvoir digestif du sue était déterminé n vitro par le procédé de М. Меце (digestion du blanc d’oeuf cuit dans de petits tubes en verre) le- quel а été appliqué et décrit à maintes reprises par divers auteurs russes ayant travaillé au laboratoire de M. le P-r Pawlow qui a quidé aussi les travaux de M. Mette, ainsi que dans plusieurs autres laboratoires de physi- ologie et de médecine expérimentales '). Ce procédé étudié et utilisé par nombre d’expérimentateurs et lernièrement par M. le D-r Samoïloff?), qui a fait une étude spéciale sur ce sujet, а acquis aujourd'hui une telle simplicité et exactitude qu'il doit être considéré comme un des meilleurs. D'une exécution fort simple et expéditive, il possède en outre une qualité précieuse qui avait déjà attiré l’attertion de beaucoup d'auteurs, c’est qu’il permet d'évaluer le pouvoir digestif, même avec de très petites quantités de suc, lorsqu'on n’en dispose que de 2 à 4 dixièmes de с. с. Dans l’application de ce procédé nous avons suivis rigoureusement la technique indiquée par M. Samoïloff. Dans certains cas il serait important d’avoir une notion, ne füt-ce qu’ap- proximative, sur la quantité même du ferment élaboré par l'estomac. Nous l’a- vons appréciée d’après le pouvoir digestif du suc; or le rapport de ce dernier à la quantité de ferment s’exprime par la formule suivante de Schutz-Bo- rissoff*): les quantités du ferment contenu dans deux portions de suc sont entre elles dans le même rapport que les carrés des vitesses digestives de ces deux sucs. Etant donnée l’exactitude de cette loi, confirmée à maintes ге- prises, et sa vulgarisation de plus en plus grande relativement aux ferments digestifs, nous en avons eu recours partout où cela nous paraissait utile. я IL. En abordant l’analyse du processus sécrétoire de l’estomac lors de la digestion, commençons tout d’abord par mettre en évidence la valeur du premier moment dans le temps de ce processus, de l’acte du repas propre- 1) Mette, Contribution à l’innervation du pancréas. Thèse, St. Pétersbourg, 1890. (en russe). Borissoff, Du zymogène de la pepsine et de son passage à l’état de pepsine active. Thèse, St. Pétersb. 1891 (en russe). Samoïloff, Détermination du pouvoir fermentif des liquides contenant de la pepsine par le procédé de Mette, ces Arch. t. IT, р. 698 et nombre d’autres Kouvchinsky, Ketscher, Sanozki, Jurgens, Konovaloff, Bekker, Vasilief, Dolin- ski, Khigine, Riasanzeff, Jablonsky, Tschouriloff; et d’autres laboratoires: Boris- soff, Tronoff, Coutousoff, Voliansky, Jdan-Pouchkine, Predtétschensky, Kirikof etc, 2) Samoïloff, loc. cit. 3) Borissoff, loc. cit. 430 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE ment dit. La valeur de ce dernier а été mise en lumière d’une facon excessi- vement nette et précise par la méthode de l’alimentation simulée proposée par M. Pavlow et M-me Schumoff-Simanowska!'). Ladite méthode permet d'isoler l’acte du manger de tout le complexus de phénomènes digestifs. Les expériences répétées des centaines de fois?) sur des chiens gastro-æsophogotomisés firent voir que, aussitôt après l’ingestion de viande, pas avant qu’au bout de 5 minutes cependant, il s'établit une sécrétion abon- dante de suc gastrique. Son acidité est de 0,46 à 0,58%,, exprimé en acide chlorhydrique; ce qui le caractérise surtout, c’est sa richesse en ferment; sa puissance digestive oscille en moyenne de 5°°,5 à 7,° 5. La présence du ferment imprime au suc la propriété de donner un précipité plus ou moins abondant par le refroidissement et par l’ébullition, or la propriété de former un précipité par refroidissement n’est l’apanage que des sues très actifs dont le pouvoir digestif n’est pas inférieur à 5,” 5—6 . La sécrétion de suc continue pendant tout le temps que le chien mange et encore durant 4 heures environ après ce repas fictif. D’après les données de M. Sanotzky*) et nos observations personnelles, la durée maxima de l’élimination du sue, à la suite d’une alimentation fictive de 5 minutes, est de 4 heures. Done, le passage des aliments à travers la cavité buccale stimule, sans contredit, la sécrétion gastrique. Il est à se demander, quel serait le mécanisme de ce phénomène? Est-ce un simple reflexe à point de départ de la muqueuse buccale et glottique, dû à leur irritation méchanique ou chimique? On bien serait-ce un reflexe associé aux. mouvements de déglutition et de mastication? Ou bien encore, ce pourrait être un reflexe purement psychique résultant de l’envie de manger et de la satisfaction par l’ingestion de repas? Plusieurs faits connus sont en opposition avec les deux premières de ces interprétations. Ainsi, une irritation de la muqueuse buccale-par des agents chimiques ou méchaniques (introduction du sable dans la cavité buccale, des pierres ou des fragments de cire à cacheter, introduction du gravier derrière les piliers antérieurs et leur déglutition consécutive) ne détermine point la sécrétion de suc chez les chiens gastro-œsophagotomiés “). On pour- rait, bien entendu, reprocher à ces expériences l’application de la violence 1) Pawlow et Schoumoff-Simanowska. Innervation des glandes stomacales chez le chien, Vratsch 1890, № 41 (en russe). Voir aussi Arch. f. Anat. u Phys. 1895. 2) Pawiow et Schoumoff-Simanowska, 106. cit. Ketscher, Du reflexe partant de la muqueuse buccale sur la sécrétion stomacale. Thèse S. Pét. 1890. Sanozky loc. cit. (Nous citons d’après ces Archives). Konovaloff, 106. cit. Schumoff-Simanowska, Sur le suc gastrique et la pepsine chez le chien. Ces Arch. t. IT, р. 462. 3) Sanozky, 1. cit. р. 40—42. 4) Ketcher, 1. сй., р. 13—14, Sanozky, L. cit., р. 74, 76. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 431 laquelle saurait bien être ici la cause des résultats negatifs. Mais, les chiens du laboratoire sur lesquels nous avons expérimenté étaient très intelligents et dévinaient nos intentions à tel point qu’ils prenaient d'eux mêmes les petites pierres des mains de l’expérimentateur et les avalaient; or, malgré cela, les résultats furent toujours négatifs. Et de plus, il a été noté que plus grand est l’appétit du chien à un moment donné ou plus il est vorace en général, plus abondante est sa sécrétion gastrique lors de l’alimentation simulée. Et enfin, il est des chiens fort difficiles à l’égard de la nourriture, comme par exemple, les chiens de chasse qui ne mangent pas de gibier; certains chiens ne mangent point la viande de cheval, d’un usage habituel dans les laboratoires, ou s’il en mangent ce n’est que pendant peu de temps et sans appétit, et préfèrent la viande de bovidés; on а remarqué aussi que la plupart d’entre eux, presque tous, aiment la viande bien assaisonnée, cuite, en forme de saucissons etc. Tous ces chiens, difficiles sur les mets, étant soumis à l'alimentation fictive avec un des aliments qui leur soit désagréable ou indifférent, ne fournissent des résultats que très peu marqués. Cette circonstance est tellement essentielle qu'il est d’usage dans le laboratoire d'étudier les goûts des chiens avant de les soumettre aux expériences de ce genre. En dehors de ces considérations indirectes, les indications que l’on trouve dans la littérature sur ce sujet sont d’une grande valeur, et notam- ment les anciennes observations directes de certains observateurs comme celles de Bidder et Schmidt’). Ces auteurs ont montré que l'aspect seul des aliments détermine ппе sécrétion de suc gastrique chez des chiens affamés: «Sehr bemerkenswerth ist, dass bei nüchternen Thieren auch der blosse Anblick von Nahrungsmittein die Absonderung des Magensaftes zu vermehren vermag, wovon wir uns bei Thieren mit unterbundenen Speichelgän- gen vielfach überzeugt haben» (fait très remarquable qu’aussi chez des animaux à jeûn la vue seule des aliments peut augmenter la sécrétion de sue gastrique; nous nous en sommes persuadés plusieurs fois sur des chiens à canaux salivaires liés). Il est a rappeler ici que, partant de ce fait, M. le Р-г Pawlow arriva à la méthode de l'alimentation fictive. Dans ces derniers temps, MM. Kettscher?), Sanotzky°) et Khigine“) ont observé la même chose. Ces auteurs ont obtenu du suc gastrique aussi riche en ferment que celui de l'alimentation fictive, en éveillant l’appétit par l'aspect 1) Bidder et Schmidt, Die Verdauungssäfte und der Stoffwechsel, 1852. 2) Kettscher, L. cit. р. 8, 16, 19, 20, 21. 3) Sanotzky, 1. cit., р. 30. 4) Ces Arch. +. Ш, р. 456. 432 1. 0. LOBASSOFF, SUR Т’ЕХОТТАВИЛТЕ SÉCRÉTOIRE de la nourriture chez des chiens œsophagotomisés (Sanotzky её Kettscher) et chez un chien porteur d’un sac stomacal isolé par le procédé de M. Pawlow (Khigine). Ce qui nous intéresse surtout, c’est que le P-r Sanotzky a obtenu dans ces expériences des quantités de suc riche en ferment lesquelles surpassaient celles que l’on obtenait par alimentation fictive. L'analyse de toutes ces données, dont on trouve un exposé détaillé dans le travail de М. Sanotzky'), a conduit cet auteur à la conclusion suivante: dl est donc très probable que l’excitation psychique occupe le premier rang dans la sécrétion de suc gastrique lors de l’alimentation fictive, en suggérant l’idée d’un repas et une vive représentation des aliments chez un animal affamé». Complètement d’accord avec M. Sanotzky sur ce point, nous formulons notre opinion ainsi que suit: La sécrétion de suc gastrique provoquée par une alimentation fictive ou, ce qui revient au même, par l’acte du manger réel, est une des manifestations de ce processus psychique parti- culier au moyen duquel la nature garantit tous les principaux besoins de l'organisme animal, qui consiste ici dans la sensation de faim, et une ten- dance impérieuse de l’apaiser; or, l’acte du manger éveille la représentation du repas et stimule l’appétit (opinion du P-r Pawlow). А côté des données confirmant l’existence d’une sécrétion psychique on trouve dans la littérature des avis contraires. Parmi les auteurs qui ont vérifié les résultats de Bidder et Schmidt, citons Schiff?) et Braun‘) lesquels n’ont pas obtenu de sécrétion véritable du suc gastrique en opérant dans les mêmes conditions. Comment expliquer cette discordance? А quoi tient ce fait que la valeur de l’agent psychique comme stimulant de la sécrétion du suc gastrique, si évidente dans l’alimentation simulée, n’a pas pu être confirmée par plusieurs auteurs qui ont employé l’exaltation simple de l’appétit de l’animal, et qu’elle ne soit reconnue jusqu’à présent comme une vérité bien établie en physiologie, malgré les assertions de Bidder et Schmidt? Il y avait nombre de raisons pour que les expériences de Schiff et Braun ne réussissent pas. Les chiens sont très différents de par leurs caractères, ce qui est facile à observer selon Ja manière dont ils se com- portent envers la nourriture et par leur façon de manger. П est des chiens très vifs et impressionables, comme le sont principalement les chiens jeunes . qui se laissent facilement exciter par l’aspect seul des aliments; d’autres au 1) Sanotzky, 1. cit., р. 66. 2) Schiff, Leçons sur la physiologie de la digestion, t. П, 1867. 3) Braun, ОБег den Modus der Magensaftsecretion, Eckhard’s Вейтаде zur Anat. и. Physiologie, +. VIT, 1876. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 433 L contraire sont très réservés sons ce rapport et peu excitables; enfin quelques uns paraissent déviner la fraude et se détournent du repas qu’on leur sert, comme vexés. Ces chiens ne réagissent que lorsque les aliments ont pénétré dans la bouche. Nous avons eu déjà l’occasion de remarquer que certains chiens sont très difficiles sur le choix de la nourriture. Si cette circonstance influence beaucoup les résultats dans les expériences avec alimentation fictive, son effet sera évidemment encore plus marqué dans celles avec la stimulation de l’appétit de l’animal par la vue et l’odeur des aliments. Il est de plus à noter que quelques chiens sont très méfiants et craintifs et ne s’accoutument que lentement au laboratoire et aux manipulations auxquelles on les soumet; leur état inquiet et opprimé est, bien entendu, défavorable pour le succès de l’expérience. L’âge du chien, en tant que condition influençant son caractère, a aussi une grande importance: plus il est vieux -plus il est réservé et calme, et inversement. En se guidant par des consi- dérations ci-dessus dans le choix des sujets d'expérience on arrive très aisément à mettre en évidence la valeur du facteur psychique en qualité de stimulant de la sécrétion des glandes stomacales. Disons en terminant que nous étions beaucoup plus gênés lorsque nous avons cherché à éviter toute stimulation de l’appétit que dans les cas contraires. Nous répétons donc encore une fois que la sécrétion du suc gastrique dans l’alimentation fictive n’est qu’un des phénomènes particuliers de la sécrétion psychique en général. Le suc riche en ferment, obtenu dans ces conditions, est qualifié du nom de suc psychique. Passant maintenant à l’étude de la sécrétion gastrique dans l’alimenta- tion réelle nous devons, bien entendu, admettre a priori que la sécrétion psychique у prend place également et que le suc psychique fait partie du suc gastrique total. Prouver la constance de ce phénomène, déterminer d’une manière précise quelle part revient au facteur psychique dans le processus de la sécrétion gastrique pendant l’acte du manger, élucider l’influence qu'exerce le facteur en question sur les caractères distinctifs des sucs pour chaque espèce d'aliments, telle est notre tâche principale dans ce chapitre. Avant de passer à la description de nos expériences, nous devons noter que l’analyse seule des données relatives à la sécrétion gastrique dans l'ingestion de différentes espèces de nourriture nous fournit déjà beaucoup d'indications sur ce sujet, c’est-à-dire sur la valeur de l’acte du repas. Notre attention est naturellement portée tout d’abord sur le début de la sécré- tion gastrique comme premièr phénomène gastrique dans le temps lié à l'acte de manger. Qu'est-ce qui distingue donc le début de ce processus de 29* 434 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE . ses phases subséquentes? En commençant notre analyse par la sécrétion dans le régime carné, nous avons à noter que la quantité du suc éliminée pendant la première heure ou, ce qui revient au même, la vitesse de sécré- tion de la première heure, est plus élevée dans la plupart des cas que celle de la 2-me, et surpasse toujours, et de beaucoup plus encore, celles des heures qui suivent. Si desfois on observe une hausse dans la vitesse de sécrétion de Ja deuxième heure, c’est grâce à ce fait que la sécrétion ne s'établit que 5 —7 minutes après le repas. M. Khigine explique ce retard dans l'apparition de la sécrétion par la moindre intensité du facteur psychique, envie de manger. Or, si nous comptons non du moment de l’ingestion de nourriture mais de celui de l’apparition de la première goutte de suc (soit, du début de la sécrétion) et que nous additionnons ensuite au total du suc de la première heure la quantité correspondante pour 5—7 minutes de la période latente'), nous verrons que la prépondérance quantitative du suc de la première heure est un fait constant. Snr 11 expériences avec 400% de viande crue la prédominance de la 1° heure sur la 2-me a été constatée dans 8 cas; elle oscillait entre 4 et 50%; dans les 3 autres expé- riences la quantité du suc de la 2-me heure surpassait celle de la 1° de 2,4 à 7%. Sur 6 expériences avec 200 gr. de viande crue il n’y avait qu’une seule où prédominait la 2-me heure, de 3%; les 5 autres présentaient une quantité du suc dans la première heure de 1,5 à 37% plus grande que celle de la 2-me. Dans le tableau ci-après nous avons réuni les chiffres authentiques de 4 expériences avec prépondérance dans la quantité de suc de la 2-me heure et nous leur superposons la correction pour la période latente. | 1) On effectue ce calcul de la manière suivante: soit а ce la quantité de suc de la première heure, { minutes — la période latente; a сс corresponderait à un laps de temps égal à 60 mi- nutes moins 7. Опа donc pour 1 minute de la sécrétion a.l a. | 60—17, etpourune heure — a+ во а . : о 0—1 © c, et pour 1 minutes on aurait Er) SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 435 400 gr. de viande crue. 200 gr. de : viande crue. TT Ÿ ——_———rmr Experience Expérience Expérience Expérience № 6. № 22. №24. № 26. 4 mars 1895. | 29 mars 1895. | 31 mars 1895. | 4 avril 1895. А _ Quantité du suc dans la cc. cc. cc: сс. 1°° h. après le гёраз (a) 10,5 12,8 16,3 10,3 Quantité du suc dans la еее и.о 11,2 13,5 16,7 13,0 Période latente (7) . . . 5 minutes 5 minutes 5 minutes 5 minutes Correction pour la quan- tité de la première heure suivant la formule 10,5. 5 + [O5 — = |128 — 115,4 a. | 0-й о & =а- La correction ci-dessus étant faite, on voit que la vitesse sécrétoire ma- xima correspond toujours à la 1° heure après le repas. Mais ce qui caractérise surtout le suc gastrique dans le régime carné, c’est que за puissance digestive est plus grande dans la première heure après le repas que dans les heures qui suivent et que celle du total du suc (on juge de cette dernière d’après le mélange fait avec les portions prélevées à chaque prise horaire proportionnellement à sa quantité), comme le font voir les deux tableaux ci-après où nous présentons les valeurs moyennes. Le pre- mier comprend les variations du pouvoir digestif d'heure en heure dans l’in- gestion de 400 et de 200 gr. de viande crue, et le second représente les rap- ports du pouvoir digestif à la quantité du ferment dans les 1° et 2°” portions horaires et dans le mélange fait avec ces portions de suc proportionnelle- ment à leurs quantités, lors de l’ingestion de 400, 200, et 100 gr. de viande crue. A Moyennes du pouvoir digestif dans les portions recueillies d'heure en heure, en mm. du cylindre d’albumine (d’après M. Mette). Heures. 400 gr. de viande crue. 200 gr. de viande crue. mm. mm. 1 5,12 4,5 2 3,32 3,69 3 2,78 3,25 4 2,68 3,5 5 2,33 4,0 6 2,52 3,72 7 2,29 4,25 8 2,81 9 8,15 10 3,88 436 J. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE В. Rapport entre la quantité du ferment et le pouvoir digestif dans les dif- férentes portions de sue, après l’ingestion de 400, 200 et 100 gr. de vi- ande crue. Viande crie: 400 grammes. 200 grammes. 100 grammes. Pouvoir digestif du suc de la première heure en mm. (a) Le pouvoir digestif du suc de la 27° h. en mm. (b). . 3,69 Rapport de Ja quantité de ferment suivant la for- mule 1:2 —а?:52.. . . | 26,9144 : 10,0224 —| 920,25 : 13,6341 — | 22,0141 : 11,9716 — = 1:0,38 = 1 : 0,67 — 1:0,54 Pouvoir digestif du mélange en mm. (c) AE 3,53 3,76 4,46 Proportion relative du fer- ment dans la 1'° portion et le mélange d’après la formule 1:5 = а?:с?.. . | 26,2144 : 12,4609 —| 20,25 : 14,1376 = | 22,0141 : 19,8916 = — 1:0,47 = 5(1) (55) =: 0.9 On voit par се tableau que dans tous les cas le suc de la première heure est plus riche en ferment que celui des heures subséquentes. А partir de la 2"° heure la quantité du suc diminue de plus en plus, et son pouvoir dige- stif, après avoir baissé dans la 2"° et principalement dans la 3° heure, per- siste, avec quelques oscillations insignifiantes, à ce niveau jusqu’à la fin du processus secrétoire. А quoi tient donc cette différence entre le suc de la pre- mière heure après l’ingestion de viande et celui qui est sècrété dans les pério- des ultimes? La réponse s’impose de soi-même. П faut attribuer l’activité sécrétoire plus grande durant la 1°” heure et surtout son pouvoir digestif très élevé relativement aux autres portions de suc, à l'intervention du stimulant psychique (influence de l’acte du manger). Et en fait, laissant même de côté l’activité sécrétoire et envisageant seulement le fait que le plus grand pou- voir digestif correspond à la portion de sue qui s'écoule aussitôt après le SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 437 repas, on est amené à croire qu’il est constitué, ne fût ce que partiellement, par du suc psychique lequel est notoirement riche en ferment. Comme tou- tes nos observations relatives au rôle de l’acte de manger dans la sécrétion gastrique (psychique) se rapportent à l’estomac entier, il est à se demander si le sac stomacal isolé (d’après Pawlow) réagirait de la même manière, c’est- à-dire, si l’acte du manger amènerait ici également une sécrétion abondante du suc actif, soit une sécrétion psychique? Nous avons eu déjà l’occasion de dire que M. Khigine, par divers raisonnements, est arrivé à la conclusion que le sac isolé représente l’estomac entier sous tous les rapports et, entre autres, par sa manière de répondre à l’excitation par l’acte de manger. Nous avons tranché cette question par observation directe du sac isolé lors de l’acte du manger (moment psychique), ce qui au fond est identique à l’alimentation fictive. Ces expériences étaient faites lorsque le chien n’avait pas encore subi d’œsophagotomie et ne portait qu'une fistule sur l’estomac entier. Pour simuler les expériences avec alimentation fictive nous le faisions manger lentement de petits morceaux de viande préalablement comptés, lesquels ont été reje- tés ensuite au dehors par la fistule débouchée d’avance. On donnait à peu près 80 morceaux de viande pesant 150 à 180 gr.; le manger durait 5 mi- nutes; la sécrétion apparaissait au bout de 5—7 minutes et affectait, comme on le voit par le tableau ci-joint, tous les caractères de la sécrétion dans Pali- mentation fictive. ]] ressort de ce tableau que le processus sécrétoire dans nos expérien- ces est absolument identique avec celui de l'alimentation fictive: même péri- ode latente de 5—7 minutes, même allure de sécrétion traînante et lente, du- rant jusqu'à 4 heures après le repas, et enfin, et ce qui importe surtout, même teneur élevée du suc en ferment. Dernièrement, après qu’on eût pratiqué l’œsophagotomie à notre chien, nous l'avons soumis à quelques expériences avec alimentation fictive: leurs résultats concordèrent naturellement avec ce qui a été dit plus haut. Aïnsi, la question que nous nous sommes posée se trouve résolue. Une autre diffi- culté se dresse maintenant: ayant établi que l’alimentation fictive avec la vi- ande provoque une sécrétion, durant 17% à 4 heures, de suc riche en ferment et d’un pouvoir digestif élevé, comment interpréter qu’à côté de cela ce dernier caractère du sue пе soit pas aussi prononcé dans la première heure et encore moins dans la seconde, lors de l'alimentation réelle comparativement aux cas précédents. Ce phénomène s’explique aisément sans contredire notre conclu- sion sur l'influence du reflexe psychique. Nous en parlerons dans le chapitre ci-après. Qu'il nous suffise de dire pour le moment que l'alimentation réelle 438 1. 0. LOBASSOFF, SUR Г’ЕХОТТАВИЛТЕ SÉCRÉTOIRE Expériences simulant l’alimentation fitive. «Petit-amb. Expérience 58, Expérience 59. Expérience 61. Du 2 ша 1895. Du 3 ша! 1895. Du 5 mai 1895. Quantité du suc еп с. с. Quantité du suc Quantité du suc Heures. еп CC. Рав | РаЕ d’heure.| heure. Par Par 1/, db. | heure. Pouvoir di- Pouvoir di- Pouvoir di- В > > < > <. <. < < mi NN &t x &t © mot > N D N © oo o (es pa рака м“ <. © © Gt OUR NI Ok © 0 0 < > >> с < <> < Que SOoSnE < 1,6 1,1 ЕО 0,9 ВЕ 0,9 0,5 0,1 < < < CL2O2SS 2rom IV ЧУ 5 в а Période latente . . . . . in. 7 minntes 6 minutes Durée de la sécrétion . . : 21/, heures 4 heures Kemarque. Dans la 4"° expérience de ce genre laquelle n’a pas été ménée jusqu’à la fin (№ 114, du 27 juin 1895) nous avons obtenu 9°°,4 de suc en une heure et, sans le fractionner par portions de quart d’heure, nous avons déterminé son acidité, égale à 0,521°/, (pouvoir digestif 677,0). avec de la viande présente quelques conditions qui masquent ou qui paralysent l’action de l’élément psychique sur le pouvoir digestif. Ces conditions mani- festent leur influence sur le pouvoir digestif du suc de très bonne heure: on s’en aperçoit déjà dès la première heure de digestion. Оп? s’agit ici effecti- vement de la neutralisation de l’élément psychique, cela est mis en évidence, SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 439 entre autres, par les expériences ой on recueillait le suc de la première heure non pas en une seule portion mais par fractions successives de quart en quart d'heure; on constatait alors que le pouvoir digestif de la première de ces fractions était de 6," 13à 6," "5 et qu’il ne diminuait que plus tard; il tombait à 5, 0 à 4,0 et même à 3,0 dans les fractions subséquentes, се qui fait en somme, pour la portion horaire entière, un pouvoir de 4 à 5 mm. Je prends comme exemple l'expérience № 79 du 29 mai 1895 sur un chien ayant ingéré 400 gr. de viande et l’expérience № 73 du 28 mai 1395 sur un chien ayant mangé 500 gr. de viande. Le suc a été recueilli par por- tion de 5 minutes chacune. TP HSE UMR 19 Temps 2e P Expérience 79. Expérience 78. en minutes. Е ОЕ и Е Quantité du Pouvoir digestif | Quantité du | Pouvoir digestif suc еп с. с. en шт. suc еп с. C. еп mm. © EUUU ES © © © à Le 0 1 1 1 1 2, 1 1 1 1 1 < Fos pouruneheure. On observe la même prépondérance du travail sécrétoire dans la première heure, aussi à l’ingestion de pain. La courbe de la sécrétion gastrique, après ingestion de pain, représente l'intervention de l'agent psychique dans ce processus par une différence notable entre la durée de la sécrétion de la première heure et celle des heures subséquentes: ainsi, la 2° heure, la quantité de suc diminue déjà de 2 fois, en moyenne. Son pouvoir digestif élevé de la première heure ne baisse pas cependant, grâce à quelques conditions, pendant toute la durée du processus sécrétoire (caractère distinctif du suc dans le régime de pain d’avec celui du régime carné). L'interprétation de се phénomène va être exposée par la suite. 440 3. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE La sécrétion gastrique dans l’ingestion de lait présente des particula- rités tout spéciales et peut servir de preuve indirecte de l’influence de l’élé- ment psychique dans le processus de sécrétion: bien que le pouvoir digestif soit plus actif dans la première heure, il n’est pas absolument très actif, et la quantité du suc, étant peu considérable dans la première heure, augmente notablement dans la deuxième (de 2 fois et plus) et atteint son saummum dans la 3° heure. Cette marche de la sécrétion n’infirme nullement l’influence psychique en question, elle prouve au contraire que le lait ne favorise pas à mettre en jeu ce processus psychique et que dans l’ingestion de lait la sécré- tion psychique fait défaut. Et en fait, les recherches, encore inédites, du D-r Ouchakoff démontrent que, souvent l’alimentation fictive avec du lait, ne provoque point de sécrétion; on trouve quelques indications de ce genre dans le travail de М. Kettscher ‘). Nous avons observé pour notre part que souvent les chiens mangent le lait sans appétit, laissant fréquemment une partie de ce qu’on leur offre (par exemple 600 с. с.). En nous basant sur ce fait que le reflexe psychique se manifeste dans la digestion ordinaire par le maximum de la sécrétion dans les premiers moments qui suivent le repas, et qu’il jouit en même temps de puissance digestive maxima, nous avons institué des expériences spéciales à cet effet. Si, réellement, l’abaissement de la quantité et du pouvoir digestif du sue dans le courant de la digestion est lié à l’affaiblissement et disparition défi- nitive de l’excitation psychique (influence de l’acte du manger), nous saurons maintenir élever la quantité du suc sécrété ainsi que son pouvoir digestif en exaltant ce facteur psychique par des repas répétés à courts intervalles. La ration qui jadis était donnée en une seule fois, fut partagée à cet effet en quatre, et chacune de ces fractions а, été donnée dans l’intervalle de 11/ В. On prélevait le suc toutes les demi-heures et on en déterminait, dans chacune de ces portions, l’acidité et le pouvoir digestif. On voit par le tableau ci- après où nous avons réuni les données de 6 expériences analogues que nos prévisions ont été pleinement justifiées: chaque fois que la quantité et le pouvoir digestif de suc tendaient à baisser, l’ingestion d’aliments les faisait aussitôt remonter considérablement ?). 1) Kettscher, 1 cit. 2) М. Kettscher est arrivé aux mêmes résultats par des expériences analogues faites dans le même laboratoire. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 441 Résultats des expériences avec ingestion fractionnée de 400 gr. de viande, par fractions de 100 gr. toutes les 1% В. Quantité du suc par |Pouvoir digestif en mm.| Acidité total exprimé en 1/, h. et par heures en c.c. ой ие И НО 9]. Maximum Minimum Maximum Minimum. Maximum Minimum Moyenne © 0,5309 0,5309 0,5507 0,5568 0,5897 0,5439 0,5489 0,5568 0,5568 0,5698 0,5633 0,5698 0,5568 0,5439 0,5439 0,5489 > < <> = © = < > > <. <> < D C0 > C9 à OT SI © I < < @0 + =1 00 1 © © > 2 3 4 \ \ \ < < > > DNIDAQNE OR (9 Or Or OUR NH 09 `` >> > В 10 == > 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 > > «© > O0 = 00 (oO = © < > < <> О 62 CU) <> © © «к > > > = = нофоч = = _©> сл 60 00 00 © © © ON O1 0 © 2 © 0 © № < < Résultats des expériences avec ingestion fractionnée de 400 gr. de viande par fractions de 100 gr. toutes les 1/2 В. Maximum. | Minimum. | Moyenne. Quantité du suc en с. с. . Е 99,7 81,5 88,3 Pouvoir digestif en mm. (Мене) аи 4,0 3,25 3,58 Acidité totale en HCI% . - - - + : : - - 0,5241 0,5226 0,5233 Apparition de la première soute A 0 5 6’ 6” 6’ Durée de la sécrétion . . . . . . . . . * : 11 h, 101/, h. 10!/, h. 1) Après le 1° repas. е 442 1. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Comme ce qui caractérise surtout le suc psychique c’est la hausse du pouvoir digestif après chaque repas, nous rapportons ici les chiffres authen- tiques de nos expériences, correspondant aux premières heures. Tableau des variations du pouvoir digestif, par , heure, dans l’ingestion fractionnée de viande. Expér. 17. Expér. 19. Expér. 21. Expér. 27. Expér. 111. Demi-heures.| Du 24 mars Du 26 mars Du 27 mars Du 4 avril Du 24 juin 1895. 1895. 1895. 1895. 