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ANNALES

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MUSÉUM NATIONAL

D’HISTOIRE NATURELLE,

PAR

LES PROFESSEURS DE CET ETABLISSEMENT^ OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES, TOME CINQUIÈME,

A PARIS,

Chez LEVRAULT , SCHŒLLet Compagnie, Lier a ires , rge DE SeineF.-S.-G.j et a Strasbourg, chez LEVRAULT et C.’e

A N XIII. ( i8o4 ).

i

f

NOMS DES PROFESSEURS.

Messieurs ,

H AUY Minéralogie.

Faujas-Saint-Fond . Géologie , ou Histoire naturelle du Globe.

Fourcroy Chimie générale.

Vauquelin ...... Chimie des Arts.

Hesfontaines Botanique au Muséum.

A. L. JussiEIT Botanique à ïa campagne.

A. Tiioüin _ . Culture et naturalisation des yégétaux,

Geoffroy Mammifères et oiseaux

Lacépède Reptiles et poissons ....... .1

Famarck Insectes, coquilles, jnadrépores

etc. y ... ,1

PoRTAL Anatomie de l’homme.

Cuvier Anatomie des animaux.

Vanspaendonck. y . . Iconographie , ou l’art de dessiner et de

peindre lee productions de la Nature,

NOTICE "

SUR L’EXPÉDITION

A LA NOUVELLE-HOLLANDE,

E NTREPRISE pour des recherches de Géographie et d* Histoire naturelle.

Par a. L. JUSSIEU.

L’histoire naturelle doit ses collections les plus précieuses, et une partie de ses progrès aux voyageurs zélés et instruits qui ont abandonné leurs foyers pour aller parcourir des pays éloignés , souvent déserts et peu connus. Nous con- servons avec reconnoissance et respect dans l’histoire de la science , le nom des naturalistes Français qui, à diverses époques, ont enrichi ce pays de productions étrangères , soit vivantes et maintenant acclimatées sur notre sol, soit faisant partie des collections formées pour l’instruction pu- blique. Quelques-uns ont rapporté et publié eux -memes le fruit de leurs travaux ; d’autres ont succombé aux fatigues d’un long trajet, aux intempéries des divers cliirals, aux attaques des peuples sauvages qu’ils alloient visiter avec des dispositions amicales; et tantôt les objets recueillis par eux «ont seuls arrivés jusqu’à nous, tantôt nous avons perdu en 5. i

2 ANNALES DU MUSEUM

même temps ces voyageurs et leurs collections , ou nous sommes restés incertains sur le sort des uns et des autres. Les revers en ce genre ont été plus fréquens que les succès. Quel intérêt ne doivent donc pas inspirer ces hommes zélés qui se dévouent aux dangers d’une pareille entreprise?

Lorsque le Gouvernement ordonna en l’an vf[[ une ex- pédition à la Nouvelle-Hollande, sous la conduite du capi- taine Baudin, pour des recherches de géographie et d’his- toire naturelle, une commission de l’Institut fut chargée de choisir les coopérateurs de ce grand travail et de leur donner les instructions nécessaires. On lit choix de personnes ins- truites dans chaque partie, joignant au savoir un grand zèle et un goût décidé pour les voyages. . Tout faisoit pré- sumer un heureux succès, sur tout lorsque parmi ces voya- geurs on comptoit ceux qui avoient partagé, sous le même chef, les fatigues d’une navigation précédente en Amérique, et qui n’iiésitoient pas à s’embarquer de nouveau sous ses auspices.

Quelques circonstances imprévues dérangèrent ces com- binaisons. La maladie força plusieurs de ces navigateurs de s’arrêter à l’Ilc-de-France ; des craintes de manquer de vivres, et des mécontentemens retinrent plusieurs autres, et lorsque Baudin partit de celte colonie, il n’avoit sur ses deux vaisseaux que MM. Bernier, astronome; Boulanger , géographe; Mangé, Péron et Levillain , zoologistes ; Les- chenaut, botaniste; de Pusch et Bailly, minéralogistes; Riedlé, Sauticr et Guichenot, jardiniers ; Lesueurel Petit qui , embarqués sous un titre vague, furent substitués aux dessinateurs restés à l'Ile-de-France.

Les premières descentes sur la terre désirée de la Nou'’

d’ H r s T O t R E naturelle, 5

Vellc-Hollanile furent dangereuses et manquèrent devenir funestes pour plusieurs. Cependant ils ne furent point dé- couragés parce mauvais débuts et ils saisirent avec ardeur les occasions peu nombreuses de visiter ces plages inconnues. Lorsque les vaisseaux abordèrent avec des équipages fatigués à Timor /l’une des îles de l’archipel d’Asie qui “avoisinent les Moluques, ces naturalistes, las de leur oisiveté, se bâ- tèrent de recueillir les productions de ce lieu. Riedlé, jar- dinier, à peine convalescent d’une maladie éprouvée dans la traversée, se livra trop tôt à la recherche des plantes dont il vouloit enrichir le jardin de Paris, et il succomba bientôt à une nouvelle rechute, après avoir déjà formé une collection assez nombreuse. Maugé, zoologiste, animé du même zèle, négligea pareillement le soin de sa santé pour s’occuper de la recherche des animaux ; il n’étoit pas encore bien rétabli, lorsqu’il fut obligé de se rembarquer pour aller visiter les terres situées au midi de la Nouvelle-Hol- lande. Cette partie de la navigation procura des notions positives sur plusieurs points de géographie et des collec- tions nombreuses en animaux et végétaux: mais elle devint fatale au zoologiste Levillain et au jardinier Sautier qui furent , comme Riedlé, victimes de leur zèle. Maugé les suivit de près, et termina sa carrière à l’île Maria, voisine de la terre de Diémen. Il avoit été avec Riedlé, compagnon de Baudin dans.son premier voyage en Amérique ,*et c’étoit à leurs soins réunis que le Muséum , auquel ils étoient at- tachés tous deux, de voit les productions nombreuses des Antilles qui avoient enrichi en l’an vi , ses serres chaudes et ses galeries, et leur perte fut vivement sentie par toutes les personnes faisant partie de cet établisse ment.

1*

4

ANNALES DU MUSEUM Les deux vaisseaux , après avoir traversé le dcfroit d’Eiî- trecasteaux sur les côtes de Diéuieii^ et visité plusieurs de ses ports et de ses îles^ furent séparés et ne purent se réunir cju’en messidor an x, au port Jackson, dans la Nouvelle- Hollande, ils reçurent des chefs de cette colonie Anglaise tous les secours nécessaires pour le rétablissement de la santé de leurs malades et pour leur approvisionnement.'

Ici se termine la partie du voyage faite par les deux hâti- mens réunis. Le capitaine Baudin craignant de perdre dans une nouvelle excursion les animaux et végétaux vivans ras- semblés par ses soins et ceux de ses collaborateurs, se dé- cida à réunir sur le vaisseau le Naturaliste toutes les col- lections déjà faites par les deux équipages, et à l’expédier directement pour France sous la conduite du capitaine Ha- melin qui l’avoit toujours commandé depuis son départ d’Europe. De Pusch , minéralogiste, dont la santé étoit très- altérée , profita de cette occasion pour revenir se rétablir dans sa patrie; mais trop foible pour supporter un si long trajet, il fut forcé de s’arrêter à l’Ile-de-France il mourut après avoir langui pendant quelques mois. Le capitaine Ha- melin , aux approches de France, fut visité par un vaisseau anglais qui, malgré son sauf-conduit, le mena dans un port d’Angleterre des retards lui firent perdre un temps pré- cieux et beaucoup de végétaux vivans. Il aborda au Havre,, en prairial an xi; sa collection embarquée sur la Seine,, arriva heureusement à Paris, et donna une première idée très-avantageuse de l’expédition.

Baudin avoit quitté le port Jackson à la fin de brumaire de la même année avec le vaisseau le Géographe ^ et un petit bâtiment plus propre aux observations des cotes dont il;

d’ HISTOIRE NATURELLE. 5

J)oii voit mieux se rapprocher. Cet officier conservoit encore sur son bord Bernier et Boulanger qui concoururent avec les officiers de marine aux travaux astronomiques et géo- graphiques ; Leschenaut qui resté seul hotaniste , ne voulut pas, quoique malade, abandonner rexpédilion; Pérou que le même motif relint pour les recherches de zoologie que lui seul pouvoit suivre, et dans lesquelles il s’associa son ami Lesueur , devenu par circonstance dessinateur et na- turaliste; Bailly qui devoit s’occuper de la minéralogie; Petit, chargé de dessiner les hommes, les costumes , les habitations et les ouvrages de l’art; Guichenot enfin qui, seul jardinier, chercha à augmenter les herbiers, à recueillir beaucoup de graines , à rassembler beaucoup d’arbres vivans.

Cette partie du voyage dans laqnelle on visita avec soin la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande et quelques îles adjacentes, ainsi qu’une portion des côtes occidentales, fut fructueuse en tous genres. Plusieurs points importans de géographie furent fixés, et on recueillit pour le Muséum une collection plus considérable que celle qui avoit été déjà expédiée. Le capitaine avoit coopéré lui-mèine aux re- cherches de zoologie , sur-tout pour la partie des oiseaux. Ap rès six mois de course, on relâcha de nouveau à Timor, pour y faire provision d’eau, et attendre le moment favo- rable d’entrer dans le golfe delà Carpentarie dont l’examen détaillé devoit être le complément des travaux de cette expédition.

Dans cette traversée heureuse de plusieurs manières, on n’avoit perdu aucun des naturalistes; mais Leschenaut, trop foible pour continuer ses recherches, fut forcé de rester à

6 ANNALESDU5IUSÉU1M

Timor d’où il se rendit à Batavia dans Fintcntion d’jr séjourner quelque temps, et de profiter ensuite d’une occa- sion pour revenir eu Europe. Des lettres reçues de lui par sa famille, annoncent que le repos a rétabli sa santé, qu’il a pu faire à Java de nouvelles reclierches botaniques, et qu’il se dispose à repartir.

Baudin essaya avec ses autres compagnons de gagner le golfe qu’il devoit visiter ; mais après plusieurs efforts in- fructueux , combattu par les vents contraires, fatigué ainsi que son équipage par une tourmente continuelle, privé de son astronome Bernier qui mourut universellement regretté, n’ayant pu faire que quelques observations et collections médiocres sur divers j^oints voisins de cette côte septen- trionale inabordable; voj^ant la maladie sur son bord, et affecté lui-mèrne très-gravement , il se décida enfin à faire voile pour rile-de-France il arriva en fructidor an xr, dans un état de dépérissement qui le conduisit bientôt au tombeau.

Le capitaine Milius fut cîiargé de ramener son vaisseau en Europe avec les collections nouvelles , augmentées de quelques productions vivantes de l’Ile-de-France. Dans une relâche au Cap-de-Bonne-Espérance, on embarqua encore des plantes et des animaux vivans donnés par le Gouver- neur. Après une traversée heureuse, le capitaine vouloit entrer dans la Loire il auroit trouvé pour son dépôt des moyens faciles de transport par eau jusqn’à Paris; mais contrarié par les vents, et craignant pour ses plantes les suites du froid qui se faisoit sentir aux approches des côtes, il fut obligé d’aborder au mois de floréal dernier , au port de l’Orient, d’où les collections ont été transportées par

d’ HISTOIRE NATURELLE. 7

terre, mais oon sans perte, soit de plantes, soit d’animaux vivans. Une partie de ces objets destinée à S. M. l’impéra- trice, a été portée à la Malmaison, l’autre est déposée au Muséum d’histoire naturelle.

De toutes les collections qui nous sont parvenues des pays éloignés, à diverses époques, celle-ci apportée par les vais- seaux le Naturaliste et le Géographe , est certainement la plus considérable, sur-tout dans le règne animal. Celle du' Muséum est très-angmentée par le grand nombre d’espèces nouvelles recueillies dans celte expédition, et la science y gagne en même proportion. Il est de notre devoir de pré- senter ici un état abrégé de ces acquisitions, soit pour fixer les idées du Gouvernement et des Savans sur les avantages d’une expédition qui avoit été jugée défavorable, soit pour payer aux hommes laborieux qui ont surmonté tant d’obs- tacles pour rassembler ces objets épars, le tribut d’estime et de reconnoissance que la nation leur doit.

On ne sera pas étonné que dans une recherche bornée à des côtes, la plupart désertes ou couvertes de bois, qui n’of- froient ni montagnes élevées, ni ravins pour apercevoir les diverses couches de terre, ni aucun travail d’exploitation, les minéralogistes de Pusch et Bailly, n’aient pu recueillir qu’un petit nombre de minéraux insuffisans pour donner une idée exacte de la géologie de ce pays. Ce qu’ils ont rap- porté, servira au moins à faire connoître généralement la surface des terrains qu’ils ont visités, et à indiquer la dis- tinction des époques auxquelles ont été produites les subs- tances minérales qui occupent ces terrains.

En botanique, des collections nombreuses et soignées de plantes vivantes et sèches, de graines, de fruits, d’échan- tillons de bois , ont été commencées par Biedléet Sautier,

s

ANNALES DU M U S U M

et continuées par Guiclienot resté seul après eux. Les-* chenaut a rendu des services iinportans en recueillant , décrivant et dessinant lui-même plus de 600 espèces qu’il croit nouvelles, et dont plusieurs pourront constituer des genres et peut -être des ordres nouveaux. Les recherches les plus importantes ont été faites à la côte sud-ouest de la Nouvelle - Hollande , et dans les relâches aux terres de Nujts , de Lewin , d’Endracht et d’Edels , régions pour la plupart non visitées par les Anglais. Des graines re- cueillies avec soin parle botaniste et le jardinier, semées à la Malmaison , au Muséum , à Montpellier et dans d’autres lieux méridionaux, et levées pour la plupart, donnent Ees- poir de naturaliser en France quelques productions de cette partie du monde. Nous citerons ici le lin de la Nouvelle- Zélande qui réunit le brillant de la soie à la force du chanvre; les bois de caszmr/zza et de , supérieurs, pour les

ouvrages de marqueterie, à beaucoup de ceux qu’on emploie; le bois de cèdre des Anglais ; \ eucalyptus s’élève à la hauteur de i5o pieds, sur un tronc de 24 pieds de contour, et dont la résine odorante peut devenir un médicament très- recherché. Tous ces plants nouveaux germés dans notre cli- mat et habitués, en naissant,à notre sol, nous dédommageront de la perte d’une partie des plantes qui avoient été transplan- tées et arrangées avec soin dans cent caisses dont chacune contenoit i5 ou 16 pieds vivans. Enfin un herbier de i5oo espèces dont les échantillons sont multipliés et bien conser- vés, offre aux botanistes les moyens d’augmenter le do- maine de la science dans cette partie.

La nation Européenne qui habite un point de la Nouvelle- Hollande , pourra cependant rivaliser avec la nôtre pour les recherches dans le règne végétal auxquelles plusieurs de

d’ HISTOIRE NATURELLE 0

ses savans se sont livrés; mais ils ont en général négligé la partie des oiseaux dont nous possédons maintenant une série très-nombreuse, commencée par l’infortuné Maugé, enrichie de quelques objets par Baudin et Levillain, mais due par- ticulièrement aux soins assidus des jeunes Pérou et Lesueur, amis inséparables qui se sont aidés mutuellement. Le pre- mier, resté seul zoologiste de l’expédition, ne s’est plus tenu aux observations physiques et anatomiques auxquelles il s’étoit d’abord plus spécialement consacré , il a embrassé encore avec zèle les autres parties de la zoologie. Lesueur, chargé seulement de dessiner les animaux , crut devoir joindre à cette fonction celle de collecteur, et Pérou reconnoît qu’il doit beaucouji à ce compagnon fidèle qui , tantôt parcouroit les côtes ou s’enfonçoit dans les terres avec lui, tantôt resté dans le vaisseaTii , préparoit et dessinoit les objets récoltés par son ami pour abréger son travail et lui faciliter le moyen de se livrer sans partage à de nouvelles recherches. Le nombre des animaux qu’ils ont rapportés est considé- rable ; ils sont bien conservés, et beaucoup sont absolument nouveaux. Pérou a décrit sur les lieux une grande-partie des objets, suivant une méthode uniforme qui embrasse l’orga- nisation, les moeurs ou habitudes , les noms et les usages du pays. On trouve dans cette collection les coquillages qui fornient la nourriture principale de quelques habitansde la terre de Diémen; une suite nombreuse d’holoturies, ani- maux marins qui sontdans l’Inde une nourriture recherchée, et y deviennent pour eette raison un objet précieux de com- pierce ; divers quadrupèdes qu’il seroit facile d’acclimater en France, et surtout plusieurs espèces de kanguroos dont la fourrure est bonne et la chair excellente; le phas- 5. ' ^

ANNALES DU MUSÉUM colonie également bon à manger, et que l’on rendroit aisé- ment domestique ; le casoar de la Nouvelle-Hollande , vivant au Muséum, dont la chair participant de celle de la dinde et du cochon de lait , seroit un mets agréable; le cygne noir, existant à la Malmaison , que sa chair tendre et son duvet très-fin peuvent rendre utile pour nos basse-cours, en même temps qu’il contribuera à l’ornement de nos pièces d’eau ; le faisan à queue de lyre qui par sa forme et la beauté de son plumage peut encore briller à côté du paon de nos ré- gions. Passant sous silence beaucoup d’autres animaux utiles , nous terminerons cet article par le relevé du rapport des professeurs du Muséum qui , chacun dans sa partie , ont fait l’inventaire de celte collection zoologique, en présen- tant ici , sous forme de tableau et en trois colonnes, le nombre desnndividus rapportés, celui des espèces différentes avec la distinction de celles qui sont nouvelles.

Classes d’animaux. Nombre d’individus. Nomb. d’espèces. Espèces nonvelleS;.

Mammifères

125

68 .

. . 32

Oiseaux

912

»

289 .

« . i44

Quadrupèdes et bipèdes ovipares. .

234

60 .

. 4i

Reptiles

53

te

38 .

. , 26

Poissons

592

54o .

. . i85

Crustacées et arachnides. ....

4i4

i53i .

. . i34

Rchinodermes

686

.

280 .

. . 24i

Teslacées

10000

te

1232 .

. . 64o

Vers

3o4

34 .

. . 28

Insectes .

4218

te

10 43 .

, . 880

Zoophyles . . .

876

335 .

191

TotAL

i84i4

4

3873

. 3543

Ainsi d’après ce tableau, la collection zoologique du Mu- séum est enrichie de ^54 2 espèces nouvelles, et d’un grand nombre qui lui manquoient parmi les i35o déjà décrites

N

11

d’ HISTOIRE NATURELLE.

dans quelques ouvrages. De plus, la science a acquis plus de 2600 objets inconnus dont plusieurs formeront des genres et peut-être des ordres nouveaux. Le nombre considérable d’individus doubles servira, soit à obtenir par des échanges les objets qui peuvent encore manquer dans la collection générale, soit à augmenter celles qui existent dans les prin- cipales villes de l’Empire. Nous ajouterons que 960 peintures ou dessins du jeune Lesueur attestent encore son zèle et son activité.

Tel est l’exposé simple des travaux d’une réunion de voyageurs naturalistes dont plusieurs ont succombé aux fa- tigues d’une navigation longue et difficile. Ceux qui leur ont survécu ont cherché à adoucir pour nous le sentiment de cette perte en multipliant leurs efforts pour que le but du voy age ne fût pas manqué j ils ont réussi au-delà de nos espérances. Notre devoir étoitde faire connoître les services qu’ils ont rendus à la science; mais notre tâche ne sera par- faitement remplie que lorsque nous aurons obtenu d’un Gouvernement généreux et juste les récompenses dues à leurs travaux. Nous pensons que la première justice à leur rendre est de substituer (pour les appointemens) , aux naturalistes et peintres embarqués avec un traitement supérieur et restés à l’Ile-de-France, ceux qui, après leur retraite, ont rempli leurs fonctions, sur-tout lorsqu’ils l’ont fait d’une manière si distinguée. De plus , l’intérêt de la science sol- licite, en faveur de ceux d’entre eux qui ont des collections à publier, la conservation de leur traitement ipendant le nombre d’années nécessaires pour cette publication , et l’en- ’couragement du Gouvernement pour leur éviter les dépenses ^accessoires,

*

3

ANNALES DU MUSEUM

ANALYSE

Du Disthène de Saint-Gothard. Par LAUGIER.

Propriétés physiques ) histoire naturelle.

M. Haüy a nommé Disthène, c’est-à-dire, qui a deux forces, une substance qui portoit précédemment le nom de scliorl bleu, de sappare, de cyanite, à cause de sa couleur bleue céleste. Sa pesanteur spécifique est de 35i7. Sa forme primitive est un prisme oblique quadrangulaire ; sa molé- cule intégrante n’a pu être déterminée. Les plus beaux cris- taux de disthène se trouvent au Mont-Saint-Gothard; ils y sont, selon l’expression de M. Haüy, enchatonnés dans un talc feuilleté blanc ou jaunâtre, dont on peut les séparer avec un peu de soin 5 tels étoient ceux que l’on a examinés : ils étoient parfaitement purs et débarrassés de toute subs- tance étrangère à leur nature.

Le disthène se réduit assez difficilement en poudre très- fine. Cette poudre est d’une grande blancheur, et l’on di- roit en cet état qu’elle ne contient aucune matière co- lorante.

d’ II I s T O I II E NATURELLE. 1 5,

'Un petit fragment de cette pierre exposé à l’action du clialumeau n’a rien perdu de sa dureté; sa couleur seule- ment a été altérée, et a fini par disparoître entièrement au bout de quelque temps par la calcination. Son poids a di- minué d’environ un centième.

Examen chimique du Disthéne.

1. On a pris 5g5 parties de ce minéral réduites en poudre très-fine dans un mortier de porphyre, elles n’ont point augmenté de poids sensiblement par la pulvérisation. On les a traitées dans un creuset d’argent avec trois fois leur poids de potasse caustique très-pure. Le mélange ne s’est point fondu, quoiqu’on Fait fortement cliaulfé pendant une heure. Il avoit une couleur légèrement jaunâtre ; il n’a communiqué à l’eau dans laquelle on la délayé, aucune couleur; il s’y est seulement dissous en grande partie. On a versé dans ce mélange étendu de dix parties d’eau , do l’acide muriatique, jusqu’à ce qu’il y en eût un excès , la totalité s’y est dissoute, à l’exception d’une très-petite quan- tité d’une substance pesante et pulvérulente que l’on a jugée être du muriate d’argent provenant du creuset.

2. La dissolution évaporée lentement et jusqu’à siccité , s’est prise en gelée vers la fin de l’évaporation , et a donné un résidu pulvérulent d’un jaune citrin pâle. Ce résidu dissous dans l’eau a laissé une substance blanche qui, séparée du liquide, et lavée à plusieurs reprises, a été recueillie sur un filtre.

l4 ANNALES DU MUSEUM

Soumise à plusieurs essais ^ elle a présenté toutes les pro- priétés de la silice, mais elle étoit légèrement colorée : après' la dessication, elle pesoit ^,3i cent.

3. La licpieur contenant toutes les parties solubles du disthène, réunie au:; eaux de lavage de la silice, avoit une" couleur un peu jaunâtre; ou y a ajouté un excès d’acide dans l’intention de ne point précipiter la magnésie, si la pierre en contenoit, et on y a versé une dissolution d’am- moniaque qui y a formé sur-le-champ un précipité abondant très-blanc, et qui a retenu une quantité d’eau suffisante pour former une gelée. On a lavé le précipité après Favoir étendu sur un filtre , et comme il étoit vraisemblable, à en juger par l’apparence, qu’il étoit formé d’une grande quantité d’alumine, on l’a enlevé encore humide avec un couteau d’ivoire , et après l’avoir rassemblé dans une cap- sule de porcelaine, on y a ajouté une dissolution^ de potasse caustique. On sait que c’est un très-bon moyen de séparer l’alumine des substances qui se précipitent avec elle, et qui ne sont point comme elle solubles dans cet alcali. La po- tasse, ainsi que l’on s’y étoit attendu , a dissous la presque totalité de la substance gélatineuse, il n’est resté qu’une petite quantité d’une matière rougeâtre qui avoit toute l’ap- parence d’oxide de fer, et qui recueillie sur un filtre et rougie, pesoit o,i3 cent. Cette matière a été partagée en deux portions,* l’une^ dissoute dans l’acide muriatique, a donné un précipité d’un beau bleu par le prussiate de potasse ; l’autre, traitée au chalumeau, a communiqué au borax une légère couleur jaune verdâtre : à cette double propriété ^ on reçonnoît l’oxidç de fer, '

d’ HISTOIRE NATUREEEE. l5

4. Ap rès avoir filtré et étendu d’eau la dissolu tion alca- line qui contenoit l’alumine, on y a versé du inuriate d’am- moniaque liquide; il s’j est formé sur-le-champ un précipité très-abondant. Le mélange jetté sur un filtre y a laissé une substance qu’on nepouvoit méconnoître pour de l’alumine; cette substance bien lavée, séchée et rougie pesoit 5, 21 c. Pour ne rien laisser d’indécis sur sa nature, on en a séparé un gramme que l’on a dissous dans l’acide sulfurique à l’aide de la chaleur. On a ajouté dans la dissolution du sulfate de potasse, et on l’a abandonnée à la cristallisation ; on a obtenu de beaux cristaux d’alun de forme octardrique en quantité proportionnelle ù l’alumine employée , c’est-à- dire, pesant dix grammes.

5. La liqueur de l’expérience n.^ 3 d’où l’alumine avoitété séparée poiivoit contenir encore de chaux et de la magnésie; la potasse caustique qu’on y a ajoutée a en effet indiqué la présence d’une matière qui y étoit en dissolution ; elle a été sursaturée de cet alcali, évaporée à siccité, et le lavage du résidu a séparé une substance insoluble qui, sou- mise à l’examen et traitée par l’acide sulfurique a fourni 8 centigrammes de silice , et une quantité de sulfate de chaux qui représentoit trois parties ou trois centigrammes de cette terre.

6. On a dit que la silice obtenue dans la première expé- rience étoit légèrement colorée; cette couleur annonçoit "^qu’elle pouvoit n’étre pas pure, et l’on a cherché à l’amener à un plus grand degré de pureté en la traitant de nouveau lavée de l’acide muriatique. L’acide y a sur-le-champ dé- veloppé une couleur jaune foncée, et s’est coloré de

I

l5 ANNALES DIT MUSEUM

même nuance; apres avoir fait bouillir le mélange pen- dant une demi heure, on l’a étendu d’eau, lavé et jeté sur un filtre. Après cette opération, la silice sembloit parfaite- ment pure, elle étoit d’un blanc de neige , et elle avoit perdu Il centigrammes de son poids, d’où il suit qu’elle ne pesoit plus que 2,20. L’acide lui avoit enlevé 7 centigrammes d’alu- mine , et 4 centigrammes d’oxide de fer. Ces deux quan- tités réunies aux substances de même nature déjà obtenues portoient la première à 3,28 cent., et la seconde à 17 cen- .tigrammes.

En entreprenant cette analyse , on n’avoit point eu seu- lement en vue d’indiquer la natm'e et la proportion des principes contenus dans ledistbène, on s’étoit proposé une tâche plus difficile, celle de déterminer, s’il étoit possible, lanature de la matière bleue colorante qui distingue les beaux morceaux de cette pierre. Malheureusementnotre espoir ne s’est pas réalisé ; cette nuance bleue est si légère , que l’on a fait de vaines recherches pour en saisir la cause. On se permettra pourtant de hasarder une conjecture sur l’exis- tence de cette couleur ; on se croit fondé à penser qu’elle a beaucoup d’analogie avec celle du lapis lazuli les chi- mistes les plus habiles se sont efforcés, sans succès jusqu’à présent , de trouver autre chose que de l’oxide de fer. La couleur si belle du lapis , si inaltérable à l’air, et qui le rend si précieux pour les arts, est facilement détruite par la flamme du chalumeau ; la couleur du disthène ne change point à l’air , et disparoit bientôt par l’action d’une iorte chaleur. Ne pourroit-on pas leur attribuer la mêm« cause ?

\

D II I s T O I R E NATURELLE

On ne terminera pas ce travail sans rappeler que M. de Saussure le fils a donné une analyse du distliène de Saint- Gotliard. Les résultats qu’il a obtenus j comparés à ceux que l’examen de cette pierre nous a donnés, ne présentent pas beaucoup de différence. Si notre travail n’a pas le mérite de la nouveauté, nous aurons du moins l’avantage de nous être rencontrés avec un savant distingué, et d’avoir con- tribué avec lui à la connoissance intime d’une substance dont l’iiistoire chimique n’est pas sans intérêt pour la science des minéraux.

Selon M. de Saussure, loo parties de distliène contiennent

De silice 29-2 à 3o,62.

Alumine 55-» à 54, 5o.

Chaux 2-25 à 2,02.

Magnésie 2- o à 2, 3.

Oxide de fer 6-65 à 6.

Eau et perle 4- 9 à 4,56.

D’après noire travail , 5g3 parties de clislhène sont formées]

100,00 -100,00.

D’où il suit que pour 100 parties

l’on a

De silice. . Alumine Oxide de fer Chaux . Eau .

. 228 . 328

17

3

Silice . .

Alumine . Oxide de fer Chaux. . .

Eau . . .

Perle . i .

38. 50

55. 50 2,75 )),5o »,75

Perte

2,»

593

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..ANiNALES DU MUSEUM

: MÉMOIRE

SuRÎe Loasa , genre déplantés qui devra constituer avec le Mentzelia , une nouvelle famille.

Par a. L. de J U s s I E U.

D ANS la série des familles des plantes , à la suite de celle des on agraires, sont placés deux genres , Mentzelia et Loasa qui ont été rapprochés celte série naturelle, parce qu’ils ont , comme elle , un calice tuhulé. d’une seule pièce, divisé seulement à son, limbe; plusieurs pétales attachés au haut de ce calice entre ses divisions et en meme nombre; des étamines insérées au mènie point ; un ovaire engagé ' dans le calice et faisant corps avec lui; un .seul style et un fruit capsulaire-rempli de plusieurs graines: Ils diffèrent de la famille parle nombre indéfini cle leurs étamines, par l’unité de loge du fruit, qpi s’ouvre seulement par le haut en trois valves-, par l’attache des graines portées sur trois placentas appliqués contre les parois.de la capsule.

Si ensuite on compare ces deux genres entre eux,on voit que le Mentzelia di un calice dont le limbe tombe debonne heure, des étamines de deux formes différentes, les unes extérieures au nombre de dix, à filets élargis par le bas; les autres intérieures et plus nombreuses, à filets étroits dans toute

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2 . LOAS.V accrifolia .

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HISTOIRE NATURELLE.

leur longueur ; que son fruit est rempli seulement de cinq ou six graines. Le Loasa au contraire a le limbe du calice persistant ; ses pétales , souvent rétrécis par le bas ^ sont creusés en cuilleron à leur extrémité; ses étamines, nom- breuses et toutes à-peu-près égales, se rassemblent en cinq faisceaux placés devant les pétales et cachés dans leur con- cavité. Cinq écailles intérieures,d’une forme souvent bizarre, nommées nectaires par Linnœus, sont alternes avec les pé- tales, beaucoup plus petites et insérées au meme point ; elles sont ordinairement concaves à bords rentrans, entières ou lobées, toujours munies en dedans de deux filets sté- riles, nues en dehors ou plus souvent garnies de deux ou trois appendices extérieurs. Le fruit, couronné par les di- visions du calice, renferme un grand nombre de graines. Les feuilles du Loasa sont alternes dans quelques espèces , opposées dans d’autres, ou plus rarement on en trouve sur le même pied d’opposées et d’alternes. Ce dernier carac- tère a lieu également dans le Mentzelia dont toutes les par- ties sont tellement chargées d’aspérilés, qu’elle s’attache fa- cilement à tout ce qu’elle touche, et sur-tout auxvêtemens des passans. Dans les Loasa au contraire, les tiges et les feuilles, toujours plus ou moins couvertes de piquans, offrent l’aspect d’une ortie ; et Feuilléc qui a observé la pre- mière espèce, lui avoit donné pour cela le nom espagnol ortlga , parce que d’ailleurs sa piquûre étoit très-sensible. Ce nom a été changé par Adanson en celui de Loasa dont on ne connoît pas l’étymologie , mais que Jacquin à néan- moins adopté, lorsque dans ses Observations, part. 2 , pag. i5, t. 58, il a décrit une autre espèce qu’il a nommée L. urens. Il a le premier donné le caractère générique

3 *

20

A N N A L, E S DE U S É U M

exact du genre adopté depuis par les autres botanisLes , et sur-tout par Linnœus qui s’est contenté de changer le nom de Ltoasa en celui de Jboosa, et de substituer au noni spé- cifique urens celui de hispida.

Tell es étoient les conhoissances acquises sur ces deux genres dont les ouvrages généraux de botanique n’ofiroicnt qu’une espèce pour chacun,, lorsqu’il fut question de les classer dans l’ordre naturel. Leurs rapports extérieurs les rapprochoient telleînent des onagraires, que Tournefort a voit réuni le JMenlzelia à son genre onagre. Comme l’on n’a voit pas d’ailleurs assez d’espèces pour généraliser un caractère de famille , on se contenta de les laisser à la suite des onagraires en spécifiant leurs diflereiices.

Le nombre d’especes est maintenant augmenté ; Cava- nilies nous a fait connoître un Alciitzelia qui paroît diffé- rent du premier. Lorsque M. Lamarck s’occupa du I^oasctj dans le Dictionnaire encyclopédique; je lui communiquai cinq espèces nouvelles de l’herbier fait au Pérou par mon oncle Joseph de Jussieu ; il les publia , et elles ont été depuis adoptées par Wildeno^v. Maintenant je retrouve dans l’her- bier du Pérou et du Chili, rapporté par Dombey, cinq autres espèces inconnues de Tjoasci. Cette augmentation dans un genre qui olfrc un ensemble de caractères assez frappans et de formes agréables, m’a déterminé à en offrir une monographie, et j’ai fait dessiner sur-le-champ toutes les espèces que j’avois , par ]\1. Poiteau qui joint les con- noissances du botaniste au talent du dessinateur, et qui a analysé lui-mème toutes les fleurs pour présenter les diffé- rences remarquables dans leurs écailles intérieures.

L’examen de toutes ces espèces a montré beaucoup d’uni-

21

d’ H [ S T O I R E N A T U R E L L E

fbrmité dans leurs principaux caraclères ; une seule offre une différence assez frappante qui peut m4nie aider à fixer les idées sur la structure générale du fruit du I^oasa. On re- marque dans toutes les espèces que la capsule s’ouvrant seulement parle haut en trois petits panneaux , est garnie intérieurement de troisplacentas appliqués contre scs parois et portant les graines. Dqns l’espèce que Lamarck nomme -Zy. contai ta, et qui estime de celles rapportées par Joseph de Jussieu et par Domhey, cette capsule se contourne dans sa longueur comme une corde ou comme le fruit de Vhe- licteres , et cette torsion la sépare de haut en bas dans sa maturi en trois valves qui ont les bords rentrans. Le bord de l’ime appliqué contre celui de sa voisine, forme dans le frqit jeune une demi-cloison sur la crête de laquelle est adapté un placenta chargé de graines , qui devient libre lorsque les valves se séparent. Cette structure dans le jh. contorta permet de supposer la même dans les autres es- pèces, et de présumer que leur capsule droite pourroit éga- lement se séparer' en trois valves dans les points auxquels sont appliqués leurs placentas. La torsion qui produit dans une seule espèce l’écartement des valves, ne deviendroit un caractère suffisant pour constituer un nouveau genre, qu’autant qu’il seroit commun à un plus grand nombre d’es- pèces, et nous croyons en ce moment me pas devoir éta- blir de séparation.

Si on se décide à former une nouvelle famille qu’il fau- droit nommer EOASÉES (Zonsere), à cause du genre qui en fait la base princ-ipale , on la caractériseroit aisément de la ma- nière suivante : calice monophylle tubulé à cinq divisions- cinq pétales attachés à son orifice et alternes avec ses lobes^

l

22

annales dit MUSÉtTM

étamines distinctes et en nombre indéfini, insérées au même orifice ; ovaire adhérent au calice, surmonté d’un style et d’un stigmate j capsule à une seule loge renfermant plusieurs graines portées sur trois placentas appliqués contre ses parois ; tiges herbacées , chargées de poils ou d’aspérités , ainsi que les feuilles et calices ; feuilles alternes et opposées ; fleurs sans disposition uniforme et constante. Les graines n’étoient pas en assez bon état pour qu’on put déterminer leur structure intérieure on n’y a point trouvé de traces de périsperme.

Cette famille se rapproche des onagraires, et en diffère aussi par les caractères déjà indiqués. Elle a h comme les myrtées, des étamines nombreuses et un seul style; mais elle en est distinguée par son port et par la structure de son fruit. Semblable aux ficoïdes par son fruit adhérent , par l’attache de ses parties , elle s’en éloigne par l’unité de son style et de la loge du fruit. Sa corolle polypé taie, ses étamines nombreuses et son fruit uniloculaire l’éloignent des campa- nu lacées qui sont monopétales, multiloculaires et à étamines définies. On ne peut la rapprocher des cucurbitacées, quoi- que celles-ci aient les graines également attachées à des placentas pariétaux , puisqu’elles ont déplus des fleurs à sexes séparés, sans pétales, et des étamines très-peu nom- breuses. Si on la compare enfin avec les nopalées ou cactes , on trouvera peut-être une affinité plus caractérisée par ce style et cette loge uniques, et par l’adhérence des graines ou des placentas qui les portent, aux parois du fruit. Ce rapport se fortifiera sur-tout par l’examen comparatif de la fleur du Loasa avec celle du Cactus peresMa dans la- <|uelle on trouve une conformation extérieure presquesem-

d’ HISTOIRE NATURELLE. 20

blable, deux espèces de pétales, et des étamines nombreuses qui ont la même structure.

Après avoir indiqué brièvement les rapports des Loasées , sur lesquels on sera encore dans le cas de revenir lorsque les voyageurs nous auront montré de nouveaux genres intermédiaires, il nous reste à faire connoître les espèces nouvelles, en établissant , par une comparaison avec les anciennes , les vrais caractères distinctifs de chacune. L’ar- rivée récente de MM. Humbold et Bonpland à Paris, après un voyage de quatre années dans l’Amérique méridionale, nous procure l’avantage d’ajouter une espèce nouvelle de Loasa à celles que nous avons déjà, et de compléter le ca- ractère d’une a:'U'*e. gravures étant terminées depuis quelque temps , et le mémoire presque livré à l’impression, nous n’avons pas le temps de faire graver l’espèce nouvelle, ni d’ajouter à une autre les feuilles inférieures qui lui manquent, mais on y suppléera *par. la description ; et d’ail- leurs, ces omissions seront amplement réparées par ces voya- geurs célèbres qui ne manqueront pas de publier leurs plantes nouvelles dans le grand recueil des découvertes et observations faites par eux sur toutes les parties de la phy- sique et de l’histoire naturelle. Il faut seulement annoncer ici, d’après eux, que les croissent dans les provinces

de Loxa et dans les Andes de Quindiu au [royaume de la Nouvelle-Grenade, à la hauteur de 5oo à 700 toises, avec les quinquinas et les fougères en arbre.

Nous croyons pouvoir nous dispenser de recopier ici les caractères génériques des deux genres déjà tracés assez exac- tement dans le Généra , et auxquels il suffira d’ajouter pour

!s4 annales du M U s É U m

le jyTentzelia , des feuilles quelquefois opposées avec des liges dichotomes; pour leZ»oasa, des écailles intérieures de la fleur tantôt nues J tantôt garnies d’appendices au-deliors, •et un fruit contourné dans une espèce. Nous nous conten- terons d’établir les caractères spécifiques , suivant le plan déjà adopté dans des mémoires j)récédens.

Mentzelta.

1. M. ASPF.RA. Linn. sp. ecl. i. p. 5i6 , ed. Wild. 2. p. 1176 ; Lam.dict. 4, p. ii4,

ill. l. 425. Mentzelia.... Plum. gen.p. 4i. ic. 174, f. 1. Onagra....Tourn. Inst, p. 3o2. n. 6. llerba aspera , pluricaulis , ramis alternis ; folia ait ‘rna , siibsessilia , Q:-pollicaria , ooato-ohlonga {^ferè hetonicœ ) , crenala , acuta , fores foliis supremis axillares , sessiles-, calix cylindricus, pollicaris ,limhi dioisuris arutis\petala subro- tiinda, obtusa, vix limbum calicinuin superantia. In ins. Antillanis. Car. ex Pluni. et ex siccâ.

2. M. HisriDA. Wild. inLinn. sp. 2. p. 1176. M. aspera Cav. ic. 1. p. 5i. t. 7o(ex-

I clusis synonjmis ). Hcrba aspera , midticaulis , ramis inferioribus dichotomis ;

folia sessilia sesquipollicaria , cordata , crenata , inferiora alterna , superiora ad di~ chotomias sub^-opposita-, fores axillares aut in dichotomUs solitarii subsessiles\ calix tiirbinatus , oblongus , limbi divisiiris longioribus acuiis ; peteda subrolunda , I acuminata , easdem superantia. In Mexico. Car. ex Cav. Eadem in herb, Doni- Leji Pei'uano dicitur M, cordifolia.

Loasa.

1 . L. TEii.oBA. Domb. ( Pl. 1 , f. 3. ) Caidis pedalis ; folia opposita , petiolata , pollicaria , aut minora , cor data- triloba , lobis acutis , medio productiore subdentato ; ramuli axillares apice i-fori , et simulpedunculi ramis axillares et iisdem subœ- quales , i-fori foribus , parois ; petala ovata, calicinis laciniis acutis vix longiora ; sqnamidœ f orales extàs 3-appendicidatœ, apice angustiores emarginatœ. In Peruviâ. Car. ex siccà in herb. Dombeyi. Hujus sqiiamula floralis seorsim in icône ex- primitur aucta, et tùminleriùs tùm exteriùs delineata. Eadem habclur in congene- ribns infrà memoralis squamularnm varia repræsentatio.

2. L. ACERiFOLiA. Domb. ( Pl. 1 , f. 2). Caidis [^-pedalis?) j folia subopposita , 3-pollicaria f cordato-ohlonga , 5-j-loba ^aceris) lobis acutis, dentatis } ramuli in

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25

d’ HISTOIRE NATURELLE.

summo c aille ax illare s , apice \-Jlori, et simul pedunculi solitarii ramulis axillares et œquales , i-Jlori , Jlorihus non magnis ; sqamulœ interiores ut in L. trilohâ. lu Chiloë. Cai’. ex siccâ hcrljarii Dombevani.

3. L. NITII1A. Lam. tUct. 3. p. 58i j Wild. in Linn. sp. 2. p. 1177. ( PI. 2 , f. 2 ). Caulis prostratus, pedalis , apice dichotomè ramosus ; folia opposita , i-k-pollicaria cordato-lohata , lohis magnis acutis dentatis , suprànitida , inferiora petiolata , su- neriora suhsessilia ; fores in dichotomiis solitarii pediinculati médiocres', petala calicino limbo vix majora ; sqamulœ interiores ut in L. trilohâ. In Peruviæ alpibus.

Car. ex siccâ berb. Dombeyi et ex ejusdem descript. in quâ L. lohata et L. ap- pendiculata dicilur.

4. L. scLAREAEFOLiA. (PI. 1 , f. 1 ). CauUs magnus , apice dichotomus •, folia {^sclareœ ) opposita magna-, inferiora G-pollicaria petiolata , basi profundè sinuata , lobis acutis, apice dentata acuta; superiora subsessilia , 3-pollicaria , sinuato-den- tata-, flores in dichotomiis longe pedunculati solitarii magni , petalis calicino limbo vix duplà longioribus-, squamulœ apice angustiores emarginatæ , extàs 3-appendi- culatœ, appendicibus distinctis :t-torulosis ; liarum fllamenta interiora basi crassiora, medio \-dentata. InChWo'é verüdiCxAh ,urtica brava. Car. exsiccâ in herb. Dom- beji, cui L. laciniata dicitur.

5. L. ACANTHiFOLiA. Lam. dict. 3. p. 579; Wild. in Linn. sp. 2. p. 1176. (PI. 3, f. 2. ) Ortiga... Feuill. 2 , p. q5j ,t. 43. AL. sclareœfoliâ discrepat foliis qyrofundiùs sinuatis , calicino limbo breviore , petalis eodem ferè tripla longioribus , squamulis apice dilatatis 3-lobis , lobo medio minore emarginato , extàs 3-appen~ diculatis , appendicibus flliformibus basi junctis et apice \-glandulosis. Cœtera conformia. In Chiloë. Car. ex siccâ berb. Dombeyi cui nunc L. laciniatœ varie- tas, noxic L. carinata dicitur ob petala apprimè carinata.

6. L. coNTORTA. Lam. dict. 3. p. 679; Wild. in Linn. sp. 2. p. 1176 (PI. 3 , f. 1 ).

Caulis scandens gracilis , dichotomè ramosus ; folia opposita petiolata i-3-pol~ licaria cordato-ohlonga sinuata, lobis dentatis , inferioribus productioribus •, flores in dichotomiis aut in foliorum axillis solitarii , Ion gis simè pedunculati, magni', petala ovata , basi angustiora , calicinis laciniis dentatis angustis tripla longiora ; squamulœ apice angustiores emarginatœ , extàs 3-appendiculatœ ; capsula nutans , oblonga sesquipedalis ,contorta , quasi pluricostata , ab apice ad basiin demàm 3- valvis ; valvannn extàs 3-lineatarum margines introflexi, singuli seorsim càm proximo valvce vicinioris margine constituentes semisepta , quorum jugis aff guntur 3 receptacula seminifera post valvarum dehiscentiam libéra ; semina numerosa an- gulata , setis echinata. Fructus extàs Helicteris. In Peruviâ. Car. ex siccâ berb. Jds. Jussæi et Dombeyi cui dicitur L, spiralis^

4

2G annales du M U s R U M

7, L. GRANniFLoRA. Doml). ; Lam. dict. .'5. p. 58o ; Wlld. in Linn. sp. 2.p. H77« ( PI. 4, f. 2). Caulis i^’i-pedalisl) apice ramosus ramis alteniis axillaribus \ folia cordata b-loha-j inferiora opposita longissimè peliolala , k-polUcaria, lala, lohis dentalo-sinuutis \superiora ad ramulos aller na , zi-pollicaria angustiora, hreviùs petiolata ; flores suhsolitarii terminales aut siunmis foliis axillares, longe peduncu- lati maximi , calicino limho magno lanceolato ^petalis ohlongis ohtusis ; squamulœ ohlongœ apice hilohœ , extàs non appendicalutœ . In Peruvià. Ex herl). Jos. Jussæi et Domhej'i. Spccimina Dombejana foliis latioribus et pelalis forlè minus lan- ceolatis

8. L. ARGE.viONOiDES. CauUs {sesquipedalis 'i ) apice ramosus , ramis alternis axilla- ribus) folia alterna petiolata ^ cordata lobato-sinuata acuta , tomento albo utrin- que obducta ; flores lolitarii terminales , aut axillares pedunculati maximi, petalis latis subi'otundis , calice lato. Habitas Argemones. Jn America meridionali propè urbcm Santafé , recentissimè communicala a DD, ITuniltoldl et Bonpland nuper ex longinquo itinere reducibus cuin luimcrosâ planlarum in diversis ejusdem Amcricæ rcgionibus collectarum supellectile,

g. L. X-ANTiiiiFOEiA. ( PI. 2, f. 1). Caulis sesquipedalis ; folia [xant/iii) al- terna petiolata tripoUicaria , cordato-oblonga acuta , dentato-crenata dentibiis magnis; flores paroi in summis ramulis axillares aut non axillares. In Peruvià,

-Car. ex siccâ in lierb. Dombejano , ubi dantur specimina foliis tantum sesquipol- licaribus A. solanifolia dicta ,quibus ex Dombejo squamulæ floris interiores cari- nalæ apice acuto bidentato et pauciora in fasciculis slamina ; an varietas L. xan- thiifoliœl An varietas lAicrOi JL. chenopodiifolia Lara. dicl. 3. p. 58o , distincta tan- tum caille bumiliore et foliis vix pollicai’ibus , cujus specimen à D. Lamarck in nostro Jos. Jussæi lierbario descriptum consonat quibusdam JL. xantliiifol'œ spe- ciminibus Dombeyanis ?

10. L. AMBRosiÆFOLiA. ( PI. 4 , f, 1 ). L. urens ; Jacq. obs. 2 , ]). i5 , t. 38 ; Lam.. dict. 3. p. 678, L. bispida. Linn. syst. ed. 12, p. 364, sp. ed. Wild 2. p. Caulis pedalis vix ramosus , aculeis numerosis , flavescentibus hirsutissimus •, folia alterna li-G-pollicariabipinnatiflida ( ambrosiæf costâ media hirsutissimâ , laci- niis obtusis -, pedunculi axillares aut extrà-axillares \-flori , calicinis lacinii» viridibus angustis ; petala iisdem duplà longiora apice dilatata ; squamulœ apice angustatœ bifldœ , extàs non appendiculatœ. In Peruvià. Car. ex Jacq. et ex siccâ in berb. Dombeyano. Mulatur nomenspecillcum , quia omncs loasæ urcntes sunt cl liispidce,

11. L. voEUBiLis. Domb. ( PL 5, fig. 1 ). Caulis volubilis ramosus [ 2-3-/>e- dalisl ) gracilis , ramis iuferioribus oppositis, superioribus allernis remotioribus ; folia bipinnatifida ( cochleariœ coronopi ) laciniis angustis obtusis , inferiora op-

d’ HISTOIRE NATURELLE. SJ

pusitaf superiora alterna remotiora in summo caule indè quasi nudo ; Jîores parai terminales aut summis foliis axillares ; petala calice vix duplo longiora\ squamulos apice angustatœ hilohœ , extûs suprà 5-appendiculafœ. In Chiloëiisîs regni are- nosis propè urbem la Conceplioxi. Car. ex siccâ in herb. Dombeyano.

1 2. L. TRIPHYX.LA. (Pl5,f. 2). fiaulis sesquipcdalis ramosus, ramis alternis axillaribi S) folia alterna , nunc sœpiàs triphylld, nunc rariiis ^-5-phylla , foliolis in pptîolo appendiculatis flores pauci , in summis ramulis terminales aut suprà aut extràraxillares y non ma gn ' \ petala unguiculata calicino limbo brevi duplà longiora ; squamulœ oaatœ\ extàs n-append'.culatœ appendicibus foliaceis. InPeruvià. Car. ex icône Jos. Jussæi cui deei’ant folia inferiora , et ex siccisspeciminibusàDD. Hum- boldt et Bonpland uuperrimë comtttuaicâU$ iu quibus eadem folia perfectiora et plurimiuu varia.

4 «r

58

ANNALES DU MUSEUM

SUITE DES MÉMOIRES

Sur les fossiles des environs de Paris.

Par L a M a R C K.

GENRE XL.

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Volvaire. V^olvaria.

Charact. gen.

Testa univalvîs , cylindrica, convoluta : spirâ no7i ex- sertâ. Apertura angustata , longitudine testæ. Co~ ^ lumella ad basini plicata.

OBSERVATIONS.

Les volvaires ont évidemment les plus grands rapports avec les auricules dont elles ne diffèrent que parce que leur ouverture est aussi longue que la coquille. Cependant si l’on a égard à la conformation générale des volvaires, c’est-à-dire, à l’espèce d’enroulement de ces coquilles, il semble qu’on nedcvroit pas les éloigner du genre des bulles}, car la seule volvaire que l’on connoît ressemble beaucoup, sous ce rapport, au bulla cylindrica et au bulla solida, mais on observe à la base de sacolumelle trois plis obliques fort remarquables.

d’h ISTOIRE naturelle. 2CJ

Au reste, les volvaires sont des coquilles uni valves cy- lindriques, enroulées assez régulièrement autour de leur axe; ayant l’ouverture longitudinale, étroite, et aussi longue que la coquille meme. Le bord droit de ces coquilles est simple, non replié en dehors ni bordé comme dans les marginelles qu’elles avoisinent ainsi que les auricules.

La seule espèce qui m’est connue est dans l’état fossile ; voici le nom que je lui assigne.

ESPÈCES FOSSILES.

Volvaire bulloïde. T^élin, n.° 19 , f- i4.

olvaria ( bulloides ) cylindrica transversè striata 5 striis impresso-jmnctatis ; spirâ subinclusâ mucronaLci. n.

L. n. Grignon. Celte volvaire, enroulée comme un cornet , mais sous une forme cylindrique, a 18 millimètres de longueur sur une largeur d’environ 4 millimètres. Elle est blanche, striée transversalement dans toute sa longueur, et ses stries offrent des points enfoncés qui sont le produit de stries longitu- dinales moins apparentes. La spire , comme enfoncée dans l’extrémité supé- rieure de la coquille , se termine par une petite pointe particulière à peine en saillie. A la base de la columelle , on remarque trois plis obliques bien exprimés.

Mon cabinet,

GENRE XLI.

'Ampullaire. Ampullaria.

ChARÂC. GEN.

Testa univalvisventricosa, suhglohosa , hasiumbilicata.

Apertura ohlonga integra: labro sinistro non calloso.

OBSERVATIONS.

Les ampullaires sont des coquilles fluviatiles des climats chauds, qui semblent avoisiner les planorbes. Cependant

5o A N N A. L E s DU MUSEUM

elles en sont bien différentes par leur aspect ; car elles sont globuleuses et très- ventrues j ce qui vient de ce que leur dernier tour est au moins quatre fois plus grand que celui qui le précède.

La spire toujours un peu saillante des ampullaires y et l’opercule corné que porte ranimai qui habite ces coquilles, ne permet pas de les confondre avec les planorhes qui sont toutes complètement discoïdes. Mais les coquilles qu’on est le plus exposé à confondre avec les ainpullaires sont les natices'y car elles sont toutes ombiliquées, avec ou sans recouvrement, et plusieurs natices sont très-ventrues et presque globuleuses comme les ampullaires. Néanmoins, toutes les natices sont des coquillages marins, munis d’un opercule solide et calcaire , et le bord gauche de l’ou- verture de ces coquilles est éminemment calleux, épaissi, et offre souvent des masses de matière testacée qui remplissent ou recouvrent plus ou moins complètement l’ombilic; ce qui suffit pour les faire distinguer des ampullaires.

Je rapporte au genre des am pullaires le cordon bleu ; ( hélix ampuîlacea de Linné ) l’idole ( hulimus urceus de Bruguière); Poeil d’Ammon ( Bidimus effusus. Bruguière); la noisette ( Bulimus avellana. Brug. );etc.

ESPECES FOSSILES.

1. Ampullaire pigmée. V élin , n.“ 47 , f. 6.

Ampullaria {^pygmœa ) ventricosa ; discoideo-globosa , lœAs , basi umhillcata j apertiirà elongatâ. n,

L. n. Chaumont. Coquille mince , fort petite , ayant à peine 2 millimètres de largeur sur une longueur un peu moindre , et qui a de grands rapports avec les planorhes. Elle est lisse , à spire très-obtuse, ombiliquée à sa base, et 9. son ouverture prolongée inférieurement*

Cabinet de M. Defrance.

d’ H I s T O I II E NATURELLE. 5 1

2. Ampullaire enfoncée, f^élin, n.“ 21 , f. 5.

Aîiipullaria (^excauata) venlricosa, suhglohosa , lœvis : coluinellâ sinuoso-cavâ perforatâ. n.

L. n. Grignon. Je rapporte avec doute à ce genre une coquille fort singulière par l’enfoncement sinueux de sa base , et qui d’ailleurs ressemble presque à une petite bélicc. Elle est très-ventrue, un peu globuleuse, lisse on sa superficie, et n’a que 7 millimètres de largeur. Sa spire est peu éleAcc , convexe, et n’olfre que quatre tours.

Cabinet de JM. Defrance.

5. Ampullaire conique.

AmpuUaria ( conicci) ovato-conica ; anfractihus lœvihus convexU ; umhilico semi-tecto. n.

L. n. Retz, Cette coquille seroit un bulime , si l’avant-dernier tour formoit une saillie dans l’ouverture. Elle est ovale-conique , à tour inférieur ventru ayant un ombilic à demi-recouvert. Sa spire est composée de six ou sept tours convexes , lisses et qui donnent à la coquille nue longueur de 3i à 32 millimètres.

4. Ampullaire pointue. Félin , 11.° 20 , f. 7,

Arnpullaria {^aciUa') ventricosa , lœi’is', spirâ hrevi acuta , umhilico semi-tecLo.n'.

L. n. Courtagnon , Grignon. C’est une coquille ventrue , lisse , à spire peu éle- vée et pointue, composée de huit tours. L’ouverture est oblongue, un peu oblique , à bord inférieur déprimé et presque réfléchi. L’ombilic est en partie recouvert, et quelquefois il l’est entièrement. La longueur de cette ampul- laire est de 3 centimètres sur 25 millimètres de largeur.

Mon cabinet.

5. Ampullaire acuminée. Vélin, n.®2i , f. 1.

AmpuUaria ( acuminata ) basi veiitrîcosa , lœuis : spira elongato-acuminatd j umbilico-tecto. n.

L. n. Grignon. Quoique cette ampullaire ait avec la précédente les plus grands- rapports , elle en paroit suffisamment distincte par sa spire élevée, acuminée, composée de huit à neuf tours dont l’inférieur est très-ventru. L’ombilic est entièrement ou presque entièrement recouvert. La coquille est moins grosse^ que celle qui précède , proportionellemont à sa longueur.

Cabinet de M. Defrance.

6. Ampullaire à rampe. Vélin, \\.° 21, f. 2.

AmpuUaria i^spirata'j subventricosa ; spirâ brevi , acitfà anfractuum margine super iore depresso. n.

L. n. Grignon. On pourroit soupçonner cette ampullaire de n’étre qu’une va- riété de l’espèce n.° 4 j r^anmoins ^ comme elle est assez commune , tous lee

02 ANNALKS DU MUSEUM

individus s’en distinguent facilement par l’aplallssement du bord supérieur de chaque tour qui forme une rampe spirale autour de la spire. Cette co- quille est d’ailleurs plus petite que l’ampullaiare pointue. Sou ombilic est pareillement à demi recouvert.

Cabinet de M, Defrance et le mien.

7. Ampullaire déprimée. Vélin,\\° 10 , f. 7,

Ampullaria ( depressa ) globosa suhimihilicata ; anfracLuum margine superiorê convexo , vix canalicidato ; columellâ infernè depressâ. n.

L. n. Grignon. Cette ampullaire est globuleuse, grosse comme une petite prune et a 3 centimètres de longueur sur une largeur de 26 ou 27 millimètres. Elle est remarquable par la dépression de la base de sa columeUe et du bord droit de son ouverture, ^Sa spire qui est courte et un peu pointue, est composée de six ou sept tours. L’ombilic est demi-ouvert ; mais dans une variété , il est recouvert presque entièrement. Le test de cette coquille a toujours une cpaisseiu’ assez considérable.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

t 8. Ampullaire canaliculée.

Ampullaria {^canaliculata ) globosa , umbilicata\ spirâ hrevi canaliculatâ y sulco spirali umbiUcum ambiente, n.

L. n. Grignon. Il se pourrolt que cette coquille ne fut qu’une variété de l’es- pèce qui précède ; cependant tous les individus que j’ai observés sont cons- tamment plus petits , à test peu épais , à spire bien canaliculée entre seâ dififérens tours , et n’olTrent point d’aplatissement à la base de la columelle. On volt d’ailleurs un sillon en spirale qui environne l’ombilic. La coquille n’a guère plus d’un centimètre soit en longueur soit en largeur.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

9. Ampullaire ouverte. Vélin, n.° 20, f. 5.

Ampullaria palula ) oentricosa , umbilicata ; spirâ hrevi ■, sulco umbilici çb- tecto-, labro amplo subauriculato. n.

Hélix mutabilis. Brander. foss. ha it, varlet. n.^ôy., tab. 4, f. 5y.

L. n. Grignon. Celle belle ampullaire se reconnoît aisément par le bord droit de son ouverture qui est ample et ouvert presqu’en forme d’oreille. Le sillon qui environne l’ombilic est recouvert par une lame appliquée qui en laisse à peine paroîlre le bord extérieur. La coquille est lisse , très-ventrue , à .spire pointue et fort courte. Elle a 4 centimètres de longueur sur une largeur aussi grande. Son ouverture est fort ample.

Mon cabinet et celui de M. Defrance. ( Commune. )

10. Ampullaire sigaréline. Vélin , n.8 2p, f. 3.

I

A N A N L L E s D U MUSEUM 35

[Ampullariai^sigaretina ) ventricosa , imperforala y spird hrevi\ lahro amplo auri- culato. n.

L. n. Grignon. Cette espèce est aussi commune à Grignon que la précédente ,

s’)^ trouve aussi grande , et lui ressemble à tant d’égards qu’on pour- ^

roit la regarder comme n’en étant qu’une variété ; car elle n’en dilTi're que

parce qu’elle manque entièrement d’omljilic. Mais si l’on considère que les

plus jeunes individus sont tous aussi dépourvus d’ombilic, c’ejt-à-clire, que

leur ombilic est pareillement recouvert , cette distinction constante et facile

à saisir, pourra paroître sufTisante pour présenter cette ampullaire comme

une espèce.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

A base éi^asée comme dans les milanies,

II. Ampullaire crassaline. Vélin, n.° 5o , f. 5.

Ampullaire (^cu'assalina ) centricoso- glohosa , crassa , imperforala •, columcllà hasi effnsâ ; spird canaliculatd. n.

L. n. Pontebartrain. Très-belle et très-singulière coquille qui peut-être , avec la suivante , devroit être considérée comme un genre particulier. Elle est grosse , très-ventrue, presque globuleuse, à test épais , et à spire courte, co- nique, composée de sept tours. Elle a tant en longueur qu’en largeur environ 8 ceulimètres ( près de 3 pouces ). On ne lui voit aucun ombilic , mais l’épais- seur de la coquille en cet endroit indique qu’il a pu en exister un qui fut recouvert par beaucoup de matière testacée. La columclle ofl’) e à sa base une courbure et un évasement qui semblent rapprocher cette coquille des in '„ îanies. Euouti’e, le bord droit de l’ouverture , avant de s’appuyer sur l’avant- dernier tour, se replie eu baissant, ce qui l’end la spire caualiculéc.

Cabinet de M. Defrance. î2. Ampullaire hybride.

Ampidlaria {^hybrida') ovato-veniricosa, imperforala , lœvis ; columelld hasi ejfusâ ; anfraclaum margine siiperiore canali complaiiato. n.

L. n. Betz. Cette coquille beaucoup moins grosse que la précédente, a de si grands rappoi’ts avec elle, qu’elle est nécessairement du même genre. IMais je doute fort qu’elle soit bien plaeéc parmi les ampullaires. Elle est ovale , à dernier tour ventru, et à spire conique composée de six ou sept tours.

On voit quelle n’a jamais eu d’ombilic. Le bord supérieur de chaque tour ^

forme un canal un peu enfoncé , mais aplati - la courbure ainsi que l’évase- ment de la base de la columelle sont comme dans l’espèce ci-dessus. Cell coquille est longue de 34 millimètres sur 26 millimètres de largeur.

Cabinet de M. Deliance.

5. 5

(

34 ANNALES LU :M U S É U M

Observ. a l’exception des espèces n." i et 2, toutes les autres paroissent être des coquilles marines voisines des natices par leurs rapports, mais qui en sont distinctes. Cela me fait présumer qu’elles appartiennent à quelque genre particulier qui n’est pas encore reconnu.

G E N Pl E X L I I.

Planorbe. Plcuiorhis.

ClfARACT. GEN.

Pesta univalvis , discoidea. Spira depressa , vix promi- nida J aitj raetih us omnibus utrinqiiè conspicuis . Aper- iura integra, ohlonga ; margiue nuncpicini reflexo,

\

OBSERVATION.

On sait que les coquilles discoïdes sont celles dont la spirale tourne sur un plan horizontal, de manière que ce que l’on nomme la spire ( l’ensemble des tours de la coquille) ne fait point ou presque point de saillie, et qu’on aper- çoit sur les deux surfaces o])posécs de ces coquilles, sans l’aide d’un trou ombilical , tous les tours dont leur spire est composée. C’est en effet ce qui a lieu dans les planorôes dans lesquels la spire aplatie ou presque point saillante, se voit entièrement soit en-dessus soit en-dessous. La seule chose qui distingue la face inférieure de ces coquilles, c’est qu’elle est toujours plus enfoncée que la supérieure, et qu’elle présente une espèce d’ombilic fort évasé , et non simplement un trou ombilical.

Les planorbes sont des coquillages fluviatiles ou qui ha~

a

d’ II I s T O I H E N A T ü R E L L

35

bitent les eaux douces. Liané les' rapportoit à son genre hélix y mais Bruguière jugea qu’il étoit conv enable de les en séparer, et en forma effectivement un genre particu- lier auquel il a assigné le nom deyi/a/zorôc que nous avons adopté, il eût d’autant plus déraison à cet égard, qu’outre qu’il diminuoit par ce moyen la trop grande étendue du genre hélix, il en écartoit des animaux aquatiques qui n’ont que deux tentacules à la tète, et qui portent les yeux à la base de ces tentacules.

Ces coquilles sont en général minces, fragiles, diaphanes; les unes ont les tours presque cylindriques et les autres les ont carinés ou anguleux. Leur ouverture est un peu plus longue que large, et offre intérieurement une saillie formée parl’av^ant-dernier tour. Ses bords ne sont jamais réfléchis en dehors , comme ils le sont dans tous les hélices adultes.

Je doute que l’on doive regarder conmie de véritables fossiles les coquilles fluviatiles et meme les terrestres qui paroissent être dans cet état. J’en ai déjà exposé les motifs en traitant des cycloslcnies : au reste , voici quelques espèces qui se trouvent aux environs de Paris parmi d’autres fossiles.

ESPÈCES FOSSILES.

Planorbe nîlûlule. Vélin, n.° 46, f. i8.

Planorhis ( nitidula ) discoidea , non carinata, lœvis , nitidula; aperturd ro- tundatû. n,

L. n. Grignon. Planorbe uès-pelit, à coquille mince, (liscc'ûle , lisse , un peu lui- sante, et dont les tours ne sont point carénés. Sa largeur est à peine de 2 indliraètres. La spire, au lieu de faire la moindre saillie, est un peu en- foncée, et n’est composée que de trois à quatre tours.

Cabinet de M. Defrance.

2. Planorbe subanguleux. Vélin, n 47 , f. 1.

Planorhis i^suhangidata^ discoidea , lœois ; anfraciihus suhangnlufis , ohaolctt carinatis , aperliirâ rotiuidato-an gulosa. n.

5

r

5G A N N A L E s D U M U s É U M

L. 11. Griguon. Quoique fort petit , ce planorlie est un peu plus grand que celui qui précède, et a 2 millimètres de largeur. Sa spire est plane, sans aucune saillie, et composée de quatre tours légèrement carénés en deliors , et un peu anguleux dans le lioi d ititerne de leur face inférieure. Cette coquille est hiea distincte (\u planorhis carinata et des autres espèces connues.

Cabinet de M. Défi ance.

3 Planorbe biearlaé. Vélin , n.° 4/ , f. 5.

Planorhis ( hicarinata ) discoklea , transversè striata , anfractihus externe bi- carinatis. n.

Ij. n. Grignon. Si, comme je le suppose, celle coquiPc n’est point marine, c’est un planorbe bien distinct de tous les autres par ses stries et les deux carènes qui bordent le dernier tour. La coquille est large de 4 millimi très , discoïde , striée transversalement, c’est-à-dire, dans le sens de la longueur de ses tours. Sa spire est plane , sans aucune saillie , et composée de quatre toui’s dont le dernier beaucoup plus grand que les autres , offre en deliors deux carénés aiguës ou Irancbantes , inégales , bien séjiarées.

Cabinet de IM. Défi ance.

* Daupbiuule spirorbe. Vélin , n.° i5 , f.

Pelphinitla ( spirorhis ) siihdiscoidea, carinata ; anfractihus slrialis ; spird plano-conoexa. n.

L. Grignon. Celte daupbinule fut oubliée lorsque je m’occupai de son genre, parce qu’ayant presque l’aspect d’un planorbe , elle se trouvoit rangée parmi ces coquilles dans la collection. Elle est subdiscoïde , à spire aplatie , légèrement saillante et convexe, composée de cinq tours Ces touis sont striés dans le sens de leur longueur, et le dernier qui est plus grand que les autres, est caréné en dehors. La longueur de celte coquille est de ii millimètres. On voit en sa face inférieure un ombilic évasé comme dans les cadrans.

Il faut placer cette espèce après la daupbiuule sillonnée, voL IV, p.. 112.

CabineÇ, de M. Défiance.

4

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d’ H I s T O i R E NATURELLE.

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M É M O 1 R E

Sur l’ONCMIJJlEy genre de Alolliisques Jiuds, voisin des Limaces , et sur une espèce nouvelle ; Oncliidium Peronii.

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•. Par G. C U VIER. .

id Remarcpies générales. '

Oe genre â été établi par le clocteiir LueTiamian les Méinoires de la Société linnéenne de Londres, toni. p. i52 , et adopté par M. Laniarck , dans son Système des animaux vertébrés.

M. Buebannan lui donne pour caractères un corps oblong, convexe, couvert de petits tubercules irréguliers, débordant de toute part le pied ; deux tentacules ; deux appendices ou lèvres en forme d’auricules \ et l’anus situé sous la partie, postérieure du 'corps, derrière le pied. Ce naturaliste n’a observé qu’une seule espèce qui vit sur le typha elephan- tina de Roxburgh. Elle est' longue d’un pouce à dix-huit lignes, large de six à neuf lignes. Le dessus de son corps est verdâtre ou’ noirâtre; le dessous d’un jaune pâle.

M. Buchannan n’en -donne qu’une courte description ex- térieure, laquelle n’est pas, selon nous, exempte d’inexac- titudes.

58

ANNALES DU MÜSEUIU

Il compare d’abord les appendices de la bouclie à des hras J et leur trouve de l’analogie avec ce que Linnæus nomme ainsi dans la Scyllée ; nos lecteurs jugeront comme nous qu’ils ne ressemblent point à des bras en général , et sur-tout qu’ils n’ont aucn rapport avec ceux des organes de la scyllée que nous venons de mentionncT^ car ces derniers ne sont auti e chose que des branchies.

Il dit ensuite que son animal n’est point hermaphrodite , que les organes des deux sexes sont ciilTérens, et qu’ils sont placés dans l’un et dans l’autre^ avec Fanus, en un cloaque ou cavité commune , derrière le pied sous la queue, il as- sure même qu’on distingue très-bien les sexes durant le coït , vu que la verge est très-grande à proportion du corps.

Si cela est , il faut au moins convenir que son onchidie diffère du nôtre, beaucoup plus que leur extrême ressem- blance extérieure ne pouvoit permettre de le croire, car Dous allons voir que celui-ci a les organes des deux sexes, réunis dans le même individu, et tout aus*i développés que dans aucun autre mollusque.

Uonchidium , dont nous allons parler , a été trouvé par M. Pérou , sur les rochers de l’Ile-de-France ; il rampoit à la manière des limaces, mais dans l’eau et non sur le sec, comme la structure de ses organes pulmonaires auroit pu le faire croire,

2.° Description extérieure.

Cet individu avoit 5 pouces et demi de longueur sur 2 pouces et quelques lignes de largeur, le tout mesuré dans l’état de contraction de l’animal mort. Il est probable qu’il j’allonge beaucoup plus lorsqu’il rampe.

d’ H I s T O I R E NATUREL L* E. 5q

Un antre individu plus petit de quelques ligoeS;, mais du reste absolument semblable , a été rapporté par M. Pé- rou de File de Timor, l’une des Moluqucs ; cette espèce s’est donc trouvée aux deux extrémités de la mer des îndes, et il est fort probable qu’elle en habite tonte l’étendue.

Uoîichidiu/n contracté ne montre à sa partie dorsale qu’un manteau coriace , en forme de bouclier elliptique bombé, tout recouvert de petites verrues qui se subdivisent elles-mêmes en verrues encore plus petites. Ce manteau dé- borde le pied de toute part, et le déborde d’autant plus , qu’il est inoiiis contracté et moins bombé.

Dans le sillon qui sépare le pied du manteau, on remarque en avant la tête, en arrière l’anus et le trou de la respira- tion , et sur le côté droit un sillon qui a rapport à la géné- ration, La tête est aplatie; son bord antérieur se dilate en deux larges ailes charnues : la bouche est dessous , en forme de trou ovale , entouré d’un bourrelet charnu. Dessus, on voit deux tentacules rétractiles comme ceux de la limace, et entre les deux, un peu plus près du droit, l’ouverture pour la verge. Celle des organes féminins , est au côté droit prés de l’anus. Il en part un sillon ou rainure qui marche tout le long du côté droit du pied, et va se terminer près de l’aile droite de la tète : il n’aboutit point jusqu’au trou par oii sort la verge.

L’ouverture de la respiration est au-dessus de l’anus, et entourée d’un bourrelet charnu. L’anus est simplement membraneux.

Les deux individus étoient dans la liqueur d’un brun noirâtre assez uniforme.

4o

ANNALES DU MUSÉUM

3.° Ouverture du corps et position naturelle des viscères.

A rouvertiire du corps, on csl d’abord frappé de l’épais- seur du manteau , beaucoup plus forte que dans la plupart des mollusques.

La figure IV représente les viscères en situation, a est la masse de la bouche; b , les glandes salivaires placées obliquement sur ses côtés; c , la bourse de la génération dont j’expliquerai plus loin la structure; d, le corps prin- cipal de la verge, et e, e, son appendice vasculaire \f, est le gézier;^, h, iy h , le canal intestinal ; /, /, le premier foie ; ni, le second; n, le troisième; o , est le testicule;/?, l’oreillette du cœur; q , le cœur lui-même; a, la principale artère; s, un lambeau resté du péricarde lorsqu’on l’a en- levé pour montrer le cœur; tt, le poumon paroissant au travers d’un reste de la tunique charnue du corps , dans l’épaisseur de laquelle il est situé ; u , la principale veine qui porte le sang du poumon dans l’oreillette du cœur ; vv , sont les muscles propres aux tentacules supérieurs. Mais ce n’est qu’en développant ces viscères, comme ils le ‘sont dans les fig. V et VI qu’on apprend à les connoître ainsi pour ce qu’ils sont.

Nous allons nous occuper de les décrire successivement.

4.^^ Organes de la respiration.

L’organe respiratoire , par lequel il faut toujours com- mencer la description intérieure d’un mollusque, parce que c’est sa forme et sa position qui déterminent en grande

d’histoire naturelle. 4i

partie l’arrangement des viscères, l’organe respiratoire n’cst point extérieur comme dans le plus grand nombre des gas- téropodes nuds aquatiques; il n’est point composé de pa- naches , de feuillets ou de telle, autre structure saillante: mais il ressemble pour le fond à celui de la limace ter- restre du colimaçon des jardins. Il consiste en une cavité creusée dans l’épaisseur charnue du manteau , et sur les parois de laquelle rampent les vaisseaux; seulement , dans les deux mollusques que je viens de citer, c’est à la partie antérieure de l’animal qu’il est situé ; dans Vonchidium , c’està sa partie postérieure; et quoiqu’on n’aperçoive pas net- tement quelle liaison si nécessaire il doit j avoir entre l’anus et l’orifice de la respiration , la nature l’a conservée ici comme dans presque tous les mollusques , et notamment dans la limace et le colimaçon ; l’anus s’est donc porté à l’arrière du corps, au lieu de rester en avant vers la droite, comme dans ces deux derniers.

Les parois latérales et supérieures de la cavité pulmo- naire, sont seules garnies de ce lacis de vaisseaux, qui leur donne une apparence tout-à-fait spongieuse. Le plancher ou la paroi inférieure est simplement membraneuse. C’est dans ce plancher, en arrière, qu’est percé le trou qui éta- blit une communication entre cette chambre pulmonaire et l’élément ambiant.

D’après cette ressemblance du poumon avec celui des mollusques terrestres de notre pays, d’après la nature meme de son organisation beaucoup plus analogue à celle des vrais poumons de quadrupèdes ou sur-tout de reptiles, qu’à celles des branchies de poissons , j’aurois cru que l’on- chidie étoit aussi un mollusque terrestre, et il a fallu pour

4'2 ANNALES DU M U S É U TsI

in’en dissuader la certitude qu’a M. Pérou de l’avoir tou- jours trouvé dans l’eau. Je pense du moins qu’il vient à la surface ouvrir son orifice , et prendre pour respirer de l’air en nature^ comme le font nos d///i//ies elnos p/anordes qui , quoique aquatiques, ne respirent cependant que de l’air.

Le poumon est représenté ouvert , lig. V -, t, t , sont les lambeaux de la paroi supérieure et vasculaire , rejetés sur les cotés j (U, est la paroi inférieure , membraneuse; est l’orilice.

D.° Orgemes de la circulation.

Le sang vient dans ce poumon par deux grands vaisseaux situés sur les cotés du corps,’ absolument comme dans l’apljsie, c’est-à-dire, qu’ils sont creusés dans l’épaisseur des chairs, et enveloppés par des rubans musculaires qui se continuent et se perdent dans les autres muscles du pied. Ils sont revêtus par dedans d’une membrane fine que je n’ai pu apercevoir dans l’aplysie , et qui les empêche de communiquer aussi directement avec la cavité du ventre.

La fig. VI nous jnontre ces vaisseaux : les parties du pou- mon y sont désignées par les mêmes lettres que dans la fig. V. Le vaisseau du coté gauche est ouvert dans toute sa longueur; AA, est sa partie qui recevant le sang du corps, fait l’office de veine cave et d’oreillette droite; BB, celle qui distribuant ce sang dans le poumon, répond au ven- tricule droit et à l’artère pulmonaire. Nous avons représenté en CC une portion du vaisseau du côté droit qui passe sous le péricarde, et qui dans cet endroit n’est point revêtue de rubans musculaires.

Ces deux vaisseaux, outre les petites veines qui leur ar-

d’histoire naturelle. 43

rivent de l’épaisseur des chairs, en reçoivent beaucoup d’autres des viscères j j’en ai représenté une partie de celles qui viennent du foie et de l’intestin , fig. IV, en fs?. Ces petites veines passent entre les rubans musculaires pour aboutir à chaque grosse veine latérale.

L’oreillette p , et le cœur q , fig. IV et V, ne font donc , comme dans tous les gastéropodes, que les fonctions des cavités gauches. Le sang qui a respiré leur vient du poumon par une veine qui rampe dans l’épaisseur du parenchyme de ce viscère, plus près de la peau, et par conséquent plus profondément par rapport à la surface interne de la cavité pulmonaire, que ne le fait le vaisseau qui lui avoit apporté le sang du corps. On voit cette veine pulmonaire en ic y fig. IV. L’oreillette est très-grande; ses parois sont minces, transparentes , et son intérieur est renforcé par un grand nombre de cordes tendineuses, dont l’aspect est agréable à l’œil. J’ai lâché d’en exprimer une partie, fig. V. Il y en a sur-tout deux , marquées tt, qui prennent naissance dès l’in- térieur de la veine pulmonaire, et qui se bifurquent pour embrasser par quatre points l’ouverture de communication entre l’oreillette et le ventricule. Il y a ici , comme à l’or- dinaire, deux valvules qu’on peut à tous les litres nommer mitrales , et dont le côté libre est tourné vers le ventricule. Celui-ci est charnu et garni de colonnes nombreuses.

L’artère principale r, f.lV, V et Vl,seporte en avant et un peu en dedans ; elle donne d’abord une grosse branche , i , i , qui se distribue aux foies et à quelques autres viscères de la digestion. La seconde, 2, 2 , se porte en arrière, et donne des rameaux aux parties femelles de la génération; elle se termine au rectum.

6 ^

.44 ANNALES DU M U S É U Ht

Le tronc principal se portant toujours en avant, passe sous le cerveau, et donne deux branches qui, se jetant de côte à angle droit, pénètrent dans l’épaisseur des chairs elles marchent parallèlement aux deux grandes veines caves que nous avons décrites d’abord.

Avant d’entrer dans les chairs, la branche droite donne un rameau, 4, pour les parties mâles de la génération, le- quel en donne lui-même un, 5, pour la glande salivaire de ce cüté-là. La branche gauche n’emploie son rameau , 6, qu’à la seule glande salivaire. Enfin , le tronc principal , 7 , SC termine presque entièrement à la masse de la bouche.

6.® 'De la digesUon. a. La bouche

La bouche ne doit point pouvoir s’alonger beaucoup en trompe ; cependant elle n’est armée ni de mâchoires , ni d’aucune dentelure; la langue est, comme dans la plupart des gastéropodes nuds , une lame cartilagineuse sillonnée en travers, et ployée en cornet, dont les mouvemens lents et onduleux portent les alimens dans l’oesophage qui a son origine précisément au-dessus de la langue. C’est pour ces mouvemens du cartilage lingual qu’est destinée la grosse masse musculaireque nous avons marquée a, n, a , fig. IV, .V et VI. Les glandes salivaires ^ b , b , ib, représentent des arbres touffus, parce que les lobules qui les composent sont peu unis, et ne tiennent guères ensemble que par les branches du vaisseau excréteur. Celui-ci s’insère aux deux cotés de la naissance de l’oesophage.

b. Cancd intestinal.

L’oesophage, cT, cê, fig,' V et VI, est ridé intérieurement

H i s T O I R E NATURELLE. 45

clans le sens de sa longueur, et sa veloutée est légèrement villeuse. 11 se dilate pour former le cardia, et est percé à cet endroit de deux trous , ' fig. V, qui reçoivent la bile des deux premiers foies.

Le premier estomac est un vrai gézier , très-semblable à celui des oiseaux ; armé comme lui de deux muscles très- épais qui l’embrassent et s’unissent à ses côtés par deux ten- dons rayonnansdansla position de la fig. V; l’un des muscles est en avant en j' , et l’on voit un des tendons en raccourci , en f. La veloutée de ce gézierest cartilagineuse comme celle des oiseaux. Le second estomac, /3,<fig. V, est profondément cannelé à sa face externe et encore plus, en dedans ; il a la figure d’un entonnoir. Les rides saillantes de son inté- rieur ont elles-mêmes vers leur origine une portion ar- rondie qui saille plus que le reste, et qui doit singulière- ment retarder le passage des alimens , du gézier , dans ce second estomac , tant qu’ils ne sont pas fort atténués.

Le troisième estomac, u, fig. V, est cylindrique, court, ridé longitudinalement en dedans, mais ses rides sont beau- coup plus fines que celles du second, et d’une grosseur égale dans toute leur longueur.

On voit ces trois estomacs ouverts, fig. Vllj ils y sont marqués des mêmes lettres que fig. V;/"',/"' , est la coupe de l’un des muscles du gézier; les parties de la ve-

loutée qui répondent au muscle coupé celle qui répond au muscle resté entier.

Le canal intestinal, I , i , h , g V et VI, est deux fois et demie plus long que le corps. Sa grosseur est à-peu- près la même par-tout.

4G

ANNALES DU ]\î U S É U ISI

c. Les foies.

Ce que l’anatomie de cet onchidium nous a offert de plus extraordinaire, c’est la division de son foie en trois glandes qui ont leurs vaisseaux excréteurs distincts, et s’insérant à des endroits différens. C’est le premier exemple que nous en ayons observé i les cétacés montrent bien plusieurs rates: les oiseaux plusieurs pancréas ; ce n’estqu’ici que nous avons vu plusieurs foies , et il ne faut pas croire qu’il s’agisse de glandes de nature diflérentes : ce sont trois foies essen-r liellement identiques, si l’on excepte les circonstances ac- cessoires de la grandeur de la figure, et de la position; ils ont la meme couleur, laméme consistance, le meme tissu ; leurs lobes et lobulessont divisés de même; leurs vaisseaux sanguins et excréteurs ont une distribution pareille, et le fluide qu’ils sécrètent est semblable dans tous. Le plus grand, Z, Z, lig. V et Yl, est à droite, au milieu de la longueur du corps, et embrasse la plus grande partie de l’intestin. Son canal s’ouvre dans l’œsopliage près le cardia, parle jdIus gros des deux trous percés en s.

Le second, m , lig. IV, s’ouvre au même endroit, dans le plus petit des deux trous , est situé à l’arrière du corps sur la gauche ; et le troisième , n , lig. IV, qui est en même tcmpsleplus petit, placé immédiatement derrière le gézier, perce de son vaisseau les parois de celui-ci à l’endroit mince, en arrière des deux gros muscles. Ce trou du gézier se voit en i , lig. V. Le second foie est représenté à part à sa face intérieure , lig. 9. a , est son canal excréteur ; Z> , son arr tère, et cc, les petites veines qui en partent pour aller

d’ HISTOIRE NATURELLE 4ÿ

aboutir aux deux grands vaisseaux latéraux CC , fig. Yl. L’insertion des deux premiers canaux biliaires an cardia , rappelle la sécrétion abondante qui a lieu dans le jabot des oiseaux, et qui humecte les alimens avant qu’ils entrent dans le gézier; mais il est toujours singulier de voir le suc gastrique suppléé ici par un liquide hépatique. La troi- sième insertion qui verse directement la bile dans le pre- mier des trois estomacs, est aussi fort remarquable, et ne se retrouve guère que dans quelques poissons, comme le dloclon mola,

7.“ Organes de la génération.

Ils occupent un très-grand espace dans le corps de l’on- chidie, et sont divisés en deux groupes principaux. Le premier qui a son issue entre les deux tentacules , contient les organes par lesquels l’animal exerce les fonctions du sexe masculin, et le second qui sort par le trou situé en arrière, sous la droite du manteau , contient ceux qui sont affectés aux fonctions de l’autre sexe.

a. Organes mâles.

Le premier groupe commence par une bourse membra- neuse c , fig. Y et Yl , dont le fond est divisé en deux euîs de sacs qui reçoivent chacun un vaisseau cylindrique. Celui du cul de sac antérieur, est très-mince, entortillé en pe- loton trois ou quatre fois plus long que le corps, et se loge tout entier au côté droitdela masse de la bouche, en “, fig. Y.

L’extrémité qui tient à la bourse y pénètre par un tuber- cule représenté en F, fig. Ylll, et portant une petite pointe de substance cornée. Le vaisseau mince lui-mème, marqué

48

ANNALES DU MUSEUM fig. Y, Y1 et YllI, recourl3e son autre extrémité vers la base de la bourse , et l’y fixe, mais, à ce que je crois, par de la cellulosité seulement.

L’autre est beaucoup plus gros et plus long; il occupe une grande partie de la cavité abdominale , en cl, dj e , e , e, fig. IV, et éprouve dans sa longueur des cbangernens no- tables de structure. Sa partie postérieure e,e, est un vais- seau large , à parois minces, huit fois plus long que le corps; il est entortillé et replié sur lui-mème; une forte artère qui donne des branches à toutes les parties, en maintient les divers replis. Ouvert , il laisse sortir quelques parcelles blanchâtres, et une matière moulée un peu noirâtre.

A ce vaisseau succède une masse elliptique , charnue et dure, marquée d , d; le canal en la traversant, devient' fort étroit. Elle est suivie elle-même d’une dernier vaisseau , A , A, fig. VI, qui se termine à la bourse par une espèce de gland percé, et entouré d’un prépuce E , fig. Ylll. On voit, au travers des parois du vaisseau, a , a, en un endroit mar- qué D, fig. VI, une pointe brune très-aigue. En ouvrant ce vaisseau, comme il est représenté, fig. Vlll , on remarque une sorte de pédicule charnu qui porte cette pointe, la- quelle e^t très-aiguë et de substance cornée. Elle doit pou- voir facilement passer par l’ouverture du gland E.

Que penser maintenant des fonctions de ces deux organes? la pointe qui termine le gros vaisseau , est sans doute la verge; mais qu’est alors celle du petit ? ou l’animal auroit- il deux verges comme en ont parmi les animaux à sang rouge, beaucoup de lézards et de serpens ? Ces deux longs vaisseaux creux seroient-ils à-la-fois excréteurset sécréteurs? le fluide qu’ils contiennent est-il séparé par la substance de

îeurs parois? est-ce la vraie semence, et par conséquent ces vaisseaux sont-ils les vrais testicules?

Ces mémoires n’eussent-ils d’autre objet que de rendre les observateurs attentifs à tant de particularités curieuses que l’histoire des mollusques ne peut manquer de leur offrir , je me croirais encore heureux d’en avoir entre- pris le travail.

b. Organes femelles»

Ils comprennent l’ovaire et ce qui l’accompagne ordinai- rement, c’est-à-dire, ce que j’ai jusqu’à présent nommé le testicule et la vessie. Ces trois organes forment un groupe qui dans l’état nalurel est caché sous les autres viscères; on le voit en situation , fig. V: o, est le testicule ; l’ovairey ■y y la vessie. Ces memes lettres se retrouvent sur les memes parties, fig. VI.

L’ovaire ^ se compose de deux lobes divisés eux-mêmes jusqu’aux grains qui ne contiennent chacun qu’un oeuf, et qui communiquent tous.par des canaux particuliers à l’ovi- ductus ou canal commun.

Celui-ci est replié comme à son ordinaire, et traverse aussi comme à l’ordinaire, ce corps glanduleux que je prends tou- jours pour l’organe sécréteur de la semence ; il est ici blanchâtre et d’une forme irrégulière et inégale. L’oviductus Y, après-y avoir fait divers circuits , paroît se continuer avec un canal M , M, qui se porte au-dehors, et qui, selon ma ihéorie , donneroit issue aux oeufs une fois imprégnés de se- mence par leur passage au travers du testicule o. Un autre canal, N, N, paroît établir une communication différente i'ütre certaines parties de ce testicule et la vessie y \ il se 5. 7

5o ANNALES D tr MUSEUM

rend dans celle-ci, à côté du point d’où sort son canal propre Q.

Quelle que soit la justesse de mes idées sur la nature de ces divers organes, on conviendra toujours de l’analogie extrême de leur disposition avec ceux de Vaplysie : même séparation de la verge et de ses appartenances d’avec l’ovaire et le testicule; même connexion de ceux-ci entre eux et avec la vessie : seulement VapLjsie n’a point ces deux longs vais- seaux qui tiennent dans Vonchidium aux organes du sexe mâle, mais on commence à en voir quelque vestige dans la bullée.

8." Système nerveux.

Il est aussi simple et aussi régulier que dans les doris et les tritonies. Le cerveau, a, fig. V et VI, enveloppé de sa dure mère et d’une cellulosité serrée , présente, quand on enlève ses enveloppes , quatre tubercules grenus d’un brun jaune, dont tes deux intermédiaires sont plus petits. Le collier qui passe sous l’oesophage est très-éfargi , par les méninges qui lui donnent la forme d’un ruban.

Les deux premiers nerfs, lo , lo, fig. VI, vont former sous la naissance de l’oesophage en », deux petits ganglions d’où naissent les nerfs qui suivent cet oesophage, et qui probablement vont jusqu’à l’estomac et au-delà.

Ces deux ganglions sont analojzues à ceux des doris et des tritonies, et sont comme dans celles-ci , les seuls ganglions différens du cerveau , que j’aie trouvés dans le corps de Panimal.

Les autres nerfs vont aux tentacules , à la bouche, aux organes mâles de la génération , et le plus grand nombre se

d’h istotre naturelle -5t

perd dans les parties charnues des côtés. La figure Y1 les représente tous très-exactement, et je n’y ai point mis de marques, de crainte de trop l’embrouiller. On notera seule- ment le nerf 12, 12 , qui suit l’artère n.'’ 2 , et va avec elle jusqu’au rectum et aux poumons.

9.® Système -musculaire.

L’enveloppe musculaire du corps est très-épaisse ; la couche de fibres la plus étendue est transversale; on la voit en S, S, lig. VI; il y a au-dessusdeux grandes bandes longitudinales, R, R, R , fig. VI. Le reste de l’enveloppe est composé de- jîbres entrelacées en toute sorte de sens,.

ANNALES DU MUSÉUÎ^f

ADDITIONS et CORRECTIONS à V article surle^

OSSH^IENS FOSSILES DU TaFIRj P A. R G. CUVIER,

Depuis l’impression de cet article, j’ai reçu quelques ren'- seiguemens assez importanssur les pièces qui en font l’objet^

« i.° Sur le petit tapir fossile.

J’ai trouvé dans les archives de la société philomatique un Mémoire qui lui a été adressé dès le i.®" floréal an par M. Dodun, ingénieur en elief des ponts et chaussées du département du Tarn, et qui est intitulé :

Notice sur de nombreux fossiles osseux trouvés le long des dernières pentes de la Montagne Noire, aux environs de Castelnaudari.

M. Dodun y donne un dessein très-exact de la même mâchoire que j’ai représentée dans mes planches 111 et IV. C’est lui qui le trouva en i?d4, et qui le donna en 1788 à M. de Joubert. Outre les deux morceaux que j’ai donnés, M. Dodun représente encore un dent canine et une molaire séparées, et un fragment de mâchoire inférieure, conte- nant les deux dernières molaires du côté gauche j elles sont en tout semblables à leurs correspondantes dans la mâchoir® que j’ai fait graver.

5 •-

d’ H I s T O I R B NATURELLE. 53

Il paroît par ce mémoire que les dernières pentes de la Montagne Noire et les environs de Castelnaudari sont très- riches en ossemens fossiles. M. Dodun y a trouve des dents d’éléphans dans tous les Ages et dans tous les états, plu- sieurs autres dents inconnues, des ossemensde poissons, etc. Il seroit bien à désirer que les personnes A portée recher- chassent encore ces sortes d’objets j l’histoire du globe ne pourroit qu’en proliter infiniment.

2.® Sur le grand tapir fossile.

J’ai avancé, p. 17 , à propos des deux parties de mâchoire de cet animal qui se trouvent dans le cabinet de M. de Drée, que M. de Joubert dont elles proviennent n’a laissé aucune note sur le lieu de leur origine. J’ai commisen cela une erreur d’autant plus forte, que M. de Joubert a laissé non-seulement des notes , mais qu’il a publié un Mémoire sur ce fossile intéressant.

C’est M. de la Peyrouse, naturaliste célèbre , profes- seur à Toulouse, maire de cette ville, et correspondant de l’Institut, qui a bien voulu m’indiquer ce Mémoire, im- primé dans le tome 3.® de ceux de l’académie de Toulouse, page 110 et suivantes, et accompagné de quatre planches qui représentent ces morceaux, chacun sous deux aspects, mais d’une manière très-imparfaite.

M. de Joubert dit que ces portions de mâchoire furent trouvées eu 1785, sur la terre, en Comminge, du coté de Beinc , à cinq lieues d’Alan , château de l’évèque de Com- minge, près de la rivière de Louze. On trouva en même temps trois pierres parsemées de fragiiiens d’os, impossibles à déterminer.

è

54i ANNALES DU MUSÉUM

On croit qu’elles avoient été extraites par les déblais qu’oc- fcasionnoit dans ce canton la construction d’un chemin de communication entre les villages. Les fouilles qu’on fit en- suite dans le meme lieu, furent infructueuses.

M. de la Peyrouse ajoute que c’est aussi dans le environs d’Alan que furent trouvées des défenses d’élé- phant , des mâchoires énormes , des bois analogues à ceux du cerf et du chevreuil qui étoient dans le cabinet de feu M. de Puymaurin, et dont une partie a été mentionnée par Buffbn , dans les notes des époques de la nature. '

M. de la Peyrouse a trouvé lui-même, long - temps après, du côté d’Alan, des dents et des portions cdnsidé-» râbles de mâchoires de grands quadrupèdes; aussi a-t-il eu quelques doutes sur le lieu MM, Gillet et Lelièvre peuvent avoir trouvé la dent de grand tapir dont j’ai parlé dans l’article en question. Voici comment M. de la Peyrouse s’exprime à ce sujet:

« Le second morceau , dites-vous, a été trouvé près Saint- )) Lary en Comminge, par AIAI. Gillet - -Laumont et Le-r » Ziéc’/’c ; il n’y a pas de Saint-Lary en Comminge, mais )) en Couserans. J’ai vu Saint-Lary qui ne paroît pas trop )) un pays à pétrifications, et je crains que l’on n’ait con- )) fondu Alan en Comminge , avec Saint - Lary en Cou- » serans. )>

Je me suis empressé de consulter de nouveau MM. Gillet et Lelièvre, mais ils ont confirmé leur premier dire; c’est à Saint-Lary, dansle jardin de M. de Comminge, que cette dent fut trouvée dans des fouilles que l’on fàisoit pour dis^ poser quelques parties de ce jardin.

d’ H ISTOIRE NATURELLE. 55

Il est vrai que Saint-Larj est en Couserans , petite con- trée au sud-ouest du Commingc , arrosée par la rivière de Sarlat, tandis Alan est en Comminge même , autre petite contrée arrosée principalement par la Garonne et la Louze ; Simorre , autre lieu fertile en ossemens fossiles, est encore tout près de-là , en Estarrac. Nous donnerons un chapitre particulier sur l’espèce remarquable d’animal qu’on J trouve, ainsi qu’aux environs de Dax et dans plu- sieurs autres des vallées qu’arrosent les rivières qui des- cendent des Pyrénées.

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ANNALES DU MUSÉUlSf

ADDITIOJS à V article sur VUippopotamk^ Par g. cuvier.

13epuis que cet article est imprimé, j’ai eu connoissauce d’un petit traité inséré par M. Schneider dans son édition de la Synonymie des poissons d’Arledi, imprimée en 1789, et quia à-peu-près le même objet que mon introduction. Ap- penclicc exJiibens historiam hippopotami veterum crüicam. In Schneider synonymlâypisc. gi'ŒC y etlat.p. 24-p et sequenf. Ce savant helléniste y a rapporté quelques passages anciens qui m’avoient échappé, et que je m’empresse d’extraire.

Le principal est celui d’.^c/z///es Tatius, auteur d’Alexan- drie, que M. Schneider prouve dans ce même morceau , avoir vécu au plus tard du temps de Constantin ; liv. IV, « L’animal fluviatile que les Egyptiens nomment cheval du )) Nil y ressemble, dit-on , au cheval par le corps et les pieds, )) excepté que ceux-ci sont fendus. Sa tailleeçt celle des plus » grands taureaux; la queue courte et nue comme le reste )) de son corps; sa tête ronde et petite; les joues pareilles » à celles du cheval ; ses narines grandes et ouvertes res- )) pirant une haleine enflammée; sa mâchoire aussi large )) que scs joues; sa gueule fendue jusqu’aux tempes; ses )) dents canines courbées , ressemblant à celles du cheval )) (sans doute du sanglier), par la forme et la position, )) mais trois fois plus grandes. »

On voit que cette description , sans être parfaite, est ce-

d’ HISTOIRE NATURELLE. 5y

pendant encore meilleure que celle de Diodore que j’ai citée. Elle ne laisse aucun doute sur l’espèce.

Les autres passages tirés soit d’Eustatîiius, soit de quel- ques auteurs du moyen âge^ comme Isidore, Vincent de Beauvais et Albert-le-Grand, sont plus vagues et en grande partie erronés.

M. Schneider donne aussi la copie de quelques figures an" tiques de cet animal que je n’ai point citées, celle d’un vase gravé dans Gori^ inscr. etr. /, tah. 19; celle d’une pierre gravée de la coll. d’Orléans, et une peinture d’Herculanum, tom. I , p. 264. Il yen ajoute une de la plinthe de la statue du Nil, tirée du mus. Pio. Clem. 111, 90, et cite encore di- verses médailles de Claude, d’Otacilia Sévèra, de Mammée et d’Hadrien. Tous ces monumens s’accordent avec ceux que je connoissois, et avec l’animal vivant.

Mais M. Schneider n’ayant point sous les yeux de copie de la mosaïque de Palestine, confond les trois bonnes figures d’hippopotame avec cette figure de singe ou de cochon qui porte les lettres ;^o/5o7r,et croit que le mot Ac choeropotame est inscrit sur les premières. C’est ce qui le fait adhérer à l’opi- nion Ai Hej'mann et de Prosper ^Ipin.

J’ai dit dans mon article, p. 5, queCylius quoiqu’il eût vu un hippopotame à Constantinople , s’étoit borné à copier la description de Diodore : il en a publie une particulière à la suite de sa description de l’éléphant , imprimée à Hambourg en i6i4.

M. Schneider la rapporte dans le Supplément de son ou- vrage, p. 5i6 ,* elle est fort bien faite pour le temps.

5.

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58

ANNALES DU MUSÉUiNf

NOTICE

Sur un essai de culture de la Patate l'ouge de Philadel- phie y dans les environs de Paris ,

Rédigée par M. FAUJ AS-S AINT-FOND.

M . Lormerie, commissaire du Gouvernement françaispour l’agriculture, dans les Etats-Unis, adressa de Philadelphie, il y a deux ans, à M. Fourcroy, une boîte de tubercules de patates rouges {convolvulus hatatas angulosus. Mus par.) il y joignit une variété de pommes de terre, la plus hâtive de toutes celles qu’on cultive dans celte partie de l’Amé- rique septentrionale.

M. Thouin ayant reçu de M. Fourcroy ces patates et ces pommes de terre pour les propager et en cultiver quelques- unes pour les jardins du Muséum, me remit trois des pre- mières et trois des secondes pour en faire des 'essais dans une propriété que j’ai dans la partie la plus méridionale du déparlenient de la Drôme.

Comme Fhiver approchoit, et que je craignois que le voyage ou le froid ne fatiguassent trop les patates qui sont en général délicates , je ne voulus en hasarder que deux que je fis partir, et je donnai la troisième à M. Daudun de Neu- vry qui s’occupe avec succès de culture, et possède un assez

d’ II I s T O I R E naturelle. 69

grand nombre de plantes exotiques, dans une belle et utile propriété située à trois lieues de Paris, dans la commune de Bièvre.

M. de Ncuvry fit placer sur-le-champ la patate que j’eus le plaisir de lui offrir , dans un pot rempli de sable sec qu’on déposa sur une des tablettes d’une orangerie vitrée, Ton n’alluma du feu que pendant quelques jours d’un froid un peu rigoureux. On avoitpour but de garantir cette patate de l’humidité et de la gelée, et de la conserver ainsi jusqu’au mois de mars. A cette époque, elle fut trouvée saine, et on la plongea avec son pot dans une couche chaude pré- parée pour faire lever des melons, et recouverte d’un châssis.

La plante ne tarda pas à végéter j lorsque les premières feuilles furent développées, on la tira du châssis , après l’avoir dépotée, et on la plaça à l’extrémité d’une couche sourde, établie en plein air, on ne la couvrit d’une cloche, que lorsque les nuits étoient un peu trop froides.

Cette patate, se trouvant dans une bonne terre, poussa avec beaucoup de vigueur et s’étendit au loin ^ plusieurs de ses rameaux^s’enracinèrent , et de fréquens arroseniens, pendant l’été, la firent prospérer au-delà de toute attente.

Vers le milieu du mois d’octobre, cette plante ayant été tirée de terre, donna soixante tubercules beaucoup plus gros que la mère , et en produisit en outre environ au- tant de petits qui s’étoient formés dans un grand nombre de rameaux bien enracinés ; ces rejetons étoient très- propres à former de nouveaux sujets pour l’année pro- chaine ; mais comme on ne connoissoit pas bien encore cette culture, l’on se contenta de conserver une seule de

8^

6o

A N N À li E S DU ]\î U S É U M

ces jeunes plantes clans un pot cpii fut mis clans la serre cliaucle il continua à végéter.

Quant aux grosses patates, celles cju’on mangea comme essais, furent trouvées excellentes. On en conserva environ cincj[uante cju’on arrangea couche par couche avec du sable sec, clans une petite barrique cju’on laissa ouverte cl’un^côté , et c[ui fut ensuite placée dans une serre tempérée pour y pas- ser l’hiver. On recommanda au jardinier cpii conduisoit cette serre, d’éviter avec soin de mouiller la barricpie ; mais soit par oubli ou par manque d’attention , il laissa tomber plusieurs fois de l’eau sur le sable des patates; et lorsqu’on voulut les visiter, vers la fin de mars, pour les mettre en pot, on reconnut qu’elles étoient gâtées, à l’exception de sept qui , se trouvant au fond du petit tonneau , furent garanties de la grande humidité.

Ces détails Cju’on pourroit regarder peut-être comme trop minutieux , m’ont paru cependant nécessaires, puisqu’ils apprennent ce qu’il est utile de faire, et ce qu’il est bon d’éviter; je vais donc les continuer.

Des sept patates qu’on se clisposoit à planter dans des pots avec du sable de bruyère, six se trouvèrent parfaitement saines : la septième avoit cjuelques taches de pourriture qu’on enleva avec un couteau; mais on fut obligé, pour remplir ce but avec succès, de couper celle-ci en deux parties que l’on planta dans deux pots sur lesquels on avoit très-peu d’espérance, parce que la patate qui est un convol- vulus y n’avoit pas été traitée encore comme la pomme de terre cpii est un solarium qu’on peut couper par oeilletons qui réussissent très - bien , et forment autant de bonnes plantes. On obtint donc par huit pots de patates, non

d’ H r s T O î R E NATURELLE. 6l

compris une neuvième cp-i’on avoit conservée en état de vé- gétation dans la serre.

On établît les huit pots sur une couche chaude recouverte d’un châssi^s vitré; la végétation ne tarda pas à se manifester, et en très-peu de temps toutes ces plantes prirent de la vigueur, et l’on vit que les deux tubercules qui avoient été^ coupés, u’en avoient ressenti aucun mauvais effet.

Lorsque les feuilles furent bien développées , et eurent acquis une bonne couleur , les plantes furent dépotées, vers la hn du mois de mars de l’an XII, et rétablies sur une plate-bande en plein air, dans une terre sablonneuse peu riche en terreau; la plante qui avoit passé l’hiver en vé- gétation dans la serre chaude, lut placée à coté des autres ; on ne se servit de cloches que lorsqu’on craignit quelques gelées blanches, et l’on traita ces patates d’une manière assez rustique , car cette variété venant de Philadel- phie , on la crut plus robuste que les deux autres variétés qu’on cultive avec tant d’avantage dans Jes diverses parties de l’Amérique méridionale.

La végétation de ces plantes se manifesta avec la même force et avec la même vigueur que l’année précédente; on eut le plus grand soin, lorsque le beau temps fut arrivé, et que le soleil prit de la force, de ne jamais les laisser man- quer d’eau; on les arrosa même fréquemment, ce qui les lit prospérer et jeter de toute part des rameaux qui pre- noient racine avec facilité ; l’on reconnut cependant que des arbustes étrangers qui se trouvoient un peu trop près du quarré des patates, en ombrageoient quelques-unes, ce qui diminua leur fécondité.

La récolte ayant été faite au commencement de vende-

I

ANNALES DU MUSEUM

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iniairc, les trois premières plantes qui étoientplus exposées au soleil que les autres, donnèrent, l’une quarante, l’autre cinquante, la troisième soixante gros tubercules (i) ; les six autres placées moins favorablement, ont produit, les unes vingt, les autres trente, et quelques-unes quarante belles patates. Elles ont donné en outre un grand nombre de pe- tits tubercules qui doivent être considérés comme le produit des rameaux qui ont pris racine et formé autant de nou- velles plantes ; celles-ci ont été mises dans des pots séparés au nombre de plus de quatre-vingt qu’on a placés dans de nouvelles couches pour les laisser en état de végétation ÿ on couvrira les bâches avec des châssis vitrés dans le temps des froids, et si l’hiver étoit rigoureux , on les*réchauffe- roit avec du gros fumier; c’est un nouvel essai que M. de Neuvry va faire. Il conservera en outre d’autres patates dans du sable sec comme auparavant, et le jardinier atten- tif et instruit qui dirige dans ce moment ses cultures, m’a dit qu’il comptoit sur une récolte abondante pour l’année prochaine J et qu’il espéroit que non-seulement cette va- riété pourroit se naturaliser dans le midi de la France elle exigeroit beaucoup moins de soins (2) ; mais qu’avec

(1) M. Faujas a présenté à l’asseralilce des Annales du Muséum, cinq de ces patates qui pesoient une livre en tout.

(2) La chose est si probable, que la variété rouge ordinaire, cultivée dans les climats chauds de l’Amérique , et qui est beaucoup plus délicate et plus sensible au froid que celle de Philadelphie , réussit parfaitement à Toulouse M. de la Peyrouse la fit cultiver. Ce savant naturaliste apporta à Paris des produits de sa récolte de l’an IX, au Muséum, et ces patates étoient grosses, vigoureuses, et d’un très-bon goût.

d’ HISTOIRE NATURELLE. 63

un peu d’attention, et à l’aide de simples châssis , il seroit facile de conserver assez de ces plantes en état de végéta- tion pendant l’hiver-, dans les jardins de Paris et des envi- rons , pour obtenir une culture avantageuse de ces patates très-agréables au goût et très-saines comme aliment.

On peut voir, au sujet de cette dernière variété de pa- tates, ainsi que sur celles qu’on cultive dans diverses par- ties de l’Amérique méridionale et sur leur culture, un très- bon mémoire de M. Thouin, inséré dans le tome III, pag. i83 des Annales du Muséum. ,

NB. M. Faujas rendra compte dans une seconde notice , des succès qu’il a obtenus dans ses possessions de S.-Fond, de la culture de la pomme de terre hâtive , qui arriva de Philadelphie dans le même envoi adressé à M. Fourcroj.

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ANNALES DU MUSEUM

CORRESPONDANCE.

Lettre de M. BaiTy, ancien Commissaire général de la ma- rine y à J[f. Faujas-deSaint-Fond.

M.

Dans la description intéressante que vous avez donnée dans les Annales du Muséum , 5.'^ cahier, du poisson fos- sile trouvé dans les carrières de Nanterre, vous considérez d’après l’opinion de M. Lacépède, l’analogue de ce fossile, comme ayant appartenu au coryphêne cJirjsurus.

Vous avertissez ensuite (jue comme dans ces sortes de rapprochemens on ne sauroit apporter trop de réserve, vous ne vous permettrez pas de prononcer affirmativement, proposant aux naturalistes de voir le fossile dans votre ca- binet d’histoire naturelle , ce que je suis empressé de faire.

Dès le premier aperçu, j’avois jugé que le poisson de Nanterre n’étoit pas un des coryphénes que M. de Lacépède a décrit dans sa belle Histoire des Poissons, la comparaison approfondie que j’ai faite de votre gravure et du fossile ori- ginal avec les dessins du coryphêne cliry surus ou hy punis qne je possède ou qui me sont connus, ne m’a laissé aucun doute dessus. Je vous communiquai mes premières idées ainsi qu’à M. Lacépède, et vous les trouvâtes, l’un et l’autre, assez justes, pour m’engager à les développer par écrit. vais tâcher de remplir vos intentions.

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d’ HISTOIRE NATURELLE. 65

D’abord vous savez que votre poisson fossile n’a que dix pouces six lignes de longueur totale , au lieu que le cory- phéne de quelque espèce qu’il soit , est long depuis deux jusqu’à trois pieds, ne prétendant pas néanmoins que ce poisson avant d’ètre adulte , ne soit moins long. Suivant la description du coryphêne ( dorade d’Amérique) (i) , dont la figure fut gravée d’après le sec , et que Duliamel a donnée dans son Histoire des Poissons (suite de la 5.® partie, tome III." , section 4 ) , le poisson avoit trois pieds de longueur. Le coryphêne cry surus f découvert par Commerson dans la mer du sud, avoit de longueur 7 décimètres ( 26 pouces 7 lignes. ), d’après le dessin réduit que je vous ai commu- niqué ainsi qu’à M. Lacépède, et qui fut fait très-fidèle- ment sous mes yeux en 1782, d’après l’animal vivant qui venoit d’ètre pris sous la latitude boréale de 26." i5^; longi- tude 3i." 3g'’ ; ce poisson avoit une longueur bien mesurée de 2 pieds 3 pouces.

Enfin, dans mes campagnes sur mer, j’ai vu une grande quantité de ces dorades ; toutes m’ont paru avoir des lon- gueurs respectives, contenues entre deux et trois pieds ex- clusivement.

Une inégalité si grande, si tranchante dans la première des dimensions caractéristiques des poissons, la longueur, commence nécessairement la ligne de démarcation établie entre le fossile de Nanterre et les coriphênes ou dorades ; suivons cette ligne. Votre fossile a le museau obtus, ter-

(1) C’est mal-à-propos qu’ôn dit dorade d^ Amérique , puisque la dorade se trouve gCQcralement dans les mers équatoriales ou solsticiales souvent à de très-grandes distances du continent ou des îles de l’Amérique.

5.

9

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ANNALES DU M U S É U M

aiiné par une ligne droite verticale; chez le coripliêne, la mâchoire inférieure déborde sensiblement la supérieure, et forme une espèce de cueillièr. A la vérité , au coriphêne doradon , gravé dans l’Histoire du citoyen Lacépède , les de U X mâchoires sont également longues; mais le dessin de cette gravure avoit-il été fait d’après nature , et fidèlement exécuté? Souvent un voyageur qui sait dessiner, sans être naturaliste , rend mécaniquement un morceau d’histoire naturelle, en négligeant de petits détails, et sacrifiant quel- quefois l’exactitude à l’élégance; de bien des erreurs.

Quoiqu’il en soit, le fait du prolongement et de la saillie le la mâchoire inférieure est prouvé par la description et la gravure de Duhamel, suivant lesquelles l’excédent est le six lignes, sur quoi on peut observer que les difierences Je ces deux dimensions sont relatives aux dilférences des ongueurs totale des poissons.

D’ailleurs comme chaque animal terrestre ou marin à eçu de la najnre des organes propres à se procurer la lourriture qui lui convient, il est probable que Xecoriphêne se nourrissantprincipalementdes poissons volansqu’il prend à la chasse, et des substances alimentaires qu’il rencontre dans ses promenades, sous la surface des ondes, la forme prolongée et saillante de la mâchoire inférieure , est celle qui lui convient le mieux pour saisir et ramasser du bas en haut, dans l’eau une proie mobile et fugitive; on sent en effet que des mâchoires également longues seroient moins commodes.

Voici une autre différence remarquable : l’aileron dorsal lu fossile de Nanterre, j)art du derrière de la tête pour ,boulir à l’extrémité de la queue; celui du coriphêne part

d’ HISTOIRE NATURELLE. 67

du sommet de la tête pour arriver au même point que l’autre; dans l’aileron dorsal du fossile, la première moitié du côté de la tète est composée de rayons durs très-piquans , assez écartés les uns des autres, et paroissant sortir avec force de leur fourreau , semblables à des armes offensives et dé- fensives; dans l’aulre moitié du même aileron, les rayons deviennent successivement plus foibles. Dans l’aileron dorsal du corlphêne , on compte beaucoup plus de rayons en tota- lité, mais ils sont généralement plus rapprochés les uns des autres, plus mous, plus flexibles , plus rameux , plus en- veloppéspar la membrane , et formant une espèce de frange qui donne à l’aileron l’air de la crinière du cheval, d’ouest venu au corlphêne le surnom Aohypurus y comme d’un autre côté on lui a donné celui de chrjsurus y à cause de ses cou- leurs dorées ; aussi bien le coriphène , en raison de ses for- mes agréables et légères ; de ses contours coulans, gracieux ; de son coloris riche en superbes nuances, est-il regardé comme le plus beau des poissons, comme il en est un des plus excellens par la blancheur, la délicatesse et le goûtdç sa chair.

' Je termine ici l’analyse des différences individuelles pour en venir à l’objet capital qui consiste à trouver le véritable ~ analogue du poisson fossile de Nanterre.

A mon avis, cet analogue est le premier ou le deuxième poisson de la famille des sparrus , nom classique adopté par Duhamel, d’après Belon, avant la nouvelle classification divisionnaire qui a été établie d’après la structure de l’or- gane respiratoire des poissons. Je puis parler sciemment sur cette matière, ayant eu l’honneur d’être un des corres- pondanst de Duhamel. ■„ ^

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A N xN- À L E s DU MUSEUM

Le premier de ces poissons est Vaiirade, du mot italien aiu'atciy lequel est devenu vulgaire snr nos côtes de la Mé- diterranée voisines de l’Italie. Il a été ainsi nommé à cause d’un trait en arc placé près de l’œil’, et qui ressemble à de l’or bruni. Ce poisson est demi plat, littoral, vivant de tes- lacées, de crustacées; aimant l’eau douce, se plaisant dans les étangs qui communiquent avec la mer, et qui contiennent beaucoup de ces sortes de coquillages dont il se nourrit principalement. C’est à raison de ce genre de nourriture que tout l’intérieur de la gueule est pavé de dents molaires propres à écraser, briser les coquilles, tandis que les mâ- choires sont bordées de petites lanières servant à saisir la proie. De on doit inférer que l’organisation nutritive de l’aurade n’étant pas la même que celle du coriphêne, elle constitue une différence spéciale d’individu à individu.

La longueur totale de Vaiirade est de 8 à i6 pouces; on en voit rarement au-dessus. Votre fossile à lo pouces 6 lig., longueur à-peu-près moyenne entre ces deux extrêmes ; l’un et l’autre sont demi-plats , ayant un seul aileron dorsal, de la tête à la queue , armé de rayons pareils. Je ne parle pas des couleurs de Vaiirade vivante, attendu que celle du fossile ayant naturellement disparu , il n’y a plus de terme de comparaison.

Enfin je n’aurois pas hésité à regarder Vaurade comme l’analogue cherché , si j’avois pu , avec le secours de la loupe, découvrir dans la gueule du fossile des dents mo- laires ou du moins quelques traces de leur primitive exis- tence, mais je n’y ai vu que deux dents laniaires avec leur émail, assez fortes et obtuses. De l’absence des premières et de la forme des secondes ; toutes choses égales d’ailleurs , je

d’ n 1 s T O I 11 E NA T U 11 E L L E.

me suis replié sur le deuxième des spareus nommé sar à Toulon. Ce poisson est celui qui se rapproche le plus de Vaurade dans toutes les parties et les dimensions , mais non par les dents molaires très- peu nombreuses et moins fortes chez le sar, ni par les dents laniaires qui sont plus grosses et plus obtuses chez ce dernier. On peut pour plus d’instruction consulter l’Histoire de Duhamel ( suite delà 2.® partie, tome III.®, section 4 , pag. 8 et suivantes ).

J’ai reconnu plusieurs de ee^^sparrus plus ou moins petits dans la belle collection des poissons fossiles du Véronois, qu’on voit dans une des galeries du Muséum , provenant du cabinet de M. Gazola. La plupart de ces fossiles sont nu- mérotés, mais tous ne sont point encore nommés, de sorte que je n’ai pu établir leur parité avec le fossile de Nan- terre, que d’après les formes du corps et du museau, et celles de l’aileron dorsal.

Ces diverses considérations me déterminent à croire que l’analogue du poisson de Nanterre est, sinon Vaurade, du moins et presque certainement le sar ou un autre sparrus et nullement un coriphêne.

Cette opinion intéresse la géologie, car en supposantque ce fut un coriphêne, voici comment les géologistes raison- neroient : « Le coriphêne n’habite que les mers équatoriales )) ou solsticiales ; or, il s’est trouvé à Nanterre un poisson )) fossile de cette espèce ; donc à l’époque le sol de Nan- )) terre étoit sous les eaux, son climat étoit semblable au )) climat actuel des zones équatoriales.)) Mais cette consé- quence particulière et isolée tombe d’elle-même quand on est autorisé à substituer au corypliêne Vaurade ou le sar, poissons littoraux , vivans sur les côtes maritimes de la zone

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70 ANNALES DU MUSEUM

tempérée ; on peut alors présumer que le sol de Nanterre a été jadis le fond d’un étang ou d’une petite mer méditer- , ranée, formée par les eaux de la Seine, avant que celle ri-

vière se fut creusée dans son bassin., le lit qui la conduit jusqu’à l’Océan , et que cet ancien amas d’eau a contenu des sparrus pareils à ceux que je viens de décrire; ce qui d’ail- leurs n’atténue pas des faits beaucoup plus anciens et démon- I très par la multitude de coquilles exotiques répandues avec

i I tant de profusion dans les environs de Grignon près de

Versailles.

! Je soumets à votre jugement , Monsieur, ces observations

rédigées à la hâte et sans nulle prétention ; vous en ferez l’usage qui vous paroîtra convenable pour rectifier une partie du beau fait géologique dont la science vous doitla décom I verte et la publicité.'

J’ai l’honneur de vous saluer.

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1) II I s T O I R E X A T ü R E L L E.

DK K A PREHNITK désiscnée sous la dénomination ' de zeolithe cuivreuse du Duché des Deux-Ponts ; de la roche qui lui sert de gangue , et du lieu véritable l’on peut la trouver.

Par M. FAUJAS S. - FOND.

Le minéral désigné autrefois sous le nom de zeolithe cuivreuse du duché des Deux-Ponts , est une véritable préhnite. De Born , dans son catalogue raisonné de la collection de Eléonore de Raab , tom. I , pag. 207 , reconnut le pre- mier que cette substance pierreuse avoit un grand rapport avec'la zéolllhe vitreuse du Cap-de-Bonne-Espérance , dont on fit ensuite une préhnite.

De Born qui avait le tact excellent et un grand usage des minéraux , avoit raison ^ puisqu’on a reconnu depuis que la prétendue zéolithe des Deux-Ponts étoit aussi une préhnite.

M. Haüj dans son Traité de minéralogie , ayant des doutes sur la substance dont il s agit, l’avoit tres-sagement placé dans un appendice particulier cet habile naturaliste tenolt en réserve des minéraux dont la nature n’étoit pas encore assez connue pour permettre de les classer dans sa méthode 5 mais depuis l’impression de son livre , ce minéralogiste ayant observé avec soin les caractères de dureté , de forme , d’électricité , de structure , de pesanteur et de fusibilité de cette subs- tance, a reconnu que ces dilférens caractères conviennent à la préhnite ; l’on peut consulter la notice instructive qu’il a publiée à ce sujet dans les Annales du Muséum, tome , pages 194 et suivantes.

Cette préhnite doit donc être tirée de l’appendice du traité de minéralogie de M. Ilaüy pour venir se ranger naturellement à la suite des cinq variétés décrites , tome III , page J70 , par cet auteur.

Mais tous ceux qui ont fait mention de cette belle et rare préhnite mêlée de cuivre natif et de cuivre oxidé verdâtre, n’ont désigné la localité que d’une ma- niéré vague et indéterminée, puisque le ci-devant duché des Deux-Ponts offre une surface étendue et hérissée de montagnes; il est résulté delà , que plusieurs naturalistes instruits ont fait des voyages pénibles et infructueux dans ce pays , sans pouvoir observer ce minéral, et déterminer la nature de la roche qui lui sert de gangue.

ANNALES DU MUSÉUM

72

Vainemeat demandoit-on des renseignemens à Oberstein, l’on fait un grand commerce d’agates et d’autres pierres, on ne les obtenoit jamais, parce que deux ou trois marchands , qui vendoient fort cher quelques morceaux de prélinite qu’ils achetolent des paysans , gardoient le secret à ce sujet.

Dans un séjour assez long que je fis à Oberstein , dans l’intention d’y étudier les montagnes qui renferment ces agates, et d’y voir avec soin la manière dont on y travaille les pierres dures, je logeois chez un Français anciennement établi dans cette viUe, nommé Gilpin, qui se raéloit aussi du commerce des minéraux.

Je vis entrer un jour chez lui un paysan qui lui apportoit deux ou trois mor- ceaux de préhnite bruts ; témoin du marché , je dis au vendeur que je lui paierois deux fois la valeur de ses pierres, s’il vouloit me conduire sur les lieux ; vainement Gilpin m’observa que le chemin éloil impraticable , que je m’exposerois à être ,1 dépouillé par des déserteurs autrichiens , je ne fis aucun compte de ce qu’il me dit , et le lendemain je partis avec mon guide et une escorte de deux chasseurs français que le général Hatri m’avoit donnés à Mayence pour voyager avec plus de sûreté.

En sortant d’Oberstein nous traversâmes le pont qui est sur la No4P , et nous laissâmes la rivière sur notre droite en nous élevant par un chemin très-rapide au milieu des roches porphyritiques et amigdaloïdes , jusqu’à Brenckulborn , petit village à une lieue d’Oberstein j delà nous continuâmes notre route par des che- mins pierreux et difficiles jusqu’au village de Reichenhach , oh. nous arrivâmes après deux heures et demie de marche.

C’est dans les environs de Reichenbach que se trouvent les préhnites. Je laissai mes chevaux dans une maison , et je ^me rendis à pied sur les lieux a un demi- quart de lieue du village.

Le guide me conduisit dans des terres cultivées et semées en blé , sur le pen- chant de plusieurs petites collines , et dans un espace qui n’est pas d’une grande étendue : c’est ici, me dit-il , qu’on trouve quelques zéolithes cuivreuses , car il les aj>pelloit ainsi. La charrue les détache quelquefois du fond pierreux sur lequel repose la terre cultivée.

Il me fallut d’abord donner une indemnité aux paysans dans les champs des- quels j’allai faire des incursions ; ils se prêtèrent ensuite de bonne grâce à m’aider eux-mêmes, et dans moins d’une heure j’obtins trois beaux morceaux isolés , dont deux furent trouvés par moi. Monbut principal étant de reconnoître la gangue, je remontai un peu plus haut dans les ravines les pluies avoient emporté la terre qui cachoit la roche , et je vis que cette gangue éloit un porphjTe gris avec des globules et de petits cristaux blancs de felds-path.

Cette roche avoit en général peu de solidité à sa superficie, et se détruisoit à la longue à l’air , mais la préhnite beaucoup plus dure résistoit j j’en détachai plu- sieurs échantillons d’un beau volume adhérent à la gangue ; je les conserve dans mon cabinet , mais en général les beaux morceaux sont très-rares , et les paysans ne s’attachent qu’à ceux que la charrue enlève , et qui leur paroissent contenir le plus de cuivre. On n’en trouve que dans ce seul espace , qui est très-circons- crit. Je le cernai dans tous les sens pendant plus de huit heures, et toutes les fois que je m’écartois de la ligne , je ne rencontrois plus de prehnite. Je décrirai ailleurs les diverses variétés que j’ai reconnues.

d’histoiee naturelle.

?3

ANALYSE

De V Amphibole du Cap de Gattes, dans le royaume de

Grenade.

/■

Par LAUGIER.

Cette pierre, jadis appelée schorl noir par les minéralogistes français , aujourd’hni horne-blende par les Allemands , a été nommée amphibole par M. Haüy. Quelques traits de ressem- blance avec plusieurs autres pierres, et qui pouvoient donner lieu à des erreurs, ont déterminé fauteur du Traité de miné- ralogie à adopter cette dénomination. La tourmaline , la staurotide, lepyroxène, l’épidote et Tactinote, ont toutes, avec l’amphibole , des analogies plus ou moins frappantes , quoique chacune de ces pierres ait des caractères assez prononcés pour être regardée comme une espèce distincte. L’actinote sur-tout a de tels rapports de forme avec elle, qu’ils ne peuvent presque pas laisser de doute au cristallographe sur l’identité des principes qui les composent. Pour décider complètement

question , il est indispensable que l’analyse chimique soit a accord ^vec la cristallographie : c’est dans cette vue que l’on a entrepris l’examen de l’amphibole , et voici les moyens que l’on a mis en usage.

L’amphibole que l’on a examinée est celle que l’on trouve parmi des produits volcaniques , au cap de Gattes , dans le 5. lo

74 ANNALES MUSÉUM

royaume de Grenade. Les cristaux choisis par M. Haüy étoient de îa plus grande pureté.

Les cristaux d’ampliihole ont une couleur noire ; ils sont formés d’une multitude de lames dont l’assemhlage a un aspect chatoyant ; leur cassure, selon M. Haüy, est transver- sale et raboteuse ; leur pesanteur spécifique est de 3,25. Ils raient le verre, et font difficilement feu avec le briquet^ leur forme primitive et leur molécule intégrante est un prisme oblique à bases rhombesj ils sont fusibles au chalumeau en verre noir.

L’amphibole se brise assez facilement ; il n’est pas aussi aisé de la réduire en poudre , ce qui doit être attribué moins à sa dureté , qu’à la flexibilité des lames dont elle est com- posée. Sa poudre grossière est d’un vert sombre, sa poudre très-fine est d’un gris verdâtre.

Exposée à la chaleur rouge, elle perd à peu près 2 pour 100, et conserve après le refroidissement une couleur rou- geâtre, due à l’oxide de fer quelle contient.

1 .. M. Lampadius a fait l’analyse d’une pierre que M. Werner lui avoit désignée comme une horne-blende ; il y a trouvée une grande quantité de carbone. On a voulu voir si l’on obtiendroit le meme résultat : on a donc soumis l’amphibole à la distillation avec une matière capable d’y prouver la présence de ce corps. Une cornue lutée à l’extérieur, dans laquelle on a introduit six parties de cette pierre bien pul- vérisée et une partie de muriate suroxigéné de potasse très- pur , un balon adapté à la cornue, un tube de communica- tion plongeant dans un bocal rempli d’eau de chaux et bien luté , composoient l’appareil dislillatoire dont on s’est servi. On a obtenu quelques goutelettes d’eau dans le col de la

d’ HISTOIRE NATÜRELLE. ^5

cornue et dans l’allonge, et après le dégagement d’une certaine portion d’air atmosphérique quelques huiles ont troublé l’eau de chaux, mais si légèrement que nous ne savons si nous devons attribuer à notre amphibole , plutôt qu’à des corps étrangers, l’atome de charbon qui a produit l’acide gazeux dont nous avons reconnu la présence.

V 2. Cinq cent vingt parties d’amphibole traitées dans un creuset d’argent avec 1 56o parties de potasse caustique ont fourni une masse d’un beau vertj l’eau qui a servi à la délayer a pris la meme couleur. L’acide muriatique y a développé une couleur d’un rose vif, indice certain de la présence du manganèse, et a dissous la masse en totalité; la dissolution, d’un jaune foncé, a donné, par l’évaporation, un résidu de la meme couleur; ce résidu s’est dissous dans l’eau, à l’exception d’une matière d’un blanc grisâtre, qui , après avoir été calcinée, pesoit 236 parties. On l’a mise à part dans la vue de l’exa- miner avec soin.

3. On a versé dans la dissolution de l’expérience précédente , à laquelle on avoit ajouté un excès d’acide, une suffisante quan- tité d’ammoniaque ; il s’y est formé un précipité rouge assez abondant. Ce précipité , recueilli sur un filtre , et lavé soigneu- sement, a été traité encore humide avec une dissolution de potasse caustique. La dissolution alcaline, séparée delà portion insoluble dans la potasse, a été sursaturée de muriate d’am- moniaque liquide , qui y a occasionné sur-le-champ un préci- pité blanc floconneux.

Ce précipité , séparé , lavé, séché et rougi, pesoit 25 parties; digéré avec de l’acide sulfurique, il s’y est dissous en totalité; et, par l’addition de quelques gouttes d’une dissolution de sul-

¥

10

ANNALES DU MUSEUM

76

fate de potasse, il a donné eiactement la quantité d’alun qu’il devoit fournir.

4. La portion insoluble dans la potasse caustique avoit une couleur brune noirâtre , qui annonce la présence du manganèse , déjà indiqué par les expériences précédentes. L’acide acétique étant le moyen le plus sûr pour séparer ces deux oxides métalliques, on a fait bouillir le mélange encore humide avec une suffisante quantité de cet acide j on a évaporé à siccité , et après avoii' redissous le résidu dans l’eau distillée et l’avoir fait bouillir de nouveau pour séparer l’oxide de fer , on a recueilli celui-ci sur un filtre , et on a soumis la dissolution aux essais suivons : l’oxalate d’am- moniaque y a indiqué l’existence d’une petite portion de chaux, que l’on a évaluée à 3 parties. Le prussiate de potasse y a formé un précipité vert sale quitroubloit la liqueur 5 la potasse caus- tique y a occasionné un précipité blanc rougeâtre assez volu- mineux : cette matière, après la calcination, pesoit 3a parties j elle s’est entièrement dissoute dans l’acide sulfurique. La dis- solution a fourni par l’évaporation un résidu que l’on a yedis- sous dans l’eau, après l’avoir fortement calciné ; il s’en est séparé 9 parties d’oxide de fer : le reste étoit du sulfate de magnésie qui . représentoit a i parties de cette terre. On s’est assuré que le mélange contenoit , outre le fer et la magnésie , une petite quantité de manganèse que l’on a évaluée à deux parties.

5. La dissolution du numéro 3 , d’où l’ammoniaque avoit séparé les oxides de fer et de manganèse, ainsi que le mélange de magnésie et de chaux, devoit contenir une plus grande quantité de ces terres , que celle que l’on en avoit obtenue. Cette conjecture s’est bientôt réalisée par l’addition du car- bonate de potasse, qui y a formé un précipité dont la masse

d’ HISTOIRE NATURELLE.

a augmenté par l’ébullition du mélange, et qui , par la’ meme opération , a pris une couleur grise noirâtre. Séparé du liquide qui le surnageoit , ce précipité a fait effervescence avec l’acide sulfurique, et ne s’y est dissous qu’en partie; le mélange, cal- ciné pour en chasser l’excès d’acide, a été redissous dans l’eau distillée ; la portion que celle-ci a dissoute étoit du sul- fate de magnésie qui représentoit 36 parties de cette terre; la portion insoluble étoit du sulfate calcaire , dont la quantité équivaloit à environ 4a parties de chaux.

6. L’oxide de fer obtenu dans l’expérience n.° 4 pesoit 1 17 parties; il avoit une couleur noirâtre qui y déceloit l’exis- tence du manganèse. Pour vérifier ce soupçon , on l’a traité de nouveau avec 3 parties de potasse caustique. La couleur verte du mélange obtenu a été communiquée à l’eau avec laquelle on l’a délayé. La dissolution alcaline verte dont on a séparé le fer par le filtre , exposée à l’air , s’est décolorée à mesure qu’il s’en est précipité une matière d’un rouge brun, qui , recueillie , pesoit 4 parties , et a été reconnue pour de l’oxide de manganèse.^

On n’a pas remarqué sans surprise qu’une dissolution de muriate d’ammoniaque versée par pure curiosité dans la même dissolutioîi alcaline en ait séparé i5 parties d’alumine , qui , déduites de la quantité du fer , ainsi que les 4 parties de manganèse , l’ont réduite à 98 parties. Comment se fait-il que cet oxide de fer , traité successivement par la potasse caustique et par l’acide acéteux, ait conservé une aussi grande quantité d’alumine ? On l’ignore ; mais le fait est certain , et il prouve à quel point l’alumine est susceptible d’adhérer à l’oxide de fer.

7.11 ne restoit plus , pour terminer cette analyse, qu’à exa-

,'jS ANNALES DU MUSEUM

miner avec soin la silice séparée dans la seconde expérience ; on en sentoit d’autant mieux la nécessité, quelle n’avoit pas la blancheur désirée : on a donc pris le parti de la traiter une seconde fois avec trois fois son poids de potasse. La massé délayée dans l’eau a été sursaturée par l’acide muriatique, qui lui a enlevé ii parties de fer et 6 parties de chaux; ce qui a réduit la silice à 219 parties.

Conclusion.

Le but principal que l’on s’étoit proposé dans cette analyse étoit de comparer la nature et les proportions des principes constituans de l’actinote et de l’amphibole , entre lesquelles la cristallographie a trouvé une analogie parfaite. Quoique nos résultats n’établissent point des rapports aussi frappans, nous ne croyons pas pourtant qu’ils diffèrent assez sensiblement pour qu’on ne reconnoisse pas entre ces deux pierres , s’il est permis de s’exprimer ainsi , un air de famille. Si les proportions des corps qui les composent ne sont pas exactement les memes, au moins y retrouve-t-on les mêmes principes, et il ne paroit pas moins constant que les différences qu’on y remarque ne sont pas de celles qui influent sur la forme des cristaux. L’absence ’fltiuhrôme et d’un atome dépotasse dans l’amphibole, la présence d’une plus grande portion d’alumine, d’une quantité double de fer dans cette meme pierre; enfin quelques autres différences encore entre les proportions des autres principes, n’apportent pas essentiellement , d’après les observations des plus célèbres minéralogistes, des changemeiis très-remarquables dans la cristallisation. Il n’est pas non plus inutile d’observer que la différence entre les rapports des quantités absolues des prin-

d’ HISTOIRE NATURELLE. 'jQ

cipes de ces deux pierres est beaucoup moins considérable que celle qui existe entre ces quantités elles-mêmes lorsqu’on les compare. Ainsi, le résultat de cette analyse comparée semble tellement rapprocher l’actinote et l’amphibole , qu’il paroît nécessaire de les confondre dans une seule espèce de pierre, comme la minéralogie moderne l’avoit déjà indiqué. Voici le résultat que l’analyse de l’amphibole nous a donné: Cinq cent vingt parties de cette pierre sont formées de

Silice ,

Oxide de fer

n 219

Magne'sie

Chaux .......

Alumine.

Eau .

Oxide de manganèse .

. . 6

Perle .

. . 19

520

Ce qui donne pour i oo parties Cent parties

d’amphibole d’actinote (i) contiennent

Silice .....

5o

Oxide de fer . . .

. 22 69

II

Magnésie ....

î9>25

Chaux

9^75

Alumine ....

1) 75

Oxide de manganèse .

. I— 15

Chrome . «

1) 5o s 3

Potasse . .

. « 5o

Eau et perte . , .

. 5— 'J 5

Eau et perle

. 5,25

100, 00

100,00

(i) On présente ici un tableau comparatif d’après lequel on pourra juger des difîereoces trouvées par l’aualyse entre l’amphibole et l’actinote.

AîJNAÎ/ËS MUSÉUM

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PRÉ C I S

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D* un mémoire de M. Mirbel sur t organisation végétale.

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Le mémoire dont nous allons présenter l’analyse a été lu à ITnstitut national 5 il est la suite d un autre non moins inté- ressant, mais dont nous ne croyons pas devoir rendre compte, parce que M. Mirbel en a déjà- publié les résultats dans son ou- vrage sur la physiologie végétale. Le premier avoit pour objet l’anatomie des tiges; celui-ci traite de la formation des organes dans la graine , et de leur développement à différentes époques de la germination.

Quoique l’auteur ait porté SéS recherches sur plusieurs espèces de Semences, il a crU cependant devoir se borner à en décrire et à en représenter une seule, et il a choisi de préférence le haricot cultivé, parce. qu’il, germe et se déve- loppe avec beaucoup de facilité, dette graine a des caractères communs à toutes ‘celles des légumineuses : on voit une glande saillante placée 'aii sommet de la cicatrice, et à sa base un petit alvéole qui aboutît à la pointe de la radicule. Ces deux organes n’avoient échappé ni à Gleichen ni à Gærtner. L’en- veloppe des cotylédons est formée de trois lames étroitement unies; l’extérieure a une consistance presque cornée, et est criblée de pores cylindriques qui en traversent l’épaisseur. La

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d’ HISTOIRE NATURELLE. 8l

seconde offre à peu près la même organisation que la pre- mière, et la troisième ou interne n’est qu’un tissu cellulaire assez lâche , parsemé d’un grand nombre de vaisseaux dirigés en tout sens j ils naissent d’un tronc principal qui forme un anneau autour de la cicatrice ; la glande placée à son sommet n’est qu’un renflement des deux lames externes : elles sont fendues en long à l’endroit de la cicatrice , et c’est par cette fissure que les vaisseaux ombilicaux pénètrent dans la graine sans s’aboucher avec ceux de la lame cellulaire.

De la base de la graine naît un faisceau de tubes qui se prolonge jusqu’à l’alvéole de la radicule : là, il se partage en deux petites branches qui en bordent l’ouverture , se réunissent à sa partie supérieure , puis se divisent encore en deux ra- meaux , lesquels montent , l’un à droite et l’autre à gauche de la cicatrice, en décrivant un arc, et vont se plonger dans glande placée à sa partie supérieure , d’où ils sortent réunis en un seul faisceau.de tronc principal jette un grand nombre de branches latérales dans la lame cellulaire, qui ne commu- niquent pas, comme nous l’avons dit, avec les vaisseaux de l’ombilic , et qui se teignent constamment quand on met germer la graine dans des liqueurs colorées.

La grosse glande du sommet de la cicatrice est de même nature que les deux lames cornées , mais le bord des pores dont elle est criblée^ a une forme hexagone, comme si elle eût été primitivement formée d’une masse de tissu cellulaire dont les cellules se fussent en partie comblées de manière à n’avoir plus dans leur centre qu’un petit vide cylindrique ; et les deux lames extérieures de l’enveloppe, observées peu de temps après la fécondation, ne sont évidenunent qu’un tissu cellulaire.

82 A N N A L E s D U MUSEUM

Le pois, la fève, le faux acacia, et autres légumineuses , ont une organisation analogue à celle du liaricot 5 mais on trouve des différences remarquables dans les graines des plantes cpii appartiennent à d’autres familles. L’étude appro- fondie de la structure des graines est minutieuse et difiicilej cependant elle peut servir à expliquer plusieurs phénomènes curieux relatifs à la germination. Ainsi, par exemple, on peut savoir, d’après ce qui a été dit, pourc[uoi le' haricot germe lorsque son ombilic est enduit de cire ou de vernis.

L’auteur, après avoir donné la description anatomicjue des membranes extérieures , traite des organes qu’ elles recouvrent et du développement de la jeune plante. Quand on a dépouillé le haricot de ses tégumens , on aperçoit les cotylédons et l’embryon : les premiers sont formés d’une masse de tissu cellulaire, entremêlée de vaisseaux qui vont se rendre à l’em- bryon. Bonnet les a nommés vaisseaux mammaires , parce qu’ils allaitent, pour ainsi dire, la jeune plante. Les cellules des cotylédons sont remplies d’une fécule composée de petits grains ronds et blanchâtres qu’on retrouve dans tous les cotylédons ^charnus. Quand ils sont minces , cette meme substance est contenue dans une masse de tissu cellulaire , distincte de la plantule'et de ses cotylédons ; c’est ce que les botanistes ont nommé périsperme j mais le périsperme est entièrement dé- pourvu de tubes.

La fécule dont je viens de parler, soit qu’elle se trouve dans les cotylédons meme , ou qu’elle en soit séparée, est la preinièré nourriture de l’embryon , et sa masse diminue à mesure qu’il prend de l’accroissement. ' M. Mirbel a observé une matière nutritive analogue à celle du périsperme dans le tissu de l’écorce et dans la moelle. Il pense que cette

d’ HISTOIRE NATURELLE, 83

substance, dissoute et réduite en émulsion , pénètre dans la jeune plante par -les vaisseaux mammaires, et .quelle s’identifie avec les organes , qu’elle nourrit et développe. Les vaisseaux com- muniquent avec la radicule , et le lait des cotylédons se porte d’abord dans cet organe, qui croit le premier; puis il remonte dans la plumule par des vaisseaux formés tout-à-coup pour le recevoir. L’observation et l’anatomie prouvent que le pre- mier effort de la végétation se passe dans la radicule. Lorsqu’on observe cet organe à cette époque , on voit à sa partie supé- rieure quatre faisceaux de tubes placés entre l’écorce et la moelle , à des distances égales , d’où sortent plusieurs petites racines. -

Avant la germination , on ne distinguoit entre la moelle et l’écorce qu’une lame glaireuse analogue à la substance que Duhamel a nommée cambium.

Les quatre faisceaux de tubes s’abouchent avec les vais- seaux mammaires, et peu de temps après on les voit entourés de vaisseaux nouvellement formés, qui vont se perdre dans les feuilles primordiales.

C’est au point de réunion de la radicule avec la plumule que les vaisseaux de la jeune plante sont le plus nombreux et le plus gros; ils diminuent insensiblement en nombre et en grosseur à mesure qu’ils s’^éloignent de ce point , et enfin à leur extrémité on ne distingue qu’une glaire transparente. Les vaisseaux une fois formés n’ont qu’un développement très-limité , et ils perdent meme bientôt la faculté de croître. Ils sont d’abord très-gréles et marqués de stries transversales très-rapprochées ; lorsqu’ils ont pris tout leur accroissement > au lieu de stries , on remarque à leur surface des rangées de pores ou de fentes transversales plus ou moins prolongés ;

84 A N îf A L E s DU MUSEUM

ce sont les vaisseaux poreux , les fausses trachées et les trachées , que l’auteur a très-hien décrits dans son premier mémoire. Les trachées n’existent point dans la racine, elle ne renferme que des tuhes poreux et de fausses trachées ; ce caractère élaljlit une différence remarquable entre elle et la lige. Ces vaisseaux contiennent des fluides qui diffèrent sans doute dans les diverses espèces de plantes. Celui du haricot est rouge au moment l’on coupe les vaisseaux 5 mais aussitôt qu’il est exposé à Fair , il se teint d’un bleu très-foncé. Cette liqueur disparoit bientôt , et les vaisseaux ne charient plus que de l’air et de la sève. On peut leur faire pomper de l’eau colorée; elle pénètre jusque dans les dernières ramiflcations des nervures des feuilles.

A l’époque du développement de la jeunne plante dont il vient d’étre fait mention , il n’existe encore que quelques fais- céaux de tubes entre la moelle et l’écorce, dont les intervalles sont remplis par une substance glaireuse qui s’organise bientôt et se change en tubes ou cellules allongées : tel est le premier feuillet de libres ou de vaisseaux dans une plante à deux feuilles séminales.

A la seconde époque , lorsque le haricot a deux ou trois pouces de longueur, que ses premières feuilles sont épanouies et qu’on distingue à leur point de réunion le bouton d’où la jeune pousse doit sortir ; si l’on fend verticalement la plante dans toute sa longueur, on voit les vaisseaux plus apparens et mieux formés : ceux de la tige sont pour la plupart des trachées que l’on peut dérouler, et on ne rencontre que des tubes poreux, ou des tubes fendus dans la racine; ils partent tous de son collet, communiquent par leur base, et marchent en sens contraire. Ils vont toujours en diminuant vers le sommet

d’ HISTOIRE NATURELLE, 85

l’on ne distingue plus , meme avec Tceil armé du meilleur jnicroscope, qu’une matière glaireuse.

La première couche de vaisseaux , placée autour de la moelle , est alors entourée d’une autre couche de vaisseaux tout nou- vellement formés ÿ mais parmi ceux-ci on ne trouve point de trachées : ce ne sont que des tubes poreux et de fausses trachées.

M. Mirhel a découvert dans la racine de longues cellules placées bout à bout et partagées par des diapghrames dont les membranes ont moins de transparence que celles du tissu cellulaire j elles sont toutes criblées de pores et semblent tenir le milieu entre le tissu cellulaire et les vaisseaux. Il a aussi retrouvé les memes tubes à la base des branches et des feuilles , ainsi que dans les bourlets.

Le haricot , observé à une troisième époque , lorsque le bourgeon est développé , que la tige a pris un accroissement de 4 à 5 pouces, et que les rameaux sont sortis des aisselles des feuilles primordiales, offre une troisième couche de vais- seaux autour des deux précédentes , laquelle est parfaitement semblable à la seconde; mais ceux de la première ont alors subi quelques modifications. Si on les coupe en travers , on voit que l’intérieur est souvent enduit d’une substance qui en rétrécit l’ouverture. Malgré cet enduit intérieur, les trachées ne changent pas de nature : on en distingue toujours la lame spirale; mais elle est soudée sur le cylindre, qui se remplit et s’obstrue meme avec le temps : c’est ce qui a donné lieu à un système d’Hedwig dont il sera bientôt mention. Il est bon néanmoins d’observer que, dans le haricot et beaucoup d’autres plantes , il ya toujours des trachées qui ne s’obstruent pas et qu’on peut dérouler. On en trouve aussi dont les spires sont écartées,

86 ANNALES DU MUSEUM

tandis que celles des autres se touchent par les bords. Dans les jeunes pousses, les circonvolutions sont toujours serrées, mais dans les anciennes on les voit souvent allongées comme un ressort à boudin : c’est sans doute ce qui a fait croire à Mustel que les trachées, en s’allongeant et se déroulant, formoient les libres ligneuses et occasionnoient l’accroissement des or- ganes ; idée alisolument fausse , parce que les trachées tendent toujours à se resserrer. Cela vient de ce que certaines trachées ayant cessé de croître avant les parties environnantes , celles- ci en s’allongeant ont forcé les premières de se dérouler.

L’auteur a vérifié l’observation de Sprengel ; savoir , que les trachées se divisent souvent en deux ou tçois lames. Dans le haricot , il ne se forme que trois couches de vaisseaux : celles des arbres sont infiniment plus nombreuses ; mais , quel qu’en soit le nombre , leur formation est toujours la meme.

Le tissu cellulaire , qui joue un si grand rôle dans tous les êtres vivans , se montre d’abord sous la forme d’une multitude de bulles d’air plongées dans un fluide visqueux : ses petites cellules se dilatent et se développent avec les autres organes.

Les observations de M. Mirbel ont été répétées sur des végétaux malades, étiolés et mal nourris. Leur organisation étoit toujours la même ; les membranes avoient seulement plus de transparence , et aucune des trachées de la couche du centre n’étoit obstruée , quoique les plantes eussent végété pendant long-temps.

Après cet exposé des organes des végétaux , et de leur développement , l’auteur réfute plusieurs faits avancés par Hedwig dans son Traité de la fibre végétale. Suivant ce célèbre observateur , les tubes poreux et les fausses trachées' ont été primitivement des trachées dont les contours se sont

1

d’ HISTOIRE NATURELLE, 87

soudés; mais les trachées se retrouvent dans la couche inté- rieure destiges, meme après plusieurs années, et les tuhes po- reux, ainsique les fausses trachées , existent dès la première époque de l’accroissement, tels qu’on les voit dans les anciennes tiges.

D’ailleurs , si l’opinion d’Hedwig étoit fondée , elles se trou- veroient dans la couche externe du bois : or il est démontré qu’elle n’en contient pas.

t Hedwig croit que la lame spirale de la trachée est un vaisseau roulé en hélice autour d’un tube membraneux : selon lui, les liqueurs montent par la spirale, tandis que le cylindre .du centre contient de l’aiiv La spirale est creuse , dit-il , parce .que ses circonvolutions se teignent quand la plante pompe des liqueurs colorées. Mais M. Mirhel assure que le tube de cette lame, calculé au microscope, n’aiiroit pas un trois centième de millimètre , et l’expérience lui a prouvé que la partie colo- rante ne peut monter dans les vaisseaux du bois , dont le diamètre est beaucoup plus grand que celui que l’on suppose à la lame spirale : et comment concevoir que les liqueurs se .portent de préférence dans l’hélice de la trachée plutôt que dans le tube , autour duquel elle est roulée pourquoi ne suivroient-elles pas la route la plus directe et la plus ouverte ? C’est une hypothèse dénuée de fondement. Le tube membra- neux d’Hedwig n’existe pas dans la jeune plante : cela est évident pour peu qu’on veuille observer des trachées nou- vellement formées ; avec le temps il se dépose un enduit sur la paroi intérieure de certaines trachées : c’est cet enduit qu’Hedwig a pris pour un tube.

Le Mémoire dont nous venons de présenter l’analyse ren- ferme une anatomie exacte de la graine du haricot," des faits intériessans sur son développement et sur la formation des

vaisseaux. L’auteur est le premier qui ait observé que la racine n avoit pas de vraies trachées. Il prouve que les tra- chées se trouvent toujours au centre des tiges dans l’anneau qui entoure la moelle; quelles s’y conservent long-temps sans s’al- térer ; que les autres couches , formées successivement autour de cet anneau, n’en ont point; que les tuhes poreux, fendus et mixtes , naissent tout formés dans les végétaux , et que consé- quemment ce ne sont pas des trachées soudées. Il démontre que la trachée, dans sa jeunesse, n’est point roulée autour d’un tuhe ; que ce prétendu tuhe n’est qu’un enduit de substance nutritive qui encroûte quelquefois l’intérieur de la trachée. Enfin l’auteur nie que la lame spirale soit un vaisseau, et il réfute l’opinion d’Hedwig sur l’ascension de l’air et de la sève dans les plantes.

M. Mirbel a accompagné son Mémoire d’un tableau par- faitement exécuté et très-propre à en faciliter l’intelligence. Ce tableau est déposé au Muséum. Comme il est trop consi- dérable pour que nous puissions le faire graver en entier ^ nous nous bornons à en présenter les parties les plus essen- tielles dans les deux planches ci-jointes.

Explication des Figures des Planches VI et VII.

PL VI, fig. 1, Portion de lige du haricot Ircs-développée , <jui répond à la partie a de la fig. 2 , pl. VII.

A, base du pétiole de la feuille. B , branche commençant à se développer.C , tissu cellulaire formant la moelle. D , tissu cellulaire formant l’écorce. E , vaisseaux transversaux qui vont d’une feuille à l’autre ; on y distingue un grand nomlire de fausses trachées entrelacées , et de petits vaisseaux fins , es- pèces de cellules très-allongées. F , trachées qui entourent la moelle; ces vais-

d’ n I s T O I R E NATURELLE. 8(J

seaux sont les premiers développés dans la plante ; leur direction est toujours en ligne droite; ils se déroulent lorsqu’ils cessent de croître et que le végétal continue de s’allonger , G ; la lame qui les forme se partage quelquefois en deux ou trois lames plus étroites. H; ils se remplissent dans la vieillesse d’un enduit li- gneux qui ferme leur canal en partie ou même en totalité , I , et pl. YIll , fig. 3 : cet enduit ne se forme point dans les trachées des plantes étiolées. A coté des trachées F , il y a de fausses trachées : ce sont des tuhes coupés transversale- ment qui ne se déroulent pas. K , vaisseaux développés dans la seconde couche de la tige : ce sont des vaisseaux poreux ; leur direction est larement parfaite- ment droite ; ils se courbent de côté et d’autre. Dans la seconde couche , il n’j a pas de ti’achée : ces vaisseaux n’existent qu’autour de la moelle dans les tiges des dicotylédons. L , cellules allongées , poreuses , placées bout à bout , et formant les vaisseaux en chapelet commims dans les nœuds et dans les bourrelets , à la base des pétioles et des branches , et sur-tout dans les racines.

Dans la jeune branche B, il n’y a autour de la moelle qu’une couche de vais- seaux : ce sont des trachées; elles se déroulent très-bien, et leurs tubes sont parfaite- ment vides. Dans le prolongement M de la tige , il y a deux couches de vais- seaux : celle qui est voisine de la moelle est semblable à celle de la branche B ; l’autre est formée de vaisseaux poreux. Dans la base N de la tige, il y a trois couches de vaisseaux : les deux intérieures sont semblables à celles du prolon- gement supérieiu" M de la tige, avec cette différence que les trachées com- mencent à s’obstruer : la troisième couche , qui est la plus extérieure , ne présente point encore de gros vaisseaux ; c’est mi tissu de petits tuhes et de cellules d’autant plus développé et plus dur qu’il s’éloigne plus de l’écorce.

Pl. VIII , fig. 4* Portion de la racine du haricot; elle répond à la partie b de la

fig- 2.

A, ramification delà racine. B, tissu cellulaire formant l’écoree. C, D, E, trois couches supei’posées les unes aux autres. La couche E est composée de tubes poreux et de fausses trachées : cette couche entoure la moelle G de la ra- cine , comme les trachées entourent la moelle de la tige. Il n’y a point de tra- chées dans la racine. La couche D est composée de vaisseaux en chapelet K , et de tissu cellulaire L. La couche C présente un tissu cellulaire dans lequel ou remarque, particulièrement au voisinage de la couche D, des veines de cellules fines et allongées M , semblables à de petits tubes. En F , on voit les vaisseaux en chapelet de la seconde couche pénétrant dans la ramification A , et s’y trans- formant en tubes poreux et en fausses trachées. Le même tube pi’end ainsi dif- férentes formes suivant les organes dans lesquels il se trouve, et, par exemple , le tube H peut très-bien se transformer en trachées , et le tube 1 en fausses trachées ou en vaisseaux poreux en passant de la racine dans la tige.

ATONALES DU MUSEUM.

Fig. 5. Cetle figure représente une trachée dont le canal b est en partie obstrué. En disséquant la plante, on a arraché une portion de la lame de la trachée, ce qui fait que l’on voit la substance a qui remplit le canal. Cette trachée ne peut plus se dérouler ; elle adhère même_ à la substance qu’elle recouvre.

N, B. Les figures gravées dans ces deux planches sont extraites d’un grand tableau déposé à la bibliothèque du Muséum. Ce tableau , exécuté par M. Sau- vage fils , d’après les esquisses de M. Mirbel et sous sa direction , offi’e tous les développemens successifs du haricot : on y voit l’anatomie de la graine et celle de la plante dans les premiers temps de la germination, puis avant qu’elle soit en état de porter des lleiu’s , et enfin lorsqu’elle commence à vieillir. Tous les faits d’anatomie cités dans le rapport y sont donc représentés.

ERRA TA.

Il s’est glissé dans l’explication ci-dessus une faute qu’il est impor- tant de corriger: au lieu de Plauclies Y1 et VII, lisez Planches Vil et VIII.

DHISTOIRE NATURELLE.

91

SUITE DES MEMOIRES

Sur les Fossiles des environs de Paris.

Par L AM arc K.

GENRE XLIII.

Helic I N E. Helicina.

ChARAGT. GEN.

Testa univalvis f suhglobosa ; umhilico nullo. Apertura integra , semi-ovata. Columella callosa, infernè de- pressa , planiuscula.

Observations.

Les coquilles de ce genre semblent tenir le milieu , entre les hélices et les nérites. On les distingue des hélices par leur co- lumelle calleuse, et par un petit angle émoussé que forme la base du bord di'oit avant de se réunir à la base de la columelle ; et elles different ,d^s nérites ,en ce que leur columelle n’est point droite, aplatie , ni dentée.

Ces coquillages me paroissent être aquatiques, soit fluviatiles, soit marins , et je les crois munis d’un opercule. Je n’en connois qu’une espèce dans l’état fossile, dont je doute meme du genre.

ESPÈCESFOSSILES. ^

* ' i

1. Hélicine douteuse.

JIelicina{ dubia ) semi-globosa , lœvîs , nitidula : aperturà roumdatâ. n.

ANNALES DU MUSEUM

92

L. n. Grignon. C’est une petite coquille serai-glohuleuse , lisse, un peu luisante, légèrement déprimée et qui n’excède pas 4 millimètres dans sa largeur. Sa columelle est calleuse et aplatie intérieurement comme dans les véritables liélicines , mais son ouverture est arrondie-ovale , et ne diffère guère de celle des ttirbo.

Cabinet de M. Defrance.

G E N R- E X L I V.

N É R I T E. Nerila.

ChARACT. GEN.

Testa univalvis , semi-globosa , suhtiis depressa : umhilîco nullo. Apertura integra, semi-orhicularis. Columella siihtransversa y complanata , acuta, sœpius dentata.

Observations.

Les nérites sont des coquilles aquatiques , la plupart marines, assez épaisses, et en général très-agréablement variées dans leurs couleurs. Elles sont remarquables par leur columelle qui est aplatie, aiguë ou tranchante, le plus souvent dentée, transverse, et qui fait paroître demi-ronde l’ouverture de ces coquilles. Cette ouverture, qu’on nomme vulgairement leur bouche, est exactement fermée, du vivant de l’animal, par un opercule corné, de meme forme que l’ouverture, et qui, lorsque l’animal sort , se rabat comme un volet sur la partie plate de la columelle.

Ces coquilles sont distinguées des natîces ^ avec lesquelles Linné les confondoit , en ce qu’elles ne sont jamais omJiiliquées, que leur opercule n’est point calcaire , et que dans la plupart la partie tranchante de leur columelle est dentée.

Les nérites sont en outre remarquables en ce que la hauteur

1

t>’ HISTOIRE NATURELLE.

de leur dernier tour est moindre que sa largeur , et en ce que leur ouverture étant demi-ronde par reflet d’une columelle presque droite qui semble en cacher la moitié, elle est plus longue que large.

Les nérites marines ont toutes des dents ou des créiiclures en la face interne du bord droit de leur ouverture : leur coquille est épaisse.

Les nérites JIwiatile s ri on\ ni dents ,ni crénelures en la face interne de leur bord droit : leur coquille est mince.

Peut-être convient-il d’employer cette considération pour les séparer et en former deux genres particuliers.

ESPÈCES FOSSILES.

I. Nprite conoule.

Nerita ( cotioidea ) conica , basi latissima ; apice spirce inclinato ; aperturà octodentatâ. n.

Nej'ita pervers a. Gmel. n. Schmideliana. Cliemn. Conch. vol. g , p. i3o, t. 114,

fig- 975 , 976-

L. n. A Retheuil, trouvée par M. de Thury, et à Courtagnon. Cette singulière' nérile a l’apparence d’un crochus ; mais son ouverture et sa columelle dé- cident son véritable genre.

Cliemnitz et les naturalistes qui en ont parlé avant lui se sont trompés en la donnant comme «ne coquille gauche ( testa sinistrorsa ) , c’est-à-dire , dont la spire tourne de la droite vers la gauche; car elle tourne réellement comme toutes les autres de gauche à droite. Mais ce qui est particulier à cette espece , c’est que le sommet de la spire est incliné d’un côté , comme si l’axe de la spire étoit rompu ou coudé dans sa partie supérieure.

La coquille est conoïde, un peu irrégulière , à base large et aplatie en dessous. La spire ou la partie conique de cette coquille est lisse, d’une couleur tes- tacée ou de terre culte , avec des stries transversales qui ne sont que des indices de ses accroissemens successifs. L’ouverture , qui est oblonguc et n’occupe qu’un tiers de la coquille , offre une columelle transverse, munie de huit dents Inégales , et d’une fossette externe à celle de ses extrémités qui est sa véritable base. Les plus grands individus ont à leur base 7 centimètres- ( environ 2 pouces 7 lignes ) de largeur.

Mon cabinet. J’en possède des individus de diverses grandeurs.

I

ANNALES DU MUSEUM

o4

2. Nérîle Iricarinée. , f. y.

Nerita ( tricarinata ) semi~globosa , transversim tricarinata ; spirâ retusà ; labiis utriscjue dentatis. n.

L. n. Ilouclan. Petite nérite marine bien distincte des autres espèces connues par les trois côtes aiguës et transverses qu’elle offre à l’ex-térieui’. Quoique fossile , on retrouve encore sur certains individus des lignes violettes disposées sur un fond blanc , comme des caractèi’es d’écriture. Les stries d’accroisse- ment sont verticales-obliques , nombreuses et assez apparentes. On aperçoit en outre quelques stries transverses entre les trois carènes. La largeur de cccte coquille à sa base est de 5 à G millimètres.

Cabinet de M. Défiance.

J. Nérite mammaire. Vèlin^-a..^ 20 , f. i.

Nerita ( mammaria') ovata , obliqué striata : strii^ creberrimis , aciitis , tenui- bus ; columellà denticulatâ. n.

L. n. Grignon. Cette espèce est à peine plus grande que la précédente ; mais sa spire est un peu plus allongée, comme dans la nerita mamilla de Linné , qui est une iiatice.

C’est une coquille ovale, chaigée de stries obliques, très-nombreuses, régu- lières , fines et un peu aiguës. Des stries transverses plus fines encore se croisent sur les premières. La columelle est dentelée, et a un petit sinus vers son milieu. Cette coquille est mince et me paroit fluviatile.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

GENRE XL V.

;

N A T I c E. Natica.

ChARACT. GEN. )

Testa unwahis , suhglohosa , ufnbiUcata. Apertura integra, semi - orhicularis. ColumeUa transe, ersa ,, edentula , eætus callosa : callo umbilicum coarctantevel obtegente.

Observations,

Les natices sont des coquilles marines , assez solides en gé- néral, operculées, et la plupart ornées de couleurs agréables.

D* HISTOIRE naturelle. q5

Elles sont toutes ombiliquées , quoique leur ombilic soit plus ou moins resserré , ou quelquefois recouvert , selon les espèces , par une callosité plus ou moins considérable qu’on observe à l’extérieur de la columelle.

Ces coquilles paroissent avoir beaucoup de rapport avec les nérites à cause de la forme de leur ouverture , ce qui a en- gagé Linné à les réunir dans le meme genre ; mais Adanson et ensuite Bruguière considérant combien ces coquilles sont distinguées des nérites par leur ombilic , par leur columelle qui n’est jamais dentée, et par leur opercule toujours solide et calcaire, en ont formé un genre particulier qui est fort naturel et très-distinct.

Les natices ne peuvent se confondre avec les hélices , ayant leur ouverture demi-ronde, sans saillie de l’avant-dernier tour, et un opercule en demi-lune , adhérent à l’animal.

ESPÈCES FOSSILES.

I. Natice à petite lèvre.

Xiaûca {^labellata') globoso-ovata i umbilico simplici semitecto : labio antico porrecto. n.

L. n. Beynes et Conrtagnon. Cette natice est globuleuse-ovale , lisse , à six ou sept tours de spire, et longue d’envii’on a centimètres ( près de g lignes). Son ombilic est simple, c’est-à-dire, sans callosité interne , et dans la partie supérieure de l’ouverture le bord gauche s’avance sous la forme -d’mie lame calleuse qui recouvre en partie l’ombilic.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

3. Natice épiglottine. Vélin, n.o 21, f. 5.

. Natica{^epiglottina^ subglobosa , Icevis ; callo umbilici superné epiglottidi- fonni. n.

L. n. Grignon. Coquille ovale-globuleuse, lisse, à cinq tours de spire, dont le dernier est beaucoup plus grand que tous les autres. Sa largeur est d’environ 2 centimètres. On voit dans son ombilic une colonne calleuse adhérente à, la columelle, et dont de sommet 'élargi eu un petit lobe épiglouidiforme ,,

ANNALES MUSEUM

9f>

s’avance plus ou moins au-dessus de l’ombilic. Il en ex.ise une variété à spire im peu plus raccourcie.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

3. Natice cépacée. f^élin, n.o 20, f. 2.

Natica ( cepacea ) ventricosa , globoso-depressa ; umhilico senior um obtecto ; spird brevissimâ. n.

L. n. Grignon. C’est une espece remarquable par le renflement de son dernier tour , qui lui donne une forme globuleuse , déprimée à peu près comme celle d’un oignon. Elle a la spire fort courte , en cône très-surbaissé , et composé de sept à huit tours. Sa largeur est de 35 millimètres. Dans les jeunes individus, l’ombilic est encore apparent; mais dans les plus vieux il est tout-à-fait recouvert par une callosité épaisse. Sur l’avant-dernier tour , sous l’insertion du bord droit , ou voit une petite côte transverse à l’entrée de l’ouverture.

Mon cabinet.

Coquilles univalves multiloculaires.

11 s’agit ici d’une division de coquillages qui paroissent extrê- mement nombreux dans la nature, dont TOcéan, dans ses grandes profondeurs , semble en quelque sorte rempli , et qui , à l’ex- ception de quelques espèces d’un assez grand volume, sont la plupart d’une petitesse considérable.

Toutes les coquilles qui appartiennent à cette division sont remarquables en ce que leur cavité intérieure, tantôt contour- née en spirale, tantôt simplement courbée, et tantôt lout-à- fait droite , est partagée dans sa longueur en une multitude de loges par des cloisons transversales.

Ces coquilles multiloculaires ont jusqu’à présent beaucoup embarrassé les naturalistes pour déterminer les rapports des ani- maux qui les produisent , avec ceux des mollusques connus qui sont enveloppés dans une coquille. Comme l’on ne connois- soit aucun de ces animaux à coquille multiloculaire, on man- quoit de moyens pour découvrir ces rapports , et il étoit diffi-

d’ HISTOIRE NATURELLE. O7

cile de prononcer tant sur la manière dont ces coquilles pouvoient avoir été formées, que sur leur connexion avec les animaux dont elles proviennent. L’animal n’habitoit-il que la dernière loge de la coquille. Y étoit-il contenu entièrement ou seulement eu partie ? Enfln s’y trouvoit-il renfermé ou n’enveloppoit-il pas lui-méme plus ou moins complètement la coquille.^ Telles étoient les questions que l’analogie meme de ce qui étoit connu sur les animaux à coquille ne pouvoit nous faire résoudre.

Déjà néanmoins l’animal de \ argonaute avoit été reconnu par les anciens et par Linné pour appartenir à la famille des sèches. Mais quelle apparence que si dans cette famille qui comprend des animaux tout-à-fait nus et des animaux à coquille uniloculaire comme Y argonaute , il y en ait aussi qui forment une coquille à loges nombreuses. C’est cependant ce que l’on peut maintenant regarder comme certain , d’après la connois-* sance que nous venons d’acquérir de l’un de ces animaux découvert par M. Pérou et dont nous parlerons en traitant du nautile.

Ainsi dans la belle et très-singulière famille de mollusques qui ont une tête couronnée par des bras , et que M. Cuvier a nommés mollusques céphalopodes il faut reconnoitre trois divisions ou sous-familles , savoir :

1. ” Les céphalopodes nus.

Les sècbes.

Les calmars.

Les poulpes.

2. ” Les céphalopodes à coquille unilocidaire.

Les argonautes.

Les carinaires.

5.

i3

i

98

ANNALES DU MUSEUM

3." Les céphalopodes à coquille multiloculaire.

Les nautiles.

Les .spirules.

Les ammonites.

Les orhulites.

Les nummulites.

Etc. , etc., etc.

C’est de cette troisième sous-famille dont nous allons déter- miner les genres et les espèces que l’on trouve dans l’état fossile des environs de Paris. Elle paroit être si nomhreuse en genres et en espèces , qu’elle surpasse jîeut-étre à cet égard tout ce que l’on connoit des deux autres familles de l’ordre des mol- lusques ce'phalés , savoir : les mollusques hipimiulés qui la suivent, et les mollusques gastéropodes qui jusqu’à présent constituent dans nos listes la princij)alc partie de cet ordre.

ppopolamos tossiles

■otSÊMmÊÊSS^

I '*- y.

Hh>1> opotamcs fossiles

A

d’ HISTOIRE NATURELLE.

99

SUR LES OSSEMENS FOSSILES D’HIPPOPOTAME. Par g. cuvier.

On ne connoît jusqu’à présent qu’une seule espèce vivante d’hippopotame, ainsi que nous l’avons vu dans l’article sur cet animal; mais j’en ai découvert deux fossiles : la première est si semhlahle à l’espèce vivante, qu’il ne m’a pas été pos- sible de l’en distinguer ; l’autre est à peu près de la taille d’un sanglier , mais du reste , ainsi qu’on le verra bientôt , l’on diroit que c’est une copie en miniature de la grande espèce : la connoissance de cette seconde espèce est entièrement due à mes recherches ; et quant à la première , si son exis- tence parmi les fossiles a déjà été amioncée , ce n’est guère qu’au] our d’hui quelle est mise hors de doute.

En effet, mon savant collègue Faujas de Saint-Fond , l’auteur le plus récent sur ces sortes de matières, et l’un des plus habiles qui s’en soient occupés , assure encore dans ses Essais de géologie, tome I,p. 364 et suiv. , qu’il n’a rien vu dans les cabinets qu’il a visités dans ses voyages , ni dans les auteurs qu’il a consultés, d’où l’on puisse conclure que l’hippopotame se soit trouvé jusqu’à présent ^ans l’état fossile avec les élé- phans , les rhinocéros et les autres grands quadrupèdes des pays chauds.

i3^

lOO

ANNALES DU MUSEUM

En parcourant nous-mêmes les auteurs , nous n’y trouve- rons pas à la vérité cette disette absolue de renseignemens : liiais nous verrons du moins que les hommes les plus savans sont très-souvent tombés dans des erreurs graves en voulant appliquer le nom d’hippopotame à des fossiles qui ne le nié- ritoient point du tout.

Ainsi nous devons reconnoitre que tout ce que Daubenton dit de prétendues molaires fossiles d hippopotame dans sa Description du cabinet du roi, Hist. nat. , tome XII , in-4.“ sous les 11.°^ MCVI, MGVII, MCVIII et MCXIII, se rap- porte aux dents de l’animal de l’Ohio , vulgairement nommé par les Anglais et les Américains j et ce qu’il dit encore au meme endroit de dents pétrifiées qui ont rapport à celles de l’ hippopotame , sous les n.“* MCIX , MCX , MCXI et MCXII , se rapporte aux dents d’un autre animal confondu jusqu’à présent par les naturalistes avec celui de l’OIiio , et que je ferai bientôt plus amplement connoître sous le nom d’iz/i/- mal de Simorre.

Je me suis assuré de ces deux points, non seulement par la description meme de Daubenton , mais aussi par l’inspectioa actuelle des pièces qui sont encore aujourd’hui conservées au Muséum.

Mais il n’en est pas de meme des n."" MCII et MCIV, dont le premier est une portion de mâchoire contenant deux mo- ' laires, et l’autre une molaire isolée. Ils appartiennent bien réellement à l’iiippopotame ordinaire, ainsi que nous le verrons plus bas ; ils sont de plus bien réellement fossiles , et portent toutes les marques d’un long séjour dans l’intérieur de la terre; leur consistance est altérée 5 leur tissu est teint par des matières»

101

!

d’ HISTOIRE NATURELLE.

ferrugineuses ; l’émail de la première de ces pièces est coloré en noir, comme il arrive très-souvent aux dents fossiles : on y voit des restes de la couche terreuse dans laquelle ils ont été trouvés 5 en un mot , il n’y manque qu’une indication du lieu de leur origine , indication à laquelle meme nous suppléerons un peu plus bas par des conjectures très-vraisemblables.

Pierre Camper a aussi parlé de dents fossiles d’hippopo- tame, mais il paroît être tombé dans une erreur semblable à celle de Daubenton : voici son article sur ce sujet. H est tiré des Mémoires del’acad. de Pétersbourg,NovA acta, II, 1788, page 258. » In Museo britannico ( écrit-il à M. P allas J , ad » amussim delineavi molarem dentem medium hippopotami » gigantei , qui superat quater maximum ilium molarem » cujus Jîguram à me delineatam descripsisti , tab. VIII, >) Act. acad. petrop. I , part. II, p. 214.» Et Camper ne pou- voit entendre ici une dent de l’animal de l’Ohio, parce qu’il parle avec détail de ce meme animal une page plus loin , et qu’on voit d’ailleurs qu’il le connoissoit très-bien , puisqu’il l’avoit expressément distingué de l’hippopotame, dès 1777, dans les Acta, 11.”“^ part. pag. 219.

Comme je n’ai pu me procurer aucun renseignement direct sur cette dent gigantesque, j’en suis réduit à des conjectures. Les dents de l’animal de Simorre , ainsi que nous le verrons dans un autre endroit , présentent , à une certaine époque de leur détritiun, des figures de trèfles qui ressemblent en grand à celle des hippopotames; et comme Camper n’a voit encore aucune idée des différences qui distinguent l’animal de Simorre de celui de l’Obio, il a pu se tromper sur une dent isolée. Quoi qu’il en soit, celle dont il parle en cet endroit ne pour- rait venir dans aucun cas de notre hippopotame vulgaire , puisqu’elle est quatre fois plus grande.

J02

ANNALES DU MUSEUM

Merck paroit avoir donné dans la même erreur que Pierre Camper, Voici ses paroles , lettre, p. 2 1 , note. « Je possède une dent molaire trouvée dans les environs de Francfort , ' sur le Mein, exactement ressemblante à celle d’un hippo- potame, dessinée dans le tome F’' des Epoques de la nature, de M. de BiiffoUf pl. III. Or cette planche III représente une dent intermédiaire de l’animal de l’Ohio, dont les sommets sont un peu usés.

M. Feluc^ Lettre géol. IV, p. 4i 4 7 parle d’une dent d’hippo- potaxue trouvée parmi les produits volcaniques des environs de Francfort; mais M. Merck nous apprend, 111.'“*’ Lettre, p. 20, note, qu’elle n’étoit que de rhinocéros.

Nous trouvons , à une époque plus ancienne , quelque chose de moins incertain sur le meme sujet : c’est un passage di Antoine de Jussieu , dans les Mémoires de l’académie pour l’y 24. Après y avoir décrit et représenté en détail une tête de véritable hippopotame, il ajoute:

« La vue des ossemens de cette tête et de ces pieds m’en a » fait reconnoitre d’abord de semhlahles pétrifiés , trouvés » parmi un nombre de pierres figurées qui sont dans le terri- 1) toire de Montpellier, au lieu qu’on y appelle la Mosson.

» Ces découvertes dont M, Chirac a été témoin nous em* )i barrassoient d’autant plus, que ne trouvant ni dans le crâne )) du cheval , ni dans celui du bœuf, que nous leur comparions, )) aucune ressemblance, nous ne savions à quel animal les

attribuer; et ce n’est que la vue des dépouilles de celui-ci qui )) nous convainquit que ces ossemens pétrifiés avoient été » ceux de l’hippopotame. »

Quoique Antoine de Jussieu n’ait donné ni figure ni des- cription particulière de ces fossiles , la manière dont il en paide,

d’ HISTOIRE NATURELLE, Io3

Ten droit il en parle, après avoir décrit une véritalile tête, et ayant pour ainsi dire à la fois les os frais et les fossiles sous les yeux, ne permet guère de douter que ces derniers n’aient réellement tout-à-fait ressemblé à ceux de l’animal auquel il les attribue; j’ai meme tout lieu de croire que ces morceaux observés par Chirac , et par Antoine de Jussieu sont préci- sément les memes que a indiqués sous les n.°* MCII

et MCIV, et que je décrirai plus bas. Chirac^ alors intendant du Jardin du roi, les ayant eus àMontpellier, les aura apportés à Paris , et déposés au cabinet , Daubenton les aura trouvés ensuite sans autre indication.

Les dents que Charles Nicolas Lang avoit données quel- ques années auparavant pour des dents d’hippopotame , dans son Historia lapidwn figuratorum Helvetiœ , imprimée en 1708, pl. XI, fig. 1 et 2, ne sont pas dans le meme cas que les précédentes : ce sont de simples dents de cheval. Fig. i est un germe non encore sorti de la gencive, et fig. 2 , une vieille dent usée. Les litliologistes se sont très-souvent trompés sur les dents de cheval , quoiqu’elles appartiennent à un ani- mal si commun. Nous le verrons plus en détail dans un autre article.

Je trouve encore dans un auteur presque de nos jours un morceau attribué à l’iiippopotame, qui me paroît l’étre tout aussi faussement que ceux de Lang : c’est celui que cite le catalogue du cabinet de Davila, tomelll, p. 221 , art. 29G. Voici ses termes .

c< Une mâclioire à! hippopotame pétrifiée et enclavée dans sa » matrice de pierre à plâtre des environs de Paris, la mâclioire » inférieure conserve cinq de ses dents molaires , dont les racines » sont engagées en partie dans leurs alvéoles , et en partie

104 ANNALES DU MUSEUM

» découvertes, La mâchoire supérieure est presque entièrement » détruite , et n’offre plus que l’empreinte des autres dents » molaires opposées à celles de l’inférieure; celles ci conservent » leur émail verdâtre , et sont semblables d’ailleurs aux dents » de riiippopotame dont M. de Jussieu a donné la figure dans » les Mémoires de l’acad, des scienc. Cette mâchoire porte un » peu plus de 6 pouces de longueur sur 4 de hauteur. »

Je connois assez les fossiles contenus dans nos pierres à plâtre pour pouvoir assurer qu’il n’y a jamais rien qui pro- vienne de l’hippopotame; d’ailleurs cinq dents de cet animal auroient certainement occupé au moins 8 pouces , et non pas seulement 6 de longueur.

Je suis donc bien persuadé que Das^ila^ ou plutôt son coo- pérateur Romé-de-V Isle , aura eu sous les yeux quelque fragment de mon grand palœotherium : son idée que ces dents ressemhloient à celles des figures di Antoine de Jussieu , sera venue de ce que ces figures ne sont ni assez grandes ni assez précises.

Je présume qu’il en est à peu près de meme des os d’hip- popotame que M. de Lamétherie dit avoir été trouvés à Mary près de Meaux ; Théor. de la terre , V, p, 198 , mais dont il ne donne pas de description. Les environs de Meaux sont en grande partie gypseux, et je sais qne les os fossiles y sont les memes qu’aux environs de Paris.

M. Faujas lui-méme a parlé autrefois de dents d’hippopotame. Voici comment il s’exprime dans une lettre à M. de Lamétherie sur les ossemens trouvés par M. de Fay près d’Orléans, insérée dans le Journal de physique de décembre 1794? P* 445 et suivantes,

M Voici quelques détails sur ce que j’ai reconnu de mieux

d’ HISTOIRE NATURELLE. Io5

r) caractérisé dans les restes d’ossemens de la carrière de » Montabusard.

» 1 Une dent pétrifiée d’hippopotame pesant 8 onces 6 gros >) quinze grains , quoiqu’elle ne soit pas entière , car il en )) manque une portion à l’extrémité de la couronne , etc. En » comparant cette dent à celles des plus grosses têtes d’hip- ;) popotame que possède le Muséum d’histoire naturelle, je » n’en ai trouvé aucune à beaucoup près de la grandeur de » celle-ci : ainsi l’animal auquel cette dent fossile a appartenu » devoit être trois fois plus gros au moins que l’hippopotame » empaillé qui est dans les galeries du Muséum , et qui vient ») du cabinet de la Haie. »

J’ai examiné cette meme dent , et je me suis assuré qu’elle étoit d’un animal très-différent de l’hippopotame , que je décrirai ailleurs sous le nom d’animal de Simorre.

Au reste, si quelquefois l’on a donné pour os et dents d’hippopotame des morceaux qui n’en venoient pas, il est arrivé aussi que quelques auteurs en ont eu sans le savoir, et ^les ont attribués à des animaux qui ne les avoient point fournis : de ce nombre est Aldrovande metallicis ^Yih.YV^^. 828 et suiv. Il représente , tah. VI , fig. i , une véritable molaire fossile d’hippopotame; la quatrième ou cinquième d’en haut à demi-usée ; et fig. 2 , une postérieure d’en bas très-peu usée ; tah. VII en est encore une quatrième d’en haut à demi-usée et un peu cassée en avant : il les donne toutes les trois pour des dents d’éléphant , tandis qu’une vraie molaire d’éléphant représentée, tah. IX, passe à ses yeux pour venir de quelque grande béte inconnue.

Aldrovande est excusable, puisqu'il n’avoit point de squelette de ces animaux; mais comme ses figures sont parfaitement 5. i4

io6 ANNALES DU MUSEUM

recomioissables et de grandeur naturelle , on auroit j)u aisément reclilier l’erreur de ses indications ; et cependant c’est préci- sément lui, tout clair qu’étoit son lémoignàgne, rpi’on a le plus négligé de citer dans les listes de ceux qui avoient mis en avant des os fossiles d’hippopotame.

Alclvoi>ande ne parle point de l’origine de ses fossiles ; mais il est probable qu’ils venoient, comme ceux que je décrirai plus bas , de quelques-unes des vallées d’ïtalie.

AJdrovande a donc présenté les objets dont nous nous occupons ici , sans pouvoir leur appliquer leur véritable nom. Camper, Merck , I3avda , Lang, Dauhenton dans quelques articles, et quelques géologistes récens, ont appliqué ce nom à des objets auxquels il ne cou venoit point. Antoine de Jussieu ^ et Dauhenton dans ses n.°‘’ MCII et MCIV , sont les seuls qui aient eu le double mérite de nous offrir de vrais objets et de les bien nommer.

Après ce résumé des travaux de mes prédécesseurs , venons à mes propres observations.

I.” Du grand Hippopotame fossile.

Les premiers morceaux qui m’aient averti de l’existence des ossemens d’hippopotame parmi les fossiles sont donc ceux du Muséum, indiqués par Dauhenton sous les n.°* MCII et MCIV.

J’ai représenté le premier, pl. II, fig. i. C’est une portion de la mâchoire inférieure du coté droit, contenant la pénul- tième et l’antépénultième molaire. On juge , à l’état peu avancé de la pénultième , que la dernière de toutes ne devoit pas encore être sortie. L’antépénultième est beaucoup plus usée que l’autre. En avant de ces deux dents est l’alvéole d’une

r.’ H I s T O I R E NATURELLE. IO7

troisième, dont il ne reste que quelques fragmens de racine.

Le Lord inférieur est cassé sur toute la longueur du morceau.

La grande dent a o,o5, et la petite o,o35 de longueur. La largeur de Fune et de l’autre est de 0,02 5 à 0,02 'y. Les dents pareilles , mesurées dans un hippopotame ordinaire , ont chacune o,oo5 de plus , c’est-à-dire qu’elles sont à peu près d’un dixième plus longues. L’émail est teint en noirâtre , la substance osseuse , ainsi que l’os maxillaire , en brun foncé.

Le second morceau , pl. Il, llg. est une pénultième molaire d’en haut, dans un état de détrition moyenne; outre qu’elle est devenue un peu friable par son séjour dans la terre,, elle a été roulée, et toutes ses formes se sont arrondies; les racines sont cassées ; son émail est jaunâtre , et n’a point la teinte noire du morceau précédent. On pourroit, d’après ces circonstances, douter qu’ils vinssent du meme endroit, et ce que j’ai soupçonné plus haut de leur origine pourroit n’étre vrai que pour l’un des deux seulement.

Le troisième morceau fossile de grand hippopotame qui se soit offert à mes recherches est du cabinet de feu Jouhert, aujourd’hui à M. de Drée. Je Fai représenté, pl. I, lig. 2.

Celui-ci est de la grandeur des individus vivans ordinaires.

C’est un fragment de mâchoire supérieure , contenant deux

dents précisément dans l’état de détrition elles sont le \

plus facilement reconnoissahles par les trèfles et les autres

linéamens de leur couronne : ce sont la dernière et l’avant-^

dernière molaire du côté gauche.

Ce morceau est évidemment fossile et pénétré d’une sub-' stance ferrugineuse, mais ne porte non plus aucune indication du lieu de son origine. Cependant, comme M. Jouhert étoit trésorier des Etats de Languedoc, et que sa place Fappeloit

Iü8 ANNALES DU MUSEUM

souvent à Montpellier, il est très-possible que ce soit qu’il ait acquis ce morceau , et meme qu il l’ait tiré précisément de ce lieu de la Mosson^ dont Antoine de Jussieu en avoit déjà eu de semblables. Lors de mon passage à Montpellier en l’an XI , je m’enquis soigneusement de tous les fossiles qui pouvoient y être dans les cabinets^ je visitai même avec soin celui de mon respectable confrère M. Gouan^ et celui de l’Ecole centrale, que dirigeoit alors feu Draparnaud^ mais je n’y aperçus aucun ossement d’hippopotame.

Quelque temps après avoir vu ce morceau du cabinet de Joubert, examinant divers fossiles recueillis dans levai d’Arno par M. Miot , aujourd’hui conseiller d’Etat , dans le temps qu’il étoit ministre de France près le dernier grand-duc de Toscane , j’y remaïquai un astragale que je ne pus rapporter à son espèce : M. Miot ayant eu la bonté de me le prêter pour l’exa- miner à loisir, je vis bientôt qu’il n’appartenoit ni à l’éléphant, ni au rhinocéros ; et comme sa grandeur ne permettoit pas de croire cpi’il vint d’un animal plus petit que ces deux-là, je ne doutai plus qu’il n’appartînt à l’bippopotame.

. Sa forme conlîrmoit cette idée. Il ressemble à peu de chose près à l’astragale du cochon , et le cochon est certainement' de tous les animaux celui qui approche le plus de l’hippo- potame par son organisation.

Ces deux considérations ne me laissoient déjà presque aucun doute \ mais j’eus le plaisir de trouver une preuve encore plus directe lorsque j’eus fait faire le squelette de fœtus d’hippopo- tame que j’ai décrit dans mon dernier article sur cet animal. L’astragale de ce fœtus , représenté à son article, pl. III, fig. 2 et 3 , ne présente , la grandeur exceptée , aucune différence appréciable avec le fossile.'

d’ HISTOIRE NATURELLE. ÏOg

Je donne dés figures diminuées de celui-ci, pl. I, fig i et 4: c’est l’astragale du coté droit. Il est vu de face , fig. i , et par son coté externe, lig. 4- dimensions absolues sont les suivantes.

Longueur de la face externe, de en

Hauteur verticale, de c en o,0'y2.

Largeur de sa poulie tarsienne, de e en y’ ... . 0,107.

Distance du fond de sa poulie tibiale , à l’extrémité de l’aréte intermédiaire de la poulie tarsienne , de h en g ... ^5117-

Largeur de sa poulie tibiale, de Z en A' <^5^97.

^ En comparant ces mesures avec celles que nous avons conclues d’après le fœtus pour un hippopotame adulte de grandeur ordinaire, on voit , Ostéol. de fhipp. , p. 19, quelles ne les égalent pas tout-à-fait.

Cet astragale est à cet égard dans le meme cas que les dents du Muséum décrites ci-dessus. On sait que les natura- listes ont long -temps prétendu que les dépouilles fossiles d’animaux surpassent généralement leurs analogues d’aujour- d’hui en grandeur : on voit par ces échantillons que cela ne s’applique du moins pas toujours à l’hippopotame.

M’étant ainsi assuré de l’un des lieux l’on peut trouver des ossemens d’hippopotame, je m’empressai d’écrire à M. Fali- broni , directeur du Cabinet royal de physique à Florence, et savant universellement célèbre par ses qualités aimables autant que par l’étendue de ses connoissances : je ne doutais pas qu’on ne dut trouver parmi les fossiles du cabinet qu’il dirige plusieurs morceaux de la meme espèce, et il s’en trouva en effet.

M. Fabbroni m’envoya les dessins de trois dents qui ont

JIO ANNALES DU MUSEUM

évidemment appartenu à l’iiippopotame. J’ai fait graver ces dessins, pl. I,fig. 3 et 5, et pl. 11,%. lo.

Le premier , pl. I , üg. 3 , est l’antépénultième molaire , soit d’en liant,, soit d’en Las, à demi-usée.

Le second, celui de la pl. I, lig. 5 , est la dernière molaire d’en bas , au moment elle étoit près de percer la gencive ; comme elle n’avoit point encore servi à la mastication , les pointes de ses collines se sont conservées ; son émail n’est point entamé , et ce dessin peut meme servir pour indiquer la forme des germes de molaires d’hippopotame ; car il n’offre absolument aucune différence, si ce n’est qu’il pai'oît un peu plus grand : je ne sais si c’est la faute du dessinateur 5 car M. Fabbroni ne m’a point envoyé de mesure.

Le troisième dessin , pl. II , üg. 10, représente un fragment de défense ou canine inférieure. C’est encore un morceau très - reconnoissable pour avoir appartenu à l’iiippopotame : aucun autre animal n’a des défenses de cette force ; et l’élé- pbant, qui les a plus grandes, ne les a ni anguleuses , ni striées : le morse , qui les surpasse aussi , les a bien striées vers la racine, mais non pas anguleuses. Le narval a la sienne droite, comme tordue en spirale par les stries de la surface. Le tissu de la substance osseuse est d’ailleurs très différent. Dans l’éléphant ou y voit des traits brunâtres qui se croisent en losanges curvilignes très-régulières. Dans le morse, il y a des grains bruns comme paîtris dans une substance plus blanche j dans le narval , tout semble homogène; dans l’iiippopotame enfin, ce sont des stries fines , concentriques au contour de la dent.

M. Fabbroni m’écrit , touchant cette défense , qu’elle diffère de celle de l’hippopotame d’Afrique , en ce que son diamètre a nu plus grand rapport avec sa longueur , et parce que sa courbure en spirale est beaucoup plus marquée.

1 1 1

d’ H 1 s T O I R E NATURELLE.

Il ajoute qu’on trouve ces dents d’îiippopotaine de dilTé- renles sortes, éparses çà et dans le val d’Arno supérieur, mais sans mâchoires ni autres ossemens, sur-tout de la léle. - L’astragale rapporté par Miot prouve cependant qu’on découvriroit aussi toutes sortes d’ossemens de cet animal , si on se donnoit la peine de les chercher , ou si on avertissoit seu- lement les ouvriers qui font des fouilles ou des déblais pour des chemins, des puits , des fondations, de les recueillir.

Ce n’est que lorsqu’on en aura obtenu un certain nombre qu’on pourra prononcer si l’animal dont ils proviennent étoit entièrement semblable à celui d’aujourd’hui , ou s’il présentoit quelque différence spécilique, comme les circonstances remar- quées au fragment de défense pourroient le faire croire.

« J’avoue que les molaires et l’astragale que j’ai examinés ne m’ont offert aucune différence suffisante, et il est assez sin- gulier que l’animal dont l’existence parmi les fossiles avoit paru douteuse aux géologistes, soit précisément celui dont les dépouilles fossiles sont le plus évidemment semblables aux ossemens du vivant : car nous verrons qu’il s’en faut beaucoup que les élépbans , les rhinocéros et les autres grandes es- pèces fossiles que l’on a voulu rapporter aux animaux vivans, leur ressemblent autant que ces morceaux-ci ressemblent à leurs analogues actuels.

2.^’ Du petit Hippopotame fossile.

J’ai annoncé en peu de mots cette espèce aussi remarquable que nouvelle dans le programme du présent ouvrage., imprimé chez Baudouin, en l’an IX, par ordre de la première classe de l’Institut. Ma notice étant fort abrégée a paru trop incer-

II2 ANNALES DU MUSEUM

taine à quelques naturalistes (i) ; j’espère que les détails dans lesquels je vais entrer feront cesser toute incertitude.

Le bloc dont j’ai tiré cette espèce étoit depuis long-temps dans un des magasins du Muséum , et personne n’avoit sou- venance du lieu de son origine : il me frappa cependant par la quantité de fragmens d’os et de dents dont il étoit comme lardé de toutes parts ; il ressembloit assez aux brèches os- seuses de Gibraltar, de Dalmatie et de Cette, excepté que la pâte , au lieu d’étre calcaire et stalactique , étoit un grès homogène remplissant uniformément tous les intervalles des os ; et que les os formoient une portion incomparablement plus considérable de la masse que dans ces brèches.

Il me fallut, ainsi qu’à mes aides, un temps considérable et une grande patience pour dégager une partie de ces os du grès qui les incrustoit : nous employâmes pour cela, pen- dant plusieurs jours , le ciseau, la lime et le burin; nous fumes obligés de sacrifier plusieurs os pour en conserver d’autres entiers: mais combien nous nous trouvâmes récompensés de nos peines lorsque nous eûmes mis au jour les débris d’un ani- mal dont personne n’avoit eu jusqu’à nous la moindre notion !

Je fus long-temps ensuite sans revoir de pierre semblable à cette première-là, jusqu’en ventôse de l’an XI, que, passant à Bordeaux , je visitai le beau cabinet d’histoire naturelle que M. Journu Aubert , sénateur , possédoit , et dont il vient de faire présent à sa ville natale. J’y reconnus au premier coup d’œil un bloc tout semblable à celui que j’avois dépécé au Muséum ; mais il n’y avoit malheureusement pas plus d’indication sur le lieu d’où on l’avoit tiré , et M. Villers , professeur d’histoire

(i) Faujas , Essais de géol.1, 366.

d’ HISTOIRE NATURELLE. Il3

naturelle à Bordeaux, qui avoit la charge de ce cabinet, ni M. Journu-Aubert lui-méme qui se trouva alors dans cette ville pour présider le corps électoral, ne purent me donner aucun renseignement là-dessus. Depuis lors M. Journu-Aubert a généreusement fait présent à notre Muséum de ce morceau précieux , et m’a mis par-là en état de perfectionner la con- noissance de cette espèce remarquable , en ajoutant d’autres os à ceux que m’avoit fournis le premier bloc.

Je m’acquitte avec bien du plaisir , au nom du Muséum et au mien, du devoir que nous impose la reconnoissance , eu publiant ici le don que cet amateur respectable a fait à la science.

La description que je vais donner des os que j’ai pu dégager fera reconnoître les blocs pareils qui pourroient se trouver dans les cabinets , et peut-rétre que nous obtiendrons ainsi les renseignemens qui nous manquent sur le lieu et sur la position dont ils sont originaires. Il y a peu de points aussi iutéressans dans l’histoire particulière des os fossiles.

J’ai eu des dents mâchelières de plusieurs espèces , des canines et des incisives ; la üg. 'y , pl. I , représente une des plus grandes de ces mâchelières : sa couronne est allongée et présente d’abord une petite partie transverse a\ ensuite une paire de collines, Z», c, séparée par un profond vallon, d’une autre paire, e ^ qui l’est, par un second vallon, d’une colline simple , f. La détrition n’a usé ces collines qu’à leur face anté- rieure et très-obliquement j ce qui montre que celles de la dent opposée pénétroient , lors de la mastication , dans les intervalles de celles-ci.

C’est déjà une petite différence de l’hippopotame ordinaire; mais , au reste , tous les autres caractères essentiels se retrouvent ici, comme dans la pénultième dent d’en bas de ce grand 5. i5

Il4 ANNALES DU MUSEUM

animal j memes quatre collines en deux paires, meme colline isolée en arrière, meme petite saillie transverse en avant : si on ne voit pas bien les trèfles , cela tient à la manière oblique dont se fait la détrition ; elle efface les sillons longitudinaux des collines, et nen laisse que quelques traces: encore voit-on un peu de cette figure de trèfle en h et en c.

Cette dent a o,o33 de longueur, et o,oi6 de largeur.

J’ai trouvé dans le bloc de M. Journu- Aubert le germe de cette meme dent postérieure. Il est représenté , pl. III, (îg. 6.

Une seconde de ces dents , pl. I , fig. G , est à peu près carrée à sa base, qui est tout entourée d’un collet saillant, et sur laquelle s’élèvent deux paires de collines, ou plutôt deux collines transverses, fourchues à leur sommet, et marquées sur leurs faces de sillons, tels que si la détrition se faisoit horizontalement , elle produiroit certainement aussi des figures de trèfle 5 mais quoiqu’elle ne soit que commencée sur cette dent-ci, on s’aperçoit déjà qu’elle se fait obliquement. Les pointes des deux collines de devant , « , , ne sont qu’un peu usées en triangle, et cependant la partie voisine du collet, u, est aussi un peu entamée j preuve que les parties saillantes de la dent opposée pénétroient dans les creux de celle-ci.

Cette dent a 0,02^ , tant en longueur qu’en largeur, au pourtour de sa base.

Une troisième dent, semblable à la précédente, mais plus petite et plus profondément usée ( deux preuves quelle étoit placée plus en avant) , est représentée , pl. I, fig. 8; elle n’a que 0,02 en carré : ses deux premières collines, a, Z>,.ont déjà confondu leurs disques osseux par l’effet de la détrition 5 les deux autres, c, d, ne montrent encore que deux triangles séparés.

d' HISTOIRE NATURELLE. Il5

Fig.3,pi.n, est le germe d’une dent qui seroit devenue, avec le temps, semblable aux deux précédentes. Il n’étoit point sorti de la gencive, n’a encore aucune racine, et son sommet est parfaitement intact ; on y voit bien comment les deux coUines transversales sont cbacune rendues fourchues à leur sommet par deux plans qui font ensemble un angle d’environ 6o”.

La ressemblance de ce germe avec le pareil d’un hippopo- tame ordinaire frapperoit le moins attentif : elle est plus grande que celle des dents usées , parce que c’est le mode de détrition qui établit la plus grande différence entre les deux espèces.

La base de ce germe a 0,028 en carré 5 celle du germe d’iiip- popotame ordinaire , que je lui compare , a o,o5 , c’est-à-dire plus du double : elle n’est pas non plus si carrée, et les col- lines postérieures y sont un peu plus courtes que les autres.

Voilà bien la dernière molaire du grand hippopotame, et les deux qui la précèdent parfaitement représentées dans le petit j aucun autre animal ne peut s’offrir à la comparaison , si ce n’est le cochon : ses trois dernières molaires sont à peu près de la meme grandeur que celles-ci , et ont aussi quatre collines dans les deux premières , et cinq dans la dernière ; mais ces collines sont sillonnées tout autour, et accompagnées de collines plus petites ou de tubercules accessoires , de ma- nière que la couronne de la dent paroît toute mammelonnée : ce qui n’est point du tout dans notre petit hippopotame fossile.

Nous savons, par notre article précédent (Ostéol. de l’bipp. , p. 28) , que les trois molaires de devant de l’hippopotame ont une autre forme , et sont plus simples que les trois dernières ; nous en retrouvons d’analogues dans ce petit.

On en voit une , pl. I , lig. 1 1 . Elle est pyramidale , a deux

i5 ^

Il6 -ANNALES DU MUSEUM

grosses racines, et est usée, comme les molaires, oWiquement à sa face de derrière et à sa pointe. La longueur de sa hase est de 0,0 1 7 , sa largeur de 0,0 1 3 ; la hauteur de son corps , sans les racines , 0,01 5. Une seconde est représentée , pl. I, £ig. 10 : elle est plus petite, conique, comprimée, et usée seu- lement à son sommet: J’en ai encore une autre' toute pareille.

Les molaires antérieures , très-semhlahles à celles de l’hip- popotame , n’ont rien de commun avec celles du cochon , qui sont comprimées, et à tranchant dentelé.

Mais les dents les plus caractérisées de l’hippopotame ordi- naire sont ses incisives et ses canines; et c’est en quoi notre petit fossile se montre encore parfaitement l’analogue du grand.

Ainsi, les incisives d’en has sont cylindriques, ohliquement couchées en avant, et usées à leur pointe seulement: nous en- avons trouvé plusieurs pareilles, à la grandeur près, dans les hlocs que nous avons dépécés : on en voit une presque entière , pl. II, fig. 7. Son diamètre est de 0,01 , et sa longueur, dans son état actuel, de 0,08. Elle répond à l’une des incisives laté- rales de riiippopotaiiie ordinaire , car celles-ci ont 0,028 de diamètre, et 0,1 3 de longueur. Elles sont plus profondément striées à leur surface que celles de la petite espèce ; leur pointe est aussi plus acérée par la détrition.

Quoique les différens cochons aient aussi les incisives infé- rieures très -longues et couchées en avant, on ne peut les confondre avec celles de notre animal, parce qu’elles ne sont pas cylindriques, mais prismatiques, ou comprimées par les côtés.

Les canines inférieures de l’iiippopotame sont courbées en arc de cercle, à coupe triangulaire, et ohliquement usées à leurs pointes du côté de leur face concave.

d’ HISTOIRE NATURELLE. II7

Mes blocs m’en ont offert plusieurs de semblables. J’ai représenté l’une des mieux conservées , pl. Il , lig. 1 1 . Elle se rapporte bien aux autres pour la proportion, car elle a, de meme , moitié des dimensions de la dent correspondante de la grande espèce, c’est-à-dire 0,02 de plus grand diamètre , etc. j elle offre quelque différence de surface. Les canines du grand hippopotame sont striées, ou plutôt cannelées profondément par-tout sur leur longueur; celles-ci sont très-finement striées, et présentent à leur face externe un enfoncement ou espèce de canal large et très-peu profond, qui règne sur toute leur longueur.

Ces dents seroient plus aisées que les autres à confondre avec les analogues du sanglier ; on les en distingue cependant à ce que leurs angles sont émoussés , et leur courbure plus forte.

Les canines supérieures de l’bippopotame prêtent à moins d’équivoque : usées obliquement du côté de leur convexité, arron- dies de toute part , creusées d’un sillon longitudinal profond à leur face interne , et d’un autre plus léger à l’externe , elles ne res- semblent à celles d’aucun autre animal. Mon petit animal m’en a fourni un tronçon très-caractérisé; c’est le bout de la dent: ou y voit les deux sillons et la surface produite par ladétrition. Les dimensions sont encore précisément moitié de celles de l’espèce vivante. Voyez pl. II, fig. 6.

Fig. 9 est un fragment qui me paroit avoir appartenu à une incisive intermédiaire d’en haut : il y a pourtant quelque dif- férence avec l’hippopotame ordinaire. La partie usée, a, est ici convexe et devrait être concave. Le sillon, ô, c, n’existe point dans l’hippopotame.

Je représente encore, fig. 4 7 ph H, un germe de molaire qui n’a point d’analogue dans l’hippopotame ordinaire. Elle

1 l8 ANNALÊS DU MUSEUM

offre deux collines , dont la seconde fourchue , par conséquent trois pointes, toutes les trois assez aiguës.

Ce sera quelqu’une des molaires antérieures que ce petit hippopotame aura eue plus compliquée que l’espèce vivante.

Sa longueur est de 0,02, sa largeur en arrière de 0,01.

J’étois trop pénétré du grand empire qu’exercent les formes des dents sur tout le reste de l’organisation, pour ne pas être persuadé d’avance que tous les autres os de cet animal auroient , avec leurs correspondans de l’hippopotame ordinaire , la même ressemhlance que j’ohservois dans les dents; je fus cepen- dant bien aise de pouvoir donner à tout le monde une nouvelle preuve de l’infaillibilité de ces lois générales de la zoologie , et je mis beaucoup de soin à dégager les portions d’os j’a-' perçus quelques restes de caractères. Toutes, sans exception, vinrent confirmer ce que les dents avoient annoncé.

Ainsi le fragment de mâchoire inférieure , pl. II, fig. 8, quoique fort mutilé , ne l’est point assez pour n’être pas recon- noissable par lui-même. On voit , en « , que le bord inférieur commence à descendre pour former ce crochet si caracté- ristique dans la mâchoire inférieure de l’hippopotame; en ù, que l’échancrure entre l’apophyse coronoide c , et la condyloide qui manque à ce fragment , devoit être peu profonde , comme elle l’est aussi fort peu dans l’hippopotame. La ligne saillante d , les différentes convexités , concavités et méplats de ce mor- ceau sont, en un mot, comme dans le grand animal auquel nous le comparons. La distance des bords , de a en </, est de g^o45>. L’hippopotame, mesuré au même endroit, donne 0,12 , c’est-à-dire , deux fois et deux tiers de fois plus.

J’ai trouvé dans le bloc de M. Journu- Aubert une autre portion de mâchoire inférieure plus considérable , à certains

d’ histoire naturelle. 119

égards, que celle-ci, pl. III, fig. 3 : c’est celle du côté opposé. Elle contient la dernière dent , «, presque entière ; mais ce qui la rend précieuse , c’est qu’elle montre une beaucoup plus grande partie du crochet , et sur-tout une portion de son bord postérieur j car toute la ligne , c , </ , est entière et sans fracture : on y voit que ce crochet se portoit plus en arrière à proportion que dans l’hippopotame vivant , et que cetendi'oit de la mâchoire , au lieu de représenter à peu près le quart d’un cercle, ou la moitié d’un croissant, devoit former une sorte de lunule. J’ai marqué avec des points le contour que l’on peut supposer à cette partie , d’après ce qui eu reste d’entier.

Quoicpie cette différence de configuration offre bien une distinction spécifique évidente, le tout n’en est pas moins une confirmation de l’identité générique : l’hippopotame ordinaire ayant seul ce crochet parmi les quadrupèdes connus , on devoit bien s’attendre que si l’on venoit à découvrir quelque autre espèce d’hippopotame , on l’y trouveroit aussi ; mais rien n’exb geoit qu’il eût précisément les memes proportions.

Ces deux fragmens de mâchoires auroient donc été reconnus pour venir d’un hippopotame , quand meme on n’auroit pas vu une seule des nombreuses dents qui les accompagnoient.

C’est aussi le cas d’un troisième fragment, représenté, pl. III, fig. 6 et 8, également tiré du bloc de M. Journu- Aubert. Il forme le tiers antérieur de la mâchoire d’en bas du côté gauche, et doit avoir appartenu à un très-jeune individu j car, en le cassant , on y trouve seulement un germe de dent canine, encore très-creux intérieurement, et contenu dans un alvéole plus large que lui. Néanmoins , cette forme carrée de l’extrémité de devant , qui appartient à la mâchoire inférieure des

^20 ANNALES DU MUSEUM

hippopotames et cVeux seuls, se manifeste déjà clairement dans celui-ci.

Les trous creusés à la face externe pour la sortie des nerfs maxillaires inférieurs sont placés au meme endroit que dans Thippopotame ordinaire.

La tête inférieure d’humérus , pl. II , fîg. 5 , est en simple poulie, en cf, avec une très-légère excavation latérale vers b. Elle ressemble un peu en ce point à celle du cochon; mais cette seconde excavation seroit plus forte dans ce dernier animal. Elle ressemble encore à celle du cochon par le trou c, produit par la pression de Folécrâne dans l’extension.

Une autre portion de l’humérus beaucoup plus considérable etmieiix conservée , pl. III, fig. 2 , se distinguoit éminemment de l’humérus du cochon par sa ligne âpre , extrêmement saillante en dehors, et commençant très-bas, absolument comme on le voit dans l’humérus de l’bippopotame vulgaire (voyez Ostéol. de riiipp., pl. II ,fig. 2, e). Cette portion, qui ne faisoit guère que les deux tiers de l’os, avoit 0,1 3 de longueur.

Les deux condyles étoient mutilés, et on ne pouvoit en mesurer la distance; mais la lai’geur transverse de la poulie articulaire étoit de 0,0 43 : nous l’avons conclue de 0,1 5 pour l’adulte; c’est plus du triple de grosseur, tandis que les lon- gueurs ne sont en général qu’un peu plus que doubles. Ceci revient à la règle établie par Daubenlon, et voulue d’ailleurs par les lois relatives à la résistance des corps, découvertes par Galilée : c’est que les grands animaux ont les os beaucoup plus épais, à proportion que les petits : autrement leurs membres ne pourroient les soutenir.

L’astragale, pl. I, fig. 9, tiré du bloc du Muséum, est encore plus caractéristique , s’il est possible. L’arête , a , qui

I3I

d’ HISTOIRE NATURELLE.

divise sa partie inférieure en deux poulies d’égale largeur , ne lui permet d’appartenir qu’au seul genre de l’iiippopotame. Les autres animaux qui ont une pareille division ^ savoir , les ruminans , le coclion , le rhinocéros et le tapir , ont les deux poulies fort inégales. La giraffe n’en a meme point de cuhoi- dieniie.

La longueur de cet astragale , la seule de ses dimensions restée bien entière , est de o,o45. La meme dimension , prise dans l’astragale de grand hippopotame fossile représenté pl. I, fig. I , est de 0,1 l'y j ce qui équivaut à deux fois et près de deux tiers de fois.

J’ai encore retiré de ce bloc un scaphoïde : il a o,o3 d’avant en arrière, 0,02 de droite à gauche, et porte à sa face mé- tatarsienne trois facettes articulaires : une grande y une moyenne et une très-petite; ce qui prouve que ce petit hip-^ popotame avoit , comme le grand, aux pieds de derrière, quatre doigts et un vestige de cinquième.

Ce bloc m’a aussi fourni une portion de fémur (pl. III, fig. i } qui a perdu sa tète , la sommité de son grand trochanter , et à peu près son tiers inférieur ; mais on y voit bien la cavité profonde creusée, à sa face postérieure, entre sa tète et son grand trochanter ; l’extrême saillie de la racine de celui-ci , et la position du petit trochanter au bas et dans l’alignement de la racine du grand. Ces caractères, que nous avons exprimés dans notre ligure du fémur de l’hippopotame ( Ostéol. de*celui- ci , pl. III, lig. 9) se retrouvant , à peu de chose prés , les mêmes dans le sanglier , ne donnent pas des distinctions aussi tranchées que les autres; mais il n’y a rien non plus qui contredise tous nos résultats précédons.

Il en est de même du fragment de bassin représenté de coté,

5. 16

122

ANNALES DU MUSEUM

pL III , f]g. k ,et pardevant , {jg. 5. Sa cavité colyloïde a seS' bords un peu rompus tout autour, et on ne peut la mesurer exactement 5 mais on voit quelle a correspondre au fémur représenté à coté, pl. III , lig. i . L’aplatissement de l’os des îles à sa face antérieure est aussi très-sendjlable à celui que montre riiippopotame ordinaire. Voyez son Ostéol., pl. III,lig. ’-j.

Je n’ai j)oint eu d’autres os de ce petit liippopotame ; mais tous les zoologistes con\iendront bien qu’il y en a assez pour le caractériser. Je n’ai pas besoin non plus de prouver qu’il est adulte, et que ce n’est point à son âge que sa petitesse est due : l’état de la dentition et de l’ossilication le démontrent suflisamment. ^

\ oilà donc encore une espèce bien évidemment distincte de toutes celles que l’on connoît à la surface du globe; on pourroit m’opposer ici, comme pour plusieurs autres, que je compose peut-être un éililice dont les parties n’étoient point destinées par la nature à être rapprochées ; que c’est des os de ])lusieurs animaux mêlés confusément dans ces blocs que je forme un animal imaginaire ; mais ma réponse est toujours prête. Je ne m’arrêterai point à montrer les rapports naturels de ces divers os , ni à prouver que leur ensemble s’accorde parfaitement avec les lois qui président à l’organisation des animaux; je m’en tiens à cet argument invincible : c’est que chaque os, considéré séparément, diffère de ceux de tous les animaux connus; que ce n’est point sur leurs combinaisons cpie j’établis mes carac- tères , et que si par hasard on j)ensoit que j’en ai réuni d’espèces différentes , on ne feroit qu’augmenter le nombre des espèces fossiles qui ue se retrouvent pas vivantes.

\

d’ HISTOIRE NATURELLE. 1^3

PRECIS

D un Mémoire lu à L’ Institut national, sur la température de la mer soit à sa surface , soit à diverses pro- fondeurs.

Par M. P É R O N , Naturaliste de l’expedition des découvertes.

De toutes les expériences de physique , il en est peu dont les résultats soient plus intéressans et plus curieux que celles dont je vais ni occuper ici. Le météorologiste doit y puiser des données précieuses sur les variations atmosphériques au milieu de l’Océan; .ils peuvent fournir au naturaliste des connoissances indispen- 'Sahles sur l’haliitation des diverses trihus d’animaux marins; le géologiste et le physicien y trouveront l’im et l’autre les faits les plus certains sur la propagation de la chaleur au milieu des mers, et sur l’état physique intérieur de ce glohe,dont les ex- cavations les^ plus profondes peuvent à peine effleurer la sur- face; en un mot il n’est aucune science qui ne puisse avec avantage revendiquer les résultats des expériences de ce genre. Comhien donc ne doit-on pas être surpris du peu d’intérêt qu’on leur a donné jusqu’à ce jour ?

Section première.

Température de la mei\ a sa surface.

Les expériences sur la température des eauxde la mer peuvent

i6

124 . A N N A L E s P U M U s É U M

se faire , ou Lien à sa surface , ou Lieu à des profondeurs plus

ou moins grandes au-dessous de cette surface.

Les premières sans doute sont faciles à répéter; leurs ré- sultats doivent être à peu de cliose près rigoureux Il suffit

en effet de plonger un thermomètre dans l’eau , de fy laisser assez long-temps pour qu’il puisse en prendre la température actuelle. Celle de l’atmosphère ayant été déterminée dans le meme instant , soit avec le thermomètre qu’on vient de plonger dans l’eau, soit avec un instrument pareil dont le rapport avec le premier est exactement connu, l’on parvient à connoître ainsi non seulement la température absolue de l’eau de la mer à sa surface pour l’instant de l’observation , mais encore ses rapports actuels avec celle de l’atmosphère, rapports intéres- sans, et sur lesquels j’aurai plus d’uné fois occasion de revenir dans la rédaction générale de mes travaux météorologiques : je dois me borner en ce moment à présenter ici quelques-uns des résultats généraux qu’on peut déduire de cette première partie de mes observations , toutes faites en pleine mer et ré- pétées quatre fois par jour : à 6 heures du matin , à midi, à 6 heures du soir, à minuit.

1 . ° La température des eaux de la mer à sa surface et loin des terres est en général plus froide à midi que celle de l’atmos- phère observée dans l’ombre.

2. ° Elle est constamment plus forte à minuit.

3. ° Le matin et le soir, le plus ordinairement, elles se font à peu près équilibre.

4. “ Le terme moyen d’un nombre donné d’observations com- paratives entre la température de la surface des flots et celle de l’atmosphère, répétées quatre fois par jour, à 6 heures

d’ H I ST OIRE NATURELLE. 1^5

du malin, à midi, à 6 heures du soir , à minuit et dans les memes parages, est constamment plus fort pour les eaux de la mer , par quelque latitude que les observations soient faites: du moins je n’ai pas vu moi-méme d’exception à ce principe , du 49-* degré nord au 45'.*' degré sud.

5.“ Le terme moyen de la température des eaux de la mer à leur surface et loin des continens est donc plus fort que celui de l’atmosphère, avec laquelle ses flots sont en contact.

Quelques physiciens ont obtenu des résultats différens des miens j mais n’en voit pas d’abord la raison dans la diffé- rence des lieux et des époques des observations elles-mêmes ? En effet , toutes celles que je connois ont été faites dm’ant le jour et le plus souvent vers son milieu 5 toutes ont été répétées à peu de distance des rivages et des continens, dont la tempé- rature , ainsi que nous aurons bientôt occasion de l’observer , est cinq fois plus considérable que celle des flots : rien d’éton- nant dès-lors que le terme moyen indiqué par de semblables résultats ait été moindre pour les eaux de la mer j et mes propres expériences le conürment assez.

Ces premiers résultats m’ont mis à meme de détruire aisément un préjugé météorologique bien ancien sans doute , puisqu’il re- monte au moins jusqu’au siècle d’Aristote, celui de réchauf- fement des vagues par leur agitation. Irving et Forster pa- roissent avoir été trompés eux-mémes par le résultat singulier que les observations fournissent à eet égard 5 celles des miennes sont lout-à-fait semblables , et cependant c’est d’eux seuls dont je vais me servir pour démontrer l’erreur des anciens et la détruire. Pour cela revenons aux faits. Je viens de dire, il n’y a qu’un instant , que la température des eaux de la mer à sa

ANNALES DU MUSEUM

Ïl6

surface ëtolt alternai i veinent plus chaude ou plus froide que celle de ratniosphère. Dans celle succession alternative du plus au moins , il doit y avoir un instant on rëquiiiÎ3re a lieu : pre- nons cet instant , et supposons la température de l’almosplière et des eaux à 20.® l’ime et l’autre^ supposons en même temps que la surface de la mer soit paisdde, et ([ue l’atmosphère le soit aussi: cependant un orage s’élève; ^6S régions glacées

du pôle , un vent impétueux vient agiter l’atmosphère et sou- lever la surface des mers. Quels effets va-t-il produire sur l’ime et sur l’autre ? plus froid (pi’elles, il va leur enlever une por- tion quelconque de leur calorique: mais comme il agit d’abord plus facilement sur l’atmosphère , qu’il peut la pénétrer dans toute sa masse , nul doute qu’il ne la refroidisse plus promp- tement et plus fortement aussi. Les eaux de la mer, au con- traire , résistant davantage à son action , ne lui présentant que leurs couches les plus superhcielles, il ne peut leur enlever que successivement et toujours lentement la température que l’at- mosphère abandonne au premier instant : d’où résulte que cette dernière , dans un temps donné , doit perdre une portion de calorique beaucoup plus forte que les eaux de la mer.

Une deuxième cause encore tend à la refroidir d’une ma- nière non moins puissante: je veux parler de l’évaporation qui commence avec le soulèvement des vagues , et qui devient d’ autant plus grand ,, que l’agilatiou des flots est plus forte et plus profonde : car alors le sommet de chaque vague, en retom- bant sur lui-méme , semble se briser et se résoudre en pluie très-fine , quelquefois tellement abondante , que la surface d’une mer violemment agitée paroit toute fumante. Or les innom- brables petits globules roulés dans l’atmosphère y doivent éprou- ver une forte évaporation qui ne peut se faire qu’aux dépens

d’ H I s T O I R E NATURELLE. 11'].

(lu calorique de Fair dans lequel ils se trouvent ainsi l^allottés. Voici donc une nouvelle cause de re ’roidissement pour Fat-’ mospîière, et qui tourne tout entière au Lénélice de la teiii- pérature des eaux de la mer. Sa quantité relative doit croître encore de cette deuxième circonstance; elle devoit également augmenter par une suite nécessaire de Faction inégale du vent sur les Ilots et sur elle : donc tout se réunit pour abaisser la tem- pérature de Fatmosplière par rapport à celle de Feau ; donc cette dernière paroîtra plus forte que la première, et meme elle sera véritablement telle. Mais pour être actuellement plus chaude que Fatmosplière, s’ensuit-il que sa température soit réellement plus forte, ou plutôt , pour revenir aux expressions d’Aristote , est-il vrai quelle se soit échauffée par l’agitation ? Mes nombreuses expériences me permettent de répondre ici d’une manière positive que c’est une erreur de sensation. Jamais la température absolue des eaux de la mer n’augmente par leur agitation; elle diminue au contraire, elle diminue meme d’autant plus , que le vent cpii les soulève est plus violent alors sur-tout qu’il est froid;mais danstous les cas elle diminue beaucoup moins rapidement que celle de l’atmosphère : de sorte que cette dernière ayant perdu 6, par exemple, elle-même n’aura perdu qu’un dans le même temps :elle fera donc éprouver une sensation de chaleur d’autant pins grande que le refroidissement de Fatmosplière aura lui-même été plus rapide et plus fort. C’est d’après une telle sensation qu’Aristote avoit sans doute avancé la proposition que je viens de combattre , et qui répugnoit à l’état actuel de nos connoissances sur les propriétés physiques de Feau. De tout ce ({ue je viens de dire à cet égard on peut déduire le corollaire suivant :

128 ANNALESDir MUSÉUM

7.° La température relative des flots agités augmente 5 mais leur température absolue diminue toujours.

Section II.

Température de la mer à diverses profondeurs.

I.® Description dun nouvel appareil pour déterminer la température de la mer à de grandes profondeurs.

Autant les expériences à faire sur la température des eaux de la mer à sa surlace sont simples et faciles , certaines dans leurs résultats, autant celles à répéter sur cette meme tempéra- ture à des profondeurs plus ou moins grandes sont compli- quées et délicates; autant sur-tout il est diflicile de s’assurer de cette exactitude indispensable lorsqu’on doit comparer des rapports. Cependant ces observations m’ayant été, lors démon départ, recommandées particulièrement par MM. Fourcroyy Laplace, Brisson et Lamétberie, je crus devoir m’en occuper; et, pour le faire avec plus de succès, je cberchai d^alx)rd à me procurer un appareil d’une composition plus simple, d’un emploi plus facile et d’une exactitude plus grande aussi dans les résultats que tous ceux que je savois avoir été jusqu’à ce jour mis en usage par les physiciens qui se sont occupés de cet objet. En effet , les thermomètres de Mallet et de Pictet , celui de Micbeli, connu sous le nom de thermomètre pour les puits; celui du comte de Marsigli , celui de Cavendish, celui à res- sort , ceux de Saussure lui-méme , le cylindre à double soupape de Forster, de Morozzo, le cylindre de verre scellé à la lampe d’émailleur, la bouteille d’Irving; en un mot, tous les moyens employés jusqu’à ce jour me paroissant avoir des inconvéniens

TEMPÉRATURE DES EAUX DE LA MER.

résultats généraux de toutes les Expériences faites jusqu à ce jour sur la température des eaux de la mer soit à sa surface, soit

profondeurs.

w uLvci ôt: K

TEMPERATURE

de la mer

A SA SURFACE ,

LOIN DES RIVAGES.

PRES DES RIVAGES.

PRES DES RIVAGES,

TEMPERATURE

DE LA MER

A DIVERSES PROFONDEURS,

LOIN DES RIVAGES.

CONSEQUENCES GEOLOGIQUES

QVi’oW POURROIT DÉDVilRE DE CES RÉSULTATS.

1. ” La température des eaux de la mer est en général plus foible à midi que celle de l’atmosphère observée dans l’ombre à la même heure.

2. ° Elle est constamment plus forte à. minuit.

3. ° Le matin et le soir elles se font le plus ordinairement à peu près équilibre.

4. ° Le terme moyen d’uri nombre d’observations donné , comparatives entre la température de l’atmosphère et celle de la surface des flots , répétées quatre

fois par jour , à six heures du matin, à midi , à six heures du soir, à minuit et dans les mêmes parages, est constamment plus fort pour les eaux de la mer , par quelque latitude que les observations soient faites ; du moins je n’ai pas vu moi-môme d’exception à cette règle , du 49.* degré nord au 45.' sud.

5. ° Le terme moyen de la température des eaux de la mer à leur surface et loin des continens est donc plus fort que celui de l’atmosphère avec laquelle ses

flots sont en contact.

^ 6.° La température relative des flots augmente par leur agitation , mais leur température absolue diminue toujours.

I 7." La température de la mer augmente à mesure que l’observateur s’approche des continens ou des grandes îles. (Voyez les résultats lo.” et ii.')

8.° Toutes choses égales d’ailleurs , la température du fond de la mer le long des côtes et dans le voisinage des grandes terres est plus forte qu’au milieu de l'Océan. g.° Elle paroît augmenter à mesure qu’on se rapproche davantage des continens et des grandes îles.

10. ° La chaleur cinq fois plus considérable des terres , la profondeur moins grande du lit des mers, la concentration des rayons solaires, et les courans

paroissent devoir être considérés comme les causes essentielles de ce phenomene. ^

11. ° Il ne paroît pas improbable que les animaux et les végétaux qui tapissent le fond des mers puissent y contribuer eux-mêmes par la température plus élevée dont ils paroissent jouir.

1 2. ° La température des eaux de la mer , loin des rivages , à quelque profondeur qu’on l’observe , est en général plus froide que celle de la surface.

13. “ Ce refroidissement paroît être dans un rapport quelconque avec la profondeur elle-mènie puisqu’il se trouve d’autant plus grand, que les expériences ont été faites par des profondeurs plus considéraljles.

14. ° Les deux résultats précédens se trouvent également exacts au milieu des flots glacés des deux pôles, et de ceux brùlans de l’équateur j seulement à profondeur égale, la proportion du froid est beaucoup plus grande vers les régions polaires, que dans celles équatoriales.