1895. Repas 1 5,13 5,13 6,38 5,5 5,83 2 4,38 4,63 5,5 4,75 4,0 3 3,5 4,5 4,25 4,88 4,13 Repas 4 5,25 4,88 5,63 5,25 4,75 5 4,0 3,38 4,0 4,0 4,0 6 3,0 2,75 3,5 3,25 3,63 Repas 7 4,75 212 4,88 3,5 4,75 8 3,75 2,5 3,88 2,15 3,5 9 2,25 2,5 3,25 3,88 2,75 Repas 10 4,25 3,88 4,75 3,88 4,75 11 3,5 3,0 3,75 3,25 4,75 Il ressort des tableaux ci-dessus que chaque ingestion de nourriture fait augmenter la vitesse de sécrétion et le pouvoir digestif du suc. On ne peut nullement invoquer dans l'interprétation de ce phénomène une augmen- tation de la masse d’aliments ingérés, car c’est non seulement l’activité sécrétoire qui accroît, mais aussi la puissance digestive du suc. Le seul facteur que l’on puisse accuser dans la production de ce phénomène c’est l'influence de l’acte de manger, lequel correspond dans le temps et de par sa nature à l’envie de manger et à la satisfaction due à l’ingestion d'aliments. L'augmentation de la masse de nourriture contenue dans l’estomac bien qu'influence aussi la marche de la sécrétion, mais tout autrement: cette influence se manifeste en ce que la vitesse de sécrétion due à l’ingestion de chaque repas augmente, en même temps que l'élévation du pouvoir digestif baisse, graduellement, d’un repas à l’autre. En somme, il en résulte que la quantité générale du suc et sa puissance digestive sont plus grandes dans l’ingestion fractionnée que dans l’ingestion d’un coup de la même quantité de SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 443 nourriture (400 gr. de viande): la moyenne pour la quantité totale du suc étant de 88,3 dans le premier cas, et de 78°,4 dans le second, et son pouvoir digestif, de 3 ‘,58, dans le premier et de 3" ,53, dans le second. La prolongation ie Etes de l’abord des aliments dans l’estomac, par le mode de fractionnement, entraîne une augmentation de la période sécré- toire qui est ici de 10%—1 1 heures, soit de 1°, à 21, В. plus long que la durée ordinaire lors de l’ingestion de la même ration de viande en une seule fois. Après avoir insisté sur les traits principaux de ces expériences, pas- sons maintenant à l’analyse d’autres particularités de la sécrétion propres à ces expériences, découlant des faits que nous venons d'étudier et lesquelles distinguent les expériences en question de celles avec l’ingestion ordinaire, Grâce à une excitation psychique répétée, l’activité sécrétoire au lieu de diminuer comme d'habitude, accroît au contraire d’heure en heure et acquiert le summum à la 4-me heure, dans toutes nos expériences. Il est difficile de comprendre pourquoi la sécrétion maxima tombe précisément à la 4-me heure; nous ne pouvons invoquer que quelques suppositions à cet égard. On devrait s'attendre a pricri à un accroissement de l’activité sécrétoire jusqu’au 4-me repas inclusivement (5-me heure), car, d’une part, la masse ingérée cesse à augmenter seulement après la 4-me et dernière fraction alimentaire, et d’autre part le facteur psychique lui aussi cesse à exercer son action à cette époque. On est forcé de supposer que ce dernier s’atténue de plus en plus au fur et à mesure que l’animal se rassasie. Finalement, la sécrétion tarit graduellement, comme dans le repas ordinaire. La plus grande chute s’observe à la 7-me heure laquelle répond sous ce rapport à la 2-me heure de l’ingestion ordinaire; l’analogie entre ces deux époques dans l’ingestion fractionnée et dans l’ingestion simple est encore confirmée par ce fait que dans la première le pouvoir digestif du suc des 6 premières heures (d’après l’exp. №21 = 4°”,25)est à celui du suc de la 7-me heure (2° ,44 en moyenne) comme le pouvoir digestif de la première heure, à celui de la 2-me (d’après les moyennes: 5° ,12 et 3° ,32) dans l’alimentation ordinaire '). Les expériences avec alimentation fractionnée nous prouvent que la grande puissance digestive du suc de la première heure après ingestion, caractéristique dans le repas de viande, ainsi que la vitesse sécrétoire maxima correspondant à la 1° heure dans l’ingestion de pain, sont dues à l’inter- vention de l’agent psychique dans le processus sécrétoire des glandes stoma- cales (influence de l’acte du manger). 1) Nous savons d’après ce qui a été dit: 1) 1:2 = 4,25? {2,442 — 17,8625 : 5,9586 —=1: 0,33; DT 5.122. 3,32 — 1 0,38. 444 1. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Nous avons insisté précédemment sur le rôle de l’élément psychique dans la sécrétion des glandes stomacales, quant à la question du degré de son importance dans ce processus, nous l’avons laissée ouverte en attendant. Pour la résolution de cette question il fallait chercher d’orienter l'expérience de façon à écarter l'excitation psychique lorsque la nourriture sera introduite dans l’estomac. Il est évident que la nourriture doit être introduite par la fistule gastrique, et de telle manière que le chien ne s’en aperçoive pas, c’est-à-dire qu’il n’ait aucune idée du repas. Е Nous avons opéré ainsi que suit. Après avoir placé le chien dans une stalle, nous examinions si son estomac était vide et nous attendions jusqu’à ce que l'élimination du suc par le sac isolé ait cessé. Au début, le chien attend sa nourriture habituelle et s'inquiète, mais peu à peu il se calme et souvent s’assoupit; on introduit alors dans l’estomac aussi rapidement que possible, une portion de nourriture déterminée, en prenant soin d’intercepter son museau. Malgré tous les efforts ce manœuvre prend assez de temps, 2 à 5 minutes et même plus, grâce à quoi nos tentatives d’écarter complètement l'excitation psychique du chien par l’idée du repas échouaient souvent. Pour obvier à cet inconvénient nous avons modifié le mode opératoire de la manière suivante. On se servait d’un tube de verre large et long’) dont le diamètre зе moulait justement sur celui de la canule fistulaire; on le remplissait d’une quantité d’aliments destinée au repas d’épreuve et on le serrait dans la chambre d’expérience. Cela fait, on attendait, jusqu’à ce que l’animal ne s’endormiît et on introduisait alors hativement le bout du tube dans la ca- nule fistulaire ouverte à ce moment et à l’aide d’un piston, bien ajusté au préalable, on chassait le contenu dans l'estomac. Cette manipulation ne demandait en tout que 20—30 secondes; elle était en outre plus propre et permettait d'obtenir des résultats plus exacts que la précédente. On devait s'attendre & priori que la sécrétion de ces expériences différerait notablement de celle dans l’ingestion ordinaire de mêmes substances, par l’absence de tout ce qui a été dû à l’influence psychique, et notamment: la prépondé- rance de la 1° heure, les quelques particularités précitées des heures sub- séquentes dépendant du facteur en question. Voici la liste des expériences que nous avons faites: 1) Près de 2 c. m. de diamètre et de 3/, de mètre de long. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 445 1) Deux expériences avec 400 gr. de viande crue hachée. 2) 7 expériences avec 130, 150 et 185 gr. de même viande). 3) 5 expériences avec 200 gr. de blanc d'œuf cuit. 4) 2 expériences avec 150 gr. de gélatine (22 gr. de gélatine +- 128 с. с. d’eau distillée). 5) 4 expériences avec du pain blanc (près de 150 gr.). 6) 4 expériences avec l’empois d’amidon (200 gr. environ). Pour la comparaison des résultats que nous avons obtenus avec ces expériences nous disposons également d’une série d'expériences avec inge- stion par la bouche de ces mêmes substances. Nous ne relatons pas ici encore les expériences suivantes: 7) 5 expériences avec introduction de ia viande bouillie. 8) 1 expérience avec le mélange de bouillon et d’empois d’amidon. 9) 2 expériences avec le mélange d'extrait de Liebich et d’empois d’amidon, et quelques autres expériences. Ces dernières étant faites dans un but spécial, sont rapportées ailleurs; nous ne les exposons pas ici parce que nous ne disposons pas d'expériences parallèles avec ingestion par la bouche de mêmes substances. Naturellement ces expériences n’ont pu être réalisées qu'après qu'on eût pratiqué une fistule gastrique ordinaire?). La fistule nous permettait de pénétrer librement dans l’estomac, d’observer ainsi l’état de digestion à chaque moment voulu, et nous avons profité de cette occasion pour comparer, ne füt-ce que dans leurs traits généraux, les sécrétions dans les deux com- partiments de l’estomac: le grand estomac et le petit sac stomacal isolé. Pour plus de commodité examinons ces expériences séparément. Dans le tableau ci-après nous représentons deux expériences avec introduction de 400 gr. de viande crue et comparativement une expérience avec ingestion de la même quantité de viande par la bouche (on introduisait la nourriture par le procédé primitif, c. à d. à l’aide des mains, ce qui demandait 8, minutes dans la première et 10 minutes dans la seconde). 1) П faut y joindre encore 2 expériences avec 100 gr. de viande enfilés par petits frag- ments sur une ficelle. 2) Les substances liquides pourraient bien attendu être introduites dans lestomac au moyen de la sonde stomacale, mais 1° ce procédé est moins commode et 2° il devient plus diffi- cile de soustraire l'excitation psychique. 446 1. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Sécrétion lors de l'introduction directe dans l’estomac de 400 gr. de viande crue. Expérience 63. Expérience 65. ae Expérience ei 8 mai 1895. Introduc- |10 mai 1895. Introduc-| 9 mai 1895. Ingestion tion par la fistule. tion par la fistule. par la bouche. Heures. Re: Е Eee Pouvoir di- ane Pouvoir di- Quantité du Pouvoir di- cesti if : SE if SuC еп с. с. gestl suc еп с. с. gestif en mm. en mm. en mm. Quantité du suc en с.е. | 0—15 m 0 | + о } = 0,3 \62e) 15—30 » 0,6 - = } { НЕЕ 3,1 Г Е 1 À 30—45 5 ТЯ ( 5,3 2,0 \ : 88 152 ( 3,7 2,88 $ 2,0 3,5 10,1 4,88 5,25 {45—60 » 30) 1,387‘??? | 2,5 } 1,75 } 3,2 5,0 в | 88 ool22 lool 29 ое 18 Ца 81 ol 26 15— » д 25 7 у ) 2 | 30—45 » 30 12.8 |238 (201) а {106 yes he PRE CS (45—60 » 24) 2,0 2,4) 1,75) 2,2 } 3,0 } 0—15 » 1,9 ) 2,95 } 24) 1,63 2,5 2,5 15—30 » 1,7 1,88 { Бы |5 -| 9,4 2,5 3 50—45 » 21.711,76 f PP] 25,6 2/16 92а EN 45-60 » 1,0 1,63 } 1,8 1,38 } 2,6 2,0 } НИ 5,7 2,5 7,0 1,88 7,2 2,0 5 7,8 2,95 5,6 9,95 8,5 1,88 6 8.1 2,5 6,6 2,63 TA 2,13 7 4,3 2,75 7,5 1,38 .8,0 2,5 8 5,0 2.5 5,3 2,0 7,8 4,5 9 5,2 3,63 3,0 5,0 3,6 4,63 10 1,4 4,0 0,2 = 0,6 — Quantité totale du В О 6256.3 ВБ 12598 Pouvoir digestif du SUCRE SPA DES PS se Acidité HCI % . . 0,5244 0,5309 0,5439 ne se 25 minutes 25 minutes 8 minutes urée de la sécré- CIO PTE 10 heures 91/, heures 91/, heures Nota. L’expérience 64 avec ingestion de viande est présentée ici dans le but de com- paraiïson, comme étant la plus rapprochée, dans le temps, des deux expériences avec introduction directe de viande. On voit par ce tableau que l'élimination de l'excitation psychique influe sur la durée de la période latente qui, au lieu de 5—7 minutes, se prolonge jusqu’à 25. Et de plus, la sécrétion ayant débuté aussi tardivement, au lieu de progresser rapidement pour atteindre le maximum de la vitesse, ne SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 447 s'accroît au contraire que dans le commencement de la 2-me heure; de sorte que la quantité de suc de la première heure est beaucoup moindre que celle de la 2-me et des premières heures qui suivent. Si l’on compare la vitesse de sécrétion de la première heure lors de l'introduction directe pans l’estomac de 400 gr. de viande avec celle qui s’observe à l’ingestion par la bouche de la même quantité de viande!), on constate que dans le premier cas elle ne constitue que 29,4% de celle du second. Le pouvoir digestif du suc de la première heure ne dépasse pas celui des heures subséquentes; quant à la teneur en ferment du suc de la 1° heure, elle est de 6,8 fois moindre avec introduction directe des aliments que dans l’ingestion par la bouche. Dans les heures suivantes la marche du processus sécrétoire affecte, à peu de chose près, les mêmes caractères dans les deux cas, si ce n’est que la quantité totale du suc est de beaucoup moindre dans le premier (de 22,8/), ainsi que son pouvoir digestif (la proportion du ferment étant de 2,7 fois moindre, essayée sur cette portion de suc qui est formée avec les portions prélevées proportionnellement à chaque prise horaire). On n’a pas constaté de grande différence dans la durée de la période sécrétoire. On a observé le même rapport avec des quantités plus petites de viande, de 130 à 185 grammes. Sur 7 expériences de ce genre on а appliqué 2 fois le tube de verre à piston pour l'introduction des aliments. Nous relatons ci-après une de ces expériences et une autre, avec introduction des aliments simplement à l’aide des mains. Nous ne rapportons pas toutes nos expériences avec introduction dans l'estomac de petites quantités de viande, car on ne peut point les grouper dans un même tableau, les quantités de viande introduite variant d’une expérience à l’autre; nous ne présentons non plus les chiffres anthentiques de chacune de ces expériences, car ceux que nous avons relatés représentent parfaitement les traits généraux des autres expériences. Analysons d’abord l'expérience n° 163. La période latente est ici à peu près de la même durée que dans l'introduction de 400 gr., (30 minutes). La vitesse de sécrétion dans la 1° heure est de 2! fois moindre que dans la 2-me, or le pouvoir digestif du suc de la 1° heure, quoique plus actif que dans la 2 me et dans quelques heures subséquentes, n’est pas relative- ment grand; en le comparant avec celui du suc de la 1-re heure sécrété dans l’ingestion par la bouche de 100 gr. de viande”), (Khigine), on voit que ce dernier renferme 1! fois plus de ferment; et pour се qui concerne la vitesse sécrétoire de la 1-ге heure, nous voyons que dans notre expé- 1) On se sert pour compaison des moyennes de ces deux genres d'expériences. 2) Voir Khigine, [. cit., р. 476. ет 448 1. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE _ Ехр érience 163. 22 octobre т Expérience 160. 18 octobre 1895. Introduit par la fistule, née un tube! 7j st introduit 150 а. еп уегге, и. то viande crue eh Pre idité i one idité Pouvoir té du | Acidité Pouvoir uantité du | Aci Pouv Пати totale 9 | digestif en 9 totale 9 | digestif en suC еп с. с. НС]. mm. suc еп с. с. НС]. mm. 15—30 30—45 45—60 { 0—15 2} 15—30 ]) 30—45 (45—60 0—15 15—30 ) 30—45 {45—60 0—15 4} 15—30 30—45 | 0—15 15—30 ) 30—45 (45—60 0—15 15—30 ] 30—45 (45—60 { 0—15 7) 15—80 30—45 45—60 0—15 8) 15—30 À 30—45 (45—60 9 0—15 | 0—15 m. . 1 5 6 15—50 == DS © © < > < > oo nl QG © © Ir © nn, mn Non, res one mn, re en ee, ma een, em START LT DT < N > > bi SS2C2CS © > O1 Or C9 = — — < о>е> © © ВЕ ое 2 1 now HR ot = © S00O0OCOSO s — 62 NN © За 1 и т LA — La O9 = Loos < > Е SOC © © <> ла © № < LOSOmm Ко Ко оо HR O0 Co to © © - > < ДД =Д==) — =-=о LS Заз SR OS TT олкление” nn, eme Non 2e, ни mur Vans en, ни ND [=] © ле И NS PEUR NP EE NN Moyenne . . | 14,8 2,75 Durée de la période sécrétoire . . . . . 6h. Période latente me rience elle est de 75% moins grand qu'avec ingestion par la bouche. La quantité totale du sue au lieu de 33,5 indispensable, d’après le calcul т 1) «La auantité de suc nécessaire pour la digestion est directement proportionnelle à la quantité d'aliments ingérés». Khigine, 1. cit., р. 491. Etant connue la quantité nécessaire pour 100 gr. de viande, on en déduit facilement celle qui serait nécessaire pour 130 gr. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 449 pour la digestion de 130 gr. de viande ingérée, n’est que de 14°°,8 et son pouvoir digestif est égal à 27,75, c’est-à- ne. qu'il renferme 2, fois moins de ferment. Ce qui frappe aussi notre attention, c’est l’abaissement de l'acidité totale du suc. Dans aucune de 7 expériences elle ne dépassait 0,5°,, par- fois elle baissait au-dessous de 0,4%. Dans les expériences avec les petites quantités d’aliments la suppression du facteur psychique s’est dénoncé aussi par le prolongement de la période sécrétoire: ainsi, dans un cas elle a duré 81}, h., temps qui aurait été suffisant pour la digestion de 400 gr. de viande si es était avalée par la bouche. La différence qu’on observe dans le processus sécrétoire lors de l’ingestion par la bouche et lors de l’introduction par la fistule doit être totalement mise sur le compte de la suppression de reflexe psychique dans ce dernier cas, dû à l’acte de manger. Cela se confirme par des considéra- tions suivantes: Reportons nous aux expériences si-dessus très analogues à celles avec alimentation fictive; nous voyons qu’au bout d’une heure, après l’ingestion d'aliments durant 5 minutes, il est sécrété de 5”,3 à 9",4 de suc. La moyenne pour le suc sécrété durant la première heure, lors de l'introduction par la fistule de 400 gr. de viande, est de 4 с. с.; en y ajoutant 5°,3—9",4 de suc psychique nous aurons un chiffre de 9°°,3 à 13°”,4 qui n’est pas loin de 15°,3, moyenne du suc de la 1-re heure dans l’ingestion par la bouche de 400 gr. de viande. Est-il nécessaire de dire que le suc aussi actif comme l’est le зас psychique, possédant un pouvoir digestif de 6 à 7 mm., puisse donner, étant mélangé à une quantité moindre de suc d’un pouvoir digestif faible qui est sécrété lors de l'introduction des aliments par la fistule, du suc possédant en somme une puissance digestive de près de 5 mm., tel qu’il est effectivement dans la 1-ге heure, avec ingestion par la bouche de 400 gr. de viande)? Et d'autre part, avec notre alimentation fictive nous obtenions en moyenne 11°”,2 de suc gastri- que; et avec l'introduction par la fistule ie 400 gr. de viande, 60°,5 en moyenne; en les additionnant nous avons 7 1°°,7, ce qui représente à peu de chose près la quantité sécrétée lors de Dei de 400 gr. de viande par la bouche. Les expériences avec introduction de viande se rapprochent beau- coup de celles que nous avons faites avec de la gélatine. 1) Avec introduction de 400 gr. de viande on а dans Ja 176 |. 4,0 de suc de pouvoir dig. — 111,94; avec alimentation fictive, 9°,4 de pouvoir dig. — 6,0; on en déduit le pouvoir 1,942 . 4,0 + 6,07. 9,4 DES SUR RSR SENTE 13,4. 30* digestif du mélange de ces deux portions d’après la formule V” 450 3. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Dans le tableau ci-après nous exposons les résultats de deux expé- riences concernant l'introduction de la gélatine en face de ceux que nous avons obtenus avec l’ingestion de la même substance. Les morceaux de gélatine ont été préparés avec 22 gr. de gélatine et 128 gr. d’eau. On les introduisait avec les mains; ce qui ne demandait que 1 à 1/7, minutes. On voit par ce tableau que, lors de l’ingestion de gélatine, la période latente est de 6 minutes, et avec introduction directe dans l’estomac, elle est de 19 minutes. De plus, on voit que dans le premier cas les vitesses de sécrétion de la 1-re et de la 2-me h. sont dans le rapport de 8,6 à 2,7, soit de 3:1, tandis que dans le second, la vitesse de sécrétion de la 1-re В. est au contraire moindre que celle de la 2-me heure (4 с. с. dans la 1-re В. et 5,5 dans la 2-me h.). Ingestion de lamême gélatine. 13 juin gélatine (8 et 9 juin 1895). 1895. Expérience 98. Pouvoir | Quantité digestifen| du suc mm. En CAC: Quantité du suc еп с. с. Acidité totalel | POUVOir Acidité totale : р digestif еп 0 en 9 НС. = еп 9 НС]. 0,4494 4,5 0,5081 0,4499 5,19 6 2 0,495 4,0 7 0,495 7 K Quantité total du suc. . . . . . | 1225 120 ПИВО à SL EN 0 60 à annees LES Acidité totale 024090 0,50810/, НС Période latente . . . . 6 minutes Durée de la sécrétion . р 3 heures Quant au pouvoir digestif du suc de la première heure, il est plus actif que dans la 2-me, mais non pas à un tel degré que dans l’ingestion par la bouche. En transformant l’équation du pouvoir digestif en celle de la teneur en ferment, nous aurons, pour les expériences avec introduction 4,5°:4,0* —= 20,25:16—5:4, et pour les expériences avec ingestion, 5,5*: 3,75° = 30,25:14,0 =2:1. Le pouvoir digestif est donc aussi diminué dans le premier cas, la teneur en ferment est moindre et est à celle de l’ingestion comme 22,5 à 30,25, soit environ, dans la proportion de 2: 3. Si nous ajoutons à cela que l’acidité du suc, dans l’introduction, est également moindre que dans l’ingestion, nous aurons ainsi énuméré tous les caractères communs des expériences avec introduction par la fistule de la SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 451 gélatine et de la viande. Mais les expériences avec la gélatine et avec la viande diffèrent quelque peu entre elles; c’est qu'avec la gélatine la quantité totale du suc et la durée de la sécrétion sont presque les mêmes dans les deux modes de pénétration d'aliments, soit par la fistule gastrique soit par la bouche. La valeur du facteur psychique (acte de manger) pour l’activité sécré- toire de l’estomac s’est montrée encore plus accusée dans les expériences avec introduction par la fistule gastrique du blanc d’œuf coagulé, du pain, et de l’amidon. Lorsque l’on introduit ces substances dans l'estomac en prenant soin de dissimuler à l’animal toute idée de nourriture et de n’exalter d'aucune façon son appétit, on constate que le contact de ces substances avec la muqueuse stomacale ne détermine point de sécrétion du suc, ou s’il en provoque, ce n’est qu’en quantité insignifiante, non comparable avec celle qui est sécrétée dans l’ingestion de mêmes substances par la bouche. Pour les expériences avec le blanc d'œuf on le cuisait pendant 15 minutes et le séparait ensuite du jaune; on en prenait 200 gr. que l’on introduisait facilement avec les mains (un œuf fournissait de 8 à 10 morceaux), ce qui ne demandait que 3—4 minutes. Dans le premier des deux tableaux ci-dessous nous donnons les mo- yennes relatives à la sécrétion dans les expériences avec introduction de 200 gr. de blanc d'œuf et avec ingestion de la même substance en même quantité. Le second tableau reproduit les chiffres authentiques de chaque expérience à part. 1. Sécrétion avec ingestion et avec introduction directe de 200 gr. de blanc d'œuf. Moyennes chiffrées. Introduction. Ingestion. Quantité du [Pouvoir dige-| Quantité du Pouvoir dige- suc еп с. с. | stif en mm. | suc en с. с. | stif en mm. 6,47 6,81 6,41 6,28 5,72 5,75 CARO ECHEC © ЭД пе Пек дес sue сс Quantité totale du suc . . . . . . 0°°,9 (max. 1,3) 36°°,2 mm Pouvoir digestif . . UE 3771,88 56 во. Вет де еще. пон. 12 minutes 71/, minutes Le я Durée de la sécrétion . . . . . . 3/, d'heure 51/, heures 452 7. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE 2. Expériences avec ingestion et introduction directe de blanc d’œuf. Chiffres authentiques. Expérience 84. Introduc- tion de 200 gr. de blanc d’œuf, le 4 juin 1895. Expérience 70. Ingestion de 200 gr. de blanc d’œuf, le 17 mai 1895. Heures. CR - Quantité du [Pouvoir dige-| Quantité du et Pouvoir dige- suc еп с. с. | stif en mm. | suc еп с. с. 20, stif en mm. CHI/,. 0—15 т 0.3 пе. и 9,95 3,8 9,3 } 675 | 6,5 30—45 » 29 ( ” 6,13 ( °” 45—60 » QE 2,3 } 6,25 0—15 » DAT С 6,75 ] 15—30 » 9 “1 } ; 2) 30—45 » 2,6 ( 10,3 0,5471 te 6,75 (45—60 » 2,4) ) 1530 » 2 | \ 61) — » 45—60 » 1,9 } ; ] 0—15 » - | 15—80 » 07 41) 30—45 » оз 34 | 0521 6,63 45—60 » 0,5 } 0—15 » о | 15—30 » 0.4 3) 30—45 » 08Г 58 _ 5,0 45—60 » di 0—15 » 0.2 6 15—30 » а : > \ 80—45 » 0,1 0, — ; (45—60 » 0,1 Quantité totale du suc. . . . . . 056,6 ЗС Во Че о 2 677,0 Période latente ee Er ann. 11 minutes 7 minutes Durée de la sécrétion. . . . . . 1 heure 6 heures Il ressort de ces expériences que, dans les conditions les plus favo- rables à la suppression de l’excitation psychique, la présence du blanc d’œuf dans l’estomac ne reveille point son activité sécrétoire. Il peut y séjourner longtemps sans être digéré: on constate en effet, au bout de 1/,—2 h. après l'expérience, que l’estomac est rempli de blanc d’œuf d’une réaction alcaline, aussi sec qu’il y était introduit. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 453 Le pain était introduit dans l'estomac par la fistule à l’aide d’un cylindre de verre à piston. Comme il était impossible de faire expulser le pain sec par ce tube on le trampait dans de l’eau. Dans les 3 expériences ci-dessous on prenait 100—150 gr. de pain et 50—100 c. c. d’eau. Dans une de ces expériences on ne constata aucune sécrétion quoique l’observation ait duré 2 heures; dans deux autres on obtint en 2 et 3 heures 0°°,7 de suc mélangé d’une grande quantité de mucus. Expérience № 183 du 25 Novembre 1895. Le chien est placé dans une stalle à 8 В. L’estomac est vide. Pas de sécrétion spontanée. À ЭВ. 15 m. on introduit dans l’estomac, à l’aide du tube à piston, 125 gr. de pain mé- langé à 100 c. c. d’eau. À 9 h. 55 m. apparition du mucus à réaction acide. А 11 В. 15 m. la sécrétion а cessé; оп а recueilli en tout 0,7 de suc mélangé d’une grande quantité de mucus, La quantité tout à fait insignifiante de cette sécrétion est surtout évidente lorsque l’on la compare à celle qui devrait être normalement sécrétée lors de l’ingestion de pain: pour 100—150 gr. de pain elle serait de 16,8 à 25°,2 et très riche en ferment !). Dans 3 expériences avec introduction de l’empois d’amidon, par le même procédé, nous avons obtenu, en 2 heures, de 1” à 1°”,1 de suc. Et par l’ingestion de la même quantité (200 gr.) d’empois d’amidon il en était sécrété 15°,8—16 ,8. Nous ne présentons pas pour le moment de de- scription détaillée de ces expériences: ceci sera fait ailleurs, 18, où nous don- nerons en même temps le mode de préparation de l’empois d’amidon. Pour être complet il faut avouer que toutes nos expériences avec intro- duction du blanc d'œuf, du pain et de l’empois d’amidon n’ont pas été aussi concluantes à cet égard. Quelquefois, surtout dans nos premiers essais, lorsque nous étions encore peu habiles en manœuvre de l’introduction des substances dans l’estomac, et que nous ne savions souvent éviter l’excitation de l’appétit du chien, nous avons constaté de la sécrétion, bien qu’en quantité très petite. Ainsi, dans une expérience avec introduction de pain, nous avons recueilli 4,3 de suc en 6”, heures. Dans une autre expérience, avec l’empois d’amidon, il s’en est éliminé 5°,3, en 3 heures. La sécrétion a été encore plus considérable dans certaines expériences manquées, avec introduction du blanc d’œuf cuit. Les données ci-après nous font voir que dans toutes ces expériences non-réussies, avec le blanc d'œuf, la sécrétion diffère notablement de celle 1) Khigine, 1. с., р. 482. 454 J. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE qu’on observe en faisant ingerer la même substance par la bouche: elle а, été toujours assez faible et de courte durée. Finalement, il restait toujours dans l’estomac, de même que dans les expériences bien réussies, près de 100 gr. de blanc d’œuf, après que la sécrétion eüt déjà cessé. Pour ce qui concerne les caractères de la sécrétion dans ces expériences, il faut recon- naître que ces dernières ont beaucoup d’analogie avec celles sur lintroduc- tion de la viande. La sécrétion de la 1-ге heure est plus faible que celle de la 2-me, comme vitesse et, à un certain degré, comme teneur en ferment: la vitesse de sécrétion de la 2-me heure étant moindre de 40° et la teneur en ferment, de 1,1 fois. Comparativement avec l’ingestion de blanc d'œuf par la bouche, la vitesse sécrétoire de la 1-re heure (2,5 en une heure) est de 4,8 fois moindre, et la teneur en ferment (4,58), presque de 2 #15; de même la quantité totale du suc est considérablèment diminuée, de 3% fois (10°°,1), ainsi que sa teneur en ferment qui est ici de 4° ,83, soit diminué de 2 fois. La période latente au lieu de 7 1, minutes est de 24, et la durée de la sécrétion est au contraire diminuée, au lieu de 6 В. elle n’est que de ЗА 4! В. En rapportant ces expériences, nous nous croyons toutefois autorisés de les ignorer dans nos déductions, car elles ont été faites à une époque où nous étions encore peu exercés dans la technique de l’introduction directe de diverses substances dans l’estomac. D’après les expériences sur l'introduction directe dans l'estomac de différentes substances alimentaires, ces dernières doivent être partagées en deux catégories; 1°, blanc d’œuf cuit, pain et amidon; 2°, viande, gélatine, lait (ce dernier étant introduit avec la sonde œsophagienne, Khigine). Pour la première catégorie des substances il пе suffit pas qu’elles aient pénétré dans l’estomac, d’une manière ou de l’autre; il faut encore, pour que la sécrétion se produise, une intervention de l’excitation psychique, de l’appétit. Dans les conditions normales le reflexe psychique est déterminé par l’acte de manger, or nous savons comment est grande la valeur de cet acte bien qu’il ne consiste qu’en exaltation de l’appétit. Les substances de la seconde catégorie sont aptes à provoquer la sécrétion du suc gastrique, même en dehors du reflexe psychique, mais cette sécrétion diffère beaucoup de la normale. Elle commence tard, dure plus longtemps, fournit une quantité de suc beaucoup moindre, lequel est en outre moins actif et moins acide. La marche de la sécrétion affecte aussi des caractères particuliers: l’intervention du facteur psychique étant éliminée, les phénomènes qui en dépendent — prépondérance de la sécrétion de la 1-re heure, en vitesse et en pouvoir digestif, sur celle des heures subsé- quentes — font également défaut. On verra par la suite l’effet que produisent SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 455 ces modifications dans la sécrétion gastrique sur stances, Après avoir étudié le rôle de l’excitation psychique dans la sécrétion gastrique pour diverses substances alimentaires, il nous а paru intéressant d’élucider, qu’elle est sa valeur et sa signification dans le processus auquel est destinée cette fonction complexe de sécrétion, nous voulons dire, dans la digestion? Cela est d'autant plus important qu’en médecine on а princi- palement affaire à ce processus. П est vrai que chez l’homme et les animaux, malades ou bienportants, la nourriture pénètre, à quelques rares exceptions près, toujours par la bouche, mais l'appétit varie beaucoup, et ce n’est qu’à condition qu'il soit bon que se manifeste l’action neuro-psychique qui stimule l’activité des glandes stomacales. Que de gens bien portants perdent leur appétit sous l’influence des conditions diverses, et principalement parce que leur attention est détournée d’un côté ou de l’autre, soit momentanément, soit d’une manière continue. Quant aux malades, са va sans dire. Ces gens là sont des victimes du défaut d’impulsion nerveuse de l’activité sécré- toire de l’estomac et par là de la défectuosité digestive en général. Nous avons déjà eu l’occasion de dire que les substances qui n’amènent pas de sécrétion par leur contact avec la muqueuse stomacale, séjournent intactes dans l’estomac ou bien passent ainsi dans l'intestin; dans le premier cas elles ne commencent à être digérées que lorsqu'une nouvelle portion d'aliments mangés avec appétit aborde l’estomac en provoquant de la sécrétion psychique. Mais pour savoir comment se passe la digestion sto- macale des substances qui excitent la sécrétion étant introduites direc- tement dans l’estomac, il a fallu instituer des expériences spéciales. Nous avons choisi la viande comme aliment. Nous avons expérimenté sur des chiens à fistules gastrique et œsophagienne. Le chien, à jeùn de- puis 12 h., était placé dans une stalle spéciale. Si l’on constatait une sé- crétion spontanée, on aftendait jusqu'à ce qu’elle eût cessé. On intro- duisait alors par la fistule gastrique, le plus rapidement possible et de manière que l’animal ne s’en aperçoive pas, 100 gr. de viande coupée en morceaux et enfilés sur une ficelle; cela fait, on bouchait la canule de la fistule. On divisait toujours la viande en petits morceaux en forme de parallepipèdes, de façon à en avoir 25 avec 100 gr. de viande; ils étaient enfilés à 4—5 с. т. l’un de l’autre en forme de chapelet. Le chien était enfermé dans une pièce à part pendant 1}, à 5 heures, après quoi on retirait la viande de l'estomac, laissait s’écouler l'excès de suc qu’elle contenait et enfin la pesait. On choi- sissait des chiens agés et le moins impressionables. Aïnsi nous avons pn juger de la quantité de substances digérées sans le concours de l’agent la digestion de ces sub- 456 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE psychique. Et comparativement, on faisait d’autres expériences analogues mais avec intervention de ce dernier facteur dans l’acte digestif, en faisant pénétrer les aliments par la bouche chez des chiens œsophagotomisés. On procède ainsi: après avoir introduit directement dans l’estomac, comme dans les expériences précédentes, 100 gr. de viande enfilée en morceaux on exaltait son appétit par l'alimentation fictive; l’ingestion durait de 5—10 mi- nutes; par cette durée nous avons cherché de simuler autant que possible l'alimentation normale, c’est en quoi consiste principalement ce genre d'expériences. Dans les expériences sur la digestion de viande ayant séjournée 1—2 В. dans l’estomac, avec association de l’alimentation simulée on constatait toujours l’abaissement de son poids; quant aux expériences analogues avec introduction directe de viande mais sans association de l’alimentation fictive, la quantité de viande non seulement ne diminuait point, mais quelquefois son poids même augmentait au dépens du suc qui Рип Ба: dans ces cas nous avons estimé la proportion de viande digérée égale à zéro. Les résultats chiffrés de 23 expériences se trouvent dans le tableau ci-après (voir p. 457). Par l’inspection de ces données on voit de combien la digestion se produisant avec le concours de l’excitation psychique du processus sécrétoire avait dévancé celle qui n’a pas subi cette influence. Аз, dans les expé- riences de deux heures, sur des chiens ayant subi une alimentation fictive, il a été digéré 31,5%, de viande (c’est-à-dire 100 gr. de viande ont diminué de cette quantité), et chez des chiens qui n’ont pas eu de repas fictif il n’en était digéré que 6,5%, la différence étant de 259/,, soit de 5 fois. Dans les expériences d’une heure et demie de durée, avec association de l’alimentation fictive de 5 minutes, la digestibilité est de 9,8%, soit de 3°, fois plus grande que sans alimentation fictive. Avec alimentation fictive de 8 à 9 mi- nutes cette différence s'élève à 13,2%, soit de 4 fois. Les expériences de durée de 5 h. bien que ne pouvant être considérées comme tout-à-fait réussies, car une bonne partie de la viande, ramollie grâce à la digestion, avait bien pu se détacher du fil et fausser ainsi les résultats fournis par la pesée, elles aussi plaident en faveur de la haute importance du reflexe psychique pour la digestion; ainsi, à l’époque où le chien qui avait reçu un repas ne contenait dans son estomac que 15°, de viande, celui de contrôle n’en à même pas digéré 42%. La différence dans l’activité digestive n’est pas aussi sensible que dans les expériences précédentes, mais, d’après ce que nous savons déjà sur la sécrétion lors de l’introduction directe de la viande dans l’estomac, il ressort nettement que cette différence doit être la SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 457 Expériences sur la digestion de la viande (100 gr.) introduite directement dans l’estomac, avec et sans alimentation fictive. Les expériences portent sur les chiens: Ziganka, Orelka (gastro-oesophagotomisés) et Petit-ami (fistule gastrique et isolement partiel de l’estomac par le procédé de M. le prof. Pavlow). © Se à Ce = D — > я Ап, moiset|PSas|Se ass Noms des chiens. == Observations. date. HEAR) Rae A= 5 о El о > от © doi = A 4 mo Les morceaux de viande ont séjourné dans l’estomac pendat 2 heures. 