15. ° Tous les résultats des observations faites jusqu’à ce jour sur cet objet se réunissent pour prouver que les abîmes les plus profonds des mers, de même que les sommets de nos montagnes les plus élevées sont éternellement glacés, même sous l’équateur.

16. ° En poursuivant la comparaison exacte sous tous les rapports de la température des gouffres de l’Océan avec celles des pitons les plus élancés de nos continens, il doit eu résulter que, de même que sur ces derniers , un très-petit nombre de végétaux et d’animaux peut et doit y vivre actuellement.

17. ° Des résultats analogues à ceux que nous venons d’observer au fond des mers ont démontré qu’un semblable refroidissement existoità de grandes profondeurs dans les principaux lacs de la Suisse et de l’Italie.

18. ° Les observations de Georgi, de Gmélin, de Pallas, de Ledyard et de Patrln en Sibérie; celles du célèbre et rigoureux observateur Saussure en Suisse , semblent prouver qu’il en est de même pour le sein de la terre toutes les fois que les observations sont faites loin des mines. Des résultats semblables ont été dernièrement obtenus en Amérique par Shaw , Machensie , Umferville et Robson.

19. ° Tant de faits réunis ne doivent-ils pas laisser quelque incertitude sur cette théorie si généralement admise, et d’ailleurs si pleine de génie, d’un feu central

intérieur qui nialiilient une température uniforme et constante d’environ io.°dans toute la masse de notre globe , soit liquide, soit solide ?

20. ° Ne serions-nous pas forcés un jour par de nouvelles expériences sur cet objet d’en revenir à ce principe ancien si naturel et si conforme d’ailleurs à

tous les phénomènes qui se passent chaque jour sous nos yeux : La source unique de la chaleur de notre globe, c’est le grand astre qui l’éclaire ; sans 1) lui , sans l’influence salutaire de ses rayons, bientôt la masse entière de la terre, congelée sur tous ses points , ne seroit qu’une masse inerte de frimas •>'> et de glaçons Alors l’hislolre de l’hiver des régions polaires seroit celle de toute la planète

d’ H I s T O I R E NATURELLE. 1 2Q

plus OU moins graves, je parvins, en méditant beaucoup cet objet, à la construction de l’appareil dont je vais présenter ici les détails.

Rien de plus facile que de plonger un thermomètre à la profondeur jugée convenable; mais ce qui n’est rien moins que d’une exécution aussi simple , c’est de disposer cet ins- trument de telle sorte que la température acquise à cette pro- fondeur ne puisse sensiblement varier pendant tout le temps nécessaire pour le ramener à la surface. Le seul moyen d’ar- river à ce but étoit de rendre mon tbermomètre le moins sensible possible , et pour cela de disposer autour de lui plu- sieurs enveloppes de substances peu conductrices du calorique: elles sont en grand nombre; mais parmi celles qui possèdent à un degré plus éminent cette propriété singulière, on dis- tingue sur-tout l’air, le verre , le bois , le charbon , les graisses et les résines. Je résolus de les employer toutes à fois et dans un ordre tel que leur faculté peu conductrice du calorique devînt plus foible encore : on sait en effet que la chaleur , de meme que le fluide électrique, pénètre d’autant plus diflicile- ment les corps , qu’ils sont d’une nature plus différente entre , eux. Cette idée, si simple qu’il doit paroître étonnant quelle ne se soit pas d’abord offerte à ceux qui les premiers se sont oc- cupés de cet objet , est cependant un sùr garant de la supério- rité de mon appareil sur tous ceux employés jusqu’à ce jour. A la vérité , plusieurs substances peu conductrices du calorique avoient bien été successivement employées dans les expériences sur la température de la mer; mais toutes ne l’ayant été qu’iso- lément et d’une manière meme peu raisonnée quelquefois , les résultats obtenus par tant d’appareils divers ne sauroient être rigoureusement comparables soit avec eux-mémes , soit entre

ANNALES DU MUSEUM

i3o

eux tous, double et précieux avantage c[ui doit appartenir, ce me semble , à l’appareil nouveau dont j’ai fait usage : les détails de sa construction doivent en faire ressortir tout l’intérêt.. ' Un thermomètre en mercure porté sur une règle d’ivoire est renfermé dans un cylindre de verre de 3 centimètres en- viron de diamètre. Cet instrument est plongé dans un étui de bois plus long que lui-méme,et d’un diamètre double de celui de verre: il en résulte un espace libre qu’on reniplit exacte- ment de poussière de charbon pilé. Le tout est ensuite porté dans un troisième cylindre de métal d’un diamètre également double de celui de l’étui de bois; le nouvel espace liljre est rempli par du suif fondu qu’on y coule : à chacun des étuis de bois et de métal appartient un couvercle de la meme matière , qu’on peut enlever tous les deux à la fois et de la manière la plus prompte , par le moyen d’un petit mécanisme très-simple qu’on peut observer aisément dans le dessin ci-joint de mon ami , de mon collaborateur , M. Lesueur. On parvient donc en un instant jusqu’au thermomètre lui-mérne, qu’un cordon léger débordant la couche de suif, sert à découvrir d’abord et re- tirer aussitôt. Tout cet appareil ainsi disposé se renferme dans une double poche de toile goudronnée , qu’on attache ensuite à l'extrémité de la ligne de sonde qui doit le plonger à la profondeur déterminée par l’observateur. Une masse de plomb plus ou moins considérable sert à tout entraîner au fond des mers, en meme temps qu’à maintenir l’appareil dans la situation la plus perpendiculaire possible.

Tel est l’appareil simple , peu dispendieux, et sur-tout d’un emploi facile, que j’imaginai pour mesurer la température des eaux de la mer à diverses profondeurs et sous des parallèles différens , appareil auquel je dois les derniers résultats que j’ai

d’ HISTOIRE NATURELLE. l3l

pu me procurer sur cet objet. Malheureusemeiit dans mes pre- miers essais avec mon infortuné collègue , avec mon intéressant ami Depuch, l’une des nombreuses victimes de cette expédi- tion , la difficulté de faire construire à bord le cylindre métal- lique nous força de nous borner à l’étui de verre , au charbon, à l’étui de bois. Ce dernier appareil cependant ne laissa pas de nous donner les résultats précieux que je vais exposer en trai- tant successivement de la température de la mer à diverses profondeurs, soit le long des cotes et dans le voisinage des continens , soit eu pleine mer et loin de toute gi'ande terre.

Section III.

Température de la mer à diverses profondeurs et près des

côtes.

Dans letajjleau ci-joint des expériences de Marsigli, de Saus- sure et des miennes aussi sur la température des eaux de la mer à diverses profondeurs le long des cotes , on observe d’abord une différence si grande pour les résultats d’avec ceux obtenus par tous les autres observateurs sur cet objet loin des conti- nens et des grandes des , que la distinction que j’établis ici me paroît non seulement utile, mais encore tout-à-fait indispen- sable. En effet , que de causes réunies concourent le long des rivages à élever la température des flots ! La proximité des terres , dont la chaleur moyenne, d’après les belles expériences de Raymond, est cinq fois plus considérable que celle des flots eux-mémesj la profondeur du lit des mers beaucoup moins considérable ; la concentration plus grande des rayons du soleil ; l’existence des courans , qui doivent être tout-à-fait insensibles dans les aliîmes les plus profonds de l’Océan 5 enfin

i32 annales DUMUSÉUM

rénomie quantité d’êtres organisés , soit végétaux , soit miné- raux qui tapissent le fond des mers , et qui paroissent jouir d’une température supérieure à celle du fond qu’ils habitent ; tout paroît concourir à donner une proportion plus forte de température au fond des mers le long des cotes , que loin des terres , toutes choses d’ailleurs supposées égales. Ainsi , dans la Méditerranée, Saussure et Marsigli , Donati dans le golfe Adria- tique , et moi-méme dans les mers qui baignent la cote occi- dentale delà Nouvelle-Hollande , avons-nous tous obtenu pour résulsat , ou bien une température supérieure à celle de la sur- face et de l’atmosphère , ou bien une chaleur égale au moins à celle moyenne du centre de la terre. Il faudroit bien se garder d’en conclure, ainsi que l’ont fait quelques physiciens, que la température moyenne du fond des mers est la meme que celle de la terre à une certaine profondeur. Dans le tableau ci- joint , Marsigli l’a vue s’élever jusqu’à 17,0®; je l’ai trouvée moi- méme à 18,0". Voici donc des résultats en plus qui tendent à repousser déjà cette idée , et bientôt nous allons en voir en moins de plus décisifs encore. Aussi le sévère Saussure, malgré ses propres résultats, qui sembloient devoir le conlirmer dans cette idée , la combat-il lui-méme de la manière la plus victo- rieuse : Marsigli se trouva pareillement forcé par ses expé- riences sur les zoophites et sur les poissons à reconnoitre l’inexactitude de la conséquence qu’il avoit cru d’aJjord pou- voir déduire de ses observations. (Voyez page i58 de son ou- vrage , édition in-folio. )

Ce que je dis ici delà température du fond de la mer se re- trouve également pour celle de la surface. En effet , chaque fois que nous nous approchions des terres , je voyois leur tempé- rature augmenter, toutes les autres circonstances restant les

d’ HISTOIRE NATURELLE. l33

mêmes ; on auroit pu déterminer , pour ainsi dire , les pro- portions du rapprochement , d’après celles de raccroissement de température de la surface des flots.

ludépendamment des autres causés de la supériorité de clia- leur de la mer le long des cotes et que je viens d’assigner , il en est encore une que je ne crois pas devoir passer sous silence. Le 8 prairial an IX, nous venions d’ aborder enfln à ces plages si long- temps désirées de l’ouest de la Nouvelle-Hollande j nous nous trouvions déjà dans le nord du cap Leuwin^la merétoit calme, le ciel étoit serein , un zéphir agréable nous faisoit hier à peine un tiers de mille à l’heure ^ à force de prières , nous obtînmes du commandant, mon malheureux collègue Maugé et moi j de laisser jeter un de nos dragues à la mer: c’est une espèce de filet propre à ramener à la surface les substances qui ta- pissent le fond des mers , instrument précieux sous tous les rapports pour un naturaliste. Eh bien ! chaque fois que nous retirions notre drague de la profondeur de 90 à 1 00 brasses , par laquelle nous naviguions alors , elle étoit encombrée de zoopbites de diverses espèces , particulièrement de rétipores , de sertulaires , d’isis, de gorgones, d’alcyons et d’éponges, mêlés tous ensemble avec des fucus et des ulvas en grand nombre. Presque tous ces objets étoient pbospboriques, et ce spectacle fut d’autant plus agréable , que notre pêche se faisoit au milieu des ténèbres; mais ce qui surprit davantage tout le monde , ce fut le degré de chaleur dont toutes ces subs- tances paroissoient jouir; elle étoit de plus de trois degrés su- périeure à celle de l’atmosphère et de la surface. Le comman- dant a consigner cette singulière observation dans son jour- nal , et la plupart de nos compagnons en tinrent compte ainsi que moi. Quelle peut être la cause de cette chaleur ? Ces zoo-

l34 ANNALESDUMUSÉUM

pliites la lenoient-iîs immédiatement du fond de la mer plus échauffé que la surface? ou bien, comme les animaux plus parfaits qu’eux, ou plutôt comme les substances végétales elles- mêmes, jouiroient-ils d’une température supérieure à celle du milieu dans lequel ils habitent....? C’est une question délicate , dont la solution exige encore de nouvelles expériences; seu- lement , si l’on se rappelle les observations de Buniva sur la température propre aux poissons; si l’on observe que toutes les observations de Marsigli et de Donati ont été faites dans des lieux encombrés d’éponges, de coraux, d’alcyons , etc. , que les miennes le long des côtes de la terre de Leuwin ont eulieu dans un fond également tapissé d’animaux, peut-être ne répugne- ra-t-on pas autant à cette idée que les zoophites , accumulés au fond des mers , y jouissent d’une température qui leur est propre, et qui, dans certains cas, est supérieure à celle des eaux dans lesc^uelles ils sont plongés. Quoi qu’il en soit , on peut déduire , ce me semble , de toutes les expériences faites Jus- qu’à ce jour sur la température de la mer à diverses profon- deur et le long des rivages les conséquences suivantes :

8. “ Toutes choses égales d’ailleurs, la température du fond de la mer le long des côtes et dans le voisinage des grandes terres , est plus forte , à profondeur pareille; qu’au milieu de l’Océan.

9. ° Elle paroit augmenter à mesure qu’on se rapproche davan- tage des continens ou des grandes îles.

10. ° La chaleur cinq fois plus considérable des terres, la pro- fondeur moins grande du lit de la mer , la concentration des rayons solaires , et les courans , peuvent être considérés comme les causes essentielles de ce phénomène.

1 1 Il ne paroit pas improbalDle que les animaux et les végétaux

d’ HISTOIRE NATURELLE. l35

qui tapissent le fond des mers puissent y contribuer eux- mémes par la température plus élevée dont ils paroissent jouir.

12.” Dans tous les cas, il seroit inexact d’appliquer à la tem- pérature de la mer observée loin des continens ceux des résultats obtenus sur cet objet le long des rivages et des des. J 3.” La conséquence générale de toutes les observations tentées , jusqu’à ce jour dans les circonstances dont nous parlons exclut toute idée de température uniforme et constante au sein des mers, puisqu’on la voit varier du 8.” au 1 8.” degré de Réaumur.

Section IV.

De la température de la mer à de grandes profondeurs loin

des terres.

Nous voici parvenus à la troisième et dernière partie des ex- périences qu’on peut tenter sur la chaleur des eaux de la mer 5 elle en est aussi la plus délicate et la plus intéressante par les données précieuses quelle peut nous fournir sur l’état phy- sique de l’intérieur de notre globe à des profondeurs auxquelles nous ne saurions atteindre dans sa partie solide. Après avoir exposé rapidement les détails de mes observations particulières, j’examinerai successivement toutes celles de meme nature ten- tées avant moi par plusieurs navigateurs célèbres , alin de re- conuoitre jusqu’à quel point les résultats communs s’accordent GU répugnent entre eux.

Expérience par 5oo pieds au milieu de V Océan At-

lanticjue.

Le I frimaire an IX , par 8.” nord , au milieu de l’Océan

ATONALES MUSEUM

l36

atlantique , mon ami Depucli et moi plongeâmes l’appareil dont j’ai parlé jusqu’à la profondeur de 5oo pieds; nous ne pûmes obtenir du commandant de le laisser plus de o. h. 5’. On en demeura douze pour le retirer : l’air éloit alors à 24.", la surface de la mer à 24,3. Notre thermomètre, malgré le peu de temps qu’il avoit séjourné dans l’eau, malgré celui plus que double qu’il fallut pour le retirer , malgré l’inlluence de l’eau qui pénétra dans l’intérieur de l’appareil ; notre thermomètre, dis-je , marquoit seulement 20,0.°. Déjà donc il présentoit un résultat de 4,3.“ en moins sur la température de la surface.

Ij^rae 3qo picds ct par de latit. N.

Le surlendemain , par 7.° de latitude nord, nous tentâmes une seconde expérience par 3oo pieds de profondeur ; nous pûmes y laisser notre appareil pendant 3 heures, grâces au calme plat que nous avions alors. En le retirant, nous trou- vâmes que l’eau, malgré nos précautions, avoit pénétré dans l’intérieur de notre appareil, avoit aplati le cylindre de fer- blanc qui protégeoit notre étui de bois; enfin, par l’effet de cette pression , notre thermomètre avoit été brisé dans la poussière de charbon nous l’avions plongé. Déjà mon ami Depucli et moi nous nous affiigions de ce contre-temps lorsqu’il me vint à l’esprit, après avoir retiré les fragmens du thermomètre cassé, de porter à sa place le second thermomètre dont nous nous servions alors pour déterminer la temjjérature ^des eaux à leur surface. Cet expédient nous réussit au - delà de nos espérances; nous le vîmes effectivement redescendre avec rapi- dité du 24.“ degré nous l’observions dans ce moment, jus- qu’au id,*’ il s’arrêta d’abord pour remonter ensuite. De

d’hISTOIPvE naturelle. lùj

cette manière, notre expérience ne fut pas tout-à-fait perdue pour nous, et les résultats nous furent d’autant plus agréaLles, qu ils s’accordoient parfaitement avec ceux de la précédente en ce point essentiel , que la température des eaux de la mer étoit beaucoup plus froide à 3oo pieds de profondeur qu’à sa surface, qui dans ce moment, ainsi que je viens de le dire, étoit avec l’air à 24.“

Cette seconde expérience nous fournit encore un nouveau sujet de plaisir : elle nous conlirma dans l’opinion réfléchie de la supériorité de mon appareil sur le principal de ceux em- ployés avant nous, sur le cylindre à double soupape. En effet, mon ami Depuch désirant faire quelques observations sur le degré de salure de la mer à diverses profondeurs, avoit fait plonger , en même temps que mon thermomètre , un cy- lindre métallique de cette espèce , exécuté par M, Lenoir. IMous le retirâmes plein d’eau. Le’ thermomètre que nous y plongeâmes surde-champ ne descendit que de deux degrés au-dessous de la température de la surface, tandis que ce meme thermomètre , logé , comme je viens de le dire, à la place de celui cassé par la pression, s’aljaissa de ii® : preuve incontes- table à tous égards et de la supériorité de notre apq>areil , et de la défectuosité du cylindre à double soupape.

jjjeme 1200 picds et par 5.° de latit. N.

Les expériences dont je vi^ns de parler ont été faites par des profondeurs peu considérables , avec un appareil moins parfait que celui dont j’ai donné d’abord la description : il me reste à décrire deux autres observations du meme genre , plus récentes aussi , puisqu’elles ont été faites pendant notre der- 5. i8

i38 ANNALES DU MUSEUM

Tiière traversée ^de l’Inde en Europe , avec xm instrument plus rigoureux , par 'des profondeurs 'beaucoup plus gi'andes. Le 29 pluviôse an XII , nous nous trouvions au milieu des Tropiques par un calme plat , qui retenoit notre bâtiment immobile à la surface des flots ;ije profitai de celte circonstance pour prier l’officiér commandant ‘dé me permettre ‘de tenter de nouvelles expériences sur cet objet: j’avois eu le temps défaire exécuter mon appareil à peu près'de la manière dont je favois conçu. Je le fis descendre à 1200 pieds: il y resta unebeure cinquante minutes, non compris le temps de l’ extraction , qui dura dix-^ sept minutes. Il étoit alors 5 h. 27’ ; l’atmosphère ïndiquoit 25, ÿ de Héaumur ; la surface des eaux étoit à 24,5. Mon ther- momètre retiré de cette profondeur de 1 200 pieds ne mafr- quoit plus que 7,5 , refroidissement déjà très-^considérable sans doute, et qui l’eût été bien davantage encore sans les inconvé- niens dont j’ai parlé dans la première expérience., et dont la plupart se reproduisirent danscelle-ci. Néanmoins les résultats de cétte troisième expérience, toujours analogues à ceux 'des précédentes, deviennent d’autant plus intéressans , qu’ils con- firment de plus en plus l’abaissement progressif de la tempév rature du fond dès mers. L’observation suivante 'eût achevé de dissiper tous mes doutes , s’il eût pu m’en ''rester quel- ques-uns encore.

j-pr emc 21 44 pî^cls cle profoudeiir ^ et par 4.°

de latit. N.

>

Le 2 ventôse dernier , je profitai de la continuité du calme pour répéter mes épreuves intéressantes. 2 1 44 pieds furent envoyés âu fond de. la mer à -i i h. i 5' du malin : on commença

d’ HISTOIRE NATUREL, LE. i3q

l’extraction à midi 3o’ ; elle en dura 45 par la mauvaise volonté de l’équipage , à qui les observations de ce genre ne pla isolent pas du tout. L’immersion abolue dura donc 'j5\ L’air se trouvoit alors à 2>5° ; la surface des flots indiquoit 24,8. Le tliermo- mètre , revenu du fond et retiré promptement de son étui , n’indiquoit que 6", c’est-à-dire, près de lÿ de ipoins que la surface, j différence énorme à tous égards, et qui vraisembla- blement eut été plus considérable /encore si l’extraction , qui 4m a trois quarts d’beurq , n’eût pas tvop permis à la température^ de l’appareil de varier , et uécessaii ement ce dut être eu plus j et si la pression de l’eau , toujours plus forte que mes moyens,^ /

ne, lui eût pas permis de s’introduire encore dans l’intérieur *

de notre appareil. Malgré ces graves inconvénlens , toujours, le meme résultat, toujours la température de la mer décrois- sant à mesure qu’on s’enfonce davantage dans ses abîmes

Quel peut en être le terme ? C’est un problème non moins curieux qu’important à connoitre , et dont la solution ne pa- roît pas, dans l’état actuel de nos connoissances , aussi diflicile qu’on pourroit le soupçonner d’abord- Mais comme L’ rigueur exige de nouvelles evpé.rieuoes et le concours général de tous leurs résultats , voyons maintenant qiiels sont ceux obtenus par les physicien?' qui s’étoient occupés de cet objet et dans les mêmes circonstances^ je veux dire en pleine mer , loin des continens et des îles,

Si l’on en excepte le voyageur célèbre dont le retour comble de joie tous les amis des sciences , mais dont les résultats et les procédés me sont encore inconnus , excepté lui , trois per- sonnes seulement se sont occupées jusqu’à ce jour en pleine mer de sa température à diverses profondeurs et d’une ma-, nière suivie, Forster, Irving et moi. Eh bien! par un de ees

18^ ^ ^ ^

l4o ANNALES DU MUSEUM

hasards prescp^ie inouïs, nos expériences se trouvent répétées aux trois points du globe les plus opposés. Irving , dans le' voyage de Pliipps au pôle boréal, a poursuivi les siennes jus- qu’au 80.*^ degré nord. Forster, dans l’expédition de Cook au pôle austral, les a continuées jusqu’au 64-*^ degré sud, au-delà duquel nul voyageur encore n’a pu s’avancer j et raoi-inéme , placé, pour ainsi dire, au milieu de ces admirables extrêmes, j’ai fait toutes mes expériences aux environs de l’équateur. Certes il seroit dilïicile de trouver aucun autre fait en physique' qui pût compter des termes de comparaison aussi prodigieux et cependant nous allons voir les résultats de ces expériences diverses se reproduire par-tout analogues à ceux que je viens moi-méme de présenter ici. *

Expériences de Forster au pôle austral.

Dans le tableau ci-jolnt des expériences faites par le natu- raliste anglais , il est facile de se convaincre combien cette théorie d’une température uniforme au sein des mers est con- traire à l’observation. On la voit en effet varier ici du 16.® degré de Réaumur jusqu’au terme de la congélation de ce meme instrument, résultats précieux et parfaitement comparables aux miens , dont ils ne diffèrent que parce que les expériences ayant été faites au milieu des régions glacées du pôle antarc- tique, une profondeur moins grande a donné un refroidisse- ment plus considérable.

Ces expériences de Forster confirment aussi mes résultats particuliers sur les rapports entre la température de la sur- face et du fond de la mer. En effet , dans les trois premières expériences et dans la dernière, le terme moyen indiqué pour

d’ HISTOIRE NATURELLE. l4l

le fond de la mer est inférieur à celui de sa surface. Dans la 4-* et la 5.®, il est, il est vrai, supérieur; mais, dans le pre- mier cas , la température de la surface se trouvoit , à près d’un degré de Réaumur , au-dessous du terme de la congélation , et celui du fond n’en différoit que de o,8 : différence si peu sen- sible qu’on ne sauroit en tenir aucun compte dans des expé- riences qui ne sauroient être rigoureuses à ce point , sur- tout à des degrés si voisins de la congélation , ou meme au- dessous d’elle. Dans le second cas , la différence n’étoit pas plus considérable ; la surface de la mer étoit à o” de R. , et celle à 5oo pieds indiquoit o,8° au-dessous de ce terme , dif- férence également insensible. D’ailleurs, si l’on fait attention que ces expériences ont été faites au milieu de l’été de ces régions , c’est-à-dire au mois de janvier , l’on concevra sans peine que ces montagnes de glace qui se résolvent de toutes parts dé- voient entretenir à la surface cette température de la glace fondante observée par Forster; tandis qu’à des profondeurs plus considérables cette fusion des glaces n’ayant pas lieu, la chaleur que les rayons du soleil pouvoient y faire descendre devoit s’y maintenir momentanément plus grande. Nous pou- vons donc, indépendamment de ces deux différences pour ainsi dire inappréciables , et dont d’ailleurs on peut aisément se rendre un compte satisfaisant , 'déduire de l’ensemble des expériences de Forster les memes conséquences qui nous ont été fournies par les miennes ; c’est-à dire , 1.“ la non existence d’une température uniforme et constante de lo"* environ dans les couches les plus profondes des eaux de la mer; 2.° le dé- croissement de cette meme température à mesure qu’on plonge à des profondeurs plus grandes.

Indépendamment de ces deux conséquences essentielles des

\[\2 A.WNA.LES DU MUSÉUM!

résultats de Forster, nous pouvons en déduire deux autres non moins importans , aussi ; la première c’est que le refron dissement des eaux de la mer , à profondeurs égales , est beau- coup plus considérable à mesure qu’on se rapproche des pôles. En effet nous venons de voir que mon thermomètre, par une profondeur de 2 1 44 pieds , n’est descendu près de l’équateur qu’à , tandis que, pour celle beaucoup monrs grande de 5oo pieds , Forster a trouvé le sien au terme zéi'o de Réau-> mur. Cette conséquence sans doute pouvoit bien se soupçonner aisément \ mais il n’en est pas moins précieux de retrouver ici l’expérience et l’observation d’accord avec l’analogie.

2." Je disois il n’y a qu’un instant : w On peut déduire de » mes observations le refroidissement progressif de la tempé^ rature de la mer , à mesure qu’ôn s’enfonce dans ses abîmes; w j’ajoutois ensuite : Quel peut en être le terme..... ?- Le voici d’après les expériences de Forster : La congélation éternelle de ces aliimes , meme au milieu de lété de ces régions.'..... Il est bien étonnant qne jusqu’à ce jour on ait presque oublié des résultats aussi précieux , et que nous allons voir se reproduire plus décidés encore dans les expériences du docteur Irving au pôle boréal. Forster lui-'Uiéme ne semble pas avoir senti toute limportance de ses résultats pour lliistoire physique de notre globe : il se borne en effet à s’en servir pour réfuter l’opinion de Buffon sur la formation de ces montagnes de glace qui jusqu’à ce jour ont repoussé par-tout les navigateurs euro-i péens.'On peut voir de quelle manière il s’exprime à cet égard , après avoir détruit Ihypothèse du Naturaliste français , cfui pré- tendoit que ces masses de glace avoient besoin pour se former d’un point d’appui solide et terrestre, ( Forster, IL® Voy.de Cook, tom. V, pag. 8i.)

r’ H I s T t) ï R î «IL T Ü R E L L' E.

143

Expériences <f/’ÏRA ing -au pôée boréal.

Noas venons ^le paTconrir deux séries précieuses d’obser- vations sur la température de la mer, colles de Forster au milieu des flots du pôle austral , et -les miennes aux environs de Féquateur. Nous arrivons à la troisième, la plus intéressante sous tous les rapports. Favorisé par un obef ami des sciences ( le lord Mulgrave ] , Irving a pu multiplier davantage ses ol)- ^rvaîions^il a pu des faire avec des iustrumens plus variés, et par 'des profondeurs beaucoup plus grandes que je ne le pouvois ïiiob-méme , obligé de lutter ici , comme dans tout de reste de mes travaux-, contre da mauvaise volonté du clief, ou même Contre son opposition directe. Dans des circons- tances plus lieureuses ‘sous tous les rapports , Je docteur Irving a répété ses expériences par 5q, 60, î66,'68, 7.3, 78, et meme par 80 degrés de latitude nord ; il les ia variées de- puis la profondeur de 160 pieds jusqu’àicelle de 3365 , 34 1 5 ét 3900. Fih bien ! oette magnifique suite d’observations fournit encore des résultats .pai’faitement d’ accord entre eux et tout-àdait semblables à ceux de For stei'- ainsi qu’aiTX miens. On y voit'Cètte température des eaux de ila mer, à des pro- fondeurs inégales, varier du 8*^ degré de (Rséaumur à 7,4, à 3,6° , à 0,4” , à 0,0° -et enfin à deux degrés environ au-des- sous du point de la congélation de ’Réaumur.'On la voit cons- tamment plusfoible au fond qu’à la surface de la merq on la voit-enfin , comme dans les 'expériencesde Forster , s’abaisser graduellement de -"S" au-dessus de zéro -jusqii’à 12° au-dessous de ce 'même point. Toutes -les conséquences que nous avons pu déduire des précédentes observations se trouvent donc par-

l44 ANNALES DU MUSEUM

faitement coniirmées par celles d’Irving, et nous pouvons en étendre les applications à Tuniversalité des grandes mers, puisque , sur les points les plus éloignés du gl^^be et les plus opposés, nous voyons ces memes résultats se reproduire à des époques fort éloignées les unes des autres, à des ob- servateurs différens et munis d’appai'eils également variés.

Expériences recueillies par Rirwan.

Nous avons encore sur la température de la mer quelques expériences isolées , anonymes , et peu connues dès-lors. Quel- qu’imparfaites quelles puissent être et quelles soient en effet , on retrouve cependant dans leurs résultats de nouvelles preuves des conséquences que je viens successivement d’établir : ainsi , dans quelques observations d’Ellis sur la chaleur des mers d’Afrique , on lit cette phrase remarquable : « La chaleur di- » minuoit à mesure qu’on descendoit. »

Nous devons à Rirwan une réunion de plusieurs expériences sur ce meme objet, expériences bien incomplètes sans doute, puisque rien n’y est dit de l’appareil avec lequel elles ont été faites, des précautions prises pour assurer l’exactitude des ré- sultats , etc. Un grand nombre d’entre elles sont anonymes , et les autres paroissent avoir été faites par des hommes très- obscurs : dans plusieurs on n’indique ni les lieux ni les lati- tudes où elles ont été faites; et lorsque la latitude est donnée, jamais on ne distingue si elle est nord ou sud; enfin on ne dit pas si elles ont été répétées en pleine mer ou le long des cotes. De l’équateur, elles paroissent avoir été poursuivies à diverses époques sans doute et par diverses personnes jusqu’au 70.* degré. En profondeur elles ont été variées depuis celle de quelques

d’ H 1 s T O I R E NATURELLE. 1 4^

pieds , jusqu’à celle prodigieuse , si rien n’est exagéré, de 49^ D’- Pour leurs résultats , ils ne présentent pas , il est vrai , cette constance de rapports qu’on trouve dans les expériences de Forster, d’Irving, et dans les miennes aussi ^ mais ce qu’on y voit d’une manière positive, c’est que la température de la mer à diverses profondeurs n’est pas constante, quelle n’est pas uniforme^ qu’elle peut varier depuis de Réaumur jusqu’au point de la congélation. Ainsi donc il n’a pas été fait encore sur cette matière une seule tentative dont les résultats ne fournissent de nouvelles preuves des conséquences que j’ai présentées déjà , et celles aussi qu’il me reste à réunir à mes pré- cédentes.

(Voyez ci-joint le tableau général de tous les résultats des expériences faites jusqu’à ce jour sur la température de la mer, soit à sa surface , soit à diverses profondeurs ,1e long des rivages et en pleine mer ).

Telles sont les conséquences générales de mes expériences sur la température de la mer. Pendant près de quatre ans je les ai poursuivies sous bien des climats divers, et j’ose as- surer que ces résultats ne sont pas indignes de la confiance des physiciens. En effet , quelle que puisse ©tre leur opinion sur les dernières conséquences que j’ai cru pouvoir en déduire , les faits eux-mémes eh sont tout-à-fait indépendans. Ce n’est pas dans l’ombre du mystère que mes observations ont été faites ; ce n’est pas non plus dans le cercle étroit d’un petit nombre d’amis trop complaisans qu’elles ont été répétées : c’est sous les yeux du chef de notre expédition, sons ceux de mes collègues , de nos olliciers , de tous nos aspirans , que j’ai travaillé j les résultats en ont été pres([ue toujours consignés dans les journaux du commandant , dans ceux

l46 ANNALES DU MUSEUM

de mes compagnons et dans celui plus important du vaisseau qu on désigne sous le nom de Caserné. Enün il n’est aucun individu restant de l’état-major de la corvette le Géographe , qui ne puisse attester l’exactitude des résultats que je viens de présenter dans ce mémoire, et l’attention religieuse que je donnai toujours à mes observations de ce genre.

Section V.

#

Expérience dune bouteille envoyée « 2 1 44 pieds de pro- fondeur.

Pour terminer cette partie curieuse de mes observations sur riiistoire physique de la mer , il me reste encore à parler d’un phénomène très-curieux et tout-à-fait nouveau, je pense, que j’eus occasion d’observer dans la dernière expérience que je fis au milieu des tropiques , à 21 44 pieds de profondeur, A la meme ligne de sonde qui supportoit mon thermomètre , je fis attacher une bouteille de verre noir fortement bouchée avec du liège , scellée avec de la cire d’Espagne , le tout maintenu plus solidement encore par un morceau de grosse toile gou- dronnée. J’étois curieux de connoître quel seroit à des pro- fondeurs si grandes l’effet de cette pression prodigieuse de l’eau. La bouteille fut retirée intacte, mais pleine d’eau ; maigre les précautions dont je viens de parler , tous les bouchons avoient été repoussés au-dedans, excepté la toile goudronnée à tra- vers laquelle l’eau paroissoit avoir passé comme à travers un crible. La température du fond se faisoit bien distinguer au seul toucher de cette bouteille 5 elle étoit d’une fraîcheur ex- cessive, et, lorsque je l’eus essuyée , bientôt elle fut couverte de

d’ HISTOIRE NATURELLE. l47

gouttelettes d’eau, qui, suspendues ou dissoutes dans l’atmosphère, \enoient rapidement se condenser contre ses parois glacées.

Mais voici le phénomène le plus remarquahle à tous égards. L’eau qui remplissoit l’intérieur de la bouteille n’avoit ni sa couleur ni sa transparence ordinaires j elle étoit opaque et blanchâtre ; enfin elle paroissoit fermenter comme du vin de Qiampagne mousseux. Surpris de ces trois circonstances sin- gulières, j’en versai dans un verre : après avoir pétillé quelques instans , elle reprit sa diaphanéité naturelle et sa couleur : je voulus en goûter : elle étoit fortement salée; j’en répandis sur le pont du vaisseau , elle y produisit le meme effet qu’un acide étendu d’eau versé sur quelque substance calcaire. Je bouchai le goulot de la bouteille, j’en agitai l’eau fortement; à son ouverture, elle s’élança violemment à deux ou trois pieds de distance, avec la même force qu’auroit pu^ faire la meilleure bierre ; je répétai cette meme expérience une seconde fois , elle eut le même succès ; seulement la projection de l’eau fut moins forte et moins éloignée. Je dois observer ici que tout cela se pas- soit publiquement sur le pont de notre vaisseau , non seulement en présence de tous les membres de l’état-major, mais en- core devant tout l’équipage. L’étonnement de tous les specta- teurs étoit extrême , le mien l’étoit aussi.

Cependant, à force de chercher à me rendre compte de toutes les circonstances de l’opération , je parvins bientôt à reconnoître la cause aussi simple que satisfaisante de toutes ces anomalies singulières. Je me dis : ma bouteille , lorsque je la plongeai dans les abîmes de la mer , n’étoit pas effectivement vide ; elle étoit remplie d’air atmosphérique contenu par le bouchon de liège qu’avec force j’avois enfoncé dans le goulot: or n’est-il pas évident que celte pression verticale exercée par

w

wm

l48 ANNALESDUMUSÉUM

une colonne cVeau de 2 1 44 pieds , en enfonçant le bouchon aura du forcer l’air lui meme que la toile goudronnée conte- noit encore à se combiner avec l’eau , qui , s’y précipitant avec une force inappréciable pour ainsi dire, devenoit elle-même un obstacle à la sortie de cet air atmosphérique. C’est le phé- nomène des eaux gazeuses artilicielles qu’on fabrique mainte- nant avec la machine à compression Ici l’art triomphe ; il a

prévenu par la théorie l’expérience elle-même et la nature.

Telle est l’explication simple et facile d’un phénomène qui paroissoit d’abord tout-à-fait extraordinaire, et qui rentre ce- pendant, ce me semble , dans les règles les plus ordinaires de la physique et de la chimie.

d’histoire naturelle.

49

ANALYSE

De VEpidote grise du Valais en Suisse.

Par LAUGIER.

Propriétés physiques.

M. Haüy a nommé épidote (c’est-à-dire qui a reçu un accroissement, ) une pierre appelée d’abord thallite , et dont on distingue plusieurs variétés. Ce minéral se trouve en prismes octaèdres ou hexaèdres souvent réunis en faisceaux , et d’une couleur verte foncée. La variété dont nous allons exposer ici l’analyse n’a point été comprise dans l’ouvrage de M. Haüy, parce que vraisemblablement elle n’étoit pas connue à l’époque de la publication de son Traité de minéralogie. Ce savant a bien voulu me remettre sur l’épidote la note suivante : (( Elle offre des prismes allongés, dont la forme n’est pas assez » prononcée pour qu’on puisse la déterminer complètement ; » mais parmi leurs faces latérales il y en a souvent deux qui » font entre elles l’angle de 1 1 4 degrés et demi*, qui est l’angle » primitif de l’épidote. La couleur des cristaux est en général » le gris cendré. Les fractures qui ont lieu dans le sens d’un )) des joints naturels sont très-éclatantes. La pesanteur speci- » fique et la dureté sont les memes que, celles de l’épidote

>\ ordinaire. » . . 3j i aa *.» a-- ■“ ''•ij-o: au

5. 20

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l5o A N N A t E s ,D ü M l? & É U M

L’échantillon dont il s’agit ici est recouvert à sa surface d’un oxide rouge de fer qui n’en fait pas partie constituante. Le moyen de l’en débarrasser est de faire digérer l’épidote grise pendant une demi-heure avec de l’acide muriatique con- centré , qui dissout l’oxide sans toucher à la pierre. Après cette opération , elle a une couleur grise bleuâtre. Il convient de la réduire en poudre et de la laver avec soin pour enlever tout l’acide qui l’a pénétrée. Ainsi divisée , elle est blanchâtre ; calcinée au rouge , elle perd à peu près deux centièmes de son poids.

'Examen chimique.

r I.” Cent parties d’épidoté mêlées avecdoo parties de potasse caustique et poussées àun feu violent entrent en fusion parfaite: la masse , retirée du feu , a une couleur jaune verdâtre ; délayée avec 12 parties d’eau, elle ne lui communique aucune couleur; l’acide muriatique la diksout en totalité. La dissolution, évaporée â siccité , donne un résidu qui se dissout en partie dans L’eau. Ce qui refuse de se dissoudre est de la silice qui, bien lavée, séchée et rougie , pèse'37 centièmes, (i)

(i) Ou croit devoir placer ici une observation qui n’est pas sans intérêt pour les praticiens. Elle est relative à l’emploi que l’on fait journellement des creusets de platine pour le traitement des pierres par la potasse caustique, qui les attaque d’autant plus fortement q^u’ils ont servi davantage. La potasse favorise siiiguliè- rement l’oxidation du platine ; ainsi oxidé , ce métal altère tous les produits , et donneroit lieu à des erreurs fiéquentes , sid’onm’en connoissoit pas bien tous les effets. Cet oxide donne à la masse alcaline une couleur brime m-iràtre ; il se dissout avec eUe dans l’acide muriatique étendu d’eau, et donne à la dissolution une couleur jaune d’or. Une partie précipite aVec la silice par l’évapora- tion , et lui donne une couleur brune. On ne la prive de ce métal qu’en la faisant

d’histoire naturelle. l5l

2. “ La dissohition, réunie aux eaux de lavage, évaporée aux deux tiers, et mêlée avec une quantité suffisante d’ammo- niaque , donne un précipité abondant de couleur rougeâtre , dont on facilite la séparation par une ébullition de quelques minutes. Ce précipité , recueilli sur un filtre et traité encore humide par une dissolution de potasse caustique, s’y dissout en grande partie. Ce qui n’est pas attaqué par l’alcali est de l’oxide de fer au maximum, qui, lavé et chauffé au rouge, forme i3 centièmes et demi.

3. *’ La dissolution alcaline , mêlée à une dissolution de mu- riate d’ammoniaque, laisse précipiter une matière floconneuse , blanche, ayant tous les caractères de l’alumine, qui, séchée et calcinée , pèse 26 centièmes et demi , et donne une quantité d’alun décuple de son poids.

La blancheur parfaite de l’alumine obtenue est une preuv» certaine de la bonté du procédé ci-dessus décrit pour priver totalement la dissolution du platine qu’elle contient : sans la précaution indiquée, l’alumine est toujours plus ou moins colorée par ce métal.

4. “ La liqueur de l’expérience n.® 2, séparée par l’ammo- niaque de l’alumine et de l’oxide de fer et soumise à l’évapo-

bouilliravec de l’acide nitro-murialique, qui le lui enlève. Par le mélange des disso- lutions muriatique et nitro-muriatiqne, il se forme un sel triple à base de platine et de potasse dont une partie se précipite spontanément, tandis que l’autre reste dissoute. XiC meilleuT moyen d’en priver une dissolution est de la faire évaporer environ aux deux tiers : alors ce sel se dépose en totalité ou à peu près sous la forme brillante ét la couleur rouge de grenat qu’affecte le sel ti*iple , qui se sépare de lui-mème des dissolutions ordinaires de platine lorsqu’elles sont bien concenti’ées. Avec cette précaution , le platine enlevé au creuset ne porte plus d’infidélité dans les opé- rations subséquentes.

i52 ' ANNALES DU MUSEUM

ration jusqu’à ce qu’elle soit réduite à un tiers de son volume, précipite abondamment par le carbonate de potasse.

Le précipité, entièrement séparé par l’ébullition , recueilli , lavé et calciné jusqu’à ce qu’il ne fasse plus d’effervescence avec les acides, pèse exactement 20 centièmes. Cette subs- tance a tous les caractères de la chaux: elle ne se dissout pas dans l’acide sulfurique étendu d’eau , mais elle se combine avec lui et forme un sel qui, privé de tout excès d’acide, n’est soluble que dans l’eau bouillante, et dont la dissolution est précipitée par l’oxalate d’ammoniaque et le nitrate de baryte.

5.° L’oxide de fer obtenu dans la deuxième expérience a une couleur brune noirâtre qui indique qu’il n’est pas parfai- tement pur. En effet , si on le calcine de nouveau dans un creuset avec trois parties de potasse caustique , le mélange retiré du feu a une couleur verte foncée qu’il communique à l’eau avec laquelle on le délaye, et cette couleur verte passé au rouge par l’addition de quelques gouttes d’acide muriatique. Pour l’ordinaire , lorsqu’une pierre contient du manganèse ,‘les phénomènes que nous venons d’indiquer ont lieu dès le pre- mier traitement avec la potasse et annoncent la présence de ce métal. Dans cette analyse on n’avoit pas observé d’abord ces phénomènes , et l’on avoit pensé que cette épidote ne con- tenoit pas de manganèse , avec d’autant plus de fondement , que cette variété n’a pas la' couleur verte des autres. La suite a fait voir que cette opinion étoit prématurée. A la vérité , elle en contient moins ; mais elle en contient , et l’on a peut- être quelque raison de croire que la grande quantité de pla- tine enlevée au creuset joue un rôle dans l’absence de ces phénomènes. Ne pourroit-on pas conclure de cette observation que la couleur brune noirâtre de l’oxide de fer est l’indice le plus sûr de l’existence du manganèse ?

d’ HISTOIRE NATURELLE.

ï53

L’oxide de manganèse est en trop petite quantité pour qu’on puisse exactement l’apprécier. On croit devoir l’évaîiier à un peu plus d’un demi-centième : ce qui réduit l’oxide de fer ù i3 centièmes.

CONCLUSION.

«

Cette analyse est la troisième que l’on ait faite de l’espèce de pierre nommée épidote par M. Haüy. L’épidote du Dau- phiné a été analysée par M. Descolils , on doit à M. Vauquelin l’analyse de l’épidôte d’Arendal : ces " deux variétés se res- semblent par leur couleur verte. L’examen de l’épidote grise du Valais en Suisse restoit à faire : ce sont ses résultats que l’on donne ici. Cette dernière variété, quoique différente par la couleur, est conforme par la cristallisation : il étoit curieux de voir si la meme conformité existoit dans la nature et la proportion de ses principes constituans. L’examen du tableau comparatif des trois analyses ne laissera plus de doute sur l’exacte ressemblance de ces trois variétés de l’épidote.

Epidote

Epidote

' ' Epidote

du Dauphiné.

d’Arendal. i

du Valais.

Silice . . .

. .. 37,0 . .

. , . . 37,0 . .

Alumine . .

. . 27,0 . .

Chaux . . .

. . 14,0 . .

Oxide de fer .

. . 17,0 . .

Oxide de manganèse. i,5 . .

. , . . 1,5 . .

Eau et perte .

. . 3,5 . ,

. perte. i,5 . .

. . eau 1 ,8

perte i ,0

100,0

100,0 . .

. , . . 100,0

i54

ANNALES DU MUSEUM

■t ^ ^

MÉMOIRE

Sur deux espèces nouvelles de V olutes des mers de la

Nouvelle-Hollande.

Par L a M a R g K.

Quelqü’ UTILES que soient les travaux des naturalistes qui concernent la classification des productions delà nature, c’est- à-dire , la formation non seulement des classes, mais encore celle des ordres et des genres parmi ces productions , on ne sauroit disconvenir que celui de leurs travaux qui est le plus directement utile à la science ne soit la détermination des espèces ou au moins des races qui les représentent , à mesure qu’ils parviennent à les observer.

En effet , l’état de nos connoissances ne nous permet point de douter maintenant que ces coupes particulières que nous établissons dans chaque règne sous la dénomination de classes , ^ordres et à^genres^ne soient des moyens utilement imaginés et employés par Fart afin de suppléer à notre foiblesse, et de nous aider à nous reconnoitre au milieu de cette énorme di- versité de productions naturelles qui se rencontrent dans les différentes parties de la surface de notre globe. Mais ces classes , ces ordres , ces genres meme dont nous n’avons eu d’abord Fidée que par les lacunes diverses qui interrompent dans chaque

d’histoire naturelle. ï55

règne la série des objets que nous connoissons , ne sont réelle- ment point dans la nature : les espèces ou les races y ont seules une existence positive.

Ainsi la première chose à faire pour la science de la part du naturaliste est donc de reconnoitre ces espèces à mesure qu’il en trouve l’occasion et d’en déterminer les caractères propres et distinctifs. Sa seconde opération sera ensuite de fixer les véritables rapports de ces espèces et conséquemment d’assigner la classe, l’ordre ou la famille , enfin le genre aux- quels chacune d’elles appartiennent.

D’après ces considérations , attachant, pour l’avancement des sciences naturelles , beaucoup d’imjiortance à la détermi- nation des espèces , nous allons ,, dans ce Mémoire , donner les caractères distinctifs et la description de deux nouvelles espèces de volutes qui habitent les mers qui environnent la Nouvelle- Hollande, et qui ont été rapportées au Muséum par M^ Pérou à la suite de l’expédition française de découvertes aux terres australes. ? i t

On sait que le genre voluta de Linné , très-peu naturel et beaucoup trop étendu d’après le grand nombre des espèces qu’on y rapportoit, fut d’abord réduit par Bruguière aux coquilles univalves , qui , ayant des plis à la columelle , n’ont point canal à la base de leur ouverture, mais sont munies en cet endroit d’une échancrure distincte. ^

Depuis , le genre voluta de Bruguière nous parut devoir subir encore de nouvelles réductions j car le beau genre des mitres et quelques autres ne pouvoient convenablement être confondus avec les véritables volutes. Nous avons effectué ces réductions, et maintenant le genre volute^ dans notre méthode,

l56 ANNALES DU MUSEUM

ne comprend plus que des coquilles univalves , ovales ou un peu ventrues, à sommet obtus ou en mamelon , à base échancrée et sans canal et àcolumelle chargée de plis, dont les inférieurs sont les plus grands ou beaucoup plus obliques que les autres.

Malgré ces diverses réductions , le genre volute^ plus naturel .et mieux circonscrit dans ses caractères, comprend encore un assez grand nombre d’espèces , toutes fort intéréssantes par la beauté , la diversité et l’élégante distribution - des couleurs dont la nature les a ornées , enlin parmi lesquelles il y en a beau- coup que leur rareté rend extrêmement précieuses.

De ce nombre, les principales sont:

La couronne impériale chinoise. V oluta imperialis. n. V 6- luta Martini , vol. 3 , p. a44 5 t. 97 , f. 934? 935.

Le pied de biche. Koluta scapha. Gmel.

Le pavillon d’orange. Voluta vexillum. Lin.

Le foudre. V oluta fulgura. n. Voluta Martini , vol. 3 , p.

252, t. 98, f. 941, 942.

La queue de paon. Voluta junonia. Chemn. vol. XI, p. 16, t. 177 , f. 1703, 1704.

Etc. , etc.

A la citation de ces belles coquilles ,nous eussions pu ajouter celle du voluta de Chemnitz (vol. XI , p.^i? t- 174

et 175 ] J coquille extrêmement belle et- qui étoit au nombre des plus rares avant l’expédition française de découvertes à la Nouvelle-Hollande.

Des deux nouvelles volutes qui font l’objet de ce Mémoire, voici le nom et les caractères que nous assignons à la première.

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i.\ ointe ontlulee . ^.\olute neigeuse. O .Variété de la Volute iieicvense

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ï)* HISTOIRE NATURELLE.

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Volute ondulée. PI. XII, fîg. i.

V oîuta ( ondulata ) o{>ato-fusiformis , lœvigata , subma- culosa y lineis fuscis longihidinalibus undatim Jlexuosis picta ; columellâ quadriplicatâ. n,

La volute ondulée est une des espèces de ce genre les plus belles et les plus remai'quables. Elle avoisine par ses rapports naturels et par sa forme le voluta junonia , le voluta vexiU liim et le voluta lapponica ; mais, outre qu’elle s’en distingue aisément par la disposition de ses taches et de ses lignes colo- rantes , elle offre entre les plis supérieurs de sa columelle quelques demi-plis obscurément prononcés qui la caractérisent spécialement.

Cette belle coquille est ovale, un peu fusiforme , lisse, sans tubercule quelconque, et ne présente d’autres stries que celles très-hnes et longitudinales qui proviennent de ses accroissc- mens successifs. Sa longueur est d’environ 9 centimètres ( 3 pouces 4 lignes ) sur 4 centimètres à peu près de largeur.

Elle est composée de sept tours de spire dont le dernier, beau- coup plus gVand que tous les autres ensemble, est renflé dans sa partie supérieure et se rétrécit ensuite vers le bord qui le termine supérieurement. La spire est conique, de moitié plus courte que le reste de la coquille , à partir de son plus grand renflement. . 1

L’ouverture de la coquille est longitudinale, peu évasée, rétrécie supérieurement , échancrée à la base , d’une couleur aurore ou orangée, assez remarquable. A la place du bord gauche, qui ne se distingue point, on voit une columelle en 5. 31

AISINALES DU MUSEUM

î58

cône renversé,, cliargéc de quatre plis principaux presqu’égaux en grandeur , mais dont les inférieurs sont plus obliques. Enlin on aperçoit entre les deux plis supérieurs un demi-plis obtus et peu saillant , et un autre semblable au-dessus du dernier des grands plis.

L’extérieur de cette cocpiille offre, sur un fond d’une couleur pâle ou légèrement orangée , quelques taches brunes , rougeâtres , nébuleuses , et une multitude de lignes longitudinales , toutes oiididées en zigzags, et d’un pourpre très-brun, qui en font l’ornement.

Cette belle volute habite sur les côtes de la Nouvelle-Hol- lande , au détroit de Basse et à l’île Maria d’où les navigateurs anglais en avoient rapporté quelques individus , dont on en voit deux dans la riche collection de M. Saulier. Malgré cela, elle est encore inconnue aux naturalistes , puisqu’elle ne se trouve figurée ni décrite dans aucun ouvrage ) et ceux qui la possé- doient la considérèrent comme une des plus rares et par des plus précieuses de ce genre , jusqu’à l’époque de l’expé- dition française de découvertes aux terres australes , dans la- quelle M. Pérou en recueillit de beaux individus dont il a enrichi le Muséum.

A cette nouvelle espèce, dont nous venons de donner la description , nous allons en ajouter une autre du meme genre, à laquelle nous assignons le nom et les caractères qui suivent.

Volute neigeuse, PI. XII , f. 2 et 3.

V oluta ( nivosa J ovata maculis niveis adspersa , hifas- data j columelld quadriplicatd. n.

<t. Y. niyosa mutica. PI. XII , f. 2 , « ^ b.

1%

d'iH'I s T O I .R E N A T U R E L L E. l5g

jS. V. nwosa suhspinosa. PI. XII, f. 3.

Voluta vespertUio fasciatus. Cliemn. Concli. vol. XI , p. 176,1. 169901 1700.

La volute neigeuse a le$ plus grands rapports avec le voluta vespertilio de Linné ; mais nous crpyons quelle en doit être distinguée comme espèce , d’après la considération suivante.

Le voluta vespertilio de Linné offre à la vérité plusieurs variétés fort remarquables : car les unes sont brunes , les autres blanclies, les autres d’un jaune rougeâtre, ayant toutes des taches diverses, et la spire tantôt chargée de tubercules épi- neux, et tantôt véritablement mutiqne; mais dans aucune de ces variétés lacoquille ne présente point deux fascies ou bandes transversales sur un fond parsemé de petites taches blanches ou neigeuses : ce qui est le propre de l’espèce dont il est ici question.

Cette espèce comprend deux variétés extrêmement tranchées par leurs caractères: l’une (var. a) est plus allongée, moins ventrue et véritablement mutique , c’est-à-dire, n’a point sa spire épineuse. L’autre au contraire (var. P>) est plus raccourcie , plus renflée et offre dans la partie supérieure de chaque tour de spire des tubercules qui dans le dernier tour sont pointus , assez grands et comme épineux.

. Dans l’une et l’autre variété, la coquille à l’extérieur offre sur un fond d’une couleur Isabelle ou ventre de biche, parsemé de petites taches blanches ou neigeuses , deux fascies trans- verses d’une couleur plus rembrunie, avec quantité de lignes brunes, verticales, plus ou moins interrompues.

La volute neigeuse, ainsi que sa variété, habitent les côtes de la Nouvelle-Hollande , à la baie des Chiens marins, d’où

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21

l6o ANNALES DU MUSEUM

elles furent rapportées par M. Péron, et placées dans la col- lection du Muséum. La coquille figurée et décrite par M. Chemnitz , d’après un individu du cabinet de M. Spengler , et que nous citons comme synonyme de notre variété /3 , en diffère un peu néanmoins par le caractère de ses fascies et par ses épines plus fortes. 3eroit-ce une troisième variété de notre espèce

Au reste, à l’égard des productions naturelles que nous ob- servons , ce que nous pouvons établir de positif, ce sont les différences plus ou moins grandes qui les distinguent; mais quant à nos déterminations soit d’espèces , soit de variétés par rapport à elles , il devient tous les jours de plus en plus évident qu’elles sont toutes parfaitement arbitraires.

MeunieY' o^..

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d’ HISTOIRE NATURELLE. l6l

NOTICE

Des espèces Abeilles vivant en grande société, et formant des cellules hexagones , ou des Abeilles proprement dites.

Par LATREILLE.

PLANCHE XIII.

J’ai décrit dans le vingt - troisième cahier de ces Annales une portion de gâteau d’une ruche indienne et deux abeilles , à l’industrie d’une desquelles j’attribue cet ouvrage. J’ai exposé dans le meme Mémoire les différences caractéristiques des abeilles de l’ancien et du nouveau continent , et j’ai annoncé , en terminant, que je ferois connoîtreles autres espèces d’abeilles dont les habitudes sont analogues , les espèces , en un mot , dont je compose le genre d’abeille tel que je l’ai modifié : remplis- sons aujourd’hui cette tâche.

Lorsque des animaux réunis dans une meme coupe géné- rique offrent dans leur manière de vivre une différence très- marquée , l’on peut raisonnablement conjecturer que ce groupe a des caractères trop généraux , et qu’il est suscep- tible de division ^ l’on est ordinairement sur qu’un nouvel examen fera découvrir des formes particulières et en rapport avec les habitudes de ces animaux.

Le genre d’abeille établi par Linnæus renfermoit des in-

é-

M

iGlî ANNALES DU MUSEUM

sectes qui, d’après les observations des naturalistes, celles de Réaumur spécialement , éloient bien loin de se ressembler quant à leur instinct. Cette considération a préparé de nou- velles sections génériques , celles d’andrène , de nomade , dieucère , etc. ; mais les abeilles si remarqualdes par leur industrie, celles qui vivent en grande société formée de trois sortes d’individus, se voyoient encore associées à ces abeilles solitaires qui s’éloignent si visiblement des précédentes du côté du genre de vie : il étoit naturel de clierclier à rompre une union si disparate. Dans les abeilles sociales meme, celles connues sous le nom de villageoises ^ de bourdons^ ont une autre industrie, un autre régime que \ abeille de nos ruches. Ne pouvoit-on pas dès-lors penser qu’il falloit établir ici une nouvelle coupure générique.^ Telles sont les données naturelles qui m’ont conduit à démembrer , plus que ne l’avoit fait le célèbre Fabricius , le genre d’abeille, apis ^ de Linnæus. Je ne conserve plus dans ce genre que les abeilles réunies en grande société, et dont l’industrie est la meme que celle de notre abeille domestique.

Avant d’exposer le tableau des espèces d’abeilles, posons les fondemens du genre en assignant ses caractères , et accompa^ gnons-les de quelques remarques.

Le genre d’abeille appartient à l’ordre des hyménoptères de Linnæus et à celui des piézates de Fabricius: ses notes distinc- tives sont : palpes labiaux ayant chaque la foime d’une soie écailleuse , comprimée ÿ les maxillaires d’un seul article

(i) Les mâchoires et la lèvre inférieure sont toujours fléchies eu dessous; cette lèvre est toujours lllifornje ou sétacée , eu forme de langue. '

d’ H 1 s T O l R E NATURELLE. . l63

lèvre supérieure transversale ; mandibules élargies à leur extrémité ^ unies.

Nous pouvons employer des caractères secondaires plus faciles à saisir : premier article des tarses postérieurs très- large , fort long, comprimé , ayant un enfoncement sur une face , garni d’un duvet serré sur l’autre ( strié transversa- lement dans le plus grand nombre , les ouvrières J ; jambes postérieures ayant un enfoncement sur une de leurs faces ; mandibules élargies à leur extrémité , unies.

Vous trouverez dans la forme des palpes labiaux les carac- tères propres à la famille des apiaires , celle qui embrasse la majeure partie du genre d’abeille d’Olivier f Encyclop. méih. )\vx de Fabricius ( Entom. System. J : les autres carac- tères isolent nos abeilles des autres coupes génériques de la famille , et plus particulièrement de celles que je désigne sous la dénomination de mégachile éieuglosse et de bourdon. Cet enfoncement que l’on remarque sur une des faces des jambes des pattes postérieures et du premier article des tarses de ces memes pattes, signale les abeilles et les bourdons ; la distinction des deux genres est fondée sur la différence des mandibules. Nous ajouterons que les bourdons s’éloignent des abeilles en ce que leur corps est tout chargé de poils diversement colorés et formant des bandes ou des taches j que leur corselet est beaucoup plus élevé que la tête; que l’avant - dernière aréole de la côte de leurs ailes supérieures est coupée dans son milieu par un petit trait , et que l’aréole apicale , située immédiatement sous celle qui termine la côte, est en triangle tronqué , et non étroite , ni linéaire et oblique , comme dans les abeilles.

Swammerdam et Réaumur n’ont pas représenté avec toute-

l64 ANNALES DU MUSÉtlM

la vérité convenable les palpes labiaux de Fabeille domestique: ils les figurent comme formés d’une tige sans divisions, sur- montée de trois petits articles ; mais cette tige présente une division, se termine en pointe, et près de son extrémité est inséré un petit corps cylindrique , composé de deux autres articles. Quoique ces organes ressemblent, par leur compression et leur matière, à des espèces de soies, et s’é- loignent, sous ce rapport, de la forme ordinaire des palpes labiaux , l’analogie cependant nous force à y reconnoître le meme nombre d’articles , je veux dire quatre , qu’ont ces palpes dans la plupart des hyménoptères. Kirby, entomo- logiste anglais des plus exacts a bien figuré ces parties.

Swammerdam avoit aperçu deux petites pièces cartila^- neuses, transparentes et arrondies sur leurs bords, à la nais- sance de la saillie de^ la lèvre inférieure , ou de cette espèce de langue qu’ont les abeilles. Réaumur n’a pas exprimé ce caractère dans ses figures. Rirby l’a rendu dans les siennes. Il n’a pas manqué non plus d’indiquer les palpes maxillaires , qui , à raison de leur extrême petitesse , semblent avoir échappé aux yeux de ces deux naturalistes.

Si nous portons nos regards sur la forme générale des abeilles, nous observerons que ces insectes ont le corps allongé, presque cylindrique , velu ou simplement pubescent dans plu- sieurs de ses parties \ une tête comprimée , à peu près trian- gulaire, appliquée verticalement contre le corselet, dont elle a presque la hauteur et la largeur 5 deux yeux 'ovales , beaucoup plus grands et contigus postérieurement dans les mâles : trois petits yeux lisses , situés sur le vertex de la tête 5 nous verrons à ces insectes un corselet court, à forme presque ronde, dont le segment antérieur, celui qui porte la première paire de

d’ HISTOIRE NATURELLE. l65

paUes , n’est pas apparent en dessus , et dont le méta-tliorax tombe presque droit postérieurement , afin que la base de rabdomen puisse mieux s’appliquer contre celte partie. Continuons notre examen. L’abdomen des abeilles est prescpie conique et caréné en dessous : leurs ailes supérieures ne nous offrent pas vers le milieu de leur cote, ou de leur bord exté- rieur, ce point épais que l’on aperçoit à ces ailes dans plusieurs autres hyménoptères. A partir de la place qui lui répond, en tirant vers l’extrémité de l’aile, nous rencontrons une aréole marginale allongée , formée par la cote et une nervure ; immé- diatement au-dessous de cette aréole , en sont trois autres plus petites , dont celle du milieu forme presque un triangle , et dont la terminale , par sa direction oblique et sa figure allon- gée , laisse entre l’aréole de la côte et elle un espace vide , ou un angle rentrant. Les abeilles de l’Amérique s’éloignent un peu, sous ce rapport, de celles de l’ancien continent. Voyez, à cet égard, notre Mémoire du vingt-troisième cahier des Annales du Muséum d’Histoire naturelle.

Réaumur a décrit fort au long les organes sexuels et la forme des pattes des abeilles : nous ne devons donc donner que des observations qui auront fui ses regards.

Les pattes de la première paire, toujours beaucoup plus courtes que celles de la dernière, ont une telle courbure, dans les mâles sur-tout, que l’insecte peut les serrer exactement contre la poitrine. J’ai aperçu que ces pattes et les intermé- diaires étoient proportionnellement plus fournies de poils sur les côtés dans les individus mâles que dans les femelles. Les abeilles coupeuses de feuilles de Réaumur nous présentent un exemple plus frappant de cette différence sexuelle.

La mère abeille n’a pas, suivant Réaumur, tom. V , /?. 5i5^ 5. 22

ANNALES DU MUSEUM

x66

de brosse aux faces intérieures des palettes triangulaires [ les jambes postérieures) , ni aux faces intérieures des pièces carrées , ou du premier article des tarses postérieurs, tandis que ces parties en sont au contraire pourvues dans les mâles. Il m’a paru cependant que ces pièces étoient, dans les deux sexes, couvertes d’un duvet très-court, et qu’il n’y avoil point, sous ce rapport , de disparité bien frappante.

La pièce carrée, ou le premier article des tarses postérieurs est, dans les mâles, formée de trois plans longitudinaux, dont un ( l’antérieur ) beaucoup plus étroit.

Les tarses antérieurs des abeilles offrent une particularité assez singulière : leur premier article a au coté interne, près de l’articulation, une échancrure en demi-cercle; l’angle supé- rieur de l’échancrure est avancé en pointe écailleuse , s’appli- quant contre la face interne et opposée d’une sorte d’épine d’une ligure particulière , et située à l’extrémité interne et latérale de la jambe. Cette épine paroît être écailleuse , demi- transparente , presque carrée , rebordée ou plus épaisse au côté intei ne , et terminée en pointe droite et aiguë. L’échan- crure dont nous venons de parier est ciliée intérieurement ; ces cils forment l’étrille, strigilis , de Rirby, et la saillie du sommet de l’écliancrure est la partie qu’il appelle voile, vélum.

* Premier article des tarses postérieurs prolongé en oreillette à V angle extérieur de la hase , strié transver- salement sur sa face interne dans les ouvrières ; crochets des tarses unidentés y abdomen plus long (pie le corselet , conique.

Abeilles de l’ancien continent.

REM.4£<iviE. I-e secüud article des aoteuoes est beaucoup plus court que le troi-

d’ HISTOIRE NATURELLE. 167

sième dans les femelles el les ouvrières ; la lèvre supérieure est toujours apparente; les mandibules ne sont jamais dentées dans les ouvrières; la face inierne du pre- mier article des tai'ses postérieurs est striée transversalement aux. mêmes individus; les ailes supérieures ont trois aréoles sous la terminale du bord extérieur.

t Ecusson de la couleur du corselet.

I. Abeille mellifique. Lin., Geoft*. ,Fab,,

Oliv., Rlrby.

Ouvrière. Longueur du corps , o“.o 1 2.

Femelle o™,o 1 5.

Mâle o”‘.oi5.

Description. Noirâtre, pubescente; poils d’un gris jaunâtre, obscurs ,pluSabondans sur le corselet; une petite bande formée par un léger duvet d’un cendré obscur et transverse à la base du troisième anneau de l’abdomen et des suivans; brosse et extrémité des tarses d’un brun roussâtre (i). V^ariété a. Côtés supérieurs de la base du second anneau de l’abdomen d’un roux jaunâtre. (2)

Cette espece est celle que Ton cultive en Europe, et qui est probablement son lieu natal. On Fa portée dans l’Amérique septentrionale elle s’est singulièrement multipliée. Les essaims qui se sont- affranchis de la domesticité ont établi dans les forets de cette partie du Nouveau-Monde des colonies si nombreuses, qu’il seroit impossible d’en détruire la race. M. Bosc m’a dit que les sauvages connoissent qu’ils touchent aux limites des possessions des Anglo-Américains, par la pré- sence des sociétés de ces insectes. Cette espèce a aussi été trans-

(1) Ce caracLère se retrouve dans toutes les espèces : je ne le répéterai point.

(2) L’origine de ce second segment , qui est cachée par le bord postérieur du premier segment, est plus ou moins de cette couleur, pari icuLèrement sur les côtés : cette couleur a , dans quelques individus , plus d’éleudue , et se mouU’e «dors sur la portion découverte de l’anneau , sur-tout latéralement.

t

ANNALES DU MUSEUM

168

plantée à Saint-Domingue. J’ai vu dans la collection d’histoire naturelle de M. Beauvois un gâteau d’une ruche de cette île 5 il m’a paru que ses alvéoles étoient un peu plus grands que ceux des gâteaux de nos ruches d’Europe.

Des cultivateurs ont distingué quelques variétés de celte espèce sous les noms de petites flamandes, petites hollandaises^ ect. J’ignore si l’abeille domestique de la Belgique et celle de la Batavie s’éloignent un peu delà nôtre; mais je puis affirmer que je n’ai pas aperçu de difiérence sensible entre les abeilles domestiques de plusieurs départemens de la France que je me suis procurées. Le meme insecte , rapporté d’Espagne par M. Durand, conservateur au Jardin des plantes de Montpellier; du Portugal , par le comte de Iloffmansegg ; de Barbarie, par le professeur Desfontaines , ne s’éloigne absolument en rien du nôtre.

2. Abeille unicolor. Âpis unîcolor.

Ouvrière. Longueur du corps, 0^.011.

Descriptiotv. Presque noire , j^uljcscenle; poils d’un gris jaunâtre ; dos du corselet presque nu ; abdomeo, à commencer au second anneau, glabre, luisant, sans bandes colorées.

Cette espèce est un peu plus petite que la nôtre; son abdo- men est proportionnellement plus court. Elle sc trouve à Ma- dagascar , à l’Ile-de-France, à celle de la Réunion , et fait un miel d’une couleur tirant sur le vert lorstju’il est dans les alvéoles ou qu’il vient d’en être retiré. Un officier de marine de l’expédition du capitaine Baudin en a rapporté un peu. Sa couleur est d’un jaunâtre un peu roux et d’une consistance sirupeuse. La couleur de ce miel , la supériorité qu’on lui attri- bue sur celui de l’abeille domestique d’Europe, dépendent de

d’ HISTOIRE NATURELLE. 1G9

la diversité des plantes de ces contrées et de la différence de leur température. J’observerai cependant qu’il seroit possible que ce miel ne produisit pas ici une impression aussi agréable que dans le lieu il est recueilli , non pas à raison de ce qu’il auroit perdu de sa qualité par le transport et sa vieillesse, mais parce que les substances aromatisées paroissent, toutes choses égales, plaire davantage aux babitans des pays chauds, et que leur goût semble être plus émoussé que le nôtre.

Il seroit à souhaiter que l’on fit des expériences pour con- noitre la quantité de miel et de cire que peut rendre par année une ruche servant d’habitation à cette abeille.

Les peuples de Madagascar ont su tourner à leur profit l’industrie de cet insecte , puisque nous avons de M. de la Nux un mémoire sur la forme des ruches qu’ils emploient.

J'ignore si les colons de nos possessions africaines , voisines de Madagascar, ont prolité de cette leçon. La culture de cette abeille n’exigeroit pas grands soins dans ces contrées , et seroit peut-être fort utile à la métropole.

Feu Riche, MM. Pérou cl Lesueur ont rapporté cette espèce de rile de France.

3. Abeille indienne. Apis indien. Fab.

Ouvrière. Longueur du corps ,o’'‘.ooç.

Desciuption. Noire , avec un léger duvet d’un gris cendré; alidomcn prestju® glabre; les deux, premiers anneaux, la base du troisième , rougeâtres.

Du Bengale. Massé.

Cette espèce et l’abeille sociale sont décrites dans les An- nales du Muséum d’histoire naturelle , cahier XXni, pag. Jpo.

Quoique j’y en aie donné les bgures, j’ai cru cependant

*

inO ANNALES DU MUSEUM

tlevoir représenter encore ici ces insectes , mon travail actuel étant une sorte de monograpliie.

M. Cossigni envoya, en 1742, de Pondicliéri an l^îuséum d’histoire naturelle quel(|ues individus d’une aljeilie que je ne considère que comme une simple variété, «, de l’espèce pré- cédente. Leur grandeur est la-^méine 5 le duvet est plus cendré: les derniers anneaux de l’abdomen sont d’un brun rougeâtre foncé , avec les bords postérieurs plus clairs et plus luisans.

Je possède une autre variété , h , qui est intermédiaire entre la précédente et l’espèce servant de type. Les trois premiers anneaux de l’abdomen sont roussàtres ; les autres noirâtres , avec les bords postérieurs de la couleur des premiers anneaux.

C’est à cette espèce qu’il faut probablement attribuer le gâteau à miel que j’ai décrit et figuré dans le meme cahier des Annales du Muséum d’histoire naturelle.

4. Abeille ailes noires. Apis nigripennis.

Ouvrière. Longueur du corps, o“.oi6.

Description. D’un noii’ un peu brun , pubescenle; poils du sommet de la tête, de la partie antérieure du corselet, noirâtres; les autres d’un gris jaunâtre obscur j ailes supérieures noirâtres , limbe postérieur plus clair; dessus de l’abdomen, le bout excepté , couvert d’un duvet roussâlre- jaunâtre.

J’avois d’abord pris cette espèce pour la femelle de l’abeille sociale Dict. d’hist. nat. mais j’ai vu depuis que le

premier article des tarses postérieurs de cet insecte étoit strié , et que ce ne pouvoit donc être un individu de ce sexe. Il dilïère d’ailleurs en couleurs de l’abeille sociale.

A en juger par les dimensions de fabeille à ailes noires , les alvéoles de ses gâteaux de miel doivent être beaucoup plus grands que les alvéoles des gâteaux de nos ruches.

Du Bengale.— Massé.

t + Ecusson différant en couleur du corselet ; f rougeâtre J.

5. Abeille f xsciée. ^pis fasciata.

Oaçrière Longueur du corps , o“.oi i.

Description. D’un brun noirâtre ; un duvet d’un gris Jaunâtre sur le sommet ^de la tète, le corselet, et à la base de l’abdomen; écusson, les deux premiers anneaux de l’abdomen et la base du troisième , rougeâtres : ce troisième et suivans d’un gris cendré; bord postérieur de tous d’un brun foncé; nervures des ailes , roussâtres.

Je dois cette espèce à M. Auguste Dejean , aide-de-camp , fils du général de ce nom. II l’avoit recueillie aux environs de Gén es. M, Savigni m’a communiqué le meme insecte et comme étant l’aljeille domestique d’Egypte. Il se propose d’en faire connoitre l’iiistoire. L’abeille rapportée de Gènes est un peu plus grande que celle d’Egypte : les bandes brunes du bord postérieur des anneaux ont un peu plus d’étendue.

M. Dejean n’a pu me donner aucun renseignement sur cet insecte, ne l’ayant pris que par hasard, et l’ayant d’abord confondu avec notre abeille domestique.

Il seroit intéressant de comparer l’abeille des environs de Narbonne avec celle-ci, afin de savoir si ce n’est pas la meme.

Aristote distingue trois sortes d’abeilles j la meilleure , suivant lui , est celle qui est petite , ronde et de plusieurs couleurs : auroit-il voulu désigner cette espèce ?

J’ai consulté la collection d’insectes apportés des îles de la Grèce par M. Olivier^ mais , soit qu’il ait cru que l’abeille do- mestique de ces pays fût la meme que la notre, soit qu’il ne lui soit point venu en pensée de s’occuper de ces recberebes , je n’ai vu dans celte collection aucune abeille proprement dite.

Les Grecs , au rapport de Columelie , Iransportoient chaque

ANNALES Dtf MUSEUM

172

armée leurs ruches de l’Achaie dans l’Attique, à l’époque où. la floraison éloit passée dans la première de ces deux provinces et commençoil dans la seconde; leurs abeilles joiiissoient donc d’un printemps dont la durée étoit doulrle, et qui leur four- üissoit ainsi le moyen de faire une double récolte. On sait que les Egyptiens faisoienl également voyager leurs abeilles sur le Nil; que, vers la fin de vendémiaire ou au commencement de brumaire, leurs ruches passoient de la Basse-Egypte dans la Haute , et que elles étoient entassées en pyramides sur des bateaux préparés à cet eflet, et numérotés par les propriétaires.

Sans aller aussi loin , des cultivateurs du ci-devant Gatinois et de la Sologne sont dans le meme usage.

L’individu de l’abeille fasciée que j’ai représenté vient d’Egypte.

6. Abeille d’ A d a n s o n. Apis Adansonii.

Ouvrière. Longueur du corps, o"\oii.

Description. D’un brun noirâtre , pubescente; poils d’un grisâtre sale; écusson « les deux premiers anneaux de l’alidomen, la moitié antérieure et transversale du troisième, d’un rougeâtre marron-pâle; liord postérieur du second anneau , moitié postérieure du troisième , les anneaux suivans en entier, d’un brun obscur.

Adanson,eu riionncur duquel je consacre cette espèce, a trouvé cet insecte au Sénégal dans des troncs d’arbres. L’indi- vidu sur lequel j’ai lait ma description étant en mauvais état , je n’ai pu le représenter.

7. Abeille sociale. Apis socialis.

Ouvrière. Longueur du corps, o“.ooq.

Description. D’un noirâtre brun , pubescente ; poils d’un gris obscur ; un duvet cendré à la face antérieure de la tète; lèvre supérieure, mandibules , écusson, d’ua brun rougeâtre ; abdomen presque glabre ; les trois premiers anneaux , la

d’ HISTOIRE NATURELLE. 1^3

naissance des deux, suivans , d’un rougeâtre brun en-dessus: leur bord posie’rieur et les deux derniers anneaux d’un brun fonce; une petite raie grisâtre, Uansvcrse, formée par un duvet, à la base du second anneau et des suivans; côte des ailes supérieures et nervures noirâtres. Annales du Muséum d histoire naturelle, cali. XXJII , p. jgo.

Au Bengale. Massé.

8. Abeille de Péron. Apis Peroni.

Ouvrière. Longueur du corps, o“.oio.

Description. Noirâtre-brun , avec un duvet gris-jaunâtre , entremêlé de iptelqucs poils noirâtres ; un. léger duvet cendré sur la tète ; écusson roussâtre ; abdomea presque glabre; les deux premiers anneaux, le bas du troisième, leurs bordi postérieurs exceptés , celui du second sui’-tout, d’un roussâtre jaunâtre; dessous de l’abdomen d’un roux jaunâtre-pàle, à l’exception de l’extrémité; ailes supérieures ayant une légère teinte brune et la côte noirâtre.

Cette abeille a été observée à Timor par le zélé naturaliste Péron, à la suite# de son voyage avec le capitaine Baudin. Le miel de cette espèce est jaune, plus liquide que le nôtre; lors- qu’il est purifié , il est excellent. Les insulaires le nomment goülar jdni , sucre d’abeille.

^ ^ Premier article des tarses postérieurs rétréci à sa base, sans oreillette , ni stries transversales sur sa face interne dans les ouvrières ; crochets des tarses sans dents ; abdomen de la tondeur au plus du corselet , souvent plus court , conico-’arrondi.

Remarque. Le second article des antennes est presque aussi long que le troi- sième ; la lèvre supérieure est souvent peu apparente ; les mandibules sont den- telées dans quelques espèces ; les ailes supérieures n’ont qu’une grande aréole ouverte postérieurement sous la terminale du bord extérieur, ou cette aréole est simplement coupée en deux par une petite nervure ; le dessous de l’abdomen est soyeux dans quelques individus.

23

ANNALES DU MUSEUM

Illiist. iconog. insect. dec. 3, tabul. 22, fig. 3.

Ouvrière. Longuenr, o'”.oio, ^

Description. Noire; corselet couvert d’un duvet roussâtre; alidonien presque glabre en dessus, soyeuv. en dessous ; chaperon jaunâtre , avec deux lâches coniques brunes ; une raie jaune aux bords postérieurs des anneaux , en dessus ; ailes avec une teinte jaunâtre.

M. Ricliard , membre de l’Institut, a rapporté cette espèce de Cayenne.

M. Leblond , qui a parcouru avec une ardeur incroyable les

çaise , afin d’enrichir l’histoire naturelle et la géographie, m’a

bordés au côté interne d’une ligne jaunâtre ; abdomen allongé; bord postérieur du premier anneau , les côtés de ceux des

10. Abeille amalthee. Apis amalthea. Olivier/^ Encycl. méthod. J Vdh. Coquebert, Jllust. iconog. insect. dec. 3^ tab. 22^fig. 4.

Ouvrière. Longueur du corps , o'“.oo5.

Description. D’un noir un peu brun, luisante , un peu velue ; antennes et bout des tarses bruns; mandibules de la même couleur et dentelées ; ailes un peu sombres , paroissanl fort grandes à raison de la brièveté de l’abdomen , à nervures d’un jaunâtre pâle ; pattes postérieuies grandes , hérissées de poils.

A Cayenne.

Ces abeilles, d’après les observations faites par le docleur Ilcnaud , et communiquées à M. Olivier f Encycl. méthod. )

vastes et presque impénétrables forets de la Guyane fran-

donné une abeille que je présume être la femelle de cette esjtèce.

Longueur o”\oi5 ; couleurs de l’abeille précédente ; yeux

suivans d’un jaunâtre pâle; extrémité de l’abdomen soyeuse.

N

d’ HISTOIRE naturelle, ï'j!j

vivent en société très-noml^reiise , et se construisent vers le sommet des arbres un nid dont la grandeur varie à raison de la population, mais dont la ligure approche de celle d’une corne- muse. Ces nids ont ordinairement i8 à 20 pouces de long sur 8 à 10 de diamètre. Ils ressemblent à une motte de terre appliquée contre l’arbre. Les alvéoles sont très-grands , vu la petitesse de l’insecte j ils ont i pouce de long sur 6 à 7 lignes de largeur. Le miel est très-doux , fort agréable et très-fluide j sa couleur est d’un roussâtre obscur : il est si aqueux qu’il fer- mente peu de temps après avoir été retiré des alvéoles , et il fournit alors une liqueur spiritueuse que les Indiens aiment beaucoup , et qui , lorsqu’elle n’est pas vieille , est assez flat- teuse au goût : on ne peut conserver ce miel qu’en le faisant cuire à la consistance de nos sirops, afin d’en séparer la quantité d’eau et d’acide surabondant.

La cire est d’un brun obscur et se fond comme la notre à un feu très-modéré; on a tenté vainement de la blanchir. Les Indiens trempent dans cette cire, lorsqu’elle est fondue, de longues méclies de coton , les laissent refroidir , les roulent , et s’en font ainsi des bougies très-menues avec lesquelles ils s’éclairent.

L’abeille que Pison nomme eixu copii , et plus petite que son abeille eirucu^esi noirâtre; sa ruche est fixée après l’écorce d’un arbre, et disposée en rayons comme la notre, et avec beaucoup de symétrie. Ces gâteaux sont formés de cire blanche. On en retire, mais en petite quantité, un miel excellent. On approche difficilement ces abeilles , parce qu’elles piquent fort.

Barrère, Hist. nat. de la France éfjuinoxiale , pag. 190 , paroît avoir désigné la meme espèce par la phrase suivante : Apis sylve s tris > par^a^ atra , innoxia. C’est l’owcmo , mouche

23^

l'jG ANNALES DUMUSÉUM /

à miel des Indiens ; les renseignemens qu’il nous donne sur ses habitudes , sur son miel et sa cire, s’accordent assez avec ce que nous avons dit plus haut de l’aheille amalthéej mais il n’est pas d’accord avec Pison , puisqu’il dit que ces abeilles n’ont pas d’aiguillon pour se défendre.

Fer min , dans sa Description historique de Surinam , a pu- blié quelques détails analogues , relatifs aux abeilles de Surinam, qui fournissent de la cire et du miel. Elles sont noires, se retirent dans des creux d’arbre elles accommodent leur - ruche : et si sa capacité est trop grande , elles font une espèce de dôme de cire, ayant la figure d’une poire, dans l’intérieur duquel elles se logent et font leur miel et leur nid j mais elles ne font pas de rayons comme celles d’Europe : elles renferment leur miel dans de petites vessies de cire, semblables à celles de carpe ; ce miel est toujours liquide , et n’a pas plus de con- sistance que de l’huile d’olive. Il est de couleur d’amJjre et fort doux J mais il s’aigrit facilement et en très-peu de temps. Les apothicaires l’emploient à la façon de celui d’Europe : on a négligé de rendre domestique cette abeille. Sa cire est toujoui’S très-molle.

Quoique ces rapports aient des traits de ressemblance avec celui du docteur Renaud, il est cependant encore bien difficile de se former à cet égard une opinion assise sur des bases solides, et de dire à laquelle des deux espèces d’abeilles décrites ci-dessus appartiennent telles ou telles productions de leur industrie. L’aheille ruchaire étant celle dont les caractères se rapprochent davantage de notre abeille domestique, devra être aussi celle dont la ruche aura le plus de perfection.

II. Abeille j ambes rousses. Apis rujîcrus. Ouvrière. Longueur du corps , o“.oo5.

d’iIISTOIPiE naturelle.

Description. Semblable à la précédente ; toute noire , même les ailes; jambes et premier artiele des tarses des pattes postérieures d’un jaunâtre roussâlj'e.

Du Brésil.

Ayant figuré cette espèce, nous n’avons pas cru devoir représenter la précédente, attendu qu’elle n’en diffère que par la couleur des ailes et d’une partie des pattes postérieures, et qu’elle est représentée dans la troisième Décade des Illustra- tions iconographiques des insectes de M. Coquebert.

12. Abeille pale. Apis pallida. Fab.

Ouvrière.

Description. Ne s’éloignant des deux précédentes que par Sa couleur d’un roux jaunâtre-pàle , et qu’en ce qu’elle est un peu plus petite.

A Cayenne; donnée au Muséum par M. Richard.

Pison nous apprend que le miel le plus fréquemment mis en usage par les Indiens est dû. à l’alieille munbuca^ que ces abeilles sont petites , jaunes, et quelles nidilient dans les arbres; que leur miel est abondant, de peu de valeur, ne cédant en rien pour la bonté à celui d’Europe ; qu’il est très-fluide, clair , d’une odeur agréable et d’un goût se rapprochant de celui de l’oxymel. Récolté sur les fleurs de l’arbre appelé tapuraïba , il devient amer. On se sert très-souvent de ce miel dans les ma- ladies du pays. L’abeille munbuca de Pison étant jaune, on ne peut appliquer ce passage aux deux espèces dont nous venons de parler immédiatement , puisque celles-ci sont noires. Le texte de ce naturaliste peut s’entendre de cette abeille pâle , ou de l’abeille ruchaire ; mais comme la première de ces deux abeilles a la plus grande identité avec l’espèce nommée amallhée, quelle n’en est peut-être qu’une variété, quelle est très-rare , à le soupçonner par le très-petit nombre de ces insectes recueilli à Cayenne; comme cette abeille, supposé meme quelle fût

17B ANNALES DU MUSÉUM

spéciiîquement distincte , doit avoir la meme industrie qtie l’abeille amaltliée , et que cependant Pison paroît avoir vu quelque différence à cet égard , il seroit plus plausible de mettre le récit de cet auteur sur le compte de l’abeille rucbaire. Son espèce nommée eixu copii pourroit être l’al^eille amaltliée.

L’abeille eiricu du meme est plus grande que celle qu’il appelle eixu munhuca \ elle fait un bon miel , quoique n’étant pas d’un usage journalier, et nidifie dans le creux des arbres. Les Brésiliens retirent ce miel en perçant la ruche de différens trous qui lui donnent issue.

M. Fabricius a décrit dans son supplément une abeille de l’Amérique septentrionale , qu’il appelle atrata , et qui devroit à raison de ce qui y est rapporté de ses mœurs, être de ce genre. J’ai cberclié inutilement cette espèce dans la collection de M. Bosc, le naturaliste de Riel dit l’avoit décrite. M.Bosc m’a même assuré qu’on ne trouvoit à la Caroline d’abeille vé- ritable que celle d’Europe qu’on y a portée.

Je ne connois point d’autre espèce d’abeilles proprement dites.

Explication des Figures de la planche XIII.

1. Abeille ouvrière, de grandeur naturelle.

2. Abeille mellifique femelle, de grandeur naturelle.

3. Abeille , mâle, de grandeur naturelle.

4. Abeille unicolor^ ouvrière , de grandeur naturelle.

5. Abeille indienne , owyr'ihve , de grandeur naturelle.

6. Variété b, de grandeur naturelle.

7. Abeille ailes ouvi'ière, de grandeur naturelle.

8. Son abdomen vu à part.

9. Abeille /irijcfée, ouvrière, de grandeur naturelle.

10. Abeille sociale., ouvrière, de grandeur naturelle.

11. Abeille de Péron, ouvrière , de grandeur naturelle.

1 2. Abeille rnchaire , ouvrière , de grandeur naturelle.

1 5. Abeille amaltliée , ouvrière , de grandeur naturelle.

ïl^. Abeille pâle., ouvrière , un peu grossie j sou ccUflUe de grandeur à côté.

d’ HISTOIRE NATURELLE,

^79

SUITE DES MEMOIRES

Su7' les Fossiles des emîrons de Paris.

Par LAMARCK.

GENRE XLVI.

Nautile. Naiitilus.

ChARACT, GEN.

Pesta unwahds , spiralis , multilocularis y discoïde a i pa- rietibus simplicihus. Anfractus contigiii : idtimi pariete exteriore interiores obtegente. Septa transversa , disco perforata , extùs concava.

Observations.

Les nautiles sont des coquilles univalves , en spirale multi- loculaire et discoïde, c’est-à-dire que leur spirale tourne orbiculairement sur le même plan autour de son sommet, qui est au centre. Les tours de la spirale sont contigus les uns aux autres, sans se recouvrir en dessus ni en dessous 5 mais la paroi extérieure de chaque tour recouvre des deux côtés les tours intérieurs, de manière qu’il semble que le derni< r tour enveloppe tous les autres. Les parois de la spirale sont dans toute leur épaisseur très-simples et sans suture. Les cloisons qui forment les loges de ces coquilles sont trausverses^ concaves

l8o ANNALES DU MUSEUM

du côté de rouverlui’e, et oui leur disque perforé par uiî tube. Enfin , toutes les loges sont étroites et ont beaucoup plus de largeui' que de longueur : mais la dernière du coté de l’ouverture est fort grande. Elles ont toutes été successivement plus grandes qu’elles ne sont restées, lorsqu’une nouvelle cloison ajoutée en a fixé les bornes.

Ces coquilles sont chacune l’enveloppe, au moins partielle, d’un mollusque, que, sans craindre de se tromper, on peut maintenant présumer être de la famille des céjjhalopodes ou des sèches 5 et, au lieu d’envelopper en totalité l’animal, il y a apparence que chacune d’elles est enchâssée dans la partie postérieure! de son corps , se trouvant en grande partie à dé- couvert , et n’enveloppant dans sa dernière loge qu’une portion du corps de l’animal dont il s’agit.

Nous sommes autorisés à faire cette supposition par la con- noissance que nous avons actuellement de l’animal de laspirule f naiitilus spirula^ Lin.y^, coquillage qui a tant de rapport avec les nautiles , que Linné l’y avoit associé. Cette connoissance est extrêmement précieuse pour la science , car elle jette un grand jour sur la manière d’être de toutes les coquilles univalves multiloculaires, et nous en sommes redevables à M. Péron qui a rapporté cet animal avec sa coquille de son voyage à la Nou- velle-Hollande. En effet, l’animal dont il est question est d’une conformation tout-à-fait analogue à celles des sèches , et à l’ex- trémité postérieure de son corps il porte la coquille qu’on nomme spirule , enchâssée dans cette extrémité et en partie à découvert.

On ne sauroit douter maintenant que non seulement les nautiles ne soient dans le même cas, mais que ce ne soit aussi le cas de toutes les ammonites ou cornes d’ammon, des

d’ HISTOIRE NATURELLE. l8l

discorhites^ des lenticulines^ àes nummulites , des ortliocères , des hélemnites , etc. Ces coquilles se trouvent sans doute plus ou moins complètement enchâssées dans la partie postérieure du corps de Fanimal dont elles proviennent, et enveIoi)pent par leur dernière loge une portion du corps de l’animal qui y adhère , soit par un hlet tendineux qui s’insère à l’extrémité du siphon , soit d’une autre manière.

Dans l’animal contracté et affaissé après sa mort, quei??/m- phius a figuré comme étant celui du nautile ( Rumph. mus. t. 17, fig. B), on voit encore dans la partie lisse et posté- rieure de son corps la portion de cet animal qu’enveloppoit la dernière loge de la coquille, et un reste du cordon tendineux qui en traversoit le siphon. Ensuite , quant à la coquille , l’extré- mité tout-à fait blanchâtre de son dernier tour n’offrant point ces flammes roussâtres qui existent sur le reste du tour , est un témoignage évident que cette portion d^ la coquille étoit en- veloppée par la partie postérieure du sac ou manteau de l’animal, el qu’on n’en voyoit au dehors qu’une crosse testacée ornée de flammes rousses.

ESPÈCES FOSSILES.

I. Naut ile flambé.

Nautiliis {^poinpilius') testes apertura cordata; anfractibus obtusis lævîbus. Lin.

L. n. Courtagnon, Grignon , Chaumont , et en beaucoup d’autres lieux en France.

Cette espèce, que l’on trouve en France dans l’ëial fossile, conservant encore parfaitement sa nacre avec de belles couleurs irisées , est vérilabiemeiil la meme que celle qui vil actseilemenl dans les mers des Indes, el qui depuis ' long-temps est connue des naliual.sles. Ce fail , ]3armi beaucoup d’autres sem- blables, est extrêmement impor an pour la géolog e. ,

Il existe à Paris , dans les cabmets tics uatuiabs.es , plus eris autres espèces de nautiles fossiles trouvés dans d.fléreulcs parties de la France et de l’Europe ; mais nous nous bornons ici à l’indication du nautile llambé fossile , paice que

5. 2/f

ANNALES DU MUSEUM

182

c’est la seule espèce de ce genre qu’on ait découverte aux environs de Paris. M. Faujas en possède uu individu en bon état, trouvé à Courtagnon. On y Voit , dans les intervalles des cloisons qui ne sont point remplies , les portions, du syphon Cylindrique qui perfore ces cloisons ; ces portions de syphon sont solides et testacées , et adhèrent aux cloisons dans leur face convexe.

Le syphon des uauùles varie tellement dans ses caractères, selon les espèces , que dans le naudlite de Dax que Montfort a publié (Hist. nat. des mol- lusques , vol. 4 , p. 240 , pi. XLVI, fig. I ) et qu’il m’a fait voir, le syphon est simplement remarquable par sa grandeur , sa forme et sa situation.

GENRE XLVII.

Discorbe. Discorbis.

Charact. gfn.

Testa imwahis , spiralis , discoïdea y poljthalamîa : pa- rietîhus simplicibus. Anfractus omnes perspicui , niidati, contigui. Septa transversa , integra , crebriuscula.

Observations.

Les discorbes seroient de véritables nautiles si leurs tours de spire, au lieu d’étre tous entièrement apparens et à décou- verts, étoient cachés par le dernier tour enveloppant les autres ou les recouvrant par sa paroi extérieure , et si elles ne man- quoient de syphon. Si ces memes coquilles ayant leurs tours de spire à découvert et bien apparens, avoient leurs cloisons per- forées par un syphon, elles seroient alors des spirolines.

Ainsi les discorbes , qu’il faut nommer dtscurbitcs^ parce qu’on n’en connoît que de fossiles , et qui sont les memes que les planulites de mon système des animaux sans vertèbres (p. 101), sont des coquilles univalves, en spirale, discoïdes, multiloculaires, à parois simples comme les nautiles, et dont les tours de spire sont tous à découvert et bien apparens.

d’ HISTOIRE NATURELLE. î83

Ces coquilles sont en général fort petites , fort multipliées dans la nature, et paroissent avoir de grands rapports avec les Rotalites ; mais leur ouverture ne se renverse point vers la hase de la coquille, et leur spire ne s’élève point en cône.

Il faut rapporter à ce genre le cornu ammonis vulgatissi- mum de Plancus f de Conch. arimin. p. 8, t. j , f i ) ^ etc. Je n’en connois qu’une espèce dans les environs de Paris.

ESPÈCES FOSSILES.

I. Discorbite véslcuîaii’e. Vélîti , n." 22, f. n, 12.

Discorbües ( vesicnlaris ) discoïdea : anfractihus ad loculos nodosis , subve- siculosis : loculo ultimo interdùm claiiso. n.

L. n. Grignon. Petite coquille orbiculaire , discoïde » qui n’a que a millimètres et demi de largeur. Sa spirale ne forme que deux tours ou deux tours et demi , et offre dans toute sa longueur un renflement à chaque loge qui la fait paroître noueuse et comme composée d’une suite de globules vésiculeux. La dernière loge dans quelques individus est entièrement fermée. Ce Êiit , qui paroît très- singulier , ne me semble pas devoir être constant dans tous les individus. Je crois qu’il tient à ce que l’animal a péri des que la dernière cloison a été formée et avant que la nouvelle loge ait pu être produite. Il concourt à fair« présumer que la coquille toute entière est contenue dans la partie postérieure de l’animal ; qui n’adhère qu’à la dernière cloison par une très-petite partie de son corps.

Cabinet de M. Defrance.

GENRE XLVIII.

Rotalie. Rotalia.

ChARACT. GEN.

Testa univalvîs , spiralis > convexo-coîiica , subtùs radiata. Spira multilocularis. Apertura marginalis , trigona» resupinata.

Observations.

Ce genre est encore un de ceux qui appartiennent à la

24^

ANNALES DU MUSEUM

i84

sin^iuière famMlo des molliiS({aes ccplialopodes à coquille multiloculaire , et conséquemment il a des ra]>ports avec les nautiles, les ammonites, les discorhites , les nnnimulites, etc. Ainsi l’on peut présumer que les coquilles qui s’y rapportent éto ent enchâssées dans l’extrémité postérieure de ranimai dont elles proviennent.

Les Fvütalies , qu’il faut nommer rotalites^ parce qii’on n’eu connoît (jue de fossiles, sont de très-petites coquilles en spi- rale orhiculaire , convexes ou un peu coniques en dessus, dont les tours sont contigus et distincts, et dont la base, qui est la partie la plus large de la coquille, est aplatie, tuberculeuse ou granuleuse , et garnie de rayons ondulèux. Ces rayons sont les interstices des saillies que font les loges du dernier tour de la spirale.

L’ouverture de la coquille est celle de sa dernière loge: elle est marginale , trigone , et semble renversée ou dirigée vers / la base. Les cloisons transversales qui séparent les loges sont

dirigées comme des rayons vers le centre ou l’axe de la co- quille 5 en sorte que les loges sont légèrement coniques.

ESPÈCESFOSSILES.

1. Rolalite Irochîcliforme. , n.“ 25,f. i5.

Rotalites ( trochidiformis ) conoïdea : aiifractibus carinatis ; latere înferiore granulnto. ii.

L. n. Gj’ignon. Très-petite coquille dont la lai’geur n’a guère plus de 3 mil- limètres. Elle est orbiculaire , un peu conoide en dessus, et composée de trois à quatre tours de spire éminemment carinés. Sa base est large , aplatie , granuleuse, presque ridée, et rayonnaule par la saillie des loges. Il y a des individus qui tournent de droite à gauche et d’autres de gauche à droite. Mon cabinet et celui de M. Défiance.

2. Rotalite lenticuline. V élin , n.° 22, f. 14.

Rotalifes lentici/lina) orbicnlata , obtusè conica, Icevis y {ubùùs radiata ; apertnrâ margijiali obUt^uâ. n.

i85

d’ HISTOIRE NATURELLE.

fi. Eadern sim'strorsa. Vélin, n." 22, f. i5.

L. n. Grignon. Celle coquille est encore plus petite que la précédente , et n’a que 2 mill mètres de largeur. Elle est orbiculaire , lisse et un peu conique en dessus, aplatie et rayonnée en dessous sans être granuleuse , et sa spirale touriie de gauche à droite. L’ouverture de la dei’nière loge n’est pas en faee de l’avanl-dernicr tour, mais inclinée au-dessous et un peu oblique. La co- quille coupée transversalement ressemble à une lenticuline et meme à une nummulite. Elle n’est ni de l’un ni de l’autre de ces genres, parce que les cloisons des loges ne s’avancent pas desdeux, côtés au-dessus des tours intérieurs. La' variété fi tourne de droite à gauche.

Cabinet de M. Defrance.

5. Rotalite déprimée. Vélin , n.® 22 , f. i5.

Rotalites {^depressa^ orbicularis , plano-convexa, IcevigcUa toridosa’, axesub- laterali. n.

L. n. Grignon. Cette rotalite n’a point sa spire élevée en cône court comme les précédentes ; mais elle est un peu convexe en dessus , lisse , et marquée par la saillie des loges de côtes obtuses qui grandissent successivement et rapide- ment les unes à l’égard des autres. La base de cette coquille est large , aplatie , et offre un rayonnement formé parla sailliq des loges dont le centre est un peu latéral. En effet les 1 ges s’agrandissent successivement dans une pro- portion bien plus considérable que dans les especes ci-dessus ; ce qui fait que le rayonnement de la base de la coquille a son centre près du bord et que les dernières loges sont fort grandes. La largeur de celte rotali te est à peine de 3 millimètres.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

4. R talite discorbule. Velin , n." 25, f. t2.

Rotai tes [^discorbula ) orbicularis , utrinque convexa , subtus radiata ; aper- turâ ohlongo-trigoJiâ. n.

L. n. Grignon. Petite coquille lenticulaire , convexe en dessus et en dessous , et n’ayant que 2 millimètres de largeur. Son ouverture est oblougue, subfrigone,^ n’embiasse point l’avant-dernier tour , mais se dirige en dessous, quoique laté- rale. La saillie des loges forme le rayonnement du côté inférieur de la coquille.

Cabinet de M. Defrance.

\

i86

ANNALES DU MUSEUM

GENRE XLIX.

Lenticuline. Lenticulina.

ChARACT. GEN.

Testa univalvis , spiralis , suhlenticularîs > poljthalamia : anfractuum margine exteriore complicato , ad centra utrinque extenso. Septa integra , curvaj supernè iJifer- n 'eque radiorum instar porrecta. Apertura angusta su~ prà penultimum anfractus prominens.

OBSERVATIONS.

La connoissance des lenticulines nous devient très-précieuse pour ai'river à celle des nummulites j et si l’on eût bien étudié la structure des premières , la détermination des vrais rapports des nummulites n’eût pas autant embarrassé qu’elle la fait jus- qu’à présent.

Malgré les excellentes observations de Bruguiere , qui font voir que les camérines ou nummulites sont de véritables co- quilles analogues aux ammonites, on a prétendu depuis, tantôt que ce sont des polypiers, tantôt qu’il faut les regarder comme l’os intérieur d’un animal marin. Bientôt il eût fallu en dire autant des lenticulines , des rotalites et meme des nautiles.

En effet, dans les lenticulines^ on retrouve tellement la forme principale des rotalies,des discorbes et meme des nautiles , que, sans le prolongement latéral des loges et des cloisons qui s’avancent en dessus et en dessous jusqu’aux deux centres de la coquille, les lenticulines ne ser oient pas distinctes des rota- lies et des discorbes , et qu’en outre on les confondroit encore avec les nautiles sans la présence du syphon dans ces derniers.

d’ HISTOIRE NATURELLE. jSj

Lf'S lenticulines se rapprochent davantage encore des num- mnlites , car elles en ont presqu’entièrement la structure. Cependant elles en different i.° parce qiïe les cloisons de chaque tour se prolongent des deux côtés au-dessus des tours intérieurs, jusqu’aux centres, 2.“ et parce que le dernier tour fait une saillie assez considérable sur ravant-dernier , pour mettre en évidence la dernière loge et son ouverture.

Ces coquilles ont en général une forme lenticulaire comme les nummulites la plupart ne se trouvent que dans l’état fossile ; néanmoins j’en possède dans l’état frais ou marin , qui ont été trouvées en avant de Ténériffe, à isS pieds de pro- fondeur dans la mer. Je nomme lenticulites les espèces fossiles qui se rapportent à ce genre.

ESPÈCES FOSSILES.

ï. Lenticulîte planulée.

Lenticulites ( planulata) orhiculata , discis centralibiis convexinscula , versus marginem radiatim. striata, n.

L. Sentis, Rétheuil près de Vlllers-Coterets , Soissons. Petite coq\iille lenticu- laire qui ressemble à une nummulite , mais dont le dernier tour dépasse assez l’avant-dernier pour rendre son extrémité distincte. Les plus grands individus ont 7 millimètres de largeur. Ils sont un peu convexes des deux côtés vers leurs centres, d’où l’on voit des stries fines en rayons un peu courbés, se dirigeant vers le bord. Comme le canal de la spirale de cette coquille est plus large que dans les nummulites, l’axe de cette spirale n’est pas tout-à-l'ait au centre de la coquille. L’ouverture de la dernière loge forme un angle aigu à Son bord externe. Seroit-ce la catnérine striée de Bruguière ?

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

*2. Lenticulite variolaire.

Lenticulites {^variai aria') orhiculata^ discis valdà convexa., mininia) striis radiatis creberrimis. n.

l80 ANNALES DU MUSÉUM

L, n. Grignon , Betz , Chaumont. Elle est fort petite , n’a guère plus tle 2 mil- limètres (le largeur , et ressemble à des pustules naissantes de petite vérole ou de rougeole. Je^ regarderois cette coquille comme une variété de la pré- cédente , si elle n’étoit beaucoup plus convexe ou bombée en ses deux faces, et si les cloisons qui forment à Eextérieur ses stries rayonnantes n’étoient plus fréquentes et plus élevées. L’ouverture de la dernière loge est moins anguleuse que dans l’espèce ci-dessus.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

3. Lenticule rotulée. èlin , n." 47 » f* * 2.

Lenticulites {^rotulata) orbiciilatui margine acuto, discis utrinque gibbo- siilis. n.

L. n. Meudon. Très-petite coquille qui n'a que 2 millimètres de largeur , et (pii ressemble à une petite roue pleine, tranchante sur les bords et renflée des deux côtés aux centres. Elle est obscurément marquée de rayons courbes qui vont du centre de chaque face à la circonférence. Ce dernier tour de la spirale s’avance de beaucoup sur l’avant-dernier.

Cabinet de M. Defrance.

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d’ histoire naturelle.

i8<>

.0 B SER V ATI O N S

Sur /’ Ostéologie des Paresseux.

Par g. CUYIER.

L’Ostéologie des paresseux n’est pas entièrement inconnue : Daubenton s’en est occupé dans le tome XIII de l’Histoire naturelle in-4.“ 5 mais les squelettes qu’il a décrits yenoient d’individus si jeunes , que presqu’ aucun os n’avoit conservé ses formes en se desséchant , et que l’existenee meme de quelques-uns étoit contestée, ou restoit problématique, ainsi que nous le verrons plus bas j il a meme négligé d’observer un point qui eut été fort curieux pour lui, et qui le frappa beau- coup lorsque je le lui fis voir il y a quelques années : je veux parler du nombre de 9 vertèbres cervicales dans Y aï.

Depuis Daubenton , M. Wiedeman , professeur d’ana- tomie à Brunswick , a travaillé sur le meme sujet 5 il a donné une description détaillée du crâne de l’«f. Archives zool. et zoot. t. I , cah. I , p. 46 , avec (ig. , pl. I et II ; une autre plus abrégée du squelette, ib. p. i32, sans figures, faite d’après un jeune individu; et quelques remarques additionnelles, faites dans notre Muséum , tant sur le squelette de V adulte , que sur le crâne de Yunau , ih. tome III, cab. I, p. Cependant, comme il reste encore plusieurs points intéressans qu’il n’a point exposés, et que cette ostéologie est d’ailleurs fort importante,

A N N A L E S D U M U S É U M

non seulement pour l’explication des pîiénomènes singuliers que l’économie de ces animaux nous présente, mais encore pour éclaircir ce qui concerne le grand squelette fossile trouvé au Paraguay, et placé au cabinet du roi d’Espagne à Madrid, ainsi que certains ossemens découverts en Virginie et décrits par M. Jefferson , j’ai cru devoir y donner de nouveau toute mon attention.

Outre les deux jeunes squelettes décrits par Daubenton , j’en ai eu à ma disposition deux autres à peu près du meme âge que j’ai observés frais , aVant que leurs cartilages fussent desséchés 5 mais j’ai sur-tout été aidé d’un squelette d’rzi; par- faitement adulte, rapporté de Cayenne par M. Richard^ mon confrère à l’Institut , et professeur d’histoire naturelle médicale à l’Ecole de médecine. J’y ai joint la tête et les pieds que j’ai fait extraire de la peau empaillée d’un unau , aussi parfaite- ment adulte , donné du cabinet de zoologie de ce Muséum à celui d’anatomie comparée par mon ami et collègue M. Geoffroy.

J’aurois bien voulu pouvoir décrire également l’ostéologie du grand paresseux pentadactjle fbradipus ursinus. Shaw. , si toutefois c’est un vrai paresseux, ce, dont j’ai quelque lieu de douter. Cette espèce ayant un nombre de doigts différent des deux autres , n’auroit pas manqué d’offrir aussi quelque sin- gularité dans les os de ses extrémités j mais cet animal rare n’a été vu qu’en Angleterre , et une fois seulement : nous n’en possédons ici aucune partie.

Buffon, après avoir peint avec éloquence et peut-être avec un peu d’exagération l’état misérable les paresseux sont retenus par leur organisation même, dit c[ue « tout eu eux )) nous rappelle ces monstres par défaut, ces ébauches impar- » faites mille fois projetées, exécutées par la nature, e[ui ayant

d’ K I s T 0 î R E NATURELLE. iQl

» à peine ia facuité d’exister , n’ont suLsister qu’un temps , » et ont été depuis effacées de la liste des êtres. »

En les considérant sous un autre point de vue , on leur trouve si peu de rapports avec les animaux ordinaires j les lois générales des organisations aujourd’hui existantes s’ap- pliquent si peu à la leur j les différentes parties de leur corps semblent tellement en contradiction avec les règles de co- existence que nous trouvons établies dans tout le règne animal , que l’on pourroit réellement croire qu’ils sont les restes d’un autre ordre de choses, les débris vivans de cette nature pré- cédente dont nous sommes obligés de chercher les autres ruines dans l’intérieur de la terre , et qu’ils ont échappé par quelque miracle aux catastrophes qui détruisirent les espèces leurs contemporaines.

Il n’y a peut-être parmi tous les quadrupèdes que le seul élé- phant qui s’écarte autant que les paresseux du plan général de la nature dans la formation de cette classe : encore les écarts que l’on y remarque correspondent - ils l’un à l’autre de ma- nière à corriger réciproquement leurs mauvais effets, et à produire un ensemble concordant^ mais dans les paresseux chaque singularité d’organisation semble n’avoir pour résultat que la foihlesse et l’imperfection , et les incommodités quelle apporte à l’animal ne sont compensées par aucun avantage.

Comme l’ordre dans lequel nous décrivons chaque ostéo- lôgie n’est pas très-important dans le plan général de notre travail, nous allons considérer celle des paresseux par rapport à ses singularités et surtout par rapporta ses effets, dans les mouvemens de ces animaux et dans toute leur économie. Ce sera peut-être un moyen de diminuer la sécheresse des détails dans lesquels notre sujet nous force de traîner le lecteur.

25^

192

ANNALES DU MUSEUM

I. Particularités dans V organisation du squelette qui causent " la lenteur et la foihlesse des paresseux.

1.” Des pioportiojis générales.

Le seul aspect du squelette de \ ai [ pl. I.) indique des proportions en quelque sorte manquées. Le bras et l’avant- bras pris ensemble sont presque deux lois aussi longs que la cuisse et la jambe, de manière que quand l’animal veut marcher à quatre, il est obligé de se traîner sur les coudes, et quand il est debout sur les talons, sa main toute entière peut encore appuyer sur la terre. Il n’y a que quelques singes qui ap- prochent de cette disproportion j mais ils se tiennent souvent debout , ou marchent à l’aide d’un bâton : c’est ce que l’ai ne peut pas faire , parce que ses pieds de derrière sont si mal articulés qu’ils ne peuvent le soutenir , comme nous le verrons. Son bassin est de plus si large , et ses cavités cotyloides si tournées en arrière , qu’il ne peut rapprocher les genoux , et qu’il est l’orcé de tenir ses cuisses écartées.

\Juiiau a des proportions un peu plus favorables. Ses bras et ses avant-bras pris ensemble ne sont à ses cuisses et à ses jambes , que comme six à cinq.

Les animaux , lorsqu’ils courent , reçoivent leur principale impulsion des pieds de derrière : aussi les bons coureurs out- ils les pieds de derrière plus longs; le lièvre, la gerboise, etc. La longueur des pieds de devant ne sert qu’à embarrasser : c’est elle (|ui fait marcher les crabes à reculons. Les pares- seux ne peuvent presque les employer que pour se cramponner et traîner ensuite l’arrière de leur corps.

d’ H I s T O I R E NATURELLE. IQJ

2.“ Fonne du bassin'^ union extraordinaire de ses parties.

Outre cette largeur extrême du Lassia et cette direction des cavités cotyloides vers le haut , que nous venons d’indiquer et dont aucun autre animal n’oflre d’exemple, le bassin des paresseux a quel([ue chose de particulier et de fort incommode pour la marche.

Dans les autres quadrupèdes , l’os sacrum ne tient aux os innommés que par une petite portion de ses côtés en avant j tout le reste est libre, et l’intervalle entre la partie postérieure du sacrum et l’os innominé se trouve vide pour loger des muscles et autres parties molles , et porte le nom de grande échancrure ischiatique.

Dans les paresseux , il y a une seconde union en arrière , entre le sacrum et la tubérosité de l’ischion, et au lieu d’échancrure ischiatique il n’y a qu’un trou , comme un deuxième trou obturateur. ( Voyez pl. IV, fig. I , c/. )

Le phascolome ( didelphis ursina de Shaw ) est le seul quadrupède qui présente cette structure , et il suffit de l’avoir vu marcher , ou plutôt ramper , pour juger qu’il n’est guère plus agile que nos paresseux.

Les détroits du bassin sont énormes à proportion.

3.° Articulation du pied de derrièi'e.

C’est peut-être ce qu’il y a de plus extraordinaire dansl’^ïj elle semble arrangée exprès pour ôter à l’animal l’usage de son pied.

Par-tout la principale articulation de l’astragale se fait avec le tibia par un gynglyme plus ou moins lâche, qui permet au pied de se ployer sur la jambe.

ïq4 annales du M U s É U M

Ici la lacettc principale et supérieure de l’astragale est une fossette conique dans laquelle pénètre comme un pivot l’ex- trémité du péroné, faite en pointe. (Voyez pl. IV, fig. 2, «. )

Le rebord de cette fossette du côté interne tourne contre une très-petite facette qui n’occupe pas le tiers delà tête infé- rieure du tibia.

Il résulte de cette disposition que le pied tourne sur la jambe comme une girouette sur son pieu , mais qu’il ne peut pas s’y ployer.

Il en résulte encore que le plan , le corps du pied, est presque vertical quand la jambe l’est, et que l’animal ne pourroit poser la plante de son pied à terre qu’en écartant la jambe au point de la rendre presque horizontale.

De ces deux particularités dérivent une foiblesse absolue du pied , et l’impossibilité complète de fournir au corps un point d’appui solide.

L’astragale , pl. n,fig. 6, A, s’articule avec le calcanéum par une petite facette ronde et concave , opposée à celle, qui répond au péroné : après quoi vient un cou un peu rétréci ^

c, et en avant une facette scaphoïdienne un peu gynglymoide,

d , au bord interne de laquelle en est une petite e pour le bord antérieur du calcanéum.

Le calcanéum, B, est très-comprimé en arrière, mais dans un plan presque horizontal quand la jambe est verticale- Il devient ensuite prismatique , porte en dessus le tubercule pour sa première articulation avec l’astragale^ et au bout une petite facette. A, pour la seconde. L’extrémité est terminée par deux facettes qui font un angle , l’interne i pour le scaphoïde D, 1’ externe A pour le cuboïde E.

Uunau a le pied beaucoup mieux articulé ; son astragale

d’ H I s T O I R E NATURELLE. IqS

porte, il est vrai, une facette creuse pour le pivot du péroné, mais ce pivot fait un angle avec le reste de fos , ou un crochet dirigé en dedans j de manière que l’astragale , tout en tournant sur lui, ne s’en meut pas moins dans un plan vertical, et que le pied peut poser à terre beaucoup plus facilement que dans \aï. (Voyez pl. IV,fig, 3 T est le tibia; P le péroné, A la partie supérieure de l’astragale , sa partie inférieure , C le calcanéum , c’ sa tubérosité postérieure.

4-*^ Roideur de toutes les parties des doigts.

On sait qu’à l’extérieur ,dans les paresseux, la peau enveloppe toutes les parties des mains et des pieds jusqu’aux ongles, qui sont séparés, et que tout le reste des doigts est réuni et sans intervalle ni mobilité entre eux ; ils ne peuvent que se fléchir ou se redresser tous ensemble.

Aussi toutes les articulations des phalanges sont des gyn- glymes serrés ; les parties creuses représentent des gorges pro- fondes de poulies ; et ce qui prouve combien les mouvemens y sont gênés c’est que dans l’aï plusieurs pièces qui restent toujours distinctes dans les autres animaux se soudent avec

1? A

âge.

Telles sont d’abord les premières phalanges des doigts à tous les pieds , qui se soudent avec les os du métatarse et du métacarpe.

Daubenton ne trouvant que trois os à chaque doigt , a été d’abord indécis sur celui qui manquoit ; il a pensé à la lin que c’étoit la première phalange.

Le fait est quelle ne manque pas, mais quelle se soude à l’os qui la précède ; on pourroit le juger à la forme de l’arti- culation : dans les animaux, en général , c’est l’os du métacarpe

19^ .ANNALES DU ]WUSÉU3Ï

OU du métatarse qui présente une partie saillante à la première plialange, et celle-ci en présente une creuse à la seconde. Dans l’aï, le prétendu os du métatarse en présente au contraire une creuse.

La chose est décidée d’ailleurs par Vunaii qui , en sa qualité d’animal beaucoup plus favorisé et plus agile , a ses premières phalanges encore distinctes à un âge elles sont déjà soudées depuis long-temps dans Vaï. (Voyez pl. III , lig. 4 et 5 , H et I. ]

On peut remarquer qu’elles y sont d’une brièveté singulière, quatre fois plus courtes que les secondes : elles doivent avoir par conséquent un mouvement très-peu marqué, et c’est sans doute ce qui leur permet de se souder. Quelles le soient ou non, l’effet est peu différent : mais , meme dans l’unau , les os sésa- moïdes se soudent à lapartie inférieure de la première phalange et la prolongent en arrière.

Dans Xaï, la soudure des parties va beaucoup plus loin : aux pieds de devant les trois os du métacarpe , et les vestiges des métacarpiens du pouce et du petit doigt se soudent par leurs bases , et ne font qu’une seule pièce : de sorte qu’en comptant les premières phalanges , il y a huit os réduits à un seul, et qua- torze en tenant compte des os sésamoides. ( Voy. pl. II, fig. 5,M.) On peut juger si les mouvemens doivent en être entravés.

La soudure du métacarpien de l’index avec celui du médius se fait un peu plus tard que les autres.

Aux pieds de derrière , non seulement les huit os correspon- dans à ceux des pieds de devant sont aussi soudés , mais il s’y joint de plus les trois os cunéiformes; par conséquent, un seul os y en remplace onze , et , eu tenant compte des os sésa- moïdes , dix-sept. ( Voyez pl. II, lig. 6, N. )

Dans l’unau, toutes ces parties sont distinctes, les sésa-

D*^ H ISTOIRE NATURELLE. IC^n

moïdes exceptés. Les trois métatarsiens sont plus longs à pro- portion de tout le pied , et les vestiges de ceux du pouce et du petit doigt diffèrent moins des autres. (Voy. pl. III, lig. 4? H, h.)

Le carpe AeYunau est compose de sept os , et celui del’^f, quoiqu’il ait un doigt de plus, n’en contient que six; c’est que dans \unau le scaphoïde se soude avec Pos de dessous ou le ti'apèze : c’est une chose qui lui est toute particulière; car, dans les carnassiers il n’y a aussi que sept os , c’est au semi- lunaire ou à l’os d’à côté que le scaphoïde se soude.

Le vestige de doigt du côté interne , H , tient à -cet os sca- phoïdo-trapèze : on doit croire par conséquent qu’il représente le pouce. Le trapézoïde D , qui est fort petit , porte le premier doigt parfait H’ qui est l’index. Le second h tient à la fois au grand o.s E et à Yunciforme F : etjce dernier porte le vestige de doigt du côté externe h' , lequel , quoique plus petit que celui du côté interne , représente cependant nécessairement à la fois le doigt annulaire et l’auriculaire.

L’os semi-lunaire B est fort grand, ce qui rend l’analogüe du grand os E fort petit. Il forme avec le scaphoïde une sur- face convexe, uniforme, ohlongue qui répond à une facette semblable , mais concave, du radius. (Voyez pl. IV, fig. 5.] Le cubitus ne s’articule presque' que par un point au cunéiforme C ; le pisiforme G est arrondi et médiocre.

Dans l’m, la soudure du scaphoïde âu trapèze a toujours lieu ( voyez A , lig. 5 , pl. IL ), et il y en a de plus une entre le trapézoïde et le grand o.y, E , ib. C’est ce qui réduit ses os de carpe à six.

Le troisième doigt parfait tient tout entier kVunciformcG'j, mais le médius y tient aussi toujours un peu.

198

ANNALES DU MUSEUM

Manière dont les ongles sont pliés dans l’état de repos ^ et caractère des dernières phalanges.

Les ongles des paresseux sont d’une longueur monstrueuse; et l’arme redoutable qu’ils fournissent est sans doute le moyeu par lequel ces animaux se défendent avec assez de succès pour compenser tout le désavantage du reste de leur organisation. Ceux de sur-tout surpassent tout le reste de sa main en longueur. Ils sont de moitié plus courts à proportion dans Y unau. Presque aussi aigus que ceux des chats , ils avoient besoin , pour se conserver , d’élre mis à l’abri du frottement contre le sol : c’est en les redressant entre leurs doigts, et la pointe contre le ciel, que les chats conservent les leurs ; les paresseux ne pou- voient en faire autant , puisque leurs doigts réunis par la peau ne laissent point d’intervalle; d’ailleurs ces longues pointes redressées eussent été fort incommodes , et eussent pu blesser leur gorge et leur ventre.

Ils les tiennent donc recourbées en dessous lorsqu’ils ne s’en servent pas, et en posent la convexité sur la terre ; et comme dans les chats c’est sans peine pour leurs muscles et par la simple action élastique des ligamens que cette flexion se maintient , les muscles n’ont à agir que pour redresser. ^ ,

De cette différence dans la direction en résulte une dans la forme de l’articulation. Les dernières phalanges des chats, comme celles des paresseux , sont creusées en arc de cercle par derrière , puisqu’elles doivent se mouvoir en poulie sur les avant-dernières ; mais dans celles des chats la partie plus saillante de l’arc sera en dessous : dans les paresseux elle sera eu dessus, toujours du côté vers lequel l’ongle ne se porte pas.

d’ HISTOIRE NATUTîHT, LE.

Par cette règle, on distingue au premier coup d’œil une phalange meme isolée , de l’un ou de l’autre de ces genres.

On les distingue encore par la gaine osseuse qui doit retenir et enchâsser la base de l’ongle. Les deux genres l’ont égale- ment, parce qu’ils ont besoin l’un et l’autre de solidité dans une arme si longue j mais, dans les paresseux, c’est la partie inférieure de la gaine qui est plus avancée : dans les chats, c’est plutôt la supérieure. On peut reconnoitre ces deux caractères dans' les pl. II,fig- 6, et III, fig. 4? en M”M", l’on a re- présenté ces phalanges de profil j l’ongle à part , pl. II, fig. 7,

Les chats , redressant leurs dernières phalanges non pas sur , mais. à côté et entre les avant-dernières, ne peuvent avoir celles-ci droites et symétriques; elles sont un peu creusées d’un côté, et par conséquent comme tordues pour loger les dernières. Dans les paresseux, l’ongle se replie simplement dessous et non entre les avant-dernières phalanges, ce défaut de symétrie n’étoit pas nécessaire et n’existe pas non plus.

6.° Omoplates et clavicule ; leur soudure dans Vaï.

U , si maltraité par rapport à la locomotion , auroit du pouvoir se dédommager par une préhension facile et forte ; mais il est tout aussi malheureux à cet égard que pour le reste.

\lunau a de grandes clavicules grêles qui vont, comme dans l’homme et les singes , du sternum à l’acromion , et prêtent un point d’appui au bras et à ses muscles lorsqu’il s’agit d’em- brasser quelque chose.

^ ; \2di n’en a point : un rudiment cartilagineux qu’on lui trouve dans sa première jeunesse , se soude bientôt- à l’acromion , et

26^

200

ANNA.LES DU MUSEUM

ne sert qu’à prolonger un peu cette apophyse , mais est bien éloigné de se porter jusqu’au sternum.

. Les paresseux sont bien , je crois , le seul genre qui com- prenne des espèces claviculées et d’autres qui ne le sont pas.

L’omoplate est d’ailleurs remarquable. Son bord spinal est long et se rapproche en avant par une pointe, d’une autre pointe que l’apophyse coracoïde envoie en arrière ; entre ces deux pointes est une grande échancrure arrondie , dont l’entrée est plus étroite que le milieu : l’apophyse coracoïde se trouve avoir par-là la forme d’un marteau. La facette glénoïde est oblongue et légèrement concave.

II. Autres particularités qui distinguent le squelette des

paresseux.

I ° Composition du tronc.

Les animaux de meme genre ont ordinairement des nombres de côtes et de vertèbres à peu près semhlaljlesj ici , dans un meme genre, différence conq)lète.

Il y a seize côtes, dont sept fausses, dans Y de M. Richard. Il n’y en a que cinq fausses, quatorze en tout, dans mon jeune squelette et dans celui de Daubenton , qui a indiqué ce nombre ; mais il y a une vertèbre lombaire de plus : probablement il y avoit une côte restée encore cartilagineuse. Il y a vingt-trois côtes , dont onze fausses , dans Yunau.

Il faut remarquer que ce nombre de vingt-trois est le plus considérable qu’il y ait parmi les quadrupèdes.

^ Trois vertèbres lombaires dans j quatre dans Xunau.

Une queue de onze vertèbres dans 1-^ïfj un petit tubercule de trois dans Yunau.

201

d’hISTOIÜE WA-TURELLE.

\Idi a six fausses vertèbres sacrées. M. Daubenton n’en a compté que quatre , parce que son squelette n’étoit pas assez ossilié. Je crois que \unau en a sept; mais comme mon sque- lette est jeune, je ne suis pas bien sur cle ces trois derniers nombres dans cette espèce.

\Junau , comme tous les quadrupèdes , n’a que sept vertèbres cervicales. \2di en a neuf, et c’est la singularité la plus frap- pante que cet animal nous offre.

La règle des sept vertèbres cervicales établie par Daubenton est si générale , que les cétacés meme , qui n’ont presque pas de cou, y ont néanmoins ce nombre de sept vertèbres, quoi- qu’elles y soient en partie d’une minceur extrême ; et le cha- . meau et la giraffe n’en ont pas davantage dans leur cou , d’une longueur presque monstrueuse.

On doutoitsipeu de cette généralité ^ que Daubenton, qui avoit un squelette d’ai, négligea d’en compter les vertèbres du cou. M. Rousseau, mon aide, fut le premier qui s’aperçut de cette exception en montant le squelette de Xaï rapporté par M. Richard ; mais comme celui-ci nous avoit donné les os sé- parés, il pouvoit s’y être glissé deux vertèbres de trop. Pour ne rien laisser de douteux à cet égard, je fis disséquer sous mes yeux un jeune conservé dans l’esprit de vin, dont on fit le squelette naturel avec toutes ses vertèbres unies parleurs ligamens. Je m’empressai de consigner ce fait nouveau dans le Bulletin des sciences. Il se* trouva ensuite que M. Wiede- mann avoit fait de son coté la meme observation avant de conuoître la notre; et feu Herrman , professeur à Strasbourg, m’écrivit qu’il avoit aussi remarqué depuis plusieurs années , et démontré dans ses cours, ce nombre sur un individu daï de son cabinet. Enfin, le petit squelette fait par Daubenton , et que

202 ANNALES DU MUSEUM

l’onuavoit plus au cabinet d’anatomie, s’étant retrouvé dans un des magasins , on y vit neuf vertèbres au cou, comme dans les deux que nous avions préparés.

La chose a donc été vue sur cinq individus différens , et il ne reste aucun doute que ce ne soit un caractère propre à toute l’espèce, et non pas une circonstance accidentelle ou monstrueuse.

Ces deux vertèbres surnuméraires sont d’autant plus sin- gulières que le cou de l’ai n’est pas très-long , qu’il est meme beaucoup moins long qu’il ne faudroit qu’il fût pour la lon- gueur de ses pieds de devant , si l’animal devoit paître à terre ; mais il porte tout à sa bouche avec la main , ou bien il dévore les feuilles des brandies , auxquelles il se cramponne.

Le corps de chaque vertèbre cervicale a en dessous et en arrière une pointe qui se porte sous le corps de la vertèbre suivante, de manière que l’animal ne peut point fléchir son cou vers le bas. Cela l’aide à soutenir sa tête , qui doit l’étre foi- biement par les muscles de l’épine , et par le ligament cervical; car toutes les apophyses épineuses sont fort courtes.

L’atlas n’a qu’un tubercule mousse, l’axis une apophyse carrée inclinée en avant; les quatre cervicales suivantes des apophyses pointues : toutes les autres en ont de carrées , in- clinées en arrière , qui s’effacent presque sur les lombes , et disparoissent tout-à-fait sur le sacrum et la queue.

Les apophyses transverses du cou sont courtes, larges au bout, qui est oblique , se baissant un peu en avant et y rentrant un peu en dedans. La huitième a la sienne un peu fourchue. La neuvième l’a prolongée en une petite pointe qui se porte en avant et en dehors. Dans le jeune individu, cette partie n’est pas soudée à la vertèbre : seroit-ce un petit vestige de côte ?

d’ H I s T 0 l'R E N A T U R E L L E. ao3

i

Les apophyses traiisverses du dos sont fort courtes , et leurs facettes pour les tubérosités des côtes regardent presque direc- tement en dehors. Celles des lombes ne sont guère plus longues.

Les facettes des apophyses articulaires du cou sont dans un plan presque vertical , regardant un peu en bas et en arrière.

Il se fléchit de plus en plus en arrière dans le dos , et y devient ^

presque horizontal ; puis il se redresse subitement dans' les lombes , mais dans un autre sens que dans le cou. Ici c’est la vertèbre antérieure qui place son apophyse articulaire en de- dans ; dans les lombes , c’est la postérieure. ;j

Les côtes sont larges, plates et fortes^ les deux premières sont soudées ensemble, ensuite de quoi on trouve sept osselets sternaux très-distincts.

■* «-■ . 2.° Dents. .

On sait que les paresseux n’ont point d’incisives , mais des canines et des molaires seulement aux deux mâchoires, et que par -là ils diffèrent de tous les autres animaux, au point que nous^ avons cru 'devoir en faire un ordre à 'part, celui des tardigrades. Ils n’ont qu’une, canine de chaque côté, ^ laquelle meme on pourroit contester cette qualité dans Y aï’., car elle n’y reste pas pointue, mais s’use obliquement , la supérieure en arrière , l’inférieure des deux côtés , parce qu’elle répond , lors de la mastication, entre la. canine , et la première molaire, d’en haut. Sa détrition est plus forte en arrière qu’en ^avant. La supérieure est comprimée par les côtés j l’inférieure l’est d’avant en arrière et fortement.

Dans les jeunes aïs , la canine supérieure est encore très- petite et tout-à-fait pointue-, que j l’inférieure est déjà grande, mousse, et comprimée comme je viens de le dire.

2o4 annales Muséum

Dans Xunau^ ces dents sont incontestablement des canines. Dès la jeunesse, elles sont plus grandes que les autres , et leurs alvéoles forment une grande protubérance aux deux mâchoires. (Voyez pl. III , lig. 2 et 3 , a, â.) L’une et Tautre y sont en py- ramide triangulaire. .

n y a dans les deux espèces quatre molaires en haut et trois en bas de chaque coté. Toutes sont coniques dans la jeunesse, mais deviennent cylindriques quand le sommet en est émoussé , parce qu’il est seul aiguisé en pointe dans le germe.

La troncature du sommet produit un creux dans la substance osseuse; les bords, qui sont d’émail restent saillans mais inéga- lement , tantôt plus d’un côté ou de l’autre , tantôt également en avant et en arrière et en laissant deux pointes latérales. Le tout dépend de la manière dont les dents se sont rencontrées et frottées les unes contre les autres.

Les dents des paresseux sont les plus simples qu’il y ait au monde : un cylindre d’os enveloppé d’émail et creux aux deux bouts , à l’externe par la détrition, à l’interne faute d’ossifi- cation et pour loger le reste de la pulpe gélatineuse qui leur a servi de noyau. Voilà toute leur description.

Ces animaux n’ont point , comme les autres herbivores , ces lames d’émail rentrant dans le corps de la dent , et qui en rendent la couronne plus propre à moudre les alimens végé- taux ; aussi la mastication doit-elle être extrêmement imparfaite.

Il faut encore remarquer que les lames qui composent leur substance osseuse sont mal unies ensemble. En sciant une dent longitudinalement , on les voit toutes distinctes , les unes sur les autres comme des pièces de monnoie ou des dames à jouer qu’on auroit empilées dans un étui tubuleux : c’est l’émail qui fait l’étui. ' V

d’ HISTOIRE NATURELLE. aOJ

3.“ Mâchoire ; son articulation et les attaches des muscles

qui la meuvent.

La mâchoire inférieure de \ai s’arrondit tout de suite en avant des canines, pl. II, flg. 3, a. Celle de Xunau y forme au contraire une pointe qui rappelle un peu celle de l’éléphant, plIII,hg. 2 , C.

Toutes les parties de celle de Yaï., et sur-tout sa branche montante y sont plus hautes à proportion que celles de Xunau.

( Comparez les fig. i des pl. II et III. }

L’angle postérieur se porte fortement en arrière dans toutes deux, mais encore beaucoup plus dans Xaï. (Pl. Il,/', et pl. I,/, I, û5,et fig. 3,cc.)

Le condyle de Xunau est transverse , peu convexe ( pl. III , fig. 1 d ., d.) et appuie sur une facette aussi transverse, et peu concave du temporal. Celui de Xaï est plutôt un peu longitu- dinal; il est aussi plus convexe (pl. II, fig. 3 ,</,</.) ; et le mouvement latéral de sa mâchoire doit être beaucoup plus gêné.

Mais ce qui est plus particulier à ces animaux , et ce qui seul les distingueroit de tous les autres, c’est leur arcade zygomatique.

L’apophyse zygomatique du temporal ne se joint point à celle du jugal ; il reste entre deux un grand intervalle vide ; cette dernière , après avoir donné une petite pointe en arrière de l’orbite, monte obliquement, de manière à ne pouvoir rencontrer celle du temporal qui au contraire descend un peu. M. Daubenton , qui avoit observé cette conformation dans de très-jeunes sujets, soupçonnoit que la réunion pourroit se faire 5. 27

ao6 A N >■ AL ES DU MUSEUM

avec l’àge , mais elle n’a pas lieu non plus clans mon et mon unau adultes^ et ce cpii est plus extraordinaii e que tout cela , le Lord inférieur de l’apopliyse zygomatique du jugal donne une longue apophyse obliquement descendante jusepses près du Lord inférieur de la mâchoire. On ne trouve (quelque chose d’approchant que dans le kanguroo. [Y oyez la lig. i de la pl. II ei de la pl. III. J

Il n’y a point d’apophyse mastoide. La caisse du tympan , qui est assez Londjée en dehors , porte un petit creux s’articule l’os styloide.

4.° JForme et composition de la tête.

La face des paresseux est très-courte à proportion du crâne , mais ce n’est qu’une apparence fondée snr la position très- avancée de l’œil, et sur l’étendue des sinus frontaux. Quand on la scie , on voit cpie le nez se prolonge plus en arrière que l’orbite. Les Ibsses temporales sont assez larges , mais peu pro- fondes , et ne se rapprochent point sur le vertex , il n’y a par consécpient point de crête sagittale. Dansl’znzcïw , l’apophyse postorbitaire du frontal est courte et bien éloignée de rejoindre celle du jugal, cpii est encore plus courte. Dans l’czf, celle du frontal est pres([ue entièrement effacée. L’occiput est petit , coupé en demi-cercle , un peu surbaissé.

Ce qui donne à l’«ïun caractère particulier de physionomie, c’est que la partie du crâne située au-dessus des yeux est plus élevée que celle qui est en arrière : c’est le contraire dans \unau.

Les apophyses ptérygoïdes ne font dans Xunau que deux crêtes rectilignes qui vont rejoindre les rochers. Dans Xaî ^

d’ II I s T O I R E N a‘t U R E L L E.

elles forment une grande saillie arrondie. Elles sont simples dans tous deux.

Il y a deux frontaux et deux pariétaux. La suture lamLdoide fait un angle aigu en avant. La partie du frontal qui descend dans l’orbite est très-large 5 elle y touche le sphénoïde par un bord assez grand. L’os lacrymal est triangulaire et avance un peu plus sur la joue que dans l’orbite. Les naseaux et la partie des maxillaires située en avant des jugaux sont très-courts. Les incisifs sont extrêmement petits et transverses. C’est à la forme de ces trois os qu’est du le raccourcissement extrême de la face. Les trous incisifs sont dans \unau au nombre de dfiux, placés entre les canines. Dans os incisifs dispa-

roissent tout à fait , et il n’y a point de trou incisif Cette cir- constance est extrêmement remarquable 5 je ne l’ai retrouvée dans aucun quadrupède.

Le trou occipital est bien dans l’axe longitudinal de la têtej ce qui doit rendre la position verticale de l’épine, la seule dans laquelle ces animaux puissent être un peu stables , assez pénible pour eux, puisque leur bouche doit alors être tournée très en haut.

5." Os des hras et des jambes.

La tête de l’humérus est presque en demi-sphère. Les tubé- rosités en sont peu marquées; la ligne âpre est fort courte'. Le quart inférieur de l’os est singulièrement aplati et mince d’avant en arrière , assez élargi et tranchant à ses bords ; le condyle interne est saillant et assez gros. L’externe est peu marqué; l’articulati-on est en portion de poulie pour le cubitus , et en portion de sphère pour le radius. Celui-ci par conséquent exé- cute très-bien la rotation et la supination. Son tubercule est

ANNALES DU MUSEUM

208

bien marqué ; il s’élargit fort en bas pour le carpe. L’olécrane est très-court. Le cubitus arrondi s’arque en sens contraire du radius , de manière à laisser un intervalle assez lar ge-

Le fémur est large et plat d’avant en arrière dans toute sa longueur. Le col en est très-court. Le grand trochanter est plus bas que la tête; le petit tout-à-fait au bord interne de l’os; la tête inférieure a beaucoup plus de dimension de droite à gauche que d’avant en arrière.

C’est la même chose pour le tibia , qui est fort arqué en dedans vers son tiers supérieur ; vers le quart supérieur il y a une tubérosité à sa face interne. Sa partie inférieure est très- aplatie d’avant en arrière, et montre postérieurement ungra^ et profond canal , et un autre plus petit au coté interne de celui- ; tous deux servent à des tendons. Le péroné est fort arqué en dehors ;sa tête supérieure s’articule par une facette oblongue, contre le côté externe de celle du tibia; l’inférieure est un peu en massue avant de s’aiguiser en pointe pour s’articuler avec l’astragale.

Dimensions du squelette de ïaï.

Longueur du corps depuis le nez jusqu’à l’extrémité de la queue . . . 0*649

Longueur de la tète , prise du nez à l’occipital 0,088

Largeur de la tête, prise entre les deux yeux 0,0 5a

Id. prise d’un conduit auditif à l’autre 0,04

Hauteur du crâne . o,o5t

Distance d’une crête temporale à l’autre 0,02

Distance de la crête occipitale au trou du même nom 0,016

Diamètre longitudinal du trou occipital 0,0 it

Diamètre transversal du trou occipital o,oog

Diamètre du trou auditif externe o,oo'j

Hauteur de la fosse temporale . . 0,0a

Largeur id o,o>4

d’ HISTOIRE NATURELLE. TOQ

Hauteur des orbites 0)0ï

Largeur, id * o,oi3

Hauteur de l’apophyse zygomatique temporale o,oog

Hauteur de l’os jugal, prise de l’ex-trémilé de son apophyse inférieure

à celle de son apophyse zygomatique o,o36

Id. prise de l’extrémité de son apophyse inférieure à

celle de son apophyse malaire o,o3i

Hauteur du corps de l’os Jugal . . o,oii

Longueur de l’apophyse zygomatique de l’os jugal o,oi3

Hauteur id 0,006

Longueur de l’apophyse inférieure de l’os jugal . . . . 0,02

Distance d’uii angle orbitaire interne à l’autre . . 0,027

Distance des orbites aux fosses nasales 0,018

Hauteur de l’ouverture des fosses nasales 0,01 5

Largeur id 0,0 n

Espace entre les deux premières molaires de la mâchoire supérieure . 0,01 1

Id. entre les deux molaires postérieures de la mâchoire supérieure . . 0,004

Longueur du palais . . . 0,027

Distance d’une apophyse ptérygoide à l’autre 0,018

Espace compris entre les deux molaires antérieures de la mâchoire

inférieure ' 0,009

Id. entre les deux dernières molaires de la mâchoire inférieure . . . 0,006

Distance d’un condyle de la mâchoire inférieure à l’autre o,o38

Distance d’une apophyse descendante de la mâclioire inférieure à l’autre o,o34 Longueur de la mâchoire inférieure depuis la sympliyse jusqu’aux apo- physes inférieures o,o58

Hauteur de la mâchoire inférieure , prise delà base l’extrémité de

l’apophyse coronoïde o,o4

Distance de l’extrémité de l’apophyse coronoïde à celle du condyle . . 0,018

Distance du condyle à l’extrémité de l’apophyse inférieure . . . . o,o25

Largeur de la mâchoire inférieure, prise au-dessous des dernières molaires 0,0 1 8

Hauteur de la symphyse du menton . . , . 0,018

Longueiu* de l’os styloïde . 0,027

Longueur de l’os hyoïde 0,01 3

Hauteur id 0,006

Largeur id prise d’une branche à l'autre 0,01 3

Epaisseur de l’os hyoïde o,oo4

Distance de la première vertèbre cervicale à la première vertèbre

dorsale e.097

2 10

ANNALES DU MUSEUM

Distance de la première vertèbre dorsale à la. première vertèbre lom-

]>aire . .

Distance de la première vertèbre lombaire à bos sacrum o,o54

Longueur du sacrum . . o,o85

Longueur du coccyx .

Largeur de l'atlas . . o,o34.

Largeur de l'asis . . . . . 0,018

I^argeur de la dernière vertèbre cervicale 0,029

Largeur des vertèbres dorsales 0,027

Largeur de la première vertèbre lombaire o,o5i

Largeur de la dernière vertèbre lombaire o,o56

Largeur de la pi’emière vertèbre camlaie 0,04

Id. de la dernière vertèbre caudale 6,004

N. B. Ces dimensions des vertèbres en largeur sont prises de l’extrémité de cbatpie apophyse transverse.

Diamètre antéro-postérieur des vertèbres cervicales 0,022

Id ...•.* ... vertèbres dorsales 0,022

Id vertèbres lombaires 0,022

Id vertèbres coccyglemies 0,0 n

Largeur du bassin d’un angle externe de l’os des îles à l’autre . . . . o,6g5

Longueur . ... id ... . depuis la partie supérieure de la crête de

l’os des îles, jusqu’au milieu de la cavité cotyloide o,o65

Id depuis le centre de la cavité cotyloide jusqu’à la

partie inférieure de l’iscbion o,o34

Diamètre du bassin, pris du pubis au sacrum 0,092

Diamètre transversal du bassin . . o,oGi

Largeur du sacrum à sa partie supérieure o,o56

Largeur du sacrum à sa partie inférieure .— ...• ... o,o34

Grand diamètre du trou ovale . 0,029

Petit diamètre id 0,022

Largeur de l’échancrure ischiatique ... 0,018

Longueur id ... . 0,020

Sympliyse du pubis 0,007

Longueur de la première côte o,o45

Id de la 2.* 0,061

Id de la 3.® 0,081

Id de la 4*' o,o85

Id .... de la 5.® 0,08 1

21 1

d’ HISTOIRE NATURELLE.

Id de la 7.®

Id de la 8.®

Id de la 9.®

Id de la 10.®

Id de la 1 1

Id . . de la 1 2.®

Id . . de la 1 5.®

Id ... . ... de la 14.'

Id de la 1 5.®

Id . . de la 16.®

Lai'geur de la première cote sternale

Lai geur .des côtes suivantes en général

Largeur de la dernière côte vertébrale . |

Longueur du sternum ,

N. B. Les cartilages des quatre premières côtes étoient ossifiés et non distincts.

Longueur du cartilage de la 5.® côte

Id . de la 6.®

Id. de la 7.® ...

Id de la 8.®

Id de la 9.®

Id de la 10.'

Id ... de la 1 1

Id de la 12.®

II. B. A peine trouvoit-on quelque rudiment de cartilage aux côtes suivantes.

Longueur des membres antérieurs depuis le bord supérieur de l’omoplate

jusqu’à l’extrémité des ongles

Longueur de l’omoplate depuis l’angle postérieur jusqu’à l’apophyse

acromion . . . . .

Id . . . . depuis son bord postérieur jusqu’à la cavité glénoide . . . Longueur de la crête de l’omoplate, prise depuis sa naissance jusqu’à l’ex- trémité du bec coracoïde

Longueur de la cavité glénoide . . .

Largeur . . id

Longueur de l’humérus .... . .

Lai geur de l’humérus à sa partie supérieure ....... . . . .

Id à sa partie moyenne

Id . . à sa partie inférieure

0,101 0,1 lO 0,117 0,117 0,1 17 0,121 0,108 0,101

0.094

0,0 52 0,006

0,01 I

0,006

0,076

0,016 0,020 o,o56 0,04 0,002 0,0 5o o,o5i 0,016

07345

o,o85

0,043

o,o56

0,02

0,01 1

0,176

0,022

0,01 3

0,027

i'

I

■f

3 12 ANNALES DU M Ü S É U Ht

Longueur du cuhitus . . 0,171

Largeur du cubitus à l'olécrâiie , 0,01 3

Id. . . . . . à sa partie moyenne 0,009

Id. . . . . , a sa partie inférieure 0,01 1

Longueur du radius o, 1 55

Largeur du radius à sa partie supérieure 0,01 1

Id, à sa partie moyenne 0,009

Id. à sa partie inférieure 0,02

Distance de la tète du radius à sa protubérance bicipilale 0,027

Distance du radius au cubitus à leur partie moyenne . 0,0 1 6

Longueur du carpe 0,0 1 3

Largeur id. 0,02

I.ongueur du métacarpe 0,027

Largeur l'd. 0,022

Longueur des premières phalanges o,o3i

Longueur des dernières phalanges 0,072

Longueur de l’ongle interne 0,070

Longueur de l’ongle intermédiaire 0,072

liongueur de l’ongle externe 0,072

Largeur des ongles à la base 0,0 1 3

Longueur des extrémités postérieures o,356

Longueur du fémur 0,108

Largeur du fémur, prise du grand au petit trochanter 0,029

Id. prise à la partie moyenne 0,01 3

Id. prise d'un condyle inférieur à l’autre 0,027

Longueur du tibia 0,104

Largeur du tibia à sa partie supérieure , . , 0,022

Id. . . . , . à sa partie moyenne ..... 0,01 5

Id. . . . . . à sa partie inférieure 0,022

Longueur de la rotule 0,018

Largeur id. 0,011

liongueur du péroné 0,099

Largeur du péroné à sa partie supérieure 0,0 1 1

Id. ... . . . à sa partie moyenne o,ooq

Id. ...... à sa partie inférieure 0,01 3

Distance du tibia au péroné à leur partie moyenne 0,0 1 8

Longueur du calcanéum 0,04

Longueur de l’astragale 0,01 3

d’ HISTOIRE NATURELLE.

T.onC^cur du tarse o,oot>

Largeiu' id- 0.02

Longueur du métatarse 0,022

Largeur id. o,o3l

Longueur des premières phalanges 0,029

Longueur des dernières phalanges o,o63

Longueur de l’ongle interne o,o63

Longueur de l'iniermédiaire o,oGi

Longueur de l’ongle externe o58

Dimensions de quelques parties du squelette de l’unau.

Longueur de la tête , prise du nez à l’occiput 0,092

Largeur de la tété , prise entre les deux yeux o,o65

Hauteur du crâne 0,06

Distance d’une crête temporale à l’autre o,o45

Hauteur de la fosse temporale o,o56

Largeur, id o,o58

Hauteur des orbites * 0,020

Largeur ,z^. 0,0 1 6

Hauteur de l’apophyse zygomatique temporale é . 0,007

Hauteur de l’os jugal , prise de l’extrémité de son apophyse inférieure à

celle de son apophyse zygomatique * o,o3o

Id prise de l’extrémité de son apophyse inférieure à celle

de son apophyse malaire 0,042

Hauteur du corps de l’os Jugal . 0,011

Longueur de l’apophyse zygomatique de l’os jugal 0,0 1 5

Hauteur, zz/ 0,004

Longueur de l’apophyse inférieure de l’os Jugal 0,01 1

Distance d’un angle oihitaire interne à l’autre o,o35

Distance des orbites aux fosses nasales o,025

Hauteur des fosses nasales 0,016

Largeur 0,022

Espace entre les deux premières molaires de la mâchoire inférieure . . 0,018

Id Entre les deux molaires postérieures de la mâchoire su- périeure . . . 0,009

Longueur du palais o,o5o

Distance d’une apophyse ptérygoïde à l’autre 0,01 5

5.

28

2 1 4 A Ts N A L E s D U MUSEUM

Espace compi'is eiiU'c les deux molaires antérieures de la mâchoire

inférieure o,oi5

Ici . .... entre les deux dernières molaires delà mâchoire inférieure o,oi5

Distance d’un condjle de la mâchoire inférieure à raulre o,o4o

Distance d’une apophyse descendante de la mâchoire inferieure a

l’autre o,o45

I.ongueur de la mâchoire inférieure depuis la symphyse J usqu’aux apo- physes inférieures 0,082

llauleurde la mâchoire inférieure, prise de la hase à l’extrémité coronoide o,o32 Distance de l’extrémité de l’apophyse coronoide à celle du condyle . . o,oig Distance du condyle à l’extrchnilé de l’apophyse inférieure ..... o,oi5 Largeur de la mâchoire inférieure, prise en dessous des dernières mo- laires o,o5

Hauteur de la symphyse du menton . 0,026

Longueur du cubitus «... 0,1 g3

Largeur du cubitus à l’olécrâue . 0,012

Id à sa partie moyenne .’....

Ici .»...• ... inférieure 0,06

Longueur du radius 0,188

Largeur du radius à sa partie supérieure 0,012

Id . moyenne 0,01

Id inferieure 0,02

Longueur du carpe 0,011

Largeur, id . . . 0,016

Longueur du acarpe . o,o56

Largeur, id , . . 0,019

Longueur des premières phalanges. . . . 0,007

Longueur de la dernière phalange Interne 0,0.43

Id externe 0,047

Longueur de l’ongle interne 0,044

Id e erne o,o5

I.iOngueur du fémur 0,1 55

La. geur du fémur du grand au petit trochanter 0,028

Largeur à sa partie moyenne 0,014

Largeur d’uu condyle à l’autre 0^029

Longueur du tibi 0,148

Lar geur , id à sa partie supérieure ... 0,020

I d moyenne 0,009

d’ HISTOIRE NATURELLE.

Id . inférieure

0

Longueur du p<'roné

Larg'eur à sa partie supérieure

Id moyenne .

Id ....... inférieure

Longueur de la rotule

Largeur ^ id

Longueur du calcanéum

Id de l’astragale .

Longueur du tarse

Largeur , id

Longueur du métatarse

Largeur, id . .

Longueur des premières phalanges .

Longueur de la dernière phalange interne ....

Id intermédiaire .

Id externe . . .

Longueur de l’ongle interne

Id intermédiaire .

Id ej.terne. i . .

2t5

0,01 8 0,1 43

0,009 0,00 5 0,008

0,0 1 5 O, I t

0,023

0,018

0,008

0,016

o,o36

0,025

0,007

o,o38

o,o58

0,034

0,04

0,044

o,o58

/

28^

/

3i6 annalesdu muséum

PREMIER MÉMOIRE

Sur les caractères généraux de familles tirés des graines , et confirmés ou rectifiés parles observations de (S

Par a. L. DE JUSSIEU.

Lorsque la botanique , fondée sur des principes arbitraires , n’étoit que la science dénommer les plantes, et qu’elle fqrmoit des méthodes artilicielles propres à remplir ce but, il n’étoit pas besoin pour elle d’examiner scrupuleusement toutes les parties des végétaux. Long-temps elle s’est contentée d’un petit nombre de caractères suibsans pour désigner l’olqet qu’elle vou- loit reconnoitre, et toujours elle préféroit les plus extérieurs et les plus appareils, quiétoient plus faciles à saisir. Tournefort lit un grand usage de la corolle. Linnæus , instruit par les dé- couvertes de ses prédécesseurs sur l’importance des étamines et du pistil , en tira un grand parti pour multiplier le nombre des caractères. Tous deux ent des systèmes ingénieux, à l’aide desquels les plantes, distribuées suivant des ordres de con- vention, pouvoient être reconnues avec facilité. D’autres sys- tèmes, dirigés vers le mênie but , précédèrent ceux-ci ou les suivirent; mais ils furent accueillis seiuement dans le lieu ils avoient été formés , et on les négligea bientôt pour adopter celui qui rassembloit dans des classes caixiclérisées avec précision tous les végétaux connus.

d’ HISTOIRE NATURELLE. 217

Pendant quelque temps la botanique, dirigée d’après ces principes, ne fut point portée au-delà ; on se contentoit d’ajouter des plantes nouvelles. Le nombre des matériaux étoit augmenté chaque jour j ils n’étoient que préparés et mis en ordre pour qu’on pût les retrouver aisément lorsqu’on s’occuperoit de l’édifice de la vraie science , fondée sur des bases solides et immuables. On ne tarda pas à reconnoitre que cette science ne consiste pas simplement à nommer des plantes, et quelle doit s’occuper à étudier leur nature , c’est-à-dire , leur organi- sation entière. Dès-lors il ne lui fut plus permis de négliger aucun caractère et de se contenter du petit nombre de ceux qui suffisoient pour une simple désignation. Elle les étudia tous , les compara entre eux, reconnut leurs degrés d’impor- tance, en déduisit leur valeur relative, établit suivant cette valeur déterminée les affinités des plantes ; et l’étude de ces aflinités devint son objet principal. Chaque organe fut mieux examiné, soit à l’extérieur, soit à l’intérieur, et laissa aper- cevoir dans sa situation et dans sa structure des caractè ’es nouveaux plus ou moins essentiels , dont la science se servit avec avantage pour calculer les affinités.

C’est sur-tout dans le fruit et dans la graine qu’on a fait des découvertes utiles. Grew, dans le xvii.‘’ siècle, avoit déjà observé dans quelques graines un corps particulier , formé par l’épaissis- sement d’un fb.iide mucilagineux contenu dans leurs enveloppes membraneuses, et il i’avoit nommé albumen^ eu le comparant, pour la nature et pour l’usage , à la substance qui porte le meme nom dans Fœuf Cette observ ation, intéressante pour la physique végétale, n’avoit pas assez irappé les auteurs métho- distes, qui n’eu avoient tiré aucun pai ti pour leurs caractères j mais des qu’on a reconnu la nécessité d’éxaminer l’organisation.

2i8

ANNALES DU MUSÉÜM

entière des plantes pour rapproclier celles qui se resseniLloIent dans le pins grand nombre de leurs parties, la graine qui renfernie le rndinient dn végétal et tons ses organes non encore développés , a du dès-lors être mieux étudiée. Il a été facile de reconnoitre que les plantes semblables , faisant partie d’une même famille, avoient ordinairement une grande conformité dans la structure intérieure de leurs graines. M. Adanson, dans ses Familles publiées en 1763, indique souvent la présence de ce corps dans la graine, comme l’un des caractères géné- raux de quelques-unes. Avant lui , Bernard de Jussieu avoit fait les mêmes observations qui lui avoient fourni des moyens de caractériser ses familles, établies en 17% dans le jardin de Trianouj mais il n’ avoit rien publié sur ce sujet. Instruit à l’école de ce grand maître, je ne négligeai pas ce caractère, lorsqu’on 1773 je publiai un mémoire sur la famille des re- noncules, consigné dans le recueil de l’Académie des sciences. Dès cette époque , il étoit reconnu « que toutes les graines » d’une plante et tontes celles d’un genre ont l’embryon situé » de la même manière 5 que cette conformité se rencontre » même a.ssez généralement dans toutes les plantes des familles » reconnues pour très-naturelles ; que les composées ont la » graine remplie par l’embryon 5 que les ombellifères ont tou- » jours un corps dur, compact , comme corné, qui renferme » l’embryon à son sommet ; que celui des graminées est situé » contre la base d’un corps farineüx qu’il ne pénètre point 5 » que dans les renoncules il est logé dans une cavité pratiquée )) à la partie supérieure d’un corps corné qui occupe tout l’in- » térieur de la graine.» Cette structure, semblable dans plu- sieurs familles , devoit faire présumer quelle l’est également dans toutes les autres , que nulle ne peut être naturelle si la

d’ H I s T O I R E NATURELLE. 2\CJ

situation et la structure de rembryon ne sont pas unironnes dans tous ses genres, et cpie la ressGiiil)lance dans cet organe suflit souvent pour iudicpier l’aflinité des autres paiiies et opérer des rapproclieinens naturels. Ainsi l’on observoit que YaLisina et le sagiltaria , associés par Liiinæus et Adanson à la famille des renoncules , à la([uelle ils ressemblent par quel- ques signes extérieurs , s’en éloignent beaucoup , parce (pie leur embryon est monocotylédone et déj)our\u du corps corné propre à cette famille, pendant que ces mêmes caractères eu rapprochent le nigella et le cju Adanson av oit placés

dans ses cistes. ,

Bien convaincu de la nécessité d’étudier les graines et de l’avantage qui pouvoit en résulter pour la coniioissance des affinités des plantes , j’employai plusieurs mois à disséipier des graines, et après avoir consigné et tracé sur des cartes ces diverses observations, j’en lis usage pour établir en 17 74 nouvelle série de familles dans l’école du Jardin des plantes.

Lorsque je m’occupois de ce travail, Grælner avoit com- mencé le sien dès 1769 (i). Il avoit également reconnu la nécessité d’étudier les fruits et les graines, et il sembioit avoir prévu que cette étude ameneroit une révolution dans la science et pt ocureroit une meilleure distribution des plantes. Son pre- mier volume, contenant 5oo observations, parut en 17^8^ dans la meme année je commençois rinq)ression des genres de plantes disposés en familles, qui ne fut achevée ( pie f année suivante. Les caractères de ces familles présentent pres pie toujours des observations générales sur la structure et la si-

. (1) Vo}ez dans ces Annales , vel. I, p. 9.07 , la Notice trcs-iuléressante siu’ la vie el les outrages de ccl auteur célèbre , par M. Deleuze.

220

ANNALES DIT MrSÉUM tiiation de la graine, sur la présence on l’absence de ce corps que Grew noninioil , auquel Gærtner avoit conservé

le meme nom , et (jue j’ai désigné sous celui de périsperme ( c’est-à-dire entourant l’embryon ) , pour le distinguer de l’albumen des animaux. On trouve dans cette série des carac- tères de la graine quelques omissions, des résultats quebpieb)is trop généralisés et un petit nombre d’indications inexactes. Une partie de ces lacunes et de ces fautes auroit été évitée , si l’ouvrage de Gærtner eût paru plus tôt j ses observations, aux- quelles se joignent plus de 5oo autres , faites sur le meme plan, et publiées dans un second volume en 1791, auroient pu être ajoutées à celles qui font la première base de mon travail, et auroient donné lieu à quelques cliangemens dans le rapprochement des genres et la disposition des familles. Pour tirer des recherches de cet homme célèbre le parti le plus avantageux pour la science des rapports , il conviendroit de rappeler à la fin de chaque famille toutes celles qui peuvent lui appartenir, soit qu’elles confirment les caractères énoncés, soit quelles leur soient opposées; et l’on devroit insister par- ticulièrement sur celles qui peuvent offrir de nouvelles idées et les élémens de nouvelles familles. C’est ce travail qui fait aujourd’hui l’objet, d’un premier mémoire dans lequel, com- mençant par les plantes dicotylédones , je rappellerai toutes les observations de Gærtner relatives à celles qui sont apétales et placées les premières dans cette grande division.

Ces plantes avoient été distribuées dans trois classes carac- térisées par la situation respective des organes sexuels , ou , ce qui revient au meme , par l’insertion des étamines. Elles sont ou épigynes portées sur le pistil, ou hypogynes naissant de son support , ou périgynes insérées au calice.

l'ix

d’ HISTOIRE NATURELLE.

La classe des insertions épigynes dans les apétales ne ren- ferme que la famille des aristolochiées dont je n’avois pas énoncé le caractère de la graine, parce que les observations m’avoient manqué. Je m’étois contenté de les ranger parmi les dicotylé- dones , quoique mon oncle , regardant l’organisation de leurs graines comme différente , les eût placées avec doute près des fougères. Gærtner a examiné les graines de deux aristoloches et d’un asaret ; il y a vu un albumen ou périsperme cartila- gineux occupant tout leur intérieur , et à l’ombilic duquel est creusée une petite cavité remplie par un embryon si menu , qu’il n’a pu distinguer ses lobes ou cotylédons j du moins il n’en parle pas dans sa description. Il en résulte que cette obser\^tion de Gærtner ne décide point à laquelle des grandes divisions du règne végétal doit appartenir cette famille , et qu’on ne doit pas être surpris si Bernard de Jussieu a hésité sur ce point. Nous éprouverions le meme embarras , si nous n’avions pas vu germer une aristoloche qui a présenté deux cotylédons distincts. De plus, ce fait est conürmé par la remarque de M. Desfontaines , qui , après avoir prouvé que les couches con-- centriques et les prolongemens médullaires sont une forme d’organisation propre aux tiges des dicotylédones, annonce que ces couches et ces prolongemens existent dans l’aristoloche. On peut conclure, par analogie et d’après les formes extérieures, que la meme organisation se retrouve dans l’asaret ; et il est encore probable que l’hypociste , rapporté aux aristolochiées d’après le caractère de sa fleur, n’est pas conformé différem- ment: ce que l’on vérifleroit aisément dans les provinces méri-^ dionales de France, il croit naturellement sur les cistes.

A la suite de cette première classe est celle dont les étamines sont insérées au calice. Les familles qui la composent sont les 5. 29

222

ANNALES DU MUSEUM

cliaVfs OU osyridé<"s, les thymeléesou daplmoicles, les protées, les lauriers, les po'yponées et les arroclies ou atriplicées.

Les chalels, caractérisés spécialement parTovaire adliéreut, étoient subdivisés en deux sections , dont l’ime avoit cinq éta- mines ou moins , et l’autre dix. N’ayant observé de périsperme ni dLansXelœagmis dans Yosjris^ que j’avois examinés, j’en avois conclu pour la famille entière la non existence de ce corps. Mais Gærtner nous apprend que le tJiesium a un em- b’yon cylindrique à radicule longue et montante, placé dans le centre d’un périsperme charnu; et dès-lors ce genre doit être écarté de cette famille , sans qu’on puisse /indiquer celle à laquelle il conviendroit mieux. La meme conséquence aura lieu dans le nyssci ^ c[ui présente la même organisation suivant M. Richard, et différé seulement par la forme de l’endaryon, dont les lobes sont plus grands et aplatis. J’ai vu dans Yosjris et Telœagnus la radicule montante ou dirigée vers le sommet du fruit. Gærtner dit quelle est descendante ou dirigée vers le pédoncule dans" le conocarpus erecta : ce qui peut établir une petite différence entre ce genre et les deux précédons. \Jhippophae avoit été placé dans la même famille, parce qu’on lui crôyoit l’ovàire adhérent ; mais Gærtner et M. Richard assurent qu’il est libre ou supérieur , recouvert seulement par le calice qui ne* lui adhère point. Gærtner ajoute que l’enve- loppe intérieure de la graine a une lame charnue, et que la radicule de l’embryon est descendante. La situation du Iruit xeporteroit ce genre aux thymelées qui suivent, s’il n’en diffé- Toit un peu par la direction de la radicule. De ces diverses observations , il faudra peut-être conclure que cette première Tsection réunit lés élémens de » plusieurs familles.

La seconde section des-chalefs, qui renferme le tenninalia^

223

d’ H I S T O I R E naturelle’.

le hiicida et d’autres genres analogues et qui est caractérisée par le nombre de dix étamines , présente dans sa graine une conlormation singulière , remarquable dans tous ses genres. L’embryon, dénué de périsperme, a toujours les lobes minces, foliacés , et contournés en spirale autour de la radicule , qu’ils emmaillotent en quelque manière. Ce caractère, observé par Gærtner dans trois espèces de rnyrohalanus , dans son hada- mia et son catappa , espèces du genre terminalia , et dans le gjrocarpus été aussi vu depuis par moi dans le hucida et dans le fatre de Madagascar , dont je formerai un genre nou- veau sous le nom àe fatre a. Gærtner le retrouve encore dans le conocarpus racemosa ^ qui avoit été mal à propos réuni au conocarpus ^ dont il diffère d’ailleurs par ses étamines plus nombreuses et ses fleurs en épis. Ces diverses observations doivent nécessairement déterminer l’établissement d’une nou- velle famille des mirobolanées , qui sera facile à caractériser d’après le nombre des étamines et la structure de l’embryon , et à laquelle se rapporteront tous les genres de cette seconde section et ceux dans lesquels Gærtner indique la meme confor- mation. On sait maintenant l’on doit placer le gyr'ocarpus dont jusqu’à présent on n’avoit pu déterminer l’afliuité, et l’on est convaincu que le conocarpus racernosa doit former un genre distinct. Cette nouvelle famille a quelques rapports avec plusieurs myrtoides munies de dix étamines et d’une seule graine , telles que le comhretum , le cacucia , etc. ; mais ceux- ci diffèrent suflisamment par l’existence des pétales et par l’em- bryon , dont les lobes sont droits.

L’absence d’un périsperme , l’embryon droit et sa radicule montante ont été indiqués comme propres à la famille des thy- melées, conforme en ce point aux chalels, dont elle ne diffère

29^

224 ANNALES DU MUSÉUM

que par Tovaire dégagé du calice. Gærtner a vu également la radicule mo'ntanle dans le daphne^ le stellera , le dais et le pimelea un de ses genres nouveaux évidemment rapporté à cette j’amllle ; mais après avoir reconnu qu’il ii’y a point de péri- sperme dans le daphne , que la graine du stellera présente seulement une lame charnue attachée à sa membrane Interne , il annonce dans le daïseX le pimelea un périsperme très-mince. Ne peut-on pas conclure que ce périsperme n’est , dans ces der- niers genres , qu’une membrane épaisse comme dans le stel-- lera , et que le premier caractère subsiste dans son intégrité ? Le sclerantus^ et le mniarum que Gærtner nomme ditoca , ont quelques rapports extérieurs avec les tbymelées et sur-tout avec le pimelea'j mais leur embryon , que Gærtner a vu roulé en anneau autour d’un périsperme farineux, ne permet pas de les admettre dans cet ordre. Ils auroient plus de rapport avec les atriplicées, s’ils ne dévoient pas rester parmi les portulacées.

Les protées , qui manquent de périsperme comme les thy- melées, en diffèrent par la radicule de l’embryon qui est des- cendante , et ce double fait est confirmé par l’observation de Gærtner sur le Banksia et le protea argentea. M. Richard n’a point vu de périsperme dans le nipala , et je n’en ai point trouvé dans le gemina de Molina ou (piadria de Ruiz et Pavon, qui appartient certainement à cette famille.

J ’avois remarqué dans le laurus borbonia elle Ju. sassafras un embryon sans périsperme, avec une radicule montante, enfoncée entre les lobes droits et entiers. Gærtner a fait la meme observation sur les laurus nobilis , L. cassia et L. cin- namomurn , et l’on peut dès-lors , avec quelque certitude, admettre ces caractères comme généraux dans la famille des lauriers ou laurinées. Deux genres qui ay oient été placés à la

22D

b’ HISTOIRE NATURELLE.

suite à cause de quelque affinité, ont offert à cet auteur des différences frappantes. L’embryon de Yhernandia^ également nu , a la radicule montante et les lobes subdivisés irrégulière- ment en plusieurs portions charnues , entrelacées les unes dans les autres. Celui du muscadier , mjristica , observé sur quatre espèces , est très-petit , à lobes minces et épanouis , à ra- dicule descendante et en forme de tubercule , caché dans une cavité inférieure d’un grand périsperme solide ou mou , charnu ou sébacé , irrégulièrement veiné dans sa substance. On recon- noit dès-lors que , sans approfondir les autres caractères de la fructification , le muscadier devra former une famille très- distincte des laurinées, et qu’il faut aussi en séparer Yher- nandia y différent d’ailleurs par son calice faisant corps avec le fruit. Un autre genre ,1e cassjihu^ que l’on seroit tenté de rapprocher du laurier à cause de quelques caractères , s’en éloignera, parce que son embryon , vu par Gærtner, est très- petit, placé au sommet d’un périsperme mou et charnu ; les memes caractères joints aux autres tirés de la fructification , le séparent également du muscadier.

La famille des polygonées se distingue facilement des pré- cédentes par un périsperme farineux qui occupe l’intérieur de la graine. L’embryon, dont la radicule est toujours montante, est placé au centre de ce périsperme dans le coccoloha , le rheum^ le fagopjrmn 5 il est appliqué sur le côté dans le polj- gonum , le persicaria , le rumex et Xatraphaxis \ il est logé dans la substance du périsperme, mais latéralement , dans le brun- nichia^ genre nouveau. Ces observations de Gærtner confirment l’existence du périsperme farineux dans les polygonées j elles donnent un moyen de séparer le fagopyriirn que Linnæus avoit réuni au poljgonum. Cette famille est une des plus

226 ANNALES ü U M IT S É IT M

naturelles et des mieux caractérisées, soit par la structure de sa graine , soit par les autres parties de sa i’ructilication.

Les arroclies ou atriplicées qui constituent la dernière famille de cette classe, ont, comme les polygonées , un périspernie farineux autour duquel l’embryon , long et cylindrique , est roulé en forme d’anneau incomjilet, et sa radicule est descen- dante ainsi que l’extrémité des lobes. Gærtner l’a ainsi observé dans le phjtolacca y le rwinia , le hosea ,\e polycnemum , le spinacia , \eheta, le chenopodium , Xatripleæ, le blitum , le ceratocaj'pus , le salicornia^ le coryspermiim , V obione de ses ‘genres nouveaux auparavant nommé atripleæ sïbirica , V axiris caratoïdes ^ L. ou diotis de Schreber. Cet embryon, au lieu de former un anneau par un simple contour, est quel- quefois roulé en spirale sur lui-méme , dans une direction horizontale , et fait en quelque sorte disparoître le périsperme, dont il reste à peine quelques rudimens minces et membra- neux interposés entre les tours de spirale : cette structure est indiquée par Gærtner dans le salsola et Xanabasis. On trouve, selon lui , dans le basella un périsperme plus formé que dans ces deux genres , mais plus petit que dans la plupart des atriplicées. L’embryon du petiveria n’est point contourné , mais simplement plié en deux sur le périsperme mince, allongé et farineux ; sa radicule , droite et dirigée vers le bas , s’applique contre un coté de ce corps j les cotylédons élargis et minces recouvrent le coté opposé et embrassent par le bas la radicule elle-même. On retrouve ici dans beaucoup de genres une grande conformité d’organisation de la graine j quel([ues diffé- rences existent dans le salsola et Xanabasis et plus encore dans le petiveriaj mais elles ne sont peut-être pas suflisantes pour donner l’idée d’une subdivision en plusieurs familles.

\

d’ HISTOIRE NATURELLE. 227

La troisième classe des plantes dicotylédones apétales ren- ferme quatre familles, dont les étamines sont insérées sens le pistil j savoir , les amaranthacées, les piantaginées , les nicla- ginées et les plombaginées ou dentelaires.

L’embryon roulé en anneau autour d’un corps farineux qui caractérise les amaranthacées comme les atriplicées, a été revu par Gærtner dans \ amaranthiis , le celosia^ \ achjranthes , le gomphrenay le paronjchia et le queria canadensis for- mant maintenant le genre anjchia de Michaux , réuni à cette famille dans un Mémoire que renferme le II.*’ volume de ces Annales, p. i33.

J’avois vu dans le psy llium , rapporté aux piantaginées , un embryon droit à lobes courts et à radicule longue et descen-^ dante, qui m’avoitparu n’étre pas contenu dans unpérisperme , mais seulement dans des membranes un peu épaisses. Gærtner, qui a examiné la meme plante et cinq plantains, décrit le meme embryon renfermé dans le centre d’un péiisperme solide et charnu. Ce nombre d’observations doit l’emporter sur une seule, et la présence d’un périsperme devient un des caractères des piantaginées.

L’embryon des nictaginées recouvre entièrement un corps central de substance grenue ou presque farineuse. Dans le pisonia il est droit, placé d’un seul coté de ce corps qu’il em- brasse entièrement par ses lobes élargis. Dans le mirabilis ou ujctago et le hoerhaavia , il est replié supérieurement dans la jonction de la radicule et des lobes, de manière que cesix- ci , appliqués sur un coté du corps , l’embrassent presqu’entiè- rement et laissent seulement au côté opposé un interstice recouvert par la radicule descendante. Gantner a observé comme moi cette organisation , qui fait partie des caractères

15 2i8 annales du muséum.

principaux de cette famille déjà traitée avec plus de détail dans le II.® volume de ces Annales , p. 269.

- Dans les plomLaginées qui terminent cette classe, j’ai décrit une capsule monosperme recouvrant la graine en forme de coëffe , se détachant par le bas, et laissant alors apercevoir un ület ou cordon ombilical qui part du réceptacle pour aller s’insérer au sommet de la graine. L’embryon m’avoit paru droit , aplati, à radicule montante et renfermée dans le centre d’un périsperme presque farineux. Gærtner avoit aussi trouvé tous ces caractères dans le pliimbago et le statice^ avec cette différence que dans ce dernier il ligure et décrit la capsule ouverte par le haut, et le cordon ombilical partant de cette ouverture pour s’insérer au bas de la graine dont la radicule est descendante; mais comme cette observation est contraire à la mienne ainsi qu’à celle qu’il a faite lui -meme sur le plumhago analogue , il paroît évident qu’il a examiné la capsule et la graine du statice dans une situation inverse , en prenant la base pour le sommet; et le premier caractère énoncé doit subsister.

d' HISTOIRE HATURELLE.

229

ANALYSE

D’une pierre silicéo - ferrugineuse de couleur jaune

verdâtre.

Par LAUGIER.

Si ceux qui se livrent à l’étude de l’histoire naturelle et par- ticulièrement de la minéralogie n’étoient continuellement en garde contre l’apparence trompeuse des caractères superfi- ciels qu’il est permis à l’œil de saisir , l’aspect du minéral dont nous présentons l’analyse suffiroit pour motiver leur circonspection. S’il est constant qu’à l’aide de ces caractères le minéralogiste peut souvent déterminer la nature des mi- néraux, il faut convenir qu’il a grand besoin du secours de la chimie, sur-tout lorsqu’il veut prononcer d’une manière positive sur les matières qui les colorent. Cette analyse offre un exemple frappant de cette assertion.

Nous regrettons de n’avoir presque rien à dire sur la manière dont ce minéral existe. Nous tenons le peu que nous savons de son origine , de M. Godon de Saint-Mémin , qui cultive avec succès la science chimique et celle des minéraux , et qui ayant ramassé cette substance pendant un voyage en Auvergne, 5. 3o

23o r A N N A' L 'E S D U M. JT S.É.UIM. ' .

récemment entrepris, l’a remis à MM. les professeurs du Muséum d’histoire iialurelle pour en faire l’examen.

Cette pierre a été trouvée 2)rès la montagne du Cantal, dans un terrain 'non primitif j elle y est quelquefois accom^ pagnée de pechsteiii. Elle ii’y paroît pas très-abondante.

Sa forme est irrégulière; sa cassure est. conchoide et uapeu cireuse; sa couleur est d’un iauiie verdâtre particulier qui a de l’analogie avec celle d'’un oxide de bismuth. N’est-ce pas une preuve nouvelle de la variété de couleurs dont le fer est susceptible, et ime^ application naturelle de cette idée si ingénieuse de l’im de nos plus célèbres minéralogistes : «Que )) quand la nature prend le pinceau , l’oxide de fer est bien » souvent sur la palette. »

Cette pierre fait feu avec le bri(p,iet; elle se brise assez faci^ lement sous le pilon; réduite en poudre üne, elle a une couleur, jaune de serin.

E.xposée à la flamme du chalumeau, elle ne se fond pas, mais elle prend une couleur noire. Traitée avec le borax, elle se réduit en' un verre verdâtre ; fortement calcinée dans un creùset de platine, elle prend une couleur rouge de brique foncée, et dans cet état eJle a perdu sept pour cent de son poids.

Sa pesanteur spécifique est de 2,85 1.

I. Un mélange de cent parties de cette pierre et de trois cents ‘parties de potasse caustique, poussé au leu dans un creuset d’argent , éprouve une fusion parfaite ; la matière encore liquide a une couleur brutie foncée qui se change par le re- froidissement en une couleur jaune verdâtre. Soumis à une chaleur plus forte dans un creùset de platine , le meme mé- ' lange, par le refroidissement , fige en un Véritable verre très-tlur, de covdeur brune noirâtre. L’une et l’autre matière '

f

D' H I s T 0 I R E N A T Ü R E L L E. 1

digérée avec l’eau distillée , s’y dissout parfaitement et en tota- lité, eu lui communiquant une couleur jaune d’or , assez sem- blable à celle de la dissolution du cliromate de potasse: nous verrons bientôt ce que l’on doit penser de ce phénomène. L’acide muriatique, ajouté à ce liquide alcalin , n’y développe aucune autre couleur sensible; il y l’orme un précipité abon- dant et gélatineux qui s’y redissout totalement, pourvu que le mélange soit suffisamment étendu d’eau. Si l’on évapore à siccité, la masse que l’on obtient ne se dissout qu’en petite quantité , et la portion insoluble , bien lavée et calcinée , pèse 85 parties.

2. De l’ammoniaque liquide, versée dans la dissolution d’où l’on avoit séparé la matière insoluble de l’expérience précédente, y forme un précipité brun foncé qui a l’apparence d’un oxide de fer , et qui, lavé avec soin et soumis à la calcination , donne 8 parties.

3. Après avoir précipité le fer par l’ammoniaque , on a voulu voir si la dissolution contenoit d’autres substances ; mais l’oxalâte d’ammoniaque et la potasse caustique, ajoutés succes- sivement , n’y ont produit aucun précipité : d’où il faut conclure qu’il ne s’y trouvoit ni chaux , ni magnésie. En effet , l’addition des produits déjà obtenus donnoit une somme égale à la quan- tité de la pierre soumise à l’expérience.

Ainsi 100 parties de la pierre siliceuse sont formées de

Silice 85.

Oxide de fer 8.

Eau . 7*

3o^

100.

23 a ANNALES DU MUSEUM

On a cru devoir répéter celle analyse par une autre méthode que celle exposée ci-dessus : on a en conséquence fait digérer 100 parties de la pierre siliceuse avec une suffisante quantité d’acide muriatique, et on a continué l’opération jusqu’à ce . que la portion insoluble fût parfaitement incolore : ce résidu , qui présentoit tous les caractères de la silice très-pure, pesoit, après le lavage et la calcination, 84 parties; et la dissolution muriatique a fourni par l’ammoniaque 8 parties d’oxide de fer qui ne paroissoit être altéré par aucune matière étrangère. Ce résultat est le meme que le précédent , à l’exception d’un centième, différence très-légère dont nous indiquerons bientôt la cause.

Expériences faites dans la vue de s assurer si la couleur de la pierre est réellement due à é oxide de fer.

a. Les minéraux colorés par le fer n’offrent pas pour l’or- dinaire la nuance de couleur que l’on observe dans la pierre dont il s’agit ici: nous avons du ^multiplier nos recherches pour déterminer si quelque substance étrangère n’en étoit pas la véritable cause.

b. Il n’étoit pas impossible que cette couleur fût due à une petite quantité de phosphate de fer ; mais les essais que l’on a tentés n’ont nullement démontré sa présence , et l’eau de chaux n’a pas indiqué la plus légère trace d’acide phos- phorique.

c. Les 85 parties de silice obtenues dans la première ana- lyse ont offert un phénomène qui a- donné lieu de penser quelle étoit mêlée à une matière étrangère. Exposée au cha- lumeau; elle prenoit une couleur jaune; bientôt après une

d’ HISTOIRE NATURELLE. 233

partie noircissoit en éprouvant une espèce de fusion. Pour l’examiner avec plus de soin , on l’a divisée en deux portions égales : l’une a été traitée par l’acide muriaticpie cpii , après l’opération , ne s’est trouvé chargé d’aucune substance ; on a seulement perdu une demi-partie qui sans doute a été enlevée par le filtre : soumise de nouveau à la calcination , la silice a jauni comme auparavant. On a dès-lors soupçonné que ce phénomène étoit à un atome d’argent enlevé au creuset qui avoit servi au traitement de la pierre. En effet , cette silice ayant été mise en macération avec de l’ammoniaque, celle-ci , sursaturée d’acide nitrique , s’est troublée d’un léger nuage qui ne pouvoit être que du muriate d’argent. L’autre moitié de la silice , chauffée avec une dissolution de potasse caustique , s’y est dissoute en totalité ; il n’est resté que quel- ques atomes d’une matière noire qui a paru n’étre autre chose que de l’oxide d’argent. On a profité de l’expérience précé- dente pour rechercher quelle est l’attraction qui existe entre la silice et la chaux, et pour cela on a versé de l’eau de chaux dans la solution alcaline; il s’y est formé un précipité abondant sur lequel on a tenté quelques essais dont les résultats seront exposés à la fin de cette analyse.

d. Convaincu par les expériences précédentes de la pureté de la silice , on a procédé à l’examen de l’oxide de fer ; on l’a fondu avec de la potasse, mais il n’a pas changé d’état, n’a rien perdu de son poids , et le mélange n’a communiqué à l’eau aucune couleur.

- On croit devoit insister ici sur un fait qui, s’il n’est entière- ment neuf, se présente rarement dans les analyses : on veut parler de la dissolution du fer dans la potasse caustique , et de la propriété qu’il a de communiquer à celle-ci , lorsqu’elle

!>.34 ANNALES MUSEUM

est étendue d’eau , une couleur jaune assez analogue à celle du chromate de potasse. On a dit dans la première expérience (jne la masse obtenue dans le traitement de la pierre par la potasse , s’étoit entièrement dissoute dans l’eau en lui donnant une couleur jaune. Comme on ne vouloit négliger aucun moyen de s’assurer quelle étoit la substance qui coloroit la pierre , on a examiné cette dissolution avec le plus grand soin. Les réactil's propres à déceler l’existence du chrome ont été vainement mis en usage. Une portion de la dissolution, étendue d’eau et saturée par l’acide muriatique, a donné par le prussiate de potasse un précipité abondant d’un vert bleuâtre. Une autre portion de la solution alcaline fortement chauffée a laissé un dépôt vert d’oxide de fer au minimum. La plus grande partie de la meme solution a été sursaturée par l’acide nitrique , puis évaporée à siccité pour en séparer la silice. Le lavage du résidu , soumis de nouveau à l’évapora- tion et calciné , a fourni un oxide rouge très-reconnoissable pour de l’oxide de fer. Il est donc hors de doute qu’il y a des circonstances l’oxide de fer se dissout dans la potasse caustique j il paroît que cela arrive lorsqu’il est combiné à une très-grande quantité de silice, sur-tout lorsqu’il est en com- binaison très-intime , et qu’il s’y trouve à l’état d’oxide vert , au minimum. La couleur jaune communiquée à la potasse n’est pas toujours et sans exception la preuve infaillible de la présence du chrome dans les pierres j on doit pourtant con- venir que quand la solution alcaline est très-concentrée , sa couleur jaune tire manifestement au rouge , tandis que la dif- férence n’est presque pas sensible lorsqu’elle est très-étendue d’eau. s ^

f. La dissolution de l’oxide de fer dans la potasse caustique

d’iusïoire naturelle. ' -l3o

étant un f fait non encore observé dans l’analyse des pierres, sans doute parce qu’il est rare que les pierres ne contiennent .2>récisément que de la silice et de l’oxide de fer , on a senti la nécessité de le conürmer, s’il é toit possible par la synthèse: voici les moyens que l’on a employés. On a mis dans un creuset une partie de silice bien pure , et environ trois parties de potasse caustique; on a arrosé ce mélange avec une disso- lution de sulfate de fer récemment préparée, en quantité suffisante pour former une pâte : on a soumis le tout à une chaleur rouge pendant un quart d’heure. On a versé sur la masse hrune , retirée du feu et encore chaude , de l’eau dis- tillée, qui s’est colorée en jaune rougeâtre comme la solution alcaline de notre pierre, et qui après la' saturation de l’alcali par l’acide muriatique 'a donné un'pi écipité vert bleuâtre par le prussiate de fer.

g. Dans une autre expérience, on a substitué au sulfate de fer vert de l’oxide de fer rouge , et on a encore obtenu une couleur jaune rougeâtre , qui a donné tous les signes de la présence de l’oxide de fer par les réactifs , quoique à la vérité il parût s’y trouver en plus petite quantité. Ces expériences comparatives , faites avec exactitude , ne peuvent laisser de doute sur la dissolution des oxides de fer dans la potasse caustique , et cet alcali jouit , comme l’ammoniaque liquide ,, de cette propriété, qui pourtant n’est pas sensible lorsque la pierre soumise à l’action de la potasse renferme des subs- tances insoluliles dans cet alcali, comme la magnésie et la chaux ou bien d’autres oxides métalliques.

h. La perte assez considérable que notre pierre siliceuse éprouve par la calcination, a fait naître le désir de déterminer à quelle substance volatile elle doit être attribuée. On en a

236 ANNALES Dtf MTTSEÜM

donc traité trois grammes bien pulvérisés dans un appareil distillatoire convenable. On a obtenu une quantité deau qui équivaloit exactement par son poids à celui de la perte in- diquée. Cette eau étoil parfaitement pure , car elle n avoit aucune saveur , et elle ne rougissoit ni ne verdissoit les cou- leurs bleues végétales.

En résumant les faits exposés dans cette analyse , on peut en déduire les résultats suivans :

i.“ La pierre siliceuse qui fait le sujet de cette analyse contient sur cent parties :

Silice 84.

Oxide de fer 8.

Eau 7-

99-

Perte i

100.

2. ” Sa couleur jaune verdâtre particulière est entièrement due au fer , quoique cette nuance ne soit point une de celles qu’il affecte ordinairement dans les pierres.

3. ° La silice et la chaux ont de l’attraction l’une pour l’autre : cette attraction est telle qu’elles se combinent à peu près à parties égales en se précipitant , et que les acides n’en opèrent que très-difficilement la séparation.

4. “ Le fer oxidé au minimum et meme au maximum se dissout en petite quantité dans la potasse caustique lors- qu’il est accompagné de silice, et communique à la dissolution une couleur jaune rougeâtre.

d’ HISTOIRE NATURELLE.

237

SUITE DES MÉMOIRES

Sur les Fossiles des environs de Paris.

Par L AM arc K,

GENRE XLVIL Nummulite. Nummulites.

ChARACT. GEN.

Testa univalvis^flenticularis f versus marginem attenuata. Spira interna , discoïdea , multilocularis , tahulis pliiri- bus ohtecta : anfractuum pariete exteriore complicato , producto, discis centralibus utrinque adnato.

Loculi numerosissimi ^ ex septis transversis imperforatis.

Observations.

Lesnummules , que je nomme nummulites , parce que toutes les espèces connues sont dans l’état fossile ou pétriliées, sont des productions animales fort singulières , et qui ont jusqu’à présent beaucoup embarrassé les natm’alistes pour déterminer leurs véritables rapports. On leur a donné les noms de camé'- rines , de pierres lenticulaires pierre s numismale s à cause

de leur forme et de leur ressemblance avec des pièces de monnoie.

Ce sont des corps pétrifiés ou pierreux , assez réguliers ,

5 3i

238 ANNALES DU MUSEUM

lenticulaires, plus ou moins convexes ou bombés au centre de cbacpie côté selon les espèces, et insensiblement amincis vers leur bord, qui est presque circulaire.

Ces corps lenticulaires coupés transversalement dans la direction de leur plan , présentent en leur face tronquée , une spirale étroite qui commence au centre du corps, et fait autour de ce point i8 à tours sur le meme plan, qui seudilent orbiculaires , mais qui se recouvrent successivement les uns les autres. Cette spirale est divisée dans toute sa lon- gueur en une multitude considérable de petites loges formées par des cloisons transverses , imperforées , qui se prolongent un ])eu obliquement vers le centre de chaque disque , et se perdent ou s’anéantissent entre les taljles à mesure qu elles se rapprochent.

En effet la paroi extérieure de chaque tour do cette spirale est pliée en deux, et s’étend en dessus et en dessous en une table qui recouvre tous les tours intérieurs, et vient au centre en s’unissant aux tables inférieures, augmenter de chaque côté l’épaisseur des disques.

On a méconnu long-temps la nature de ces corps. Les uns les prenoient pour des jeux de la nature qui, par une force plastique, avoit la faculté de faire prendre à des portions de matière calcaire la ligure de corps organisés , d’autres les pre- noient pour des semences pétriüées , d’autres pour des oper- cilles , d’autres pour des coquilles bivalves , d’autres enfin pour tles pierres figurées.

Breyn en 1782 , et Jean Gesner en lyôS, pensèrent que les pierres lenticulaires ou numismales étoient des coquilles uni- valves très-analogues aux ammonites et Bruguière qui, dans son Dictionnaire des vers , nous donne , à l’article camérine ,

d’ HISTOIRE NATURELLE. 23()

des détails iiitéressans sur Tliistoire et la conformation de ces produel ions animales, adopta entièrement cette dernière opi- ^nion. C’est aussi celle qui nous a paru jusqu’à présent la plus vraisembla])le , et que conséquemment nous avons trouvé convenable d’embrasser.

Cependant plusieurs naturalistes pensent encore maintenant que la nummulite est, selon les uns, un zoopbite ou un véri- table j)olypier, et, selon d’autres, que c’est un os intérieur analogue à celui des sèches. Ils ne font pas attention qu’on ne trouve pas un seul exemple dans les zoopbites et dans tous les polypiers quelconques, non plus que dans la coupe Intérieure des os de sèche , d’une spirale régulière , soit uniloculaire , soit partagée en une série de loges transverses 5 tandis que c’est précisément la disposition intérieure des corps solides enchâssés avec adhérence dans la partie postérieure des cé- phalopodes à coquilles, comme les nauliles 3 les ammonites 3 les spirales 3 les planulites 3 les lenticulines 3 etc.

Enfin, la considération seule de cette dernière (lalenticu- line j qui avoisine singulièrement les nummulites, et qui ce- pendant se rapproche beaucoup des nautiles, suffit pour lever tous les doutes qui pourroient rester à cet égard.

Il ne seroit donc pas convenable d’admettre la moindre analogie i.° entre les nummulites e\, les porpites^ ceux-ci, quoi- que pareillement orbiculaires , étant des corps membraneux, sans spirale quelconque, appartenant à un genre d’animal voisin des velelles, des méduses , et conséquemment fort éloigné des mollusques par ses rapports ÿ ‘1° entre les jiummulites et les cj clolite s ^ les orhulites3 etc., ces derniers étant des poly- piers qui n’offrent ni spirale ni structure analogue à celle des corps solides que produisent les mollusques ÿ entre les

3i ^

2l\0 ANNALES DU MUSEUM

iiummulites et les os des sèches , ceux-ci étant des corps libres, sans adhérence à l’animal et sans spirale quelconque.

Bruguière, qui ne pouxoit avoir connoissance de la belle découverte que M. Pérou ÜL de l’animal de la spirille^ pensoit que celui du nautile , que celui de \ ammonite et par suite que celui de la nummulite étoient renfermés dans la dernière loge de la coquille; et dans ce cas la petitesse de cette loge, quoi- que plus grande que celle du commencement de la spirale , l’étonnoit beaucoup.

Maintenant que d’après l’animal de la spirale nous connois- sons le mode qu’emploie la nature à l’égard de ces coquilles multiloculaires, et que nous savons qu’elles sont enchâssées avec adhérence, mais plus ou moins complètement dans l’ex- trémité postérieure de l’animal , nous pouvons présumer que si dans la spirille il n’y a qu’un quart environ de la coquille à découvert ou hors de l’animal , dans le nautile les deux tiers de la coquille doivent se trouver à découvert. Or il nous paroit vraisemblable que la nummulite étoit complètement enfermée dans la partie postérieure de l’animal qui l’a for- mée, et qu’une partie de l’extrémité de cet animal étoit conte- nue et adhérente dans la dernière loge de la spirale.

Les nummulites sont des fossiles très-communs et sur-tout très-abondans dans les lieux la nature les a déposés. Aglu- linées ensemble par des dépôts de vase qui s’est durcie et pétri- fiée, elles forment souvent des amas pierreux et considérables, enfin des masses calcaires qui fournissent des matériaux pour les constructions. On en trouve en Allemagne, en Suisse, en France, en Espagne, en Angleterre et dans l’Egypte. Bru- guière les regarde comme des coquilles pélagiennes. Voici les espèces observées dans les environs de Pai'is.

d’ HISTOIRE NATURELLE.

ESPÈCES FOSSILES.

2^1

1. Nummulite lisse. éliri , n.° 47, f. 21.

Nummulites (^lœvigata) leriticularis ^ Icei’is, utrijique vix convexa. n.

Camérine lisse. Brug. n.° i. Hélicite. Guetlard. mém. tom. 3,pag. 45iîpl* f. I-IO.

L. n. Les environs de Vlllers-Cotterets. Elle est lisse , médiocrement convexe des deux côtés , et bien amincie vers ses bords. Le nombre de ses tours de spire est plus grand que celui que Bruguière assigne aux plus grandes. On en trouve de toutes grandeurs depuis celle de la largeur d’une lentille jusqu’à celle d’une de nos pièces de 1 2 sous.

Mon cabinet.

2. Nummulite globulaire.

Nummulites {^globularia ) subglobosa , lœvis , anfractibus snbduodenis. n.

Camérine globulaire. Héricaut de Tluirj.

L. n. Retlieuil. Cette nummulite est beaucoup moins lai'ge que la précédente , très-bombée des deux côtés , et a une forme tellement globuleuse qu’elle ressemble presque à un pois dans sa maturité. Les plus grands individus que j’ai observés n’avoient que dix à douze tours de spirale. Sa superficie est lisse à peu près comme dans la première espèce. Sa largeur est de 8 à 10 milli- mètres.

Mon cabinet.

5. Nummulite scabre.

Nummulites ( scabra ')lenticularis , utrinque convexa : superficie punctis ele- vatis irrregulariter sparsisis. n.

^n camerina tuberculata ? Brug. dict. n.® 3.

L. n. Les environs de Soissons. D’après le beau groupe de cette nummulite que j’ai sous les yenx et qui fait partie de la collection géologique de M. Faujas, je ne doute point que ce ne soit une espèce suffisamment distincte; car la co- quille est en général un peu plus convexe des doux côtés que la nummulite lisse; mais sa superficie n’est point unie comme celle des deux espèces ci-dessus, ou du moins elle ne l’est jamais généralement. Tantôt elle est pai’semée irrégulièrement de petits tubercules ou points élevés, tantôt elle offre vers les bords de la coquille des linéoles courtes, saillantes et en rayons et tantôt on y observe à la fois les tubercules, les linéoles et des espaces lisses. On retrouve ces mêmes tubercules sur les autres couches , comme je l’observe sur des individus dont la couche supérieure , en partie brisée et éclatée, laisse voir la couche qui est au-dessous. Ses tours de spirale / au

24'^ ANNALES pu M TT S É TT IVl

nombre Je douze à dix-huit, sont recouverts jar des couches moins serrées. Cahinct de M. Faujas et le mien.

4. Nummulite aplatie.

Ninmnulite.s ( complaiiata ) Icevis , orbicularis , latissima , undiqiie depressa : inarginihus nndnsis. n.

Camerinanummidaria. Briig. diet. n.” 4- Uélicile. Guetlard , niém. tom. 3, p. 452, pl. l3 , fig. 2 1.

L. n Je possède quelques individus de cette nummulite, qui m’ont été donnes

sans indication du lieu on les trouve. Bruguière présume que c’est aux environs de Soissons qu’elle se rencontre; au moins est-il certain qu’elle est de l’intérieur de !a France. C’est la plus grande nummulite que l’on con- noisse. Sa largeur est de 54 millimètres ( à peu près un pouce 5 lignes). Elle est orhiculaire , aplatie, à peine plus épaisse ou légèrement convexe vers le centre de chacune de ses faces. Les intervalles que ses couches laissent entre elles sur les bords de la coquille sont plus petits que dans les autres especes. Ses bords , irrégulièrement courbés et hors du plan , paroissent comme ondes. Seroit-ce une variété fort grande de la nummulite lisse ? Je crois qu’ella mérite autant que bien d’autres d’ètre distinguée.

Mau cabinet.

GENRE XLVIII.

L I T U O L E. Lituola.

ChARACT. GEN.

Testa univalvis , multilociilaris , partim in spiram con- voliita : anfractu ultîmo ad extremum recto. Loculi irregulares. Septa transvers a simplicia: ultimo multîforo.

Observations.

Les lituoles , que je nommerai lituolites , parce que je n’en çonnois que de fossiles, sont de petites coquilles multiloculaires, d’abord en spirale discoïde et à tours contigus comme dans les nautiles, mais dont ensuite le dernier tour se termine en ligne droite. Les, çloisons qui divisept, Vintérieur de la spirale et

c’ HISTOIRE NATURELLE.

243

forment les loges paroissent irrégulièrement espacées et inclinées les unes à l’égard des autres , et on voit sur la dernière trois à six petits trous dont elle est perforée. Néanmoins on n’aper- çoit aucun syplion traversant les loges. Parmi les espèces de ce genre , il y en a qui ont à peine un tour complet en spirale , et dont la forme ainsi que les loges sont irrégulières, enliii dont la dernière loge est tout-à-fait close , par suite sans doute de l’incrustation de quelque sédiment qui aura bouclié les trous de la dernière cloison.

ESPÈCES FOSSILES.

1. Lituolite nautiloïclc. J^èliii , n."47,f. i3.

LituoIiCes{^nautiloïdea^discoïdea, caudata , costulata : septo ultimo suh-

sexforo. n.

L. n. Meiidon. Dans les imtiviclus trop jeunes ou incomplets de cette espèce , on ne voit qu’une petite coquille discoide , régulière, semblable à un très- petit nautile et ayant de petites côtes obtuses et transversales , dus aux ren- flemens des loges. Quant à ceux qui sont complets, ils offrent en outre une queue courte , tronquée , qui n’est que l’extrémité du dernier tour qui s’avance en ligne droite. La dernière cloison est percée de cinq à six petits trous. Cette coquille avec sa queue n’a que 4 millimètres de grandeur.

Cabinet de M. Defrance.

2. Lituolite difforme. , n.® 47, f. T 4.

Lituolil>es(^difformis')curva ^ semi-spiralis extremitalibus obtnsis : loculo

idtimo clauso, n.

L. n. Meudon. Petite coquille courbée en spirale incomplète et partagée inté- rieurement en loges irrégulières. Elle est obtuse à ses extrémités , plus grosse a son sommet que vers sa lin, et a ga loge fermée. Sa grandeur est de 2 mil- limètres.

Cabinet de M. Defrance.

ANNALES DU MUSEUIM

GENRE

X L I X.

Spiroline. Spirolina.

Charact. gen.

Testa imwahis y multilocularis f partîm în spiram como^ luta. Anfractus cojitigui : ultimo ad extremum recto. Septa transversa .) tubo perforata.

Observations,

Les spirolines ont tant de rapports avec les spirales que j’ai balancé d’abord à les regarder comme du meme genre. Cependant considérant que dans les spirolines les tours en spi- rale sont contigus comme dans les discorbules , tandis que dans les spirules ils sont toujours séparés et laissent un vide entre eux , j’ai cru devoir les présenter comme constituant un genre particulier.

Je ne connois de spiroline que dans l’état fossile : ce sont de très-petites coquilles multiloculaires , qui commencent d’abord en faisant un ou deux tours en spirale sur le meme plan, et qui ensuite s’allongent en ligne droite, d’une quantité meme considérable, proportionnellement à la grandeur delà coquille. 11 y a des espèces qui n’ont à leur sommet qu’un commen- cement de courbure en spirale et qui dans le reste de leur longueur sont en ligne droite. On trouve meme des individus tout-à-fait droits comme dans quelques orthocères. Certaines espèces ont la spirale aplatie , et dans d’autres elle est cylin- dracéej mais dans toutes celles que je connois, les cloisons

-I

HISTOIRE NATURELLE.

forment à l’extérieur une petite saillie qui rend la spirale par- tagée transversalement par une multitude de crêtes ou de stries séparées. Le syphon qui traverse les cloisons et les loges se distingue assez bien malgré la petitesse de ces coquilles.

ESPÈCES FOSSILES.

1. Spirolinite aplatie. Vélin , n.° 22 , f. 22. '

Spirolinitesi^depressa') discoïdea , demum recta , subcarinata : striis trans- versis exiguis. n.

L. U. Grignon. Petite coquille de 2 millimètres et demi de grandeur , aplatie , un peu carénée dans son contour , et ayant l’aspect d’une très-petite ammo- nite. La fin,de son dernier tour dans plusieurs individus s’allonge en ligne droite. Les stries transverses sont fort petites , mais bien distinctes.

Cabinet de M. Defrance.

2. Spirolinite cylindracée. Vélin 22, f. 27.

Spirolinites ( cylindracea ) recta , apice tantum incurva ; apertura orbicu- lata. n.

Eadem omnino recta.y éYirx 22 , f. 27.

L. n. Grignon. La coquille de cette espèce est presque entièrement droite, et ce n’est qu’à s*on sommet qu’elle forme une petite courljure ou commence- ment de spirale. Elle ressemble à un très-petit bâton dont l’extrémité supé- rieure seroit un peu courbée en crosse. Dans une variété le tube cloisonné , au lieu d’étre cylindrique , s’agrandit un peu vers sa base comme une corne d’abondance ( fig. 24 ) ; et dans une autre variété plus remarquable encore , la coquille est tout-à-fait droite, même à son sommet. La longueur de cette coquille est de 3 à 4 millimètres.

Cabinet de M. Defrance.

5.

246

ANNALES DU MUSEUM

SECOND MÉMOIRE

Sur les caractères généraux de famille tirés des graines^ et confirmés ou rectifiés par les observations de Gœrtner.

Par a. L. DE JUSSIEU.

IJans un premier mémoire sur les travaux de Gærtner ^ ap- pliqués aux recherches de Tordre naturel dans les végétaux , j’ai rassemblé les observations éparses de cet auteur, qui se rapportoient aux genres des {’amilles dicotylédones hermaphro- dites et apétales, et j’ai cherché à en tirer parti pour confirmer ou rectifier les caractères généraux de la graine dans ces fa- milles. Le travail que je présente aujourd’hui est une suite du précédent, et présentera les memes rapprochemens pour les familles des plantes monopétales. Cette grande division des dicotylédones se subdivise elle-même en quatre classes distin- guées par l’insertion de la corolle, qui est hypogyne,ou péry- gyne, ouépigyne, accompagnée d’anthères réunies, ou épigyne avec des anthères distinctes. Ces classes seront passées suc- cessivement en revue.

Dans celle des corolles hypogynes ou attachées sous le pistil , sont réumes quinze familles qui , avec deux nouvelles, seront exa- minées dans l’ordre dans lequel elles ont été présentées en 1 789.

Je n’avois observé Tembryoïi d’aucune plante de la famille des primulacées ou lysimachies, et dans leur caractère général

d’ HISTOIRE NATURELLE.

il n’avoit été fait aucune mention de sa structure. Gærtner a examiné les graines des genres cenhmculus , anagaîlis , Ijsi- macliia, limosella , trientalis , androsace , prhiula , cortusa, dodecatheon , qui appartiennent à cette famille , et il a trouvé dans tous un embryon cylindrique et droit à radicule à peu près égale aux lobes , renfermé dans le centre d’un périsperme charnu. Ces graines sont nombreuses , portées sur un récep- tacle central et libre 5 et leur petitesse n’a peut-être pas permis à l’auteur de déterminer avec précision la direction de la radicule. Il la dit tantôt descendante, tantôt tournée du côté du centre , et tantôt du côté opposé. Ces expressions sont peut- être vagues , et le caractère de radicule dirigée vers l’ombilic ou le point d’attache de la graine seroit probablement plus exact. En l’ajoutant à ceux c[ue donnent la structure de l’em- bryon et la présence d’un périsperme, on aura un caractère général qui ne doit plus être omis dans l’énoncé de ceux de la famille. Il doit y ramener Veiiparea de Gæl'tner , qui , sem- blable par son port et sa fructification aux genres énoncés, en diffère principalement par une corolle que l’auteur dit polype- taie, et qui n’est peut-être que profondément divisée. Ce caractère est absolument le même, suivant Gærtner, dans le samolus dont il diminue l’affinité avec les portulacées , munies d’un cm- bryon appliqué sur la surface latérale d’un corps central. Quoi- que ce genre ait le calice adhérent avec la base de l’ovaire , qui ne s’observe dans aucun autre de la même classe , il reste cependant plus rapproché des primulacées que de toute autre famille, soit par le caractère de l’embryon, sort par celui de la situation des graines dans la capsule. On ne trouvé pas la même affinité dans la globulaire, qui se distingue de la famille non seulement par une graine solitaire et nue, mais encore

3:î

^48 ANNALES DU MUSEUM

par les lobes de l’embryon grands et élargis et sa radicule . courte et montante , c’est-à-dire , dirigée du coté opposé au point d’altacîie. Gærtner qui a vu cet embryon ,lui attribue un périspermC charnu , mais il n’admet en meme temps qu’une seule enveloppe membraneuse. Ne peut-on pas présumer que la membrane intérieure un peu épaissie a été prise par lui pour un périsperme, qui dcs-lors manqueroit dans ce genre? et, d’après cette explication , la globulaire auroit plus d’aÜinité avec les tiiymélées ou daplmoïdes munies d’une seule graine et d’un embryon pareil , mais différentes par l’absence de la corolle. Cette dernière considération s’oppose à un rappro- chement parfait , et la globulaire est encore un de ces genres dont la place dans l’ordre naturel est diflicile à assigner. Deux autres genres placés à la suite des primulacées ont , comme elles, une capsule à une seule loge et le réceptacle des graines, central : ce sont Yutricularîa et le pinguiciilci^xwaiis ils ont une corolle irrégulière et deux seules étamines comme la calcéo- laire rapportée auxpersonées. Gærtner, qui a examiné le pin- guicula^ y trouve un embryon semblable à celui des primu-, lacées, mais sans périsperme^ à moins, dit-il, qu’il ne soit très-petit. On peut présumer que la même organisation existe dans , d’ailleurs si voisin. La privation de cet organe

éloigner oit ces deux genres des deux familles qui en sont pourvues 5 il conviendra de réitérer l’observation pour déter- miner celte organisation , qui doit faire reconnoitre leur véri- table affinité. Le dernier des genres ramenés près des primu- lacées est un de ceux qui méritent une attention particulière et une véritable réforme : le menjanthes de Linnæus est composé de deux genres de Tournefort , menjanthes et njm~ phoïdes , dont les caractères paroissent différens , car , sans

poirier la corolle qui n’est pas la meme dans les deux, le fruit, examiné par Gærtner et s’ouvrant en deux valves, pré- sente les graines insérées sur le bord des valves dans le phoïdes et sur leur milieu dans le menjanthes : tous deux ont d’ailleurs l’embryon cylindrique placé dans le centre d’un corps charnu. Il en faut conclure que ces deux genres doivent être séparés ; qu’ils ne peuvent rester dans les primulacées , puis* qu’ils n’ont pas le réceptacle central^ que l’insertion des graines sur le bord des valves doit reporter le nymplioïdes dans les gentianées auxquelles il a déjà été réuni par MM. Adanson et Ventenat; que le menjanthes s’en éloigneroit à cause de ses graines attachées sur le milieu des valves , et auroit plus d’afli- nité avec forobancbe et ses analogues; qu’il diffère pourtant de ces derniers par sa corolle régulière et tout son port; et qu’enlin il sera plus diflicile de üxer ses rapports, à moins qu’on ne retrouve dans quelques vraies gentianées une pareille insertion des graines, déjà indiquée par M. \entenat.

Les rbinantiiées ou pédiculaires c[ui forment la famille sui- vante , renferment trois sections , dont la seconde est celle des rbinantiiées proprement dites, ainsi nommées parce que leur corolle a son limbe irrégulier en forme de mufle ou gueule , comme celle du rhinanthus ou cocréte, un des genres prin- cipaux de la série. Cette section offre dans toutes les graines un périsperme charnu ; mais si les observations de Gærtner sont vraies , ses genres présenteroient un contraste assez frap- pant ; car il dit avoir vu , dans le melampjrum , le pedicidaris , le rhinanthus^ l’embryon très-petit , placé dans une cavité du périsperme à l’extrémité la plus éloignée de l’ombilic , et ayant la radicule montante ; et dans \ euphrasia , le huchnera , Xerinus^ le manulea^ il trouve un embryon plus allongé,

2J0 ANNALES DU MUSEUM

cylindrique , logé dans le centre du périsperme et dirigeant sa radicule du côté de rombilic. Comme ces genres ont une. grande affinité par leurs autres caractères , il est difficile d’ad- niettre cette différence , et l’on est tenté de croire que rauteiir , ayant observé hors de place les graines d’ailleurs très-petites , aura pu se tromper sur la direction de la radicule dans les trois premiers genres. Cependant quelques-uns de la première section présentent, d’après lui, la meme différence , puisque l’emhryon du veronica est situé comme celui du mélampyre , et que dans le sihthorpia il est placé comme dans l’euphraise. On ne peut donc tirer de la graine, pour ces deux genres, aucun signe qui les distingue suffisamment des vraies rhinan- thées , et il faut avoir recours à d’autres parties pour déter- miner leurs rapports.

Ije poljgala^ placé dans la meme section, a un caractère beaucoup plus singulier qui n’a pas échappé au meme auteur et que M. Adanson paroît avoir vu avant lui. L’omhilic de sa graine est garni d’un petit tubercule glanduleux en forme de calice à trois lobes inégaux ^l’embryon, entouré d’un périsperme charnu , a les lohes élargis , et la radicule droite beaucoup plus petite, dirigée vers l’ombilic. Comme un tubercule presque pareil existe clans les euphorbiacées, M. Adanson oVoit rap- porté à cette famille le poljgala . qui a pareillement dans chaque loge une seule graine attachée au sommet de la cloison , et Gærtner avoit adopté cette opinion; mais ce genre n’a point l’axe central de la capsule existant dans les euphorhiacées : sa capsule ne s’ouvre point avec élasticité , et sa fleur présente de plus une organisation toute différente. Il résultera cependant de cette observation que le poljgala ne peut appartenir aux rhinanthées ; que si son tubercule est un arille , comme le dit

D H I s T O 1 R E NATURELLE. l

M. Richard dans son Dictionnaire de Botanique, p. -j, et s’il est vrai , comme il le dit encore, que les plantes monopétales n’ont jamais la graine arillée, il faudroit encore éloigner ce genre des familles dont la corolle est d’une seule pièce, et le rapprocher des polypétalées , en regardant comme un pétale unique sa corolle fendue d’un côté dans toute sa longueur. Plusieurs caractères l’éloignent des légumineuses, auxquelles Linnæus l’a associé dans son Système , à cause de ses étamines diadelphes. Il auroit plus d’affinité par son arille avec le diosma placé à la suite des rutacées , dont il diffère pourtant par sa tleur irrégulière , par l’insertion de ses étamines sur le pétale, par son fruit à deux loges ; et ce sera peut-être auprès de ce genre qu’il faudra le placer pour le moment , soit comme genre accessoire , soit comme constituant une nouvelle famille.

Dans la troisième section des rhinanthées , qui n’étoit que rapprochée de cette famille sans lui appartenir véritablement, on trouve, sur le témoignage de Gærtner, l’emhryon du /nî- thrœa dans une cavité latérale et très-petite d’un périsperme charnu qui remplit la graine. La grande affinité de ce genre avec l’orohanche fait présumer que l’embryon de celui-ci doit être organisé de même ^ et comme ces plantes se dis- tinguent d’ailleurs des rhinanthées par l’unité de loge de la cap- sule et par les réceptacles des graines appliqués sur le milieu des valves, on doit former de cette section la famille nouvelle des orobanchoides ou orohanchées , comme l’a fait M. Ven- tenat , et ne pas omettre dans son caractère général celui que présente la situation de l’embryon.

La famille des acanthes ou acanthacées, qui est très naturelle, n’offre pas dans sa graine les différences remarquées dans les précédentes. Observée par Gærtner dans l’acanthe, le harleria s

ANNALES DU MUSEUM

252

le riiellia , le justicia et le dianthera , elle ne montre point de périsperme ; les lobes sont grands et remplissent l’intérieur de la graine ; la radicule est toujours dirigée vers l’ombilic ; mais cette radicule est droite dans l’acantbe et le ruellia , un peu inclinée sur les lobes dans le barleria^^Xns longue et plus recourbée dans le justicia et le dianthera que plusieurs auteurs réunissent en un seul genre. Pour savoir quel cas on doit faire de ce prolongement et de cette courbure de la radicule dans ces derniers , il faudroit vérifier si ce caractère existe dans toutes les acantbacées à deux étamines et non dans celles qui en ont quatre. Pour le moment on se contentera d’ajouter au^ caractère de la famille un embryon sans périsperme, à .radi- cule descendante ou dirigée vers l’ombilic.

La famille des jasminées , telle qu’elle a été tracée, offre dans la régularité de sa corolle et le nombre de ses étamines, une conformité remarquable entre tous ses genres, à l’excep- tion de quelques espèces de fresnes apétales. Le fruit , capsu- laire dans les uns et charnu dans les autres, caractérise deux divisions principales, dont M. Ventenat a depuis formé deux familles; il n’est pas certain cependant que ce caractère suffise pour établir cette distinction : la graine peut offrir des différences plus frappantes. En lisant Gærtner , nous voyons soit dansl’o/e^, le phjllirea, le ligustrum dont le fruit est une baie, soit dans le Lilac et \e fraxinus ^ tous deux capsulaires , des graines attachées au sommet des loges, un embryon droit à radicule courte et montante , à lobes grands , élargis et minces , dans le centre d’un périsperme charnu. J’ai vu le meme caractère dans le cidonanthus virginie a selon Gærtner, il n’y a point de périsperme dans le cidonanthus zeylanica et le jas- jjdîinni fruticans , et je n’en ai point trouvé dans le jasminwn

d’ HISTOIRE NATURELLE. ^53

liumile J ce qui m’empéclie de révoquer en doute la dernière observation de cet auteur. On ajoutera , d’après lui , que la radicule, dirigée toujours vers le point d’attache , est montante dans le chionanthus zejlanic a , descendante dans le jasminum friiticans , dans la graine d’une plante qu’il nomme avec doute njctanthes sambac^ei qui seroit alors un mogorium ^ dans le vrai nyctanthes qu’il désigne sous le nom de parilium ^ que l’embryon de ce parilium est comme celui des jasminées, assez grand et recouvert d’un périsperme ; que celui du nyc- tanthes de Gærtner au contraire est très-petit , placé dans une cavité du périsperme près de l’ombilic. Cet auteur parle encore d’un arille qui enveloppe les graines de ce nyctanthes ; mais ne pourroit-on pas conclure des trois caractères qui lui sont assignés ici , et qui sont étrangers à la famille , que cette plante n’appartient point aux jasminées, et n’est point un nyctanthes ni un mogorium^ ni meme une plante monopétale. Quant aux contrastes résultant des graines avec ou sans pé- risperme et des radicules montantes ou descendantes, ils ont influé sur l’indécision dans l’énoncé du caractère de l’embryon des jasminées et sur la manière générale d’apprécier la valeur du périsperme. Cependant si l’on observe que cet organe , qui paroît manquer ici dans quelques graines , est suppléé quel- quefois par une lame charnue qui tapisse leur mendiraiie interne , et que la différente direction des' radicules est seu- lement une suite de la différente insertion des graines qui tiennent au sommet ou au bas des loges , ces contrastes seront moins frappans et ce dernier caractère de la graine méritera mieux une attention plus particulière. Au reste il est probable que celte famille, soumise à un nouvel examen, éprouvera quel- ques réformes , soit dans sa construction intérieure , soit dans 5. 33

254 ANNALES DU MUSEUM

ses relations avec d’autres familles et que sa corolle régulière la rapprochera de celles qui ont le meme caractère.

Nous éprouverons moins de dilïicultés dans l’examen des gattiliers ou verhenacées. Bernard de Jussieu avoit vu l’embryon sans périsperme et la radicule descendante dans le lantana et dans le verhena meæicana , L. , qui est maintenant un genre distinct diversement nommé par plusieurs auteurs. Ses ob- servations sont confirmées par celles de Gærtner, qui a encore trouvé les memes caractères dans le volkameria , \ovieda , le vite X y \epremna, le gmelina, le theka, le petrœa^ le ci- tharexylum , le duranta , le lippia americana et le s^erhena. Il a vu dans la graine de Yhehenstretia la membrane intérieure un peu charnue ; dans le calliccupa^ W admet un périsperme très-mince qui, jugé par analogie, paroît n’étre encore qu’une membrane épaissie : tous deux ont d’ailleurs la meme direction , de la radicule. On peut donc, sans établir d’exception en leur faveur, statuer pour les verbenacées un embryon droit sans périsperme et à radicule descendante : alors il faudra éloigner de cette série le selago fasciculata et le lippia ovata , s’il est vrai , comme le dit Gærtner , qu’ils ont une radicule montante et un périsperme charnu ; mais on peut douter de son obser- vation lorsqu’on voit les autres rapports de ces plantes avec la famille.

J’avois indiqué dans celle des labiées la graine conformée comme celle des verbenacées ; Gærtner a vérifié ce fait dans Xamethystea^ le zizipliora , le monarda , le sahda , le colin- sonia^X^lavandula y le phlomis y Xamoliicella y le dracocepha- lum y le de onia et le prasium.

En réunissant ces observations sur les graines des genres capraria , scoparia y steniodia , scrophularia y dodartia y

d’h istoire naturelle. 255

antirrhînum, linaria, digitalis , calceolaria , gratiola ^mimu- lus , schwalbea^ browallia ^ qui tous sont rapportés aux scro- phulaires ou personées, on trouve généralement dans cette famille un embryon petit , cylindrique , à lobes courts , à radicule allongée et dirigée vers le centre, c’est-à-dire, vers le réceptacle central sur lequel sont attachées les graines. La radicule se trouve du coté opposé dans le besleria dont le ré- ceptacle est appliqué aux parois de la capsule. Cette insertion pariétale donnera lieu à une famille nouvelle déjà pressentie par quelques botanistes. Le buddleia qui , par quelques carac- tères , s’éloigne des personées , en diffère également par les lobe5 de l’embryon aplatis , plus larges et plus grands que la radicule qui est aussi tournée vers un réceptacle central. Le meme caractère se retrouve dans le cjmbaria ; mais celui-ci sera distingué, soit du buddleia ^ soit des personées, par la cloison de la capsule , qui est opposée aux valves. Elle l’est encore dans le mimulus et le stemodia\ et ces deux genres, ainsi que ceux qui sont organisés de meme , devront peut-être se rapprocher des rbinantliées. L’examen de la capsule dans d’autres pourra donner lieu à plusieurs autres réformes , lorsqu’on considérera cette partie sous le point de vue des rapports naturels. Il faudra sur-tout reporter le poljpremum dans les rubiacées , s’il est vrai , comme Michaux et M. Richard l’affirment , que son calice soit adhérent avec le bas de l’ovaire. La structure de son embryon, renfermé dans un périsperme charnu, le rapproche également des deux familles.

Les solanées ont de l’affinité avec les précédentes , sur-tout par leurs genres capsulaires qui ont la graine organisée de meme, et ne diffèrent que par le nombre des étamines égal à celui des divisions de la corolle. Toutes ont de meme, suivant

33^

2j6 annales du M U s É U ]\t

Gærtner , un périsperme charnu et non farineux, dans lecjuel est caché l’eiuhryon, qui dirige sa radicule vers roinhilic de la graine. Il Fa vu droit et cylindrique dans le celsia et le ver- hascum^ comme il l’est dans les personées , un peu courhe dans le nicotiana , recourbé en hameçon et toujours cylindrique dans les genres lijoscjainus , datiira ^ mandragoj a , alropa , nicandra , phj salis , solanum , capsiciim , Ijcium , et dans le . nolana^ ramené nécessairement à cette famille: de sorte que les premiers genres, soit par leur capsule, soit par leur em- bryon droit, servent de transition de la famille précédente à celle-ci , pour laquelle l’embryon recourbé sera le caractère le plus général. Celui du cestrum nocturimm^ examiné par le meme auteur , et antérieurement par Bernard de Jussieu, offre 'une différence remarquable: ses lobes sont orbiculaires , élargis et minces ; sa radicule est plus étroite , plus longue, cylindrique et presque droite. Ce caractère sembleroit l’éloigner un peu des solanées , quoiqu’il ait, comme elles , un périsperme charnu; mais d’autres rapports ne permettent pas de le séparer , et il l'audra encore examiner l’embryon de ses congénères.

Dans les borraginées , il est indiqué comme privé de péri- sperme. Gærtner l’a retrouvé tel dans les genres ceruitlie^ echiurn , lithospermum , onosma , sjmphjtiim , Ijcopsis , myosotis , anchusa , horrago , cynoglossurn ; il a observé de plus dans tous une radicule montante. Ce double caractère existe encore^ selon lui , dans le cordia myxa , L. , qu’il nomme sehestena ; mais il y trouve de plus une lame très-mince qui tapisse la membrane interne de la graine, et les lobes de l’em- bryon sont très-plissés. Lorsqu’il annonce un périsperme mince entourant un enxbryon droit dans le messerschrnidia et le coldenia^ courbe dans le tournefortia ^ il paroît plus naturel

d’ HISTOIRE NATURELLE.

de croire que ce périsperme n’est qu’une lame charnue dont il a déjà trouvé des traces dans son sebesiena ; et alors le caractère général est le meme dans toute la famille, avec la seule différence de la courbure observée dans le toumefortia^ et des lobes plissés du qui établissent un rapport

avec la famille suivante. Quatre genres , d’abord réunis à celle- ci , doivent maintenant en être séparés : i.“ il est reconnu que le siphonanthus est la meme plante que Yovieda mitis ^ et appartient conséquemment aux verbenacées^ 2.° le nolana se range, malgré ses cinc£ capsules, parmi les solanées dont il a le port et le feuillage , et auxquelles il ressemJjle de plus par son embryon courbé en bameçon selon Gærtner , et placé dans un périsperme cbarnu ; 3.° celui qu’il a trouvé dans Yhjdro- phjllum est cartilagineux, remplissant la graine et contenant dans une cavité près de l’ombilic un très-petit embryon cy- lindrique dont la radicule plus longue que les lobes, est dirigée vers cet ombilic. Si ce caractère est vrai , Xhjdrophjllum ne peut rester avec les borraginées dont il diffère d’ailleurs en quelques points. Il auroit par son embryon des rapports avec la véronique et plusieurs rhinanthées ou avec le myrsine dont nous parlerons plus bas 5 cependant cette affinité ne paroit pas exister dans les autres parties de sa fructification. 4 Gærtner a vu dans son steriplia^ qui est le dichondra de Forster , un embryon absolument conforme à celui de la famille suivante, à laquelle il faut rapporter ce genre, semblable d’ailleurs par d’autres caractères.

L’embryon des vraies convolvulacées a la radicule descen- dante et les lobes élargis, repliés irrégulièrement j il est entouré d’une substance de nature particulière qui tient lieu de péris- perme et pénètre entre les lobes 5 elle est peu sensible dans la

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258

graine très-mûre, et disparoît presque en se desséchant , ce n qui m’avoit laissé des doutes sur son existence : mais si la graine est mise dans l’eau, ce périsperme se renfle , se ramollit et SC change en mucilage. Ces caractères, qui se reproduisent dans les malvacées , classées parmi les familles polypétales, ont été observés par Gærlner dans le convohiilus ^ Xipomœa , le dichondra* J’ai vu dans le cressa presque la meme structure, à l’exception des lohes de l’embryon , qui sont longs et étroits comme la radicule, et pliés contre elle sans irrégularité. D’autres genres, rapprochés de ceux-ci dans une section séparée, dif- fèrent par un embryon petit et droit dont les lobes non repliés sont égaux en longueur à la radicule. C’est ainsi que Gærtner l’a observé dans le nama jamaïcensis auquel il attribue un périsperme charnu, et dans Vhjdrolea qui, au lieu de péris- perme, n’a qu’une lame charnue sur la surface de sa membrane intérieure. Gærtner ajoute, que dans ce dernier genre, la cloison qui sépare les deux loges de la capsule est opposée aux valves et non parallèle comme dans les convolvulacées. Ayant voulu vérifier ce fait , j’ai trouvé cette cloison parallèle 5 quelquefois cependant le réceptacle , porté sur le centre des deux surfaces de la cloison , est partagé par une demi-cloison saillante qui , s’appliquant contre le milieu de la valve sans lui adhérer, semble former deux loges dans une. Uhjdrolea qui a le port de quelques convolvulacées , leur ressemble donc aussi par la structure du fruit , et il se distingue seulement par celle de l’embryon et de ses enveloppes. Le nama paroit s’éloigner davantage : les deux valves de la capsule forment chacune leur loge en se repliant à l’intérieur par leurs bords , qui s’appli- quent contre le milieu de deux réceptacles centraux ; ceux-ci üont allongés , minces et étroits en forme de lames , adossés l’un

contre l’autre , et ils présentent dans chaque loge leurs bords , auxquels sont attachées les graines menues et nombreuses. Les valves leur donnent issue en se subdivisant elles-mêmes dans leur milieu , et alors la capsule paroît avoir quatre valves. Cette conformation du fruit semble concourir avec celle de l’embryon pour éloigner le nama des convolvulacées ; mais on la laisse dans ce groupe jusqu’à ce qu’on ait examiné de nou- veau son organisation pour lui assigner sa véritable place. Gærtner a vu, comme moi, l’embryon de la cuscute long, cy- lindrique , sans apparence de lobes et roulé en spirale autour d’un corps central : son observation n’ajoute aucun détail qui puisse aider à mieux déterminer l’affinité de ce genre. Il sera fait mention , dans la famille suivante , du loeselia qui doit y être rapporté.