1896. [| 1. Ziganka . . . 7 mars 0 7 6,50/,. Sans intervention de lali- | | 2. Orelka . SD 0 6 mentation fictive. ; ваша C0" a > 5 41 р Après Рай теша оп fic- | 2. Orelka . ть 5 22 tive. Les morceaux de viande ont séjourné dans l'estomac pendant 1!/, heure. | IL И оо 9 mars 0 0 + 2/1} || 2. Petit-ami . . . 9» 0 0 + 20/, | || 3. » SAS 11 » 0 0 +12, И Иеаюка CR 14 > 0 8 | Pour 11}, В., sans ali- | 5. Orelka . . . . 15 » 0 5 { L : : mentation fictive, | 6. Ziganka . . .| 16 » 0 8 ( 490 : 10 — 420). | WA iOrelka 4: 1 17: » 0 10 1 ИО FAP Валка. | 1» 0 0 + 5% | 9. » 8 › 0 6 110. » TO) 0 5 } № Оте а зы. 9» 5 17 Pour 11/, h., après alimentation | И 1e OISE 5 13 fictive de 5 minutes, 150/;. ие Юта... Шо» 9 20 | | 2, Ziganka . , .| 15 » 8 5 joe И | 3. Orelka . . . . | 16 » 8 24 Pour 11. В., après alimentation || д И въ ь| И 8 14 fictive de 8 minutes, 122 : 7 = || ИВ Юва MEN RATS 8 26 | 17,40. 6. » м 18 9 8 18 АУ Е > 8 15 ] plus considérable dans les premières heures du processus digestif et diminuer graduellement vers la fin de la digestion. 1) Les chiffres 20/, 2%, 120/ et 59% précédés d’un + signifient que le poids de la viande introduite dans l'estomac non seulement n’a раз diminué, mais qu’il а au contraire augmenté en tant qu'indique le chiffre. - 458 J. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Il résulte de toutes ces données que le rôle du facteur psychique dans la sécrétion des glandes stomacales est d’une portée très grande. L’examen des données relatives à cette sécrétion nous apprend que les premières portions de suc sécrété, lesquelles servent précisément à commencer la transformation de la masse alimentaire plus ou moins grossière, sont constituées, d’abord totalement et puis en majeure partie, par du suc psy- chique très actif au point de vue de sa puissance digestive. La nature des aliments influe cependant sur la quantité de suc psychique. Les variations dans l’activité de la sécrétion psychique selon la nature des aliments ingérés portent surtout sur les premières heures de digestion. Dans les expériences spéciales l’importance de l’acte psychique se dénonce d’une manière encore plus marquée. Si pour certains aliments (viande et autres) l’élimination de l'influence psychique modifie les caractères de la sécrétion, laquelle devient moins abondante et jouit de pouvoir digestif moins prononcé, et qu’elle abaisse en même temps l’activité digestive, pour certains autres (comme pain etc.), cette suppression du facteur psychique a pour résultat l’inactivité complète de l’appareil glandulaire de l’estomac, et ces derniers par con- séquent resteront intacts dans l’estomac jusqu’à ce que d’autres facteurs quelconques n’interviennent ou qu’ils ne passent tels quels dans l’intestin. Ш. L'acte de manger, à lui seul, dans les meilleures conditions expérimen- tales (alimentation fictive), détermine une sécrétion du suc gastrique durant tout au plus 3—4 heures. Comment se fait-il donc que la sécrétion persiste plus longtemps? L’irritation mécanique n’y est pour rien, comme le prou- vent les travaux antérieurs exécutés dans ce même laboratoire. Plusieurs de mes expériences personnelles plaident également en faveur de cette opinion, telles que, par exemples, introduction directe dans l'estomac du blanc d’œuf cuit, du pain, de l’empois d’amidon et de viande bouillie; ces substances étant introduites dans l’estomac en grande quantité (près de 200 gr.) y demeurent sans modification, ne devenant pas plus humides, ne changeant pas leur réaction, et ne provoquent aucune sécrétion. Nous nous sommes adressés done, dans nos recherches ultérieures, directement aux irritants chimiques. C’est à M. Blondlot que revient le mérite d’avoir énoncé, il y а plus de 50 ans, une opinion exacte sur le sujet qui nous occupe en ce moment. Ce fut à l’époque où nos connaissances sur la digestion étaient encore tout rudimentaires. Dans son livre publié en 1843, cet éminent savant émet des SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 459 idées qui se rapprochent beaucoup des conclusions des expérimentateurs les plus modernes et sont considérablement supérieures à plusieurs opinions actuellement en vogue dans le domaine de physiologie. Cet auteur niait absolument le rôle de l’irritation mécanique dans la sécrétion gastrique; il n’estimait que les agents chimiques, éléments constitutifs de la nourriture, comme capables d’amener la sécrétion, différant sous certains rapports sui- vant la nature chimique de ces agents. Je ne puis m’abstenir de reproduire ici ses paroles significatives résumant son avis sur la question qui nous inté- теззе en ce moment: «Ш faut donc admettre, que l’estomac est doué d’une sensibilité particulière, d’une véritable intuition chimique, qui, ainsi que nous l’avons dit, lui permet d'apprécier la nature nutritive des substances mises en contact avec ses parois»). Parmi les auteurs qui ont invoqué d’autres hypothèses sur ce sujet, citons М. Schiff pour qui la sécrétion dépenderait de la présence de matières peptogènes dans le sang et M. Heidenhaïin qui croyait que la principale cause de la sécrétion réside dans l’abscrption des éléments constitutifs de la nourriture, et attribuait également un certain rôle, bien que secondaire, à l’irri- tation mécanique. La théorie de la charge de M. Schiff n’a pas été confirmée par les recherches ultérieures. M. Sanotzky”) qui а fait une étude appro- fondie sur les stimulants de la sécrétion gastrique, combat également la théorie de M. Schiff, en se basant sur les résultats négatifs qu’il avait obtenus en répétant les expériences de М. Girard qui a étudié cette question au labo- ratoire de М. Schiff. М. Sanotzky est bien solidaire avec M. Heidenhain à l’égard de la valeur du processus d'absorption dans la sécrétion. En analysant les données de cet auteur qui а établi que la nourriture riche en éléments bien digestifs et facilement absorbables, donne une sécrétion abon- dante de suc gastrique, M. Sanotzky propose deux interprétations du méca- nisme de ce phénomène lesquelles il vérifie ensuite par l’expérience. La sé- crétion pourrait se produire soit par action reflexe du processus d'absorption, soit par action directe des substances absorbées ayant pénétré dans le sang sur les cellules glandulaires. Pour résoudre ce dilemme l’auteur faisait pénétrer dans le sang les éléments constitutifs de la nourriture, chimiquementirritants, non pas par l'intermédiaire de l’estomac, mais en pratiquant l’injection de bouillon avec du lait dans le rectum. Le résultat de cette expérience fait éliminer l’hypothèse de l’irritation directe des cellules glandulaires et vient à Гарри! du mécanisme reflexe. On peut cependant invoquer ici un autre 1) М. Blondlot, Traité de la digestion. 2) Sanotzky, [. с., р. 100. 460 1. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE mécanisme d’après les données de ММ. Heidenhain et Sanotzky: c’est que les éléments constitutifs de la nourriture agiraient sur les terminaisons périphériques des nerfs centripètes de la muqueuse stomacale et que cette excitation se réfléchirait sur l'appareil glandulaire en déterminant uue sécrétion. Le mérite d’avoir élucidé cette question appartient à M. Khigine qui a étudié les caractères distinctifs de la sécrétion gastrique pour diverses sortes d’aliments. Cet auteur estime l’excitation psychique comme le plus énergique des stimulants de la sécrétion gastrique; mais comme son action ne s’exerce pas pendant toute la durée du processus sécrétoire, il fallait en chercher d’autre facteurs, et M. Khigine les voyait dans les parties quel- conques constituantes des aliments qui porteraient leur action sur la mu- queuse stomacale en qualité de stimulants spécials. Par les expériences avec introduction de diverses substances à l’aide de la sonde dans l’estomac ") on voit que ces stimulants sont l’eau et surtout la peptone”). M. Khigine se contenta de ces résultats qui répondaient.parfaitement à ses points de vue. Le stimulant spécifique cherché doit absolument faire partie de toute nour- riture mixte et en outre, conformément à ce que nous savons sur la sécrétion secondaire d’après MM. Heidenhain et Sanotzky, il doit être suffi- samment soluble. Mais nous ne connaissons pas de substance facilement soluble qui constituerait partie intégrante de toute substance alimentaire, abstraction faite de certaines substances minérales lesquelles sont incapables de provoquer la sécrétion. Et en fait, nous avons déjà vu que certains aliments, tels que pain, albumine d’œuf etc., étant introduits directement dans l’estomac n’amènent pas de sécrétion. D’autre part nous savons que chaque nourriture mixte des animaux renferme de substances azotées au dépens desquelles se formerait la peptone sous l’action des premières por- tions sécrétées de suc psychique élaboré nécessairement lors du repas. M. Khigine appuie ses considérations sur la valeur de la peptone par une série d’expériences avec le blanc d'œuf qui par lui-même n’excite point la sécrétion, mais devient actif sous ce rapport grâce à la transforma- tion en peptone. Il arrivait a obtenir cette transformation en faisant digérer le blanc d'œuf soit in vitro avec du suc gastrique, soit 4% vivo en l’intro- duisant dans l’estomac de l’animal en digestion. Ce sont ces trois éléments: excitation psychique, excitation spécifique de la muqueuse stomacale par l’eau et excitation par la peptone qui constituent la base de la théorie de Khigine, dont il présente un exposé détaillé dans sa thèse de doctorat. Cette théorie est belle et séduisante, elle n’embrasse pas cepen- 1) Khigine, 1. с. р. 502. 2) Khigine, 1. с., р. 506 et suiv. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 461 dant toute la généralité des faits ni n’explique toutes les particularités du processus sécrétoire pour différentes espèces d'aliments. Elle manque de plus de preuves expérimentales ; c'est ce qui a été mis en évidence lorsque nous avons repris et répété Les expériences de cet auteur. Cela nous а fait changer d'avis sur le stimulant chimique de la sécrétion. Dans les expé- riences avec la peptone M. Khigine disposait de trois préparations: deux, de Chapoteaut”) de la même qualité mais achetées à des époques diffé- rentes, et une, de Stoll et Schmidt (à St.-Pétersbourg). La plus active était celle de Chapoteaut, du premier achat, beaucoup moindre était la deuxième préparation de Chapoteaut que l’on a fait venir lors même des recherches de M. Khigine, et encore moins active était la peptone de Stoll et Schmidt. Selon M. Khigine la différence dans l’activité de ces peptones tiendrait à l’impureté de la préparation, car ces peptones brutes de commerce renferment une proportion variable de la peptone pure. L’ana- lyse de la première préparation de Chapoteaut et de celle de Stoll et Schmidt”) faite au laboratoire de M. Nencki avait confirmé cette sup- position par rapport à ces deux préparations. Quant à la différence dans l'effet produit entre les deux préparations du même fabricant, M. Khigine n’en donne aucune explication. Nous croyons qu’on peut expliquer autrement ces faits. Etant donné que les préparations dont se servait l’auteur n'étaient pas pures, il est bien possible que leur action sécrétative dépenderait non pas de la peptone, mais de l’une des substances étrangères souillant la préparation et dont la quantité est fort variable selon les préparations. Pour trancher définitive- ment cette question il faudrait évidemment employer pour l’expérience non pas de la peptone brute de commerce, mais de la peptone pure préparée au laboratoire. Avant d'exposer les résultats de nos expériences avec les peptones nous tenons à présenter quelques détails sur la manière dont nous avons procédé et sur certaines conditions particulières que nous cherchions à remplir dans ces expériences. Nous avons opéré sur le dernier chien de M. Khigine, «Petit-amb, qui était, durant tout le temps des expériences, au régime uniforme. Chaque fois on s’assurait si son état général était bon et surtout l’état de ces fonc- tions digestives. En vue de quoi on pesait l’animal, on surveillait le fonction- nement de l’intestin, la digestion stomacale et l’état général. On jugeait de 1) Fabrique de Chapoteaut à Paris, — peptone sèche. 2) La préparation de Chapoteaut renfermait 500/, de peptone, alors que celle de Stoll et Schmidt était presque entièrement constituée d’albumoses (Khigine, loc. cit., p. 508). 462 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE l'état de l'estomac d’après la manière dont le chien se comportait envers sa nourriture habituelle et aussi par les expériences de contrôle, qui consistait en ce qu’on lui administrait certains aliments à l'égard desquels l’activité sécrétoire а été déjà établie. Par ces dernières expériences on terminait cénéralement chaque journée d'observation. On procédait à l'expérience à la même époque de la journée, habituellement entre 9 et 11 heures du matin, afin qu’elles soient toutes également distantes du dernier repas qui avait lieu à 7—8 В. du soir. Nous cherchions ainsi que l’animal éprouvât la même sensation de faim et que son estomac fût évacué; si cette dernière condition n’a pas été complètement réalisée et que l’on y constatait quelques particules alimentaires, on pratiquait le lavage. Pour le reste, nos efforts ont été dirigés surtout à soustraire à l’animal toute influence psychique pen- dant l’expérience. Le chien était attaché debout dans une stalle, dans une pièce à part où il ne parvenait que très peu de bruits des autres pièces du laboratoire. Dans l’ouverture du sac stomacal isolé était introduit un drain en caoutchouc par lequel le suc s’écoulait dans un petit cylindre. En même temps on bouchait la canule de la fistule gastrique avec un bouchon traversé par un tube de verre ouvert à ses deux extrémités; on adaptait au bout extérieur de се tube un autre tube en caoutchouc, long de 3/, de mètre, fermé à l’aide d’une pince à pressure et communiquant avec un entonnoir ou un bocal suspendu à la rampe de la stalle à une hauteur un peu plus élevée que la taille de l’animal et rempli d’une liqueur destinée à être intro- duite dans l’estomac. Cela fait, nous attendions que la sécrétion du sac isolé eùt complètement cessé; elle se montrait cependant assez souvent, soit sous l'influence d’un lavage, soit spontanément; nous ne parlerons pas de cette dernière en renvoyant ceux qui s’y intéressent au mémoire original de M. le professeur Sanotzky ci-dessus mentionné. Nous attendions ensuite que l’animal s’assoupit, et nous sommes bien souvent parvenus en ouvrant la pince à faire pénétrer la liqueur dans son estomac sans qu’il s’en soit aperçu, et ce n’est que rarement qu'il se léchait sans зе reveiller cependant. Après cela nous surveillions l'effet produit par la substance arrivée dans l'estomac en prenant soin de ne troubler d’aucune façon le repos du chien et nous efforçant autant que possible de soustraire toute influence capable de lui donner une idée du manger. Expérimentant sur des substances chimiques susceptibles à provoquer l’activité sécrétoire de l’estomac nous étions obligés de les employer en solution aqueuse, or comme l’eau est à elle seule un stimulant de la sécrétion gastrique, donc il à fallut éliminer son influence, en réduisant sa quantité à un tel point où elle n’agit plus comme sécrétogogue. Comme il n’était pas commode d’employer une quantité trop .} SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 463 petite de liquide, nous en avons pris 150 с. с., après nous être persuadés au préalble que cette quantité ne détermine que rarement la sécrétion laquelle est en outre tout à fait insignifiante, ainsi qu’on le voit par le tableau suivant. Introduits par la fistule 150 с. с. d’eau distillée de température ambiante. Expérience 171. Expérience 172. Expérience 188. | Expérience 189. Du 5 Novembre 1895. | Du 6 Novembre 1895. | Du 5 Décembre 1895. | Du 6 Décembre 1895. Le sac isolé а fourni | Dans le premier 1/, | 1%,2 de liquide épais | 0,2 de liquide épais 0°°,4 de liquide d’une | d'heure, une goutte de | formé en moitié par comme du mucus, réaction acide, consti- | mucus à peine avide, | du mucus. Digestion | d’une réaction alea- | tué en majeure partie lensuite du mucus alca-| à peine marquée. line. par du mucus. line. | Passons maintenant aux expériences sur les peptones. Les peptones de commerce dont nous nous sommes servis étaient celle de M. Chapoteau; (2-me préparation de M. H. Khigine) et la peptone de viande de M. Adamkiéwitsch de chez Merk. Les résultats de ces expériences se trou- vent dans le tableau ci-après. as A æ я 5 D repas = DE An, mois et SEe2|2s < эя Introduit dans Резботас: 253| оз 5 я date BE] 2% Е 53 Que: © о = =} © 5 D A eh: < к m 1895. 11 juin . .| 93 | 150 с. с. de solution de peptone due à M. Adamkiéwitch à 1% . . . 11 Lo 0,3 — 94 | 150 с. с. de même peptone à 5%. . .| 11 2 4,5 | 4,0 12 » . .| 95 | 150 с. с. de même solution à 10%, aci- dulée avec du suc gastrique . . . . 8 187 650 | Зо 28 mars . .| 20 | 150с. с. de solution peptique provenant de Chapotaut à 3 За acidulée de SUC LASITIQUENT ME ENT à — y, 1,4 — 8 novembre| 174 | 150 с. с. de même peptone à 6 6% a aci- d d ИО бов не 7 1e1S 21, BD | 81 ИИ acidité 0 4690 HOI. 150 с. с. de même solution . . . . . 8 3 4,5 | 4 25 Те» . | 176 acid. 0442000 31 464 1. 0. LOBASSOKF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE La peptone pure en solution à 15°, environ, nous а été fournie par M. Nencki qui surveillait personnellement sa préparation au dépens de celle de M. Chapoteaut. Nous n’avons pu faire que deux expériences avec cette solution de peptone. Dans la première, il à été introduit 150 с. с. de solution à 15°; la sécrétion apparut au bout de 10 minutes, а duré une heure, et a fourni 1,6 de suc doué d’un pouvoir digestif de 6 mm; ce n’était pas de suc pur: pour 1,6 on a constaté près de 0°,5 de mucus. Dans la deuxième expérience nous avons pris 150 с. с. de même solution diluée à moitié d’eau. La sécrétion avait débuté au bout de 9 minutes; on a recueilli en une heure 0°°,9 de suc, ayant un pouvoir digestif de 5°°,13. Il résulte de ces données que les peptones de commerce doivent leur action sécrétative non pas à la proportion de peptone qu’elles renferment, car la peptone pure, étant même plus concentrée, produit un effet moindre. Cet effet peut être attribué dans nos expériences à l’eau de solution ou à l'influence psychique. On peut encore supposer que la fdible sécrétion avec la peptone pure serait liée à l’impossibilité d’une rectification absolue de la peptone de commerce, mais alors cette sécrétion serait identique à celle que l’on obtient par l'emploi de cette dernière. Or, il n’en est pas ainsi, la diffé- rence entre les sucs dans les deux cas étant très considérable: alors que le suc par la peptone de commerce possède le pouvoir digestif 3°°,5—4"",25, celui de la peptone pure digère 5"",13 (moyenne du pouvoir digestif du suc de l’eau) — 6"",0 (puissance digestive du suc psychique). Les expériences sur les peptones pures, ayant fourni des résultats négatifs sur la valeur de la peptone comme excitant chimique de la sécrétion gastrique ont laissé ouverte la question du stimulant chimique spécifique. En poursuivant les recherches du stimulant chimique nous sommes paris d’un autre fait que nous avons déjà eu l’occasion de mentionner, savoir: la viande, introduite directement dans l'estomac avec toutes les précautions prises contre l’excitation psychique, avait provoqué tout de même une sécrétion, faible au début, mais très abondante dans la 2-me heure, ayant donné en somme une quantité considérable de suc lequel diffé- rait de celui qui est sécrété à l’ingestion de même substance, par un pouvoir digestif et une acidité moindres. Cette sécrétion est évidemment due à l’action des stimulants chimiques renfermés dans la viande ou dans le suc de viande. La longue durée de la période latente (de 25 à 30 minutes) et le début languissant de la sécrétion tiennent probablement à ce fait que la formation du suc de viande ne se produit que graduellement dans l’estomac, sous l’inflvence de la température élevée et de l’humidité, Par la nature des faits, ces stimulants chimiques seraient représentés par ces substances s0- SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF, 465 lubles qui sont extraites de la viande par ébullition ou par d’autres moyens et qui portent le nom de substances extractives. Parmi les produits qui en sont constitués citons le bouillon, l’extrait de viande et autres. Nous avons fait les expériences avec deux de ces produits. Le bouillon, toujours de la même concentration, obtenu en faisant bouillir pendant un certain temps de la viande de cheval dans une marmite ouverte, à été introduit dans l’estomac en quantité de 150 c. c. (4 expériences). Totalité du | Quantité [Pouvoir di-[F0nvoir digestif du Début de | Durée de а Q : di suc formé avec des а | обес | SC urant |de suc dans| gestif des . : а sécré- | la sécré- || ве Е : - | prises respective- | We . oute la pé- Па, première|portions sé- : | lon, en tion, en onde Ее роте а ment proportion- minutes. | heures. д р 2 toire еп с. <. ©. 2. mm ИНЫЕ . portion, en mm. Maximum .| 14 о 6,8 3,13 Minimum . 11 11}, 8,4 т 2,98 Moyenne . 13 11} 4,6 3,05 Notre 5-me expérience est faite avec du bouillon deux fois plus con- centré que le précédent, en vue de quoi on évaporait ce dernier à moitié de son volume primitif, à la température de 22°—28° C., dans une atmo- sphère raréfiée; cette dernière condition a été utilisée afin d'éviter l'influence d’une nouvelle circonstance, de la vaporisation du bouillon à la température élevée. Je mets ici, en parrallèle avec ces expériences, une expérience а\ес le bouillon lequel avait servi pour la préparation du bouillon concentré: : Bouillon Е deux fois plus ordinaire. re Début de la sécrétion au bout de . . . . . . . . . 12 m. 12 m. Durs 03 16) ВОВ о оо оо тов 13], В. 13/, В. Quantité de suc durant toute la période sécrétoire . . ASC 6 Sel » » dans la premier heure ...... де 655.8 Pouvoir digestif de chaque portion . . . . . . . : 90m 63—3"7,25 20m 95—8377,38 » » du suc formé proportionnellement . . 307,25 222095 Il ressort de ces tableaux que le bouillon est notoirement susceptible de produire la sécrétion: en élévant sa concentration on active en même temps la sécrétion; ce qui attire ici l'attention, c’est un décroissement de la puissance digestive (la proportion du ferment étant presque deux fois moin- dre). Pour faire un grand nombre d'expériences il est plus commode de recourir aux extraits de viande, puisque ils permettent un dosage exacte et sont à la portée de tous à chaque moment voulu. Etant donné que l’extrait de Liebig est une des préparations la mieux étudiée, c’est à lui que nous , 9 Q 0 2 () nous sommes adressés, en employant ses solutions à 8,3% её 6,6%. 31+ 166 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Nous avons fait 20 expériences avec l’extrait de Liebig. Nous n’en présentons que 8 dans le tableau ci-après, et notamment celles qui se rap- portent à l’époque où nous étudüons les excitants chimiques. Dans ces 8 expé- riences nous introduisions dans l’estomac d’un chien 10 gr. d'extrait de Liebig en solution dans 150 с. с. d’eau distillée. Quantité du suc en Pouvoir digestif Acidité totale en ‘/, С: С. en mm. de HCI Heures. о Я Я Sd Е Е Е а и RUES © | а о 24 я с я a м Æ = а |= = S | à =! = I 4,5 6,0 | 28 | 4,0 1,88 | 3,25 | 0,4429 | 0,482 | 0,3908 II 1,9 2,7 | 10 | 414 | 5,0 | 3,0 | 0,4924 | 0,5341 | 0.469 ш 1 goutte Suctotal. .| 6,4 79 | 47 3,99 | 4,75 | 3,25 | 0,4694 | 0,521 | 0,4295 Pèriode latente—12 minutes (maximum 15 min., minimum 9 min.). Durée de la sécrétion —2 heures (maximum 21/, В., minimum 1!}, В.). La marche habituelle de la sécrétion avec l’extrait de Liebig est présentée d’après une expérience typique à part ci-après: Expérience 139. Du 16 Séptembre 1895. А 101. 22 m. matin on introduit par la fistule 150 с. с. d’eau renfermant 10 gr. d'extrait de Liebig. La prémière goutte apparaît à 10 №. 35 m. Quantité du sue Acidité totale Pouvoir digestif еп с. с. en °/, HCI. en mm. 10 h.22m.—10 В. 37 m. 2 gouttes } 10 » 37 » —10 » 52 » 1,8 (| 10 » 52 »—11» 7» 2,0 { 528 > 42 11 » 7 »—11 » 22 » 15e | 11 » 22 » —11 » 37 » 16 } 11 » 37 » —11 » 52 » 0,7 { 11 » 52 »—12» 7» т” р #4 12 » 7 » —12 » 22 » 1 goutte } 7,9 0,468 4,25 Ainsi done, l'extrait de Liebig constitue incontestablement un excitant chimique de la sécrétion de suc gastrique. La sécrétion apparait générale- ment 12 minutes après l'introduction de l’extrait; sa plus grande activité SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 467 correspond aux 2-me et 3-me quarts de la 1-re heure; le suc est relative- ment peu acide — 0,4694, et possède un pouvoir digestif moyen = 3"”.,99 ressemblant sous ce rapport au suc gastrique de la viande. Il exerce son action, même à une concentration moindre; ainsi à l’ingestion de 5 gr. d'extrait dans 150 с. с. d’eau distillée, on а obtenu une sécrétion qui а duré 1/ В. et a fourni 4,0 de suc (expérience 149-me). Comme les substances extractives de la viande sont par elles-mêmes des excitants chimiques de la sécrétion, il en résulte que c’est à elles qu’est due la sécrétion de suc lors de l’intro- duction etaussi à l’ingestion normale de viande, ainsi que de tout autre produit alimentaire renfermant de ces substances on en pouvant fournir par digestion. Pour baser encore plus selidement notre conclusion nous avons institué une série d'expériences inverses. Etant donné que les substances extractives sont retirées de la viande par ébullition, la viande longuement bouillie doit évidemment perdre la propriété d’exciter la sécrétion du suc gastrique lorsqu'elle est introduite directement dans l’estomac. Pour nous assurer que cela se passerait réellement ainsi, nous avons fait bouillir de la viande de cheval finement broyée, en changeant continuellement l’eau; nous avons préparé de la sorte du bouilli de 2, 4, 5 et 6 jours. La viande bouillie était fortement exprimée entre les mains et introduite dans l’estomac par . la fistule selon le procédé ci-dessus décrit et avec toutes les précautions précitées; cette manipulation n’est pas toutefois facile à pratiquer et de plus elle prend bien du temps, ce qui ménace l’intervention de Расе psy- chique. Pour obvier à cet incovénient оп prenait, dans les expériences ultérieures, des petites quantités de viande que l’on humectait avec de l’eau. La viande ayant bouillie 2 jours conserve suffisamment ses propriétés sécrétatives; ainsi dans l’expérience № 161 on introduisit dans l’estomac 200 gr. de cette viande préparée avec 400 gr. de viande crue et humectée de 50 с. с. d’eau. La sécrétion, ayant débuté 22 minutes après, а continué pendant 10 heures et а fourni 39,8 de suc, d’un pouvoir digestif 4° ,75 et d’une acidité de 0,521% HCI. L’ébullition de 4—5 jours avait con- sidérablement diminué l’action sécrétogogue de la viande laquelle disparut définitivement après 6 jours d’ébullition. Expérience 155. Du 9 Octobre 1895. Poids du chien 25 kgr. Dernier repas à 7 В. soir le 8 Octobre. А 9 h. 30° du matin le 9 Octobre le chien est placé dans l’appareil; l’estomac est soigneusement lavé, Sécrétion assez abondante après le lavage. A partir du midi 15 minutes — pas une goutte de suc. АТЬ, 37 m. on introduit avec les mains 100 gr. de viande bouillie pendant 4 jours; l’in- troduction а pris ЗИ, minutes. Apparition de la 1-re goutte au bout de 33 minutes. 