Les polémoniacées se distinguent par leur capsule à trois loges , dont les valves s’appliquent- contre les angles d’un ré- ceptacle triangulaire et central, non parleurs bords, comme dans les convolvulacées , mais par une cloison qu’ elles portent dans leur milieu. Elles ont de plus un embryon droit , à lobes allongés et élargis ^ à radicule plus courte et descendante , renfermé dans un périsperme charnu, comme Gærtner l’a observé dans le phloæ et le polemonium , ainsi que dans le loeselia dont le fruit, auparavant mal connu et maintenant décrit par luij, est absolument conforme à celui des deux genres précédens. Il doit donc être rangé dans la même famille 5 et s’il est vrai, comme le dit cet auteur, qu’il ait cinq étamines au lieu de quatre;, et un calice eut oui é d’é- cailies, on sera forcé de le réunir au genre hoitzia de cette famille : le soupçon de M. Desrousseaux , consigné dans l’Encyclopédie méthodique, volume lil, page dqn , seroit

ANNALÇS DU MUSEUM

260

alors confirmé. Les polémoniacées ont , par leur périsperme cliarnu , quelques rapports avec les genres cités à la suite des convolvulacées, mais elles en dilfèrent, soit par les lobes de Tembry on , élargis en Torme de feuilles comme dans les bignonées, soit par l’enveloppe de la graine composée d’une seule mem- brane dans les trois genres, examinés par Gærtner. Pourroit- on conclure de ce dernier fait que leur périsperme n’est qu’une membrane intérieure épaissie , et fortifier ainsi leur analogie avec la famille suivante ?

. J’ai indiqué la non existence du périsperme comme un des caractères des bignonées. Gærtner n’en a point trouvé dans le sesamum , le higiionia, le niartjnia et le pedalium ^ onX. les lobes élargis et la radicule petite dirigée vers l’ombilic. Cependant la graine du pedqliurn lui a paru non seulement recouverte par ses deux membranes , dont l’intérieure est un peu charnue, mais de plus enveloppée presque entièrement par deux écailles en forme d’arille , appliquées l’une et l’autre sur son dos. Cette organisation, que l’on ne retrouve pas dans les familles monopétales, mérite d’étre vérifiée par une nouvelle observation. Le chelone , qui avoit été réuni aux bignonées , , devra en être séparé s’il a le périsperme charnu annoncé par Gærtner , et si , d’après le meme auteur , les deux loges de sa capsule sont formées par la rentrée des bords des valves, qui vont s’appliquer contre le réceptacle central , comme dans une section des personées , auprès desquelles il faudroit le ramener.

La famille des gentianées a été caractérisée principalement par sa corolle régulière, par l’insertion des graines sur les bords des valves de la capsule , et par ces bords qui , plus ou moins rentrans, tantôt laissent subsister dans le fruit une seule loge , tantôt la partagent en deux. On n’ avoit pas sur la graine

d’ HISTOIRE NATURELLE. 2G1

des observations assez noinbreixses pour tirer des conséquences générales. J’avois trouvé dans celle du geutiana liilea un pé- risperme charnu au milieu duquel étoit un embryon petit , cylindrique et droit, dont la radicule, aussi longue que les lobes, étoit dirigée du coté de l’ombilic. Ce fait isolé ne m’avoit point paru suliisant^ mais Gærtuer indique la même organisation dans deux autres gentianes , dans un exacum , un chironia et un ophiorhiza^ et dès-lors ce caractère peut être généralisé pour la famille , quoique dans le swertia Gærtner décrit un très-petit embryon placé loin de l’ombilic dans une petite ca- vité du périsperme : ce qui mérite une nouvelle vérilication. Le caractère général se reproduit encore avec la corolle ré- gulière et l’insertion marginale des graines dans le menjanllies njinphoïdes , auparavant placé à la suite des primulacées , et reconnu maintenant plus voisin des gentianées. Cette plante paroît devoir être rapprochée du villarsia de Gmelin, et séparée du vrai menyanthes ou mytrifoliata^ dont les réceptacles des graines sont portés sur le milieu des valves, comme dans les orobanchées. Le lieu naturel , de ce dernier genre- est dif- ficile à assigner, parce qu’il s’éloigne des orobanchées par sa corolle régulière et tout son port , et des gentianées par le point d’attache de ses graines. Cependant, si les capsules décrites par Gærtner sous le nom de gentianes appartiennent, véritablement à ce genre quoique la surface interne de leurs valves soit cou^ verte de graines, et si l’observation reproduit ce caractère dans d’autres vraies gentianées , alors le menyanthes fera partie de la même famille , quoique différente par son port. L’observation incomplète de Gærtner sur le melasma ou nigrina , L. , fait présumer que ce genre pourra être reporté aux rhinanthées. Si l’on admet sans examen les remarques du même auteur sur

5. ' 34

ANNALES DU MUSEUM

262

les genres qui appartiennent à la famille des apocinées , on trouvera relativement au périsperme des disparates frappans. Il il’en trouve point dans trois espèces de cerhera et dans un neriiinr^ dans plusieurs autres, il en voit un qui recouvre un embryon central, à radicule ordinairement courte et dirigée vers l’om- bilic, à lobes plus grands, larges et aplatis j et ce périsperme est mince dans Y asclepiàs , le cjnanchimi y Y allamanda , plus formé dans le raiivoJfîa et Yophioæjlon. Cëlui du vinca rosea occupe tout l’intérieur de la graine , et renferme un très-petit embryon dans une cavité près de son ombilic. En meme temps Gærtner décrit une seule membrane' dans les graines munies d’un périsperme, et deux dans celles qui n’en ont point. Ne peut-on pas en conclure quelque conformité dans l’organisa- tion et une identité entre le périsperme des uns et la membrane intérieure des autres? De plus, si les deux membranes sont l’apanage ordinaire de toutes les graines, doit-on n’admettre pour périsperme que l’organe intérieur qu’elles recouvrent ' toutes deux, èf rétablir sous le nom de memlrrahe intérieure celui qui sef oit couvert d’une seule membrane ? Si cette expli- ca:tioneSt adoptée, il en resulteroit que les apocinées n’ont point- de périsperme , et que plusieurs ont seulement la membrane intérieure épaissie. C’est ainsi qu’il faudroit tracer le caractère général de la faniille en rectifiant celui quiavoit été donné. Alors i’uniforinité s'eroit rétablie entre tous les genres, à l’exception du vïnca^ dânâ^ lequel il sera .difficile de nier l’existence du périsperme a càlise de son \61n me relatif à celui de l’embryon, si l^observatibn de Gærner est vraie. Ce genre pourroit , ainsi que rhuvoïjîa qXY ophioxjlum^ servir de transition desapo- clnées vraiéS aux gènresplacés à la suite , tels que le tlieophrasta , le /trf ciiiios GtCrtnèr a vu dans la graine des deux

n* HISTOIRE naturelle. 2G3

derniers iin périsperme coi’né , grand et épais , recouvert d’une seule mem])rane , contenant dans son centre une ci^yjté assez considérable, qui est vide en grande partie et occupée seulement du côté de l’ombilic par un embryon à radicule allongée et cylindrique , à lobes élargis et veinés comme des feuilles. J’avois observé ce caractère dans les memes plantes, eu les réunissant dans un seul genre, et de plus 'dans le theophrasta qui a cependant la cavité moins grande. Il est probable que ces plantes constitueront dans la suite ^ une nouvelle famille , à laquelle la graine fournira des caractères assez tranchés.

La famille des sapotilliers ou sapotées, qui suit, est liien ca- ractérisée par sa fleur et sur-tout par son fruit. Cbaçune de.ses loges contient une graine recouverte par une coque lisse et luisante sur presque toute sa surface, excepté à son ombilic 'ordinairement fort étendu j ce qui avoit déterminé M. Veutenat la nommer , famille des bilospermes. Ce large ombilic lui est commun ûvec d’autres et sur-tout avec les sapindacées , qui mériteroient le meme nom. J’ai indiqué comme caractère gé- néral de la famille un embryon aplati , entouré d’un périsperiiic charnu. Gærtner l’a trouvé tel dans \emimusops achras ^ et il

ajoute que dans l’un et l’autre les deux membranes existent , la . ^radicule est descendante, les lobes, sont minces, élargis et . veinés comme des feuilles. J’ai observé la meme organisation dans le chrjsophjUum , et M. deBeauvois la décrit pareillement dans son omphalocarpum , genre nouveau d’Afrique, faisant par- tie de cette famille , malgré quelques irrégularités apparentes. Il r faut remarquer que dans tous ces genres les lobes, élargis autant que le périsperme , le partagent en deux dans une partie, de sg longueur et ont leurs bords appareils : de sorte que si , par avortement ou toute autre cause, l’embryon étoit supprimé,: on

34^

264 A K N A L E s DU MUSEUM

‘prenJroit pour ses lobes les deux portions du périsperme. Je crûs éviter cette erreur, en regardant comme périsperme, dans le hassia et dans le jaune d’œuf des colonies , nommé viteïlaria par M. Richard, deux grands lobes réunis par la pointe inférieure, qui ccciipoient seuls tout l’intérieur de la graine , et en supposant l’avortement de l’embryon. Cependant Gærtner reproduit le meme fait dans le hassia , et nomme embryon la partie observée. Cette exception dans une famille très-naturelle est tellement forte que l’on doit hésiter pour admettre son opinion, d’autant que dans ma collection je retrouve des graines presque conformes à celles du hassia et du jaune d’œuf qui ont des feuillets très-minces de l’embryon appliqués contrôla surface intérieure des lobes du périsperme. On peut donc , en notant ces observations , maintenir pour la famille le caractère général tiré de la présence du périsperme et de la forme de l’embryon. Gærtner admet encore un pé- risperme charnu dans le genre olax ^ placé à la suite des sapotées, et il ajoute que le fruit a plusieurs graines dans chaque loge. Ce double caractère joint à la corolle monopé- lale suffit pour le tenir éloigné du jissilia , auquel M. Lamarck , dans l’Encyclopédie méthodique, avoit voulu le réunir. Il dif- fère aussi des sapotées par la pluralité des graines dans une loge , et on doit seulement le laisser à leur suite jusqu’à ce .qu’il soit mieux connu.

Un dernier genre placé près des sapotées et observé par , Gærtner es\.\emjrsine^ qui renferme, selon lui, dans une loge .unique sur un réceptacle central cinq graines réduites à une par l’avortement des autres 5 en quoi il diffère de Linnæus , qui admettoit cinq loges monospermes. L’embryon cylindrique et lalloDgé en forme de yer ou de serpent , à lobes courts et à

d’ HISTOIRE NATURELLE. 205

radicule très-longue , est placé transversalement dans la partie d’un périsperme cliarnu qui avoisine l’ombilic. Ce meme ca- ractère se retrouve dans \ardisia de Swarts,dont Y anguillaria de Gærtner et mon hadula sont congénères , qui a, comme le mjrsine , la corolle monopétale attachée sous l’ovaire, les éta- mines placées au-devant de ses divisions et le fruit rempli par une seule graine. M. Ventenat trouvant dans cette structure de la graine un signe qui distingue beaucoup ces genres des sapotées , en a formé une famille nouvelle, sous le nom des ophio spermes , tiré de la forme de l’embryon, dont il a donné les caractères dans son ouvrage sur les plantes du jardin de M. Cels , n.° 86 , et qu’il place à la suite de la précédente. Elle termine la classe des corolles monopétales insérées au support du pistil , dont l’examen étoit l’objet de ce second Mémoire.

ANNALES D tr MUSEUM

oM

MÉMOIRE

Sur la PHYLLIDIE et sur le PLEURO-BRANCHE ,

deux nouveaux f^emies de mollusques de Tordre des gasté^ ropodes^ et voisins des patelles et des oscahrions y dont Vun est nu et dont T autre porte une coquille cachée.

Par g. eu y 1ER.

patelles et les .oscahrions diffèrent de tous les autres

»

gastéropodes testacés pai' la position et la forme de leurs branchies , et l’on ne leur connoissoit aucun analogue nu lors- que je publiai les caractères d’un nouveau genre de la mer des Indes , qui leur ressemble presque en tout , à l’exception de la coquille j je lui donnai le nom de plijllidie et comme je n’en avois qu’un seul individu mal conservé, je ne pus en faire connoître que les caractères extérieurs , que j’insérai dans le Bulletin des sciences, n.° 5i , d’où ils passèrent dans le système des animaux sans vertèbres de M. Lamarck , p. 66 ; et dans l’Histoire des vers de M. Bosc,t. I ^ p. 84.

J’ai aujourd’liui la satisfaction d’ajouter à ces notions super- ficielles la connoissance de l’organisation intérieure de la phjl-> lidie., et celle de deux autres espèces appartenant au meme genre , ainsi que d’y joindre la description d’un nouveau genre qui se rapproche singulièrement de cette petite famille, et que l’on pourroit presque nommer demi-phjllidie ÿ car il n’a

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Fi,,. .?

l'vier de/ .

Pleurol)ranchiis peroiui .

Fùj.i

I

d’ HISTOIRE NATURELLE. 2*67

(jn’à cletni ce caractère si singulier de branchies placées autour de la base du pied , sous le rebord du manteau 5 je veux dire qu’au lieu que la phjllidie en a, comme les patelles et les os- cahrions^ tout autour de son corps, ce genre-ci n’en a que d’uH côté seulement, du côté droit.

Je lui donne ^ à raison de celte circonstance qui lui est en- tièrement propre, le nom de pleuro-hranclie ^ qui signifie bran- chies d’un comme on dit pleuro-nectes pour les poissons qui nagent sur le côté.

C’est à l’infatigable M. Pérou que je dois encore et les nou- veaux individus de la plijllidie oràmadre ^ et les deux nouvelles espèces, et ce genre du pleiiro-hranche. Il a rapporté les uns et les autres de la mer des Indes: les seules pliyllidies, dont il a rapporté plusieurs individus, et qui sont de la meme espèce que j’avois décrites d’après un échantillon venu de l’ile de Bourbon , sont d’une taille beaucoup moindre que n’étoit celui- ci; ce qui m’a forcé à être plus abrégé dans leur anatomie, que dans celles de beaucoup d’autres mollusques dont j’ai parlé jus- qu’à présent. Une autre' raison m’y force également pour le pleuro-branclie , c’est que je n’en ai eu qu’un seul individu , dont l’intérieur étoit ramolli par un esprit de vin trop foible. J’omettrai cependant peu de choses essentielles , et je donnerai ' toutes celles qui peuvent être caractéristiques,

i? Description de t extérieur.

A.

Le corps de la phjllidie est un ovale allongé : le bouclier coriace qui en forme toute la partie supérieure est légère- ment bombé J et déborde le pied de toutes parts. Celui-ci est plus

aC8 ANNALES DU MUSEUM

étroit à sa partie supérieure qu’à celle par laquelle il pose sur le sol j et c’est dans ce canal ovale qui règne tout autour entre lui et le manteau, que sont les l’euillets minces , transverses et serrés les uns contre les autres, qui constituent l’organe de la respiration.

Ce cordon de feuillets branchiaux est interrompu en avant, à l’endroit de la bouclie, l’on remarque deux petits tenta- cules coniques, et au coté droit, vers le quart antérieur, pour un tubercule saillant , percé de deux trous et qui sert d’orifice aux organes de la génération. A la superficie du manteau ou du bouchier coriace , on remarque trois trous : deux pairs en avant pour recevoir les tentacules supérieurs , car la phyllidie en a quatre comme les ; le troisième en arrière est l’anus, placé par conséquent aussi comme dans les doris , mais non entouré, comme elles l’ont, par un cercle de branchies.

Tels sont les caractères génériques communs à toutes les phjllidies : les trois espèces que j’en ai vues se distinguent les unes des autres par la disposition des verrues et des luliercules ,qui s’observent à la surface du manteau. Dans la première- espèce que j’ai décrite autrefois, que M. Lamarck a nommée ensuite ph. varicosa , et que je crois devoir appeler plutôt tri- lineata , parce que le nom de varicosa ne la distingue pas assez ; dans cette espèce, dis-je ( A , fig. i et 4) ? les verrues du milieu sont allongées et forment trois lignes presque continues qui régnent tout le long du dos. Celles des bords sont ^transversales et coupent ce bord perpendiculairement de toutes parts. Toutes ces verrues sont jaunes sur un fond noir.

Dans la seconde espèce, que je nomme pliyllidia pustulosa (A, fig. 8) , les verrues sont plus arrondies qu’allongées, placées sans régularité , d’un jaune pâle sur un fond noir , et ressem- blant à des pustules de petite vérole.

iii

d’ HISTOIRE NATURELLE. 269

La troisième espèce , phjUidia ocellata ( A , fig. 7 ) , a le manteau beaucoujj plus orné j outre les petits tubercules jau- nâtres parsemés sur un fond gris, il y en a cinq plus grands que les autres , portés sur autant de petits pédicules , et entouré chacun d’un large anneau noir dont un en avant , et deux de chaque coté du corps. Il y en a de plus cinq autres aussi pédi- culés, mais sans anneau, et placés transversalement sur une seule ligne vers la partie antérieure du corps, derrière le pre- mier des tubercules entourés d’anneaux. Enfin les petits tu- bercules du milieu du dos sont unis les uns aux autres par une ligne saillante longitudinale qui s’étend depuis la ligne transversej dont je viens de parler , jusqu’à l’anus.

.

- B.

Le ( B , fig. I ) , a le corps moins allongé

que la phyllidie, et son pied est aussi large que son manteau , de manière qu’il a absolument l’air d’étre entre deux boucliers égaux , séparés l’un de l’autre par un canal qui fait tout le tour du corps.

La bôucKe est en avant, en forme de trompe un peu grosse, et recouverte par un petit voile qui se rejoint par les côtés aux bords du pied. Sur la base de ce voile sont les deux tentacides cylindriques, creux, et fendus longitudinalement à leur côté externe, forme que je n’ai encore vue dans aucun autre mol- lusque. Il n’y a que ces deux tentacules, et, à ce que j’ai pu juger par l’anatomie , l’animal doit pouvoir en faire sortir un œil.

Tous les autres organes extérieurs sont dans le côté droit du canal. Les branchies en occupent la plus grande partie. Qu’on se représente une lame longitudinale, saillante, qui porte 5. 35

1']0 ANNALES DU MUSEUM

en dessus et en dessous, des séries transversales serrées, de petits feuillets serrés eux-mémes dans chaque série , et l’on aura l’idée de cet appareil pulmonaire : en avant sont les or- ganes extérieurs de la génération , consistant en un petit trou et en deux parties saillantes , comme nous en avons déjà re- marqué dans quelques autres gastéropodes.

L’anus est en arrière des branchies : c’est un petit tube membraneux légèrement saillant.

Le manteau est épais et charnu : sa superficie est légèrement ridée en arrière. Lorsqu’on l’ouvre , on trouve au-dessous de lui , sur le péritoine , un peu en avant et vers le côté droit, une petite coquille plate, mince, ovale, oblique, blanche et composée de couches , dont les plus nouvelles sont encore comme membraneuses. Voyez B, fig. 3. C’est donc un mol- lusque de plus à coquille cachée , et une nouvelle preuve qu’on ne doit point diviser cette classe en mollusques nus et testacés, comme l’ont fait des auteurs très-récens. Il faut encore remar- quer que le bord du manteau est un peu échancré en avant en dessus des tentacules.

2.” Organes de la circulation et de la respiration.

A cet égard , la phjllidie a plus de rapports avec la tri- tonie ; et le pleuro-hranclie en a davantage avec Yaplysie , et ces rapports tiennent uniquement à la position de l’organe pulmonaire : placé également des deux côtés dans la phyllidie comme dans la tritonie il appeloit le cœur au milieu du dos; placé au côté droit dans le pleuro-hranche il attiroit le cœur de ce côté-là.

Le cœur de la phyllidie., A, fig. 5 est donc longitudinal

d’ HISTOIRE NATURELLE. I']l

au milieu du dos; il a son oreillette b derrière lui, est enve- loppé de toute part de son péricarde c , et reçoit le sang des branchies par deux veines semblables, l’une à droite et l’autre à gauche. Il n’en sort qu’une artère, e, qui se dirige d’abord en avant , et c’est par des veines situées latéralement que le sang retourne aux branchies. La ressemblance de ce système circulatoire avec celui de la tritonie est complète.

Dans le pleuro-hranche , le péricarde occupe la partie an- térieure. L’oreillette , B , fig. 4 ? ^ ? s’élargit à droite pour s’y étendre tout du long de la base des branchies. Le cœur a , dirige sa pointe vers la gauche , et il en sort trois grosses ar- tères ; l’antérieure , c , va aux parties de la bouche et de la gé- nération. La postérieure , <5? , au foie et à l’estomac ; la mitoyenne e , aux parties du pied , du moins autant que j’ai pu la suivre.

3.” Organes de la digestion.

Ceux de la phyllidie sont aussi simples que ceux de la tri- tonie ; c’est de meme un estomac unique et membraneux , et un canal intestinal court. Le pylore est près du cardia. Voyez A , bg. 6 , a. Mais dans le pleuro-branche , ils sont plus com- pliqués, et se rapprochent de ceux de Xonchidie. Un œsophage membraneux et élargi en arrière est une espèce de jabot, B, fig. 5 et 6 , «, qui reçoit dans son fond l’humeur bilieuse par une ouverture è, communique tout près delà, par un cardia assez serré , avec un estomac c , étroit , et dont les parois sont musculeuses, mais non pas très-épaisses. A sa suite en vient un autre d , dont les parois sont membraneuses et produisent intérieurement des lames saillantes et longitudinales qui rap- pellent tout-à-fait le feuillet des ruminans ; un petit sillon , e ,

35^

2^2 ANNALES DU MUSEUM

règne dans l’inlérienr du gésier, depuis une de ses ouvertures jusqu’à l’autre : peut-être est-il susceptible de se resserrer et de se dilater à la volonté de l’animal , et sert-il à une sorte de rumination.

A la suite de cette espèce de feuillet d yient une quatrième dilatation f, dont les parois sont minces et simples. Les ali- mensde ce pleuro-hrcmche coxishienl en grande partie en petits alcyons et en autres petits zoopliytes, dont quelques-uns sont pierreux 5 ils forment dans le gésier une pâte blancliâtre qui se moule en passant au travers des feuillets de l’estomac sui- vant, en longs cordons de même couleur, lesquels conservent cette forme dans le quatrième et dernier estomac.

V Le canal intestinal proprement dit est Æourt, et le foie de grandeur médiocre. Ce dernier est plus considérable dans la phjllidie.

Ces deux genres de mollusques ont , comme la plupart des autres , une boucbe enveloppée de libres charnues et formant une masse ovale , A , lîg. 6 , et B, lig. 5 , g. Une partie s’en développe au-dehors sous forme de trompe dans le pleuro- hranche. Voyez B, lig. 2 , a. Je ne sais s’il en est de même pour la phjllidie. Rien 11e sailloit dans les individus que j’ai exa- minés ; aussi ses muscles rétracteurs sont-ils beaucoup moins longs. Ils s’insèrent aux côtés de l’enveloppe charnue du corps vers le tiers de sa longueur, A , lig. 5 et 6, A, Ceux du pleuro- hranche 7 B , lîg. 5 , hh , H , s’étendent aussi loin que le corps , et vont en passant entre les divers viscères se fixer à son extré- mité postérieure.

Le pleuro-branche n’a aucune Sorte de mâchoires , mais la membrane linguale et hérissée qui se trouve sous tant de formes diverses dans les céphalopodes et les gastéropodes ^ est

d’ HISTOIRE NATURELLE. 1’']'^

ici disposée en deux plans, aux deux côtés de la liouche: ses épines sont courtes,' fines, très-nombreuses et disposées en quinconce; elles doivent pousser les alimens dans Tœsopbage , et en meme temps'' commencer un peu à les entamer.

Je n’ai 'pu ‘m’assurer entièrement de l’état de ces parties dans la phjllîdie’^ mais j’at remarqué du moins qu’il n’y a aucune niâchôWe. ' ^ j 'd ' ->

-•iLëS'glàndéS'Salivàires sont placées différemment dans les deux genres. La phjlliclie les a petites , et tout près de la bouche . A, lig. 6, i. Celles du pleuro-hranche sont plus grandes et situées entre les replis des quatre estom.ac's', B , fig. 5, f , f, i. La salive s’y rend à la bouche par deux longs conduits, A., Â', qui s’insèrent aux côtés de la naissançe dei l’œsophage.'.Outre ces glandes , j’ai trouvé un autre corps glanduleux , B, lig. 5, m, qui est sans doute l’analogue de celui que j’ai vu dans le doris^ mais dont je n’ai pu découvrir le canal excréteur ni dans un genre m dans 1 autre.

4.” Organes des s ematioris. ^

Lès deux genres ont des yeux : on les voit dans l’un et dans l’autre sur le cerveau , lorsqu’ils sont retirés en dedans ; mais ils se reportent probablement ,■ comme. dans la , limace j ] sur

quelques parties des tentacides, ,, quand l’animal y eut s’en servir. On les voit^ en o, o^, A , fig. 5, et B , fig. 4 et 5.

J Le cerveau, outre le necf^de l’œil,, en donne plus en ayant,

un de chaque côté popr^l^a bouche^ et un autre , en arrière ,

pour le ganglion sous la naissance de l’œsophage , d’où partent

les nerfs des viscères. Les autres*^, nerYs se distribuent dans les 'b' v' , 'O , r-nv . . , ; V>, , .

cotes .dejl enveloppe : cest parmi ceux du cote droit

que les parties mâlés de la génération prennent les leufs.

O

. ' . 5,“ Organes de la génération. . y

Ils étoient trop peu développés pour que j’en puisse donner une description particulière ; mais ce que j’ai pu en observer n’avoit rien de contraire aux règles générales déduites des autres gastéropodes hermaphrodites. L’issue des ceufs et celle de la verge sont voisines et placées , à ,q>eu près au meme endroit dans les deux genres.

6.'* Organes du mouvement.

in..

Ils n’ont aussi rien de particulier. !.. r

Explication des Jîgures.

A. Les Phyllidies et leurs détails.

Fig. I. Phyllidia trïlineata en dessus les fossettes

des tentacules supérieurs, h , celle de l’anus. - , ; '

Fig. 2. L’anus vu séparément grossi.

Fig. 3. Un tentacule supérieur de meme.

Fig. 4- La meme, vue par le ventre. « , , les tentacules in-

férieurs entre lesquels est la bouche 5 6, 6, ô, 6 , les branchies du côté gauche j c , l’orifice la génération.

Fig. 5. La meme. ouverte, a., le cceur y &, l’oreillette ; c, c, le péricarde ouvert; dyd.^ les veines branchiales; <?, la principale artère l’anus ; g', les tentacules . supérieurs retirés en

.* 0 ^ I

d’ H I s T O I K E NATURELLE, 2^5

dedans les muscles rétr acteurs de la bouche ; i , les glandes

salivaires ;< O, le cerveau j ^ , partie de Testomac; ,'»u i

Fig. 6. La meme dont on a enlevé le 'cœur et le cerveau. l’estomac 5 b , l’œsophage ; c , le canal intestinal 5 S ^ l’anus 5 ,

les tentacules supérieurs ; les organes mâles de la génération;

la masse de la bouche; /î, /t, ses deux muscles rétracteurs; i, les glandes salivaires ; la verge; m , m, l’ovaire ; 7i', n , le •foie, '•

Phjllidia ocellata. > > ^ *1 . î

Fig. 8. Phjllidia pustulosa. .

»

B. Le Pleuro-branche et ses détails. .

i ; ( ' \ I ;

Fig. I. ILe pïeuro-branchus Peronii le dos. l’endroit

occupé par la corpiille ; h , l’échancrure antérieure du manteau au-dessus des tentacules ; u , c , les tentacules ; c/ , le bout anté- rieur de la trompe ; e , e , le bord du pied débordant un peu ceux du manteau.

Fig. 2. Le meme, vu par le coté droit, a, la trompe le petit voile qui s’étend dessus; c, c, les deux tentacules; r/, la verge ; e , un autre appendice placé dessous ; /*, l’issue de l’ovi- ductus ; , les branchies ; h , l’anus ; 7, 7, rebords du man-

teau saillant tout autour; A:, ceux du pied, saillans de meme.

Fig. 3 , La coquille du pleuro-branche représentée sépa- rément.

Fig. 4- Le pleuro-branche ouvert. «, le cœur; son oreillette; U, d^ e, ses principales artères ; le foie ; le jabot; , /7 , /7, le troisième et le quatrième estomac ; i , l’ovaire, k , le canal intestinal ; m , corps glanduleux dont les fonctions sont inconnues ; o , le cerveau et les yeux ] p^p^ les tentacules ;

ANNALES DU MUSEUM

27G

q ^ <7, le voile qui recouvre la trompe 5 r, la trompe; s \ partie antérieure du leLord des pieds; sa partie ppstérieure. ç Fig. 5. Le nréme, les intestins développés.' ex , ' Imsopliage; d sa dilatation en un jabot; c, le gésier; c?, le feuillet ou troisième ^estomac ; e , le quatrième' estomac;/', le foie'; la masse 1 charnue de la bouche; h\h^ ses muscles' rétracteurs;

«,’d^s glandes salivaires ; A , leurs conduits excréteurs ; /, les parties mâles de la génération ; m, corps glanduleux im connu; /Z, w, les tentacules ; o’, o’, les'deux moitiés du' cerveau écartées sur les cotés et les nerfs qui en partent l’ovaire ; /7, 7, l’intestin; r, l’anus.

Fig. 6. Les estomacs, le Jabot; l’entrée de la bile le gésier; r/,le feuillet; e, le sillon qui tnèue du jabot dans le feuillet; /*, le quatrième estomac. > ' )! .■ V

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fossile

SARIGUE

( u vwr

d’ HISTOIRE naturelle.

277

MÉMOIRE

Sur le squelette presque entier d’un petit quadrupède du genre des Sarigues , trouvé dans la pierre à plâtre des environs de Paris.

Par g. eu VIER.

Oest sans doute une chose bien admirable que cette riche collection de débris et de squelettes d’animaux d’un ancien monde , rassemblée par la nature dans les carrières qui en- tourent notre ville , et comme réservée par elle pour les re- cherches et l’instruction de l’âge présent; chaque jour en découvre quelque nouveau débris; chaque jour vient ajouter à notre étonnement en nous démontrant de plus en plus que rien de ce qui peuploit alors le sol de cette partie du globe , n’a été conservé sur notre sol actuel, et ces preuves se mul- tiplieront sans doute à mesure qu’on y mettra plus d’intérêt et qu’on y donnera plus d’attention ; il n’est presque pas un bloc de gypse dans certaines couches qui ne recèle des os : combien de millions de ces os n’ont-ils pas déjà été détruits , depuis qu’on exploite les carrières et que l’on emploie le gypse pour les bâtimens ! Combien n’en détruit-ort pas meme à pré- sent par simple négligence, et combien n’échappent pas encore par leur petitesse à l’œil des ouvriers meme les plus attentifs à les recueillir I On peut en juger par le morceau que je vais décrire. Leslinéamens qui s’y trouvent imprimés sont si légers j

5. 3G

2;8 ANNALES DU M U S É U M

qu’il faut y regarder de ])len près pour les saisir: et cepen- dant, que ces liiiéaineus sont précieux ! Ils sont l’empreinte d’uii animal dont nous ne retrouvons pas d’autre trace, d’un animal qui, enseveli peut-être depuis des milliers de siècles, reparoit aujourd’hui pour la première fois sous les yeux des naturalistes. Ce morceau consiste en deux pierres qui se recouvrent, lig. i et 4 7 Gt entre lesquelles ce squelette s’est pour ainsi dire par- tagé. La première est plus grande et plus entière que l’autre. La tête, le cou, l’épine du dos, le hassin, les cotes, l’omoplate, le hras , l’avant-hras, la cuisse et la jambe , y sont très-recon- noissables : on y voit des traces de queue et de pied de der- rière J une partie des os est conservée en entier j une autre est comme fendue : et les moitiés d’os qui manquent sont restées attachées à la seconde pierre; quelques-uns n’ont laissé sur la première qu’une empreinte seulement , et sont restés en entier sur la seconde.

Celle-ci, lig. 4^ ^ cassée de manière qu’une partie de l’empreinte quelle portoit s’est perdue: la tête y manque en- tièrement, et elle ne montre pas autant du pied et delà queue que la première pierre. L’animal a été saisi à peu près dans sa position naturelle : seulement son cou paroît avoir été for- tement tordu, de manière que sur la première pierre la tête se présente par le coté gauche , mais que les cotes et le pied de devant sont ceux du côté droit. Le train de derrière est posé sur sa partie dorsale , de manière à montrer également ses deux côtés , et sa partie antérieure est dans la seconde pierre qui paroit avoir été par conséquent située sous la première. L’extrémité de derrière , droite, a le pied étendu sur la jambe; celle du côté gauche manque tout entier dans la première pierre ; mais on trouve les deux cuisses et les deux jambes sur

d’ H î s T 0 I R E îf A T U R E L L E.

la seconde. Il ne reste rien du pied de devant à compter du poignet. L’extrémité de devant gauche maurpie entièrement dans les deux pierres. Ce coté gauche de la mâchoire inférieure avoit laissé une empreinte fort distincte et quelques fragmens de sa partie antérieure. On ne distinguoit presque rien de la mâchoire supérieure; mais en creusant dans la pierre , je re- trouvai la partie postérieure delà mâchoire inférieure du côté droit, presque entière , fig. 2 ; une dent canine de la mâchoire d’en haut du meme côté , et ses quatre molaires postérieures , fig. 3. Examinant ensuite plus particulièrement le hout anté- rieur de mâchoire resté au côté gauche, j’y vis aussi des restes d’une canine , et j’eus une grande partie des caractères que les dents peuvent fournir.

L’empreinte de mâchoire inférieure , fig. i , ô , c , m’indi- quoit déjà à elle seule que cet animal devoit avoir appartenu à l’ordre des carnassiers. C’est ce que prouvent ,

1. ® L’élévation de l’apophyse coronoïde <2, au-dessus du con- dyle h ;

2. ® La saillie aiguë c , que forme l’angle postérieur de la mâchoire.

Ce dernier caractère est sur-tout exclusif; on ne le trouve qtie très-imparfaitement rappelé dans quelques rongeurs et dans le paresseux : je reconnus aussi dès-lors que cet animal étoit précisément l’espèce à laquelle a appartenu la mâchoire inférieure fossile , décrite et représentée par M. Delamétherie dans le Journal de Physique pour brumaire an

M. Delamétherie a pensé qu’elle provenoit d’une chauve- souris, et elle a en effet quelques rapports avec celles de ce genre; mais le reste du corps trouvé ici avec la mâchoire suffit déjà pour prouver que cette supposition n’est pas juste,

36

ANNALES DU MUSEUM

280

et f[u’il s’agit d’un quadrupède ordinaire et non d’un che’i- roptère.

Mais encore y a-t-i'l de l’embarras pour clioisir le genre précis auquel il faut le rapporter : n’ayant point les pieds complets dans ce squelette, nous n’avons pour nous décider cpie les formes des dents et des mâchoires, ainsi que la gran- deur et les proportions du corps.

La forme de la branche montante de la mâchoire inférieure est ce que nous avons de plus entier , et ce qui peut le mieux nous guider.

Le morceau de M. Delamétherie nous en donnant quelques traits qui manquent à noire squelette, j’en ai copié le dessin , fig. 8.

Les caractères particuliers de cette branche montante sont :

i.° l’élévation du condyle fort au-dessus de la ligne hori- zontale sur laquelle sont les dents.

2. ” La hauteur et la largeur de l’apophyse coronoide a.

3. " L’apophyse aiguë de l’angle postérieur c.

Le premier de ces caractères exclut d’abord tous les vrais carnassiers à dents tranchantes ; chiens , chats , blaireaux , mangoustes , martes, etc., qui ont tous le condyle peu élevé, et à peu près à la hauteur de la ligne des dents. Notre animal est sur-le-champ reporté aux petits planti garde s ^chéiroptères ou pédimanes ^ en général aux insectivores'^ et nous allons voir que ses dents conlirment ce résultat. Les les musaraignes taupes^ les sarigues une partie des soinis ont le condyle ainsi placé.

Le second caractère;, la largeur de l’apophyse coronoide, appartient plus spécialement aux didelphes. Les taupes l’ont plus lai'ge encore , mais elle y est autrement dirigée , et toute la

d’ H I s T O I R E N A T U R E L, E E. 3t8 £

branche montante y est heancoiip plus basse. Le sarigue marmose a presque les memes proportions que notre animal pour la largeur , mais la lianleur y est un peu moindre. A ce dernier égard , c’est au hérisson qu’il ressemble le plus.

C’est aussi de lui qu’il me paroissoit se rapprocher par le troisième caractère, celui de l’angle postérieur, tant que je n’ayois pour en juger que l’empreinte représentée, lig. i. Celui des sarigues a quelque chose de tout particulier. Il se ploie en dedans avec tout le bord iiirérieiir de celle partie de la mâchoire , de manière qu’il faut regarder en dessous pour le bien voir. Ici , l’empreiiite n’offroît aucune trace de ce repli, soit parce que cette partie de l’os a voit été écrasée ou aplatie par la pierre qui s’étoit formée dessus, soit pour toute autre causer mais lorsque j’eus creusé jusqu’au côté tlroit de la mâchoire qui étoit enfoncé dans le plâtre, et que je représente, hg. 2, euu, j’y trouvai précisément ce pli qui caractérise la famille des pédimanes, et je l’ai conservé avec soin, meme eu creusant pour chercher les molaires supérieures, je l’ai conservé , dis-je, tel que je l’ai dessiné, fig. 3 , c.

L’examen particulier des dents conlirma ce que la forme des mâchoires m’apprenoit : je leur trouvai avec les caractères gé- néraux de dents d’insectivores , des caractères absolument propres aux pédimanes et sur-tout aux sarigues.

Elles sont dents d’insectivores , parce qu’ elles sont hérissées de tubercules aigus , et non tranchantes , ni à couronne plate.

Mais voici leurs caractères propres : celles d’en haut que l’on voit en position , fig. 3 , et dont une est représentée grossie à la loupe , lig. 7 , ont une couronne triangulaire : la base du triangle est le bord externe , la pointe est au bord interne. Il y a trois petites pointes en forme de crochets ou de pyramide»

^82 Annales du muséum

triangulaires : l’ime est à la pointe interne du triangle , les deux autres vers le milieu de la dent, Tune derrière l’autre; en dehors de celle-ci est un bord lisse , un peu en forme de croissant, qui constitue le bord extérieur de la couronne.

Si nous les comparons maintenant à celles des espèces voi- sines , nous trouvons que les molaires supérieures du hérisson sont carrées, et à quatre pointes placées aux quatre angles; que celles du tanrec sont triangulaires et aiguës, avec trois pointes dont deux au bord externe; que celles de la taupe sont trian- gulaires , mais très-obliques , et ont sept pointes ; celles des chaiwe s-souris se rapprochent un peu plus : elles sont trian- gulaires et peu obliques; mais elles ont sept pointes comme celles de la taupe. C’est absolument à celles des sarigues qu’il faut en venir pour trouver une ressemblance réelle ; elles sont triangulaires : elles ont les memes trois pointes placées sembla- blement; et le bord extérieur est divisé en trois dentelures qui, en s’usant, peuvent produire une ligne lisse, pareille à celles de nos dents fossiles.

La dernière molaire supérieure des sarigues est aussi par- faitement semblal^le et coupée obliquement à son bord externe comme celle que nous offre notre fossile, en fi?, fig. 3.

Le nombre de ces dents triangulaires dans les sarigues est de quatre , et notre fossile nous en offre aussi quatre ; mais il y en a en avant dans les sarigues trois tranchantes , et nous ne pouvons savoir si elles existoient dans notre animal , puisqu’il n’est rien resté entre la première molaire triangulaire et la canine f.

C’est aux sarigues seulement que se restreint cette analogie des dents machelières supérieures. Les autres pédimanes les ont déjà différemment faites ; dans les péramèles elles sont très-obtuses à leur coté interne ; les plialangers et les pétau-

d’ JI I s T O I R E N A T U R E L E E. Ii8>l

j'istes ies ont carrées avec quatre ou cinq pointes principales, et dans ies kanguroos les phascoiGuies elles ont des collines transverses qui s’usent par la mastication, et forment des couronnes plates.

Les seuls dasjiires ou sarigues à queue velue et non pre- nante de la Nouvelle-Hollande ont , pour ies dents, avec notre animal, mie analogie égaie à celle des sarigues ordinaires d’Amérique.

Les mâchoires inférieures ressemhlent encore à celle des sa- rigues. Leur ressemblance est telle qu’il n’y a pas moyen d’y indi- quer d’autre différence que celle de la grandeur j j’ai montré la fig. 6 que j’avois faite à la loupe , avant d’avoir .reconnu ces rapports de mon animal avec les sarigues , je l’ai montrée , dis-je, à plusieurs personnes, à coté de correspondante du grand sarigue de Virginie. Ces personnes ont cru que c’étoit cette dernière que j’avois voulu dessiner. C’est la pénultième du côté droit lig. 2; elle se distingue de l’an té-pénultième , parce que la petite pointe de derrière « , fig. b, y est plus sensible 5 mais l’ime et l’autre a six pointes , une impaire en avant b , et quatre disposées par paires c.^d^e^f.^ dont la première paire est plus élevée que la seconde, et la pointe ex- terne de cette paire c, plus que l’interne d\ et c’est absolu- ment la meme chose dans les sarigues.

La dernière molaire A, fig. 2, et représentée à part, fig. 9, n’a que quatre pointes dont la dernière est plus large et plus basse que les autres ; et le .sarigue lui ressemble encore par- faitement en cela.

Mais sous tous ces rapports , il y a si peu de différence entre ies sarigues et les dasjures , qu’un naturaliste réservé se voit hors d’état de prononcer entre ces deux genres.

284 ANNALES DU MUSEUM

J’ai eu un peu plus de renseignemens sur les molaires antérieures d’en bas que sur celle d’en haut. La première de toutes étolt restée du coté gauche , fig. 5, elle étoit tran- chante, obliquement tricuspide. Sous ces deux rapports, elle ressembloit à l’analogue des sarigues en général ; mais elle étoit très-près de la canine dont la racine éloit restée dans ce frag- ment de mâchoire: et à cet égard il n’y avoit que le sarigue- mamose à qui notre animal ressemblât. Dans les autres es- pèces, l’intervalle de ces dents est plus grand. Les dasyures les ont à peu près autant rapprochées à proportion que la mannose et que notre animal.

Ce fragment de canine inférieure h , fig. 5 , avec l’empreinte de sa partie enlevée , et la canine supérieure entière /, fig. 2 et 3 , nous apprennent en meme temps une nouvelle analogie qui lui est commune avec la partie des animaux à bourse qui est absolument insectivore , les sarigues , dasyures et péra- mêles ^ et qui le sépare des genres de cette famille plus gé- néralement herbivores , les phalangers y pétauristes , kan- guroos et phascolomes.

Pour se décider entièrement entre les sarigues et les dasyures^ d’après la seule considération des dents , il faudroit connoître le nombre des incisives , seule partie des mâchoires par laquelle ces deux genres diffèrent , les premiers en ayant dix en haut et huit en bas. Ce morceau fossile est incomplet à cet égard , et nous laisseroit l’indécision si quelqu’autre partie du corps ne venolt suppléer aux dents. Quant à tous les autres genres, ils présentent déjà dans leurs dents des différences suffisantes pour ne point admettre notre animal.

J’avois terminé ce travail sur les dents de mon fossile , et Reconnu leur parfaite analogie avec celle des sarigues et des

d’ HISTOIRE NATURELLE. 285

dasyures^ avant de m’ëtre aucunement occupé du reste du squelette; mais j’aurois'pu tout prévoir d’après ce seul indice. Nombre des parties , formes , proportions , tout ce que la su- perlicie de la pierre nous offroit, se trouva entièrement ré- pondre au premier aspect , à ce que l’on observe dans la plu- part des pédimanes.

Ainsi il se trouva treize côtes de chaque côté , et treize ver- tèbres dorsales ; six vertèbres lombaires fort longues et tenant plus de place à elles six que les treize dorsales ; les vertèbres sacrées et celles du commencement de la queue montrèrent des apophyses transverses très-larges ; les coupes des os inno- minés se trouvèrent parallèles à l’épine; le radius et le cubitus furent bien distincts, et pouvant se mouvoir aisément l’un sur l’autre. Le péroné parut écarté du tibia , ayant une tête mince et élargie ; le triangle de l’omoplate fut à peu près le meme ; en un mot, rien de ce que nos deux pierres purent nous montrer de ce squelette n’offrit de différence importante avec celui d’un sarigue, et particulièrement avec celui de la marmose qui étant à peu près de la grandeur du fossile, lui fut scrupuleusement comparé.

Les animaux à bourse se distinguent , comme on sait , de tous les autres quadrupèdes, par deux os longs 'et plats qui s’articulent au bord antérieur du pubis, et servent à soutenir les bords de la bourse ces animaux portent) si long-temps leurs petits, et qui remplit l’emploi si extraordinaire d’une seconde matrice. . . ^ i t

Il falloit trouver ces os dans ce squelette fossile , sous peine de laisser ma démonstration incomplète pour les^personnes peu habituées aux lois et aux rapports zoologiques, r. ' ^

- Je remarquai que , lors de la séparation de la pierre en deux

5. ' . 37 ^ V.0

28G annales du muséum

parties , portant chacune Tempreinte presque complète de ranimai , l’épine du dos s’étoit fendue longitudinalement; que sa face dorsale étoit restée sur la pierre Ton voyoitla tête, et que la face antérieure ou ventrale étoit sur la pierre opposée.

Je jugeai aussitôt que la partie antérieure duhassin devoit être enfoncée dans la substance de cette seconde pierre , sous cette pellicule qui étoit restée à sa surface, et qui avoit fait partie des vertèbres sacrées. Je sacrifiai donc ces restes de vertèbres , contenus entre a et ô , fig. 4 , et entre les deux coupes d’os innomiués, c d ^ e f.ie creusai avec précaution, au moyen d’une fine pointe d’acier, et j’eus la satisfaction de mettre à découvert toute cette portion antérieure du bassin, avec ces deux os surnuméraires ou marsupiaux que je cherchois dans leur position naturelle, et tout semlDlables à leurs analogues dans les sarigues.

Cette opération se fit en présence de quelques personnes à qui j’en avois annoncé d’avance le résultat , dans l’intention de leur prouver par le faitila justesse de nos théories zoolo- giques , puisque le vrai cachet d’une théorie est sans contredit la faculté quelle donne de prévoir les phénomènes.

Je représente ce précieux morceau de grandeur naturelle, et avec la plus scrupuleuse exactitude, fig. lo. Les os marsu- piaux sont en <2. f '

> U ne resta donc dès-lors rien à désirer pour la démonstra* tion complète de cette proposition déjà bien singulière et bien importante ; qu’// y a dans les carrières a. plâtre qui emi- Tonnent. Paris , à une grande profondeur et sous diverses couches remplies de coquillages marins -, des animaux qui ne peuvent être \ que d’un genre aujourd’hui entièrement particulier a ï: Amérique.,, ou d’un autre entièrement parti- culier à la fêouvelle-Hollande.

d’ HISTOIRE NATURELLE. 287

Le tapir est jusqu’ici le seul genre américain que nous ayons trouvé 'fossile en Europe : le sarigue seroit le second. Quant aux genres propres à X Austr'alasie ^ ou n’en avoit jamais dé- couvert parmi les fossiles d’Europe.

Il est bien entendu qu’en parlant d’un genre d’animaux à bourse américains, je le restreins aux sarigues proprement dits^ qui ont la queue écailleuse et prenante; dix incisives en haut, huit en bas; de grande canines; les pouces de derrière écartés et sans ongle.

C’est le seul genre à! animaux à bourses ou pédimanes que l’Amérique produise : tous les autres viennent de X Australasie'^ mais aussi l’Amérique seule produit ce genre ainsi réduit : Buffon a déjà annoncé ce fait depuis long -temps, et ceux qui l’ont contredit ne l’ont fait que parce qu’ils confondoient d’autres pédimanes , et particulièrement les plialangers avec les sarigues , ou bien parce qu’ils ajoutoient foi à l’auto- rité de Séba, qui donne un^ grand sarigue de sa coîléctioii comme venant d’Ofient : mais cette erreur est bien réfutée’ aujourd’hui. Ce philandre oriental de Séba n’est autre chose que le crahier^ animal purement américain ; P allas favoit déjà fait connoitre ; d’autres sarigues indiqués par ce dernier comme pouvânt venir des Moliiques ,. rie sont que des va-., riétés de couleur du sarigue plus commun , du sarigue quatre^ ÆrZ qui' bien certainement est aussi' ‘d’Afnériqùe ; etsi Gmeliii^ a adopté Ces erreurs touchant climat de cés" ànimaux , il faut les ranger parmi des milliers d’ autres fautes qu’il a accu- mulées dans le Systema naturce , en travaillant sans critique à un sujet qui lui étoit étranger. ' ^

"î^ôlVr revenir ànlon fossile, ilVétoit gtière moins curieii^ hi moins etnbarrâssànt pour les géologistes qu’il lut du nouVéàtii^

288

ANNALES DU MUSEUM

monde ou de l’Australasie , cet autre monde plus nouveau encore pour les Européens', et sur-tout pour les naturalistes 5 mais l’objet de mes travaux est de procurer à la géologie des lumières et non des embarras; je ne pus donc croire avoir - rempli nia làclie qu’à demi, si je ne parvenois à détruire ce doute qui me restoit encore , à me déterminer entre ces deux continens , à prononcer enûu,, entré le genre des sarigues et celui des dasjures. . . o ' ,

A force de réllécbir sur ce problème , d’examiner et de creuser ma pierre,, j’eus le bonheur de trouver un moyen de le résoudre. ' , ,

rLies dasj'iires et les sarigues , n’ont pas tout-à-fait le pied de derrière semblable dans les les quatre doigts

sont à-peu-près égaux , et le pouce est si court, que la peau le cache presqu’ entièrement, et ne le laisse paroître que comme un petit tubercule.

J Dans les sarigues^ le pouce est longuet bien marqué; les doigts sont inégaux ; ,1e petit doigt , et sur-tout son os du mé- tatarse, est plus court que les autres., ^ ' > :

La première de mes pierres ne m’offroit d’abord à sa surface qu’un empreinte d’os du métatarse du pied droit; mais je pensai qu’il paurroit y avoir dessous d’autres de ces os en- tiers et enterrés dans Ip pUtre; en sacrifiant cette première empreinte , je trouvai en effet deux os qui étoient le^ quatrième métatarsien et le cinquième, ou celui du petit doigt. Ce dernier . sur-tout étoit très-reconnoissable à l’apophyse de sa tête tar7 sienne; J’ai représenté , fig. 2 , ces deux os^tels que la pierre les montre aujourd’hui. , ... .

f J \ J iij : OjlïR 1. » i#

Or ce métatarsien du petit doigt jCSt- d’un tiers plus court que celui du doigt précédent'; -précisément. coinme dans les

HISTOIRE NATUREEEE. 289

sarigues'^ et si notre animal étoit un dasjure^ les deux os seroient de meme longueur.

Ainsi la question est décidée autant qu elle peut l’étre , et notre proposition précédente est plus rigoureusement déter- minée , et se réduit à celle-ci :

Il J a dans nos carrières des ossemens d’un anhnal dont le genre est aujourd’hui exclusivement propre à l’ Amérupie.

Ce résultat est très-précis et très-démontré : il ne resleroit pour remplir tout ce qu’il est possible , même aux plus exi- geans , de désirer , il ne resteroit qu’à déterminer si c’est une des espèces de ce genre aujourd’hui vivantes , et laquelle : ou si, comme tant d’autres animaux de nos carrières, c’est une espèce détruite ou du moins non encore retrouvée.

L’état actuel de la science ne nous permet pas de répondre à cette question avec une entière certitude. Quand même nous pourrions trouver des différences suffisantes entre ce squelette et ceux des espèces connues , nous ne serions pas fort avancés , parce qu’on est bien éloigné de connoitre encore toutes les espèces. L’histoire de ce genre est extrêmement embrouillée dans tous les auteurs. Mon savant collègue Geoffroy qui a commencé à y porter le flambeau de la critique , est" parvenu à déterminer huit espèces ; savoir :

1. Le crahier^ qui paroit deux fois dans Gmelin sous les noms de marsupialis et de cancrivora.

2. Le manicou^ qui n’est point dans Gmelin, mais dont Buffon a parlé comme de deux animaux différens , sous les noms de sarigues des Illinois et de sarigue à lo?igs poils. C’est le virginianopossum de Peiin.

. 3. Le quatre-œil ou sarigue proprement dit de Buffon , opossum et molucca de Gmelin.

290 AXNALES DU MUSEUM

4. Le cayopollin ; 5. la marmose , qui portent tous deux leurs petits sur le dos, et qui ont servi en commun de base à une espèce imaginaire, celle du dorsigera.

6. Tue yapock ou didelphe cerclé de la Guyannej 7. Le touan ou petit didelphe tricolor de la Guyane. Buffon a décrit l’iin et l’autre sous les noms absolument erronés de loutre et de belette ; mais Gmelin n’en a point parlé.

Enfin 8. , Le didelphe à courte queue ( did. hrachjura ) décrit par Pallas.

A ces liuit espèces , il faudra probablement un jour ajouter le micouré nain de don F élix d’Azzara qui ne paroit être aucun des sarigues que nous connoissons.

Mais , outre que sur ces huit ou neuf espèces, nous n’avons les squelettes que de quatre , qui pourroit répondre qu’il n’y en a pas encore plusieurs autres dans cet immense continent de l’Amérique , dans ces vastes forets de la Guyanne et de rAmazonne,où l’homme n’a jamais pénétré , et meme dans les pays plus fréquentés?

Il n’en est pas de ces petites espèces comme des grandes: la plupart des voyageurs font peu de cas des premières ; elles échappent long-temps par leur petitesse meme aux recherches les plus attentives , et chaque jour peut nous en découvrir de nouvelles : ainsi nous nous garderons bien de soutenir , pour ce petit squelette fossile, comme nous l’avons avancé poul- ies grands, que l’espèce n’en existe plus dans les pays connus. Nous nous bornerons à dire que rien jusc[u’à présent ne prouve quelle existe.

' Cependant, pai-mi les espèces existantes, la marmose f di- delphis murina J est la seule dont ce fossile se rapproche par

d’ H 1 s T 0 1 R E NATURELLE. 2Q T

la taille , ainsi qu’on peut le juger par le talileau comparatif ci-dessous (i) des dimensions de leurs divers os.

Mais ce tableau prouve en meme temps que ce squelette n’est pas celui de la marmose , puisqu’il y a des différences essentielles dans les proportions, et que certaines parties sont plus petites et d’autres beaucoup plus grandes dans l’un que dans l’autre.

Pour ce qui concerne l’espèce, nous sommes donc en état d’assurer que notre fossile n’est d’aucune de celles sur lesquelles

(i) Tableau comparatif des longueurs de (quelques os du squelette fossile et

de celui de la mannose.

Noms des os.

Squelette

Fossile.

Squelette de marmose.

OBSERVATIONS.

Longueur de la tête ....

o,o56

o,o35

Dans ces parties , la mar-

Distance entre la canine et la

'mose est plus petite que le

dernière molaire ....

0,017

o,oi3

i fossile , et la différence est

Longueur de l’omoplate . .

0,018

0,017

sur-tout très -forte à la se- iconde ligne.

Longueur de l’humérus . .

0,031

0,020 i

Longueur du cubitus . . .

P

0

0,026

Longueur du radius ....

0,021

0,022

' Dans ces parties, la mar- ^mose est plus gi’ande que le

Longueur du fémur ....

0,026

0,027 i

fossile.

Longueur du péroné . . . Longueur du métatarsien du

0,027

0,029 ,

quatrième doigt ....

0,010

0,006

1 Ici elle redevient subite-

Longueur du métatarsien du

[ment beaucoup plus petite.

petit doigt

0,008

o,oo5

Longueur de l’os innominé.

0,025

0,025

Ici il y a égalité.

Longueur de l’os marsupial.

0,007

0,012

Ici la marmose est beau- coup plus grande.

292 ANNALES - DU BIUSEUM

nous possédons des données suffisantes pour établir une comparaison.

Je ne m’étendrai point sur les conséquences géologiques de ce Mémoire : il est évident pour tous ceux, qui sont un peu au fait des systèmes relatifs à la théorie de la terre, qu’il les renverse presque tous dans ce qui concerne les animaux fossiles. Jusqu’ici on ne vouloit voir dans nos fossiles du Nord, que des animaux d’Asie : on accordoit bien aussi que les animaux d’Asie eussent passé en Amérique , et y eussent été enfouis au moins dans le Nord; mais il sembloit que les genres américains fussent sortis de leur propre sol , et qu’ils ne se fussent jamais étendus aux pays qui forment aujourd’hui l’ancien continent. C’est ici la seconde preuve que je découvre du contraire : dans la persuasion je suis de la futilité de tous ces systèmes, je me trouve heureux chaque fois qu’un fait bien constaté vient en détruire quelqu’un ; le plus grand service qu’on puisse rendre à la science est d’y faire place nette avant d’y rien construire , de commencer par raser tous ces édifices fantas- tiques qui en hérissent les avenues , et qui empêchent de s’y engager tous ceux à qui les sciences exactes ont donné l’heu- reuse habitude de ne se rendre qu’à l’évidence, ou du moins de classer les propositions d’après le degré'deleur probabilité: avec cette dernière précaution , il n’est aucune science qui ne puisse devenir presque géométrique : les chimistes l’ont prouvé dans ces derniers temps pour la leur; et j’espère que le tempà n’est pas éloigné l’on en dira autant des anatomistes.

d’ HISTOIRE NATURELLE.

29.3

VOYAGE GÉOLOGIQUE

Depuis Majence jusqu à Oherstein , par Creutznach , Marten-Stein et Kirn.

Par F AUJAS'SAINT-FOND.

La ville de Mayence , située sur la rive gauche du Rhin, est assise au pied d’une suite de collines calcaires couvertes de vignobles. En meme temps que c*es cultures utiles embellissent ce paysage , et en forment l’objet de l’étude du peintre et celui de l’admiration du voyageur , le naturaliste géologue peut y trou- ver un des plus riches champs d’observation.

Les volcans éteints ne sont qu’à une petite distance de là, et offrent une grande variété de produits du feu , tandis que les corps marins fossiles , beaucoup plus rapprochés , s’y trouvent accumulés avec une profusion si étonnante , qu’on peut dire avec vérité que, dans un espace de plus de trois lieues de longueur sur une lieue de largeur , tout n’est composé que de coquilles fossiles ; mais ce qui doit occasionner une bien plus grande surprise encore, c’est qu’à l’exception de trois ou quatre espèces de bivalves qui s’y trouvent en petit nombre, les masses énormes qui forment cette chaîne de collines ne sont entièrement composées que de deux espèces de bulime d’une parfaite conservation , dont la grosseur n’équivaut pas à 5. 38

ANNALES DU MUSEUM

294

celle d’un grain de millet , et dont quatre cents peuvent en- trer dans un cube de quatre lignes de coté.

Cette inconcevable fécondité de la nature dans la formation de la pierre calcaire par l’intermède de tant de petits corps organisés, la force de cohésion qui les attache les uns aux autres et en constitue des masses dures et pesantes , la déter- mination rigoureuse des espèces qui est échappée jusqu’à pré- sent aux naturalistes qui ont fait mention de la pierre co- quillière de Mayence , sont autant de motifs qui m’ont déter- miné à en former l’objet particulier d’un Mémoire dans le- quel je donnerai les ligures de ces coquilles , et que je publierai dans un prochain cahier des Annales du Muséum.

C’est au milieu de ces collines qu’est frayée la route qui mène à Creutznach: on la suit en s’élevant par une pente douce mais continue, pendant une lieue environ ; l’on arrive alors sur une plaine exhaussée et d’une vaste étendue, un sable quartzeux mouvant remplace les corps marins ; on le trouve cependant mêlé pendant quelque temps d’un peu de poussière calcaire provenue du détritus de ces memes corps.

Ce sable, d’un gris blanchâtre, est le meme pendant un quart de lieue environ , mais il se colore ensuite d’une forte teinte rouge lie de vin qui passe quelquefois au rouge violâtre : toute effervescence avec les acides cesse alors.

Bientôt après , des quartz communs roulés , des frag- mens de feld spath en masse , dont les angles sont usés , se trouvent disséminés dans le sahle , qui conserve la meme cou- leur , mais qui devient moins sec et un peu onctueux au tou- cher , par l’addition d’une substance terreuse , en très-petites lamelles; celle-ci paroit provenir de la décomposition d’une roche porphyritique schisteuse.

d’ H 1 s T O I R E NATUREL L E, 2(j5

L’expérience a appris que de telles indications annoncent les premières transitions d’un genre de pierres à un autre , et le passage à des roches d’ancienne formation. Mais comme ces pas- sages ne sont jamais brusques , on les voit constamment précédés de terrains intermédiaires, qui occupent souvent des intervalles de plusieurs lieues , et qui sont le résultat du long séjour de la mer , de l’action de ses cour an s , du mouvement des grandes marées , peut-être meme du déplacement subit et rapide des eaux ; eu un mot , tout annonce dans ces allu- vions formées de décombres, des accidens destructifs qui ont dispersé les débris divers arrachés avec force aux montagnes qui existoient auparavant , et en ont constitué un terrain et des collines secondaires.

Saussure, qui joignoit à de grandes connoissances minéra- logiques l’habitude pratique de l’observation locale , n’avoit pas laissé échapper cette circonstance dans ses voyages des Alpes, de l’Apennin , du Saint-Gothard et du mont Rose , et il en cite beaucoup d’exemples j il semble meme s’impatienter quelque- fois contre la nature de ce qu’elle ne lui avoit jamais permis de voir d’une manière distincte la jonction immédiate du cal- caire au granitique, sans un voile intermédiaire qui lui en dé- roboit le véritable aspect.

J’ai été souvent à portée de vérifier moi -même cette observation , qui est constante dans l’ordre actuel des choses , du moins sur notre continent , et j’en ai rapporté des exemples dans mon Voyage en Ecosse et dans d’autres écrits.

La meme loi a lieu entre Mayence et Rreutznach. En effet , à mesure qu’on avance dans la ligne de l’atterrissement dont j’ai fait mention , les cailloux roulés quartzeux et porphyri- liques augmentent en nombre et en volume, se forment en pou-

38 ^

ANNALES DU MUSEUM

296

cliugues qui recouvrent les sables, ou se perdent au-dessous de ces derniers : cette disposition , sujette à peu de variations , est la meme jusqu’aux approches de Creutznacli, les premières ramifications des montagnes formées par un porphyre schis- teux s’élèvent comme des pics au milieu des saisies et des cail- loux roulés qui les entourent.

On entre alors dans la première région des roches porpliyri- tiques en place. La ville de Creutznach , baignée par la rivière de la Nah , a de belles salines qui appartenoient autrefois à l’électeur palatin , et forment un objet d’industrie et de com- merce favorable aux liabitans du pays. Une source d’eau salée, située à peu de distance de la rivière , est mise à profit dans de vastes bàtimens de graduation, dont les machines ingé- nieuses servent à réduire cette eau pour en obtenir ensuite du sel.

J’avois visité en Allemagne les immenses salines d’Allen- dorff et de Noliem exécutées dans le meme genre, mais beau- coup plus en grand.Ces dernières qui appartiennent àl’électeurde Hesse-Cassel , et lui produisent un grand revenu, ont leur source sur le sol calcaire; aussi les eaux qu’on en extrait sont-elles surchargées de cette matière, dont il importe de les débarrasser: l’opération s’exécute d’une manière aussi simple que facile ; car les buissons des bàtimens de graduation s’en emparent à l’aide de l’évaporation , et la pierre calcaire en incrustation qu’on en retire, se trouve en telle abondance , qu’on en forme les grandes routes voisines , et que plusieurs maisons de Noliem sont entiè- rement construites avec ces sortes de tuffs dont il y a des masses qui pèsent plus de cent livres. La saline de Creutznach ayant ses eaux sur la roche porphyritique , j’étois bien aise de savoir si de grandes masses de ce liquide mises en évapora- tion pendant un long espace de temps sur plusieurs étages de

d’ HISTOIRE NATURELLE. IC)']

Lulssons ,ne produiroient pas ici des dépôts calcaires. Jesavois quecpielques personnes croyoieiit que l’air et l’eau de pluie con- tenoient quelques molécules de cliaux en dissolution : or, comme les paremens extérieurs des buissons sont continueile- ment frappés par des couraus d’air et ne sont pas à l’abri des pluies d’orage, il étoit possible que des appareils aussi gigantes- ques pussent donner quelques preuves de cette assertion , ou la détruire. Mais vainement je parcourus tous les étages , et j’exa- minai à l’aide de la loupe les bois exposés à l’air et à l’eau , ja- mais je ne pus reconnoître un atome de chaux soit pure , soit unie avec l’acide carbonique, soit avec tout autre acide.

Les salines de Creutznacli ne sont éloignées que d’un quart de lieue environ de la ville , et l’on s’y rend, ainsi qne je l’ai dit , par la rive droite de la N ah , en traversant cette rivière sur un pont situé à peu de distance des bâtimens de gra- duation.

En retournant à la ville , je me proposois d’y revenir par la rive opposée , dans l’intention de reconnoître une ancienne galerie de mine, autrefois exploitée , et dont Collini a fait mention ( i ) , sans autre indication que celle de dire que l’ouverture a été faite au revers de l’escarpement qui borde le côté gauche de la rivière , entre les salines et l’ancien châ- teau-fort.

Je m’engageai imprudemment dans ce défilé , c’est-à-dire , sur le talus étroit et rapide qui règne d’une manière inégale

(i) Journal d’un voyage qui contient diffe'rentes observations minéralogiques, particulièrement sur les agates et les basaltes , par M. Collini , directeur du cabinet d’histoire naturelle de l’électeur de Manheim,p. 78 , Manheim, 177&, in-12 , 1 vol.

298 ANNALES DU MUSEUM

tout le long de cette partie de la rivière qui est rapide et très- profonde dans quelques endroits ; ce sentier , personne ne passe ordinairement , n’a pas en général un pied de largeur ; il est d’ailleurs extrêmement glissant, après la moindre pluie , et l’eau y suinte de toute part. Je n’aurois jamais pu m’en tirer, si je n’a vois pas l’habitude des montagnes , et si je ne m’étois pas accroché plusieurs fois à des ronces qui me prétoient secours aux dépens de quelques j)iqùres qui m’occupoient peu dans ce moment. Je parcourois ainsi cette route difficile, sans cesse occupé de rechercher la galerie dont Collini a fait mention, et qu’il appelle lorsqu’enfin après avoir parcouru un peu

plus de la moitié du trajet, j’aperçus contre le parement delà roche porphyritique , et aune hauteur de plus de trente pieds au-dessus de moi, l’ouverture de la mine; les décombres, ac- cumulés en face de la galerie, me permirent heureusement d’y escalader , et je pus l’examiner avec soin.

Cette galerie est horizontale : l’entrée a près de six pieds de hauteur sur quatre pieds six pouces de largeur ; des plantes grimpantes et des genêts se sont établis sur les terres voisines provenues de la décomposition des pierres extraites de la mine ^ et des gouttes d’eau qui suintent continuellement des rochers supérieurs entretiennent des mousses, des lichens et quelques conferves qui donneiit un air de vie et de décoration à cette espèce d’antre fait de main d’homme.

La profondeur naturelle de la galerie n’a guère qne vingt- cinq pieds ; il est possible quelle ait été plus considérable. Je ne vis cependant pas assez de restes d’éboulemens dans le fond pour croire qu’elle ait pu s’étendre beaucoup plus. Quoi- que l’extérieur de la roche entre en décomposition, et semble annoncer qu’on peut l’attaquer avec facilité , cette altération

d’ HISTOIRE NATURELLE. 299

n est en quelque sorte que superficielle , et ne pénètre qu’à quelques pieds, car l’on voit qu’on a été obligé de faire usage de la poudre pour approfondir la galerie.

M. Collini rapporte, pag. 78 de l’ouvrage déjà cité, qu’à l’époque il visita cette mine abandonnée , c’est-à-dire , en 1774^ on y trouvoit encore une quantité de terre jaunâtre qui^ étant délayée dans Veau et transvasée à diverses reprises , laisse uu dépôt de débris de cristaux rouges mercuriels transparens.

Je ne trouvai rien de semblable, e^t je n’aperçus que quel- ques efflorescences cuivreuses vertes, peu abondantes, qui se manifestent contre le mur de la galerie du côté droit en entrant , à quinze pieds du fond. Rien ne me parut annoncer la moindre trace de mercure : il est à croire que le temps , l’iiumidité et l’action de l’air auront fait disparoître les indications de ce minéral qui ont été observées par M. Collini. Il ne seroit point étonnant en effet qu’on eut rencontré ici du mercure , puis- qu’il y en a des mines en exploitation à quelques lieues de là.

Après avoir observé cet ancien percement , je dirigeai ma marche sur le château par un chemin plus rapide encore mais plus ferme, puisqu’il falloit escalader le rocher à nu; et monter de sallies en sallies jusqu’au-dessus de l’escarpement ; J’aimai mieux franchir ce pas difficile , que de rétrograder pour revenir sur mes pas. Le porphyre devient de plus en plus schisteux à mesure qu’on approche de la ville dominée par l’ancien château-fort, et ici un grès quartzeux très-rouge succède au schiste : ce grès est disposé en couches très-épais- ses , et semble servir d’appui au porphyre.

Quoique la roche porphyritique offre un escarpement à nu dans tout l’espace que je fus obligé de parcourir pour

300 ANNALES DU MUSEUM

me rendre des salines au château, et que le parement de la roche ait au moins quatre-vingt-dix ou cent pieds de hauteur, le plateau supérieur n’en est pas moins jonché des memes cailloux de quartz et de porphyre roulés , que ceux qu’on ren- contre sur la route de Mayence à Creutznach , et lorsqu’on s’é- lève sur. ce plateau éminent qui couronne la roche porphy- ritique,ron distingue au loin la continuité de ces immenses dépôts de pierres arrondies par le frottement, qui attestent de grands mouvemens dans les eaux d’une mer qui a re- couvrir autrefois toute cette vaste étendue.

On aperçoit de distance en distance quelques sommets ou pointes de la meme nature que la roche, qui s’élèvent comme autant de pelites des au milieu de cet océan de pierres trans- portées par l’action violente des Ilots , ou par quelque dépla- cement subit de la mer ; on distingue aussi quelques bancs de sables mouvans , ainsi que des sables consolidés en grès. Nous verrons bientôt jusqu’où s’étend cet ordre alternatif de choses , en parcourant la route depuis Creutznach jusqu’à Kirn.

On compte sept lieues de la première ville à la seconde , et ce qu’il y a de remarquable , c’est qu’on retrouve jusqu’aux environs de Marten-Stein , c’est-à-dire , dans un espace de six lieues environ, une plaine exhaussée à peu près semblable à celle qu’on remarque à une lieue au-dessus de Mayence, et qui se prolonge jusqu’à Creutznach, tout n’est que sables et que cailloux roulés : la Nah serpente au milieu de ce terrain d’alluvion ; on la traverse deux fois avant de se rendre à Meders- heim ; c’est dans les environs de ce dernier village , qui n’est éloigné que d’une demi-lieue au plus de Marten-Stein^ qu’oii trouve de grands bancs de grès quartzeux , disposés horizon-

d’ H I s T O I R E NATURELLE. 3oi

taîenient et s’élevant en amphithéâtre ; on aperçoit derrière ce premier plan de collines cpiartzeuzes de couleur grise , des mon- tagnes plus élevées qui sont de la meme nature, mais dont la couleur est rougeâtre. Le sol devient montueux , la plaine s’efface , le lointain s’hérisse d’éminences , tout annonce que l’on est à l’entrée des montagnes.

Bientôt l’on arrive au pied d’une immense roche escarpée , de la couleur la plus sombre, au-dessus de laquelle les ruines d’un château gothique semblent menacer le village de Martein- Stein c{ui est au bas. Cette roche, disposée en grands bancs, se délite de toute part, et forme divers avant-corps qui sur- plomblent, et font craindre pour les malheureux hahilans de ce lieu, avec d’autant plus de raison, c£ue leurs maisons sont entourées des débris de la meme pierre, dont ils ont formé des entassemens pour débarrasser le sol ; mais tel est l’empire de l’habitude que celle-ci familiarise les hommes avec les dangers.

La couleur noire des pierres , les ruines quelles présentoient de toute part, la disposition des masses, la transition subite de ces pierres aux grès que je venois de quitter, tout semhloit m’annoncer que j’entrois dans un pays vulcanisé : je sortis bientôt de voiture pour m’en assurer , et dans six minutes je fus au pied de la roche de Martein-Stein.

Au j)i’emier coup de marteau que je frappai avec force sur un des blocs f£ui me parut le plus noir et le plus sain, la pierre rendit un son et partit en gros éclats ; plusieurs mor- ceaux étoient divisés en tables , d’autres en espèces de paral- lélipipèdes : en répétant la meme opération, j’obtins des résultats semblables. Comme les laves compactes basaltiques ont une dureté et une sorte de ténacité bien différentes, et qu’on n’en abat pas les angles avec la meme facilité , je reconnus

5. 3g

3o2 annales du -.M U s É U M

Lienlüt que la pierre de Marten-Steiii étoit d’une nature diffé- rente; mais, pour m’en assurer mieux, je la tâtai avec la pointe d’un canif que j’appuyai sur une de ses faces la plus saine, et elle fut rayée en gris : l’on sait que l’on n’attaque pas aussi facilement la lave compacte , et qu’elle use le meilleur acier.

La pierre de Marten-Stein n’est point rude au toucher dans sa cassure ni dans ses paremens extérieurs. La lave compacte au contraire est âpre, raboteuse, et sa surface grenue produit sous les doigts en quelque sorte l’effet d’une lime flne. Je n’aperçus dans notre pierre ni pyroxène , ni clirysolite des volcans , ni aucune des substances qu’on trouve dans la plupart des produits volcaniques. Je ci us donc être autorisé à conclure que, malgré sa grande ressemblance avec certaines laves , je devois la con- sidérer comme absolument étrangère au feu : elle ne fut plus pour mol dès-lors qu’une véritable roche de trapp.

Après avoir fait une assez longue station au pied de cet escarpement qui se prolongeoit sur la route que j’allois parcou- rir, je ne fus plus tenté de rentrer en voiture ; et après avoir recueilli beaucoup d’écbantillons , je me proposai d’aller à pied jusqu’à Rirn , en étudiant avec la plus grande attention cette suite de montagnes de trapps qui bordent de droite et de gaucbe la rivière de la ]\ab, et la serrent de telle manière qu’une voiture à quatre roues a beaucoup de peine à passer d’un seul coté , c’est-à-dire , sur la rive gaucbe : l’on se trouve ici dans une espèce de détroit entre des bancs coupés à pic , mais dont la base est couverte d’une multitude immense de pierres et de décombres provenus de la décomposition spon- tanée de ces rocbes trappéennes.

Collini qui avoit passé en 1776 sur la même route, mais à qui la connoissance et la pratique des pierres étoient peu

d’ n I s T O I n E NATUREL L E. 3o3

ramilières, dit, à ce sujet, Que la pierre extérieure de ces montagnes a été tellement décomposée et réduite en mor- ceaux plus ou moins grands par V atmosphère , que leur pejite en est entièrement recouverte. On croirait qiiè celte quaniité de débris qui recouvrent leurs talus , et dont plu- sieurs sont Jiaturellement équarris en forme de gros dés., est plutôt l’effet de l’art que celui de la nature. Ces débris se changent en terre et à la longue ce sol pierreux devient propre à être cultivé (i). Yoilà, quant aux formes, une des- cription un peu vague , mais exacte en général ^ il en est tout autrement lorsque cet auteur nous dit Que ces pierres sont argileuses et calcaires , et que lorsque les feuillets ont été détachés du reste de la couche par les injures de t air , et quils ont été exposés quelque temps aux impressions de T atmosphère , ils deviennent noirs comme une ardoise qui auroiteu de tout temps cette couleur [f. Il y a ici incontesta- Llement erreur, ainsi que nous le verrons bientôt; cependant comme à cette époque la minéralogie étoit moins avancée quelle ne l’est à présent, l’on doit avoir des égards pour ceux qui nous ont précédés , et n’étre pas aussi sévères qu’on le seroit à présent envers ceux qui feroient des erreurs semblables. M. Collini^ n’en est pas moins un savant très-estimable qui a fait faire dans le temps des progrès à l’histoire naturelle , et a donné un grand lustre au cabinet de Manheim dont il est directenr.

Les roches de trapps qui bordent de droite et de gauche la

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(1) Collini , Voyage et Observations minéralogiques , pag. 84-

(2) Id. , pag. 83.

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-04 ANNALES DTI MUSEUM

rivière de la Nah, et la resserrent dans un lit étroit, ont une grande tendance à se déliter et à se briser en éclats. Mais les pierres séparées qui en résultent et qui forment des amas im- menses de décombres qui embarrassent la rivière et obstruent sans cesse la route, n’ont point un aspect schisteux, ni une cassure terreuse ; ce n’est point l’air qui les rend noires : cette couleur est inhérente à la roche, et l’air au contraire tend à l’aflbiblir et la fait passer au brun rougeâtre clair, sans altérer sa dureté. Ce qui est assez remarquable, rien n’est calcaire.

Cependant à la longue , les faces extérieures des morceaux exposés à l’action alternative de la lumière , de la chaleur , du froid, des pluies et de l’air , se convertissent en une substance terreuse d’un gris blanchâtre, douée d’une fécondité qui la fait rechercher pour la culture, et l’on s’en sert avec avan- tage lors meme quelle n’est pas entièrement décomposée , pour l’usage des vignes.

Cependant il est bon d’observer que la manière dont cette pierre se délite , diffère essentiellement de la décomposition ordinaire de certaines roches schisteuses et autres qui tombent en détritus , en perdant leurs eaux de cristallisation ou quel- qu’autre principe qui servoit de ressort à leur force de cohésion. \j3l pierre de Marten-Stein au contraire se divise naturellement en cassures vives et anguleuses, en petites tables, en para- lellélipipèdes ou en petits prismes dont le grain et la pâte sont très-vifs , de manière que la pierre ne se sépare de la masse qu’à l’aide de quelques linéamens très-fins qui paroissent être le résultat d’une oxidation particulière du fer sur cèrtaines parties de la roche 5 mais ces sortes de fils, si je puis les ap- peler ainsi , ne se manifestent qu’à mesure que le fer entre en combinaison avec l’oxigène sur ces sortes de points linéaires , et

d’ HISTOIRE NATURELLE. 3o5

sans que le reste de la pierre en souffre. J’ai fait couper et polir des plaques assez grandes de ce trapp , l’on peut voir très - distinctement la manière dont la nature se compoiie dans cette circonstance.

En examinant avec soin les entassemens considérables de ces pierres détachées naturellement de la roche principale , l’on reconnoît que les formes irrégulières et celles qui sont en table se présentent le plus fréquemment j les formes parallélipi- -pèdes et les formes carrées sont beaucoup moins communes, •les prismatiques sont les plus rares : on en trouve quel- ques-unes de cette sorte, mais en très-petits prismes, qui ont une régularité aussi parfaite que certaines laves compactes prismatiques de la nature du basalte , avec cette différence qn’on ne les voit qu’à trois, à quatre et quelquefois à cinq pans , mais jamais à six , à sept ni à huit cotés , comme les laves. L’on ne sauroit y distinguer non plus avec la meilleure loupe un seul atome de cbrysoiite des volcans comme dans les produits des incendies souterrains. J’insiste sur ces carac- tères différentiels, afin qu’on ne confonde pas ces roches trap- péennes avec des laves ^ et ces prismes avec ceux qui doivent leur naissance à des matières mises en fusion ; l’analyse d’ail- leurs lève tous les doutes à ce sujet ; mais il est bon que ceux qui n’ont pas une grande habitude d’observer les produits volcaniques , et qui visiteroient les memes lieux , soient pré- venus d’avance de tous ces faits j car l’on verra bientôt que si les trapps depuis Marten-Stein jusqu’à Rirn ne m’ont rien présenté d’embarrassant et de problématique^ il n’en a pas été de meme de ceux qui se trouvent sur la route de Rirn à Oberstein , dans un espace de près de trois lieues.

Je fis une longue station à Marten-Stein , et je suivis pas à pas

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jusqu’à Kini les roches de trapps qui hordent les rives de la Nah; je ne me rendis à Kirn qu’à huit heures du soir. Je lus agréablement surpris en arrivant à l’hôtellerie de M. Médicus d’y trouver la salle à manger décorée d’ime armoire qui renfermoit les productions minéralogiques des environs d’Oherstein ; je me crus autorisé d’en conclure que j’étois chez un excellent homme et dans un gîte honnête, et je ne me trompois pas, car non seulement M. Médicus me reçut fort bien, mais voyant que j’aimois l’histoire naturelle , il me donna de très-bons rensei- gnemeiis sur le pays, et voulut bien m’accompagner le len- demain pour visiter une mine de charbon qui lui appai tient dans un quartier appelé Carlsruh^ k un demi-quart de lieue du village, et sur la croupe d’une colline recouverte d’un petit bois.

Le filon que M. Médicus fait exploiter a deux pieds et demi d’épaisseur ; il est un peu pyriteux et mêlé de petites couches ou nerfs d’une substance argilopyriteuse très-dure qui nuit un peu à la qualité du charbon, qui d’ailleurs est bon pour la forge et pour les usages économiques divers. Un schiste alumineux , libreux , noir et luisant dans quelques parties , altéré et ocreux dans d’autres , lui sert de toit. On tiroit au- paravant parti de ce schiste en le calcinant pour en obtenir de l’alun qui étoit de très-bonne qualité , mais qui revenoit à un prix un peu trop élevé pour entrer en concurrence avec celui du commerce : on a donc renoncé à cette exploitation pour s’en tenir à celle du charbon.

Le schiste alumineux dont je viens de faire mention^ est recouvert par un grès quartzeux très-dur , d’une couleur grise foncée , surmonté lui-méme d’une brèche composée de grains de quartz blancs , de fragmens de schiste libreux et d’autres

d’ HISTOIRE NATURELLE. ÔO']

fragmeiîs de roclics de traj>ps liés par un oxide de fer. Le trapp qui est entré dans la formaiion de cette Lréclic, qui occupe toute la partie supérieure de la colline se trouve le cliarLon , est un fait remarquable qui prouve que ces cliarbons gisent dans un terrain d’alluvion d’une époque postérieure à celle qui a donné naissance au trapps ; cette aliuvion paroît coïncider avec celle dont nous avons suivi les traces depuis le plateau qui est au-dessus de Mayence jusqu’ici. Nous allons voir qu’elle a produit des résultats non moins caractéristiques, et d’mi plus grand ordre encore , à mesure que nous entrerons dans la route d’Oberstein ; la liaison et l’ensemble de tous ces faits sont du ressort delà haute géologie, et ils doivent, à ce titre , faire excuser l’aridité des détails dans lesquels je suis néces- sairement obligé d’entrer.

Je dois dire, avant de quitter Rirn, que la position de ce lieu est cliarmante; il est agréablement bâti, au milieu d’une très- petite vallée baignée par la Nah et par une rivière moins grande nommée Y Hahuhach qui se jette dans la première. Les montagnes les plus rapprochées qui entourent ce lieu pitto- resque sont couvertes de beaux vignobles ; l’ancien château de semble les protéger en les dominant. Un second plan de montagnes succède à la première enceinte j la couleur sombre de celles-ci, leur aridité aljsolue, les ravines qui les coupent, forment une belle opposition avec celles qui sont culti- vées j enfin des montagnes d’un plus grand ordre, entièrement noires , élèvent derrière les secondes leurs masses colossales et leurs sommets déchirés , et forment un tableau d’autant plus frappant, que deux vastes châteaux , l’un ancien, l’autre moderne^ sont perchés sur deux des plus hauts sommets, séparés par des abîmes , mais en face l’iin de l’autre. Le premier héiâssé de

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tours, de donjons et de l’appareil de l’arcliiteclure gotliicpie, servoit de demeure et d’asile aux anciens seigneurs de la mai- son de Salni-Kirhourg : leurs descendans ont préféré avec raison une habitation belle et commode le bon goût et les arts modernes ont présidé 5 mais en bâtissant un palais de cettu étendue sur des montagnes aussi élevées et aussi nues , il est à croire qu’ils n’auront pas voulu se séparer entièrement de l’antique et respecUible demeure de leurs ancêtres : j’aime et j’admire un motif aussi louable, si en effet il a inÜué sur ce choix.

Je quitte à regret ces beaux points de vues pour entrer dans la route étroite qui mène à Oberstein , en suivant les bords de la Nab resserrée entre des roches noires, escarpées, elle coule comme dans une espèce de détroit , pendant près de trois lieues.

Ce n’est certainement pas cette petite rivière qui a pu couper des montagnes élevées d’une si vaste étendue, pour excaver son lit à une si grande profondeur, au milieu de la roche vive. Les masses énormes de cailloux roulés qu’on trouve déposés par intervalle et fortement agglutinés , disposés en py- ramides ou en murs très-solides sur ses bords , sont autant de témoins qui attestent des révolutions d’un plus grand ordre; car ces poudingues à grands blocs, la plupart quartzeux, ne sont pas de la meme nature de pierres que celles que la rivière entraîne et roule à présent. Il faut donc attribuer ces profondes excavations à des déplacemens subits de mer qui sont donné lieu à ces terribles débâcles dont parle si souvent Saussure qui en avoit reconnu plus d’une fois les grands carac- tères sur des parties très-élevées des Alpes , et qui ont déter- miné la direction actuelle de la plupart des rivières et des fleuves.

d’ HISTOIRE NATURELLE, 3og

Les montagnes qui 'servent ici de digue naturelle à la Nah, sont de la meme nature que celles de Marten-Stein ; mais leur couleur beaucoup plus noire , leurs masses plus grandes et plus élevées, leurs couches plus épaisses et plus inégales, s’inclinant souvent vers le bas, et ayant une sorte d’apparence d’ondulation j des roches amygdaloïdes dont l’action de l’air et le temps ont détruit les globules , offrant une multitude de cellules et de pores sur leurs faces extérieures, rappellent in- volontairement le tableau d’un pays dévasté par les feux sou- terrains, Ce caractère est si frappant au premier aspect, que je crois que le plus intrépide et le plus obstiné des neptunistes auroit de la peine à se défendre de cette impression , en entrant pour la première fois dans les gorges de VAgefels : c’est ainsi qu’on nomme cette route étroite et profonde dans laquelle on voyage pendant trois heures pour se rendre deKirn à Oberstein.

Je voulus faire toute cette traversée à pied pour examiner avec soin des roches dont la couleur , la dureté et la dispo- sition avoient une ressemblance si frappante avec les produits des volcans; mais en voyant les objets de plusjDrès , et en cassant plusieurs pierres pour en observer le grain et la contexture , je reconnus bientôt qu’aucune d’elles ne portoit l’empreinte effective du feu, J’étois toujours au milieu des trapps : leur cou- leur étoit un peu plus noire, leur pâte un peu plus dure , la ré- volution diluvienne avoit ouvert et déchiré le sein de ces mon- tagnes , et, en formant celte espèce de détroit , leur avoit im- primé ce caractère de ruine et de désordre qui sembloit les assimiler avec celles qui ont été la proie des embrasemens souterrains.

Lorsque je fus bien familiarisé avec la marche et la dispo- sition de ces roches , et que j’eus recueilli des échantillons de

5. 4o

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toutes leurs variétés , je continuai ma roule toujours à pied , en comparant le gisement de ces trapps avec ceux cpie j’avois vus autrefois en Ecosse, dans le Derhiscliire et daii' quelrjues lieux de la France, tels que le BourLonnois et les Alpes du Champ- saur 5 je les assimilois ensuite avec les trapps homogènes et les trapps amygdaloides que je vendis d’observer dans le pays de Hesse d’Armstad en Allemagne , lorsqu’arrivé au pied de la montagne escarpée de YA^efels qui a donné prohahlement son nom à tout le passage , je fus singulièrement étonné de voir d’une part de grandes couches inclinées d’une matière blanche ^ terreuse, mêlée de fragmens de pierres noires \ de l’autre , des couches plus horizontales et plus épaisses encore , d’une substance terreuse, rouge, encastrées les unes et les autres dans des espèces de bancs de pierres noires.

J’avoue qu’il me fut impossible de me défendre d’une idée in- volontaire que me rappelèrent ces matières de couleurs diffé- rentes : les couches blanches se présentèrent à mes yeux comme des laves altérées par des fumées acides sulfureuses, telles que celles qu’on observe à la Solfaterra , et dans d’autres sols vol- canisés. Les couches rouges sembloient être des pouzzolanes. Je riois de mon embarras et de mon ignorance , je m’im})a- tientois même un peu contre les ditïicultés que présente si souvent la géologie, cette science naissante, lorsque jetant par hasard un regard autour de moi , et examinant des amas de cailloux roulés qui étoient à mes ])ieds, à peu de distance de la Wall, et sur un emplacement défendu par une digue, je vis des pierres vitreuses noires, semblables à des obsidiennes , et qui avoient été certainement en état fusion , puisqu’on dis- tinguoit des pores sur les faces de quelques-unes : qu’on juge quel fut alors mon embarras.

I)’ H ï s T O I R E NATURELLE. 3 1 I

Je pris la ferme résoliilion clans celte circonstance de renoncer à jamais à la lithologie , si je ne parvenois pas à débrouiller cette énigme , et je lis vœu de m’arrêter ici , juscpi’à ce cpie je pusse obtenir des renseignemens exacts sur ce cpieje voyois.

Je repris donc courage, et je me déterminai à gravir la montagne malgré ses rapides escarpemens, et à la suivre dans tous ses points pour observer de près les terres colorées , et chercher les places d’où les obsidiennes étoient descendues.

J’arrivai avec beaucoup de peine sur les premières couches qui du bas de la montagne paroissoient des laves décolorées , je reconnus cpiec’étoit un trapp altéré qui avoit perdu sa couleur et sa dureté , et cpii avoit l’aspect et les caractères d’un feld-spatli eu roche passé à l’état terreux, avec quelques portions dissé- minées dans les masses qui avoient résisté à la décomposition , et qui conservoient la teinte et la dureté du trapp. Les couches rouges n’étoient que la meme pierre dont le fer étoit oxidé en rouge, et dont les masses étoient devenues terreuses. Vaine- ment je parcourus dans tous les sens et pendant plus de deux heures^ la partie entière de YAgefels qui fait face à la Nali et à l’emplacement sur lequel j’avois trouvé les verres noirs ; jamais je ne pus rencontrer la moindre parcelle de ces verres.

Exténué de fatigue , couvert de sueur et mourant de soif et de faim , je vins regagner ma voiture pour y prendre quel- ques rafraicliissemens et me reposer un peu, aussi mécontent de moi que des incertitudes qui me restoient sur mes obsi- diennes : j’en avois ramassé sur l’emplacement je me trou- vois plus de dix livres en. morceaux épars , dont les moindres avoient deux pouces de largeur sur huit à dix lignes d’épaisseur.

Après une demi-heure de repos , et lorsque j’allois me re- mettre en marche , je vis passer à coté de moi plusieurs babi-

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tans de la camj:>agne qui alloient à la prière dans une église luthérienne du voisinage 5 il me prit fantaisie de leur adresser la parole , et de leur demander si quelques-uns d’entre eux connoissoient les verres noirs dont je leur fis voir les échan- tillons , et ils me répondirent qu’ils ne leur étoient point in- connus , et qu’ils savoient très-hien que lorsque la rivière de la Nah éprouve de grands déhordemens , elle entraîne de ces verres 5 que ceux que je voyois étoient le résultat d’une der- nière inondation qui avoit recouvert de deux pieds de galets et de sable le terrain sur lequel nous étions, et qu’on sera obligé de défricher de nouveau. Mais d’où viennent ces verres , leur demandai-je ? d’une lieue au-dessus d’Oberstein et d’une an- cienne fonderie de cuivre appelée Hamerstein (pierre du mar- teau j , qui a été abandonnée. Cette explication me mit à mon aise : je m’applaudis de mes recbercbes et de l’obstination que j’y avois mise , et je remerciai ces bons babitans qui devinrent mes maîtres et m’instruisirent si bien, en les priant de vouloir accepter un verre de bon vin. Je leur devois cette foible marque de ma reconnoissance pour la leçon qu’ils m’avoient donnée.

Si quelqu’un demandoit comment j’ai pu ne pas distinguer un laitier d’une obsidienne , j’inviterai ceux qui pourroient me faire ce reproche, à venir voir dans ma collection ces résultats d’une mine de cuivre fondue , et ils jugeront si des naturalistes plus instruits que moi ne s’y seroient pas trompés.

J’ai cru devoir rapporter ici ces détails tels que je les ai transcrits dans mon journal , afin d’éviter les memes incer- titudes et les memes peines à > ceux qui parcourront ces montagnes et suivront la meme route, et afin qu’ils puissent servir d’exemples aux jeunes naturalistes, et leur apprendre que ce n’est qu’avec des recherches suivies et avec beau-

d’ H 1 s T O I R E NATURELLE. 3 i 3

coup de travail qu’on peut parvenir à éviter les erreurs et à obtenir des résultats exacts.

Je me remis en marche , et je retrouvai les memes roches trappéennes jusqu’aux approches d^Oherstein des murs énormes et naturels de pou dingues d’une hauteur et d’une épaisseur considérable , composés de blocs quartzeux de diverses formes , de couleurs variées et d’un volume considérable , bor- dent les rives de la Nah , et sont adossés contre des roches trappéennes amjgdaloïdes.

A mesure qu’on avance, ces épais remparts de poudingues se dessinent en pyramides et en obélisques, et sont comme autant de témoins irrévocables de la terrible et désastreuse révo- lution qui a excavé ces montagnes dans toute leur épaisseur, et qui tient nécessairement à la catastrophe générale dont nous avons suivi les traces depuis Mayence jusqu’à Oberstein.

J’ai cru devoir faire dessiner avec le plus grand soin quel- ques-unes de ces masses pyramidales , afin d’en donner une idée exacte à ceux qui n’ont pas été à portée de les observer ; elles sont formées en grande partie de pierres roulées , quart- zeuses , ovales ou arrondies , rarement anguleuses , dont la couleur diffère depuis le blanc, le gris clair, jusqu’au jaunâtre et au rougeâtre. La pâte de ces quartz opaques ou demi- transparens présente aussi des variétés ; on en distingue qui est très-fine , d’autre écailleuse , d’autre qui imite celle des grès les plus durs. On y rencontre aussi quelques granits à gros grains avec du mica : tous ces cailloux sont retenus par un sable quartzeux mélangé de beaucoup d’oxide de fer brun et rougeâtre, qui n’a pas une dureté égale par-tout ; ce qui donne lieu aux éboulemens, dont on voit tant de traces au pied de ces buttes et de ceS rochers de poudingues : je n’y ai point

3l4 ANNALESnUMUSÉUM

9perçu de fragmens de trapps ni de porphyres j mais j’ai vu dans une de ces masses gigantesques de très-petites veines horizontales et minces d’agate noire qui est quelquefois un peu mamelouée : cette agate est recherchée par les lapidaires à cause de sa couleur qui est d’une grande intensité , et de sa pâte qui est très-liné ^ mais les morceaux qu’on peut en détacher sont si petits, qu’ils ne peuvent servir que pour des grains de chapelets et autres petits objets : au reste ces petites veines sont rares et n’ont rien de commun avec les autres agates qui font la hase du travail des ouvriers d’Oher- stein ; elles viennent d’une montagne située à plus de demi- lieue de là, et qui est d’une nature bien différente. J’en don- perai la description dans un second itinéraire.

EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche XX

Vue d’un des rochers isolés de YAm-gefallen-fels(^ rochers tombés j,

'L’accumulation des grandes masses qui se sont détachées du corps du rocher , et qu’on voit à ses pieds , aura donné lieu probablement à cette dénomination.

Une de ces masses gigantesques en tombant est restée de- bout ; elle porte vers le bas sur la partie la plus mince , s’appuie vers le haut contre un des paremens de la roehe , de manière qu’elle ne paroit tenir qu’en équilibre. Malgré cette position d’autant plus effrayante que cet immense bloc est fortement incliné, un habitant d’Oherstein a été assez hardi pour construire une maison sous l’espèce de voûte ou caverne qui est résultée de cette position. J’ai fait dessiner avec la plus grande exactitude cette maison, qui est au bas, ainsi que

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d’ H 1 s T O I 11 E NATURELLE. 3 1 5

le site et la forme des masses détadiées , de meme que le rocher colossal qui élève son sommet arrondi au milieu de cetie grande ruine.

Cette vue est prise de face et duhord du chemin.

Planche XXL

Vue du meme rocher, prise sur la rive droite de laNali.

J’ai fait dessiner cette seconde vue en la prenant sur l’autre rive de la rivière, et du hord de l’eau en descendant un peu. Ce point de vue permet de découvrir d’autres grandes masses qui se sont détachées , et le haut du rocher paroît de comme une tour ronde. On voit la maison plus de prolil et dans une position plus élevée, parce que le rivage opposé est has , et qu’on voit de que le chemin est en terrasse soutenue par un mur épais , à pierre sèche.

Ce magnihque rocher de poudingues a plus de cent pieds de hauteur.

Planche XXII.

Vue d’un second rocher isolé de l’Am-gefallen-fels.

Ce rocher qui forme une masse plus homogène et moins détruite que l’autre , a éprouvé néanmoins une grande disrup-^ tion sur le côté gauche en le regardant en face; mais la hase de la partie qui s’est détachée s’est trouvée si considérable , quelle est restée d’ à-plomb : le sommet formeun angle aigu, et une déchirure inégale se manifeste dans toute sa longueur et son épaisseur. On voit d’une manière très-distincte contre le rocher principal les marques ou empreintes correspondantes des parties qui se sont séparées en un seul bloc, qui forme une grande et belle pyramide.

Ce rocher magnilique de poudingues, représenté dans cette vue , a dix à douze pieds de hauteur de plus que celui qui est Cguré dans l’autre planche.

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ANNA.LES DU MUSÉUM

EX TFxAIT d’une lettre de M. Thomas JEFFERSON, président des Etats-Unis de l’ Amérique.

, A M. Faujas-Saint-Fond.

Un voyage eiiti’epris pour faire des découvertes dans ce pays-ci nous procui-era pi'obablement quelques nouveaux renseignemens toucbant le Megalonix et autres animaux , soit perdus, soit vivans : son objet immédiat est de reconnoître la rivicre du Missouri jusqu’à sa source ; de visiter ensuite la plus proche rivicre située a l’occident, et de la descendre jusqu’à l’Océan Pacifique; de nous donner en même temps une géographie exacte de cet intéressant canal de communication à travers notre continent. Les travaux, les dangers de ce voyage, la force d’ame et de corps qu’il exige , la connoissaiice des mœurs des sauvages et l’adresse de les ménager, excluent de cette entreprise les hommes qui ne se sont appliqués qu’aux sciences, et dont les habitudes ne seroient pas proportionnées à un genre de vie aussi actif et aussi périlleux. Le capitaine Lewis, à qui je l’ai confié, a toutes les connoissances nécessaires en anatomie pour bien remplir cette partie ; et quoiqu^l ne soit positivement ni botaniste dans toutes les règles , ni zoologiste , ni minéra- logiste , il a observé si exactement les productions naturelles de ce pays , qu’il ne perdra point son temps à noter des choses que nous connoissons déjà. Il ne s’attachera qu’à celles qui sont nouvelles dans cette partie du inonde. Il nous rendra particulièrement compte des nouveaux animaux.Cette expédition, composée de douze personnes environ, sera probablement de retour vers la fin de i8o5.

J’espère d’étre en état l’été prochain d’envoyer d’autres voyageurs vers les principales branches du Missisipi et du Missouri , à la ri vière Rouge , à VAr- ■causa , au Padoucas , au Punis et au Missisipi même. Les objets de ces expé- ditions seront les mêmes que ceux qui ont été confiés au capitaine Lewis : elles exigeront le même espace de temps , c’est-à-dire , deux ans. Plusieurs de ces rivières s’étendent à looo ou 1200 milles dans les terres, à compter de leurs sources , et dans des régions qui n’ont jamais été visitées par des hommes blancs. Ce seroit un grand plaisir pour moi si ces voyages nous procuroient des maté- riaux propres à reculer les bornes de nos connoissances , et nous mettoient à même d’apporter à nos frères aînés en science un tribut de notre gratitude pour les lumières qu’ils nous communiquent depuis tant de siècles. J’ai l’honneur d’étre , etc. Thomas Jefferson.

T

d’ HISTOIRE NATURELLE. 817

ANALYSE

DE LICHTYOPHTALMITE,

Par mm. FOÜRCROY et YAUQUELIN.

Histoire de cette pierre.

M. Dandrada , minéralogiste portugais, a donné, il y a quelques années, le nom d’iclityoptlialme à une pierre dont le réllet et la couleur imitent assez liien celle des yeux de pois- son. Il paroit que cette pierre étoit déjà connue plusieurs an- nées avant M. Dandrada , et que quelques Allemands l’avoient désignée sous le nom de zéolitlie , genre de pierres avec les- quelles elle a en effet plusieurs analogies. Rinnman fait men- tion d’une zéolitlie d’Hellesta en Suède, dont les principes constituans et leurs proportions sont à très-peu près les memes que ceux de riclityopthalme, ainsi ^qu’on le verra plus lias (ij.

En parcourant , en 1798 , la province de Roslagen, M. Dan-

(i) Zéolitlie d’Hellesta.

Silice . . 55

Chaux a 7

Magnésie . . o,5

Alumine 2,5

Eeau et acide carbonique 17

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ANNALES DU MUSEUM

3i8

drada découvrit cette pierre à Uto : sa forme , son aspect, son brillant, ses caractères physiques en général lui paraissant dilférens de ceux des zéolithes, il crut devoir la distinguer par le nom d’ichtyoplitalmite ^et quoique ce nom ait , comme la plupart de ceux qu’on admet chaque jour en minéralogie, le défaut malheureuseipent encore inévitable de ne tenir à aucun système de nomenclature, il faut néanmoins convenir qu’il s’accorde très-bien avec le caractère le plus saillant de cette pierre, et qu’il l’emporte sous ce rapport sur un grand nombre des noms proposés par les minéralogistes étrangers.

Caractères physiques.

L’ichtyophtalmite est blanche , transparente, avec un petit œil opalin j elle est formée de lames chatoyantes très-distinctes qui se sépai'ent aisément les unes des autres. Ces lames jouissent d’un certain degré de llexibilité qui les rend très-difüciles à réduire en poudre. Sa pesanteur spécifique de 2870 est peu considérable par rapport à celle des autres pierres, et semble annoncer dans celle-ci la présence d’une certaine quantité d’eau , ou au moins des molécules peu rapprochées , une ma- tière peu condensée. On remarque de petites masses de car- bonate de chaux, et quelques grains d’oxide de fer , qui sont les uns et les autres attachés aux lames de l’ichtyophtalmite , ou interposés entre leurs interstices.

Caractères chimiques.

Premiers essais.

Chauffée au chalumeau , richtyophtalmite prend d’abord de l’opacité; ses feuillets s’agitent, se divisent et deviennent

N

HISTOIRE NATITRELLE. J19

plus sensibles ; ensuite elle se fond en bouillonnant légèrement , et laisse un globule opaque. Calcinée à une forte chaleur dans un creuset de platine, elle devient laiteuse, ses lames s’effeuillent et se séparent comme celles du sulfate de chaux; ensuite et par une plus haute température , elles s’agglutinent ^ se renouent , et prennent le grain du biscuit de porcelaine ; elle perd 17 à i8 pour cent dans cette opération.

L’acide nitrique ou l’acide muriatique dans lesquels on met des fragmens d’icthyoplitalmite , les ramollissent , et leur donnent une consistance gélatineuse comme aux zéolithes : elle ne prend plus cette forme après avoir été calcinée, et les acides alors ne l’attaquent que difficilement.

Il paroit , d’après ces premiers résultats , que c’est la pré- sence de l’eau qui donne à cette pierre , comme aux zéolithes, la faculté de former une gelée avec les acides , et qui favorise faction de ces derniers sur les principes de la pierre , avec lesquels ils peuvent s’unir.

Décomposition de T iclitjophtalmite par V acide muriatique^

Des essais préliminaires nous ayant appris que fichtyophtal- mite , meme en fragmens assez gros, étoit attaqué par les acides, nous avons mis cent parties ( 4 grammes 96 centièmes) de cette substance réduite en poudre line dans de facide muriatique étendu d’une suffisante quantité d’eau , pour quelle pût être dissoute sans prendre la consistance gélatineuse. A mesure que facide agissoit sur les principes de la pierre , elle prenoit une nuance légère de citron , et il s’en séparoit de la silice sous la forme de floccons blancs , demi-transparens et très-légers. Lorsque toute la pierre parut être réduite ainsi en

4i ^

320 ANNALES DU MUSEUM

floccons , nous avons chauffé le mélange , et fait évaporer une partie de l’eau qu’il contenoit, pour favoriser l’action du dis- solvant acide , le disposer à produire une décomposition com- plète dans le fossile soumis à cette opération.

Nous avons ensuite ültré la liqueur , lavé la matière restée sur le filtre , et évaporé cette liqueur dans une cornue munie d’un récipient, afin de nous assurer s’il ne se volatiliseroit pas autre chose que l’eau et l’acide muriatique en excès : l’examen le plus scrupuleux du produit ne nous a offert absolument que ces deux corps. Ce qui étoit resté dans la cornue avoit toutes les propriétés physiques du muriate de chaux ; il avoit en effet une saveur piquante , âcre et chaude , il attiroit puis- samment l’humidité de l’air.

Ce résidu salin , qui devoit être composé des parties de la pierre unies à l’acide muriatique, a été traité par l’eau distillée qui l’a dissous , à l’exception de quelques floccons jaunâtres que nous avons reconnus pour un mélange de silice et d’oxide de fer : leur poids n’équivaloit pas à deux centi-grammes ou quatre millièmes de la pierre.

Nous avons décomposé la dissolution filtrée par l’oxalate d’ammoniaque , dont nous avons eu soin d’ajouter un excès , pour obtenir , s’il étoit j:)ossihle , toute la chaux précipitée à l’état d’oxalate. La quantité du précipité desséchée à l’air chaud étoit d’un gramme qS centièmes , lesquels produisent , par une forte calcination , un gramme 4 centièmes de chaux vive un peu grisâtre. Cette quantité de chaux , réunie à celle de la silice , dont nous ferons mention plus bas , étant loin de compléter la somme de la pierre soumise à l’analyse , nous soupçonnâmes qu’il entroit dans la composition de fichtyopK- talmite encore quelqu autre substance différente de la chaux ,

d’ H I s T O I R E NATURELLE. 321

et qiie raclcle oxalique n’avoit pas la propriété de rendre insoluble. En conséquence nous évaporâmes à siccité les eaux de lavage de l’oxalate de chaux ; nous calcinâmes le produit pour sublimer le muriate d’ammoniaque formé par la pré- cipitation de la chaux en oxalate , et nous eûmes en effet un reste qui , au lieu de se volatiliser, se fondit, et dont la saveur piquante et chaude annonçoit encore la présence du muriate de chaux. Pour nous eu assurer nous finies dissoudre ce résidu dans l’eau distillée, nous y mêlâmes de l’oxalate d’am- moniaque en excès comme la première fois , et nous vîmes avec surprise se former un précipité abondant , dont les apparences conllrmoient le soupçon qu’avoit fait naître la saveur du résidu.

Ce second précipité lavé et séché pesoit un gramme 5 cen- tièmes , et fournit par une forte calcination 35 centièmes de gramme d’une matière blanche à laquelle nous trouvâmes , par différeus essais , toutes les propriétés de la chaux vive. Ce résultat inattendu éveilla notre attention et nous suggéra des doutes sur l’excellence de l’oxalale d’ammoniaque si vanté et si employé , depuis Bergman , pour la précipitation de la chaux de ses dissolutions.

Pour acquérir sur ce point plus d’assurance et arriver , s’il nous étoit possible, à la certitude, nous avons mêlé de l’eau de chaux à l’eau de lavage de l’oxalate de chaux précipité en dernier lieu , et la liqueur s’étant fortement troublée , nous fûmes assurés que l’oxalate d’ammoniaque avoit été ajouté en excès.

S’il étoit vrai que, malgré la surabondance d’ oxalate d’am- moniaque employée dans la première précipitation , il restât dans la liqueur de la chaux non précipitée , le raisonnement

322 ANNALES DU MUSEUM

nous annonçoit qu il en devoit encore rester dans la liqueur de la seconde précipitation. Pour vérifier par l’expérience le point nous conduisoit la série des idées , nous limes éva- porer à siccité , comme la première fois , la liqueur dont nous venons de parler , et , après la volaülisatioii du sel am- moniac , il resta une matière fondue , d’une couleur grisâtre , d’une saveur piquante et chaude, mais sensiblement plus salée que la première. Cette matière, qui pesoit un demi-gramme, fut dissoute dans une petite quantité d’eau ; la dissolution , abandonnée à l’évaporation spontanée , fournit bientôt des cristaux cubiques d’une saveur salée et piquante.

Ces cristaux , séparés avec soin de la liqueur ils s’étoient formés , et lavés avec un peu d’alcool très-déflegmé , conser- voient encore une saveur salée et piquante , mais moins marquée qu’auparavant 5 ils n’exbaloient point d’odeur ammo- niacale par la potasse caustique : ce n’étoit donc pas du sel ammoniac échappé à l’action du feu ; mais leur dissolution faisoit cristalliser sur-le-cbamp le sulfate d’alumine en petits octaèdres d’alun : d’où il suit que ces cristaux étoient du mu- riate de potasse , car , d’un autre coté , l’acide sulfurique en dégageoit des vapeurs d'acide muriatique.

La détermination exacte de ce sel , dont le poids pouvoit être de 3 ou 4 décigrammes, nous fit connoitre que i’ictbyopbtal- mite contient , outre de la silice et de la chaux , une certaine quantité de potasse.

Pour savoir maintenant si l’alcool qui avoit servi à laver ces cristaux contenoit de la chaux , nous l’avons étendu d’eau et mêlé , pour la troisième fois , avec de l’oxalate d’ammo- niaque , et nous avons encore obtenu un précipité proportionné à la masse de matière sur laquelle nous avons opéré.

d’ HISTOIRE NATURE^L^LE. 32.3

Au surplus , nous comptons faire sur cet objet quelques expériences directes pour savoir exactement sur quoi Ton doit compter dans l’emploi de l’oxalate d’ammoniaque pour préci- piter la chaux. , ...

L’on voit, d’après ce qui a été dit jusqu’ici , que la pierre nommée ichtyophtalmite est composée de .silice, de chaux, de potasse et d’eau : la substance sur laquelle il pourroit rester quelques incertitudes a été reconnue par les exjiériences qui suivent.

Les flocons séparés de la pierre pendant la dissolution dans l’acide muriatique ont donné, après leur calcination, 5i cen- tièmes du poids del’ichtyophtalmite j mêlés avec deux parties de potasse et un peu d’eau , ils se sont dissous en totalité avant meme que le creuset le mélange avoit été mis ne rougit et que l’eau ne fût évaporée : il en résulta une liqueur claire, transparente , qui prit par le refroidissement la consistance d’un sirop épais et la ténacité d’une gomme. Cette combinaison, étendue d’eau et mélée avec de l’acide muriatique , ne se troubla point 5 mais, par une évaporation à siccité, tout se pré- cipita sOus la forme d’une poudre très-blanche et très-fine que les acides 11 attaquoient en aucune manière : ces propriétés ne laissent donc pas de doute sur la nature siliceuse de ces flocons. If eau avec laquelle cette matière avoit été lavée ne donnoit point de précipité par les alcalis 5 ce qui prouve que la silice étoit pure , et que l’acide muriatique l’avoit entièrement dé- pouillée de la chaux et de l’alcali unis avec elle dans la pierre.

Voici à très -peu près les proportions dans lesquelles les élémens de l’ichtyophtalmite sont entr’eux :

32 4 ANXALESDV MUSEUM

1°. Silice 5i.

2°. Chaux 28.

3®. Eau 17.

4‘’. Potasse 4-

100.

Il y a aussi dans cette pierre une petite quantité d’oxide de fer , mais il y est accidentel.

En comparant le résultat de cette analyse avec l’une des autres pierres examinées jusqu’ici, oiCtrouve que fichtyopli- talmite ne ressemble à aucune autre pierre.

L’ichtyoptlialmite doit donc former une espèce particulière dans le système lithologique , et M. Haüy , qui a déjà com- mencé à examiner sa forme cristallisée , pense aussi qu’elle diffère de toutes celles qu’il connoît. Les seules pierres dont elle semhleroit se rapprocher par la quantité d’eau et la pro- priété de former gelée , sont les zéolithes j mais celles-ci con- tiennent de l’alumine , et l’ichtyoj)thalmite n’en recèle pas un atome.

L’échantillon avec lequel nous avons fait nos expériences nous a été offert par M. Tondy , premier aide -minéralogiste au Muséum d’Histoire naturelle , qui se l’étoit procuré chez M. Morh , marchand de minéraux , actuellement à Paris.

DHISTOIRE NATURELLE.

CLASSIFICATION

DES PRODUITS VOLCANIQUES. Par M. F au j as -Saint - F on d.

J E considère toutes les laves comme provenant de minéraux cpii , avant d’éprouver les modilications que les feux souter- rains leur ont imprimées, ont appartenu à des roclies qui leur sont corrélatives et peuvent se rapporter d’une part à celles que nous connoissons et dont nous sommes en état de dis- tinguer les analogues j de l’autre , à des roches particulières que la nature a dérobées à nos regards , et que les volcans arrachent du sein de la terre à de grandes profondeurs ; on peut ranger naturellement ces dernières dans la classe des minéraux de ce *genre déjà connus , et qui ne diffèrent que comme espèce par des substances additionnelles propres à compléter l’histoire naturelle des roches que la terre recèle.

Ainsi, par exemple, si le Vésuve élève de ses cavités pro- fondes des laves qui renferment des noyées dans une pâte de trapp , semblable à celle des porphyres ordinaires , malgré que ces cristaux de leucites ne se soient jamais trouvés encore que dans les laves , ne sommes-nous pas autorisés à les ran- ger dans la classe des porphyres, puisque leur hase est la meme ? Oui , sans doute, et la lithologie s’enrichit par d’une nou- velle variété de roche porphyritique qui existe à des profon- deurs que les efforts des hommes ne sauroient jamais atteindre ;

O ... /j 2

ANNALES DD MUSEUM

3^6

celle rocîie parliciiiière n’aiiroil donc jamais vu le jour sans la puissance énergicpie des feux souterrains.

Tl en est de meme des granits; si les volcans en font pa- roître des espèces qui nous offrent au milieu de leurs agrégats cristallisés des substances minérales nouvelles que nous ne connoissions pas auparavant, nous obtenons par des espèees propres à enrichir la minéralogie.

Cette manière de considérer les produits des volcans me paroit la plus simple et en meme temps la plus conforme à l’ordre naturel, puisqu’elle met celui qui observe les giands résultats des embrasemens souterrains dans le cas de rester constamment sur la voie de l’analogie et des rapprocbemens.

Je sais qu’en éloignant par un grand appareil de mots qui donne une fausse apparenee d’érudition à ceux qui professent et un ton doetoral à ceux qui étudient, la méthode que je propose paroitra moins savante et beaucoup trop simple : si cela est ainsi , mes vœux seront remplis.

Car c’est à cette simplicité que tendent toutes mes vues , et j’ose espérer que ceux qui portent un œil philosophique sur les sciences naturelles jugeront plus favorablement de mes efforts, et me sauront du moins quelque gré d’avoir cherehé à être utile au plus grand nombre de ceux qui aiment à s’instruire, mais qui sont rebutés d’avance de cet attirail de termes barbares et arbitraires sous lequel il semble qu’on veuille depuis quelques années étouffer les seiences naturelles , et les rendre inabordables aux gens de lettres et aux hommes de goût qui sont faits pour les connoître aussi.

d’ HISTOIRE NATURELLE.

‘7

CLASSIFICATION des substances minérales

volcanisées.

CLASSE PREMIÈRE.

Des laves considérées relativement à leurs formes et à leurs modiji cations extérieures.

DIVISION.

1. Laves noires homogènes.

A. ... à grains fins.

B. ... à grains rudes.

C. ... à contexture écailleuse.

2. Laves prismatiques

à 5, 4, 5, G, 7, 8, 9 pans.

A. .. en piismes droits d’un seul jet.

B. . . en primes coupés transver-

salement.

C. . . en prismes articulés concaves d’un côté , convexes de l’autre.

D. . . . en prismes comprimés laté- ralement.

E. . . .en prismes arqués.

5. Laves avec des faces anguleuses irré- gulières.

4* Laves avec des faces et des angles d’une régularité si apparente qu’elles ont un faux aspect de cristallisation. 5. Laves en tables.

A. .. . épaisses.

B. .. . minces.

6. Laves en houles

A. .. . solides.

B. .. . creuses.

C. . , . en feuillets.

7. Laves poreuses pesantes.

A. ... h. grands pores ohlongs.

B. ... à pores irréguliers.

8. Laves poreuses légères.

A. .. 3l pores ronds.

B. .. . ohlongs.

E. . . . irréguliers.

D. . . . croisés.

E. . . . striés.

9. Laves scorifiées.

A. .. . torses.

B. ... en cables.

C. . . . en rubans.

Z). ... en grappes.

E- . > QTà manière de stalactite.

42 ^

3-28

A>’NALES DU MUSEUM

CLASSE SECONDE.

Des Ifwes considérées relativement à leurs principes

constitutifs.

DIVISION.

"Laves granitiques à gros grains.

1 Avec quartz, feltl-spalli, mica en lames ou en cristaux, etc.

2 Avec quartz , fekl - spath , liorn- Ijleuclc.

5 Avec quartz , liorn-blende , feld- spath et des points ou petites taehes rougeâtres qui paroissent appartenir à des grenats rouges altérés.

4 Avec mica à grandes lames , horn- blende et feld-spath noir fondu.

5. Avec feld-spath blanc écailleux, diaphane, feld-spath rougeâtre , fi- breux , quelques lames de mica , de tros-petits grenats rouges , qui pa- roissent fondus , et une matière noire vitrifiée qui ressemble à de l’iiorn- blende.

A grains fins.

G Avec quartz feld-spath et mica noir cristallisé en lames hexagones.

^ Avec quartz , horn-hlende et jnica.

8 Avec feld-spath , horn - blende et mica.

f) Av«c feld-spath , quartz , mica amor- phe et quelquefois cristallisé, et de petites parties de grenat rouge un peu altéré.

10 Avec quartz, feld-spath, mica et quelques cristaux de feld-spath de- mi-transparent en parallélipipèdes , dont f[uel([ues-uns ont plus d’un pouce de longueur sur cinq lignes de largeur.

Laves granitiques schisteuses.

1 1 Avec quartz , feld-spath blanc rou- geâtre , horn-bîende noire et mica brun cristallisé.

Nota. Les laves granitiques à gros grains de quartz et avec cristaux de feld-path , sont très - abondantes au Mont-d’Or en Auvergne , ainsi qu’au Puy-de-Dôme.

On en trouve non loin d’Ander- nach , avec des lames de mica très- larges et non altérées , tandis que le feld-spath a été fondu.

Les laves granitiques se remar- quent aussi à Sancta Fiora sur les confins de la Toscane et des Etats du Nulle part j e ne les ai vues , dit Dolomieu , dans une si belle ahon-- dance , ni avec des preuves si con- vaincantes de leur fluidité. Journal de Physique , 1 794 , pag. 1 02.

d’ Il I s T O I R E INf A T U R E L E E.

329

CLASSE T Pv O I S I È M E.

Des laves qui doivent leur origine à des roches a hase de

trapp.

Observations.

Les trapps forment une classe de roche particulière rpie l’analyse rapproche des feld-spaths en masses , mais qui en diffèrent par une plus grande quantité de fer, et par des caractères extérieurs et des couleurs qui leur sont propres.

Les trapps se trouvent le plus souvent dans le voisinage des roches porphyritiques , et cela doit être, puisque les véri- tables porphyres ont pour hase la matière du trapp , et que les couleurs diverses qu’on remarque dans les trapps , ainsi que dans les porphyres , ne tiennent qu’aux différens degrés d’oxidation du fer.

Lorsque les trapps ne présentent à l’œil nu aucuns corps étrangers appareils, je leur donne le nom de trapps homogènes ^ •mais je ne les appelle ainsi que minéralogiquement.

Lorsque les trapps renferment des globules calcaires , des globules d’agathes , de quartz ou de toute autre substance pierreuse non cristallisée , je^leur laisse, d’après les Allemands, le nom de mandelstein^ cm amjgdaloïdes.

Enfin lorsque les trapps ont dans leur pâte des cristaux defeld-spath distincts, ils appartiennent essentiellement alors aux véritables porphyres.

déconsidéré les globules calcaires, qnartzeux, etc. , ainsi que les cristaux de feld-spath , non comme infiltrés , ni accidentelle- ment engagés dans la pâte du trapp , mais comme contempo- rains, et s’étant séparés plus ou moins promptement en glo- bules, ou formés lentement et régulièrement en cristaux.

33o ANNALES DU MUS UM

Or si les volcans se manifestent au milieu de semWables roclies dans le sein de la terre , le feu propre à ces grands incendies exerce une action toute particulière sur elles , et leur donne une certaine fluidité pâteuse qui n’altère que légè- rement leur organisation, et ^ur imprime en meme temps un caractère qu’un œil exercé distingue très-bien , meme dans

les laves les plus anciennes de leur communique d’ailleurs n’avoient pas auparavant j c’est laves à base de trapp.

s

En laves trappèennes homogènes ^ c’est-à-tlire , dans lesquellesrœilnepeut découvrii' aucun corps étranger appa- rent.

Eu laves amygdaloïdes renfermant des glolniles de différentes substances pierreuses engagées et non infiltrées dans la pâte du trapp.

En laves porpliyritiques formées de différentes substances pierreuses cris- tallisées et engagées dans le trapp.

Laves trappèennes homogènes.

1 h pâte fine.

2 à pâte écailleuse.

5 à pâte dont le grain est rude et gra- veleux.

Laves amygdaloïdes.

1 Laves amygdalo ides avec des globules de zéolitbe électrique.

2 Laves amygdaloïdes avec de l’anal- cyme et de la stilbite.

5 Laves amygdaloïdes avec chrysolite des volcans ( péridot ).

cette nature, La volcanisation quelques propriétés quelles d’après cela que je divise les

4 Laves amygdaloïdes avec des globules Calcédoine, d’agatbe , de corna- line, de stéatite.

5 Laves amygdaloïdes avec des globules de spatb calcaire.

6 I^aves amigdaloïdes avec des globules de spatb calcaire et des cristaux de feld-spatli ( transition aux véritables roches porpbyritiques ).

Laves pofphyritirjues formées de dif- férentes substances pierreuses cris- tallisées et engagées dans le trapp.

1 I.aves avec des cristaux de feld-

* spatb , laves porpbyritiques propre- ment dites.

2 Laves porpbyritiques avec des cris- taux de leucile,

3 Laves porpbyritiques avec du py- roxène cristallisé.

4 Laves porpbyritiques avec des cris- taux de hoi’n-blende amphibole de Haiiy.

d’ H 1 s T O 1 R E NATURELLE.

33 1

CLASSE QUATRIÈME.

Laves feld-spathiques dont la hase^ au lieu d’ être du trappe * est du feldspath en masse. ( Pelrosilex. J

Observations.

J’avois liésité de séparer cette classe de la précédente \ mais , après avoir long -temps médité sur ce sujet et avoir observé avec tout le soin possible jilusieurs produits volcaniques très- remarquables qui ne pouvoient trouver place dans aucune autre division, je me suis décidé, sans balancer davantage, à établir cette quatrième classe , malgré le rapprocliement qui existe jusqu’à un certain point 'entre les roclies de trapp et les roches pétrosiliceuscs que j’appelle roches feld-spathirpies oufeldspath en masse mais ils’y trouve quelques différences, notamment dans la quantité de fer que les trapps renfer- ment , qui m’ont déterminé à les séparer.

Dans une matière difüciie la nature n’a point établi de lignes de démarcation tranchantes , mais de simples transitions, j’ai du m’efforcer , autant que la chose étoit en mon pouvoir , d’éviter ce qui pourroit tendre à établir du doute ou de l’obs- curité sur un sujet que la théorie seule ne sauroit éclairer suflisamnient , et qui exige nécessairement dans ceux qui com- mencent des études préliminaires en minéralogie et en chimie , l’examen local de quelques volcans éteints , et , s’il est pos- sible, celui de cpielques volcans en activité.

Ceux qui ont déjà l’habitude de l’observation et qui se sont appliqués à la connoissance des roches , savent qu’il y a de véritaljles laves à base de feld-spath , telles que celles des îles

ANNALES DU MUSEUM

33 a

Ponces et des monts Engaiiéens , l’on en voit de très- noires et à pâte fine, qui donnent au chalumeau un émail hlanc comme celui des feld-spatlis ordinaires. La meme île volca- nique en offre qui sont jaunâtres, d’autres d’un gris clair tirant un peu sur le rose , et qui ont un aspect de poix-résine, ce qui leur fit donner dans le temps, par M. Dolomieu, le nom de laves résiniformes qu’il faut bien distinguer des pierres de poix ou pech-stein. On remarque aussi de ces laves feld-spatliiques , que les feux volcaniques ont lait passer en partie à l’état de véritable pierre-ponce, sans dénaturer entièrement le caractère du feld-spatb.

Je sais que ceux qui n’ont pas été à portée d’observer les résultats de la volcanisation ne manqueront pas d’objecter que des laves feld-spatbiqnes que le cbalumeau fait couler en émail blanc , ne sauroient résister à l’action des feux souter- rains sans éprouver le meme mode de fusion ^ je pourrai répondre que cela peut nous étonner d’après la théorie ordi- naire des feux de nos l’ourneaux , animés par l’action du gaz oxigène de l’air atmosphérique exerçant les phénomènes de la combustion sur des charbons de bois ou des charbons fossiles.

Mais des matières mises en fusion à de grandes profondeurs dans le sein de la terre , sous des masses énormes qui tendent sans cesse à exercer une pression d’une force incalculable , sur des corps en incandescence , saturés , pour ainsi dire , d’un calorique dont l’origine ne nous est pas connue , puisque nous n’avons point encore de données certaines à ce sujet, doivent éprouver, ainsi que le fait le démontre, un mode particulier tle fusion qui diffère de celui que nous obtenons j)ar l’art. Si quelqu’un cbercboit à contester ce fait , il n’y auroit qu’à l’en-

d’IÏISTOIRE NATtTRELtE. 333

voyer au Vésuve et à rexamen de ses laves anciennes et mo- dernes , et il y verroit des courans qui ont incontestablement coulé sous les yeux de mille témoins , et dont les laves sont lardées de toutes parts de leucites restées intactes au milieu de la matière en fusion qui les renferme. Il est à ob- server que ces leucites devroient être d’autant plus susceptil)les de se liquéfier , qu’elles contiennent beaucoup de potasse.

L’Ethna offre des exemples semblables dans ses laves si riches en pyroxènes , et dans celles qui renferment des feld- spaths cristallisés. Les mêmes phénomènes se répètent dans presque tous les volcans éteints.

Qu’on veuille bien me pardonner cette digression. Elle m’a paru d’autant plus nécessaire, qu’il est important d’en avoir les résultats souvent présens à l’esprit lorsqu’on examine sur les lieux, et à plus forte raison dans le cabinet, les laves qui ont pour base le feld - spath. J’ajoute qu’il est essentiel de rappeler encore à ce sujet un fait qui n’avoit pas échappé à l’œil attentif de Dolomieu : c’est celui de distinguer quelquefois dans une meme lave deux sortes ou variétés de feld-spath, dont l’une sert de base à l’autre, qui s’y trouve dans un état de cristallisation. Dans quelques circonstances , la base a été fondue et réduite meme dans l’état de verre ou d’obsidienne, /tandis que les cristaux qui s’y trouvoient renfermés sont de- meurés intacts, ou n’ont été que foiblement attaqués et plutôt frittés que fondus.

Les laves porphyritiques nous fournissent un exemple abso- lument analogue : leur pâte de trapp est fondue et même con- vertie en émail ou en verre, et les^ cristaux n’oiit point éprouvé le meme changement.

5.

43

334 ANNALES DU

I Lave felil-spalliiqne noire , opaque , homogène , pâte fine et un peu lui- sante , à eassure eonchoide , rayant g le verre , se fondant au chalumeau en un émail Idanc.

3 Lave feld-spathiquo, d’un gris clair tirant un peu sur la couleur de chair, à pâte très-fine, translucide sur les hoids, rayant le verre, et ayant une tendance à se détacher en écailles lorsqu’on l’attaque avec le marteau; se fondant en un émail blanc.

5 Lave feld-spathique blanche pesante,

rayant le verre, à contexture plutôt ^ granuleuse qu’écailleuse, avec quel- ques points de mica noir dissé- minés dans sa pâte; fond au chalu- meau en émail blanc.

4 Lave feld-spa bique blanche, lui- sante, un peu vitreuse, à petites écail- les fines, légères, comme boursouf- flées et un peu striées, beaucoup moins posante que la précédente, et semée de mica noir. ( Le feu vol- canique lui a donné une tendance à passer à l’état de pierre-ponce. )

5 Lave feld-spathique d’un blanc lavé d’une teinte rose plus ou moins pure, 8 à pâte fine, dont la contexture est granuleuse et très-chargée de pe- tites lames de mica noir brillant ; raye le verre et fond en émail blanc.

Le caractère tiré de la couleur n’étant qu’accidentel, on peut placer dans celte division les laves feld-

MUSÉUM

spatliiques analogues qui auroient une autre teinte ou d’autres nuances. Lave feld-spathique d’un gris clair, quelquefois bleuâtre, quelquefois un peu verdâtre, ou d’un blanc un peu rosé , à pâte fine compacte, disposée plutôt en lames qu’en grains avec du mica plus ou moins noir, et une multitude de grains irréguliers d’un feld-spatb plus blanc ou un peu jau- nâtre qui tranche sur le fond , et dont les parties ont une contextui’e et une direction différentes de celle de la base de la lave.

Lave feld-spathique d’un gris blanc, à pâte fine , écailleuse, et à reflet luisant et comme satiné , d’une na- ture analogue à celle du n.® 6, quant à la emuposition , mais qui en dif- fère en ce que l’action du feu vol- canique a imprimé à la pâte un ca- ractère de fusion analogue à celui de la pierre ponce, tandis que les fragmens granuleux de feld-spatb plus blancs et d’une nature plus dia- phane, engagés dans le feld-spatb en masse, ont résisté davantage à l’ac- tion du feu, et sont restés presqu’in- tacts.

Lave feld-spathique couleur isabulle foncée avec des grains de feld-spatb blanc dlajilianeet une multitude de petites paille. tes de mica noir qui sont restés inuicts au milieu de la base striée , un j)eu poreuse, et passée à l’état de pierre-ponce. Cette lave feld-spathique a des rapports avec

33j

d’hI STOIIlE

précédenle j mais sa coulcxture est plus â pre et ses pores plus rappro- cliés et plus contournés : son aspect a une apparence de pechstein ; ce qui lui avoit fait donner par Do- lomieu le nom de lave résiniforme, g Lave feld-spalliique grise, avec une multitude de petits globules plus ou moinds ronds et inliérens à la lave, d’une matière analogue à celle du feld-spalli, d’une couleur plus fon- cée que celle de la pâte qui les con- tient , et dans laquelle ils ont été primitivement formés : leur con- texture est plus serrée et un peu vi- treuse. Cette lave , qui est dure et susceptible de recevoir le poli , pa- roit comme tigrée ; elle a quelques points et de très-petits linéamens de mica noir ; raye le verre , et fond au chalumeau en émail d’un blanc grisâtre.

10 Lave feld-spathlque grise et quel- quefois d’un gris blanchâtre analogue à la précédente , avec la différence que, dans celle dont il s’agit, la pâte, qui renferme aussi quelques linéa-

NATURELLE.

mens de mica noir, est plus lâche et moins adhérente , et que les globules sphéroïdes sont hoaucoup plus gros et d’une substance de Icld- spalh un peu vitreuse , mais Ircs- compacte. On ne sauroit mieux les comparer qu’à de gros pois. L on trouve quelques échantillons ou la base qui les renferme s’étant dé- truite en partie, les globules ont ré- sisté et offrent des protubérances saillantes qui ont une fausse appa- rence de cristaux orbiculaires. Ceux- ci renferment dans leur intérieur, ainsi qu’à leur surface , des par- celles et des portions linéaires d’un feld-spath f»lus blanc “que la pâte globuleuse qui les contient : l’on y voit aussi quelques points de mica noir.

Il seroit possible que ces corps presque ronds renfermés dans cettft lave donnassent naissance à l’espèce d’obsidienne connue sous le nom de liichs-saphir, lorsqu’un coup de feu violent les fait passer a 1 état de verre.

CLASSE CINQUIÈME.

Des brèches et des tiiffas volcaniques.

Observations,

Les brèches et les tuffas volcaniques sont des agrégats dont la formation est due à l’action des feux, souterrains. Celte réu- nion de matières diverses tient à plusieurs faits qu’il est

43^

ANNALES DU MUSEUM

336

Liea importanl de distinguer. Triitôt, c’est l’action seule mais variée du feu et celle des émanations acides qui s’en élèvent, qui ont oxidé et converli en suLstance terreuse des laves reprises ensuite par d’autres laves en état de fusion. D’autres fois , l’eau portée à un liant jioint d’incaiidescense est entrée en concours avec le feu , et agissant simultanément, cliacun à leur manière, ces deux agens si opposés ont donné lieu à des résidtats très-ex- traordinaires. Enfin , dans quelques circonstances , des pluies de laves pulvérulentes , en grains , ou en fragmens d’un certain vo- lume , tombant dans des mers voisines des foyers embrasés, quelquefois meme portés à de grandes distances , se sont con- solidés dans le sein des eaux. On a meme des exemples c{ue des amas de sables volcaniques ont enseveli des villes, telles que celle de Poiiipeïa , et que les eaux de pluie seules ont ensuite donné à ces masses terreuses, friables et mobiles, une consis- tance et une sorte de solidité cpi égalent celle des cimens les plus durs.

C’est sans doute ici la partie minéralogique des volcans la plus difficile, la plus ingrate en apparence, mais en meme temps la plus curieuse par la diversité des objets particuliers et remarquables quelle nous présente. Il n’est pas aisé , il faut en convenir, de saisir avec une précision rigoureuse les lignes de démarcation qui caractérisent les différens tuffas sur les- quels nous venons de jeter un coup-d’ceil général ; ‘mais on approchera beaucoup de la vérité en admettant les divisions suivantes. Dans le cas meme l’on commettroit quelques erreurs dans ces distinctions, il n’en seroit pas moins certain que ces produits volcaniques dont on chercheroit à étudier les caractères, sont rapprochés les uns des autres, se lient et amènent naturellement les divisions suivantes.

d’ H 1 s T O 1 R E N . PREMIÈRE DIVISION.

brèche dont la formation est due a des laves <jui , dans leur état de fluidité, se sont emparées d autres espaces de laves, soit compactes , ^

soit poreuses^ soit scorifiées , soit vi- treuses, ou d^ autres substances pier^ reuses réduites en éclats- Loi sijue les matières ainsi empâtées offrent des noyaux plus ou moins anguleux ^ dune certaine grosseur, et que la lave qui les réunit est dure et solide , on peut leur donner le 7i07/z. brèches volcaniques. Si, au contraire, les fragmens sont très- petits , et que la pâte qui les lie soit friable, tendre et plutôt teéreuseque pierreuse, le nom de tuffas leur con- vient mieux.

1 Brèche volcanique formée de frag- mens anguleux et de fragmens arron- dis, de lave noire compacte , de lave noire un peu poreuse et de quel- ques grains de feld - spath blancs , fortement réunis par une lave granu- q leuse très-dure , de couleur fauve.

3 Brèche formée de fragmens anguleux de lave noire, dure, a petits pores, liés dans une pâle fine de lave fauve qui avoil une tendance à passer à l’état de ponce.

5 Brèche qui a des rapports avec la précédente quant à l’aspect, mais qui en di Itère en ce que les fragmens de lave noire, au lieu d’être poreux, sont à l’étal de scories demi-vitreuses d’un noir irès-brillant. La pâle grise

t T U R E L L £. 337

qui lie celle brèche et lui donne une forte consistance, est composée de molécules fines, mais un peu écail- leuses, très-rapprochées de la pierre- ponce dure.

Brèche formée de fragmens angu- leux de lave noire poreuse , de quel- ques petits grains de feld-spath blancs , opaques , amalgamés dans une pâte de pierre-ponce grise à petits pores. Brèche avec des fragmens anguleux de pierre calcaire blanche, grise et quelquefois fauve , de la nature du marhre , susceptibles de recevoir le poli , empâtés de toutes parts et dans tous les sens dans une lave grise, dure, semée de fragmens et de cristaux de feld-spath blancs, diaphanes et gercés, d’horne -'blende noire , de quelques grains de pyroxène d’un vert d’herbe , et de quelques lames de mica argenté : ce dernier s’y trouve en très-petite quantité. Cette brèche est assez dure pour être sciée et recevoir le poli ; elle est fortement altirable à l’aimant. Brèche avec de gros fragmens de marljre blanc , de marbre jaunâtre à grain fin et salin, qui reçoivent le poli ; de pierre grise à pâte très-fine qui ne se laisse pas entamer par l’aeier, mais qui fait néanmoins une efferves- cence assez vive dans l’acide nitrique: elle paroit être silicéo-calcaire. Les divers fragmens de ces ])ierres sont engagés dans une lave grise un peu terreuse, mais solide, mélangée de beaucoup de pyroxèues noirs , divisés en très-petits éclats.

338 ANNALES DU

7 Brèche avec des fragraens de marbre blanc, de marbre gris, el quelques noyaux formés d’un mélange de feld-spatb limpide , et d’une matière noire qui a du rapport avec l’iiorne- blende. On y trouve aussi des noyaux de mica noir conglomérés. Ces di- vers corps étJ’angers sont empâtés dans une lave grise qui contient en très- grande abondance de petits fragmens de pyroxèue d’un noir brillant en ap- parence, mais qui, examinés au grand jour et à la loupe, sont verts. On y distingue même quelques cristaux bien prononcés de cette substance , qui sont diaphanes et de couleur vert d’herbe, et quelques lames de mica couleur d’argent.

8 Brèche à gros nœuds de ebrysolite des volcans , de couleur verdâtre et de couleur jaunâtre , mêlée de gros fragmens de lave poreuse et de lave compacte noire presque scorlfiée,liés par une lave grise qui renferme elle-

même une multitude de grains sa- blonneux de lave noire.

y Brèche à fond jaunâtre avec de très- gros fragmens d’une lave noire com- pacte basaltique l’emplie de grains vitreux de ebrysolite d’un vert jau- nâtre, et d’une multitude de fragmens d’une moindre grosseur de lave noire à petits pores , dont quelques-uns sont vitrifiés. La lave jaunâtre et un peu terreuse qui lie cette lirèche ren- ferme quelques grains de pyroxène noir qui paroiçsent. avoir été fondus,

MUSEUM

et du feld-spatb écailleux , altéré et d’un blanc sale.

DEUXIÈME DIVISION.

Brèches ou tuffas volcanirjues for?nés par le concours du feu et par celui de l eau portée au plus haut degré de température : t eau s“ iatrodui- sa/it par^ quehpues communications souterraines dans le sein embrasé des volcans , a produit des ré~ sidtats et des combinaisons parti- culières qui participent des pro~ priétés contraires de ces deux élé- mens.

I

1 Brèche à fond gris cendré, formée d une multitude de fragmens un peu poreux de lave noire basaltique mê- lés de beaucoup de grains de cliry- solite , de gros fragraens de grès quartzeux à zones parallèles , blan- ches et rouges , de morceaux ir- réguliers de pierre marneuse, grise , colorés en rouge dans plusieurs par- ties , et de quelques géodes à croûte d Jiématlte brune qui paroissent être le résultat des infiltrations d’une marne qui se trouve par morceaux dans cette brèche , et qui est très- cbargée de fer.

2 Brèche formée de fragraens de por- phyre brun et de porphyre à fond rouge, ayec des cris:aux en paralléli- pipèdes de feld-spatb blanc, de frag- mens de marbre blanc entourés dans leurs points de contact de linéamens noirs qui paroissent être le résultat

/

11

H 1 s T O 1 R E

d’une dissolution aqueuse qui a inti- mement lié toutes les parties qui composent cette singulière brcclie. La lave grise qui en fait le fond , et qui renferme quelque grains de py- rox-ène noir fondu, est tellement amal- gamée , à l’aide des infdtrations cal- caires , avec les autres parties de la brèche , que le tout forme un en- semble susceptible de recevoir le poli.

TROISIÈME DIVISION.

Brèches ou tuffas volcaniques formés par des jets ou projections de ma- tières réduites en éclats , en grains ou en poussière , portés quelquefois ait loin par des explosions et par les vents , s’aglutinant ensuite^ soit qu elles tombent dans la mer, soit q U elles se déposent hors de son sein dans les lieux les eaux de pluie les consolident, comme à Pom- peia et ailleurs.

I Tuffa volcanique qui doit son origine à des pluies de pierres-ponces blan- ches et à des pierres-ponces grises divisées en fragmens de la grosseur d’une olive et quelquefois d’une noix,

^ adbérens par des points de contact sans qu’on puisse distinguer la ma- tière qui les réunit. Ce tuffa est d’r ne grande légèreté; mais sa consistance n’est pas forte.

a Tuffa dont la base est une pierre- ponce réduite en poussière si line qu’elle a l’apparence d’une substance

N A T tJ K E L L E. 33tJ

argileuse. Celle-ci réunit une multi- tilude de très-petits grains de pierre- ponce plus sèche , plus âpre au lou- cher, et beaucoup moins altérée, et des parties de laves poreuses très- distinctes , quoique décolorées en partie. Ce tuffa forme une des va- riétés du trass de Pleyl dans les en- virons d’Andernach. On peut consul- ter ce que j’en ai dit dans un IMé- moire particulier j’ai décrit les carrières diverses et considérables de ces trass exploités pour être con- vertis en ciment. Voyez yinnales du Muséum d’Hist. Nat. tom. 1“^ , jiage i5.

5 Tuffa formé d’un mélange depierres- p nces en poussière, de pierres-pon- ces en grains , de fragmens anguleux de lave compacte noire , basaltique , et de petits éclats écailleux d’un schiste gi’is, un peu luisant, non volca- nique , qui a été lancé avec les autres substances. C’est dans cette variété de luflâ , qui a beaucoup plus de solidité que la précédente, et qui a fo^ié des couches et des dépôts de plus de cinquante pieds d’épaisseur, qu’on trouve quelquefois des portions cylindriques d’un véritable charbon de bols aussi sain et aussi bien con- - servé que s’il eût ét<- jwéparé depuis peu. Voyez ce que j’ai dit de cette curieuse variété de trass des envi- rons d’Andernacli , toni. P’, p 24 Aes Annales du Muséum. Spalianzani avoit trouvé du charlx)» semblable dans un tuffa de l’ile de Liparl. Voyez

annales

DU MUSEUM

340

lom. III, p. I T, du Voyage en Sicile, fait par ce célèbre naturaliste , tra- duction française de Toscan.

Delà configuration particulière pi 0“ pre à quelejues tiiffas.

Nota. Il est a remarquer que , dans quel- ques circonstances, les tuffas , particu- lièrement ceux qui doivent leur ori- gine au concours du feu et de 1 eau , ont éjirouvé un retrait qui leur a donné la forme prismatique. J’en ai vu de semblables, mais en petites quantités , dans les volcans éteints de rHabiscbouald près de Hesse-Cassel. Les plus remarquables en ce genre sont ceux de la Campanie à côté de la ville de Ste.-Jgalhe , ainsi qu’entre les monts Sarchio et T itolano , près d’un lieu nommé la V arrettella ; mais les plus grands et les mieux configurés sont ceux qu on trouve sur la route de Venafro, près du pont de Calvi et de la taverne de la Tor~ ricella.

On trouve quelquefois dans les tuf- fas des substanees calcédonieuses qui paroissent être le résultat d’une for- mation secondaire , telles que celles du Pont-clu-Château et de quelques autres parties de l’Auvergne, l’on voit de belles lentilles de Calcédoine et du quartz cristallisé calcédonieux. Le péris tein de Sancta Fiora, sur les confins de la Toseane, est une ma- tière calcédonieuse analogue , qui se trouve aussi dans un tuffa , et le mul- ler~glas qui avoit été trouvé par le

docteur Muller, de Francfort , et re- gardé comme un verre , n’est qu’une matière calcédonieuse très-fine ayant l’éclat et la transparence du verre. Muller reconnut celte substance for- mée en gouttes sur une lave poreuse. Je l’ai trouvée sur les tuffas de bo- clieneim près de Francfort, étendue comme un vernis luisant et assez épais sur la surface de ces tuffas.

De quelques substances du règne or- ganique qui se trouvent acciden- tellement dans les tuffas.

1 On a trouvé dans les tuffas des en- virons de Rome des défenses fossiles d’élépbant. M. le duc de la Rochefou- cardd y en découvrit une lui-même d’une grandeur gigantesque , puis- qu’elle avoit huit pieds de lon- gueur sur quatorze pouces de circon- férence ; il l’envoya à M. de Buffon : on peut la voir dans une des ga- leries du Muséum d’bistoire natu- relle de Paris.

2 Des dents molaires et des fémurs d’élépbant furent découverts au milieu des tuffas dans une vigne non loin de la Porte du Peuple près de Rome. M. le comte Morozo en envoya la notiee à M. de Lacé- pède, qui la fit insérer dans le Jour- nal de Physique, tom. 54,pag. 444*

3 En fouillant il y a quelques années dans un tuffa du mont Couérou, dépar- tement de l’Ardècbe , près de la com- mune d’ Arbres, pour y chercher une source d’eau , M. Lavalette découvri

d’h istoirë

une défense d’un jeune éléphant à demi-pétrifiée, mais parfaitement ca- ractérisée. J’ai publié à ce sujet une notice dans Annales du Muséum :

voyez tom. II, pag. a3 , celte défense est figurée.

4 On trouve des coquilles de diverses espèces , tantunivalves que bivalves , dans quelques tuffas , et ces coquilles ne sont presque point altérées.

La vallée de Ronca , si bien dé- crite par Fortis, et qu’il appelle avec raison volcanico- marine , dans le territoire de Vérone, renferme beau- coup de coquilles dans les tuffas.

Ledocteur Thompson, naturaliste an- glais, résident à Naples, possède dans sa riche collection de beaux échan- tillons de tuffas qu’on trouve répandus en divers endroits du Vésuve. Quel- ques-uns renferment des corps marins et il en possède un l’on distingue un madrépore commun dans la mer de Naples : c’est le retepora spo?i- gites de Linnée , le parus anguinus d’Imperato.

On trouve dans les magnifiques jardins de l’électeur de Hesse-Cassel au JVaissensteùi ,~Si\x milieu d’un sol volcanique, untuffa sablonneux, rem- pli de belles coquilles de diverses es-

N À T Ü R E L L E. 34 t

pèces , parmi lesquelles j’ai reconnu une belle J^énus islandica de La* marck et Y area pilosa. Lin.

Je possède dans ma collection une coquille du genre cône dans un tuffa volcanique très -dur, qui en a rempli les vides intérieurs , trouvée au bord de la mer à S*®.- Croix de Ténériffe : elle m’a été donnée par M. Bailly, un des miné- ralogistes de l’expédition du voyage du capitaine Baudin.

5 J’ai déjà fait mention du bois changé en charbon qu’on trouve à une grande profondeur dans le tuffa des environs d’Andernach, et dans celui de Li- pari.

6 Je ne dois pas passer sous silence les tuffas deRochesauve enVivarais,dont les couches semblent alterner avec d’autres couches fissiles d’une marne légère qui renferme des feuilles d’ar- bres et de plantes dont les nervures sont de la plus belle conservatioit , mais dont le parenchyme est noir et charhonisé. J’ai une collection nom- breuse de ces plantes que j’ai recueillie sur les lieux : je me propose de les rendre bientôt publiques par la gra- vure et de donner les détermina- tions de celles qui se rapportent à des espèces connues.

5.

44

342

ANNALES DU MUSEUM

CLASSE SIXIÈME.

Des émaux et des verres de volcan,

liOrsqu’on traite dans un creuset, à un feu de verrerie, des laves compactes prismatiques ou de forme irrégulière , sans l’addition d’aucun fondant, l’on obtient en peu d’heures un verre lin et luisant du plus beau noir : ce verre est très-opaque lorscpi’il est en masse j mais en le cassant et en le réduisant en lames minces , on voit cj[u’il est transparent , mais un peu coloré par une matière fuligineuse.

Si la matière qu’on soumet à cette expérience provient d’une lave à base de trapp , le verre est alors d’une couleur verdâtre et a beaucoup plus de transparence sur les bords: on peut meme le raffiner , à l’aide de la soude , de manière à en former un beau verfe à bouteille : ce qui n’a pas lieu lorsqu’on emploie de la lave basaltique au lieu de trapp 5 car , dans ce dernier cas , la matière ne se souffle qu’avec peine et sans succès : le verre n’est ni bon ni transparent. Je sais qu’on a écrit le contraire dans un ouvrage de chimie ; mais les expériences que je fis en présence d’hommes très-instruits, en 1784, à la verrerie de Sèvres, près Meudon , et dont j’ai conservé les procès-ver- baux , démontrent que la lave basaltique employée seule ne peut dans aucun cas faire des bouteilles; que la soude ni la potasse ne la rendent pas meilleure ; il faut y joindre d’autres matières.

L’on ne doit pas chercher ailleurs la théorie des verres volcaniques, des obsidiennes et des émaux. Si je distingue les émaux des autres productions vitreuses produites par les feux souterrains , cette différence n’est relative qu’à une grande

d’ HISTOIRE naturelle. 3/5.3

opacité et à un aspect plus gras et plus résineux qu’ont les émaux, tandis que les verres, de quelles couleurs qu’ils soient, ont un éclat plus vif, plus cristallin, et paroissent mieux fondus. Il ne faut pas confondre les véritables pechsteins , quelles que soient leur couleur et leur apparence vitreuse, avec les verres et les émaux : ils leur sont étrangers.

ÉMAUX.

I Email gris , avec des nuances d’un gris blanc , un peu verdâtre , à cas- sure plutôt pierreuse que vitreuse. Sa contexture et les cellules qu’on voit dans sa pâte ne permettent pas de douter que ce ne soit un émail de volcan. On voit même , en l’ob- servant avec la loupe , des cristaux de feld-spath qui caractérisent son o,rigine porpbyritique. Cette variété vient del’ile de l’Ascension, elle a été recueillie par M. de Bertli, mi- néralogiste habile qui a de fort belles collections de laves de l’Ile-de-Bour- bon et de celle de France.

e Email d’un gris jaunâtre un jieu rougeâtre , à cassure de résine. S’il m’est permis d’employer cette expression , c’est ce que Dolomieu

SiT^T^e\o\\,laverésiniforme.Son^ra\n , sa cassure , sa pâte demi-vitreuse , tout indique que c’est un émail, et les cristaux de feld-spath qu’on dis- tingue sur lès faces polies, annoncent que cet émail doit son origine à un porphyre à hase de feld-spath : cet émail vient de Lipari.

5 Émail gris rougeâtre , opaque , à cas- sure pierreuse , ayant quelque raj)- port avec ce que les minéralogistes allemands appellent porzellan jas- pis ; mais c’est incontestahlement un émail, puisque la plupart des échantillons qu’on trouve à Lipari sont crihlés de pores et vitrifiés dans quelques parties, tandis que les jaspes sont infusibles.

4 Émail d’un gris bleuâtre, à cassure luisante et à pâte homogène.

5 Émail verdâtre, opaque , luisant, à cassure vitreuse., avec des cristaux de feld-spath blanc. Lorsqu’on fait couper et polir ces émaux sur une face, on découvre mieux les cris- taux. J e range dans cette classe l’é- mail vitreux de Pny Gryon en Au- vergne, formé en grande coulée re- couverte de laves. M. de la Coste, professeur à l’école centrale du Puy- de-Dôme, a fait connoitre le pre- mier cet émail.

6 Émail d’un vert olivâtre, à pâte ho- mogène et à cassure de pech steiu de Moîite Galda, dans le Vicentin, Email à pâte liomogène , à cassure de pechstein , d’un noir pâle , avec des

%

ANNALES DU

344

zones Irès-fines et onduleuses d’un gris de fumée , de l’ile de l’Ascen- sion.

8 Email vitreux, d’un noir de cliar- Lon ou oLsidienne , h cassure con- clioide informe. Je donne le nom d’obsidienne aux verres volcaniques noirs, quels que soient leur opaeité, le brillant plus ou moins onetueux ou plus ou moins vitreux de leur pâle , pourvu que leur transpa- rence se manifeste sur leurs bords dans les cassures les plus minces de ces verres. Le n.“ précédent forme la transition de l’émail noir à l’ob- sidienne de l’ile de l’Aseension, de Ténériffe, de Stronboli , de Vulea- no, etc.

g Obsidienne avec des cristaux de feld-spatb blancs qui ont conservé leur forme et leur couleur, et qui sont plutôt fr'ittés que fondus.

10 Obsidienne à cassure très-vive , avec une multitude de petits globules ronds et oblongsd’une substance blan- che terne qui ressemble à de l’émail, et qui pourroit bien être le résultat d’un feld-spatb granuleux disséminé en grande abondance dans la pâle de la substance jiierreuse qui a donné naissance à ce beau verre noir tigré de blanc. La pâte de celle obsidienne a du être fusible j car le verre qui en résulte est pur; et quoi- qu’il paroisse d’un beau noir par opposition avec les points blancs , il est d’une belle transparence sur les bords et plutôt blanc que noir ,

MUSÉUM

mais d’un blanc enfumé. Se trouve à Lipari. On voit quelques échan- tillons de ce verre volcanique la même matière blanche, au lieu d’ètre disséminée dans la masse, est dis- posée en petites couches très-minces d’une demi-ligne ou d’une ligne au plus d’épaisseur , qui alternent avec des couches de verre très-noir et très-brillant de quatre , de cinq et de six lignes d’épaisseur. Ce beau verre a été découvert à Lipari par Spallanzani.

1 1 A erre volcanique noir, un peu po- reux , émaillé de lignes réticulaires de feld-spatb blanc, qui le pénètrent de toutes parts, et se croisent en di- vers sens. I.a partie noire est fon- due : le feld-spatb n’est que fritté.

On trouve sur le haut du mont Meissjiers, dans la Hesse , des blocs isolés et d’un gros volume de cette substance pierreuse, dont la base est incontestablement vitrifiée , tandis que le feld-spatb n’a éprouvé qu’une foible altération. 11 n’y a rien d’ex- traordinaire dans ce fait, puisque les obsidiennes de Lipari nous offrent non seulement un exemple sembla- ble, mais nous font voir encore le feld- spath dans son état de cristallisation.

Cependant il est à propos d’obser- ver que le feld-spatb cristallisé dans l’obsidienne de Lipari et d’autres lieux, est une indication que cette obsidienne doit son origine à une roche porpbyritique dont la base devoit étïe un trapp ou une pâte de

ELLE.

feld-spatîi en masse , tandis que le feld-spalh en réseaux du verre vol- canique du mont Meissners jjaroît différer d’origine et avoir eu une base qui n’est pas celle des por- phyres.

La disposition de ce feld-spath en- trelacé dans la partie vitreuse noire me rappela des pierres non volca- nisées d’une contexture semblable , que Je possédois dans ma collection de roches. Je les examinai avec soin, et Je reconnus leur analogie. Ces dernières sont composées d’u x it.Id- spath fdamenteux blanc qui entrelace de petits cristaux noirs et brillans de tourmaline.

Ce rapprochement m’avant sug- géré l’idée de chauffer légèrement lobsidienne réticulaire pour la présenter ensuite à une ai- guille de cuivre rouge, suspendue en équilibre sur une pointe, le petit appareil de l’invention de M. Haüy manifesta sur-le-champ des signes très-sensibles d’électricité. Je répé- tai plusieurs fois l’expérience : elle donna toujours les memes résultats , en présentant à l’aiguille les points noirs fondus. *

D’après la propriété électrique de ce verre par la chaleur , Je présu- mai qu’il pourroit bien être provenu d’une tourmaline mise en fusion par l’action des feux souterrains.

Je fus confirmé dans cette con- jecture par un fait qui servit, Je puis le dire, de démonstration à la chose.

M. le comte J oseph IMarzari Pencati , qui s’occupe avec beaucoup de zèle d’histoire naturelle, venoit devisiter avec fruit les volcans éteints de l’Au- vergne , et, après y avoir fait un séjour de plusieurs mois, il en rap- porta des échantillons très-instruc- tifs. Il eut la complaisance de m’of- frir les objets qui pouvoient m’in- téresser le plus, et j’acceptai en- tr’autres une obsidienne semblable acelle du mont Afefjj'werj', qu’il avoit recueillie lui-même sur le haut du Mont-d’Or, et qu’il me dit avoir trouvée dans un tuffa volcanique. Ce rapprochement de deux substances identiques trouvées, l’une sur le haut du mont Meissners , l’autre sur le sommet du Mont-d’Or, dont per- sonne ne conteste la volcanisation , me fit beaucoup de plaisir; mais ma satisfaction fut plus complète encore lorsque , après avoir observe avec la loupe les parties noires bril- lantes qui se croisoient avec le feld- spalh réticulaire , Je reconnus la for- me cristalline des tourmalines , qui n’avoit pas été entièrement effacée dans quelques parties, quoique le morceau eût des pores comme celui fSxk Meissners ^ et que le feld-spalh blanc fût fritté. Je chauffai légère- ment ce bel échantillon, et il exerça son action un peu plus fortement même que le précédent sur l’aiguille de cuivre rouge.- Je répétai l’expé- rience devant M. Marzari , qui y prit un grand intérêt. Le Vésuve jette

ANNALES

D TT MUSEUM

346

quelquefois des pierres qui lui sont en quelque sorte étrangères : on y voit des aiguilles de tourmaline; mais l’on n’en avoit point observé encore dans les volcans éteints ; et voilà d'une part le mont Meiss/iers qui en fournit sur sa partie la plus élevée , des blocs isolés , la tour- maline, quoique fondue, n’a perdu ni sa couleur, ni sa propriété élec- trique ; de Tautre le Mont-d'Or qui en renferme de gros échantillons , dont les cristaux ont conservé dans quelques parties leurs formes et leur faculté électrique. Il est bon d^oltserver que ces tourmalines vul- canisées dans leur gangue de feld- spath , tant celles du Meiss/iers que du Mont-d^Or, font mouvoir forte- ment aussi le barreau aimanté.

12 Obsidienne d’un verre noir , très-fin, à cassure vive et conclioide très- diaphane sur les bords, et d’une couleur enfumée , légèrement oli- - vâtre, ayant quelques taches blan- ches cellulaires, tapissées d’une subs- tance plutôt terreuse que vitrifiée, qui paroit due ou à quelques grains . de feld-spath blanc trop fortement ou trop long-temps soumis à l’action du feu ou à une sorte de vitrifi- cation particulière.

Cet écliantillon est d’autant plus intéressant qu’il a été trouvé dans le Mexique à Cerro de las Ma/'ejas , par mon célèbre ami M. le Baron de ilumboldt, qui a bien voulu en enrichir ma collection.

ij Obsidienne, Inclts-saphir des mi- néralogistes d’Allemagne.

Je range cette substance vitrifiée dans la classe des verres volcaniques, parce que j’en ai de très-beaux échantillons venus du cap de Gates : ils sont encore renfermés dans un émail d’un gris blanchâtre, qui a du rapport avec certaines plerres- ponees , qui , au lieu d’ètre striées et filamenteuses, sont écailleuses ^ et compactes.

Les luchs-saphirs sont générale- ment de forme globuleuse de la gros- seur d’une noisette environ. On en trouve d’opaques, de noirs, d’un peu transparens , qui ont un reflet bleuâ- tre , et d’autres, ce sont les plus rares , qui sont ti’ès - transparens , quoique folblement enfumés, d’une légèreté étonnante; ce qui ne les empêche pas d’ètre durs et de rayer le verre. J’en possède un échantillon avec des zones blanches.

14 Obsidienne ou verre volcanique en forme de cheveux. Le volcan de rile-de-Bourbon est le seul , connu jusqu’à ce jour , qui ait fourni , dans quelques circonstances particul ières, ce singulier résultat de la vitrifica- tion. La couleur de cette obsidienne capilliforme tire un peu sur l’oli- vâtre , et quelques-uns des bouts sont terminés par de très-petits glo- bules vitreux. Ces filamens de verre sont assez flexibles.

15 Pierre-ponce ou verre volcanique fibreux, blanc, d’un gris blanchâtre.

d’ hi sto ire

NATURELLE.

â’uTi gris noirâtre, à fibres longitu- dinales, à fibres courbes et con- tournées , spongieuses , légères , quel- quefois écailleuses ; à grain aigre et âpre , quelquefois un peu terreux.

1 Sans corps étrangers apparens.

2 Avec des cristaux de feld-spatli blanc ou gris , séparés du tissu fibreux , et n’y tenant que par des points.

5 Avec du mica blanc, noirâtre ou noir cristallisé, ou en petites lames irré- gulières qui ont résisté au feu.

34?

4^ Avec de petites écailles d’un schiste gris, ardoisé, luisant, qui n’a point souffert , à Pleyt^ dans les ponces des environs de l’abbaye de Laach près d’Andernach.

5 Avec des grains , et quelquefois de petits cristaux de spinelle bleu Qpléonaste], dans les pouces des en- virons de l’abbaye de Laach.

6 Avec de l’obsidiennenoire, adhérente à la ponce à Ténériffe.

CLASSE SEPTIÈME.

Z>es* soufres et des sels formés ou sublimés dans les volcans ou dans les solfaterras^ et du fer micacé des volcans.

1 Soufre en croûtes solides, en tissu filamenteux, en globules, en manière de stalactite.

2 Soufre ci’istallisé.

3 Soufre sublimé et en poussière.

4 Soufre en petits fragmens solides dans quelques laves poreuses.

5 Soufre solide, brillant,. un peu la- melleux, niché dans la lave basaltique de rile-de-Bourbon.

Sulfate de soude.

Sulfate de potasse.

Sulfate de fer.

Sulfate d’alumine.

Le sulfate de magnésie a été trouvé

en efflorescence Sur quelques laves décomposées du Vésuve.

Sulfate de chaux.

Carbonate de soude.

Sulfure de fer.

Oxide rouge d’arsenic cristallisé en aiguilles ou en mamelons.

Muriate de soude cristallisé en cubes solides, en filameus, en efflo- rescence , etc.

Muriate d’ammoniaque cristallisé en rbombe,en dodécaèdre à faces rhom- boidales, coloré par le fer en beau jaune brillant, imitant la topaze.

ÎT

545 ANNALES

Du fer micacé des volcans. ( Fer ol'gîste de M. Haüy, tom. IV, p. 58.)

Si l’observation n’avoit pas constaté d’une manière certaine l’existenee du fer sublimé à la manière des sels et du soufre par l’action des feux volcaniques, les expériences faites par Delarbre pour imiter le procédé de la nature à ce sujet , dont les détails sont insérés dans le Journal de Physique, \'jH6,pag. iig, nous en auroient démontré la possibilité.

Fleuriau de Bellevue a trouvé àStrom- boli des cristaux laminaires de fer spéculaires, sublimés dans les fentes des laves de ce volcan en activité, et à deux cent cinquante toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer : les plus

DU MUSEUM "

considérables ont trois pouces de lon- gueur au moins sur 16 lignes de largeur. Spallanzani en a recueilli sur ce volcan , qui ont un peu plus de quatre pouces de longueur sur trois et demi de largeur en lames polygones des plus brillantes, et qui réfléchissent la lumière comme des miroirs.

Le Vésuve en produit aussi en petits cristaux de forme indéterminée, qu’on trouve sublimés sur les scories de ce volcan.

Les laves de Sorento en ont dans leur* cellules. Le Puy-de-Dôme, le Mont-d’Or, Yolvic en Auvergne et autres lieux, en fouruisseul de brillaos et de cristal- lisés.

d’ HISTOIRE NATURELLE.

349

SUITE DES MÉMOIRES

Sur les Fossiles des environs de Paris. Par LAMARCK.

GENRE L.

M I L I O L E. Miliola.

ChARACT. GEN.

Testa univalvis , transversa , ovato-glohosa vel elongata , multilocularis : loculis transversis circa axhn trifariam et alteinatini involventibus. Apertura ad ultimi loculi hasim exigua., orbiculata, vel oblonga.

Observations.

Les milioles sont des coquilles des plus singulières par leur forme, et peut-être des plus intéressantes à considérer, à cause de leur multiplicité dans la nature et de l’influence qu elles ont sur l’état et la grandeur des masses qui sont à la surface du globe ou qui composent sa croûte extérieure. Leur petitesse rend ces corps méprisables à nos yeux , en sorte qu’à peine dai- gnons-nous les examiner j mais on cessera de penser ainsi lorsque l’on considérera que c’est avec les plus petits objets que la nature produit par-tout les phénomènes les plus impo-

5. * 45

350 .ANNALES DU MUSEUM

sans et les plus remarquables. Or , c’est encore ici un de ces exemples nombreux qui attestent que, dans sa production des corps vivans , tout ce que la nature semble perdre du coté du volume , elle le regagne amplement par le nombre des indi- vidus , qu’elle multiplie à l’inlini et avec une promptitude admirable. Aussi les dépouilles de ces très-petits corps vivans du règne animal influent-elles bien plus sur l’état des masses qui composent la surface de notre globe, que celles des grands animaux , comme les éléplians , les bippopotanies, les baleines, les cachalots , etc. qui , quoique constituant des masses bien plus considérables , sont inüniment moins multipliées dans la nature.

Je possède des milioles dans l’état frais ou marin , recueillies sur des fucus , près l’île de Corse. Aux environs de Paris , on en trouve , dans l’état fossile , quelques espèces en quantité si considérable , qu’elles forment presque la principale partie des masses pierreuses de certaines carrières.

Ce sont de petites coquilles à peu près de la grosseur des graines de la plante qu’on nomme millet [panicum miliaceum^^ les unes ovales-globuleuses , les autres oblongues, sublrigones, multioculaires : leur spirale tourne autour d’un axe peiq en- diculaire au plan des tours , et qui est beaucoup plus long que le diamètre transversal ou horizontal de la coquille; ce qui est le contraire de ce qui a lieu dans les plan orbes, les ammo- . lûtes , les nautiles , etc. : leurs loges par conséquent beaucoup plus larges que longues sont transversales , enveloppent dans toute sa longueur l’axe de la coquille , et se recouvrent les unes les autres successivement et alternativement , donnant presque toujours une forme trigone à la coquille , trois loges étant sufflsantes pour compléter un tour.

/

r/ II I s T O I II E I-ï A T U R E L L E. 35 1

La tiernicre loge préscnle à sa base ime pclile ouverture riii est orhiculaire dans certaines espèces, et oLlongiie dans d’autres.

ESPÈCES FOSSILES.

î. Miliolite grimaçante. J^èlin , ii.® 28, f. r.

Miliolites ( ringens') snhglohosa ; doiso latiore V entrent amplexanle ; aperturà appendiculo emarginato sublahiatâ.

L. n. Grignon. C’est la plus grosse et la ]>lus remarquable des espèces de ce genre. Elle est ovalc-globuleuse , bombée en dessus et en dessous , et a dans les gros individus un peu plus de deux millimètres de longueur. Comme sa spirale ne s’est prolongée que par demi-tour, et que chaque demi-tour ne comprend qu’une seule loge, le dernier demi-tour , qui est le plus grand, comprend la dernière loge de la coquille. C’est ce que je nomme son dos , et le ventre qui lui est opposé en est embrassé et comme enchâssé dans ses rebords arrondis. Au bas de la coquille on aperçoit l’ouverture de sa der-

[ nière loge: elle est oblongue ou elliptique, quelquefois même orbiculaire; mais ce qui la rend remarquable , c’est un appendice en forme de petite langue échancrée qui naît du ventre ou de l’avant-dernier demi-tour, et qui s’avance dans l’ouverture formant une espèce de lèvre et une grimace.

Cabinet de M. Defrance.

2. Miliolite cœur de serpent. n.® 28 , f. 2.

Miliolites l^cor angidnuui) obeordata, inflata ,hinc didyma; aperturà exîguâ^ suhorbiculatâ. n.

L. n. Grignon. Celle-ci, un peu moins grosse que la précédente ,- est comme un cœur renflé , didyme , et médiocrement déprimé d’un côté , et chaque loge n’embrasse pas complètement un demi-tour de la spirale. Les plus gros individus n’ont pas tout-k-fait 2 millimètres de longueur. L’ouverture qui est k l’extrémité inférieure de la dernière loge est petite, suborbiculaire , sans lèvre ou langue saillante.

Cabinet de M. Defrance.

3. Miliolite trigonule. Vélin a5 , £ i5.

Miliolites ^tri gonula') injlata ^ ovato-trigona ; loculis Utrînque acutis ^ alter- Tiatiin trîfariis; aperturà exiguà appendiculatâ.

^.Eadeui aperturà eli/igui vel nudâ.

L. n. Grignon. Cette millote a k peine 2 millimètres de longueur; elle est renflée, ovale-trigone, comme une graine de polygonum y et chaque loge fait k peu près un tiers de tour de la spirale. Le renflement de chaque loge

\

3j2 annales du muséum

forme dans le cours de la spirale aulant de facettes ovales , pointues aux extrémités , et dont la dernière présente à sa base une petite ouverture pres- cpi’orbiculaire , dans laquelle on aperçoit une petite appendice linguiforiue qui nait de la base de l’avant-dernière facette.

Dans la variété rouverlure paroît nue ou sans appendice,

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

^.Miliolite aplatie.

Miliolites {^plamdata) elHptica, depressa ; loculis navicularibus deciissatim oppositis ; aperturâ inviimà. n.

/S. Eadem, turgidnla.

y. Eadem planissima , inargine carinata.

L. n. Louvres près Paris. Plus petites encore que toutes celles qui précèdent, cette miliolite se distingue des autres, parce qu’elle est aplatie, elliptique, et que ses loges sont comme naviculaires , opposées alteimativement en croix, et que dans chaque paire celle qui est d’une formation postérieure est à peu près double de l’autre par sa grandeur. L’ouverture est fort petite et située à l’extrémité inférieure de la dernière loge. La variété /3 est un peu moins aplatie; on la trouve fossile à Grignon, et on en rencontre de vivantes près de l’ile de Corse sur les coralines et les fucus. La variété y est très-aplatie, carinée sur les bords; ellè est aussi de Grignon. Je possède dans l’état frais ou vivant la variété /3.

Cabinet de M. Defrance.

5. Miliolite des pierres. T^élin, n®. aS, f. i4 et i6.

Miliolites {s axoruni)elliptico-oblonga, turgidnla; loculis oblongis decussatim oppositis ; aperturâ minimâ.

L. n. Mont-Rouge près Paris , et ailleurs dans les pierres. Celle-ci , plus petite encore que les précédentes, est elliptlque-oblongue, et moins aplatie que l’espèce n®, 4- Ses loges transversales, parallèles à l’axe de la spirale, sont oblongues , alternativement par paires opposées en croix , et de chaque paire la postérieure est im peu plus grande que l’autre. 11 résulte de cette dispo- sition des loges que chacune d’elles ne fait qu’un quart de tour de la spirale. L’ouverture n’est qu un très-petit tx'ou situé l’extrémité inférieure de la "dernière loge.

Cette miliolite est si petite que M. Defrance en a renfermé p4 dans une petite case dont la capacité n’avoit qu’une ligne cube d’étendue. Le banc de pierres calcaires de Mont-Rouge en est tellement rempli que ces coquilles semblent composer la principale partie de ces pierres.

lion cabinet et celui de M. Defrance.

353

d’ HISTOIRE NATURELLE.

6. Mîliolite opposée. J^èlin , n". 25, f. i6.

Miliolites i^opposita) complariata, elliptica, utrinque subacuta ; loculis ohlon- gis angustis bifariis. ii.

L. n. Près Pontoise. Je range provisoirement ce corps singulier parmi les mî- liolites, parce qu’il semble en être très-voisin par ses rapports; mais si les loges sont réellement opposées les unes aux. autres, sa spirale doit tourner d’une autre manière , et alors il eu faudra former un genre particulier. Cet objet mérite un nouvel examen.

Cabinet de M. Defrance : donné par M. de Jussieu.

7. Miliolite à deux pointes.

Miliolites ( birostris') angustissima , fusiformis , utrinque acuta, n.

L. n. Chaumont. Cette miliolite est distincte de toutes les autres par sa forme allongée, grêle , pointue aux deux extrémités, et qui lui donne l’aspect d’un grain d’avoine extrêmement petit. Les loges sont oblongues , très-étroites , s’enveloppent partiellement les unes les autres. Cette frêle coquille n’a que deux millimètres de longueur. On croit voir sous un très-petit volume la bulla birostris.

Cabinet de M. Defrance.

ChARACT. GEN.

Testa reniformis complannta , sulcata^ poljthalamia: loculis line aribiLS ^secundis curvis : ultimis lon^ioribus. Axis margiîialis.

TjCS Réniilines , que je nommerai Re'nulinites , puisqu’on ne

se représente des loges contiguës , unilatérales , étroites , liuéraires , courbées en portion, de cercle , toutes disposées sur

GENRE LE

R É N U L I N E. Renulina.

Observations.

les connoît que dans l’état fossile , sont de toutes

celles dont la conformation est la plus particulière. Que l’on

A N N A T. F. s D TJ M U S F U M

354

im meme plan et situées de manière que la première , qui est la plus petite, forme un petit arc autour d’un axe ou d’un centre qui est marginal ; toutes les autres loges , contiguës à cette première , sont placées du meme côté , et il en résulte une coquille plane , réniforme , ayant l’axe qui tient lieu de centre ou de spire , sur le bord opposé à la convexité des loges.

Cette singulière coquille appartient -elle à la famille des céphalopodes à coquille multiloculaire , et meme provient - elle d’ un mollusque ? C’est encore un problème pour cette partie de l’histoire naturelle , que Ton ne résoudra que lorsque l’analogue vivant sera connu.

ESPÈCES FOSSILES.

Rénulite operculaire. J^élin, n*. 4? > *9*

Renulites ( operciilar ia ) semiliinaris , planissima ; sulcis arcuatîs concen- tricis. n.

L. n. Grigon. En regardant cette coquille, on croit voir un opercule mince, fragile, trcs-aplati , semi-lunaire , et dont la surface est chargée de sillons arqués parallèles à sonhord arrondi; mais, en l’examinant bien, on s’aperçoit qu’elle est composée de 2 tables opposées l’une à l’autre , et creusées en leur face interne de sillons arqués et contigus. Dans le rapprochement de ces deux tables , les sillons opposés complètent autant de loges bien séparées les unes des autres. Ce n’est point la structure d’un opercule quelconque. Quoique petite, cette coquille est plus grande que les radiolites connues, et a trois millimètres dans sa plus grande largeur.

Cabinet de M. Defrance.

»’ HISTOIRE NATURELLE.

355

GENRE LII.

Gyrogone. Gjrogona.

ChARACT. GEN.

Testa spœhroidea , intiis cava ^frustulis lînearibus cinvis, ad latera suhcanaliculatis composita. Eæterna super- Jîcies costis carinatis ^ parallelis ^ in medio transversis ^ et ad extrema spiralïbus alligata.

Apertura orhicularis ^ interdiim clausa^ polo infimo testce.

Observation s.j

Les gyrogones, que je nommerai gjrogonites , parce qu’on n’en connoît que dans Tétai de fossile, sont des coquilles fort singulières par leur conformation , qui est extrêmement diffi- cile à déterminer.

Ces coquilles sont petites, régulières, sphéroïdes, creuses comme un ballon , et paroissent être multiloculaires dans l’épaisseur de leurs parois. Le sphéroïde quelles forment semble composé de plusieurs pièces linéaires , courbes , un peu canaliculées sur les côtés , jointes ensemble par ces mêmes côtés , et dont les extrémités vont aboutir aux deux pôles de ce sphéroïde. Par la réunion de leurs côtés et du petit canal que j’ai cru y apercevoir , il en doit résulter des loges linéaires qui suivent la direction de ces pièces. La surface externe de celte singulière coquille est cerclée transversalement par des côtes carénées , parallèles, qui tournent obliquement en spirale, et vont toutes se réunir par leurs extrémités à chaque j ôle de la coquille. A Tun de ces pôles , on voit quelquefois une ouverture orbiculaire, un peu dentée sur les bords par les

ANNALES DU MUSEUM

35G

petites saillies de l’extrémité des pièces. Lorsque cette ouver- ture ne paroit pas , elle est vraisemblablement fermée par un opercule ou une valve particulière qui , comme une porte , s’ouvre ou se ferme apparemment selon la volonté de l’animal. Je ne connois qu’une seule espèce de ce genre.

ESPÈCES FOSSILES.

i . Gyrogonile médîcaginule. , n*. 28 , f. 4-

Gjro gonites {tnedicaginula) globoso-sphceroidea; carinis transversis ad eoo tremitates spiralibus. it.

L. n. Montmoi’enci , Erappes, etc. Dans des pierres siliceuses. Cette coquille fossile est à peine de la grosseur d’une tête de petite épingle. On la trouve disséminée dans la masse d’une pierre dure , siliceuse , non transparente , elle se rencontre sans abondance. Elle a la forme d’un très-petit fruit ('e certaines espèces de luzerne. Est-ce réellement une coquille multiloculaire ? je ne fais encore que le présumer.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

Observations.

Je passe sous silence quelques genres de coquilles univalves, dont on connoît des espèces fossiles , telles que les turrilites , les haculites , les hippurites , les hélemnites ; mais ces fossiles ne se trouvent point dans les environs de Paris. Ainsi je vais passer à la détermination des coquilles bivalves fossiles obser- vées aux environs de Paris , et dont le plus grand nombre se rencontre à Grignon.

COQUILLES BIVALVES.

Les mollusques à coquille hwahe appartiennent tous au second ordre de cette classe d’animaux sans vertèbres : ce sont des mollusques sans télé distincte , et qui sont tous dépourvus d’yeux, d’organes auditifs et d’organes de mastication. Je les

d’ HISTOIRE NATURELLE. SSn

nomme mollusques acéphales , pour les distinguer de ceux du premier ordre , qui ont une tête , des yeux , les élémeus d’un organe auditif interne , un organe de mastication , et qui ne font jamais de coquille bivalve.

Le manteau des mollusques acéphales a communément beaucoup plus d’ampleur que celui des mollusques qui ont une tête; et en effet il est tantôt formé de deux grands lobes libres pardevant, mais qui se réunissent et tiennent à l’animal par le dos , et le recouvrent en entier comme dans les huîtres, les moules , les peignes , etc. , et tantôt , au lieu d’étre ouvert pardevant , il est fermé en tuyau et ouvert seulement aux deux extrémités , comme dans les pholades , les tarets , etc.

Aucun de ces mollusques sans tête ne forme de coquille uni- valve. Ceux d’entr’eux qui s’enveloppent d’une coquille produi- sent tous deux valves opposées , s’articulant presque générale- ment en charnière par un côté de leur bord. Dans le plus grand nombre , ces deux valves sont les pièces uniques de la coquille, et dans quelques-uns seulement, outre ces deux valves essentielles qui existent toujours , quoique plus ou moins libres , on observe quelques petites pièces accessoires non articulées en charnière , et quelquefois un fourreau testacé renfermant l’animal et sa coquille.

- Voici l’exposé des genres , et de suite celui des espèces observées dans l’état fossile aux environs de Paris.

y

5.

46

358

ANNALES DU MUSEUM

SUR LE MÉGALO N IX,

Ajiimal de la famille des Paresseux , mais de la taille du Boeuf , dont les ossemens ont été découverts en Virginie ^ en 1796.

Par g. cuvier.

M. Jefferson^ président des Etals-Unis, dont les vertus et •les talens font le bonheur du peuple qu’il gouverne et l’admi- ration de tous les amis de l’humanité , et qui joint à ces qua- lités supérieures un amour éclairé et une connoissance étendue des sciences auxquelles il a procuré plusieurs notables accrois- semens , est le premier qui ait fait connoître cette intéressante , espèce d’animal fossile. Il annonce dans un Mémoire lu le 10 mars 1797 , àla Société Philosophique de Philadelphie, et im- primé dans le n.° XXX de ses Transactions ,p. 246 , qu’on en découvrit les ossemens à une profondeur de 2 ou 3 pieds , dans une caverne du comté de Green-Briar , dans l’ouest de la Vir- ginie. Il y a beaucoup de ces cavernes dans cette contrée dont le sol , depuis les montagnes bleues , est généralement de pierre calcaire, et qui ressemble par conséquent beaucoup aux cantons d’Allemagne et de Hongrie , l’on trouve ces fameux ossemens fossiles qui appartiennent à une espèce d’ours dont nous trai- terons ailleurs.

Feu Washington avertit M. Jefferson de cette découverte

le 7 juillet 1796, et le colonel Jolm Steward lui envoya peu de temps après une partie des os que Fon avoit trouvés. Il en reçut encore quelques-uns de M. Hopkins de New-Yorck qui avoit aussi visité ces cavernes , mais le plus grand nombre fut enlevé et dispersé par différentes personnes.

Les os remis à M. Jefferson furent, dit-il, un petit fragment de fémur ou d’humérus, un radius complet, un cubitus com- plet cassé en deux j trois ongles et une demi-douzaine d’autres os du pied ou de la main. Il donne de tous ces os des ligures fort exactes, mais point de description détaillée.

Les comparant ensuite à leurs analogues dans le lion, il trouve que le mégaloniæ ( c’est ainsi qu’il nomme cet animal , et nous adopterons sa dénomination), il trouve, dis-je, qu’il devoit avoir 5 pieds et quelque chose de haut , et peser en- viron 893 livres. Il en conclut que c’étoit le plus grand des onguiculés, et qu’il étoit peut-être l’ennemi du mammouth (l’animal fossile de l’Ohio), comme le lion l’est de l’éléphant.

Il ajoute que les plus anciens historiens des colonies anglo- américaines font mention d’animaux semblables au lion , et que l’on voit sur un rocher , à l’embouchure du Ranhawa dans l’Ohio , des figures d’animaux qui doivent avoir été tracées de la main des sauvages, tant elles sont grossières, et parmi les- quelles il y en a une qui représente le lion. Elle n’a pu être prise du puma ou prétendu lion cT Amérique ( felis discolor) puisqu’il n’a pas de crinière. Enfin des voyageurs , parmi les- quels il y en a encore de vivans , ont entendu pendant la nuit des rugissemens terribles qui effrayoient les chiens et les che- vaux. Ces récits et ces images ne prouvent -ils pas, ajoute M. Jefferson , l’existence de quelque grande espèce inconnue de carnassier, dans l’intérieur de l’Amérique, et cet animal terrible ne seroit-il pas précisément le mégalonix?

36o ANNALES DU MUSEUM

M. Faiijas , mon savant collègue au Muséum d’iiistoire na- turelle , a transporté le nom de Tnégaloniæ à un animal fos- sile d’une autre espèce , cpioique de la meme famille , découvert au Paraguay , qu’il n’a point distingué de celui de Virginie , quoiqu’il en soit assez différent , comme nous le verrons. Mais quand meme les deux animaux ne feroient qu’une espèce, comme j’avois imposé à celui du Paraguay le nom de méga- thérium , avant meme que M. Jefferson eût parlé de son mé- galonix^ et que le premier de ces noms est adopté par ceux qui ont parlé de l’animal depuis moi, celte interversion de nomenclature ne peut pas être admise.

J’avois prouvé , à la meme époque , que le mégathérium appartient à la famille des paresseux , et je vais le prouver de meme aujourd’hui pour le mégalonix. M. Faujasa contesté la justesse de ce rapprochement par rapport à l’un et àl’autrej il a semblé n’y voir que \ahus dune méthode artificielle pour contraindre pour ainsi dire la nature à se plier à des classi- fications factices cpé elle ne connut jamais ^etc. (i) Il a sup-- posé que cet animal fossile n ayant pu exister qii en détruisant heaucoiip , a avoir nécessairement de grands moyens d attacpie et de défense contre (Vautres animaux , etc. , et qu’o7i ne peut le mettre sur la même ligne que les paresseux , ces êtres malheureux , foihles , indolens , etc. fi).

L’autorité de ce célèbre géologiste étoit trop imposante pour c{ue je ne m’empressasse pas de répandre sur cette ma- tière tout le jour dont elle est susceptible : c’est ce qui m’a déterminé à donner la description étendue de l’ostéologie des

(i) Faujas, Essais de géologie,!, p. Sig. ('i) W., ib.

d’ H I s T O I R E NATURELLE, 36 1

paresseux , qui a fait le sujet de mon précédent Mémoire. La comparaison que je vais faire aujourd’hui de cette ostéologie avec les os fossiles de Virginie et avec ceux du Paraguay, con- vaincront, j’espère , tous les naturalistes ,

1. ° Que les animaux dont proviennent ces os fossiles n’é- toient point carnassiers , mais vivoient de végétaux ;

2. ° Qu’ils avoient en grand toutes les formes , tous les dé- tails d’organisation que les paresseux offrent en petit , et que les effets de ces organisations dévoient être semhlahles \

3. ° Que s’ils s^en écartent en quelques points peu impor- tans, ce n’est que pour se rapprocher du genre d’ailleurs le plus voisin, celui àes fourmiliers’^

4-° Qii® rapprochement de ces animaux fossiles et des paresseux , et leur classification dans la famille des édentés en général , ne sont pas arbitraires , ni fondés sur des caractères artificiels, mais qu’ils sont le résultat nécessaire de l’identité intime de nature des uns et des autres.

Il est de mon devoir de témoigner ici ma reconnoissance de deux puissans secours qui m’ont mis à meme de faire cet examen approfondi des os du mégalonix.

Je dois le premier à M. Peale , si célèbre par le beau muséum qu’il a formé à Philadelphie. Il a bien voulu m’adres- ser des plâtres moulés avec le plus grand soin sur les os indiqués par M. Jefferson, et m’a donné par-là la faculté de les décrire tous de nouveau , et d’en donner des figures faites sous des points de vue un peu différens de celles de M. Jefferson.

L’autre m’a été fourni par M. de Beauvois^ corres-

pondant de l’Institut national, savant botaniste et voyageur courageux ^ qui a bravé les climats les plus terribles, pour

362 ANN AL ES MUSEUM

augmenter nos connoissances dans les deux règnes organisés.

Il s’éloit procuré, pendant le séjour qu’il fit à Philadelphie , à la suite des premières révolutions de Saint-Domingue , deux morceaux trouvés dans la meme caverne que ceux de M. Jefferson 5 l’im des deux, qui est une dent, étoit sur-tout im- portant , parce qu’il achevoit de faire connoître la nature de l’animal, déjà si hien annoncée par ses pieds. M. de Beauvois a hien voulu me permettre de dessiner ces deux pièces , et de les employer à compléter mon travail, autant qu’il peut l’étre.

Entrons maintenant en matière ; et, pour cet effets exa- minons d’abord les quatre os représentés de suite , figure I , 2 , 3 , 4- Ils s’articulent hien l’un avec l’autre , et forment les quatre parties d’un doigt j M. Jefferson les a rapprochés comme nous.

I. Si nous prenons la dernière phalange, ou l’os onguéal , fig. I. , nous ne pourrons méconnoitre ses ressemblances avee l’os analogue d’un paresseux ou d’un fourmilier , et ses diffé- rences de celui d’un lion.

i". La face articulaire a dans son milieu une arrête hien marquée , qui en reserre fortement le gynglyme , avec la phalange moyenne. Cela est ainsi dans les paresseux et dans \qs fourmiliers ^ dont les doigts sont toujours plus ou moins gênés. Dans les chats qui ont toutes les articulations de leurs doigts plus libres , cette arrête est presque effacée.

2°. La partie supérieure de cette facette se prolonge plus en arrière que l’inférieure ; d’où il résulte que cette dernière phalange ne peut s’étendre sur l’avant dernière au-delà de la ligne droite , ni par cônséquent se redresser et porter sa pointe vers le ciel ; mais qu’elle peut se fléchir tout à fait en dessous.

C’est un caractère particulier aux paresseux et au.x

d’h I ST dire naturelle. 363

fourmiliers , qui tiennent leurs ongles dans ce dernier état , et en posent la convexité à terre en marchant , lorsqu’ils ne s’en servent pas. C’est tout le contraire dans les chats , ils redressent leurs ongles ; aussi la facette de leur derrière pha- lange se prolonge-t-elle en arrière à sa partie inférieure seulement , ce qui fait qu’elle peut se redresser , mais non j)as se fléchir;

3°. La plaque osseuse inférieure , percée de deux trous pour les vaisseaux sanguins qui vont nourrir le périoste sous l’ongle , est parallèle au tranchant de la phalange , et fait un angle droit avec le has de sa facette articulaire.

Cela est encore ainsi dans les paresseux et dans les four- miliers ; mais dans les chats cette plaque est presque per- pendiculaire au tranchant, et parallèle à la partie inférieure de la facette ;

< 4°* La hauteur de la phalange, mesurée en arrière , ne fait

guère que le quart de sa longueur , comme dans les paresseux et dans les fourmiliers ; dans les chats ces deux dimensions sont presque égales, ou meme c’est la première qui est la plus grande.

Je conclus de ces comparaisons que c’est ici un os onguéal de paresseux.

. Je peux en conclure autant et par les memes raisons , pour les deux autres onguéaux , trouvés au meme endroit , et appartenant prohahlement au meme pied, représentés fig.

5 et g.

Ces trois phalanges onguéales sont fort inégales ; la plus grande à o, i8 de long, sur 0,07 de hauteur;

La moyenne 0,1 5^ sur o,o5.

La plus petite 0,09, sur o,o35.

ANNALES DU MUSEU^I

3G4

A CCI égard. , l’aniinal fossile diffère également des pares- seux et des chats, qui ont les uns et les autres tous leurs ongles à peu près égaux.

Mais il se rapproche plus particulièrement des fourmiliers qui les ont comme lui très-inégaux.

La première de ces phalanges n’a point de gaine osseuse à sa hase.

La seconde en a un vestige d’un côté , qui part de la plaque inférieure, et s’élève parallèlement au corps de l’os. Jusqu’au tiers de sa hauteur.

La troisième en a une, aussi d’un côté seulement , mais qui s’élève au-dessus du dos de l’os.

Les patesseux ont aussi de ces gaines qui partent des côtés de la plaque inférieure , et qui se rétrécissent vers le dos de l’os j mais ils en ont des deux côtés et à tous les doigts.

Dans les chats , au contraire , ces gaines s’élargissent vers le haut de l’os , et l’emhrassent en s’unissant ensemble.

Nouvelle preuve que c’est ici un paresseux ^ ou tout au plus un fourmilier ^ et non un chat.

II. La seconde phalange , fig. 2 , nous donne les memes indications.

1°. Son articulation antérieure est en poulie, dont le milieu est un canal très-profond , pour recevoir l’arète correspon- dante de l’onguéal. Dans le lion et dans tous les chats, cette arti- culation est en simple portion de cylindre , sans aucun canal.

2”. L’os est à peu de chose près symétrique , et ses deux côtés à peu près égaux. Cela est ainsi dans les paresseux , dans \e?> fourmiliers , et dans tous les animaux qui ne redres- sent pas l’ongle vers le ciel ; mais les lions et tous les chats ont à cet égai d un caractère tout particulier. Comme il faut

d' HISTOIRE NATURELLE. 365

que leur dernière phalange, quand elle se redresse , trouve une place entre les avant-dernières , celles-ci ne sont jamais symétriques ; elles ont un coté concave , et l’autre un peu convexe : on diroit que ce sont des os malades et déformés. On voit que ce caractère manque à nos os fossiles.

3. ® L’articulation inférieure fait une saillie arrondie en dessous , et cela étoit nécessaire , pour que l’onguéal , quand il se fléchit , pût tourner dessus comme sur une poulie ; aussi la meme raison produit-elle le meme effet dans les paresseux et dans les fourmiliers j mais cela n’étoit pas nécessaire dans les chats , l’onguéal ne peut se fléchir. Aussi le dessous de cette articulation est-il de niveau avec le reste du dessous de l’os 5

4. '’ En arrière de^ cette poulie , sous l’os , est un creux qui reçoit, lors de la flexion, l’extrémité inférieure de l’articula- tion de' l’onguéal y il n’y en a point dans le lion ; mais celui- ci a un tel creux en arrière, pour un ligament ou pour un tendon ; creux dont 4iotre os fossile manque à son tour. Le paresseux ressemble encore au fossile par ces deux points.

Je conclus donc que cette seconde phalange est une se- conde phalange de paresseux.

La meme conclusion s’applique à la seconde phalange de la fig. 10, qui paroit avoir porté Fonguéal de la fîg. 5.

La deuxième phalange de la fig. 2 a 2,075 de longueur.

C’est moins de moitié de la longueur de l’onguéal. Dans Yunau ces deux os sont égaux \ dans \aï , le premier n’est que le tiers de l’autre. Ainsi, notre fossile se rapproche plus sous ce rapport du paresseux tridactjle que du clidactjle.

III. La première phalange , fig. 3 , est encore plus carac- téristique que les deux autres j elle sépare notre fossile de tous

5. 47

366 ANNALES DU MUSEUM

les animaux connus , pour le rapprocher uniquement des pa- resseux, Elle l’éloigne sur-tout beaucoup des chats.

En ell’et, dans le lion, comme dans tous les animaux, la première plialauge est la plus longue ; dans notre fossile , comme dans les paresseux , c’est la plus courte des trois ; sa longueur est la plus petite de ses trois dimensions. Elle ressemble à une plaque concave des deux cotés , et si l’on n’en voyoit pas de pareilles dans les paresseux ^ on auroit bien de la peine à la reconnoitre pour une phalange.

Il faut remarquer encore le canal profond de l’articulation postérieure de cette phalange, qui en fait un gynglyme serré sur l’os du métacarpe.

Le lion a cette concavité peu profonde et arrondie en tout sens, ce qui fait de son articulation une artbrodie, et lui donne beaucoup plus de liberté.

Les paresseux sont encore plus mal partagés à cet égard que notre animal fossile ; les os sésamoides s’y soudent à la partie inférieure, et y prolongent la facette articulaire , au point de presque anéantir le mouvement de la première pha- lange sur le métacarpe. C’est ce qui fait que les deux os se confondent dans l’ai, et que les doigts ne gardent que deux articles de mobiles.

Les founniliers ont aussi cette phalange extrêmement courte dans une partie de leurs doigts, et elle s’y soude aussi avec l’àge ; mais ce n’est pas avec l’os du métacarpe , c’est avec la deuxième phalange que se fait cette union ; caractère dis- tinctif très-essentiel j un autre qui ne l’est pas moins, c’est que cette circonstance n’a pas lieu dans tous les doigts ; l’an- nulaire , par exemple , a sa première phalange de forme ordinaire , et elle reste toujours distincte.

d’ HISTOIRE naturelle.

Ainsi, les trois phalanges do ce doigt sont des phalanges de paresseux , ou tout au plus de fourmiliers ; les mouveniens qu’ elles peuvent exécuter l’ime sur l’autre sont aussi gênés, aussi peu libres que ceux des paresseux ou des fourmiliers , ils se font dans la meme direction ; tout le monde en conclura sans doute avec moi , que ce doigt est un doigt de paresseux , ou tout au plus de fourmilier.

IV. L’ os du métacarpe , (ig. 4 •> est singulièrement gros et court. On juge par sa tête supérieure que c’est le médius du côté gauche / on y voit deux facettes carpiennes , dont l’externe est plus étroite , et finit plutôt en arrière 5 l’autre descend en avant , et y est fort concave. La moitié antérieure de son bord interne est contiguë à une facette arrondie, qui descend sur le coté de l’os, pour l’articulation avec le nié- -'tacarpien de l’index, /

Celui-ci est représenté fig. 8; c’est à lui qu’ont probablement appartenu la deuxième phalange de la fig. 10 , et la troisième de la fig. 5; mais on n’a pu les y lier faute d’avoir la première phalange qui leur servoit de moyen d’union. Sa tête supérieure - est triangulaire , son bord interne est le plus grand 5 l’antérieur est écbancré. Il y a au coté interne de l’os une facette qui répond bien à celle du métacarpien du médius , et il est aisé de voir que ces deux os étoient placés à coté l’un de l’autre , ils s’écartoient un peu par le bas. Celui de l’index est sensi- blement plus mince , et un peu plus court que celui du mé- dius. Tous deux se caractérisent bien pour métacarpiens de paresseux ou de fourmiliers , par l’arrête mince et saillante de leur tête inférieure , arrête dont la ligne antérieure est de plus presque droite , et permet par conséquent très-peu de

47^

368 ANNALES DU MUSEUM

mouvement. Dans le lion cette partie est ronde et large en avant , etc.

La totalité de ces deux doigts est beaucoup plus courte , à proportion de sa grosseur , que dans les paresseux ordinaires ; mais c’est une règle générale pour tous les animaux , qu’à mesure qu’ils grandissent , leurs membres s’épaississent dans une raison bien plus forte qu’ils ne s’allongent. D’ailleurs elle s’éloigne moins de la proportion qu’on observe dans les four- miliers , lesquels ont les doigts beaucoup plus courts que les parresseuæ.

Voilà deux doigts bien restitués dans leur totalité; reste à savoir de combien d’autres ils étoient accompagnés : j’ai pour le découvrir , i les facettes que les os du métacarpe montrent aux côtés par lesquels ils ne se touchent pas; 2.” les os que l’on a trouvés avec ceux dont nous venons de parler ; 3°. l’ana- logie du mégathérium et des autres paresseux el fourmiliers.

Pour les facettes, il y en a à chaque os. Celle de l’index qui portoit le pouce ou son vestige , est médiocre ; mais elle indique toujours l’existence au moins d’un tel vestige : celle du médius est bien plus grande : il j avoit donc un métacar- pien d annulaire plus ou moins considérable.

V. Pour les os, il y a d’abord ce troisième onguéal de la flg. 9, qui prouve qu’il y avoit au moins encore un doigt complet , différent des deux que nous avons décrits.

Ce qui cependant m’embarrassoit prodigieusement , c’étoit un troisième os du métacarpe que je ne pouvois rattacher à ceux que j’avois. Il est dessiné fig. ii. A force de le retourner, je remarquai qu’il appartenoit au pied droit , et qu’en le pre- nant en sens contraire la plus grandes de ses facettes laté-

D HISTOIRE NATURELLE. 669

raies, correspondroit parfaitement à Tannulairienne du mé- tacarpien du médius.

Mais un métacarpien de rannulaire, de moitié plus long que celui du médius ! trouver de quoi justilier une telle singularité'

Les paressseux , hétéroclites à tant d’autres égards , ne m’offroient rien de semblable. Un coup-d’œil jeté sur les gra- vures du squelette du mégathérium du cabinet de Madrid me montra cependant la meme singularité*, il faut donc, me disois-je , que ceux qui ont monté ce squelette aient été conduits à cet égard , à la meme conclusion pour cet animal , que moi pour le mien. Ce n’est donc point une combinaison fantas- tique, et la nature nous en montrera peut-être encore quelque exemple dans les animaux vivans.

Je le trouvai en effet bientôt , et ce fut dans la famille des fourmiliers : le tamanoir ( mjrmecophaga juhata ) a son métatarsien du médius plus gros et plus court que tous les autres ; celui de l’index est un peu plus long et plus grêle, et celui de l’annulaire et du petit doigt le sont beaucoup plus.

Au squelette de Madrid on a atlacbé en dehors de - ce métacarpien de l’annulaire celui du petit doigt , qui ne s’est point trouvé parmi les os de me'galoniæ dont on m’a envoyé des plâtres ; mais dont l’existence est bien indiquée par une facette que porte la face externe de celui de l’annulaire. Il est aussi plus long que celui du médius , et tout annonce qu’il en étoit de même dans notre mégalonix. ,

VI. Il n’est fait mention d’aucun vestige de pouce dans la des- cription du squelette du Paraguay , quoique son existence soit indiquée dans notre mégalonix par la facette externe du iné-

V

3yO ANNALES DU MUSEUM

tacarpien de l’index : j’ai tout lieu de croire que c’est au pouce qu’appartenoit l’os qui m’a été communiqué par M. de Beau- vois , et que je représente, à moitié grandeur, lig. i4- On lui voit une facette en c , qui correspond assez à celle de l’index qui devoit porter le métacarpien du pouce ; une autre en J, pour le carpe. En a , une empreinte d’insertion musculaire ; et sa terminaison inférieure h ressemble assez à celle des autres os du métacarpe; l’articulation qu’on' y voit indique qu’elle devoit porter au moins une phalange.

Le pied de devant du mégalonix auroit donc eu ,

D’abord deux doigts bien complets , l’index et le médius j

Ensuite au moins les vestiges des trois autres ;

Mais l’un de ces trois au moins étoit plus qu’en vestige , puisque l’on a trouvé un onguéal différent de ceux du médius et de l’index , celui de la lig. 9 : auquel de ces trois doigts appartenoit-il ? Ceux qui ont monté le squelette de mégathé- rium ayant aussi trouvé un troisième ongle , l’ont attaché au doigt annulaire, et il y a sans doute de fortes raisons pour justifier le parti qu’ils ont pris. Dans les animaux à pied dé- fectueux, c’est-à-dire, à moins de cinq doigts complets, c’est le pouce qui disparoît d’abord ; ensuite le petit doigt ; puis l’annulaire : ainsi quand il n’y en a que deux, ce sont l’index et le médius; et quand il s’y en ajoute un troisième, c’est plutôt \ annulaire que tout autre.

Quoiqu’il en soit , il est clair que cet animal avoit le pied de devant plus complet que nos deux paresseux actuels , puis que meme dans l’aj , le pouce et le petit doigt sont sans pha- langes.

Les os de l’avant-bras ne peuvent pas nous fournir des ca-

d’ HISTOIRE NATURELLE. Sj l

ractères aussi frappans que ceux des doigts , parce que les mouvemeiis de flexion et d’extension , de pronation et de supi- nation que ces os déterminent , sont à peu près aussi jiarfaits dans la famille des paresseux que dans celle des carnassiers; cependant ils sont encore assez faciles à reconnoître pour ce qu’ils sont.

VII. Le radius du mégalonix dessiné au tiers de sa gran- deur , de deux côtés , fig. 6 , comparé à ceux des paresseux et des chats , se trouve sensiblement plus voisin des premiers.

Je n’ai pu le comparer , non plus que le cubitus, aux memes os dans les fourmiliers , parce que je n’ai pas eu ces parties dans ce dernier genre , du moins dans une grande espèce.

1. ° Le contour de sa tête supérieure est circulaire comme dans les paresseux. Dans les chats , ainsi que dans les autres carnassiers , il est irrégulièrement elliptique ;

2. ® Sa partie moyenne et inférieure est fortement aplatie et presque tranchante par ses deux bords , encore comme dans les paresseux. Il s’en faut bien qu’elle le soit autant dans les chats ;

3. ” Dans les chats , il y a vers le bas au bord interne , une apophyse en crochet qui est presque effacée ici comme dans les paresseux. Cette différence tient à la mobilité du pouce dans les uns , et à son peu de mobilité ou à sa disparition dans les autres. C’est que c’est sur cette apophyse que passe le tendon de l’abducteur long du pouce ;

L’apophyse interne de la tête inférieure , est moins sail. lante que dans les chats , etc.

Ce radius du mégalonix a de longueur totale , o,4ô ; lar- geur de la tête supérieure , o,o6 ; vers le milieu o,o8 de la

372 ANNALES DU MUSEUM

tête inférieure, o,io5; petit diamètre de la tête inférieure, 0,075, etc.

Il' est à celui de Tunau comme 5 à 2 , et triple de celui de l’ai ; mais il ne fait que les trois cinquièmes de celui du mé- gathérium qui a 0^76.

VIII. Le cubitus représenté aussi au tiers de ses dimensions , bg. 7, donne un résultat semblable dans sa comparaison.

1“. La facette articulaire humérale regarde le côté interne, comme dans les paresseux. Dans le lion , elle est plutôt dirigée vers l’externe j

2.° La facette articulaire radiale supérieure est un simple disque rond , légèrement concave , regardant la face interne de l’os : encore comme dans les paresseux. Dans le lion , c’est une portion concave d’anneau.

3°. La tête inférieure n’est j)oint partagée en deux apophyses par une échancrure profonde comme dans le lion ; elle est simplement tronquée par une facette carpienne unique , etc. : toujours comme dans les paresseux.

L’olécràne est plus considérable , et dirigé plus en dehors que dans les paresseux ; toute la forme de l’os ressemble à celle de son analogue dans le mégathérium : mais il est beau- coup moins grand.

Il a de long o,5o ; de hauteur verticale au devant de l’ar- ticulation, avec l’humerus, o,i3,la longueur de l’oléci'âne est de 0,08 ; la largeur de la partie inférieure 0,075 5 le cubi- tus de Y unau \\ est que de 0,19 ; mais celui du mégathérium à 0,76 , c’est-à-dire un tiers de plus.

Ainsi le radius et le cubitus , considérés séparément , étant un radius et un cubitus de paresseux.^ plutôt que de tout autre animal , je peux conclure à bon droit que V avant-bras , ainsi

que le pied de devant forment une jambe de devant de pa- resseux , ou tout au plus de fourmilier.

J’ose croire maintenant qu’aucun naturaliste n’aura plus besoin de voir le reste du corps de cet animal fossile pour être cer- tain que toutes les parties ont y observer le même accord , avec celles des êtres singuliers auxquels je l’associe j mais comme dans ces matières l’évidence est toujours préférable au simple raisonnement , sur-tout quand il n’est fondé que sur l’induc- tion , quelque concluante quelle puisse d’ailleurs paroitre , j’ai faire tous mes efforts pour me procurer d’autres os de mégalonix j ils n’ont abouti jusqu’à ce jour qu’à me faire connoître une seule dent isolée , celle que m’a prêtée M. de Beauvois \ mais c’étoit de tous les morceaux celui que je désirois le plus puisque les dents sont avec les doigts les parties qui fournissent les cai’actères les plus décidés, préci- sément parce que ce sont celles qui ont l’influence la plus directe et la plus aisée à calculer sur l’économie générale des animaux auxquels elles appartiennent.

Elle m’étoit d’ailleurs particulièrement nécessaire dans le cas présent , puisqu’elle seule pouvoit mettre un terme aux doutes qui restoîent encore, et décider entre les deux genres des paresseux ou des fourmiliers. On sait que ces derrners n’ont point de dents du tout.

Or , cette dent , représentée de grandeur naturelle , fig. i /j , est précisément et rigoureusement une dent de paresseux ; on sait que les dents de ce genre, uniques dans leur structure, sont un simple cylindre de substance osseuse , enveloppé dans un étui de substance émailleuse ; la couronne de la dent s’use ^ et offre un creux dans son milieu , avec des rebords saillans , parce que l’os plus tendre que l’émail s’entame plus profon- 5. 48

3^4 A N N A L E s D U 31 U s E ü M

clément , et on sait de reste qu^ aucun carnivore n’use ainsi ses dents.

Ce qui est tout aussi sûr , quoic£ue moins généralement connu, c’est c£u’aucun herbivore n’a de dents aussi simples C£ue celles-ci j mais c£ue chez eux la substance émailleuse pé- nètre toujours en dedans pour s’y entre-méler à la substance osseuse , et former des lignes saillantes à la couronne ; on peut meme déterminer assez bien la place de cette dent dans la mâchoire; car elle ressemble à la canine inférieure de l’ai, plus particulièrement qu’à toutes ses autres dents, attendu qu’elle est aplatie d’avant en arrière , c’est-à-dire que son cylindre est à base elliptique, comme dans cette canine; tandis que ceux des molaires sont à base circulaire.

Le longueur de ce qui reste de cette dent , d! a en b' est de o,o5^.

Sa largeur transverse en haut de c’ en c’ de o,o36, et au milieu du fust de en d\ de o^o4-

Son diamètre antéro-postérieur de en Z»’ de o,oi8.

Elle est, ainsi que l’autre ossement que j’ai eu en nature, d’un jaune d’ocre : sa substance est peu décomposée ; le mi- lieu du creux de la couronne est d’un brun foncé.

Ainsi , non seulement notre animal étoit un herbivore en général ; mais il étoit herbivore à la manière particulière des paresseux , puisqu’il avolt les dents faites comme eux ; aucun des hommes habitués aux lois de l’anatomie com- parée , ne doutera que ces deux genres n’aient avoir la même ressemblance dans leurs organes de la digestion , esto- macs, intestins, etc. , et par conséquent dans tout ce qui dérive de cette fonction-là ; la ressemblance de leur pied prouve suffisamment qu’ils avoient la meme démarche , les memes

d’ HISTOIRE NATURELLE. 3^5

mouvemens , aux différences près que Revoit entraîner cell e du volume , qui est si considérable ; ainsi , le rnégaloniæ aura grimpé rarement sur les arbres , parce qu il en aura trouvé rarement d’assez gros pour le porter j mais qui ne sait que le tigre et le lion n’y grimpent guère, tandis que le cliat sau- vage y est toujours ^ et qui voudroit soutenir pour cela qu’il y a dans la structure de ces animaux des différences essen- tielles , puisque fun est en petit ce que les autres sont en grand j et puisque le moindre écolier de logique sait que le petit et le grand ne sont que des caractères relatifs , qui ne sont essen- tiels dans aucune branche des connoissances humaines?

»

Le rapprochement du mégaloniæ et des paresseux , n’a donc rien d’ artificiel j il ne fait aucune violence à la nature , mais il est au contraire invinciblement indiqué par elle , dans tout ce que nous avons retrouvé jusqu’ici de ce singulier qua- drupède.

Je vais en prouver autant, pour le mégathérium^ et je vais le faire avec plus de force encore s’il est possible , parce que nous en avons le squelette presque complet , et que toutes les parties y justilieront la première indication des doigts et des dents.

Je n’ai pas besoin de dire que le mégalonix n’a jamais été vu vivant. Cela est suffisamment prouvé pour quiconque a une légère teinture d’histoire naturelle ; cependant son volume auroit le faire remarquer ," s’il existoit. Son avant-bras est d’environ un sixième plus long que celui d’un bœuf ordinaire j il est probalile que les autres parties avoient au moins la meme proportion , et que l’animal entier égaloit les plus grands bœufs de Suisse ou de Hongrie.

48 ^

376

ANNALES MUSEUM

SUR LE MEGATHERIUM

Antre animal de la /c/m/Z/e Paresseux , mais de la taille du Rhinocéros^ dont un squelette fosssile presque complet est conservé au cabinet rojal dhistoire naturelle à Madrid.

Par G. CUVIER.

C’est de tous les animaux fossiles de grande taille le plus nou- vellement découvert et jusqu’à présent le plus rare ; et cepen- dant c’est celui de tous qui est le mieux et le plus complètement connu, parce qu’on a eu le bonheur d’en trouver presque tous les os réunis , et que l’on a mis le plus grand soin à les monter en squelette.

D’après l’ouvrage de don Joseph Qarriga , que je citerai plus bas, il paroît que l’on en possède en Espagne au moins des parties considérables de trois squelettes différens. Le pre- mier et le plus complet est celui que l’on conserve au cabinet royal de Madrid. Il y fut envoyé dans le courant de septeml^re 1789 par le marquis àe Loretto vice-roi de Buenos-Ajres ^ avec une notice qui apprit qu’on l’avoit trouvé dans des exca- vations faites sur les bords de la rivière de Luæan , à une lieue sud-est de la ville du meme nom, laquelle est à trois lieues ouest sud-ouest de Buenos- Ajres. Le terrain dans lequel il a

i

été trouvé n’étoit élevé que de dix mètres au-dessus du niveau de Teau.

Un second , arrivé en au meme cabinet, y avoit été envoyé de Iuima\ et un troisième que possède le père Fer-- nando-Scio , des Ecoles Pies, lui a été donné en présent par une dame , et a été trouvé au Paraguay. Ainsi les dépouilles de cette espèce sont répandues dans les points les plus éloi- gnés de l’Amérique méridionale.

Don Jean-Baptiste Bru^ prosecteur du cabinet royal de Madrid, monta avec soin le premier de ces squelettes, en des- sina l’ensemble et les différentes parties sur cinq planches qu’il lit graver , et en composa une description très-détaillée.

M. Bourne^ correspondant de l’Institut national, et alors re- présentant du Gouvernement à Saint-Domingue, passant par Madrid en l’an 4? eut occasion de s’y procurer des épreuves de ces planches , et les envoya à l’Institut sans description et seulement avec une courte notice de sa façon. Ce fut sur ces pièces que je lis par ordre de la classe des sciences un rapport détaillé dont on imprima un court extrait dans le Magasin encyclopédique , avec une mauvaise copie de la figure du sque- lette entier.

Je développai dès-lors l’affinité de cet animal avec les pa- resseux et les autres édentés ^ affinité sur laquelle je m’expli- quai d’une manière plus précise encore dans mon Tableau élé- mentaire de l’histoire des animaux , en plaçant le mégathérium à la suite des paresseux et dans la meme famille. C’est ce mor- ceau qui a servi de base à ce qu’ont écrit sur ce squelette tant les naturalistes qui ont adopté mon opinion , comme Shaw., que ceux qui l’ont contredite comme MM. Lichtenstein et Faujas y

ANNALES D TT M TT S K ü M

et c’est aussi lui qui a donné occasion de publier la description plus étendue et plus ancienne de don Jean-Baptiste Bru.

En effet, don Joseph , capitaine des ingénieurs cos- '

mographes du roi d’Espagne , s’étant occupé de traduire cet extrait de mon rapport en espagnol , apprit l’existence de cette description, et en ayant obtenu la permission de l’au- teur , il la lit imprimer avec sa tradiTction , pensant avec raison quelle donneroit de ce squelette des idées plus complettes. qu’une notice qui n’avoit point été faite sur l’objet meme. Get ouvrage , accompagné des cinq planches dont j’ai déjà fait mention, a paru à Madrid en 1796. C’est lui qui a fourni les principaux matériaux du présent article.

Dans la meme année 1796, feu M. Ahildgaard .^Tproïessenr à Copenhague , donna de son coté en danois , une notice de ce squelette, sans avoir connu la mienne et d’après cc qu’il avoit vu lui-méme à Madrid, en décembre 1793. Il l’accotn- pagna d’une ligitre de la tête et d’une autre de l’extrémité pos- térieure , dessinées toutes deux de mémoire et n’ayant qu’une ressemblance grossière avec les objets originaux*.

C’est aussi avec la famille des édentés ou des hruta de Lin- næiis y que M. Ahüdgaard cherche à comparer cet animai ^ et il est en effet impossible à un naturaliste de lui trouver des rapports avec d’aiTtres. Les détails dans lesquels nous allons entrer , vont montrer' que l’onpourroit à la rigueur Tappeler le paresseux géant iLressembie aux animaux de ce genre pâr les formes et les proportions de toutes ses parties , et que lors- qu’il s’écarte en quelques points des formes propres aux pa- resseux , ce n’est que pour se rapprocher des genres les plus voisiils, tels fourmilier s et les-te^o«.y; Ainsi tout ce qu’on

a pu dire contre ce rapprochement , se trouve réfuté par 1q

»

I ^

1)’ H I s T O 1 R E N T U R E L L E,

fait. J ai déjà rapporté dans mon article sur le mégaloniæ les argumens de M, Faujas. Un anonyme espagnol, dans une crû tique sanglante de l’ouvrage de M. Garriga, insérée dans le Journal de Madrid, donne comme une forte objection contre la place que j’assigne à cette espèce, tous les autres édentés P ourroient danser dans sa carcasse. »

M. Lichtenstein.) professeur à Helmslaedt , dans un mor- ceau d’ailleurs fort obligeant pour moi , inséré dans l’écrit de M. Schmesser sur l’état des sciences en France , tome II , page 95 , suppose que ce squelette pourroit avoir été composé avec des ossemens appartenans à des individus de grandeur diffé- rente , que par conséquent tous mes raisonnemens sont incer- tains 5 que les véritables proportions de l’animal ont pu être beaucoup plus semblables à celles de félépliant, qu’elles ne le paroissent dans ce squelette. Il en conclut que l’on doit j^lutot regarder cet animal comme une cinquième espèce d’éléphant propre à l’Amérique méridionale. Mais comme chaque os, considéré à part et indépendamment de ses proportions avec les autres , porte des caractères qui le rapprochent de l’os ana- logue des paresseux ou des édentés , et qui l’éloignent de ceux de l’éléphant , cette objection tombe d’ elle-même.

C’est ce que nous allons déveloper dans les réflexions sui- vantes , auxquelles nous joindrons la traduction abrégée de la description faite par D. J. B. Bru , comme le moyen le plus sûr de compléter la connoissance de cet important squelette.

J’y ai fait ajouter des copies réduites des figures de D. Bru ; le squelette, la tête et les pieds, vus pardevant, sont pris d’autres dessins faits à Madrid, par I). Joseph Ximeno et et qui m’ont été communiqués par mon collègue Faujas,

380 ANNALES DU MUSEUM

Le premier coup - d’œil jeté sur la tête du mégathérium , fait saisir les rapports les plus marqués avec celles des pares- seux , et particulièrement avec celle de l’V/ï. Le trait le plus frappant de ressemblance est la longue apophyse descendante, placée à la base antérieure de l’arcade zygomatique. Elle est aussi longue à proportion dans \aï que dans le mégathé- rium ; mais celui-ci a son arcade entière , tandis quelle est interrompue dans les deux espèces de paresseux , meme adultes.

La branche montante de la mâchoire inférieure ressemble assez à celle des paresselix , mais sa partie inférieure forme une convexité dont on ne trouve meme dans l’éléphant qu’une légère ressemblance,

Le museau osseux est plus saillant dans le mégathérium que dans l’cn; cela provient d’une avance de la symphyse de la mâchoire inférieure , qui se retrouve aussi dans le paresseux h deux doigts ou Yunau , et d’une avance correspondante des intermaxillaires.

Les os du nez sont fort courts; ce qui, d’après l’exemple de l’éléphant et du tapir , pourroit^ faire soupçonner que cet animal avoit une trompe.

On pourroit le croire encore, d’après la multitude de trous et de petits canaux dont la partie antérieure du museau est criblée ; ils ont laisser passer des vaisseaux et des nerfs , propres à nourrir quelque organe considérable. Cependant si cette trompe a existé, elle a du être très-courte, vu la longueur du cou, longueur qui paroît bien naturelle, et ne point venir de ce qu’en formant ce squelette on aura réuni des vertèbres d’in- dividus plus grands. Car cette tête n’étant point d’une gran-

d’ HISTOIRE NATURELLE. 38 1

deur démésurée , et sur-tout ne portant point de défenses , un cou long n’étoit pas aussi nuisible que dans Y éléphant.

Les dents molaires sont au nombre de quatre de chaque côté, tant en haut qu’en bas, comme dans !’«?, et elles ont comme les siennes une forme prismatique , et une couronne traversée par un sillon. Seulement elles sont plus rapprochées , et n’ont point en avant, de canine pointue , comme Y en a une au moins à la mâchoire supérieure , et Yunau à toutes les deux. Cependant je crois à peine que cela suffise pour distin- guer un 'genre , car dans Yunau meme les canines diffèrent peu des molaires , qui sont aussi pointues dans cette espèce.

Si le nombre de sept vertèbres que l’on voit au cou de ce squelette est véritable, comme l’analogie avec les autres qua- drupèdes le fait volontiers croire , le mégathérium différera beaucoup en ce point du paresseux aï., qui lui-méme s’é- loigne par de tous les quadrupèdes connus.

Il y a dans le mégathérium seize vertèbres dorsales , et par conséquent seize côtes de chaque côté , et trois vertèbres lombaires j ce sont exactement les memes nombres que dans Yaï.

Sa proportion relative des extrémités n’est pas la meme que dans les paresseux , celles de devant ont presque le double de la longueur des postérieurs j ici , cette inégalité est beaucoup moindre ; en revanche’, la grosseur démesurée des os de la cuisse et de la jambe , dont on voit déjà des indices dans les paresseux , les tatous , et sur-tout les pangolins , est postée ici à un point excessif, le fémur n’ayant en hauteur que le double de sa plus grande épaisseur, ce qui le rend plus

382 'ANNA LES DU MUSÉUM

gros que celui d’aucun animal connu , meme de celui de l’oliio.

Cette disposition générale des extrémités, doit faire juger que cet animal avoit une démarche lente et égale , et qu’il n’alloit ni en courant ou en sautant, comme les animaux qui ont les extrémités antérieures plus courtes, ni en rampant, comme ceux qui les ont plus longues, et nommément les pai'esseuæ ^ auxquels il ressemhle tant d’ailleurs.

L’omoplate a en grand les memes proportions que celle àes paresseux. Il existe une clavicule, comme dans l’ini d’eux, ( \unau ) ; ce qui, joint à la longueur des phalanges qui por- toient les ongles , prouve que cet animal se servoit aussi de ses pieds de devant pour saisir et peut-être même pour grimper.

Cette présence des clavicules éloigne considérahlement notre mégathérium de tous ceux qu’on aiiroit pu confondre avec lui, à cause de leur taille, comme l éléphant , les rhinocéros et tous les grands ruminans, dont aucun ne possède ces os.

L’humérus du mégathérium est très- remarquahle par la lar- geur de sa partie inférieure, qui est due à la grande surface des crêtes placées au-dessus de ses condyles. On voit par-là que les muscles qui y prennent leurs attaches , et qui servent , comme on sait , à mouvoir la main et les doigts , dévoient être très-considérahles ; ce qui est une nouvelle preuve du grand usage que notre animal faisoit de ses extrémités antérieures. 'Aussi cette grande largeur du has de l’humérus se retrouve- t-elle sur-tout dans le fourmilier qui emploie , comme on sait ses énormes ongles pour se suspendre aux arbres ou pour déchirer les nids solides des thermes. Elle y est même des trois cinquièmes de la longueur , tandis quelle n’est que de

d’ HISTOIRE NATURELLE. 383 moitié dans notre animal : ce qui est aussi la proportion du fourmilier écailleux à longue queue, ou phatagin. Dans le rhi- nocéros cette largeur n’est que du tiers , et àoLXis T éléphant àu. quart de la longueur. Les ruminans , qui ne font presque aucun usage des doigts , ont ces crêtes presque milles.

La longueur de l’olécrane a du donner aux extenseurs de l’avant-bras un avantage qui leur manque dans Xesparesseuæ ^ dont l’olécrane est extrêmement court, ce qui ne contribue pas peu à l’imperfection de leurs mouvemens.

Le radius tournoit librement sur le cubitus, comme dans les paresseux ; mais je dois remarquer ici qu’on l’a monté à contre-sens dans le squelette : sa tête humérale est en bas , et la carpienne en haut j les figures le représentent aussi de cette manière fautive.

La main appuyoit entièrement à terre , lors de la marche , ce qui se voit par la brièveté du métacarpe. Les doigts visibles et armés d’ongles n’étoient qu’au nombre de trois, et les deux autres étoient cachés sous la peau, comme il y en a deux dans l’ai et trois dans l’unau , et le fourmilier didactyle.

Les dernières phalanges étoient composées d’un axe qui portoit l’ongle, et d’une gaine qui en afferrnissoit la base ab- solument comme dans les autres animaux à grands ongles , dont je poursuis le paralèlle avec notre animal.

Mais les os du métacarpe n’étoient pas soudés ensemble comme ils le sont dans Y aï.

La proportion de ces os, ainsi que de ceux du megalonix y

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384 ANNALES DU MUSEUM

est aussi très - différente de celle des paresseux. Elle est , comme je l’ai dit dans l’article précédent , la meme que dans les fourmiliers.

Les os du bassin sont ce que notre animal offre de plus différent d’avec les espèces voisines. Ceux des îles, les seuls qui soient conservés dans le squelette de Madrid , forment un demi-bassin , large et évasé , dont le plan moyen est perpen- diculaire à l’épine, et qui ressemble assez à celui de l’éléphant, et sur-tout du rhinocéros. La partie large de ces os a sur-tout une analogie frappante avec celle de ce dernier quadrupède par la proportion de ses trois lignes ; mais leur partie étroite et voisine de la cavité cotyloide est beaucoup plus courte.

Cette forme de bassin nous indique que le mégathérium avoit le ventre gros , et s’accorde avec la forme de ses mo- laires , pour nous faire voir qu’il vivoit de substances vé- gétales.