468 1. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Quantité du suc Pouvoir digestif Temps. en с. с. en mm. 1h. 37m—1 В. 56m. mucus dans la Re | 1 » 56 » —2 » 10 » première goutte de suc 2 » 10 » —2 » 22 » 0,3 | Di 2e 2 » 22 » —2 » 73 » 0,4 2 » 837 » —2 » 52» 2 gouttes \ 2 » 52 »—3 » 7» 0,2 8 » 7 »—3 » 22 » 0,2 } 151 6,0 3 » 22 » —3 » 37 » 0,2 3 » 37 » —38 » 52 » 0,5 | 8 » 52 »—4 » 7 0,5 4» 7 » —4 » 22 » 04 | == Po 4 » 92 » —4 » 37 » 0,4 4 » 37 » —4 » 52 » 0,6 \ 4» 52 »—5» 7» 0,8 5 » 7 »—5 » 22» 0,5 { 2,2 5,5 5 » 29 » —5 » 37 » 0,3 } Е 5 » 37 » —5 » 52 » 0,4 5 » 52 »—6 » 7 » 0,2 07 6» 7 »—6 » 22» 0,1 2 6 » 22 » —6 » 37 » 1 goutte Expérience 157. Le 11 Octobre 1895. Poids du chien 24kgr,800. Lavage de l’estomac à 10 h. 30 т. du matin. Sécrétion spontanée insignifiante qui à cessé à 11 В. 45 m. А 11 h. 45 м. on procède à l'introduction de 100 gr. de viande bouillie pendant 6 jours, et huméctée avec 50 с. с. d’eau. On termine l’opération à 11 h. 481, т. À 11 h. 55 m. apparaît du mucus. » 11 » 45 » — 12 h. 45 m. mucus légèrement acide. » 12 » 45» — 1 » 45 » 0%,8 de suc mélangé à du mucus. » 1 » 45» — 2 » 15 » 0°°,3 presque entièrement du mucus. » 2 » 15» — 2 » 55 » mucus. On а recueilli en 3 heures 0,9 de liquide épais, acide, qui digérait à peine l’albu- mine d’œuf (cylindres de Mette) en l’espace de temps de 10 В. L’estomac est rempli de viande bouillie à réaction alcaline. Si nous comparons ces expériences à celles avec la viande crue intro- duite en même quantité (150 gr.), comme par exemple, dans l’expérience, remontant à la même époque environ, № 170 (du 8 Octobre 1895), nous verrons qu'ici la sécrétion а duré 81, В. et а fourni 25”,6 de suc. En com- parant les résultats de ces deux genres d’expériences nous voyons que, en privant la viande de substances extractives nous lui ôtons par là la propriété de provoquer directement la sécrétion chimique de suc. Cette forme d’ex- périence est cependant passible d’une objection; c’est que l’extraction par le cuisson non seulement enlève à la viande ses éléments actifs au point de vue de la sécrétion de suc gastrique, mais encore elle modifie profondement ses propriétés physiques et chimiques, et, ça ce peut, que l’inactivité de SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 469 viande bouillie soit liée à cette dernière condition. Afin de résoudre cette question nous avons associé, à la viande extraite par le cuisson, de l'extrait de Liebig en lui restituant ainsi l’action sécrétative de la viande crue. En voilà une des expériences de ce genre. Expérience 158. Le 12 Octobre 1895. Préparations préliminaires habituelles. À 10 h. 25 m., introduction dans l’estemac de 100 gr. de viande bouillie pendant 6 jours (expérience 157) humectée avec 50 с. с. d’eau dans laquelle on а dissous 20 gr. d’extrait de Liebig. Opération à duré 41/, minutes. La première goutte de suc а paru à 10 В. 40 m. uantité du suc Acidité totale Pouvoir digestif Tone : en с. с. en °/, HCI. en mm. 10 В. 25 m.—10 h. 40 т. 0 10 » 40 » —10 » 55 » 1,8 10 » 55 » —11 » 10» 22 6,1 0,5015 7,0 11 » 10 »—11 » 25 » 2,1 11 » 25 » —11 » 40 » 2,1 \ р 11 » 40 » —11 » 55 » 1,6 11 » 55 » —12 » 10» 1,4 | Sn EN Le 12 » 10 » —12 » 25 » 0,9 12 » 25 » —12 » 40 » 0,9 | 12 » 40 » —12 » 55» 0,5 19 » 55 » — 1» 10» Ай о го 1 » 10» — 1» 25 » 0,5 | 1 » 95 »— 1» 40 » 0,4 1 » 40 > — 1» 55 » 0,5 19 Е 6,0 1 » 55 » — 2» 10» 0,5 } 9 » 10» — 2 » 95 » 0,5 9 » 95 » — 2 » 40» 0,4 | 2» 40 »— 2 » 55 » 0,5 1.6 A 6,0 2 » 55 » — 3 » 10» 0,4 ( ? 3 » 10 > — 3 » 25 » 0,3 3 » 95 » — 3 » 40 » 0,3 | 3 » 40 » — 3 » 55 » 0,2 0.9 de: =” 3 » 55 » — 4 » 10 » (LÉ ENT EE 4 » 10 » — 4 » 95» 0,2 } 4 » 95 » — 4» 40 » 0,1 } 4 » 40 » — 4 » 55 » 0,1 À оз Же = др Бор ©» ой > 5 » 10»— 5 » 25 » о } Pour 7 heures . 19,1 0,5081 6,38 L’estomac est lavé. Il renferme encore de la viande en quantité de | Re cree 35 gr. Cela tient probablement à ce que l'extrait, n'étant pas aussi inti mement lié à la viande que les substances extractives, aurait passé dans lintestin avant que la viande elle même ait été digérée. 470 J. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Les données ci-dessus nous autorisent d'affirmer que l’excitant chimique de la sécrétion du suc gastrique est représenté par les substances extractives de la viande. Il était de toute nécessité de préciser la nature de ce ou de ces stimulants chimiques, s’ils sont nombreux, car l’extrait de viande est une préparation fort complexe. Nous avons entrepris dans ce but ure série d'analyses de l'extrait de Liebig, en nous arrêtant tout d’abord sur les substances extractives les mieux connues, telles que: créatine, créa- tinine, xanthine, hypoxanthine et carnine, dont on connait même la teneur centésimale dans l’extrait. Expérience 145. Du 25 Septembre 1895. A 9 h. du matin, lavage de l’estomac; à 11 В. 15’, il s’élimine, par le petit sac stomacal isolé, du mucus. À 11 h. 17/ on introduit dans l’estomac 150 с. с. d’eau distillée renfermant 0Ë°,5 de créa- tine, 087,2 de créatinine, 0%°,2 d’hypoxanthine (sarcine), 057,1 de xanthine et 08"1 de carnine, leurs quantités surpassant celle qui est contenue dans 10 gr. d'extrait de Liebig. Pour faire dis- soudre quelques unes de ces substances оп ajoute 08",5 de bicarbonate de soude. La température du mélange est de 35° С. De 11 h. 17/ à 12 h. 17. Le sac isolé fournit du mucus acide, de même qu'auparavant. À 12 h. 17/ nous constatâmes que tout le liquide à passé dans l'intestin. Ce n’est que dans un seul cas que 150 с. с. d’eau renfermant 0°,5 de créatine ont fourni 0,9 de suc en un !/, d'heure. Ainsi donc toutes ces sub- stances, même prises ensemble, ont fourni des résultats négatifs. Les re- cherches plus détaillées dans ce sens n’ont pu être réalisées, puisque Îa nature des autres éléments azotés constitutifs de l’extrait de Läiebig, fort nombreux d’ailleurs, nous est pour la plupart inconnue. Pour ce qui concerne les substances albuminoïdes de l’extrait de Liebig, les albumoses, selon M. Khigine, n’ont pointd’actionsur la sécrétion gastrique; quant aux peptones, auxquelles M. Khigine attribuait un rôle important dans la sécrétion, elles ne s’y trouvent, comme on le sait, qu’en quantité minime. La gélatine, qui se trouve dans l’extrait de Liebig dans la proportion de 1 pour 100, s’est montrée susceptible de produire la sécrétion dans nos expériences avec la gélatine de commerce. Mais, premièrement, nous avons eu affaire à la gélatine de commerce laquelle renferme, bien entendu, de substances étrangères, parmi lesquelles un des premiers rangs appartien- drait, de par sa fabrication même, aux substances extractives. Et en second SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 471 lieu, l'effet produit par la gélatine en morceaux, s’est montré beaucoup plus prononcé que lorsqu'on l’avait fait liquéfier au préalable par le séjour de 12 heures à l’étuve au contact du suc gastrique, or c’est à l’état liquide précisément qu’elle se trouve dans l'extrait de Liebig. Et de plus, nous avons employé de la gélatine en grande quantité, 22 gr. sur 128 с. с. d’eau, par conséquent la colle, dont la proportion dans l’extrait de Liebig étant de 1°, et dans nos solutions n'étant que de !/.°/, ne peut nullement engendrer l'effet sécrétatif de l’extrait tout entier. Donc nos résultats furent négatifs avec ces différentes substances; nous avons seulement réussi, en extrayant l'extrait de Liebig avec de l’alcool, de déterminer la valeur des substances solubles et des substances insolubles dans l'alcool. On préparait l'extrait alcoolique dans l'appareil ordinaire de Sohxlet; les produits obtenus étaient employés à l’état sec. Les résultats de ces expériences sont réunis dans le tableau ci-après. Il est introduit dans l’estomac 150 с. c.| : Introduit dans l’estomac, 150 с. с. d’eau distillée renfermant 4 gr. d’ex- [d’eau distillée renfermant 6 с.с.— 6°°,8 trait alcoolique sec de l’extrait de |4е cette portion de l’extrait de Тлешо | Liebig. qui est insoluble dans l'alcool. . Expérience 146 et 169 du 25 Sép- |Ехрётепсез 147,148 et 168 du 25 et 27 tembre et du 4 Novembre 1895. Séptembre et du 3 Novembre 1895, SE, | Eee | ва 98.5 о | ВЕ SAS ESS о EC ЕЕ Ее | ЗО Е зв SE | Я EN EC 5 я Ея =D | Ф + 5 = © DT) > Я 2e d © © 5 «© D «DO © |= © ЛЗ = OO © |= 2 эн яя.а Зо > 5 L2Sa.| 554 Яо =] © © 5 © 83 85 + ® ENS ok A A a (SA £a |A AR © à ea Moyenne 174, и 1,1 5,19 13 13), 3,7 4,81 Maximum . 19 11}, 1,4 5,63 16 au), 5,4 5,25 Minimum 16 11/, 0,8 4,75 dit ll} 2,6 4,38 Remarque. Les quantités employées de 4 gr. et 6 gr. — 65",8 correspondent environ aux 10 gr. d’extrait. Je donnerai comme exemple deux cas suivants. 472 J. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉVOIRE Expérience 146. Du 25 Septembre 1895. А 12 h. 24 м. on introduit dans l’estomac 150 с. с. d’eau distillée additionnés de 4 gr. d'extrait alcoolique sec faite avec 10 gr. d’extrait de Liebig. : La première goutte de mucus apparaît au bout de 9 minntes, et la première goutte de sue, au bout de 19 minutes. Quantité du suc Pouvoir digestif Temps. еп с. с. en mm. 12 В. 24 m.—12 В. 39 т. 0 12 » 39 »—12 » 54 » 0,5 12 » 54 »— 1» 9» 0,2 4,75 1» 9»— 1 » 24» 0,1 1 » 24 » — 1» 50 » 1 goutte On а recueilli, еп 1 №. 26 шш., 0,8 de suc mélangée à une grande quantité de mucus, doué d’un pouvoir digestif de 477,75. Expérience 168. Du 3 Novembre 1895. А 11 h. 30 m. on introduit dans l’estomac d’un chien à l’état de sommeil 150 с. с. d’eau renfermant 6 gr. d’extrait de Liebig insoluble dans l’alcool absolu. Au bout de 11 minutes, apparaît la première goutte. Quantité du suc Pouvoir digestif Тир еп с. с. en mm. 11 h.30 m.—11 $. 45 m. 1 goutte avec du mucus | 11 » 45 » —12 » 0» 12 » O0 » —12 » 15» 0,5 | 2 = 12 » 15 » —12 » 30» 0,9 12 » 30 » —12 » 45 » 1,2 } 12 » 45 »— 1» O0» 1,0 [| 1» О»— 1» ББ» 0,7 ео 5,36 1 » 15 » — 1 » 30» 0,4 1 » 30 »— 1 » 45» 0,1 La sécrétion a duré 21}, В. et а, fourni 5,4 de suc jouissant de pouvoir digestif — 42238. Il ressort de ces tableaux et observations que la partie la plus active de l’extrait de Liebig à l’égard de la sécrétion gastrique est celle qui est insoluble dans l’alcool absolu. Ainsi se trouve tranchée la question de l’excitant chimique de la sécrétion de suc gastrique. Cette notion ne peut cependant servir à l’expli- cation du mécanisme même de la sécrétion que tant que les aliments ren- ferment cet excitant tout préparé, c’est-à-dire lorsqu'ils sont susceptibles de provoquer la sécrétion étant directement introduits dans l'estomac; mais pour ce qui concerne les substances qui ne possèdent pas cette propriété, le SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 1 =] mécanisme de la sécrétion reste inexpliqué. Nous avons facilement trouvé un excitant chimique dans la viande qui est un excitant naturel par excel- lence des glandes stomacales; or, l’examen des données expérimentales rela- tives aux autres aliments nous fait voir que, là aussi, l'intervention d’un stimulant chimique est nécessaire pour la compréhension du mécanisme de la sécrétion du suc gastrique. Nous pouvons recourir ici à l’idée ingénieuse de M. Khigine, savoir, que cet excitant chimique serait la peptone dans les expériences de cet auteur, les substances extractives dans les nôtres, se développant aux dépens des éléments constitutifs de la nourriture sous l’influence de l’action digestive des premières portions de suc psychique. Voyons tout d’abord les expériences sus-indiquées de M. Khigine où les substances alimentaires inactives à l'égard de la sécrétion, comme par exemple le blane d'œuf, devenaient actives par le traitement préalable avec du suc gastrique à l’étuve à la température appropriée ou lorsqu'elles ont été intro- duites dans l’estomac en pleine digestion. Ces expériences nous intéressent surtout parce qu’elles démontrent que, par la digestion des albuminoïdes, il s’en développe un produit ou des produits jouant le rôle d’excitant chimique de la sécrétion. Etant donnée l’importance du sujet nous avons répété et quelque peu modifié ces expériences. Dans 4 expériences de contrôle nous diluions le blanc d’œuf de son volume de suc gastrique ou d’eau distillée, ceci étant fait еп vue d’égaliser les conditions expérimentales pour toute la série d'expériences. Toutes les 4 expériences sur lintroduction dans l'estomac de 150 с. с. de mélange de blanc d’œuf avec de l’eau (1 expérience) ou avec du sue (3 expériences) ont fourni seulement quelques gouttes, pour la plupart de шисиз alcalin, il n’y а eu qu’une seule où nous avons obtenu une goutte de suc. Pour la digestion du blanc d’œuf à l’étuve on se servait du suc d’une grande puissance digestive obtenu à l’aide de lalimentation fictive. On faisait coaguler le blanc d'œuf au moyen de chauffage et on le broyait; la quantité de blanc d'œuf n’a pas été la même que précédemment: on prenait plus de suc en vue de l’évaporation et afin d'obtenir une digestion plus complète (250 gr. de blanc d’œuf pour 400 с. с. de suc). Les mélanges ont été soumis à la digestion de 15 heures à 45 jours. Le produit de 15 heures de digestion commence déjà manifester une action sécrétative; cette dernière devient plus marquée après 40 heures de digestion et augmente encore après 3 jours. А partir de ce moment nous n'avons раз constaté d’acerois- sement des propriétés sécrétatives du mélange, et après 45 jours de digestion à l’étuve nous avons observé, même un affaiblissement considérable de ces propriétés. 474 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE 150 c. c. de liqueur séparée par filtration du mé- lange de blanc d'œuf et de suc gastrique sont introduits dans l’estomac. Expér. 208. Du 2 Janvier 1896 Expér. 197. Du 21 Décem- bre 1895. Expér. 212. Du 28 Février 1896 Expér. 207. Du 14 Janvier 1896 Ce] © {>| = «D = 24 A Du 13 Janvier 1896 Le mélane а été tenu à l’étayve . . . ! 40 В. 3 jours | 5 jours | 45 jours Quantité de sue en с. c.. . . .. . 0,9 1,2 1,5 1,4 [0,7 mucus Période latente . . . . . . . . .| 22 min. | 18 min. | 20 min. ? — Durée de la sécrétion 2, И 11}, В. 13/, В. 21}, В. ТВ. Remarque. Т’ехрёмепсе 212 par son résultat inattendu éveilla le doute sur l’état de l’estomac du chien; l’expérience de contrôle avec l’extrait de Liebig a cependant prouvé que le chien était parfaitement bien portant. Bien que les chiffres soient peu élevés, il parlent tous dans le même sens. En comparant ces données avec les précédentes on voit que la digestion imprime au blanc d’œuf la propriété de provoquer la sécrétion de suc. Nous croyons que les résultats d'expériences 197 et 212, quelque peu in- attendus à première vue, donnent lieu à certaines considérations particulières. Si l’on admet l’avis de M. Khigine sur la valeur de la peptone, on ne pourra évidemment pas expliquer cette atténuation de l’action de notre mélange, juste au moment quand sa teneur en peptones s’élève de plus en plus, ou qu’elle s’approche de son maximum. Ces expériences prouveraient au contraire que les stimulants de la sécrétion sont des produits instables et transitoires de digestion du blanc d’œuf, dont la quantité est plus considé- rable au début de la digestion. Pour savoir si le blanc d’œuf se digérant dans l'estomac peut acquérir еп peu de temps les propriétés sécrétatives nous avons procédé ainsi que suit. А un chien porteur de fistule gastrique est œsophagotomié il а été introduit par la fistule 200 =. de blanc d'œuf cuit et, immédiatement après, on lui а administré un repas fictif de 15—20 minutes. Au bout de deux heures, lorsque l’estomac était en pleine digestion, on bouchaït la canule fistulaire à l’aide d’un bouchon traversé par un long tube métallique présentant à son bout interne une multitude de petits orifices. Le liquide trouble et contenant de petits flocons de blanc d'œuf s’écoulait par ce tube et était ensuite recueilli; on l’utilisait pour les essais, soit après, soit sans filtration. L’extrémité extérieur de ce tube а été fermée avec un bouchon, et on ne l’ouvrait que par moment, afin que le suc gastrique SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 475 qui s’en écoulait eût le temps d’exercer son action sur le blanc d’œuf. Les 150 с. с. nécessaires pour l’expérience ont été recueillis généralement en deux fois, dans deux expériences préliminaires sur des chiens gastro-@s0- _phagotomisés. Toutes les 6 expériences de ce genre, avec introduction de 150 с. с. de liquide en question, ont fourni des résultats positifs. Expér. 192. Expér. 198. Expér. 294. Moyenne. Expér. 184. ` Expér. 187. Période latente, en minutes . . . . .| 22 .| 16 Durée de la sécrétion, en heures . : 14 | 21 GT) MONS Quantité du suc, еп с. с.. Pouvoir digestif, en mm. . 3,75 | 4,0 Aïnsi, l'influence de la digestion sur le blanc d’œuf, déjà bien manifeste in vitro, se montre encore plus accusée dans les conditions naturelles. Comme dans toutes ces expériences nous ne faisions que nous rapprocher plus ou moins du processus de la formation de stimulants de la sécrétion gastrique dans les conditions normales, nos chiffres sont-ils peu élevés. Il est établi ainsi que des produits quelconques ayant un caractère des substances extractives jouissent de pouvoir sécrétogogue par action directe sur la muqueuse gastrique et, ce qui est surtout remarquable, que leur action se manifeste également sur la portion isolée de l’estomac qui n’est en relation avec l’estomac entier que par l’intermédiaire des nerfs et des vaisseaux. En quoi consiste donc le mécanisme immédiat de cette action des substances extrac- tives? Comment ce transmet-elle aux celluies glandulaires? L’une chose de deux: ou bien les substances extractives portent leur action sur les termi- naisons périphériques des nerfs centripètes de la muqueuse stomacale, qui se réfléchit sur l'appareil glandulaire de l’estomac, en se répercutant de chaque point de la muqueuse stomacal à toute son étendu et par conséquent aussi sur les glandes du sac stomacal isolé; ou bien, ce qui est encore possible, ces substances, étant résorbées et circulant dans le sang, agiraient direc- tement sur les cellules glandulaires. Bien que des faits gros et bien établis, tels que: adaptation de la sécrétion gastrique à la nature des 476 J. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE aliments, anologie profonde avec l’action notoirement reflexe de l’acide sur la sécrétion pancréatique etc. plaident en faveur de la première hypothèse, nous avons cru cependant utile d’éliminer l’autre à l’aide des données expérimentales. Dans ce but nous entreprimes une série d’expé- riences qui nous ont permis d'observer le processus sécrétoire de l’estomac lors de la pénétration des substances extractives dans le sang par une autre voie que celle de la muqueuse stomacale. La première catégorie de ces expériencès était faite sur l'injection de solutions d’extrait de Liebig dans le rectum de «Petit-ami et d’autres chiens. Les expériences analogues avaient été déjà faites par M. Sanotzky qui injectait dans le rectum des chiens du bouillon et de lait et n’a jamais obtenu par ce procédé de la sécrétion de suc gastrique. On commençait toujours par bien laver la portion infé- rieure de l'intestin; la solution d'extrait de Liebig, chauffée à la température du corps, était ensuite injectée dans le rectum. Nous avons fait 3 expériences sur «Petit-amb». Dans deux de ces expé- rience nous avons introduit dans son rectum par 10 gr. d'extrait de Liebig dissous dans 150 с. с. d’eau (expériences 164 et 165) et dans la 3-me, 20 gr. dans 200 с. с. d’eau (exp. 166). Dans aucune de ces expériences, en observant 21, h. environ, nous n’avons constaté pas une seule goutte de suc pur; toutes ont fourni du mucus alcalin, de quelques gouttes à 0°,6 (exp. 164). ДА part cela, nous avons institué une autre catégorie d'expériences portant sur le chien qui avait subi l’isolement partiel de l’estomac selon le procédé de M. Heidenhain. Dans une de ces expériences on №! injecta par le rectum 30 gr. d'extrait de Liebig dans 150 c. с. d’eau (expérience 339), et, durant une heure, on a point observé de suc, il s’éliminait seulement du mucus. Dans une autre expérience (342), on introduisit dans le rectum 60 gr. d'extrait de Liebig dans 200 с. с. d’eau; on observait pendant 4 h., et on n’a obtenu qu’une quantité insignifiante de mucus alcalin. Enfin, supposant qu’une concentration trop forte de nos solutions ne favorise pas l’absorption, nous avons fait une expérience avec 60 gr. d'extrait de Liebig dissous dans 600 с. с. d’eau et nous les avons injectés par 100 с. с. en une fois, toutes les heures. Le résultat fut le même. Quoiqu'il n’y ait aucune doute que la muqueuse rectale puisse absorber les substances extractives, cette expérience est toutefois passible d’une ob- Jection, c’est que cette absorption serait moindre que dans l'intestin grêle. Il semble de prime abord que tous les doutes à cet égard sauraient être dissipés par introduction d'extrait de Liebig directement dans le sang. Et cependant, les choses se passeraient alors autrement, car les subtances SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 477 extractives pénétrant dans le sang graduellement et petit à petit à travers la muqueuse gastro-intestinale, ne changent pas d’une manière notable sa composition: le rôle de la muqueuse, ainsi que de certains autres organes (foie) consistant, entre autres, dans la conservation de la constitution nor- male du sang en tant'qu’elle soit menacée de par l'intestin; tandis que, par leur introduction directe dans le sang, nous modifions profondement et d’une manière brusque la composition du sang, ce qui entraîne une vive réaction de la part de l’organisme qui cherche à tous prix et par tous les moyens de s’en débarrasser. Le tube gastro-intestinal et en particulier l’estomac servent largement de voies d'élimination des substances étrangères entravant notab- lement la composition normale du sang, par l’intermédiaire de leur appareil glandulaire, l’activité plus ou moins grande de ce dernier en sera donc la conséquence. C’est ainsi qu'on doit interpréter les résultats obtenus par M. Braun!) qui а montré qu'en introduisant dans le sang de grandes quan- tités d’urée et de sel marin on provoque une sécrétion abondante de l’estomac laquelle possède tous les caractères du suc gastrique, c’est-à-dire renferme de la pepsine, de l’acide chlorhydrique, bien que cette dernière en quantité faible. Quel est le mécanisme immédiat de cette sécrétion? Nous n’en sa- vons rien. Nous pouvons dire seulement que c’est une sécrétion sui generis, puisque ni la solution d’urée (voir nos expériences), ш le sel marin?) пе jouissent pas de propriétés de provoquer la sécrétion, étant directement in- troduits dans l’estomac (en quantité de 150 с. с.). П faut ranger également dans cet ordre de faits une abondante sécrétion renfermant des sels ammo- niacaux, observée par CI. Bernard à la suite la néphrectomie °). M. Ankindinoff‘) qui а opéré sur des chiens auxquels on avait lié les uretères signale ce fait que la ligature est suivie d’une sécrétion gastrique continue renfermant de l’urée et des sels ammoniacaux; dans un de ces cas on а recueilli, durant 34 В. de survie du chien (16550 gr.) après l’opé- ration, 657 с. с. de suc de pouvoir digestif = 2 à 3 mm. et d’une acidité de 0,3 à 0,4%. Il résulte de tout ceci que l’introduction dans le sang d'extrait de Liebig déterminant une sécrétion du suc gastrique peut rentrer dans la même catégorie des faits. Mais ce phénomène ne saurait prouver d'aucune manière que la pénétration des substances extractives dans le sang et par là 1) Braun, Eckhard’s Beiträge zur Anatomie und Physiologie, t. УП, p. 52, 1876. 2) Khigine, 1. cit., р. 504. 3) С]. Bernard et Ch. Baresswil, Sur le voies d'élimination de l’urée après Vextir- pation des reins, Arch. génér. de Médec., 4-е série, $. XIIT, Paris, 1847, р. 449—465; voir aussi CI. Bernard, Leçons sur les propriétés physiolog. et les altérations pathologiques des liquides de l’organisme, Paris, 1859, t. IL. 4) Ankindinoff, Influence de la ligature des uretères sur la sécrétion et la composition du suc gastrique. Thèse. St-Pétersbourg, 1895, р. 51 (en russe). 478 J. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE vers les cellules glandulaires soit le vrai mécanisme de leur action sur les glandes, dans les conditions physiologiques. Notre expérience avec l’intro- duction des substances extractives dans le sang à été faite sur un chien dont l'estomac eut été réséqué par le procédé de M. Heidenhaïin. On mettait а nu une des veines sous-cutanées du genou, et on y fixait un tube en verre communiquant avec un tube en caoutchouc pourvu d’une pince à pressure avec entonnoir. La solution de 10 gr. d’extrait de Liebig dans 100 с. с. d’eau distillée destinée à l’injection était chauffée à la température du corps. Pour пе pas modifier en rien les propriétés ‘de l’extrait de Liebig nous n’avons pas stérilisé cette solution à la température ordiraire, nous nous sommes bornés simplement de la filtrer soigneusement et de la faire avec de l’eau distillée. Expérience 357. Du Mars 1896. Le chien est placé dans Гарратей à 11 В. 30 т. L’estomac est lavé. Pas de sécrétion, ni par le grand, ni par le petit estomac. А midi 35 т. on commence à injecter dans le sang de la solution ci-dessus mentionnée extrait de Liebig. L’injection est terminée à 12 h. 50 ш. On pratiquait l’injection sous une pression peu elevée. Grand estomac. Sac isolé. Temps. Quantité du suc, Quantité du suc, еп с. с. еп с. с. 12 В. 50 m.—1 В. 5 m. 22,0 (suc psychique ?) 1,2 1» 5 »—1 » 20 » 4,5 0,2 10 10550) 0,9 1 goutte. 1 » 35 » —1 » 50 » 2,5 Rien. 29,9 1,4 1 » 50 »—92 » 5» 3,0 1 goutte. 2 » 5 » —9 » 20 » or Mucus acide. 2 » 20 » —9 » 35 » 0,4 0,6 de liquide acide. 2 » 35 » —2 » 50 » mucus faiblementi acde. 0,3 de même mucus faiblement acide. 6,1 ‘0,9 2 » 50 »—3 » 5» Quantité insignifiante de mucus acide. Total ...’... 36,0 де suc. 2,3 de suc mélangé au mucus. Rien. Il est а noter qu’on a observé en même temps de l’écoulement abondant de salive et de larmes. Son état était tout anormal: il était inquiet et avait des nausées. Or, par des expériences spéciales nous avons constaté que les nausées et les vomissements provoqués par l’administration des vomitifs (apomorphine en injection sous-cutanée) déterminent à eux seuls une sécré- SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 479 tion de suc gastrique. Et d’autre part, nous avons établi par les expériences sur des chiens porteurs de fistules permanentes des canaux salivaires, faites selon le procédé de M. Glinsky!), que l'introduction dans le sang d'extrait de Liebig amène de la salivation. Tout ceci nous fait penser que la sécré- tion de suc gastrique résultant de l'introduction de l’extrait de Liebig dans le sang n’est point une expression du rôle de cet agent, ni du mécanisme de son action dans les conditions normales; cette sécrétion n’est qu’un de nombreux moyens analogues de défense de l’organisme contre l’intoxication laquelle dans notre cas est représentée par la perturbation dans la composi- tion du sang à la suite des injections en question. Ainsi donc, cette expérience ne modifie en rien, les conclusions que nous avons formulées plus haut en nous basant sur les données fournies par les expériences sur l'injection d'extrait de Liebig dans le rectum. Nous l’avons instituée d’ailleurs dans lespoir d'obtenir un résultat négatif qui aurait définitivement tranché la question; or, nos prévisions n'étant pas justifiées par la suite, la signification des résultats de cette expérience reste indéterminée. Toutes les observations ci-dessus relatées concernant la sécrétion secondaire que nous appelons, d’après ce qui a été dit ci-dessus, sécrétion chimique, nous permettent d'approfondir l’analyse du processus sécrétoire de l’estomac. D'abord elle nous font comprendre le mécanisme de la sécré- tion qui dure de 6 à 12 heures et même plus, savoir: tant que les aliments se trouvent dans l’estomac, ce dernier ne manque pas d’excitants chimiques, qu’ils Soient tout préparés on qu'il se forment par la digestion des albu- minoïdes, laquelle commence et est garantie grâce au sue psychique sécrété en abondance pour chaque espèce de nourriture agréable à l’animal (Impul- sion à la sécrétion, selon M. Khigine). Dans le cas où le suc psychique fait défaut, c’est ce qui arrive pour les substances liquides, la sécrétion débute grâce à la présence de l’eau. Nous pouvons aussi suffisamment expliquer la différence entre les vitesses de sécrétion pour différents aliments à savoir: toutes choses égales d’ailleurs, la vitesse de la sécrétion est d’autant plus grande, que la nour- riture donnée est plus riche еп. excitants chimiques et vice versa. Aïnsi, dans la sécrétion due à la viande riche en substances extractives, nous voyons que la sécrétion psychique fournissant une grande quantité de suc dans la 1-ге heure s'ajoute peu-a-peu à la sécrétion chimique aussi abon- 1) Communication de M. le P-r Pavlow à la Société des médecins russes. С. В. dela Société. 