Le pubis et l’ischion manquent au squelette de Madrid , mais je pense qu’ils ont été perdus lors de la fouille. Cepen- dant si ce défaut avoit été naturel à l’espèce , c’est encore dans un édenté, je veux dire dans \e fourmilier didactj le nous en trouverions le premier indice, quoique très-léger. Ses os pubis ne se réunissent point pardevant , et demeurent toujours écartés, comme l’observe Daubenton, et comme je l’ai vérifié sur un individu autre que le sien.

J’ai déjà parlé de la grosseur énorme de l’os de la cuisse ; on ne peut le comparer à celui d’aucun autre animal ; ceux qui s’en rapprochent par la largeur , comme les rhinocéros , en diffèrent par l’existence d’une apophyse particulière servant de point d’insertion au grand fessier , et qui manque ici.

d’ HISTOIRE ISATURELLE. 38ü

Le tibia et le péroné sont soudés ensemble par leurs deux, extrémités , chose absolument propre à cet animal 5 ils pré- sentent aussi par leur réunion une surface d’une largeur dé- mesurée. A cet égard, la jambe du mégathérium ressemble assez à celle de Yaï qui est très-large , parce que ses deux os forment une convexité chacun de leur côté , et s’écartent ainsi l’un de l’autre.

Les figures font penser que l’articulation du pied avec la jambe n’est pas aussi singulière que dans Yaï^ et qu’elle est beaucoup plus solide.

Le mégathérium ayant un large astragale , articulé avec un tibia également large , et assuré encore par la position latérale du péroné , avoit beaucoup plus d’à-plomb que les paresseux , et devoit ressembler en ce point à la plupart des quadru- pèdes.

On ne voit dans le squelette de Madrid qu’un seul doigt aux pieds de derrière qui ait été armé d’ongles j mais je pense qu’il y a à cet égard un peu moins de certitude que pour les pieds de devant ^ d’autant que les figures ne nous montrent avec ce doigt-là que deux autres qui n’aient point d’ongle , et que mes recherches m’ont fait établir comme une règle dont je n’ai point encore trouvé d’exception , que tous les ani- maux onguiculés ont cinq doigts , soit visibles au-debors , soit cachés sous la peau , soit réduits à de simples rudimens osseux.

La queue manque au squelette de Madrid , et la petitesse de la face postérieure du corps de l’os sacrum doit faire penser quelle étoit fort courte dans l’animal.

L’inspection d’un sijuelette aussi complet et aussi beureu-

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38G

ANNALES DU MUSEUM

sement conservé , nous permet de former des conjectures assez plausibles sur la nature de l’animal auquel il a appartenu.

Ses dents prouvent qu’il vivoit de végétaux, et ses pieds de devant , robustes et armés d’ongles tranchans , nous font croire que c’étoit principalement leurs racines qu’il attaquoit.

Sa grandeur et ses griffes dévoient lui fournir assez de moyens de défense. Il n’étoit pas prompt à la course , mais cela ne lui étoit pas nécessaire, n’ayant besoin ni de poursuivre ni de fuir.

Il seroit donc bien difficile de trouver dans son organisation meme les causes de sa destruction; cependant, s’il existoit encore , seroit-il ? auroit-il pu échapper à toutes les recher elles des chasseurs et des naturalistes ?

Je ne m’arrêterai point à la comparaison du mégathérium avec le genre des chats. J’ai fait cette comparaison pour le megaloniæ ^ parce que comme on n’a trouvé que des portions de son bras et de sa main , les personnes peu au fait de l’ana- tomie comparée ont pu avoir des doutes qu’il étôit juste de dissiper ; mais j’ose dire qu’aucun naturaliste raisonnable n’en peut conserver par rapport au megatheiiiun dont on a tout le squelette , et dont la tête seule est faite pour porter la con- viction dans tous les esprits.

Quant à la comparaison entre le mégathérium et le mega- loniæ , elle donne pour résultat une identité presque absolue de formes , du moins dans les parties que nous connoissons de ce dernier ; mais la grandeur est différente : les os du mégathérium sont d’un tiers plus grands que ceux du mega- lonix ; et comme ces derniers portent d’ailleurs tous les ca- ractères de l’état adulte , on ne peut guère attribuer cette

I)’ II I s T O 1 R E NATURELLE. 3S']

différence de grandeur qu’à une différence d’espèce : on peut ajouter que les ongles ont des étuis plus complets et plus longs dans les dernières phalanges du mégathérium ^ que dans celles du megaloniæ. Ces deux animaux auront donc formé deux espèces d’un meme genre , appartenant à la famille des édentés, et servant d’intermédiaire aux paresseux et aux fourmiliers , plus voisin cependant des premiers que des seconds.

Il est remarquahle qu’on n’en ait encore trouvé les dé- pouilles qu’en Amérique , seul pays l’on ait aussi observé jusqu’à présent les deux genres vivans dont celui-là se rap- proche ; car le bracljpus ursinus ou paresseux pentadactjle^ qu’on nous donne comme africain , est encore trop peu connu pour qu’on puisse le regarder comme une exception suffisam- ment établie à cette règle du climat.

DESCRIPTION DES OS DU MEGATHERIUM,

Faite en montant le squelette ^ par D. Jean-Baptiste BRU, traduite par M. Bonpland, et abrégée (i).

Dans le crâne on i-emarque huit os. L’os coronal ( tab. II , fig. i A ) est d’une figure rare. La partie supérieure présente un triangle , dont 1 angle superieiu’ et intermédiaire est très-aigu , et s’avance au-dela de la moitié des pariétaux. : il

(i) Les figures sont réduites au tiers sur celles de D. .Bto , qui sont elles-mêmes réduites an quart de la grandeur naturelle. Ainsi les miennes sont au douzième. Comme je les ai toutes fait entrer dans deux planches, pour rétablir une concordance avec les cinq siennes , j’ai désigné chaque figure par deux chiffres ; le romain indique le n.“ de la planche de D. Bru se trouve l’original ; et l’arabe , len." de la figure. On pourra donc lire la description et citer les figures de D.TÎ/m, comme si on les avoit sous les yeux. Les figures x et z de ma pl. Il ne sont pas de D, Biu , mais de D. Ximeno.

ANNALES DU MUSEUM

388

montre dans la partie antérieure quelques sillons peu sensibles. Apres l’occipital, l’os frontal est de tous les os de la tète celui qui a le plus de grosseur et le plus de dureté. Dans le bord orbitaire on voit, comme chez l’homme , un petit trou pour le passage du nerf ophthalmique. Dans la face interne on voit deux cavités qui reçoivent les lobes antérieurs du cerveau.

L’os occipital (G) examiné dans sa partie supérieure , montre l’extrémité de deux lignes circulaires dont on voit la continuation sur les pariétaux. Ces lignes semblables à celles que nous voyons dans l’homme , ont aussi sans doute le même usage, celui de servir d’attache au muscle ou temporal. La face externe de l'os est assez inégale. La face intei’ne est concave et présente à son extérieur deux protubérances dont chacune offre une cavité à son sommet. L’occipital s’unit avec les pariétaux , les temporaux et le sphénoïde. Au-dessus du trou occipital se remarquent les mêmes inégalités que dans l’homme. On y voit les apophyses transverses divisées en deux demi-arcs par la ligne qui descend droit au trou occipital. Au-dessus sont quatre fossettes inégales qui sans doute servent de point d’attache aux muscles droits gi-ands’et petits. Les deux inférieures sont plus grandes et plus inégales. Intérieurement il y a deux fossettes pour loger le ^ cervelet.

Le pariétal ( B ) présente une figure assez irrégulière se rapprochant de celle d’un quadrilatère inégal dans tous ses côtés : le postérieur plus petit est celui qui offre les demi-cercles dont nous avons parlé plus haut, et qtie nous avons dit servir à l’insertion des muscles temporaux.

L’os temporal f C ) n’a qu’une très-petite portion de partie écailleuse. La partie pierreuse est encore moins considérable. Celle-ci ne présente rien de particulier, si ce n’est l’apophyse zigomatique (E) qui naît au-dessus du trou auditif : elle est large à son origine. On y observe encore la cavité glénoïde qui sert à l’articulation de la mâchoire inférieure. Dans la partie pierreuse on remarque , i*. une inégalité très-considérable en arrière uu peu au-dessus du trou auditif, laquelle, par sa situation, correspond à l’apophyse mastoïde dans l’homme. 2". Au-dessus du trou auditif on trouve les vestiges d’une apophyse ; c’est sans doute l’apophyse styloïde. 5*. En dessous et un peu en arrière de l’apophyse mastoïde , beaucoup d’inégalités. 4". Le trou auditif à l’entrée duquel se trouvent une multitude de petites déchirures qui le rendent très-inégal. 5*. On voit en outre d’autres petits trous, desquels les uns sont propres et d’autres sont communs à lui et à l’occipital. Enfin on voit au- dessous du trou auditif une petite facette dont la superficie annonce avoir été couverte par un cartilage, et qui peut-être servoit pour faciliter le jeu-de quelque tendon.

Le sphénoïde est d’une grosseur prodigieuse : il touche à tous les os de la tête. A l’intérieur on observe quatre apophyses clynoïdes et à l’extérieur deux éminencea

jd’histoire naturelle.

389

d’une figure trcs-semblalde aux mamelons d’une vache, quoique cependant elles soient plus grosses et plus larges, et unies dans leur superficie. Comme les apophyses sont trcs-différenles de celles appelées ptérygoules dans l’homme , je ne crois pas qu’on doive leur donner le même nom , et leur attribuer le même usage : elles occupent à peu près le même lieu , G.

' L’os ethmoide ou os criblé est d’un volume proportionné aux autres osj il se trouve placé entre le coronal et le sphénoïde. Dans sa partie supérieure , il offre une porosité admirable, et dans sa partie inférieure, au moyen d’une lame (X) que j’appellerai perpendiculaire, il divise le nez eu deux trous dont la circonférence est assez grande.

L’os de la pometle présente quelques particularités dignes d’être remarquées. Sa surface extérieure est lisse et prolongée inférieurement en manière de langue (F), dont la pointe se retourne en arrière, formant dans cet endroit un bord semi- circulaire un peu gros antérieurement , et un autre semi-circulaire plus mince dans sa partie opposée; Du bord supérieur de l’apophyse zygomatique et très-près de la suture correspondante du temporal, ou voit un prolongement (S , K ), lequel se dirige d’avant en arrière , et qui se ti'ouve jusque vers le crâne comme pour aller joindre les pariétaux, desquels 11 s’approche. Ce prolongement forme un angla très-aigu avec le reste du zigoma. Je ne puis soupçonner l’usage de ces deux prolongemens , s’ils en ont d’autre que de servir d’attache aux muscles de la mâchoire. On observe encore dans ces os le bord orbitaire, les deux prolonge- mens orbitaires des anguleux , un autre interne avec lequel s’unit le coronal, et enfin le bord semi-lunaire opposé à l’orbitaire , et diverses échancrures communes à lui et à l’os maxillaire supérieur. La lettre T démontre la portion de ce même os appelé orbitaire qui, avec celles du même nom, formées par le coronal l’os maxillaire supérieur, composent tout l’orbite.

On ne trouve pas les os carrés du nez ; ils sont remplaeés par un seul os de forme demi-circulaire (M), qui présente à son extrémité trois prolongemens inégaux dans leur superficie. Il est uni au coronal par la suture transversale , et intérieurement avec la lame perpendiculaire (X). J’observe ici que de chaque côté de cette lame on trouve une lame en forme de cornet. Sans doute qu’elles ont les mêmes fonctions que les cornets dans l’homme : la porosité de cet os est très-grande.

Les deux os maxillaires (L,D) ne ressemblent en rien à ceux des autres quadrupèdes connus. La portion L est très-forte et très-dure; elle offre dans son bord de grandes aspérités , du milieu desquelles s’élève une lame garnie de chaque côté de découpures imitant assez bien les dents d’une scie. Dans la partie supérieure ou voit une grande quantité de petits canaux et de petits sillons qui se portent de la pointe de la mâchoire au palais ; ils s’élargissent à mesure qu’ils se rapprochent

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ANNALES DU MUSEUM

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<lu palais; ils sont cinblés d’une multitude de petits trous destinés sans doute pour le passage des vaisseaux qui portent la nourriture à l’os. La lame perpendiculali'c (X) se dirige vers le milieu de ces sillons , et repose sur cet ps et s’unit avec lui ; elle se retourne ensuite sur le coronal, avec lequel elle s’unit.

Dans la partie inférieure on trouve deux bords gros, lesquels servent comme d’appui à une voûte qui se prolonge jusqu’au palais : on y observe aussi une multitude d’éminences et de sillons disposés en manière d’escalier , lesquels se croisent transversalement, et offrent une multitude de trous d’inégale grandeur. Une partie (D) va en s’élargissant en dehors du côté de l’orbite, et en bas du côté du palais , duquel il forme une partie. Dans cette partie qui est le bord alvéolaire sont placées quatre dents, qui , avec les quatre de l’autre côté, font Jiuit dents. A la partie supérieure se trouve placé le trou orbitaire externe (Z).

La mâchoire inférieure est d’une figure assez régulière, si on en excepte le pro- longement de sa partie antérieui’e. A l’extrémité antérieure se remarque une petite échancrure qui annonce probablement la désunion de ces os dans les jeunes sujets. A l’origine de ce prolongement (R) on trouve une protubérance assez élevée qui, augmentant de volume jusqu’en bas , forme avec la voisine deux grosses éminences entre lesquelles il y a un canal qui correspond à ce que les anatomistes appellent symphyse dans l’homme. Elle va successivement en augmentant de volume jusqu’en (S), commence le bord inférieur, appelé base, qui a bien un pied de long. On y observe également l’angle de la mâchoire (P ) ainsi que les deux apophyses connues, la première sous le nom de coronoide ( V) , et la seconde sous celui de condyle. Cette dernière s’articule avec le temporal.

Le bord supérieur de cette mâchoire est très-gros au-devant de l’apophyse coronoide, sont enchâssées quatre dents dans autant d’alvéoles particulières qui s’inclinent légèrement en arrière. Depuis la première molaire jusqu’à la pointe (P) ce bord va en diminuant de grosseur, et avee celui du côté opposé il représente un canal très-propre à loger la langue. Enfin on aperçoit dans cet os trois ouvertures, dont deux extérieures ( Q et R). I^a troisième étant placée à la partie interne , n’a pas pu être représentée dans la figure. Ce troisième trou se trouve placé à l’opposé de (P) dans l’angle H de la mâchoire et correspondant avec celui de la lettre (Q). Les deux trous extérieurs correspondent à ceux que dans l’homme on appelle trou barl)u et déchiré.

Les dents , au nombre de seize (huit dans la mâchoire supérieure et huit dans l’inférieure ) , surpassent tous les autres os par leur dureté. Les douze postérieures sont plus grandes que les autres. Chacune d’elles a à peu près deux pouces en carré; elles présentent des angles arrondis, et entre chacun de ces angles on voit un petit canal. Chacpie dent a quatre angles, deux Intérieurs et deux extérieurs. La partie inférieure, celle qui est enchâssée dans les alvéoles, va sensiblement

d’ HISTOIRE NATURELLE. 3qI

en diminuant, et n’a que deux pouces de large: sa forme est carrée, et on voit dessous une cavité séparée par quatre pointes ( tab. IV, fig. V, F), La forme de cette cavité est pyramidale ; elle s’enfonce assez avant dans la dent. Les quatre premières dents , pesées avec exactitude , présentent un poids de 20 onces ; les autres en donnent jusqu’à 26.

Les vertèbres du cou sont au nombre de sept. On peut les voir dans la planche I.*’* qui représente le squelette. L’atlas , pl. V, f. 5, manque d’apopbyse épineuse. Son ouverture principale (A) est plus grande que celle des autres. Ses apopbyses(BB ) transverses sont plus considérables et plus droites que dans les autres vertèbres cervicales , qui sont légèrement inclinées en arrière. Aux lettres (G G ) on aper- çoit deux trous : ils sont communs à toutes les autres vertèbres.

Les cinq dernières vertèbres du cou sont semblables entre elles , si ce n’est qu’elles vont en augmentant de volume. Toutes ont un corps par lequel elles s’articulent , un trou pour donner passage à la moelle de l’épine ; sept apophyses , dont quatre obliques, deux transverses sur les côtés , et une dernière enfin couchée en arrière : c’est Tapopbyse épineuse ; elle est la plus grande de toutes. Toutes soyit pourvues de quatre grandes échancrures, deux de chaque côté, une supé- rieure et une autre inférieure pour donner passage aux nerfs cervicaux. ( pl. I.)

Les vertèbres du dos sont au nombre de seize comme dans le cheval; elles sont plus grosses que celles du cou , mais plus petites que celles des lombes. Les apophyses épineuses sur-tout sont remarquables par leur grosseur et leur gran- deur; mais celle (pl. Il, fig. II et III) est la plus grande de toutes. Les apo- physes transverses sortent sensiblement et sont grosses à proportion. La première de ces vertèbres mérite à juste titre celui d’éminente , pour être plus élevée que toutes les autres.

Je n’ai pu voir que trois vertèbres lombaires, et peut-être ce quadrupède n’en avolt-il pas davantage. L’élépbaut n’a que quatre vertèbres lombaires . le cheval en a six. Ges trois vertèbres sont d’un volume plus considérable que celles du dos , et la première est plus grande que la seconde , et celle-ci plus grande que la troisième.

Les os des îles forment un seul os avec le sacrum ; ils sont intimement unis : ainsi je les considère comme ne faisant qu’un. Son poids est de Sqo livres : sa grandeur est énorme , et , par sa figure, il ressemble à celui de l’homme, c’est- à-dire à l’iléon et au sacrum réunis.

Os sacrum. La description de cet os se verra assez bien si on jette les yeux sur les figures qui sont à la pl. III. Les lettres B B des figures i et 2 démontrent un boixl semi-circulaire ou segment de cercle, lequel commençant dans les parties laté- rales de ce qui , avant Tossification, formoit i’os sacrum , s’étend jusqu’aux extré-

ANNALES DU M U S E U IM

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mités C C des fig. i et 2 de la III.® pl. Depuis les extrémités jusqu’aux lettres Y Y de la fig. 3, on aperçoit une échancrure, et dans les extrémités signa- lées par lesdites lettres Y Y on voit le commencement ou l’entrée d’une cavité grande et arrondie ( fig. 2 , Y ) , dans laquelle entre la tète de l’os fémur. Les lettres A A de la fig. i représentent sa face interne , et la superficie qui se voit dans la seconde découvre sa face externe , qui servoient sans doute dans l’animal vivant pour attacher les masses de chair qui formoientles fesses. Les lieux signalés parles n.°s i, 2, 5, 5 de la fig. 2 montrent les cinq apophyses épineuses qui correspondent au nombre égal des vertèbres qui constituent le sacrum de ce quadrupède.

La lettre E de la fig. i représente la première pièce de l’os sacrum. On y volt le Heu de son articulation avec la dernière vertèbre lombaire. La dernière pièce de cet os, qui s’articule avec la première vertèbre de la queue, n’est pas visible dans la figure. La lettre Z de la fig. II indique la terminaison du canal mé- dullaire.

Ce serolt ici le Heu de parler des os pubis et ischion j mais je n’ai rien vu qui leur ressemble. Je ne puis non plus parler de la queue, quoique cet animal en eût bien certainement , mais nous n’en avons pas un seul oS.

La cavité vitale ( le thorax ) est formée par les vertèbres , les clavicules , les côtes et le sternum. Nous avons déjà parlé des vertèbres; nous allons passer aux autres os.

Sternum. Je n’ai vu que la première pièce de cet os , qui est d* une figure très- irrégulière ; cependant on peut la comparer à un triangle dont les angles sont tronqués. Sa face extérieure est convexe , et comme séparée de haut en bas en deux parties par une espèce de crête. Cette crête semble se prolonger sur les autres pièces de cet os ; il est plus étroit dans sa partie supérieure , qui s’incline légèrement en dehors. C’est à son extrémité qu’on trouve une petite facette tirti- culairc : j’ignore absolument quel os peut venir s’y articuler.

Les clavicules sont d’un volume proportionné à tous les autres os : l’extrémité sternale s’articule avec l’extrémité de la première des vraies côtes et la première pièce du sternum : l’autre s’articule avec l’omoplate , ainsi qu’on peut le voir dans la pl. I.

La figure de ces os est eu tout semblable à ceux de l’homme, seulement leur volume est beaucoup plus considérable. Les extrémités sont spongieuses et très-grosses, sur-tout l’extrémité humérale. {^Vid. pl. IV, fig. A, l’extrémité A qui s’articule avec l’omoplate, et l’autre B qui s’articide avec le sternum.) La même figure représente en C sou bord antérieur et le bord postérieur en D.

Le nombre des ctôes se monte à 02 , seûe de chaque côté. Les onze premières

d’ h'i s T O I II E A T U 11 E L L E. .'hj3

pai'oisscnt entrer dans la formation du thorax , et doivent être regardées comme les vraies côtes : les cinq suivantes seront les fausses. J’observe que les vraies sent plus lisses, plus unies que les fausses , et que leur articulation avec la colonne épinière se fait par deux endroits: l’un correspond au corps de la vertèbre, l’autre à l’apopbyse transverse. Les fausses côtes , plus inégales , s’articulent seulement avec le corps des vertèbres.

L’extrémité des fausses côtes est plus aplatie , et on observe à son extrémité libre une petite facette articulaire pour son articulation avec le cartilage.

L’omoplate est assez semblable à celui de l’bommc ( Vid. pl. V , fig. i et 2 ) , excepté qu’il est en tout plus gros. Sa forme est celle d’un triangle représentant aussi trois bords. Des angles, deux sont vertébraux, l’un antérieur et l’autre postérieur. Le troisième est l’angle huméral. L’angle vertébral antérieur est mince et tronqué , fig. i B. L’angle vertébral postérieur A est plus gros et un peu arrondi. L’angle huméral représenté dans la fig. 2 de la même planche en E,est plus gros que les deux précédens, et présente dans son extrémité la cavité gléuoïde qui reçoit la tète de l’humérus. Des trois bords , nous regarderons comme servant de base celui compris entre A et B de la fig. i , et comme côtés ceux compris entre B et C , et entre A et E j observant que ce dernier, fig. i , et fig. 2 , U, s’est trouvé en dehors : d’où il résulte qu’il est plus gros que l’autre. Le côté B C, fig. 1,2, n’a rien de remarquable, si ce n’est qu’il va en grossissant à mesure qu’il s’avance vers la cavité glénoide. il forme une saillie qui cor- respond à l’apophyse coracoïde dans l’homme. Ou doit aussi remarquer dans cet os deux faces, l’une interne et l’autre externe. L’interne en A, fig. 2, est un peu concave'( Vid. fig. i , K, Y G) avec quelques inégalités qui s’observent depuis le point B jusqu’au point A. La face externe , un peu convexe , est divisée en deux par une crête peu élevée vers l’angle A. Son volume va ensuite en augmentant jusqu’en F, elle est trois fois plus grosse qu’à son origine. Elle forme ensuite l’apophyse acromion , qui s’unit avec l’apophyse coracoïde. De l’élé- vation de la crête résultent deux cavités, une supérieure en K, et l’autre inférieure en G. Ce sont ces fosses qui , dans l’homme, sont connues sous les noms de fosses sus-épineuses et sous-épineuses. Enfin on remarque près de la cavité glénoïde de cet os, Y , fiç. I et 2, un trou dont on ignore l’usage.

Du BRAS. U humeras ( pl. IV , fig. i et 2 ) est fort dans toute son étendue : sa grosseur est sensiblement augmentée par les éminences et les inégalités qu’on y observe j il a à peu près un pied et demi de long. On le divise on corps ou partie moyenne et en extrémités. La partie moyenne est d’une figure très-irrégulière , étant arrondie immédiatement en dessus de son extrémité supé- rieure, aplatie par son autre extrémité et triangulaire au-dessous du point B. On observe une grande éminence, fig. 2, G, de chaque côté de la tête,

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ANNALES DU MUSEUM

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ou de rextrémité supérieure , dont l’externe est plus élevée que l’interne. L’une et l’autre sont remarquables par les impressions musculaires qu’elles [présentent. Depuis le point B, (ig. i , il se manifeste une éminence en forme de crête, qui augmente successivement son volume jusqu’au point G. Cette crête , donne à l’os une figure triangulaire, et présente par conséquent trois bords, un postérieur, un interne, et l’autre externe; plus trois faces, une postérieure, légèrement convexe et inégale, et deux antérieures, l’une interne et l’autre externe, lesquelles sont plus petites que la postérieure. Les faces antérieures sont aussi un peu inégales.

L’extrémité supérieure de l’humérus est terminée par une éminence sphérique (pl. IV , fig. I et 2 , A ) : c’est ce que les anatomistes appellent tête , qui est reçue dans la cavité de l’omoplate. Cette tête est plus spongieuse que le] reste de l’os. On remarque au dessous une dépression qui , quoiqu’elle ne l’entoure pas entièrement, peut être comparée au col de l’humérus chez l’homme.

L’extrémité inférieure est aplatie depuis le point G nous avons dit que se terminoit la crête antérieure. Les deux superficies supérieures et postérieures sont convexes, à l’exception d’un petit enfoncement qui s’observe en devant de K de la figure i , et un autre en arrière plus grand et de forme arrondie , fig. 2 , L. li’antérieure reçoit une éminence de l’os radius ; la postérieure reçoit une autre éminence de l’os cubitus. Toute cette extrémité décrit un demi-cercle qui s’étend depuis les points F F jusqu’aux points E E. Mais on doit observer dans sa cir- conférence, i.° que le bord E représenté dans l’une et l’autre figure est inégal , raboteux ; 2.® que le bord E s’use plus que le bord F ; 3.® que ce bord se confond peu à peu avec l’interne , au lieu que le bord E se termine subitement par une rainure lisse h sa superficie; 4**’ que depuis le point F jusqu’au point D de l’une et de l’autre figure , il est lisse comme une petite cavité articulaire. La même chose arrive depuis le point D jusqu’au point G des deux autres, ou se prolonge de la même manière jusqu’au point E; 5.® que la petite facette articulaire com- prise entre D et G se trouve séparée des autres par une petite crête légèrement saillante ; 6.® que dans cette petite facette se voit une rainure , laquelle reçoit une éminence du cubitus : elle fait l’office tl’une poulie. L’inspection des planches montrera à l’observateur une multitude d’autres choses qu’il eût été ennuyeux d’énumérer ici.

Le radius est un peu plus grand que l’humérus. Gomme celui-ci , il se divise eu corps et en extrémités. Le corps est aplati dans presque toute son étendue : ]iar conséquent il a deux faces et deux bords. De ces bords l’un est interne et l’autre externe ; des faces l’une est antérieure et l’autre postérieure. La face antérieure est convexe dans toute son étendue. L’interne est aussi convexe, mais elle se trouve divisée en deux par une ligne légèrement saillante. Ainsi cet os 6cnj!)!e s’élever de l’un et l’autre coté pour avoir une forme arrondie : le bord

d’ HISTOIRE NATURELLE. 3(p

externe est plus élevé et plus aigu que l’interne. Dans sa partie moyenne, il présente une éminence anguleuse très-inégale. ( Vid. E , fig. 4 » pl- H )• De chaque côté de cette éminence, on voit un petit canal. Le hord interne n’a rien de remarquable, si ce n’est qu’il est plus lisse que l’externe, et qu’il com- mence en haut par deux lignes saillantes qui correspondent aux deux éminences qui s’observent k l’extrémité supérieure de cet os , lesquelles s’unissent avant son tiers supérieur , et forment par leur réunion un Y grec.

(i) L’extrémité supérieure D est très-grosse ; on y observe cinq éminences qui l’entourent : entre ces éminences on voit une dépression qui représente assez bien une sinuosité. De ces éminences, l’une sert k l’articulation avec l’humérus; les autres se voient en dehors. Parmi celles-ci l’externe, qui se voit en D, est plus large etplus élevée. Deux internes , qui ne se voient pas dans la figure, donnent nais- sance k deux lignes légèrement élevées qui se rapprochant l’une de l’autre, se réu- nissent dans le tiers supérieur de cet os, et forment , par cette réunion, le hord interne du radius, ainsi que nous l’avons dit plus haut. Toutes ces éminences sont rangées autour d’une petite facette articulaire située entre les let. D et C de la fig. 4 dans la même pl. II. Cette petite facette articulaire est divisée en deux par l’éminence O, et continue jusqu’k la partie opposée. La pointe de cette éminence entre dans la cavité observée k l’extrémité inférieure de l’humérus en K de la fig. i , pl. IV. Outre ces éminences il y en a encore deux autres assez écartées , l’une en forme de crochet qui se voit en D: l’autre, plus inférieure et plus en arrière , ne se peut pas voir dans la figure.

L’extrémité inférieure est terminée par une facette large articulaire qui cor- respond aux os de la main , et sur le côté latéral on en volt aussi une qui sert k rarliculatlon du cubitus.

Le cubitus est presque de la même longueur que le radius: sa forme peut être comparée k celle d’un triangle , selon sa longueur. Les angles qui le divisent k sa partie supérieure diminuent insensiblement jusqu’au milieu de l’os : Ik ils secon- fondent avec le corps de l’os qui devient rond. Le contraire arrivedans son extrémité inférieure, dans laquelle les trois bords de la face triangulaire vont également en diminuant jusqu’k son milieu , se confondant avec les trois faces de la partie supérieure et triangulaire : d’où il résulte que ce qui est bord k la partie supé- rieure devient face k la partie inférieure , et vice versa.

L’extrémité supérieure A est assez grosse: on y compte quatre éminences: trois sont autour de la cavité articulaire, et donnent origine aux trois bords que nous avons remarqués dans cet os. La plus grande de toutes est en arrière , ainsi qu’elle

(i)Le lecteur ne doit pas oublier que D. Bru prend ici l’extrémité inférieure pour la su- périeure.

ANNALES DU

AI U S E U M

3ç,6

est représenle'e en A : elle est terminée par un rebord assez gros : des deux autres l’iine est externe et un peu aplatie en C; l’autre interne est plus grosse , plus inégale, et comme divisée en deux par un canal qui sans doute étoit destiné à conserver les vaisseaux de cette extrémité. Cette dernière ne s’aperçoit pas dans la figure. Au devant de l’éminence postérieure A se voit la quatrième dont il a été parlé plus haut. Celle-ci s’élève comme de la sidistance de l’os, laissant une rainure entre les deux, et au-devant de cette quatrième éminence il se trouve une cavité articulaire C , dont l’enfoncement s’augmente pour recevoir l’os radius. Entre l’éminence externe et la postérieure il y a un enfoncement considérable et un autre encore plus grand au-devant de l’os entre les éminences externes et internes.

L’extrémité inférieure B est grosse et inégale ; elle affecte une forme trian- gulaire, et se termine par une facette articulaire convexe qiii s’articule avec le carpe. Sur son côté interne elle en a d’autres qui servent à son articulation avec le radius.

Le carpe est composé de sept os. Tous présentent une figure irrégulière qui de nulle manière ne peut être comparée avec celle des os du carpe de l’homme. Ils sont, comme dans l’homme , disposés sur deux rangées : la première en con- tient trois ( A A A, fig. 5 , pl. II ). La seconde en offre quatre. Les trois premiers présentent à leur partie postérieure une facette articulaire convexe qui sert à l’articulation du radius et du cubitus. Chacun de ces os en jiarticulier offre des faeettes articulaires sur les côtés pour servir à leur articulation entre eux, et d’autres en devant , par lesquelles ils s’articulent avec les os de la seconde rangée. Dans ceux de la seconde rangée on observe les mêmes facettes , c’est-à-dire , pos- térieures , qui s’articulent avec les antérieures de la première rangée; les latérales servent à l’articulation de ces os entre eux , et les antérieures s’articulent avec les os du métacarpe. Parmi ces sept os il en est encore quelques-uns qui offrent quelques facettes articulaires , dont l’usage semble être de faciliter le jeu de quel- ques tendons.

Le métacarpe est composé de quatre os , dont deux extérieurs plus grands ont une figure à peu près triangulaire : leur face externe , selon toute leur longueur , représente un canal. Le plus extérieur de ces os Y ne s’unit pas avec le carpe , si ce n’est par la partie externe de l’os suivant C, et très-proche de l’union de celui-ci avec les deux de la seconde rangée du carpe. Par son extrémité antérieure il s’unit avec l’une des phalanges J du doigt extérieur. Le second os du métacarpe G est plus long, et s’unit par son extrémité postérieure avec l’os B du carpe, ' et par ses parties latérales avec le précédent Y, et le troisième D, et par son extrémité antérieure ou digitale avec la première phalange M. Le troisième os du métacarpe D est le plus gros de tous. Il représente un carré long ; il a donc quatre faces , une supérieure, une inférieure, une interne et l’autre externe,

d’ HISTOIRE NATUREEEE.

397

et deux extrémités articulaires qui s’unissent avec le second C et le quatrième G. Dans son extrémité postérieure il s’articule avec les os du carpe B, E, F ; par l’antérieure avec la première phalange Q, au moyen de deux facettes articulaires divisées par une crête saillante. Le dernier de ces os ou l’externe G est le plus court de tous, et en meme tems le plus irrégulier dans la figure. Il s’unit en arrière avec un petit os du carpe F , et avec le précédent par sa partie latérale et externe. Par son extrémité extérieure il s’articule avec un petit os S contigu à l’os T.

Quoiqne les ^os qui terminent l'extrémité inférieure ne ressemblent en rien aux phalanges, je leur donnerai cependant ce nom. Leur forme est arrondie; ils varient par le nombre dans les doigts: c’est ainsi que dans le second et quatrième doigt il y a deux phalanges , tandis que dans le premier et le troisième on en trouve trois. Les deux du quatrième se voient en J et L. IjCS trois du troisième varient beaucoup dans leur grandeur et dans leur figure. lies deux premiers M N sont petits et irréguliers. Le troisième 0*est très-gros, très-large et a une forme ovale avec beaucoup d’aspérités au centre. De celui-ci on voit sortir comme d’une gaine une languette osseuse P assez dure et aussi de substance osseuse, (i)

Je ne décris pas le premier os V et le second R, parce qu’ils n’ont rien de remarquable , que ne représente la figure.

Extrémité jioslérleure. Le fémur présente la forme d’un qiiarré allongé légère- ment aplati ; il offre par conséquent deux faces , l’une antérieure convexe et l’autre postérieure concave. La convexité de la première de ses faces présente une petite élévation diagonale qui , depuis l’angle supérieur interne , se dirige vers l’angle inférieur externe elle se termine. La concavité de la face postérieure présente une égale direction. Il présente aussi deux bords , l’un interne et l’autre externe. Celui-ci est rond et forme une concavité , si on examine les points A et O de la fig. 3 et 4 L’externe est plus aigu et présente aussi

une concavité, comme il est facile de le voir dans la figure. Les quatre angles qui constituent le quarré long se divisent en deux supérieurs et deux inférieurs. De ceux-ci l’un est interne et l’autre extei’ne. Le premier se trouve surmonté d’une éminence parfaitement sphérique et d’une superficie très-lisse: c’est la tète du fémur signalée par les deux let. A A. Au-dessous se trouve le col. L’angle externe, fig. 3 et let. F et E est le grand trochanter ou du moins une apophyse qui y correspond. Ici on n’observe qu’un trochanter; dans l’Jiomme il y en a deux. Celui dont nous parlons est très-gros, très-inégal, fig. 4, let. G, et à sa partie antérieure on voit en F , fig. 3 , un trou qui commence par un eanal ,

(1) L’auteur de cette description compare cette apophyse aux griffes d’un tigre et d’un lion , et prétend qu’elle étoit mobile et qu’elle ne s’est soudée que depuis la mort de l’animal.

5,

ANIMALES DU MUSEUM '

398

lequel donne passage aux Taisseaux qui portoient à l’os une partie de sa substance. A sa partie poslérieui’e on voit un enfoncement assez sensible. Entre les deux apo- physes qui constituent les angles supérieurs 011 voit une concavité D , fig. 5 et 4 ^ elle peut être considérée comme le bord supérieur qui tient le milieu entre la tète et le trochanter.

Les deux angles inférieurs signalés par les let. O et K des fig. 5 et 4 se divisent en internes et en externes. Le premier est plus incliné en devant que le second : il y a donc une correspondance entre ces angles et les supérieurs, quoique ceux-ci soient inclinés dans un sens contraire. Les angles inférieurs sont aussi très - gros et très - inégaux : on peut les a])peler cond} les au - dessous , se voient deux éminences lisses B et C, fig. 5 et qoi entrent dans deux cavités de la jambe. Entre ces éminences il y a une petite concavité qui peut être considérée comme le bord inférieur de la figure quadrolongue qu’offre cet os.

La jambe paroît être formée d’un seul os divisé en deux dans sa partie infé- rieure ; mais comme nous ne connoissons aucun animal qui ait la jambe formée eVun seul os, nous devons être portés à croire que ce que nous voyons sont aussi deux os soudés d’une manière intime et accidentelle par leur extiémité supé- rieure. Admettant donc deux os dans la jambe de ce quadrupède, je leur conserverai le nom de tibia et de péroné. Le tibia, situé h la partie inférieure, se trouve un peu plus en avant que le péroné ; il est aussi d’un A'olume plus con- sidérable et présente deux faces, l’une intérieure et comme inclinée à sa partie externe , laquelle est encore près de ses extrémités et un peu convexe vers le milieu ; l’autre postérieure un peu tournée en dedans très - convexe dans toute son étendue , et montre plusieurs inégalités et sur - tout une en forme d’épine qui se prolonge dlagonalement et comme un zig-zag depuis son extrémité supérieure externe jusqu’à son extrémité inférieure et interne. On y observe égale- ment deux bords, l’un interne et un peu antérieur, A D, pl. V, fig. lequel présente une concavité et est assez gros; un autre externe et un peu posté- rieur E C : celui-ci a aussi une forme arquée ; mais il est très-aigu.

Son extrémité supérieure est plus grosse que l’inférieure; elle se termine par une facette articulaire assez concave, et affecte une forme ronde A pour s’arti- culer avec l’éminence B du fémur. Autour d’elle on volt de légères Inégalités. L’extrémité inférieure n’est pas aussi grosse que la supérieure. A sa partie intente est une éminence assez considérable qui fait fonction de malléole. Au-devant on voit une sinuosité qui , sans doute , facilite le mouvement de quelque tendon. Dans celle extrémité les deux faces s’éloignent l’une de l’autre , et forment deux pro- longemens par en bas : c’est entre ces prolougemens qu’est reçue la tète de l’as- tragale.

I)’ II I 5 T 0 1 B. i: NATURE L L E. 3(^1)

Le péroné est long et mince, excepté cependant à scs extrémités il est tVun volume plus considérable : c’est sur-tout son extrémité supérieure qui est la plus grosse ( Vid. let. G , et F ), et qui est terminée par une facette articulaire très-étendue , sur laquelle reposolt Fémlnence du fémur. L’extrémité inférieure est presque triangulaire , ayant à sa partie externe un bord tranchant qui peut être considéré comme faisant fonction de malléole; elle est terminée par une petite facette articulaire un peu concave est reçue la partie externe de l’astragale , et par son côté interne elle s’unit avec le côté externe du tibia. Ces deux os ainsi unis laissent entre eux un espace ovale qui , comme dans l’homme, étoit probable- ment rempli par une membrane ou ligament inter-osseux.

Le tarse se compose de sept os : leur disposition est la meme que dan l’homme ; ainsi je leur donnerai les mêmes noms. Le premier de tous , celui qui forme le talon, est l’astragale; sa figure est assez Irrégulière ; il est arrondi dans presque toute sa partie supérieure A pour s’articuler avec le tibia L, et par sa partie externe avec l’inférieure du péroné M , et en arrière avec le calcanéum H , quoique le lieu de cette dernière articulation soit plus aplati que l ond. Du côté interne de l’astragale on voit une apophyse assez élevée qui , étant très-près de celle que nous avons appelée malléole du tibia, augmente con- sldéi’ablement sa longueur. A sa partie antérieure il présente une éminence ter- minée par une légèFe concavité qui reçoit une facette articulaire un peu convexe de l’os naviculalre. Il y a encore dans cet os quelques enfoncemens et quelques cavités que je ne décris pas.

Le second os du tarse ou le calcanéum B est le plus grand de tous : sa figure est à-peu-près celle d’un soulier qu’on verroit par le talon. Il est très-inégal dans toute sa superficie, et principalement dans la partie supérieure; on observe plusieurs éminences et plusieurs cavités. Cette partie est convexe , tandis que l’inférieure est plane : toutes deux sont terminées en arrière par une pointe uu peu élevée. Il est comme divisé à sa partie antérieure , et représente une espèce de fourche dont la branche interne s’avance beaucoup plus que l’autre. Au dessous de cette espèce de fourche on voit une facette articulaire qui sert à son articu- lation avec un des petits os cuboïdes D.

Le troisième est l’os naviculaire C ; Il est oblong , mais prolongé dans sa partie inférieure; il est situé au devant de l’astragale derrière les deux os cunéiformes et au côté interne de l’os cuboïde. Il s’articule avec le premier au moyen d’une petite facette articulaire assez étendue et un peu convexe qui, par derrière, en représente une auti'e grande , laquelle est divisée en deux par une ligne saillante. Elle sert pour s’articuler avec les deux os cunéiformes déjà cités , et par sa partie latérale externe on lui voit une autre petite facette pour s’unir avec le cu- boïde.

ANNALES DU MUSEUM

J

4 00

Le quatrième est impropx’ement appelé cuboïde. Il est aplati par sa partie supé- rieure et inégal à l’inférieure. Situé au devant de la partie latérale externe , et un peu inférieure du calcanéum au côté externe en dessus de l’astragale , du navi- culaire, et derrière le secondes du métatarse, il s’unit avec tous ces os par autant de facettes articulaires.

Les trois autres os appelés cunéiformes , parce qu’ils font l’ office de coins , ne sont pas situés dans le même ordre que dans l’homme. La figure en présente deux qui sont signalés par les let. E G. Le premier E est ovale et a quatre facettes pour s’articuler en arrière avec l’os naviculaire , en avant avec le second G, par sa partie latérale externe avec le cuboïde et le second os du métatarse, et par l’interne avec l’autre os cunéiforme qui ne se voit pas dans la figure. Le second os cunéiforme G est triangulaire du côté de la face supérieure, et il s’unit avec l’antérieure du premier os cunéiforme E avec la partie interne du second os du métatarse déjà cité, et avec la postérieure d’un autre petit os qui se trouve situé derrière le premier. Le troisième os cunéiforme est situé à la face interne du pied j il s’articule avec l’os naviculaire et avec les deux autres du meme nom il est inégal dans sa face externe , et uni dans sa superficie in- térieure.

Les os du métatarse et les phalanges sont en tout semblables à ceux des extré- mités antérieures. Seulement que dans la main nous avons compté quatre os dans le métacarpe et autant de doigts. Le pied n’en présente que trois. Dans le pied on trouve seulement un doigt avec un ongle; dans la main il y en a trois. Dans le reste tout est semblable. Ces quatre os peuvent se voir dans la figure: le premier en K , le second en Y, le troisième en J , et le quatrième, qui est une petite phalange, se voit en N.

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D HISTOIRE NATURELLE.

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DESCRIPTION

D'une nouvelle espèce de Thoüinia. (i) Par TURPIN.

Thoüinia pinnata. Foliis pinnatis y Jlorihus pentapetalis.

A.RBRE de moyenne taille, droit, terminé par une tête arrondie, composée de rameaux assez diffus.

Feuilles alternes , composées d’une à trois paires de folioles opposées obovales, oblongues , coriaces, roides , glabres et luisantes, entières ou écliancrées seulement au sommet , longues de deux à trois pouces : le pétiole commnn , à peu près aussi long qu’une foliole , n’a point de stipule à sa base.

Fleurs nombreuses, petites, blanches, disposées en pani- cules droites et terminant les rameaux. Un grand nombre sont mâles par avortement, comme M. Poiteau l’avoit dé]A observé dans les deux espèces de ce genre qu’il a décrites.

Calice profondément divisé en cinq découpures ovales-oblon- gues , inégales. Corolle. Cinq pétales cunéiformes concaves ,

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(i) Le genre Thoüinia a été établi par M. Poiteau dans les Annales du Muséum, tom. 3 , pag. 70. L’auteur en a décrit deux, especes sous les noms de T. siinplici- J'olia.el T. trifoliata. 11 a donné la figure de la première : nous joignons ici celle de la seconde qu’il a dessinée et gravée lui-même.

/;02 ANNALES D TJ M TT vS ü M

allénués eu onglet à la base, et munis \crs celte partie eVun appendice LiloLé , soyeux comme toute la surface du pétale.

Etamines. Huit ülaraens droits de la hauteur des pétales , soyeux à la base et entourés d’un bourrelet glanduleux. Anthères ovales droites.

Ovaire libre, sessile, trigone. Style droit un peu plus haut ({ue les étamines , terminé par un stigmate légèrement bifide. Le fruit, beaucoup plus gros que dans les autres espèces déjà connues , est de meme composé de trois capsules monosper- ines , terminées chacune par une aile membraneuse. , longue de plus d’un pouce.

J’ai trouvé cette espèce à Saint-Domingue , entre Monte- Christ et San-Yago.

Explication des figures..

PLiiiche XXVI. Thouiriia pimiata.

I. Fleur entière grossie. 2. Calice et style. 3. Ovaire et étamines. 4* Un pétale. 5. Fleur stérile. 6. Etamine seule. 7. Ovaire seul. 8. Fruit de grandeur naturelle Planche XXVII. Thouinia trifoliata.

1. Fleur vue en dessus, plusieurs fois grossie. 2. La même vue en dessous. 3. Les étamines et le pistil. 4- Uii pétale.

d’ HISTOIRE NATURELLE.

4o3

CORRESPONDANCE.

GÉOLOGIE.

Pak faujas-saint-fond.

M « Lescallier , conseiller d’Etat et préfet colonial à la Guadeloupe , a bien voulu m’apportera son retour en France les noyaux intérieurs de deux, coquilles , l’une bivalve , l’autre univalve , formés en pierre calcaire grenue , de couleur blancbe , et trouvés dans cette île , en faisant des excavations pour des ouvrages de fortifi- cation , vers la Pointe-à-Pltre.

lia première de ces coquilles qui a servi de moule à la matière calcaire pierreuse, paroi t avoir appartenu au genre vé?ius ou à celui de pétoncle de Lamarck. Car il est difficile de prononcer avec certitude sur de simples noyaux quoique bien conservés tels que ceux-ci. ,•

La seconde provient incontestablement d’une coquille du genre cypjœa^ sa forme allongée sembleroit la rapprocher de WJ o\x exantèma ^ mais on ne sauroit l’afHmer avec certitude.

M. Lescallier m’a dit qu’on trouvolt aussi , non seulement vers la Pointe- à-Pitre, mais dans une autre jiorlion de l’ile d’une assez grande étendue , beau- coup d’autres coquilles pétrifiées ; cette indication mettra les naturalistes sur la voie de se procurer plusieurs de ces curps marins fossiles , pour en comparer les espèces avec celles qu’on observe de toute part sur notre continent. Les sciences naturelles doivent à M. Lescallier beaucoup d’autres recberebes faites dans ses divers voyages de long Cours j ce savant n’a jamais laissé échapper l’occasion d’ètre utile à Thistoire naturelle.

Le capitaine général Ernouf , commandant â la Guadeloupe, vient de m’adresser une lettre sous la date du ai messidor dernier, dans laquelle il a bien voulu me communiquer quelques observations d’histoire naturelle, et entre autres la notice suivante :

>,<. Votre fils doit vous avoir fait part, à son arrivée en France , de la tournée que » j’ai faile dans File , et tous avoir dit que j’ai visité cette fameuse côte du mois

♦î ou l’oH trouve des cadavres de caraïbes enveloppés dans des masses de madré- pores pétrifiés. J’ai donné des encouragemens à un particulier actif et intelligent , « dans l’intention de me procurer quelques-uns de ces squelettes remarquables; je destine le mieux conservé pour les galeries du Muséum d’histoire naturelle. J’ai donné des nègres , tailleurs de pierre , à la personne qui préside à ce travail qui offre de grandes difficultés dans l’exécution , i.* parce que ces ossemens de » caraïbes sont adhérons à un banc de madrépores extrêmement dur , et qu’on »> ne peut attaquer qu’au ciseau; 2.” parce que la mer , à chaque flux , couvre » l’endroit ils sont. J’espère cependant en venir à bout.

Ces restes humains sont de grande taille ; la masse qu’on doit extraire avec eux est d’environ huit pieds de longeur sur deux et demi de large, et pesera » environ trois mille livres, mais la mer rend le transport facile.

»> læs opinions sont partagées sur leur origine : les uns disent qu’il s’est donné un grand combat dans ce lieu-là entre les naturels de l’ile et ceux d’une autre >> île ; il y en a qui prétendent que c’est une flotte de pirogues qui périt dans « cet endroit la mer brise en effet avec violence lorsqu’il y a du vent ; d’autres » enfin présument que c’étoit un cimetière des naturels du pays , et que la mer a peut-être envahi le local ; mais ce ne sont que de simples con- » jectures.

On ne peut, après avoir lu cette notice , s’empêcher de voir avec intérêt un général français occupé d’une part du maintien de l’ordre et de la tranquillité dans une colonie importante ; de l’autre, repousser vaillamment l’ennemi qui cberchoit à s’en emparer, et songer en même temps à enrichir une des collections qui honore ja France, par des objets aussi curieux que rares ; n’est-ce pas servir doublement P patrie ? ce bel exemple , il faut s’en applaudir, on l’a trouvé dans toutes nos armées.

d’histoirenaturelle.

465

PRÉCIS

Des expériences faites sur un minéral appelé Cérite , et sur la substance particulière qu il contient et qu on regarde comme un métal nouveau.

ParM. VAUQUELIN.

M. Rlaproth m’écrivit , il y a environ huit mois , qu’il avoit découvert dans un minéral de Batsnaës , en Suède , une terre nouvelle à laquelle il avoit donné le nom d’ocroite , à cause de la couleur rouge qu’elle prend par la calcination. Il m’envoya dans la lettre meme un petit échantillon de cette substance ; les essais auxquels je la soumis ni y ayant fait dé- couvrir la présence d’une quantité notable d’oxide de fer , j’é- levai dans une note que je lus à l’Institut quelques doutes sur la couleur de cette terre. J’observai aussi dans la meme note que cette substance avoit autant de propriétés métalli- ques que de caractères terreux, mais que le peu que j’en avois eu à ma disposition ne me permettoit pas de prononcer d’une manière décisive à cet égard. Voyez Annales de Chimie, cahier i49, 3o floréal an 12.

Quelque temps après , MM. Berzelius et Hisenger , par leur correspondance à Paris , ayant eu connoissance du travail de M. Klaproth , m’écrivirent pour réclamer en leur nom la priorité , en disant qu’ils avoient envoyé à M. Rlaproth les 5. 52

4o6 ANNALES DU MUSEUM

ëcîiantilloiis du minéral sur lesquels il fait avoit ses expériences , et qu’en meme temps ils lui annoncèrent qu’ils y avoient trouvé un nouveau métal. Je ne puis porter aucun jugement sur ce différent; j’oLserverai seulement que la délicatesse bien connue de M, Klaproth ^ et la haute réputation qu’il s’est jus- tement acquise par ses nombreuses et importantes décou- vertes , rendent très-invraisemblable Tidée qu’il ait voulu s’attri- buer la découverte d’autrui; M. Klaproth , aura sans doute par une autre voie, reçu le minéral en question, et son travail étoit peut-être terminé avant qu’il ait eu connoissance de celui des chimistes suédois : ce qui paroît justifier cette opinion , c’est qu’ils sont arrivés à des résultats entièrement différens.

Ainsi tout annonce que M. Klaproth, à Berlin , et MM. Hisenger et Berzelius, à Stockholm, travailloient à la meme époque sur le meme minéral sans se communiquer, et que chacun , en ce qui le concerne , doit avoir l’honneur de la découverte.

Enfin, les chimistes suédois firent parvenir, à Paris, un Mémoire sur cet objet, écrit dans la langue de leur pays; M. Limdbon en entreprit la traduction, et la fît imprimer le 3o prairial an , dans le i5o cahier des Annales de chimie: dans ce Mémoire , ils font l’iiistorique du minéral ; ils indiquent les lieux il se trouve , les substances qui l’accompagnent : ils exposent ensuite les méthodes qu’ils ont employées pour en connoître la nature; ils donnent les caractères de la substance nouvelle qu’il contient, et qu’ils regardent comme un métal particulier , auquel ils donnent le nom de cérium , dénomina- tion tirée de la planète Gérés ^ découverte par M. Piazzi; de celui-ci ils ont fait celui de cérite , pour désigner la mine na- turelle de ce métal.

d’ HISTOIRE NATURELLE. 4^;

Au commencement de frimaire de celte année, j’ai reçu par les soins de MM. Hisenger et Berzelius , des échantillons de ce fossile , avec l’invitation de répéter leurs expériences , et de décider si la substance en question devoit être rangée avec les terres ou parmi les métaux. Je me suis chargé d’autant plus volontiers de ce travail, qu’il me fournissoit l’occasion de m’exercer sur une substance nouvelle , et de prononcer entre des savans estimables , dont le seul but est la recherche de la vérité.

L’on verra par la suite de ce Mémoire, que la force des faits m’a obligé de me ranger du coté des chimistes suédois. Je ne dois pas laisser ignorer que j’ai été secondé dans mes expériences par MM. Tassaërt et Bergman , l’un et l’autre très- versés dans la pratique de la chimie.

Propriétés physiques de la cérite.

La couleur de ce minéral est légèrement rosée , sa dureté assez grande pour rayer le verre, sa pesanteur spécifique de 453o, sa poussière grisâtre ; elle devient rougeâtre par la cal- cination , et perd douze pour cent.

Il y en a des variétés qui contiennent des pyrites martiales^ et qui sont traversées par des veines d’actinote verte.

Essais préliminaires sur la cérite.

Ce minéral pulvérisé dans un mortier de silex n’augmente pas de poids, ce qui indique que sa dureté n’est pas très- grande j sa poussière est d’un gris noisette.

Lorsqu’on fait cette opération dans une cornue , on obtient

52 ^

4o8 ANNALES DU MUSEUM

quelques gouttes d’eau qui se condensent dans le col de ce vaisseau.

La poussière de la cérite est attaquée avec beaucoup d’éner- gie par les acides nitrique, muriatique et inlro-muriatique ; il se développe du calorique , et il se dégage de l’acide carbo- nique , ainsi que du gaz nitreux lorsqu’on emploie de l’acide nitrique.

Après une demi-heure d’ébullition , l’action des acides paroît être épuisée, et il reste au fond du vase une poussière plus ou moins colorée qui est la silice contenue dans le minéral.

Lorsqu’on traite la cérite avec huit ou dix fois son poids d’acide , elle est entièrement décomposée par une seule opé- ration , et sans qu’il soit nécessaire de recommencer une se- conde fois , cependant il est impossible par ce moyen d’ob- tenir la silice parfaitement pure ; elle retient toujours une certaine quantité d’oxide métallique ; ce n’est qu’en fondant cette terre par un alkali, et en la combinant ensuite avec un acide , qu’on parvient à l’avoir pure et exempte de toute ma- tière colorante : elle forme ordinairement environ les dix-sept centièmes du minéral.

Lorsqu’on évapore à siccité les dissolutions de cette ma- tière , et qu’on redissout leur résidu dans l’eau , il se forme un léger précipité blanc qui paroît être un peu de silice que l’acide retenoit en dissolution.

Les dissolutions de cérium sont d’un rouge jaune, comme celle de l’oxide de fer au maximum d’oxigénation 5 mais lorsque le cérium est peu oxidé, elles ont seulement une couleur rosée semblable à celles du manganèse ou du cobalt.

Ces dissolutions décomposées par l’ammoniaque ,' four- nissent un précipité très-volumineux , qui a l’apparence de

l’aluniine mélée d’oxide de fer , mais qui en diffère beaucoup par ses propriétés : desséché à une chaleur douce, ce préci- pité se réduit eu une poudre grenue de couleur jaune-pâle , qui devient rouge de brique par la calcination.

La matière simplement desséchée à l’air se redissout faci- lement dans l’acide muriatique et nitrique; mais l’oxide rouge, celui qui a été calciné n’est presque pas attaqué , et ne se dis- sout dans l’acide muriatique qu’en produisant une quantité assez considérable d’acide muriatique oxigéné.

La dissolution nitrique cristallise facilement ; le sel qu’elle fournit est soluble dans l’alcool : quant à la dissolution muriatique , il est très-difficile d’en obtenir des cristaux ; ce sel desséché est déliquescent.

Les dissolutions nitrique et muriatique sont décomposées par les sulfates , les phosphates , les borates ^ les oxalates , tar- trites et carbonates alkalins : il se forme avec les sulfates des précipités jaunes trop solubles dans l’eau pour pouvoir servir de moyens analytiques , d’ailleurs une partie du fer oxidé au maximum se précipite en meme temps.

Le précipité formé par les borates est encore beaucoup plus soluble dans les acides ; celui que donnent les oxalates a l’in- convénient d’entraîner un peu de fer avec lui , ce qui lui donne une légère teinte rose ; il est soluble dans les acides. Les tar- trites forment un précipité beaucoup moins soluble qui ne retient point de fer , mais il est soluble en entier dans les alkalis caustiques , ainsi que dans un excès de son acide con- centré , d’où il est ensuite séparé par l’eau. Les phosphates occasionnent un précipité qui n’est soluble dans les acides qu’à l’aide de la chaleur ; il y reste du fer en combinaison intime. Les prussiates précipitent les dissolutions de cérium en blanc ,

ANNALES DU MUSEUM

lors meme qu’elles conliennent encore des traces notables de fer. Tous les précipités dont je viens de parler sont blancs , et conservent cette couleur après la dessiccation , excepté le phosphate qui devient grisâtre. Les sulfures et les hydrosul- liires précipitent en blanc les dissolutions de cérium ; les pré- cipités lavés conservent leur couleur blanche en se desséchant , et se dissolvent dans les acides avec effervescence j il s’en dégage de l’acide carbonique , mais pas un atome d’hydrogène sul- furé 5 ce qui prouve que le cérium ne s’unit pas à l’hydrogène sulfuré.

Le zinc , l’étain et le fer plongés dans une dissolution de mu- riate de cérium n’en opèrent point la réduction , ils en préci- pitent une matière noire trop peu aljondante pour qu’on puisse l’analyser ; il se dépose en meme temps une poudre blanche qui paroit être de l’oxide du métal précipitant.

La dissolution alcoolique de noix de galles occasionne dans le muriate de céréum un précipité jaunâtre peu abondant ; l’addition de quelques gouttes d’ammoniaque en détermine un très-volumineux d’une couleur brune qui devient noir et bril- lant par la dessiccation ; il reprend une belle couleur rouge de brique par faction de la chaleur.

Lorsqu’on fait fondre la silice retirée de la cérite avec un alkali , on remarque que le mélange prend une belle couleur jaune-paille qui passe bientôt au brun : si Ton renouvelle sou- vent les surfaces, toute la matière devient brune, mais en ajoutant un peu de charbon cette couleur s’évanouit entière- ment.

Après avoir fait ces essais préliminaires sur la cérite, et re- connu les principales propriétés de la substance particulière

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4 10

d’ H I s T O I R E NATURELLE. /pi

quelle contient , j’en ai entrepris l’analyse qiiantitive de la manière suivante :

Cent parties de ce minéral en poudre line ont été méiées avec dix fois leur poids d’acide uitro-inuriatique et soumises à l’éLullition pendant une heure 3 le mélange étendu d’eau et filtré a laissé sur le liltrc une poussière hrune qui a été dessé- chée et fondue avec de la potasse caustique. Le mélange dé- layé dans l’eau, puis dissous dans l’acide muriatique, évaporé à siccité , et redissous dans l’eau , a laissé une poussière qui , recueillie sur un lillre , lavée et calcinée, pesoit dix-sept par- ties : c’étoit de la silice encore légèrement colorée en jaune.

La dissolution nitro-muriatrique évaporée à siccité , et son résidu redissous dans l’eau a laissé environ une partie de silice colorée par un peu d’oxide de cérium.

La meme dissolution purgée de silice , réunie aux lavages de la silice , a été décomposée par l’ammoniaque , l’oxide de cérium , et l’oxide de fer précipités par ce moyen* ont été sé- parés de la liqueur par la filtration. L’acide oxalique ajouté à cette liqueur a formé un précipité qui a donné deux parties de chaux par la calcination.

Les oxides métalliques réunis et calcinés pesoient soixante-dix parties : ils ^^voient une belle couleur rouge-brune. Pour sé- parer le fer du cérium, fe tout a été dissous dans l’acide mu- riatique 5 la dissolution rapprochée pour en vaporiser l’excès d’acide , ensuite étendue d’eau , et décomposée parle tartrite de potasse , il s’est fait un précipité blanc très-abondant, qui , lavé jusqu’à ce qu’il ne contint plus de sels étrangers, séché et calciné , a donné soixante-sept parties d’oxide de céréum.

Les eaux de lavage du tartrite de cérium réunies et mêlées avec de l’hydrosulfure de potasse, ont donné un précipité

1\11 ANNALES DU MUSEUM

vert qui est devenu noir à l’air ; c’étoit de l’oxide de fer dont le poids étoit de deux parties après la calcination.

Ainsi les loo parties de cérite soumise à l’analyse ont fourni

1. ® Silice . . . . . 17

2. ° Chaux . 2

3. ° Oxide de fer 2

4. ° Oxide de cérium 67

5. ° Eau et acide carbonique 12

100

Quoique le poids spécifique de la cérite, les couleurs variées que prend la .matière particulière qu’elle contient, et l’oxigène qui s’en dégage pendant sa dissolution dans l’acide muriatique, donnassent de grandes probabilités sur la nature métallique de cette substance, cependant comme il étoit possible que ces propriétés et ces phénomènes fussent dus à la présence de quel- que métal connu , au manganèse par exemple, j’ai cherché à le découvrir par tous les moyens qui m’ont paru les plus propres à remplir cet objet , et je n’en ai pas trouvé de traces sensibles. Ainsi il me paroît tout-à-fait hors de croyance que le manga- nèse soit pour quelque chose dans les propriétés que présente la matière delà cérite. Il n’en est pas de meme du fgr , j’avouerai que quand il en reste quelques traces dans le cérium, il lui communique une couleur rouge plus foncée , mais comme cette matière dégagée du fer autant que les moyens chimiques le permettent , prend encore une couleur rougeâtre par la cal- cination, et que dans cet état elle fournit autant d’acide mu- riatique oxigène qu’ auparavant, il est également impossible d’attribuer ces phénomènes au fer qui, comme on sait d’ail- leurs ne donne point d’acide muriatique oxigéné.

d’ HISTOIRE 1VATURELLE. 4*^

Ainsi le cérium clans lecpicl aucun moyen ne pouvoit faire apercevoir le plus léger signe de la présence du 1er , ni d’aucune autre matière étrangère , prenant constamment une couleur rouge par la calcination , et donnant ensuite de l’acide muria- ticpie oxigéné pendant sa dissolution , je suis forcé de le re- garder comme un oxide métallicpie plutôt que comme une terre , ainsi c|ue l’a fait M. Rlaprotli. En effet , juscj[u’à présent les chimistes ne coimoissent point de terre cpii pèse cinq fois autant que l’eau , cpii soit colorée par elle-méiue , cpii absorbe de l’oxigène , et cpii produise de l’acide muriatique oxigéné, en se dissolvant clans l’acide muriatique ordinaire.

J’avois une grande espérance cpie la réduction de cette ma- tière à l’état métallique par l’action d’un grand feu , viendroit confirmer les probabilités ci-dessus , et les convertir en vérités démontrées , mais cette opération n’a pas eu tout le succès que j’en espérois.

Dans la première tentative j’avois mis dans un creuset de charbon de l’oxalate de cérium réduit en pâte avec de l’huile , tout fut volatilisé par la violence et la durée du feu j je ne trouvai au fond du creuset cju’un grain métallique à peine gi'os comme la tête d’une épingle , et qui étoit un alliage de fer et de cérium. Cette expérience , si elle n’a pas fourni de métal , prouve au moins que l’oxide de cérium est volatil , et je ne sache pas C£u’on ait jamais volatilisé ainsi une substance terreuse.

Dans la seconde opération ^ je mis dans une cornue de por- celaine luttée, une pâte faite avec du tartrite de cériu , un peu de noir de fumée et de l’huile , aliii de pouvoir recueillir le métal s’il se volatllisoit comme la première fois 5 mais la forme de mon appareil ne m’ayant pas permis de donner au- 5, 53

4 1 4 ANNALES DU MUSEUM

tant de» chaleur, la matière ne fut pas réduite, elle resta dans son état naturel méiée avec le charbon.

L’on voyoit pourtant sur les parois de la cornue un grand nombre de petits globules qui avoient le brillant métallique , et dont la substance avoit été manifestement volatilisée. Quel- ques-uns de ces globules les plus gros ayant été détachés et brisés ont présenté dans l’intérieur une couleur blanche et un tissu feuilleté. Il y avoit aussi dans le cou de la cornue un léger enduit rougeâtre dont la saveur étoit extrêmement âcre et métallique : la quantité de la matière qui formoit cet en- duit étoit trop petite pour la soumettre à des épreuves capables d’éclairer sur sa nature.

Trois des petits globules métalliques dont je viens de parler, et qui pesoient ensemble à peine un quart de grain ,mis succes- sivement dans l’acide nitrique et muriatique, n’ont pas été sen- siblement attaqués , il a fallu la réunion de ces deux acides pour en opérer la dissolution. Celle-ci évaporée et son résidu dissous dans l’eau n’a voit pas de couleur j sa saveur étoit sensiblement sucrée , et elle a donné des précipités blancs et lloconneux par l’oxalate d’ammoniaque et le prussiate depotasse.il paroît donc que ces globules que je soupçonnois être du fer, sont véritable- ment du cérium. Ce qu’il y a de certain , ces globules sont beaucoup plus fragiles , plus blancs et moins attaquables par les acides que la fonte de fer.

Ces expériences prouvent que le cérium est volatil à une haute température , et que ce n’est probablement qu’au mo- ment où la volatilisation a lieu qu’il se réduit , à moins qu’on n’aime mieux supposer qu’il se volatilise à l’état d’oxide ; c’est ce que je me propose d’éclaircir par de nouveaux essais.

d’ HISTOIRE NATURELLE.

En rappelant ce qui a été dit dans le cours de celle No- tice , l’on voit I.” que le cérium débarrassé des matières étran- gères qui l’accompagnent dans le minerai, est une substance susceptible de s’unir à deux quantités d’oxigène très - dis- tinctes; 2.° qu’avec la première quantité il forme une subs- tance blanche, soluble dans les acides , sans dégagement d’oxi- gène ; d.'’ qu’avec la seconde portion , il prend une couleur rouge légère , et ne se combine plus que dilïicilement aux acides, et produit constamment une quantité notable d’acide muriatique oxigéné en se dissolvant dans l’acide muriatique ordinaire ; 4-° ces oxides ne se dissolvent point dans les alcalis, mais que bouillis ensemble ils ne se colorent plus par le contact de l’air , et que ceux qui sont rouges deviennent blancs par une légère chaleur ,sans cependant se combiner aux alcalis ; 5." que leurs combinaisons avec les acides sulfurique , pliosphorique, oxalique , tartareux et prussique sont blanches et insolubles dans l’eau; 6“ qu’au contraire celles qu’ils forment avec les acides nitrique , muriatique et acétique sont très-so- lubles dans l’eau et dans l’alcool, et sont meme déliques- cens ; que tous ces sels ont une saveur astringente et très-sucrée ; 8 ° que les meilleurs procédés pour séparer le fer du cérium , c’est de précipiter ce dernier de sa dissolution nitrique ou muriatique par l’oxalate d’ammoniaque , ou tartrite de potasse , en mettant un léger excès d’acide dans la liqueur : ou bien , ce qui est encore préférable , de calciner le muriate de cérium, de redissoudre son résidu dans l’acide muriatique , de calciner de nouveau et ainsi de suite jusqu’à trois fois , pour sublimer entièrement le muriate de fer , ce qui réussit fort bien; 9“ que le cérium ne s’unit point à l’hydrogène sulfuré

53

ANNALES DU MUSEUM

4l6

comme les autres oxides métalliques ; io.° qu’il paroît irré- ductible par les moyens qui réussissent ordinairement pour les oxides les plus réfractaires , mais qu’il est volatil , et que ce n’est probablement qu’à ce moment que sa réduction s’opère j 1 1.° que si , contre toute apparence, le cérium n’est point un métal, il a au moins avec cette classe de corps beaucoup plus d’analogie et de rapports qu’avec aucun autre , et que pour ces raisons nous le placerons avec MM. Hessinger et Berzelius dans cette catégorie , jusqu’à ce qu’on ait démontré qu’il con- vient mieux à un autre genre de matières; 1 2.° enlin que quelque hasard heureux ou des moyens mieux combinés que ceux em- ployés jusqu’à présent le feront obtenir à l’état métallique, et nous ne désespérons pas nous-mêmes d’y réussir.

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d’ HISTOIRE NATURELLE.

TROISII

Sur les caractères généraux des familles ^ tirés des graines , et confirmés ou rectifiés parles observations de Gærlner.

D A N s ce Mémoire rédigé sur le meme plan que les deux précédens, nous devons parcourir les familles de plantes dont la corolle monopétale est insérée au calice. Celles qui sont désignées par cette insertion , sont les plaqueminiers ou ébénacées, les rosages ou rliodoracées , les bruyères ou éri- cinées , et les campanulacées.

Toutes offrent des genres qui ont été le sujet d’observations détachées dont la réunion fournira des conséquences géné- rales 5 quelques -unes donneront lieu à des exceptions particu- lières. On sera sur-tout dans le cas d’insister sur les observa- tions des genres rapportés avec doute à certaines familles , ou placés à leur suite comme ayant seulement avec elles quelque affinité. Ce travail pourra acquérir un nouvel intérêt par l’in- dication des genres nouveaux qui appartiennent à chaque fa- mille , ou des genres anciens qui mieux connus doivent y être ramenés.

On avoit indiqué dans les ébénacées un fruit à loges monospermes , et un embryon plane dans le centre d’un péris- perme charnu. Gærtner retrouve ces caractères dans le rojena-y

Par a. L. DE JUSSIEU.

4 1 B ANNALES DU IM U S É U M

<le plus sa graine recouverte d’une seule membrane , est attachée au sommet de la loge sur le coté , l’embryon n’a que la moitié de la longueur du périsperme , et ses lobes sont amincis , plus courts que la radicule qui est montante. Dans des graines déta- chées d’un diospjros , il a vu la meme structure. Son genre ein- hrjopteris , qui est évidemment le meme que le cavanillea de Lamark , ne diffère du diospjros que par le nombre plus considérable de ses étamines et des loges de son fruit. Il a observé ce fruit cueilli avant sa maturité , et réduit à un état de dessication qui lui a fait prendre pour arilles les mem- branes qui revêtent les loges , et lui a montré un embryon tellement imparfait , que ne pouvant séparer ses lobes , il l’a cru monocotylédone. Examinant le meme fruit dans une situation renversée, il indique comme supérieur le calice qui doit subsister à sa base , et par suite la radicule lui paroît des- cendante. Il résulte de ces observations combinées , que les ébénacées ont les graines attachées au sommet des loges , et conséquemment l’ombilic supérieur et la radicule montante j que l’embryon renfermé dans un périsperme charnu , a les lobes planes et amincis.

A ces genres précédemment énoncés doivent être réunis dans la même famille, i.° le pouteria d’Aublet , qui paroit n’être qu’un même genre avec le lahatia de Swartz; 2.*’ le inaha de Forster, dont j’ai eu occasion de rectifier le carac- tère sur le sec et d’après un manuscrit de l’auteur , et qui comptera parmi ses espèces le pisonia huxifolia , Rottbol. Act. Dan. 2 , p. 5o6,]t. 4? 2 , on ferreola huxifolia , Roxb.

corom. , t. 45 ; 3.° le mocanera ou visnea , Linn. suppl. , qui ^ d’après le caractère énoncé , avoit été rapporté aux onagrai- res, et que M. Ventenat, en voyant des jeunes plants provenus

d’ HISTOIRE NATURELLE. 4^9

(les graines envoyées des Canaries sous ce nom, a reconnu pour la même plante qui , dans FlierLier de Ténériffe de Riedlé , étoit nommée nouvelle espèce de royena ; 4 " Vebe- noxjiiun de Loureiro , qui probablement n’est qu’une espèce de diospjros ÿ le p ai^ale a à' Auhlet ^ que M. Richard croit être congénère de Vemhrjopteris. Tous ces genres réunis constituent les vraies ébénacées.

Deux autres genres , styrax et halesia , qui avoient été placés avec doute à leur suite dans la même section , pré- sentent à peu près les mêmes caractères dans l’intérieur de la graine, c’est-à-dire, un embryon à lobes plus courts et plus larges que la radicule , renfermé dans un périsperme charnu. Cette radicule dans le styrax est également montante j mais ce genre diffère de la famille par la pluralité des graines que Gærtner a observées dans chaque loge , par ses étamines , dont les filets sont réunis à leur base en un seul corps. Son port , comme nous l’avons observé ailleurs , le rapproche des mé- liacées ; il a , comme elles , des anthères allongées en nombre double des divisions de la corolle , depuis six jusqu’à quatorze, pendant que la corolle varie de trois à sept parties. Le strigi- lia de Cavanilles ou foveolaria de Ruiz et Pavon , qui appar- tient certainement aux méliacécs, ne peut s’éloigner du styrax glohrum de Swartz dont il est congénère j et par suite il de- viendra une espèce nouvelle de l’ancien genre, ^qui sera ra- mené aux méliacées , dont les pétales , élargis à leur base , ont beaucoup d’ affinité avec sa corolle monopétale fendue profon- dément.

Les caractères qui distinguent Vhalesia des ébénacées sont un calice moins divisé , recouvrant entièrement l’ovaire , et portant à son sommet , non à sa base , une corolle en cloche

annales DU MUSEUM à iiiiiLe rétréci et très-court , des étamines dont les filets sont réunis en tube , et dont le nombre n’est point relatif à celui des lobes de cette corolle , un fruit anguleux dont les loges appliquées contre ses parois laissent dans son milieu un vide considérable , des graines insérées, selon Gærtner, au bas des loges, et un embryon à radicule descendante. Parmi ces divers signes qui suffisent pour éloigner ce genre de cette famille , quelques-uns le rapprocbent de la section suivante , et d’au- tres l’en éloignent.

Les genres qui a voient été rangés dans cette seconde divi- sion des ébéiiacées , sont le paralea reporté maintenant à la précédente, et le sjmplocos ^ Vho/)ea,\e ciponima ^Valstonia, tellement semblables entre eux qu’ils ont été plus récemment réunis en un seul. Ceux-ci sont remarquables par une corolle divisée profondément et presque polÿpétale , des étamines nombreuses dont les filets forment par leur adhésion un tube qui se confond inférieurement avec celui de la corolle , un ovaire qui d’abord dégagé du calice au moment de la florai- son , est ensuite recouvert par lui dans sa maturité , liu fruit à plusieurs loges, remplies chacune de plusieurs graines dont une seule subsiste, un embryon filiforme à radicule très-lon- gue , renfermé dans le centre d’un périsperme charnu. Ce fruit et cet embryon ont été observés à Cayenne par M. Ri- chard dans le ciponima , et l’analogie indique la même orga- nisation dans les autres. L’ensemble de ces caractères distingue suffisamment cette section \ il annonce même l’existence d’une famille nouvelle liée avec la précédente par quelques points, ayant aussi des rapports , soit avec les myrtées à feuilles alternes , qui diffèrent cependant par leur corolle polÿpétale et leur embryon sans périsperme , soit avec la dernière section

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d’ HISTOIRE NATURELLE. t\’l\

des hespéridées ou orangers que Ton peut distinguer par les memes caractères , et de plus par l’ovaire libre au support duquel sont insérées les étamines.

Je n’avois point observé l’embryon delà famille des rbodo- racées. Gærtner l’a examiné dans le kalmia , le rhododen- drum , Yazalea , le ledum ; il est , dans les uns et les autres , filiforme à lobes courts , à radicule longue dirigée vers l’om- bilic , et renfermé dans le centre d’un périsperme charnu. Cet auteur ajoute que la graine du rhododendrnm a deux membranes, et que celles de Yazalea , du kalmia , du ledum ^ n’en ont qu’une ; mais comme ces graines sont d’une petitesse extreme, il peut facilement s’étre trompé dans cette observa- tion. Il faut encore remarquer que , dans tous ces genres , les valves forment chacune leur loge en ramenant intérieurement leurs bords quelles appliquent contre un axe central , ce qui constitue le caractère propre de la famille. Cet axe cannelé dans le kalmia , le rliododendrum et Yazalea , est relevé de côtes qui sont saillantes dans l’intérieur des loges , et chargées de graines très-fines et menues comme la poussière. Celui du ledum est filiforme non cannelé , garni seulement à sa partie supérieure de cinq appendices pendans et filiformes qui pé- nètrent dans les loges , et portent les graines également très- petites. La capsule de ce meme genre s’ouvre par le bas , et celle des trois autres par le haut. Ces différences observées par Gærtner ne sont pas suffisantes pour séparer les genres d’une famille qui paroit très-naturelle. La petitesse des graines et l’unité de membrane annoncée dans quelques-unes , peuvent laisser des doutes sur l’existence du périsperme; mais il suf- fira de noter dans le caractère général que tous ont l’embryon recouvert d’une enveloppe qui a quelque épaisseur. M. Smith

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5.

I

î\11 ANNALES DU MUSEUM

place avec raison dans cette famille son menziesîa ( Icon. ined. , t. 55 ) , à cause de la structure de sa capsule. Le meme caractère y ramène , d’après l’observation de M. Ventenat ( Mém. de l’Institut , vol. 2 , p. 3 1 2 , t. 9 ) , Xepigœa auparavant rangé parmi les éricinées.

Nous ne quitterons pas cette famille sans ajouter , avec M. Richard , que Yitea qui y avoit été rapporté , doit s’en éloi- gner , parce que ses pétales et ses étamines sont insérés au sommet du calice et non à son fond, qui est tapissé d’un disque , et adhèrent à la hase de l’ovaii’e. Ce double caractère le rapproche des saxifragées dont nous parlerons dans la suite , et le tient éloigné du cjj'illa de Liunæus , qui a été mal à propos confondu avec lui par Swartz et Lhéritier , .pt qui doit rester dans la famille suivante, à laquelle il a été réuni primitivement.

Cette famille est celle des éricinées , facile à distinguer de la précédente par la structure de sa capsule , dont les valves portent chacune dans leur milieu une cloison qui va s’appli- quer contre Taxe central , d’où il résulte que chaque loge est formée par le concours de deux valves. D’ailleurs ses graines ont beaucoup de rapport avec celles des rhodoracées , d’après les observations de Gærtner. Il a vu dans Yerica^ Yandro- meda , le pjrola , le ^aultheria , le vaccinium , un périsperme charnu , dans le centre duquel est un embryon filiforme à lobes courts et à radicule longue dirigée vers l’ombilic. L’em- bryon du clethra , de Yepacris et de Yarhutus , situé de meme , diffère seulement par ses lobes , plus longs et plus larges que la radicule. Il ne paroit pas qu’on doive tenir compte d’une radicule descendante indiquée par Gærtner dans le clethra^ ni de l’unité de membrane qu’il annonce dansd’ericÆ , le pj^

T>’ H 1 s T O T II E N A. T XJ R E L L E.

rola^ Xarhutiis y Xepacris^ le vaccinium ^ pendant qu’elle est double dans Xaiidromeda , le de dira et le gauWieria. Toutes ces graines sont très-petites comme dans les rhodoracées , et il est conséquemment difficile de bien distinguer leurs mem- branes : quant à la direction de la radicule , on ne doit y avoir égard que lorsqu’elle varie relativement à l’ombilic de la graine. Si les différences indiquées étoient réelles, il faudroit seule- ment en conclure qu’elles auroient peu de valeur , puisqu’elles exister oient entre des genres qui ont d’ailleurs tant d’affinité. Gærtner dit encore que les réceptacles qui supportent les grai- nes, partent du bas de l’axe, et s’élèvent librement dans le centre des loges du dédira et du gauhheria ; qu’ils sont appli- qués contre le milieu de cet axe dans X andromeda^ le pyrola^ le vacdnium j à son sommet dans Xerica , Xarhutus et Xepa- cris ; que dans ces deux derniers ils sont libres par le bas et pendans au milieu des loges. Cette variation dans la position des réceptacles à divers points de l’axe , déjà observée dans des familles très-naturelles , telles que les jasminées , et que l’on retrouvera dans d’autres, ne paroit pas offrir un caractère très-important , et la famille des éricinées contribuera encore à le prouver.

Aux genres indiqués , et à ceux qui depuis long-temps leur sont associés , on en pourra joindre trois plus nouveaux qui ont beaucoup d’affinité avec Xepacris j savoir , le perojoa de Cavanilles, le poiretia du meme on sprengelia de Smith, et le stiphelia de Solander , que M. Smitb rappelle dans son ou- vrage] sur les plantes de la Nouvelle- Hollande. Gærtner nomme ce dernier ardisia ; il n’y a point vu de périsperme , mais il jette lui-méme des doutes sur sa propre observation , et tout semble annoncer que l’organisation des graines de ces

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4^4 ANNALES DU MUSEUM

divers genres doit être la même. \^Qpyæidantlieraà.e^Y\c\\QMx peut encore être ajouté à cette série , et le sera plus sûrement quand on connoitra son fruit. Le veutenatia de Cavanilles rentre dans cet ordre, et n’est qu’un stiphelia ^ suivant l’ob- servation de M. Ventenat , consignée dans son ouvrage sur les plantes de la Malmaison, n," 23. Ce même ouvrage fait men- tion, n.^Gq, du solenandria deBeauvois, ou erytlirorhiza de Michaux, que son alliuité dans plusieurs points avec le cletlu'a semble placer dans cette série, mais qui en diffère parla graine de ses blets d’étamines.

On rapprochera aussi de cette famille le genre escallonia , qui avoit été placé parmi les myrtoides à la suite des oua- graires, et qui maintenant mieux connu, d’après l’examen des échantillons d’herbiers , doit être ramené prés du vacci- nium , auquel il ressemble par son port et la plupart de ses caractères. On lui trouve, à la vérité , une corolle polypétale; mais ces pétales , élargis à la hase , et se confondant presque par leurs bords inférieurs , imitent une corolle monopétale , non-seulement dans ce genre , mais encore dans le cleihra déjà admis sans diliiculté parmi les éricinées, dans le tinus de Linn. qui est devenu un clethra , et dans Voæjcoccus qui est regardé comme congénère du vaccinium. Cette structure de la fleur n’est donc pas un obstacle à la nouvelle association de Xescallonia. Il conviendra plutôt de remarquer que ces deux derniers genres forment avec quelques autres , dans la famille , une seconde section distincte par le calice qui adhère à l’ovaire, le recouvre entièrement , et porte la corolle ainsi que les éta- mines , à sa partie supérieure et non à sa base comme dans les vraies éricinées. Cette section qui pourroit constituer une famille, sert de transition pour passer des éricinées aux cam- panulacées.

d’ H I s T 0 I R E NATURELLE. 4^^

Le stereoxjliim , genre nouveau tle Ruiz et Pavon , doit en faire partie, et meme plusieurs de ses espèces paroissent appar- tenir au genre escallonia. Gærtner rapporte avec doute à ce dernier son jiingia dans lequel il croit avoir vu un très-petit embryon placé au sommet d’un grand përisperme près l’om- bilic de la graine ; mais d’après son dessin , t. 35 , sa plante paroit être myrtoide, et conséipiemment dénuée de péris- perme ; dans cette supposition les parties décrites se change- roient en un embryon à grands lobes unis à une petite ra- dicule.

On ne peut tirer des conséquences bien étendues de l’observation du meme auteur sur V empeti'um , dans lequel il a retrouvé cependant le meme embryon , et le meme périsperme que dans les éricinées, mais avec des dimensions plus fortes à cause du volume des graines qui sont soli- taires dans chaque loge. Ce genre reste toujours lié aux précédons par quelques rapports ; mais d’autres caractères l’éloignent , et il aura peut-être plus d’afünité avec le phylica dans les nerprunées , ou mieux encore avec le cicca et le kir- ^anelia dans les eupborbiacées. La plante que M. Lamark lui avoit réunie sous le nom empetrum pinnatiim , et qui n’a point de périsperme , est maintenant le margaricarpus de Ruiz et Pavon , voisin de \ ancistrum ^ parmi les rosacées. Le gruhhia que j’avois confondu avec Xempetrum , doit être sé- paré , et sera probablement mieux placé dans les myrtoides près de Yophira dont il a le port. Au contraire, suivant Michaux , il faut rapprocher de Y empetiiÀm son genre cera- tiola qui est pareillement dioique , et dont la baie renferme deux petits noyaux monospermes. Ces diverses indications ne sont présentées ici qu’avec doute, parce que les plantes qui en font l’objet ,-ne sont pas assez connues.

t\‘lG ANNALES DU MUSEUM

La famille des campanulacées très - naturelle , offre une grande uniformité dans l’organisation des graines observées par Gærtner , m^gré leur petitesse qui m’avoit empêché de les examiner. Il a passé en revue celles des genres campanulaif traclielium , roella , phyteuma , jasione , du lohelia qu’il nomme rapuntium avec Tournefort , du scœvola auquel il restitue le nom de lobelia donné primitivement par Plumier. Toutes lui ont montré , dans le centre d’un périsperme charnu, un embryon filiforme à radicule dirigée vers l’ombilic , et plus longue que les lobes. Dans le lohelia seul dont les graines ont un volume plus considérable , il a vu un embryon plus large à lobes grands , planes et arrondis , et à radicule plus petite. Cette différence dans la forme, déterminée par le volume de la graine, ne peut changer les rapports de ce genre. Elle n’em- pécbe point que le caractère observé dans les autres ne soit ajouté dans la désignation générale de la famille dont l’affinité avec les ériciuées se trouve ainsi confirmée , puisque la struc- ture de leurs graines est la même.

Une nouvelle preuve de cette affinité est fournie , soit par le stereoxjlum déjà mentionné , dont quelques espèces ont un fruit presque capsulaire qui s’ouvre par les côtés comme celui de plusieurs campanulacées , soit par le ceratostema placé à la tête de ces dernières, dont le fruit que l’on pré- sume charnu , le rapprocheroit beaucoup du vaccinium. S’il est vrai que les graines du campanula ^ du scœvola , du phy- teuma , du jasione , n’ont qu’une membrane , que celles du traclielium^ du lobelia^ du roella en ont deux, ces observa- tions de Gærtner ne serviront qu’à prouver de nouveau qu’il faut faire peu de cas de ce caractère. *

On voit encore que la capsule s’ouvre par le haut dans le

d' HISTOIRE NATURELLE. l\1'j

jasione ^ le lobelia^ le roella^ par les cotés dans le campa- nula^ le tracheliiun , le pliyteuma^ et que dès-lors la déhiscence du fruit ne mérite pas ici une attention particulière. Il en sera de meme du nombre des loges : le campanida et le tra- cheliwn en ont trois à l’angle intérieur desquelles est appli- qué le réceptacle des graines. Il s’élève sur le milieu de la cloi- son , lorsqu’il n’y a que deux loges comme dans le phjtewna et le lobelia. Linnæus admet dans le roella une capsule bilo- culaire ; Bergius la dit presque biloculaire \ Gærtner n’y a vu qu’une loge avec des graines pendantes à des filets qui partent du haut de la capsule. J’ai cru y voir les restes d’une cloison fendue dans sa longueur , et retirée sur elle-même contre les parois par suite de sa dessication ; ce qui réduit les deux loges à une , au milieu de laquelle reste un réceptacle central dont cette cloison paroît s’étre détachée. Cette observation explique la contradiction apparente de ces trois auteurs. La meme cloison fendue , mais moins retirée , a été vue par Gærtner dans le jasione avec un réceptacle devenu libre , et élevé du fond de la capsule. La pluralité des loges peut donc être in- sérée dans le caractère général de la famille sans spécification du nombre.

Il faudroit alors détacher de cette famille le gesneria dont le fruit , suivant Gærtner , n’a qu’une loge dans laquelle il a vu les graines portées sur deux réceptacles opposés et appli- qués contre les parois de la capsule La même observation faite dans le besleria , avoit été omise dans l’énoncé de celles qui ont rapport à la famille des personées. Ce genre avoit été placé avec doute à leur suite 5 mais la structure intérieure de son fruit l’en éloigne , ainsi que le coluntnea qui lui étoit joint , et dans lequel Swartz n’admet également qu’une loge. Les

0m

428 ANNALES DU MUSEUM

mêmes caractères paroissent encore exister dans Y achimenes , autre genre des personées dont Swartz fait un gesneria , et %

M. Lamark un columnea. Cette nomenclature laisse pressentir l’aflinité de ces divers genres , et il paroît qu’on ne doit pas F

repousser l’opinion de M. Pûchard, qui croit que ce petit 1|

groupe peut faire avec le gloxinia de Lhéritier et Yeriphia de 1 Browne,une famille particulière distincte des campanulacées , «‘v

et remarquable, soit par le fruit uniloculaire et les réceptacles pariétaux , soit par un disque charnu dont la base de l’ovaire est entouré, soit enfin par l’insertion des étamines à la corolle, et par leur nombre non correspondant à celui de ses lobes.

Cette famille , qui offre cependant des différences dans la situation de son pistil, plus ou moins recouvert du calice , pourroit encore être enrichie par l’addition du paliavana et de Yorohanchia de Vandelli, du cyrtandra de Forster, du Sanchesia de Ruiz et Pavon ; mais cette réunion n’auroit lieu qu’après un nouvel examen de tous ces genres.

Nous terminerons les remarques sur les campanulacées, en ajoutant qu’il faut leur réunir le selliera de Cavanilles , et le goodenia de Curtis , qui se rapprochent du scœ^ola et du lobelia par leur corolle irrégulière ; le roussea de Smith , qui , appartenant certainement à cette famille par sa fructifi- cation, présente dans son port l’apparence d’une plante ru- biacée à cause de ses feuilles opposées et de ses stipules inter- médiaires : ces rapprocbemens ont déjà été indiqués par d’autres auteurs.

Ce seroit peut-être ici le lieu de parler d’un caractère re- marquable dans les éricinées et les campanulacées, et qui établit entre elles un nouveau degré d’affinité. Pourquoi dans les unes et les autres , les étamines sont-elles insérées plus au

d’ HISTOIRE NATURELLE. f\2g

calice qu’à la corolle , s’écartant en ce point de la règle générale , qui veut que les corolles monopétales portent les étaminéfe ? Pourquoi en meme temps , dans ces deux familles , la corolle non chargée des étamines se dessèche-t-elle sur place à la manière des calices , en subsistant encore quelque temps ? Peut-on conclure de ces deux observations que cette pré- tendue corolle n’est qu’une production calicinale intérieure, et détruire, par ce changement de nature et de nom, l’excep- tion qui paroit avoir lieu dans la règle sur l’insertion des éta- mines ? Cette discussion sera mieux placée dans un autre travail relatif aux insertions , et nous devons nous renfermer ici dans l’exposition et l’examen des caractères généraux des graines.

I

5.

55

1*-.

43o

ANNALES DU MUSEUM

SUR LA GALATHÉE,

Nouveau genre de coquillage bivalve. Par L a M a R C K.

Z'

Un des moyens les plus heureusement imaginés par les natu- ralistes pour avancer nos connoissances en histoire naturelle et pour faciliter la détermination de toutes les productions de la nature , est, sans contredit ^ la formation de ces groupes particuliers qui réunissent des espèces rapprochées d’après leurs véritables rapports , et auxquels on a donné le nom de genres.

En effet , on sait qu’en botanique les genres sont les plus petites portions de la série des végétaux ; qufe ce sont des espèces de petites familles j en un mot, que ce sont des assemblages peu considérables de plantes diverses , liées entre elles par les rapports naturels les plus nombreux , et circonscrits artificiel- lement par l’indication de certains cai’actères qui sont com- muns à toutes les espèces.

S’il n’arrivoit jamais aux naturalistes d’al^user de la faculté que chacun a de saisir arbitrairement telle ou telle considéra- tion pour en former un caractère de genre, et par de faire varier à l’infini les caractères et les déterminations génériques , tantôt en réunissant plusieurs genres en un seul, et tantôt en formant avec les espèces d’un genre déjà étaldi plusieurs nou-

Pl.Sii'l.

G Al. AT II É K À RAYONS.

Tom- P

I

j 3îcitni<?r del .

i7<uyui>4S‘ tyiailiif. t^culp '

d’ HISTOIRE NATÜRELLË, 4-3 1

veâüX genres qui introduisent autant de nouveaux noms dans la nomenclature, le moyen dont je parle eût offert les plus grands avantages dans la méthode , sans entraîner aucun in- convénient. Mais pour cela il eût fallu avant tout établir des règles ou des espèces de lois convenables pour guider et pres- crire des limites dans la nature de ce travail : c’est ce qui n’a jamais été fait , et c’est ce qu’une grande autorité seule eût entreprendre.

En attendant , toute production naturelle quelconque qui diffère d’une .manière notalDle de celles déjà connues qui s’en rapprochent le plus par leurs rapports, et qui s’écarte du caractère qui constitue leur genre, est avec raison présenté aux naturalistes comme appartenant à un genre particulier et nouveau , dont cette production est une espèce.

Tel est le cas de la gai athée , dont nous allons traiter dans ce Mémoire, et d’après laquelle nous établissons le caractère générique suivant.

Galathée. Galathea,

Coquille bivalve , équivalve , régulière , subtrlgone.

. Deux dents cardinales rapprochées sur la valve droite, avec une cavité en devant.

' Deux dents cardinales écartées sur la valve gauche , et en devant une grosse callosité intermédiaire , sillonnée.

Dents latérales médiocres ; nymphes proéminentes; ligament extérieur très-bombé.

' La galathée est une coquille fluviatile qui paroît se rap- procher des cyclades par ses rapports naturels , et qui , vue à l’extérieur , présente l’aspect d’une vénus ou d’une mactre*

55 ^

4^2 ANNALES DU MUSEUM

Elle diffère des venus par la présence de ses dents latérales et par la forme de sa charnière; et on la distingue desmactres principalement parce que son ligament est extérieur. Quoi- que la galathée soit voisine des cyclades par ses rapports , on l’en distingue néanmoins par la conformation particulière de sa charnière , les dents cardinales de la valve gauche parois- sant au nombre de trois et disposées en triangle à cause de la grosse callosité intermédiaire qui est en devant. D’ailleurs les deux dents cardinales de cette valve gauche sont séparées sous le crochet par une pointe rentrante , et quant aux deux dents cardinales de la valve droite, elles sont rapprochées , appuyées l’une contre l’autre, et ont en devant une cavité raboteuse, ce qu’on ne voit point dans les cyclades.

Les impressions musculaires sont latérales et au nombre de deux comme dans les vénus et beaucoup d’autres coquilles bivalves. Il n’y a point de lunule.

Bruguière, sur l’inspection de la coquille, avoit déjà jugé qu’elle devoit constituer un genre particulier, car il en fit graver la figure dans les planches de l’Encyclopédie , et lui donna le nom de galathée , que nous lui conservons. Mais ce savant ayant péri dans son voyage en Perse , n’eut pas le temps de rien écrire sur cette belle coquille ; en sorte que le carac- tère de son genre resta sans détermination.

Nous nous sommes déterminés à donner une nouvelle figure de cette coquille, parce que dans celle qui e.xiste dans les planches de l’Encyclopédie , les caractères de la charnière nous ont paru mal exprimés et tout-à-fait méconnoissahles.

C’est sans doute au beau blanc de lait qu’offre celte coquille dans les intervalles de ses parties colorées , qu’elle doit le nom que lui a assigné Bruguière; mais ses belles couleurs sont

d’ HISTOIRE NATURELLE. 43-^

cachées extérieurement sous un épiderme qu’il faut' enlever pour en jouir, et qui est verdâtre comme dans presque toutes les coquilles fluviatiles.

On ne connoit encore qu’une seule espèce de galalhée qui est celle qui a servi à établir le genre j je la nommerai comme il suit.

I . Galatliée à rayons. Galathea radiata. PL 28.

Oalathée. Brug. pl. de l’Encyclop. Coquilles : pl. 25o.

An pectunculus subnridis^ crus sis simiis, rostratus ? List, tab. i58, f. i3.

La galathée à rayons est une coquille bivalve , un peu tri- gone , inéquilatérale ^ bombée vers sa base , et à superficie lisse, recouverte d’un épiderme glabre et verdâtre. Lorsqu’on a en- levé cet épiderme , on voit un test d’un blanc de lait , taché de violet vers la base , c’est-à-dire , vers les crochets de la coquille. On aperçoit en outre sur chaque valve deux à quatre rayons violets qui partent des crochets ( ex natïbus ) et vont aboutir au bord supérieur des valves. La coquille est close, dépourvue de lunule , et offre dans la face du corcelet deux nymphes épaisses , calleuses et un peu saillantes.

La largeur de cette coquille est de 8 à 9 centimètres ( au moins 3 pouces ) , et sa hauteur ou sa longueur est presque de ’j centimètres.

L’intérieur des valves, d’un blanc de lait luisant, avec quelques taches violettes , n’offre point de nacre , et n’a point de crenelures sur les bords des valves. On y voit des impres- sions musculaires latérales qui paroissent doubles de chaque côté , à cause du déplacement des attaches de l’animal à me- sure qu’il s’est accru.

Les crochets de la base de la coquille sont séparés, un peu

/

434 ANNALES DIT MUSEUM

en saillie, mais moins que dans la coquille citée de lAster^ qui

paroit indiquer l’existence d’une autre espèce déjà observée.

La galathée à rayons est une coquiUe rare , fort belle , pré- cieuse, très-recherchée des amateurs, et dont il ne paroi t pas qu’on ait encore donné aucune description. On prétend qu’elle se trouve dans les rivières de l’île de Ceylan et dans celles des Grandes -Indes. C’est aussi dans les rivières de ces régions qu’habite la venus ceylonica Jluviatilis ^ etc. de Chemnitz , Conch. vol. 6, pag. 333. f. 336, qui est une grande cyclade.

L’individu de la galathée que je viens de décrire fait partie de la belle collection de coquilles de M. Castellin^ qui a bien voulu me le communiquer.

Nota. Il semble que la venus parodoxa de Born, Mus. Cœs. p. 66, tab. f- 12 et i3, soit la meme coquille que celle dont je viens de traiter , mais dont la charnière , f. i3 , a été mal rendue par l’artiste,

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J. J.. Doîabelle .

Fitjjû.—n. lestaoelle

-J J. ParmacclJf

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1

I

d’bistoire naturelle.

435

MEMOIRE

Sur /«Dolabelle, sur la Testacelle et surun noiweaii genre de mollusques à coquille cachée , nommée P a r-

M ACELLE.

Par g. €UVIER. '

Quoique aucun de ces genres ne soit encore entièrement bien connu , il n’y a que le troisième qui soit absolument nouveau ; je le dois à M. Olivier , mon confrère à l’Institut national, qui en a rapporté de son voyage au Levant un in- dividu dont il a bien voulu me faire don. Je l’ai nommé paimacelle , de parma bouclier , à cause de la 'forme de son manteau et de la petite coquille qu’il renferme.

, La testacelle avoit été indiquée depuis long-temps ; d’Ar- genville et Favanne en avoient donné la figure sous le nom de limace à coquille. Linnæus et meme Gmelin l’avoient néan- moins négligée dans leurs énumérations. J’en fis , le premier , un genre à part dans les tableaux qui sont à la fin du I.®' vo- lume de mon Anatomie comparée; le genre et le nom furent adoptés pai' M. Lamarck ( An. sans vert. p. 96 ) , et par M Bosc [Hist. nat.des coquilles III, 240.) Mais il est sin- gulier que ces deux savans naturalistes n’aient cité que des espèces étrangères, comme de Ténériffe et des Maldives , tandis qu’il y en a une très-abondante dans nos provinces méri- dionales. C’est ce qu’a fait connoître M. Faure-Biguet , ob-

436 ANNALES DU MUSÉITM

servateur zélé et habile, résidant à Crest, département de la Drdme; (voyez le Bulletin des Sciences n.° 6r , pour germinal an X. ) C’est d’après lui qu’en a parlé Draparnaud dans son Tableau des mollusques de la France , p. 995 et c’est égale- ment à sa générosité que je dois le plus grand nombre des individus que j’ai été à meme d’examiner j je m’empresse de lui en témoigner ici ma vive reconnoissance.

La dolahelle a été établie en genre par M. de Lamarck ( An. sans vert. , p. 62 ) d’après la coquille seulement que l’on possède dans plusieurs cabinets, et que jRwmyoAe a représentée , , pl. 4o , fig. 12; mais ce que l’on ignoroit , c’est que le meme Rumphe a aussi représenté l’animal , quoique sans description , pl. io,n." 6. C’est à M. Péron que je dois encore la précieuse découverte que c’est cet animal singulier qui porte cette coquille non moins singulière. Cet habile et infatigaljle voyageur a vu à l’Ile-de-France beaucoup de dola- helles , et en a rapporté deux entières ; il a été aisé d’en ex- traire la coquille et de la reconnoître.

Quant aux affinités zoologiques , la dolahelle est plus voisine de Yapljsie que de tout autre genre; à peine s’en distingue- t-elle à l’extérieur autrement que par la consistance de sa coquille, et toute sa structure interne est la meme. On pour- roit sans aucun inconvénient la ranger parmi les apljsies^ sous le nom à^aplysia dolabella.

La paimacelle ressemble beaucoup au colimaçon’.^ elle a comme lui le poumon dans une cavité qui s’ouvre au côté du manteau ; c’est un colimaçon dont la coquille est beaucoup plus petite que le manteau qui la produit et la contient , et s’y trouve située plus en arrière 1 par rapport au reste du corps.

La testacelle semble au premier coup d’œil très-voisine de

la limace , et c’est à elle qii’on l’a comparée dès qu’on l’a connue : mais on voit bientôt que le bouclier coriace s’étend sur tout le corps , et n’est pas terminé , comme dans la limace, dès le milieu du dos ^ c’est que ce bouclier appartient à la coquille, et que celle-ci est essentiellement destinée à recouvrir les lîranchies ou le poumon. On sait que dans la limace le poumon est sur le devant du corps , et le vestige de coquille aussi. Dans la testacelle , l’un et l’autre sont en arrière ; et c’est en arrière que s’ouvrent le poumon et l’anus ; sous ce rapport la testacelle ressemble davantage à Xonchidie^ dont elle se rap- proche encore' par la séparation des masses hépatiques.

J’ai dit que la coquille est 'plus essentiellement destinée à couvrir le poumon et la branchie que tout autre viscère. Je le conclus de ce que dans les genres la coquille est trop petite pour tout recouvrir^ c’est de préférence sur l’organe de la respiration quelle s’attache. On le voit dans la limace , Xapljsie , la dolahelle , la parmacelle , la huilée , et ici dans la testacelle ; le pleurobranche seul jiourroit être considéré comme faisant exception, car sa coquille est presque sur le milieu du corps , quoiqu’il ait ses branchies d’un côté.

, B.

Les dolahelles que j’ai eu à examiner étoient longues d’en- viron 3 à 4 pouces : mais M. Péron en a vu de beaucoup plus grandes \ et la coquille figurée par Rumplie, pl. 4o, n.® 12 , annonce en effet que celle que je dessine, fig. 2 et 3, n’étoit pas à beaucoup près arrivée à son état de perfection.

Le corps est plus étroit par devant et s’élargit en arrière , 5. 56

/

438 ANNALES DU MUSEUM

il est tronqué obliquement par un plan arrondi qui descend en arrière. Le tour de ce cercle pt)stérieur est garni de la- nières charnues ; et l’on voit plusieurs autres filets charnus épars sur les côtés du corps. Du milieu de ce cercle part une fente ou scissure qui s’étend au-delà de son hord supérieur, jus- qu’au milieu du dos de l’animal , elle se termine en s’arron- dissant. En fendant ou enlevant la membrane épaisse et charnue qui forme ce disque circulaire , et dans laquelle est pratiquée cette scissure , on trouve dessous un opercule de branchies tout pareil à celui de \apljsie : il contient la coquille , et le reste de son épaisseur est rempli d’une substance glanduleuse qui produit sans doute aussi quelque liqueur colorée, comme dans Xapljsie. Cependant M Péron n’en a point vu répandre aux dolabelles vivantes qu’il a observées.

L’anus est au bord postérieur de cet opercule , et répond à l’extrémité postérieure de la scissure, au centre du disque cir- culaire. Sous l’opercule sont les branchies , absolument pareilles à celles de Xaplysie , et en avant , l’orifice des organes femelles de la génération , d’où part un sillon qui va aboutir à l’orifice de l’organe mâle, situé un peu au dessus et en ariière de la corne inférieure droite , encore comme dans Yaplysie. Les quatre tentacules sont aussi demi-tubuleux et comme ployés longitudinalement ; et la bouche est fendue en long.

On voit donc que toute la différence extérieure un peu essentielle consiste dans la disposition du manteau , qui dans Xapljsie se relève presque verticalement quand l’animal le veut, parce que ses bords sont plus amples , et qui dans la dolaheUe , ayant les bords étroits et rapprochés , est toujours plus ou moins serré sur le dos.

I

t>’ HISTOIRE NATURELLE. 4^9

La coquille de \apljsie est aussi purement cornée , trans- parente et flexible comme l’épée du calmar , et celle' de la dolaheUe est véritablement calcaire et cassante ; mais leurs formes se rapprochent beaucoup. Ayant négligé de représenter celle de Yapfysie à son article , je répare ici cette négligence, et la donne , fig. 5* ' ' ^

La dolahelle se tient dans les baies tranquilles , et a soin de se recouvrir d’une légère couche de vase, de manière que, meme dans les endi’oits il y a peu d’eau , elle est diflicile à apercevoir.

On sait que dans les animaux vertébrés les plus grandes différences sont à l’extérieur , et qu’on trouve plus de ressem- blance à mesure qu’on pénètre vers les organes plus importans et plus cachés. D’après cette règle , on devoit s’attendre à trouver à la dolahelle la meme anatomie qu’à \apljsie , et c’est ce qui a eu lieu en effet , au point qu’il a été inutile d’en dessiner l’intérieur.

Les muscles qui retirent en dedans la masse de la bouche , sont seuls un peu autrement faits. Ils sont plus longs et dis- posés également tout autour de cette masse , qu’ils embrassent comme un cône pour aller fixer leur extrémité postérieure au pourtour de l’enveloppe générale du corps. Voyez la fig. 4 , ces muscles sont marqués a , a.

Cette figure montre aussi la place de la coquille b dans l’oper- cule, les parties glanduleuses c , c qui l’y entourent , et l’on y voit le cœur au travers de son péricarde g?. Il donne les memes ar- tères que dans tapljsie\ elles se distribuent aux memes parties , et l’une d’elles a la meme singulière crête vasculeuse dont j’ai

56 ^

' l\l\0 ANNALES DU MUSEUM

fait mention. Ce que je dis des vaisseaux peut se dire aussi des uerfe ; le cerveau , les ganglions suboraux , le ganglion voisin des organes femelles de la génération , sont absolument semblables dans ces deux mollusques.

Les estomacs y sont aussi pareils , et le gésier contient de meme de petits corps anguleux , cartilagineux et transparens ^ adhérens lâcbement à sa veloutée.

La testacelle de Finance ( testacella haliotoidea Drap. ) est longue d’un à deux pouces; lorsqu’elle est contractée , elle a la forme d’une ellipse bombée en dessus et plate en des- sous. Tout le dos en paroit ridé : la coquille est située tout- à-fait sur l’extrémité postérieure, et c’est derrière elle, sous son bord , que l’on observe l’ouverture du poumon , au bord de laquelle est celle du rectum. Deux sillons partent du bord antérieur de la coquille , et régnent tout le long du dos , jus- qu’auprès des grandes cornes, ils se terminent. La bouche est composée de deux lèvres verticales , entre lesquelles sort une très-petite trompe cylindrique. Les organes des deux sexes n’ont qu’un orifice commun sous la grande corne droite. A l’ouverture du corps on observe que la cavité pulmonaire occujje le quart postérieur du dos ; elle n’offre rien de parti- culier qu’un lacis de vaisseaux qui garnit ses parois. Sous sa partie gauclie est le péricarde, qui contient le cœur et son oreillette , et qui est environné d’un corps glanduleux blan- châtre. Il part du cœur deux artères principales : Tune se perd de suite dans la partie voisine du foie du coté gauche ; l’autre se porte en avant entre les divers viscères, et donne des bran- ches au foie du côté droit, aux testicules, et se continuant jus- que sous l’œsophage , se distribue aux parties de la généra- tion^ à la bouche, aux glandes salivaires et à l’estomac.

d’ H 1 s T O 1 R E NATURELLE. 44 I

La bouche forme une masse allongée et cylindrique qui se rétrécit pour former un court œsophage que suit immédiate- ment l’estomac j celui-ci n’est qu’une simple dilatation mem- braneuse j les glandes salivaires sont situées sur ses deux cotés , petites et arrondies ; le canal intestinal est assez gros propor- tionnellement; le foie est divisé en deux parties entièrement distinctes l’une de l’autre , composées chacune de plusieurs lobes, et fournissant des canaux excréteurs particuliers qui s’insèrent tous les ,deux dans le canal intestinal à une petite distance du pylore.

L’ovaire est enveloppé dans la masse hépatique du côté gauche : l’oviductus aboutit comme à l’ordinaire dans le tes- ticule, qui forme d’abord une grosse masse ovale située du côté gauche entre la bouche et l’estomac ; il prend ensuite la forme d’un intestin à parois épaisses et ridées transversalement, absolument comme dans la limace. La bourse dite jusqu’ici de la pourpre communique avec le canal du 'testicule , à cpiel- que distance de son orifice extérieur , et la verge aboutit à cet orifice meme : celle-ci , dans son état de retraite , est située longitudinalement sur tous les autres viscères; elle a deux muscles opposés, dont l’un s’attache en arrière à la partie char- nue du dos sous la coquille , et l’autre en avant dans le voi- sinage de l’orifice extérieur des parties de la génération.

Le cerveau est placé en travers sur la naissance de l’œso- phage ; il y a de plus un gros ganglion situé sous l’estomac , et qui se rejoint comme à l’ordinaire au cerveau par deux cordons nerveux. Les nerfs n’ont rien de particulier dans leur distribution.

Ce que la testacelle a de plus curieux , c’est le muscle qui tire en dedans les parties de sa bouche ; il est gros , cylin-

44^ ANNALES DU MUSEUM

drique, règne sur toute la longueur du ventre, et s’attache à la partie latérale gauche du dos , par une douzaine de lan- guettes charnues très-distinctes et presque perpendiculaires au corps principal du muscle. Les dernières de ces languettes se trouvent seules aboutir vis-à-vis le dessous de la coquille.

La parmacelle , à laquelle je donnerai le nom spécifique de celui qui l’a découverte ( parmacella OVwieri ) , est longue de deux pouces. Sa forme est ohlongue et se termine en arrière en une queue comprimée par les côtés et tranchante en dessus. Le milieu de son dos est recouvert d’un manteau ou d’un bouclier charnu et ovale qui a un peu plus du tiers de la lon- gueur du corps. Vers le milieu de son bord droit est une échancrure dans le fond de laquelle se trouve l’orifice du pou- mon et celui du rectum. Ce manteau n’adhère au corps que par sa moitié postérieure ; l’antérieure est libre et peut se retrousser. La surface du corps est ridée , et l’on y remarque sur le dos trois sillons qui marchent parallèlement depuis le dessous du manteau jusqu’à la tête ; le sillon du milieu est double. Il y a quatre tentacules , et l’orifice commun aux organes des deux sexes est un peu en arrière de la petite corne du côté droit. La coquille est cachée dans l’épaisseur du manteau dans la partie par il adhère au corps : c’est sous elle que sont situés le poumon et le péricarde ^ qui con- tient le cœur et son oreillette , et qui est entouré du meme corps glanduleux que dans les limaces et les colimaçons. Nous avons représenté dans nos figures i4 et i51e manteau rejeté en arrière , avec le poumon et le cœur que nous y avons laissé adhérer. La ligure 1 4 représente les autres viscères dans leur situation naturelle j et la figure 1 5 les montre tous développés, La masse de la bouche est ovale et plus saillante en dessous j

V

d’ HISTOIRE NATURELLE. 44'^

rœsophage est court et mince; les glandes salivaires sont placées sur la naissance de Festomac et divisées en plusieurs lobes distincts.

L’estomac est une dilatation membraneuse assez large et fort allongée. Le canal intestinal fait quatre replis eutre les divers lobes du foie ; il peut approcher du double de la lon- gueur du corps ; il se rétrécit sensiblement au rectum. Le foie est considérable et divisé en plusieurs lobes.

L’ovaire est envqloppé dans le foie; l’oviductus aboutit, comme dans la testacelle ^ à la partie postérieure et grosse du testicule. La partie mince et allongée de celui-ci est partagée selon sa longueur en deux moitiés qui diffèrent par la cou- leur et par le grain : l’une est brune et grenue; l’autre blanche et homogène. L’extrémité de cette partie s’amincit subitement pour entrer dans une bourse en forme de cornemuse. La poche dite de la pourpre insère aussi son canal excréteur dans cette bourse ; à l’endroit celle-ci se rétrécit pour gagner l’orifice extérieur^ elle reçoit ceux de deux petits sacs aveugles de forme simple et conique, et immédiatement au dessous de l’orifice du fourreau de la verge. Ce fourreau a lui-méme un petit cæcum auquel s’insère un muscle qui vient du dos de l’animal. La pointe postérieure de la verge communique avec le testicule par un petit canal tortueux.

Il y a quatre tentacules qui rentrent et qui sortent à la manière de ceux des limaces. Le cerveau donne de chaque côté deux nerfs pour ces tentacules , et un autre pour la masse de la bouche ; ensuite viennent ceux qui forment le collier nerveux. Celui-ci produit sous l’œsopbage un ganglion double très-considérable. La partie supérieure donne les nerfs des

parties de la génération , et ceux des viscères , parmi lesquels

444 ANNALES Dtr MÜSÉUM

il y en a sur-tout deux très-longs pour les parties du cœur et du poumon , et un intermédiaire pour le foie et les intestins. Les nerfs de la masse du pied viennent de la partie inférieure de ce ganglion.

Outre l’enveloppe musculaire du corps, il y a deux longs muscles minces , qui s’attachent à la masse de la bouche , et traversant entre les divers viscères , vont fixer leur extrémité j)OStérieure sous la coquille,

La parmacelle est un mollusque terrestre 5 M. Olivier l’a trouvée en Mésopotamie.

Explication des Jigures.

Fig. I. La dolabelle entière, a a,, tentacules supéreiurs. b b, inférieurs, c, issue de la verge, d , orifice des parties femelles de la génération, e , coquille, vue à travers la fente du manteau./', anus. Fig. 2. La coquille, vue en dessus, Fig. 3. La même , en dessous. Fig. 4> La dolabelle ouverte pardevant , le manteau fendu et écarté. « , les muscles qui retirent la tête en dedans, b , la place qu’occupoit la

coquille dans l’opercule, c c , les parties glanduleuses qui l’y entourent, d ,\e cœur, vu au travers du péricarde, e , portion de branchies./’, l’anus. Fig. 5. Coquille d’une grande aplysie. Fig. 6. La testacelle contractée et vue par le dos. Fig. 7. La même , montrant un peu ses quatre tentacules et sa bouche. Fig. 8. La même , ouverte, a , la bouche, b b , diverses parties du testicule, c, le sac de la pourpre. </, la verge, e, l’estomac. /’/’, le foie. la cavité pulmonaire. Zs , le cœur. Fig. g. La même, les intestins développés, a h ^ comme fig. 8. z, le cerveau, k k, les grandes cornes. U, les glandes salivaires, 7/z, le ganglion. 7t , le muscle rétracteur, o , l’ovaire, p , l’oviductus. qq •> l’intestin. Fig. 10. La même , les intestins en par- tie enlevés pour montrer les vaisseaux et les nerfs. Mêmes lettres que fig. g. Fig. II. La coquille en dessus et en dessous. Fig. 12. La parmacelle, vue par le dos. La coquille est enlevée ; on n’en voit que l’empreinte, a , l’anus. Fig. i3. La même, vue du côté droit, a, l’anus. Z>, l’orifice de la génération, c , ceux des tentacules et la bouche. Fig. 14. La même, ouverte, «, la bouche, ô b , les grandes cornes, c , le cerveau, d, les glandes salivaires, e, la verge. //, diverses parties du testicule, g, sac de la pourpre. Zs , estomac, zz, muscles rétracteurs. A A , le foie, l , le 'poumon, m , l’oreillette, n , le cœur, o , l’intestin , 2 , le manteau rejeté en arrière. Fig. i5. La même, les intestins développés a o, comme fig. i4*

l’ovaire, q , l’oviductus. z ^la bomse commune de la génération, j, uji de ses appendices, t ^ les ganglions. 2, le manteau. / , l’anus.

Tom.F.

PL 3u.

jy (tre'rut Sru/p-

Turpjn Jel

RH U S AROM AT IC UM .

d’ HISTOIRE NATURELLE.

445

OBSERVATIONS

Sur les R.HUS aromaticum et suaveolens.

Par TURPIN.

PLANCHE XXX.

Le Rhus aromaticum ne paroît pas avoir encore été introduit vivant en France, et je ne Tai rencontré ici que dans l’herbier de Michaux 5 mais le Rhus suaveolens y existe depuis long- temps sous la fausse dénomination de rnjrica trifoliata.

Ces deux espèces de Rhus cultivées en Angleterre dans le jardin de Rew , sont originaires de l’Amérique septentrio- nale , ont été découvertes dans la province du Kentucky par l’estimahle et laborieux Bartram,et apportées par lui dans la Pensylvanie il a naturalisé dans seS jardins et dans ceux de M. Hamilton près de Philadelphie, celle appelée iî/ufv aro- maticum et j’ai pu l’observer et la dessiner vivante.

C’est un arbrisseau droit, d’un port élégant , haut de huit à dix pieds, dont les rameaux, quoique flexibles , ont une direc- tion assez verticale : son bois est d’un tissu serré et difficile à rompre , et toutes ses parties répandent une douce odeur de camphre lorsqu’on les froisse.

Vers le commencement d’avril , il se couvre d’une quantité considérable de fleurs , disposées en petits chatons d’abord cylindriques , longs de 6-8 lignes , et qui par l’épanouissement des fleurs prennent ensuite une forme ovale ou ohlongue,

44^ , ASJÏALES DU MUSÉUM

d’un beau jaune doré, j^jn es l’f] aiicuissc nient eles fleurs , les feuilles commencent à paroître. Elles sont alternes , pétiolées , composées de trois folioles rliomboidales , or- dinairement atténuées aux deux bouts, largement et inéga- lement crénelées en leurs bords , c{nelc|uefois dentées en scie, à dents arrondies, et quelquefois aussi un peu lobées, pubes- centes ou légèrement velues sur les deux surfaces j la foliole intermédiaire est la plus grande et a deux ou trois pouces de long. Le pétiole commun , long de deux à trois pouces , n’a point de stipule à sa base.

Les cliatons de fleurs naissent solitaires ou deux ou trois ensemble dans les aisselles des feuilles de l’année précédente , de sorte qu’ils sont toujours éloignés des feuilles actuelles. Les écailles cordiformes, légèrement ciliées sur les bords , qui com- posent ces chatons, sont munies, au centre de leur disque in- térieur, d’un appendice en forme de caiicule, divisé en deux découpures lancéolées, concaves, du centre desquelles s’élève un pédoncule plus long que l’écaille et terminé par une petite fleur d’un beau jaune, composée d’un calice persisîant, divisé en cinq découpures ovales aiguës ; de cinq pétales oblougs cunéiformes, concaves; de cinq étamines plus courtes que les pétales insérées sous l’ovaire, ayant entre elles autant de glandes bilobées attachées au meme point ; d’un ovaire libre , ovale , légèrement trigoue , terminé par trois styles divergens , épaissis au sommet.

Le fruit est un petit drupe arrondi , un peu comprimé , velu , d’un rouge très- vif, peu charnu, contenant un noyau un peu osseux en dehors, mou et charnu en dedans. L’embryon destitué de périsperme , revêtu d’une seule tunique membra- neuse , est posé dans une direction horizontale à ses deux

d’ HISTOIRE NATUREL LeT 447

loLes oblongs , et sa radicule fusiforme recourbée vers les lobes du coté supérieur.

Obs. I."®. Je crois avec Gærtner qu’il faut nommer ce fruit drupe.

Obs. il Le mode d’inflorescence et l’insertion si singulière des fleurs me faisoient croire que cet arbrisseau ne pouvoit pas être une espèce de Rhus ; mais une analyse exacte de toutes les parties de la fructilication m’a prouvé qu’il ne pouvoit pas être séparé de ce genre. Il y a des individus constamment stériles et dont les fleurs offrent cependant un ovaire bien conformé.

Depuis long-temps M. Ventenat avoit observé que l’arbris- seau connu dans les jardins et dans les herbiers sous le nom de my rica trifoliata avoit des fleurs complètes , qu’il devoit être un Rhus^ et peut-être le Rhus suaveolens de Wildenow.

J’ai répété depuis l’observation de M. Ventenat, et j’ai vu non seulement que cet arbrisseau avoit des fleurs complètes, mais encore quelles avoient le même mode d’insertion que dans le Rhus aromaticum que je décris ici. D’après ces obser- vations, l’on peut conclure que nous ne connoissons pas le mjrica trifoliata de Lliinæus , et (jue l’arbrisseau connu sous ce nom dans les jardins et dans les herbiers est le Rhus sua- veolens de Wildenow.

Explication des figures.

«

I. Bout de rameau avec plusieurs chatons développés. 2. Chaton l’on n’a laissé qu’une fleur afin de faire voir la disposition des écailles. 3. Une fleur tros-grossie , insérée sur son écaille. 4* Uq pétale. 5. Etamines et ovaire fertile grossis. 6. Fleur stérile grossie. 7. Fruit grossi dont une partie de la chair est ôtée. 8. Noyau grossi , ayant une partie de l’enveloppe charnue à sa hase. g. Autre noyau coupé trans- versalement. 10. Embryon ayant sa tunique propre déchirée.

Si*

448

ANNALES DU MUSEUM

PRÉCIS

Du Journal de V éruption du Vésuve , depuis Je ii août jusqu au i8 septembre i8o4, publié à Naples par M.le duc Della-Torrej traduit et rédigé par M. Toscan.

Dix ans s’étoient écoulés sans que le Vésuve eut troublé la sécurité des habitans des campagnes voisines ; mais ce repos , dit M. le duc délia Torre , n’étoit qu’apparent, et le volcan préj^aroit dans son sein de nouveaux alimens à sa fureur. En effet , le 1 1 du mois d’août dernier , éclata la terrible éruption qui continue encore d’étendr.e ses ravages sur ces mallieureu-

ses contrées Des modifications , des cliangemens dans la

forme de cette montagne, dans celle de son cratère, seront les suites nécessaires de l'éruption actuelle ^ pour satisfaire sur ce point la curiosité des physiciens , l’auteur commence' par décrire l’état se trouvoit le Vésuve avant cet événement. Il en avoit mesuré le cratère au mois de novembre i8o3. Sa profondeur moyenne , du coté du couchant , étoit alors d’en- viron 5oo palmes (i) , et ses orles pouvoient avoir i i5oo palmes de circonférence. Sa forme intérieure étoit celle d’une ellipse peu excentrique et presque circulaire j à l’extérieur , c’étoit un cône dont la hauteur moyepue , depuis la base jusqu’au som- met , prise du côté du couchant , s’élevoit à environ 4ooo

(i) La palme napolitaine est de 8 pouces 7 lignes.

d’histoire naturelle. '' 449

palmes. Sa plus grande inclinaison ëtoit au sud et au sud-ouest, sa plus grande élévation à l’est et au nord-est. Le- fond du cratère resseinbloit à une vaste et profonde plaine, au milieu de lacpielle s’élevoient trois monticules de la liauteur de 5o palmes, qui , au mois de février 1799 , vomirent des flammes et des pierres ardentes , visibles à Naples pendant deux jours j ce qui, pour le dire en passant, est une preuve que le volcan n’est point resté dans une inaction totale depuis 1794 jusqu’à ce jour , comme bien des gens le prétendent. On voyoit en- core s’exhaler des bouches de ces monticules, des fumerolles de soufre et de gaz ammoniaque j autour d’elles s’étoient for- mées des inscrustations salino-sulfureuses abondantes, en divers cristaux très-brillans.

En comparant ces mesures avec celles de M. IlrCislak , prises le 2 de juillet 17947 l’auteur montre que le fond du cratère s’étoit élevé de 100 palmes depuis cette époque, et que ses orles en avoient gagné 2,900 en circonférence , mo- diücations que l’auteur attribue aux matières qui , dans la foible et courte éruption de 1799, retombèrent dans l’inté- rieur du cratère, et à la chute de ses l)ords qui eut lieu en plusieurs endroits j par-là le fond s’éleva , les orles s’abaissè- rent , et le périmètre du cône en devint d’autant plus spa- cieux. Tel étoit l’état du Vésuve au mois de novembre i8o3.

La nuit du 22 mai dernier , on éprouva à l’hermitage du Sahatore , et dans les lieux circonvoisins , trois secousses de tremblement de terre , accompagnées d’un retentissement sourd j la dernière fut la plus forte', et riiermite ayant en ce moment porté les yeux sur la montagîie , en vit sortir une épaisse fumée qui dura plusieurs heures. Le meme jour et vers la meme heure , ce phénomène se fit ressentir dans les provinces de l’Abruzze,

V

45o ANNALES DU MUSEUM

Le 3i du mois de juillet suivant, on vint annoncer à Fauteur que les eaux manquoient en partie dans les puits et citernes du Vésuve; que le niveau de la mer s’étoit meme visiblement abaissé auprès de la cote située entre, la Torre del Greco et Y A nmmzziata. Il s’y transporta sur-le-champ, reconnut l’exac- titude de ces faits , trouva des puits absolument taris , particu- lièrement à Résina , goûta l’eau de ceux qui en conservoient encore , et y reconnut une odeur de soufre très-sensible. Ayant versé sur une petite quantité de cette eau une légère dose de teinture de tournesol , il vit sa couleur se changer en rouge preuve évidente que le soufre y étoit combiné , plutôt dans l’état de vapeur acide que dans son état de pureté. Dès-lors il prévit une éruption prochaine du Vésuve, et crut en voir le symptôme dans cette diminution subite des eaux , qui , attirées au sein du volcan, peuvent s’y décomposer au moyen des substances bitumineuses, sulfureuses et pyriteuses qui y exis- tent , et donner lieu à tous les phénomènes volcaniques.

Enfin la nuit du 1 1 août , on entendit à riiermilage du Sahatore et dans les environs, des mugisseraens souterrains, accompagnés d’un léger trein])lement de terre.

Le 12 au matin , ou vit sortir du sommet du Vésuse une fumée noire , épaisse qui se rabattant sur la montagne , la cou- vroit toute entière. Une personne s’y étant transportée , aperçut dans le fond du cratère un gonflement avec une bouche de la grandeur de i5 à 20 palmes , d’où partoient la colonne de fu- mée , et quantité de poussière entre-mélée de petites pierres. Elle entendit du côté du sud un bouillonnement considérable de matières, et sentit plusieurs fois la terre trembler sous ses ])ieds. Vers le soir, il se fit une explosion très-forte, et de Naples l’on vit s’élancer une colonne de feu et de pierres en- flammées. ''

d’ HISTOIRE NATURELLE. 4^^

Le duc délia Torre s’y transporta liii-meme le lendemain avant le jour. « J’essuyai, dit-il, depuis le pied de la montagne « jusqu’à son sommet , une pluie continuelle de cendres noires )) et de petites piurres; j’entendois dans le fond du cratère un » retentissement extraordinaire, épouvantable. Parvenu sur ses » bords, je m’y tins l’espace d’une heure, et voici ce que je » pus observer au milieu de l’admiration et de la frayeur » qu’inspiroit uy spectacle aussi majestueux que terrible et » funeste.

)) Le fond du cratère me parut beaucoup plus exhaussé , )) plus inégal que je ne l’avois vu au mois de novembre i8o3. » Je jugeai que cet exhaussement, ces inégalités provenoient » autant des matières actuellement vomies, que des ébullitions » et fermentations qui dévoient avoir lieu dans le sein du vol- » can. Un gouffre d’environ loo palmes de (hamètre s’étoit » ouvert du coté du sud-ouest ; il en sortoit un féu si vif que » je ne pouvois y arrêter long-temps mes regards. Ce feu s’é- » levoit comme une colonne au milieu de laquelle j’apercevois » distinctement des pierres ardentes, lancées avec une grande » impétuosité , et qui retomboient presque toutes dans le cra- « tère. Deux seulement vinrent tomber près de moi,, et se » trouvant refroidies au bout de deux minutes , je les iis ra- « masser par mon guide. C’étoient des masses de lave,^e^/’o- » siliceuses, noirâtres, pas trop pesantes, spongieuses en y> quelques endroits , à surfaces luisantes et scoriformes. Il y » avoit dans leurs cavités des cristaux d’olivine , de mica , et » d’autres petits cristaux blancs siliceux, dont je n’ai pas encore » eu le temps de déterminer la nature et la qualité.

)) Le bruit que faisoit l’explosion du feu et des pierres étoit )) semblable aux mngissemens de la plus horrible tempête, et

5-

4o2 annales du muséum

)) aux siffleiueiïs du plus impétueux aquilon ; les jets se succé- » doient avec une étonnante rapidité j en meme temps une » matière rougeâtre, fluide comme une pâte vitreuse, se dé- » gorgeoit par la bouche du gouffre : c’étoit la lave qui s’épan- » choit au-dehors, couloit au, sud vers les parois du cratère » distans d’environ 3oo palmes , s’arrétoit-là , rehroussoit » chemin, et remplissoit graduellement le vide du cratère. » Autour du gouffre s’étoient déjà formés divers monticules )) qui grossissoient de plus en plus par la déjection des ma- >) tières.

» J’observai la température de l’atmosphère avec un ther- » momètre , la distance entre le point de la glace et celui >) de l’eau bouillante est divisée en loo parties. A mon départ » de Naples, il marquoit 26 à 27 degrés 5 au Salvatore 24.°, et » sur la montagne il s’éleva en un quart d’heure à 36.° Je » posai la pointe d’un électromètre sur l’orle du cratère , » et il donna les signes d’une grande électricité , laquelle » m’étoit encore conlirmée par les éclairs continuels qui se » montroient à l’orient , quoique la nuit fût calme et le ciel » serein.

» Une réflexion s’empara de mon esprit : s’il est \rai que l’eau » se décompose au sein des montagnes volcaniques , qui em- » pèche que le fluide électrique n’enflamme une des parties )) constituantes de cette eau , c’est-à-dire , l’hydrogène , et ne » provoque de cette manière les éruptions En ce cas , l’oxi- » gène, son autre partie constituante seroit pour solliciter » les combustions internes , et fournir la partie acidifiqne aux )) bases alkalines , sulfureuses et métalliques.

» Je conclus de ces observations qu’en raison de l’intensité » du feu et du grand concours d’électricité , cette éruption

d’ H I S^T O I R E NATURELLE.

y) seroît une des plus longues et des plus terribles 5 que la lueur « que l’on apercevoit de Naples n’étoit autre chose qu’une » fumée resplendissante se réfléchissoit l’éclat du feu inté- » rieur , puisque la véritable colonne de feu n’arrivoit pas à » la hauteur des orles du cratère j que la lave , après en avoir V rempli le vide , débouclieroit au sud , attendu q;ue ce côté étoit le plus incliné du cône. »

Du i5 au 18, le feu se maintint égal; les mugissemens étoient fréquens : cependant on ne ressentit aucun tremblement de terre.

Le 19, le feu, la fumée redoublèrent. De Naples on entendit un bruit sourd, semblable à celui d’un tonnerre éloigné.

Du 20 au 2Ô, rien de nouveau; seulement les pluies de cendres et de sables furent plus fréquentes.

Le 26 , pour la première fois , les cendres arrivèrent à la Torre del Greco et à Résina. On s’aperçut que le feu dimi- nuoit un peu.

Le 2^ , un homme s’étant rendu sur la montagne, rapporta au duc délia Torre que la bouche du gouffre, qui d’abord s’étoit ouverte à l’ouest, s’étoit reculée considérablement à l’est, c’est-à-dire, vers les parois d’Ottajano ; que la lave, qui couloit toujours au sud, étoit si voisine des orles que peu s’en falloit qu’elle ne débordât.

Le 28 , il s’ouvrit une nouvelle bouche plus près du sud , qui lança du feu et des pierres.

Le 29 , les jets furent plus considérables. Vers la fin du jour , il se fit un bruit extraordinaire , et la pente de la mon- tagne se couvrit d’une épaisse fumée. Ce fut le moment la lave déboucha du cratère. L’auteujr du journal se rendit in- 5. . , 58

454 ANNALES DU MUSEUM

continent à la Torre ciel Gi’eco, et vit cette lave sous la' forme d’une traînée de feu qui descendoit rapidement le long du cône. Le lendemain au matin, elle en avoit atteint le pied, et avoit parcouru une étendue de 3528 palmes. Là, elle se‘ di- visa en quatre branches , qui prirent leur direction , les unes au sud , les autres au sud-ouest , et entrèrent dans les champs cultivés, portant par-tout la désolation et l’épouvante. Deux de ces courans, s’étant réunis , offroient un front de i5oo palmes de large sur 8 à 9 de hauteur. En prenant le terme moyen de leur progression depuis leur sortie du cratère , on pouvoit dire qu’ils avoient parcouru 100 palmes par heure. Cependant la lave étoit fort dure; en usant de toutes ses forces, à peine pouvoit-on y enfoncer de la longueur de deux pouces le bout d’un bâton ; elle n’étoit pas non plus entièrement liquide ; elle charioit à sa surface des pierres de diverses grandeur et cou- leur , et du sable. Quand elle s’avançoit , ses bords supérieurs retomboient avec un bruit pareil à celui d’un sac plein de morceaux de verre, et mettoient à découvert la partie inté- rieure, fluide, et semblable à des langues de feu. Sa chaleur étoit intolérable à la. distance de 4 ou 5 palmes; mais un peu plus loin, on la supportoit volontiers, et il sembloit meme qu’elle donnoit du ton aux libres. Elle exbaloit une fumée de soufre et de sel ammoniaque, et une odeur qui pouvoit se comparer à celle d’un four à chaux allumé. Les morceaux de cette lave se gerçoient eu se refroidissant, et se couvroient d’une matière , tantôt blanche , tantôt jaune, qui n’étoit autre chose que du soufre, et. dés sels nitreux et ammoniaque.

Le 3j , les courans firent beaucoup de progrès ; quand ils rcncontroient un mur , une maison , un rocher, ils l’environ- noiépt, le surmontoieut , ou prenoientieur issue latéralement., selon la grandeur de l’obstacle et la pente du terrain..

d’ HISTOIRE NATURELLE. 4^^

Le i*^ septembre, le duc délia Tbrre monta sur le Vésuve pour observer les cliangemens survenus dans son cratère. « Je » le trouvai , dit-il , très-différent de ce qu’il étoit la nuit du » ï4 août. Son aire étoit presqu’entièrement remplie , et de » laves pour la plupart encore enllammées et fumantes , et de « pierres et de sable. Plusieurs monticules s’y étoient élevés » de distance en distance ; le plus haut avoit pris la place du » gouffre que j’avois vu la première fois : ils étoient couverts » de scories saupoudrées d’une poussière très-fine de sel am- » moniac et de soufre 5 il en sortoit des fumerolles d’une » odeur suffocante.

» Derrière ces monticules , vers les parois d’Ottajano , je » comptai cinq nouveaux jets de feu et de pierres qui , lancées )) avec impétuosité et fracas , retomboient quelquefois dans )) dans leurs propres gouffres , et en étoient aussitôt repoussées » avec des tourbillons de fumée et de cendres. Malgré la » quantité de calorique qui devoit se développer dans un si » grand incendie , la température de l’atmosphère ne me « parut point sensiblement altérée autour de moi, quoique » je ne fusse qu’à la distance d’environ 1000 palmes des sources Y> de la lave j le thermomètre , c|ui à mon départ de Naples )) marquoit 24 degrés , descendit ici à 19.“ L’électromètre w indiquoit une grande électricité, beaucoup plus sensible >) quand je le posois sur la terre , que lorsque je le suspendois » dans l’atmosphère.

» Je m’avançai jusque sur les bords de la lave fluide qui a s’écouloit du cratère ; elle ressembloit à du cristal en fusion 5 » elle en avoit la couleur, l’éclat, la consistance. Je jetai » dessus une grosse pierre qui n’y fit’ qu’une légère impres-

sion , ét fut emportée à sa surface j j’en jetai une seconde

58 ^

«

4^6 ANNALES DU MUSEUM

« pour mesurer son mouvement , et la montre à la main ]e )) vis quelle parcourut au moins deux palmes en une seconde. » Le thermomètre, placé à six palmes de distance, s’éleva en )) deux minutes au degré de l’eau houillante. A mon grand » regret, je ne pus reconnoitre l’intensité du calorique de cette )) lave , faute d’un pyromètre propre à cette expérience. »

Le 2 et le 3, il n’y eut rien de remarquable. Les courans continuèrent leur marche.

Le 4 J on éprouva un violent orage , venant de l’est , qui dura plus de deux heures. Le feu augmenta cette nuit et le jour suivant; les projections de pierres furent plus fréquentes, et l’on vit descendre du cratère de nouvelles et abondantes effusions de lave.

Le 6 , malgré ce surcroît de matières , les courans ne mar- chèrent pas. On entendit' un bruit plus considéralile dans la montagne, et la fumée redoubla.

Le 7 , les courans reprirent leur cours. Le duc délia Torre monta sur les or les du cratère, et n’y trouva pas de grands changemens. Les monticules s’étoient un peu plus élevés; deux bouches jetoient du feu ^ deux autres des cendres et la cin- quième , la plus grande et celle qui précédemment vomisssoit le plus de flammes , ne donnoit qu’une fumée noire. Il observa sur des blocs de lave refroidie une croûte saline , composée d’ammoniaque et de muriate de soude. Il trouva de grands morceaux de ce dernier sel dans une lave décomposée à grains terreux. Son opinion est que ce sel n’existe point dans l’état fossile au sein de la montagne,, mais qu’il est fourni par les eaux de la mer. Cette fois , en faisant le tour dps pries, il put s’avancer jusqu’à la source mémpde la lave fluide. ;Elle sorloit d’une grotte formée de cette miemerma^ièr-ej eiidm’cie ,• se

A

d’ HISTOIRE NATURELLE. 4^7

réunissoit dans un petit bassin , d’où elle couloit ensuite par un canal le long du cône. L’auteur jeta dans la lave du bassin une pierre, qui s’y plongea entièrement : il y poussa le bout d’un bâton , et sans beaucoup d’efforts il le fit entrer de plus d’une palme J après avoir été retirée, la partie qui avoit subi l’immersion jeta d’abord une vive flamme, et resta ensuite comme du charbon.

li’auteur remarque que cette lave n’étoit point rouge comme de coutume 5 mais qu’elle étoit recouverte d’une pellicule jau- nâtre, qui pouvoit provenir, soit de l’évaporation du soufre, soit de quelque métal liquéfié, qui , venant au contact de l’air atmosphérique , étoit au moment de son oxidation. Selon lui , la grande quantité de soufre qui se développe dans les érup- tions du Vésuve ne provient que de la décomposition des py- rites ou sulfures métalliques , particulièrement de cuivre , de fer , d’arsenic , qui sont les métaux les plus abondans de cette montagne. Le soufre est enlevé à ces métaux , soit par l’oxigène qui émane de la décomposition de l’eau., soit par celui qui fait partie de l’air atmosphérique, soit enfin. par le calorique qui , en l’absorbant , le volatilise : d’où il arrive que'le soufre se 'retrouve quelquefois en état de pureté à la superficie des laves , quelquefois répandu dans l’atmosphère sous la forme de vapeur acide , et que les métaux en question se montrent le plus souvent séparés du soufre, et en état de pureté comme le fer spéculairè et octaèdre, ou bien en état d’oxides, comme l’ocre martiale, l’oxide vert ou bleu de cuivre, et l’oxide rouge d’arsenic.

Le 8 , il survint un nouvel orage. L’auteur observe que- chaque fôis qu’iLest tombé de la pluie , les effusions de laves ont été plus abondantes , et il en tire une nouvelle preuve du

58 ANNA.LESDU MUSÉUM

rôle que joue la décomposition de l’eau dans les éruptions volcaniques.

Du 9 jusqu’au i4, les couraiis continuèrent de cheminer ; les cendres retombèrent jusque dans la baie de Naples, et la colonne de fumée, poussée par les vents , arriva jusqu’à la hauteur de File de Capri.

Le i4 fut un des jours les plus effrayans de cette éruption. L’incendie parut général sur le Vésuve ; tous les rameaux de laves, enflés par de nouvelles effusions, se mirent en mouve- ment , débordèrent , et couvrirent tout l’espace qu’ils occu- poient entre eux d’une fumée épaisse et rougeâtre. Le progrès des courans fut rapide. Rencontroient - ils des arbres sur leur passage ? ils les environnoient , et continuoient leur marche. Si. ces arbres étoient secs , on les voyoit bientôt après s’allumer et brûler avec une flamme vive 5 s’ils étoient verts, les feuilles commençoient par jaunir , les troncs se ploy oient, puis ils se consumoient en partie , et restoient comme -du charbon. Quant à ceux qui se trouvoient seulement exposés à la chaleur des laves , une poussière blanche et saline s’amas- soit sür leurs feuilles jaunissantes et racornies. Quelquefoâs ces laves ne recouvroient que des tronçons d’arbres que l’on avoit eu soin de couper avant qu’ils en fussent atteints : alors il s’élevoit du point de l’immersion une flamme vive, passagère, ou pétillante et colorée, ce quipouvoit provenir du brûlement de quelque partie de bois en putréfaction j car il n’est pas dou- teux , ajoute Fauteur , que le phosphore n’existe dans les substances putrides végétales , comme dans les substances animales.

Le i5, il s’ouvrit une nouvelle bouche au sud-est dki cra- tère, qui projeta du feu et des. pierres enflammées. L’auteur

d'histoire KATUREl, le.

4%

voulut éprouver la chaleur d’un courant de lave qui s’étoit arreté dans le territoire des Camaldules; il plongea le ther- momètre dans une crevasse : en deux minutes deux secondes, le mercure s’éleva du il\? degré jusqu’au terme de l’eau •bouillante. Son impétuosité auroit brisé le tube de verre , si on ne l’eût retiré très-promptement. L’auteur recueillit quel- ques échantillons des laves de cette éruption j voici les plus remarquables.

i.“Lave dure , basaltiue , compacte, de couleur noire, contenant des olivines et du mica en petites lames d’un vert d’émeraude. C’est celle qui a coulé pendant cette éruption.

2.0 Lave semblable à la précédente , détachée du courant , luisante et vitreuse dans sa cassure , scoriforme à sa superficie.

3. ° Lave spongieuse, noire dans l’intérieur, rougeâtre à l’extérieur , conte- nant quantité d’olivines , de mica , de soufre et de fer. Cette lave a été rejetée par le volcan , et ensuite chariée par les courans.

4. " Lave légère , fibreuse , presque l’éduite à l’état de ponce, un peu jaunâtre, parsemée de cristaux de fer octaèdres.

5. " Lave spongieuse , noire , recouverte de soufre et d’une substance verdâtre ayant l’apparence d’un oxide de cuivre. Cet échantillon a été ramassé sur les mon- ticules formés dans l’intérieur du cratère.

6. ” Lave spongieuse avec du soufre pur à sa surface.

7. " Lave à grain terreux , grisâtre , renfermant dans ses cavités du muriate de soude.

8. ” Lave contenant du soufre et du muriate cristallisé en tablettes exaèdres, ter- minées par des pyramides trièdres.

< 9." Lave noire , décomposée, présentant une grappe de raisin attachée à sa sur-

face. L’échantillon n’est curieux qu’à cause de cette particularité. Les grains du raisin se sont évidés et endurcis sur la lave, tandis que le jus qui en est sorti a formé en bouillant une sorte d’écume dure et solide.

10.° Echantillon semblable au précédent. Au lieu d’un raisin celui-ci porte une sorbe encore verte, qui s’est desséchée, endurcie , et a conservé sa couleur naturelle-

Le 16, les courans s’arrêtèrent. L’épreuve du thermomètre, renouvelée sur la lave des Camaldules , indiqua encore le degré de l’eau bouillante j mais le mercure s’y porta avec un

46o ANNALES DIT MUSÉT7M

peu moins de rapidité. Il est à remarquer que l’électromètre n’a jamais donné aucun signe d’électricité près des courans de lave, soit qu’ils fussent en mouvement, soit qu’ils fussent en repos.

Le 17 , l’auteur se transporta de nouveau sur le Vésuve: tout le cratère étoit plein de vapeurs alkalines et sulfureuses^ son aire étoit jonchée de sables , de pierres , de laves fumantes, à la surface desquelles s’étoient formées des croûtes de soufre , de sels marin et ammoniac. On entendoit sous terre des mugissemens épouvantables ; trois bouches voniissoient des flammes ; deux autres jetoient des cendres et de la fumée 5 les monticules s’étoient exhaussés; l’électromètre donnoit des signes d’une grande électricité. Enfin rien n’annonçoit le terme de cette éruption.

Le 18, on recueillit quantité de cendres sur les plate- formes des maisons de Naples. L’auteur mesura la distance que les laves avoient parcourue depuis le cratère jusqu’au point elles étoient parvenues ce jour-là , sous le mont Saint’- Angelo. Il trouva qu’elle étoit de 22,600 palmes.

M. le duc délia Torre termine ici son journal par un ta- bleau touchant des calamités qu avoient éprouvées jusqu’à ce moment les habitans du Vésu ve. Il évalue les dommages causés aux terres cultivées à 60 mille ducats, sans compter la perte des récoltes prochaines de fruits et de raisins. Il se propose de continuer son journal jusqu’à la fin de l’éruption , et de publier avec de plus grands détails ce qu’il aura noté de plus remarquable. Cette seconde partie de son ouvrage sera accom- pagnée d’un plan du Vésuve et des campagnes d’alentour, qui présentera la marche des courans de lave , et de plusieurs plan-* ches eu taille douce qui offriront des vues intéressantes.

d’ HISTOIRE NATURELLE. 4^1

P. S. Une lettre de Naples, en date du lo vendémiaire, tious annonce en ces termes la continuation de cette éruption : « La lave coule encore avec la meme activité. Les plus anciens » du pays ne se souviennent pas d’une éruption si longue. » Une seconde lettre du lo frimaire s’exprime ainsi ; « Le volcan » n’a point encore fini ses ravages. Le 2 de ce mois , après un » assez long repos , durant lequel il ne jetoit plus que de la » fumée , il s’est embrasé de nouveau , et a vomi un fleuve de » lave plus ardent , plus rapide que les premiers, et qui , prenant » une autre direction, a englouti beaucoup d’habitations » l’on ne s’attendoit guère à ce désastre. Les malheureux n’ont M eu que le temps de se sauver. »

Enfin une troisième lettre du 20 nivôse nous annonce qiie le Vésuve se rallume pour la troisième fois.

1

4^2 ANNALES DU MUSÉUME

CORRESPONDANCE GÉOLOGIQUE.

^ JYotice sur les analogues des plantes fossiles.

P A R M. le Comte de STERNBERG^

Depuis que rétucle de la géologie ne se borne plus à un éton- nement stérile et à une admiration froide des grandes révolu- tions que notre globe a subies et qui ne sauroient échapper à quiconque veut se donner la peine de les observer, Fliomme, le plus jeune de ses habitans peut-être, lui, dont l’analogue n’a jamais été reconnu avec certitude dans les débris du monde ancien, a rassemlilé avec un zèle infatigable et une constante persévérance les innombrables individus des trois règnes dans de grandes familles , il les a partagés en genres et subdivisés en espèces ; il a plus fait , il a osé franchir l’espace qui nous sé- pare des événemens dont ni l’histoire ni les traditions n’ont conservé la mémoire , et par suite des comparaisons anato- miques, le tapir des carrières de Montmartre, le crocodile Ga- vial, fossile découvert en Allemagne et en France, et les pois- sons du montBolca, ont trouvé place dans le système à coté de leurs analogues ou congénères des zones les plus chaudes.

Encouragés par ces conquêtes sur l’ancien monde , les bota- nistes à leur tour se présentent dans l’arène, mais d’un pas plus timide, les difficultés qu’ils ont à surmonter étant infiniment plus grandes.

L’organisation des plantes, beaucoup plus délicate et plus dis- posée à se dénaturer , peut avoir changé de forme sous la pres-

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d’ HISTOIRE NATURELLE. 4G3

sîoii des masses sur-imposées j les nervures des feuilles ne laissent pas toujours des impressions aussi prononcées que les os d’un quadrupède ou les arêtes d’un poisson.

Les végétaux fossiles qu’on découvre le plus généralement dans les schistes et les mines charbon sont des débris d’arbres, des feuilles séparées de leurs branches , des fougères et des restes de palmiers.

La texture anatomique des bois , qui seule pourroit nous guider pour leur assigner avec certitude une place dans le système , est le plus souvent dénaturée par l’inültration des matières siliceuses, calcaires ou de toute autre nature (i].

Les feuilles , à moins qu’elles ne se trouvent dans un schiste- d’un grain aussi fin que celui de Rocbesauve, sont presque toujours plus ou moins endommagées. D’ailleurs, les feuilles étant employées en botanique uniquement à établir les distinc- tions des espèces , leur étude a été plus négligée que celle des parties qui servent à distinguer les genres. Leurs formes va- riées à riiifini sont sujettes à des transitions dans les memes espèces, et leurs nervures, qui sont la partie essentielle pour étu- dier les plantes fossiles, n’ont pas obtenu jusqu’ici une attention particulière ni dans les gravures ni dans les descriptions.

Les palmiers et les fougères , ces belles et nombreuses fa- milles qui font l’ornement de la superbe végétation des tro- piques et des climats les plus doux , font depuis long-temps le désespoir des botanistes par la difficulté de les classer.

(i) Il existe cependant quelques exceptions; on verra sous peu parmi les objets intëressans rapportés de l’Egypte , de la publication desquels on s’occupe dans ce moment , une lige de palmier du cabinet de M. Rosière , pétrifiée dans le grès , si parfaitement conservée dans tonte sa structiu’C anatomique , que la détermina- tion ne peut être sujette à aucune erreur,

59

464 ANNALES DU MUSÉtJBÏ

Comme ces plantes sont très - difficiles à cultiver dans nos climats, et que leurs feuilles sont souvent trop grandes pour entrer dans les herbiers, on trouve beaucoup de la- cunes dans les plus riches collections des botanistes.

Ces difficultés, décourageantes pour le botaniste cjui voudrort s’occuper d’une description systématique des plantes fossiles , ne doivent point cependant arrêter le coup d’œil philosophique de celui qui se borne à chercher la solution de la grande question , si les plantes fossiles qu’on trouve en Europe et sur-tout dans les climals froids appartiennent à des familles encore existantes sous la meme température, à des plantes des pays chauds, ou si elles sont absolument inconnues.

C’est sous ce point de vue que M. de Schlotheim vient de publier le premier cahier de la Flore du monde ancien, et c’est sous ce meme rapport que j’ai mis à profit les facilités que m’a procurées mon séjour à Paris pour les comparer avec les lierbiers des plus célèbres botanistes qui ont bien voulu m’ho- norer de leur confiance, et que j’ose aujourd’hui vous confier les résultats que j’ai recueillis de ce travail (i).

M. de Schlotheim a donné dans son premier cahier vingt- sept gravures des plantes fossiles avec leurs descriptions systé- matiques. La plupart ont été trouvées dans différentes mines de charbon de terre en Allemagne , quelques-unes en France ; plusieurs sont tirées des différens cabinets de l’Allemagne.

Je ne m’aiuéterai ni à celles qui ont beaucoup de rapport à à nos plantes d’Allemagne, ni à celles dont les formes ne sont pas suffisamment prononcées pour les soumettre aune comparaison rigoureuse, puisqu’il suffit pour la décision delà question prin- cipale de déterminer avec exactitude plusieurs analogues.

(i) Cette notice est adressée à M. Faujas-Saint-Fond.

d’ HISTOIRE NATURELLE. 4^^

Tab. III , fig. 5 et 6, L’auteur représente deux fougères qui par leur forme diffèrent de toutes celles de l’Europe. Si les feuilles inférieures de la plante , lig. 6 , sont vraiment connexes , je ne saurois la comparer à aucune plante con- nue jusqu’ici ; mais si par hasard cela se trouvoit être l’effet de la situation génée dans laquelle la plante s’est trouvée au moment de sa compression, il faudroit la comparer avec le poljpodium' orhiculatum ^ Vo’iveX^ Dict. encyclop. , avec le- quel ses feuilles supérieures ont beaucoup de rapport. M. Des- . fontaines en possède plusieurs exenqolaires rapportés de Ma- dagascar par M. Commerson ; la plante fossile a été trouvée dans les mines de charbon à Mamnebach et Mardllek.

Tab. IV, fig. 7. L’auteur compare cette plante au pteris aquilina^ avec lequel elle a effectivement beaucoup de rapport par ses feuilles entières à la pointe , et par les* pointes prolon- gées de ses feuilles pennées : mais le port des pteris paroît dif- férent; leurs folioles sont plus étroites , les pointes plus minces.

Dans l’herbier de M. Desfontaines se trouve parmi les poly- podes une plante non déterminée , rapportée par M. Bory des îles Canaries, qui se rapproche davantage de notre plante , quoiqu’elle ne soit pas parfaitement la meme , ayant les pointes allongées, des feuilles pennées un peu plus étroites et plus poin- tues ; caractère au reste qui n’est pas essentiel et qui pourroit être sujet à des variations. La plante fossile a été trouvée dans les mêmes mines de charbon que la première.

Tab. V, fig. 8. Sans oser déterminer cette plante, l’auteur la rapproche du genre pteris , à juger d’après sa nervure , car elle n’a point de semence. Elle paroît appartenir au genre des polypodes , et se rapprocher particulièrement du pofypodium lineatum de Burman et Thunberg , dont M. Aubert du Petit-

4GG ANNALES DIT MUSEUM

Thouars possède im superbe exemplaire dans son herbier de rile-de-Bourbon, Parmi les plantes de M. Bory , chez M. Des- fontaines il s’en trouve un pareil ; la grandeur de 1^ plante fossile suffit pour la distinguer des fougères de l’Europe : au reste le corps étranger qui se trouve à côté , et que l’auteur a pris pour une grosse tige , à juger d’après la nervure , n’est qu’une partie d’une grande feuille. La plante fossile a été trouvée dans les memes mines de charbon que les deux premières.

T. VII, lig. Il , représente une très-grande feuille de fou- gère, qui par ses folioles très-arrondies et leur extrême rap- prochement , se distingue d’une manière frappante de nos fougères d’Europe; l’auteur la déclare inconnue. Comme cette feuille est représentée avec les fructiücations, on peut la dé- terminer avec grande probabilité pour un polypode. Dans l’her- bier de M. Ventenat se trouve un polypode non déterminé encore de Batavia, qui a un si grand rapport dans l’arron-r dissement et le rapprochement des folioles, la nervure et la position des fructifications, que je ne crois pas me tromper en la déclarant analogue. M. Ventenat ayant eu la complaisance de me céder la moitié de son exemplaire , je l’ai fait dessiner pour le soumettre au jugementdes maîtres plus exercés dans l’art dif- ficile des déterminations botaniques (V. pl. 3 i.) : je dois observer cependant , que si les folioles de la plante comparative pa- roissent plus écartées vers leur sommet , cela provient de ce que, l’exemplaire desséché n’ayant pas été fortement comprimé pendant la dessiccation, les bords des folioles se sont recoquillés; ce qui n’a pas pu avoir lieu dans la plante fossile , qui a subi une compression lente peut-être, mais toujours humide, qui ne pcrmettoit pas aux feuilles de se rétrécir.

V Dans l’herbier de M. Desfontaines il se trouve également

d’ HISTOIRE NATURELLE.

un exemplaire d’un polypode non déterminé qui se rapproche inhuimenl de cette plante, et pourroit être la meme, un peu plus jeune encore^ elle est cependant déjà dans le commen- ■cement de la fructification, et la remarque que je viens de faire lui est aussi applicable. La plante fossile provient égale- ment des mines de charbon de Mamnehach et Mardflek.

La fig. i8 , tab. X, de l’ouvrage de M. de Schlotheim, repré- sente deux exemplaires d’une plante en dilférens états ; car il est connu que les feuilles des fougères se recoquillent fort souvent quand elles entrent en fructification , et par chan- gent leurs formes , ce qui peut les faire ressembler à deux plantes différentes. Dans le premier cas, il faudroit comparer avec cette plante le polrpodium leptophj llum de Linné , figuré dans Magnol et Barellier, qui , lorsqu’il est en fructifica- tion , se rapproche beaucoup de la seconde plante de la même figure i8 ; les feuilles radicales qui distinguent cette plante pourroient avoir été desséchées , ou enlevées lors de la catas- trophe qui l’a entraînée. (Cette plante habite le midi de la France, et les cotes de la Barbarie.]

Dans le second cas , les deux exemplaires figurés appar- tiendroieut à des plantes différentes, la première mérite une attention particulière.

L’auteur la compare avec Vadiantum nigriim cliinense figuré dans Pluknet.^ Almag. p. lo, tab. 4, hg- i, avec lequel elle a certainement beaucoup de ressemblance , quoique son port paroisse plutôt annoncer celui des acrosticJium ^ qui est plus roide et plus vigoureux.

En parcourant les différens herbiers, j’ai trouvé dans celui de M. Desfontaines un acrosticlium de file de Bourbon , rap- porté par M. Bory , et un autre rapporté des tropiques par

46B ANNALES Dtr MUSEUM

MM. HumLolilt et Bonpland , qui paroit faire la transition des deux plantes qui se trouvent sur l’impression fossile; la forme des folioles appartient à la première , le port à la seconde, et dans l’état de maturité les folioles changent de forme: ce rapprochement a beaucoup de ce caractère indéterminé que présentent les plantes fossiles. Je n’hésite pas de faire figurer une branche de la dernière qui m’-a été généreusement offerte par ces illustres voyageurs, auxquels les sciences sont rede- vables de tant de lumières , pour la soumettre à une compa- raison rigoureuse des botanistes (V. pl. 82, fig. i ): la plante fossile vient de France; l’endroit elle a été trouvée n’est pas connu (i). La fig. 19 de l’ouvrage de M, deSchlotheim est une fougère arbre , qui certainement jusqu’ici n’a pas été décou- verte en Europe.

Elle rentre dans le genre figuré par Plumier , dans sou Traité des fougères de l’Amérique, tab. 20, sous le nom de y/h\r villosa pinnatis (jiiercinis foUis\ mais l’espèce est diffé- rente : car dans la plante de Plumier, les folioles sont connexes

(i) Ayant trouvé à mon retour à Ratisbonne le premier cahier delà cryptogamie de l’Allemagne par Skubr , que je ne connoissois pas encore à Paris , je dois ajouter une note qui me détermine à déclarer les deux, plantes figurées pl. X , fig. 18 , comme appartenant à la même plante acrostichum; la première fig. repré- sentant une feuille stérile , et la deuxième une feuille en fructification. U acros^ tichuni hifurcatum, frondibus distinctis , sterilium pinnis lineari-dichotomis , fertilium , ùvatisi bfidis simplicibusque; SwartZy Fil.-Osmunda bifnrcata jacq, Coll. f. 0.0, fig. 4; - Filicxda corniculata P Indu Mant. tab. 55o, fig. 4}

Dentsiilands Rryptogamische Gewâcbse von-Skubr, I. Heft, n. tab. II , repré- senté dans les deux états différens, me paroît si prononcé qu’il ne me reste plus de doute au sujet de l’autre sur la détermination de la plante fossile , qui est assu- rément un acrostichum entre les deux espèces. Or la plante de MM. llumboldt et Ronpland est des tropiques , et celle de Swartz de l’ile de Sainte - Hélène ; et par conséquent l’analogue de l’autre plante fossile peut être supposé , avec une grande probabilité , appartenir à des climats chauds, ,

d’ H 1 s T O I R E NATURELLE. 4^{J

j[e long du pédoncule , et dans notre plante elles sont séparées. Dans l’herbier de M. Decandolle il se trouve un exemplaire d’une espèce non déterminée du genre diksonia qui a tant de rapport avec la plante figurée par M. de Schlotlieim , que j’en ai fait dessiner une petite feuille (V . pl. 3^, fig. 2], avec ses folioles pour la comparaison. Comme cependant l’exem- plaire de l’herbier de M. Decandolle n’est pas complet , je n’ose point prononcer sur sa parfaite identité avec notre plante. La plante fossile vient de Sarhrük.

La figure 25 de M. Schloteim présente différentes folioles éparses , qu’on rencontre fort souvent parmi les impressions fossiles des mines de charbon de terre , ainsi qu’on peut le voir dans le cabinet intéressant de M. Faujas de Saint-Fond j leur forme est toujours la meme, et elles se rapprochent par leurs ner- vures bien dessinées de la famille des osmunda , particuliè- rement d’une espèce de la Caroline méridionale, qui se trouve dans l’herbier de M. Decandolle; mais les feuilles des os?nunda sont presque toujours inégales à leur base et crénelées, pendant que dans celle-ci elles sont émarginées en forme de cœur et entières. Comme la nervure ^cependant forme son caractère essentiel, j’en ai fait graver une branche pour la com])araison.

|V^1.U.,%3). * '

La fig. 26, tab. XIII, de l’ouvrage cité, quoique très-pro- noncée , est d’une forme si particulière qu’il paroît impossible de la classer. La plante fossile a été trouvée dans les mines de charbon de Mardflek.

Après toutes les recherches et comparaisons que j’ai faites , U me paroît démontré que les plantes fossiles qu’on trouve dans les climats froids de l’Europe, se rapprochent beau- coup plus des plantes des zones d’une température plus élevée , 5, 60

ANNALES DU MUSEUM

et que c’est plus particulièrement qu’il faut chercher leurs analogues , comme on trouve en général ceux des poissons et des coquilles dans la mer du sud. Le plus grand nombre nous reste encore à découvrir; la multitude des nouveaux genres^ et les espèces infinies de genres connus, que la Nouvelle -Hollande et les Tropiques viennent de fournir à la botanique, prouvent assez qu’il ne faut pas nous laisser décourager dans nos recherches.

Les feuilles fossiles de Rochesauve , dont plusieurs bien exac- tement déterminées se trouvent encore dans nos climats , paroissent appartenir à une autre époque et à une révolution particulière (i ) ; il n’est point à présumer que des branches et de grandes feuilles de fougères puissent se détacher de leurs tiges, ou de leurs racines très-fibreuses, par l’impulsion des eaux; bien moins encore quelles puissent voguer des milliers de lieues sur les flots de la mer , sans se dénaturer : il est* donc probable qu’elles habitoient dans les environs des lieux on les trouve, et que les climats qui les ont vu naître diffé- roient beaucoup de la température qu’ils ont aujourd’hui.

Mais avant de donner un libre essor à notre imagination , il est essentiel de rassembler un plus- grand nombre de faits incontestables, dont les conséquences se déduiront d’ elles-mêmes.

Pour cet effet, il seroit à désirer que des botanistes célèbres voulussent s’occuper plus particulièrement de la famille des fougères, en faisant entrer dans leurs définitions la forme et le nombre des nervures qui déterminent le plus souvent le site des fructifications , et en nous donnant des gravures des- sinées avec une scrupuleuse exactitude.

(i) M. Faujas de Sainl-Fond, qui a publié un Mémoire sur ces feuilles dans les Annales du Muséum, tom. 2, p. 55g, s’occupe maintenant d’un ouvrage plus détaillé sur ce même objet, les gravures , dont j’ai vu une partie déjà terminée, consta- teront ce que j’ai annoncé.

d’ H I s T 0 I R E N A T U R E I, L E.

4 71

ÉTAT

Des dons faits aji Muséum par ses Correspondans ^ soit en graines ou en végétaux vivans , depuis le messidor an XI jusques et compris le dernier complémentaire an XII.

NOMBRE DE

Graines.

I\.Eçu de Messieurs (i)

Liolard , botaniste cultÎTateur à Grenoble : 66 espèces de graines de plantes alpines , voisines de la Grande-.Chartreuse j la plupart manquant à la collection nationale 66 Baudin , capitaine : par le navire le Naturaliste , expédié du port Jackson dans la Nouvelle Hollande , plus de 1000 paquets de semences, renfermés dans trois caisses différentes, et pouvant composer environ 45o espèces distinctes , dont à peu près 60 ap- partiennent à des genres nouveaux et composent de nouvelles fa- milles naturelles, ci 4^o

Plus , du meme et par la même occasion , reçu 55 caisses ou demi-barils remplis d’arbustes et de plantes en nature, recueillis sur les côtes delà Nouvelle Hollande et dans l’ile de Timor. Ils étoient au nombre de plus de 900 individus , dont environ 45 sont arrivés viv-ans , parmi lesquels se sont trouvés 7 pieds du lin de la Nou- velle-Zélande , et quelques arbres fruitiers de la Chine , embarqués à rile-de-France. Mais les terres de ces caisses , renfermant des graines des pays elles ont été ramassées, ont produit plusieurs plantes nouvelles intéressantes , telles que des opercularia , des jrf,inosa , des casvarina, des graminées, et le gymnostyles , genre nouveau, établi par le professeur Jussieu. Ainsi on peut porter à 90 le nombre des plantes en nature contenues dans ces barils, ci.

Lasteyrie , membre de la société d’agriculture de Paris : 5o es- pèces de graines de plantes économiques , recueillies en Espagne , dont plusieurs étoient Inconnues en France , ci 3o

Végétaux.

-U

9.0

^1) Ils sont rangés ici dans l’ordre de la réception de leurs envois.

60 ^

546 90

.'i

-'i;

2

ANNALES DU MUSEUM'

NOMBP.E DE

Graines.

Végélaui.

Report

Dcurbrouq , de Bercy : 9 espèces de graines recueillies dans les îles Antilles , et appartenant à des plantes qui ne fructifient point

en Europe, ci

Bermon (madame): 25 variétés de melons d’excellentes l’aces , parmi les cantaloups , ceux d’IIonfleur , les sucrés verts et ma-

raicliers , ci

Broussonet , de l’Institut ; g3 espèces de boutures de plantes grasses , formant la collection de celles qui se cultivent en Angle- terre; plusieurs de ces plantes manquoient à la collection nationale, cl Du même : reçu 97 especes de graines arrivantes en Angleterre,

du port Jackon et de Botaui-Bay , ci

Willdenow , profes.eur , de Berlin : par M. le elievalier de Bray,5o espèces de graines déplantés utiles à l’école debotanique,ci Bory-Saint- Vincent , voyageur de l’expédition de découvertes: 02 espèces de graines récoltées en l’an X , dans l’ île de la Réunion, cl Sclirader , professeur , directeur du jardin de botanique de Got-

tlngue: 100 especes de graines utiles au jardin , cl

Bosc, naturaliste: 5o espèces de graines qu’il a recueillies en Italie, et qui la plupart sont utiles aux! collections du Muséum , ci. . .

Du meme , 4o espèces de graines de planies utiles dans l’économie rurale et le jardinage, dont plusieurs étoicntde races perfectionnées

par la culture , ci

Armano, directeur de la culture du jardin de botaniquede Milan: 17 plantes en nature , presque toutes Inconnues au Muséum, ci .

Richard , jardinier botaniste à Versailles : 8 espèces de graines de plantes d’ornement, de variétés perfectionnées par la culture, ci Gabriel , jardinier en chef du fleuriste de Saint-Cloud: 9 ar- bustes de l’Amérique septentrionale , et d’espèces rares et délicates,

ci

Faucheux , jardinier de la ci-devant école centrale à Fontaine- bleau : G espèces d’arbustes et de plantes vivaces , propres aux

écoles , ci ,

Capou ( Michel ) , jardinier en chef du jardin de botanique de

546

9

25

97

5o

52

100

5o

40

8

857

90

95

17

9

G

2i5

r

D H I s T 0 I R E NATURELLE.

''nât.

ÎV’OMERE DE

Or

Report 83 y

Montpellier (le plus ancien de France): 58 individus d’arbustes et de plantes qui manquoient au jardin, et formant lo especes dif- férentes , ci

Lecharlier, pépiniériste à Caen: une espèce de proie a qui man-

quoit à la collection , ci

Lescalier , conseiller d’état : 6 espèces de graines arrivant de la Guadeloupe , et appartenant à des végétaux rares en Europe , ci . 6

Rose , directeur de la pépinière nationale de Trianon : 4o indi- vidus en 33 espècès différentes d’arbres et arbustes utiles aux re- garnis des diverses écoles et de la pépinière du jardin , ci , . .

Lezerme , directeur de la pépinière nationale du Rotde : à Paris ,

4 arbres et arbustes propres à l’école de botanique générale , ci .

Hervy, directeur de la pépinière nationale d’arbres fruitiers des Chartreux : i espèces de pêchers pour l’école des arhres fruitiers

du jardin , ci . .

De M. Mirbel , de part de S. M. l’impératrice : 19 espèces de graines étrangères nouvellement arrivées en Europe , ci . . . . iq

Necker ( de Saussure ) de Genève : 5o espèces de gi’aines de plantes des Alpes , utiles au renouvellement de ces végétaux qui

vivent peu d’années dans les jardins , ci 5o

Marie, garçon jardinier au Muséum : i5o pieds d’arbustes delà campagne des environs de Paris , dans le genre des bruyèi’es , des genêts et des airelles , pour faire deS bordures de plaie-bandes, ci Jouette, pépiniériste à Yitry : 9 arbres d’alignement pour les

regarnis des allées du jardin, ci

Balbis , professèur et directeur du jardin de botanique de Turin : i4o espèces de graines de plantes alpines, et de celles cultivées dans son jardin. Cet envoi renfermolt un bon nombre de plantes nouvelles pour le Muséum , et d’espèces utiles et agréables, cl . . i4t) Mirbel, intendant des jardins de la Malmaison, ii espèces de

graines envoyées d’Espagne par M. Cavanllles , ci j i

Spriugel , directeur du jardin de botanique de Hall en Saxe 191 espèces de graines de plantes de sa récolte, parmi lesquelles

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Vé2étau\.

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488

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ÂKNALES DU MUSEUM

nombre de

Graines.

Végétaur.

Report

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488

se sont trouvées plusieurs especes nouvellement décrites , ci . .

Amelot , propriétaire à Buzenval : 12 individus de 10 espèces d’arbres et arbustes propres à la pépinière, ci

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12

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Bosc, directeur des pépinières nationales de Versailles et de Trianon : 45 Individus, en 18 espèces d’arbres étrangers, en jeunes plans propres à la pépinière et à l’école de botanique générale, ci

45

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1

Duebesne , professeur de botanique à Versailles: i pied de juniperus sur la tige duquel se trouve un remar- quable dont la végétation est intermittente , ci

I

i

Oabi’iel , jardinier en clief du fleuriste de Saint-Cloud : 25 indivi- dus de 6 espèces d’arbustes étrangers, nécessaires à la pépi- nière , ci

Cavanilles , professeur de botanique à Madrid : t^oo especes de graines de sa récolte, et parmi lesquelles se trouvent celles de

plantes nouvellement introduites en Europe , ci 4®®

Thury (de), propriétaire cultivateur: lo especes de graines de pins, la plupart étrangers, récoltés à Tbury près la Ferte-Milon,

en Valais , et utiles à la pépinière, ci lo

Guichard, pépiniériste à Montbart , 8 arbustes étrangers, d’es- pèces différentes , proj^res à l’école des arbres fruitiers et à la pé- pinière du jardin , ci , . , , .

Jacquin , professeur de botanique à Vienne en Autriche , 25

especes de graines de plantes précieuses, ci

Palissot-Beauvois , correspondant de l’Institut , 5 espèces de graines de plantes très-rares, recueillies dans son herbier fait en

Afrique et en Amérique , ci . . 5

Pascal , professeur et directeur du jardin de botanique de Parme:

200 espèces de graines de sa dernière récolte , parmi lesquelles se

trouvent beaucoup de plantes peu communes, ci 200

Sebreiber , directeur du jardin de botanique d’Erland : 5o espèces de graines récoltées aux Indes orientales l’an dernier , et au nombre

desquelles se trouvent des plantes très-rares , ci 50

^’occa , professeur de botanique à Parie : 5oo espèces de graines

1982 I 577

d’ HISTOIRE NATURELLE.

Keport . . . ,

de sa récolte, dont un petit nombre manc|uoIl à la collection na- tionale , ci ....

Lasteyrie, de la société d’agriculture de Paris : ii espèces de graines de plantes économiques recueillies en Espagne , et de variétés utiles à l’école des plantes économiques du Muséum , ci . 1 1

Allaire , administrateur général des forêts : lo especes de graines d’arbres résineux des forêts, propres à fournir de jeunes plants pour

la pépinière , ci

Wiborg, professeur de médecine et de botanique à Copenhague:

093 espèces de graines de plantes de sa récolte et de celle de ses

correspondans d’Asie et du nord de l’Europe , cl Sgo

Vahl,directeurdu jardindebotaniquede Copenhague : i47 sortes de graines de plantes, parmi lesquelles se trouvent beaucoup d’es- pèces nouvellement établies , ci 1^7

Armano , directeur du jardin de botanlqtie de Milan : 27 especes de graines demandées et qui manquolent au jardin , ci . , .

Laurent , jardinier en chef du jardin de la marine à Brest 1 3o pieds de fraisiers du Chili , espèce intéressante qui manquoit dans l’intérieur de la République, et qui , par cet envoi, s’y trouve

multipliée abondamment, ci

Balbls, professeur de botanique à Turin : 2 4O espèces de graines de plantes de son jardin , et qui la plupart manquolent à l’école de

botanique générale, ci 240

Morelle , directeur du jardin de botanique de Berne en Helvétle:

54 espèces de graines et 18 pieds de plantes alpines en nature,

utiles au jardin, ci .... 54

Vahl (Martin ), professeur de botanique à Copenhague : 180 es- pèces de graines de plantes du nord de l’Europe et de l’Asie , dont

plusieurs manquolent à la collection du Muséum , ci igo

Hum (Mlladl), de Londres : 17 espèces de graines arrlvantdes Indes orientales , presque toutes de végétaux rares en Europe, ci . 17

Lambert , de Londres : par M. Labillardière , de l’Institut national de France-, 216 -espèces de graines arrivant des possessions anglaises des Indes orientales , et renfermant des plantes pré-

5345

27

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A N' .N A L £ s DU MUSEUM

KOMBRE DE

Graines. ; Végétaux.

"Report 5545

cieuses , ci , 2 iG

Jacquin , professeur de hotanique à Vienne : par le professeur Desfontaines, 70 espèces de graines de plantes peu connues ou

nouvelles en Europe, ci ...... 70

Viviani, professeur de botanique à Gènes ; 3o especes de graines déplantés qui nianquoient au jardin , ci 5q

Cossigny, de la société d’agriculture de Paris: 7 espèces de graines recueillies à l’Ile-de-France, et d’arbres peu connus en

Europe , ci ......... , . . ^

Du jardin de botanique de Palerme en Sicile : 197 especes de semences de plantes peu rc’pandues dane le nord de l’Europe, ci 197 Vilmorin , de la société d’agriculture de Paris, nombre de jeunes plants de 5 espèces de fraisiers qui manquoient à la collection du

jardin , ci

Petit-Pierre , médecin botaniste à Saint- Aubin prèsNeufcliâtel en Suisse : 175 espè.ces de graines récoltées dans ses montagnes , et dans le nombre desquelles se trouvent des espèces peu connues , ci 17^ Schreiber, directeur du jardin de botanique d’Erland : 69 espèces de graines récoltées dans la Russie méridionale , et au nombre desquelles se trouvent des plantes nouvelles pour le Muséum, ci . 69

Lescalier, conseiller d’état: 124 espèces de graines recueillies pendant l’année dernière dans l’Amérique tempérée; cet envoi est intéressant par les arbres et plantes rares qu’il renferme , ci . . 124

Marshall, naturaliste , établi en Russie : 196 espèces de graines récoltées au Caucase et sur les bords du Volga , en l’an XI ; pres- que toutes sont des plantes rares ou nouvelles en Europe , ci, , 196

Ranffls ( Antoine ) , botaniste cultivateur à Salzbourg : 200 es- pèces de graines de plantes peu communes, de sa récolte, ci . . 200

Institut national (de 1’ ) de France ; 97 espèces de graines du mont Caucase, recueillies sur sa pente méridionale , et du nord de l’avant-mont et de l’Arara , envoyées par M. Moussin-Pouskin , directeur des mines de Géorgie ; cet envoi est très-précieux, par

les choses rares qu’il renferme , ci 97

Viviani , professeur de botanique à Gènes ; 5o espèces de graines

725

5

705

4728

L E.

D HISTOIRE NATUREL

477

NOMBRE DE

8

Report . . . . ^^26

tle plantes étrangères récoltées dans son jardin , dont la plupart

manquoient à la collection nationale , ci ^0

Jardin (du) de botanique de Vicence , par M. Thierse , 160 es- pèces de graines de plantes étrangères , dont la plupart manquoient

au Muséum , ci 1 Go

Fourcroy, professeur au Muséum: 21 espèces de graines de l’Amérique septentrionale , et la plupart d’arbres et arbustes qui

ne fructifient point encore en Europe , ci 21

Du même, 21 espèces de graines de l’Amérique septentrionale, qui lui ont été remises par M. Mirbel , et au nombre desquellès

se trouvent des plantes nouvelles , ci 21

Lescalier , conseiller d’étàt : 17 espèces de graines des Antilles

et de rHe-de-France, récoltées l’an dernier , ci 17

Lormerie , correspondant du Gouvernement pour l’agriculture dans les Etats-Unis : 8 espèces de graines de plantes économiques

et d’arbres utiles , ci

Nocca , professeur de botanique en l’université de Pavie : par l’Institut national de France, 200 espèces de graines de la ré- colte de son jardin , et parmi lesquelles se trouve un bon nombre

d’espèces nouvelles , ci 200

De l’expédition de découvertes , commandée par le capitaine Baudin , par le navire le Géographe , et sous la conduite du sieur Guichenot : 63 caisses ou demi-barils remplies de plus de 1000 individus d’arbres et de plantes eu nature, recueillis au port Jackson, dans la Nouvelle - Hollande , dans le détroit de Basse, à Timor, à ITle-de-France et au Cap-de-Bonne- Espérance. De tous ces végétaux , 25o environ se sont trouvés vi- vans ou donnent encore quelques signes de vie ; les autres étoient secs et morts : 98 espèces des moins malades ont été choisies par M. Mirbel pour les serres de la Malmaison , et le reste est de- meuré au Muséum , un très-petit nombre végète dans ce mo- ment , ci

Reçu par le même navire, deux grandes caisses de graines

Graines [Végétaux.

5.

5129

61

728

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865

478

ANNALES DU MUSEUM

nombre be

Graines.

Végétaux.

600

Report 5129

récoltées dans les mêmes pays que les Tegétaux. en nature, pou- vant former environ 600 espèces différentes , lesquelles ont été partagées en égales parties entre le Muséum et le jardin de la Mal- maison; cet envoi précieux a produit un grand nombre d’indi- vidus d’arbres et de plantes nouvelles pour l’Europe , au nombre desquels se trouvent plusieurs genres nouveaux tri s-intéressans, ci D’un jardinier allemand domicilié_au cap de Bonne-Espérance: environ un boisseau de petits oignons de plantes lillacées d’un ^ grand nombre de genres et d’espèces différentes , en même temps

que deux litrons de graines du protea argentea , ci i

Nota. Au nombre des envois qui ont été faits au Muséum na- tional d’histoire naturelle on doit compter celui composé et ap- porté de Caienne en Europe par M. Joseph Martin, direc- teur des cultures d’arbres à épiceries. La partie des végétaux vi- vans étoit contenue dans 1 5o caisses, lesquelles renfermoient plus de 10,000 individus d’arbres et arbustes et de plantes ramassées dans l’intérieur des terres de la'Guianne française, à plus de (io lieues de distance de la ville de Caienne. Ces Individus composoient 1800 espèces différentes , qui entroient dans plus de 780 genres distincts dont les trois quarts sont inconnus aux botanistes euro- péens. Les graines de plantes herbacées , annuelles ou vivaces, rem- plissoient quatre grandes caisses et formoient un nombre d’es- pèces différentes de plus de 1200, presque toutes inconnues en Europe. Cette riche collection contenoit des herbiers , des échan- tillons de bois , des gommes , des résines et des fruits d’un très- grand nombre tle végétaux; plus, des assortimens de minéraux, de coquilles, de testacées , d’insectes, de poissons , de reptiles, d’oi- seaux , de quadrupèdes et de quelques produits des arts des peuples de la Guyanne française ; et enfin un journal d’observation , des descriptions méthodiques d’un très-grand nombre de produits de la natiu e , la complétoient. Sa masse totale , contenue dans 262 caisses, remplissoit un vaisseau; elle avoit occupé M. Martin plus . de trois ans à la former et à la décrire aux dépens de sa fortune et

575o

5(32

600

146S

d’ HISTOIRE NATURELLE.

479

Report . . . .

•au péril de sa vie. Celte collection est arrivée dans le meilleur état possible Jusqu’à l’entrée de la Manche , à la vue des côtes de France , deux corsaires de Gersey s’en sont emparés le 2 1 thermidor an XI, ont conduit leur prise en Angleterre, et mis M. Martin dans les fers, il est resté jusqu’au 8 brumaire suivant.

Cet envoi est le plus considérable pour le nombre des objets, et le plus précieux pour le choix de l’assortiment, de tous ceux qui ont été faits au Muséum depuis sa création et peut-être ^en Europe. Puisse-t-il n’être pas entièrement perdu pour le progrès des

NOMBRR DE Graine si Végétaux.

5730

sciences! ci

P. mém

Nestler , pharmacien à Strasbourg : 5o espèces de graines de plantes décrites par MM. Waldstein et Kitaibel, dans les Plantœ rariores Hnngariœ ; cet envoi est très-utile| au complément de l’é- cole de botanique , ci . 5o

i465

5780 J 1465

48o

ANNALES DU MUSEUM

ETAT des séries des végétaux composant la distribu- tion générale des semences faites parle Muséum , depuis le i!''' messidor an XI jusqu’’ au dernier complémentaire an XII.

Cette distribution a eu pour objet :

1.® Les jardins d’instruction pubiique établis dans les dé- partemens \

1? Les jardins d’agriculture expérimentale , médicinaux et de botanique^ répandus sur les différens points de la République 5

3 ° De fournir à des particuliers cultivateurs et botanistes de l’intérieur et des colonies de la France, les moyens de cultiver et de répandre les végétaux utiles aux progrès des sciences et de l’économie rurale ;

4.° Et enlin les jardins d’agriculture et de botanique étrangers qui sont en correspondance d’échange avec le Muséum d’histoire naturelle.

Les graines de celte distribution ont été choisies parmi celles des divisions sui- vantes :

1. ° Les plantes céréales nouvellement introduites ou peu répandues dans

diverses parties de la France. Elles sont au nombre de 5g espèces ou va- riétés et sous-variétés différentes , ci 3g

2. ® Les racines , herbages , salades , fruits et graines légumières , des-

d’ H 1 s T O 1 R E NATURELLE.

48i

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Report

pcces , (le variétés , de sous-variétés et de races perfectionnées par la cul- ture dans les Jardins de l’Europe. Elles forment un nombre de hj5 sortes différentes, ci lyî

3." Les fourrages peu connus dans diverses parties de la France , et les * plantes soupçonnées pouvoir- fournir une nourriture saine et abondante aux. bestiaux, sur lesquelles il est utile de tenter des expériences dans divers sols et sous différons climats. Le nombre des graines rangées dans cette

division *s’est élevé à 58 especes dilféi’entes, ci 58

4. “ Quelques plantes médicinales de propriétés les moins équivoques et

les plus généralement employées, formant un nombre de 76 espèces, cl . 76

5. “ Les plantes qui produisent des semences dont on tire des huiles propres à la préparation des alimens , ou qui sont employées dans les

arts. Elles sont au nombre de 16 espèces ou variétés, ci iG

6. ° Les végétaux dont les produits sont employés dans les arts de la

fdature , de la teinture, de la draperie et autres. Elles composent un nombre de 42 espèces et variétés différentes , ci 42

7. ^ Les plantes pittoresques vivaces, et les fleurs propres à orner , par- fumer et salubrifier le voisinage de l’habitation de l’homme. Celles-ci sont

au nombre de 374 espèces ou variétés différentes, ci 5^4

8. ” Les arbustes et les plantes vivaces de climats chauds , propres' à

orner , pendant l’hiver , les orangeries , serres chaudes et tempérées. Le nombre de celles-ci est de 32 espèces distinctes , ci . 52

9." Les arbres , arbrisseaux , sous-arbrisseaux et arbustes de pleine terre, presque tous étrangers, acclimatés en France, propres soit à em- ployer utilement des terrains regardés comme stériles, soit à embellir les Jardins , border les grandes routes , former des masses de plantations dans les campagnes, et enrichir et parer le sol de la République. Les graines de cette série , mises en distribution, se sont élevées au nombre de 149 espèces ou variétés différentes , y compris celle des arbres toujours verts et résineux , ci j

io.° Parmi un assortiment de 1146 sortes de graines d’espèces remar- quables et de genres étrangers recueillis au Muséum , choisies dans presque toutes les classes , les ordres et les familles , de manière à former des séries de végétaux propres à l’enseignement de la botanique , ci . . . , 1 1 4G

2127

482 ANNALES DU MUSEUM

Report ai 37

11, “ Les demandes *des professeurs , correspondans et cultivateurs , spé-

cifiées sur des listes ou catalogues , ont été remplies sur le fond de semences (pli se récolte annuellement dans les jardins du Muséum. Il s’est élevé cette année à 41 65 espèces différentes de celles désignées dans les séries précédentes , ci 4*63

12. " Et enfin, parmi io5o especes de graines récoltées par les sieims

Riedlé , Saulier et Guichenot, jardiniers de l’expédition de découvertes commandée par le capitaine Baudin , tant aux Canaries, à l’Ile-de-France, à Timor , que sur les côtes de la Nouvelle Hollande et au cap de Bonne- Espérance, ci loSo

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TABLE A U des productions végétales distribuées et reçues par t Administration du Muséum d histoire naturelle y depuis le \ T messidor an XI, jusqu au dernier complémentaire an XIL

TABLE

DES

MÉMOIRES ET NOTICES Contenus dans ce 5.' volume, disposée par noms d’ Auteurs.

M, FAUJAS-SAINT-FOND.

>

Notice sur un essai de culture de la patate rouge de Phi- ladelphie dans les environs de Paris. 58

De la prehnite désignée sous la dénomination de zéolite cuivreuse du dufhé des Deuœ-Ponts , de la roche qui lui sert de gangue , et lieu Von peut la trouver. 7 1 Voyage géologique depuis Mayence jusqu à Oherstein , par Creutznach , Martein-Stein et Kirn. 298

Classification des produits volcaniques. 325

MM. FOURCROY et VAUQUELIN,

Analyse de Vichtyophthalmite. Siy

M. VAUQ^ÜELI‘N.

, V / '"A

Précis des expériences faites sur un minéral appelé, cérite ^ ''et sur la substance particulière qu ü. contient et quou regarde comme un métal nouveau. 4^5

5. 62

486 NOTICE DES MÉMOIRES.

M. DESFONTAINES.

Précis ^ un mémoire de JM. Mirbel sur t organisation végé^ taie. 8o

M. DE JUSSIEU.

Notice sur V expédition à la Nowelle-Hollande , entreprise pour des recherches de géographie et dliistoire na- turelle. I

Mémoire sur le Loasa , genre de plantes qui devra consti- tuer avec le Mentzelia une nouvelle famille. \ 8 Premier mémoire sur les caractères généraux des familles , tirés des graines et confirmés ou rectifiés par les ob-

servations de Gærtner.

216

Deuxième mémoire sur le même sujet.

246

Proisième mémoire sur le même sujet.

417

M. LAMAROR.

L

Mémoire sur deux espèces nouvelles de volutes des mers de la Nouvelle-Hollande. i54

Mémoire sur la galathée. 4-30

Suite des mémoires sur les coquilles fossiles des environs de

' Paris. 28—91—179 237—349

M. CUVIER.

Mémoire sur Torichidie.^ genre de mollusques nus., voisin des limaces , et sur une espèce nouvelle , onchidium Peronii.'i ' 37

'Additions et corrections à l’article sur les ossemens fossiles du tapir. - 62

%

ET NOTICES.

487

Additions à V article sur V hippopotame. 56

Mémoire sur les ossemens fossiles d’hippopotame. 99

Mémoire sur la pliyllidie et sur le pleuro-branche , deux nouveaux genres de mollusques de la famille des gas^ téropodes , et voisins des patelles et des oscabrions y dont l’un est nu , et dont l’autre porte une coquille cachée. 266

Mémoire sur le squelette presque entier d un petit quadru-^ pède du genre des sarigues trouvé dans la pierre à plâtre des environs de Paris. 277

Sur le megalonix , animal de la famille des paresseux , mais de la taille du bœuf ^ dont les ossemens ont été dé- couverts en Virginie, en 1796. , 358

Sur le mégathérium , autre animal de la famille des pares- seux , mais de la taille du rhinocéros , dont un sque- lette fossile presque complet est conservé au cabinet royal d’histoire naturelle à Madrid. 376

Description des os du mégathérium , faite en montant le squelette y par D. Jean-Baptiste Bru^ traduite par M. Bonpland, et abrégée. 388

Mémoire sur la dolahelle, sur la testacelle, et sur un nou- veau genre de mollusques à coquille cachée , nommé parmacelle. , 4^5*

M. LAUGIER.

Analyse du disthène de Saint- Gottard. ,

Analyse de l’amphibole du cap de Gattes , dans le royaume de Grenade. q3

Analyse de j’épidote grise du Valais en Suisse. 149.

, 62*

488 TABLE DÉS MEMOIRES.

Analyse d'une pierre silicéo-fernigineuse de couleur jaune- vérdâtre. 229

- M. LATREILLE.

Notice des espèces «^'abeilles vivant en grande société et formant des cellules hexagones , ou des abeilles pro- prement dites. i6i

' M: 'TOSCAN.

' *r '

'Précis du journal de T éruption du T^ésuve^ depuis le 11 août jusqu au 18 septembre i8o4^ publié à Naples par M. le duc Della-Torre. 44^

c- , ' I ^ \ ~

M. P E R O N , naturaliste de l’expddition des découvertes.

Précis d'un mémoire lu à T Institut national sur la tempéra- ture de la mer , soit à sa surface j soit à divej'ses profondeurs. - ' i23

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,\r \ .n-ufM. 'TrUR-P I N. . .s-' ^

Descriptîondune nouvelle espece de thodinîa. l\Oi

, Observations sur des rbus aromaticum ef suayeolens. 44^

^ ^ CORRESPONDANCE.

.i\ [ '

lettre de M. Barry , ancien commissaire général de la ma-

" rine ^ à M. Paujas Saint'Pônd‘, sur un poisson fos- sile trouvé à Nanterre, i > 64

Extrait d'une letre de M. Thomas Jefferson, président des

é i Etats~‘Oms'^d^i Amér^uefk M. Füùjas-Saint-Eùiul.

3i6

ET NOTICES. 489

Extrait d’une lettrée de M. Ernouf^ commandant à la Gua- 'deloupe , à M. F aujas-Saint-Fond , sur des cadavres de Caraïbes i enveloppés dans des masses de madré- pores pétrifiés.

Notice sur les analogues des plantes fossiles , par M. le comte de Sternberg. [fj'i

Etat des dons faits au Muséum par ses correspondans , soit en graines ou en végétaux vivans ; depuis le mes- sidor an XI , jusques et compris le dernier complé- mentaire an XII. 471

Indication des gravures du cinquième volume.

Planche I. i.Loasa sclareœfolia ; 2. L. acerifolia; “à. L.tri- loha. Page 18

II. I. L. xantliiifolia j "i. L. nitida. - ihid.

III. I.Z.. contorta ; 1. L. acanthifolia. ihid.

IV. \.E. amhrosiœfolia\ 1. L. grandiflora. ihid.

V. I. L. volubilis; 2. L. triplijlla. ihid.

VI. Oncliidium Peronii. 87

VII. Poi'tion dune tige de haricot vue au micros-

cope. 80

VIII. Portion de la racine du haricot vue au mi- croscope. ibid.

IX . X , XI. Ossemens fossiles d’ hippopotame. 99.

XII. I. Volute ondulée ; 1. V. neigeuse; 3. variété

de la V. neigeuse. i54

XIII. Plusieurs espèces d’abeilles. 161

490 indication des gravures.

XIV. Squelette de V aï. 189

XV. Tête et pieds de taï. ' ibid.

XVI. Tête et pieds de ïunau. ibid.

XVII. \y 2: Bassin et pied d ai; 3, 4> -dtvanU

bras y jambe et pied d’unau. ibid.

XVIII. A. iS. phyllidia trilineata ; . P . ocellata ; 8. P. pustulosa. B. 1-6 pîeurobranchus Pe- ronii. 266

XIX. Sarigue fossile. 277

XX , XXI, XXII. Vues des rochers de l’Am-gef al- len fels 3i4

XXIII. Ossemens du mégalonix. 358

XXIV > XXV. Squelette et ossemens fossiles du

mégathérium.

XXVI. Thouinia pinnata. XXVII. Thouinia trifoliata. XXVIII. Galathée à rayons.

376

4oi

ibid.

43o

XXIX, Dolabelle., testacelle.^ parmacelle et son

anatomie. 4<35

XXX. Rhus aromaticum. 44^

XXXI ^ XXXII. Fougères dont il paroit que les

- analogues fossiles sont gravés dans l’ouvrage de ü/. Schlotem. 4^2

TABLE ALPHABÉTIQUE

DES ARTICLES

Contenus dans ce cinquième volume.

A.

A.BEILLES. Notice sur les abeilles vi- vant en société et formant des cellules hexagones. Observations générales et caractères du genre, p. i6i et suiv. ; raisons qui ont obligé de diviser en plusieurs le genre abeille, de Linné ,

ib. Description de douze espèces, la plupart nouvelles, i66 et suiv.

Acanthes, (Famille des). Voyez Graines.

Actinote. Ses rapports avec l’amphibole. Voyez Amphibole.

(Dimensions du squelette del’) , 208.

Albumen. Voyez Pèrisperme.

Amarantacées àes) ^ Voyez

Graines.

Ammonites ou Cornes d’Ammon , étoient des coquilles plus ou moins enchâssées dans la partie postérieure de l’animal, 180* et suiv. Il en est de même des autres coquilles univalves mul- tiloculaires , ib. et 239.

Amphibole , autrefois scborl noir des Français , aujourd’hui borne- blende des Allemands. Analyse

de cette pierre. Ses rapports avec l’actinote , 75 et suiv.

Ampullaire. Observations sur ce genre de coquilles , 29. Description de douze espèces fossiles, 5o et suiv.

Amygdaloïdes. Sorte de trapps, 029. Laves amygdaloïdes , 33o.

Analyse chimicjne del’ampbibole , 73 ; du distbène, 12; de l’épldote grise, 149; d’une pierre silicéo- ferrugineuse , 229 ; de l’icbtyo- phtbalmite, 317; d’un minéral appelé cérite et qui paroît con- tenir un métal nouveau, 4o5.

Anatomie comparée(^kx\À<Ae%ii ) con- tenus dans ce volume. Voyez Hippopotame, Mollusques, Pa- resseux.

Anatomie des mollusques. Voy. Mol- lusques.

Anatomie végétale. Mémoire sur la for- mation et le développement des organes dans la graine à diffé- rentes époques de la germina- tion. La graine du haricot est prise pour exemple, 80 et suiv.

■Animaux dont les analogues vivans n’existent plus. V. Mégathérium,

49^ TABLE ALPH

Megalonix. On trouve d’innom- brables débris d’animaux ineon- connus dans les carrières des en- virons de Paris ,277. On y trouve aussi des squelettes d’animaux dont le genre appartient exclu- sivement à l’Amérique , 289. V. Sarigue.

Apiaires (Famille des). Voy. Abeilles.

Apis, Lin. Abeille. Raisons qui ont forcé de démembrer ce genre de Linnée , i6i elsuiv.

Apocinèes ( Famille des ). V. Graines.

Aristolochiées ( Famille des ). Voy. Graines.

Atriplicées ou Arraches ( Famille des). Voyez Graines.

B.

Baudin (Capitaine ). Notice sur son voyage à la Nouvelle- Hollande ,

I et suiv. Sa mort, 6.

(Famille des). Voy. Graines.

Borraginées ( Famille des ). Quatre genres réunis d’abord à cette fa- mille doivent en être séparés , 257. Voyez Graines.

Botanique. En quoi consiste cette science, 216 et suiv. Des divers systèmes des familles naturelles et des progrès que l’examen des divers organes et sur-tout du fruit a fait faire à la botanique. Ibid. Articles de botanique con- tenus dans ce volume. V. Graines, Anatomie végétale , Loasa , Thouinia , Rhus.

Brèches et Tuffas volcaniques. Leur origine et leur classification ,

335 et suiv. Différences des

abétique

brèches et des tuffas , SSy.

Bruyères. Voyez Ericinées.

J

C.

Camérines. Voyez Nummulite.

Campanulacées (Famille des). Leur affinité avec les éricinées, et suiv. On présume que quel- ques genres pourront en être dé- tachés et former une famille par- ticulière, ib.Y oyez Graines.

Céphalopodes. Voyez Mollusques.

Cérite. Histoire et analyse de ce miné- ral , qui contient une substance qu’on regarde comme un métal nouveau, auquel on donne le nom de Cérium , /^o5 et suiv.

Cérium. Substance contenue dans la cé- rite et qu’on regarde comme un nouveau métal. Voyez Cérite.

Chalefs ou Osyridées ( Famille des ). Voyez Graines.

Chaux {\o) et la silice ont une forte attraction l’une pour l’autre , 233 et suiv.

Chimie. Articles de chimie contenus dans ce volume. Voyez A?ialyse,

Classification des produits volca- niques , 5î5.

Collections d‘ histoire . naturelle ap- portées au Muséum par les vais- seaux le Naturaliste et le Géo- graphe, 7 et suiv.

Convolvulacées ( Famille des). Voyez Graines.

Coquille des mollusques (la) est plus essentiellement destinée à recou- vrir le poumon et la blanchie que tout autre viscère , 4^7.

DES A R

Coquilles des mers de la Nouvelle- Hollande. V. Nolutes.

Coquilles fossiles des e?iviron% de Pa- ris ( Mémoires sur les ) , 28 et suiy.j Qietsuiv.; l'jg et suiv.j\^ 237 et sulv.; 549 etsuiv.

Coquilles fossiles de la Guadeloupe , 4o3. Noyaux intérieurs en pierre calcaire de deux de ces coquilles, l’iine du genre venus ou du genre pétoncle A.\\Xve, du genre cy- pH'œa , ibid.

Coquilles univalves jnultiloculaires. Oliservalions sur leur connexion avec les animaux dont elles pro- viennent, 97. Observations sur les mollusques à coquille bi- valve , 336.

Corj'phène. Le poisson fossile trouvé à Nanleri'e n’appartient point à ce genre, 64.

Cratère du Vésuve. Cbangeincns qu’il a éprouvés pendant l’éruption qui a commencé le 1 1 août 1804. Voyez T'^ésuve. ,

Creusets. Y oyez Platine.

Cyanite. Noyez Distbène.

D.

Daupl/inule. Description d’une espèce fossile de ce genre de coquilles ,

56.

Dichondra ( le) doit être placé parmi les convolvulacées , 257.

PHscorbe. Observations sur ce genre de coquilles, 182. Description d’une espèce fossile nommée Discor- bite, i83.

Disthène de Saint-Gothard. Ses pro- priétés physiques et son analyse

T I C L E S. 49‘^'

chimique, 12 etsuiv.

Nolabelle. Description et anatomie da ce genre de mollusques, 435 et s.

E.

Ebénacées. Voyez Plaqueminiers.

Eaux de la nier ( Température des ). Voyez Température.

Emaux et verres volcaniques. Leur origine et leur classification , 542 et suiv.

Embryon. Sa structure et sa situation dans la graine doivent être uni- formes dans toutes les espèces d’un même genre, et même dans les genres d’une même famille, 2i8 et suiv.

Entomologie. Voyez Abeilles.

Epidote grise du Valais. Caractères physiques et analyse de ce mi- néral , 1 4g et suiv. Sa comparai- son avec l’épidote d’Areudal et celle du Dauphiné. i53.

Epigynes. Observations sur les graines des plantes dont les étamines sont épigyncs, o.o.o.

Ericinées. Caractères de celte famille. Genres nouveaux qui doivent y entrer , 422 et suiv. La seconde section pourrolt constituer une

famille nouvelle, 424.

( »

F.

Familles des plantes. Caractères tirés des graines pour leur établisse- ment. Noyez Graines.

Feld-spaih en masse, est la base de plusieurs laves, 55i. Classifica- tion des laves feld-spatiiiqucs ;

53 f. 63

494 TABLE ALP

Fer oxidé. Sa dissolution dans la po- tasse causticpie. Voy. Oxide de

fer.

. Feu des volcans , agit autrement que celui de nos fourneaux, 35‘2.

Fibre végétale. Sa formation. Examen de l’opinion d’Hedtvig , 86 et s.

Forster. Ses expériences sur la tempé- rature de la mer au pôle austral ,

i4o.

Fossiles. Voyez Anûnaux Coquilles , Os, Plantes , Poissons.

Fougères fossiles, comparées à leurs analogues 'vivans, 4^3 et suiv. Ces analogues se trouvent dans des climats plus chauds , ibid.

Fruits, V. Graines.

Fusion des matières dans V intérieur des volcans. Voyez Volcans,

G.

Gœrtner. Ses travaux sur les graines , appliqués aux recherches de l’ordre naturel dans les végé- taux, 246 et suiv. Voy. Graines.

Galathée. Nouveau genre de coquil- lage bivalve. Son caractère, et description d’une espèce, 4^0 et

suiv.

Gastéropodes, Deux nouveaux genres de mollusques appartenant à cet ordre. V oyez Phyllidie et Pleu~ robranche.

Gattiliers ou Verbenacées ( Famille des). Voyez Graines.

Genres. Considérations sur Tëtahlisse- ment des classes et des genres en histoire naturelle, i54 et 45o.

Genlianées ( Famille des ). V. Graines,

abétique

Géologie, Conséquences que les expé- riences sur la température des eaux de la mer offrent à la géo- logie. Voy. Température. S.u\.res articles de géologie contenus dans ce volume. V oyez Classi- fication, Coquille, Os, Plantes, fossiles , Pre/s/iiVe. Observations faites pendant un voyage depuis Mayence jusqu’à Oberstein. Exa- men du sol, des cailloux roulés, des traps , des produits volca- niques et des roclics qu’on y trouve, et description de deux rochers très-singuliers, 295 et s. Ger?nination. Yoj. Anatomie végétale. Globulaire, place de cette plante dans l’ordre naturel est difficile à assigner , 248.

Graine. Organes de la graine, et leur développement pendant la germi- ratioD. V. Anatomie végétale. Graines. Premier mémoire sur les ca- ractères généraux des familles, tirés des graines , et conGrmés ou rectifiés par les observations de Gærtner. Oliservations générales et plan du travail, 216 et suiv. Observations sur les graines des plantes dicotylédones apétales , 220 et suiv. Famille des aristo- lochiées, 221 ; des chalefs, 222 ,• d’une section des ohalefs qui doit former une famille nouvelle sous le nom de miroholanées , 225,* des ihymélées , et suiv.; des protées , 224 ; des laurinécs, ib. ; des polygonées , 225 ;

DES ARTICLES.

des arroclieS ou atriplicées, 226 et suiv. ; des amarantacées , des plantàginées et des nyctaginées , 227 ; des plombaginées , 228. Deuxième mémoire ayant pour objets les caractères offerts par les graines dans les plantes à co- rolle monopétale attachées sous le pistil , 246 et suiv. Les fa- milles examinées dans ce mé- moire sont : les primulacées ou lysimachies, 246 ; les rhinan- thées ou pédiculaires , 249 ; les orobanchoides , 25 1; les acan- thes, il>.; les jasminées , 252; les verbenacées ou gattiliers , 254 ; les labiées, iê>. ; les scro- phidaires ou personnées , 255 ; les solanées, les borraginées, dont quatre genres doivent être séparés , 256 ; les convolvula- cées , 257 ; les polémoniacées, 209; lesbignonées, 260; lesgen- tianées , zA; les apocinées, 2G2; les genres placés à la suite des apocinées , iâ. ; les sapolilliers , 265 ; les ophiospermes , 265. Troisième mémoire sur les carac- tères offerts par les graines dans les plantes dont la corolle mono- 2)étale est insérée au calice ,4*7 et s. Famille desébénacées ou plaqiieminiers,4i 7; des rhodora- cées ou rosages , 421; des bruyè- res ou éricinées, 422; des cam- panulacées , 426. -- Etat des graines et végétaux vivans dont le Muséum a fait ou reçu des en- vois pendant l’an XII. 47 i et s.

495

Gyrogone onGyrogonîte. Observations sur ce genre decoquilles fossiles, et description d’une espèce, 355,

H.

Haricot cultivé. Examen de la forma- tion et du développement des organes dans cette graine , à dif- férentes époques de la germina- tion, 80 et suiv.

Hedwig. Examen de son système sur l’origine de la fibre végétale , 86 et suiv,

Hélicine. Observations sur ee genre de coquilles, et description d’une espèce fossile , 9t.

Herbier de i5oo espèces recueillies h Timor et à la Nouvelle - Hol- lande , 8.

Hemandia y doit être séparé des lau- rinées, 225.

Hippopotame. Addition à l’article sur Thippopotame , imprimé dans le volume pi’écédcnt, 56 et suiv.

Hippopotames fossiles ( Recherches sur les ), 99 et suiv. Description de deux espèces , dont l’une res- semble à l’espèce vivante , et l’autre est de la taille d’un san- glier , 106 et suiv.

Hollande {^Nouvelle-\ Notice sur l’ex- pédition à laNouvelle-Iïollandc, entreprise en l’an VIII sous la conduite du capitaine Baudin, I et suiv.

Hornc-hlende. Voy. Amphibole.

Hydropliyllum. Sa place dans l’ordre naturel , 257.

Hypogyncs. Observations sur les 65 *

I

\

496

TABLE ALPHABETIQUE

gi’alnes des plaîHes donl Icseia- mines sont hypogynes , 227 cl s.

I.

Ichtyophtalmite. Histoire et analyse chimique de celte pierre , 517 et siilv.

Irving. Ses expériences sur la tempéra- ture de la mer au pôle boréal,

145*

Itea ( L’ ), doit passer dans la famille des saxifragées et être séparé du cyrilla ,

J

Jardin du Muséum.^ oyez Muséum.

Jasminéesi^ La iamille des ) doit eprou- Tcr quelques réformes, 253. Voyez Graines.

Jefferson est le premier qui ait

faltconnoîlre le raegalonix , 358. Ses conjectures sur cet animal

fossile , 35g.

K.

Kirwan. Expériences recueillies par ce physicien sur la température de la mer, i44-

!.. '

graines , 80 et suiy.

Lenticuline. Observations sur ce genre de coquilles , 18G. Description des trois espi'ces fossiles nom- mées lenticulites, 187.

Leschenaut a recueilli, décrit et dessiné 600 espèces de plantes pendant son voyage à la Nouvelle-Hol- lande, 8.

Jjituole. Observations sur ce geni’e de coquilles , 242. Description de deux especes fossiles oulituoliles,

243

JLesueur ^ dessinateur de l’expédition des découvertes. Voy. Jiouvelle- HoUande.

Leuictes. Se trouvent intactes dans les laves , 533.

Mémoire sur ce genre déplantés, qui avec le Mentzelia doit cons- tituer une nouvelle famille, 18 et suiv. Description de douze es- 2>cces , 24 et suiv.

Jjoasées. Nouvelle famille de plantes. Voyez Loasa.

LysimacJiies ou Primidacées (Famille des ). V oyez Graines.

ZflZzécJ (Famille des ). Voy. Graines.

Laves. Leur origine, 525 et s. Classifica- cation des diverses sortes de laves considérées d’après leur forme , leurs principes, leur origine et leurs hases, 327 et suiv. Laves de la dernière éruption du Vé- suve , 45g. Voyez T^ésuve.

Lauriers ou Laurinées ( Famille des ).

Voyez Graines.

■Légumineuses. Organisation de leurs

M.

Mangé et Riedlc, naturalistes qui ont succombé aux fatigues du dernier voyage qu’ils ont fait avec le ca- pitaine Baudin , 3.

Megalonix , animal de la taille du hœuf , dont les ossemens fossiles ont été trouvés en Virginie en 1 7g6. Description de ces os , dont la comparaison avec ceux des

DES A Pi T 1 G L E S.

autres animaux, démontre que le inegalonix appartenoit à la fa- mille des paresseux, 558 et suiv.

Megat/ierùun (JAéwio'vYi^ sur le ). Ani- mal de la famille des paresseux et de la taille durliinocéros , dont le squelette fossile est au cabinet de Madrid, et s. On possède en Espagne des parties de 5 sque- lettes difi'érensoe mégathérium , 376. Comparaison des os du mé- gathérium avec ceux des autres animaux , par laquelle on dé- montre qu’il appartient à la fa- mille des paresseux, 077 ets.Con-

, jectures sur la manière dont il vivoit, 58G. Comparé au megalo- nW,ib. Ces deuxanimaux n’exis- tentplus, ib. Description des os du mégathérium , faite en mon- tant le squelette , et traduite de l’espagnol , 587 et suiv.

Mentzelia , genre de plantes qui avec le Loasa doit constituer une nou- velle famille , 18 et suiv. Des- cription de deux espèces, 24.

Menyanthes.Cie^enYe deLinné doitêtre séparé du Nymphoïdes , 248. Quelle place ces deux plantes doivent occuper dans l’ordre na- turel, 249 6t 261.

Afer(Mémoire sur la température de la). V. Température.

Métal nouveau. V. Cérium.

Miliole. Observations sur ce genre de coquille , 549. Description de sept espèces fossiles ou miliolites, 35 1 et suiv.

Mirobolanées. On doit former sous ce nom une nouvelle famille de

497

plantes de la seconde section des chalefs. 220.

Mniarum ( Le ) et le Scleranthus ont quelques rapports avec les tliy- mélées et les atriplicées, 224.

Mollusques céphalopodes. Trois divi- sions dans celle famille , 97. Mol- lusques à coquille bivalve ou acé- phalés. Leurs caractères, 557. Anatomie des mollusques Voy. Dolabelle , Onchydie, Parmn- celle , P leurobranche , Phylli- die , Testacelle.

Muscadier , devra former une famlll e distincte des laurinées , 225.

Muséum. Collections qui y ont été ap- portées. y. Collection. Tableau des distributions qu’il a faites , et des envois qu’il a reçus en graines et végétaux vivans pen- dant le cours de l’an XII, 47 1 et s.

Myrica trifoliata. L’arbrisseau cultivé sous ce nom dans nos jardins est le Rhus suaveolens JP^ild, 44^ et suiv.

N.

Natice. Observations sur ce genre de coquilles , 94. Description de trois espèces fossiles , 95.

Naturalistes employés à l’expédition à la Nouvmlle-Hollande j leur nom et leurs travaux , 2 et suiv.

Nautile. Observations sur ce gem^ de coquilles univalves et multilocu- laires, qui appartiennent à un ^ mollusque céphalopode, 179 et suiv. y oyez Spirule. Description d’une espèce fossile , 1 8 1 .

Nérite. Observations sur ce genre de

TABI, E ALPHABETIQUE

498

coquilles, 92. Deserlplionde trois especes fossiles , 9^

Nolana ( Le ). Se range parmi les so- lanées, ^57

Numinulite. Observations sur ce genre de coquilles fossiles, nommées aussi camérlnes, pierres lenticu- laires et pierres numismales , 237 et suiv.Ces coquilles élolent, comme celle de la spirule , plus ou moins enchâssées dans la partie postérieure de l’animal , 259 et sulv. Description de qua- tre espèces, 241.

N yctaginées (Famille des). V. Graines.

Nymphoïdes. Voy. Meny anches.

O.

Obsidiennes. Voyez Emaux volca- niijues. Laitiers d’une ancienne fonderie de cuivre près d’Ober- steln , ressemblant à des obsi- diennes , 3 1 0 et sui V.

Océan (Température del’ ). Voy. Tem- pérature.

Oc roi te. Voyez Cérite.

Onagrairôs. En quoi celte famille de plantes diffère des loasées, 18.

Onchidie. Mémoire sur ce genre de mollusques et sur une espece nouvelle nommée Onchidium Peronii , 37 et suiv. Descrip- tion anatomique. 4^0 et s.

Ophîospeimes. Nouvelle famille de plantes, détachée des sapotées et établie par M. Venteuat d’après les caractères de la graine, 265.

Organes des plantes. Voy. Anatomie végétale.

Organisation végétale. V. Anatomie végétale.

Orobanchoïdes. Nouvelle famille de plantes, 25 1. \ . Graines.

Ortiga , ancien nom du loasa. V. Loasa.

Os fossiles de deux espèces d’hippopo- tame , 99 et suiv. ; dumégalonix, 558 et suiv. ; du mégathérium , 376 et suiv. ; d’un quadrupède du genre des sarigues, 277 et et suiv. ; du petit et du grand tapir fossile, 52 et suiv.

Ostéologie des paresseux , 189 et suiv.

Oxide de fer., se dissout dans la potasse caustique lorsqu’il est accom- pagné de silice , et communique à la dissolution une couleur jaune , 255 et suiv.

P.

Paresseux ( Observations sur l’osléolo- gie des), 189 et suiv. Particula- rités dans l’organisation du sque- lette, qui causent leur lenteur et

~ leur foiblesse , 192 et suiv. Autres

particularités du squelette , 200. Dimensions du squelette de l’aï , 208 et suiv. Dimensions du sque- lette de l’unau , 2i5 et suiv.

P armacelle. Mémoire sur ce nouveau genre de mollusques, sa descrip- tion et son anatomie.

Patate rouge de Philadelphie. Notice sur la culture de cette plante dansles environs de Paris, 58 et s.

Pédiculaires ou Rhiruinthées ( Famille des). Voyez Graines.

Périgynes. Observations sur les graines des plantes dont les étamines sont périgynes , 221 etsuiv.

/

DES A R

Périspenne de Jussieu ou A Ibiimen de Grew. Corps particuliei' qui se trouve dans un grand nombre de graines et qui fournit un ex.- ceüenl caractère pour la distinc- tion des familles des plantes , 217 et siiiv.

Pérou naturaliste. Ses travaux pendant l’expédition à la Nouvelle-Hol- lande. V. Nouvelle - Hollande. Sa découverte de la spirule ex- plique la manière d’être de toutes les coquilles univalves multilo- culaires , 180 et 240. Ses obser- vations sur la température de la mer. Voyez Température.

Personnées ou Scrophulaires ( Famille des ) doit être divisée en deux , 255. Voyez Graines.

Phyllidie. Mémoire sur la phyllidic et sur le pleuroln’anchc , deux nou- veaux genres de mollusques de l’ordre des gastéropodes. Leur description et leur anatomie , 266 et suiv.

P hy s i<^ ne. N oyez Température.

Pierre siliceuse , d’une couleur Jaune- verdâtre. Son analyse , 229 et s. Sa couleur est due à 8 centièmes d’oxide de fer, 232 et suiv.

Pierres lenticidaires ou Numismales. Voyez Nummulite.

Planorbe. Observations sur ce genre de coquilles , 54- Description de trois espèces fossiles , 35 et suiv

Plantaginées (Famille des). V. Graines'

Plantes utiles apportées de la Nouvelle- Hollande et qu’on ^espère natu- ralisex en France , 8. Plantes dé-

1 c L E S. 499

crilesdaRs ce volume. V.Zonj^z, Thouinia,Rhus. V. aus. Graines.

Plantes fossiles ( Notice sur les ana- logues des ) , 41^2 et suiv. Difir cultés que présente la détermi- nation des plantes fossiles , et importance de cet objet , ib. Les analogues des fougères fossiles des pays froids appartiennent à des climats cliauds , ib.

Plaqueminiers ou Ebénacées. Enumé- méralion des genres qui com- posent les deux sections de celte famille de plantes. Plusieurs doi- vent en être séparés; et la 2.' sec- tion paroît former une famille nouvelle ,418 et suiv. V. Grahies.

P latine (Creusets de). Observations sur 1 usage qu on en fait pour traiter les pierres par la potasse caus- tique , qui favorise l’oxidation de ce métal, i5o. Moyens de sé- parer le platine oxidé,qui altère les produits , ib.

Pleurobranche.THénio'w'e, sur la pliylli- die et le pleurobranche, deux nouveaux genres de mollusques de l’ordre des gastéropodes. Leur description et leur anatomie , 2b(j et suiv.

Plombaginées ( Famille des). Voyez Graines.

Poisson fossile trouvé à Nanterre , et décrit dans le premier volume des Annales , n’est point uni corypliène, comme on l’avoit pré- sumé, mais un Sparrus , 64 et s.

Polémoniacées ( Famille des), Voye»' Graines.

5oO TABLE ALPn

Polygala. A quelle famille ce genre doit être rapporté, 25o.

Polygonées (Famille des). V. Graines,

Potasse caustique l’oxidation

du platine, i5o. Dissout l’oxide de fer lorsqu’il est accompagné de silice , i»53 et suiv.

Prehaite, connue sous le nom de zéo- lite cuivreuse des Deux-Ponts. Dans quel lieu elle se trouve et quelle roclie lui sert de gangue,

7 1 et suiv.

Priinulacées ou Lysimachies dos ). Voyez Graines.

P ratées (Famille des). \ oyez Graines.

R.

Rénuline ou Rénulinite , Observations sur ce genre de coquilles fossiles et description d’une espèce, 334 et suiv.

Rhinanthées ou Pédiculaires (Famille des ). V. Graines.

Rhodoracées ou7?oj«"ej (Famille doi).

\ ovez Graines.

Rhus. Obsci’vations sur les Rhus aro- matiemn et suaceolens , 443.

Riedlé et Mangé. Naturalistes qui avoient accompagné le capitaine Baudin dans ses voyages èt qui sont morts pendant l’expédition à 'la Nouvelle-Hollande, 3.

Rosages ou Rhodoracées (Famille des ) . Voyez Graines.

Rotalie. Observations sur ce genre de coquilles, i83. Description de quatre especes fossiles nommées Totalités, i84-

S.

Sapotilliers ou Sapotées (Famille des). Voyez Graines.

abétique

Sappare. V oyez Disthène.

Sarigue. Mémoire sur le squelette d’un quadrupède du genredessarigues, trouvé dans la pierre à plâtre des environs de Paris, 277 et suiv. Comparaison de ce squelette à celui de la marmose , 291.

Schlotheim ( M. de ). Observations sur les analogues des plantes fossiles gravées tkins le premier cahier de sa Flore du monde ancien , 462 et suiv.

Schorl bleu. Voyez Distyène.

Schorl noir. Voyez Amphibole.

Scleranthus ( le ) et le Mniariim ont quelques rapports avec les tby- mélées et les atriplicées, 224.

Scrophulaires ou Perso/inées (Famille des) , doit être divisée en deux , 255. Voyez Graines.

Sels formés ou sublimés dans les vol- cans , 54^.

Silice (la ) et la chaux ont une forte at- traction l’une pour l’autre , 233 et suiv.

Siphonanthus{\je ) appartient aux ver- bénacées. 257.

Solanées ( Famille des ). Voy. Graines.

Sparriis. Le poisson lossile trouvé à Nanterre appartient à ce genre, 0/f. et suiv.

Spiroline. Observations sur ce genre de coquilles, 244. Description de deux espèces fossiles ou spiro-

a43.

Spirule{Nautilus spirula Ij.). Coquillage rapporté de la Nouvelle - Hol- lande par M. Péron. La coquille n’enveloppe point l’animal, mais

O

DES A R

est enchâssée en grande partie dans l’extrémité postérieure de son corps , i8o et 1.^0. Cette de- couverte explique la manière d’être des ammonites ou cornes d’Ammon , des nummulites et des autres coquilles univalves multiloculaires, ib.

Squelettes humains fossiles ( Notice des ) qui se trouvent envelojipes dans des bancs de madrépores pétrifiés , à la Guadeloupe , sur le bord de la mer , /^o5 et suiv.

Styrax (le) doit être placé dans la fa- mille des méliacées, 4*9*

T.

Tapir. Additions et corrections à l’ar- ticle sur les ossemens fossiles du tapir, imprimé dans le troisième volume , 52 et suiv.

Température de la mer ( Mémoire sur la) à sa surface, à diverses pro- fondeurs , dansles climats chauds ou froids , près et loin des ri- vages , aux différentes heures de la journée et dans les diverses circonstances de calme , d’agi- tation, etc., 123 St suiv. Cette température n’est point uniforme, et pourquoi , i54. Description d’un nouvel appareil pour dé- terminer cette température à di- verses profondeurs , 1 28 et suiv. Première expérience par 5oo pieds de profondeur au milieu de l’Océan Atlantique , i35 ; par 5oo pieds et 7.° de lat. n. ,

T 1 C L E S. 5oi

1 36 ; par 1200 pieds et 5." lat. n. , 137; par 2144 pieds et 4.“ de lat. n., i38. Expériences de Fors- ter au pôle austral, i4<^> d’Ir- wing au pôle boréal , i43- Ex- périences recueilliesparKirwan, i44* Bouteille plongée à 21 44 pieds de profondeur : phéno- mène très-curieux que présenta cette expérience , et son expli- cation , 1 46. Tableau des résultats des expériences et des consé- quences géologiques qu’on en peut déduire , 1 46-

Testacclle. Description et anatomie de ce genre de mollusques, 435 et suiv.

Thallite. Ancien nom de l’épidote. V. ce mot.

Thouinia. Description de deux nou- velles espèces de ce genre. T. pinnata et T. trifoUata ,

Thymélées ou daphnoïdes ( Famille des). Voyez Graines.

Trachées des plantes , n’existent point dans la racine, 84. se trouvent les trachées , ib. et suiv. Réfuta- tion de l’opinion d’Hedwig sur les trachées , 86 et suiv. Se di- visent souvent en deux ou trois lames , ib.

Trapp , forme une classe particulière de rochers, 329. Distinction des diverses sortes de trapps, et clas- sification des laves trappéennes , ib. , et suiv.

Tiiffas ou Brèches volcaniques. Voy. Brèches.

64

5o2 table alphabétique des articles.

U.

27«û;/ (Dimensions du squelette de 1’ ) ,

21 3.

V.

J^'aisseaux des plantes. V. Anatomie végétale.

J^égètanx. Etat des graines et des végé- taux. vivanS , dont le Muséum a fait ou reçu des envois pendant l’an XII , 4^5 et suiv.

J^erhenacées ovi G^ittiliers ( Famille des ). Voyez Graines.

Verres volcaniques. Voy. Emaux.

Précis d’un journal de l’érup- tion de ce volcan depuis le 1 1 août jusqu’au 1 8 septembi’e 1804. D escription de cette éruption, des phénomènes qu’elle a présentés, des ravages qu’elle a causés , et des diverses matières sorties du cratère , 44^ et suiv. Comparai- son de l’état du Vésuve avant l’éruption , et depuis qu’elle a commencé , ib.

Volcaniques ( Classification des pro- duits ) , 525 et suiv.

Volcans. Le mode de fusion opéré dans l’intérieur des volcans dif- fère de celui que nous obtenons par l’art , 552. Description de la dernière éruption du Vésuve. Voyez Vésuve.

Volvaire (volvaria), genre de coquille j

caractère du genre, 28. Descrip- tion d’une espèce fossile, 2g.

V olutes. Mémoire sur la volute ondulée et la volute neigeuse, doux nou- velles espèces de coquilles des mers de la Nouvelle-Hollande , i55 et suiv.

V oyage à la Noiivelle-Hollande.'S oy. Hollande ( Nouvelle ).

V oyage géologique. Voy. Géologie.

Voyageurs naturalistes. Noms de ceux qui sont partis pour la Nouvelle- Hollande avec le capitaine Bau- din, de ceux qui sont morts pen- dant le voyage , et de ceux qui sont revenus. Notice de leurs travaux, i et suiv. Voyageurs en- voyés depuis peu par M. Jeffer- son pour faire des découvertes dans le nord de l’Amérique «

5 16.

Z.

Zèolite cuivreuse du duché des Deux- Ponts. Voyez Prehnite. D’Hel- lesta en Suède. Son analogie avec l’ichtyophthalmite, 317 et suiv.

Zoologie. Collection zoologique ap- portée par l’expédition des dé- couvertes , composée de 5872 espèces, dont 254^ nouvelles; 9 et suiv. Articles de zoologie con- tenus dans ce volume. Voyez Abeilles, Mollusques , Gala- thée , Hippopotame.

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