1895, Mai. 32 480 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE dante. Grâce à ce fait la vitesse sécrétoire, qui est grande dans la 1-re heure, ne diminue que graduellement dans les périodes ultimes de la dige- stion. Pour ce qui concerne la richesse de la viande en substances extractives, elle est bien prouvée par l'abondance de la sécrétion lors de son introduction directe dans l’estomac. C’est juste l’inverse qui а lieu à l’égard du pain: la vitesse moyenne est ici minimale; de plus, bien que pendant la première heure, grâce à l’action psychique, la sécrétion soit assez abondante, elle diminue notablement, déjà dès la 2-me heure et dans les heures suivantes, ce qui tient à la pauvreté du pain en stimulants chimiques; or on sait que le pain, étant introduit directement dans l'estomac, ne provoque pas de sécrétion; quelques gouttes de suc que l’on avait parfois observées dans ce cas (ainsi que dans les expériences avec l’empois d’amidon) peuvent être attribuées à l’influence de l’eau. | Le lait se trouve à part à cet égard, savoir: la richesse du lait en excitants chimiques entraîne une sécrétion abondante dans la 2-me et 3-me heures; quant à la vitesse sécrétoire faible dans la 1-re heure, elle seraït due en partie à l’absence on à la peu d’abondance de la sécrétion psychique. Voyons maintenant, comment la sécrétion psychique influence-t-elle le pouvoir digestif du suc, avec différentes espèces d'aliments? Les expériences _sur les excitants chimiques (introduction du bouillon, de l’extrait de Liebig etc.) nous montrent que le pouvoir digestif oscille entre 2°” ,5 (bouillon), ou même 3 ,0 (extrait de Liebig) её 5°°,0. Par la combinaison du suc . psychique riche en ferment avec ie suc chimique plus pauvre en ferment, on a un suc d’une puissance digestive variable suivant la prédominance de l’un ou de l’autre. Que l'excitation chimique soit plus forte, ou, ce qui revient au même, que la nourriture contienne plus d’excitants chimiques, le pouvoir digestif du suc sera d’autant plus faible. Et en fait, on observe une puis- sance digestive minima correspondant à la viande et au lait, et inversement, le suc gastrique du pain est un des plus riches en ferment. Parmi les autres substances, le blanc d'œuf présente beaucoup d’analogie sous ce rapport, avec le pain quant à la marche de la sécrétion, ainsi que par l’absence de sécrétion lors de son introduction directe dans l’estomac. Le rôle des excitants chimiques comme condition de la faible puissance digestive du suc se dégage encore des expériences avec les quantités varia- bles de la même substance alimentaire. Ainsi avec ingestion de 400 gr. de viande оп а le pouvoir digestif 3"",53, avec 200 gr. — 3"",76, et avec 100 gr., il s'élève encore plus, 4°”,46. L’adjonction du suc chimique au suc psychique, au fur et à mesure que la digestion s’avance, explique un décroissement du pouvoir digestif du SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 481 suc de la viande, décroissement qui s’observe dès la première heure et continue dans la 2-me ct 3-me heures de digestion !). On ne peut cependant pas expliquer toutes les variations dans le pouvoir digestif du suc avec différents aliments, par l'intervention de la sécrétion chimique car elle n’embrasse pas les limites de ses oscillations: le pouvoir digestif minimal du suc chimique étant de 2“",5 ou même 3,0, alors que celui des autres sucs oscille entre 8"",81 et 1"",0. Il est évident que d’autres facteurs prennent part dans ce phénomène. Nous espérons de les décéler par une étude plus détaillée de la sécré- tion gastrique dans le régime de pain et de lait. IV. Le caractère distinctif le plus saillant de la sécrétion provoquée par le pain est son pouvoir digestif qui oscille dans les limites très élevées (entre 5,48 et 7 ,97 dans les portions composées proportionnellement, et atteint même 8° ,81 dans les prises horaires). La marche de la sécrétion n’est pas moins caractéristique: la prépondérance en vitesse de la première heure sur les suivantes est beaucoup plus marquée qu'avec la viande et autres espèces d’aliments. Laissant de côté les autres particularités caractéri- sant la sécrétion du pain, nous nous arrêterons sur celles que nous venons d'indiquer comme sur les plus essentielles. Il va de soi que la prédominance de la 1-re heure en vitesse, ainsi que le pouvoir digestif élevé de la totalité du suc, indique l’intervention du facteur psychique dans la sécrétion ainsi que le rôle comparativement secondaire de l’excitant chimique. On ne peut toutefois expliquerlateneur élevée en ferment de ce suc par la scule action psychique. La moyenne maximale du pouvoir digestif dusucpsychique (dans l’alimentation fictive), est présentée par M. Konovaloff; elle est de 7° ,4; quant aux moyennes des portions horaires de suc du pain, elles oscillent entre 57,29 et 7 ,97. Et de plus, alors que, dans la 2-ше heure et dans celles qui suivent, le facteur psychique paraît occuper un rang secondaire, d’après ce qu’on puisse juger par la diminution de l’activité sécrétoire, la puissance digestive non seulement ne diminue point, mais au contraire elle augmente considérablement pendant les 2-me et 3-me heures. Les chiffres maxima du pouvoir digestif des portions horaires observés par M. Khigine sont: 8,78, 8,81, 8,36, 8,10 (en millimètres), 1) Voir les tableaux de la variation du pouvoir digestif, avec la viande, d’heure en heure, et durant la première heure, dans le chapitre sur la sécrétion psychique. 32* 482 3. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE tandis que M. Konovaloff, sur 45 expériences avec alimentation factive, n’a obtenu que 3 fois, du suc possédant un pouvoir digestif dépassant 8 mm. Nous ne pouvons pas en outre admettre que la sécrétion psychique durât jusqu’à pendant 1 0 h. et cependant le suc gastrique du pain, jusqu’à la fin de la sécrétion qui dure des fois près de 10 heures, conserve à peu de choses près sa puissance digestive initiale. Si nous prenons encore en considération que, dans l’une des expériences avec introduction de pain dans l'estomac (177), le suc avait un pouvoir digestif assez élevé (5,63— 5,88), malgré l'absence plus ou moins complète du facteur psychique, nous sommes forcés de conclure que, dans la sécrétion provoquée par le pain, prennent part d’autres facteurs quelconques auxquels le suc du pain doit sa teneur élevée en ferment. On peut les mettre en lumière en se basant sur les différences qui existent entre la composition du pain et celle des autres substances alimentaires; en nous adressant à la viande comme la mieux étudiée à l'égard de Ja sécrétion, nous devons dire que le pain s’en distingue par la pauvreté en excitant chimique, par la proportion beaucoup moindre d’eau et la présence d’amidon. Les deux premières circonstances ne suffisent pas pour épuiser définitivement la question du pouvoir digestif du suc gastrique du pain. Ainsi, dans les périodes avancées de la digestion du pain dans l’estomac, lorsque, à notre avis, la sécrétion se produirait grâce aux excitants chimiques, le pouvoir digestif du suc de pain se maintient, presque invariablement, à un niveau élevé, tandis que l’eau introduite dans l’estomac donne à elle seule un suc de pouvoir digestif assez élevé (d’après M. Khigine, 5 ,19 en moyenne). Il nous reste à admettre que la principale condition consiste dans la présence d’amidon. S'il est ainsi, nous devons obtenir une sécrétion analogue à celle provoquée par le pain, ne fût-ce que dans ses traits généraux, en employant un mélange de viande et d’amidon. Le mélange de viande et d'amidon doit jouer le rôle de pain synthé- tique. On le préparait de la manière suivante: on prenait 100 gr. d’amidon (Arrow-root) pour 150 с. с. d’eau bouillante, on ajoutait à cet empois 100 gr. de viande hachée à la mécanique et on mélangeait bien le tout; on en faisait de petites boulettes que l’on administrait au chien, légèrement séchées. Ce mélange renfermait, somme toute, 65% d’eau et 35% de substances solides environ. Avec 5 de ces expériences nous avons obtenu 40 portions de suc dont il n’y avait qu’une seule à pouvoir digestif moins de 5 mm. (4,75), toutes les autres possédaient un pouvoir digestif entre 5 à 8 mm., et en moyenne 6 ,65. Plusieurs de ces portions, à la façon du suc de pain, зе troublaientparlefroidet donnaient un précipité. La marche même de la sécrétion — durée et variations horaires — affecte un caractère très SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 483 analogue à celui du suc de pain. Comme le poids du mélange employé n’a pas été le même dans toutes les expériences, variant selon le mode de préparation (295—370 gr.), nous ne pouvons réunir dans ce tableau que _les chiffres du pouvoir digestif et de l’acidité des portions horaires. Pouvoir digestif en mm. du cy- lindre d’albumine d’après Mette. Acidité totale, en °/, НС. Heures. ЕН Е. ЕЕ АЕ RER RSR I SE EE POP OR ЕВ Е Moyenne. | Maximum.| Minimum.| Moyenne. | Maximum. | Minimum. 1 7,3 8,0 6,0 0,5384 Æ 2 7,3 8,0 6,88 О, 5458 3 6,5 7,0 6,13 0, 5319 4 6,7 7,38 5, 63. 0,5124 5 6,25 7,25 5 20 0,495 6 6,8 7, 163 6, ,25 7 6,25 | 8 5,5 9 6,0 10 5,0 Totalité du suc 6,5 | 7,13 6,0 0,5251 | 0,5374 utéaal 66 | se | в | бы | оби | on — 0,521 Pour faire voir comment se modifié et quelle est la vitesse de la sécré- tion dans nos expériences, nous en présentons deux suivantes. Expérience 92. Du 10 Juin 1895. Expérience 122. Du 6 Juillet 1895. 370 gr. de mélange. 295 gr. de mélange. Première goutte—6 min. Première goutte—5 min. Temps, en Quantité du suc, Quantité du suc, heures. еп с. с. еп с. с. 1 13,5 10,8 2 11,0 6,2 3 8,9 3,7 4 4,9 3,4 5 4,3 1,6 6 1,9 2,1 7 1,2 1,4 8 = 0,4 45,3 29,6 On voit par ces données que l’amidon avait communiqué à la viande la propriété de provoquer une sécrétion plus riche en ferment. C’est un fait le plus important et le plus essentiel pour nous. En examinant de plus près les données que nous avons obtenues et en les comparant avec celles de 484 3. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE M. Khigine relatives à la sécrétion provoquée par le pain, il est facile de reconnaitre une analogie de cette dernière avec celle qu’on détermine par le mélange en question, lequel peut de sorte être considéré comme du pain. synthétique. D’une longue durée, cette sécrétion présente une vitesse faible durant toutes les heures, abstraction faite de la première où elle est beaucoup plus grande (expérience 122). Sa grande puissance digestive est surtout élevée dans les 4—5 premières heures; parfois оп а observé, dans quelques unes de ces expériences, la plus grande teneur en ferment des portions de la 2-me et de la 3-me heure comparativement avec celle de la première; c’est ce qui cacaractérise surtout la sécrétion du pain. Etant donné que l’amidon possède le pouvoir de modifier de la sorte les propriétés sécrétogogues de la viande, il doit évidemment à lui seul pro- duire du suc avec une proportion du ferment élevée. Nous avons fait 4 expé- riences où on а donné au chien 60—240 gr. d’empois d’amidon préparé avec 100 gr. d’amidon d’Arrow-root et 200 с. с. d’eau’ bouillante. Nous avons obtenu dans ces cas une quantité de suc proportionnelle environ à la quantité de matière ingérée, de 4°”,6 à 16,8, et qui joussait d’une puissance digestive très élevée; dans chacune des portions on a constaté le pouvoir digestif de 5° ,75 à 8""; la moyenne était de 6°" ,73. Je donne ci-dessous les chiffres authentiques de deux expériences. р Le chien а ingéré de l’empois d’amidon composé avec 100 gr. d’ami- don et 200 c. c. d’eau, coupé en morceaux et séché légèrement. Expérience 51. Du 21 Avril 1595. Expérience 52 Du 29 Avril 1895. Temps, en Quantité du Pouvoir digestif, Quantité du Pouvoir digestif, heures. suc, еп с. €. en mm. вис, еп с. с. en mm. 1 8,1 7,0 6,3 7,0 2 5,0 7,5 3,3 6,75 3 2,8 7,25 2,4 6,5 4 0,9 7,88 1,6 6,13 5 — = 1,9 5,75 6 —_ — 0,4 5,75 16,8 7,5 15,8 6,25 Acidité du suc en 9 НС! . . . 0,5568 0,521 Durée de la sécrétion . . . . . Al, В. 51/, В. Période latente . . . . . . . . 8 minutes. 5 minutes. Ainsi nous sommes en présence du fait, savoir que l’amidon imprime au suc sécrété pour une nourriture qui en renferme une puissance digestive élevée. П est à se demander toutefois si cet effet serait dû à une action particulière quelconque propre à l’amidon. Са se peut bien que, lors de l’ingestion du mélange de viande et d’amidon, ce dernier enduirait la viande SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 485 en empêchant les substances extractives de provoquer la sécrétion reflexe de suc chimique et en déterminant par là une prépondérance du suc psychique. Quant à l’ingestion des morceaux d’empois d’amidon, toute la sécrétion peut être purement psychique, puisque l’amidon ne renferme pas d’excitant chimique des substances extractives et contient peu d’eau laquelle est en outre intimement liée à l’amidon. Afin d’analyser de plus près la nature même de l’action de l’amidon nous avons entrepris une série d’expériences dans lesquelles nous isolâmes l’action de l’amidon en éliminant le facteur psychique de la sécrétion. Nous avons réalisé notre tâche en introduisant de l’amidon mélangé à une solution d'extrait de Liebig directement dans l’estomac du chien. Je présente ci-après deux expériences en entier, comme ayant une valeur décisive. Expérience 137. Expérience 142. Du 11 Séptembre 1895. Du 18 Séptembre 1895. On a introduit dans l’estomac 200 gr. de mélange fait avec 75 gr. d’arow-root, 10 gr. extractum carnis Liebig et 150 с. с. d’eau. Le début de la sécrétion n’a pas pu Période latente, 17 minutes. étre marqué Quantité | Pouvoir |hjjité, en | Quantité du | Pouvoir di- | Acidité, Gr Sie, En УЗ ET 0/, HCI. | suc, еп с. с. [gestif, en шш.| en 9% HCI. с. с. mm. 2 5,0 5,0 6,25 5,88 6,25 6,5 Фен 19 =1 © № 00 O0 D > ох OO — <> © À © D — < 12,3 6,0 | 0,4429 7,1 5,5 | 0,4559 en 71/, heures. en 33/, heures. IL suffit de jeter un coup d’œuil rapide sur ce tableau pour se con- vaincre que l’amidon à lui seul est doué de propriétés d'augmenter la pro- portion du ferment dans le suc sécrété pour une nourriture qui le renferme. Nous avons à dire en résumant que l’amidon ne possède pas par lui même d'action sécrétative, mais, une fois dans l'estomac en activité sécré- 456 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE toire provoquée d’une manière ou de l’autre, il manifeste son action par l’exagération de la proportion du ferment d’albumunoïdes dans le suc gastrique. V. En traitant la question de la sécrétion chimique nous n’avons pas pu expliquer pourquoi le suc dû à la viande et au lait présente dans les por- tions horaires un pouvoir digestif très faible, plus faible que celui du зас total. Cherchant à élucider ce phénomène nous nous sommes adressés au lait, car le suc du lait jouit de la plus faible puissance digestive. En procé- dant toujours de la même manière, comme pour le suc du pain, par com- paraison de la composition du lait avec des autres substances alimentaires, nous sommes arrivés à l'hypothèse savoir, que la cause de l’inactivité digestive du suc de lait pourrait bien tenir à la présence de graisse. Plusieurs considérations sont en faveur de cette hypothèse. Il est d’une notion courante que la graisse est défavorable pour la digestion stomacale. Dans l'interprétation de ce fait empirique on n’invoquait cependant aucune influence spécifique de la graisse sur la sécrétion; on croyait simplement que la graisse entrave la sécrétion tout mécaniquement en empêchant la masse alimentaire de s’imbiber de suc ou еп bouchant les orifices glandu- laires excréteurs etc. ММ. Ewald et Воаз') pensent que les acides gras qui se forment au dépens des graisses lors de la digestion peuvent entraver cette dernière. On а signalé aussi que la graisse introduite dans l’estomac у ddmeure telle quelle et ne produit point de sécrétion ?). Enfin, M. Khigine présente une expérience qui indique nettement que la graisse empêche la sécrétion stomacale. Partant de ces indications nous entreprîimes l’étude de la graisse au point de vue de son rôle d’élément constitutif de la nourriture, dans une série de conditions déterminant l’activité sécrétoire de l’estomac. La question se pose tout d’abord à savoir, comment la graisse se com- porte-t-elle seule envers la digestion? Dans toutes nos expériences et avec toutes espèces de graisse, la réponse était toujours la même, que la graisse ne provoque point de sécrétion. On s’en convainque par une série d’expé- 1) Ewald п. Boas, Beiträge zur Physiologie und Pathologie der Verdauung, Vérchow’s Archiv, t. 101, p 369, 1885. 2) Sanotzky, loc. cit., р. 76. Khigine, loc сй., р. 513. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 487 riences concernant ce sujet; ainsi, dans les expériences 125 et 127 on introduisait dans l'estomac de «Petit-amb 75 gr. d'huile d’olive en une fois en observant l’animal ensuite pendant 11/,—11/, heures, et on n’a constaté aucune trace de sécrétion; dans l’expérience 205 nous introduisimes 100 gr. de beurre dans l’estomac d’un chien, à l’aide d’un tube à piston et durant une heure d'observation nous n’avons obtenu rien que du mucus. Les expériences ont été répétées à maintes reprises sur «Petit-ami» et sur d’autres chiens; aiusi on voit par les expériences ci-après, relatives à l’influence de la graisse sur l’alimentation fictive, que la graisse étant introduite dans l’estomac quelque temps avant une alimentation fictive paralysait l’effet de cette dernière, de sorte qu’on n’a obtenu point de sécré- tion (12 expériences). Donc la graisse à lui seul ne provoque pas d’activité sécrétoire. П s’en suit que, pour élucider le rôle de la graisse dans la sécrétion gastrique il à fallu instituer des expériences de la manière à ce que le chien ingérât de la nourriture et qu'en même temps la graisse eût pénétré par une voie quel- conque dans son estomac. Nous nous sommes servis de différentes graisses et en quantités va- riables: de l'huile d’olive, huile d'amandes douces, du beurre fondue au préalable, du beurre de crême. Nous avons fait 13 expériences avec ces graisses que l’on ne saurait grouper dans un seul tableau étant donné leur diversité. Nous les plaçons en appendice à la fin de cet ouvrage telles quelles; elles forment 4 groupes: 1° Le chien reçoit en ingestion de la viande mélangée à du beurre ou à de l’huile d’olive. 20 Le chien reçoit directement dans l’estomac à travers la fistule gastrique une certaine quantité d’autre graisse, et au bout de quelque temps, tout au plus 1! heure, il reçoit de la viande en ingestion. 30 Le chien mange de la viande et simultanément on lui introduit par la fistule gastrique de la graisse. 4 Le chien mange de la viande, et une heure après le repas, оп lui introduit de la graisse par la fistule gastrique. IL résulte de toutes ces expériences sans exception que l’action de la graisse sur la sécrétion de suc est constante et toujours très prononcée. Elle consiste principalement dans une diminution de la quantité du suc sécrété pour la viande et dans un abaissement de son pouvoir digestif. Nous allons maintenant analyser les résultats de ces expériences avec plus de détails. 488 J. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE La période latente, c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre le repas et le début de la sécrétion, est très prolongée; au lieu de 5—7 minutes habi- tuelles elle atteint 10—11 minutes. Bien entendu que cela n’a lieu que dans les expériences où la graisse a été introduite dans l'estomac avant le repas, on lorsque le chien ingérait de la viande additionnée de graisse. Les portions horaires sont infiniment petites non seulement par rap- port à celles que l’on obtient avec l’ingestion de la viande seule dans les heures correspondantes, mais même considérées à elles seules. Le minimum a été de 0,1 с. с., correspondant à la 3-me heure en comptant. du commence- ment du repas (expérience 205 avec le beurre de crême). Si nous rapportons cette quantité à la moyenne de celle de suc correspondant également à la 3-me heure lors de l’ingestion de la viande pure nous aurons 0,1:10,5, soit 1:105. Nous avons pris ici les chiffres extrêmes; d’habitude ce rap- port est, au moment où l’action de graisse se manifeste le plus, de 1 : 30; 1:12; 1:6; 1:5, et rarement plus élevé. | Grâce а cette diminution dans la vitesse de sécrétion, la quantité totale du suc pour toute la période digestive est très petite par rapport à la normale. Ainsi, dans l’expérience 153 avec injection de graisse la quantité du suc sécrété pour 400 gr. de viande n’atteint même pas le minimun que nous avons obtenu pour 400 gr. de viande seule (70°,0), dont elle est inférieure de 35,5%. Nous voyons le même rapport dans l’expérience 117. En prenant la somme de portions horaires non pas pour toute la période digestive, mais seulement pour celle qui correspond à l’action la plus énergique de la graisse, et en la comparant à la somme de portions horaires obtenues avec de la viande pure, nous aurons un résultat encore plus relief. Ainsi, dans l’expérience avec le beurre de crême оп a obtenu dans les premières 4 heures 2”,6 de suc; dans l’expérience 153 avec l’huile d’olive (100 gr.), 6,3, dans les 2-me, 3-me, 4-me, 5-ше et 6-me heures; dans une autre expérience avec l’huile d’olive (99) on avait 2”,9, dans les 2 premières heures; et dans celle avec l’huile d'amandes douces, 5”,3, dans les deux premières heures (expérience 113). En superposant à ces chiffres ceux qui correspondent à la viande pure, nous avons: 100 gr. de beurre 100 gr. d'huile 50 gr. d’huile 50 gr. d’huile de crême. d’olive. d'olive. d'amandes douces. 2,6 : 47,5 — 6,3:48,8 = 9,9 : 27,5 — 5,3 : 20,0 = —1:18,2 —1: 7,9 —1: 9,4 — 1: 3,7 Tous ces chiffres sans exception nous font voir que la graisse entrave considérablement la sécrétion de suc gastrique. Cette influence de la graisse SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 489 est d’une haute nnportance comme un des agents régulateurs de la sécrétion gastrique dans les conditions normales. Elle mérite d'autant plus notre atten- tion que la graisse entre dans la constitution d’une multitude d'aliments le plus usuels, tels que lait, viande etc. Le pouvoir digestif dans les deux premières portions qui suivent l’in- gestion de viande et l’introduction de la graisse se montre dans la majorité des cas aussi élevé sinon plus élevé encore qu’à l'emploi de la viande seul. Aïnsi, dans les expériences avec l'huile d'amandes douces (par exemple expérience 110 et 113) nous avons 4"",25 et même 6°" au lieu de la moyenne correspondante pour la viande seule qui est de 4"",5; dans les expériences avec l'huile d'olive (par exemple expériences 127 et 99) nous avons 4° ,25 et 7° ,25 au lieu de 5" ,12. Cela ne s’observe toutefois que dans la 1-re heure, et encore n’est ce que pour les cas où la graisse a été introduite avant l’ingestion de viande ou en même temps que cette dernière. Si au contraire la graisse n’a abordé l’estomac qu'après le repas de viande (une heure après, dans nos expériences), le décroissement de la puissance digestive du sue commence immédiatement après l'injection de graisse. Ainsi, dans l'expérience 117, avec l’huile d'amandes douces, le pouvoir digestif du suc, dans la 2-me heure après le repas et dans la 1-re après l'injection de graisse, était de 2"",63 au lieu de 3° ,69; et dans l’expé- rience 153 avec l’huile d'olive, de 3° ,13 au lieu de 3° ,32. Transformant ces rapports du pouvoir digestif en ceux de la teneur en ferment, d’après la formule de Schutz-Borissoff, nous aurons: pour l'expérience 117 — 2,63? : 3,69? = 6,9169:13,6161 = environ 1:2; et pour l’expérience 153 — 3,12? : 3,32? = 9,5969 : 10,0224 — 1 : 1,1; c’est- à-dire, dès la première heure déjà après l’introduction de graisse le suc gastrique de la viande peut devenir deux fois plus pauvre en ferment. Après la première heure de digestion, le pouvoir digestif se montre dans tous les cas plus faible que ne l’est celui du suc de la viande seule, dans les portions correspondantes. Ainsi, dans l'expérience 117, avec l’huile d'amandes douces, nous avons dans la 2-me heure, comme on a déjà vu, 2"" 69 au lieu de 3° ,69, се qui fait, pour la proportion du ferment, 6,9 au lieu de 13,6, soit environ 1 au lieu de 2; dans les 3-me et 4-me heures au lieu de 3° ,25— 3" ,5 опа 1 ,88, ce qui fait pour le ferment 3,5 au lieu de 11,4, soit environ 1 au lieu de 3,25. Dans les expériences avec l’huile d’olive cet abaissement du pouvoir digestif, ou, ce qui revient au même, de la teneur en ferment, est encore plus prononcé. Ainsi, dans l’expérience 43, le pouvoir digestif de la 4-me heure est de 1"",33 au lieu de 3° ,5; en calculant pour le ferment nous aurons — 490 3. 0. LOBASSOKF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE 1,2769 : 12,25, soit environ 1:10; cela veut dire que le suc gastrique en présente de г. graisse est de 10 fois plus pauvre en ferment. Dans l’expérience 153 nous trouvons une série de chiffres г: bé correspondant au pouvoir digestif, de 1"",13 à 2° ,25 au lieu de 2° ,33— ЭВ: Par un grand nombre de comparaisons analogues nous sommes arrivés à établir que la teneur en ferment du suc sécrété pour la viande, lors de l’adjonction de graisse, peut être souvent trois, quatre fois plus pauvre en ferment que celui qui est déversé pour la viande seule, dans quelques cas il est de six, huit fois plus pauvre et même, bien que rarement, de 10 fois. Ces rapports sont calculés d’après les moyennes du pouvoir digestif du suc gastrique de viande pure; or, si l’on prend les chiffres maxima, on aura des rapports, tels que par exemple 1:25 (exp. 153, 9-me heure), c’est-à-dire que la proportion du ferment en présence de la graisse peut être 25 fois moindre qu’elle ne l’est en dehors de cette condition. l Il est évident que l’abaissement du pouvoir digestif constaté dans les portions séparées de suc doit également s'étendre sur la totalité du suc sé- crété pour la digestion de la viande mélangée à la graisse. Les plus démon- stratives à cet égard sont les expériences avec l’huile d’olive, comme par exemple dans l’expérience 153, le pouvoir digestif du suc total est égale à 2"" 88 au lieu de la moyenne correspondante 3°°,53; en calculant d’après ces chiffres la proportion du ferment nous voyons qu’en présence de la graisse elle est de <> moindre, soit environ 11/, fois; dans l’expérience 108 nous avons boul 2°" ,75 au lieu de 3° ,76, et pour le ferment — 8,5 au lieu de 13,0, soit de 1!} fois en moins. L'action du beurre et de l’huile d'amandes douces par rapport à la totalité du suc est moins accusée; le fait que l’influence de la graisse est plus prononcée dans les portions séparées que dans le suc total tient entre autres à la grande puissance digestive de la première portion. Ainsi done, les chiffres ci-dessus et les rapports sus-indiqués démontrent que la propriété de la graisse de diminuer la proportion du ferment dans le suc est un fait bien prouvé, et de plus, que cette action est très grande. Les variations dans l’acidité ne sont pas en général bien marquées et en outre elles ne présentent pas, pour ainsi dire, de caractère fixe typique. L’acidité dans diverses portions est environ, d’après MM. Khigine et. Kettscher, en raison directe de la quantité du suc; les auteurs faisaient dépendre ce rapport de la neutralisation du sue par du mucus éliminé simul- tanément; ils supposaient qu'avec les différentes vitesses de sécrétion, la proportion du mucus est variable pour une même quantité de sue; plus SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 491 serait petite la quantité de suc et d'autant plus relativement elle renfermerait de mucus. Conformément à cela nous avons toujours observé un abaissement de l'acidité du suc sous l’influence de la graisse, tant que cette dernière diminuait l’activité sécrétoire. Nous n'avons pas pu constater rien de bien précis à cet égard. On peut citer nombre d’exemples en faveur de ce fait observé sur des portions séparées de suc. Qu'il nous suffise d’en présenter quelques unes: dans le suc de la 2-me heure de l’expérience 113 on а constaté 0,4169% d’acidité au lieu de la normale correspondante 0,5649°/, dans la portion de 3-me heure — 0,4885% au lieu de 0,5513% et ainsi de suite; dans une autre expérience, 153, on а trouvé pour la 4-me et la 5-ше heures, 0,4559% au lieu de 0,5408°/,. L’acidité minima que nous avons observée dans les portions séparées du suc gastrique de viande était de 0,4403%, tandis qu'ici elle s’abaissait même jusqu’à 0,2605% (exp. 109). Bien entendu que la faible acidité des portions séparées retentit également sur la totalité du suc; et en fait, dans l’expérience 153 elle est de 0,5145°, (acidité de la portion de suc composée proportionnellement à chaque prise horaire). au lieu de 0,5387°., du suc gastrique de viande pure; dans l’expérience 117, l'acidité est égale à 0,4829, dans l’expérience 109 — 0,4169% et dans l’expérience 108 elle est même de 0,3648% au lieu de 0,5465%, (acidité correspondante pour la viande seule). C’est une tout autre question de savoir si l’influence de la graisse sur l’acidité du suc est ou non uniquement liée à celle qu’elle exerce sur la vitesse du processus sécrétoire. П faut en tout cas reconnaître que la graisse abaisse d’une manière considérable l’acidité du suc. De l’ensemble de toutes ces variations dans la sécrétion découle encore un phénomène, c’est la durée plus grande du processus digestif; ainsi, 400 gr. de viande crue exigent en moyenne un travail des glandes stomacales de 9,3 В. et tout au plus de 101, heures, alors qu’en présence de la graisse, la même quantité de viande peut demander 13 heures de sécrétion de suc; 150 gr. de viande additionnée de graisse peuvent déterminer une sécrétion de 91}, heures (expérience 108), tandis que pour la digestion de 200 gr. de viande seule 7 heures suffisent. Après avoir exposé les traits généraux de l’action de la graisse sur le processus sécrétoire des glandes stomacales et avant d’aborder le mécanisme de cette action, nous allons analyser avec plus de détails les données ci- dessus dans l'espoir d’en tirer des réponses à certaines questions spéciales, savoir: 1°, de combien l’action de la graisse dépend-elle de sa qualité et du 492 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE mode de son emploi; 2°, comment apparaît cette action et est-elle réglée dans le temps; 3°, se manifeste-t-elle uniformément pendant toute la durée de la sécrétion ou bien ne pourrait-elle pas être décomposée en quelques temps selon les différences dans l’intensité et dans l’époque de son influence sur la vitesse de la sécrétion et les qualités du suc (acidité, pouvoir digestif)? La solution de ces questions est d’un grand intérêt tant pour élucider le méca- nisme de l’action de la graisse qu’au point de vue de notre tâche principale qui consiste à appliquer les données analytiques concernant la graisse pour ГехрИсаНоп des variations dans le processus sécrétoire de l’estomac et de son adaptation aux diverses espèces d'aliments. C’est dans cet ordre d’idées que nous avons institué les quatre caté- gories différentes d'expériences ci-dessus mentionnées. D’après leur valeur au point de vue de l’ampleur des manifestations de l’influence de la graisse, ces expériences peuvent être divisées en deux groupes: l’une comprend celles où le chien reçoit de la viande additionnée de graisse, en ingestion, où bien la graisse est introduit par la fistule gastrique une heure après Pin- gestion de viande; l’autre, dans lequel la graisse а été introduite dans l'estomac en même temps que le chien mangeait de la viande ou quelque temps avant le repas. La différence entre ces deux groupes consiste avant tout dans la différente durée de la période latente; alors que dans le premier groupe cette dernière oscille autour de 10—11 minutes, dans le deuxième elle n’a que rarement atteint 11 minutes, oscillant dans la majorité des cas dans les limites normales. Parmi les expériences du premier groupe, ce ne sont que celles où le chien mange de la viande mélangée de graisse qui méritent notre attention au point de vue de la période latente, mais il est à remarquer que cette forme d’expérience, outre l’action de la graisse, re- produit l’effet d’une autre condition, savoir: la graisse, étant mélangée à la. viande, en quantité considérable, peut lui imprimer un goût non appétissant pour le chien, grâce à quoi l’action du facteur psychique se trouverait atténuée. Et il peut bien se faire que la prolongation de la période latente tiendrait justement à cette condition. Pour l’écarter, nous introduisions la graisse directement dans l’estomac, et en effet, nous vimes alors que la pé- riode latente était moins prolongée que dans le cas précédent. Dans toutes les expériences où la graisse est introduit avec ou simul- tanément, ou bien avant le repas, la période latente prolongée est suivie d’une sécrétion plus ou moins abondante, mais bientôt la vitesse de sécrétion commence à baisser. Dans les cas où la graisse est introduite dans l’estomac en activité sécrétoire, c’est-à-dire après le repas, son action зе dénonce, bien entendu, directement par un abaissement de la vitesse de sécrétion. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 493 Nous présentons quelques expériences de ce genre dans le tableau Suivant: gé bien gé ‚ en même Une Une gr. | Expérience 108. Le chien а man (Expérience 150 de М. d'olive. Expérience 117. Le chien a ingéré 150 gr. de viande crue broyée. 50 с. с. d'huile d'amandes douces. Expérience 110. On introduit dans l'estomac par la fistule 50 с. с. d’huile heure après on lui a injecté dans l’estomac par la fistule 100 с. с. d'huile mélangée avec 50 gr. de beurre. gastrique 50 с. с. d'huile d'olive. Quarts d’heure. Expérience sur l’ingestion de 400 Expérience 153. Le chien a ingéré de viande seule. heure après il а reçu par la fistule 400 gr. de viande crue broyée. d'olive. Viagt minutes plus tard Па mangé 400 gr. de viande crue broyée. Expérience 105. Le chien а man 150 gr. de viande crue broyée, 400 gr. de viande crue broyée temps on lui а introduit par la fistule viande seule. (Expérience 123 de M Khi- gine est présentée en vu de comparaison.) Khigine est relatée pour comparaison.) Expérience sur l'ingestion de 100 gr. de Quantité du suc en centimètres-cubes. min. 11° 10 10—20 05 20—30 0/1 30—40) 40—50 2 g. 50—60] 9,3 1 goutte 3,0 3.8 En examinant ces chiffres nous apprenons que la graisse développe son action d’une manière tellement rapide qu’elle retentit sur la vitesse de sécrétion, déjà dans le premier quart d'heure. Nous n’avons pas constaté de différence plus ou moins marquée à cet égard ni selon les diverses formes d'expériences, ni selon les différentes espèces de graisse. П n’y est que l’expérience 127 où l’action de la graisse se manifesta tard ou se montra moins énergique, grâce à ce que la graisse а été introduite dans l’estomac 1'/% В. avant le repas. L’augmentation de la période latente là où la gaisse а été introduite en même temps que la viande ingérée nous prouve que l’action de la graisse peut se manifester d’une manière très bâtive; её notamment, avant même le temps habituel de la période latente — 5 à 7 minutes—, mais pour que son influence sur la vitesse de sécrétion soit appréciable il faudrait encore quelque temps. 494 1. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE On ne saurait pas dire que les qualités de la graisse et son mode d'emploi influençassent d’une manière aussi constante et uniforme la durée de son action retardante sur la vitesse de la sécrétion. On voit par les expé- riences du deuxième groupe que, dans la majorité des cas, l’action de la graisse s’atténue considérabiement au bout de 1/,—3 heures, si elle n’est pas totalement supprimée; les excitants commencent alors à prendre le dessus. Parmi ces expériences celles avec le beurre de crême sont surtout démonstratives à cet égard par une action très prononcée de cette espèce de graisse; son action la plus énergique durait cependant 4 heures, malgré que la graisse a été introduite dans l’estomac du chien une heure avant le repas. Il ressort encore de ces expériences que l’action du beurre de crême est la plus durable; celle de l’huile d'amandes douces, la moins durable; avec cette dernière la sécrétion de la deuxième heure acquiert déjà la vitesse de la sécrétion de viande pure; l’huile d’olive occupe le milieu sous ce гар- port: son action faiblissant au bout de 2—3 heures. Les données que nous venons de passer en revue concernent le deuxième groupe d'expériences; quant au premier, la durée de l’action des mêmes substances grasses est ici plus prolongée; ainsi dans l’expérience 117 l'influence de l’huile d'amandes douces sur la vitesse de la sécrétion ne com- mença à diminuer qu’au bout de 3 heures (au lieu d’une), et celle de l’huile d'olive, dans l’expérience 43 et 153, même au bout de 4—5 heures (au lieu de 2—3 heures). Le rapport établi entre les différentes espèces de graisse était conservé. Nous croyons pouvoir interpréter cette différence dans la durée de l’action entre nos deux groupes d’expériences ainsi que suit: dans les expériences du 2-me groupe nous opposons à l’action dépri- mante de la graisse un puissant antagoniste, le stimulant psychique; quant à celles du 1-r groupe, ce dernier faisant défaut, les chances de la graisse dans la lutte contre les excitants de la sécrétion gastrique sont plus grandes; dans les expériences où le chien ingère de la viande avec la graisse une modification dans la saveur de la viande exerce une certaine influence, tandis que là où on injecte la substance grasse dans l’estomac après le repas de viande, la sécrétion psychique se trouve déjà en voie de s’éteindre et agent qui lui donne naissance — le processus neuro-psychique — considé- rablement épuisé. Pour ce qui concerne les variations dans l'acidité, nous n’avons ob- servé rien de régulier ni de bien fixe sous ce rapport, ci ce n’est sa dépen- dance, dont nous avons déjà eu l’accosion de parler plus haut, de la quantité du suc. Un coup d’œil rapide sur ces données expérimentales suffit pour recon- SPLCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 495 naître immédiatement un fait très intéressant, c’est que, lors du décrois- sement considérable de la vitesse de sécrétion, la teneur en ferment non seulement n’est pas au-dessous de la normale correspondante, mais parfois même la surpasse. En examinant ce phénomène de plus près nous constatons que cette grande puissance digestive du sue ne s’observe que dans les expé- riences avec introduction de graisse simultanément ou avant le repas: et de plus, cette disproportionalité dans l’action de Ja graisse sur la vitesse sécré- toire et les qualités du suc correspond toujour à la 1"° heure après le repas, et ne s’observe jamais dans la 2-me, ni dans les heures qui suivent (expé- riences 99, 105, 113, 109, 112). Cette disproportion est moins marquée dans les expériences où le chien mange la viande additionnée d'huile d'olive. (exp. 43). Dans les cas où la graisse est introduite une heure après le repas, on observe une coïncidence complète du début de son action sur la vitesse sécrétoire et sur le pouvoir digestif du suc (expériences 117, 153). А quoi tient donc ce défaut de coïncidence dans le temps des modifications de la quantité et des qualités du suc? Comment expliquer cette puissance digestive élevée de la première portion horaire de suc, paraissant être en con- tradiction avec nos principales notions sur l’action de la graisse? On pourrait invoquer 1c1 l'hypothèse que la vitesse de sécrétion décroît alors que l’éla- boration du ferment reste stationnaire ou, si cette dernière diminue aussi, c’est dans une proportion moindre que la sécrétion. Supposant que les choses se passeraient réellement ainsi, on devrait admettre que l’action dépressive de la graisse sur le processus sécrétoire est composée de deux éléments in- dépendants: un, déprimant le processus sécrétoire proprement dit, et l’autre, déprimant l'élaboration par les glandes stomacales du principe actif du suc. Or, ceci est en contradiction avec les résultats d’expériences l'introduction de la graisse une heure après le repas, dans lesquelles on constate une coïncidence assez parfaite du début des deux actions de la graisse: sur la vitesse de sécrétion et sur les qualités du suc (expé- riences 117 et 153). Ces dernières expériences diffèrent des autres en ce que les rapports de la graisse à son antagoniste, facteur psychique, у sont différents. Le fait est que le repas est suivi après la période latente d’une sécrétion psychique qui fournit dans les premiers quarts d'heure une certaine quantité de suc actif; dans le second quart l’action de la graisse se fait déjà sentir à l’égard de la quantité ainsi que des qualités de la sécrétion, en vertu de quoi nous obtenons dans le reste de la 1-re heure du suc, tant soit peu actif, mais en revanche, еп quantité faible. Bien que ces petites portions de suc renferment peu de 33 496 . LOBASSOFF, SUR 17 EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE ferment, mais en se mélangeant aux grandes portions de suc actif elles ne peuvent empêcher ce dernier de communiquer sa puissance digestive à toute la 1-re portion horaire. Nous pouvons confirmer ces réflexions théo- riques par des faits expérimentaux, savoir: dans l’expérience 108 nous re- cueillions le suc de quart d'heure en quart d'heure et nous déterminions le pouvoir digestif de chaque portion; dans le 1-r et le 2-me quart de la 1-re heure nous avons obtenu 1”,9 de suc de puissance es égale à 6 mm.; dans le 3-me quart, 1,5 de pouvoir digestif de 4"",5; pour le 4-me quart 0,6 de pouvoir digestif 3° ,0. La première portion était la plus grande et en même temps la plus active et par conséquent toute le suc de la 1-re heure possède une puissance digestive élevée, de 5 mm.). Ceci nous fait comprendre pourquoi on observe parfois ici une puissance dige- stive, même plus considérable que dans la 1-re portion horaire lors de l’ingestion de viande seule. Si nous allons recueillir du suc de quart d’heure en quart d'heure, comme nous avons eu l’occasion de le dire dans le cha- pitre sur la sécrétion psychique, nous verrons que la première portion horaire qui suit le repas de viande est composée de 4 portions dont la quantité va en croissant, en comptant par la 1-re, et la proportion du ferment en diminuant, puisque au suc psychique vient s’ajouter le suc chimique; il en résulte que la puissance digestive de la 1-re portion horaire est déterminée par une quantité plus grande de suc moins actif et par une quantité plus petite de suc plus actif; or, l’influence de ces faibles portions est neutralisée par la graisse, grâce à ce qu'elles sont insignifiantes. En vertu de cette interprétation nous devons admettre que l’influence de la graisse sur la vitesse de sécrétion, ainsi que son influence sur la teneur en ferment, en- trent en jeu simultanément et que le défaut de coïncidence de ces deux actions n’est qu’apparent. Mais toutefois, l’idée de l’indépendance de ces deux actions de la graisse l’une de l’autre nous est venue non sans raison. Si on est forcé de reconnaître qu’au début la graisse exerce son action sur le processus sécré- toire en entier, il n’en est pas moins vrai que plus tard cette action vient à se dédoubler d’une façon tout évidente. Lorsque l'influence de la graisse sur la vitesse sécrétoire commence à diminuer, au bout de 1—5 heures, cette dernière augmente et arrive au degré normal, tandis que le pouvoir digestif reste faible, ou même baisse 1) On peut la calculer d’après la formule de Schutz-Borissof: A EEE — 4,9 mm. 1,9 + 1,5 + 0,9 SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 497 encore davantage (expériences 153, 110; 105 et autres). En règle générale, le pouvoir digestif reste faible jusqu’à di fin de la digestion, même dans les cas où cette dernière durerait 13!/, heures (exp. 153); on a neo alors, à la fin du processus digestif, une ou deux portions horaires plus actives que les précédentes (exp. 117, 153, 108, 43, 109 et autres). Ces faits dé- montrent parfaitement que l’action de la graisse sur la sécrétion est un processus fort complexe que l’on doit décomposer en deux actions indépen- dantes: d’une part il déprime l’activité sécrétoire des glandes et d’autre part, il entrave l'élaboration du ferment. Rappelons ici que pour l’amidon nous avons constaté de la même manière qu’il active l’élaboration du ferment. Pour comparer entre elles les actions de différentes espèces de graisses sur la sécrétion il faut tenir compte de deux éléments: l'énergie de l’action de graisse ie et l'étendue de seu action laquelle comprend, outre gie, encore la durée de l’action. Pour juger de l'énergie de différentes graisses nous ne tenons compte que du maximum de l’action développé par certaine graisse en laissant de côté la durée de son action. Nombre de com- paraisons des données ci-dessus relatées, que nous n’exposons pas ici d’une manière détaillée vu leur peu d'importance pour la question qui nous occupe en ce moment, nous autorisent à conclure que l’influence dépressive maxima sur la sécrétion de suc gastrique appartient au beurre de crême, ensuite vont dans l’ordre de l’influence décroissante: huile d’olive, beurre fondu, et enfin, l’huile d'amandes douces qui occupe le dernier rang. Nous venons d'examiner avec détails l’influence dépressive de la graisse sur la sécrétion de suc gastrique. Cette action est constante, elle peut être très grande, et constitue évidemment un des facteurs essentiels dans la régulation des fonctions des glandes stomacales. Comment, par quel méca- nisme, s’effectue cette action de la graisse? On pourrait supposer que l’action de la graisse est purement locale, qu’en enduisant la muqueuse gastrique elle empêcherait la stimulation des terminaisons périphériques des nerfs centripètes par les excitants chimiques contenus dans la nourriture. Mais, il faut avouer que, bien qu’elle présente quelque valeur, cette interprétation n’embrasse pas cependant la généralité de l’action de la graisse. La graisse commence à exercer son action de bonne heure, au moment où la sécrétion psychique est encore en pleine activité. Or, cette dernière, étant le résultat du processus nerveux central, ne peut être influencée que par l’mtermédiaire des nerfs. Ce n’est que par ce mécanisme que l’on puisse comprendre l’in- fluence de la graisse non seulement sur la vitesse de sécrétion, mais aussi sur la puissance digestive du suc, la différence dans le temps entre le début de 33* № 498 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE l’action de la graisse sur la vitesse et le début de son action sur les qualités de la sécrétion, la différence de l’action selon la nature de la graisse et son mode d'emploi (dans le sens des rapports entre l’action de la graisse et l'intervention de l’acte psychique), l’augmentation de la période latente, et beaucoup d’autres particularités de la sécrétion en présence de la graisse. Afin de prouver que l’action de la graisse sur la sécrétion résulterait des impulsions nerveuses d’inhibition dues à son contact avec la muqueuse gastrique — hypothèse qui découle de nos réflexions théoriques — nous avons institué une série d'expériences sur cette action de la graisse dans l’alimen- tation fictive. Si la graisse va également exercer son action sur la sécrétion psychique notre hypothèse se trouvera justifiée par ce fait, car cette der- nière n’est pas en relation directe avec l’état de la muqueuse stomacale, mais dérive d’un processus nerveux central; l’action de la graisse s’effec- tuerait donc aussi par un mécanisme analogue, mais dans un sens opposé (antagoniste). Les expériences avec alimentation fictive présentent cette avantage qu’elles nous permettent, pour ainsi dire, de doser l'effet produit et de choisir par là des conditions les plus favorables à la manifestation de l’action de la graisse, en variant à volonté la durée de l’alimentation et la fréquence des repas. Elles ont été faites de telle sorte qu’on déterminait d'avance l’effet produit par une alimentation fictive d’une durée donnée et d’une fréquence des ingestions des morceaux de viande également connue; et dans une autre série d'expériences on déterminait l'effet d’une alimentation fictive abso- lument identique à la précédente, mais après l’injection préalable de graisse dans l’estomac. Vu la complexité des expériences sur les animaux gastro- œsophagotomisés, nous n’avons réussi que 2 fois à assortir une telle ali- mentation fictive dont l’effet aurait pu être neutralisée complètement par la graisse; or dans toutes les expériences l’action de la graisse n’en est pas moins évidente. Comme il a été dit plus haut, on introduisait, tout d’abord, la graisse un certain temps avant l’alimentation fictive et on l’évacuait au dehors à la fin de l’alimentation. Plus tard, afin d'accroître l’effet de l’action de la graisse on а cherché à la retenir dans l’estomac le plus longtemps possible. Pour pouvoir en mème temps observer la sécrétion du suc nous avons adapté à la canule fistulaire deux gros tubes, un en verre, l’autre en caoutchouc, et à l’aide d’une pince à pressure, nous avons transformé l'estomac en une sorte d’entonnoir à robinet: tout ce qui était plus dense que la graisse, tels que sue, bile etc., se déposait dans les tubes adaptés à SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 499 la cannle; en ouvrant la pince nous obtenions tous ces liquides, qui étaient ensuite analysés. Pour toutes les expériences avec alimentation fictive nous nous sommes servis de l’huile d'olive, en quantité de 100 с. с. Les expériences ont porté sur deux chiens gastro-œsophagotomisés. Dans toutes les 12 expériences de ce genre ce qui nous frappe tout d’abord, c’est la prolongation de la période latente, qui, au lieu de 5—7 minutes habituelles, est ici souvent de plus d’une demi-heure. La sécrétion retardée dans son début possède une énergie moindre que ne l’est celle de l’alimentation fictive pure. Le suc est ici beau- coup moins actif et acide. Ces phénomènes sont absolument constants et peuvent se manifester d’une manière très prononcée. Aïnsi, la teneur en ferment du suc psychique en présence de la graisse peut être deux et même trois fois inférieure à la normale. En voici quelques exemples: Expériences avec arrêt complèt de la sécrétion. Expérience 269. Ziganka (chienne). Gastro-oesophagotomie 19 Avril 1896. А midi, introduction dans l’estomac de 100 с. с. d'huile d'olive. А midi 20 m. alimenta- tion fictive de 100 gr. de viande en morceaux. Le chien l’a mangé avec appétit en 20 secondes. Jusqu’à 1 В. 20 ш., aucune goutte de suc. On а fait resortir de l’estomas 18 с. с. d'huile absolument pure 1). Expérience 273. Ziganka. Le 24 Avril 1896. À 8 h. 17 m. introdution dans l’estomac de 100 с. с. d’huile d’olive. А 8 В. 38 m. inges- tion fictive de 100 gr. de viande en morceaux. Le chien a mangé avec beaucoup d’appétit pen- dant 20 secondes. Jusqu'à 9 №. 38 m., point de suc. On fait resortir de l’estomac 40 с. с. d'huile absolu- ment pure À). - Expérience avec arrêt incomplèt de la sécrétion. Expérience 263. Ziganka. Le 3 Avril 1896. À 11 h. 35 m. introduction de 100 с. е. d’huile d'olive. А 11 В. 45 m. ingestion fictive de 200 gr. de viande en 60 secondes, А 12 h. on fait ressortir huile de l'estomac. La réaction acide du contenu de l'estomac est noté à 12 h. Le suc pur apparut à 12 h. 30 m. (soit 45 т. après le commencement du repas). On а recueilli en 1 В. 50 ш. — 4965 à pouvoir digestif 31m 88. Puis la sécrétion а cessé. + Expérience de contrôle. Expérience 270. Ziganka. Le 20 Avril 1896. Lavage de l'estomac. Point de sécrétion. А 12 h. 38 м. le mangé а fictivement 100 gr. de viande en 20 secondes. La première goutte de suc apparut 7 minutes après. 1) L'huile se trouvait tout le temps dans l’estomac. 2) L'huile se trouvait tout le temps dans l’estomac. 500 3. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE 12 h. 38 m.—12 h. 53 m. 5,0 12 » 538» — 1» 8» 6,0 1» 8»— 1» 23» 1,3 1 » 23» — 1» 38 » 2,0 En une heure, 12,8 de suc en tout, à pouvoir digestif — 477,5. Pouvoir digestif, еп шт. сс. 1h. 38 m.—1 В. 53 m. 3,3 5,5 1» 58» —2» 8» 1,2 р 45 2» 8»—2 » 23» 5,6 4 L'expérience est interrompue par suite de la pénétration de bile. On а recueilli en tout, en 1%/, h., 22,9 de suc. Expérience 262. Le 3 Avril 1896. Ziganka. A 9h. 25 m. le chien a mangé fictivement 200 gr. de viande en 60 secondes. Apparition de la première goutte de suc au bout de 8 minutes. Pouvoir digestif, en mm 9 h. 25 m.— 9 h. 40 м. 12,0 5,5 9 » 40 » — 9 » 55 » 24,6 4,5 9 » 55 » —10 » 10 » 18,0 5,0 10 » 10 » —10 » 25 » 21,0 4,25 75,1 10 » 25 » —10 » 40 » 21,5 4,63 10 » 40 » —10 » 55 » 20,5 4,13 10 » 55 » —11 » 10» 4,0 4,5 46,0 Опа en tout 121%,1 de suc possédant un pouvoir digestif, 477,63. Remarque. 43? : 3,882 — 21,4369 : 15,0544 = environ 3 : 2. Ces expériences prouvent d’une manière indubitable que l’influence de la graisse se transmet aux glandes par l'intermédiaire des nerfs puisque son action s'exerce même dans l’alimentation fictive. Ces expériences présentent encore un autre côté important c’est qu’elles ont permis de constater l’influence de la graisse chez deux chiens nouveaux, et ont ainsi réfuté une objection qu’on aurait pu faire, à savoir que cette action de la graisse chez «Petit-ami» tiendrait à ses particularités indi- viduelles. Aussi démonstratives que soient ces expériences, elles sont passibles cependant d’objections suivantes: d’abord, elles ne peuvent pas être mises en parallèles avec celles qui ont été faite sur «Petit-ami, car chez ce dernier, on introduisait la graisse dans le grand estomac et le suc était recueilli par le petit sac stomacal isolé; tandis qu'ici on injecte l'huile dans le grand SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 50] estomac et d’après sa sécrétion même on Juge de l’action de la graisse; de sorte que l’action d’arrêt dont nous avons parlé peut résulter ici de ce que les canaux glandulaires excréteurs seraient bouchés par la graisse et l’ex- crétion tout mécaniquement ainsi supprimée. Dans le but de combattre cette objection nous avons institué un certain nombre d’expériences avec alimentation fictive sur «Petit-ami» qui а subi à cette occasion une œsophagotomie. Bien entendu que ces expériences sur etit-amb sont plus avantageuses, саг l'injection de graisse а, été faite dans le grand estomac, alors que l’on jugeait de la sécrétion d’après celle du petit sac Stomacal isolé. Grâce à ceci nous sommes parvenus, dans trois expériences, de règler la durée de l’alimentation et la fréquence des ingestions de mor- ceaux de viande de telle sorte qu'avec injection de graisse dans l’estomac, 30 minutes avant l'alimentation, nous n’avons obtenu aucune goutte de suc durant plusieurs heures d'observation. Nous nous sommes servis de l'huile ФоПуе en quantité de 100 с. с. que nous laissions dans l’estomac pendant toute la durée de l’observation. En ouvrant après 1 à 3 heures d’observation la fistule gastrique nous n’obtenions une grande quantité d’huile avec un peu de liquide alcalin teinté de bile. Dans les expériences absolument ana- logues, mais sans emploi de la graisse, nous obtenions par le sac stomacal isolé une sécrétion qui durait 21/, heures et qui fournissait de 2,7 à 5,5 de suc à pouvoir digestif de 4"°,75. Il ressort de toutes ces expériences (quinze) concernant l’influence de la graisse sur la sécrétion psychique que cette action n’est nulllement locale puisque la: graisse entrave l’activité sécrétoire des glandes stomacales quel que soit le facteur qui l’a provoquée. Cela nous autorise de considérer comme analogues les mécanismes de l’action de la graisse et de l’action des exci- tants chimiques sur la sécrétion de suc: de même que ces derniers, en impressionant la muqueuse gastrique, à titre d’excitants spécifiques, déter- minent un reflexe qui met en jeu la fonction des glandes, la présence de la graisse, elle aussi, provoque un acte reflexe à point de départ dans la mu- queuse et aboutissant également aux glandes, mais étant de nature direc- tement opposée au précédent. En tenant compte de l’indépendance de l’action de la graisse d’une part sur la quantité et d’autre part sur les qualités de la sécrétion, nous nous croyons en droit de considérer ce reflexe comme double ou du moins dédoublé dans son parcours centripète. Aïnsi donc ces expériences avec la graisse peuvent contribuer à l'élargissement de nos con- naissances sur l’innervation des glandes stomacales. П est évident que ces glandes reçoivent du système nerveux des incitations non seulement de na- ture dynamogène mais également inhibitoires. Il en résulte nécessairement 502 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE qu’à côté des nerfs sécréteurs, bien établis déjà, il existe des nerfs d’arrêt de la sécrétion de suc gastrique. Il est à rappeler ici que М. Popielsky”) a établi l’existence de nerfs analogues, sécréto-inhibitoires, pour le pancréas. Le fait que la graisse non seulement déprime la sécrétion mais encore diminue son pouvoir digestif, et surtout encore ce fait que l’action de la oraisse sur la vitesse de sécrétion s'exerce indépendamment de son action sur la proportion du ferment, démontrent que ces fibres nerveuses d’arrêt jouissent d’une fonction double; les unes sont destinées à arrêter la sécrétion du suc et les autres agissent d’une façon analogue sur l'élaboration du ferment protéolytique. La question de l’excitabilité spécifique des terminaisons périphériques des nerfs centripètes de la muqueuse gastrique lesquelles servent de point de départ aux divers reflexes qui avertissent les glandes sur la présence dans l'estomac de substances extractives, d’eau, d’amidon et de graisse, cette question doit être considérée dès à présent comme définitivement tranchée. En nous basant sur ces données relatives à l’influence de la graisse sur la sécrétion du suc gastrique, nous allons chercher à élucider son rôle dans la sécrétion physiologique de l’estomac et poursuivre les recherches sur ce sujet de M. Khigine. Commençons par le lait qui est très riche en sub- stances grasses (on en peut compter 20 gr. dans 600 с. с. de lait). Bien que le facteur psychique prenne part dans la sécrétion provoquée par ingestion de lait, son rôle est toutefois minime dans ce cas; c’est ce qui ressort de ce fait que la période latente est ici plus languissante et que, lors de l’introduction directe du lait par la sonde œsophagienne, la sécrétion n’est pas moins abondante qu'avec l’ingestion par la bouche; et de plus, М. Ouchakoff а démontré expérimentalement que l’alimentation fictive avec le lait ne produit que peu ou même pas du tout de sécrétion. Nous avons eu l’occasion de dire en outre que, pour notre chien, le lait ne repré- sentait un aliment appétissant ni désirable. D'autre part, le lait crée nombre de conditions favorisant la sécrétion chimique: il renferme beaucoup d’eau, lors de son digestion par le suc dû à cette eau il se formerait aux détriments de ses albumines une multitude d’excitants chimiques de la sécrétion, d’autant plus que les albumines de lait jouissent de propriété, connue déjà depuis longtemps, d’être bien di- gestes. La sécrétion abondante provoquée par introduction du lait direc- tement dans l’estomac prouve parfaitement que le fait est susceptible de 1) Popiclsky, Des nerfs sécréteurs d’arrêt du pancréas. Thèse. St.-Pétersbourg, 1896. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 503 provoquer une sécrétion chimique abondante. Tout cela nous incline à penser que la sécrétion par le lait serait essentiellement une sécrétion chimique. Ceci étant dit, il nous est facile maintenant de comprendre la marche de la sécrétion gastrique avec le lait, dans ces traits généraux, toujours la même, qu’on l’introduise directement dans l’estomac on qu’on l’administre en in- gestion, savoir: faible vitesse de sécrétion dans la 1-re heure, plus grande mais assez uniforme dans les 2-me, 3-me et 4-mes heures, et son décrois- sement graduel pendant la 5-me et 6-me heure. Une certaine influence de l’excitation psychique se dénonce par ce fait que le pouvoir digestif du suc est un peu plus élevé dans l’ingestion de lait (3"°,25) que lors de son in- troduction directe dans estomac (2,89). (Ingestion: 1-re heure — 4°" ,21; total — 3"",25. Introduction directe: 1-re heure — 3"",98; total — 2"",89). Parmi les observations de laboratoire on en trouve encore qui plaident en faveur de cette opinion qu’une telle marche de la sécrétion avec le lait est liée à l'élimination plus ou moins complète du facteur psychique; ainsi, оп a observé un chien qui était d’abord soumis au jeûne complet et en- suite incomplet depuis plus de huit jours, après l’opération; c'était par conséquent un chien bien affamé et facilement excitable par n’importe quelle nourriture; la plus grande vitesse de sécrétion à l’ingestion de lait correspondait dans ce cas à la 1-re heure après le repas. Il est évident que chez le chien affamé, même le lait provoque une sécrétion psychique, or, à mesure qu’on l’alimentait il devenait de plus en plus difficile sur le choix d’aliment, et alors la sécrétion à l’ingestion de lait reprenait son caractère habituel ci-dessus décrit que l’on peut considérer comme typique pour le lait. | | Il ne reste à présent inexpliqué que cet abaissement du pouvoir digestif du suc gastrique de lait, lequel n’atteint souvent que 2 mm. dans les portions séparées; or, nous savons que le pouvoir digestif du sue chimique oscille généralement autour de 4 mm. Mais, rappelons nous que 600 c. c. de lait que nous employons renferment 20—25 gr. de substances grasses capables d’abaisser la puissance digestive du suc, et on compend ainsi aisément la cause du phénomène en question. Ajoutons encore que la puissance digestive avec le lait varie de la même manière qu'avec la viande additionnée de graisse, savoir: dans la 1-re heure elle est assez élevée, puis baisse ensuite, et finalement se maintient à un niveau peu élevé jusqu’à la dernière heure du processus sécrétoire, lorsqu’elle remonte de nouveau. Bien entendu que, . la faible vitesse de la sécrétion de la 1-re heure, elle aussi, indépendamment de la peu d’abondance de sécrétion psychique de lait, se trouve liée plus ou moins à l'influence dépressive de la graisse sur la vitesse sécrétoire, et, 504 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE comme cette action а une durée moins longue que celle qui s’exerce sur les qualités du suc, on n’observe son effet que dans la 1-re heure. Afin de prouver que nos considérations sur le rôle de la graisse en qualité d’un des facteurs réglants la sécrétion du suc gastrique dans le re- gime lacté sont bien fondées et que les choses se passent réellement ainsi, nous avons institué une expérience spéciale, dans la réflexion suivante: si le pouvoir digestif faible, et le peu d’abondance de sécrétion à l’ingestion de lait sont effectivement dus à la présence de graisse, on devrait obtenir en- core moins de suc et d’un pouvoir digestif encore plus faible, en substituant au lait la crême qui a la même composition que le lait mais seulement ren- ferme beaucoup plus de graisse. Expérience 44. Le 14 Avril 1895. А 11 h. 41 m. le chien а mangé 600 с. с. de crême avec appétit, en 3 minutes. Temps. Quantité du suc, Pouvoir digestif, en C. C. en mm. 11 h. 41—12 В. 41 м. 2,4 1,88—2,5 12 » 41— 1 » 41 » 3,4 2, 1 » 41— 2» 41» 4,1 2,0 2 » 41— 3 » 41 » 2,2 1,75 8 » 41— 4 » 41 » 2,2 2,0 4 » 41— 5» 41 » 1,8 1,38 5 » 41— 6 » 4i » 2,5 1,88 6 » 41— 7 » 15» _13 1,63 7 » 15— 7 » 50 » 0 —— On а recueilli en 73/, heures, 18°°,9 de suc ayant un pouvoir digestif = 17,63. En comparant ces données avec celles de M. Khigine relatives à la sécrétion lors de l’ingestion de la même quantité de lait nous voyons 1° que la quantité du suc — 18°,9 est presque deux fois moins grande que la moyenne de M. Khigine (33,9) et plus que de 15° inférieure à la quantité minima obtenue par M. Khigine; 2° que la puissance digestive minima des portions séparées est de 2°" ,0 pour le lait, tandis qu'avec la érême elle est de 1° ,38; quant à la puissance maxima dans les portions séparées, elle est de 7° ,37 pour le lait et de 2"",5 pour la сгёше; la moyenne du pouvoir digestif de la totalité du suc est de 3"",25 pour le lait (maximum 3,86; minimum 2,63) et de 1° ,63 pour la crême; 3° que la digestion de 600 с. с. de lait exige 51/, heures (5!/,—6 heures) tandis que pour la même quantité de crême il faut 7°, heures. Nous voyons ainsi que l’expérience a justifié nos prévisions. L'action de la graisse sur la sécrétion gastrique une fois établie, cela nous permet de comprendre également les particularités de ce processus lors SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 505 de l’ingestion de viande. La marche de la sécrétion dans ces traits principaux est expliquée, ainsi que la différence dans le pouvoir digestif entre la 1-re portion horaire et toutes. les autres. Il reste encore non élucidée la force absolue du pouvoir digestif du suc total ainsi que de plusieurs portions séparées. La puissance digestive moyenne à l’ingestion de 400 gr. de viande crue est de 3° ,53; avec 200 gr. elle est de 3"",76. Dans les portions séparées elle est encore plus faible dans les deux cas: 3 mm., 2 mm., 1"",5, et même 1 ,25 (minimum). Si nous admettons que la sécrétion avec la viande comprend les sécrétions psychique et chimique, nous ne saurons pas nous expliquer, pourquoi le suc gastrique de viande ait un pouvoir digestif plus faible que celui du suc chimique seul. Or, si nous tenons compte de ce que la viande moyennement lardée renferme près de 6”, de graisse, nous comprendrons aisément que c’est précisément grâce à cette graisse que le pouvoir digestif du suc de viande est plus faible non seulement que celui du suc psychique, mais aussi du suc chimique. Il résulte de tout ce qui a été dit plus haut que la graisse représente un des facteurs réglant le processus sécrétoire des glandes stomacales suivant les formes strictement typiques pour chaque espèce de nourriture '), telles quelles se trouvent décrites par M. Khigine. VI. Une série d’expériences sur «Petit-amb ci-dessus décrites, où nous avons pu, grâce à la fistule gastrique, observer parallèlement les fonctions du grand estomac et du petit sac stomacal isolé, nous ont prouvé que la sécrétion de la portion de l’estomac isolée par le procédé de M. le professeur Pawlow est une image exacte de celle de l’estomac entier. Analysons les faits relatifs à се sujet. L'étude des caractères de la sécrétion lors de l’ingestion, de même que les expériences spéciales avec alimentation fictive, démontrent que l’acte de manger à lui seul provoque ici la sécrétion psychique comme dans le grand estomac de «Petit-amb et dans l'estomac entier de tous les chiens. Le suc éliminé du sac isolé chez «Petit-ami lors de l’alimentation fictive se distingue par un pouvoir digestive et une acidité élevés (voir plus 1) Cette notion n’est point en contradiction avec ce que nous observons dans Ja sécrétion provoquée par le pain; elle s’accorde au contraire parfaitement bien avec cette dernière, Savoir: alors que le suc gastrique de pain est le plus riche en ferment, le pain est plus pauvre en graisse que ne le sont autres aliments. 506 7. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE loin). Plusieurs expériences avec introduction dans l’estomac de l'extrait de Liebig, de l’eau et d’autres substances nous ont fait voir que, justement au moment où apparaissait la première goutte de suc du sac isolé, la réaction du liquide contenu dans l’estomac devenait acide, si elle а été neutre ou alcaline, ou bien si elle était déjà acide elle le devenait encore plus. Lorsque le liquide a passé dans l’intestin et que la sécrétion du grand estomac s’est arrêtée (cette dernière persiste généralement quelque temps après que le contenu stomacal ait passé dans l'intestin), elle était également supprimée dans le sac isolé, Si au contraire on introduisait dans l’estomac des sub- stances exemptes d’excitants chimiques telles que: albumine, viande bien bouillie, pain etc., la sécrétion n'avait point lieu; on avait beau de les laisser dans l’estomac des heures entières, elles restaient telles qu’elles ont été in- troduites, sans changer ni d'apparence, ni de consistence, ni de réaction. Correlativement à cela les glandes du sac isolé restaient elles aussi au repos plus ou moins complet. La manière de se comporter envérs la graisse n’est pas moins importante: la graisse ayant pénétré dans le grand estomac en- trave ses fonctions non moins que celles du sac stomacal isolé; pour s’en persuader on n’a que se rappeler les expériences avec alimentation fictive en présence de la graisse, faites sur des chiens œsophago-gastrotomisés et sur «Petit-amb. Bornons nous de ne citer que ces faits bien qu'il en ait beaucoup d’autres, du même genre. Retournons maintenant aux expériences avec alimentation fictive faites sur «Petit-ami». Alors que les exemples ci- dessus nous esquissent l'identité du processus sécrétoire dans les deux portions de l’estomac grosso modo, les expériences avec alimentation fictive vont per- mettre de l’analyser avec plus de détails d’après une série de chiffres exacts. Je présente ici une de ces expériences. «Petit-ami», le 22 avril 1896. L’estomac est lavé. Pas de sécrétion spontanée. А midi 50 m. on а administré l’alimenta- tion fictive 1) terminée à 1 h. 20 m. 1) Le chien а été déjà oesophagotomisé à cette époque. Temps. 2 h.55 m. Apparition de la premièr SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. Sécrétion dans le sac isolé. Quantité du suc, еп с. © goutte du suc. 12 » 55m—1h. Om. 0,7 Li ae LE "S A BE 5° a ® e SSSR EEE EE COR, AE еее тени Si тя сл 5.75 | ; 5,5 ) 5.5 Acidité totale, en ©; HCI. La sécrétion а cessé. ЩИ» Ф@р—» бу 0,7 1» 5 >» —1:» 10» 0,7 1 » 10 > —1 » 15» 1,2 1 » 15 » — 1 » 20 » 0,7 1 » 20 » —-1 » 25 » 0,5 1 » 25 » —1 » 30 » 0,1 1 » 30 >» —1 » 35 » 0,2 1 » 35 » —1 » 40 » 0,2 1 » 40 » —1 » 45 » 0,2 1 » 45 » —1 » 50 » 0,2 1 » 50 » —1 » 55 » 0,3 1 » 55 »—2 » О» 0,4 2» 0Op»—2» 5» 0,2 2» 5 »—9 » 10» 0,3 9 » 10 » —2 » 15 » 0,5 2» 15 » —2 » 20 » 0,5 7,6 9 |. 20 m.—92 h. 25 т 0,3 2 » 25 » —92 » 20 » 0,5 9 » 30 » —2 » 35 » 0,4 2 » 35 » —9 » 40 » 0,4 2 » 40 » —9 » 45 » 0,2 2 » 45 » —9 » 50 » 0,4 2 » 50 » —2 » 55 » 0,3 9» 55 D —З» О» 0,2 DD Ф»—З» Б» 0,3 3 » 5 » —3 » 10» 0,1 3 » 10 » —3 » 15» 0,2 3 » 15 » —3 » 20 » 0,4 3 » 20 » —3 » 95» 0,2 3 » 25 » —3 » 30 » 0,2 3 » 30 » —3 » 35 » 0,1 3 » 35 » —3 » 40 » 0,1 3 » 40 » —3 » 45 » 0,2 8 » 45 » —3 » 50 » 0,2 4,7 3 В. 50 ш.—3 В. 55m. O,1 3 » 55 » —4 » 0» 0,2 4» Op» —4» 5)» 0,2 4» 5 » —4 » 10» 0,2 4 » 10 » —4 » 15 » 0,1 4 » 15 » —4 » 20 » 0,1 4 » 90 » —4 » 25 » 0,2 4 » 25 » —4 » 30 » 0,1 4 » 30 » —4 » 35 » 1,2 Total . 135 5,75 0,5050 507 Sécrétion dans l'estomac. О D в bn Я ‚= © " = + Е EH à a Ou 5 1 = 6 = CG à A à Apparition de la première goutte du suc. 11,0 5h 8,5 5,0 225 55 6,0 5,0 р 5,0 6,0 © > CS ление ŒEEREETR, 4 CORDON CORRE KE “Re 20 BIO ENS EEE LES И => IS ий = L 4 5 % s S Di bi ND 9 ND bi = NO © SO © ot © © <. 5,38 = > © La sécrétion а cessé. 123,75 5,5 EE хо сть. ео en ©}, НС1. Aciditétotale, 0,4403 0,5309 0,5827 0,5568 0,5568 0,5309 0,5309 0,5309 0 4791 0,4791 0,5180 508 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE En comparant la sécrétion de l’estomac avec celle du sac stomacal isolé nous voyons que l’analogie entre les deux est presque complète. Le début et la durée du processus sécrétoire sont absolument les mêmes dans les deux cas. Quant à la vitesse, étant prise par grands intervalles de temps, elle présente les rapports suivant: 12 В. 50 m.—2 В. 20 m.—7,6 с. с.: 68,25 с. с. = 1:8,98 вой environ 1: 9 (1 h. 30 m) 2 $. 20 m.—3h.50m.—4,7 » 415 № 53 » 1-9 (1 h. 30 м.) 3 h. 50 ш. —46. 35 ш.—12 » 140 » —1:11,6 » 1:12 (45 т.) Totalité du suc 12 В. 50 m.—4 В. 35 m.—13,5 » 123,15 » =1:9,1 » Пе Donc, pendant toute la durée de la sécrétion le rapport entre les vitesses séerétoires des deux portions d'estomac, en jugeant d’après les grands intervalles de temps, est constant (aujourd’hui, c’est-à-dire le 22 avril 1896, il est de 1:9). Si l’on compare les portions de suc par petits intervalles, 5 minutes et plus, on verra que cette constance du rapport des vitesses fait défaut. Cela tient à ce que le suc, sécrété avec une vitesse égale dans les deux comparti- ments de l’estomac, n’est pas éliminé au dehors d’une manière uniforme, car la fistule n’occupe pas la région la plus déclive de l’estomac et par conséquent le suc n’est projeté en dehors que lorsqu'il s’y est accumulé ou bien pendant les mouvements peristaltiques de l’estomac. Quand on considère les portions par grands intervalles de temps cette irrégularité dans l’élimi- nation du suc par la fistule se dérobe à l’observation, si ce n’est dans les dernières portions, la dernière période (45 minutes) étant plus courte que les précédentes (1 heure 30 minutes). La puissance digestive du suc dans les deux portions de l’estomac présente la même analogie. Grand estomac. Petit sac stomacal isolé. Temps. Pouvoir digestif, Pouvoir digestif, en mm. en mm. 12 В. 50 m.—2 В. 20 m. 5,5 5,88 2 » 20 » —8 » 50 » 5,5 5,75 3 » 50 » —4 » 35 » 5,30 5,5 Totalité du suc . . . . . . 5.5 5,75 La différence maxima dans le pouvoir digestif des sucs est de 0“",38, différence insignifiante. L’acidité totale présente absolument les mêmes rapports. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 509 Grand estomac. Petit sac isolé. Temps. Acidité totale, Acidité totale, еп %. еп 9%. 12 В. 50 m.—2 h. 20 m. 0,5309 0,505 2 » 20 » —3 » 50 » 0,5309 0,505 А ЗЕ 0,4791 Totalité du suc. . , . . 0,5180 0,505 La différence maxima de l'acidité totale est de 0 ,0259%, ce qui est tout à fait minime; elle perd encore de valeur si l’on prend en dues ation la plus faible acidité correspond au suc du sac isolé dont la surface muqueuse extérieure, exposée contüment à l’irritation par l'air, par l’introduction de la canule etc., produit beaucoup de mucus lequel neutralise dans une certaine mesure l’acidité du suc. À part cette raison particulière, il faut encore dire que nous ne pouvons pas nous attendre à obtenir des chiffres absolument identiques pour le pouvoir digestif, ni pour l’acididité, si parfaits que soient les rapports normaux du sac isolé. C’est que nous comparons ici la sécrétion du fond de l’estomac avec celle de l’estomac entier qui comprend aussi la sécrétion pylorique, or cette dernière, d’après ce qui est établi par beaucoup d’auteurs, diffère de celle des autres parties de l'estomac. Somme toute, la nan observée étant tout-à-fait minime, on est en droit d'identifier le suc du fond stomacal avec celui de l’estomac entier. Nons disposons encore de quelques expériences analogues à la précé- dente et qui la répètent dans tous ses détails. IL ressort de toutes ces expériences que le processus sécrétoire du sac stomacal isolé d’après M. Pavlow réproduit exactement celui de l’estomac entier: la durée, les variations dans la vitesse étant les mêmes dans les deux portions, et le pouvoir digestif et l’acidité à peu près identique à chaque moment donné. Il en ‘découle que le procédé d'isolement de M. Pavlow doit être considéré comme irréprochable au point de vue des méthodes physiologiques. Et d’autre part, le fait que les fonctions du sac stomacal isolé, avec intégrité complète de son innervation, soient conservées et restent absolument identiques à celle de l’estomac entier n’est possible qu’à condition que toute la sécrétion gastrique soit un acte reflexe. Voila donc un fait de plus à l’appui de notre idée principale, savoir, que le travail complexe des glandes stomacales, caractérisé par une adapta- tion excessivement délicate aux qualités de la nourriture est une résultante d’une série de reflexes portant sur les glandes. 510 3. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE VIL. Après avoir étudié d’une manière détaillée le fonctionnement du sac isolé ayant conservé son innervation intacte, 1l serait intéressant de lui com- parer sous ce rapport le sac stomacal isolé par le procédé de M. Heiden- hain, c’est-à-dire après section des nerfs vagues. Les expériences avec le sac stomacal de MM. Heidenhain et Sanotzky n’ont pas été destinées à l’étude systématique de l’influence de différentes espèces de Ne ue. et en outre elles ont été faites trop tôt après l’opération, sur des animaux incomplètement remis de cette dernière. Nos deux chiens supportèrent bien l’opération sans complication quelconque, si ce n’est qu’une légère suppura- tion de la plaie; ayant considérablement perdu de poids durant les premiers jours de jeûne et d’alimentation insuffisante, il commencèrent à se remettre rapidement dès qu’on leur eut administré la nourriture normale; durant toute la survie (3—8 mois) il se sentaient à merveille, mangeaiïent bien, et la digestion était tout-à-fait normale. L'un d’eux («Trésor») fut sacrifié 3 mois après l’opération par suite du prolapsus progressif et de l’ectropie du зас stomacal; le deuxième («Gordon») succomba d’une péritonite d’origine accidentelle, 8 mois après l’opération. On a associé à l’opération de Heidenhaïin, aux deux chiens, une fistule gastrique ordinaire. | Nous procédâmes à l’expérience pas avant de 12—14 jours après l'opération, en vertu de се qui est connu par les observations sur des chiens porteurs de fistules pancréatiques, savoir que, longtemps après l’opération le fonctionnement des glandes reste anormal et irrégulier. Pour le reste ces expériences ont été faites de la même manière que les précédentes ci-dessus décrites. Le suc а été analysé au point de vue du pouvoir digestif et de l'acidité. La majorité des observations, prises systématiquement, portent sur «Gordon», et les données ci-après concernent pour la plupart ce chien; quant aux expériences faites sur «Trésor», elles sont moins nombreuses, mais toutefois complètement analogues aux précédentes. Nous commencerons l'étude de la sécrétion du fond de l’estomac isolé d’après M. Heidenhain par Comparaison du suc éliminé par cette portion de l’estomac avec celui du sac isolé d’après M. Pavlow en état de digestion *) et avec celui de l'estomac entier chez des chiens œsophago-gastrotomisés lors de l'alimentation fictive. 1) Nous l’appelons dans la suite simplement suc de Petit-ami. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 511 Sécrétion du RE sac isolé par Séérelion j le procédé de dans l’alimentation M. Pavlow. ми Sécrétion du sac isolé par le procédé de M. Heiden- Ватт. 5% М. Kono- Mme | M.Sanotzky. Auteur. M. Khigine. ой Schoumova- M. Не- denbain. Fe Simanovska, Acidité du suc en 910 те 0,52 0,435 0,4405 0,492 0,514 0,46-0,58 (0,087-0,546) |(0,3755-0,4985) (0,420—0,584]] (0,456 — 0,539) Puissance dige- * stif, en mm. . 2,37 3,13 4,54 7,4 (0,75—5,5) | (2,0—5,0) | (1,0—8,81) Période latente, en minutes . | 15—30 10—13 18 й (10—35) (5—13) L’acidité du suc est en moyenne de 0,4405; elle se rapproche telle- ment de celle du suc provenant du зас stomacal de M. Pavlow que la petite différence, qui existe entre les deux, peut être entièrement mise sur le compte de la faible vitesse sécrétoire de nos chiens, laquelle était constante comme nous allons le voir par la suite; cela s’accorde parfaitement aussi avec ce fait savoir, que dans aucune des portions l’acidité n’a dépassé 0,4895%. Les chiffres indiquant l'acidité moyenne obtenus par ММ. Heiden- hain et Sanotzky se rapprochant des nôtres et de ceux d’autres au- teurs, nous prouvent que l'acidité du suc gastrique, tant qu'il soit pur, est, à peu de choses près, toujours la même quelque 5016 le moyen dont on s’est servi pour l'obtenir; la seule condition connue jusqu’au jourd’hui, qui puisse influencer l'acidité du sue, est la vitesse de sa sécrétion (neutralisa- tion du suc par du mucus)'). Il en est tout autrement pour le pouvoir digestif, sa moyenne chez «Gordon» est de 3"",13, par conséquent ce suc est 2 fois plus pauvre en ferment que le suc moyen de «Petit-ami» 2) et 51/, fois que celui de l’alimen- tation fictive ?). Ainsi donc, le suc du sac isolé, aux pneumogostriques section- nés, est de beaucoup inférieur, par rapport à la quantité du ferment, à celui qui est sécrété par une muqueuse normalement innervée; ce qui est surtout caractéristique pour le suc de nos chiens, c'est que за puissance = mm ° digestive maxima пе зиграззе jamais le chiffre 5 ; alors que le suc de 1) Voir surtout Sanotzky, loc. cit., p. 110—112. 2) 3,132: 4,542 — 9,7969 : 20,6116 — 1 : 2 (environ). 3) Prenons les chiffres de M. Konovaloff; 3,132 : 7,42 = 9,7969 : 54,76 — 1 : 5,5. 34 512 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE «Petit-ami et celui de l’alimentation fictive jouissent d’une puissance digestive qui atteint 8"",81 («Petit-amb) et 9" ,25 (alimentation fictive). Cela prouve une fois de plus que la sécrétion du sue riche en ferment se produit par l'intermédiaire du pneumogastrique. Et d'autre part, il en résulte que, pour se rendre compte exact du pouvoir digestif du suc gastrique lors de la digestion et des limites de ses oscillations, le seul moyen qui puisse en servir c’est l’expérience sur des chiens opérés selon M. le professeur Pavlow, le procédé de M. Heidenhaïn étant insuffisant. Nos résultats concordent parfaitement avec ceux de M. le professeur Sanotzky; _ la moyenne obtenue par cet auteur est même plus faible que celle que nous avons trouvée et vient ainsi encore plus à Гарри du rôle des nerfs vagues pour la sécrétion. M. Khigine avait pensé tout d’abord que cette influence des nerfs consisterait en ce qu’ils servent de conducteurs centripètes aux impulsions psychiques de la sécrétion. Mais à présent, qu’il est connu que le pouvoir digestif aussi élevé que celui du suc psychique peut être dû aussi à l’amidon contenu dans le pain, on est autorisé à croire que les nerfs vagues prendraient epalement part dans le mécanisme de l'influence de l’amidon sur la teneur du suc en ferment. Les limites extrêmes des oscillations du pouvoir digestif chez nos chiens est entre 57,0 et 2° ,0. Si, cependant, on examine de plus près la plupart de nos expériences on voit que la puissance digestive la plus fréquente oscille entre 3 et 4,25, et ce n’est que dans des cas rares qu’il dépasse ces limites. En résumé, bien que les limites extrêmes des oscillations possibles soient comprises entre 2 et 5 mm. et que leur amplitude possible soit de 5 mm.— 3 ши. = 2 mm., leur limites habituelles sont de 3 à 4"",25, et leur amplitude est égale à 17,25. Nous soulignions ce caractère de variabilité faible du pouvoir digestif, caractère d’inertie pour ainsi dire, de ce sue, comme étant un effet de la suppression de l’influence des pneumo- gastriques. En d’autres termes, en l’absence des nerfs vagues, l’appareil nerveux sécréteur des glandes stomacales n’est capable de produire que du suc pauvre en ferment et dont la teneur varie peu dans les portions séparées et selon la nature des aliments. Dans les expériences de M. le professeur Sanotzky on assiste aux phénomènes du même genre. On observe en outre _ dans les expériences dudit auteur que la puissance digestive tend à varier en raison inverse de la quantité du suc, c’est ce qui est le contraire de ce que l’on observe sur le sac isolé par le procédé de M. Pavlow où l’indépen- dance des variations dans la vitesse de sécrétion et dans la teneur en ferment est la base de tous les phénomènes!). Ce rapport entre la quantité du suc et sa 1) Khigine, , cit. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 513 teneur еп ferment n’est pas aussi accusé dans nos expériences que dans celles de M. Sanotzky. La période latente oscille entre 10 et 35 minutes, se distinguant évidemment d’une manière notable, comme durée, de celle de «Petit-ami» lors de l’ingestion, elle rappelle la période latente observée chez «Petit- ami lors de l'introduction directe de nourriture dans l'estomac (de 10 à 40 minutes). En terminant l'examen des particularités du suc sécrété par le sac Stomacal enervé, il est à ajouter qu’il se distingue de celui qu’on obtient du sac stomacal dont les nerfs sont intacts, principalement par sa puis- sance digestive laquelle ne présente relativement que des oscillations peu prononcées et dans des limites relativement restreintes et qui en outre n’atteint jamais un degré aussi élevé que celui du suc de «Petit-amb. (La proportion du ferment maxima observée chez «Gordon» est de plus de 3 fois inferieure à celle du suc de «Petit-ami). Le rôle des pneumogastriques se dégage d’une manière encore plus marquée si l’on examine l’ensemble des données relatives au fonctionnement des glandes et à la marche de la sécrétion du sac stomacal isolé d’après M. le P-r Heidenhain. | М. Sanotzky а démontré par des expériences directes sur les chiens qui ont subi, outre l’opération de M. Heidenhain, encore une œsophogo- tomie, que l’alimentation fictive ne provoque aucune sécrétion dans le sac isolé selon le procédé de М. Heidenhain. Or, nous avons établi, également à l’aide des expériences directes, que c’est l’inverse qui a lieu dans le sac isolé par le procédé de M. Pavlow. On trouve parmi les expériences de M. Sanotzky de telles qui mettent en évidence encore un caractère distinctif essentiel du sac stomacal de M. Heidenhain par rapport à celui de M. Pavlow, c’est le défaut d'adaptation de sa sécrétion aux qualités des aliments ingérés. Chez «Petit-ami», la sécrétion, provoquée par l'introduction de lait au moyen d’une sonde, dure trois fois plus longtemps qu'avec la même quantité d’eau, et la quantité de suc dans le premier cas est près de 6 fois plus grande que dans le second. Tandis que dans trois expériences de M. Sanotzky on а observé qu’à l’introduction par la sonde de 300 с. с. de lait dans un cas, à l’ingestion de cette même quantité de lait dans l’autre et enfin, dans la troisième où le chien а bu 500 с. с. d’eau, que dans toutes ces trois expériences la durée de la sécrétion était la même et les quantités de suc fournies par chacune différaient très peu entre elles. 34* 514 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE M. Khigine M. Sanotzky. (moyennes). Lait Eau Тай Eau 300 с. с. 500 с. с. 500 с. с. 500 с. с. Période latente, en minutes . . 10 11 7 29 Durée de la sécrétion . . . . .| 1h 4m. 1 b. 5 m. 41/, В. 11}, В. Quantité du suc, en c. с... . . 11 её 15 8,5 41,4 7,2 Nos observations personnelles portant sur la sécrétion avec différentes espèces d’aliments sont encore plus démonstratives à cet égard. Tout au début de ces expériences nous fumes surpris de la pauvreté excessive de sécrétion et de sa durée extrêmement courte. Ainsi, par-exemple, «Trésor» nous а fourni le 10-me jour après l’opération; à l’ingestion de 300 gr. de viande crue, 11°,8 de suc; la sécrétion a duré 2 В. 45 m.; le 11-me jour après l’opération, nous avons obtenu, par l’ingestion de 300 е. с. de lait, 10°,3 de suc; la sécrétion, a duré 2 h. 45 m.; 300 gr. de pain, ingérés le 10-me jour après l’opération, ont donné 2°,4 d’un liquide épais, mucoïde, faiblement acide, ne digérant pas l’albumine. «Gordon» présentait une sécrétion encore moins abondante, même les premiers temps après l'opération. La sécrétion diminuait de jour en jour à mesure que nous poursuivions l’expérience, et а tombé enfin à un chiffre très bas. On voit par les tableaux ci-après comment s’établissait la sécrétion et ce qu’elle est finalement devenue (pour la viande, le lait, le pain). А. Le chien ingère par 600 с. с. de lait. «Gordon», opéré le 31 Dé- cembre 1895. An, mois ct Quantité du Durée de la sécré- date. suc en с. с. tion, en heures. DE ice 1896. 18 Janvier . 6,3 2 Е 29» 1159 1, Après l'interruption des expériences pour 2 jours. 30» . 10,6 ра Après l’interruption de 7 jours. 11 Ебугег . 2,0 16/4 Зе 5,3 » » » 4.» LS) 1,6 1 » » д) > 22 008) 3,4 LA DD - 1,4 11, » » DD 1 Mars . 2,2 ПО » » в (Ик 2,0 9 » 2,6 Ел Introduction du lait. 24 Mai 3,2 21, SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 515 Б. Le chien ingère par 400 ог. de viande. «Gordon». An, mois et Quantité du sue, Durée de la sécré- date. еп с. с. 1896. 16 Janvier . 6,1 PAPE 0 A 2 ects 1,8 О RME RTE 0,3 C. Le chien reçoit du pain. «Gordon». An, mois et Quantité du suc | Durée de la sécré- . date. enC.C ’ tion, en heures, SRE 1896. 17 Janvier 0,9 — 300 gr. de pain. 24 Février . . 0,4 11}, 200 » 24 » 0 — 100 » 12 Mars 1,1 21), 200 № и... 0,2 == 100 № ре, 0 — 100 » D. Quelques expériences sur «Trésor», opéré le 30 Novembre 1895. Nourriture. 300 gr. de pain blanc . . 240 » » » 200 » de blanc d'œuf cuit : 150 с. с. de lait . . . . . 600 » » д 300 gr. de viande . Ап, mois et date. еп с. с. 1895. 7 Décembre » 11 » 0 9 » 2,9 13 » 0,6 11°» 0,9 Quantité du suc, Dnrée de la sécrétion, en heures. Seulement du mucus acide. La sécrétion avec différentes espèces d’aliments est représentée sur le tableau p. 516. 516 1, 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE Tableau de la sécrétion du sac isolé selon M. Heidenhaïin, avec le lait, la viande, le pain, le blanc d’oeuf. Période PA nn 2 nee uantité totale Pouvoir seine latente de la | Durée de la sécré- Q du suc, en digestif, en Acidité totale, sécrétion, en en ©, HCI. minutes. Minimum. Moyenne. Maximum. Minimum Miñimum Maximum. Minimum Minimum. Lait, 600c. c.(12 expériences) . ne A An AT LE 3,63] 4,75] 2,63] 0,4489/0,498510,3820 min. Viande crue, 400 gr. (3 expér.). 2h.8m.| 3 h. | 40m. 3,0 | 3,75] 2,5 | 0,459710,479110,4403 Pain blanc, 100 —300 gr. (6ex- périences) . . 13/, В. | 2 h.|11Lh. || Blanc d’œuf cuit, («Trésor») . . Remarque. Les données obtenues sur «Gordon». Les chiffres embrassent toute la période d'observation du chien. Les chiffres concernant le blanc d'œuf appartiennent à «Trésor». On voit par l’inspection de ces tableaux que la sécrétion de la muqueuse du fond de l'estomac séparé du reste de l'estomac avec section des vagues, diffère de celle qui se produit dans la même région de l’estomae, mais isolée avec conservation de son innervation la plus complète possible. La période latente de la sécrétion chez «Petit-amb présente de légères oscillations, entre 5 et 13 minutes; il est à noter ici que la période latente maxima correspond au lait. Tandis que chez «Сог4оп» et chez «Trésor» elle n’est jamais inférieure à 10 minutes, présente de grandes oscillations, entre 10 et 33 minutes; la durée minima correspond au ]а1%; avec la viande et le pain elle est en moyenne de deux et même de trois fois plus longue ди’ауес le lait. Nous avons eu déjà l’occasion de dire que la quantité absolue de suc sécrété par «Gordon» pour une quantité donnée de nourriture est de plusieurs SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 517 fois inférieure à celle de «Petit-ami; il est de plus à noter que l’action de diverses espèces d’aliment chez le premier était en outre tout pervertie, savoir: dans les condition d’innervation normale d’une portion isolée de l'estomac, la quantité maxima de suc est produite par la viande et le pain ; quant au lait, il en fournit deux fois (pain) et même trois fois (viande) moins ; ог chez «Gordon» c’est le lait qui provoque la plus abondante sécrétion, ensuite vient la viande et enfin le pain qui, lui, ne détermine point de sécrétion. Parmi les phénomènes concernant l'adaptation des glandes stoma- cales à la nature des aliments, un des plus saillants est la différence notable dans la teneur en ferment entre les sucs gastriques du pain, de la viande et du lait. Ainsi, chez «Petit-ami la proportion relative du ferment dans tous ces sucs s’exprime par le rapport!) 43,0 : 15,3 : 4,2, soit environ — 10 :3:1. Alors que chez «Gordon» ils ont tous à peu près le même pouvoir digestif en moyenne. Si le suc du lait se distingue légèrement des autres, c’est justement dans un sens contraire de ce qu’on observe en présence des nerfs ct notamment, que le pouvoir digestif du suc gastrique de lait est de quelques millimètres plus élevé que celui du suc de pain ou de la viande. La puissance digestive moyenne pour les aliments sus-indiqués est calculée d’après les déterminations séparées où elle oscille entre 2 et 5 mm., donc elle se rapproche le plus de celle du sue chimique de sac stomacal isolé par le procédé de M. le professeur Pavlow. Ce n’est que dans les cas exeptionnels que la durée de la sécrétion chez «Gordon» dépassait 3 heures, même avec une nourriture mixte et abondante; quant à sa durée moyenne, avec la viande, le pain et le lait, elle est de 1 №. 40 м. (40 minutes — 3 heures). Chez «Petit-ami», avec les mêmes quantités de nourriture la sécrétion dure de 5 à 10 heures. Résumant tout ce qui a été dit, nous devons avouer que la sécrétion du sac stomacal isolé, sans conservation des vagues, se distingue non seulement par la durée et l’abondance moindres, mais encore, её се qui est surtout intéressant, par son inaptitude à l’adaptation aux différentes espèces d'aliments. Le seul caractère constant qu’on puisse constater, d’après nos résultats, c’est le rapport directe entre la proportion d’eau contenue dans une nour- riture donnée et la quantité de suc sécrété pour cette nourriture. La sécré- tion la plus abondante correspond au lait, lequel est en effet le plus riche 1) Pour ce calcul on s’est servi des chiffres présentés par M. Khi gin e pour la pus st digestive du suc sécrété avec 200 с. с. de pain, de viande et de lait. Khigine, loc. cit., р. 492, 6,642 : 3,65? : 2,05? = 43,0 : 13,3 : 4,2. 518 1. 0. LOBASSOFF, SUR Т’ЕХСТТАВИЛТЕ SÉCRÉTOIRE en eau, alors que le pain qui ne renferme que très peu d’eau, ne provoque point de sécrétion, ou bien s’il en produit, ce n’est qu’en quantité tout-à-fait minime; et de plus, si l’on donne à nos chiens du pain on moment où leur estomac est en pleine sécrétion après un repas copieux, cette sécrétion diminue aussitôt notablement. Ce phénomène doit être attribué à ce que le pain s’infiltre de parties liquides des aliments précédemment ingérés. Expérience 276. Du 12 Janvier 1896. «Trésor». Le chien а réçu 100 с. с. de bouillon et 300 с. с. de lait, à 2 heures. On a commencé à recueillir le suc à 3 В. 8 м. сс. 3h. 8m 2,8 3 » 18 » IL 3 » 35 » 0,6 З» 45» 1,6 4» О» 1,9 4 » 15 » 1,7 cc. 4 В. 30m. 1,1 4 » 45 » 1,0 5» 0» 0,5 5 » 30 » 0,2 5 » 45 » 1 goutte. La sécrétion la plus abondante et la plus longue а été observée dans les cas où l’on administrait une nourriture mixte renfermant du lait et de la viande en quantité considérable, ou encore lorsque le lait était donné quelque temps après la viande ou inversement. La sécrétion durait alors près de 5 heures et la quantité de suc atteignait 14,3, 17,7, 17,9 et même 24,7. Il est évident que le principal rôle joue ici une grande quantité de liquide renfermant des substances chimiques sécrétogogues en abondance. En présence de ce fait, il nous a paru intéressant d'étudier de plus près, comment la muqueuse du sac stomacal de Heidenhain se comporte-t- elle vis-à vis des excitants chimiques. Et il fut constaté que 150 с. с. d’eau ou même de lait, introduits directement dans l’estomac, ne provoquent point de sécrétion alors que la même quantité de solution aqueuse d’extrait de Liebig à 6,6%, ou plus concentrée, détermine une sécrétion relativement abondante. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 919 _ Tableau comprenant une série d’expériences sur l'introduction de 150 с. с. de solution d'extrait de Licbig à 6,6%, dans l’estomac de «Gordon». — Période Durée AE LR и latente, en mi- | de la sécrétion, Quantité du suc;| Pouvoir digestif,| Acidité totale, en | В, И О еп с. с. en mm. % НС]. | я а Ре а Е ра EN NS Е = Ра а вая ая EE EN а Е - Е В Е Е SERRE NRDE ES Е а à | & | Si 1 | 9 9 WE т | 8,1 | 5,3 | 1,7 | 4,0 | 5,0 | 3,0 | 0,4144 | 0,4532 Pl Etant donné que les variations dans la sécrétion selon la nature des aliments tiennent à l’action sur les glandes des agents différents, tels que: reflexe psychique, graisse, amidon, substances extractives et eau, il en ressort que les trois premiers ne peuvent intervenir qu’à condition de l’integrité des vagues et ce n’est que les deux derniers qui peuvent aussi exercer leur action en l’absence de ces nerfs. Pour épuiser à fond la question des caractères distinctifs de la sécré- tion gastrique avec et sans conservation de lintegrité de l’innervation, 1l nous reste à noter encore une particularité bien essentielle. Nous avons en l'occasion de répéter à maintes reprises que la sécrétion du sac stomacal de M. Pavlow (avec integrité des vagues) présente une allure fixe dans sa marche et dans son énergie, c’est dont nous nous sommes persuadés en observant un chien pendant plus de deux ans. Une diminution graduelle de la quantité de suc que l’on a observée dans ce cas ne dépend nullement des modifications quelconques dans les fonctions de la muqueuse, mais doit être uniquement attribuée à une usure par le suc des parties extérieures du sac isolé; la constatation directe de cette usure que nous avons déjà eu l’occa- sion de décrire plus haut, plaide en faveur de cette dernière interprétation, quant à l’hypothèse des modifications dans les fonctions sécrétoires de la muqueuse, elle doit être entièrement rejetée, puisque la sécrétion conserve l’ensemble des caractères qui lui sont propres avec toutes ses détails. Ce caractère de constance et de fixité fait défaut dans la sécrétion du sac stomacal de M. le professeur Heidenhaïn (avec section des vagues). Il est à 520 J. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE noter ici en premier lieu que l’énergie de la sécrétion diminue à mesure que l’on s'éloigne de l’époque de l'opération; et au bout d’un mois, la vitesse sécrétoire baisse considérablement et persiste ainsi durant tout le temps d'observation. Nous possédons, cependant, le moyen de la relever par une diète appropriée; il en sera question plus loin; c’est le second fait que nous avons observé. А quoi donc doit on attribuer l’affaiblissement de l’acti- vité sécrétoire à mesure que l’on s'éloigne de l’opération? Deux expliqua- . tions peuvent être invoquées ici: 1° l’activité plus grande du processus sécrétoire dans les premiers temps après l’opération serait due à une irrita- bilité particulière de la muqueuse qui se traduirait par une suractivité de son appareil neuro-glandulaire; cette manière de voir s’impose à l’esprit par analogie avec ce qu’on observe sur des chiens à fistule pancréatique perma- nente. Une condition particulière favorisant l’hypersécrétion du sac isolé de M. Heidenhaïin serait encore créée par la suppression des pneumogastriques (sécrétion paralytique). 2° il est bien probable que l’activité des glandes stomacales sollicitée contûment par des impulsions psychiques зе transmettant par les nerfs vagues s’épuise peu à peu après la violation de leur conducti- bilité. Le fait que nous pouvons relever l’activité sécrétoire en substituant au régime habituel du chien (bouillie d’avoine) une ndurriture riche en excitants chimiques, on en associant cette dernière au régime habituel du chien, vient à l’appui de cette supposition. C’est ce qu’on а observé dans plusieurs expé- riences où on avait administré comme telle de la viande’). Je présente ci- après une expérience de ce genre. Chien «Gordon», nourri de bouillie d’avoine. Le 5 Juin 1896. А reçu 400 gr. de viande crue; 26 minutes après la sécrétion s’etablit dure 1 heure, fournit 0°°,8 de suc; le soir même — ration habituelle de bouillie d'avoine. Le 6 Juin 1896. Reçoit le matin 400 gr. de viande crue; au bout de 30 minutes la sécré- D fournit 0,6 de suc dans l'intervalle de 11/, heures, Le soir — repas habituel Le 7 Juin 1896. Reçoit le matin 400 gr. de viande сгие; 16 minutes après la sécrétion apparait; dure 4 heures et fournit dans ce laps de temps 14°°,6 de suc. Il est évident que reèllement les deux phénomènes en question ont une signification. En faveur de la première interprétation plaident aussi les raisonnements exposés ci-dessous a propos de quelques contradictions entre les données de M. M. Heidenhain et Sanotscky et les nôtres. En com- parant nos données relatives aux caractères généraux du suc des chiens porteurs de sac isolé de M. Heidenhain avec celles de М. M. Heidenhain et Sanotzky concernant le même sujet, nous étions obligés de reconnaître 1) M. le docteur А. А. Walter m’a assisté au cours de ces recherches. Qu’il veuille bien accepter mes sincères remerciements. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 521 leur analogie presque complète. Mais, quant à la marche de la sécrétion dans nos expériences et dans celles desdits auteurs la différence en est consi- dérable, elle n’est cependant que quantitative. De même que chez nous, on n’observe non plus chez ces auteurs de régularité constante et typique propre à la sécrétion des glandes innervées normalement: la sécrétion des heures correspondantes du processus digestif dans les deux cas est la même, le pouvoir digestif varie, à ce qu’il paraît non pas indépendamment, mais en raison inverse de la quantité de suc, etc. Ce qui diffère notre sécrétion de celle qu'ont obtenue les auteurs en question c’est sa quantité: alors que la sécrétion de nos chiens est infiniment faible et ne dure que de 1 à 3 heures, celle des chiens desdits auteurs est excessivement abondante et persiste de longues heures. А quoi tient cette différence? Avant tout éliminons l’in- fluence des surfaces muqueuses inégales dans deux cas. Bien que nous puis- sions admettre que notre portion isolée de l’estomac soit plus petite que celle des auteurs, mais cette différence ne doit être que minime en tout cas; supposons qu’elle serait même de moitié de celle des auteurs, cela n’explique point la différence observée, nos quantités maxima après l’ingestion étant de 17°°,7 (2 heures) à 24,7 (21, В.) et celles de M. Sanotzsky, de 20, 30 et 40 с. с. en une heure. La cause de cette différence ne saurait non plus résider dans la différence des procédés opératoires, car dans nos expériences nous avons suivi exactement la méthode de M. Heidenhain. IL nous reste encore à noter quelques faits dont nous devons tenir compte, savoir: les observations de ММ. Heidenhain et Sanotzky cor- respondent à la période très rapprochée de l'opération et n’ont été pour- suivies plus d’un mois après l’opération, puisque leurs animaux ne survivaient que tout au plus 34 jours, or, nous avons fait remarquer que la muqueuse se trouve encore à cette époque à l’état d’irritabilité particulière qui se traduit par une hypersécrétion. Et de plus, l'opération chez les chiens de ММ. Heiden- haïin et Sanotzky а été suivie de diverses complications, de nature sep- tique, locales et générales, aboutissant à la mort. Il est à supposer que ces complications, surtout locales, n’ont pas resté sans influence sur la fonction des glandes gastriques, et, il se peut bien, qu’elles favoriseraient l’hyper- sécrétion. Et enfin, M. Sanotzky fait remarquer qu’un de ses chiens était atteint de gastrite aiguë; les données concernant l'acidité de son suc s’ac- cordent avec ce fait. Ni M. Khigine, ni moi, nous n’avons jamais observé une acidité aussi faible que celle qui est indiquée dans le travail de M. Ба- notzky (0,0874; 0,175; 0,26%; 0,27% etc.). Il est vrai que M. Sanotzky explique ces cas par une neutralisation du suc avec du mucus, étant donnée une vitesse sécrétoire faible; mais, cette dernière а, été encore beaucoup plus 522 3. 0. LOBASSOFF, SUR L’EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE faible dans nos expériences, et cependant, nous n'avons jamais obtenu de chiffres aussi bas. Il est donc tout naturel de зопрсоппег dans les expériences de M. Sanotzky d’autres conditions que celle-là favorisant la neutralisation du suc par le mucus; cela nous fait croire que la quantité de mucus chez les chiens de M. Sanotzky surpasse de beaucoup la normale, or une sécrétion abondante de mucus indique sûrement un état inflammatoire de la muqueuse. En somme, il en ressort de tout ce qui précède que les données de ММ. Heidenhain et Sanotzky que nous venons d'analyser, concernant des chiens notoirement malades, ne correspondent pas à la réalité et ne peuvent aucunement infirmer les résultats que nous avons obtenus sur des chiens parfaitement bien portants. En résumé, la sécrétion du sac isolé selon le procédé de M. le professeur Heidenhain, s'établit après une longue période latente et tarit bien avant la terminaison de la digestion dans l’estomac entier. Cette sécrétion fournit très peu de suc; la proportion du ferment y oscille dans les limites restreintes et son pouvoir digestif ne surpasse jamais 5 mm. Les variations dans le début et la durée de la sécretion, dans la vitesse, dans la teneur en ferment, selon la nature des aliments et les modifications de tous ces caractères suivant les périodes du processus digestif, qui sont propres à la sécrétion des glandes normalement innervées, ne s’observent pas ici. La vitesse et la durée de la sécrétion est ici liée à la plus ou moins grande teneur en eau de la nour- riture digérée; plus une nourriture donnée renferme d’eau, d’autant plus abondante et plus durable sera la sécrétion. Il résulte de cette comparaison de la sécrétion dans deux sacs stomacals isolés par des procédés différents: l’un, avec integrité de son innervation l’autre, aux pneumogastriques sectionnés, 1° que tout le processus sécrétoire, dès son début jusqu’à la fin, est un acte reflexe, et 2° que la plupart des impulsions qui provoquent ou régissent cette sécrétion se transmettent aux glandes par les fibres du pneumogastrique. УШ. D’après les travaux de поз prédécesseurs et nos propres recherches, nous devons envisager le travail sécrétoir des glandes gastriques de la façon suivante. Toute la complexité et, en même temps, la fixité des caractères typiques du processus sécrétoire de l’estomac se traduisant par une adaptation. de ses glandes aux qualités des aliments sont sous la dépendance des relations SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 523 nerveuses fort complexes de cet organe. La sensation de l'appétit et le désir d’en satisfaire, ravivés par le manger, constituent la cause immédiate de l'apparition d’une sécrétion abondante très riche en ferment, bientôt après le repas (pas avant cependant qu’au bout de 5 minutes); cette sécrétion, suivant son mécanisme, porte le nom de sécrétion psychique; elle peut durer jusqu’à 4 heures, alors même que la nourriture avalée par l'animal тай abordé l'estomac; l’activité de cette sécrétion dépend des particularités indi- viduelles du chien en expérience ainsi que de la nature des aliments; ainsi, par exemple, la nourriture liquide, tels que: lait, bouillon, pour peu qu’ils produisent de la sécrétion, cette dernière n’est en tout cas que tout-à-fait insignifiante. Plus tard, pas avant qu’au bout de dix minutes après le repas, une sécrétion chimique reflexe vient se joindre à la sécrétion psychique; elle est due à l’action de l’eau et des excitants chimiques spéciaux, constitués par de substances extractives, sur les terminaisons muqueuses des nerfs centripètes. Dans certains aliments on trouve ces excitants chimiques tout formés, dans d’autres ils font défaut; mais ils peuvent se former aux dépens des albuminoïdes de substances alimentaires, dans un cas comme dans l’autre, lors de la digestion même. La sécrétion chimique persiste tant que l’estomac renferme des excitants chimiques de la sécrétion, soit, tant qu'il y ait de la nourriture dans l’estomac; d'autre part, la production d’excitants chimiques, dans les espèces de nourriture où ils manquent naturellement, se fait et est garantie grâce à la sécrétion initiale psychique. C’est dans ce sens que l’on appelle l’action énergique du sue psychique du nom d’impulsion à la digestion, et la sécrétion même de ce suc— sécrétion implusive. On trouve cependant des aliments dont l’ingestion ne provoque point de sécrétion psy- chique. Quel serait donc le mécanisme de l’impulsion à la sécrétion dans ce cas? Comme ce sont les substances riches en eau, il résulte que le rôle de la sécrétion impulsive joue ici la sécrétion reflexe provoquée par l’eau. La quantité de la sécrétion est subordonnée à la quantité d’excitants chimiques contenus dans une nourriture et à sa structure physique. Le suc chimique renferme moins de ferment que le psychique, or le pouvoir digestif du suc mixte, auquel nous avons affaire dans les condition normales d’alimen- tation, est une résultante des deux. A ces deux facteurs de la sécrétion viennent s’adjoindre deux autres, savoir: actions геНехез de la graisse et influence de l’amidon; ces substances ne déterminent pas de sécrétion d'elles mêmes, mais elles sont susceptibles de modifier le processus sécrétoire provoqué par deux premiers facteurs; ainsi, la graisse diminue l’activité sécrétoire et la teneur en ferment, quant à l’amidon, il augmente cette dernière. Les diffé- rents rapports réciproques de la durée et de l'énergie de l’action entre ces 524 7. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE о facteurs régissent la diversité des formes et les caractères typiques de chacune d’elle selon la nature des aliments. Les principaux changements que l’on observe dans la sécrétion, aux différentes périodes de la digestion, sont les suivants: 1° à mesure que № di- gestion s’avance l'effet du facteur psychique s ‘amande et la sécrétion psychique diminue de plus en plus; 2° la constitution chimique de la nourriture ingérée subit des modifications par suite de la digestion d’une part, et d'autre part, grâce à ce qu’une partie de la nourriture passe dans l'intestin; ce qui se fait, comme on le croit, avec une certaine sélection dont paraît jouir l'estomac, en n’évacuant que certains élements de la nourriture et en gardant certains autres; 3° l’action de certains facteurs en question varie à certains moments de la digestion comme énergie et comme quantité (graisse). Quant à l'influence du facteur psychique, vu son rôle important, elle а été traitée à part. Ainsi donc la sécrétion doit être considérée, à chaque’ moment donné, comme une résultante de l’action de tous les facteurs ci-dessus énumérés. L'influence de ces facteurs sur les glandes de l’estomac se transmet par l'intermédiaire des nerfs. Il faut admettre dans cet appareil nerveux l’existence des nerfs centripètes pourvus de terminaisons périphériques douées d’une excitabilité spécifique, l’existence des centres reflexes correspondants, et enfin, des nerfs centrifuges, véritables nerfs sécréteurs. Parmi les nerfs de la sécrétion il est à distinguer des fibres à signification fonctionnelle différente: les fibres qui accélèrent le travail des glandes et les fibres qui le dépriment; vu l’indé- pendance réciproque de l’élaboration du ferment et du processus sécrétoire lui-même, il faut aussi admettre des fibres nerveuses à part destinées à l’un et à l’autre de ces deux processus (accélératrices et inhibitoires. Toutes ces variétés de fibres appartiennent au pneumogastrique. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 525 APPENDICE. Nous présentons ci-après les expériences, non comprises dans le texte de cet ouvrage, relatives à l’influence de la graisse sur la sécrétion provoquée par la viande. Nous exposons à la suite les données relatives à la sécrétion avec la viande seule, afin de permettre la comparaison. Т. Ingestion de viande additionnée de graisse. Expérience 48. Expérience 108. Expérience 109. ие ne Le 18 Avril 1395. | Le 20 Juin 1895. | Le 21 Juin 1895. | ее ро ui 1995. за Le chien à mangé | Le chien а mangé | Le chien а mangé LE à ай Е 2 | 140 gr. de viande | 150 gr. de viande | 150 gr. de viande Е SO c.c 2 ladditionnées de 60 gr.ladditionnées de 50 gr.ladditionnées de 50 ог. |" d'huile rt 1 |d’huile d'olive. Péri- [de beurre fondu. Pé-lde beurre fondu. Pé- ces Dé odE я с а ; 7 : . > 1а- © ode latente 10 min. | riode latente 11 min. | riode latente 10 min. PO > Û = Ü 1 } тт Я 85 5) & ее 85 5 Я | 83 5 Е o 2 SE 5 5-5 Ex © © 5-я м Ф © == ро © © S £ р © © ==. Are ча ня хх Я на в = oO Я = à а o Я а De © Я £ © Яо ET о 2 © ET = ® о 2 2 < 5 © EU Фа a 2 Ge |2 се Я > С? т ри 1 > С? = a a <> 1 4,1 3,75 4,3 |3,0—6,0] 0,3908| 3,3 6,38 |0,2605| 5,0 | 6,0 10,469 2 | 1,6 | 2,75 3,6 | 2,75 |0,4038| 4,4 | 2,88 | 0,4559] 4,5 | 2,38 | 0,469 3 | 1,5 | 2,25 3.3 | 2925 |o,377el 4,6 | 1,75 |0,495 | 4,2 | 3,0 |0,482 41 2,5 | 1,33 28 | 275 |0,3388| 3,9 | 1,88 |0,495 | 4,7 | 3,25 | 0,5841 5 | 3,6 | 2,0 3,1 | 3,0 10,4299] 4,5 | 2,0 |0,495 6 | 43 | 3,25 28 | 30 10,3388] 4,1 | 3,75 | 0,4559 8 0,1 г р 0,4169] 2,5 3,88 | 0,4429 interrompue 1). 9 ? 10 0,6 20,3 3,38 28,4 | 2,75 |0,3648| 30,9 | 4,0 |0,4169 Durée de la sé- crétion . . . 71/, b. 91/, heures. 8 heures. 1) Cette expérience, de même que certaines autres, а été interrompue à certaines époques où on administrait au chien de la nourriture, afin qne la digestion entravée sous l’influence de 9) ^ . « » » la graisse ne donnât lieu à un état catharral de l'estomac. 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE IT. Ingestion de viande après l’introduction préalable de la graisse dans l’estomac. © в + 10 De : © = D рю —4 (ere) © À |=] с .— $ = а и аЕ ur) o,2 РЯ = co == (= > 3 A 5 © ЕЕ D Ф моя а =. a SCT <> Зошо d + > = ‚а [sb] = ©O à s > ATEN Я з зы 2 ох |=] . = D пе - = Я à 5 2 д я ‘Я.Я 2 Se = со = © © a : Е = = с [22 An + = à £ = © -2 ol ee + = = LE = = 22 |=] = © = RE 5 ©? (en = 1| 133 | 7,25 |} 2 | 1,6 аль || 3 | 81 315 || 0,5341 4 | 75 | 3,0 | 5 | 6,9 | 6 | 7,6 | 3.0 |} Т’ехрёепсе est interrompue. La premiére goutte apparait au bout de 5 minutes après le repas, mais ou bout de 10 minutes on constata une dimi- nution notable de la sécrétion. Expérience 125. Le 10 Jouillet 1895. Expérience 127. Le 11 Jouillet 1895. Опа introduit dans l’estomac par la fistule 75 с. с. d'huile d'olive. Au bout d’une heure 30 minutes on évacua l’huile et on lui donna à manger 400 gr. de viande crue. en с. с. Pouvoir digestif, en mm. Acidité totale, Et DE en с. с. Pouvoir digestif, en mm. Quantité du suc, Quantité du suc, 4,3 | 4,95 | 0,5081 2,0 | 4,0 5,3 | 3,0 |0,521 |) 4,5 | 1,5 |0,521 3,8 | 1,75 | 0,5081 Expérience 110. Le 23 Juin 1895. d'huile d'amandes douces, Au bout de 20 minutes оп lui donna .400 gr. de viande crue. . On a introduit dans l'estomac 50 с. с. еп с. с. en mm. en 9. Pouvoir digestif, Acidité totale, Quantité du suc, 0,4169 0,5536 0,5406 0,521 0,5471 0,5341 L’expérience est | L’expérience| L’expérience est est interrom- pue. interrompue. interrompue. Apparition de la première goutte de suc 5 minutes après le repas. Expérience 205. Le 10 Janvier 1896. On а introduit dans l’estomac par la fistule 100 gr. de beurre de crême. Une heure après on lui donna à manger 400 gr. de viande. Quantité du SG, епе: ©. Г’ехрёчепсе cst interrompue apparition de la première goutte 11 minutes après le repas. SPÉCIFIQUE DE LA MUQUEUSE DU CANAL DIGESTIF. 527 Ш. La graisse est introduite dans l’estomac simultanément avec l’ingestion г de viande. Expérience 105. Le 16 Juin 1895. Expérience 113. Le 26 Juin 1895. Le chien а mangé 400 er. de viande crue] Le chien а mangé 150 gr. de viande: on lui introduisit en même temps par la | оп introduit au momement même 50 с. с. | fistule gastrique 50 с. с. d'huile. d’huile d'amandes douces. Période latente — 7 minutes. Période latente — 10 minutes. Temps en heures. Quantité du Pouvoir dige-| Acidité to- | Quantité du [Pouvoir dige-| Acidité to- suc, en с. с: | stif, en mm. | tale, en ©/,. | suc, en с. с. | stif, еп mm, | tale, en а | 0,3908 0,4169 0,4885 0,5341 0,5471 0,521 0,4691 < s = Gt O1 C0 0,4559 0,5081 0,521 NI O CR À D <. NI EUR 62 D © © N © сл D = © © Qt © < L'expérience est interrompue. 43,9 4,25 0,521 La sécrétion à duré 7 heures. ТУ. La graisse est introduite dans l'estomac une heure après le repas. HD ete Dir IL а RP. Expérience 153. Le 4 Octobre 1895. Le Ghlen 2 mangé 60 ae de meme Que Le chien а mangé 400 gr. de viande, une/heure après ce repas on и infro- | une heure après on lui introduisit par la duisit par la fistule 150 с. с. d’huile tale 100 en d'htile Cole d'amandes douces. BR г Quantité du [Pouvoir dige-| Acidité to- | Quantité du |Pouvoir dige-| Acidité to- sue, еп с. с. | stif, en mm. | tale,en0/,. | suc, en с. с. | stif, en mm. | tale, en ©. Temps en heures. 1 9,3 1) 0,521 8,9 1) 0,5275 2 2,9 2) 0,5471 2,4 2) 3 1,6 0,4429 0,2 Si 5 6 0,469 12 5 5,6 . . 2 6 5,2 0,4559 19 : 0,452 7 4,1 0,495 5,1 1 0,5081 8 1,5 5,0 1 0,5275 9 4,5 1 0,5341 4,5 1 0,5341 4,6 1 0,521 4,5 1 0,521 2,5 3 0,6 RE | RS В ЕВЕ ЕЕ НЕЕ 39,9 3,75 | 0,482 51,0 288 | 0,5145 La sécrétion а duré 81/, heures. La sécrétion a duré 131/, heures. 1) Avant l’introduction de la graisse. 2) Après l'introduction de la graisse. 528 1. 0. LOBASSOFF, SUR L'EXCITABILITÉ SÉCRÉTOIRE ETC. Sécrétion à l’ingestion de 200 gr. de viande crue (4 expériences). ie Pouvoir digestif Quaatité du suc, en en mm., c. c. pour 1 heure. d’après Mette. Acidité totale, en 0}, НС]. Temps en heures. Minimum Maximum Minimum Moyenne. Maximum Minimum Я =) Я 4 Е = 0,495 | 0,5356 0,5471 | 0,5649 0,521 | 0,5518 0,521 | 0,5470 0,5180 | 0,5405 0,495 | 0,5065 > > > © Qt © C9 O9 © D © À © DAO© 1 © © < < < Qt < <. O9 > 92 $2 O0 > D 1 © ON © хх O1 Qt <. <. < номе <> бо 06 © а Pour toute la du- rée de la sécrét. 3,4 3,76 | 0,5827 | 0,5167 | 0,5465 49,6 | 36,2 | 42,1 | 4,0 Période latente — 5 minutes. Durée de la sécrétion — 61/, heures (6—7 heures). Quantité du suc, en RE Acidité totale, с. с. pour 1 heure. d’après Nette: en % НО. Temps en heures. 0,5911 0,5508 | 0,5408 || 0,5470 0,5373 || 0,5451 0,5449 0,5503 0,5508 0,5489 сх х_ < © дс © © > © © © I © Où HR 09 ND = > OUR O9 C0 C0 ER à À © © DO II O = CN — <> Pour toute la du- rée de la sécrét. 0,5437 99,1 | 70,0 | 784 | 45 2,75 | 3,53 | 0,5799 | 0,5962 Période latente — 7 minutes. Durée de la sécrétion — 913 (81/,—101/, heures). = $ —— — D а — 298 АРХИВЪ _ МОЛОГИЧЕСКИХ У НАУЕЪ | ИЗДАВАЕМЫЙ _ MMIEPATOPCRUMB ИИСТИТУТОМЪ : . . Tr МЕДИЦИНЫ ЕЕ ©С--ТТЕТГЕРЬ У РГБ. Томъ У. Выпускъ 1-й. — ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES _ РОВЫЕЕ$ PAR L'INSTITUT IMPÉRIAL | DE MÉDECINE EXPÉRIMENTALE . A ST-PÉTERSBOURG. — _Тоше У. №1. —- о С.-ПЕТЕРБУРГЪ. 1897. _ Французское изданйе- — Édition française. ее: _ Де la rate ты les globules blancs du sang et ‘le во b Ouskow et А. Sélinow . . . . - . . . а. _ Quelques particularités de la position du médiastin antérieur dessins dans le texte. Par, М. А. В. Voïnitch-Sian - Фе l’influence de certains ete pathologiques sur les pro Première ComynICAONSE DR. bactéri ides — я. Е У Е LES, Er: : : = sont ee еп. deux — en russe et пою м о de 6 feuilles environ, — forment chaque année u Fe М ins et е figures dans TD Te MR un = SRE ro Les (> 4 S $ È POS + р 5 ; Ù 2 © А ое = = Prix и l'abonnement: Е * = : Pour l'édition russe: tee г Ве Et Ce DITES Russie . | Étranger . RS Me Re Dre 2 Etang. ы к Е: : я . % = Les Е пе se vendent pas séparement. р on ‘s'abonne: ee: ne А ЕВ а | à St. Pétereboure: au bureau dE d'nstitub de © занос LRQ : ne т а ‚Ва, a о à С à Un OCT 7 . pu АРХИВЪ _ ЫОЛОГИЧЕСВИХЪ ПАУВЬ ИЗДАВАЕМЫЙ ИМ ИЕРАТОРСКИМЪ ИНСТИТУТОМЪ _ ЭКСПЕРИМЕНТАЛЬНОЙ МЕДИПИНЫ BB C--IETEPEY РГА. Томъ У. Выпускъ 2-й и 3-й, о ARCHIVES 2 DES SCIENCES BIOLOGIQUES PUBLIÉES PAR — | о L'INSTITUT IMPÉRIAL DE MÉDECINE EXPÉRIMENTALE ‚ А ST.-PÉTERSBOURG ne | Tome V. X 2 et № 3. — 63e — ° C.-HETEPBYPTH. 1897. — ses pa HUYV3CKO6 изданйе. — Édition française. SOMMAIRE. FAG,. De l’antitoxine contenue dans le sang et les organes des chevaux immunisés contre la diph- térie- Par M:5.,K-DZ8eTisOWSEY.S eu SENTE DA NES RE EE AS 123 Les vaccinations antirabiques à Odessa. Rapport annuel de la station bactériologique ! d’Odessa pour l’année 1895. Par M. le docteur P. Diaptroptoff. .:. . . . . . . АБЫ: Contribution à la question du lieu où se forme Гигёе chez les mammifères. Par MM. M. Nencki et L'P'PAvLOw 2 А 163 Sur le dosage de l'azote dans les corps organiques par le procédé de Kjeldahl- “Wilfarth. Par M. В. de Bôbtlinpk Sert ex SE RC TITI RS EN RE à er RME 176 De l'influence de certains agents pathologiques sur les propriétés Е. du sang. Deuxième communication: Des propriétés bactéricides du sang dans l’excitation dou- loureuse, dans l’inanition et dans les troubles proies Par М. Е. $. London. 197 Contribution à l’étude de la fonction hématopoétique de la moelle osseuse. Par M. I. P. г RoïotzKy US ; 221 De la composition chimique de l’hémine et de l'hématine obtenues par ie procédés difré- rents. Par M. M. Bial CSI SU NS PAPER PET RES AE CE 283% Sur les rapports biologiques e la matière colorante des feuilles et celle du sang. Par _ М М ево + 30 au MN EU RARE 254. Sur l'effet des injections sous-cutanées ‘de virus fixe de la rage. Par M. le Dr. W. eRrdionchkine ss He OPA RAR DR NS En ete 261 . LES ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES > sont publiées en deux langues: en russe et en français. L'édition russe et l'édition française paraissent en même temps 5 fois par an par numéros de 6 feuilles environ et forment chaque année un volume de 500 pages avec planches et figures dans le texte. - Prix de l'abonnement: Pour l'édition russe: — Риш Е. и Е АН 6 гы. Russie . .... И Е 1% Étranger. . Fu NE SCORE Les numéros ne se vendent pas séparement. On s’abonne: à St. Pétersbourg: au bureau de l’Institut de Médécine men (Apte- karsky Ostrow); à la Librairie С. Ricker, perspective Nevsky 14. à Leipzig: à la Librairie C. Ricker, Koenigsstrasse 20. à Paris: chez Reinwald & Co., libraires-éditeurs, 15 rue de Saints-Pères. о мн |. APXUBE ‚ММОГИЧЕСКИЬ НАУКЪ | ИЗДАВАЕМЫЙ _ — © ИМИЕРАТОРСЕНМЪ ИНСТИТУТОМЪ — ЭКСПЕРИМЕНТА ЛЬНОЙ МЕДИЦИНЫ В C--IIETEPEV РГБ. -. Томъ У, tes 4-й И 5-Й, е ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES PUBLIÉES PAR | и: р L'INSTITUT IMPÉRIAL DE MÉDECINE EXPÉRIMENTALE | A ST.-PÉTERSBOURG- | Tome У. X 4 et № 5. . FT Ut С.-ПЕТЕРБУРГЪ. 1897. ) Французское изданйе. — Édition française. ЗОММАТВЕ. = и > à ——— ый < x ñ pas. Influence de l’extirpation du corps thyroïde chez le chien sur la quantité et les tre des: : globules blancs du sang. Par M/le Docteur. W. E.-Pokrovsky кос ls 819 Goudron de genévrier au point de vue chimique et bactériologique. De M. Witold de; Зе 01, шарике en phañmaciet и ес tee - . 845, О Sur la question de l'oxydation de l’urobiline en uroroséine. Par М. S.5.Salaskine "1 315 Meet биг le sucre des élements muqueux de l’organisme animal. Par М. M. В. Jazéwitch . . 379 о А A Sur les modifications de la constitution chimique de organisme dans l’inanition, Par М.В. = у, я О О SN ere т. Е. . 395 Зи de Sur l’action bactéricide du suc gastrique. Par M. Е. 5. London : . ... . . . . . , AIT Un” Sur l’excitabilité sécrétoire spécifique de la muqueuse du canal digestif. ARE mémoire: а Sécrétion gastrique chez le chien. Par М. le Dr..J. 0: Lobassoff с. Л: В Ha $ ее < den и 3 у \: a a À PRO CARRE LES ARCHIVES DES SCIENCES BIOLOGIQUES nt sont publiées en deux langues: en russe et en français. а x 4 L'édition russe et l'édition française) paraissent en même temps 5 fois par an LANCE и par numéros de 6 feuilles environ et forment chaque année un volume de 500 pages | HAN _ avec planches et figures dans le texte. dis о Prix de l'abonnement: > У и. É 7 р sk . . ` } д м. Pour l'édition russe: = “Pour l'édition française: _ Е ОС 6 TbL Rusgie.. .:.. , 2422, TD Ébranger 7 star de 7 » Étranger. . . . . и. Ne Les numéros пе se vendent pas séparément, | ва Rs ie ire On s’abonne: à St. Pétersbourg: au bureau de l’Institut de Médécine Expérimentale (api AN - karsky Ostrow); ей ‚я à la Librairie С. Ricker, perspective Nevsky 14. - | ‚а Leipzig: à la Librairie C. Ricker, Koenigsstrasse 20. à Paris: chez Reinwald & Co. libraires-éditeurs, 15 rue de Saints-Pères. : ( “ ) Lex . 0 2: ь С N < — - 4 = | 9 ‘ es $ = L 2 À у т si à > 4 р # x Ca Ц ы | \ tre 4 A 18 ii + oc